2. RE RUES HR RER (un è CO LA Per Pa Fe l'ISS 17e ‘pui l Li: LU k ne. r | ju nur Na 10 ” LT 14 . 08 ART vi LAS Wa Te LL RSR ; A) à AS on à Li LES FARLS N D. : 4 Lo À He 44 de du dr ue: ne Dgtr LOT ur” ,, AU C PEN) n ll 1e 1 WT L f se | ART Au ÿ re L ; ‘ ll ( 0 l Ê [ii ne [a no ju k (1 FU 0 L 1 l 7 MOT AO La PTE . Tel k n ! Ù { Û | tn lÿ ; } VA MRrES 7 LR k HONTE ; à PRO AAL Os FOUT NIMIr ÿ D ll | LA 10 ti PAC on D: b , n PA d \è 4 : fa \ | NU It Nr J ND au PPT EURLR (A LP UT ; 4 ln } PUR L « à lu 1 LIRE nl 4 : LUTTER a Q U 14 N | F A er : 2) 1 Lo 2 ) | | \ ( ° 11 AP ue x " Û PA, LT” "ER RNnL ET CT | Î 71 LL f oh o INPI! 1 HER We 1e il [ VE, n} 'HNSNTRUNRE AD UNE À à ON PIRE w ï ; ! 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MÉMOIRE Qui traite du Platine, de fon utilité dans les arts, du perfec- tionnement du Flintglafl, & des avantages des Télefcopes fur les lunettes achromatiques ; Par Alexis Rocnon , de l’Inflitut national , direéleur de l’obfervatoire de la marine à Breft (1). Sic vos non vobis fertis aratra Boves. Le platine eft un métal très-réfraétaire, inaltérable , fort compact, & fufceptible d’un beau poli. Ce métal fingulier ne s’eft montré jufqu'à préfent que dans les mines (1) Ce mémoire fuc lu à la rentrée publique de l'académie, au mois de novembre 1786. 1l fur imprimé depuis dans la feconde partie de mon voyage à Madagafcar ; mais cette feconde partie n'a pas parue , pat un accident qu'on n'a pu ni prévoir ni prévenir, A 2 4 JOUNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'or du Choco. Les efpagnols l'ont nommé juan Blanca, c'eft-a-dire or blanc, & platino del Pinco, ce qui fignifie petit argent de Pinto. Le platine nous vient du Choco, fous la forme de grains triangulaires , dont les angles font arrondis. Ces grains font irréguliers, duétiles & attirables à l’aimanr. Cette fubf- tance n'eft jamais pure; elle contient toujours un fable noir & luifant , fur lequel le bareau aïmanté a beaucoup d’aëtion. Ce fable eft encore parfemé de paillettes d'or & dé fragmens de petits criftaux colorés. La pefantéur{pécifique du platine eft à celle de l’or dans lerapport de 21 à 19 & demi. Il réfifte, comme ce précieux métal, à l'action des acides fimples. Sa ceuleut tient un peuplus de celle de l'argent que de celle du fer. Pendant le féjour quie je fis à la Corogne en 1770 , l'intendant-général de la Galicie, qui étoit originaire de Saint-Malo ; & que l'on nommoit Pietra Buena, me fit préfent d’un petit lingot de platine qui éroit allié à beaucoup de zinc & de cuivre rouge. Ce lingot , qui pouvoit pefer 8 onces, pafloic en Efpagne pour ètre un morceau rare & curieux. Buffon me donna depuis deux affietres d’un alliage rout-à- fit femblable ; elles avoient été fabriquées à Lima. Si c’eft ainfi qu'on travaille le platine au Pérou, il ne faut plus être furpris que les voyageurs aient dédaigné d'apporter en Europe des ouvrages qui ont été faits avec un alliage qui prive le platine de tous les avantages qu’il a dans fon état naturel fur toutes les autres fubftances métalliques. On croit que le platine n’étoit pas connu en Europe avant le voyage imprimé en 1748, de Dom Antonio de Ulloa; mais 1l paroït que Jules Scaliger le-connoiffoit:, car 4l fair.mention d'un métal.femblable dans un oùvrage imprimé à Francfort en 1661. Voici mot pour mot fes expreflions. Prererea féiro infunduribas , qui-traétus eff inter Mexicum & Darien , Jodinas effe auricalchi quod nullo ügni,,, nullis hifpanicis artibus ; hac tenus liquefcere potuir. Scaliger favoit donc qu’on avoit-découvert, entre le Mexique & le détroit de Darien, un métaltellemenc réfractaire , que les Efpagnols n’a- voient pu parvenir à le mettre en fufon. Il fe fervoir de cet argument contre Jérôme Cardan , dont il attaquoit la définition qu'il avoit donnée des métaux. C'eft Izquicrdo ,. directeur du cabinet du roi d’Efpagne , qui m'a fait connoître ce pallage , qui eft aufli curieux que décilif. Ce favant joint à la Elle contenoit des détails nautiques , des difcuffions fur les cartes de l'Inde & une dif- fértation fur les inftrumens qui peuvent être utiles ou néceffaires au navigateur, On verra quece mémoire {ur le platinein'y eft pas étranger. ET D'HISTOIRE NATURELLE. $ qualité de naturalifte habile, celle d’être très-inftruit dans les arts, & de s'occuper de leurs progrès. f Les mémoires de l'académie de Suède pour l’année 1751, rapportent plufieurs expériences de Théodore Scheffer fur le platine, dont la plus inté- reffante eft celle qui prouve que ce méral entre en parfaite fuñon lo:fqu'il eft uni à une affez petite quantité d’arfenic. Guillaume Lévis , qui fit une belle fuite d'expériences fur le même fujer, ne voulut pas répéter l'expérience de Scheffer, parce qu'il lui parut abfurde de chercher à mettre en fufion un métal réfractaire par l’intermède d’une fubftance qu'une chaleur modérée, fublime & volatilife, Turgot, cet homme illuftre dont les lumières & les vertus , fapérieures à fon » pafferont à la poftérité la plus reculée, avoit, pendant fon mi- niftère , envoyé au Pérou Dombei , botanifte célèbre. Ce voyage , dont le but renfermoit de grandes vues d'utilité, intérefloit également les arts & les fciences. Dombet, d’après les infiructions qui lui furent données, ne devoit rien épargner pour procurer aux favans la quanr- tité de platine qui étoit utile à leurs recherches. Turgot , dont les conhoiflances en phyfique étoient profondes & étendues , avoit prévu qu'un métal qui étoit par fa nature indeftruétible , feroit d’un prix ineftimable dans la fabrication des télefcopes & des miroirs dont les navigateurs fe fervent pour obferver à ja mer les longitudes par les diftances de la lune au foleil & aux étoiles. Tous les corps opaques ne font pas également propres à réfléchir réguliè- rement la lumière : ceux qui ont cette utile propriété font en wrès-peut nombre, L'acier trempé , la pyrite, connue fous le nom de miroir des Incas, & les verres étamés, ne peuvent pas être employés à la fabrication des miroirs de télefcopes , quoique ces fubftances réfléchiffent régulièrement la lumière, Le frottement violent qu’il faut donner à l'acier trempé pour le polir, les imperfections & la nature des pyrites, la difficulté d’éviter la double image dans les verres étamés, font les caufes qui s’oppofent à l'emploi de ces fubf- , tances. Les opriciens n’ont pu jufqu'à préfent fe fervir que d’un métal compofé d’arfenic, de cuivre rouge & d’étain, dont ils ont varié jufqu’à un certain point les proportions. Ce métal, qui eftattaqué par tous les acides, fe ternit promptementà l'air. Il fau des foins, il faut des précautions dont peu de perfonnes font fufceptibles, pour conferver à ces miroirs le poli qui leur eft effentiel : la fupériorité de ces inftrumens fur les lunettes n’a pas même fufh pour dérerminer les aftro- nomes à leur donner la préférence, à caufe de la grande difficulté de les préferver de la rouille lorfqu’on en fait un ufage fréquent pendant la nuit. Herfchel n’a pas eu la même crainte; & c’eit au moyen d’un grand télef- (d JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cope à réflexion que ce célèbre aftronome a découvert la planète qui porte fon nom. C’eft encore avec cet inftrument qu'il a fait plufeurs découvertes intéreffantes. On aflure qu'Herfchel a employé des pouvoirs amplifians qui étonnent les aftronomes. Mais lorfqu’on s’en fert comme lui à l'examen des étoiles, la furprife peut diminuer. En effer, l'expérience à appris que l’image d’un objet n’eft jamais bien diftinéte lorfqu’elle n’occupe pasfur la rétine un efpace d’une demi -minute. On s’aflurera de la vérité de cette affertion en regardant Jupiter avec un bon télefcope ou une bonne lunette qui amplifie les diamètres des objets plus de cent fois. Le difque de Jupiter , qui fera bien terminé avec ce groflilfement, ceffera de paroître tel, fi on réduit à quatre ou cinq fois le pouvoir nant du ième télefcope ou de la mème lunette. Ce fait eft encore confirmé par une fuite d’expériences très - intéreffantes qui ont été faites à Calais par notre collègue Fourcroy , aflocié libre de cette académie, & directeur du génie. IL eft donc palpable que les grofliffemens extraogdinaires font plus favo- rables que nuilibles aux obfervations qui font relatives aux objets dont les diamètres font infiniment petits. Si les découvertes d’Herfchel ne fuffifoient pas pour prouver la grande fupé- riorité des télefcopes fur les lunettes, il ne feroit pas difficile de faire venir la théorie au fecours de l'expérience. On prouveroit que l’aberration de réfran- gibilité , qui ne peut pas avoir lieu dans les télefcopes, n’eft jamais anéantie dans les meilleures lunettes achromatiques. Les lois de la réflexion {ont invariables ; celles de la réfraction & de la difperfon font fufcepribles de variations. La matière du verre n’eft jamais parfaitement homogène. Les reflets , les illufions optiques , les pertes de lumières, font inévitables dans les lunettes achromatiques ;* à caufe de la multiplicité des verres qui entrent dans leur conftruction. ; Les miroirs de télefcopes, quelle que foit la nature de la matière qui les compofe, n'offrent jamais de femblables défauts. , Toutes les fois qu’il efl queftion des lunettes achromatiques , il eft difficile de ne pas fe rappeler que l’immortel Euler en fit la découverte par un raifon- nement purement métaphyfque. : C’eft en réfléchiffant fur la ftrudure de l'œil que ce grand géomètre ima- gina que l’Etre fuprème n’avoit compofé cet organe de différentes humeurs que pour détruire l’aberration de réfrangibilité. Si les idées métaphyliques d’Euler fur la flruéture de l'œil ne font pas d'accord avec les nombreufes expériences que notreïcollègue Tenon m'a mis à portée de faire fur les humeurs qui compofent cet organe, la confsquence qu'il en a tirée n’en a pas été moins heureufe, puifqu'elle lui a ET D'HISTOIRE NATURELLE. T fait concevoir le projet de faire des lunettes achromatiques par l'emploi de deux fubftances différemment réfringentes. Les anglois s'élevèrent d’abord contre le projet d'Euler ; mais Jean Dollond , qui s'éroit d'abord joint à fes compatriotes pour l’attaquér , trouva , dans la grande difperfion du flintglaff, le moyen de le réalifer. La nature des recherches de ce favant opticien, & le parti qu'il a fu en tirer, lui ont mérité l’honneur de partager avec Euler la gloire de cette belle & importante découverte (1 ). Les verres de plomb ne font pas les feuls qui donnent une forte difperfion ; plufieurs verres métalliques ont cette utile propriété. Quelques phyfciens ont penfé qu'il y avoit un rapport conftant entre la pefanteur fpécifique des verres & leur difperfion; mais nous devons leur obferver que la difperfion qui a lieu dans l’éther & dans l’efprit-de-vin eft plus forte que celle qui a lieu dans l'eau , qui eft une liqueur beaucoup plus pefante. Quoique les opriciens n'aient employé jufqu’à préfent que le flintelaff & le verre commun dans la conftruction des lunettes achromatiques , il n’en eft pas moins vrai qu'on ne puille atteindre au même but avec d’autres fubf- tances tranfparentes , folides & fluides. Mais parce que le prix de l'académie a uniquement pour objet le perfeétionnement du fintglaf" , il faut que je publie quelques obfervations qui me paroiffent intéreffantes pour tous ceux qui veulent y concourir. Le flintglaff nous arrive d'Angleterre en plaque affez mince, Ce verre eft foufflé en ballon, qu'on ouvre & qu’on étend lorfqu’il a acquis la groffeur & l’épaiffeur qu’on doit lui donner. Le verre foufflé fera par couches parallèles lorfque louvrier n’aura pas pu cueillir d’une feule fois la quantité de matière qui lui eft néceffaire. Ces couches , dont la jonétion eft rarement parfaite, formeront des tables. Ces tables font fouvent vifbles à la vue lorfqu’on regarde le verre par fa tranche. C'eft à la réunion des couches que fe trouve prefque toujours les fiis ou filandres, Les opticiens diftinguent deux efpèces de filandres ; ils nomment fa première efpèce , fils gras , parce que ces fils font pleins & d’une denfité diffé- rente. Les fils gras font toujoujours préjudiciables à la bonté des inftrumens d'optique. La feconde efpèce de filandres eft moins fâcheufe , mais plus commune. Ce font des tuyaux capillaires qui produifent dans le fens per- pendiculaire à leur axe, deux traînées de lumière. (1) À la fuite de ce mémoire, dont je ne deis pas me permettre d'’altérer le fond, je ferai part auPublic d'un fait iämportant & très-curieux qui ef venu à ma connoil Gnce fur l'invention des lunetres achromatiques, 8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE J'ai déjà donné, dans un ouvrage qui a pour titre : Mémoires fur læ Mécanique & la Phyfique, le moyen d'obtenir de grands obje&ifs avec des plaques minces de flintglaff, & de les délivrer des filandres lorfque leur difpufition dans la matière du verre ne s’y oppofe pas. Ce procédé , que je viens encore de perfectionner , confifte à expofer les plaques de fintglaff à un feu fuffifant pour les amollir. Lorfque le verre eft mou , 1l faut le refouler avec des pinces de fer & lui donner la forme d’un cylindre de trois pouces d’épaifleur. On évitera fur- cout les plis qui réfulteroient immanquablement d'un renflement trop prompt. Les bords du verre feront retenus par un anneau de terre. On laif- fera dans le four le cylindre de verre pendant le temps qui eft néceffaire à fon recuir. Lorfque cette première opération fera terminée, on fera polir le cylindre de flintgall, afin d'en reconnoître les défauts ; on lefera fcier dans” les parties les plus remplies de filandres, & on le remettra une feconde fois au feu pour lui donner la forme qu'il doit avoir. Les détails dans lefquels je fuis éntré fur la nature des vèrres propres à l'optique, n'ont pas dû faire perdre de vue les grands avantages des télefcopes fur les lunettes achromatiques. D'ailleurs , depuis les découvertes d'Herfchel, il ne peut plus être permis de douter de leur utilité. Mais il eft très-important d'employer à la fabrication de ces infttumens un métal dont le poli foit vif & inaltérable. Le don de vingt livres de ce précieux métal que le miniftre des finances me fit fur le compte qui lui fut rendu de l'utilité de mes recherches, a infiniment contribué à leur fuccès Les opticiens qui fe font occupés de la nature des fabftances qui entrent dans la compolition des miroirs, favent qu'aucun métal ou demi-métal ne eut remplacer l’étain ; c’eft l'étain qui rend le cuivre rouge , aigre, caflant, élaftique, & fufceprible d’un poli vit. : î Ce métal produit encore les mèmes effets fur toutes les autres fubftances métalliques. Le platine eft foumis à la mème loi. ; Je ne rapporterai pas les nombreux effais qu'il me fallut faire avant de parvenir à un réfulrat fatisfaifant. Je dois me borner à faire connoïître le procédé qui a eu le meilleur fuccès. On purifiera à un feu violent le platine en grains par le moyen du nitre & du fel de verre. On joindra au platine qui aura été purifié , le huitième du métal qui fert à la compoftion des miroirs ordinaires, car l’étain fans cuivre rouge ne produireit pas un bon effer. On foumettra ce mélange au feu le plus violent, que l’otr excitera encore par l'air déphlopiftiqué qui fe dégage du nitre lorfqu'on le jette dans le feu. Une feuie fonte feroit infuffifante ; il en faut cinq ou fix pour -quele mélange foit à fa perfection. Il eft néceffaire que le méral foit dans l'état de arfaire Auidité au moment où on le verfe dans le moule. C'eft ainfi que je fuis parvenu à faire exécuter un télefcope de platine, qui ET D'HISTOIREX NA TUIR EL En € a qui amplifie Les diamèrres des objets cinq cens fois avec le degré de clarté & de netteté convenable aux obfervations les plus délicates. Le grand miroir de platine pèfe quatorze livres ; 1l a hair ponces de dia- mètre & un foyer de fix pieds. Ce miroir, qui eft inaltérable, a été fondu & travaillé par Carrochez. « ë L'ucilité du platine dans les arts n’eft pas bornée à [a fabrication deg télefcopes &: des inftrumens de marine “Robin , horloger célèbre , a bien voulu l’employer pour moi à des balan- ciers, à des roues d'échappement, & à divers effais de compenfation ; il croit que ce métal eft fort utile pour les trous dans lefquels les pivots, fe meuvent, parce que les huiles s’y confervent fans Ja moindre altération. Le platine n’a pas befoin, comme l'or, d’être allié à un autre métal pour, ètre employé dans les arts. Ce nouveau métal m'a procuré des cadrans de montre excentriques, fapé- rieurs à ceux qui viennenr d'Angleterre. Cotteau, émailleur habile, qui a bien voulu faire Jui-même tous ces effais , m'a dit qu'il préféroit, pour fon art, le platine à tous les autres méraux. Le plarine eft encore un métal d’un prix ineftimable dans la fabrication de plulieurs inftrumens de chimie, J'en ai fait des creufets (1 ). Les effais que j'ai fait récemment à Saint-Gobin avec Deflandes , direc- teur de la manufaéture des glaces, ne me permettent pas de douter de l’u- uilité des creufers de platine pour le perfeétionnement du flintolaff, La direéteur Deflandes, qui eft parvenu à donner aux glaces de Saint- Gobin ure fupériorité que les étrangers ne peuvent pas contefter, eft abfo- lument de men opinion fur les creufets de ce méral. Re En effer, les creufers de terre, de quelque nature qu'ils foient, fe vitrifient en partie ; le verre qui en réfulte et imparfait; on reconnoît à la fimple vue, qu'il ne forme pas un ‘tout homogène avec la fubftance vitreufe qui eft contenue dans le crenfer. Il eft aifé de concevoir que les creufets de platine.ne peuvent avoir le mème inconvénient: Lés recherches dont nous avons maintenant à rendre compte fur les pro- cédés que nous avons fuivis pour nous procurer du platine pur-& malléable,, exigent que nous divilions notre travail en deux parties. La première aura pour objet le platine forgi, & la feconde partie traitera du platine moulé. (x) Depuis)la lééture,de ce mémoire ;! j'ai, fait fondre un grand creufer de platine capable de, renfermer;rrepte livres. de flintglail, & pour Jui donper plus de folidité , fes parois extérieurs fonr recouverts d'une couche de fer fondu de l'épaiffeur d'un pouce. C’eft notre collègue Perrier qui m'a fecondé dans cette dernière opération. Tome III, MESSIDOR an 6. B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Du platine forgé. 11 faut fe rappeler que tous les métaux fe fondent avec facilité, lorfqu’ils font réduirs en lames infiniment minces : c’eft ainfñ que l’or en feuille fe fond à la fammèche d’une bougie, fans qu'elle ait Sté "être excitée par Je vent d’un chalümeau. C’eft encore de cette manière que les phyficiens parviennent à fondre les petits globules de verre qui fervent à leurs microfcopes fimples. Cette feule obfervation fufhit pour indiquer le procédé qu'il faut fuivre dans les opérations fur le platine forgé. On purifie avant tout le platine par le nitre & par le fel de verre; on divife enfuire ce minéral en molécules infiniment petites, foit par fa tricura- tion, foit par fa diflolution dans l’eau régale ou dans l’efprit de nitre, felon la méthode de notre collègue Tiller. Le mire, l’antimoine, l'arfenic, enfin, toutes les fubitances qui fe volatilifent , peuvent ètre employées à cette opé- ration ; mais l'arfenic mérite la préférence, parce qu’il fe diflipe plus faci- lement. Le platine, ainf divifé en molécules infininiment petites, doit ètre expofé au feu le plus violent, qu’on avivera par l'air déphlogiftiqué qui fe dégage du nitre dans la combuftion. C’eft à ce feu violent que les molécules infiniment petites du platine s’a- glutinent, & c’eft en les forgeant à blanc, à différentes réprifes, qu’on parvient à leur donner affez d’adhefion pour fupporter le laminage. D'ailleurs, les travaux connus de Sickengen fur le platine forgé & la- miné, ne lailfent rien à defirer fur cet objer. Il m’avoit permis de les fuivre, & c’eft à certe faveur que je dois les lumières qui m'éroient nécelfaires pour traiter un fujet difficile & abfolument étranger à mes études. Du platine moulé, Le platine moulé intéreffe infiniment le progrès des arts; c’eft à ce tra- vail que j'ai donné rous mes foins. Le procédé qui m'a complétement réufli pour jeter en moule des creufets P a px ACCRO) s & de grandes pièces de platine de différentes formes, confifte à fondre ce métal felon la méthode de Scheffer , par un mélange d’arfenic & de {el de verre. Le feu doit étre fort modéré; c’eft pourquoi il faut au, moins dix livres d’arfenic & quatre livres de fel de verre pour fondre une livre de platine. Alors la fonte eft dans l’état de parfaite fluidité lorfqu’on la verfe dans le moule, quoique le feu foit à peine fufant pour mettre l’argent en .quotq PE que ï gent füñion. Le platine moulé'eft dans cét état très :aigre &c'très - caflanr. Si on ; NE 4 é RE s l’expofoit à un desré de chaleur capable de le ‘faire rouvir, l'opération feroit P LAN HISCE À D P abfolument manquée; l’arfenic , en fe dégageant trop brufquement , le ré- ET D'HISTOIRE NATURELLE. TE duiroit en écailles qui n’auroit plus aucune adhéfion. On conçoit que cet accident a dû m'arriver plus d’une fois. Cependant , je fuis parvenu à l’évi- ter en enfermant les pièces de platine que j’avois moulées dans une boîte de tôle , remplie de fable & de charbon pilé. Je les ai enfuire expofées, pendant plus d’un mois , à un feu gradué , depuis la chaleur de l’eau bouillante jufqu’à celle qui met l'argent en fuñon. Le platine ne reffemble plus, dans cet état, à un métal; on le prendroit pour une chaux métallique. Les molécules qui le compofent font très-ferrées; mais elles n’ont plus entr’elles qu’une foible adhérence, comme celle d’un vafe de terre qui a été féché à l'ombre. C'eft alors qu’il faut expofer le platine au feu le plus violent; & lorfque ce métal a fubi cette opération, il reprend fon état naturel ; il devient fonore, malléable, & le feu le plus violent lui donne toujours de nouvaeux degrés de perfection. Peu de temps après la lecture de ce mémoire , le favant'doéteur Inghenoufs me pria de lui réunir en malle environ deux onces de platine qu'il avoit épuré avec foin, par l’intermède de l'acide nitro-muriatique. X me fallur renfermer dans une feuille mince de platine tous ces fragmens épars & trop petits de ce métal, pour être foumis féparément à l’action du feu & du mouton ; mais étant ainfi réunis , je leur donnai le plus fort degré de fu que le charbon de bois, excité par le vent d’un foufflet , peut procurer, & j'ob- uns promprement , en les frappant au mouton , une malle dudtile & mal- léable. Depuis le fuccès de cette expérience , je me fuis attaché à purifier au feu & dans un creufet, le platine en grain , au moyen du nitre & du fek de verre, quil faut enfuite laver dans l'acide nitrique; & en frappant à rouge blanc ces grains contenus dans des feuilles de platine , je me fuis procuré, à peu de frais, des mafles confidérables de platine malléable. Ce procédé difpenfera déformais de l'oxide d’arfenic, à moins qu'on ne veuille obtenir au moulage de grands creufets ou des moufles de platine moulé. J’ai fait part de ce moyen nouveau à Jeannety, qui m'a promis de s’en fervir. Aucun artifte n’a traité plus en grand & avec plus de fuccès le platine forgé. C’eft cet artifte habile qui à fait les grands étalons de ce pré- cieux métal, qui fervent aux nouvelles mefures ; & je me félicite d’avoir trouvé ici l’occafion de rendre hommage à fes talens & à fon extrême mo- deftie. Cette vertu eft quelquefois funefte aux arts & aux artiftes ; 1l n’eft que trop commun de trouver des hommes avides de réputation, qui cherchent à s'emparer du travail d'autrui : j'aurai plus d’une fois l'occafion de le prou- ver, & je fuis bien déterminé déformais , non-feulement à me faire rendre ce qui peut m'appartenir, mais encore à faire valoir, tant que j'en trouverai l'occafon, les jultes droits des favans & des artiftes fur les recherches qui intéreffent les progrès des fciences & des arts. Je ne veux plus , autant qu'il dépendra de moi, que l’on puifle m’appliquer ce vers de Virgile : Sic vos non vobis vellera fertis oves , &c. B2 F2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je‘dois donc dire & je dirai que je fuis le premier qui ai traité le platiné en grande malle, d'une manière vraiment utile aux arts; les regiftres de l’académie des fciences le prouvent; & quoique j'aye donné beaucoup de fuite à ce aval, aidé des lumières du favant Ifquierdo & des talens. mé- talluroiques de Daumy l'aîné, je me fuis plus particulièrement attaché petfcétionner l’alliage du platine avec l'étain & l'oxide d’arfenic , pour la fabrication des grands miroirs de télefcopes, & fur - tour des miroirs des féxtans, & autres inftruméns qui fervent aux navigateurs à déterminer à la mer la longitude avec précifion. Dans ce dernier travail, jai fans doute été fecondé par Carrochez & par d’autres artiftes qui travailloient fous ma direction. Pleinement fatisfair des effais dont j'ai rendu compte dans le pré- cédent mémoie, je defirai faire conftruire un télefcope femblable à celui du célèbre Herfchel. Pour cet effet, j'engageai, en 1790, un ami dés fciences & des arts , l'infortuné Trudaine l'aîné , de faire chez Herfchel Jacquifition d’un bon télefcope de fept pieds. La fupériorité des rélefcopes de cet habile aftronome , tient beaucoup plus qu'on ne l'imagine à la conf- truction neutonienne qu'il a adopté. On ne peut leur comparer, fous aucun rapport, les télefcopes grévoriens. Une apparence de commodité avoit fait adopter généralement la forme de ces derniers inftrumens, qui préfentenc dans leur:parfaite exécution de grandes difficultés à furmonter ; mais comme il-faut toujours , dans l’ufage des télefcopes dont les grofliffemens font con- fidérables, adapter une lunette qui embrafle un vafte champ pour trouver promprement dans le ciél l’aftre que l’on veut obferver, on fentira qu’ileft indifférent d'employer à cet ufage un télefcope grégorien ou neutonien, parce que dans ce cas, la vue directe ou latérale de lobjer eft abfôlumenc indifférente. La vue latérale ft, mème dans le fait, beaucoup plus commode quand le rélefcape neutonien it bién difpofe fur fon pied. Herfchela encore adopté pour fes grands télefcopes, une conftruction plus fimple &:plus an- cienne; & quoiqu'elle tienne de très-près à l’origine de l’art, elle n’en eft pas moins utile lorfqu’on s’en fért pour de très-grands inftrumens. J'en ai adiniré les effets dans fon télefcope de vingt pieds, & j'en aurois mieux jugé dans celui de quarante pieds; mais à cetre évoque il reltoir encore quelque pérfectionnement À donner à cet inftrament unique dans les faftes de l’aftro- nomie. {[ elt cerrain qu’une petite inclinlaifon donnée au miroir concave d’un long foyer , ne déforme pas fenfiblement l’image qui fe forme au foyer ; certe légère inclinaifon fuffit pour permettre à l’obfervateur de regarder, avec une . forte loupe , l’image de l’aftre, fans intercepter avec la rète, la lumière qui en émane, Quoiqu'il en foir, ce fat au conimencement de l’année 1791 que Trudaine , dans la feule vue de fe rendre utile à fa patrie, me confia le télefcope dont il avoit fair, à Londres, lacquifition. Ce nom, cher aux fciences , rappelle des fouvenirs bien triftes, des fouvenirs bien douloureux ; & je dois à fa ET D'HISTOIRE NATURELLE. 13 mémoire, en parlant de nos travaux, faire connoître le vif intérèt qu'il y prenoir. L’aftronomie doit à Herfchel les plus belles découverres de ce fiècle : le nom de cet obfervateur paflera à la poftérité la plus reculée, 11 a augmenté notre fyftème planétaire , & il l’a enrichi d’une planète nouvelle, accompagnée de plufeurs fatellites. En 1671, Dominique Cafimi, en ob- fervanc la lune avec une excellente lunette de Campani, avoit remarqué dans fa partie obfcure , de petits nuages blanchâtres. Ce phénomène inté- reffant n’a pas échappé depuis ax télefcopes d'Herfchel; & dès l'année 1784, cet aftronome publia qu’il avoit vu un volcan enflammé au milieu de la tache, nomméariffarchus. On trouve dans les Mémoires de l’Académie, année 1706, ce paflige remarquable de la Hire : La petite tache d’Ariflarque eft ? bril- lante, que quelque-uns ont cru que c’étoit un volcan. Ces petits nuages blanchâtres font.ils des corps lumineux par eux-mêmes, ou ne jouiflent-ils que d’une lumière empruntée ? Telle éroit la queftion que je nv'étois propolé de réfoudre, en obfetvant aflidument ces petits nuages, tant avec le télefcope d’Herfchel qu'avec celui que jefis conftruire en platine dans le courant de l’année 1791 , fur le modèle de celui de cet aftronome. Privé depuis le mois de feptembre 1792, de la jouiffance de cer inftru- ment, dont la fabrication m’avoit coûté beaucoup de peine & beaucoup d'argent, je n’ai pu donner plus de fuite à ce genre d’obfervation. J'ai lieu d’efpérer que le miniftre de l’intérieur aura égard à ma demande, & qu'il ne’tardera pas à faire jouir l’obfervatoire de la marine au port de Breft ; d’un inftrument qui ne peut lui ècre que très-utile. On peut fi aifément à Paris s’en procurer de plus forts , que les hommes qui s'intéreflent vraiment aux progrès des fciences & des arts ne font pas médiocrement étonnés d’apprendre que le grand télefcope de foixante pieds, annoncé dans tous les journaux, n’eft encore qu'en projet , & que l’on ne fonge même pas à le réalifer. Certes, fi j'avois confervé les mémes moyens, j'ofe affurer que depuis long-temps cet inftrument feroit achevé, Quoique l’art de travailler les grand miroirs ne foit pas fans quelques difficultés, 1l n’exige cependant ni le même talent ni la même patience , que celui de la fabrication des grands objectifsachromatiques. Le télefcope catoptrique n’exige que le travail régulier d’une feule furface ; & c’eft l'ouvrage de quelques inftans qui forme ou déforme au poli la furface concave d'un grand miroir. L'on fait, & je n’ai pas befoin de le répéter, que depuis ma plus tendre jeuneffe , je me fuis conftamment occupé de la théo- rie & de la pratique de l'optique. Mais ce que l’on ne fait peut-être pas, -c'eft que j'ai confacré tous mes moyens pécuniaires aux progrès de cet art & à de grands eflais qui font, par l'effet des circonftances , peut-être perdus pour la fcience , comme ils le font pour moi. Ainfi, je dois en connoître, autant que perfonne, les difficultés, & peut-èrre une grande partie des moyens de les furmonter. Au refte, 1l eft conftant que mon télefcope de fept pieds .eft fupérieur à celui d'Herfchel, de mème longueur. Ce télefcope ‘14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE m'a fervi, pendant le peu de temps que j'en ai eu la jouiffance, à me con- vaincre que la tache d’Ariftarque eft, finon un volcan enflammé, du moins un corps lumineux par lui-mème. Les bafes qui appuyent mon opinion font conformes aux principes développés par Bougner, dans fon excellent Traité de /a gradation de la lumière , car les taches de la lune qui réfléchiffent le plus fortement la lumière directe du foleil, ne m'ont pas préfenté dans l'ombre les mèmes apparences qu’Ariftarque , quelques efforts que j’aye pu faire pour augmenter l’intenfité de cette foible lueur qui provient des rayons réfléchis de la terre. Il eft, d’ailleurs , aifé de concevoir qu’un feu très-vif & concentré dans le creux d’un cratère ne doit pas difléminer la lutnière quien émane ; 1l doit produire, dans ce cas particulier , l’effet d’un reverbère, & n'être vu que dans certaines circonftances. Aufli on remarquera que c’eft dans les mois de pluviofe, ventofe & germinal que ce volcan eft le plus apparent, Lorfque je fis , par ordre du gouvernement, un voyage à Londres pour l'uulité des fciences, je m’occupai, d’une manière particulière, du perfec- tionnement du flintglail; je fus convaincu que le moyen le plus fimple & le plus facile de rendre le flintglaif propre à la confection des grands télefcopes achromatiques , confiftoit à enlever les filandres au moyen des meules du tour de graveur fur verre. Lorfque ces défauts font enlevés, on pérrit le verre dans un four & fous une mouffle , de manière à lui donner à-peu-près la forme & la grandeur de l'objectif qu’on doit tailler. Ce procédé eit ample- ment décrit dans un ouvrage que j'ai publié en 1783, fous le titre de Recueil de Mémoires fur la Mécanique & la Phvfique. Ce recueil contient tant de recherches hétérogènes , que les commilfaires Lexel, Ramouski & Fuff, chargés de rendre compte de cet ouvrage à l'académie de Pérersbourg, ont cru devoir borner leur examen à la mefure des petits angles par la double réfraction du criftal de roche & de ma machine à graver les caraétères. C'eft dans ce recueil que j'ai dic qu’Euler avoit été le premier qui ait penfé à cor- riger les aberrations de réfrangibilité par l'emploi de matières différemment réfringentes. Maupertuis fe chargea de faire conftruire à Paris, l’obje&if d’Euler , avec de l'eau & du verre, comme celui que Newton avoit imaginé pour rendre l'aberration de fphéricité la plus petite poffible ; mais cer obje@if ne pouvoir pas réuflir , d’après les rapports connus depuis entre les réfraétions & les difperfions du verre ordinaire & de l’eau. Ces rapports font au diafpora- mètre comime 155 à 133 pour la réfraétion, & de 100 à 67 pour la difper- fion, Or, les fortes courbures qu’il faudroit donner pour détruire l’aberra- tion de réfrangibilité, occafunneroit une aberration très-forte de fphéricité. Ainfi, ce que l’on pourroit gagner d’un côté , on le perdroit infailliblement de l’autre. 1] n’en falloit pas davantage pour faire échouer le projet d’Euler, & pour confirmer l’affertion de Newton, qui tendoit à ôter tout efpoir d’at- teindre à l’achromatifme, Depuis cette époque, on attribua à Jean Dollond ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15 la première connoiffance de la forte difperfion d’un verre où il entre beau- coup de plomb , & qui eft connu en Angleterre fous le nom de fincglaff, ou verre de caillou. Cette dénomination n’eft pas celle qu'il convient de donner à ce verre. Mais ce qu'il importe ici de favoir , c’eft que plus il entre “RES ou plutôt de minium, dans la formation d’un verre, & plus fa difperfion augmente. Ce fur en 1759 que Dollond préfenta des objectifs achroma- tiques , compofés de flintglail & de crownglaff. Il dit dans fon mémoire imprimé dans les Tranfaétions Philofophiques ; qu'il parvint affez facile- ment à détruire les aberrations de réfranoibilité; mais il avoua qu’il fut arrêté par un obftacle plus difficile à furmonter , celui d’anéantir en mème temps celle de fphéricité. On a cru & on croit encore en France que Jean Dollond eft l'inventeur des lunettes achromatiques. On fait que quelques années après, Valrines attaqua la patente de Dollond , parce qu’il ne devoit pas fe donner pour inventeur des verres achromatiques, attendu que cette belle décou- verte appartenoit depuis long-temps au favant Holles , homme riche, paf- fanc fa vie dans fon cabinet, peu communicatif & très-mifantrope. Le lord Mansfield , grand chancelier ; décida que Dollond feul avoit des droits au priviléce , parce qu’il faifoit jouir le public & le commerce d’une invention utile; & fans entrer dans le fond de la queftion , il ajouta qu'il lui fuffifoit de favoir que Holles n’avoit point fait part au public de fa découverte. Cetre intéreffante difcuflion fut renouvelée dans ces derniers temps; entre Dollond le fils & fon beau-frère Ramsden. Ils adréflèrent l’un & l’autre des mémoires à la fociété royale; mais cette compagnie favante crut devoir étouffer dans fon fein les fuites de ce procès, qui divifoit deux artiftes célèbres. Cepen- dant, les gens inftruits accordent, en Angleterre, à Holles, la belle dé- couverte des lunettes achromatiques, long-temps avant 175$. On raconte que cet homme fingulier ne pouvant pas travailler lui-même fes verres de fintolail & de crownglaff, en chargea deux marchands opticiens qui demeu- roient à Londres, dans des quartiers éloignés. 11 chargea l’un de ces mar- chands de lui faire des verres convexes de crownglafl, & l’autre eut à lui fournir des verres concaves de fintglaff de même diamètre. Ces deux mar- chands s’adreflèrent au même artifte pour faire tailler ces deux efpèces de verre de nature différente. 1 ne fut pas difficile à l’artifte de fentir que le favant Holles , en s'adreffant ainfi à deux marchands qui n’avoient entr'eux aucune relation ; mertoit du myftère dans fes recherches. Cet artifte, qui travailloit pour Jean Dollond, lui fit part des commandes de Holles & de fes foupçons. Lorfque les verres furent achevés, ils les eMayèrent enfemble, & ils reconnurent que les objeétifs qui réfultoient de leur combinaifon , étoient parfaitement achromatiques. Ces objeéfs avoient quatre pouces de diamètre, & éroïent à trois verres; ils corrigeoient les déux aberrations, i ‘ { 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, A N'A'P' VE De lPEau minerale acidule de Sulzbach, près de Colmar, département du Haut-Rhin. Par Charles Ban THozpt, profeffeur de Chimie à l’école centrale du Haut-Rhin. Expériences faites avec les réathifs. I. L A teinturé de tournefol & de chanvre devient rougeitre par l’addi- tion de l’eau de Sulzbach ; mais en expofant ce mélange à l'air libre, il acquiert fa couleur primitive. Ce changement de la couleur bleue en rouge, provient d’un acide libre; mais comme la couleur bleue reparoït , cela indique que l'acide eft évaporé à l'air. 11. La teinture & le papier teint de curcuma ne font pas altérés par l’eaa fraîche ; mais après l'avoir bouillie, elle produit une couleur châtaigne. Le changement de la couleur jaune du curcuma en brunâtre par l’eau bouillie, eft dù à un alkali libre; l'acide carbonique qui s’eft dégagé par l'ébullition , a empêché l’action de l'eau fraiche. à [LL Les acides minéraux produifent une effervefcence & dégagent des bulles d'air. Les acides, en s'emparant des parties terreufes & de l’aikali, dégagent le gaz acide carbonique , avec lequel elles étoient combinées. IV. Les carbonates des divers alkalis criftallifés entièrement faturés d'acide carbonique, n’occafionnent aucun changement apparent. V. Les alkalis cauftiques ou débarraffés d'acide carbonique, la troublent; les alkalis cauftiques la troublent en abfocbant l'acide carbonique , par l'in- rermède duquel les terres contenues dans, l'eau étoient diffoutes, & qui, faute de diffolvant, fe dépofent. VI. L’acide oxalique & l’oxalate de poaffe, produifent des précipités qui ne fe diflolvent pas dans l'acide acéteux (winaigre diftillé ). L’affinité de l’a- cide oxalique avec la tertecalcaire, excède celle de tous les autres acides, &c il fe forme une combinaifon { l'oxalare de chaux ) qui ne.fe difflout ni dans l’eau, ni dans l’acide acéteux. VIT. L'acécite de plomb & le nitrate de plomb forment des dépôts qui ne fe ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 : fe diffolvent pas entièrement dans l'acide nitrique. Le réfidu qui ne fe diffout pas, eft das de Lot Ces deux réaë&ifs font décompolés par les alkalis-& beaucoup de fels neutres; mais f les précipités qu'ils forment ne fe diffolvent pas dans l'acide nitrique, ils indiquent la préfence de l'acide fulfurique libre , ou combiné avec auelque bafe. VAL. L’acérite de baryte forme un précipité dont la partie qui ne fe diffout lus dans l'acide acéreux & muriatique , eft du fulfate de baryte. L'acide fulfurique a ,.de tous les autres acides, la plus grande affinité avec la baryte, & cède toutes les autres bafes pour fe combiner avec cetre dernière , formant du fulfate de baryte, infoluble dans les acides. Si donc l’acérite de baryte forme des précipités qui ne fe diffolvent pas dans l'acide acéreux & muriatique , il indique l'acide fulfurique libre , ou en quelque combinaifon, 4 IX. Le nitrate d'argent à excès d'acide la trouble, & le dépôt qui fe forme par le repos ne fe diffout plus dans l’acide nitrique, & a toutes les propriétés du muriate d’argent. L’oxide d’argent, diffous dans l'acide nitrique , a la plus grande affinité avec l'acide muriatique; il l’attire de toutes les autres combinaifons , & le muriate d'argent qui en réfulte eft très- peu foluble dans l'eau & les acides. L’acide fulfurique décompofe de mème le nitrate d'argent, & forme du fulfate d'argent également peu foluble; mais comme , d’après les expériences précédentes , l'acide fulfurique ne peut pas fe trouver libre dans l’eau miné- rale Y& que, combiné avec les alkalis, il ne décompofe pas le nitrate d’ar- gent, ce réactif ne peut pas indiquer les fulfates alkalins. , X. Le prufliate de chaux & la teinture des noix de galle ne donnent aucun indice de fer. La couleur du précipité que le dernier forme , eft due à ce mème réaétif. XI. Le fulfate de fer fe décompofe; l'acide fulfurique du fulfate de fer forme avec la terre calcaire contenue dans l’eau de Sulzbach , du fulfate de chaux; & l’oxide de fer qui fe précipite eft en partie rediflous dans l’eau minérale par l'acide carbonique , & forme une eau minérale ferrugineufe. En mettant du fer pur ou lévèrement oxidé dans l’eau de Sulzbach , l'acide carbonique libre en diffout une partie. On peut obtenir, par ce procédé, une eau minérale aufli ferrugineufe que celles de Spa & de Pyrmont. XII. L'eau de chaux produit, en l'inftillant peu-à-peu dans l'eau de Sulzbach , un léger précipité qui, au commencement, fe diffout à mefure qu'il paroït, jufqu’à ce qu'on en ait ajouté à-peu-près le tiers à l’eau miné- rale; alors il fe forme un précipité abondant qui fe dépofe au fond du vafe. La chaux diffoute dans l’eau de chaux, abforbe de l'acide carbonique € l'eau minérale, & forme du carbonate de chaux qui fe diffout tant qu’il trouve un excès d'acide carbonique libre ; mais auflitôt que cet excès'elt Tome 111: MESSIDOR an 6. (G 18 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, abforbé, le carbonate de chaux fe dépofe, faute de diffolvant; le’ précipité qui fe forme eft la terre contenue dans l’eau de chaux, amêlée avec celle de l'eau minérale. Sion ajoute à l’eau minérale de Sulzbach de la magnéfie blanche , autant qu’il fe peur en diffoudre dans l’excès de l’acide carbonique, on obtient une eau d’un goût doux & favonneux. Je me fuis fervi de l’eau de chaux pour déterminer la quantité d’acide carbonique libre qui donne à l’eau de Sulzbach le goût & les marques d'a- cidité , & qui peut encore fe combiner avec d’autres bafes. Pour ÿ parvenir, j'ai ajouté à 3 2 onces de certe eau minérale , de l’eau de chaux récemment préparée , jufqu’à ce qu’elle commençât à fe troubler : il en à fallu 3 onces. En goûtant ce mélange, on ne s'appercevoit plus ni de l'acidité de l'eau minérale, ni de l’amertume de l'eau de chaux. Des expériences anté- rieures m'ont appris que cette quantité d’eau de chaux contient 0.8 grains de chaux cauftique , qui, pour la faturation $ abforbent 4 grains, ou 6.2 pouces cubiques d’acide carbonique, & forment 10.8 grains de carbonate de chaux qui, pour refter diflous dans l’eau, demandent 21 grains où 30 pouces cubiques d'acide carbonique; de fiçon que la quantité d'acide carbonique libre contenue dans 32 onces d’eau de Sulzbach, fe monte à 44-21 grains, ou 37 pouces cubiques. * s Pour trouver la quantité de matières fixes contenues dans l’eau de Sulzbach, & être convaincu de la préfence de celles indiquées par les réactifs, j'ai tâché de les raffembler par l’évaporation. Ayant mis 3 pintes ou 36 onces d'eau dans un vafe de porcelaine à ouverture large, je l'ai échauffée dans un bain de fable par degré; il fe dégageoir, dans le commencement , beaucoup de bullés d'air, & la furface fe couvroit d’une croureterreufe, femblable à celle qui fe forme quand on laiffe cette eau pendant quelque temps expofée à l'air libre En augnrentant la chaleur jufqu'à léballition, cette cioure fe rompoit par les fecouffes du bouillonnement. Après avoir retiré le vafe du feu & l'avoir laiflé refroidir, j'ai féparé la terre qui s’eft dépofée pendant l'ébullition; elle pefoit, bien féchée, 18 grains, & n'éroit que du car- bonate de chaux. h L'eau de laquelle le carbonate de chaux fut féparé, a été évaporée dans un four, où elle étoit à l'abri de toute pouflière Aottant ordinairement dans . les laboratoires; la furface fe couvroit d’une léoère pellicule, l’eau fe trou- bloit & dépofoit jufqu’à la fin de l'évaporation une terre légère. Après que la terre fut réduire à ficcité, le rélidu a été lavé dans de l’eau diftillée froide, pour féparer la matière faline des parties terreufes. La folu- tion avoit une faveur alkaline ; elle préfentoit, par une évaporation fponta- née, un mélange de plufeurs fels , dont on pouvoit néanmoins diftinguer les’diverfes criftallifarions , fur-tout celles du muriate & fulfate de foude ; mais comme il étoit difficile de f‘parer ces divers fels , j'ai ajouté à la mafle faline de l'acide acéteux ( vinaigre diftillé) , jufqu’a la parfaite faturation de lalkah libre, La quantité de vinaigre diftillé néceffaire, étoit égale à celle .d ET D'HISTOIRE NATURELLE. ‘ 19 qu'il faut pour faturer 60 grains d’alkali minéral criftallifé. La liqueur faline, évaporée à ficcité, «a été traitée à froid avec de l’alkool ( efprit-de-vin }, qui n’a diflous que l’acétite de foude; la maffe faline qui ne fe diffolvoir pas à froid dans l’alkool , a été diffoute dans de l’eau diftillée. Comme il eft très- difficile de déterminer au jufte de fi petites quantités de fel en les raffem- blant par l’évaporation & la criftallifation, puifqu'on en perd toujours en les féchant fur du papier, & étant déjà convaincu d'avance que cette folu- tion ne contenoit plus que du fulfare & muriate de foude , je me fuis fervi de l’acétire de baryte pour trouver le poids du fulfate de foude; j'en ai ajouté jufqu'à ce qu'il ne fe formoit plus de fulfare de baryte; & ayant bieu remarqué la quantité de l’acétite de baryte néceffaire à la décompofition , j'ai pris la même quantité, & je lai décompofée avec du fulfate de foude criftallifé : il m'en a fallu 20 grains, & le fulfate de baryte qui en eft réfulré , avoit le mème poids que Ne premier, Après que le fulfate de baryte fut féparé , j'ai ajouté à la liqueur reftante, qui ne contenoit que de l'acé- tite & muriate de foude, du nitrate d'argent, jufqu'à ce qu'il ne fe for- moit plus de muriate d’argent; j'ai décompofé la mème quantité de nitrate d'argent que j’avois employé, avec du muriate de foude bien pur criftallife : il en a fallu 12 grains, & la quantité du muriate d’argent étoit égale à celle de l'opération précédente. Après avoir féparé la matière faline du réfidu de l’évaporation de l’eau minérale , il reftoit une matière terreufe qui, bien féchée, pefoit 1 2 grains. L’ayant cuite dans une grande quantité d’eau diftillée , il ne s’en diflolvoic tien; mife dans l’acide muriatique, il en a été diffout 3 grains; la folution muriatique a fourni, en la précipitant à fond avec du carbonate de potaffe ériftallifé, 2 grains de carbonate de chaux, & par l’ébullition , 8 grains de magnéfie blanche. Le réfidu de 3 grains que l'acide muriatique ne diffolvoit pas, étoir de la terre filiceufe. Comme celle-ci ne fe dépofoit qu’au milieu ou vers la fin de l'évaporation avec la magnélie blanche , il en fuit qu’elle fe trouve vraiment diffoute dans cette eau minérale. Si elle y fottoit feule- ment fufpendue , ‘comme on le trouve dans beaucoup d'eaux, elle fe fecoit dépofée au commencement avec le carbanate de chaux ; 1] me parut très- probable que les autres carbonates terreux contribuent beaucoup à la folu- bilité de la terre filicée dans l’eau par l'acide carbonique. D'après cette analyfe, 3 pintes ou 96 onces de l'eau minérale acidule de Sulzbach, contiennent, Gaz'acide carbonique... ....... 78 gr.ou 112 pouc. cub. Carbonate de foude criftal...... 6o Sulfré de foude168 2000 72 Carbonate de chaux. ....,...,. 20 ——— demagnéfe......... 8 NICE ts salalaie silee oies ae Meet 07 >o0 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les cruches dans lefquelles on conferve & tranfporte cette eau minérale, dont la conformation eft très - confidérable ; contiennent ordinairement 1 + pinte ou 48 onces, la moitié de la quantité employée à l’évaporation. TOUT 'S LÉ om Fait entre Melun & Lieufaint, de la bafe d’un triangle pour mefurer un arc du méridien. L À grande route de Lieufaint à Melun vient d’être le théâtre d’un travail extrêmement intéreffant & qui fera époque dans l’hiftoire des fciences. On fait que pour fixer invariablement l’étalon du mètre , deux aftronomes célè- bres, Delambre & Méchain , ont été chargés de mefurer l'arc du méri- dien , par le moyen d'une fuite de triangles depuis Dunkerque jufqu’à Barcelone (1!. Pour calculer les côtés de ces triangles il faut partir d’une bafe primitive. Aucune de celles mefurées pour la méridienne de 1740, ne l’avoit été avec une exaétitude affez fcrupuleufe, & l’on y foupçonnoit quelques erreurs. De plus, la bafe la plus voifins de Paris, entre Villejuif & Javify, n’offroir qu’une longueur d’un peu plus de cinq mille toifes (1) , avec d’affez grandes inégalités de terrein. On lui a préféré avec raïfon la route de Lieufaint à Melun, qui donnoit par apperçu une longueur de 6076 toifes en ligne prefque droite & avec très-peu de différence de niveau. Pour préparer le toifé de cette bafe, on a élevé d’abord les deux fignaux ou obfervatoires que l’on voit maintenant , l’un à la fortie de Lieufaint, l’autre à l'entrée de Melun. A la bafe de chactn de ces fignaux, au milieu d’un mañlif de maçonnerie, eft une groffe pierre dans laquelle on a fcellé une malle de plomb , & dans le plomb un cylindre de cuivre d'environ 14 lignes de diamètre, dont le centre correfpond per- pendiculairement à la pointe des fignaux & au centre fupérieur des obfer- (1)-On avoit projeté d'étendre ce travail jufqu’à Mayorque; mais certe dernière ftation n’a pu avoir lieu à caufe du trop grand éloignement desfignaux. [2) Le travail de Delambre l& Méchain ayant pour but d'établir le rapport entre les anciennes & les nouvelles mefures ; ce:travail ayant été d’ailleurs commencé en 1307, a dû être fait en toifes & fractions de toife, dont l'ufage ne devoir expirer qu'au moment de la fixation rigoureufe du mètre. La commiflion des poids & mefures a donné, d’après les anciens calculs, un mètre provifoire dont l’approximation eft plus que (ufffante pour les befoins 6rdinaires. On fair que cé mètre furpaile Ja demi-toile de 13 lignes 44 cen- iièmes, ET D'HISTOIRE NATURELLE 21 vations. La ligne de bafe formant vers fon milieu un léger coude , on a mefuré l'angle qui à été trouvé de 179° 11! à l'horifon; ce qui produit fur la longueur totale une différence de 10 pouces = ; en partant du fommer de cet angle , on a placé de cent toifes en cent toifes des jallons d’alignement dirigés fur chacun des deux fignaux. Au pied de chacun de ces jallons on a enfoncé en terre un coin de bois , affez profondément pour que rien ne püût en faire varier la potion. La place de chacun de ces coins étoit marquée par des repaires le long de la route, Après ces travaux préliminaires , Delambre à commencé l’opération du toifé le $ floréal, à la bafe du fignal de Melun. Les inftrumens conf- truits pour cet effet font quatre règles de platine , chacune de deux toifes de longueur , (à une température donnée), & d’environ 6 lignes de largeur fur 5 de ligne d’épaiffeur. Chaque règle eft montée fur une pièce de bois affez forte pour n’éprouver ni travail , ni flexion , & recouverte à trois pouces de diftance d’un léger toit aufli en bois , aux deux extré- mités duquel s'élèvent deux pointes de fer fervant de mires d’alignement. Sur la règle de platine eft pofée une autre règle de cuivre de la mème force, mais d’une longueur un peu moindre , qui fert à mefurer la dilatation du platine. On fait par expérience que les dilatations du pla- tine & du cuivre, à chaleur égale , fe font dans une proportion qui re- vient à- peu - près au rapport de 12 à 25. Les deux règles font fixées lune fur l’autre d’une manière invariable par leur ‘extrémité antérieure , alin que l'effet de la dilatation fe porte entièrement à l’autre extrémité, Les règles étant plongées dans la glace fondante, & par conféquent à o du thermomètre , l'extrémité du cuivre coincide fur le platine à une ligne marquée; mais auflitor qu'ils fe trouvent expofés à une autre tem- pérature , le cuivre fe prolonge fur le platine, à raifon de l’inégale dila- tation des deux métaux. Une conftruétion ingénieufe établie fur ce prin- cipe, donne le moyen d’eftimer la dilatation du platine à ——=— de toife près , avec le fecours d’un nonius & d’un microfcope qui y correfpond. Cetre mème conftraétion forme en mème temps un themmomètre métal- lique très-fenlible dont chaque partie ou degré ( 1) correfpond à une dilatation de 0,00000914$" de toife fur chaque règle de platine. Les quatre règles fe placent au bouc l’une de l’autre, portées fur des trépieds de fer montés fur trois vis pour mettre les extrémités correfpondantes à hauteurs égales, & alignées fur des mires placées fucceflivement fur les (1) I n’eft pas ici queftion des thermomètres ordinaires, mais des thermomèrres méralliques nouvellement inventés & divilés fuivane une nouvelle échelle décimale, donc il Faut 2,376 parties pour correfpondre à bn degré de Réaumur Ainfi, pour rapporter à ce desré la dilaration du platine , il faut multiplier 0,00000924ÿ par 2,316 , cequi donne un peu plys de 0,00002. 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE coins de bois dont nous avons parlé. Si chaque règle étoit pofée en contact immédiat avec fa voifine , on courroit rifque, en en plaçant une, de produire un recul fur les précédentes, & de plus le contaét ne feroit jamais parfait. Pour prévenir cet inconvénient on a foin de laiffer un peu d'intervalle d’une règle à l’autre, mais l’extrémité de chaque règle eft munie d’une petite règle où languette de platine , qui fe poufle dans une couliffe pour remplir l'intervalle, & former contaét parfait avec la règle fuivante. Une échelle munie de fon nonius vu au microfcope, me- fure la longueur de la languerte à "= de toifes près. Mais en mefurant ainfi une ligne fur un terrain qui fouvent montesou s’abaifle infeni- blement, il faut avoir égard aux différences de niveau. Pour cet effet le toit de chaque règle porte à diftances égales de fes extrémités , deux dez de cuivre qui s'élèvent à hauteurs évales fur le plan des règles, & fur lefquels on pofe les deux branches d’une équerre portant un niveau d'air. Ce niveau placé deux fois fur chaque règle , dans les deux fens contraires , donne l’inclination moyenne à moins d’une minute près. En- forte qu'avec une formule très-fimple , chaque mefure fe trouve réduite à la ligne horizontale, & la fuite des obfervations donne en mème témps le nivellement total de la bafe, En commençant l'opération, la première règle a été placée de manière qu'un fil à plomb fufpendu à fon extré- mité antérieure , tombât parfaitement fur le centre du cylindre de cuivre dont nous avons parlé, qui formoit point de départ fous le fignal de Melun. Les règles 2 3 & 4 ont été pofées à la fuite de la première , & alignées comme elles fur la mire. On a pouffé les languettes pour rem- plit les intervalles. Les longueurs de ces languettes ainfi que les dilatations de chaque règle & les obfervations de niveau , lues par Delambre, ont été écrites fous fa dictée par deux perfonnes qui lui fervoient d'aides & tenoient chacune un regiftre par colonnes ; préparé pour cet efer. Après quoi la première règle à été enlevée & placée à la fuite de la règle 4, &.ainfi de fuite, en s’alignant toujours fur la mire que l’on reculoit de cent toifes en*cent toifes , & obfervant à chaque nouvelle règle, de lire la dilatation, la longueur de la languette, & les deux obfervations de niveau. k Cette manœuvre répétée 3021 fois, a nécefité par conféquent 6o42 leŒüres au microfcope & autant d’obfervarions de niveau. Le travail Étoit continué fans interruption pendant le jour; & lorfque l’approche de la nuit forçoit à l’interrompre , voici comment on s'y prenoit pour fixer le point d’arrèt qui le lendemain devoit former le point de départ. Vers l'extrémité de la règle qui fe trouvoit la dernière, on enfonçoit en terre un pieu de fer autour duquel on creufoit un trou affez profond. On enleyoit le pieu , & à fa place on enfonçoit un coin de bois, fur la furface duquel on clouoit une lame de plomb. On, plaçoit la der- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23 -nière règle de manière qu'un fil à plomb bien centré , fufpendu à fon extrémité, tombât fur cette lame ; on marquoit le pius exaétement poffible le point de retombée avec la pointe de l’a-plomb, & l’on défendoir le coin par un fort couvercle de bois , couvert lui-même de terre. En forte que les voitures pouvoient pafler deffus fans rien déranger. Les chofes refloient en cer état jufqu'au travail du lendemain qui recommencçoit de la même manière que celui du premier jour. L'opération entière a duré 40 jours , dont trois feulement d'interruption. On faifoit ordinaire- ment 88 longueurs de règle par jour. LE 15 prairial à midi, Delambre eft arrivé au cylindre de cuivre formant l’autre extrémité de la bafe fous le fignal de Lieufaint; l'extrémité de la dernière règle s’eft trouvée dépaller le centre jufte de 48 lignes . Cette défalcarion faite , ainf que tous les calculs de réduction , 1l en ef réfulté une longueur de 6075,784689 toifes. Quoique ces détails foient fuffifans pour juger de la précifion extrème apportée à cette opération, Délambre yÿ a joint beaucoup d’autres pré- cautions favantes & délicates qu'il feroit trop long de rapporter , & qui affurent à fon travail le plus haut degré d’exaétirude auquel on puilfe pré- tendre. J'ajouterai feulement que, par le perfeétionnement des méthodes & des inftrumens , des erreurs de pouces & des fecondes font en quelque façon aufli peu préfumables dans la manière actuelle d'opérer , que ne l’étoient autrefois des erreurs de‘toifes & de minutes. Ce perfectionnement eft dû en très grande partie aux travaux de Borda. En attendant que Delambre & Méchain publient eux-mêmes l’expofé de leurs travaux , j'ai penfé que quelques perfonnes verroient avec plaiñr ces détails fur une opération très-curieufe , que le voilinage m'a mis à portée de fuivre aflidument. Je dois l’exaétirude de ces détails à cette complaifance communicative & infatigable qui caratèrife Delambre. Perfonne n’eft plus fait que lui pour propager les lumières en fe prètant à la foibleffe de ‘fes auditeurs, & en même temps pour rendre la fcience aimable par l'ama- bilité du favanr, dc 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE AN INQUIRY CONCERNING, &c. RECHERCHE Sur la fource de la chaleur qu’excite le frottement ; Par Benjamin Rumrorp, membre de la fociéré royale de Londres, & de l'académie royale d'Irlande. (Tiré des Tranfact. Philofop. pour 1798. Part, I.) (1). EERNTER AE MPALREÈNE T ET. « Ok rencontre fouvent , dans le couts ordinaire de la vie, des occafons d’obferver quelques-unes des opérations les plus curieufes de la nature, & l’on pourroit faire quelquefois des expériences phyliques très -intéreffantes, prefque fans peine & fans frais, au moyen des machines employées aux travaux des arts & des manufactures. * » J'ai fouvent eu lieu de faire cette remarque, & je fuis perfuadé, en général, que l’habitude de confidérer avec attention ce qui fe paile autour de nous dans une vie active , a plus fréquemment contribué à fuggérer des doutes utiles & à mettre en jeu l'imagination productive des inventeurs , que ne l'ont fait les profondes méditations des philofophes dans les heures confacrées à l'étude ». Après ces réflexions, dont plus d’un lecteur aura fenti la juftefle , le célèbre auteur des recherches qu’on va lire, raconte comment il fut mis fur là voie des expériences dont il donne le détail. « J'étois occupé dernièrement, dit-il, dans l’arfenal de Munich , à faire forer des canons ; je fus frappé de la chaleur confidérable qu’acquéroit en pou de temps la pièce de bronze par l’aétion du percement, & de la rem- pérature, plus élevée encore, des sournures métalliques que détachoit le foret : leur chaleur dépafloit de beaucoup le terme de l’eau bouiHante. Plus je réfléchis à ces phénomènes, & plus ils me parurent dignes d’at- tention ; je crus même entrevoir qu'en fuivant cette recherche, on feroit quelques progrès dans l’étude des modifications du feu, encore fi peu con- nues, & qu'on arriveroit peut-être à former quelques conje@ufes raifon- LA (1) La nouveauté de ces recherches & l'intérêt qu'elles méritent , nous engagent à convertir l'extrait que nous nous propofñons de faire du mémoire qui les renferme , en une traduétion prefque littérale nables ET. D'HISTOIRE NATURELLE. 25 nables fur lexiftence ou la non exiftence d’un fluide igné , fujet fur lequel les phyficiens ont été de tout temps fort partagés. d » Pour que la fociété puille fe faire une idée nette des conjeétures & des taifonnemens auxquels ces apparences me conduifirent, ainfi que des objets de recherches phyliques qu’elles me fuggérèrent, je la prie de me permettre les détails préliminaires qui m’amèneront le plus naturellement à ce but. » D'où provient la chaleur produite dans l'opération mécanique dont on vient de parler ? » Eft-elle fournie par les tournures de métal que le foret enlève à la male folide ? . » Si cela étoit, en ce cas, d’après la théorie moderne de la chaleur la- tente & du calorique, non-feulement la capacité de chaleur ( 1 ) des par- ties du métal ainfi réduites en tournures, devroit être changée, mais le changement qu’elles ont éprouvé devroit être fufhfant pour expliquer toute la chaleur produite. , » Mais aucun changement pareil n’avoit eu lieu; car je trouvai qu'en prenant des quantités égales en poids de ces tournures & de très-petits frag- mens de métal détachés du mème bloc par l’action d’une fine fcie, en les chauffant également, c'eit-à-dire au degré de l’eau bouillante, & en les jetant dans des quantités égales d’eau à la température de 592. + F(125R), l'eau qui reçut les tournures ne fut ni plus ni moins réchauffée que ne le fut celle dans Jaquelle on jeta la limaille du même métal. » Cette expérience fut répétée plufieurs fois, & les réfulrats s’acordèrent toujours à faire douter s’il y avoir eu réellement la moindre altération à la capacité de chaleur du métal, par le fait de fa converfion en tournures. ( 2 ). » Il réfulte évidemment de là, que la chaleur produite ne pouvoit pas avoir été fournie aux dépens de la chaleur latente des tournures métalli- (1) L'auteur appelle ici, avec le doéteur Crawford , capacité de chaleur , ce que la plupart des phyficiens du continent nomment cha/eur fpécifique ; c’eft la Faculté qu'ont Féentes fubftances à poids égal & à température égale de contenir plus ou moins dé feu. On s'en affure par voie d'expérience , de deux manières : ou en épreuvant l'effet de ces diverfes fubftances , prifes à poids & température femblables , pour réchauffer plus ou moins des quantités égales d'eau froide ; ou bien en effayant, au moyen du calo- rimètre de Lavoifier & de la Place, combien de glace peuvent fondre ces mêmes fubftances , imprégnées de feu au même degré thermométrique. (2) Voici l’une ke ces expériences : On jeta dans 45 90 grains d’eau à la température de 59°2F, 1016 grains+ de fine fciure de fonte, chauffée jufqu'au 210° de F, c'efti-dire, au degré de l'eau bouillanre à Munich : après une minute de féjour , pendant lequel on agita fortement le mélange avec une baguette de bois léger , fa température fe trouva élevée de 3° 2F. Or, d'après cette expérience , /a chaleur fpécifique du métal, calculée felon la rèole du docteur Crawford , eft à celle de l'eau , comme 0,1100 eft à 1,0000 ; c'eft-à-dire , qu'à poids & rempérature femblables , il n'y a dans le métal des canons que les 5 de la chaleur qu'il y a dans l'eau. Tome IV, MESSIDOR an 6. D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. ques (1); mais quoique ces effais me paruflent concluans, je ne m’en tins: pas là, & j’eus recours à l'expérience fuivante, encore plus décifive. » Je pris une pièce de canon de fix livres de balle, fondue folide, & telle qu'elle fortoit du moule { voyez fig. r.); je l'établis horifontalemenct dans la machine deftinée à les percer, & en même temps à les finir en dehors ( fig. 2 ); je fis couper l'extrémité de la pièce, & former, en tour- nant le métal dans cet endroit, un cylindre folide , de 7 pouces À de dia- mètre, & de 9 pouces Æ de long. Ce cylindre continuoit à faire corps avec la pièce , au moyen d’un perit coller cylindrique, qui n’avoit que 2 pouces + de diamètre-, fur 3 pouces -£ de longueur. La pièce tournoit fur ce coller comme fur un axe , tandis qu’on perçoit au foret le cylindre qui avoit été réfervé à l'extrémité. Le trou avoir 3 pouces 7 de diamètre; & au lieu de le continuer tout au travers du cylindre (long de 9.8 pouces), on ne lui avoit doné que 7,2 pouces de profondeur ; en forte qu'il reftoir au fond du cylindre une épaifleur de métal de 2,6 pouces. Cette cavité eft défignée dans la fig, 2, par des lignes ponctuées , & on la retrouve dans la fig. 3, qui eft tracée fur une plus grande échelle. C'eft au fond de ce cylindre que la chaleur devoit être excitée par Je frot- tement, au moyen d'un foret obtus qui prefferoit fortement contre ce fond, tandis que la pièce elle-même auroit un mouvement de rotation fur fon axe, qui lui feroit donné par l’action des chevaux; & pour qu'on püt mefurer de temps en temps la chaleur accumulée, on pratiqua un petit trou rond (de, fig. 3) de 0,37 de pouce de diamètre feulement ,& profond de 4,2 pouces; dans une direction perpendiculaire à l'axe du cylindre; on logea dans certe cavité un petit thermomètre à mercure , dont la boule fe trouvoit aïnfi au milieu du maffif folide qui formoit le fond de ce même cylindre, » Le volume de ce cylindre creux, non compris le collet qui lunifloit EEE (1) 11 paroît que notre célèbre auteur emploie ici indifféremment les expreffions de chaleur /acenre & de capacité de chaleur ou chaleur fpécifique. X nous femble qu’il y auroit de l'avantage à réferver l’expreffion de cha/eur latente, pour défigner cette modification. du feu , découverte par le célèbre Black , & dans laquelle cet élément eft exclufivemeur employé à produire & à maintenir , foit la liquidité , foi l'état de vapeur, dans fes fubftances fufceptibles d'être fondues & vaporilées : certe modification eft un phéno- mène particulier, une abforption confidérable & brufque, qui a lieu dans l’aéle même du pallage des fubftances de l’état folide à l'état liquide , ou de celui-ci à l'étar de vapeur ; elle mérite donc d'être foigneufement diftinguée de la fimple chaleur fpécifique , qui fe rapporte à un état permanent des fubftances , abftraétion faite de l'effet qui a lieu dans Jeur ranfition d'un état à l'autre, Nous avions propofé ( Effai {ur le feu , page 28) d'éviter cetre équivoque, en appelant chaleur de liquidité, & chaleur de vaporifation, les quantités relatives de feu employées à produire & à maintenir l’une & l’autre de ces modifications dans les fubftances qui en font fufcepubles 3 & nous avons introduit ces exprefions dans nos cours d’enfeignement, ET D'HISTOIRE NATURÉILE. 27 au canon, étoit de 385 + pouces cubes, &'il pefoit 113,13 liv. avoir-du- poids n. rep Ici, l'auteur fe juftifie, dans une note , de la prodigalité dont on auroit pu l’accufer s’il eût confacré une pièce de canon de bronze à une expérience phyfique. H nous dir que le cylindre en queftion fe trouvoit faire partie d’une faillie d'environ deux pieds, qu'on laïffe à la fonte au-delà de la longueur que doit avoir la pièce , pour que la compreflion qu’occafonne ce farplus pendant le refroidiflemént, rende le métal plus denfe à l'endroit où fera la bouche de la pièce. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. « Cette expérience fut faite dans le but d'établir combien il fe produifoit de chaleur par le frottement, lorfqu’un foret obtus, forcé par l’action d’une vis, appuyoit contre le fond du cylindre avec une prefion égale au poids d'environ 100 quintaux avoir-du-poids , tandis que le cylindre, mu par des chevaux, tournoît fur fon axe en faifant environ 32 révolutions par minute. » On voit (fig. 2) l’appareil dans fon enfemble. W eft une forte barre horifontale, communiquant au mécanifme que les chevaux mettent en: mouvement, & qui fait tourner la pièce fur fon axe. » Pour prévenir , autant qu'il éroit poflible , la perte de la chaleur pro- duite dans l’expérience, on garnifloit foigneufement le cylindre d’une enve- loppe de flanelle épaifle qui le mettoit aflez complétement à l'abri de l’in- fluence de l’atmofphère : cette enveloppe n’eft pas repréfentée dans la figure 2. » Le foret étoit un morceau plat d’acier trempé, épais de 0,63 de pouce, long de 4 pouces, & de la mème largeur ä-peu-près que la cavité cylin- drique dans laquelle il étoit logé , c’eft-à-dire 3 pouces; il étoit fortement attaché à la barre de fer m, qui le maintenoït en place, L’aire de fa furface en contaét contre le fond du cylindre, étoit d'environ 2 + pouces, Ce foret, défigné par la lettre », eft indiqué dans la plupart des figures. » Au commencement de l'expérience , la température de l'air à l'ombre, & celle du cylindre, étoit précifément de 60° F.( 125 R.). » Après 30 minutes de travail, pendant lefquelles le cylindre fit 960 révo- lutions fur fon axe, on fufpendit le mouvement de la machine, & un ther- momètre à mercure, long de 3 + pouces, & dont la boule avoit 0,32 de pouce de diamètre , fut introduit dans la cavité deftinée à le recevoir, & le mercure monta , prefqu'inftantanément, à 130° ( 42 & R.). » Quoique la chaleur ne füt fans doute pas diftribuée avec une parfaite égalité dans toute la mafle du cylindre, cependant, comme le réfervoir du thermomètre étoit lui-même de forme cylindrique, & occupoit prefque ‘toute l’épaiffeur du métal, on peut croire que l’inftrument accufoit à-peu- près la température moyenne de la malle métallique réchauffée. D 2 38 JOUNALI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » Pour former un apperçu de la quantité de chaleur produite , il falloic eftimer celle que le refroidiflement avoit dû enlever pendant la durée de l'expérience. On laiffa donc l’appareil tranquille , & durant près de trois quarts-d’heure , on obferva fon refroïidiffement à - peu - près de degré en deoré. Nous fupprimons le tableau de la marche de ce refroïdiffement ; il nous fuffira de dire que le métal perdit 20° F. de fa température en 41 minutes de temps. » Après avoir enlevé le foret, je fortis la pouffière métallique, ou plutôt les écailles que cet inftrument avoit détachées du fond du cylindre dans cette expérience, & leur poids , foigneufement déterminé , s'éleva à 837 grains, Troy. » Eft-il poffible que la quantité très-confidérable de chaleur qui fut pro- duite dans cette expérience ( quantité fuffifante pour élever de 70° au moins Ja température de plus de 113 liv. de bronze, & qui auroit pu fondre 6 liv. + de glace, ou amener à l’ébullition près de $#liv. d’eau froide ); eft-il pof- fible, dis-je, que cette quantité de chaleur füt fournie par 837 grains de pouflière métallique , & cela, fimplement en vertu d’un changement dans la capacité de certe matière pulvérulente pour contenir la chaleur ? » Le poidsde cette pouflière ne formoit que + partie de celui du cylindre; elle auroit donc dû perdre au moins 948 degrés de chaleur , pour élever d’un degré feulement la rempérature du cylindre , & 948 X 70—66 360 degrés pour réchauffer ce cylindre au terme qu'il atteignit durant l'expérience. » Mais fans infifter fur l’improbabilité de cette fuppofñtion, rappelons- nous feulement que, d’après les réfulrats d'expériences actuelles & décifives, faites dans le but exprès de déterminer la capacité de chaleur du bronze, cette capacité n’eft pas fenfiblement altérée par la réduction du métal à l’étar de tournures qui a lieu dans l'opération du percement des canons; & il n’y a pas de raïfon de croire qu’elle fubiffe aucun changement notable lorfque la inatière eft encore plus amenuifée & réduite à un état prefque pulvérulenr, par l’action d’un foret moins aigu. » Si la chaleur étoit produite, en tout ou en partie , par l’effer d’un chan- gement dans la capacité d’une partie du métal du cylindre, comme ce chan- gement ñne pourroit être que fuperficiel, le cylindre feroit épuife par degrés, & on s'en appercevroit dans des opérations fuccefhives. Pour découvrir fi cet effet avoit lieu, je répétai cette dernière expérience plufeurs fois, avec beau- coup de foin ; mais je n’apperçus pas le moindre figne d’épuifement dans le métal, malgré la grande quantité de chaleur qu’il avoit dégagée, » Après avoir trouvé tant de taifons de conclure que la chaleur produite dans ces expériences, ou plutôt'excirée par ces procédés, n’étoit pas fournie aux dépens de la chaleur latente ; ou du calorique combiné, qui appartenoï ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 au métal (1), je pouffai mes recherches un peu plus loin, pout effayer de découvrir fi l’air ambiant contribuoit ou non à la chaleur dégagée ». MLNPRPÉRIENCE » Comme le creux du cylindre étoit auffi de forme cylindrique, & que la barre de fer qui portoit à fon extrémité le foret obus étoit quarrée, l'air avoit un libre accès à l'intérieur de la cavité au fond de laquelle travailloit le foret. Or, ni les tournures métalliques détachées par l’aétion ordinaire de cet inftrument, ni les écailles plus fines que produifoit le foret obtus, ne montroient aucun figne de calcination; d’où je concluois que la préfence de l'air ng contribuoit pas à produire la chaleur obfervée. Mais il ne falloit rien Arte dans une recherche de cette nature , pour arriver à la vérité. » Pour déterminer , par une expérience décifive , fi l'air environnant avoit quelqu’influence dans la produétion de la chaleur , je fis enforte de répéter les eflais précédens , en difpofant l'appareil de manière que la préfence de l'air ne püt évidemment produire aucun effer. J'employai un pifton, joignant exactement à la bouche du cylindre, & traverfé par la barre quarrée qui portoit le foret; cette barre pafloit par untrou , & étoit fi bien ferrée dans un collet de cuir , que l'accès de l'air dans la cavité du cylindre devenoit impof- fible. On voit-(hg. 3) ce pifton p à fa place, & on le retrouve dans les fig. 7 & 8. » Je ne trouvai pourtant pas, dans cette expérience , que l’exclufion de » l'air diminuât le moins du monde la quantité de chaleur excitée par le frot- tement ( 2 ). » 11 me reftoit un doute, léger , il eft vrai, mais que je voulus difliper. Le pifton joignoit fi jufte contre les parois du cylindre à fon entrée, que (:) Si,en féparant ces deux expreffions par la fimple conjonétion ou ; l’auteur les confidère comme fynonymes , nous hafarderons une remarque à cet égard. On a vu plus haut ce que nous entendions par chuleur latente , & nous répéterons ici ce que nous avons dit ailleurs , c'eft qu'il nous femble que l'expreflion de calorique combiné devroit être réfervé pour défigner celles d'entre les modifications du feu dans lefquelles retenu par une affinité chimique , & très-puiffante , il n’abandonne point les corps , quelque refroidifle- ment qu'on leur faffe fubir , mais feulement dans l’aëte de leur décompofition chimique, C’eft ainf, par exemple, qu'il conftitue les fluides élaftiques permanens, qui acetégard, diffèrent cffentiellement des fimples vapeurs. (2) Il ne nous paroît pas que , d'après cette difpofrion de l'appareil, l'air für exclus, mais il étoir emprifonné , & ne pouvoit se renouveller ; or, puifque la chaleur fe pro- duifoit uniformément & indéfiniment malgré cette circonftance , il s’en fuit que l’air ne joue aucun rôle eflentiel dans le procédé. Ce réfultat confirme pleinement celui que nous avions obtenu dans des recherches analogues. ( Effai fur le feu, ch. IX. Expériences fur La chaleur produite par le frottement ). Nous avons même remarqué ( pag. 204 )que le feu étoit excité par le frottement d’une manière pus efficace dans le vide que dans l'air. 39° JOURNAL DE PHYSIQUE; DÉ CHIMIE; maleré lhuile dont il étoit imprégné, il éprouvoit un frottement confidérable quand le cylindre étoit en mouvement fur fon axe. La chaleur produite ne provenoirt-elle point en partie de ce. froxement du pifton ? & comme l'air avoit un libre accès vers le bord extérieur du cylindre, dans Le lieu du contaét du pifton, ce fluide n’avoit-il point en cet endroit quelque part à la chaleur dégagée » ? J'TE EXPÉRIENCE » Je fis préparer une boîte quadrangulaire oblongue , en fapin (fig. 4), affez bien jointe pour contenir l'eau; elle avoit 11 pouces £ de long , fur 9 pouces + de large, & 9 pouces # de profondeur (ces Me Et dans le vide) ; elle étoit percée à fes deux extrémités , pour recevoir , d’une part, la barre quarrée qui portoit le foret obtus, de l’autre , le coller qui joignoit le cylindre à la pièce de canon. Cette boîte fe fermoit en-deffus par un cou- verclé à charnières. Lorfqu’elle étoit mife en place , à l’aide de coulifles qui fermoient les deux ouvertures d'entrée & de fortie de l’appareil métallique par lequel elle éroit traverfée (voyezg, h,i,k, fig. 3), le fond de la boîte i, , demeurant horifontal, fon axe coïncidoit avec celui du cylindre de bronze, lequel occupoit précifément le milieu de la boîte , fans toucher fes parois (voyez fig. 3 }; & lorfqu'on la remplifloit d’eau jufqu’à fon bord fupérieur , le métal fe trouvoit entièrement plongé dans ce liquide ; & comme la boîte éroit maintenue, d’une part, par la barre qui entroit jufte dans un trou quarré à l’une de fes extrémités, tandis que, d'autre part, le collet cylindrique qui portoit la pièce tournante, joignoit très-exactement dans le* tou rond qu'il traverfoit, on comprend comment l'appareil pouvoit être mis en mouvement fans déranger la boîte ni chaffer l’eau qu’elle contenoit. » Tout étant ainfi préparé, je procédai de la manière fuivante. » On deffécha & nertoya préalablement le cylindre creux; on mit en place le forer, puis le pifton qui fermoit l’entrée de ce cylindre, & qui étoit traver{é par la barre du foret. On ajufta enfüite la boîte , & on garnit de cuirs gras les trous d’entrée & de fortie de l'appareil, pour que l’eau bide dont la boite étoit remplie, ne fe perdit nulle part, & on mit la machine en mouvement, L'eau étoit alors à 60°. F. (12°. + R.). » Le réfultat de cette belle expérience fur extrèmement frappant, & le plaifir quelle me procura me dédommagea amplement de toute la peine que m'avoient donnée les préparatifs de cet appareil , affez compliqué. » Le cylindre faifoit environ trente-deux tours par minute; & il n’étoit en mouvement que depuis peu de temps, lorfque j'apperçus en touchant, au travers de l’eau, la furface du cylindre, qu'il étoit déjà réchauffe ; & l'eau elle-même ne tarda point à acquérir une chaleur fenfible. » Au bout d'une heure , je trouvai, en introduifant un thermomètre dans l'eau (il y en avoit 18,77 liv. avoir-du-poids , où deux gallons +), que fa / 4 } ss ET D'HISTOIRE NATURELLE. 31 température s’éroit élevée de 47 deorés : le thermomètre étoit à 107°F. On continua. Âu bout de demi-heure , le thermomètre marqua 142°. I] monta à 178 au bout de 2 heures, à dater du commencement de l'expérience ; enfin, demi heure après, l’eau fut EN PLEINE ÉBULLITION. » 11 feroit difficile de peindre la furprife des fpeétateurs à la vue d’une quantité d'eau fi confidérable amenée à bouillir fans feu; & quoiqu'il n’y eût, dans le fait, rien là qui dût réellement étonner , j'avoue franchement que ce phénomène me caufa une joie prefqu’enfantine, que j’aurois dû cacher fi j’afpirois à la réputation d’un grave philofophe. La quanuité de chaleur excitée & accumulée dans cette expérience, étoit très-confiderable ; car , non-feulement l’eau contenue dans la boîte; mais ce vafe lui-même ( qui pefoit 14 liv. +), & le cylindre de bronze, & la par- tie de la barre de fer qui étoit plongée dans l’eau de la boîte, toutes ces ma- tières avoient acquis 150 degrés de chaleur ; favoir, 60° ( leur température iniuale ) jufqu'à 210, température de l’eau bouillante à Munich. » On peut eftimer , avec quelque précifion , la quantité totale de chaleur produite , par l’approximation fuivante. I! y a eu accumulation de la chaleur dégagée; favoir : ERsr an A Dans l’eau de la boître, il y en avoit 18 Jiv. £, chauffées fn poule demsoider- avoir deféofi ro ocre des Dans 113,13 liv. de bronze ( le cylindre creux) chauffé de 150°; & comme la capacité de chaleur de ce métal eft à celle de l’eau —0,110 à 1000, cette quantité de chaleur auroit élevé à la même température feulement 12 ? liv. RP PL la le net Dhalc ilot el TON A7 Dans une mafle de 36,75 pouces cubes de fer ; favoir , la portion de la barre qui entroit dans la boîte. Ce métal fut chauffé de 150°, ce qui auroit produit le même effer fur ADN EAU RE ete cel AUibiue Ce cuve cie -1f//1:01 NB, On ne tient pas compte de la chaleur accumulée dans la boîte de bois , ni de celle qui dût fe difperfer pendant l'expérience. Total de la quantité d’eau à la glace qui, par la chaleur réfultante du frortement & accumulée dans le liquide pendant 2 h. + auroit été amenée au degré de LÉDHIHONE EE EEE eric der cet Jiemeet26298 D'après la connoiffance de la quantité de chaleur produite dans l’ex- périence précédente , & du remps dans lequel cette chaleur a été excitée , nous pouvons établir quelle eft la vitefle de fa production , & dérerminer la quantité de combultible qu'il auroit fallu confumer , dans une com- buftion uniforme , pour produire le même effet dans le même temps. 32 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE Dans l’une des expériences du doéteur Crawford ( voyez fon Traité fur la chaleur , p. 321.) 37 liv. 7 onces ( Troy ) foit 181920 grains d’eau , ont eu leur température élevée de 2°,1 degrés de Fahrenheït , par la chaleur dégagée de la combuftion de 26 grains de cire; ce qui donneroit 382032 grains d’eau , chauffée , de 1 degré avec la même quantité du même combuftible ; ou 14693 :£ grains d'eau chauffée de 1°, ou en fin 2% 81,631 grains chauffés de 180°. F. foit, de la glace à l'eau bouillante avec la chaleur produite dans la combuftion d'un grain de cire. Or, on trouva que la quantité d’eau à la glace qui, dans l'expé- rience précédente , auroit été amenée au degré de l'eau bouillante , foit chauffée de 180°, par la chaleur réfultante du frottement, éroit de 26,58 Liv. avoir-du-poids , — 188060 grains ; & comme on vient de voir que 81,631 grains d'eau à la glace exigent la chaleur produite par la combuftion d’un grain de cire, pour arriver à la température de l’eau bouillante , la quantité d’eau à la glace indiquée ci-deflus ( 188060 grains } confommeroit 2303,8 grains, foit 4 onces = Troy, de cire, pour atteindre le terme de l’eau bouillante, Mais comme l'expérience n°. 3 , dura deux heures & demie, fi lon veut déterminer combien de bougies devroient être allumées à la fois pour que leur combuftion procurât , dans le même temps , la même quantité de chaleur que le frottement avoit dégagée , il faudra déter- miner la grôfleur de ces bougies & la quanuté de cire que chacune d'elles confomme dans un temps donné , en brülant d’une maniere uniforme. Je trouvai , par une expérience faire dans le but de compléter ces calculs, que lorfqu’une bougie de bonne qualité , de groffeur moyenne { de pouce de diamètre ) brûle avec une flamme claire , il fe confu- me précifément 49 grains de cire en 30 minutes. Une pareille bougie confumeroit donc 24$ graïns de cire en 2 heures +, foit 150! ; & pour brûler les 2303,8 grains de ce combuftible néceffaires pour produire dans le même temps , le même effet calorifique qu'avoit produit le frottement , neuf bougies brûlant à la fois ne fufhroient pas ; car 9X245 — 220$ grains feulement , & il faudroit en brûler 2303,8. Il réfulte donc finalement de ces calculs , que la quantité de chaleur produite uniformément , c’eft-à-dire , en torrent continu ( fi l'on peur fe fervir de cette expreflion ) par le frottement d’un foret obtus , contre le fond du cylindre creux de bronze employé dans les expériences ci- deffus , étoit plus confidérable que celle fournie uniformément par la combuftion de neuf bougies , chacune de ? de pouce de diamètre brü- Jant enfemble d’une flamme claire & brillante. Comme là machine employée dans cette expérience pouvoir être mife ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 53 fnife facilement en aétion par la force d’un feul cheval ( quoiqu'on en employat deux à l'ordinaire , dans le but de les ménager ) ces calculs montrent encore quelle quantité confidérable de chaleur on pourroit pro- duire avec un mécanifme approprié à cet objet , en le faifant mouvoir par un feul cheval, & fans que ni le feu ordinaire , ni la lumiere, ni la combuftion , ni aucune décompofition chimique contribuent à l'effet calorifique. On pourroit au befoin employer cette chaleur à cuire des comeftibles, Mais on ne peut imaginer aucune circonftance dans laquelle ce pro- cédé pour fe procurer de la chaleur ne füt pas défavantageux , fous le rapport de l'économie ; car on obtiendroit plus de chaleur en employant comme combuftible la fubftance deftinée à nourrir le cheval ( 1 ). Dès que la troifieme expérience fut terminée , on vuida l’eau contenue dans la boîte de bois, & on enleva la boîte elle-même ; on fortir le foret ; on ramaffa la poudre mérallique écailleufe qui avoit été produire par le frottement du foret contre le fond du cylindre ; elle fut foigneu- 2 fement pefée. I] y en eut 414$ grains, foit environ 8 5 onces roy. Comme cette quantité fut produite en 2 heures +, cela répond à 824 grains par demi-heure : & on se rappelera que dans la premiere expérience , qui dura feulement demi-heure , la quantité produite fut 837 grains. Dans cette même expérience , on trouva que la chaleur produire en demi-heure égaloit celle qui auroit été néceflaire pour amener à l’ébul- liion $ liv. avoir-du-poids d’eau à la glace. D'après le réfulrat de la troifieme expérience , la chaleur produite en demi-heure auroit fait bouillir 5,31 liv. d’eau à la glace : mais il faut confidérer que la chaleur ayant été mieux confervée dans ce cas il s’en perdit une moindre quantité ; cela explique la différence des réfulrats des deux expériences : elle n'eft d’ailleurs pas confidérable. Je fis encore , avec cet appareil , un effai dont il me refte à parler, J'avois trouvé par la premiere expérience , combien il fe produifoit de chaleur lorfque l’air avoit un accès libre contre les furfaces foumifes au frottement. La feconde expérience m'avoit montré que la quantité de chaleur n'étoit pas fenfiblement diminuée quand-on empèchoit l'accès libre de l'air : enfin la troifieme prouva que la produétion de la chaleur n’éroit ni empèchée ni retardée lorfqu'on tenoit l'appareil plongé dans l'eau. Mais comme dans cette derniere expéiience , l’eau , quoiqu’elle (2) I nous femble qu'il y a des cas dans lefquels ce procédé pourroit devenir écono- mique ; ce font ceux dans lefquels on employeroit pour principe de mouvement, un cou- rant d'eau , l'aétion du vent, &c. en un mot lorfqu'on ne feroit pas ufage d'animaux , & qu'on n’auroit par conféquent pas à les nourrir. Tome IV. MESSIDOR an 6. E 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE environnät de toutes parts le cylindre de bronze à l’extérieur , n’entroit point dans fa cavité , dont l'entrée étoit fermée par le pifton , & que, pat confé- quent,, elle n’éroit point en contaét avec les furfaces métalliques à l'endroit même où la chaleur fe produifoit , je voulus effayer quelle feroit l'influence du contact de l’eau fur les farfaces frotrantes elles-mêmes : c'eft ce qu'on va voir. IUVA EUX: PER ELNICUE Après avoir” fupprimé le pifton qui fermoit l'entrée du cylindre , on remit en place le foret obtus : la boîte fut aufli replacée , remplie d’eau, & l'appareil fut mis en action. Il ny eut rien dans le réfultat de certe expérience qui exige un dé- tail particulier : il y eut de la chaleur produite , comme dans les précé. dentes , & , à ce qu'il parût , avec la mème vielle ; & je ne doute point que, fi cette expérience eût été continuée aufli long-temps que l’avoit été la précédente , on n'eût amené l’eau à l'ébullition. La feule circonftance qui me furprit, fut de trouver très-peu de différence dans le bruit occa- fionné par le frottement du foret contre le fond du cylindre , foit que ce cylindre fût vuide ou plein d'eau. Ce bruit , d’ailleurs très-défagréable à l'oreille & quelquefois prefqu'infupportable , me fembloit tout auli fort & aufli pénible à entendre lorfque les furfaces frotrantes étoient fous l'eau , que lorfqu'il n'y avoit point de liquide en contact avec elles , mais feulement de l'air. Après avoir expofé les faits curieux qu'on vient de lire, la tête pro- ductive du phyfcien ingénieux qui en a enrichi la fcience & les arts, redevient fpéculative : 1l cherche à accorder ces faits avec les chéories reçues : écoutons-le. En méditant les réfulrats de toutes ces expériences , nous fommes naturellement amenés à la grande queftion qui a fi fréquemment occupé les phyliciens , favoir : Qu'eft-ce que la chaleur ? Y a-cil réellement dans la Nature un Jfaide igné ? Y at-il quelque chofe qu'on puife appeler le calorique £ Nous avons vu qu'on peut faire naître une quantité de chaleur con- fidérable par le frottement de deux furfaces métalliques ; & que certe chaleur eft fournie en torrent continu , dans voutes les direétions , fans interruption ou intermittence , & fans aucun figne de diminution ou d’épuifement. D'où venoit la chaleur ainfi procurée dans les expériences qui précè- dent ? Etoir-elle fournie par les petites parcelles de métal détachées des plus grandes mafles folides par l'effet réciproque du frottement ? Nous avons déjà vu qu'une pareille fuppofñtion n'étoit pas admiflible. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35 Eît-ce dans l'air qu'on doit en chercher la fource ? Non : car dans trois des expériences citées , l’appareil étant plongé fous l’eau , l'air atmofphérique ne pouvoit avoir aucun accès. ! Elt-ce certe eau elle-mème qui fourniffoit le calorique ? Il eft évident que nou : d’abord parce que cette eau receyoit continuellement de la chaleur de l'appareil . & qu'elle ne pouvoit pas , en mème temps, donner du feu & en recevoir ; & enfüite parce que certe eau ne fubif foit aucune décompofñtion chimique. Si cette décompolition avoit eu lieu, (ce qu'on ne pouvoit oueres préfumer ) lun des fluides élaftiques qui fe feroient mamifeftés , très-probablement le gaz inflammable ( hydrogène ) fe feroit échappé dans l’atmofphère & on n’auroit pu manquer de le reconnoître ; mais quoique J'examinafle fréquemment l’eau pour voir fi quelques bulles d’air s’élevoient au travers, & quoique j’eufle fait quel- ques difpofitions pour recevoir ces bulles, afin de les examiner , je n’en pus appercevoir aucune ; & je ne vis aucun figne de décompofition quel- conque , ou de quelqu’effet chimique , réfultant de l’aétion des fubftances plongées dans le liquide. Seroit-il poflible que la chaleur eût été fournie par l'intermède de la barre de fer qui portoit le foret obtus ? ou par l’étroit coller qui unifloit Le cylindre creux au canon ? Ces fuppoñtions font encore plus improbables que les précédentes ; car la chaleur fortoit continuellement hors de l'appareil par ces deux iflues , pendant toute la durée de l’ex- périence. Et en raifonnant fur ce fujet, ne perdons point de vue cette circonf- tance remarquable , favoir, que la fource de la chaleur produite par le frottement , dans ces expériences , parut évidemment être inépui/able, Il eft à peine néceffaire d’ajouter , que toute fubftance qui peut être fournie indefiniment par un corps ou un fyflême de corps ifoles ne peut pas être une fubftance matérielle ; & il me paroît , finon impoñtible , du moins très-diffcile , de fe faire une idée diftinéte d’une ckofe qu'on puifle exciter & communiquer comme la chaleur étoit excitée & com- muniquée dans ces expériences, fi ce n'eft, le MouvemenT. Je fuis très-loin de prétendre favoir comment, ou par quel méca- nifme cettéfefpece particuliere de mouvement à laquelle on attribueroit la’ chaleur dans les corps eft excitée , continuée , ou propagée ; & je n'occuperai pas la Société de fimples conjectures ; fur-tout en raïfonnant far un fujet qui , depuis plufieurs fiècles, a éludé la fagacité des meilleurs phyficiens. Mais lors mème que le mécanifime de la chaleur feroit l’un de ces myfteres de la Nature, qu'il n’eft point donné à l'intelligence humaine de pénétrer , il n'y auroit pas là de quoi nous décourager , ni même de Quoi diminuer notre ardeur dans l'étude des loix qui régiflenc les E2 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE phénomènes naturels. Il eft vrai que, lorfque l'ambition nous conduit trop avant dans ces recherches , on entre dans cette brume épaiffe qui borne de toutes parts l'horifon humain; mais, en-dedans de ces limites , il refte encore de vaftes & intéreffantes contrées à parcourir. Les effets produits dans la nature par l'influence de la chaleur , font probablement auffi univerfels , & au moins aufli importans que ceux qu'on attribue à la gravitation ou à l'attraétion réciproque des molécules de la matiere ; & il n'eft pas douteux que cette influence ne foit foumife à des loix également immuables. Avant de terminer ce mémoire , je dois obferver , que fi, en traitant le fujet dont je me fuis occupé, je n'ai point parlé des auteurs qui m'ont précédé dans quelques-unes de ces recherches , ni des fuccès de leurs travaux, ce n’eft point par défaur de refpect pour ces favans, mais fimplement pour abréger , & pour conferver une liberté plus entiere de fuivre l'impullion naturelle de mes propres idées. Nous allons hazarder quelques réflexions fuggérées par les confidé- rations qui terminent l’intéreffant mémoire dont nous venons d'occuper nos lecteurs. Nous fommes tentés de croire que fon favant auteur , en cherchant en quelque forte , à fe perfuader à lui-mème la non-exiftence du feu comme fubftance particuliere , a combattu contre fon propre fentiment; & aue’, pouffant à l’excès l’impartialité dans la comparaifon des deux fyflèmes, il a par une forte de loyauté philofophique , paru pencher pour celui qu'il ne préféroit réellement pas, dans l’efpérance peut-être, qu'en provoquant quelque difcuflion fur ce fujer , il trouveroit dans les argumens de fa paitie adverfe de quoi fe juftifier à lui-même une fecrette prédilection pour l'opinion qu’il atraque. Etfayons , dans cetre idée, de relever le gant qu'il a jeté tout-àl’heure. Laillons 1:s objeétions fecondaires , pour nous attacher à la plus frap- pante. Les expériences démontrent que le feu peut être produit ou excité par le frottement , avec une abondance prefque indéfinie : or, dit-il, toute fubftance qui peut être fournie indefiniment par un corps ou un fyfème de corps ifolés , ne peut pas être une fubftance fhatérielle. Nous diftinguerions d’abord l'idée d’un certain effet produit , d'avec celle d’une fubftance matérielle fournie. La premiere, n’eft point la con- féquence nécelfaire de la feconde. Par exemple , le fon d’une cloche pourra être entendu indéfiniment tant qu’elle fera en branle, fans qu'il y ait de fubftance fournie par elle ; il fufit qu'il exifte entre la cloche & l'oreille qui l'entend , une matiere capable de recevoir & tranfmerrre les vibrations fonores du métal. S'il exiftoit donc, felon l'opinion de quelques phyfciens , un Auide particulier univerfellement répandu , fuf- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 57 ceprible d’être mis en vibration par le frottement des corps folides, & occafionnant alors la fenfation de chaleur; ce frottement pourroit exciter indéfiniment cette fenfation , fans qu'il y eût plus de fubitance réelle- “ment fournie qu'il n'y en a dans le fon de la cloche. Les phénomènes de l’aimant nous offrent encore un autre exemple d'effets produits d’une maniere permanente & indéfinie fans tranfimif- fon , ou du moins fans déperdition appréciable du fluide qui produit ces effets. Ils ont mème ceci de très-particulier , c'eft que la vertu ma- goétique , loin de diminuer ou de fe diffiper par la communication, paroït s’accroïtre par ce procédé. Mais fuppofons ce qui exifte en fair, c’eft-à-dire, qu'à l'exemple du fluide électrique , avec lequel le feu à bien des traits de reffem- blance , excité comme celui-ci par le frottement , il ait de même la faculté d’être tranfmis par certains conduéteurs ; voyons-nous que l'appareil employé dans les expériences qu'on vient de lire für ÿ/o/é fous le rapport de la tranfmiflion de la chaleur ? Au contraire : il étoit en entier de nature métallique ; & on fait combien les métaux font d’excellens con- duéteurs du feu. L'appareil pouvoit donc le puifer dans l'air environnant & dans le fol, auquel il tenoit fans doute par une bafe étendue, 1] feroit fort intéreflant de varier ces expériences fous ce point de vue, c’eft-à-dire , avec un appareil qui püc réellement, & fous le rapport de la tranfimiflion du calorique , ifoler à volonté la partie frottante ; la comparaifon des effets, dans ce cas , pourroit donner quelques lumieres. L'objeétion qui porte far la difficulté d'admeutre que le feu pür à la fois arriver à l’appareil & en fortir , ce qui devroit cependant avoir lieu sil étoit vraiment une fubftauce ; cette objeétion , difons-nous , prouveroit aufli contre l’exiftence du fluide électrique , lequel eft, comme on fait , fufcepuible de cette double marche ; exiftence qui n'eft cepen- dant pas conteftée. Une conftitution particuliere & une grande ténuité peuvent expliquer ce phénomène particulier & réfoudre la difficulté que nous venons de rappeler. Mais c'eft, au contraire , lorfqu’on tente d'expliquer , par le mouve- ment feu! , les divers effets attribués au calorique comme fubftance ui generis , c'eft alors que d'innombrables difficultés fe préfentent , & qu’on entre dans cette brume qui, felon notre ingénieux auteur , termine l'horizon humain. Ce n’eft pas qu'il ne foit polible de rendre raifon des divers effets phyfiques, & de ceux du feu en particulier, par le mouvement ; & le fyftème de notre favant compatriote le Sage , eft fondé fur ce principe , mais aflocié à une idée mère , à l’exiftence d’un fluide particulier , formé d’une grêle de corpufcules, dont la rénuité & la viteffe furpatfent tour ce qu'une imagination vive & hardie peut fuggérer , & qui fe mouvant en ligne droite & felon toutes les direc- 358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tions poflibles dans l'efpace indéfini , y rencontrent les molécules des fabftances matérielles , diverfement perméables à raifon de leur dureté, de leur figure primitive & de leur mode d’aggrégation , & produifent par la nature de leur impulfion contre ces molécules , foit la gravita- tion réciproque de la matiere , foit l’élafticité de certain corps, foit la cohéfion , foit les affinités chimiques ; en un mot, tous les effers géné- raux qu'on a appelés loïix de la Nature. Rien de plus fimple, de plus ingénieux & de plus fécond que ce fyftème lorfqu'on afpire à remonter aufli haut dans la région des caufes : mais s’il n’y a pas un grand danger pour les phyficiens à s'occuper de ces fpéculations , on court au moins le rifque, en sy abandonnant , d'être comparé à la fourmi qui, au pied de l’une des colonnes du Panthéon , chercheroït à établir , d’après les principes qu’elle s’eft formée dans fa fourmilière , les proportions du vafte édifice dont elle ne voit qu'une petite partie, & à deviner les vues & les moyens de l'architecte qui le conftruifit. Qu'ils écoutent plutôt les fages leçons de notre auteur, & qu'à fon exemple , ils fe propofent pour but conftant de leurs travaux, le bien de leurs fem- blables & l'utilité générale. Explication des Figures. Ta figure 1 repréfente le canon employé aux expériences , tel qu'il fortit de ia fonderie. Fig. 2 , montre la mécanique employée dans les expériences 1° & 2%, On voit le canon fixé dans la machine à percer. W eft une forte barre de fer , repréfentée rompue pour gagner de la place dans la plenche. Cette barre fait partie de l'appareil ( non exprimé dans la figure } qui fait tourner la pièce & que des chevaux font mouvoir. m , eft une forte barre de fer, à l’extrémiré de laquelle le foret obtus eft fixé. C’eft cette derniere pièce qui , forcée contre le fond du cyindre creux taillé à l’extrèmité de la piece , & joint à elle par un collet cylindrique étroit , éprouve le frottement d’où provient la chaleur. Fig. 3 , montre, fur un: plus grande échelle , le mème cylindre creux qui eft repréfenté dans de moindres proportions fig. 2. On le voit ici réuni à la boîte de bois g , À, à, & , employée dans les expé- riences 3 & 4, dans lefquelles le cylindre étoit plongé dans l’eau. p ; eft le pifton qui fermoit le cylindre. 11 eft défigné par des lettres ponétuées. n , eft le foret obtus vu de profil. d,e,eft le petit orifice par lequel on introduifoit le thermomètre deftiné à indiquer la température du cylindre. On à repréfenté le canon comme rompu près de la bouche pour gagner de la place dans la figure; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 39 il en eft de même de la barre qui porte le foret obtus & qu’on voit en m. Fig. 4, repréfente la boîte de bois vue en perfpective ; fa fe&tion fe voi engsk;i,k, fig 3. Fig. s & G , repréfentent le foret obtus x, joint à la barre », à laquelle il étoit fortement attaché. Fig. 7 & 8, repréfentent le mème foret avec fa barre, & le pifton qui , dans les expériences 2 & 3, fermoit l'entrée du cylindre creux de bronze. HISTOIRE NATURELLE D'ENS PO: SSL O'N"S; Par LACÉPEDE, membre de l’Inflitut national € profeffeur au Mufeum d’hiftoire naturelle. Tome premier. À Paris , chez PL ASS AN , imprimeur- libraire , rue du Cimetière André-des-Arts , n°. 10. 1 vol. in-4°, ERA ERA EIET, CE volume , dit l'auteur , fera inceffamment fuivi de deux autres pour lefquels le manufcrir eft prèr. Ces trois volumes completteront l’hiftoire des animaux à fang rouge : & d’après les dernieres vues de Buffon, qui avoit retranché de fon vafte plan l'hiftoire des animaux à fang blanc, & celui des végétaux, l'ouvrage fur les poiflons, dont nous donnons aujourd’hui la premiere partie, terminera /’hifloire naturelle , publiée par Buffon , par Daubanton , par Montbelliard , & par moi. L'auteur commence par fixer les caracteres qui diftinguent les poiffons des autres animaux à fang rouge. Plufeurs naturaliftes ont cherché ces caraétères dans les écailles & les nageoires ; mais il y a des poiflons qui paroïflent n’ère abfolument revêtus d'aucune écaille , & d’autres font entièrement dénués de nageoires. Les animaux à mamelles, les oifeaux , les quadrupèdes ovipares , les ferpens ne peuvent vivre , au moins pendant long-remps , qu’au milieu de l'air de l’atmofphère, & ne refpirent que par des poumons : les poiffons au contraire ne peuvent vivre , au moins long-temps, que 40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans l'eau : & ils refpirent par un organe particulier qu'on appelle branchies. 300 Le poiffon eff donc un animal à fang rouge, qui refpire par des branchies au milieu de l’eau. Le corps du poiffon eft allongé ; on y diftingue trois parties princi- pales, 1°. la tête, 2°. le corps , 3°. la queue, qui commence à l'anus, Les poiffons n'ont rien qui reffemble aux bras & aux jambes des autres animaux à fang rouge ; mais eux étant toujours dans l'eau , ils ils fe meuvent particulièrement par le moyen de leurs nageoires. Les nageoires font compofées de petits offelets appelés rayons, recou- verts le plus fouvent par une membrane. Le nombre des nageoires varie beaucoup chez les poiffons. Quelques-uns n’ont point de nagcoires , d’autres en ont depuis une jufqu’à dix ; elles ont reçu leurs noms du lieu où elles font placées. Les nageoires peélorales font aux deux côtés de la poitrine. Les nageoires fituées fous la gorge s'appelent jugu/aires. Celles fituées fous l'abdomen s’appelent ventrales : il y a quelquefois auprès de l'anus deux nageoires qu'on appelle anales. Il y-a aufi fur le dos des nageoires qu’on appelle dorfales. Les poiflons font recouverts d’écailles plus ou moins grandes ; on a de la peine à les diftinguer fur quelques efpèces ; mais lorfque la peau eft defléchée , on en détache prefque toujours de petites lames dures , éclatantes , qu'on peut regarder comme des écailles. Quelques poiffons ont encore des callofités , des tubercules , des aiguillons. Les dents'des poiffons font de trois efpèces ; les molaires , qui font demi-fphériques & très-applatis ; les incifives , qui font comprimées dans le côté oppofé aux racines , & les /aniaires, qui font alongées , pointues, & fouvent recourbées : les dents forment quelquefois plufieurs rangs dans la bouche des poiffons ; il s’en trouve même au.palais, au gozier, & fur la langue ; les unes font mobiles, les autres font immobiles. La bouche des poiffons eft quelquefois affez grande , pour que quel- ques-uns puiflent avaler d’autres poiffons prefque aufli gros qu'eux. L’eftomac eft aflez étendu dans quelques efpèces ; 1l paroît être divifé en deux. Le canal inteftinal eft plus ou moins long ; on y apperçoit dans le lus grand nombre des poiffons , des appendices ou tuyaux membraneux creux , femblables au cœcum des mammaux : on en compte, fuivant les efpeces , depuis un jufqu'à plus de cent. Ils ont un foie très-volumineux , & une rate fouvent triangulaire. Ils peuvent rejeter facilement par la bouche les alimens qui feroient d'une trop longue digeftion. Leur ET D'HISTOIRE NATURETLLE.- 41 Leur cœut n'a qu'un ventricule , & une oreillete ; le fang apporté par la veine cave dans l'oraillete , paffe dans le ventricule à la maniere ordinaire , & de-là eft chailé dans une grofle artère ; elle fe divife bientôt en deux , chacune des deux branches fe rend à une des deux branchies , & fe fous-divife en autant de rameaux, qu'il ÿ a de lames dans la branchie :,ce rameau fe fous-divife dans les branchies, & en très-grand nombre de ramifications ; ces ramifications fe réuniffant fuccef- fivement en rameaux & en branches ; portent le fang revivifié par l’une des branchies , dans un tronc unique qui s'étend tout le long de l’épine jufqu’à la queue ; il fait les fonctions de l’aorte defcendante : ce fang pañle enfuite dans les veines , & eft rapporté au cœur par la veine cave. 11 faut remarquer qu'il ÿ a, dans les branchies des vaifleaux correfpon- dans à la veine pulmonaire, des mammaux , & qui rapportent au cœur une partie du fang des ‘branchies. Les branchies , qu'on à aufli appelées ouïes , font les organes de la refpiration chez le poiflon ; dans quelques efpèces , comme la lamproie : ils confiftent dans des poches ou bourfes compofées de membranes -pliffées; il y a de chaque côté de la tèce-fix ou fept de ces poches. Mais le plus fouvent les branchies font formées par plufieurs arcs folides, & d’une courbure plus où moins confidérable : chacun de ces arcs appartient à une branchie particulière, J * Le long de la partie convexe , on voit quelquefois un feul rang ; mais le plus communément deux rangées de petites lames plus ou moins folides & flexibles , & dont la figure varie füivant le genre , & quel- quefois fuivant l’efpèce. Ces lames convexes d'un côté, & concaves de l'aute , fonc appliquées l'une contre l’autre , attachées à l'arc , liées enfemble ; recouvertes par des imembranes de diverfes épailleurs , & ordinairement garnies de poils plus où moins apparens. La partie convexe de l'arc ne préfente pas de lames ; mais elle montre ou des protubérances courtes & unies , ou des tubérofirés rudes & arrondies , ou des tubercules allongées , ou des rayons , ou de véri- tables aiguillons aflez courts. Le nombre des branchies'eft de quatre de chaque côté dans prefque tons les poiflons. Quelques-uns cependañt n'en ont que trois , d’autres cinq ; une efpèce de fquale en a fix, & une autre fepr. La branchie communique avec la bouche à l’intérieur ; & fouvent de l'autre à l'extérieur. Cette ouverture extérieure eft ordinairement cou- verte par un opercule plus ou moins compofé. * L’éau entre par la‘ bouche! de l’antinal, & paie enfuire au travers des différentes lames de la branchie l’oxigène qu’elle contient , pro- duir fur le fang du poiffon le mème effer , que l’air réfpiré par les añimaux qui ont un poumon. : Tome 1, MESSIDOR an 6. F 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le cerveau des poiffons eft très-petit , relativement à l'étendue de leur iète ; il eft divifé en plufeurs lobes : ceci varie fuivant les différentes efpèces ; communément la partie intérieure du cerveau eft un peu brune, pendant que l'extérieure ou la corticule ef. blanche ou grife. La moëéle épinière s'érend le long de la colonne vertébrale , jufqu’à l'extrémité de la queue ; elle fournit tous les nerfs qui ne viennent pas du cerveau. . Les poiffons ont les mêmes fens que les mammaux; la vue, l'ouïe, l'odorat , le goût , le toucher. Les organes de la génération chez le poiffon mâle confiftent en un corps blanchâtre nommé laite ; il eft double , & fe trouve placé dans l'abdomen; chacun de ces deux lobes renferme un canal, qui eft deftiné à recevoir de chaque côté uné liqueur blanchätre & laireufe , qu'il tranfmet juf- qu’auprès de l'anus ; c’eft la liqueur prolifique. La femelle a un double ovaire dans la plupart des efpèces ; il eft fimple dans quelques-unes : ces œufs grofliflent , & enfin à l'époque du frai, la femelle en accouche , le mâle les arrofe de fa laite , & les féconde. Jaëobi a pris les œufs d'une truite morte depuis quatre jours, & déjà puante, & les a arrofés de la laite d’un mâle : ils ont été fécondés, & il a obtenu de jeunes cruites ; il penfe aufli que la mort du mâle ne doit pas empêcher le fluide laiteux de cer animal d’être prolifique. Chez quelques poiflons , tels que les raies , les fquales ou requins ; les œufs réfident dans le ventre de l'animal, & y font fécondés par le mâle : on ne pzut cependant pas appeler ces poiffons vivipares , puifque Je petit ft contenu dans un œuf; au lieu que chez les vivipares , il eft dans une matrice, & tire fa nourriture immédiatement du corps de fa mere. Prefque tous les poiffons , excepté ceux qui ont un corps très-plat comme les raies, ont une veflie natatoire , fituée dans la partie la plus haute de l'abdomen ; elle communique avec l’eftomac par un petit tuyau, nommé canal pneumatique , qui lui tranfmet un ait quelconque dont elle eft gonflée ; lorfque l'animal veut monter , il remplit fa veflie ; Jorfqu'il veut defcendre , il la vide en la comprimant ; l'air dont ceue vefie ef remplie a été trouvé différent par divers phyfciens. Quelques poiffons , tels que les baliftes , & les recrodons , peuvent gonfler d'air la partie inférieure de leur ventre ; ce qui produit le même effet que la veflie. Mais ces poiflons fe meuvent principalement par la force mufculaire de Jeurs nageoires & de leurs queues. La nourriture des poiffons varie fuipant les différentes efpeces ; les uns fe contentent au moins fouvent de plantes mortes, & -parriculiè- ET D'HISTOIRE NATURELLE: 4; fement d'algues; d’autres vont chercher dans la vafe les débris des corps organifés : c'eft de ceux-ci qu'on a dit qu'ils vivoient de limon. Il en eft encore qui ont un goût très-vif pour les graines , & d’autres parties de végétaux terreftres , ou fluviatiles ; mais le plus grand nombre de poiflons préfèrent les vers marins , de rivière ou de terre , des infectes aquatiques , des œufs pondus par leurs femelles, de jeunes individus de leur clafle , & en général tous les animaux qu'ils peuvent rencon- trer au milieu des eaux , failir & dévorer fans éprouver une réfiftance trop dangereufe, ; Les poiffons peuvent avaler dans un efpace de temps très-court , une très- grande quantité de nourriture ; mais ils peuvent aufli vivre fans manger pendant un très grand nombre de jours, même pendant plufieurs mois, & quelquefois pendant plus d’un an ; fans doute l’eau leur tient lieu de nourriture. Îl n’eft maintenant aucun phyficien qui ne fache combien l'eau eft nourriffante : voilà pourquoi nous voyons des carpes fufpéndues hors de l’eau, & auxquelles on ne donne aucune nourriture , vivre long-temps , & même s'engraiffer d’une maniere très-remarquable , fi on les arrofe fréquemment, & fi on les entoure de moufle & d’autres végétaux qui confervent une humidité abondante fur toute la furface de ces animaux. On pourroit expliquer de même l’accroïffement que l’on a vu prendre pendant des jeûnes tiès-prolongés , à des ferpens & à quelques quadru- pèdes ovipares qui , à la vérité, ne vivent pas dans le fein des eaux, mais habitent ordinairement au milieu d’une atmofphère chargée de vapeurs aqueufes , & qui auront puifé dans l'humidité de Pair , une nourriture femblable à celle que les poiflons doivent à l’eau douce , ou falée. a Les poiflons ont befoin de repos comme les autres animaux , & fe livrent au fommeil. un À Les poiffons ont un nombre confidérable de mufcles, dont les prin- cipaux font : 1°. De chaque côté du corps , il ÿ a un mufcle qui s'étend depuis la tête jufqu'à l'extrémité de la queue , & qui eft compofé de plufeurs mufcles tranfverfaux , femblables les uns aux autres , parallèles entr'eux, & placés obliquement. : 2°. La partie fupérieure du corps & de la queue eft recouverte par deux mufcles longitudinaux , que l’on a nommé dorfaux , & qui occupent l'intervalle laiffé par les mufcles des côtés. Lorfqu'il y a une nageoïre fur le dos, ces mufcles dorfaux font interrompus à l'endroit de cette nageoire , & par conféquent il y en à quatre au lieu de deux : on en compte fix par une raifon femblable, lorfqu'il y à deux nageoires fur le dos , & huit lorfqu'on voit trois nageoires dorfales. F2 #4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 3°. Les mufcles latéraux fe réuniffent au-deffous du corps , proprement dit; mais au-deflous de la queue , ils font féparés par deux mufcles longi- tudinaux , qui font interrompus & divifés en deux parties , lorfqu'il y à une feconde nageoire de l’anus. F 4°, La tête préfente plufieurs mufcles, parmi lefquels on en diftingue quatre plus grands que les autres , dont deux font placés au-deffous des yeux,, & deux dans la mâchoire inférieure. On remarque aufli celui qui fert à déployer la membrane bronchiale , & qui s'attache par un tendon particulier à chacun des rayons qui foutiennent cette membrane. s”. Chaque nageoire pectorale a deux mufcles releveurs placés für la furface externe des os, que l’on a comparés aux clavicules & aux omoplates, & deux abaifleurs fitués fous ces mêmes os, ; 6°. Les rayons des nageoires du dos & de l’anus ont également chacun quatre rayons, dont deux releveurs occupent la face antérieure de los qui retient le rayon , & que l’on nomme afleron, & dont deux abailleurs font attachés aux côtés de ce même aîleron, & vont s’inférer obliquement derriere la bafe du rayon , qu'ils fonc deftinés à coucher le long du corps ou de la queue. 7% Trois mufcles appartiennent à chaque nageoire inférieure ; celui qui fer à l’étendre couvre la furface externe de l’aîleron , qui repréfente une partie-des os du baflin , & les deux autres qui l'abaiffent , partent de la furface interne de laîleron. 8°. Enfin, quatre mufeles s’attachent à la nageoire de la queue : un droit & deux obliques ont reçu le nom de fupérieurs, & lon nomme inférieur à caufe de fa poñiion , le quatrième de ces mufcles puiffans. L'auteur préfente enfuite une méthode pour claffer les poiflons. Il y a deux grandes fous-claffes , celle des poiffons cartilagineux, & celle des offeux ; chacune de ces fous-claffés eft partagée en quatre divifons, fondées fur la préfence , ou l'abfence d’un opercule ou d’une- membrane placés à l'extérieur , & cependant fervanr à compléter l'organe de la refpi- ration ; le feul qui diftingue les poiffons des auties animaux à fang rouge, Chaque divilon eft partagée en quatre ordres ‘qui font fondés fur le nombre des nageoires. Je y à donc deux grandes fous claffes , huit divifions , & trente-deux ordres, AR. 45 PREMIÈRE TABLE MÉTHODIQUE DE L'HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS: TABLEAU général de la cla fe, des fous-claffes, des divifions & des ordres des Poifjons ; TABLEAU particulier des genres des Poiffons cartilagineux. GETASSOSPE RDA ER SPP IORTRSESIONNES:. Le fang rouge, Des branchies au lieu de poumons.) PREMIÈRE t SO UES = CRTFANS SIEE Poiffons cariilagineux. — L'épine dorfale compofée de vertèbres cartilagineufes. PIRSEUMOI EE R PERD IV EP IS STI OMN: Point d’opercule branchial , ni de membrane branchiale. 2 EE SEE DEC Ie. ORDRE. Ir. ORDRE. ordre 1er, Poissons APoDEs. Pcint de nageoires in- féricures. + GENRE, I, G E Petromizons. Sept ouvertures bran- chiales de chaque côte du cou , un évent sur la nu- que ; point de nageoires peétorales. Ier. GENRE (bis). * Gastrobranche. Les ouvert. des branc chies situées fous Le ven- (es * 2. P. JUGULAIRES. Une ou deux nageoires sous La gorge. Ill. ORDRE. 3e P. THoRaAcIins. Une ou deuxnageoires sous la poitrine. A IVe RORR DRE 4. P. ABDOMANAU x. Une ou deux nageoires sous l’abdomen, Ile. GENRE. Raies. Cinq ouvertures bran- chiales de chaque côté du deffous du corps; la bouche fituée dans la par- tie inférieure de la rête ; le corps très-applati. IIIe, GENRE. Squales. Cinq ou fix, ou fepr ouvertures branchiales de chaque côté du corps, des dents aux mâchoires, IVe GENRE, Aodons. Les mäâchoires fans lenrs ; cinq ouvertures branchiaäles de chaque côté du corps, 46 PREMIERE S'OUS-C L'ASSÆE. Poissons CARTILAGINEUX. L'épine dorfale compofée de vertèbres cartilagineufes. SECONDE DIVISION. , Point d'opercule branchial ; une membrane branchiale. Il. ORDRE. | ill. ORDRE. IVe ORDRE. Poissons AroDES. Point de nageoïres in: férieures. 6e P. JuUGULAIRES. Une oudeuxnageoires sous la gorge. Ve. GENRE. Lopkies. Un très-grand nombre dedentsaigues ; une feule ouverture branchiale de chaqtie côté du corps 3 les nageoires pcétorales arra chées à des prolongations en forme de bras. 7° P. THorRaAcins. Une ou deuxnageoires sous la poitrine. VIe. GENRE. Balisres. La rête & le corps com- priméslatéralement ; huit dents au moins à chaque! mâchoire: : l'ouvertire des branchiestrès-étroite; les écailles ou tubercules quirevêtent la peau, réu- nies par une forte mem- brane. 8. P. ABDOMINAUX%X. Une ou deux nageoires fous l’abdomen. Vile GENRE. Chimères. Une feule ouverture branchiale de chaquecôté du cou ; la queue longue & terminée par un long filament. TROISIEME DIVISION: Un opercule branchial ; point de membrane branchiale. Ir. ORDRE. II. ORDRE. | Ille, ORDRE. | IVe OR D RE, ge 10. 11, 12, Poissons Aropes.| P. JuçUzA3RESs. P. THonacns. | P: ABDOMIR AUX. Point de nageoires in-| Une ou deux nageoires] Uneou ileux nageoïres Une ou deux nageoires férieures. foûs la gorge. fous la poitrine, | fous l'abdomen. LA seems a ns VITR. GENRE. Polyodons. es dents au mâchoi- res & au palais. " IXe GENRE. Acipensères. L'ouverture de la bou- che ficuée dans la partie inférieure de la tête re- tratile et fans deiits ; des barbillons au-devant de la bouche ; le corps al- longé & garni de plufisurs rangs de plaques dures, eut QUATRIEME DIVISION. Un opercule branchial, et une membrane branchiale. Il. ORDRE. Ils ORDRE. | IVe. 13° 14: 15e Peissons APODES.| P, JuUGU'LAIRES. P. THoRrAGINSs. P. ABDOMINAUX. Point de nageoires in-| . Uneou deuxnageoires| Uneou deux nagcoires| Une ou deux nageoires férieures. fous la gorge. fous la poitrine. fous l'abdomen. Xe. GENRE: / XVIe GENRE. XVIII. GENRE. Offractons, Cycloprères. Macrorhynques. Le corps dans une en- Des dents aigues aux| Le mufeau allongé ; veloppe offeufe ; dents mâchoires ; les nageoires | des dents aux mâchoires; incihyes à chaque mäa- peétorales fimples ; les des petites écailles fur le ichoire. Lu nageoires inférieuresréu- corps. MIE NC RES nies en forme de difque. NIXEMGEN RE , 4 Ç e: FRen Técrodonss XVIIG GENRE. Pégafes. Tr] ; F S ? Les mâchoires avan- Lépadogaflères. Le mufeau très-allongé; À cées et divifées chacune Les nagcoires peétora- {des dents aux mâchoires; en deux dents. les doubles; les nageoires |!le corps couvett de gran- XIIe, GC inférieures réunies en for- |Ides plaques & cuiraffé, RSA EINARNES me de difque. XX CLN LE Ovoides. à + , Ë Centrisques. Le corps ovoidé ; les ETES , mâchoires offeufes avan- À Le mufeau crès-allongé; cées et divifées chacune iles mâchoires fans dents; en deux dents; point de le corps trèscomprimé ; Inagcoires du dos de la | les nageoires ventrales}, | À PAS Iqueue , ni de l’anus. » réunies. SF 1 j XIIIe. GENRE. Diodons. ! (] ni 1 Les mâchoiresoffeufes avancées , & chacune | , d’une feule pièce. f XIVe. GENRE. ! l Sphéroïdes. | è Quatre dents au moins | ; là la mâchoire fupérieure ; |! | L ipoint de nageoires du dos Ê dela queue, ni de l'anus. : XVS GENRE. P” L Syngnarhes. L'ouverture de la bou- À iche crès-perire , & placée là l'extrémité d’un mufeau |! .| | très-long & prefque cy- lindrique;point de dents; les ouvertures des bran- chies fur la nuque, SECONDE e Fer 49 SECONDE SOUS-CLASSE. Poiffons offeux. — L'épine dorfale compofée de vertèbres offeufes. PREMIÈRE DIVISION. Un opercule branchial, & une membrane branchiale. Ir. ORDRE. II. ORDRE. | Ill. ORDRE. | IVe ORDRE. 17: 18. 19. 10. Poissons APpopes.| P. JucuLAïRESs. P. THoraAcins. P. ABDOMINAU x. Point de nageoires in- Une ou deuxnageoires Une ou deux nageoires Une ou deux nageoires férieures. fous la gorge. fous la poitrine. fous l'abdomen. oo" S EXCLO!N DEEE DM Vel S:IL:OLN.- Un opercule branchial ; point de membrane branchiale. ler. Ile. ORDRE. 21, ORDRE. 12. ‘Ils ORDRE. 23. P. Point de nageoires in- Une ou deux nageoires férieures. fous la gorge. Poissons APODES. JUGULAIRES. P. THorRaAcins. P. AEDOMINAU x. Une ou deux nageoires Une ou deux nageoïres fous la poitrine. fous l'abdomen. ——— EE AR UIONIS IVEMMUEL D LV IS 1O Ne. Point d'opercule branchial ; une membrane branchiale. Il. ORDRE. Ill. ORDRE. IVe. ORDRE. 26. 27. 28. Poissons AropDes.| P. JUGULAIRES. P. THORACINS. P. ABDOMINAU x. Point de nageoires in-| Une ou deux nageoires | Uneou deux nageoires| Une ou deuxnageoires férieures. fous la gorge. fous la poitrine, fous l'abdomen. a QUATRIÈME DIVISION. Point d’opercule branchial, ni de membrane branchiale, Ir. ORDRE. Il. ORDRE. Ille ORDRE. IVe. ORDRE. 29. 30. 31 32. Poissons Aropes.| P. JuUGULA1RES. P. THoraAcins. P. ABDOMINAU x. Point de nageoires in Une ou deux nageoires ||. Une ou deux nageoires | Une ou deux nageoires férieures. fous la gorge. PS la poitrine. fous l'abdomen. PE DE PRE ROME S S IDOR va à é so JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE Sur les variations de hauteurs & de empérature de l’Arve. Par H. De SAUSSURE. LL. rivière d'Arve , qui fe jette dans le Rhône à un quart de lieue au-deflous de Genève , préfente des variations , & dans fon volume, & dans fa température , qui m'ont paru pouvoir donner des réfulrats inçéreffans. J'ai donc profité du voilinage de cette rivière , au bord de laquelle eft fituée ma campagne de Conches , pour faire des obfervations fuivies fur ces variations. L’Arve a fa fource fur le col de Balme , à l’extrèmité Nord-Eft de la vallée de Chamouni ; mais certe fource n’eft qu’un filer , & ne forme qu'une infiniment petite partie de fes eaux. Ses vraies fources font les torrens qui fortent des glaciers du Tour, d’Argentière , des Bois, des Boflons , & en général des divers glaciers qui couvrent la face fepten- trionale du Mont-Blanc , & de la chaîne dont il fait partie. La rivière du Giffre , qui vient au pied du Mole fe réunir à l'Arve , a fa fource dans le glacier du Buet. On peut donc affirmer que , dans des temps de féchereffe, les quatre cinquième des eaux de l’Arve , font des eaux de neige & de glaces fondues. J'ai eu bien des occafions d'éprouver la température des torrens qui fortent des glaciers, & je l'ai trouvée communément de deux degrés au moment de leur fortie. 11 femble d’abord qu’elle devroit être à o; mais comme ces eaux coulent fur la terre ou fur des rochers qui tiennent à la mafle du globe, & qui participent ainfi à fa température , la chaleur de ce fond , & celle même de l'air qui s'infinue entre l’eau & la glace, fonc élever la température. de ces torrens à 1 ou à 2 degrés au-deflus de o ; je l'ai même vue en quelques endroits à 4 degrés. Mais ces eaux , une fois qu'elles fe font échappées des voñtes de glace qui les renfermoient , continuent de couler fur des lits, qui ont en toute faifon une température fupérieure à 2 degrés, & dsas un air qui, en été, eft encore beaucoup plus chaud ; il eft donc évident , qu’à mefure qu'elles s’éloignent de leur fource , elles doivent fe réchauffer, jufqu'à ce qu’elles aient atteint la température de l'air, modifiée cepen- dant par celle du fond fur lequel elles coulent. 11 fuit aufli de cette influence de l'air , que fi l’on confidère la tem- pérature de l'eau dans le mème lieu , elle doit fuivre en quelque manière ET D'HISTOIRE NATURELLE. s. celle de l'air ; qu'ainf elle doit fe refroidir dans la nuit, & fe réchaufler à mefure que le foleil s'élève au-deflus de l'horizon. Cependant la température de l’Arve , obfervée auprès de Genève , ne fuit point cette progreflion , du moins dans la matinée. Si, dans une belle journée d'été , après quelques jours de fécherefle , vous obfervez l’Arve à la pointe du jour, vous la trouverez à 11 ou 12 degrés , & enfuite , à mefure que le foleil réchauffera l'air , bien loin que l'eau fuive la même marche, vous la verrez fe refroidir de plus en plus jufques vers les 9 ou 10 heures , où elle fe fixera entre le 9° & le 10° degré ; à la vérité, pallé ce terme, & après avoir été ftationnaire pendant quelques temps , elle commencera à fe réchauffer de plus en plus, jufques vers les 10 ou onze heures du foir ; alors elle atteindra le 13° ou le 34° degré , demeurera de nouveau ftationnaire , & commencera enfuite à fe me Ce phénomène m’étonna d’abord , je le crus accidentel ; mais fa conf- tance me prouva qu'il tenoit à une caufe générale. 4 Un autre phénomène , qui marche parallèlement à la chaleur de l'eau, quoiqu'en fens inverfe , m’aida à trouver cette caufe : c’eft celui de la variation de la hauteur , ou de la quantité de l'eau. Elle eft plus haute de $ ou 6 pouces le matin que le foir , & fon accroiflement fuit inver- fement le progrès de fa température. Sa hauteur augmente à mefure qu'elle fe réfroïdir ; elle bailfe enfuite à mefure qu’elle fe réchauffe, & le maximum de hauteur correfpond avec allez de précifion avec le minimum de chaleur, de même que le maximum de chaleur correfpond avec le minimum de hauteur. Au refte , j'ai déjà dit, mais je dois le répéter expreflément , que ces variations régulières n'ont lieu qu'après des temps de fécherefle , car les pluies caufent des variations accidentelles qui mafquent entièrement celles qui tiennent à des caufes générales. Pour comprendre la caufe des variations régulières , il faut fe rappeler que la plus grande partie des eaux de l’Arve vient de la fonte des neiges, & que cette fonte eft beaucoup plus abondante pendant le jour que pen- dant la nuit. Les torrens qui coulent fur les glaciers, & ceux qui n'ont d'autre aliment que les neiges ou les glaces , font très-volumineux vers la fin du jour , & prefqu’à fec pendant la nuit. Or , fi auprès de Genève, la plus grande hauteur de l’Arve n’eft pas le foir , mais le lendemain matin , c'eft que l’eau a befoin de cer efpace de temps pour venir depuis les glaciers jufqu'à nous. Et fi la plus grande fraicheur de l'eau coïncide avec fa plus grande hauteur ; C’eft que cette hauteur vient de la fonte des neiges, & par con- féquent d’une quantité furabondante d’eau froide. D'ailleurs fa hauteur augmente fa virelle, & cette augmentation de viteffe fair qu'elle eft moins G 2 st, JOURNAI DE PHYSIQUÉ , DÉ CHIMIE long-temps expofée à l’aétion des caufes qui la réchauffent en route , & l'augmentation feule de fa mafle fuffiroit pour ralentir fon réchauffement. Enfin , il faut ajouter que la rivière , lorfqu’elle eft dans fa plus grande hauteur , voyage pendant la nuit , au lieu que fon minimum voyage pendant le jour ; ce qui augmente encore la différence de température. Le maximum part des glaciers vers les quatre heures du foir , & arrive auprès de Genève vers les ro heures du matin ; il eft donc en route pendant 18 heures : or, fi pendant ces :8 heures , on prend de deux en deux heures la chaleur moyenne entre Chamouni & Genève , la fomme des degrés de chaleur fe trouve de 130 > Le minimum au contraire part vers les 4 heures du matin, arrive à minuit , eft ainfi 20 heures en route, & pendant ces 20 heures , 1l: reçoit 166 degrés de chaleur; ce qui fait plus d’un quart en fus. C’eft donc l'augmentation abfolue de la malle d'eau , l'augmentation de la proportion d’eau froide , & un voyage fair plus rapidement & à des heures plus fraîches , qui font que la plus grande fraicheur de la rivière coïncide avec fa plus grande hauteur , & réciproquement, Curieux d’avoir au moins un japperçu de ces différentes quantités , j'ai mefuré les dimenfions & la viteile de, l’Arve par des procédés , finon rigoureux , du moins fufifans pour le but que je me propofots. Jai mefuré trigonomérriquement la largeur de l'Arve au-deffous du jardin de Conches , dans un moment où fa hauteur étoit de 3 pieds $ pouces de meglmefures ; ce qui, je préfume , correfpond à $ pieds $ pouces au deffus du fond du lit de la rivière, & qui ,eft en même temps la hauteur de fon minimum d'été par un temps chaud & fec, & j'ai trouvé cette largeur de 168 pieds. Sa vireffe mefurée à fa furfacé au milieu du courant, dans ce mème endroit, & dans un temps -où elle avoit à-peu- près la même haureur de pieds $ pouces, étoit de 6 pieds par feconde. Cetre virelle augmentoir & devenoit de 6,405 par feconde , dorfque la rivière avoit 6 pouces de plus de hauteur. Quant à la forme du lit, ou à la feétion laritudinale de la rivière , elle eft erès-irrégulière , & pour fimplifier les calculs , je la confidère comme triangulaire. D'après ces données, fi l’on recherche d’abord quelle! eft la quantité d’eau qui correfpond aux 6 pouces de hauteur ; dont l’Arve augmente par l'excès de la fonte des neiges du jour; fur la nuit , on trouvera que quand l’Arve eft à s pieds $ pouces de hauteur, l'aire de {a fection latitudinale eft de 456 pieds qui, à 6 pieds de vitelle par feconde , font 2736 pieds cubes d’eau par feconde , & que quand fa hauteur eft de $ pieds,11 pouces, Paire de fa fection eft de ‘544 pieds qui ; à la virélle de 6,403 , font 3483 pieds cubes par feconde : d'où il fuir que la différence entre le maximum & le minimum eft de 747 pieds cubes par feconde, ou de 2,689200 par heure, Or, l’eau aug- VA LET) D'HISTIONREVNATURELLE. E mente continuellement depuis fon minimum jufqu’à ce maximun , pour diminuer enfuite depuis ce maximum jufqu'au minimum , & cetie période entière eft de 24 heures. Donc, en multipliant par 12 la quantité de pieds cubes que l'on a trouvés pour une heure , on aura Ja fomme des accroif- femens produits dans 24 heures par l'excès de la chaleur du jour fur celle de la nuit. Cetie muliplication donne 32,270400 pieds où 149400 toifes cubes par jour ;, en nombre rond, 150 mille toifes cubes. Cette quantité n’eft fürement point au-deflus de la réalité. Car quoique la variation diurne ne foit pas roujours de 6 pouces , elle eft aufli quelques fois beaucoup plus grande ; le 6 juillet dernier , elle fur de 9 pouces 9 lignes, & le lendemain de 16 pouces 8 lignes , quoique certainement il ne tombât point de pluie dans ces deux jours ; mais 1l il eft vrai que la chaleur fut extrème ; elle s’éleva à 28 ou 29 degrés, J'ai aufi calculé la variation annuelle d’après les principes que je venois d'employer pour la variation diurne , & cela dans le but de connoître la quantité abfolue de neige qui fe fond dans un jour d'été fur toutes les montagnes , dont les eaux fe verfent dans l’Arve. En effec , l'excès de la fonte de jour fur celle de nuit , ne donne point , ni à beaucoup près la toralité de la fonte , foit parce qu’excepté fur les fommités très-élevées ; il fe fond beaucoup de neige, même pendant la nuit, foit parce que la totalité de la neige fondue pendant le jour , ne fe verfe pas à la fois dans le moment du maximum ; car il y en a qui s’accumule dans des crevailes, il y en a qui, faifant des détours ou venant de plus loin , arrive pendant la nuit & fe confond avec le minimum. L’unique moyen de connoître la quantité totale des neiges qui fe fondent en été pendant 24 heures, étoit de comparer la quantité d’eau qui coule dans l'Arve par un beau jour d'été , avec celle qui coule dans un jour où il ne s’y trouve que peu ou point de neige fondue. Il fembleroit d’abord qu’il faffit pour cela de prendre un jour d'hiver ; mais l'hiver n’eft point en général la faifon où les eaux de l’Arve font le plus baffes, parce que , fi en hiver il ne fe fond que peu ou point de neige , en revanche les fources font alors très-abondantes. Le moment où on la voit la plus balle , eft celui des premiers froids de l'automne, lorfque ces froids fuccedent à des bizes & à de longues féche- refles : c’eft ce qui arriva en 1791 ; le mois de feptembre fut très-fec , une bize de plufieurs jours refroidit l'air graduellement , & au 1° oétobre il y eut dans la plaine une forte gelée blanche ; c’eft dans ce moment que j'ai vu l’Arve la plus baife , elle n’etoit qu’à 9 pouces 6 lignes de mes mefures ; ce qui répond à ce que je crois à 2 pieds 9 pouces 6 lignes au- deffus de l’endroit le plus profond de la rivière, L'air de la feétion laritudinale n'étoit que 121 pieds, la virefle que je mefurai étoit de $ pieds; il ne cou- loit donc que 60$ pieds par feconde: or, le minimum d'été donne , comme nous l'avons vu , 2736 pieds ; la ‘différence eft 2131 pieds par feconde ; s4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ce qui, dans les 24 heures, donne 8$o mille toifes cubes ; & fi l'on ajoute à cetre quantité celle de l'excès du jour fur la nuit, que nous avons trouvé de 150 mille, on trouvera que la quantité moyenne de neiges & de glaces qui fe fond fur les Alpes de l’Atve pendant un beau jour d'été, produit une quantité d’eau équivalente à un million de toifes cubes. Si de-là nous venons à confidérer la quantité de chaleur qui a dû être employée pour fondre cette quantité de neige , nous verrons que d’après les expériences de Lavoifer , pour fondre une livre de neige ou de glace , il faut tout le calorique nécelfaire pour porter une livre d'eau de o à 6o degrés de chaleur ; d’où il fuit que chaque jour d'été, la fonte des neiges & des glaces dont l’eau découle dans l’Arve , abforbe la quantité de chaleur qu'il faudroit pour échauffer à 6o degrés un million de toifes cubes d’eau. Cetre énorme confommation de chaleur explique bien , & la fraîcheur qui règne fur les Alpes, & celle qu'elles répandent fur les pays voifins, & la permanence des neiges fous les climats rempérés , & même fous Ja zône torride. Cependant j'avoue que j'ai été furpris de ce réfultat, j'ai craint qu'il ne fe für gliflé quelqu’erreur dans mes calculs ; je les ai repérés fous différentes formes ; mais leur accord m'a prouvé qu'il n'y avoit aucune erreur , ni géométrique, ni arithmétique : 1l ne peut y en avoir que dans les principes de ces calculs : or, le feul qui puiffe m'avoir donné de trop grands réfultats, c’eft d’avoir fuppofé que la viteffe moyenne du courant égaloit celle de la fuiface du fl de l'eau ; effeétivement l'eau vers les bords à une vitefle beaucoup moins grande qu’au milieu du courant ; mais il faut obferver que la vitelfe de la furface n’eft point la plus grande; que c’eft vers le milieu de la profondeur que fe trouve la plus grande vitelfe ; il faut obferver de plus que , comme j'eftimois cette viteffe par le temps qu'un corps flottant fur l’eau mettoit à parcourir une efpace de 150 pieds, la réfiftance qu’apporte l'air à la partie faillante de ce corps flottant, quelque foin que l'on prenne pour tenir cette partie faillante la plus baffle poffble , retarde toujours un peu fa marche. Enfin il faut obferver , qu’en repré- fentant, comme je l'ai fair , la fection tranfverfe de la rivière par un triangle , j'ai certainement obtenu dans tous les calculs un volume d’eau moins grand qu'il ne l'eft réellement , puifqu'un lit, foit reétangulaire, foit d’une courbure quelconque , auroit donné des volumes beaucoup plus grands. Je crois donc que s'il y a des erreurs , elles fe compenfent à- peu-près , & que la quantité réelle d’eau que la fonte des neiges verfe dans l’Arve , n'eft pas fort au-deffous d’un million de toifes cubes dans un beau jour de juin , de juiller, ou de commencement d'août. Je fens cependant combien ces recherches pourroient ètre étendues &c perfectionnées ; j'aurois peut-être defiré de connoître avec précilion les ET D’AISTOIRE NATURELLE. ss: momens du maximum & du minimum , aufli bien que les dimenfons & la viteile de l’Arve au pied des glaciers. J'aurois aufli defiré de fuivre fes variations , & à Genève , & à Chamouni, dans les différentes faifons. J'aurois épalement aimé à faire fur le Rhône des recherches analogues ; mais pour cet effer il faudroit l’obferver avant fon entrée dans le lac: car ce grand réfervoir efface tout veftige des variations diurnes. Je l'ai obfervé à Genève dans ces jours fi chauds où les variations de l’Arve ont été fort grandes : celles du Rhône étoient nulles , du moins quant à la hauteur & au volume de l’eau. Quant à la chaleur , dans la journée du 13 de ce mois où le baromètre en plein air monta jufqu'à 29. La température du Rhône monta progref- fivement dans le jour de 18 à 18 , 7, & dans la nuit elle redefcendit de 18,7 à 18, $. Dans la journée du 14 , elle monta de 18, $ à 18, 9. 11 tomba de la pluie le 15 , & cette pluie le mème jour fit defcendre le tempérant à 16 , & le lendemain à 14. On voit que ces variations n’ont point, comme celles de l’Arve , un rapport direct avec l'excès de la fonte des neiges par la chaleur du jour. Enfin , il y a une recherche aflez curieufe que je ne fuis point à portée de faire, mais à laquelle Pictet pourroit confacrer quelques inftans, lorfqu’il paffera l'été à Cartigni ; ce feroit de voir , fi à cette diftance de fa jonction avec l’Arve , le Rhône préfenteroit quelques veftiges des varia- tions diurnes de l’Arve , quant à fa hauteur & à fa température. Vous voyez que ce mémoire excitera plus de regret fur ce qui n’eft pas fait, que de faisfaétion fur ce que j'ai pü faire; mais c’eft quel. que chofe que d’avoir dirigé l'attention des obfervateurs fur un objet qui avoit été négligé , & qui peut conduire à des vérités importantes. KR NS $6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Es XD AU RR D'une lettre de JaAcquin, profeffeur de chimie à Vienne en Autriche, A J.-C. DELAMÉTHERIE; Sur les propriétés des différens gaz , comme corps fonores, & fur d’autres objets | Ëc. M... père vient de publier fon grand ouvrage fur les plantes du jardin impérial de Schæœnbrunn , en 2 vol. én-fol. , contenant 2$0 planches enluminées , fous le vitre : P/amarum rariorum horti Cefarei Schænbrun- nenfis defériptiones & icones. Opera & fumptibus N. J. Jacquin. Vol. 1, p.70 ,fans préface & dédicace , tab. 120. Vol. 2, p. 68, tab. 121. Le prix de ces deux volumes eft de 160 florins de Vienne. Cet ouvrage contient une hiftoire du jardin botanique de Schænbrunn ; depuis fon commencement, 175 3, jufqu'à ce jour, fans forme de préface , & la defcrip- tion de 250 efpèces de plantes, prefque toutes nouvelles, parmi lefquelles fe trouvent mème beaucoup de nouveaux genres. La richefle de ce célèbre jurdin pourra bien fournir, en quelques années, un troilième volume ; en attendant, on publiera un catalogue de toutes les plantes qui s'y trouvent, qui fera 2 ou 3 volumes ë1-8., & qui contiendra un grand nombre de defcriptions & d'obfervations nouvelles. Je ne fais pas fi l’ouvrage de mon père, fur les oxalides, eft déjà connu à Paris. C’eft une monographie du genre oxalis , fous le titre : Nic. Jof. Jacquin, Oxalis Monograpkhia iconibus illuffrata, in-4. pag. 120, tab. 81. Cet ouvrage contient, outre des obfervations générales fur ce genre de plantes , les defcriprions de 96 efpèces , avec des figures de 93 efpèces , dont 76 enluminées. Le prix eft de 36 florins de Vienne. Un autre ouvrage bien intéreffant qui a paru ici, eft une Flore d’Au- triche. Micolai Hojt, finopfis plantarum in Auftria, provinciifque adja- centibus fponte crefcentium. Windobane apud Chrit. Fried. Nappler , 1796, in8., pag. 656 , fans dédicace, préface & index. Prix 3% florins. On y trouve les caractères & une fynonymie choifie des plantes du cercle d'Autriche; & ce livre est un excellent guide pour les herborifations dans ce pays. Les boïaniftes étrangers ne pourront parcourir cet ouvrage fans être furpris du grand nombre d'efpèces de plantes qu'il contient. Le docteur Hoft A travaille ET D'HISTOIRE NATURELLE s7 travaille adtuellement fur un ouvrage qui contiendra des defcriprions détaillées des graminées de nos environs , avec beaucoup de figures. Je viens de publier une feconde édition de mes élémens de chymie, fous Le vitre : Jo/eph Franz , edlen von Jacquin Lehrbuch der allgemeinen ünd medicinifchen chymie. Zum Gebranche feiner Vorlefungen. 2 vol. in-8. La première édition de cet ouvrage , qui m'a fervi de guide dans mes leçons publiques durant $ années, fur le premier livre élémentaire de chymie, en détail, felon la doctrine pneumatique , qui ait paru eu Allemagne ; l'ouvrage de Girtanner , qui parut peu de temps avant, n'étant plutôt qu’un précis de la nouvelle théorie. Les phlogifticiens firent leur poflible pour le dégrader; néanmoins une édition de 1$00 exemplaire fut vendue en moins de $ ans, outre l'édition latine qui eur un grand débit en Hongrie , en Hollande, & même dans la France méridionale, Il en exifte aufli une traduction hollandoife. Le profefleur Chaldni, déjà célèbre par plufieurs découvertes , regar- dant la théorie des phénomènes du fon , m’engagea, pendant fon féjour à Vienne , à faire des expériences fur la propriété des différens gaz , confi- dérés comme corps fonorss , particulièrement fur les 5az qui conftituent notre armofphère & fervent à l'organe de la voix. Nous piimes une cloche de verre, garnie en haut d’un robinet de laiton , comme on fe fert pour remplir les vefliesde gaz. Nous fimes communiquer l’ouverture intérieure du robinet avec une petite flute d’étain , d'environ 6 pouces de longueur. Cette cloche étant pofée dans la cuve pneumatique & remplie d’un gaz quelconque, une veflie à robinetrempli du mème gaz que la cloche, fut adaptée en haut au ro- binet de la cloche , & nousfimesentonner la flûte en preffant léoèrement la veffie. De cette manière , des expériences comparatives furent faites avec l’air atmofphérifphique , les gaz oxigène , hydrogène , acide carbonique et le gaz nitreux. La force du fon fut toujours la mème ; mais comparé avec celui dans l'air atmofphérique, le gaz oxigène donne un femi-ton plus bas ; le gazazote préparé de différentes manières , donne toujours à-peu-près un femi-ton plus bas; le gaz hydrogène donne neuf ou onze tons plus haut; le gaz acide carbonique une tierce plus bas, & le gaz nitreux à-peu-près aufli une tierce plus bas. Un mélange de gaz oxigène & de gaz azote dans les proportions de l'air atmofphérique , donna de nouveau le ton de ce dernier , c’eft-à-dire, un demi-ton plus haut que chacun des gaz compo- fans feul, Aufli long-temps que les deux gaz ne furent pasämélés uni- formément , il y eut une détonnation affreufe. Chladni donnera un ample détail de ces expériences intéreffantes qui différent entièrement de celles de Prieftley dans le journal de phyfque de Vogt & Lichtenberg. Tome IF. MESSIDOR an 6. “ H s8 .JOUNAT DE PHPSIQUES D'ENCHIMIE) ViO CAB U L'AMMR:E D'EMMIMOENSAUMRMENS RÉPUBLICAINES, Contenant l'indication de leurs valeurs & de leurs principaux ufages, en conformité de la loi du 18 germinal, an 3 de la république. ; MESURES VÉAMLEMEQUARMS TE ST AU IS AUCIE S: DE LONGUEUR, Centième partie du mètre. C’eft plutôt une fous-divi- sion qu'une mefure particulière (1). Dixième partie du mètre. Le double décimètre fait une mefure de poche très-commode Grandeur de l'étalon des mefures de la république. METRE... 