STI TRT ROSES OS TS RE RTS ARR RES SIT SET TASS D'HISTOIRE NATURELLE ERLDES, ARTS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par .-Cr DELAMÉTHERIE. NV O Sr Een AreN EVIL UTC Se — Ï TOME XLVIII.- AVPAMRLS, Chez J.-J. FUCHS, Libraire, rue des Mathurins, ne, 334. AN VII DE LA RÉPUBLIQUE, ( 1799 #. sé. ) FOUR NAT D'ENP'H Sd 'ONU:E,, DIF CHIMIE, DEEE SMPOLRE NATURELLE HOSPANED ES TEA PR IUTES. DIS GOURSUIPRE LI MIN AIRE: Par J.-C: DELA MÉTHERTE. DETTE g année offre un nombre considérable de travaux inté- ressans. On y distingue particulièrement la publication de la dé- couverte de quatre nouveaux satellites de Herschel , celle de deux comites ; une nouvelle terre, la g/zcine ; un nouveau métal, le tellurium ; il faut y ajouter la description de plusieurs plantes nouvelles , de quelques animaux, de quelques minéraux.... et enfin la découverte d’un grand nombre de faits importans. DES MATHÉMATIQUES. Legendre a donné un très-bel ouvrage, dont le titre est : Essai sur les nombres. \ paroït que Diophante, chez les Grecs, avoit traité cette matière ; Bachet donna un commentaire sur l’ouvrage du philosophe grec : 1l dit qu’un nombre quelconque esttoujours ou un quarré, ou la somme de deux quarrés , ou celle de trois, ou enfin celle de quatre , au plus. A 2 â JOURNAL DE PHISY QUE, DE CHIMIE Fermat avança « qu’un nombre quelconque ne peut être com- » posé que d’un, deux, ou trois nombres triangulaires , au plus; » que d'un , deux, trois ou quatre quarrés, au plus; que d’un, » deux , trois, quatre ou cinq nombres pentagonaux , au plus , » et ainsi de suite à l'infini ». Mais il n’avoit pas donné la dé- monstration de: ces propositions. Lagrange et Euler l’avoient donné'pour les quarrés, et Legendre l’a donné pour les nombres triangulaires ; ce que n’avoient pas fait ses prédécesseurs. Lagrange avoit publié, dans les Mémoires de Berlin, des mémoi- res sur la résolution des équations alsébriques de tous les degrés; il vient de les faire réimprimer avec des additions considérables. ASTRONOMIE. Les mouvemens de la lune sont d’un si grand intérêt pour la navigation et pour la géographie , que les astronomes s’en sont toujours particulièrement occupés. Laplace vient encore de faire un nouveau travail sur cette matière , et il a donné, sur cet objet, un mémoire dans la Connoïssance des temps pour 1758. Bouvard calcule toutes les anciennes observations de la lune, pour en déduire tous ses mouvemens. Il résulte , de tous ces travaux réunis, 1°. que le moyen mou- vement de la lune est accéleré, et que les mouvemens du nœud et de l’apogée sont rallentis. L’équation séculaire pour la longitude moyenne de la lune, est, pour lan 1850, de 11! 18” en addition. Pour les siècles suivans, il faut multiplier cette quantité de 11° 18/ par le quarré du temps écoulé depuis 1700. Ainsi, pour 1900 , on aura 45 12”, produit de 11” 18’, multiplié par le quarré de 2, qui exprime le nombre des siècles, L'équation séculaire «u nœud doit être diminnée de 2! 5o/ l’anomalie doit être augmentée d'environ 8! 40/ , Suivant Bouvard Tous ces faits ont fourni à Laplace des résultats très-intéres- Sans. On avoit cru assez généralement que l'accélération du mou- vement de la lune provenoit de la résistance de la matière éthérée. Lui-même avoit cru pouvoir en assigner une autre cause dans l’action successive de l'attraction. On suppose ordinairement que l’aitraction:agit instantanément. Mais (dans sa théorie dun mou- vement et de la figure elliptique des planètes, préface, p.xviij), il suppose, pour expliquer les mouvemens de la lune, que cette action est successive , et qu'elle doit avoirun mouvement environ sept millions de fois plus grand que celui de La lumière. Mais . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5 ses nouvelles recherches sur ces mouvemens de la lune lui ont fait abandonner cette opinion. < Lorsque les causes de l’équation séculaire de la lune n’étoient » pas connues , dit-il , (Connoïssance des temps 1798, page 376), » les géomètres avoient imaginé diverses hypothèses pour l’ex- » pliquer. Le plus grand nombre latiribuoit à la résistance de » l’éther. La transmission successive de la gravité me paroïssoit » offrir une explication plus naturelle de ce phénomène ; mais » alors on n’ayoit reconnu , par les observations , que l’accélé- » ration du moyen mouvement de la lune. Maïintesant que le » rallentissement des mouvemens du nœud et de l’anogée est bien » constaté par les observations anciennes et modernes, il faut » que la même cause explique à-la-fois , et ce ralientissement, » et l’accélération du mouvement lunaire ; car j'ai trouvé que » la résistance de l’éther accélère le moyen mouvement de la » lune , sans altérer ceux du nœud et de son apogée. L'analyse » m'a conduit au même résultat relativement à la tr nsmission » successive de la gravité. L’équation séculaire de la lune n'est » donc point l’effei de ces deux causes. Et quand même ses vraies » causes seroient encore inconnues, cela seul sufhroit pour les » exclure, Mais les trois équations séculaires des moyens mou- » vemens de la lune, de ses nœuds et de son apogée , tirée » de la loi de la pesanteur universelle satisfaisant exactement -» aux observations , il en résulte que la résistance de l’éther et » la transmission successive de la gravité, n’ont produit jusqu'ici » aucune altération sensible dans les mouvemens des corps » célestes ». Les autres recherches de ce géomètre ( dans un Mémoire sur les Mouvemens des corps célestes autour de leur centre de gra- vité, tome I. de l’Institut national), lui ont prouvé également que tous les mouvemens des astres correspondent parfaitement aux lois rigoureuses de l'attraction , ext raison des masses et de l'inverse des quarrés de distance. La matière éthérée n’oppose par conséquent point de résistance sensible aux mouvemens des astres , et l’action de la gravitation est instantanée. - DES S AT E LL IiTES DES MED Er RIS/CNANE) n. Herschel a découvert quatre nouveaux satellites à sa planète, ensorte qu’on lui en connoît six maintenant, Nous en avions annoncé huit, mais nous avions été trompés. C’est ce que nous apprend Pictet, dans l'excellent recueil de la Bibliothèque bri- tannque. ' É JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Herschel observoit depuis long-temps ces nouveaux satellites avant d’oser annoncer sa découverte. Le premier satellite , le plus proche de la planète , fut vu le 18 janvier 1790 Le second fut apperçu par lui le 11 janvier 1789. Le troisième fut vu le 26 mars 1794. Le quatrième fut apperçu le 11 janvier 1787. Le cinquième fut appercu le 9 février 1790. Le sixième, le plus éloigné de tous, fut apperçu le 28 février 1794. Voici le temps de leurs révolutions, Jours , heu. min. Le nouveau satellite intérieur............ 5 21 26. Le second ( nn de ceux qui étoient connus) 8 17 1. Léltroisienie ss enr SE ER ET Mas Le quatrième (le second des connus )..,.. 13 11 5. Lechquéme Neal TOO leistième: tement ste re O7 PNLOMArIOE Mais une particularité qu'ont ces satellites, c’est que leur mou- vement est rétrograde, tandis que celui de toutes les autres planètes est direct. On sait que pour expliquer le mouvement rétrograde , il suffit de supposer le changement du plan de l'orbite. Supposons que le plan de l’orbite soit cette feuille de papier, et que le mouvement se fasse de droîïte à gauche. Supposons que le mouvement se fasse au verso de cette même feuille de papier, toujours de droite à gauche ; on voit que ces deux mouvemens seront rétrogrades l’un par rapport à l’autre , ’est-à-dire , seront en sens contraire. Il faut donc supposer que les plans des orbites des sateilites de ITerschel sont dans un sens opposé aux plans des orbites des autres planètes. Herschel avait cru appercevoir , à sa planète, deux anneaux ; mais ayant vérifié ses observations, il a cru reconnoître qu’il s’étoit trompe. Ù k IL paroît que lesplanètes ont d’autant plus de satellites, qu’elles sont plus éloignées du soleil. On n’en connoît point à mercure ni à vénus. La terre en a un. Mars fait une exception à cette règle ; car on ne lui en connoît aucun. Jupiter en a quatre ; saturne en a sept etun anneau. On en connoît déjà six à Herschel, et on Jui a soupçonné deux anneaux. 87°. Comète , suivant Lalande , et 91°, suivant Zach). Messier , le 23 germinal (12 avril 1798, ancien style), a décou- dl ET D'HISTOIRE NATURELLE. vert une comète qui paroissoit très-petite et sans queue, La ae de son apparition a été de 43 jours, pendant lesquels elle a par- couru 102 degrés en ascension droite , suivant l’ordre des signes , et 45° ! en déclinaison boréale. Burkand en a calculé les élémens de la manière suivante. Longitude du périhélie...... 3° 14 59 o Longitude du nœud ascendant 4 2 o Inclinaison de l’orbite....... 43 52 16 Passage au périhélie, le 3 avril, 11 heur. 41’ 42/ ,tempsmoyen. Sa plus petite distance à la terre a été le 30 avril, de 32 millions ? de lieues environ. C'est la vingt - unième comète que Messier découvre depuis 1788 , et la 87°. dont on ait calculé l'orbite. Bouvard a apperçu , le 16 frimaire, à 6 heures du soir, dans la constellation d’hercule , une nouvelle comète : elle est petite, ronde et sans queue. On ne la voit point à la vue simple : son mouvement est très-rapide du nord vers le sud. Ce sera is 66°, si ce n’est pas une de celles que l'on connoissoit déjà. Dangos a observé une comète, qui a passé sur le soleil, le 18 janvier 1705 (v. st ). Etoiles. François Lalande continue son grand travail sur les étoiles de l'hémisphère boréal. Il a déjà déterminé la position d'environ quarante-huit mille. Le grand travail de la mesure des arcs du méridien, depuis Dunkerque jusqu’à Barcelone, est achevé ; Delambre et Méchain ont fini toutes les opérations sur le terrain. Les plus grands soins y ont été apportés; chaque opération a été vérifiée un grand nombre de fois. Dans la construction des triangles, on se contente ordinairement de prendre deux angles; mais dans ceite mesure, on a mesuré le plus souvent les trois angles, pour corriger ainsi les plus petites erreurs ; ensorte que l’erreur totale de Dunkerque à Barcelone n’étoit que de cinq pouces. ‘ On a ensuite mesuré deux bases, une entre Melun et Lieu- saint, qui est de 11838,5 mètres, ou six mille toises environ , et l’autre , de Perpignan à Narbonne , est de 11702,6 mètres. Le mètre qu’on avoit d’abord fixé à 3 pieds 11 lignes 0,44, sera peut-être un peu plus lorg. On soupçonne qu'il sera à-peu-près de 3 pieds 11 lignes 0,50. Les mesures de capacité seront ensuite évaluées en cubant le mètre , ou quelques-unes de ses portions , et le remplissant d’eau à une température donnée, Deluc , et ensuite Blagden, ont prouvé que la plus grande condensation de l’eau n’est pas à zero, mais à 4 au-dessus de 8 _: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE' CHIMIE zero. Il faudra donc, comme je l'ai dit, se servir de l’eau à 4° pour déterminer la capacité des mesures pour les liquides. Toutes les autres mesures se tireront en général.du mètre. D'EMEMAS PME ES MOULE: Les physiciens supposent ordinairement les fluides composés de petites molécules solides, d’une grande ténuité , n'ayant aucune adhésion entr'elles. ... .ainisi que les séomètres supposent la ligne composée de points. Kant, qui admet la divisibilité de la matière à l'infini, sup- pose que les fluides sont vides originairement , qu’on ne peut supposer en eux awcune molécule solide ; parce qu'une molécule fluide quelconque est composée de molécules toujours fluides. Il suppose que les parties de matière sont toujours animées de deux forces, Pattractive et la répulsive ; que de ces deux forces en naissent d’autres , la force calorique , le force lumineuse , la force electrique , la force magnétique... . .auxquels doivent être attribués tous les phénomènes de la chaleur, de la lumière , de l’electricité, du magnétisme.....et que, par conséquent , il n'existe point de fluide calorique, de fluide lumineux, de fluide magnétique, de fluide électrique... ... Humboldt admet également une force galvanique , ensorte qu'il se peut qu'il n’existe point de fluide galvanique. Blumenbach a aussi parlé d’une force formative , nisus for- mativus , pour expliquer l'orgine des corps organisés. Maïs Reïl a fort bien observé que ce risus formativus étoit , ainsi que je V'ai dit, une /orce de cristallisation , qui fait prendre à la matière organique , des formes appropriées, comme la prend la matière inorganique , qui cristallise toujours dans les circonstances con- venables. En général , on adopte aujourd’hui toutes mes idées sur la cristallisation générale de l’univers , sur celle du globe, et sur celle des êtres organisés : et c’est sans doute Tumener à une méme cause les plus grands phénomènes de la nature Or nous savons que la cristallisation est un effet, 1°. dela force d’affinité qui rapproche les molécules les unes des autres ; 2°. de la figure de ces molécules , qui s’arrangent suivant des lois constantes. Barthez a dit gwe dans une bonne méthode de philosopher, il faut admettre des causes générales occultes, J'ai fait voir que ces expressions , ainsi que le systéme des forces , ne devoient point nous ramener aux idées que la phy- sique moderne a eu tant de peine à bannir. Sans doute il est beaucoup ET D'HISTOIRE NATURELLE. ( beaucoup de phénomènes dont les causes nous sont encore incon- nues , et par conséquent nous sont cachées , occultes. Le géo- mètre en peut calculer les effets , en se servant du mot de force , qui signifiz la cause de ce phénomène, quelle qu'elle soit; mais il doit ensuite rendre à ce terme sa valeur, lorsqu'il veut avoir des résultats : de même qu’il donne aux lettres algébriques leur valeur, lorsqu’après avoir fini ses calculs, il veut en avoir des résultats. ainsi /z force sonore est certainement le résuliat des mouve- mens imprimés au corps sonore et à l’air ambiant ; mouvement que le physicien cherche à déterminer. Il en ést de même de la force gravifique ou attractive , de la force répulsive , de la calorique , de l’électrique , de la magnétique , de la galva- nique..... Tous ces phénomènes sont les eftets de fluides, dont le physicien cherche toujours les lois... .. Ses efforts n’ont pas été heureux ; mais il doit les continuer. Toricelli, en découvrant la pesanteur de l'air , résolut toutes les difficultés sur l’Aorreur du vide, qui étoir une force occulte. Que le giomètre continue ses calculs en se servant du mot force; et que ie physicien n’abandonne pas ses recherches sur la nature de ces jurces, Cavendish a cherché à déterminer , par des expériences di- rectes , la force de l’attraction. 11 a pris un très-petit globe mé- tallique qu’il a attaché à une balance très-sensible , semblable à celle de Conlomb, pour mesurer la force de l'électricité. Il a approché de ce petit globe , de très - gros globes métalliques : il a vu que le petit a été attiré. Calculant ensuite le rapport de densité de ces globes, et leur attraction comparée avec celle que la terre devoit exercer sur eux , il a trouvé que la densité de la masse de la terre étoit à celle de l’eau, dans le rapport de 5 £ à z, par conséquent plus forte que celle qu’on assignoit , savoir de À + à 1. Hassenfratz a donné un travail sur les aréomètres et sur la gravité spécifique des corps pesés dans l’eau. Il prétend qu'un corps, par exemple, une substance métallique divisée en lames très-minces, perdoit plus de son poids dans l’eau, que lorsqu'elle est réunie en une seule masse. Iladhère, dit-il , à toutes ces lames, des couches d'air qui en diminuent là pesanteur spécifique , lors- qu'on les plonge dans l’eau Silvestre a fait voir que les aréomètres étoient connus par les anciens. | Archimède lui-même paroît les avoir connus. Girard a fait des recherches très-intéressantes sur la résistance des solides , et les solides d'égale résistance. Il y a joint de nou. Tome V. NIVOSE an. B 0 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE velles expériences sur la force et l’élasticité spécifiques des bois de chêne et de sapin. Fabre s’est occupé de la théorie des torrens et des rivières Il a développé les moyens les plus simples d’en empêcher les ravages, d’en rétrecir les lits, et d’en faciliter la navigation, le ballage et la flottason. il a accompagné ses réflexions d’une dissertation sur la navigation intérieure de la France ; et il les a terminés par un projet de rendre Paris, port maritime, en faisant remonter à la voile, par la Seine, les navires qui s'arrêtent à Rouen. MÉCANIQUE. La mécanique a acquis une nouvelle machine hydraulique , qui est extrêmement ingérieuse. On l’a nommée Delier hydrau- lique. Les frères Montgolfier et Argant en ont fait voir, À Paris, un modèle, qui élevoit l’eau à plus de trente pieds,, et ils ont promis d’en faire des applications utiles pour les arts et l’agri- culture. Viallon à donné un extrait de son ouvrage, traitant d’un nou- veau moyen d'élever les eaux par un double serpenteau , et une pompe à hélice, et par le simple courant des rivières , en vertu d'impulsions et coups de belier hydraulique. Il a fait voir ces ingénieuses machines. : Riboud a imaginé une nouvelle pompe , dont le principe est la rarélaction de l'air par la combustion de matières très-inflam- mables. Cette combustion chasse l’air de la machine, etla pression extérieure de l’atmosphère y fait monter l’eau. DE LA MUSIQUE. Chladni et Jacquin fils, ont fait des expériences très-curieuses sur la qualité sonore de différens gaz. Ils ont fait passer , dans une flûte d’étain de six pouces, 1°. Du gaz oxigène. Ils ont vu qu'il donnoit un demi - ton plus bas que l’air atmosphérique. ; 2°. Le gaz azote préparé de diverses manières, donne aussi demi-ton plus bas que l’air atmosphérique. 3. Le gaz hidrogène donne neuf ou onze tons plus hauts que l'air atmosphérique. #. Le gaz acide carbonique donne une tierce plus bas. 5°. Le gaz nitreux donne aussi à-peu-près une tierce plus bas. 6. Un mélange de gaz azote et de gaz oxigène, dans les mêmes proportions que l’air atmosphérique , donne les mêmes tons que celui-ci. On sait que dans les salles où il y a beaucoup de monde, les , \ LT, D'HISTOIRE NATURELLE. 11 instrumens sont toujours plus bas à la fin du spectacle. Dans ce moment l'air contient plus d’azote, parce qu'il y a eu absorbtion de l’oxigène , soit par les lumières , soit par la respiration : il y a aussi de l’acide carbonique produit.....Ces causes réunies doivent donc contribuer à faire baïsser le ton de tout l’orchestre. Le même Chladni a fait les singulières expériences dont nous avôns parlé, sur un carreau de verre ; il le soupoudre légèrement de poussière : frottant ensuite les bords du carreau avec um archet de violon, il s’excite dans le carreau un frémissement qui fait sautiller la poudre ; elle finit par s'arranger, suivant des figures très-régulières. Ces effets paroissent dus à ce qu’il y a dans ce carreau des points de repos apparens , où le frémissement n’a pas lieu. La poussière , chassée des autres endroits, vient s'y reposer, DUAL IG ATEIOMRIT QUUTE- Le général de Rumford a fait de nombreuses expériences sur le calorique ; il a eu pour but premier d'économiser le combus- tible dans les grands étatlissemens. 11 est parvenu, en eftet, à des résultats étonnans, Tout le combustible qu’il emploie est consumé : toute la chaleur qui s’en dégage est recueillie avec beaucoup d’art, et on produit beaucoup de chaleur avec peu de combwstible, Ces expériences l’ont conduit à des découvertes du plus grand intérêt pour le physicien. Il a calculé la chaleur qui étoit pro- duite par un forêt qui perçoit un canon. Cette quantité a été, en deux heures et demie , capable d’elever à la chaleur de l’eau bouillante, vingt-six livres d’eau cinquante-six centièmes, Il à ensuite calculé ia quantité de combustible qu’il faudroit pour produire le même effet; et il a trouvé qu il faudroit neuf bougies de cire de À de pouces de diamètre , chacune brûlant ensemble d’une flamme claire et brillante. L'auteur passe ensuite à d’auires expériences, et prouve que les fluides sont des zon-conducteurs de la chaleur. On savoit déjà que Pair conduisoit mal la chaleur ; mais les expériences de l’auteur lui ont appris qu’il en étoit de même de tous les autres fluides , l’eau, l'huile , le mercure... « Si donc ,ajoute-t-il, toute » communication de chaleur de molécule à molécule, ou de proche » en proche, est absolument impossible dans ces divers fluides, ‘» soit élastiques, soit non élastiques , et d’ailleurs si essentielle- » ment différens les uns des autres ,n’est-on pas fondé à con- » clure que cette propriété est commune à tous les fluides, » et qu'elle est mème essentielle à la fluidité » ? B 2 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE N Il faut relire toutes les conséquences intéressantes que l’auteur üre «le toutes ces expér'ences. Nous ajouterons seulement qu’il penche pour l'opinion qui ne regarde point le feu ou le calorique comme une substance Particulière ou fluide subtil ; il le regarde plutôt comme zxe Jforce des corps chauds. P. F., Portugais, a donné un mémoire, dans lequel il prétend que dans la pulvérisation des corps, il y a dégagement de calo- rique , comme dans la solidification, L'évaporation prompte , produit un froid proportionné à la rapidité de cette évaporation. Lorsqu'on comprime fortement de l'air dans un vase où il y a un peu d’eau, et qu’on ouvre ensuite le robinet pour laisser échapper cet air, on voit l’eau se con- geler au bout de ce robinet. DEUPVE DOUÉ D EST QUNTETENEAUT Les sciences physiques, arrivées au point où elles sont, doivent beaucoup travailler sur le fluide lumineux, ainsi que sur tous les autres fluides. Prévôt donna, il y a quelque temps, un travail, par lequél il cherchoit à prouver le poids du fluide lumineux, Tingry nous a donné une suite d’observations faites pendant plusieurs années, qui lui ont fourni les mêmes résultats. Il à renfermé des huiles.dans des vaisseaux bien fermés. Elles ont été exposées à fa Inmière : et au bout d’un certain temps, leur covleur , leur consistence ont été altérées , et leur poids a beau- coup augmenté. ..1l pense que ces effets sont dus au fluide lumi- neux qui s'est combiné avec ces huiles : donc ce fluide pèse. Mais les combinaisons de ce fluide avec d’autres corps, doit donner de nouveaux produits. 11 pense que le fluide lumineux, combiné avec l’oxigène et le calorique, forme le gaz hidrogène ou inflammable, Il distingue la lumière du fluide solaire ; celui- ci lui paroît une combinaison de la lumière et du calorique, ou du feu ; car il pense comme Delnc, que la lumière est nécessaire pour donner au feu la propriété d’échautier. Toutes ces expériences, sur le poids de la lumière, sont si délicates , qu’elles doivent être répétées avec le plus grand soin. Le docteur Bonvoisin avoit dit que le turbith minéral ou sulfate de mercure, exposé à la lumière , augmentoit de poids. Humboldt ayant répété , avec beaucoup de soin , ces expériences, prétend avoir reconnu le contraire. Il suppose que l'erreur du docteur Bonyoisin vient de la décomposition du verre, et de sa qualite. ET) DIHUS T'OTR E N'AT'U R ELIL/E. 13 hycroscopique , qui le rend capable d’attirer l'humidité de l’at- mosphère , et par conséquent le rend plus-pesant. Tingry a aussi fait des recherches sur la phosphorescence des corps. Il rappelle les corps phosphorescens à deux points fixes. Le premier comprend les cas où la lumière , primitivement engagée dans un corps doué d'organisation, se libère des en- traves de la combinaison, par l'effet d’un mouvement spontané , tel que la putréfaction, ou par celui d’une force communiquée. Le second point comprend les cas, où la lumière libre , la lu- mière faisant partie du fluide solaire, cède à une affinité parti- culière avec les corps en contact, et à la faveur desquels elle abandonne la mobilité qu’on lui reconnoît dans le fluide solaire. DOME EAU IDE ME NTMENCATIRNTEO TE. Tingry a examiné la niture du fluide électrique. Il brûle, il détonne.....Ce qui lui fait penser que c’est un mélange d’hidro- gène et d’oxigène, unis par la chaleur. Ce fluide , dis-i!, se dé- compose et se recompose, comme l'ont avancé Saussure et plu- sieurs autres physiciens. L’humidité paroît contribuer à l'odeur particulière qu'a le fluide électrique. C’est ce que prouve une expérience de Pictet. Si on dirige le courant du thide électrique sur des cartes parfai- tement sèches , on n’a point d’odeur ; mais si elles sont humides, on a l’odeur phosphorée du fluide électrique. Vassali, professeur à Turin, a observé que le sang qui sort d’une artère ou d’une veine, a une électricité positive, tandis que les excrétions ont une électricité négative. Il a fait construire un vase métallique qui communique avec un électromètre de Bennet ; il reçoit dans ce vase , quil isole, le sang qui sort de la veine ou de l’artère ; et aussitôt les deux petites feu'lles métal- liques s'écartent. Si, au contraire , on urine dans le vase, l’élec- tricité est négative. Ces expériences deviennent intéressanies par les rapports que Volta, et plusieurs autres physiciens, croient avoir apperçu entre le fluide électrique et le fluide galvanique. Plusieurs physiciens , et Priestley particulièrement ; pen- soient que l'électricité avoit toujours besoin d’un corps quel- conque pour se communiquer. « Îl faut nécessaireinent, dit-il, » quelque substance pour conduire l'électricité, et elle n’est pas » CaPable , par son propre pouvoir expansif, de s'étendre dans » des espaces vides de toutes matières ».....On avoit été con- duit à ces résultats par des expériences qu’ayoient faites Walsh 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et Deluc, avec des baromètres parfaitement purgés d’air. L'élec- tricité leur avoit paru n’y pas pénetrer. Tremery vient de faire des expériences qui lui ont prouvé le contraire Il a parfaitement purgé d’air un baromètre ; il a fait communiquer, par une tige métallique , le mercure avec un con- ducteur électrique ;:et dans Pinstant la partie vide du baromètre devint lumineuse. Ceci s'opère par la qualité expansive du fluide électrique, c’est-à-dire par faction répulsive de ses molécules. DENT AT A TI NEMONSIIP NH EME TE ONUINE: Cet air, sur lequel on a tant travaillé, est encore peu connu. On l’a cru un mélange de 0,27 d’air pur, et 0,73 d’azote. J’avois dit, avec plusieurs autres physiciens, qu'il contenoit toujours de l'acide carbonique. Les nouvelles expériences de Humboldt ne laissent aucun doute à cet égard. Il a prouvé qu'il y avoit ordinairement jusqu’à 0,014 d’acide carbonique dans l'air &tmosphé: ique ; que le #aximum alloit jusqu’à 0,018 , et le zzc- J117ILILIIL À 0,009. Cette quantité d’acide carbonique est si fortement liée à l’azote et à l’ox'oène, que la plus grande quantité d’eau contenue dans Vatmosphère ne peut l’en séparer. On avoit aussi cru que cet acide, par son poids, retomboit toujours vers la terre, et ne pouvoit s'élever à une certaine hau- teur; mais Humboldt a fuit voir le contraire. De l’air , que Garnerin avoit pris à 670 toises d’élévation aërostatique , con- tenoït encore beaucoup d’acide carbonique, Humboldt a prouvé encore que ce n étoit pas la seule quantité d’oxigène, ou air pur, contenue dans l’air atmosphérique ; qui le rendoit propre À la respiration ; car ila trouvé dans des mines, des moffetes qui éteignoïent les lumières , tuoient les animaux, et qui néanmoins contenoient jusqu’à 0,27 d’oxigène. Ce n'est donc point le défaut d’oxigène qui rendoït ces moïfetes si mor- telles, mais c’est la manière dont cet oxigèrne est combiné. L’air atmosphérique n’est donc pas un mélange simple de 0,27 d’oxi- gène ; de 0,72 d'azote, et de 0,01 d'acide carbonique. Mais il ÿ a une véritable combinaison de tous ces principes unis à l’eau... Le même savant a fait construire un petit instrument, qu'il nomme antracomètre ( mesure de charbon ), pour évaluer avec plus d’exactitude la quantité d’acide carbonique contenu dans l'air atmosphérique. Cet instrument indique jusqu à 0,005 d'acide carbonique. Le IL a aussi examiné les différentes manières connues pour éprouver la pureté de l'air atmorphérique. Il a fait voir que le DANS TION E MN ATTÉDRSE LE Fe 15 phosphore étoit un moyen tres-infidèle, puisque , daës un air où le phosphore ne brûle plus, le gaz nitreux lui a encore décou- vert depuis 0,97 jusqu’à 0,12 d’oxigène. D'ailleurs, le gaz azote qui tient du phosnhore en dissolution sans brûler, peut contenir jusqu'à 0,13 d’oxigène que le gaz nitreux ne sauroit démontrer. Enfin , le phosphore se dissout dans les gaz azote et oxigène , et y forme des oxides à double base de phosphore et d'azote, les- quels il appelle phosphores d’azote oxidés , que le gaz nitreux ne décompose qu’en partie. - Le gaz nitreux n’est pas non plus un bon moyen eudiométrique, parce qu'il contient toujours une portion d'azote, qu'il est diffi- cile de déterminer. Pour y parvenir , Humboldt a profité d’une expérience de Priestley, lequel a fait voir que la dissolution de sulfate de fer absorbe entièrement le gaz nitreux. On.peut donc savoir par le residu qui demeure , la portion d’azote que contient un gaz nitreux qu’on veut employer. Humboldt a fait un grand nombre d'expériences, d’après ces dernières , pour constaier, ‘avec la plus grande précision , la quantité d’oxigène contenu dans l’air atmosphérique. 1l à trouvé que cette quantité yarioit -depuis 0,23 jusqu’à 0,29. DE LA MÉTÉOROLOGIE. Conté a donné la description d’un nouveau baromètre très-in- génieux. Il consiste à adapter à l'extrémité inférieure recourbée du tube, qui esten fer, un robinet latéral, qu’on peutfermer à volonté. On vide pour lors la portion de mercure qui est abaissée, et on la pèse. On sait le rapport qu’il y a entre le diamètre du tube et le poids de mercure:sorti : on porte, par exemple, l'instrument au haut d’un édifice; on le descend en bas, et on voit la quan- tité de mercure qui est sortie. Humboldt a fait construire, pour ses voyages minéralogiques, un baromètre portatif , qui est très-commode. Nous en ayons donné la description dans le dernier cahier. Les observateurs soupçonnoïent depuis long - temps des mou- vemens diurnes dans le baromètre, Le Duc - Lachapelle vient de les confirmer. Il a constaté , 1°. Que le baromètre est constamment ascendant à sept heures du matin. 2°, Qu'il est descendaut à deux heures et demi après midi. 3. Qu'il est ascendant à dix heures et demi du soir. 4. Qu'il est descendant après minuit. L'auteur attribue les causes de ces variations aux différens 16 JGURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE degrés hygrométriques de l'air, à l’action de la chaleur , à l’at- traction du soleil. \ Cottea donné la description d'un nouveau thermomètre, cons- truit par Lemaistre. Il peut indiquer en l’absence de l'observateur, le plus hant point de dilatation, Il est composé d’un tube coudé en trois portions. La portion intérieure qui a une boule, est remplie d’alcoo!. Au-dessus de cet alcool on a versé du mercure qui remplit un tiers des tubes. Sur la surface de ce mercure est un flotteur de fer qui a de petites branches , lesquelles s’écartent, de manière que lorsqu'il est monté à une certaine hauteur , poussé par le mercure, il demeure fixé, sile mercure redescend. Saussure père a fait voir que la température d’une rivière, telle que l’Arve, qui sort des glaciers, souffre de grandes va- riations diurnes. À l'aurore d’une journée d'été, par un beau temps, la température de ses caux sera à 11, à 13 degrés. Elle se refroidit ensuite jusqu à 9 à 10 heures, où elle se fixe entre à 9, à 10°. Après avoir été stationnaire pendant quelque temps, elle s’'échauffe jusqu’à 11 heures du soir , que sa tempé- rature monte à 13, à 14. Le refroidissement recommence ensuite. Ii calcule Ia masse de calorique nécessaire pour fondre les glaces qui doivent alimenter une rivière comme l'Arve, dont les eaux, pour un jour d'été, sont estimées un million de toises cubes. Il faut une masse de calorique égale à celle qui éleveroit un million de toises cubes d’eau à une température de 60°. Lamark a publié ses observations sur l’influence qu'a la lune sur l'atmosphère terrestre. On savoit qu’elle y produisoit des changemens , lorsqu'elle étoit périgée ou apogée ; lorsqu'elle étoit en opposition ou en conjonction.....Mais l’auteur a cru remarquer une autre cause de son influence ; c'est pendant qu’elle est en decà , ou en-delà de l’équateur pour nos contrées : il appelle constitution boréale, lorsqu'elle est au nord de l'équateur, et constitution australe, lorsqu'elle est au sud de l'équateur. «& L'observation m'a convaincu , dit-il, que dans ce climat, pendant une constitution boréale, les vents qui règnent princi- palement sont des vents de sud , de sud-ouest et d'ouest. Le plus ordinairementie temps est pluvieux ou humide, et l’air est chargé de beaucoup de nuages : enfin c’est particulièrement dans cette constitution qu'on voit naître les tempêtes, les orages, lorsque les causes qui peuvent y donner lieu viennent à agir. » Au contraire, pendant une constitution australe , les vents qui règnent principalement sont de nord, de nord-ouest , et dans l'été des vents de nord-est, et même des vents d’ess. le temps est { PORTE DH ISITONREUNAT DRÉÉLE. 17 est communément clair, froid et sec en été; c’est rarement , et peut-être jamais qu’il se forme des orages ». On avoit des doutes sur la véritable hauteur du baromètre sur les bords de la mer. Fleuriau-Bellevue, qui avoit fait des obser- vaiions suivies pendant plusieurs années à la Rochelle, les a come arées avec celles des autres observateurs : il en conclut, que la he moyenne du baromètre, sur les bords de la mer, Av être fixée à 28 pouces 2 lignes +. l Et selon les nouvelles mesures, à 76 centimètres 44. D'où il résulte qu’on doit fixer le niveau des eaux de la met à 211 pieds plns bas qu'on ne l’évaluoit ordinairement , ou sup- poser l'élévation des montagnes de 211 pieds plus considérable qu’on ne le fait en partant de l’ancienne appréciation de 28 pouces. On sait qu'il y a un thermomètre placé dans les caves de l’ob- servatoire de Paris, à 84 pieds de profondeur. Sa température varie peu Elle est un peu plus grande en hiver qu’en été. Maximum... ./.......... 9.584 en hiver. IRL. ME rene arte e n0 10:00 8: ENftÉ: 11 seroït bien à desirer que les physiciens qui se trouvent proche de souterrains , fissent de semblables observations. . “ CRC "4 . LU Maurice , à Genève , fait des observations thermométriques , à différentes profondeurs en terre ; et la température varie d'autant moins que la protondeur est plus grande. Je m'’étois apperçu qu'il s’étoit glissé quelques inexactitudes dans les observations faites à Paris, sur la déclinaison de l'aiguille aïmantée. Nous avons recherché les causes de ces petites inexac- titudes ; et après un grand nombre d’épreuves faites par Bouvard, Cotte , Humbolt , Fleurian et mot, il nous a paru qu'on pouvoit fixer cette année, aux environs du solstice d’été, cette déclinaison, à l'Observatoire de Paris, à..... 22° 15’ 27/; Et l'inclinaison a erviron 70° 35’. De nouvelles observations faites en brumaire ont fixé la décli- paison à 22° 13/. Ce qui confirme les précédentes ; car, à cette époque , la déclinaison est toujours moindre. La propriété magnétique du cobalt est aujourd’hui bien re- connue , et on en fuit des aiguilles de boussoles. Il s'agit de constater si le cobalt ne contient pas toujours quel- ques portions de fer. On voit souvent éclater des globes de fen qui se précipitent du baut de l’atmosphère. Le docteur Chladni a recueilli beaucoup de faits, d'après lesquels il prétend que la chûte de ces globes Tome V. NIVOSE an7. C 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE R de feu est accompagnée souvent de masses de fer assez volu- mineuses. : Humboldt, supposant la vérité de ces faits , en a cherché la cause physique. On sait, dit-il, que le gaz hidrogène peut vola- tiliser du fer. Ce gaz hidrogène forme des nuages de plusieurs lieues au haut de l'atmosphère : une éteincelle électrique l’en- flammant , le fer qui y est dissout se réunit en une seule masse, et tombe sous forme de globes enflammés. Je crois que ces faits méritent d’être bien constatés , avant d’en rechercher l'explication, DAUMERML EU, TD ENEG A NTIEVPAMNETLONULE. Nous avons eu cette année un grand nombre de travaux sur le fluide galvanique, Sue a fait plusieurs expériences intéressantes.sur cet objet et Sur la vitalité. Hallé , au nom d’une commission , a fait un beau rapport sur ce fluide , et sur les effets qu’il produit. Humboldt nous a fait connoître tout son travail sur cet objet, et a fait quelques nouvelles expériences. Quoique les faitsse multiplient, nos connoissances sont encore peu avancées sur la nature de ce fluide. Galvani, Volta , et beaucoup de physiciens, croient que ce fluide est de la nature du fluide électrique. Fontana , Fouwles, Humboldt..... pensent que le fluide gal- vanique est différent du fluide électrique ; et ce dernier physicien fonde son opinion sur ce que le fluide galvanique n’a pas les mêmes conducteurs que le fluide électrique. A, la flamme ; 4, la fumée; c, le vide de torricelli; 4, les os humaïns ; e, le verre incandescent, sont isolateurs du fluide galvanique, c’est-à-dire , qu’ils ne le conduisent pas , et qu’on ne peut galvaniser par leur moyen; tandis que ces mêmes subs- tances sont de très-bons conducteurs du fluide électrique. Le fluide galvanique forme une atmosphère autour des corps des animaux. Car si on plonge dans l'eau une grenouille pré- varée , et qu’on en approche un métal , la contraction a lieu avant que le métal touche la grenouille. On a également contrac- tion , en employant les seuls métaux avant qu’il y ait contact. Ces faits supposent l’existence d’une atmosphère de fluide gal- yanique. Le fluide galyanique ne paroft se trouver ni dans les végé- taux, ni dans les minéraux. Cependant il est des végétaux, ET D’HISTOIRÉ NATURELEE, 19 tels que le charbon, et des minéraux, tels que les métaux qui en sont conducteurs. La chaleur augmente dans les métaux leur capacité pour être conducteurs du fluide galvanique. Humboldt n’a jamais observé aucun effet du galvanisme sur les plantes les plus sensibles, tels que lhedisarum girans , la mimosa pudica .... Cependant Rafn vient d'avancer le contraire dans sa Flore danoise, publiée à Copenhague. Le fluide galvanique d'un animal paroît avoir une action lus marquée surles autres animaux de son espèce que Sur CEUT d'espèces différentes. Humboldt s'étant fait appliquer des vessi- catoires sur le dos, et un fil métallique passant sur ses plaies, et communiquant ensuite sur les gencives d’auires personnes, elles eurent un goût acide à la bouche , et éprouvèrent une espèce de lueur qui ressembloit en quelque façon à un éclair. La même expérience, répétée en faisant communiquer le fl de métal à une grenouille préparée et aux gencives d'un homme, ge produit plus les mêmes effets. CU On éprouve le même goût dcide et la lueur phosphorique , en armant le dessous de la langue d’une lame d’argent , et le dessus d’une lame de zinc, et en faisant communiquer ensemble ces deux lames. A l'instant du contact, on a le goût acide etla lueur phos- phorique. Si on arme la langue de zinc, et l'anus d’une lame d'argent, et qu’on fasse communiquer ces deux métaux par le moyen d’un fil d’archal,on éprouve au même instant le goût acide ,des éclairs devant les yeux, un malaise, des crampes, des douleurs dans le bas-ventre , et souvent on est purgé. Ce goût acide ne paroît pas indiquer à Humboldt que le fluide galvanique soit acide ; mais il croit de cet acide est produit pàr des combinaisons que favorise le fluide galvanique. Cet acide peut être ou de Pacide carbonique , ou de l’acide phosphorique. Quand à la lueur phosphorique , la cause w’en est point connue Humboldt pense que les phénomènes que produisent la torpille, le gymnotus électricus..... sont dus au galvanisme. Îl pense aussi que le fluide galvanique est produit par le cer- ‘veau, par les ganglions , et même par les nerfs C’est leur sécré- tion , ou ce qu'on appelle communément esprit nerveux, espri animal. | Ce flnide est ensuite porté dans tout le corps par ces mêmes nerfs Mais il ne coule pas dans le nerf, comme le sang, par exemple, C2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans les artères : mais il'est plutôt transmis, comme l’est le flride électrique, le long d’un conducteur métallique. Le fluide galva- niqne ne peut être considéré, ni comme un fluide aqueux , ni comme un fluide spiritueux, ni comme un fluide huileux..... Il seroit donc plutôt d’une nature analogue à celle du fluide électrique. | Il se peut qu'il ne soit que la modification d’un autre fluide, qui se trouveroit dans les plantes comme dans les animaux, et aui auroit plus ou moins de rapport avec le fluide électrique. DE LA ZOGLOLOGIE. De l'Homme. Blumenbach , dans ses observations sur quel- ques momies égyptiènnes , ouvertes à Londres , adressées à Jos: ph Bancks le 10 avril 1794 , adopte , avec plusieurs natura- listes , cinq variétés de l’espèce humaine. Il a tracé une car:e du globe, sur laquelle il marque , par des couleurs différentes , ces diverses races d'hommes (1). Linné et plusieurs naturalistes , n'avaient admis que quatre grandes races humaines , habitant les quatre continens , savoir : les européens , les asiatiques, les africains et les américains. Blumenbach en compte une cin- quième , qui est la zzalaise. I] a donné aux autres races des noms différens de ceux de Linné , parce qu'il ne les confine pas aux mêmes localités. ( Voyez la planche ci-jointe), Te Race caucasienne. C’est l’européen &e Linné. Elle se trouve , suivant Blumenbach , au Caucase , en Perse , dans l’Indostan , en Arabie, dans toute les parties septentrionales de YAfrique , jusqu’en Abissinie , dans toute l’Europe , et s'étend tout le long de la chaîne de l'Oural jusqu’à la nouvelle Zemble. Le caractère de cette race est d’avoir le visage ovale , le nez fin etalongé, plus ou moins ; les lèvres minces , les yeux à une moyenne distance , les cheveux longs . Les hindoux ont les oreilles placées très-haut. IL. Race mongole. C’est l’asiatique de Linné, ou le tartare. Il se trouve , suivant Blumenbach, dans tout le nord de l'Asie , occupe la Chine, le Japon, s'étend jusqu’à la presqu'île de Malaca , et à la côte du Pégu. On la retrouve à la partie orien- tale et boréale de la Laponie, en Groënland et dans tout le nord de l'Amérique. Il y en a une peuplade à la partie orientale de la mer Caspienne; On en trouve aussi jusque sur les bords du be » Hongrie. 4s) Elle m'a été communiquée par un vo yageur. ET D'HISTOIRE NATURELLE. ee Les caractères principaux de cette race sont un front plat et large sur les côtés , pointu à la partie supérieure, un nez très- petit. Leurs yeux sont retits et enfoncés , leurs lèvres grosses ; leurs joues sont saïllantes, le menton terminé en pointe , leurs cheveux plats et noirs ; leur teint est plus ou moins jaunâtre..... III. Race éthiopienne Cette troisième race est l’africaine de Linné , on les nègres. Elle occupe toute l'Afrique , jusqu'aux -Canaries et à la-Barbarie , et s'étend en Ethicpie et en Egypte, à la partie occidentale de la mer Rouge ; car il pense, avec Volney , que les anciens égyptiens étoient de cette race. On les retrouve à la partie occidentale de Madagascar , dans la Nouxelle-Hollande , la Nouvelle-Guinée. Les caractères principaux de cette race sont le nez épaté ; leur front est plat, leurs joues proéminentes , leurs. lèvres grosses. Leur museau est saillant, leur mâchoire inférieure fait même une retraite en arrière ; leurs cheveux sont crépus.... IV. Race malaise. La quatrième race est la malaise , ainsi nommée parce qu’elle se trouve dans la presqu'ile de Malacca. Elle occupe toutes les Îles de l’Archipel indien, la partie orien- tale de Madagascar , la Calédonie , la Nouvelle - Zélande , et toutes les îles de la mer du Sud, Les caractères principaux de cette race sont, un teint olivâtre, approchant plus ou moins du noir ; leur visage est long, les yeux sont noirs , le nez d’une grandeur médiocre, les lèvres minces, les dents noïrcies par le bétel ; leurs cheveux sont longs... V. Les américains. C’est l'américain de Linné. Cette race occupe depuis la Californie , d’un côté , et les Etats - Unis de Vautre , jusqu’à l'extrémité méridionale de l'Amérique... Les caractères principaux de cette race sont , le teint d’une couleur cuivreuse , plus ou moins foncé ; le front grand , les yeux petits , les narines ouvertes , les lèvres grosses , les che- veux longs ; ils ne paroiïissent pas avoir de poils, mais c’est qu'ils se les arrachent, ainsi que la barbe. Cette énumération des differentes races d'hommes n’est peut- être pas assez étendue. Il est plusieurs peuples qu’on ne pourroit y faire entrer que difficiiement. Les lapons , par exemple , pourroient bien être regardés comme race primitive. Buffon les regarde comme tels | aïnsi que les samoïedes, les groenlandois , les habitans du nord de l'Amérique... Les patagons , si tons les rapports des voyageurs , à leur égard , sont exacts , diffèrent beaucoup des autres américains. Il faut observer d’ailleurs que toutes ces races se mélangent 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sans cesse, ce qui produit des races de métis qui remplacent les races primitives. : Prenons l'Egypte pour exemple. Nous isnorons quels ont été ses premiers habitans. Mais voilà ce qui nous paroît de plus certain , d’après les faits historiques. 1°. Peuple blanc. Nous pouvons supposer qu’à une époque très-ancienne , l'Egypte étoit habitée par des blancs ; car Platon, dans son fameux passage du Timée, où le prêtre de Saïs ra- conte à Solon la submersion de l'ile Atlantique , dit : « Le » peuple de Saïs aime beaucoup les athéniens, parce qu’il se » croit de même origine. Aussi Solon ; dans le voyage qu’il » fit en Egypte , y fut-il accueilli avec la plus grande dis- » tinction », Or , les athéniens étoient certainement de la race blanche : il falloit donc que le peuple de Saïs fût aussi de la même race. Il est vraisemblable que les pelasges, peuple blanc, avoient habité lFgypte. 2°. Nôgres. Diodore de Sicile rapporte ne « les éthiopiens » disaient que les égyptiens étaient une de leurs colonies, qui » fut menée en Egypte par Osiris ». ( Diodore de Sicile, liv. 3, chap. 2). Blumenbach dit que, d’après les crânes des momies d’Fgypte, on peut adopter au moins trois différences principales dans le caractère national des phisionomies des anciens égyptiens , &, la première , est celle des éthiopiens , qui rapproche beaucoup des nègres ; car il pense , avec Volney , que les anciens égyptiens étaient de cette race , comme l’annonce la figure du sphinx. 2, la seconde race des anciens égyptiens , rapprochoiïit beaucoup des hindoux, et était par conséquent de race blanche. c, la troi- sième paroît une race mêlée, qui tient des deux autres. Il se peut donc que les premiers habitans de l’Fgypte aient été des blancs , soit athéniens, pelasges, ou hindoux. La seconde race aura été nègre. Le conquérant Osiris , descen- dant des montagnes de l'Ethiopie , aura conquis l’lgypte , et s’y sera fixé avec son peuple nègre : cesont peut - être ses suc- cesseurs qui ont régné avec tant d’éclat en Eeypte, sous les noms de Pharaons , et qui en auront chassé les athéniens , les pelasges… auront fait le sphinx à leur image... 3. Les perses. L'empire des Pharaons fut détruit par Cambyse, fils de Cyrus , et les perses s’y établirent. 4. Les grecs. Alexandre s’empara de l'Egypte sur les perses ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23 et les Ptolemées, ses successeurs, y amenèrent une grande quan- tité de grecs. 5°. Les romains. La mort de Cléopâtre livra l'Egypte à Octave et à ses successeurs. 6°: Les arabes. Omar , l’alcoran d'une main et le sabre de l’autre , fit détruire, par Amrou, l’empire des romains en Egypte, pour y porter , disoit-il, la vérité et le bonheur ; mais, dans La réolté ; pour s'emparer des richesses du pays, en tuant et égorgeant , comme tous les conquérans. Les arabes y introdui- sirent des milices étrangères, venant du Caucase et des envi- rons , lesquelles s'emparèrent souvent de l’autorité. 7°. Les turcs. Selim , en 1522 , détruisit l'empire des arabes en Egypte, et y établit celui des turcs. ILy laissa subsister les milices étrangères. 3 On voit que , d’après nos fastes historiques, voilà sept grands peuples qui se sont emparés tour-à-tour de l'Egypte, et vraisem- blablement il y en a eu d’autres. Le prêtre de Saïs parloit d’une époque qui remontait à uit mille ans. En supposant que ce soient des années semblables aux nôtres, ou au moins des 'an-+ nées de 369 jours, cela dateroit de plus de dix mille ans, car Solon vivoit environ cinq cents ans ayant l’ère vulgaire. Or , tous ces divers peuples qui ont occupé l'Egypte s’y:sont établis, y ont attiré des négocians de différentes nations. Tous ont contracté des alliances , soit avec les naturels du pays, soit entr'eux. Il a dû en naître des races mélées. Comment donc re- connoître le peuple primitif ? _Si c’étoit ici la place , il ne seroït pas difficile de faire voir que les mêmes événemens ont eu lieu chez tous les peuples de la terre. : | , Quelquefois même les peuples vaincus ont été éxterminés ou déportés. C’est ce qu'ont fait souvent les nations européennes modernes, qui sont beaucoup plus féroces que les anciennes, Dans téut l'archipel du golfe du Mexique , il ne reste pas un seul américain. Il n’y a que des blancs , des noirs et leurs métis. Dans les états-unis d'Amérique , il n’y a pas un seul des ‘pre- miers habitans. ; La belle race d'hommes est celle des blancs , ou européens , ou caucasiens. Elle réunit les beautés des proportions du corps, la force, l’agilité , aux brillantes qualités de l'esprit et du cœur ; savoir , les grandes conceptions du génie , les affections fortes, le courage, la fermeté. ï: Camper avoit obsérvé que ; dans cette belle race, la kgne Jasciale ; qu’on tire de l'origine du front, à la commissure des 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lèvres , est à-peu-près perpendiculaire à une autre lisne tirée du trou auriculaire à l’ouverture des narines. Ces deux lignes , dans la race blanche, tant ancienne que moderne , font un angle d’en- viron 80 degrés, tandis qu'il est de 92° dans le beau idéal des figures romaines antiques , et va jusqu'à 95° dans le beau idéal des igures antiques grecques. Dans les autres races d’hommes, l'angle que font ces deux lignes est beaucoup plus aigu. Il n’est que de 70 degrés chez les nègres et les kalmoucs. La proéminence des mâchoires , chez eux, fait disparoître la saillie du nez. On sent qu'il y a une grande quantité de nuances entre le beau idéal antique, et le visage des nègres, par exemple. Camper fait voir que cette règle pourroit s’appliquer même aux animaux. Chez les oiseaux, par exemple , la ligne fasciale fait un angle très-aigu avec la ligne qui vient du trou occi- pital. . On peut conclure , en général, que l'animal a d'autant plus de perfections et d'intelligence , que l’angle que font les deux lignes fasciale et palatine , approche plus de l'angle droit. Singes. Cuvier et Gcoffroi ont fait un beau travail sur les singes. Pour déterminer d’une manière précise les caractères propres à ces animaux , ils leur ont appliqué les 2 de Camper pour l’homme. Ils ont supposé un plan horisontal, qu'ils appellent paletin, formé d’un côté par une ligne qui passeroit d’un trou auriculaire à l'autre , et qui, de ces deux trous , se rendroit au tranchant des dents incisives. Ils tirent ensuite une ligne du milieu de ce tranchant des dents'incisives à la saillie que fait l'os frontal ; entre les sourcils. Ils appellent cette ligne Jasciale , et angle fascial celui qu’elle fait avec le plan palatin. Chez l’homme, cet angle peut être, comme nous venons de le voir, de go° à 7o°. f Chez les singes , il varie depuis 63° jusqu’à 23°. Chez l’orang , le premier des singes , cet angle est de 63° à 56°. Chez l’allouatte , le dernier des singes, cet angle n'est que de 23% Cet angle est encore moindre dans la plupart des autres animaux. Vurmb avoit donné la description d’une ‘espèce de singe de Batavia, sans queue, qu'il avoit appelé le grand orang- outang , Où porso , et qu’il croyoit le premier des singes appro- chant le plus de l’homme. Geoffroy à examiné avec soin le sn ette ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25 lette de cet animal, etil a reconnu qu’il n’étoit point de la famille des orangs , mais qu’il devoit faire une espèce particulière. Il est remarquable en ce qu’il a le pied construit à-peu-près comme celui de l’homme. Son bras est très-alongé , er touche pres- qu'à terre ,-lorsqu’il est debout. Son bassin approche beaucoup de celui de l'homme ; mais sa tête , cette partie essentielle, dif- fère beaucoup de celle de l’homme. Le museau est très-alongé , et presqu’autant que celui de l’allouatte, car l'angle fascial n'est ue de 25°. Le trou occipital se trouve en arrière, en sorte qu’il fur de forts muscles pour soutenir la tête. Aussi l’occiput a- t-il pour l’insertion des muscles releveurs de la tête , des crêtes osseuses comme dans le lion. Les dents canines sont aussi fortes que celles du lion, en sorte que le corps de cet animal est celui de tous les animaux qui se rapproche le plus de celui de l’homme ; mais sa tête l’en éloigne beaucoup. Tout annonce que cét animal doit être bipède comme l’homme, c’est-à-dire, marcher sur ses deux pieds. Sommering a donné un nouveau caractère pour s'assurer du . degré d'intelligence des animaux Il à constaté, par un grand nombre de faits, que l’animal'est, en général , d'autant plus intelligent , que le volume de son cerveau est plus considérable relativement à celui des nerfs qui en sortent. Le volume du cerveau de l’homme, comparé à celui de chaque nerf qui en sort , est plus considérable que chez aucun animal. Aussi est-il le plus intelligent. Chez l'âne, par exemple, les nerfs sont très- + le cerveau très-petit. Il en est de même chez le bœuf, le cheval. .... Le même savant a chercé à déterminer le siège du sens in- zerne , ou sensorium commune. Il le place dans les ventricules du cerveau. Ces ventricules sont toujours pleins d’un liquide , et tous les nerfs aboutissent aux parois de ces ventricules. L’asi- tation quelconque de ce liquide peut donc se communiquer aux nerfs, suivant lui. Cuvier a publié sa Méthode zoologique. Il ÿ distribue tous les animaux en sept grandes divisions ; 12. Les mammitéres. 2, Les oiseaux. 3. Les reptiles. #. Les poissons. 5°. Les mollusques. 6°. Les insectes et les vers. 7°. Les zoophites. Tome V. NIVOSEan7. D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les deux premières classes, les mammiféres et les oiseaux sont à sang rouge et chaud , ont deux ventricules au cœur. Les reptiles et les poissons sont à sang rouge , froid ; c’est-à- dire, dont la température n’est pas élevée au-dessus de celle du milieu où ils vivent. Ils n’ont qu'un ventricule au cœur. . Les autres espèces sont à sang blanc. Cuvier a fait voir que les mollusques ont un cœur. Il croitque les insectes ont une organisation toute particulière, dont nous parlerons bientôt. Oiseaux. I y a quelques Mémoires particuliers sur les oiseaux. Poissons. Lacepède a publié le premier volume de son His- toire des Poissons. Il a d’abord donné sa méthode générale de les classer. Il est entré ensuite dans la description de ses pre- mniers genres. Feptiles. Il y a des mémoires particuliers sur quelques reptiles. Mollusques. Lamarck va publier une Conchiologie ‘com- plette. Le nombre considérable de nouvelles coquilles décou- vertes depuis quelques années , rendoiït insuffisans tous les ou- vrages qu'on avoit sur les coquilles. Insectes. Latreille a donné une Histoire des fourmis de la France, et celle de plusieurs autres insectes, Un naturaliste a publié des observations curieuses sur l’arai- gnée tendeuse. Il a fait voir que cet insecte tend ses fils avec beaucoup d'art, qu’elle va les attacher à des corps qu'elle ne peut voir. Il en tire la conclusion que ces animaux ne sont pas conduits ici par la vue. Il pense que ces animaux, ainsi que tous les animaux à sans blanc, excepté peut-être les crnstacés, ont quelqu’autre organe. « Il est vraisemblable , dit-il , que les » antennes et autres tentacules , remplacent chez les insectes et » les vers, l’organe de la vision ». Le. docteur l'ischer a décrit une nouvelle espèce d’insecte , qui sont des petits vers, qu'il a trouvé vivans dans la vessie natatoire d’une truite. Îls vivoient par conséquent dans un air qui contenoit peu d’oxigène , et qui étoit un mélange d’azote et d'acide carbonique. Il ne paroît pas qu’on puisse douter qu'ils provenoient d’une génération spontanée. | AE. \ Virey a donné l’histoire des vers des intestins, Il rapporte beaucoup de faits intéressans. Jurine a trouvé un nouveau caractère pour la distribution méthodique des insectes. Il le tire des cellules de l’aîle anté- rieure, ou des nervures qui les forment , en prenant depuis le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 57 point de l'aile jusqu'à son extrémité. Il va bientôt donner la description des hymenoptères , d’après ces caractères. D\E, LA NA TO MIE D E,S A N I À U x. Reil a publié un ouvrage sur les nerfs , dans lequel il prouve que ce qu'on nomme nerf n’est qu'un composé de plusieurs. lamens enirelassés en différens sens. Chacun de ses filamens est composé d’une tunique nerveuse , éxnica nervosa , qu’il appelle zezrilemg , remplie de la substance médullaire, Il est parvenu à séparer ces deux substances par des moyens chi- miques. Lorsqu'il veut avoir la tunique nerveuses il fait tremper les nerfs dans une dissolution de potasse, qui dissout la subs- tance méüuilaire, S'il veut avoir, au contraire , la partie médullaire , il emploie les acides , qui dissolvent la tunique nerveuse , et donnent de la consistance à la partie médullatre. Ces faits détruisent l’hypothèse que les nerfs puissent agir comme des cordes. : La même méthode a fait appercevoir à Reil les fibres du cris- tallin, et qu'il étoit composé de différentes couches. Il a prouvé que ces fibres se contractent ou se relâchent ; ce qui fait les vues longues ou courtes, presbites ou myopes. Adams est parvenu , par le moyen d’un micromètre , à déter- miner les degrés de convexité qu’acquiert le cristallin. Humboldt, pour rendre très - sensible la partie cendrée du cerveau dans les différentes coupes qu’on y fait, se sertdu sulfure de potasse , qui la colore fortement en brun-noir. L’anatomie comparée fait des progrès considérables. Cuvier donné plusieurs beaux Mémoires sur cette partie. Il a trouvé neuf vertèbres cervicales à une espèce de pa- resseux. C’est le seul exemple connu qui fasse exception à la . règle générale , que les mammeaux n'ont que sept vertèbres cervicales. Il a aussi prouvé que la sang-sue, qn’on avoit placée parmi les animaux à sang blanc, a du sang rouge, DE LA BOTANIQUE. Cette année nous offre plusieurs travaux intéressans sur la botaniqne. Desfontaines publie sa Flore du mont Atlas, à laquelle il travaille depuis plus de quinze ans. Ce bel ouvrege contiendra la description d'environ seize cents plantes , dont trois cents 1DXE : 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nouvelles , et deux cent cinquante à deux cent soixante plan- ches environ , trés-bien dessinées et trés-bien gravées ; six genres nouveaux , et quelques-uns de réformés. La description , la syno- nymie ne laissent rien à desirer. Ceite Flore donne la connoissance exacte de la plus grande partie des plantes des côtes d'Afrique sur la Méditerranée, depuis Tripoli jusqu'aux confins de Maroc. Parmi ces seize cents plantes , il y en a six à sept cents de com- munes à l'Espagne, au Languedoc et au midi de la France et de l'Italie. ë Lamarck continue son bel ouvrage sur les illustrations des genres. Les gravures en sont totalement achevées. Il y aura en- viron dix-huit cents genres, dont cinq à six cents nouveaux. André Michaut qui, après avoir voyagé en Perse et dans l'Asie mineure , a été aux Etat-Unis dans l'Amérique septentrionale ,en a apporté une grande quantité de plantes. Il va publier un pro- drome de la Flore des Etats-Unis. Il donnera aussi une dissertation sur les chènes de ces con- trées , dont il y a un grand nombre d'espèces et de variétés. Ils pourroient s'acclimater en France. Redouté a dessiné avec tout l’art qu’on lui connoit, les plantes grasses. Candolle en fait la description, et il en va paroître inces- samment un fascicule. Le capitaine Baudin , le botaniste Ledru , le naturaliste Mangé, et le jardinier Riedley , ont rapporté plus de trois cents espèces de plantes vivantes , et dont la plupart sont des arbres et arbrisseaux, qui n’étoient point au Jardin des Plantes de Paris. Il y en a même plusieurs de nouvelles. Ils ont aussi apporté une collection considérable d'oiseaux , d’in- sectes , de plantes sèches , et plusieurs autres objets d'histoire naturelle. Jacquin père a publié à Vienne son grand ouvrage, contenant la description des plantes du jardin de Schconbrun, en 2 volumes in-fol., contenant 250 planches enluminées. Cet ouvrage répond à la réputation de l’auteur. F. Il a aussi publié une Monographie du genre oxalis , avec des figures de 93 espèces, dont 76 enluminées. Host a publié à Vienne une Flore d'Autriche, qui est des plus riches. Il travaille à l’histoire des graminées. Rafn publie une Flore danoise. Bruguiéres et Olivier ont parcouru la Perse, l'Asie mineure , la Grèce, et rapportoient en France une multitude d'objets d'histoire ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 naturelle. La mort a enlevé Brugnières à Ancône’, mais Olivier à apporté la collection complette. Bose Dantic apporte des États-Unis beaucoup d'objets nouveaux. Beauvoir a aussi apporté d'Amérique beaucoup de choses. Broussonet recueille à Mogador , dans le royaume de Maroc , Ce qu'il y a de plus précieux en histoire naturelle. Les anglais continuent leurs recherches savantes dans les Indes Orientales. Swartz a commencé à publier sa Flore des Indes Occidentales. Le premier volume renferme depuis la Monandrie jusqu'à l’'Hexan- drie Trigynie. Dans ses nombreux voyages , il a découvert 850 plantes nouvelles, qu'il a fait connoître dans un prodrome qu'il publia en 1788, à Stockholm. Maintenant il donne son ouvrage en grand." | Il y a long-temps que je dis à nos voyageurs botanistes fran- çais de faire connoître dans des prodromes les nouveautés qu'ils nous apportent, pour s’en assurer la propriété, et imiter en cela les savans étrangers. Je ne cesserai de répéter qu'il y a plus d’un siècle que les herbiers du P. Plumier sont pleins de nouveautés , dont la plupart ont été publiées par les étrangers, et lui en ont enlevé la gloire. Il y a cependant encore un certain nombre de plantes qui ne le sont pas, et qui mériteroient de l'être. Quand serons-nous donc bien persuadés de cette terrible vérité : Le mieux est l'ennemi du bien. Carradori a prouvé que la tremella verrucosa , le lichen ru- pestris , le lichen fascicularis , et quelques autres cryptogames regardés comme des espèces, où même comme des genres dis- tincts, ne sont que des différentes manières d’être de la /re- mella nostoch, dont il a suivi avec beaucou p de soin les différens états de la végétation. Hoffman , professeur de botanique à Gottingue , continue avec zêle son bel ouvrage sur les lichens , intitulé : Plante Lichenosæ. Il vient de faire paroître deux fascicules du troisième volume. Esper a donné deux fascicules de son bel ouvrage sur les cham- pignons, intitulé : Zcones Fucorum. 