4 Dix-millionième partie du quart du méridien, ou lon- gueur d’environ 3 pieds 11 lignes ##. Servira pour l’aunage des étoffes & les toifés. Fait la hauteur ordinaire d’une canne , que chacun peut avoir à la main. Le-demi-mètre & le double mètre peuvent être utiles pour différens mefurages. Dix fois la longueur du mètre. Environ 30 pieds 10 pouces. Propre à faire une chaîne d’arpentage. Longueur de cent mètres. Ne fera guères ufité. Équivaut à mille mètres, ou environ $ 80 toifes. Quatre feront environ la lieue commune. Sa valeur eft de dix “mille mètres, ou environ $800 toifes ; ce qui eft un peu plus qu’une poite. mn Le kilomètre & le miriamètre feront bons pour expri- mer les diftances , itinéraires, & règler le placement des bornes pour la mefure des chemins. Centimétre... j Détcimèetre... Heélomètre... Kilomètre..,. Décamètre... ÿ | | | Myriamètre.. | (1) On pourroit confidérer le milimètre, millième partie du mètre; j mais il eft peu important pour le commerce, = 1 ET D'HISTOIRE NATURELLE, 59 MESURES DE CAÉACITÉ. MPAUEIENURR IS EST QUTS'ATGIEUS. On n’a pas befoin de mefure plus petite de ce genre. On peut fe la repréfenter comme un petit verre pour Tv eau- de-vie & les liqueurs, Son double ferviroit auñi très-bien au même ufage. C'eft à-peu-près l'équivalent d’un gobelet ordinaire, On conçoit aifément à quoi il peut fervir. Sa moitié & fon double font analogues à d’autres mefures que l’on emploie maintenant pour les liquides. : Sa capacité eft celle d’un décimètre cube. 11 diffère | Centilicre.... Détilitre,... peu du litron et de la pinte de Paris, & fervira aux mêmes ufages, foit pour les liquides, foit pour les matières fèches. Sa moitié & fon double feront aufli très-utiles. Il peut tenir lieu, ainfi que le double décalitre, de boiffeau pour la mefure du blé & de toutes fortes de graines. Le demi-décalitre remplaceroit le picotin. Servira pour plufieurs matières fèches, telles que les grains , le fel, le plâtre, la chaux, le charbon, &c. On pourroit pat la fuite donner cette contenance & fon double aux futailles pour les vins. Le demi-hectolitre fera auiñ fort utile, & fpécialement pour les grains. Capacité égale au mètre cube. C’eft à peu-près un tonneau de mer d'aujourd’ hui, qui eft moins un inftru- ment de mefure qu’un mode d'évaluation, Le myrialitre eft fuperflu. ISTIRIES NS Décalitre.... Heëlolitre.... Kilolitre. . .., Nota. Si l'on compare aux mefures anciennes la férie des litres déci- maux , augmentée des doubles & des moitiés de chacun d'eux, on verra que depuis le cenrilisre jufqu’au décalitre , ils conviennent parfaitement pour les liquides ; & depuis le demilitre jufqu': a l'Aec- colitre , pour les diverfes matières fèches, VAADLNENUTRIS MIE TEURSRATGRETS: Décigramme. . Centigramme . S d GRAMME.. Heëlogramme. Kilogramme. é My riagramme. | Le Millisramme feroit un peu moins pefant que le s1°. de grains, par conféquent donneroit une exactitude plus grande que les trente-deuxièmes dont on s’eft fervi jufqu’à préfent; mais comme cette mefure n’eft employée que dans des opérations très- délicates , & qui ne font pas partie des ufages ordinaires du commerce , on peut fe borner aux poids fuivans. Poids cent fois moindre que le gramme ; environ + de rains. Pèfe un peu moins que deux grains. Le demi-déci- gramme eft donc à-peu-près le grain d’aujourd’hui. Equivaut au poids de l’eau fous le volume d’un cen- timètre cube ; ce qui fait environ 19 grains. Très-analogue au gramma des Grecs, dont il tire fon nom. Il eft très- propre à fervir d'unité dans la pefée des matières pré- cieufes , tels que l'or & l'argent, & toutes celles qui exigent beaucoup d’exaétitude. Poids de dix grammes. Sa moitié fait environ un gros & tiers. Son double eft un peu moins que les 5 d’une once. Poids de cent grammes. Poids de mille grammes, très-commode pour la vente des matières les plus communes. Sa moitié excède notre livre actuelle , d'environ 3 gros. Poids de dix mille grammes. Un peu moindre que 20 livres + actuelles. Son double formera le plus gros des poids que l’on fera dans le cas d'employer, & remplira cet objet avec avarrage. Nota. On conçoit combien font utiles les doubles & les moitiés de chacun des poids qui compofent la férie décimale. En formant de tous une feule férie , on voit qu’elle eft fort analogue à celle des anciens poids , qu'elle remplacera très-ayantageufement dans tous les ufages du commerce. ET DANS FOUR E- NATURELLE. 61 } MESURES AGR AIRES. Centiare.. ….» \ VÉALLREMUFRESN EME AULS ALGLES. —— L Le centiare & le déciare ne font que des fous-divi- fions de l’are, Le premier eft égal à un mètre carré, Détciare..... l Le fecond en vaut dix, PARIE Sets Heétare...…... Mpyriare..... Unité des mefures pour les terreins, ou d’arpentage, C'eft l'équivalent d’un décamètre carré , ou de cent mètres carrés { environ 25 toifes carrées). Il eft très-con- venable pour la mefure des rerreins précieux des villes, des jardins & des petites propriétés où de médiocre étendue. La dénomination de déca-are ,ou décare en fyncopant, ne feroit prefque d’aucun d’ufage. C'eft une fuperficie contenant cent ares. Il peut être employé pour l'évaluation des terreins d’une certaine éten- due. L'hectare eft un peu moins que le double du grand arpent de 100 perches carrées , la perche étant de 22 pieds. : Le Kilare n’eft pas important à confidérer. Etendue de dix mille ares, ou équivalant à un carré d’un kilomètre de côté; propre par conféquent à la me- fure des territoires un péu confidérables , tels que celui d'une commune, d’un diftri&, &c., lorfque l'on ne voudra pas les exprimer en carrés des mefures des lon- gueurs, 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, MESURES pour les bois - VRANL EMUMRES PP ESTRAUES VANGERESS. DE CHAUFFAGE. L] S'HIERIES Quantité égale au mètre cube. En donnant un mètre de longueur aux büches , il ne fait, pour obtenir le flère , que les ranger dans une membruie , ou chaflis carré, d'un mètre de côté, Si les büches ont une autre longeur , par exemple, 3 pieds + comme l’exige l'ordonnance des eaux & forêts, il n'y a qu'un léger changement à faire à la hauteur du châflis; ce qui n'entraîne aucune difhculté. Le flère fera très commode ; il fera environ la demi- voie de bois de Paris. Le demi - flère & le double ftère pourront être auf emp'oyés. Enfin on pourroit aufli fe fervir du deci-flère, ou mieux encore du double deci fère, pour règler la groffeur des fagots & la mefure des cotrets, en dérermi- nant leur longueur convenablament. Les autres combinaifons du ftère ne paroïffent pas offrir | d'ufage utile. MONNOIES. Les monnoies font ici confidérées comme monnoies de compte, c’eft-à dire , fans faire attention à la valeur propre de l’unité principale, Centime..... Cen:ième partie, ou valeur du centième de franc. Décime...... Dixième de franc, équivalant à 2 fous. Unité principale de la monnoie; la même que notre livre de 20 fous. Sa valeur abfolue, c’eft-à-dire ce qu’elle peut fe procurer d’une certaine marchandife, varie, comme l’on fair, fuivant Les circonftances. FRANC.... ba : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 63 N'O"T:E SUR UN AREOMÈTRE DE HASSENFRATZ. O. a inféré dans les n°. 76 & 77 des Annales de Chimie, un mémoire de Haffenfratz fur l’aréométrie , dans lequel ce favant propofe de fubftituer aux moyens ofdinaires , pour prendre la pefanteur fpécifique d'un corps folide , une bouteille qu'il remplit d'abord exactement d’eau diftillée, & dont il fait enfuite fortir un volume de cette eau égal à celui du corps, en y introduifant ce dernier. Cet inftrument n’a point l'inconvénient de la balance hydroftatique qui, d’après des expériences dont il faut lire le détail dans le mémoire , donne une pefanteur fpécifique plus petite ou plus grande , fuivant que les corps , toutes chofes égales d’ailleurs, préfentent à l'eau plus ou moins de furface, L'auteur penfe qu’une dés caufes princi- pales de certe variation, eft la couche d’eau qui adhère à la furface du corps. Cependant certe couche étant en équilibre avec les colonnes environnan- tes du mème liquide , on ne voit pas qu’elle puiffe inuer fur la pefanteur fpécifique du coïps , à moins qu’elle ne change elle-mème de denfité, par une fuite de fon adhérence avec le corps ; ce qui n’eft point à préfumer. Il feroit intérelfanc d’éclaircir ce point de phylique , qui tient à l’une des opérations les plus uules pour la diftinétion des minéraux. DRE LA GERMIN:A TION, Pa HumMB8ozort. L es fubftances métalliques fimples font contraires à la germination des plantes ; les oxides métalliques la favorifent en raifon de leur degré d’oxi- dation. Ces découvertes faites en 1793 , engagerent l’auteur de chercher une fubftance à laquelle l’oxigène feroit aflez foiblement lié , pour en être féparé avec facilité ; 1l choifit le gaz acide muriatique oxigené mélé avec de l'eau. Le creffon ( Zepidium fativum ) montre des germes après 6 heures dans l’acide muriatique oxigené , après 3 2 heures dans l’eau commune. L'action du premier Auide fur la fibre végétale , s'annonce par une énorme quantité de bulles d'air qui couvrent les graines ; phénomène que l’eau pure ne préfente que d’après 30 à 45 minutes. Ces expériences annoncées ls, SE ‘FAC 64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dansla Flora fubrerranea Fribergenfis de Humboldt , & dans fes A phorifmes far la Phyfologie chimique des plantes , ont été repétées avec fuccès par d’autres phyfciens. ( Voyez les f'agmens de Phythologie d'Uslar , la Phy- fiologie de Pleuck, la Deudrologie de Villdenow, le Dictionnaire Phyfique de Gshler....) Elles ont été faites à une température de 1 2 à 1 5 degrés. L'été 1796, Humboldt reprit de nouveau la fuite de ces expériences ; 1l trouva , qu’en joignant le {malus du calorique à celui de l'oxigène , on parvient à accélérer encore davantage le progrès de la végétation. 1] pritdes femences de lepidium facivum , pifum Jacivum , phafeolus valgaris , laëluca fativa, refeda oderata. Dés portions égales en furent jetées dans l’eau pure , & dans l'acide muriatique oxigené à une température de 2$ degrés. Le creflon montra des germes en 3 heures dans l'acide muriatique oxigené , tandis que l’eau n’en préfenta qu'après 26 heures. Dans l'acide muriatique, nitrique, (1) où fulphurique pure ou mêlé à l'eau , il n'y eut pas de germe du tout : loxigène fembloit y être trop intimement lié aux bafes del’azote , du foufre..... pour en être dégagé par les affinités que la fibre pré- fente. L'auteur annonçoit , que fes efpérances devoient un jour devenir bienfaifantes à la culture des végétaux. Ses expériences ont été accomplies par le zèle de plufieurs favans difingués. Le profefleur Pohl à Drefde, fit germer dans l'acide muriatique oxigené , la graine d’une nouvelle efpèce d’euphorbia , uürée d'un herbaire de Bocconi , âgé de 110 à 120 ans. Jacquin , & Vandes Schott , à Vienne , jetèrent toutes les femences anciennes , confervées depuis 20 à 30 ans au jardin botanique , & dont Ja culture avoir été effayée inutilement jufqu'ici, dans l'acide muriatique oxigené ; la plupart en fut ftimulée avec fuccès.; les femences les plus dures cédèrent à cet agent. On vit germer la guilandina bonduc le cyi- Jus cajan , la dodonea angujlifolia , mimofa feandeus , de nouvelles efpèces d’Acmsa..... On montre encore à Vienne des plantes précieufes , qu'on doit à l'acide muriatique oxigené , & qui ont à préfent déjà ç , & 8 pouces de hauteur. Il vient de faire germer la clufia rofea , dont Boofe a rapporté la femence des ifles Bahames , & qui a réfifté jufqu'ici à toute. culture ; il s’eft fervi pour cela d’une nouvelle méthode , dont l’exécution paroi plus facile pour des jerdiniers ; Qui ne pourroient pas fe procurer de l'acide muriatique oxigené ; il a fait une pâte en mêlant la femence avec (1) Cependant l'acide nitrique , étendu de beaucoup d'eau , accélère auffi la germi- nation , d'après les expériences de Candolle jeune , naturalifte, qui s'occupe avec fuccès de la phyfologie végétale. Ce phénomène eft d'autant plus intéreflant que la chimie nous prélente d’autres analogies de l'acide muriatique oxigené & de l'acide nirrique. Le pro- fefleur Pfail de Kiel, en fuivantlesexpéiiences de Humboldt , a trouvé que les grenouilles afphyxiées dans le gaz acide muriatique oxigené, augmentent en irritabilité, tandis que ceux qui périlent dans le gaz acide carbonique font moins fenfibles au galvanifme. l'oxide ET D'HISTOIRE NATURELLE. 6 l'oxide noir de manganè/à fur laquelle on verfe de l'acide muriatique étendu d'eau : 3 pouces cubiques d’eau furént mêlés avec un + pouce cube d’acide muriatique ; le vafe qui contient ce mêlange doit être couvert , mais non bouché , parce qu'il fe crèveroit facilement. A:la température de 28 degrés, l'acide muriatique s’oxide fortement , le gaz muriatique oxigené qui fe dégage, palle à travers la femence , & c’eft fur ce pallage que l’'irritation de la fibre végétale fe fair, SUITE DES EXPÉRIENCES SUR L'IRRITATION DE LA FIBRE NERVEUSE ET MUSCULAIRE ; Par Frédéric Alexandre VAN-Humsozpr. Jr feroit à fouhaiter , pour les progrès de la phyfolouie , que ces fignes (adoptés déjà depuis par d’autres favans) fuffent généralement reçus, parce qu'ils préfentent un moyen très-fimple de s'expliquer facilement & fans figures , fur les faits les plus compliqués. En défignant dans chaque expérience de cette méthode , & fixant les yeux far le tableau des phéno- mènes préfentés ci-deffus , ‘il fera aifé de déterminer s’il s’agit d’une nouvelle découverte, ou d’une loi déjà connus depuis long-temps. Va Ras ENG 'IMILON. Modifications de l'effet galvanique. Les contraétions mufculaires font plus fortes en fermant le cercle de manière que l'arc conduéteur .entre le premier en contaét avec l’arma- ture du mufcle des deux formules Nerf A .a. Nerf À.a. KE ue Il n’y aura fouvent que la dernière qui fera pofitive, au cas que l'animal foit très-épuifé. L'effet ou la force de la contraction mufculaire eft aug- menté par le nombre de points de contact que l’armarure métallique pré- fente au mufcle. Il n’en eft pas ainfi du nerf; il eft indifférent que fon bout touche au métal ou qu'il y foit pofé de toute fa longueur. Peut-on ( comme plufieurs auteurs l'ont cru ) galvanifer les mufeles Jeuls fans nerf? L'auteur obferve qu'il eft impoflible de préparer un mufcle fans qu'aucun atome de fibre nerveufe n’y refte mêlé, Chaque fois qu'il a Tome IV. MESSIDOR an 6. I LL tee EE te URES ets LUN à 1 Drtre MONET UERS 4 t- éé JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vu galvanifer avec fuccès des mufcles , il y a découvert des reftes de nerfs ; en découpant ceux-là , les contrattions cefsèrent. Les foi-difantes armatures de mufcles ne font donc que des armatures de nerfs, par l'in- termède d’un mufcle conducteur. Analyfe chimique des fubflances qui peuvent former Parc galvanique. Les carbures & fulfures de métaux font des excitateurs excellens. Les folfates métalliques , comme toutes les mines dans lefquelles les métaux fe trouvent plus où moins oxidés, font ifolateurs. 11 eft crès - difcile de ranger les métaux d'après leur force excitatrice , comme ils doivent être obfervés dans leurs combinaïifons binaires où ternaires (avec deux ou trois autres métaux), & que l'effet eft altéré par l'irritabilité des organes. Expériences avec du fer aimanté, ou les poles hétéropènes de deux aimants. P > £ L'auteur prouve que l'influence du fluide magnétique , s'il exifte, eft trop petit pour fe mamfefter. Les meilleurs conducteurs de calorique pa- roiflent êcre les meilleurs conduéteurs du fluide galvanique. Sur les capacités. La capacité d’une fubftance acidifiable augmente en raifon de fon oxidation. La mine de manganèfe noire excite les contractions galvani- ques ;.c’eft le feul oxiole qui fait cer effet. Des expériences chimiques prouvent que la manganèfe eft conftamment mélé de charbon, & que c’eft à ce mélange que l’on doît aribuer la force excitatrice. Le charbon combiné avec l’hydrooène , ifole. C’eft pour cela que le charbon fofile ne devient excitateur , que lorfqu'il a fubi un certain degré de chaleur. L'auteur en répérant l'expérience de Bertholler , par laquelle le bois de fapin fe noircit à une température de 10 à 12 degrés , le contaét avec le gaz oxigène, obferva que ces taches noires peuvent fervir au galvanifme : il découvrit même .du pétrofilex ( pierre lydique de Werner , s’appro- chant du pétrofilex fchifteux ou kiefelfchiefer des Allemands) , qui excita es contractions mufculaires aufli fortes que le zinc. L’analyfe chimique prouva, que les terres filicieufes & argilleufes de cette pierre font mélan- gées d’un minimum de charbon. La glace & les vapeurs ifolent , ‘tandis que l’eau eft conductrice du fluide galvanique; l'huile & la folution de potalfe interceprent ce même fluide ; le favon qui réfulte du mélange de l'huile & de la potafle , conduit mieux que l'eau pure. Obférvations chimiques [ur des raifons des forces conduélrices. Toute fubftance animale propage plus facilement l'action galvanique , que les fubftances végétales. Le fang conduit! mieux.que le fuc de leaphor- bia efula : la viande rôtie, mieux que l'épiderme ou le parenchyme d’un PEL ASS CERN dut: | i une À - ET D'HISTOIRE NATURELLE. % agave. Il exifte des perfonnes qui ; à différentes époques, interceptent la circulation du fluide galvanique. 11 paroïît que le rhumatifme eft une des caufes principales de cet état ifolateur. ( Keirhold obferva que des malades affectés de maux rhumatiques , éroient peu fufcepubles du galvanifme, lorfqu’en répérant l'expérience des cantharides de Humboldr , 1l leur arma les nerfs de métaux hétérogènes ).. On a vu des femmes en Amérique , qui pendant une fievre de nerfs , pouvoient toucher le gymnocus eleétricus , fans en fentir les fecouiles : voilà des furs très-analogues. Les dents deviennent conduétrices du fluide galvanique ; lorfqu’on les frotte avec des acides. à 2 | PAT TS Obfervations phyfiologiques fur ce phénomene. Plufieurs champignons , principalement ceux du genre des, morilles ( phallus efculenrus | elvela mitra | elvela fulcata ), conduifent le Auide nerveux ; l’analyfe chimique les rapproche des fub'tances animales ; ils contiennent beaucoup d’azote , du phofphore .... L'auteur eft parvenu à convertir les morilles en fuif par le moyen de l'acide fulfurique étendu d'eau : cette expérience eft abfolument analogue à celle de Gibbes , & du cimetière des Innocens, où le fuif fe forma de la chair mufculaire. Les champignons traités avec l'acide nitrique , donnèrent une fubftance qui préfenta une odeur de cire Les mufcles des animaux fe forment très- lentement dans un efpace de terhps très-confidérable : & une fabftance qui leur reffemble entièrement par la combinaifon de ces élémens chimi- ques , les morilles naïffent dans une nuit , lorfqu'une pluie électrique arrofe la terre. VERS IS ECO ON. Récapitulation de plus de 60 fubflances conduëtrices € iftlatrices du 2 CP LEE A7 fluide galvanique , préfentées fous forme de tableau conduëteur , de 200 jufqu’à 1$0 pieds. Propagation inftantanée. Les organes irritables ne doivent pas toujours faire partie de l'arc con- ducteur mème. L'auteur obferve ( ce qui eft très-intéreffant) que les contraétions mufculaires ont lieu , lorfque le bout du nerf fe trouve en contaét avec une goutte de folution de potalle , & que les deux métaux hétérogènes , fans toucher le nerf, simmergent dans le fluide conduc- teur. — Vibration des métaux excitareurs.— L'irritation dure-t-elle pendant tout le temps que la chaîne galvanique refte formée? Effet de deux chaînes ou arcs employés à la fois. — Le fluide galvanique fortant des nerfs d’un animal à fang froid , n’eft pas ftimulant pour les organes irritables de l'homme : expérience par laquelle l’auteur prouve que le fluide galvanique de l'homme , peut donner la fenfation de la lumière ou du goût acide à une perfonne qui fe crouve à une diftance de 4 ou 5000 pieds de celui 1e à. je Lun à 6 | { p + , ‘hr 2e el RL 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, dont les nerfs font armés; c’eft pour déconvrir cette propriété frappante ; que Humboldt s'écorcha le dos à plufieurs reprifes par des cantharides , & qu'il fe ft des plaies dans différentes parties du corps.— Ligature du nerf, — On à difputé en vain ficette ligature empèche la circulation du fluide gal- vanique ou non : cet empèchement n'exifte , que lorfque la partie du nerf qui eft entre la ligature & l'infertion, au mufcle , fe trouve enveloppée dans des fubftances animales conduétrices du galvanifme : aufli-tô1 que cette partie du nerf fe trouve dans le moindre contaét avec l'air atmofphérique , les contractions mufculaires ont lieu, & la ligature ne fait pas d’efter, Certe fection finit par le récit des expériences fur les armo/phères fenfibles ou irritables des oroanes animés ; expériences que Humboldt a découvertes le premier , & qui font!, peut-être , ce que fon ouvrage préfente de plus curieux. Un nerf doué du principe de vie, doit être regardé comme une fubftance chargée d’un fluide excirateur ; ce Auide forme autour de lui une atmofphère de 1, $ jufqu'à 2 lignes de diamètre. La fenfarion ou le mouvement eft propagé, lorfqu'un ftimulus entre en cette atmofphère fans toucher immé- diatement la fibre nerveufe même. Le jeu de ces atmofphères fe manifefte fous des circonftances très-diflérentes , 1°. En découpant tranfverfalement un nerf dont l'irritabilité eft crès exaltée , & en éloignant les deux parties de 1, $ jufqu'à 2 lignes, les contractions malgré qu'une couche d'air femble intercepter la circulation du fluide. Cette obfervation a été faite plu- eurs fois par Humbolde, & vient d’être conftatée par le docteur Reïnhold, Les parties de nerfs découpées furenx quelquefois fufpendues dans Pair par des fils de foie , pour être très-für que l'humidité d’une table ou d'une glace ne put former une communication entre les organes fenfbles. 2°. On voit quelquefois paroïtre des contractions mufculaires , avant que la pincette d'argent appuyée d’un bout fur le zinc (armature du nerf) vient de l’autre en contact immédiat avec le mufcle. Les parties mufculaires répandent alors une atmofphère irritable autour d'elles ; car en éloïgnant le bout des pincettes à une diftance de 3 ou 4 lignes, tout mouvement difparoîr. ( Ces deux manières de faire l'expérience d’une ation par diftance , ne doivent être employées qu'au plus haut deoré d'irritabilité ; il paroït même qu'un certain degré d'humidité de l’atmofphère eft requis pour fervir de moyen à cette atmofphère fenfible ). 3°. Une troifième voie , par laquelle lation par diftance fe manifefte journellement , eft l'effet du galvanifme fous l'eau. L’armofbhère fe répand dans les couches d’eau qui environnent les nerfs & les mufcles en 2 lignes de diftance ; les mouvemens galvaniques paroilfent au moment où le conducteur métallique entre en contact avec cette couche d’eau , fans arroucher les organes mêmes ; l’atmofphère fe retrécit à mefure que l'irritebilité de l'animal s'affoiblit ; au lieu de 2 lignes , il faut peu-à-peu s'approcher de 1, $ jufqu'à o, $ de lignes. Une glace pofée entre le conduéteur métallique & le nerf, au milieu de VS ET D'HISTOIRE NATURELLE. 69 l'atmofphère fenfble , intercepre la circulation du fluide , quoiqu’elle ne touche immédiatement ni le métal , ni le nerf. L’eau ne peut pas être regardée dans cetre expérience ( conftatée fous les yeux de l’Inftitut national & de l'Ecole de Médecine) comme conducteur, mais comme medium, dans lequel fe répand le fluide galvanique , pour y former une atmofphère : fi elle n éroit que fubftance conduétrice , il feroit indifférent que la couche aye deux lignes ou 40 pieds d’épaifleur : influence des atmofphères fenfi- bles & irritables dans les phénomènes de la fenfation , du mouvement mufculaire , & des convullions partielles. VIRE STE CARULIOAN. Effet du calorique E du frottement des excitateurs. Les contraétions galvaniques deviennent plus fortes lorfqu’on exhauffe la température des métaux. L'auteur a découvert que la force excitatrice d’un métal fe communique à l’autre par un fimple contaét ; phénomène furpre- nant, fur les caufes duquel nous fommes encore très-éloignés de pouvoir prononcer. Lorfau’à un moindre degré d'irritabilité , les métaux homogènes ( par exemple, deux morceaux de zinc ) ne prodnifent aucun effer, il fuffit quelquefois de frapper avec la lame de zinc fur une pièce d’argent, pour lui faire adopter la nature du dernier. On peut être très-sûr que le zinc ne s’en- duit pas, par un léger frottement , de quelques atomes d’argent, car la force excitatrice eft communiquée à toute fa malle, par conféquent à des parties qui n'ont pas touché immédiatement4la plaque d'argent. Le doëteur Wells, en répérant fes expériences , a trouvé que le zinc conferve la nature d’un autre métal jufqu'à douze heures de fuite. ( Humboldt ne l'avoit obfervé que juf- qu'à 30 fecondes. ) Expériences galvaniques faites dans les gaz oxigène , nitreux , acide cars bonique , hydrogène , azote, acide muriatique oxigéné & hydrogène- pelanr. Les différens gaz n'alrèrent pas l'effet du galvanifme , mais agiffent direc- tement fur l’irritabilité desorganes. , Les plantes peuvent-elles être galvanifees avec fuccès ? Notre auteur a fait un grand nombre d'expériences fur le mimo/a-pu- dica, le berberis vuloaris & le hedifarum gyrans. W n’a jamais obfervé aucun effet. Il prouve que fi les métaux agiflent fur la matière végétale ani- mée, ce n'eft qu’en accélérant la contraction des fibres circulaires des vaif- feaux accélérateurs qui augmente l’afcenfon de: la fève, mais qu'il feroit difficile d’obferver avec exaétitude, I] n’eft aucunement prouvé que les vÉgÉ- taux manquent de nerfs. On nioit jufqu'ici ces mêmes organes ; cependant 4) JO URNAIND EN PHMSIOUESVD'ENCGHIIMITE les travaux anatomiques d'Abilgeard, Angéli, Befciani & Humboldt ( tra- vaux que Cuvier va augmenter bientôt par un vafte nombre de découvertes les plus intéreflantes }, prouvent le contraire. Le galvanifme eft un excellent moyen pour reconnoitre les nerfs & les diftinguer d’un vaifleau. On arme de zinc la fibre blanche, dont la nature eft problématique; on forme le cercle conducteur entre le zinc & un mufcle. S1 des contraétions paroiffent dans le dernier, on peut être certain que la fibre eftinérveufe. Humboldr a inventé une méthode de galvanifer les plus petits animaux , fous le microfcope com- polé , & c’elt par ce moyen qu'il a découvert le fyftème nerveux des naïades & lernées. Certe feétion finit par des obfervations très-curieufes fur l’anato- mie & la phyfologie des myrilus , lumbricus , helix , fepia ; naïs, lernea, aféaris, tenia , cerambyx, blatta ; lucanus , vefpa & cancer. — Expériences far des poiffons ; recherches fur les caufes de leur grande irritabilité. MES ASNEIGREUIIONNE Amphibies. : Pourquoi font-ils les plus irritables pendant le fommeil d'hiver ? Les fonctions du cerveau affoibliflent l’aétion mufculaire & la fecrétion des vaif- feaux. La cinquième partie de tout le fang pafle par le cerveau de l’homme, & en fort défoxidé. Que devient cet oxigène? Entre-t-il dans la compolñirtion du fluide galvanique? & la partie médullaire du cerveau & des nerfs feroit- elle le vifcère dans lequel fe forme ce fluide précieux ? La digeftion fe fait mal lorfqu’on réfléchit où médire beaucoup en digérant ; les gens ftupides s'engraiffent. Dans le moment de la digeftion, l'énergie du cerveau elt affoi- blie; les mufcles même font moins forts, & il y a du froid de produit dans les extrémités. Tous ces phénomènes ne font-ils pas fondés dans l’exiftence d’un fluide qui, fe portant en grande abondance du cerveau & des extrémi- tés vers les nerfs abdominaux ( plexus cœliacus ), déprime l’énergie des premiers, en exalrant celle de l’eftomac & des vifcères ? Oifeaux. Ces animaux, qui abforbent le plus d’oxigène ( dont les organes refpira- toires font les plus parfaits), ont aufli plus de chaleur animale que les qua- drupèdes mammifères. Ils perdent très-rapidement l'irricabilité mufculaire , & le galvanifme n’agit fur eux que peu de minutes après leur moit. Phénomènes galvaniques que préfente l’organifation de l’homme. Eclair par la fympathie des nerfs nafo-ocuiaires & du maxillaire fupérieur. Lorfqu'on arme la langue de zinc, & l'anus d’une lame d’argent, l’on fent, au moment où ces deux méraux fe joignent au moyen d’un fil d’ar- chal, un goût acide, des éclairs devantles yeux, un mal-aife & des crampes 1 Mat tél et ft pNSS « , ET D'HISTOIRE NATURELLE. n dans le bas-ventre. Il y a des perfonnes que cette galvanifation a fait purger allez fortement. Cer effer eft du à l'irritation fym pathétique qui communique prefqu’à tout le fyftème nerveux. L'auteur a fait revenir en vie des oifeaux agonifans par cette même application des métaux hétérogènes. S Expériences qu’il a fait [ur lui-même en fe bleffant & écorchant pluficurs parties du corps. Les nerfs du dos étant mis à découvert par des cantharides , on vit rougir la lymphe (qui découle à l’ouverture de la plaie) en moins d’une feconde, paï l'iritation métallique. La nature de certe liqueur fut tellement changée, qu’elle laiffa des traces (ftries) rouges partout où elle coula. En $ —8 heures il fut impoflible de les effacer, en les lavant avec de l’eau, du lait ou de l'huile. Scarpa , célèbre profefleur à Pavie, doutant de la conftance de ce phénomène extraordinaire, Humboldt, à fon retour d'Italie, fe décida à répérer l'expérience encore une fois fur lui-même. Le fuccès fut le même. Le fluide galvanique , conduit à une diftance de 4—5 pieds à travers la bouche de plufeurs perfonnes , leur fit naitre à fon paffage les fenfations du goût acide & d’une lueur phofphorique; les mufcles du fouffrant gon- flèrent vifiblement; il eut des fecoufles très - fortes & douloureufes, & la lymphe roupit en colorant le dos partout où elle découla. On vient d’obferver les mêmes effets du galvanifme à l’hôpital de Leipfick, où il ne fe mani- fefta cepéndant point dans les individus, qui fouffroient d’un mal rhuma- tique. — On à cru long-temps que les mufcles, dont le mouvement eft in- volontaire , tels que le cœur & les vifcères, n'étoient point fufceptibles de lirritation mufculaire. Expériences qui prouvent le contraire. Le docteur Grapengielles arma le colon & cacum à un malade dont les boyaux étoient à découvert depuis un grand nombre d’années. Le mouvement périftalrique fur excité ; il augmenta même lorfqu'on humefta les fibres cir- culaires de ces vifcères avec la folution de poraffe étendue d’eau. Les contrac- tions du cœur changent de taét & renaiffent lorfqw’elles ont celfé par l'appli- cation des métaux hétérogènes. Le frère de l’auteur, GuillaumeVan-Humboldt (connu par fes travaux fur Pindare ) , a redoüblé les pulfations d’un cœur en ne galvanifant que les nerfs cardiacaux. Cette expérience étant faite fans tou- cher la fubftance du cœur , prouve évidemment que ce n’eft pas une irrita- tion mécanique qui ftimule les fibres mufculaires du cœur, & que les nerfs cardiacaux appartiennent à ces dernières, & non-feulement aux vaifleaux , comme le profeffeur Sommering crut le prouver contre Scarpa , dans la dif- fertation : Cor Mervis carere. Xe HS) EC THILO'EN: L'auteur ayant foigneufement féparé jufqu'ict le récit des faits & les idées hypothétiques ‘par lefquelles ces faits peuvent être rapportés à des caufes FAR T ENT NON 1 î 1 Te D PRET à A ER Le Les vu AR d + er 72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE | communes , il s'occupe dans cette dernière fection , de’ la théorie du mouye- ment mufculaire. Cette partie de fon ouvrage ( page 349—486) , quoique la plus intéreffante de toutes, ne fouffre point un extrait aufi déraillé que celui que nous avons donné des précédentes. 11 fuffic d'en expofer quelques vues générales. Théories de Galvani & Valli fur les éleëtricités hétérogènes de la fibre nerveufe & mufculaire. Les expériences où les métaux ne touchent que le nerf, renverfent ces théo- ries. ( Hypothèfe de Volta fur les courans éleitriques qui fe formen: par le contaët de trois fubftances hétérogènes ). L'auteur fait les plus grands éloges de l’ingénieux de certe hypothife, & de la fagacité de fon auteur ; mais il prouve qu'un grand nombre de fes découvertes (annoncées dans les quatre premières feŒions ) font en oppofition direéte avec la théorie du courant électrique. 11 paroît furprenant qu'une charge électrique affez forte pour donner une diver- gence de 4 lignes à l'électricité de Bennet , n’eft pas fufhifante pour exciter des mouvemens mufculaires, tandis que ces mèmes mouvemens doivent être attribués à un minimum d’élettricité, dont les duplicateurs les plus fins annoncent à peine l’exiftence. Humboldt croit qu'on connoïît encore trop peu le grand problème dont il s’agit pour en entreprendre la folution. Il avance cependant quelques idées hypothétiques que l’on peut réunir en forme de théorie. Les caufes du phénomène galvanique ne doivent pas être regardées comme trouvées, avant que l’on ne parvienne à expliquer avec la mème facilité, l'expérience la plus fimple ( celle fans excitateuts, en recourbant le nerf contre fon mufcle } & la plus compliquée ( celle du fouffle, où le métal hétérogène n’eft enduit que d’un côté d’un fluide évaporable ). — Le ton de la fibre mufculaire, ou fa denfité, paroït ètre déterminé par les affinités qu'exercent fes molécules les unes fur les autres. Tout ce qui fait changer ces affinités, change le ton de la fibre & Ja potion réciproque de ces molécules. La contractiôn mufculaire n’eft que le réfaltat ou l'effet d’un changement d'affinicés ; les plus petites parties du mufcle entrent plus intimement dans la fphère de leurs attractions mutuelles ou de l'électricité; ainfi que la com- binaifon du calorique avec les élémens, augmente fouvent leurs affinités , & les porte à fe combiner ; de mème le fluide galvanique paroît aufli rappro- cher, par une caufe analogue, les molécules de la fibre mufculaire, Dans l’érar de repos ( le nerf étant inféré dans le mufcle) , le fluide galvanique fe -met en balance dans les organes qui fe touchent. Le mouvement fpontané fe fait par une furcharge du nerf, 11 paroît que, dans le mème inftant que nous voulons faire tel ou tel mouvement, le fluide galvanique produit dans le cerveau , fe porte en malle vers la partie qui doit fe mouvoir. C’eit par cette accumulation que la fibre nerveufe fe trouve furchargée. Ii fe fait une décharge du nerf dans le mufcle , les molécules du dernier, animées par des affinités \ ET D'HISTOIRE NATURÈLLE, 73 affinités exhauflées, fe rapprochent; & cieft ce rapprochement qui préfente Je phénomène de la contraétion. Les élémens acidifiables dont la fibre muf- culaire eft compofée (l'azote, l'hydrogène, le phofphore , le carbon....), fe combinent entr'eux &avec l'oxigène des artères. Le mouvement mufcu- laire produit par conféquent de l'eau (la fueur), de l'acide carbonique, fouvent de l'acide nitrique, de l'oxide de phofphore , de l’ammoniac , de la foude….. Le fluide galvanique étant décompofé , ou rendu Zaréral par lacon- traction & les phénomènes chimiques qui l’accompagnent, les molécules du mufcle s'écarrent de nouveau, c'eft-à-dire, ils rentrent dans la fphère de leur attraction primitive. Si, dans des maladies de nerfs, le fluide galvanique fe porte (fans que nous le fachions) du cerveau dans les nerfs, ou d’un nerf dans l’autre, ou même fi, par une exaltation de la fibre fenfible, une partie dégage ( produit) une plus grande quantité de ce fluide que dans l’érat de fanté, alors les nerfs furchargés fe déchargent dans le mufcie, & excirent les phénomènes que nous appelons fpafines où convulfions. Souvent ces mêmes fpafmes Pi ae naître par la proximité de deux nerfs dont les acmofphères ititables ne s’attouchent que lors de l’exalration d’un de ces organes, Le fluide galvanique fe porte d’autant plus vers Îles extrémités, que les fonctions du cerveau ( la penfée. …) font affoiblies, C'eft pour cela que l’homme le plus fain a fouvent un mouvement convullif dans les jambes, au moment qu'il s'endort. C'elt pour cela que l’état de démence augmente fouvent les forces mufculaires. La même furcharge du nerf, qui excite le mouvement fpontané, eft produite par l'expérience galvani- ye, en mettant à découvert une partie du nerf; cette partie découverte e trouve ifolée dans l'air atmofphérique. Si la fibre nerveufe , enve- loppée de la chair mufculaire , prodint une quantité de fluide galva- nique égale à m, et que ce même "” eft dégagé par la partie qui eft en contact avec l'air , la première va perdre, à chaque inftant, de fa charge, fe trouvant cohérente avec les fubftances conduétrices; tandis que la dernière, entourée d’air atmofphérique , ne peut endurer la même. perte. C’eft par cette raifon que la charge d'une partiede nerffera=m—n, tandis que l’autre aura la charge = »: en repliant le bout du nerf furchargé contre le mufcle, il y aura donc une contadtion mufculaire. Voilà l'expérience galvanique la plus fimple, Si l’on abandonne le nerf à lui-même, fans le replier , la partie furchargée va fe mettre peu-à-peu en balance avec celle qui n’a que la charge m—n. Si ce rérabliffemenc de balance trouve des difficultés, il fe fait avec impétuoñté, & alors il excite ces contractions problématiques , que nous obfervons fouvent lorf- qu'une grenouille eft préparée par les nerfs fymparhétiques , & lorfque , fans la toucher , elle repofe fur une plaque ifolatrice. La furcharge occañonnée par le contact de l'air n'étant que très - foible, il ne faut pas s'étonner que l'expérience de recourber le nerf contre le mufcle ( fans mél, Tome IV, MESSIDOR an G«. K 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fans excitateur) ne produit de l'effet qu’au lu haut degré d’irritabilité. Cer effer va fe manifefter de nouveau lorfqu'on met un morceau de chair mufculaire en attouchement avec le mufcle & le ne:f Pourquoi cet arc agit-il comme excitateur ? Simplement parce qu'il s’oppofe au courant du fluide galvanique qui doit le pénétrer. Il y a un inftant où le fluide s’accumule dans l'arc, & c’eft en furmontant les difhcultés , en rompant la digue , que leffet eft augmenté. Nous voyons qu'une forte charge de la bouteille de Leyde, conduite par un fil-de-fer, n’eft point en état d'embrafer de la poudre à canon. Interrompez l'arc conduéteur par un mauvais conducteur (tel que le bois humide ), & dans l'inftant vous embrafez la poudre ; lors même que l’intenfité de l'éleétricité eft beaucoup plus foible. L'irritabilité du mufcle diminuant peu-à -peu, les fubftances animales ne fufifent plus pour produire des contraétions. Les entraves qu’elles oppofent au courant ne font pas affez fortes. Il faut des métaux pat lefquels le Auide galvanique , comme fluide animal , ne pale pas aufli facilement que par des morceaux de mufcles ou de nerfs. D’abord des métaux komogènes fuffifent pour exciter des contractions. La récep- rivité de l'animal étant plus anéantie , il faut des métaux hétérogènes, & d’autant plus hétérogènes, que le mufcle & le nerf feront affoiblis. Il eft probable que le fluide galvanique pañle plus aifément du zinc au zinc, que du zinc à l'argent. Lirritation augmente en raifon de la diffi- culté préfentée au paflage du courant. C’eft ainfi que l’on peut réduire fous un point de vue les expériences les plus fimples & les plus com- pliquées. L’auteur continue d'appliquer cette mème théorie dynamique au phénomène du fouffle. 11 prouve que fouvent il fe forme deux cou- rans, dont lun part du nerf, & l’autre du mufcle, & que l'effet’ fera modifié par la force réciproque de ces deux courans , qui tantôt fe balan- cent , tantôt s’entraînent. Il nous eft impoflible de fuivre dans cet extrait les nuances les plus fines de ces expériences. 11 fuflit de rappeler ce que Humboldt a découvert fur la différence des fluides galvaniques & éle&ri- ques. Si l’on compare foigneufement ce qu'ils ont d’analogues, on voit que cetre foi-difanre identité n’eft pas plus fondée que celle du magné- ufme & de la lumière. Il fe pourroit très-bien que le calorique , la lumière , l'électricité , le magnétifme & le fluide galvanique ( on n’ofe pas dire le fluide nerveux, car le mufcleen eft auffi chargé }, que tous ces fluides ne font que des modifications d’un feul élément inconnu; mais, en bonne phylique , nous n’ofons pas admettre des poffibilités fon- dées fur aucune obfervation directe. Les fubftances qui conduifent prefque le mieux l’éleétricité, ifolenc parfaitement le fluide galvanique , telles que la ffamme, la fumée, les os des animaux , le vacuum de Torricelli, & le verre incandefçanr, On n’ofe donc pas croire que tout ce que con- duifent les métaux & ifolent les fubftances rélineufes , foient pour cela de l'éleétricité, Au les expériences faites fur la langue & les yeux ne ET D'HISTOIRE NAT TR EDEN 75 prouvent aucunement que le fluide galvanique contient de l’oxigène ou de la lumière. Tout organe produit l'effet qui lui eft propre. Un coup dans l'œil nous fait voir des éclairs; l’éleétricité nous fait fentir un acide, non que nous fentions l’éleétricité même, mäis parce que lélectriairé produit un acide dans l’atmofphère qu’elle décompofe, & parce que nous fentons ce produit du milieu ( medium } dans lequel” nous nous trouvons. De même le fluide galvanique , en irritant-les organes dusgoût,, y ocça- fionñe de nouvelles combinaifons chimiques. Le phofphore, l'azote , l'hy- drogène , l’oxigène..... contenus-dans la fibre_irritables forment des acides, ou des alkalis, et nous ne gofcons quenous-mêmes , & non le uide galvanique qui ne fait qu'animer les affininités des élémens mufculaires. Recherches [ur les poiffons éleütriques Les éleétromèrres n’enfont pas affectés. L’éreincelle ne s'y montre que très-rarement, &- dans les fecouffes les plus fortes il n'y a aucune lueur. L'auteur ne doute pas que les phénomènes de la raja torpeda, du gymnotus electricus , du crichiurus indicus & du cetrodon peterfonii appar- tiennent en grande partie au galvanifme. La capacité des méraux pour le calorique ; leur charge électrique , leur contaét avec des fubitances hu- mides , l’évaporation, peut-être mème la décompofition d’eau, jouent un grand frôle dans les irritations mufculaires. L'auteur raflemb le un grand nombre de faits qui femblent influer dans les phénomènes galvaniques. Nous ne citons que deux découvertes, qui paroïflent mériter la plus grânde attention ‘des phyficiens. Scherer, à Vienne , le même qui a publié un excellent traité fur l’eudiomérrie , vit , à l'hôpital, ceffer des convulfons , dans le moment qu'il toucha les mufcles avec une lame de fer. L'approche ou le contaét d’un autre métal froid ou chaud; tel que le zinc, le cuivre, l'étain ... ne fit aucun effer. Humboldt prouve ( l’expé- rience a été répétée avec fuccès fous les yeux de Vauquelin ) qu'une lame de zinc étant mife en contact avec une lame d'argent humeétée, il fe forme en moins de 20 minutes une couche vifible d’oxide de zinc autour de cette lame. Metrez le zinc fur du zinc humecté, où une lame de verre entre les deux métaux , et l'oxidation ( produite par une décompofition d’eau) ne fe manifefte qu'après plufeurs heures. Dans un intervalle de 20 heures , la quantité d’oxide formée fur l'argent eft à celle formée fur le verre, comme 3 : r , quelquefois comme $ : 1. Il y à des cas où l'argent mème s'oxide fortement par le contaét avec le zinc , & alors les parties oxidées (ce qui eft très -remarquable) ne fe montrent, ni fous le zinc, ni fous l’oxide de zinc, mais là où la marge du dernier finit, Toutes ces oxidations font les plus fortes entre les métaux dont l’hété- rogénité agit le plus efficacement dans les phénomènes du galvanifme. Elle nous annonce une action dans les métaux , dont nous connoïflons l'effet fans en deviner la caufe. K2! 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, Par BouvARD , astronome, RU Sen ee Dé Anr Aus ee Un de QU A «Argens se “à jé nv it; cé OUT gi jt reine ce «|, à Jours! THERMOMÈTRE. BAROMÈTRE. CU PR RS Mois.|MaAxiMuM.|MiNiIMUmM.| Minor. ÎMAxIMUM.|MINIMUM. 28, 2,om.| 28, 1,9m. TE 2 ue hur2s,211283 451 28, 3,5 3 | + + 11,60 28, 3,9 21851334: 4% | te + 15,0) 28, 2,9 20,02,7 s = 18, 2,0 26,252 ANR + 165:4) 25, 1,2 28,10,4 7 | + + 16,7] 25, 0,f 25, o,2 8:17 + 5,6] 28, o.$ 275L1,S Jr + 13,0) 27,10,1 275 9,$ 10 + = 14,6% 27,10,9 S.|,27,10,0m, nn | ae + 15,4] 27,11,4m.| 27,10,9 5, 12 + + 16,6 27,10,3 27» 9,4 27:10, 1 13 —+ œU 16,0 27; 955 275 9,41M.127; 9:4 14 sie 16,6) 28, 0,3 s.| :27,10,z DS NERZ L$ De + 16,1 28, 2,6 2830157 Aûy 251 16. | + 16,3) 28, 3,3 28, 3,0 |28, 3,3 17 ue + 18,2 285532 m 285308 2808 UT 18 = — 22,0). 28, 2,4 28, 1,8 280222 19 me + 2457112819 s. | 28, 1,4 218,11,9 200 + 6,41:28, 3,2 28, 232 HÉDALE TES 2L a 16,84 25, 2,om,| 28, 1,8 28, 1,9 HAE 16,41 28,:2,3 28, 1,9 2831253 2 ue 16,41 28, 2,0 28, 2,2 285 3234 À 24 | + 16,228 0257 28, 1,8 28; 2,0 Ü Pie 18,0) 28; 1,61is:| 28, 2,8m.|28,117 > CHAlME-LeuS 19:84 28,41,5ml/28, 0,3:s.128,. oo 272.114 |20,14127;10,0 2751050 10] 2751053 28 TE —+ 19,01. 27,10,2 472958 27,10,2 Ü 29 ÊLe — 16,627, 0,5 27, 938 27,100 | 30 —+ — 19,4f .27,10,3 27:10,$ 27:10,7 f | | IAE AL PRE EC ET D'HISTOIRE NATURELLE. 77 FAITES A L'OBSERVATOIRE NATIONAL, Prairial, an VI. VARITATIONS DIEM L ANT) M OS PH RUE Ciel couvert; pluie fine le matin ; nuageux le foir. Ciel nuageux ; très-grands vents. Même temps. * Ciel chargé de gros nuages & de vapeurs. Idem. Ciel nuageux & très-chargé de vapeurs. Brouillard le matin ; couvert par intervalles ; vap. Beau ciel Le m. nuag. vers midi, averfe afez forte le f.\ PI. affez forte avant e midi , & É f. univ. une heure Z. Ciel à demi-couvert toute la journée. Ciel couvert &sbrumeux toute la matinée. PI. trè:-fine le m. ciel bas et couv. toute la ; journée. Couvert ; brouillard le matin. Ciel ordinaire couverts gtos nuages: Calme. | Ciel couvert: : quelques Fe le foir. Calme, | Ciel nuageux par intervalles, & chargé de vapeurs. À Nord, Îdem. Nord. Ciel chargé de v apeurs ; quelques pet. nuag. le f. Nord. | Beau ciel - avec vap. le jour; éclairs vers 9 h. ‘du foir, Nord. | Ciel couvert les trois quaïts de la journée ; ciel vap Nord. | Même temps. 4 Nord. | Ciel à demi-couvert avant midi; affez beau le foir. Nord, Ciel nuageux & beaucoup de vapeurs. Nord. | Idem. Nord. | Même temps. Nord. Quelques petirs nuages ; beaucoup de He l NE. || Quelques éclairs par intervalles avant midi. Calme. | Couv. ne la De quelques coups _ ronn, le r] N-O | Br. conit. le m. & à demi-couv *averfe & tonn.i Ouef. Ciel à demi- couvert le matin; gros nuages VE foir. | | A 78 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RÉCAPITULATION, Plus grande élévation de mercure. 4... MAC. D u8 41/02 Moindre élévation) de mercure... #22. een 027:9,40le ra ElRaAHON RO TENRnE AA re debbiecpece bien 21703 Plus grand degré de chalenrst: NT 0 NS :.... + l2ss4 le 10 Moindre "degré .de chaleurs... Rene PR dl —@ Chaleur: moyenne... Gode e SadDonboee 4 9,8 Némbrewdes jaurs' dé bésut tee. t0 04h. 21 dé TCOnVErt Teen re ere ES LC) SORTE Oo RME ET DRE Hu OS AA EN EE | ÉNUAZT de grele- sen dre hhe Lise RUFG de tonne ere TES ere elle de brouillard. ..,..... RRÈ ES Mae 4 SES CENRONOINAN RTE far NO) LebventA loue ANTENNES NEC REUTERS 20 fais. M, essai sis Lodel eds Le ee 20 Res à 2 D TR AT Ent NES Re ee PEINE Ce * , 5 SORA SP AT ELA tr RER OMR rellrte als ER bei Pt AN LOL PANETS EU ARE ERA SPL MERE Abo naar Quantité de pluie tombée 05933 Température du mois : chaude et extrèmement sèche & tres-venteufe. ETOD HIS MOMR'E PNANTRUCR'E’L"'L'E. NOTE Sur la glucine (x) , ou terre naturelle, retirée de l’aiguemarine, ou béril, & de l’émeraude ; Par SVP AQULOMENE LIN. Me habile chimifte prit 100 parties de beril réduites en poudre fine , qu'il fit fondre avec 300 parties de potafle cauftique. La malle refroidie a été délayée dans l'eau, & traitée par l'acide muriatique. La diffolurion de la matière a été complerte. La matière évaporée fur prife en'gelée, qui a été délayée dans l'eau. Une partie a été diffoute ; il eft refté une poudre blanche grenue , pefant 69 parues : c'étoit de la filice. La matière a été traitée avec l’alkali cauftique, qui en à diffout la plus grande partie. Il eft refté 9 parties non difloutes, qui étoient d’une couleur brune grifacre : c’eft la nouvelle terre. 12 parties de certe nouvelle terre, mifes avec l'acide fulfurique, s’y fonc diffoutes complétement avec effervefcence, La diffolution avoit une faveur fucrée au commencement, & aftringente à la fin. La diffolution , abandon- née jufqu'au lendemain, donna des criftaux très-folides , & fucrés comme la diffolution. 11 n’a pu en déterminer la forme. Cette terre fe diflout dans l'acide nitrique. La liquear évaporée fe prend en une efpèce de pâte duétile qui, lorfqu’elle eft expofée à l'air , en attire puifamment l'humidité, Sa faveur eft très-fucrée d’abord, & enfuire af- tringente. Tableau des proprièrés générales de la nouvelle terre, ou glucine. 1. Blanche. 2. Infpide. 3. Infoluble. 4. Happant à la lonoue. s. Infufble. 6. Soluble dans les alkalis fixes. 7. Infoluble dans l’'ammoniac. 8. Soluble dans le carbonate d’ammoniac. — (1) Cyows, glucos , doux, en, vin doux, d'où eft dérivé le nom de glucire , parce que cerce terie combinée avec les acides donne des fels doux & fucrés, so L JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 9. Suluble dans prefque tous les acides, excepté le carbonique , le phofphorique, & formant avec eux des fels fucrés. 10. Fulble dans le borax, & formant avec lui un vèrre tranfparent, 11. Abforbant +de fon poids d'acide carbonique, 12. Décompofant les fels lumineux. 13 Non précipitée par les hydrofulfures bien faturés. Caraëtères fpécifiques de la glucine. r. Sels fucrés & léoèrement aftringens. 2. Très-foluble dans l'acide fulfurique en excès. 3. Décompofant les fels lumineux. . 4. Soluble dans le caibonate d'ammoniac. s- Complétement précipitée de fes diffolutions par i’ammoniac. 6 Son afhnité pour les acides tient lé milieu entre la magnélie & l’'alumine. Le béril a donné à Vauquelin, Silice sr 2 a SE AS ARASUUEN 69 Glucines sa Mn LOC RES 16.33 Alumine NCAA ER ECNRANC ARTE 13 Cha IS SR ae AA 0.3 Oxides derersctee Ai RER IENRNER és dhalr L'émeraude lui a donné, Scene rte chier «+ 64.60 Alumni ER ER EeTElE 14 Glucine- recette Ro de 0 D Ne 13 (ONE AMEN Seb o0ec been nc 2.56 Oxidedenchromess. tie. cum see 3-50 Humidité ou autre matière volatile. ..... 2 AN LACL- YUSPE DU'PYMROXENE:OU:VMOILCÆAN LTE: Par VOA UN UNE LATON: Pyroxène de Haüy. Volcanité de Delamétherie. Schorl des volcans, CouLeur, noire, ÉcLAT, 500, TRANSPARENCE ET D'HISTOIRE NATURELLE, 81 TRANSPARENCE, O. PESANTEUR , 3226$. Duret£,: 1600. ÉcecTRiciTÉ anéleétrique. FusisiziTé , 1000. Verre, noir bulleux. Cassure, lamelleufe. Moricures , rhomboïdales, ForME, prifme oétogone applati. Pyramide dièdre à faces hexagones. Angle fous lequel ces deux faces fe joignent au fommet, de 120. Il y a plufeurs variétés. Vauquelin a analyfe le pyroxène, & en a retiré , Silice 7 MP en SÉRRETATON PE es SAVIs 2h 00 Chaux Hs ESA Lo AC ES ME Alaminess#eituer PNR Pr 3:33 Mépnéhe nee entr AE MEN ; cr 10e) Oxide de fer. :22..10 ueabiev et Joué é Oxiderdemansanèfen 422061. Ralr 2.00 SE) Dore RC NA CGI 100.C0 SR nl + US en ei à à ogianie 2 À NOUVELLES LITTÉRAIRES. Flore Peruvianæ &\Chilenchis Prodromus. Madrid, 1794. Cet ouvrage, écrit en efpagnol & en latin , eft l’avant - coureur d’une Flore du Pérou & du Chili. Mais avant que d'entrer dans quelques détails fur l'ouvrage mème, j'extrairai de la préface un précis des travaux antérieurs des efpagnols pour la botanique, & de l'expédition à laquelle eft due cet ouvrage. Dès la plus haute antiquité, les efpagnols ont étudié les plantes. On remarque chez eux, Averrhoes ; Beitar, & Abu-Zachariam Jahiam, qui a écrit un livre fur l'agriculture, du temps des arabes, Depuis leur expulñon , une foule de botaniltes ont enrichi la-fcience , foit de colleétion de plantes, foit d'ouvrages. Minuatt, Ortega , Velée, Barnadès, Palau , ont été Tome 1W. MESSIDOR an 6. E / at 82 :JOURNAL DE PHYSIQUE , DE CHIMIE rendus célèbres par Linné, qui a donné leurs noms à quelques genres. Philippe 11 envoya des favans parcourir l'Efpagne ; & T°. Hernandès dans: l'Amérique, pour en examiner les productions. Sous Philippe IV , Reccho publia fon Zhe/aurus rerum Medicarum nova Hifpanie: Pislippe V établit un profeffeur de botanique à Séville, Ferdinand V1 érablir un jardin & deux profuileurs à Madrid, & 1l y appela le célèbre Lœfling ; difciple de Linné ; Charles II en érablit une à Carthagène;)il envoya Mutet, Cuellar , Seflé , Cervantes, Pineda, Haenke, viliter différentes parties de fes vaites états, Charles 1V établit des profefleurs de‘botanique à Valence, à Barcelone ; il protégea les voyages de Cavanittes & de Barnadès; il envoya Nava dans l'ifle de Ténétife.- Mais l’expédition la plus importante a été celle dont l’ou- vrage que j'extrais eft le fruir. D'après les confeils de don Galvez , le cèlèbre Dombey, auquel on adjoignit deux élèves efpagnols, Brunete & Galvez, comme peintres, parüt, pour l'Amérique, en 1787.11 arrivèrent à Caliao au printemps de»1788 , & allèrenrt d'abord à Lima. Ils font reftés onze ans dans ce pays, firiche en plantes, &. ont trouvé un grand nombre de végé- taux intéreffans: {ls les féchoient & les failoient defliner; maïs les accidens qui font fi-ordimaires dans ces longs voyages , ont détruit uné grande partie de leur'colléétion. Ainf, un vailleau envoyé en 1776, fir naufrage aux côtes du Portugal, & on y-perdit $ 3 caifles d'objets d’hittoire naturelle. En 1785, un incendie détruifit les manufcrits de leur voyage au Chili. [ls font revenus en 1798, ‘apportant 29 caifles de manufcrits, & 124 vafes de plantes, Ils avoient déjà envoyé 18 vafes & .5 86 deflins de plantes par un autre vaiffeau. C'eft à décrire les plantes découvertes dans ce grand voyage que cet ouvrage, rédigé par Pavon , eft deftiné. Ils ont trouvé 1 jo nouveaux genres de plantes , & ce Prodrome en donne les caractères génériques & eflenuels (ou diffé- rentiels, comme ils les appellent). Ces defcriptions font accompagnées de planches très - propres à en faciliter l'explication , par leur précifion & leur beauté, Les efpèces nouvelles qui feront décrites, vont à 2,400, & les planches à 1,800. Tous ces genres ont été déterminés fur le vivant, excepté 10, que le naufrage & l'incendie ont forcé à décrire d’après dés plantes fèches. On a fuivi pour l'ordre le fyftème de Linné. Je n'entre point dans le détail des beaux genres découverts dans le Nouveau-Monde ; ces détails ne font guères fufcepubles d'extraits. Les noms donnés à ces genres font prefque tous tirés de ceux des grands botaniftes. Cetre méthode de nommer les genres eft, comte on le fait , autorifée par le reftaurateur de la botanique, par Linné ; mais n'y a-til pas quelqu'inconvénient à donner ainfi des noms purement infiovifians? On auroit au moins dû, ce me femble, donner aüx genres le nom de leurs inventeurs, & non de‘botaniftes qui n’y ont aucun rapport: I eft vrai de dire que, par ce moyen, on donne à ces noms un certain intérêt, C’eft ainfi que , danisla Flore du Pérou & du Chili , on retrouve avec plaifir dés noms qui rappellent des travaux importans & utiles à la fcience; tels font ET D'HISTOIRE NATURELLE. 85 ceux donnés aux genres Humboltia, Desfontainia , Dombeya, Cavanille- fia, &c. &c. Entdeckungen uber die. Théorie des Klonges, c’eft-à-dire, Découverte fur la Thsorie des Sons , par Ernfe-Florens-Friedrick CHLADIN1 ,-doëeur en droit & en j'hilofophie à W'ittembers. Leipfick, x vol. in-4°. Cet ouvrage contient des expériences très-curieufes fur les lignes & les courbes régulières que produifent les frémiflemens des corps fonores. Pour les rendre plus fenfbles, l’auteur prend des difques de verre, qu'il couvre uniformément d’une couche légère de fable fin; il place ces difques fous des cordes dont il tire des fons. Le fable eft agité & forme différentes foures régulières , qui varient fuivant la nature & la force des fons. Ces figures k qu'il appelle réfonnantes, font compofées de lignes & de courbes fymé- triques. [1 détermine les points de repos qui répondent à ceux des inftrumens dans: les fons harmoniques ; 1l en fuit la correfpondance avec les tons qui en téfaltent, & propofe d’en déduire la théorie des fons. Ces expériences méritent bien l'attention des phyficiens , qui , fans doute, s'emprefleront de les répéter. Flora atlantica , five hiftoria plantarum que in atlante ; agro Tunerano 6" Algerienf creftunt. Auëlore RENATO DESFONTAINES, inflituré nationalis fcientiarum Gallie focio necnon in mufeo hiftorie naturalis Parifienfis ; botanices profeffore. C’eft à-dire : Flore atlantique , ou hifloire des plantes qui croiffent dans le Mont-Atlas & dans les cam- pages de Tunis & d’Alger ; par RFNÉ DESFONTAINES , yembre de l’inflicue notional de France ; & profeffenr de botanique, au mufeurm d’hifloire naturelle de Paris. Cetre Flore renferme la defcriprion d'environ feize cens efpèces de plantes, que l’auteur a obfervées fur les côtes de Barbarie, pendant les années 1783, 1784 & 178$. Dans le nombre il en eft plufieurs de communes à l’Europe, d’autres font peu connues ; il s’en trouve à-peu- près trois cens nouvelles, dont deux cens quarante ont été deffinées & gravées avec beaucoup de foin, par dés iartiftes habiles : Renouté , MarécHat & SELLIER: La première & feconde livraifon ont déjà paru, & la troifième pa- roîtra le 10 thermidor prochain. Cet ouvrage conuendra la defcription des plantes dela côte de Barbarie. ‘On connoiït les talens de l’auteur pour décrire, & fa fagacité pour obfer- ver. On peut donc êrre sûr qu'on aura à-peu-près toutes les plantes de ces contrées, 84 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, &c. . C'eft en fuivant cette méthode de donner la defcription des plantes de chaque pays, qu'on peut efpérer de parvenir à connoître la plus grande partie des plantes de notre globe. ERRATA. Page 58, ligne 21, 580 toiles, Afez so7 toifes. Page 58, ligne 23, 5806 toifes, Uifez $o7o toifes. el AU ET à ; % DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Mes ur l’atilité du Platine, de fon utilité dans les ares, &c. par Alexis Rocnow, Page 3 Analyfe de l’eau minérale acidule de Sul;bach, près de Colmar ,»par Charles BaArraozD, 16 Toife fait entre Melun & Lieufaint, de la bafe d’un trianole pour mefurer un arc du méridien, 20 Recherçhe fur la fource de la chaleur qu'excite le frottement ; par Benjamin RuMFOoRD, 24 Hifloire naturelle des poiffons , par LACÉPÈDE , Mémoire fur les variations de hauteurs & de température de l’Arve, par SAUSSURE, so Extrait d’une Lettre de JAQUIN fur Les propriétés des différens gaz , comme corps fonans, & fur d’autres objets, &e, s6 Vocabulaire des Mefures Républicaines, 58 Note fur un Aréomètre de HASSENFRATZ, : 63 De la Germination ; par VAN-Humsorpr, Ibid. Suite des expériences [ur l’irrication de la Fibre Nerveufe & Mufculaire , par Frédéric-Alexandre. Vax-Humsozpr , 65 Oljfervations météorologiques ; faites à lObfervatoire National , par Bouvaro, 76 Note fur la Glucine , ou Terre nouvelle retirée de l’Aiguemarine ou béril, & de l’émeraude, par VAUQUELIN, 79 Note fur Panalyfe du Pyroxène ou Volcanite, par VAUQUELIN , 80 Nouvelles Litréraires , gr = qu. ul Fig. 2. à, 5 [I Éd D: | = |} [a Ù À she | = 5 LT 4 | d À | Il l | il Ur) d Hu) Messidor an 6, ; RE a Ér Don ( ( ji D un ET : sil à à « ’ A NUS 2 NN ER Te CASE NES FA de de PRES 27: L A -e mt à : Mt RETENIR NT EF SE ct ee 9 0 [NE PR ER EPA Sp ——————— JOURNAL DE PHYSIQUE, | DE CHIMLE | | ET D'HISTOIRE NATURELLE. | THE R MI-D OR 'an 6: be MÉMOIRE Sur l’Aftronomie Nautique, & particulièrement fur l’utilité que ; P des méthodes graphiques Re le calcul de la longitude à la mer, par les diftances de lalune au foleil & aux étoiles; Par Alexis RocHo'w, Membre de la premiere claffe de l’Inflitut national de France, & dire&eur de l’Obfervatoire de la marine au port de Breft. Os homini fublime dedit | cœlumque tueri Juffic, & ercétos ad fidera tollere vultus. Ovin. METAM. /i6. I. fab, 15. Lu à l’Inflitut national de France, le 1°. ventôfe , an 6. | HAE nautique eft le vrai guide du navigateur. Cette fcience n’eft ni difficile ni étendue ; elle fe borne aux premiers élémens de l'aftro- nomie, & à la folurion de quelques triangles fphériques , qui donne aux marins , avec la précifion requife à la füreté de la navigation; Ja latitude , la longitude, l'heure & la variation de l'aiguille aimantée. Mais fi cetre fcience n'a pas de limites plus étendues, fi elle eft aufli circonfcrite dans fes ufages , elle n’en mérite pas moins, par fon utilité, de fixer l’atrenrion des favans ; aufli voyons-nous que des hommes , profondément verfés dans l'étude des fciences exadtes, n’ont pas dédaigné de s’en @ecuper : ils ont fait plus , ils ont cherché , par des méthodes indireétes & graphiques, à fe Tome 1. THERMI DOR an 6. M 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mettre à la portée du commun des navigateurs. Il eft fans doute affligeant de penfer que l’art de defcendre à la portée du commun des hommes ne foit pas fans quelques difficultés ; c’elt une crifte vérité que les favans du premier ordre ne fentent peut-être pas aufhi vivement que des hommes moins inftruits, J'ai cru reconnoïtre que des favans, juftement célèbres par l’éten- due de leurs connoiffances , n’avoient pas toujours été aufli utiles qu'ils euffent dû l’être, s'ils euffent mieux jugé, s'ils éuffent mieux connu l’in- fluence d’une éducation négligée fur la grande majorité des hommes. On pourroit dire plus; mais c'eft ici le cas de s'arrècér, & de montrer uni- quement que des hommes qui, dès la plus tendre enfance, ont appris à regarder des chimères comme des réalités , & à prendre des abfurdités pour des vérités, ont fouvenc befoin, dans les chofes qui leur font abfolument nécelaires , des moyens proportionnés à leurs foibles conceptions ; & pour me rapprocher du bat que je me propofe, je citérai pout exemple les efforts que Lalande a été forcé de faire récemment pour calmer la terreur occafion- née dans route l'étendue de la république ,:.par le grand éclat de Vénus , que l'on prenoit pour une comière qui préfageoit les plus terribles calamités, La célébrité de cet aftronome a à peine fuffi, non pour éteindre, mais pour calmer les ficheufes impreflions que l'apparition de cette planète avoit cau- fées. Tout autre, peut-être, y auroit échoué , rant les chofes tiennent à la renommée. C’en eft aflez ; revenons à la fcience naurique. L'art du pilorage confifte à conduire un. vaifleau d’un port dans un autre, quelle que foit leur diftance refpective; la partie de l’art qui concerne l’en- trée & la fortie des ports, la navigation à la vue des côtes , la connoilfance des écueils & des mouillages,, ne font pas fufcepubles de précepres ; la perfection des cartes dans le détail, & la longue expérience des marins , font les feuls fecours: que: l'on ait en ce genre. : li n’en eft pas de même de la navigation en pleine mer : une fois la poñtion refpective des différens lieux déterminée, ou par l’eftime répérée des voyageurs, ou; Imieux encore , par des obfervations aftronomiques , on faura la quautité de chemin qu'il faudra faire pour fe rendre dans un lien donné, & en mème temps la direétion qu'il faudra fuivre. Les pilotes me- farent le chemin que l’on a fait parle lock; la bouffole, corrigée de la variation, lear indique la direétion qu'ils doivent prendre; ilne leur'refte donc plus qu’à rapporter fur les-cartes marines le réileat de ces deux opéra- tions, pour en déduire lx pofition du lieu où ils devroient être, fi ces opé- rations étoient fufcepubles de précifion, & fi les courans n’en augmentoïent pas l'incertitude. Mais conime ce tranfport de la route für: la carte demande & exige des répétitions trop fréquentes; vu l'inconftance des vents & la variété de la route quien eftune fuite, on à cherchésà fabftiruer une méthode plus commode : de le quartier de réduétion, au moyen duquel on dé- compofe la route du vaiffeau dans le fens de la longitude & dans celui de ET D'HISTOIRE NATURELLE. , 87 la latitude. Cet infrument, qui donne la folurion de, tous les ttiangles rec- angles, eft tellement ufté dans la marine, que l’on ne fauroit rendre un - plus grand fervice que d’en étendre les applications & l’ufage , & de le faite fervir aux problèmes les plus difficiles de l'aftronomie nautique; c’eft là Le but que je me fuis propofé, & l’Infliut jngera fi mes eflais ont eu quel- ques fuccès. Je fais bien que l'on peut faire les opérations que je viens d'indiquer par le calcul ; mais lorfque le navigateur ne connoït pas les principes des tri- gonométries rectilignes & fphériques , les tabies des logarithmes & des finus ne font plus dans fes mains qu’une efpèce de méthode graphique; & pourquoi chercher à le priver d'un inftrument qui fufhc à fes befoins, & dont l'ufage lui eft fi familier ? Que ceux qui cherchent à changer trop fubitement les habitudes des hommes, les connoiïffent peu ! Je fuis forcé de le dire pour la füreté de la navigation & le falur du navigateur , il eft de la plus haute importance de leur perméttre d'employer les anciennes mefures, jufqu’au temps où ils feront aflez familiarifés avec les nouvelles, pour qu'il n’y eût point à craindre erreur & confufñon. Quel reproche n’au- rois-je pas à me faire, fi je n’avois pas le courage d’avertir d’un danger aufli imminent? Du moins il eft tel à mes yeux, & je delire que des hommes plus claitvoyans me démontrent que je fuis dans l'erceur N’avons-nous pas vu de nos jours Ja fréate La Mzdufe., capitaine Tanoëarn, s'égarer dans la mer des Indes, de la manière la plus érange, parce que le pilote avoit ajouté la déclinaifon au lieu de la fouftraire , ou lavoir fouftraite au lieu de l’ajouter ? Ce bâtiment fe trouva, en 1787, près de l’entrée de là Mer Rouge, fe croyant peu éloigné de l’Ifle-de-France. Ce fut l'appari- tion de l’étoile du nord qui démontra, avec la dernière évidence , que ce vaifleau étoit dans le nord au lieu d’être dans le fud de la ligne. À cette époque , le capitaine Tanouarn étoit très - dangereufement malade, & on ne peut , fans injuftice, lui imputer cette dangereufe & étonnante erreur. Le navigateur n'y feroit pas expofé, fi Lalande, qui rédige la connoïffance des mouvemens céleftes, vouloic déformais donner la diftance du foleil au pole , au lieu de fa déclinaifon. J'ai dit que les opérations qui fe font faites jufqu’à ce jour par lequattier de réduétion, n'étoient qu'un fimple corollaire des folutions que l’on obtient par la trigonométrie reétiligne des triangles rectangles ; mais quoique le calcul foit plus rigoureux dans tous les cas que la folution donnée par cet inftrument, il eft évident que les inexactitudes attachées au lock & à la bouflole, rendent le degré de précifion que l’on obtient par la trigonométrie , ab- folument inuule. : Quelques mécaniciens ont cherché à perfectionner le lock; ils n’ont fait qu'imiter plus ou moins parfaitement l’efpèce de balance propre à mefurer l'impulfon qui a été décrite par Bouguer, fans fonger que le remoux du M > 88 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vaiffeau fait éprouver dé grandes variations aux corps qui en font plongés trop près. C’eft cette confdération qui engage à préférer dans la marine le lock ordinaire, & celui à forme conique de Bouguer , à tous ceux qui ont été propofés depuis ce célèbre académicien. D'ailleurs, les courans & la variation de la bouflole, rendent toujours l’eftimie incertaine ; & ce feroic peu connoïtre les befoins de la navigation , que de fe perfuader que le perfectionnement de cet inftrument importe à fa füreté. C’eft l’aftronomie nautique qui péut feule fervir de guide affuré au navigateur ; c’eft elle feule qui redrelfe en même temps les erreurs inévitables du lock, de la bouf- fole, des dérives & des déviarions que l’on éprouve par les courans. La connoiffance exacte de la latitude eft ftriétement ce qu'il faut au navigateur; il ne peut pas fe pañlèr de cette connoiffince ; & c’eft l'oblervetion méri- dienne des aftres, dont il connoît la déeliaaifon, qui la lui procure. Je ‘vais entrer, à ce fujet, dans quélqués détails qui peuvent être fuperflus pour linftitue, maïs qui ne le feront pas pour lés matins. Lorfque, par la hauteur méridienne d'un aftre dont la déclinaifon eft donnée, les marins prennent le plus ordinairement le foleil, le pilote a reconnu que le vaiffeau étoit par la latitude obfervée du port où il lai importe d'aborder, alors il fe croit auré de trouver ce port en dirigeant fa routè vers l2ft ou vers l’ouelt, en fe maintenant en latitude, de manière que la terre q il rencontréra ne puille être éloignee que de quelques minures, afin d'é- virer toute méprife fur le vrai lieu où il lui importe de fe rendre, Mais tout navigateur prudent a grand foin, avant de fe mettre en latitude, de fuppofer qu'il peut avoir une grande erreur en longitade, & cetre incertitude s'élève felon les parages qu'il a à traverfer, & la longueur de la route, jufqu’a cent myriamètres & plus (250 lieues). Dès qu'il fort du port, 1l prend fes dif- pofñtions en conféquence , pour être à cent myriamètres!, plus où moins, au vent du lieu de l’atterrage. Cependant , malgré la fimplicité de cette opération, malgré la facilité de cette manœuvre, nous avons encore vu de nos jours des vai{feaux man- quér leur miflion ; & les exemples en font allez fréquens , affez nombreux , pour qu'il ne foit pas poffible d’en faire ici l'énumération. D'ailleurs, nous ne nous! occuperons point de la latitude; tous lés livres élémentaires de la navigation entrent fur ce fujet dans des détails qui ne nous permettent pas d'en entreténir plus lons-temps l’Inftitut. 11 eft cependant une queftion qui a été le fujer d’un prix fondé par le célèbre Raynal. L’académmie des fciences propofa en 1791, d’après le confentement du fondateur , la aueftion fui- vante : Déterminer à la mer la latitude, par une méthode färe , à la portée du commun des navigateurs, & qui ne fuppofe pas l’obfervation immédiate de la hauteur méridienné de l’aftre. Ce prix ne fut pas adjugé, parce que l'académie des fcfences fut diffoute à cette époque; mais nous penfons que Maingon , lieurénänt de vaiffeau, ET D'HISTOIRE NATURELLE ©‘ ‘S9 lauroit remporté, d’après le mémoire & la carte imprimée qu'il a publié à ce fujer. Nous connoïflons , depuis 1771, la méthode de Dowes, & nous convenons qu'il a cherché à rendre à la marine un fervice effentiel; mais, nous le répétons, celle de Maingon eft plus à portée du commun des na- vigateurs, & par conféquent beaucoup plus utile. Quoi qu'il en foit, l'obfervation de la latitude par la hauteur méridienne des aftres, exige fi peu de précifion , que, dans notre jeunefle, nous avons vu les pilotes fe fervir de l’arbaleftrille & du quart nonante pour prendre hauteur; à peine faifoit-on ufage de l’oétant de Hadley. Ce n’eft que depuis qu'on a entrepris de procurer au navigateur la longitude par les diftances apparentes de la lune au foleil, ou à une étoile, qu'on s’eft encore occupé de perfectionner cet ingénieux & utile inftrument. La méthode des ‘diftances de la lune au foleil, ou à une étoile, fur d’abord propofée par Kleper , & enfuire adoptée par Halley & la Caille, qui en firent ufage, ainfi que tous les aftronomes qui ont navigue depuis. Le dofteur Maskeline, envoyé à Sainte-Hélène en 1761, pour obferver le difque du foleil, ayant éprouvé cette méthode, le recommanda aux marins, dans un ouvrage imprimé à Londres en 1763, ayant pour titre: British mariners guide. Ce furen 1767 que je fis les premières épreuves de ce moyen de déterminer à la mer la longitude. J'étois embarqué fur le vaifleau l'Union , où le général Breugnon pafbit ambaffadeur à Maroc. Je fis dans ce voyage plufieurs obfervations d'éclipfes de fatellires de Jupiter , fur une chaife fufpendue comme la lampe de Cardan; ma lunette étoit armée d’un verre dépoli, qui me faifoit retrouver Jupiter avec célériré, Jorfque le timonier me le faifoit perdre par des ho/lophées où des arrivées. Jésjoignis à ce genre d’obfervations un aflez grand nombre d'ebfervarions de diftance, que je fus ‘forcé de calculer par des méthodes directes, & en cherchant le lieu de la luné par les tables de Mayer. Les règles de ce calcul, que j'ai donné en 1768 , dans un ouvrage imprimé à Bret, qui a pour titre : Opufcules Mathématiques , ne font ceitainement pas à la portée du commun des navivateurs. On la bien fenti, & on a donné depuis aux marins la diftance calculée de la lune au foleil & aux principales éroiles, de trois heures en trois heures. On trouve dans mes opufculés un mémoire que je préfentai à l’äcadémie en 1766, fur la théorie générale de tous les inftrumens qui peuvent fervir à la mer à la mefure des angles, depuis l’arbaleftiille jufqu'au fextanr; & ce qui peut fixer peut-être un mo- ment l’attention de l’Inftitur, c’eft que l’on y’trouve des’infttumens abfo- Jument inconnus, & que l’on voir avec quelle Aiciité les inftrüumens les plus différens fe déduifent les uns des autres. C’eft dans'ce mémoire que l'on reconnoit le premier ufage que j'ai fait des primes achromatiques pour la méfure des angles. L'on fait que j'ai donné depuis uné grande extenfion à ce travail, par la mefure précife des petits angles’,‘au moyen de 13 double 9o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ réfraction du criftal de roche. J'avoue franchement que je ne fongeois pas alors à la propriété du cercle dont Tobie Mayer & de Chaulnes firent depuis un ufage fi uule, le premier, dans fon cercle à mefurer les angles , & le fecond, dans fa machine à divifer. Le cercle de Mayer, paflant par les mains habiles de notre collègue Borda , eft devenu, au moyen de la difpoñion qu'il a donnée aux miroirs, & de l'efpèce d'obfervarion qu'il a imaginée , le plus parrait & le plus utile inf- rrunent pour la mefure précife des grands angles, tant fur terre que fur mer. Lunel peur re-pas, dans le feul cas d’une obfervation ifolée, le plus commode ; mais On eft bien afluré qu’à la mer, on peur prendre déformais des diftances exemptes d'erreurs fenfbles. 11 n’y à donc plus que les erreurs de tables à redouter, & lon fair que, par les travaux des géomètres & des aftronomes, ces erreurs ne penvent pas influer fenfiblement fur la fûüreré de la navigation. La conftruétion de ces favantes tables donne des droits à la reconnpiffance des nations, à Newton, aux Euler & Lagrange, à Tobie Mayer , d’Alembert, Clairaur & Laplace. On ne peut pas, fans ingratitude, pañler fous filence les nombreufes obfervations de notre collègue Lemonier , ce refpeétable patriarche de l’aftronomie , qui s’eft particulièrement attaché à redreffer les erreurs des tables de la lune , pendant le long cours d’une vie prefque toujours confacrée aux progrès de l'aftronomie & de la fcience nautique. Nous avons dit que la connoiffance de la latitude fuffifoit ftritement, où plutôt facilitoit, dans la plupart des cas, au navigateur les moyens de fe rendie d’un port dans un autre; mais nous n'avons pas fait voir les fervices . que la connoiffance de la longitude pouvoit lui rendre. On fent d'abord qu'elle peut & qu'elle doit abréger les traverfées, puifque dès-lors la route peuc être directe, au lieu d’èrre indireéte ; mais que de dangers n'évite-t-on pas lorfqu'on eft afluré du lieu où l’on eft, fur-tout en temps de guerre, où la crainte de fe perdre à la côte par les erreurs inévitables de l’eftime , oblige de faire peu de voiles la nuit, lorfqu’on fe croit près de l'arterrage ? Il eft encore des côtes qui font fenfiblement par la même latitude; telles font, par exemple, les côtes d’Efpagne , depuis Saint - Sébaftien jufqu'au cap Finifterre. Dans ce cas, la connoiffance de la latitude ne fufhit pas pour arriver au port où l’on veut jeter l'ancre; maisfi, par exemple, on a inté- rèt de fe rendre à l'Ifle-de-France, & que l'ennemi ait établi fa croifière au vent, entre Rodrigue & l’Ifle-de-France , comment y arrivera-t-on fans la connoïffance précife de la longitude, qui peut feule permettre d'attaquer l’'ifle à la bordée, où mème un peu fous le vent, avant de s'être mis en latiude ? Si l’on n’a point cette connoiffance, on eft pris par l'ennemi, ou bien on manquera l’ifle, du moins on en courra l'imminent danger. Je vais cirer quelques faits qui me font perfonnels; plufieurs navigateurs peuvent en produire d’autres non moins concluans : ils n’ont pas peu contribué, par ET D'HISTOIRE NATURELLE. 91 leur authenticité, à infpirer aux marins le defir d'acquérir ces falutaires connoiffances. Ces faits fe font pallés fur diférens bâtimens fur lefquels j'ai été embarqué, depuis 1768 jufqu’en 1774. Sur ia füre /2 Normande , nous avons gagné Rodrigue à l'air de vent; fur /’Heure du Berger, où j'érois employé pour fixer la pofition des ifles & écueils qui féparent la mer des Indes de la côte de Coromandel & de l'Ifle-de-France: C’eft aux obferva- tions de diftances que les deux corvettes, l’Heure du Berger & le Werd- Galant , durent leur falut, tant fur Ceylan que fur lesifles Adu & Candu, Ces ifles, ou plutôt ces écueils, font au nombre de douze, & font fitués par la latimde méridionale de cinq degrés fix minutes. Ces mêmes obfervations rendirent le mème fervice au D aiffeau le Villevaut , qui, du cap de Bonne- Efpérance , gagna , à l’air de vent, l’ifle de l’Afcenfion & les Açores ; une tempête affreufe , à la vue de ces ifles, nous fit arriver à l’atterrage de l'orient, dans l'état le plus déplorable ; & au moment où l'on alloit fonder , nous recümes , au voifinage de la Roche-la-Chapelle , un coup de mer effroyable. Notre vaifleau fut un moment engagé; il fallut que le capitaine Maugendre prit fur-le-champ le parti de fe réfugier à la Corogne, les vents étant au nord-eft, & le vaifleau coulant'bas are Le moindre retard dans la route nous expofoit à un naufrage ; il falloit attaquer la rade de la Corozne par l'air de vent : des obfervations multipliées nous rendirent ce fignalé fervice, fur une côte où la feule connoiffance de la latitude eft infuffifante , parce que la côte fe prolônge de l’eft à l’oueft. IL eft un autre fait qui n’eft pas moins concluant, & dont le vice- amital Rofily, officier très-inftruit , a une parfaite connoiffance. Nous étions embarqués l’un & l’autre fur le vaifleau le Berryer , commandé par: le contre-amiral Kerouelen. Le vaifleau éprouva , depuisle Cap de Bonne - Efpérance jufqu'au parage des vents généraux , une erreur de cent trente lieues de fon eftime : s'il s’éroit mis en latitude, il tomboit fous le vent des Ifles-de-France & de la Réunion ; & fans la variation de l'aiguille aimantée , qui, dans ces parages, indique affez.bien Ja longitude , il: auroit pu fe perdre fur: Madasafcar ; mais les obfervations de diftance dela lune au foleil , auxquelles le capitaine Kerguelen n’ajou- toit pas une’ grande confiance , le forcèrent cependant d'abandonner , en virant de bord:; le parage des vents généraux , pour chercher, avec des vents variables, à fe mettre au vent de l’ifle-de-France , & à gagner le port du nord-oueft de cette ifle à la bordée : cet ce qu'il obtint par mes obfervarions, & à l’aide d’une excellente horlog: marine de Ferdinand Berthoud , que les navigateurs doivent regarder coinme l’un de leurs plus zélés bienfaiteurs. Je me félicite d’avoir trouvé cette occañon de lui témoi- gner devant J'inftiut , donc il eft mémbre, le tribur d'éloges qui eft dû à fonizèle & à fes talens de la part de tous ceux qui s'intéreffear aux progrès. de la fcience naatique. Ici on doit faireune mention honorable e2 JOURNAL\DE PHYSIQUEL DE, CHIMIE des recherches du frère de notre collègue Leroy & de Louis Betthoud, dont les montres: iwarines fonc -des chef-d'œuvres. Je n'ai vien va, jeun’ai rien éprouvé de plus/patfaiique les dermers gardés-temps que Louis Berthoud vient deivrer à la marne: Tout ce qui a rappôrt aux horloges marines, tout ce qui concerne la: mamière de prendre l'heure: à la:mer & de la cal- couler’, fera safnplement ttaicé dans un mémoire féparé ; que je ne veux pas publier, Idans ce moment, ais qui le fera, lorfque j'aurai faivi pendant plus de temps la marche des gardes-temps qui font à Brett, & que Martin, élève de Ferdinand Berthoud répare dans ce moment. [left douloureux de pen- fec que desinftrumensaufli précieux, qui doivent être fi utiles à a: navigation &rautperfetionnement des cartes. hydrographiques, qui ont enfin coixé tant de peines & tant d'argent, aient êté totaleinent! abandonnés dans les ports; & qu'au départ de nôrre armée navale, pour l'expédition d’irlande, ikn°y air pas eu une feulé en état -de,rendre des fervices. Je dis plus : parce qu'ou a embarqué fur ct: efcadre l’horloge marine n°. 8, de Ferdinand Bérthoud , qui n’a été réparée que vingt-quatre heures avant le départ de l'armée, & une petite horloge marine , qui, par quelques frottemens dans l'échappement , s’arrêroir dans tous les tranfports. On a? conclu. que ces infttumens avoient été plus nuifibles qu'utiles pour la direction de la route de la frégate fur laquelle le général en chef étoit embarqué : une telle ‘dé- faveur eft bien nuilble aux arts & aux fciences ; elle ne. devroir pefer que far ceux qui devroient faire tenir en bon état des inttrumenÿli uules à la fanté de la navigation , & au perfeétionnement des cartes marines. Mais des tels accideus n'arriveront plus déformais dans le principal port de la république , le directoire exécutif & le miniftre de la marine , Pleville-le-Peley , qui eft ttès-forcement.difpofé à perfectionner un art où 1l s'eft diftingué, ont pris des mefures, pour faire renaître à Breft le goût de l'inftruétion , en ordon- nant qu'il foit élevé dans le moindre délai un obfervatoire, On a peine à concevoir, & les gens éclairés ne le conçoivent pas, qu'un port aulh important , que le principal arfenal des forces maritimes de la république , foit privé d’ua établiflement aufli néceflaire. Depuis plus de tente années le terrein pour élever cer édifice eft acquis par la marinè ; tous les matériaux font à pied d'œuvre ; la chiourme fournit des bras fans dépenfe & avec profufon; des bois de conftruction de rebut faffifent pour la charpente , & tous les aménagemens intérieurs & extérieurs : avec ces relources, peut-on fe figurer qu'on ait été de tour temps privé d’un lieu propre à vérifier les inftrumens deftinés à prendre les diftances, & les coimpas de route & de variations , enfin à connoître la marche des horloges marines ? Depuis le voyage à Breft du vice-amiral Truguet , alors miniftre, on a élevé, par fon ordre, un petit obfervatoire en bois , où l’on con:- mence déjà à faire des obfervations utiles à la navigation. Un habile profef- feur ,Lancelin, particulièrement connu de nos collègues Borda & Laplace , doit ET D'HISTOIRE NATURELLE. 93 doit ouvrir , ou a déjà ouvert , un cours d’aftronomie nautique : les officiers qui cherchent à s'inftruire y accourent avec zèle; & ils attendent avec impa- tience que le principal établiffement foit élevé , afin de fe procurer toutes les connoiffances que l’art du navigateur exige. Certes , la plus utile appli- cation de l’aftronomie , de cette fcience fublime qui enfeigne aux hommes à connoïtre les mouvemens des corps céleftes , eft de pouvoir diriger le na- vigateur dans fa route. 11 eft inutile que je cherche à pénétrer l’inftitut de cette vérité ; 1l en eft aufli convaincu que je puis l’être ; mais comme fes confeils font du plus grand poids, je le follicite en ce moment, au nom de l'humanité , au nom du falut du navigateur , au nom enfin de la marine entière , à engager le direétoire , et particulièrement la Reveillère- Lépaux, dont tous les foins , dont tous les vœux pour l'inftruétion pu- blique font fans celle dirigés vers les fciences utiles, de continuer à s’intéreffer au fuccès d’un érabliffement dont ils fentent bien vivement l’im- portance, puifque la vie des hommes, le falut-du navigateur en dé- pendent. L'on fait que Maingon, lieutenant de vaifleau, n’a fait fon quartier de réduction & fa carte trigonométrique , qui facilite la converlion de la diftance apparente en diftance vraie , que par l'accueil diftingué que Truguec lui fit à Breft, & par lewif intérèc que ce miniftre montra dès-lors aux progrès de l’aftronomie nautique. C’eft un hommage que je lui dois fous tous les rapports, & que je me plais à lui rendre. La réduction de la diftance apparente de la lune au foleil , ou à une étoile, eft l’opération fondamentale de la fcience des longitudes. Elle peut s’opérer par le calcul ou par des moyens graphiques. Nous allons exa- miner le moyen qui eft à préférer pour le commun des navigateurs. Le méridien eft un grand cercle de la fphère qui paffe par le pole & par de zénith. Tous les pays qui n’ont pas le mème méridien , diffèrent en longitude. Si on choifit l’obfervatoire de Paris pour premier méridien , alors on nommera longitude la différence qui fe trouve éntre le méri- dien de tout autre lieu & celui de l’obfervatoire. 11 fuit de là que la lon- gitude peut être orientale ou occidentale. Elle eft orientale lorfque le foleil pale au méridien de ce lieu plutôt qu’à Paris; elle eft occidentale lorfqu'il y pafle plus tard. Il ne peut donc y avoir plus de douze heures, ou cent quatre-vinot degrés entre l’obfervatoire de Paris & un lieu quelconque de la terre ; il fuit encore de cette même définition que tout phénomène , qui arrive & fe voit au même inftant dans toutes les parties du monde, fert à donner la longitude ; tels font les éclypfes de lune & des fatellites de Jupiter. Prenons pour exemple une éclipfe de lune. La connoiïffance des mou- vemens céleftes annonce le commencement d’une éclipfe de lune le 12 prairial an 6 pour 4 heures 36 minutes du foir, je ne la vois à la mer Tome IV. THERMIDOR an 6. N * ñ HUBEAM 94 JOUNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE A qu'une heure plus tard; d'où je conclus que js fuis à une heure ou à quinze degrés de longitude à l'occident de Paris, Si je me trouve au contraire dans un lieu où le commencement de cette éclipfe paroît une. heure plutôt qu’à Paris, il eft palpable qu'alors ma longitude fera encore d’une heure ou de quinze degiés à left du méridien de l'obfervatoire de Paris, Mais une éclipfe de lune n’eft occalionnée que parce que le corps opaque de la terre intercepte les rayons du foleil qui éclairent la lune; il faut donc alors que le foleil, la rerre & la lune foienr dans le même alignement. Ainfi la diftance angulaire de la lune au foleil, par rapport à la terre, eft dans ce cas de cent quatre-vingt degrés. On conçoit donc que fi la connoiffance des mouvemens célefles donnoit à tous les inftans, la diftance angulaire de la lune au foleil par rapport au méridien de l’obfer- vatoire, c'eft comme fi elle donnoit au navigateur une éclipfe-de lune à tous les momens pour lui indiquer la longitude. Mais on fenc auili que le navigateur eft alors forcé de prendre la diftance angulaire de la lune au foleil avec une grande exactitude , par un cercle à réflexion, fabriqué par Lenoir, dont l'inftitut connoit les talens , s'il veut fe diriger & fe conduire ‘sûrement dans les déferts dangereux du vafle Océan. La connoiffance des mouvemens céleftes ne donne, il eft vrai, que de trois heures en trois heures la difance angulaire de la lune au foleil ou à une étoile , car c’eft abfo- lument la méme chofe ; mais par une fimple proportion on a certe dif- tance pour tous les inftans ; il ne refte plus qu’une difhculté , & c’eft celle qui arrête les progrès de la fcience des longitudes; les aftres ne paroilfent a leur vraie place qu’au zénith , ainfi les diftances que l’on prend sont appa- rentes & non réelles ; c’elt cette réduction de diftances apparentes en dif- tances vraies qui fait ici la difculté. Ces déplacemens font occalonnés par l'effet de la parralaxe & celui de la réfraction. On a des tables commodes qui donnent cette correétion ; mais on doit reconnoître qu’alors le triangle fphérique eft changé. Le premier triangle eit formé par les verticaux des deux aftres & par leurs diftances apparentes. Or les trois côtés de ce triangle étant connus par l'obfervation, on a, par les premières règles de la trigo- nométrie, l'angle au zénith. Si on corrige donc la polition de chaque aftre dans fon vertical , de l’effer de la parallaxe & dela réfra@tion , on aura un nouveau triangle dont on connoït l'angle & les deux côtés adjacens ; & par les règles ordinaires de la trigonométrie on trouvera la diftance vraie de la lune au foleil. Telle eft la méthode que la trigonométrie fournit directement pour convertir en diftance vraie, la diftance apparente. Elle en fournit d’autres qui font d'un ufage plus commode , mais elles ne montrent pas au marin qui s’en fert, aufli nettement , le problème qu’on lui fair réfoudre. Nous ne. parlerons pas ici de ces méthodes indirectes; elles ont été traitées avec la plus grande généralité par Lévêque, auteur d’un bon ouvrage qui 2 pour vitre : Le Guide du Navigateur. On trouve dans la connoïflance des ET D'HISTOIRE NATURELLE. _ 9$ temps de l'an fix, l'extrait d’un excellent mémoire de ce favant hydrosraphe qui pour titre: Théorie des différentes methodes trigonometriques employées par les navigateurs pour rédurre la d'flance apparente des centres des aftres obfèrves à leur diflance vraie pour le calcul des lonpitudes , & expoftion de plufieurs autres methodes , toutes fondées fur la Même propriété des triangles Jphériques. Lévêque fe propofe encore, de donner une plus grande extenfon à ce travail, & certes , le navigateur inftruit ne peut pas avoir un guide plus habile & plus verfé dans tout ce qui a rapport à la fcience nautique. C'éft un hommage que les hommes qui s'intéreffent aux progrès de la fcience nautique lui doivent; mais moi qui ne cherche dans ce mémoire qu'à defcendre à la portée du commun des navigateurs , je dois renoncer à entretenir linftitut de tout ce qui peur préfenter quelques difficultés ou quelqu'embarras à des marins qui ne font pas initiés dans les premiers principes des fciences exactes È dois m'occuper de leur indiquer la mé- thode graphique la plus appropriée à leur befoin & la plus facile a appren- dre & à retenir. Ici il ne peut être queftion d’une méthode rigoureufe. Les tables de la lune n’en font pas d’ailleurs encore fufcepables ; enfin il faut qu'on le fache , & il importe de le dire, la connotffance de la longitude qui eft moindre que le tiers ou la moitié d’un degré , eft, finon inutile, du moins de peu d'importance au navigateur ; pourvu qu'il la con- noiïffe dans ces limites, il peut, avec une bonne latitude, naviguer avec _ rüreté. Notre collègue Lemonnier, qui a de tous les temps mis un grand prix à l'étude des méthodes graphiques, les plus appropriées aux befoins de la navigation, m'engagéa particulièrement de m'en occuper ; j'imaginai en confequence un inftrument qui donnoït la diftance vraie au lieu de la diftance apparente. Cet inftrument eft décrit dans un ouvrage qui a pour titre : Recherches fur la mécanique & la phylique. Cet ouvrage fut im- primé chez Barrois l'aîné en 1783, & l'inftrument fut exécuté par Lenoir, qui demeure au dépôr. Il fur deftiné pour le voyageur de La Peyroufe ; c'é- toient des prifmes acromatiques qui détruifoient dans le fens de la hauteur, Veffer de la parallaxe & de la réfraction. Leguin préfenta long - temps après , l’ingénieux compas à quatre branches avec un rapporteur & une méthode qui rend infenfibles les erreurs de la divifon ; cette favante mé- thode eft due à notre collègue Borda, qui en a donné la démonftration & l'ufage dans la connoiffance des temps; elle peut s'appliquer avec un égal fuccès à la majeure partie des méthodes graphiques. Il parut en 1790, à Londres, un volume de cartes qui renferme, fous un moindre volume , les grandes tables du favant doéteur Spheperd. Ces cartes font d'un attifte nommé Margettes , & elles font d’un ufage fi commode, que je cherchai, pour en diminuer le prix, avec un artifte habile & induf- N 2 96 JOURNAL DE PHYSIQUÉ, DÉ CHIMIE; wieux, Richer, de les faire: imprimer au lieu de les faire graver. Je fis à ce fujet une dépenfe affez confidérable en caractères d’un genre abfo- Jument inconnu dans l'imprimerie. Ce travail ne put pas être achevé, parce que je reçus les ordres de’ me rendre à Breft. Les cartes de Mar- gettes coûtent quatre à cinq guinées, & celles que je devois publier pou- voient fe donner au navigateur pour cinq francs. À cet époque l'académie des fciences voulut bien, fur l'expofé que j'eus l’henneur de lui faire, indiquer pour le prix de l’année 1790 , fondé par le célèbre Raynal, la queftion fuivante : Trouver pour la réduétion de la diflante apparente de deux aftres, en diflance vraie , une méthode füre & rigoureufe qui n’exige cependant dans la pratique, que des calculs fimples & à la portée du plus grand nombre des navigateurs, Je n’entrerai dans aucun détail fur l’inftrument de Richer, qui a rem- porté ce prix ; l'on fait qu'il eft fondé fur une méthode de notre collègue Lagrange, qui réduit en triangles reéilignes , les triangles fphériques. Des divifions inégales rendent cet inflrument d’une confiruétion difcile & d’un prix au-deffus des moyens du commun des navigateurs, & quoique j'aie contribué à la perfection de cet inftrument par des micromètres d’un genre nouveau, je fuis forcé d’avouer qu'il faut encore beaucoup d’adreife & d'intelligence pour en faire ufage. J'imaginai qu'un cercle brifé rem- pliroit mieux mes vues. Je fis conftruire par Gourdin, un cercle d’un pied de diamètre, brifé par le milieu & repréfentanc deux rapporteurs. Ce cercle brifé préfente tous les triangles fphériques formés par les com- plémens des hauteurs de la lune & du foleil, au-deflus de lhorifon , & un compas à verge , porté fur les extrémités des alhidades, donne la dif tance apparente, & indique par le procédé de Borda , la correttion qu’on doit faire à la diftance apparente pour obtenir la diftance vraie (1). J'étoisoccupé avec Demeuré,fartifte habile & intelligent, & chefdes ateliers des bouffoles, à Breft , de mettre cet inftrument à la portée des moyens pécu- niaires du commun des navigateurs , lorfque Maingon , lieutenant de vaifleau , me montra une carte trigonométrique, qui réduifoit en fept minutes la diftance apparente en diftance vraie avec beaucoup d’exatitude, Cetre carte eft fondée: fur une formule de la nature des formules difé- rentielles , car elle donne pour diftance vraie, la diftance apparente , plus ou moins, des quantités peu confidérables qui peuvent être repré- fentées par de grandes échelles. Cette utile formule fe déduit avec une extrême facilité, de la belle méthode générale de Lévèque, pour la converfion de la diftance apparente en diftance vraie. Ce que je dis ici (x) T'évêque m’a dit que le lord Cambell en avoit fait conftruite un femblable avec une grande perfcétion, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 97 n'affoiblit en aucune manière le mérire que Maingon à eu de donner le premier , une formule qui fournit une foule de méthodes graphiques, plus ou moins commodes, plus où moins appropriées aux befoins du navigateur, Tout ce qui fe fera déformais à ce fujet, ditigera fur lui les obligations dont la marine lui eft redevable (1). Parmi cette foule de méthodes graphiques que les formules différencielles procurent , je préfenterai à l’inftitut celle qui me femble le plus à la portée du commun des navigateurs. Je ne me fuis pas attaché à une précifion rigoureufe ;.j’en fens trop les inconvéniens & l'inutilité : j’ai donc conftruit deux cartes , qui ne font pas gravées , mais imprimées, comme celles que je projettois de de faire exécuter pour les cartes de Margettes. Ces deux cartes, que je défigne fous la dénomination de P & de p, font des fonc- tions de la parallaxe & de la réfraction. On eñ trouve la valeur lorfqu’on connoît Ja hauteur apparente de la lune , & fa parallaxe horifontale, Ces fonctions ne s'élèvent qu'à des minutes & des dixièmes de minutes ; elles fervent de rayon fur le quartier ordinaire de réduétion. 1 Pout trouver, par la carte P, le rayon qui fert avec l’arc de diftance apparente de la lune au foleil , à donner fur le quartier le cofinns de cette diftance en minutes & dixième de minutes. 2°. Le rayon qui eft donné par la feconde carte p , fert avec l’arc de la hauteur apparente du foleil ou de l'étoile, à connoître fur le même quartier la valeur du finus de cette hauteur en minutes & dixième de minutes ; on retranchera enfuite le fecond produit du premier, lorfque la diftance apparente n’excédera pas 90 degrés; car, dans le cas contraire, le cofinus de la diftance devient alors comme le fecond produit négatif, Il y a encore une petite correction à faire à ce premier réfulrat ; mais il m'a paru que cette correétion ne valoit pas la peine de conftruire une carte ; une fimple table fufhir pour cette fonction de la réfraction , qui fert aufi de rayon fur le quartier pour former le finus en minutes & dixième de minutes de la hauteur de la lune. Cette quantité eft toujours à ajouter au précédent ré- fultat. Le nombre qui réfulte de l’addition de la fouftraction de ces trois produits en minutes & dixième de minutes, repréfentera fur le quartier de réduétion le finus de Parc de la diftance apparente de la lune au foleil ou à l'étoile, & fervira par conféquent à faire connoître en minutes & dixième de minutes le rayon de cet arc. Or, ce rayon eft fenfiblement la correétion à faire à la diftance apparente pour la convertir en diftance vraie. Voici la table qui donne fur le quartier ordinaire de réduction, la fonétion de la réfraction qui fert de rayon à la hauteur de ia lune. (x) Pleville s’eft empreflé de l'appeler auprès de Jui pour faire graver fa carte au dépôr, \ 98 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Hauteur apparente du foleil Fon&tion de la -réfra&tion ou de l'étoile. en minutes & dixième. 5 G 7 9 10 D ee Ne Re CON Eole te RAD ENT. NO PS IAE TS . ONE NE DD Det netnis db: 5 0 DO ss AMAR Fasle le dets tetes La GT le ni et NN LIEN 2 AS AT EE ESA TEE 4 GR se MOTOS à EDS LION D RO ADO MO Da ne EU DS RAT LE MAIS aÿe Does s AE TT ES ES Joe PACA a ae AUD PE ,. - SON ee NP re METRE PA ARTE ie CAE AA AT DD ARCS SRE eV ele ae Lee de np ee PEN (fe ER LAVAL PONT Ce AB AR LAINE EM OMR CC TOR ONE Sub dub à Had Rata SI AE AE AU PM NUE ARC TO SRG EEE ut D ER EAP CS RSA Ue 29e Ie TE LA ea VUS OMAN Eee DNA Ra La NT DEN A AMSAEEN PEER RE RICE RENE I eg MAD AE AR LA Etes Ce PR a En A F3 FAR PAR E AE PÉFOENEMURE. TERRE EEE 4 v 4O orne esse neue bu v s Le] b Us Un NY co 9 9) O M D RQ NU LL Du mA ON p NI BR ww 00 a O ©. [ee] . ns no ss semmsse = GENRES OT PEAR AMAR SEE IAE O v un Préfentons à l’inftitut un exemple de-cette méthode, dont il fent cer- tainement déjà l’extrème fimplicité. Je le choifis dans mon ouvrage qui a pour titre : Recherches fur la mecanique € la phyfique. | Le 16 août 1771 , étant par la latitude fud de 22 degrés 1$ minutes, & par 83°14 , à l’orignt de Paris à 3 h. 22’ de temps vrai, j'ai trouvé, avec un excellent fextant de Ramfden , la diftance apparente des centres dela lune & du foleil de 79° 18! ; la hauteur apparente du centre de la lune éroit à cet inftant de 47°33 , & celle du foleil de 43°25”. La parallaxe horifontale ” _ W ET D'HISTOIRE NATURELLE. 99 de la lune étant de $8/, ma première carte P me donnera für-le-champ pour fonction de la parallaxe & de la réfraction 40/,5 , & celle de la fe- Éofde table p fera de 56! , 9 minutes. Enfin, par ‘la table que je viens de donner , la fonétion de la réfraction donnera , dans ce cas-ci,une minute & un dixième : ce font les trois rayons qui font néceffaires à l'opération. Ils donnent+ 9/ — 39! 1 —— 29/. C'eft Le finus de la diftance apparente qui a pour rayon 30’; ainfi la cor- rection fera , dans ce cas , de 30!, qu'il faudra retrancher de-79° 18’; ce qui fait pour la diftance vraie 78°48. Le calcul fait dans mon ouvrage par la méthode de Borda, ne s'écarte que d'environ un dixième de minutes du réfulrat obtenu par notre méthode graphique. J'ai pris devant linftitut une tâche bien pénible, celle de l’entrerenir fi long-temps des moyens de mettre des connoiffances, peu difhciles par elles-mêmes, à la portée des hommes les moins initiés dans l'étude des fciences exactes ; mais mon but fera rempli, s’il daigne prendre quelqu'in- térér à ce travail, qui a pour objer les progrès de la navigation & le falur du navigateur. NOTICE SUR UNE PIERRE DE VULPINO DANS LE BERGAMASC ; Par FLEUR1AU-BELLEVUE, Préfenrée au confeil des mines de la république françaife. U, genre de pierre employé dans les arts, qui fe préfente en volumes cofidérables, que je n’ai vu dans aucune collection , & qui femble avoir toujours demeuré confondu avec un autre genre, dont il diffère ellentielle- ment, me paroït fufceptible de mériter la plus grande’attention. J'ai cru, en conféquence, devoir en préfenter les échantillons, & indiquer ce que j'y ai apperçu de remarquable. La pierre dont il s’agit refflemble, au premier coup-d’æ&il, au marbre falin blanc & au blanc veiné de oris-bleu; maïs elle eft d'une toute autre nature que"le marbre. , | : Elle fe trouve à Vulpino.,-à quinze lieues au nord de Bergame. On l’em- ploye à Milan.à faire des tables &crdes revèremens de: cheminée ; elle y eft défignée fous le nom de marbre bardiglio de Bergame: C’eft à Milan que eo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMTE je la visen 1790, & que je la fis remarquer à quelques naturaliftes. Elle me préfenta deux variétés aflez diftinctes : j'ignore s'il en exifte davantage. J’eus le regret de ne pouvoir faire le voyage de Vulpino , OÙ la nature de cette pierre doit faire préfumer des circonftances géologiques dignes d'attention : je me borneraï donc à indiquer fes principaux caraétères, en invitant d'en faire faire l'analyfe ( 1). Caraëlères phyfiques: La pefanteur fpécifique eft de 28,685. La couleur de l’une de fes variétés eft d’un blanc crifâtre ; celle de l’autre eft veinée d'un gris bleuâtre nacré. Son a/peët annonce une fubitance homogène & d’un tiffa uniforme. Son volume paroïît confidérable ; j'en ai vu des blocs de fix à fept pieds de longueur, & j'ai appris qu’on en extrayoit de plus de dix pieds. Sa dureté approche de celle du fulfate de baryte , elle ne raye point le verre ni le marbre; elle eft fufceptible d'un beau poli, & s'emploie dans cet état. Sa caffure préfente une réunion de lames, ou de criftaux un peu rhom- boïdaux , prefque rectangles, d'environ une ligne de largeur , allongés & très-applatis. Cette pierre eft prefque feuillerce, quoique compaéte ; elle fe divife aifément felon la plus grande dimenfon des criftaux, & préfente des furfaces miroitantes dans tous les fens du rhomboïde, Elle ef£ cranfparente dans fes bords. Elle re happe point à la languet Elle eft froide & fèche au toucher. Par /a collifion , elle ne donne aucune lumière ; elle exhale feulement une légère odeur quartzeufe. Par /e choc de l’acier , elle ne donne point d’étincelle. Elle »’eff point eleëtrique par le frottement ni par la chaleur. Elle z’eft point attirable à l'aimant. Caraëtères chimiques. Projetée en poudre fur un fer rouge, elle donne une lueur phofphorique médiocre , plus forte & plus rouge dans la variété veinée que dans la blanche. Au feu du chalumeau, elle fond , avec une grande facilité, en une frite blanche , opaque, fans bulles, & qui s’affaifle fur elle-mème ; elle fait beaucoup d’effervefcence dans /e borax & Le fel microco/mique , & forme un verre diaphane avec le premier. (x) Le doëteur Bonvoifin à Turin , & Pelletier , après lui, m’avoient promis de faire cette analyfe.; je l'attendois pour faire mention de cette fubftance, Dans ME à 4 a ET D'HISTOIRE NATURELLE, 1o1 Dans les acides , elle ne fair aucune effervefcence, même avec le nitro- muriatique. — L'acide nitrique n’a pu en diffoudre , pendant vingt-quatre heures, que 0,10 à 0,21. La diffolution a donné, par la potaffe, un pré- cipité blanc. Projetée en poudre dans le nitre en fufion, elle ne lui à communiqué aucune couleur. Caraiteres diflinétifs. Entre cette pierre ; &, 1°. les marbres, les dolomies & le fpath perle : fa pefanteur fpécifique eft plus grande que la leur ; elle eft égale à celle de plufieurs bafaltes & pierre de corne. Cette pierre fe diftingue de toutes les pierres calcaires, en ce qu'elle n’eft point phofphorefcente par la collifion , ni effervefcenté & ditloluble en entier dans les acides; qu’elle fond feule au chalumeau, & fait effervefcence avec le borax & le fel microcofmique. 2°. La trémolite qui [eroit en malfe : la wémolite eft beaucoup plus pe- fante; elle eft phofphorefcente par le frottement, & fond en bouillannant. Ce ne peut être non plus ni une variété de fulfate de baryte, de feld-fpath, de fluor , ni de zéolite. Je crois donc que cette fubftance mérite d’être examinée, & que l’analyfe feule peut déterminer la place qu'il convient de lui afigner. ESSAIDE CETTE SUBSTANCE: Par VAuUQUuELIN, 1n/peéleur des mines. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. re parties de cette pierre, réduite en poudre impalpable, ont été mé- lées avec 400 parties de carbonate de potalle & 5,080 parties d’eau, On a fair bouillir ce mélange, pendantune heure , dans un vafe de verre, La liqueur filtrée , foumife à différentes épreuves, a préfenté tous les phénomènes appartenant au fulfate de potaffe. Le dépôt refté fur le filtre, bien lavé & féché, pefoit 74 grains. Ce dépôt, mis avec l'acide nitrique, s’eft, en grande partie, diffous , en produifant une vive effervefcence , & il. n’eft refté que 8 parties d’une poudre blanche , dure & craquante fous les dents. Fondue avec le borax , elle a donné une verre blanc, parfaitement tranf- parent. Cette fubftance eft donc de la filice. Tome IV. THERMIDOR an 6. O 105 : JOURNAL DE PHYSIQUE NDE CHIMIE La matière diffoute par l'acide nitrique , donnoit un précipité abondant par l'acide oxaïique, qu'on a aifément reconnu pour de loxalate de chaux. La didolution nitrique de certe matière, évaporée , a donné un fel d’une faveur crès-piquante & très-chaude , qui attiroit fortement l'humidité de l'air, & fe réduifoit bientôt en eau; enfin, il avoit toutes les propriétés du nitrate de chaux. TL VEUXNP HE RAT ENN ICE 2$ parties de la même pierre, réduite en poudre très-fine , ayant bouilli avec 2,000 parties d’eau, fe font prefqu'entièremenr difloutes ; il n’en eft refté que 2 à 3 parties, qui étoient de la filice. La diffolution a offert tous les phénomènes, par les réaétifs, d’une diffolution de fulfate de chaux. Ain, d’après ces deux expériences , cette pierre eft compofée , 1 HDenulfarerdechaux- certe NO PUDEUR CHAT EE Lao M ANEOE a fAnE 100 OBSERVATIONS MINÉRALOGIQUES SUR LE MËÈME OBJET; Par H À vu y. Gus fubftance, que Vauquelin a reconnue, d’après l’anaMe , pour être compofée de chaux fulfatée & de quartz, dans le rapport de 92 à 8, pré- fente quelques caractères qui lui font communs avec la chaux fulfatée, Si l’on ifole une des petites lames dont elle eft l’affemblage, on obferve que les bords de cette lame ont un afpect plus terne que fes grandes faces, comme dans la chaux fulfatée. Elle fe rapproche encore de celle-ci par fa calcination ; mais elle en diffère fenfblement par fa pefanteur fpécifique , que j'ai tron- vée de 2,8787, réfulrat un peu plus fort que celui de Fleuriau, qui eft 2,868$ , mais inférieur à celui de Volta, qui étoit de 2,88, ainfi que nous l'a dit Fleuriau. 1 Or ,-la pefanteur fpécifique de la chaux fulfatée de Lagny, qui eft la plus forte qu’ait obtenue Brion , abftraction faite des morceaux criftallifés téculièrement , n'eft que de 2,3108, & celle du quartz le plus pur n’eft que de 2,6530. En partant de ces données, j'ai cherché d’abord quelle ‘auroit dù être la pefanteur fpécifique.du mélange de ces deux fubitances , en - [pi 11 ET D'HISTOIRE NATURELLE, 163 fuppofant qu'il n’y eût aucune contraction ni dilatation de volume, & j'ai trouvé 2,343, quantité bien imférieure à la pefanteur fpécifique obfervée , qui étoit, comme nous l'avons dit, de 2,8787 (1). J'ai fait une feconde recherche pour comparer le volume du gy P£e con- fidéré féparément, avec celui des deux fubftances réunies, & j'ai trouvé que le premier étoit au fecond dans le rapport de 662101 à $77700; d’où il fuit que, non-feulement la préfence du quartz n'avoir point augmenté le volume du gypfe, mais que celui-ci s'étoit contracté Éare nl un hui- tième (2). On avoit déjà obfervé que LE l’alliage de certaines fubftances métal- liques, par exemple, de l’or & de l'argent, il fe faifoit pne forte de péné- tation, en forte que la pefanteur fpécifique des deux métaux alliés étoit plus rande que la fonme des pefanteurs fpécifiques des mêmes métaux pris tn ément ;- mais la pierre de Vulpino préfente un réfultat unique jafqu'ict, & très-remarquable en ce que, dans la réunion des deux fubftances qui la compofent, les molécules gypleufes, malgré l'interpolition de celles du quartz, fe font rapprochées plus intimement qu’elles ne l’auroient fait dans le cas où elles n’euflent été follicitées que par leur propre affinité. NS NT ON PARESE Sur un nouveau principe de la théorie du calorique ; Par P. F. | LARMES un phénomène, qui devroit rentrer dans quelqu’ un des principes qui conftituent une théorie , s’en écarte tellement, quon ne voit pas le moyen de l’y réduire, on croit la théorie fautive, fans être faufle, & on penfe qu’il faudra y ajouter quelque nouveau principe. Mais lorfque le phéno- mène, non-feulement eft irréduétiblé, mais encore contraire au principe, on eft forcé de croire celui-ci hypothétique , ou du moins trop général. Ce (x) Si l’on applique ici la formule 2271) Er > que nous avons donnée dans le n°, XXX du Journal”des Mines , pag. 470, on Fe c2,3108,0—72 ,6530 , d=2,f— 23. (2) Soit W le volume du gypfe confidéré féparément , U celui de mélange des deux fubftances, d'après la pefanteur fpécifique obfervée, & P cette même pefanteur fpécifique, on aura V: U:: Pf: c(d+f)c, d, férant les mêmes quantités que ci-deflus. O 2 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dernier eft le cas où femble fe trouver le principe le plus important de la théorie du calorique, quand on obferve qu'il y a du dégagement de calo- rique pendant l’explofion de la poudre à canon , tandis que les élémens de certe fubftance paient de l’état de folidité où ils s’y trouvoient, à l’état gazeux. L'immortel Lavoifier a fuppofé que l'acide azotique (1), en fe fixant dans fa combinaifon avec la potaile , retient la plus grande partie du calorique qu’il avoit dans l’état de gaz ; mais outre que rien ne nous auto- rife à certe aflertion, que ce phénomène même qu'il s’agit d'expliquer, la théorie n’en fouffre pas moins d'atteinte, 1l eft toujours vrai qu'il y a déga- gement de calorique pendant que ces fubftances- la pailent de l’état de {olides à l’érar gazeux. Quoi qu’il en foit de la quantité du calorique qu’elles retenoient dans l'état de folidité, elles doivent reprendre , d’après la théorie, la quantité de calorique, petite ou grande, qu’elles ont perdu en fe folidi- fiant, & cependant elles en lâchent. Or, fi, pour’ la feule gazification de l'acide azotique, il y doit avoir de l’abforprion de calorique, à plus forte raifon on doit s'attendre à lobferver , fi l’on réfléchit que, pendant l’explo- fion , cet acide fe réfout dans fes élémens , qui demandent encore pour être gazifés, le calorique qu'ils ont perdu en fe réuniffant pour former l'acide azotique. Ces réflexions, & bien d’autres, ne manquèrent pas de frapper l'efprit clairvoyant qui régénéra la chimie ; mais entraîné par fon fujet, qui le menoit ailleurs, 1l n'eut pas le temps de mettre à l'épreuve fon apperçu. Cependant , toujours fidèle à fa jufteife, aufli modefte que favant , il ne la donné que pour une fuppoñtion. La réferve avec laquelle ce grand homme expofe la feule explication que je connoilfe de cet important phéno- mène , vint me frapper lorfque je m'efforçois d'expliquer, d’après ma théo- rie de la lumière , les curieufes expériences de Wedgood; & ça été le rap- prochement de ces faits & de quelques autres qui a préfenté à mon efprit un nouveau principe qui, ajouté à ceux déjà connus, & dérivant comme eux d’une même fource , la définition du mot calorique. perfeétionne la théorie de certe fubftance, & explique pluñeurs phénomènes jufqu'’ici inexplicables. Suivons l’analyfe mème qui m'y a conduit. On défigne par le mot calorique une fubftance dont toutes les parties fe (x) Des égards pour les préjugés avoient confervé à cet acide l’épithère de nitrique; il n'en eft plus temps. — Mais , dit un grand chimifte, le nom d'azote n'eft pas bien choifi. — Je fuis d'accord. — Il faudra donc lui fubftituer celui de nitrogène, comme on a fait pour l'hydrogène. — L'exemple, & plus encore l'imitation , fonc inadmiffibles ; 1°. parce qu'on eft dûment convenu que le nom du compolé doit réfulter de ceux des compofans ;,2°. parce que ces deux noms conviennent également à tous les compofans. Du refle il feroit à fouhaicer que ceux des ingénieux réformateurs de la nomenclature chimique, que le génic rutélaire des fciences nous a confervés, entreprillent de perfc&ion- ner Jeur fublime ouvrage, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 164 repouffent mutuellement ( 1 ). De cette définition, 1l s’enfuit d’abord que le calorique étant ainfi doué d’une affinité d'aggrégation encore moindre qne le minimum , doit polféder le maximum d'afhnité de combinaifon. Sans affi-+ nité d’aggrégation qui s'y oppofe, il doit fe combiner avec tout le corps quelconque qui fe préfenre à fa portée ; mais l’aflinité d’aggrégation n'étant pas la même pour tous les corps , l’afinité de combinaifon du calorique ne fera pas la mème pour tous. Quelle que foit cependant la fubftance avec laquelle le calorique fe combine , la force répulfive dont jouiffent les parties de celui-ci ne peut être anéantie que par la force attractive qui tient unies ces parties de la fubftance avec laquelle il fe trouve combiné. Il eft évident que certe force attractive , réuniffant une des parties à toutes les autres , doit s'accroïtre dans une raifon directe du nombre de ces parties. La première conféquence qui découle de cette obfervation, c’eft que la fomme des forces attractives exiftantes dans un nombre quelconque de parties, lorfqu’elles fe trouvent féparées les unes d’avec les autres , eft moindre que lorfqu’elles feront réunies, puifque, dans le premier cas, il n’y a que la fomme des forces attractives réuniffant les particules de fecond ordre , tandis que, dans l’autre cas, il y a encore l’attraétion que les parties compofées de celles - ci exercent les unes fur les autres. C’eft une propolirion identique, & vraie par conféquent, que , lorfque la force attractive fera plus grande, elle anéantira une plus grande force répulfive; donc les parties d’un corps réunies, retien- dront une plus grande quantité de calorique que lorfqu'’elles feront féparées , puifque la force répulfive des parties du calorique en fuit aufli wne raifon directe du nombre; pour lors, la portion de calorique qui, retenue par la force, réunillant les parties du corps, quoique repouflée par le refte , ne s'en écartoit point; cette portion, dis-je, obéira fur-le-champ à la force répullive, dès que, par la fépararion des parties du corps avec lequel elle étoit combinée, cellera la force attraétive qui s’y oppofoit, ———_—_—_—_—_—————]———————Z— 1) Je ne dis pas que c'eft ainfi que les chimiftes définifènt le mot calorique : chacun définit, d’après l’analyle qu'il a fait, de ce qui fe pale dans lefprit de ceux qui fe fervent du mot à définir. On voir bieñ que , l’objer n'étant qu'un , les analy{es doivent être différentes. Cependant tous les chimiftes s'accordent à dire que le calorique dilate les corps ; mais les uns penfent que c'eft la feule fubftance qui tienne les parties des corps écartées les unes des autres, candis qu’il yen a qui ne croyent pas que cette prozy priéré lui loit particulière : les uns la lui attribuent par rapport à vous les corps ; les autres par rapport feulement à un grand nombre, &c, Dé tout cela , il n’y a rien de commun que de dériver ces effets lorfqu'ils ont lieu de l'écartement des parties mêmes du calo- rique. On fair que les idées communes à tous ceux qui employent un mot, en conftituent la définition. — Mais que répondre à ceux qui nienr que le colorique {oic une fubftance particulière ? Leur demanderai-je qu'eft-ce que nous entendons:les uns & les. autres par le mot fubftance ? Et rour le monde finiroit par avoir raifon. Auffi les deux genies fupé= rieurs, qui ont le plus approfondi ce fujer, Lavoifier & Laplace , ont-ils traité cetre queftion avec indifférence. 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Deux font par conféquent les principes du dégagement de calorique ; celui de la folidification (1), connu depuis long-temps, & l’autre, de la puilverifarion , que je viens de faire connoïître. Faïfons à préfent l’applica- tion de ce dernier-au phénomène dont nous parlions d’abord , l’explofon de la poudre à canon. En effet, lorfque, moyennant le hauffement de rempé- rature, l’ordre des affinités entre les principes de la poudre à canon change, l'oxigène ne doit plus refter combiné avec l'azote; celui-ci ôte cet inter- mède néceflaire, ne neut plus adhérer au carbonne & à la porafle; une portion d'oxigène forme, avec du carbon, de l'acide carbonique, qui ne peut pas refter uni avec les autres fubftances; par conféquent , l'azote, l'o- xigène & l’acide carbonique , ainfi dépouillés de l’affinité de combinaifon qui les rerenoit épars & rellerrés dans toute la fubftance du carbure de poraffe, s’en délivrent en en écartant les parties qui les preffoienr, c'eft-à-dire en en opérant la pulvérifation. On ne fera donc plus étonné de voir du dégagement de calorique ; autant la pulvérifation fera plus grande, autant l'explofon fera plus forte : aufli J'obfervation démontre que l'explofion eft plus forte lorfque les grains de la poudre à canon font plus gros & mieux pétris; & dans tous ces deux cas, la pulvérifation eft plus grande. On peut faire une pareille application de ce principe à plufieurs autres phénomènes , confidérés jufqu’à préfent comme des faits détachés. Les voici renoués à la théorie générale. 11 y en a un dont on a donné une explication que je ne crois pas fondée; ce fera le feul dont je parlerai encore. En frap- pant l’une contre l’autre deux pierres filiceufes, on les a vu étinceler , comme fi l’une étroit de l'acier : aufli on a prétendu expliquer ce phénomène par l'oxidation des particules de fer y contenues; mais outre que l’affertion de l'exiftence du fer dans le criftal de roche eft hypothétique, il faut encore fuppofer que des petites particules de fer fe détachent pendant l'opération; & ce n’eft pas par des fuppofñitions qu’il faut expliquer les phénomènes de la nature. Celui-ci découle fi naturellement de ma théorie , que je crois ne pas devoir m'y arrêter, d'autant plus que je dois y revenir en faifant application de mon principe aux expériences de Wedgood, dans l’ébauche d’une nou- velle théorie de la lumière. (x) Peut-on dire qu'un gaz qui perd du calorique , en confervant fon état gazeux , e modifie ? Sans doute. Le folide eft une fubftance dont toutes les parties s'attirent & fe fuivent, fans intervalle défini. Le liquide eft une fubftance , dont les parties d'une longueur définie fe repouilent. Le gaz eft une (ubftance , dont les parties d’une petitefle indéfinie Le repoullent, Les parties du liquide ou du gaz qui fe repoulfent , font compofées de particules qui, par hypothèfe, ne fe repouffent plus ; elles font donc folides, Lorfqu'un eft dépouillé de quelque portion de calorique , ces parties fe réuniflent deux à deux , trois à trois, &c. lelon la quantité de calorique perdue , & voila qu'il n'y a point de dégage- ment de calorique fans folidification , le cas de la pulvérilation excepté, jufqu'a ce qu'on prouve que la folidité devient plus grande dans les parties détachées, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 107 PPEMILER ESSAI SUN PANNE ER IE TION DrE"S LICHENS; Par DEcANDoLzLE de Genève, «Reveradicendum eft fimplicium naturarum cognitionem bene > exarminatum & definitum inftar lucis efle , quæ ad univerfa # operum penetralia aditum prœbet». BAcON , Or. P.1.6.121, L.. fciences fuivent en général une marche uniforme; elles vont du plus fimple au plus compofé, & cette règle de logique eft f propre à fuppléer à la foibleffe de notre entendement, qu’elle auroit dû , à ce qu'il femble, ne fouffrir aucune exception : la fcience qui écudie l'organifation végétale en offre une; cependant, & nulle part peut-être, on n’eût eu autant de faci- lité à fuivre la marche direéte, &-on n’eût retiré autant d'avantage de s'y être aftreint. La caufe de ce défaut de méthode eft aifée à découvrir; je dirai plus ; elle eft jufte. On a cherché d’abord à connoître les végétaux les’plus utiles à nos befoins jeurnaliers. La curiofité de notre efprit ambitieux à été plus fou- vent aiguillonnée par le defir de découvrir le myftère de la végétation dans ge chène dont la mafle nous étonne, que dans la moufle qui couvre fes rameaux; on n'a point réfléchi que celui qui auroit découvert le mode de la végétation de la fagace moififlure , auroit fait un grand pas pour le recon- noître dans le chène antique qui brave les efforts des tempêtes, La phyfique animale a offert la même marche rétrograde , par des raifons encore plus fortes; & , dans ces deux fciences, on eft allé du compofé au fimple. La petiteffe des objets les plus fimples eft fouvent, je l'avoue, une diffi- culté immenfe pour les étudier ; mais dans le règne végétal, il eft des êtres qui , quoique fouvent d’un volume allez confidérable pour être étudiés à l'œil nud, offieñt cependant une fimplicité remarquable ; je veux parler des lichens & des champignons. Ces deux clailes d’étres ont été jufqu’a préfenc bien peu examinées fous le rapport phyfologique. L'impoflibilité où l’on eft de les faire croître à volonté, eft fans doute une difficulré à cette étude; mais on peut les obferver dans leurs ftarions naturelles , & confidérer leur végÉ- tation lorfqu'ils ont déjà acquis quelqu'accroifflement. C’eft à rendre compte < quelques obfervations fur la nutrition des lichens que ce mémoire eft eftiné, | si L 10$ JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE ; Ce travail nv'a paru pouvoir être utile fous deux rapports ; 1°. à la phyfique végétale, que les comparaifons de clafe à claile font le vrai moyen de per- fectionner ; 2°. à la botanique proprement dite , en fcrutant les rapports vrais de ces végéraux entr'eux. Il n’eft perfonne, quelques légères qu’aient été fes études en botanique, qui ne connoiffe la famille des lichens , ces êtres qui, par le port & la con- fiftance, s’éloignent fi fort des autres végétaux, dont les uns croiffent fur la terre, d’autres couvrent le tronc des arbres; ceux-ci pendent de leurs ra- meaux, ceux-là s’attachent aux bois morts, & tapiflent mème les rochers les plus arides. Il’ n’eft perfonne qui ne fe foit- demandé d’où ces végétaux tiroient leurs alimens, & comment ils fe l’appropriotenr. Tout le monde a remarqué la variété de ces êtres; lés botaniftes les ont obfervés & claflifiés; dans ce fiècle fur-rout , ils ont attiré leurs regards. Dillen , Weber, Hoffmann fur-rour, & plufieurs autres obfervateurs , ont confacré une grande partie de leur vie à certe étude; Hoffmann, en particulier, en a fait l’objet d’un travail utile aux arts, & a fourni ainfi une réponfe victorieufe aux détracteurs des études cryprogamiques. Les lichens dont Linné avoit fait un feul genre, divifé en familles, ont , depuis lui, été confidérés comme une clafle, qu’on a divifée en genres. Wildenow, & d’après lui, Humboldr, en ont fait cinq, felon que le réceptacle étoit en bouclier (1), en écuflon (2), en tubercule (3), ou linéaire (4), ou nul (5). Le célèbre hiftorien des lichens, Hoffmann, les a divifés en genres (6) dans fa Flore Germanique , & fes recherches läborieufes lui ont fait connoître trois cens efpèces au moins de ces végétaux finguliers. Cette foule de lichens néceflire cette divilon en genres, pour foulager la mémoire qui, fans un tel fecours , fuccom- beroit fous le faix. o Si l’on avoit beaucoup travaillé fur la clafification des lichens , on n’avoit encore rien fait fur leur nutrition; du moins je ne connois rien fur ce fujer. Si quelques auteurs en ont parlé , ils l'ont toujours fait par tranfition & fans fonder leurs opinions fur des faits. Les effais que j'ai entrepris font bien éloignés de donner une hiftoire complette des lichens; ils indiquent feule- ment un nouveau champ d’expériences fimples, & qui offrent quelqu’inté- rèr. Celles que j'ai faites l'ont été fur un petit nombre d’efpèces , fi on les compare à celui des lichens; auñli je n'offre ce travail que comme un effai informe, & je le continuerai autant qu’il me fera poflible, (1) Pelcigera. (4) Opegraphia. (2) Lichen. (5) Lepra. (3) Verrucarta. (6) Collema , Peltigera , Umbilicariu , Cladonia , Stereocaulon , Ufnea, Lobaria ; Pfora , Verrucaria. Relativement (ET D'HISTOIRE NATURELLE: io9 Relativement au mode de leur nutrition , les lichens que j'ai obfervés fe divifent en trois claffes. Dans la première , font ceux qui fe nourriflent par la furface ; dans la feconde , ceux qui fe nourriflent par un canal intérieur ; dans la troïfième, ceux qui {€ nourriffent par l'extérieur ont aufli un canal intérieur bien diftinét. Reprenons fucceflivement chacune de ces clafles générales, ‘ Lichens qui fe nourrifflent par la furface. Les lichens qui fe nourriffent par la farface font divifés en quatre familles ; 1°. ceux qui abforbent leur nourriture par toute leur fuperfcie ; 2°. ceux qui Vabforbenc par la furface inférieure; 3°. par des organes placés au bord de la feuille; 4°. par la furface fupérieure. Parmi ceux qui abforbent la nourriture par toute la furface indifférem- ment, je range les lichens tremelloïdes , c’eft-à-dire ce que Linné nom- moit sremella lichenoïdes , ce qu'Haller a renfermé dans fon ordre des lichens noffoch (n°. 2032—2c41), ou enfin ce qu'Hoffmann claflife en un genre nouveau, fous le nom de collima. J'ai peu étudié la nutrition de ces végétaux; mais je vois que par quelque partie, les feuilles gélatineufes de ces lichens touchent l’eau lorfqu’elles font defféchées ; ce liquide s’y intro- duir & les gonfle de nouveau; je vois que fi on les expole fous l'eau , leur furface fe trouve remplie de bulles d’air peu confdérables, & fans aucune régularité apparente ; d’où je conclus que toure la furface de ces plantes eit à-la-fois afpirante & exafpirante. Peut-être, dans la mème cathégorie, pou roit-on ranger les byffas pulvérulens de Linné, ou les lepras de Wildenow & de Haller ( n°. 2081—2100); mais ceci n’eft qu'un foupcon , fans au- cune preuve. La peritefle & la fingularité de ces êtres, rendent forc hypothé- tiques toutes les idées qu'on pourroit concevoir fur leur nature. Nous les voyons être fenfibles aux variations hygrologiques de l’armofphère , & verdir allez fortement après la pluie ; nous les voyons donner de très-petires bulles d’air quand on les met fous l’eau, & ces bulles partent indifféremment de toute la furface de la croûte, Nous avons des faits plus intéreffans à obferver fur les lichens qui abforbent leur nourriture par leur furface inférieure, & cette clafle eft la plus nom- breufe de toutes. On peut ici, au premier abord , remarquer l’analogie qui fe trouve entre les lichens foliacés & les feuilles des arbres. Je fubdiviferai _cette claffe en trois ordres; les uns fe nourriffent par la furface inférieure entière; les feconds, entre les proéminences de certe furface; les troifièmes , par des canaux vifibles à l'extérieur. Les premiers font en général les lichens : foliacés, rel que le lichen furfuraceus, lichen ? AR1eTINUS, lichen ffellaris,&c. En voici la preuve. — Si l’on met un de ces lichens tremper par le pied dans de l’eau colorée en rouge par la cochenille, on voit la liqueur monter le long de la furface inférieure feuléèment, & point du tout le long de la fupé- Tome IV. THERMIDOR an 6. P 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rieure. Cet effer eit très-vilible dans le lichen furfuraceus. Par exemple, f c’étoit une force d’adhéfion purement phylique, il eft clair que le liquide monteroit des deux côtés; mais c’eft ce qui n'arrive jamais. Dans ceux de ces lichens qui font appliqués contre les troncs , comme lichens pariecinus & Jlellaris ; Veau colorée fe fait jour entre l'écorce & le lichen, pour venir ali- menter ce dernier; on l’apperçoit fur-tout aux extrémités des feuilles qui font moins ftriétement appliquées fur le tronc. Ceci eft une grande preuve ajoutée à l'opinion déjà reçue, que les lichens ne fe nourniflent point du fuc des arbres fur lefquels ils croient; je dirai plus, peut-être leur fontils utiles; ils abforbent l'humidité qui , fans eux, féjournant fur l'écorce, rif- queroit d'y occafionner la pourriture. Ils fe nourriflent des excrétions fluides ou liquides de cette écorce; mais ils ne tirent fûürement rien de larbre, puifqu'ils font également fur les pierres & les rochers. C’eft peut-être à la nature diverfe des excrétions des arbres qu’eft due la conftance de certains lichens fur tels ou tels arbres. Nous avons vu que ce ne font pas feulement les lichens foliacés libres qui fe nourriffent par la furface inférieure , mais aufli ceux dont les feuilles font embriquées; & ceci nous conduit, par degrés infenfibles, jufqu’à ceux à feuilles indiftinétes & à ceux fans feuilles, IL eft donc probable que les p/oræ & les Aerpeces d'Haller fe nourriffent de mème. On en voit cependant qui font ftriétement appliqués fur les rocs les plus durs, & 1l eft difücile de con- cevoir qu'ils puiffent fe nourrir par la furface inférieute ; peut-être chez eux la nature employe t-elle quelque marche particulière. Je ferai remarquer cependant que les bords de la croûte font ordinairement moins ftritement appliqués, & que fouvent ces lichens croiffent fur des pierres qui ont beau- coup d'attraction avec l'eau , comme certaines pierres calcaires qui, par leur contexture phyfique , la retiennent entte leurs interftices, comme les granits : aufli eft-ce fur-tout fur les granits en décompofition qu’on remarque le plus de lichens cruftacés. Ces réflexions peuvent aider à concevoir la nutrition de quelques-uns de ces lichens. Maïs comment concevoir aufli, par exemple, la nutrition de la verrucaria punetata ; Var. pguttata ( Hoff.), & celle du lichen geographicus , ce compagnon inféparable des pierres primitives (1) ? Il eft d’autres lichens dans lefquels la furface inférieure entière ne jouit pas de la mème propriété, Si l’on met, par exemple, un lichen pulmonarius tremper dans de l’eau rougie par la cochenille , on voit la liqueur monter du (2) On trouve dans le Jura beaucoup de pierres primitives tranfpottées des Alpes, qu’on reconnoit de loin au lichen géographique qui les couvre , tandis qu’à côté d'elles, celichen ne fe trouve jamais fur les pierres calcaires du Jura, Mais fur celles de ces pierres cal- caires du Jura qui font jaunâtres, on trouve abondamment le lichen /crupofus , & onne le crouve que fur elles ; il y forme des plaques blanches ; fes cupules font noires , avec sa rebord blanc , convexe , très-grand, relativement à la cupule, ET D'HISTOIRE NATURELLE. IIE . côté poftérieur des feuilles, entre les finuofités de cette furface, & parvenir ainû jufqu’au bout de la feuille ( 1 ). Ici, comme dans le cas précédent, certe élection d’un côté préférablement à l'autre, indique un mouvement viral. De la furface oppofée, on voit fortir les bulles d’air quand on le met fous l'eau. Cette furface eft feule verte, & toute la plante eft très-fenfible à l'hu- midité ; à l’inftant où on la met dans l’eau , elle verdit. Mais nous parlerons ailleurs des couleurs des lichens, ainfi que de la nature des gaz qu'ils produifent fous l'eau. Parmi ceux qui fe noutriffent par la furface inférieure, il en eft qui font remarquables par des vailleaux viäbles à l'extérieur ; tels font Les lichens carinus venofa , &c. La furface inférieure de ces lichens , & en parti- culier du lichen caninus , eft blanche; on y remarque des proéminences fili- formes, qui reflemblentà desradicules, & qui font perpendiculaires à la fur- face ; elles aboutiffent à des efoèces de vaiffeaux appliqués contre la feuille; ces vailleaux fe croifent & affectent le plus fouvent la forme de rhombes ; ils vont tous fe réunir au bord des feuilles qui font fouvent crifpées & reco- quiliées. Si l’on met un lichen caninus dans de l’eau rouge , la partie de la furface inférieure qui eft entre les lignes qui forme les rhombes, refte par- faitement blanche; mais ces lignes & les radicules deviennent rofes; les bords des feuilles où nous avons vu qu’aboutiffent les vaiffeaux ( 2 ), de- viennent d’un rouge vif, & cela, en quelques heures. 11 paroît donc que la fève monte par ces radicules dans ces vaiffeaux , d’où elle va au bord des feuilles qu'elle colore. C’eft au bord de ces feuilles que fe trouvent les cu- pules, & c'eft-là que fe fait l’accroiffement. Ainf que plufieurs autres efpèces, le lichen carinus eft très-fenfible aux variations d'humidité. Sa furface fupérieure, qui eft grife dans un lieu fec, devient verte dans un lieu humide. Elle joue aufi quelque rôle relativement aux fluides aériformes; car, fous l’eau , on la voit fe couvrir de perites bulles d’air qui partent indifféremment de tous les points de fa furface. J'en ai vu aufi quelques-unes, plus rares, mais plus groffes fur les bords de la furface inférieure, : Nous venons de parcourir les différentes nutritions qui ont lieu par la furface inférieure , & nous fommes conduits à examiner maintenant les lichens qui, comme les précédens, afpirent la nourriture par des organes particuliers, & qui la tranfmettent par le bord de la feuille. Je ne connois que le lichen ciliaris ( lobaria ciliaris ) qui offre cette conformation. (1) J'ai fouvent remarqué dans ce lichen des tubercules proéminens fur la face pofté- rieure , qui femblent être des efpèces de crampons , ou de radicules ; ces tubercules font courts , gros , fur-tout à l'extrémité qui eft arrondie. (2) Je n'ai aucune preuve que ce foit des vaïfleaux , quoique j'employe ceterme ; mais ce EE dis s’appliquera également , fi ce font des fibres nombreules aggrégées en un feul filet, Der PARAIT PAIN PEN ITS 112 JOURNAL DÉÊ PHYSIQUÉ, DE CHIMIE ‘Tout le monde cennoît ce lichen trè$-commun fur l'écorce des arbres de nos vergers ; il y forme de petites touffes. Ses feuilles font laciniées; elles font garnies de longs cils, & leur bord eft très-léoérement recoquillé en deflous. La furface fapérieure de ces feuilles porte des fcutelles, qui pa- roiffent d’abord comme des mammelons creufés dans le milieu ; puis la bafe fe rétrécit en comparaifon du fommer, qui s’élargits puis le réceptacle s’ap- lanit, & eft feulement entouré d’un rebord. Ces fcurelles font le plus fou- vent feffiles fur la feuille; mais on les voit quelquefois porter fur un grand pe- duncule ortle, blanc, cylindrique , fin comme les cilsordinaires des lichens , & long de deux lignes environ. Quelquefois ce peduncule fe bifurque dans le milieu de fon cours, & s'implante dans la fcutelle à deux places ; quel- quefois mème, deux ou trois peduncules foutiennent la mème fcutelle. Si l'on mét cette plante tremper dans de l’eau colorée en rouge, les cils deviennent rouges les premiers , puis on voit cette couleur fe manifefter au bord de la feuille, en deffous, dans la partie qui eft un peu recoquillée ; & c’eft toujours le haut de la feuille qui devient rouge le premier, parce que c’eft là que fe trouvent les cils. Ces cils paroiïffent clairement les vrais organes nutritifs de la plante. J’en ai vu s'inférer dans une autre feuille du même individu, pour en pomper la nourriture ; j'en ai vu mème inférés dans la fcurelle d’un autre lichen. Ces cils paroiflent donc être des fuçoirs deftinés à pomper l'humidité , foit de l'air, foit des corps environnans. fl arrive ere que ces cils, qui font fimples à l'ordinaire, fe divifent à leur extrémité en petits filets, qui forment un pinceau. N’eft-ce point pour augmenter les furfaces afpirantes? Car je n'ai remarqué ce phénomène que dans les lichens tenus dans un lieu fort humide, La liqéeur pompée par les cils, fe rend, comme nous l'avons dit, au bord de la feuille , d’où elle fe diftribue à toute la plante. La nutrition des fcutelles fe fait immédiatement par la feuille, fi elle repofe far celle-ci, ou par les peduncules quand ils xiftent; on voit à l'œil, armé d’une foible loupe , l'injeétion monter dans ces peduncules blancs & tranfparens; elle pénètre ainf au calice, & va rouair le bord qui entoure la fcutelle; elle fe répand aufli au réceptacle, de façon qu'on la voit lorfqu’on enlève la plaque grife qui le recouvre. Sil’on met un lichen ciliaris en fleur fous l’eau au foleil , les fcutelles fe couvrent de bulles très-petites au milieu, plus confidérables au bord, & qui occupent bientôt toute la fcutelle ; on voit de très-perites bulles fur les feuilles, & d’autres à l'extrémité des cils. Je me fuis étendu avec détail fur ce lichen, parce qu'il eft fi commun, que j'ai eu plus de facilité pour l’examiner, & qu'il me paroïffoit intéreflanc de conftater l’ufage de fes cils. On voit auf plufeurs lichens dont la furface inférieure eft garnie de poils courts , ferrés, qui paroïffent deftinés à pomper l'humidité ; rel eft le lichen g/aucus. La nutrition du lichen ciliaris, qui a lieu par des organes marginaux, ET D'HISTOIRE NATURELLE. NE hous conduit à examiner sil y a quelques lichens qui fe nourtiffent par la furface fupérieure (1). Je ne connois qu'un lichen qui puifle être dans ce cas, & il eft fi rare , que je n'ai pu l’examiner autant que je l’aurois defiré ; c'eft le Zichen convolutus de Lamark, nom qui lui convient fi bien, que je le lui avois donné en le trouvant, avant d’avoir ouvett la Flore françaife de ce grand botanifte : ainf que lui , je n'ai pas vu fes fcutelles. Si l’on met . ce lichen dans une eau colorée, on voir l'injection monter le long de la fur- face fupérieure; mais je n’affirmerois pas que ce n’eft point un effet pure- ment mécanique , vu la conformation de ce lichen. Il-eft foliacé, mais au lieu que, dans les lichens qui fe crifpent, c’eft la furface fupérieure qui devient ordinairement convexe, & l’inférieure concave, ici la fupérieure devient tellement concave , qu’elle devient l'intérieure d’un tube. Les bords de la feuille font finués & ne ferment pas le tube exaëtement ; à l’extrémi- té, le tube s’évafe, la feuille fe divife en d’aurres folioles qui fe roulent au dans le même fens, mais moins profondément ( 2). Ce lichen doit faire le palage des /obaria aux cladorica , ou des lichens foliacés planes, aux lichens zubulis. WU eft en effet foliacé ; mais fa nutrition eft celle des tubulés, comme nous allons le voir en étudiant la nutrition, qui fe fait par un canal inté- - rieur. 11. Nous avons vu jufqu’à préfent les lichens pomper leur nourriture par des voies analogues à celles des feuilles des grands végétaux. Nous allons voir maintenant d’autres lichens dont la nutrition a plus d’analogie avec celle qui fe fait par les troncs. On trouve aufli féparé dans ces êtres fimples , ce qui eft réuni dans les individus les plus parfaits. Les lichens qui fe nourriffent par un canal intérieur diftinét , font ceux chez lefquels on ne remarque pas de feuilles ; tels font les ufnées & les coralloïdes. Reprenons chacun de ces ordres en particulier. J'entends par ufnées les lichens filamenteux de Linné , les ffree dè Haller & de Hoffmann. Dans ce genre, la fève paroît monter à l’intérieur des rameaux , qui font très-lésèrement tubulés. Si l’on met un de ces lichens, par exemple, l’ufnea plicata , tremper dans de l'eau rouge, celle-ci monte à l'intérieur, & ça & là le long de la tige & des rameaux , on voit des points rouges épars ; quelquefois un anneau rouge encore la tige. Si l’yn met ces lichens fous l’eau, on voit la tige fe couvrir ça & là de bulles d’air éparfes & petites. Les bords des fcutelles en font plus abondamment pourves que le refte. Mais, d’ailleurs , je n’ai pu obferver aucune régularité dans la nu- (1) Peut-être eft-ce ici qu'on doit ranger les Lepre & Herpetes d'Haller. (2) Ce lichen croît fur la terre dans des peloufes fèches & montagneufes. Sa couleur eft d'un blanc jaune ; il.eft droit & dela hauteur du lichen rangiferinus. On y remarque fouvent des feuilles greffées par approches les unes des autres, 14 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE trition des ufnées ; comme on n’enremarque aucune dans leurs ramifications indéfinies. IL me paroït que cette efpèce de lichen fe rapproche davantage des vraies plantes parafres que les autres. Il ne pouife pas de racines comme le gui; mais il pompe l'humidité de l’intérieur de l'écorce, tandis que les lichens foliacés abforbent feulement celle qui eft fuperfcielle. Le fecond ordre des lichens que nous examinons , comprend les lichens coralloïdes , c'eft-à-dire ceux que Linné nomme fruriculoft, & qu'Hoffmann a claffifié dans le genre des c/adonia, & dans la famille desc/adonia fruri- culofe. Sil'on met un de ces lichens , & en particulier le lichen rangiferinus , tremper dans de l'eau colorée , on voit fon canal intérieur ; qui eft grand & bien vifñble, plein'de certe liqueur, & la tige elle - mème rougit à l’extré- mité de chaque rameau. Si l’on met ce lichen fous l’eau, c'eft cette même place qui fe couvre de bulles d'air. J'ai vu quelquefois la tige de la plante, mife dans l’eau par le pied, fe couvrir d’excroiffances tuberculeufes, qui rougilloient, & qui paroiffoient dues à une furabondance de fucs. Mais en général , l’accroiflément fe fair à l'extrémité des rameaux. Les lichens coralloïdes croiffent fur la terre ou fur les troncs très-pourtis, & qui peuvent leur fournir de l'humidité par le pied. III Il y a, comme nous l'avons vu, des lichens qui fe nourriffent par leurs feuilles, d’autres par leur tige; maïs il en eft aufli qui réumiffent en quelque forte cgs deux nutritions ; je veux parler des lichens coralloïdes & pixides foliacés, c’eft-à-dire le refte dés c/adonia d'Hoffmann. Il n’eft aucun botanifte auquel la forme de ces lichens ne l’eût indiqué. On voit au bas de la cupule ou de la corne, qu’on regarde comime la parue de la fru@ifca- tion; on voit, dis-je, des feuilles. Le tube eft aflez vafte, mais fermé par le bas; en forte qu'il faut que la fève s'introduife par des organes afpira- roires. Maintenant fi l’on met un de ces lichens dans l’eau colorée, on voit l'injeétion monter le long de la furface inférieure des feuilles , d’où elle va, ou dans l'intérieur vide de la cupule, ou entre les deux membranes qui la forment; là, elle rougit la cupule, & fur-tour fon bord fupérieur. — Si l'on met un lichen pixidé fous l’eau au foleil, on voit quelques bulles d’air couvrir la furface fupérieure des feuilles, mais dans l'intérieur de la cupule, il fe forme une bulle d’un. diamètre confidérable, & qui furpaffe le bord de la cupule. Ce petit phénomène, vu au foleil , forme un charmant fpedtacle, Il patoît que la nutrition a lièu particulièrement aux bords fupérieurs de la cupule ; car c'eft là que fe forment les cupules furnuméraires & les excroif- fances diverfes qu'on remarque fur plufeurs des lichens de cette famille (1). (2) Ces excroillances font fouvent d’une nature fongeufe , & leur couleur varie du jaune au brun. ( Voyez les numéros 1918, 1919, 1927, 1928 d'Haller ) ; ce ne font pas là les feuls lichens dans lefquels on remarque ces variations. Les lichens ericitorum en offrent un exemple. Le lichen ericirirum pendonculé offre deux variétés , l’une qui eft ET D'HISTOIRE NATURELLE. 115 Les lichens pixidés fe rapprochent davantage, par leur forme & leur nutri- tion , des plantes’ ordinaires ; aufli peut-on y remarquer le phénomène de la perpendicularité-: comme les autres plantes, fi on les en dévie, ils re- prennent d'eux-mêmes cetre direétion favorite, J'ai obfervé far une touffe des lichens qui couvroient une branche horifon- tale, & étoient par conféquent perpendiculaires fur elle. Je coupai la branche, la porrai dans mon cabinet, où je la fis tremper par le pied dans une éponge humide. Je vis, quelque temps après, tous ces lichens abandonner leur ee la plus commune, ef le lichen £œomices , Lin. f. Elle a les tubercules couleur de chair ; l'autre, qui eft le n°. 2043 d'Haller , a fes tubercules bruns, Le lichen ericitorum fefffle offre deux variétés corre{pondantes , l’une qui eft le lichen iémadophila, Lin. f. , 4 fes tubercules rofes, & j’aiobfervé l’autre à tubercules bruns ( queje crois verrucariu rufefcens de Hoffmann ). Celle-ci croît fur la terre fur laquelle elle forme un croûte verdätre ou cendrée , comme les deux ericitorum pedonculés ; fur cette croûte font des rubercules feffiles convexes , bruns & plus petits que ceux du lichen zemadophila, dont il diffère effentiellement par la flation, Les lichens ericitorum pedonculés forment un paflage trèc- naturel des lichens aux champignons , & devroient peut-être former un genre intermé- diaire, dont ils ne feroient pas les feules efpèces. Je clafle dans ce genre trois plantes qui, je crois , ont été mifes ailleurs ; ce font trois rerechia d'Haller ; mais elles doivent être placées dans le genre que je propofe, & dont le caractère eft d’avoir le premier lichenoïte & des excroiffances fongeufes pediculées ; on pourtoit le nommer fangimorpha, & il auroit cinq efpèces , jufqu’a préfenr. 1°, F. Éœormices , n°. 2042 d'Haller. 2°, F. hœomieoïdes , n°. 2043 d'Haller. 3°. F. albo-nigra. Cette plante fe trouve à la fin de l’été fur l'écorce des chênes ; elle y forme des couches blanchätres grumelées , un peu femblables à celles du lichen fagineus ; fur cette croûte s'élève de petits mammelons convexes fefliles d’un violet clair, puis la couleur de ces mammelons devient plus foncée & prefque noire , alors on les voit s'élever au-deffus de la croûte , devenir pédiculés & fongeux. C’eft dans ce dernier état qu'on les a, je crois , décrits pour des trichia ; alors ils ont un pédicule d’une ligne environ de longueur, & une petite tête hémi-fphérique; ils font totalement noirs. Tous ces états fe trouvent entremélés fur l'arbre ; on voit des croûtes fur lefquelles on peut fuivre cette gradation, On troùve quelquefois des tubercules pédicules fongeux feuls , fans croûte , mais c’eft lorfque celle-ci a péri ou par anomalie , comme on trouve aflez fréquemment des fcutelles de lichens vernus & fubfufcus fans croûte. 4°. F. flavo-nigra. Cette efpèce fe trouve en feptembre & octobre , fur l'écorce des fapins, elle reflemble beaucoup à la précédente , fi ce n’eft que la croûte eft d’un jaune vif, les pédicules un peu plus grands & moins droits , maïs je n'y ai jamais remarqué les mêmes gradations d’accroïflement que dans la précédente ; il eft vrai que je l'ai vu moins fréquemment , parce qu'elle eft beaucoup plus rare. 5°. F. mucorioïdes. Cette jolie petite plante doit, je crois, être mile dans ce genre, c'eft le n°. 2163 d'Haller. Elle a une bafe jaunâtre pulvérulente terne , & des excroif- fances qui reffemblent à des moifffures; auffi Gilibert la nomme-t-il mucor cœærulefcens. Ces excroiffances font pétiolées , pédicule grêle & à tête (phérique , fa couleur eft roule. On ne voit point dans la tête la pouflière qui devroit y être, fi c'étoit un vrai sréchia ou yn vrai mucor. ié JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, première direction, & fe tourner en haut; un feul réfifta; c’étoit le plus gros & le plus âgé. ” C'elt une remarque qui eft digne de quelqu’attention , & qui peut fervir à jeter quelque jour fur le phénomène fingulier de la perpendicularité des plantes, que de voir qu'on n'obferve cette tendance que dans les lichens coralloïdes & pixidés. Dans ces deux familles | la nutrition fe fait par le bas de la plante , foit immédiatement dans le canal, foit médiatement par les feuilles, & la fève monte le long de ce canal, pour nourrir la plante à fon extrémité fapérieure. Au contraire, on n’obferve point cétte tendance à la perpendicularité dans les lichens feulement foliacés , où dans ceux chez lefquels la fève , introduite par le tronc , le nouïrit ça & là, fans parvenir jufqu’à fon fommer, comme les ufnées. Éette tendance à la perpendicularité fe remarque non-feulement dans quelques lichens , mais encore dans la plupart des champignons ; tels font les agarics, les bolets, les clavaires, &c. On refnarque bien vifiblement dans la petite /o/enia candida, découverte par Hoffmann, & décrite dans {a Flore germanique. Ceux des champignons qui échappent à cette tendance générale, font, par exemple, les tremelles, dans lefquels on ne remarque aucun canal intérieur, & où la nutrition paroït s'opérer par l’afpiration de la furface entière. L Je m'arrère ; je ne veux point entreprendre la recherche de Ja caufe de ce grand phénomène; recherche qui m'éloigneroit totalement du fujec que je traite. J'ai voulu faire connoïtre quelques obfervations far la nutti- tion des lichens, & j'artraité ce fujet fous un point de vue purement phy- fique : je pourrai un jour le traiter fous le point de vue chimique, fi l'elfat que je préfente aujourd’hui paroi mériter d'être continué, & qu'on ne regarde pas ce fujet comme trop indigne d'occuper un moment l'attention, EUX No RECHERCHES ET D'HISTOIRE NATURELLE. b. 117 a RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Faites fur différens animaux , dans les mois de frimafre ; nivôfe, pluviôfe , thermidor, fructidor , meffidor de l'an 4, & dans les mois de brumaire an $ pour reconnoître quelle ef dans Le nerfs & dans les fibres mufculaires la durée de la force vitale, foct par des effets fpontanés, foit par des excitemens produits par Le contact de fubftances métalliques ; Par J.-J. Sue , médecin, profefféur d'anatomie. Lu à l’Inflitut national de France. D A NS les procès-verbaux des expériences qui fuivent, je n’ai fait que décrire ce que j'ai obfervé; mais comme dans les matières foumifes aux expériences , il eft difficile d’être sûr de fon exactitude, & qu'il eft prudent de ne pas s’en rapporter uniquement à foi, j'ai cru devoir m'aider des lumières de favans &- d'niftes accotirumés à bien voir. [ls ont obfervé de leur com, tandis que j'obfervois du mien. Nous nous fommes enfuire com- muniqué nos obfervations, afin de voir & reconnoître f elles s’accordoient, En voici les réfulrats. | \ PREMIÈRE EXPÉRIENCE. ; Décolation d’un coq à midi dix minutes. Cette feétion a duré une feconde ; on s’eft fervi d’un couperet. La tête a confervé fes méôuvemens une minute, & le corps trois. La mort s’eft manifeftée par tous les caraétères qui l’accompagnent, au commencement de la quatrième minute. Le cœur à battu quatre minutes. : PME X PIE REDEINCC E. Décolation d'un dindon, en préfence d’un des chirurgiens en chef du Val- de-Grace, de plufieurs élèves, d’un médecin & d’autres perfonnes. La fection a été faite comme la première, & n’a pas duré plus de remps. La tête a confervé fes mouvemens une minute & demie; les mandibules, Tome IV. THERMIDOR ar 6, Q 118 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ainfi que la pupille, ont remué avec force; les paupières ont clignoté; le corps, après la décolation, eft refté fans aucun mouvement une minute ; puis, ce qui eft très-remarquable, il s’eft relevé & a repris latitude qu'il avoit avant l'opération; il s’eft tenu fur fes pattes pendant une minute &° demie, a marché & a agité plufieurs fois fes aîles ; il a rapproché fa patte de fon cou , comme pour fe gratter, & enfuite il a eu des convulfons. Tous ces mouvemens ont duré près de:fix minutes. La mort, enfin, s’eft manifeftée par tous fes caraétères ordinaires ; c’eft-à-dire , l'affaiffement des lumes, la ceffation de contraction & de refpiration, l’état complet d'im- mobilité dans les mufcles, les membres & le corps. Cependant, malgré ces apparences extérieures, le cœur battoit encore ; ce qui doit faire croire que la vie de l’animal n’étoit pas éreinte.' DAADAME XP IÉ RME NN GE Décolation d’un autre dindon , à une heure vingt minutes. Les mouvemens de la tête ont duré une demi-minute, ceux du corps quatre. On a obfeivé les mêmes phénomènes de vitalié, & enfuite les mêmes caractères de mort que dans le précédent. LV CE NX PE RUE: NNGLE: Décolation d’une poule. La tête à confervé fes mouvemens deux fecondes ; les mandibules fe font ouvertes , les paupières ont clignoté , la langue sléfballongée & eft rentrée dans le bec ; le corps a confervé fes mouvemens une minute & demie ; le cœur a battu trois minutes & demie; l’animal n’a pas marché; mais les cuilles & les jambes fe font agitées, & la refpiration a eu lieu. VANE X P'ÉRI EN CE: Décolation d’un lapin. La tête n’a confervé fes mouvemens qu’une feconde & demie; il y en a eu dans les paupières, dans la pupille , dans les mufcles te la face & dans- les lèvres. Quant au corps , les extrémités fe font agitées ; elles ont confervé leurs mouvemens une minute & demie. On a obfervé cependant que le cœur a continué de battre perdant quatre minutes, puis tous les fignes de la mort ont eu lieu. = VIEVEX P'É RIENC'E » Sur un fecond lapin. Même expérience, même réfultat. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119 ñ NON LA E X'PIÉ RE N C E \ Sur un troifième lapin. : La tête n’a donné aucun figne de vie ; le corps en a préfenté de très-re= marquables ; le cœur a continué de battre pendant quatre minutes. LA V LH ENX UP ÉCRU E NICE Décolation d’un vieux coq. La tête a confervé fes mouvemens une-minure & demie; les mandibules fe font ouvertes & refermées deux fois; les paupières & la pupille fe fonc contractées & relâchées plufeurs fois; la crête à confervé fon attitude érec- tive ; Le corps a permis de fuivre , pendänt deux fecondes, le mouvement de la refpiration. La poitrine, le ventre, ont exercé des mouvemens ; les extrémités ont remué, les aîles fe font agitées ; tous ces mouvemens avoient le cachet d’une-douleur très-prononcée dans les diverfes parties de fon corps. Certe faculté vitale a duré trois minutes & demie; le cœur a battu quatre minutes. AE LEALE TROP AE RPIMEENUG"E Décolation d’un dindon , en préfence de la Chaume, Foifi, Borelli, & de plufieurs autres perfonnes. Leroy, membre de l’inflicut ; efl venu comme l'expérience finiffoir. La tête à confervé fes mouvemens une minute trois quarts ; elle a pré- fenté les caractères Les plus prononcés de fenfarions ; on l’a vue , à trois reprifes différentes, ouvrir fes mandibales, allonger & retirer fa langue; les yeux ont exercé les mouvemens les plus violens ; les paupières , les pupilles ont . agi tant que la vie a duré; les mouvemens du corps ont duré quatre minutes; l'animal s’eft relevé , & s'eft tenu deux fecondes fur fes pattes ; il a agité fes aîles, & a remué plufeurs fois le cou. J'ai irrité avec des aiguilles & la pointe d’un couteau les mufcles du cou , les aîles & les extrémités; & au moment de l’excitement, les mouvemens contractiles & convulfifs de ces parties ont redoublé ; enfin, les fignes évi- dens de la mort fe font manifeftés. . XHE XX PEÉURTIVENNVC"E. Baœuf affommé à trois heures vingt-cinq minutes , chez; Vincent, boucher , rue deda Madeleine. : La rète a reçu fix coups de maflue; elle n’y a pas furvécu ; elle étoit morte au cinquième, Sa vie paroifloit diminuer à mefure qu’on la mafoloir. Le corps a confervé fes mouvemens cinq minutes, & pendant tout ce remps , Q 2 “ \) x “ 1:50, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE il en a eu de très-prononcés ; les mufcles ont continué de palpiter & d’être irritables encore long-temps après la mort apparente du corps. . XL EXPÉRIENCE. Décolationd’un veau, à trois heures fix minutes , chez le même Vincent, en préfence de Leroy, de L’Inflitut, Lecomte, profeffeur de l’école na-® tionale de deffin, & Martin, obfervateur très-inftruit | © ami du célèbre Fontana. : La fection a été faite avec un couperet; elle a duré une feconde & demie. Leroy s’eft chargé avec moi de l'examen de tous les mouvemens de la tête, en obfervant leur durée avec une montre à fecondes. Pendant fix mi- nutes, la tête à fait des mouvemens très- prononcés , foit des paupières & de la pupille, foit des oreilles, des narines, destmufcles de la face & des lèvres. La langue s’eft allongée & s’eft retirée crois fois prefque dans fa cavité; les mâchoires fe font ouvertes & fermées comme pour grincer des dents. Tous ces mouvemens augmentoient en irritant la moëlle allongée, & en paflant la main promptement devant l'œil ; le larynx, la trachée-artère , & les mufcles qui avoifinent ces parties, ont eu des mouvemens d’allongement & de raccourcillement qui ont duré très-long-temps; maloté la fortie & Pallongement de la langue, le corps a continué à fe mouvoir pendant fepe minutes. Martin, qui s’étoit chargé de fuivre ces mouvemens avec une montre à fecondes, en a obfervé fix très-prononcés dans lesextrémités anté- rieures , quoique le corps fût fufpendu & attaché par les extrémités pofté- térieures. L’expreflion de douleur que préfentoient les différenteparties de la tête a été fi marquée, que quelqu'un qui n’auroit pas été prévenu, le corps étant fuppoft caché, n’auroit pas héfité à croire que l'animal éprouvoit de grandes fouffrances , en fuivant la violence & l'enfemble de tous les mouve- mens qu'on voyoit dans les différentes parties de cette tète. EX DLUUE) XAPÉEMRUIME INPCRE: . \ . 0 . . Le méme jour, à trois heures treize minutes, decolation d’un autre veau de rois Mois. Leroy s’eft encore chargé, conjointement avec moi , d'obferver, avec une montre à fecondes ; comme dans l'expérience précédenre, le temps qe la tête furvivroir, & de fuivre les nuances & la durée de fes mouvemens. tls ont été bien marqués pendant cinq minutes & demie, & ils ont préfenté une. expreffion de douleur encore plus fofte que la précédente. Celle-ci avoit le mème jeu dans tous les mufcles, ouvrant de temps en temps les mà- choires ; 8: comme elle éroit placée à côté de l’autre qui venoit de mourir, les afliftans pouvoient aifément obferver les différences fenfibles qui fe trou. , HEC 3 FAT? Lo ‘ CIE AU 14 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 121 voient entre une tête vivante & une tête morte. Le corps a confervé fes mou- vemens fepr minutes & demie; Leroy, qui les a obfervés, en a remarqué cinquante-neuf dans les extrémités antérieures , car les poftérieures étoient Jiées pour fufpendre l'animal; il en a vu enfuite de partiels dans le refte de l'habitude du corps. - Il eft à obferver que la portion de la trachée-artère qui reftoit à la partie antérieure"& movenne du cou, ainfi que les portions d’artères carorides , avoient des mouvemens de contraction très-diftincts. Le boucher à enfuite ouvert longitudinalement le ventre & la poitrine, & l’on a vu au même inftant des molécules hamides & chaudes s'élever comme un léger brouillard "de ces deux capacités; ces molécules reffembloient beaucoup a-celles de l'haleine ou dé la tranfpirarion pulmonaire; elles fortent en abondance des grandes comme des petites capacités des animaux, tant qu'il leur refte encore quelque vie. Quand la vie eft entièrement éteinte | ces molécules devenant froides , ne fe préfentent plus fous la forme de vapeurs, mais fe condenfent & paroiflent s’atracher aux parties elles-mêmes. Pluleurs mufcles du cou, de la poitrine , du bas-ventre & des extrémités étant à nud , nous nous fommes tous réunis pour obferver encore la fibre mufculaire. Voici ce qu’elle nous a offert. s Dans les grands mufcles, tous les faifceaux charnus avoient des mouve- mens extraordinaires & d’un genre fi particulier, qu'on ne peut pas les appeler mouvemens de contraction , de palpitation ou de fpafme ; ils paroif- foient femblables à ceux de l’eau agitée par l'orage , ce qûi fair qu’on pour- roit les appeler mouvemens ondulatoires ; car il femble qu'alors il y a un flux & reflux dans les différens points du fyftème , & que la vie faffe comme des efforts pour réfifter davantage à fa deftrudion : aufli cer effer eft-il bien plus apparent dans les fibres mufculaires que dans toutes | On voit, s’il eft permis de le dire, que le courant vital moteur a8fé chacune de ces fibres , jufqu’à ce qu’il foic entièrement décruÿr. La fibre mufculaire ou mou- vante préfente en conféquence dans fon état d’aétion, des caractères fi marqués , qu'on obferve une oppofition fenfble entre cetre fibre & celle qui ne contient plus de courant moteur; cette dernière eft comme fétrie & dans l'état d’affaiffement le plus complet, tandis que la première, par un mouvement d’ondulation , fe renfle & fe relâche continuellement, Ce chan- gement fe fait parfois avec une fi grande rapidité, que le temps en eft prefque incommenfurable. Nous avons irrité les grands mufcles de ces ani- maux'en effayant d’en étendre les membres , en les touchant comme pour … les agacer ; alors ces fibres éprouvoient une telle-tourmente ; que leurs mou- vemens aygmentoient confidérablement de force ; il fembloir que cet effet étoit du à la contrariété que nous venions de leur faire éprouver. Nous avons encore obfervé qu'à mefure que l’air froid agifloit à nud fur ces mufcles nouvellement coupés, la tourmente des fibres angmentoir, & les mouve- He MEN Ve | AAA Ler A EE # + — »> JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, mens extraordinaires dont nous venons de parler fe montroient dans toute leur force. Tous les effets qui viennent d’être décrits ont duré vingt-une mi- nutes après la fépararion de la tête d'avec le corps; mais à la vérité le boucher avoit bleilé l'animal au ventricule droit avec fon couteau , en ouvrant la poitrine. . XL LIES EUXUPRÉURAMENNIGLE. ? » æ Séparation de la tête d’un papillon. . La tête a confervé fes mouvemens près de quatre minutes ; le corps a continué de voler plus de vingt minutes, en fuivant fes directions ordinaires fur les leurs où il avoit coutume de butiner; il a encore fair, après cela, des mouvemens qui ont paru volontaires , pendant plus de quinze minutes. NloVeue RU ÉCRUUE N°C/E: Même expérience fur plufieurs mouches de diverfes efpèces € groffeurs. Mèmes réfultats. XV EXPÉRIENCE. Peuite grenouille mife duns le gaz muriatique oxiaéné. Apparence de mort au bout d’une feconde ; mouvement de la grenouille dans l’eau à fa fortie du gaz ; ce qui démontre l'influence que l’acide muria- tique avoit eu fur la refpiration de l'animal. La même grenouilié, fans mou- vement , ayant été placée dans le gazoxigène, & laiflée deux minutes dans ce gaz, il ny a eu aucune apparence de mouvement. Ayant produit un excitement fur le nerf crural de l'extrémité droite inférieure de cette gre- nouille avec unifilkd’argent pafé fous ce nerf, mis en contaét avec le zinc, un mouvement gradué s’eft communiqué d'abord le long de cette extré- mité, & enfuite dans toutesdes parties de la grenouille, du mème côté. Ce mouvement a été augmenté, toujours du même côté, dans les extré- mités fupérieures de cette grenouille , en changeant le point d’armature , & le plaçant vers la région moyenne & antérieure de la moëlle épinière. L'armature ayant été placée fur la région moyenne & poftérieure du nerf faphène, elle a produit un mouvement prononcé dans tout le corps de l’a- nimal; l'ayant avancée jufqu’à l’extréunité inférieure du nerf faphène, le mouvement s’eft encore prononcé davantage. Quand le point d’armature eft placé à la partie poltérieure & inférieure du nerf médian, le mouvement eft plus prononcé que lorfque le point. d’armature eft placé fous la région moyenne de ce nerf. Cetre expérience ayant été répétée fur plufeuts animaux , tantôt vers la région moyenne des netfs , d’autres fois vers leurs extrémités, les mouvemens de l'animalsont toujours été plus violens quand les points d’armature étoient fitués aux extré- ET D'HISTOIRE NATUREÉILE. 123 mités des nerfs. Ces expériences milirent en faveur du fentiment de Valli qui préfume que la fenfbilité augmente à mefure que les exciremens s’a- vancent vers les extrémités des nerfs, & qu'elle diminue quand on l’excite en fens contraire. NOVELL EX PRÉUREE NE E: Ÿ Propofée par Marc, médecin allemand. Nerf crural d’une grenouille , lié à fon origine & à fon extrémité avec un fil très-fin & ciré; excitement re entre lès deux ligatures avec Le zinc & l'argent. Si le fluide de l’éleétricité animale eft aufli fabeif que celui de l’e- leétricité commune, les ligatures ne doivent pas empècher l’action du cou- rant métallique ; en effer, il y a eu un mouvement très- “prononcé dans routes les parties de l'extrémité inférieure. Cerre expérience demande à être encore répétée. NT UNE OP DIRUI EN GLE Décolation d’un mouton , à Surène, chez Siclair, boucher , en préfence du doëteur Ebel , la Chaume, Barbier © autres , à dix heures dou?e minutes du matin. On a féparé la tète à la manière ordinaire. Cette décolation à duré deux fecondes. La tête a confervé fes mouvemens deux minutes fans excitemens; après feize minutes, l’excitement avoit encore un effet très- marqué dans le centre proford de la mâchoire inférieure & fupérieure. La téte renverfée, le mou- vement étoit encore fenfible dans tous les mufcles qui avoilinent ces parties ; après dix-neuf minutes & demie, la tête fendue verticalement, l’excite- ment n’a rien produit, Le corps, avant d’être dépouillé, a confervé pendant douze minutes fes mouvemens , qui étoient fi violens, qu'il falloit trois hommes pour le tenir. Il a eu des contractions fenfibles pendant le dépouil- lement, & encore quarante minutes après. \ RUN USL EUX /D'É RO IN EUNNCÉE. Même jour , même endroit , à dix heures cinquante minutes, fur une brebis pleine. * La tête a confervé fes mouvemens deux minutes & demie naturellement; pendant treize minutes on en a obtenu, par les courans métalliques , de très-prononcés à la langue & aux mufcles de la face. A feize minutes, ona ceflé d’en appercevoir extérieurement ; mais ils étoient fenfbles Fe les mufcles tranchés, & on en a obtenu jufqu'à vinot-trois minutes. Le corps exigeoit la force FA l'homme pour le contenir. A vingt-fix MMUTES, ON A _ ‘ 134, JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE retiré le fœtus; on l'a ouvert, & on y a obfervé le mouvement du cœur d'une manière très-fenfible & fans aucun excitement. La tête en ayant été coupée , l’excirement n'ya rien produit, non plus que dans le tronc; mais / le cœur, fimplement comprimé ; donnoit encore des figne$ de mouvement par excitement, quoique détaché & ifolé. Ces mouvemens durèrent trente minutes. XIX EXPÉRIENCE. Méme jour, même lieu , à midi trente-deux minutes , décolation d’un “ porc (x JE Il n'ya prefque pas eude mouvementmaturel dans la tête ; mais par l’excite- ment dés métaux en conta®, la langue a fait des dardemens fenhbles à qua- rante-trois minutes. Le corps a eu, par les mêmes procédés, beaucoup de mou- vemens réitérés très-convulffs, & qui ont fait mouvoir les quatre pieds & fronce: la peau. On a fixé le conduéteur de zinc fur la moëlle épinière, & celui d'argent entre la peau du vifage & le plexus facial. Chaque fois que l’on mettoit les métaux en contact par leurs extrémités fupérieures , les mou- vemens convulfifs de tous les mufcles du vifage devenoient fi forts, qu'ils fe propageoient jufqu'aux oreilles & au nez, & que ces parties étoient dans une action continuelle. à il eft digne de remarque que tout mouvement ceffoit à l’inftant de l’éloi- gnement du contact des métaux. À une heure dix-fept, dix-neuf, vingt & vingt-une minutes, en appuyant en oppoltion deux tils de métal, l’un d'argent, & l'autre de £er , fur le plexus facial , les convulfions étoient très-vives. Les métaux ont opéré jufqu'’à vingt-huit minutes. Il y a eu un repos, & à trente-fx minutes, retour de mouvement. Tourexcitementeft enfuite devenu inutile, Ainf, il y a eu mouvement & apparence de vitalité pendant une heure & quatre minutes après la décolation. RQ LE Ex PUÉSRANEUN IC Eicher moi, Seëtion verticale d’une grenouille ; le cœur laiffé du côté gauche , abfolument intac£, Un excitement a été produit, par le contaét du zinc &;,du fer, fur la portion gauche , à l'inftant de fa féparation de la droite, Le zinc ayant été appliqué fur la portion cérébelleufe, & le fer fur les parties nerveufes & mufculaires qui font en rapport avec les gros vailleaux du cœur, 1l en eft (1) Le boucher l'a couché par terre , lui a mis une groffe corde entre les mâchoires, & l'a décolé avec un couteau qu’il appelle feuille. . réfulré ET D'HISTOIRE NATURELLE. 125 réfulté un mouvement très-violent de toute cette portion, quand ces deux vaifleäux éroient en contaét, mais aucun mouvement lorfqu'ils n’y étoient pas. Si l’argent ou l'or font en contact avec le fer ou le zinc , le mouvement s'accroît de beaucoup. La même expérience, répétée avec les mêmes métaux , fur la moëile épi- nière, en dirigeant un des métaux fur la portion cervicale de la motile, & l’autre far la région lombaire, toujours de la même portion gauche, il en eft réfulté un mouvement de contrattion & de frémifflement général au moment du contact des métaux pat leurs extrémités. . Les mêmes excitemens ont été répétés fur le cœur exiftant dans cette por- tion verticale gauche. Le cœur eft mort après trois quarts-d’heure de mou- vement. ; Reprife de la portion verticale droïte de la même grenouille, quoique déjà morte en apparence une demi-heure après fa féparation. Mème expi- rience répétée de la mème manière , avec les. m°mes métaux ; mêmes réfulrats. 11 faut obferver que le mouvement étoit encore plus violent que fur la portion gauche . à laquelle le cœur tenoit Cette portion à confervé fes mou- vemens par Excitement né demi-heure plus long-temps que l'autre. OX ur EP É MR ie E NC Grenouille coupée tranfverfalement , entre la partie inférieure de la région lombaire & la partie fupérieure de la région facrée. Aïmature de zinc placée fur les extrémités des nerfs lombaires, armature de fer placée fur la région interne vertébrale, dorfale ; mouvement très- prononcé dans tout le {yftème du tronc. À une heure, cette portion vivoit encore. Armature de plomb laminé, couvrant le nerf crural de l’extrémité infé- rieure äroite; contaét de ce nerf avec l'argent; contact de l'argent avec larmature. À linftant , mouvement très-prononcé de cette extrémité; aucune apparence de mouvement dans l'extrémité gauche. Même expérience d’excitement fur le nerf crural & celui de l’extrémité inférieure gauche ; contact de ce nerf avec les métaux, & mèmes réfulrats que fur la droite; même apathie dans certe extrémité que dans l'extrémité gauche dont il a été parlé ci-deflus. X XII EXPÉRIENCE. _ Grenouille divifée cranfverfalement en trois parties. La première , entre la partie inférieure de la poitrine & la partie fupérieure du ventre. Tome 117. THERMIDOR an 6. R 126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La deuxième, entre la partie inférieure du ventre & la fupérieure des extrémités inférieures, La troifième , qui donne la féparation des extrémités inférieures, & le réfultat de la deuxième divifion. Les mèmes armatures ont été placées fur les extrémités des merfs de ces portions. Dès l’inftant qu’il y a eu contact de l’armature , les portions de chaque tout, divifées, ont exercé de très-orands mouvemens, La première divifion tenant à la tête, a confervé fes mouvemens une heure après avoir éprouvé l’excitement des courans métalliques. La deuxième divifion, formant le ventre, a confervé fes mouvemens un quart-d’heure, & je n’ai produit qu'un excitement par courant métallique. La troifième divifon , formant les extrémités inférieures réanies au baflin , a été excitée par le moyen des nerfs facrés en contaét avec les mêmes mé- taux. Elle a confervé fes mouvemens deux heures. : XX L'RUMERXIP EUR I ENIGUE Grenouille divifee en quatre portions égales. La tête a confervé fes mouvemens une demi-heure, la poitrine dix mi- nutes , le ventre à-peu-près le même temps, les extrémités inférieures une heure ; mêmes excitemens que dans la troifième expérience; mêmes réfultats. RUN MMVUNE XP PIRMMEMNIC’E, Grenouille dépouillée, divifée en huit portions. Mme vitalité par approximation ; mêmes excitemens; mêmes réfulrats. par ap ) > RUXOQUE UE EX PTE AR MENINNCNES Grenouille dépouillée , muftles entiers feparés fur-le-champ du ventre, du dos & des extrémités, tels que les mufcles droits , les mufcles longs dor- faux, les mufcles biceps & les mufcles jumeaux , placés chacun fur une pièce de vingt-quatre fous, 6 excités alternativement par le contaët du zinc, de l’etain, du platine, du bifmuth & de l'or, Mouvemens de contraétion très-fenfibles pendant l'effet des courans mé- talliques, & ne s’ohfervant que pendant leur contact ; car lorfqu'il ceffe, ces mufcles reviennent à leur premier état. Le contact de l'or avec l'argent a femblé produire des effets encore plus confidérables ; la durée du mouvement des mufcles a varié felon leur épaif- feur; les mufcles jumeaux ont confervé leurs mouvemens huit minutes, les mufcles biceps , huit minutes , les mufcles longs dorfaux & droits du ventre, deux minutes. tæ \ ET D'HISTOIRE NATUREILE 127 Il eft à remarquer que certe durée de vie varie fuivant l’âge, la force, le degré de température, l’efpèce d'animal , la jufteffe & la prefteife avec lef- quelles le mufcle eft enlevé dans fon entier. Les véritables degrés de la vie du mufcle font annoncés par les réfultats que donnent les excitemens , c’eft- à-dire par le renforcement de ce qu'on pourroit appeler les courans vitaux , car alors les mouvemens font, pour anfi-dire, tumulrueux, Lorfque, par les exciremens, on ne peut produire ni mouvement, ni frémiflement dans les plus petites fibres mufculaires , c’eft la preuve la plus abfolue de la mort de la partie. J'ai tâché de pouffer l’obfervation plus loin; j'ai féparé & enlevé des mufcles d'infectes , de poiffons , d’amphibies, d’oifeaux & de quadrupèdes ; je les ai divifés par portions d'une petitefle extréme; j'ai vu d’abord palpita- tion, contraction, puis frémilfement dans la plus petite portion, cette durée de mouvement variant fuivant le volume de la portion déterminée par la feétion. Quand l’excitement ne peut plus produire ni contraétion, ni fré- miffement , la vie paroîr entièrement détruire; car, pendant l’excitement, les parties vivantes qui ne peuvent plus étre vues par l'œil , le font encore par le microfcope, tant que le courant métallique agit; mais quand ces particules refufent l'influence métallique , on a beau les exciter par tous les moyens mécaniques connus, elles reftent dans l'immobilité la plus abfolue, & même dans l’affaiflement le plus complet; la couleur livide fe manifefte promptement : alors commence la décompolition. XX: Vct. 2E XX) P'ÉR ILE INC E; « En préfence de beaucoup de gens de l’art & de plufieurs amateurs des fciences. Divifion verticale d’une carpe & d’une anguille. Chaque divifion ayant été excitée par les mêmes armatures dont je me fais fervi pour la feétion verticale de la grenouille, les mouyemens ont duré long-temps ; ils ont été très-violens. Après une feétion tranfverfale , 1°. en deux portions ; 2°. en trois, d’une carpe & d’une anguille, le tronçoh de la tête de la carpe a confervé fes mou- vemens une heure & demie fans excitemens, celle de l’anguille trois quarts- d’heure ; le tronçon du tronc de chaque individu à fait des mouvemens pen- dant vingt minutes, & le tronçon de la queue de l’une & de l’autre, plus d'une demi-heure. Tous ces tronçons ont été excités à différentes reprifes , & la vie a toujours repris fes forces par ces procédés. Trois heures après l’ex- citement, fon effet avoit encore lieu, & quatre heures après il a ceflé. On lit dans le Journal de Phyfique, année 1793 , page 461, que Larey ayant eu l’occafon de faire l’amputation de la cuiffe d'un homme dont la R 2 . EVA s 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, jambe voit été écrafée par une roue de voiture , a voulu répéter fur l’homme les expériences de Galvani & de Vaili. En conféquence, il a difféqué le nerf poplité, dont il a ifolé le tronc jufqu’aux plus petites branches ; enve- loppant enfuite le tronc de ce nerf avec une lame de plomb , après avoir mis le corps de mufcles gaftrocnémiens à découvert, ila pris une pièce d’argent dans chacune de fes mains, & lorfque, touchañt avec l'une l'armure de plomb , il a mis l’autre pièce en contaét avec des mufcles, il leur a fait éprouver des mouvemens convullifs,crès forts qui agifloient fur la jambe, & même fur le pied. Le doéteur Storck a répété avec fuccès la même expérience. Ces favans ont obfervé que des morceaux de fer & d’acier ne produifoient pas des phénomènes aufli marqués. Les effets ont augmenté confidérablement lorfqu’ils fe font fervi d’un ftylet d'argent pour conducteur, quoique le membre fût alors devenu froid. J'ai fait la même expérience à l’hôpital militaire de Courbevoie , fur la jambe d’un foldat , âgé de 26 ans, à qui je venois de faire cette amputation; j'ai difféqué le nerf poplité; j'ai envgloppé le tronc de ce nerf avec une lame de plomb; je l'ai touché avec l’excitateur , ainli que les mufcles gaftrocné- miens, & j'ai obrenu des mouvemens très-prononcés dans tous les mufcles de certe extrémité. Alexandre Von-Huinboldt m’a communiqué l'extrait d’une lettre conte- nant quelques expériences fur le galvanifme, à lui écrite de Drefde, au mois de seprembre 1796, par Grepengieiler, médecin à Berlin. Je crois devoir l’inférer ici. * « Entre plufeurs autrés curiofités médicales, j'ai trouvé, dit-il, à l’hô- pital militaire de Diefde , un malade qui mérite une attention particulière. Vous ferez étonné quand je vous diraf que cet homme portoit depuis fept ans une grande partie de fes inteftins hors du ventre. Cet infortuné avoit depuis long-temps une grande hernie fcrotale; il y furvint par accident un étrangement; on le traitoit par des cataplafmes chauds ; on différa l’opé- ration trop long-temps, & l'on fit naître, pat une fuppuration gangreneufe , au fac herniaire & aux intéftins, une ouverture confidérable , ou azus contre nature ; la grandeur de cette ouverture fic fortir les inteftins qui, entraînant une partie du méfenrère, avoient acquis fucceflivement du volume, & formoient alors une mimeur d’une figure tres-irrégulière , qui defcendoit jufqu’aux genoux ; toute fa furface étoit rouge & ridée comme la membrane interne des inteftins. On remarqua à la partie fupérieure un anneau un peu faillant, & ferrant beaucoup l’inteftin , à la manière d’un fphinéter. En fou- levant les plisexrernes, on découvrit'en bas , de chaque côté, des ouvertures cachées, dont! les bords étoient renverfés & redoublés fur eux-mêmes, & dont l'une Aifoit fortir des matières fécalés, ou les alimens-à demi-digérés; Pautre ; un.pen de mucofité blanchatre, ou le lavemerit quand le malade en avoir pris. Îl ne rendoir rien par l'anus depuis l'origine de fon mal. Sans def- < | ETSDEHISTOMRENNA TUR'ELLE; 129 fin, il eft difficile de fe faire une 1dée claire de ce tableau merveilleux. De temps en temps on remarquoit encore quelques reftes de mouvemens périf- taliques, furtont quand un courant d'air touchoit les inteftinss mais les ondulations étoient très-lentes & rares. Ilréfulta d’un examen plus exaët que, pendant l’inflammation, les inteftins s’écoient collés & agglutinés à la paroi du fac herniaire , près de la circonférence de l'ouverture, & que par confe- quent ils ne pouvotent fortir qu’en fe renverfant fur eux-mêmes, & préfen- tant feulement à l'extérieur la face interne. Les inteftins, pendans au de- hors , étoient probiblement la fin du canal desinteftins grèles, & le commen- cement du canal des gros inteftins; car l'anneau mentionné, faillant, rouge , & ferrant comme un fphinéter l'inteftin , avoit une partie de fa circonfe- rence plus mince, une autre plus groffe , & ne pouvoit être rien autre chofe que la valvule de l'embouchure de l’iléon qui , par le mouvement de tous les boyaux, avoit perdu fa forme originaire, » Je me propofai tout de fuire d'effayer fur ces parties les effzrs du galva- nifine ; le malade ne s’y refufa pas, & les expériences que j'ai faiteëii fou- vent fur moi-même ne me faifoient craindre aucun#danger ( 1 ). » En me fouvenant de mes derniers effaistconcernant les effets des alkalis fur les nerfs , je mouillai la furface 7 me avec une folution de potaffe, & je vis avec étonnement le moavement périftalrique acquérir une force fix fois plus grande; l'ardeur mème fut fentie pat le malade, en raifon de cet accroiffement de force; phénomène qu’on ne peut &ttribuer qu'à l'irricabilité exaltée ; car la fenfation qui produifoit la folutionalkalinefeule, & fans lir- ritation métallique , éroit très-foible & paffagère. » Comme j'attribue en grande partie l’inaétivité & la relaxation de l’efto- mac à l'influence déprimante de l'acide fur les neïfs, j'aurois fait volontiers d’autres expériences avec des acides & autres fubftances analogues; mais j'ai craint d'abufer de la patience de ce pauvre vieillard. » Ces expériences renverfent l’opinion des phyfciens de la Lombardie, qui prétendent qu'il n'y à que les mufel:s foumis à la volonté qui puiffent foufnir des phénomènes du galvanifne, & elles prouvent inconteftablement ue le mouvement périftaltique dépend de l’action des nerfs, quoique l'il- Juftre Haller appuye principalement far le mouvement périftaltique fa doc- tine de l'irritabilité de la fibre mufculaire, qu'il regarde comme propre & indépendante des nerfs ». Une expérience que je propofe, & que je n’ai pas eu le temps de faire, c’eft d'établir une batterie de nerfs d'animaux vivans, de la même efpèce, (1) Humboldr fe failoit plufieurs fois découvrir les nerfs par le moyen de deux véf- catoires (ur les épaules , pour effayer le galvanifme (ar fon propre corps, & pour y faire des expériences qui le conduifirenc a des découvertes rrès-curieufes, 159 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à-peu-près de la même groffeur, & dont les nerfs aient, s'il eft poñible , le mème volume; fous ces nerfs, on placeroit une,armature de plomb ou d’érain , que l’on meuroit en contaét avec le zinc pour favoir fi cette armature, ainfi communiquée , & les nerfs accolés , renforceroient les effets produits par le courant galvanique. On pourroit chercher à faire la méme expérience avec des nerfs d'animaux vivans de différentes efpèces, & mème de différens genres. ‘ Dans toutes mes expériences, j'ai beaucoup varié les intermèdes métal- liques ; car je me fuis fervi du fer, du plomb, de l’arfenic, de la plomba- gine, de l’antimoine, du platine, de l'érain, du zinc & de l'or ( 1). J'ai obfervé des différences remarquables fuivant le contact des métaux ; mais ces expériences demandent à être fuivies avec rant de précilion pour en bien conftater Les réfultats, qu'il m’eft impoñlible , dans ce moment, de les donner. Il y auroit un très beau travail à faire fur les effers du conta& de tous les métaux connus, & mème de plufeurs autres corps qu’on pourroit y employer ; mais ce champ eft fi vaite, qu'il eft néceffaire que quelques favans s'occupent de lesdéfricher. Je vais joindre à ces expériences des obfervarions fur la vitalité de quel- ques infeétes, qui m'ont été communiquées par Defmortier , membre de plufieurs fociétés favantes. je = Placez un cerf. volant fur le dos , & maïntenez-le dans cette fituation, fans gèner la liberté de fes mouvemens ; vous verrez l'animal fe mouvoir avec vivacité, & faire effort pour reprendre fa polition naturelle. Il y par- viendra dès que vous cefferez de le contrarier. Coupez la tête du cerf-volant, & placez le corps fur le dos; vous verrez la feétion de l’animal s’agiter comme l'animal entier, exécuter les mèmes mouvemens , combattre les obftacles que vous lui oppoferez , & fe remettre enfin fur fes pattes lorfque vous l'abandonnerez à fes propres efforts. Si le corps du cerf-volant porte fur un plan inégal ou raboteux , il tirera merveilleufement parti de ces avantages pour fe reroutner , & il y parvien- dra facilement; mais fi le plan et très-uni , tel qu’un carreau de verre, l'a- nimal éprouvera de grandes difficultés; les extrémités crochues de fes pattes ne pouvant failr la furface polie du verre, 1l fe tourmentera en vain. Alors, touchez lésèrement fes extrémités avec un morceau de papier roulé, que (x) Je fais aétuellement conftruire des excitateurs de formes différentes | & de toute efpèce de fubftance. Le n°. 1 repréfente un excitateur en forme de compas , dont une lame eft d'argent, & l'autre de zinc ; } Len°.2 ,un grand excitateur de zinc pour les gros animaux ; Le n°. 3 , un excitateur en forme de pince , ayant un côté d'argent & un de zinc ; Le n°. 4 , une barre d'argent fur fon pivot ; Le n°, $, une barre de zinc également fur fon pivor. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 131 vous retirerez enfuite, & poferez à une ligne de diftance ; auflitôt les pattes redoubleront d'efforts; elles fe porteront dans la diteétion d’où leur eft venu le contatt, afin d’en faifir l'objet ; elles s’y accrocheront & fe replaceront bientôt naturellement. La tête du cerf-volant, après 48 heures de féparation, étoit immobile ; expofée au foleil , elle s’eft ranimée en quelques fecondes ; & au bout d’une minute, Defmortier lui à préfenté un morceau de fer : avertie par la pré- fence d’un corps étranger , elle l'a faifi d'abord avidement avec fes cornes ; mais elle l’a bientôt abandonné. Defmortier ayant fubftitué le bout de fon petit doigt au morceau de fer, un pincement très-vif lui a fait fentir fon imprudence, & il lui a fallu employer l’autre main pour retirer les cornes, qui étoient entrées d’une demi ligne dans la chair. Les mêmes obfervations , répétées fur des hannetons, lui ont donné quelques différences. La rère du cerf-volant vit plus long-temps que le corps ; celle du hanneton ne vit plus dès qu’elie en eft féparée, du moins il n’y a obfervé aucun mouvement, même à la loupe. La fection du cerf-volant ne laifle couler aucune humeur; celle du hanneton fournit une humeur glai- reufe, quelquefois affez abondante : cette perte , qui doit afoiblir beaucoup l'animal, ne l'empêche cependant pas de vivre vingt-quatre heures; & dans la durée de fa cruelle exiftence , tant que fes forces le lui permettent, il préfente les mêmes phénomèzésique le cerf volant pour fe remettre fur fes pattes; à peine y eft-il replacé qu'il marche, & même fort loin; ce que le cerfvolant ne fait pas, Auffitôt après la décolation, le hanneton marché; mais comme il w’a plus d’yeux matériels , il fe conduit avec ceux de l'inftinét, & fa marche eft tout-à-la-fois une fuite de mouvemens, de fenfations & de réflexions ; c'eft un voyageur, au milieu de la nuit la plus noire, qui tâte leterrein, & qui, plus heureux que l’homme, que fes précautions ne garantiffent pas toujours du danger , s’arrète au bord du précipice & n’y tombe jamais, Quand le hanneton décapité veut marcher , il avance doucement une patte pour reconnoître le terrein ; s’it le trouve folide , il y pofe cette parte, puis 1] avance celle du côté oppofé qui répond à la première ; 1l la pofe avec la même précaution, puis une troifième , & ainfi de fuite jufqu’à la dernière ; alors l’animal a parcouru un efpace égal à la longueur de fon corps. Enhardi par ce coup d’effai, il marche avec plus d’affurance & plus vite. Si le plan qu'il parcourt eft élevé, tel qu’une table, lorfqu’il parvient à l’une de fes extrémités , 1] reconnoïîteparfaitement qu’un précipice eft là, & qu'il y a du danger à vouloir pafler outre; en conféquence, il s'arrête , il délibère ; tantôt il refte immobile , tantôt il retourne fur fes pas, Qu'on dife fi tout cela ne conftitue pas un être vivant & réfléchiffant. 152 JOUNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Moyens de ranimer & de prolonger la vie des infeüles décapités ; par le même auteur. Lorfque la tète du cerf volant étoir immobile & paroiffoit fans vie, l’au- teur l’expofoit au foleil, & bientôt elle fe ranimoït ; quand il ne faifoit pas de foleil, 1l la ré. hauffoit avec fon haleine, La chaleur du foleil convient tant que les parties coupées font fraîches ; mais lorfque ces parties fe deifèchent , elle augmente le defléchement & accélère la mort de l’animal. Dans ce cas, la chaleur humide de lhaleine convient mieux , parce qu’en retardant les progrès du delléchement, elle fait vivre l'animal plus long- temps. La vapeur de l’eau chaude réuilit auili très-bien ; ce procédé eft même préferable au fouffle de l’haleine, parce qu'il eft moins gènant. Le plus grand nombre des faits qui viennent d’être décrits ne fembleroit- il pas annoncer, ÿ 1°. Que les nerfs peuvent natre, croire, fe développer & fentir indé- penlamment du cerveau; 2°. Que les nerfs du cerveau peuvent fuppléer, jufqu’à un certain point, aux fonctions de ce vifcère, comime les obfervations faites fur le cerveau de veau & celui du bœuf le prouvent (1); 3°. Que chaque nerf, & même ch. ortion de netf, a la force vitale nécelfaire pour animer & faire fentir ic dans lefquelles ils fe diftri- buenr, les imprefions qu’ils éprouvent; que le nerf ne les commuuique à fes branches continuées que quand la dofe de fenfations eft trop forte pour lui ; qu'alors fi les autres branches nerveufes ont encore une fuperquantité de fenfations, 1l les tranfmet à d’autres; qu'ainfi, de proche en proche, tout le fyRème nerveux peut ère en action par une fuite de la mème caufe; & qu'au Contiaire chaque nerf peut concentrer en lui-mème fa fenfaion, & s'y complaire un certain temps ; 4°. Que les nerfs agillent ou enfemble ou ifolément les uns des autres, & qu'ils s’aident de leurs forces plexulaires au befoin; ce qui eft prouvé par J'immenfe variété de mouvemens & de fenfarions que l'homme & les ani- maux éprouvent dans tous les inftans de leur vie ; 5. Que la pafeétibilité de la fenfarion dépend vraifemblablement de l’accumalation ou de la diftribution de la fubftance nerveufe, fi roucefois les (1) Il y a lieu de croire que dans un état tel ; les nerfs s'habituent peu-à-peu à suppléer à la force d'action du cerveau , à mefure qu'il fe folidifie ; car une diflolution femblable ne peut {e faire promprement. C'eft par la néceffité feule qu'avec le temps une portion organique peut s'accroire , acquérir plus de force virale, & remplacer les fonctions de celle avec laquelle elle étoit en rapport. Cependant une fonétion fecondaire de ce genre n'approche jamais de la perfeéibilédont elle jouiffoit quand le tour éroit harmonifé par les premières loix de l’antmalifarion. ; à Ê partie ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 133 parties qui fentent mieux & plus long-temps font celles qui contiennent & reçoivent le plus de matière nerveufe ; - 6°. Que la vie eft plus tenace dans es foÿers animaux où il y a beau- coup de nerfs, puifqu'il y a des animaux d’un même ordre dont les païties féparées vivent plus long - temps que d’autres, divifées de la même manière ; 7”. Que les excitemens produits par les métaux ou par des courans que donneroient d’autres fubftances , peuvent être d’un grand fecours dans cer- taines maladies, fur-rout dans Mafphixie, la paralyle, la lécharoie , &c. en un mot, dans toutes Les maladies où le folide vivant a befoin de beaucoup d’excitabilité ; 8°. Que le contaét des métaux peut être regardé comme un nouveau ther- momètre pour juger de la mort où de la vitalité actuelle d’une partie du corps ou du tout; 9°. Que la vie & la fenfation font répandues par tou le fyftème, qu'il Arut diftinguer conféquemment les effets particuliers du plaifir & de la douleur dans le lieu où ils fe pallent, de ceux produits par corrélation dans d’autres parties ? Les expériences que je foumets à l'examen des favans, & celles faites par Cotugno , Vaffalr, Valli, Hunter, Galvani, Egel, Gren, Hermeftaedr, Humboldr, Jaquin, Lichtenbere, Moll, Schærer, Sommering, condui- ront vraifemblablement à des loix plus précifes fur les phénomènes de la vitalité. Regardons la nature comme un tout immenfe, & foyons perfuiadés que ce qué les expériences nous font découvrir eff la plas petite partie de ce qu’elle renferme. À force d'avoir été étonnés, puiflions-nous parvenir à ne l'être plus ! Obfervons , amaflons de nouvelles vérités ; tâchons de les’lier, & attendons-nous à tour : le connu ne peut fervir de modèle à l'inconnu, les modèles ayant été variés à l'infini. Tome I ve 7. THERMIDOR an 6. S 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE COM EÉTE DEL AIN VE Par MESSIER, aftrorome, de l’Inftitut national de France. M sien a découvert cette comète de fon obfervatoire, le 23 germinal 12 avril), vers les huit heuresdu foir, près des P/eïades , fur le parallèle de la plus brillante de ces étoiles, Æ’ra. (C'eft la vifigr-unième comète que Meflier découvre depuis 1758, & la quarante - deuxième qu'il obferve. ) Cette comète étoit petite, ronde, environnée de nébulofirés, & fans appa- rence de queue. Elle ne put fe voir à la vue fimple tout le temps qu'elle fat obfervée. La durée de fon apparition fur de 43 jours , pendant lefquels elle parcourut 102 degrés en afcenfion droite , en fuivant l'ordre des fignes , & 45 degrés + en déclinaifon boréale, s'élevant vers le pole du monde à 21 degrés. Les 43 jours qu’elle refta vilible aux inftrumens, procura à Meflier 28 jours d’excellentes obfervations. Cette comète a pañlé par les conftellations du Taureau , traverfa Perfée pour fe porter däns la Girafe, & de la Giraffe dans la tète de la grande Ourfe , où elle ceffa de paroître le $ prairial (24 mai). Les élémens de cette comète ont été calculés par le jeune & favant géo- mètre Burkard , d’après les obfervations de Meflier , de la manière fuivante, & qui repréfente les obfervarions à la minute. Longitude du périhélie. .... SHobenvot ART MIS OCR Longitude du nœud afcendant........ 4. 2. 9.0 Inclinaifon de l'orbite. ......4....:.. MEANS Paffage au périhélie, 1 s germinal(3 avril), À be A0 ES SET ESA essesesseresses LL ANSE Sn Yes réa Logarithme de la diftance périhélie. . ... 9,6855253 Sens du mouvement direé. L2 La plus petite diftance de la comète à la terre a été, vers le 11 oréal (30 avril), de 32 millions = de lieues enviton. NI NE TND /HISTOLR EN NATURELLE. 133$ ENSE R OD UCT EO N A L'ETUDE DES PIERRES GRAVÉES: Par À. L. MiLLiN, confervateur du mufee des antiques , à la bibliothèque nationale , profeffleur d'hifloire & d’antiquités , des fociéres d’hifloire naturelle & philomatique de Paris, d'émulation de Rouen, de l'académie des curieux de la nature d'EÉrlang ; de l’académie de Dublin, de la focièté linnéenne de Londres , de celle de médecine de Bruxelles ; des [cierces phyliques de Zurich, d’hiftoire naturelle d’Iena. Multis hoc modis, ut cœtera omnia , luxuria variavit, gemmas addendi exquifiti falgoris , cenfuque opimo dignos onerando, mox & effigics varias cœlando , ut alibi ars, alibi materia effet in pretio. PLINIUS, Lib. 33 , feëlt 6. Seconde édition, augmentée 6 corrigée. Prix 2 liv. 8 fous. A Paris, chez l’auteur , à la bibliothèque-nationale , n°. 31 ; FUCHS, libraire , rue, des Mathurins hôtel de Clugny ; Francois-George LEVRAULT , à Scrasbours ; 1 vol. in-8°. PEER PATES L. R T de'graver des images fur des pierres dures, à l’aide d'inftrumens particuliers. fe nomme g/yprique ( 1). Nous ne parlerons ici de la glyptique que relativement aux fubftances fur lefquelles Les anciens gravoient. Subftances animales Parmi les fubftances animales, on compte les coquilles, le corail & l’ivoire. Les coquilles n’ont été employées que par les modernes; les italiens font de jolis ouvrages fur coquille. Le muféum national poffède le poignard de (1)-Dauqus graver. vd 1 LE ENT CONTENUS 4 ‘ . 5 . F È AA ! u 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE François 1*,, le collier de Diane de Poitiers, & une colleétion de boutons enrichis de camées modernes fur coquilles. Voici les coquilles appliquées à l’'ufage de la gravure. La moule margaritifere donne la belle sacre de perle, fur laquelle on grave des fleurs & des animaux; les orientaux en font des vafes & des bijoux. 2 Le nautile-chambré, qui fe débite er lames, fert au mème ufage. Le burgau qui, dépouillé de fa fubftance corticale par un acide , eft plus chatoyant que la nacre de perle. Il ne peut fe débiter en grandes lames ; les jointures des plaques font ordinairement couvertes par les deflins-de la mon- ture. Les venus, chames , &c. de différentes efpèces. On fe fert de la partie la plus voifine de la charnière de chaque valve : c’eft la plus épaife. Différentes porcelaines dont la fubftance , compofée des couches de diffé- rentes couleurs, imite allez bien la fardonyx. Parmi les autres fubftances animales, on diftingue le corai/ zoophyte, que Mariette place, mal-à-propos, au nombre des plantes; c’eft le /ichodendron des anciens. On ne connoît fur cette fubtance que des gravures groflières. On a trouvé différens ouvrages fur corail dans la Sicile. Les anciens, qui ont tant travaillé l’ivoire , en faifoient fürement des bagues; leur fragilité, leur deftruëtibilité trop faciles les a empêèchées de paivenir jufqu’à nous. Les reliefs des dypriques appartiennent plutôt à la toreutique qu'à la glyptique ; on peut aufli appliquer à ce dernier art une tête, avec le mot Porfenna, en caraétères étrufques. Subflances vepctales. Parmi les fubftances vévétales, on employoit différens bois , tels que le citronnier , le buis, l’ébène. Les égyptiens ont gravé des caractères hiéroglyphiques far des plaques de bois de fguier fcomore. Le muféum national en poffède plufieurs. Les fubftances minérales font les bicumes , les métaux & les pierres. Pitumes. Parmi les bitumes, on diftingue le Jayer, dont le muféum narional pof- fède une tête de chat. Caÿlus a publié une tête anrique de jayer. Ces monu- mens font rares. Le charbon de terre de Norfolck. Je possède un croiffant, ornement que les druides renoïent à la main en rendant la juftice, qui eft de cette fubf- tance ; on y voit quelques cercles gravés. Le fuccin. On foupçonne que cette fubftance ef le produit de la pouf- fière des étamines d'arbres, de la famille des conifères, principalement du < ‘ ÿ " J La ; (WTAT D'HISTOIRE NATURELLE. 137 pin, élaboré par une efpèce de fourmi, comme les abeilles élaborent la cire. Les grecs appeloient cette fubftance é/ectre, à caufe de fon éclat Le favant Geffner a publié une differtation très-intéreffante fur le füccin ; il eft vulgairement connu fous le nom d’ambre jaune. J'ai indiqué les diffé- rens ufages qu'on en faifoit au temps d’'Homère; on l’a beaucoup employé pour des parures & des bijoux ; on en faifoit des anneaux d’un feul mor- céau; non-feulement l'anneau entier en étoit formé, mais ces bagues portoient fürement quelques figures ou quelques têtes gravées fur le chaton. Ces figures devoient être de relief, & leur exécution n’étoit fûrement pas plus difficile que celle de plufeurs perires figures antiques de fuccin qui nous font parvenues. Cependant il ne nous refte aucune bague ou cachet de fuccin qui foit gravé. : Le /yncurium étoit une variété du fuccin , d’un jaune rouge. Le chryfeleëtrum étoit une variété du faccin, d’un jaune doré, appro- chant de la couleur de la chryfolithe. P Métaux. Parmi les métaux, on cite l’ematite , on y diftingue l’hemratite fibreufe, dont les parcelles font d’un brun jaunâtre, & à laquelle on doit rapporter l’hematire flave de T héophrafte, L'aimant , dont les daétyliothèques du muféum national & du cardinal Borgia offrent divers échantillons. Les égyptiens & les perfes ont fréquemment employé ces deux oxides de fer. La malachire, oxide de cuivre, fréquemment traité par les artiftes mo- dernes. Pierres. Les pierres font les fubftances que les artiftes ont le plus fouvent travail- lées ; on y diftingue les pierres calcaires, les pierres argilleufes , les pierres magnéfiennes ; les pierres filiceufes & les roches. Pierres calcaires. . Je comprends parmi les pierres calcaires un /chiffe calcaire ; que les éeyp- tiens ont employé à la gravure. Pierres arpilleufes. Le Zapis lazuli, pierre bleue, far laquelle des pyrites cuivreufes forment des traces dorées, tient le premier rang parmi les pierres argilleufes. Michaélis & Beckman ont démontré que cette pierre eft celle que les hébreux, les grecs & les romains nommoient sapäir. Elle fert en Perfe pour 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE faire des bijoux & pour peindre en bleu; on l’y apporte du Thiber, Le nom de pierre de Lazur ou ayur , vient du perfan lad/cruurdi où laquarde , dont on a fait /ayuli. La couleur bleue qu'on en reuire fe nomme oucremer , nom impofé dans le moyen âge à plufieurs fubftances exotiques. Le cyanos des anciens paroît être auf notre layis; mais on confond füremeut fousce nom le bleu de montagne & plufeurs oxides de cuivre. Le lapis fervoic pour faire des cubes de mofaique & des ouvrages de rap- port ; on l’employe encore aujourd'hui à cet ufage. IL n'y a guères que les égypriens & Les perfes qui. s’en fuient beaucoup fervi pour la gravure. il n'a guères été employé depuis que par les modernes. La pierre ollaire, fur laquelle nous avons plafieurs gravures égyptiennes, eft une pierre magnélienue : c’eft la pierre rhebaïte des anciens. La fléatise , appelée ainfi à caufe de fon afpe“t orailleux, fe nomme auffi pierre de lard. C'elt cere fubftance dont les chinois font des magots. Pierres filiceufes. Les pierres filiceuf:s ou quartzeufes érincèlent fous le briquet ; elles font les plus dures, & celles fur lefquelles les grands ariftes fe font principale- ment exercés: On les diftingue en pierres cranfparentes , pierres demi-tranfparentes, & pierres opaques. Pierres filiceufes tranfparentes, Le criflal eft un quartz tranfparent qui criflallife en prifines à fix pans, avec deux pyramides à fix faces. On le nomme criflal de roche, parce qu'il fe trouve le plus communémeut dans les rochers. Les anciens croyoient que c'éroit l'effer de la congellation de la place, & c'éroit ce qui lui avoit fuit doaner fon nom. Le plus précieux venoit de l'Inde. Les anciens avoient de beaux vafes de criftal gravés. Néron en brifa un fur lequel on avoit repréfenté plufeurs fujets pris de l'Iade. : ’ La pierre que Pline nomme iris ne peut être autre chofe que le criflal ire , qui décompofe les rayons du foleil, & préfente les couleurs de l’arc- en-ciel. Les criftaux colorés prenuent différens noms, & ce n’eft cependant qu'une fubitance de la même nature; il n’y a de différence que dans la ma- uère colorantre. Parmi les pierres tranfparentes , les gemmes font les plus belles, les plus dures; ce fout celles qui ont mérité chez les anciens & chez les modernes les noms de pierres nobles , de pierres précieufes, de gemmes. Le diamant , que les naturaliftes placent parmi les fubitances inflam- mables, parce qu'il brûle fans lailler aucun réfidu. Les anciens n'employoient que les diamans bruts, polis par un frottement naturel, & dans leur état primuif de criflallifacion , qua ett l'oétaèdrerégu- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 139 lier. On nomme ces diamans pointes naïves. La taille du diamant n’a été inventée qu'en 1476, par Louis de Berquen, de Bruges. Puifque les anciens ignoroient l'art de tailler & de polir le diamant, ils ne l'ont point gravé. Quoique quelques fauffaires aient voulu faire pafer pour antiques de mauvais diamans gravés , Jasques de Trezzo eft le premier qui ait gravé fur diamant. Marierre nomme Clément de Biragues , en 1564. D'autres prétendent qu'Ambroife Charadoffa avoit gravé , en 1 500, la figure d'un père de léglife fur un diamant, pour le pape Jules Il. Natter & Cof- tanzi ont gravé fur le diamant. Les grands artiftes ne doivent pas perdre leur temps à traiter une fubf- tance aufli dure; qui n l'ajoute à leur ouvrage d’autre mérite que celui de la difficulté vaincue, & à laquelle ils font perdre de fon prix réel en diminuant fon volume. Le faphir ef une pierre de couleur bleue ; on appelle /aphir oriental une gemme qui prend différens noms fuivant fa Cou & qui eft toujours la même par fa nature. Le faphir oriental, le rubis oriental , l’améthiyfte orientale, la topaze orientale, ne font qu'une mème pierre, colorée, par un oxide métallique , en bleu, en rouge, en violet ou en jaune. Haüy nomme cette pierre telefie, Le faphir oriental eft la pierre la plus dure après le diamant. Les faphirs occidentaux ne font pas des gemmes , mais des criftaux de roche colorés en bleu par un oxide; tel eft le /aphir d'eau. Notre faphir.n’eft point celui connu des anciens fous ce nom; c’étoit, felon Joannon de S. Laurent, le #eryllus aéroïdes. Veltheim penfe que le nôtre étoit l’adamas cyprius de Pline. Son opinion me paroît préférable, La pierre que les anciens nommoïent faphit , éroir notre lapis lazuli. On connoît quelques gravures modernes fur faphir. Le rubis. J'ai dit que Haüy donne au rubis otiental, à la topaze orien- tale, au rubis, au faphir , le nom de telefie. Romé de Lille réunifloit toutes ces gemmes fous le nom de rubis. - Cette pierre eft de couleur rouge; c’eft celle que les anciens ont nommée anthrax , carbunculus, mot que nous rendons par e/carboucle, pour expri- mer fa reflemblance avec un charbon ardent. Le plus recherché eft le rubis balais, d’un beau rofe. Il eft moins dur que le rubis d’orient , la telefie. Le rubis Jpinel eft d'une couleur orangée & plus obfcur ; le rubis du Bréfil, auoïque d'un beau rouge, eft le moins eftimé. Les anciens ne gravoienr pas le rubis, parce que fa couleur & fon nom leur avoient fair croire qu'il fondoit la cire, On a des cachets modernes fur rubis, L'émeraude étoit connue des anciens; mais toutes les pierres qu’ils nom- moient /maragdes n’étoient pas l’émeraude ; & c’eft de ce qu'on a toujours x40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, traduit le mot /inaragdus par émeraude qu’eft venu la confufon. ils réunif- foient fous ce nom toutes les pierres vertes , les prafes , les criflaux colorés, les jafpes , les malachires , &c. &c. Les colonnes, les ftatues ; les grandes fmaragdes, citées par les anciens, étoient de ce genre; mais les petires fmaragdes dont parle Théophrafte , étoit notre émeraude. On en tiroit de la Thébaïde, & il exifte encore des pierres gravées égyptiennes fur éme- raude. Les anciens aimoient beaucoup les fmaragdes ; les graveurs s’en fervoient pour fe repofer la vue. Néron , qui étoit miope, regardoit à travers une fma- ragde concave les jeux du cirque; mais on la refpeétoit top pour l'entamer par la gravure. Les modernes l'ont aflez fouvent travaillée” Le béril, Les anciens confondoient fous ce#nom toutes les pierres légère- ment teintes de quelque couleur. La pierre de ce nom la plus eftimée eft celle que nous nommons aigue-marine , à caufe de fa couleur d’eau de mer. Les anciens la taiiloienr à facettes. Le muféum national pofsède une pierre verdatre fur laquelle Evodus a gravé la têre de Julie, fille de Titus. On a penié jufqu'ici que c'étoit une aigue-marine ; ce n’eft peut-être qu'un criftal de roche vert-d'eau. L'aigue-marine tirant far le jaune fe nommoït cAryfoberylle. La ropaze eft bien la pisrre que les grecs appeloient copazon ; mais ce n’eft point celle à laquelle les romains donnoïent ce nom, puifque cetre pierre étoir verre, & que celle-ci eft jaune; c'eft celle qu'ils appeloient chryfoliche, pierre dorés. Elle recevoic le nom de chryfolampis quand elle étoit d’une couleur fcin- uillante. ; De eucockryfe, quand fa couleur évoit interrompue par une tache blanche; De melichryfe, li elle approchoit de celle du miel. On en tiroir de Pont, de l'Arabie, de la Bactriane & de l'Efpagne. Les romains aimoient beaucoup la chryfoliche; Cléopâtre fit préfent d’une belle chryfolithe à Antoine ; Ovide orne de certe pierre le char du foleil. La topaze des grecs a été confondue avec la chryfolithe de Pline , parce que ce font les pères de l’églife qui en ont parlé les premiers, comme d’une des pierres du peétoral du grand-prètre des juifs; & comme la plupart éroient grecs & écrivoient en grec, ils ont adopté le nom que les auteurs grecs donnoiefit à notre topaze , fans confidérer que Pline & les auteurs latins indiquent par le mor copazon ; une pierre verte bien ditérente. Les anciens n'ont point gravé fur la topaze. Le muféum des antiques pofsède le portrait de Philippe 11 & de don Carlos fur une topaze , par Jacques de Lrezzo. Notre chryfolirhe n'eff point la pierre à laquelle les anciens donnoïentie nom, puifque celle-ci étoit notre topaze; mais peur-être celle qu'ilsnomumoient chryfophis, c'elt-à-dire vert-doié, comme la peau de quelques ferpens. Ba chryfolire M: EVREDIAMSNOMRE NATURE LEE. 141 chryfolithe eft en effet d’un jaune-verdâtre; on en trouve en Efpagne , aux Indes, au Bréfil, &c. L’Ayacinche elt une pierre d’un rouge-doré, affez femblable au fuccin foncé. Ce n’eft point la pierre à laquelle les anciens donnoient ce nom. II paroït qu'ils appeloient ainfi une pierre d’un violet clair, du genre des amathyftes. Le cracerites de Pline peut fe rapporter à l'hyacinthe ; il le décritcomme une pierre très-dure qui, par fa couleur , tient le milieu entre la chryfolithe & le fuccin. La chryfolithe vitreufe de Pline étoit notre hyacinthe. Il ne faut pas confondre avec l’hyacinthe , l’ayacinthe des volcans, dont la dureté eft bien moins confidérable. On a un grand nombre de gravures fur hyacinthe. L’amerhyfle orientale eft la telefie colorée en violet ; il faut la diftinguer de l’amethyfle ordinaire, qui n’eft qu’un criftal coloré ; alors on la nomme prifme d’amethyfte. On trouve en Auvergne des morceaux de celle-ci d’une . grande portée , que l’on travaille & qu'on taille en colonnes; mais les gra- veurs anciens ne travailloient que l’amethyfte orientale. Les anciens faifoient des coupes d’amethyfte , parce qu’ils croyoient que cette pierre bannifloit l'ivreffe : c’eft de là qu’elle tiroit fon nom. Les anciens confondoient le grenat avec l’efcarboucle , à caufe de fa cou- leur rouge, quoique le véritable carbunculus füt notre rubis oriental. Le grenat étoit le carbunculus nigricans & rubens. Pline dit que cette couleur doit étre tempérée par le violet de l’amethyfte. Caylas penfe que les anciens ont connu l’efpèce que nous nommons grenat fyrien ou furian, parce qu'il vient de Surian ou Syrian, au Péou; ils l'ont employé gravé ou non gravé. É Pline, felon Joannon de S. Laurent, le déligne auñi fous le nom de Zapis carchedonius. * s Le cabinet national pofsède plufeurs gravures fur grenat fyrien. Pierres filiceufes demi-tranfparentes. La prafe eft une pièrre verte qui a été prife pour l’émeraude , & qu'on appelle pour cette raifon , fauffe émeraude. Le mot prafe vient de la ref. femblance de fa couleur avec celle du poreau , prafus , dont on a fait l’ad- jetif prafinus ; on a ditenfuite, gemma prafina , & par corruption , praf- ma, puis plafma, pour adoucir le fon. De là, les jouailliers ont dit prefime, prafme , plafine, prifme d'émeraude; & comme ils regardoient cette pierre comme la matrice des émeraudes , ils ont donné le même nom de prifma d’amechyfle au criftal violet, qu'ils regardoient comme la matrice de l'ämethyfte. Tome IV. THERMIDOR an 6. te 142 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE » L'opale réfléchit différentes couleurs, felon la manière dont elle eft ex- pofée à la lumière; les anciens l’appeloient ræderos. Nonnius aima mieux perdre la vie que de céder une opale à Marc-Antoine. Le muféum des antiques pofsède un portrait de Louis XI fur une opale. On a depuis appelé cette pierre orphanus ; orphelin ; c'étoit ainfi , felon Albert-le-Grand , qu'on nommoir une opale de la couronne impériale , parce qu'on n’en avoit jamais vu de femblable. Le nom particulier de cette pierre, comme individu , a pailé à l'opale éomme efpèce. Le pirafol eft une efpèce d’opale trés-chatoyante , & dont le point milieu femble tournoyer devant le foleil; d’où lui vient fon nom de girare , tour- ner, & fol, foleil. C’eft l’afferia & la ceraunia des anciens ; elle prend différens noms. Celui d’œil-de- char, c'eft le leucophthalmas de Pline. L’œil-de-poiffon eft l’'argyrodamas de Pline; fa galluïque en eft une variété : c’eft auf la pierre que les affyriens appeloient, felon lui, æœi-de- belus. Ces pierres appartiennent au feld-fpath. L’Aydrophane devient tranfparente dans l’eau. Les anciens ont connu &c travaillé cette pierre, mais non pas fous ce nom. L'achate a une pâte fine qui la diftingue facilement. Les anciens graveurs l'ont fouvent employée. On appelle orientale celle dont la tranfparence:eft plus parfaire. Les anciens la nommoient achates, d’un fleuve qui coule en Sicile, & où on en ramafloit; mais ce n’étoit pas précifément à notre achate qu'ils donnoient ce nom ; ils l’appliquoient à des pierres de différentes couleurs , & les nommoient /eucachates , cerachates, hemachates \ felon les nuances de blanc, de cire ou de fang; mais jamais ils ne font mention d’achates d’une feule couleur. Notre agathe étroit leur /arda. On appelle herborifées celles où l’on remarque des herborifations. Les anciens les nommoient dendrachates, & fisurées celles qui. préfentoient des images fingulières. La célèbre achare de Pyrrhus, qui répréfentoit natu- rellement , dit Pline, Apollon & les Mufes, devoit être de ce genre. On a aufi gravé fur des achates qui paroilfent contenir des moules dans l'intérieur. Elles font nommées dahs plufeurs auteurs, piérres de mocha. On croyoit que ce nom venoit de Mocka en Arabie, où on les trouvoit, & où on en faifoit le commerce. L'origine de ce mot eft due à une expreffion patoife des mineurs faxons, qui difent #0ch pour moos, moule; ainfi, moch ftein fignifie pierre de mouffe, & on a dit par corruption, #ocha flein , d'où on a fait pierre de mocha. Mouffe fe dit en faxon, moch, & mech en polonais. L'achate la plus tranfparente fe nomme achate orienrale, Si fa tranfpa- rence eft troublée par des teintes laiteufes, c’eft la chalcédoine ; mais cette chalcédoine n’eft point la pierre que les anciens nommoient charcédonie , « ET D'HISTOIRE NATURELLE. 143 parce qu’elle venoit de Carthage ; celle-ci étoit une efcarboucle. La /euca- chate de Pline pouvoit être notre chalcédoine. Cetie pierre eft affez com- mune ; on en faifoit des bijoux & des cachets. Le cackolong diffère de l’achate & de la chalcédoine en ce qu'il eft tout- À-fait opaque , quoique de la mème pâte ; les anciens ne l'ont pas diftingué , du moins nous ne pouvons découvrir le nom qu'ils lui donnoient; mais ils l'ont ‘fréquemment employé. Le cacholong eft la matière de la couche blanche de la fardonyx. Monges a avancé que la matière des vafes murrhins étoit le cacholong ; mais cette opinion n’eft nullement démontrée. La fzrdoune eft de la même pâte que l’achate ; elle a une couleur enfu- mée & noiratre. La fardonyx eft compofée de trois couches, une noïre, une blanche & une brune. Le graveur attaque fucceflivement les deux premières couches pour faire les figures & les draperies, & la troifième fert de fond au tableau. Le mot fardonyx vient de farda , nom que les anciens donnoient a l'a- chate , & de onyx, ongle, parce que les zones de cette pierre reffemblent aux cercles de la bafe de l'ongle. Les anciens aimoiënt paflionnément la fardonyx; ils en faifoient des bagues & des bijoux. Le Blond penfe que les vafes murrhins étoient de far- donyx, taillée tranfverfalement, & non en fuivant les couches. Le muféum des antiques & celui des arts pofsèdent de beaux vafes de cette efpèce.” Mais c’étoit fur tout pour faire des camées que la fardonyx étoir eftimée ; il en exifte encore d’une grandeur prodigieufe , tels que le camée de la Sainte-Chapelle, & plufeurs autres morceaux du muféum des antiques, la coupe du roi de Naples, celle de Brunfwick, &c, Ces morceaux font aufi recommandables fous le rapport de l’hiftoire naturelle que fous celui de l’art; on en chercheroit en. vain de fembl:bles pour la grandeur, la beauté des couleurs & la difpofition des couches. Veltheim penfe que la plupart de ces pierres peuvent être fadtices ; il fe fonde fur la grande habileté des anciens dans l’imitation des pierres pré- cieufes, il regarde la couche inférieure, la noire, comme le produit de la pierre obfidienne , fondue avec du foufre, & il croit que la couche blanche eft due également à une produétion volcanique. J'ai difcuté cette opinion dans un mémoire qui fera imprimé dans le rome IV du Magañn Encyciopédique de cette année. J'y fait voir que la fardonÿx n’eft point un produit de l'art. Le mélange indiqué par Veltheim n’a produit, dans des expériences faites par Defcotil, qu’un verre blanchâtre & friable. Eckhel croit que les carrières de fardonyx étoient en Afrique , & qu’elles fe font perdues depuis que les découvertes dans la navigation ont fait aban- donner les routes qui y conduifoient par terre. 2 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Boetriger place la partie de ces anciennes fardonyx dans l'Inde, où l'art de travailler les pierres précieufes eft d’une haute antiquité. La cornaline eft de la mème pâte que l’achate; elle en diffère par fa teinte rouge. Les anciens la nomimoient /arda , foit de la ville de Sardes en Lydie, foit du mot Jarx , farcos , qui, en grec, fignihe chair. Son nom moderne vient de caro, carnis, chair, parce que fa couleur approche de celle de la chair; c’eft la pierre que les anciens ont le plus tra- vaillée , fur tout en creux. On a une très- grande quantité de gravures fur cornaline; les plus bellzs & les plus tranfparentes s'appellent cornulines d’ancienne roche, parce qu'on n’en trouve plus de femblables. Nos vieux auteurs français la nomment corniole , carniole ; les italiens Fappellent cornicla. Le Jude a une teinte grifätre & d’un blanc laiteux ; fa furface eft grainue ; il yena d’olivâtre & de verd; fon nom vient du mor efpagnol piedra hija- dra, pierre néphrétique, parce qu'on le croyoit utile dans les maux de la veflie, On en a trouvé des haches dans Les tombeaux des anciens gaulois, Les orientaux en font des bijoux. Pierres filiceufes opaques. Ces pierres font de la même pâte que les précédentes , mais moinsvitreufes. Dans les morceaux un peu étendus , on trouve des parties opaques & des parties tranfparentes. La principale des pierres filiceufes opaques eft Le ja/pe, dont les particules font fines, compaétes & ferrées, On diftingue les variétés du jafpe par leur couleur; mais cette dif- tinétion n’eft admiflible que pour les échantillons de cabinet, les petits mor- ceaux. Il yen a de verd, de jaune, de brun , de noir, de gris. On nomme Jeuri celui dont les couleurs font très-mélangées , rubané , celui dont les teintes forment des raies. Le jafpe n’a pas été travaillé par les grands artiftes ; cependant il y a puis gravures antiques fur jafpe, & mème fur le jafpe fleuri , quoique es figures s’y puiffent difficilement diftinguer. Le jafpe rouge eft celui que les anciens ont le plus fréquemment employé. On appelle Jafpe fanguin le jafpe verd, parfemé de taches rouges; ila été fur-tout employé dans le moyen âge, & depuis, à faire des images du Chritt après la flagellaiion, & des figures de la Vierge & des faints. On nomme #éliorope celui dont les taches rouges font plus grandes. Roches: Les égypriens font les feuls qui aient gravé de petits objets fur des roches ; ils y ont été conduits par les hiéroglyphes des obélifques. On trouve des ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 caraétères hiéroglyphiques fur des fcarabées de granit, de bafalre , de fiénire , &c . Petrifications. La feule qui foit travaillée par les graveurs ef la surquoife, C’eft une fubf- tance offeufe, pénétrée par un oxide de cuivre. Joannon de Saint - Laurent croit que c’eft la ca//aïs des anciens. Plufieurs gravures égyptiennes font fur turquoife. Subflances compofées. Nous avons vu que les anciens favoient imiter les pierres précieufes avec des verres colorés. Ils reprenoient & ouvrageoient au tour le verre après quil avoit été coulé. Ils appliquoient des figures de couleur blanche fur un fond coloré, en donnant au verre un degré de feu fuffifant pour le coller fans le faire fondre. Ils travailloient enfuite les vafes faits de cette manière avec la pointe du diamant & le tourer. C’eft ainfi qu'a été fait le célèbre vafe de Portland. Weedgvood à imité ce procédé. Nous avons, dans le cabinet national , des fragmens de ce genre. À a renaiflance des arts , les graveurs en pierre fines les plus célèbres ont gravé des aiguières, des vafes d'églife pour les princes. 11 y en avoit plufeurs dans le garde-meuble de la république ; ils font aujourd’hui dans le muféum des arts. Partie mécanique de la glyptique. Les anciens ne nous ont point laïffé de traités fur les procédés de la glypri- que; onen trouve feulement quelques traits épars dans les ouvrages de Pline, Mariette en a parlé en détail dans fon traité, & Natter a compofé fur ce fujet un ouvrage particulier. Comme c’étoit principalement pour faire des anneaux & des cachets qu'on gravoit les pierres précieufes , les graveurs fe nommoient indiftinéte- ment Avhoglyphes , graveurs en pierres, ou daë?ylioglyphes , graveurs d’anneaux. I paroît que, par le mot /Ca/ptor , les romains défignoient les graveurs en pierres fines, & que le mot cavator avoit la même acception. Parmi les modernes , les allemands feuls défignent la profeflion de graveur par un nom univoque. Les inftrumens employés par le graveur font la poudre & la pointe du diamant , dont les anciens connoïfloient aufñli l’ufage, & qui entame toutes les pierres, tandis qu’il ne fe laiffe entamer par aucune. Une efpèce de tour, appelé ouret | également connu des anciens; la boucerolle , petit rond de fig JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, cuivre ou de fer émoullé, propre à ufer la pierre & à l’entamer : c’éroit le ferrum retufum. La cie, appelée par Pline cerebra. Les anciens & les modernes ont pratiqué pour la gravure les mêmes pro- cédés ; on met, à l'aide du touret , .la boutérolle ou la tarrière en mouve- ment; on ufe ainfi les pierres au moyen de poudres & de liquides différens. Les ancieus employoient d'abord le naxium , efpèce de pouflière de grès du Levant, ou pierre à aiguifer; on lui préféra enfuite le fchifte d'Arménie, & enfin l’émeril, dont on fe fert aujourd'hui, & que les anciens appeloient fyrris ; du mot hébreu finyr. Ils employoient aulli l'ofracices, nom qu'ils donnoient à l'os que Ja feiche porte fur le dos, & qu’on appelle os de feiche. Les meilleurs viennent du Tyrol; les orfévres s’en fervent pour faire des moules de cuillers & de fourchettes. Les anciens s’en fervoient comme de la pierre-ponce pour polir ; les artiftes modernes pourroient bien l’employer au même ufage. De Veltheim penfe qu'on s’en eft fervi pour polir la couche inférieure des grands camées. On fe fervoit plus rarement de la poudre de diamant, dont on fait aujourd’hui un grand ufage. On humecte ces poudres avec de l'huile ou de l’eau. La fineffe des traits de certaines gravures a fait préfumer que les anciens connoifloient les verres groffiffans; mais ils n’avoient aucune connoïffance de la dioprrique; ils fe contentoient de fe récréer la vue avec des pierres vertes. L'invention de la loupe a été très-utile aux graveurs modernes. Avant de graver les pierres, on les taille en rond ou en ovale. La forme ovale eft la plus ordinaire; les anciens n’ont guères employé la forme quar- rée , la parallépipède, ni la rhomboidale. On polit la furface, qui eft bombée ou concave; fi elle cft bombée, on appelle la pierre cabochon. Les pierres concaves oht pour objet de raccourcir les figures avec plus de facilité. Les anciens appeloient ceux qui donnoient aux pierres ces préparations , politores gemmarum. Pline prétend que les anciens favoient clarifier les cornalines : c'eft une erreur. :lCaylus décrit un procédé du graveur Barrier pour enduire d’une couche blanche les cornalines. Bruckman en a obfervé une pareille fur pluféurs pierres de fa collettion. Les graveurs choififloient fouvent des pierres qui , par leur couleur , avoient des rapports avec les fujets ; ainfi, ils gravoient Proferpine fur une pierre noire, Veprune & les Fricons fur l’aigue-marine, Bacchus fur l'amerhiite , Marfias écorché fur le jafpe rouge, &c. Les procédés font les mêmes pour la gravure en creux & pour la gravure enrelief, Les gravures.en creux fe nomment incailles , les gravures en reef, camées, & ce nom a pailé aux tableaux monochromes ou d’une feule cou- ET, D'HISTOIRE NATURELLE. 147 leur, à caufe de leur refflembiance avec les pierres gravées en relief, C’eft ordinairement la fardonyx qu'on employe pour faire des camées. Après avoir fait une aravure , il faut lui donner le poli; les anciens artiftes prenoient cette peine eux-mêmes , ce qui fair que le poli le plus parfait eft un des caraétères des pierres antiques. Les modernes abandonnent fouvent ce foin à d’autres mains. Ce poli fe donne avec du tripoli & des petits inftru- mens de buis, ou avec une broffe mife en mouvement par le tourer. Les anciens fe fervoient, comme nous l’avons dit , pour donner ce poli aux pierres, de l'os de feiche, o/fracites. De Veltheim penfe que nos graveurs pourroient employer la fubftance interne de l'os de feiche pour donner le poli gras ou mar, fi eftimé des connoiffeurs, parce qu’il ne reflète pas comme le poli brillant. | Les grecs nommoient l’art de monter les pierres précieufes, aiessnaysis. Pline appelle merteurs en œuvres, compo/itores gemmarum , ceux qui choi- fiffoient & aflembloient les pierres. Les grecs, au temps d’Euripide, nommoient les bagues pe , fronde. Le chaton reffemble en effer à la courroie qui tient la pierre, & le jonc ou l'anneau à la corde qui lagite. o Pafles & empreintes. Les anciens ne fe contentoient pas de travailler les pierres précieufes ;.ils favoient aufli les imiter. Dès la plus haute antiquité, les égyptiens faifoient des émaux & des verres colorés. Sidon , ville de la Phénicie, étoit très-re- nommée pour ce genre de travail, On nommoïit à Rome les pierres faufles , emma vitrie , OU vitres: Pline indique les caraétères au moyen defquels on peut les diftingner des véritables. Après avoir contrefait lés gemmes fimples, on a imité les gemmes gravées ; & nous avons plufieurs compofrions de ce genre; c’eft ce qu’on appelle paltes antiques. On en trouve fouvent dans les tombeaux avec les vafes grecs, improprement appelés étrufques. Ces paftes font bleues , vertes , blanches ou griles. Cet art a été reftitué en Italie; Homberg , par les ordres du régent, la beaucoup perfectionné en France, & il en a publié les procédés. Cet art a depuis été porté très-loin par Clachant, Dehen, Reifenften, & en dernier lieu par Lippert & par Tafie. 3 On fair des empreintes en verre coloré, en cire d’Efpagne , en foufre , mêlé avec du vermillon , ou en plätre. F Ufage des pierres gravées. Les anciens fe {ervoient des pierres gravées pour en faire des ornemens & des anneaux; l'antiquité nous en offre un grand nombre d'exemples. Avant 148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'ufage des caches, on fe fervoir, pour fceller, de morceaux de bois ver- moulu. Si les anciens n’avoient point d’armoiries, ils avoient du moins des cachets de famille. Galba fubftitua à l’image d’Augulte, fon cachet de famille, qui étoit un chien. Les anneaux éroient en ufage à Rome, même au temps des rois ; les ftatues de plufieurs rois romains en avoïent aux doigts; mais cela ne prouve pas que la gravure en pierres fines füt alors pratiquée à Rome. LE LT ARE De SERAIN ( de Saintes), officier de fanté, Sur une efpèce de champignon , un œuf nouvellement pordu qui concenoit un poulet , 6 fur de la crême bleue. I. y a environ neuf ans que, paflant dans une paroïfle (Percy), dont on renouveloit les bancs de l’églife, j’obfervai fur la face de toutes les planches qui éroient contre la terre, une efpèce de peau qui fembloit avoir été collée fur chacune d’elles. J’effayai d'enlever cette production ; elle fe détacha faci- lement. J'en emportai quelques morceaux. Celui qui eft ci-joint eft dans le même état où 1l étoit lorfque je le pris. Eft-ce une efpèce de champignon , ou bien eft-ce tout fimplement une moififlure qui, par le laps de temps, a acquis la confiftance d'une peau de chamoï ? C’eft ce que je laifle à décider aux naturaliftes. Je me bornerai à obferver que le pavé de cete églife eft un peu humide & fablonneux, que les bancs étoient en boïs d’orme, & très-anciens. , ” Ce-champignon appartient au genre gymnaderma,, que Humboldt a décrit dans la Flora Fribergenfis. S'il y avoit des pores d’un côté , ce feroit un-bo/esus acaulis ; mais il eft à croire que dans les gymnodermes la fruéification fe fait dans l'intérieur, ( Note du rédaëleur ). Œuf qui en contenoit un autre, & œuf nouvellement pondu qui contenoir un poulet. . Je me trouvai , au printems dernier , dans une maifon de campagne, où un domeftique apporta un œuf de poule, gros comme celui d’une cie, Je defirai me l'approprier ; mais une demoifelle s’en empara; & tandis qu’elle s’occupoit à le vuider , la maïtrefle de la maifon nous dit que cette poule faifoit ET D'HISTOIRE NATURELLE. 149 faifoit toujours des œufs extraordinaires ; que lan paflé elle en avoit pondu un qui contenoit un poulet. La demoifelle reprit que celui-ci ne contenoit pas un poulet, mais une pierre. Je priai qu'on me pañfät cet œuf, que j'exa- minai. Je vis qu'il contenoit un autre œuf d’une groffeur ordinaire. Ce phé- nomène , qui furprit, n'eft point unique (1); mais je ne me rappelle point avoir entendu dire qu'on ait trouvé un poulet dans un œuf nouvelle- ment pondu , quoique ces deux faits ne préfentent rien d’impoflble , puifque tous deux s'expliquent par la mème caufe; car on conçoit qu’än œuf double ne peut exifter que parce que le premier formé a féjourné trop long-temps dans la matrice. de la poule , n'importe par quelle raifon. Or, fice féjour d’un feul œuf dans cette partie fe prolonge , 1l éprouvera néceffairement les mêmes changemens que s’il eût été couvé. C'eft ainfi que ce qui, fouvenc, paroït merveilleux , eft wès-fimple. Crême couleur de bleu de Pruffe. J'ai été témoin, cet été, d’un phénomène tout-à-fait nouveau pour moi, & dont l'explication ne me paroït point aifée, Un jour qu'on fe difpoloit à faire du beurre, on fut furpris de trouver toute la crème d’un beau bleu de Prufle. La partie cafeufe n’éroit que bleuâtre. On rechercha la caufe de cette couleur extraordinaire, fans pou- voir la découvrir. Cette mème couleur fe manifefta continuellement pen- dant près de trois mois, Elle n’a pu être attribuée aux vafes de terre grife & de grès dans lefquels on confervoit ordinairement le lait; ils ont toujours été tenus très-propres , & couverts de planches de fapin. Les vaches fe portoient bien , & elles paifloient dans un herbage qui leur eft deftiné depuis plufeurs années. On a mangé de ce lait fans y trouver aucun goût particulier , & fans qu'il incommodar; mais on a jeté la crème & la partie cafeufe, qui inf- piroient des craintes. Peu-à-peu , la crème a changé de couleur, fans qu'on pût l’attribuer aux moyens qu'on a employés pendant l'apparition de ce phé- nomène; moyens que je me difpenferai d'indiquer ici, tant ils font ridicules. On trouve dans les Ephémerides des Curieux de la Nature, 1688, 2 décembre, des exemples de lait coloré en verd, en noir, en rouce, en jaune; mais je ne connois aucune obfervation femblable à celle que je pré- fente ia, quoiqu'il y en ait plufieurs exemples dans ce canton. Je defire que ce fait paroïlle affez intéreffant, pour que quelques perfonnes inftruires veuillent bien s'occuper d’en chercher la caufe & le remède. (x) Ephémérides des Curieux de la Nature , décembre 1—3€, ann. 1672, obferv, 32, colleét. ac, tome 4, page 337. Tome IV. THERMIDOR an 6. V 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DES € RAP TO. NL » \ Ve j | \ _! 4 D'un thermomètre à index, fervant à préfènter en même temps le maimum G le minimum de chaleur qui ont lieu dans l’abènce de l’obfervateur ; Par Lemaisrere, infpecteur général des poudres & falpètres. a Communiquée par L.CoTTE, bibliothécaire du Panthéon , de Ja focieté des naturalifles & de celle de médecine de Paris, de la fociété météoro- logique de Manheim. € e thermomètre, inventé par l'anglais Six, êc repréfenté par la figure ci- jointe, planche I, , confifte en un tube abcd, foudé à un éylindre ag , & recourbé deux fois, en formant trois branches parallèles. Le cylindre ag & la partie du tube a/y font remplis d’alkool , qui fert de matière thermomé- wique. La partie yey eft pleine de mercure, de manière qu'il y a contaët entre l’alkool & la farface du mercure en y , fans interpolition d’air. La por- tion z4 du imbe eft vuide & ouverte en d. 11 eft aifé de concevoir que, dans le cas de la dilatation de l’alkool, ce- lui-ci doit refouler la colonne de mercure en y, le faire defcendre avec lui dans la branche #yc, & le faire monter dans celle c;d, dont la graduation eft la mème que celle de la branche #yc , c’eft-à-dire afcendante des deux côtés, au-deflus du point de la congellation, marqué ici par o, & defcen- dante au-deflous du mème point, de manière que la graduation de o vers d, indique les mêmes degrés de dilatation que celle de o (1) vers c, & de mème ur-les deux autres parties alternes des deux tubes. Obfervons maintenant qu'il fe trouve dans l’intérieur du tube en i& en &, une efpèce de petite flèche de fer brônzé au feu, très-légère, dont la bafe, un peu élargie, repofe fur la furface du mercure, & que celui-ci foulève très-facilement dans fes afcenifions. Ces petites pièces, qui font repréfentées par la fig. 2 .dans-leurs véritables-dimenfions, font-garnies-de-deux bouts de cheveu 70, qui font les fonctions de reffort , & qui, fans s'oppofer à leur EN EPDIE EN PPEDNNE PIE STI PIED RENTE AE Pr ER (x) De l’autre branche, ET D'HISTOIRE NATURELLE. SI afcenfion , les obligent de fe fixer au point où les a élevé le mercure, & les empêchent de le fuivre lorfque celui-ci redefcend dans le tube. L'objet & la marche de ces deux petits index s’apperçoit aifément, d’après cette difpofition. 11 eft clair que l'index & s'élève dans le cas de la dilatation de l’alkool, & que l'index à cède de mème à l'impulfon du mercure, dans le cas de la condenfation; qu’enfin ces deux index reftant fixes au point où 1ls ont été alternativement élevés, indiquent en meme temps les deux points extrémes de la marche du thermomètre dans un temps déterminé. Pour rendre l’inftrument propre au même fervice, on ramène les deux petites flèches de fer à la furface du mercure , à l’aide de l’aimant. I] faut remarquer que la bafe de l'index i, qui eft plongé dans l’alkoo! , eft formée de manière à ne pas remplir touté Ja capacité de tube, &à permettre, au contraire , à ce fluide de circuler au-deffous de lui lors de fa dilatation , fans quoi il ne pourroit, dans ce cas, refouler la colonne de mercure fans faire aufi defcendre l'index avec lui. La capacité du tube de ce thermomètre a près d’un millimètre & demi, ou plus d’une demi-ligne de diamètre. Le mécanifme de cetinftrament ne , paroït pas nuire à fa fenfbilité ni à fon exaétitude , & le docteur Rouppe, profeffeur de phyfique à Roterdam, auquel on peut s'en rapporter à cet égard , ne s’en fert pas d'autre depuis quelque temps. L’échelle adoptée par l'auteur de ce thermomètre , eft celle de Farreinheit. Tout le monde connoît le baromètre à index, employé à connoître l'é- lévation da mercure dans Les profondeurs où l’oblervateur ne peut où ne veut defcendre; il nous manquoit un thermomètre qui nous rendit compte de la température des lieux où l’homme ne peut pénétrer, où il feroit même dangereux qu'il pénérrât. Cette précieufe propriété fe trouve, comme on le voir, dans l’inftrument que je viens de décrire , qui réunit le double avan- rage d'indiquer en mème temps le maximum & le minimum de chaleur. Le mineur , le géologue & le météorologifte peuvent, ce me femble, mettre cet ingénieux inftrument à profit, & en faire de très-heureufes appli- cations. IL peut ètre employé avantageufement à connoître la température des eaux de la mer à rentes profondeurs , & à continuer les expériences commencées à cet égard par le ci-devant comte de Marlilly. V2 F ê THERMOMÈTRE. BAROMÈTRE. 2 gr 200 EEE ET TP, Re at SEE) L à MA X1MUM., MINIMUM. RS M À %X 1!M U M. M 1 No1 M U M. [4 snoe =} SI TOUIUE CESR RE Nath els réa at /miepirosE ns? San Mio als) sr 27S 9,8 2 [à 2 145. 14,6 à 4 + 9,0! 12,49 midi... 271 9,2|àl7h. em. 27. 8,7|27 3 [à midi... Hiz2las Hirralt 13,2hà 30.s.3. 27.710,14 à he mn 2700 82e 4 là 2his Hs lard Le 9,512 14,oà 2h. s... 28. 2,0|à $ .m....27:11,8| 28. s (à 2h. 25. + 17,02 4 + 9,1] 16,8}à midi... 28. 2,8|a 6h m... 28. 2,:|28. 6 |àa midi... -H 15,6 |a 4 + 9,2|-H 16,614 midi, ..: 28. 2,3|à 3h s.... 128, 2,0/28, 7 [à midii.. + 18,8 [à + He 10,2|— 18,82 4h, m…. 28, 1,4|à 2h +is. 28, 1,0|28 8 [à midi...“ 20,8 |à 4 + 11,0]-l20,8/à midi....,28. 0,62 1o!. s:.. 28. o,3|28. 9 [1 midi... + 19,0|à 4 —- 12,4|+4- TA à 6h.um... 282 0,3 [a umidi.....27.11,8| 27. 1ofa 10,5... + 23,2|à 4 — 12,014 20,8ha 8h. m... 28.10,1|a 2h s...27-11,5|27 tits. 242 + 13,62 23,98a 4h. m....27.11,olà 90. si... 27. 9,9 ei NE LE 25. + 21,0|à 4 + 13,5|+ 19,0 je 1h, +527. 10,8|à gh. m....27.10,7 Al tala midr. LUC 20,21a04 Æ 13,0 120,24à midi.....27.11,9/à 8h, + s...27. 10,8 ra [à midi. = 17,6là 4 + 11,4|+4 17,6 si sb tm rio la se Rl27 M 9;7| 27e 15{àa 2). tr7,slal 4 + 10,3 | 17;48a 2h, S..27) 11,f à midi.....2 27.11,$ 162 midi role retenues CON ENTO AA MIO 27-10 6 a 6h) nm. 27.11, rs à midi... + 25,1|à 4 + 14,1[4 25 rfà 8h, L Mano à)9h,s.... 27. 9,3 18/à ah ls. 18 ,61a 4 + 14,6[H 17,8/à 1h. + s..27.10,$ CEA TEL TEA PETITE Fe Élro la 1flis,!. 2 20,1 |à 4 + 10,0|+ 19,6hà midi... ..27.11,1|à 9". Pa TtTO NS 2olà mil... + 22,3 là 4 —H 13,5| 22,3ÿà 8% 1 m..27.10,4|à mi 27-09 70227 21|à 3h, s,.. + 17,9|à 4 + 13,4] 17,6{à 3" 5... 28. o,2|a 9h ...27.11,8|28. 22/à 1h45. + 21,8|à 4 + 12,2] 21,8{à Eh. TD 28 A PALNE eqrrie Faute l2,|à midi... + 20,8|à 4 132] os later) Mars à idiote lon 4 lagfa 2hs.: + r5,1/àa 4 + 8,84 15,1{à EMA E PS émeroi4 la 2h dieetro,2 2 à ah. s.. + 17,4 à 4 + 8,561 15,8ja 6h, m,..27. SARA O2 ARLONE (26|à midi... — 17,8|à 4 — 11,2|+ 17,8]à midi.... 27. 9,0|à 4h.S.... 27. 8,8|27. 27|à 3h s.. + 17,418 4 + 11,2] 4 w,34à midi...,.27.10,0|à 9h.s.:. 27. 8,9|27 28|à 2h. + sf 17,2 a 4 H- 0,5 16,8fà 9h m... 27. 7,2|à 2,554. 27. 6,2|27. 29|à midi... + 16,6|à 4 + 10,8|<+ 16,62 2h, s....1 27. + oh4 mste127. 5,9|27- 30 |2 218 l;7551| 44 H1e,3 | 17,28à où L 8.128. 1,1 (3 8/,m....27.10,9 REC :ANE Plus grande élévation du mercure............ 28.2,8 le $ Moindre élévation du mercure.............. 27.5,9 le 29 Elévation @yenne......,.......:.:...27.10,35 r.} Plus grand degré de chaleur. ,............. + 25,1 le 17 Moindre degré de chaleur...... OT DPI AN Le D LCI CTI EC Chaleur moyenne....1.......,..... + 16,8 Nombre des jours de beau.......4..:,....... 6€ de (couvert... REA DIE ENG deMplnic are e DUT Me 10e NANTDT A SZRREETT am Er à DORA EUES MEET RTS DEEE ETES L ADMET N.B. Il faut ajouter de lignes aux hauteurs du barom, qu'on trouve dans ce tableau & le précédent, pour avoir de = ro Ed F ere Calme. Oueit. "N-E. ‘Sud. -Sud:-fort: PAO PornvoObYO ie l 0 Z08 © Sr Oo < Eu |s M a ji mA Z ; H H ? der vente ee ste tbe NAS RER SN ITOENES DE L'ATMOSPHÈRE. Quelques nuages le matin ,ipluie fine vers midi ; couvert le {oir. Lés nuages chales avec force; 3 averfes par inrervalles vers midi. Même temps. Plufieurs averfes dans la journée, Beau ciel par fgrervalless pluie fine le foir. Cielcouvert; pluie le matin. Brouillards & vapeuisIle matin ciel nuageux toute la journée, Ciel nuageux leymatin:; quelques “Henaie le foir. Gros, nuages ayant midi; couvert le {oir. Gros mages tonte la journées! beaticoup de vapeurs. Ciel trouble:&' brume ux ; tôrinérre au Jointain lerfoir. Ciel couvert; pluie fine le matin, vers 9 heures. Ciel couvert par intervalles. Peaucoup d'éclaircis le matin ; couvert le foir. Beau cicl le matin ; couvert depuis midi; quelques gouttes d'eau à midi. Ciel couvert. Ciel vaporeux ; Scie nuages blancs. É Pluie avant Je jour ;.. ciel nuageux dans la journée, Ciel nuageux, Ciel nuageux avant nids ; plufeurs averfes le (oir. Ciel a demi-couyert toute la journée: ‘ Idem. Giel couvert ; averfetrès-forte entre 51816 heutes du Loir. Ciel couverr)par intervalles ; 5 avérfe à 4 heures du foir. Quelques éclaircis le marin 3 ; couvert le Loir. Ciel nvageuxs pluie fine à 1x DURE du matin. Nvages'] par intervallés) : Pluic par intervalles pendantile jour: Ciel à demi-çouvert ; quelques gouttes d’eau-vers midi, Ciel couvert par intervalles. + 10 e D1SAUE D9 JS SEA j + : de-gréle.... AN POP RRAUETE AO TONDELEC. ses eestelsle de brouillard... : AA 1 de neige tes 2UpRiS >s sl Le-vent 2'TORMEARENE MESA D ANR STAQ LS RES INSERT PERS BEA GET 2 A ee D letelt le ele iieteeteiniele el te 1 FO 0 De LD MEME S TD OUE o SAC bite COCO PTE 7 SOC NNT RE LISA ordis ehaarele nie 7 CO TETE Pre NT OCDE RCA ON Cie 9 INÉOÉCP AR. -Forc horror site 3 De SN pie DEEE ER ee PR PR ES EN & comparables à toutes les obfervations faites avec de bons inftrumens. 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE, 0 Q GE O'L'OCRNE Leopold Von-Buch Verfuch ciner minerlogifchen Befcreibung Von-Landeck , ou Effai d'une deftripcion minéralogique de Landeck ,. par L. DE Bucux. A Brelau, che; KORN, 17973 avec une carte minéralogique ; deffinée par l'auteur ; 1n-4°. B.; , écolier du célèbre profeffeur Werner à Freyberg , auteur d’un ttaité fur le kreuzftein (1), eft compté parmi les premiers géologues de l’Alles magne. Îl joint uñe grande éxactitude dans lés rechetches déraillées de l'oryétognofie aux vues philofophiques qui caractérifent le phyfcien, L'ou- vrage que nous nous hâtons d'annoncer, préfénte un beau modèle d'une orographie complette. L'auretir, après avoir paruru , en obfervateur atteu- tif, les montagnes de la Bohème & de la Silélie , fe contente de décrire une petire partie de l'Eulengebirg , dans le comté de Glaz. Quoique legerrein qui fait l'objet de cette defcription ne furpalle pas l'arc de quélqueS”lieues quarrées, il faut convenir cependant que les foi. difant géographies miné- ralogiques d’un état entier ne préfentent fouvent pas autant de phénomènes intérelfans que ceux que Buch a fu réunir dans fon ouvrage, La ville de Landeck , célèbre par les beautés pittorefques de fa fituation , fe trouve au pied des montagnes de Schnecberg & de l’Éulenoebirge. La cime du pre- mier eft à 4007 pieds de France ; la cime du dernier à 3326 pieds d'eléva- tion au-deflus de là mer. Ces vaftes montagnes font compofées de roches primitives , de roches fecondaires , de matières rapportées. — Dans la plupart des Alpes européennes , le granit compofe la cime des hautes mon- ragues. 11 n’en eft pas ainfi dans celles du comté de Glaz ; on n'y découvre le granit que dans les endroits moins élevés ; dans les plus hauts, dominent le gneilf (granit feuilleté) & le fchifte micacé ( gliminerfchiefer), compofé, par feuillets, de beaucoup de mica, peu de quartz & de feld-fpath, mêlé de grenats bruns & rouges. Le gneill eft partout-plus ancien que Le fchifte micacé, dont il fait la bafe ; c'eft ce fchilte, au contraire, qui contient des couches de hornblendfchiefer (roche de corne ftriée fchifteufe ) & de pterres : calcaires primitives, mêlées de pirites auriferes magnétiques & arfenicales , (1) Pierre de croix d'Andreasberg au Harz & de ftrontiane en Ecolfe, Elle eft généra- Jement confondue avec la zéolite. Gravité fpécifique 2,3 53. Heyer en a retiré 0,44 terre flicieute; 0,20 alumineule ; 0,24 baritique ; 0,12 d'eau, Le kreuftein ne donne,pas de gékée avec les acides, dt” RE V4 GS * : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1$$ de ferpentine, de fléarices & de trémolithe, L'auteur donne la defcription oryétognoftique de cette trémoliche , découverte de mème dans les mon- tagnes de la Saxe, près de Lengefeld , au Fichtelbera & de Wunfcdel. Nous ne pouvons fuivre l’auteur dans les obfervations judicieufes qu'il fait par rapport aux criftallifations géologiques & aux angles fous Jefquels les roches fe trouvent inclinées. Ces inclinaïfons fuivent des loix générales qui ne font pas encore aflez recherchées, & dont (à ce que nous favons ) un autre éco- lier de Werner, Humboldt, s'occupe depuis long-temps dans les voyages qu'il a fait en différentes parties de l'Europe. 11 a annoncé à Dolomieu que Les incliaifons des couches primitives ne fuivent ni la pente des montagnes, ni la, direction de leur chaine , mais qu'il exifte un parallélifine furpre- nant entre des malles éloignées de 400 Jieues-les unes des autres, ainfi que le pole magnétique fe trouve à l’oueft du pole de la terre; de même la plupart des couches primitives en Europe font inclinées vers le nord-oueft, leur direction faifant un angle vers le méridien de 45 degrés, au de 3—4 heures de la bouffole de Freyberg. Les montagnes de la Bochetta, près de Gènés, les Hautes - Alpes de la Suifle & du Tyrol, celles de Ja Siléfe, du Fichtelberg..... affeétent un patallélifme dans la direétion de leurs couches, qui eft trop prononcé pour que l'on puifle l’attribuer au hafard, Il-paroït plutôt que la caufe de ce grand phénomène géologique tient à cetre époque où la criftallifation commença à opérer , &you les forces artradives furent dirigées vers de certains points, que l'on êfe regarder comme des centres d'attractions, Les montagnes fecondaires manifeflent moins de régu- Jarité; cependant elles fe diftinguent des primitives en ce que la plapart de Jeurs couches font inclinées vers le fud-eft. 11 faut obferver en mème temps qu'un célèbre géomètre allemand, Klügel, a donné un. Mémoire aftrono- mique, dans Jequel il démontre que le plus grand applatiffement de fa terre fe trouve à l'oueft.du pole nord, & que ce phénomène paroît indiquer ua changement dans l'axe de rotation. Les grands travaux de Delambre & Méchain vont nous éclairer bientôt fur la figure de la terre. Toujours eft -il très-important de pouvoir jeter un coup-d'œil général fur la conftruétion & l'inclinaifon des couches, & de pouvoir comparer des phénomènes entre lefquels, jufqu’à ce jour, on n’a cru appercevoir aucun rappoit. Granit'de nouvelle formation , près de Wartha & de Reïckenftein. IL eft compofé de f£id-fpath, de quartz , de mica & d’hornblende criftal- lifé. J1 eft convert de fiénite; on le prendroit aifément pour un granit primi- tif, Buch n'avoir découvert qu'un fchifte micacé fait fa bale, & que par conféquent il eft plus nouveau que ce dernier. - Grünflein , ou mélange de feld-fpath & d’hornblende ; près de Frankenbero. 11 forme des collines coniques comme le bafalre, On le prend aifémenct . { 159 SVVNAINII Le SE AP LM ENG ED AE CAL LILLL pour de la ferpentine, & il sen rapproche auñli par une affinité géo- logique. Montagnes fecondaires. L'auteur obferve qu’une grande partie du vlobe eft couverte de couches fecondaires , qui fe fuivent dans une régularité étonnante. Buch, Humboldr, Gruner, Freifleben, & d’autres écoliers de Werner, s'occupent, dans leurs voyages , de reconnoître cette identité de couches qu'on trouve depuis Mofcow jufqu'à Cadix. Il faut diftinguer fept formations , dont les premières font toujours plus anciennes que les fuivantes. 1°, Le vieux grès, bréche à bafe filiceufe, contenant des fraginens de roches primitives , de quartz, feld-foath » péttofilex noir, &c. (alter fanditein, totes liegende). Ce grès elt plus ancien que la pierre calcaire des Hautes- Alpes. Il fe trouve là où il s’eft formé, entre cette pierre calcaire & des mafles de gneifl, d’ardoife où de porphyre, auxquelles il eft faperpofé. C'eft dans cette formation que giflent les riches flons d’houille. On la trouve en France dans les Ardennes, & très-diftinétement dans la montagne de Steige, entre Saverne & Pfalsbouro en Alface. 2°. La pierre calcaire des Hautes-Alpes. Elle defcend dans les plaines , & contient très - fouvent des couches de fchifte bitumineux ( mergelfchiefer), dans lefquelles on trouve du cuivre & des poiffons pétrifiés , moins fouvent des couches de gs ou de fer rouve, & des filons d'argent. C'eit le zechftein des Saxons. Ees pérrifications n'y font pas rares, mais non difper- fées dans la male, f6rmant des couches fur les plus hautes cimes des Alpes, 3°. Le vieux gypfe, qu'il ne faut pas confordre avec le gypfe primitif du S. Gotthard, dans la vallée de Madran. 11 eft plus grenu | fouvent à gros grains) que fibreux. [l contient de l’argille, quelquefois du foufre, & peut- être routes les fources falées que nous connoiffons, coulent dans ce gyple; on le trouve à Montmartre, près de Paris, à Cadix, en Efpagne, à Krsheshowitz, en Pologne. Le vieux gypfe dans les haures montagnes, fe trouve très-fouvent dans la pierre calcaire ; & c’eft alors que le fel gemme y eft mêlé, ranrôr, tel qu'à Wieliezca & Bochnia, en couches, tantôt, tel qu’à Hall en Tyrol, ou Berchrefsaden en Bavière, en filons , qui traverfent en tous fens la roche argilleufe ou le falzchon. ) 4°. La pierre calcaire mitoyenne ( mittelkalkftein), contenant un grand nombre de coquilles pétrifiées , & des cavernes à os fofliies de quadrupèdes ; elle fe trouve dans les montagnes du Jura , de Gailenreuth , de Pappenheim & de Vérone. = 5”. Le nouveau grès fouvent fuperpofé fur le gypfe lorfque la pierre calcaire mitoyenne manque ; il fe trouve à Montmartre, Fontainebleau. IL contient fouvent de la mine de fer brun. 6°. Nouveau gypfe qui ne contient jamais de fources falées , moins répandu que Le vieux gypfe, le plus fouvent très-fibreux. 7" ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1$7 7°. La pierre calcaire nouvelle, pleine de coquilles, fans métal. Buch annonce les endroits dans lefquels il a découvert des veftiges de ces différentes formations en Siléfie; 1l obferve qu'il en eft des montagnes fecondaires comme de la mer. Ainfi que les côtes efcarpées annoncent une mer très-profonde, de mème les montagnes primitives les plus efcarpées font limitrophes de couches fécondaires très-épaiffes. Là, au contraire, où le granit s'élève doucement de la plaine, les montagnes fecondaires qui lui font fuperpofées , forment des couches très-minces. Troncs d'arbres pétrifiés, de trois pieds de diametre, près de Buchau, dans le grès, qui s'élève à 3000 pieds au-deffus de la mer. - Ils giffent dans le vieux grès, & prouvent, avec l’exiftence des houilles, une végétation infiniment plus ancienne que la formation des Hautes-Alpes calcaires, Couches calcaires repliées & courbées près d’Eberfdorf. Le mème phénomène que Sauflure a décrit fi fouvenr. Formation de trapp , nom par lequel les Allemands defignent les roches de bafalte, d'amygdaloides , de porphyrfchiefer & de grünflein, que l’on trouve prefque conftamment enfemble. L'auteur a découvert dans les bafaltes, de l’olivin (chryfolithe bafaltique de Klaproth, grav. fpec. 3225), de l’augithe (plus noire, moins fujerte à s'oxider , grav. fpec. 3296), du feld-fpath, de l'opale, de la hornblende & de la zéolite. La montagne bafaltique de Finkuenhiébel préfente Le phéno- mène le plus extraordinaire pour la géologie ; elle forme une forte d’amyg- daloïde, qui contient de la calcédoine , de l’amethyfte & des courbinires pétrifiés , très-bien confervés , dont l’auteur en a dépofé plufieurs au cabinet du roi de Pruile, à Berlin. Les bafaltes de cette partie de la Siléfie font faperpofés fur du granit, du gneuff, du fchifte micacé; fur le vieux grès, la nouvelle pierre calcaire & le nouveau grès. Toutes les roches lui fervent prefque de bafe. L’auteur termine fon ouvrage par des notes infiniment inté- reffantes, dont nous ne pouvons pas fuivre les détails. Il fuffit d'ajouter encore un feul fait important. Le liquide qui tient en diffolution les élémens des montagnes fecondaires de Siléfie, paroît être venu de l’oueft. La chaîne de montagnes primitives fe dirigeant vers le nord, il n° a que leur pente occidentale qui eft couverte de roches fecondaires; la cime s’eft oppofée comme une digue au paflage du liquide qui dépofa les grès, les pierres cal- caires , &cc. Tome IV. THERMIDOR an 6. X 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE NeOCT: TOME SUR LA HAUTEUR DU BAROMÈTRE AU. NIVEAU DE LA MER ; Par FreuriAu BELLEVUE. O,. doit être furpris de voir que, depuis tant d'années que les obfer- vations météorologiques fe font avec foin, & qu'on fent le prix de leur exactitude , on n'ait pas encore définitivement reélifié l’ancienne apprécia- tion de la hauteur moyenne du baromètre au niveau de la mer, & que plufieurs phyficiens continuent à n’eftimer cette hauteur qu'à 28 pouces, & qu'à partir de cette donnée comme d’un point fixe pour évaluer différentes élévarions du globe, & pour les expériences où il eft néceflaire d'y avoir recours. Je viens de lire dans /a Connoiffance des Temps pour l'an F1, un article de Lalande, dans lequel il cherche à déterminer la hauteur de Paris au-def- fus de ce niveau, par les obfervations barométriques. L’incertitude qu’elles lui ont préfenté, m'oblige à donner quelques détails fur celles que j'ai faites à la Rochelle, & fur les précautions que j'ai prifes pour en obtenir un réfulrat exact. J'y joindrai aufli leur rapport avec celles de différentes villes maritimes. Ces obfervations, qui font très-nombreufes , contribueront peut- être à décider la double queftion du niveau de la mer, & de la hauteur de Paris au-deflus de ce niveau. Lalande dit : « J'ai demandé à Cote, qui à un immenfe recueil d’obfer- vations météorologiques , le réfultat de celles qui ont été faites au bord de la mer. Il m'en a communiqué de neuf villes différentes; mais elles diffèrent de près de deux lignes. Le milieu donne la hauteur moyenne du baromètre au niveau de la mer, 28 pouces 1 lig. +. Shucburgh trouvoit 30,04 pouces anglais; ce qui fait 28 pouces 2 lig. 14 en 1775, par 132 RÉ EA ES faites en Angleterre & en fralie (Phil. PRE DE TARN EU ER Mais cette méthode eft peu fure ; les baromètres diffèrent trop En uns des autres. Quand de Luc pafla par Paris avec fon excellent baromètre ,sil marquoit 1 lig. & de plus que celui de Meflier, & une ligne de plus que celui de Lavoifier ; qui étoit fait avec un foin extrème. Les obfervations Jaices dans nos villes maritimes ,. n'ont peut-être pas été réduites au niveau de la mer. Tout cela rend infufhfante la méthode des baromètres pour déter- miner l’élévarion de Paris». Voici ce qui concerne celles de la Rochelle. J'y ai fait, pendant 4 ans à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 159 (de 1781 à 1784), trois obfervations par jour, fur un baromètre de 3 lig. + de diamètre intérieur, à cuvette de 2 pouces + de diamètre , dônc le mercure avoit été puriñé & avoit bouilli fous mes yeux à plufieurs reprifes, dont l'échelle enfin éroit très exaéte , & portoit un vernier ( 1). Le réfultat moyen, pris fur la fomine de r400 obfervations, faites à 7 heures du matin, 2 heures & 11 heures du foir, a été, pour ces 4 années, de 28 pouces 2 lig. +, à la hauteur de 26 pieds au-deffus des hautes ma- rées; & comme elles ne font à la Rochelle que de 14 pieds au plus, ja hauteur totale de cer inftrument au-deffus des moyennes eaux de la mer, peut être évaluée, fuivant le calcul donné par de la Place, à environ 33 pieds. Ce baromètre a toujours été dans un appartement au nord, J'en ai déduit les effers de la chaleur, quand elle étoic forte; de manière que le réfulat général de ces obfervations peut être confidéré comme ayant été pris à la tem- pérature moyenne de 9 à 10 degrés, & qu’en ajoutant pour les 33 pieds d'élévarion, + (à 74 + pieds pour une ligne), j'ai pu conclure, avec une précifion qui me paroit fufhfante, que la hauteur moyenne du baromètre au-deflus du niveau de la mer, étoit, à la Rochelle, de 28 pouces 2 lig. +. J'envoyois alors tous les mois le réfumé de mes obfervations à Cotte , qui en a fait mention dans le Journal de Pbyfique de 1790, & à qui j'avois indiqué la hauteur du lieu où je les faifois. IL devoit les comparer avec celles qu'il recevoit de fes autres correfpondans, & les faire connoïtre. Cotte m'apprend maintenant que divers obftacles ont retardé la publication de la totalité de ces mémoires, qu'il s'occupe d’en faire une édition complette; mais qu'on y verra que la plupart des obfervations des ports de mer fur lef- quelles il peut compter , font d'accord avec les miennes, Je joins ici la note qu'il m'a remife, de celles qui s’en rapprochent le plus, & qui forment les deux tiers de celles qu'il a reçues; l’autre tiers donne des réfultats trop difparates pour qu'il n’exifte pas quelqu'erreur notable , foit dans la conftruétion du barometre, foit dans les calculs ou les renfeignemens qu’on lui a fourni : c’eft ce qu'il faudra vérifier ( 2 ). (1) Ces inftrumens , pour offrir quelque précifion, doivent être conftruits ou du moins reétifiés {ur les lieux mêmes où l'on s'en fert. Il exifte des obfervations méréoro- logiques faires à la’ Rochelle, par Seignette , qui font confignées dans les Ephémérides de la fociété palatine de Mavheim ; ces obfervations font faites avec un très-grand [oin, celles fur Je baromètre font utiles par les points de comparaifon qu'elles préfentent , mais elles ne peuvent fervir à d‘terminer la hauteur abfolue dont il s’agit; cet inftru- ment qui lui avoir été envoyé par cette fociété , avoit fouffert en route, il étoie d'environ 1 ligne & demie plus bas que le mien. (2) Du refte } en prenant la toralité des oblervations envoyées à Cotte, qui font de quatorze villes , & ajoutant à celles faites fur les barometres, dont la hauteur au-deflus NZ 160 JOURNAL DE FHIOIQUE, DE CHIMIE Quant aux premières, 1l m'ajoure qu'il ne peut point répondre de la hauteur au-deflus de la mer où étoient placés les baromètres, qu'aucune de ces obfervations n’a été rapportée à ce niveau. Les correfpondans ont, * dans l’origine, défigné cette hauteur, une fois pour toutes, à la fociété de médecine, ou à lui-même; mais il n’a pu retrouver d’autre notice que de celles de Nantes. Nous ferons donc obligés de l’évaluer par approximation, NOMS ANNÉES | HAUTEUR . : OBSERVATIONS, D'E' SV LL LES. D OBSERVAT. MOYENNE. le li. douz, Breton seen I 28.2.6 BiÉppe RE et I 28.2.6 L C ille eft è= Luçon (Vendée). . 4 Aa RE Le TR * chelle, Oleron (ifled’)... 3 28.2.0 Sables d'Olonne. . I 28247 SEMAlOENC EE 10 282.2 Port-Louis. (Ifle-de Érance)= trace s 28.2.0 JE ER LL RAI Moyenne ET ET EP REE EURE A En fuppofant (ce qui certainement n’eft pas une exagération) que les inftrumens étoient en général à environ 37 pieds au - deffus des moyennes eaux de la mer, 1l faut ajouter € , ce qui donnera 28.2. 10. Les obfervations faites à Nantes pendant 13 ans, donnent 28.2.0, à 40 pieds au-deffus de la mer, ce qui fait 47 à 48 pieds au-deffus des moyennes eaux , & en total 28.2.8. Celles de la Rochelle m'ont donné 28.2.10. Enfin, la moyenne des obfervations de Shuckbaroh eft, d’après une note de la mer n'eft pas connue , -£ pour celle préfumée de 37 pieds, on a une moyenne de 28. 2. $. & non pas 28. 1. 6, comme avoit donné la première note qu'il avoit remife à Lalande, qui n'étoit que pour neuf villes feulement, & à laquelle il n'avoic pas ajouté la hauteur des inftrumens au-deffus de la mer, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 16 exaéte que m'en a remis Humboldt, de 28.2.91, ce qui équivaur à 28.2.11. De cette maffe immenfe d’obfervations , dont la concordance forme la plus grande préfomption fur leur exaétitude , il réfulte que la hauteur moyenne du baromètre au niveau des moyennes eaux de la mer, eft du moins pour notre latitude de 28 pouces 2 lig. +, à un douzième de ligne près , & felon les nouvelles mefures, de 76 cent. 44. Ce qui détermine le niveau de la mer à environ 211 pieds plus bas que ne l’évaluent ceux qui s'arrèrent à l’ancienne appréciation de 28 p. o 1. o d. Quant à la hauteur des moyennes eaux de la Seine à Paris, au-deffus de ce niveau , indiquée par le baromètre, j'ai tout lieu de croire qu’elle diffère peu de celle que donnent les nivellemens ; mais il réfte encore fur les corrections des baromètres obfervés à Paris, quelqu'incertitude, que l’ab- fence de Lalande m'empèche de lever pour le préfent. Paris , ce 12 thermidor de l’an 6, "À EE a) NOUVELLES LITTÉRAIRES. Opufcules Chimiques , fai[ant fuite à la Chimie expérimentale & raifonnée, par BEAUMÉ, apothicaire de Paris, membre de l’inftitut national, &c. A Paris, chez H. AGASSE, imprimeur-libraire, rue des Poitevins , n°. 18, 1 vol. in-8°. La chimie doit beaucoup à Beaumé. Son ouvrage fur la Chimie expéri- mentale & raifonnée, reçut l'accueil le plus favorable des favans. Les Mémoires qu’il publie aujourd’hui en font une fuite. Le premier contient des recherches [ur la caufe de la cauflicicé des agens chimiques. Il y déve- loppe les principes qu'il avoit avancé dans fa Chimie. Son opinion eft que la caufliciré doit être attribuée à la matière du feu. « Le feu, difoit-1l dans fa » Chimie, eft le cauftique par excellence ; c’eft lui qui donne cette qualité » aux diffolvans ou agens chimiques. Les acides minéraux font du feu pur, » ou prefque pur , dans l’état de liquidité, bridé par le moins de fubftances » poflibles, mais aflez pour l'empêcher d’être fous forme de feu libre & en ».action. Le feu eft aufli la caufe de la faveur des corps qui ne font que » favoureux fans être cauftiques, &c. ». Les autres Mémoires font fur divers objets , tels que les moyens de puri- fier les alkalis fixes ; des obfervations fur la lumière ; un Mémoire fur le thermomètre ; des procédés pour calciner différens métaux ; des procédés fur la combuffion du foufre, & fur l'acide qu’on en retire ; fur le rafinage du Jalpêtre, &c, à 16: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Opufcules Chimiques de Pierre BAYEN , membre de l’inflicut national de France , de la fociété de médecine & du collége de Pharmacie de Paris, lun des infpeéteurs-généraux du fervice de fanté des armées de la répu- blique. A Paris, chez A. J. DucourS& DURAND, libraires, rue & hôcel Serpente, 2 vol. in 8°. ! Parmentier & Ma/atret ont réuni dans ces deux volumes tout ce qu’avoit ublié Bayen. Il eft connu comme un des chimultes les plus éclairés & les plus exacts de notre fiècle. Ses travaux fur les analyfes des eaux ninerales , fur celle des pierres, fur l'erain.. . font regardés, avec raifon, comme des modèles. Ses experiences, faites en 1774 , Jur quelques précipités de mercure, dans la vue de découvrir leur nature ; inférées dans ce Journal , font un des plus beaux travaux qu’ait fait la chimie moderne. Nouvelle Mecanique des mouvemens de l’homme & des animaux, par P.J. BARTHEZ, membre des académies des fciences de Berlin, de Stockholm & de Laufanne, de l'académie de médecine de Paris , honoraire de la focièté médicale de Paris, ci- devant chancelier de Puniverfité de médecine de Montpellier , affocié libre de l'académie des fciences de Paris, & de l’académie des infcriptions & belles-leetres , &c. À Carcaffonne, de l'imprimerie de Pierre POLGRE ; & à Paris, chez; MÉQUIGNON l'afné , libraire, rue des Cordeliers ; près des Ecoles de Chirurgie , 1 vol. in-4°. . Quoique plufieurs favans aient déjà travaillé fur le mécanifme des mou- vemens de l’homme & des animaux, on verra, en lifant cet ouvrage, qu'on pouvoit encore y ajouter beaucoup. Bulletin des fctences , par la fociété philomatique de Paris, 2° année. P 2 q ; Ce Journal, compofé de huit pages in-4°. paroît dans la première décade de.chaque mois, IL eft deftiné à mettre au courant des découvertes faires dans les fciences, les perfonnes qui s’y intérelfent. Il eft compofé d'extraits de Mémoires lus dans diverfes fociétés favanres, ou imprimés dans les Journaux étrangers, 8 accompagnés des planches nécellaires à l'intelligence des articles. Les douze numéros qui forment la première année, contiennent un grand nombre d'articles intéreffans d’hiftoire naturelle, de phyfique, de chimie, & quelques-uns de mathématiques ; d'anatomie, d'économie rurale & de médecine. Ces derniers articles feroient plus mulripliés, fi la fociété n’ap- portoit dans le choix des extraits, la plus fcrupuleufe critique. Tout difcours, toute théorie vague, font exclus de ce Journal, uniquement deftiné à recueil- lir & publier promprement les faits nouveaux dans les fciences. Les rédac- teurs ne copient jamais aucuns extraits déjà imprimés ; ceux que l'on retrouve ET D’'RISTOIRE NATURELLE. 163 dans d’autres journaux , ont prefque toujours été pris dans le Bulletin des Sciences. Les extraits inférés dans ce Bulletin, n’indiquent pas feulement les réfultats, mais encore les principaux moyens employés pour y parvenir, lorfque ces moyens font neufs. C’eft, fans doute , a cette févérité dans le choix des articles, & à l’ex- clufion de tout ce qu’on nomme rempliffage , que le Bulletin des Sciences doit l'accueil qu'il a reçu du public éclairé pendant la première année de fon exiftence. Le prix de l'abonnement à ce Journal, envoyé franc de port, eft de fix francs pour une année. L'année commence en germinal. On foufcrit, à Paris, chez Alexandre BronGniaRT , profeffeur d’hiftoire naturelle aux écoles centrales, & tréforier de la fociété, rue Saint- Marc, n°, 143 & chez Fucus, libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. Et dans les départemens & les pays étrangers, chez les principaux libraires. Nofographie philofophique , où la Méthode de lAnalyfe appliquée à la médecine, par Ph. PINEL, médecin de l’hofpice national de la Sal- pétrière , & profeffeur à l’école de médecine de Paris ; de l'imprimerie de Crapelet. A Paris, che; MARADAN , libraire, rue du Cimeriere Andre-des-Arts , n°. 9, 2 vol. in-8°, Cet ouvrage eft un précis des leçons que l’auteur donne, avec tant de fuccès , aux écoles de médecine de Paris. Nous le ferons connoître plus particulièrement. Effai fur l’hifloire des Fourmis de la France , par P. 4. L'ATREILLE, affocié correfpondant de la Jociété philomatique de Paris, de celle d'hif- toire naturelle de la même ville & de Bordeaux. A Brive, chez F. BoOUR- DEAUX , imprimeur , l'an G, in-8°. de So pages. Suivant l'opinion de Latreille , les infectes les plus intéreffans & les plus dignes de nos recherches, font ceux qui vivent en fociéré. Les fourmis , ainfi que les abeilles, ont par-là fixé l'attention des naturaliftes anciens & modernes. Les caractères employés pour la dérermination des différentes efpèces qui compofent le genre des fourmis, ne font pas affez tranchans; leurs defcriptions n’étoient pas fuffifantes , car la partie, en forme d’écaille, que porte le pélicule de l’abdomen, & dont les entomologiltes font ufage : pour déterminer les efpèces, ne peut fournir des caractères fürs, fi on n’ob- ferve les fexes. L'incertitude où fe trouvoit Latreille , relativement à tanc d’efpèces de fourmis, l'engagea à faire, pendant plufieurs années, d’exaétes recherches & obfervations, ce qui lui a valu la découverte de vingt efpèces nouvelles. Il fe trouve dans cet effai, l'extrait de fes obfervations fur les caractères génériques des fourmis , un précis hiftorique de leur vis & de leurs mœurs, & enfuite le tableau de routes les efpèces indigènes à la France, L 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, &. dont le nombre fe porte à trente-fepr. Cette monographie curieufe mérite l'accueil des naturaliftes. Latreille a déjà donné, l’an dernier, un précis des caraîtères génériques de d’infeëte, difpofes dans un ordre naturel. Ces ouvrages le font placer parmi les entomologiftes français diftingués. JL CAMBNELTE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. MT: l’Aftronomie Nautique , & particulièrement fur l'utilité des méthodes graphiques pour le calcul de la longitude à la mer, par les diflances de la lune au foleil & aux étoiles, par Alexis Rocnon. P. 85. Notice Jur une Pierre de Vulpino dans le Bergamafc , par FLEURIAU- BeLLevues. 99 Effai de cette fubflance , par V AUQUELIN. - OI Oëfervations Minéralopiques fur le même objet, par Hauy. 102 Memoire fur un nouveau principe de la théorie du calorique , par P.F. 103 Premier Effai fur la nutrition des Lichens, par DEëcANDoLLESs, de Genève, 107 Recherches expérimentales , faites [ur différens animaux , par J.-J, Sus.1 17 Comète de l'an 6, par Messier. 134 Introduëlion à l'étude des Pierres gravées, par À. L. Miruin. 135 Lerere de SerAIN (de Saintes ) Jur une efpèce de champignon , un œuf nou- vellement pondu qui contenoit un poulet, & fur de La crême bleue. 148 Dejcription d'un Thermomètre à index , fervant à préfenter en même temps le maximum & /e minimum de chaleur qui ont lieu dans l’abfence de l’oblervateur, par LEMAISTRE. - 150 Leopold Von-Buch Verfuch ciner mineralogifchen Berfcrebung Von-Landeck , ou Æffai d’une deftription minéralogique de Landeck, par L. De Bucu 154. Norice fur la hauteur du baromètre au niveau de la mer, par FLeurraAu- BELLE VUE. 158 Nouvelles Littéraires, 161 ERRATA pour le dernier Numéro , page 78. RÉCAPITULATION. Plus grand degré de chaleur... + 25,4//e7:+ 215,4 le ro. Moindre degré de chaleur....... + 5,8 + 5,8 le4. Chaleur moyenne.............. + 9,8 + 15,16 De a de ww | JOURNAL DEPHYSIQUE, DE CHANTMEICE ET D'HISTOIRE NATURELLE. FÉRSUIC TER DO 'RUan C: RE fà RÉFLEXÉONS DIVERSES Relatives à l'influence de la lumière dans certaines combinaif6ns , & a fes degrés wariés d'union | confidérés comme caulès de plufieurs phénomènesparticuliers ; Par TirNcrvy, eo Lues à la fociété des fciences nat. Îles de Genève, dans lesféances de décembre 1797, de févifoine € 4 & mai 1798. Pour faire fuite aux mémoires imprimés » Journal de Phyfique , mars & avril 1798. Lss expériences dont j'ai préfenté à la fociété les détails & les réfultats, ont parü devoir conduire à des conféquences d’autant plus intéreffantes, qu’elles tiennent à l’action direéte des fluides d’une mobilité & d’une expanfibilité qui les fouftrayent aux entreprifes d’une analyfe exacte ; la nature de ces fluides femble mème détourner l'imagination inventive des combinaifons matérielles qui ont fait naître ces réfultats, pour l’élever à la recherche fpéculative de leurs caufes, en la promenant fur les principaux mobiles du mouvement créateur des merveilles de notre monde. IL eft un point où le phyficien , arrivant au terme des combinaifons maté- rielles ou décompofables, eft contraint d’abandonner les inftrumens & d’en- treprendre une nouvelle route, où il peut s’égarer, fans doute, mais aufli dans laquelle il peut encore faire aflez de chemin, en prenant l’analooie pour guide. Ses fuccès ne font pas toujours fondés fur des faits confacrés par l'expérience ; l'imagination en fait fouvent tous les frais ; mais s'ils ne font Tome IV. FRUCTIDOR an 6, dE 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pas rigoureufement avérés, ils excitent au moins l'intérêt d’une probabilité en quelque forte admife , jufqu'à ce que le domaine de l’analogie , venant à s’agrandir, mette à même de les apprécier. Arrivé, j'ofe dire, au terme de l'expérience mécanique , dans le but que je m'éois piopofé, en prenant le calorique, & fui-rout la lumière, pour agens principaux ; la penfée , les médirations devenotent les feuls inftramens dont je pulle faire ufage pour aider au développement de quelques phéno- mènes, dans lefquels la lumière doit être confidérée comme effentiellement agillante. La théorie de ces phénomènes , quoique pieffentie par quelques phyficiens , a été cependant aflez négligée. Dans la recherche des objets dont les premiers élémens échappent aux moyens mécaniques , la marche la plus füre, la plus heureufe, peut-être, feroit celle du doute. En cela, Deluc auroit we” le but qu'on fe propofe- roir. Mais quelques faits particuliers ne peuvènt-ils pas juftifier les entre- prifes qui pourroient tendre à en diminuer les impreflions ? La difcuflion qui en doit être la fuite, préfente cet avantage. En multipliant les difficultés, elle laille fouvent entrevoir les moyens de les combattre ou de les affoiblir, & quelquefois de les faire difparoître. Cette digreflion m'a paru néceflaire pour ramener vos idées fur l’objet fur lequel je vous ai entretenu dans mes précédens Mémoires, c'eft-à-dire ; fur la lumière, & pour vous difpofer à me pardonner Les écarts de l’imagina- tion, fi vous la jugiez trop févèrement. Les opinions ont varié fur la nature dé Ja lumière, fur fon effence; les uns, avec Mushenbroeck & fes cr 4emporains , l’ont appelé matière : c'eft au moins fous ce nom qu'ils défignent ce fluide particulier: Newton & fon école repréfentent la lumière comme fluide diferet, ou compofé”le corpufcules, placés à des diftances très-éloïgnées, fans doute , les unes des autres; diftances que la prodigieufe viteffe de la lumière rend infenfibles. Des raifons de mécanique & d'optique ont déterminé la préfé- rence que les phyfciens ont donnée à cette opinion fur toutes celles qui exiftoient. Deluc en a fait auffi un Auide difcret , comme toutes les fubftances qu’on nomme communément fluides élaftiques ; 11 la confidère comme compofée de particules diferètes, capables de fe répandre dans tout efpace libre lorf- qu’elles n'obéiffent fenfiblement à aucune autre caufe que celle de leur expanfbilité. La diffémination de fes particules dans tout l'efpace, provient de la rapidité de leur mouvement. Ce phyficien croit encore que , de tous les fluides expanfbles qui frappent nos fens, la lumière , confidérée dans fes diverfes claffes de particules, eft probablement le feul qui foit réellement élémentaire, c’eft-à-dire, dont les particules foienr inaltérables par des caufes phyliques. En donnant ce privilége à la lumière, Le feu , que la plupart des phyficiens , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 regardent comme fluide expanfble, comme élément indeftruétible, deve- noit un fluide fecondaire; c’étoit une matière grave qui, unie à la lumière, étoit fufceprible de précipitation ; c’étoit une bafe à laquelle la lumière fer- voit de fluide déférent, comme le feu eft lui-même le fluide déférent de la vapeur aqueufe. C’eit en effer l'opinion de l’auteur, & nous verçons par la fuite que quoique j’admette en certains cas la précipitation du calorique, mon opinion ne laiffe pas que d’être différente de la fienne, Euler s’écarte, à l'égard de la lumière , de certe idée de fluide compofé de particules difcrètes, & il la regarde comme fluide continu. L'opinion de ce philofophe croifoit celle des newtoniens ;"auffi le nombre de fes adhérens éroit-1l petit. ? Sennebier , appuyé d’obfervations géométriques fur les propriétés phyfiques de la lumière , compofe ce fluide de corpufcules lumineux, de figure fphé- rique, élaftiques, fubrils , éloignés les uns des autres, mobiles, faifanc partie de l'élément du feu, fafceptibles d’être affectés par les différens corps qu'ils éclairent, & qu’ils peuvent modifier à leur tour. Toures ces qualités qu’il donne à la lumière, en font un fluide difcrer, dont Les propriétés s'expliquent par la théorie newtonienne. (Voyez Journal de Phyfque , nov. 1779 , & les Mémoires Phyfico-Chimiques ; tom. Il. ). Bien des phénomènes chimiques, & les nouvelles obfervations d'Herf- chel, relatives à la lumière folairé, femblent préfenter l’objet fous de nou- velles faces, & conduire l'opinion vers une folution compofée de celle d’Euler & de Deluc, en féparant fur-tout , à mon fens, ce que la doëtrine de ce dernier phyficien préfente d’immédiat entre le calorique & la lumière. Deluc la rend créatrice d’une foule de phénomènes chimiques & atmof- phériques. Sennebier a démontré les mèmes propriétés par un grand nombre d’obfervations vraiment curieufes; mais ces deux auteurs, d'accord fur les réfultats, l’attribuent fans doute à des caufes diflérentes. Euler , en faifanc de la lumière un fluide continu, fe rapproche beaucoup du fentiment de Deluc; & j'avoue que fon opinion me paroît d’autant moins hafardée, que bien des phénomènes la rendent , finon prouvée , au moins très-vrai- femblable , & dans l'arène de l'imagination , le vraifembable prend fouvent la place de ce qu’on appeloit vérité démontrée. D’autres philofophes ont fait de la lumière un fluide expanfble , inhérent au calorique qui lui donne le mouvement, l’expanfbilité ; d’autres, enfin, modifiant cette dernière opinion, rendent le calorique & la lumière indé- pendans lun de l’autre; mais ils les affujettiffent tous deux à de certaines loix préfumées néceffaires pour déterminer leur émiflion de manière qu'il eft poflble de les féparer en certaines circonftances , & lorfqu'ils font foumis à nos inftrumens particuliers. Les expériences du profeffeur Piétet donnent beaucoup de poids à cette dernière opinion (Effai fur le feu, $. 52). La. lumière réfléchie de la lune, fans chaleur fenfble, même lorfque fes rayons d'A 168 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE traverfent une couche épaiffe de vapeurs terreftres, devient encore une autorité dans ce fens. Il eft des phyficiens qui mettent en doute fi la lumière fe répand dans l'efpace par un mouvement ofcillatoire , comme le fon fe propage en l'air; il en eft d’autres qui la regardent comme étant fufceptible de combinaifon par l'effec d’un mouvement rapide qui la fait jaillir du corps lumineux; il en eft d’autres, enfin qui, aidés de l'obfervation du célèbre Herfchel, en com- pofent une atmofphère radieufe , fufceptible d’accumulation ou d’extenfion, puifqu'’elle découvre & qu’elle cache alternativement aux yeux de l’obferva- teur la fubftance mème du foleil, dans des circonftances inconnues, & ils penfent que c’eft de cette atmofphère lumineufe qu’elle nous parvient. Cette fluétuation d'opinions fur la lumière, donne peu d’efpoir qu'on puifle parvenir à une théorie aflife. On fera long-temps encore frappé de {es effets, fans en connoître la caufe par des principes inaltérables. Cepen- dant on fe juftifie aifément à fes propres yeux , quand mille penfées viennent affaillir l'imagination fur un objet fi propre à l'occuper, & quand diverfes queftions nailfent de ces penfées. On peut les réduire aux trois fuivantes. 1°. La lumière obéit- elle à quelques loix de mouvement inhérent à fa fa nature, & abfolument indépendant de tout autre fluide ? 2°. Le calorique qui s'échappe ou qui paroît s'échapper du foleil, eft-1l lui-même indépendant de tour autre fluide ? 3°. La lumière & le calorique dont le foleil abreuve f'efpace defliné à notre fyftême , ne feroientils pas Le réfultat d’une combinaifon élémentaire opérée dans le foleil lui-même, ou dans fon atmofphère lumineufe, & fecondairement dans l’armofphère & fur la furface de notre globe ? Je penfe que fi on traitoit féparément ou fimultanément ces trois queftions, qui paroillent avoir un intérêt égal à une heureufe folution , on prépareroit fürement les bafes d’une théorie capable d’embraffer tous les phénomènes qui tiennent aux combinaifons naturelles ou factices; mais ce travail exige- roit un phyfcien confommé, & je n’ai garde de l’entreprendre, Je me borne à quelques réflexions. Ceux qui, fans preuves matérielles , admettent que la lumière eft un des principes de certaines combinaifons élémentaires, appuyent leur opinion fur la faculté qu'ont les combuftibles de décompofer le gaz oxigène & de produire de la lumière en s’emparant de fa bafe, En fe hvrant à cetre opi- nion, le gaz oxioène fourniroit feul la lumière dégagée pat la combuftion. Mais quelle certitude a-t-on que certe lumière dégagée n'appartient qu'au gaz oxipèné? Ne peut-elle pas tout aufli bien dépendre du corps foumis à la combuftion ( 1)?° (2) La nouvelle doëtrine chimique admet que le calorique & la lumière dégagés , pendant la combuftion du corps, appartiennent au gaz oxigène décompolé, Cette doc- : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 169 ® Nous avons démontré, par nos dernières expériences , que la lumière libre s’unifloit dans les corps huileux , de manière à augmenter leur poids ; qu’elle y pafloit peut-être de l’érat de faturation relative à celui de faturation abfolue ; que cette addition avoit un terme; que la furaddition de lumière devoit y augmenter la proportion de l’hydrogène , lorfque l’huile en expé- rience étoit privée du contact de l'air libre. Nous avons admis en méme temps que lorfque l'huile étoit foumife à l'influence de l'air atmofphérique , il évoit vraifemblable que l'union de l’oxigène étoit dépendante de la lumière & du calorique, qui en font la bafe. Cette circonftance d'union de l'oxigène avec les huiles, ajoute à leur pefanteur fpécifique , comme dans le premier cas où cette addition ne peut pas avoir lieu par l'oxigène dans les vaifleaux fcellés hermétiquement ; mais il paroït & je crois qu'il n°y eft pas fous fon caractère d’oxigène pur. L'inflammation prolongée des huiles épaiflies avec ou fans le concours de J'oxigène, l'accumulation & la malle de chaleur qui accompagnent ces inflammations ; la différence fenfible qu'on obferve à cet égard entre la flamme d’une huile légère & celle d’une huile de même nature, mais épaiflie; tous ces faits, dis-je, femblent prouver qu'ils n'ont lieu qu’à raifon de l’augmentation de l'hydrogène de nouvelle formation, & qui réfulre, non de l’union fimple , mais de la combinaifon de l’oxigène avec les prin- cipes qui fe trouvent dans les corps combuftibles, fous l'influence de la lumière , qui y agir aufli crès-activement, comme je l'ai démontré, Si l'oxigène y réfidoit en effet d’une manière intègre , par fimple adhé- fion, ce mélange auroit acquis les conditions effentielles & nécelfaires pour la combultion fpontanée dans les vaifleaux clos, ou au moins pour qu'il ne füc befoin que d’une température un peu élevée , comme il arrive au nitre qui détonne dans les vaiffeaux clos , lorfqu'il eft en contact avec une fubftance à combaftible. Je mets en propolition , & même en fait, que le manganèfe, traité dans les vaifleaux clos avec des fubftancés combuftibles , opéreroit la combuftion, parce que la condition effentielle à cet effet s’y trouveroit. Et pourquoi invoquer ici la condition d’une température élevée pour con- confacrer la théorie que je viens d'expofer ? On fe rappelle , fans doute , ces inflammations fpontanées qui ont incendié des magafins & des vaif- feaux , & qui n’ont eu d'autre moteur que l’oxigène libre contenu dans cette ROC _ _ trinceft confacrée par les meilleurs ouvrages. ( Voyez article combuftion , dans la Chimie élémentaire de Fourcroy , tome II. ( Voy. aufli le Journal de Phyfque , février 1785 ). Le célèbre & infortuné Lavoifier, en parlant de l'éleétricité, repréfenre auf l'air comme produifant le feu & la lumière dans la combuftion. « L’éleétricité, dit-il, n'eft æ qu’une efpèce de combuftion dans laquelle l'air fournit la matière éleétrique, de même ” que, fuivant moi, il fournit la matière du feu & la lumiere dans la combuftion 5 Ordinaire », 1390 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE efpèce de mahganèfe fuligineufe, connue en Angleterre fous le nom de black-wad, Si ce black-wad , le goudron , l'huile de lin & de chanvre, réunis en certaine malle , font fi aifément enflammés , il ne faut l’attribuer qu'à l’oxigène uni au manganèfe par afhinité éleétrifée, & y jouilfant de toutes fes propriétés. Mais ce n'eft pas fous cet état que je le repréfente dans les huiles épailies; il y eft différemment enchaîné; 11 y eft modifié par fa combinaifon avec la lumière , le carbone , le calorique, ce qui le fait con- courir à la formation de l'hydrogène; & dans cet étar, il a befoin de nouvelles dofes d’oxigène ou de gaz oxigène pour concourir à la combuftion. IL n’eft donc pas prouvé que la lumière & le calorique dégagés pendant la décompofition d’une fubftance combuftible ; appartiennent exclufivément à l’oxigène. Les fectateurs de cette opinion font ceux qui font trop intintive- ment attachés à la nouvelle doctrine pour lui foupçonner quelque côté foible, Dans le principe, cela devoit ètre, & d'autant mieux, que l'explication inverfe n’avoit en fa faveur que des probabilités, que de favantes recherches fembloient réduire au rang des ingénieufes hypothèfes qui fervoient de bafe à la doctrine du phlogiftique. Cependant, nos expériences mettent en dehors de la fphère des affertions fans bafe , l'opinion de Gadolin, que toutes les fois qu’un corps combuftible fe trouve en contact avec le gaz oxigène, à une température convenable, le corps feul donne naiffance au phénomène de la lumière, & que c’eft cette lumière, qui eft débarraflée de fes liens de combinaifon, que l’école de Stahl défgne fous le nom de phlogiftique ( 1 ). Dans la combuftion expliquée fur ce principe , le gaz fe dépouille de fon calorique, & l’oxigène qui le conftituoit, s’unit à la fubftance brûlée, & lui communique les nouveaux caraétères que les auteurs & les apôtres de la nouvelle doctrine ont développés & fuivis, avec des détails divers, & tous très-intére{fans, L'on peut donc, d’après les nouveaux faits mis en évidence , marier les deux doétrines, & faire dépendre certains phénomènes d’une affinité par-« ticulière de la lumière avec certaines bafes, & même de la formation de l'hydrogène dans d’autres bafes. Ainfi , dans la décompofition des combuf- tibles, accompagnée de flamme, le calorique fpécifique du corps enflammé, ainfi que la lumière qu’il contient fous l’état d'hydrogène , venant à s’échap- per , à la faveur de la température qui les met.en mouvement, s’uniffent au calorique de l’oxigène , qui concourt à la combuftion. C’eft ainfi que ces deux fluides reparoillent avec les caractères phyfiques qui les diftinguent. (x) Deluc penfe aufi que dans la combuftion du charbon où il fe forme de l'acide carbonique , le calorique dégagé provient du charbon lui-même. ( Voyez fa Météoro- logic, $.181). ET D'HISTOIRE NATURELLE. 171 On peut mème ajouter, en partant des propriétés que j'ai reconnues à Ja lumière combinée , que l’exiftence du calorique comme matière, eft infiniment probable. En effet, les phénomènes produits par le calorique dans les corps, ont beaucoup d’analogie avec les phénomènes que préfentent les corps compofés de diverfes fuftances. Ainfi, en admettant , comme nous l'avons fait dans notre précédent Mémoire , que le gaz hydrogène eft un compofé de lumière, d'oxigène, de calorique & d’un peu de caibone ( 1), c'eft fous certe forme de combinaifon qu’on pourroit confidérer Le calorique comme matière, Une théorie établie en oppoñtion à celle qu’entraîne une opinion formée, veut être étayée , fans doute, de quelques faits qui puiffent concourir à fon développement. Entre plufeurs dont je pourrois emprunter l'autorité, j’en vois un dont l'explication eft à la portée de tous ceux qui font initiés dans la connoiffance des principes des corps. Confidérons les effets fulminans de la poudre à canon , traitée dans des vaifleaux fermés. Son principal ingrédient contient l’oxigène , mais com- biné à la bafe fous l'état d’acide, & non fous l’état de gaz. Cer oxigène contient, fans doute, du calorique ; mais c’eft le calorique fpécifique , & non pas cer excédent de calorique qui le conftitueroit gaz. Cependant, la température , modifiée par la plus petite étincelle embra- fée, eft fuivie d'un effet terrible; cet effet eft accompagné d’une flamme rapide , d’un feu étincelant. Croira-t-on que le combuftible, le foufre & le charbon ne font pas ici les principaux réfervoirs de cette flamme détonnante, de ce calorique mis en liberté ? Sans doute l’oxigène y pafle en partie à l’état de gaz; fans doute une partie de’la lumière dégagée appartient à la modification qu’y éprouve l’oxi- gène , ou’plutôr à fa décompolition ; 1l fe produit , fans doute, du gaz hy- drogène : l’odorat & l’analyfe l'aueftent; & d’ailleurs, les matériaux effen- tiels à fa formation s’y trouvent. Voici donc un nouvel emploi de la lumière. Mais cet oxigène peut-il (1) J'ai vu, depuis la ledure de mon mémoire, que la préfence du carbone dans l'hydrogène eft appuyée par une expérience du docteur Prieftley. ( Voyez fon dernier volume, page 247, où il traite de l’analyfe de la fuye produite par de l'huile brülée, Cerre {uye produitun air fi pur, qu’étant mélée avec une égale quantité de gaz nitreux, le réfidu fur de 0,5; ce qui excède de beaucoup le degré de pureté de l'air commun. Une petire quantité du Er cetre fuye ayant été expofée fous la lentille cauftique, il en rélulta une grande quantité de gaz hydrogène , fans mélange d'acide carbonique , & brûlanr avec une belle famme bleue, Cet auteur penfe que la fuye eft le réfultat d’une union de l'air hydrogène provenant du combuftible avec la partie pure de l'air ambiante. Je crois que le gaz hydrogène , fourni dans la feconde expérience avec une fi petir, quanticé de ca:bone , eft produit en grande partie par la chûte des rayons folaires réunis, l'air & le carbone, 17: JOURNAL DE PHYSIQUÉ, DE CHIMIE, créer tous ces phénomènes de fon propre fond? Peut-il paffer de l’état d’oxigène combiné ou acidifiant pour prendre le caractère de gaz, développer tant de calorique & de lumière, & fournir à de nouveaux compofés, fans que le charbon, fans que le foufre, qui abforbe lui-même tant d’oxi-* gène, ne participent activement à cette libération étonnante de calorique & de lumière ? On objeétera peut-être fur la préfence préfumée de l'eau de criftallifation du nitre ; car , pour confolider l'édifice d’un fyftème fuivi, on met en œuvre jufqu'aux plus petits matériaux ; mais il n’y a pas d’eau de criftallifation dans la poudre fèche ; elle ne contient que l’eau, principe qui fait partie de l’alkali, difféminé par l’effec de l’explofion, & modifié lui- même jufqu’à un certain point. Ajoutons à ce premier exemple d’une combuftion, aux effets de laquelle il nous eft impoflible de ne pas faire participer les corps en combuftion, celui qui tient à la fimple contufon de ces mêmes matières, Que cette contu- fon, que cette, percuflion, néceflaires au travail de la poudre , fe faffe dans le vide comme en plein air, le développement d’une certaine fomme de calorique, empruntée des corps en conraët & des corps environnans, doit entrer pour quelque chofe dans le phénomène de la détonation, qui ne manque pas d’avoir lieu lorfque cette percuflion eft pouflée jufqu’à un certain terme, La combultion, accompagnée de lumière, veut la décompofition pro- noncée d’une des fubftances qui y concourent; c’eft une condition qui nous paroît effentielle , car il exifte des phénomènes qui tiennent au développe- ment du calorique, fans dégagement de lumière; telle eft l’union des gaz acides & alkalins avec l’eau , &c. Tous les corps auxquels on accorde les qualités de corps combutibles, n'ont pas la même difpolition pour dégager du calorique & de la lumière pendant leur union avec l'oxigène. Ces diftinctions font relatives à leur nature particulière & à l’état de leur bafe. Or, fi la feule différence admife dans la conftitution d’une bafe , fuffit pour apporter des différences fenfbles dans les effets réfultant de fa combinaifon avec l'oxigène ; fi la mafle de lumière dégagée, le poids de la matière étant d’ailleurs le mème, n’eft pas aufli conférable dans ce cas que dans d’autres, quoique la produétion du calorique & l’abforption de l’oxigène foient équivalentes , on peut pré- fumer que, dans bien des circonftances, la matière combuftible doit con- courir aux phénomènes obfervés, en fuivant un certain mode. En effer, il eft des corps dans la compofition defquels le calorique & la lumière fe trouvent plus évidemment démontrés que dans d’autres corps. Ces différences euvent fervir, je penfe, à diftinguer ceux qui appartiennent à l'ignition , à l'inflammation proprement dite, d'avec ceux qui font du reflort de la combuftion. Certainement il y a plus de lumière dégagée d’une fubftance qui contient l'hydrogène ET D'HISTOIRE NATURELLE. 173 l'hydrogène que de celle qui n’en contient pas, comme les métaux. Nous voyons, par exemple, le foufre produire affez de calorique , peu de lumière, à la vérité, & donner naiffance à un fluide gazeux, feptique & fuffoquant, capable, en un mot, d’arrèter toute combuition , quoiqu'il contienne Îui-mème une partie du corps combuftuble volaulifée, avec une affez grande dofe de gaz oxigène. Il eft encore un autre genre d’inflammation, qui tient de très-près à celui que nous venons de citer ; il dérive d’un autre ordre d’agens, dans lefquels l'eau agit par un de fes principes mis en liberté. Ces phénomènes font plus particulièrement réfervés aux opérations fouterreines de la nature, & aux mélanges mécaniques des laboratoires de chimie. Certainement l’eau feule n'agit pas comme eau ni comme gaz dans le principe de la combinaifon qui eft fuivie d’un dégagement de lumière; il eft plus probable qu’elle emprunte le mouvement du calorique fpécifique des corps en contaét & des corps voifins. . S'il reftoit le moindre doute fur la propriété qu’a le gaz hydrogène dégagé dans ces fortes d'actions, de manifefter la préfence du calorique & de la lumière, comment pourroit-on concilier avec fes propres opinions, ce qui fe palle dans l’oxidation ou dans la combuftion du fer, de l’étain , & fur-tour du zinc ? Lorfque la température eft aflez élevée pour l’oxidarion ; elle a lieu fans flamme ; à une température plus.