1] y en a déjà 65 planches. Person donne aussi un ouvrage sur les champignons. Gavanilles a publié, à Madrid , le tome quatrième de son Zcones Plantarum , avec de belles gravures. Il contient la description des plantes des iles de la mer du Sud et de la Nouvelle Hollande. 50 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pavon a publié-à Madrid un prodrome de la Flore du Pérou et du Chili. Vahl vient de faire paroître 4n fascicule ds son Eglogae Plantarurn. Espérance. Schrader publie un ouvrage intéressant sur les criptogames. Kunse donne aussi un ouvrage sur tes criptogames. : Springel a publié un ouvrage intitulé : ÆAntiquitutes -Potanicae. Il est rempli d’érudition. Le nombre considérable de savans francais qui se trouvent en Egypte, nous assure des connôissar: ses nouvelles 2t intéressantes. 1ls y ont une société savante qui a déjà fait plusieurs irayaux. : Monge y a lu un mémoire sur le zrérese des merins. Il arrive souvent sur mer qu'en vaisseau, vu de loin, paroltan-dessus des eaux dessiné dans l'atmosphère. Des villages situé: dans le désert, vus de loin, paroissent également détachés de la terre. Dolomieu a reconnu que !° niveau de la Méditerranée , sur ces côtes , s'étoit élevé d’un pied depuis les Piolemées. Monge a présenté un morceau de rocher, sur lequel'est bati le château du Caire. C'est une pierre calcaire remplie de petites co- ‘ quilles dites z17mismales. ; Bertholet a lu un mémoire sur la formation de l’ammoniac en plusieurs circonstances , où on ne l'avoit pu soupconner. PONS EMOMLNO GT: ENTVANCINS EME fANMEU IE. La phisiologie a fait de brillantes découvertes depuis qu'on y a appliqué les connoissances que fournit la chimie; car il faut bien distinguer cette application de la chimie à la phisiologie, de la simple analyse des parties animales. Le chimiste tâche , par ses analyses , de découvrir les principes constituans des matières animales. Le phisiologiste - chimiste recherche quels sont les principes que la nature vivante emploie dans l’économie animale, pour en former les diverses parties : et c’est une nouvelle manière d’envi- sager la phisiologie. La plus grande partie des phisiologistes ont cru pouvoir expli- quer les principaux phénomènes des corps organisés par un principe vital queléonque , auquel on a donné différens noms. Hyppocrate l'appeloit re st, 10 heion , c'est-à-dire, quelque ET D'HISTOIRE NATURELLE. 31 chose de divin, ce qui veut dire quelque chose de trés-relevé. Vanhelmont , Archée, Stahl, l'ame ; .….. c’est dire qu’on ne con- noit pas ce principe. Plusieurs phisiologistes regardent les nerfs comme des vyais- seaux composés d’une suite de vésicules encore plus rapprochés que dans les vaisseaux lymphatiques. L'esprit nerveux coule dans ces vésicules , les ponfle, et raccourcit ainsi l>s nerfs , et par conséquent le muscle Cans lequel il se distribue , ainsi qu’on le voit dans une machine de physique formée de plusieurs vessies jointes bout à bout , et percées à leurs deux extrémités. Ensouf- flant dans ia première avec une assez putite force , on soulève un - poids considérable attaché à la dernitre , qui n’est percée que dans l'endroit où elle communique avec l'avant-derniére. Haller regardoit le mouvement musculaire comme une suite de l’érritabilité IL comparoit un nerf à une corde tendue, et qu’on fait vibrer. L’irritabilité n'appartient qu’à la fibre musculaire. D'autres phisiologistes ont eu recours à une force vitale, qu'ils avouent ne point connoître. J Hufeland, professeur à Jena , pense que tous les phénoménes vitaux sont dus à une force inconnue répandue dans la matière organisée , et analogue aux forces électrique, magnétique , gravi- fique de la matière non-orgauisée. ; Brownes a avancé une autre opinion , qui a beaucoup de par- tisans. Franck, célèbre professeur de Vienne, la soutient avec beaucoup d'art. Eos L'incitabilité, ou excitabilité est, suivant Prownes, le caractére essentibl de tous les êtres vivans. C’est 4 propriété qu'ont tous ‘les êtres vivans orsanisés, d'exercer les mouvemens qui leur sont propres ,par suite de l'impression que les objets éxtérieurs ont faite sur eux. -Cette excitabilité appartient à toutes les parties sensibles. de l'animal, en quoi elle diffère de lirritabilité de Haller qui n'appartient qu'à la fibre musculaire. Ainsi | leXcitabilité ect propre aux parties qui ont @e l'irritabilité , et à celles qui ont de la sensibilité , tels que les viscères , et elle est une et la même dans toutesles parties du corps. Mais elle est a un degré plus con- sidérable dans l’une que dans l’autre , par exemple dans l'estomac que dans le poumon. Flle varie également pour le degré d'intensité dans les différens individus. Cette excitabilité n'est jamais mise en action que par des stimulans. , 1l en résulte un excitement , qui est la vie. 32 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Lorsque ces stimulans n'ont que l’activité ou la durée néces- saires, ils produisent un excitement modéré , qui est l'état de santé. Si ces stimulans ont trop d'activité, l’excitement devient trop fort ; ce qui constitue les maladies seniques (1). Si les stimulans ne sont pas assez actifs, ils produisent un exci- tement trop foible ; ce qui constitue les maladies asteniques (2). Cependant Brownes a été obligé d'admettre deux espèces d’as- tenie, - L'astenie directe est produite par l'absence des stimulus ou puissances excitantes. Telle est la foiblesse qui provient du défaut de nourriture. L'astenie indirecte a lieu lorsque les forces excitantes ont agi trop long-tems ou avec trop de violence , et ont d’abord produit un grand excitement. C’est ainsi que le vin , après avoir donné de la force, produit de la foiblesse, lorsqu'on le prend en trop grande quantité. Brownes ne considère par conséquent tous les remèdes que sous un seul point de vue, c’est-à-dire , comme des corps capables de mettre l’excitabilité en jeu, comme des stimulans ou excitans. Mais quel est le principe de cette excitabilité ? Voici à-peu-prés la manière dont Brownes l’envisage. Un homme cesse de vivre ; les stimulus qui agissoient sur son corps un instant avant sa mort, n'y font plus aucune impression. C'est la cessation de l’action de ces stimulus qui constitue la mort. La vie, ou le principe vital, n’est done que la faculté qu'a le corps vivant de recevoir les impressions des stimulus , et de ré- pondre à cette action. Cette faculté peut être regardée comme une furce particulière , qui est la force vitale. La phisiologie a été envisagée d’une maniere différente par d’autres physiciens. Ils cherchent à expliquer les phénomènes de l'économie animale par les combinaisons des différens principes dont sont composés ces corps , et ils démontrent la formation des solides et des fluides par un petit nombre de premiers prin- cipes , tels que l’oxigéne , l’hidrogène , l'azote, le carbone, le phosphore... Gallini, célébre professeur à Padoue , donna les premières (1) Erivas , Steros, force. ; (2) a Privauf, asteniquas , défaut de force. idées Û ET D'HISTOIRE NATURELLE, 33 idées de cette marche il y a plus de quinze ans, dans un ou- vrage intéressant sur les #7ouvemens musculaires. I dit qu'on pourroit les expliquer par les principes de la chimie ; mais il ne tenta aucune expérience pour appuyer son opinion. Reil , professeur à Hall, a suivi les mêmes principes; mais il n’a également fait aucune expérience. Gauthier, Butiner, Madni, Vait..., ont marchés sur les mêmes traces. Fontana , dans son excellent ouvrage sur le venin de la vipcre, a fait beaucoup d'expériences qui ont prouyées ce que peuvent dif- férens virus sur la fibre animale. Girtanner dit ensuite ( dans ce Journal de 1788), que l'oxigène étoit le principe de l'irritabilité, et jouoit, par ses combinai- sons , Le plus grand rôle dans l’économie animale. Gaillard prétend , au contraire, que c’est le phosphore ou radi- cal phosphorique , qui est Le principe de l'irritabilité. Goodwin croit que c’est le calorique qui est le principe de l'irritabilité. ILest certain qu’une partie trés-irritable, telle que le cœur d’une grenouille , la jambe d’une araignée faucheur.… dont l'irritabilité et les mouvemens ont cessés , les recouvre par la simple chaleur, sans le secours de l'oxigéne; au lieu que l’oxigène ne pourroit agir sans le concours du calorique. Humboldt a embrassé la doctrine des phisiologistes-chimistes. 11 a fait un grand nombre d'expériences pour découvrir les combi- naisons différentes qui s’opérent dans le corps de l'animal. Il à profité de la découverte du fluide galvanique , sur lequel il a fait un beau travail , et qui lui à présenté des résultats trés-intéressans. IL s’est principalement. occupé de l'irritabilité de la fibre nerveuse et de la fibre musculaire. « Je crois, dit-il, pouvoir démontrer » que l'irritabilité de la matière animale ne dépend pas de la » quantité d'oxigène que le corps contient, mais que l'azote et » l'hidrogène ÿ jouent un rôle tout aussi important , et que le » degré de vitalité ne dépend que de la balance réciproque des » affinités chimiques de tous les élémens dont la matière animale » et végétale est composée. Il à ensuite recherché par l'expérience , quels étaient les corps qui augmentoient ou diminuoient cette irritabilité, IL a vu que l'irritabilité des nerfs étoit augmentée par l'acide muriatique oxigéné , par l’oxide d’arsenic.....et par tous les corps qui contiennent de l’oxigène. L Cette mème irritabilité est diminuée par les corps qui absorbent Tome V. NIVOSE an 7. E 3% JOURNAL DE PHISYQUE, DE CHIMIE l'oxigéne , tels que les sulfures de potasse, le gaz nitreux, la disso- lution de potasse..... Si on découvre un gros nerf, tel que Le crural, et qu'on le touche avec des substances qui contiennent de l’oxigène, tel que des acides, il montre de l’irritabilité. Les mêmes expériences réussissent avec des muscles trés - irri- tables , tels que le cœur d'une grenouille, lorsque ses mouvemens commencent à diminuer, on les ranime en le plongeant dans une liqueur acide, tel que l'acide muriatique oxigéné. Mais si ce cœur demeure trop long -temps dans l'acide , son irritabilité est trop augmentée, et les mouvemens cessent. Pour les faire reparoitre , il faut employer des substances qui puissent absorber cet excés d’oxigène. C’est ce que font les sulfures de po- tasse, les alcalis..... Ainsi, en trempant ce cœur dans du sulfure de potasse, ses mouvemens recommencent, si son irritabilité n’a as été épuisée. Mais l'absorbtion de l’oxigéne ôte bientôt toute irritabilité. Le mouvement cesse donc de nouveau. Pour le faire reparoitre , il faut lui redonner de l’oxigène , en le trempant de nouveau dans l'acide muriatique oxigéné. é La chaleur, l'alcool... . .raniment également les mouvemens du cœur. Le sang artériel produit les mêmes effets, parce qu'il contient de l’oxigène ; ce que ne fait pas le sang veineux. Si on lie le nerf d'une partie , elle perd son irritabilité. ._, Elle cesse également si on lie l'artère qui lui porte le sang, comme Va fait voir Haller. Voici la manière dont Humboldt explique ces faits. Il y a trois principes, dit-il, qui paroissent nécessaires pour exciter l’irritabilité. 1°. L’oxigène , qui forme des combinaisons avec différentes bases acidifables. °°. Les bases acidifiables de la fibre avec lesquelles l’oxigène eut se combiner. Ces bases acidifiables sont à , le carbone avec nie il forme l’acide carbonique, ou des oxides de carbone ; b, l'hidrogène aveclequel il forme de l’eau , ou des oxides d’hidrogène ; ce, l'azote avec lequel il forme des oxides d'azote; d , le phospore avec lequel il forme des oxides de phosphore... ... 3°. Le fluide gsalvanique. Mais ces combinaisons de l’oxigène avec ces bases acidifiables ne peuvent se faire seules : de mème que l'azote et l'oxigéne mélangés » ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35 seuls ne produisent point de l'acide nitrique. Mais si on fait passer à travers ce mélange l'éteincelle électrique , il ÿ a combinaison d’azote et de l’'oxigène, et production d'acide nitrique. Le fluide galvaniqne produit dans l’économie animale, suivant Humboldt , les mêmes effets que produit le fluide électrique dans le mélange d'azote et d'oxigène. Le fluide galvanique favorise éga- ment les combinisons de l'oxigène avec les différentes bases aci- difiables de la fibre. Le fluide galvanique est apporté par les nerfs : voilà la raison pour laquelle une partie dont le nerf est lié n’a plus d'irritabilité. L’oxigéne est apporté par le sang artériel. C’est la raison pour laquelle la ligature de l'artère détruit l'irritabilité. Enfin les bases acidifiables telles que le carbone, l'azote, l'hidro- gène , le phosphore... ..se trouvent dans la fibre. Tout ce qui augmente trop la quantité de ces bases acidifiables diminue l'irritabilité. Tout ce qui augmente trop la quantité de l’oxigène, la diminue également. Il en doit être vraisemblablement de même du fluide galvanique. Ce n’est que dans un juste équilibre de ces principes que con- siste l'irritabilité nécessaire des parties. Voici la manière dont on peut concevoir qu’elle s'opère. Supfosons , dir Humboldt, une fibre composée des molécules suivantes, 0.0.0.0.0.0....qui sont des bases acidifiables , azote, hidrogène, carbone , phosphore... . Le sang artériel apporte de l’oxigéne. Le fluide galvanique , apporté par les nerfs, fait une décharge dans les muscles. Les bases acidifiables se combinent avec l’oxigène par le moyen du fluide galvanique ; elles se rapprochent , parce que leur affinité devient plus forte. La fibre est donc racourcie et contractée. Mais comment concevoir la décharge du fluide galvanique dans l'intérieur du corps ? Rappelons d’abord la manière dont elle s'opère à l’extérieur. Soit le nerf & p m, qui se distribue dans le muscle o 0. La por- tion» du nerf qui se distribue dans le muscle o o ,lui communique une portion de son fluide galvanique ; tandis que la portion p à, supposée détachée du muscle, et environnée d'air qui n'est pas con- ducteur de ce fluide, le conserve tout entier. Cette portion p & eon- tient donc plus de fluide galvanique que le muscle o. Si on met en contact ces deux portions directement en les faisant toucher. ..... il ÿ aura décharge du fluide galvanique , qui passera du nerf a dans 2 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ie muscle o. C’est une des belles expériences de Humboldt. On voit qu'ici on n'a pas besoin de conducteur métallique. On peut encore exciter l’irritabilité en établissant la commiunica- tion du nerf aux muscles , par des substances animales , telles que des morceaux de chair, on de nerf, — En mettant un métal homo- gène enduit d’un côté d’un fluide évaporable , telle que l’eau... .. La même chose doit avoir lieu à l’intérieur pour les mouvemens musculaires. « Dans l’état de repos, dit-il, le nerf étant inséré dans » les muscles, le fluide galvanique se met en équilibre dans les » organes qui se touchent. Ce mouvement spontané se fait par » une surcharge de fluide galvanique dans le nerf. Il paroïit que » dans l’instant que nous voulons faire un mouvement, le fluide » galvanique , produit dans le cerveau, se porte en masse vers la » partie qui doit se mouvoir , et surcharge les fibres nerveuses. Il se » fait une décharge du nerf dans les muscles. Les molécules de ce » dernier, animées par des aflinités exhaussées, se rapprochent : » et c’est ce rapprochement que présente le phénomène de la con- » traction. Les élémens acidifables ( l'azote, l’hidrogène, le phos- » phore, le carbone ....) dont la fibre musculaire est composée, » se combinent entr'eux et l’oxigène du sang artériel. Le mouve- » ment musculaire produit par conséquent de l’eau (la sueur), » de l'acide carbonique , souvent de l'acide nitrique, de l’oxide de phosphore , de l’'ammoniaque , de la soude......: LÉ fluide » galvanique étant decomposé ou rendu latent par contraction , » et les phénomènes chimiques qui l’accompagnent, les molécules » du muscle s'écartent de nouveau, c’est-à-dire , ils rentrent dans la » sphère de leur attraction primitive..... Si dans les maladies le » fluide galvanique se porte, sans notre volonté, en trop grande » quantité dans une Suis , il y a spasme et convulsion..... » On a fait cesser des convulsions par l’attouchement de subs- tances métalliques qui sont conductrices du fluide galvanique et le dissipent. C'est sur ce principe qu'est fondé le perkinisme , ou la maniére de guérir quelques maladies par des pointes métalliques. Le docteur Radje , de Copenhague, a donné un ouvrage sur cette maticre. Il fait construire des pointes métalliques , qui sont ordinairement d'acier , d'argent... .On présente ces pointes de différentes ma- ñiéres À la partie malade , et on croit avoir du soulagement . Si réellement le malade a été soulagé, et sil la été par l'effet des pointes ,on peut supposer que c’est en diminuant ou en augmen- tant le fluide galvanique dans telle partie ou dans telle autre. Peut-être les plaques magnétiques , qu’on a cru également pro- ÿ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 37 duire de bons effets en les appliquant sur des parties malades, n'agissent-elles que de la même maniére. x Le baquet mesmérique étoit aussi armé de pointes. S°77 à produit des effets, et que ces effets fussent indépendans de l'imagination , le galvanisme en pourroit être la cause. On voit que le mouvement musculaire suppose toujours un abon- dant envoi du fluide galvanique. Il en est de mème de toutes les autres fonctions. La digestion ne s’opére que par du fluide galva- nique qui active les forces gastriques. La pensée exige également du fluide galvanique , qui se porte au lieu où elle s'exécute. C’est pour- quoi , dans le temps de la digestion, on ne sauroit penser, ou au moins la pensée détourneroit ailleurs le fluide galvanique, et la digestion seroit troublée. De mème que la pensée exigeant beaucoup de fluide galvanique dans l'organe pensant, il faut, pour que la pensée se fasse libre- ment, que tous les autres mouvemens ( excepté Les vitaux } soient suspendus. , Les différentes fonctions animales, dans cette hypothèse, sont done une suite de combinaisons continuelles qui se font dans le corps. Les différentes bases acidifiables, telles que l'azote, le carbone , l'hidrogène , le phosphore, le soufre... .. se combinent avec l’oxi- gène par l’intermède du fluide galvanique, et forment de l'acide carbonique , de l’eau, de l'acide phosphorique , de l'acide sulfu- rique.....sil y a une assez grande quantité d’oxigène. Mais lors- qu'il n’y a pas assez d’oxigène , on n'a que des oxides d'azote, de carbone , d’hidrogène , de phosphore, de soufre. .... Le carbone et l'hidrogène , combinés par l’interméde du fluide galvanique , forment des huiles ou des oxides. L’hidrogéne, combiné avec l'azote, forme l’ammoniac, la soude... ou des oxides. Le carbone et l’hidrogène combinés avec l’oxigène , forment les acides animaux, ou des oxides. Quant aux terres et aux substances métalliques qu’on trouve chez les animaux, Humboldt suppose qu’elles ne sont pas des pro- duits nouveaux, et qu’elles sont fournies par les alimens. Ceux-ci, dans cette hypothèse, fourniront donc, 1°. la terre calcaire; 2°. la silice; 3°. la magnésie ; 4°. le fer; 5°. le manganése. ... .6°. le car- bone; 7° le soufre; 8. le phosphore; g°. l'azote; 10°. l’hidrogène ; 11°. l'oxigène. L’eau , en se décomposant, fournit de l’oxigène et de l’hidrogéne. 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Enfin, la respiration de l'air atmosphérique fournit de l’oxigène, de l'azote , de l'acide carbonique. Mais plusieurs autres physiciens pensent, ainsi que moi, que les forces vitales , chez les êtres organisés , peuvent produire des terres, du carbone , du fer... Le phosphore agit puissamment sur l’économie animale : aussi Gaillard a-t-il avancé que le radical de l'acide phosphorique étoit le principe de l’irritabilité : quoiqu'il en soit de cette idée qui n'est pas prouvée , Alphonse Leroi a fait un grand nombre d'expériences qui constatent toute l'action du phosphore dans le corps des ani- maux. Il prit lui-même deux à trois grains de phosphore, mélés avec de la thériaque. Il fut horriblement tourmente toute la journée. Le lendemain il se développa, par toute l'habitude du corps, une force musculaire étonnante , accompagnée de priapisme..... Il a donné ,avec succès, de petites quantités de phosphore aux personnes épuisées par les plaisirs de l'amour. Pelletier a observé que de l’eau qui avoit séjourné dans un vaisseau de cuivre dans lequel avoit été du phos- phore, jetée dans un endroit où alloient des canards, ces animaux en rirent tous, mais que le mâle cocha les femelles jusqu’au dernier moment. Ün autre particulier, ayant jeté , dans une basse - cour, de l’eau où avoit été du phosphore, toute la volaille qui en but, périt dans des convulsions violentes. Le phosphore se dissont dans l'azote et dans l’oxigène, et forme des phosphures d'azote oxidés , qui doivent se retrouver dans l'économie animale , et y exercer beaucoup d'action. Les matières animales contiennent une grande quantité de phos- phore, ou acide phosphorique, ainsi que la matière glutineuse du {froment et autres plantes céréales , et quelques cruciféres.. ... C'est sans doute une de ces raisons qui rend ces substances si nutritives. lilles donnent beaucoup plus de force à l'animal que les autres substancesnutritives qui ne contiennent ni phosphore, ni acide phos- phorique. Le poisson contient beaucoup de phosphore , les peuples qui s’en nourrissent , multiplient beaucoup. On voit quelle influence le fluide galvanique doit avoir dans l’éco- nomie animale , suivant Humboldt; mais nous ignorons sa nature. Il pense que c'est le fluide nerveux. IL observe que le quart de tout le sang se rend au cerveau: qu'il y arrive floride et qu'il en sort três-noir , qu'il y dépose, par conséquent, beaucoup de son oxigène. Il demande «si cet oxigène contribueroit à la formation du fluide galvanique ». Le sang veineux est noirâtre, tandis que le sang artériel est floride. Il paroitque l’oxigine de celui-ci qui luiest fourni par la respiration, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 39 se combine dans le torrent de la circulation |, comme nous l'avons vu. Le carbone y prédomine donc : ce qui donne la couleur noire au sang veineux. C'est encoré la raison qui fait que les hommes , ainsi que les animaux , qui font beaucoup d'exercice, ont la chair noire. L’oxi- gène du sang artériel se combine dans les mouvemens musculaires; et le carbone demeure prédominant. La chaleur dans les climats chauds, et la lumière, en donnant de j’énergis aux forces vitales , produiseut les mêmes effets. Dans les climats froids, au contraire, et à l'obscurité, dans des cachots , même dans des appartemens fermés , où il n’y a point de lumière, ou peu, la chair est blanche et décolorée par la sura- bondance d'oxigène. Barthez à donné des explications des divers mouvemens des animaux. Le docteur Chiarenti a fait un grand nombre d'expériences qui lui ont prouvé qu'on pouvoit faire pénétrer, dans le corps humain, les remèdes les plus actifs par la simple friction extérieure, Il triture ces remèdes avec le suc gastrique d'animaux , et mélange le tout ävec de la graisse ; il en forme une pommade dont il frotte l'abdomen , la région de l'estomac... .. Les docteurs Brera, Guilo et Rossi, ont répété ces expériences avec le même succés. Ces expériences prouvent qu'il existe , à la surface du corps, des vaisseaux absorbans , qui font passer à l’intérieur tous ces remèdes, lesquels produisent les mêmes effets que si on les eût porté directe- ment dans l'estomac. DEMI PA EN A STIONNTENE D ei SP Tr AIN TELE Desfontaines a donné un beau mémoire sur l'anatomie des mono- cotyledons, ou plantes qui n’ont qu’une seule feuille séminale ; mais pour l'entendre, il faut rapporter les notions qu'on a dans ce moment sur la structure végétale. On distingue dans les plantes, ainsi que dans les animaux, les solides et les liquides. Parmi les solides on observe spécialement, 1°. les vaisseaux séveux ; 2°. les vaisseaux de suc propre ; 3°. la moëlle; 4°. les vaisseaux excrétoires; 5°. les vaisseaux aériens; 6°. les glandes ; 7°. les poils. 1°. Les vaisseaux séveux sont appelés par Hedwig, chimiferes, vasa chimifera. Suivant lui il y en a d'artériels, et d’autres sont veineux. On connoit les artériels, en faisant une ligature à une . Lo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE téndre branche ; on voit se former un bourrelet au-dessous de la ligature; ce qui annonce que la sève monte des racines, etse trouve arrêtée par la ligature. Si la ligature se fait aux vaisseaux veineux, le bourrelet se forme au-dessus de la ligature ; ce qui prouve que la sève, qui redescend du sommet de la plante aux racines , est arrêtée par la ligature. Ges artères et ces veines se trouvent également dans la tige de Ja plante. 1°. Les vaisseaux du suc propre sont ceux qui ren ferment le suc propre de la plante, tel est Le suc laiteux des euphorbes..... >, La moëlle ou Les vaisseaux médullaires se trouvent tou- jours au centre de la plante. Elle est composé d'un grand nombre de vaisseaux spongieux. Dans les dicotiledons, la moëlle est en assez petite quantité, excepté dans quelques espèces telles que le sureau..... Elle est enfermée dans un canal ,et paroît formée d’un grand nombre de vaisseaux qui se portent à angle droite du centre de la plante à sa circonférence en rayons divergents, comme les lignes horaires d’un cadran. On les appercoit facilement dans la tranche d’unarbre, faite perpendiculairement à l'axe. Mais dans les monocotiledons , tels que les jones, les asperges, les palmiers, les fougères , Les gramens, les liliacées... Desfontaines a fait voir que la moëlle est très-abondante dans toute la plante; tout l’intérieur est spongieux , composé de fibres ligneuses , placées sans ordre les unes à côté des autres, sans former de couches con- centriques distinctes, et enveloppées par la moëlle qui en remplit tous les intervalles, et qui ne jette jamais de rayons divergens. Elles se rapprochent en allant du centre à la circonférence ; en- sorte que la tige a beaucoup plus de force et de solidité auprés de sa surface que dans l'intérieur. Cette organisation est différente de celles des plantes decotile- dones , dont le centre de la tige a plus de solidité que la surface ; de sorte que sur la coupe d’une tige ligneuse, on peut savoir à laquelle des deux divisions précédentes la plante appartient. L'usage de ces vaisseaux médullaires est encore inconnu. 5. Les vaisseaux excrétoires. Brugmanns a prouvé que le lollium (ray-grass) et la plupart des plantes avoient des excrétions par les racines. Ce qui suppose des vaisseaux excrétoires. La surface des plantes est encore remplie de vaisseaux excré- toires , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 41 toires , qui exsudent différentes liqueurs. On sait combien les plantes perdent par la transpiration. D'autres vaisseaux de la surface de la plante absorbent des sucs propres à la nourrir. C'est ce qu'a fait voir Candolles, qui a prouvé que plusieurs plantes ne se nourrissoient que par la surface. 5. Un autre ordre considérable dé vaisseaux chez les plantes, sont les vaisseaux aëriens. Hedwig les appelle pneumato - chimi- fères , vasa pneumato-chimifera. Les trachées , ou vaisseaux spi- raux (vasa spiralia, vel cochleata de Malpighi ), sont com- posés de lames spirales contournées en tirrebourres. Il suppose que la sève coule dans ces spires : tandis que l’intérieur de cette spire , ou son axe , est aussi un vaisseau dans lequel cireule l'air. Par conséquent ces trachées serviroient à la circulation de l'air et du chime ; c’est pourquoi il les appelle vaisseaux preumato-chi- mifères. Les trachées se trouvent dans le bois et l'écorce ; mais elles ne se deroulent que dans la première couche ligneuse de l’année. Ces vaisseaux s’appercoivent facilement dans les feuilles, dans les tendre: rameaux ;....et on a lieu de croire qu'ils se trouvent également dans toutes les parties de la plante. On les voit distinc- tement dans Les tiges des cucurbitacées. Daubenton est le premier qui les ait appercu dans l'écorce. 6°. Les glandes paroissent assez nombreuses dans les végétaux. On distingue pareillement les suivantes. Les glandes milliaires qui sont sous l’épiderme. Elles sont trés- visibles dans le bouleau , le noisetier. Les nectaires sont des glandes qui filtrent une liqueur sucrée et mielleuse, laquelle les abeilles récoltent pour en faire le miel. Les glandes qui filtrent la propolis. Les anthères peuvent être regardées comme des glandes qui filtrent la liqueur reproductive... .…. Î 7°. Les poils sont trés-abondans surun grand nombre de‘plantes. Ils paroissent contenir, à leur origine, des glandes, lesquelles filtrent des liqueurs particulières. Deyeux a prouvé que ceux du pois chiche filtrent l'acide oxalique , lequel iln’a pas retrouvé dans le reste de la plante. La glaciale , le rossolis. . .. . ont des poils qui filirent aussi des liqueurs particulières. Boucher à fait voir que les plantes glauques Aou habités d’une Tome V. NIVOSE ar 7. F 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE liqueur particulière , qui les empêche d’être mouillées, Sans doute cette liqueur est filtrée par dés glandes particulières. Les parties de la fructification paroïissent, chez le végétal comme chez l'animal, être le principal objet que la nature à eu en vue. Linné à dit ( gemm. arb.) « que le calice étoit Le prolongement de » lécorce; les petales le prolongement du liber ; les anthéres le » prolongement du bois; le pistille et le germe le prolongement ». de la substance médullaire ». Calix fit ex corrice , corolia ex libro ,'stamina ex substancia lignea , pistillum ex propria substancia medullari.....Hedwig croit que cette opinion n’est pas fondée, Springel , qui a donné, sur la construction des corollies, un ouvrage aussi intéressant que celui de Gartner sur les fruits, sou- tient que la plupart des plantes sont fécondées par le moyen des insec- tes | et que Le pollen d’une plante ne féconde point le germe qui est le plus voisin. Mais l’insecte, en passant sur l’anthère, se charge du pollen ; allant ensuite vers Le stile, ce pollen se détache des pattes et du corps de l’insecte , et pénètre jusqu'au stile. L’an- teur s’est assuré que chez la plupart des plantes, Les anthéres sont placées de manière que le pollen ne sauroit pénétrer jusqu'au stile. Il faut donc qu’il y soit porté par une cause étrangère. Ces suppositions de Springel doivent être restreintes à des limites assez étroites. On sait que dans les plantes dioïques , une plante femelle se trouvant à une grande distance du mâle, quelquefois à plusieurs lieues , a été fécondée, parce que le pollen du mâle est arrivé jusqu'à elle, transporté par les vents. A plus forte raison cela doit-il avoir lieu dans les fleurs hermaphrodites, et dans les monoïques. D'erru Pin rs mor olic re AVE c ET AULE: . On s'occupe beaucoup de cette phisiologie, qui éclairera celle des animaux. Irritabilité: Plusieurs expériences nouvelles prouvent que les plantes ont, comme les animaux, une véritable irritabilité. Humboldt a fait voir que des graines mises dans l'acide muria- tique oxigéné , et ensuite mises en terre , germoient très-promp- tement. Il est même parvenu , par ce moyen, à faire germer des graines qui avoient cent vingt ans , celles de l’herbier de Boccone ; lesquelles on ne pouvoit faire germer par aucune autre moyen. L’oxide de manganèse produit le même effet, par la même raison. j ET: D'HISTOÏR E NATURELLE. 43 Différens sels , tels que l’ammoniaque , sont aussi des preuves de l'irritabilité des plantes. Si on met dans de l’eau pure et colorée par une infusion végétale, une jeune tige, on voit l’eau y monter à une certaine hauteur. | Mais si dans un vaisseau , à côté, on ajoute un peu d’'ammoniaque à la pareille eau, et qu'on y mette une autre tige semblable, on verra l’eau y monter à une hauteur double que dans la première expérience. Ces faits supposent que l'énergie des forces vitales est excitée par ces diverses substances. Les plantes ont donc une véritable irrilabililé où excitabilité, dont les excitemens sont l'oxigéne, les substances qui contiennent l’oxigéne , les substances salines , la chaleur, l’électricité. Van Marum avoit déjà prouvé (dans ce Journal, 1792), que les plantes avoient une véritable irritabilité, et que leurs vais- seaux se contractoient et se dilatoient alternativement par une espèce de sistole et de diastole, C’est ce qui produit les mouvemens vitaux. Humboldt a adopté cette opinion, qu'il appuie par une mul- titude d'expériences. Il regarde les parois des différens vaisseaux que nous venons de décrire comme composés de fibres circu- laires musculaires , trés -irritables ; peut- être même contiennent- elles des nerfs. Cependant il n'ose l’assurer. Il faut donc chercher la cause de ces mouvemens ;, ou dans des causes externes , ou dans des causes internes. Il distingue ensuite les mouvemens particuliers des plantes en trois classes. Les uns , tels que ceux de l’zedisarum gyrans, ne peuvent être suspendus par aucuns stimulus, mais ils s'arrêtent souvent d'eux-mêmes à midi. Les autres naissent et sont provoqués par un stimulus. Tels sont les mouvemens des organes sexuels d’un grand nombre de plantes lors de la fécondation, comme l'a prouvé Desfontaines. Les troisièmes sont provoquées par des stimulus extérieurs. Tels sont ceux de la sensitive, de la dionée..... Tous ces mouvemens , ainsi que les mouvemens vitaux , sont produits par l'irritabilité des solides, et cette irritabibilité est exci- tée, soit par des causes internes, soit par des causes externes. 1°. Les causes externes sont les stimulus dont nous avons parlé. L'oxigène , les acides , les sels , la chaleur. ….. Mais si ces stimulus ont trop de force , ils détruisent l'irritabilité. C’est ce que font à, une trop grande chaleur; à , une trop forte électricité; c, des acides F2 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE trop concentrés ; d , des oxides métalliques trop actifs , tels que célui d’arsenic; e, de l'opium. , 2°. Une partie de ces mêmes stimulus peut agir à l'intérieur, et ce sont les causes internes de l’irritabilité de la fibre végétale, et qui la font contracter. Les liqueurs des plantes ont beaucoup de rapport avec les li- queurs des animaux à sang blanc. Certains lichens, tels que la morille, donnent les mêmes produits chimiques que les animaux. Elles peuvent donc produire sur la fibre végétale la même irri- tabilité que Les liqueurs animales produisent sur la fibre animale. Nourritures. Les plantes prennent de la nourriture comme les animaux. Elles ont également deux manières de se nourrir. 4 , elles prennent des alimens par les racines, comme les animaux par la bouche; 2 ,.par absorbtion. Les principes qui nourrissent les plantes sont ; à, l'eau; D, l'oxi- gène; c , l'hidrogène, d, l'azote ; e , le carbone; f, le soufre; g, le phosphore ; 2 , la terre ; à , des parties métalliques et les alkalis. L'eau leur est fournie, soit par les racines , soit par l’absorbtion. L'oxigène est apporté avec la sève , et il s’en introduit par les feuilles. L’hidrogène est fourni par les engrais. La décomposition de l’eau fournit également de l’hidrogène et de l’oxigène. L’azote est fourni par l'air atmosphérique. Le carbone est fourni par les engrais , et par la décomposition de l'acide carbonique. Les soufres, les phosphores , les terres , les parties métalliques, les alkalis, sont fournies par les terres, suivant les uns , et suivant les autres , ils sont des produits des forces végétales Humboldt pense que l’eau est plutôt décompoosée dans l’hu- mus , où se trouve la plante, que dans la plante elle-même. Toutes ces différentes substances se combinent par laction des forces vitales, et formen#les divers produits , tels qu’acides , huiles, parties colorantes ,.… qui se trouvent chez les végétaux. La plus grande partie des animaux prend sa nourriture par la bouche, soit en mangeant, soit par succion; tels sont les in- sectes qui ont une trompe. La plus grande partie des plantes se nourrit par la succion que font les racines. Les autres se nourrissent par l’absorbtion des feuilles. Quelques animaux peuvent se nourrir par absorbtion. On tient des serpents, par exemple, enfermés des mois entiers dans des tonneaux. Les polypes qu’on a coupés par morceaux , ne sauroiemt plus se nourrir que par absorbtion, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 Il y a également des plantes, telles que des lichens, qui ne se nourrissent que par absorbtion. Excrétions. Les animaux se débarrassent par des excrétions du surperflu de leurs alimens. Les plantes en font autant. Respiration. Les plantes respirent de l’oxigéne ainsi que les animaux. C'est Priestley qui le premier a démontré cette vérité, entrevue par Bonnet. Ingenhousz, Senebier, l'ont mis hors de tout doute. Saussure fils a prouvé que les plantes, ainsi que les animaux exposés au soleil, expirent constamment de l'acide carbonique ; mais elles l’absorbent promptement pour le décomposer. L'acide carbonique paroit mème leur être nécessaire, car elles périssent si on les place sur l’eau de chaux qui absorbe cet acide. Mais les plantes qui ne sont pas au soleil, expirent de l'azote et de l'acide carbonique. Les corolles des plantes n’expirent que de l’azote et de l’acide carbonique, et elles retiennent l’oxigéne. IL faut donc en regarder les couleurs vives et variées comme celles des oxides métalliques, qui donnent toutes les couleurs les plus variées, suivant qu’elles contiennent plus ou moins d'oxigène. Les feuilles et Les tiges, au contraire, sont vertes, parce qu’elles expirent l’oxigène, et qu’elles conservent du carbone et de l'hi- drogéne , qui forment la couleur verte. Il est quelques plantes, telles que les champignons, qui expirent de l’hidrogéne. Humboldt croit, qu'on a été trop loin, lorsqu'on a dit que les plantes purifioient beaucoup l'air de l'atmosphère. Il pense que c’est plutôt parce qu’elles décomposent l’eau, dont elles versent l’oxi- gène dans l'atmosphère. à EÉtiolement. L’étiolement des plantes paroît un effet de leur respiration. Plusieurs pensent que la couleur des plantes provient de ce que la lumière se combinant réellement dans les plantes, augmente l'énergie de leurs forces vitales, et y forme par con- séquent, une plus grande quantité de parties colorantes. C’est en- core l'opinion de Tingry. Mais si la plante ne recoit pas les rayons solaires , la lumière ne s’y combinant plus, il y a étiolement; la plante languit et devient blanche, Humboldt explique l’étiolement d'une autre maniére. Il pense qu'il est dû à une surabondance d’oxigéne retenu dans la plante, lequel la blanchit, comme le fait l'acide muriatique oxigéné. Les, 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE plantes exposées à la lumière, expirent de l’oxigène ; exposées à l'ombre, elles expirent de l'azote, de lacide carbonique et peu d'oxigène. Il demeure donc dans la plante beaucoup d’oxigène qui la blanchit; et ce qui le prouve, c'est que si une plante à l'ombre se trouve dans une moffète qui ne contienne point , ou peu d’oxi- gène , elle ne blanchira pas , paree que cette moffète la sollicite à verser de l’oxigéne, qui se combinera avec ces bases acidifiables , l'azote, l'hidrogène. Il arrive même qu'une portion de l’oxigéne se mélangeant avec l’hidrogène, la moffète devient fulminante, si on en approche une bougie allumée. La lumière, dans cette hypothèse, n'agit donc que comme sti- mulus en sollicitant l’action des forces vitales, et elle ne se com- bine point elle-même ; la lumiére des lampes produit des effets analogues à ceux de la lumière solaire. Sommeil. Le sommeil des plantes est encore une de leurs fonc- tions analogues à une des fonctions des animaux. La plupart des plantes paroissent dormir l'hiver, comme certains animaux dor- ment. Mais on appelle plus particulièrement sommeil des plantes, cette espèce d’engourdissement de certaines plantes qui leur fait fermer leurs feuilles pendant la nuit, telles que les accacias , les pseudo-accacia , où leurs corolles, comme les convolvulus, le jalap. Humboldt croit que ce sommeil à beaucoup de rapport avec la respiration. IL est des plantes qui dans leur jeunesse n'ont point la force d’expirer de l’oxigène, telles que la brownea grandiceps. Elles demeurent toujours fermées ; mais aussitôt que Les forces vitales sont assez considérables pour expirer de l'oxigène, elle sort de son sommeil, et les feuilles s'ouvrent dans le jour, et de rouge qu’elles étoient, elles verdissent. C'est dans le jeu de toutes ces fonctions des plantes que nous irouverons les causes internes de leur irritabilité, car l’oxigéne s'y combine avec différentes bases acidifiables ; 1°. le carbone, pour former l'acide carbonique ; 2°. avec le carbone et lhidro- gène , pour former tous les acides végétaux; 5 . avec l'hidrogéne, pour former de l’eau. .…. | L’hidrogëne se combine, 1°. avec le carbone, pour former les huiles, le principe colorant. ... 2°. Avec l'azote , pour former les alkalis. F L'oxigéne est fourni, 1°. par les trachées des vaisseaux aériens ; 2° par la sève; %°..par la décomposition de l’eau où des acides... Les bases acidifiables sont dans lafibre végétale. 11 doit donc arriver, à la fibre végétale , la mème chose qu’à la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47 fibre: animale. Supposons-la également formée des molécules 00000..... dans l'instant que l’oxigène se combine avec quelques - unes de ces molécules , la fibre est racourcie , et par conséquent , elle se contracte. Elle se relâche l'instant suivant , pour recomimmencer à se contracter un troisieme moment. l'est yrai qu'on ne conuoît point chez les plantes de fluide analogue au galvanique qui se trouve chez les animaux pour favoriser ces combinaisons. Maïs il est vraisemblable an’elles en contiennent quelques-uns , et peut-être le fluide galyanique lui- même est-il une modification d’un autre fluide qui se trouve chez les végétaux et chez les animaux. DELA CHALEUR DES VÉGÉTAUX ET DES Anxrwaux. Tous les faits que nous venons de rapporter nous donnent de nouveaux: éclaircissemens sur la chaleur des corps organisés. On avoit soutenu , contre mon opinion , que la chaleur des animaux venoit uniquement du calorique dégagé de l’oxi- gène dans la respiration ; maisil-est bien reconnu aujourd’hui, comme je l’avois dit, qu'il y a plusieurs autres causes de cette chaleur. 1°, Celle qui se dégage de l’oxigène dans l'acte de la respi- ration. 2°. Celle qui se dégage de la fermentation de toutes les liqueurs animales , parce qu’il y a décomposition et recomposition conti- nuelles. Or, dans toutes ces opérations, il y adégagement de calo- rique , et quelquefois absorbtion. 30. La formation d’un grand nombre de substances , tels que les acides animaux , le phosphorique, les huiles, l’ammoniaque, la soude, l’eau. . . . . Tous ces nouveaux composés se forment par la combinaison de l’oxigène , de l’hidrogène , de l’azote , du carbone , du phosphore. . .. Or, dans toutes ces combinaisons, il y a une quantité plus ou moins considérable de calorique , dé- gagé de ces différentes substances. 4°. Le mouvement musculaire produit toujours de la chaleur, ainsi que je l’ai dit : il est presque toujours accompagné de nou- velles combinaisons , savoir , de la combinaison de l’oxigène avec l’hidrogène , le carbone . . ... ce qui produit la suenr..…. On expliquera de même la chaleur des végétaux. 1°. Ils aspirent de l’oxigène : et cet oxigène se combine avec différentes substances , l’hidrogène , l'azote, le carbone... ... pour former tous les produits végétaux. Il y a donc une grande quantité de calorique dégagé. 2°. Les végétaux contiennent aussi de l’hidrogène , soit 48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'ils l'aient absorté, soit qu'il provienne de la décomposition de l'eau. Or cet hidrogène se combine sans cesse ; z,avec l’oxigène pour former de l’eau ; 4, avec le carbone pour former les huiles ; c,il se combine avec le carbone et avec l’oxigène pour former des acides végétaux. 3°. Les végétaux contiennent aussi de l’azote qui se combine avec l’hidrogene pour former les alcalis.... Toutes leurs liqueurs sont dans un état continuel de fermen- tation comme chez les animaux. Toutes ces combinaisons doivent être accompagnées de produc- tions de calorique. Pour concevoir plus facilement la quantité de calorique qui doit se dégager dans toutes ces combinaisons des différens prin- cipes des êtres organisés , rappelons des faits bien connus. Un canon de vingt-quatre, chargé de huit livres de poudre , chasse le boulet de 24 livres de pesanteur avec une vitesse de douze à treize cents pieds par secondes, et telles qu'il parcour- roit huit lieues perperdiculairement sans la résistance de Pair. Le Dans le moment de l'explosion , qui n’est pas le + d’une seconde, le canon est échauffé d’une manière très-sensible. Or, qu’on cal- cule la quantité de calorique qu’il faut pour échauffer cette masse. On la rempliroïit de métal fondu , on l’exposeroit au bra- sier le plus ardent . .... qu’elle ne seroït pas échauffée au même point en aussi peu de temps. Cette chaleur lui est donc communiquée par la masse immense de calorique qui se dégage de la poudre; savoir: de l’oxigène du nitre , du charbon, du soufre, de l'hidrogène contenu dans le charbon ; peut - être de celui dégagé de la décomposition de l’eau. R . Les mêmes combinaisons ont lieu sans cesse dans les corps organisés. Qu'on juge par-là de la quantité de calorique qu'ils doivent en recevoir, et dont ils doivent être pénétrés. 2 Mais le calorique paroît produire, dans les corps organisés, d’autres effets qui méritent toute l'attention du philosophe. Le dégagement du calorique , dans la poudre à canon , est accompagné d’une violente explosion, produite par la combustion de l’hidrogène, de l’oxigène , du carbone. . ,.. La même chose a lieu dans les corps organisés. Il y a réelle- ment combinaison d’oxigène..., d’hidrogène , d’azote , de car- bone, de soufre. .. .. Pourroit-on dire que cette combinaison y est aussi accompagnée d’expilosion , et que cette explosion produit le mouvement musculaire ? Un ETD*A STORE NATURELE EF. 4) Un homme est fatigué et épuisé ; un malade est accablé dans son lit, ils sont hors d'état de faire aucun mouvement : le feu se met-il à leur appartement , ils recowvrent assez de force pour se sauver. Dans tous ces cas, le sentiment subit et inopiné est si vif, qu'il cause un envoi prompt de l'esprit moteur ; que ce soit le fluide galvanique ou tout autre. . ... ilse forme des combinaisons nouvelles ; il y a grand dégagement de calorique , accompagné d’explosion : ce qui ranime les forces et produit ces mouvemens violens et inattendus, une sueur abondante. .... Mais il s’en- suit un tel épuisement, que quelques momens après le malade tombe le plus souvent en foiblesse et perd connoissance. On voit que ces grands dégagemens de calorique doivent influer beaucoup sur l’irritabilité et l'excitabilité, si même ils n’en sont pas la cause principale. La chaleur augmente la capacité des métaux pour conduire le fluide galvanique. Ilen doit être de même dans les corps organisés. Ainsi , en supposant qu'il soit le principe moteur , on voit toute l'influence que doit avoir le calorique. Nous avons déjà vu qu’une partie irritable, teile que le cœur d’une grenouille , qui a cessée de battre, est ranimée par la seule chaleur. ; Lorsque l'animal est très-fatigué et qu’il s'approche du feu, la chaleur le délasse. La chaleur appaise et modère, si elle ne calme les grandes douleurs, telles que les maux de dents, les coliques. .. .. Maïs examinons plus particulièrement les forces motrices des êtres organisés. Les grands animaux, tels que ceux à sang rouge , ont des forces motrices très -actives : un cœur musculeux, des artères et des veines, impriment un mouvement général au sang et à toutes les liqueurs, Le mouvement de la respiration , celui des intestins, et enfin le mouvement général des muscles coopèrent avec celui du cœur. Boerhaave rapporte une expérience qui n’est peut - être pas assez connue, Ce célèbre physicien remplit d’eau tiède l'estomac d’un chien nouvellement mort. Il pressa doucement les viscères; l’eau fut absorbée parles veines ; passa dans le grande veine gastri- que , de-là dans la veine porte et traversa le foie, elle arriva à la veine cave , à l'oreillette gauche et an ventricule droit du cœur, Illia la veine cave près du cœur, il y fit une petite inci- sion ; il en sortit d’abord une eau un peu teinte, ezsuife de l’eau Tome V. NIVOSE ar 7. G = 50 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pure. En continuant d'introduire de l’eau dans l’estomac et de le comprimer,, il y eut assez d’eau absorbée pour faire pâlir tous les viscères du bas-ventre. . . On sent que ce qu’opéroit ici la pression , le mouvement du diaphragme par la respiration , lemouvement périestlique desintes- tins, celui des muscles du bas-ventre.. en fontautant dans l’animal vivant, et aidentsingulièrementla circulation detouteslesliqueurs. Chez les animaux à sang blanc, il n’y a que les mollusques qui aient un cœur et un systême de vaisseaux sanguins bien carac- térisés. C’est une découverte de Cuvier. Les mêmes causes y doivent donc faire circuler les liqueurs. Mais dans les autres animaux de cette classe, on ne peut pas assurer qu’ils aient de cœur. On avoit cru voir chez eux, le long ‘ du dos, un gros vaisseau que l’on regardoit comme une artère faisant fonction de cœur ; mais c’est une simple conjecture. Cuvier ne regarde point ces vaisseaux , chez les insectes, ni comme un cœur , ni comme une artère ; il pense que l’organi- sation de ces animaux est absolument différente de celle des autres espèces. . L’insecte prend ses alimens par la bouche, soit qu'il y ait vraie mastication, ou seulement succion : ils arrivent dans l’estomac et les intestins. Le chime en est absorbé par un système quelconque. Les intestins contiennent un très-srand nombre de cæcum où appendices cœciformes, dans lesquels les alimens séjournent, ce qui favorise l’absorbtion du chime. Le foie est très-volumineux et contient beaucoup de vaisseaux déliés. Le cerveau est divisé en plusieurs parties ; ou plutôt ce sont des ganglions qui tiennent lieu de cerveau. Le système nerveux part de ces ganglions, pour se distribuer dans tout le corps. On distingue les parties de la génération dont les vaisseaux sont très-deliés. .… On w’apperçoit point de glandes , proprement dites , chez les insectes. On n’y découvre ni cœur , ni vaisseaux sanguins. Mais , ce qu’on distingue plus particulièrement chez l’insecte , ce sont les trachées ou vaisseaux aëriens , qui sont très-multipliés et très-considérables. Ils font la plus grande partie du corps de V’'animal. C’est dans ces trachées que l’auteur croit trouver particulière- ment le principe actif, ou la cause de la circulation des liqueurs chez l’insecte. - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5x Il pense que le chime est absorbé par des vaisseaux particu- liers qui accompagnent les trachées. l’action de l’air qui doit éprouver un mouvement continuel de dilatation et de conden- sation , sollicite le mouvement de ce chime. On peut ajouter que la portion de l’oxigène de cet air se com- bine avec différentes bases acidifiables , pour former les différens re de l’animal. Ces combinaisons produisent de lirrita- pilité dans les vaisseaux aëriens. Ils se contracteront et dilateront alternativement , ce qui donnera du mouvement à toutes les liqueurs. Les vers paroïsssent avoir une organisation semblable à celle des insectes. L'organisation des plantes paroît se rapprocher beaucoup de celle que nous venons de voir chez les insectes. Elles n’ont, comme eux, aucun organe qui réponde au cœur des grands animaux. Mais elles ont, comme eux , des trachées qui paroissent répan- dues dans toute la plante. Les vaisseaux séyeux accompagnent par- tout les vaisseaux aëriens ou trachées , comme Îles vaisseaux chimifères chez l'insecte. C Néanmoins ü yaune différence entre les trachées des végétaux et celles des insectes ; elles sont placées , chez le végétal, longi- tudinalement, au lieu que chez l’insecte elles le sont transver- salement. Il est encore un autre point commun entre les plantes et quel- ques. insectes. Les plantes ne paroïssent point avoir de centre d'unité d’ac- tion. Chaque partie de la plante peut devenir une plante parfaite par la greffe, ou par la bouture , ou par provins. | Plusieurs insectes , tels que les polypes, ne paroïssent égale. : ment pas avoir de centre d'action. On peut les couper en plu- sieurs morceaux , et chaque partie devient un animal complet. Daubenton regarde les champignons comme des espèces inter- médiaires entre l’animal et le végétal On sait que Humboldt a retiré , de quelques champignons , la même matière grasse qu’on retire des substances animales. Tel est à-peu-près le précis de nos connoissances actuelles sur Vorganisation des végétaux et des animaux. On voit tout ce qu’elles Jaissent à desirer, 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉDECINE. La nouvelle manière d'envisager les principes des corps orga- nisés et leurs fonctions vitales , devoit faire naître de rouvelle vues sur la cause des maladies, et sur la méthode de les traiter. Aussi la théorie des maladies a-t-elle changée entièrement. Le corps humain ( ainsi que celui des autres animaux } n'étant composé que d’oxigène , d’hidrogène , d’azote, de carbone , de phosphore , de fluide galvanique . . . .. et la santé ne consistant dé dans le juste équilibre de ces diverses substances , il y aura donc lésion , si une ou plusieurs de ces substances se trouvent en trop grande quantité ; si une ou plusieurs se trouvent en trop petite quantité. C’est à ces principes qu'on rapporte toutes les maladies et leurs traitemens. Baumes a proposé de nouvelles vues générales sur la méde- cine, d’après ces idées. Il y a, dit-il, cinq substances principales qui se trouvent dans l’économie animale. Ce sera leur excès en plus , ou leur défaut en moins , qui seront les causes de toutes les maladies. 1er, Classe. Les origénèses. Ce sont les maladies où l’oxigène se trouve en plus ou ei ImoOINS. »e. Classe. Les calorinèses. Ce sont les maladies où le calo- rique se trouve en plus ou en moins. 3e. Classe. Les Aidrogenèses. Ce sont les maladies où l’hidro- gène se trouve en plus ou en moins. 4e. Classe. Les æzotenèses. Ce sont les maladies où l’azote se trouve en plus ou en moins. 5e. Classe. Les phosphorenèses. Ce sont les maladies où le phosphore se trouve en plus ou en moins. à ° Il auroit encore pu ajouter, d’après ces principes : Les carbonenèses. Les maladies où le carbone est en trop grande ou en trop petite quantité. Les galvanenèses. Les maladies où le fluide galvanique est en trop grande ou en trop petite quantité. Les sulfurenèses , les calconèses, les magnénèses. . ... Les maladies où il se ttouve trop ou trop peu de soufre, de terre calcaire , de magnésie, de fer, d’ammoniaque. . . . Girtanner , regardant l’oxigène comme le principe de l'irri- tabilité, a cru que plusieurs maladies venoient d’un défaut d’oxigène. Il a avancé qu’on pourroit, par exemple, traiter les maladies vénériennes par l’oxigène. Il supposoit que le mercure ETAD'HISTOTRE. NATURELLE. 