élevée, elle eft accompagnée de flamme. Le corps une fois enflammé, l’eau contenue dans l’air environnant, & qui a concouru à ce dernier phénomène, continue à remplir un rôle aéf, car il y a fürement décompofition de ce fluide, & la crépitation qui fe fait entendre, & qui eft précipitée lorfque l’air eft humide, ne laiffe aucun doute far l’étioiogie du phénomène de la combultion du zinc, Ainf, dans le premier cas, ou dans le premier degré de l’oxidation métallique , il n’y a point de lumière développée, quoique la rempérature foit très-élevée , parce que la fcène n’eft occupée que par le gaz oxigène de l'air atmofphérique. Dans le fecond cas, l'hydrogène de l'eau produit les phénomènes lumineux fubféquens de certe brillante lumière & de la crépi- tation. Les mêmes principes propres à la combuftion, produifent donc des effets dont la variation paroît dépendre de leur état de combinaifon. Ainf, cette diverfité d'actions fufhroit feule pour profcrire du langage chimique le même mode de théorie explicative. En prétant donc une attention plus - {érieufe qu'on ne l’a fait jufqu’à préfent à la diftinétion que nous voudrions qu'on admit entre les fubftances fufcepribles de combuftion fimple & d’in- flammation ou d'ignition ; en examinant l'état de développement plus ou moins rapide des fluides mis en liberté; en confidérant fur-tout la nature des corps foumis au contaét dans le temps de leur décompoftion , on par- viendra plus aifément à triompher de la répugnance qu'on peut avoir à Tome 1V. FRUCTIDOR an 6. 7 r74 JOUNALI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE modifier une théorie faite en plein jet, embraffant tous les cas, & figna= ant comme identiques des phénomènes qui ne paroiflent avoir de commun entr'eux que certains réfulrats apparens , quoique les caufes de leur apparition foient fort différentes. On fe convaincra peut-être un jour que de toutes les fubftances.qui concourent au phénomène , il n’en peut être aucune de paf- fives; qu’elles font toutes actives & également actives; que celles qui entament , corrme celles qui fe laïffent entamer, ont un échange mutuel de principes à confommer; & que le mot de bafe ou fubftance paflive , lorf: qu'on l’apptique aux principes primordiaux, eft, dans le langage de la nature, un mot vide de fens. S Ainfi donc , les diftinétions obfervées entre des fubftances compofées en apparence des mêmes élémens , ne peuvent figurer dans un fyftème géné: ral que comme ces pierres en faillie qui nuifent à l’uniformité d’une fuface plane, Elles feront à la fcience de l'hiftoire de la nature ce que les nom- breufss exceptions font aux règles d’une langue épurée; mais avec le temps, ellesypoutront devenir elles-mèmes des efpèces de règles, qui auront leur autorité, relativement à la nature particulière-des corps qui en feront l’objet. Je crois avoir donné affez d’extenfion aux motifs fur lefquels je fonde les modifications néceflaires aux principes généralement établis fur les phéno- mènes de la combuftion, & qui attribuent à l’oxigène le désagement exclulif du calorique & de la lumière. Je me hâte de pailer à une autre confidéra- tion , prife de l’état de la lumière , au moment de fon émiflion. Quoique la lumière folaire foit diftinéte du calorique dans quelques cas particuliers , il eft vraifemblable que tous les phénomènes attachés aux combinaifons qui s’opèrent fur notre globe , font abfolument dépendans de l'état de combinaifon de ces deux fluides , ainfi que de leur quantité refpec- tive. Sous ce point de vue, le tableau des combinaifons deviendroit très- étendu, en raifon de la variété des bafes & de tous les phénomènes qui en réfuleroient ; les uns pourroïent être plus lamineux que calorifiques , tandis que d’autres préfenteroient des caractères oppofés. Je penfe que la lumière’ne paroït à nos fens que fous l’état de combi- naïfon primitive avec le calorique , & que ce premier état la difpofe à des combinaifons fecondaires. Je penfe encore que c’eft fous le caraëtère de la première combinaifon qu'elle eft difpofée à devenir l’effence originelle du gaz hydrogène ou de l'hydrogène, qui devient lui-même principe de nou- velles combinaifons, par l’intermède des corps organifés , dans lefquels le calorique, la lumière, l'oxigène & le carbone jouent un rôle fi étendu, Herfchel entoure le foleil d’une atmofphère de lumière qui patoït confti- tuer des couches plus ou moins épaiffes , fi on en juge ainfi par l'apparition & la difparition des points les plus élevés & perceptibles de la planète même, Si nous pouvons nous étayer des reflources de l'analogie, en appliquant ce qui fe pale fur notre globe à ce que nous fuppoferions devoir fe paffer > à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 175 dans la fphère lumineufe du foleil , nous reparderions cette enveloppe rayon- nante comme le réfulrat d’une émanation vaporeufe de la fubftance de l’aftre lui-même. En admettant ce point , la théorie de la combinaifon primitive d’un fluide particulier avec le calorique , d’où réfulteroit le fluide lumineux ou la matière de la lumière, ne préfente rien d’improbable. J'avois jeté cette idée fur le papier avant d’avoir eu connoïffance d'idées à-peu-près analogues , confignées dans les obfervations météorologiques de Deluc. Elle n’eft cependant pas adoptée par tous les phylciens; car c’eft à fa réfutation que je dois la connoïffance de l’ouvrage. J'ai déjà fait mention de l'opinion de l’auteur, à la page 2 de ces Obfervarions. Des phyfciens ont penfé que la combinaifon des rayons folaires avec les diverfes fubftances qui compofent notre terre , étoit la fource du calorique fenfble, ou de l’impreflion que-nous défignons fous le nom de chaleur. Je crois devoir encore attribuer cette opinion à Deluc. Elle eft annoncée, à ce que je crois , dans le Jourhal de Phyfque , juillet 1790. Ainf, plus les corps feroient fufceptibles d'union avec la lumière folaire, plus aufli ils devien- droient propres à manifefter la fenfation de la chaleur. Cet effet peut avoir lieu dans les cas de comhinaifons fondées fur les affinités éleétives dans lef- quelles il y a dégagement d’un des principes primitivement engagé. Si la lumière confervoit dans notre atmofphère & fur notre globe fa pre- mière direction en ligne droite; fi l'effet des combinaïfons qu’elle ébauche & des réfractions qu'elle éprouve dans le milieu qu’elle traverfe pour par- venir jufqu'à nous, ne la rendoit pas divergente, il eft hors de doute que le mouvement de la végétation & trous les phénomènes météoriques feroient plus étendus qu'ils ne font ( 1 ). C’eft cette divergence qui fixe les limites de la combinaifon ; fon action eft mème dépendante de la préfence du calorique, pour répondre ponétuellement au bur de la création dans les combinaifons variées dont elle paroït être le principe actif. Mais la poftion de notre planète vient-elle à changer ? La divergence du Auide lumineux, augmentée par l'obliquité de fa chûre & de fa diréétion, annonce, pour ainfi-dire , le terme de fa combinaifon; la langueur s'empare de la vie végétante ; le mouvement fe rallentit; les parties colorantes des végétaux - (1) La végétation rapide qui a lieu vers les poles , malgré la rigueur du climat, dépend {ans doute de deux caufes qui concourent également au développement accéléré des plantes ; d'abord de la préfence prolongée du foleil , dans l'été, ‘de ces rayons , & enfuite de la moindre divergence de.fes rayons , parce que la couche de l’atmofphère eft moins étendue , moins épaifle dans cette partie que fous l’équatear , où le mouvement diurne s'exerce avec plus d'empire. Sous les poles, fans doute, & toujours par la même caufe , l’état de l'atmofphère eft moins troublé , parce que la nature des fluides qui la compofent fe prête moins aux combinaifons fecondaires qui , fous nogre ciel , agiflent avec plus de force, NZ 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE difparoiffent; la nature fufpend fes fonctions. Il eft enfin préfumable que Pinactivité des rayons lumineux qui nous font renvoyés par notre farellite, dérive de leur ifolement d’avec le calorique, mieux prononcé que dans tous les autres cas apperçus. Il n’eft pas de doctrine qui ne puiffe réclamer en fa faveur quelques faits particuliers. Celle que je viens d’expofer peut encore s’étayer des phénomènes qui fe paflent dans les couches inférieures de notre atmofphère, & qui fe lient avec l’apperçu que je viens d’efquiffer. Dans ces couches, la combi- naifon de la lumière paroît s’opérer & s'opère en effet dans des proportions plus étendues qu’elles n’ont lieu dans les régions les plus hautes des mon- tagnes. Dans ces deux cas comparés, la fomme du calorique mis en liberté eft bien plus grande dans les terreins bas que dans les zones fupérieures des hautes montagnes , où la lumière brille cependant avec tout fon éclat, mais où elle échappe à la combinaifon (1). D'après cet apperçu, d’après celui que nous avons indiqué dans notre précédent Mémoire fur l'influence de la lumière , qui eft bien plus étendue dans une atmofphère vaporeufe que dans les circonftances contraires, nous reconnoïtrons que la nature a une marche uniforme, & que fi la chaleur eft plus fenfible dans les zones inférieures de notre atmofphère que dans les zones fupérieures, cet effec tient, 1°. à la préfence de la vapeur, fi favorable à la combinaifon; vapeur qui eft très-rare dans les régions élevées ; 2°. à la rapidité avec laquelle Les rayons folaires traverfent les couches d’un air plus rare, & à l’abfence du calorique , par le défaut de combinaifons, ces couches élevées n'ayant en quelque focte qu'une lumière réfléchie des couches infé- rieures. Les réfulrats des expériences faites fur les huiles expofées à l'influence folaire , confacrent cette théorie. : Je fuis arrivé au but que je me propofois, celui fur-tout de faire fentir la néceflité des modifications dont on doit faire ufage à l'égard des principes établis pour expliquer les phénomènes de la combuftion; principes qui attri- buent exclufivement au gaz oxigène le dégagement du calorique & de la luinière, & non au corps combuftible. Quoique je n’aye pas eu l'intention de traiter cet objet avec toute l'exac- (1) La combinaifon de lumière anñoncée par le dégagement du calorique dans l'expé- rience que fit Sauflure fur le eramont ( Voyages dans les Alpes , 6.931), avec une boîte de bois doublée de liége noirci en dedans & fermée par trois glaces de verre placées à un pouce de diftance ; cette combinaifon, dis-je , prouve que la loi établie par la nature, relativement à la temperature de ces lieux élevés ,eft interrompue dans les circonftances particulières ou l'on préfente aux rayous lumineux des fubftances capables de s'en laïfler pénétrer. On facilite alors l'efpèce de combinaifon qui a lieu dans les couches inférieures de l'atmofphère & fur la croûte du globe. L'air contenu dans l'intervalle des glaces aura fans doute contribué pour beaucoup au réfultat, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177 titude & toute l'étendue qu'exige une difcuffion fuivie, & qu'il ne foit ici queftion que de fimples obfervations, je me réfumerai avant de paller à d’autres confidérations fur d’autres effets de la lumière. Les conféquences déduites des obfervations précédentes, feroient, 1°. Que la lumière pourroit être confidérée comme fluide continu; qu’elle fe meurt dans l’efpace ; en ligne droite, jufqu’à notre atmofphère; que là, devenant, par fa nature, le mobile de certaines combinaifons gazeufes & élaftiques, qui font, à leur tour , les premiers matériaux des combinaifons organiques qui s’opèrent fur notre globe, elle change de direétion d’une manière relative; que le milieu qu’elle traverfe pour parvenir jufqu’au globe, lui fait éprouver diverfes réfraétions, à raifon de la plus où moins grande denfité de fes couches; que la divergence dont fes rayons font affeétés par ces caufes mulripliées, annonce la fagelfe de la nature , parce qu'elle modifie, qu’elle modère la forte tendance qu’elle paroït avoir à la combinaifon ; ten- dance que les hommes n’éprouvent que trop, lorfqu'ils parcourent les régions élevées des Alpes; tendance, enfin, qui, fans ce correctif, feroit nécef- fairement plus prompre & plus étendue fur les individus doués d’organifa- tion , & dont les conféquences ne pourroient être que très-oppolées au fyftème harmonieux qui gouverne notre planète , & qui devient pour nous une fource inépuifable de jouiffances. i 2°. Que la lumière ne paroît pas fe mouvoir dans l’efpace d’une manière indépendante du calorique, quoiqu’en certains cas ce dernier ne foit pas apperçu. 3°. Qu'elle paroît être, d’après plufieurs effets annoncés par les combi- naïfons qui s’opèrent fur notre terre, le réfulrat d'une première union opé- rée dans le globe folaire ou dans fon atmofphère lumineufe. 4°. Que quoique diftincte du calorique , elle paroît néanmoins contrac- ter avec lui, dès le point de fon émiflion, une union affez marquée, limitée cependant, & aflez foible pour être féparés l’un de l’autre, fans efforts, dans certains cas particuliers, & fur-tout quand elle eft réfléchie (1). (x) Jemepermettraï une comparaifonqui pourra éclaircir l'idée que je conçois à l'égard de cette union. Je la compare 2 l'eau qui mouille certains corps. Nous appercevons quelque chofe de plus qu’une fimple adhéfion dans le cas où les corps fe gonflent. Il y a là une efpèce d'union chimique. Qu'avec ce corps ainfi pénétré, je frappe un autre corps , une artie de l'eau & une partie du corps en mouvement , moins cependant de celui-ci que du liquide , adhérera au corps frappé. J'applique ce fait groflier & mécanique à l'effet de la peïcuflion de la lumière dans laquelle il y auroït plus de perte de calorique que de lumière. C On pourroir objeéter , contre cette union entre les deux fluides, malgré la compa- raïfon que je viens de me permettre , l'énorme quantité de calorique qui le dégage dans l'expérience de la lentille ardente , & qui furpaile de beaucoup, fans doute, la capacité des corps foumis à l'expérience & de l'air environnant, Il faut obferver que dans cette 178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s. Que c’eft, fans doute, à cette union qu’eft dû le mouvement qui carackérife ces deux fluides vivifians. 6°. Que c’eft véritablement à l’effet des combinaifons qu'ils préparent en commun dans notre atmofphère & fur les premières couches de notre globe , où 1ls cèdent aux loix de combinaifon , de réfraétion & de réflexion , qu’eft due la fenfation de chaleur que nous éprouvons; fenfation qui s'accroît à mefure que les combinaifons qui conftituent l’effence des corps organifés s'ébauchent, s'étendent & s'achèvent fous nos yeux , & qui explique l’ab- fence du calorique dans les régions élevées. 7°. Que les corps qui font les plus fufceptibles de s'approprier la lamière, ou de faciliter fa combinaifon avec les fluides environnans, font auñi ceux qui doivent dégager le plus de calorique ( 1); que le foleil agit fur le globe par l’effer de certaines affinités, dont les divers réfulrats font, tantôt le déga- gement de la lumière, comme nous Îe verrons dans certaines no“tiluques, tantôt celui du calorique, comme il arrive dans les combinaïfons de la lumière avec les couches inférieures de l’atmofphère , & avec les fubftances organifées & brutes qui conftituent la croûte du globe ; que c’eft, enfin, ce jeu d’affinités particulières & de décompofition qui, en l'opérant en grand , devient le principe & l'ame du mouvement qui conftitue notre monde phyfique. 8°. Que c’eft fur-tout à l’union primitive , quoïque foible , du calorique & de la lumière, que nous devons les fluides effenriels à notre exiftence, l'oxigène & l’hydrogène fous l’état de gaz, & enfin l’eau, dont les modi- fications conduifent à des combinaifons plus étendues , & qui font, dans les mains de la nature, les agens de la création continuée, 9°. Que les phénomènes qui réfultent de la décompofñtion des combuf- tibles ne peuvent pas être expliqués par une feule loi générale , qui feroit dépendre l'apparition du calorique & de la lumière du gaz oxigène , à l'ex- clufñon des corps combuftibles, & que les faits qui réfultent de la nouvelle circonftance il fe trouve deux caufes de développement de calorique : 1°. celle de la œombinaifon de la lumière avec les corps environnans ; 2°. l'effet d’une percuflion vive, érendue d’un frottement rapide entre les rayons réunis qui dégagentile calorique , fans néceflité de combinailon de la lumière, Ce cas a quelque chofe de commun avec celui qui explique le paffage du feu obfcure, en aigrettes lumineutes , fous la percuflion de deux corps durs. (1) Il eft de fait que certaines pierres expofées aux rayons folaires font plus propres que celles d'un genre différent à faciliter la combinaifon de là lumière avec les fluides qui conftituent les couches de l'air environnant. Cet effet réfulte , fans doute, de la raïon compofée de leur nature & de leur dentité. On partagera cette opiñion , fi l'on mer en parallèle les pierres {chifteufes avec les roches calcaires , pétrofilicieufes , &c. &c. Les furfaces polies réfléchiffent plus la chaleur que celles qui font ternes, ( Eflai fur le feu, $.57& 58). ET D'HISTOIRE NATURELLE. 179 combinaifon qui libère le calorique & la lumière, réclament une diftinction, fondée fur la nature des corps foumis à ce genre de décompolition, en fubltances comburables où propres à la combuftion, & ex fubftances inflam- mables ; ce font celles qui conitituent linfammarion , l’igniion. 10°. Que dans Les corps foumis à la combuftion, en prenant pour exemple le chatbon & certaines fubitances métalliques, il eft affez probable que la décompofition du gaz oxigène concourt autant , & peut-être même plus que le combuftible, à la couleur que prend le charbon , & au calorique qui fe dégage; mais que cet effet eft loin d’être exclufñf, le combuftible devant fournir aufli une partie de ce calorique libéré. 11. Que les fubftances combuftibles , propres à la produétion du gaz hydrogène, comme les bois, les huiles, les réfines, &c. conftiuent feuls l'ignition ou linflammation, qu'on ne doit pas confondre avec la combuf- tion; que l'apparition de la flamme lumineufe eft le réfulrat de la décom- pofition de l'hydrogène, porté à l’état de gaz par la haute température qu'il acquiert ; que le gaz oxigène qui y conçourt, comme dans la combuftion fimple, n'agit pas dans le phénomène d’une manière exclufive; phénomène qui paroïît bien mieux appartenir à la décompoftion de l'hydrogène, qui libère auffi une grande quantité de lumière & de calorique ; que dans tous les cas où le gaz oxigène fe trouve en contact avec le gaz hydrogène, quel que foit la fubitance qui fournit ce dernier , il y a inflammation, & non combuftion, & que ces cas font particulièrement exception à la théorie fyf- tématique actuelle fur la combuftion & fur fes effets, puifqu’elle établit que le gaz oxigène eft le feul & unique réfervoir de la lumière & du calorique dégagés dans l’aéte même de la décompofition ( 1). 12°, Qu'il ne faut pas, enfin, confidérer l’oxigène qui concourt à l’épaif- filement des huiles, des réfines, &c. comme jouiffant, dans ces nouvelles bafes , de fon caractère d’oxigène pur, & tel qu'il fe trouve dans les oxides métalliques ; mais qu'il yeft modifié & diftribué dans l’enchaînement des combinaifons qui concourent à la formation de l’hydrogène , de l'acide car- bonique & des acides particuliers, à la fubftance fur laquelle il a porté fon influence ; qu’on peut, enfin, fe faire une idée de fes nouveaux liens dans le compofé qui conftitue l'eau. à à 0e dus (x) Nous ne faifons pas ici ufage des exceptions qui fembleroïent exiger plus que des modifications’ à Ja nouvelle doétrine. Les favans hollandais , Deiman, Paets-Van- Trooftweck & Lauwerenburg ont prouvé, par des expériences bien faites , que le mélange du foufre & des métaux brâloit & dégageoit beaucoup de calorique & de lumière , fans aucun concours du gaz oxigène. Ce cas particulier fait plus qu'exception à la théorie admife fur les phénomènes de la combuftion. ( Voyez Journal de Phylique, novembre 1794). J'ai encore vu depuis la rédaétion de ces obfervations que le docteur Crawford a dé- montré que l'hydrogène contenoit plus de calorique que l'oxigène. So JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, La théorie que nous admettons fur la compofition des rayons folaires, fur cette combinaifon primitive entre le calorique & la lumière, ne renferme aucun principe qui foit contraire à ce que les phyfciens ont découvert & établi fur Les effets de la lumière & du calorique, ne renferme rien qui puilfe infirmer les diverfes loix d'optique qui réfalrent de leurs expériences ; il n'eft ici queftion que de la compofñition originelle des rayons folaires , & des préfomptions que cette compofition fait naître relativement à l’origine des combinaifons fecondaires, dont on ne s’étoit pas encore occupé. Ce que nous prenions , il y a peu de temps, pour principe fimple, fe trouve aétuelle- ment dans l’ordre des compofés. La vie de notre fyftème dépend de cet enchaînement de combinaifons vaporeufes ou folides , qui deviennent d’au- tant plus aifées à décompofer & à connoitre, qu’elles s’éloignent davantage de la fimplicité de leur première fource. 11 réfulte néanmoins de certe extenfion que nous donnons à l'opinion qu'on s'étoit déjà formée fur la nature des rayons folaires, une efpèce d’im- poñibilité de traiter 1folément le calorique & la lumière, parce qu’en mille : occafions, & peut-être dans toutes les circonftances , l’action de l’un des deux principes fimples (les plus fimples, fans doute, que nous puiflions encore admettre } ne paroît pas être indépendante de l’aétion de l’autre. En effet, dans les cas où il fembleroit qu'il fe trouve précipitation du calorique par la combinaifon ou la féparation du fluide lumineux , une partie de ce calorique fe trouve cependant modifié dans l’aéte même de la combinaifon. Ce que nous difons ici du calorique , peut également s'appliquer à la lumière. Le feu & la lumière , qui fe diftinguent par des propriétés qui leur font particulières , font peut-être les feuls élémens qui appartiennent à l'univers entier , à toute la création. La vive lumière que répandent les grands corps étrangers à notre fyftème, vient à l'appui de cette opinion. Sur cet objet, les fentimens fe font fouvent reffentis de la fubtilité de la matière ; ils ont fouvent varié, & ils changeront sûrement encore. Puifque ces deux fluides, que quelques-unes de leurs propriétés ont pu faire confidérer comme indépendans l’un de l’autre, paroïffent néanmoins fubordonnés à une influence mutuelle, je vois une efpèce de néceflité de donner fur le calorique ou fur le feu un apperçu à - peu - près femblable à celui que j'ai efquiflé fur la lumière , en rapportant fuccinétement les opinions des meil- leurs auteurs. Si nous nous attachons aux propriétés les plus grandes du feu, nous les voyons différer de celles de la lumière. Cela devoit être, puifque ces deux fluides étoient deftinés à fe réunir par l’effec d’une combinaifon moyenne, par une force d’aflinité particulière. Ce Auide paroît répondre à deux buts dans notre fyftème; 1°. à celui de modiñer, par la force dilaçante, la trop grande cohétion entre les parties intégrantes ce +707, rite RAM RIRE ERA Hd: Hp Ite : # ET D'HISTOIRE NATURELLÉ. 181 intésrantes des corps, la trop grande tendance à la combinaifon dans cer- ains cas; 2°. à celui de faverifer cette combinaifon dans d’autres circon{- tances, le tout dépendant de la nature des corps en jeu. Nous ne devons confidérer le feu, en ce moment, que fous le rapport de fa combinaifon avec la lumière , fous celui des propriétés refpé@ives de ces deux fluides , & nuliement fous les divers états que le feu préfente dans fa combinaifon avec les corps, où dans fes affinités particulières. Dans la première partie de mes obfervations, j'ai montré une certaine prédilection pour l'opinion des phyficiens qui confidèrent le feu comme matière. Si l'on confulte les paragraphes 16 & 17 de l’Elfai fur le Feu, du profeffeur Piéter, on‘trouve des expériences qui confacrent cette opinion, La lumière, de fon côté, s'eft comportée comme matière dans les diverfes combinaïfons que j'ai cherché à favorifer entrelle & certaines huiles. En cela , ces deux fluides ont des rapports qui fembient les confondre; mais ces rapports ont leurs bornes. On fent le feu & on ne le voit pas; on voit la lumière, on ne la fent pas. La lumière eft décompofable , & le feu ne fe décompofe pas; cé qui prouve qu'il eft d’une compolition plus fimple, qu'il eft plus élément que la lumière. Le feu ne palle pas à travers de certains corps que la lumière traverfe; mais il en traverfe d'autres qui font imperméables à la lumière. I] £ dirige en tous fens , & tend à l'équilibre. La lumière a fes mouvemens en ligne droite , & ne cherche point l'équilibre. Le calorique, ou le feu, eft fufcep- tible de réflexion comme la lumière ; mais aucune expérience ne conftate qu'il puifle être réfraété comme elle. 11 eft encore d’autres propriétés générales qui diftinguent ces deux Auides; & fi leur apparition, fous la forme de rayons folaires , tient à une caufe com- mune, à cette force d’émiflion qu’ils ont recue du créateur, le befoin de combinaifon qu'ils tendent à fatisfaire , leur communique bientôt une action indépendante qui les fait paroître pourvus de caraétères différens, & qui leur faic prendre d'autres formes. C'eft fous ce point de vue que nous fuivrons le feu, fuivant l'opinion des auteurs les plus célèbres. Le feu, fuivanc Lambert, géomètre de Berlin, eft un Auide difcret en mouvement , qui fe raréfe par l'accélération de la vicelle , dans une direction de bas en haut. Deluc le confidère de même, ainfi que plufeurs des phyficiens , comme fluide difcret, donrles particules, comme fluide expanfñble , fe condenfent & fe compriment mutuellement. 11 confidère donc le mouvement de ces parti- cules comme ayant lieu, en toutes direétions, dans chaque amas fenfible de ces particules , comme pouvant alors exercer une preflion les unes fur les autres; condition qui manque au fyftème de Lambert, Le mécanifme par lequel il fait heurter les particules qui fe meuvent en fens contraires à la direction d’autres particules, avec un excès de force double Tome IF. FRUCTIDOR an G. Aa 132 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que celle que leur donne la pefanteur , explique le refoulement de ces der- nières, & attribue au feu la mème action far lui-même dans l’atmofphère, que l'air y exerce par la même caufe. C'eft par ce mécanifme , enfin, qu'il combat la preflion continue, admife par Lambert, & qui ne paroît pas répondre à la nature effentielle des fluides expanlibles. (Confidérations fur la Météorologie, 6. 757). D'ailleurs, pour ce qui intéreffe notre théorie , ces deux auteurs font d'accord fur l'indépendance abfolue de ce fluide, & bien des phyficiens adoptent la mème opinion. - Deluc a encore une opinion particulière fur la nature du feu, qu'il regarde comme décompofable. Cette idée devoit naturellement le conduire à admettre fa reproduction perpétuelle. Il admet, en effet, que la combinaifon de la lumière fair le feu ($. 8os), par l’inrermède des corps dens lefquels elle s'engage, & qui ont les qualités effentielles à la formation de ce feu. Quant à l'indépendance de ce fuide., de Sauflure émet une opinion con- traire : il ne croit pas le feu indépendant & affez libre pour pouvoir ou s’éle- ver avec rapidité , avec fa légéreté fpécifique , ou fe condenfer par fa propre pefanteur. Il croit que cette matière fubtile eft liée avec tous les corps avec une affinité fi grande , que tous fes mouvemens font dérérminés, où du moins puiffamment modifiés par cette affinité. ( Voyages dans les Alpes, . 92 5.). Au milieu de ces modifications fyftématiques, qui tiennent toutes à des obfervations particulières, & plus encore aux méditations qui en font la fuite , 11 doit paroïtre d'autant plus difficile d'établir une théorie conciliante, que la moindre nuance dans lopinion, devient toujours tranchante, & ne fait qu'ajouter à l'embarras du fyftème, fans avantage pour la fcience, parce que les bafes immuables qui en’ font l'objet dire , échappent, par leur nature, aux entreprifes d’une analyfe convaincante. Cependant, je me livre, avec d'autant plus de fécurité, à l'idée d’une combinaifon opérée dans le foleil même , entre le calorique & la lumière, qu’elle ne préfente qu'une fimple modification, lorfqu'on la rapproche de l'opinion de Deluc & de Saufure. Je ne dois pas m'arrèrer aux raifonnemens de difcuflion que nos deux collègues genevois interjettent pour appuyer leurs opinions refpeétives, dans la différence qu’elles peuvent avoir entrelles, & qu'on peut fuivre dans leurs écrits; mais je crois devoir faite ufage des points fur lefquels ils me paroiffent d'accord. Tous deux veulent également le.concours de la lumière pour expliquer le développement du calorique ; tous deux le font dépendre de l'impreflion folaire; tous deux admettent la combinaifon de la lumière; tous deux, enfin, paroiffent reconnoître la néceflité de la rencontre de certains. corps intermédiaires pour rendre le calorique fenfible. Nous ne différons donc que dans la bafe qui recèle le calorique , & que je place dans le rayon folaire , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 y jouiffant, avec la lumière, d’une combinaifon moyenne, que des cir- conftances paruculières en précipitent , qu’elles dégagent, mais qu'elles ne forment pas. Je ne confulte, pour foutenir mon opinion, que la ftabilité dans l’état des corps bruts qui reçoivent l’impreflion des rayons folaires , depuis la créa- tion de notre planète dans fon étar aétuel. Ces antiques témoins, que la lumière ne celle de frapper depuis tant de fiècles, conferveroient-ils les caractères extérieurs qui les diftinguent, s'ils fourmlloient de leur fubftance à l'émiflion perpétuelle du calorique, comme l'exige le fyftème de Deluc? Il eft un point cependant far lequel je diffère le plus fur l'opinion reçue ; c'eft fur l'état de difcréion de la lumière & du feu. Je ne peux pas recon- noître la’nécefité de cerre difperfion de particules de feu & de lumière dans l’efpace, pour en compofer enfuite les rayons folaires , par un effet magique & entièrement en dehors du reffort des combinaifons, qui font l’ame de notre fyftème. J’admets donc ces rayons préexiftans dans la fphère folaire ; je les admets doués d’une mobilité & d’une expanbilité extrêmes, dès l'inftant même de la réunion des deux fluides ( 1 ). Je me difpenfe de rappeler ici les raifons, les faits même fur lefquels j'appuye certe théorie, que nous aurons de nouvelles occafons de fuivre en traitant des divers phénomènes naturels; mais je cède, en ce moment, à la néceffité de défigner dorénavant fous une feule expreflion , cette réunion du calorique & de la lumière, que la phyfique confidéroit comme abfolu- ment indépendans , & agiffant par des affinités féparées; je l’appellerai donc à l'avenir, fluide folaire. Certes dénomination paroït avoir le double avan- tage de défigner fa compofñition , & de diminuer l'embarras de la direction. Je reprends la fuite de mes obfervations fur la lumière , fur tout ce qu'elle peut préfenter d'intéreffant dans les faits naturels ou faétices qui peuvent dériver de certains modes de fa combinaifon La théorie que je viens de dé- velopper fur l'effence de la compofñtion de la lumière , telle qu’elle nous parvient, peut trouver quelqu’application dans l'examen des corps phofpho- _refcens. ( La fuite au cahier prochain ). (x) Les nuances qui fervent , en quelque forte de paffage d'une couleur à ane autre, dans les phénomènes de l’arc-en-ciel & du pins peuvent juftifier l'idée que la compo- fition de la lumière n’eft pas bornée aux fept couleurs primitives ;.mais en nous fixanc itrévocablement à ces fepr couleurs, chacune d'elle feroit-elle capable de produire dans la végérarion des phénomènes femblables à ceux qui réfulrent de l'application de la lu- mière ? ou bien en verroit-on de différens? Le calorique feroit-il auffi fenfible dans Pap- _ plication de chacune d'elles, que lorfque la lumière agit en mafle ? On a déja examiné, à ce que je crois , l'impreflion des rayons folaires fur des liqueurs diverfement colorées. Les expériences que je propofe auroienr, peut-être , des téfultats intéreffans, Aa? 184 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. N'OATxE j SUR LE MAGNÉTISME. Ve ENZEL a prouvé que le cobalt eft attirable à l'aimant, & a les poles magnétiques. Landrinni a des bouloles dont l'aiguille eft de cobalt. Klaproth a prouvé que le nickel le plus pur, celui mème de la chrifoprafe ; eft attirable à l'aimant , & a les poles magnétiques. La ferpentine de Humboldt a les poles magnétiques, & n’attire pas le fer. Û ; PluSeurs laves font dans le même cas. Voilà donc des corps qui ont la polarité fans attirer le fer. Y a cal des corps qui asiffent far le fer fans avoir la polarité ? Tralles , géomètre de Berne, a pris des morceaux très-petits de la fer: pentine de Humboldr, qui avoient des poles bien marqués; il a placé ces petits morceaux à côté de forts aimants, dons les poles étoient oppofés à ceux de la ferpentine, & les poles de la ferpentine ont été changés. NOTE SAUPRUME PES PE NIETONNNS: pr minéralogiftes penfent que les filons métalliques diminuent toujours d’épaiffeur eh s’enfonçant , en forte que les filons repréfentoient une efpèce de coin dont la bafe étoir dirigée vers la-furface de la verre , & la pointe vers l'intérieur de la terre; mais ceci n'eft point exact, plufieurs filons fe préfentent de cette manière, Mais il y en a plufieurs autres qui font dans un fens oppofés. Humboldt m'a dit que le filon de Kühchacht, à Freyberg , qui contient galène argen- üfère , s'épaiflit. plutôt qu'il ne fe récrécit, en s’enfonçant; & cependant c’eft un des plus profonds filons exploités, car il eft à plufeurs centaines de toifes. 11 y en a plufcurs autres à Freyberg , dans les mines du Harrz, & dans d'autres. Ceux de Goldcronach en Franconie, qui contiennent des pyrites aurifères & arfenicales, font beaucoup plus larges à une cer- taine profondeur qu’à la furface, = ET D'HISTOIRE NATURELLE. 185 ‘ ITR EE, NORME Szr l'eau qu’on trouve dans Pexplortation des mines. O, fait que fouvent les travaux des mines font embarraflés pat la grande quantité d'eau qu'on y rencontre. Humboldt, qui connoît la plus grande partie des mines d'Allemagne ,. m'a affuré que ces eaux viennent toujours des couches fupérieures; d’où on doit conclure que ce font des eaux de la furface de la terre , foit qu’elles viennent des pluies ou des rivières. C’eft une opinion généralement reçue parmi les mineuts-pratiques. DÉCO ETMNE Sur la nature des globes de feu qui tombent de l'atmofphère, & fur le fer nauf. XL. docteur Chladni a recueilli un grand nombre d’obfervations fur la nature de ces globes. Le 26 mai1751, iltomba à Agram en Hongrie, une groffe boule de feu, qui laifa une mañle de fer fconfié, pefant 71 livres (elle a été cranf- portée dans le cabinet d'hiftoire naturelle à Vienne ) ; une petite pièce de 16 livres s’en détacha & tomba fur une prairie. On en drefla fur-le-champ un procès-verbal, qui fut figné par un grand nombre de témoins. On a trouvé de ces mañles en Weftphalie & d’autres parties de l’Alle- magne. Humboldt a cherché à donner une explication de ces faits. « On fair, dit- il, que l'hydrogène peut tenir du fer en diffolurion, comme il tient de l’ar- fenic, du foufre, du phofphore & d’autres fubftances. « Si l’on expofe, pendant quelques jours, du phofphore dans un flacon ‘plein d'hydrogène, qu'il foit bien fermé, & qu'on le plonge enfuire dans un bain de glace, le phofphore fe condenfe; l'azote lui-mème diffout le phofphore...... À » On peut donc regarder comme prouvé , qu’il y de l'hydrogène qui con- J tient en diflolution des portions plus ou moins confidérables de fer. Eu 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » Les marais, les lieux humides, fourniffent une grande quantité de cet hydrogène qui s'élève au haut de l’atmofphère , & y forme des nuages circonfcrits. On obferve la même chofe dans les mines; lhydrogène s’y élève au toit des galeries, & y fornie des nuages circonferits. Cet hydrogène formera donc au haut de l’atmofphère des nuages immenfes, qui auront peut-être plufeuts lieues de furface. Une érincelle électrique peut enibrâfer ces grandes males; tour le fer qui y fera contenu fera viifié , & fe réunira en une feule male par la loi des afhnités, & tombera fous forme de ces globes enflammés ». à On fait que l’eau de pluie contient une affez grande quantité de terre calcaire , laquelle devoit être également fufpendue dans l'air atmofphérique ; peut-être y eft-elle aufli difloute. NOMME Sur un froid confidérable produit par la fortie prompte de l'air atmofphérique, fortement comprimé. O,. connoît les machines dont on fe fert pour comprimer fortement l'air -atmofphérique. Le profeffeur Piéter, de Genève , m'a dit avoir été témoin que cet air, ainfi comprimé, produit un très-orand froid lorfqu’on ouvre les robinets pour le laiffer fortir. Pour le démontrer plus facilément, on mer une petite quantité d’eau dans le vafe de comprefion. Lorfque l’air fort, il s'é- chappe avec fifflement, & emporte une partie de cette eau. On apperçoit, fur la fin de l'opération , que l’eau qui demeure attachée au robinet eft convertie en glace, 2 Pour l'explication de ce phénomène , on peut fuppofer que la portion d’eau qui eft entraînée par l'air eft réduite à l’état aëriforme ou de vapeurs. Or, ceci ne peut avoir lieu fans qu'il fe combine avec cette vapeur une quantité affez confidérable de calorique. Les gouttes d’eau reftantes en font donc affez dépouillées pour être congelées. C’eft de la même manière que la prompte évaporation de l'éther, mis fur la boule du thermomètre, en fait defcendre la liqueur promptement & de plulieuts degrés au-deflous de zero, [RAT 21 ET D'HISTOIRE NATURELLE. _ 187 NOTE Sur l'acide carbonique qui fe dégage des liqueurs fermentées. CE connoît le piquant agréable de l’acide carbonique qui fe dégage des liqueurs fermentées ; c’eft cet acide qui fait l'agrément des vins moulfeux , tel que celui de Champagne. Mais cet acide carbonique n’eft point pur; il coûtient toujours, fuivant Humboldt, une quantité plus où moins confdé- rable d’alkool qui y eft combiné. Voici le procédé qu'il a employé pour recon- noître la préfence de cet alkool. Il remplit, à la manière ordinaire, un flacon de cet acide carbonique, & le ferme bien; il le plonge enfuite dans un bain de glace : on voit l’alkool fe condenfer & fe réunir en gouttes fenfibles. Lorfque la fermentation fpiritueufe commence, cet acide eft affez pur, & il contient peu d’alkool. : Dans les liqueurs peu fpiritueufes , telles que le cidre, la bierre...... l'acide carbonique n’emporte qu’une légère portion d’alkool. Mais dans les vins généreux , rel que celui: de Champagne, la portion d’alkool qu'emporte l’acide carbonique eft rrès-abondante. Humboldt foupçonne que l'acide carbonique des eaux minérales acidules; telles que celles des felz, n'eft point pur; car, dit-il , on fait que cet acide détruir l'irritabilité; & cependant l’ufage de ces eaux acidules relève le ton de la fibre. à D'un autre côté, j'ai prouvé, dit-il, que les alkalis fixes augmentent beaucoup l'irritabilité. Ces eaux minérales contiennent toujours de l’alkali de foude ou nutron. Ne pourroit-on pas foupçonner qu'une portion de cet alkali eft volatilifée avec l'acide carbonique , & que c’eft cer alkali qui donne à ces eaux la propriété de relever le ton de la fibre, & d'en augmenter l'irrita- bilité? QE N''OWIME Sur le volume compofe du cerveau & des nerfs de differens animaux. LÉ: docteur Sæmmering a prouvé, par un grand nombre de faits, que le degré d'intelligence des divers animaux eft toujours en raifon du volume du cerveau, relativement au volume des nerfs, Ar, TRS PATES TMS PES TE: ‘7 È À TP VS A 188 « JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'homme à le cerveau très-volumineux, & fes nerfs font très-perits : c'eft ce qui lui donne ce haut degré d'intelligence. L'âne à les nerfs très- gros , & le cerveau très-petit. Le docteur Ebel a publi ié fur cet objet, une diféertation très- intéreffante que nous ferons connoître. NOTE Sur le poids le plus grand de l’eau. Le corps font dilatés par la chaleur; ils font par conféquent d'autant plus légers, qu'ils font plus chauds. ls font, au contraire, condenfés par le froid, & ils font d’autant plus denfes , qu'ils font plus froids. Mais cerre loi de la condenfation fouffre quelques exceptions ; la fonte, par exemple, fe dilate jufqu'à à un certain point en fe folidifiant. L'eau éprouve la même SHEETs en fe congelant. Pout trouver le poids Le plus grand de l’eau , on ne doit donc pas prendre de l’eau congelée ou de la glace : on fait effectivement qu’elle nage fur l'eau. Il faut choifir un point entre le terme de la congellation & celui où la chaleur dilate l’eau. L'expérience a déterminé ce point à environ 4 degrés du thermomètre de Réaumur. Par conféquent, pout avoir la plus grande quantité d’eau que peut con- tenir un vafe d’une capacité quelconque, il faut prendre de l’eau à la tem- pérature de 4 degrés. C’elt une obfervation qu’on ne doit pas négliger pour déterminer les capa- cités des nouvelles mefures pour les liquides. EX AS SUNIGD'E \ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 189 mn SUITE DES EXPÉRIENCES SUR L’IRRITATION DE LA FIBRE NERVEUSE ET MUSCULAIRE ; Par Frédéric-Alexandre VAN-HumgoLzpr. DO LSUE ACCRU ONE Sur l’utilire des recherches [ur le galvanifne. LCR but principal doit être la connoiffance exacte des fonctions nerveufes. En fe hâtant trop d’appliquer les nouvelles découvertes à la médecine-pra- tique, on rifque de compromettre la phylfologie avec la thérapeutique. On peut défigner cependant les points principaux fur lefquels on peut fixer fes efpérances pour l'avenir. 1°. Behrenols & Creve ont propofé le galvanifme comme fervant de preuve certaine pour diftinguer La mort de l’état d’afphixie. On découvre un nerf du cadavre, on le mer en conraét avec deux métaux hétérogènes : s’il y a du mouvement, le cadavre n’eft pas fenfé mort; sil refte immobile , on peut l’enterrer. On n’auroit par conféquent pas befoin d'attendre la putréfaétion, qu’on regardoit jufqu'ici, avec raifon, comme feul criterium de la vraie mort. Ces idées , Aattant ceux qui craignent de fe voir enterrer afphixiés, ont beaticoup fixé l'attention du public; quelques gouvernemens fe font occupés à les exécuter, comme une branche de police médicale, Mais l’auteur prouve que le nouveau criterium ne donne qu’une grande probabilité, mais non de l’affurance pofñtive. Le galvanifme n’eft pas le dernier ftimulant des nerfs ; des parties irritables qui n’obéiifent plus aux métaux les plus hétérogènes , font encore excitées par le corps électrique. L'expérience galvanique ne peut être faire que fur quelques membres dont on met les nerfs à découvert. Il fe pourroit que ces mêmes membres fuffent paralyfés, tandis que les vifcères & le cœur n’ont point encore perdu tout principe de vie. Oui, & qui plus eft, Humboldt, Srimly & Anfchel ont obfervé le phénomène infiniment problématique de galvanifer , fans aucun effet, des animaux qui, ayant & après l’expérience, jouifloient de tout mouvement fpontaré, Il feroit même polffible qu’une partie non excitable par les métaux, regagnät d’elle-mème fon irritabilité. Les expériences chi- miques par lefquelles on modifie l'irritabilité $ à 6 fois à fon gré, prouvent qu'on n’ofe pas regarder comme mort tout ce qui n'eft pas propre, pour le moment, de préfenter des mouvemens mufculaires. On rifqueroit, en fe fiant op au galvanifme, d’enterrer des perfonnes qui fe trouvent fimple- ment dans un état d’afphixie; on augmeriteroit le nombre des accidens Tome IV. FRUCTIDOR an 6. Bb 190 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, malheureux que l’on penfoit diminuer. Mais, dir notre auteur , fi les métaux ne peuvent pas prononcer avec certitude fur l'étac du cadavre , ils donnens toujours un haut degré de probabilité, & on devroit s’en fervir dans tous les cas où il eft impollble d’attendre le moment de la putréfaction. L’humanité eft révoltée à l'afpeét des cruautés que l’on commet annuellement dans les hôpitaux, fur les vaifleaux de tranfport & fur le champ de bataille. Au fort de l'hiver Le plus froid, on jette les malades déclarés morts dans un apparte- ment non chauffé, qui fert à recevoir les cadavres. Qu'il feroit court de leur mettre À découvert un nerf au bras ou au genou, & de les exciter par le zinc & l'argent! Ces deux métaux peuvent étre unis enfemble en forme de contpas ; & le volume de cer inftrument bienfaifant eff fi petit, que les chirurgiens d’armées pourroient facilement l'avoir en poche, pour l'appliquer aux bleflés qu'ils craignent de faire enterrer ou d'abandonner à demi-morts fur le champ de bataille. L'auteur en appelle à tous ceux qui ont affaire aux hôpitaux de guerre, de s'occuper de ces idées, aufli importantes que confo- lantes pour l'humanité, — 2°. Le galvanifme peut fervir peut-être à rappeler à la vie des perfonnes afphixiées. Valli & Sœmmering fe font beaucoup occupés de cette forte d'expériences, faires fur des animaux. Il eft défavan- tageux de faire des incilions pour découvrit les nerfs, en appliquant le füimulus. L'auteur obferve que la voie la plus efficace pour l'électricité & le fluide galvanique, eft le chemin de l'anus à la langue. En faifant communi- quer ces deux parties , les nerfs abdominaux font affectés; & il n’exifte pas de moyens par lefquels un plus grand nombre de nerfs puillenr être excités a-la-fois. 3°. Il faudroit effayer le galvanifine dans des maux d’yeux, des paralyfes de bras & l'ifchias nervofa (la fciatique). Le bain éleétrique étant très-bienfaifant aux yeux, il eft à croire que l'expérience de Hunter fur les bluerres , excitées par le zinc & l’argent, pourroit aufli rendre l'irricabi- Ait aux nerfs optiques. La fciatique eftouérie, fuivant la.mérhode de Cotunna, par un nombre de petits vélicatoires, que l’on applique les uns auprès des autres, fur la partie des nerfs lombaires. L'auteur propofe de ne mettre qu'un feul véficatoire, &.de galvanifer deux ou trois fois par jour cette plaie, pour faire découler la matière rhumarique, regardée comme caufe principale de cette maladie douloureufe. 4°. Le galvanifme fert aux anato- miltes à diftinguer les nerfs de toute autre partie dont on ne connoît pas les fonctions. L'auteur indique un moyen très-fimple de galvanifer les plus petirs animaux fous le microfcope ; c’eft par ce moyen qu'il a été en état de décrire les nerfs des lernées, des naïdes, des vibrio, & d’autres animaux microfpoquiques. Il croit que cette méthode & la découverte de Reil, d’en- durcir les nerfs par l’acide nitrique , portera un jour très-loin la recherche des habitans gélatineux de la mer. $°. L'expérience galvanique indique le moindre degré d’hétérogénité chimique de différentes fabftances : nous favons qu'elle a fervi à l'auteur à découvrir le carbone dans le pétrofilex noir (pierre |; 151) HOMOTHENUE Al H : ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 191 lydique de Werner). Les nerfs annoncent la plus petite différence dans les alliages des métaux ; différence que fouvent l’analvfe chimique ne feroit pas en état de découvrir, 6°. Mais la plus grande utilité que l'on peut urer du galvanifme, cft de mefurer par les métaux, le degré d'irritabilité des parties nerveufes où mufculaires. Le grand travail que l’auteur à entrepris fur les agens chimiques qui influent fur la matière -organifée, auroit été impoñlible fans ce moyen de mefurer. Traitez un nerf, d’abord avec le ful- fure de potafle, puis avec l’oxide d’arfenic ou l'acide muriatique oxigéné , & fans métaux; vous ne devinerez pas les changemens d'irritabilité qu'il aura fubi. Appliquez le galvanifime , & vous découvrirez avec étonnement que fon irritabilité a été d’abord déprimée, puis exaltée de nouveau, plus forte qu’elle n’étoit auparavant. C’eft un moyen de plus pour dévoiler les grands myftères de la nature animée. XOLNIERES RER GC TOINONNE Les phénomènes de la vitalité font-ils dus aux affinités réciproques de tous les élémens de la matière organifée ? ou faut-il admettre un Jeul principe de l’irricabiliré ? Le gaz vital ou loxigène, jouant un grand rôle dans le procédé de la vita- lité, les phyfciens ont de tout temps vu un principede vie dans l’air atmof- phérique. L'auteur cherche à prouver que Chgyfippe de Soli & Praxagoras ont. eu des idées très analogues à celles des phylologiftes modernes. Les anciens admettoient un preuma continuel dans l'air atmofphérique qui, par l’acte de la refpiration ( felon Ariftote), fe combinoit dans le cœur avec le fang , & que les arrères répandoient dans les parties mufculaires. Hyp- pocrate reconnut même l'influence que ce pneuma avoit dans la production de la chaleur : c’eft pour cela qu'il regarda la chaleur latente pour le prin- cipe de la vitalité des animaux & des plantes. Les problèmes d’Ariftore nous expofent les idées que les grecs fe formoient de certe chaleur; & Sprengel ( le mème qui vient de donner un ouvrage fur les plantes des anciens) a découverrt un pañage d’Ariftote, dans lequel il dit clairement , qu'il faut regarder les végétaux comme des animaux, vu que les vers de mer (les zoophites ) montroient une tranfition très-prononcée des plantes aux vrais animaux, Les hypothèfes phylologiques du pneuma , oubliées à l'époque de l'invañon des barbares, reprirent depuis les découvertes que ft fur la cir- culation du fang, Ruefus-Serveto- Harvey. Le chancelier Bacon fut le pre- mier qui prouva l'influence du fang imprégné du pneuma, ou /piritus viralis , fur les nerfs. I obferve que toute la vie peut être regardée comme une forte dé combuftion, éncenfis fpiritus vitalis ( oxigénation ) ef mulris partibus lenior ac molhffima flamma ex fpiritu vini & peculiares praebit motus & facultates. Cette combultion ne peut être entretenue que par l'air & des Bb2 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, fubftances combuftibles, C’eft pour cela, dit Bacon, que la refpiration des animaux eft aufli nécellaire que la nucition. Son /piritus vicalis, porté du fang dans les nerfs, fair les fonctions du fluide nerveux. Son vifcère ptin- cipal eft le cerveau, & particulièrement les ventricules du cerveau ; repara- tur autem fpirieus vicalis ex fansuine vivida & Aorida arceriarum exilium , que änfinuancur in cerebrum. (Vola l'origine de la plupart des nouvelles hypothèfes dont on cherche de nos jours à broder la ph; fiologie). Bacon connut affez bien les propuétés de l'air; 11 diftingue entre un air plus où moins viral ; 1] veut que les gaz puiffent fe fixer dans un corps pour en augmenter le poids ; mais il ignora les propriétés du nitre & de l’oxigène : cette découverte appartient feule au grand Mayow : Spiritus nitra-areus ( dit-il) ad motum animalium confere ; refpirationes ope cum in cruoris maffam tranfmitti , fanguini[que incalefcentiam ab eadem provenire alibi à nobis oflenfum efl ; jam vera circa ufim fpiricus vitalis ifltus infuper addo , quod idem in motibus animalibus énflicuendis partes primariss fortitum. L'auteur a raffemblé nombre de ces plages très-curieux par rapport au-temps où ces idées naquirent. Henri Mund, mort au commencement du dernier fiècle, a donné une differtation de aere vitali. Quoiqu'il nomme la partie refpirable de l’atmofphère, aer nitrofus , il dit que le fpiritus nicrofus entre même par la peau (refpiration cutanée), & que fans ce pabulum anime corporee , le corps humain auroit aufli peu de mouvement qu’un automate. Les phyficiens anglois Fotheroill , Goodwine, Thornton & Peart, ont mis la dernière main à la théorie fur le principe gazeux de la vitalité. Les idées phyfologiques ont changé à mefure que les connoiffances chimiques fe font augmentées; fyftèmes de Girtanner, Brandes, Gallini & Reil. L'auteur fe refufe à admettre un prin- cipe de vie; il croit que les phénomènes de la vitalité font dus à la balance réciproque établie entre tous les élémens de la matière ; analogie entre les idées d’irritables & acidifiables; quantité de la nature organifée dans l'uni- vers; qualité; combien d’élémens & lefquels entrent dans la compoñition de la nature animale & végétale; point d’irritabilité fans affinitéchimique; le moment de l'irritation eft celui de la faturation ; Les êtres organifés ont une faculté de rélifter à la faturation & de fe conferver irritables ; les fonctions de l'expiration & de la fecrétion dans les animaux & les plantes, regardées comme des moyens de demeurer acidifiables; en quoi confifte la force d’un fRimalus; pourquoi les produits des climats chauds & ceux des Alpes, font généralement plus irritans que ceux: des climats tempérés & des plaines; qualités qui rendent une fubftance nourriffante. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 193 PEINE NS EE CPI ONN: L'irrirabilité de la matière organifée peut être modifiée ( variée) par des agens chimiques. C’eft de la connoiffance intime de ces modifications que. dépend tout le fuccès de la pathologie. Les êtres animés font à tout inftant influencés par un vafte nombre de ftimulans, par la lumière, le calorique, l’électri- cité, le magnétifme, l’oxigène, l'azote, la nourriture... Mais ces fubftances excitatrices agiflent tout-a-la-fois, de mamière qu'il eft impoñlible d’auri- buer chaque phénomène de la viralité à une caufe particulière, Lors même qu'un feul agent feroit appliqué , il affecteroit en mème temps le fyftème nerveux , celui des mufcles , des vaiffeaux. Il 'y a une fi grande diverfiré dans les fonctions de ces fyftèmes , quelques-uns préfentent même un anta- gonifme fi décidé (tel que le cerveau & les nerfs abdominaux, l'organe de la penfée & les organes de l’aflimilation }, qu'il eft impollible d'an- noncet fi telle ou telle fubftance fût déprimante ou, excitante pour les nerfs. Si la pathologie & l’art de guérir doivent jamais atteindre un dégré de certitude , fi l’on veut les élever au rang des fciences phyfiques , il faut commencer un grand travail fnr le procédé chymique de la vitalité. 1] fauc connoître intimement les changemens d’afflinités on de combinaifons qui ont lieu dans un organe lorfqu'il eft irrité par un ftimulant quelconque. 11 faut prendre un feul nerf avec un faifceau de mufcles & les mettre en contact , tantôt le nerf feul , tantôt le mufcle , avec telle & telle fubf- tance. L'expérience galvanique décidera alors fi l'irritabilité (la vitalité ) de la matière organife aura été augmentée ou diminuée par cette irritation. Des fubftances les plus fimples, de la lumière . du fluide magnétique , de l'éle&riciré & du calorique , on s'élève aux compofés , aux acides , aux alkalis, aux huiles. ,... Des combinaifons binaires on paile aux ter- naires, aux quaternaires. .... [el qu'en chimie un feul métal eft confi- déré en contact avec tous les acides, telle la matière organifée doit être confidérée , fous tous fes rapports, avec les fubftances qui compofent l'univers. 11 fuffit d’avoir ébauché en grand le vafte plan que l’auteur fe pro- pofe de faivre. Examinons le travail expérimental qu’il a ofé entreprendre. Le grand nombre de faits qu'il a ramaflé nous impofe la loi d'en né- gliger les détails. Le grand intérèc avec lequel on fuit la chimie en France’; doit hater la traduction de ce fecond volume. Fffets de la lumière. Il eft infiniment effentiel de féparer les effets de la lumière de ceux du calorique ; il a paru cependant que , température égale , les nerfs ex- 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pofés au foleil ont perduplutôt leur irritabilité que ceux qui fe trouvoient dans l'obfcurité. Mais cette perte n'eft que la fuice d’une itritation trop forte, D’autres phénomènes nous prouvent que la lumière, tels que l’alkool, e vin ou le calorique originairement, exalte les forces virales, er que la débilité qui fuit n’eft que ce que Brown nomme débilité indirecte. Pourquor la lumière affeite plus fortemeut les plantes que les animaux ® Influence de-L'obfcurité [ur le rhachècis 6 toutes les maladies d'os. ci} J On veut avoir obfervé que des perfonnes qui travaillent dans les lieux obfeurs , font très-enclins à ces maux. Humbolt obferve que l'on doit diftinguer les effets de la lumière de ceux d'un air wrefpirable. Les mineurs qui ont des os rhachiriques , travailleur dans les moffetres. Les ma- lades que l'art veut avoir guéri en les expofant au foleil , ont par-là mème joui d'un air très-oxigèné. Valli explique ces phénomènes en pre- nant la lumière pour le radical du phofphore. Mais le rhachitis ne pro- vient pas d’un manque de phofphore (c’eft la fuite d'une icrirabilité exaltée des vaiffeaux abforbans & d’une paralyfe des petits artères), & les poilons , les falamandres , les champignons de nos mines, contiennent affez de phofphore, maloré l’obfcurité dans laquelle ils fe. trouvent dès leur naillance. La lumière joue un rôle infiniment curieux dans les maladies de nerfs. Il y a des enfans qui en font affamés, c’eft-à-dire, qui involontairement tournent la tère vers Le ciel pour fixer le foleil. La comtelle de R....., à Milan, perdit la voix au coucher du foleil. Elle put parler lorsque le premier rayon éclaira l'horifon , & ces. phénomènes extraordinaires eurent lieu quand la malade fe trouva pendant 24 heures dans une obfeurité profonde. 11 'eft probable que même la lumière de la lune influe fur l'organfation animale, principalement fur la fécrétion ; mais comment obferver. des effets d’une nature aufli délicate? L'auteur a cepen- dant vu que les perites feuilles ( folia olipulacformia ) de l'hedyfarum gy- rans, qui ont un mouvement indépendant de toute irritation extérieure , fe meuvent plus fouvent au clair de lune, que lorfqu’on les met dans une poñrion où les rayons lumineux ne les touchent point. Aufli le muriate d’ar- gent fe noircit, les plantes verdiffent en les expofant à la lune. Effet du magnetifmne. L'irritation que caufe la lumière du foleil & de la lune eft une irriration périodique ; mais celles des fluides magnétiques & électriques agiffenc continuellement fur les êtres organifés. Quoique le fer, le cobalr & le ikel foient les feuls métaux qui puiffent conferver les poles magnétiques; tout le globe doit cependant être regardé comme perpétuellement chargé de ce Aide univerfel. Cette charge eft modiliée par l'influence des faifons & de la culmination du foleil, Les corps organifés plongés dans une atmof- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195 phère magnétique, doivent néceflairement être affectés par elle, L'auteur cite un grand nombre d'expériences qu'il a fait pour rendre cette influence vifible. Toutes ces tentatives ont été vaines. Les contractions d'un cœur vivant n'ont pas duré plus long-cemps fur du fer magnétifé que fur une plaque d'argent. L’hedyfarum gyrans n'a pas été affecté par les poles des aimans les plus forts. Cependant l’auteur obferve qu'il ne faut pas fe lafler de faire de nouvelles expériences. Le phénomène du fer, dont l’attou- chement guérit les fpafmes, tandis que le zinc & 1e cuivre ne font aucun effet, prouve bien qu'il-y a , dans les êtres organifes, des agens que nous ne connoiffons pas, & dont la recherche doit nous occuper pendant loñg- temps. ( Obfervations fur la végétation des montagnes magnétiques). ? Effets de l'électricité, 11 n’eft queftion ici que d'expériences nouvelles. Les travaux de Cavallo, de Volta, de Van-Marum font entre les mains de tous les phyficiens. L’élec- tricité foiblement appliquée, exalte la vitalité, De foytes charges la dé- primént. L'auteur obferve qu'avec la bouteille de Leyde on peut tuer lem- bryon des plantes. Il a vu ne pas germer des femences de creffon, lorf- qu'il eut la patience d'y faire paller , pendant une heure entière , .des fécoufles électriques. Tout le monde fait que les tiges du lamium pur- pureum du galeopfis, & d’autres plantes, perdent leur élafticité, & flétriflent lorfqu’on leur ôte licritation bienfaifante de l’eau. Elles flétriffene & fe courbent de la mème manière en 2 à 3 minutes, lorfqu'on anéantit la vitalité de leur fibres longitudinales par des décharges répétées de la bou- teille de Leyde, L’acide muriatique oxigèné les rend quelquefois à la vie. De la mème manière on peut paralyfer les étamines irritables de la ber- beris vulgaris & de la parnaflia. ,1 CAS 521, ie LA 1 7? De quelle manière l’éleülricité influe-t-elle fur la matière organifée ? Il paroît que c'eft en augimentant le jeu d’affinité par la grande maffe de calorique que le fluide électrique contient. C’eft pour cela qu'une foible charge d'électricité eft bienfaifante en ‘achevant les fonétions de l’orga- nifme qui réfulrent de la compoftion & décompofition des matières dont la fibre eft compofée; fi au contraire une grande male d'électricité fe porte à-la-fois fur les parties irritables , alors un énorme dégagement de calorique agit par un procédé de combultion; les bafes acidifiables s'emparent de tout l’oxigène ; l’irritabilité eft anéantie , parce que la matière animale eft parvenue au point de faturation ; parce que les forces vitales ne peuvent plus régénerer , reproduire ce qui a éte confumé par la décharge élec- trique. 196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Faits qui conflatent les expériences de Wan-Marur. Comment la falu- brisé de l'air dépend du degré de fa charge eleétrique. L'air des chambres eft mal-fain, parce qu'il n’eft prefque pas chargé, De deux jours où la quantité d'oxisène atmofphérique eit trouvée la même , mais dont l’ün futà 30°, & l'autre à 260 KR. de température, la chaleur du dernier paroît fouvent plus fuffoquante que celle du dernier. Pourquoi ? Parce qu'au dernier les couches inferieures de l’atmofphère ne contenoient prefque pas d'électricité. On fe trompe très - fort lorfqu'on débite qu'avant l'orage , où l’on reffent une foibleffe mufculaire très- grande , l'air elt tout électrique. C’eft juftement ce manque d'éleéricité, ce manque d'un ftimulus bienfaifant qui nous fair fouftrir. Obfervations météorologiques fur la différence des climats d'hiver & d'été, des plaines & d:s hautes montagnes, Les phyficiens verront avec plaifr que l'auteur fe trouve le plus fouvent d'accord avec l'illuftre Sauffure , dont il a fuivi les traces en répétant & augmentant les expériences. L'effet que produit la différence de charge éleérique qui a fouvent lieu entre Le corps humain & l'air environnant. L'électticité modifie le ton ou la denfité de la fibre mufculaire, Le bout du nerf d’une grenouille reveillée du fommeil d'hiver, fut trempé dans la folution du carbonate de potaile. L'on vit bientôt les convulfions les plus vives. La pate de la grenouille s’élèva perpendiculairement , elle fe tint pendant 20 à 30 fecondes dans certe polition , la membrane entre les doigs du pied s’érendoit; un treffaillement annonçoit le tetanus fe plus complet. L'auteur appliqua deux fils-d’archal, lun au nerf crural, l’autre aux doigts du pied. Îl ft paffer une charge très-foible d’une petite bou- tille de Leyde, le long de tout le membre, & à l’inftant la membrane des pieds fe plia comme les aîles d’un papillon. La jambe perdit fa roideur, & retomba fur la glace. Dans d’autres expériences faites avec des lézards, le tetanus produit par l'acide muriatique oxigéné & l’oxide d’arfenic, fur de mème détruit par l'électricité. Mais la roideur caufée par l’alkool ne voulut prefque jamais céder. Effet de l’éleétricité fur les contraütions du cœur. Ces expériences font très-intéreffantes , parce que le Human Society en Anglererre fe fect avec fuccès du moyen de faire pañler des coups électriques par le cœur pour fauver les afphixiés. Le cœur du cyprianus tinca batoit 34 fois dans une minute. Humeété de la folution du fulfure de poralle, les contractions diminuèrent jufqu'à 9 fecondes par minutes. Par de foibles coups électriques les contractions fe renouvellèrent jufqu’à 28 par minute; mais elles celfèrent tout de fuite lorfque l’auteur fit paller une forte charge ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 charge éle@rique par cet organe irritable. Ces expériences & d’autres , faites avec le muriate d’étain , au lieu du fulfure de potaile, prouvent combien il faut tre attentif de bien proportionner la force de l'irritant’ à la récep- tivité de l’afphixié, pour ne pas le tuer au lieu de le reviviñer. L'éleétriciré paroë influer principalement fur les fon&lions de la perfpi- ration cutanee ou de L’excrétion. C’eft pour cela que dans toutes les maladies dans lefquelles par une foi- bleffe (paralyfe) des vaiffeaux lymphatiques, les glandes fe gonfent , l’élec- ricité artificielle ou le contaét d’un air pur & chargé d’éleétricité naturelle fe montrent aufli bienfaifante. Confidérations fur l’état de l’atmofphère dans le Vallais & dans toutes les vallées humides, chaudes & remplies d'arbres touffus. L’airy paroît moins oxigéné, parce que les végétaux font trop à l'ombre, & parce que les vents ne le purifient pas. L'électricité, pour la plupart, y eft à zéro ( comme dans les chambres ), ou négative, à caufe de l’évaporation. Le goître & le cretinage. n'eft-il pas dû en grande partie à ces phénomènes de l'éle&ricité & de la pureté de l'air? L’eau de neige ne peut pas caufer un relâchement du fyftème vafculaire , parce que cette eau , furchargée d’oxigène , eft un irritant. Les cîmes ifolées des Alpes , ou l’on refpire un air pur & électrifé , empêchent, à ce que nous favons, le progrès du cretinage. — DESEAUXSULFUREUSESET THERMALES DE VAUDIER. Par Jean-Antoine Gio8EenrrT, de l’Académie royale des Sciences de Turin , ,Gc. L A ville de Vaudier, dans laquelle, y compris les bourgades , on compte 4500 perfonnes , eft à 3 lieues de diftance de Coni en Piémont. Elle eft fituée dans une vallée, à 475 voifes au-deflus du niveau de Turin, c’eft-3- dire, 5 86 toifesau-deffus de la mer; elle eft arrofée par le Gefle , rivière qui Jui donne fon nom. On ÿ blanchit des toiles pour tout le Piémont. L’oxalis acetofella & le rumax digynus y croiffent abondamment ; la température y eft affez uniforme. Depuis le 27 juillet jufqu’au 17 août, le thermo- mètre ny a jamais été au-deffous de 10 , ni au-deflus de 15. L’électro- mètre , près des chütes d’eau & à la furface de la rivière , y donne Tome IV, FRUCTIDOR an 6, Ce 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE conftamment des fignes d'électricité pofitive , ce qui eft contraire aux obfervations des phyficiens. L'auteur décrit un eudiomètre très-fimple, qui indique la déperdition de l’oxioène par la combuftion du phofphore ; avec cer infttument il a examiné l'air de la vallée de Gelle , & l’a comparé à celui de Turin. Voici le réfulrat de ces examen. Etat de l'air à Vaudier. Oxigène. Azot, Acide carbon. Dans les chambres des bains........ o!2$ 072 oo; Au-deflus des fources fulfureufes.. ... 0/14 o!71 o'o4 Promenade le long de la vallée... ... o!28 o'71 o!oo Vallée au-deflus des bains......... o'30 o!70 o!00 Surle*ponr de Gele (1) 12.000. Mol29s,,. 0/78 olo7x Au pied de la montagne St-Jean.... o!31 0/69 o'oo A la furface du Gefle.....!:....... o!33 Go©'67 - o!loo À une chûte des eaux du Gefle..... 033 o'67 o!o0 Lorfque le foleil darde fes rayons fur les eaux du Gelle, on trouve une plus grande proportion d’oxigène dans l'air, & fi l’on expofe au foleil un vafe rempli de cette eau & renverfé dans l'eau , il s’en dégage une grande quantité d’air qui donne à l’eudiomètre 0! 78 d'air vital. Etat de l'air à Turin. Oxigène. Azot. Acide carbon, Place du Château royal............ o’270 o7Lz o'o2 Rue Dore sole the... Noel or Fo Allée du. Valentin... :.4.:..12.2.401 0f28) 0/71. 1 cor HISurce dulPo er GS SC MP Co Surface dela Doire. ue 0 0 27s 0 072 Mo oa AlléerdeRiwolteees mere re--LO 27 O2 MNO Lo Vigne de la Reine. .............. o°28 0/72 o'oo Saubibliothèque. 4er 0 26 D o69lNlo oz Sonilaboraratient. 41). MR Eos, MRGfro Mo 02 Magalin de fromage.............. ©'14 of70 0/06 ! Rue qu'habite l’auteur. ........... o!27 o!70$ o’o25 ! ! Aufñfi l’auteur remarque-t-il que , dès le premier jour qu’on refpire l’air de Vaudier , on fe fent plus de chaleur & plus de force , que les vieillards (1) Cette grande pureté de l’atmofphère fur le continent, qui eft plus confidérable que celle obfervée [ur lamer même, nous étonnera moïns, vu que l’on fair, par les expériences de Haflenfraz & de Humboldt, que la neige contient un aix furoxigéné dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 199 ÿ reprennent de la vigueur, & que les maladies provenant d’atonie ou d’épuifement s’y guériffent facilement. Il y a à Vaudier des fources d’eau froide, d’autres d'eau chaude non gazeufe, & d’autres d’eau chaude gazeufe. 1°. L'eau de la fource St-Antoine , dont on ne fait aucun ufage, mais dont on boit fouvent en fe promenant, eft très-pure; mais elle contient une grande quantité d’air vital, & elle détruit la couleur de la teinture de tournefol , plus promptement que l'eau ordinaire , quoique au premier moment elle ne l’altère point. l 2°. L'eau du Gefle, dont on fe fert pour les alimens , eft aufli d’une grande pureté, & elle contient une plus grande quantité d'air vital, au point que deux livres de cette eau fuffifent pour détruire très-prompte- ment la couleur de deux gros de teinture du tournefol très -chargée ; c’elt fans doute par la grande quantité d’oxigène qu’elles contiennent, que les eaux du Geffe font fi utiles pour blanchir les toiles. 3°. L'eau de la fource St-Jean , dont tous les malades qui vont à Vaudier & qui y prennent les bains font un ufage journalier en boiffon pour fe remettre de l’afloibliffement que leur laïflent les bains fulfureux, eft très-pure , & ne contient qu'une très-grande quantité d’air vital, qui la rend tonique, au point que jufqu'à préfenc fes cflets lent fait confi- dérer comme ferrugineufe , quoiqu’elle ne contient pas un atome de fer; elle ne change pasla couleur de la teinture du tournefol, mais elle laf- foiblic & la détruit plus facilement & plus abondamment encore que l’eau du Geffe. Sa température eft conftamment de $ À degrés de Reaumur, quelle que foit celle de l'armofphère. °, Au milieu & à côté des fources fulfureufes fe trouve une fource d’eau chaude laxative , dont on fe fert pour fe purger, & qui contient par livres, grains, o‘6 de fulphate de foude, o'4 de muriate de foude, & o!3 de muriate calcaire. Sa température eft conftamment de 3 2 degrés : mais elle n’eft pas fulfureufe & ne contient aucun gaz, Il y a pluñeurs fources d'eaux fulfureufes ; les deux principales font celles de St-Martin & de St-Laurent; leur température eft conftamment de s 1 degrés. Elles ont une odeur d'œufs pourris , plus frappante de loin que de près; elles font très-limpides. Leur faveur eft celle de l’hydrogène ces interftices. Humboldt a vu augmenter Patmofphère en oxigène , chaque fois que la neige fe fond. Il paroît par conféquent qu’une vallée entourée de montagnes couvertes de neige, ait un air très-pur, Mais toutes ces expériences de Giobert font malheureufe- ment faites, à ce qu'il paroït, au moyen du phofphore; & comme cette fubftance eudéométrique n’abforbe prefque jamais tout l’oxigène de l’atmofphère, comme elle y laïffe quelquefois encore jufqu'à >, il feroit bien à fouhaicer que le phyficien italien voulûr répéter fon analyle avec d'autres fubftanceseudéométriques, (More du Rédacteur), CZ 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fulfureux. Mais, & leur odeur & leur faveur hépatique fe diflipent com: > Les PRET tie k plettement par le fimple refroïdiflement, & alors elles n’ont plus qu'un coût lévèrement amer & falé. 2 » EU ; / \ . . y rate L'analyfe de ces eaux s’eft trouvée très-difficile ; le récit des expériences qui en ont conftaté la nature tient au moins le tiers du volume , qui ft 264 pages. La principale difficulté confiftoir à déterminer l’efpèce de gaz RS EL SONO B cpe qu'elles contiennent. On y retrouvoit bien l'hydrogène fulfuré ; mais les différens réaéuifs employés préfentoient toujours des fingularités dont on ne pouvoit rendre raifor , & qu'on ne pouvoit imiter par des eaux factices ; enfin, en employant comme réaétifs l’alkool & l’eau de chaux, l'on par- vint à les imiter parfaitement ; il fe trouva qu’elles contenoient deux fortes de gaz odorans, l’hydrogène fulfuré , & l'acide carbonique fulfuré. L’alkool décompofe le premier fans attaquer le fecond, & l’eau de chaux décompofe le fecond , fans attaquer le premier. Voici le réfultat final des expériences. Chaque livre des eaux fulfureufes de Vaudier contient. Soufre diffous par gr........... o'16/3333 En poids. 4 Acide carbonique............. 1/21/1666 Principes Soufre diffout par l'hydrogène... 0/12/0000 volatils \En pouces { Gaz acide carbonique fulfuré.. .. 0'84/8000 cubiques. À Gaz hydrogène fulfuré. ........ 0/77/3333 Sulphate ide Moude Sn Sr ENs 251282 Muriate de foude............. 1996804 Muriate de chaux............. o!$o!3333 Matière bitumineufe.........… o!13/0000 Silicerss een Nasenie rar Quantité inap- Extraétif 4 ER ES e as nent Principes fixes. Matières falines cryftallifées. L'auteur a imité ces eaux en faifant pafler du gaz acide carbonique au travers du foufre fondu dans un canon de terre cuite ; en en rempliffant des veñlies, en le mêlant enfuite avec du gaz hydrogène fulfuré dans le rapport indiqué ci-deffus , en faturant de ce mélange de l'eau diftillée , & en y ajoutant les principes fixes. Cette eau, échauffée à la mème tempé- rature , a tous les caractères de l’eau fulfureufe de Vaudier. Il ya plufieurs autres fources d’eaux fulfureufes à Vaudier , qui ne diffé- rent des précédentes que par leur température , qui n'eft pas auffi élevée , er par la moindre quantité de gaz qu'elles contiennent; celle qu’on appelle eau vitriolée , quoiqu’elle ne contienne pas un atome de vitriol ou de fer , & qui eft celle que boivent les malades, eft à la température de 19 degrés. Elle contient beaucoup moins de gaz , mais plus de muriate des chaux que les précédentes, ÿ Tous les rocs le long defquelles coulent les eaux fulfureufes de Vaudier, font tapiflés d’une quantité incroyable de mouffe , d’une efpèce appelée par ET D'HISTOIRE NATURELLF. Aa Linné , ulva labyrinthiformis. Ces moufles , vues au microfcope , paroi(fent toutes remplies d’infectes qui y palfent leur vie, & y perpétuent leurs efpèces maloré la haute température de ces eaux. On peut confulrer , fur ces in- fees, les obfervations du père Beccaria & de l'abbé Roffredi, Ces moufles font impregnées des mêmes principes que les eaux falfu- _ reufes. On s’en fert avec fuccès en applications fur les parties affectées , en les arrofant d'eaux fulfureufes, La dernière fection du livre contient des obfervations médicales fur les effets de ces eaux , qui ont été communiquées à l’auteur par différens mé- decins ; il y en à 25 , favoir : 2 d’affections lépreufes générales ; 1 d’une ophthalmie invétérée ; 3 d'affections de la veflie , produites par des calculs, donit les eaux de Vaudier , en boiïflon, en bains & en injeétion , ont com- mencé la diffolution, & procuré enfuite l'évacuation ; 1 de colique hépa- tique , où ces eaux ont fait rendre un grand nombre de calculs biliaires s d’obftruétions énormes au foye, à la rate, à l'épiploon (les eaux de St-Jean fur la fin de la care , & l’application des mouffes dès Je comimer- cement ont été très-utiles dans ces cas-là); 1 d’un gonflement rhumatifinal dans toute la cuifle ; 4 de rhumatifme chronique, accompagné de contrac- tions & de fpafmes très-forts , ( ce font les cas pour lefquels ces eaux ont le plus de réputation); 2 de paralylie hémiphlégique ; à la fuite d’une apo- plexie; 1 d’un dépôr de lait dans le bas ventre, & dans la cuifle ; 2 de phüfie pulmonaire ( l’auteur s'étonne de ces deux cures qu'il attribue au gaz acide carbonique fulfuré , plutot qu’à l'hydrogène , qu'il regarde comme préjudiciable dans la phtifie }; 1 fur une luxation de l’humérus, ancienne de 7 mois, & irréduétible par l’épaifliffement de la finovie dans l’articu- lation ; au bout de 20 jours de bains & de douches, fécondées par l'appli- cation des moufles , on parvint à en faire la réduétion; 1 d’un ancien ulcère gangreneux , & 1 d'anciens ulcères dartreux : ceux-ci furent gu“ris par l’ap- plication des moufles, fans que le malade allât aux eaux. Enfin, en forme d’appendix , on donne l'hiftoire d'un homme incommodé depuis long-temps de douleurs néphrétiques, de diarrhée, de dyfpeple & de mélancolie, qui fut guéri par les eaux de St-Jean feules , prifes en boiflon | 40 jours de fuite, A7 MZ > = FINS 202 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE LETTRE DE FRÉDÉRIC VON-HUMBOLDT A GARNERIN LAINE, Sur l’analyfe de Pair atmofphérique, pris à la hauteur de 669 toïfes , avec un aéroffat. }. me hâte de vous mander le réfuirat de mes expériences faites fur l’aic atmofphérique que votre frère & Peauvais, fon compagnon de voyage, ont bien voulu recueillir pour moi hier foir, à fept heures. & demie, dans leur expérience aéroftarique. Le facon s’eft trouvé parfaitement bien bouché , car en l’ouvrant fous l’eau, elle y eft entrée avec impétuofité , à la hauteur de 32 millimètres; marque certaine qu'il avoit confervé lélafticité des hautes régions. Si nous connoiflions la température à laquelle nos aréonautes avolent recueilli leur gaz, cette expérience feule pourroit fuffire pour cal- culer à-peu-près la hauteur à laquelle le flacon a été vuidé. Le baromètre fe trouvoit hier au foir à 28 pouces; & Beauvais nous ayant annoncé que l’ex- périence fe fit à 24 pouces de hauteur barométrique , la couche d'air que j'ai analyfée fe trouva à environ 1303 mètres (ou 669 toifes) au-deflus de Paris. Je fus curieux d’abord de voir fi l'acide carbonique (air fixe des anciens chimiftes) monte jufques à des régions auf élevées. Les obfervations de l'illuftre Sauflure, faites fur la cime du Mont-Blanc (à 248otoifes) , nous y annoncent fon exiftence. Mais il faut obferver que ce phyficien fe trouva dans un air qui devoit être modifié par la proximité des roches. Il s’agifloit d’ana- lyfer un gaz qui, par fa poñtion, ne fembloit pas être influencé de cette manière, L'expérience faite ce matin, a prouvé que l'air rapporté par les aéronautes , agifloit aufli rapidement fur l’eau de chaux que l'air atmofphé- rique que j'avoiseu foin de recueillir hier après minuit. Ces deux airs conte- nolent entre 0,008 & o,o1e d'acide carbonique. Voilà un fluide aériforme tès-pefant , entraîné dans les régions élevées de l’atmofphère. R L'air de Paris, analyfé par les moyens combinés du gaz nitreux & du fulfare de fer , montre 0,276 d’oxigène ou d’air vital. Cinq expériences dans l'eudiomètre , donnèrent un réfidu de 102.103.102.$.102.103,5 degrés. L'air recueilli à la hauteur de 1300 mètres, ne contenoit que 0,259 d’oxi- gène. Six expériences faites avec beaucoup de foin, ne différèrent que d’un deoté ; elles donnèrent conftamment entre 107 & 108 degrés.eCer air étoic par conféquent de $ degrés ou de 0,017 (prefqu'égal à =) d'oxigène plus impur que l'air de la plaine, Cette différence eft plus confidérable qu’elle ne ET D'HISTOIRE NATURELLE. 203 paroït au premier coup-d'œil, vu que la plus grande & la plus petite pureté de l’atmofphère ne diffère, fur le continent, que de Z en oxivène, D'autres phyficiens célèbres, Sauffure, Pictet, Senebier & Voltas ont obfervé la mème impureté ou le même manque d’oxigène fur la cime des Alpes. : 11 ne faudra pas s'étonner cependant que les aéronautes ne nous rapportent un jour des mélanges d’airs plus oxigénés que ceux de la plaine. Les vents, les courans & la décompofition de l’eau fur-tout, doivent fouvent altérer la pureté de l'air. J'ai plufeurs fois analy£ l'air d’une montagne (de Geisberg), égalementélevée de 65 o toifes au-deffus de la mer; je l'ai trouvé jufqu'à — : d'oxigène plus impur que eelui des vallées; mais quelquefois la différence n’écoit pas fenfble, quoique ( felon quelques naturaliftes ) l’oxigène, par fa pefanteur fpécifique , devoit defcendre dans les couches inférieures. Les voyages aéroftatiques pourront (comme Guyton l’a déjà prouvé) répandre un grand jour fur les phénomènes les plus importans de la météréolooie. Je vous prie de témoigner à votre frère intrépide, combien je fuis reconnoif- fant du zèle avec lequel il a bien voulu fe prêter à l'expérience dont vous lui sommuniquerez le réfultat à fon retour, Salut. Frédéric Humsorpnr. Of SERV AT IONS SUR LA CONSTITUTION DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. Par le comte dd Morozzo. E) x x R' A rûT, D;: le Mémoire que j'ai publié en 1784, fur la refpiration animale dans le gaz déphlogiftiqué , j'avois fait quelques réflexions fur la conftitution de l'air atmofphérique , fondées fur les expériences que j'avois faites, Lavoifier, dans fon Traité élémentaire de Chimie, ne s’acçorde point avec mes expériences, en ce qui regarde la compofition de l'air atmofphé- rique. . ... Lavoilier établit (page 40) que les compofans de l'air atmofphérique font 73 parties de mofette, & 27 d’air éminemment refpirable ou déphlo= giftiqué; puis on verra, ditil enfuite, que lorfqu’on diffout des matières 2 | QUTEER PREMAENER bee de 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, animales dans l'acide nitrique , il fe dégage une grande quantité d’air qui éteint les lumières, qui nuit aux animaux, & qui reffemble entièrement à la patie non refpirable de l'air atmofphérique. Si à 73 parties de ce fluide on en ajoute 27 d'air déphlogiftiqué , pris du mercure réduit en chaux par la calcination, &/ fe forme un fluide parfaitement fembiable à celui du l’atmof- phère, & qui en a routes les propriétés. Voici, au contraire, les corollaires que j’avois tiré d’un grand nombre d'expériences faites pour connoître la durée de la vie animale dans les Auides aériformes meurtriers , mèlés, felon diverfes proportions, avec l'air déphlo- giftiqué , tendant à éclairer la vraie compofiion de l'air atmofphérique. 12. Que l'examen par le moyen de la lumière, n’eft point un moyen exact de connoître la falubrité de l’air. Je n’en citerai que deux exemples. Une cinquième partie de gaz déphlogiftiqué, mêlée avec l'air corrompu par les vapeurs du foufre , laifle au mélange la faculté de faire briller la lumière, tandis qu'un animal qui eft renfermé, meurt dans quelques fecondes.. Une feptièmé partie du même gaz, mêlée avec l’air gâté par les vapeurs du char- bon, laïlle brüler une lumière, & un animal ÿ meurt prefque fubitement. 2°. Que cette partie d’air pur & falutaire qu’on prétend être contenue dans Par atmofphérique , qui en forme le tiers, felon Scheele, le quart, felon Lavoifer , n’eft pas un véritable gaz déphlogiftiqué, puifque ce gaz, réuni avec les airs mépaitiques , fuivant une proportion beaucoup moindre que , du tiers & du quart, entretient la flamme d’une lumière après la mort d'un animal; ce qui n’artive pas dans l'air atmofphérique. 3°. Que les vrais compofans de l'air atmofphérique font encore inconnus, puifqu'avec le mélange de différens gaz on n’a obtenu que des gaz compo- fés, lefquels ont bien quelques propriétés de l'air, mais jamais celles de l'air atmofphérique. | L'auteur, pour éclairer la queftion, rapporte huit caraétères de l'air atmofphérique, reconnus par les phyficiens ; & il ajoute que quoiqu'il ait tuté, par une multitude d'expériences, de compofer de l'air artmofphé- rique , en mêlant le gaz déphlogiftiqué avec différens gaz méphitiques ( mi- cidiali), ce gaz y apporte toujours un je ne fai quoi qui ne fe trouve point dans l'air atmofphérique. Il a refait les expériences mème de Lavoifer, en mêlant 73 parties d’air fixe, extrait de la pierre calcaire, avec 27 de gaz, tiré du précipité rouge. Ce mélange lui a offert, à la vérité, prefque rous les caraétères & les pro- priérés de l'air atmofphérique ; mais 1l en diffère confidérablement dans fa propriété eflentielle, Une lumière s’éreint fubitement dans l'ait atmofphérique où un animal eft mort; un auwe animal n’y peut vivre qu’un inftant. Au contraire , dans ce mélange aruificiel , la Aamme a brûlé avec vivacité, & un fecond animal (un moineau ) y a vécu 25 minutes, un troilième, 14 à 15 ; une lumière introduite ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205$ | inttoduite après la mort de ce troifième moineau , brûla encore d’une lumière vive, L « Donc ce mélange ne forme pas un fluide élaflique parfaitement fem- » blable à celui de l’air atmofphérique , & qui en a toutes les propriétés ». Il a effayé d'ajouter à ce mélange du gaz phlogiftiqué, de l'air inflam- mable, & celui dans lequel un animal étoit mort; un fecond , un troifième animal y vivoient encore quelque temps, & la flamme s’y eft maintenue. NOTE DE FRÉDÉRIC VON-HUMBOLDT, Sur les Obférvations précédentes. L E mémoire du comte Morrozo traite un objet très-important & dont je m'occupe beaucoup depuis quelques mois. Le phyficien Jralien a bien vu la différence qu'il y à entre l’air atmofphérique naturel, & entre un com- pofé artificiel d'azote & d'oxigène ; mais il va beaucoup trop loin , à mon avis, dans l’allertion que l’oxigène atmofphérique n’eft pas du gaz vital : quoique je ne puiffe pas croire , ainfi que lui , que nous foyons en état de former ( tel que le grand & illuftre Lavoifier l'annonce dans fes élémens de chimie) un fluide aériforme, parfaitement femblable à celui de l’atmof- phère, je trouve cependant que cette difficulté ne confifte ni dans notre igsorance fur la quantité, ni dans celle fur la qualité de fes -deux bafes gazeufes. La différence qui fe trouve entre l'effet de l'air atmofphérique naturel & artificiel fe réduit à l’écar de combinaifon ‘dans lequel l'oxigène eft joint à l'azote. L'atmofphère n'eft pas un mélange phyfque, il fe rap- proche déjà de l’état d’une combinaifon chimique, C’eft par certe raifon que de deux bafes de gravité fpécifique aufli différente ( celle de l'azote & de celle de l’oxigène } ne fe féparent pas tout-à- fait, quoique les hautes régions font déjà plus azotées. C’eft pour cela que l’azote retient auf for- tement les dernières parties de l’oxigène que le phofphore, le fulfure de potaffe ou d’autres bafes acidifiables doivent lui ôter ; c’eft pour cela que j'ai vu que le gaz nitreux agit dans des proportions bien différentes , en décompofant l'air: atmofphérique naturel, où un compofé de 27 d’oxi- gène, & 73 d'azote. Mais comment fe peut - il que Morozzo croye imiter l'atmofphère, en mêlant de l’acide carbonique & de l’oxigène ? Il a con- fondu l'azote avec l'acide carbonique. Mais il affure que fon ait atmof- phérique à bafe d'acide carbonique, à donné le même poids fpécifique que l'air armofphérique. Voilà une expérience bien frappante, 1 pouce cube d’azore; pefant 0,46624 grains , tandis que le même pouce cube d'acide Tome IV, FRUCTIDOR am 6. D d 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE carbonique pèfe 0,675 00 grains! Aufli Morozzo nous dit qu’une chandelle a brülé dans fon mélange artificiel cor famma lucidiffima , avec une Aamme très-brillante. En combinant 0,25 d’acide carboniqne à 0,75 d’oxigène , j'ai vu s’éteindre une bougie. La mème chofe eft arrivée quand j'ai mêlé (avec Tafleart, au laboratoire de Vauquelin) 2 parties d’acide carbonique à 10 parties d'air atmofphérique. Il fe forme alors une nouvelle combinaifon chimique, l’acide carbonique retient fi fort l’oxigène de l’atmofphère , que l’affinité que la bougie enflammée préfente, n’eft pas allez puiffante pour le Jui enlever. Dans mon ouvrage fur l'analyfe de la moffette des mines, qui va être traduit en français, on verra qu’il exifte des airs non refpirables, qui font compofés de 0,27 d’oxigène, 0,70 d’azote, & 0,03 d’acide car- bonique. C’eit l’état de combinaifon & non toujours la quantité d’oxi- gène qui rend un air plus ou moins capable d’afphixier ou d’éteindre les bougies, DirS GOT 'R?S LU A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE TURIN, Ou extrait des expériences fur les effets de quelques remèdes diffous par la falive ou le fuc gaftrique, adminiftrés exté- rieurement. Par le doëteur Grurro & M. Rossr, de l'académie royale des fciences, 1798. De l'imprimerie de Jacques FEA. ER TER M ANTIET: KMLE L ES matières qui appartiennent uniquement à cette'partie de la médecine qui traite de la guérifon des maladies & des effets des remèdes fur le corps humain , comme curatifs, n’entrent point dans le plan de ce te illuftre fociété; mais ce qui concerne l’économie animale par rapport à a manière dont s'exécutent quelques-unes de fes fonctions, & qui, dan: le même temps , les fait mieux connoître, eft certainement du reffort de notre aca- démie, Et quand de la manière particulière d'agir de quelques fubftances F #0 ET, D'HISTOIRE NATURELLE. 207 dans le corps humain , on obtient des réfultats, des traits de lumière qui répandent un jour nouveau fur des points de phyfologie très-importans , ces faits, non comme appartenant à la cure des maladies, mais comme éclair- ciffant une des branches de l’hiftoire naturelle, que l’académie s’eft aufli propofé de perfectionner, feront , fans doute, accueillis avec empreffement. SET C’eft fous ce point de vue , meflieurs, que je vais communiquer aujour- d'hui un précis rapide de quelques expériences que j'ai faitavec mon digne ami Roffi, fur une nouvelle manière d’adminiftrer extérieurement plufeursremè- des, par laquelle tantôt nous avons obtenu le plus grand fuccès dans quelques maladies graves ou rebelles à tout autre moyen, tantôt nousavons au moins vu des effets très-remarquables, très-dignes de l'attention des médecins & des phylologiftes. C’eft d'après les effais dont Le favant docteur Brera, profeffeur de médecine-pratique dans la célèbre univerfité de Pavie, m'a donné con- noïflance , que nous nous fommes empreffés de réitérer fans délai , de varier, d'étendre un genre d'expérience qui, foit par la nature & la grande adtivité des remèdes dont on à fait ufage, foit par l'opiniâtreté, ou même l’incura- bilité des maladies auxquelles on les à oppofés, méritent d’être étendues & perfectionnées autant qu'il fera poflible, SUN Nous allons inceffamment publier le dérail des obfervations dont æ difcours ne fera qu'un court extrait. Les médecins philantropes qui voyent tous les jours, avec douleur, l'infuffifance ou l’inutilité de beaucoup de remèdes , mème de ceux qu'on a le plus vantés, fe hâteront, je l'efpère, d'entreprendre une fuite de tentatives, que leur habileté faura conduire avec adreffe, varier, appliquer ingénieufement; & je me flatte qu’ils nous fauront auffi quelque gré de leur avoir ouvert une route tout-à-fait nouvelle dans ce pays. Ce n'eft que par des effais bien faits, & multipliés par des hommes qui aient le talent de l'expérience & de l’obfervation , que l’on pourra conf rater & réduire à de juftes limites, l’efpoir qu’il fera déformais permis de fonder dans la nouvelle méthode , dont je vais vous entretenir plus en phy- fiologifte qu'en praticien, pour me conformer à l’efprit de notre inftitution, Er quant à vous, meflieurs, votre fenfbilité & ce vif intérèt foutenu & généreux pour l'utilité publique, à laquelle vous avez confacré rant de rudes travaux , de fi pénibles recherches, de fi longues études & tant de veilles laborieufes , me font un für garant que vous partagerez cette fatisfaction , mélée de joie, dont notre cœur eft pénétré en annonçant une découverte qui, fi elle reçoit tout le développement & route la perfection dont elle eft vraifemblablement fufceptible ; paroït promettre les plus heureux fuccès pour le foulagement de l'humanité fouffrante. AIN D d2 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sn LM ane Après les belles découvertes des phylolopiftes modernes , lon doit reconnoître que la diffolution des fubftances alimemaires dans l’eftomac eft due à lation des fucs gaftriques , & qu’une telle diffolution dépend d’une vraie affinité de ces fucs avec les alimens. Il eft affez prouvé que la facilité & le degré de diffolution eft proportionnel au degré d’affinité que les fucs galtriques ont avec les alimens; que les degrés de cette affinité diffèrent felon la diverfité des animaux, la nature , le tiffu, les principes, le mé- Jange des fubftances reçues dans l'eftomac, felon la quantité, l’état parfait ou la dépravation de ces fucs, & enfin felon le différent concours des cir- conftances qui font propres à accélérer , augmenter , retarder ou rendre nulle lation des fucs gaftriques , d’après les-loix de l’afinité. Cette belle théorie, dont on n’avoit faili que quelques chaînons jufqu’à ces derniers temps, fut changée en démonftration dans les mains habiles d’un des plus grands obfervateurs de ce fiècle , le célèbre Spallanzani ; & c’eft avec beau- coup de raifon que fon favant traduéteur & commentateur, Senebier, regarde les expériences de ce grand homme fur la digeftion (expériences fi ingé- nieufes, fi délicates, qu'il a fu varier & étendre avec tant d’art, de dexté- rité, de profondeur), comme un des plus beaux modèles dans la fcience f difficile de favoir intercoger la nature, & la forcer à dévoiler fon fecrer. SERV Mais, outre cette puiffante afhnité, par laquelle les fucs gaftriques font le diflolvant naturel des alimens , n’en auroient-ils pas aufli plus où moins avec plufieurs remèdes ? Tant de fubftances-gommeufes, réfineufes , mé- talliques , faliformes, ou d’autre nature, n’agiroient-elles que lorfque , par une telle propriété , elles auroient été diffoutes dans l’eftomac ? Et fi nous voyons fi fonvent que tant de remèdes font rejetés , ou qu'ils ne produifent aucun changement utile, & ne développent aucune aétivité affez marquée far le fyftème, feroit-ce au défaut d’afhnité & de diffolution , foit à caufe de l'inertie, foit à caufe de quelque dépravation des fucs gaftriques, que l'on doit attribuer l’inefficacité de cels remèdes ? SAV Ce foupçon, bien raifonnable & ingénieux, paroïît avoir conduit le docteur Chiarenti, de Florence , à faire ufage extérieurement, en friétons , de quelques remèdes , diffous auparavant dans le fuc gaftrique de quelques animaux, € furtout des corneïlles. Les médecins favent qu'il a’eft pas rare que l’opium , pris intérieurement en fubftance , foit enfuite rejeté par le vomifflement, après avoir féjourné plufeurs heures inutilement dans l'ef- EXO DEHAIS TOTR'EN NATUNMIPELT EE: 209 tomac, Nous voyons tous les jours combien font foibles, & fouvent même abfolument nuls, les effets de ce fuc végétal , inappréciablé, adminiftré extérieurement dans les différentes préparations pharmaceutiques connues. Le docteur Chiarenti s’eft donc dit à lui-même : Si l'opium, pris intérien- rement , eft tant & tant de fois inutile, il eft bien vraifemblable que cette inutilité dépend , tantôt de la trop petite quantité, tantôt de la foibleile naturelle , tantôt de la dégénération morbifique des fucs galtriques, qui ne peuvent exercer affez d’afhinité fur lui; & fi, adminiftré extérieurement, 1l opère des effets fi foibles & fi peu décififs , il paroît que cela peur dépendre de ce qu’il n’a pas été diffour par un menftrue convenable, Eflayons les fucs gaftriques des animaux comme diffolvant, Ne feroit-il pas poflible de remé- dier à l'impuiffante affinité, naturelle ou morbifique , des facs gaftriques préparés dans l’eftomac des malades, par la plus forte adtivité diflolvante des fucs gaftriques puifés dans celui de quelques animaux ? N'a-t-on pas trouvé qu'ils font utiles dans plufieurs cas de foibleffe , pris intérieurement ? Or, qui fair fi ces fucs , procurant , foit à l’opinm , foit à d’autres remèdes, plus de méabilié, ou y opérant une forte d’animalifation , ou enfin yimprimant quelqu’autre changementutile , ne les peuvent pas mettre en état de pénétrer rapidement, par les vaiffeaux lymphatiques, dans l’in- térieur du corps humain, & y développer toute l'énergie que la bienfaifante nature leur a accordé? Qui réfoudra ce doute, hors l'expérience ? SAVE: Le doéteur Chiarenti fit fes expériences fur un chien , fur lui-même , fur des malades, En voici un précis. Il commença fes expériences fur un chien, foit avec l’opium, foit avec la faille, fait avec de la rhubarbe, après avoir digéré ou diflous ces remèdes dans du fuc gaftrique de corneille, de mou- ton ou de veau. Ces diflolurions furent enfuite unies à de la graifle, pour en former une pommade deftinée à être adminiftrée extérieurement en fritions, ce qui fut conftamment pratiqué pour tous les remèdes foumis à cette forte d'expériences. La première expérience fut donc faite fur un jeune chien, avec de la pommade qui contenoit huit grains de fcilla maririma , digérée dans une drachme de Juc gaffrique de corneille. Une demi-heure après l'onç- tion, l'animal commença à utiner abondamment, & continua à rendre des urines prefqu’à chaque quart-d’heure, pendant l’efpace d’un jour & d'une nuit, Il obrint des effets femblables en faifant des fictions fur le mème ani- mal avec la pommade qui ne contenoit que fx grains de [tille en fubftance, pilée & digérée quatre jours de fuite dans le fuc gaftrique des mêmes oifeaux, qu’il puifoit par le moyen de tuyaux remplis de coton, qu'il leur faifoit ava- ler. Aufitôt que les corneilles rejetoient par la bouche les tuyaux , il exprimoit du coton qui y étoit renfermé, le fuc gaftrique. Dans une troifième expé- rience , faite de la même manière, l'animal montra de l'inquiétude deux 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE heures après ; bientôt les urines coulèrent , & l’action de la fcille continua à opérer deux jours de fuite. Vingt grains de rhubarbe diffous dans le même fuc, après beaucoup d'inquiétude , produifirent un grand nombre d’évacuations fréquentes pen- dant un jour & deux nuits. Une onétion avec de la pommade, mêlée à un denier & demi de rhu- barbe , diffoute dans le même fuc gaftrique , produifit une vraie diarrhée, qui dura deux jours entiers, & l’on obferva beaucoup de triftefle & d’abat- tement dans l'animal. Ayant fait des friétions avec de la pommade qui contenoïit cinq grains d’opium ; main nue , il éprouva fur lui-même les effets de la propriété fomnifère de l'opium , & en vit de légers fymptômes fur l'animal. Sept grains d’opium manifeitèrent des effets plus marqués; dix grains en produifirent de plus forts. Le premier chien dont le doéteur Chiarenti fe fervoit, n'étoit âgé que de deux mois; les effets de fix grains d’opium furent très forts. 1] fubftitua enfuite un autre chien de quatre mois, & très-robulte ; il effaya fur lui quinze grains d’opium , digérés dans deux drachmes de fuc gaftrique : l’abat- tement, la confufon, un long fommeil, la refpiration laborieufe , des fecouffes convulfives, & après le fommeil, une grande foibleffe , & l’acca- _blement de l'animal, atteftèrent affez la puiffance de l’opium , adminiftré extérieurement, SUV ALL Il réfulte donc des expériences que j'ai déjà rapportées (&. VIT. ), que la Jille, la rhubarbe & l'opium, diffous par le menftrue gaftrique , & adminiftrés extérieurement , de la manière que je l’ai indiqué , agiflent affez puiflam- ment. Mais l'énergie que développent ces remèdes, appliqués à la peau, dépend-elle réellement du diffolvant gaftrique ? Voilà un point bien impor- tant à décider; & voici les expériences que fit Chiarenti pour éclaircir ce doute. Douze grains d’opium, diffous dans l’efprit-de-vin, & unis à la pom- made, adminiftrés en friction fur le mème chien , dans une première expé- rience, feize grains dans un fecond effai, & vingt dans le troifième, ne produifirent le moindre effet fenfible. Ii en conclut que la feule différence du diffolvant empèchoit l'opium d'agir. LT Animé par ces fuccès, le doëteur Chiarenti fit des effais fur lui-même. Des friétions faites aux aiffelles, dans un rhume de poitrine , avec de la pommade qui contenoit fix grains d’opium , laïlfé en digeftion dans du fuc gaftrique de corneille, à une chaleur de 3 2 degrés du thermomètre de Réau- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5? mur, prouvèrent que l’opium préparé avec le fuc gaftrique, n’agit pas moins fur l’homme que fur les animaux, Les effets de ces frictions furent un léger abattement de la force volontaire des bras, un adouciffement de la toux , la refpiration plus libre , un fommeil tranquille; ja pefanteur de tête & la foibleffe des bras furent beaucoup moindres que lorfque le doéteur Chiarenti prenoit intérieurement une dofe égale d’opium. Ayant fubftitué, le jour après, de lopium laïffé en digeftion dans l’efprit-de-vin à la pommade opiato-gaftrique, 11 n’en éprouva aucun effet falutaire. Il reprit l’ufage de la première pommade, & l'adouciffement de tous les fymptômes fut très- fenfible. Le quinquina , à la dofe d’une demi-once, digéré dans le fuc gaftrique de mouton, uni à du lard, & adminiftré en friétions aux aînes, aux aiffelles , dans une femme qui étoit tourmentée d’une fièvre tierce intermit- tente depuis un mois, quatre heures avant linvafion du paroxifme, l’éloigna de trois heures dès la première fois, & le rendit beaucoup plus doux; & ayant fait ufage d’une dofe de fix drachmes du même fébrifuge, de la même façon, la fièvre ne reparut plus. On réitéra néanmoins encore le remède une troifième trois, & la fièvre difparut entièrement. On répéta les mêmes effais avec du quinquina, dans un homme atteint d’une fièvre intermittente; dès la première friétion, l’accès tarda deux heures, le froid fut moindre , la douleur de tête plus tolérable ; après la feconde friétion , le paroxifme fut très-léger , le froid à peine fenfible ; à la troifième, elle difparut. On continua encore les friétions trois jours confécutifs; la fièvre n’eut plus de retour. Des pédiluves faits avec une forte décoction de quinquina , felon la mé- thodè recommandée par le docteur Alexander, n’emportèrent nullement une fièvre intermittente quotidienne; & ces mêmes pédiluves, continués douze jours de fuite, ne diminuèrent point une fièvre bien intermittente , qui fut emportée par le rartrite acidule d’antimoine , pris deux fois. Un mélange de fuc gaftrique de veau & d’eau-de-vie, expofé quelque temps à une chaleur de 32 degrés, détruilit entièrement une enfure des jambes, que la foiblelfe avoit produit. L'ufage de l’eau-de-vie feule avoit été inutile. Une foiblefe extrème d’eftomac, un vomiffement opiniâtre , l’inpuif- fance de rien retenir dans l’eftomac, avoient réduit à Patrophie & aux dernières extrémités un malade. Chiarenti lui fit avaler du fuc gaftrique de corneille; la dofe en fut infenfiblement augmentée , depuis une drachme jufqu’à trois, & continuée long-temps avec beaucoup de fuccès. Après quel- que temps, 1l fut atteint d’un flux de fang inteftinal , très - confidérable ; la grande foibleffe qui en fut la fuite, produifit une enflure prefqu’univer- felle; des friétions avec de l’eau-de vie, mêlée à du fuc gaftrique, faites fur les endroits enflés, l’avoient prefqu'entièrement difiipée, lorfqu’une 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE maladie de notre auteur ayant déterminé ce malade, privé de fes foins, à entrer dans un hôpital, il y mourut quelque temps après. Une pommade opiato-gaftrique | qui contenoit trois grains d'opium , adminiftrés plufeurs fois, difipa entièrement une /ciatique. La mème pommade, avec quatre grains d'opium, emporta en deux fois une cruelle douleur de la région lombaire. Une douleur rhumati/male wès-aigue de l'épaule, fur, à chaque friction de la pommade opiaro-gaftrique , adoucie conlidérablement; on y fubfticua une fois fix grains d’opium , digéré dans lefprit-de-vin; la douleur ne tourmenta jamais fi cruellement le malade qu'après ce remède. On eut recours nouvellement à la pommade opiato-gaf- crique ; mais comme le fuc gaftrique de veau dont on s’étoit fervi, étoit trop fluide par le mélange de l’eau que l'animal avoit avalé, la douleur ne diminua pas bien fenfiblement. Enfin , l'opium, avec un meilleur fuc gaf- tique, détruilir entièrement cette douleur. L'on peut lire dans l'ouvrage de Chiarenti que j'ai cité , les expériences heureufes de quelques autres médecins. SEX. Tel eft le précis des expériences publiées dernièrement par le doéteur Chiarenti. L'auteur ayant communiqué quelques-uns de ces effais au célèbre Spallanzani, & celui-ci en ayant fait part au doéteur Brera, ce profeffeur entreprit les mêmes tentatives , & les étendit à d’autres remèdes & à d’autres maladies, D'abord il trouva que 20 grains d’opium, diflous avec 20 grains de fuc gaffrique de corneille, que Spallanzani prenoit foin de lui fournir régulièrement, mêlés avec une pommade commune, & adminiltrés en factions fur le bras , affoupirent notablement après la première friétion, & emportèrent entièrement, après plufieurs, des douleurs vénériennes très- cuifantes, dans lefquelles l’ufage de l’opium étoit indiqué. Ces expériences ont été répétées heureufement par des médecins de l’armée françaife à Pavie. C'eft là que des officiers de fanté ont diflipé, par ce moyen, prefqu'en un inftant, des douleurs qui occupoient les mufcles de l'épaule; douleurs fi atroces, qu'elles fufoieñt pouffer de lamentables heurlemens continuels au malheureux qui en étoit tourmenté, prefque réduit à la fureur du défefpoir. £ GANERITS Le dosteur Chiarenti ayant écrit à l’abbé Spallanzani que des friétions dont nous avons parlé ($. VIII.) faites à un chien, avec une pommade qui contenoit de la /cilla maritima , diffoute par le fuc gaffrique , avoit produit un écoulement prodigieux d'urine, cette belle expérience fut un trait de lu- mière qui fit entrevoir à l’iigénieux docteur Brera l'heureufe application qu’on auroit pu faire d'un remède préparé de la mème manière, aux différentes efpèces d'hydropifie. Il effaya en effet Ja Jcilla maritima , digérée dans le fuc ET D'HISTOIRE NATURELLE. 213 fac gaftrique, dans l’hydropifie aftite, dans l’Aydror*orax , avec un fuccès fi complet, qu'il fat au-delà de toute attente. C’eft en vain que le docteur Brera tâcha de fubftituer d’autres d'ffolvans aux fucs gaftriques ; les friétions faites avec la pommade qui contenoit de la /ille, difloute d’une autre manière, ne produifirent pas le moindue effet ; mais l'expérience lui apprit que Les effets de la /cille , diffoute par le moyen de la falive , égaloient, & paroïfloient prefque furpaffer l'action de cette fubftance végétale , diffoute par le fuc gaftrique. La digirale pourprée ( digicalis purpurea. Linn.), &c une nouvelle efpèce de digitale, qu’on appelle digitale épiglotte ( digitalis épiglottis ), difloutes , tantôt avec la falive, tantôt avec les fucs gaftriques , produifirent en différentes efpèces d’hydropifie, un écoulement d'eaux très- abondant; & notez, meflieurs , que ceux qui, main nue, exécutèrent fur les hydropiques les friétions ci-deflus mentionnées , éprouvèrent fur eux-mêmes de femblables effets. & XII Le docteur Brera m’ayant donné connoiffance de fes expériences , nous réfolümes auffiroc, M, Rofli & moi, de réitérer &c d'étendre des expériences d'une fi grande importance. Nous allons bientôt publier les réfultats de nos nombreux ellais, que nous multiplierons encore, à mefure que des occa- fions favorables fe préfenteront. En atrendant , c’eft une bien douce fatis- faétion pour nous de pouvoir annoncer aujourd’hui à l'académie, qu'ayant tenté la /cille ; Vopium , la digitale pourprée ; la digitale à grandes & petites fleurs , & quelques autres efpèces de digitale; felon le procédé des docteurs Chiarenti & Brera, avec les modifications dont l'expérience nous apprit l'utilité, nos réfultats coïncident, à quelques différences près, avec ceux de ces eftimables obfervateurs. SX LIAEL - Nous avons vu une femme malade d’une hydropifie de poitrine très- avancée, qui , dans l’efpace de vingt-quatre heures , ne rendoit pas au-delà de deux ou trois onces d’urines, dès la première frition faite au bras avec une pommade qui contenoit la tille , diffoute par le fuc gaftrique , en rendre , dans le même intervalle , au-delà de fix à fepr livres. Nous avons vu les effers de la digitale pourprée , adminiftrée de la mème manière, dans une maladie de la même efpèce, trèsprompts & très-orands, & en fuivre en très-peu de temps un écoulement d'urine très-confidérable. Si la malade fur laquelle nous avons fait cette expérience n'a pu échapper à la mort, nous J’attribuons à l’extrème foibleffe à laquelle elle étoit déjà réduire, à la trop longue durée du mal, à des vices organiques que nous avons trouvé dans la cavité du thorax. Nous ayons vu, dans une troifième femme afcitique, malgré des purgatifs donnés très-mal-à-propos , l'écoulement des urines qui, Tome IV. FRUCTIDOR an 6. Fe . 114 JOUNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avant les friétions de la pommade gaffro-fcillisique ; ne montoit tout au plus qu'à une livre & demie ou deux livres dans les vingt-quatre heures , parvenir , dans le même efpace , à cinq ou fix livres , & fe foutenir long- temps. SX LV. Si les effets de la fille & de quelqu'efpèce de digitale, diffoutes avec le fac guftrique ou la falive, furent prompts & grands, ceux de l’opium, préparé avec le même procédé, furent encore plus énergiques & décififs. Je pourrois déjà en citer plufieurs obfervations faites par moi ou par ceux de mes amis que j'ai engagé à effayer cette nouvelle méthode. Mais je ne peux autrement paller fous filence un exemple très-frappant de l'énergie de l'opium , adminiftré de certe manière, & perfonne entre vous ne me foup- çonnera , fans doute , pas de trop de crédulité en fait de remèdes. C’eft dans une dame fexagenaire qui , à la fuite d’une toux opiniâtre, éroit tom- bée dans le plus grand abattement, que nous avons fait cet heureux effai- avec l’opium. À une langueur extrème s’écoit jointe, dans la fuite, une averfion infurmonrable pour toute efpèce de nourriture , qui dégénéra enfin dans une impoflibilité totale de rien avaler. Telle écoit l'irritabilité; l'in- tolérance de tout ftimulant étoit fi vive dans les organes de la déglutition, fur-tout dans les mufcles du palais & du pharynx, que dans les commence- mens, tour aliment folide pris dans la bouche, & enfuire leur feul atrou- chement, & enfin leur vue ou leur image, rappelée par des fonges , exci- toient des fpafmes violens dans les mufcles du voile mobile du palais, qui fe propageoient aux mufcles conftriéteurs du pharynx , de ceux-ci à l'œfophage, à l'eftomac; de forte qu'à ces convullions fuccédoient des vomifflemens violens. En vain mon digne & favant ami, le docteur Bonvoifin , de con- cert avec M. le médecin Bô , avoit fait ufage des anti-fpafmodiques qu’on croit Les plus puiffans; en vain avoit-il râché de donner de fortes dofes d’o- pium ; tantôt 1l étoit impolfible à la malade de l’avaler , tantôr elle le reje- toit après avoir été reçu dans l’eftomac. Le mal empiroit journellement , & la déglutition de l’eau & des autres liqueurs devint aufli impoffible que celle des matières folides. De fortes dofes d’eher apportèrent quelqu’adouciffe- ment à une fi cruelle fituation; & la malade, après l’ufage de ce remède, ayant pu tolérer l'eau glacée, elle en buvoit plufieurs livres dans le jour. Tel étroit fon déplorable état; quelques lavemens nourriffans, quelques livres d’eau froide, étoient les foibles reffources auxquelles on étoit réduit pour prolonger encore quelque temps fa miférable exiftence. C'eft dans cee facheufe extrémité que nous réfolümes d’effayer l'opium , diffous par le fuc gaftrique , & uni à une pommade ordinaire. Vingr-quatre heures ne s’éroient pas encore écoulées après les premières friétions faites au bras, que l’éronnante irritabilité des mufcles du palais & du pharynx étoit appaifée , au point que la pauvre malade avoit déjà recouvré en partie la puiflance ET D'HISTOIRE NATURELLE. JUS d’avaler, Je ne m'appefantirai pas ici fur les particularités de cette fingulière maladie, & de fa guérifon admirable, puifque je me réferve d’en donner ailleurs un récit détaillé ; il fuflira de vous apprendre aujourd’hui qu’en peu de jours elle fut entièrement diflipée. A he J'ai vu une Aydropifte anafarque entièrement diffipée en peu de jours par la pommade gaftro-fcillitique; j'ai va des douleurs très-fortes aux mufcles des lombes vaineues , des coliques hyfteriques de l'eftomac très-adoucies , & la difpepfie qui les accompagnoit fort diminuée ; j'ai vu des vomiflemens, rebelles à tout autre remède, guéris par l’opium , adminiftré felon ce nou- veau procédé. M. Rofi, dont l'exactitude & la fagacité vous font connues, a entièrement guéri , au moyen de cette préparation , une hydropifie afcite, produite par une foibleffe nerveufe des vifcères du bas ventre; foiblefTe qui éroit la conféquence d’un poifon avalé imprudemment. Je déraillerai tous ces faits ailleurs, & n’en ajouterai pas d’autres maintenant, pour ne vous pas entretenir trop long-temps de médecine-pratique. J’obferverai feulement en palfant, qu’afin que les différentes efpèces de digitale déploient leur éner- gie , il faut que leurs feuilles aient été defféchées à l'ombre & dans un lieu bien fec , qu’elies foient en outre réduites en une poudre impalpable, pour que le menftrue gaftrique ou falivaire puifle les attaquer dans un état de divilion extrème; car la facilité & la promptitude à l’attaquer feront en proportion du nombre des points de contaét que la divifion procurera. Il eft aufi néceflaire de la tenir en digeftion quatre ou cinq jours dans un Jieu bien chaud. J'ai effayé qu'il valoit encore mieux en faire une efpèce d’ex- trait par une longue ébullition, l’unir au fuc gaftrique , & la mêler enfuite à la pommade. Je fais cette remarque, parce que je fais que, faute de ces précautions , la dioirale n’a point augmenté l’écoulement des urines, tandis qu'entre mes mains & celles de M. Roffi, elle a produit un écoulement prompt & confidérable. GeRVINT. Peut-être auffi qu’en variant de plufieurs manières ces expériences, qu’ef- fayant différentes combinaifons avec ces fêmèdes , obtenant leur diflolution plus complette , on parviendroit à obtenir des effets plus marqués. Quanc à moi, je fuis bien loin de croire que cette nouvelle méthode ait, dès fa naiflance , acquis toute la perfection dont elle me femble fufceptible. Nos expériences ne four que de foibles commencemens; c'eft aux praticiens habiles à les étendre & les perfeétionner. Dans un fujet aufli nouveau & auiü important > 11 faut fuivre la trace qui nous eft indiquée par les tenta, tives que l’on à déjà faites ; mais il faut aufli fe fouvenir que , dans les nou+ velles routes qui ne font pas encore bien connues, l'on ne peut avancer que Ete 216 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lentement & en tâtonnant, longe femper à perfeëlo fuerunt rerum initia , dit très-bien Sénèque. Il feroit, d’ailleurs , aufli peu raifonnable de prétendre qu’un remède fera toujours utile parce qu'il a réufli quelquefois, qu'il feroit abfurde de le profcrire impitoyablement parce qu'il a trompé notre attente dans quelques-uns de nos effais. Et pour ce qui regarde les remèdes admi- niftrés felon ce nouveau procédé, je ne dis pas : Woild des remèdes qui feront certainement utiles ; je dis : Woilà des remèdes qui ont été utiles dans relles & telles circonftances. Je ne dis pas: Adoptez cette méthode ; je dis: Efjayez cette méthode. En phyfique, en chimie, en médecine, je pren- drois toujours pour ma devife, celle qu'avoient choifi des favans italiens : Tentendo, e ricencando. & XVII Elle ne feroit pas trop jufte cette prétention, de vouloir que des remèdes préparés & adminiftrés à la manière'‘du docteur Chiarenti, dullent agir promptement, énergiquement, heureufement, dans tous les cas, quels que fuffent l’âge, la conftitution , la force , la nature des malades , quelles que fallent la caufe , l'efpèce, le degré, la complication des maladies, pour pouvoir les déclarer utiles. Eft-ce à dire que la /cille , l'opium , le quinquina, le Kermès , la valériane , le mercure, &c. & tous les remèdes qu’on croit les plus puiffans, quand on les donne intérieurement, ne trompent jamais nos efpérances & ne fe jouent jamais de nos promefles & de notre confiance ? Doit-on dire qu’on les doive profcrire impitoyablement de la médecine ? GX VIE En attendant donc que, par ces expériences étendues & multipliées par beaucoup d’obfervateurs, l’on puifle en conftater les réfultats d’une manière générale & exacte; en attendant que, par une multitude d’effais bien fairs , on puille déterminer l'application, connoître les modifications néceflaires , apprendre la latitude ou les reftrictions dont cette nouvelle méthode doit être fufcepüble, il me paroït que, d’après les expériences faites à Florence, à Pavie , aux hôpitaux de l’armée françaife en Italie, à Paris, & fur-tout celles que nous avons faites dans cette ville, l’on puifle déduire plufeurs corollaies, par rapport à l'économie animale. SENTIR I. De même que les fucs gaftriques, aidés de la falive, font le diffolvant naturel des alimens, ils le paroiffent de tous, ou de prefque tous les remèdes; & comme les alimens ne peuvent ni nourrir ni réparer les pertes continuelles auxquelles le corps vivant eft aflujéri, ni le fortifier, à moins qu'ils aient été diffous par leur force, les remèdes ne peuvent non plus déployer leur énergie , fi les principes dont ils font compofés n’ont acquis ET D'HISTOIRE INATUREELE OÙ 59 l'aptitude d'exercer leur aétion & l'affinité qui leur eff propré par la diffolu- tion. Je crois qu'ici, comme partout ailleurs, l’on peut appliquer l’axiome fi connu : corpora non agunt nifi foluta. Quelle force diffoudra les remèdes dans leftomac , fi ce n’eft celle des fucs gaftriques ? SN I. Comme c’eft en vertu d’une affinité particulière, fui generis, us fucs gaftriques des animaux opèrent fur les alimens , puifque nous voyons qu’ils attaquent des corps très-durs, tandis qu’ils laïffenc intaéts des corps tout-à- fait mous, puifque nous favons , par exemple , que les fucs gaftriques d’un igeon, nourri de chair, ne la diffoudront pas convenablement, tandis qu'ils diffolvent des graïînes très-dures ; ainfi, les fucs gaftriques des chouerres & des ducs n'ont jamais pu digérer des fubftances végétales fous aucune forme ; & les chiens , qui digèrent des os, des membranes , des réndons, après les avoir gardé long-remps dans leur effomac , ne digèrent pas certaines fubftances végétales. Les fucs gaftriques du milan , du faucon, ne diffolvent pas les graines céréales, ni le pain, mème mäché: cependant le fac gaftrique du faucon attaque les matières offeufes renfermées dans des tubes, c’eft-à- dire à l'abri de toute aétion mécanique, comme Spallanzani en a faic lépreuve fur un fragment compaét du fémur d’un bœuf. Les corneilles ne digèrent que les os un peu tendres. Le fuc gaftrique des Aérons paroïît ävoir plus d’efhcacité ; les cornes cèdent, comme les os , à l’action de ce diffol- vant, & il en eft de même de la racine des dents, 11 me paroît vraifem- blable qu'il exifte différens degrés d’une affinité particulière entre les fucs gaftriques & différentes efpèces de remèdes; affinité variable & dans les divers individus & dans les différentes circonftances de la vie; &'en effer, les expériences de Carminati paroïlfent établir que les fucs gaftriques dif- folvent le fer, la pyrice d’antimoine , VoXide d’'antimoine ; les fleurs de ginc, mais qu'ils n’attaquent ni le foufre ni l'oxide de fer. SHARE TI. Je n'oferois pas rapporter l’action diffolyante’ des fucs gaftriques à leur acide. Il eft vrai que le fuc gaftrique de quelques animaux contient un acide libre. Brugnatelli à reconnu que le fuc gaftrique de plulieurs animaux car- nivores, tels que la chouerte , le milan, le fañcon, &c. contenoit de l’a- cide en état de liberté. Il a de mème trouvé ce fuc acide dans les geais, les merles, &c. qui font omnivores , & dans les gfanivores, comme les poules d'inde , les poules ordinaires, les canards, e$ cailles, les moineaux , &c. Le célèbre Guyton de Morveau à fair digérer plufieurs fois, à chaud & à froid, dans de l’eau diftillée, des pottions de Îa tunique interne de l’efto- mac des veaux ; 1l y a verfé de l’efprit-de-vin, qui y a occafonné un préci- pré, & la liqueur filirée a roujours altéré fenfblement le papier bleu en 218 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rouge. Notre collègue le docteur Gioanerti , long-temps avant que l'on parlt de l'acide paftrique comme un acide particulier , avoit reconnu dans les fucs gaftriques de différentes efpèces de quadrupèdes & oifeaux carnivores, par- ticulièrement dans les aigles, une acidité conftante ; & cette acidité ne dé- pendoit pas sûrement de la dégénération des alimens, car il les avoit nourri long-temps dans un lieu parfaitement ifolé, avec de la feule viande qui, felon plufieurs auteurs, auroit plutôt dû s’alkalifer, & rendre le diflolvant gaftrique ammoniacal, Je trouve qu'il y a long-temps que des obfervateuts s'étoient apperçu de cette acidité des fucs gaftriques de plufieuts animaux. Il eft parlé dans les Mémoires de l’Académie royale des Sciences de Paris, avant 1699, d'une colombe dont le fuc gaftrique rougit fenfiblement la teinture de tournefol. Floyer a déjà fait mention de l'acidité du fuc gaftrique des animaux carnivores; Marfigli, de celui de l'onocrotale & de l'aigle ; Viridet , de celui des poiffons ; & Lorenzini , de celui de la rorpille. Mais éerte acidité n’eft-elle pas bien contredite par d’aurres obfervations, & con- teitée par d’aurres écrivains ? Et quand elle feroir bien avérée dans quelques éfpèces d'animaux, peut-on avancer qu’elle foit générale dans tous ? Ne dépend-elle en rien de la nature des alimens, de l’âge, de la force, de l'étac des animaux ? Sans rejeter ni admettre tout ce qui a éte écrit fur ce fujer, combien de queftions refte-t-il encore à réfoudre? Er il faut avouer que, dans l'état actuel de nos connoïffances , des faits préfentés comme des généralités conftantes, feroient bien hafardés. Quoi qu'il en foit donc de l'acidité des fucs gaftriques des animaux , c’eft avec fondement que Scopoli a obfervé qu’on ne peut avancer rien de certain & de général fur les fucs gaftriques des hommes. Spallanzani croit que, dans leur état naturel, ils ne font ni acides ni ammoniacaux. Ces fucs , verfés dans une dillolution de éarbonate de poraffe, n’ont jamais fait effervefcence;, ce qui démontre où qu'ils ne contenoïent point d’acide libre, ou que cet acide n’étoit pas affez puillant pour déplacer l'acide carbonique. I eft rrès-vrai &rrès-commun que, dans l’eftomac des enfans, des filles chlocotiques, des perfonnes foibles, &c. ‘il fe développe une acidité plus ou moins forte. Mais il refte à décider fi ceue acidiré eft l'effet d’une dégénération fpontanée des fucs gaf- tiques , ou bien l'effet Éd ASE acide des alimens que linertie & f'impuilfance des fucs gaftriqhes n’ont pà arrèter; car un grand nombre d'expériences concourent à prouver que les fucs gaftriques fains ; non-feule- ment ont une puilfante vertu anti-feprique , mais qu'ils empèchent aufli la férmentarion acide quand ils ne font point altérés., Mais de ce que les fucs gaftriques humains dégénèrent dans un étar acide par des caufes morbifiques, s'enfuic-il qu'ils font acides dans l’état de fanté ? Eft-il raifonnable d'auri+ buër à l'état fain les dépravations morbifques ? Et fi Les fucs gaftriques étoient auf acides dans l’état de fanté qu'ils Je deviennent dans plufieurs circonf- tances. de la vie, pourquoi ne produiroient-ils pas les mêmes phénomènes ET D'HISTOIRE NATURÉILE. 219 qu'on obferve lorfqu'iis deviennent tels, par exemple, «les cardialgies ; les coliques de l’eftomac, les renvois acides, l'inftinét pout les chofes aïkalines ou calcaires, &c, &c.? Je ne fais pas ces réflexions pour combattre l’exif. rence d’un acide libre dans les fücs gaftriques humains ; j'élève quelques doutes pour que l’on en examine mieux la nature. Mais que cette acidité libre des fucs gaftriques humains, très-douteufe pour moi, foit conftante & générale ou non dans l’état de fanté, il ne me paroïît nullement prouvé que leur vertu diffolvante en dépende. J'obferve que lorfqu'ils dégénèrent dans un étar acide , ils ne paroïflent pas déployer une action diflolvante plus forte en proportion de l’intenfité de l'acide qui s'y développe ; au contraire, l'acidité des premières voies eft crès-fouvent accompagnée de la difpepfie: Ce n'eft que lorfque, par la magnélie cauftique, les alkalins, les terres calcaires, on parvient à la neutralifer , que l’on rétablit les forces digeftives. La vertu difflolvante des fucs gaftriques paroït dépendre d’une affinité fui generis dont nous ne connoiflons pas encore les agens. CCE L IV. Quoïque la chimie animale , malgré tant de belles découvertes mo: dernes , ne nous ait pas encore éclairé fur la nature intime des fucs gaftriques niappris quels font, parmi leurs principes , ceux auxquels il faut attribuer leur . étonnante activité, une fois qu'il eft établi, par un fi grand nombre d’expé- riences , qu'ils font le diflolvant naturel des lalimens, quañd. des fubftances d'une même nature ceffent d’être diffoutes , comme auparavant, dans l'efto- mac, il faur en accufer leur défaut ou leur dépravation , de quelque manière qu’elle fe fafle, & quelle qu’en foit la caufe. Nos connoiffances, à la vérité, font jufqu'ici bien reculées , & nos lumières bien foibles pour pouvoir dire, d'une manière précife, en quoi confftent de telles dégénérartions. Quel- quefois elles paroiffent leur imprimer des qualités fort nuifibles & très-in- commodes aux nerfs de l’eftomac qui, par leur admirable fympathie avec tout le fyftème nerveux, font reffentir leurs effets fur toute la machine ; de li le mal-aife , la foibleffe, l'abattement de la force nerveufe & vitale, des évanouiffemens, maux que le vomiffement emporte quelquefois , comme je l'ai vu, quoique l'on ne-rejerre que des humeurs limpides , écameufes, vifqueufes , fans odeur ni goût. Je ne nierai pas que l’action d’une fubftance émétique n'ait opéré fur tout le fyftème, & animé l’excitabilité du corps par l'irritation des nerfs de l’eftomac ; mais il n’eft pas moins vrai que la com- pofition des fucs galtriques peut être viciée, la proportion de leurs principes altérée , & par-la leur affinité avec certaines fabftances émouflée ou détruite. 11 n’eft pas moins vrai que ces affinités exiftent ; & quoique je trouve dans le fyftème des Browniens nombre. d'idées ingénieufes , juftes ; Iprofondes mème , l'amour de la vérité m’empèche de diflimuler que c’eft outrer le fyf- tème , fermer les yeux fur une multitude de phénomènes , mettre, en un 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ mot. l'imagination à la ‘place de l’obfervation, en voulant rapporter l’ac- tion de tous les remèdes au feul degré de /fimulus qu'ils impriment fur l’ex- ‘citabilité, déveñue maintenant célèbre en Italie & en Allemagne. Il eft de fait, quoiqu’on ait tâché de nier tout ce qui ne s'accorde pas avec tous les points du fyflème, que des remèdes alkalins ont diffous certains calculs de la veflie. Je me difpenfe de rapporter ici les preuves qui, quoiqu'on ait écrit; conftatent la vérité de ce fait. Jai vu, ainfñque MM. Roffi, Provenzale, Bonvoifin ; & d’autres perfonnes en cette ville, des calculs de la veflie, fondus & diffous entièrement, peu-à-peu, par le carbonate de potaffe , préparé par nos illuftres confrères, MM. Jobert & Bonvoifin. Les obferva- tions ont té faites avec tant de foin & d’exaétitude, fous tous les rapports, que fi je n’y devois pas y ajouter foi, je ferois renté de ne rien croire en médecinie-pratique. Or ; je demande fi un gros calcul, diffous dans la veflie par le carbonate de poraje ; a été fondu par fa feule force ftimulante, par fon ation fur l’excitabilité, ou par fon afhinité avec les principes du calcul. On a vu des urines extrèmement imprégnées de pho/phate calcaire ; bafe des os, jointes à un ramolliffement contemporain de ces parties; or, je demande fi un tel ramolliffement ne dépendoit pas de la perte que les os faifoient de leur terre calcaire; & cette terre calcaire , foit qu’elle für em- menée:par une furabondance d'acide phofphorique ; foit qu’elle le füc par un autre principe, ce fera toujours l’affinité d’un tel principe qui la détachoir, la charioit, l’enlevoit. aux os. Je demande encore, lorfqu’avec la magnéfie cauftique , avec les alkalis ou les terres calcaires, je neutralife l'acide déve- loppé en trop grande quantité dans l’eftomac, que je détruis leur qualité âcre, nuifible aux nerfs de ce vifcère , n’eft-ce pas directement fur l'acide que ces remèdes agiflent ? Par quelle force, par quels principes le phof- phate calcaire des os fe dépofe-t-il dans les os? La matière fibreufe du fang eft-elle dépofée dans les mufcles ? Le carbone & l'hydrogène du fang s’u- niflentsilsà loxigène dans les poumons , forment de l'acide carbonique & de l’eau, tandis que le calorique de l’oxigène eft précipité dans les poumons, fi l'on exclut la pmiffance des affinités opératrices de ces phénomènes ? Quelle force en aflignera-t-on ? Comment expliquera-t-on la féparation des prin- cipes nouiriflans, leurs-nouvelles combinaifons, leur ‘union ‘élective aux orgañes du corps humain ? Combien de fois, en herborifant, j'ai fait une réflexion qui me donnoit une idée frappante de femblables affinités ! Parmi la grande multitude de plantes qui ornent la furface de la cerre, combien de fois ne trouvons-nous pas des herbes malfaifantes par leur poifon , comme Les aconits , l’hellébore blanc , la jufquiaume, au milieu des herbes inno- centes on falutaires pour les hommes & les animaux ? C’elt à leur vue que je me difojs : c'éft la même pluie qui arrofe ces plantes; ce font les mêmes Lources qui les baignent ;.c’eft le même air qui les anime, la mème chaleur quidles pénètre ,. la mème éle@ricité qui s’infinue dans leur uflu, k même umière ET D'HISTOIRE NATURELLE. 221 lumière qui les vivifie; d'où vient donc que les unes contiennent des fucs falutaires, les autres des fucs mortels, fi ce n’eft par les différentes combi- naifons des différentes fubftances décompolées & réunies dans des proportions différentes, en vertu des affinités particulières qui doivent réfulter de la nature de l’organifation de chaque être végétal ? Et ne doit-on pas recon- noître des afhinités femblables dans les animaux? Et ces affinités peuvent- elles être entièremear attribuées à l’excitabilité & aux irritations ? Je conviens que, fans excirabilité exiftante, nul de ces phénomènes ne peut avoir lieu ; ce qui, dans d’autres termes, fignifie que là où il n’y a point de vie, il n'y a aucune fonction; mais cela fignifie-t-1l que toute fonétion , tout phé- nomène de la vie animale n’eft qu'une différente modification de l’excita- bilité ? SMEXSEROT AT V. D’après ce que j'ai dit ci-deffus ($. XXI & XXII), il s’en fuit que les fucs galtriques ou la falive, employés à la diflolution ou digeflion arufi- cielle des fubftances médicamenteufes , remplacent la diffolution qui devroit avoir lieu dans l'eftomac, animalifent, pour ainfi-dire , les fubftances digé- rées ou difloutes , les rendent plus fufcepribles de pénétrer dans les vaifleaux Jymphatiques , augmentent leur aptitude à déployer far le fyf£ème les vertus qui leur font propres, quelle que foit, en dernière analyfe, la modification particulière que l’action extérieure des fucs gaftriques & de la falive fait fubir aux remèdes ; & non-feulement les remèdes, ainfi diffous, font promp- tement abforbés par les veines lymphatiques valvuleufes, mais malgré la fubülité & la longueur de ces vaifleaux , malgré leurs fréquentes inofcula- tions, leurs plexus entortillés, maloré le grand nombre de glandes qu'ils doivent franchir , leur tunique mufculeufe dou‘eufe , leur irritabilité con- teftée par de grands anatomiftes , il faut cependant inférer que le mouve- ment des remèdes abforbés eft bien rapide, & leur mélange au fang bien prompt, puifque nous avons vu que l’action de quelques-uns de ces remèdes, comme l'écoulement des urines par la pommade gaffro-ftillitique , étoit quelquefois très-prompte, & prefqu'inftannée. C’eft, à la vérité, depuis Jong-temps que les médecins favoient que les molécules d’un grand nombre de fubftances, foit morbifiques , foit médicinales , pouvoient pénétrer inté- rieurement par l'organe de la peau; depuis long-temps ils adminiftroient ou appliquoient extérieurement des remèdes, avec un efpoir plus ou moins fondé de retirer quelqu’avantage des particules qui fe glifferoient dans l’in- térieur du corps. Perfonne n’ignore que plufieurs germes contagieux fonc abforbés par la peau ; mais ce n’eft que depuis que l’hiftoire des vaiffeaux lymphatiques valvuleux à été perfectionnée & complétée, ce n’eft que de- puis que nous favons qu'il n’exifte aucune autre efpèce de vailfeaux abforbans, que nous pouvons afligner avec certitude la vraie & unique route de toutes Tome IV, FRÜCTIDOR an 6. FF 222 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, les matières quelconques fufceptibles d’être abforbées intéfieurement ;& que nous pouvons expliquer avec la plus grande facilité dés phénomènes bien obfcurs aüparavant. Nous favons maintenant , par les lumières de l'anatomie, qu'aucune fubftance ne peut être abforbée que par les vaiffeaux lymphatiques valvuleux ; que les extremités d’un 1ombre infini de ces vaiffeaux d’une fineffe impercepuble, s'ouvrent à la furface extérieure de l’épiderme, qui {elon Mafcagni , n'eft qu'un tiffu de ces vaifleaux; que ceux - ci font les organes immédiats & uniques de toute abforption ; que ce font eux feuls qui attirent & pompent les molécules du mercure , le principe cauftique propre des cantharides, les particules du muriare fublimé du mercure, de l’acétire de potaffe antimonie , l’eau difloute dans l’atmofphère , les particules mé- talliques fufpendues dans l'air, les émanations fubriles de quelques végé- taux , &c. Tous ces phénomènes font connus des phylologiftes ; mais il eft à propos de les rappelerici, pour admirer l'étendue de cette fonction abfor- banée des veines lymphatiques, augmenter la confiance qu’on doit avoir dans l’application de plufieurs topiques actifs, & animer les medecins & les chirurgiens à les effayer préparés felon cette nouvelle méthode. Car ne feroit-ce pas une inconféquence, que les médecins fiflenc ufage destopiques , & négligeaflent des les adminiftrer de la manière que l'expérience dé- montre la plus efficace ? Er que l’on ne dife pas que tout l’effer des topiques dépend de l'irritation faite fur les nerfs cutanés , & propagée par leur moyen à tout le fyftème. Comment rapporter à ce feul principe les effets fi connus du mercure & de quelques - unes de fes préparations appliquées extérieurement? Vous vous fouviendrez , Meflieurs , qué l’on a trouvé, il y a peu d'années, que l’acérite ftibié de potafle ou tartte émétique diffous & introduit dans le corps par des friétions faites fur la paume de la main, pro- duifoit de vomiflemens , comme sil eût été immédiatement reçu dans l'eftomac. Peut-être que diffous par la falive ou le fac gaftrique il déploye- roit plus d'activité, tantôt comme émétique , tantôt comme fudorifique. Peut-être que l’oxide d’antimoine foufré rouge ou Kermès minéral, que la poudre de James , fi juftement célèbre, dont j'ai vu dans quelques cas des effets très - prompts & merveilleux , donnée intérieurement ; peut - être que quelques autres préparations antimoniales adminiftrées de cette ma- nière dans les rhumatifmes, dans les affections arrhritiques, dans les mala- nies cutanées , dans les écrouelles feroient bien plus efficaces. L'expérience fera bientôt juge de mes conjeétures, car je vais entreprendre des elfais fur ces maladies , & je les étendrai à d’autres. On doit préfumer qu’elles ne font pas dénuées de fondement, d’après les heureux effais du D. Brera avec le muriate fublimé corrofif du mercure. EX XL VL Quelle vafte carrière ne vois-je pas s'ouvrir devant nous à des obferva- ——— ET D'HISTOIRE NATURELLE. 223 tions importantes ! Combien de connoilfances nouvelles nous allons acquérir fur les importantes fonctions que la. nature a confiées à cet étonnant, à cet immenfe fyflème des veines lymphatiques , dont l’hiftoire a été portée fi loin, & fi perfectionnée dans ces dermiers temps par les travaux des Zuner, des Kruishank , des Monro, & fur-tout par ceux qui font gravés dans l’/cno- graphie des veines lymphariques de l'infatigable Mascagni, qui à fi bien mérité de l'anatomie & houoré fa patrie par un fi beau monument ! ; SE DUR IV. Cer illuftre profeffeur , très-exa@ & ingénieux, rempli de connciffances profondes fur les veines lymphatiques , éclairé par fes admirables injec- tions , & par .un grand nombre de phénomènes , n’a-t-1l pas tracé la route que les particules des fubftances contagieufes , & des remèdes, pompées par les extrémités de ces veines fuivent le long des différentes parties du corps humain ;- tantôt pour être arrêtées & agir dans des glandes conglobées qu’elles traverfent , d’autres fois pour aller plus loin ëtre ver- fées dans le grand torrent du fang ? Inftruit par fes préparations , il a expliqué d’une manière vraie , claire , fatisfaifante , beaucoup de phéno- mènes , qui fans une connoïflance précife du cours des veines lymphati- ques, relteroient encore enveloppées d'une grande obfcurité, & conti- nueroient à donner lieu à des bifarres théories , que l'anatomie dément fans réslique. Ainfi flotteront toujours les reifonnemens des médecins , toutes les fois qu'ils tâcheront de combler par de vaines hypothèfes en- fanrées dans leur imagination, les lacunes que laiflent lé manque d’obfer- vations & de connoiflances anatomiques exactes. Ceci, pour le dire en palart , montre avec quel fondement quelques auteurs fe croïent autorifés à écrire que ces fubrilités anatomiques ne font qu'un vain échaffaudage dépourvu de toute utilité , bon cout au plus pour faire un pompeux étalage d'anatomie fine, GX XIVIT J'ai parlé de l'utilité de la /Ci/le , &c de quelques efpèces de digitale ; quand elles font adininiftrées extérieurement diffoutes dans le fuc gaftrique, ou la falive. L’on a pu remarquer que les effets de ces remèdes ont été dans nos expériences , fur-tout ceux de la /ti//e, beaucoup plus prompts & plus énergiques que lorfqu'on les donne intérieurement. Mais les avantages de la nouvelle méthode ne fe réduifent pas uniquement à leur plus grand degré de force , ou à une aétion beaucoup plus rapide. On évite bien des danger en les adminiftrant extérieurement; car à commencer par les digi- rales , toutes les efpèces qui apppartiennent à ce genre, font âcres , & même dangereufes quand on les prend intérieurement, 11 y a long-temps que les auteurs ont remarqué que la digitale pourprée eft une plante âcre , émé- Ff2 si Le NUA 4 NAS NON" COUV EPST ETS TANTE 5 - ï24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE k tique, purgative & diurétique. Quelques auteurs lui ont attribué les qua- liés délérères des folanées. Ray la croyoit dangereufe, & recommandoit de lemployer avec beaucoup de circonfpeétion. De tous les auteurs de matière médicale, Murray eft celui qui en a parlé avec plus de dévail. La faveur des feuilles de la digicale pourprée eft amère & défagréable ; il y exifte en outre une telle âcreté , qu’elle irrite fortement, brüle.& ulcère la bouche, la gorge , l'œfophage & l’eftomac, qu’elle excite une excrétion abondante de falive , qu'elle purge & fait vomir fortement ; cet effet a fur-tout lieu en prenant une cuillerée de fuc de fes feuilles dans une chopine de bierre chaude. Amara planta , dit Haller, decoëti cochlearia fptem vomitum alvyumque movent cum vehementia, non fine veneno , mihi fufpeéla. Lintin a vu deux malades qui, par l’ufage de deux taffes de décoction des feuilles de la digicale pourpree , ont éprouvé, outre les évacuations indiquées , des douleurs, une grande anxiété, la cardialgie , le hoquet, & le froid des extrémités. Une prefcription imprudente de ce remède a produit des effets bien plus énergiques & mème funeftes: une jeune fille de huit ans en eft morte. On voit par ces effets que la grande âcreté de cette plante exerce une aétion très-marquée fur l’eflomac , pattie fi fenfible, & qui a une merveilleufe fympathie avec tout le fyflème nerveux. Quoique ce genre qui contenoit déjà ,-1l y a quelques années , dix efpèces bien connues , n’ait fourni jufqu'ici à la matière médicale que la digitale pourprée ; à laquelle il faudra ajouter , felon ce qu’en a récemment écrit le D. Brera, Ja digi- tale épiglorre, fi je juge par le goût amer, l'âcreté fenfble, l'imprefhion fur la langue & le palais, & la digicalis ferruginea , & celle à grandes fleurs , & far-tout la digivale à perites fleurs d’Allioni , lutea de Linné, me paroillent devoir être douées d’une aétivité plus où moins forte. La digitale à grandes fleurs indigène du Piémont, eft une plante dont ladi- vité promet beaucoup d'avantages, quand on aura appris à s’en fervir avec une méthode couvenable pour en écarter tous les dangers. C'eft à caufe de cette grande âcreté que le judicieux D. A//iori en défend l’ufage intérieur. Cecte plante, dit-il, eff âcre, violente , fufpeéte. Nous allons éprouver & celle-ci, & la digitale à petites fleurs, la ferruginea , & mème l'épiglotte , que notre favaut confrère & botanifte , le D. Bellardi cul- tive, toutes préparées avec le fuc gaftrique & la falive. La faveur âcre, amère , piquante , l’odeur forte , grave, nauféante de la digitale à petites fleurs , me font foupçonner que fon activité égale celle des autres digitales. C’eft à l'expérience que nous en ferons dans les hydropilies, dans les écrouelles, dans d’autres maladies à confirmer ou détruite ce foupçon, NME 40 PAT ALU Je reviens à la digicale pourprée dont les médecins ont fait ufage de- puis long-temps. Malgré les qualités virulentes dont elle eft imprégnée, | L'ET D'HISTOIRE NATURELLE, ( 34 c’eft une plante qu'on ne doit nullement abandonner , & tout le genre des dipirales mérite qu’on en faffe des effais. Peut-être que certe d'pirale , aufli bien que d’autres efpèces de ce genre , digérées ou diffoutes dans la ‘alive , ou dans le fuc gaftrique, & adminiftrées extérieurement, produira, & dans quelques hydropifies & dans d’autres maladies, d’heureux effets. Elle a été vantée comme un fpécifique dans l’épilepfe; Parkinjon aflare qu'elle a guéri une épilepfe , en la faifant prendre en décoétion dans la bierre à la dofe de deux poignées de feuilles avec quatre onces de po/ipode. Elle a été propofée dans les affections fcrofuleufes, & c’eft fur-tout dans ce cas qu'on l’adminiftre oujourd’hui , difoit Murray en 1776. Haller à recueilli plufieurs faits de guerifons d’écrouelles opérées par ce remède. Un homme attaqué d’ulcères fcrofuleux dans différentes parties de fon corps, & fur-rout à la jambe droite, de manière qu'on parloit de lui en faire l'amputation, guérit en prenant deux fois en quatorze jours une cuillerée du fuc de digitale pourprée avec une demi-pinte de bierre chaude, & en appliquant fur fon ulcère les feuilles qui avoient fourni le fuc. Une jeune perfonne éprouva beaucoup de foulagement en prenant une cuillerée de ce fuc ; elle avoit l'œil affecté d’une tumeur fcrofuleufe ; la lèvre fupérieure très-conflée & fendue , les articulations tuméfiées , & des douleurs continuelles. Elle renonça malheureufement à ce remède , à caufe de fon a@tion trop vive. Un homme ayant depuis trois ans au coude droit une tnmeur fcrofuleufe qui l'avoir: fait beaucoup fouffir, guérit prefqu'entiè- rement en un mois , en prenant le fuc des feuilles de digitale pozrprée aflez abondamment. Ces faits font tirés des Praëtical effais of Edimbourg. L'application extérieure de fes feuilles far les écrouelles eft moins dan- gereufe, mais non mois efficace, dit Murray , que fon adminiftration in- térieure. Cette application qu'on pratiquoit jadis, mérite, dit-il, d’être tirée du long oubli où elle a été enfévelie. On applique les feuilles broyées, ou le fuc mêlé fous la forme d’onguent avec des graifles. Ray admettoit la mème vertu dans un liniment fait avec les fleurs de la digitale pourprée. Hulfe a obfervé que ce moyen réuflifoit dans les écrouelles humides ou fuppurantes , & peu dans les tumeurs fèches. Les médecins & chirurgiens de l’hôpital de Worcefter pratiquèrent des onguens & des emplâtres faits avec les feuilles de cette plante, & lui trouvèrent en plulieurs cas une utilité infigne. On voir, d'après ce que nous venons de dire, que les Anglais ont beau- coup employé des feuilles de la digitale pourprée contre les fcrofu- les : cependant la réputation de cette plante dans ces maladies rebelles , n'a pas également attiré la confiance des autres nations, & on n’en fair que très peu d’ufage. Mais il me paroït qu’on devroit reprendre cette ma- tière & l’avancer. Depuis quelques années ; écrit Fourcroy, on a vanté en Angleterre l’ufage 226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, des feuilles de la digitale pourprée dans l'hydropifie. Deux ou trois feuilles fèches infufées dans trois tafles d’eau chaude à la manière du thé, éva- cuent , dit-on , promptement les eaux. Ce remède procure fouvent des nau- fées, des vomiflemens , des évacuarions par le bas; mais l’action diurérique ne s’en fuit pas moins, & l’hydropylie difparoït au bout de quelques jours ou de quelques femaines. Voilà l'extrait d'un grand noinbre d’obfervations confignées dans les journaux anglais, fur les effets antihydropiques des feuilles de ia digitale pourprée. Quelques médecins français ont confirmé par leur propre expérience le fuccès de ce remède : on aflure qu'il eft fur- tout recommandable dans l’hydropifie de la poitrine, & qu'on à guéri plufeurs fois cette terrible maladie par fon ufage ; il réuffit également dans les œdèmes , & fur-tout dans les gonflemens froids des extrémités. Plufeurs praticiens qui fe font occupés depuis quelques années des fubftances pro- pres à guérir la gale & les affections cutanées par l’irrication falutaire qu’elles excitent à la peau , ont rangé la dipitale au côté de la dentelaire, de l’arif= toloche , de la clématite & des plantes analogues, Enfin, ajoute encore le célèbre Fourcroy, la digitale à donné naïffance à plufeurs préparations par- ticulières, telles qu'un onguent, un firop, un extrait, une teinture; mais on ne connoît point encore bien les modifications que fes propriétés ou fes vertus reçoivent des différentes altérations qu’on lui fait fubir....... Nous ne faurions trop recommander aux jeunes médecins de fe rappeler toujours la grande énergie , l’âcreté de la digitale pourprée, de fe fouvenir qu'elle a été comprée au nombre des poifons , & qu’on ne doit la pref- crire qu'avec beaucoup de prudence à l’intérieur, ÉESOX Ve LILI En revenant à la /tille, les médecins connoiffent depuis long-temps à quel degré fes principes font âcres & irritans. Je ne répéterai pas ici ce que les anciens ont déjà obfervé , ce qu’on trouve dans un grand nombre d'auteurs, ce que Murray a réuni en preuve de fes qualités virulentes. L'on doit favoir que de ces qualités en font fuivis & des douleurs très - fortes d’eftomac, & des urines fanguinolentes, & des tremblemens, & des con- . vulñons dans des perfonnes foibles & douées de beaucoup de fenfibilité, & des inflammations dans les premières voies, & la mort même. Je pafle fous filence que dans un grand nombre de fujets on ne peut poiut la donner intérieurèment ; que fon âcreté eft dangereufe où il y a de la fièvre ; que dans un grand nombre de circonftances , prife intérieure- ment, elle eft nuifible. Or, fi par un grand nombre d'expériences faites avec axactitude & conduites habilement , l'on pouvoit conftater l'utilité & des différentes efpèces de digitale, & de la fcilla , & du colchique., & de plu- fieurs autres remèdes, foit minéraux, comme les préparations Hoi us les différentes préparations mercurielles, les fleurs de zinc, &cc, , foit végé- hâte M 1 / ET D'HISTOIRE NATURELLE. 227 taux, de ceux en général dont l’äcreté eff à craindre; fi l’on pouvoir, dis-je, conftater leur utilité en-les adminiftrant extérieurement , quels avantages, quel nouveau pas dans la médecine pratique! Combien devroient s’applau- dir les médecins , fi en confervant toute leur efficacité à tant de remèdes précieux , ou même en là rendant & plus prompte & plus énergique, ils pouvoient réuflir à éviter l’averfion des malades, les dérangemens de la digeftion, les trop fortes impreflions fur les nerfs de l’eftomac, & par leur fimpathie fur tout le fyftème , les cardialgies cruelles , des inflammations redoutables, &'des effers trop fouvent funeftes ! Que fi la grande âcreté de plufieurs remèdes très-actifs commande toujours aux médecins la plus grande circonfpeétion en les prefcrivant , quelle défiance , quel effroi mème ne doivent-elles pas leur infpirer tant de préparations, du mercure fur-tout & de l’antimoine , faites par les mains de l'ignorance ! Combien de cas fu- neftes confignés dans les ouvrages de médecins & de chymiftes favans qu’on ne peut lire qu'avec amertume! De combien de maux n'a-t-elle pas été caufe , & l'ignorance de la chimie & l'ignorance de la botanique ! Il n’eft que trop vrai que beaucoup de malades ont été les malheureufes victimes de leur confiance, parce qu’ils avoient des préparations chimiques mal faites, & des plantes empoifonnées , broyées par des mains étrangères à la botanique. Mais laiffons dans l'oubli ces exemples fatales, & tirons un voile fur un tableau fi effrayant, añin que le nom de remède qui paroît ne devoir préfenter que des idées confolantes ; n'ajoute aux maux qui affligent les hommes, la défiance, la crainte, & ne les frappe d'épouvante, Sie: DSK SANS Médecins, qui confervez cette inappréciable qualité de lame, /a fen/- bilité , réuniflez vos efforts , redoublez de zèle & d’ardeur, réitérez, mului- pliez , érendez vos expériences. Ah! qu’il eft doux pour des cœurs que lavue de tant de fouffrances & de malheureux n’a point endurci, d’arracher à la mort, à la douleur nos femblables , de conferver à leur famille des pères refpec- tables & néceffaires ; à des pères éplorés leurs fils chéris; à des époux effrayés les tendres & vertueux objets de leur amour ! Quel charme , quel fentiment délicieux n’accompagneroient pas les conquères que l’on feroit dans le règne impériffable de la nature! Les viétoires que l’on remporte dans le fombre empire de la mort ne font ni fanglantes ni dévaftatrices. Gagnons des droits à l'amour de notre pays, faifons notre devoir en fervant l'humanité , étouffons ces clameurs importunes , que la médecine /recularive feule a faic des progrès, & accumulons de.nouveaux motifs de remercier la Providence, qui en nous laiffant en proie à tant de maux, pour nous faire reflouvenir de notre foiblefle, & tourner nos regards vers elle, nous donne tant de moyens de les adoucir ! L' 228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ COUNT RUMFORD'S EXPERIMENTAL ESSAYS, etc. Seconde partie du VII. Effai du comte de Rumford, fut la propagation de la chaleur dans les fluides ; contenant les détails de plufeurs expériences nouvelles, avec diverfes remarques & obfervations, & des conjeétures far l’aflinité chimique , la folution , & le principe mécanique de la vie animale. Extrait par PICTET( Bibliothèque Britannique.) | (SENS avoit fouvent remarqué qu’en faifant geler de l’eau dans. une jarre de verre plongée dans un mélange frisorifique , la congélation s'opéroit graduellement depuis la circonférence vers le centre, & que la portion encore liquide qui s’y trouvoit comprimée par l’expanfon de la partie congelée fe foulevoit, vers la En de l’opération, & formoit au mi- lieu du gâteau de glace un mammelon faillant d’un demi pouce, Il profita de cerre circonftance pour faire l’expérience fuivante. LUVY VEUX PIÉIRAILENNIGRE: On plaça fur une table auprès d’une fenêtre, dans un appartement dont la température étoit à 31 F. (—o +R.) un gâteau de glace de 3 pouces d’épais, ayant au centre un mammelon faillant de + pouce; ce difque occu- poit le fond d’une jarre de 4 p. À de diamètre , entourée d’un mélange de glace pilée & d’eau jufqu’à un pouce au-deffus du niveau de la furface fupérieure du gâteau. On verfa enfuite fur ce gâteau une couche de 3 pouces d’épaiffeur, d'huile d'olive fine , préalablement refroidie à la température de 32 F. (o. R.). On avoit préparé , d'autre part, un cylindre folide de fer foroé , d’un pouce ? de diamètre, & 12 pouces de long , muni d'un crochet pour le fufpendre verticalement, & garni d’une enveloppe ou fourreau de papier épais , dans lequel il entroit jufte ; ce fourreau étoit ouvert aux deux extré- mités , & dépalloit en bas, d’environ = de pouce , le cylindre de fer au- quel il fervoit comme de vêtement. On chauffa ce cylindre à la température de 210 (l’eau bouillante), on l'introduifit prompteruent dans fon fourreau , & on le fufpendit par un fil de métal au-deffus du centre de la jarre , en le faifant plonger dans l’huile jufques à une profondeur fufffante , pour que la feétion inférieure du z cylindre ne fe trouvât plus qu'à - de pouce de diftance du fommet de la 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 229 la projection conique qui s’élevoit au milieu du gâteau de glace. Le bord inférieur du fourreau de papier defcendoit de = de pouce plus bas. Comme l'huile étoit très-tranfparente & la jarre bien éclairée ,on voyoit très-diftinétement le mammelon de glace, même après l'introduction du cylindre chaud ; & fi une portion de cette chaleur füt defcendue au tra- vers de la couche mince d’huile interpofée entre le cylindre chaud & le fomimet du mammelon de glace, il n’eft pas douteux qu’on s’en feroit apperçu par la fufion de cette glace; fufion qu'on auroit reconnue, foit par l'applatiffement de la convexité , ou quelque changement dans fa forme. Il n'y eut aucun fymptôme pareil ; & la glace ne parut éprouver aucune influence du voifinage du cylindre chaud. Il peut être inutile de dire qu’on avoit pris toutes les précautions né- ceffaires pour que le cylindre füt introduit dans le liquide d’une manière affez lente & régulière pour prévenir toute ondulation; & que ce folide étoit maintenu fixe dans le centre de ce même liquide pendant la durée de cette expérience. La figure 1 repréfente la fetion de l'appareil employé dans cette expé- rience , qu'on peut confidérer comme décifive. On y voit le cylindre de fer & fon enveloppe , plongeant dans l'huile, & arrivant fort près du bouton de glace, qui demeure parfaitement folide & intact , malgré le voifinage d’une malle de fer dont la température initiale étoit celle de l’eau bouillante. Si les réfultats généraux des expériences dont on a lu les détails dans les deux premiers chapitres de cet Effai donnoient lieude croire que l’eau étoit un non-conduéteur de chaleur, l’iffue de celle qu’on vientde décrire, prouve d’une manière tout aufli évidente, que l’huile eft aufi un liquide , non- conducteur ; & c'eft une donnée de plus pour étendre lanalogie à d’au- tres fubftances liquides , & faire préfumer que peut-être tous les fluides ont néceffairement la mème propriété. Le mercure qui eft un métal, en fufon à la température atmofphé- rique ordinaire , diffère à pluleurs égards des liquides non métalliques. L'auteur étoit impatient d’éprouver s’il pattageroit cependant avec ces li- quides la faculté non-conduétrice. L'expérience fuivante ne lui laifla point de doutes. LVL EXPÉRIENCE. La même jarre qu'on avoit employée dans l'expérience précédente , & munie d’un nouveau difque de glace portant un mammelon , comme le précédent , fut mife dans le mème lieu, à la température de la glace, & environnée d’un mélange de glaçons & d’eau : on verfa fur le difque , du mercure refroidi à la glace, jufqu'à ce qu'il y en eût la hauteur d’en- viron un pouce. On nettoya la furface du mercure avec du papier brouillard, Tome IV, FRUCTIDOR an 6. G g D 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIF on laiffa le tout tranquille pendant une heure, puis on introduifit douce- ment le cylindre de fer chaud & garni de fon fourreau de papier, dans le mercure, comme on lavoir fait dans l'huile : on le defcendit jufqu’à la diftance d'environ + de pouce du fommet du mammelon de glace, & on le Jailla pluñeurs minutes dans cette polition. On à omis de dire pourquoi, foi dans l'expérience précédente , foit dans celle-ci, on avoit difpofé l’enveloppe de papier de manière qu’elle dépañloit d'environ + de pouce la furface inférieure du cylindre : c’étoit pour empêcher que les molécules du liquide réchauffées, & par conféquent allégées par le contaét de cette furface, ne s'élevaffent rapidement, & ne produfffent , dans l’intérieur du liquide , une circulation qui fe feroie infenfiblement propagée jufques dans les couches les plus bafles, & auroit ateint la glace. Comme le difque de glace couvert par le mercure, étoit précifément au degré où la moindre chaleur additicnnelle devoit commencer à le fondre, s'il lui en fût arrivé au travers du mercure , dans cette dernière expérience, on auroit infailliblement vu paroïtre de l’eau , qui , à raifon de la grande légèreté relativement au mercure, fe feroit d’abord montrée à la furface du métal, lorfqu'on retira le cylindre de fer; mais on n’apperçut pas le moindre indice d'humidité. Et lorfqu’on effayoit , d’autre part, de toucher du bout du doiot la glace au travers du mercure, quelqu'inftantané que füt ce contact, il fufhfoit à ternir la furface brillante du métal, par l’eau que la chaleur du doigt avoit produite fur la glace , touchée pendant un inftant prefqu'inap- préciable. L'auteur conclut de ces faits, que l’eau, l’huile & le mercure font des non-conduéteurs parfaits , relativement à la tranfmiflion de la chaleur, ou en d’autres termes, que lorfque l’une de ces fubflances prend l’état fluide, toute échange, toute communication de chaleur entre fes molécules de- vient abfolument impoffible. Il avoit montré, dans l’un de fes mémoires inféré dans les Tranfaétions Philofophiques , que l'air étoit probablement dans le mème cas; & il a étendu cetre théorie dans fon fixième Effai ,,aux molécules intégrantes des vapeurs & de la flamme. « Si donc , ajoute-t-il , toute communication immédiate de chaleur, de molécule à molécule ou de proche en proche , eft: abfolument impoñfible dans ces divers fluides, foit élafliques , foit non elafliques , & d’ailleurs f effentiellement différens les uns des autres, n’eft-on pas fondé à conclure que ceue propriété eft commune à tous les fluides, & qu'elle eft mème effentielle à la fluidité (1)? (1) Nous ferions d'autant plus difpolés à admettre cette théorie, qu’elle explique ET D'HISTOIRE NATURELLE. 231 » Il eft aifé de comprendre que la découverte d’un fait auffi important » doit apporter de grands changemens aux idées que nous nous fommes for- mées des opérations mécaniques qui ont lieu dans plufeurs des grands phé- nomène de la nature, ainfi que dans un nombre de ces opérations chimiques encore plus intéreffantes , que nous favons conduire , mais qu’il nous eft fi difficile d'expliquer » ! Ceux de nos lecteurs qui ont fuivi notre recueil dès l’origine, fe rappel- leront peut - être les applications heureufes que l’auteur faifoit dans le mémoire que nous venons de citer , de fa découverte de ia faculté non-con- duétrice de l'air , à caufe de la chaleur des vêtemens tant naturels que ma- nufacturées ; à Feffet confervateur de la neige qui habille la terre pendant la faifon froide ; aux alternatives des vents froids & chauds qui fe fuccèdenc dans les changemens des faifons; on l’a vu enfuite dans fon Æffai fur La conduite du feu & l’économie du combuflible , tirer parti de fa découverte de la faculté non-conduétrice de la vapeur & de la flamme pour perfec- tionner les appareils calorifiques à l’ufage des arts & de la cuifine , & pour expliquer les finguliers effets de la flamme du chalumeau. Enfin, dans le toifième chapitre de l’Efai mème dont nous analyfons la feconde partie, remontant de fes découvertes fur la manière dont la chaleur fe propage dans l’eau , jufques aux confidérations les plus relevées, il a défigné les moyens que le Créateur paroît avoir mis en œuvre pour égalifer la tempé- rature des divers climats, & prévenir les funeftes effers des extrèmes du froid & de la chaleur à la furface du globe. — Ces applications ne font point épuifées; c’eft maintenant la chimie, la végétation, & l’économie animale très-naturellement le phénomène de la chaleur latente de Black, la même que nous avons nommée chaleur de liquidité, Le feu , qui dans l’aéte de la fufon de la glace, par exemple , détache fucceffivement chaque molécule du folide auquel elle appartenoit, pourroit être confidéré comme formant à cette molécule une forte d’enveloppe qui la fouftraït à l'effer de la cohéfion , la rend mobileentte fes voifines, lorfqu'elles font revétues de même, & fait, en un mot, de leur enfemble, de l’eau liquide. Il eft évident que fi une molécule d’eau donnoït à fa voifine le feu qui la garnit ainfi & la défend contre la cohéfion , elle reprendroir à l’inftant l’état folide ; il eft clair auffi que fi le feu qui tend à imprégner la glace dans l'acte de la fufion , fe difféminoit entre fes molé- cules aulieu de s'attacher à chacune d'elles à mefure qu’il la détache, la glace fe fondroit toute à-la-fois , & non fucceflivement de la furface au centre, comme on l’obferve toujours. Or, tout le feu ainfi employé dans la fufon des folides à revêtir une à une Jeurs molécules, eft perdu pour la fenfation & pour le thermomètre ; ce font là les foixante degrés de chaleur qui s’évanouiflent lorfqu’après avoir mêlé une livre de neige à zero, avec une livre d'eau à 60 degrés , on a, après la fufion de la neige , deux livres d’eau à zero. Cette chaleur reparoït toute entière lorfque le liquide reprend l'état folide, & que chaque molécule abandonnant fon enveloppe de feu , eft de nouveau foumife à la cohéfion. La même théorie pourroit s'appliquer à la vapori(ation , qui préfente des phénomènes analogues, & une chaleur qui eft de même /atente pendant tout aufli long- terpps que l'état de vapeur fubfifte, ( Noce de Pictet), œ D ” NV 232 JOURNAL DÉ PHYSIQUE , DE CHIMIE qui vont profiter des mèmes découvertes : voici le tableau que l’auteur trace lui-même de fes conjeétures. « Sije ne me fais pas illufon , ces faits peuvent jeter un nouveau jour far plufeurs de ces myftérieux procédés de la nature, dans lefquels des corps inanimés font mis en mouvement , leurs formes changées , leurs élémens féparés & foumis à des nouvelles combinaifons ; peut-être ferons - nous en état d'expliquer par des prihcipes mécaniques ces préférences, ces éton- nantes prédilections qu’on obferve entre certaines fubftances ; préférences qu'on défigne par le nom d’affinices chimiques , maïs qu'on n’a jamais cher- ché à expliquer (1) ». » Peut-être trouvera-t-onquetoutchangementde forme dansunefubftance quelconque, ef l’effec de la chaleur, & de la chaleur feule. — Que toute con- crétioneftune véritable congélation produite par une diminution de chaleur. — Que tout changement de la forme folide à l’état fluide eft une vraie fufon. — Que la différence entre la calcination par la voie fèche & celle par la voie humide eft beaucoup moindre qu’on ne l’a cru jufqu’a préfent , & qu'aucun métal n’eft diffous , qu'après avoir été préalablement fondu. » Peut-être découvrira-t-on que la violence apparente avec laquelle cer- tains corps folides font attaqués par leurs diffolvans , activité qu’on a conf- dérée comme la preuve d’une affinité chimique très-puiffante, n’eft due à aucune attraétion ou éleétion particulière , mais au degré confidérable de froid ou de chaleur qui réfulte de leur union avec leurs diffolvans , ou à une grande différence dans la pefanteur fpécifique du diffolvant dans fon état naturel, & celle qu’acquiert le mème liquide en paflant à l’état de folution faturée. » Si les fluides font des non-conduéteurs de chaleur , il eft évident que tout changement de température qui aura lieu dans une diffolution chimi- que, produira néceffairement des courans dans le liquide diffolvant, & que ces courans devront être d’autant plus rapides que le changement de rem- pérature fera plus grand. Or, comme ils afneneront néceffairement une fuite de particules du liquide diffolvant , en contaét avec des molécules du folide attaqué par lui, il n’eft pas douteux que la rapidité de la diffolution ne doive être, toutes chofes égales , proportionnée à la viteffe de ces courans, ou aux changemens de la température. » Mais il y a dans ces opérations une autre caufe de mouvement plus efficace peut-être que ne l’eft la différence des températures; c’eft la diffé- rence de pefanteur fpécifique entre les molécules du liquide diffolvant & (1) Notre favant compatriote le Sage , dans un mémoire qui remporta le prix dans l'académie de Rouen , intitulé : Effui de Chimie mécanique’, tenta avec fuccès d'expliquer les affinités chimiques par la même caufe qui, felon lui , produit la gravitation, EF IMD? HI'STROTR EPNATUR ELLE: 233 celles de la folution faturée. Lorfque ces deux caufes confpirent, ou ten- dent à donner aux courans la même direétion , ce qui arrive par exemple dans la folution du fel commun dans l’eau, alors l'opération doit avoir lieu plus rapidement ; car la pefanteur fpécifique de ia folution faturée étant plus grande que celle de l’eau pure, les molécules compofées des intégrantes de l’eau & de celles du fel , defcendent à mefure qu’elles fe forment ; & comme il fe produit du froid dans l’aéte de cetre folution , la condenfation qui en réfulte tend encore à accélérer le courant de haut en bas DA Ici l’auteur fé demande ce qui arriveroit dans lé cas où la chaleur dé- gagée dans l’aéte de la folution d’un folide par un liquide, diminueroit la pefanreur fpécifique des molécules intégrantes du. nouveau compofé , précifement de la mème quantité dont cette même pefanteur s’accroit par l'addition des moléeules folides à celles du liquide , enforte que la folution faturée & chaude füt exaétement égale en poids fpécifique au diffolvane pur & froid : la diffolution feroit-elle poffible en pareille circonftance ? En commençant par raifonner fur la queftion., il préfume que fi, comme on l'a cru jufqu'à préfent , l’affinité chimique eft l’effec d’une tendance réelle & éleétive entre les molécules du diffolvant & celles de la füubftance folide qui eft difloute , il eft probable que la folution s'opéreroit dans le cas fuppofé. Mais fi, comme 1l eft porté à le croire, cette affinité particu- lière n’exiftoit pas, alors la folution , fans être dans ce cas abfolument impoflible , feroit fi lente qu’on l’appercevroit à peine. Elle ne feroit pas impofjible , parce qu'une partie du feu dégagé par la première couche de molécules en contact avec le folide, abandonnant la folution pour fe porter fur le folide , reftoidiroit, & par conféquent con- denferoit d'autant les particules faturées, qui commenceroient dès - lors à defcendre , en faifant place à d’autres; mais la viteffe de cette circulation décroftroit à mefure que la température du: folide s’éleveroit par les petits accroiffemens qu'elle recevroit du procédé même. Il étoir difficile d'imaginer une expérience qui püt trancher nettement la queftion; mais on pouvoit peut-être établir par des moyens indireëts le fait principal qui acheminoiït à la réfoudre. On fait que lorfqu’on met dans un vafe de l’eau falée & de l'eau pure, le mélange ne tarde pas à prendre une falure uniforme. On'a proba- blement attribué ce fait à laffinité qu'on a dit exifter entre l'eau & le fel, L'auteur foupçonna que cette répartition uniforine étoit l'effet d’une autre caufe , c’eft-à-dire des mouvemens internes qui ont lieu entre les particules d'eau , & qui font dus à des changemens accidentels dans fa tempé- tatnre. [l imagina pour s'en aflurer , l'expérience fuivante, qui patoît décifive. 234 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'VAUD PEU P'ÉIRIT EN CE: 1 prit un bocal cylindrique de verre, de 4 pouces = de diamètre & 7 ?p. de haut, & le logea dans un vafe de verre , de même forme, de 7 p. + de diamètre, & 8 p. de haut : celui-ci occupoit le milieu d’un grand baflin de terre cuite prefque plein d’eau & de glace pilée. Tout cet appareil fut mis fur une table folide dans une chambre fituée dans une partie non-ha- bitée de la maifon : la température de cette chambre étoit permanente & à 36 F.(1 3 R.) on prépara, d'une part, une forte folution de fel marin, tranfparente , fans couleur, & amenée à la température de la glace fon- dante. D'autre part on refroïidit au même degré de l'eau pure , qu'en teignit légèrement en rouge, & on prépara de mème de l’huile d'olives, On commença par introduire environ 2 pouces d’eau pure dans le bocal cy- lindrique du centre de l'appareil ; enfuite , à l’aide d’un long entonnoir de verre qui fe terminoit par un tube étroit, lequel arrivoit jufques au fond du vafe & fous l’eau , on verfa de la faumure , en quantité égale à celle de l'eau pure : on prit beaucoup de foin pour opérer doucement certe transfu- fon, & on y réuflit au point que lorfqu’elle füt terminée, l'eau pure, qu'on reconnoiffoit à fa teinte rouge, parut être parfaitement féparée de la liqueur faline plus pefante qu’elle, & fur laquelle elle repofoit tranquil- lement , fans montrer la moindre tendance à s’y unir, On remplit alors , à la hauteur d'environ $ pouces , l'efpace vide entre les deux jarres, avec de l’eau à la glace mêlée de glace pilée en morceaux de : J 8 la groffeur d’une noifette. Enfin , on verfa doucement fur la couche d’eau teinte, une couche d'un pouce d'huile d'olive refroidi à la glace, & on obferva avec attention ce qui alloit fe paller. La f£g. 2 reprefente ces diverfes couches : a eft l’eau falée , 2 l’eau douce teinte en rouge; & c l'huile qui la recouvre. Après avoir pailé plus d’une heure à obferver cet appareil , fans pouvoir découvrir la moindre apparence de mouvement dans les liquides foumis à l'expérience , entre lefquels il régnoit, au contraire , la tranquillité la plus parfaite, l’auteur quitta l'appartement. En y rentrant le lendemain , il trouva les chofes précifément dans le mème état ; il en fut de même durant quatre jours, jufqu’à ce qu’enfin , pré- famant qu'il feroit inutile de pouffer l’expérience plus loin , il enleva dou- cement le bocal intérieur , & le plaça fur la fenêtre d’une chambre chauflée par un poële à l’allemande. Il vit alors , en moins d’une heure , que la faumure & l’eau pure ( teinte en rouge) commençoient à fe mêler; & le mélange fur confommé fponta- nément au bout de 24 heures, On put s'en apperçevoir avec évidence d’après la couleur du fluide aqueux auquel furnageoit l'huile. Ce mélange ET D'HISTOIRE NATURELLE. 235 paroifloit former une feule malle, dont la teinte rougeâtre étoit parfaitement uniforme. L'auteur renvoye aux phyficiens les conféquences à tirer du réfulrat de cete expérience. Il défigne une de ces conféquences, en particulier , qui peur conduire à des découvertes très importantes ; favoir que, pourvu qu'un lac foit très- profond, l'eau de fa furface fera néceffairement de l’eau douce, lors mème que fon fond feroit une maffe folide de fel marin. — 11 faut ici l'entendre, . « Seroit-il ridicule, dit:l , de tenter des effais pour découvrir fi l’eau du fond , dans des lacs dont la profondeur eft confidérable, n’eft point impré- gnée de fel ? Si l’on trouvoit qu’elle left effectivement, on auroit-là un tréfor inépuifable pour tel pays qui feroit fitué loin de la mer ou des mines de fel gemme (1). « Comme on rencontre fouvent des mines de fel dans le voilinage des lacs (2) d’eau douce, il n'efl point déraifonnable de fuppofer que E eaux de ces lacs peuvent quelquefois fe trouver en contaét avec des couches de fel ; & en méditant pour la première fois fur ce fujet , je m’étonnois, non point qu'on n’eût pas encore découvert cette eau falée qui pouvoir fe trouver au fond des eaux douces, car je voyois bien qu'aucune circonftance ordi- paire ne pouvoit la manifefter ni même faire foupçonner fon exiftence ; mais comme les bancs des mines de fel oiffent fouvent dans des lieux élevés au- deflus du niveau moyen du pays, je m'étonnois , dis- je, que les lacs d’eau falée fuffent aufli rares, om (2) Il y a environ vingt ans qu'uo homme inftruit , alors employé dans des falines & dont le nom nous a échappé, nous aflura que le fond du lac de Genève, vers fon extrémité orientale , ou il eft très-profond , étoit falé. Il nous dit s’en être afluré aa moyen d’un appareil très-fimple qu'il nous fit voir. C'étoit une bouteille de plomb à goulot étroit, qui pouvoit contenir environ une livre d’eau. Il la faifoit defcendre ouverte & debout au fond de l'eau; elle y arrivoit pleine de l’eau douce 4e la furface mais la différence des pefanteurs fpécifiques ne tardoit pas à produire un échange ; lé même qui a lieu dans l'appareil phyfique du pafft-vin ; & au bout de quelque temps la phiole fe trouvoit remplie d’eau falée qui n’en reflortoit plus , quoiqu'on la retirät du fond débouchée , au travers de l’eau douce, parce que le même excès de pelanteur qui y avoit introduit l'eaa falée l'y failoit demeurer, Nous regrettons de n'avoir pas répété cette expérience lorfau’en aidant notre (avant ami le profefleur de Sauffure dans fes re- cherches fur la température du fond de quelques lacs , nous fimes avec lui delcendre & féjourner des thermomètres à près de 1000 pieds dé profondeur , dans la partie orientale de celui de Genève, Nous invitons les amateurs de phyfique qui.habitent ces rives, & en pasticulier l'excellent phyficien & naturalifte qui dirige avec tant de fuccès les travaux des falines de Bex, Wild, à faire quelques tentatives d'après ces prélomptions , & à nous faire part des réfultats qu’il obriendra, ( Note de Pider ). (2) IL eft facile de voir que j'entends par un lac un amas d’eau fitué dans une révion continentale élevée , & duquel l’eau s'écoule fans interruption. ARE 136 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » Ces réflexions s'offrirent à moi après que j’eus découvert ce qui me fembloit être une preuve évidente de la fageffe & de la bonté du Créateur , c'eft-à-dire, qu'il avoit ordonné les chofes de manière que tous les lacs des pays froids fuient remplis d'eau douce (1). Er je m’alarmois en fongeant aux fatales conféquences qui réfulteroient du cas où le hafard ameneroit les rives d’un lac en contact avec un filon confidérable de fel gemme ; circonf- tance qui n’étoit point impoñlble , & les lacs falés de Sibérie. » Conficrai-je à mes leéteurs le fentiment que j’éprouvai lorfque , com- mençant à me repentir d’avoir laïflé errer mon imagination aufli avant dans la région des poflibles , en fondant les voies de la Providence avec une préfomption qu’on aura peut-être blâmée, je vis tout-à-coup, que les me- fures les plus efficaces avoient été prifes pour que ce malheur que je redou- tois ne püt point arriver : je vis que, par la nature même des chofes, & par l'action ordinaire & uniforme des loix bien connues de la nature, l’exif- tence permanenre d’un lac falé à fa furface eft abfolument impoflble ; füt-il même environné de toutes parts de montagnes de fel gemme ? » Quoique l’explofion d’un volcan , un tremblement de terre , ou telle autre grande convulfion qui metteroit les rivages d’un lac en contaét avec des bancs de fel gemme püt rendre la mafle entière de fes eaux falées pour un temps, ce mal ne tarderoit pas à trouver fon remède en lui-même. La chûte de la croûte de terre & de pierres qui accompagne toujours les mines de fel & fans laquelle elles n’exifteroient pas, recouvriroit bientôt le filon mis à nud , & l’eau de la furface du lac ne tarderoit pas à redevenir douce, Mais fi la profondeur du lac étoit affez grande pour que fa température ne changeât point dans les couches inférieures, de l'hiver à l'été (1) ces cou- ches demeureroient éternellement faturées. » Mais n'y a-t-il pas quelque lieu de préfumer que l’eau , au fond de sous les Lacs crès-profonds eft nécelfairement falée , là même où l’on n’a point apperçu de mine de fel dans le voifinage. » Les dépouillés marines qu’on trouve à de grandes hauteurs dans les continens , & beaucoup d’autres indices défignés par les ntauraliftes , ne laif- fent pas douter que la plus grande partie de nos continens n'ait été recou- verte des eaux de l'Océan; fi donc cet événement a eu lieu , quelque reculée qu'en puifle être l'époque , il paroît extrémement probable que l’eau falée que laiffa la mer au fond de tous les lacs profonds à l’époque de fa retraite, que cerre eau, dis je, y e/£ encore. » Je ne dois pas quitter ce fujet fans obferver que la découverte de l’im- poffisilité de l’exiftence permanente d’un état de chofes qui feroit évidem- (1) Voy. le vol. V. Sciences & Arts, page 195. (2) Les variations de température relatives aux faifons ne s'étendent guères dans l'eau au-delà de 200 pieds. ( Noce de Pidtec ). ment ET D'HISTOIRE NATURELLE. 237 ment un mal, ne doit pas diminuer notre admiration pour la fagefle du grand Architecte de l'univers ». Dans le chapitre Ve, , auquel nous arrivons, l’auteur adopte la même marche générale qu'il à fuivie dans celui que nous venons d’analyfer. — Faits nouveaux —& conjectures : celles-ci jetent une lumière qui rayonne au loin; c’cft peut-être l’aurore d'un jour nouveau qui va luire fur les fciences naturelles, «! Quelle que foir ; dit l'auteur, l'opération mécanique qui a lieu dans les: phénomènes chimiques attribués à l’action d’une affinité particulière ( différente de la gravitation }-entre les folides & leurs diflolvans , ou entre diverfes portions d’un même diffolvant inégalement faturées; on a vu dans la LVIIS. Expérience que deux molécules d’eau , l’une /ururée de fel, l’autre pure; peuvent être en contact pendant un temps indéfint , fans montrer aucune tendance à égalifer entr'elles le fel fi inégalement difribué ». :Suppofons , qu’en généralifant ce fait, on en conclût que l’affinité chi- mique ou éleétive n’exifte pas , & qu'on peut expliquer fes effets apparens, & tous les mouvemens qui ont lieu dans les fluides, par la feule com- binaifon des effets de la chaleur, avec ceux de la gravirarion (1), il;refte- roit encore une grande difhculté dans Fexplication des folutions chimiques : l'auteur ne fe la diflimule point ; la voici. Toutes les opérations mécaniques exigent uñ certain temps : Le mouvement qui nait dans un fluide, par le changement de pefanteur fpécifique de l’une quelconque de fes molécules , commence à l'inftant où ce changement commence à s'opérer. - Mais à l’inftant du contact entre la molécule du diffolvant & celle du folide diflous , s’il y a du feu dégagé ou abforbé , en un mot un changement de température ; comment arrive-t-il que le changement qui en réfulre dans la pefanteur fpécifique de la molécule du diflolvant ,ne la force pas à quitrer éncontinenc le folide , avant que le procédé ait eu le temps d’être confommé ? (x) Il y a une forte d'affinité qui s’exerce feulement entre les molécules intégrantes d'efpèce différente, & qui eft évidemment élettive; c’eft celle:qui produit l'adhéfion ordinaire. Ainfi l’eau s'attache à certains corps & les mouille fans cependant les diffoudre; ainf ellene s'attache pas aux corps gras ; ou à l'air, qui femblent au contraire la re- poufler. Ainfi le mercure s'attache à l'or, à l'étain, au plomb, & point au fer avec lequel il paroïît avoir une répulfion marquée. Ainfi enfin, certaines fubftances hygro- métriques, comme les cheveux , la laine , reçoivent dans leur tiffu la vapeur aqueule , tandis: que d'autres dont le tiflu eft plus fpongieux, telsque le, fil de lin ou de chanvre, cn abforbentune moindre quantité . ( Woyez Les Expériences de Sir Benjamin Thompfon, aétuellement comte de Rumford. Tranf. Phil. 1787. P. II.) Il ne femble pas que le feu ait de l’influence dans les jeux de cette clafle d’affinités ; car on n’obferve pas que’ fon aétion foit accompagnée de changement dans la température des corps entre lefquels ælle s'exerce. (Note de Piétet ). : Tome 1, FRUCTIDOR an €. Hh 238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIF On pourroit peut-être recourir À l’inertie, tant de la particule du diffof- vaut , que du liquide lui-même , pour réfoudre certe objeétion : mais, die l'auteur , « lorfqu'il furvient un doute fur la poffibilire de quelqu'opération qu’on fuppofe avoir lieu dans quelques-uns des procédés de la nature , entre les molécules intégrantes des corps, élémens qui par leur extrèmb ténuité échappent & échapperont toujours à nos fens, aidés mème des inftrümens les plus parfaits, alors, la meilleure manière de décider la queftion eft de mettre en jeu les forces connues de la nature , dans des circonftances telles, que leffec qu’elles devront produire montre fans équivoque fi l'opération fuppofée eft poflible ou non. Si elle fe montre poflible dans un cas, on peut en conclure avec moins de défiance à la poflibihité d’un effet analogue dans le cas particulier doncil eft queftion. » Les expériences de Deluc , & celles de mon ami Sir Charles Blagden ont prouvé fans replique , que lorfque l'eau, en fe refroidiffant, a atteint: les environs du 41°, F. (4 R.) fa condenfation cefle , & que dès ce terme elle fe dilate en continuant de fe refroidir , jufqu’à ce qu’elle foi convertie en glace. En profitant de cetre découverte importante , je fis l'expérience qui fuit, DUVAIRUE EXPÉRIENCE. » Je verfai du mercure à la température de 60°. dans un gobelet de vèrre, jufques à la hauteur d'environ un pouce. Je le recouvris d’une couche d’eau dont l’épaiffeur étoit à-peu-près double de celle du mercure, & qui étoit à la mème température. Je mis le gobelet dans un bañlin peu pro- fond & je l’entourai jufqu'au niveau de la furface du mercure, d'un mé- länge frigorifique, de neige & de fel. » J'érois très-curieux d'obferver dans quelle partie de l’eau on verroit paroïtre la première glace: feroit-ce à fa faiface fupérieure ? Cela me pa- roifloit impofñible ; car l'expérience fe fafoit dans une chambre chauffée par unpiêle, & la rempérature de l'ait qui repofoit fur la furface de l’eau étroit beaucoup au-deffus du terme de la congélation. « Seroir-ce donc ala furface inférieure; là.,où l’eau:touchoit le mercure, que commenceroit :cétte congélation ? S'il.-èn étoit ainfi, on pourroit ent conclure que, malgré Ka diminution de la pefanteur fpécifique de l'eau en paflant de la témpérature de 41°. à céllé de 322, & malgré la tendance que certe diminution donnoit au liquide pour quitter la furface du mercure à l'inftant où, réfroidie par le contact du métal , elle avoit dépaifé le terme de fon minimum de volume, cependant la congélation avoit le temps de sopérer avant que la particule d'eau , ainf£ refroidie , eût le temps de s'échapper de bas en haut ». , L'auteur ne fur point trompé dans fa conjecture : non feulement la glace fe forma au fond de l’eau ; dans le lieu du contaét avec le mercure artik- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 139 Giellement refroidi ; mais il trouva , en variant l’expérience , & en refroi- diffant préalablement le mercure dans le verre à 10°.F.(—09,5 R )environ, que de l’eau 4ouillanre , verfée doucement fur Le métal, fe geloit inftanta- nément, & formoit un gâteau épais de glace, qui couvroit le mercure, tandis que prefque route l'eau qui futnageoït cette glace demeuroit à peu- près bouillante. Non-féulement cette expérience décide le point de théorie que l’aureuc avoit en vue d'établir lorfqu’il l'a rentrée; mais elle met à portée de rai- fonner jufte fur un fait qui a donné lieu à de grandes difcuflions entre les phyfciens. On a fouvent rapporté que dans certains cas, la glace fe trouvoit au fond des rivières : mais on a douté de la poñlibilité qu’elle y fût jamais formée. L'auteur conclut de l'expérience qu’on vient de citer , que fi après un froid long & rigoureux , qui aura non-feulement gelé la terre jufqu'àa une profondeur confidérable , mais l'aura refroïdie de plufeurs degrés au-deffous du terme de la glace, une rivière venoit à fe déborder fur un fol ainf refroidi préalablement, il fe formeroit de la glace au fond de l’eau. Mais, hors ce cas, routes les expériences concourent à montrer qu’il eft impoñlible que dans aucun pays il fe forme de la olace au fond d’une rivière qui occupe conftamment fon baflin tout entier & n’en laifle aucune partie expofée au contact de l’armofphère froide. Ici l’auteur , en continuant de méditer fur les conféquentes de fes décou- vertes répand beaucoup de jour fur une chéorie jufqu’à préfent peu connue; celle de la conftitution phyfique des liquides. Il pofe en faitque « la température d’un fluide quelconque expofé à l'aétiou de la lumière ne peut être uniforme dans toute fa malle , quelque petite qu'elle foit; & que la différence de température entre fes molécules doit occafionner dans le liquide un niouvement inteftin perpétuel ». I! fuppofe d’abord qu’on expofe à 11 lumière du foleil un vafe de verre avec de l'eau dedans, & quelque corps opaque au fond : la lumière , en partie abforbée à la furface de ce cotps , y produira de la chaleur, dont une partie pénétrera le folide , & Le refte fe communiquera à la couche d’eau qui repofe fur lui. Accordons que la chaleur ainfi communiquée à une des molécules inté- grantes de l’eau , foitfeulement fufifante pour faire monter hydroftati- quement certe molécule au travers du liquide, avec le moindre depré de vitefle que nos yeux pourroient appercevoir , fi les parties intégrantes de de l’eau étoient vifibles ; ce feroic à-peu-près fur le pied d’une centième de pouce par feconde. Cet vitefle nous paroît bien peu confidérable quand nous la compa- rons âcelle de divers mouvemens dont nous fommes témoins; mais en y réfléchiffant , nous ferons étonnés de découvrir qu’un temps en apparence Hh 2 240 JOURNAL DE PAYSIQUE, DE CHIMIE auf court, peut fuffire à une fucceflion d'évéuemens dont on ne fe doute guères. « Suppofons, dit l'auteur, que le diamètre des molécules intéprantes de l’eau foit d’une millionième de pouce (& il eft très- probable qu'elles fonc encore moindres (1) ». IL eft bien certain qu’une de ces molécules fe mouvant dans Le liquide en repos , avec la viteffe qu'on vient de fuppofer (+ de pouce par feconde ,) parcoutroit , en un feconde , une efpace égal à dix mille fois fon diamètre & arriveroit au contact , dans ce court intervalle de temps, au moins avec fix cent mille molécules d’eau differences. » Quelque lent que foit donc le mouvement apparent d’une molécule liquide dans une mafle en repos, on voit que le temps du contact entre cette molécule & celle qu’elle rencontre dans fon mouvement doit être f court, que l'imagination ne peut guères atteindre à cetre fubdivifon de la durée. » Suppofons que le contaét dure pendant rour le remps que met une mo- Iécule à fe mouvoir de tout fon diamètre ( c’eft-là évidemment tout ce qui eft poffible, & ce temps eft probablement moindre:) alors, dans le cas qu'on vient d'établir , le contaét ne poutroit durer plus long-temps que => de feconde; c’eft le temps qu'un boulet de canon , dans la plus grande vireile (de 1600 pieds par feconde) mettroit à parcourir une étendue de deux pouces. » Si ce boulet pefe 9 livres, fon diamètre fera de 4 pouces , & avec la vitefle qu’on vient de lui fuppofer , il parcourra feulement 4800 fois fon diamètre en une feconde : mais nous avons vu que la molécule d’eau fe mouvant avec une vitefle de = de pouce par feconde , parcoutoit dans le même temps un efpace égal à r0,000 fois fon diamètre ; donc on peut conclure que la vielle avec laquelle la molécule en mouvement quitte le lieu qu'elle occupoit , eft plus que double de cells d'un boulet de canon. » Un fecond calcul nous aidera à nous faire des idées juftes de ce qui peut avoir lieu dans ces fubdivifons de l’efpace & de la durée que nos fens. font fort éloignés d'atteindre, & que les yeux feuls de lenrendement peu- vene apprécier. » On fait que Le fens de la vue ne peut diftinguer des impreflions /ucce/ Jives féparées par un intervalle de temps qui ne furpalfe pas +: de feconde (1). (1) On calcule que l’épaiffeur des feuilles d'or battu n'eft que‘de —"— de pouce, c'eft-3 dire qu'elle excède moins de quatre fois la dimenfion fuppofée desmolécules inté- grantes de l’eau: Combien celles de l'or ne doivent-elles pas être moindres|encore? (2) On s'en aflure en faifant tourner une roue dont le nombre de rayons foit déterminé. avec une vivefle telle que les rayons difparoïffent à l'œil EF D'HISTOIRE NATURELLE. Z4E Lors donc qu'une molécule d’eau fe meurt dans une maffe du mème liquide en repos , avec une vielle de + de pouce par feconde, fes chocs fucceffifs contre les molécules qu’elle rencontre doivent être fi predigieufement fréz quens , que mille chocs pareils , au moins, doivent avoir lieu , /’ur après l’autre, dans le plus court intervalle de temps que nos fens puiffent dif- tinguer (1). » Après avoir ainfi confidéré avec patience les réfultars de ces recherches. & familiarifé notre imagination avec les fingulières conféquences qui en découlent , combien nos idées ne doivent-elles pas être changées fur l'étar véritable des fluides que nous croyions en repos ! Nous fommes acheminés à les regarder tels qu'ils font en effet, c'eft-à-dire , comme nn aflemblage de molécules en nombre infini, infiniment petites , & agitées d’un mou- vent perpétuel qui s'exécute avec des virefles inconcevables (2). » Nous confidérerons donc la fluidité comme étant pour ainfi dire /a vie des corps inorganiques ; & la congélation pourra d'autre part être aflimilée au /ommeil de la more. Nous ceflerons ainfi d’attribuer à la matière inerte & fans mouvement , des pouvoirs d'action d'une efpèce quelconque. » Mais que penferons-nous du principe vital des animaux? Leur vie ne dépenderoit-elie point aufli des mouvemens inteftins occafñonnés dans leurs Auides par une diftribution inégale de la chaleur? & le ffimulus de la vie n'eft-il point, dans tous les cas, le fimple effet mécanique de la com- munication de cette chaleur, (x) L'auteur dilcute ici dans une note , l’objeétion tirée de ce que la viteife fuppofée de = de pouce par feconde , eft beaucoup plus grande que celle que pourroit acquérir use molécule de liquide confidérée folirairement, attendu la réfiltance qu'oppoferocient à {on mouvement routes les molécules tranquilles du même fluide, Il calcule, d’après les principes polés par Sir Ifaac Newton, Principes de la Phil, nat. liv. IL, fe&. VIE, qu’elle eft la plus grande viteffe qu’une molécule intéerante d'eau , con- fidérée à part, & fuppolée d’une millionième de pouce de diamètre , pourroit acquérir par J'effet d'un cliangement donné dans a pefanteur fpécifique. Il trouve que fi l'on repréfente la pefanteur fpécifique de l’eau à latempérature de 32 F.(0.R.)par lenombe 1,00082,8 certe même-pefanteur à 8°.0, par le nombre 0,997$9 , ainfi qu’on l’a déterminé dernièremene par des expériences exactes , alors une particule d’eau ilolée à la: température de 80°., fufpendue dans une mafñle tranquille & du même liquide, à 32°. dans lequel elle tend à s'élever d'après (a légèreté fpécifique feulement , s’y mouvroit avec une viteile de —%— de pouce par feconde , foit environ un pouce + par heure; mais il eft évident que lorfque- ces particules {e réuniffent en grand nombre & forment des courans daus la même direction, elles font leur chemin avec plus de facilité au travers du liquide en repos ,.& coniéquem-- meñt fe meuvent avec plus de vielle. (2) L'auteur arrive ici par expérience à une conféquence que de profonds phyficiens: avoïenc déja tirée de divers faits hydrauftatiques qui font ; en quelque forte, inexplicables: fans recourir à la fuppofñition de ce mouvemertinteftin , de ces chocs indéfiriment nom- Dreux & fréquens , en un mot, d’une conftitution des liquides analogue à celle à laquelle’ l'auteur nous conduit avec tant d'adreile & de fagacué, %« 242 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » C'eft une opinion qui date du temps de Moyle, que celle qui fait ré- fde: le principe vital des animaux dans leur fang : il eft très-probable que æ’éroit déjà de fon temps une tradition ancienne; cette opinion a été renou- velée de nos jours par un célèbre anatomifte & phyfologifte, qui n'exilte plus (1) & qui étoit renommé par fa fagacité ; il me paroît que les décou- vertes récentes fur là manière dont la chaleur fe propage dans les Aluides, tendent à éclaircir beaucoup ce fujet, & à donner à l'hypothèfe un haut degré de probabilie, »_ Selon cette hyporhèfe, tout ce qui augmente l'inégalité dans la difiri- Eu-'on de la chalear dans la male du fang , fans mème élever immédiate- ment {à temperature abfolue , doit augmenter l'intenfité de ces aëions qui gonfhiruent la vie de l'individu. Or n’avons-nous pas des preuves frappantes que les chofes fe pafTent ainfi ? » Ne voyons-nous pas la re/piration.— La digefion. — La tranfpiration infenfible, tendre évidemment (d’après nos principes fur le mode de pro- pagation de la chaleur dans les liquides) à produire & à perpétuer certe iné- galité de chaleur dans les fluides animaux ? & ne voyons - nous pas auifi l'influence immédiate & puillante de ces mêmes opérations pour accroître l'istenfité de l’aétion vitale ? » Si la vie des animaux dépend effentiilement de ces mouvemens in- scrnes dans leurs fluides, mouvemens accalionnés, ainfi qu’on la montré, par la différence entre les pefanteurs fpécifiques de leurs molécules inté- grantes , différence due à celle de leur température. — Dans ce cas, il eft évident que les forces vitales feroïent augmentées , où que leur aétion feroit rendue plus énergique, foit par la chaleur, foit par le froid convenable- ment adminiftrés; or, n’eft-ce pas là ce qui arrive en effet? Le verre d’eau- de-vie avalé à Pétersbourg ne produit-il pas les mêmes effers que la limonade à la glace bue à Naples; ces effets ne font-ils pas dus à la même caufe mécanique agiffant en fens contraire dans les deux cas? & la perte de chaleur qu'occafonne la tran{piration infenfible ne contribue -t- elle pas aufli efficacement à la confervation de certe inécalité de température qui eft effentielle à la vie, que fait l'addition de chaleur procurée au fyftème par l’aéte de la refpiraion ? » La foudaine coagulation du fang tiré d’un animal vivant, & tous: les autres changemens rapides qu’éprouve ce fluide , ne font-ils pas des pis , DES g 5) 077 . 2 preuves évidentes d’une diftribution inégale de chaleur ? & la vifcoffté du fang , ainfi que fes mouvemens perpétuels dans le fyftème vafculaire ne contribuent-ils pas très-puiffamment à entretenir cette inégalité ? » Ces taches livides qui annoncent le commencement de la mortifica- tion à la furface des corps animés, ne font-elles point l'effet d’une fépa- (x) Hunter. Voyez Bibliothèque Britannique , Sciences & Anis, vol, IT, page 287. ET D'HISTOIRE NATUREËLE, 243 ration ou precipitation des parties hétérogènes des Auides animaux , à raifon. de leurs pefanteurs fpécifiques, & de leurs températures individuelles ré- fultantes du repos ou de l'interruption dans la circulation ? Ne pourrions- nous pas dire , avec quelque jufteffe , que des fluides ainfi altérés font morts ? « Un liquide quelconque , dans laquelle la chaleur feroit également difiribuée , ne feroit-il point un poi/on faral , fi on l'injeétoit dans les. veines d’un animal vivant ?/& lors même que ce liquide feroit une portion: de fon propre fang, ou de la lymphe ,ou de quelqu’autre de fes fluides conf tituans , qu'il feroit précifément à la température des fluides vivans qui. circulent dans les veines & les artères, fa qualité vénéneufe ne fe mani- fefteroit-elle pas également? » Les fécrétions opérées par les glandes ne font-elles pas de vraies pré- cipitations ; & ne fe pourroit-il pas que la formation des folides, & lac- croiffement du corps animal fuffent l’effec d’un procédé parfaitement analogue à la congélation ? N'y a-t-il pas mème des circonftances, defquelles on pourroit inférer, avec beaucoup de probabilité, que la plupait de ces. congélations fe forment aux environs de la température de l’eau bouil- lante (1)? » Mais je m'arrère : j’entre , fans y fonger , dans une contrée que je ne: pourrois vifiter plus avant fans une hardieife déplacée. Je fais ma retraite en terminant brufquement ce chapitre ». ( La fuite au prochain Cahier ). O-B:S:ER VA T.IO NS. Faites à l’obfervatoire national de Paris, fur plufieurs bouf- foles , pour déterminer la véritable déclinaifon de l'aiguille aimantée (21); Par DELAMETHERIE | Humsorpt, BouvanrpD,. FLeurIAU-BELLE VUE & Corre. N. us avons annoncé dans le Journal de Phyfque (.année 1798, première partie, page 237), nos doutes fur la véritable déclinaifon de (1) Cette dernière conjeéture repole für des faits qui ne font expofés que dans le- chapitre fuivant. Plus d'un leéteur aura rapproché certe (érie de queftions, de celles par lefquelles Newton terminoir modeltement (on Oprique. On fait qu'il y annonçoiïr un nombre dé découvertes , faires feulement de nos jours , & qui apparrenoïent à des fciences différentes de-celles dont ce grand homme s'étoir occupé. Ces éclairs qui percent ainfi & la uuir. de: Pavenir , & les nuages de l'ignorance ou‘de l'erreur, n’appartiennent qu’an génie.. 2) Toutes les déclinaifons rapportées dans ce mémoire font occidencalss, 2441, JOUR NALID EE PHYSIQUES \D'ENCHIMTE, l'aiguille aimantée à l’obfervatoire national de Paris; ils étoient fondés fur la grande différence que nous avions remarquée-entre les déclinaifons obfer- vées en même temps à Paris, à Montimorenci & à Genèvé; différence qui éroit de près de 2 degrés entre Paris & Montmorenci, & de 2 degrés entre Paris & Genève. Nous avons écris à Genève pour engager les favans de ce pays attachés à l’obfervatoire, à faire quelques obfervations exactes avec leur bouflole, non-feulement dans l’intérieur de l’obfervatoire , mais auf en pleine campagne , & à nous donner quelques détails fur leur inftrument: nous attendons la réponfe. Nous allons toujours rendre compte des expériences que nous avons faites avec plufeurs boufloles , tant dans le jardin de lobfervatoire qu’en pleine campagne, pendant les mois meflidor & thermidor derniers. Nous devons prévenir que la bouflole de Montmorenci , qui avoit toujours donné la déclinaifon à-peu-près comme à Paris, de 1792 à 1796 ( v.f£.), ne s’en eft écarté confidérablement que pendant le cours de l’année dernière, Après avoir examiné cette bouffole , qui a été apportée à Paris, nous avons reconnu que le pivot en étoit émouflé & oxidé ; en effet, ce pivor ayant été réparé par les foins de Fortin , habile artifte , l'aiguille a donné la déclinaifon un peu plus forte que celles des autres aiguilles auxquelles nous l’avons comparé , ainfi qu’elle faïfoit avant d’avoir été dérangée ( comme on le verra dans la table fuivante }, ANNÉES. LAon. MonTMORENCI. PARIS. 17385.. Dana (T TON 1786. 21. 36. 30. 1787.. 21-13 6-0 1792.. >eNSiste 17080e 2h 42030; 1794. 21: NAN 2OS 179$. Non obfervée. 1796.. 235.113 MIOE 1797 Non obfervée. 1798.. DH G AE Nous avons vbfervé fucceflivement avec quatre boufloles : 1°. celle de lobfervatoire , qui a 3 décimètres ( 12 pouces ) de longueur , fafpendue à un fil de pitte ; c’eft celle dont le Monnier à donné la defcription dans les Mémoires de l'Académie , année 1778 ; page GG, 2°. Celle de Lalande, qui ET D'HISTOIRE NATURELLE, :. 245. qui à appartenu à Mairan, & qui ai-décimètre 35 centimètres ( $ pouces) de longueur: 3°. Celle de Ferdinand -Berrhoud, qui-a 1 décimètre, 62 cen- timètres ( 6 pouces) de longueur. 4°. Enfin l’aiguille de Montmorenci, longue de 2 décimètres (environ 9 pouces). Ces rrois dernières aiguiiles font fufpendues fur des pivots & portent des chailes d’agathe. Nous remarquerons que nos obfervations ont ‘été faites vers le folftice d'été, époque où la déclinaifon annuelle de l'aiguille approche de fon minimum. Nous avons obfervé versl’heure de midi,.c’eft-i-dire, au moment de la journée où la déclinaifon diurne de l'aiguille rend à fon maximum. Les obfervations en pleine campagne ont été faites entre 7 & 8 heures du foir; on fait que l'aiguille eft alors à-peu-près ftationnaire. Nous nous fommes établis , pour faire ces dernières obfervations , dans un champ éloigné d'environ 200 mêtrés ( 100 toifes ) de la façade fud de l'obfervatoire , & en face du bâtiment , de manière qu'il nous a été facile, au moyen d’une lunette ou de mires, de nous diriger dans le plan de la méridienne de l'obfervatoire.. Nous nous fommes affurés aufli que nous étions à une allez grande diftance des tuyaux qui amènent l’eau d’Arcueil à Paris. Nous nous fommes fervi , dans une de nos expériences , de la bouffole de Coulomb ; mais quelques petits défauts que nous y avons remarqué , & auxquels il fera aifé de remédier , nous ont déterminé à ne point faire ufage du réfultat que cette bouffole nous à donné. Bouvard à fait feul plufeurs obfervarions, qui toutes ont donné à-peu près les mèmes réfulrats que ceux que nous allons préfenter ici. Il a placé fa bouflole fur l’ancien mañfif de pierre dont l'emplacement nous avoit paru fufpect à caufe du voifinage du fer ; la déclinaifon a été la même que celle trouvée dans le nouvel emplacement. DATES BOUSSOLE | BOUSSOLE | BOUSSOL-E { BOUSSOLE des + csmms ane dors … de de de OBSERVATIONS. [L'OBsERVATOIRE. | LALANDE. | F. Berraour:| Monrmorexcr. o ! eo Le © fl o ! D24 21% f I 12 meffidor (309 22. 22. juin), à midi À 23. 213$e BE ut D HarCiro: 30 mefidor (:8$ 22. 10. 22 T2, juiller ), à midi. 22. I0;$. 225 AO: zothermidor (28 ; juiller), à midi, 22: 8. 22 m7 0 [22° no DRE EE Eat SX Dei APE EEE eh SO LE 2434 : aoûr }: V En pleine campagne: 3 | o ! / Réfultats moyens| 22° Ce 704 227 EU. 22. 10. 22 23% Tome IV. FRUCTIDOR an 6. Ji nm 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La déclinaifon moyenne de l'aiguille aimantée qui réfulre des obferva- tions faites avec ces quatre boufloles , eft donc de 22°. 15/. 17/. ou en degrés déciinaux 24,28 degrés. Ainfi elle diffère de celle qui a été obfervée à Genève le 25 prairial dernier ( 17 juin) , de 2°, 22". 17”. On l’a trouvée à Genève de 19°, 43/. = Nous joindrons ici la table des obfervations faites avec l'aiguille de Manheim , pareille à celle que nôus obfervons à Montmerenci, dans dif- férentes villes, depuis 1781 jufqu'en 1788 : nous les avons extraïtes des Æphemerides Mereorologiques de la fociété météorologique de Manheim. Nous n’avons pas pu nous procurer les volumes poftérieurs à celui de 1788. VIELES. |1781.|1782.11783.[1784.11785.11786. Bude....-.\ lé 4515 58m 36 lrs. 40-148 ee Peiffemberg.. . 16. 20/17. 45|17. 31|17. 34|17. 29|17. 53 Wiritzbourg..|18. 40/18, 41/18. 39/18. 30/18. 33|18. 31 Prapue ist Récolte iles ere eilen tee Bonn....... AE Te 2.0 vese|17. 41 , ROME CIE CE 16. 49116. 49116. $4l17. ol17. 4 Copenhague...|......118. 4[18. 13 |18. 23|18. 30 BEM ee ty 47 nsbluz.571l18.013|x8.120 Dafeldorfh pe see 20.110 lef-csr- Ransbonnesse | cacao ll7. 49 lirg DAtL9.TI Manheines MEN SRE UP Re 19. 44[19. $3 Midelbourg...|...... Soneisetlenteerenlie eee elles Dale Le 21 AE PV Stockholms t-elle Rae ete Sen Ent Gatthaab(Gro- s cmand) 221 het Roots sbale verset À Salzburg, le profeffeur d’aftronomie Schiegg trouva la déclinaifon magnétique , en 1796 , latitude 47°. 48/. 10/.—19°. 15’. Humboldt la trouva à une méridienne qu'il avoit tré au moyen d’un fextant anglois, au mois d'avril 1798, 18°. 36/. Le profelleur Schiegg eut, avec un autre déclinatoire appliqué à une méridienne qu'il avoit tiré lui-mème , 18°. 3ç/. Ausbourg. Humbolde a trouvé 18°, 26!: Il ne put tracer une méridienne. parce que le foleil ne le permit pas. IL fe fervit de celle tracée pat Brandes, & corrigée par Lambert. Strasbourg. 10°. 4$ ou 48/. ( Obfervareur Herrenfchneider ). Infpruck. Le profeffeur Tallinger trouva 22°. 40/.; mais de grandes malles de gneiff, mélées de tourmalines ont pu agir fur l'aiguille, Drefde. En 1797 l’aftronome Kohler trouva 18° 30/. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 247 Rochon , directeur de l’obfervatoire de Breft, y a trouvé, le 3 fruétidor an 6 , la déclinaifon de l'aiguille de 2 $°. 30/. Obfervations [ur linclinaifon de l'aiguille aimantée , & fur le thermomètre j des caves de l’Obfervatoire. Nous avons obfervé, à l'Obfervatoire national, l'inclinaifon de l'aiguille aimantée , ainfi qu'il fuit , à midi: Eci2imetflon (so june tte zona. letsoimeldon(éniullen)- UE 27-2700 raiste Nous fommes defcendu, le 2 meflidor, dans les caves de l’Obfervatoire , nous avons compté 171 marches. Nous avons obfervé le thermomètre à mercure de Lavoifier , qui y refte à demeure plongé dans un vafe rempli de fable humide ; nous l'avons trouvé à 9,560°. Depuis 1783 qu’on obferve ce thermomètre, on a déterminé fes termes extrêmes & moyens de la manière fuivante : Makimums\, ee dim) ut95$85° sen hiver. AAC one OR DATE NE EU NE ET DHÉTENCE RE MR A ARTS PRO Sn où AUTVAEE RIPOE ATOM AO PME TE Un de nous a obfervé que la raifon pour laquelle le minimum avoit lieu en été, c’eft que l’évaporation du fable humide étant plus grande en été uen hiver, elle occafionne une petite augmentation de froid qui fe rend fenfible fur le thermomètre , & qui le fait varier un peu de l'hiver à l'été; variation qui m’auroit peut-être pas lieu, fi le thermomètre étoit entiè- rement à l'abri de lets de l’évaporation. Rédigé à Montmorenci, le premier fruétidor, an 6 (18 août 1798). CoTrTe, confervateur de la bibliothèque nationale du Panthéon, membre de la fociété des Naturalifles & de celle des Médecins de Paris , de la focièré méréorologique de Manheim. li [o OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES A nn Ù ‘ The re u THERMOMÈTRE. BAROMÉÈÉTRE. EE SALVvV 1 fa hs. + 2oolà.4h.m.+ 11,2/ 1o42fa8h.m...128. 1,3 [a oh. s.... 27.11,9|28. 0,84! 2 a his, + 22,8|à 4 + + 11,8|+ 21,2 à 4him..27.11,1|/a 8h.s,... 27. 9,0|27.10,0!) 3 la ht, LR a5,3là 4 À 13,4] 15,4là midr... 27. 9,7|à 6h. m... 27. 8,9127. 9,7 4 [Ni3s —E 17,3la 4 5 + 10,0|+ 16,2hà 3h, s... 27210,3 [à 5h. ms... 27. 9,6|27. 10,01} 5 |émidi.s Hho,;la 4 À H 6,4[4 20,64à 4h, mi. 27.10,9 [à 2h45... 27:10,2|17.10,4h 6 |vants. + 18,7/a 4 À Hit,1|+ 17,65 8h.s... 27.10,1/aloh. m... 27. 9,3|27. 9,34 7 là midi. + 17,2là 3 + 10,14 17,2fa 2h.s... 27.11,0|a 8h m... 27,10,8|27.10,9 8 {à midi. H'19,2/à 3 = + 9,0|+ RRQ E 2h2s... 28. 1,3|à 8h.m... 28. 1,0|28% 1,2 il 9 fa its. r4,8la 4 À + 9,6| 14,85 8h m... 28. 2,1|à 1h.s.... 28. 1,9|28. 1,98] 10|à 3h,s.. Æ 19,ola 4 7 + fo,; |+ 17,0bà 3h. s... 28, 2,1|à midi... 28: 1,7|28. 1,7} 11/a 2h.s. ny;sla 4 r 10,8|L.16,41à 4h.s..., 28.-1,8/à midi... 28. 1,328. 1,3 | 12/3 2hi6s, HE 19,8|à,4 3 + 10,01 + 19,6 à 6h, m... 28. 1,6/2,8h s.... 28. 0,6|28. 1,31} 13|à abs. 22,3là 4 À 11,2 22,15 2h£s... 27.11,4|a midi... 27.11,7|27.11,7 tafa his, + 26,2 |à 4 + + 11,4|+ on 7b. m.:.27.11,2|à Midi... 27410,9 27.10, 1$/à als, H 22,311 4 À H1s,2 4 2rélà 8h s:.: 128. o,6|à 4h m.. 27.11,3|28. 0,41] 16 2his. + i4olà 5 + 13,3 | 23,8}à 6h m..,28. 1,0|à Ho #27 0,5 27.11,9l) E7|àa%2h. se. H 21,7{a ©. BHASE 21,1/à 2h, Se. 27,11,1 à 8, m... 27.10,3 | 27. 10,84 18|à 2his. H 16,3là 4 + + 9,7 |+ 15,82 24 es 2 22 Ab in... 28-0133 28 2,14 Lo là ahe6. L 172/à 4 + + 10,4|4 16,15à 6h. m... 28. 3,3|a 3h s.... 78. 3,0|28. 3,5 20 2h,s,: + 17,1|jà 4 + “+ 12,01 16,352 20m MSN Oo |A 2his te 210 | 28.151) 21 | RS NE re 3 ar M Er Pi Or SR Ne NO, S | atmh SUR ETTS7 27: 11,9% 22/3 2h. —h 20,$|a 4 + 11,2] 19,13 fhm... 27.10,9|à midi... 27.10,7|27- 10,7 23 à midi. + 19,0[à 4 à + 11,4 19,0fà 8h.s.... 27.11,S/à $h,m.,.. 27.11,0|27.11,4)) 24 la sh. — vgsalù 4 À 13, F4 17 ,2fà his 28. 1,1|à 8h m.., 27. 0,4[28. 0,9) 25/x 2,5. + 22,6 $ + 11,6/+ 22,5{à 7h35 m.. 28. 1,7|a 3h.8... 28. o,1128. 1,4} 6[x 2his. L 25,2/à 4 + 12,6/4 24,6jà midi... 27.11,1|à 3h.s.... 27.10,4|27.10,6] i27larobm + 24,0/à 4 À + 17,4/4 21,8/à 3h,s,.,. 27:10,1/à 84m... 27. 9,0|27. 9,7) 28/à midi. Æ 19,3|à 4 à + 11,6) 19,34à 9h.s.... 27.11,8/à midi... 27.11,0|27.11,0} 129|à midi. + 16,1|à -..... ss 16,1à 2h. 5... 28: 9,5 [à SP. M... 27.11,8|28.%:0,4)) jolà 3h s. + 17,3 as He See 16,3 à 3b,s.. 28. 2,9là 5t.im...,28. 230128.02351i El f| RÉC A P I Plus on élévation du mercure... ......,.:.. 28.3,3 le 19 Moindre élévation du mereure.....,.......,. 27.8,9 le 3 1 :| PIÉYATONIMOVENNE Pere . 28.0,1 D Plus grand degré de chaleur. .......:.. Je 26,2 Jerr | Moindre degré de chaleur................ + 6,4 le $ : Chaleur moyenne. ...........,.... + 16,3 J » H Nombre des jours de beau............ se PEUT deFCOUVETEL serons Set UOTG dempluic. ce... canne otele To Te se D Maximum | Minimum: |A Mort Maximum | Minimum. |À Mini. | ÿ} APE } L _ } JOBSERVATOIRE NATIONAL, Par Bouvarp, aftronome. an VL. VAR ANT IT O. NS à \ P O:I/NITS Hyc.l VENTS. 3 n'i äls ne! font pas en. contact avec une quantité d'oxigène auf, confidérable que Les, animaux qui refpirentlén plein air ; ils .confervent, donc: pluse d'hydrogène, &; de carbone , qui répaffant dans les artères ;,ocsafionnent cette fecrétion fi. con: fidérable de graille, & probablement produifent cg foie fi volumineux que, l'on retrouve dans les poiffons ; chez lefquels d'ailleurs‘ la circulation; eft, telle, que prefque tout le fang fe rend dans le foie ; foit pour y opérer la fecrétion de la graifle , foit pour celle de la bile, dont les parties confti- tuantes ne diffèrent pas beaucoup de celles de la gratfle. Les enfans ne refpirent pas dans l’urerus: le trou botal ne s’oblitéranit que versla 3°. oula 4°. année de leur vie, & quelquefois beaucoup plus tard, ils ont, par la même raifon, beaucoup d'embonpoint; ce qui me paioîe confirmer cette opinion , ce font Les obfervations citées dans les! Tranf. Med. de Londres , & dans celles de Sandifort, d'individus remarquables par leur embonpoint, qui ont montré par la diffeétion , que le trou bocal n'éroit pas oblitéré ; c’eft-à-dire, que la plus grande partie du fang veineux pafloit direétemenr du ventricule droit, dans le ventricule gauche, pour être tranfmis dans l'aorte , & de-là dans tout le fyftème, fans y avoir fubi aucune des altés rations que Îe fang fubit dans la refpiration ; les poumons, chez.ces individus, , étoient dimintés de volume, & dans un état de collapfe qui indiquoit qu'ils n’avoient pas rempli toutes les fonétions de! la refpitation, Cette théorie paroît jerter béaucoup de lumière fur cette énorme malle qu'offre le foie dans le fœtus , & qu'on n’avoit pu expliquer jufqu'à préfent. Les maladies du foie, telles que le fquirre, &c., attaquent ordinaire- ment les individus qui jouiffent d’un embonpoint plus où moins conli- dérable. Le fang des perfonnes très-phlétoriques ou très-graffes , eft ordinairement d’une couleur plus foncée & d’une vifcofité plus confidérable que celui des perfonnes maigres , qui eft généralement très-floride. Les moyens de guérifon offrent un argument très-fort en faveur de cette hyporhèfe; car , quoique l’obéfité bit rarement lobjer d’un traitement mé- dical ; cependant, d’après quelques obfervations que les médecins rapportent, il a conffté |, comme pour le fcorbut , dans des acides végétaux , des légu- mes, &c., comme offrant plus d’oxigène. L'on a remarqué que les perfonnes qui boivent habituellement du cidre , font plus maigres que celles qui font ufage de bierre, porcer , ou d'autres liqueurs femblables. Il y a quelques pays dont les habitans jouiffent généralement d'embon- point , telles qu’en Hollande où dans quelques villes d'Angleterre , tandis que dans d’autres , en France par exemple , la plupart des habitans man- quent d'embonpoinr. Cela viendroit-il feulement de la différence de nour- ET D'HISTOIRE NATUREDIENOU 28 ritire!, ou pluror ne feroit-ce pas dans la pureté plus, du nioins grande de l'air, c'eft-à-dire, dans une plus grande quantité d'oxigèné contenu . dans l’atmofphère que l’on en pourroit rechercher une des caufes prin- cipales ? ; Voilà autant de faits qui me paroiflent expliquer les différentes caufes de l’obéfité , & jetrer une grande lumuère fur les moyens curatifs de plu- fieurs maladies, qui ont rendues inuules jufqu'à préfent cous les efforts de la médecine. DE LA PHOSPHORESCENCE DES CORPS, ET P-A R!T,I.C.U.L I ÈR EM ENT SUR CELLES DES EAUX DE LA MER; Par ATEN GORE L: connoïflances acquifes fur les propriétés que prennent certains corps d’être lumineux dans l'obfcurité , après avoir été repofés à l’action du foleil , datent de plus loin que l’époque des expériences de Beccaria (1). Beaucoup de phyficiens, féduits par ce phénomène fingulier , s’en étoient ‘occupés avant lui, & avoient ajouté à la {érie des faits: Lafaye, entreutres, avoit raffemblé un grand nombré- d’obfervations que Beccaria a fort étendues , en démontrant , par dés procédés relatifs à la nature particulière des corps , qu'il n'eft point de -fubffance qui ne puiffé manifefter des phénomènes lumineux. Cet objet ,intéreffant par lui-même, left devenu encore plus depuis les recherches favantes) auxquelles il à donné lieu, Examiné & fuivi avec. méchodé., il a conduic à clafler-les fubftances phofphorefcentes., en raïfon de leur, énergie ou du temps qu'elles la, con- fervent. On a vu:que cettahis corps, çomme le diamant; diverfes: pierres précieufes 8, certains fels, comm le fucre, simbiboient, en quelque forte , de lumière, randis que d’autres n’avoient,avec elle qu'une affinité aufli bornée que pallagère. On a vu encore , que fi la;nature étoir prodigue de cette. faculté lumineufe envers, certaines fubftances!, il: falloir. des movens artificiels pour la communiquer. A d'autres fubltances! Mais pour;bien failir r - Lane Î > Pa ) j 5 Hi i 1) 29fInomMEn ED SIALOISS LDH AE 1919 “ah PAL 2 2 : SVs NS 91101 9b 9€ rob., ©1990 b d! »D ox) Voyez lés-deix mémoires qui, font partiede la Ço//eétjon de l'Infficu ge Eplogre , OU MER SE of ourét 2lo3 1e 0 CU Cu Oo: 288 JOUNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'intenfité de lumière que les corps peuvent rendre , il faut ufer des pré- cautions admifes par Beccaria , dans l'arrangement de la chambre obfcure. Cet auteur penfe que le D as dans la contexture des corps, eil ca- pable de produire la phofphorefcence : ainf, la putréfaétion dans les corps organifés , la percuflion , la chaleur appliquée à certains corps bruts , font autant de caufes agiffantes dans la produétion du phénomène. Mais dans ces cas particuliers la phofphorefcence appartient elle à une lumière dégagée du corps même par l'effet d’une modification dans fes principes compofans ? Ou bien ces élémens modifiés deviendroientils plus propres que dans jeur premier état à favorifer la combinaifon ou l’adhé- rence de la lumière libre, de la lumière environnante ? Il feroit peut-être abfurde , d'après nos connoïffances actuelles , de fou- mettre à la même théorie tous les phénomènes qui paroiffent à nos fens avec certains caractères d'identité ; parce que beaucoup de réfultats de ce genre , c’eft-à-dire, en apparence femblables , font néanmoins dépendans de caufes différentes. Citons un exemple, Les fubitances dont les principes fubiffent le mouvement de la putré- faétion , dégagent fouvent une lueur, une flamme phofphorique mobile qui en recouvre les furfaces; les bois pourris, qui ne font pas livrés au travail de la purréfaction, qui n’éprouvent aucun mouvement intérieur , font fillonnés de longues traces d’une lumière fixe. Dans ces deux cas le phénomène pa- roît bien fe montrer avec des caractères de reffemblance. La caufe produc- trice en eft cependant bien différente. Dans le premier cas, la lumière partage, en quelque forte, la mobilité, le mouvement qu'éprouvent les principes du corps en, décompolition ; dans le fecond cas, au contraire , cetre lumière eft fixe. C’eftbien fans doute la mème lumière; mais la caufe de fon apparition peut-elle ètre la même ? Reprenons l’objet d’un peu plus haut pour rendre ces deux cas plus fen- Gbles, & fur-tout le premier. La lumière du fluide folaire , combinée par le mouvement de la végé- tation dont elle eft le principe colorant , ou par la vie animale dont elle eft le ftimulant le plus énergique , n’eft pas libérée dès le premier mouve- ment de la décompofition fpontanée d’un corps. La continuation du mou- vement modifie les principes conftituans, de manière que la matière de la lumière qui , fous l’état d’hydrogène , y éroit unie à l’oxigène & au carbone, eft libérée en partie. Dans cet état, une partie de cet hydrogène contribue, avec l'azote dégagé & l'acide carbonique produit, à la formation; de l’ammo- niac effervefcent , ou du carbonate d'ammoniac; tandis qu’une autre partie de l'hydrogène , dégagée de toute entrave par le développement progreffif des principes compofans , concourt à là production de la lumière phofpho- sefceme, & annonce, par cela mème , le dernier terme de la décompoli- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 289 tion du corps, Le bois pourri a perdu en partie fes principes réfineux & extrac- tifs; mais il ne fubit aucun mouvement intérieur. Ainfi, en fuivant la comparaifon établie entre les deux fubftances , nous nous convaincrons , fans peine, que la même théorie ne peut pas embralfer les phénomènes lumineux qui naïlfent de l’analyfe fpontanée d’un corps organifé quelconque, & ceux produits par un corps dans lequel aucun mou- vement ne fe fait appercevoir. Dans le premier cas il y a fans doute précipitation de calorique & de lumière primitivement engagés. Le phénomène et donc indéperdant de toute lumière libre , de toute lumière folaire qui fait tous les frais du phé- nomène lumineux obfervé dans le bois pourri. En effet, la mobilité feule de la lueur phofphorefcente , produite par les corps putrefcents, trace un caractère fi oppofé à celui que préfente la ftabi- lité de la lumière obfervée dans les fubftances nodtiluques , qu’on eft forcé de leur affigner une caufe différente. Nous diftinguerons donc dans les phénomènes lumineux, ceux qui appat- tiennent à une modification de principes, opétée dans certains corps , par un mouvement particulier , d’avec ceux qui tiennent à la nature des parties conftituantes , & à la forme particulière qu'affecten: leurs molécules in- tégrantes. Ileft des corps, comme le remarque Beccaria , qui ont befoin d’une pré- paration particulière pour devenir noctiluques. 11 ne cherche point à expli- quer ces effets. Telles font certaines réfines qui, pour acquérir cette pro- priété, ont befoin de perdre une portion de leur huile par la diftillation (1). Tels font encore les végétaux qui , en pleine vie, font peu ptopres au phé- nomène ; tandis que fechés , ils deviennent lumineux. Ces propriétés tiennent donc à la configuration des parties extérieures, & à linertie de ces parties a ———_——— (à) Ces faits épars coïacident parfaitement avec la doétrine de Senebier, fur le befoin de la lumière pour le développement de la végétation, Ils s'accordent également avec mes obfervations fur la furcharge de lumière que les huiles acquièreur en prenant de la confiftance. Il eft de fait que les rélines fubiffent par la diftillation une demi - décom- poñition qui dépouille le réfidu d'une portion des principes qui conftituent une réfine intacte ; c'eft-à-dire , de l’oxigène , de l'hydrogène & du carbone , dont la furabondance conduit l’huile épaiffe à l'état de réfine. Par cette rétraction la réfine reftante éprouve des changemens dans la figure de fes parties conftituantes. Ces changemens la rendent d'autant plus avide de lumière , qu’il n’exifte plus entre le carbone & l'huile , qu’un état moyen de combinaifon , dans lequel la partic huileufe reftante devient , par fon plus grand développement, le feul mobile de ces effets lumineux. On le jugera ainf, fi on fait attention que la diftillation pouflée au-delà d’un certain terme , décruictoute faculté phofphorefcente, parce qu’elle augmente la quantité du carbone , change la nature de la réfine , & luicommunique une couleur plus foncée. 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans les végétaux fecs , qui ne peuvent plus alors s’approprier la lumière & la faire fervir à leur développement. Dans le gente des notiluques par l'emploi des moyens artificiels ; il eft un cas vraiment neuf; je veux parler de la calcination de la magnéfie : elle ne devient phofphorefcente , elle ne devient même bien rouge, qu'après l'emploi de tour lé calorique & de la fomme de lumière néceflaire pour convertir en gaz l'acide carbonique combiné avec la terre. Alors, mais feu- lement alors , l'excédent du calorique & de la lumière, dégagés des char- bons, s’unit à la terre, lui communique la couleur rouge , & la rend phof- phorefcente. Enfin , le terme de la calcination & la propriété phofphoref- ceute font annoncés par la combultion libre des petits atomes charbonneux qui fe font introduits dans le creufer. Avant ce terme, & tant que le calo- rique & la lumière font employés à convertir l’acide en gaz, la terre eft incapable d’accumulation de calorique, & les atomes charbonneux ne brü- lent pas. Nous ne devons nous attacher ici qu'aux faits principaux ; car il en exifte un grand nombre d’autres qui fe claffent d'eux-mèmes, avec leurs analo- gues , fuivant la nature des phénomènes qu'ils préfentent; leurs effers, plus ou moins marqués dans l'expérience , doivent appartenir à des caufes com- munes ou différentes. Beccaria qui les avoit fuivis avec plus de détail qu'aucun autre phyficien, étoit peut-être plus à mème que perfonne de les réduire en théorie. Cependant, maloré l'abondance & la fuite de fes obfervations; imalgré la variété que les corps montroïient dans la feule propriété qui leur fut commune , il a été réduit à de fimples probabilités. II expofe deux opi- nions qui, réunies ou féparées , lui paroiffent fufñifantes pour fervir de bafe à une théorie relative. :3q : I réfulreroit de la première de ces deux opinions , « que la lumière une » fois en émiflion , peut demeurer indépendante de fon foyer & de la caufe » de fon premier mouvement; qu’elle forme une atmofphère autour des » corps lumineux, par l'effet d’ane combinaifon particulière entre les prin- » cipes de la compofñition de ces mêmes corps, de manière à les rendre » plus où moins fufcepribles de s’en laiffer pénétrer ». La feconde conféquence feroir « que tous les corps portent en eux-mêmes » un principe caché qui les rend capables d'inflammation , ou d’une efpèce » de combuftion , dont les principes , fans ceffe renouvellés, ne laifferoienc » appercevoir auçune limite dans Ja production de fes effets ». La première idée paroïtra plus rapprochée des vrais principes fur Îa nature de la lumière, telle que je la conçois : mais, en l’énonçant d’une manière aulG générale , en laiffänr ainfi Le lecteur incertain fur le choix faire entre deux opinions fi différentes, c’étoir affoiblir l’intérèr qui devoit naître de cette variété de phénomènes. La feconde propoñtion prendroit affez le caraétère de ces-chéories bril- Ww£ET' D'HISTOIRE NATURELLE: > 291 lantes qui fauvent l’auteur par un trait de génie, fi elle n’éroit pas diamé- tralement oppofée à la théorie admife fur l'effet des combuftions accompa- gnées de lumière, dont l'apparition eft due à l'aétion de l’oxigène & à fa prompre combinaïfon. Bertholet, Senebier, & d’autres phyfciens, ont défignés , fous le nom de combuftion lente, l'effet des rayons folaires fur certains corps, comme les bois , les réfines , &c., qu'ils colorent; & fur certaines parties colorantes qu'ils font difparoïître comme cela arrive aux éroffes de petit teint. J'avoue que j'ai eu moi- mème cette opinion; que jy étois même attaché. J'ai changé à cer égard , & je ne puis plus confondre ces derniers effets avec ceux qui appartienaent à la combuftion. Ici je ne vois que le réfultar de la décompofñirion du fluide folaire ; tandis que dans la vraie combuftion c'eft la décompolñtion du gaz dont les principes fixes s’uniflent plus ou moins vite à la fubftance combuftible (1). On peut conferver à la première opinion de Beccaria tout ce que les phénomènes lumineux juftifient; mais il convient d’en féparer ceux qui tiennent aux frottemens, à la percuflion , au feu même dans certains cas ( comme dans l'expérience de la tourmaline, de quelques fchorls); circon£ tances qui développent dans les corps des propriétés qui appartiennent au fluide électrique en expanfñon. Je diitinguerois donc les corps en noétilu- ques & en phofphorefcens ; ces derniers peuvent mieux appartenir aux corps qui répandent de la lumière par le frottement, effet dû à l'électricité. En admettant donc cette diftinction, que Beccaria a négligée, on peut reftreindre la théorie des corps lumineux à deux points fixes & inva- riables, Le premier comprend les cas où la lumière primitivement engagée dans un corps doué d’organifation , fe libère des entraves de ia combi- (2) Le réfultat de toute combuftion appliquée à des corps organifés , eft d'apporter de grands changemens dans la nature & dans la pefanteur de ces mêmes corps. Tour corps brülé eft réduit à prefque rien , s’il ne refte que de Ja cendre. Une fubftance charbon- peufe plus ou moins complete, remplace tout au plus le tiers du poids primitif de la fubftance brülée. Ce réultat , quoique moins apparent dans une combuftion lente, doit cependant [e faire appercevoir dans une proportion relative, Tout corps organifé, frappé d’une combuftion de ce genre, doit donc perdre un peu de fon poids Eh bien, ea donnant à la théorie que j'ai admile toute l'attention convenable, je penfe que fi on pefoit exactement des échantillons d'éroffe , de bois, &c., aprés les avoir-fait {écher au bain-marie , & que fi on les expoloit enfuire au foleil , fous des vertes lutés , ces matières acquiéreroient infailliblement une augmentation de poids relative au degré de leur déco- loration , ou à celui de leur coloration ; j'entends qu'avant de vérifier leur poids, elles auroient été rappellées à leur premier état de deflication, Si le fuccès de ces expériences , que celles que j'ai faites fur les huiles expofes au foleil, rendent probable, répond réellement à mon attente, l'ingénieux fyflême (ur la théorie des combuftions lentes, pour expliquer la décoloration ou la céloration de certains corps, trouveroït dans la combinaifon du fluide foiaire le terme de fon exiltence. 292 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE naïfon pat l'effet d'un mouvement fpontané, ou par celui d'une force communiquée. Le fecond point comprend les cas où la lumière libre ; la lumière fai- fant partie du fluide folaire, céde à une affinité particulière avec les corps en contact , & à la faveur defquels elle abandonne la mobilité qu’on lui re- connoît dans le Auide folaire. Dans ces deux cas, il y a néceffairement emploi ou précipitation du calo- rique qui donnoit à la lumière la mobilité , l’expanfibilité. Ces deux cas, enfin, me paroïflent embraffer tous les phénomènes qui appartiennent aux corps lumineux organifés ou inerts, à tous les corps doués ou privés de la vie (1). Cependant, quelque fuite que nous puiflions donner à notre théorie en y foumettant tous les phénomènes connus, il en eft un qui pourroit encore partager les opinions, par déférence pour la théorie reçue ; je veux parler de la phofphorefcence des eaux de la mer. On peut, par des raifonnemens fpécieux , la faire dépendre de deux caufes féparées , ou peut-être mème de leur réunion. Des phyfciens peu- vent la rapporter à la libération de lumière primitivement engagée, & dé- livrée enfuite des entraves de la combinaïfon par le mouvement de la putréfaétion. D’autres phyficiens peuvent aufli l’attribuer à la préfence de ces myriades d’infectes glaireux dont l’organifation eft difpofée de manière à ce qu'elle ferve de réfervoir à la lumière du fluide folaire, comme les dails, les couteaux, certaines médufes , les [nombreufes familles des mol- lufques. Il eft de fait que beaucoup d’infeétes marins acquièrent, par la putré- faction, une propriété phofphorefcente ; tandis que d’aures infeétes, & fouvent des individus de la mème clafle, ne peuvent la manifefter que pendant leur vie, & nullement par un effet putrefcent. à J'appuyerai certe obfervation de la découverte récente de Spallanzant , d’une efpèce de médufe qui eft entièrement phofphorefcente pendant fa vie, & qui fait exception à la nombreufe claffe de ces glaires vivantes qui ne donnent de la lumière qu'après leur mort. (4°. vol. de fes Voyages en Sicile). Mais certe efpèce de médufe n’eft pas fort multipliée , elle eft mème rare & elle doit fon éminente propriété phofphorefcente à une humeur a —————————— nn (1) Cette circonftance de décompofition du fluide folaire , de laquelle réfulre la libération d'un des deux élémens , femble rendre raifon de l’incrtie du rayon vert ap- pliqué , dans l'expérience du fpcétre folaire , an fpath de Bologne. Ce fpath tranfporté à l'obfeurité ,-ne donne aucun indice de phofphorefcence. Si les autres rayons colorés partagent cette impuiflance , ils rendent probable l’idée que la lumière dégagée du fluide folaire n'agit, dans le cas de phofphorefcence , que par une force chimique ; que comme fluide compolé , qui ne doit fes propriétés qu'à la réunion de fes élémens. vifqueufe , ET D'HISTOIRE -N'ATUREILENO\ 59; vifqueufe & irritante qui fe diftingné aifément.de l'humeur aqueufe faline dont ces médufes font prefqu’entièremeut compofées, lg MR Si, à côté de cette découverte, qui ne préfente qu’un adjuvant à la théorie , nous plaçons celle qu'il a faite dans le mème golfe de Sicile, d'une énorme quantité de points lumineux qui recouvrent ‘les algues qui tapillent le fond de la mer, & qui appartiennent à autant dé vers marins: fi nous nous rappellons que ces vers font abondans dans certaines parties de la Méditerranée, & dans d’autres plages , ces nouveaux faits pourront donner du poids à la théorie qui leur: applique la phofphorefcence des eaux de la mér. Il n’eft, fans doute, aucuns raifon fuffifante pour infirmer cette der- nière opinion. La faculté lumineufe que ces corps polfédent exiftent, & certe exiftence eft même une manifeftarion authentique de la fageñle di- vine qui, en multipliant, à l'infini , la variété dans les efpèces créées, les a pourvues d'organes capables de féparer la lumière folaire du calorique , dont la difpenfation lente deyenoit néceffaire à la nature des individus ; comme la lumière qu’ils réfervent eft peur-ètre une efpèce de fanal deltiné à favorifer le rapprochement des fexes & l’entretien de l'éfpèce. Cependant quelque concours qu’on puifle admeitre de la part de ces infectes pour expliquer la phofphorefcence des eaux de la mer, je penfe qu'il produit peu d’effet en comparaifon de celui qu’on peut attendre d’une maffe d'eau d’une certaine denfité , qui donne accès au fluide folaire, juf- ques dans fes plus grändes profondeurs. Peut-on fe faire une idée jufte de l'énorme quantité de calorique qui fe difperfe fur une maffe liquide dont le mouvement devient un conducteur naturel de chaleur & de lumière? Peut-on calculer ce que l’immenfe évaporation qui à lieu fur des furfaces aufli érendues, peut confommer de calorique? Certainement ces deux caufes réunies qui expliquent, qui développent les vraies caufes de la végétation, qui tapilfe le fond des mers, qui entretiennent la vie des êtres , qui les peuplent, qui les ornent des cou- leurs variées &-éclatantes qu'ils ne doivent qu'à la lumière (1)3 oui, ces caufes fufhfent pour nous porter à admettre en principe ,_ que le Auide folaire fubit dans ces circonftances une véritable analyfe, une féparation dans fes principeswmixtes, de laquelle jailliffent les phénomènes mulüipliés de la création végétale & animale, ceux de la: phofphorefcence des eaux, & ceux qui tiennent à la température élevée de ces climats brülans ; tem- pérature fi différente de celles des autres parties du globe. (1) En donnant aux divers rapports des plongeurs'qui font la pêche des perles’, toute ja conffance que mérite leur identité, nous croirons qu'on diftingue’ les objets dans la ser , à 60 brales de profondeur, aufli bien qu'a fa furface. Tome IV. VENDÉMIAIRE an 7. Pp %*. 294 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE Eneffer, ileft aifé de fe convaincre que malgré l'emploi énorme des principes mixtes du fluide folaire dans les diverfes combinaifons qu’ils favorifenr , il fe fait encofe moins de, combinaifon de lumière, relativement à l'étendue de fa libération, que fur les parties feches du globe, où la végétation en fait une fi grande confommation , où elle la fait fervir à des combinaifons achevées, qui la privent de fes qualités lumineufes. Dans les mers équarotiales cette lumière, précipitée par la difperfion du calorique, s’unit à la malle liquide par la feule force d’adhéfion , la même qui la rend fenfible dans le diamant, dans certains fels. Mais les fubftances organiques en partie détruites que ces eaux recèlent, & dont les principes compofans peuvent tenir le. milieu entre les combi- naifons perfeétionnées, & celles qui approchent du dernier terme de la deftruétion ; concourrent-elles pour quelque chofe à l’efpèce d’adhérence de la lumière avec la malle liquide ? Ce fait, s’il exifte , ne dérange rien à notre théorie, qui repréfente les eaux de la mer comme capables, par leur nature, par leur mafle:& par la quantité du fel qu'elles tiennent en diffolution, de fe pénétrer de la lumière féparée du fluide folaire décom- pofé , & douée par conféquent de toutes les qualités ellentielles à la phof- phorefcence. Le phénomène de la phofphorefcencedes eaux de la mer à trop d'étendue pour que la caufe puifle en ètre limitée à des faits épars & comme cir- conferits. Nous croyons néanmoins que sil eft fage de ne pas négliger l'influence de ces faits ifolés, il ne left pas moins d'étendre fes vues en remontant à la caufe première de tous les phénomènes phofphorefcens ; caufe que nous trouvons dans cette tendance active du fluide folaire à la combinaifon ; dans cétre tendance à laquelle il obéit en grand, & par laquelle il renouvelle & perpétue les fublimes phénomènes de la Création. J'éprouve , en mon particulier , de la répugnance à auribuer exclufive- ment, comme l'abbé Nollet & d’autres phyliciens , la phofphorefcence des eaux de la mer à l’exiflence dés nombreufes familles de vers où de mol- lufques. On ne peut guères fe familiarifer avec l’idée de l’immenfe quan- tité qu'il faudroit de ces infectes glaireux pour produire ces longues traces de lumière occafionnée par le fillage d’un vaiffeau , par le mouvement des rames, & par toute légère agitation des eaux. En donnant à l'hypothèfe que j'embrafle toute l'étendue dont elle me paroït fufcepuble , on doit reconnoître en même temps que le phénomène de la phofphorefcence des eaux de la mer doit ètre fujer à des irréoularités dépendantes de-la potion des mers , & fuï-tout des circonftances attachées au règne des vents.& des tempêtes. Lorfque le foleil éclaire l’hémifphère auftral, l'obliquité des rayons qui échappent vers le nord s’oppofe , malgré la permanence de la lune, à cette * d ŒT D'HISTOIRE NATURELLE: \. dos: plénitude de combinaifon qui a lieu lorfqw’ils dardent à plomb. D'ailleurs, cette première circonftance défavorable :en fait naître une autre qui dérui- roit l'effet phofphorefcent d'une combinaïfon plus étendue:, fi elle avoit lieu; je veux perler de lagiration continuelle: des eaux dans les parties navigables ; par les tempêtes du nord & de l'oueft. Les mersifituées au-delà des lignes équinoxiales doivent donc, dans leur hiver, donner des fignes moins étendus'de phofphorefcence que lorfque le foleil y verfe directement fes rayons. ; Par une raifon oppolée, les mers tranquilles de la digne & celles qui occupent l’efpace entre les tropiques, font un laboratoire permanent dans lequel l'influence direéte du fluide folaire, opère en grand rous les phéno- mènes , routes les modifiéarions néceflaires , non-feulement à la vie végé- tale & animale qui fe dévéloppent dans ‘ces vaftes baflins, mais encore à la phofphorefcence qui caractérife plus paiticulièrement ces mers, & qui fe communiquent à une partie des êtres animés. qui les peuplent. Cette dernière réflexion termine ce que j'ai à dire fur la phofphoref. cence des corps. Nous fuivrons la lumière dans une de fes modifications où la nature lui fait jouer un rôle brillant & étendu. C’eft affez déligner le fluide électrique. NOSOGRAPHIE PHILOSOPHIQUE, OPU MÉTHODE DE L'ANALYSE APPLIQUÉE A LA MÉDECINE ; Par Ph. Pr NE, Médecin de l’hofpice national de la Salpétrière ; & profeffeur de l'école de médecine de Paris. À Paris, chez; MARADAN ; libraire ,rue du Cimetière Saint-André-des- Arts, n°. 9 ; 2 vol. in/8, Prix Slivres ,.6 10 livres, franc de port par la pofie. 4 r M1 les hommes livrés a l'étude des fciences phyfiques & naturelles, la plupart ne veulent que reculer les limites de ces fciences; ils trouvent des vérités nouvelles. Mais comme Voltaire le difoit de Newton; ils les cherchent & les placent dans un abime. Pinel , saquel cette obfervation du philofophe de Ferney peut s’appli- Pp2 ’ 196 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE quer relativement à quelques -uns de ces travaux ( 1), a cru qu'après avoir concouru aux progrès des fciences ent général, par plufieurs décou- vertes , il étoic digne de lui de réndre l’une d'elles , la médecine , plus facile à étudier. C'efl le nouveau fervice qu'il vient de rendre au public, en raffemblant d’une manière philofophique les principales vérités médicales , pour former , par leur enfemble, fa Nofographie philofophique , digne d'être comparée aux meilleurs /yffémes des naturaliftes, fur le plan def- quels elle à été faite. Nous partagerons ce que nous avons à dire de cet excellent ouvrage en deux parties. PREMIÈRE PARITILE. Tntroduëtion & méthode d'étudier & d’obferver. Je rapproche ici ces deux parties qui commencent & terminent l’ou- vrage de Pinel, parce que par leur réunion , elles me paroiflent former une introduction philofophique à l'étude de la médécine, un itinéraire mé- dical d'autant plus utile, que les rayons de nos bibliothèques font furchargés d’une foule d'ouvrages au milieu defquels l’efprit demeure incertain fur le choix , ou s'expofe à être étouffé par une érudition indigefte & fans critique. Pinel commence par indiquer les motifs de fon ouvrage ; il s'élève avec force contre cette foule de préjugés en médecine, cette doétrine ridicule des humeurs , fucceflivement l’objer des farcafmes de Pline, Montagne, Boileau, J.-J. Rouleau & Molière, dont plufieurs comédies doivent peut-être fe placer parmi les caufes qui ont concouru à donner à la médecine moderne une forme plus raifonnable & plus philofophique. A ces confidérations Pinel fait fuccéder des réflexions également utiles fur l'importance de la méthode d'Hyppocrate, & fur la néceflité d'adopter, dans l'étude de la médecine, cette marche analytique à laquelle les fciences en général , & principalement là chimie & lhiftoire naturelle, doivent les progrès qu’elles ont fait depuis quelques années. De nouvelles obfervations font enfuite prélentées fur les matériaux nom- breux que fourniflent pour une nofologie méthodique, les travaux partiels des obfervateurs, & principalement d'Hyppocrate, d'Aretée , de Stalh, Syden- ham , Torti, Morton Pringle, &c. Pinel veut que les matériaux recueillis par ces différens médecins, & par ceux de tous les pays & de tous les fiè- cles, foient raffemblés à la manière de Condillac, pour former une véri- ee ——È— (1) Pinel s’eft livré avec fuccès à l'anatomie comparée , à l'hiftoire naturelle , aux mathématiques, & à plufeurs applications de’ces dernières parties de la phyfique animale qu'elles peuvent éclairer, cntie ie it ET D'HISTOIRE NATURELLE. 297 table nofologie médicale. Il jette en même temps un coup-d’œil rapide fur les différens nofologiftes , & apprécie les degrés d'influence qu'ont eu fur les progrès de la médecine, les ouvrages de Bocrhaave, Vanhelmont , Stalh & Bordeu. Pinel, établiffanc d’une manière direéte la connexion de la médecine avec la phfycologie, indique comme moyens pour fe former un plan d'étude & d’enfeignement en médecine , les ouvrages de Bâcon, la philofophie botanique de Linnée , le difcours préliminaire de l'ency- clopédie par Dalembert, la manière d'étudier l'hiftoire naturelle par Buffon, &c. &c. Pinel ne fe borne point à ces confidérations prélimi- naires , il y joint un tableau des principaux ouvrages de médecine depuis Hyppocrate jufqu'au 18°. fiècle, jufqu'à cetre’époque où la médecine mo- derne s’eft évidemment perfectionnée par l'efprit d'analyfe & de philo- fophie, les expériences phyfologiques , les applications fécondes de la chimie , la perfcétion de l'anatomie, les obfervations fur les maladies organiques , les topographies , & principalement la connoïiffance des vaif- feaux lymphatiques. Pinel rermine par le plan d’inftruction que doit fuivre dans fes études ultérieures, l'élève qui celle de le devenir en fe livrant à l'exercice de la médecine. ; DEUX TE Ma: PAR UE Ce que nous défignons par deuxième partie, forme la Nofographie phile- fophique, proprement dite. Elle fe compoe de fix divifions principales où tableaux . où les faits importans , les vues nouvelles & utiles, prouvent que celui qui les a raffemblés a fu joindre à latrention ferupaleufe de lob- fervateur, l’efprit philofophique qui embraffe tous les rapports & coordonne les objets de fes travaux & de fes obfervarions. La carrière que Pinel a fournie eft immenfe ; nous ne l'y faivrons pas, & nous nous contenterons d'indiquer quelques-unes des différences qui rendent fa Nofologie fupérieure à celles qui l'ont précédée. La première divilon du tableau nofologique eft confacrée aux fièvres ; Pinel prend pour bafe de leurs divifions, les lefions nerveufes des parties où elles fiègent : ces léfions lui font reconnoïtre fix modes primiufs de fièvres. IL défigne par des expreflions compofées , & indiquant , comme celles de la langue chimique & anatomique perfeétionnée , le principal caractère de l’objet exprimé, Ces fix divifions principales des fièvres font , les angioténiques (inflammatoires } ; les meninso-gaftriques ( bilieufes ); adénomeningées (pituiteufes ); adynamiques ( putridés ); ataxiques ( ma- lignes ) ; adeno-nerveufes ( pefte du Levant ). Dans toutes les fubdivifions , Pinel évite avec foin de prendre quelques légers fymptômes pour bafe de fes clafifications ; & fidèle à fes principes & à la méthode analytique, il ne préfenre les complications maladives LE N L à L \ "M a 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE. CHIMIE qu'après avoir fait connoître les types les ‘plus fi imples, & préfère toujours pour fes defcriprions, les ouvrages des médecins qui ont confacré leurs travaux à l’expofition des maladies ; que des circonftances particulières les. avoient forcés de confidérer ous routes les formes. Les obfervateurs cités le plus fouvent & indiqués avec une efpèce de prédilection , font principalement Galien Methodus Medendi ; Hoffmann, Weïis, Stalh, Piquer!, fur la fièvre angioiénique , {ur la fièvre bilieufe; Tiflot épidémie de Eaufane ; Finke , Sydenham ,& la défciption de plufieurs épidéthieé: Pour les autres moe fébeites , les fources d’inftruction les plus recommandées font les ouvrages pratiques de W/agler, Huxam Mercatus , Morton, Tori, Werloff, &c. - DE U\XIL EM E DAIWUI S TON: À Phles mafees. ! Les CR préliminaires placées à la rère de cette deuxième divi- Bon font du plus grand intérèr. Pinel, après avoir fair fentir en général le danger des fauiles “applications de la phylique à \ la médecine , & l'influence p£ IEEE de ces expreflions métaphylques de ces êtres de raifon , bafes éphémères de tons les fyftèmes, attaque pi incipalement la théorie de l’in- Hammation-par Boerhaave. Après avoir ae quelques- uns des faits qui en SR l'infufhfance, 1l leur oppofe ceux qui prouvent, au contraire, l'inAuence de la forcevitale dans la produétion des phénomènes inflam- matoires, & à ce fujet renvoie aux ouvrages de Stalh, Vanhelmont, & principalement au didionnaire, de médécine de l'encyclopédie , article Aiguillon , par Vicq-d'Azir, Les phleomafies, dans la Nofologie de Pinel, font, comme les fièvres, diftribuées d'une manière anatomique , & ee cinq genres , fuivanc qu'elles ont pour fiége , les membranes muqueufes, les membranes dia- Re les glandes, esumufeles &llertifu ide la peau. TOR MOLINS TIENNE ND ME PAS NTI O EVA Cette troifième feétion préfente le tableau des différentes efpèces d’'hé- morragies actives. Pinel trouve dans les confidérations donc elles-four L objet, une e occalon d’ “attaquer avec faccès Ja doctrine des médecins mé- caniciens , & de mettre à profit les vues trop long-temps néoligées de Stalh, de fes difiples, & de route l’école moderne Le Montpellier, Nous .ne fuivrons.pas Pinel dans l’expolition.des objets que renferment les trois divifons qui fnccèdent à celles que nous venons d'indiquer. Elles ont fucseflivement pour objer, les névrofes o1 léfions du fyfème p. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 299 ” nerveux , les maladies lymphariques , & ces défordres encore méconnus , ces affections anomales , dont la place, dans l’état adtuel de nos connoif- fances , ne peut encore être aflignée dans les Nofologies. En fuivant Pinel dans ces différentes parties de fon ouvrage , nons au- rions occafion de répéter ce que nous avons déjà dit dans le journai de mé- -decire : « Que de faits importans, que de détails néceffaires à connoître, » fe trouvent, fe preflenr dans fon ouvrage, & qu'il eft impoflible de placer » dans un extrait. Les ouvrages dont le mérite confifte moins dans les » formes , font faciles à décompofer & à réduire à une plus fimple ex- » preffion; mais il fautlire , étudier & admirer ceux où les faits & les » vérités les plus utiles, font tellement fyflème, qu'il eft impoñible de » les défunir & de faire convenablement connoître dans un fommaire l’ou- » vrage formé par leur enfemble (1). . DE LA RESPIRATION DES PLANTES. Ex plupart des plantes expolées aux rayons du foleil aiffent échapper de leurs feuilles , & principalement de la furface inférieure de ces feuilles, une quantité plus ou moins confidérable d'oxigène. On peut ramaffer cet oxigène, lorfqu'on expofe la plante dans l'eau de puits ou de fontaine fous uüe cloche. Mais fi cette plante fe trouve dans lobfcurité , elle donnera beaucoup moins de gaz, & ce gaz eft de l'azote mêlé d'acide carbonique. Quelques plantes donnent perpétuellement de l'hydrogène, ainfi que l’a obfervé Humboldt (dans fes aphorifmes fur la phyfologie chimique des végétaux ): telles font l'agaricus deliciofus, l'agaricus campeftris , Vagz- ricus imperialis ÿ les e/velles. ... Les gaz qui fe dégagent ainfi.des plantes paroiffent provenir de diffé- rentes caufes. 1°. Une partie eft introduire dans la plante avec la fève &: l’eau de végétation, 2°. Une autre partie eft abforbée par les pores: de la furface de la plante. Ces pores font les extrémités des petits vaifleaux abforbans. ————————— (1) Voyez le n°. du journal de Médecine, pour le mois de thermidor, Littérature Médicale , extraît des mémoires que Portal , Pinel & Alph. Leroi, ont inférés dans le recueil des actes de [a fociété médicale d'émulation de Paris, - $ \ 509 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 3°. L'eau qui eft décompofée dans la plante par la force de la végération ; donne de l'hydrogène & de l’oxigène. 4°. L’acide carbonique elt également décompofé dans la plante. 11 donne de l’oxigène & du carbone. Cet acide carbonique eft fourni à la plante, à par l’eau qui en contient toujours; & par l'air atmofphérique dorit les couches baffes contiennent juf- qu'à 0,02, où 0,03 de cer acide; c par la terre végétale. Humboldr eft occupé d'expériences qui prouvent que les terres végétales ont la propriété furprenante d’abforber l'air atmofphérique & de le décom- pofer , au point qu'il ne refte prefque de l'azote, qui contient à peine 0,02; ou o,o1 d'oxigène. Cette opérauon n'indique néanmoins pas que l'oxigène fe combine di- rectement avec la terre végétale. Sa combinaifon fe fait avec des bafes acidifiables qui fe trouvent dans ces terres. Ces bafes acidifiables font, a le carbone; 4 l’hydtogène ; c l'azote; dle phofphore..... lefquels font mélangés avec la terre végétale. Il fe forme alors des oxides de carbone, d'hydrogène , d'azote, de phofphore..... Ces oxides ne contiennent pas alfez d’oxigène pour paffer à l'état d'acide. | Les plantes abforbent ces oxides pour s'en nourrir. Ce travail d’Humbolde va réfoudre le problème difficile & intéreffant des agticulteurs, qui eft de favoir pourquoi la terre remuée par la charue fe feruilife ? C’eft qu’en multipliantles furfaces & les changeant , on fournit des points de conraét entre cette rerre & Fair armofphérique. Il fe forme des uxides de carbone , d'azote , d'hydrogène, de phofphore..... que les racines des plantes abforbent. Les forces de la végétation décompofent plus facilement ces oxides que les acides carboniques, phofphoriques.. . .. de la même manière que l'acide fulfureux fe décompofe plus facilement que l'acide fulfurique.. . .. La plante virera donc plus de nourriture d'un pa- reil terrein, & on dira que ce terrein eff plus fertile. Tous ces airs paroiflent circuler chez les-plantes dans leurs vaiffeaux fpiraux de Malpighi ( va/a fpiralia feu cochleata ). On fait que ces vailleaux fpiraux (ou trachées ) font formés d’une lame fpirale roulée comme un urebourre. Elle laiile un vide au milieu de fon axe. Une partie de la fève paroît circuler dans la fpirale, tandis que l'air circule dans fon intérieur, c’'eft-à-dire, dans ce vide que laifle fon axe. Ces organes font faciles à voir dans la tige des cucuibiracées. Hedwig a nommé ces vailleaux où circule l'air, vafa pneumatochimifera , dans fa dilffeitation de ortu fibre vegetabilis & animalis, De WET D'HISTOIRE NATURELLE. 301 + DRM ENT INO LU EME IN ré DES, PEL YAUNIT ENS, Ox avoit dit qüe les plantes s’étioloïent conftimment, lorfqu’elles croif- foient à l’obfcurité ; mais cela n’eft point exact. Plufeurs plantes, venues à l’obfcurité , ont ia même verdure que celles qui font expofées aux rayons du foleil. Humboldt rapportétavoir trouvé dans des galeries fouterreines, où la lumière du foleil n’avoit jamais pi- nétré, des plantes très-vertes, telles que les jeunes rameaux de fon Achen verticillatus , le lichen pinnatus , le lichen hydreformis.. . On peut également faire croître des plantes à l’obfcurité, & leur con- ferver toute leur verdure; il s’agit de les venir dans des gaz impurs, tels que l’hydrosène, l'azote... .. C'eft ce que prouvent les expériences de Prieftley , de Senebier , de Humboldr. … . La germination s'annonce chez plufieurs plantes, par exemple dans les oignons, par une tache verte au centre même de la plante , au milieu de toutes fes enveloppes, où la lumière du foleil ne peut pas pénétrer. L’air qui y eft contenu eft un mélange d'azote & d’acide carbonique. La même chofe a lieu dans les tuniques de plufeurs femences. L'air qui y eft contenu, eft également un mélange d'azote & d’acide carbonique; & ces femences, en germant, ont la couleur verte. On voit quelquefois, en ouvrant un citron , fes femences avoir germé , & leurs côtiledons font verts. L'étiolement & la blancheur des plantes proviennent d’une furabondance d’oxigène. Cet oxigène opère fur les plantes les mêmes effets que l’acide muriatique oxigèné fur les fubftances végétales qu’il blanchit également. Lorfque les plantes font dans l'air atmofphérique expofées à la lumière, celle -ci favorife le dégagement de l'oxigène qui s'échappe des feuilles, comime l'ont conftaté les obfervateurs. Il n’en demeure donc point une affez grande quantité dans la plante pour la blanchir. La lumière des lampes produit le même effer. Humboldt à expofé des jeunes plantes à la lumière de deux lampes qui éroient réverbérées fur elles. Elles ont été coloriées en vert, tandis que d’autres plantes femblables , qui éroient fous des vafes non tranfparents, font devenues blanches. ! Mais fi la lumière ne donne pas fur la plante, il ne peut point fe dégager d’oxigène , mais feulement de l'azote & de l'acide carbonique. Il demeure donc dans la plante une d’autant plus grande quantité d’oxigène , qu'il y a moins d'azote: & cet oxigène la blanchir. Cet oxigène provient de plufieurs caufes : 1°. De l’air atmofphérique qui s’introduit dans la plante; 2°. d’une portion d’eau décompofée; 3°. d’une portion d'acide carbonique décompofée ; 4°. & principalement des oxides de carbone mélé à la terre végétale. Tome IV. VENDÉMIAIRE an 7. Qq 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÈ CHIMIE Mais il paroît que les bafes du gaz azote & de l'hydrogène, ftimulent les organes refpirateurs de la plante, de l2 même manière que les rayons fo- laires ; c’eit-à-dire, qu’elles les forcent à laiffer dégager l'oxigène, C’eft par ce dégagement que les végétaux celfent d’être étiolés, parce que l'hydrogène & le carbone fe trouvent à nud & forment la couleur verte. En général, a dir Humboldt dans fes aphorifmes fur la végétation, toutes les pares des plantes qui laiffent dégager de l’oxigène, fonr vertes , telles que les feuilles , l'écorce , le calice... .. tandis que les autres parties qui n’exhalent que de l'azote mêlé avec l'acide carbonique font blanches, ou ont une autre couleur que la verte, telles que les racines , les petales, les bractées. On peut comparer ces effets à ceux que préfentent les oxides métaili- ques. Les diverfes couleurs des fleurs ou des coroles varient felon la quan- uité d'oxigène qui eft combiné avec elles ; il en eft de mème des oxides métalliques. Les oxides de fer , par exemple, très-oxidés , font blancs : ils deviennent rouges, jaunes , s'ils contiennent moins d’oxigène, Enfin s'il y en a encore moins , ils font bleus & verds. En automne les fewlles deviennent rouges ou jaunes, parce que le froid ou toutes autres caufes , gënent leur refpiration, & les empêchent d'exhalet une aufli grande quantité d'oxigène. La plumule de la plupart des jeunes plantes eft blanche ou rouge, parce qu'elles ne peuvent pas encore exhaler une affez grande quantité d’oxigène, Elles ne deviennent vertes , que lorfqu’ayant acquis plus de force , elles lailent dégager beaucoup d’oxigène. La couleur verte des plantes paroït être le produit d’une combinaifon intime -de l'hydrogène avec le carbone. C’eft pour cela que les plantes conifères ont la couleur d’un vert noir ; car, fuivant Sencbier, elles exha- lent plus d'oxigène que les autres : par conféquent les autres principes doi- vent y demeurer en plus grande quantité; & le carbone y eft dans un état plus libre. Certe grande quantité d’oxigène qu’exhalent ces plantes, peuvent contribuer à rendre plus pur l'air du pays où elles font abondantes , comme les contrées feptentrioal:s. Les plantes herbacées font en général d’un vert tendre. Elles croillent très-rapidement, & laiffent peu de charbon après leur combuftion. On peut donc fuppofer qu’elles contiennent réellement peu de carbone, & que par conféquent il y a peu d’acide carbonique décompolfé chez elles. Elles fe nourritlent donc plutôt par la décompolition de l’eau, que par celle de l'acide carbonique. Car la principale nourriture des plantes vient, 1°. de l’eau qui, en fe dé- compofant, donne de l’oxigène & de l’hydrogène; 2°. de l'air atmolphérique qui eft a abforbé par les pores de la plante &, & qui fe trouve dans l’eau de la végération. Cet air contient environ 0,17 d'oxigène , 0,72 d'azote, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 30 6,01 d'acide carbonique. Cet acide carbonique fe décompofe par les forces de la végétation, & donne de l’oxigène & du carbone. L'eau de la végétation paffanc par le terreau & par les fumiers, fe charge aufli d’une porttion de carbone & des oxides de carbone... .. Ce’carbone , fe combinant avec l'hydrogène, forme l'huile, L'oxigène , fe combinant avec différentes bafes, forme les acides vé- gétaux. L'azote , fe combinant avec l'hydrogène , forme les alkalis. Quant aux autres fubltances qui fe trouvent dañs les végétaux... telles que Je foufre , le bhofphore, lus fubftances métalliques , les terres, elles font fournies à la plante vraifemblablement par la terre végétale. Un grand nombre de plantes ferment , pendant la nuit, leurs feuilles , telles que la fenficive , les acacias, les faux acacias ; d’autres ferment leurs coroles , telles que la belle-de-nuit, plufeurs convolvulus..... C'eft ce qu'on a appel le fommeil des plantes. Elles rouvrent leurs feuilles & leurs coroles dès que le jour reparoït ; mais plutôt ou plus tard. Cet état fingulier des plantes paroïc avoir beaucoup de rapports avec l'expiration de l’oxigène , dit Humboldt ; car les jeunes feuilles de la #row- nea grandiceps , par exemple , fi bien décrite par Jacquin, dorment jour & nuit, c’eft-à-dire qu’elles demeurent fermées tant qu'elles ne peuvent pas lailler exhaler l’oxigèue. Mais auflicôt que leurs forces augmentent, que l'expiration de l'oxigène a lieu, leurs feuilles deviennerit vertes, & ne fe ferment plus que la nuit, c'eft-à-dire que leur fommeil n’a lieu que la nuit. On en pourroit citer plufeurs autres qui font dans le même cas. Et en général le fommeil des plantes paroît en liaïfon intime avec leur refpiration ; car la nuit elles n’exhalent point d’oxigène , & c’eft le temps de leur fommeil. D'EMT ET TONER MEN TU IDE SV ANSE MANU x. On a dit, il ya long-temps, que les animaux paroiffoient s’étioler comme les végétaux , lorfqu’ils demeurent long-temps renfermés. Une per- fonne, dérenue toujours dans un ‘appartement, s’affoiblit & devient pâle. Ces effets font d’autant plus confidérables que l'appartement eft plus fombre. C'eft une des principales raïfons qui fait que les habitans des villes font en général plus foibles & plus décolorés que ceux des campagnes, dont le teint eft toujours bafané & haut en couleur. a La caufe de ce phénomène paroït due à de nouvelles combinai- fons, que favorifent la lumière & le mouvement mufculaire. Lorfqu'un animal eft expofé à la lumière, & fur-tout à la chaleur, il fe fair un dégagement d'hydrogène qui, fe combinant avec l'oxigène , forme de l'eau ; c'eft la fueur. Qqz2 364 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais'il refte une portion furabondante de caibone : & c'eft ce carbone qui donne la couleur noire ou brune. M Le mouvement mufeulaire produit les mèmes effets que la lumière : des animaux qu’on fait beaucoup courir, s'échauffent : Leur fang devient noir... c'eft toujours par la même canfe. L'hydrogène fe dégage, fe combine avec l’oxigène , & forme de l’eau , qui eft la fource de cetre fueur abondante ; mais en même temps il demeure une grande quantité de carbone qui donne au fang une couleur noire. : Cet en général la raifon pour laquelle les animaux fauvages ont la chair plus noire que nos animaux domeftiques , parce qu'ils font beaucoup plus d'exercice : & ceux qui en font le plus l'ont plus noire que les autres. La couleur noirâtre du fang veineux eft encore due à la même caufe. Le fang , en fortant du poumon, eft srès-Yloride. Mais, dans le cours de fa circulation dans tout le corps, il perd beaucoup plus d'hydrogène que de carbone. Ce carbone furabondant lui donne la couleur noirâtre. Revenu au poumon , l’oxigène fe combine avec une portion de ce carbone, le change en acide carbonique , & Le fans reprend la couleur foride. MÉMOIRE Sur un nouveau genre de vers inteflins , Cyftidicola Farionis , Juivi de quelques remarques fur les milieux dans lefquels les vers inteflins vivent ; PArMGAMEUTMSNC HIER. Ci: st au zèle & aux lumières de Muller, O. Fabricius, Pallas, Bloch, Bruguière, Treutter , &c., que nous devons des découvertes très: confidé- rables dans l’hiftoire naturelle des vers en général, & en particulier dans l’hiftoire des vers inteftins , qui femblent faire une clafle d’animaux très- diftinéte , bien féparée des autres. Ces grands hommes ont accomplis les vœux des helminthologiftes, de manière qu'il paroït impofñlble de trouver quelque chofe de nouveau dans ce champ vafte, mais foigneufement par- couru par des hommes auxquels rien ne femble avoir échappé. Des décou- vertes aufli nombreufes rendoient naturellement néceffaire beaucoup de changemens , dans la difpoñtion fyftématique , d'autant plus que ces au- teurs ne fe font point bornés à adopter les genres établis par leurs prédécef- feurs. Ils en ont fait pluñeurs nouveaux , & corrigé du moins très-fouvent ET D'HISTOIRE NATURELLE. 305 les caratères alignés aux anciens. Retzius , croyant faciliter berucoup plus la connoïffance des genres des vers en fuivanc la marche de Linné , a prétendu que ils ont été trop multipliés par Gœize, comme de l’autre côté trop abrégés par Pallas , de forte qu'il nadoptoit que les genres d'Afcaris, de Gordius, de Curullarius , d'Echinorhyoue, de Planaria , de Fafciola & de Taenia. Je ne prérends point donner la moindre atteinte à la réputation que cet homme célèbre s’eft jufteinent acquife ; mais il me pardonnera fi j'ofe le contredire. Quoique nous ne connoïffions que trois cents & quelques efpèces de vers intéftins, le nombre s’en augmentera un jour à l'infini, à l’aide de l’anatomie comparée , qui fait de jour en jour des pro- grès rapides. 11 yen a non-feulement dans le canal alimentaire , mais juf- ques dans le tiflu cellulaire & dans le parenchyme des vifcères le mieux revêtus. Il n’y à aucun animal qui n'en nowrifle plufieurs efpèces, & rarement celles qu’on obferve dans une efpèce d'animal fe retrouvent dans un autre, Je dilléquai, il ny à pas long - temps, une truite commune (Jalmo fario. Lin.) , & j'eus ce phénomène aufli fingulier que nouveau , de trouver dans la veflie atrienne , une quanuité d êtres vivans. Je n'ignore pas qu’on a obfervé des vers entre les membranes de la veflie natatoire. Redip,P.E. dans fes obfervations fi riches fur les ëtres vivans dans les animaux vi- vans (1), aflure avoir vu fur la veflie natatoire d’une anguille très-grafle, plufieurs véficules , dont chacune contenoit un ver différent de ceux qui demeurent dans les inteftins. Mais je ne connoïs aucun exemplé de ver trouvé dans la veflie même. Il y avoit feize vers qui rampoien: fur les pa- rois de la veflie, conftruite dans la truite comme dans le brochet, dont j'ai donné une defcription très-vague dans mon Effai fur la veflie nata- toire des poiffons. C’eft dans les inteftins de la truite commune & fau- monée que j'ai trouvé fort fouvent une efpèce d’afcaride ,obfervée & décrite déjà pas Goche , & inférée dans la nouvelle édition de Linné, por Gmelin. Mais ce ver de la veflie, donc il eft ici queftion, n'eft pas encore décrit, Voici la defcriprion la plu exacte du ver, tel qu’il s’eft préfenté fous le microfcope (2). 11 eft d'une grandeur médiôcre , long de près d'un pouce, rond & tranfparent. Il y en avoit d’autres qui étoient beaucoup plus petits. La tête en eft fendue ( fig. 3, 4,5), la partie antérieure a deux tentacules (1) Francefto Redi Obfervaziont intorno agli animali viventi ; che ff trovara negli animali viventi. Fior. 1684, in-4°. Voyez fes œuvres, édition de Sz/viro Salvinr, A Venife , 1762 , in-4°.tome I; ou l'édition latine de Pierre Cofte, Lug.-Bat. 1729 : in-12, tome III, page 256. (2) Le docteur & profeffeur Reil , à Hall, à qui je communiquai la première notice de ce ver , a bien voulu la recevoir dans (on Arckiv. de la Phyfiologie , vol. 3, falc.r, page 9$—100 ; ouvrage qui s’eft juflement acquis l'attention de tous les phyfolosiftes allemands, Voyez auf le Bulletin de La Soc. Philom. , germinal an 6, N°. 13. " 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bien arrondis & plus épais qu'on ne les trouve ordinairement. C’eft par ces tentacules que le ciptidicole s'approche des échinonhynques , des un/ naires , des tentaculaires , un gente nouveau d’une forme très-fingulière, établi par Bofc (1), qu'il a trouvé fur le foié de la dorade (coryphaena hipparis. Lin). I y a fur le dos & fur fa partie antérieure deux lignes courbes, qui forment prefque un cercle, imitant l'appareil des yeux. La filure de de la tète eft ailez longue, & avance à l'inférieur jufqu'à la bouche, où l'ouverture oibiculaire (fuçoir), qui eft divifée par une cloifon lamel- leufe en deux parties femi-lunaites (Hg. 4). Voici une auire chofe auf fingu- lière que la forme de têre même , dont je ne connois rien d'anaiogue, Mais l'examinant avec une plus grande augmentation , j'ai trouvé que certe cloifon n’étoit pas attachée en bas (fig. $ ) ; mais qu'elle fembloir ètre une , contmuation des fibres des tentacules qui s’y réunillent. Le diamètre du corps diminue jufqu’à une petite partie de la queue , qui eft plus large, & dont les côtés font dentelés. On pouvoir æès-bien diltinguer au travers de la peau les inteftins du ver, & principalement l'ovaire, qui eft noir, tortueux, & compofe de feuillets membraneux. Cetre forme elt très-ana- logue aux ovaires dans les autres vers dont le docteur Bloch (2) a obfervé plufeurs exemples. 11 y a aufli, à l'arrière du corps des lernées , deux in- teftins très-longs , ftriés en travers, & trés-entoruHlés, qu'on a pris pour des ovaires (3). La flru@ure de ce ver eft fi fine & fi molle, que tous ceux que je voulus garder pour mes recherches, furent diflons dans l’eau dans l’efpace d’une demi-heure, Ils y nageoïent en forme de globules à queues mobiles (fg. 8), comme les pecits animaux que lngenhoufz trouva dans la matière verte de Prieftley. Je nommerai ce ver l'habitant de la veffie, cyflidicola , du moins auf long-temps qu'il ne fe trouvera pas dans un autre endroit. On peut ainfi établir le caraétère du genre & de l'efpèce. ‘ Cyflidicola. Vermis teres , inarticulatus capite longitudinaliser diffeélo, © C, Farionis, Ore orbiculuri fepto divifo , corpore pellucido , ita ut intefr, cina tranfpareent , cada fubulata, paulo retrorfam latiori depreffa, cre- aêa utrinque. C'eft en vérité une chofe très-étonnante que de trouver des êtres vivans (1) Bale donne à ce ver, pour caraétère , sentacularia , corps renfermé dans un fac, point de bofthe apparente, quatre tentacules retraëtiles fur la rête. Voyez Bulletin de la Soc: Philom. , floréal an:6, N°. 2: (2) Bloch Abhands , von der Erzeugung der Eïnceweidwiürmer , ouvrage qui a rem- porté le prix. À Berlin, 1782 ,in-4°. Voyez tab, IX, fig. To, 11 & 12. (3) J'ai crès-diflinétement vu cette formation dens la Lernxa punébaté , corpore te reti fexuoso pundlis nigerrimis infignito, tentaculis coadunatis ; une nouvelle efpèce , que j'ai deux fois obfervée dans les branchies des brochets. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 307 dans l'azote prefque pur; car il eft connu , d’après les expériences de Foarcroy (1) , que j'ai répétées à Leipfck (2), que la veflie aérienne des poïffons contient du gaz azote combiné avec très-peu de gaz acide carbo- nique. Cependant nous ne connoiïffons pas encore la loi que fuir le gaz contenu dans la veflie des poifons. Il femble varier beaucoup | fuivant des circonftances qui ne font pas encore déterminées, Brodbelt (3) qui fit des expériences à la Jamaïque fur le gaz de la vefhie de l’efpadon , reçut du gaz oxigène, & Lacépède (4}a trouvé mème du gaz hydrogène. On devroir être en général. plus atientif aux milieux diffécens , dans lefquels les vers inteltins vivent, parce que par rapport au az, avec lequel les vers inref- tineux font en contact, leurs fonétions , leur mode de vivre ne peuvent être que très-différens. C'elt ainfi que quelques afcarides vivent dans l'hy- drogène &. dans leygaz carbonique ; d'autres, comme a/caris trachealis , infons , re onde, ; font en contact continuel avec l’oxigène atmofphérique. Humboldt a Je premier fixé l'atrenrion fur ces rapports dans fon ouvrage aufli ingénieux que plein d'expériences fur l'rritabilité de la fibre organifce (5). Il a trouvé que l’afcaride de la grenouille (a/caris rane Lin.) eft fuffoqué. beaucoup plus tard fous l’eau, qu'une autre efpèce , fa- voir ( a/caris infons ; Lin. ), probablement parce que le premier , en réfi- dant dans les inteftins , peut plus long-temps manquer du ftimulus bien- faifant du gaz oxigène , que le fecond, qui habite dans les poumons des amphibies, Il ya là-deffus de belles recherches à faire , qui auront beaucoup d'in- fluence fur la phyfologie de la refpiration de tous les animaux. Mais ce fujet eft encore trop neuf dans notre phylologie comparée , & nous poffe- dons trop peu d'expériences pour pouvoir prononcer précifément fur cer objet fi digne de toute l'attention du naturalifte & du phyfhologifte. — H ÿ a quelques vers inteftins qui vient prefque dans route, les températures , & dans des gaz très-différens. On a trouvé une ligule ( Zgula snceflinalis (2) Obfervations fur le gaz azote contenu dans la véflie naratoire de la carpe , &c. , dansiles Annales de, Chimie, tome , page 47. (2). G. Fifcher, äber die fhwimmblale der fifche. \cipfiek. , 1795 ,in-89.. page 15. (3) Francis Bigby Brodbelt, Acrount of [ème obfervarions and experiments , which ke hafmad on the gas contained in the ais blidder of the fword Fish. Voyez Annals of medicine for the Year, 1796, by Anër. Dunçan. Edimbourg, 1796 ; in-8°. vol.I, page 393- (4) Lacépède a fait des expériences avec le gaz contenu dans les veflies aëriennes des tanches & d’autres , qui renfermoienr de l'hydrogène: Voyez fon Hiffoire Naturelle des Poïffons , difcours préliminaire , page cij. A Paris , an 6 , in 4°. (5) Er.-Al. Von-Humboldt's, verfuche über die gereitgte muskelund Nervenfafer nebft vermuthangen über den chemifchen Proceff des Lebens in der thier und Pfsangenwelt Pofen. Una Berlin, 1797, in-8. 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. Blochii ; fefciola inteflinalis. Lin.) encoré vivant dans des poiflons cuits (1); mais, ce qui eft très-fingulier, fitôc qu'on lexpofe au mème degté de la chaleur , immédiatement dans l’eau chaude, elle meurt tout de fuite (2)— La douve de la grenouille ( fa/ciola rane. Lin.), fe porte auffi bien étant en contaét avec le gaz hydrozène & carbonique dans le foie & dans les inteftins, que dans les poumons, où elle refpire , pour la plus grande partie, de l'oxigène pur. — Une autre fingulatité dans la phyfologie des vers in- teflins , conlifté en ce que quelques-unsine vivent que très - peu de temps, & ne fe montrent, comme quelques animaux d'autres claifes , que dans une faifon particulière de l'année ; d’autres fe trouvent continuellement. La mème ligule que je viens de citer, & qu'Ariltore (3 ) connoïfloit déjà, ne fe trouve dans les poiffons qu'en automne & en hiver; mais très - rare- ment au printemps où en éré. Elle quitte les poiffon ges que les véficules féminales ou les ovaires de celur- ci S'agrandiffent perce les parois du ventre ou du dos du poiffon , & périr. Une efpèce de filaria ne vit dans les fauterelles que peu de jours après leur accouplement, s'étend alors dans le petit efpace dé leur corps, & les éroufle (4). Quelques-uns ont un empire très-érendu, tels que les‘taenia , les échinorhingues, les cucullans , les douves (fa/ciola) , qu'on trouve prefque dans toutes les claffes d'animaux, & les dragonneaux ( gordius ) ; qui de tenant plutôt dans le uflu cellulaire , que dans les inteflins, remplilènt: quelquefois route une cavité. Cuvier & Dumeril en trouvèrent les oreilles & les narines d’un dauphin abfolument remplies. Mais quelques efpèces fe trouvent aufli dans les inteftins;il yena une principalement qui demeure dans les entrailles des chenilles , & leur caufe! beaucoup de imal-; une autre, (gordius marimus ), habite dans les harengs. — D'autrés ont des habitations très-étroites , tels que les lingua- tules ( linguatulæ); qu'on n'a trouvéés jufqu'ici que dans les poumons du lièvre, & les crampôns ( Aaeruce. Lin.), dont on connoît une feule efpèce, qui demeure dans l’eflomac de la fouris. Pour pouvoir enfin dérerminer exactement le-mode & les rapports de la refpiration de ces animaux, il feroit .extrèmement avantageux d’avoir trouvé la proportion du nombre de ceux qui habitent dans lesanimaux à fang chaud , 8 dans ceux à fang froid, c’eft-à-dire, de favoir sil y en a une (1) Woyez Rofenftein's , Kinderkrankheiten,.3°. édition, page 445: — Blumenbach's, Naturgefchéchte, édition nouvelle ; 1797, page 415. (2) Voyez Bloch's, Eirgewcisiyiermer, page 3: : G) Hiltoire Animale ; lib. VIIT, cap. 20.(—1+ de ra Banñesu Lu TIAA@YE ÉX PUS Eyi— SOLE" A irouve uersastot TE HU M@EVHXOIES, 1 \ (4) Voyez Zizanni, Obfervuzioni giornali fopra le ravallerte. Ces obfervations fur les fauterelles fe trouveront conjointes à fon ouvrage; De//e novue dei nidi degli ucceili, A Venile, 1737, in-4°. quantité . + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 309. quantité plus grande dans les animaux à fang chaud que dans les animaux à fang froid ; ce que quelques auteurs ont fuppofé. D'abord , il n’y a pas de clafle d'animaux qui foit exempte de ces habitans. Les vers inteftins eux-mêmes en nourriffent, L’afcaride du vet de terre pénètre dans la peau de celui-ci, comme le ver de medine ( gordius medinenfis. Lin.) pénètre les chairs des hommes dans les pays chauds, & l'etcophora nodulata fouille dans les inteftins du mème ver. Voici ce que l’état actuel de nos connoïffances permet de prononcer fur ces rapports. Il y a plus que trois cents efpèces de vers inteftins de décrites, dont cent foixante demeurent dans les animaux à fang chaud, & cent quarante dans les animaux à fang froid; favoir : cent huit dans les mam- mifères; cinquante-trois dans les oifeaux; cinquante & quelques-uns dans les reptiles ; quatre-vingt dans les pbiffons ; quinze dans les infectes & les vers. Maïs cela ne contribue point à donner la folution de notre problème, & prouve feulement que le nombre des vers diminue dans les différenres claffes avec le nombre de dilections de leurs individus. Comparant , au contraire, la quantité d’efpèces de vers dans les animaux à fang froid avec lepetit nombre de diffections des individus de cette claffe, ajoutant alors les genres qui leur font propres , tels que les mafsères { /Co/ex. Lin. Gmel. ), les geroflés ( cariophyllus, Lin. ), les tentarulaires ( enracularia. Bofci ), les cyfüdicoles ( cy/fdicola. Fifcher ), que lon n’a jufqu'ici trouvé que dans les poiffons, & dont les efpèces s’augmenteront beaucoup dans l'avenir , à l’aide de l'anatomie comparée, on feroit tenté d’en conclure que le nombre de vers inteftins fera un jour beaucoup plus grand dans les animaux à fang froid ; que dans ceux à fang chaud, Explication des figures, 1. Le ver en fa grandeur naturelle, 2. Le même augmenté. 3. La cète plus augmentée ; on y voit les lignes courbes en forme d’yeux, 4. La partie inférieure de la tête, avec la bouche ou le fuçoir orbi- culaure, 5. La même partie plus agrandie, 6. La partie plus large vers la queue, les deux côtés font dentelés, l'ovaire tordu. 7. L’ovaire beaucoup agrandi, entouré d’une membrane fine, tranf- parente, amnioide & prefque muqueufe. 8. Les petites globules à queues mobiles , qui prirent leur origine dans la diflolurion du ver. Tome IV, VENDÉMIAIRE an 7. Rr . ’ 310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE im mo mm A ee tot ee lue SUITE DES EXPÉRIENCES SUR L'IRRITABILITÉ DE LA FIBRE NERVEUSE ET MUSCULAIRE ; Par Frédéric - Alexandre Von-HumBozprt. Effers du calorique. L Es feétareurs du fyftème ingénieux de Brown ont occafionné une grande difpute fur l'effet excitant ou déprimant (fthénique ou afthénique ) du froid &de la chaleur. L'auteur réfout ce problème par la voie de l'expérience, Il prouve que le calorique (tel que tous les ftimulans, la lumière , l’élec- tricité, l'oxigène , l’alkool..... ), exalte la fibre nerveufe , mais qu'en l'exalcanc trop long-temps, il caufe une débilité indirecte , un état de foi- bleffe , que l’on prend à tort: pour l’effer cirecte de l'irritation. Le cœur d’un animal perd rs irritabilité en le mettant fur de la glace. La pulfarion recommence dans l’eau chauffée à 40°. Commence-t-on par une eau à la empérature de 53°? Alors les premières contraétions font convullives; elles montent jufqu'à 72, 75 ‘ou 88 par minute ; mais l'organe trop fortement irrité celle le mouvement en 3 ou 4 minutes. L’acide muriatique oxigèné perd de fon oxigène en le chauffant ; cependant le-ftimulus de la chaleur eft ü puiffant fur la fibre mufculaire , qu'un acide foible agir plus fortement à 14%, qu'un acide très-oxigèné à 38°. Expériences avec de l’alkool & du lait chauffé. Effer du calorique fur là germination des plantes. L'eau chaude augmente les contraétions du cœur, & cependant le pouls fe rallentit dans le bain chaud , excepté fi celui-ci contient de l'hydro-fulfure, Explication de ce fingulier phénomène phyfologique , par l’antagonifime , entre les vers cutanés { ceux des tégumens ), & les nerfs abdominaux & du cœur. Les demangeaifons que fon fent fur la peau par le frottement des draps de laine , provient d’une exaltation partielle des nerfs , caufée par undéga- gement de calorique. Pourquoi les taches de rouffeurs ne paroifent qu'au printemps, & pourquoi elles ne cèdent pas à l'acide muriatique oxigèné ? L'abfence du calorique, le froid agit de deux manières que l'on ne diftingue pasallez foigneufement. Ildéprime (affoiblit) la force nerveufe , en rallenrif- fant le jeu des‘afñnités vitales, & il augmente en même remps la rigidité, là cohéfon ou le ton de la fibre mufculaire. C’eft pour cela que le froid peut paroître roborrant & flénique lorfqu'il eft appliqué fur des parties , dans lefquelles le fecond effer eft plus manifefte que le premier. Des muf- cles affoiblis par l’opium, ont augmenté de force en les plongeant dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 311 de l’eau refroidie à 2°., pourvu qu'ils n’y reftaffent que quelques fecondes , & que la plus grande partie du nerf crural n’entrât pas en contaft avec l’eau. Effets de la denfité de l'air. La denfité du milieu dans lequel les animaux & les plantes vivent, a l'influence la plus prononcée fur les actes de la refpiration , de l’évapora- tion & du turgor dés vaifleaux. Obfervations fur les plantes alpines. Influences des variations du baromètre fur la conftitution des animaux. Le fang veineux eft plus oxidé en hiver qu'en été, non pas feulement parce que l'air d'hiver contient plus d’oxigène, maïs parce que la hauteur moyenne de la colonne de mercure eft la plus grande en janvier, & que chaque infpiration donne plus d’air aux poumons. Caufes générales de phthilie & de la péripneumonie. Conftitution des tropiques où le baromètre ne varie prefque pas. Influence des éclipfes. : Effets de l’eau. Elle agit de trois manières très-différentes les unes des antres, c'eft-à- dire, 1°. en modifiant la proportion des parties folides & Auides dans les corps organifés ; 2° en fe décompofant dans fes principes conftituans , l'oxi- gène & l'hydrogène ; & 3°. par l'air contenu dans fes interftices. Ce der- nier rapport a été peu examiné jufqu’ci. Expériences fur l'air azoté contenu dans les eaux. Différence des eaux de pluie ; de fource & de neige. De l'in- falubrité des marais. Il eft probable qu’il fe forme de l’alkoo! dans l’armof- phère. Sur l’oxide d’azote , & le rôle que Müicchill a fait jouer dans la fièvre jaune des Antilles. De la refpiration des poiflons. La foif augmente la charge éleétrique des oifeaux. Effets du fang. On fait renaître les contraétions d’un cœur , qui femble avoit perdu route icritabilité, en le mouillant de fang artériel. Expériences qui prouvent la différence entre le fang des artères & celui des veines. Influence du fang de lézard fur les organes d’une fouris, Effets du fuc des vépetaux. Analogie de ces fucs avec le fang. Expériences comparatives avec le lait de vache & le fuc de l’euphorbia efula chauffé à 20°. de Reaumur. Des fluides qui font contenus dans l'agariçus muftarius & de la force fténique. ne ; < à rh Effets des gaz oxigène , axotique, hydrogène, acide carbonique G nitreux. Les expériences nombréufes expofées dans certe feétion , forment , pour ainf dire, un traité féparé.fur la Mécéorolopie, regardée: fous les rapports Rr2 3112 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la phyfcologie générale. L'auteur y a réuni fes propres’ travaux fur l’analyfe de l’atmofphère , à ce que d’autres phyficiens ont fait avant lui. Quoique cette partie de fon ouvrage ait été travaillée avec le plus de foin, & qu'elle mérite le plus l'attention du naturalifte, il eft impoflible d’en donner le détail fans furpaffer les bornes de cet extrait. Nous nous conten- tons de nommer les objets qui y font traités. De l'influence du gaz oxigène fur les contractions du cœur. Différence de la durée de l’irrirabilité entre un cœur fufpendu & un cœur pofe horifontalement, Rapport entre le nombre des infpirations & celui des contractions du cœur dans les différentes clafles d'animaux, Comment on peut juger de l'impureté l'air par le nombre des infpirations d’une grenouille. Influence du gaz oxigène fur les nerfs. Mini- mrum & maximum d'oxigène contenu dans l'air atmofphérique. Différence de cette oxigénation de l'air dans les couches fupérieures & inférieures , fur mer & fur terre, dans les climats chauds & rempérés. L'eau contenue dans latmofphère, la compoñtion & la décompoftion de cette eau a plus d'influence dans le degré de la pureté atmofphérique que les plantes. Sur les brouillards. Propriété de l'air d'hiver. De la conftitution des monta- gnards. De Pair des chambres & des villes. Sur le minimum d'oxigène propre à la refpiration. Expériences que les anglais font fur les nègres en taflés dans leurs vaifleaux. De la rue des Juifs à Francfort. Des hôpitaux. De l'influence de l’oxigène fur les plaies. Combuftion de l’épiderme. Cou- leur de la peau. Des différens effets de l'hydrogène , de l'azote & de l’acide carbonique. De la mollette des mines. De l'acide carbonique des liqueurs fortes. Effets de l’alkool & de l'ether. Cette fubftance, dont l'influence {ur la fibre nerveufe eft f forte, n’affoi- blit que par une exaltation ttop rapide. Son aétion dépend des affinités qu'exercent les bafes de l'hydrogène & du carbone fur les élémens de la fibre organifée. Elle eft acidifiable ( combultible ), quoiqu’elle contienne beaucoup d’oxigène. Expériences fur des infeétes. L’alkool condenfe la fibre mufculaire & la décolore. Caufes de ce phénomène, Effets des acides füulfurique; muriatique ; nitrique » phofphorique & végétaux. Les acides affoibliflent l’énergie des nerfs & fortifient celle des mufcles. Influence de cet affoibliflement fur les nerfs abdominaux. D'un principe acefcent regardé comme caufe de maladie. Du diabetes & des fcrophules. Effet des alkalis. De tous les ftimulans nerveux, la folution de potafe eft le plus fort. Le tetanos produit dans la cuifle d’une grenouille , par l’alkali végétal , peux ET D'HISTOIRE NATURELLE, 313 - être anéanti par lopium. Expériences faites avec l’alkali fur le nerf phré- nique d’un chien , les poiflous & Jes infeétes. Application de tes phéno- mènes fur la cure des maladies nerveufes. De la conftitution des peuples ichtiophages. Les alkalis agiffenc principalement par l'azote qu'ils con- tiennent, Effess des fels neutres. Expériences qui prouvent leur propriété-débilitente ou afthénique. Com- bien on doit être circonfpeét dans leur application. Effets de la terre calcaire & du muriate de baryte. De la formation de la terre calcaire dans les corps organifés. Des nerfs d'amphibies qui ont perdu toute irritabilité , obéifent au ftimulant galva- nique lorfqu'on les trempe dans la folution du muriate de baryte. Effets du fulfure de potaffe & de l'acide muriatique oxigéné, La première fubitance ôte à la fibre ce que la feconde lui rend. Les pulfations du cœur peuvent être retardées où accélérées à volonté. L’acide muriatique oxigène agit de la mème manière fur la refpiration , les infeétes microfcopiques des éaux ftagnantes & les quadrupèdes. Effet de l'opium, du mufc & du camphre. Expériences répétées fur toutes les claffes d'animaux. Caufes chimiques de ces effets, s Effets de.lhuile , du charbon, du quinquina, des noix de galle ,\de Pipe, cacuanha & des métaux. Le tartrite de potafle antimonié excite ur ofcillement fenfible à l'œil dans les fibres mufculaires des amphibies. Les métaux agiffent en donnant de l’oxigène aux organes, ou en le leur enlevant pour s'oxider davantage. Les oxides d’arfenic anéantiffent l'irritabilité des plantes. Poifons métalli- ques. Le fulfure de potafle regardé comme antidote. La dernière fection de l'ouvrage eft deftiné à préfenter les réfultars de ce grand nombre d'expériences fur la fibre nerveufe & mufculaire. L’au- teur y expofe l’action chimique que les élémens des corps organifés exercent les uns fur les autres, & qui forment ce qu’il nomme le procédé chimique de la vitalité. Il finit fon ouvrage par des confidérations générales fur l’étac de vie & de mort, fur la dépendance réciproque des organes & fur les prin- cipes de l’individualité dans la nature animée. 11 prouve qu’un immenfe travail refte à faire fur les corps organifés ; travail qui menera aux décou- vertes les plus brillantes, fi l’on ne fe laffe pas de fuivre la voie de l’expé- rience & celle de l’obfervation, 314, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 0002027 MERE SORTE 28 RE SE SEP EE | NOTE SUR L'ATTRACTION; Pa CAVENDISH. Extrait d'une lettre de Londres. C AVENDISH vient de faire une belle expérience pour rendre fenfible l'attraction des corps. .Il à fait conftruire une grande cage de verre, dans laquelle fe "trouve une balance de torfion , telle que celle de Coulomb, pour mefurer l’élec- ricité. Le bras de la balance a huit pieds de longueur ; il porte à fon autre extrémité un petit globe métallique de fer ou de cuivre. On approche de ces globes deux boules de plomb d'un pied de diamètre, & pofées de manière qu’elles agiflent dans le même fens. Alors les mou- vemens de la balance font très-forts, Ces mouvemens n’ont pu être ni l’effet de la chaleur , ni de l’éleétricité , ni de courans..... Is n’ont donc pu être produits que par l'attraétion mutuelle. Les réfulrats de cette expérience ont été fi exaéts , qu’on a pu en faire une application rigoureufe par le calcul fur la denfité de la terre. On à trouvé que cette denfité, comparée à l’eau , étoit comme à $ £, par con- féquent plus grande que celle qu’on fuppofe ordinairement, favoir , comme \ TA 4 r % s ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315 MÉMOIRE Sur les Offémens foffiles de Quadrupèdes ; Par, Cu v 1 EUR EVx Ur R AURIEE L: uTEUR s’eft propolé , dans ce mémoire , de raffembler , autant qu'il lui a été poflible , tous les os fofiles qui ont appartenu à chaque efpèce , foit qu'il les ait vus par lui-même, ou qu'il en ait feulement trouvé la defcrip. tion dans les auteurs ; d’en réformer les fquelettes de ces efpèces, & de les comparer avec celles qui exiftent à la furface du globe, pour en déterminer les rapports & les différences. Voici la férie des efpèces fur lefquelles il a travaillé. Û 1. L'animal dont viennent les os & les défenfes , nommés os & cornes de mammouth par les rufles & les habitans de la Sibérie; on en trouve auffi des dépouilles foffiles dans plufeurs parties de l'Europe. C’eft une efpèce d’éléphant , voifine de l’éléphant d’Afe; mais qui en diffère , parce que les alvéoles de fes défenfes font plus longues; que l'angle que forme fa - mâchoire inférieure eft plus obtus, & que les lames dont fes molaires » fonc compofées , font plus minces. Son véritable analogue vivant n’eft pas connu , quoiqu’on l'ait regardé jufqu’ici comme un éléphant ordinaire. 2. L'animal dont on trouve les dépouilles fur les bords de l'Ohio, dans l'Amérique feptentrionale , & que les américains & les anglais ont auffi nommé #mammouth , quoiqu'il diffère beaucoup du précédent; on en trouve aufli des reftes en Europe & en Aie. IL devoit être à-peu-près de la taille de l'éléphant, mais plus mafif. Ses défenfes font plus petites , fes dents molaires font armées de grofles pointes tranchantes , dont la coupe préfente, lorfqu’elles font ufées , des doubles lofanges tranfverfales. Il y a de chaque côté trois dents molaires; une à 4, une à 6, & une à 8 pointes. : 3. L'animal dont les dents, teintes par le cuivre , fourniffent les tur- quoifes , dont il y. avoit une mine à Simore en Languedoc. On trouve des dépouilles de cette mème efpèce, dans le département de l'Ain , au Pérou & ailleurs. Elle a dù être affez femblable à Ja précédente , mais les pointes de fes molairee font coniques, & , lorfqu’elles s’ufent, leur tranche préfente d'abord un cercle, puis un demi-ovale; puis une figure de trèfle; ce qu k sf ï ts16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les à fait confondre avec des dents d’hippopotame. 11 y a de ces dents à 42 pointes, d’autres à 6, & d'auttesi4 4. L'hippopotame, On trouve en France & ailleurs, des dents & des frag- mens de mâchoites ; dans lefquels l’auteur n’a trouvé jufqu’ici rien qui diffère des bippoporames ordinaires. Comme il n'a cependant vu encore aucun os énüier , il ne peut afhirmer l'identité, s- L'efpèce de rhinoceros à crânes allongés , que l’on trouve en Sibérie, en Allemagne & dans d’autres pays. L’auteur a vu des dents & des portions de mâchoires trouvées en France, qui lui paroiïffent aufli en provenir. Le principal caraétère de cette efpèce, confifte dans la cloifon offeufe du nez; fon analogue vivant eft inconnu. 6. Une dent molaire , à deux éminences tranfverfales, que poffède Giller, & dont le Muléum national poflède un germe , ne reflemble ni aux dents, ni aux germes de dents d'aucun animal connu vivant ni foflile. La feule dent dont celle-là fe rapproche un peu , c’eft la dernière molaire d’en bas du rhinocéros. Cette dent indique donc l'exiftence d’une fixième efpèce fofile, dont l’analogue vivant eft inconnu, 7. L'animal de 12 pieds de longueur fur 6 de hauteur, dont le fquelette trouvé fous terre au Paraguay , fe conferve dans le cabinet du roi d'Éfpagne à Madrid. L'auteur prouve , par une comparaifon détaillée de fes os avec ceux de tous les quadrupèdes connus, que c’eft une efpèce propre & dif- tincte , plus voifine des parefleux que d’un autre genre , & qu'on pourroit nommumer parefleux géant. Cuvier configne ici, en paflant, la découverte intéreffante qu'il a faite , que l’aï, ou pareffeux a trois doigts ( hradypus tridaëtylus. Lin. }, a naturellement & conflamment neuf vertèbres cervi- cales: C’eft la première exception connue à la règle établie par Daubenton , que tous les quadrupèdes vivipares n’ont ni plus ni moins de fepr verièbres cervicales, 8. L'animal dont on trouve les dépouilles dans les cavernes près de Gaylenreuth & de Muggendorf, dans le margraviat de Bareuth en Fran- conie; plufieurs l'ont regardé comme un ours marin: mais il en diffère, ainfi que de tous les ours connus , par la forme de fa tête, caraétérifée fur- tout par la faillie du front, par l’abfence de la petite dent que les ours connus ont tous derrière chaque canine , par le canal offeux de l’humérus , dans lequel paffe l'artère brachiale, & par plufieurs autres points dans la figure & la proportion des os: cependant c'eft des-ours que cer animal \ fe rapprochoit le plus. 9. L'animal carnaflier dont on trouve des os dans la pierre à plâtre de Montmartre. La forme de fes mâchoires, le nombre de fes dents mo- laires, les pointes dont elles font armées, indiquent que certe efpèce devoit fe rapporter au genre canis ; cependant elle ne reffemble complètement à aucune } ET D'HISTOIRE NATURELLE. 317 aucune efpèce de ce genre. La marque diftinctive la plus frappante, c’eft que c’eft la feptième molaire d’en bas qui eft la plus grande dans l'animal de Montmartre , tandis que c’eft la cinquième dans les chiens , les loups , les renards , &c: (1). 7" 10. L'animal dont la mächoire inférieure trouvée près de Vérone, a été regardée, par Jofeph Monti, comme une portion du crâne de la vache marine : idée que tous les géologiftes ont adoptée , quoiqu’elle foit contraire aux notions les plus fimples de l'anatomie comparée. Cette mä- choïre, felon Cuvier, a appartenu à un animal voifin , quoique différent fpécifiquement, du mammouth , de l'animal de l'Ohio & de celui de Simore. Son caraétère le plus particulier confifte dans le bec que forme fa fymphyfe. 11, L'animal du genre du cerf, dont on trouve les os & les bois en Irlande , en Angleterre , à Maeftriche, &c. Il eft fufffamment diftinét de tous les cerfs, & même de l'élan , auquel on l’a rapporté, par la grandeur énorme de fon bois, par l’applatiffement de fa partie fupérieure , & par les branches qui naïllent de f bafe. On en voit plufeurs figures dans les tran- factions philofophiques. 