53 m’agissoit qu’en s’oxidant, et que c’étoit en laissant dégager son oxigène qu'il guérissoit. C’est d’où venoit l’action si vive du sublimé corrosif , ou muüriate suroxigèné du mercure. L’acide nitrique (et les autres acides ) qu'ont employé Scott , Rollo , Cuiskrank . . . .. n’agissent qu’en fournissant de l’oxi- gène par leur décomposition. Une pommade faite avec la graisse et l'acide nitrique , guérit ces maladies ; parce que l’acide , en se décomposant , fournit de l’oxigène. Des bains , où on a fait dissoudre du sublimé , ont paru pro- duire de bons effets. Beddoës, d’après ces notions , a recherché les principes qui Dr se trouver trop abondamment dans telles ou Elle ma- adies; il pense , par exemple , que l’oxigène est trop abondant chez les phtisiques , parce que le sang est trop floride. .... Il fait, en conséquence , respirer à ces malades , un air qui con- tient moins d’oxigène que l'air atmosphérique, mais plus d'azote et un peu d’hidrogène. Il a observé qu’en mêlant beaucoup d’oxigène à l’air atmos- phérique EE respire , les forces vitales sont augmerntées ainsi que la chaleur, le sang devient plus floride. De l’eau, imprégnée d’oxigène , produit de très-bons effets dans les maladies asténiques , où la fibre est relâchée , comme le cachexies , les chloroses , les paralysies. . .. L'hidrogène , mêlé au même air atmosphérique, calme, et même assoupit. Les eaux sulfureuses agissent de même par l’hidrogène qu’elles contiennent. Monch donnoit le carbone dans les fièvres putrides ; c’est que, sans doute , il y a trop d’azote ou d’hidrogène. Coindet a donné un Mémoire sur l’obésité , ou un trop grand embonpoint. Il croit que cette surabondance de graisse est pro- duite par un excès d’hidrogène et de carbone. Le sang est noi- râtre dans ces personnes. Pour guérir cette maladie, il faut don- ner des remèdes qui puissent Fe de l’oxigène , tels que les acides végétaux , les légumes. . . .. Le scorbut est dû à un défaut d’oxisène : le sang est noirâtre ar la surabondance de carbone, d'hidrogène Dies © Il faut ue donner des acides végétaux, qui , en se décomposant dans l’économie animale , fournissent de l’oxigène. . . .. Toutes les maladies putrides sont également dues au defaut d’oxigène. .. .. _54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La fièvre jaune, qui fait tant de ravages en Amérique , est une fièvre maligne de mauvais genre. Dans les maladies inflammatoires , il y a, au contraire ,excès d’oxigène. . ... C’est d’après ces principes qu’on calcule l'effet de tous les re- mèdes, suivant qu’ils augmentent l’irritabilité de la fibre ,ou qu'ils la diminuent ; car ils rentrent dans une des classes suivantes: 10. les acides ; 20. les alcalis; 30. les sels neutres ; 4°. les muci- lages ; 50. les huiles douces ; 60. les huiles âcres ou essentielles ; 7°. l'alcool ; 8e. les sulfures ; 9°. les oxides métalliques ; 100. les différens gaz. .... | Nous avons vu les effets que produisent ces diverses substances sur les nerfs mis à nud , ou sur le cœur de la grenouille. On suppose qu'ils agissent de même dans le corps de l’animal vivant. Les oxides métalliques, les acides végétaux ..... agissent par l’oxigène qu’ils fournissent. Les alcalis sont aussi stimulans. Les sels neutres sont également stimulans, L'alcool , les huiles âcres sont très-irritans. Les huiles douces , les mucilages , les gelées animales. . ..: sont calmans , parce qu'ils fournissent de l’azote , de l’hidro- gène , du carbone qui absorbent l’oxigène surabondant , en se combinant avec lui. Les sulfures , les hidrogènes sulfurés , agissent par l’hidrogène w'ils fournissent, et cet ‘hidrogène est asténique ou déprimant, A sont-ils calmans. . . .. Michaëlis est parvenu à guérir les convulsions des enfans par les alcalis donnés à une certaine quantité. Ils agissent dans ces cas comme asténiques , en produisant une débilité indirecte : c’est-à-dire qu’ils augmentent trop leton de la fibre , et la privent ainside son excitabilité, Car, lorsquils sont pris en petite quantité, ils sont siéniques. Le vin, l'alcool , l’opium. . . .. produisent les mêmes effets, Pris en petite quantité , ils sont sténiques , mais ils deviennent asténiques lorsque l’on en prend une trop grande quantité. Les acides végétaux , tels que le vinaigre, la limonade .. , pris en petite quantité, sont sténiques , parce qu’en se décomposant ils fournissent de l’oxigène. Mais les acides qui se forment dans les premières voies ne pa- roissent pas se décomposer avec la même facilité ; c’est pourquoi ils sont asiéniques ou déprimans. Le fluide séminal est sténique et donne beaucoup de force ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55 ja fibre. On sait combien les animaux mutilés ont la fibre lîche. Peut-être cette qualité sténique ést-elle due à l’alcali de la soude qu'on sait être contenu dans ce fluide : peut - être agit-il aussi comme les huiles volatiles et l’alcool. L’écoulement des larmes , dans les grandes douleurs , soulage beaucoup et diminue le spasme qui se fait ressentir particulière- ment dans le plexus du bas-ventre , et dans ceux de l’uterus..…. elles contiennent aussi du natron. Peut - être agissent - elles en éyacuant une partie de ce natron qui stimule trop les nerfs. . . Telles sont les nouvelles vues qu'on propose actuellement sur l’art de guérir. On sent que le praticien ne sauroit être trop circonspect en voulant régler sa pratique d’après ces notions. Mais il ne doit pas les négliger. 4 Pinel a donné une nouvelle distribution méthodique des mala- dies. Il a suivi la méthode des naturalistes. D'ENE AUNI NUE R'ANLIOIG NP, La minéralogie a fait de brillantes découvertes cette année. 10. Le se/lurium ou tellure. Muller de Reichenstein , dans l'analyse de la mine de Nagyag, ui contient de l’or , avoitdit y avoir reconnu une nouvelle subs- tancé métallique ; mais il ne donna pas de suite à cette expé- rience qui demeura dans l'oubli. Klaproth vient de la répéter , et il l’a trouvée parfaitment exacte. Il a retiré une substance métallique à laquelle il a donné le nom de £e/larium. Sa couleur est d’un blanc d’étain , approchant du plomb. Il est aigre , Cassant. Sa pesanteur specifique est 6.115. La mine d’or gris de Nagyag contient. TéHéaum 261104740140) 1027 6158: Plomb He LL AO EU MG) So ON IN le Hiabs tal 0,086: Sonnerie rte 1 00788 Argent, et Cdivrei: 4 ati 00.1. Le tellurium est la vingt-unième substance métallique connue. On a, 1°. le platine ; 29. l'or ; 50. l'argent ; 4°. le mercure ; 5e, le cuivre ; 60, le fer ; 70. le plomb; 80. l’étain ; 9. le zinc; 10. le bismuth ; 110. l’arsenic; 12°. l’antimoine ; 130. le cobalt ; 140. le nickel; 150. le manganèse; 16°. le molydène; 17°. le imnstène; 100. l’urane ; 19°, le titane ; 200. le chrome; 210. le tellurium. 56. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 20, La glacine. | Vauquelin , dans l'analyse du béril ou aiguemarine de Sibérie, a reconnu une nouvelle terre qui, combinée avecMles acides, donne des sels doux et sucrés. | Cette terre est blanche , lésère , dissoluble dans les alcalis. Dissoute dans l'acide sulfurique, elle cristallise seule , au lieu que l’alumine ne cristallise is sans une addition de potasse. . . Vauquelin a retiré du béril ou aiguemarine , Silice: Hat res DE 2e ARIANE PR MOTO: Alüminenes tel er AENC IE PAPA Or20) GUESS PEN IT PM MR ONTOE Ferionide NP IN NO ON L'éméraude lui a donné , SHIOR: de tre LT IVG tOs AIN ES NT RENE TA Glucme EE TOR T: (Cliente sé Erot SRE SEA M REA CETTE Chrome on dé PE 95:50: Éumrite SAR PT EE ) L'émeraude cristallise d’ailleurs comme le béril. Haüy a ré- connu qu’elles avoient les mêmes lois de décroissement. On doit donc regarder ces deux pierres comme des variétés de la même espèce. La glucine est la huitième terre connue; on a 10. la calcaire ; 20. la magnésie; 30. l’alumine ; 40. la silice ; 50. la baryte ; 60. la circonienne ; 7°, la strontiane ; 80. la glucine, 30. Le chrome. Vauquelin a étendu ses expériences sur le chrome ; il a fait voir quil se trouvoit dans un grand nombre de minéraux , et qu'il les coloroit tantôt en rouge, tantôt en.verd, Nous venons de voir qu'il l’a retirée de l’émeraude. Rubis. Le vrai rubis, celui qui cristallise en octaëdre , analysé par Vauquelin, lui a donné du chrome. Il en a retiré, Alinines Me EU 0,042 0: Chrome EM EMI NO Are Smaragdine , ou smaragdite , a donné à Vauquelin huit cen- tièmes de chrome. Zéolites. La Minéralogie est obligée aujourd’hui de faire plu- sieurs sous-divisions de ce qu’on a appelé jusqu'ici zéolite, Zéolite , proprement dite, est celle de Feroë , qui cristallise en rayons divergens. Ces rayons , examinés avec soin , sont des petits prismes rectriangulaires très-allongés , terminés par une pyramide ET D'HISTOIRE NATURELLE. 57 FÉNN tetraëdre à faces triangulaires , dont les deux angles atéraux sont isocèles. Vauquelin a retiré de cette zéolite , Silent ER LATE LOT JET UID66,2%, An TIeS EAU LUE NA NE Port - :1429.30: ChauRe On eerLenar abus 2115946. À D EE ARE ab RUE EL PES REA EURE 10. - Srilbite est la zéolite nacrée. Sa dureté est moins grande que celle de-la zéolite de Ferroë- qui la raie. EryLA Sa dureté est 2,600. Elle n’est pas pyro-électrique, comme celle de Fétroë. Elle ne fait pas gelée avec les acides. ... : Vauquelin a retiré de la stilbite, SC E EI SP TR UARANE LERRROR Se RARE 2, Aluminert6sl 20 @ Hi 0 Ar 17.5 Chaux tas ere TE ER E Eau sas ee 22REENON TR, 97 18.5. PÉTER TO RSR Eee TANT SE SAS 7 EE LORS Analcime.On appelle analcime la zéolite qu’a trouvé Dolomiew dans les laves de VEtae” C’est un cube dont chacun des huit angles est tronqué par trois facettes triangulaires qui naissent sur les faces du cube. Il y en a une seconde variété, nommée zrapezoïdale , dont la cristallisation est comme celle du leucite, à 24 facettes trupe- zoïdales. C’est la précédente dont les vingt - quatre faces trian- gulaires ont fait disparoître les faces du cube. Lepidolite. On l’avoit toujours regardée comme une espèce de zéolite. Klaproth en a retiré , SILCE LEE 30 She RO AN Ne LL EVE Altminerst tete SRE SP CLS 38.25 POIMSHE ARENA lee SAR 4 Oxide de fer et de manganèse. . 0.7. Chlorite. La chlorite verte pulvérulente a donné à Vauquelin, SAGE al CAE > Peel tee Er ie EH AU Alunine MP ENNEMI 6 Gas Magmésiehsinos sr . ani. un Oritderdeféri ie ISA IPN" 0: Muriate de soude ou de potasse. ? 2. Haies hate etc meeie— 2 Cette analyse diffère de celles qu'ont donné les autres chimistes ; Tome F. NIVOSE an7. SE 21 æ 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mais Vauquelin regarde cette terre conune: un simple mélange , qui par conséquent peut varier. Pyroxènede Haüy, ou volcanite.de Lamëtherie, Cette substance paroissoit pañticuhère aux volcans ; mais Dolomieu l’a retrouvée aux. Pyrénéesaé qi. ut de TRE DSL * Vauquelin æ analysé celni.des. volcans, qui lui:a donné, Silhcege eine Pen Gares AU EST LU OPCORe A Re re Eu ESS Alumine. . RS OP PTE PRET PEN Dasméne els Mir né ce Mio Ondeide:ter. tient) RS A GES ..…Qxide deananganèse. 1.1, Male Sulfate de strontiane.Mathieu de Naïcitrouva cette subs- tance cristallisée confusément en prismes comprimés ; al la: prit pour du sulfate de baryte. Mais Lelièvre et Vauquelin l'ayant examiné , reconnurent que c’étoit de la strontiane. Vauquelin en a retiré, ANAL TAN NE Sulfate de strontiane. . . . . . . 0.83. Chaux carbonatée. . . . .. . . « 0.10, TR AR MO EE DRE Tete Le sulfate de strontiane est composé Merrerstrontiane. lan Dee OI 4e Acide sulfurique. . . . . . . . . + 0.46. Gillet- Laumont avoit déjà vu cette substance depuis long-terps, il l'a examiné , ét y a vu de petits cristaux semblables à ceux du prétendu spath pesant , ou sulfate de baryte de Sicile. On a exa- miné pour lors ces beaux spatbs, qu'on trouve avec le soufre à Mazzara en Sicile ; et l’analyse a fait voir qu’ils étoient vraiment : du sulfate de strontiane, On sait qu'ils se présentent comme des prismes rhomboï« daux , terminés par des sommets dièdres. Haüy en a mesuré les angles ; il les à trouvé de 1050, tandis que dans le sulfate de baryte ils sont de 1010 58". On connoïssoit , auprès de Paris, une pierre grisâtre , pee sante, qu’on regardoïit comme un sulfate de baryte. Vauquelin l’a analysé , et il a reconnu que c’étoit en effet du sulfate de stron- tiane composé. Crunstein de Werner (1). Cette pierre paroît composée de hornblende verte et de pétrosilex. @) Grun , en allemand; verd. Stein ; pierre ; pierre verte. vEToDPAISTOIRÉ NATURELLE, 59 Sa. couleur .est ordinairement verte. Sa durete est comme celle dé la cornéenrre. Elle donne l’odeur terreuse en soufflant dessus. Elle fond à un degré de chaleur à -peu- pie Sao à celui de cornéennes. Son verre est noir, comme Pobsidienne. J'TE) 891 Porphire à base de grunstein. di He Quelquefois cette pierre contient, de. beaux cristaux de feld: spath. Elle forme pour lors des por phir es à base de grunstein. Augite de Werner , des terreins volcaniques. C’est une subs- tance qui se trouve le = souvent avec l’olivine des volcans, Voïci les caractères qui des distinguent, Lion se2çs | L’olivine est d’un jaune Larastrel semblable à là chrysolite des Allemanus ; ou ce que Les minéral gistes franéais ont! ee jus- qu'ici peridot. L’augite est d'un vert beaucoup plus foncé; et se présente ordinairement en lames. Napione nous a fait connoître les derniérs! travaux de Klaproth sur l'analyse des substances minérales. us avoient déjaété publiées en francais ; mais avec quelque inexactitude. Pagodité. C'est té pierre dont les Chinois font Jeurs pagodes ; ; c’est pourquoi Napione l’appellé pagodite. Klaproth en a retiré d’une espèce... nm Hi SAIS re a apr ba fe die een ER R Alumine, .. .. de Met LS Le \. : Oxide de. fer. Séqniie à 4 DE | 600.75. 7 as fu, “2888/8000 Oroir to 0015 } ii Une seconde lui a donné, AE Silébs LT ibn re do ne LD este PO Alumime. ..........e... 24 Chaux. M ENTAUNIET der DNraY RER TE Ne ete Te One de Her (ee ie NS O0 Eau. . Re ete top LOv 0) On ne peut voir sans sur prise que jceite pierre, qu& est si grasse au toucher , wait point donné de magnésie, Pierre ponce, Klaproth a retiré decla pierre. SERARE de. part, t >° Silice.., ; 42 lL;e le fpprcioce be pre 5 i78* 39%. , 1 - Alumine.…..p oo + 221814 «8 :17.30. se TE | Ode dé te à rene een ENT Un peu de mañganése. 5 >J33 69 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Terre australe. Klaproth a zecOnNnu qu elle n'étoit point une terre particulière. C’est un, mélange de 66 de silice , de 28 d'aju- mine et de 3 de fer. Mélanite. Klaproth a donné ce nom au grenat noir qui se trouve dans les terreins volcaniqnes de, Fresçati. Il est à 36 fa- cettes , c’est-à-dire » que c ’est le. ROC du grenat tronqué sur.ses vingt- -quatre arètes. Sa pesanteur spécifique , prise pat Chezi , est 56,500. Celle du grénat ordinaire! éët de 40 à 42,000. Sa durétéine paroît un peu moins grande que celle du grenat ordinaire. ? Il casse facilement. Sa cassure est'très-vitreuse. Ses éclats sont transparens ; et de,vouleur de bouteille foncée. Au chalumeanu il, fond. un peu plus difficilement que le grenat ordinaire , mais sans aucune ébulition. Son verre est noir. : é Il n’y a que l’analyse qui puisse Prononger si cette, substance est différente du, grenat:,,p jt ue, sis Grenat noir des Pyrénées. | Picot: Lapeyrouse m'a envoyé dex puis long -‘temps desigrendts:moirs,, trouvésiau Pic de Drelitz , aux Pyrénées: , Qui paroîtroient avoir. quel ues Tr PR ayec le mélanite ; mais ceux - cf] sont. toujours à douze facettes, rhom boïdales. Leur esantenx spécilique , prise par Ch ; e5t. 36,250. Leur durefé,ng s’élôigne pas dé celle du’ mélanite. Dans sa “uen il era un gris blânc transparen : Au chalumeau la couleur noire de la surface disparoît. 11 fond en un verre verdâtre avec ébulition. Vauquelin , qui en a reçu de Ramond , les a analysé cten a “retiré , Silçe TETE AR Le DT re ée aa} ue RITES Te Nomienielte ou ous ire ellta ee ee "Chaget entire tte 2198 SB)SR AO) Oxide de fer. .".".".,7,7.7.7,7. ns 110% Eau ou HAUTE volatile! MTS TL ORAN Perte... . -PL9H0BIE, 9h DRE FUIOU nr | Grenäts Hans tres. ‘On’trouve , dans!le mêmecanton , des grenats rongeâtres etquEimefois blanchätr es, que Picot la Peyrouse avoit SOUpÇOnRË" être des leucitec. parce que: poltéridés ils verdis= sent le sirop de violettes ; mais At qu’ on à fit Vauquelin prouve LE contraire. * JSOITEE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 61 Vauquelin a également observé que plusieurs pierres réduites en poudre , verdissoient le sirop de violettes. Le quartz cristallisé, la’stilbite , le leucite , la topaze de Saxe et celle du Bresil, pré- sentent les mêmes phénomènes , et jusqu'ici on n’en a point retiré de potasse ni de soude. D'ailleurs la chaux elle-même verdit ce sirop. On ne sauroit donc conclure que ce grenat des Pyrénées contient de la potasse , et est du leucite , parce qu’il verdit ce sirop ; mais il ond facilement au chalumeau » ét Vauquelin en a retiré à-peu-près les mêmes principes que du grenat ordinaire, savoir : SUCER TE ren AR se ere 0 LD. AA ES LEE Mer NT Lis, -Carbonate de chaux. . 2 2 Oridetde ter ti DE UPS Te "Art PERLES PU CRIME Oxide de titane ferrugineux , ou menakanite. On sait que William Gregor, ayant analysé une espèce de sable noirâtre et attirable au bareau aïimanté, qu'il avoit trouvé aux envi- rons de Menakan , dans le Cornouailles , avoit dit y avoir re- trouvé un métal particulier. Klaproth y a reconnt le titane, Ce sable est composé , suivant lui, Oxide de titane. . . . . … . , . 45.25 Oxide de fer attirable. . . . . . 51. SAGE Pate trial tete be ne LD Oxide de manganèse. . . . . . 0.15. Cobalz éclatant de Tunaberz. L'analyse a donné à Klaproth , GObAlLE PR EE RE EN 50 Arsenic métallique. . . . . . . . 55.50. SOUÉRE sea ele alé ete) nl ere GO HO: On peut donc regarder cette mine comme un simple alliage de eobalt et d’arsenic. Crayon noir d'Espagne , connu sous le nom de crayon d'Italie. Proust en a retiré 006 de carbone , de l’alumine , une très-petite quantité de manganèse et de fer. . Andalousite. Cette substance peu connue nous a été apportée d’Andalousie ou de Castille. Launoiï en avoit plusieurs-morceaux. Sa pesanteur est 31,650 ; elle ne fond pas au degré de feu le plus fort du chalumeau ;-sa dureté est très-considérable..…… ; ces caractères m'ont engagé à en faire une substance particu- 62 JOURNAÎ DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lière, jusqu'à ce qu’on la connoisse) mieux. Elle: paroît se » pu + L Nr ÿ : 2 rapprocher, d’un côté du feld-spath , :etde l’autre, du corindon. Corindon. Brochant , examinant des rubis d'Orient, saphirs rouges ou telesies , en reconnut qui avoient quelques rapports avec, le corindon. Il les examina avec Haïy, et ils s’assurerent que c’étoient de vrais corindons qui avoient la double réfraction, tandis que le rubis oriental l’a simple. “4 Vulpinite. Yleuriau a vu à Milan une pierre fort dense qui reçoit un beau poli , et dont on se sert pour faire des cheminées, comme du marbre. Elle vient de Vulpino près Bergame. Vauquelin, qui a analysé cette pierre, a vu qu’elle n’était que du gypse uni à une portion de silice... Elle contient : Chaux sufatée. . à AURA AE | Silice. :. ‘ HEC 0) Mais ce qu’elle présente de singulier , est sa grande pesanteur qui va à 28,000, tandis que celle du gypse n’est que e 23,000. - Cette pierre est dans ma méthode. un guartzo-gypse ; Car il faut absolument distinguer les pierres pures qui ne contiennent qu'une seule terre avec un acide, de celles qui contiennent plusieurs terres. Millin , dans un travail sur les pierres gravées des anciens, a fait un releyé exact des substances que la gravure emploie. Cet ouvrage intéressant pour les archæologues, qui ne sont pas ordinairement minéralogistes, est aussi utile au minéralogiste qui est bien aise de connoître les minéraux dont les artistes se servent. La Billardière va publier son Voyage autour du Monde, pour aller à la recherche de Lapeyrouse. Il contiendra beaucoup de recherches curieuses sur l'Histoire Naturelle. Fortis va publier ses mémoires pour servir à l’Histoire Natu- curelle dTialie. Faujas va faire paroître incessamment un ouvrage svr la montagne de Saint-Pierre de Mastrich , avec la description des corps fossiles et pétrifiés qu’on y trouve, telles que coquilles la plupart inconnues , madrepores d'un grandnombre d'espèces, amphibies , poissons, partie d'animaux terrestres , bois percés par des tarets , etavec plus dé soixante planches gravées par les meilleurs maîtres, la plupart d'après les dessins de Maré- chal, grand in-4°, On sent combien éet ouvrage sera: précieux pour la géologie. + : 1 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65 DE LA CRISTALLOGRAPHIE. Haïy a donné plusieurs mémoires sur la cristallographie, qui se, trouyent réunis dans un Journal publié par le conseil des mines ; mais 3l fera bientôt paroître son Traité complet de minéralogie , et nous en rendrons un compte détaillé. D'ENLANCAO TOC TE Cette année a vu paroître plusieurs onvrages géologiques, tels que ceux de Bertrand , de Dolomieu , de Deluc, de Buch...… Bertrand suppose que le globe étoit primitivement glacé. Il s’échauffe : l’eau qui en provient, se change en terre calcaire. Parurent les premiers continens qui se couvrent d'êtres orga- nisés, dont les dépouilles forment des houillières. Ces houilles s’enflamment et produisent des volcans... Les cendres qui en proviennent, sont dissoutes par les eaux, et forment les pierres de nos terrains primitifs... Les eaux se sont retirées à trois grandes époques pour arriver au niveau où elles sont... Deluc suppose qe le globe n'étoit d’abord qu’un amas de pulvicules sans chaleur. La lumière paroît ; la chaleur qui en provient, fait fondre l’eau glacée mêlée à ces pulvicules..……. Les pulvicules , dissoutes par cette eau, forment les terrains primitifs. Les êtres organisés paroïssent ; les terrains secondaires sont formés... Il y a dans le sein du globe d’immenses cavernes qui, en s’affaissant, forment de grandes catastrophes, et amènent les eaux à leur niveau actuel... Il rapporte les phénomènes géologiques au récit de la Genèse par Moïse. da a donmé des observations géologiques du plus grand intérêt. Daris la plupart des Alpes Européennes , dit-il , le granit com- pose les egnes des hautes montagnes ; mais dans le comté de Glatz, il est dominé par les grès et les schistes [micacés. II observe qu'une grande partie du globe est couverte de couches secondaires qui se succèdent avec une régularité étonnante. Picot-Lapeyrouse, dans un voyage qu'il vient de faire aux Pyrénées , a prouvé que les plus hauts sommets de cette chaîne sont calcaires. Ramond , Pazumot, ont aussi donné des choses intéressantes sur les Pyrénées. Buch , Humboldt, Gruner et Freïsleben , tous quatre élèves de Werner, s'occupent de reconnoître l'identité des couches qui se trouvent depuis Moscow jusqu’à Cadix. Ils en distinguent de sept formations différentes. 10, Le vieux grès, ou brèches siliceuses , contenant des frag- ‘64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mens de roches primitives, telles que quartz, feld-spath, petrosilex..……… 20, La pierre calcaire des Hautes-Alpes, ou zecAsioin des Saxons ; elle contient des pétrifications, des schistes bitumineux. 30. Le vieux gypse, (qu'il ne faut pas confondre avec le gypse des terrains primitifs), quiest grenu , souvent à gros grains. Il contient le plus souvent du soufre, de largille, du sel gemme.,.. La plupart des sources salées de l'Europe sont dans ce gypse ; il s’en trouve à Cadix, en Pologne, à Hall, à Montmartre... 4°. La pierre calcaire mitoyenne (mittelkalkestein ); c’est celle que j'ai appelée secondaire : elle contient beaucoup de coquilles pétriliées , et des cavernes où se trouvent des os fossiles, telles que celles de Gailenreuth , de Papenhein , de Véronne..…. 50. Le nouveau grès souvent superposé sur le gypse , lorsque la pierre mitoyenne manque, comme à Montmartre. Ce grès se trouve. à Fontainebleau, à :Villerscoteret..….. of; 6°, Le nouveau gypse, qui est, ordinairement fibreux ; il ne contient jamais de sources salées. 79. La pierre calcaire nouvelle (celle que j'ai appelée tertiaire }); elle est remplie de coquilles , ne contient point de substances métalliques... Buch rapporte avoir vu près Buchaw des arbres pétrifiés de trois pieds de diamètre dans du grès, qui s'élève à plus de trois mille pieds au-dessus de la mer. Humboldt dit que les granits lui ont paru en général être en couches, ef que.ces couches granitiques, ainsi que toutes celles des terrains primitifs sont toujours indlnées vers le nord, tirant un peu vers l’ouest, tandis que les couches des montagnes secondaires sont toujours inclinées vers le sud tirant un peu vers l’est. Cette observation, qu’il dit être le résultat de ses voyages dans une grande partie de l’Europe , mérite bien l'attention des voyageurs géolognes. r De tous ces faits, Humboldt conclut avec moi , 1°. que tout le globe a été formé par cristallisation aqueuse ; 2°. que la masse des montagnesa été également formée par cristallisation aqueuse, telles que nous les voyons, aux dégradations locales près ;.car si elles avoient été formées par des soulèvemens ou des affaisse- mens , l'inclinaison des couches ne sauroït être aussi régulière , savoir, celles des terrains primitifs au nord-ouest, et celles des terrains secondaires au sud-est. Enfin , cette grande vérité de la cristallisation générale de lunivers, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65 l'univers, et celle de notre globe en particulier ne m’est plus contestée ; Ni celle de la formation des montagnes par cristallisation dans la même position où elles se trouvent aujourd’hui ; elles paroissent évalement convaincre tous les esprits. Dolomieu , qui avoit combattu si long-temps cette dernière vérité, la reconnoît aujourd’hui , à quelques exceptions près. « On peut rapporter , dit-il, (dans ce Han prairial , pag.4{20,) » tous les systèmes, surla formation des montagnes, à trois sup- » positions : dans la première , lesmontagnes auroient été formées » à-peu-près telles que nous les voyons... Telles sont celles de » la France... » Dans la seconde, elles auroïent été soulevées par une » cause quelconque; tels sont quelques pics des Hautes-Alpes. » Dans la troisième , elles seroient devenues proéminentes par » l’abaissement accidentel, ou la soustraction des matières qui » les auroient primitivement entourées... » Je n’ai jamais nié qu’il y eût quelques montagnes formées par soulèvement, d’autres par affaissement, quoique je ne pense pas qu’une masse, telle que le Mont-Blanc, l’ait jamais pu être d’une de ces deux dernières manières...: Mais il me paroît que la majeure partie des montagnes de nos continens a été formée telles que nous les voyons ; il faut en excepter les dégradations qu’elles ont éprouvées postérieurement. Les terrains primitifs, tels que granits, gneis , schistes micacés , serpentines , tremolites , hornblendes , asbestes , ..... sont cris- tallisés distinctement ; ce qui annonce une dissolution complette et une cristallisation à-peu-près tranquille. Les calcaires primitifs et les secondaires (wittelkalkestein), sont également assez bien cristallisés, ont une certaine régularité dans la cristallisation. k Mais les calcaires tertiaires ne sont assez souvent que des espèces de tufs, ainsi que la craie ; plusieurs de ces pierres sont mêmes porreuses... Ce sont des cristallisations très-confuses. Mais qui est-ce qui a pu faire incliner aussi généralement les couches primitives au nor-nord-ouest, et les secondaires au ‘ sud-sud-est ? Klugel prétend que la terre est plus applatie au nord-ouest ; mais cette supposition m'est pas prouvée ; d’ailleurs elle n’auroit aucune influence sur l’inclinaison des couches primitives. L’aiguille aimantée décline aussi au nord-ouest; mais cette inclinaison ne peut avoir aucun rapport avec celle des couches primitives : d’ailleurs , la direction de l'aiguille varie ; elle Tome V. NIVOSEan7. I 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE étoit au nord , il y a deux siècles ; nous ignorons quelle auroit été sa déclinaison don des cristallisations primitives. En supposant que cette inclinaison des couches primitives au nord-ouest soit bien constatée, ne pourroit-on pas plutôt l’attri- buer à la cause suivante? J'ai fait voir gz”il y a des centres généraux d'attraction pour les cristallisations géologiques. Toutes les couches , par exemple , des montagnes qui avoisi- nent le Mont-Blanc , tendent vers cette masse principale , comme centre. Il en est de même dans toutes les grandes chaînes de montagnes. : Je pense que la partie sphéroïdale de la terre qui se relève sous l’équateur de plus de dix mille toises, doit être regardée comme formant un grand centre prolongé tout le long de l'équateur. Toutes les couches primitives des deux hémisphères pourroient tendre vers ce centre, comme les couches des terrains primitifs qui environnent le Mont-Blanc , tendent vers ce point central ; ainsi toutes les couches des terrains primitifs de chaque hémisphère se relèveroient donc vers l’équateur depuis chaque pe » Comme vers un grand centre d’attraction pour les cristal- isations géologiques. Quant à la cristallisation des montagnes secondaires , elle a été postérieure à celle des terrains primitifs ; les mêmes causes n’ont pu agir ; leur inclinaison a donc dà être différente ; mais il me paroît difficile d’assigner la cause qui a fait incliner leurs cou- ches au sud-est. Sans doute on la trouvera. \ Deluc, dans son nouvel ouvrage géologique , insiste sur la cristallisation des granits en couches. C’est une question de fait qui divise les géologues, et que cependant la vue seule doit décider. La cristallisation des vrais crantrs présente-elle des couches ? Personne ne doute que les granits vernés, les Kkneiïs, les schistes micacés, …. ne Soient par couches ; mais les vrais granits for- ment-ils des couches ? C’est ce qui est un objet de discussion. Je puis assurer que ceux de la Bourgogne, du Beaujolois , du Forêt, de l'Auvergne... ne m'ont point paru former de couches ; j’en dis autant de ceux des Alpes de la Savoie. Pini pense également que ceux des Alpes Piémontaises ne forment point de couches. J'ai recherché l'avis, à cet égard , de jeunes minéralogistes très-instruits , mais n’ayant point encore d'opinion arrêtée sur ces objets, et qui ont voyagé dans les Alpes, dans les Pyrénées, … et je leur ai demandé leur manière de voir. Plusieurs w’ont dit : Nous n’uvons point vu de couches dans les vrais granits ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 67 d’autres m'ont dit : Nous avons cru voir des couches dans quel- ques granits..…. Il me paroît qu’ou peut en conclure gue les vrais granits ne forment point de couches ; car personne n’a de doute, Fe exemple , sur les couches des pierres calcaires, sur celles des gypses, sur celles des schistes... , pourquoi y en auroit-il davan- tage sur celles des vrais granits ? ..... Je persiste donc à croire que dans la cristallisation des vrais granits, il n’y a point de vraies couches , mais seulement des fentes plus ou moins irré- gulières , plus ou moins considérables... Au reste, cette question me paroît d’un assez foible intérêt pour la géologie ; car, que la cristallisation des vrais granits ait été faite en grandes masses, comme je le pense, ouen couches , comme les granits veinés , les kneïs, les schistes micacés...... c’est toujours une cristallisation régulière. 4 DES FILONS MÉTALLIQUES. J'ai fait voir que plusieurs filons métalliques acquéroient de Re » c’est-à-dire, devenoient plus épais en s’éloignant de la surface de la terre , et s’enfonçant vers le centre du globe Ê tels sont ceux Kuhcacht à Freyberg , de Goldcronach en Franconie..…… On appelle en général #/07 une veine quelconque , différente du terrain où elle se trouve. Il y a des filons pierreux, des filons bitumineux , des filons métalliques. Deux opinions principales partagent les géologues sur cette question. r 10@L'une, qui a été embrassée par Werner , suppose que tout filon a d’abordété produit par une fente faite dans un terrain quelconque , et que cette fente a été remplie postérieurement , soit par d’autres substances pierreuses, soit par des bitumes , soit par des substances métalliques. Ce célèbre minéralogiste a rapporté un grand nombre de Ets à l’appui de son sentiment. 20. La seconde opinion que je soutiens, est différente de celle-ci. C’est un fait que la plupart des filons sont plus ou moins inclinés. Si on supposoit qu'il ait existé des fentes anté- rieures aux filons, le zof£ ( c’est-à-dire la partie supérieure), seroit retombé sur le zur (ou la partie inférieure, ).... Je pense donc qu’il n’a point existé de pareilles fentes, et que la plupart des filons ont été produits en même-tems que la montagne. Je suppose que les substances métalliques étoient mélangées avec les autres portions qui ont formé les montagnes : les premières se sont séparées des autres par les lois des pa , et ont 2 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE été former les filons par cristallisation. Dans la masse des filons, la cristallisation a été confuse, mais elle a étè régulière dans les géodes où vides , dans lesquelles on trouve de beaux cristeaux de différentes substances... Werner , pour appuyer son opinion, dit que les filons ont toujours plus de puissance à la surface de la terre qu’à l’inté- rieur... ; mais les faits que j'ai rapporté prouvent le contraire. Je ne prétends pas nier que quelques filons n’aient pu être formés de la manière dont le pense Werner ; mais je crois qu’ils sont en très-petit nombre. DE S%:1B IUT, U M Es. Faujas a donné un Mémoire intéressant sur la terre d’ombre qui se trouve auprès d’Andernack. Cet amas immense occupe plusieurs lieues de surface ; il forme des couches qui ont douze pieds d’épaisseurs du côté de Bruhl ; mais du côté de Liblan, elles sont beaucoup plus épaisses ; car on y a creusé des puits de plus de quarante pieds de profondeur , sans s’appercevoir de la plus légère interruption de cette terre. L’on n’est pas allé plus avant, parce que l’eau gagnoit. Cette terre est recouverte de caïlloux roulés, dont plusieurs ont même pénétrés dans des fentes faites entre ces couches de terre. Cette terre brûle, et tous les habitans des environs s’en ser- vent à cet usage. Elle est, suivant Faujas, le produit de la décomposition d’un immense amas d’arbres : on y en trouve encore qui ont jusqu'à quinze pieds de longueur, et plus de deux pieds de diamètre ; il y aussi des fruits qui paroiïssent avoir beaucoup de rapport avec celui du palmier areca..…. « La disposition locale, dit-il, la masse énorme de ces boïs qui ne sont pas mélangés d'aucune terre étrangère , et la ÉROREE horizontale de cailloux, annoncent que ce dépôt immense de bois est l’effet d'un torrent de mer ». On ne peut plus guères douter que les vraisbitumes, les charbons n'aient été dans un véritable état de fluidité, comme je l'ai dit. Ils se sont ensuite déposés , suivant les lois des affinités , pour former les couches 4 charbon minéral ; ils ont un tissu parti- culier, qu’on peut regarder comme une véritable cristallisation. PDE 5 V/ONNC ANS: Breislak a donné un ouvrage intéressant sur les volcans de la Campanie. Il est accompagné de deux belles cartes. On y voit ET D'HISTOIRE NATURELLF: 69 tous les volcans ou cratères anciens des volcans qui y ont été si abondans. -Ces contrées fameuses paroïissent avoir été le berceau de la mythologie des anciens, puisqu'on y retrouve tous les lieux qu’elle a célébré. On voit à l’ouest de la solfature, du côté de Pouzzol et de Cume, l'entrée de la grotte de la sybille de Cume, quiest une caverne par laquelle on descendoit aux enfers. On trouve ensuite l’Achéron, le lac Averne:, qui est un lac sulfu- reux, le lac Agnano.... Il sortoit autrefois des flammes de tous ces endroits. ; c’étoit le Tartare ; enfin plus loin , sur les bords de la mer, on trouve les Champs-Elysées , qui sont de superbes jardins, et un des lieux les plus délicieux qu’on puisse imaginer. Vaisemblablement dans ces temps on ne pouvoit y aborder qu'après avoir traversé tous ces lieux volcaniques , ces pays enflammés, ces lacs de soufre... On disoit qu’on descendoit aux enfers ,ad inferos Locos , ou lieux inférieurs , parce qu’on entroit par la grotte de la sybille , qui étoit une caverne. Ces lieux infé- rieurs, Ou enfer, La loca , étoient en opposition avec les hauts lieux, les lieux supérieurs, szpera loca , où montagnes , sur lesquels on s’assembloit pour le culte... ; telle paroît avoir été l’origine de cette mythologie si fameuse qui a fait tant de bruit. Dolomieu , en parcourant la ci-devant Auvergne et le Viva- rais, a vu que la plupart des volcans de ces régions se trou- vent dans les pays granitiques…. Cependant, dit-il, les laves guils ont rejetés, ne sont pas composées de granits : de ces deux faits généraux , il tire les conséquences suivantes : 10, Les produits volcaniques de ces contrées appartiennent à un amas de matières qui diffèrent des granits , et qui reposent au-dessous d'eux. 2°, Les agens volcaniques ont ici résidé sous le granit ; leurs foyers étoient à des profondeurs au-dessous de lui. 30. Le granit n’est pas ici la roche primordiale , puisqu'il est nécessairement postérieur aux matières qui supportent ses masses, quoiqu'il ait lui-même A de situation sur tout ce qui est venu ensuite le recouvrir. 4. Dans cet amas de substances antérieures au granit, doivent se trouver les matières qui produisent immédiatement , ou qui concourent pour une part quelconque aux phénomènes volcaniques. 5°. Ces substances, que nous n’avofs point encore atteint par nos travaux, peuvent ressembler à quelques-unes de celles 79 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que nous connoissons ; mais elles peuvent aussi en différer, et leur nature doit demeurer long-tems conjecturale. : 60. Enfin , la base des laves appartenant à des masses les plus anciennes de toutes celles dont nous pouvons avoir quel- ques notions, elles conserveront pour nous le genre de dignité ue donne la primordialité , jusqu’à ce que-nous ayons occasion de savoir ce qui repose au-dessous d’elles , et aussi long-tems que nous admettrons la supposition que c’est sur un noyau solide que se sont successivement placées les couches de roches ( pri- mitives ) comme les couches coquillières. Ces faits me paroïssent prouver, ajoute l’auteur, une opinion que je soutiens Lébuis long-temps, is les foyers volcaniques ne sont point dans les couches secondaires, et qu’ils ne résident point dans les couches de houillières ou autres matières combus- tibles , végétales ou animales. « Je présenterai de nouveau, dit-il, mes doutes sur l’exis- tence une vraie inflammation dans les, profondeurs d’où sortent les laves, et ou l’air nécessaire pour entretenir une com- bustion aussi active , ne peut avoir aucun accès, ainsi que mon opinion sur l'effet pyrophorique que produit cette inflammation, seulement lorsque les laves soulevées par des fluides élastiques jusqu’au contact de l'air atmosphérique , sont prêtes à être vomies , et que des gerbes de fumée se changeant en gerbes de feu , annoncent au milieu d’un fracas épouvantable l’approche d’une erruption.…. » « J’ajouterai même que si je ne puis pas douter que notre globe ait été fluide, rez ne peut me prouver qu’il ait autre chose de consolidé qu’une écorce plus où moins épaisse. Rien ne’ peut m'apprendre si la consolidation , laquelle a dû nécessairement être progressive, a déjà atteint le centre de ce sphéroïde. » « Je regarde l’opinion générale qui admet un noyau solide à notre globe, comme une hypothèse gratuite , et l'hypothèse opposée me paroît beaucoup plus vraisemblable... ; en l’admet- tant, tous les phénomènes relatifs aux volcans deviennent de l’explication l plus simple. Les agens volcaniques se rédui- roient à n’être que des fluides élastiques ; ils ne feroïent que ‘soulever cette matière de tout temps pâteuse et visqueuse , sur laquelle SA nos continens , et qui les supporte sans cesse, parce qu’elle a plus de densité que cette croûte extérieure ; alors il ne seroït plus besoin de ec bte le genre et l’immen- ‘sité des matières qui peuvent alimenter les feux souterrains pendant des milliers d'années... » ET D'HISTOIRE NATURELLE. 71 On voit que l’auteur suppose : 19, Que le centre du globe est composé d’une matière pâteuse, visqueuse , qui a un grand degré de chaleur... ; 2°. Que dans les erruptions volcaniques , des fluides élastiques soulevent cette pâte qui fait la matière des laves, et qui prend feu aussi-tôt qu’elle a le contact de l’air atmosphérique... 30. Que cette matière pâteuse diffère des granits..… ; 4°. Que les granits se trouvent au-dessus de cette matière pâteuse… Deluc, dans ses lettres géologiques , donne aussi son opinion sur la nature des laves. « J’assigne ces laves , dit-il, à la vase qui , ainsi que je l’ai dit, se déposa d’abord sur les pulvicules au fond du liquide primordial, et sur laquelle se déposèrent nos couches à partir du granit... Différentes opérations dans cette vase ou bouillie épaisse, produisirent le dégagement de divers fluides... Elle vint à s’échauffer par le dégagement d’une grande quantité de feu, suite d’opérations chimiques dans sa masse , qui l’amenèrent à l’état d’incandescence en même- temps qu'elle produisoit différens fluides expansibles..… C’est l’action de ces fluides expansibles qui projeta ensuite ces laves incandescentes au dehors. » Je vais présenter quelques réflexions sur les opinions que nous venons de voir. 10, Un grand nombre de laves est de granit et de porphyre ; ainsi il n’est point exact de dire que la matière des laves est toujours au-dessous des granits , ni qu’elles soient d’une nature différente des pierres que nous connoissons. 20, Il n’est pas non plus exactde dire que les volcans d’Auvergne et du Vivarais soient toujours dans les pays primitifs. J’ai vu ceux du Coiron qui sont dans le calcaire... Le Puy-de-Dôme lui-même ne peut être dit se trouver dans le primiuf. Il est entre le primitif et v calcaire ; car , Clermont qui est précisément au pied de cette montagne, est dans le calcaire. É La grande quantité de pisaphalte qui sort de tous les terrains qui sont aux environs de Clermont, doit même faire présumer qu'ils sont un reste des bitumes qui ont autrefois servi à alimenter les volcans. Car , supposons que les couches de ce bitume fussent contigues au granit, comme nous voyons au Creuzot, près Mont- Cenis, des “masses immenses de bitumes appuyées contre le granit, et que ces bitumes se fussent enflammés , le volcan se sera élevé, comme il est, entre le calcaire et le primitif... 11 n’est donc pas prouvé que le volcan du Puy-de-Dôme n'ait pas pu être entretenu par des bitumes ou pisaphaltes. 72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La même chose a pu avoir lieu-dans plusieurs autres volcans. Quant à l'opinion qui suppose que le centre du globe ou une portion, sont composés d’une matière pâteuse, incandescente.…., elle a déjà été avancée par Descartes, Leiïbnitz , Beccher et plu- sieurs autres sayans, qui ont supposé qu’il n’y avoit que la croûte du globe consolidée à une profondeur plus ou moins grande . et que le centre étoit encore dans un état de fluidité ou de “hollèsée. 43 On sent toute la difficulté que présentent ces sortes de questions. Le globe a été liquide. C’est une vérité reconnue. La partie que nous connoïssons est toute cristallisée par le moyen de l’eau , comme je l’ai prouvé, à l’exception des por- tions volcaniques. C’est encore une vérité avouée. Mais la liquidité du globe entier a-t-elle été aqueuse, comme je le pense ? ou ignée, comme on l’ayance ici ? Si on la suppose aqueuse , la consolidation a dû se faire par- tiellement dans le principe. Il se sera formé dans ce liquide des masses immenses de cristaux ; ils se seront précipités au centre qui, par conséquent , a dû le premier atquérir de la solidité. On pourroit objecter que lorsqu'on fait évaporer des dissolu- tions salines, il se forme à la surface des pellicules, des croûtes : mais elles sont légères, et elles se précipitent aussi-tôt qu’elles ont acquises une certaine épaisseur. Si la liquidité du globe a été ignée, et qu’on le considère comme une masse vitrihiée , ou seulement en fusion, sa croûte extérieure a dû être consolidée la première , et le centre a dû demeurer liquide long-tems après ,en conservant une très-grande chaleur ; maïs le plus grand nombre des phénomènes prouve ue la liquidité du globe a été aqueuse , et rien ne peut porter a érdiie qu'elle a dté ignée d’ailleurs. Le centre du globe terrestre ne pext être actuellement incan- descent. Car , si un pareïl globe avoit encore son centre dans une liqui- dité ignée , la densité de cette partie centrale étant prouvée être cinq à six fois plus grande que celle de l’eau, il n’est pas douteux que la chaleur de la surface du globe et de celle des lieux où nous avons pénétré , seroit, dans cette hypothèse, beaucoup plus considérable qu’elles ne sont... : c’est ce qu'il seroit facile de prouver par le calcul. Car , supposons ce centre liquide encore de chaleur, où la croûte consolidée à l’extérieur aura beaucoup d’épaisseur, ou elle en aura peu. Si on suppose à la croûte extérieure peu d’épais- seur ;, ET D'HISTOIREINNATURELL E. 73 seur, par exemple, cinquante ou même ceni lieues, le noyau brûlant auroit deux mille six ou sept cents lieues de diamètre , dès-lors la surface du globe seroit brûlante. Si on “ippete à la croûte une épaisseur de mille lieues, par exemple , le noyau brûlant et liquide auroit encore un diamètre de huit cents trente-deux lieues et demie, et qui communique- roit à la croûte une chaleur beaucoup plus grande que celle qui est à la surface du globe, | Mais en admettant que cette croûte eût mille lieues d’épais- seur, comment concevoir pour-lors que des fluides expansifs Mu de projeter d’une aussi grande profondeur la matière des aves ? Quelle force immense ne faudroit-il pas supposer à de pareils fluides ? Comment de pareïls efforts ne briseroïent-ils pas en mille endroits cette croûte ? Comment y auroit-il si peu de volcans en activité? Car, dans toute l’Europe, iln’y en a plus que quatre , Etna , le Stromboli et les Iles-Ponces, le Vésuve, et l’Hécla, tandis qu’il y en a des milliers d’éteints.... Il en est de même sur le reste du globe... Il faudroit donc dire que ce sont seulement les cheminées ou soupiraux qui se sont fermés, tandis qu'au contraire des efforts aussi violens auroient dû en faire ouvrir par-tout..… Il me semble donc plus conforme aux analogies de dire que le centre du.globe est solide, et que les feux volcaniques sont de la mème nature que ceux des pyrites, des nineÿlde houille…… que nous voyons s’enflammer chaque jour. J’ai attribué ces feux souterrains à quatre causes principales : 19, À des matières sulfureuses , telles que des pyrites ; 29, À du soufre. : La quantité étonnante d'acide sulfureux qui se dégage des cratères, et le soufre qui y est volatilisé , déposent en faveur de ces deux opinions ; à 30. À de l’antracite ; 4°. A des bitumes. Spallanzani a trouvé à Lipari des laves qui contenoient beaucoup de bitumes. Les volcans projettent aussi du sel . 5°. Peut-être la décomposition de l’eau peut-elle contribuer à ces feux... Il reste une autre question à examiner. La nature des pierres volcaniques est-elle réellement diffé- rente des pierres que nous retrouvons ailleurs ? Je ne le crois pas. Tome V. NIVOSE an 7. K 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 10, Nous avons vu qu’il y a un grand nombre de laves grani tiques et de porphyriques. 20, Des cha micacés , tels qu’on en trouve souvent sur les bitumes, donnant au feu des produits analogues à plusieurs laves. 30. Les wakes , les cornéennes , les trapps , les grunsteins …. fondus donnent des produits absolument analogues à ceux des volcans. Pictet m'a fait voir des produits de grunsteins fondus. Une bonne fusion a donné un verre noir, tel que les pierres obsidiennes. Ce verre demeurant plus long-temps au feu , donne une lave porreuse , semblable à celle des volcans. Quant aux substances particulières à certaines laves , on les a presque toutesretrouvées danslesterrains que nous connoissons. a. Le leucite a été trouvé dans des terrains primitifs aux Pyrénées , au Pérou... ï 8. Le volcanite ou pyroxène a été trouvé par Dolomieu aux Pyrénées. c. L’amphibole ou hornblende se trouve par-tout. d. La zéolite , la stilbite.…. se trouvent dans les terrains non volcaniques. e. L’olivine paroît être notre peridot ou chrysolite des Alle- mands; qui se trouve dans les terrains non volcaniques... f. L'augite paroît une variété de l’olivine. g. La mélanite paroît avoir beaucoup de rapports avec le granit noir des Pyrénées. 6 sh Quant à l’hyacinthine ou idocrase, à la sommite, à la mélilite et quelques Ares substances qu’on n’a encore trouvé que dans les matières volcaniques , il est vraisemblable qu’on les rencon- trera ailleurs. Rien ne peut donc nous faire supposer que les matières, qui ont formé les laves, sont d’une matière différente des pierres que nous connoissons. Les granits sont-ils la pierre la plus ancienne ? La plus grande partie des géologues lavoit toujours supposé à parce que nous les retrouvons dans les lieux les plus profonds où on ait pénétré. Ils supposent en conséquence que le centre , #. .\ . CPE] du globe est composé de granit et autres matières primitives , mélangécs avec les substances métalliques, ce qui donne la grande densité qu'a l'intérieur du globe... Rien ne prouve que cette opinion ne soit pas la véritable. La pierre calcaire est elle due uniquement au travail des êtres organisés ? aux coquilles , aux madrépores.…. , comme le prétendent Bufjon , Huiton ?…. Les analyses ont fait retrouver la terre calcaire dans toutes ET D'HISTOIRE NATURELLE. 75 les substances des terrains primitifs bien antérieurs à la forma- tion des êtres organisés. DES FOSSITLES. Spallanzani pense que les os fossiles qui se trouvent en abon- dance à Cérigo , ou Chthère , Sont des os humains. Fortis a aussi trouvé en Dalmatie beaucoup d'os fossiles qu'il a cru être des os humains ; mais il convient aujourd’hui qu’il faudroit qu'il revit les lieux. Cuvier a examiné beaucoup d'os fossiles. Il pense que la plupart appartiennent à des espèces qui n’exitent plus. 10, L'animal dont on trouve les débris en Sibérie , et qu’on nomme #ä4mmouth , est, Suivant lui, voisin de l'éléphant d'Asie; mais il en diffère ; son véritable analogue n’existe plus. 2°, L’animal dont on trouve les débris à l'Ohio et dans différentes parties de l'Europe, lui paroît une espèce d’éléphant qui n’existe plus. 30. L'animal dont on trouve les dépouilles à Simore en Lan- guedoc et dans d’autres parties de la France , lui paroît se rap- procher de celui de l'Ohio, et ne plus exister. 4. L’hippopotame fossile ne lui paroît pas différer de celui que nous connoissons. 5°. Les dépouilles fossiles des rhinocéros lui paroïssent indi- quer des animaux différens des animaux vivans. ; 6°. On a trouvé au Paraguai le squelette d’un animal de douze pieds de longueur sur six de hauteur, enfoui à une certaine profondeur. Il lui paroît être du genre des paresseux, et nous n’en connoiïssons point l’analogue vivant. 7°. On trouve due les cavernes de Gaiïlenreuth et de Mug- gendorf les dépouilles d’un animal qu’on a cru être l'ours blanc. Cuvier prétend que ce n’est point l'ours blanc. 80. L'animal dont la mâchoire a été trouvée près de Vérone, et qu'on a cru un&portion du crâne de la vache marine ; paroît à Cuvier se rapprocher du mammouth , quoiqu'il en diffère réellement. 9°. L'animal, du genre des cerfs, dont on trouve les dépouilles en Angleterre, en Irlande... lui paroît différer réellement de nos cerfs et de nos élans. 10. Les bœufs dont on trouve les os fossiles en Sibérie et ailleurs , lui paroiïssent différer de nos bœufs connus. 110. Drée a , dans sa belle collection de fossiles , la mâchoire inférieure d’un quadrupède, trouvée en Languedoc. Cuvier pense que c'est celle d’un tapir qui , comme l’on sat, ne vitaujourd’hui qu'au Pérou. Ke 76 JOURNAL DE PHISYQUE; DE CHIMIE 129, Les os fossles de Montmartre , qui se trouvoient dans la collection de Drée et ailleurs, paroïssent indiquer à Cuvier trois espèces d'animaux qui ont beaucoup de rapports avec le tapir ; Pun est de la grosseur d’un cheval, l’autre est de la grosseur d'un cochon , le troisième est de la grosseur d’un lièvre. Il suit de cet exposé que les os fossiles examinés par Cuvier, lui paroissent indiquer : a, des animaux dont les analogues sont existans , tels que l'hippopotame , le tapir; b, d’autres qui diffèrent très-peu des animaux existans , tels que le mammouth , le rhinocéros, l’ours blanc. ce , de troisièmes qui en diffèrent beaucoup , tel que l'animal du Paraguai. On trouve beaucoup de reptiles fossiles , principalement des crocodiles , des tortues ; 10. les uns sont absolument semblables à ceux qui existent ; tel est le gavial ou crocodile du Gange, qu’on trouve fossile en plusieurs endroits , une tortue de la mer du Sud ; 20, les autres différent plus ou moins des analogues vivans ; 30. de troisièmes en différent beaucoup; telle est la belle mâchoire de crocodile trouvée dans la montagne de Saint- Pierre à Maeëstricht. Dans la belle collection de poissons fossiles du mont Bolca près Véronne, qu’on a à Paris, il y en a plusieurs dont on reconnoît les anologues vivans, tels que des chetodons, des . 5 Q re R Ê raies. ; d’autres qui diffèrent peu des analogues vivans, enfin 2 de troisièmes qui en diffèrent beaucoup. Parmi le nombre de coquilles fossiles qu’on trouve par-tout , il yen a plusieurs dont les analogues sont parfaitement reconnus, et existent vivans , soit dans les mers de l Inde, soit dans nos mers européennes. Nous allons choisir quelques exemples parmi les coquilles fossiles qui sont dans des cabinets de Paris, où l’on pourra#vérifier ces fossiles à côté de leur analogue. a, Murezx lotorium , Lin., trouvé à Courtägnon, cabinet de Brugnière. b, Murezx trunculus , Vin. ; Cabinet de Lamarck. c, Murex lampas, Lin., trouvé à Grignon , près Versailles , cabinet de Faujas. d, Murex tripteris , Lin. , de Courtagnon, cabinet de Lamarck et de Faujas. e, Murex brundaris, Lin. du Piémont, cabinet de Faujas. JF, Bula ficus, Lin., Lamarck , Faujas , commun à Uourtagnon. g, Nautilus pompilius, Lin., le grand nautille nacré des Indes trouvé à Courtagnon , avec son émail , cabinet de Faujas. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 77 On en voit aussi plusieurs exemplaires à Rheims, chez Drouet qui a acquis le cabinet de madame de Courtagnon. }, Patella fornicata, Lin. , Courtagnon, Lamarck et Faujas. J, Strombus pespelecani, Lin., Piémont, cabinet de Faujas. Æ , Trocus aglutinans, Vulgo la Frippière, chargée encore de coquilles adhérentes, Courtagnon , cabinet de Faujas. Z, Solen cultellus, Lin. , Vulgo ,le manche de couteau, Courtagnon , cabinet de Faujas. Nous pourrions en citer d’autres ; mais comme Faujas s'occupe à les faire graver , on les trouvera dans ses leçons élémentaires d'Histoire Naturelle , appl@ables à la théorie de la terre. Fabroni m'a assuré que dans le beau cabinet de Florence, il y a un grand nombre de coquilles fossiles absolument sem- blables à des analogues vivans. 20, D'autres coquilles fossiles diffèrent plus ou moins des ana- logues vivans. 5°. Enfin, il en est qui n’ont aucun rapport avec les analogues vivans ; mais lorsqu'on connoîtra mieux les coquilles , et sur-tout celles des hautes mers, il n’est pas douteux qu’on y en retrouvera plusieurs d’analogues aux fossiles. On doit dire la même chose des autres espèces d'animaux fossiles ; les uns ont leurs analogues vivans, les autres en diffèrent peu, et de troisièmes en diffèrent beaucoup. Il y a une espèce de madrepore fossile qu’on appelle figue de mer. Desfontaines a vu pêcher l’analogue dans la Méditerranée sur les côtes de Barbarie. Parmi les végétaux fossiles, les botanistes en reconnoïssent , 10. plusieurs dont les analogues sont vivans ; 2°. d’autres différent très-peu des analogues vivans ; 30. enfinde troisièmes en diffèrent beaucoup. Nous devons conclure de tous ces faits que parmi les fossiles soit animaux , soit végétaux , 1°. quelques-uns sont semblables à des analogues vivans ; 20, Quelques autres en diffèrent légérement , et j'observerai que ces différences sont souvent assez foibles pour qu’on puisse les regarder comme nulles ; car nous Savons combien nos ani- maux et nos végétaux peuvent varier , par le climat, la nourri- ture, la domesticité , le croïssement des races... Il y a plus de différence de la tête d’un dogue anglois à celle d’un petit levrier que de celle de tel animal ou végétal fossile à tel autre qu’on ne lui croit pas analogue. à : . : : 4 ® là 2 ë ÿ . Je ne serai donc pas éloigné de regarder ces fossiles, tels que 78 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ceux des cerfs, des bœufs, des éléphans, des rhinocéros....…., comme analogues aux vivans. 50. Enfin, il y a des fossiles qui n’ont aucun rapport avec les animaux ou végétaux que nous connoissons. Mais en général les os fossiles sont d’un plus grand volume que ceux des animaux analogues. On avoit cru que tous les poissons fossiles se trouvoient parti- culièrement dans les pays volcaniques. On supposoit donc qu’un volcan ayant fait une grande explosion, avoit culbuté des ter- rains partiellement, et que des poissons s’y étoient trouvés en- fermés et avoient péri... 9 Mais on a donné trop d’extension à cette idée ; car on trouve beaucoup de poissons fossiles dans des pays qui ne sont nulle- ment volcaniques. Dans le pays de Mansfeld en Saxe, il y a des schistes cui- vreux qui contiennent du calcaire , et qui sont recouverts de couches de gypse. Ces schistes contiennent des quantités im- menses de poissous fossiles, et cependant le pays n'offre rien de volcanique. On trouve à Pampenheim en Franconie, les mêmes poissons qu'à Vérone, et cependant Pampenheim n’est point région volcanique. Du côté de Suez en Egypte, il y a aussi beaucoup de poissons fossiles, quoique ce pays ne soit point volcanique. À Glariz on trouve dans des ardoises également beaucoup de poissons. Auprès de Cadix, il y a aussi beaucoup de poissons fossiles dans des schistes qui se trouvent avec les gypses et le soufre de Conilla. Cette question de la nature des débris fossiles des végétaux et animaux qu'on trouve par-tout, mérite toute l’attention des voyageurs géologues , et va devenir un objet de recherches cu- rieuses et inépuisables pour toutes les classes de naturalistes. Mais il en est une autre qui tient peut-être à celle-ci, et qui n’est pas moins intéressante. Les couches de la surface du globe sont-elles très-anciennes , oz sont-elles nouvelles ? C’est une question que Deluc traite dans ses Lettres géologi- - ques. Il croit , avec Saussure , Dolomieu..., gze l'état présent de notre globe n’est pas fort ancien ; maïs plusieurs faits ne paroissent pas d'accord avec cette hypothèse. 10. Il est certain que les terrains que nous appelons primitifs , ET D'HISTOIRE NATURELLE, 79 sont antérieurs à la formation des êtres organisés : on en convient. 2°. Les terrains secondaires ( meltelkalkestein ), sont antérieurs à la formation des animaux des continens ; car on n’y trouve que des coquilles , et en très-petit nombre. 30. Les terrains tertiaires sont postérieurs à la formation des animaux et des végétaux des continens ; car ils sont remplis de leurs débris. Or, nous ne pouvons pas douter que la formation des êtres organisés des continens ne remontent à une très-haute antiquité. Car, quelle prodigieuse quantité de végétaux n’a-t-il pas fallu pour former les bitumes ? Les pierres calcaires contiennent une énorme quantité de coquilles , d’os fossiles... Les schistes sont remplis de poissons... Quelle longue période n’a-t-il pas fallu pour faire vivre ces végétaux, ces animaux... ? Jugeons-en par ce qui se passe sous nos yeux. Calculoñs maintenant le temps qui a été nécessaire pour former toutes ces couches schisteuses, bitumineuses, calcaires... , qui recouvrent la plus grande partie de la surface du globe , et sou- vent de plusieurs centaines de toises d'épaisseur... , nous verrons à quelle haute antiquité ces époques remontent. Mais puisque le granit et les autres terrains primitifs sont encore bien antérieurs à toutes ces époques , quelle doit donc être leur ancienneté ! Quant à l’opinion de ceux qui prétendent que la formation de l’homme n’est point aussi ancienne que celle des autres mammaux , parce qu’on ne trouve pas des os humains fossiles, elle ne me paroît pas fondée. 1°. Nous venons de voir que Spal- lansani , Fortis prétendent en avoir observé ; 20. et quand même on n’en trouveroit pas, on n’en pourroit rien conclure. On seroit donc également autorisé à dire que toutes les plantes, tous les animaux, dont on ne trouve pas de débris fossiles , sont des productions nouvelles... C’est une conséquence qu’on ne sauroit tirer des faits. Il me paroît donc bien établi que la plupart des terrains qui forment la surface du globe, remontent à une très-haute anti- quité. Il seroit difficile sans doute d’en fixer la date. Nous n’avons aucune donnée relativement aux terrains pri- mitifs; mais quant aux secondaires, nous pourrions avoir quel- ques approximations. IL est certain que ces couches sont posté- rieures aux êtres organisés. Or, ces êtres n’ont pu exister que 80 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lorsque la surface de la terre a eu la température nécessaire. D'un autre côté , la chaleur centrale diminue continuellement. Il faudroit pouvoir , 1°. apprécier cette diminution de chaleur ; 2°, déterminer le degré de chaleur à la surface de la terre, où les êtres organisés ont pu commencer à exister... Avec ces données , qu’il ne seroïit pas impossible d'obtenir, on pourroit supposer, par approximation, l’époque de la formation de nos couches secondaires. Il se présente une troisième question , dont la solution n’est pas moins difficile que celle des questions précédentes. La retraite des eaux s’est-elle opérée lentement ou succes- sivement ? Ou sont-ce de grandes catastrophes qui ont opéré cette retraite ? Û Deluc , Dolomieu, Bertrand... , soutiennent que la mer s’est retirée subitement par plusieurs grandes catastrophes ; et que depuis la dernière catastrophe qui l’a amenée au point où elle est, le niveau de ses eaux n’a pas changé sensiblement. Il est vrai: que le niveau actuel des eaux ne paroît pas changer sensiblement depuigsenviron deux mille ans ; et s'il se trouve dans les continens quelques terrains que l'Histoire nous assure avoir été sous les eaux , 1l y a peu de siècles, tout prouve que ce ne sont point les eaux qui se sont retirées; mais les tieuves ou d’autres causes ont amoncelé des sables sur les bords de la mer, et en ont refoulé les eaux ; c’est ce qu’on voit aux embouchures du Rhin, du PO ,-du Nil … , dont les atterrissemens ont étendu les continens en refoulant les eaux des mers , sans que leur niveau paroisse s'être abaissé sezsiblement. Je dis sensiblement ; car j'ai présenté dans la théorie de la terre, plusieurs faits qui paroïissent prouver que les eaux de la Méditerranée se sont un peu élevées; et Dolomieu , qui se refu- soit à ces faits, vient de reconnoître qu'à Alexandrie, les eaux de la mer se sont élevées d’un pied depuis les Ptolémées. Pallas , Saussure.... , ont supposé’ trois grandes catastrophes principales , dont chacune avoit abbaiïssé d’une grande quantité le niveau des mers. Des cavites immenses’, dans le globe, se sont affaissées subitement , et les eaux s’y sont précipitées. On s'appuie toujours, pour soutenir cette opimion, de l’affais- sement de la grande Île Atlantique , dont parle Platon ; mais j'ai fait voir dans ma T'héorie de la Terre, « qu’en supposant » que cette île eût deux cents soixante mille liemes quarrées, » c’est-à-dire, un centième de la surface de la terre, ou dix fois » plus d'étendue que la France, et qu’elle se fût affaissée de » (rois k ET D'HISTOIRE NATURELLE. 