12. Le genre des bœufs fournit à lui feul plufieurs efpèces fofiles. On en trouve en Sibérie les crânes de deux, qui ont été décrits par Pallas. Il avoit rapporté les uns au buffle ordinaire ; mais depuis , il les a attribués à une efpèce particulière , originaire du Thiber, nommée Arni. Cuvier prouve, par la comparaifon oftéologique , que ces crânes ne proviennent point du buffle. Les autres ont paru à Pallas venir du buffle du Cap, ou du bœuf mufqué du Canada. Cuvier montre qu'ils ne peuvent pas venir du premier ; mais n'ayant point de crâne d'arni, ni du bœuf mufqué, il ne porte aucune décifion fur leur identité ou leur non-identité avec les crânes fofliles, L'auteur décrit auffi deux fortes de crânes, qui ont été trouvées dans les tourbières du département de la Somme, & qui reffemblent beaucoup à ceux de notre bœuf commun, & à ceux de l’Aurochs , mais qui les farpaf- fent en grandeur de plus d’un quart. Cuvier conclut de fes recherches : 1°. Qu'il n'eft pas vrai de dire que les animaux du midi ont autrefois vécu dans le nord, leurs efpèces n'étant pas parfaitement identiques. 2°. Qu'il a vécu dans toutes fortes de pays , des animaux qui n’y vivent plus aujourd’hui, & qui n: fe retrouvent même nulle part dans les pays connus. Il laiffe d’après cela aux géolooiftes à faire à leurs fyftèmes , les changemens ou les addi- tions qu'ils croiront convenables pour expliquer les faits qu'il à ainfi conftatés. QG) De nouvelles recherches ont prouvé à l’auteur que l'animal de Montmartre eft d’un enre qui approche du tapir, £ 10SapP P Tome IV. VENDÉMIAIRE an 7. Ss 318 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D ge a MÉ MOIRE Sur les vaifféaux fanguins des fangfues , & [ur la couleur rouge 5 du fluide qui y eft contenu ; Pa Cuvren. E N continuant fes recherches fur l'anatomie des animaux à fang blanc, que l’auteur fe propofe de publier bientôt , 1l à trouvé une efpèce qui le force d’en changer la dénomination générale : c’eft la fangfue. Cet animal a du fang rouge; non celui qu'elle a fucé, & qui feroit contenu dans le canal inteftinal ;1l y eft altéré fur-le-champ; mais un véritable fluide nour- ricier , contenu dans des vaifleaux , y circulant au moyen d'un mouvement alternatif de fyftole & de diaftole très-fenfible. Ces vaiffeaux forment quatre troncs principaux, dont deux latéraux, un dorfal & un ventral : les deux premiers-font d’un ordre différent de celui des deux derniers ; mais l’auteur n’a encore pu déterminer lesquels font artériels , lefquels font veineux. Ces deux vaileanx latéraux vont d’un bout du corps à l’autre, & fe joignent par des branches qui forment un réfeau très-agréable à voir lorf- qu'il eft injecté. Le vaifleau doifal & le ventral, ne forment point un réfeau pareil ; ils donnent feulement des branches difpofées alternativement & dirigées obliquement , qui fe fubdivifent à l'ordinure. Le fecond eft placé pré- cifément fous le cordon médullaire, des ganglions, duquel partent tous les nerfs. On ne peut ouvrir une fangfue , fans produire une grande effufon de ce fang rouge ; cependant il en refte allez dans les vaiffeaux pour qu’on puiffe très-bien l'y diftinguer, La couleur eft à-peu-près celle du fang artériel de la grenouilie. T D'HISTOIRE NATURELLE. * 319 Ni ONE SUR LES ARAIGNÉES TENDEUSES, Communiquée par P: ... [@) voiQueE l’hifloire des infeétes ne foit pas l'objer de mes études , la nature eft fi belle à obferver dans toutes fes produéttions , que je ne faurois négliger des faits que le hafard m'a fait connoïtre. Au mois de germinal dernier j'avois fur mes fenêtres quelques arbuftes dans des pos * un jour qu'il faifoit fort chaud , j'otai mes pots du foleil , & je les mis à terre dans ma chambre. Environ une heure après, je jetrai les yeux deflus, & je ne fus pas peu furpris d’y voir une jolie petire toile d’araignée ricde qui s’'étendoit d’un arbufte à un autre. La toile n’avoit pas plus de deux pouces de dia- mètre ; mais les cercles concentriques & les rayons, étoient inombrables , on ne pouvoit rien voir de plus élégant; une petite araignée, pas plus g grolle qu une tête d’ épingle ; en occupoit le sue fort anquillemenc J’étois cer- tain que cette toile n’exiftoit pas une heure auparavant; car j'avois tranfporté mes vafes l’un après l’autre; & je ne concevois guère comment tant d’ou- vrage & tant de voyages avDient pu être firôt faits; mais une autre circonf- tance augmentoit fi fingulièrement mon embarras, € ft que chaque pot étoit placé dans une petite jaite pleine d'eau. En fappofanc donc que l peure araignée eût dù aller d’un arbufte à l’autre pour placer fes fils, elle auroit été obligée de marcher fur l'eau; ce qui ne me paroifloit pas vtaifemblable, n'étant point du nombre des araignées aquatiques. Je me rappellai alors un fait analogue, que j ’avois obfervé l’année der- nière , avec quelques-uns de mes amis, & qui nous avoit également em- PRE Nous nous promenions dans une maifon de campagne, dont les jardins avoient été négligés pendanr plufieurs années. Nous vimes une allée de charmiiles, dont les branches lailloient à peine un paffage de $ à 6 pieds, & ce paflage étoit barré par une multitude de toiles d’ ve verticales. Nous nous demandimes comment ces araignées avoient pu conduire Leurs fils d’un côté à l’autre de certe allée, à travers tant de feuillages. L’un d'entre nous dit qu apparemment le vent, en faifant voltiger leurs fils : , les avoit SE ue & engagés dans les arbres oppofés. Le problème nous parut réfolu , & nous nous occupâmes d’autre chofe. Mais de Br qui venoit de fe palier dans ma chambre, où l'air étoit par- Si 320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE faitement tranquille, me fit voir clairement que ce n’étoit pas le vent qui tranfportoit les fils des araignées rendeufes, & que ces infeétes devoient avoir un moyen plus direct. Je me vis donc forcé de fuppofer que ces araignées favoient elles-mêmes lancer leurs fils, du point où elles étoient , au point où elles vouloient arriver. D'après cette idée, je voulus faire quelques effais. J'enlevai avec une barbe de plume ma petite araignée du milieu de fa toile , & pour m'aflurer qu'il n’y avoit point de fil voltigeant, je paflai plufieurs fois une plume autour de celle où étoit l’araignée. Alors je donnai une petite fecoufle qui la fit defcendre de 7 à 8 pouces, en étendant les pattes & en filant. Là, elle de. meura ftationnaire dans une fituation horifontale, toutes les pattes repliées fur fon abdomen , où elle avoit appliqué fon fil, de forte qu’elle paroïfloit fufpendue par le milieu du corps. Je lui voyois faire de temps en temps, & fort preftement, un demi-tour , tantôt à droite, tantôt à gauche; & ce mouvement étroit bien fpontané, car 1l n’y avoit aucune agitation ni dans l'air, ni dans la plume que j'avois fixée à un doflier de chaife. Au bout d’une demi-minute de fufpenfon, la petite araignée partit brufquement pour venir contre ma poitrine , en s’élevant très-rapidement , par une ligne oblique , qui faifoit un angle de 40 à 50°. avec la perpendiculaire. Je réiterai plufeurs fois cette expérience, & toujours j’obfervai que la petite araignée, après avoir demeuré fufpendue quelques inftans, s’élevoit conflamment dans une direction oblique , pour aller atteindre quelque corps voifin, Derourné par d’autres objets, je ne pouffai pas alors plus loin mes obfervations. Mais au mois de thermidor dernier , ayant retrouvé fur mes arbriffeaux une de ces araignées qui avoit la groffeur d’un grain de chenevis; je refñs mes précédentes expériences; & muni d’une loupe, j’examinai avec attention ce qui fe pafloit dans le moment où l’araignée éroit en fufpenfion. Je ne rardai pas à voir, très-diftinétement, un aflez gros fil fortit comme une fufée des filières de fon anus , & s'élever en diagonale , en faifant avec le fil de fufpenfon un angle d'environ 45 °. Ce fil s’alongeoïit au moins de deux décimèrres (7 à 8 pouces) par feconde. Quand ce fil étoit par- venu à un corps voilin, il y demeuroit attaché; alors l'infeéte faifoit un demi-tour , & en lançoit un autre du côté oppofé, & ainfi alternativement s à 6 fois. L’araignée remontoit enfuite avec rapidité, & parcouroit ces différens fils qui fe trouvoient alors tendus horiontalement, je ne fais par quelle opération , quoique dans le principe ils euffent formé un angle de 90°. dont l’infeéte fufpendu occupoit le fommet; bientôt l'on voyoit une multitude d’autres fils qui s’établifloient entre les fils principaux, & lou- vrage étoit fi prodisieufement rapide , qu'il m’étoit impollible d’en fuivre les détails ; le réfeau fe trouva faitcomme par magie ; mais 1l ne me refta aucun doute fur le fait principal , qui eft l’émiflion des grands fils de traverfe: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 321 émiflion qui n’eft nullement faite au hafard, mais qui eft bien prémé- ditée, & qu'on pourroit peut-être comparer à l’extenfion des longs ten- tacules de certains animaux marins. Comme les fils en fortant du corps de l’araignée montent toujours obli- quement, 1l m'a paru que c’étoit par l'effet d’une double impuifion : d’une part l'infeéte les chaffle horifontalement, & de l’autre , leur légéreré fpéci- fique les follicite à monter verticalement, d’où il réfulte une direction obli- que. Cette légéreté fpécifique me paroît due fur-tout à une efpèce de véficule en forme de larme batavique très-allongée , qui eit à l'extrémité du fil au moment de fon émiflion. Certe véficule , dont la fubftance paroît de la plus grande ténuité , eft peut-être remplie de quelque fluide en même temps léger & vifqueux , qui a la double propriété de faire monter le fl, & de le coler aux corps qu'il rencontre. Au refte, il ne me paroït pas douteux que l’araignée rendeufe dirige à volonté , & vers un point déterminé, les fils qu’elle projette ; car j'ai re- marqué dans l'allée de charmilles, dont j'ai parlé plus haut, que toutes les toiles étoient tendues précifément à angle droit avec la direétion de l’allée, ce qu’on ne peut pas regarder comme l'effet du hafard J'invite donc les entomologues à fuivre ces obfervations , pour nous apprendre , fur-tout, par quel fens l’araignée juge , foit de la diftance , foit de la pofition des corps auxquels elle adrefle fes fils. J'obferve que la fituation où elle fe trouve quand elle fait fon émiffion , ne lui perinet nullement de voir le but où elle tend. D'ailleurs, j'ai quelques raifons de douter que les yeux des araignées foient en effet des organes de la vifon. J'ai fouvent préfenté à ces infectes divers corps, dont ils n’étoient nullement effrayés , quoiqu’ils faffent rrès-voifins d'eux; & ils les auroient certainement vus, s'ils avoient eu l’ufage de la vue. Je leur ai mème coupé des pattes , fans qu'ils euffent apperçu les cifeaux : & cependant on fait que la méfance des araignées et telle, qu’auffitôt qu’elles ont la moindre perception d’un objet inconnu, elles prennent la fuite. D'un autré côté, fi l’on irrice leur toile légèrement, comme pourroit le faire un moucheron, on les voit accourir auflirôt , & elles ne s’enfuient que lorfqu’elles ont recennu par le taét , qu’elles ont été trom- pées. Tout animal qui auroit l'ufage de la vue ne feroit pas de femblables erreurs. D'ailleurs l’hiftoire curieufe de leurs amours , tous les manèges qu'elles mettent en œuvre avant de fe toucher ; leurs craintes, leurs mé- fiances après le premier atrouchement , leur fuite précipitée, tout annonce qu’elles font incertaines far la nature de l’objet qui fe préfente: ce n’eft qu'à force de fe rärer qu'elles parviennent enfin à réconnoîrre qu’elles n’ont pas affaire à un ennemi. On a tout lieu de croire que fi elles voyoienc , la connoïffance feroit plutôt faire. Mon doute à cer égard ne fe borneroiït pas feulement aux araignées, il s'éendroit à tous les animaux à fang blanc, à l’exceprion peut-être des 322 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cruftacées ; il eft vraifemblable que les antennes & autres tentacules , rem- placent chez les infectes & les vers, l'organe de la vifon. Cette multitude d'yeux qu'on accorde aux mouches , aux papillons, &c. ne me paroït nul- lement conforme à la marche de la nature : elle ne fait jamais rien de fuper- flu. Or, que pourroit-on voir de plus inutile que cette profufion d'organes du même fens, dans des êtres fur-tout que la briéveté de leur vie expofe le moins à la perte de ces organes, tandis que les plus g grands animaux qui ont à jouir d'un fiècle d’exiftence , n’ont reçu qu'un doublé organe de la vue qui leur eft fi nécellaire. Ce feroit là une inconféquence qu'on ne doit pas fappofer. J'ajouterai , à l'égard die araignées cendeufes, que la nature étant infi- niment fage , elle n’a pu confier au hàfard En moyen d’exiftence le plus effentiel ; elle les auroit expofées à périr, fi elle avoit fut dépendre la fabri- cation de leur toile , d’un coup de vent qui pouvoit ne pas arriver; elle a donc dû mettre à ne difpoñiion des moyens dire&s , & c'eft ce qu’elle a fait On doit généralifer cette conféquence, & conclure qu'auflitot qu'un moyen eft indifpenfable pour la confervation d’une efpèce d’êtres vivans, toujours la nature a mis ce moyen en leur puiflance; jamais elle ne l’a rendu précaire, jamais elle ne l’a fait dépendre d’une circonftance fortuite. Comme j'ai appris depuis peu, par deux naturaliftes très-inftruits , que l'opinion commune étoic que les araignées cendeufes laïfloient fimplement flotter leurs fils que le vent portoit auhafrd , j'ai cru qu'il n'étoit pas inutile de publier mon obfervation. NO IS E SÜUR,; LE G) OÙB LR ENDIO Broad , ingénieur des mines, en examinant un petit cryital rouge , ayant la . foime d’un prifme exaëdre régulier, que Launoÿ avoit acquis en Efpagne, avec des rubis de Ceylan, y PRE des indices de lames firuées Fobliquement à à l’axe , qui lui firent préfumer que ce cryftal pourroit bien être un corrindon, ou fpah adamanun. Haüy a vénké certe conjecture, par diverfes baton faites fur d’autres cryftaux , qui fe trou- voient chez le même naturalifte. Il à reconnu d’abord que ces eryftaux avoient la double réfraétion ; ce qui les diftingue du rubis & de la ccleñe, dont la réfraction eft fimple. 11 a obfervé "de plus, parmi ces mêmes vs + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 323 cryftaux, des formes analogues aux deux variétés de corindon , qui portent dans fa méthode les noms de corrindon ternaire & de corrindon fubprif- matique ; & dont lune eft un prifime exaëdre régulier , dans lequel trois des angles folides de chaque bafe font remplacés par des facettes qui alrernent entr'elles & avec celles de la bafe oppofée, & l’autre a de plus fix facettes marginales autour de chaque bafe. La divifion mécanique des mêmes cryftaux conduit à un rhomboïde femblable à celui qui eft la forme prunitive du corrindon. Enfin, ces cryftaux rayent le rubis, & même un peu la telefe , ce qui leur eft encore commun avec le corrindon. Haüy a trouvé depuis de pareils cryftaux chez divers naturaliftes ; parmi des rubis de Ceylan. C’eft une facilité de plus qu'ont les naturaliftes pour fe procurer une fubftance aufli rare que le corrindon, en ciyflaux , à la vérité beaucoup plus petits que ceux de la Chine & de Golconde, mais dont la forme eft en général beaucoup mieux prononcée & plus régulière. NOOME TE SUR L'ABSORPTION DE L'OXIGÈNE PAR LES TERRES, H UMBOLDT fait de nouvelles expériences qui prouvent , que non-feu- lement l’humus abforbe l’oxigène de l'air atmofphérique , mais que les terres pures en font autant lorfqu’elles font humectées. Il a pris de l’alu- mine, de la terre barytique , de la terre calcaire , de la filice : il les a humectées & enfermées fous des cloches pleines d’air atmofphérique. L’oxi- gène en a été attiré , & le réfidu-a été de l'azote prefque pur. Nous ferons connoïtre plus en détail ces expériences intéreflantes. LC) . OLOGIQUES, FAITES A Fructidor & jours BAROMÈTRE. CE TT SR Maximum. | Minimum. |A Mini] Maximum | MiNrmMum. | A Mint. à 2h. s...—+ 18,9 là 5him. 12,2 | UE shim.. 28.,1,7|à 3h.s CEE NS 1 RETIENS PT à als. + 19,6|4 5 + 9,1|+# 17,9)a Sh. m,.. 28. 0,2|a à 2b,s.. + 20,8 {25 + n,1|+ 20,7 à midi... 28. o,8|à à 3hs. + 21,7 [a 5 + 12,8 | + 20,6ja 9h. m... 28. 1,6|a à amis. 24 s|à 5 + + 15,3 [+ 24,0fà $h.m... 27.11,7|a à midit, — 20,2 |..-...... cesse [+ 19,8{à 8P. m... 27.10,3|a à abs. + 17,5 la tohs. 11,1 | 17,40à 10h, s., 28. 3,1|à RES ERP ES Ode + 18,0 ]à 7h, m 28. 3,3|à à 2h s. + 19,1 [a 4hEm.# 10,0 | 16,ofà 2h26 28 MSIE à ghis. + is,6[a $ + 8,9/-+ 15,4là shm... 28. 3,3 à us. Hrç,2 la 5 + + 7,74 15,9fa 7m... 28. 3,5]a a his, +R 18,3|a 5 + + 9,7|4 17,7a 5m... 268. 2,4la à midi. + 17,8 [à 5 + 8,6|4 17,8/a 9h. m... 28. 2,7|a à midi. + 15,7/a $ 3 + 8,1|<+ 15,7)à midi..., 28. 3,3|a a bi NE a RES SE 17,0 à 71m. 28. 2,6| à à abs. + 22,8|à $ à + 7,7 |+ 21,1/a sh5m.. 28: o,6|à ; à ahs. + 230825 + 012,7 | 1958 /à midi... 27-10,1|4($hEm.. 27. 9,9|27-10,1 à midi. + 20,7 la $ He 14,5 | 20,7fà 2h, 5... a. 20,8 a 6h, m... 27. 9,9|27.10,$ à 2h.s.. + 17,7la $ + 11,0|+4 17,6}à midi... 28. o,2|a 2h.s 28. 0,0| 28. o,21 à midi.. + 14,5 a 6 + 11,2 + 14,2} 6RoneCN27-7 | aise 27. 9,7|27-10,4 à 2h,s.. + 17,38 SE, + 12,8/ 1 u16,4/a 5h m.. 27.19,2|à ahsset 27:08;7 27 8,9 à LE s. Hi 16,5 la 5 À + 9,4/ LE 16,2/à 2his.s. 27. 8,4] à oh, m... 27. 8,2|27. 8,4 aus, + ro,7là 5 3 + 10,4| 18,6|a midi... 27. 9,0|à 7h. m... 27. 8,9|27. 9,0 àabis, H'r82la ss + 11,3 | 17,6/à midi... 27. 8,8|a $h>m.. 27. 8,5|27. 8,8 abs. His,8la ss + 8,2|4 15,2hà midi... 27. 8,8|à Sh.s.... 27. 7,8|27. 8,8 à 2h,s.. L rsi6là 6 +008,4 | 15,38à 8h. m,.. 27. 7,6|à 2h.s..... 2700753 27207 S a abs. + 14,012 $ +: + 8,4|—+ 13,7fa 7h m.. 27. 6,1|à Ghis., 27. 5,6|27. 5,7 à midi. + 14,9 la 6 + 10,0 | 14,9fa 7h.s.... 28. o,4]à 6b.m... 27. 8,9|27.10,9 à midi. + 17,01. piles | 7solah. 5.028 M2Vo|ial7hm.. 28. 0411281129 dance Son + 13,04 17,2]a 7h5s... 28. 2,3|a sh. m... 28. 1,2|28. 1,7 àahs. L'isolà 5 + Eh 74 I 14,90 à ohgm.. 28. 2,7là 6hs... 28. 2,5|28. 2,7 TRS SD ACT TRE NE TES 15,3ka 8h. m... 28. 2,7|à $him.. 28. 2,0|28. 2,5 à midi.. “AMIE L 72 |-06,2h285hm 25 rmolat2hs 023. 0428.08 ah. L 22,3 [à 4 À 8,1 | 19,6/a 4him.. 28. o,o|à 3h2s... 27.10,9|27.11,1 à midi. + 15,6|a 6 + 12,5 [+ 15,6fà 205... 27.11,0|à 6h. m... 27.10,3|27.10,9 RÉCAPITULATION. Plus grande élévation du mercure. Dotobcoumeth ir logic) Moindre élévation du mercure.....,... D nero) M 7e PÉyatonmoyennes reste tee eee . 27-10,7 Plus grand degré de chaleur...........,.. + 24,5 eus Moindre degré de chaleur............. «. + 7,2 le 3 complém. Chaleur moyenne. ...... tete ions Nombre des jours beaux. .............. DHEBCS 16 dENCOUVENSE RER EEE Eee Se TÉUIA deMpltie ee eee re atll POINTS LUNAIRES,. y ARTATIONS DE L,ATMOSPHÈRE, Ciel nuageux & beaucoup de vapeurs. Prem. Quart. Quelques nuages par intervalles. SES ges P Ciel chargé de vapeurs & nuages. à Quelques petits nuages 5 beaucoup de vapeurs. Ciel couvert le Loir; éclairs du côté du couchant Eclairs & tonnerre une partie de la nuit ; pluie dans le jour. Ciel couvert ; quelques éclairais le foir. Ciel légèrement couvertile matinÿ; quelquestéclaircis le foir. Pleine Lune. Lune apogée. Equin. ascend. - Ciel à demi-couvert.dans le jour: beau le Loir, Même temps ; brouillard le marin. Quelques petits nuages , brouillard le matin. Quelques nuages par intervalles. Même temps ; brouillard.le mâtin. Petits nuages par intervalles ; beancoup de vapeurs. Ciel trouble & nuageux; brouillard le matin. Superbe jufqu'a 2 heures du foir ; ciel en partie couvert le foir. Quelques éclaircis par intervalles, Quelques éclaircis le matin ; pluie l'après-midi, Ciel couvert. Dern. Quart. Pluie fine le matin; groffe pluie le foir. Pluie fine le matin 3 quelques éclaircis le foir. Plufieurs averfes avant le jour. Ciel à demi-couvert ; pluie le Loir. N. L.. perigée. Equin.descend. JIdem. Pluie par intervalles ; averfes très-fortes le foir. Ciel nuageux &itrouble avant midi ; pluie abondante le foir, Pluie le matin & PS de l'après-midi. Couvert le matin ;a ez beau vers midi ; pluie fine le Loir. Quelques éclaireis par intervalles ; pluie le foira 9 heures. Prem. Quart. Ciel couvert ke matin; beau le oir. Quelques nuages & vapeurs. Ciel en partie.couvert.; brouillard épais le matin. Quelques nuages ; brouillard le matin. Ciel nuageux & brouillard ; pluie & tonnerte lefoir à 9 heures, Hvyc.l VENTs. 1] 73,5 | Est. z 71,0 N-E. 3 | 68,8 | N-N-E 4| 70,3 |. N-E $ 78,0 N-E CAFE S, 7 79,0 O. 8 68,0 O. 9 | 65,5 N. 10! 62,0 N. 11] 62,0 | dem, 12! 65,5 | N: fort 13| 63,7 | N-N-E 14] 59,0 | N. 1$| $9,2 | Idem. 16} $6,0 S-E. 17| 66,0 S. 18 75,0 S-S.O, 19] 75,5 | S- 20] 79,2 | N. 21 83 o S-S-O, 22| 80,2 O. 23| 77,8 S-E. F 24] 80,0 Se 25| 74,0 | S-S-O:fort. 26| 72,0 | S-S-O. fort. | 27| 76,0 | S-O. fort. 28| 78,8 | N-O. fort. 29| 83,0 S-O. 30] 88,0 | S-S-O. 1] 49,2 | Calme. 2| 77,0 | Calme, 3| 77,0 Calme. 41 78,5 | S. f| 80,2 | N-O. Ciel'pluvieux le matin; légèrement couvert le foir. RÉCAPITU LA TION: ACVENE eee ts Lire de grêle ................ INSEE etre btetetsieiele «14 01-10 7 fois RE AS RE RS EN DNS NPC REA PMP T OA EE ES DANSE CT TUE SRE AMOANET EDV DOAMELIITE LE EE SCD TP RES Lome 1} C. EN D 1 POPON AI EAN VAT Evan 7, dr 326 JOURNAL.DE.PHYSIQUE, DE, CHIMIE NOUVELLES LITTÉRAIRES. : Organe de l’Ame, par S. T. SŒ®MMERNG, 1 vol. in-4. de 86 pages. Konisberg , 1796. ( en allemand ). C ETTE diflertation, dédiée au célèbre métahyficien Kant, eft écrite felon les principes de fa philofophie. Elle à pour objet de déterminer quelle eft la partie du cerveau qui forme effentiellement le /en/oriuin commune. L’au- teur prouve par fes recherches, & par les obfervations de plafieurs autres anatomiftes, que les ventricules du cerveau ne font pas feulement des ca- vités pollibles , dont les parois fe toucheroient ; mais que ces parois font réellement écartées , & que leur intervalle eft toujours rempli , dans l’état de fanté, d’une humeur qui leur eft propre. Il montre de plus, en détail , que tous les nerfs du cerveau peuvent être fuivis jufques à quelque point des na- rois de ces ventricules; & que la moëlle allongée n'étant que le faifceau commun de tous les nerfs de l’épine ,on peut mettre en fait que tous les nerfs ont leur extrémité cérébrale en contact avec l'humeur qui remplit les ventricules du cerveau. Parcourant enfuite les opinions des écrivains qui l'ont précédé , fur le lieu du /en/orium commune, il établit, non-feulement que toutes ces opinions font dénuées de fondement , mais mème qu’il n’eft pas probable qu'aucune partie folide puiffe en remplir les fonétions , tandis qu’un fluide, par la quantité de mouvemens divers, foit phyfiques , foit chi- miques, qu'il peut admettre ou tranfmettre , paroît beaucoup plus propre à cela. Il en conclut que l'humeur des ventricules eft véritablement le /erfo- rium commune, c'eft-à-dire, que nos fenfations font liées , d’une manière intime , aux divers mouvemens chimiques ou phyfiques, que Les nerfs pro- duifent dans cette humeur , lorfqu'ils font eux-mêmes affectés par les corps : extérieurs , ou bien aux mouvemens qui sy exercent fpontanément, foit par l’effec de l’imagination, foit par celui des fonges; & que d’un autre côté, les mouvemens volontaires font produits par les changemens qu'opère dans le fluide nerveux la réaétion de cette humeur. Certe brochure eft terminée par 3 planches, dont deux repréfentent une courbe verticale longitudinale du cerveau , plus exacte qu'on ne l’a eue jufqu'ici. Societé d’ Agriculture, Sciences & Arts, établie à Meaux. Un ami de l'humanité, un amateur éclairé des arts, vient de mettre à la difpofition de la fociété, une fomme de 96 francs, pour une mé- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 327 daille d’or , deftinée à l’auteur qui aura le mieux traité une queftion au choix & au jugement de la fociété. Fidèle à fon plan, mettant au premier rang tout ce qui tient à l'utilité publique , elle croit devoir s’arrèter de préférence à un objet qui intérelTe l'agriculture. Les vignes cultivées dans le canton de Meaux, & dans une grande partie du département de Seine & Marne, les vins qui en proviennent en aflez grande quantité, ont paru devoir fpécialement mériter fon attention. Outre la confommation confidérable du pays , ils forment un objet de fpéculation pour les marchands de Paris, pour qui feuls elle eft avanta- geufe, eu égard aux défauts juftement reprochés à ces vins, & qu'ils fa- vent mafquer d’une manière trop fouvent préjudiciable à la fanté des citoyens. Mais ces défauts proviennent-ils de la qualité du terroir & du plant, ou d’une culture mal entendue ? ou bien doit-on les attribuer au manque de maturité dans le raifin & à la mauvaife manipulation dans la manière de faire le vin ? ou, enfin, eft-ce à ces caufes réunies en tout ou en partie , que font dues leurs qualités défagréables , & quels font les moyens les plus propres à les corriger , fi on ne peut les faire difparoître entièrement ? La folurion de ces queftions intéreffant plus particulièrement les citoyens du canton de ce département , la fociété prepofe pour fujet du priy: De déterminer les moyens d'améliorer , de perfeétionner & de gouverner Les vins de la ci-devant Brie ; foit pour l’ufage , foit pour la vente. Elle invite les auteurs qui enverront leurs mémoires au concours , à traiter la queftion fous les rapports de la culture , de la main d'œuvre & fur-tout de la phyfique & de la chimie, dont la théorie fage & éclairée doit diriger & aflurer la pratique. Elle croit ne pouvoir indiquer de meilleur modèle à fuivre que le mémoire de Rozier, qui a remporté le prix propofé fur un fujet pareil par l’académie de Marfeille en 1770. Toutes perfonnes, exceptéles affociés, feront admifes au concours. Les mé- moires feront écritsen français, & adreffés , francs de port, au C. Carangeor, fecrétaire de la fociété ,à Meaux , qui donnera récépiflé de ceux qui lui feront remis direétement. Les auteurs joindront à leur ouvrage , un billet cacheté, qui contiendra leurs noms & demeure : ils mettront à la tète du mémoire une épigraphe qui fera répétée fur le biller. La fociété ne recevra an concours, aucune pièce dont l’auteur fe feroit fait connoître direétement ou indireétement. Elle rejettera pareïllement ceux qui ne lui paiviendront pas avant le 15 uivofean 8. Le prix fera décerné dans la féance publique du 1$ germinal, an 8. La médaille ne fera remife qu’à l’auteur lui-même, ou à fon fondé de pou- voir , ou à celui qui repréfentera le récépilié du fecrétaire. 528 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, &k. DEA BEN DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. [Qi o u x Tr Rumfords experimental effays, &c, /éconde partie du P'IIe, Effai du comte de Rumford ; [ur la propagation de la chaleur dans les fluides, &c. Extrait par Picrer. Page 253 Nouvelle mécanique des mouvemens de l’homme & des animaux ; par P.-J, BARTHEZ. 273 Réponfe de J.-H. HassenrraTz , à J.-C. DaeLAMÉTHERIE; relative à une note inférée dans le Journal de Phyfique de meffidor an 6. 274 Obfervations faites dans l'ile de Cychère en 1785 ; par SPALANZANI. 278 Obfervations fur la graiffe, par Coinper. 28; De la phofphorefcence des corps , & particulièrement fur celles des eaux de la mer, par TiNcry. 287 Nofégraphie philofophique , ou Méthode de l’analyfe appliquée à la médecine, par Ph. Piner. 295 S De la refpiration des plantes ; par J.-C, DevAMéTHERtE. 299 Mémoire fur un nouveau genre de'vers inteflins , Cyfädicola Farionis , 6c. , par G.Fiscuer, 304 Suite des expériences fur l'irritabilité de la fibre nerveufe & mufculaire , par Frédéric-Alexandre Von-Humsozpr. 310 Note fur l’artration, par CAVENDISH. 314 Mémoire fur les offemens foffiles des quadrupedes, par Cuvien. 315 — fur les vaifleaux fanguins des fangfues, & fur la couleur rouge du fluide quiy eff contenu, par Cuvrer. É 318 Note für les araignées rendeufes, communiquée par P.... 319 . «— Sur le corrindon, 322 — Sur l’abforption de l’osigène par les terres. 323 Obfervations Météarologiques feives à l'obfervatoire national ; par Bouvaro». . 524 Nouvelles litcéraires, 326 métis. res 1 JA + ee A us ae pps à Tes dns ar , D + E Le. Se l JOURNAL DEPHYSIQUE, D'E;-C'H I MA:E ET D'HISTOIRE NATURELLE. BRUMAIRE an 7. D'UN SYSTÊME CHIMIQUE DE LA SCIENCE DE L'HOMME; Par J. B. T. Bavmes, Profeffeur de pathologie , météorologie & nofologie près l'Ecole de Santé de Montpellier ; correfpondant de la focièté de médecine de Paris. EDR Te RAT T: FA EUR divife fon ouvrage en deux parties principales, la première eft la chimie phyfrologique , & la feconde eft la chrmie pathologique. Nous ne le fuivrons point dans tout ce qu'il dit fur la chimie phyfiologique , par défaut d’efpace; d’ailleurs une grande partie eft déjà connue ; mais nous allons rapporter fa chimie pathologique qui préfente des idées neuves. Chimie pathologique. Dans l'étude de la fcience de l’homme , le phyfolosifte n’a qu'à admi- rer, dans le plus bel ouvrage de la nature , la perfection de l’enfemble , la fimplicité des procédés , la richefle des combinaifons & la majefté des développemens. I] voit qu'une harmonie conftante dirige toutes les opé- rations qui conftituent l’état fain, & qu'une fucceflion non interrompue des fonétions propres au corps vivant, aflure la plénitude de fon exiftence, & mainrient les loix phyfiques & chimiques de fon organifation. Le patho- logifte n’eft témoin que des interverfions de cet ordre fublime. Les forces du fyftème font exagérées ou perdues, les attraétions font changées, les Tome IV. BRUM AIRE an 7. Vy 559 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE combinaifons perverties , les produits de la vitalité totalement contraires aux actes naturels de notre économie, le défordre croiflant nxenace de rompre lës liens de la vie, & ç’en eft fair au frèle üffu qui la retienc encore, fi, par des opérations concertées entre la nature & l'arc, le calme ne fuccède à l'orage , & fi l'harmonie fucceflive des fonétions ne remplace bientôt leur trouble extrême. Heureux ,a dit un philofophe, celui qui peut pénétrer la raïfon des chofes! Plus heureux encore le pathologifte qui , guidé par des principes vrais, peut faifir la caufe des dérangemens organiques & connoître le mécanifme des différentes léfions qui conftituent nos maladies. C’eft ici que la chimie , par de fages applications à la pathologie , peut de même rendre les fervices les plus fignalés à la médecine. L’obfervation clinique a accumulé les faits , fans nous rendre guère plus riches dans les moyens ; les difficultés fubfiftent, & l’on eft fondé à dire qu'il n’y a que la chimie qui puiffe les combattre & les lever. Dans la difcufion importante qui va s'ouvrir, la carrière étant abfolu- ment neuve, les vérités ne peuvent naître que de l’ordre & de la méthode, D'après cela, & prenant pour fondement de mes divifons, les combinai- fons chimiques que les fubftances primitives peuvent faire avec des bafes oxidables ou acidifiables, je rapporte tous les défordres de nos fonétions à cinq chefs, favoir: l'oxigénation, la calorification, l’hydrogénifation , l'azo- üifarion & la phofphorifation. De là naiffent cinq grandes claffes de mala- dies , les oxigénèses , les calorinèfes , les hydrogénèfes , les azoténèfes & les phofphorenèfes. 1°. DDéfordres de l’oxigénation. Ie, Claffe des maladies : les oxigenefes. L'oxigène (1) éft la bafe de l'air vital ; il eft le principe général de toute combuftion génératricé des oxidss & des acides. La combuftion confifte dans une combinaifon des molécules d’un corps avec celles de l’oxigène , que ce corps enlève par une attraction collective ou ‘ifolée ; d'éleétion ou d’anomalie , fimplé ou complexe. Un corps ‘brülé eft donc.un corps combinéiavec l’oxigène, ou, fi lon veut, une fubftance (x) Girranner fait jouer le plus grand rôle à l'oxigène dans l'économie des êtres orga- nifés. L'oxigène eff le principe irritable; fa jufte quantité donne lieu à l’écat de fanté ou au ton de Ja fibre ; la quantité excédante conftitue l’état d’accumulation ; fa quantité in- fuffilante produit l'étar d’épuifement. Les fabftances appliquées au corps vivant, ont une aëtion nulle , forte ou foible , fuivant que , furchargées ou privées d'oxigène, elles peuvent le reftituer à la fibre organifée , ou le foutirer , d'après les loix chimiques de l'affinité , & le degré de température, ’ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 331 oxigénée , oxidée, D’après cela, on a été fondé à dire, avec Lavoifer, que la partie rouge du fang , la lymphe, prefque toutes les fécrétions , font de véritables oxides, La combuftion peut être vive & accompagnée de fes phénomènes fenfibles qui font le dévagement du calorique & une chaleur plus où moins forte: elle eut être lente & privée, par certaines modifications où fuivant l’état de F oxigène , de ces mêmes phénomènes. Cette différence fondamentale dans la combuftion, en établit pareillement une dans fes produits ; de là , la di- vilion connue des maladies par combuftion vive & lente , en aiguës & en chroniques. Les unes & les autres peuvent être juftement confidérées comme inflammatoires , fpafmodiques ou atoniques. L’oxigène peut être excédant dans l’économie des animaux, ou infufi- fant, dans fa quantité , aux fonctions qui dépendent de fon intervention. Dans le premier cas, il y a furoxigénation , & il en provient un ordre de maladies , favoir , des furoxigénèfes. Dans le fecond cas, il y a défoxi- génation , & les affections de cet ordre conftituent des défoxigénèfes. Mais tout eft lié dans l’économie vivante , ainfi que dans les phénomènes de la nature; dès qu'un principe furabonde ou manqué, ou bien dès qu'il y a une caufe capable de rompre l'équilibre qui exiftoit entre les affinités récipro- ques des principes conftitutifs d'une fubflance , il se forme de nouvelles, coinbinaifons par la dominance d’autres principes. C’eit ainfi que l’hydro- gène-carboné, par exemple , s’'accumule dans le fyftème , dès que l’oxigène n'eft pas fufhfanc pour former avec les deux autres principes, des compofés où des furcompofés d’un nouvel ordre. 1. Les inflammations vives ou lentes donnant lieu à des affections aiguës ou chroniques, font toutes des furoxigénèfes. Elles confiftent dans une combuftion trop forte , due , comme l’a très-bien dit Bertholer, à une exa- gération des effets de la refpiration. Le calorique fe dégage abondamment par les effets primitifs ou fecondaires de la maladie; & les phénomènes qui lui font propres s'établiffent ainfi dans l’ordre fimultané & facceflif qui en caraétérifent le commencement , les progrès, la terminaifon & les produits. Cés maladies, naïffent dans les grands froïds , elles font endémiques dans les régions boréales , furviennent quand on paffe inconfidérément du chaud au froid , enfin elles règnent fous l'influence des températures rigou- reufes. Touecela fe dérive naturellement de l’état de l'air. Condenfé-par le froid ; il, paffe , en plus grande quantité , fous ur même volume , dans les organes de la refpiration ; & il s’en dégage une plus grande quaniité de calorique; La combultion eftrapide, & l’efpèce d’inflammarion qui en provient, varie fuivant la partie qui -eft le foyer de la combuftion. Lorfque c'elt la malle générale du fang qui l'éprouve , il en réfulte. une. affection inflammatoire générale; quand au contiaire, c'eftila, gorge, le poumon, ou V v2 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE toute autre partie déterminée , il en provient une efquinancie , une pneu- monie ou une pleuréfie ; ainfi des autres organes. Cette théorie eft confirmée par des faits analogues. On s’eft convaincu que le fang des animaux qui ont refpiré du gaz oxigène pur, paroît être plus prompt à fe congeler ; que les animaux qui ont refpiré quel- que temps ce fluide gazeux, réfiftent plus long - temps aux mélanges refroidiflans ; enfin que chez les malades auxquels on fait refpirer l’air vital pur , on fait naître les fymprômes généraux des affeétions inflam- matoires. Le phénomène le plus remarquable de l'inflammation eft relatif à la formation de cette fubftance blanchâtre & coriace qui s'élève & fe mani- fefte le plus fouvent far la furface du fang qui a été tiré par la faignée , & que les praticiens connoiffent fous le nom de coenne pleurétique. Le caillot que recouvre cette pellicule plus où moins épaifle, formé par la fibrine & par la pattie colorante du fang , eft folide , & fa couleur eft noirâtre, Pour concevoir ces différens phénomènes, il faut confidérer quels font les effets généraux & effentiels de l’inammation. Ce font l’augmen- tation de chaleur, la refpiration plus précipitée qui font que l'air expiré, emporte beaucoup plus d'humidité & deflèche le malade; la diminution de Faffinité qui a lieu entre la partie lymphatique ou fibreufe & lesolobules, dont la conftitution plus avantageufe eft changée. Ainfi, quand le caillor fe forme, par la perte de fon calorique & en vertu de la concrefcibilité augmentée de la fibrine , une portion de cette partie fibreufe adhère encore aux globules, tandis que l’autre, fous l'apparence d’une huile qui furnage , en grande partie , la caillot fe rafflemble fur fa furface , fe fige, & donne lieu à la coenne pleurétique hors du fyftème, & dans le corps vivant , à la produc- tion de ces fautfes membranes qui tapiffent les cavités 8: les fuperficies des parties qui onc été frappées d’inflammation. Il y a plus, cette partie lym- phatique , devenue plus fluide & épanchée dans le tiflu cellulaire des pat- ties où les effets de l'inflammation font particulièrement déterminés par des circonftances locales , cette partie lymphatique, dis-je , foumife à la preflion des vaifleaux , & en s'oxigénant de plus en plus, devient du pus , qui fouvent eft un des effets inévitable de l’inflammation. La quantité de calorique qui, dans les inflammations, fe trouve dans le fyftème , produit la rarefaétion des liquides : car l’écartement des molé- cules, par la chaleur , eft une loi générale & conftante de la nature. Le fang eft donc plus fluide dans les inflammations; & comme, dans fes affections , ainfi que dans les différentes efpèces de fièvres, la digeftion eft fufpendue , la graille, dépofée dans le iffu cellulaire, reflue dans le fang, & fert à l’entretenir : on peut donc foupçonner , dit Bertholet , qu’alors il fe confume une plus grande proportion d'hydrogène que dans l’état de fanté, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 333 & que l'excès de chaleur qui accompagne ces maladies, eft dû en partie à cet efft. s En réfamant tout ce qui fe paffe dans les inflammations, comme la rapi- dité de la circulation qui accélère conféquemment le pallage du fang artériel à l’état de fang veineux, & partant le dégagement d’une plus grande quan- tité de calorique , la diflipation de l'humidité , l’ardeur générale, & dans les inflammations topiques, l’aétion vive des artères, & la chaleur locale, on fent combien la faignée, la boiffon, les fomentationsémollientes, les bains, tendent direétement à combattre l’inflammation. Ses effets font aufli dimi- nués par l’évaporation. Les rhumes fonc des efpèces de combuftions qui ne diffèrent que par le degré de celles qui donnent naïffance aux inflammations. Auf Tiffot a t-il dit, avec btaucoup de vérité, que le rhume eft le premier deoré de l’inflam- mation de poitrine. Les mèmes caufes, mais variant dans leut intenfité , produifent les rhumes & les inflammations exquifes : &, par des expériences politives, Fourcroy & Vauquelin fe font convaincus que le contaét de l'acide muriatique oxigéné fur les furfaces internes des narines, de la gorge & des bronches, occafionne la férie des phénomènes qui appartiennent aux affec- tions catarrales. Le développement rapide de l'hydrogène dans les inflammations, faic prendre à ces maladies la tournure des érylipèles & autres affeétions exan- thématiques qui tiennent de très-près aux maladies éryfipélareufes. Les inflimmations gangreneufes doivent être confidérées comme le maximum des combuftions intenfes qui amènent l'inflammation , fans préjudice des complications qui donnent à cette maladie une tendance plus ou moins forte à la gangrene. Les inammations ganogreneufes atta- quent le plus fouvent la gorge ou les poumons , & paroillent être l'effet de quelques miafmes cauftiques, dont l'aétion , à l’inftar de celle de la cauf- ticité, dépend toujours de la force de combinaifon , & qui n’eft que late même de la combinaifon du cauftique avec nos organes Il faut mettre au nombre des phénomènes qui appartiennent à la furoxi- génation , confidérée du côté de la produétion des maladies inflammatoires, plufeurs faits d’un ordre fecondaire, tels que les changemens qui fe paffent dans l'humeur âcre & tenue des catarrescommençans ,dans les crachats féreux qui ont lieu dans la première période des inflammations de poitrine, dans humeur lacrymale qui fe répand au début des ophtalmies. À mefure que ces produits morbifiques font oxidés par l’oxigène qu'ils abforbent de l'air atmofphérique, ils s’épaifffent & perdent de leur âcreté. C'eft ainfi que fe cuifent, pour parler le langage des praticiens, les crachats dans la pleuréfie & dans les rhumes ; c’eft ainfi que les paupieres fe chargent de chaflie lorf- que l’inflammation ophtalmique perd fon intenfté , &c. Les maladies , par furoxigénation du fyftème , dépendantes d’un étar gé- 334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE néral d’afcécence ou du développement formel de quelque acide , appare uennent au titre des fpafmes où à celui des atonies. Ê 2°. Les fpafmes tiennent de très-près aux inflammations dont elles diffè- rent néanmoins par un ordre particulier de phénomènes. Dans celles - ci comine dans ceux-là, on trouve une icritabilité extrème, fouvent une dou- leur très-aiguë dans la partie affectée; &, dans les fonétions de cette partie, une Iéfion grave, quelquefois mème une, fufpenfion abfolue. Ce qui les conftitue véritablement , quelles que fotent les idées qu'on s’en foit me à c’elt l'exagération des forces fenliuives & motrices, & fur-tout la mobilité des actions nerveufe & mufculaire. Les fpafmes embraflent donc toutes les maladies marquées par la léfion du principe du fentiment, & par celle du principe du mouvement. Les douleurs qui n’ont rien d’infammatoire, & l'agitation involontaire des parties mufculeufes du corps, en compofent la famille, La théorie des fpafmes tend donc à s'identifier avec celle des infammations. [ci , comme là, il y a fouvent furoxigénation du fyftème ; mais dans les cas d'inflammation, cette furoxigénation paroït fe faire rapi- dement, & fes effets font prompts à fe faire appercevoir ; dans les cas de fpafmes, cette furoxisénation femble tenir à un vice héréditaire ou acquis de l'économie vivante, ou fe développer d’une manière infenfible & graduclle. Une obfervation importante à faire, relativement aux fpafmes, ceft qu'ils font étroitement liés avec l'exiftence & l’action chimique des ma- tières âcres fur les parties du corps vivant. Certe confidération groffit beau- coup la foule des'affeétions fpafmodiques, puifqu’aux maladies caraété- térifées par des douleurs plus ou moins vives, & par des convulfons plus ou moins fortes, plus où moins générales, fe joignent celles que conf- dituent, foir des miafines ou virus fpécifñiques qui agiffent chimiquement far les Auides du corps vivant , foir des opérations véritablement chimiques qui s'opèrent dans l’eftomac , dans les inteftins , dans les organes chargés de quelque fécrétion , on fur la furface de la peau. Les fpafnes ont encore cela de remarquable, que, dépendans de la force du fimulus qui excite les facultés fenfble & irritable , tout le monde , fous ce point de vue, eft fujer aux affections fpafmodiques; & que, fous un autre afpett, confiftant dans des excès , naturels & acquis, de fenfbilité, d'irritabilité & de mobilité, qui font que les efforts & la fouffrance de la nature font très- difpropoitionnés au principe qui les occa- fionne , ceux qui éprouvent plus particulièrement les effers du fpafme, font les enfans, les femmes, & en général les hommes qui ont le plus retenu la confttution de l’enfance , ou qui.ont été accidentellement affoiblis par de grandes évacuations ou par une.maladie grave. Ces obfervarions avouées de tous les. praticiens, font fentir combien les affe@ions fpafmodiques font liées avec la furoxigénation & peut - étre la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 555 farphofphorifation du corps vivant ; fans compter que , relativement aux matières âcres qui occafionnent fi fouvent ces maladies, elles rentrent fous l'influence générale de l'application de la chimie à la pathologie. On fait effectivement que la vie de l'animal exige une certaine quantité d’oxigène qui, fuivant Girtanner, eft la caufe matérielle de l'irritabilité : propoñrion, au refte, qui embralle tous les âges , mais que les animaux tiennent d’au- tant plus d'oxigène , ainfi que l’a remarqué Hildebrandr, que leurs liquides & leursolides approchent plus de l'état acide, & que quelques-uns tiennent de l’acide libre : ce qui concerne particulièrement les enfans, & elt le cas des adultes dans quelques circonftances pathologiques. … En réfléchiffant aux divers états dans lefquels fe trouvent les corps vi- vans atteints de maladies fpafmodiques , on voit le traitement de ces affec- tions très - communes , beaucoup moins livré à l'arbitraire , reétiñié par les connoiflances vraies que la chimie nous donne , & confirmé , en ce qui eft le réfultat de l’obfervation chimique , par les explications qui émanent de ces connoiffances. Dans les indications variées que ces maladies nous offrent, on voit ici la néceflité d’amortir la vivacité du fentiment par des cal- mans , par des narcotiques ; là, on fent l'utilité d’éendre dans les fluides aqueux , les matières âcres qui excitent vicieufement les forces fenfirives & motrices; dans d’autres cas, il n’y a rien de mieux que d’oppofer à ces matières des fubftances qui les détruifent chimiquement , comme font à l'égard des acides, les abforbans, les alkalis; & relativement aux virus fpécifiques , les médicamens qui, par une action particulière, détruifent la force d’agrégation de leurs parties intégrantes , les désompofent, les dé- naturent , & reftituent au fyftème l’équilibre qu'il avoit perdu par l’addi- tion ou la fouftraction des principes qui font partie des combinaifons animales. D'après ce qui vient d’ètre dit, un grand nombre d’affeétions fpafmo- diques appartiennent aux furoxigénèfes ; il y en a cependant plufeurs fur- tout de celles qui font occafionnées par des virus & qui font d’une nature chronique , qu'il faut placer parmi les défoxigénèfes. Rollo 2 placé le diabètes fucré parmi les maladies fpafmodiques; il le confidère comme une maladie de la digeftion & non des reins, & penfe que le fucre qui pale dans les urines , eft formé dans l’eftomac & dépend de quelque vice de cet organe qui en augmente l’aétion. Cette théorie toute fimple, devoit conduire l’auteur à la guérifon d’une maladie auf difi- cile à combattre, en tirant fes indications de la néceflité, 1°. de prévenir la formation de la matière fucrée dans l’eftomac; 2°. de rétablir cet organe, en réprimant l'excès de fon action. Rollo les à parfaitement remplies, en privant les malades de toute matière végétale qui pourroit fournir le prin- cipe fucré, conféquemment en le tenant au régime abfolu de nourriture animale ; & en adminiftrant l'émérique , le fulfure de poraffe, l'eau de 336 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE chaux, le fulfure ammoniacal & les narcotiques végétaux. Quand ces re- mèdes chimiques employés , fuggérés par une théorie chimique, ont guéri radicalement une maladie , déclarée incurable dans tous les fyftèmes de médecine-pratique , qui voudroit nier l'utilité de l’application de la chimie à l’art de guérir ? qui oferoit contefter fes orands, fes immenfes avantages ? Le diabètes fucré eft donc ainfi dans l’ordre des furoxigénèfes. 3°. Quand il y a , dans l’économie animale, une diminution du ton qui eft propre au fyftème en général, & fpécialement à chaque partie, & que cette circonftance influe fur le dérangement ou la léfion d'une ou de plufeurs fonctions , les maladies qui en proviennent, par défoxigé- nation où par furcxigénation , doivent être confidérées comme atoniques. Elles préfentent cela de remarqable, qu'il fe forme alors des acides, ou des combinaifons marquées par un caractère d’afcécence , ou même des oxides qui deviennent de véritables caufes morbifiques. Si la théorie du rachitis , donnée par Bonhomme, fe confirme par l'examen des urines & des os de ceux qui en font attaqués , cette maladie, foncière- ment tonique, appartiendra aux furoxigénèfes. Suivant cet auteur, la nature du vice rachitique dépend , d’une part, du développement d’un acide dont la nature eft voiline de celle des acides végétaux, & particulièrement de l'acide oxalique; de l’autre, du défaut d'acide phofphotique dont la com- hinaifon avec la terre calcaire animale , forme la bafe naturelle des os & leur donne leur folidité. Auñi les lotions alkalines & l’ufage interne des phofphates de chaux & de foude, en fonc les vrais remèdes. Le rachitis des adultes dépendroit-1l des mêmes caufes ? Le phofphate acidule de chaux & l'acide phofphorique lui-mème ne contribuent-ils jamais à produire cette maladie ? On demandera peut-être pourquoi des maladies placées parmi les furoxi- génèfes, les unes font fpafmodiques & les autres atoniques? La réponfe eft aife : cela dépend de la quantité du calorique , en excès-dans le premier cas, & en défaur dans le fecond, Différentes efpèces de concrétions animales d’uù proviennent des affec- tions , fi douloureufes & fi dificiles à combattre , méritent de trouver place ici, en tant qu'elles font immédiatement produites par des acides particu- liers. Je parlerai feulement ici de acide lithique, qui jufqu’ici n’a été trouvé que dans l'urine & la veñie humaine, & qui femble compofé de beaucoup de carbone & d'azote, & de très-peu d'oxigène & d'hydrogène (1). Mais tous Les calculs humains , fur-tout dans les pays méridionaux, font-ils formés par l'acide lithique ? & ceux qu'on rencontre fi fréquemment dans l'enfance n'ont-ils point d’analogie avec les concrétions calculeufes des quadru- ————_————— (x) Annales de Chimie, tome F6, page 117. pèdes ET D'HISTOIRE NATURELLE. 337 pèdes herbivores, qu’on fair être fi différentes des concrétions véficales humaines? Un efai de chimie pathologique ne peut pas préfener la claffification exacte de toutes les maladies. Je me hâte conféquemment de défigner feulement, Les écrouelles, dans lefquelles le phénomène dominant eft la faroxigé- nation de l’albumine. , Les affections fcorbutiques , où l'on a principalement à rematquer la dé- foxigénation de cette fubftance. Les maladies chlorotiques marquées par la décoloration du fang , & une difpofition afcécente plus ou moins forte , qui fe développe dans le foyer de la digeftion & dans celui des fécrérions , &c., &c. 2°. Défordres de la’ calorification. Ile, Clafle des maladies : {es calorinèjes. Le calorique eft le vrai principe de la chaleur animale ; & il influe véri- tablement fur l'irritabilité. 11 eft abondant dans les corps vivans , puifqu'ils font habituellement plus chauds que le fluide dans lequel ils vivent. 11 doit s’exhaler & fe perdre abondamment par la raifon mème de la plus haute température qu'a l'économie des animaux. Enfin , il fe renouvelle par tous les moyens qui ont été indiqués dans plufeurs pallages de cet elTai. Que la produétion du calorique foit plus forte que fa déperdition ; qu'en vertu de fes attractions changées où modifiées, par l’état morbif- que , il s’accumule dans le corps; commé aufli qu'il s’exhale, qu'il fe perde, qu'il s’anéantifle : & il en réfultera des furcalorinèfes & des defca- lorinèfes. Au premier titre des calorinèfes , c'eft-à-dite, à l’ordre des furcalori- nèfes , appartiennent les hémorragies actives, les maladies d’échaufement, les étifies effentielles. Dans l’ordre des defcalotinèfes, rentrent une infinité d’affeétions qu’on a rangées fous d’autres titres par rapport aux phénomènes principaux qui les caractérifent. On fait que les hémorragies actives fe rapprochent confidérablement des indammations , & que plufeurs oxigénèfes ou défoxigénèfes atoniques ne doivent leurs apparences morbifiques qu’au, manque de la quantié relative du calorique. Les maladies caraétérifées par la foibleffe & la langueur, font vifble- ment des defcalorinèfes , lorfqu'on ne peut pas les attribuer à d’aurres caufes prédominantes. Dans l’étar de foibleffe & de langueur, la refpira- tion eft peu active; elle eft fouvent pénible; la chaleur animale ne fuffc Tome IV. BRUMAIRE an 7. Xx 338 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pas pour réfifter aux intempéries des faifons ; le fang eft peu coloré. Dans ces cas, il faut avoir recours aux vètemens convenables & qui s’oppofent à la diffipation du calorique , tels que les étoffes de laine & de coton ; à l'exercice & au travail qui augmentent la formation de l'acide carbonique, & favorifent par là, non-feulement la produétion de la chaleur , mais la prompte digeftion des fubftances alimentaires qui renouvellent le fang , & tous les réfulrats de la vie. s Il faut rapporter ici les obfervations de Lanoïx , fur le danger de couper les cheveux dans la convalefcence des maladies aiguës; parce que ce mé- decin a fait voir par la confidération des cheveux, comme organes propres par leur dépendance fympathique avec le cerveau , par leur propriété non- conductrice du calorique, qu'ils étoient effentiels pour favorifer la crife , & qu’on devoit les conferver pour ne pas troubler les mouvemens que la nature dirigeoit vers l'organe éminemment effentiel à la vie (1). Dans les affections fpafmodiques , au contraire, qui femblent occafonnées eu augmentées par l’action du calorique , on donne , avec confiance & utilité , l’écher qui agit principalement en fe vaporifant, c’eft-à-dire , en fe combinant avec le calorique & l’entraînant ainfi hors du corps. Comme les hémorragies aétives , par la force du pouls , par la chaleur interne & par d’autres phénomènes inféparables des maladies où la réaction eft plus où moins forte, s’identifient avec les inflammations , on leur oppofe , avec fuccès , la mème méthode générale de traïtement. k 32 Défordres de l’hydrogénifation. IIIe, Claffe des maladies : les hydrogenèfes. L’hydrogène eftle principe de l’eau & partie conftitutive des huiles; mais, dans l’économie des animaux, on ne peut guère le confidérer abftractive- ment du carbone. On doit rapporter aux hydrogenèfes, des maladies extrèmement répandues parmi les chaleurs , dans les lieux bas, abrités & chauds, & en général, dans les contrées marécageufes, fur le déclin des étés & au commence- ment des automnes. Elles font connues des praticiens fous le nom de fièvres bilieufes , de fièvres intermittentes ou rémittentes des lieux bas & des pays marécageux. La théorie de ces maladies eft liée avec la connoïffance de l’action ou des effets de l'air chaud dans la refpiration. Il eft prouvé que , dans l'acte de cetre fonction, l’acide carbonique n’eft pas aufli abondamment produit dans l'air chaud que dans l’air froid; ce qui annonce que la combuftion , par l'air vital, eft bien moindre dans le pre- (1) Voyez Bulletin des Sciences , avril 1797 , page 4. ET D'HISTOIRÉ NATURELLE. 339 mier cas que dans le fecond. On fait aufli que l'air chaud devient impropre à la refpiration, lors même que le gaz oxigène s’y trouve dans une propor- tion qui entretiendroit , fans incommodité, la refpiration dans une tempé- rature froide. Indépendamment de ce premier phénomène, il faut néceffairement con-- fidérer la nature du gaz hydrogène carboné, qui fe dégage naturellement des terreins marécageux , & fur-tout lorfqu’on en preffe la vafe. Mis à dé- tonner dans l’eudiomètre de Volta, il produit plus d’acide carbonique que le gaz hydrogène carboné retiré du charbon, avec lequel il a cependant de grands rapports , & il laïfle pour réfidu une proportion affez confidérable de gaz azote. [] paroît donc contenir, outre le carbone , quelque chofe d’hui- leux & de nature animale. C’eft ce gaz, dit Bertholet, qui très - proba- blement eft la caufe de l’infalubrité des marécages, & qui, s'étant combiné avec une portion d’air atmofphérique, en forme de vapeur nébuleufe , vient porter fes propriétés délétères dans le poumon (1). La chaleur , jointe à l’aétion des miafmes marécageux , diminue plus ou moins la proportion d’oxigène qui eft néceffaire à l’économie des animaux, ou affoiblit la faculté que les corps vivans ont à abforber ce principe. L’hy- drogène carboné furabonde dans le fyftème ; de là , les élémens de la bile dominent, la matière adipocireufe reflue de toutes parts , & l'humeur bilieufe fe forme d’autant plus abondamment , que l'hydrogène en excès fait la bafe de la fubftance huileufe dont la bile eft prefque toute com- pofée; & comme le foie en eft l'organe fecrétoire , 1l doit être d'autant plus menacé de congeltion & de pourriture, que la bile eft naturellement plus abondante & plus dépravée ou plus âcre. Les fièvres des climats chauds, à type rémittent ou intermittent , font donc effentiellement bilieufes , & affectent le foie dans leur tendance gé- nérale, Ces maladies font de même foncièrement atoniques ; car , après une fuite d’effais faits avec les airs factices , Beddoës à vu que la refpiration du gaz hydrogène pur, mêlé dans l'air commun , eft un doux fomnifère ; & que le gaz hydrogène carboné , mêlé dans l'air commun à la proportion de -, jufqu’à +, affecte celui qui le refpire d’un affoibliffement de force & de vertige. On fait aufli que les flatulences hydrocarbonées ou hydrofulfu- rées dans les inteftins , caufent , fur-tout aux perfonnes foibles , vaporeufes, hypochondriaques , de l’affoibliflement, des évanouiffemens, tout comme quand on refpire de ces gaz produits par les méthodes chimiques. Un des effets principaux de ces maladies, par défoxigénation & par hydrogé- nifarion du corps vivant, eft de porter la chaleur animale à un degréd'acrimonie (2) Lecons des Ecoles Norm, tome V , page 2$8. X x 2 xao JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui eft connu par des praticiens , & que l’obfervation a apprisêtre plus inquié- tante, plus mordicante que la chaleur inflammatoire. J'ai déjà eu occafon de dire que l’abforption de la graiffe dans les maladies fébriles , donnoit, en par: tie, lieu à ce phénomène, Mais quand on confidère que le fang ,en reprenant l'hydrogène carboné , perd de fa capacité pour contenir le calorique, & qu'il eft de l’elfence des fièvres dont il eft ici queftion, de faire dominer l'hy- drogène carboné , on fent que la chaleur , dans ces maladies, doit ètre d’au- rant plus forte, qu’en paflant plus rapidement à l’état veineux , le fang perd plus de calorique. La difpofition aux fièvres bilieufes , la langueur habituelle de la refpi- ration, & l'aptitude à des accumulations d'hydrogène catboné, conftituent la forme de tempéramment qui eft propre aux habitans des pays marécageux. Pour prouver que l'humidité agiflant fur la fibre d’une manière phyfique, n'y contribue en rien, il n’y a qu'à voir les marins qui vivent habituelle- ment fur l’eau, & qui jouiffent d’une fanté robufte. Tant il eft vrai, comme l’a dit Bertholet , que le poumon eft le foyer où fe prépare Le feu de la vie, qui doit animer tous les organes. Les fièvres , dues aux influences de l'air marécageux , fe font remarquer par une férie de paroxifmes qui conftituent les genres de ces maladies, pat les rémps qui caraétérifent chaque paroxifme ou accès, & par l’ordre pé- riodique de leur retour. On a cherché dans le bas-ventre, où l’on a placé fi gratuitement la fource de toutes les maladies périodiques , la caufe de la reprife plus où moins régulière des accès, tandis qu’elle réfide apparemment dans les obftacles que les effets de la refpiration apportent au degré d’hydro- génifation néceffaire pour allumer la fièvre, fans compter l'influence que doit inévitablement avoir la diverfité de proportion des deux principes qui conftituent la combinaifon hydrogène - carbonée , à laquelle on eft fondé d'attribuer les phénomènes fébriles, & l’enchaînement qui les caraétérife. Quand , avec un certain degré de force , d'énergie organique , l’hydro- gène carboné furabonde dans l'économie animale , foit que dans les aétes fucceflifs de la refpiration & de la curanifation , faute du degré néceflaire d'oxigénation , le fang ne puille pas fe décarbonifer & fe deshydrogénifer fuffifamment; foit que l’atmofphère marécageufe, d'après les expériences de Volta, fourniffe une grande quantité de gaz hydrogène feul ou carboné , un hydro-carboneux aflocié ou diffous dans une fubitance , tel que le gaz azote fimple ou phofphoré; il doit en réfulter une décroiffance progreflive dans la force du fyftème vafculaire : bientôt le friffon, le froïd , le fpafme, le rétréciffement des extrémités ont lieu, & ils conitituent le premier temps d’un accès fébrile. L'hydrogène carboné qui d’abord n'éroit que mêlé avec le fang , s’y combine plus ou moins étroitement, & cette combinaifon ne pouvant fe faire fans dégagement de calorique , la chaleur revient & fe proportionne à la force de ce dégagement. Les effets ordinaires de l’action ET D'HISTOIRE NATURELLE. 341 des vaiffeaux & de la circulation augmentée, entretiennent & augmentent la chaleur qui caraétérife le fecond temps de l'accès. Enfin, dans la deftruc- tion de certains compofés & la recompofition des combinaifons nouvelles, aidé par la température à laquelle la chaleur élève le fyftème , un gaz aqueux fe forme avec plus ou moins de profufon , & les moiteurs ou les fueurs générales qui conftituent le troifième temps de l’accès fébrile, amènent le calme & la fraicheur , par l’effec même bien reconnu de la vapo- rifation. La théorie des fièvres caufées par les effluves marécageux , & des accès qui leur font propres , n’eft pas un objet de fimple fpéculation. Elle prouve que, pour prévenir ces maladies , il faut fe priver rigoureufement de tous les alimens qui contiennent ou qui peuvent fournir lhydrogène - carboné Fe qui peuv ydrogène - e les élémens de la fubftance huileufe qui entrent dans la formation de ia bile ; de-là , la néceflité de profcrire la graiffe animale, l'huile , le beurre, le fromage, &c. Elle indique jufqu’à quel point on peut compter fur les > LEE Jesse PEU 1e effets du changement d'air, & même fur ceux du gaz oxigène pur refpiré, pour la gnérifon des fièvres ; enfin ,.elle nous mer fur la voie de la manière d'agir du quinquina dans ces maladies ; & l’analyfe de cette écorce pré- LE £ 5 y ASIE cieufe , faite par Fourcroy , vient confirmer les réfaltats authentiques de Pobfervation. On ne fauroit parler de la produétion excédente de lhydrogène carboné, & de fes effets fur les corps vivans, fans rappeller que c’eft à la préfence de l'adipocire, qui n’eft qu'un hydrogène carboné & légèrement oxidé, pro- duit d’une décompofition putride , qu’il faut imputer le volume , la couleur & le caraétère huileux ou gras du foie des poiffons, que le foie prend chez l'homme & les animaux dans certaines maladies du bas-ventre. C’eft encore à cette fubftance que font dues les différentes concrétions , confiftant en un favon ammoniacal homogène, connues des praticiens fous le nom de cal- culs biliaires. Ces états pathalogiques font fous l'influence des caufes favo- rables à la production des fièvres , & conféquemment font liées avec elles. L’hydrogène & l’oxigène combinés enfemble , font les deux élémens de l’eau , qui fe forme avec une efpèce de profufon dans les cachexies & dans les hydropifies , occafonnant ainfi divers genres de maladies, felon qu’elle fe ramaffe dans le tiflu cellulaire , ou qu'elle s'épanche dans quelque cavité , ou inonde les routes de la circulation. Alors fans doute l’oxigène & l'hydrogène fe dégagent des corps & fe recompofent en eau, entraînant avec elle des portions plus ou moins grandes d’albumine & quelques par- celles de matières falines phofphoriques de foude & de foufre :telle et la nature des eaux des hydropiques , autant que l'ont décidé les expéiiences les mieux faites fur ce fluide tiré par la paracenthèfe. ‘ 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 4. Défordres de l’azotifation IVe. Claffe des maladies : es azoténèfes. L'azote eft la bafe du gaz du mème nom, qui, plus léger que le gaz oxigène , avec lequel il forme moins une combinaifon qu'un mélange , conftitue l'air atmofphérique. Le gaz azote ne peut point fervir à la refpi- ration ; on foupçonne qu'il entre , comme partie conftituante, dans les alkalis , & qu'il eft propre à tenir en diflolution plufeurs fubftances qui ajoutent à fes effets fur les corps vivans. Toutes les matières animales connues en contiennent une quantité plus ou moins confidérable, & l’on fait que l’ammoniac n’eft que le réfulrat de l’azote combiné avec l'hydrogène. C’eft au calorique que l'azote , ainfi que tous les autres radicaux, doit fa gazéité ; l’oxigène lui fait éprouver une combuftion qui le réduit à l’état d'oxide : ainfi, dans la confidération des azoténèfes , 1l faut où l’on peut avoir égard aux effets du gaz azote, de l’oxide d’azote & de l’'ammoniac. Les maladies de certe claffe peuvent furvenir & arrivent en effer par fura- zotifation & par défazotifation. Les premières font d’une nature plus ou moins putride ; les fecondes rentrent principalement dans les furoxigènèfes atoniques. Le gaz azote, moins pefant que le gaz oxigène & plus abondant en raifon de ce, fur les hautes montagnes, eft moins infalubre par lui-mème que par les miafmes malfaifans qu’il a la propriété de diffoudre. Auf un air, dont l’eudiomètre n’annonce pas des qualités délétères, n’en eft pas moins nuifible , lorfque le gaz azote, qui en forme la plus grande partie , a pu fe faturer de quelques fubftances propres à exciter , dans les corps vivans, des fermentations aflimilatrices & des dépravations confidérables. Le gaz azote paroît calmant, & en cela , il fe rapproche par fes effets du gaz hydrooène carboné, Les maladies dépendantes de ce principe font donc caratérifées par un degré plus ou moins grand d’atonie du fyftème. L'oxide d'azote eft formé par l'azote & par l’oxigène, mais en bien moindre quantité qu'il n’en faut pour conitituer l'acide blanc du nitre. Saltonftall a mis fur le compte de cet oxide le cancer & toute la famille des ulcères rongeans , ainfi que les maladies putrides , contagieufes. En effet, tout nous apprend que les affections éminemment putrides font de véritables azoténèfes. Il eft prouvé que Le gaz des cadavres, afphyxie, tue ou caufe une fièvre putcide. Et lorfqu’on voit, ainfi que l’obfervation l’a démontré, qu'après des épizooties défaftreufes, qu'après la génération & la moralité d’une grande quantité d’infeétes , dont les cadavres ont long- temps jonché le fol dont ils dévorent les produétions , des épidémies pu- trides , fouvent peftilentielles, fe font répandues parmi les hommes & en ont moïffonné un grand nombre , on ne peut s’empècher de croire que des compofés gazeux de la putréfadtion , fe combinent fans doute les caufes | Ï # ET D'HISTOIRE NATURELLE. 343 deftructrices de ces maladies générales. Ce qu'il y a de particulier, c’eft que ces fléaux & les émanations aériformes, qui fi vifiblement influent fur leurs productions, paroïffent avoir des rapports de coexiftence ou de caufa- Jité réciproque avec d’autres phénomènes de divers ordres , tels que la végé- tation de certaines plantes qui ont quelques caractères de l’animalifation , la génération exceflive de certains animaux reptiles où infectes qui pafloient autrefois pour naître de la corruption, la nitification , &c. ;comime fi l’azote qui joue un rôle dans ces différentes circonftances, donnoit , en fe combinant de diverfes manieres , une impulfion générale & féconde en réfultats , iden- tiques dans leur nature , mais variés dans les récompofitions. Le réfulrat ordinaire de toutes les fièvres paroïît être de furazorifer le fyftème, avec certe différence , que ce phénomène n’a lieu , dans les fievres inflammatoires , que fur le déclin & d’une manière très-bornée, ou plus à bonne heure , comme on le voit dans ces fièvres qu'on fait être inflam- matoires dans leur première période, & putrides dans leur feconde; au lieu que, dans les fièvres putrides, cette furazotifation eft plus où moins forte, & commence de très-bonne heure , même avec la maladie : & voilà ce qui donne aux urines la qualité remarquable qu’elles ont dans certaines périodes des maladies. 11 eft manifefte que Le phofphate de chaux, n'étant diffous dans l'urine qu’à caufe de fon état acidule, c’eft de la production fi facile & fi prompte de l’'ammoniac dans cette leflive animale , que dépend le nuage qui s’y forme , & le précipité qui s’y dépofe, par le tranf- port de cet alkali volanil fur la portion d'acide phofphorique qui rendoit le fel terreux foluble. Ainfi, la rapide précipitation & l’abondant sédiment qu’on obferve dans les urines critiques à la fin des maladies , ne vient que de la grande difpofition dans laquelle fe trouvent ces urines, pour former de lammoniac (1). Les obfervarions de Jurine, fi elles font vérifiées ,ajouteroient un nouveau poids à ce qui vient d’être dit. Jurine a avancé que , dans le travail qui fuit la digeftion des alimens, & qui eft accompagnée d’une augmentation fen- fible de chaleur & d’une accélération du pouls , la proportion d'acide car- bonique que forme la refpiration , eft beaucoup plus grande dans une même quantité d'air ; & , d’autre part, que dans les fièvres , le contraire arrive : la proportion d’acide carbonique eft diminuée , & celle du gaz azote augmentée. Dans les véritables azoténèfes , foit aiguës, foit chroniques , toutes les excrétions font marquées du véritable fceau de la putridité, & tous les fymp- tômes nous annoncent combien le fans & les autres humeurs animales fonc alcalefcentes & plus ou moins voifines de l’état dans lequel fe forment les (1) Journ, de Pharmac. page 131, Fourcroy. ; 344 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE produits de la putréfaction. C’eft ce qu’on a lieu d’obferver dans les fièvres éminemment putrides , dans le fcorbut avancé , dans les fièvres dyffentéri- ques , & dans les divers cas pathologiques , où l’on eft frappé de l’exiftence d'une putridité pénérale ou locale. il y a une analogie frappanté entre les fièvres bilieufes des marais & les fièvres putrides , quoique les premières appartiennent plus particulièrement aux hydrogénèfes, & les fecondes aux azoténèfes, C’eft qu'en effet, l’am- moniac eft le véritable réfulrat de la putréfattion; & que , dans fes com- mencemens , il fe dégage beaucoup de gaz hydrogène carboné , dont les propriétés font modifiées par une partie mème de la fubftance putréfiée qu’il tient en diflolution; & cela en raïfon de la rapidité de la putréfaction & de Pélévation de la température. Fourcroy a rapporté une obfervation, dans laquelle il s'étoit formé fpon- tanément du prufiate de fer, dans le fang alréré d’une femme attaquée d’ane maladie nerveufe après de longs chagrins , qui étoit accompagnée de fré- quentes & fortes convulfions. On fait que l'acide pruflique peut ètre confi- déré comme une fimple diflolution de carbone, par l’ammoniac , & que les obfervations de Prouit fur le prufliate bleu, peuvent expliquer le phéno- mène , tel qu’il paroît avoir exifté dans le cas dontil vient d’être fair mention. Ce cas, quoiqu'unique peut-èrre , eft favorable à la formation de l’am- moniac dans le fang & pendant la vie; ce qui cependant, jufquici, avoit été jugé impollible. À peine avoit-on admis ie développement des principes de l’alcalefcence , dans les cavités éloignées du centre de la vie, & où les matières qui y font reçues , éprouvent plus où moins facilement les chan- gemens fpontanés dont elles font fufcepribles ; telles font l’eftomac & les inteftins, dans les altérations de la force digeftive; & la vellie urinaire, dans les affections calculeufes invétérées. L’ammoniac qui fe développe dans la bile, & les autres humeurs qui séjournent dans {es premières voies ainfi que dans l’urine, quoiqu’acide chez le plus grand nombre des bommes en fanté, ne peut exifter fans occafñonner des maladies de l’efpèce putride , & caradérifées par les divers fymptômes d’irritation , qui font de l’effence de cette caufe. L'ammoniac libre occafonne , dans les premières voies , des douleurs , des coliques , des rapports nidoreux , des digeftions troublées , des dévote- mens , & mème des maladies putrides, La théorie des furazoténèfes donne l’explication de plufieurs faits inin- telligibles dans tout autre fyftéme. Barthez affare avoir vu, plus d’une fois, Pabus des anti - fcorbutiques , même médiocrement aëifs, produire des fymptômes de fcorbut, chez des fujets qui auparavant ne paroïffoient point y êrre difpofës ( 1). Mais, en confidérant que les cruciferes font regardées (1) Nous. Elém, de la Science de l'Homme, page 110. comme ET D'HISTOIRE NATURELLE. 345 comme des plantes animales, en ce qu’elles contiennent une affez grande quantité d’azote , on trouve, fans effort, la raifon de ce phénomène. Cela n'empêche pas que , dans 1 fcorbut , PATATE où il fe fait un dégagement d'un des principes qui conftituent les parties des animaux , des remèdes ; tels que les crucifères , qui fourniffent ce principe aux corps, ne foient véri- tablement falutaires. Les enfans font peu fujets aux maladies putrides , maladie que le vulgaire des médecins ne diftingue pas des affections gaftriques. C’eft ga en effec la chair des jeunes animaux fournit moins d’azote par l'acide nitrique que celle des adultes , qu'il fe fépare plus vite de celle des animaux carni- vores que des herbivores ou frugivores; & que le fang , dans le fœtus , con- tient très-peu de fibrine , au point que ce qui s’y congule par le refroidiffe- ment & le repos, femble fe rapprocher plutot de la gélatine. Monch a donné le carbone comme anti-feprique dans les fièvres putrides; il l’a appliqué pour corriger la mauvaife odeur des plaies. Le carbone eft fort avide d’oxigène; combiné avec lui, il forme l’acide carbonique dont les effets anti-putrides ont été reconnus par V’obfervation. Tous les remèdes qu'on donne dans les azoténèfes , au moins ceux qui montrent la plus grande action, font les acides, les fubltances végétales, le vin , le quinquina, l'air pur, la propreté; ce qui fuppofe que les vraics indications de ces maladies font d’oxigéner le fyftème , d'empêcher le développement de l'azote , & de prévenir les produits délétères de la putréfaétion. Si, dans l’économie animale, on pouvoit confidérer les diverfes aétions de la vie d’une manière abftraite , ou fi les changemens chimiques , qui amènent les maladies , fe faifoient ifolément , on n’obferveroit , dans les affections morbifiques , que l’ordre des phénomènes qui leur font propres. Mais la machine humaine eft trop compliquée pour qu'il n’en arrive pas autrement. Aufli la furoxigénation du fyftème marche ordinairement avec la défazotifation , comme A défoxigénation avec la furazotifation. D’après cela , les défazoténèfes étant pour la plupartdes furoxigenèfes , il fuffit d’écablir Le principe, pour indiquer quelles font les maladies qui peuvent s’y rapporter. s”. Défordres de la phofphorifation. V®. Claffe des maladies : Zes pho/phorenèfes. Le phofphore, radical de l'acide phofphorique , éft un corps combuftible , qui fe trouve dans l’économie des animaux, combiné ou brülé par l’oxigène & conftituant alors l'acide phofphorique , ou diffous dans le gaz hydrogèrie, ; dans le paz azote & formant ainfi des gaz phofphorés. Ok foupconne à eine comment ils doivent être confidérés, fous ces divers rapports, dans Ï entretien de la fanté & dans la produétion (des maladies, Tom: IV. BRUMAIRE an 7. Yy 346 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La forme la plus fenfble pour nos fens, qu'affecte le phofphore dans le fyftème organique des animaux , ef celle, après fon union avec l'oxi- gène, des fubftances falines qui diffèrent felon les bafes auxquelles l'acide phofphorique s’unit. De là les phofphates de chaux , de foude, d'ammo- niac. La chaux combinée avec l'acide phofphorique , forme le phofphate de chaux auquel les os doivent leur folidiré , & les fubftances molles une partie de leur confiftance. Quand ce phofphate entre en trop grande quantité dans la compofition des parties molles , il Les rend caflantes; le moindre effort fuffir, dans ces cas, pour que les fibres fe déchirent , & qu'il furvienne ce qu'on appelle , en pathologie ,une folution de continuité. W/alcher a prouvé que, dans les anévrifmes , la tunique mufculeufe des artères ne fe rompt que par la difpofition que lui donne à fe déchirer la quantité de phofphate de chaux qu’elle contient. I] a montré à l'académie de Berlin, les mem- branes artérielles des anévrifmes impregnées aiufi de phofphate, Il eft connu que, dans la vieillefle, les parties molles acquièrentune rioi- dité qui les rend peu propres aux différentes fonétions pour lefquelles la nature les a deftinées; & que ce phénomène tient aux accumularions lentes & graduelles du phofphate calcaire ou du carbonate calcaire dans la plupart des folides , tels que les os , les gros troncs artériels & veineux, les aponé- vrofes, les tendons... . . Si l’art pouvoit parvenir à trouver des moyens pour diffoudre le phofphate calcaire peu-à-peu & fans ôter la folidité aux os , ni léfer les autres fonctions animales , on auroit trouvé la manière de reculer confdérablement les bornes de la vieillefle. Valli (1) a dit, à ce fujer, que, pour prévenir l'accumulation de ce phofphate , il faut ou l'empêcher d'arriver , ou de fe former dans la male des liqueurs, ou l’expulfer lorfqu'il eft formé. 1°. Pour empècher une produétion trop abondante de cette terre, il faut ufer d’alimens qui en contiennent une moindre quantité : tels font les végéraux , le lait, les poiffons; (maïs les poi!fons contiennent beaucoup d'acide phofphorique.) 2°. Les moyens les plus propres à expulfer ce phof- phare calcaire, font les bains , les friétions , les remèdes qui font uriner : telles font les eaux limpides , les boiffons à la glace. Mais rien n’eft au- deffus de l’acide oxalique, donné intérieurement à petites dofes, parce que cer acide , qui a la propriété de cryftallifer , enlève la terre calcaire à tous les autres acides, & forme avec elle un fel infoluble, ou qui n’eft foluble que par un excès d'acide. C’eft un oxalate calcaire qui , entraîné dans le torrent de la circulation , fera pouffé au dehors & fortira par quelque émonctoire. Ainf le rachitis, le malacoftéofe ou ramolliffemént des os , & toutes les ———————————————————— …—…— —…— …"——…—…—…" —"—— …."—_— "0 — in — (1) Voyez tome IX, page 46 , de ce Journal. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 347 maladies qui tiennent plus ou moins à la décompoftion du phofphate cal- caire , dépendent en général de l’action d’un acide qui diffour le phofphate ; & l’on a vu que, dans la clafle des acides, nul n'enlevoit plus forrement la chaux à l’acide phofphorique que l'acide oxalique. La théorie & le traitement de ces maladies deviennent ainf plus probables, plus lumineux. Plufeurs maladies , dont l’étiologie n’eft pas encore fufhfamiment appro- fondie , tiennent probablement aux divers états du phofphare, & mime à l'acide phofphorique devenu libre. Le phofphate calcaire eft ou neutre ou acidule; 100 parties de phofphate neutre de chaux contiennent 0,41 d'acide phofphorique, & 0,59 de chaux; & cent parties de phofphate acidule con- tiennent ©,54 d'acide phofphorique, & 0,46 de chaux. L’acide phofpho- rique, qui fe trouve dans les phofphates, eft compofé de phofphore 0,33 & d'oxigène 0,67. Les maladies qui attaquent les articulations , les tendons , les mufcles , tiennent, fous plufeurs rapports, à ces divers fubftances. C’eit à l'obferva- tion médicale , guidée par des analyfes chimiques , à nous inftruire ulré- rieurement fur ce point. Bertholet croit que la fueur contient l'acide phof- phorique a nu, & ii demande fi ce n’eft-pas cet acide qui lui donne ces propriérés ftimulantes , & qui rend la répercuflion de cette humeur excré- mentielle fi dangereufe. La goutte lui femble auf liée avec les effers de cet acide ; cependant Tenant a écrit que les nodofités des goutteux ont donné, par l’analyfe, de l'acide litique & de la foude, Ces faits, conformes à l’ana- logie qui fe trouve entre l'urine & la matière de la fueur, établiffent, d'une manière avouée par l’obfervation, le rapport qui unit ces diverfes affeéions morbifiques. Peut - être ce qui les différencie intrinféque- ment, neft autre chofe que la diverfité des principes qui deviennent caufes morbifiques , c’éft-à-dire des phofphares de chaux , de foude & d'ammoniac , de leurs décompofitions, & de l’action, fur les parties du corps vivant , des principes qui les conftituenr, Le phofphore lui-même , qui jufqu'ici n'a été confidéré que comme médicament à peine ufté, mérite d'être fuivi dans {es effets fur l’économie animale , & notam- ment dans fon aétion morbifique. Alors des maladies, qui paroïffent dé- pendre d’une furcharge de calorique, feront peut-être attribuées à une com- buftion lente du phofphore. Les affeétions tétaniques pourront en dériver naturellement ,comme on peut l’inférer desobfervarions d’Alphonfe-le-Roi, fur l'emploi du phofphore à l'intérieur, Cer obfervateur ayant pris deux où trois grains de phofphore folide , unis feulement à la thériaque , épsouva des accidens terribles. D'abord il reffentit une chaleur brûlante dans la région dé l'eftomac. Cer organe lui fembloit rempli de gaz, qui mème s'échappoit par la bouche. Horriblement tourmenté, il eflaya, mais en vain, de fe faire vomir. Il ne tronva de foulagement qu'en buvant de l’eau froide de temps à autre. Enfin, les douleurs fe calinèrent ; mais le lendemain il fe Y y2 343 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE développa , par toute l’habitude du corps, une force mufculaire éronnante , & un befoin prefque irréfiftible d’en effayer l’énergie. Enfin, l'effec de ce médicament ceffa à la fuite d’un priapifme violent. Ce dernier phénomène avoit été vu par Peller'er, fur des canards qui avoient bu de l’eau phofpho- rée : ces oïfeaux périrent tous; mais le mâle couvrit toutes les femelles juf- qu’au dernier inftant de fa vie ( 1). De femblables effets peuvent éclairer la doctrine du mouvement mufeulaire , & la théorie des affections dans lef- quelles ce mouvement eft perverti. Qu'on me permette d'ajouter à cet article, quelques mots far la foude, far le foufre, fur les gaz non combinés, & fur l’aétion de ces gaz relative- ment à la refpiration. La foude eft dans le fang & dans plufieurs compofés qui en ont été féparés. Parmentier & Deyeux, ont penfé que cet alkali , quoique naturel lement combiné , du moins en partie , avec l’albumine , n’en eft pas moins propre, par fa furabondance, à difloudre le fer qui n’exifte & n’agit fur le fang qu’à l’aide de cette diffolution, Un excès de foude dans ce fluide animal, ou dans d’autres fubftances qui entrent dans des corps combinés , fera donc d'autant plus nuifible , que la foude agit communément comme un cauf- tique , & , par cette raifon , comme un diffolvant énergique. Les chimiftes cités croyent que , dans quelques cas, le rachitis peut dépendre de l’action de la foude fur les os , ce qui n’eft point confirmé. Le muriate de foude & la foude font dans l'humeur lacrymale ; aufli, dans la fiflule , les larmes qui coulent fans ceffe, occafionnent une rougeur ouune légère érofion fur les par- ties qu’elles abreuvent. La foude à l’état cauftique diffout le phofphate de chaux dans la liqueur animale muqueufe de la femence ; une augmentation de cer alkali, en dérangeant les proportions des fubftances qui compofent ce fluide, doit porter atteinte à fa faculté prolifère , influer fur les pollutions noc- urnes, &c. | Le foufre exifte dans l’économie animale (2) ; & l’on a déjà remarqué qu’on le trouve diffous dans le gaz hydrogène , qui diftend quelquefois les inteftins , donne des coliques paflagères, & s'échappe, fous la forme de vents fétides, par l'anus. L'air atmofphérique, ou les fluides gazeux , deviennent des caufes de maladies, lorfque, non combinés, ils fe ramaflent dans quelque partie. Les enfluresretinentes, les affections tympanitiques , les diftenfions flatueufes des boyaux en font des exemples. Introduits dans les voies de la circulation , ces airs ou gaz ont donné la mort , mais feulement par l’interpofition de l'air (x) Bulletin des Sciences , mars 1798 , page 94. (2) Abilgaart croit avoir retiré de la potaife toute formée , du fang de plufeurs ani- maux. Journal de Pharmacie, page 63. Lafon dit que la porafle fe trouve abondamment dans les fubftances animales, PAilofoph, Médic, ; page 186, dans la note. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 349 entre les colonnes fanguines , artérielle & veineufe (1). Pomme a vu des femmes vaporeufes mifes au bain, y furnager jufqu’à.la fin de leur accès; & Lafon , réflechiffant fur la formation des gaz dans des cas morbifiques, à été jufqu’à foupçonner qu'ils pourroient bien être la caufe déterminante de ces rêves & de ces légers délires où les enfans, & fur-tout les jeunes sens, croyent voler & planer dans les airs (2). Quant à l'effet des gaz non refpirables fur les poumons , il eft toujours afphyxiant ou mortel , à de très - légères variations près. Le gaz hydrogène catboné , non-feulement ne peut fervir à la refpirätion , ainfi que le gaz hydrogène pur & le gaz azote , mais il produit de plus , à la première infpi- ration , une fuffocation qui ne cefle pas facilement, comme l’a éprouvé Seguin fur lui-même. C’eft fans doate par ce gaz qui s’exhale des charbons dans le commencement de leur inflammation , qu'ils font fi dangereux, dans les lieux où la circulation de l'air n’eft pas facile ; maïs la braife qui a déja éprouvé l’action d’une grande chaleur, & qui par-là contient beaucoup moins d'hydrogène, a moins d’inconvéniens dans les mêmes circonftances, Au refle , le gaz acide carbonique prive plus promptement de la vie que le gaz azote & le gaz hydrogène. Mais ce qu'il y a de remarquable , c’eft que ces gaz caufant une afphyxie qui fe termine plus ou moins vite par la mort, cette afphyxie n’eft pas mortelle précifément par l'effet immédiat de ces Auides élaftiques fur les organes de la refpiration , mais parce que ie fang ceffant d’être vivifié par loxigène, il perd la faculté de réveiller l’aétion du cœur , la circulation s’ar- rête, & la mort vient brifer définitivement les liens de la vie. Aiïnf la chimie n'eft pas appliquée moins utilement à la pathologie, qu'elle peut l'être à la phyfologie. Une remarque qui ne peut échapper à perfonne , eft que cette application fait revivre la pathologie humorale dont Boherhaave fut le grand défenfeur , combinée à un certain point avec celle de la fibre icritable , introduite par Hoffmann, Cullen, Brown, Darwin, & foutenue avec éclat par les grands médecins de l'école de Montpellier. Mais la nouvelle chimie devant plaire à ceux qui aiment les faits, la théorie qui en émane , & les fyftèmes qui paroïllent bafés fur la vérité , fans doute elle doit étre, fi non admife fans réflexion , dû moins examinée fans préjugés , fans pañlion & avec le defir d'avancer le progrès des fciences , par ceux qui font faits pour Les cultiver avec honneur, : PRET: Chimie thérapeutique & pharmaceurique. La chimie, qui vient de nous prêter de fi beaux réfultats, quoiqu'in- (1) Bulletin des Sciences, juin 1797 , page 18. (2) Philofophie Médicale , page 154 , dans la note, 350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE complets, & formant plutôt une grande efquiffe de phyfique animale qu'un enfemble fyflématique démonttratif, offre , confidérée du côté des arts qui enfeignent les vertus & la préparation des médicamens, les reffources Îes plus variées pour hâter les progtès de la fcience & lui faire acquérir toute fa perfection. Que l’on conteite l'utilité de l’application de la chimie à la médecine , mais on n'ofera jamais nier la néceffité d'une union indiffoluble de la chimie & de la pharmacie ; car tout Le monde fent que la première ne peut pas faire le plus léger progrès , fans que la feconde n’en tire tour-à- coup un perfeétionnement quelconque, Pour prouver la vérité de cette affertion, il n’y auroit qu’à confidérer les grandes corrections que la plupart des remèdes ont éprouvés dans leurs pré- parations. L’oxide noir de fer , lécher , le tartrite d’antimoine , l’onguent de mercure, & tant d’autres préparations pharmaceutiques, nous en offriroient des exemples, comme pour astefter l'influence de la chimie fur le perfec- tionnement des procédés , fur la reétitude des opérations , & fur cet efprit inventif qui, en imaginant de nouveaux produits , enrichit la matière mé- dicale de plufieurs grandes rellources. On peut nommer en ce genre le phofphate de foude, qu’on fubititue avec fruit au fulfate de foude, le car- bonate de potalle faturé, l’acérite de mercure , le musiate de baryre, divers fulfures , le muriate calcaire , &c. Des analyfes mieux conçues , plus lumineufes , apprennent aujourd’hui, par un nouvéau bienfait de la chimie , à bien apprécier la vertu médicamen- teufe d’un grand nombre de fubftances plus utilement employées par-là au traitement des maladies. Quel eft, en effet, le praticien qui ne fe fent pas guidé d’une manière plus füre , par l'examen chimique de la caffe , du tamatin , des corallines, du fené, du quinquina , des favons; & quel fond ne peut«il pas faire fur tant d'importantes analyfes defirées encore, mais qu'il a droit d'attendre de la fcience chimico-pharmaceurique ? Il fair que ks fels à bafe de potaffe ne doivent point être affociés au tamarin dans des potions purgatives où cependant on les à fi fouvent combinés avec cette pulpe ; que le quinquina ne peut point être adminiftré avec le tartrire d’antimoine & de potaile , parce que cette fubftance faline eft aufli-rôt dé- compoñée....; & tirant parti de ces connoillances précieufes , accumulées chaque jour au profit de l’art de guérir, il s’en fait des moyens pour arrêter l'action trop énergique de certains remèdes , ou l'effet délétère de queiques poifons. Il oppofe ainfi très-avantageufement les décoétions de quinquina dans les accidens produits par le tattrite d’anrimoine , par l'acétire & les oxides de cuivre , & en général , dans tous les empoifonnemens par les âcres métalliques ; la magnéfie pure dans ceux qui font produits par les âcres acides ; le fulfure alkalin & ferrugineux dans ceux que font naître les fubftances arfenicales ; l’éther & le vinaigre dans les effets deftruéteurs des âcres vireux & des champignons. :..; enfin, inftruit par de pareilles dé- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 351 compoñtions, il apporte , dans l'examen des eaux minérales , des connoit- fances préliminaires qui l’affurent que la préfence de tel fel exclut nécelai- reménr celle de tel autre. Ainfi, une eau qui contient da carbonate de foude, ne contient pas du fulfare de chaux , poiat de fulfare ni de muriate de magnéfie , point de fulfare ni de muriate de fer ; & l’eau dans laquelle exifte le muriate de chaux n’admier point les fulfates de foude & de magnéie, & réciproquement. Le choix des différentes efpèces d’airs, comme ceux des montagnes , des plaines , des étables; l’ufage médicai de quelques fluides gazeux, tels que le az carbonique, le gaz azote , le gaz oxigène; les moyens de définfecter les lieux fufpeéts en mettant en état de gaz l'acide muriatique, en décom- pofant le fel commun par l'acide fulfurique concentré, font encore d'heu- reux réfultats des connoiffances chimiques appliquées à la matière médicale, qui a dû perdre de plus en plus de fon luxe, de fa redondance , à mefure que la chimie a mieux fait connoître l'identité abfolue de piufieurs fubfances fauflement préfentées comme d’une nature différente. Ainf le viniol de otalle , le {el de Duobus, le tartre virriolé, l’arcanum duplicatum , le fei polychrefte de Glafer, ne font qu’un fulfate de potafle ; le vitriol magaéfien, le fel cathartique amer, le fel d’Epfom, le fel de Seydschurz, le fel de Sedlitz , ne font qu'un fulfate de magnélie, . .. Les citations en ce genre feroient très-nombreufes , s’il s’agifloit de montrer ce que la chimie à fair pour la fcience des médicamens , en rectifiant les idées & leur appropriant des dénominations exactes. Que peut-on dire de l’art de formuler , fi ce n’eft que la chimie apprend à profcrire ces compofñtions monftrueufes , dans lefquelles les fubftances qui y entrent, fe détruifent en fe combinant, & forment des compofés donr les ver. tus incertaines ne font fouvencaflignées que par un empyrifme trompeur. Les livres de ceux qui ont joui, à titre de praticiens, d’une réputarion éclatante, ne font pas exempis de ces erreurs. Fifes , profefleur de chimie, donne, entr'autres, une formule dans laquelle le muriate d’ammoniac étant com- biné avec les fels de ramarifc & d’abfnthe , il fe dégage inévitablement de Fammoniac dans la préparation du remède, & les vertus du compofé ne font plus celles des fubftances qu'on à combinées. Unir enfemble des mé- dicamens qui , loin de fe détruire mutuellement, fe fecondent réciproque - ment dans leur action , elt le feul moyen de tirer le plus grand parti poflible du remède qu'on veut adminiftrer; c'eft aufli le triomphe de l’art de for- muler , & un nouveau bienfait de la chimie. Mais, puifque la chimie pathologique établit des bafes nouvelles pour l’arrangement fyftémarique des maladies , la chimie thérapeutique doir faire correfpondre les claffes des médicamens aux claffes des maladies ; d'après cela, les nouvelles divifions de la matière médicale doivent être en remèdes oxigénans , Calorinans , hydrogénans , azoténans & phofphorénans. Cette 352 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE claflification prélente cet avantage que l'effet po apprécié d'un remède dont l'action eft connue , donne ou confirme la vraie étiologie d’une maladie ; tandis que , à fon tour, cette étiolooie, fainement appréciée , aflure le choix ee médicamens propres à remplir les indicariont. . Les remèdes oxigénans font tous ceux qui peuvent redonner aux fluides 8 aux folides du corps vivant l’oxigène dont des caufes morbifiques l'ont privé, où qui ont la propriété de le fui enlever lorfque l'oxigène fura- bonde dans le frème. Ceue claffe de remèdes conftitue donc deux ordres qui font les faroxigénans & les défoxigénans, Depuis que la Chimie a jeté quelque jour fur l'action médicamenteufe des fubftances appliquées’aux corps animés, on fait que les remèdes agiflent d’une manière d'autant plus active & même violente, qu'ils contiennent une certaine proportion d'oxigène , font plus ou moins Dndéss &, par une forte de revivifcation lente & nedive dans le corps, où par un ARCURE trop brufque de leur principe oxidant, rendent aux parties l'oxigène dont elles font avides. Ce n'eft pas en effet d’une autre manière qu’agiflent les oxides d’antimoine, de mercure, de fer; &, extérieurement ceux de plomb, d’or ou d ‘argent. On fait même, par exemple, que le mercure prend. des propriétés très-différentes, & qu “li importe à la médecine de bien apprécier , felon les proportions d’oxisène & felon celles d'acide muriatique avec lef- quelles il fe combine; par r l'acide muriatique oxigéné , on faitune férie de -combinaifons qui repréfenre ce qu ‘on appelle , dans les pharmacies, panacée mercurielle, mercure doux, précipité blanc, fublimé corrofif, férie à laquelle répond la caufticité de ces fubftances (1). Les acides _employes à à l’intérieur & à l'extérieur agiifent de mème, en cédant leur oxigène ; & , d’après Les analyfes faites du quinquina, du fené.… ; on voit que ces $ fabitances héroiques doivent leur principale énergie à une faculté oxigénante. Pour af convaincre de ces faits , il fuffit de s’arrèter aux changemens qui arrivent aux oxides de fer, qui, adminiftrés fous la forme d’oxides rouges, colorent les excrémens en noir, ce qui ne vient que d’un certain degré” de défoxidation auquel eft düe la Kcouleur noire. Plufieurs topiques , dans lef- quels entrent des oxides métalliques , fe comportent de la mème manière, lorfqu'on les applique fur des parties ulcérées ; & lorfqu’on a été convaincu que la graifle oxigénée , à l’aide de l'acide nitrique , a des vertus réelles, on a dû fnric que l'effet des emplâtres & des onguens tient plus ou moins à cet état d’oxidarion des graifles, & qu on pouvoit les remplacer, dans plufieurs cas, par de la graille bien oxigénée. L’obfervation & l’expérience ont con- frmé ces apperçus. La gale, les maladies vénériennes ont déjà été traitées em (:) Bertholet , Leçons des Ecoles Normales , tome IV, page 327. Avec ed ce nil Lie ET D'HISTOIRE NATURELLE. 353 avec fuccès, avec la graifle oxigénée ; cequi annonce bien évidemment que, puifque l'agent de la guérifon des maladies vénériennes eft l’oxigène qui fe dégage des oxides de mercure employés à leur traitement ; la vérole doit être claflée parmi les défoxigénèfes. Rollo a divifé les furoxigénans & les défoxigénans en deux clales : la première eft formée par ceux qui donnent ou enlèvent immédiatement l'oxigène ; & la feconde par ceux qui rendent feulement le fyftème plus difpofe à le recevoir ou à le perdre. Les furoxigénans de la première clafle font l’exercice & la diète végétale, l'acide citrique , l’acide nitrique , le muriate oxigéné de poralle , les oxides de mercure & de quelques autres métaux. Les défoxigénans font le repos & la diète animale, le fulfure ammoniacal , le fulfate de potaffe. Dans la feconde claffe , les furoxioé- nans font le mercure & fes différentes préparations , le fer & fes oxides, le muriare de barvre; les défoxigénans font le camphre , l’éther , l’alkoo! , les narcotiques. Ceïte divifion de Rollo, fondamentalement vraie, doit être néanmoins retiñée à certains égards. Ce qu'il ÿ a de plus inconteftable, eft ce qui concerne le régime dont le végétal agit principalement , en fur- oxigénant le corps des animaux, tandis que la diète animale contribue plus ou moins fortement à fa défoxigénation. Il n’eft pas ainf jufqu'à l'hy- giène qui ne reçoive de la chimie une rectitude de raifonnement & une vérité de principes , qui rendent les préceptes diététiques, plus immédia- tement utiles à l’état du fyftème. Au refte, Spalding a patfäftement con- firmé l’effer qui vient d’être attribué à l’un & à l’autre régime ; il a obfervé que , quand il avoit pris une nourriture animale ou des liqueurs fermen- tées , il confumoit beaucoup plus vite l'air fous la cloche du plongeur , que quand il s’étoit nourri de végétaux, & qu’il n’avoit bu que de l'eau. Plu- fieurs effais l’en avoient tellement convaincu , qu'il fuivoit conftamment le dernier régime, lorfqu'il devoit plonger. On peut donc fuppofer que la diète animale forme un chyle & un fang tels, qu'ils exigent plus d’osigène pour maintenir le fyftème dans le deoré convenable d’oxigénation. L’effec contraire a lieu par la dière végétale (1). 2°. Les calorinans forment une claffe de remèdes qui, à l'inftar des oxigénans , ont la propriété d'accroître ou de diminuer la quantité de ca- lorique qu'il y a dans le fyftème. Les premiers conitituent l’ordre des fur- calorinans , & les feconds, ceux des defcalorinans. Cerre claffe de remèdes fe confond prefqne avec celle d:s oxigénans & celles des phofphorénans. L'action foutenue , le mouvement, la chaleur artificielle , les étofes de laine & de coton , la nourriture animale, les fpiritueux , les fabitances réfineufes , les affaifonnemens âcres donnent du calorique , ou le déza- (1) Annales de Chimie , tome XXIV , page 187, Tome IV. BRUMAIRE an 7. T2 354 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » gent ; & l’impreflion ou la fenfation de chaud en eft le réfulrat. Le repos, la fraîcheur, les bains , les acides fufhfamment délayés , la glace, privent les corps du calorique ou le fixent ; & le rafraïchifflement du fyf tème en eft la conféquence. Quant aux remèdes proprement dits , tous les cordiaux , les fubftances ftimulantes , le camphre , doivent être compris parmi les furcalorinans ; tandis que le nitre & les délayans , les tempé- rans , les rafraîchiffans , compoñfeat l’ordre des defcalorinans 3°. 11 faut donner le nom de remèdes hydiogénans à ceux qui intro- duifent , dans l'économie des animaux, les principes qui contribuent à la formation de la graifle & des fucs huileux. Ces remèdes doivent être éga- lement confidérés comme furhydrogénans, où comme déshydrogénans. L'air marécageux , la vie fédentaire , le poiffon , les affaifonnemens huileux & butyreux , les viandes furchargtes de eraiffe, les œufs, plufieurs compolitions chimico-pharmaceutiques couftituant des combinaifons hydrofulfurées , fur- chargent le corps d’hydrogène , qui diminue d'autant plus , que le régime & les médicamens rendent à le furoxigener. 4°. Les azoténans portent l’animalifation à un degré plus haut qu'elle ne left dans l’érat pathologique auquel il convient de remédier; ou bien ils l’arrêrent & mème ils la diminuent , felon que ces médicamens font des furazoténans ou des défazoténans. Le régime animal , & en général les dé- foxigénans , les plantes animales, font les meilleurs moyens que nous ayons pour furazotifer le fyffème ; comme on n'a rien de préférable au régime végétal, & en général, aux furoxigénans, lorfqu'il convient de le défa- zotifer. Ainfi, & cette réflexion a été faite quelquefois , les états refpe@tifs de l’économie animale font tellement liés enfemble & fubordonnés les uns aux autres , que la perte d'équilibre, en donnant lieu à la prédominance d'un ordre de principes & de phénomènes, entraine la dépreflion de l'ordre de principes & de phénomènes qui leur correfpondent dans un fens inverfe, s. Les phofphorénans , également divifibles en furphofphorénans & en defphofphoténans , donnent ou ôtent aux corps vivans les fubitances oxiphof- phorées qui leur font excédentes ou infuffifantes, & par-là obvient aux différens défordres de la phofphorifation. Les poiffons contiennent beaucoup d'acide phofphorique. On adminiftre aujourd'hui avec fuccès les phof- phares de chaux & de foude , la limonade avec l'acide phofphorique , le phofphate lui-même ; & l’on fait que les acides les plus foibles diffolvent le phofphate de chaux. On a donc ainfi les véritables bafes de ce qui con- court à furphofphorifer ou à déphofphorifer l’économie animale, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 355 IDÉES SUR LA NATURE DU FLUIDE ÉLECTRIQUÉ; Par TiI1NcRr y: E N traitant de ce fluide, mon deffein n’eft pas de le fuivre dans tous les phénomènes qu’il développe fous la main de l'expérience , ni de dif- cuter fur fes inAuences & fur les diftinétions que les phyficiens ont établies pour déligner fa nature ou fon intenfité, En laïffant donc de côté les raifons qui juftifient la dénomination d'éleétriciré vitreufe & réfineufe de Dufey, d'électricité poñtive & négarive de Francklin, notre unique but eft de nous borner aux feuls faits qui nous ont paru capables d'éclairer fur les principes de fa compofition. Les phénomènes éleétriques annoncent affez que ce fluide eft compofé de lumière & de feu. Certains corps froués contre d’autres corps , un mouvement brufque , font bientôt fuivis d’un décagement de feu & de lu- mière. Sa compofñition fe borneroit-elle à ces deux fuides ? Arrérons-nous d’abord à la fimplicité du phénomène, Les expériences de de Saufure , fur la vapeur aqueufe , prononcent ftricte- ment fur fon état phyfique & chimique. Le feu, feul agent des phéno- imènes qu'elle préfente, des diverfes modifications qu’elle annonce avant qu’elle redevienne eau, en eft vraiment le fluide déférent. Il n’en eft pas de même pour le fluide électrique : Deluc penfe que cette fonétion elt réfervée à la lumière. C’eft par l’expanfion donnée au feu par l'influence & la combinaifon de la lumière que cet auteur explique l’état qu'on défi- gnoit fous l’expreflion d'influence éleétrique , d’atmofphère électrique ; d’où 1l fuit que cette expanlon eft d'autant plus grande que la lumière y eft en plus grande quantité. ( Confidérations fur la Météorologie, €. 55 3.) Suivant le même auteur, la fubftance éleétrique n’eft pas une fubftance fimple : elle eft toujours compolée, & fes propriétés dérivent de fon état de compofition. I] la forme d’un fluide & d’une matière électrique. La lu- -mière conftirueroit feule l'influence du fluide électrique fur la matière élec- tique ; elle donneroit à ce fluide la qualité de fluide déférent de la matière électrique. Il s'enfuit de cette théorie que l'étar poñuf & l'état négauf qui expri- ment dans l’un un excès , & dans l’autre un défaut , comparativement à l'état du milieu, ne regardent point le Auide complet , mais feulement la AT E) \ 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE matière électrique qui en fair partie ; ou en d’autres termes, qu'ils n’expri- ment point le degré de force expanfble du Auide électrique , mais feule- ment fon degré de denfité. ($. 358 ). La lumière joue donc le premier rôle dans ce fluide , fuivant l'opinion de ce célèbre phylicien. La dépenfe que la nature paroït faire de ce fluide particulier , fuppofe que s'il fe confomme aifémenr, il doit fe reproduire de mème. Les grands eflets de la fulmination ; ceux qui réfultent de l’abforption opérée par l'intermède des corps orgamfés ; la confommation énorme qu’en font les gouffres vol- cauiques, attetent affez évidémment fa décompofñrion Le fluide électrique fe décompofe donc. C’eft l'opinion de de Sauffure & de tous les phyficiens qui ont tourmenté ce fluide de mille manières. 11 paroït mème que fa re- produétion eft auffi prompte que fa deftruétion, & que la nature fait main - tenir un certain équilibre en fe débarraffant de l’excédent de ce fluide dont la trop grande accumulation poutroit nuire à l’harmonie de fes loix. Il eft mème vraifemblable que fous cette forme particulière , le feu & la lumière fe prèrent à bien des combinaifons qu'ils ne pourroient pas effectuer fous leur état orignel de fluide folaire. De Saulfure a prouvé la promptitude de la reproduction du fluide élec- tique, d’une manière fimple & par des procédés ingénieux ; cependant j'ai cru voir dans leurs réfulrats que la compoñtion de ce fluide n’eft pas auf. fimple qu'on pourroit l’admettre. En verfant de l’eau fur certains corps rougis, ce phyficien détermine un courant d’électicité pofñrive, & il conclut avec raifon , qu'il fe fait une combinaifon , de laquelle réfulte la production d’une nouvelle quantité de fluide électrique. ( Voyages dans les Alpes , . 807 ). Il fait encore l'appli- cation de ce phénomène à celui qui a lieu dans les vapeurs échappées des embrâfemens volcaniques. Il paroît au moins que ce fluide fubit, dans ce dernier cas, finon une décompofition complète , au moins une modifi- cation qui le fait concourir à des phénomènes magnétiques, puifque le fer s’y trouve aimanté comme il arrive après certaines commotions ful- minantes. D'un autre côté, d’autres obfervations du mème auteur mettent en évi- dence que l'électricité aërienne eft d'autant plus abondante que le temps eft ferein & fans nuages, & que les rayons folaires font plus actifs : que l’élec- ticité diminue infenfiblement vers le foir pour être nulle dans la nuit, fauf les circonftances particulières qui troublent cette matche. Nous voyons auffi que l'électricité animale eft d'autant plus énergique que l'air eft plus fec. L’abfence des vapeurs d'une part, & d'une autre part, la plus grande liberté que cet état de l'air donne à la lumière pour fe combiner avec notre propre fubftance & pour concourir à fa reproduc- tion , préfentent deux circonftances qui rendent probable l'explication du phénomène, Quoi qu’il en foit, les faits fur lefquels ces obfervations repe- ! © ET D'HISTOIRE NATURELLE. 357 fent font bien propres à confirmer l'opinion qu'on a fur la compolition du fluide éleétrique , quand d’ailleurs les phénomènes qui jailliflent des con2 ducteurs électriques ne la mettroïent pas en évidence, Mais les caraëtères qui accompagnent fa décompofition ; la forte odeur qu'elle développe, juftiñie l’idée de nos concitoyens Deluc & dede Sauflure, relativement à fon érat de combinaïfon, qui «ft plus étendue qu’on ne l’a imaginée jufqu’à préfent, Le premier fuppofe l’exiftence d’une autre fubf- tance intermédiaire qni prive la lumière de fa propriété lumineufe , quoi- qu'il admette que ce foit la lumière qui conftitue l’effence du fluide élec- tique deférent ($ 829 ). Ce principe intermediaire lui paroît un être de nécellité , fans qu'il lui foit poflible d'en indiquer la nature, De Sauflure elt porté à regarder le fluide éleétrique comme féfulrar de Punion de l'élément du feu avec quelqu'autre principe qui me nous eft pas encore connu. Ce feroit un fluide analooué à l'air inflammable , ( Voyages dans les Alpes, $ 832}; mais incomparablement plus fubtil. 11 fonde cette opinion fur une férie de phénomènes qui proiffent en conftarer la juftefle. Il s'appuie dans une hote de l’obfervation de Kirwan , inférée dans le Journal de Phyfique (16 mai 1784), relative à la compoñtion du fluide éleétrique qu'il compofe de phlogiftique dans un étar plus rarefié que l'air inflammable & allié avec une plus grande quantité de feu. Voici donc trois auteurs , chacun d'une autorité très-impofante, qui fen- tent la néceflité d'étendre la compofition du fluide éleétrique au-delà des bornes d’un Auide qui devroit fon expanfibilité au feu feul. En effet, quand on promène fon imagination fur l’immenfe tableau qui repréfente les phénomènes réfultant des divers dégrés de concentration du fluide életrique, on eft bientôt conduit à fentir la néceflité d'étendre les limites de fa compofñtion, & de la faire dépendre d’un autre érat que celui qui conititue le fluide folaire , que nous compofons de calorique &e de luinière réunis fous un état moyen de combinaïfon. On eft au moins très-éloigné de s'interdire l’hypothèfe qui repoferoit fur les modifications qui auroient lieu , fans doure, dans les propriétés particulières qui réfulrenc de Pordre de compofñtion fimple du fluide folaire , fi on la fubordonnoit , cette compolirion , à une caufe agiflantefinconnue , mais capable de changer les quantités refpectives de l'un ou des deux élémens qui la conftituenr. La moindre modification de ce genre feroit bien capable de mafquer les propriérés phyfques du fluide {olaire. La première idée qui m'ait frappé en m'occupant de ces caufes encore inconnues, capables de modifiér ou de convertir le Auide folaire en Anide éelétrique, étoit toute entière en faveur de l'hydrogène modifié, & j'ai fenti peine & plaifir lorfque , dans une de mes dernières lectures, je me fuis vu devancé dañs cette opinion par notre célèbre profeffeur. - Mais comme Fhydrogène n'eft pas de l'électricité , l'électricité n’eft 358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. pas non plus de l'hydrogène, Ses caraétères font différens. 11 Aut plus que le mouvement , plus que l'accumulation pour enilim net l’hylrogène. L'hydrogène brüle ; l'électricité détonne. Elle ne pourioit donc être qu'un mode de combinaifon , dans laquelle les principes qui conit.tuent l'hy- drogène , s'uniroient, fe confondroient par des loix encore inconnues , avec les élémens qui compofent le fluide folaire ; ou bien elle ne feroir qu'une ébauche ; qu'une modification qui conduit les élémens du fluide folaire à l2 compoñrion de l'hydrogène. : Ce principe admis, le Huide éleétrique fe compoferoit de plufeurs élé- mens, dont les principaux feroient ceux qui conftituent le Auide folaire mo- difié par l’état des milieux dans lefquels il fubit des réaétions qui le ren- dent lui-mème le principe de tuus les Auides diferers & expanfibles. Ainfi l'hydrogène formé, on les principes de l'hydrogène , l’oxigène pur où mo- difié, pourroient bien faire partie de fa compolirion. Et d'abord fi nous conlidérons que l'électricité n’eft jamais plus aétive que lorfque les conditions néceffaires à la formation du fluide inflammable fe trouvent dans notre atmofphère , nous adopterons , fans peine, l'idée d'une modification qui rapproche les émanations du fluide folaire de la nature de l'hydrogène. Sous le ciel embrâfé de la zone torride, l'éle&ri- cité y eft perpétuellement détonnante. Les météores inflammables y font & plus fiéquens & plus érendus que dans les zones tempérées. Dans notre climat , les phénomènes électriques ne font bien apperçus que dans la faifon où l'influence folaire fe fait agir avec plus de force. Mais, objeétera-t-on , en adimettant l'hydrogène pur ou modifié , comme principe conftituant de l'électricité , on change , on dénature les propriétés reconnues de ce Auide. L’électricité traverfe des corps imperméables à l'hydrogène ; d’ailleurs, mife en mouvement dans une mafle de gaz oxi- gène, 1l y auroit une détonnation qu'on n'a pas encore apperçue. Mais qui ignore que l'éteincelle éleétrique eft une vraie détonnation d’une étendue relative , & qui n’a pas lieu lorfque ce fluide ne fubit qu'une circulation ? D'un autre côté, dira-t-on encore, fi vous fuppofez le concours de loxi- gène , vous donnez au fluide électrique une pefanteur qu'aucune expérience n'indique. Je ne verrois jamais que du fpécieux dans ces objeétions , fi on pouvoir les croire fondées. Nous avons vu la lumière impondérable fous fon étar de liberté , traverfer le verre hermériquement fcellé , s'unir aux principes hyileux, en augmenter la pefanteur réelle , fe revèrir de toutes les qualités attachées à la matière, & perdre enfin la mobilité, l'expanfbilité , la faculté lumineufe , la perméabilité qui diftinguoient l'élément avant fa converfion en matière pondérante. La nature entière attefte rous les jours cette étonnante métamorphofe dans laquelle le calorique, la lumière, les fluides qui circulent dans notre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 359 atmofphère fe convertiffent en parties colorantes , en huiles , en réfines, en extraits, en cire (1), en arome qui conftituent les corps organifés. Toutes ces fubitances manifeftent alors des propriétés bien ellenciellement diffé- rentes de celles du Auide folaire ou des autres flüides qu'il.crée ou qu'il modifie. Tel eft le grand effet des modifications qui conftituent la vie de notre fyftême. Toutes les propriétés phyfques du fluide folaire libre fe trou- vent enchaînées par des combinaifons fucceflives dérerminées par des af- nités particulières, & prennent de nouveaux caraëtéres. Si la p:fanteur eft une qualité attachée à une état de combinaifon maté- rielle, À une complication d’élémens modifiés, la légéreré doir dépendre de fon côté d’une modification plus fimple & plus relative entre les élémens primitifs. Le gaz oxigène contient le calorique & la lumière, & cependant 1l eft pefant. Le gaz hydrogène eft léger, & cependant il contient auf la lumière & le calorique. La différence entre leurs propriétés phyfiques dé- pend donc plutôt de l’état de modification entre les mêmes élémens , qne de leur nature. Ainfi, en admettant une modification qui ameneroit les élémens du fluide folaire à un état voifin de celle que ces mêmes élémens preanent dans l'hydrogène; en fuppofant que le fluide folaire employe pour cette modification l'intermède des fluides difcrers dont il eft lui-même le prin- cipe originel , la compofition du fluide éleétrique deviendroit alors plus érendue qu’on n’eft difpofé à le croire; elle fe préteroit à de nouvelles vues hypothériques: ri, PREMIÈRE HYPOTHÈSE: Des phyfciens , frappés de la chaleur, de la lumière, de l'odeur’, & fur-tout des phénomènes magnétiques qui accompagnent une forte décharge éle&rique , pourroient croire que l'éleétricité fe décompofe moins qu’elle ne fe modifie dans ces cas particuliers ; quoique, la diminution qu’elle éprouve, par de fucceflives décharges, paroïfle annoncer une décompoñtion totale, DEUXIÈME, HYPOTHÈSE D'autres phylciens , entraînés par les réfultats des expériences de de Sauflure , par les phénomènes volcaniques que ces expériences rerracent à Pimagination , penferoient que l’eau contribue à la production de l'éle&ri- (x) J'ai prouvé , dans un mémoire envoyé en 1786 à l'académie ‘de Dijon, & qui fait partie de fa collection , que la cire éroit le feul agent que la nature employoït pour préferver de la difflolution les parties extraétives des plantes fubaquées ; plantes qu'on défigne aGuellement fous le nom de glauques. ( Anulyfe des conferva). Je ne fais ufage de ce fouvenir, que parce qu’on paroït s'occuper beaucoup de ces plantes. 360 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cité, foit par fon état de vapeurs, foit par un de fes principes mis en liberté par un commencement de décompolition Ils feroient dépendre la préfence de ce fluide d'une addition de principe au calorique & à la lumière dégagés dans le cours de l’expérience , comme dans les incen- dies volcaniques. En effer, l'odeur de l’hydrouène phofphoré (1) qui réfulte de la décharge d'une forte batterie éleétrique feroit le fil de l’analogie qui conduiroit à admettre le gaz hydrogène dans la compofition du fluide électrique, & à fuivre en cela l’heureufe conjecture de de Sauffure. dE RO ASIE MAE HAT PO TH EL S’'E: Il éft, fans doute, d’autres phyliciens qui , à l'exemple de notre conci- toyen Deluc, étendroient encore cette idée, en faifant concourir a la for- mation de cette odeur , les fubftances mêmes employées comme intermède. On à de fortes raifons pour croire que le développement des odeurs dé- pend d’un mode de combinaifon entre la lumière, le calorique & des fubftances matérielles de l'ordre des corps organifés, qui tous contiennent l'hydrogène. QUATRIÈME HYPOTHÈSE. D'autres, enfin, ne chercheroïent l’origine de l'électricité que dans le (x) Le profefleur Piétet m'a communiqué , lors de la leQure de mon mémoire à notre (aciéré des fciences naturelles , une obfervation dont la conféquence feroit que l’eau ou l'humidité eft abfolument néceflaire au développement de l'odeur dont il efk queflion. Si on dirige le courant d'éleétricité accumulée fur un jeu de cartes parfaite- ment fèches , l'odeur n'eft pas apperçue ; mais fi on humeëte ces mêmes cartes par le fouffle , ou par de l'eau en vapeurs, l'odeur phefphorée devient un réfultat de l’expérience. L'eau contribue-t-elle au phénomène par fa décompofition , ou fimplement par l'effet d’une modification opérée par fa préfence ? Si l’eau fe décompofe, il eft de fait que l'odeur du gaz libéré ou décompofé eft différente de celle du gaz hydrogène ; qu’elle préfente des caraétères qui la rapprochent des phénomènes qui fuivent la décompofition du phofphore. L'influence éle&rique compliqueroic donc le phénomène en forçant l'azote à y jour un rôle. Nous avons annoncé, dans la quatrième feétion des mémoires fur la lumière ( Journal de Phyfique, mars & avril 1798) , que l'acide nitreux éoncouroit , en certaines circoul- tances , à la produétion de l'acide phofphorique , en le traitant avec des corps organifés. Or , dans ce cas, l’azote ne doit pas y être négligé. Maïs fi l'hydrogène de l'eau ou de fa vapeur fe dégage fans deftruétion dans Pexpé- rience élerique, l'emploi de l’oxigène devient denc important dans la production du phénomène ; mais s'il fe détruit , l’oxigène doit fe libérer où concourir à fa deflruétion. C'eft encore ce qu'il refte à dérerminer pat une fuite d'expériences directes. On peut voir combien la théorie d'une déronnation fimple fe complique quand il faut emonter aux caufes des exceptions , & combien le chapitre des modifications entre kes fluides élémentaires eft fuleptibis d'extenfion. Al uide ET D'HISTOIRE NATURELLE. 36% fluide folaire dépouillé de la furabondance de fes élémens , pat l'effet des combinaifons opérées dans l’atmofphère fur les parties fèches du globe & dans les eaux. Certes, les obfervations de de Sauflure , fur l'électricité aërienne ; fes expériences qui conftarent les courans électriques dans la vapeur artificielle, & dans la vapeur volcanique, ne prononceroient aucune défaveur à l'égard de cette quatrième hypothèfe. L'éleétricité naturelle feroit, fous ce dernier point de vue , une efpèce de réfidu du fluide folaire , foit l'union du calorique lus étroitement combiné avec une portion de la lumière. Le fluide fo- Lire , réduit à cer état, auroit échangé fa forte expanfbiliti, fa grande mobilité contre certe fixité moyenne qui caractérife le uide électrique & dont l’extrème mobilité n’eft due qu’à l'influence du foleil, & dans bien des circonftances , à des moyens mécaniques. La phofphorefcence des eaux de la mer, dont nous avons parlé , feroit encore liée à la fimplicité de cette théorie, Le mème Auide folaire qui auroit concouru à la formation de l'électricité avec toute l'influence qu’on lui connoît , auroir , en même temps, préparé les phénomènes des noti- luques par l’abandon de la lumière furabondante (1). D'après la connoilfance certaine que nous avons de l'influence directe que le Auide folaire exerce fur les milieux qu’il traverfe ; d’après même les ingénieufes expériences du profeffeur de de Sauflure , il eft difficile de ne pas s'arrêter à l’idée d’une modification qui rapproche ce fluide électrique de l'état de compoftion qui conftitue l’hydrogène. On eft mème tenté, lorfqu’on s’arrète à certains phénomènes armofphériques, de faire dépendre lexiitence de l'hydrogène pur d’une modifidarion encore plus étendue que celle qui a lieu dans le fluide életrique. 11 paroïît du moins certain que le développement de l'hydrogène devient une circonftance favorable à la production de l’élericité, C'eft ainf, par exemple , que les métaux de facile oxidation font ps propres , étant rougis, que ceux qui ne s’oxident pas, à la praduétion d’un plus grand courant d'électricité politive, comme Île remarque le profeffeur de Saullure. Sans doute que la décompofion ide l’eau compenfe , dans ce cas particulier , le peu d'énergie du calorique & de la lumière développés par ces moyens factices ; & que l'hydrogène libéré équivaut alors à celui qui doit fon oxigène à l'influence directe du foleil dans les cas d'éleétricité naturelle, Cependant le cuivre paroït faire exceprion ; tant il eft difhcile de (1) Pour vérifier cet apperçu, il feroit important de connoître f les obfervations qu'on a fuivies à légard de l'éleétriciré fur les parties continentales du globe , feroient en cor- cordance avec celles qu’on pourroit tenter fur mer, où les caufes d'abforption éle&rique doivent étre plus étendues. Tome IV, BRUMAIRE an 7. Aaa 36: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s'appuyer : d'expériences politives pour un objet encore neuf, & dont la théorie de compofition n'eft encore que preffentie. Quelque foit l’hypothèfe qu'on veuille appliquer à la compoñtion du fluide électrique , on la fera toujours dépendre de la préfence du fluide {olaire : on reconnoîtra l'influence du calorique & de la lumière ; mais on admettra que celle-ci y eft fous un état modifié qui la rend différente de ce qu'elle nous paroït dans le fluide folaire. Après avoir pallé en revue les diverfes opinions qu'on pourreit embraffer fur l’origine & fur la compoñtion du fluide électrique, je reviens à l'hypo- thèfe que j'ai admife (pag. 358 ), & je m'explique. En difant que mes idées, fur la compolition du Auide électrique , étoient toutes en faveur de l'hydrogène , je n'ai pas admis que ce füt de l'hydro- gène pur. Le fluide folaire, en circulant dans notre atnofphère , y prépare des modifications plus ou moins étendues entre les divers principes qu'il compofe. Au milieu de tant d’aéions & de réaétions , il perd lui-même en partie, ou bien il acquiert un nouvel élément qui peut êrre l'oxigène ou l'hydrogène purs, ou fimplement ébauchés , ou enfin tout autre principe, d'où réfulte l'exiftence d’un nouveau fluide qui tient le milieu entre le fluide folaire & l'hydrogène , de manière que l’un & l’autre y perdént les propriétés qu'ils manifeftent dans leur état de liberté. Ainfi l'électricité n'eft ni le fuide folaire pur , ni l'hydrogène, qui n’eft qu'une modification du fluide folaire ; mais elle conftitue un fluide particulier, à la compofition duquel le fuide folaire contribue comme élément primordial , & dans lequel , par conféquent , le calorique & la lumière prennent des caraétères qui paroiffent les confondre avec ceux qui, en certaines circonftances , fe font apperçevoir dans le gaz hydrogène, L’efpèce de déronnation qui accom- pagne l’éreincelle électrique , l’inflammation qui a lieu lorfqu'ellé eft reçue dans l’alkool , lécher , font deux caraëtères que ce fluide emprunteroit de l'hydrogène. Je jette ici mes réflexions avec confiance & fans prétention. Quelque déférence que j'aie montrée pour l'adoption de l'hydrogène modifié , comme principe apparent du-Auide éleétrique , je devois m'occuper moins de l'étendue ou de la fimplicité de fa compoñition , que de la lumière que je cherche par-tout où je crois la trouver ; parce que, foit qu’elle conf- titue avec le calorique l'hydrogène, ou teute autre modification qui en approche, je dois, d'après mes propres efpérances, la regarder comme le puncipe dont l'influence eft la mieux obfervée dans les combinaifons variées de la création. En matière de phyfique , la difficulté aiguillonne , & la va- ricté des fentimens conduit fouvent à la découverte d’une vérité dont la connoiffance devient alors d’autant plus précieufe , qu’elle paroïfloit plus difficile à acquérir. Ainf , quelqu’abftraite qu’ait pu paroître la théorie fur la compofñrion ET D'HISTOIRE NATURELLE. 363 d'un fluide qui développe, depuis $o ans, de fi beaux phénomènes fous la main du phylcien , quelque rebelle que ce fluide fe foit montré jufqu’à préfent aux efforts d’une analyfe exacte il ne ceffera pas d’intéreffer le favant : & fi le myftère de fa compofition demeure encore long-temps couvert d'un voile ; s’il réfifte aux preftiges des probabilités , il aura tou- jours la précieufe prérogative d’égayer le ferieux de la fcience, & de plaire au milieu de l'inftruétion. Nous pafflerons à un autre fluide non moins intéreffant, quoiqu’encore moins connu. C’eft affez défigner le fluide mag - nétique. MÉMOIRE SUR LA TYPOGRAPHIE: Par Alexis RocHon, de l’Inflitut national , direéteur de l’obfervatoire de la marine au port de Breft, LE, typographie eft l'art de mulriplier les copies. De tous les procédés que le perfeétionnement de cet art important à fait naître , il en eft un à jamais mémorable dans les faites des fciences & des arts. A cette feule défignation on reconnoït l'imprimerie, & l’on me dit qu'il n’eft pas nécef- faire que je montre l’uulité d’une fi belle invention , fource féconde & inépuifable de lumière, & tréfor impériflable de toutes les nations. Les hommes inftruits favent que les idées requifes par la leéture font le germe de nos connoiffances , & n’eft-ce pas l'imprimerie qui a mis dans les mains de tous le moyen d’en acquérir ? Déformais le précieux dépôt de nos fciences & de nos arts eft confervé; il ne peut plus fe perdre que dans un bouleverfement univerfel. Cer art miraculeux prouve à l'homme la faculté de tranfmettre fes recherches à {es concitoyens , à tous les habitans du globe, & mème à la poftérité la plus reculée. Si les anciens avoient connus cette invention , aurions-nous à regreuer la perte de tant de chef-d’œuvres & de plufieurs arts utiles qui out difparu , ou que le mal des remps couvre de fon ombre ? Que ceux qui montrent un mépris infenfé pour les arts mécaniques vien- nent ici fe repentir de leurs erreurs : qu’ils viennent abjurer des préjugés défaftreux, qui ont porté & qui portent encore peut-être le découragement fur cette clalle nombreufe & refpeétable d’artiftes induftrieux, Certes, il a fallu de la fagacité, & une grande fagacité, pour avoir porté notte induftrie au degré de perfeétion où nous l'avons trouvé, Je dis plus, & l'art de Aaa1 364 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE l'imprimerie le démontre ; il ne faut qu'une feule découverte heureufe pour changer la face de l'univers. Laiffons ces hommes qui ont plus d’érudition que de génie, donner à l'imprimerie une origine antique. Îls ignorent que le grand reffort de cet art réfide encore plus dans la fonte des caractères que dans leur mobilité ; ainfi nous nous réunirons à ceux qui veulent que Jean de Guttemberg , Fuft & Schæffer en firent la découverte en 1439. Nous obferverons cependant que Schæffer , commis ou principal ouvrier de l'orfèvre Fuft , fac l'inventeur des lettres mobiles , selon ce favant Tritème, auteur de Ja chronique d’Herfanges , qui avoit connu particulièrement Schæœffer ; Tritème fur f fatisfait de ce procédé , qu'il donna à Schætfer fa fille en mariage. Quoi qu'il en foit, le vrai but de mon mémoire ne me permet pas de fuivre plus long-temps lés degrés de perfeétionnement que cet art à acquis fucceflivenient depuis cette époque mémorable ; mais je ne dois cependant pas pafler fous filence un moyen imaginé en Ecole, pa Guillaume Ged , pour faire des planches fixes avec des caractères mo- biles. A l’aide de ces planches, il imprima un Salufte avec ce titre : C. Crifpi Saluflii Catilinarii & Juguflini huloris. Edinburgi, Guill. Ged, Auri Faber edinenfis , non cypis mobilibus ut vulgo fieri folec , fed tabellis feu laminis fufis excudebat 1744 , in-16. Le Salufte de Ged eft d’une belle impref- fion, & en tout femblable à celle des livres imprimés avec des caractères mobiles ; mais Ged réduifoit à un prix modique le prix des caraétères né- ceffaires pour monter fon imprimerie , & il faifoit ; en outre, une économie encore plus grande fur le papier , puifqu'il ne tiroit qu’au befoin le nombre d'exemplaires dont le débit étoit affuré : ce procédé eft fur-tout avanrageux pour les livres clafliques dont la vente eft lente mais affurée. Ces planches politypées, car c'eft le nom qu’on leur donne aujourd'hui , offre un bénéfice confidérable à celui qui joint à l’art de ies mouler , l’induftrie de les répandre chez l'étranger , ou à de grandes diftances du lieu de leur fabrication. Hoffman, homme induftrieux, préfenta, en 1784 , à l'académie , un pro- cédé analogue à celui dont nous venons de parler, avec cette différence qu'il en fit l'application à la compofition d’un journal , & cette application s'étoit pas heureufe. Si nous pouvions rious flatter d'ajouter quelque chofe à la réputation des Didots , nous n'omettrions pas de faire ici mention honorable de leurs utiles travaux. D'ailleurs, c’eft moins l'imprimerie que la typographie qui eft l'objet de ce mémoire ; car j'ai diftingué , & j'ai dû diftinguer la typographie de l'imprimerie. En effet, la typographie em- braffe dans la généralité l’art de multipliet les copies , foit que les plan- ches offrent en relief ou en creux , une gravure formée par des caractères fondus & mobiles, ou par des caraétères fixes. On ne conteftera pas que J'art de la typographie ne foit très-anciennement connu en Chine. Duhalde nous apprend , avec tous ceux qui ont parlé de l'induftrie de ces peuples, qu'ils cranfportent fur une planche de bois de pommier ou de poirier , l’ou- | ‘ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 365 vrage dont ils veulent des copies, au moyen d’une feuille de papier mince &: tranfparent, dont ils fuivent, avec une pointe, les traits.de l'écriture , qu'ils rendent enfuite au moyen du burin en relief, Duhalde obferve que cette méthode de fe procurer des copies, a le grand inconvénient , pour des ouvrages volumineux, d'exiger une exceflive multiplicité de planches ; mais comment les chinois pourroient-ils , comme nous, faire ufage de ca- raétères mobiles & fondus , puifqu'ils ont près de cent mille caraétères ? Cependant, felon le mème auteur , ces peuples n'ignorent pas l'ufage des caractères mobiles, ils en font en bois, & ils s’en fervent pour corriger l’état de la Chine, qui s'mprime à Pékin tous les trois mois. Ici Duhalde ne paroît pas fentir l'avantage inappréciable des caraétères fondus. Quoi qu'il en foic, le. tiès-célèbre docteur Franklin ; qui avoit été long-temps impri- meur à Philadelphie, me montra des eflais qu'il avoit fait pour multi- plier promptement les copies de fon écriture. Al n’eft pas queftion de ces preffes angloifes qui difpenfent d’un copifté ; mais d’un procédé qui a donné l'idée bien long-temps après. Ce moyen confiftoit à écrire fur un papier life , avec de l’encre gommée que l’on foupoudre d'émeril ou de poufler de fer fondu , & à l’aide d’une preffe à rouleau ou d'imprimeur en taille- douce , on infcrute fur une planche de cuivre roferte ou d’étain , les traits de l'écriture. Cette planche ferr à donner autant de copies que la profon- deur de la gravure peur le permettre ; cependant , il en faut convenir, ces copies font peu agréables à la vue , & le fond en eft piqué & fali. Quoique Franklin m'eût fait myftère de fon procédé, je lui montrai , devant l'illuftre Turgot, qu’en écrivant avec une pointe fur une planche de graveur , prépa- rée & verniflée , on parvenoit promptement à un réfulrar plus fatisfaifanr , en couvrant la planche d'acide nicrique un peu affoibli , un temps aflez court fufhir pour donner à la gravure la profondeur defirable pour employer une encre liquide & femblable à celle dont les imprimeurs fonc ufage ; alors on peut effuyer la planche fans précaution, & on tire, fur de mau- vais papier, douze épreuves ou mème un plus grand nombre de copies, Ces épreuves font fales & à contre -fens; ainfi pour les avoir netres & dans le fens de l'écriture , il faut mettre autant de feuiiles de papier blanc, mouillé & préparé fur les douze épreuves, & tandis que l'encre elt encore fraîche , on obtient d’un feul coup à la prelfe à rouleau, autant de contre-épreuves qu'il y a d'épreuves; ainli au lieu de douze coups de prefle, il en faur treize pour fe procurer douze contre-épreuves bien noires , trés-nerres & très-lifibles, lors mème que la planche n’auroit pas été parfairement efluyée. Cette mé- thode n’équivaut pas fans doute à la belle gravure, mais elle peut être utile dans les armées de terre & de mer, & dans tous les cas où:il s’agit de multiplier promprement les copies. Ici nulle précaution n’eft à prendre , que l'acide nitrique foit plus où moins fort , qu'il refte plus ou moins de nu 366 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE temps fur la:planche , que la planche foit même un peu chaude, afin de dunner du mordant plus de force, le fuccès de l'opération ne fera jamais douteux , pourvu que la pointe d'acier qui fert à tiacer fur le vernis les caractères , découvre bien le cuivre. On doit encore défirer que l'acide nicrique procure une gravure profonde, parce que les contre-preuves fe trouvent par-là beaucoup plus noites ; la planche n’a pas befoin d’ètre bien elluyée , parce qu'il eft indifférent que l'épreuve qui ne fert que pour donner une contre-épreuve; ne foit pas bien propre, pourvu qu'elle ne tache pas la copie que lon veut fe procurer ; l’on peut encore employer l'encre plus liquide des imprimeuts: L'art de mulüiplier les copies fur une planche de cuivre gravée en creux, paroît être urie invention du quinzième fhècle ; les italiens & les allemands 12 difputent l'honneur de cette découverte, Cet art , qu'on nomme gravure en taille-douce , eft cependant le plus généralement attribué à un orfèvre de Florence , nommé Thomäs Siniguerra ; du s’en fert fur-tout pour tranf- mettre à la poftérité des copies des tableaux & des deflins des grands mai- très. Les graveurs, ou plurdt les imprimeurs en taille-douce ont, dans certaines circonftances , fait ufage des contre-épreuves ; mais elles font peu cftiméés. Quoique cés contre- épreuves m'ayent mis fur la voie de me pro- curer avec célérité des copies d’un manufcrit peu volumirieux ; cette appli- cation n'à pas été , J'ofe l'affurer , fans utilité. Des mémoires intéreflans ; dont on avoit défendu l’impreflion ; ont été imprimés de cette maiière, On a employé le même procédé pour la publication des gazertes à la main; Sans vouloir mettre de l'importance à un procédé aufli facile à imaginer , d’après ce qui étoit précédemment connu, j'obferverai qu'il peur fervir utilement. dans tous les cas où l’on n’a pas unè imprimerie à fa difpof- tion: L'on trouveta , dans un ouvrage que j'ai publié en 1483 , fur la mé- canique & la phyfique , les procédés que je viens de décrire ; ils font ren- fermés dans un mémoire qui a pour titre : De/criprion d'une: machine à raver, Ce fur l'illuftre Turgot qui m'engagea, äprès ces premiers effais, de m'occuper du moyen fnécanique dont je vais renobveller ici la defcription. Les entraves que la liberté de la preffe éprouvoit, fit defirer à ce grand homme que les gens de lettres puffent compofer & faire imprimer fous leurs yeux leurs ouvrages. Le favanr Moreller, qui prit à ce projet un vif intérêt , me donna quelques poinçons , qui fervirent à mes premiers effais. Si je n’ai pas totalement rempli le vœu de Turgot & de Morellet, il en eft toujours réfulté une machine qui a contribué au perfeétionnement du pa: pier-monnoie, & qui fera peut-être utile par la fuite au procédé que Ged a indiqué pour la compofition des ouvrages claffiques. I feroir fans doute dificile, fans le fecours d’un grand nombre de deflins, de faire connoître , avec détail, les différentes pièces de cette machine , qui eft néceffairemient ET D'HISTOIRE NATURELLE. 367 très-compliquée , mais dont le jeu eft infiniment fimple ; car lorfqu’on veut s’en fervir , on retient d’une main une détente, & de l’autre main on place , au moyen d’une manivelle , la lettre fous la vis de preflion, en fe fervanc d’un tableau placé par ur renvoi, d’une manière commode , pour indiquer avec précifion , par un index, le lieu où la lettre doit être pofée ; alors on abandonne Ja détenre & la roue qui porte à fa circonférence les caraétères , qui font d'acier trempé, & on fait mouvoir un petit levier dont l'arrêt eft plus ou moins rapproché, fuivant la largeur de la lettre. Le levier , en frappant fur l'arrèc, délivre la vis de preflion de la dent qui arrère fon action , de forte que par fes trois opérations une lettre quelconque eft placée, efpacée & frappée avec autant de précifion que de célérité. Francklin voulut qu'on fit la comparaifon du temps que l’on employoit ayec certe machine, à graver une planche compofée de 900 lettres , avec celui qu'un habile compofiteur en caraëtères mobiles mettoit à faire une planche femblable ; il fur très-furpris de voir que, fans être exercée , la machine gravoit la planche dans 19 minutes, fans aucune faute , & fon compoñteur mettoit 2; minutes à former une planche qu’il falloir encore remanier, Un rapport des cominiffaires de l'académie des fciences, du 22 décembre 1781, fervira à donner une première idée de cette machine. « Les carac- » tères qu'on veut graver font difpofés en cercle fur une roue mobile , & » amenés fucceflivement fous une vis de preflion qui les gravenr fur une » planche d'étain. L'auteur à imaginé différens moyens, foit pour porter » avec célérite le caraétère qu'on veut fous la vis, & la proportionner à » l'étendue de la leure qu’elle doit graver , afin que les creux des diffé- »* rentes lettres foient également profonds. La planche a un double mou- » vement, l’un deftiné à efpacer les lettres & les mots, l’autre à efpacer » les lignes. Ces mouvemens s’exécurent de manière qu’on puifle metre » entre les lettres, les mots & les lignes . les diftances que l’on jugera » convenables , & que ces diftances ayent entr'elles l'égalité la plus par- » faite. La différente largeur des lettres eft ici un obftacle : en effet, on fent » que pour que ces efpaces foyent égaux, il faut qu'ils ne foyent pas conf- » tans, mais formés par un efpace conftant ; plus un autre efpace variable , » proportionné à la largeur de chaque lettre : Ja beauté de l'impreffion » exige encore que ces efpaces foyent quelquefois un peu altérés, afin » que la juftification foit parfaite, c’eft-à- dire, que les fins de lignes »_préfentent à l'œil une ligne bien continue, & la machine de l’auteur en » donne le moyen. » Elle nous à paru réunir plufeurs avantages. 1°. On exécutera , avec » cette machine , des éditions gravées , fupérieures à celles qu’on peut fe » procurer , en gravant à la main, quelque foit l’habileté de l'ouvrier; & » ces éditions fe feront avec beaucoup plus de célérité & beaucoup moins 368 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » de dépenfe. 2°. Comme cette machine eft portative & peu volumineufe, » elle peut être très - utile dans les armées, dans les fortes, dans les bu- » reaux, pour l'impreflion d'ordres, d’inftructions , &c. 3°. Elle a de plus » l'avantage précieux , dans pluleurs circonftances , de pouvoir être em- »_ployée par tout homme intelligent & adroit , fans qu’on foir obligé d’avoir # recours à un ouvrier d'une profeffion particulière. Enfin elle a, fur » l'impreflion, l'avantage de permetre d’attendre, pour tirer un ouvrage, » qu'il ait été exécuté en entier; la dépenfe des planches , même pour » un ouvrage confidérable , étant très-peu de chofe, & cette liberté » qu'elle offre aux auteurs peut être d'une grande importance pour les ou- » vrages où l'ordre, la méthode , la liaifon des idées font un mérite » nécelfaire. » Ainfi quand même, ce que l'expérience peur feule apprendre, elle » ne pourroit pas acquérir la même célérité que limprimeriz, ni une égale » facilité pour les remaniemens & les correétions , elle feroit encore d’une » grande uulité. » Nous croyons donc que l'idée de cette machine étant nouvelle , les _» moyens employés à lui donner la perfection à laquelle l'auteur l’a déjà » portée , étant fimples & ingénieux , & fon ufage pouvant être utile, elle » éft digne de l'approbation de l'académie , & que la defcriprion de certe » machine, exécutée avec la machine même & préfentée par l’auteur, » mérite de paroïtre fous fon privilège », ” Fait au Louvre ; le 22 décembre 1781., Signé, Conrorcer & Bossur, : Deftription de la machine à graver, Cette machine confifte en deux roues de cuivre pofées l’une fur l’autre, & féparées par plufieurs piliers de deux pouces de hauteur. (Planche 1.) Ces deux roues , avec l'intervalle qui les fépare, font équivalentes à une feule roûe d'environ trois pouces d'épaifleur. Ainfi, pour fimplifier ma defcripuon , je né la confidérerai déformais que comme une roue qui fe meur librement fur fon axe, Cetre roue eft percée , vers fa circonférence , d’un grand nombre de trous carrés. Cesrroûs font les cafes ou coulans d’autant de poinçons d'acier faits en forme de parallélipède , far lefquelles font gravés les lettres ou caraétères. Chaque poinçon glife dans fa cafe ou coulant de haur en bas. C’eft afin qu'il n'ait aucun mouvement dans les fens latéraux, qu'il eft important que la roue ait de l’épaifleur , & que les poinçons & leurs cafes foyent bien cali- brés. Chaque poinçon tient à un reffort qui le foulève de manière que, dans cet érac, la roue, armée de fes caractères, peur tourner librement fur ET D'HISTOIRE NATURELLE. 