81 » trois cents pieds, elle n’auroit produit, dans les eaux des » mer$, qu'un abaissement de six pieds »: et cependant, quelle caverne n’eût-il pas fallu supposer pour un pareil affaissement ! . Quand on supposeroit un affaissement même de trois cents toises , il n’opéreroit, dans le niveau des eaux des mers, qu'une diminution de trente-six pieds. AG Mais supposons ces grandes catastrophes dont on parle, et ces abaïssemens subits et considérables des eaux, et calculons quelle cayerne il faudroit faire’ affaisser pour que le niveau des eaux diminuât, par éxemple, subitement de quatre cents cin- quaïte toises, c'est-à-dire, d’un cinquième d'une lieue. La sur- face de la terre a plus de vingt-cinq millions de lieues quarrées, (25,772,900 ): Si on supposoit que les eaux couvroient à-peu- près toute la terre, ét qu’elles se soient abaïssées subitement d’un cinquième de lieue, il faudroit une ou des cavernes de cinq millions de lieues cubiques pour les recevoir. On sent Se est contraire à toutes les probabilités que de pareilles cavernes se fussent affaissées subitement... Ilme paroîtdonc plus vraisemblable que les eaux 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE carbone , l'hidrogène, le phosphore... contenus dans cesterres, ou par ces terres elles-mêmes. É Humboldt a donc répété ces expériences avec des terres très- pures , humectées d’eau distilée, et il a vu‘qu’elles absorboïent également l’oxigène de l’air atmosphérique. L’alumine , la ba- ryte, la chaux, en ont beaucoup absorbé ; la magnésie et la si- . lice ont laissé quelques doutes à cet égard. Saussure fils avoit fait , dans le même temps, ces expériences ; ila tenu, pendant quatre mois, de l’air atmosphérique en con- tact avec des terres pures, et il n’a point vu. d'absorption ; mais il a observé que l’eau qui avoit souffert l’ébullition, absorboîit beaucoup d’oxigène : il'seroit possible , dit-il , que l’eau distilée dont on s'est servi, ait été la cause de l'absorption de l’oxigène. Humboldt à ensuite recherché si, dans ses expériences, les terres agissent directement , ou sielles donnent seulement à l’eau dont elles sont humectées, la faculté d’absorber cet oxigène. IL croit plus probable que l'absorption se fait par les terres elles-mêmes , et on demande pour-lors : Quels sont ces nouveaux composés de terres et d’oxigène ? sont-ce des oxides? peuvent-ils absorber une assez grande quan- tité d’oxigène pour passer à Vétat d'acide? et y auroit-il des acides dont les terres seroient les bases ? Oz les terres , par la combinaison de l’oxigène et d’autres Principes, pourroient-elles se convertir les unes dans les autres ? Plusieurs faits paroissent autoriser à croire que cette conver- sion peut avoir lieu. Nous avons vu les expériences de Vau- quelin > qui n’a plus retrouvé dans les excrétions d’une poule, la anême quantité de silice qui se trouvoit dans l’avoine dont elle avoit été nourrie. La silice se trouve dans les végétaux, dans les animaux, ainsi que la magnésie. Il paroît qu’elles sont des pro- duits nouveaux. La grande quantité de magnésie qui se trouve dans les eaux-mères du nitre, me paroît un produit nouveau. Plusieurs géologues pensent que les silices qui se trouvent dans les couches calcaires , proviennent d’une conversion de la terre calcaire en terre siliceuse. Guillaume-Antoine Deluc regarde les géordes quartzeuses qui se trouvent en grand nombre dans le Jura , comme ayant été primitivement des madrepores, et il les range parmi les pétrifications marines. Alshonse Leroi dit être parvenu à transmuer les terres les unes dans les autres à l’aide du phosphore; et qu’avec de la terre calcaire, il fait à son gré de la magnésie..… ET D'HISTOIRE NATURELLE 93 C'est à l’expérience à prononcer sur tous ces apperçns. 4 Il y a encore plusieurs autres substances qui se combinentavec des petites portions d’oxigène, suivant Humboldt. Il faudra rechercher la nature-de ces combinaisons. De l'azote, combiné arec beaucoup d’ox'gène et de calorique. ., forme les acides nitriques, nitreux, le gaz nitreux.….. Le même azote, combiné avec moins d’oxigène, forme l’air atmosphérique. Le même azote, combiné avec encore moins d’oxigène , peut former une combinaison qui n’est pas encore connue. De l’hidrogène , combiné avec beaucoup d’oxigène , donne de l’eau. De l’hidrogène , combiné avec une moindre quantité d’oxigène, peut former une combinaison que nous ne connuissons pas. Du carbone , combiné avec une grande quantité d’oxigène, du calorique... , donne l'acide carbonique. Du carbone, combiné avec une moindre quantité d’oxigène, peut donner une combinaison que nous ne connoissons pas. Il en est de même du soufre, du phosphore... , des substances métalliques. Voilà donc un grand nombre de nouvelles combinaisons d’une petite portion d’oxigène avec les terres, l’hidrogène, l’azote, le carbone , le soufre , le phosphore ; les substances métalliques... qui ne sont pas encore connues. Les alcalis présentent les mêmes phénomènes. On sait que les matières animales, par exemple, traitées par le feu, ou passant à la putréfaction , donnent une grande quantité d’ammoniaque ou alcali volatif. Cependant, ces mêmes substances traitées par les acides , ou de toute autre manière, ne donnent point d’ammo- niaque. ( On ne trouve de l’'ammoniaque tout formé chez les ani- maux, que dans le sel fusible ammoniacal d'urine. ) C’est ce qui m'avoit fait dire, dès 1780, dans mes Vues philosophiques, pag. 217, que Palcali volatil n’existoit pas tout entier dans les substances animales, mais qu’il y avôit un commencement de combinaison pour le former. C’est ce que j’appelois principe ani- rñal.Avujourd’hui que nos connoïssances sont plus avancées , je propose de donner à ce principe le nom d’azode d’ammoniaque, Cet azode d’ammoniaque existe également dans les crucifères. La potasse w’existe pas dans le plus grand nombre des végé- taux , Ou au moins n’y existe qu’en une petite quantité. La com- bustion de ces mêmes végétarx y en développe cependant une assez grande quantité. On peut donc supposer qu'il y avoit déjà un commencement de combinaison por former cet alcali. J'appellerai cette combinaison azode de potasse. 04 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La même chose a lieu pour le natron qu’on retire par la com- bustion des kalis et des auires plantes marino-littorales ; le natron ou soude n’y existe pas tout formé, ou au moins, il n’y est qu’en très-petite quantité. Il faut donc qu'il y soit seulement sous un commencement de combinaison, que j'appelle azote de natron ou de soude. Les substances métalliques paroïssent présenter les mêmes phénouwènes; c'est ce qu'on peut conclure des expériences sui- yantes. Smith a publié des Observations et des Expériences sur la for- mation du fer. On sait qu’on retire des végétaux une quantité de fer plus ou moins considérable. Ce métal est-il un produit nou- veau? C’est ce que j'ai toujours soutenu contre la nouvelle Théorie qui veut regarder les substances métalliques comme des êtres simples. J’ai fait germer des graines dans l’eau distillée. La plante brûlée m’a donné du fer. Smith a répété la même Sxpénenrer Ia faitcroître cinq plantes de cresson dans un mélange d’argille et de terre siliceuse humectée d’eau.Ces plantes desséchées, incinérées et lessivées, lui ontdonné du prussiate de fer par le moyen du prus- siate de potasse. Voilà donc une nouvelle production de fer. Il a ensuite fait germer d’autres plantes dans du crin de cheval humecté d’eau. Il eut les mêmes produits. Il escaya si ces plantes, avant l’incinération , lui donneroient du fer. Il les traita par l’acide nitreux, par le marin..., et il r’en retira jamais de fer. nu ! Il en conclut que l’incinération est l’un des procédés qui , en succédant à l'influence préalable de la vitalité, peut produire le fer. | ; Il croit que la nature a un autre procédé pour produire le fer dans la décompésition des végétaux. On y trouve toujours des eaux ferrugineuses. sl On peut conclure , de tous ces faits, que le fer n’est pas tout formé dans les végétaux , non plus que les alcalis ; mais ilya un commencement de formation, que l’incinération développe , ainsi qu’elle fait à ’épard des alcalis. Peut-être en est-il de même d’une partie des terres qu’on retire par l'incinération des végétaux et des animaux. 3 D'après tous les faits que nous venons d'exposer, on voit que la théorie de la chimie est toujours dans le même état d’incer- titude. . Plusieurs de ses bases fondamentales sont même abandon- nées par ses plus zélés partisans. I. La première est que le calorique qui se dégage de la com- : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 95 bustion des corps, vient tout entier de l’air pur ou gaz oxigène. Or , il est convenu aujourd’hui que le corps combustible fournit aussi du calorique. Ainsi , dans la combustion du gaz hidrogène , celui-ci fournit certainement beaucoup de calorique... IT. La seconde base de la nouvelle Théorie est gue le prin- cipe des acides est l’oxigène Or, nous avons vu que Berthollet reconnoît qu'il j a des acides sans oxigène; tels sont l’acide prussique , l’acide hidrogène sulfuré..…. Or, si Vair pur, ou gaz oxigène n’est pas le principe des acides , il doit donc y en avoir un autre. Ce principe ne peut être que le calorique combiné, ainsi que je l'ai toujours sou- tenu. Toute la savante antiquité a toujours reconnu, ainsi que les modernes, que le feu étoit le principe le plus actif et le grand agent de la Nature... On convient que ce principe est très-abondant dans l'acide nitrique , ainsi que le célèbre Lavoisier l'avoue. Si le calorique se trouve en si grande quantité dans l’acide nitrique, l’analogie ne permet pas de douter qu'il ne soit également dans les autres acides. Je persiste donc à croire que dans la combustion du soufre, du phosphore, du charbon, des substances métalliques... , il y a plusieurs opérations : a; dégagement du calorique, du corps combustible , du soufre, par exemple ; b , combinaison de l’air pur et de son eau avec le soufre ; c , dégagement du calorique de l'air pur ; d, combinaison nouvelle du calorique dans la combinaison qui vient de se former, c’est-à-dire, dans l’acide, La même chose a lieu dans les oxides métalliques. Mais il est des acides qui ne contiennent point d’air pur, et à qui, le calorique seul, combiné avec d’autres bases, commu- nique l'acidité. III. On avoit avancé que l'acide nitrique étoit chmposé de deux parties ( mesures ), de gaz nitreux, et d’une d’air pur. J’avois dit qu'il contenoit trois parties d’air nitreux, comme une d’air pur. Il est prouvé que mon opinion est vraie, d’après les expé- riences de Humboldt. IV. J’avois dit que , dans la respiration de l’homme, il n’en- troit, que quelques pouces d’air dans sa poitrine : Grésori, à Edimbourg , enseigne la même doctrine. V. J’avois dit que la chaleur animale et végétale ne venoit pas uniquement du calorique qui se dégage de l'air pur dans la respiration. C’est une vérité reconnue aujourd’hui, 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a , cette chaleur vient du calorique dégagé de l’air pur dans l’acte de la respiration ; b, de la formation de toutes les substances animales. Les fumiers qui sont des matières animales , n’acquèrent-ils pas une grande chaleur ? c, des nouvelles combinaisons qui s’opèrent et dans la plante et dans l'animal ; d, du mouvement musculaire ; car, chez un homme qui dort, les trois causes précédentes agissent , et il prend froid, et perd de sa chaleur. e, du calorique qui se dégage lorsque les fluides qui servent à la nutrition passent à l’état de solidité par cristallisation. VI. Brugnatelli, Tingry.... pensent que l'air pur peut passer à l’état d’hidrogène ou d’azote par la combinaison de la lumière, du calorique... _ VII. La nouvelle chimie avoit admis cinquante-cinq substances élémentaires. Elle abandonne aujourd’hui cette opinion ; elle enseigne que le feu et la lumière sont la même substance. Les expériences que nous avons rapporté sur les terres, prou- vent , ou qu’elles se produisent journellement, ou qu’elles se convertissent les unes dans les autres. La même chose a lieu pour les substances métalliques, le soufre , le phosphore et le charbon... On en doit dire autant des alcalis fixes , qui se produisent journellement, chez les êtres organisés , dans les nitrières.. On lessive bien une terre qu'on met à nitrifier : 1l s’y forme du nitre à base de potasse, du muriate de soude... Mais si toutes ces substances, les airs, les terres, les alcalis, le soufre , le phosphore, le carbone , lessubstances métalliques. ne sont pas des êtres simples , elles sont donc composées de principes plus simples , lesquels ne peuvent être que le feu, la lumière , un air principe , une terre principe... Nous voilà donc revenus sur ces objets au même point où nous étions avant cette grande crise... Pendant ce temps-là, Klaproth, sans s’embarrasser des opi- nions systématiques , découvroit la erre circoniène , la terre strontiane ( avec Hopre ), l’urane , le titane , le tellure.… , et Vauquelin déconvroit le chrôme , la glucine : d’autres chimistes et minéréalogistes faisoient d’autres découvertes non moins pré- cieuses...... Cependant, on ne sauroit nier que ce violent choc des opi- nions n'ait contribué aux progrès de la science. On a ce es lt. * (ET 'D’HISTOIRÉ NATURELLE. 97 me les faits avec plus de soin. On a suivi la méthode géométrique de Bergmann, et on a cherché à avoir des résultats exacts... J'ai toujours supposé la décomposition de l’eau ; néanmoins , j'avoue que, quoiqu'il y ait un grand nombre de faits en sa faveur, elle ne me paroît pas encore démontrée. On voit que la nouvelle théorie chimique est contrainte d'abandonner plusieurs de ses prétentions. Elle se rapproche peu-à-peu de ce que j'ai avancé , parce je n'ai jamais consulté que les faits. On a beaucoup déclamé contre moi. (J'ai commis des erreurs ; les autres n’en sont pas exempts ). On n’a jamais cité mes travaux... C’est moi , néanmoins, qui ai fait la première expérience sur la combustion de l'air pur et de l'air inflam- mable.... C’est ainsi qu’on n'a point non plus cité Bayen, parce qu’il n’étoit pas de l’académie. Son expérience de la revivi- cation des chaux de mercure, parla seule chaleur, à cependant été le fondement de toute la nouvelle chimie... Je n’ai point été ébranlé, parce que j'ai prouvé que je chérissois plus la vérité que les places , les honneurs littéraires... La vérité triomphe sur cette maiière : c’est une partie de mes souhaits accomplis … J'ai tou- jours dit que Ray, Boile, Mayou, Hales …, avoient fait voir que l'air avoit une grande influence dans les phénomènes chi- miques ; que Stahl , gui vouloir aussi faire une secte, avoit eu tort de dédaigner de parler de leurs travaux, mais qu'on a éga- lement tort de dédaigner ceux de Stahl..… Ma devise a toujours été, et sera toujours : In medio star verum , séaët virtus , stat felicitus. Quant à la nouvelle nomenclature, j’avois toujours dit qu’un de ses défauts étoit d’étre fondé sur des opinions systématiques. Un voit Re j'avois raison , puisqu’aujourd’hui il faudra ôter % l'air purle mot de gaz origène, et réformer les mois oxisèner, désoxigèner, oxide... DES ARRATES: Dihl, qui a une belle manufacture de porcelaine , est par- venu. à obtenir des oxides métalliques qui ne changent point au feu. Jusqu'ici, les peintres en porcelaine r’avoient que des oxides, dont les couleurs prenoïent au feu des teintes toutes différentes de celles qu’elles avoient sur la palette , lorsqu'on les emploie. Il faut donc que louvrier calcule les changemens que ces oxides acquièrent ; et ces calculs ne sort jamais qu’approxi- matifs. Les préparations de Dihl donnent donc à l'artiste un grand avantage pour nuancer ces couleurs. Tome PV. NIVOSE «x 7. N 98 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il a d’ailleurs quelques couleurs nouvelles, particulièrement un beau jaune. . IL est aussi parvenu à faire quelques couleurs, qui ne sont que des espèces de pâte de porcelaine, colorées et mises en poudre. Ces poudres détrempées dans l'eau, s'étendent sur la palette, comme les couleurs à l'huile > de manière que le peintre peut faire un tableau sur la porcelaine, comme sur la toile ; et ce tableau étant reporté sur la toile, a /e fondu du tableau à l'huile. On en voit chez lui plusieurs de cette espèce. Les Espagnols, pour rafraîchir l’eau, préparent une poterie particulière qu’ils appellent a/conzas. Ils sont construits d’une terre argilleuse qu'ils mélangent avec une portion de sel marin. On les trempe ensuite dans l’eau ; le sel est dissout ; l’eau qu’on met, transude , s’'évapore , et le refroidissement est proportioné À cette évaporation. Rochon a enduit des gazes métalliques avec une colle trans- parente, qu’il a ensuite vernissé pour la rendre impénétrable à l’eau. Ces gazes ont remplacé sur les vaisseaux les vitrages faits avec des cornes préparées. Il a aussi donné un Mémoire sur les procédés pour travailler le platine, afin d’en construire des miroirs de télescopes. Il a inventé une machine ingénieuse pour le politypage. L'art du blanchiment des toiles, en les plongeant dans un bain d’acide muriatique oxiègné, a été décrit, avec un grand détail par Pajot-Descharmes. On sait qu’il y a du danger de brûler la toile, ou de ne la pas bien blanchir. Pour lustrer les toiles peintes , on emploie communément les cylindres métalliques ; mais il y a du danger de les couper ou de les trop étendre, si les cylindres n’ont pas un poli très-égal dans toute leur longueur ; c’est pourquoi les Anglois ont substitué aux cylindres métalliques , des cylindres de papier. . L’Imprimerie a commencé, comme l’on sait, par des planches de bois, sur lesquelles on sculptoit, en bas relief, les mots entiers , comme les figures des toiles peintes. On croit que ce fut en 1459, que Jean de Guttemberg et Fust, firent les premières éditions. Schæfter, commis de Fust, inventa, bientôt après, les caractères métalliques mobiles. Guillaume Ged , Ecossois, en 1744, fit des planches fixes avec des caractères mobiles. Noz +ypis mobilibus ut fieri solet, sed tabellis seu laminis fusis. Ce sont ses propres paroles. 11 imprima un Salluste par ce procédé. : Firmin Didot a allié également les deux méthodes, Il a com- Si . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 99 mencé He composer à l'ordinaire en caractères métalliques mo- biles ; il les soudoit ensuite tous dans le derrrière de la planche. Il à imaginé postérieurement un autre procédé. Il compose une première planche en caractères bbiles à l'ordinaire. Ces caractères sont d’une matière assez dure. Cette planche lui sert à frapper d’autres planches composées de l’alliage ordinaire d’anti- moine et de plomb , comme le coin sert à frapper une médaille. Ces secondes planches sont celles qui servent à l'impression. C’est ce qu’on appelle édition stéréotypes (1). On a, par ce moyen, des planches fixes , et qu’ou peut renouveller à volonté , avec les- quelles on peut tirer un grand nombre d’exemplaires , sans craindre que des lettres se déplacent, et produisent des fautes typogra- phiques. E R R A T A. Page 7, ligne 38. La longueur du mètre n’est pas encore déterminée exacte- ment. Il paroît que sa longueur sera au-dessous de 36 pouces 11 lignes 44 centièmes. ‘ Pag. 38, lig. 19, rirent , Zs. périrent. Pag. 31, lig. 25, pareillement , Zs. particulièrement. Pag. 48 , lig. 12, ajoutez : 4°. Une portion de fluides , chez les animaux et les végétaux , passe à l’état de solidité pour les nourrir, et va se déposer par cristallisation , suivant les lois des affinités, dans les différentes arties. Or , nous savons que toutes les fois qu’un fluide passe à Fétat de solidité , il laisse échapper une certaine quantité de son calorique. Cette cause sera donc une nouvelle source de cha- leur pour les êtres organisés. Pag. 55, lig. 32 , plomb... 8.50... lis. plomb... 0,50. Pag. 57, lis. 29. Prehnite. Drée a observé que la prehnite du Cap, ainsi que celle du Dauphiné , sont pyro-électriques, c’est-à-dire , que la chaleur les rend électriques. (1) Zrepes, rires, types. N 2 ” Var Ye Po TAUEIUNEER LA 2 na si Là de titre 4. ! OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQ PAR BOUVARD, Astronom CU LES Fin ttes Fr UES, FAIT: OL D TOME mere ee JE JA. st ii | - THERMOMÈTRE. BAROMÈTRE. | ll TT — TT U| x ‘4 Her Penn EL" Hnue Minimum. NA Mani H| r [a midi. + 1,0 à7h3m— 2,1}. 1,ofà 8him.. 27.10,3 [à 2h,s.... 27. 8,327. 9,3 Hl 2 [a midi. + 4,olà R& + 1,6|+ 4,912 7him. 27. 5,2|à hs... 27. 4,927. 5,2 Ds 2 DES RE RTE UT 23 DA 7E me a PR NE 07 ES Blalagnis. + o,3là 7? — o,8/+ o;ofà 1ohEs.. 27. 9,0|à 7h£m.. 27. $,$ÿ27. 7,0 His [à 3hs. + 1,4 à75 — 4o|4+ o,9la midi...: 27.10,4|à 70, m... 27.10,0f27.10,# Hi 6 [à midi. + 3,914 7 2s.+ 1,2,—# 3,9a 73m. 27.10,3|a 9 Ss... 27. 9,1]27-1032 M! 7 |à midi. + 7,8 à 8 m..—+ 6,7|+ 7,8la 81m... 27. 6,2|4:..:.....,.. 27e 6 ll 8 [à midi.. + 6,clà 9 25. 4,9|+ 6,6}à 9h25. 27. $,8|à 8h£m.…. 27. $,3127- 4,9 9 [a midi. Æ 73/0... | 7,22 midi... 27. 7,54 8h m.. 27. 7,4127- 7,$ Da his, Æ 8,7là 105..+ Sa 7582 oh, s... 2», 8,2|a 7hlin... 27. 79127. 74 à 2hs. + 7,8là 7 m.+ 3,6|+ 6,72 7h. m... 27.10,1|2 1oh?s.. 27. 7,4/27. 9,9 depbimi tof deeLeecs.t0ltE 8,4hà 2h.s.... 27. 6,4|à RE 27. .6,3027- 454 à 2hls, + 7,8à 7 sm+ 3,9 + Ai 8-5 m. 27. 7,88 7 -5S. 27. 7,7{27e 754 a midi... —- 4,5lrer.... DLEE + 4,5 a 8h-+ m 27 10,2 sturree sc À27: 11,2 ER EUR DRE ER ..s.la 7 im 3,9 AREA TI EN ghrim.. 27. 7,8|à 8his.., 27. 6,3] ..... M) a 2h. + 0,4/27 + 5,3/+ 9,382 midi. 27. 6,3|à 9h. m.:. 27. 6,017. 6,3 à midi. + 8,1|a 8 + 3,5[t 8,19à 9hEm.. 27.10,8|a 8h, m... 27. 9,8%27.10,1 alah, s l27|218 + 1,3[, 2,602 9n2m.. 27:10,8 |... "40000, .\27.10,7 à hs. + 25la 82 — o,sl+ 2,1rfà midi... 28. o,1|2 6hEm.. 27.11,7328. 0,11 à midi. + 3,2là 115S— o,o|+ 3,2la midi... 27.10,8|a 7m... 27.10,8827.10,8]| à midi. + o,6là 7 im— 2,3|+ o,3hàa 8h1m.. 27.10,0[à 8°Ès... 27. 9,6127. 10,5] à midi. + o,5|à 7 + — 4,0]— o,ffà lol. m.. 27. 7,8|-....... JR Bee ...#27. 6,9 à midi. + 2,1là 7 à — 1,34 2,1)à Sb.m... 27. 4,6[a 8h. s.... 27. 4,027. 4,3h5 à ghis. + a1,2|à 7 à — o,6|+ o,4fà oh,s.... 27. 6,o[a 7h? m.. 27. s,ol27. 5,51 à midi. + o2là 7 À + 5,2l— 9,2fà midi... 27. 6,6|a 8m... 27. 6,017. 6,61 à his, + 8,7|a 8 + 6,5|+ 8,5fà midi... 27. 7,4|à 8h,m... 27. 7,3 127: 7,4) Dinan de RSA ANSE ARE ter latine 270503 AC one 274 5,3 à midi. + 6,8|à 8 + 5,1}+ 6,8 ab3bis. 027-0604 18bm... 27. 4,0827. 4 à midi + 6,2là 2 1s.+ 5,9 + 6,2fa 2his... 27. 759 | 8h. m°.. 17. 6,5]27. 7,28) aus. + 3,7là 10 — o0,6,+ 3,6là tons... 28. 5,71à 84% m.. 28. 1,0/28. 2,0} RÉ CAPI T'UNE ANTON: { : Plus grande élévation du mercure. ........... 28. 3,7 le 30 ÿ à Moindre élévation du mercuré............. SARL 7ENT 80 le 03 Ê { : à Elévation moyenne.............1. he. 27.885 À ë Plus grand degré de chaleur. :....... TARA ME Re 4 J Moindre degré de chaleur. ...... Mines .. :— 4,0 le 22 j : Chaleur moyenne. ...... A5 BÉCTS PARENT UM ï Nombre de jours beaux.............. OR Goa 8 Pal 1 deNcouVerEs serrer 22 |: desplieneserdee NN TRE aies te FUO k Sora EPA NAS LUE SSD LE PERTE NE TR LAN C 2 TRE GO RTEETRE EXRRSA Al FUNCIE 1 Le 93 494 ÉRLUES ANS Ep EL MAS F PRSERE RES | L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, rimaire an 711. VASTE A T-FO-N S - POINTS Hyc. |MVIENUrSs: , À | LUNAIRES. DEL'ATMOSPHÈRE, i Mn | 73,2 Calme, Beaucoup d'éclaircis ; neigeentre 7 et 10 heures-du-soir. ï BA 35,5 | S. Eclaircis vers midi ; brouillard épais le matin. b 3 | 90,7 N-E. fort. | Pleine Lune, Ciel couvert et brumeux. 4 | 80,7 N. Couvert et brouillard ; neige par intervalle depuis midi. 5 | 78,0 | Calme. Beau avant midi ; ciel légèrement couvert le soir. 6 | g4,2 | S-S-O. ] Ciel couvert ; pluie le soir. 7 |106,0 | S. fort. Pluie presque continuelle. 8 |1os,s | S, Lune perigée. | Pluie avant midi et le soir. 9 | 97,5 S-S.O.forr, | Equin.descend.L Ciel couvert; quelques éclaircis par nitervalles. Io |105$,0 S-S-O. Dern. Quart. Pluie une partie du jour. Î 11| 94,6 | O. J Eciaircistavant midi ; pluie le soir. 12 |10$,0 | Calme: Pluie presque continuelle ; brouillard le matin. 23] 94,0 | S-O. Ciel à demi-couvert. “ 14| 94,5 | Calme. . Brouillard épais le matin ; beau ciel, Ml USE Ciel couvert. 16| 92,$ S-E. Ciel à demi-couvert; superbe toute la soirée, 17| 88,5 | Calme, Nouv. Lune. Superbe ; léger brouillard le mario. 18| 88,5 | Calme. Ciel couvert , brouillard épais toute la journée, 19| 70,5 | N. Superbe ; léger brouillard le soir. 20| 51,5 | N-E. Ciel nuageux par intervalles ; forte gelée. 21| $4,0o | N-E. Ciel trouble ; quelques nuages vers midi, 22| 48,0 | E-N-E, Ciel nuageux avant midi ; couvert depuis 4 heutes du soir. 23| 69,0 | E. Equin.ascend. | Quelques éclaircis vers midi. LS ER Calme, Lune apogée. À Brume; la terre couverte de glace. 25|102,;0 | LS, Prem. Quart. | Pluie presque continuelle avant midi; beaucoup d'éclaircis le soir. |: 26|104,0 ['S. Quelques éclaircis. 27|104,0 |!S. Ciel couvert. 28|103,5 | ©. Brouillard épais ; pluie presque continuelle. 29|103,0 | Calme, Temps pluvieux et brouillard toute la journée. 30| 76,0 |.N. Ciel a demi-couvert; beau le soir, RÉCAPITULATION. é dClYENT. eee sacs relisere 22 de grêle ..........,..... NO delronnerre. MAR AMALMET o | de brouillard,..:........ to de neige, ....: CC ec ECE z Le vent a {oufflé du N. ........ À APARPT PSE PNA LOIS NEPAL etes mdee ee détoe 4 insomnie 1 SE 04081), MT EPP SEC CODE 1 SE LAC CARRE SPROMMPRRRES 9 CHOSES LC Dene OM NO 2 (OI UE cosontie PONT EP 2 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE PPT IT ‘ NOUVELLES LITTÉRAIRES. Dictionnaire élémentaire de Botanique, par BurrrarD, revu et presque entièrement refondu par Lowrs-Cravpe Ricir4uD, professeur de Botanique à l'Ecole de Médecine. Ouvrage où toutes les parties des plantes, leurs diverses affec- tions, les tefmes usités, et ceux qu'on peut introduire dans les descriptions botaniques, sont définis, interprétés avec plus de précision qu'ils ne l'ont été jusqu’à ce jour ; Suivi d’une exposition méthodique de ces mêmes termes, au moyen de ji et à l’aide du Dictionnaire, l’étudiant peut prendre une leçon suivie sur chaque partie de la plante ; Précédé d’un Dictionnaire botanique latin-français ; Orné de vingt planches, gravées en taille-douce avec le plus grand soin : 1 vol. ëz-&?. À Paris, chez A, J. Ducour et Duran», Libraires, rue et hôtel Serpente. On voit, par le titre de cet ouvrage, qu'il n’est pas un simple Dictionnaire de quelques termes de botanique ; mais c’est un Précis très-bien fait, des notions les plus élémentaires des termes de botanique , des différentes méthodes pour étudier cette science, et des principales fonctions physiologiques des végétaux. Les belles planches, dont il est orné, eu augmentent le mérite, parce qu’elles représentent les princpaux objets qui y sont traités. Les Merveilles du corps humain, ou notions familières d’ Anatomie, à l'usage des enfans et des adolescens, par L.F. Jaurrrer. À Paris , chez À. J Ducour et Duran» , Libraires , rue et hôtel Serpente. 1 vol. 27-16. L’Anatomie devroit entrer essentiellement dans les plans de l'éducation : qui est ce qui intéresse plus l’homme que de se connoître soi-même. Dyart sure. Connois-toitoi-mème, disoit l’Ins- cription du Temple de Delphes ! ( Diogène-Laërce attribue cette sentence à Solon ). La connoissance de l’homme renferme deux objets principaux; celle de son corps, ou l’anatomie ; et celle de son cœur , ou l’omme moral. n ET D'HISTOIRE NATURELLE, 103 {Histoire Naturelle abrégée du Ciel, de l Air et de la Terre, ou notion de Physique générale, contenant ce qu’il n’est pas pen d'ignorer sur le système du monde , les astres , l'air, ’eau , le feu et la lumière ; l'électricité et le magnétisme ; les météores , la géographie physique de l'air, et les opinions ‘des philosophes et des savans sur sa formation ; ouvrage mis à la portée des gens du monde, et traité d’après l’éiat actuel des connoïssances, avec onze planches, dont une carte du ciel, par Pariiserr. À Paris, de l’Imprimerie de Diçror, grande rue Verte , faubourg Honoré , n°. 1126 ; et se trouve , à Paris, chez Dreurs l'aîné, rue Serpente , n°. 6 ; PLassan , rue du Cimetière- André-des-Aris; n°. 10; Dérenviize, rue du Battoir; Fucus, rue des Mathuriws, hôtel de Cluny , n°. 334; Virzrers, rue des Mathurins, n°. 306! 1 vol. grand z7-8°, Cet ouvrage, d'une belle exécution typographique , paroît remplir le but de l’auteur. Il offre un précis de la physique = bise » de l'astronomie et de la géologie. C’est un service que e mettre ces sciences à la portée de la plupart des lecteurs. Réflexions sur la Sculpture, la Peinture, la Gravure, l Archi. cecture , suivies des Institutions propres à les faire fleurir en France, et d'un état des objets re dont ses Musées ont été enrichis depuis lan 2, par le général Pomereuil , seconde édition. À Paris, chez Bernard , libraire pour les mathémati- ques , sciences et arts, quai des Augustins , n°. 37. Le débit rapide de la première édition de cet ouvrage , prouve ils Et 2 P arts 861 qu'il a intéressé le public. Cette seconde édition est encore plus digne de lui plaire par les additions qu’y a faites l’auteur. LL 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE eee TA BU DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Miairnémariques. Pag. : Astronomie. 2 Physique. 8 Mécanique. 10 Musique. t Ibid. Calorique. | 11 Fluide lumineux. | he 12 Fluide électrique. 13 Air atmosphérique. 14 Météorologie. 15 Fluide galvanique. 18 Zoologie. 20 Anatomie des animaux. 27 Botanique. Ibid. Phisiologie animale. 30 Anatomie des plantes. 39 Phusiologie vépétale. 42 Chaleur des végétaux et des animaux. 47 Médecine. 52 Minéralogie. 55 Cristallographie. 63 Géologie. Ibid. Filons métalliques. 67 Bitumes. 68 Volcans. lbid. Fossiles. à 75 Chimie des minéraux. Ê 83 Chimie des végétaux. 87 Chimie des animaux. 88 ATES. 97 Observations météorologiques. 100,101 Nouvelles littéraires. 102 e co ‘5° COPIE 2ja SES Wivaré Cruraserele Pure > Ar 7 ES) Aongo lfehe Sace = —Ÿ l A | JOURNAL DE PHYSIQUE, | DE CHIMIE | | ET:D'HISTOTRE NATURELLE. | : PLUVIOSE an 7. D RE ÈS Re EXPÉRIENCES Faites sur l’hidrogène carboné pour décider si le carbone est um élément ou une substance composée ; "A Par le D. Guillaume Henry, membre de la société royale des sciences de Londres , de la société philosophique littéraire de Manchester , etc. Lise conséquences que le docteur Austin tiroit de ses expé- riences sur le gaz hidrogène pesant (1) par rapport au mélange du carbone, eccasionnoïent un si grand changement dans l’ex- plication d’une suite indéfinie des phénomènes les plus impor- tans , qu’elles ne pouvoient plus être adoptées sans un examen sévère de /a méthode que ce naturaliste avoit suivie, et /a répé- zition la plus soignée de ses expériences. Je me flatte de montrer aussi aisément la source de l'erreur dens la première, que la négligence des accessoires dans la seconde. Le docteur Austin trouva qu’au moyen des commotions élec- triques sur le mercure , le gaz hidrogène carboné augmentoit précisément du double son volume primitif. Cette extension surprenante ne lui parut avoir d’autre cause connue , que celle du dégagement du gaz hidrogène. Le gaz électrisé , mis en combustion par le gaz oxigène, exi- » s 5 geoit plus d'oxigène pour en être saturé avant, qu'après l'effet | .(1) Voyez les expériences d'Austin, surce gaz, Trans, Phil. vol. 80, pl, pag: 5i à 72, et dansle Journ. de Physiquede Gren, 3 vol. p. 247 à 253. Tome V. PLU VIOSE an 7. O 166 JOURNAT DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de l'étincelle électrique ; ainsi la quantité oxidable augmente par’ cette opération. ; Le gaz hidrogène , qui se dégage en électrisant, semble pro- venir de la décomposition de certaines substances par léleciri- cité, et non pas seulement de l’expansion de celui que contient le gaz hidrogène carboné ; car, si la quantité d'hidrogène ne souffroit aucune altération; et-que, le mode d’aggrégation fût seulement changé, il ne pourroït se consumer une plus grande quantité d’oxigène-après l'électrisation. î Outre l’hydrogène du gaz hidrogène carboné, il n’y avoit ,. dans cette expérience en contact avec les tubes de verre et le mercure, que du carbone et de l'eau, dont la dernière, quoique non partie constituante des gaz, s’y trouve souyent mêlée. Si le gaz hidrôgèrie qu’on obtient, provénoit de la décompo- sition de la première de ces substances , il serdit évident qu’une quantité déterminée de gaz hidrogène carbôné, électrisé, don- neroit moins d'acide carbonique, par la combustion avec l’oxi- gène , que pareille quantité de gaz non électrisé: D'après ce qui a été dit ci-dessns , qu’il y a une plus grande absorption de gaz oxisène, en employant du gaz électrisé , il résulte que, pour déterminer le contenu du carbone par la com- bustion , on ajoute an gaz , avant l'effet de l’étincelle électrique, une plus grande portion d’oxigène qu’il n’en faut pour saturer l'hidrogè: e qui se dégage. L’on doit s'attendre, en: négligeant ette précaution , que le produit en acide carbonique sera moin- dre, puisqu'une partie du gaz hidrogène carboné',, échappera à: la combustion. Le carbone ayant une grande afhinité avec l’oxi- gène, celui que: contient le gaz hidrogène carboné, sera saturé: et converti en acide carbonique , avant que l'attraction de l’hi- drogène pour l’oxigène ait pu produire de l'eau. J'ai trouvé cependant que le résidu de la combustion du gaz: hidrogène carboné avec une petite quantité d’oxigène, n’étoit pas simplement du gaz hidrogène , mais encore du gazhidrogène garboné. Dans les deuxième, cinquième et sixième expériences du D. Austin, où la quantité de gaz électrisé fut examinée en l’em- brâsant avec l’oxigène, la combustion ne fut qu'imparfaite,, parce qu’il n’y avoit point assez d’oxigène.. Il est aussi très-remarquable que plns la combustion étoit par-- fuite, plus le gaz électrisé produisoit d’acide carbonique. Il seroit donc très-probatle que si elle s’étoit faite plus parfaitement, son-seulement il n’y auroit point \manqué de gaz acide carbo- ET D'HISTOIRE NATURÉELE. 107. miqué , mais aussi on n’auroit pu supposer que le carbone se fût décomposé. Il y a une très-grande objection à faire , tant sur cette expé- rience , que sur presque toutes celles du D. Austin, c'es que les résidus ne furent jamais examinés avec assez de soin. Cette objection devient encore plus valable contre les huitième et neu- vième expériences , où au lieu d'augmenter la quantité d'oxigène pour embrâser le gaz électrisé, il avoit au contraire diminuée, Ainsi, par exemple , dans la huitième expérience, il mit en com- bustion 2,85 pintes de g1z hidrogène carboné , avec 4,58 pintes de gaz oxigène; et dans la neuvième expérience, la quantité de gaz oxigène n'étoit que de 4,09 pintes, quoique les 2,83 pintes eussent été dilatées jusqu’à 5,16, et avoïent, par conséquent, beaucoup augmenté leur masse oxidablé On peut faire la même objection à l'égard des autres expériences du D. Austin. Lepointprincipalet décisif à déterminer, en répétant ces expé- riences , est donc de savoir , si le carbone que contient le gaz hidro- gène carboné, souffre une diminution par les commotions élec triqués!/Sicéla ne se confirmoit pas, cela jetteroit un grand jour sur l’originé da gaz hid'ogène qu’il à obtenu. Les expériences suivantes ont été faites pour y parvenir, et On a eu grand soin de ne pas tomber dans la faute du D. Austin, en employant trop peu d'oxigène (1). . D PAIN LÉ RE EXPERNMENCE Onmitdans unecornue et dans l'appareil du mercure, 94,5 pintes ec igaz hidrogène carboné ( extrait de l’acétite de potasse), avec 107,5 pintes de gaz oxigène. Ces 202 pintes furent réduites, par ane explosion, à 128,5, et par l’eau de chaux, à 54 : la disso- lution de sulfure de petasse les diminua jusqu’à 23 pintes ; la (1)Je meservis , dans ces expériences, de l'appareil décrit par Cavendish, dang le 95e. volume des T'runsactions philosophiques. Pour l'expansion du gar, je fis usage d’un conducteur arrangé suivant la méthode de Priestley. ( Sur les Gaz, tome 1er. , planche ire, , fisrure 16 % Ï.e volume des oaz qu'on y avoit introduit ; » 15 (HSE fut déterminé, après plusieurs expériences, tant par une échelle mouvante qu’en pesant chaque fois le mercure qui remplissoit le tube, jusqu'a la marque de échelle; par ce moyen, je m'évitois la peme de graduer le tube. Un grain de merçure remplissoit précisément une pivte. Quoiqu’on puisse ohjecter bontre la etite quantité qu'on employa dans ces expériences, }avois cependant l'avantage de ] ï [ [ 5 ouvoir embrâser le zaz électrisé par une explosion , comme cela a eu lien dans °] l ? les 4, 6 et 8e. expéricrices. Tontes les erreurs que les’changemens de tempéra- ture , ou le poids de f’atmosphère, aurojent pu occasionner, furent évilées avec Je plus grand soin us gra , O > 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE: diminution de 74,5, pintes qu’occasionna l’eau de chaux , nous: indique la quantité de Pacide carbonique qu’on obtint par là: combustion de 94,5 pintes d’hidrogène carboné:; les 23 pintes. restantes, après l’effet du sulfure de potasse , nous indiquent la quantité d’azote que contenoit le gaz hidrogène carboné. Le g1z oxigène , employé dans cette expérience , étoit extrait du nitrate de potasse , et si pur , qu'il est impossible que la petite quantité: dont on s’étoit servi, eût pu contenir autant d’azote. DEUXIÈME EXPÉRIENCE. 94,5 pintes de gaz hidrogène carboné furent, par des commo- tions répétées, réduites à 188 pintes. L’augmentation du gaz hidro- gène étoit donc de 93,5 pintes; ce gaz ainsraugmenté futembräsé à plusieurs reprises par 392,5 pintes de gaz oxigène, Le résidu ; après ces différentesexplosions , fut de 203 pintes ; l’éau de chaux.les di- mwinua jusqu'à 128,5 , et le sulfure de potasse, jusqu’à 19,5; la quantité d'acide carbonique fut donc la même que dans lPexpé- rience précédente, c’est-à-dire, de 74,6 pintes. Ayant trouvé que dans la première , ainsi que dans plusieurs expériences sem- blables , le gaz hidrogène carboné sembloit contenir une certaine quantité de gaz azote, je soumis de nouveau à la distillation de l’acétite de potasse , en la préservant ,. autant que possible, du: contact de l’air atmosphérique ; car , j'ai remarqué que le mé- lange de celui-ci restreint beaucoup ,. et empêche même entière-- ment l'augmentation du gaz. Ceci explique plusieurs erreurs que m'ont pas cvitées, malgré leurs soins, même des.chimistes très“ha-- biles , lorsqu'ils. ont voulu étendre le gaz hidrogène carboné par l'électricité. Un gaz, altéré de cette manière, obtient de nouveau son expansibilité en le faisant séjourner sur du sulfure de potasse.. TROISTEME EXPÉRIENCE. 340 pintes de gaz hidrogène carboné furent enflammées avec nue quantité sufhisante de gaz oxigène. L’acide carbonique pro- duit , fut de 380 pintes ; et. le résidu, en gaz azote, fut de 20 pintes. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. La même quantité , dilatée jusqu’à 690 pintes, donna , après la combustion , 380 pintes d’acide carbonique , et 19,8 pintes. d'azote. a CINQUIÈME EXPÉRIENCE. 315 pintes de gaz hidrogène carboné non électrisé, donnèrent, LA . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 109. après la combustion , 359 pintes d’acide carbonique et 18,5 de gaz azote. SIXIÈME EXPÉRIENCE. La même quantité, dilatée jusqu’à 600 pintes, donna autant. d'acide carbonique et de gaz azote. SEPTIÈME ET HUITIÈME EXPÉRIENCE. 408 pintes de gaz hidrogène carboné qu’on avoit obtenues par Fexpansion de 200.pintes , produisirent autant d'acide carl nique et d’azote,, que 200 pintes de gaz mon électrisé, Les expériences qu'on à mdiquées jusqu'ici, prodvent suffisamment que les-com- motions électriques me décomposent nullement le carbone qu: sion au-delà de deux fois le volume qu'’occupoit le gaz avant - d’être électrisé.. Ce fait prouve évidemment que l'expansion ne cesse qu'après l'entière décomposition de la substance , à qui le gaz hidrogène doit son origine. Cette substance ne peut être du carbone , puisque le D. Austin avoue lui-même qu’une grande partie reste sans se décomposer, et que j'ai démontre qu'il reste parfaitement intact. Sil’expansion du gaz hidrogène carboné provient de la décom- position de l’eau. elle n’aura pas lieu en éloïgnant ce liquide avec le plus grand soin ; afin de le découvrir, j’exposai, quelques jours , une portion de ce gaz à l'influence de l’alcali caustique (1) Payez, sur l’aralogie des phénomènes du calorigne de l'électricité, la Gollect, des Dissertations physique et chimique d’Achard. Berlin, page141a 143, L'1ie re “ Lo 110 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE sec. — Lorsque je voulus le dilatér ; je trouvai que expansion n'alloit pas au-delà du (1) du volume primitif; et cela n’eut lieu qu'après 169 commotions très-fortes , et 8o autres après n’en pro- ue pas davantage, quoique les premières commotions auroient certainement sufh pour dilater le gaz dans son premier état au double de son volume primitifs Mais dès que j'eus ajouté au gaz uue ou deux gouttes d’eau , Jexpansion augmenta comme à l’ordineire. Je dois observer ici que s’il s’insinue , par hasard, quelque peu d'eau dans le tube (ce qui m'est souvent arrivé avant! d’être exercé dans la manière de mettre le gaz hors de l’eau pour le transporter dans l'appareil au mercure) , la dilatation augmente beaucoup. É D’après la découverte de Monge, les commotions électriques produisent les mêmes efféts sur lé gaz acide carbonique, que ceux que nous venons de voir sur le gaz hidrogène carboné: Landriani et Van Marum ont attribué de même cette expan- sion au dégagement du gaz hidrogène ; et Morige a parfaitement démontré que cette expansion provenoit de la décomposition de Peau qui se trouve en dissolution dans tous les gaz, dont l’oxi- gène, ainsi qu'il le rapporte dans ses expérientes , s'étoit réuni au mercure; mais ce qui rend très-vraisemblable que; dans mes expériences, ce menstrue de l’eau west pas un corps métal- lique, c’est la présence de la substance qui-oxide le carbone ; outre qu'il a plus d’affinité avec l’oxigène qu'avec les métaux. Les expériences suivantes prouveront encore mieux , que le mercure qui étoit renfermé avec le gaz, ne pouvoit avoir aucune part à la production de ce phénomène. NEUVIÈME EXPÉRIENCE. Une partie de gaz hidrogène carboné fut mise dans un tube de verre, fermé à une de sesextrémiés , autravers duquel passoit un fil d’or, de sorte qu'une partie de ce fil étoït en-dedans, et l'autre en-dehors. L'autre extrémité , qui étoit ouverte ; fut fermée avec un bou- chon, au travers duquel passoït pareillement un fil d’or, de ma- nière à pouvoir donner facilement une commotion électrique au gaz qui y étoit renferimé , sans qu'il fût en éontact avec un métal capable de décomposer l’eau ; en ouvrant le tube-sous l’eau , il en sortit aussi-tÔt une quantité de gaz. == "| La Ee ce rad L' AL gR (a) Dans la récapitulation , il porte cette expansion à Fe tar ŒÆT D'HISTOIRE NATURELLE. \ 123 DU TM EI E:X PNÉRyLE NiC+E. Comme j'avois remarqué que l'expansion du gaz augmentoit Beaucoup, quand il se trouvoit exposé sur l’eau à l’influence de Yéléctricité introduite par les conducteurs d’or, j’avois mis, dans les deux expériences qui précèdent , un corps en contact avec le gaz qui à la propriété de décomposer l’eau ; savoir, le carbone. Le mélange de ce dernier, avec l’oxigène , est très-sensible dans la formation de l'acide carbonique. Le D. Austin ne rémarqua pas qu'on obtient un précipité en: remuant le gaz électrisé avec l'eau de chaux. La couleur du syrôp de violettes ne fut pas changée ( comme je m'y attendois ,: d’après les expériences du D. Austin) , de manière à indiquer la Ron de l’ammoniaque , quoiqu'il fût très-pur ettrès-sensible.- oulaut examiner s’il se feroit un changement dans le volume je trouvai que , sur 709 pintes, il en absorboit 100. J’imaginai que cetteabsorption devoit être attribuée à la présence de l'acide carbonique : je mis, à cet effet, de l’eau de chaux dans 556 pintes de gaz qui étoit dilaté ; ce qui le réduisit à 512. Cette absorption auroit été encore plus frappante , si le gaz eût été plus dilaté avant cétte opération. L'eau de chaux n'étoit que fort peu troublée 3: cependant mon: ami , M. Rupp, qui du gaz, en l'exposant plus longtemps à linfluencé de ce liquide , assista à ces expériences et à plusieurs autres ,- et qui est très exercé dans les recherches chimiques , fat satisfait, lorsqu'il vit tomber';, quelques instans après , de petits flocons à la superficie- du mercure.-Cette contraction du gaz ne peut être attribuée qu'à Vabsorption de l'acide carbonique ; car ;-outre que la couleur Gr syrop de violettes et d° la racine de curcama dont je me servis aussi, ne fut nullement changée par le gaz électrisé, je ‘crois pou- voir alléguer contre l’opinion, que le gaz absorbé fut de l'ammo- miaque ;: qu'on ne remarqua aucune diminution! de volume, ni que le gaz électrisé se füttronblé; lorsqu'on ymêla du gaz acide muriatique qui auroit dù former un sel ammomiac :'en ajoutant de l’eau aux deux gaz, non-seutement elle absorboiït le gaz acide muriatique, mais quelquefois plus. LeD. Austin convaincu que l’entière décomposition du carbone étoit prouvée , par ses expériences , d’une manière irrévocable ,. donné l’hidrogène qui s’est dégagé comme une de ses parties, et l'azote pour l’autre. Mais cette corclnsion repose entière- ment sur. une faute d'observation qui l’a entraîné dans les: plus grandes erreurs. Le gaz hidrogène que le D. Austin om- 132 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ploya dans ses expériences , étoit, ainsi qu’il l’avoué lui-même, mêle avec beaucoup d'azote : il en indique lui-même la raison, en disant que ce gaz avoit séjourné long-temps sur l’eau ; et ainsi quele D. Hisgins l'a prouvé, iladû Rares dela combustion, une plus grande quantité d'azote, que si on l’eût employé dès qu'il füt préparé. | ilparoît donc très-vraisemblable que le rapport de l’azoteaug- mente en raison du temps qu’il a séjourné sur l’eau : ceci fait connoître la cause principale de l'erreur qui paroît avoir échappé à l'attention du D. Austin. Je tâchai donc, en répétant ses expé- rlences, d’en faire deux comparatives entre une égale portion de paz électrisé et non électrisé, en mettant si peu d'intervalle entr'elles , que la proportion de l’azote ne pût avoir changé dans aucune des deux. Quant à la 9°. expérience où Vazote sembloïit s’être augménté par l'élecirisation , je répète l’obseryation que j'ai déjà faite, qu'il y ayoit employé trop peu de gaz oxigène. Dans la 8°,, après que. 2,09 pintes de gaz non électrisé eurent été mises en combustion par 4,17 pintes de gaz oxigène , il ne resta que 0,15 pintes de ce dernier, outre ce qui étoit nécessaire, pour la saturation; dans la o°.,au contraire, la quantité de gaz oxigène étoit de 0,08 pintes moindre , malgré que les 2,83 pintes eussent été dilatées jusqu’à 2,16. D’après cela, on peut bien admettre qu’une petite portion du gaz hidrogène étoit restée unie au gaz azote sans s’être altérée. Dans la 8°. expérience , où il employa plus de gaz oxigène qu'il n'en falloit, il étoit possible ele restit unie en partie au ga: azote , comme dans de expériences des D. Higoins et Priestley. Dans la 9°. il avoit employé précisément la quantité nécessaire de gaz oxigène, pour saturer les deux espèces de gaz inflamma- bles , après l’électrisation. Si, au contraire, on augmente le rapport du gaz oxigène , et qu'on allume Je gaz électrisé seulement par petites portions, on remarquera, au lieu d’une auementation , une diminution dans l'azote, comme cela a été démontré par mes deux premières expériences: Îl me reste encore à rappeler deux circonstances des expé- riences du D. Austin, dont je n’ai pu faire mention jusqu'ici, savoir du précipité apparent du gaz hidrogène carboné pendant lélectrisation ; et de la formation de Pammoniaque pendant ce procédé ; dans quelques expériences que je fs avec la première portion du gaz, je remarquai ces deux phénomènes d’une ma- nière frappante ; mais jamais pendant lélectrisation du gaz que je préparai depuis. Je dus naturellement attribuer la PARTIE site ET D'HISTOIRE NATURELL®. 113 “site de ces phénomènes, au grand pates de gaz azote dans la seconde portion de ce gaz. Je fis alors passer des commotions électriques au travers d’un mélange de gaz hidrogène carboné et du quart de son volume de gaz azote ;ce qui me donna un précipité -qui auroïit peut-être montré une couleur blanche, s’il n’eût été obscurci par les petites bulles de mercure qui furent dispersées par la violence des commotions. Une infusion de violettes, introduite dans ce gaz électrisé, fut teinte en vert; cependant ce changement de couleur ne se fit pas aussi promptement que dans l'absorption de l’'ammoniaque , mais -exigea qu’on répandit ce liquide sur toute la superficie intérieure du tube. D’après cela, nous pouvons conclure que ce précipité étoit un alcali, peut-être du carbonate d’ammoniaque ; mais la quantité en étoit trop petite pour être examinée avec soin. Je termine ce mémoire par une courte récapitulation des faits qu'on y a discutés (1). 10. Le gaz hidrogène carboné , dans son état naturel , augmente u double son volume primitif par des commotions électriques ; -t comme le gaz inflammable est la seule substance connue qui puisse produire une si grande augmentation , ainsi que les phéno- mènes qu'on remarque lors de la combustion du gaz élcrrieé avec le gaz oxigène , nous pouvous attribuer cette dilatation à la naissance du gaz hidrogène. à 20, Le gaz hidrogène quiest produit, ne provient point de la décomposition du carbone , puisqu'on retrouve la même quan- tité de celui-ci avant qu’:près l’opération. 3. Le gaz hidrogène doit son origine à la décomposition de Veau , parce que la dilatation du gaz hidrogène carboné, dépouillé autant que da de ce fluide avant lélectrisation >ne peut être portée au-delà du ? de son volume ordinaire (2). 4°. Le menstrue de l’eau n’est pas un métal, le gaz n'étant dilaté et en contact qu'avec un tube de verre et de l'or qui ne peut décomposer Peau. 5°. L’oxigène de l'eau, qui se trouve en dissolution dans le gaz hidrogène carboné, s'unit pendant l'électrisation au carbone, (1) Lorsque j’eus achevé ce traité, je fis les mêmes recherches sur'le gaz. hidrogène phosphoré que sur le gaz hidrogène carboné ; il se dilate comme le gaz hidrogène carboné , et perd son inflammabilité par le contact de l’oxigène : on apperçoit alors quelquestraces d’acide phosphorique qui se forme. (2, Il ne porte cette expansion, dans la 8e, expérience, qu'à —, Tome V. PLUVIOSE an 7. P F7! JOURNAL DE PHYSIQUE, DE GHIMIE et forme de l'acide carbonique dont la présence augmente l’èx- pansion qui se fait déjà par le dégagement du gaz hidrogène. 6. Il ne se produit point de gaz azote pendant l’électrisation: du gaz hidrogène carboné. 7°. D'après la liaison de ces faits, il résulte que le carbone peut: encore être regardé comme un élément, c’est-à-dire , comme un corps dont la composition nous est jusqu'ici inconnue, mais: dont la décomposition est peut-être reservée aux travaux d'un: chimiste futar et plus heureux. ESS ARS Sur la teinture par les dissolutions d'étain et les oxides: : colorés de ce métal ; Par J.-M Haussmann. L Es nombreuses expériences que j'ai faites sur les dissolutions:. d’étain , relativement à la teinture , m’ont conduit à des résultats: curieux et assez intéressans, à ce qu’il me semble, pour mériter’ d’être publiés. Peut - être parviendra-t-on à les cu ee » à: les multiplier et à les rendre plus utiles à cet art. Je ne répéterai pas ici , en détail, les expériences faites dans lintention ee la solidité du rouge de Turquie, par la fixation: de l’oxide d’étain sur le coton et le lin selles se trouvent insérées- aux Annales de Chimie de lan 1792.11 seroit même inutile d’en faire mention , ayant trouvé depuis un ronge aussi simple que beau et solide , sans employer l’étain , dont le procédé sera peut- être publié incessamment.. Je me bornerai, quant à présent, à exposer les expériences axe m'a sugoérées l’idée de concentrer les parties colorantes de la garance, de la cochenille et de toutes les drogues de teir- ure, au moyen de Pétain, pour les rendre immédiatement appli- cables aux étoffes, par la voie de la dissolution et de la préci- pitation. Commençant par le procédé auquel je dus , dans le temps, + la couleur prune-monsieur , je ferai voir que la variété et la soli- dité des couleurs ; qui ont pour base l’oxide d’étain , dépen- dent autant de la quantité d’oxigène combiné avec ce métal, que des circonstances où cette combinaison a lieu. J’ignorois ET D'HISTOIRE NATURELLE. 115, “cette vérité lorsque j'employois cette couleur prune - monsieur pour les indiennes ; car au lieu de la dissolution nitro - muria- tique , j'aurois employé le muriate d’étain , qui ne contient que da portion d’oxigène nécessaire à sa dissolution. Comme pour la couleur en question , je me suis servi en très- grande quantité de la dissolution nitro-muriatique d'étain, je la faisois de la manière la plus prompte et la moins dispendieuse, -dans de grands matras à longs cols , de six à huit pintes , sans snettre , dans l’un ou l’autre, plus de quatre livres d’eau-forte de “commerce , avec quatre onces de sel de cuisine. Cette proportion qui, si toutefois l'acide n’est pas trop foible, s’échauffe au point de devenir bouillante sans le secours du feu , produit, en. ajoutant deux onces d’étain après la disparition de la première quantité , une effervescence ou dégagement momentané de gaz nitreux , qui ne se répète plus, bien que l’on «continue la dissolution, once par once , après que chaque por- tion a disparu. L'on peut, d’après la force de Pacide nitrique, augmenter et dimi- nuer la quantité de seize onces d’étain destmée à chaque matras, et prendre plusoumoins de dissolution, selon les couleurs que l’on veut produire, La dissolution faite sans être brusquée, reste tou- jours transparente, ne dépose point d’oxide , et se laisse étendre dans plus ou moins d’eau , sans se troubler , selon qu’il s’y trouve plus ou moins d’acide en excès; il s’y forine de l'ammoniaque , en raison de l'acide muriatique pur ou combiné avec des alcalis que l'on ajoute à l'acide nitrique. La proportion indiquée d'acide nitrique et de muriate de soude, est celle qui sans se troubler et sans abandonner son oxide, m'a constamment oxigéné , au plus haut dégré , la disso- lution d’étain. Il faut user de lenteur et. ne dissoudre que peu d’étain à-la-fois ; par cette précaution l’on évite le désagrément de la transvasion , et l’on obtient une dissolution dont Pacide nitrique wa pas cédé trop d’oxigène, par conséquent capable d’être étendue dans une grande masse d’eau sans se précipiter. Cette méthode de faire la dissolution nitro-muriatique d’étain , forme un dépôt noir qui, au dire des chimistes qui l'ont examiné, est un régule d’arsenic, dont l'étain, selon eux , n’est jamais exempt. Lesdissolutions nitro-muriatiques d'étain peuvent donc varier, par le degré d’oxigénation , en raison du plus ou moins de len- teur que lon aura mis dans leur préparation , ainsi qu'en raisons de la quantité d'acide muriatique par ou combiné que l'on aura mêlé avec Pacide nitrique. P z 316 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La méthode la plus simple de se procurer différentes espèces de cette dissolution , est de mêler en proportions variées la os Iution nitro-muriatique avec la dissolition purement muriatique. Cette dernière se laissant étendre dans une: très --srande masse d’eau sans se troubler, communique cette propriété à la première , et le mélange acquiert une teinte jaune rougeûtre , probablement parce que la substance noire éd à se séparer de la dissolution nitro-muriatique , en cédant son oxigène à la dissolution muria- tique d’étain. Je reviens à MR couleur prune-monsieur , pour laquelle je: mêlois communément 48 livres de la dissolution nitro - muria- tique d’étain , dont j’ai donné le détail , avec autant de muriate de soude et 96 livres de décoction de bois de campêche bien chargée de parties colorantes ; jy faisois tremper l’étoffe en re- muant pendant quelques minutes , après quoi je la lavois et lapprétois. | Prenant, au lieu de boïs de campêche, la cochenille ou le bois: de fernambouc, on obtiendra de beaux rouges , ainsi qu’un beau: june , en employant le bois jaune ; l’on produira , par consé-- quent , en mêlant en proportions différentes toutes les espèces: possibles des décoctions ou infusions colorantes , un nombre illi-- mité de nuances qui résistent mieux à l’action des acides qu’à celle de l'air et du soleil, et que l’on rendra plus solides encore , en substituant à la dissolution nitro - muriatique , la muriatique d’étain , ou en les mélangeant. C’est pour empêcher qu’une. partie de l’oxide d’étain coloré: ne se re qu'il est essentiel d’ajouter du muriate de soude au mélange d’une dissolution d’étain quelconque , avec les décoc-- tions ou infusions colorantes; l’eau de ces teintures se sature de muriate de soude , et n’affoiblit pas tant l'acide qui tient loxide d’étain coloré en dissolution. Le muriate d’ammoniaque produit le meilleur effet, mais il est coûteux. Un mélange de dissolution d’étain et d’infusion ou de décoc- tion colorante quelconque , étendu dans quantité suffisante d'eau, sans addition de muriate de soude ou d’ammoniaque , formera an précipité d’oxide d’étain coloré qui, filtré , seché à l'ombre, et broyé à l’eau, peut servir à la peinture: La dissolution nitro - muriatique d’étain , étendue d’eau et! mêlée avec l’infusion de Se besile , produit un oxide coloré d’un rouge Carmin, qui se change en brun par la liqueur d’ammonia- que , de manière à ne plus reprendre sa couleur primitive. Cet oxide coloré sera d'autant plus vif, plus solide , et changera d'autant moins par l’'ammoniaque , que on aura mêlé à la disso- L ET D'HISTOIRE NATURELLE. try Brion: nitro-muriatique d’étain une plus forte dese de dissolution: mririatique de ce métal. : Les dissolutions d’étain , dent la base acide n’aété aliérée ni décomposée en aucune manière , et où la portion d’oxigène né- cessaire est fournie par la décomposition de l’eau , comme cela a lieu avec l'acide muriatique , donneront ; selon les drogues teignantes que l’on employera , soit un carmin , soït d’autres. oxides colerés aussi beaux et aussi solides qu'ils peuvent l'être. La dissolution commencée sans le secours du feu , on se ser- vira d’un acide muriatique concentré au point que seize onces missent dissoudre six onces de ce métal, et ce n’est que lorsque È dégagement du gaz hidrooène cessera, qu’il faudra avoir recours- à la chaleur da bain de sable. Pour hâter encore cette dissolution par l’acide muriatiaue très-concentré ,. je prends trois fois plus qu'il ne faut d’étain granulé'; vidant ensuite le métal dans l’entonnoir qui sert à verser la disselution refroidie dans un flacon ; j’observe que ,. ar un commnencement d’oxidation à sa surface, il attire l’oxigène e l’atmosphère avec une rapidité qui rend très - sensible le calorique développé de ce gaz. Exposée à la température de zero de la glace , cette dissolution fournit , sans être évaporée , beaucoup de cristaux ; mais ils se liquéfient à une température de 30 et 4o degrés au-dessus de zero, ce qui nécessite leur con- servation dans-des endroits frais , et nuit sur-tout en été à leur transport commercial. Un phénomène bien frappant et digne d’attention est, qu'avec une once de ce seldissous dans huit livres d’eau ; auquel on: ajoute , en observant de remuer sans cesse , une infusion de ceux onces de cochenille , faite avec huit livres d’eau , l’on obtient un précipité d’oxide d’étain violet foncé , si avide d’oxi- gène » qu'exposé ques quelques semaines à l'atmosphère , il se convertit, par degré, en un beau carmin.