369 far fon axe; & fi on la fait mouvoir , on verra les poinçons fe préfenter fucceflivement fous une vis de preflion. Cette vis de preflion eft fixée de la manière la plus folide fur le fupport de la machine, de forte qu’une planche de cuivre, placée fous cette vis de preffion, recevra l'empreinte de tous Les poinçons à mefure qu’on les fera pafler fous la prefle pour leur en faire fubir l’action. Puifque la preffe eft fixe , il eft néceffaire que chaque empreinte foit détruite en partie ou en totalité par celle qui la fuit, à moins que la planche foit mobile. Ainf il faut que la planche deftinée à recevoir l’impreflion , puifle fe mouvoir en deux fens; l’un, qui fert à déterminer l'intervalle des lettres & à former les lignes; l’autre mouvement plus fimple que le précedent, parce qu'il eft toujours le même dans tout un livre, fer à faire l'intervalle des lignes & à former les pages. On conçoit facilement qu'il feroit long de chercher à la circonférence de Ja roue, le caraétère qui doit être conduit fous la preffe , parce qu’on eft obligé de répéter cette opération autant de fois qu'il y a des caraétères dans un ouvrage. J’ai confidérablement diminué la longueur & l'embarras de cette opération , en plaçant fur l'axe de la grande roue qui porte les poinçons, une petite roue qui a environ quatre pouces de diamètre, & dont les dents engrainent dans une crémaillère , à laquelle eft attachée une régle qui fe meut entre deux coulifles. Cette règle me donne le dévelop- pement en ligne droite de la roue dentée qui la fait mouvoir , & m'indique celui de la grande roue qui porte-les poinçons; car ces deux roues étant concentriques , le développement de la roue dentée dont le diamètre a été déjà fuppofé d'environ quatre pouces , préfentera dans un petit efpace, qui eft dans cet exemple d’un pied , le tableau fidèle de la poftion ref- pedive des poinçons à l'égard de la vis de preflion. Il fuffit, pour obtenir cer effet, de placer un index fixe vis-à-vis de la règle mobile , qu’on divi- fera de la manière fuivante. On amenera le poinçon fur lequel eft gravée la première lettre de l'alphabet au centre de la ‘vis de preflion ; on tracera enfuite . fur la règle mobile, une divifion, à laquelle 1l faut ajouter la figure de la lettre pour pouvoir la reconnoître. L’index, dont j'ai déjà fait mention , étant placé vis-à-vis & au - deffus de cette première divifon , fervira à metre fous la vis de preflion , le poinçon, ou plutôt le caractère qui correfpond à la divilion dé- fignée fur la règle par la figure de la lettre de l'alphabet , fans qu’on foit à l'avenir aflujeru à regarder, & le lieu de la preffe & celui du poinçon. Ainf, dès que les divifions qui correfpondent à tous les poinçons dont la roue eft armée , auront été gravées fur la règle avec les figures qui les carac- térifent , l'index fixe déterminera tout de fuite le mouvement qu'il faut imprimer à la roue pour placer, fous la vis de prefion , les poinçons à me- fure qu'on devra les frapper. Tome IV, BRUMAIRE an 7. Bbb 370 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ce tableau , car ce fera la feule dénomination que je donnerai déformais à la règle & à fon index, n’a d'autre fonétion dans la machine que celle de guider la main de l’ouvrier , & de lui indiquer quand le poinçon fera à- peu-près fous la vis de preflon. Une détente faffir alors pour achever de le rappeller dans l'exacte pofi- tion où il eft bon de le fixer. À La détente qui me ferr à cetre opération , confifte en un reffort qui tend à pouffer contre la circonférence de la roue qui porte les poinçons , & dans la direction de fon diamètre , une pièce d'acier trempée ayant la figure d'un coin. Ce coin d'acier eft attaché fxement à un des bras d’une baf- cule, & l’autre bras fert à le maintenir, malgré la force du reflort , dans ane fituation où il ceffe de gêner le mouvement de la roue, lorfqu'on à befoin d'amener un caractère fous la vis de preffion ; mais à l’inftant même qu'on ne fair plus d'effort pour retenir le coin d’acier dans la pofition qu'il laiffe à fa roue la faculté de tourner il revient par l’aétion du reffort, donner le degré de ftabilité & d’immobilité que la roue doit avoir. H s’agit maintenant d'expliquer comment la détente, en fixant les ca- raétères, ou, ce qui eft la mème chofe, les poinçons qui Les portent en relief, achève de leur procurer la fituation qu'il faut qu’ils ayent pour que leur em- preinte fur la planche de métal puifle donner à l’impreflion qu'on en tire fur le papier des lewres bien alignées; ce rappel exige qu'on fafle autant d’entailles à la circonférence de la roue qu’il a de poinçons. Ces entaulles doivent être évafées , & avoir une profondeur d'environ un demi-pouce ; il eft utile qu’elles foyent aufli larges que la grandeur de la circonférence/de la roue peut le comporter. Alors l’arrère du coin ne manquera pas de fe pré- fenter vis-à-vis une entaille pour sy. infinuer , dès qu’on ceflera de le re- tenir, fans qu'on foic pour cela obligé de placer exaétement & mème avec foin fous l'index , la divifion qui correfpond fur le tableau au poinçon qu'on veut mettre fous la vis de preflion; car cette attention feroit fort préjudiciable à la célérité qu'on doit rechercher , avant tout, dans le méca- nifme:de cette machine. Ainl le coin, quand on le livre à l’a&icn du reflort , entre non-feulement avec facilité & fans exiger aucun foin , dans l'entaille large & évafée que la roue lui préfente toujours à fa circonférence , mais encore en s’y enclavant, il force la roue de fe mouvoir jufqu'à ce que les deux côtés de fon angle portent fur les deux côtés de l'entaiile. Ea roue a , dans cet état, le degré de ftabilité néceffaire; & fi les côtes de l’en- taille ont été dreflés pour que le poinçon qui y correfpond occupe fous la vis de preflion la vraie polition qu'ii doit avoir , le coin n’auta pas manqué , en fixant la roue , de la rappeller à la place, en fuppofant mème qu’elle en für fenfiblement écartée au moment que l’on permet à la détente de partir. Le moyen dont j'ai cru pouvoir faire ufage pour dreffer les entailles , eft à la portée de tous les artiftes ; il exige d'abord qu'on tire l'empreinte ET D'HISTOIRE NATURELLE. 371 de tous les caraëtères dont la roue eft garnie fur une planche de cuivre ou d’étain ;on fera mouvoir en ligne droite, & à mefure que chaque poinçon fera imprimé , le fupport fur lequel la planche elt arrêtée, afin que les ca- raétères puiffent fe ranger les uns à côté des autres fans fe toucher. Or, un parfait alignement ne pouvant dépendre que des entailles, il fembleroir fufhfant de les refendre felon la méthode uftée pour les roues d’horlo- gerie ; mais à caufe des inégalités qu'il eft bien difficile d'éviter dans la gravure des poinçons , il faudra prefque toujours redreffer chaque entaille en particulier. On peur avoir facilement le degré de précilion qu’on jugera convenable , lorfqu’en examinant avec attention l'empreinte des caractères gravés fur la planche , on en aura reconnu les inégalités, & dérerminé les différences par une ligne très-déliée, qui pafle exactement fous la bafe de deux lettres femblables fervant d'objets de comparaifon : car le défaut d’alignement pourra , par ce moyen, être déterminé avec beaucoup d’exac- titude. D’après cette détermination , on parviendra promprement à faire difparoïtre ces inégalités , fans qu’il en refte par la fuite aucun veftige; ces corrections fe fonc fucceflivement de cette manière : on lime le côté de l'entaille qui eft oppolé au mouvement qu’il faut donner à la lettre où carac- tère qu’on fe propofe de corriger , & on obfervera foigneufement de n’ôter avec la lime que de très - minces parties à-la-fois. Cette précaution eft néceffaire , afin qu'on puifle faifir l’inftanc où lentaille a fes côtés rellement difpofés , que le coin, en s’y enfonçant, rappelle la lettre dans l’alignement defiré. Les détails dans lefquels je fuis entré , au fujet de l'alignement des ca- raétères , ne doivent pas faire perdre de vue la grande célérité avec laquelle on place un poinçon quelconque fous la vis de preflion , à l’aide du tableau & de la détente. Certe célérité eft un objer fi important dans la gravure d'un grand ouvrage, qu'on ne peut rien négliger de tout ce qui tend à l’augmenter ; c’eft pourquoi, au lieu de fuivre dans l’arrangement des divers poinçons, l'ordre alphabérique , on doit préférer celui dans lequel la fomme des différens mounvemeus qu’il faut donner à la roue pour la gravure d’un livre , foit la moindie poflible. On peut très-bien fe difpenfer de faire cette ennuyeufe recherche , en obfervant l'ordre que les imprimeurs donnent à leur cafes de caraétères, pour que les lettres les plus ufuelles foyent fous la main de l’ouvrier. Si tous les caraétères offroient une égale réfftance lorfqu’on veut s’en procurer l'empreinte fur une planche de métal, il faudroit employer une force canftante pour les enfoncer - toujours de la même profondeur. Mais ils font très inégaux ; par conféquent on doic fe fervir d’une force variable, C’eft, communément , le marteau, & non une vis de preflion , comme dans cette machine, qui fert au plus grand nombre d'ouvriers pour eftam- per. Nous fuppoferons d'abord avoir fait ufage du marteau pour frapper les Bbb2 372 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE poinçons , afin d'expliquer plus facilement comment nous proportionnons | la force du coup, à la réfiftance plus où moins grande du caraétère : 1l eft évident qu’en laiffant tomber le marteau d’une hauteur fixe fur la têre des poinçons , 1l faut, pour que la force du coup foit variable , fuivant la na- ture des caraétères, pofer des chapiteaux fur la tête de tous les poinçons ; le fonimet des chapiteaux eft eat de hauffer à volonté, parce que cette pièce eft à vis. Ainli , en proportionnant l'élévarion de tous les cha- piteaux par expérience , on parviendra à fe procurer , par cette méthode , des empreintes également profondes de tous les caraëtères. Quand , par exemple, la lettre : eft placée fous le marteau , le fommer de fon chapiteau eft peu diftant de la tête du marteau, afin que fa chüte, qui commence toujours au même endroit, frappe foiblement certe lettre : mais quand c’eft la lettre M qui eft menée fous le marteau, le fommer de fon chapiteau étant beaucoup moins élevé que celui de la lettre ?, recevra un coup beaucoup plus fort; c’eft pourquoi les empreintes des lettres M & à feront toujours également profondes, fi, à l’aide de l'expérience, on a une fois bien fixé la hauteur refpective des chapiteaux. J'ai déjà dit que, dans ma machine , c’étoit une vis de prefion qui fervoit à eftamper. J'aurois fans doute pu employer le marteau au mème ufage; mais cet inftrument ébranle trop une machine, fur-tout lorfqu'elle eft faite avec des métaux écrouis. La vis de preflion n’a pas le même inconvénient; fon effort fe fait lentement, & fans occafiunner ces ébranlemens fubits , fi préjudiciables à la précifion & à la durée d’une machine; il arrive cepen- dant que des empreintes de médailles faites par une vis de preflion, fe reffentent quelquefois du mouvement circulaire de la vis; mais on peut éviter ce défaut, en donnant à fes filets une grande inclinaifon. La vis de preflion qui me fert , eft à huit filets, qui font fi inclinés , qu’elle tombe dans fon écrou , & qu’elle en fort par fa feule pefanteur. Cette conftruétion donne le double avantage de préferver les empreintes des effets du mou- vement circulaire, & par-là de procurer à la vis une chüte de près de neuf lignes pour chaque révolution. La tête de cette vis eft folidement fixée au centre d’une roue de cuivre , dont la pofition eft horifontale ; il faut que cerre roue ait un allez grand diamètre pour que fon mouvement ne fe reflente point fenfiblement de l'inégalité dans les frottemens de la vis. D'ailleurs la preflion que cette vis doit exercer l’exige, puifqu’elle dépend non-feu- lement de la force qui fait tourner la roue , mais encore de la longueur de fon diamètre, Il eft effentiel que cette roue ait fort peu de vacillation. C’eft pourquoi il importe que l'axe de la vis foit affez prolongé au-deflus de la roue, pour qu'il puiffe gliffer dans une douille fixement attachée au fupport de la machine. Alors la roue, qui eft montée perpendiculairement fur le pro- longement de la vis, fera maintenue fans qu'elle puifle éprouver de vacil- 2 ET D'HISTOIRE NATURELLE, 37 lation fenfble par la douille & l’écrou qui l'oblige de defcendre où de s'élever de près de neuf lignes pour chaque révolurion qu’elle fait fur fon axe. On conçoit qu'il faut que la vis tombe toujours d’un même point fixe fur la tèce de tous les chapiteaux ; or, pour remplir un objet aufñfi effentiel , il fufft de pofer une bafcule ou levier , pareil au fléau d’une balance , de manière qu’une dent, dont une de fes extrémité eft armée, porte fur la circonférence de la roue qui eft montée fur la vis de pieffion. Le fupport de la bafcrle eft folidement attaché à celui de l'écrou de la vis de preflion. Cette bafcule ne doit avoir de mouvement que dans le fers vertical ; il eft même convenable de ne lui donner que celui qui lui eft né- ceffaire, pour que fa dent ne manque jamais d’engrainer dans l’entaille pra- tiquée à la circonférence de la roue , routes les fois qu’on la remonte à l’en- droit ou il faut qu’elle fe trouve toujours , quand la vis commence à def- cendre, Dans cet état , la roue eft arrètée par la dent qui fe loge dans l’en- taille au moment qu’on la remonte; & toute force qui tendra à la mouvoir fera fans effec, fi on ne pèfe pas far la queus de la bafcule pour foulever la dent & la dégager abfolument de lentille. Dans ma machine , la roue qui a pour axe la vis de preflion n’achève pas une révolution ; c’eft afin que la vis n'ait jamais de chûte capable d’ébranler la machine & d’y occa- fionner du défordre , que je me fuis déterminé à n’employer que les deux tiers de la révolution de la roue pour eftamper les poinçons qui préfentent le plus de réfiftance. Ainf la vis ne rombe que de fix lignes fur les chapi- teaux Les moins élevés, tandis qu’ell: defcend d'environ deux lignes fur les chapiteaux les plus élevés; d’où l’on voit que la différence de hauteur entre les chapiteaux n'excède point quatre lignes. 11 eft palpable qu’une différence fi peu confidérable ne peut pas fuffire pour eftamper exaétement de la même profondeur les divers caraétères compris par exemple depuis la lettre M jufqu’a la lettre , quand la roue qui fait tourner la vis eft mife en mouvement par un poids conftant dont la force n’augmente que comme celle du marteau par l'accélération de fa chüte. 11 eft évident qu'en chan- geant de poids , on parviendroit facilement à fappléer aux forces inégales dont on a un befoin abfolu : mais il n’eft pas poflible que ce changement perpétuel de poids puilfe , dans la gravure d'un ouvrage , s’accorder avec le degré de célérié qu'on cherche. Ainfi j'ai dû m'occuper de rendre va- riable l'effet du poids qui fait tourner la vis, en le forçant d'exercer na- turellement fon effort fur des leviers plus au moins longs, felon les diffé- rens degrés de chûte, qui tiennent aux élévations de chapiteaux. Afin de réunir l'effet de l'accélération à celui des leviers qui s’alongeut en même raifon , j'ai adopté la conftruétion fuivante. J'ai lié, par une chaîne d'acier, à la roue qui eft ajuftée fur la vis de preflion , une feconde roue qui eft de champ, de manière que les deux roues fe commandent mutuellement, 374 JOUNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je leur ai donné un égal diamètre , & à la chaîne feulement , la longueur qui fuffit pour faire un tour entier dE lune ou de l’aute. C’eft la feconde roue qu'on appellera déformais poulie de renvoi , qui eft deftinée à donner à la vis de preflion les dificrens degrés de force dont elle a befoin pour pouvoir eftamper également tous les poinçons. Cette poulie porte pour rem- phr cet objet, un limaçon dont la gorge renferme , dans toute l’étendue de fon fpiral, une corde à laquelle eft atrachée un poids fixe , pour graver un certain ordre de caractères La difpofiion de ce limaçon elt telle, que quand le poids ne defcend que d’une quantité très petite, la partie de la corde qui fe développe eft fort près du centre de la poulie ; par conféquent l'effet du poids eft alors très-foible , puifqu’il n’agit qu ‘au bout d’un très- court levier ; mais quand la corde fe développe en totalité, l'effet du poids eft le plus CARE potible, puifqu'il a toute la chüre qu'il doie avoir, & qu'il agit au bout du levier le plus long; c’eft-à-dire, à l'extrémité du limaçon. Certe conftruétion réunit donc des chütes plus où moins fortes , à des leviers plus où moins longs, pour frapper les divers poinçens felon les différentes hauteurs des chapiteaux. J'ar déja dit que le fupport fur lequel la planche eft fixée , devoit être mu en ligne droite , afin de former des mots. C’eft avec une vis dont l'axe eft invariable , que je me procure ce mouvement qui fert à efpacer avec précifion les différens caractères, Son écrou, en avançaut ou reculant fur l'axe de la vis, entraîne le fupport auquel il eft fixé, fans qu'il puile éprouver de déviation , fi on le maintient par deux coulilles parallèles à l'axe de la vis. Je fais mouvoir cette vis par un levier qui n’a d’aétion fur elle qu'en un fens. Pour produire cer effet , j'ai attaché au levier & à la tête de la vis une roue dont les dents font tellement inclinées , que le chi- quet qui tient au levier, échappe dans un fens & engraine ns un autre ; ainfi le levier qui eft OlGlÉ , au centre de la roue denrées fera tourner la vis, fans que la planche puiffe éprouver de mouvement rétrograde : l'action de ce levier fur la vis doit commencer toujours d’un point “fixe; mais fa courfe ne peut être réglée que fur linégale largeur des différens caraëtères ; cette nouvelle confidération m’a AS fixer fur le tableau autant de chevilles qu'il y a de divifions qui correfpondent aux différens poinçons. Ces chevilles déterminent la marche du levier. Mais, pour cela , il faut que fa poltion dans la machine foit vis-à-vis l’index fixe qui défigne fur ce tableau que rel caractère et fous la vis de preflion. C’eft par conféquent le levier & ia cheville qu’on doit uniquement employer à efpacer les caractères & à former les mots & les lignes. Sans le mouvement que le levier donne à la planche , les empreintes e fapperoie 1e les unes fur les autres. Ain celle de la lettre à feroit, dans ce cas , détruite en totalité par celle de là lettre Z. Ainfi, lorfqu’on veut ranger les deux lettres à & 7 à côté l’une de l’autre, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 087$ il faudra mouvoir la planche après que la lettre i aura été frappée , afin de la féparer de la lewre /, de la quantité defirée. Je fuppofe qu'on veuille cet efpace d’un quart de ligne , & que le levier parcoure un arc de dix egrés pour faire marcher la planche de cette quantité , dès que la cheville de la lettre / aura la longueur nécellaire pour que l'arc décrit par le levier foit de dix degrés, l’opération d’efpacer les deux lettres : & / fe réduira à placer la lettre fous l'index fixé, & à mouvoir la planche jufqu’i ce que le levier foit arrêté par la cheville de la lettre /: on efpacera également toutes les autres lettres, en exigeant que leur pofition fur la roue foir rel que le dernier jamibage d’une lettre fe confonde avec une lettre d’un feul jambage , quand ones place les uns fur les autres. Certe difpofi:ion mérite d’être d'autant plus férieufement méditée , que fi elle n’étoit pas obfervée, l'on ne pourroit pas parvenir au but qu'on fe propofe. ; Plufeurs perfonnes inftruites penfent que la parfaite égalité que cette ma- chine à graver procure dans la formation des lettres & des fignes les plus difficiles à imiter , offrent un moyen de remédier aux dangers de la contrefaçon. Il eft certain que les produits que l'on obtient, offrent un caraétère fimple & frappant de vérité, tel que les yeux les moins exerces peuvent fe fatter, jufqu'à un certain point, de diftinguer dans ce cas la fraude de la vérité. Mon infortuné collègue Lavoilier , que les amis des fciences & des arts ne cefleront de regretter, fit faire , à ce fujet, pour la caifle d’efcompte, des effais qui eurent un plein fuccès. Des artiftes choilis tentèrent inutilement d’imiter une vignette formée par le mouvement fuc- cefif & égal d’un caractère d'ornement. Ma première machine à graver fur exécutée par Carrochez; il me fallut fuivre cer artifte avec une afliduité qui me caufa bien des foins. Je fus plus beureux pour la confttuétion de la feconde ; un artifte habile , Richer, en exécuta une feconde pour un ama- teur , avec une intelligence vraiment’ furprenante : il y ajouta même , à l’aide d’un limaçon , un nouveau degré de perfection. La troifième machine de ce genre , qui étoit deftinée pour la fabrication des aflignats, n’eft pas achevée; elle eft du même arifte. Pendant que Je m'occupois du perf-étionnement de ma machine à graver , Condorcet m’engagea de faire ufage, pour un petit mémoire du célèbre Dupati , d’un moyen que j'imaginat pour compofer un grand ouvrage avec un très - petit nombre de caraétères d'imprimerie, En farisfaifant à fa demande , je préfentai à l’académie une planche polytipée qui portoir ce titre: Efjai d'imprimerie , préfenté a l'académie des feiences , Le 8 fé- vrier 1786. k Le nombre de caraétères mobiles & fondus que je pofédois étoit con- tenu dans une boîte en forme ce livres, & ne pouvoit compofer que quatre lignes d'impreflion. Lorfque ces quatre lignes écotenr compofées, j'en pre- nois l'empreinte fur du plâtre fin, mêlé de pouflier de charbon, Ce moule 376 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE me fervoit à tirer plufieurs copies en fonte des quatres lignes que j'avois compofe. Je reconnusbientôt que la première & la dernière lettre de chaque ligne perdoit fa vive arrête. 1] me fut facile d'éviter ce défaut en mettant à quelque diftance da commencement & de la fin de chaque ligne, un petit fupport de métal qui empèchoit l’affaiflement de la première & de la der- nière lettre. L’on fent que le moulé doit êtte bien fec, & qu’une preffion légère fur le métal , lorfqu'il eft dans l’état pâteux , eft utile pour obtenir une bonne planche. Il en faur fept ou huit pour fure une page in-8. Je puis affurer que ce procédé n’elt ni long, ni embarraffant. Il offre des moyens commodes de correction & d’additions. Tel eft, en peu de mots , le compte que j'ai à rendre de mes recherches fax l’art typographique. Reth, ancien diretteur de la fabrication des affignats, eft, plus que perfonne , en état de faire connoître ce que l’on a fait depuis pour le perfeétionnement de cet art important, Je n'ai plus qu'un mor à ajouter. Dans mon effai fur les monnoïes anciennes & modernes, j'ai donné un moyen d’imiter les coins antiques avec le bronze des cloches, par Le poli- typage. Pour cet effer , j’enchâfle dans une enclume , le coin de bronze amoli par le feu, au degré convenable, afin de l’empècher de fe déformer par la preffion qu’il faut lui donner, foit par un balancier , foït au mouton, à l'inftant où l’on appofe la médaille qui eft deftinée à lui faire prendre l'empreinte en creux. Si le coin a le degré de chaleur qui convient à l’opé- ration , le type de la médaille ne fera aucuneinent altéré, qu’elle foit d’or, d’argent ou de cuivre; maïs il faut que le coin n'ait pas le temps de fere- froidir, ni la médaille celui d'acquérir , par le contaët, un degré de chaleur qui tendroit à lui faire perdre fa dureté. Ainfi le fuccès de ce procédé tient à la célérité de l'opération & à la connoiffance-pratique du dégré de chaleur qu'il fant faire fupporter au coin pour l’amollir fans le dénaturer ; on a foin d’attacher à la rête du balancier ou du mouton, la médaille, afin qu’elle ne touche , qu’au moment de la chüte , le coin. Deux médailles d’argent frappées fous la magiftrature de Titus Cavifius, triumvir, monétaire, eu montrant les inftrumens qui fervoienr aux artiftes de Rome à frapper la monnoie, m'ont fuggéré l'idée d’em- ployer le procédé que je viens de décrire. Ce font deux coins , l’un fupérieur & l'autre inférieur. Le fupport du coin inférieur eit une enclume, ayant à fes côi£s le marteau & la pince, La forime de la pince ne permet pas de doute fur fon .ufage. Elle fervoit à placer entre les deux coins les flaons ou pièces de métal , au titre & au poids fixé par la loi. Ces flaons étant au degré de chaleur convenable , pouvoient, d’un feul coup de mar- reau, recevoir l'empreinte des coins. Voilà donc l’art antique du polytipage. Les deux médailles romaines qui portent pour type les coins, la pince, Fenclume & le marteau , ont été frappées à Rome, trois cents ans avant Jefus-Chritt ; PU NO DRE NN PS OS VIT EU RE ET D'HISTOIRE NATURELLE. ae Jefus-Chrift; c'eft à l’époque où la république eut à combattre les Tarentins. André Morel, dans fon ouvrage fur Les médailles des familles romaines, s'exprime ainfi : Caput Jünonis monete falutaris.: infrumenta monctalia incus y malleus forceps cum Wulcani pileo in laurea. In bello videlicet contra Pyrrhum & terentinos, quum pecunia deftitue- rentur romant , eos fcribunt ; Junoni ad comparandam eandem vota feurfe, deam vero monuif]e illos ut: Juflicie armis uterentur ; fêc enim pecuniam is nôn defeéluram. Quod monitum quum falutare romanis fuerit cognomina monete faluraris inde Juno adepta eft. Laurea ad viloriam illam olim deæ monitu relatam refpicere poteft. OR RATE D'UNE LETTRE DE HUMBOLDT, AU D INGENHOUSZ; Sur la propriété des terres fimples de décompofer l'air atmofphérique. J £ me hâte de vous mander les réfultats de mes expériences faites fur les cerres fimples ; expériences qui paroiflent répandre quelque lumière fur la nature de ces élémens problématiques , & qui viennent à l'appui des idées ingénieufes que vous avez annoncées dans votre mémoire fur la nourriture des plantes (1): J’avois obfervé , comme vous , que l'humus ou la terre végétale décompofe totalement l'air atmofphérique , en lui enlevant l'oxi- gène & ne lui laïffant qu'un réfidu d’azote mêlé de quelques cenrièmes d’acide carbonique. J’attribuai ce phénomène aux bafes acidiñablés (au car- bone, à l’hydrogène, à l'azote... . .) qui font conftamment mélés à l’humus, & je préfumai que la fertilité du fol dépendoit principalement des oxides de carbone & d'hydrogène qui fe forment dans le fol, & qui fnr plus faciles à être décompofés par les vésétaux que l'acide carbonique & l’eau même. En travaillant far ces objets , je trouvai que l'arville prifatre qui forme la ganoue du fel gemme dans les Alpes, de l'Autriche & du pays dé Salzhourg (le Zebergeflein des mineursallemands) ,a la mème propriété de décompofer J'air atmofphérique que la terre végétale. Je mis fous des cloches de certe (1) Voyez ce Journal, tome II , an 2, page 460, Tome IV. BRUMAIRE an7. Get 378 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE argille humedtée , en contaét avec de l'air , & je formai dans ma chambre , à la température de 14 ou 15° Réaumur , les mêmes moffettes d’azote dont les mines de fel gemme font infeétées. ÿ De 3000 parues d’air atmofphérique qui, d’après une analyfe exaéte , fe trouvoient compofées de o 852 oxigène, 2103 azote, 45 acide carbonique ; il ne reftoit, après 18 jours, que le volume de 2460 parties ; com- pofées de 81 oxigène, 2207 azote mêlé d'hydrogène, 172 d'acide carbonique. 11 n’y eut donc que 127 p. d'acide carbonique de produit, dans la for- mation defquelles ( felon le principe de lilluftre Lavoiler ) font entrées 35,5 oxigène. Or, le réfidu de 2460 p. ne contenant que 81 d'oxigène , on doit conclure que de o,28 près de 0,24 ont perdu l'état gazeux, & font entrées en combinaïfon avec l’argille. Peu de mois apiès , travaillant au laboïaroire de Vauquelin , je trouvai de l’argille ‘blanche ( de Mont- martre ) qui, en temps égal & à la température de 17—20° Réaumur, abfoiboit plus d’oxigène que le phofphore. Ces obfervations me menèrenc infenfiblement à la découverte que je me hâte de vous annoncer , à celle que les verres fimples & vrès-pures humeëlees d'eau difèillee , abforbent à une température très-bale ; l’oxigène de l’atmofphère. J'ai fair (en dix jours) de l’azote tout pur avec de l’alumine. La baryre ne laifla que 0,08 d’oxigène, en ayant abforbé 0, 19. La chaux décompofe aufli l'air atmofphérique , mais plus lentement. La fiice & la magnefie ne paroïflent pas être douées de certe propriété d’abforber l’oxi- gène Une expérience dans laquelle la ice parotffoit abfoiber 0,09 d’oxi- gène a laiilé quelques doutes. Voilà des phénomènes très-frappans , & fur lefquels il faudra varier les expériences. Nous voyons que ce font les serres qui défoxident l’armofphère, & qui agiffent dans l’humus. Sont-ce ces élémens problématiques qui fe combinent eux-mêmes avec l’oxigène ? ou, par un jeu d’affinité jufqu’ici inconnu , donnent- ils à l’eau difullée la propriété de d'fjoudre Yoxigène? Voilà une queftion fur laquelle je n'ofe encore prononcer en ce moment. Il me paroît que ce phénomène fe lié parfaitement aux idées que vous avez avancées fur l'oxigénarion du fol. Ce n'eft qu'en multipliant les faits que nous parviendrons peu-à-peu à réfoudre les grands problèmes de l’agriculture. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 379 Er XGA NTME IN Du fel marin cuivreux vert , qui accompagne une lave fcoriforme du Véfuve ; Par B. G. SAGE, direéleur de la première école des mines. D es laves poreufes fcoriformes du Véfuve , dépofées dans le muféum des mines, il y a douze ans, fe couvrirent pour la plupart d’une effloref- cence de fel blanc. D’autres offroient ce fel en quantité affez confidérable, dépofé dans des cavités avec des efflorefcences vertes. Ayant détaché de deffus ces laves, d’un brun noiratre , de ce fel marin cuivreux , je le His diffoudre dans de l’eau diftillée , dans laquelle je mis du fer nouvellement limé. Le cuivre ne fe précipita pas fous forme mé- tallique. La furface du fer étoit enduite de cuivre , fous forme d’une pate d’un brun noirâtre ; ce cuivre étoit à l’état de chaux (1) Ayant verfé de l’alkali volatil Auor (2) dans la diffolution de fel marin cuivreux du Véfuve ; elle devint du plus beau bleu. J'ai mis dans cetre diffolution alkaline un morceau de fer nouvellement limé ; au bout de vingt-quatre heures , je l’ai trouvé couvert de cuivre rouge brillant & criftallifé. Les laves ne contenant point de cuivre, il eft à préfumer que celui qui colore en vert le fel marin, ne provient point de la lave fcoriforme du Véfuve, dont il eft fait mention dans ce mémoire, Les matières qui conftituent les laves noïrâtres ou rougeîtres cellulaires, fonc le quartz, la terre calcaire, l’alumine , le natron (3) & le fer. Ces (x) Les chimiftes néologues, dont le langage domine, ont défigné les chaux méta'- liques fous le nom d'oxides. Ce mot cft dérivé du grecoyus, oyisdus, vinaïgrier. Cepen- dant les chaux métalliques ne recèlent point l'acide du vinaigre , ne font point ordinaire- ment à l'état d'acide pur; mais des terres métalliques faturées d'acide pefant, d'acidum pingue, comme je lai fair connoître le premier, en indiquant que les méraux étoient effentiellement compofés de trois fubftances : de terre métallique, d'usidum pingue &c de phlogiftiqne. Si j'emploie les mots acidum pingue , c’elt que l'acide, principe des métaux , eft congenre de celui des graifles. (2) Ammoniac des néologues : ce mot n'eft qu'une épithète qui ne peur fervir à défigner l’alkali volatil. Le nom fel ammoniac, ou fel de fable , donné par les’ anciens à la combinaifon de l'alkali volatil avec l'acide marin, ne provient que de ce qu'ils de croyoient produit par le fable, (3) Le mot natron doit être employé pour défigner l'alkali du fe] marin de préférence Gieicez 380 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE matières n'étant que frittées , c’eft-à-dire, réunies à l’aide du feu, fans avoir éprouvé de vitrification , peuvent être féparées par l'acide marin, comme je l'ai fait connoître. Cet acide agit à-la fois fur le fer, les terres folubles & le narron (1), qu'il diffout, de forte qu'en continuant à lailler en digeftion , ces laves avec de nouvel acide marin, on parvient à en retirer le quartz blanc, entremèêlé de fchorl (2), fi la lave en contenoit. Pour démontrer la préfence du natron dans ces laves, il faut faire éva- porer la diffolution"de fel martial calcaire alumineux ; clarifier enfuire le rélidu dans un creufer, jufqu'à ce qu'il ne s'exhale plus d’acide ‘marin ; celui ci n’abandonne que difficilement les bafes rerteufes , mais refte com- biné avec le natron; de forte qu'en lavant ce réfidu calciné & faifant éva- orer fa diflolution, on obtient du fel marin en criftaux cubiques. Il y'a dans le mufée des mines, à la monnoie, une lave fcoriforme du Véfuve , d’un brun rougeâtre , couverte d'une efflorefcence de narron viriolé , cffleurie fous forme d’une poudre blanche: ce fel de Glauber, Julfate de foude des néologues , fe produit en plus grande quantité fur cette lave, de jour en jour. Le natron que contiennent les laves, a été fourni par le fel marin. dont l'acide fe tronve libre dans l’atmofphère du Véfuve , & rouille auffitôt le fer & l'acier poli. L'acide marin atraque aufli le fer des laves poreafes du Véfuve; le fel qui en réfulre eft jaune , déliquefcent ,& nommé improprement en lralie ,. huile du Véfuve..... Ce fel martial, fublimé dans les volcans par l’aétion du feu, forme la chaux de fer grife, brillante, criftallifée , infenfible à l’aimant , inalté- rable à l'air, connue fous le nom de mine de fer fpéculaire ; les plus belles: fe trouvent au Mont-d'Or. Les laves fcoriformes du Véfuve , pénétrées de fel , recèlent aufi en abon- dance du fer à l’état de chaux , grife , brillante , criftallifée. Le fl marin pénètre quelquefois les bafaltes prifmatiques , de manière qu'ils tombent complètement en efflorefcence ; tels font la plupart des à celui de foude , parce que le natron dérive de la décompofition du fel marin, décom-- pofiion qui s'opère naturellement en grand en Egypte. Les cenires de foude ne produifant de narron que lorfque cette plante aéré cultivée fur- les bords de la mer, il en réfulte que le natron n'eft pas eflentiel dans ce végéral , &: qu'il n’en produit qu'accidentellement ,. & par conféquent le mor foude eft impropre our défivner cet alkali. (2) Klaproth & Vauquelin difent avoir retiré de la potaile, du grenat blanc & du rufa qui lui fert de ginoue, (2) Cette efpèce de fchorl noir eft défignée fous le nom de pyroxène, dans la nomen- clature Hauyène ; ce mor fignifie étranger au domaine du feu. ne, L°4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 38% bafaltes de Poutza (1). Ces bafaltes , non pénétrés de fel , font compacts & fcintillans. : Tous les bafalres volcaniques connus font d’un gris foncé , plus ou moîns noirâtres; ceux de Poutza font blanchâtres offrent, dans leur calfuïe , quel - ques points brillans ; ils fe trouvent entaffés horizontalement comme le bois dans un chantier, ils font baigués par la mer. Les bifaltes de Poutza font remarquables par leur couleur & leur peti- telle ; le plus grand Gianètre de l.ur prifine eft de trois pouces, leur Jon- gueur eft quelquefois d’un pied. Ils varientpar leur forme. Il yen a qui offrent trois pans, d’auties quatre , cinq , fix & fept, comme on peut l’obferver dans le muse des mines , à la monnoïe. Quelques prifmes paroïflenr arti- culés; rous font grenus & couverts d'une eAlorefcence de fel marin, qu'on peuvextraie. en les lavant dans de l’eau. Le bafalte blanchâtre de Poutza , le moins fapide , étant expofé à un degré de feu, propre à le faire rougir, exhale de l'acide marin pendant afez long- temps, & prend en refroidiffant une couleur d’un gris rougeätre Le bafaire blanchâtre de Poutza, pulvérife & expofé à un fea violent, s'eft agglutiné en une matière vitreufe, blanche, granuleufe , fcintillante, qui ne prend pas la fluidité des autres bafaltes , parce que celui de Pouiza ne contient point de fer, qui paroît avoir été enlevé par l'acide marin. L'acide nitreux fert a dégager du bafalce de Poutza, l'acide marin qu'il contient. J'ai mis de l’acide nitreux pur à 32 degrés fur ce bafalte pulvérifé au plus léger degré de feu; l'acide marin s'eft dégagé fous forme de vapeurs blanches, mais la plus grande partie eft reftée mêlée avec l'acide nitreux, Cet acide enlève au bafalte de Poutza , uneportion deterre calcaire, qu'on peut dégager par l’alkali fixe. L'ouvrage que Dolomieu a inffré dans le Journal de Phyfique , de prairial an 6, offre une théorie fingulière fur le giflement des foyers volca- niques & fur l’origine des laves; théorie qui indique que Dolomieu croit à un feu excentral , car les éruptions :(2) volcaniques ont éprouvé l'aétion du feu. S'il étoit prouvé qu'au -delà de la maile confolidée du globe, il y eût des pyrites, des matières bitumineufes, on poarroir croire à la théorie de ce favant fur le giffement des volcans ; car il'eft bien démontré que ce font ces matières combuftibles qui donnent naiflance aux volcans , & alimen- tent leur foyer. (1) Poutza, fan Stéphano, Palmas ola & Anona , connues fous les noms d'Hles Ponces , ou Ventolienes , fonc firuées far la côre d'Italie , en face du golfe de Gayerte. C’eft dans Ja feconde que Julie , fille d'Augufte, fur exilée, (2) Le mot fruprion , fubftitué à éruption, par Dolomieu , eft impropre; il n'eft employé que pour défigner ure invañon de barbares , randis que le mor éruption fignifie: Sortie prompte avec effort, La manie néologique enfaute des mots , mais ne peut changer l'acceprion de certains, SR 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les tourbes pyriteufes de Picardie (1), expofées en tas à l'air, contiennent afTez d’eau pour s’enflammer fpontanément. Si l'air avoit accès dans ces rourbières, ily’y a nul doute qu’elles ne priffent feu, dont la durée feroit proportionnée à la quantité de ces matières combuf- bles. Les mines de charbon-de-terre pyriteufes s’enflamment aufli fpontanément, & me paroiffent être la caufe des volcans, en même temps qu’elles produifent le gaz inflammable, lequel mêlé avec l'air atmofphérique , concourt par fon inflammation à produire les détonnations épouvantables qui précedent les éruptions. L'alkali volatil de ce mème charbon-de-terre, fe combine avec l'acide marin , & forme le fel ammoniac , qu'on trouve au Véfuve , à la folfarare. Dans les volcans, le fer des pyrites concourt à la décompofition du fel marin, dont l’alkali en s’unillanr avec les terres calcaires, alumineufes, martiales & filiceufes , par le moyen du feu, forme les laves. L'expérience m'a fait connoître qu'il n’y avoit pas de différence , entre les laves poreufes , rejettées il ya des milliers de fiècles , par les volcans d'Auvergne , du Vivarais, &c. & celles que rejettent actuellement l'Etna, le Véfuve, l'Hécla. Toutes les laves cellulaires ne font que des vitrifications ébauchées , dont on peut féparer les parties compofantes ; toutes produifent par la fufñon , un émail noir , femblable à celui qui eft fi abondant en Iflande , parce que le foyer de l'Hécla ; eft plus ardent & plus aétif. L’acide vitriolique qui fe dégage du foufre, lors de la combuftion des pyrites, fe porte fur l’alumine de l’argille, la vitriolife , comme on l’obferve à la folfatare , tandis que le feu y vaporife le fel ammoniac & la rubine d’ar- fenic , qui tapiffent les foupiraux : fi on les couvre d’une tuile , ces fels l'in- cruftent en peu de temps. Quant aux bafalres ou laves prifimatiques , elles ne doivent point leur forme à un retrait igné , lequel fait criftallifer les métaux, les verres : c’eft au retrait aqueux que les formes de ces bafaltes font dues. Le tufa ou lave boueufe, qui leur à donné naiflance , a été remanié fous les eaux de la mer. A près leur retraite occafonnée par des cataftrophes qui nous font iuconnues , l’eau s’eft exhalée , la matière boueufe s’eft gercée, & 11 lui eft arrivé des retraits fem- blables à ceux qu'on obferve fur la vafe, mais fur-tout dans les marnes & quelques argilles ferrugineufes , dont les prifmes polygones, prolongés & diftin&s, offrent des articulations à rebords , où la convexité du fommer d’une prifme, s’emboîte dans la cavité du fommet d’un autre prifme : telle €f la forme d’une mine de fer argilieufe de Bohème, qui eft dans le mufée des mines , à la monnoie. La féchereffe fait déliter de ces prifmes , ce qui (2) Il y a près Noyon des tourbières pyriteufes qui ont trente à quarante pieds d'épaif- feur fur une étendue de plufeurs ligues, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 383 donne en miniature , le tableau de ce qui fe paie dans les grandes chauilées de bafalie. Les bafalres prifmatiques de toutes les contrées du globe , ont uns couleur d’un gris foncé, parce que les mêmes fubftances entrent dans leur confection, & que la même caufe a concouru à leur formation. Si l'on ajoute que les bafaltes renferment fouvent des zéolies, du fpath calcaire tranfparent, des enhydres , qui n’ont pu fe former qu’à la faveur de l’eau , il parvit démoniré que les b.faltes prifmatiques fe font formés fous l'eau ; il paroît encore certain que le; bafaltes prifmatiques, font les produits de volcans foufmarins. L’Etna, le Véfuve, l'Hécla, nous offrent des laves immenfes qui ne prélentent point de formes prifmatiques. Les rorrens de lave s'érhappent du foyer du volcan , lorfqu'une trop vive chaleur a pénétré trop promptement les terres où la vitrification s’ébauchoit. La même chofe arrive en petit, au mélange d’alkali & de fab'e deftiné à former du verre; fi lurfque ce mélange eft rouge de feu , on l’active trop vite, le gaz qui fe forme fe dilace , bourfouffle la £irte qui s’échappe en entier du creüfer. Si une grande quantite d’eau failt dans le foyer du volcan les laves dont la fritre eft pallée à l'état de verre , il eft rejeté en filets capillaires : ce qui a eu lieu au volcan de l’île de Bourbon Me 14 mai 1766. Mais fi la frite n’étoit qu'ébauchée , l’eau en pénétrant dans le foyer du volcan, entraîne cette fiitte, fous forme de cendre & de lave boueufe qui forme le tufa : tel eft celui qui recouvre Herculanum Pompei & Srabia. Il me paroît démontré, que la nature s’aflocie pour fes grands travaux volcaniques, l’eau de la mer, qui fournit l’alkali, lequel concourt à fiitter les terres calcaires, alumineufes, filiceufes & martiales, qui font parties intégrantes des diverfes efpèces de laves. SUR LE SYSTÊME DES FORCES; Par MG AMDP ELLE AMIE PT UEUELRATLES É Es géomètres, accoutumés aux démonftrations rigoureufes des mathé- matiques, fupportent avec peine les difhicultés plus ou moins grandes que préfentent les explications de divers phénomènes données par la phyfique:; ils préfèrent la marche du grand Newton, qui el de calculer les effets, quelles qu’en puilfent être Les caufes ; c’eft ce qui a fait admeutre le /yfféme æes forces , lequel s’accrédite fingulièrement. Kant eft un des premiers qui l’ait annoncé en Allemagne; il a diftingué deux efpèces de phylfiques , la dynamique & l’atomifte, L 354 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1! appelle phyfque atomifle celle aui croit que les premières parties de matières font compofées d’aromnes , ou parties infecables, & laquelle cherche à expliquer tous Les phénomènes par l’action ou impullion de diffé- rens fluides... La feconde , qu'il appelle phyfque dynamique , lui paroît préférable. Elle fuppofe la matière compofée de molécules toujours diviñbles : cette ma- tière eft animée de deux forces, 1°. l’atcraétive, & 2°. la répulfive. Les atomiftes regardent Les fluides comme compolés de petites 70/écules folides. Kant n’admet point ces molécules folides. Les fluides font tels ari- ginairement , fuivant lui, en forte qu'on ne fauroit concevoir une partie de fluide qui ne foit fluide. Ces deux forces , fuivant Kant, produifent plufieurs autres forces. 3”. La force calorique , laquelle eft le principe de la chaleur & de tous les phénomènes attribués au feu. 4. La force lumineufe, laquelle eft le principe de la lumière & de tous les phénomènes qui en dépendenr. 5°. La force életrique, qui cft la caufe de tous les phénomènes attribués à. l'électricité, 6°. La force magnétique, laquelle produit tous les phénomènes attribués au magnétifme. Par conféquent les phénomènes de la chaleur, de la lumière, de l’élec- wicité , du magnétifme, font, fuivant lui, des modifications de la force atrractive & répulfive des premières parties de matières, & il n'exifte ni fluide calorique, ni Auide lumineux, ni fluide électrique, ni fluide ma- gnétique, Ce fyftème à de très-nombreux partifans en Allemagne , & on lui a donné mème de l’extenfion, 7°. Force galvanique. Humboldt fappofe que les phénomènes du gal- vanifme peuvent être expliqués par une force particulière , qu'il appelle galvanique. Néanmoins Humboldt parle toujours d’un f?uide galvanique , de mème que plufeurs élèves de Kant parlent de fluide calorique , de fluide lumi- neux , de fluide éleëtrique ; de fluide magnétique. Maïs ce font de fimples dénominations qui expriment les caufes inconnues des phénomènes de la chaleur , de la lumière , de l’éle&ricité, du magnétifme, du galvanifine. 8$?. Force de vie , vita propria. Blumenbach , pour exprimer les phéno- mènes de la vitalité , fuppofe une force particulière qu'il appelle visa propriae 9°. Nifus formativus. Le mème favant, pour expliquer la formation des corps organilés , fuppofe une force particulière qu'il appelle Nifus Jormutivus ; ce qui rentre dans ce que d’autres philofophes ont appellés force plaftique, Barthez ET D'HISTOIRE NATURELLE. 385 Barthez croit également « qu’on doit confidérer toutes les fonctions de » Ja vie dans l’homme & dans les animaux , comme étant produites par des » forces propres & régies fuivant les loix primordiales d’u2 principe vital... » Je crois avoir trouvé, ajoute-t-il , qu’il exifte dans les mufcles vivans , une » force de ftuation fixe des molécules, de leurs fibres qui diffèrent de » leurs forces de contraction & de dilatation, & dont on n’avoit pas mème » foupçonné l’exiftence. ». Les forces du principe vital font inhérentes à chaque partie du corps qu'il anime, & y exercent les mouvemens propres à cette partie. » La bonne méthode de philofopher dans chaque fcieñce narutelle, y fait admettre des causes GÉNÉRALES occULTES ». Nouvelle mécanique des mouvemens de l’homme ; par Barthez. Ce mot de caufes occultes ; que la phyfique moderne a eu tant de peine à banrrir, feroit fair pour effrayer. Je vais donc préfenter quelques réflexions à cet égard, ainfi que fur le fyftème des forces de Kant. Je crois qu'il faut confidérer fous plufieurs afpeéts la mamière de cul- tiver la philofophie naturelle, 12 Les uns fe bornenr à décrire les objers & les phénomènes qu'ils pré- fentent. Le- zoologue décrit fes animaux, leur manière de vivre , de fe reproduire. Le botanilte en fait autant pour les plantes : le minéralogifte décrit également les minéraux & leurs qualités extérieures, Le géographe naturalifte décrit la furface de la terre. L’aftronome décrit les corps céleites, leurs mouvemens..... 2°. D’autres vont plus loin. L'anatomifte pénètre dans l'intérieur des animaux & des végétaux , & en décrire la ftruéture ; le chimifte les analyfe, ainfi que les minéraux , pour reconnoître les principes dont les uns & les autres font formés..... è 3°. Le géomètre calcule les mouvemens & les forces de tous ces êtres , en faifant abftraétion des caufes quelconques qui produifent ces différens phénomènes... .. Il fournit au mécanicien des calculs pour conftruire & diriger fes ma- chines..... 4°. Enfin, d’autres favans cherchent à découvrir les caufes de tous les phénomènes que préfentent ces corps, aïinfi qu’à expliquer le mécanifme de leurs différens mouvemens. C’eft la phyfique. Mais elle à induit fi fonvent en erreur, que les bons efprits font dans la plus grande défiance fur les explications qu’elle donne. C’eft ce qui les a engagé à recoufit au /yf/ême des forces. Is expriment par-là un fait dont ils calculent les effets fans chercher à remonter aux ‘caufes.\ On ne fauroir, par exemple , encore expliquer les phénomènes de Ia vitalité ; on les à exprimés par le mor force virale, quelqu’en foit la Tome I}. BRUMAIRE an 7. D dd & 336 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE caufe. La force vitale eft donc Ja force qui produit les phénomènes de 1 vitalité; mais nous ignorons la manière dont elle opère. C'eft ce qu'on, doit entendre par cau/es occultes. Les anciens, par exemple ,ne connoiffane. pas la pefanteur de l'air, ne pouvoient expliquer pourquoi l'eau ne mon toit dans une pompe qu’à une certaine hauteur. Ils difoient que c'étoit l'effet d’une caufe occulte , c'eft-à-dire d’une caufe qui ne leur etoit pas. connue , qui leur étoit cachée , occulta. On ne doit également entendre , par le mot force, que la caufe d'un fait général; que cette caufe foit ou ne foit pas connue. C'eft la manière dont Newton a pris l’acception de ce mor. : Il vit que sous les corps pefoient lès uns fur les autres. M appella la caufe de ce phénomène général, force attraëtive , ou attraëlion. Il vir également que dans certaines circonftances les corps fe repoufloient. IL appella la caufe de cer autre phénomène général , force répulfive ; ow repulfion. On peut appliquer cette manière de s'exprimer à tous les grands phé- nomènes de la nature. On appellera : Force lumineufe , la caufe des phénomènes de la lumière. Force calorique , la caufe des phénomènes de la chaleur. Force élettrique , Va-caufe des phénomènes électriques. Force magnétique , la caufe des phénomènes magnétiques. Force galvanique , la caufe des phénomènes du galvanifme. Force fonore ; la caufe des phénomènes du fon. Force capillaire , la caufe des phénomènes des tuyaux capillaires. Force d'affinités, Ja caufe des phénomènes des affinités, Force diffolvante ; la caufe des phénomènes des diffolutions. Force folidifiante ; la caufe des phénomènes de la folidité. Force criflallifante , la caufe des phénomènes de la criftallifarion, Force vitale ; la caufe de la vie des animaux & des végétaux. Force génératrice , la caufe de la génération des-animaux & des végétaux. | Force nutritive , la caufe de la nutrition. Force mufculaire , la caufe du mouvement des mufcles. Force fymparhique , la caufe des mouvemens fympathiques. Force de coëtion ; la caufe qui affimile l'humeur morbifique. ........ Ou peut étendre beaucoup le nombre de ces forces, fi on veut entendre par ce cerme /a caufe d’un phénomène géneral. Le géomètre calcule les effets de ces forces , qu'il employe, commeil employe les fignes algébriques , au lieu des nombres , pour fimplifier {es opérations ; mais s’il veut enfuite avoir des réfulrats, il-faut qu'il rende aux fignes qu'il a employé, leur valeur. réelle, De même, s'il veut avoir: tt État dthéi ET D'HISTOIRE NATURÉILLIE. 387 un réfultat phyfique , Ü faut qu’il: donne une valeur au mot force qu'il a employé. ” Le phyficien cherche à trouver les caufes de ces forces : mais il s’eft trompé fi fouvent , il a donné ün fi grand nombre de fauñfes explica- tions , qu'on eft toujours tenté de regarder comme mauvaifes celles qu'il afligne.. . , Néanmoins , il ne faut pas donnet dans l'excès oppofé , & auribuer au mot force .une acception qu'il ne doit point avoir. Îmitons la fageife de Newton. 7 « Les corps pèfent les uns fur les autres , dit-il; j'appelle cette tendance » attraëtion, force attraëtive ; mais il fe peut qu'elle foit l'effet d’une » impulfon,ou d’une autre caufe qui nous eft inconnue ». Il en dit autant de la force répulfive. Appliquons ceci à toutes les forces dont nous venons de parler. La force fonore , par exemple , à certainement pour caufe une agitatioæ quelconque dans le corps fonore, & dans l’air atmofphérique environ- nant. Ceft un fair certain, quoique nous ne puiffions pas encore expli- quer tous les phénomènes que préfentent les corps fonores. Ilen eft de même des forces lxmineufes , eleëtriques | magnétiques , caloriques , galvaniqnes.…. . .…. Les phénomènes de la chaleur , de la lumière, de l'éleétricité , du magnéuüfme , du.galvanifme , ont pour caufes les mou- veimens d'un où de fluides particuliers; quoique nous ne puiflions pas encore afligner la nature de rous les mouyemens de ces fluides , nous favons que leur aétion eft en raifon inverfe des quarrés des diftances. Reil a fair voir que le nifus formarivus de Blumenbach doit être re- gardée, ainfi que je l'ai dit, comme une véritable force de criffallifation. En général, la formation des corps organifés, leur accroïffement , leur nutrition ,.... n'eft que cette force de criftallifation ; elle a également formé tous les minéraux, le globe lui-mème & tout l'univers. C’eft encore la force folidifante ou celle qui donne k: folidité à tous les corps... La ferce de criftallifation eft par conféquent la force qui agir de la manière la plus genérale dans la nature ; C'eft-a-dire , parmi les êtres exiflans.- L’attraétion elle-même eft l’effer de lation du fluide gravifique, & la répulfon eft l'effet du fZuide répulfif ou calorique. Le phyfcien convient qu’il ne connoït point encore la manière donc agilfent vous ces fluides ; il s’eft feulement afluré de quelques-unes de leurs lobe :- : Cexe acception du mot force, laiffetoute la latirude poflible aux cal- culs du géomèrre (ce qui forme les fciences phyfco-mathémariques), & ne choque point les principes de la faine phyfique. On ne fera point effrayé du mot caufes occultes, expliqué de certe manière. Mais fi on perfitoir à regarder ia force comme une qualité indépen- D dd 2 388 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dance de l'adtion de foure matière uide oy non fluide, ce feroit une pure abfiraélion métaphy/fique. NOTE SUR LES EXCRÈMENS DES VÉGETAUX. B RUGMANNS, dans une differtation fur le lollium (1). (ray-grafs), a prouvé le premier que les plantes fe débarafloient de fucs impurs, par les excrétions, comme les animaux ( 2 ). 1] a mis cette plante dans un vafe tranfparent plein d’eau. On voyoit chaque jour à l'extrémité des racines une gouttelete d’une matière vifquenfe. On la, détachoit, le lendemain il y en avoit une autre. Toutes les plantes diftillent également par l'extrémité de leur racinés , principalement pendant la nuit, des goutteleres d’une liqueur qui ordinairement leur eft très-nuifble. Elle left aufli le plus fouvent aux plantes qui en font proches ; d'autrefois elle leur eft utile : c’eft ainfi que l’avoine foufte beaucoup de la errasula arvenfis , le lin de l'euphorbe peplus, & Îa-fcabieufe des champs , le froment de l'érigerum acre, le farrafin du fpergula arvenfis , la carotte de la grande confoude. Ces phénomènes peuvent expliquer pourquoi les agriculteurs font obligés de laiïller repofer leurs champs pendant une année ; parce que dans cet in- trvalle , cette humeur a le temps de fe décompofer. Ceci expliquera également, pourquoi un terrein fatigué d'une plante ; en fera végérer d’autres avec force : les fèces de la première, nuifent aux plantes de la mème efpèce, & fervent d'engrais à d’autres. Un champ fatigué, par exemple, de rapporter du trèfle, & enfemencé de foment, en don- nera une abondante récolre , parce que fans doute les fèces du trèfle font ua engrais pour le fromentr. (1) Differtatio de lolio ejufdemaque vatia fpecie , noxa & wfu. 1785. 2) Plantas animalium more , cacare pritmus explorxvit vir indefeflus Bragmanns, di: Hlumboldt dans fes Aphorifimes , Flora Eribergenfs. M, LS D'ESICRLPETT O.N DU CYLINDRE FAÎT EN PAPIER, Pour donner le luftre aux toiles peintes. O N fait que pour donner le luftre aux toiles peintes, on les fait pafler entre deux cylindres rapprochés l’un de l’autre, comme ceux d’un laminoire ;on leur donne un certain degré de chaleur. Ces cylindres font ordinnairement de métal ; mais quelques précautions que l’on prenne pour les avoir par- fairemment cylindriques, il eft impoflible qu'ils n'offtent quelques inégalités, Si deux parties trop boffelées fe correfpondent, elles coupent la toile, & y font un trou. Des cylindres de bois ravaillens ; fe fendent, & ne peuvent conferver leur figures. L'induftrie angloife a fa remédier à tous ces inconvéniens , en conf- truifant des cylindres en papier. On prend un cylindre métallique , de cuivre ou de fonte; il a environ 10 pouces de diamètre, & eft creux en dedans; à une de ces extrémités il porte une rondelle également métallique, qui a le diamètre qu'on veut donner au cylindre , par exemple 18 à 20 pouces; on prend des feuilles de bon papier qui ont un diamètre un peu plus conlidérable, par exemple de 22 pouces ; on en enlève le milieu , de manière qu’elles puiffent entrer dans: le cylindre métallique , qui leur fert d’axe, elle font un peu ramollies en les _ tenant dans un lieu humide ; on enpaffe dans l'axe une certaine quantité, qui ne puille faire qu'un pouce ou deux d’épailleur ; on pale pour lors une rondelle métallique très-forte, qui comprime la rondelle de papier : on fixe fortement le cylindre métallique, & avec une machine à écrou, on chafle la rondelle métallique mobile avec la plus grande force : car on emploie des Jeviers de 12 pieds de long , & il y a jufqu'à 1 8 hommes au bout de ces leviers.- La rondelle de papier fe trouve comprimée avec une très - orande force. La rondelle métallique eft fixée, & le tout demeure pendant quelques jours dans cette potion; on Ôte la rondelle métallique mobile ; on pale une nouvelle couche de feuiiles de papier ; on comprime celles-ci comme les premières. . . & on procède ainfi jufqu’a ce que le cylindre ait la longueur qu'on defire ; par exemple trois à quatre pieds; pour lers on aflujettit d’une: manière fixe la rondelle métallique , qui jufqu'ici avoit été mobile. On.2 donc un cylindre de papier enveloppant un cylindre métalliqne:; 590 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE on arrange enfuite le cylindre pour le tourner comme une pièce de bois : il faut des inftrumens très-tranchans , & on a pour lors un véritable cylindre de papier parfaitement circulaire. | Pour s'en fervir, on place deux de ces cylindres l’un fur l'autre à la manière ordinaire , en les approchant de la quantité nécefure, Il faut leur donner ua certain degré de chaleur ; c’eft ce.que l'on fait en introduifant dans l’inté- rieur de la partie métallique , une barre de fer qui à été chauffée à un point néceffaire. Les toiles reçoivent le plus beau luftre , & né font jamais ni trop- étendues ni coupées... : On voir de ces cylindres dans les belles manufadures »'OsercaMe, à Jou. SUR LE: SAS NOUS Nov s avons annoncé que Chladni, en foupoudrant un carreau de verre avec de la pouflière très-fine, & en tirant des fons avec un archet, obte- noit différentes figures. Nous n'avions point dit la manière de faire l’ex- périence ; la voici : On prend un morceau quarré de verre affez mince, tel que celui, des vitres ordinaires. On peut lui donner quatre à cinq pouces de diamètre , & même plus. On en adoucit les bords contre un grès fin, On en faupoudre enfuite léoèrement la furface avec de la pouflière de bois, par exemple. On le faifit légèrement, avec deux doigts feulement, le pouce & l'index de la main gauche; fuppofons qu'on le faififfe au milieu. De la main droite on à un archer qu'on fait couler lésèrement fur le, bord d’un des côtés du carreau, en titane du haut en bas ou du bas en haut, à-peu-près perpendiculairement à la furface du carreau. On voit aufitôt un frémiffement & toute la pouflière fautiller. Si l’archet fe trouve précifément au milieu du carreau , la pouflière s'arrange peu-à-peu dans les fens de deux diagonales , divifant le quarré en quatre triangles ifocles. Si l’archet porte à un quart feulement de la diftance de l’autre bord, la pouflière s'arrange de manière à fe trouver dans les deux diamètres du quarré , & la divife en quatre quarrés évaux. D'autres fois elle fait un double € accolé, fi l’archet dévie un peu. Si l'on prend le carreau aux deux extrémités du diamètre oppofé à celui contre lequel porte l’archer, la pouflière forme une efpèce d'ovale; dont ce même diamètre eft un des axes. Si l'on fait couper le carreau de verre circulairemeut, & qu’on le fai- file au milieu, la pouflière s’arrange de manière à former les fix rayons d'un hexagone réoulier. “ti ur ds | de | + ANT NE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 391 On peut varier beaucoup ces figures, fuivant la qualité des fons qu’on uürera en pofant l'archet où au nulieu du carreau , ou à une diftance plus ou moins éloignée de ce milieu. La manière dont on tient le carreau avec les deux doigts , fair encore varier les figures fuivant qu’on le tient, ou au milieu, ou aux bords, ou aux extrémités du diamètre oppofé à celui fur lequel l’archer porte. La raifon générale qui fait varier ces figures, dépend bien certainement de la nature du tremouflement du verre ; mais pourquoi tel frémiffement donne-t-il telles figures ? tel autre frémiffement une autre figure ? C’eft ce qu'on ne fait pas encore. La géométrie pourra peut-être y appliquer le calcul. La pouflière paroît chaffée des endroits du verre qui eft agitée , & elle fe repole dans les en- droits qui font dans un repos apparent; car on doit fuppofer dans ce verre des endroits de repos, comme dans la corde fonore , qui forme différens ventres. Les endroits qui fe trouvent au milieu des deux ventres font dans un repos apparent. La même chofe a lieu dans le morceau de verre : des portions font agitées d’un frémiffement violent, d’autres font en repos. La pouñière, chaflée des portions agirées, vient fe repofer fur les parties tranquilles. Flora atlantica ;. five Hifloria plantarum qua in Atlante agro Tunirano 6 Algerienft crefcunt , aulore Renato Desfontaines , Infficuri nationalis Scientiarum Gallie focio nec non in Mufeo Hiflorie naturalis Parifienfis botanice profeffore. C’eft - à - dire : Flore Atlantique , ou hiftoire des plantes qui croiffent dans le Mont-Atlas & dans les campagnes de Tunis, d'Alger, par Réné Desfontaines, membre de l’Inffitut national de France, & profelfeur de botanique au Muféum de l'Hiftoire na- turel à Paris. Troifième & quatrième livraifons. RETRAIT. É se livraifons de ce bel ouvrage fe fuccèdent rapidement. L'auteur qui s’en occupe depuis quinze ans , a fini fon travail , & l'exécution n'éprouve au cun retard; elle fera achevée dans peu de mois. £ æ La première livraifon renferme les monandries, les decandries & les tiandries monogynies & dyginies, La feconde livraifon renferme encore quelques criandries dyzinies ,. less tetrandries & les pentandries monogynies & dyginies.. « ‘« 392 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cette troilième livraifon contient le refte des pentandries dyginies , les pentandries tyginies , tetragynies & pentagynies , & les hexandries mo- nogynies. La quatrième livraifon , qui completre la moitié de l'ouvrage , contient le vefte des hexandries monogynies ,les dyginies, tryginies & polyginies; les oétandries, les enneandries , les dodecandries , les icofandries & les po- lyandries. - COMPTE RENDU A la claffe des ftiences mathématiques & phyfiques de l'Inflicus national , des premieres expertencés faites en foréal & la commiflion nommée pour examiner & ver: galvanifme (i). prairial de lar $, par jer les phénomènes. du Dar HVANEUL He y K#uorque bien loin encore d'être fuffifantes, les expériences fuites par la commifion nommée pour conftater les phénomènss du galvanifme font allez nombreufes & aflez intérellantes , à ce que nous croyons, pour que nous rendions compre de léurs réfaitats à l'fnftirur avanr de procéder à de nouveaux effais. Nous ne préfenrerons pas exactement le dérail de os expériences dans lordre dans lequel elles ont été faites : l'enchaînement des circonftances auxquelles. on obéit dans la fuite des procédés dont on fair l'épreuve , elt rarement d'accord avec lordre le plus convenable pour en faire paler l'enfemble dans l'efprit des autres. Voici l'ordre que nous avons adopté, & que nous regardons comme un des plus propres , non-feulement or- donner les réfulrats que nous avons obtenus , mais encore à préparer ceux que nous obriendrons par la fuite, On fait que pour faire naître les effets qui caraétèrifent la propriété ani- male , que l’on appelle actuellement ga/vanifine , il faut en général établir, au moyen. des inftrumens galvaniques, une communication entre deux (x) Cette commiflion étoit compolée de Coulomb , Sabarlhier , Pelletan , Charles Fourcroy , Vauquelin, Guyton & Hallé. | Venturi de Modène ,, s’eft joint au# membres de Ja commiffion pour répéter les exoé- riences contenues dans ce rapport, Humboldr s'y eft également réuni poftérieuremenc pour répéter celles qui font contenues dans l'article VI , & qui ont été répétées au mois de prairial del’an 6. Le procès-verbal des expériences eft dépofé au fecrétariat de l'Inflitut, & c’eft à ce procès-verbal que répondent les citations faites dans le cours de ce rapport, points ET D'HISTOIRÉ NATURELLE. 395 points de contaét , plusou moins diftans entr'eux , dans une fuite d’ otganes nerveux où mufeulaires. Il en réfulte que tout le Sièse de cette commu- nication repréfente , au moment de l'aétion, un cercle compiet parrazé en deux portions, dont les interfections font aux deux points ‘de contact ; que l’une de ces portions elt formée par les organes de l'animal qui delete recevoir l'influence , l'autre par Îles _infrumens au moyen defquels certe influence s'exerce. Nous appéllerons l’une de ces por tions du cercle complet, arc animal, & l’autre , arc excirateur. Celui-ci eft le plus fouvent compolé de plañeues pièces , dont les unes placées fous les parties de l'animal entre lefquelles on établit la communication, feront appelées Jappores, armature , &c.; les autres, deftinées à opérer la communication par leur continuité avec les autres, feront appellées communicareurs.… D’ après cette confidération , nous partagerons le compte que nous allons rendre des expériences que nous avons faites jufqu'ici, en fix articles. Nous examinerons dans le premier les réfultats des combinaifons & des difpofitions variées des parties qui forment l'arc animal, Dans le fecond nous expoferons ce que nous avons obfervé fur la nature -& les difpoñions refpectives de l'arc-excitateur. Dans le troifièine nousoffrirons ce qui s’eft préfenté à à nous de plus remar- gaie. relativemént aux crconflances étrangères à la compofñuon de l'une & l’autre partie du cercle galvanique, & dont l’induence détermine, fait varier ou détruit le faccès des, expériences. Dans le quatrième nous réunirons quelques ee fur les moyens pro pofes de faire varier, d'érerver ou de rétablir la nie :lité des animaux ‘dans:les CPAS galvaniques. j Dans le cinquième nous rangerons un petit Forte d’efais dont le but ‘eft de commencer à foumettre à une comparaifor fuivie les rapports foup- çonnés par divers phyficiens entre /es phénomènes galvaniques & les phé- nomènes électriques. Enfin nous placerons dans un fixième artcle le détail des expériences aie Humboldt à bien vouiu répéter devant nous le 1 S. prairial de cette anné (an 6} Ellès ont rapport à plufieurs de cellés’qui font rapportées dans Les articles précédens , & les préfencént avéc des modifications importantes. Nous y offrirons également un’ enfemble de celles que nous nous propofons de répéretd’après cles obfervations qu'il noûs à communiquées. Chacun de ces articles fera fuivi des ré lexions auxquelles les expériences qu'il renferme paroiffent donñer lieW; & Comiie nous ne nous-propofons de parler ici que de ce que nous. ayons vu & fait nons-mêmies!, nous nous barnerons également aux réflexions qui. fonc la confequenc e naturelle’ de ces feules is ; nous ‘réfervant de parler des réfultats-amoncés pat Tome IV. BRUMIAIRE ar 7. Eee 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’autres phyfciens lorfque nous nous ferons convaincus par nous-mêmes de l'exactitude de leurs obfervations. ART T CA BP RUE CMOIUET RS Des parties effentielles de l’arc animal dans le cercle galvanique, € des difpofitions de ces parties entre élles, ” Quoique nous ne nous oceupions pas ; dans ce premier article , de la nas ture des fupports ni des autres parties de l'arc excitateur ynous les indiquerons néanmoins , pour une plus grande exactitude, & pour ne pas omettré les circonftances favorables où défavorables au fuccès de nos expériences. Nous avons eflayé de varier l'arc animal ou les féries de parties ani- males compriles entre les deux extrémités de l’are excitateur , de differentes manières. Nous avons varié les rapports des nerfs aux mufcles auxquels ils fe dif- tribuent. Nous avons fait fubir aux nerfs compris dans l'arc animal diverfes alté- rations. Nous avons affocié dans. le même arc des nerfs pris de différentes parties d’un même animal où de différens animaux. Nous avons effayé de comprendre le nerf feul, puis les feuls mufcles , entre les extrémités de l'arc excirateur. Nous avons introduit dans l'arc animal des morceaux de chairs muf- culaires. Enfin nous avons comparé aux effets galvaniques produits fur les animaux dépouillés de leur peau , ceux qu'on excité dans les animaux revêtus de leur épiderme. 11 nous refte beaucoup d’autres tentatives à faire à ces différens égards; mais voici les détails de celles que nous venons d'annoncer, Divers rapports, dans l'arc animal, des nerfs aux mufcles auxquels ils fe diftribuene. 1, On a d’abord fait l’expérience à la manière ordinaire fur une gre- nouille écorchée, coupée par moitié au-déflus de la naiflance des nerfs lombaires , dont la réunion forme les nerfs cruraux. - On a coupé la colonne épinière au-deffous du cordon formé par cette réunion , & on a retranché la païtie intermédiaire entre ce lieu & le fa- crum , ou la partie fupérieure du baflin. (#/oyez le procès-verbal , 6. UE, expérience 1.) On a placé une feuille, foit d’érain, foit de plomb , fous les nerfs ainfi mis à nud , & une pièce d'argent fous le balin & les cuifles. ‘ ï ET D'HISTOIRE NATURELLE... 395 L'on à établi la communication entre le plomb & l'argent au moyen d’un arc métallique de cuivre jaune. Au moment du contact des métaux, la contrattion a été très-forte dans les cuilles & dans les jambes. 2. On à /éparé entièrement les deux cuiffes l’une de l’autre, ainfi que des parties intermédiaires , en forte qu’elles ne renoïent enfemble que par le point de réunion de leurs nerfs refpectifs. (. IV , exp. 1.) Le paquet des nerfs étoit en conraét avec la feuille de plomb. Le fupport d'argent étoit placé fur l’une ou l’autre jambe, à volonté. L’arc communiquant étoit également formé par un fil de cuivre jaune. Au moment de la communication, la convulfion à eu lieu dans la feule jambe pofée fur le métal , & a été nulle dans l’autre. 3: Les nerfs lombaires reftant unis à leur otigine , le nerf de l’extrémité droite placé feul far une lame d'argent , l’exrrémiré gauche placée feule far une lame de plomb, la communication ‘établie par les fupports refpec- üfs du nerf d’une extrémité aux muftles de l’autre par un communica- teur d'or (. VIIE, exp. 2 ): La convulfon a eu lieu dans la feule extrémité répondante au nerf, & non dans celle qui étoit placée fur le fupport. .4. Ayant ifolé & détaché de la cuiffe un petit mufcle avec fon filet nerveux ; communiquant par le haut avec le faifceau des nerfs lom- baires; Le faifceau lombaire placé fur l’argent , le mufcle féparé feul avec fon filer nerveux fur le plomb ; La communication établie par un arc métallique d’or ($. VIII, exp. 3): La convulfon a eu lieu feulement dans le petit mufcle ifolé & placé fur le fupport. s. Une grenouille préparée à l'ordinaire, mais de manière que /4 partie Jepérieure du tronc , avec la têre & les extrémités antérieures , refloit unie , au moyen des feuls nerfs, avec le baflin & les extrémités poflérieures ; La partie fupérieure du tronc placée fur un fupport de plomb ; Les cuilles fur un fapport d'argent; Les nerfs fans armature ; La communication établie entre le plomb & l'argent, & par leur inter- mède entre le tronc & les cuifles., au moyen d'un arc de cuivre jaune. (S.X , exp. 1 ): La convulfon à eu lieu dans les cuilfes feules. 6. Même préparation, La partie du tronc étant fans fupport. Les cuifles feules repofant fur une lame d'argent; La communication entre le sronc nud & le fuñport d'argent des cuiffes étant établie par un arc de cuivre jaune ($. X , exp. 2 ): vw 396 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La convulfon à de mêème'eu lieu dans les cuiffés. 7. Même préparation : Les cuifles /aris fupporre. Les nerfs évalement fans fuppore. Le commünicateur de cuivre jauhe coschant ; d’une part', le plomb fur lequel lrepofoic la tête ; dè l’autre, le faifceau ds nerfs lombaires immés diatèment , ou l’un des nerfs lombaires fèulément; tantôt d'un côté, rantôe de l’aurre. (S. X, exp. 4): | 1°. La convulfon a eu lieu dans les cuifles & les jambes dell'une & de l’autre extrémité, dans le cas où lës deux netfs lombaires étoient tou- 3%: Chés'énfemble: À . 2° Elle à eu lieu dané la cuilfe & 1 jambe répondant au nerf touché, dans le cas où un féul des nerfs lomibaires étroit rouché lpar le Communicateur. 3°. Dans aucun cas elle n’a eu lieu dans les mufeles du tronc; quoique placés entre la tère & le nerf touché. Durfs diés ou coupés ; lailigature'ou là feëlion comprifes entre les extré- mités de l'arc. 8. Une cuiffe de grenouille étant préparée à la manière ordinaire, /es nerfs ont été ferrés dans leur milieu par une forte ligature. La partie du nerf qui étoit au-deffus de la ligature a été placée fur une lame , foit de plomb, foi d'étain; La cuffe au-deflous de la ligature a été placée fur une lame d’argent; La communication entre les deux fupports entre lefquelles s'étoit faite ha ligature, à été établie par un fil, fort d'or, foit de cuivre ($. XI, exp UTNSe 2) Qt © La convulfon qui ne s’étoit pas manifeftée dans une grenouille dejà fatiguée par une longe fuite d’epreuves , a eu lieu conftamment & aufli fort qu'avant la ligature dans une grenouille frafche & vive. 9. On'a coupé par le ‘milieu le nerf d'une des deux jambes, les deux portions du nerf ont été mifès en contait immédiat l’une avec l’autre ; ADIEU LEE La jambe & la partie du nerf au-deffus de la feétion étant refpetive- ment garnies de leurs fupports ( $. IV , exp. 4): Âu moment de la communication la convulfon a eu lieu comme lorfque le nerf n’a point été coupé. 10. Les deux portions du nerf coupé ayant été /fmplement rapprochées l’une de l’autre , mais fans étre ‘en contaët , les chofes difpofées d’ailleurs comme ci-deflus ( . IV, exp. s ): La convulfon n’a plus eu lieu an moment de la communication. 11. Les deux portions du nerf coupé étant féparées l’une de l’autre, on ET D'HISTOIRE NATURELLE.Ix 397 a établi entre elles communication par un fi! de chanvre fèc, puis par ua jil de khanvre mouille ; Les chofes d’ailleurs difpofées comme ci-deffus ( $. IV , exp. 2 & 3): Au moment de la communication la convullon n’a point eu lieu, foir que le fl de chanvre für fec., foiciqual für mouillé. Cependant nous favons que dans ce dernier cas l'expérience a fouvent réufi. ; Nerfs pris de différentes parties & de différens animaux affociés & réunis dans le même arc. 124 Deux cuiffes de la même grenouille ayant été [éparées l’une de l’autre ; leurs nerfs| refpeélifs, mis en contaë&l. immeédiar Vun avec Jaurre; { L'une des cuiffes étant placée fur un fupport d'argent, l’autre fur un fupport de plomb, la communication entre les, fupports étant établie au moyen d'un fil d'argent ($. XI, exp. 1 ): Les convulfons onceu-lieu dans l’une & l’autre cuifle avec des modi- fications donc il fera queftion dans un autre chapitre. 13. Les deux cuifles féparées ayant eré éloionées , ainfi que leurs nerfs, l’une de l’ausre, d'abord\de quelques centinèrres, puis d'un mèvre & au- dela. . L’intervalle entre les deux extrémités de leurs netfs rempli par un fil de »lomb contigu à l’un & & l'autre. L'une des deux cuiffes étant placée fur une lame de plomb, l'autre fur une lame d'argent. La communication entre les fupports étant établie ; foit par un fil d’ar- gent, foit par un fil de cuivre trelé & fort long ( $. XI, exp. 2 & 3 ): Les cuiffes de l’ane & l’autre part ont éprouvé en même temps des convullons avec quelques modifications dont il fera parlé dans un autre lieu. 14. Deux grenouilles écorchées , les parties poftérieures féparées de Jeurs troncs, les nerfs lombaires libres, & /es nerfs de l’une des grenouilles étant mis en contact avec ceux de l’autre ; Les cuifles de l’une des grenouilles étant placées fur une lame d’étain, celles de l’autre fur une lame de plomb ; La communication établie de l'étain au plomb par un communicateur , foit d'argent, foit d'or (. VIII, exp, 1,2, 3 & 4): 12. Les convullions ont eu lieu d’abord dans l’une des deux gre- nouilles ; l'autre, déja fatiguée par des épreuves antérieures , reftant en repos. 2°. Ayant échangé les fupports pour des raifons qui feront expofées dans la fuite, l:s convulfons eurent lieu dans routes les deux, 3% Puis l’une & lautre étant en train de fe mouvoir, elles en- 398 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE crèrent en convulfion indifférèmment , quelque fût la nature refpeëtive de leurs fupports. Le nerf feul ou le mufcle feul étant compris entre les extrémités de larc excitateur 1. Un nerf étant détaché des muftles de la cuiffe jufqu’au genou, & ne tenant plus par le haut au faifceau des nerfs lombaires; Un fuppoit d'argent placé à l'extrémité de ce nerf ; L'autre fupport de plomb placé Jur le milieu du mème nerf; Les mufèles ne repofant fur aucun füpport; La communication établie entre le plomb & l’argent, & par leur moyen entre l'extrémité fupérieure du nerf & Jon milieu, par un communica- teur d'or ( $. VHIL , exp. 1) : | La convulfon s’eft manifeftée dans les mufcles de la jambe auxquels fe diftribuoit le nerf. Et nullement dans les mufeles de la cuiffe dont il avoit été détaché. 16. Une cuifle de grenouille étant placée fur un plateau de cuivre argenté & fur une lame de zinc, de manière que la cuiffe feule portât à la fois fur la lame de zinc & le plateau ($. XII, exp. 3 ) : La convullion s'eft manifeftée dans certe état, quoique le nerf ne fût point compris d'une manière apparente dans le double contact, & que les mufcles feuls paruffent conftituer l'arc animal. 17. Dans diverfes autres expériences , Ayant enveloppé d’une feuille, foit d’étain, foit de plomb, Tantôt l'extrémité fupérieure des nerfs lombaires , Tancôt la partie moyenne de ces nerfs; La communication fe faifant au moyen d’une pièce d’argent, Soit entre l’escrémité des nerfs & leur partie moyenne armée, Soit entre /eur extrémité armée & leur partie moyenne nue, Soit entre les parties muftuleufes adhérentes à la colonne épinière ; au- deffus de l’origine des nerfs , & l’armature de ces nerfs, Soit entre l'armature de ces nerfs & Les parties mufculeufes adhérentes à la partie vertébrale du baffin : La convulfon a toujours eu lieu dane les cuifles & les jambes, quoi- que placées au-deffous des parties entre lefquelles fe faifoit la commu- nication. Incerpofition de morceaux de chairs, &c: dans l'arc animal. 18. On a évcerpofé entre les fupports € Les parties foumifes à l'épreuve, des portions de mufcles ou de nerfs étrangers à ces parties ( $. XIX , exp. 1): ET D'HISTOIRE NATURELLE, 4 L'effet s'eft manifefté très-forrement, comime dans les autres épreuves, au moment où le communicareur opéroit le double conraét, s L : DA : 7 Expériences faites fur l'animal revêtu de [a peau € de fon épiderme. 19. On a pris une grenouille entière revêtue de [a peau, on l’a fixée par des épingles fur une planchette de bois ; Une feuille de plomb à été placée fur leventre, Une feuille d'argent fur le bafin; On a établi la communication entre le plomb & l'argent avec un com- municateur de cuivre ( $. Il, exp. 1 ) : Au moment de la communication & du contact des métaux ; On à obfervé un mouvement convulfif très-foible , mais bien diftin&, dans les cuiffes & dans les jambes, principalement dans les parties internes des cuifles & dans les gras des jambes. La même expérience, répétée fur un plateau de glace, n'a pas réu(f éva- lement ($. Il, exp. 3.) É 20. On a répété la même expérience, mais fans mettre de lame de plomb fur le ventre, & en établiffant la communication entre la pièce d'argent & la peau du ventre nue ((. Il, exp. 2): Il n'y a eu aucun mouvement, En général, dans les expériences de ce genre qui ont le plus de fuccts, il n’y a aucune comparaifon entre le degré des convulfons qu'elles exci- tent & celui qu'on obferve dans les animaux dépouillés de leur peau. Ces expériences font du même genre que celles que beaucoup de phy- ficiens ont répétées depuis quelque temps, par lefquelles on a excité des fenfations rrès - remarquables en etabliffant la communication métallique entre diverfes parties du corps revêtues d’une épiderme très - mince, avec cette différence que dans ces dernières ce font feulement des fenfations , au-lieu que dans notre expérience ce font des mouvemens très-fenfibles qui fe manifeftent au moment de la communication métallique. ” . Vel " Le, p2 . . Réflexions fur les expériences contenues dans l’article premier. Quoique les expériences dont nous venons d’expofer la férie dans cet article, ne foient qu'une partie de celles que nous nous propofons éncore de faire fur la compofition de cette partie du cercle galvanique que nous avons nommée arc animal , elles nous ont paru pouvoir donner lieu à quel- ques réflexions importantes ; nous ne les préfenterons néanmoins que comme de premiers apperçus qui ont befoin d'être confirmés par de nouvelles re- cherches. Nous penfons donc que , d’après ce que nous venons de rapporter , on peut péfumer : 1°. Que l'arc animal peut ètre formé, ou par des nerfs & des mufcles pl | # À 400 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE contigus entre eux ; Où par des nerfs feuls , fans interpoñition de mufcles, 2°. Que par conféquent /a partie effentielle de l’arc animal efl'nécef- fairement compofee par Les nerfs, puifque les mufcles eux - mêmes peu- vert toujours être confidérés comme plus où moins pénétrés par les nerfs qui s’y diftribuent, & font par conféquent en partie un organe nerveux. 3°. Que toutes les parties de l'arc antmal doivent en général être conti- nues o contiguës entre elles ; mais que la fimple contiguité fuffit pour donner lieu aux phénomènes galvaniques. 1 4, Que /a Jeilion d'un nerf ou Ja ligature n’interrompe point Larc “animal , pourvu que les parriés liées ou divifées reftent contigués entre elles. & 5°. Que La diverfité des parties réunies dans la formation de cet arc , foit prifes dans différens organes du même individu, foit prifes mème d’in- dividus différens , n’interrompt point l'intégrité de l’arc, pourvu que toutes les parties dont 1l eft formé reftent contigués entre elles. Cette propofition , conftatée par plufeurs des expériences précédentes , préfente un fait très- différent en apparence de ce qui fe pafle dans l’économie animale , & peut donner lieu à une grande quantité d’eflais que nous nous propofons de tenter par la fuite. 6°. Que l'intégrité de Parc animal , rompue par a divifion de quel- ques-unes de fes parties, & par une diftance quelconque entre fes parties divifées , peut Je rétablir par l’interpofition de quelques fabftances non animales , particulièrement de fubflances métalliques, pouivu que dans cette interpoñtion la contiguité de toutes les parties foit conftamment maintenue. 7°. Que /es orsanes mufculaires qui, par leurs contraétions, manifeftent les effets de l'influence galvanique, fon coujours ceux dans lefquels vone définivivemenc fe cerminer les nerfs compris dans l’arc animal compler. Il fuit de là que les mufcles affeétés font roujours ceux qui répondent À l'extrémité de l'arc la plus éloignée de l'origine des nerfs qui le com- pofent. 8°, Que quand l’origine de tous les nerfs qui compofènt l'arc animal eft tournée vers une de [es extrémités , les mufcles feuls qui répondent à l'autre éxtrémité éprouvent les convulfons galvaniques. 9°. Que quand un arc animal eft compofe de plufieurs fyflêmes de nerfs différens, dont les origines répondent au milieu de l'arc, les muf- cles de ces différens fyftèmes fe meuvent également à fes deux extré- mités. 10°. Il paroît également démontré par pluleurs des expériencs qui ont été détaillées dans cet article , que l’on ne peur abfolument. admertre l'opinion de ceux qui ont attribué les phenomènes galvaniques au concours de deux influences différences & correfpondantes de la part du nerf & du mufcle 9 ET D'HISTOIRE NATURELLE: 407 mufcle ; & qui ont comparé les rapports du nerf au mufcle, dans ces phénomènes ; aux rapports des doublures intérieure & extérieure de la bou- teille de Leyde. 11°, 11 paroît enfin queile revètement de l’épiderme dans les animaux entiers eft un obftacle au développement des effets du galvanifme, & que lorfque, par, fon extrème ténuité , il ne les interrompt pas tout-à-fait il les affoiblit du moins très-fenfiblément. Nous aurons encore-liéu de reverut fur cet objet, après avoir expofé les expériénces faices fur Les différentes parties & les difpofitions variées de l'arc excirateur. ( La fuite au cahier prochain). er bon À: DUNE LETTRE DE DÉODAT DOLOMIEU, AU: -1G; DELAMETHERILE. Alexandrie, 20 -thermidor an 6. bat m'a confirmé dans l’opinion que j'ai avancé en écrivant mon mémoire fur l'Esypte. L’Alexandrie des grecs étoit fituée fur une langue de terre formée par des attertiflemens de fraîche date, lorfque la ville fur fondée. ; La colonne, dite de Pompée, n’a aucun rapport avec ce grand homme, niayec aucun des empereurs à qui on la fuppofe dédiée. Le mauväis goûtde fon chapiteau & de fa bafe, fufhiroit pour la rapporter à une époque dé la plus grande décadence des arts, lors mème qu’on ne verroit pas qu’elle repole fur des ruines, qui fürement n’exiftoient pas encore dans les premiers fiècles de l'empire romain. Il en faut dire autant de l’obélifque, dite l'aiguille de Cléopatre , dont nousavons fait déblayer la bafe, Nous avons vu qu’elle a été caflée , & en- fuie relevée fur des amas de ruines... . Tome IV. BRUMAIRE an 7. PE 0 jo5 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pod cola mn D Durs ns tes à 1,1 L 1 , er dd à D à D'expériences & d’oblervations fur l'emploi du phofphore à l'intérieur ; Par Azrnonse Leror , profeffeur à l'école de médecine de Paris. char L ADMINISTRATION intérieure du phofphore dans les maladies d’épuifement, paroît donner un certain degré d’aétivité à la vie , & femble ranimer les malades, fans élever leur pouls dans la proportion. L'auteur rapporte plufeurs faits tirés de fa pratique. Entr'autres celui-ci : Appellé auprès d'une femme agonifante, qui s'éteignoit d'épuifement après trois années dé maladie’, il céda aux vives inftances du“mari , qui follicitoic un médicament ; il en compofa un avec une portion de fyrop, étendu dans de l’eau où avoiént féjourné des bâtons de phofphore. Le lendemain la femme fe trouva beaucoup mieux. Elle fe ranima pour quelques jours , & elle ne moutut que xÿ à 47 jours après. 2°, Lui même eut, comme il l'avoue, l'imprudence de prendre deux à trois grains de phofphoré folide, unis feulement à de la thériaque ; il éprouva des accidens terribles. D’abord il reffentit une chaleur brülanre dans la région de l’eftomac. Cet organe lui fembloit rempli de gaz, qui même s’échappoit par la bouche. Horriblement tourmenté , il effaya , mais ‘en vain, de fe faire vomir. Il ne crouva de foulagement qu'en buvant de l'eau froide de temps à autre, Enfin , les douleuts {€ calmèrent ; mais le lendemain il fe développa pat toute Fhabirude du corps , une force mufculaire étonnante , & un befbin prefque irréfiftible d’en effayer l'énergie. Enfin, l'effer de ce médicament ceffa à la fuite d’un priapifine violent. Lip 3°. Dans beaucoup de circonftantes , l’auteur à employé & employe avec le plus giand avanrage le phofphore à l'intérieur pour rétablir & ranimer des jeunes gens épuifés par üñ ufabe trop fréquent des plaifirs de Vénus. Il indique le procédé au moyen duquel il divife le phofphore en très-petites molécules; il agite du phofphore dans un bouteille remplie d’eau bouillante , il le divife ain en globules. Puis il continue d’agiter fa bouteille en la plongeant dans de Peau froide ; il obtient ainfi une efpèce de précipité de phofphore très-fin , qu'il broie lentement avec un peu d'huile & de fucre, & qu'il employe enfuire comme loock , en délagant le tout dans un jaune d'œuf; il a opéré, à Faide de ce médt- ’ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 cament, des cures étonnantes par la promptitude du rétabliffement des forces du malade. 4°. Dans les fièyres malignes, l’emploi du phofphore à l'intérieur , pour arrêter les progrès de la gangrène , a réufli au-delà de toute efpérance. L'au- teur en rapporte plufieurs exemples. s°. Pelletier lui a raconté qu'ayant négligé du phofphore dans une bafine de cuivre, ce métal s’oxida & refta fufpendu dans l'eau : qu'ayant jerté né- gligemment certe eau dans une petite cour où on noutriffoit des canards, ces oïfeaux en burent & périrent tous ; mais que le mâle couvrit toutes fes fe- melles jufqu’au dernier inftant de fa vie. Obfervation qui s'accorde avec le priapifme qu’éprouva l’auteur. | 6°. L'auteur rapporte un fait qui démontre l’étonnante divifbilité du phofphore. À yant employé dans le traitement d’une malade, des pilules dans la compofition defquelles entroit au plus un quart de grain de phof- phore , & ayant eu occafion d'ouvrir le cadavre , il trouva toutes les parties intérieures lumineufes , & les mains mêmes de celui qui l'avoit ou- vert, quoique lavées & bien effuyées, confervèrent affez long-temps l'éclat phofphorique. 7°. L’acide phofphorique , employé.-comme limonade, a été très-avan- tageux à l’auteur dans la cure d’un grand nombre de maladies. «8°. Leroy allure avoir oxidé le fer avec le phofphore , & en avoir » obtenu un oxide blanc prefque irréduétible , par les moyens ordinaires , » qu'il croit propre à pouvoir remplacer avantagenfement l’oxide blanc » de plomb dans les arts, & principalement dans les peintures à Fhuile » & en émail. Ce fer oxidé ainfi en blanc, donna de très-fortes naufées » à l’auteur, qui hafarda d'en placer un atome fur fa langue. I] n'héfite pas » à regarder cet oxide comme un poifon terrible; il n’a pu le réduire que » par l’alkali fixe & le verre de phofphore. » 9° L'auteur avance qu’à l'aide du phofphore , il a décompofé & {€- » paré de leur bafe les acides fulfurique , muriatique & nitrique, qu'à » laide de lacide phofphorique il tranfmue les terres ; qu'ainfi avec de » la terre calcaire , il fait à fon gré des quantités confidérables de magnéfe; » il déclare que ce font à des travaux fur le phofphore qu'il doit les pro- » cédés au moyen defquels il opère la frite des rubis, la fonte des éméraudes » & la vicification du mercure », Bulletin de la Soc, Philom. Fff2 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES Al ny HATTAUA : ‘+ + V'endemiairel à BA RO MÈTR E., ÿ x ; À ] # | Ma%amum. Minimum: |A Mini] M a x mu m. | Minvmum. |A Minor | M 1 à 2h. 6,1 là Sem 9,1] 15,5 là midi... 28.,1,3/à shlmes 28. 0,3|28. 1,3N 2 [a 2h,6, hotes lais 7541] 16,2fà midi.s..,28., 1,8fa 2h,s....,28. 1,128. 1,8} dl 3 [à 2h46... 20,826 9,71 20,012:8h, m... 28, 1,olà 2h,s.... 28, o,5|28. o,8k 4 [à gb.m. + a5,6/amidis.Æ 11,4] 11,402 midi... 27.11,8fà 6m. 27 11,5|27.11,8h s [a 2h2s..+ 15,3 à 6h, m,+ .9,4|+ 14,20 6h.m... 28. o,3fa 2h2s.. 27.12,7|27.11,91 ll 5 |a +. + à 6h's. + 8,9|+ 10,8{à 6%. m... 27. 7,2hà 6h. s...4 27: 2,5|27. 4,6 h, 7 |à el 6h, mi! $,8|'10,2fà midi... 27. 3,2]à 6hm...,27. 2,3|27. 3,3} is |à +0 En 16,5: 8,20à 6h m... 27. 3,3)à 78... 27. 5,5|27. 4,5| 9 [à + 5 + + 4,6|H 11,02 6h, m... 27. 7,9]à 2h.s.... 27.10,3|27.10,2k 10 |à + 6, + 3,5[ 12,0fà 2h.s.... 28. 2,oÏà 6h, m...: 28/11,5|28. 2,04 11|a + 6 + 7,7] r2,4la 2his... 28. 2,6]à 6him... 28.124128. 2,6} 12|à Lai F6 - + 8,r|+ 14,1fa 7m... 28. 2,8/à shls.,..28. 2,0[28. 2,5} 13|à : + 6 + 6,1|+ 10,4hà 6h. m..…. 28. o,28à 3h.s.... 27.10,8|27.11,5h 14|à al 6.1, + 8,9|+ 13,2la 71m... 27. 9,20a midi... 27. 8,7|27. 8,7) 15|à + 6%. 9,4|+ 13,4hà 445... 28. T,ofà 7h. m... 27.11,4/28. 0,6} 16|à st 63 + 9,o|+ 13,41à midi. 28. 2,6]a 6h. m... 28. z,3|18. 2,6| 17 à 0 + 6 Ë + 8,4 + 13,7 à 6 m.. 28. 330 à 2h+ Se. 28. 2,6 28. 2,84 18|aà ii EE + PAIE Leg a 7h sim 2808 Sa 2h sous. ab r 28.01, 5 19|à 4 Gun + s,1|+14,5hà 6MEm……. 28, o,2fà 3hs... 27.11,5|27.11,8 20 |à + 6 5 12,0{-L 14,ofà 62m... 27.10,6Nà 4h, s.... 27. 9,3|27.10,0N 21|à + S EH, 5,2lL 8,6fa 2his.. 28. 2 1)x 6h Em .l28. 6428. 1,5} 22|à + 6+ + 2,7|4 8,6fà Gh1n. 28. 3,9]à shæis.i. 28, 1,828. 3,78 3 | à + 65 + oo|—+ 9,;|a 6him.. 28. o,5la 2h1s.:.:17.10,9 |27.11,6À 24 |à . + 6 à LE Tori 2: à éhËm.. 27.10,1]à 2h,s.... 27.10,7|27.10,9f 25|à . + 6+ + 10,14 13,042 6h1m.. 27.10,1à 2h.s..., 27.11,1|27.10,9k ll 26 là + Gun H.5,8hi13,2ha 8him... 28. 1,30à Ch.m... 28. 0,8|28. 1,2} 27|a . + sr hr .8,5]<+ r3,148à 8h ml 27.10,4)a 3H 5. :.029%. 80/27. 9,4 28|a . + 6 = + j,9|+ 10,4la 2h25... 27.11,68a oh.m.. 27. 10,7 |27.11,5 29|à Er + 3,3|piir,2là 6hEm.. 28.12,ffa midi. :!,28. 2,0128. 2,1} 3o|à 7 040 6,8lbouz,sla 7h mer. 282 2,5fà 2h.s.... 28. 2,0[28, 2,2} RÉCAPITU-LATION, Plus grande élévation du mercure. ......... :. 28:3,0 Je 27 Moindre élévation du mercure..... MCE 27-255 IE 7 HJévation moyenne del ele ir=eceis 27.8,65 Ê Plus grand degré de chaleur. w........... + 20,8 le 3 û Moindre degré de chaleur. .:.......... .. + o,o le 2; FE Chaleur moyenne....... DÉS OUbOi Te de no. GI 114 Déclinaifon de l'aiguille aimantée........... 220, 71$/. à l'oueft, 4 Inclinaifon....., 70-70: 4 b Nombreddes/jours beaux "te" LENeRe-Rer ec 12 | dENCOHVELES rs ARAELENE ACNPIUIC Een SOROU A AGO LEE ill MOBSER VATOIRE NATIONAL, rar Bouvar», aftronome. ° V ARIIATIONS Le POINTS HHxc. VENTS. : , # LUNAIRES. DE L'ATMOSPHÈRE # | 1 | 74,0 | Calme. Ciel nuageux ; brouillard à l'horizon le matin, | Zz | 70,0 S-E. , | -Lune apogée. Iaerr. Sr) SEAL f Idem, ! ' 4 | 84,0 |: S-s.0.- Pleine Lune. Ciel couvert; pluie fine à midi. | 73,2 |-O! Equineasc.le 4247 Quelques éclaircis par intervalles, 6 | 84,5 | ©. fort. Pluie prefque conunuelle. 7 | 78,0 | S-O. Ciel couvert; pluie fine vers midi ; beau ciel le foir, 8 | 78,5 | S-S-O. - Pluie prefque continuelle. 9 | 74,0 Si Ciel nuageux. Mio! 76,5 |. ©. Gros nuages toute la journée ; brouillard le matin, 11| 39,5 |, ©. PTE PAT Ciel nuageux le matin ; couvert à midi ; pluie fine l'après-midi. 2z| 83,5 | N. Dern. Quart. Ciel nuageux ; brouillard Le matin; quelques gouttes d’eau le Loir. 13| 76,0 | N-N-E, ‘ À Superbe; brouillard à l'horizon le matin; gros nuages le foir. 24 76,5 [ME Couvert le matin; quelques Fan le (oir. 15| 88,0 | S-O. Quelques éclaircis le matin & le foir. 16| 88,5 | N-O. L j15s Brouillard épais devant midi; ciel couvert aux trois quarts, 17| 83,0 | N. Equin.descend,. Idem. , 18| 86,0 | Calme. N. L... perigée.f Brouillard épais & très-hamide ; ciel couvert; beau le fôir. 19| 86,0 S-E. Idem. 2O | 4. 0. Brouillard épais & puant ; pluie fine une partie du jour. z1| 73,0 | N-O, Brouillard à l'horizon ; quelques nuages dans le jour. . 22 || 63,0 PE. Idem. 13 | 66,7 E. Quelques légers nuages avant midi & brouillard ; pluie fine le foir. 24| 97,3 Ss Pluie vers midi ; ciel couvert toute la journée. 2$| 93,0 | ©. Prem. Quart, N Pluie avant le jour & jufqu’a 8 h. mat. beauc. d’éclaircis dep. midi. ù 26| 87,3 S. Brouillard confidérable ; ciel couvert. É 27| 86,3 S-S-E, Ciel trouble & chargé de vapeurs ; pluie fine le foir. 28| 84,5 |S. Ciel nuageux & trés-rouge; averle confid. le foir , mêlée de gréle. 29| 83,3 S. Ciel trouble & nuageux ; brouillard le matin. 3o| 87,0 | S-E. Apogte.. ! Quelques éclaircis le foir. À € RÉCAPITULATION. à dE VERTE AN re EEE ER EL TS ; oder done : : | deTONnErrE. leve ee. ARE RS ; des bromillarde. 4-2 0e à ee SLT; ! de ncige.2), AUS Be EH, 900! Ë Ee vent a foufflé du N2°.:.4:.0.. 24 SR NTI TOILE Auame fois: R NÉE MATE GRR Auanieshe es ARE É LOT MA LE NE ROSE RE d. 3 Fi CSA BRU vain: Mots DT 4 à nat À 'doboonedindé on our Mod Hi ; ê OMAN An ANA CL eMESs TR Eee 4 15 TRE on Be NOT ee ç L: SOPRANO ROLE UCRS 2 [é Ë { À 46 JOUNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE : NOUVELLES LITTÉRAIRES. Extrait d’un traité élémentaire de minéralogie, rédige par Haüy , membre de l’Inflitut national, confervateur des colleilions de la maifon d'inf- truélion pour l'exploitation des mines , publié par le confeil des-mines de la République. Cet extrait qui a déjà été donné par parties dans le journal des mines, contient le difcours préliminaire du traité, les méchodés-qu'on y a adop- tées, avec les obfervations neuves qui doivent en faire partie , & la def- cription détaillée de quelques efpèces. Le traité féra publié inceffamment. A Paris, de l'imprimerie de la République, 1 vol. in-8. Le confeil des mines de France travaille avec la plus grande aétivité aux progrès de la minéralogie. Il fuffit de nommer les favans qui y font réunis , tels que Haüy, Dolomieu, Vauquelin, Lelièvre , Faujas, Gillet Laumont , Lefèvre d'Hellamcourt, Tonnelier, Brogniard , les Dahamel, Brochant, Cordier, Treimeri..... Nous pouvons donc affurer que l'ouvrage qu'ils vont publier, & dont celui-ci n’eft qu'un éxttaic , fera une des meilleures ininéralogies qui exifte. Haüy donnera la partie de la criftallographie, &c on connoît toute la précifion & toute l’exactitude qu'il mer dans fon travail. Vauquelin a fait, avec la même exactitude, les analyfes. Les autres parties ne feront pas traitées moins favamment. Elementi di chimica, &c. Elémens de chimie, rédigés fur les découvertes les plus récentes en chimie & en ipharmacie , par L. Brugnatelli, doéleur en. medecine, fubflicur en Ta chaire e chimie & des matières médicales dans l’univerfité de Pavie , membre de l'académie de Mayence à Erfurt , de l'académie royale des fciences de Gorringue,, de la focièté des curieux de La nature de Berlin ; dela fuciété Léopold-Caroline , de la fociété des curieux d’ Allemagne, de l'académie d'agriculture d'Udine, de la focité médico-chirurgicale de Bruxelles, de l'académie des ftiences & de celle d'agriculture de Turin, de Mantoue, de Padoue, des Géorgifiles de Florence, de la focièté patriotique de Milan, &c. À Pavie, de l'im- primerie de Baldaffar Comino, 2 vol. in-8. Le célèbre auteur de cet ouvrage y a réuni toutes les connoiffances les plus récentes fur la chimie & la pharmacie. 11 s’eft fait une nomencla- ture particulière qui diffère jufqu’à un certain point de celle qui eft adoptée en France. « Le gaz, dit-il, que Prieftley a appellé air déphlogiftiqué , » Scheele, air du feu , Delamétherie, air pur , les auteurs de la nouvelle # nomenclature chimique en France , gaz oxigène..... m'a paru être mieux » nommé gaz chermoffigène , gaz qui produit la chaleur, parce qu'il fe ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 » trouve toujours dans toutes les occafions où il y a de la chaleur pro- » duité ».,,... Il a par conféquent tejetté les mots oxides métalliques. 1} conferve ceux de chaux , encauflo. | ME Il avoit donné le nom de gaz foffigène au gaz qu’on appelloit en France azote ; mais il lui a enfuite donné le nom de gaz feptone. Enfin, il a confervé le nom de gaz inflammable à ce qu’on a appellé en France gaz hydrogène. ‘ IF a encore changé d’autres noms. Dans le premier volume, l'auteur traïce des principes généraux de la chimie , & des fubitances qu’on a appellé é/émens , tels que le calorique , la lumière , les différentes efpèces d'air & de gaz, & l’eau. Dans le fecond , il traite de fubftances falines, & de quelques métaux. On trouvera dans cet ouvrage l’homme inftruit , qui a le courage d’avoir fes opinions , & de les annoncer. Lettres [ur l'hifloire phylique de la terre, adreffées au profeffeur Blumen= buch , renfermant de nouvelles preuves géologiques & hifloriques de la miffion divine de Moyfe , par J.-A. Deluc , citoyen de Genève , membre de la fociété royale de Londres , & de la fociété batave ; pro- feffeur de géologie en l’univerfité de Gottingue. A Paris, che; Nyon l'aîné, libraire , rue du Jardinet, 1 vol. in-8°, Le favant auteur de cet ouvrage , publia, ïl y a deux ou trois ans, ces lettres en allemand & en anglois, excepté la feprième qui n’a pas encore: paru. Il foutient, avec tout le talent qu'on lui connoit , le fyftème géolo- ique rapporté dans la Genèfe. On à vu une partie de fes opinions dans É lettres qu'il m’a fait l'honneur de m’adrefler , & qui font imprimées dans ce journal. Il y combattoit mon opinion de la criftallifation générale de l’univers, & de notre globe en particulier. Il fuppofe que otre globe a été compo/e primitivement d’un affemblage de PULVICULES à l’état de congélation. Lorfque la lumière parut, la chaleur qui en provint échauffa la croûte extérieure qui dévint liquide, & ‘criftallifà enfuite ; car , dit-il pag. 111, « le premier pas qu'on a fait dans certe carrière ; a été certe » conclufon générale , tirée enfin de lenfemible des faits après de longues » Cbfervations, que toutes les fabftantes qui compofent nos couches mine- » rales doivent avoir pris naiffance pat des combinaifons chimiques dans un » liquide aqueux. Delamétherie publia le premier, et 1777 , cette idée » générale , mêlée, 1l eft vrai , de beaucoup d'erreurs »..:":: H fe propofe de combattre ces erreurs dans un ouvrage particulier; car, dit-il pag. 72: « Faute de connoître ce grand fait (la criftallifation des granits par » couches foutenues: par de Sauffure }, Delamétherie s’eft jeuié dans um 408 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE -» fyflème auffi peu fatisfaifant pour l’homme qui cherche à fe connoître, » que contraire à d’autres faits évidens, dont un entier engouement pour »». ce fyftèmé a détourné fon attention à méfure: que l'obfervation les, dé- » couvroitr. C’eft ce que j'aurai occañon de démontrer dans un autre »ouvrage, & j'efpère qu'alors Delamétherie trouvera avec plaifr la vérité » dans un ouvrage plus fausfaifant pour fon cœur comme pour fon :» efprit ». 3h" Ne cherchant que la vérité , ainfi que le favant auteur de ces lettres, je verrai toujours avec plaifr tout ce..qu'il publiera fur yne matière aufli -dificile.& auf intéreffanre. ce Jai Aou L-vuds Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER.. Essai d’un Lrffême chimique de la feienée de l’homme , par J.B.T. Baumes. Page 329 Idées \far la ‘nature du fluide’ éleëtrique | par Tincr y: 355 Memoire fur la Typographie; par Alexis Rocon. 363 Æxeraic d'une leure de Humsorpr au D. INGENHOUSZ.. \ 7377 Examen du [él marin curyreux vert, qui accompagne une. lave [coriforme du Véfave , par B. G. Sace. 379 Sur le fyfléme des forces, par J.-C. DELAMÉTHERIE. 383 Note fur les excrémens des végétaux. 338 Defcription du cylindre fair, en papier pour donner le luffre aux toiles peintes, $ UN He 389 Sur les [ons. d 7 390 Flora atlantica, five Hifloria plantarum , &c. par D'ESFONTAINES. 391 Compte rendu à la claffe des fcisnces mathémariques & phyfiques , &c. par Haité. 392 Extrait d’une lettre de Déodat Doromieu 4 J.-G. DeLAMÈTHERIE. 401 Extrait d'expériences & d’obfervations fur l'emploi du phofphore à l’in- cérieur., par Alphonfe Leroy. , ; 402 Obfervations Météorologiques| faites à l'obervatoire national , par Bouvarp. 404 ; 4OS Nouvelles littéraires, 406 Brumate An 7: “ 4x LD ïs ‘ - ee een ge te DER “0 d'a | JOURNAL DEPHYSIQUE, | DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. | | FRIMAIRE an 7. | | C3) —_—_—— = MÉMOIRE Sur la clafle des vers, & principalement fur ceux qu'il importe le plus de connoître en Médecine. Par J.-J. Vire, du Val. de-Grâce, Viliorum animalium difquifftionem atque infpefionem Jfpernere indignum efle philofopho, cum nulla res fie natura , cui non infic aliquid mirabile. ARISTO r. de partib. animal. lib. II, cap. s. ———————_——_—_—_—__—___—— ——— $. Ier, P AR M1 les divers animaux qui peuplent la terre, il en eft qui n'ont pas encore fubi un affez profond examen des naturaliftes : c’eft la clafle des vers. Ces êtres , anomaux par la forme, finguliers par l’organifation, éton- nants par les modes divers de leur reproduétion , attendent du temps & des travaux qu'ilamène, des connoiflances fuffifantes pour les diftribuer d’une manière plus naturelle qu’ils ne l'ont été jufqu’à préfent, & pour nous dévoiler les phénomènes qui gouvernent ces corps. ER ; Quoiqu’on ait beaucoup travaillé far ces animaux , depuis Le célèbre Linné, qui tenta le premier de lesclaffer, 1l s’en faut bien qu’on les connoiffe tous (1). (x) Lecuwenhoeck, arcan. nat. continuatio , p. 49, Pallas mifcell, zoolog. p, 72. Il dit qu'on n'en connoît pas la centième partie, Tome IV FRIMAIRE an7. Ggg 4to JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Leur organifation intérieure, qui, comme pout tous les autres animaux ; doit être le principal fondement des méthodes, eft d’ailleurs peu connue. Ce fera cependant par ce feul moyen qu'on pourra trouver l’anneau qu'ils rempliflent dans la grande chaîne que forment les corps organifés de la nature. Si jufqu'à préfent on ne peut fe fervir que de la confidé- ration des organes extérieurs, ceux-ci pourront guider par les rapports qui exiftent entre eux & la conformation interne; rapports fouvent juftifiés par l'expérience. Mais c’eft ce qu'on ne doit pas toujours attendre parmi des animaux qui diffèrent fouvent du tout au tour. Linné avoit réani dans la claffe des vers , non-feulement les radiaires (1} & les zoophytes , mais encore les mollufques , foit nuds , foit teftacés ; mais l'avancement de la fcience ne permet plus de raffembler des êtres aufli diffé- rens, les premiers, à caufe de la fimplicité de leur organifation , & les fe- conds parce qu'ils font beaucoup plus compofés. Nous comprendrons , fous la dénomination de vers, tous les animaux mous & fimples , qui ont une liqueur blanchätre (2) pour fang, qui ne fu- biffent point de métamorphofe , dont le corps allongé , cylindrique ou com- primé, au conique, ou même fphéroïde , cilié (3) ou life, offtant chez la plupart des fegmens annulaires , eft dépourvu de cœur ,de foie, & peut- être d'organes intérieurs de refpiration (4); dont le fyftème de nutrition eft très-fimple ; ils ont une tête contenant leurs organes de déglutition, & les plus compofés d’entre eux ont un fyflème nerveux. Ils font nuds le plus fouvent ; mais quelques -uns d’entr'eux fe font des fourreaux de diverfe nature. On peut les divifer ainfi. 1°. Ceux qui, pourvus de parties fervant à [a locomotion, ont des organes extérieurs de refpiration. 2°. Ceux qui n’ont que des organes de locomotion. 3°. Ceux qui font privés des uns & des autres, & dont le corps eft entièrement liffe , mais qui ne vivent pas dans les animaux. 4°. Ceux qui y vivent. On pourra peut-être quelque jour féparer ces derniers-ci, en ceux qui font pourvus de crampons pour fe fixer dans les corps qu'ils habitent, & en ceux qui n'ont point de tels organes. Les premiers font les plus compofés ; à la tère feront placés les apkro- — (x) Nom adopté par Lamark, pour défigner les animaux fimples dont les organes font difpofées en rayons. û (2) Il y a des vers qui ont cette liqueur d'une autre couleur , tels que les vers de terre qui l'ont rouge, les fangfues qui l'ont grifâtre, &c. (3) Je comprends fous cette dénomination toutes les foies & les pointes qu'on voie fur ces animaux, & qui fervent fouvent à leurs mouvemens. (4) Au moins les difleétions qu'on ena faites «n'en parlent point, & je n'ai pu em trouver dans plufieurs genres. ET D'HISTOIRE NATURÊLLE. 411 dites (1), enfuite les amphinomes (2), les amphitrices (3) & les fpiones (4), les dentales (5) les ferpules (6), les fabelles (7), les arrofoirs (8) & les Jiliquaires (9). Ces animaux ont des organes extérieurs de refpiration con- fiflans en des crères ou franges membraneufes, placées tantôt fur la longueur du corps, & rantôt feulement fur la tère ; ceux-ci font fur-tout les vers qui fe font des tuyaux. Toute cette feétion comprend ceux dont l’habitation eft toujours marine ; ils font ovipares & paroïflent androgynes 10); on ne leur a point encore vu d'organes extérieurs de génération, & l’on ignore s'ils s’accouplent. I eft un genre voifin de ces premiers, foit par fa conformation , foit par fes habitudes, dont quelques efpèces fe font des tuyaux, mais qui eft dé- pourvu de ces franges qui fervent à la refpiration. Ce font les neréides (11) qui habitent aufñli dans la mer. Les naïdes (12) touchent immédiatement aux néréides pour la forme. Leur manière de fe réproduire de bouture (1 3), fembleroit devoir les placer plus près des zoophytes, fi leur organifation ne les en éloignoir pas. Les /om- brics (14) qui les fuivent de près, jouiffent auf éminemment de la propriété de réparer leurs parties coupées , ou peut-être même de fe réproduire comme elles (15); propriété fingulière qui fembleroit ifoler ces genres de leur famille naturelle, Nous placerons ici cet être paradoxal, cette furie infernale (16); mais le (1) Pallas mile. zool. p. 75. (2) Bruguïères Encycl. méth. p. 44, tom. 1. (3) Müller ( otho frider. ) zool. danic. & von Vürmern, Une partie de ces vers doic entrer dans le genre précédent, felon Bruguières. (4) Ocho Fabricius fauna Groënlan , p. 259. Elles reffemblent aux amphitrites. (5) Rumpf. mufeum tab, 41, Dargeville conch. tab. 1. Müller zoolog. danic. pre- drom. n°. 2852. (6) Adanfon voyag. au Sénég. p. 160. O. Frid. Müller, fh.d. n°, 2854, (7) Schroëter flus conchilien tab, 11, &c. (8) (9) Bruguières Encycl. méth. , &c. Lamark in prælcétionibus. (10) Pallas & Kænig n'ont trouvé que des œufs dans des amphitrires, & il eft pre- bable que cetre propriété de fe fuffire, ou du moins de ne pas s’accoupler , s'étend à tous les genres voifins qui ne diffèrent guères que par la nature de leur tranfpiration. Müller ibid. n°. 2617. Pallas mifc. zoolog. p. 132. s (1) O.F. Müller von Vürmern, p. 140. O. Fabric. ibid. p. 291. (12) Trembley polyp. mém. 3. O. F. Müller von Vürmern. p. 73, & hift. verm. helm. p. 20. é: \ Trembley, 25. Réaumur , infect. tom 6, préfac.p. 59. Roëlel inf. 3, p. 483. (14) Bonnertraîté d'infect. p. 132 & 187 (édit. in-4. ) pour leur faculté répro- duétrice. (45) Voyez Bonnet , zbid. Mais cela n'auroit guères lieu que pour certaines circon(- tances, Voyez le lombricus variegatus. (16) Solander nov. at. Upfal. tom. 5, n°, 6, Pallas Beytrag. 1, p. 113. Linné amœn. 3, p. 322. Il en a été malade. Gyg2 412 JOURNAL DE PHYSIQUÉ, DE CHIMIÉ peu que nous en connoïffons eft trop extraordinaire pour ne pas defirer de nouvelles lumières. Un autre animal encore peu connu , la myxine (1), femble devoir être placée ici; cependant lorfqu’on l'aura davantage examinée, on lui aflignera fans doute, une place différente (2). Nous fommes arrivés à la troilième fectioni les genres qui la compofent ne font point unis entre eux par des liens affez naturels. Le premier eft le fpior (3). animal fur lequel il manque beaucoup de connoiflances. Enfuite e préfentent les fangfues (4), & enfin le gordius aquatique (5). Ici commence la longue férie des vers paralites , de ces animaux voraces & dangereux qui fe nourriffent des humeurs des autres êtres animés. Les filaria (6) en commencent la chaîne. A leur fuite viennent les afcarides (7) & les crinons (8). Les vers inteftins pourvus /a plupart de pointes ou de crampons pour s’attacher dans le corps des animaux qu'ils habitent , fe pré- fenrentici; tels que les uncinaires(o),les cucullans(xo),les srichocéphales(x 1), les probo/cides (12), les géroflés (13) , les échinorhinques (14) & les cram- pons (15), enfin les /frongles (16) qui mériteroient peut-être d’être réunis aux cucullans ; & le cyflidicole de Fischer. Nous arrivons aux vers inteftins, dont le corps eft plus où moins applati. Ce font les maffertes (17), les ligules (18), les linguatules (19), les cenias (10), les hydatides (21 ), les planaires ( 12), enfin les (@) ©. Fabricius , fauna groënlandica , p. 344. (2) Cet animal paroît avoir une analogie éloignée avec les pterotrachea , efpèce de mollufque , (en françois firo/e. ) Forskahl , fn. ar, (3) Bohadfch , de quib. animal, marin. p. 93. Syrinx. Martini , on mar verm.tom, 1. p. 4. Plancus, de conch. min. not. , &c. On en connoît deux efpèces. (4) Bergmann , act. Stockholm , 1757. Linné, Müller, &c. (5) Plancus , 2hid. c. 22.0. F. Müller, helmint. p. 30. (6) Gmelin, [yft. nat. p. 3630. (7) Müller, p. 6. Goëz, eingew. Bloch, &c. (8) Lamark, dans fes préleçons. Voyez aufli Chabert, mal. verm. (o) Froëlich , naturforl. p. 136 & 137, n°. 24. (zo) Goëze, eingew. O. F. Müller zool danic. Bruguières, Encycl. méth., &c. (1) Goëze, ibid. Happ. verm. inteft. Werner , verm. inteft. p. 84. (12) Bruguières, Encycl, méth, illuftr. des genres. Vers , p. 96. (13) Bloch, eingew. fig. 9—13 ,tab. 6, p. 34. (14) O.F. Müller, zool. dan. Goëze eing. Pallas , Redi, O. Fabricius , Bloch, &e. (15) Goëze, 1bid. p. 139. (16) O.F. Müller, zool. danic. fafcic. 2 , pag. 8. (17) Müller, fchr. nat. der Berlin, 1 , pag. 106, (18) Bloch, zbzd. , &c. (x9) Froëlich, naturf. p. 148. (29) Batfch, Werner, Pallas, infeft. viv.Wepfer, cic. aq. p. 223, les a vus cramponnés. (21) Pallas , mifc. zool. p. 168. Il convient d’en faire un genre nouveau, (22) Müller, hift, verm, helmint. p. 53. étnbdes ET D'HISTOIRE NATURELLE. 413 douves (1) qui paroïffent terminer la chaîne des vers & nous conduire plus près des zoophytes. La plupart de ces vers-ci me paroiffent dépourvus de fyftème nerveux (2), & nous verrons qu'on n’en trouve pas dans tous. La ligne qui fépare les vers des radiaires eft aflez peu fenfble, fi on confidère ces animaux da côté de l'organifation intérieure (3); ils paroïffent tenir aufli de près à certains genres de mollufques (4); cependant ils for- ment une claffe bien diftinéte dans la férie des êtres animés, quoiqu'ils fe rapprochent beaucoup des infeétes. Comme trous les animaux, les vers ont des organes intérieurs de nutri- tion ; mais ils font très-fimples (5), quoique très-confidérables , eu égard à leur volume. Ils confiftent en un inteflin, plus ou moins cylindrique, ayant des dilatations & des refferremens ; plus oa moins replié , quelquefois tout droit de la bouche à l'anus. Sur les parois du tube inteftinal font des vaiffeaux abforbans (6) qui portent le chyle nourricier dans toure l’économie de ces animaux. Il paroït que le chyle patfe dans des vaiffeaux artériels (7) qui, jouiffant d’un mouvement de fyflole & de diaftole très-marqué, le diftribuent à rout le corps (8). Ces artères paroillent caufer une élaboration particulière au Auide nourricier , puifqu'il change de couleur (9) ; elles ont une ivritabilité qui remplace l’action du cœur dans les vers (10). On ne trouve des organes refpiratoires que chez une partie de ces ani- 7 a (1) Schaëffer monogr. Müller , Goëze, &c. (2) On n'en trouve ni dans les tænias, ni dans les hydatides. La ligule me paroîtroic en avoir. Chabert ne dit point s'il en a vu dans l'afcaride , ni Rédi, &c. Eft-ce que les vers inteftins n'en auroient pas? Au moins on n'en fait pas mention. (3) Sur-rour les radiaires les plus compofés , près des vers, dépourvus de fyftême nerveux vifible. Humboldt l’a trouvé chez les naïdes. (4) Tels que les sarers , &c. Les afcidies n'ont ni cœur, ni branchies , ni vaifleaux fanguins, ni nerfs vifbles , ni organe particulier de génération, Voyez Pailas, acad. Pétersb. Bohadfch , O.F. Müller , Jean Plancus , &c. Ces animaux toujours fixés , font- ils des mollufques ? J'en doute. : (5) L’aphrodite a plufieurs cæcums, Pallas mile. zoo!, $ &c. Peut-être auf les am- phicrires. On y voit fouvent un riouvement périftalrique en même temps que celui des artères. ; \ AE À L (6) On voit ces vaiffeaux à la loupe, ils fonc blanchätres. Les fangfues les laïffent bien apperçevoir. | fer (7) Il n'y en a qu'un dans quelques vers ; je n’en ai pas vu au-delà de deux principaux. Ces vailleaux font fouvent ramifiés, ce qui ne fe voit pas chez les infeétes , leurs con- rations font fucceflives. (8) Pallas mifc. zool. p. 130, de nereïde cylindrariä. Je l'ai vu dans les fangfues. (9) Dans la fangfue , il devient cendré; dans le ver de terre, rouge; dans les nérér- 1 À des, &c. grifatre, verdâtre , &c. (10) Pallas, id. p. 15. Willis, anim. brut. , &c. ont penfé que des vers avoient un vrai cœur; cependant rico n'eft moins prouvé. Les mouvemens de ces vaifleaux ne font pas ifochrones, 414 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE maux (1). Les autres ne paroïffent point enavoir, même intérieurement (2). Hs,ne refpirent pas, à ce qu'il paroït (3). à moins qu'ils ne trouvent allez de gaz oxioène, ou air vital dans les lieux & au milieu des liquides qu'ils habitent; mais ceci eft au moins très-douteux pour Les vets inteftineux. | Dés corps organifés peuvent-ils exifter fans entretenir leur vie à l’aide de lait vital? Je ne fais, mais il me femble que les plus fimples de ces corps en demandent fi peu qu'il paroïtroit n'être pas indifpenfable pour eux. Ainf les zoophyres, les animalcules infufoires; les champignons, les lichens , les algues (4) parmi les végétaux , tous -êtres finguliers, dépourvus d'organes refpiratoires (5), femblent vivre fans fon fecours. Peut-être un jour ces corps organifés mériteront-ils de faire un règne à part, inter- médiaire , pour ainfi dire, entre des végétaux & des animaux plus parfaits. La fimplicité de leur organifation , de leur accroiffement , de leur repro- duétion , de leur vitalité enfin , les éloignent en effet des claffes plus éle- vées, fans pour cela les confondre avec ces matières brutes & inorga- niques , dépourvues de vie & de reproduction, fubftances qu’on pourroit appeller mortes, fi elles pouvoient vivre ; mais il y a trop loin du vivanc à l'inorganique pour tenter de les rapprocher. Beaucoup de vers ont, comme les infeétes, un cordon nerveux, qui depuis l'éfophage qu'il entoure en fe féparant (6), defcend jufqu’à la partie inférieure du corps. Il a des rœuds plus où moins rapprochés (7), & chacun d’eux donne ordinairement deux paires de nerfs Ce cordon nerveux palle fous le ventre. Enfin l'enveloppe de tous les organes de ces animaux confifte en un appareil mufculaire confidérable. Leurs mufcles font tranfverfes & longitudinaux. Ces organes robuftes de leur mouvement font reconverts par une peau afféz coriace, cependant très irritable. Elle D (x). Notre feétion première. Ces e[pèces de branchies ont quelque reflemblance avec celle des mollufques , mais ceux-ci les ont ordinairement à l'intérieur. (2) Je n'ai pu en trouver; les auteurs que j’ai confulté n'en ont pas appercus non plus. Willis & Bonret ont dit avoir vu les fligmates des /ombrics ; ce done je doute beaucoup. Peut-être l'endroit par ou fortent leurs pointes , aura pu les indune en erreur. (3) Pline, lib. XI, cap. 3, penfe qu'ils peuvent refpirer fans organes deflinés à certe fonction. Mais comment cela fe peut-il ? (4) H faudroit peut-être y joindre encore d’autres cryptogames. Il. eft à remarquer que parmi ces corps & ceux des zoophytes & animalcules infufoires ; il n'y a de liqueur élaborée que celle qu'ils reçoivent de l'extérieur. (5) Au moins on n’en a point trouvé. Les véficules aëriennes des algues ne leur fer- vent que pour furnager les eaux de la mer. Voyez Réaumur à ce fujet. (6) Ceci eft femblable aux infe@tes. On trouve aufli aux vers, un ganglion fur l'éfophage. 11 leur tient lieu de cerveau. ; (7) Le ver de terre les a très-rapprochés, Il paroït qu'il y en a un à chaque anneau chez tous Les vers qui ont des nerfs, | | | | ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 eft fans ceffe humeétée , foit par une humeur qu’elle fécrète , foit par les liquides qui l'entourent {1). Éa grande fenfbilité du toucher chez les ani- maux gymnodermes (2), compeufe le peu de fens qu'ils ont. H eft te que quelques-uns ont la fenfation de la lumière , quoique privés d'yeux (3). On concevra faailement que plus le toucher eft vif, plus les animaux doi- vent être contractiles (4) , à caufe de l’adtivité de ce ffimulus ; cela étoit néceflaire, afin qu'ils cherchaffent à sy fouftraire , pour ne pas s’expofer à leur deftruétion. Si la nature ne leur eût pas donné tant de fenfbilité , elle les eût envoyé à la mort én leur donnant la vie, La force des vers, ainf que celle de tous les petits animaux , eft très- confidérable, fi on la compare proportionnellèment avec celle des plus grands de ces êtres (5). Ils favent tous faire ufage le plus avantageufement de leurs forces : cependant l'intelligence des vers eft aufli bornée que leur organifation qui la forme, & leur peu de befoins qui la mettent en jeu. Une fangfue fixée fur une table par une épingle qui perçait la manchette inférieure par laquelle elle s'artache , fe contourna tellement en fpirale , qu'elle força cette partie à fe déchirer & à lui laiffer la liberté. Elle avoit vainement €effayé par ce moyen d’arracher l’infliuinent de fa douleur, quoiqu'elle eût déjà employé les autres avantages que pouvoit lui foufnir fa conformation. Tous les vers -ont une tête (6) qui contient leurs: organes de dégluti- tion (7) ;ils confftent en un ou plulñeurs fuçoirs | quelquefois armes de dents (3\ ou de tentacules , ou de crochets (9). Tous les vers fe nourriffent par la fuccion. [ls ont befoin , ain que tous les autres animaux , fans excep- tion (10), du fens du goût , afin de connoître les alimens qui leur convien- (1) Tous les vrais vers font toujours humides , ce qui les diftingue au premier coup- d'œil, ( quand ils font vivans ) d'avec les larves des infe&tes, qui ne le font pas ordi- nnirement , excepté celles qui font aquatiques. (z) Ou à peau nue. Elle paroït avoir un fyftême glanduleux qui fécrète une liqueur muqueufe ; l'aétion de ces glandes ne paroît avoir lieu que par l'aétion mufculaire ; alors on les voit dans la fargfue , &c. (3) Les polypes auf. Trembley, mémoire I. Les aëtinies , fur-tout fi on leur a retran- ché quelque partie , cet endroit y eft plus fenfble, Voyez Dicquemarre , Bafter, fubce- fiva , &c. (4) Nul animal n'eft plus contractile que les vers, (5) Linné dit que fi un éléphant avoit à proportion autant de force qu’un féarabé , il déracineroit des rochers & bouleverferoit des montagnes. (6) Bonner a prouvé que les tænias en avoient aufli , mem. fav. étr. I. (7)_1ls n’ont point d'organe de maftication, excepté peut-être la myxine. (8) Comme la fangfue , la myxine. (9) La plupart des vers inteftins , ils fervent à les attacher. (10) Il me paroît qu’on ne peut le refufer à aucun, fans cela ils mourroient , foit en s’empoifonnant , foit faute de trouver leur nourriture, 416 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nent & ceux qu'il faut rejetter. Il femble aufli qu'ils ayent befoin d’odo- “rat (1), fens qui me paroït difficilement féparable du précédent. D'ailleurs ce fens remplaceroit celui de la vue dont ces animaux manquent pour la plupart, & peut-être mème tous (2). Ceux quiont des efpèces d’yeux (3) ne paroiflent pas s’en fervir avec beaucoup d'avantage ; mais leur toucher fi fin (fens dont jouiffent tous les êtres fenfbles) remplace la plupart des autres; il eft mème bien plus développé chez les animaux des clafles infé- rieures, que chez ceux qui font plus compofés. Nous obferverons que les fens qui s’érendent le plus dans le règne animal fout ceux qui participent le plus du toucher, qui n’en font, pour ainli dire, que des modifications ; tandis qu’on voit ceux de la vue, & de lonie s’oblitérer peu-à-peu en defcendant l'échelle des produétions de ce règne, & difparoître enfin chez les animaux les plus fimples (4). Il eft, chez tous les êtres organifés , une force fingulière pour laquelle ils paroiïffent uniquement deftinés , puifqu'ils languiffent & périflent lorfqu'ils ont rempli le but qu’elle exige. C’eit celle de la reproduction , propriété qui rend immortel le polype, la moindre moulfe ainfi que l’homme, quoique les modes en foient fi divers dans l’admirable fécondité de la nature. Les vers ont deux modes principaux de reproduction, celle qui a lieu par des œufs qui éclofent dedans ou dehors du corps de la mère , & celle par la divifon naturelle où mème artificielle. Peut-être quelques vers réu- niflent-ils ces deux facultés ($). Ceux qui fe perpétuent par le moyen des œufs, font où androgynes & fe fuffifent feuls (6), ou hermaphrodites, & ont befoin du concours de (1) Si les animaux font locomobiles, c'eft pour chercher leur nourriture : com- ment la trouver , s'ils n’ont pas au moins une efpèce d’odorat , qui n'eft gucres qu'un toucher particulier ? Vanfvieren aph. Boërh. de morb. infant. cité un chirurgien qui a atiré des vers avec du lait, hors du corps, ce qui eft peu croyable; mais le ver de terre cherche la terre pleine ne la fangfue va trouver fa proye , le polype même, fait pour ainfi dire la fentir , puifqu'il tourne fes bras de fon côté, & va l'atreindre dans fl fuite , fans cependant la woir, ni l'avoir touchée, (2) Au moins ceux qui l'ont, ne voient pour ainfi dire pas. Swammerdam , bibl, aat. tom.I,p. 183 , dit même qu'il n'y a que le surbo littoreus (alykruik ) qui voie armi les mollufques univalves ; les bivalves font privés d'yeux. (3) Ce font des points noirs , fimples comme les yeux des acarus & des podura. (4) L'efpèce de vue qu'ils ont n’eft qu'un contact des rayons lumineux fur une peau très-fenfible au toucher. e ; ù (5) Voyez les expériences de Bonnet fur des vers d'eau douce. Peut-être les ranias ont-ils cette faculté , ainfi que les hydatides. L : 3 (6) Sans doute les senias , voy. Werner (brevis expofit. verm. inteft. in-8. Leipfc. fig. 1782.) La plupart des vers pourvus de foie , & peut - étre tous , excepté les dombrics & les naïdes. deux Ed #2 RON ON UE NOR ES À MA k HS + ET 4 D'HISTOIRE NATURELLE. 417 deux individus (1 ‘ou enfin ont chacun un feul fèxe (21. Les uns font encore ovipares, & les autres quoiqu'ayant des œufs , font des petits vivans. Ceci a fouvent lieu dans les mêmes genres (3): 4 é On avoit autrefois gratifié un d’entr'eux (4) de l’admirable propriété de revenir à la vie après une mort ou une deflication (5) aflez longue; mais cette faculté paroït un peu mieux atteftée pour quelques efpèces de vers infufoires (6). Quelquedifficulté qu'il y ait à admeure ce fait, il me femble qu'on ne peut au moins fe refufer de le croire pour plufieurs végétaux cryp- topgames (7). Cette réfurreétion d’un corps organifé, après une mort quel- quefois très-longue (8), eft unide ces phénomènes de la nature qu'on ne peut trop étudier. Il femble indiquer une vie aufi fimple que l’organifation de ces êtres. Cependant cette organifation fi fimple s’'aflimile des corps étrangers (9), elle fe reproduit, elle exerce enfin toutes Jes fonétions vi- tales. 11 fembleroit que dans ces corps, la vie ne feroit que l’aétion d’une machine organifée, qu'elle n'en feroit point difinéte, qu’elle dépendroit de fon concouts harmonique , mis enjeu par les fluides qui fe trouvent chez tous les êtres vivans , qu’elle difparoït lorfque ces Auides n’y font plus, ou que l'organifatic tion éprouve quelques dérangemens. Les organes de la génération font , dans la plupart des vers, d’une très- grande fimplicité, dans d’autres ils fonc plas compliqués. Ce font ceux des hermaphrodites. Ils confiftent en deux ovaires & un uterus (10) pour les parties femelles, & une ou deux (11) verges avec des vailleaux fpermati- Li R ; « (1) Les fangfues , les lombrics, &c. (2) La plupart des vers inteftins , excepté les fufcioles qui ont les deux fèxes, & les zenias, &c. Plufieurs font vivipares. Quelquefois le mâle habite dans un animal & 1a femelle dans un autre , comme quelques échinorhinques. (3) On voit auffi cela chez les infe@es, les genres mufca , aphis , comme chez les eucullans , les afcarides , les gordius , &c. - (4) Le gordius aquaticus. L, (5) Aucun être organifé ne peut être deffeché fans mourir, quoiq#il foit poflible qu'il reffufcire. (6) Quelques vibrions , voyez -Wrisberg, obf. Roffredi, Jour. Phyf. 177$ , janvier s mais Müller , anim. inf, præfar. , allure , & je crois avec raifon que ces étres ne fe deffe- chent pas totalement fans périr & fe difoudre, ySpallanzani laife du doute fur cet objet. (7) Necker a dit que des mouffes pouvoient revivre après 100 ans de deffication. Les trémelles ont aufli la faculté de revivre , & peur-être beaucoup d’autres cryprogaines. (8) On peut fe convaincre de ce fair fur les moufles, &c. Fraucklin a vu revivre des mouches après une longue afphyxie; Baker , aufli un fcarabé, &c. Je ne voudrois pas certifier l'hiftoire de ce ferpent qui reffufcice , dont parle Bourguet. (9) Leurs alimens, , (10) Le nombre des uterus fuit ordinairement celui des organes mèles ; mais il n'y a toujours que deux ovidudus. (1) Voyez Duverney & Tyfon, philof, tranf, pour la fangfue. & l'afcaride. Tome 1V, FRIMAIRE an7. Hhh 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a ques pour les organes mâles. Dans quelques efhèces la verge patoît fruit en fe déretournant comme un doigt de gand (1). Les œufs éclofent, foir dedans, foir dehors du fein maternel. Dans les vers androgynes, on ne trouve pas d'organes mâles de géné- ration ; mais on voit des œufs, foir dans des ovaires (2), foit nageans dans une liqueur particulière (3). Tels font la plupart des vers à branchies , & les tænias , Ces animaux me paroïifent donc fe fuffire à eux - mêmes , ainfi que les mollufques acéphales. Entn le dernier mode de reprodu@ion , le plus fingulier de tous, eft celui par divifion (4), foir naturelle, foit artificielle. Certe manière ne pa- roit pas même circonfcrire comme les autres dans des genres & des efpèces déterminés , mais elle paroït commune à plulieuts de ces animaux (;). Le célèbre Müller a découvert cette propriété dans les naïdes, cependant on en avoit déjà parlé avant lui (5); mais on ne regardoit ce fait que comme analogue à ceux que piéfentenr plufieuis animaux de cette clafle (7), & non comme une manière de fe reproduire. Voilà donc une propriété qui femble unir les vers avec la famille des animacules infufoires (8)#Mdont plufieurs fe pervétuent de même (9). Ainfi ce font les animaux lessplus petics , des arômes vivans , pour ain! dire (10), auf nombreux que le fable des rivages £ (1) Je l'ai vu dans la fangfue , cela eft moins vifible dans le /ombric. (2) Les tænias. On voit auf les œufs de quelques néréides fur leurs tentacules, cela femble être une réproduétion extraordinaire. (3) Les aphrodites & les oenres voifins. Il faut noter que Lifter dans fa grande con- chyliologie , table $ ou 6 de l’anatomie des coquillages (in-folio ) , a trouvé les œufs de la mou'e dans fes branchies. Cuvier a vu aulli ce fair. On fait au refte que les mol- lufques bivalves, animaux plus compofés que les vers, font auffi androgynes. On voit même une liaifon entre ces deux clafles. Swammerd , bibl, nar. F, tab. 4, f. 6; tab. 6, fig. 1, a aufli décrit le cerveau de la moule que Lifter lui a nié, p. 149. (4) Das la largeur de l’animal , mais il ne paroît pas qu'elle puiffé réuffir en fendant l'animal longitudinalement ; cependant,ceci a lieu pour beaucoup d'infufoires , fpontanément, (5) Le lombric varié (e régénère ainf , quoique fes congénères foient ovipares. Il paroîc qne les renias ont aufli cette faculté; Müller l'a nite pour les gordius, chez lefquels on a dit lavoir trouvée, Il faut obferver que certe force reproduétive varie en raifon des circonftances. (6) Trembley poly. d'eau douce mém, 3. Réaumur inf. tom. VI , préface. Bonnet obferv, 21. Vers d'eau douce. {7) Tous ceux qui régénérent leurs parties amputées. Les /ombrics , les renias, les gordius des néréïdes, &c. (8) Les vibrions, &c. ont une figure vermiforme. (9) Müller iufuforia pañlim ; ils fe divifent fpontanément. (10) Les monades {ont fi petires , qu’on a de la peine à les voir avec Jes’plus forts microfcopes. Il yena fans doute de plus petites encore, | tt D Wu : [EERE > ’ : et = d + - : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 419 qui nous offrent ces curieux phénomènes ! Combien d’autres voilés à nos yeux & dérobés à notre admiration ! : En général , les vers jouiffent de la faculié de régénerer les parues qu'ils ont perdues , ou qu'on leur a amputées {1) même plufeurs fois (2), fans en exceprer mème les plus effentielles à leur vie (3); cependant il ÿ a plu- fieurs efpèces qui paroiflent privés de cet avantage ; ce.font la plupart des vers à branchies (4) , ainfi que des vers inteftins(s). Certe puiffance régénératrice des animaux les plus expofés à leur deftruc- tion ; à canfe de leur foiblefle, dépend beaucoup , & de la chaleur du cli- mat , & de la nutrition ; l'hiver qui plonge ces êtres dans l’engourdiffemenr, fait ceffer cette force, ainfi que l’aflimilation qui lui donne naiflance (6 ). L'action aflimilatrice eft dus, comme on fait, à la force vitale. Celle-ci paroïc être très-confidérable chez les claffes les plus inférieures des ani- maux , elle femble s’accroître en raifon de leur foibleffe ; elle eft peut-être égale, proportion gardée , à celle des plus gros animaux , quoique ceux - ci l'ayent beaucoup plus compofée. En effet , il parcitroit que la quantité de vie devroit fe mefurer par la force de réproduétion prife dans fa plus grande latitude, & par celle d’aflimilation qui femble être te principe de celle-ci. Sous ce point de vue, qu'y a-t-il de plus prolifique & de plus vorace que tous les petits animaux, fi on les compare proportionnellement aux grands(7)? Ne voit -on pas auffi augmenter l'irricabilité dans l'échelle des animaux, à ame (1) Voyez les expériences de Charles Bonnet. On a éprouvé ceci fur des'animaux bien plus compofés. Ælien dit que la fèche refaic fes bras dévorés par les crabes. Ziegenbalo, mathématicien de Copenhague , né à Tranquebar , avoit eflayé de couper la rêre aux limaçons en 1754: ( Voyez le Mercure danois de cetre année , février ) , avant Spal. Janzani qui l'eflaya en 1768. On connoït la force reproduétive de plufeurs reptiles, & erfonne n’ignore ceile des hydres ( polypes d'eau douce }), & des aéhinies ( anémones si mer ). (2) Voyez Bonnet, &c. Réaumuy fur les pattes d’écrévifles, Bafter , {ubcciliva. (3) Comme la tête; on a vu des Vers en reproduire deux au lieu d’une. (4) Ce ne font pas tous. Dicquemarre a vu des vers à tuyaux reproduire aufh leurs parties coupées. : (5) On n'a pas encore d'expériences direGes à ce fujer. Peut-être fe dragonneau re- pouffe-t-il une tête lorfque fa fienne eft caflée. Mais il femble que plufeurs autres vers inteflins meurent fans reproduire leurs parties, excepté les tænias. (@) Quand les vers mangent beaucoup , ils reprodnifent promptement ; mais l’aétion. digeftive de leurs inteftins a befoin du ftimalus d’une douce température. Les obfer- vareurs du Nord femblent avoir néglioé en partie ce fair. (7) La chenille mange plufieure fois, fon poids eu un jour, auffi le papillon fait un grand nombre d'œufs ; les poiffons aufi qui font très-voraces & très-féconds. Mais on oblerve très-bien ce fait fur les kyares (polypes d'eau douce ). Voyez Trembley & Roëfel armpolyp. Blumenbach & Lichrenbere , &c. Hhh2 410 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mefure que le fyftème nerveux diminue (1)? & ne femble-t-elle pas le remplacer en quelque forte (2) ? Si tous les animaux paroiffent avoir une quantité égale de vie, mais pro- poitionnelle à leur malle ,il ne me femble pas eu être de même pour f« durée, Je ne la crois pas longue dans la clalfe des vers , puifque ces ani- maux croiffent vite lorfqu'ils trouvent une nourriture fufhfante , & qu'ils font très-Féconds (3). Cependant ils ont une plus longue exiftence que quel- ques infeétes (4), La plupart des vers vivent en troupes (5), & ne font folitaires que par hafard. C’eft par ce que ces animaux font foibles par leur organifation, & wès-prohifiques (6). leur vie Et erés-renace , ce qui paroït êwe dû à ce qu'ils n'ont pas, à proprement parler, un centre commun de vie, mais qu'elle femble répandue dans toutes les parues de leur corps. Les vers habitenc foit dans les eaux, foit dans l’intérieur des animaux , quelques-uns s’enfoncent auffi dans la terrre humide (7): Nous avons vu que tous les vers à branchies étoient habitans des mers (8) ; on y trouve auffi les néréides & les fyphons. Les naïdes , les fangfues , quelques lom- biics, les dragonneaux , les planaires vivent pour la plupart (c) dans Les eaux douces, vafeufes & tranquilles. Enfin toute la famille des vers inteftinaux eft deftinée à vivre toujours (x) Cela s'apperçoit en commençant par Îes repriles qui ont déjà une très-grande irrirabilité, Selon Swammerdam (bibl. nat. tom. 2 ad finem ). Elle eft très-grande dans les mufcles des infcétes où elle (ubffte long-temps après la mort. (2) 1 me femble qu'il y a toujours quelque molécule nerveufe chez les animaux qui n'ont pas de nerfs vilibles. Chez ceux-ci lirritabiliré crès-forte pendant la vie, eft bientôt détruire à leur mort; ce font les radiaires & les zoophytes. (3) Les animaux qui ont beaucoup de fécondité vivent peu. Si les poiffons fem- blent déroger à cette règle, c'eft que la nature ne compte pas la quantité des germes mais feulement ceux qui naïflent ; & l'on fait combien il péri d'œufs chez 25 animaux. (4) Les diprères , mais plulieurs familles d'infectes vivent long-temps , fur-tout les cruftacées, L'éphémère vir trois ans dans la terre avant que de venir périr en un jour [ous fa dernière forme. (5) Dionis dif. fur tænia, in-8°, Paris 1749, & Bloch, hift, des vers, ont prouvé que les rænias n'étoient pas foliraires (6) Les animaux tiès-féconds vivent ordinairement en troupes, à moins qu'ils ne mauquent de nourriture, (7) Des lombrics , quelques naïdes , &c, (8)_Les vers à tuyaux font ordinairement enfoncés dans Je fable. Voyez Réaumur mém. acad, fc. Paris , 1711, p.136. 4 (9) On voir quelques efpèces des trois premiers genres vivre dans la mer. Aucun ver d'eau douce ne fe plaît dans celle qui elt crop agitée; mais tous aiment à ramper paifiblement dans la vale. 11 \ , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 421 dans le fein des animaux qu'elle dévore (1). La nature a formé des ani- maux parafites pour ne laiffer perdre aucune fubftance nutritive , & pour em- ployer à la vie d'êtres fenfibles , tour le fuperflu qui pourroit exifter. C’eft de-là que tirent leur fubfiftance , ces légions inombrables d’infeétes & de vers qui épuiferoient les richcffes de la nature, fi elles n’étoient iné- puifables (2). Toutes les claffes du règne animal font la proie des vers inteftins ; cepen- dant la clafe entière que la nature a pourvue d'un fang blanc (3), femble en être plus épargnée, Les poiflons font les plus tourmentés de ces êtres pa- rafites (4), qui habitent généralement dans toutes les parties molles des corps (5) , quoique chaque efpèce affecte un lieu déterminé. oit que ces vers tirent leur origine du dehors, par des œufs, foir d’une autre manière , il eft bon d'obferver qu'ils meurent peu de temps après qu'on les à fair fortir des corps qu'ils habitoient (6); ils ne peuvent même changer de domicile fans périr (7). Ils femblent donc ne devoir jamais vivre hors du corps des animaux , la nature paroït y avoir placé leurs germes, leur avoir fourni les moyens de s'y développer & d’y produire d’autres êtres héritiers de leur voracité. En eflec ils ne font point digérés, quoiqu'ils s’avancent quelquefois jufques dans l’eftomac, leur peau coriace (8) & enduite d’une fubftance muqueufe , leur vie tenace qui lutte fans ceffe contre l'action digeftive, les en défendent. 11 paroïit même que pluleuts autres (x) Il faut obferver qu'aucun ver inteftin n'a d’yeux ;d’ailleurs toute leur organifation indique qu'ils ne peuvent vivre autre part, (2) La nature qui femble imorte l'hiver, n'ayant rien alors de fuperflu, à formé ces animaux de forte qu'ils fe paflent de nourriture. Il faut excepter de ceci les vers inceflins qui ont toujours de quoi vivre, & qui font d'ailleurs dans une température toujours à-peu-pres égale. (3) Ces animaux font irverrébrés. Peut-être recèlent-ils autant de vers inteftins que les autres , & qu'il ne nous en manque que l’obfervation, (4) Pourroit-on préfumer de-là-que ces animaux tirent leur origine de l'eau? IIs fe trouvent très-fouvent auffi chez les quadrupèdes , les oïleaux & les repriles aquatiques, Mais ces animaux ne font pas les feuls qui en ayent. (5) On a même trouvé de vers dans les yeux de quelques chevaux vivans. Voyez Phi lofoph, tranfaét, of American fociety,tom. Il, n°5, 2 & 3, par Morgay & Hcpkinfion, en 1786, (6) Voyez les expériences de Bloch , hift. des vers. Redi en a fait de femblables 4 mais dans une autre vue. (7) Bloch, sbid. Si on les fait avaler à d’autres animaux ils font digérés. I1-eft vräi qu’on pourroir peut-être renter ceci [ur des animaux de la même efpèce, avec fuccès; il faudroic auffi les introduire , foit en œufs, foic par une autre voie que celle de l'eftomac. 2 (8) L'épiderme de tous les corps vivans qui en font pourvus eff: indiffoluble , méme à plufieurs agens chimiques , comme l& prouvé Chaptal pour les peayx animales, Celle des fruits ne peut fe digérer affez fogven:. = Vu 2 + «22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE animaux peuvent aufli vivre dans le canal inteftinal ; il eft difficile de ré- voquer en doute tant d’obfervations fur des larves d’infectes, des infectes parfaits , même des crapauds & des falamandres (1), &c., qu’on dit y avoir vécu. Il ne me paroît cependant pas que ceux-ci puilfent vivre chez les animaux carnivores (2) dont les fucs digeftifs font fi puiffans & fi énerpiques. Les fibres mufculaires des animaux font d’autant plus fèches & plus folides à mefure qu'ils refpirenr davantage (3). Ceux qui refpirent peu font ou très-oras (4) ou très-muqueux (5), & enfin ceux qui femblent ne pas refpirer n’ont , poûr ainfi dire, point de fibres (6), ce n’eft qu'une malle gélatineufe organifée , qui n’a pas même en propre une liqueur qui lui tiénne lieu de fang (7). Auîi le mot d'animaux à fang blanc ne leur con- vient pas comme celui d’invertébres. Nous avons dit que les vers fe nourriflient par la fuccion (8), & qu'il y en avoit peu qui fuffent armés de dents (9). Mais aucuns n’ont de vraies mâchoires, aufli ne vivent-ils que de matières liquides (10). Ceux qui habitent dans les eaux avalent des animalcales , des débris de végé- taux, &c., & ceux des animaux fe gorgent de leurs humeurs noutriffantes. ainfi aucun animal ne peut vivre de pures fubftances incapables d’orga- nifation , telles que de terre, de pierres, &c. Îl ne faut pas croire que le lombric , ainfi que plufeurs autres corps vivans (11), s’en nourriflent, (x) Voyez Valmont de Bomare , diét. hift. nat, , &c Jour. Méd. 1779 , mai, &c, Il y a une grande foule d'auteurs qui ont parlé d'infeétes rendus par des hommes. (2) Il faut en exceprer les vers, car on en trouve chez eux, (3) Gela fe voit chez les oïleaux. 4 j (4) On apperçoit déjà ce fait dès les quadrupèdes aquatiques qui font fort gras ordinairement, les cétacés aufli , enfuite les poiflons ; enfuire les animaux invertébrés. Le fyflême de la veine-porte fur -tout eft gras chez les animaux à fang rouge, (s) Les mollufques & les vers font fort muqueux, Ilne paroît pas qu'on trouve de vraie graifle chez tous les invertébrés , mais bien quelquefois une fubftance un eu oléagineufe. Mais on y trouve abondamment des matières muqueufes. s (6) On n’en voit pas de véritables chez les zoophytes qui n'ont, comme on fait, aucun vrai otgane refpiratoire , à moins que le gaz oxigène , mé/é a l'eau , ne leur ferve allez fans cela. (7) La liqueur qui fe trouve dans ces animaux eft la même que celle dans laquelle - ils nagents mais elle eft quelquefois chargée de leur fubftance nutritive. É (8) Durondeau a obfervé que la fanglue ne pouvoir fuçer dans le vide, Journ. de Phyfiq. 1782, oétob. , p. 291. (9) La fangfue & la myxine. Ces dents leur fervent pour percer des corps qui’ conticunent_ des fluides :qu'ils: [ugent. À soi k rt à (10) Quelques-uns onc même une efpèce d&probofcide , & des piftons, cerqui maïque qu'ils me peuvent avaler des corps durs. 4 iqte 11) Larves de upules. Réaumur, V, p.12, d'éphémères , Swammerd. Bibl. nat , P. 249) d’Afile, p. 660, Les glands de mer, Bonanni, p.237. Les vers marins, Kalm, tes) ei L \ À - ñ : * s = TA TA CPU RE | AE Lo 'arst t l'A d Sr De | mi az: | #4 Fe ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 413 Tout ce qui n'eft pas fufceptible d’être changé, décompofé, affimilé par l'acte de la vitalité, eft incapable de fervir d’alimens. Si les /ombrics avalent de la terre , ils la rejettent toute entière, mais en féparant , par la digeftion, tout ce qui peut les nourrir (1). Si les vers ne mangent pas pendant l'hiver, parce que l’action fédarive du froid encourdit l'irütabilité de leurs inteftins , ils peuvent vivre long- temps aufli fans prendre de uourriture (2), mais ils fe dédommagent amplement lorfque l’occafon s’en préfente. Au refte la faim des animaux dépend autant de leur accroiflement & de leur reprodaétion , que eux-ci dépendent d'elle. Ainfi on voit les larves d’infectes manger beaucoup (3), car elles croilfent en général fort vite. Les vers paroilfent au contraire avoir un accroiffement moins prompt, à moins qu'ils ne fe trouvent dans des lieux abondans en nourriture. On peut remarquer encore-que plus les animaux font bas dans l’échelle des êtres (4), plus ils foutiennent facilement une longue abftinence (;), & parmi eux, les vieux la foufftent plus long-temps que les jeunes, 1 femble qu’en vieiliffant ils defcendent dans l'échelle du règne animal. La plupart des vers qui ont des branchies, & plufeurs de ceux qui ont des pieds fe font des fourreaux , qui ne paroiflent leur fervir que comme un afyle contre leurs ennemis. Ces fourreaux font, ou de terre (6) , cu d’une fubftance olutineufe (7) qui fuinte de leur corps, & qui quelquefnis fert à coller enfemble des fragmens de coquillages, de fable, &c. comme —— tom. 2, p. 10$. Valifneri, tom. 1, p. 243 , pour les poiypes marins. Borelli pour les tellines, &c., ont dit qu'ils vivoienc de terre 3 mais Lyonner, théol, inf., p.258, le nie, (@) En effer, ils choififfent la terre la plus chargée de débris de fubftances vézé- tales ou animales , ce qui a fait croire qu'ils mangcoïent les animaux morts , mais ils ne peuvent cn avaler que de petites parcelles. Si les vers indiquent une bonne terre , ils l'amaigriflent auf, (2) Plempius dir avoir confervé des fangfues pendant troïs ans dans de l'eau fans leur donner de nourriture. De valetud. togac. p. 237. Peurérre vivent-elles des ani- malcules de l’eau. (3) Plus que les infe“es qui n'ont plus à croître, & dont plufieurs ne mangent pas dans leur état parfait. (4) Il faut en exceprer ceux qui ayant befoin de croître promptement , font forcés de manger beaucoup. (5) Il far exceprer, par la raifon précédente, les larves d'infe@tes & plufieurs poiffens. Cependant ce fonr les perits animaux qui font les plus voraces. (6) Comme quelques /ombrics aquatiques , &c. (7) Ce gluten eff infoluble dans l'alkoo! , dans l’eau , dans l'acide acéteux diftillé; mais l’ammeniaque le diffour. Pallas mitc. zool, , p. 122. , , 424 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ceux des larves de friganes (1), ou enfin de carbonate de chaux (2), comme chez les mollufques teftacés. Mais les vers n’adhèrent pas à leur fourreau, comime ceux-ci, & peuvent même en forur, RO Re Ne Rai ee COSRETUS @0N OI EN DELNANIIEUS armavit natura CULEM cesse sens (3)e S'il ne faut pas une grande chaleur pour détruire les vers , ils foutien- nent très-bien un grand froid (4). Ils ont cela de commun avéc tous les animaux à fang froid. Les vers font très- fenfibles aux divers états de l’armofphère , ainf que tous les animaux à peau nue (5). Cette fenfbilité fe remarque fur- tout chez ceux dont la chaleur eft wès-peu élevée. Auffi fe cachent-ils tous pendant J'hiver (6). L'état éleétrique de l’atmofphère a une aétion puiffante fur eux auffi (7). Comme elle agit principalement fur leur irritabilité (8), on les voit dans une forte d’accablement , ou de lipothymie à laquelle ils fuccombent fou- vent (9). Ne pourroit- on pas employer avantageufement la commotion éleétrique contre les vers qui infeftent le corps humain ? Les vers lancent fouvent , au milieu des ténèbres, un éclat phofpho- GEI 50 ES AD (1) On pourroit prendre ceux-ci pour l'ouvrage de quelques vers, fi les friganes n'habitoient pas les eaux douces exclufivement , & ces vers, la mer. (2) IL prend la forme du corps de ces animaux, comme chez les mollufques , &, comme chez eux , eft enveloppé d'un mucilage qui lui fait prendre forme. (3) Claudianus , epigramma 6. (4) Jean Leon Fifcher , dans lPhift. des vers de Paul Chrift. Werner , art. tænias dit qu'une efpèce réfifta 8 jours à la gelée. Voyez auffi Redi & Andry , &c. On a vu auffi des larves d'infeétes réfifter à des grands froids; Müller aufli chez des infu- foires, Quelques vers foutiennent affez de chaleur, tels que les renie brama ( cyprini), que Rofen a vus vivans dans cet animal cuit, (5) Les fangfues , les anémones de mer, ou aûinies , font des thérmomètres vivans, Voyez Bonnet & Dicquemarre. Aufli on peut s’en fervir pour baromètres , car elles indiquent Ja pluie, le vent, &c. Si l'homme vivoit nud, il connoîroit beaucoup mieux l'ätmofphère. - (6) Depuis les reptiles jufqu’aux polypes. On voit même des mammifères s'engourdir comime eux. (7) Lacépède penfe qu’elle anime les reptiles. Elle agit tout différemment chez les vers. Humboldt à déja eflayé l'aétion galvanique fur eux. (#) C'eft [ur -tout la commotion qui détruit la contraëtilité des fibres , mais l’élec- tricité fimple n'a pas cette ation fur les animaux plus compofés feulement. Voyez Fontana , rich. philof. fopra la fifica animale. Bertholon , &c. (o) Sur-rour dans les temps d'orages , lorfque l'éle&ricité eft forte, Prefque tous les animaux , même l'homme (Journ. Méd. 1782 , &c, par Huzard) , font fenfibles aux orages. Les oifeaux aquatiques , les poiffons, les mollufques , les vers, les zoo- phyces, &c. - : rique , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 rique, ce font fur-tout ceux qui ont des organes du mouvement ( 1 ); ce qui fembleroit y indiquer une organifation particulière. Cette phofpho- refcence n'indique pas que ce foit une vraie fubftance de la nature du phofphore; car il eft une remarque qui par la fuite pourra porter un grand jour fur l’économie des animaux à fang blanc; c’eft qu'il n’y en a aucun qui air de vrais os de phofphate calcaire. A1 eft vrai qu'ils fécrètent par leur peau du carbonate calcuire, & cette terre paroït même fe trouver en petite quantité chez les infeétes (2); mais on n’a pas encore trouvé jufqu’à préfent, chez tous ces êtres, de l'acide phofphorique. On fait que la phofphorefcence des mers eft due à la zereis noëiluca. L. Rigaut, Nollet, Grifellini, Fongeroux, Rurrle , Vianelli, Newland, Spallanzani, O. Müller , O. Fabricius, Linné & Dicquemarre , l'ont démontré. Cette ‘phofphorefcence tient à l'action vitale, puifqu’elle difparoît avec elle, Elle en fuit les diverfes phafes , & dépend peut-être , comme on l’a cru, d’une veritable combultion. La couleur des vers qui ont des branchies , a fouvent un éclat métal- lique & changeant (3). Les autres vers n'ont aucune teinte qui foit géné- rale, excepté les vers inteftins dont la couleur eft pâle, & qui font, pour ainfi dire, cacheétiques. Enfin , quoique les vers foient en général des pe- Hits animaux, on en a cependant vu d’une longueur très-confidérable (4). Nous ne favons pas encore tout fur l’hiftoire des vers , hiftoire qui pré- fentera des faits curieux lorfqu’on les connoîtra bien , mais à préfent : Caliginofà noëte premi: Deus, (1) On ne voit cela que fur plufieurs animaux de nos deux premières divifions feule- ment. On l’a obfervé récemment fur ie lombric. (2) Thouvenel, diff, fur l’acide formique & fur les cantharides , a trouvé dans les infeétes du ruriate calcaire. Ainfi la chaux paroît commune à tout le rèone animal , mais non pas l'acide phofphorique. ; (3) Ony voit l'azur, la pourpre, l'or , &c., y briller fans cefle. Les néréides ont auffi de ces couleurs, quoïqu’elles foient privées de branchies extérieures ; mais on peut dire que ce font prefque tous les vers marins. (4) Un dragonneau de plus de 29 mètres. Medic. Eff:ys of Edimb. , vol. 6 , p. 309, art. 75. Un tænia de 240 mètres, Bartholin , a&@. hafn. 2 , obf. 47. Hartfoëker en vit nn de 6$ mètres. Boërrhaave un de 4$ mètres. Voyez Pline, Andry, Bonnet, Tyfon, &c. Un dentale d'un mètre & 3 décimèrres dans mém, nouv. acad, Pétersb. 