-Cette oxigénation en: plus , s’accélère par le contact avec le gaz oxigène pur, sur-tont -si l’on décante la liqueur qui surnage ,-ce qui renouvelle fréquem- ment la surface. La métamorphose devient plus prompte encore, quand on filtre de suite le tout , et qu’on sèche, à l'ombre ,; Voxide coloré étendu sur le filtre. Au contraire , ce précipité conservé avec la liqueur dans un flacon bien fermé ,. reste “Holet.… Par les mêmes raisons l’on se procurera un carmin, sans avoir besoin d'attendre la nt haie , en exposant pendant uni certain temps , au contact de l'air atmosphérique, Perse par” 118 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE'CHIMIE ane grande surface, la dissolution d’une once de muriate d’étain en cristaux , dans huit livres d’eau , ayant de la mêler à l’infu- sion de cochemlle. L’oxide d’étain coloré par la cochenille , et métamorphosé en garmin, change un pen en .cramoisi, par la Hqneur d’ammonia- que; mais reprend sa couleur par l’évaporation de cet aleali, et devient même plus beau. Voutes les dissolutions d’étaïin saturées étendues d’eau, celles mêmes qui n’ont qu'un petit excès d’acide , décolorent aussi bien - los infusions de cochenille que l’alumine édulcorée ; toutefois la proportion de la dissolution d’étain , doit se rapporter à æelle de linfusion de cochenille, qu’il faut se garder d'employer en surabondance. L'äcide nitrique affoibli, dissout très-bien et sans décompo-. sition l’oxide d’étain précipité de son dissolvant muriatique par le carbonate de potasse, de soude ou d'ammoniaque. Cette disso- lution se comporte avec linfusion de cochemille absolument conuue le muriate d’étain , et nullement comme la dissolution mitro-muriatique de la couleur prune - monsieur , dans laquelle Pétain se trouve trop oxigéné, pour pouvoir se combiner inti- mement avec les parties colorantes , et produire des couleurs solides, L’acide sulfurique étendu d’eau , dissout également loxide précipité de son dissolvant muriatique , et produit de même un «xide d’étain coloré en violet , maïs qui se change plus promp- tement en carmin. C’est probablement parce que cet acide, facile à se décomposer , cède une portion de son oxigène à loxide d’étain , et attire en même temps celui de l'atmosphère , transmis var la liqueur qui Fentoure. Cette facuité de transmettre Foxigène aux oxides métalliques qui en sont avides, me fait sonpçonner que l'eau ne se charge que de loxigène , et point du tout du nitrogène ou azote de l'atmosphère. Ce seroit un fait intéressant à constater. L’infusion de cochenille , mêlée avec. la Bneur qui contient le précipité d'une dissolution nitro - muriatique, faite en évitant Pexcès , au moyen d'une liqueur de carbonate de potasse, fournit un oÿde d’étain violet d'esêque ; précipitant par contre de la même manière, la dissolution muriatiqnie d'étain étendue d’eau, et y ajoutant Fiufusionde cochenille, l’on obtient un violet cha- noine. L'une et l’autre couleur indique à-peu-près la même seli- dité par la liqueur d'ammoniaque. Ces deux précipités , bien édulcorés avec de l’eau chaude , ne produisent plus d’efferves- cence, et ne se colorent plus dans Finfusion de cochenille ; ce ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 119 ui prouve que l'acide carbonique a fort peu d’affinité avec Doxide d'étain qui ne peut fournir ces violets , qu’autant qu’il retient une portion de son précipitant de carbonate de potasse , de même qu’il faut qu’il retienne une portion d’acide, pour” paroître sous la nuance de carmin. Quoique l’oxide d’étain , précipité récemment de son dissolvant- muriatique , et avant qu'il ait eu le temps d’absorber de l’oxi- gène , soit facile à dissoudre par l'acide acétique , jai néanmoins préféré , afin d’avoir la dissolution acétique d étain très- chargée de ce métal, de la préparer d’un mélange d’une livre d’acétite de plomb , d’une livre de muriate d’étain en cristaux et de deux livres d’eau froide ; bien remuée , je l'ai filtrée ensuite. Observez qu'il faut la conserver dans des flacons bien bouchés , car elle attire si fortement l’oxigène de l'atmosphère, qu’elle dépose son exide , lequel l'acide acétique ne peut plus terir en dissolution: dans cet état oxigéné ; elle doit par conséquent être préférée à la dissolution muriatique d’étain , pour les expériences eudio- métriques. Dans le dessein de produire de loxide d’étain coloré en car- min, par la dissolution acétique d’étain, j'ai fait ue infusion d’une demi-once de cochenille etde dix onces d’eau, avec fiquelle j'ai étendu une once de cette dissolntion. Le résultat en a été un oxide violet très-foncé , qui a besoin d’être exposé plusicurs semaines au contact de l’air atmosphérique, et d’ètre remué sou-- vent pour devenir carmin.- Affoiblissant la dissolution acétique d’étain et employant une plus grande quantité d’eau pour linfusion de la demi - once de- sochenille , il se produit de même un violet foncé qui ne décolore’ as si bien l’infusion de cochenille , et n’acquiert qu’une couleur Énbasre en l’exposant à l'air atmosphérique. La quantité d’eau pour l'extension des dissolations d’étain en général, ainsi que pour l’infusion de la cochenille, n’est donc pas- indifférente dans la production du carmin ; trop neu ternit la cou- leuren scchant :une trop grande quantité affoiblit Pacice plus qu'if ne faut, et l’eau acquiert la propriété de redissoudre les parties colorantes de l’oxide ; l’on parviendri même à le décolorer com- plètement:, en réitérant le lavage. . , . . Fe] Y . 0 . 0 La dissolution nitro -muriitique d’étain , dont js me suis servi pour la couleur prune-monsieur, prouve ce que je viens d'avancer: En létendant dans soixante parties d’ean , elle abandonnera et déposera son oxide sous l'apparence d'une gelé: ; au bout de 24 heures, on pourra décanter les trois quarts de ln liqueur acide > qui ne contiendra plus d’oxide d’étain en dissolation. Ce précinité L ‘1420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE spontané , édulcoré plusieurs fois, et privé de tout acide, s'empa- rera , à La faveur de son état gélatineux, d’une portion des par- ties colorantes de l’infusion de cochenille , qui se présentera sous la forme d’une coagulation, pourvu qu’elle ait été faite avec le moins d’eau possible, La teinture que Fon obtiendra , en hit'ant ee mélange épaissi, se trouvera encere assez chargée pour seryir à d’autres expériencss , et ee qui restera sur le filtre, sera un oxide d’étain suroxigéné brun-noirâtre , dont les molécules séchées, sans avoir été colorées , s’aglutineront au point de for- nier une masse à-peu-près transparente, vitreuse dans ses cas- sures. 81 l’on ajoute une petite portion d'acide nitrique au pré- cipité gélatineux , avant de le mêler à l’infusion de cochenille, qui ne se decolore tout-à-#ait, qu’autant que Fon attrape la jüste proportion , l'on obtiendra , au lieu doxide brun-noirâtre., un civmin terne, qui brunira par la liqueur d’ammoniaque , sans reprendre sa couleur primitive. La dissolution muriatique d’étain étendue d’eau et précipitée par le muriate oxigéné de potasse, se comporte à-peu-près comme ia dissolution nitro - muriatique , avec cette différence que son oxide , quoiqu'il ne décolore pas complètement l'infusion de cochenille, fonrnit un lilas au lieu de brun. Cet oxide diminuant de plus en plus par Yédnlcoration réitérée , semble s’aciduler ; car chaque fois que l’on change Peau , elle se charge d’une por- tion de cet oxide qui la trouble , mais sans dépôt. L’acide sulfurique , substitué à l'acide nitrique , fournira le mène résultat, tandis que l'acide muriatique , qui exerce une action dissolvante sur tous les oxides métalliques , et s'empare d'une partie de leur oxigène, produira , ajouté en juste propor- tion au précipité gélatineux , un carmin un peu plus vif et plus solide. Cette vivacité et solidité peuvent encore être augmentées, en remplaçant ces acides par l'acétique concentré 3; mais , si au lieu de ces quatre aeides , l’on faitusage des phosphorique, oxa- lque, gallique et tartareux, Pon n’obtiendra rien qui mérite l’at- tention ; il en sera absolument de même, en précipitant , par ces acides , la dissolution d’étain étendue d’eau , et en formant des phosohate , oxalate, gallate et taririte d'étain ; aucun de ces sels ne se colorera par l’infusion de cochenille. À l’occasion de ces expériences , j'en ai répété quelques -rines de Pelletier; j'ai été frappé de l'odeur de phosphore, qu’exhale le mélange d’une once de dissolution muriatique d’étain en petit excès d'acide, avec une demi-once d'acide arsenique en liqueur. C8 melange, qui prend d’abord une couleur jaune transparente , ne se trouble que peu-à-peu, et ne répand l'odeur phosphorique qe jt PTOUD'ÉTSEOMR ERNAMAIU RÈTLAILDE) ? . 125 que lorsqu'une grande partie d’oxide d’arsenic est précipitée ; cette odeur se passe petit-à-petit, pour faire place à celle de l’hi- drogène ; en échauffant ce mélange sur un poële, il devient noir, sa réduction de l’arsenic. Comme j'ai remarqué constamment cette odeur , je serois tenté de croire que l’hidrogène se combine , par le mélange de la disso- lution muriatique et de l'acide arsenique , au radical de l'acide muriatique , pour former du phosphore, dont l’odeur peut bien disparoître par l’oxigène, que l’oxide d’arsenic lui cède lorsqu'il prend la forme métallique. Peut - être aussi que le dépôt noir, que l’on obtient en procédant lentement à la dissolution nitro- muriatique , nest autre chose que du phosphure d’étain. Mon ami Charles Bartholdi , à qui j’ai communiqué cette expé- rience , m'a promis de la poursuivre, pour constater ou dé- truire la possibilité de cette production artificielle de phosphore, L’acide phosphorique en liqueur, mêlé avec la dissolution mu- riatique d’étain , n’a produit aucune odeur de phosphore. Apres ces détails sur les oxides d’étain colorés, je pense que ceux qui seront tentés de répéter mes expériences , apprendront avec plaisir qu'ils peuvent employer ; comme mordant, la disso- lution acétique d’étain. Ils observeront que pour l’appliquer sur le coton ou Je lin, soit à la planche, soit au pinceau , il faut qu’elle soit gommée , qu’elle ait reposé plusieurs jours , pendant lesquels elle dégage son dissolvant acide, et dépose son oxide d’étain qui, par affinité d'adhésion , restera fixé sur la toile, en attirant l’oxigène de l’atinosphère. Avant de soumettre l’étoffe à la teinture en chaud d’une substance colorante quelconque, il faut la faire bouillir pendant quelques minutes dans de l’eau de son , ou dans la bouse de vache , puis la laver dans une eau cou- rante. L’on obtiendra les couleurs relatives aux drogues colo- rantes dont on se sera servi ; des rouges , plus ou moins beaux, par la garance , le kermès végétal, la cochenille, le fernambouc ; du brun capucin, par le bois St-Martin ; du prune -monsieur , des violets d’évêque , de chañoïne, par le bois de campèêche; des faunes de différentes nuances , par le boïs jaune , la gaude, le queer-citron , les graines d'Avignon , etc., etc. En mêlant tous ces ingrédiens les uns avec les autres dans des proportions va- riées , en affoiblissant plus ou moins la dissolution acétique d’étain avec de l’eau gommée, et en y ajoutant la dissolution acétique de fer, l’on produira une infinité de nuances. Il est essentiel de gommer le mordant ci - dessus avant de l'appliquer sur le lin ou le coton; l’oubli de cette circonstance nuiroït à l'éclat des couleurs ; mène précaution doit avoir lieu quand on Tome V,. PLU VIOSE ar 7. Q 122 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE HS la dissolution acétique d’alumine. Par contre, les soieries et les faines imprégnées d’une dissolution non gommée , séchées pendant quelques jours, et teintes avec les ingrédiens énoncés , offrent des couleurs très-vives ; la laine, sur - tout , teinte en cochenille , après avoir passé à l’eau bouillante, et avoir été lavée , se présente sous le plus beau pourpre. L’intensité de ces couleurs augmentera de beaucoup, en subs- tituant à la dissolution acétique, la dissolution muriatique d’étain ; mais cette dissolution qui s’oxigène de plus en plus en séchant, et dégage successivement une portion d'acide , affoiblit le coton ou le lin qui en sont imprégnés ; la laine et ta soie en souffrent moins ; pour éviter cet inconvénient , il faut enduire l’étoffe d’une dissolution produite d’une partie de savon de Marseille et de seize d’eau , ( j'ai indiqué dans les Annales de Chimie , des préparations de savon , dont on pourroit faire usage au lieu de savon de Marseille ), la plonger , après l’avoir séchée , dans une dissolution muriatique d’étain étendue d’eau , la bien laver et la teindre. Les couleurs que l’on obtiendra, au moyen des savons, gasneront en vivacité. J'ai démontré que pour obtenir des oxides d’étain colorés , beaux et solides , il faut qu’il y reste une petite portion d’acide, pour ainsi dire combiné : mais comment se fait-il que les étoffes réparées à la teinture, par les dissolutions d’étain, présentent Le mêmes couleurs que cet oxide , quoique passées préalable- ment à l’eau bouillante , pour en emporter le sel ou acide qui pourroit y rester, et qui nuiroit à l’attraction des parties colo- rantes? Seroit-ce qu’une portion de la gomme, jouant le rôle d’un gluten, reste combinée avec l’oxide, pour remplacer l'acide dans ses effets , et que les parties animales de la soie et de la laine se comportent à l’instar de la gomme ? C’est ce qu’il seroit à propos d'examiner. Toutes les expériences qui viennent d’être détaillées , m'ont conduit à d’autres qui auroient pu devenir bien avantageuses pour la fabrieation des indiennes , si j’étois parvenu à la perfec- tion que j'espérois. J’ai souvent cherché des couleurs d’un solidité parfaite , pour qu’on puisse se passer de la teinture en chaud , ainsi que de la blanchisserie ; maintefois mes procédés m'ont donné quelque espoir , mais le succès n’a point encore répondu à mes desirs. L’on sait, par mes observations , sur le rouge d’Andrinople , insérées aux Annales de Chünie,en 1792, que j'étois déjà parvenu à dissoudre l’oxide blänc précipité de la dissolution muriatique d'étain, par un excès de liqueur alealine fixe caustique , sans ET D'HISTOIRE NATURELLE 123 ‘cependant , dans aucune modification , avoir pu parvenir à la saturation complette. J’ai remarqué depuis , en continuant mes essais sur la solidité , que les 6x: À Et , provenant du mu- riate d’étain , devenoient glutine% en les broyant avec la liqueur ‘ d’ammoniaque. Cet indice d’une action dissolvante, que je ne pus . rendre parfaite par lalcali volatil, devoit naturellement m’engager à tenter la dissolution par les liqueurs alcalines fixes caustiques. Le résultat fut conforme à mon attente , et la saturation eut lieu à tel point, qu’elle fit disparoître toute la causticité , en me faisant conclure que les parties colorantes , conjointement avec le petit excès d'acide , pourroient bien en être la cause. Je me sers ordinairement , pour ces dissolutions , quand l’oxide coloré est en poudre , d’une liqueur de potasse , faite avec une partie de carbonate de potasse en cristaux , autant de chaux, et huit parties d’eau ; je la décante et la réduis à moitié par l’éva- en J'obserye de broyer et de bien remuer la poudre avec a liqueur. La réduction de cette liqueur se fait au quart , lors- qu’on se propose de dissoudre l'oxide sans le sécher , en l’enle- vant simplement du filtre. On le mettra dans un vase, et on l'y remuera avec la liqueur. Pour éviter l'excès de potasse , il faut verser peu-à-peu la liqueur sur l’oxide , en tenir même en réserve , au cas que Yon ait mis trop d’alcali ; ce qu’une goutte sur la langue indique facilement. 4 Quand ces dissolutions n’ont pas assez de consistance par elles- mêmes , il faut les gommer. C’est par ce moyen qu’on les rend applicables, soit à la planche, soit au pinceau. Elles fixent sur le coton ou le lin , les oxides colorés qui , par un repos de quelques semaines , attirent l’acide carbonique de l'atmosphère , dont Yalcali se sature petit-à-petit. La précipitation de ces oxides peut aussi se faire promptement êt aussitôt que la toile a été séchée ( l’on obtiendra même des couleurs beaucoup plus vives ); il ne s’agit que de faire tremper, pendant quinze minutes, l’étoffe dans une dissolution muriatique d’étain étendue de vingt parties d’eau , ou, ce qui est préférable , dans une de sulfate d’alumine, faite avec huit parties d’eau , en absorbant, pendant qu’elle est chaude , l’excès d’acide par un hui- tième de carbonate de chaux. L’urf et l’autre de ces procédés, lors- qu’on s’est servi de la dissolution alcaline de l’oxide rouge carmin, provenant du muriate d’étain et d’une infusion de cochenille, produisent à-peu - près la même nuance de carmin tirant sur le cramoisi : cette nuance sera au contraire ponceau , si à la dissolution muriatique, on substitue la dissolution nitro- Q 2 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE muriatique d’étain , étendue dans la même quantité d’eau, à laquelle , pour éviter sa précipitation spontanée , l’on ajoutera un quart de muriate de on Ces couleurs sont de la même solidité que les oxides dont ellés proviennent. ! En ajoutant à la dissolution de l’oxide carmin , celle de l’oxide jaune , faite selon les proportions indiquées de muriate d’étain et. de décoction de bois jaune , l’on obtiendra de très-beaux rouges écarlates, et l’on variera les nuances à l'infini, par des mélanges de dissolutions alcalines d’oxides provenant de décoctions et infu- sions colorantes , ainsi que par l'addition d’une dissolution alca- line d’indigo , faite au moyen de larsenic, de l’antimoine en poudre, ou de la dissolution muriatique d’étain. Les diverses nuances de vert, violet et de prune - monsieur , sont particulièrement remarquables. Au reste, il est bon de pré- venir que leur égalité , dans les fonds bleus, ne s’obtient que par le traitement en cuve , et que les dissolutions d’indigo , lors- qu'elles sont gommées , et appliquées en masse étendue , soit seules, soit mêlées avec des dissolutions alcalines d’oxides colorés, sont ordinairement inégales. L'on aura soin d’éviter le trop grand excès d’alcali dans les dissolutions bleues ,sans quoi l’on n’obtiendroit que des couleurs ternes, ayant un air raclé ou teigneux , que les Allemands appellent sckabicht. L'on n’employera pas non plus, dans ces mélanges, les disso- lutions d’indigo wfaites au moyen des sulfures d’étain ( ou or musif), d’arsenic et d’antimoine , parce qu’en trempant les toiles dans le muriate d’étain , ou dans le sulfate d’alumine étendues d’eau , on précipiteroit ces sulfures , ce qui saliroit les couleurs. Le vert se produit encore par les dissolutions gommées d’in- digo , séchées sur la toïle et trempées dans la dissolution de sul- fate d’alumine , indiquée dans ce procédé. Une portion d’alu- mine se fixe avec l’indigo sur l’étoffe qui, teinte après avoir été lavée avec un mgrédient colorant en jaune , prend une belle couleur verte. Relativement aux dissolutions alcalines des oxides colorés , dont il a été fait mention , il ne sera pas inutile d’observer qu’il y en a qui présentent quelques singularités. Celle , par exemple, que lon fait de l’oxide d’étain, coloré par le fernambouc , s’é- claireit et pâlit en séchant sur la toile; mais en la plongeant ensuite dans la dissolution de sulfate d’alumine , la couleur de- vient rouge foncée. Il en est à-peu-près de même du procédé où l'on employe le bois de Campêche, l’on obtient un gris clair rou- ET D'HISTOIRE NATUREL LE.. 125 geâtre, qui est changé en violet foncé par le même sulfate d’alu- uine étendu d’eau. Je me suis réservé de ne parler qu’à la fin de ces essais de la dissolution alcaline de l’oxide d’étain coloré par la garance , parce que par ses propriétés elle diffère sensiblement des pré- cédentes. Pour obtenir cet oxide , il faut faire une infusion d’une livre de la meïlleure garance , y ajouter deux onces de carbonate de _ chaux en poudre ; et douze livres d’eau. On mettra le tout sur un feu doux , pendant quatre heures, observant de ne point sur- passer le degré de chaleur que la maïn peut supporter , et de remuer de temps en temps; cela fait et l’infusion ayant été reposée quelques minutes, on se hâtera d’en décanter six livres, pendant que la température rend encore cette opération facile ; ensuite on la versera refroidie dans une dissolution d’une once de mu- riate d’étain en cristaux , faite avec six livres d’eau, Dans ce mélange , l’oxide s'empare d’aboïd des parties colorantes de la garance , et se dépose sous la forme de caillé; mais il ne se com- porte pas comme celui de cochenille ; il faut absolument, pour en obtenir la plus intense couleur , le filtrer et le sécher avant de le dissoudre avec la liqueur de potasse. On le réduit d’abord en poudre , puis on le broye petit-à-petit avec la liqueur de po- tasse, réduite à moitié par l’évaporation , qui n’en dissout tout au plus qu’un quart au point de saturation. Cette dissolution appliquée et traitée d’ailleurs avec la dissolution de sulfate d’alu- mine, comme celle de l’oxide carmin (la muriatique d’étain étendue d’eau n’est pas avantageuse pour l’avivage ),fixera son oxide sur la toile, sous la nuance de garance superfine pulvé- risée. En l’avivant dans l’eau de son jusqu'au bouillon, il en résultera une nuance connue dans les fabriques d’indiennes, sous la dénomination de second rouge, que l’on obtiendra plus claire par l'addition d’eau gommée. Mon premier essai de cette dissolution m'avoit d’abord produit cette nuance de second rouge , qu'avec toutes les NT OS imaginables il ne m’a pas été possible de la rendre plus foncée. En général, la réussite de cette couleur d’application dépend de quan- tité de petites circonstances que je n'ai pu encore déterminer, La qualité de garance, la température, le temps de son infusion, la manière, l’époque de sa décantation, enfin tout peut y influer et procurer des résultats différens. La dissolution alcaline de l’oxide de garance dans les cas où elle a bien réussi , a assez de consistance pour n'avoir pas besoin de gomme. 126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les toiles traitées avec l’une ou l’autre des dissolutions alca- lines d’oxides colorés, retiennent avec une telle force l’excès de couleur et la gomme , qu’il faut, pour les purifier , employer le foulon et le frottement : inconvénient considérable dans les nuances foncées , mais moindre dans les claires. Le zinc, en état métallique , décompose l’eau ei degage du gaz hidrogène qui picotte le nez, sans laisser apperçevoir d’odeur sensible ; il se dissout dans la liqueur de potasse ou de soude concentrées , presqu’aussi bien que dans les acides , en employant la chaleur du bain de sable , et l’oxide de ces dissolutions préci- pité par des carbonates alcalins et édulcorés, décolore l’infusion de cochenille tout comme l’alumine édulcorée , et produit par conséquent, avec les différentes décoctions où infusions, des cou- leurs laques. L’'acétite de zinc ne sauroit néanmoins servir de mordant : l'acide s’y trouve trop intimément combiné et ne s’en dégage pas par la dessication ; PO le fixer sur l’étoffe , il fau- droit se servir d’un carbonate alcalin. La dissolution alcaline de l’oxide de zinc que l’on ne peut priver d’aucune manière de sa causticité, ne pouvant admettre une plus forte dose d’oxigène, est incapable ( ainsi que je l'ai annoncé dans mon Mémoire sur les dissolutions d’indigo ) de contribuer à la dissolution de cette fécule colorante : l’alcali ne erdant pas sa causticité , ne ne servir à la dissolution de Foxide de zinc coloré, et produire des couleurs qui ayent le moindre rapport avec les dissolutions alcalines des oxides d’étain colorés. En ne considérant que l’analogie des effets qui ont lieu dans la teinture , entre quelques ds métalliques et l’alumine , et en supposant que les terres ne sont que des radicaux particuliers oxigénés, l’on seroit tenté de croire que tous les métaux ne sont eux - mêmes que des combinaisons, en différentes proportions de ces radicaux avec le carbone ou l’hidrogène. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 127 SUR LA VALLISNERIA; Par Philippe Prcor-Larrevrouse, membre de l'institut national, professeur d'histoire naturelle aux écoles centrales deg Haure - Garonne. LL navigation du canal du midi, ce monument du génie de Riquet , est gênée dans tout son cours , souvent. arrêtée dans s quelques-unes de ses parties par une plante aquatique qui végète au-dessous du niveau des eaux. Le fond de ce canal en est re- couvert en entier. On a tenté différens moyens pour y extirper cette plante, vraiment nuisible; tous ont été inutiles. On est réduit , dans les endroits les plus fournis , à rompre la résistance que l’immense quantité de ses feuilles, leur longueur, leur entre- lacement, opposent aux barques , à les faucher sous l’eau , par le moyen de faulx roulantes. Maïs cette opération , en diminuant le mal pour le moment, en augmente la cause, puisqu'elle fait taler avec plus de force cette plante traçante par sa nature. Le hasard a fait découvrir une substance qui la détruit pour un grand nombre d’années : c’est une forte dissolution de mu- riate de soude. Une barque, chargée d’environ 74 myriagrammes de sel marin , ayant coulé bas dans une resenue toute encombrée de cette plante, elle périt promptement dans toute la partie du canal que la dissolution du sel avoit pu atteindre : il s’est écoulé plus de quinze ans avant qu’on y en ait revu une seule touffe. Malheureusement ce remède est impraticable sur une étendue de 48 lieues. s Cette plante , connue sous le nom d’algze par ceux qui fré- quentent le canal , y végète peut-être depuis qu’il a été creusé. Les employés les plus âgés l’y ont toujours vue, et ceux qui les avoient précédés se plaignoient aussi amèrement du dommage qu’elle causoit. On enlève chaque année une partie des vases dont le lit du canal #obstrue : on pousse les feuilles à un mètre , jusques à deux dans quelques parties, On devroit s’attendre qu’en prenant , pour ainsi dire , sous œuvres les racines de cette plante, elle seroit détruite, au moins partiellement, Point du tout , elle repousse presque sur-le-champ avec une nouvelle vigueur , se multiplie avec une profusion égale aux puissans moyens de multiplication 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu’elle a reçus , et porte à la navigation des obstacles toujours renalssans. Les eaux du canal ont charrié dans la Garonne, les semences de ce végétal ; nous l'avons retrouvé jusques à une demi-lieue au-dessous deson embouchure, dans des rescifsvaseux ; car la vase et les eaux tranquilles sont nécessaires à son existence. Ainsi il n’est pas à craindre qu’il $e multiplie dans ce fléuve, au point d’y devenir dangereux. La rapidité de son cours s’opposera toujours à ses progrès. . Une petite plante qui produit d’aussi grands effets, a dû fixer l’attention de ceux que leur devoir autant que leur propension particulière , attache à l’observation des corpsnaturels. J'ai étudié les plantes aquatiques de notre canal, j'y ai trouvé des reron- cules d'eau , des volanis d’eau, des épis d'eau , la renouée aquatique : \e nénuphar ÿ croît dans les parties chaudes ; mais ces plantes plus où moins nuisibles ne sont pas capables de former de grandes masses qui opposent aux barques une résis- tance presque insurmontable. C'est cette aloze seule qui cause tous ces maux. J'avoue que ce n’est pas sans surprise que j'ai reconnu en elle la va/lisneria, plante à qui son organisation toute singulière et vraiment admi- rable , a mérité le nom de wyracle de nature. Micheli avoit observé le premier la structure et le jeu éton- nant de ses organes; mais ne connoissant pas les parties sexuelles, il n’avoit pu en saisir toutes les reset puisqu'il avoit fait deux genres distincts du mäle et de la femelle, Linnœus en a donné une excellente description. Jussieu en à tracé les caractères avec la sagacité qui le caractérise. | Mais tout le monde ne lit point Le ouvrages de cet illustre réformateur de la botanique , et peu de personnes ont vu, de leurs propres yeux, les singularités de l’organisation de la va//is- neria. Je vais donc traduire ce que Micheli et Linnæus en ont écrit; j'ajouterai ensuite quelques faits qu'il me paroît que ces hommes célèbres n’ont point connus. Je réunirai ainsi, dans un seul cadre , tout ce que nous savons de ce végétal. Les plantes ainsi que les animaux, ont des habitudes dépendantes de RS organisation. Il est nécessaire, sans doute, de $e fixer sur les caractères systématiques ; mais ilest bien plus important d'étudier leurs mœurs. Les difficultés de cette étude impossible à ceux qui n’observent les corps naturels que dans des collections, ont sans doute empêché jusqu'ici qu'on ne lait entreprise ; c’est néan- moins une partie essentielle de l’histoire des végétaux. C’est le motif qui m'a décidé à tenter cet essai , et à consacrer un article aux à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 aux sœurs du végétal , pour chacun de ceux dont je traite dans la Flore des Pyrénées. Mais revenons à la vallisneria , et écou- tons d’abord Linnæus. « Le mâle a une hampe très-courte, droite, et qui ne peut jamais atteindre la surface de l’eau. Il porte ses fleurs en tête ; » 1l les laisse échapper avant qu’elles soient épanouies. Fermées » auparavant et concaves , elles s'ouvrent dès qu'elles sont par- » venues à la surface de l’eau. Elles nagent par le moyen de » leurs corolles autour des femelles , à la manière des canards, » et lancent leur poussière sur les femelles encore vierges qui » nagent auprès des mâles. » La femelle a une hampe très-longue , tournée en spirale, à » la manière du cyclamen (pain de pourceau ). Cette hampe, » terminée par une fleur qui lui reste attachée , est cachée sous » l’eau ; elle s'élève, se redresse, s’allonge jusques à ce qu’elle » puisse atteindre sa surface. La fleur , toujours fixée à la hampe, » s'épanouit aussitôt : et, après avoir resté ouverte pendant quel- » ques jours, la femelle, rassasiée et n'ayant plus besoin de » mâle, se retire de nouveau sous l’eau pour y propager son » espèce. (Lin. Hort. Cliff. 454) ». Voici ce que Micheli a observé. (Nova gener., p. 12 et 13). « C’est une chose digne d’admira- » tion et presque sans exemple dans ses fleurs(de la va//isneria) » de les voir se détacher de la plante avant qu’elles s’ouvrent, » s'élever du fond de l’eau jusques à sa surface, s'y épanouir » subitement par leur élasticité propre. Au même instant leurs » folioles (/es pétales) se contractent en dessous les uns contre » les autres. Les fleurs , tout le temps de leur durée, voguent en » troupes à la surface de l’eau. J’ai vu, en été et en automne, » l’eau blanchie par les fleurs qui se développent chaque jour , et » ressemblent à un petit pré émaillé de fleurs ». J'ai vérifié ces observations ün grand nombre de fois ; je dois en corriger ou modifier quelques-unes , et y en ajouter de nouvelles. . Les racines de la vallisneria sont composées de longues et nombreuses fibres perpendiculaires : elles végéteroient difficile- ment ailleurs que dans une terre profonde , toujours humectée et fortement attenuée : elle tale singulièrement. Il part de sa racine un grand nombre de trainasses qui jettent aussitôt de nouvelles fibres. La vase facilite leur développement et leur reprise. Les feuilles, toujours vertes, partent toutes de la racine. Leur longueur est proportionnée au volume d’eau qui les recouvre : car elles ne s'élèvent jamais à sa surface, quoiqu’elies flottent Tome Y. PLUVIOSE «x 7. R ÿ \ 139 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE très-près sur les bords des talus du canal, elles n'ont qu'envirom trois décimètres de longueur > tandis dr dans la profondeur de- son lit, elles ont un mètre et plus. Elles sont longues , étroites ,. linéaires. Aussi ceux qui ne jugent des corps naturels que par leur comparaison en masse avec des objetsusnels, l’ont prise pour une aloue , dont ils font un usage habituel ( zostera marina. Lin. ) Cette plante est dioique , c’est-à-dire , qu'elle a des pieds mâles et des pieds femelles. Ils ne diffèrententre eux que par les hampes et les parties de la fructification ; ils sont placés pêle-mèêle. Chaque pied porte plusieurs hampes , toutes axillaires. Elles. sont plus nombreuses chez les mâles que chez les femelles. Les hampes mâles sont droites et ne s’élèvent jamais à un déci- mètre. Chacuüne est terminée par une spathe applatie, allongée , obtuse » iransparente , Sans aucune suture ; elle se rompt et ne: s’onvre pas , car elle est d’une seule pièce , en deux, trois ou quatre lanières qui se replient sur la hampe , et pourrissent bientôt après. Alors le poinçon commun est à découvert. ILest petit, coni-- que , et chargé de petits grains d’abord rougeâtres et concaves ; ce sont les fleurs. Je les ai vu s'ouvrir tandis qu’elles adhèrent encore au poinçon , même avant la rupture de la spathe : elle ne s’en détache même qu'après leur épanouissement. C’est vraiment une chose merveilleuse de voir ces fleurs inutiles à la fécondation si elles restoient , comme celles des autres végé+ taux, fixées à la plante, s’en séparer par un jet élastique , monter à la surface de l’eau, y arriver à la file les unes des autres. -J’ai mis des pieds mâles de cette plante das un bocal de verre rempli d’eau ; j'ai vu les petits jets de leurs fleurs s’élancer vers la surface. Je les ai vu s’onvrir d’abord, se détacher, se suivre, se chercher, se réunir ensuite à la surface de l’eau , et voguér,, ainsi portées par les pétales , au gré de la plus légère bon Leurs anthères , qui en forment la partie la plus saillante , sont d’un blanc de neige, rameuses , et non pas simples , comme Linnœæus l’a marqué. ( Gen. Plant.) . Les femelles ont une toute autre structure. Leurs hampes sont tournées en spirale, et ressemblent parfaitement aux ressorts d’un store. Elles se déployent, s’allongent , se redressent tout autant qu’il le fant pour que la fleur puisse arriver à la surface de l’eau. Ce qui fait que la longueur des hampes varie prodigieusement, Elle est toujours proportionnée à l’espace qu’elles ont à parcourir pour parvenir à la surface. J’en ai vu d’un demi - mètre ; celles qui partent du fond du canal en ont deux, souvent trois. C'est un spectacle singulier de les voir promener leurs têtes LS 1 Labs ET D'HISTOIRE NATURELLE. 131 allongées, nager à lasurface, aller, venir ,se tourner, se retourner en tout sens , lors même que le plus léger zéphir ne trouble point le calme le plus parfait des eaux, Mi EN , attirer, se mêler aux petites troupes de fleurs mâles. Le matin, lorsque les rayons du. soleil commencent à dorer la surface de l’eau, elles se reti- rent ; la hampe se contracte, se replie en spirale, et la fleur, abritée par les feuilles , se soustrait aux ardeurs brûülantes de ‘Vastre-du jour. Dès que le soleil disparoît de dessus l’horizon , elles reviennent en foule sur l’eau. Enfin, lorsqu'elles sont suffi- samment fécondées, la hampe se contracte de plus fort, tous les contours de la spirale se pressent les unes contre les autres, la fleur femelle vient se placer debout dans leur centre, et brave, dans ce retranchement , les attaques de ses ennemis ; car quel est l'être qui n’en a pas? J’ai tenté plusieurs petites expériences pour savoir à combien de reprises les fleurs femelles revenoient chercher les mâles ; je suis bien certain que c’est plusieurs fois, mais je n'ai pu déterminer précisément la durée de la floraison. La capsule est cylindrique et très-longue, eu égard. à la fleur ; jen ai observé d’un décimètre. Elle renferme un nombre prodi- gieux de sémences attachées à ses parois. Elle est d’une seule pièce et n’a qu'une seule loge. D'abord après la fécondation, la cavité de la capsule se remplit d’une liqueur consistante et vis- queuse , dont l'odeur est spermatique et nauséabonde. J’ai tenté vainement de découvrir la manière dont la capsule s'ouvre. Toutes celles dont les semences avoïent atteint leur maturité , étoient pourries à leur extrémité , et ce qui restoit de la capsule étoit vide et sans semences. Est-ce que tout seroit hors des règles communes dans la fructification de cette plante? Les semences sont grêles ,effilées, aiguës, noires et lisses. J'en semerai au prin- temps prochain, avec les précautions convenables, pour m’assurer si elles sont à un ou à deux lobes. L’étonnement qu'a dû causer la multiplication prodigsieuse de cette plante , doit cesser à la vue des moyens extraordinaires qui la facilitent. Nous l’éprouvons dans le degré le plus éminent, et par malheur il ne nous est pas donné de prévoir, de penser même qu'on puisse découvrir un moyen efficace pour l’'extirper. Nous souffrons du mal qu'elle cause , mais nous ignorons le bien qu’elle peut produire. La nature n’a rien fait en vain. Pourroït - on croire qu’elle n’a pourvu la vallisneriæ d’un appareil d'organes aussi puissant qu'extraordinaire , qu’elle leur a attribué un mécanisme aussi singulier, uniquement pour faire 4 13 e] . . du mal ? Tout est en harmonie dans l'univers : d'aussi rares fa- SPL 32 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE veurs supposent de grands motifs d’utilité. Le hasard, auteur des découvertes les plus précieuses , enseignera peut-être un jour à. nos neveux, non-seulemeni l’art de se débarrasser de cette plante: importune, mais encore peut-être celui de la faire servir à quel- qu'usage important dans l’économie, les arts ou la médecine. N. B. L’Aortensia, ou rose du Japon, a fleuricette année pour la première fois dans le jardin de notre école centrale. Ces fleurs magnifiques ont duré pendant les mois de messidor, thermidor et fructidor. J’en ai fait la description; elle ne concorde pas tout- à-fait avec celle des auteurs. J'attends, pour la completter ; que: den fruits qui ont noué, puissent me fournir le moyen de e faire. mm D D meme | DE DT R ET D EC HOU MR ONLIDIE AT = CrDNE LL ANNE AE ENRUIRES Sur l'absorption de l’oxigène par les terres simples. J E vois, par une lettre que Saussure fils vient de vous adresser, que ce physicien révoque en doute mes expériences sur l’absorp- tion de l’oxigène par les terres humectées. Il regarde cette absorption « comme une découverte importante ; mais il croit » pouvoir assurer que cette décomposition de l'air atmosphé- » rique par les terres n’a pas lieu , quand ces dernières sont dé- » pourvues de toute substance végétale, et que l’on n’emplose » pas deleau bouillie ». Lorsqu'on annonce avoir travaillé sur des zerres simples , dans les laboratoires d’un Vauquelin et d’un Fourcroy, c'est assez dire qu’on s’est servi de zerres dépouillées de substances vévétales et d’une eau distillée. J’ignore pourquoi Saussure fils na pas pu voir l'absorption de loxigène dans les expériences qu'il dit avoir faites sur l'alumine , la chaux. . ... Je sais que certaines affinités n’agissent qu'à un certain degré d’humi- dité. Je ne prononce pas sur la saturation d’oxigène que l’on doit admettre dans les terres humectées et exposées au soleil. Accoutumé à consulter la nature , par la voie de l'expérience , je n’ose point hasarder au-delà des faits que j'ai observés. Je regarde même (ainsique je l’ai déjà annoncé dans mon Mémoire sur les terres) comme très-problématique : si ce sont les bases ierreuses qui se combinent avec l’oxigène, ou si (ce qui n’est pas. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 13% moins étonnant )} ces bases donnent à l’eau la propriété de dissoudre l’oxigène. Je ne prononce que sur ce que j'ai vu, et ce que j'ai yu avec d’autres accoutumés à mieux voir que moi. Dans plus de trente à quarante expériences faites avec de l’alu- mine, de la chaux, de la baryte. . ... l'air a été, ou réduit en, azote pur, ou desoxigéné , jusqu'à 0,02 à 0,09. Je demande si jamais chimiste a converti de l’air atmosphérique er azote pur, en le mettant en contact avec de l’eau de source bouillie ou dis- tillée ? L’azotation que subit l’air par une eau quelconque , ne ya qu’à un certain degré que j'ai déterminé par un grand nombre d'expériences exposées dans mon ouvrage sur la moïfetie des mines, Au mois de février, je décomposai l'air atmosphérique par un argille grisâtre , tirée d’une mine de sel gemme, à 40 toises de profondeur. Il ne resta que 0,01, ou 0,c2 d'ékigène. Plusieurs mois après je vis, avec Lillustre Vauquelin, que l’argille blanche de Montmartre absorba à une température de 14 à 17° Réaum. plus d’oxigène atmosphérique que le phosphore. En travaillant sur l’humus et les oxides de carbone et d’hidrogène qu’il con- tient , je mis des terres simples humectées en contact avec l’air. En 9 jours, je trouvai un azote tout pur. Je portai une partie de: ce résidu à Fourcroy et à Vauquelin. Je lanslysai sous leurs yeux par le gaz nitreux ; nous trouvâmes qu'il n’y avoit aucune diminution du gaz. Etonnés de la singularité de ce phénomène , ces deux chimistes célèbres m’engagèrent de répéter mes expé- riences sur les terres dans leurs laboratoires. Ce travail se fit dans les dernières décades que je passai à Paris, il se fit conjoin- tement avec mon ami Tassaert , dont la grande exactitude dans les analyses chiniques devoit me garantir des erreurs que je pouvois conunettre. Les ex::ériences faites dans les laboratoires de Vauquelin et de Fourcroy, donnèrent les mêmes résultits que celles que je répétai chez moi , et il parut inutile de constater davantage un phénomène aussi simple que curieux pour la phy- siologie végétale. Voilà le récit fidèle de la manière dont j'ai suivi mon travail sur les terres. Vous jugerez vous-même si quelques expériences zsgatives suffisent pour en prouver l’zxexactitude que Saussure vous annonce. Plus on travaille soi-même , et plus on reconnoît combien il faut suspendre son jugement, enne voyant pas d'abor les mêmes phénomènes que d’autres chimistes ont observés. Ce que le physicien de Genève vous annonce sur mes recher- ches eudiométriqnes ne m'a pas paru clair. Jamais je n'ai con seillé d'essayer l’air par le gaz nitreux et le sulfate de fer. Mons 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mémoire sur le gaz nitreux, et celui de Vauquelin, sur le sulfate de fer, prouvent assez que cette dernière substance (comme l'acide muriatique oxigéné) ne me sert qu’à déterminer la quan- tité d’oxigène qu'il faut pour seturer un centième de gaz nitreux, ou à réduire les degrés de l’eudiomiètre de-Fontana en millièmes d’oxieène. Il w’est Gonc pas question du tout d’une analyse par Je sulfate de fer ; maïs les chimistes éclairés jugeront si avant mes expériences, on a connuexactement la quantité d’azote con- tenu dans le gaz nitreux, la formation du nitrate d’ammoniaque par ce même gaz et l’eau distillée.....® Un grand nombre d'expériences prouvent d’ailleurs que la solution du sulfate de fer employée à une température de 30 à 4 degrés, absorbe jus- qu’au dernier atôme de gaz nitreux mêlé à l'azote. Car, en introduisant du gaz oxigère, le volume du réside n’est pas dimi- nué. La conuoïssance de la manière dont agit le sulfate de fer sur le gaz nitreux (connoïissance que l’on doit à la sagacité de Vauquelin ) a donc beaucoup contribué à perfectionner le tra- vail eudiométrique. — Quant à l'eudiomètre à phosphore, il assure que j'en ai mal déterminé les limites de l'erreur, quoi- qu'il avoue lui - même que cet instrument laisse un résidu de 0,06 à 0,07 d’oxigène. J'ai vu très-souvent des absorptions deo,25; mais aussi de 0,17, selon que la combustion étoit rapide ou lente, etselon que la forme du vase permettoit à l’oxisène atmosphérique d'échapper au contact du phosphore. J'ignore donc si l'eudio- uètre à phosphore peut être préféré à celui de Fontana, qui absorbe nettement, et dans lequel (si lon veut opérer exacte- ment) dix expériences faîtes sur le même aïr ne différent pas d’un degré, c'est-à-dire de 0,005 d’oxigène. Au reste le Mémoire sur le phosphore , que j'ai publié dans les Annales de Chimie , a our but deléterminer les affinités ternaires entre le phosphore, Fazote et l’oxigène , et de prouver comment nn gaz azote, dans lequel le phosphore se fond sans lueur , peut contenir jusqu'à 0,09 d’oxigène. P. S. Ayant conservé , par hasard , une partie des petites yotes qui m'ont servi à rédiger mon Mémoire sur les terres sim- ples, je puis vous communiquer le détail de quelques expériences. L'air atmosphérique décomposé étoit de 107° à 1090, ou de 0,261 à 0,256 d’oxigène. Quatre à cinq pouces cubes furent mis en contact avec environ autant de pouces cubes deterres humectées d’eau distillée. Les flacons étoient fermés par des bouchons usés à l’émeril, et souvent plongés sous l’eau. L’air en contact avec - eau distillée, ne perdit, en 10 à 15 jours, pas 0,008 d’oxisène. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 135 Il ne changea jamais au - delà de 10,5 en pureté. Température 10 à 120 Réaum. Alumine depuisle 17 fructt. jusqu’au 4 vendem. en deux flacons, de l’azote pur. k Baryte dem, résidu à 0,08 d’oxigène , donc 0,18 d’absorbés.. Alumine du 5 au 14 vend. azote pur. Alumine du 6 an 14 vend. résidu à 0,08 d’oxigène.. ; Alumine idem résidu à 0,12 d’oxigène. Chaux du 6 au 14 vend. résidu à 0,20 d’oxigène. Baryte, idem à o,11 d’oxigène. Alumine en 2 heures (à 6o° Réaum.), absorba 0,03. L'en- mètre indiqua, au lieu de 106 degrés , 1170. BRUT SERRE DU PROFESSEUR SPALLANZANI AU CÉLÈBRE CHIMISTE GIOBERT, Sur les plantes renfcrmees dans des vases remplis d'eau et d’air, et exposées à la lumière immédiate du soleil , ou à lombre. à TRADUITE DB LIT ALIEN. Vore vous rappellerez, sans peine, que lorsque vous vintes à Pavie , l'hiver dernier , et que vous voulûtes bien m’honorer d’une visite , je vous parlai, entr'autres choses, de quelques observations que j’avois commencées sur l'air que fournissent les plantes exposées au soleil, Je vous dis qu’elles m’avoient paru différentes. de celles. que deux illustres physiciens , Ingen- housz et Sénébier , aveient faites avec les mêmes plantes , mises dans l’eau. Je crois encore que je vous fis part des motifs qui me déterminèrent et me forcèrent presque à me livrer à ses recherches. T’intérêt que vous y prîtes et le desir que vous témoignâtes d’en connoître l'issue , me font espérer que vous en apprendrez avec plaisir les principaux résultats. Mais per- mettez auparavant que je AUS » en peu de mots : quelques- unes de mes observations sur les plantes plongées dans l’eau, et exposées à l’ombre ou au soleil : elles ont un rapport trop direct à mon but. Une des principales recherches de ces deux philo 235 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sophes a été la quantité et la qualité de l’air que les plantes pro- duisent dans l’eau. Sa quantité déterminée , ils sont d accord sur sa qualité, que cet air , à raison de l’oxigène qu’il contient en abondasce , est ordinairement beaucoup plus pur que celui de l'atmosphère, et ils fixent même le degré de pureté qu’il acquiert. Leursrecherches ne pouvoient s'étendre plus loin ayec les moyens 4iors employés dans ces opérations. Le gaz oxigène qu’ils obte- noient des plantes n’étant jamais pur , ce me semble , il s’en- suivoit qu'il devoit être mélangé avec quelque substance méphi- tique. Müis quelle est la nature de cette substance ? Il importoit de le savoir , et j'ai trouvé , avec votre eudiomètre , que le gaz oxigène fourni par les plantes mises dans Peau, est insépara- blement uni au gaz azote , et souvent encore au gaz acide car- bonique. Je me réserve d’en fixer, à son lieu , les proportions. Sénébier a été le premier à observer que les plantes trans- irent au soleil une plus grande quantité d’air, et que cet air est infiniment plus pur, lorsque les plantes sont dans une eau saturée d'acide carbonique. Il observe , au contraire , que l’eau dépouillée de cet acide par la distillation ou l’ébullition , les plantes pro- duisent alors moins d'air que dans Peau commune, Il trouve cependant une exception dans la joubarbe (semper vivum) : elle fournit souvent la même quantité d'air, soit dans l’eau bouillie ou distillée , soit dans l’eau commune, Mes observations s'accordent parfaitement avec les siennes pour ce qui regarde cette plante exposée au soleil dans une eau privée d'acide carbonique, par le moyen de l’eau de chaux, Mais je trouve en outre qu’un nombre assez considérable d’autres plantes fournissent un air aussi abondant et aussi pur dans cette eau que clans Peau commune. Je ferai voir, de plus, que différentes plantes, exposéesan soleil, offrent ce phénomène, même dans l’eau de chaux. Quant à l'eau impregnée d'acide carbanique , mes expériences m'ont aussi démontré que l'air quis’échappe de quelques plantes, est plus abondant que dans l’eau commune : que dans d’autres plantes, cette quantité est égale lorsque l’eau est foiblement aci- dulée ; mais qu’elle est beaucoup moindre, si l’eau est saturée de cet acide. Mais que penser de ces anomalies? Peut - être que certaines plantes demandent la présence de l'acide carbonique (en tant qu'elles le décomposent) pour produire une si grande quantité d’oxigène , et que d’autres fournissent ce gaz par la simple dé- composition de l’eau. Vous voyez que je fais ici allusion aux deux grandes théories qui maintenant ont le plus de en 6 théories tt NES HSE ME EMA eee FE), ET D'HISTOIRE NATURELLE. 137 théories soutenues et appuyées par des auteurs respectables , et sur lesquelles je me permettrai de dire librement mon opinion. Si, au lieu d'exposer à l’action immédiate du soleil, les plantes mises dans l’eau , on les laisse à une obscürité , soit naturelle , soit artificielle, lascène change entièrement de face. Ingenhousz et Sénébier ont considéré ce changement sous deux aspects divers. Le premier veut que les plantes produisent alors un air simple- ment méphitique et en très-petite quantité ; le second soutient qu’elles n’en donnent d'aucune sorte , et que si par hasard on y en trouve, cette petitefquantité est le produit d’une fermentation qui commence. Je n'aurai jamais la présomption de m'’ériger en juge pour tantas componere lites , moi, qui depuis six mois seulement suis entré dans une carrière qu'ils parcourent depuis plusieurs années avec tant de distinction. S'il m'est permis cependant d’exposer mon avis, je dirai qu'une longue suite de faits m’en- gagent à pancher pour l’opinion du naturaliste de Genève. Les observations sur les plantes couvertes d’eau devoient me servir de terme de comparaison pour les expériences de celles que je laissoïis dans l’air. Ainsi , dans le même temps que je mettois, dans des récipiens pleins d’air commun , les plantes soumises , tantôt aux rayons du soleil, tantôt à l’obscurité , je renfermois d’autres plantes , avec les mêmes circonstances, dans des récipiens remplis d’eau. J’entrai à dessein et avec satisfac- tion dans cette intéressante matière , par deux raisons : 19. Parce qu’elle offroit en grande partie un sujet presque nouveau ; car les deux auteurs , dont nous avons déjà parlé , m'ont principalement examiné que le gaz oxigène fourni dans l’eau par les plantes exposées au soleil, et j'ignore que d’autres se soient livrés à de telles recherches. 20, Parce qu’en expérimentant les plantes terrestres dans l'air atmosphérique , j’avois l'avantage de les obsérver dans l’état que leur a destiné la nature pour naître, végéter et se réproduire; état dans lequel elles sont plus propres, pendant la végétation, à verser dans l’atmosphère le gaz oxigène ; tandis qu’en les plon- : geant dans l’eau, on les oblige à garder une situation presque violente, parce qu’elle n’est pas naturelle. Il n’étoit pas à craindre que l’air qu’elles fournissent n’apportât, en se mêlant avec celui des récipiens , de la confusion ou de l’équivoque dans les résul- tats ; Car connoissant le volume de l’air commun contenu dans le récipient, après l’avoir mesuré avec un tube graduüé, je savois, en restituant l’air à ce mème tube, si et de combien son volume Tome V. PLU VIOSE az 7. S N'RIL CTRAN A2 VAINCU 4 0 ic &rt î .138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s’étoit accru ; et le diamètre me montroit le degré précis d’amé- lioration qu’avoitacquis l'air atmosphérique (1). Ingenhousz, appuyé sur des argumens analogues, pense que les plantes transpirent en plein jour et à l'air libre, une quantité infiniment plus considérable de gaz oxigène , que celle que nous voyons s'en échapper quand elles sont plongées dans l’eau. Sénébier est d’un sentiment contraire. Il veut au moins que les plantes donnent une moindre quantité d'air, entourées de ce fluide, que lorsqu'elles sont mises dans l’eau ; et il en apporte des raisons très-plausibles. Il croit cepéhdant que cette petite quantité d’air est plus propre à la respiration que celui de Patmos- phère. L'unique moyen de prononcer sur cette diversité d’opi- mions , étoit de consulter la nature , et tels ont été les résultats, après une quantité prodigieuse de végétaux exposés dans l’air et dans l’eau à l’action immédiate du soleil. Les plantes renfermées dans l’eau me fournirent toutes ou presque toutes , une qualité d’air que la quantité du gaz oxigène rendoit beaucoup plus pur que l'air atmosphérique. Quelques- unes donnèrent un tiers en sus de ce gaz , d’autres le double et le triple , et quelques - unes le quadruple et même davantage. Mais le résultat fut bien différent dans l'air atmosphérique et pour la quantité et pour la qualité du gaz qui étoit produit, Souvent le volume d’air avoit augmenté de quelques centièmes. Cette augmentation étoit quelquefois égale au volume d’air fourni dans l'eau par les mêmes plantes. Maïs quelqu’autres fois elle étoit inférieure , et plus d’une fois elle étoit nulle (2). Quant à la quantité du gaz oxigène donné par les plantes, il est vrai | qu'il y en eut tres-peu qui fournirent un air dont le gaz oxigène étoit moindre, que celui de Patmosphère. Le volume d’air étoit le même dans le plus grand nombre des plantes. Dans une infinité d’autres il étoit supérieur de quelques centièmes. Les plantes qui en donnèrent le plus, accrurent de quatre , de cinq , de six , ou de neuf centièmes au plus, le gaz oxigène atmosphérique (3). (1) Je me réserve, dans le Mémoire que je publierai sur ce sujet, de noter toutes les précautions et toutes les attentions que j ai apportées dans mes expé- riences , et que j'ose dire avoir poussées jusqu'au dernier scrupule. (2) Ici on à fait au texté italien un changement qui a été fourni par l’auteur même au traducteur. É (3) Ces dernières plantes étoient probablement les mêmes que celles dont parle METAQUrs à et qui avoient la propriété de corriger en plein jour la corruption e l'air. BEND'HIS TO PRIE "NATURE TE. 139 En prenant un terme moyen, la quantité du gaz produit par les plantes mises dans l’air étoit donc très-petite , en comparaison de celle qui s’en exhale dans l’eau; et néanmoins il restoit à con- clure que cette amélioration de l’atñosphère, qu’on attribue au az Oxisène fourni par les plantes couvertes d’eau , ne saurait être telle, si l’on vent que les plantes produisent ce mêmeteffet, quand elles sont dans l'air. Maïs que dirons-nous des plantes qui croissemt dans l’obscu- rité ? et par obscurité je n’entends point seulement l'ombre de la nuit , mais celle des appartemens uniquement éclairés par la lumière réfléchie du soleil. Ici j’avois été prévenu par l’illustre physicien hollandois ; il démontre qu’alors les plantes corrom- fée Pair atmosphérique, et pense qu® c’est l'effet d’une exha- aison vénéneuse des plantes mêmes , qu'il croit se composer de gaz acide carbonique et d’air entièrement méphitique Quoique nous soyons d’un même avis sur la corruption d Pair , nous différons néanmoins essentiellement sur les causes qui y donnent lieu. Je n’ai pas cru me livrer à un travail inutile que d’entrer dans cette seconde recherche. Le ciel de Pavie étant plus souvent obscurci et chargé de vapeurs marécgeuses, que serein et bril- lant, je pouvois entreprendre toutes les expériences que je croyois nécessaires; et elles ont été en très-grand nombre. Le résultat que m’a fourni chaque plante , a constamment été le suivant. Je ne m’apperçus jamais d'aucune augmentation dans Pair com- mun renfermé dans le récipient. Je trouvois , au contraire, qu’il diminuoit de quantité, et qu’il s’étoit altéré par la décomposition successive de son gaz oxigène, et la formation d’un gaz acide carbonique , et qu'après quelques heures le gaz oxigène étoit entièrement consumé. La corruption de l’air commun provient donc de la propriété qu'ont les plantes de former , avec son oxigène , de l'acide carbonique. Si je transportois ensuite ces lantes de l’obscurité au soleil, ou même à la simple lumière u jour, elles ne cessoient point.de répandre dans l’eau, où elles étoient plongées , un nouveau jet de gaz oxigène. Ainsi l’alté- ration que les plantes apporteront à l'air respirable , sera très- considérable , si l’on veut calculer et le temps de la nuit, et Vobscurité des jours pluvieux ou chargés d’épais nuages, et l'ombre même que donnent, dans un beau jour, les arbres épais et touffus sur les parties inférieures et sur les plantes voisines et opposées aux rayons du soleil. L:s observations dont on a parlé jusqu’à présent , regardent les feuilles et les sommités des plantes , comme étant les parties qui fournissent, au soleil , une plus grande quantité de fluide DA 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE aëriforme. Mais il en est d’autres qui, dans l’obscurité (et quel- ques-unes même au soleil), méphitisent l'air atmosphérique. Vous voyez bien que j'entends parler des fleurs et des fruits. Cette importante découverté est encore. due , en grande partie, au sayant Ingenhousz. J'ai eu le plaisir de la vérifier dans un nombreprodisieux de fleurs et de fruits, et peut-être elle n’admet aucune exception dans tout le règne végétal. Quant au méphi- tisme de l’air agmosphérique, qu'il fait dépendre d’un gaz délé- tère exhalé par les plantes, je ferai voir qu’il a la même cause que celui qui corrompt l'air ombragé, dans lequel sont situées les feuilles et les rameaux des plantes. En résumant les principaux faits relatifs aux plantes exposées aux rayons du soleil, ow laissées à l'obscurité dans un fluide aëriforme , il s'ensuit que les feuilles et les sommités des végé- taux augmentent, lorsqu'elles sont dardées par le soleil, la propor- tion du gaz oxigène : que cependant cette augmentation est bien loin d’être aussi considérable qu’en l’avoit crue jusqu’à présent: qu’au contraire les deux parties des végétaux diminuentle gaz oxi- gène pendant la nuit et les jours nébuleux, en lés transformant sans cesse , quoique lentement, en gaz acide carbonique. Que les fleurs diminuent davantage l'air vital, soit à l'ombre , soit au soleil , et que les fruits donnent à - peu - près ces résultats. Que faudroit-il donc conclure de ces faits contradictoires ? Que la détérioration, dans l'air vital, est supérieure à l’amélioration, ou plutôt que le mal est balancé par le bien, de manière que les plantes établissent une espèce d'équilibre entre la production et la destruction de l'air vital, à-peu-près comme la mortalité est compensée dans les animaux par leur reproduction ? Mais dans l’une et l’autre hypothèse , comment le règne végétal pourra-t-il donc, avec son oxigène, purilier l'air atmosphérique, sans cesse corrompu par l'immense quantité d'acide carbonique produit par la respiration de l'homme et des animaux , par la fermentation, la combustion, ete, , comme pensent la plupart ? Vous concevez bien que si, par les idées éparses dans cette lettre, je n'ai pas assez de faits pour vous convaincre , je pourrai au moins vous oïfrir des choses qui ne seront pas entièrement indignes de votre approbation, Maisne pouvant vous satisfaire, je ne saurois être sa- tisfait moi-même; quelle que soit mon opinion , vous la trouverez dans le Mémoire que je vous adresserai sous peu. Je me suis dé- terminé à le mettre au jour , pour avoir , outre Votre sentiment, celui des connoïsseurs judicieux, et particulièrement du célèbre Sénébier qui, dans le règne végétal, et sur-tout dans cette ma- tière , a fait de si profondesrecherches, etauquel je communique fe & :EÆT D'HISTOIRE NATURELLE. 144 par la correspondance littéraire que nous entretenons, le Journal de mes Observations. Je desire que , dans ce sujet important, le public éclairé et impartial porte son jugement. Si j'ai eu le bon- heur d'atteindre le but, mon amour - propre sera agréablement satisfait : si je me suis trompé, je n'aurai pas de peine à re- tracter mon erreur ; car je pie vous assurer , avec ingénuité , que dans la recherche des choses naturelles Altro diletto che imparar non trovo, Vous savez que plusieurs physiciens croyent que non -seule- ment les plantes, mais encore Le eaux qui couvrent en pañtie la surface du globe, concourent à purifier Vair , en décompo- sant l’acide carbonique qu’elles reçoivent sans cesse de l’atmos- phère. Cette matière , aussi curieuse et intéressante que celle w’on vient d’esquisser, n'ayant pas été, que je sache , traitée rite manière directe , m'a déterminé , par son rapport avec l’autre , à la soumettre à l'expérience. Ainsi mon Mémoire sera suivi d’un second, intitulé : $2 /es eaux du globe décomposent Pacide carbonique qu’elles reçoivent de l'atmosphère. MÉMOIRE Sur l’organisation des monocotyledons, ou plantes à une feuille serminale ; Par DEesFONTAINES. pe graines des plantes renferment, comme l’on sait, une on deux feuilles seminales , qui se développent aussitôt après la germination. On a donné aux premières le nom d’univalves, d’unilobées , ou de monocotyledons ; et aux secondes, celui de bivalves , de. bilobées , ou de dycotyledons. Ces deux divisions générales , établies par Cesalpin , ont été adoptéés par des bota- nistes célèbres, tels que Ray, Boërhaave , Heïster, Van-Royen, Jussieu, etc. , et employées avec avantage dans leur méthode, Quelques-uns en ont ajonté une troisième , sous le nom d’acozy- ledons , laquelle comprend les fougères , les mousses , les algues et les champignons , soit parce qu'ils ont pensé que ces plantes n’avoient point de feuilles Éaminales , Soit parce que, ne les con- noissant pas, ils ont voulu en former un ordre séparé, sous 142 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une dénomination particulière. Néanmoins des observations très exactes concourent à prouver que les fougères et les mousses appartiennent à la première des divisions précédentes. Bernard de Jussieu a démontré l’existence des organes sexuels dans deux espèces de fougères, la pi/ulaire.et la marsilea. I a fait germer les graines de ces etre , €t il s’est assuré qu’elles n’avoient qu’un lobe ou cotyledon (1). L’analogie doit nous porter à croire que toutes les autres plantes de la même famille n’en ont pareil- lement qu’un seul. D'ailleurs leur organisation intérieure vient à l'appui de cette opinion , comme nous le verrons ci-après. Hedwig a découvert les étamines et les pistilles des mousses. Cet auteur assure , qu'ayant semé les petites graines renfermées * dans ces urnes, elles se sont gonflées au bout de quelques jours, et qu'il a vu ensuite , à l’aide du microscope, la radicule des- cendre , et le cotyledon sortir latéralement sous la forme d’un petit corps oblong, charnu et verdâtre à l'extrémité , qui se divise en plusieurs rameaux. Swartz a confirmé les observations de Hedwig. J’ai reconnu, avec une forte loupe , les étamines des mousses , telles que cet auteur les a décrites; et je ne crois pas que l’on puisse révoquer en doute cette belle découverte. Enfin on verra bientôt que leurs tiges ont une structure analogue à celle de tous les monocotyledons.. Quant aux pins et sapins, que quelques botanistes, du nombre desquels est Gœærtner , ont regardé comme polycotyledons , et devant conséquemment former une classe à part, je pense , avec Adanson et Jussieu, que ce sont des dycotyledons , dont chaque lobe est decoupé profondément en plusieurs parties : 1°. parce que le nombre des divisions n’est pas égal dans toutes les espèces; ainsi, par exemple , le pin sauvage en a cinq; le cèdre du Liban, six, et j'en ai compté jusqu'à douze dansle pin cembro : 20. parce que la séparation des deux principaux lobes est sensiblement indiquée par un léger sillon : 5°. parce qu'un grand nombre d’arbres de cette famille, tels que les thuya, les genevriers , les cyprès , les ifs, n’ont évidemment que deux feuilles seminales : 4°. enfin parce que leur organisation intérieure n'offre aucun. caractère qui les distingue d’avec les autres dycotyledons : d’où il résulte que tous les végétaux, si l’on en exempte peut-être les algues et les champignons (dont la nature ne nous est pas encore bien connue) se rapportent à l’une ou l’autre des deux divisions de Cesalpin. (1) Mémoires de l'Académie des Sciences ; années 1739 et 17404 r ENT D'HI S'TOLRIEUNANTIUR!E LE, ‘ 143 Je vais maintenant essayer de faire connoître la structure des monocotyledons. Je prendrai des exemples dans destigesligneuses, parce que la plupart des parties dont elles sont formées y sont plus apparentes que dans les tiges herbacées, et que l’on peut 5e observer en tout temps : mais pour que l’on ait sous les yeux un terme de comparaison, je crois qu’il convient auparavant de résenter, dans un tableau très-abrégé, les principaux organes de dycotyledons, les seuls que les auteurs quiont traité de l’ana- tomie des plantes aïent décrits convenablement. Ces organes sont l’épiderme membraneux, ressemblant à une lame très-mince de vélin criblée de pores imperceptibles. Sa structure est inconnue , elle entoure les autres parties, donne une issue à la transpiration insensible , et se régénère lorsqu'elle a été détruite. Sous cette enveloppe on en trouve une seconde, connue sous le nom de tissu cellulaire. C’est une substance succulente , ordinairement verte, formée des petits grains arrondis, vasiculeux, entremêlés de filamens très-déliés , qui suivent toute sorte de directions. Elle ne paroït guères différer de la moëlle que par la couleur ( 1 ). Elle tapisse, la surface interne de l’écorce, et en remplit toutes les mailles. L’écorce , placée entre l'enveloppe cellulaire et le bois , est composée de feuillets emboîtés les uns dansles autres, que lon peut séparer par la macération. Ces feuillets sont s comme l’on sait, des assemblages de vaisseaux séveux, de vais- seaux propres , et de trachées (2), mais dans une direction pa- rallèle et le Il n’y en a qu’un seul sur les rameaux d’unan, et chaque année il en naît un nouveau. Le Lois renferme les mêmes organes que l’écorce ; il est pareillement formé de couches concentriques. On y distingue deux: parties : l’une exté- rieure , qu'on appelle azbier ; l’autre intérieure, plus dure, d’une couleur plus foncée , et qui porte le nom de cœur. La moëlle , renfermée dans un canal longitudinal vers le centre de la tige, ES (1) Il est facile de s’en assurer en observant ces deux substances sur la tranche d’une tige de raquette , ou de cierge , ou de toute autre plante , dont les fibres soient d'un, tissu tres-lâche. On les voit communiquer ensemble ; elles ont la même structure , et On n'y remarque d’autre différence sensible que celle de la couleur, : (2) Aucun desauteurs qui aienttfraite de l’anatomie des plantes, n’a vu lestra- chées dans l'écorce. Daubenton est le premier qui les y ait découvertes. « Ces » parties brillantes, dit ce naturaliste célèbre , sont plus rares et moins appa- » rentes dans l'écorce; mais leur disposition est la même. Elles sont rangées par » files longitudinales qui paroïssent formées de globules brillans , et qui ressem- > blent aux trachées du bois». L’auteur n’a pu cependant parvenir à dérouler la lame spirale qui les forme, Ecole Normale, tome 4, page 387. 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE jette des ramifications transversalés ; dont quelques-unes se pro- longent jusques sur l’écorce. Elles font, avec les fibres ligneuses, un entrelacement semblable à celui de la trame d’une étoffe dans sa chaîne. On les voit distinctement sur la coupe transversale d’un tronc scié perpendiculairement à l'axe. Elles y sont disposées en rayons divergens , comme les lignes horaires d’un cadran. L’accroissement des tiges se fait en longueur et en grosseur. Tous les ans une nouvelle pousse sort de l'extrémité des rameaux, et deux nouvelles couches , l’une corticale; et l’autre lignense, se forment entre le bois et l’écorce ; ainsi le bois croît en grosseur de dedans en dehors, etl’écorce au contraire du dehorsen dedans. Les tiges des monocotyÿledons renferment à la vérité la plu part des organes . je viens d'indiquer, mais avec desdifférences si marquées, que l’on est forcé de reconnoître , dans les végétaux, deux grandes classes naturelles , entièrement indépendantes de toutes les methodes et de tous les systèmes. Cette vérité impor- tante sera mise dans tout son jour par des observations faites sur un très-grand nombre de plantes de diverses familles , qui forment la série des HéobBE I edORE , tels que les palmiers , js gramens , les asperges, les dragons , les liliacées , les narcisses , les fougères et les mousses mêmes ( pl. 1 ). Au premier aspect d’un palmier, on s’apperçoit que le tronc ne ressemble point à celui d’un hètre, d’un sapin ; d’un orme, ou de tout autrearbre à deux feuilles seminales. C’est une colonne régulière , dont le sommetest couvert de feuilles vivaces , dis- posées circulairement les unes au-dessus des autres. Celles qui naissent aû printemps sortent toujours de la cime ; les pla anciennes, placées inférieurement, se dessèchenti, et laissent, en se détachant , des inpressions circulaires qui sillonnent la sur- face de la tige et en marquent les années jusqu’à ce qu’elle aït assez de cavités. Mais c’est particulièrement dans les organes internes que nous trouyerons ls différences les plus frappantes.. Si l’on considére un tronc fendu suivant toute sa longueur, on y découvre un assemblage de grosses fibres ligneuses, solides, lisses, flexibles , légérement comprimées , composées elles - mêmes d’autres petites fibres étroitement unies , la plupart suivant une direction parallèle à l’axe du tronc, et se prolongeant, sans inter- ruption , depuis sa base jusqu’à son sommet. Quelques-unes se portent obliquement et coupent leS premières sons un angle plus où moins aigu. On peut les séparer facilement dans les jeunes palmiers , ou dans ceux qui commencent à tomber en putréfac- ton. Sil'on examine ensuite la coupe transversale d’un tronçon de tige, on ne renrarque, sur la surface , ni couches concen- triques », NP RER STI EE USER TNA 'ebi, Y TAPER ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 triques, ni canal, ni productions médullaires. Les fibres ligneuses, placées sans ordre les unes à côté des autres, sont enveloppées par la moëlle qui en remplit tous les intervalles. Elles se rappro- chent sensiblemeut , se durcissent et diminuent de diamètre en allant du centre à la circonférence, de sorte que la tige a beau- coup plus de force et de solidité auprès de sa surface , que dans son intérieur : orgamisation toute différente de celle des arbres à deux feuilles seminales. Lorsqu'une graine de palmier a été semée , les feuilles se développent successivement, et augmentent en nombre pen- dant quatre à cinq ans ; le collet de la racine se dilate en même proportion ; la bulbe formée par la réunion des pétioles des feuilles grossit insensiblement; sa solidité augmente peu-à-peu , et enfin la tige s'élève au-dessus de la surface de la terre , avec toute la srosseurqu’elledoitavoirdans la suite. Elle a exactement la figure d’un cylindre , depuis la base jusqu’à la cime : et si lon en mesure le diamètre à différentes époques , on sera con- vaincu qu'il n'a pris aucun accroissement. Cette observation m’avoit point échappé à Kæmpfer. Caudex est rectissimus , dit cet auteur en parlant dudattier, ffgwrae ad assam cilindraceue , nisiverticem versus paulisper gracilesceret. Crassiorem hacparte referunt alii. Kæmpf. amænitates exot. , p. 687. Daubenton, dans un Mémoire sur l’organisation du bois, où l’on trouve une bonne description des orgaues intérieurs du pal- mier-dattier, me paroît avoir don véritable raison pourquoi sa tige s'élève en colonne, et n’augmente point tous les ans en grosseur ,comme celle de la plupart des autres arbres. Il faut entendre l’auteur lui-même. « Chaque feuille ( du dattier), em » sortant du bourgeon, est formée par un prolongement de filets- » ligneux, et de la substance cellulaire qui sont dans le tronc » de l'arbre. On les voit dans les pétioles- Ils sont très-apparens » dans les restes de la feuille desséchée qui tiennent au tronc. » L’accroissement de ce tronc est donc produit par les feuilles » qui en sortent chaque année. Comme les filets ligneux et la substance cellulaire , dont les nouvelles feuilles sont un pro- longement, partent toujours du centre , ils forcent toujours » les feuilles précédentes de se rejeter en-dehors. Il s'ensuit que » la partie qui fait tous les ans l’accroïssement du tronc , se » forme au centre. La partie déjà formée dans les années pré- » cédentes doit nécessairement être déplacée et portée au » dehors, comme lPécorce des arbres qui en ont une, est rejetée » en dehors pour faire place aux nouvelles couches qui se for- » ment entre l’écorce et l’anbier. Cette sorte de recul n’a point Tome V. PLU VIOSE ex 7. Æ ë ÿ TT PANETTIERE 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » de limites dans ces arbres, parce qu'il se forme tous les ans » de nouvelles couches corticales, qui sont flexibles , et que les » anciennes qui ne le sont plus, se fondent et se détruisent. » Aussi la grosseur de ces arbres n’est pas limitée comme celle » du palmier - dattier , qui ne va guères au-dela de dix pouces. » C’est parce que la substance du tronc a d'autant plus de com- » pacité qu’elle se trouve plus près de la circonférence, et qu'à » un certain point de densité, elle ne peut plus céder à l'effort » des parties intérieures du tronc, et se porter en dehors : aussi » l'arbre , parvenu à ce terme, ne grossit plus. C’est par la même » raison que le tronc du palmier à la même grosseur dans toute » sa longueur. À mesure que l’arbre s'élève, les parties de la » substance du tronc perdent successivement leur flexibilité au » même terme. Ainsi elles doivent cesser de se porter au de- » hors , lorsqu'elles sont parvenues au même degré de densité » dans tous les points de ie hauteur de l’arbre. Par conséquent » le tronc a nécessairement la même grosseur dans toute sa » longueur ». On peut faire l'application des mêmes principes aux différentes espèces de palmier, et autres monocotyledons. Il est très-rare que la tige des palmiers se divise en plusieurs rameaux. Cela arrive cependant quelquefois , particulièrement lorsque le sommet a été coupé ou altéré par quelque accident. Théophraste a fait mention de ce phénomène : Est autem palma , ut, simpliciter dicamus » ice uno aigue simplici corpore. Ode tamen vel bif exeunt sicut in AEpypto, quasi bifurcae. In Creta quoque plures bifurcas provenire affirmant, quasdam trifidas. În Lepaca vel quino cercbro genus quoddam enasci tradunt. (Théoph. Hist. plant.) Rheede assure que le palmier , connu au Japon, sous le nom de todda panna, pousse quelquefois quatre à cinq branches d’un même tronc. Contigit quoque nonnunquaîn ut ex 110 trunco quatuor vel quinque vertices enascantur. (Hort. Malab. tom. 111, pag: 10, tab. 20, fig. 32.) Si la tige des palmiers n’a pas une égale grosseur dans tous les individus d’une même espèce , cette différence vient des sucs nourriciers qu’elle a reçus en plus ou moins grande abondance ; mais elle s'élève toujours en colonne , à moins que des circons- tances particulières, dont je vais faire mention, ne s’y opposent. En effet , il n’est pas très-rare de voir des tiges pins mirices OU plus grosses vers la base , que dans le reste de leur longueur, Quelquefois on y apperçoit aussi des gonflemens et des retrécis- semens alternatifs. Ces-sortes d’irrégularités ne s’observent pas 7 NIUE TND” EHLSMOTMTR'EMN A TIUIR'E L'ILE. 147 - seulement dans les palmiers. Les yuccas, les dragons, les aloës.… en offrent pareillement des exemples. Cela arrive toutes les fois que la plante reçoit à différentes époques, et pendant un certain temps , une inégale quantité de sucs nourriciers. Si, par exemple, ‘on transplantc un jeune palmier d’un sol aride dans un terrain fertile , les fibres de la nouvelle pousse acquerrent un volume plus considérable que les anciennes ; le diamètre de la tige augmentera dans cette partie, tandis que l’inférieure conservera exactement la grosseur qu’elle avoit auparavant , parce qu'il ne se forme point de couche à sa surface, et que des fibres devenues ligneuses ne peuvent prendre d’accroissement, comme Hales et Duhamel l'ont démontré. Si, par un accident contraire , la force de la végétation se rallentit, les nouvelles pousses seront plus grèles que les anciennes. On voit, dans une des serres du Jardin des Plantes ,un-cycas , dont le tronc a un retrécissement considérable vers le milieu : la cause en est bien connue. Cet arbre futtransplanté à Madagascar dans une petite caisse et embarqué sur un vaisseau au commencez ‘ment de 1787, par Joseph Martin. Il languit pendant la traversée, et même long-temps après son arrivée à Paris. Néanmoinsla yégéta- tionn’ayant point étéentièérementarrètée, la tige augmenta en lon- prrur de quelques pouces; mais ce nouveau prolongement acquit >eaucoup ù à de grosseur que les anciens. Dans la suite, ce palmier qu’ofPavoit placé dans une serre, et auquel on avoit donné tous les soins convenables , reprit insensiblement de la vigueur. Depuis ce temps, les nouveaux jets de la tige ont augmenté de volume. L’étranglement formé, lorsque la végétation étoit lan- guissante , est resté dans le même état , et ne s’effacera jamais. La circonférence du tronc, dans cetendroit, est de treize pouces; il en a vingt-un un peu au-dessous, et dix-huit au-dessus. Il à crà environ d’un Éd en sept ans et demi, Le prolongement est un cylindre régulier ; il a moins de grosseur que la partie qui s'étend depuis l’étranglement jusqu’à la racine , parce que la végétation a été moins forte dans un climat tempéré que sous la zone torride , où cette espèce croit spontanément. La même cause ne peut jamais produire les mêmes effets dans un arbre à deux feuilles seminales , parce que son accroissement en grosseur ne se fait que par des couches concentriques et uni- formes, qui s'étendent depuis sa base jusqu’à son sommet. Ainsi, soit que la force de la végétation augmente, soit qu’elle diminue à différentes époques , le tronc conservera toujours sa forme primiuve. ÿ J'ai dit précédemment que l'écorce des arbres à deux feuilles aie 148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE seminales étoit composée de lames emboîtées les unes dans les autres; que tous les ans , dans le temps de la sève , il en renais- soit une nouvelle entre l’aubier et celle de l’année précédente ; que le nombre de couches diminuoït successivement depuis la partie inférieure du tronc jusqu’à l’extrémité des branches ; qu’enfin il n’y en avoit qu’une seule sur les rameaux d’un an. On ne remarque rien de semblable dans l’enveloppe exté- rieure des palmiers: elle n’est évidemment qu'une expansion de fibres de la base des pétioles, quise portant à droite et à gauche , forment autant de réseaux dont les mailles sont plus ou moins larges, et diversement configurées dans chaque espèce de palmier. Ces réseaux sont imbriqués , c’est-à-dire, qu'ils se recouvrent à-peu-près comme les tuiles des toits de nos maisons. Leur nombre est d'autant plus considérable, que les feuilles sont pins rapprochées les unes des autres ; ils n’adhérent point en- semble , et on peut les séparer avec la plus grande facilité. Chacun est composé de trois plans de fibres très-distinctes ; les deux plans extérieurs suivent une direction transversale et paral- lèle : Pintermédiaire , que l'on. peut comparer à là trame d’une étoffe , les coupe obliquement de haut en bas, Les fibres ne sont oint entrelacées , mais seulement unies par des filamens capil- En qui vont s'attacher de l’une à l’autre. Enfin l'enveloppe des paliniers se détruit avec le temps, et il ne Un jamais de couche à sa surface intérieure ; de sorte qu'onhe doit pas la regarder comme une véritable écorce. Kæmpfer l’avoit dit; mais cet auteur i’avoit pas bien connu son organisation. Cortice do- natus caudez non est, sed ab injuriis se junior tuetur partibus Jrondium abamputationibusresi Fa is, quaspollices nuncupavimus. (Kæmpfer , amæni. exot. , pag. 687, pl. 3, fig. A. B. C. D.) Les palmiers portent deux sortes de feuilles ; les unes ressem- blent à des éventails ; les autres sont composées de plusieurs folioles placées sur deux rangs opposés, comme les barbes d’une plume Leur nombre demeure presque toujours le même dans chaque individu (1), parce qu’il en naît de nouvelles à mesure que les plus anciennes se dessèchent et tombent. Les folioles sont PAR en deux dans toute leur longueur , et appliquées latéra- ement les unes contre les autres avant leur épanouissement. Dans cet état elles ressemblent à un éventail fermé. Les ner- vures sont longitudinales et parallèles à la côte du milieu. Ce (1) Suivant Kæmpfer , le dattier produit ordinairement sept feuilles nouvelles chaque année, © ET D'HISTOIRE NATURELLE. 149 dernier caractère est commun à la plupart des monocotyledons ; je dis la plupart, parce que les nervures des arums, des balisiers, des bananiers et des fougères, ont une direction transversale. Les rotangs approchent beaucoup des palmiers par leur struc- ture , et ne sauroient en être séparés. On peut s’en convaincre facilement , pour peu qu'on veuille observer la coupe transver- sale de l’espèce qu'on emploie à faire les cannes connues, sous le nom de joncs. Les fibres du centre y sont si écartées , qu'on en distingue les intervalles à la simple vue , et qu’on peut faire passer de l'air dans lestroncs de plusieurs pieds de longueur en soufflant par une des extrémités. Elles se resserrent très-sensi- blement à mesure qu’elles approchent de la circonférence, et on n'y remarque ni couches, ni productions médullaires. Plusieurs autres espèces de ce genre , que j'ai examinées attentivement , m'ont offert la même organisation. On trouve pareïllement dans tous les gramens, dont les tiges sont vivaces , les caractères généraux que je viens de faire con- noître dans les palmiers et les rotangs. J'ai observé des chaumes de bambou (arzndo bambos. Lin.), de cannes à sucre (sacharum officinarum, Lin.); de roseau à quenouille ( arurdo donax. Lin. ); de calumet ( panicum arboreum. Län. ) ; de panis à longues feuilles (panicum latifolium. Lin.),et de plusieurs autres espèces de cette nombreuse famille. Les vaisseaux y sont placés parallè- ment les uns à côté des autres, sans former de couches. La moëlle est disséminée dans les petits intervalles qui les séparent : ils se rapprochent , diminuent de diamètre en allant du centre à la surface , et je n’y ai jamais apperçu aucune trace de prolon- gemens médullaires. Si les gramens se lient aux palmiers et aux rotangs , par les grands caractères distinctifs des monocotyledons, ils en offrent aussi qui leur sont particuliers , et que je ne dois pas passer sous silence. Leur chaume est souvent creux et entrecoupé par des nœuds distribués de distance en distance. Ces nœuds forment des cloisons transversales dans l’intérieur des tiges, en augmentent la force, donnent naïssance aux feuilles, produisent des racines, et contribuent à la multiplication des individus; les feuilles sont toujours simples, elles engaïinent les chaumes , et au lieu d’être à en deux et appliquées, comme celles des palmiers ayant eur développement , elles sont roulées intérieurement par les bords , et enveloppées les unes dans les autres. Après avoir reconnu l'identité d'organisation dans les deux grandes familles précédentes , jai été curieux de savoir si les smilax , les fragons et les asperges , dont les tiges se ramifient, 59 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ei ont,-au premier coup-d’œil , une ressemblance si marquée avec les arbrisseaux à deux feuilles seminales, n’avoient pas aussi de l’affinité avec eux par leurstructure intérieure. Je me suis procuré d'anciennes tiges d’asperges coudées ( asparagus retrofractus. Lin. ); d’asperge à feuilles aiguës( asparagus acutifolius. Lin. ); de fragon à grappes ( rvscus racemosus. Lin.); de fragon andro- gine ( rwscus androsinus. Lin. ); de smilax d'Orient ( silex excelsa. Lin. ); de smilax épineux (smilax aspera. Lin.); je les aiexaminées intérieurement avec une forte loupe, et je puis assurer qu'elles n’ont ni couches, ni prolongemens médullaires, et que leurs fibres sont plus serrées auprès de la circonférence que vers Je centre. | Il faut encore ranger dans la même division les yuccas, les, dragons , les agavés , les aloës et les aletris. Ces plantes se dé- veloppent à-peu-près comme les palmiers. Leurs tiges sont com- posées de fibres plus ou moins grèles, plus ou moins dures, qui se croisent obliquement. Les intérieures sont d’un tissu très- lâche; celles de la circonférence, au contraire, forment, par leur réunion , un cylindre continu , depuis la base de la tige jus- qu'au sommet, On n’y distingue point de couches , et la moëlle, placée entre les fibres , ne jette point de rayons divergens. I’en- veloppe extérieure qui tient lieu d’écorce, est mince, et d’un tissu très-serré, particulièrement dans les dragons , et elle n’est qu'un expansion des petioles. La tige ne porte de feuilles qu'à l'extrémité supérieure. Les nouvelles sortent toujours du centre en nombre déterminé ; elles s’enveloppent les unes dans les autres, à-peu-près comme celles des gramens; elles-sont simples, vivaces, et les impressions qu’elles laissent sur la surface de la tige , en se desséchant, ne s’effacent qu'après un grand nombre d'années. Toutes les plantes ligneuses de la famille des liliacées, de celle des narcisses, ainsi que l'ananas et le vacoua (pændanus odo- ratissimus. Lin.), ont une organisation analogue à celle des monocotyledons dont j'ai parlé. Le tronc du vacoua est composé de fibres parallèles , et sa structure ressemble beaucoup à celle des palmiers et des rotangs. Les fougères en arbres qui s'élèvent en colonne, et dont le sommet est toujours couronné de feuilles , comme celui des pal- miers , appartiennent aussi à la même division. Leur tronc est composé de grosses fibres et de plaques ligneuses recourbées en différens sens ; elles sont plus compactes , plus larges, plus rap- prochées auprès de la circonférence, que dans l’intérieur, et la moëlle- en remplit tous les vides , elles sont recouvertes ‘x COL MAZAE ESS LE LEA Es LOF P ITA AE TRE E » ÉLNeS A4 ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 151 d’une envelopppe solide, formée par les fibres des petioles qui, en se détachant, laissent sur la surface de la tige des impressions raboteuses et circulaires. Les feuilles sont roulées sur elles- mêmes en spirale ; avant leur développement , leurs nervures se ramifient de mille manières, et suivent toute sorte de directions. Siles organes intérieurs des fougères offrent des caractères différens de ceux des autres monocotyledons , on y reconnoît du moins la même disposition et la même manière de croître. Enfin , après avoir observé , avec le microscope, les tiges vivaces de plusieurs lycopodes et autres espèces de mousses, je n’y ai remarqué ni couches, ni appendices médullaires en rayons divergens, et l’organisation de ces petites plantes m'a paru con- forme à celle de tous les monocotyledons , dont elles diffèrent beaucoup cependant par le feuillage , et par les organes de la fructification. Ces observations ont été vérifiées sur un très-grand nombre de lantes , soit sèches, soit vivantes , qui font partie de la riche collection du Muséum national d'Histoire naturelle , et je n'ai trouvé jusqu’à présent aucune exception. Je:crois cependant devoir observer ici, qu’il est possible que les tiges de plusieurs monocotyledons, dont latexture est très-lâche, augmentent en grosseur pi ce que les fibres aient perdu toute leur mollesse , et que celles de la circonférence soient telle- mentserrées lesunes contre les autres , qu’elles ne paroissent plus céder à l’effort de la végétation qui tend sans cesse à lesrapprocher, en les portant du centre à la circonférence : et je ne suis pas encore également bien convaincu que l'enveloppe extérieure des aloës et des dragons, par exemple, ne produisent pas de nou- velles fibres à l’intérieur ; mais quand même cela artiveroit , il n’en seroit pas moins vrai que dans tousles monocotyledons, elles ne-forment point de cercles réguliers et distincts; que celles du centre sont les plus écartées ; que la moëlle en occupe les inter- valles , et que cette substance ne se prolonge point en rayons divergens. Il paroît donc bien prouvé, d’après tout ce qui a été dit précé- demment, que les végétaux se divisent en deux grandes classes naturelles , dont les caractères distinctifs ont pour base la struc- ture , la disposition et le développement des organes intérieurs. Ces caractères peuvent être énoncés de la manière suivante. PREMIÈRE DIVISION. Vécéraux qui n’ont point de couches concentriques distinctes, dont la solidité décroît de la circonférence vers le centre. Moëlle Fan" 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE interposée entre les fibres : point de prolongemens médullaires en rayons divergens. — Les monocotyledons, pl. 1. DEUXIEME DIMIST ON. Vécéraux qui ont des couches concentriques distinctes, dont la solidité décroît du centre vers la circonférence : moëlle ren- fermée dans ün canal longitudinal : des prolongemens médul- laires en rayons divergens. — Les dycotyledons , pl. 1. Je n’ai parlé jusqu’à présent que des plantes dont les tiges ne périssent pas tous les ans. Je Re , dans un second Mémoire , le résultat de mes recherches sur l’organisation des plantes herbacées ; je crois pouvoir annoncer d’avance que les racines vivaces renferment à-peu-près les mêmes caractères que les tiges ligneuses ; et je ne nt to pas de parvenir à distin- guer également les plantes annuelles. Ces connoissances ne seront point inutiles aux botanistes, particulièrement à ceux qui se livrent à l'étude des rapports annuels. Ainsi on déterminera facilement à laquelle des deux divisions précédentes appartient une plante ligneuse , même inconnue , en jetant les yeux sur une coupe transversale de la tige, et l’on pourra rapporter à leur véritable classe plusieurs genres douteux, dont la germination n'a pas été observée con- venablement. Il est évident , par exemple, que les aristoloches sont de la division des dycotyledons , parce que les espèces de ce genre, dont les tiges sont ligneuses , ont des couches concentriques , et des productions médullaires. Bernard de Jussieu et Gærtner lés regardoient comme monocotyledons. A la vérité Antoine- Laurent Jussieu les a placés dans la seconde division. Leur structure intérieure prouve combien il a eu raison de faire ce changement. Il en est de même des cierges ,que Linné et Gærtner ont rangés parmi les monocotyledons, Quoiqu'il soit très-difficile d’en apperçevoir les couches , on ne peut cependant douter de leur existence , puisqu'on parvient à les séparer Das la macéra- tion, et que dans les vieux troncs , la partie ligneuse , dont l'épaisseur est très-considérable , s’amincit par degré en allant vers le sommet. J'ai vu plusieurs fois les fibres de l’espèce que Von connoît sons le nom de ragverte ou figuier d'Inde ( cactus _opurtia. Lin. ), s'enlever par plaques, lorsqu'elles étoient dessé- , chées, et que la substance cellulaire qui les unit avoit été détruite par le temps. Daubenton est parvenu à séparer un des feuillets du reseau ligneux du cierge du Pérou (cactus Peruvianus. Lin.) Enfin les prolonsemens médullaires ÿ sout trés-apparens. Ce caractère LBLC LE Te ET D'HISTOIRE NATURELLE. 153 caractère peut même presque toujours servir à distinguer les monocotyledons , lorsque les couches sont si rapprochées que l'œil de l'observateur ne peut les apperçevoir ; mais ce cas est très-rare. Les autres plantes grasses à deux feuilles seminales , telles que les euphorbes , les joubarbes, les ficoïdes, ont des couches distinctes , et la moëlle placée dans ‘un conduit longi- tudinal , au centre de la tige , jette des rayons vers la surface. On pourra aussi décider, d’après les mêmes principes , si les presles ont plus de rapport avec les fougères qu’avecles éphédras, dont les fibres sont disposées par couches concentriques On sait- que les botanistes ne sont pas d'accord sur ce sujet. Jussieu a placé les presles dans la famille des fougères , et Adanson les a réunis avec les pins, Il s’ensuit encore que les caractères tirés des couches et des productions médullaires, qui ont été indiqués par des physiciens, pour reconnoître les bois pétrifiés , n’ont de valeur que dans le cas où ces fossiles auroient appartenu à des arbres ou arbris- seaux à deux feuilles séminales. Linné avoit pensé que les cycas devoient être réunis avec les fougères ; 1°. parce que leurs feuilles sont roulées en spirale avant de se développer;2°. parce que fes poussières fécondantes des chatons mâles des cycas sont à nud sur les écailles qui ne sont que des feuilles avortées. Foliationes circinali filicibus pro- pria à reliquis plantis aliena , nulli palmae communi, convenit Cycas Cum filicibus. Fructificatione dorsifera , itidem filicibus propria , et ab aliis plantis etiam palmis diversa convenit cycas filicibus, Notum enim est quod amenta seu strobili, quae pari pasu ambulant, formentur à natura foliorum rudimentis futuri anni, quodque optimè illuscescet strobilo pini hisce datis quod amenta sint folia parva et ex his pulvis Hoites FRRATES absque ca- lyce at corolla ut in filicibus, pracsertim in achrosticis, manifestè patebit ne ee sit à genere filicum. ( Lin. Acad. des Sciences, as sa Ê Si les caractères établissent une différence très-marquée entre les cycas et les palmiers, il en est d’autres qui les raprrochent, et qui séparent en même temps les fougères des cycas. Les fleurs de cesderniers sont dioïques, les ovaires portés sur un spadixdevien- nentautant de drupes monospermes analogues aux fruits du pal- mier. Lesnervures des feuilles sont pareïllement longitudinales, Ces nervures sont très-fines. Il faut une bonne loupeet beaucoup d’attention pour les appercevoir. Je ne les aïencore découvertes ue dans les cycas japonica. Il m'a été impossible jusqu'ici de Tome V. PLU VIOSE az 7. V 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les observer dans les cycas circinnalis. Lin. Ces deux espèces sont vivantes au Muséum d'Histoire naturelle. La surface supé- rieure de leurs feuilles est très-lisse. L’inférieure est parsemée d’une multitude de petites éminences qui ne sont pas sensibles à l'œil. Enfin les fibres du tronc du cycas circinnalis Lin., sont en faisceaux, et sont disposées en lames, comme dans les fou- gères ligneuses. Les poussières fécondantes des cycas ne sont point nues sur les écailles des chatons, comme le dit Linné, mais renfermées dans de petites capsules arrondies, uniloculaires, et dont la pellicule se partage en deux valves. Elles recouvrent la surface inférieure des écailles. L'auteur lesaura sans dou teobser- vées , lorsqu'elles étoient ouvertes. On ne distingue plus alors que des amas de pollen. Il est d’ailleurs très-douteux que sa com- position soit bien exacte, puisque les organes sexmels des fougères ne sont pas encore connus. Les étamines des pins, des sapins, des genevriers, des thuya , des SL , Sont aussi placées sous les écailles des chatons, sans qu’ils aient aucune analogie avec les cycas. Les zamia , dont les jeunes feuilles se roulent sur elles-mêmes, et dont les fleurs sont en chaton, ne sauroient être séparées des cycas. Leurs nervures sont toutes longitudinales , comme celle des paliers , et la graine du zamia villosa de Gærtmer, a l’embrion placé vers la base d’un périsperme charnu , caractère u’on retrouve dans les fruits du cocotier, de l’élæis , de l’arec , du corypha et du lontarus. Il faut donc conclure que si les cycas et les zamia ont quelque affinité avec les fougères, leur organisation les rapproche aussi des palmiers, et qu'on doit regarder ces deux genres comme un ordre distinct et intermédiaire entre les deux familles en question. Ce sexemples , auxquels j'en pourrois ajouter beaucoup d’autres, suffisent pour donner une idée des applications qu’on peut faire des observations qui servent de base à ce Mémoire. Je crois qu’iln’est pas impossible de trouver, dans les organes intérieurs des plantes qui composent les grandes familles natu- relles des ombelles, des crucifères, des composées , des lécumi- neuses, des caractères communs et particuliers à chacune d'elles. Peut-être pourroit-on même parvenir à distinguer les genres et les espèces, si l’on en étudioit la structure avec toute l'attention que demande un objet aussi important. Les parties extérieures des plantes ne sont en que!:ue sorte qu’un développement des organes intérieurs, toutes les fois que les uns offrent des diffé- » ET D'HISTOIRE NATURELLE. ‘155 rencés remarquables ; il est à présumer qu’il en existe poreillement dans les autres. . Explication des planches. Praxome 1. Oroanisation des dycotyledons. A. Coupe transversale d’un tronçon de chêne. LA Organisation des monocotyledons. B. Coupe transversale d’une portion de tige de palmier. On n’y remarque ni couches concentriques , ni prolongemens médullaires; la moëlle est placée entre les fibres. Celles-ci vont toujours en se rapprochant , depuis le centre du tronc jusqu’à sa circon- férence. C Une tranche de rotang dont on fait les cannes connues sous le nom de joncs. Prancue 2. 4. La base d’une feuille de palmier-latanier (c4a- maerops humilis. Lin.) On voit latéralement le tissu des fibres qui tiennent lieu d’écorces. B. Les mêmes fibres grossies à la loupe. PREMIER MÉMOIRE Sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d’eau, lorsqu'ils sont exposés à la lumière , de même que sur les conferves et tremelles considérés relativement à leur nature , et à leur propriété de donner du gaz oxigène au soleil ; Par Jean Senegier , bibliothécaire à Genève. $. «Ier, Histoire de cette matière verte. S 1 j'ai recherché ce qu’on peut avoir pensé sur la matière verte, ce n’est point pour découvrir, dans les temps passés, quelques traces des déconveries modernes. Le cerveau du. grand homme est pour lui une mine plus riche que les volumes poudreux qu’on lui fait lire, et il trouve la vérité plus vite en consultant son génie, qu’en feuilletant des livres qui dé eue ce 2 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE- CHIMIE - qu’on pourroit y chercher, que lorsqu'il a été découvert, Priestley a connu l'influence de la lumière pour faire produire de l'air aux végétaux , Sans avoir connu l’expérience que je vais raconter; au moinsiln’en parle pas, et il n’étoit pas nécessaire qu’il la connût pour y penser. Il étoit pourtant curieux de rapporter ce fait, afin de montrer comment des découvertes capitales peuvent rester sous les yeux sans être apperçues, et combien il importe que l'esprit se mû- risse par la réflexion et par les idées qu'il peut acquérir, afin d'animer ces observations qui restent oïsives , tant qu'on ne saisit pas leurs rapports , et qu'on ne les considère pas sous leur vrai point de vue. On apprend dans l’Histoire de l'Académie des Sciences «de Paris pour 1690, que de la Hire lut une dissertation szr la nourriture des plantes. où il parle de quelques expériences faites sur les bulles d'air, qu’on observe sur les plantes mises dans les bouteilles pleines d’eau pour y végéter. Ayant exposé , pendant plusieurs jours, au soleil une grosse bouteille pleine d’eau, il ny arut aucune bulle d'air dans les premiers jours, le ciel fut presque toujours couvert , et la bouteille étoit exposée au soleil levant; mais après que le ciel se fut serenisé et que le soleil eut éclairé la bouteille pendant une matinée, de la Hire observa qu’il s’élevoit, vers onze heures, du fond de la bouteille, une grande quantité de bulles d’air ; il s’assura que la chaleur r’avoit Ce) - aucune part à leur production. Cette expérience lui en fit faire une autre , qui lui montra que la mousse verte, croupissante sur la surface de l’eau, se forme au fond. Ilremarqua qu’il " avoit plusieurs petites plantes, comme de la mousse, qui s’élevoient du fond de la bouteille où elles étoiént attachées ; ce qui les tenoit élevées dans l’eau, c’étoient plusieurs bulles d’air qui s’y amassoient , et qui tendantes à s'élever au-dessus de l’eau , étoient retenues par les filets de la mousse ; mais ces bulles étant jointes à d’autres qui sortoient des environs de ces plantes, acquéroïent assez de force pe rompre les racines de ces plantes , et pour les emporter à la surface de l'eau. Certainement , avant la découverte de Priestley , ce passage ‘toit indéchiffrable , ou du moins on l’auroit lu sans le remar- quer ; mais depuis qu'on à étudié la matière verte , et qu’elle à éié reconnue par ce grand physicien , on apperçoit dans le récit de la Hire, quelques-uns des traits qui caractérisent cette substance. Il sembleroit que Leuwenhoek a vu la matière verte , Æpisr. af RNA nie fi LD A Rat aise fiRES (rat: PER ir ; ET D'HISTOIRE NATURE L;LE, 157 physiol. L 1, p. 68. Il y parle d’une pellicule verte prise sur un étang , où il ne découvrit aucune plante , après l'avoir observée - avec le Le A mais il ajoute qu’il y vit un nombre prodi- gieux d’animalcules : Tum-immanem in ea mulritudinem Percepi exiguorumanimalculorum quae oculum etiam ILICTOSCOpio arma- tum pene Jfallebant, ut nemo nisi quis ipse viderit narranti sit habiturus fidem. Praeterea complura alia variique gereris animalcula vidi prioribus aliquanto majora , quibus permulii, iique minutISSinE intermiscebantur globulis aereis. Il ajoute ensuite, qu'ayant ps cette observation , il ne vit rien de nou- veau ; il dit cependant : l'aulo post adyerti nonnulios globulos 2 acreos qui globulis dignosci possint animalculis admixtos esse. Dans ses Lettres ,t. 11, p. 382 , il parle d’animalcules verts, trouvés dans un tube de plomb , servant pour la conduite des eaux ; leur forme étoit ovoïde , et leur mouvement de circon- volution. Homberg paroît avoir aussi o!servé la matière verte. On voit dans un de ses Mémoires renfermés dans la collection de ceux de l'Académie de Paris pour l’année 1710, qu’il ramassa de l’eau de pluie dans une bouteille bouchée légérement ; qu’il l’exposa sur une fenêtre du midi; qu'il se forma au fond un sédiment de couleur verte, fort spongieux, plein de petites bulles d'air, qu’il attribue-à la fermentation. Un jour qu’il lobservoit au soleil , il y remarqua une très-belle végétation de couleur verte, dont une partie tenoit au fond du vase , et le reste étoit suspendu comme des filets dans l’eau ; tous ces filets lui parurent avoir une petite boule avec l'éclat de l'argent, ils flottoient : le lendemain il n’y avoit plus de végétation à sept heures ; elle recommenca quand le soleil parut ; et il refit les mêmes observations dans les jours suivans ; la chaleur douce du feu produisit le même effet. Adanson , dans un Mémoire qui a paru avec ceux de l’Aca- démie de Paris pour 1757, semble avoir vu cette matière verte x qu’il décrit tremella conferva gelatinosa omnivm tenerrima ec minima aquarum limo innascens. Dillenius Histor. Muse, n.10. Il la représente comme une croute d’un vert foncé, glaireüse au fond des eaux, ayant un quart de ligne d’épaisseur , et depuis deux pouces jusqu’à un piecl de diamètre; avecune lentille de deux Atrois lignes de foyer, elle paroît un feûtre composé de filets entrelacés . cylindriques et obtus par les bouts ; avec une lentille qui grossit 400 fois , cé$ filets lui parurent articulés, ayant des diaphragmes séparans leurs articulations. Ces filets ont un mouvement spon- tané , mais ils ne le manifestent pas tous dans le même temps; 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE on l’observe sur-tout dans ceux du bord. Ces filets s’allongent très-vîte et se propagent en se divisant. Cette conferve ne peut être la matière verte que j'ai étudiée ; je ne lui ai point vu de mouvemens spontanés , et je nai jamais remarqué le rapide allon- gement de ses filets ; de sorte que si cette tremelle est bien dé- crite, ce ne peut être celle dont je parlerai dans ce Mémoire et dans les suivans. Adanson, à la page 571, raconte qu’il a vu des corps sphériques verts , aussi fins que les filets, et d’autres plus petits , ayant tons les mouvemens en avant , en arrière, pirouet- tans sur eux-mêmes ; il ajoute qu’il a rencontré d’autres êtres organiques plus gros , semblables à des anguilles , où plutôt à des ascarides pleins de corpuscules ovoïdes sans mouvement. C’est dans l’année 1778 que le célèbre Priestley découvrit l’in- fluence de la lumière pour tirer le gaz oxigène hors de la matière verte; il en parle dans le IVé. vol. de ses OEuvres, p. 359, publié en mars 1779. Il regarde cette matière comme étant es sui ge- neris, à qui la lumière est nécessaire pour son développement. Enfin dans le Ve. volume publié en 1781 , après plusieurs expé- riences sur cette matière, il se détermina à la croire une plante. Priestley revendique cette découverte comme sa propriété, dans une lettre adressée à Ingenhousz. Je ne veux point juger entre ces hommes célèbres ; mais je renvoie à cette lettre qu’on trouve dans,un petit ouvrage de Priestley, intitulé : Experiments on the generation of air from water, to wich are prefixed experiments to the decomposition of dephlogisticated and in- flzmmable air. La lettre est datée de Birmingham, du 21 no- vembre 1787. Ingenhousz , qui a fait , comme on le voit , les mêmes recher- ches , en a rendu compte en divers ouvrages. J’employerai, autant que je le es , Ses Dos expressions , pour mieux rendre ses propres idées. En 1779 ,il parle de la mousse ou matière végétale quis’engendreau fond etaux paroisdes vasesde verre,dans lesquels on tient l’eau en repos; il croit que l’eau elle-même, ou quelque chose inhérent à l’eau , est changé en cette mousse, et subit en son organisation une espèce d'élaboration , que la lumière du jour y excie, et par laquelle elle est changée en air dephlogis- tiqué ; mais c’est sur-tout dans ses vermischten schriften , t. 11, et dans le Journal de Physique du mois de juillet 1784 , que Ingerhousz développe ses idées sur ce sujet curieux. Il y annonce que cette matière verteest formée parle véritables insectes (1) verts entassés les uns sur les autres , et constituant (1) Ingenhouzs donne ce nom aux animalcules des infusions, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 159 ainsi une masse glaireuse verte sans aucune apparence manifeste d'organisation. 1] trouve que si l’on déchire la matière verte , et si on l’éparpille en très-petits lambeaux , on observe qne ses bords déchirés sont tous dE , de fibres transparentes, sans aucune couleur , ressemblans à des tubes de ve, doués d’un mouvement comparable à celui de certains animalcules aquati- ques qui ont la forme des anguilles. Dans les lambeaux déchirés e cette croûte muqueuse , on apperçoit les débris des insectes verts qui formoient le commencement de la croûte. Ingenhousz apprend encore que la conferva rivularis et les autres conferves , doivent être placés parmi les zoophytes, parce Fu les corpuscules verts , dont les fibres de la couferve sont arcies , se trouvent des insectes morts ou vivans. Est-ce que la matière verte de Priestley, dit Ingenhousz , toute composée d’in- sectes véritables , dans le prenuer temps de son existence , se change elle-même tantôt en tremelle et tantôt en conferve ? Je dois me contenter ici du fait tel qu'il est. Il observe que ces corpuscules verts sont si confinés dans cette matière, ou peut- être si changés dans leur organisation , qu’il est très-difficile de les reconnoître.' Cette matière, en vicillissant , donne naissance à des filets doués d’un mouvement irrégulier. Ingenhousz le compare aux animalcules que Félix Fontana a vus dans le bled ergoté. ; Le physicien hollandois remarque ensuite que la corruption de quelques corps végétaux ou animaux, favorise le développement de cette matière verte; que la métamorphose de ces insectes y est plus prompte et plus remarquable ; qu’ils y sont plus gros et plus foncés qne les autres : il les représente pointus en avant et en arrière perdant quelques jours , devenant ensuite ronds, nageans d’abord dans Peau, et se réunissant pour former la ma- tière verte ; mais avant, ils se pendent l’un à l’autre, se divisent ; ils offrent des vésicules dans leurs corps , et l’eau fraîche les conserve. ; Dans le tome IT des vermischten schrifien de Ingenhouez , il dit à la page 142, que ces corpuscules sont des vrais insectes, uniformes entre eux , en grancle partie sphériques , oviformes , ou d’une figure approchante; qu'ils sont enveloppés d’une croûte mucilagineuse et transparente. Il ajoute que la parfaite ressem- blance de ces insectes vivans , avec ceux qui étoient immobiles, ne laissent aucun doute sur leur identité; que chacun est très- légéremeut vert, mais que leur réunion augmente leur intensité. Il à observé une grande quantité de petits corps transparens et anguleux ; ces petits corps paroissent des sels ou des’ cristallisa- Pi ee RP SR Et ENT “ * * : 4; ï 160 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tions pierreuses : ils sont plus grands que les insectes et se trou- vent dans un nombre plus ou moins grand, suivant la nature des eaux employées. Les figures coloriées que ce phfsicien ajoute à son ouvrage, ne laissent aucun doute sur ses idées et ses descriptions. | Ingenhousz reconnoît qu'il doit l’idée de l’animalité de cette matière à la communication que Félix Fontana lui en avoit faite, et dont il a donné un apperçu dans le Memorie di Fisica della Societa Italiana, t. 1, publié en 1783. L’illustre physicien de Florence dit que ces animalcules sont de deux espèces, les uns ronds , presque toujours en mouvement ; les autres oviformes , approchans de la figure des cosses de fèves ou de pois, plus grands que les précédens , et ayant un mouvement lent ; on trouve quel- quefois ces deux espèces réunies où séparées. L'espèce ronde habite les eaux stagnantes qu’elle verdit. On les a pris, dit-il, pour des plantes ; maïs il y a plus de 10 ans que je me suis assuré que cette couleur ne peut être attribuée à des substances végé- tales , et qu’elle est produite par de petits animaux. Les botas nistes comme les.observateurs se sont trompés sur ce sujet. J'envoyai, dans le mois d’août 1780, au Journal de Physique, un Mémoire qui fut imprimé au mois de mars 1781 ; je le publiai de nouveau en 1782, avec des additions dans le Ille. volume de mes Mémoires physico-chimiques. Je représentai cette matière, que je caractérisal mal, comme la conferva cespitosa ; maïs je n’ai point dit, comme Ingenhousz l’a prétendu , que cette plante avoit la hauteur de deux pouces et demi , parce que j’avois dit qu’on avoit vu cette plante , pendant deux mois , à la hauteur d'environ deux pouces et demi au-dessus du fond du vase où elle étoit ; j'avois pourtant ajouté que dans les endroits les plus élevés , où parvient ce végétal, il est fort clair-semé , tandis que le tapis est plus serré et plus épais, à mesure qu’il s’approche du fond. Il me semble que le mot végétal excluoit l’idée d’une seule plante, et qu'on ne croit pas qu’une plante de tabac couvre un arpent, parce que l’on dit qe cette plante y croît fort bien. D'ailleurs je dis clairement, à la page 8, que cette petite plante étoit attachée par petites masses aux parois des vaisseaux, qu’elles paroissent comme des taches à leur naissance , qui forment, en se rapprochant , le tapis de verdure qu’on observe , tout comme les plantes de tabac rapprochées forment l’arpent vert sur lequel elles croissent. : J'ai décrit microscopiquement cette matière verte, les lieux qu’elle occupe , les animalcules qu'on y observe. J’ai fait voir qu’elle ne se produit point, si l’eau où elle se développe ne com- muyique LE ET D'HISTOIRE NATURELLE, 161 munique pas avec l'air libre et la lumière. Enfin je montre que l’eau pure ne donnera point de matière verte, si elle n’en ren- ferme pas quelques élémens , ou si elle ne les reçoit pas du de- hors; que cette matière fournit au soleil, du gaz oxigène , et que le gaz acide carbonique , mêlé dans l’eau, influe sur la pro- duction de ce gaz , et par conséquent sur la production et la conservation de cette matière. J. A. Scherer , dans un ouvrage allemand, publié à Dresde, en 1787, sur les plantes qu’on trouve dans les eaux thermales de Carlsbad en Bohême , étudie de nouveau cette matière que Springfeld avoit déjà décrite et appelée 2raemella thermalis, gelatinosa , reticulosa, substantia vesiculosa ; mais Scherer l’a suivie d’une manière plus utile et plus intéressante : il remarque d’abord qu’on la trouve dans les lieux exposés au soleil; il dit qu’elle est formée par une pellicule tendre, composée de fibrilles ou de filets couchés les uns sur les autres , quioffrent,, parleur dis- position irrégulière , des cellules de différentes grandeurs , en par- ties rondes et ovales. Au microscope ce tissu lui parutune réunion de filets nombreux, transparens, cylindriques, sans articulation; on voit, dans plusieurs places , des animaux verts , oviformes , semblables à des vésicules aëriennes de différens diamètres ; mais il observa un mouvement propre dans les filets, au bout de deux ou trois jours; après 15 jours le tissu vert pourrit dans l’eau qui n’étoit pas renouvellée , et les filets étoient immobiles, Malgré cette apparence d’animalité, Scherer ne décide point à quel règne appartient cette substance ; il remarque seulement qu’elle donne de l'air très-pur au soleil sous l’eau , qu’elle n’en donne point à l’obscurité ; mais qu’elle gâte l'air quand elle y est exposée au-dessus de l’eau. Scherer fit l'analyse de cette matière , et les produits qu’il obtint furent semblables à ceux du règne animal. Il décrit enfin quelques-uns des animaloules observés dans cette matière , qui a quelqué analogie avec celle-dont je veux m'occuper ici ; mais ce n’est pas elle , comme on pourra le voir. Ce sujet étoit propre à exciter la curiosité ; je l’ai souvent mé- dité depuis 1789 , et j'avois fait, en 1785, la plupart des obser- vations que je raconterai dans les Mémoires suivans ; je les ai répétées plusieurs fois pour les vérifier et les comprendre mieux. Cette question seule : la matière verte est-elle une plante ou un animal ? méritoit là plus grande attention ; c’est sur-tout sous ce point de vue que je l'ai étudiée. J'ai fait aussi des expériences analogues sur les tremelles et les conferves , parce que Ingenhousz et Girod Chantran , lea Tome V. PLUVIOSE az 7. X 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE assimilent , à divers égards , à la matièreïverte , et les regardent comme des ruches d’animalcules : leurs expériences et leurs observations sont bien propres à inspirer de la défiance, et j'aurois souhaité, pour mon instruction , que ce dernier eût publié les intéressans Mémoires que je connoïis seulement par des extraits très-courts. J’ai cru nécessaire d'analyser ainsi tout ce qu’on a écrit sur la matière verte , avant de raconter mes derniers travaux; ou pourra mieux juger ce que j ai fait, ce qui reste à faire , et l’idée qu'on doit prendre de cette substance. Avant de finir cette introduction, je dirai que j'ai employé , pour ces expériences et ces observations, l’excellent moyen pro- posé par Ingenhousz ; j'ai mis, comme lui, de petits morceaux d’un verre mince et transparent , au fond de mes vases, où la matière verte devoit se former ; on l’étudie de cette manière sous l'eau , comme dans son état naturel. Je ne suis servi des microscopes de Dellebarre et de Dollond, et je me sers souvent de lentilles seules , pour éviter les illusions du microscope composé. Enfin j'ai écarté, dans ces expériences, tout ce qui pouvoit compliquer le problème , comme l’usage des an pourrissans qui multiplient beaucoup le nombre des animalcules ; je pars toujours de ce qui a été publié pour suivre les recherches que je n'étois proposées. OBS SE RNA TIC NS Sur le prétendu verre blanc qu’on trouve sur ce qu’on a nommé lave graveleuse ; Par B.-G.S16E, directeur de la première école des mines. LL vu, chez Faujas, de très-beaux échantillons du prétendu verre blanc de Swariz-Stein - Kant , ou carrière des pierres noires de Dusandihof, ancienne maison des évêques de Frane- fort, à une demi-lieue de la ville ; les morceaux qu’il m’a donnés, m'ont mis à portée de faire des expériences'sur cette substance que j'avois aussi regardée, pendant un temps, comme du verre, à cause de sa cassure et de sa pellucidité ; mais c’est une agate transparente , vitriorme , d’un blanc laiteux, offrant des mam- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 163 melons ou petites protubérances arrondies , formées à la manière des stalagmites. Ces mammelons sont minces, la plupartbulleux, de sorte que dès qu’ils ont été rompus ,ilsrés- tent des cavités ou cellules arrondies, qui ont de la ressemblance avec les cellules vitreuses ; caractères extérieurs qui, peuvent en imposer pour ur temps aux yeux les plus exercés. Cette agate blanche transparente de Swvartz-Stein - Kant, exposée au feu , y devient blanche et opaque, ne s’y vitrifie point et se comporte comme Ja calcedoime. Celle qu'on trouve dans l'asphalte , ou poix minérale d'Auvergne , est à-peu-près sem- blable à celle de Swartz-Stein-Kant et de Saxenhauzen. Le tufa grisâtre solide , sur lequel se trouve l’agate blanche mammelonée , ressemble au tufa Fe Vicentin , dans lequel on trouve des enhidres en calcedoine. Le tufa de Swartz-Stein-Kant ayant été exposé à un degré de feu propre à le faire rougir, est devenu solide , noir, et entière- ment attirable par l’aimant. Si du verre fondu se fût porté sur ce tufa , il l’auroit noirci et rendu attirable. D'ailleurs , les verres CALE par les volcans, sont plus ou moins noirs, et à l’état émail, : OBSERVE FOUNTS Sur la cristallisation de l’or, obtenue par la réduction de ce métal , par le moyen de léther ; Par B'-CLS'atclE. S, on verse de l’éther dans une disselution d’or, faite par l’eau régale , il s'empare aussitôt de ce métal , et prend une belle couleur jaune. L'eau régale devient blanche et limpide. Au bout de six mois, un an , on trouve , dans le flacon fermé hermétiquement, lor réduit, nageant entre l’éther et l’eau régale, quelquefois sous forme de derdrites solides, sonores , élastiques, brillantes , composées de petits polyëdres ; d'autrefois en feuillets grenus et sonores. Dans ces deux cas la cristallisation est confuse ; je l’ai obtenue deux foïs en petites feuilles oblongues, épaisses, à facettes trian- ulaires très-brillantes. J’avois communiqué au célèbre Romé Delisle, mon ami, quel- X 2 Le 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ques notes sur la réduction de lor par léther, dont il a fait usage , page 233 du Ier. volume de sa Cristallographie , dans lequel il cite aussi James Keïir, qui dit, dans le Journal de Phy- sique de septembre 1776, qu'ayant versé un peu d’éther sur une dissolution d’or, il trouva , au bout de quelques mois , l'or sous la forme de prismes polygones bien distincts. J’ai fait connoître qué le phosphore avoit aussi la propriété de réduire l'or qui formoit un étui au cylindre de phosphore. L'or, ainsi réduit , est mat , sonore , ductile; sa surface , qui paroît grenue , offre des élémens de cristallisation ; cette même. surface frottée prend le brillant métallique. La réduction de lor , par le moyen du phosphore , s'opère sous l’eau sans chaleur, sans effervescence , à l’aide de la subs- tance qui rend concret l'acide phosphorique , et lui donne la propriété de luire lorsqu'il a le contact de l'air. Sa substance , principe de la lumière du phosphore , l’est donc aussi de la mé- talléité ; elle réside dans l’éther, dans les huiles , et est le prin- cipe de leur inflammabilité. Je persiste dans l’opinion que cette substance ne peut être dé- signée convenablement que par le mot phlogistique , qui signifie principe de l’inflammabilité fixé. Ce mot expressif, harmonieux , ne peut être remplacé par aucun autre. NO RETIENS Sur l’origine des eaux qui se trouvent dans l’intérieur des mines ; ParBa11Ler,énspecteur des mines de la République et professeur à Pécole des mines. J. viens de lire , dans le Journal de Physique de fructidor der- nier, une note, dans laquelle Delamétherie assure avec Humbolt, que leseaux qui se trouvent dans l’intérieur des mines, viennent toujours des couches superficielles. Si cette opinion n’étoit pas généralement reçue par tous les mineurs et par les naturalistes qui ont osé descendre quelquefois dans le sein de la terre , et si mon témoignage pouvoit être ici de quelque poids , j’essayerois d’ap- porter à l'appui cent exemples pris dans les mines nombreuses de France et des contrées voisines , et cent observations semblables qu’elles n’ont toutes fournies sur la cause des eaux de l’intérieur des mines. Je me bornerai à citer un fait que je crois digne , sous ce point de vue comme sous plusieurs autres, de toute l'attention des géologistes, EU D'HISTOIRE NATURELLE. 