1764, p. 352.— Ce que Rondelet appelle, d’après Elien, fcolopendre cétacée, & qu’il donne pour un grand céracé , gros pour Îe moins comme une baleine, me an une méprile. On ne peut guères douter que ce ne foit un aphrodie ( qui font féracées ) ; l'erreur paroït due à la manière d'écrire fétacée. Je ne crois pas qu'Elien ait employé en grec le mot #'#rce, Cete. Strandberg a dit qu'nn tænia , dans le cours de cinqjans & demi , eft grandi de plus de 800 mèrres,ÿ Tome IV. FRIMAIRE an 7. lii 4:26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SET Nous allons nous occuper plus paiticalièrement, dans cette feconde partie , de quelques efpèces de vers qui intéreffent la médecine & l'homme de plus près ; ce font fur-tout de ceux qui vivent dans fes entrailles , & qui fe gorgent de fes humeurs ; ss... Znterno cum mvifcere tania ferpens ; Et lumbricus edax vivant inimica, creentque, Quod genus, affiduo laniat precordia morfu : Sœpè etiam fcandens opptetis faucibus haret ; Oëfeffafque vias vite pracludit anhele (x). L'homme, dès fa naiffance , eft attaqué des vers ; on a même vu des en- fans naillans en rendre avec leur méconium (2). On ne connoît guères que douze efpèces de vers, environ, qui attaquent l’homme , encore ne fe trouvent-ils pas tous dans tous les climats qu’il ha- bite. Nous ne comptons pas ici cette cohorte d'animaux microfcopiques , & d’infectes qui viennent l’affaillir, foic que la nature leur en ait pour ainfi dire donné l’ordre (3) , foit qu'ils y aient été forcés par le hafard (4). Les vers du corps humain peuvent fe divifer ainfi : vers cylindracés ; Filaria medinenfis. Afcaris lumbricoides. Afcaris vermicularis (5), & eri- chocephalus hominis. La feconde famille eft celle des vers plats :le renia folium , le r. vul- garis , qui ont des crochets à la rète; le senia Lata, le r. dentata, qui en font dépourvus; enfin la fa/ciola humana. La troifième fection renferme les Aydatis (6) vifceralis , & l’hydatis cellulofe. Enfin la dernière ne com- prend que la furia infernalis, qui eft pourvue de foies & qui n’habite pas toujours dans le corps humain (7). (1) Quint. Serenus Sammonicus de medicinà. (2) Hippocrates de morb. inf. , lib. 4. Gafp. Wolpius ebf. Bloch eingew, &c. Ce dernier penfe de-là que les germes des vers font coexiftans avec les animaux, mais qu'ils ne fe développent que dans certaines circonftances , & qu'ils fe vranfmerrenc par la génération des corps où ils vivent. (3) En les organifant dans certe vue. (4) Comme ces larves d'infeétes qui vivent ordinairement dans d’autres lieux. Voyez Andry, Redi, Vandoëveren, Bianchi, Clerc, Valifneri, Van-Phelfum , les Journ. de méd., &c. (5) Le crinon eft peut-être un ver. Je ne l'ai pas vu, & routes les defcriptions & les figures qu'on en a données ne lui donnent pas le caraétère des vrais vers. (6) Voyez la defcription du genre ci-après. (7) Je ne prérends pas faire une hiftoire complète de ces vers , mais en donner une connoiflance [ufifante , & en rapprocher les faits les plus intéreffans. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 427 Les afcarides ont une tète en trèfle, un corps cylindrique qui devient plus mince aux deux extrémités qui font obrufes ; il eft glabre & ferme, même élaftique. L'afcaride lombric (1) eft un ver long de 2 décimètres, qui fe diftingue du ver de terre par le défaut de foies (2) & l'habitation. Il a peu de rides tranfverfales, ainfi que l'ouverture de l'anus. Redi, Edw. Tyfon (;) & Chabert (4) nous en a donné la difleétion. Son intérieur diffère de celui du verre de terre. Il a un inteltin ample, d'une couleur orangée, formé d’une membrane fine qui contient une liqueur amère , olivâtre; on trouve enfuite un vailfeau très - long , replié fur lui-mème, & qui contient une liqueur blanche & épaifle, 1] y a deux corps ronds très-rouges, adhérens à la face interne de la peau, & qui communiquent à l'inteftin. Tyfon a trouvé plus de 10,000 œufs à une femelle, & il a fait voir les vaifleaux fperma- tiques du mâle. Ils ont chacun un fexe. La matrice de la femelle a deux cornes. Ils font ordinairement ovipares (5). Les afcarides vivent en troupes dans les inteftins grêles de l’homme. Scopoli a obfervé que perfonne n’eft plus attaqué de ces vers que ceux qui travaillent aux mines de mercure de la Carniole (6). L’afcaride vermiculaire (7) eft long d'environ 2 à 3 centimètres. Sa tête a aufli trois renflémens. Ses côtés font lévèrement crénelés ; on apperçoit plus plus aifément chez lui que chez le précédent, des vaiffeaux blancs, tournés en fpirale. Cette efpèce , extrèmement nombreufe dans l’inteftin rectum des enfans , auxquels elle caufe des démangeaifons infupportables , eft vivipare , & fe reproduit très-fouvent. (1) spoyyünos. d'Hippocrate , afaris lombricoïdes. L. Goëze , p. 63. Bloch Werner, Pallas, Van-Doëveren , Valifneri , Clerc , Odhelius , Percboom , &c. (2) Linné , fyf. nat. id. xij, part. 2, gen. 277, avoit cru devoir réunir ces deux efpèces ; maïs Swammerdam, bibl, nat, 1 , & Müller, hift. verm, helm. p. 3$ , ont fait voir qu’il en différoit. (3) Philof. tranfa&. abrig’d. tom. 3 , p. 130, fig. (4) Malad. verm. p. 15, n°. 10. Redi, anim. viv., p. 20 , tab. X. (s) Curch. Soc. med. Lond. 1785, vol.2, art, 6. Nous verrons qu'ils ne le font pas tous. Quand on dit qu’un ver eff vivipare , on entend par-là que la femelle, quoiqu’ayant des œufs, mer au monde des petits vivans, parce qu'ils éclofent dans fon fein, comme chez les ferpens vénimeux. Quelques poiffons , fur-tout les raies & les fquales ; &c., aufli chez plufieurs mollufques, &c. (6) Cela me femble dû à ce que les perfonnes qui vivent à l'ombre, font cacochymes & étiolées, ce qui favorife la multiplication des vers. En outre, on fait que le mer- cure ainfi que les antres métaux n'agiflent dans les corps que dans l’état d'oxide ou de fel. (7) Afaris vermicularis | L, Goëze, Andry , Phelfum , Bianchi, Happ, Pallas, Aldrovandi , Van-Doëveren , &c. Stephanus Coulet, de afcarid, in-8. 1729. Leyd. Re 428$ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHFMIE 11 paroît qu'il y a encore d’autres efpèces d’afcarides chez l’homme (1), mais qu'on n’a pas encore obfervé. La plupart de ces fortes d’occalñons fe préfentent à des perfonnes qui n’y font pas trop d'attention, allez fouvent. À Le dragonneau (2) eft un ver filiforme, qui refflemble beaucoup à une corde à violon. Il eft d’un blanc pâle. On lui voit, à la partie antérieure, une bouche arrondie, ouverte en forme de concavité. Son corps eft très- liffe & égal; fa grandeur ordinaire eft de moins d’un mètre (3). Habitant des climats ardens de deux Indes, on ne le voit prefque jamais dans nos contrées (4). Cet animal eft connu depuis long-temps ($) ; on en voit quel- quefois plufeuts dans un feul homme. On eft porté à croire que ce ver n’eft pois originaire dans ceux qui en font attaqués (6). On croit qu'il fe trouve foit dans les eaux, foit ailleurs (7), & qu'entrant dans le tiflu cellulaire, il caufe de vives douleurs. Si cela étoit, 1] faudroit le féparer des vers inteftins, & le reporter près de la furie, avec laquelle il auroit quelqu’analogie pour les habitudes (4). On fait qu’on extrait ce ver en le roulant autour d’un bâton , peu-à peu ; s’il cafle , il caufe de violentes douleurs. Au refte, cet animal paroît avoir une grande analoëie avec le gordius aquaticus, & a peut-être le même mode de reproduétion (9). On a employé contre lui, avec fuccès , une diffolution dans l’a!kool de muriate oxigéné de mercure (10). (x) Ceux trouvés dans des abfcès , &c. Il paroît qu’on en voit qui ont des pieds, Voyez Werner , fupplementum ad br. expof. verm. inteft. in-8. fig. Léyd. 1782. (2) Filaria medinenfis, L. Gmelin. Welchius de venà medinenf. Kempfer. Brugnière, p. 89, n°. 3. Sloane Jamaïca , tom. 2 , p. 190. (3) Nicbuhr Befchreibung von Arabien , tom: I. (4) On prétend cependant que l'empereur Henri V en mourut. (5) Plutarch., lib. 8 , fympof, » , & Agatharchides. (Voyez Photius bibl. ) de in- colis maris rubri. Avicenna ; Galenus, Aétuarius meth, med, , cap 16. Paulus Æoineta!, Hieronymus mercur. Welfch apud Ludolf. Chardin , tom. 2. Pilon, lib. 2, cap. 16. Bajon , mém 10 fur Cayenne & Guiane, L'Ecriture en parle aufli. Habacuc, cap. 2 , pro- veïb. 30. Pfalmor, 118—140, &c. (6) La plupart des auteurs précédemment cités. Cramer penfe que Niebuhr s’en pré= ferva en ne buvant que de l’eau pure. Voyez aufli Chardin, &c. (7) Les hababitans du fein perfique le croyent originaire de l’eau. Il paroît qu'il fe trouve auffi fur terre, puifqu'il entre danses pieds nuds des efclaves. (8) Fortunius Licetus, de fpontan. vivent. ortu., penfe que ces ferpens brülans , dont il eft parlé dans l'hiftoire de Moïfe, n'éroient que des dragonneaux , à caufe de la douleur qu'ils produifent. On fait à quoi s'en tenir & fur l’hiftoire , & fur l'ex- lication. (9) Alexand. Bacounin, mém. ac. Turin , 1788 , dit le gordius ovipare & vivipare. On peut l’avaler impunément. La chaleur le. fait mourir, (10) Ou liqueur de Van-Swieren, 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19 Plufeurs médecins (1) ont cru devoir regarder comme une efpèce de dragonneau, ces vers qu'on trouve quelquefois, fur-tout dans les pays chauds, fous la peau des enfans nouveaux nés, & qu’on a défigné fous le nom de crinons (2), comedones, mais ces animaux font très-différens des vers. On leur a donné deux efpèces d'antennes , une queue garnie , à fon extrémité, d'un pinceau de poils , & un corps renflé à fa partie antérieure, On leur à figuré comme deux yeux, & leur corps divifé en fegmens annulaires; maisils. n'ont pas été mieux examinés. On ne fait pas même fi ce font des vrais vers , ou plutôt des infcétes ; ce que je ferois porté à croire, à moins qu'ils ne foient de l’efpèce décrite par Chabeït, fous le nom d’afaris crino . efpèce que Lamaïk range dans le genre crinon , fous le nom de crino trun- catus (5). On a obfervé des dragonneaux qui étoient devenus très-grands, peut- être ont-ils la propriété de reproduire leurs parties perdues ou amputées. Le srichure (4) eft un autre ver qui ne fe trouve guères que chez les perfonnes d’une conftitution molle, & fur-tout ch:2 les diarrhoïques (5). Il fe tient ordinairement dans l’inreftin cecum (6). Sa longueur eft de 6 à 7 centimètres; fon corps, fur-tout chez les mâles , eft fouvent contourné en: fpirale. Son extrémité poftérieure eft groffie en forme de maflue , mais l’an- térieure , où eft fa tête, eft fliforme , avec un petit nœud à la fin. Très-f- nement ftrié dans fa paitie antérieure ; il eft encore crénelé fur la longueur: de fon dos, & liffe en deffous. Il ne paroïît pas que cet animal foit bien dangereux. Il vit en troupe; fa femelle, qui eft plus mince , & qui n’a pas cette trompe capillaire comme le mâle, eft ovipare. Nous entrons dans la feconde divifion que nous avons formée ; il paroît que les vers qui la compofent font tous androgynes (7), au moins on n’en a pas encore trouvé dont les organes des deux fexes foient féparées dans * deux individus. EE SE TUE DEC TEE TEE re, (:) Daniel Horftius, lib. 4, obf. 53. Amatus Lufitanus, Kufner, Schenk, Mon- tuus , Leonelli, Reufner , Borelli, Ecr. Müller, & les act. eruditor, 1682 , P. 316, fig. ainfi que plufieurs autres qui en ont parlé. (2) Voyez la diflertatio de comedonibus. Joh. Godef. Wolf, 1789. Leipfk, in-4°, (3) Dans fes préleçons. Chabert dit que cetre efpèce cft tom bien lé dans divers. animaux , elle ne fe tient pas dans le canal inteftinal , maïs dans le tiffu cellulaire , &c.. (4) Trichocephalus hominis. L. Gm. Trichuris, Roëderer & Wagler de morbo- mucolo , p.62. Gotting , 1762, Blumenbach, natur. p. 410. Wisberg de animalc, in fafor. , p. 6. Werner, Happ., &c. (5) Voyez l'oëvrage de Roëderer de morbo mucofo. L, C. (6) Il eft plus rare dans les autres inteftins , fur-tout les gréles. + (7) Nous avons vu que pour qu’ua animal.foit androgyne , il faut qu'il fe fufife- pour fe reproduire ; c'elt le cas des douves , des tænias , & peut-être des hydarides.. 439 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIÉ La douve de l’homme (1) eft un petit ver applati , ordinairement ovale, ayant prefque toujours deux ouvertures (2). Ces animaux font demi-tranf- parens On: obferve dans leur intérieur, leurs intetins finueux, de chaque côté defquels font leurs ovaires (3). On a vu qu'il étoient ovipares. La plu- part des efpèces affectent certains inteftins d’ou elles ne fortent pas, elles y demeurent attachées; quelquefois elles perçent ces inteftins. Celles qui habi- tent dans les conduits biliaires des beftiaux leur caufent fouvent l’hydropile afcite (4). L’amertume de la bile ne fait pas fuir ces vers, ainfi que beau- coup d’autres qui s'y accoutument facilement. La douve eft un ver affez rare dans l’homme; mais les animaux ,tels que les poiflons, & les oifeaux, ainf que les mammifères herbivores , y font crès-fujets. De tous les vers inteftins, il n'en eft point de plus incommodes que la famille des tænias. Ces êtres très-nombreux n'infeftent que les animaux à fang rouge (s) , ils les tourmentent, & fouvent cachés dans des organes elfentiels à leur vie (6), ils y vivent en füreté; aufli on les voit caufer quel- quefois la mort. Ils réfiftent long-temps aux remèdes ; on les voit s’accroître d’une grandeur démeftuée ; leur vie eft tenace, leur fécondité confidérable, ils font ovipares (7) & rarement folitaires (8); ils fe trouvent moins fouvent chez les enfans (9). La forme extérieure & l’organifation interne , différentes chez plufieurs efpèces de cette nombreufe famille , oblige de la divifer en deux genres. Le premier gardera le nom de tænia, qu'il porte depuis très-long temps; le fe- cond , celui d’hydatide (10) , fous lequel font connus ces animaux. Les ha- (1) Faftiola humana. Gm. Clericus hior. lumbricor. intefl. p. 119 & 120. Van- Doëveren verm. hom. p. 54. (2) Quelquefois une feule, (3) Müller, Rédi, &c. (4) Barcholin , aét. Haffn. III, p. 133. Aldrov. lib. 7, p. 722 & 733. Aa hel- veuc. V ,p. 374, &c. (5) On n'en - trouvé encore que chez eux. (6) Le foie, les inteftins, la têre , &c. (7) On ne voit chez eux que des œufs ; on n'en a pas encore apperçu , que je fache , chez les hydarides. (8) Qnoiqu’on leur ait donné le nom de vers folitaires, ils ne le font pas fouvent; ils divent au contraire en troupes nombreufes. Bloch a vu $oo tænias dans une outarde; on a vu des hydatides rendues par milliers. Voyez Ch2rl. Dionis ditfert. fur tænia. Paris, 1749 , in-8°. Raulin a obfervé que ces vers avoient un mouvement très-vif, (9) Voyez la differtation de Cuflon fils, fur le tænia. Paris, &c Certains tænias pa- roiflent endémiqnes en certains pays , en Hellande , en Suifle , en Rufie, dans quelques- uns de nos départemens de l'oueft. Marteau les croit dus aux eaux qu'on y boit; mais la nourriture paroît y influer davantage. (10) D'édog eau, & ærd je nuis. Lamarck &#Cuvicr ont bien fenti l'utilité de la divifion des tænias en deux genres, ds bitudes de ces deux genres font auffi différentes que l’organifation qui les forme , comine chez tous les êtres vivans. Les tænias ont pour caraétères exclulifs, des articulations dans toute leuc longueur , le corps allongé , ordinairement déprimé; une rète à l'extrémité la plus étroite (1); elle eft armée de quatre fuçoirs, & quelquefois de cro- chets qui font rétra@iles (2). Tels font les deux premiers dont nous allons faire la defcription. Le cucurbitain (3) eft ainfi nommé à caufe de la forme de fes articulations qui fe féparent facilement, I paroït que chacune d’elles peut reproduire l’ani- mal entier(4), ce qui, outre leur grande fécondité, fufhiroit pour démontrer qu’il ne peut guères refter folitaire. Au milieu de chaque anneau font des ovaires difpofés en rofette (5), au milieu defquels eft un trou par où fortent les œufs. On voit plutôt ceci fur les de anneaux de l'animal, que fur les premiers qui font plus petits, & même qui paroïtroient formés plus récem- ment. Chaque anneau a une ouverture folitaire & marginale , & paroït articulé par une forte d’artrodie, Ils font plus longs , ces anneaux, que chez l'efpèce fuivente. Plufeurs auteurs ont diffequé ce ver (6), mais ils ont trop peu détaillé leurs defcriprions. J'ai trouvé dans cet animal deux vailfeaux fimples longitudi- naux cylindriques, placés près de chacun des fes bords, Ils paroifloientavoir un grand nombre de valvules très-rapprochées. Au milieu de l'anneau , entre les mufcles, il y a un autre vaiffeau longitudinal très-fin,à ramificationsalternesqui paroiffent fe rendre aux ovaires, dontles œufs font jaunâtres, aflez durs & très- petits. Je n’ai point vu d’inceflins, il eft vrai que c’étoit la partie poftérieure du (1) © Fabricius fn, groënl. verm. obferve qu'il y a quelques exceptions à ceci, Voyez le tænia dentata. (2) Ils font fur deux rangs. (3) Steph. Coulet lombr. lat. Ernft. de tænia. Tyfon philo. tranf. 1683 , n°. 146. Charl. Dionis, monogr, Felix Plater, Linné amœæn. ac. t. 2, p. $9. Andry, p. 195. Hayd, experim. p. 47. Rœderer , progr, de tænia 1760, &c., cft le rania folium de L, Gmelin. (4) Valifneri opera p. 177 , d'où il avoit conclu que les tænias étoient une chaîne de plufieurs animaux. Emm. Kœrig vit un anneau de ce ver , mis fur la main, près d’une goutte de lait, fe traîner tranfverfalement , & fortir une trompe d’une ligne & un quart de longueur , de fon mammelon latéral, pour fuçer le lait, (5) Bonnet, tænia oper. tom. 2, p. 6$, in-4. Pallas inf. viv. p. 38. Bat{ch, p, 117. Olaüs Borrichius , Andrien Vali{oeri , Spigelius, Ant, Von-Leeuwenhoeck , &c. (6) Tylon philof. rranf. ibid. tab. 1 & 2. Sennert oper. Tulpius , obf. Spigelius, ibid. Thom, Bartholin , Olaüs Borrichius , z4. Ant. de Heyde, & Winflow ; celui-ci fur- tout y a trouvé un vaiffeau longitudinal au milieu de l'animal ( ce qu’on voit en rCgar- dant au travers de la lumière ), il communique avec chaque articulation par le moyen d'un petit tuyau qui va s'ouvrir & former une ou plufeurs tubérofités fur le milieu du bord ou de la furface de chaque anneau, 432 JOURNAL DE PHYSIQUE, ‘HIMIE tte ver. Je n'ai point trouvé du tout ;'aufi, de cordon nerveux , quoique ce fût Je butiprincipal de ma recherche (1). C’eft donc chez les vers inteftins que commence à devenir invifble le fyftème nerveux (2), après s'être affoibli par nuances, en defcendant l'échelle animale ; auili , plus ces êtres font bas dans cette échelle, moins ils paroillent fenfbles à la douleurg & s'ils fout par là plus expofés (à caufe de leur infenfibilité qui ne les avertit pas des dangers qui les entourent}, à être détruits; la nature y a pourvu en leur donnant, à mefure qu'ils font plus foibles, une faculté reprodutrice plus énergique. A On trouve deux ordres de mufcles dans ce ver. Les uns font tranfverfes , & les autres longitudinaux ; ceux-cifont plus extérieurs. Leur tiffu eft entre- mêlé de cellules qui peuvent fe gontler de liquides comme une éponge , & qui mont paru communiquer toMites avec les vaileaux longitudiraux. Les ouvertures marginales de ces vers paroiffent aufli donner dans celui de ces vaifleaux qui en eft le plus près ; mais je n'ai pu m'en aflurer affez, il paroït qu'un fphinéter , ou plutôt un pifton les en fépare, On a trouvé jufqu'à 200 de ces vers dans les inteftins d’un hommes; ils font extrèmement difficiles à chaffer, & caufent des maux très- cruels, anême la mort (3). On dit que les Suilfles, les Hollandois & les Saxons y font fort fujets ; ce qu’on attribue, peut-?tre à tort, au trop grand ufage que ces peuples font du lait (4). Les femmes en font aufi plus fouvent atta- quées que les homines. la, Le venia à courts anneaux ($) eft une autre efpèce qui eft moins connue (1) Tous les autres vers me paroïlfent en avoir , quoiqu’on ne l'ait pas vu chez quel- aues-uns ; Humboldt l'a découvert chez les naïdes , par le moyen du galvanifime , qu'il allure être un bon moyen pour découvrir les nerfs ; car les mufcles fe comportent diffé. remment qu'eux à fon action. (2) Quoiqu'on ne le voie plus, je ne crois pas pour cela les animaux fans molécules nerveufes au moins, il me femble même qu’il ne peut y avoir d'animaux fans cela, & que c'eit une marque qui les diftinguera toujours effentiellement. Tout ce qui Jen eft animal. : @) Nullum cam peregrinum ef} fymptoma , tamque dœmoniacum , quod vermes exci- rare non poffine. Pechlin, obf, — L'automne produit une agoravation de fymptomes chez les perfonnes attaquées de tænias &autres vers; on voit quelquefois des épidémies, de fièvres vermineufes. Voyez Lépecq de la Clôture, p. 132. (4) Les perfonnes qui fe nourriflent mal & de mauvailes fubftances végétales feules, de fruits verds , de chair & poiffons falés , &c. , font plus fujets aux vers. Voyez Van- Swieren, tom. 4, Jacquin, amér., &c. Les pays marécageux donnent lieu à defièvres ver- mineufes qui y font endémiques. Tout cela me paroït dû à l’atonie du fyftême, & exiger un traitement tonique, À (5) Tania vulgaris We Gm. Plater praxis med. p. 992. Spigelius de lumbr. lato dan. Clericus hift. lumbr. p. 131. Bonnet, Tulpius, Andry, Werner, Fabricius Hildanus obf. 2, cap. 70, Pallas, Gadol , Barfch, Linné, &c, cn 14 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 433 en France, mais qui left plus en Suède. On voit, fur le milieu de chaque anneau, un ovaire foriforme plus apparent que chez le précédent (1). Plus bas , eft un mamimelon percé à fon extrémité. Ce ver-ci eft plus te- nace que le précédent, & cède encore moins aux remèdes (2). Il devient moins long aufli (3); fes anneaux ont fouvent autant de largeur que de longueur , & font ridés tranfverfalement. Nous voici à da feconde fous - divifion du genre tenia , à ceux qui font dépourvus de crochets fur la tête. Ils,paroïffent moins tenaces & oppofer moins de réliftance aux médicamens. La première efpèce eft le renia lara(4), dont les anneaux font épais, extrèmement courts & larges, finement ridés tranfverfalement , & à une feule ouverture-fur le milieu , où font leurs ovaires en forme de roferte. — Pallas en à trouvé une variété plus grèle & plus mince, qui n’éroir peut-être qu’un jeune. Ce ver paroït avoir quelqu'autre différence dans l'organifation interne ; 1l eft moins tranfparent que ies précédens. Cette efpèce eft très-commune en Ruflie, felon Pallas, & en Suifle. Elle devienc fort grande (5). Il paroïc que les femences de plufieurs genres de la famille des euphorbes (6) ont une aétion énergique fur elle. Le cenia dentata (7) eft la feconde efpèce; elle n'a été vue que par deux obfervateurs. Elle a une ouverture marginale proéminente au milieu de chaque bord de fes anneaux. Ses ovaires font fi petits qu’on ne peursles apperçevoir à l'œil nud. Sa tête eft pointue, & fes plus grands anneaux ont des cannelures tranfverfales. Elle à moins de largeur que la précédente, & au contraire des autres tænias , fa partie antérieure eft la plus large. Sa tête reflemble en deflous à un cœur dont on auroit tronqué la bafe (3). Ce ver , ainfi que les autres tænias, habite dans le canal inteftinal de l'homme. ” x) Le vaiffeau longitudinal de ce tænia femble compofé d’un filer de corps glanduleux qui lui donne l'apparence d'une épine. Aufñli on l'a appelé tænia à épine, Van-Doëveren atrouvé un tænia gorgé de fang, REA T (z) Ces vers ont tant de force qu'on en a vu percer les inteftins & (ortir par un abfcès à l'aîne, &c. Journ. de méd, 1781,tom. 2, p. 330. (3) De 3 à 8 mècres. Le premier devient bien plus confidérable. (4) Pallas inf, viven. Linné amœæn. acad. L, c. Charles Bonnet L. c. Plater L. c, Glei- chen, 4,p. 204, tab. 6, &c. (5) Depuis ÿ jufqu'à 36 mètres, 1 | (6) L'huile de Palma Chri , ricénus communis L. ; les (emences du papayer, carica papaya L. qui font âcres, cauftiques , peut-être aui les femences du medicinier , jatropha multifidu , L. du pignon d'Inde , croton tiglium, L. Mais tous ces végétaux font dangereux. On recommande aufli le veratrum fabbadillz L. (7) De L. Gmelin. Werner verm. inteft, lift, p. 49 , tab. 3, & Batfch, p.184, fg. 110—113. (8) Sa longueur eft de 223 mètres feulement, Tome IŸ FRIMAIRE an7. Kkk 434 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ici finillent les tænias, & commencent les hydatides (1). Ces vers - ci ont le corps fait en veflie & rempli de la liqueur qu'ils fucenr. Leur corps n'eft pas véritablement articulé , mais fouvent ridé tranfverfalenvenc, Ils ont auili des crochets fur la tête, avec lefquels ils fe maintiennent dans les animaux , ce qui leur étoic nécellaire.à caufe de leur poids & de leur vo- lame (2). L'intérieur de leur corps n'offre qu'une cavité homogène & de couleur, blanche (3), avec une fimple cannelure qui! vient dela cète , & paë où pale , fans doute, le liquide, dont ils fe gorgent. On ny a pas vu d'œufs nid'ovaires (4), & l'on ignore le mode de leur réproduétion. Les hydatides humaines n’habirén int ordinairement dans les inreftins , comme les tænias , elles femblent aufli être immobiles , tandis que les tænias ne le font pas. ji On ne connoït jufqu’à préfent que deux efpèces diflin@&es d’hyda- tides dans l’homme, quoiqu'il parole y en avoir pluñeurs variétés (5) qui, plus connues par la fuite, pourront former des efpèces. La première eft l’Aydaris vifceralis (6 ).' Sa forme eft un fphéroïde alongé, obtus antérieurement & pointu à fa partie poftérieure. Sa tère paroît renfermée dans fa veflie, ou du moins elle n’en eft pas diftinétement fe- parée. Si on pique cet animal, il ne montre de l'irritabilité que dans l’en- droit bleffé. Si on le met dans l’eau tiède, il épronve de violens mouve- mens périflaltiques, Lorfqu'il eft fur le point de mourir , il tranfude de tous fes pores, la liqueur qu'il contient. C’ett une lymphe qui contient peu d'älbumine , & qui n’eft par conféquent que peu coagulable {7}, Ces vers attaquent aufli bien les perfonnes faines que les malades. Ils font rarement folitaires, mais fouvent très-nombreux (8). On les rencontre communément dans les finus de la mafle cérébrale, dans certaines tumeurs, dans les duplicatures du périroine , dans le foie (9) , les môles, le placenta, (2)Woici le caraëtère générique. HYDATIS, Corpus ventricofum dilatatum lyÿmphd repletum (abfque articulis). Caput coronatum uncinulis rerraéhilibus in ferie fæpè duplici. Ceput minimum , apertura fuétorie , 4. (2) Sur-tout pour celles qui deviennent extrêmement confidérables, comme celles vues par Simmons, communicat, medic. tom. 1, an. 178$,n°, $. (3) Pallas, mifc. zool, p. 167. Il n'a point vu de nerfs. (4) À moins que ce ne [oienc ces molécuies blanches comme glanduleufes qu’on voit chez ces vers. Pallas, z6ïd, (5) Voyez de Haen, ratio medendi tom. 2, & autrés tels que Peyer, Stenon, Ruüy{ch, Harder, Bartholin ,Myfon , Redi, Haller, Werner, Bloch, Goëze, Van-Doëveren, &c. (6) Tania vifceralis. L. Gm. tranfa@. philol. tom. 43, p.306, n°. 475. Par Tÿfon, Hoëlpin , com. 1, p, 348 fcr. de Berl. natur. Pallas , milc. zoologica , p. 168 & feq. G) Pallas, ibid. + (8) Journ. de médic. 1790 juillet , p. 48. Une femme en rendit plus de 1,250. (9) Journ. méd. tom. 79 , p. 345. Lind en vit qui étoient teintes de bile. Il les fe foitir par le moyen du mercure qu'il recommande conue elies. = \ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 43% ie tiQfu cellulaire des hydropiques, &c.; &, ce qu'il y a d'étonnant, c'eft qu'on voit quelquefois plufieurs individus réunis dans une même veflie (1). Si ce caraétère étroit conftant , il indiqueroit , fans doute, une nouvelle efpèce, La feconde hydatide , qui eft plus rare , eft l’Aydatis cellulofe (2), ef longue d'environ trois centimètres; fa forme eft ovale; fa veilie a des parois très-dures ; elle fe prolonge poftérieurement en deux efpèces de queues, Sa tête fe voit aufli difficilement que dans la précédente, & paroît renfermée auf. Elle a une vie extrèmement tenaté, puifqu'une vécut pendant huit jours - expofée à la gelée. Elle habite le &{Tu cellulaire qui fe trouve entre les muf- cles de l’homme. Ses crochets font moins pointus que ceux de la précé- dente. Elle paroi moins dangereufe aufi. On a eu bsaucoup de peine à admettre les hydatides pour des animaux (3); elles paroïffent en effer fi éloignées de la forme & de la vitalité des autres animaux , qu'il a fallu toute la fagacité des nuuraliftes pour le démontrer. Il nous refte maintenant à parcourir l’hiftoire d’un ver célèbre & trop peu connu , qui ne vit pas toujours , comme ceux dont nous venons de parler , dans le corps humain, Si ce qu'on dit de la furie infernale eft vrai (4), il faudra la compter parmi les grands maux qui affligent l'efpèce humaine. On trouve dans les ouvrages de quelques médecins qui ont.écrit avant Linné , quelques faits qui pourroient peut-être fe rapporter à cet animal. Tels font ces vers (5) trouves par Foreftus (6), Schenkius, (7), Andry (8), &c., chez quelques perfonnes, & qui leur ont caufé des fymprtômes fi terribles. Peut-être pourra-t-on attribuer à cet animal , qui fera mieux connu un (1) Ceci ne paroît point être une monftruofré comme quand desx fœtus {e trouvent: réunis; car l'hydatis cerebralis des moutons attaqués de vertiges vient confiamment ainf, comme la granulofa. On voit que cela rapproche ces animaux des zoophyres, (2) Werner, verm. inceft. 2, p.2, tab. 1. Goëze, &c. Haen rat. méd, tom, 2, p.140. An hujus fpeciei , ei tribu.c caput bifidum? (3) Il paroît que toutes celles qu'on erouve dans le corps humaïn ne fout pas des animaux , mais quelquefois des phly@ènes. Marc. Donati, hift, mirab. lib 4, cap. 18, fair mention d'hydatides des poumons qui étoient héreditaires. (4) Cetanimal porté dars l'air entre avec une vive douleur , & des fmptômes affez analogues à ceux d'une maladie peftilenrielle dans le corps humain , & canie la more en 24 heures. On le voit fat-tout depuis le folftice d'été jufqu’à celui d'hiver, Linnéa Failli en périr à Londres en 1728. (5) Ils ont dit qu'ils éroient rouges. (6) De vatiis capit. dolorib. lib. 9 ,obf, 2 in fchol. (7) De capir. dolor. (8) Génér. des vers, chap. 3, p. 43 3 mais ce font peut-être des larves d'œftres , (ur sout de ceux des fofles nafales des moutons, Kkk2 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE jour (1), sil eft vrai qu'il exifte tel qu’on le dit, plufeurs de ces bu- bons ou anthrax qui attaquent fouvent les gens de la campagne dans les pays bas & humides (2); mais il faut laiffer épurer ceci au creufer de l'ex- périence , les obfervarions des médecins naturaliftes nous feront connoître ja vérité. Le bien de l'humanité & l'intérêt des fciences le demandent. Cet animal paroït avoir quelqu'analogte avec les vers infufoires, 11 paroît n’ha- biter que les pays marécageux des régions boréales. On dit qu'il eft linéaire ve P°Y LE ALIM QE 5. filiforme, long de 2 centimètres environ, cilié de chaque côté d’une rangée de foies pointues & recourbées; fa couleur eft jaunâtre on rougeâtre , fou- vent noire à fon extrémité antérieure (3). On dit encore qu'il attaque aufli les chevaux ; qu'on fent d’abord une piqüre comme celle d’une épingle, enfuite paroiffent des taches gangreneufes. Le malade a une fièvre ardente AL CAT PRE POULE AL ; enfuite une vive démangeaifon ; bientôt l'endroit s’enflamme & devient rouge; inflimmaroire , avec défaillance ; enfuite la mort furvient, fi on n’a pas foin d’y porter remède (4). Cette maladie eft fort douloureufe. P 4 SUITE Après avoir tracé rapidement l’hiftoire des vers qui vivent dans l'efpèce humaine & que la médecine a intérètfde connoître, je vais entrer dans quelques détails fur la fangfue, fur ce ver dont on fe fert avec tant d’avan- tages dans la pratique de l'art médical (s). oo (1) Linné, furia infernalis fn. fuecica. n°. 2070. Ejufdem amænitares academice , tom. 3, p.323. Pallas, nord beyt, part. 1, p. 113. Solander, nouveaux mém, de l'academ. des fcienc. d'Upfal, n°. 6. tom. 1, On a employé contre, l'huile empyreumatique du bouleau , & un cacaplafme de fromage blanc. (2) J'ai vu pluñieurs fois cette maladie dans une partie du département de la Haute- Marne , qui s’appeloit autrefois le Bafligni, pays atlez bas , entouré de montagnes qui éonnent naiffance à la Marne, à la Meufe ; à la Mance qui va fe jeter dans la Saône, &ec, Elle eft peu rare auffi dans toute la ci-devant Bourgogne. Aufli l'académie de Dijon en avoir fair le fujet d’un prix remporté par Thomaffin , chirurgien. Saucerotte à auf travaillé fur cer objet. Le premier attribue cerre maladie à la piqûre d’un animal. Les caradières qu’il donne à cette maladie font parfairement femblables à ceux qu’on dit caufés par la furie. a (3) C'eft peur être d'elle que vient ce point noir que j'ai remarqué, ainfi que les aureurs , au fommer du bubon, qu'on obferve ne venir que dans les parties durcorps qui font découvertes; ce que Thomaflin a vu & moi auffi. (4) J'ai bien vu tous ces fymptômes chez une fervante qui demeuroit chez mon père le bubon étoitefur la partie latérale gauche inférieure du cou. Une vieil femme qui demeuroit à un quart de lieue, & chez laquelle elle eut la force d'aller Jui appliqua une liqueur limpide corrofive qui y fit efcharre. Enluite elle y appliqua ne cataplafme de fromage récent & de perfil. La fille en guérit. J'ai vu guérir par cette femme , trois autres perfonnes atraquées de cette puce maligne , comme ils lappellent; ils croyent cette maladie crès-promprement mortelle. La liqueur de certe bonne femme me aroît être de l'acide nitrique ; j'ai {u qu'elle en acheroit {ecrèrement. (5) Le célèbre Thémilon mit le premier la fangfue en ufage en médecine, | | 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 437 Quoique nous en ayons plufieurs anatomies (1), cependant la matière n'en eft pas épuifée. Quelques vils que paroiflent les vers, îls n’en font pas moins dignes d'exercer le fcalpel des anatomiltes, & l’on connoîtroit bien moins l'économie animale , fi on s’étoit borné à l'étude de l’homme feul. La fangfue médicinale eft top connue pour en faire la defciiprion ici. Son intérieur le feroit beaucoup aufli, fi ceux qui en ont décrit les parties n'en avoieht pas dédaigné quelques-unes. On y voit d’abord trois dents garnies de foixante denticules chacune (2) , placées dans un æfophage mufculeux robufte.un eftomac cylindrique & non diftiné& des intefins (3), qui eft pourvu de plufeurs valvules (4). Un cordon nerveux enveloppant l'œfophage , & noué de diftance en diftance (5); donne quatre rameaux nerveux à chaque nœud (6). Une verge (7), & au-deffous d’elle, un organe femelle , placés rous les deux fous l'œfophage 8). Deux ovaires font vers luterus qui eft pyriforme. Quelques auteurs ont penfé que la fangfue avoit un cœur (9), ainfi que le ver de terre (10); ce qui eft bien loin d’être prouvé (11). Cette partie qu'on a prife pour le cœur dans la fangfue , me paroît ètre l'organe mâle de la génération (12) ; elle eft remarquable par fon irrita- EE —— — ——". —"—.—]—— —À———Z_——————————— (x) Tyfon , Duverney, Redi, J. de Muralt, Poupart , Collins , Morand , Rondeler, ( pour une fangfuc marine) ; & Durondeau l'ont faite ; je ne parle pas de ceux qui ont écrit l’hiftoire naturelle ou médicale des fanglues. ‘ (>) Morand ; ME. acad, fc. 1730 ,p. 260. Poupatt Journ. Sav. 1697,p. 332, a nié qu'elle en perçât la peau. (3) Ty£on, philo. tranf, n°. 144. Collins tab. 40, de même que chez le ver de terre. Selon Willis , anim. brut. , p. 24. Vandelli, diderr. tres, p.125 , fecunda. (4) Durondeau, Journ. Phyf. 1782, oétob. p. 285. Poupart , #bid. (5) Redi anim. viv. tab. 14. Poupart L. c. Vandelii, p. 123, ainfi que Willis, tab. 4, fig. 1, ont donné un cerveau au ver de terre. J'ai vu que les nœuds de celui- ci étoient plus rapprochés que chez la fangfue, (6) Je l'ai bien vu. F- (7) Tyfon n°. 233. Poupart, ibid. Je l'ai vu feule auffi; mais Redi, p 98, & Du- verncy, tom. 2, p.398, lui en ont attribué 2. Le ver de terre n’en à qu'une, Aufli felon Réaumur & Tyfon , n°. 146; & je l'ai vue feule auffi, (8) La matrice a un Jons col verdätre. Deux oviduétus qui vont aux ovaires qui font gros en hiver, Leurs œufs font jaunâtres mous. Voyez aufli Poupart, Duron- deau , &c. (9) Durondeau, ibid, (io) Willis, ibid, (11) Cuvier a démontré que dans le règne animal le cœur n'exifloit plus, après les mollufques & les cruftacés , en defcendanr l'échelle animale. È (12) À plufieurs auteurs auffi. Il eft en forme de larme baravique, & fortement attaché aux mufcles ; il ‘s'y rend plufieurs vaiffeaux fanguins, il fort en fe deretournanr comme un doigt de gand ; j'ai eu beaucoup de peine à voir par où il fort de l'animal ; il y a un fphinéter qui ferme bien cet endroit. 438 NJOURNAL DE PAYSIQUE, DE CHIMIE bilité qui et très-confidérable, même après la mort de l'animal. Bohadfh a fait une femblable remarque fur l'organe mâle de laplyfe (1), ( aplyJia depilans. L.). 11 femble que ce foit le dernier organe qui meure dans les animaux à fang blanc, & qu'il foit le centre de leur vie. Auf eft- ce par ces organes qu'ils vivent le plus, N’a-t-on pas vu des infeétes mou- rans (2) raflembler le refte de leurs forces pour remplir ce but de la nature ? [ls ne vivent, pour ainfi dite , que pour fabriquer des êtres fem- blables à eux. Dans ces animaux , la génération eft la fondtion la plus confidérable après celle de la nutrition.*Aulli ces deux propriétés font-elles analogues, & la première dépend de la feconde (3). La fangfue médicinale a un anus ( 4) qui eft affez difficile à voir , à caufe de fa petiteffe ; mais on le voit aifément dans /’hirudo fanguifuga. L. (fangfue des chevaux). Il eft placé derrière la manchette inférieure , au bas du dos. Cette efpèce l'a plus grande, ainfi que fon œfophage qui eft très - mufculeux. Il paroît que ces deux parties font proportionnelles chez les animaux, à caufe de la nature de leurs alimens. Celle-ci eft très-vo- race, & fe nourrit de bulimes, de planorbes, &c. On trouve mème de petits cailloux dans fon eftomac qui eft très-robufte & mufculeux (5), ce qui lui fert peut-être à mieux divifer la chair de ces animaux qui eft d’une nature muqueufe épaifle. J'ai vu dans la fangfue deux vaiffeaux longitudinaux , ramifies , ayant des mouvemens de fyftole & de diaftole Aérérochrones. Is diftribuent une liqueur grife. Ils font placés latéralement vers le ventre, & leurs ramifi- cations font peu nombreufes. Au milieu du ventre, on voit le cordon nerveux , & de chaque côté, j'ai apperçu auprès des efpèces de glandes remplies d’une liqueur limpide. Elles ont de très-petits vailfeaux noirs qui forment beaucoup de méandres. Plufieurs autres vaifleaux en fortent pour fe perdre dans le corps de l'animal. Il eft à remarquer qu'on ne trouve aucune glande , proprement dite, davs tous les animaux dépourvus de nerfs (@) ; mais ils ont des efpèces d’utricules qui s'imprègnent de liquides comme des éponges, pour ainfi (1) De Lernæà, p. 31. Son mouvement fubfifte après fa more. (2) On en a même vu privés de la rète, piqués depuis long-temps par des épingles, Voyez O. Fabricius , fn. Groënl. Journ. Phyf. , &c. Réaumur , Boyle , &c. (3) On voit cela fur tous les animaux & principalement chez les plus petits. Plus le polype mange, plus il produit, les naïdes auf. 34) Morand, p. 264, Tylon , n°. 469 , le lui avoient nié. (5) Comme chez les gallinacés , le ver de terre , qui avalent des corps durs. | (6) Les liqueurs que fécrèrent quelques-uns d'entre eux , paroïffenc l'être par on fimple mécanifme, fans l'intervention des nerfs. Au refte , je penfe que rout animal a des molécules nerveufes au moins, ET D'HISTOIRE NATURELDE. 439 dire. Ceci n'arrive pas chez les animaux pourvus de nerfs vifbles, I] pa- roït donc que'ces organes jouent un grand rôle dans les fécrétions, comme l'a penfé Bordeu (1). Les fangfues font ovipares (2). On voit leurs œufs attachés aux plantes, "- au printemps (3). ils font femi-ovoïdes, leur coque eft brune, cartilagineufe & tranfparente. La difpofition des organes de la génération chez ces animaux doir les obliger de s’accoupler comme les vers de terre. Enfin ils ont la propriété de reproduire une rète lorfqu’on la coupe (4). Si les fangfues peuvent caufer beaucoup de mal dans le corps humain, il n'en eft pas de même pour l'extérieur. On prétend, à tort, qüe la fangfue des chevaux eft vénimeufe; j'ai éprouvé fur moi qu’elle ne l'éroi pas. Linné rapporte que les norlandois s'en fervent impunément en mc- decine. Au refte elle fuçe avec plus d’avidiré & de force que la médici- nale. Ses dents ne font pas moins bien attachées ,.& n'ont aucun ergane vénéneux. On peut donc s’en fervir fans crainte. Nous voici à la fin de notre tâche. On s’appercevra facilement combien les animaux des clafles inférieures peuvent préfenter de faits curieux pour la phylque générale , & combien ce fujet eft join d’être épuifé, C'eft une mine riche à laquelle je n'ai pu donner qu'un coup de bêche ; le temps, lés recherches & les moyens me manquen, D'autres l'exploiteront avec avañtage pour l'avancement de l’hiftoire de la nature. Quelle utilité peut-on retirer des vers? aucune, fi ce n’eft de Pufage des fangfues en médecine. Je ne penfe pas qu’on veuille encore fe fervir des vers de terre, Cette clafle eft donc non-feulement inutile à l'homme, mais de plus, pernicieufe à fa fanté. De tous les vers ; une feule efpèce (s) fert d’aliment à la claffe la plus malheureufe des chinois (6); de ce peuple nombreux & efclave, où la terre fournit à peine à leur fublftance. Maïs on peut croire que c’eft un mauvais aliment. 1] me paroît que la natute de tous les animaux à fang blanc, diffe- (x) Recherches fur les glandes. Cependant les plantes ont des efpèces de glandes, fans nerfs ; mais la fubftance médullaire femble tenir lieu de ces dersiers organes. (2) Mém. acad. Srockhoïm , 1784 , tom. $, att. 9, par Berkenmeyer , qui a vu faire 150 petits a une fangfue. Voyez aufli Bergmann , idem, an 1757. (3) Voyez Bergmann , ibid. , il a trouvé que ceux de ?oë&oculata renfermoienr cha- cuns plufeurs petits. Une efpèce de mouche qui dépofe fes œufs dans les lieux maré- cageux, jouit auffs de cette faculté. J'ai crouvé fimples ceux de la medicinalis &1de la fangui[uga. (3) Andr. Joh. Georg. Murray (fils) gottirgenf, commentatio de redintegrat. par- tium 1787, fig. in-4. On avoir nié cette ficulté à cer animal. Cs) Lumbricus edulis L. Pallas. Spicileg. zoolog. fafcic. 10 , p. 10, tab. 1, 62.7. . «(6) Us l'affailonnent avec de l'ail. Philof, tranfzét, n°, 318, 26, 61 re 1 4 ç + ii «+ AT " : 440 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rant béaucoup de ceux qui font vertébrés ils ne peuvent leur être aflimilés avec avantage. Aufli ne paroïflent-ils leur donner qu’une chétive & indigefte nourriture (1). ll en elt, fans doute, de même pour les plantes les plus bailes dans l'échelle des corps organifés (2). Ainfi on a démontré que les champignons , non vénéneux , ne fournifloient pas une véritable fubftance nutritive (3). On conçoit que les divers corps organifés doivent ètre plus nourtiffans pour nous, à méfure qu’ils forment un chaînon plus haut dans la férie de la nature. Cela eft fenfble, en comparant la fubftance nutri- tive que nous fourniflent les mammifères & les oifeaux , les reptiles , les poiffons (4) les mollufques, les infeétes, & enfin les vers & les zoophytes; ceux-ci mêmes ne font plus qu'une gelée que la chaleur fait fondre en eau ordinairement. Il n’étoit pas de mon fujet de traiter des remèdes anthelminthiques , je n'ai pas dû le faire, Ce objet a d’ailleurs été traité par un grand nombre de bons auteurs , auxquels on poutra recourir, ———_—_——— À (x) Comme les animaux invertebrés, [ur-tout à mefure qu'ils font plus bas dans l'échelle de compofition. (2) Les cryptogames , tels que les algues , les mouffes, fur-tout les champignons & les moiffiflures. (3) Parmentier l'a fait voir ; d'ailleurs tous ces végétaux font fufpeëts. La plupart des zoophytes font vénéneux aufli, ce qui eft une fingulière analogie. Les poiflons même qui en mangent , empoifonnent ceux qui en vivent. Voyez Sonnerat, Journ. Phyf. fur les poiflons vicilles, &c. (4) Gcoffioy a démontré que les reptiles & les poiffons nourtiffoient moins que les animaux à (ang chaud. Les ichthyophages ne fe nourriffent abondamment que par la quantité du poiflon, _ SUITE j SUITE DU COMPTE RENDU À la claffe des fciences mathématiques & phyfiques de l’Inflitut national , des premières expériences faites en floréal & prairial de l'an $ , par la commifion nommée pour examiner! & vérifier les phénomènes du galvanifme. par HAzLé. ART TAG LNENINL Des parties de Parc excitareur ; de la nature & des difpofitions des parties entre elles. À RÈS avoir exanxiné, au moyen de l'expérience , la nature & les conditions de cette portion du cercle galvanique que nous avons nommé arc animal, nous allons préfenter la férie de nos expériences relatives à la nature de l'arc excitateur. Dans l'appareil le plus ordinaire, l'arc excirareur eft formé de rois pièces , Jupports ou armatures métalliques , lune en contact avec le nerf, l’autre avec. le zrufcle, la troifième établiffanr communication entre la pièce ou l’armature métallique du nerf & la pièce ou le fupport métal- lique du mufcle. Ces trois pièces font communément faites de métaux différens. Cependant nous nous fommes affurés, par l’expérience , que ces condi- tions ne font pas toures effentielles au fuccès , encore que cetre difpofñtion paroiïlle êrre , toutes chofes égales, la plas favorable de routes. Nous avons donc éprouvé , dans la conftrution de l'arc excitateur, diverfes difpofitions que nous avons variées, ainfi que nous allons l'expofer. Nous avons formé notre arc excitateur avec des métaux purs, des alliages & des amalgames , d’autres combinaifons métalliques, enfin des métaux différemment minéralfés, foir naturellement , foit artificiellement. Nous l'avons aufli compofé de diverfes matières charbonneufes. Vous avons formé ou la totalité , ou feulemenr partie de l'arc, avec des corps 20» conduéfeurs ou mauvais conduéleurs de leleétricité, comme le foutre , le fuccin , l'afphalre, le jayet, le bafalre, Le diamant, la-cire à ca- cheter L'air. &c- Nous en avons formé la chaîne avec des parties animales vivantes; nous y Tome 17. FRIMAIRE an7. 3 RAR NS EU CPE OT TERERRR 2° PAL POPUT : . CAË A7 ils RL Cr mA LS ND Ad EE ce jt cr but Rd) “sù JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avons introduit des parties organiques d'animaux privés de vie, & nous y avons combiné mème des émanations animales. - Nousavons examiné ce que produifoient l’eau & les fubftances humeétées d'eau, interpofées entre les différentes pièces de l'arc excitateur. Nous avons encore fair quelques expériences comparatives pour déter- miner Les rapports entre l'étendue & la grandeur des furfaces des pièces qui forment cet arc, & les effets qui en réfultenr. Entin nous avons auffi déduit de la comparaifon de nos expériences, quel- ques préfomprions fur les rapports d'efficacité entre les différentes pièces de Parc excitateur , employées pour établir la communication galvanique. Nous allons expofer fucceflivement ces diverfes obfervations. SolT Expériences faites avec les fubflances métalliques. Ces expériences ont eu pout but de connoître les effets qui réfulreroïent. 1°, Du nombre & de la diverfité des pièces métalliques qui entrent dans. Ja compofition de l'arc ; ÿ 2°, De leurs différens mélanges & ailliages ; 3°. De la friéfion d’un métal fur l’autre ; 4. Des différens états dans lefquels fe trouvent les métaux différemment minéralifes. 1°. Du nombre & de la diverfité des pièces métalliques. D'après ce que nous avons dir, le nombre le plus ordinaire des pièces métalliques de l'arc excitateur eft de trois, de différente nature , dont deux fervent de fupports aux parties, & la troifième de communicateur entre les deux premières. Nous ne nous en fomimes pas tenus là ; nous avons em - ployé ; dans la formation de notre arc, tantôt plus de trois métaux diffé- rEns , tantôt srois , tantôt deux, tantôt un Jeuë Arc excicateur de plus de trois métaux differens. Dans toutes les expériences faites avec plus de trois métaux difiérens , les métaux étant contigus , nous avons obtenu conftamment les effets galva- niques. Nous nous propofons de répéter avec plus de précifion & d'atten- tion ce genre d'épreuves , d’après les nouvelies obf:rvarions de Volta fur les rapports du galvanifme avec les différentes propriétés conduétrices des métaux pour l’éleéricité ; obfervations que nous ne connoiffions pas lorfque nous avons fair celles-ci. (6. IL, exp. 6 ; VE. exp. 10.) Er, Cette LE Re à RS SUNUOZS 2 À g ù ? ET D'HISTOIRÉ NATURELLE. 44; Arc formé de trois métaux différens: Dans les expériences dans lefquelles l'arc excitareur étoit formé de trois métaux différens, nous avons donné à ces métaux les difpoñtions fuivantes. 21. Nous avons établi la communication du plomb touchant le nerf, à l’argent touchant au mufcle, par un communicateur de cuivre. ($. II , HAS 162535 450 SOS TRE Na An 6 RS 2 XV, 1.) Puis du plomb à l'argent par l'or. ($. WA, exp. 43 VI, 43 VU, 1, 2, 3.) du plomb au nickel par l'or. ($. XIII. , exp. 7.) du plomb au nickel par l’argene. ($. XI, exp. 7.) du plomb au nickel pat le cuivre. ($. XII , exp. 7.) de l'argent à l'or par le platine. ($. VI, exp. 3.) de l'argent à l’étain par l'or. ($. VI, exp. 5.) de l’étain au cuivre par l'or. (S$. VI, exp. 6.) de l’étain au plomb par Por. ($. VI, exp. 7, 93 VIX, $.) de l’érain au plomb par l'argent. (. VIL, exp. 1, 3.) de l’étain à l'argent pat l'or. ($. XI, exp. 2.) de l’étain à l'argent par le cuivre. ($. XII , exp. 2.) du zinc à l’argent par le cuivre. ($. XV , exp. 2.) du zinc à l'argent par le fer , &c. (6. XV , exp. 2.) du zickel à l'argent par le cuivre. ($. XV , exp. 2.) du zickel à l'argent par le fer, &c. ($. XV , exp. 2.) du nickel au zinc par le cuivre. ($. XV , exp. s.) du rickel au zinc par le fer, &c.($. XV , exp. 5.) de l’antimoine à l'argent par le cuivre. ($. XVII , exp. 5.) Dans toutes ces difpofñtions, nous avons obtenu des effets galvaniques de différens degrés de force. Un jour feulement la difpoftion dans laquelle la communication fe faifoit de l’érain au culvre par l'or, a perfévéramment refté impuiffante pour produire les mouvemens galvaniques. ($. VI ,exp. 6,8.) Arc formé de deux métaux différens. Nous étant propofé, dans d’autres expériences , de former notre arc excirareur de deux métaux différens, nous avons rempli cette condition en partageant l'arc , tantôt en deux pièces , tantôt en trois. Dans ces ces difpofitions , le fuccès de nos expériences n'a pas toujours été le mème ; mais nous l'avons obtenu plus conftamment lorfque l'arc étoit formé de deux pièces différentes, que lorfqu'il étoit formé de trois pièces , dont deux étoient de deux femblables métaux , ainf que nous allons l’expofer. Ll12 & i > Ke "a! ‘4 - g44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Arc de deux métaux en deux pièces. 22. Une pièce d’argert fervant de fupport au mufcle, le nerf reffanr nud , j Le communicateur de cuivre ou d’or touchoit ,:d’une part, le neïf nud ; de l’autre , la pièce placée fous le mufcle ($. V, exp. 1,2 & 7): La convulfon a eu lieu dans le mufcle. 23. Une pièce, foit d’érain , foit d'argent, fervant d'armature au nef; Le mufcle au contraire reftant fans fupport ; Le communicateur,, foi d’or , foit d'argent, foit de cuivre ; füivant-la nature de l’armature , touchoit , d’une part, le mufcie nud; de laure, l’armature du nerf ($. XIII , exp. 1 & 10, XIX , 22 ): La convalfion avoit lieu dans le mufcle au contaét du nerf. 24. Une grenouille étant écorchée & préparée de manière que les parties poftérieures ne renoient aux antérieures que par les deux faifceaux des nerfs lombaires; La tête pofant fur une fe de plomb ; Les nerfs reftant à nud & les cuilles fans fupport ; Un communicareur de cuivre jaune touchoït le plomb , d’une part, & , de l’autre , les nerfs lombaires mis à découvert ($. X, exp. 4): Au moment du contatt des netfs , les mufcles des cuiflés font entrés en convulfion, 25. Le dos d’une grenouille écorchée repofant fur une lame de plomb ; Les cuilles étant fans fupporr ; Un communicateur d'argent touchoit. d'un bout, d’abord aux cuiffes, puis de l’autre bout au plomb placé fous le: dos ($. XVIII, exp, 4) : La convulfon a eu lieu dans les cuilfes au contaët du plomb fur lequel pofoit le dos. La mème convullion n'a pas eu lieu également lorfque le communicateut commençoi: par toucher le plomb & fe portoit enfuire vers les cuiffes..( $. XVÏIT, exp. 3.) Cette expérience a préfenté plañeurs fois le même réfultat 26. L'appareil étant porté fur un plateau de: cuivre inégalement argenté, La cuifle portant fur une lame d'argent , Le nerf foulevé retombant fur le plateau ($. XIL,, exp. 2, 3 & 4): Au moment de la chûte du nerf la convullion à. eu lieu dans la cuiflé, Arc ide deux métaux en trois pièces. 27. Deux cuiffes féparées l’une de l’autre , & ne communiquant en- ET D'HISTOIRE NATURELLE. ‘ 445 femble que par leurs nerfs refpedifs , foit contious , foit unis par uu fl de plomb; ; 4 L'une des cuiffes pofant fur une /ame d'argent . L'autre fur une lame de plomb , Le communicateur étant d’argent ( $. KI, exp. 1 & 2): La convalfon a eu lieu au contact des fupports fur lefquels portoient l’une & l’autre cuifles. 28. Mais l'effet a abfolument & conftamment manqué dans: les expé- riences. fuivantes. La grenouille préparée à la manière ordinaire , Le fupport du nerf étant d’argent, Le fupport du mufcle étant d'or, Le communicateur étant également d’or ($. VI , exp. 1 & 2 ): La convulfon n’a pas eu lieu , même après avoir employé, avant der répéter l'expérience, pour reveiller la fufceptibilité de l'animal ; des moyens dont nous parlerons dans la fuite. 29. Les deux fupports , tant du nerf que du mufcle, c’eft-à-dire, les. deux extrémités de l'arc, étant également d'argent, Le communicateur étant, foit de cuivre, foit de fer ($. V , exp. 45 & $ XIX, exp. 23): La convulfion ne s’eft pas plus manifeftée que dans l'expérience pré- cédentre. Arc excirateur formé d’un feul métat. La compofition de l'arc excirateur, formée de deux métaux feulement ,, eft donc moins conftamment efficace que celle dans laquelle il en entre trois. Ce faccès eft encore moins coaftant lorfque l'arc n’eft compofé que d'un feul métal > & cependant, quand l’animal elt srès-vif & les circonf tances favorables, l’expérience-réuflit encore de cétie manière. Nous avons formé cer arc , tantôt de trois, tantôt de deüx, tantôe d’une pièce feulemenr. Voici le dérail de nos éxpériences 30; Difbofant la grenouille on-fes parties au-deffüs d’un’ bain’ de mer- cure bien pur, bien ner & bien fec, de manière que le nerf, pendanc & hbre, & la chaire mufcalaire au- deflous de ce nerf, vinfflenc enfemble en contact avec la furface du mercure {$: XVIS-exp. r,2,3,4& 5): Au moment du double contact la convulfon a ea lieu dans la cuiffe. La même chofe à eu lieu en difpofant le double contaét à la furface- d’un feul morceau d'argent , de plomb, & de charbon bien. par. 31. Prenant deux morceaux feparés & bien identiques des mêmes mé. taux, les plaçant comme fupports fous le nerf & fous le mufcle, & rap- prochant enfuite. l’un de. Faute ($. XVI, expo, &c, ): à. CA. + 4 * W- ‘> f PAIN: 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Au contaét mutuel de ces deux fupports nous avons vu fe produire Îa convulfion galvanique. 32. Prenant crois morceaux féparés des méraux parfaitement femblables, bien nets & bien fecs ; Deux de ces morceaux fervant de fupport, l’un au nerf & l’autre au mufcle. Le troifième fervant de commumicateur ( $. XVI , exp. 6, 7, 8; & $. XX ): On a obtenu les mêmes effets au moment du contaét du sommuni- cateur & des fupports. Mais il faut obferver que ces expériences ne réufillent pas fur des gre- nouilles foibles ou fariguées , & qu’elles ne réufliflent pas tous les jours ni par tous Îes temps également. 2° Expériences faites avec des alliages métalliques , dans différentes proportions ; des amalgames ; différentes combinaifons métalliques & différens genres de métaux minérali ës , & leurs vxides. Alliages.— Les expériences que nous avons faites avec les différens alliages , ont été faites à des jours, ou avec des grenouilles , ou dans des circonftances telles que les effais faits avec un arc excitareur , où même feulement avec des fupports formés de métaux identiques, ne préfenteienr aucun fuccès. Nous nous en fommes affurés chaque fois par des expériences comparatives. Néanmoins, dans prefque toutes ces expériences , nous avons affocié dans l'arc excitateur chaque alliage avec l’un des métaux qui entreient dans fa compofition , pofant l'alliage fous le mufcle ou le nerf; & le métal correfpandant à l’autre extrémité ; & quelque foible qu'ait été la différence produite par l’alliage entre les deux fuppoïts, nous avons obtenu conftam- ment les eflets galvaniques. Voici la lifte de nos effais avec ce genre d’intermède. 33. Nous nous fommes d’abord affurés de la propriété des alliages re- lativement aux phénomènes galvaniques, en mettant l'alliage fous le nerf, d’une part, & de l’autre un métal différent fur.le mufcle: puis alternant leur polition par l'échange des fupports. Ainfi employant L’ailiage de platine & de cuivre , d’une part; Une /ame d'argent ; de l'autre; Ou l’antrmoine , d'une part; L'alliage de plomb & d'argent ; de l'autre (S. XVII , exp. 6, 7 SES le Nous avons obtenu les effets galvaniques. ds 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447 34." Enfüite nous nous fommes affurés que deux morceaux d’un même alliage ne produifoient aucun effet. k Ainfi un amalgame de cuivre & de mercure ayant été partagé en deux parts ; L'une placée fous le nerf, L'autre fous le mufcle ($. XVII , exp. ro & 20: I y n’a eu aucune convulfion dans le mufcle , quoique le même ama'= game, d'une part, & une lame d'argent ;'de l’autre, donnaffent lieu à des. mouvemens très-fenfibles, 35. D’après cela, nous avons fait les expériences fuivantes, dont nous difpofons ici la férie de manière à démontrer jufqu’à quel point une très- petite quantité d’alliage peut rompre l'identité des fupports & donner lieu aux effets galvaniques. Nous avons en effec obtenu ces effets très - fenfiblement, en difpofant x deux extrénuités de l'arc: . L'étain, Avec un alliage d’étain & de platine. ($. XVIIT, exp. 10 )+ Le zinc. Avec un alliage d'argent & de zinc. ($. XVII , exp. 11.) L'argent , Avec le même alliage d'argent & de zinc. (. XVII, exp, 12.) Le cuivre rouge , Avec le cuivre jaune. ($.XIX , exp. 3.) L'arcent ; Avec Le mifpickel naturel. ($. XIX , exp. 25.) L'argent , Avec Le mifpickel artificiel. ($. X1X, exp. 26.) L'argent. placé fous e dos écorché de l'animal, Avec un alliage de parties égales d'argent & de plomb, placé fous là euille. (6. XVII , exp. 2.) L'argent fous le nerf, Avec un alliage de + de plomb [ur À d'argent, fous le mufcle, ($. XV, exp. G.) Le cuivre allié de ? de fer, Avec le cuivre allié de = de fer feulement. ( $. XIX, exp. 16.) Enfin, après nous être affurés que deux lames d'argent ne donnoient aucun effet, nous en avons obtenu de très-fenfibles en employant, L'argent pur, d'une part, Et, de l’autre, l'argene allié de = feulement de tungflène. ($. XVIII 4 exp. 13.) 445 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. Métaux frortés Les uns contre Les autres. Re vue | Qu Ces expériences nous ont conduits à d’autres du mème genre, maïs plus démontftratives encore, toujours après avoir conftaté la non-excivabilité des grenouilles dans le cas de l'identité des fapports. Au lieu de nous fervir d’alliages oradués , nous avons pris des plaques de métaux identiques, dont noûs avons frotté les unesavec d’autres métaux fans fioer les autres, ou dont nous avons froité une furface feulement fans frotter l’autre. Et voici les réfultats conftans que nous avons obtenus : 36. De deux plaques d'argent , L'une, pure , a été placée fous le nerf; L'autre, frottée de cuivre , a été placée du côté frôtté fous le mufcle (S. XVII , exp. 14): Les effets galvaniques ont eu lieu, quoique la même grenouille eût été trouvée non excitable fur les deux mêmes plaques avant le frottement. 37. De deux plaques d'argent, L'une © Paurre frottées de plomb d’un côté feulement ; L'une a été placée fous le nerf, du côté non frotte ; L'autre fous le mufcle, du côté frotré ($. XVIII , exp. 15 ): Les effets galvaniques ont eu lieu. 38. Placées d'une part fous le nerf, & de l’autre fous le mufcle, L'une & l'autre du côté frotté, ÿ Puis l’une & l’autre du côté non frotté ($. XVIIL , exp. 16& 17 Dans les deux cas les effets gaivaniques n’ont plus eu lieu. 39. Deux plaques d'argent ; L'une pure, L'autre frottée de plombagine ($. XVU , exp. 22): Ont également donné lieu aux convulfions galvaniques. Carbures , fulfures, phofphures métalliques. Sans avoir davantage recours aux métaux alliés où aflociés , de quelque manière & dans quelque proportion que ce foit , nous avons ellayé d’intro- duire dans notre arc, comme fupports , les carbures , les Julfures., les pholphures & les oxides métalliques. 40. Ainfi La plombagine ou carbure de fer ($. XVIIT, exp. 21 & 22), La pyrive martiale naturelle non magnétique. (REP E TARN La pyrite martiale artificielle & magnétique ( $. XIX , exp. 6), La galène ou falfare de plomb natif (S. XIX ; exp. 12), Le L2 CURE ANA PAR IREM ET | | “Ÿ - qu fe Une ; : £ 4 EN ENT D'HISTOIRE NATU Ze falfore de cuivre natif contenant ! de cuivre! Les mifpickels naturels & artificiels [ voyez ci- & 26), “488 Le phofphure d'étain ($. XIX > EXP Le phofphure de fer ($. XIX, ÉX PAR Placés fous le nerf, d’une pa à L Des lames d'argent , de zinc, &c, > plac part : Les convulfons galvaniques ont été très - fortes, quoique d’ailleurs l'activité des grenouilles , ou les circonftances accefloires , fufflent telles, que les mêmes effets ne pulfent s’obrenir avec l'identité des métaux. 2 F fous le mufcle , d'autre Oxides métalliques. A l'égard des oxides métalliques naturels ou artificiels ; ils ont préfenté différens_ phénomènes relatifs en parties à leur degré d’oxidation, Voici ce que nous avons obfervé avec attention : 41. D'une part , un alliage d’érain & de platine étant placé fous le mufcle ; De l’autre, une lame d’étain done La Jurface étoir cxidé: en différentes places , étant placée fous le nerf ( $. XVII, ex7. 9 &mo ) : Nous avons obtenu les effets galvaniques toutes [Efois que le com- municateur touchoit les points non oxidés, Ces effets au contraire n’avoient point lieu quand nous touchions les places oxidées avec le même communicateur. Cer efler a été répété trop attentivement Pour que nous puiflions douter de fon exactitude, 42. Une /érpentine ferrugineufe , quoique magnétique , a évidemment intercepté les effets galvaniques ( $. XIX, exp. 7 & 9): Mais /e fer oxidé par l’eau, & encore magnétique , a foutenu les mou- vemens , quoique foiblement ($. XIX , EXP. 14; Tandis que ces mêmes mouvemens ont été très-prononcés lorfqu'on s'eft fervi de la mine de fer de Dalmora > Contenant 0,80 de fer, & de celle de & l'ifle d’Elbe , qui en contient 055 à 0,60. ($. XIX, exp, 13. ) $._ 11 Charbon & Jubflances charbonneufes. Après les fubftances métalliques , les fubftances charbonneufes méritenc ? relativement à leur ufage dans la formation de larc excirateur , une atten- Tome IV. FRIMIAIRE an 7e Mmm LE ; i A JOURNAL DÉ PHYSIQUÉ , DE CHIMIE: Li ' $ 4 .: io patticulière ; & Je nous #’ayons encore fait que peu d’expériences à cet égard , nous pouve endant en rapporter quelques réfulrats dignes d'attention. EE «1 p ÿ \ ù 43. Le charbon pur ou le charbon de bois bien fec nous a préfenté, dans les circonftances les plus favorables aux effets galvaniques, tous les phéno- imènes de l'arc métallique ; & le jour où nous avons eu le plus de fuccès avec les méraux identiques , les mêmes effets ont été obtenus avec le char- bon, foir que cette fubltance fé feulement partie de l'arc, foit qu'elle le conftituät en entier, foit que l'arc formé par le charbon feul für compofé de crois pièces diftinétives de deux ou d’une feule. ($. XVI , exp. s & 8.) 44. Le carbure d'alumine , où charbon incombultible , employé comme fupport du neif, le zinc fervant de fupport au mufcle , a donné lieu à des eñets galvaniques très-fenfibles. ( $. XLX , exp. 15.) , Cependant il s’eft rencontré des jours où nous n'avons eu aucun fuccès avec le charbon de bois même, foit faifant feulement partie de l'arc , foic le conftituant en totalité. ( . XVIII , exp. 23.) 45. Enfin le }ayer, qui eit un charbon Eftumineux , placé fous le mufcle’, a évidemment intercepté les effets galvaniques quand le communicateur touchoit cette fubftance, quoique les effets fuilent au contraire très-fenfibles lorfque le communicateur touchoit immédiatement le mufcle. ( $. XIX , exp. 22.) Ep: SSI, Subflances idio-éleëtriques. L'effet produit pat Ze jayet nous a conduits à employer des corps non conducteurs , ou foibles conduéteurs de l'électricité. 46. Ainf 'afphale ($. XIX , exp. 38 ), Le foufre ($S XIX, exp. 4), Le fuccin ( $. XIX, exp.4.), La cire à cacheter ($. I, exp.s ); Le diamant ($ XIX , exp. 4), Le bafalte ($.XIX , exp. 11), Ont été introduits dans la compofition de l'arc excitateut, & ont conf- tamment intercepté les effets galvaniques. 47. Les mêmes effers ont été conftamment fufpendus toutes les fois qu'il s’eft trouvé quelque intervalle entre les parties de l'arc ou entre l'arc, & les organes nerveux où mufculaires. De femblables interruptions dans l'arc animal arréroient également, comme nous l'avons déjà obfervé, les eftets galvaniques. ($. IL, exp. 33 XIV , 2.) 45188 Il eft cependant à cet égard des exceptions , dont les nuances tiennent à d’autres caufes dont nous a déjà entrerenus Humboldr, & qui ne déwruifent ET D'HISTOIRE NATURELLE. He point la conféquence qu’on peut déduire de ces expériences; favoir, à l'air peut être mis aufli au nombre des fubitances”qui interceptenc Les effecs galvaniques. CR ME. . Les différens états de l’atmofphère peuvent encore faire beaucoup varier les réfulrats de ces fortes d'expériences. $. IV. Eau & fubflances humides. L'eau & les fubftances humides ont été employées comme intermède de communication , & leur interpofition a déterminé d’une manière remar- quable les effets galvaniques. 48. Ainfi le comunicateur étant formé de deux branches , ces hranches étant prifes féparément de l'une & de l’autre main ( . WI, exp, 6 ): L'effet, dans cette difpofition , étoit nul. Immédiatement après , les deux mèmes pièces ayant été prifes avec les doigts mouillés (. IL , exp. 7 ): Les effets galvaniques fe font renouvelés. Néanmoins cette expérience n'a pas toujours eu le même fuccès ($. VI, exp. 11.) Mais dans l’expcrience ci-deflus citée, faite avec la ferpentine & le métal , cette propriété de l’eau s’eft marquée d’une façon bien évidente. 49. En effet, la ferpentine fervant de fupport au nerf, & interrompant conftamment l'effet galvanique , on a placé Ze nerf fur une gourte d’eau verfée fur la pièce de ferpentine ; alors conftamment le communicateur tou- chant /a férpentine fans coucher l'eau ($. XIX, exp. 7 & 9 ): L’effer étroit nul. L'extrémité du communicateur atteignant la goutte d’eau ($. XIX, exp. 8 ): Auñlitôt l’effet fe menifeftoit. so: Uu papier mouillé , interpofé de même entre les fupports & les par- ties qui repofoient fur eux ($. XIX , exp. 2) : L'effet galvanique s’eft maintenu fans aucune diminution dans fon intenfité. PE Subftances animales. Enfin nous ayons formé nos arcs excitateurs , 1°. en faifant nous-mêmes la chaine de cer arc; 2°. en y introduifant des fubftasices animales privées de vie; 3°. en frottant les fupports avec:les doigts non mouillés, & leur imprimant ainfi > autant qu'on le peut préfumer, la feule trace de la tranf- piration cutanée. M mm 2 F7, 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nous avons fait de cette manière les expériences fuivantes : Deux fois, comme on vient de le voir, nous avons éprouvé que l'arc de communication intercepté par celui mème qui faifoit l’expérience, en prenant partie de cet arc d'une main, & partie de l’autre , avoit ceflé de produire l’effer accoutumé: ($. LIL, exp. 6; & $. VI, exp. 11. ). Cependant voici ce qui nous a réuffi d’une manière très-frappante : l’ex- périence eft bien connue d’ailleurs. 1. La colonne épinière , /éparée des extrémités inférieures , 6 ne leur tenant que par le nerf armé d'une lame d’étain. 1°. L'un de nous a pris la colonne d’une main, & tenant de l’autre ,un morceau de zinc, a touché de cezinc l’armature d’érain ($. XIV , exp. 1): Auflirôc les convulfions ont eu lieu dans les cuifles. 2°. De deux perfonnes qui ne communiquoient poire entre elles , l’une tenant la colonne épinière, l’autre touchant l’armature avec le zinc ($. XIV, EX 2h): Il ne fe produifoit aucun effet. 3°. Les deux perfonnes fe renant par la main, & la feconde portant le zinc fur l’étain, la chaîne ainfi rétablie ( $. XIV , exp.3 ) : Les convulfions fe fonc renouvelées avec grande activité. Beaucoup d’autres expériences du même genre , & parfaitement connues, n'ont pas befoin d’être rapportées ici. 52. Nombre de fois nous avons placé entre les parties de l’animal & leurs fupports des morceaux de chaïrs coupes , dechires , & privés de vie; &, dans: tous les cas, nous avons vu que ces inrermèdes n’interrompoient jamais les effets de l’arc excitateur , & étoient mème fort loin d'en dimi- nuer l'énergie. ($.XIX , exp. 1.) Enfin , après avoir éprouvé que l'identité des Jupports interceproie les effets galvaniques , nous nous fommes contentés de frorter avec les doigts Le] DES les lames de métal fervant de fupport , & voici ce que nous avons obfervé. 53: De deux lames d'argent, l’une fervant de fupport au nerf, l'autre au mufcle ; La première lame ayant été frottée avec les doigts, & touchant le nerf du côcé frorré ($. XV , exp: 18): Les effets galvaniques.ont eu lieu auffirot. Au contraire, l’une & l’autre lames ayant été également frottées, Toutes Les deux étant en contact à /a fois du côte frotté & enfuite du côté non frouté($, XVI, exp. 19,& 10 ): Les effets celfoient dans l’un & l’autre cas. Cette expérience a été répétée à plufieurs reprifes, toujours avec les mêmso réfulrais. ET D'HISTOIRE NATUREBLLE. 45; SAV | à Étendue des furfaces des parties de l'arc excicateur. La dernière obfervation que nous ayons à préfenter relativemnt aux dif- poñrions de Parc excitateur , eft celle qui eft relative à l'étendue des pièces -qui le compofent. Quelque difficile qu’il foit d'apprécier avec exactitude l'énergie de l’effet galvanique, à caufe du manque d'inftrumens propres à la mefurer, de La variabilité de fes nuances dans divers temps fucceflifs, du nombre de caufes qui concourent pour produire ces variations, il eft cependant des diférences - tellement grandes, que la fimple infpection fufhit pour convaincre de fon exiftence , & quelque réferve que nous devions mettre à prononcer fur ce que nous ne pouvons point exprimer avec précifion , nous croyons pouvoir affurer que, par des expériences comparatives , il nous a paru que l'aug- mentation d'étendue , & fur-tout de furface , dans les intermèdes de l'arc excitateur , apportoir une différence fenfible dans l'intenfité de l’effer ; & quand mème on éleveroit quelques doutes fur l’exaétitude de cette propo- firion , cela n’empècheroit pas, fans doute , de la regarder comme digne d’étre foumife à tous les moyens poflibles de vérification. Voici les expériences fur lefquelles nous fondons cette forte préfomption. 54 Après avoir fait l'expérience avec une feuille de plomb placée fous le nerf, & une pièce d’argent placée fous le baffin & les cuiffes , la com- munication entre Les deux étant établie par un fil de cuivre, Nous avons réuni plufieurs pièces d’argent de manière qu’elles fuffent contigues à celle qui fervoit de fupport au baflin& aux cuifles (6. III, CPR Pa) La commotion galvanique nous a paru conftamment plus forte. 55. Nous avons établi la communication à l’aide d’un fil d’or treffé, roulé fur un cylindre. Nous l'avons déroulé fucceffivement, de manière à donner à ce communi- cateur plufieurs mètres d’étendue ( $. 1, exp. 4); L'effet de la communication nous a paru très-fenfiblement plus fort quand l'étendue étroit la plus grande. 56. Dans l’expérience où nous avons fait communiquer les nerfs des deux cuiffes ifolées par un fil de plomb, d’abord de quelques millimètres, puis d’un mètre de long , Nous avons établi auffi la communication d’abord avec un f£/ d'argent - de quelques centimètres, Puis avec un fil de cuivre ereffé très-tendu ($. XI , exp. 2 & 3 ): MEL ERNEST OSCO PTIT VITE TEPRRETETA CAES UMR x : ‘ L ï : , 454 rover DE PHYSIQUE, DECHIMIÉ Nous soi également obfetvé un rapport évident entre l'énergie des conyullions & l’écendue des moyens de communication. & VII Rapports des facultés excitatrices entre les différentes parties de l'arc excitateur. Nous defirerions terminer ici cet article par une comparaifon de l’in- fluence de chacun des intérmèdes qui compofent l’arc excitateur avec l'in- tenté des effers qui en font Le réfultat; mais nous avons déjà dit combien il nous paroïfloit diflicile de parvenir , à cet égard, à quelque précifon. Nous avons cru voir en général que, ; 57. L'or, l'argent, le zinc & l’érain, éroient, de tous les métaux, ceux qui, introduits dans la compolition de l'arc, fembloient concourir Le plus à fon efficacité. ($. V , exp. 2, $. VI, $. XIL , exp. 105 $. XIV, exp. 1.) 53. Nous avons vu, dans _une expérience comparative entre l’erain & Le plomb , placés fous deux euifles séparées, communiquant par leurs nerfs , l'une de fes cuilles, ous laquelle etoic le plomb ; déjà fatiguée à la vérité, refufé de fe mouvoir, & fe mouvoir au contraire quand on échangeoït les fapports & qu'on la plaçoit Jur l'étain ; puis nous l'avons vue, comme reffufcuée par cette difpolition , fe mouvoir plus fenhblement qu'aupa- ravant, mème fur le premier fupport de plomb, ($. VII, exp. 1, 2 & 3.) Indépendamment de la nature propre de chaque fupport , il eft encore probable que, dans beaucoup de cas ,jainfi que l’a obfervé Volta , les rappores refpeétifs des metaux affocies ont quelque influence fur l'effet obtenu. 9. C’elt ainfi que nous avons vu, dans une de nos expériences, l'affem- blage de l’érain & du cuivre comme fupports, © de l'or comme communi- cateur , refter conftlamment inefficace , tandis qu'on obtenoïit des effets remarquables en fubitituant dans le mème aflemblage /e plomb au cuivre. (S. VI, exp. 6,7, 8 & 9.) C’eft ainfi que Le nickel avec l'argent, comme fapports , & Le cuivre , comme communicateur , produifoient de foibles effets ($. XV ,exp.3 & 4), tandis que Ze plomb & Le nickel, comme fupports, produifoient une autre fois des convullions très-vives avec l'or, l'argent & le cuivre, comme communicateurs. ( $. XUIL, exp. 7, 8 & 9.) Go. Le plomb & Pargent, ainfi que l’antimoine & l'argent, employés comme fupports, donnoïient des effets fupérieurs à ceux de l'alliage de plomb & d'argent fubltitué , foic à l'argent, foit au plomb , dans l’une & l’autre expérience ; & ; en général, il a paru que, dans plulieurs cas, les _ BA pÉ No MD LE AT ASE HO RLL TE CNE Tr à D « "1 ET D'HISTOIRE NATUR : + 45 effets foibliffoient lorfque les parties de l'arc fe rapprochoïent davantage de J'état d'identité. ( $. XVII , exp. 2 & $.) 4 Ainf , quoique la moindre différence de nature entre les pièces für fufi- fante pour occalionner les effets galvaniques, ces effers ont été foibles quand nous avons employé conjointement /e cuivre jaune & Le cuivre rouge ($. XIX, exp. 3 ); un certain degré d'oxidation d'un métal comme /e fe en affoi- bliffoit également les effets ($. XIX , exp. 14); & fur-tout nous avons cru devoir remarquer l’efficacité de l'arc lorfqu’on y introduifoit des chairs dé- nudées & fans epidermes. ($. XIX , exp. 1.) Mais le rapport entre la nature des parties qui entrent dans la compofition de l'arc excirareur & la vivacité des convulfions qui caraétérifent l'effet gal- vanique , eft encore foumis à ces influences dont quelques-unes feront exa- minées dans l'article fuivant. ARR TACPRPES MATUR Cet article traite des caufes étrangères à la compofition du cercle gal- vanique & des deux arcs qui le compofent , & qui néanmoins ont une influence évidente fur le fuccès des expériences. Les faits prouvent que l'influence galvanique paroît s’exciter par lexer- cice, s’épuifer par la continuité du mouvement, & s'empêcher par le repos, &\qu'en général, dans toutes ces expériences, il faut examiner attentivement l'état où fe trouve l’animal dans les différens iuftans où on opère , le mode du contact des excirateurs, la fucceflion des expériences, & enfin les milieux dans lefquels on opère. A RARMIAGALE ER TV ÆExpériences fur les moyens de faire varier, d’énerver & de rétablir la Jfafcepuibilité des animaux dans les expériences galvaniques. Pour compléter la clafification des caufes qui peuvent influer fur le faccès des expériences faites fuivant la méthode du doéteur Galvani, il étoit encore néceffaire d’éprouver , indépendamment des ciiconftances qui üennent à la manière d'opérer , à l’état de l'animal & aux influences des milieux , l’aélion de differentes fubffances qui ont ou fort fuppofees avoir la faculté de developper ou de fufpendre la fu/ceptibilité des organes ner- veux & mufculaires , où du moins leur influence réciproque. : Nous connoiflions ; par la voie des journaux , les expériences que Humbolde avoir tentées fur l’aétion de différens agens chimiques, & nous en avons répété quelques unes; mais ; avant tout, nous avons effayé ce que pouvoit opérer l'influence éledrique, Nous rapporterons aufli ce \ . L. © " que quelques x, Fe I DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nous ont obfervé relativement au galvanifine , dans des expériences faites , à l’école de médecine, fur différens genres d’af- phyxies. Nous nous propolons encore d’éprouver les effets d’un froid arti- ficiel, & en général de toutes les variations du calorique compatibles avec le maintien de l’organifation ; mais nous n'avons pas encore pu nous livrer à ces recherches, $.. Ier. Influence de l'éleëtricicé fur la [ufceptibilité des animaux aux évreuves galyaniques. 70. Nous avons pris une grenouille épuifée par les épreuves galva- niques, & qui ne pouvoit plus entrer en convulfion par le moyen des excitateurs les plus efficaces ; Elle a été approchée d’un éleétrophore chargé , & a reçu du plateau une éteincelle éleétrique qui l’a mife en convulfon : Alors , foumifé aux appareils palyvaniques ordinaires ( $. XVII, exp. 2)» Elle à donné de nouveau les preuves d’une fufceptibilité très-marquée pour l’action des excitateurs galvaniques. Cette expérience nous a paru fuffifante pour démontrer la propriété de l’éreincelle électrique pour rétablir la fufcepribilité des animaux épuifés par des expériences répérées. ! Nous avons enfuite effayé différentes liqueurs , telles que l’alkool , la folution de porafle & une diffolution aqueufe d’opium fort chargée de cette fubftance ; nous avons aufli éprouvé l’action de l'acide muriatique oxigéné fur les organes, foit énervés , foit épuifés. Dans tous les cas, pour éprouver la fufceptibilité de nos animaux , nous avons employé pour fupports les métaux qui font refpeétivement les plus efficaces, tels que l'argent & le zinc. Nos expériences nous ont donné les réfultats fuivans. SALE Effets de quelques liqueurs fur les propriétés galvaniques des organes mufculaires. Alkoo! & acide muriatique oxigéné. 71. Le nerf d’une extrémité à été plongé dans l’alkool pendant quatre minutes ; Le mufcle pendant deux minutes : Les | RE R +0 2 28 A NES EE Pa CES EEE : "NOUS ET D'HISTOIRE NATURELLE. | (y Les convullonsgalvaniques ont été très-affoïbliés à la fuite ‘de cette immerfion, L'immerlion recommencée pendant deux minutes ; tant pour le nerf que pour le mufcle , de manière que le premier a éprouvé en tout une immerfion de fix minutes, & le mufcle une immerfon de quatre : La fufcepribilité à été complètement éteinte, & les parties ont refté infenfbles à toutes les épreuves galvaniques. 72. Alors on a plongé les mêmes paities dans l'acide muriatique oxi- géné: L'animal n’eft point redevenu fenfible aux épreuves, & la fufcepri- bilité eft reftée éteinte. 73. Les pieds , d’une part ; Le haut de l’épine , de l’autre , ont été plongés dans l’alkool un temps que nous avons négligé de marquer au procès-verbal , mais qui nous a paru fuffifant , d’après l'expérience précédente ; Les nerfs intermédiaires & les muftles des cuiffes reflant au-deffus de la liqueur ; La fufceptibilité des mufcles & des nerfs a continué de fe maintenir. 74. Les nerfs d'une grenouille reflant libres & hors d2 la liqueur , les jambes & les cuifles ont trempé, avec l’épine de l'animal, dans l’alkool, D'abord pendant quatre minutes , : Puis pendant cinq , Enfin pendant fix : Au bout des quatres premières minutes la fufcepribilité perfiftoit , Au bout des cinq elle a foibli, Au bout des fix elle a paru éteinte. Alors on a plongé les mêmes parties dans l'acide muriatique oxigéné, La fufceptibilité ne s’eft point rétablie, Application de l'acide muriatique oxigéné à des organes épuifés par une fuite d'expériences. 75. Des parties de grenouilles foumifes à une longue fuite d’expé- riences, fe trouvant épuifées & ne répondant plus aux excirareurs galva- niques , On les a touchées à pluleurs reprifes avec de Pacide muriarique oxi- géné : pu . Leur fufceptibilité ne s’eft point rétablie. P Immerfion dans une diffolution de potaf]e. 76. Une cuille de grenouille très-vive ayant été plongée dans une diffo- lution de poralle , Tome 1. FRIMAIRE an 7. Nnn TA; # (4 F :€ 2 , L 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Y a éprouvé de légères contractions & des treflaillemens continués. Immerfion dans une diffolution d’opium. 77. La cuilfe d’une grenouille également vive a été plongée dans une diffolution aqueufe d’opium très-forte ; Elle y eft reftée d’abord une minute , puis fix, puis dix : Les contractions occalonnées par l’appareil galvanique ont continué d'être très-fortes. L’immerfion ayant été prolongée jufqu’à quinze minutes , Les contractions ont commencé à $affoiblir fenfblement. Ces expériences , répétées d’après un extrait de celles de Humboldt ; inféré dans les journaux , & , autant que nous pouvons en juger , d’une manière entièrement conforme aux procédés employés par le phyficien alle- mand, ne nous ont point cependant préfenté des réfultats conformes aux fiens. Mais Humboldt nous a obfervé à cet égard que ce genre d'expériences , qui a pour objet de déterminer des nuances plus où moins difficiles à faifir , devoir être répété dans des temps plus froids & dans une faifon plus convenable. Nous nous propofons de le faire & d'en rendre compte à Pinftitut. SDL Influence fur les effers du galvanifine , des différentes caufes qui produi- Jent les afphyxies. ( Extrait d'expériences faites à l’école de médecine de Paris. ) Ce que nous allons rapporter. ici concernant Les effets des afphyxies fur les organes mufculaires , eft un extrait fidèle des réfultats obtenus fous les yeux de quelques-uns de nous (1) , dans des expériences faites à l'école de médecine far des animaux à fang chaud, dont les uns ont été afphyxiés , foit par la fabmerfion , foit par à ftrangulation, foit par l’action de diffé- rens gaz; d’autres ont péri dans le vide ou par les décharges électriques. L'objet de ces expériences étoit de comparer entre eux tous les phéno- mènes & les effets des différens genres d'afphixies. Mais parmi les épreuves faites pour conftater les changemens éprouvés À (1) Deux des commiffaires , les citoyens Fourcroy & Hallé fe font occupés de ces expériences avec Deyeux , Chaufier , Leroux , profelleurs de l'école ; Dupuytren, * profecteur ; le citoyen Thillaye fils, aide-confervateur, & plufieurs autres perfonnes attachées à l'école de médecine, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 par les animaux afphyxiés, on s’eft occupé particulièrement de déterminer l’état de leur fyfRème mufculaire relativement aux effets de l'influence gal- vanique. On à fait ces épreuves au moyen d’un arc excitateur compofé de trois métaux différens , & particulièrement formé de pièces d’or & d'argent, de lames d’étain & de plomb , de pièces ou de fils de cuivre ou d’inftrumens de fer. Les animaux foumis aux expériences étoient des /apins & de perits ca- biais ou cochons d’Inde ( Cavia cobaya) : le volume de ces derniers fe prétoit mieux aux expériences que l’on fair avec l'appareil pneumato- chimique, & fur-tout avec l'appareil au mercure. L'état de fufceptibilité des organes nerveux & mufculaires a préfenté des phénomènes très-variés, fuivant la différence des caufes des afphyxies & la manière dont elles fe font opérées. En voici les réfultats fommaires. Nous les diviferons en afphyxies qui ont anéanti la fufceptibilité galvani- que , afphyxies qui n’ont fait que la fufpendre, afphyxies qui l'ont feulement affoiblie, & afphyxies qui ne l’ont point altérée fenfiblement. 1. Sufcepribilité entièrement anéantie par les afphyxies dans le gaz hydrogène fulfuré , par la vapeur du charbon, par la fubmerfion de l'animal fufpendu par les pieds de derrière, 78. La fufcepibilité pour les intermèdes galvaniques a été anéantie après l’afphyxie par l’hydrogène fülfuré. L'animal , qui étoit vn perit cabiai, a été afphyxié dans l’efpace d’une demi-minute. Ïl a été ouvert au bout de cinq minutes : aucune de fes parties ne s’eft trouvée fufceptible des effets galvaniques; les mufcles étoient livides, le cœur étoit rétréci, dur & fans mouvement. 79. La fufceptibilité a été également anéantie pat l’afphyxie dans une atmofphère chargée de la vapeur du charbon. Un petit cabiai , placé dans une petite chambre avec un fourneau chargé de charbon en ignition , a été complètement afphyxié au moment où les charbons ont paru ceffer de brâler, vingt minutes après y avoir été introduir. 11 a été ouvert quinze minutes après l’afphyxie apparente. Aucun des organes mufzulaires ne fe contraétoit, ni par les moyens gal- vaniques, ni par l’irritation du fcalpel. Les oreilleues fe contraétoient encore quand on irriroit le cœur. So. Un animal /vfpendu par les pieds , la tête plongée entièrement fous l’eau , n'a également donné aucun figne de fufceptibilité , après l’af- hyxie. C’étoit un lapin ; il a ceffé tout mouvement au bout de trois minutes, Nnn2 ‘ sent ue À 46o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a été ouvert au bout de cinq. Les mufcles n’étoient ni irricables, au fcalpel , ni fufcepribles des excitarions galvaniques. : Au contactde l'air, le cœur étant mis à nud & dépouillé de fon péri- carde , l'oreiilette droite s'eft contraétée, & le ventricule droit enfuite. La fufceptibilité ne s’eft point rétablie. Ce fair eft d'autant plus remarquable, que, comme on le verra, il ne fe préfente pas également dans les fubmerlions opérées de toute autre manière. 2°. Suftepribilicé fufpendue par l’afphyxie dans l'acide carbonique pur ; Jous l'appareil au mercure. 81. La fufcepribilité a puru nulle , mais s’eft évidemment récablie à l'air, après ure afphyxie caufée par le gaz acide carbonique , retiré de la craie au moyen de l'acide fulfurique, L'animal évoic un petir cabiai. L’afphyxie fut complète au bout de deux minutes , & l'ouverture fut faite au bout de cinq. À louverture, les difpo- fiions de l'appareil galvanique ne produifirent pas d'effets fenfibles ; mais ces effets fe développèrent après. quelque temps d’expofition à l'air. ! Le mème phénomène a eu lien relativemenct à l'irritabilité des mufcles par le fcaipel, & également pour les contractions fpontanées du cœur, qui ne battoit pas à l'ouverture de la poitrine , & qui a fini par battre, fur -tout dans fes oreillettes ; quelque temps après fon expolition à läir. Ce mème phénomène, relativement au cœur , s’eft manifefté dans un autre animal afphyxié par le même gaz dans l'appareil pneumato-chi- mique à l’eau. Il exifte une différence remarquable entre le réfultat de certe expérience & celui de l'afphyxie caufée par la vapeur du charbon répandue dans l'air atmofphérique. Dans celle-là, la fufcepubilité ne s'eft point rétablie ; mais il faut aufli remarquer entre l'une & l’autre cette différence , que celle-ci s’eft opérée rapidement & en deux minutes, & que l'autre a eu lieu bien plus lentement, & s’eft prolongée pendant l’efpace de vingt minutes. 3. Sufcepribilité affoiblie ; mais non anéantie , dans les afphyxies caufees par le gaz hydrogène fulfuré ayant perdu partie de fon foufre , par le gay ammoniac, par le gaz azote, par les gax épuifés par la refpiration , & dans les animaux qui ont péri par les Jubmerfions. Plufeurs autres caufes d’afphyxie , après l’anéantifflement de tous les fignes extérieurs de la vie, ont laiffé à l'animal un deoté de fufceptibilité plus ou moins affoibli , mais cependant aflez fenfible, "ET D'HISTOIRE NATURELLE. 461 s 82. Le mème gaz hyérogène Julfuré, dont une partie avoit déjà fervi à une afphyxie dont nous avons parlé, & après laquelle tous les organes mufculaires fe montrèrent privés de toute itritabilité , fervit, deux jours après , à une feconde expérience , ayant laiffe depofer une partie du foufre qu'il tenoit en diffolution. Un petit cabiai y fut afphyxié en une minute ; Vautre , du même volume & dans le même efpace, avoit été afphyxié en une demi-minute. Celui dont nous parlons ici ayant été ouvert au bout de cinq minutes , les mufcles parurent moins livides , le cœur également moins révéci, noir & immobile ; mais les mufcles qui n'éroient prefque point irritables au fcal- pel , fe montrèrent aflez fenlibles aux excirareurs galvaniques. La pièce d'argent qui fut placée fous le mufcle fut néanmoins fenfblement fulfurée à fa furface. On voit ici que la caufe de l’afphyxie perd & de fon intenfité & de fes effers relativement à la fufcepibiité, galvanique , en proportion de ce que le gaz fe rapproche davantage de l’état du gaz hydrogène pur. On en verra bientôt une nouvelle preuve. : L’afphyxie occafionnée par le gaz ammoniac a également diminué confidérablement la fufcepubilité, fans l’anéantir. Un petit cabiai, placé fous une cloche remplie de ce gaz fur l'appareil pneumato-chÿmique à mercure , a été afphyxié ez-#oins d'une minute , & au bour de cinq minutes il a été ouvert. Les mufcles un peu livides, éroient très-peu irritables au fcalpel ; le cœur étoit dur, ne battoit pas, & l’oreillerte droite batroit feules Nan moins les mufcles paroifloient plus fufceptibles de l'influence des appareils galvaniques , que contractiles par l’action desirritans. 84. L'afphyxie, dans une cloche remplie de gaz azore, a eu lieu dans un petit cabiai dans l’efpace de cing minutes & demie. À l'ouverture , les mufcles ont paru peu fufceptibles de fe contracter par action des intermèdes galvaniques. Mais ici l'iritabilité , provoquée par la piqüre du fcalpel , à paru beau- coup plus vive, & les oreilleres du cœur fe font contractées avant & encore plus vivement après l'ouverture du péricarde. L'air refpirable non renouvelé ceffe de l'être, & fzit périr enfin les ani- maux dans une véritable afphyxie; néanmoins les effets font différens Jorf- que cette afphyxie arrive dans le gaz oxigène ou dans le gaz atmofpherique : mais cette différence a offert des proportions auxquelles. on n’avoit guère lieu de s'attendre. 5 ï 85. Un cabiai, renfermé fous une cloche pleine de gaz oxigène retiré du muriate oxigéné de potaffe , & remplifflant une grande paitie de la capa- cité de cette cloche, y eft tombé pleinement afphyxié ax bour d'une heure 462 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quarante minutes, Un fecond , placé dans le mème appareil , l'a été après une heure quarante-cing minutes, Dans l'un & dans l'autre, après l'ou- verture , on a trouvé les mufcles trèspeuirritables au fcalpel , peu fenfbles aux excitateurs galvaniques , & le cœur fort gros, mais abfolument fans contraction, 86. Au contraire, dans un petit cabiai introduit fous une cloche remolie d'air armofpherique , & afphyxié au bout de vingt-quatre minutes, on a trouvé les mufcless & très-irritables au fcalpel & très-fufcepribles des influences galvaniques , & le cœur a continué de battre pendant très-long- temps : il battoit encore au bout d’une heure. Cependant, après l'expérience faite dans le gaz oxigène, l'air reftant dilatoit encore la flamme d’une bougie & la rendoit brillante ; & , dans l'expérience faite dans l'air atmofphérique , le gaz refkant éteignoit les lumières. Enfin les effets de la fubmerfion obfervés dans deux Zapins, dont l’u fut Jubmergé promptement à l’aide de poids fufpendus à fes extrémités antérieures , l’autre fut abandonné à lui-même dans une cuve remplie d’eau , préfentent un contrafte affez remarquable avec les effets obfervés dans le lapin dont on avoit plongé la tête fous l’eau en le tenant fufpendu par les pieds de derrière, & dans lequel les mufcles ne s’étoient montrés nulle- ment fufceptibles de l’action des excirateurs galvaniques. 87. Le lapin fubmergé par les poids fur afphyxié au bout de trois mi- nutes , & ouvert au bout de cinq. Après quinze minutes, les mouvemens galvaniques étoient encore très-vifs; mais ils cef/èrene au bout de vinge minutes. 88. Le lapin abandonné dans la cuve nagea pendant neuf minutes, fut afphyxié au bout de quatorze , retiré & ouvert au bout de quinze minutes. Les mouvemens galvaniques cefférene cout - à - fait apres vinge- cinq minutes. ; PR 4°. Sufceptibilité fubfiflant fans altération après les afphyxies produites par la fabmerfion dans le mercure ; par l'effec des gaz hydrogène pur , hydrogène carboné, acide muriatique oxigené, acide fulfureux ; par la Jftrangulation , par la privation d'air dans la machine pneumatique , par les décharges d’une batterie éleëtrique. Parmi les genres d’afphyxie après lefquels l’irritabilité des mufcles, & far-tout leur fufceptibilité galvanique, ont paru n’avoir fouffert aucune alté- ration , autant que les obfervations comparatives peuvent nous permettre cette affertion , on pourroit déjà mettre celle que l'animal a éprouvée après avoir épuifé l'air atmofphérique ordinaire , & dont nous n'avons parlé plus COST ES BNC ee MT kid | arret CAT * ET D'HISTOIRE NATURELLE. 463 haut que pour la rapprocher , par la comparaifon , de celle à laquelle un animal femblable à fuccombé dans un pareil volume de gaz oxigène pur. 89. La fufcepuibilité n’a pas non plus fouffert d’altération fenhble dans un animal /ubmergé , en le faifant pafjer fous une cloche remplie de mercure. C'éroit un perit cabiai : il fut afphyxié , comme dans les fubmerfions forcées fous l’eau , a bout de trois minutes ; il furretité au bout de cinq, & ouvert. Les mufcles confervèrent à-la-fois une grande irritabilité au fcalpel & une grande fufceptibilité dans les expériences galvaniques. Cette propriété s’eft foutenue au - delà de trente-cinq minutes , & le cœur battoit également au bout de ce temps. 90. Parmi les afphyxies que caufent les gaz différens de l'air refpirable, celle que produit /e gaz hydrogène pur retiré de la limaille de fer par l'acide fulfurique , eft celle qui tarde le plus à s’opérer. Un petit cabiai, introduit fous une cloche remplie de ce oaz, n’a été afphyxié qu’au bout de dix minutes. Retiré & ouvert au bout de quinze minutes, les mufcles de toutes les parties fe montrèrent & plus irritables & plus fufcepribles des contractions galvaniques, & perfévérèrent plus long-temps dans cet état que dans toutes les expériences précédentes. Le fang de l'animal étoit épais & ne couloit pas. Nous ferons obferver ici la différence qu'appottent dans les effets du gaz hydrogène les fubftances qui y font diffoutes , & les proportions dans lefquelles elles y fonc diffoutes. La comparaifon des effets des gaz hydrogènes fulfurés par différentes proportions de foufre, dont nous avons donné ci-deflus les obferva- tions, avec l'effet du gaz hydrogène pur, en eft une preuve non conteftable, & on en va voir une autre dans les effets de la diffolution du carbone dans le gaz hydrogène. 91. Dans le gaz hydrogène carboné, retiré, par la difillation, du bois de chène, un petit cabiai a été afphyxié en deux minutes ; il a été ouvert au bout de cinq. Toutes les parties mufculaires , le cœur , les oreilleites mème & le fang , étoient d’un rouge vif d’écarlate. Les mufcles fe font contractés très-long-temps , & ont été très-vivement & très long-remps fufceptbles des épreuves galvaniques , dont les plus remarquables, relati- vement à l'arc animal , ont été répétées avec fuccès fur cet animal. 92. Sous une cloche remplie de gaz acide muriatique oxigené , difpofée far l'appareil au mercure , ur pecit cabiai aflez volumineux , & remplif- fant prefque la cloche, fur a/phyxié au bout de deux minutes & demie , retiré & ouvert au bout de cinq. Ses mufcles offrirent une particularité bien remarquable: i/s ne fe contraëloient pre/qus point fous le fcalpel, 6 néanmoins ils étoient très-fufceptibles des effets galvaniques. Les ventricules du cœur ne fe contraétoient point, & les oreillettes fe contraétoient très-vivement ; le fang éroit coagulé dans fes vaifleaux , & la couleur des organes pénétrés {> TRE, “t'ul UE LT |! +. ». 4 A AVANT FINE NEA à EUR Nid ae à # TR | DECHIMIE de fang, & fpécialement des poumons ; étoit d'un rouge poutpre vif. 93: Ce fur au bouc d'uné minute 6 un quart qu'un autre petit cabiai far afphyxié dans le gaz acide fulfureux far l'appareil au mercure. Ce gaz, ainfi que le gaz ammoniac, à fair une forte impreflion fur les yeux de l’animal , & lui a caufé de vives agitations. L'ouverture faite au bout de cinq minutes, les mufcles des extrémités ont été trouvés très-irrirables au fcalpel, & tiès-fuftepribles de l'influence galvanique. Mais le cœur fingulièrement dur , contracté, rétréci, d'un rouge vif, noir à la pointe du vencricule droit qui s’eft trouvé vide de fang , ne jouifloic d'aucun mouvement, mème après avoir été expofé à l'air. 94. Un autre perit cabiai a été étranglé avec une corde. Après quelques mouvemens analogues à ceux qui accompagnent les fubmerfions , il a paru complètement afphyxié au bout d’une minute ; au bout de cinq on la ouvert. Les mufcles fe font trouvés très-irritables au fcalpel , & très-fufceptibles des cffets galvaniques. A l'ouverture d’un des côtés de la poitrine, le bras du côté ouvert s’eft aufitôt contracté & s’eft ferré fur le thorax. Le cœur gros, volumineux & fouple étoit en repos à l'ouverture de la poitrine. Frappé de l'air , il s’eft enfin contraété vivement & précipitam- ment , d'abord dans l'oreillette droite , puis dans fa totalité. 95: Un petit cabiai , placé fous le récipient de la machine pneumati- que , fut foumis aux effets que produit dans les animaux la privation de l'air : l’eprouvette ; après avoir long-remps ofcillé & varié, s’eff arrêtée au bout de cinq minutes ; à huit lignes, Peu de temps après, l'animal a été ouvert, Les mufcles fe font trouvés très-irritables au fcalpel, très-fufceptibles des effets galvaniques , le cœur très - contradtile, & le fang coulant crès- #cilement. 96. Enfin l’on à effayé de tuer un perit cabiai par des décharges répétées d’une batterie éleétrique. Comme l'intervalle néceffaire. pour recharger la batterie donnoit à l’animal le temps de revenir & de réfifter à fon effet, après cinq décharges on prit le parti de lui faire éprouver les décharges plus rapprochées d’une forte bouteille de Leyde : à la feprième il alcefjé de refpirer , à la neuvième toute contraëtion mufculaire a ceffé, & les étein- celles fuivantes n’ont plus excité aucun mouvement dans l’animal. A l'ouverture , les mufcles fe font trouvés très-irritables au fcalpel ; très- fufceptibles des effets galvaniques , & cette propriété s’eft foutenue beaucoup plus long-temps que dans toutes les autres expériences comparées. On feroit tenté de croire que dans ce cas la fufceptibilité galvanique a éprouvé quel- ques accroiffemens, VE, Réflexions VU RU RER TER AT. «ir is) ER #Æ Et LA TE AE! EOBQN te: # y # ET D'HISTOIRE NATURÉLLE. 46; Réflexions relatives à l'effet des afphyxies [ur les propriétés galvaniques des animaux. | Tels font les réfulrats que nous avons cru devoir emprunter du procès- verbal des expériences faites à l’école de médecine , fur les effets comparés des afphyxies. On y voit : 1°. Que fi toutes les afphyxies fe reffemblent par la privation d’une atmof- phère refpirable & la fafpenfon des fonétions du poumon & de la circu- lation , elles diffèrent beaucoup dans leurs autres effets, felon la nature des fubftances qui les caufent: 2°. Que parmi ces caufes, les unes paroïffent agir plus profondément, & pénétrer à-la-fois toutes les parties des fyftèmes nerveux & mufculaire ; que d’autres au contraire femblent n’avoir qu’une action fuperñcielle, & ne produire rien au-delà de l’afphyxie pulmonaire & de fes effets im- médiats : 3°. Q'un des changemens les plus ramarquables parmi ceux qui ne font pas bornés aux organes refpiratoires, confifte dans les altérariors qu'éprouve la fufceptibilité galvanique , & qu’à cet égard les diverfes caufes d’afphyxies diffèrent encore confidérablement les unes des autres : 4°. Que l’état de l'irritabilité mufculaire éprouvée par le moyen des corps dont l’action mécanique follicite la contraétion des muf.les en les irritant, ne correfpond pas toujours , à beaucoup près, à l'étar de leur fuf- ceptibilité pour le galvanifme : 5”. Enfin, que les caufes des afphyxies n’agiflent pas de la même ma- nière fur toutes les parties du fyftème mufculaire , & que le cœur eft très- fouvent-dans un état très-différent de celui des autres mufcles. Cette matière, féconde plus qu'aucune autre , peut-être , en vues nou- velles & importantes , feroit fufceprible de beaucoup de développemens; mais nous nous abftiendrons d'étendre plus loin nos réflexions à cet égard. D'abord , avant de pofer des principes généraux, il faut que les mêmes expériences aient été répétées plufieurs fois avec un fuccès à-peu-près fem- blable ; enfuite nous ne croyons pas devoir anticiper davantage fur les con- féquences que la commiffion de l’école de médecine déduira de fes expé- riences : les obfervations relatives au galvanifme n’en forment qu'une portion, dont l'utilité doit reffortir encore plus au milieu d’un plus grand enfemble. L’arucle V contient plufieurs expériences qui prouvent qu'il paroit y avoir peu de rapport entre l’éleétricité & le galvanifme. L'article VI renferme plufeurs expériences de Frédéric Von-Humbolde, que nous avons rapportées dans les cahiers de prairial & fuivans. Tome IV, FRIMAIRE an7. Ooe Dr HIER NL TE RAR CE AVEC TE : 466 JOURNAL DE PHYSIQ Réflexions & conféquences Boralese Les expériences dont nous venons de donner le détail, & les réflexions auxquelles ces expériences nous ont conduits, & que nous ne répéterons pas ici, peuvent dejà offrir à lInfitut uné idée fufifante des principales propriétés qui caraétérifent le galvanifme ; elles lui préfencent ; avec le tableau de ce que nous ayons fait pour répondre à fa confiance, celui de ce qui nous refle à tenter pour compléter la vérification de ce qu'ont déjà fait à cer égard les phyficiens étrangers ; elles découvrent à fes yeux la-perf- pective d'un vale champ d’obfervations, dans lequel un fyftéme nouveau de phénomènes fembie développer fous un autre jour l'enfemble des êtres doués de la vie, du fentiment & du mouvement, Ï y voit que les phénomènes galvaniques nous démontrent dans l'orga- nifanon animale ün principe dont la nature fera long-temps peut-être. in- connue , mäis dans lequel réfide évidemment l’effence des rapports mutuels du fyftême nerveux & du fyftème mufculaire, Ïl voit dans la manière dont fe propagent les effets de ce principe entre les parties vivantes , dans fa marche & la rapidité inflantanée de fon in- fluence, dans les moyens arüficiéls de communication auxquels il obéit, dans les rapports de cette communication avec deux ordres de fubftances, dont les ünes la tranfmettent & les autresia fufpendent ; les apparences d’une analogie fenfible entre le galvanifme & léleétricité. Cette analogie femble prendre une nouvelle force de la diftance plus ou moins remarquable à laquelle l'influence galvanique paroît s'étendre à la furface des corps, en les environnant d'une forte d’atmofphère dont l'étendue eft dans des rapports directs avec l’intenfité de cette influence & avec la nature plus ou moins communicatrice des milieux à travers lefquels fes émanations fe propagent. Elle fe fortifiera encore plus par la vérification de l’expérience par laquelle Humboldr, au moyen des Yenfations & des! mouvemens excités à-la-fois dans plufeurs perfonnes liées entre elles dans un mème cercle galvanique, démontre la tranfmiflion de cette influence par les différentes parties de l'arc excitareur. Ù de, Mais, quelle que puille être cette analogie, on voit aufli qu’elle eft loin de préfenter encore les caraétères d’une identité parfaite ; & certe identité ne paroitra peut -être compatible ni avec la pérliflance des phénomènes galvaniques au milieu des armofphères électriques, ni fur-tout avec les propriétés refpectives des fubftances qui font à-la-fois conduétrices de l’une & ifolaices de l’autre de ces influences. m Au refte, de quelque nature que foir ce principe:, lès expériences qui nous le démontrent, nous préfentent encore avec une nouvelle évidence un 4 Lee A . ET D'HISTOIRE NATURELLE. ‘ ‘467 phénomène de l'économie animale , déjà connu, maïs que l'on appréciera déformais mieux que l’on ne l’a pu faire jufqu’à préfent; c’elt que les ca- ractères de la vie peuvent fublfifter ifolément dans les différentes parties de l'animal long-temps au-delà du terme où la vie du tour cit détruite, & où l'animal cefle d’exifter, parce que les fonctions qui entretiennent l'harmonie du tout & des parties, la refpiration & la circulation , ceffent de s’accomplir. Ce net pas tout : en'nous faifant cennoître plus complètement les effets des caufes qui interceptent ces fonctions, & qui fufpendent ou anéantiffent Ja vie de l'animal en lafphyxiant, les phénomènes galvaniques nous font découvrir entre leurs facultés délétères des diftinétions dépendantes de la différence des atteintes que ces caufes portent aux facultés vitales, & donc les degrés fe rapportent non-feulement à l’intenfité , mais encore à la nature de leur aétion; & cette connoiffance ne peut-elle pas un jour nous conduire à perfectionner, & le diagnoftic, & le trairement des a/phyxies ? Malgré les efpérances que font néceflairement concevoir ces vues & ces rapprochemens , d’autres obfervations nous arrêtent & circonfcrivent les conféquences que de grandes analogies fembloient autorifer. L'inftiut , en effet, peur voir dans la férie de faits que nous lui avons expofés, & particulièrement dans la perfiftance des phénomènes galvaniques malgré la ligature ou la fection du nerf, dans la communication des mêmes effets entre des nerfs & des-mufcles pris de parties & d'animaux diffé- rens, une marche qui ne paroïit pas s'accorder avec celle qui, dans l'ordre naturel , règle l'influence des organes nerveux fur les organes mufculaires, puifque , dans l'animal vivant, certe influence eft inféparable de l'intégrité & de la continuité des nerfs. D'ailleurs, il voit également combien les moyens artificiels, à l’aide defquels nous donnons naiflance aux phénomènes galvaniques, nous laiffent encore loin de ceux que la nature emploie pour déterminer, modifier & diriger les mouvemens de l'économie animale. Et cependant, lorfque l’on confidère dans les effais de l’art, la manière dont cette influence opère à-la-fois, & le développement des fenfations, & l'exercice des mouvemens, on ne peut s'empêcher d’entrevoir dans l’aflem- blage formé par la nature des fyftèmes nerveux & mufculaire , & dans leurs rapports avec les fyftèmes fanguin & lymphatique ,un enfemble d'appareils dont les fonctions refpectives peuvent encore fe préfenter à nous fous des faces jufquà préfent inconnues , & donner un jour naïffance à une phylo- logie toute nouvelle , en nous mettant à portée de far ,. d'apprécier & peut-être de calculer ce principe moteur qui conftitue l’élement effentiel & diftinéif de la phylque des corps organifés &wivans. : Au milieu de cette foule de coufidérations nouvelles, ce qu'il y a de plus difhcile & cependant de plus nécefaire, n’elt pas d’efquifer une théorie Ooo2 Se . : , Ne CE ù RO IS UT ri 468 JOURNAL DE PHYSIQUE ,; DE CHIMIE fhécieufe ou probable: c’eft fur-rout de mettre un frein à fon imagination P P: . : HAE BE > & de la retenir dans les routes circonfcrites de l'expérience & de la démonf- tation mais fi quelqu'un doit principalement s'impofer la loi de certe prudente réferve , ce font ceux qui , comme nous, fe trouvent chargés de rendre compte de leurs travaux à une fociéré d'hommes réunis pour procéder à la recherche de la vérité, en la débarraffant, & des preltiges de l'enthou- fiafme, & de l'illufon des faufles apparences. Nons ne nous livrerons donc . 2 . D mm l La .\ pas ici à la difcuflion des différens fyftèmes déjà propofés : nous nous con- tenterons d’avoir expolé les faits conftatés par nos expériences & les confé- quences principales qui réfulrent de leur comparaïfon ; conféquences qui, lorfqu’elles fonc rigoureufement déduites , doivent être regardées comme un fecond ordre de faits dont les premiers garantilfent la certitude, —— B'A RO NET RE PIQUR L'AGFASE DE HUMBOLDT. Coôxsen tres un bitomère qui foit compofé de plufieurs parties qui peuvent fe remplacer aifément & qui fe corrigent à chaque obferva- tion , comme un inftrument d’aftronomie , voilà le problème que doit réfoudre ce baromètre. Le favant aftronome de Berne, Tralles, a judicieu- fement obfergé que tous les baromètres font fujers à fe brifer , lorfque le tube eft fixé à l'échelle qui eft cohérente avec lui. Dans le baromètre de Humbolde, le tube eft féparé de l'échelle. Lotfqu'’un tube fe brife , il eft remplacé par un autre, fur la cîme d’une montagne même. Le tube dont a be(fig. 1 ) repréfente la partie inférieure , eft collé dans un tuyau de fer b c (de 2 pouces de long) qui fe termine en c en écrou, dans lequel entre à 2 lignes ? de profondeur une vis : le bout de la vis eft quarré. Le tube une fois rempli de mercure & fermé à vis, eft mis dans un tube de cuivre , intérieurement doublé de Aanelle , extérieurement de cuir. Cer étui fe porte comme une canne, la tête d de la vis reftant, autant que pofible, en haut, dans la pofition verticale. Si l'on craint qu'il entre de Fair , il fe placera fous d. En ce cas on ouvre la vis, & verfe une goutte de mer- cure deflus avant de refermer. Tout le tube peut ètre examiné pour voir fi le mercure n’eft pas féparé par des bulles d'air, avantage qui manque aux baromètres anglais, dans lefquels les tubes font caches à moitié. La colonne (enacajoue g / , fig. 2 ), contientle mercure qu'on y verfe lorfqu’on l’a viflé fur le pied g À (fig. 3), fontenu par trois pieds repliés les uns dans les autres. La partie intérieure de la colonne eft creufée en paraleliepipède, dont l’ou- verture quarrée eft exactement aufli grande que le quarré de la vis c d. En ET D'HISTOIRE NATURELLE. 469 plongeant le tube & / m a (fig. 2) dans cette ouverture, jufqu’à ce que c d foit au- deflous du niveau du mercure, on tourne le tube (comme dans l’eudomètre de Seguin ) , en le tenant d’une main entre / m, à droite. Alorsle quarré c d ne pouvant fe tourner étant pris dans la colonne , la vis s'ouvre, € d tombe nageant dans le mercure & la communication de l'air atmofphérique avec le mercure dans le tube ef libre. Le vide de torricelli fe forme fous &, & la maffe de mercure dans la colonne augmente. L'échelle » o (fig. 4).eft atrachée à une perche de bois 7 o p (formé de deux pièces de bois de nature différente} & viflé en p & gq à la co- lonne gef. Changez les trois vis rrr, jufau’à ce que le pendule s vous annonce la poftion verticale de l'inftrument. Fixez le tube 4 a à l'échelle en ferrant les vis / & m,il y aura trop de mercure dans la colonne. Le point o du baromètre eft pofé dans l’ouverture d’un robinet s ; vous avez un ziveau conffant en ouvrant ce robinet & en laiflant découler le mercure que vous recueillez dans un petit vafe. Afin que le robinet d'ivoire s ne puifle pas s'ouvrir de lui-même, il ya en une fourche (fixée dans chaque pofition par une vis) qui l’en empèche. L’obfervarion faite, vous placez en g e un petit couflin ou couvercle (tenu par 2 vis v'v) qui empèche le mercure de fortir en marchant, ou vous démontez l’inftrument en plongeant de nouveau le tube # / m (déviflé en m & /) jufqu’au fond de la colonne f où vous tournez le quarré « d. Le vide de torricelli fe remplit par-là de lui-même, vous tournez le tube ( en le tenant de la main entre 1 & m) à gauche , jufqu’à ce que vous fentiez que c d foit fai & l'ouverture du tube rebouché. Alors vous retirez le tube avec c 4 bien fermé pour le remettre dans fon étui. 11 y a une petite perte de quelques gouttes de mercure, qui s’attachent au fer. Cet inftrument, conftruit depuis deux ans,a foutenu parfaitement tous les voyages dans les chemins les plus rudes & les montagnes les plus efcarpées. 11 faut plus de temps pour faire une obfervation avec le baromètre de Humboldr qu'avec un baromètre ordi- naire; mais aufli Le premier eft le feul peut-être avec lequel on eft certain de pouvoir s’en fervir , lors mème qu'il fe dérangeroit dans les déferts du Thibet. On le conftruit à Berlin, Weimar, Drefde , Vienne, & chez Dumotiez, à Pans. En venant du froïd au très-chaud 1l faut ouvrir la vis c d avant de s'approcher du feu. Vous pouvez aufi mettre un peu de gomme élaftique fur la vis. Cer inftrument à un avantage ou une propriété qui le diftingue de tous les baromètres. C’eft le feul dans lequel la grandeur du vide de torricelli dépend de lobfervateur. La hauteur du mercure refte la mème, que l'on plonge le tube plus ou moins profondément dans le mercure, pourvu que l’on aie foin de corriger chaque fois le niveau par le robiner. Mofcati a prouvé que la hauteur barométrique eft affectée par la grandeur du vide , à caufe de l'attraction du verre en &, & parce que le minimum L + + 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'air que contient le vide , eft plus ou moïnsdilaté, Dans le baromètre de Humboldt , on aura le mème vide de torricelli fur là cîme dès montagnes &z dans. lés vallées. F Les différentes pièces qui compofent cet inftrument , fe réuniffent dans un feul cylindre’, que l’on porte, comme un fufil, fur fon épaule. Plufeurs tubes peuvent auffi fe mettre dans une canne de bois. Ayant méfurépendant deux ans différentes montagnes, par le baromèrre d'Humboldt & par d’autres conftruits fur les anciens principes , on n’a pas vu de différences fenfibles dans un calcul, qui, pat d’autres raifons (expofées par Tremblay) eft encore bien loin de fa perfection. LETTRE DE DE SAUSSURE FILS, A'J.:C: DELAMETHERILE, Pour prouver que les terres pures n’abforbent pas l’oxigene ; 6e, J ’A 1 eu la fatisfaétion de conftater par des expériences variées & faites avec beaucoup de foin ,les réfulrats que j’avois annoncé , favoir que les arties vertes des plantes vicientau foleil & à l'ombre, l'air atmotfphérique dans lequel elles végètent, lorfque cet air eft en contact avec une fubftance propre à abforber le gaz acide carbonique qu’elles forment continuellement comme lesanimaux avec le gazioxigène atmofphérique. Mes premières expé- riences avoientété faitesen-expofant les plantes l'influence fuccefive du jour & de la nuit : mais on pouvoit en déduire qu'elles ne vicioient l'air atmof- phérique qu'à l’obfeurité, parce que le gaz acide carbonique qu'elles for- ment feulement à l’obfeurité (fuivant Ingenhousz) retenu” par la ‘chaux introduite dans le récipient, ne’pouvoit plus être décompefé à la lumière. Mais lorfque j'ai expoléiles plantes uniquement au foleil avec de la chaux vive ou de l’alkali cauftique, en fortant les plantes du récipient .le foir, pour des y introduire de nouveau le matin , j'ai toujours obtenu le même réfaltat ; favoir :4bforprion du gaz oxigéné, & diminution du volume de l'air coffacré à l'expérience: tandis que les plantes placéessdans les mêmes circonftances, mais fans alkali ou. fans chaux, amélioroient , ousdu moins ne vicioient jamais leur atmofphère. J'ai conftaté de plus que legaz acide carbonique qui, mêlé-en petite quantité à l'air armofphérique , favorife aù foleil la végéraeion des plantes développées , retarde toujours , foit au/foleil, foir à l'ombre, la gernihation-destgraines ,& eft également nuifible ‘dans toutes les -proportiüns aux jeunes plantes. Je ne quitrerai point :ce. jujet fans vous entretenir un moment fur les N Ptae tt 17 n' L CAT L 4 NO AR ns GR RLE- Par gr RUE >. i L LE E] L'or 4 AM Q * ee rai : ï MAT ILET D'AISTOFRENATURELLE |." 47 és expériences de Humboldr, dont je fuis forcé de révoquer en doute l'exactitude. * Il n’eft pas étonnant que l'humus,qui.eftle réfulrat du mélange de végé- taux décompofés avec d’autres végétaux qui ne le font pas encore, abforbe le gaz oxigène , puifqu'il eft bien reconnu que les fubftances végétales qui fe décompofent fpontanément à l'air, pallent le plus fouvent par un degré de fermentation dans lequel il fe fait une abforption de g2z oxigène atmof- phérique. D'ailleurs cette influence de l’humus fur l'air armofphérique avoit »- été añnoncée depuis 1788 par Ingeuhousz. Mais ce qui auroic été vraiment une découverte importante , c'eft l'abforp- ’ tion du gaz oxigène pas les terres fimples imbibées d’eau. Or, je puis attefter que cet effet n'a point lieu quand les terres font pures & dépouillées de toute fubftance végétale ; je dois obferver. feulement qu'on ne doit pas employer de l'eau bouillie, parce que cette eau abforbe le gaz oxigène préférablement au gaz azote, | Je tiens depuis quatre moisde l’argille (précipitée de l’alan par l’ammoniac lavée à plufeurs reprifes,, fechée au foleil & imbibée en fuite d’une quantité d’eau fuffifante pour la rendre duétile)en contaét à ja dofe de quatre onces avec $o pouces dair atmolphérique, elle n’en a pas abforbé un atome, J'ai fait la même expérience avec de la chaux faturée & non faturée d’acide carbonique , j'ai obtenu le mème réfultat. La filice fe comporte de la même manière. Ses recherches eudiométriques font ingénienfes, mais les limites d'erreur qu'il afigne À l’eudiomèetré à phofphore foñrinexactes , &ine font point de nature à faire rejetcer cet inftrument. 11 n'indique, ikeft vrai, que 2 ou = de gaz oxigène dans l'air atmofphérique, mais il les indique conftam- ment, quelque foit la forme du vale où fe fait la combuftion & la viteffe de cette méme combuftion. Si on ajoute une quantité déterminée, de gaz azote ou de gaz oxigène à l'air atmofphérique ; l'eudiomètre indiquera avec précifion cette quantité. Les erreurs qui peuvent réfulrer de la mani- pulation dans l’'ufage de l’eudiomètre.à air nitreux, doivent faire préfé-er à une main non exercée & pour des expériences exactes, l’eudiomètre à * phofphore siéeft du moins le réfultag qué je puis uirer de l'ufage journalier de ces deux inftfamens , pendant trois ans. Quant à Faddition du fulphate de fer à l’eudiomèrre à air nitreux, l'expérience m'a prouvé qu’elle éroic plus nuifible qw’utile; car cette fubftance n'äbforbe que difficilement, & jamais en totalité ,. le gaz nitreux, lorfqw'il eft mélé au gaz azote, elle ne corrige point d’ailleurs les ufes d'erreur , attribuées avec raifoma l’ufage de leudiômètre de Fontana , & fur-tout celles qui proviennent de la différence d'abforprion à laquelle donne lieu , le plas ou le moins de prompritude avec laquelle on fair le mélange du gaz nitreux & du gaz oxigène. Je crois donc qu'on doit rejerrer ceme addition, & par des raifons chimiques , & par la complication des manipulations, L ÿ M e £ à * L 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MEMOIRE Sur des Géodés quartzeufes & filiceufes du Jura. 02 , \ Lu à la Société des Amateurs des Sciences naturelles de Genève ; le 18 octobre 1798. - Pat Guillaume-Antoine Dezvuc. L: naturalifte qui s'occupe de géologie, doit s'exercer à connoître les foffiles marins , pour qu'il puifle les diftinguer , dans quelque état d’alté- ration qu'ils fe trouvent. Ces fofliles font quelquefois fi fortement péné- trés par des particules criftallines où métalliques , que leur contexture & leur forme même , font altérés au point qu'il eft difficile de les reconnoître. Bien des corps marins peuvent être méconnus dans l’état de pétrification fi l’on ne s’eft pas exercé à comparer les corps marins pétrifiés avec les corps marins récens, & à failir tous les indices qui les rapprochent. Souvent un morceau feul ne fuffit point pour cela, il faut s’en procurer plufieurs d'un même lieu; parce que tels caractères qui font détruits dans l’un , peu- vent être confervés dans l’autre, & que de leur réunion, il fe forme un enfemble qui conduir À la vérité. Il eft quelquefois plus important qu’on ne penfe de chercher à s’éclairer, autant qu'il eft pofible, far la nature d’une pétrification avant de porter un jugement ; puifque de cette décifion peut dépendre la place que l’obfer- vateur aflignera, au rocher, à la montagne qui renferme cette pétrifica- tion, dans la claffification de ces monumens des révolutions de notre globe. “> On a trouvé, depuis quelques années, dans la partie du Jura, voifine de St-Claude & de la vallée de Chérify , des géodes éreirs & filiceufes. Ces géodes , plus dures que le rocher calcaire où Elles ont été formées , ont rélifté à l’aétion du temps, tandis que la partie du rocher qui les environnoïit a été décompolée”"& détruite , & les a laiflé ifolées” dans la rocaille où on les trouve aujourd'hui. Ici fe préfenteune queftion qu’il faut premièrement réfoudre.Ces géodes ont-elles étéformées dans la couche a&uelle d'où elles proviennent? ou appartenoient-elles à une couche antérieure détruite dans l’ancienne mer, puis tranfportées par les eaux de cette même mer , ou dans une couche nouvelle , comme on en obferve pluñeurs exemples? Una feul caraétère peut n ET D'HISTOIRE NATURELLE. : CE 1687 T x, Die CAE" î » "UE. à Ù s 3 peut réfoudre cette queftion. Tous les corps dépofés dans dés couches actuelles , qui ont été formés dans des couches antécédentes , ont à leur farface des marques évidentes du frottement qu’ils ont fubi par le roulis des eaux, depuis la féparation de Ja couche ancienne , jufqu'à leur dépôr * dans la couche nouvelle; tels font, par exemple, les échinites & quel- ques autres pétrifications filiceufes qu’on trouve dans les couches de fable de la Weftphalie; routes ces pétrifications ont à leur extérieur des mar- ques évidentes de frottement ; mais les géodes du Jura ont leur furface extérieure dans toute fon intégrité : le vif des angles des afpérités de cette furface eft confervé; on n’y voit d'autre marque de frottement - que celui que les pointes les plus faillantes doivent avoir fubi dans les chütes fucceflives de ces géodes , depuis la couche d’où elles pro- viennent. D'où réfulte qu'elles ont été formées dans la couche actuelle de la montagne , & ne doivent pas leur origine à une couche anté- rieure. C’eft aïnfi qu’on trouve , dans les débris de la furface décompofée de quelques rochers de falève, des grifhtes filicieux , & des échinites , déta- chés de la couche qui les renfermoit , qui font très-bien confervés & fans aucune trace de frottement. Quelques-uns de ces corps ont retenu encore un fragment du rocher , de même que quelques - unes des géodes du .. gé Jura. Il feroit intéreffant , fans doute , de connoïire la couche d’où provien- nent ces géodes pour les voir dans leur lieu natif; mais comme il eft vrai- femblable qu’il faudroit gravir & parcourir beaucoup de talus & de rochers avant de la reñcontrer , j'invite nos jennes natnraliftes À faire cette entre- prife, qui feroit digne de leurs premières recherches. Ces géodes préfentent , dans leur criftallifation , des combinaifons très- fingulières, Les unes font uniquement quartzeufes , d’autres uniquement filiceufes ; celles-ci ont leur intérieur mameloné , les autres l'ont criftallifé. Ces criftaux font petits dans les unes & plus gros dans les autres ; tantôt ils font d’une eau claire & tranfparente, tantôt ils ont une teinte léoère d'amétifte , & quelquefois ils font ternes. Dans plüfeurs de ces géodes, une couche filiceufe a fuccédé à la crif- tallifation duéquartz, & en couvre toutes les pyramides. Cette couche à fouvent plufeurs lignes d’épaitfeur ; quelquefois elle n’eft que fuperficielle, & les pyramides fe diftinouent encore. Sa couleur eft ou brune , ou appro- chant de celle d’une cornaline, ou bien de celle de la calcedoine. A cette couche filiceufe ; dont l’épailfeur eft très-inégale dans la mème géode, fuccède , dans quelquessunes., une criftallifation de fpath calcaire. Peut-être arrive-il que cette criftallifation fpathique repofe immédiatement fur 12 criftallifation quartzeufe , mais ce cas doit être rare, puifque je n’en ai point rencontré. La cuiltallifarion quartzeufe eft quelquefois très-altérée dans fa forme caractériftique. J'ai une de ces géodes.dont les criftaux , qui Tome IV. FRIMIAIRE an 7. Ppp 474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ # ont le quartz pour bafe immédiate, & qui font aufli durs & tout autant inatraquables aux acides que les pyramides exagones du quartz , ont cepen- dant une forme qui fe rapproche de celle du fparh calcaire rhomboïdal ; d'autres ont leur criftallifation confufe & difficile à déterminer. ka Ce changement dans la forme caractériltique des enftaux quartzeux , ne peut être dù qu'a une combinaifon des molécules quartzeufes avec des molécules fpathiques ; comme il arrive à quelques critallifations artificielles des fels, qui deviennent confufes où changent de forme , lorfqu'il y à mélange de plufeurs efpèçces de fels. Ces géodes du Jura ont quelquefois un autre accident non moins remar- quable. Ce font des vides dans leur mañlif, qui ont la forme réoulière d’un prifme exagone , dont deux côtés oppofés font conftamment plus étroits que les quatre autres. La furface de ces vides eft lice; on voic que la criftal- lifation du quartz eft venue s'appliquer contre le corps qui a produit ce vide , fans qu'il refte aucun veftige de ce corps qui puifle indiquer quelle éroit fa nature, D’après quelques projections de la criftallifation dans ces vides, il paroît qu’elle a continué à s’y former depuis la deftruction du corps. Quelques-uns de ces vides ont jufqu'à 20 lignes de longueur fur 3 lignes de diamètre. Ces géodes ne furent d’abord pour moi un objet de curiofité , que par la fingulière variété des accidens de leur criftallifation. Mais un point de vue plus intéreffant vint fixer mon atrention ; celui de chercher à décou- vrir quelle pouvoit être leur véritable origine. | J'avois trouvé , dans les rochers de Salève, des géodes calcaires, tapiffées intérieurement de différentes eniftallifations fpathiques. Je reconnus bientôt dans ces géodes tous les caraétères d’un madrépore, dont l’intérieur décom- pofé & dérruit, avoit fait place à ces criftallfanions , tandis que la furface extérieure , plus où moins confervée, avoit retenu l’organifation du ma- diépore. Conduir par cet indice, je portai mon attention fur l'extérieur des g£odes du Jura, dont la fuiface hachée & très-raboteufe m'avoit fouvent frappé , & j'examinai, à plufeurs reprifes , routes celles que j'ai en ma poffefion, Un trait de lumière partit enfin de l’ane d’elles, & me dééouvrir qu’elle étoit un madrépore. Je ramarquai fur cette géode quelques creüx , où je crus reconnoître la forme des trous percés par des pho/ades dans les ma- drépores récens; & fi ma conjecture éroit vraie, je devois découvrir fur la furtace de ces creux la tranche des tubes ou faifceaux étoilés du madrépore comme on la voit fur la furface des trous-percés par les pho/ades dans les madrépores naturels. PU L'extérieur de ces géodes étant le plus fouvent terreux , &tayant même quelquefois de petites moufles, jenéroyai ces creux avec foin , & les tranches étoilées parurent. Je continuai à nétoyer exactement toute la furface de la EE + + EVBID' HISTOIRE, "NATURE LLE: 475 sodee & j'y vis clairement alors, dans pluñeurs endroits, lorganifation d’unmadrépore , les lantelles longitudinales des faifceaux & leur extrémité éroilée, Eclairé par cette découverte, je retrouvai la mème organifation , plus ou moins apparente , fur la plupart des autres géodes. Ces caractères m'a- voient échappé au premier coup-d’œil, parce qu'ils font peu apparens. Les particules quartzeufes , fans doute plus pénétrantes que celles du fpath cal- caire , peuvent détruire plus aifément la contexture délicate du madrépore. J'ai acquis ainfi la démonftration complète que ces géodes quartzeufes & filiceufes da Jura Ont été originaitement des madrépores ; que ce font ces corps marins , très-poreux , qui ont déterminé , dans chacun des points qu'ils occupoient ; le dépôt des ‘particules quartzeufes & filiceufes, diffeminées dans les couches de cette partie du Jura, & chariées par l'eau ambiante. Après ces particules, 11 en a fuccédé de fpathiques, qui fe font infiltrées dans celles de ces géodes où il étoit refté quelque ouverture. IL doit être arrivé aufli que les particules quartzeufes & fpathiques ont été chariées & dépofées erfemble, d'où, par leur réunion, font réfultées ces criftallifations différentes dont j'ai fait mention ci-deflus. Il arrive même que quelques-unes des géodes filiceufes, remplies d’une criftallifation de fpath calcaire, n’ont à leur extérieur qu’une croûte de cette première fubftance, & que la réunion du fpath au filex eft fi intime dans cette bordure intérieure de la géode , que les deux fubitances s'y pénètrent mutuellement. Les caractères de madrépores ne font pas apparens dans toutes ; ils ont été trop altérés dans LS te ee: qu'il foit poflible de les reconnoître. Si donc je n’avois eu en ma polfeffion que des géodes de certe forte, rien n’auroit pu m'indiquer leur origine. Cette découverte n’ajoute rien, fans doute, pour déterminer la claffe des rochers où l’on trouve ces géodes. Leur nature calcaire & l'abondance des corps marins qu'ils renferment, ont décidé depuis long-remps la place que le Jura doit tenir dans l'ordre des montagnes. Mais fi elle n’ajoute rien pour ce cas particulier, le plus effentiel fans doute , elle détermine l'efpèce de cette pétrification. Ce ne font plus deïfimples géodes quartzeufes & fili- ceufes, “ôimime on les avoit confidérées jufqu’à préfent, mais des corps qui doivent être rangés dans la claffe des pétrifications marines. + FN # # s P pp 2 OB SERVATIONS! MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES « Par BouvarpD, aftronome RE — - a = =x d C2 :. _ THERMOMETRE. L BAROMETRE. { A + u LA" , | Maximum. | MiNiMum.|a Mini] Maximum | M1N1mum |A Mio. AE » Ë 1 à zhis, + 11,2Na46hm.+ 2,4|+ 11,1/a 5h-mes..28. o,5 [à 4h.s.... 28. o,0[28. 0,3 2 [à midi. H11,8là 6 © + 4,6/+ur,8ha 9h. mas 27.11,9) a 4h, s... 27.11,2|27.11,6 | 3 [à midi. + A GE + 7,314 12,6]a Ghim.. 27. 954|a,midi.... 27. 9,3|27. 9,3 4 {à ah.s.. Pir,2la 64 + 6,5|+ 10,2fà 2h.s.... 27.9,9|2 70, m... 27% 9,4|27. 9,8 s là 2b.s.. + 15,6|a 7 + 9,2|+- 159282 7h. m... 27. 9,74 5h. s... 27. 9,2|27. 9,2 6 a zhis, H 1s,6la 6 5 + 9,21+ 15,3à 6MEm..27. 9,4[à 2h5s... 27. 8,3]27. 8,8 7 |à TES, + 16,4|a 6 = + 9,7 —- 15,64 8p. M.e 27. 6,0 a 1his « 27. 5,8127. 5,9 8 [a midi. + 11,4la 7 5 42/4 11,4fa midi... 27. 6,8/a 2h5s., 27. 6,527. 678 9 [a midi. + 12,312 6 À 8,714 12,3]à ohis... 27. g,4|2 7h. m... 27. 6,3|27a 7,0 15 |à midi. L 110126: s,5l+ 11,oÏa midi... 27.11,6|4 6h.s.... 27.11,$|27-11, fa hs, + r1,6|à 660 + 4,2|+ 14,4a 7h. m... 27.10,9/4 $h.s...® 27. 8,2|27. 9,7 2|a midi. H 13,6 à 6 + 8,0|+ 13,64 8hm... 27. 7,12 midi.... 27. 6,927. 6,9 1yfa abs. + 11,3[a 6 À —Æ 4,6|# 10,21à 2h.s..., 27.10,5|4 6him.…. 27. 9,7|27.10,1 ga 25e, 9,5 72 + WT sé 2hes. 28. 0,54 6m. \ag-1710|28" 08 15|à midi. + 11,o[à 7; + 9,0! 11,oà 7him.. 27. 9,2|4 3h.s.... 27. $,o|27. 7,5 16|a midi... + 9,ofà 6 à L $,r on 9,ofà midi.... 27. 7,7|2 6him.. 27. 7,0|27: 7:37 [r7|a 2h55. + 8,9|a 8 = + 7,0 + 8,2ha 8h. m... 27. 2,0|4 6h me. 27: 1,6|27. 736 18|à midi., + 12,4/à 6 3 15,5] 12,4là 7h mm... 27. 0,6|4 midi... 26.11,7|26.11,7 19|à midi. + 11,012 8 À. 8,6|<+ rx,1fa 8h s.... 27. 4,6|a 8hLm.. 27. oÿ$27. 1,9 20|à 2him. + 8,6|a 7 + 2,8|4 8,4/à oh.s.... 27 8,3 © TOM. 2771.07: 5 | 2e SZ 21|a midi. + 8,4|à 7 Æ 3,714 8,4fà 2his.. 28. o,3|[4 7h. m... 27.11,0|27.11,9 22/à 2his. + 5,5là 7 o,2|+ 433Mà 7h. mt. 28. o,3|a 3h,s 27.11,5|27.11,9 l23[a 3hs. + 4,7la 7 & + 1,9[+4 3,4là 8h. m... 27.11,6|4 Se. 27.10,1|27.11,$ 24|à 1puS. + 59là 7 MB Ite er Cie à 1h,s.... 27.10,1|4 325 Pot 27. 9,8|.......1 25|à midi. 6,81à 6 2 + 2,2] .6,8la 4h. s... 27.10,9 a 7°.s... 27.10,3|27.10,8 26|a 2h,s,. + s,6là 7 ; + 1,34+ 5,ç5ha 2hs... 28. o,7 RCA ICES 28. 0,3 |28. 0,7 278 ohs.. + 3,0o|à 7: + 1,6|[+ 3,ofà 2h.s.... 28. 2,42 7h>m.. 28/42/0|28. 2,3 28 à midi. + o,8|à.7 + + 4,014 0,8 à 7h: M... 28. 0,6|à DE s112780,7:128.1 0,4 29|aush2s. + 2,3|a 7 + 0,2] + 8/2 7h. m... 27. 9,012 3"gs. 27. 46,727. 8,1 gofà midi. + 1,6[à 9 %s.+ 1,34 1,68à os... 27.10,9/à 7h@m. 27. 7,9{27. 9,2 RÉ C APT UE A TION. Plus grande élévation du mercure. .......... 028 02240lc27 Moindre élévation du mercure.....,....... . 26.m17 le 18 Elépationgmoyenne. "fi: - ee dettes 27 «715 Plus grand degré de chaleur. ............: + 16,4 le 7 Moindre degré de chaleur........... ni — ASOEUIE 28 È À #* s Chaleur moyenne....... eh ee 1e 46, 2 Déclinaifon de l'aiguille aimantée le r6*brumaireà midi. 22°.13/. Inclinaifon moyenne. ........ + 70.20. Nombre des jours beaux................. 4. - 8 deNcOuyerts ee 2eme Bts SL SDPTIC sunotf © SN ame pm | à. dl ° A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE ARIS, Brumaire an VIL à | LUNAIRES, Equin. ascend. Pleine Lune Dern. Quart. Equin.descend Lune perigée Nouv. Lune. 79,5 0 Calme, 83,5 O. N-O. 78,0 alnE Dern. Quart. Lune apogée. Equin.ascend. alme. Calme, de pluie... de Vent... de grêle .... “de tonnerre, f POINTSÉ de neige. .... Le vent a foufflé du N. ,........ $ Vi ARPTAA,T 1 G2N PER EL orne — H En Quelques nuages ; brouillard furla Seine, Mémerémps ; ciel trouble. Ciel couvert ; pluie depuis 8 heures.jufqu'à 11 heures du matin, Pluie fine avant midi & Je Loir vers 4 heures, e Ciel nuageux : Ciel couvers par intervalles ; pluie fine vers midi. Quelques éclaircis. Eclaircis par intervalles ; brouillard le matin ; pluie vers midi. Pluie le matin & le foir ; beaucoup d'éclaircis par intervalles. Ciel nuageux. Ciel couvert l'après-midi. Beaucoup d'éclaircis par intervalles, Même temps , brouillard le matin. Aflez beau depuis 10 heures du matin. Pluie continuelle depuis midi jufqu'a 6 heures du foir. Brouillard épais le matin ; beau ciel vers midi, Pluie abondante le matin ; affez beau le Loir. Pluie le marin & converr toute la journée. Ciel couvert ; pluie; averfe le foir. Beau le matin ;j ruageux & trouble laprès-midi. Ciel à demi-couvert. Brouillard épais le matin & gelée blanche ; l'après-midi nuages, Même temps ; pluie fine le foir à 9 heures. Le matin, beau par intervalles ; pluie une partie de la journée. Ciel nuageux & trouble. Ciel à demi-couvert; brouillard & gelée blanche. Idem, Quelques nuages ; brouillard épais ; givre fur les arbres & fur terre. Brouillard confidérable ; pluie depuis 1 heure jufqu’à 8 du foir. Ciel couvert jufqu’àa 7 heures du‘foir , brouillardle matin, A 473 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHER : « d pe ” a. ! EN A Re a “ts È NOUVELLES LITTÉRAIRÉS. Fiora Auluñrica, Se. eeftà-dire , Flore Arlantique , par Réns Drsronrainrs. ere fixième livrailons. Fe « L: » « # . à * ne : Les livraifons de ce be ouvrage Ptit avec rapidité. La cinquième liyrai log, … contient les Ur 0 s & une partie des retradynamies. F , a La fixième livraïfon renferme le refie des tetradynamies A La : Profpeëtus d'une nonvelle méthode pour la claffication des infeêles hyméuoptères 4 " ah ; PT JURINE. 4 De e L _ : . k : L L'ouvrage que l'on annonce au public, eft borné à la claffe des hyménoptères de Linnée, Piezata de Fabriaius, & il fera fuivi des diptères anrhliarasdu même auteu Le Cette nombreufe claffe fera divifée en trois ordres : la première afin infeétes ré 'h dont le ventre eft fi inrtimément uni au corcelet dans toute [a largeur, que ces deux parties #0 contifues & non contiguës. “ . Le fecond fera compofé des infeétes dont Le ventre eft implanté far la partie poftérieure du corceler. _ s Le troifième , qui fera le plus confidérable , contiendra ceux dont le ventre eft fixé derrière le corcelet par un pétiole plus ou moins allongé. : Les caraélères génériques ferontau Mt à trois. Le premier fera tiré des cellules de l'aile antérieure , ou des cel qui les forment , en prenant depuis le poine de l'aîle jufqu’a fon extrémiré. Le 22. (e trouvera dans la forme & les dentelures des man- dibules , organes qui font bien apparents dans les infeétes de certe claffe. Le 3°. repofera fur Je nombre d'añneaux dont les antennes font compofées fur la figure de ces parties, & fur leur infertion. 3 LR T À BR LE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. M #morre fur la claffé dés Vers, & principalement fur ceux qu'il importe le plus de connoître en médecine, par J.-J. VIRE. Page 1 Suite du Compte réndu à la Claÿè des Sciences mathématiques & phyfiques de P Infticur . - national,par Hairé, er 422 | Baromètre umbolr. LEE et L Lettre de Saüffure fils , fur l’abforbtion de l’oxigène par les terres. .. 470 Mémoire de Deluc , fur les Géodes. a 47% Nouvelles Litréraires. oi 28 À 47% « $ s TABLE GCÉNÉRAIE DES MarTières conNTEN UE DANS CE RE à : ET s À è LË HISTOIRE NATURELLE, “, Fe 1REx naturelle “des Poifons , par Lacerà » Page 39 : Noie fur une pierre de Vulpino, par É uns » n 99 son 8e a A PEUT [4,08 M ù . L , . n 2. | Ve ET D'HISTOIRE NA DONNEES 479 Là - Efai de cette ance, par VAUQUELIN, : K 2 ' 101 : Obférvarions fur la même Pierre , par HauY LU . 102 Introduëtlion à l'étude des pierres graves , par MiLiN. " 135$ Mi à dé SERAIN , fur une efpèce de Champignon. 148 ef Effar d'une deféription minéralogique de Landeck ÿ.par Bucu. 1 ur d’une defcription pique sp $4 . Sur les Filons. " ‘: 4 d 184 Sur l'eau qu'on trouve dans l'exploitation def Mines, 18$ Sur la nature des globes de feu qui tombent de l'atmofphére& fur le fer natif, 185$ Désos fofiles humains à Cythére, par SPALLANZANI, 178 … Mémoire fur le Cyflidicola Farionis ; par FISCHER. F , 304 ” ) \ .. : 4 + a Sur des os foffiles des Quadrupèdes , par CUVIER. Lu ie) D ins 1s : Surwes varfeaux fangurns des Sangfues, par CuvtEr. 318 2. Araignées tendeufes. * 19 « Mémôire fur les variations de hauteur & de température de l'Arve, par SavssuRE. so Æxcrait d'une Lettre de JAGQUIN , fur les propriétés des différens gaz , comme corps _ fonores. $6 4 Wocabulaire des mefures républicaines. 58 Note fur un Areomètre ASSENFRATZ, 63 De la Germination , par VON-Humsozpr. 63. Suire des expériences fur l'irritation de La fibre nerveufé & mufculaire , par VON= €. HumsoOLpr. 65 . Suite. L 189 Suite 310 Obfervations météorologiques faites à l'Olfervatoire national, par Bouvar». 76 Suite. t LH 156 4 Suite, 248 » Suite, L 324 Suite. d 404 ! Suite, & 3 476 ? Sur le Corrindon. " : 322 Flora atlantica, par DESFONTAINES. " 391 Extrait d'une Letere de Doromreu , fur l'Egypte. 402 Mémoire fur La claffe des Vers ÿ & principlement fur ceux qu’il importe Le plus de î connoëtre en médecine. 409 4 + si, 4 PHYSIQUE. FLE Mémoire fur l'urilité du Platine dans Les arts , par ALrxis Rocuon, 3 Toifé fait entre Melun & Licufaint, de la bafe d'un triangle pour mefurer un arc r +. _ du Méridien. RM 46 Recherche fur la fource de La chaleur qu'excite le frottement > PAr BENJAMIN RUMFORD, ° 24 Mémoire [ur l'Aftronomie nab &c., par Arrxis RocHon, 8s Mémoire fur un nouveau principe de la théorie du Culorique. 103 remier Effai fur la nutrition des Lichens , par DEcANDOzL+S. 107 | He expérimentales faites fur différens Animaux , par Sue, 117 * Comère de l'an VI, par MEssiER, , 144 Défcriprion d'un Thermomètre à index, par YMA1STRE, "so { Noice fur La hauteur du Baromètre au quveau dé la mer ,par FLEURIAU-BELLEVUE, 158 RL Ÿ Marne. | 1 “ Sunun froid confidérable produit par la fortie prompte de l'air atmofphérique fortemene comprimé, ” 186 LP Sur Le poids de l'Eau. d'A Ë Lettre de Vow-HumsoLot fur l’'analyfe de l'Air pris à la hauteur de € Obfervations fur la conffitution de À Air atmofphérique , par MORRO Note de HuMBOLDT fur # expériences Le à Des vaïiffeaux abforbans du Corps humain , par Gruro & Rosr. Effai de RumFORD für la propagation de la chaleur dans les fluides , &e, Suite. RER un ee A: 1 NE Obfervations faites à PObfervatoire de Paris Jur la déclinaifo parDELAMÉTHERIE , HUMBOLDT ; BOUVARD , FLEURIAU-BELLEV Nouvelle Méchanique des mouvemens de l'Homme , par BARTHEZ. Réponfe de J. H. HassENFRATZ fur l Arcomètre. js) À Æ De la phofphorefcence des Corps , & particulièrement de celle des TINGRY. 4 ” + Nofographie philofophique, par PINEL. De La refpiration des Plantes , par 3.-C. Der rues à # de PE Le Note fur l Attraëtion, par CAVENDISH. Mémoire fur la Typographie , par ROCHON. Sur le fyflême des Forces ,fpar J.-C: DELAMÉTHERIE, Note fur Les excrémens des Végétaux. Defcription d'un Cylindre de papier pour donner du luffre aux toiles. Sur Les Sons , par CHLADNI. Compte rendu fur le Galvanifme , par HALLé. 392 Suite. Es F 441 CHIMIE. Lé Analyfe de l'Eau minérale acrdule de Sulzbach , près de Colmar, par Charles * BARTHOLD. " » 16 Note furila Glucine , Où terre nouvelle retirée de l’Aiguemarine ou Beril, & de lP'Eméraude , par VAUQUELIN. #79 Note fur l'analyfe du Pyroxène ou Volcanite , par VAUQUELIN. ? 8o Réflexions diverfes relatives à l'influence de la lumière dans certaines combinaïfons, par TINGRY. : ‘ LT A Suice. : er aa Suite. Éd éd =, Sur labforption de l’Oxigène par les terres, par HumsoO1pr. 323 Effai d'un Jyfféme chimique de La fcience de l'Homme , par J. O. T. BAUMES. 329 Idées fur La nature du fluide éleétrique , par TiNGry. 355 Lettre de HuMBOLDT à INGENHOUSZ fur l’abforption de l’Oxigene par Les terres. 377 Examen du Sel marin cuivreux vert fur une lave du Wéfuve, par SAGE, 379 Expériences d’Alfonfe LerOt fur le Phofphore. E 402 Nouvelles Litéraires. J 81 Suite. # ; ; 1 Suite. / Suite. 6 Suite. 406 Suite. La Menus à > 5 Ac Zrunatre an 7 Seller Je, Zranaire art Seller à EE «r (Or a É ' Leu l'A J'ARE mL k ce LA = 2e SRE RTE