165 FAT. Dans les mines du nord de la République, et notamment dans celles d’Anzin, près Valenciennes , et celles d'Oniche , près de Douay, les terrains qui composent le sol à sa surface et jusqu’à cent et deux cents mètres de profondeur, sont des terrains d’allu- vion, des sables, des craies, des marnes et des glaises par couches horisontales, alternatives et répétées : la dernière, ou la plus profonde, est une couche de glaise , épaisse de vingt mètres ; au-° dessous, sont les couches inclinées de houille, entremêlées de couches parallèles de schistes micacés et de grès granitiformes. Pendant qu’on approfondit un puits dans ces mines , l’abon- dance des eaux est telle dans les sables , les craies et les marnes, qu'il faut , pour les épuiser (mème de la profondeur seulement de trente ou quarante mètres , et dans l’espace étroit d'un puits quarré , qui n’a que deux mètres de côté) deux ou trois cents chevaux ou plusieurs machines à vapeurs. Lorsqu'on est parvenu à la couche de glaise qui recouvre le terrain à houille , on établit ce qu'on nomme le picotage , et on exécute le cuvelage du puits, depuis le fond jusqu’au jour , de manière à retenir les eaux entre les lits différens des terrains supérieurs , et à leur boucher hermétiquement toute issue. On démonte alors toutes les pompes et toutes les machines qui ont servi à l’épuisement , et on continue à creuser le puits, sans être incommodé par d’autres eaux que celles qui suintent entre les joints du cuvelage , ou que les fentes et les lits des schistes, des grès et des houilles peuvent amener. Mais ces eaux , au reste, sont si peu abondantes , qu’il suffit ordinairement d’une seule machine à vapeurs pour extraire toutes celles de plusieurs fosses et de travaux immenses qui s'étendent quelquefois à la profondeur de troïs cents mètres et plus, et à la distance de douze ou quinze cents mètres de rayon. Il arrive même souvent, au fond de ces mines, que lorsqu'on poursuit une galerie dans une couche de houille, on trouve le . terrain et la houille tellement secs, que les ouvriers sont obligés d'aller chercher au bas du puits quelque seaux d’eau pour mouiller le sol de leur galerie , et faciliter le tirage du traîneau sur lequel ils conduisent la houille. | 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ec | LÉ EI TERME De BAILLET , inspecteur des mines de la République , et professeur à l’école des mines, AVANCE DIE L'ANLÉ T'AEMR! IE, Sur la glace produite par l'expansion de l'air comprimé. } rapportez, page 186 du Journal de Physique de fructidor dernier, une expérience intéressante, dans laquelle le professeur Pictet, de Genèye , a reconnu que l'air ,.comprimé dans la ma- chine de compression , produit, lorsqu'il s'échappe, un froid considérable , et que même , lorsqu'on a eu soin ee un peu d’eau dans la machine , cette eau, emportée par l'air, se dépose en glace autour du robinet. Permettez-moi de rappro- cher de ce fait, un autre fait analogue, non moins important, connu depuis plus de quarante ans, mais oublié et resté sans explication; j’essayerai ensuite d'expliquer l’un et l’autre à l’aide des principes de physique les plus généralement admis. FAT Im, On se servoit, il y a 4o ans et même encore il y a 15 ans, aux mines de Schemnitz en Hongrie, d’une machine appelée & ea et à& air, imaginée en 1755 par Holl, et assez semblable > Quant au principe , à la célèbre fontaine connue dans les cabinets de phy- sique, sous le nom de fontaine de Héron. Elle consistoit en une colonne d’eau de 40 à 5o mètres de hauteur , qui comprimoit l'air d’un réservoir, et en pressant sur une autre colonne d’eau infé- rieure , obligeoit Peau de celle-ci à s'élever. du fond des mines, Je ne sais si cette machine, qui, toute ingénieuse qu'elle est , renferme des défauts essentiels , existe encore. Mais voici l’obser- vation à laquelle elle a donné lieu. Sur la fin de chaque opération ( c’est-à-dire, quand l'air com- primé , remplacé par l’eau de la colonne supérieure, a passé dans le réservoir inférieur dontil a chassé et élevé l’eau), si on ouvre le robinet pour donner issue à l'air , et qu’on présente à son em- bonchure un chapeau ou un bonnet de mineur, les vapeurs aqueuses dissoutes dans l'air comprimé , se déposent à l'instant sur le chapeau , en forme de glace très-blanche et très-compacte ; qui ressemble beaucoup à de la grêle, et que l'on.en détache faci- ET D’HISTOIRÉ NATURELLE. 167 lement. Cetté glace fond assez vîte , l’intérieur de la mire étant à une température constante de 10 à 12 degrés. Ce phénomène a lieu en toute saison. Il faut remarquer que l'air sort avec une grande vitesse et une grande force , et que si l’ouvrier n’éioit pas appuyé par derrière quand il présente son chapeau au jet d’eau , il lui seroit impossible de le tenir. On observe encore que quand on n’ouvre le robinet qu’en partie, la glace est plus com- pacte que quand on l’ouvre entièrement. Ce fait n’a été confirmé par c:ux de mes camarades qui ont été à Schémnitz. Jars , qui l’a rapporté le premier en 1758, ne Va pas expliqué; ila seulement insinué que c’est peut-être de cette man'ère que la grêle se forme ; la physique n’étoit point assez avancée à cette époque pour rendre raison de ce fait. EtxePUr rie ANT TION: Graces aux découvertes nouvelles et aux belles expériences de Crawfort et Lavoisier , il s'explique avec facilité par la théorie seule des chaleurs spécifiques ou des capacités de calorique. A. L'air condensé au 5°. et même au 6€. de son volume primitif a dû perdre, par l'acte même de cette condensation , une grande partie de son calorique que l’eau du réservoir et le réser- voir lui-même ont absorbée rapidement. B. Cet air a dù aussi dissoudre un peu plus d’eau que dans sa raréfaction ordinaire. ( Mémoire de Monge, V?. vol. des Annales de Chimie. ) Enfin cet air, quoique contenant moins de calorique qu’aupa- ravant , est en équilibre de température avec tous les corps envi- ronnans. Ces trois faits seront facilement avoués par tous les physiciens. Lorsqu'on ouvre le robinet, qu’arrive-t-1l ? L'air comprimé s'étend et reprend le volume qu'il avoit sous la pression de l’at- mosphère ; sa température baisse à l'instant; il ne peut dissoudre autant d’eau que dans son état de condensation , il la dépose, et comme il a besoin d’une grande quantité de calorique dans son nouvel état de raréfaction, il l’emgprunte à la vapeur de l’eau qu’il abandonne et qui se dépose Melace sur tous les corps cnvironnans. Telle est, ce me semble, l’explication naturelle des deux faits importans , observés à des époques bien éloignées et dans des lieux différens , par Jars et Pictet. 168: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE OBS EUR V'AMPAIMIONNES SUR LES ÉMISSIONS DU FLUIDE ÉLECTRIQUE. Lues à la société philomatique , par TrEeM Em x. pi us les corps considérés, par rapport à la matière électrique, peuvent, comme on sait, se partager en deux classes , savoir : celle des corps conducteurs et celle des corps non - conducteurs. Suivant Priestley , « les szbstances conductrices contiennent le » phlogistique intimement uni avec quelque base », et les szbs- tances non-conductrices , « Si tant est qu’elles contiennent du » phlogistique , le retiennent plus foiblement (1) ». Priestley rapporte, comme favorable à cette hypothèse , une expérience de Walsh « qui étant assisté par Deluc pour faire un » vide plus parfait dans É baromètre double ou arqué, en faisant » bouillir le mercure dans le tube , trouva que l’étincelle ou le » choc électrique n’y passoit pas plus qu’à travers un cylindre » de verre solide ». Priestley ajoute qu’en supposant que ce vide fût parfait, il ne voit pas comment on pourroit « éviter d’inférer » de ce fait qu’il faut nécessairement quelque szbstance pour » conduire l'électricité , et qu’elle n'est pas capable > par son » propre pouvoir expansif, de s'étendre dans des espaces vides » de toute matière, comme on l’a supposé généralement, d’après » l’idée qu’il n’y avoit rien alors pour empêcher son passage (2) ». Nous ne dirons rien ici de l'hypothèse de Priestley, dont nous venons de parler, notre but étant de faire voir que les émissions du fluide électrique, ne peuvent cesser d’avoir lieu dans desespaces vides de toute matière , et non pas d'établir des dstinctions caractéristiques entreflés substances plus ou moins conductrices de l'électricité. Ainsi nous nous bornerons à exposer les raisons et les expériences qu’on peut opposer à l'expérience de Walsh (1) Expériences et observations sur différentes espèces C’air , par Priestley, tome 1er. , page 360 de la traduction française, par Gibelif. (2) Le docteur Walson et Canton, en faisant usage du baromètre recourbé , inventé par C. Cavendish , trouvèrent que l'électricité passoit très-bien dans le vide de Torricelli. ( Histoire de l’Electricité). ei LA A, 4 { REA « È EL ET D'HISTOIRE NATURELLE. 169 et de Deluc; mais avant , nous pensons qu'il ne sera peut-être pas inutile de faire connoître ce qui arrive lorsque le fluide électrique tend à traverser des milieux qui présentent à son mouvement une plus ou moins grande résistance. Supposons une substance non-conductrice de l'électricité inter- posée entre deux corps & et 2, pris dans la classe des corps conduc- teurs, et supposons de plus que l’un des deux corps conducteurs, le corps a ,par exemple, soit électrisé ; les choses étant ainsi dispo- sées, il est clair que le fluide qui se trouvera en excès dans Le corps a, ne pourra pointse répandre dans le corps b, à cause de larésis- tance que la substance non-conductrice présentera au mouvement du fluide électrique , laquelle résistance doit être supposée assez grandepour ne pas laisser passer la matière électrique. Dans cette circonstance, le corpsa ne sé tronvant pas dans sonétat électrique naturel, aura la propriété de décomposer le fluide propre de l’autre corps conducteur:alors une action attractive sera exercée sur l’un des deux fluides du corps 4, tandis qu’une action répulsive sera exercée sur l’autre fluide de ce même corps ; en sorte que, si le corps & est supposé élecirisé vi/reusement , Va partie 6, qui sera la moins distante du corps &, se trouvera électrisée résineusement, et l'autre partie du corps à, celle qui sera la plus distante du corps & , se trouvera électrisée vitreusement. D’après cela il est facile de voir, 1°. que l’action artractive qui s’exer- - -cera entre le fzide vitré du corps & , et le fuide résineux du corps à , sera nécessairement plus forte que l’action re- pulsive qui s’exercera entre les vides vitrés de ces mêmes corps; 2°. que cette dernière action diminuera, par rapport à la première » Si les corps viennent à s'approcher ; 3°. enfin que les émissions électriques devront avoir lieu aussitôt que l'épaisseur de la substance non-conductrice qui détermine lécartement des corps z et à se trouvera diminuée d’une quantité suffisante. Si la substance non-conductrice interposée entre les corps & et à est une couche d’air , les émissions du fluide électrique pour- ront avoir lieu , en supposant même à cette couche une assez rande épaisseur. En général, suivant les différentes densités de couches d’air interposées, les distances explosives seront plus ou moins grandes , les plus petites distances répondront toujours aux couches les plus denses , et les plus ie distances, aux couches qui seront les moins denses. Les étincelles électriques qui traverseront les premières couches, paroîtront constamment plus vives et plus brillantes que celles qui traverseront les secondes couches ; les différences qu'on observera seront d’autant plus Tome V. PLU VIOSE a 7. da + 170 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE grandes , que les milieux à traverser auront des densités plus éloignées. Enfin la matière électrique prendra une couleur purpu- rine , si la densité des couches d’air qu’elle devra traverser est infiniment petite. ENT L'expérience fait voir que c’est au simple écartement des mo- lécules du fluide électrique , qu’on doit attribuer les différences qui ont lieu HE a excite des étincelles électriques au mi- lieu de couches d’air de densités inégales ( 1 ), ensorte que , si, par un moyen quelconque, on empéche l’écartement des par- ties élémentaires du fluide électrique d'avoir lieu, les étin- celles qui traverseront des couches d'air d’une densité infiniment petite ; pourront toujours paroître aussi vives et aussi bril- lantes que celles qu'on excitera au milieu de couches d'air d'une grande densité. Examinons maintenant ce qui arriveroit dans le cas où le fluide électrique devroit se répandre dans des espaces vides de toute matière. Tinaginons un corps 4 de la classe des corps conducteurs , c’est-à-dire , un corps qui soit tel par sa nature , que le fluide électrique puisse s’y mouvoir librement. Cela posé, si nous char- geons le corps à d'électricité , il est aisé de voir que le fluide électrique qui agit par répulsion dans toutes ses parties élemen-- taires avec une force plus grande que la raison inverse du cube des distances, ne pourra rester dans l’intérieur du corps a,et qu'il devra se porter à sa surface (2). O)En effet, si on prend un tube de verre d’un petit diamètre , et si, au moyen de la machine preumatique ; on réduit à la plus petite densité possible l'air qu'il contient, les étincelles qu'on excitera dans l'intérieur de ce tube pour- ront paroitre aussi vives et aussi brillantes que celles qui traverseront des couches d’air infiniment plus denses. Si, au lieu du tube dont nous venons de parler , on emploie toutes choses égales d’ailleurs , un vase d’une grande capacité , les molécules du fluide électrique pouvant alors obéir à la force répulsive qui les anime , se trouveront , de cette manière, sollicitées par plusieurs forces; dans ce cas , elles prendront une couleur purpurine, et décriront une courbe quel- conque dans l'intérieur du vase. (2) Coulomb a prouvé, dans ses mémoires sur l'électricité, que toutes les fois qu'un fluide renfermé dans un corps où il peut se mouvoir librement, agit par répulsion dans toutes ses parties élémentaires avec une force plus grande que la raison inverse du cube des distances (telle, par exemple , qu’elle a été trouvée pour l'électricité en raison inverse du carré des distances ) , l’action des masses de ce fluide , placées à une distance finie d’un de ses élémens, n’est pas infini- ment pete relativement à l’action élémentaire des‘points en contact ; d'où il suit , que tout le fluide doit se porter à la surface du corps dans lequel il est renfermé, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 171 Les choses étant dans cet état , si tous les points de la surface du corps & se trouvent en contact avec une szbstance non-con- ductrice de l'électricité , le fluide en excès dans le corps & s’arrè- tera nécessairement à la surface de ce corps ,‘à cause de la résis- tance que l’enveloppe di0-é/ectrique présentera au mouvement des parties élementaires du fluide électrique. L Si les choses étant dans le premier état, le corps &, au lieu d’être enveloppé d’une substance non-conductrice , se trouye placé au milieu d’un espace vide de toute matière, Vaction des élémens du fluide électrique devant avoir également lieu dans cette dernière circonstance , le fluide en excès dans le corps & ne s’arrêtera plus à la surface de ce corps , et se répandra dans l’espace vide. Pour que l'effet contraire eût lieu, il faudroit ne plus avoir égard à la force répulsive des molécules électriques, et dire alors que le fluide électrique n’a pas la propriété de se répandre dans les corps , en vertu de l’action ae de ses élémens. Or, Coulomb a fait voir que « le fluide électrique ne » se répand dans aucun corps par une affinité chimique, ou par » une attraction élective ; mais qu’il se partage entre différens » corps mis en contact, uniquement par son action répulsive ». Ainsi tout tend à prouver que, le fluide électrique , par sa manièré d'agir dans toutes ses parties élémentaires, peut se répandre dans des espaces supposés vides de toute matière. Nous allons maintenant rapporter quelques expériences qui font voir que les émissions du fluide électrique ont lieu dans /e vide de Torricelli. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. FT CU R EN Cy PLANCHES. Nous avons pris un baromètre 4 B C, parfaitement bien purgé d’air, et, au moyen d’un excitateur, nous avons fait com- muniquer la tige métallique e g , fixée dans la cuvette c, avec . un corps conducteur chargé d'électricité : à l'instant une partie du fluide du corps conducteur se répandit dans l’espace a 47, et toute la partie vide du baromètre devint lumineuse (1). (1) D'après ce qui a été dit, la théorie de cette expérience est facile à concevoir : dans cette circonstance , La surface Z r du mercure faisant partie de la surface totale du corps électrisé , et les poinis de cette surface ne se trouvant pas en contact avec une substance non-conductrice , une partie du fluide du corps conducteur a pu se répandre dans la partie vide 4 2 7, et même le corps conducteur eût pu perdre tout son fluide en excès , si la partie vide 4 4 reût été infiniment grande. Ya 172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Nous avons entouré la partie a df du baromètre, d'une petite lame d’étain , et attaché à la tige eg un conducteur qui tomboit à terre ; nous ayons ensuite fait communiquer la lame d’étain avec un corps conducteur chargé électricité , et aussitôt la partie vide du baromètre devint lumineuse (1). Après avoir ainsi excité quelques étincelles du corps conducteur , nous avons porté une main sur la tige eg, et l’autre sur la lame d’étain : à l’instant la partie vide du baromètre devint de nouveau lumineuse , et l'espèce de bouteille de Leyde, qui s’étoit formée pendant l’élec- trisation, se déchargea en faisant sentir une commotion. TROISIÈME EXPÉRIENCE. HUUNC UNBME M) NP LANGE E 2 Pour cette dernière expérience nous avons employé un baro- mètre double , 2 EF", semblable, par sa construction , à celui dont Walsh et Deluc, firent usage. Après avoir fixé dans chaque cuvette une tige métallique , nous avons attaché à l’une de ses tiges un conducteur qui répondoit à la terre , et nous avons fait communiquer l’autre tige avec un corps conducteur chargé d’élec- tricité ; aussitôt le fluide électrique se répandit dans l’espace compris entre les deux colonnes de mercure, et toute la partie vide du baromètre devint alors très-lumineuse. (1) Comme le phénomène qui a lieu dans ce cas est absolument semblable à celui de la bouteille de Leyde, il faut avoir soin de ne pas continuer trop long-temps Pélectrisation du baromètre, autrement on pourroit le casser. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 173 ME ,MeO SRE Sur la séparation , par la voie humide , du zinc uni au cuivre , alliage connu sous la dénomination de cuivre jaune , de laiton et de similor ; suivi d’une analyse de cinq espèces de monnoies de cuivre , grecques et romaines. Lu à l’Institut national , le 6 prairial an sixième , par M.-J.-J. Drzé (1). ! EVA separation du zinc uni aux diverses substances métalliques , et principalement lorsqu'il est uni au cuivre, avec lequel il a une grande affinité , intéresse à-la-fois la chimie et les arts. La dissolubilité du zinc, dans presque tous les acides, sa facilité à s’oxider et à se volatiliser en même tems à un certain degré de chaleur , présentent plusieurs difficultés lorsqu'on veut rompre son union d'avec un métal qui partage presque toutes ses affi- nités. 10, Il est très-difficile de séparer le zine d'avec le cuivre par le moyen de la dissolution et la simple cristallisation : il arrive toujours, quelques précautions que lon prenne , que les deux sels qui doivent résulter d’une dissolution de zinc allié avec le cuivre , quoique ces sels, dis-je , Soient de forme et de couleurs différentes , recèlent dans la contexture de leurs lames cristal- lines, une partie plus ou moins grande de la base de Pun de l’autre ou de leur principe salifiable : et la participation mutuelle de ces deux sels s'accroît à mesure que la dissolution saline approche de son terme de cristallisation. 20, Dans le cas où l’on voudroit séparer le zinc d’avec un (1) La lecture de ce mémoire à l'institut national est antérieure aux observations qu’un membre de l'institut lut quinze jours après, sur le mêwie sujet. Il fit connoître aussi un moyen de séparer le zinc allié au cuivre. Sen procédé ayant été publié dans le Journal de Pharmacie du mois de thermidor, 2e. année , on peut l'y consulter. Les artistes qui auroient besoin d’analyser les différens laitons pour les con noître ou les imiter, seront à même de choisir celui des deux moyens qui leur paroitra leur convenir le plus. : 174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE métal à l’aide de la sublimation à une forte chaleur, ce moyen, qui est pratiqué aujourd'hui , est plus propre à indiquer la pré- sence du zinc seulement qui seroit allié à un métal, qu'un moyen certain d'en connoître avec précision la quantité. Macquer et Baumé ont fait mention des procédés que je viens de citer ; mais leur peu d’exactitude dans cette analyse, les éloigne beaucoup de ceux au moyen desquels on est parvenu à la précision que nous avons acquise. En effet, si après ces deux chimistes on expose dans un creuset, à un feu assez fort , une quantité connue de cuivre contenant du zinc , afin de déterminer les proportions dans lesquelles ce métal y entre, le zinc viendra se brûler à la surface de l’alliage ; sa combustion et son oxidation indiqueroient bien sa présence ; mais ses porportions ne pourroient tout au plus s'apprécier que ar la soustraction du poids que cet alliage auroit perdu. La difficulté ne se borneroït pas là ; car ensuite il s’agit de con- noître le point ou le caractère certain qui annonce que le zinc contenu dans tel alliage a entièrement brûlé , et que le degré de chaleur employé aura été assez fort pour forcer les dernières portions de zinc à rompre l'attraction qui les unit au métal avec lequel elles sont alliées ; comment encore apprécier le poids des autres substances métalliques qui s’y trouveroient et qui auroient été oxidées ou volatilisées avec le zinc ? D'ailleurs le cuivre s’oxide plus ou moins pendant la combus- tion et l’oxidation de ce demi-métal , et il acquiert ainsi un poids plus fort; ce qui produit nécessairement une erreur dans le calcul, lorsqu'il est question de déterminer le poids du métal volatilisé ou brûlé par le poids de celui qui est resté fixe. Je me suis assuré de l’imperfection des moyens dont je viens de parler , par divers essais; et malgré tous mes efforts à les rendre propres à être employés, je n’ai pa parvenir qu'à éviter l’oxidation du métal restant après que le zinc qu’il con- tenoit a été brûlé, qu'en échauffant l’alliage entouré et pressé dans de la poudre de charbon. Mais, malgré cette précaution , j'ai toujours eu des variations sensibles de poids avec différentes parties du même alliage de zinc et de Cuivre exposées au même fourneau, et chauffées pen- dant le même espace de temps. Ainsi, après m'être convaincu que le feu étoit un réactif trop inconstant pour obtenir des produits égaux et par lesquels on pût obtenir des résultats ipvariables 5 j'ai soumis différentes espèces de laiton à l’analyse par la voie humide ; cette voie m'a présenté des moyens plus constans et plus exacts, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 175 PREMIERE EXPÉRIENCE. Je pris cent parties de laiton du commerce ; on les fit dissoudre dans une suffisante quantité d’acide nitrique pur. Lorsque le cuivre qui a servi à préparer le laiton contient de l’étain , ou que ce métal y a été ajouté pour durcir le laiton , l’étain se précipite peudant la dissolution en oxide, et quelquefois il se trouve mêlé de quelque portion d’oxide rouge de fer ; en pareil cas on décante la dissolution de nitrate de laiton , pour en séparer les oxides d’étain ou de fer. ‘ DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Les divers acides mêlés À la dissolution du nitrate de laiton n’enlevent pas le cuivre ni le zinc à l’acide nitrique. TARNOMISAIN ENTIER ESP RU INE NC IE: On fit dissoudre cent parties de laiton ordinaire dans de l'acide nitrique pur. Cette dissolution ayant été décomposée avec de la potasse, le précipité qui se fornra fut bien lavé et dissons ensuite dans une quantité suffisante d’acide sulfurique affoibli ; par ce moyen , j'obtins une dissolution de sulfate de laiton , à laquelle j'ajoutai six fois son volume d’eau distillée. Je cherchai à séparer le cuivre de son dissolvant , en Ini substituant un lan l'attraction, moins forte que celle du zinc avec l'acide sulfurique , se bornât à précipiter le cuivre. Le fer me parut réunir cette qualité ; en conséquence je plon- geai une lame de fer bien decapée dans la dissolution du sulfate de laiton , étendue de six parties d’eau distillée : aussitôt le cuivre fat déplacé par le fer, et précipité sous forme métallique. La liqueur contenoit alors un sulfate de fer mêlé d’un sulfate de zinc. M'étant, assuré que l’infusion de noix de galle n’a aucune action sur le sulfate de zinc, je versai dans la dissolution de sul- fate de fer et de zinc une quantité suffisante de cette teinture aqueuse, pour précipiter tout le fer; on délaya de nouveau la dissolution dans une suffisante quantité d’eau pure , pour faciliter la précipitation du gallate de fer. Lorsqu'il fut entièrement tombé au fond du vase, on filtra ce fluide, et le gallate de fer qui resta sur le filtre fut bien lavé à plusieurs reprises. La liqueur ne devoit plus contenir que le sulfate de zinc uni à quelques petites parties de teinture de noix de galles, excédentes à la précipitation du fer. Afin d'obtenir le sulfate de zinc dans son état de pureté , j’éva- porai à siccité , dans un vase de verre, toute la dissolution res- 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tante. J’en mis le produit dans un creuset que je chaufiai assez pour charbonner seulement la petite portion de tannin et de gal- ate de fer qui auroit été dissoute ; après cette opération je fis di- gerer la matière charbonnée dans l'eau distillée froide, et je la Yavai sur nn filtre ste ce qu’elle me parût épuisée de tout le sulfate de zinc qu’elle contenoit. La liqueur étoit claire et limpide, le prussiate de chaux n’y déceloit pas le fer; mais la dissolution de carbonate de soude pure précipita en bleu le zinc qu’elle contenoit : je m’assurai que ce précipité n'étoit que du carbonate de zinc en le revivi- fiant mêlé avec la poudre de charbon dans une cornue de grès dont le bec plongeait dans l’eau. < Je ne présente pas le procédé que je viens de décrire comme le moyen le plus prompt et le plus aisé pour séparer, par la voie humide , le zinc qui pourroit se trouver allié au cuivre ; la lenteur avec laquelle le gallate de fer se précipite, et la quantité de fluide qu'on est obligé d’évaporer pour déterminer le poids d’une très-petite quantité de zinc rendent l'opération longue, et ne présentent pas cette facilité d'exécution qui peut garantir la réussite dans des mains peu exercées dans ce genre d’analyse. J’ai cru cependant devoir rapporter cette expérience pour faire connoître les difficultés qu’on est obligé de vaincre ou d’écarter, lorsqu'il s’agit de rompre l’union de deux substances obéissant aux mêmes lois d'attraction. - QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Parmi les substances qui ont la propriété d’enlever le cuivre à. l'acide nitrique, le plomb me parut préférable , 1°, parce qu’il forme, avec cetacide ,unnitrate de plomb très-soluble ; 20, parce que le plomb peut être ensuite séparé de cet acide par l'acide sulfurique qui le précipite en sulfate de plomb qui est pres- ineofuble 3 30. parce que le zinc a une plus grande affinité avec l'acide nitrique que le plomb. En conséquence, je fis dissoudre cent parties de laiton dans l'acide nitrique très-pur ; la dissolution ayant été mêlée à six fois son égal volume d’eau distillée, jy plongeai une lame de plomb pur et bien décapée: le nitrate de cuivre fut aussitôt décom- posé par le plomb, etle cuivre se précipita en état métallique, tandis que le plomb s’unit à l’acide nitrique. A mesure que le cuivre se sépare de son dissolvant par le plomb, la liqueur perd sa couleur bleue ; et lorsque le cuivre est totalement précipité , elle acquiert un ton de couleur légérement citrine. On ne doitcependant pas conclure d’après un indice si peu certain, ET D'HISTOIRE NATURELLE : {177 certain , que la liqueur ne contient plus de cuivre. Le meilleur moyen qui pee , en pareil cas , servir de preuve exacte, c’est lorsque la lame de plomb, bien décapée de nouveau ,. conserve son état métallique , après avoir séjourné quelques heures dans la dissolution échauffée jusqu'à ébullition. Il arrive très-souvent que sur la fin de la précipitation du cuivre par le plomb, la surface de la lame de plomb s’oxide au premier degré d’oxidation en se couvrant d’un oxide gris-foncé de plomb, et se mêle avec le cuivre qui a été précipité en état mé- tallique ; pour séparer entièrement le cuivre métallique d'avec cet oxide de plomb qui s’y est mêlé pendant l'opération, il est nécessaire de redissoudre , dans de nouvel acide nitrique, toute la substance métallique précipitée , et en précipiter le plomb avec de l'acide sulfurique ; ensuite on décompose le nitrate de cuivre , par le carbonate de soude pure , et on en apprécie le poids, soit en revivifiant le carbonate de cuivre, soit en défal- quant l'acide carbonique dont il s'est chargé. Ainsi , lorsque je fus bien convaincu , par le moyen que je viens d'indiquer , que tout le cuivre étoit séparé, je procédai à la décomposition du nitrate de plomb par l'acide sulfurique qui enleva le plomb à l'acide nitrique ; et le précipita en sulfate de plomb. Je séparai ce sel insoluble par la filtration , et après l'avoir bien lavé avec de leau pure , j'évaporai à siccité, toute la liqueur dans un vase de verre. Le résidu obtenu après cette éva- poration , fut dissous dans l’eau froide pure; ensuite on filtra cette dissolution pour en séparer la petite portion de sulfate de plomb qui auroit pu s’y trouver. : Au moyen de quoi le zinc qui étoitentré dans la composition de cent parties de laiton, resta seul dissous dans l'acide nitrique , dont ensuite je le précipitai en carbonate de zinc avec le carbo- nate de soude pure. Le carbonate de zinc que j laiton , après avoir été bien Î centièmes. CINQUIÈME,EXPÉRIENCE. Afin de pouvoir calculer la quantité de zinc métallique que pourroit contenir un poids donné de carbonate de zinc, je fis dissoudre cent parties de zinc pur dans une quantité suflisanté d'acide nitrique, et on les précipita avec le carbonate de soude ; ce produit, bien lavé et séché, on reconnut que les cent parties de zinc avoient acquis quatre-vingis parties, D'après cette donnée, je peux, avec précision , estimer la quan- Tome V. PLU VIOSE en 7. Z avois obtenu de’cent parties de , nt DEN £ avé et séché, pesoit vingt - cinq #98 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tité de zinc que les cent parties de laiton contenoient , et dont voici le résultat. Datontdarcommenrce AMNeN EEE RE Mroo parties: G Cuivre rouge. . . 241% .00187 parties Carbonate de zinc 2". 100 parties. Représentant zinc métallique 13 parties Je dois faire remarquer que les différens laïtons ordinaires que j'ai soumis à la même analyse, ont presque tous varié dans les proportions du cuivre et du zinc qui les composent, et que l’étain s’y trouve souvent mêlé dans les proportions d’un ou deux cen- tièmes. Ces variations ne doivent pas étonner, lorsqu'on sait que la plupart des cuivres jaunes nous sont vendus par l'étranger ,. et que leurs qualités et les proportions du zinc qui sy trouvent alliées , doivent différer relativement aux moyens qu’employent les diverses fabriques qui les préparent. L'horlogerie fait usage d’un cuivre jaune quiest préparé exprès à Genève pour la fabrication des roues d'échappement, pièces si essentielles à la justesse du mouvement des montres. Ce cuivre réunit à la beauté de la couleur jaune , une grande ductilité ; ïl est si recherché par Les artistes horlogers , que lorsqu'ils peuvent trouver des lingots de ce cuivre d’une parfaite ductilité , ils y mettent un haut prix. J'ai fait l’analyse de ce cuivre jaune que Breguet, artiste célèbre dans l'horlogerie , m’avoit donné, et dont il me certifia l’excel- Isnte qualité. Voici les proportions de cet alliage. Cuivre jaune préparé à Genève pour la fabrication des roues d'échappement.eurs Has une sur, Bi moo parties! Ont donné cuivre rosette, 76 parties Zinc métallique. . . : . . 28 parties > À 100 parties, Tels sont les différens résultats que j’ai obtenus dans l’examen: de plusieurs cuivrès jannes, en les soumettant au mode d'analyse dont j’ai donné le détail , et au moyen duquel ilest aisé d’appré- cier les proportions de zinc qui se trouveront alliées aux diverses quelités de‘laïton que le commerce nous fournit. L’alliage dont il est question est d’un grand usage chez nous pour la fabrication de la grosse bijouterie et de l'horlogerie , et sous ce. seul rapport, la variété que j'ai trouvée dans la propor- tion de sa composition ne pourroit influer que sur sa qualité et sa: beauté. J Ce même alliage , considéré sous le rapport de son emploi dans la fabrication des vases de cuisine et des ustensiles destinés: ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 179 à contenir ou préparer les boissons et les divers alimens qui atta- quent le cuivre , mérite l’attention du gouvernement. Ïl seroit à souhaiter , pour la sûreté publique et afin d'éviter des accidens funestes et trop fréquens dans les familles , par la sécurité perfide qu’on a dans les vases de laiton dont on ignore mêmes les proportions d’alliage ; que la dose du zinc allié att cuivre destiné à la fabrication de ces vases, fût déterminée par une loi. Les proportions de zinc qui entreroïent dans cet alliage, devroient être telles que les molécules de ce demi-métal , pussent isoler et couvrir les molécules du cuivre , dé manière à ne pas altérer leur malléabilité, et à les défendre contre l’action des fluides acides ou des corps gras; ces proportions d’alliage qui ne seroient pas difficiles N être déterminées | pourroient aussi être garanties, en soumettant À l’analyse , par la voye humide que je publie, tous les cuivres jaunes qui seroient destinés à la fabrication des vases , faits pour préparer ou recevoir les alimens. L’alliage du cuivre avec le zinc remonte à la plus haute anti- quité. Les anciens peuples le préparoient et l'ont employé au< ouvrages de luxe et à la confection des ustensiles destines à la Danaraeon des alimens. En réfléchissant sur le grand usage que es anciens ont fait de ce métal mixte , aussi beau que ductile, de même que sur son usage journalier dans nos cuisines, on est étonné qu'on n’ait pas encore déterminé, d’une nranière pré- cise , les proportions de zinc qu’il conviendroit d'employer pour détruire ou affoiblir , le plus qu’il seroit possible , la qualité de. tère du cuivre rouge qui fait la base de cet alliage. La variété des proportions de zinc que j'ai trouvée dans les différens cuivres jaunes que j'ai soumis à l’analyse par la voie humide , les accidens fâcheux arrivés et qui se répètent chaque jour par la confiance que l’on peut avoir dans le cuivre parce qu'il est jaune, m'ont profondément pénétré de l'intérêt urgent que le gouvernement doit se hâter de faire porter dans la re- Pete des doses de zinc qu'il seroit le plus convenable d’allier dans la fabrication d’un cuivre jaune, pour être moins malfrisant dans nos usages domestiques , et dont la fidélité seroit uniforme, constante et garantie par une marque. Quoique l’histoire nous ait laissé ignorer que le zinc fut connu, même de nom, chez les Grecs , les Arabes et les Romains ; la couleur jaune des pièces ouinstrumens de cuivre que ces peuples nous ont laissés , a dû naturellement faire présumer que cette substance métallique existoitdeleur temps. Pline dit, au 34°. chap., liv. 2°., que l’airain se fxisoit avec une pierre cuivreuse , qu'on 2 2 19.. JOURNAL DE PHYSIOUE, DE CHIMIE nomumoit cadmie. D’après le rapportde ce célélrernatuialiste, cm pourroit croire que si les peuples de ce temps ne possédoi nt: pas les moyens d’extraire directement le zinc de sa mine, les: mines de zinc étoient du moins exploitées , et qu'ils utilisoient ce métal alors inconnu, en le combinant avec le cuivre par la cémentation dont probablement ils connoissoient l’art. La mine cuivreuse d’Asie ou cadmie , dont parle Pline , avoit une grande célébrité en Asie; il s’en trouvoit aussi dans la Cam- panie ou terre de Labour. Du temps de Pline on en fit la décou- verte dans le pays de Bergame , à l'extrémité de l'Italie , et cet auteur ajoute que la Germanie en fournissoit pie peu. En Chypre, où on prétend que le bronze a été d’abord trouvé, il s'y préparoit aussi de l’airain avec une pierre appelée ca/oiris ; mais bientôt on lui préféra le laiton qui avoit une grande supe- riorité , soit pour sa beauté, soit pour sa bonté. La Tarentaise en fournit par la suite de presqu’aussi estimé ; mais il ne dura pas long-temps , il fut en quelque façon rem- placé par lairain ou laiton livien dans la Gaule : ces alliages portoient le nom des propriétaires qui possédoïent ces mines ou ces airains ; le premier étoit Saluste, favori d’Auguste, et l’autre Livie, son épouse. Le laiton, qui du temps de Pline avoit le plus de vogue, étoit celui de Cordoue en Espagne: il porteit le nom de Marius : ce laiton absorboit une plus grande quantité de calamine que le laiton livien ou des Gaules , nl il étoit comparable par sa beauté ; il est à croire que cette mine étoit plus riche en zinc que celle avec laquelle on préparoit le laiton livien.. Pline qualifie tous ces airains , d’airains naturels, à la diffé- rence des autres , qu'il appelle artificiels , comme celui de Corinthe. Les anciens distinguoient trois sortes de laitons ; la première espèce étoit brillante et très-recherchée par sa belle couleur d’or; la 2e, étoit pâle ; la 3°. enfin , qui avoit une couleur plus pâle encore que la 1'e. et la dernière , étoit blanche. Pline, chap. Xe., parle de la cadmie , mine de cuivre, dite calamine ; ensuite il établit trois sortes de calamine , dites des Journeaux ; la a1re., plus blanche , plus légère , s’attachoit à la bouche haute des fourneaux, on l’appeloit capnitis ; la 2°, moins blanche , plus dure et disposée en grappes, s’attachoit à la voûte des fourneaux , et se nommoit borritis ; la 3e, plus colorée, plus dense , plus pierreuse et plus fixe , alloit s'attacher aux côtés et au bas des fourneaux , on la nommoit p/acitis.. On voit encore, au même liv., chap. VIII et IX , que ces peuples avoient une ” RET 1 { - _ HTAD TS TION RE IN AUTOUR FE LIT 18€ grande lvaristé de cuivre , et qu'ils duisoiont 5 ailirocs.. Ils préparvient également un alliage particulier d’airain ou bronze pour les statues et les tables ; ces alliages étoient com- posés d’un tiers d’airain ramassé des usages domestiques et qu'on achetoit, comme on achète aujourd’hui le vieux cuivre; on y ajoutoit douze livres et demi de plomb blanc ou étain sur cent livres. Æ On faisoit aussi un autre alliage pour les vases et marmites , ollaria temperatura, avec un dixième de plomb et un vingtième d’étain. En général,,on voit que Pline avoit pris. des renseignemens sw tous les différens alliages de cuivre et de zinc connus de son temps ; mais 1l en a parlé avec ce vague et ce peu de méthoile qu'évitent rarement les auteurs qui décrivent ce qu’ils n'ont pas Vu. En comparant donc les divers rapports de ce célèbre natur:- liste, on estporté à croire que les différens cuivres jaunes, dont i parle, étoient préparés avec des mines de cuivre, contenant certaines proportions de mines de zinc; en second lieu , que les trois sortes de calamine, dites des fourneaux, et qui se déposoient à de différentes hauteurs des fourneaux dans lesquels on cémen- toit et fondoit les mines de cuivre, contenant du zinc, ne sont que les tuthies et les cadmies de nos usines, dans lesquelles aujourd'hui en exploite les mines de zinc, et qui ne sont visiblement que des oxides de zinc à différens degrés d’oxidation ; j’ajouterai en- core qu’il est très-probable que les anciens faisoient usage de la calamine, puisqu'ils possédoient le laiton orychalcum , qu’on ne fait qu'avec la mine de zinc. Le peu de clarté que Pline a portée dans la description de la fabrication des-différens cuivres jaunes , ainsi que sur la nature des mines avec lesquelles. on les préparoit , nous a laissés dans une grande incertitude sur l'existence du zinc dans ces sortes de mines ; j'ai Cru qu'il-seroit intéressant d’écarter toute espèce de doute à ce sujet, en démontrant, par le résultat chimique , la présence du: zinc dans les. monnoies de ces temps, fabriqnées avec du cuivre jaune ou avec du laiton. dont Pline a fait im ton. Avant d'entrer dans ces détails, je dois rappeller qu’en 1789 je publiai une analyse des monnoies du haut et bas Empire, ainsi que celle d’un fragment d’un poignard antique, existant alors dans le cabinet de la maison ci-devant Sainte-Geneviève. Cette analyse fut lue à. la séance publique de l'Académie des Inscrip- LOC OTE ANALYSE des cinq espèces différentes de monnoies grecques et 182 - JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tions et Belles-Lettres, par Mongès , qui s’étoit chargé de la prtie historique de ce Mémoire. À cette époque j’ignorois les moyens que je publie aujourd’hui pour reconnoître la présence du zinc dans un alliage de cuivre et d’étain. Je me bornai donc à démontrer combien étoit chimérique la connoissance de la pré- tendue trempe du cuivre , attrituée aux anciens peuples , par Geoffrau. Je fis voir que leur cuivre ne devoit sa dureté qu'aux proportions d’étain qu’ils lui alloient, et dont la quantité étoit relative à l'usage auquel ces peuples destinoient ces différens alliages (1). Le tableau ci-après présente les quantités d’étain, de zinc et de cuivre métallique , retirées des cinq espèces de monnoies grecques et romaings que j'ai analysées par la voye humide. : J'ONLULILES. n métal. | Carbo-! Zincmétalliq. | Cuivre | Total DÉNOMINA- Quant id CRTC représenté | nate | représentépar rouge du si Observa- TIONS. HONTE Poids. par. JA! barl'oxidæ | de lc carbonate} mail. Jpoids.| % | tions. ques. DAEIUE» d'étain. | zinc, | dezinc. à re 25 Monnoic Parties: Aigre de = 1 7 Grecque. CNET 100. : 5 5 D. 99,22, |100. 0. tre. De D'un cui 2 de Sicile. | jre tres |: 100. À 89. |100.| 0. pale. c Aigre, On ayant une deSitile | asane $ ë 5 97,5. |100.| 0. blanchat, Cuivre'ai- au gre, blanc. F 55 Romaine. |£re blanc: ; , : ; . 96,17. |100.| 0. iméral des cloches. H Cüiwre Romaine. ME So G a M 3 94,72. |100:| o. D'après tous les résultats présentés dans ce Mémoire , je crois (1) Je suis forcé de réclamer la priorité de cette analyse sur celle qui a été publiée dans les Annales de Chimie , n°. 68, page 150 , de l’an V , sous le litre d'Observations et Expériences sur la composition de quelques armes et instrumens des anciens , par Georges Pearson, extrait des articles appartenant à la Chimie , dans les Transactions de la société royale de Londres, pour les années 1794, 1795 et 1796. L'analyse de Georges Pearson, traduite et publiée par Venturi, n’étaut qu’une confirmation bien postérieure à celle que j'ai publiée en 1789, je crois qu'il m'est permis de consigner ici ma juste réclamation à ce sujet, en fayeur de la priorité qui m'est due, j Pa © ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 avoir prouvé , 1°. que le zinc allié an cuivre et à l’étain , peut être entièrement séparé -par la voie hämide , et que ce moyen est très-propre à déterminer les proportions de zinc contenues dans les différens cuivres jaunes ordinaires, ainsi que dans ceux qu'on destineroit à l’usage de la préparation de divers akïmens, et dont il conviendroit de fixer les doses, afin d’affoiblir d’une manière sûre , constante et uniforme, la qualité vénéneuse dn cuivre rouge; 20, qu'on ne peut plus douter que la eadmie , ou mine de cuivre dont Pline a parlé, et dont les anciens peuples faisoient usage dans la fabrication de leur cuivre jaune, ne fñe une mime de cuivre contenant du zinc ; l’on-peut aussi conclure que les trois sortes de eadmie, dites des fourneaux , avec les- quelles ils préparoiïent leurs laïtons , n’étoient qu’un oxide @e zinc volatilisé par la violence du feu des fourneaux dans lesquels ils cémentoient on fondoient leur mine de calamine , et ne difié- roiexit pas de nos cadmnies ni de nos tuthies que nous retivons dans les différentes hauteurs des fourneaux dans lesquels on cé- mente le cuivre avec les mines de zinc, pour en faire le laiton, le cuivre jaune ou le similor. LPEMBLEMENTUDE TERRE DANS LES PARTIES OCCIDENTALES DE LA FRANCE, EE six pluviôse, an 7, environ 3 heures 54 minutes du matin, on a ressenti un tremblement de terre dans une partie des pro- vinces occidentales de France’, depuis Rouen jusqu’à Bordeaux. Les lieux où les mouvemens ont été les plus viclens paroissent avoir été auprès de Machecoul , dans la Vendée. À Bouin, qui touche Machecoul, il y a eu 14 maïsons renversées. À Machecoul plusieurs muraïlles ont été culbutées. : A la Rochelle, qui n’est pas très-éloigré de Machecoul, des personnes qui ont habité St-Domingue et la Martinique , accou- tumées aux tremblemens de terre , ont distingué , dans cehw-ci, quatre secousses ; les deux premières, par trépidation , ont été assez foïbles. : les deux secondes , qui ont suivi de près les deux premières , ont été par ozdulation. Elles ont renversé quelques vieilles murailles. Le ciel , à cet instant, étoit sans nuages, la lune ‘brilloit de tout son éclat. L’atmosphère a paru d’un rouge l , 184 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de feu : ce qui, sans doute , étoit une aurore boréale. Le temps étoit calme ; mais peu de temps après on a éprouvé un vent très- violent qui a duré deux jours. Les gardiens des vaisseaux ont tous également ressenti cette secousse, semblable à celle qu’é- prouve un navire quand il touche sur un fond solide. Ces secousses ont eu lieu, dans le même instant , à Rochefort, à Bordeaux... ... Angers a également ressenti la secousse ; il y avoit aurore boréale. Nautes , Rennes... ont également été agités. On a observé à Rennes que les maisons éprouvoient un balancement, aïnsi que les arbres. On a entendu un bruit sourd qui venoit du sud et couroit au nord. À Rouen les mouvemens ont été moins violens. .... il resteroit à rechercher le lieu où pouvoit être le foyer de ces commotions. On ne connoît dans ces régions aucun indice de feu souterrain. On a seulement trouvé, auprès de Treguier , des vestiges de volcans éteints . : Ces mêmes régions furent ébranlées lors du fameux tremble- ment de terre qui renuversa Lisbonne en 1755. Il faut attendre pour savoir s’il y a eu, à la même époque , des secousses dans quelqu'autres parties de P£urope. N'OUTHE SUR LA SMARAGDITE, LA LEPIDOLITE ET LE FELD-SPATH:VER. Mie , en examinant la smaragdite, en a distingué de deux espèces , la verte et la grise. Vauquelin a analysé la smaragdite verte et blanche de Corse, et il en a retiré, silice 60, alumine 11, magnésie 6, chaux 15, oxide de fer 5.5, oxide de cuivre 1.1, oxide de chrome 7.5. Ea smar:gdüe verte lui a douné, silice 51, alumine 13.5, magnésie 5 , chaux 14.5, oxle de fer 8, oxide de cuivre 0.5, oxide de chrome 4. La smaragdite grise lui a donné, silice 50, alumine 7, magnésie 8, chaux 17, oxide de fer 14.5. Leliévre a lu un Mémoire sur la lepidolite, lequel nous ferons cormoître par la suite. Vauquelin a retiré de la lepidolite en masse , silice 54, alu- une … x £ + ET. D'HISTOIRE NATUREL£LE. 165 mine 20, fluate de chaux, oxide de manganèse 3, oxide de fer 1, potasse 18. Le feld-spath vert de Sibérie a aussi été examiné par Leliëvre, dont nous ferpns connoître le travail. Vauquelin en a retiré, silice 62.83, alumine 17.002 , chaux 3 , oxide de fer 1 » perte 16.015 ; mais ayant ensuite examiné les résidus , il en « retiré , potasse 13. Voilà donc la potasse retirée de deux substances qui ne se trouvent que dans Les terrains primitifs , la lepidolite et le feld- spath vert. —— - NO) Hide. - 5 NOUVELLES LITTÉRAIRES. Mémoire sur les fossilles des environs de Dax , par Jacques- François Borda. Cet ouvrage , are propose par souscription ,; formera trois volumes grand z1-4°., accompagnés de 64 planches. Il paroîtra en 6 livraisons , de quatre mois en quatre mois. Le prix, papier grand raisin fin, est de 18 francs, et 30 fr. en papier vélin. On souscrit à Bordeaux , chez Pinard , père et fils. Et à Paris chez Agasse , Villiers, Grabit , Treuttel et Vurtz. Traité des maladies des femmes enceintes, des fmmes en couche et des enfans nouveau -nes ; précédé du mécanisme des accouchemens ; rédigé sur les leçons d'Antoine Petit, médecin de Paris, démonstrateur et professeur au Jardin des Plantes et membre de plusieurs Académies, etc. et ublié par Baignières, ancien médecin de Paris et de Montpellier, etc., et erral, ancien chirurgien-major des armées et de l'arsenal de ; 8 LE Paris. Indocti discant , et ament meminisse Periet. À Paris, chez Baudoin , imprimeur du Corps Législatif et de JInstitut national , place du Carrousel , n°. 662. Cette partie difficile de l’art de guérir avoit été traitée avec soin par le savant Petit; mais il n’avoit pas fait imprimer son travail. C’est donc un vrai service que rendent à la science et à l'humanité les éditeurs, en le publiant aujourd’hui. Tome V. PLUVIOSE en 7, A a DD D: Hp b- pe: BAË D D- D- pb DA p- W: D D BD D pp ppp PR MAXIMUM. | MHERMOMÈTRE. CT 1 RS MINIMUM. midi. —— 1,0!4:8b. m.— 3,2 2hÈs. — 0,3 l27"5m— 6,6 midie. + 2,2}a09hs.— 1,2 DE NE midi.. — 3,214 9h 5.— 7,5 midi. —\ $,0|a 9h>s..—13,0 midi... roi 74m —13,6 midi. . =—"4,$sla 7h 2m 8,3 midi. —, ÿ5,3|à 9h:5s.— 8,3 midi. — 7,9|a 72m T1 S 4,5. — 3,2là 7him—12,0 2H NS 6 | 40 8h:me.— +402 midi... —, "1,94 8h.m.. — 3,4 midi... — ,2,1|à 10h. $— 5,6 3h... $,olà 8h m—1;2 DE > ll midi. —1 3,4} 7ham— 7,2 midiss — 4,5la 7him— 8,$ PE AV 1 3542 7m lo,o 2h, 5. 4 2,4/à 7MEm.— 0,4 et 09 a 6h, s..— 4,2 1oh,s, — 1,0olà 7"m.— 3,6 midiu — o,2|à 8PÈs.— 2,3 midi. . RP ONE EEE midi: + o,$|a 7him— 2,2 3 sat ga iahisk— gr midi — 1,3[à.7Mim.— 7,7 :d\ > hr midi. — 2,4|à 7"im— 7,4 3 2 2 midi... —. 3,8|a 8h. m.— 8;$ midi. — $,ola 7°.im.— 9,8 2h se — 4,41à 7h im.—10,9 2h,S,.— 4,7Nà 7h.im—10,2 Plus grande élévation du mercure... Moindré élévation dü mercure...:14.,.4..0 a ‘4 5". DAR" BOUVARD, astrono BAR O MÈTRE. LE de LE 0 CE à : A Mini Maximum | MinN:Mum. |A Minr.k — 1,0} RÉ ner ... 28.14,8|a 8h. m... 28, 4,6128. 4,8 — l,joïa 7m. 28. 3,6|a 2his... 28. 2,4128. 3,0 + 2,2ha 9h,s…... 28. 2,6|a 8h, 1m. 28% 1,5 |28. 2,2 — 72fa midi... 28. 3,8|a oh1s.., 28. 3,328. 3,9) —8;0ja 81% mr..8-"0,7|amoh.ls...27.11,; |27. 1170 ro, 3hal8t im ..02711,7|à 8h,0s.. 27: 1016.27. a —. 4,5]a 8h. m... 27. 8,7|a 4hLs... 27. 6,0|27. 7,9 — 5,3 à 9hZ s. 27.10,6|à 8M1m.. 27. 4,8|27.10,6h 759 la0midi...128. 2,6 ans et 128/M2,3)28 0258 — 7,2]à midi.....28. 4,9|a 3h,s.../7 28. 4,428. 4,91 M3 )4Naroh im... M28 023 | 418h, 5. 28002,2|28.,2,2 — 1,9a 7b:s... 28. 3,9 a BHO A2 EN 0 | — 2,12 8h.m... 28. 3,9|4 Ich. s... 28. 3,428. 3,7) — ‘5,5 fa ol m...l28.12,@/à 3h s.4, 28. 1,828. 2,2) — 13afohls.. 28, 1,9|à midi..., 28. 1,0|28. 1,0 — 4,5fa 7hEm.. 28. 1,9|a 28. 01,7 |28. — ,5,44à 8h, m... 28. 1,8|à 28. 1,5|28. + 1,71à 7him.. 28. 1,2|a 28 40131128 + o;olatioh,s.. 28. 1,8|4 8h.m,... 27.11,9|28. — Z1jofa 2h.s... 28./2,8|à 7h54 m.. 28. 2,5/28. io hat imiUzs eu, ohafohis 28.25) 28: Hri1la 9 mi... 28.02,7|a 70 2m..Les. 2,428. + o,sla his 28. 2,7|a 7h>m.. 28. 2,3/28. —: pgfacmidi.s 282,82 7him..: 28. 2,6]28. —.,.1,3fà roh.m.. 28, 3,5|4,3h.55 .. 28. 3,4128. — 2,4là 9h m.. 28. 355 à SN La eee. | 28 "50812 8eme. 2840710 à SENS UMA, ç||la 8e — $,9la Die mi. 28, 1,2 a Sh25,.. 28. o,7|28. SA ANS EE es sono haymidii1:142881 04128. — 4,68à:9m mm... 28%41,2la 10h15, 28. 1,0128. RUE GC ANPAMIURT AUTO N. NO 2BIP 4. ongle; To 27:4,43 le 8 Elévationmèyenne:............. 27.10,67 Plus, grand, degré, de-chaleur.}......:...... +, 2,4 le 18 4 Moindre degré ‘derchaleur 0e Ho EP EN CM Chaleur MOYENNE. - Ds cbe pee = MS: 60 Nombre de jours beaux... -......:.". Tata 15 « déncouverts re eee J9 ARR; Cited £ 4 LA POINTS À ART A T PO NS VENTS. ; DE L'ATMOSPHEÈRE. LUNAIRES. N. Ciel nuageux et trouble. S. Nuageux le matin; couvert l'après-midi, N. Deneine Ciel légèrement couvert ; beau le soir. N. Ciel nuageux; vapeurs. ‘ N-E. Beau ciel ; neige avant le jour et à 11 heures du matin. Calme. Beau avant midi; couvert Je soir : brouillard. ça Lune perigée. Beau par inrervalles ; neige le soir. N. Neige abondante une partie du jour ; beau le soir. Calme. Equin. des. Lun.| Ciel trouble et nuageux ; brouillard N. Dern. Quart. | Ciel chargé de vapeurs , brouillard épais. N-N-E. Ciel couvert ; rorilleré! Calme. Même temps ; quelques flocons de neige vers midi. Calme. Ciel couvert ; brouillard. Calme. Brouillard épais , beau ciel. Calme. Idem. Calme, Idem. Calme. Nouv. Lune. Ciel chargé de vapeurs ; givre, neige le soir# Calme. Ciel couvert ; ; brouillard ; neige vers midi. Calme. Couvert le matin ; beau le soir; brouillard. Calme, Ciel couvert ; beaucomp d'éclairei vers midi. N. Ciel couvert. Calme, Ciel nuageux. Sa Equin.asc. Lun.| Neige par intervalles. S-S-E. Lune apogée. Ciel trouble et nuageux. Calme. Prem. Quart. Brouillard le matin et nuages par intervalles, Calme. Ciei sans nuages ; brouillard et vapeurs. Calme. Quelques nuages ; brouillard épais. Calme. Brouillard considérable ; givre, S-E. Idem. Calme, Brouillard humide ; givre très-considérable, R É C'AUP'INT'UNL AUTO N: de CVentEn a mere TL | defnerere ter Cecere ce AVE | develée ete Gabon 30 188 JOURNAL, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ERRAT A pour le cahier de nivose. P.ge 4, ligne 23. L’équation séculaire pour la longitude moyenne de la lune est pour l'an 1800 de 11! 18/ en addition ; /isez : 11/ 2. Il faut également corriger, dans les quatre lignes suivantes 11/ 18 par 11/2. Page 99, ligne 5. Cette planche lui sert à frappper d’autres planches composées de lalliage ordinaire, d’antimoine et de plomb, comme le coin sert à frapper une médaille. Ces secondes planches sont celles qui servent à l'impression ; /isez: cette planche lui sert à frapper de secondes planches, comme un coin sert à frapperune médaille. Sur ces secondes planches on en coule de troisièmes ; ces troisièmes sont celles qui servent à Fimpression. kgs Co at DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER, E X2ÉRIENCES faites sur l’hidrogène carboné , etc. par le D. Guillame Henry. Page 105 ÆEssais sur la teinture par les dissolutions d’étain et les oxides colorés de ce métal, par J.-M. Haussmann. 114 Sur la Vallisneria , par Philippe Prcor-Larryrouss. 127 Lettre de Humsorvr à J.-C. Dreraméragrie, sur l'absorption de l’oxigène par les terres simples. 132 Lettre du professeur Sparranzanr au célèbre Chimiste Grorerr, sur Tes plantes renfermées dans des vases remplis d'eau et d'air, etc. 135 Mémoire sur l’organisation des monocotylédons, ou plante à une feuille seminale, par DEsrONTAINES 141 Premier Mémoire sur La matière verte qu'on trouve dans les vases remplis d'eau lorsqu'ils sont exposés à la lumière , etc. par Jean SENEB1ER. _ 155 Observations sur le prétendu verre blanc qu’on trouve sur ce u’on a nommé lave graveleuse , par B.-G. Sacr. 162 Observations sur La cristallisation de l’or , obtenue par la réduction de ce métal ; etc., par le méme. 163 Notice sur l’origine des eaux qui se trouvent dans l’intérieur des wiines, par Barrrer 164 Lettre du même à J.-C. DErAMÉTuERIE. 166 Observations sur les émissions du fluide électrique , lues à la Société philomatique par TREMERY. 168 Mémoire sur la séparation , par la voie humide, du zinc uni au cuivre, etc. par M.-J.-J. Drzé. 173 Tremblement de terre. : 183 Note sur la smaragdite , la lépidolite et le feld-spath vert. 184 Nouvelles Littéraires. 1895 Observations Météorologiques faites à l'observatoire national, par Bouvann. 106 Pr Pluviose an 7, RIRES Pen Pluviose an 7. irons tits nn | Sy Ke) Ur {|| | JOURNAL DEPHYSIQUE, | DE CHIMIE oe | ET D'HISTOIRE. NATURELLE. à ; | : VENTOSE an 7. UL ] UE ————— ——* À PEAR TR LE MD EE Or MB TOR T AU TC D'ELAMETHERIE, Sur l& composition chimique de l’ Atmosphère. J E me hâte de vous communiquer les tableaux météorologiques qui contiennent les résultats de mon travail sur l’atmosphèere. Comme vous vous êtes proposé de donner , dans la suite, un extrait de cet ouvrage duquel je me suis occupé depuis plusieurs années , je me borne à vous exposer les principaux résultats que mes “expériences semblent présenter. Les’ travaux d’Ingenhousz, Landriani , Scherer et d’autres physiciens célèbres n’indiquentla quantité d’oxigène contenu dans l'atmosphère , qu’en degrés de l'échelle eudiométrique de Fontana. Ils n’ont pas réuni les recher- ches sur l’élasticité, la température , l'humidité , l'électricité et latransparence de l'air à celle de sa pureté. Pour connoître à fond les divers changemens qui s’epèrent dans cet immense Ébora- toire, j'ai cru qu’il seroït indispensable d'entreprendre un travail auquel contribueroïent tous les , instrumens météorologiques connus jusqu’à ce jour ; j'ai aussi cru qu'il ne falloit pas (tel qu'on l’a fait jusqu'ici ) analyser l'air à des époques fixes, mais qu’il vaudroit mieux surprendre la nature sur le fait et décom- poser l'air atmosphérique aussi souvent que les nuages se forment et qu'ils se dissolvent. Toutes les expériences contenues dans les tableaux ci-joints {leur nombre est au-delà de douze cents ) ont été faites à Salz- bourg , dont j'ai trouvé la latitude par deux sextants 47° 45’ (les géographes l'indiquent jusqu'ici 47° 44! ) longitude 30° 59° levation au-dessus du niveau de la mer 217 toises, Tome V. NENTOSE er 7. SD 199 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La décomposition de l’atmosphère, pour en évaluer la quan- tité d’oxigène , se fonde sur la ie que j'ai exposée dans mon Mémoire sur le gaz nitreux etses combinaisons chimiques. Cette analyse se fait par les moyens combinés du gaz nitreux, de l’acide muriatique oxigéné , et de la solution du sulfate de fer! Le maximum de l'erreur monte à 6,003 d’oxigène ; limite qui a été constatée par un grand nombre d'expériences faites conjointement avec Vauquelin et Tassaert. “ Toutes mes observations semblent prouver que l’eau joue le rôle le plus important dans lacomposition de l'atmosphère. J'ai vu presque constamment diminuer la quantité d’oxigène , lorsque la couleur bleue du ciel disparoît, et que, par une action chimique dont nous ignorons les causes et l'effet, la voûte azurée se couvre de nuages ; si, au contraire , le cyanomètre monte du 7°. au 20e, degré , et que les nuages se dissipent , ou que l'air dissolve les vapeurs aqueuses , alors la pureté de latmosphère augmente. La formation de la neige, et sur-tout celle de la grêle accom- pagnée d’une électricité négative , absorbe une grande quantité d’oxigène. La fonte de la neige , au contraire , en augmente la quantité , l’eau de neige étant une eau fortement oxigénée. La plus grande pureté de l'atmosphère ( c’est-à-dire le #2æimum d’oxigène ) a été observée pendant les brouillards qui font varier l’électromètre du positif au négatif. Je ne vous citerai qu'un exemple tres-frappant. ” Depuis le 1°. jusqu’au 3 février , il tomba beaucoup de neige et de pluie, il n’y eut que 0,267 d’oxigène ; le soir , au 3, les nuages se dissipèrent, le bleu du ciel reparut, et la quantité d’oxigène augmenta de 0,007. Le 4, cette augmentation étoit encore plus marquée; leudiomètre monta à 0,284, mais bientôt, dans les hautes régions , des nuages commencèrent à se former, le bleu disparut, il y eut une perdition d’oxigène de 0,052. Ce changement annonça lapproche de la pluie ; elle tomba à verse À dix heures du soir. Je courus à Pappareil pneumatique , et je trouvai encore 0,005 de moïas , l'air étoit à 0,267. Dans la nuit du 4 au 5 , les vapeurs furent résoutes dans l’air ; à 8 heures du matin le bleu parut à travers les nuages, aussi l'air avoit - il augmenté de 0,015 doxigène. Le vent parut amener d’autres couches d’air encore plus pur , la neige fondant sur les hautes Alpes. Le soir, le vent ne soufflant plus, des nuzges se formè- rent , il n’y eut, au lieu de 0,282, que 0,272 d’oxigène dans l’at- mosphère. Le 6, pluie en abondance et 0,264 d’oxtgène ; l’eudio- inètre tomba jusqu'au 13 à 0,259 ; mais, pendant la nuit, tous les nuages disparurent , et en 16 heures l'air gigna 0,513 d’oxi- gène , il étoit à 0,272. Le 14 au matin, nuages qui indiquent 44 ET D'HISTOIRE NATURELLE. “ot l'approche de la neige, eudiomètre 0,262 ; bleu du ciel jusqu’au 17, eudiomètre 0,204; donc une augmentation de 0,022. Le 18, brouillard épais et 0,290 d’oxigène Le 19, neige en abondance, aussi l’eudiomètre tomba-t-il jusqu’à 0,272. Le 20, la formation de la neïge occasionna une absorption d’oxigène encore plus forte , l'air n’étoit plus qu’à 0,265. Le 25, bleu du ciel, eudio- mètre 0,274. Le 22 même à 0,278. Pour prouver combien ces lois sont constantes, je n'indique que les jours, dans chaque mois, qui prouvent l'influence de la formation des nuages dans la com- position chimique de PRE Novembre. 18.19.22. 25.25. Décembre. 2.6. 7.8.12.18.21.22:24—926. 29. 30. 31. Janvier. 5—3.5—8.12.17—20.22—31. Février. 5—17.18—23.26—28. -Mars. 1—3.7.8.10— 12. 14—17. 20.21. 23—30, Avril. 2—5. 10. 14.16.17. Dans les 589 fois que j’ai analysé l’air , je n’ai trouvé que six à sept jours (le 20 novembre, 4. 10 janvier, 24 février et 19 mars) ui semblent faire une exception à la loi générale ; mais aussi il ne faut pas s'étonner que n’ayant trouvé qu'une seule cause de l’aug- mentation de l’oxigènedans l'atmosphère, les grands phénomènes météorologiques ne se laissent pas tous réduire à celle-ci. Les experiences de Réad, annoncent une combinaison entre l'oxigène et l'électricité. Nous ignorons encore si la charge élec- trique de l’atmosphère influe sur sa pureté. Je me doute très fort ue chaque fois que l’eudiomètre tombe , pendant la formation des nuages, l’eau se compose de deux substances aëriformes : les eaux de neige et de pluie étant très-chargées d’oxigène, il se peut très-bien que les vapeurs, pendant qu’elles se précipitent de l’air qui les tenoit en dissolution et qu’elles deviennent concrètes (agissant sur l’hygromètre) s'emparent de la quantité d’oxigèneque nous trouvons de moins dans l’atmosphère ; il se pourroit même que les vesicules d’eau, qui formentles nuages, aient des atmos- hères d’un air plus oxigéné. La fonte de la neige peut souvent induire en erreur dans l’ana- lyse de l'air des hautes montagnes. Cet air, généralement plus impur que celui de la plaine, est plus riche en oxigène lorsque la neige fond dans les Hautes-Alpes, et qu’au contraire les con- trées plus basses en sont dépourvues. Buch recueillit de l’air du Geisberz, à 3895 pieds d’élevation ; je trouvai cet air, comme je m'y attendois, de 0,026 d’oxigène plus impur que celui de la plaine. Au printems, cette différence diminua jusqu’à 0,007, lors- que la neige fondit sur la cime dela montagne. Le 11 mars, Bb 2 192 JOURNAL.DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cette même raison rendit cette, différence tout-à-fait, insensible , l'air de la plaine étant à 0,264 d’oxigène. Il y a deux raisons qui rendent insensible , très-souvent, l’aug- mentation de l’oxigène , causée par la fonte de la neige : l’une est la formation des nuages qui accompagne un dégel total ; l’autre est l’action de la terre ou de l’humus sur Pair. Aussitôt que la neige disparoît, la surface de la terre, fortement hu- mectée, commence à s’oxider ; cette formation d’azote est prouvée par les expériences contenues dans mon Mémoire sur les terres simples, ‘ ET Ainsi que les physiciens indiquent le maximum et le z227èmum de l’élasticité de l’air observée sous une latitude donnée ; je pense de même qu’ilest nécessaire de déterminer les extrêmes, entre les- quels balance la pureté de l'atmosphère. Depuis novembre jusqu'en avril, 1797, j'ai vu monter l’'eudiomètre jusqu’à 0,290 » €t des- cendre jusqu’à 0,236. Vous voyez par-là qu'il s’en faut de beau- coup que l'air atmosphérique contienne constamment 27 à 0,28 d’oxigène. Je doute même très - fort qu'il y ait beaucoup d’er droits , dans la zone tempérée, dans lesquels le terme moyen de la pureté de l'air, monte au - delà de 0,275. Pendant les 144 jours que j’observai, je n'ai trouvé que sept fois au-delà de- ©,261 d'oxigène. Les termes moyens furent en : Novembre: 0,256. Décembre 0,268. Janvier 0,275. , | Février OS 2728 Mars 9,209: Avril 105272 Donc le terme moyen des six mois 0,268. Si l’on pouvoit être sûr qu'Ingenhousz , Fontana , Lichtenberg et d’autres physiciens eussent travaillé avec un gaz nitreux qui , analysé au moyen de l'acide muriatique oxigéné et du sulfate, de fer, n’eût donné qu'un résidu de 0,15 d'azote, j'évalyerois le terme moyen de la pureté de Pair de Vienne à 0,266; de Gottingue à 0,266; Londres 0,269 ; Florence 0,255; Delft 0,270. Mais la nature de l’eau dont ces physiciens se sont servis peut causer des erreurs dans un calcul fondé sur des expériences faites à l’eau distillée. Mais l'air atmosphérique ne contient-il que de l’oxigène , de l'azote et de l'acide carbonique ? Pourquoi ne trouvOons-nous pas l’hidrogène qui se dégage sur la surface du globe, et qui passe vers: les hautes régions? Nous ne connoissons AUCUN MOYEN chinique de séparer une petite quantité d’hidrogène de lazote ; s’il étoit possible de soustraire toute eau à l’air, des coups électriques ET D'HISTOIRE NATURELLE. 193 passant par le saz azote et formant de l’ammoniaque (au cas qu'ils’ ytrouve de l'hydrogène etde l’azote) indiquerotent l’impu- reté du dernier ; mais ceite même électricité décomposant l’eau , on ne sauroit avoir de la confiance à cette methode de décou- vrir lhidrogène. L’atmosphère se rapprochant à l’état d’une combinaison chimique , l’hidrogène , malgré sa léséreté , sera retenu tout aussi bien par l'azote que l’acide carbonique , que, malgré sa pesanteur , nous découvrons dans les hautes régions des nuages. S'il est prouvé un jour que chaque molécule d’azote est combinée avec un peu d’hidrogène, on n’aura plus besoin d’aller à la poursuite de ces immenses couches d’hidrogène que l’on se, plaît à &dmettre dans les hautes régions pour expliquer les phénomènes des pluies électriques. Les tableaux ci-joints vous présenteriten même temps la marche de tous les instrumens météorologiques. Je dois me borner pour le moment à ne vous dire que ce qui est nécessaire pour l’expli- cation de la valeur des nombres donnés. L’échelle barométrique est en lignes du ci-devantpied-de-roi; mon loisir ne nv’a pas permis de réduire toutes les hauteurs aux mesures nouvelles. Les. élasti- cités sont réduites à 10 degrés du thermomètre de Réaumur. La plus grande hauteur barométrique a été isochrone à Salsbourg et Marseille ; phénomène assez frappant pour la météorologie. Le baromètre étant au premier endroit le 21 janvier 326,8 de ligne; au deuxième , le 20 et-23 janvier , à 342 lignes. L’humidité a été mesurée par les deux hygrométres à cheveux et à baleine Le premier indique les degrés de Saussure; le second ceux de Deluc. Celui-ci étant beaucoup plus sensible pour les grandes humidités que le premier, il a été observé chaque fois que celui de Saussure montoit au-delà de 85 degrés. Laneuvyième colonne annonce l'humidité réelle, c’est-à-dire, les degrés observés à l’hygromètre de Saussure, réduit à la tempé- rature de dix degrés. Cette réduction pénible a été calculée assez rigoureusement d’aprèsles principes que Saussure a exposés dans son excellent Essai d’hygrométrie , pag. 87 et 181. Le 2 avril la secheresse de l'air monta à 4608. J’ignore si jamais hygromètre de Saussure est descendu plus bas; le zaximum de la secheresse observé par Saussure r’étoit que de 51 degrés. La rot. colonne indique la charge électrique de l'atmosphère exprimée en lignes d’après la divergence de l’électromètre de. Sausswre. Je n’ai pas voulu me servir de celui de Benet, parce qu'il se dérange trop souvent et qu’il cause des erreurs par sa trop grande sensibilité. Le conducteur de quatre pieds de long _ 1 r \ ’ e fut constamment armé d’imadou enflammé , d’après la méthode de Volta. L’électricité atmospherique étoit constamment positive 3 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE je ne la vis négative que pour quelques instans dans le temps de grêle , de brouillard et de neige. Les neiges qui tombent à gros ilocons et les pluies odoriférantes du printemps, présentent sou- vent un phénomène très-extraordinaire et peu observé jusqu'ici, L’électricité y passe du positif au négatif, de la même manière que Lampadius a trouvé que, pendant l'orage , deux ou trois coups de tonnerre positifs , varient avec deux ou trois négatifs. Le 5 février , atmosphère étoit souvent négative, quoique le ciel restât sans nuages et azuré. La transparence de l’air dt mesurée d’après Ja chaîne des Hautes-Alpes, qui tantôt se présenta , tantôt disparut à mes yeux. Une grande humidité de l’air n’est que trop souvent accompagnée d’une très-grande transparence ; d’un autre côté , il est des vapeurs très - visibles qui n’influent aucunement sur l’hygromètre , tel que je l’observai à Paris , le 26 thermidor, où, pendant la brume, l'air diminua de 0,015 d’oxigène ; l’hygro- mètre de Saussure étant à 660. Il auroitété très-intéressant de réunir aux expériences chimiques et physiques sur l’air, des recherches diurnes sur la réfraction terrestre; je fis même ériger à cet effet un signal à une hauteur de 3900 pieds ; mais les nuages ne per- mirent que rarement de le voir, et les instrumens astronomiques dont je me sers en voyageant ne donnent qu’une certitudede 15/, Ce seroït avec le cercle dont Borda a introduit l’usage dans l’as- tronomie que l’on pourroit exécuter un grand et beau travail sur les réfractions ; jamais on ne parviendra à des résultats certains, à moins que le chimiste et le physicien ne se réunissent au géo- mètre , et que ce dernier ne népglige plus la propriété chimique de l'air, son humidité , sa charge électrique , etc. L’idée de mesurer la force du soleil n’a été suggerée par un physicien célèbre , Buch. On prend la différence des thermo- mètres à l'ombre et au soleil. Il est étonnant de voir que pendant deux jours , où la voûte du ciel paroît également azurée et dé- nuée de vapeurs concrètes , la force du soleil soit aussi différente, La propriète de la lumiére de dégager le calorique dans l’atmos- peu tient à une action chimique, sur laquelle nous devons con- esser notre ignorance. À Marseille , par Ge le 14 et 79 brumaire présentoient un ciel également pur ; le 14 la force du soleil étoit de 4° 8’ +, sa hauteur 310 27! ; le 19, la force du soleil 6v 2! , sa hauteur 29° 58. Par le cianométre que Saussure a bien voulu me communiquer, j'ai trouvé la couleur bleue du ciel, pendant les deux jours au zenith , 23 degrés, la quantitétd'acide carbonique qui est quelquefois indiquée dans la colonne. L'état du ciel a été mesuré par mon antracomètre , ou tube d’ab- sorption, LE E.! ET D'HI STOI » ft RE NATURELLE. Die 195 ANTEMUONS'P'AUENR.E NOVEMBRE 1797. Humidité 4 xigène Humidité apparente | réclle d’a- a évalué en d’après près l’hy- unes Ë : £ ns grom. de # arupcal- | Baromè- | Thermo- 777, | Saussure, cctro- tre. Et d’ap- tre. mètre. corrigé mètre. ETAT DU CIEL. proxima- l’hygr. de |l’hygr,de| parla tion, Saussure. | Deluc. | tempér. Heures. | Eudiomi- 11 m.|roo. 0,256.1318 3°. | +8. 84. |47,8. Clair, bize foible. ..| 8s. l115. |o,239. | 317,8. | +5. 9672, SI. M rol11 m.|112, |o,247. |[316,1.|+3. 94 |67,6. Brouill. mais foible. |. 8 s. |114. 0,242. 316,1. |+4. 9$. 69,7. ; +++ + Couv. pl. maïs transpar. M 201 8 s. l111. |o,2$o.|316,8.|+2. 87. TETTA 64. |+r1;,4. |Couv. première neige. 21| 3 s. |110,$. |0,2$1.|316,8. | +1. 93. 65,4. 69. ++... « | Couv.campag. couv. d’une éhiémheor. Jose barre es Jane les | lente ..) 3 s. lio3,5.|10,272. |[316,2.|<+o,2.| 98. 80. 73. |+1,0. RUE Pers ..|1o s. |107,5.|0,260.{|315,9.|+71. 84. |47,8. 64. Se AE EL E | | | nl ( Couv. pl. assez forte. | m.{110. 0,253. |318,5.|—L3. 78. |41,8. 65. |<+2,8. Ilse forme dgs s. 109. |o,256. 317,7. | +6. 84. |47,8. 73+ |:..... | neige. Acide carb. 0,006, Azuréentre des nuag.épars 9 2 6 S. | 106. 0,264. | 319,3. |+3. -92. 63: 7 le sesuss Clair, crès-transparent. 241 4 5. |106. |o,264.|321,1.|+46. 20200445: 64. ASC (Et 3 5. Mons. ocean le. Vos Le | sn $ S. [108. |o,2$9.1322,8. | +7. 96. 172,5. 89. +... Pluie. | —— DEP Ù DÉCEMBRE 1797. Humidité = : « Humidité apparen. évalué en d’après O millièmes G |Heures. Eudio- | paruncal- | Baromè=|Thermo-| ms 1 47 = Ca Electro- | ÉTAT DU CIEL. mère. | cul d’ap- tre. mètie. mètrez proxima- l'hygz. de | l’hyg. de tion, Saussure, | Deluc. ...... | Assez clair. Des nuages se forment , pluie, Le acidecarbonique 0,014. +2,5. Azuré , entre des nuag Couvert, unpeu depluie;mais trés-transparent, **e.. | Pluie avec grêle. —3,$. | Couv.pl. srélecr neige ensem- K ble à 10h. eud.x16—0,2360xig. "++: | Clair azuré, nel CRUE 133. | Clair. rs. | Clair, terre gelée. Couv. la neige se fotme, les +8. 79: 4. 99. 81. 7 : 78. 2 S. |I110- 0,2$3. 3 S |x12.: |O,247. EMPUSE 0,250. | 4s |112. |o247.| 9 | 2 | ép . épars. 69:7- | à æ. 5 De] à +3. : | Zdem. 2,5. | Azuré , vapeurs lésères. Ê ) t 45. Se |IÈRE s | | : xd [ra | Alpes blanchissenr. 13 | 10 M.,111,$.10,249.|319,7-. (SE De 98 80 CÉOCRX Couvert, transparent. AP14110 m. 108 0,255. |317,6. 0,8. 28 80 Sn Brouillard très-épois. Ï 15j1o s. |110,$.lo,2$1.|323,0.|1,5.| 92 63. -.. .. | Nuages épars, bleus. | 16/10 S. | 109, 0,256.)323,7. |—+-2 75 39. à Azuré, nuages éievés. LEE 2 Azuré, soleil, l'air très-trans- 17| 45. Por 0,267. |322,6.|+6 72. 36. “ue. | parent. 128|12 m./l107 $.|0,260 324,52 |+-5: 78 41 8NINOE- AR LE CE EE EE TELE SMS ES OLE EE k | de nuages. jo) 5 m.|107, ,260.1325$,6. |—1,5.|100 95. 2,2. | Brouillard épais qui tombe en Mio lice. ,264. |326,1. |—0,8. | 100 25 Her 7 ÿ 72,5. JOURNAL DE PHYSI Suite de DÉCEMBRE 1707. LEFRASFERIEILES] : QUE, DE CHIMIE | AL LT CRAN TE % | Li A3 CT AE EE IEEE SI SR SE IN COR RE I EE SE NE EMEA RUE eme | EE ——————————" ————"—"——"—"—"—— 2 ——————————— 2" Ï ne Humidité À 1 28 Oxigène Humidité apparent: | réelle d'a- \ ge évalué en d'après près l'hy- e Je stpen à Le grom. de L ex Heures. | Eudiomè | paruncal- | Baromè- hetMO- | en + #77), | Saussure, | Elcctro- AN + “+ tre. cul.d'ap-| tre. mètre, |. corrigé | mètre. ETAT DU CIEI: L Æ proxima- l'hyg. de | l’hyg. del par la r tion, Saussure.| Deluc. |rempérar .|10 m.]104,$,10,268 324,3.|—2 295$ 69,7 67. se .+ | Azuré, sol.aci.carb. o,or6, AE] LE 105$. 0,267 324,3.|—1,2.| 96, 72,5 72 +3. Vent froid, vapeurs. V froid 1age j. Pl 9 ms... 13240 |ho,s.) 97. | ya | 75, [de JG 26e ES ste 4. 1323,6 |Ho,s 97512 | 75e 7150. —-1,8. | Brouillard élevé. À | i Brouill. Le plus épais de tous. | . 3 Sa 929. 0,284: 323,6 0,3 100. 954 72 +0,84 L'élec: vasouv. du 2 au | 2 z 2, | Point de brouill. Ciel couv, Q 9 Se 104, 0,270. 3 35 +0,5 96 723$ 74 +0; de nuages, ll neige. 23 |M91 m,|.-. ARE 322,2.| —1I,. 90,5.| 60 66 .! 0,8. | Couv. Acide carb. 0,00f. 2 ES & 0,3, 14 (+4 ue Azuré, mais des vapeurs dans Sn fie’ 0,281. |3 ) Et ) 2 65. les hautes régions du ciel, LE 9 s. |1oo, 0,281,1320,6.|—-1I,$ 89. 58. 69. +++ + | Azuré,lesvap.ontdisparu. J Ga 1" =, o,5,| ï1gèle,maisfaf desneig.s’an- 24: | 08 dm. (17.00 …... 321, 9 60. 73° RE 55 nonce. dre res ..] 2 s |1o1,$.|o,277. |322 0,3 91,41 62 66, ne Un peu couv. assez transp, AAEOrS: 61. +0. Pluie avec un peu de grèle. 25] 2 m. 67. —o,8. | Un peu de neige. * | Neige abond. Barom. à 9 h. RMS 68 ++... | du soir, 3274. CL Nuages trèssélevés. Vapeurs 26 9: m, 65 ue +1. infiniment transparentes M ZUSE 65. +. .. | Id. Un ptude RS pâle, sa force, 7°. 4 S. 67 Sr Couvert. : aus: 64. +... | Azuré, étoiles scintillantes. ll 27|12 m, 63 =. | Nuages épais rout couvert: M 4 Pluie RROHÉSAnter tiède 1 Î décomposant en brouillard , 4} . 4s ; : +55. E. changeant de Len —, è : Dévgile, nuage pais, ourag. 28 re 74: Tee pend.lan. avec force nues Î 2 zuS 78 2 2 Fonte des neiges, ouragan R} 9 pendant la nuit. K 30 | 5 S 84. 0,3 Nuages bas, ourag. la nuit, +-1,4 Neige tombante en abondan.M 31 FINS 106,5 0,262 316,2 2. 94 67,5 74. à interrompue par des pluics ,A 'SuNnoOtf Heures, Oxigène évalué en millièmes Eudio- |paruncal mètre, cul d'ap- p'oxima- Batomè- tre. Humidité apparent. d'après ee, À PT l'hygede | l'hyg. de Dre || Deluc. ‘Fhermo- mètre. 2. 94° 26. 93e 83,8. 88,5. 94 81, 80,5. +2, 5. 1. +1. ouragan pendant la nuit, Humidité réelle d’a- près l'hy- grom. de, Saussure , corrigé par la températ. | Elcctro- | ÉTAT DU CIE LA | mètre, {| Neige abond, ciel couvert Neige mêl. de pl. erde gréle# des momens de dépêèl. Calin. moins couv. peu de dép) Des h. nuages, très-transpa=Ml} rens, UN peu AZUtÉS. Des nuages dencige se form l'air a perdu la transparence PE" Azuré , très-transpar. Forcé du soleil 8°. Un peu couv. très-transpars Le dégèl s'annonce. à n ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 Suite de JANVIER 1 #4 Oxigène o évalué en millièmes a | Thermo: G | Heures | Eudio- | paruncal- sans RÉ D: mètre. |cul d'ap- e un proxima- V tion. (A MRC t, RER LES A REARRRE LE Et VE 1 3 S. 105. 0,267. | 319,2. +1. 7| 335 |1047. |0,269. | 320,5 | +o,3. 8|10o m......f....:1321,7.\+o: ..| 325 Froz,s.[o5272, | 322,9. | +0, RTS RES ETS 12272 lo: 91 3 Ss. |iogr. |o,2$4. | 322. |—2, 10|125m.|.....1......1323,2,|+o,8. | 25. {.....1......1323,2|+0,8. ..[ 4 S. |llo,$.|0,2$1:|323,2 | —5$. JE MC PA DS DE CA ETS 1L|105m.) -.../.....,.1323,9.|—3,5. +.1 45. |108,$.10,257. |.....|—4. 12] 9 m.|1o6. |0,164. |323,2.|—6, ..125m.)....,1-...,./e. ss. |—4. 13| 9 m|.....1......1322,3.|—5,5. .. [10 s. |[I11,$.|0,249. | 322,4. | —8,5. 14! 3 S. |108. |0,2$9. |322,6.| PIN || IFPOICID bc 322324|t3h 874 245 4 s."|104. |o,270./|3521. — 34 88, 55: lo s. |106. 0264. |319,8.|—7. 92 63. 10 Al 0,274.|320. — 0; 5. |, 76° 40. 1: RITORE 0,276. 319,7. |+0,8 7: 40,9 10: $. | 99. |0,284.1329,3.|— 2 70! 34,3 9 m.i10o3. |o,274.1320,8.|—1,3.| 80o,$.|, 44. 10 S. [104 0,270. [319.5.l#42,5.1 88: ÿ5. Heures, Oxigène évalué: en millièmes a eo nm 6 À & nm W% OR # 00 O &w O No + 5 S Eudio- | paruncal-| Baromè- mère. | cul d’ap-| mètre. proxima- tion. ACTA CMD 322,7 103. 0,274 323,3: LU site 323,9: TOM lo 267.105 2S 3 3€ 103,5.[0,272.:| 324,8. 104: [0,270 | 324,9 1O fi 0,267 324, 8: 103: |0,274.|325. ICO. 0,281.|324,3. 99. |0,184.| 324,3. 1084,$.|0;272:.|8324,1% 105$, 0,267. 314,9: du 0:282.| 327,8 .. .1328,3 ‘0375 .3...:/ 328,3 103. |0,272.|327,8. 104, |o,270:| 327,2. sta piote FILS 40 326,9. Humiiditéspparent. apres Theumo-| mm À motte. l'hyg. de |l'hyg. de Saussure.| Deluc, +4. 94. 67,6. +3. 81,$.| 45. +4. 77. 4i. 1,5 11186: 50. H1,5.| 02. | 63. +4. 89. 58. +3. 93»2.| 67. #2,5.| 99, 84. 1,5 88,5 $6. ant #00 EC 49. +5. 26. 72,5 4,5) 93. 65,4: +#0,5:| 88. 55. +3. 70+ 34,5 +2. 72. 36. Er 92e 63. 2,3 83. 46,2. +1,51 72 36. Humidité réelle d'a- près Phy- grom, de Saussuret, corrigé par la températ, 48, 60, 62. 57° 48. 58. lHumidité réelle d'a- près l'hy- gron). .de | Sausfure , corrigé pat la temperat, Suite de JANVIER 1798. Li Electro- mètre. ÉTAT DU CIEL: 1,5. | Azuté, vrès-vranspatent, Electro- mètres Idem. Idem. | Pleu transparent. Couvert, maisurapsparent- Couvert. Moins couvert. Bleu. + Bleu , très-transparent. Bleu ; il se forme des nuag. Légèrement couvert. Tempêté pendant: Ha nuit ; * bleu très-transparents Idem. Azuré. Couvert. Couvert, pluie, ÉTAT DU CIEL. mere mena 4, 5. | Les nuagesse dissolv. vap. +. | Dégêl , très couvert. Couv.'ilneige, très-transps Couvert, pluie. “+... |Dégkl couvert. 2,5: | Pluie. +... [Nuages épais. raie Bleu. 1,8. | Bleu , soleil. Bleu; il se forme des nuages au Nord. Coùvert. Pluie , tempête. Bleu, à rravers des nuages, rempêre. + | Bleu, nuag. élév.peu de vert. Azuré, pas de vent. Bleu , vapeurs vers l'Ouest. Couv. mais très-transpar. Hoiet Nuages épais, vent. PSY 2 + - ‘ 24 . k ., " : CET D'HISTOIRE NATURELLE 199 ; Suite de FÉVRIER 17098. Hunidité À. Okigène Humidité apparent. | réelle d’a- o ÉTAUÉ en d'après | près r hy- millièmes grom. de € | Heures’ | Eudio- | patunçal-| Baromè- | Thermo-| = : > | Saussure, | Flectro- ÉTAT DU CIEL: % mèrie. |cul d'ap-| 1hètre. mètre. corrigé inètre. A proxima- l'se, ve | l'hyg. de par la tion, Saussurc.| Déluc. |températ. +. 8 s2 [106 *|0,264.|327,2.|+#1,3.| 71. 35: 55. c.. Tempête, pluie: 7| 9 m.l10s. 0,167.1328,8 +2. 83. 46,2. 67. —-0, 5. | Unpeu. dencise, le bleu pa- 2 roit à travefs les nuages. 8} 3 .s..o7: 3261.1325,2 +4. 838. 55° 73: rm) Tempête avec pluie. I cavec del 9 8 m. 107. 2,261./324,1 : | +3. 87., 52,55. 70. |—$8,. { Ph bas À 1,2 10] 7 s! |107. Pire 326. de SANTE: 80. 74. +o. ‘| Couvert. | 11 3 s: AL 162. 326,2 85. 49. 71. 0,8 HER DE à EE Le ..|10 s |106,5.|0,1262.|326,5. aus 85,5.| fo. 67. +2... | Couvert. 11] 4s. |vo8. 5 PR 326,8.| +6. 1. 63. 82. |+o. {pluie 13/12 m.|1o2,5.|0,272.|326,5.|<+5,5.| 88. S5e 75. 1,2 Azuré, soleil, .. |rolsM] To4. 10,270 | 326,2.|+-2. 98. 80. 76. es 6.| Nuages épais. 14] 9 m.|106 1.|0,262.|327,7.| +3. 88,5.| 56. 70. :°:* + | Encore plus couvert. AANDDES* 103$. Oy272 : ei +3,5.| 83. 46,2. |, 67. 1,52] Tout bleu 3 Soleil. 15] 9 m.| 99,$ 0,282. 3253 Te 0,5.| 88. $$. 64. 43,5 | Gclée, aeuré, très- beau , très-1r ansparent. ÊÉ 324 noeunliiee ts el 1131231, Où +5. 81. 44. 68. sr... s | Azuré. Lou Mo Cd) LORS A one 1e PARC Er Se ME 44. 64. | Zderr. réez nt AM. 022 75 iron 4, 42 6s1. +. Toutbleu. Force du sol 7, 7 99. 10,284.|321,7.| +6. 83. S5- 77. DES Azur. 17] 9 m.| 90. o LEre 320,5. 2,5. 84- 47. 67. MTS Quelques nuages très: cleyés, 20 Se. 8 0,28 31 +4. 98. 80. 81. Lo; $.| Tour couvert’, venir. 7 9 PE 5 727: » 18] 9 m.| 97. |o,290.1318,8.|—+1,5.| 97,4] 75. 74. 2, 8.|-Dégèl, brouil. trèt-épais. ..|12s. 98. 0,287.|318,9. Are 99° 88. 76. ++. Un peu de pluie, vapeurs, 19/12 m.|103,ç.10,272.|317,2. HO: 93: 66. 70. rs 2.] Couvert, neige. 20] 9 m.|103. |0,274.|318,1.|—0,2.] 86,4.| 51. 62, «| Couvert. +. [II S. |10$,5. 0,265. 518,3. —3,$- 98, 80. 67. 0,4. Neige abondante. m. | 103. 0,274. |319,2.| —1,5.| 87e NZ: 63. +3,21. Cpuvesse mais Je bleu paroît BR... ere... N2420,7. 12. 92. 63, (66. dite Les ruages se dissipent. s. [ror, |o ire [319,8 +1. 79- 42. 62. .:.:. {Bleu , soleil. AM me Le I. 60,5.| 67. 1: : | Tour couvert. 103. (°) 274: 322,9. |—+-3. 89. A 72 +3. Neige abondante. 325. +5. 81,5.| 45. 68. ..... | Dégôle, azuré. 325,3.| 555.1 74. 38. 64, —2,5.| Azuré. = coate 77: 41. 72. |—<4.. |Désél, bleu, 321,2. —+4. 79. 42,7. 66. .... . | Couvert, 323,2. +3. 87,5.| 54. 70. Ho. Dégèl, moins couvert. 525, ne NE CAL te ttes NEDERe n pau derpiee » 325,8. 86,4.| 5$2. 65. EE + «| Azuré. E 9. Es 79- 42,7. | 64. |, $ + I Nuages épars, S S, S Ch ….. .... S. {1o7. 0,261. S $, |10o7 :. 10, 260. S. |106. on64. — S. 1106. Dies S 1107. 0261. m @ Os 00 nm R M D I © Li Us) Son bho has npre EEE +5. 90. $ 9: 79. . + + | Azuré; très-transpareht. E | ÉEernQE Es EUR Las Pepper” murs as EE Een = — EN mnt Same Heures, = 9 PR 0 D 00% » ON L — — M mn M O9 O © 00% O © J RO Rs Do a O Ain © mm CI JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MARS 1798. Humidité Oxigène fumidité apparent. | réelle d'a- évalué en d'après près l’hy- millièmes grom. de Eudio- |paruncal- Baromà- | Thermo-| mn A #7 | Saussure , | Electro mètre. |cul d’ap- tre. mètre. corrigé mètre. proxima- l'hyg. de} l’hyg. de| par la tion. Saussure. | Deluc. |températ. 105$. 0,267. 326,2. 2. 65 30. $x: 2. 104. |o,270.1326,9.|+2. 833. 46,2.| 66. |+3. MATE …..1326,8.|+4,7.| 80 43561 69. |, 1ot 0,278. 326,7.) +8. 70: 34,5 65. Meet 103. |o,274.|327,1.|+2,5.| 79: 42,7.| 63 0,3 104,5. |0,268,|[326,8.| +3. 88 JS NUITS DUREE 103,5.10,272.|324,7.|-6. 76 40, 67. |+1,5s 103. |0,274.|324,1.|+8. 90. LEZ 84. ds a die 323,1.|—+-9. 80. 436-| 77. |—1 1o$. |o,267.|323,2.|+-6,3.| 95: 6957-87 let 105,5.10,266.|322,9. +11 83, 46,2.| 86. TES 105. |o,267.| 323,7. |—+4. 95. 66,7-| So +1,8 105. |o,267.[321,1.|+10. | 74. 38. 74 —+o,s 106. |o,264|320,7.|-H6. | 80.h| 43,6! 7x |... MEN LS ER 318. |-r2,3| 68. 33. 73: Ê 106. |0,264,|317,2.|+#11 70: LAON MC | SEE Gb TG .1316,8.[+#+12, | 74. 38. ES LUI: Een rés ion 2e8)| 2475 37- 67: (WG: ....|......l316,1.1+9,2.1 82. | 45,6] 80. |+o, 107,5.[0,260./317:2.|#+3. | 99e | 84,5.| 81. |..... SI Sete 320,7.|10,3. | 99. 84,5.| 72. 4,5. te een EP EE «late 320,8.|+1. 93: 65,4. | 70. —8. 104,5.|0,268.|320,8.|+4,3. | 73. 37: CAN Ce 102,5. [0 27$.|322. +o. 84. 47,8 62. +o. 1o$. |o,267.|323,7.| +3 84. 47:8.| 68. |<1. 103. |o,274.1323,4|+8,5. | 72. | 36. | 64 141,5 104. |o,270.|319. |<+5. 80. 43,6.| 69. tre 103. |o,274.|314,7.|#13,5] 70. 34,5. 78. |—-0,8 1o$. lo,267.1315,2.| +5. 99: 84,5 85. RUE HÉsalEteet 314,1.] +2. 98. 80. 76. [+7 POP] Lt PS 313,6.|—+6. 86. $0,8.| 77. EEE 104.4 |o, 270. |312,8.| +5. 83. 46,2,| 72 |... : LABEL 6 ER se 83. 46,2.| 72. LATE RE TES 314. |—+5. 87. S25 5117 HAVE 103. |o,274.1313,9.| +5. 94: 67. 7IANIELSS 10$. |o,267.131$,5.| +6. 86. s0,8.1 75. |Ho. 104,5.10,168.|316,2 +5. 85. 49. 73% +0, 5 10$ 0,267.|316,8.|+4,5.| 90. $9. 76 |+o. PSN A ECO 321. +5. 90; $9. Te — 1,5 104,5. |0,268.|321,8 +5. 87. 52,5.| 75. Morse 1o$. |o,267.|322,3.| +4. 82. 45,6.| 68. +o. 103. |0,274.|310,8.| +1. 90 $9- 70. +1. PACS | HE UE 320. |—1 98. 80, 71. —+2,8 102,5.10,275.|318,2.| +4. 78° 41,8.| 66. V3 107 0,261.|318,2.| +3. 97. 74. 78. +3. + | Quelques nuages très-élevés + | Nuages obscurs, vapeurs. . | Azuré. oo ÉTAT DU CIEL. Azuré , infiniment transpar, Azuré , égalem, transpar. Azuré. Idem. Un peu couvert, Un peu de brouillard , très- tr ansparent, L PI. crès-fine , pas transpar. Couvert, nuages épais. Couvert. Bleu , mais vapeurs. Bleu , mais quelques nuages clairs. s Couvert, pluie crès-fine. Idem. vent. Idem. Orage lointain , couvert. Nuages très-noirs , vent. Pluie odoriférante. Pluie, vent, Neige. Grêle, vent. Azuré. Azuré. Un peu couvert. = Azuré. Des nuages se forment. Pluie abondante. Neige. Les nuages se dissipent. Assez clair. Nuages épais. Idem, Couvert , nuages très-bas. Plus couvert. Brovil. nuages épais er bas. Couvert , nuages très bas. Neige à gros oc. mais peu. Brouillard. Couvert, nuages très-bas. Tout azuré. Brouillard épais. Azuré, vent. Neige, pluie, vent. Un peu de neige qui fond en tombant, Grèle er neige mélées. Li [ : ET D'HISTOIRE NATURELLE. ' 201 Suite de MARS 1798. EE PR EC RE TP ET CT D DR TOR PR CRE LIRE EP RE ONE TEE ER Oxigène KR Humidité — évalué en Humidiré apparent, | réelle d’a- © Sun . : Ë apres près Me : Eudio- |} paruncal-| Baromè- | Thermo- grom. de Electro- É e Heures. | mètre. | cul d’ap- tre. mètre. D. dl) Saussure ,;| mètre. ÉTAT DU CIEL. proxima= ; »h corrigé ? tion. held se 5: Re par la nes 2 "_ | températ. Les nuages se dissolvent, le cicl devient azuré. -.+.. | Tout couvert. Neive. +0, 5. | Couvert, neige abondante. — 1.2, | Grêle et neige. +... À Nuages épais. 0,270:|317,1.| +5. 75. 39. 63. ss .....|317, |+3. 85. 49. 69. 0,2$95| 31731. | +2. 99% 84,5.| 79. HAOACD MCE TA CORRE LEA LOS LA EC 0,261.1317,7.| +5. 88. 5. 76. = 3-S. |104. TO SME es "*|11 s, |108. 3011 m.|..,.…. 31110 s. | 107. ANRIL, 1796. Oxigène Humidité _ évalué en Humidité apparent. | réeile d’a- 9 Eudio- Ée Baromè- | Thermo- PE D de Electro- 5 Heures. étre El d'ap- REA inètre. Dent Saussure ,| mètre. É TAT DU CIEL. proxima- Vhyg. def l'hyg. de | <0r0£ Ce k po SUR Delac.. : pas 1] 11 S.|106. 321,3.|+4. 87. Se 7e +1, Nuages épais. 2111 m. ous 322, |+5S. 63. 33. se ..... | Moins couvert, Ceci) EC SE 321,4.|43. 68. 313: 56. +2. Azuré. Fi S |104. 321. |+H1. 68. 33. sad es etes Azuré. 3110 m.|102. 320,7. 7e 6$. 29. 58. —+1,8. | Azuré, vent très-transpar. 4l10 m.[104,5. 320,2, she 78. A8 71. +o. RTC Nuages très- SA] ET EN ler 320,7. |et-8- 83. | 98,5. 1.79... [FO dem. s] 3 m.|..... 320,7.[<10. | 78. 41,8. | 78. 14.7. Azuré, vent. RO PE res lens ER ER ES 17. | 63. 29. 7S 201107 MAzuré. 320,8.|—9,5.| 79. 41,7. | 80. in. ro lAzurE 12 321,7.|18: | 69: 34. Sen iro: ra GO à 323,5. |+9. 79» 42,7- | 77. +. ++. | Azuré. 3245.|+13. | 76. 40. 69 MIO. Azuré. 10 m, 55 320. |—14. AE 39- 85. ++ «+. | Azuré, avec quelques nuag, / 4": .. 319,3.| +16. 67. 9357. | 77. +. <. | Plus couvert, 47 MOIS 319,1.[—+13. 79. 2708 MC ENT) CO OR Couvert 204 Là Co) PA OCR SE OS 320,5. | +8. 91. 60,5.| 84. +. ... | Très-couvert. to lpormels4...le.e...|32081.-R8. 86. Fo, 8er MeTTE Idem. ..| 4 s. |106. 10,264.|320,1.|—+8. 79e PSN ME 5 ENT FAR OE Moins couvert, ..lio s. Î1of. |0,267.|3210,5.|<+-1. 90, $9. 7Q. ANEUIPAZUTES 11| 9 m,.lios. |0,267.|320,7.|—H2,5.1 82. | 45,6.| 69. |..... Idem. SELLE LE) RE SE SE Pre Le 5 0 67. oi 53. JOIE] TE 12/11 m.lio3. |0,274.|319,3.| Ho. 48. 19. PRIE] ÉPAEE \zuré, vent. Idem. 13 | MI eeci lee clito, 1.lnts6, 2. NES. 30. 57. OR ie A 1410 7m O2 0276/5218 UE Nor ll 6o SN 71. lee raae Alpes 2 16| 8 m,j102. |o,276.|316,2. | Ho. 79: 421,7. | 76. ET Ten LR loc ec Er AN EEE 56. 24. 69. ...... | Zdem. _ 8 s. |.....1..,.../314,6. +0. 78. 42. 75. soda oeil Zderre 105. |.....1......1314,2. +3. 78. 42. 72 ss... | Idem. 17,10 m.|101,$.[0, 277.1 313,6. +142 63. 33: 76. Fee sUlr1dem: ALTA UT AM LOT eIMCETTES F n ei { ‘ jifre + 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE UT ae en ren || (SECOND MÉMOIRE RTS U “ | + Sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d'eaz, lorsqu'ils sont exposts à la lumière , de méme que sur les conferves et tremelles considérées.relativement à leurnaturei, ec à leur propriété de donner du gaz oxigène ‘au soleil ; Par Jean Senes1er, bibliothécaire, à Genève. EN RUSSE LEP PE 2 em Observations diverses sur la matière verte. Ë J E ne Change rien à la description que j'ai donnée {le cette ma- tière verte dans mes Mémoires physico-chimiques. Je me borne à raconter ici les observations que j'ai faites pour perfectionner l’histoire de-cette substance. Il s’est pas inutile de remarquer d’abord , que les êtres qui forment cette matière ne sont pas de la même espèce ; qu’il y en a qui sont des filets rameux ; mais je ne les ai pas constamment observés ; il m'a même paru qu'ils se développoient le plus tard. Schrank les appelle conferva infusionum net la Flora Bava- riou ,- n°, 1599 ; il Pa vu croître et s’allonger. 4 Uné autre espèce, qui est véritablement la plus commune , ou « que j'ai vue le plus souvent dans mes expériences , a été’ bien décrite par le même botaniste. Lepra infusionum , viridis, plo- merulata , in pelliculam continuam punctatam concrescens. J'ai remarqué d’abord que l’eau , où j’avois mis de la terre , M étoit plus favorable à la production de la: matière verte , que celle où il n’y en avoit point : peut-être la terre en fournissoit-elle M plus abondamment les germes que l’air où l’eau ; peut-être aussi 4 favorisoit-elle davantage leur développement , par une produc- tion continuelle d’acide carbonique, qu’on sait bien qui s’en échappe. Il ést certain que la matière verte ne se développe, dans l’eau distillée ,quelorsqu’elle a été long-tempsexposée à l’air,et qu’elleta pusechargerde quelques partiesenlevées par la distillation. Il paroît pourtant que la distillation n’enlève à l’eau commune, que le gaz acide carbonique , qu'elle a dissous avec la terre dont ce. gaz, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 203. favorise la dissolution. Il seroit encore possible que l’action du feu détruisit les germes de cette substance, J'ai vu la matière verte se former au bout de quelques mois dans; l’eau de neïge, qui avoit été filtrée et conservée dans des bouteilles médiocre- ment bouchées ; maïs elle s’y forma en très-petite quantité. Une bouteille pleine d’eau distillée et bien bouchée , fut exposée pen- dant quatre ans à l’action de la lumière , il ne s’y forma ja- mais un atome de matière verte, cépendant elle resta pendant lhiver'au soleïl'dans mon cabinet:! 15 : Le 15 août 1783, je mis un oignon de narcisse dans l’eau bouillie , je lui interceptai sa communication avec l'air, par le moyen d’un simple papier, qui ne s’ajustoit pas trop bien surle col de là boutéille ; le 19 j'apperçus deux ‘on trois racines, le! 28 les feuilles’se comes le’ 4 septembre je ne remarquai pas une atôme de matière verte: dans la bouteillé ; mais dançun vase semblable; où j'avois mis un oignon pareil dans :de l’eau commune et dans la même position, les racines parurent le 18 ;° j'observois des feuilles le 25, et l’on y vit la matière verte le 29; elle s’augmenta ensuite beaucoup, quoique dans le vase préce- dent, il ne s’en formât pas. tif 57 Il ne s’est point formé de matière verte dans un‘vase de verre plein d’eau commune , qui étoit couverte par une couche huile. La communication de cette matière avec l'air commun, ow peut - être avec l'acide carbonique qu’il fournit et le gaz oxi- gène qu’elle y trouve , lui est absolument nécessaire. J’ai enfermé la matière verte sous l’eau chargée d’acide carbonique avec du mércure; je l’ai exposée ainsi à la lumière , elle donna du gaz oxigène pendant deux jours, comme cétte matière enfermée sous ? l'éarparla même eau ;mais la première discontinua d’en fournir au bout de ce temps-là , quoique la secondeen produisit toujours. Il est bien probable que la matière verte du premier vase avoit épuisé l’acide carbonique contenu dans l’eau où elle étoit ; au lieu qu’elle trouvoit dans le second vase un nouvel acide carbo- rique que Peau prenoit à Pair; aussi la première périt d’inanition, et la seconde se conserva long-temps. * J'ai vérifié cent fois que la matière vérte ne se développe jamais à l’obscurité ; que colle qui est née à la lumière périt dans les ténèbres après avoir jauni Comme les plantes terrestres et aqua tiques ; que même un voile de gaze noire, placé sur un vase plein d’eau, empêcha l'apparition de cette matière ; enfin que la pour- riture des matières végétales et animales favorisoient le dévelop pement de cette matière : ce qui sembleroïit annoncer que le gaz 04 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE acide carbonique, fourni est plus propre à aider la végétation ; que le gaz oxigène enlevé par les corps pourrissans. CN TEINTE De la production de la matière verte. Je plaçai, le 1er, thermidor , dans deux vases d’un verre très mince et très-transparent des petits morceaux de verre, comme je l'ai dit plus haut; je les remplis d'eau commune, et je les exposai à la lumière. Deux jours après je n’observai rien qui annonçât la matière verte, je vis seulement des corps anguleux dont je parlerai plus bas, J'observai quelques animalcules globulaires , sans couleur , de diftérens diamètres , ils étoient errans dans la liqueur; ilsne me parurentliés à rien, et ils ne formoient point de masses vertes par leur réunion; mais dans le second vase je crus apperçevoir une tache verdâtre avec diverses espèces d’animal- cules de différens calibres ct de différentes formes. J’ai vu de même des animalcules beaucoup plus petits, pour l'ordinaire rapprochés, mais sans couleur ; ces animalcules très-vifs avoient une forme ellipsoïde. 4 Lejour suivant, lenombre desanimalcules detoute espèce s’accrut dans le premier vase, je n’y Gécouvris aucune verdure; j’observai seulement qu'il n’y avoit pas un seul corps entraîné par le mou- vement de l’eau. Dans le second vase j’ai remarqué une tache ou un corps mucilagineux , dans lequel j'apperçus des grains très- petits, mais ils n’étoient pas verts. Le 4, les animalcules globulaires s’augmentèrent;ils se groupoient ensemble}, ils étoient très-rapprochés, on pouvoit distinguer leurs mouvemens particuliers ; ils étoient presque transparens et sans verdure. J’observai alors quelques taches verdâtres, et auprès d'elles quelques taches grises, qui sembloient une pellicule com- posée de grains très-petits ; je n’ai rien apperçu qui fût entrainé par le mouvement de l’eau, et qui y fût animé;je n'ai pas remar- qué qe il y eùt de l’air produit, quoiqu'il y eût des animalcules globulaires. J Dans le second vase j'ai observé plusieurs petites taches uni- formes, composées par ces petits grains, qui étoient verdâtres ; je vis même une de ces petites taches qui surnageoit. Tandis que je voyois ces taches s'étendre , j'apperçus leur centre verdir , et leur partie verdâtre devenir plus foncée. Quel- ques taches vertes du second vase offroient l'apparence du ve- Jours; les autres laissoient soupçonner de petits Es Ne semble- roit-il "4 " ” ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205- roit-il pas que cette pellicule grise est celle qui a pris [a couleur verte? Ces taches paroissent d’abord un voile très-léger , au tra- vers duquel on distingue les animalcuies globulaires presque transparens : on les voit même quelquefois s’insinuer dessous ; ces taches sont errantes dans quelques circonstances, et s’accro- chent par préférence aux aspérités du verre : je n’ai encore apperçu aucune bulle d’air sur ces taches, Le 5, la pellicule grise granulée s'étend et paroït se verdir ; je n’ai apperçu aucune espèce de mouvement dans la pellicule. Le 6, je vis clairement le nombre des taches verdâtres s’aug- menter, je vis de même que ces taches sont formées par de petits grains blancs, presque sphériques, et par de petits filets ellip- soïdaux. Je n’ai pas pu découvrir si la couleur verte des filets ou des grains tient au mucilage qui les recouvre, ou si elle est intérieure ; quand on observe de vieux grains et de vieux filets, cette verduré paroît intérieure , mais peut-être la matière gra- nulée forme une espèce de matière verte , différente de celle qui est en filets ellipsoïdaux ; il faut pourtant reconnoître que si oi les trouve quelquefois séparés , on les trouve souvent ensemble. Au reste, il est si facile de se tromper dans ces observations, ct il est si facile d’être trompé par mille circonstances inattendues , qu'il n’est pas possible d’avoir une opinion parfaitement tranchée. L'augmentation nuancée de la verdure est très-remarquable , de même que celle de la pellicule qui pourroit passer pour un réseau. J’ai vu alors des taches vertes de toutes les nuances , depuis le gris blanc jusques au vert pâle ; mais la matière verte, en croïssant, devient Hs cotoneuse. J’ai vu souvent des animalcules pénétrer dans la matière verte, et lui communiquer le mouvement qu’ils avoient , quoiqu'elle p’auroit jamais pu en prendre par elle-même. Le 8, je distinguai la Pelle par la finesse des grains qu'on y remarquoit , par leur immobilité et la couleur Ho qu'ils donnent à la tache : ces grains paroissent tellement encastrés dans le mucilage qui semble les unir , qu’on les voit nager avec l’ensemble. J’ai toujours apperçu les grains avant la pellicule ; ils sont d’abord sans couleur , mais je les ai remarqués, parce qu'ils sont saillans hors de la place où on les voit, ils devien- nent toujours plus obscurs , et ils prennent toutes les nuances jusques au vert tendre. Ces taches, d’abord isolées ,se rapprochenter s'étendant , mais elles ont pour l'ordinaire une courbureplus où moins circulaire, et elles semblent s’accroître du centre vers la circonférence, elles sont blanchâtres là où elles prennent de l’accroissement ; les nou - Tome V. VENTOSE ez 7, D & 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE velles pousses des végétaux sont de même moins vertes que les -anciennes. Ces grains, qui paroïssent unis, se séparent quand la matière vieillit, ce qui doit arriver ;ou parce que les vaisseaux qui les lient se rompent ; cependant on voit d’abord les grains isolés : ou parce le mucilage quiles colle ne se reproduit pas, ou parce que la pellicule quiles contientse detruit ; il seroit alors possible que la succion fut le moyennourricierdes grains. Ces grains seroient-ils,comme dans le nostoch,un principe de la réproduction de la matière, qui se ma- nifesteroit en eux comme dans les autres végétaux, à la fin de leur histoire , ou qui-s’en sépareroïit, par division , pour la multiplier? Le 9, les taches augmentées, étendues et colorées plus ou moins, ressembloïient assez àun chagrin très-fin. Jene parle plusdes animalcules globulaires , et de ceux dediverses espèces , qui sont extrèmementnombreuses ; mais j’observai que je n’aipas vudes ani- malcules d’un calibre aussi petit que celui des grains du réseau. La matière verte s’épaissit en vieillissant, ses bords sont plus transparens que le milieu ; mais on voit les bords se colorer et s'épaissir de même à leur tour. Je le répéterai encore, par - tout où il y a des taches vertes, on a observé une tache assez trans- parente pour y voir une espèce de pellicule, pour découvrir à son extérieur des grains assez proches les uns des autres , et pour s’assurer de leur constante immobilité. En suivant l’observation de cette matière verte, on renouvelle le spectacle de tout ce que j'ai décrit; les taches s'étendent , se rencontrent , se colorent , et jamais je n’ai vu de verdure fixée quand il n’y avoit point eu de pellicule remarquée auparayant. Je ne voudroïs pas assurer que Îles petits grains ne grossissent pas , mais s'ils grossissent , c’est sûrement d’une quantité fort petite. } Le 20, je vis clairement qu'à mesure que la matière verte vieillissoit , les grains de la pellicule, qui semblent réunis par une espèce de mucilage , se répandoiïent sur l’eau lorsqu'on tirail- loit quelques morceaux de cette substance ; je les ai même vu se séparer de la pellicule pe un léger mouvement de l’eau qui les entraînoit , mais je ne doute pas qu'ils ne se fussent séparés d’eux- mêmes, comme les graines se séparent des plantes. Le 22, j'ai vu la pellicule d’une manière évidente , elle adhéroït aux parois du vase dont elle diminuoit la transparence. Le 23, je ne pouvois plus distinguer les taches entre elles, à cause de leur rapprochemeñt réciproque qui n’en faisoit qu’un tout. Le 26, j’observai des animalcules verdâtres, pour la première fois; leur nombre étoit prodisieusement petit , relativement à la ÉT D'HISTOIRE NATURELLE ! 7 So7 quantité de matière verte , à son épaisseur et à la continuité des groupes qui la formoient. Quoique j'eusse souvent répété cette observation et revu les mêmes phénomènes , je pensai à la refaire sur une matière verte qui seroit peu exposée à la poussière, et qui se formeroit dans un vase léscérement fermé. Je remarquai , 19. Que ‘a matière verte y étoit d’un vert tendre ; 20. Que l’on y sentoit une pellicule qui portoit la partie verte ; que cette pellicule étoit d’un gris jaunâtre qui tiroit'eusuite sur _‘ le blanc; ; 30. Que l’on y voyoit des grains ellipsoïdaux ; 4°. Que toutes les taches n’ent ni la même nuance verte, ni la même épaisseur ; qu'on ne distingue plus les grains dans les plus épaisses ; qu'ils sont couverts , cackés par une matière plus ou moins gélatineuse, probablemeut produite par eux, mais qui, dans le commencement , étoit foiblement glaireuse. 50. Que les grains qui n’avoient point été détachés de la pelli- Cüle n’avoient point cette mobilité observée dans les autres ; qu'ils nageoient, quoiqu'le fussent liés à cette pellicule, par le moyen dé cette glaire qui les environnoït; les gros animalcules qui pas" soient près d’eux, ne les détachoïent pas de la masse à laquelle ils étoient attachés ; ce qui fournit uñ nouveau moyen pour remar- quer la pellicule par son effet ; on voyoit les animalcules l’en- traîner par morceaux détachés, avec les grains qui lui étoient adhérens ; mais lorsque ceux-ci se détachoiïent ,.les animalcules à tourbiilons , comme le rotifère , les agitoient séparément en tous sens , dans le moment même où ils ne pouvoient entraîner ceux qui étoient réunis dans la matière verte qui étoit saine. J'ai cru devoir recommencer ces observations au printemps, parce que les chaleurs étant alors moins vives, et les progrès de la matière ver&æ plus rallentis, on pourroit suivre ses. change- mens avec plus d’exactitude, et faire des découvertes qui auroïent pu échapper, lorsque lee accroïssemens sont plus prompts et plus considérables. 5 Je commençai donc ces observations le 13 germinal ; je décou- vris , le 14, quelques petits corps transparens sur les petits mor- ceaux de verre rnis au fond des vaisseaux. Le 17, le nombre de ces petits corps étoit fort augménté, de même que leur waste, ils me parurent de vrais cristaux , j'en parlerai plus bas. Le 22, je n'avois pas encore vu un animalcule , maïs j’avois remarqué quelques-uns de ces cristaux unis à d’autres corps opa- ques isolés et surnageans, D d 2 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Lé 26, j'apperçus quelques taches qui me parurent une pellicule transparente dont je donnerai une description ; jy remarquai des filets minces et opaques. Le 30, je distinguai quelque cho$e qui verdissoit; c’étoit ces taches elles-mêmes. Le 4 floréal, j’observai des animalcules. Le 10, quoique j'eusse remarqué la pellicule quiétoit formée et qui verdissoit, je ne vis point de bulles d’air au soleil. Le 13, la pellicule s’étendoit, maïs la plus grande partie est grise. Le 15, les progrès étoient toujours très-lents. Le 18, j’observai quelques bulles d’air ; je ne crois pas que ce soit les premières , mais il y en a eu peut-être de trop petites pour être vues plutôt ; une forte lentille ma fait remarquer quel- ques traits verts à côté de ceux qui fournissoient l'air, il y en avoit qui étoient transparens ; jy trouvois quelques points ellip- soïdaux plus foncés que le reste, et liés à £e qui les environ- noit ; leur forme est à-peu-près la même que celle des masses vertes, avec la différence que la pellicule est moins couverte, mais les grains ont la plus parfaite immobilité. La verdure varie depuis le gris jaunissant jusques au vert foncé. Le 22 , je me suis bien assuré que la pellicule grise jaunissoit. Enfin j'ai vu le tout verdir. On voit, dans la comparaison de ces expériences , l’influence de la chaleur sur la production et les progrès de la matière verte et des animalcules. Dans thermidor , deux jours suffisent pour apperceVoir des traces de l’une et des autres ; dans germinal , il faut 13 jours pour la production des premiers traits de la matière verte, et 21 jours pour celle des animalcules; ce qui annonceroit déjà une différence entre ces animalcules et la matière verte ; dans huit jours tout est vert, jorque l'expérience se fait dans thermidor , et il faut 39 jours quand l'expérience se renouvelle en germinal ; mais les rapports des progrès réciproques de la matière verte dans ces deux circonstances ne s’écartent pas beaucoup. } Cette expérience , faite avec de l’ean distillée dans des vases ouverts, m'otfrit les résultats suivans, qui ne diffèrent pas beau- coup de ceux que j'ai donnés précédemment. Le 4 floréal , j’ap- perçus les traces de la pellicule; le 7,je vis des animalcules avec des taches verdâtres quiont été plus tardivés que dans l’expérience précédente , parce que le gaz acide carbonique y étoit plus rare; É 13, la pellicule grise est manifeste, on l’avoit déjà vue dans l'expérience collatérale ; le 20 , la pellicule grise verdit et les bulles d’air se firent voir ; il y avoit 12 jours que j’avois observé ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 la verdure dans l’autre expérience , et 4 jours que j'y avois observé de l’air ; ce qui montre l'influence du gaz acide carbo- nique pour colorer cette matière en vert, et lui faire produire du gaz oxigène. Je remarquai enfin que la pellicule étoit moins adhérente au vase contenant l’eau distillée, que celle du vase où étoit l’eau commune, et je vis que cela étoit produit par le très- petit nombre de cristaux formés dans l’eau distillée , qui ne pou- voient pas servir d'appui ou de clous à cette pellicule , comme dans l’eau commune , où leur nombre étoit beaucoup plus grand. Pour découvrir la génération de cette matière verte, je fis des expériences d’un autre genre , pendant que je suivois les précé- dentes. Je pris un de ces morceaux de verre dont j'ai parlé dans le premier Mémoire, ilétoit couvert de matière verte; j'en essuyaÿ avec grand soin une partie , de manière que cette portion du verre fût parfaitement propre ; je le plaçai de cette manière dans un vase de verre bien Lhe ,; et où cette matière étoit tout à--fait isolée. Le 135 germinal, mon appareil fut rangé comme je le voulois ; le 14, les petites taches vertes parurent dans différentes places, je vis clairement la pellicule, je découvris des animalcules assez gros , mais je ne vis point de petits globules mouvans. La partie du morceau de verre qui avoit été essuyée, me montra les cris- taux dont j'ai parlé , mais je ne vis ni sur le verre , ni ailleurs, aucune bulle d'air. Le 17, il me sembla remarquer sur la partie essuyée des verres , les rudimens du réseau ou de la pellicule; le 2», j'apperçus plusieurs animalcules ,entre lesquels je n’en vis point de globulaire. Le 26, la pellicule sembloit étendue par- tout : le 50, l’ancienne matière verte paroïssoit souffrir, les grains se séparoient, sa couleur pâlissoit , mais la nouvelle prospéroit. Le 2 floréal , je vis des bulles d’air. Le 19, tout étoit vert, et le gaz oxigène sortoit par-tout. sp ! ; Je répétei cette expérience dans l’eau distillée ; mais quoique la pellicule se montrât à-peu-près dans le même temps, la matière verte me parut avoir bien peu de vigueur ; cette expérience se fit pourtant dans des vases bien ‘ouverts. L'apparition de la matière verte me sembla un peu plus hâtée sur les morceaux de verre où il étoit resté de la matière verte, que sur d’autres où il n’y en avoit point : ce qui fait croire que les élémens reproducteurs de cette matière se trouvoient dans la vieille restée sur ce verre ; il sembleroïit qu’elle se multiplie par division et que les globules de la pellicule en sont peut-être les élémens. : Enfin , dans un ballon de verre sphérique dont les deux tiers 519 JOURNAE DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la capacité étoient remplis d’eau , et le reste de gaz oxigène, qui étoit placé sur une cheminée peu éloignée de la fenêtre, je trouvai la partie concave de la sphère opposée à la lumière , ta- pissée de verdure danstoutes les parties que l’eau recouvroit; quoi- que cette matière verte se fût assez étendue, je remarquai qu'elle étoit la plus verte et la plus. épaisse dansla partie de la sphère qui étoit la plus éclairée. Cette matière , observée avec la seconde len- tille du microscope solaire de Dollond , me parut composée de grains liés par un mucilage, et parfaitement immobiles. Ilest vrai que cette matière avoit plusieurs mois lürsque je lobservai. Je. me READOSE de m'occuper uniquement, dans le premier Mémoire de la pellicule dont j'ai tant parlé. BETTER SN PURETE PRE EE ESS AT Pour servir à l’histoire du principe des viresses virtuelles. | fs principe des vitesses virtuelles ». de même que tout ce qui n'est point le produit du hasard , mais le fruit de- la réflexion , dut se présenter d’abord en ébauche à la pensée de quelque grand homme. C’est dans ce sens que l’immortel Lagrange , dans son excellent ouvrage sur la Mécanique analytique , trouve qu’on doit attribuer la première idée de ce principe à Galilée : mais quelques développemens que Jean Bernoullia donnés à cette idée ensuite , déterminèrent l’'illustre Laplace à recounoître de ce mathématicien le principe des vitesses virtuelles, comme on le voit dans son exposition sublime du système de univers. Quoique cette heureuse _idée dérive incontestablement de Galilée , et malgré les amplifications successives que Bernoulli y a portées, on étoit bien loin de pouvoir caractériser ce principe pour ce qu'il est en effet ; c’est-à-dire, pour la base la plus vaste de la mécanique. C'est au génie profond et perçant de Lagrange , qu'il étoit réservé de montrer de quelle fécondité pourroit être le principe des vitesses virtuelles ; il a été, pour ainsi-dire , refondu par ce orand géomètre, étendu proportionnellement à son exiensibilité , et identifié même avec la géométrie. Il a réduit, en conséquence, à des opérations de calcul, toute la mécanique , tant des fluides que des liquides, y portant des nouvelles lumières, et faisant faire à la science des progrès très-extraordinaires, ET'D HLSTOIRELNADURE LLIE. s 214 Ce principe fécond donnoiït des résultats toujours conformes à ceux obtenus au moyen des principes les plus évidens et le mieux démontrés ; c’est pourquoi on m'auroit pas su révequer en doute sa vérité, quoiqu’elle manquât de l’appui d’une démons- tration directe ou générale. Lagrange, prenant cette vérité comme évidente par elle-même dans le levier, en déduit une démonstration pour un nombre de points quelconques, et conséquemment adaptée, au moins à tout système inflexible. Mais cependantle principe des vitesses virtuelles ne se présente pas également à tout le monde, comme une chose évidente et de première intuition ; et en outre , comme la démonstration dérive de l'hypothèse du levier , on ne conçoit pas facilement de quelle manière elle puisse comprendre le système fluide dans lequel l’idée fondamentale du levier , c’est-à-dire, de trois points tou- jours à une égale distance, ne peut pas avoir lieu, C’est pourquoi, même après la publication de la mécanique ci-dessus , ouvrage excellent , où l'on doit admirer la fécondité immense du principe des vîtesses virtuelles , il restoit à en desirer toujours une démonstration complète. Le célèbre Prony, en effet, dans son Architecture hydraulique, ouvrage très-utile, rempli de connoissances , s'exprime comme ik suit : « Il n'existe pas de démonstration générale et directe de ce » principe ; mais sa vérité n’en est pas moins certaine , puisqu'il » donne des résultats absolument conformes à tous ceux obtenus » d’ailleurs ». Et Laplace aussi, dans l’ouvrage ci-dessus, Expos. du Syst. du Monde, dit : « qu’en. examinant avec attention , dans » un grand nombre de cas , les conditions de l’équilibre d’an » système de corps, etles rapports de chaque force, à la vitesse » que prend le corps auquel elle est appliquée , quand l’équilibre »,du système commence à se rompre ; on est parvenu au principe » suivantqui renferme , de la manière la plus générale, les con- » ditions de l'équilibre d’un système de points matériels animés » par des forces quelconques ». Il paroît donc, par-là , qu’on a regardé ce principe comme nne yérité résultante à posteriori, plutôt que comme dérivée d’une démonstration directe. Dans l’an 4 dela République (1706 v. s. )le chevalier Fossom- broni, mathématicien toscan très-distingué, publia , à Florence, un ouvrage exprès sur lé principe des vitesses virtuellés : etdans fa préface de ce même ouvrage, il indique la nécessité où l’on étoit d’avoir une démonstration de ce principe. Il y observe \ 21 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ensuite que la théorie de la décomposition des forces est insépa- rable du principe des vîtesses virtuelles, tandis que, dans l’'énon- ciation même de ce principe, on suppose qu'on sache déjà rapporter les espaces parcourus d'une mamère quelconque par les différens corps, aux espaces correspondans, décrits dans le sens des forces respectives : ce qui n’est au fond qu’une idée de la composition du mouvement ou bien des forces. C’est pourquoi Fossombroni appuie à la théorie de la composition des forces , la démonstration directe et générale qu'il a trouvée du principe des vîtesses virtuelles. La Décade philosophique , littéraire et politique de lan 5, n°. 26 (8 juin 1797 v.s.), parle ainsi du travail de ce mathé- maticien : « l’estimable auteur cherche d’abord cette démons- » tration dans lessystèmes que les géomèêtres appellent irfexibles; » c'est-à-dire , ceux dans lesquels , quel que soit le mouvement » qu'on leur imprime, les corps qui les constituent, restent tou- * jours à des distances égales entre eux. Il prend les équations » déjà connues de l'équilibre , et par un heureux développement » de calcul , il en déduit l’égzation des momens , telle qu’elle » résulte du principe des vitesses virtuelles , et évaluant tout » avec la plus grande sagacité , il parvient à découvrir qu’outre » l'équation des mamens , une autre équation à différences » finies , a lieu dans une infinité de cas d'équilibre, Cette équa- » tion qu'il appelle équation de forces , n'avoit été jusqu’ à pré- » sent observée par aucun autre géomètre , et il établit par - I » un théorème également nouveau en mécanique, par lequel » sout déterminées toutes les circonstances nécessaires , afin » qu'une telle équation ait lieu. » Les équations dont l’auteur s’est servi dans la première partie » de son ouvrage pour caractériser l’invariabilité des distances , » sont réduites par des réflexions très-ingénieuses , à marquer » toute variabilité entre ces mêmes distances ; et il parvient , par » ce moyen , à établir les équations des équilibres, pour un » système quelconque , composé de points même respectivement » mobiles entre eux; ce qui rend ces équations applicables » aussi à un système de fluides. Il déduit de nouveau de ces » équations , Véquation des momens , telle qu’elle résulte du » principe des vitesses virtuelles , qui est démontré, par -là, » toujours inséparable de l'équilibre. » Il n’est pas possible de s'étendre sur des détails qui, en fai- » Sant aprécier davantage le talent de l’auteur , nous engage- roïent dans de longs calculs , où M. le chevalier Fossombroni : » utet dans tout son jour l’habileté avec laquelle il a profité s » deg y Ÿ LH ‘ ET D'HISTOIRE NATURELLE : h3 » des ressources delà géométrie moderne, la plus sublime. Tnous » paroît seulement que l’auteur, en écrivant ce Mémoire, a plutôt » suivi la série des vérités par lui découvertes , telles qu'elles se » sont présentées à son esprit , qu'ilne s’est attaché à les rendre » avec cet ordre et cette clarté, qui relèvent encore le mérite » d’un ouvrage composé sur une matière aussi abstraite : il est » glorieux pour la Toscane, qui s’honore d’être la patrie du cé- » lèbre Galilée, auteur de la découverte de ce principe, d’être redevable de sa première démonstration à un savant distingué; qu’elle a vu naître , et qu’elle renferme aujourd’hui dans son >» SeITIL ». -Il est à remarquer que l'équation des momens à différences infinitésimales (et telle que Lagrange la trouve pour tous les cas possibles ) offre deux espèces d'équilibre ; c’est-à-dire , équi- libre permanent , et équilibre non-permanent. L’équation des forces découvertes par Fossombroni, pour les cas: où 1l démontre qu’elle a lieu , fait voir que le système ne peut pas souffrir une variation finie , sans que les forces cessent de se faire équilibre; et de cela dérive une troisième espèce d'équilibre, qui peut temir un milieu entre les deux espèces susindiquées', dans la première desquelles le système ayant souffert un déransement infinitésimal, revient de lui-même, à son premier état d'équilibre ;1et dans la seconde, il tend à s'en éloigner de plus en plus. La démonstration du principe des vitesses virtuelles à été w La ÿ -enfin trouvée d’un tel intérêt, qu’elle a exercé ensuite le talent de ‘plusieurs autres séomètres. En effet, le 5e, cahier (tome Il) di Journal deb Ecote polytechnique de Paris, publié en prairial an 6, (1798 v.s.), offre plusieurs Mémoires sur le sujet en question : le premier appartient au célèbre Fourrier. Ce Mémoire abonde en érudition mathématique , et offre tout ce qui peut servir à éclaircir l’histoire , ainsi qu’à satisfaire l'esprit sur la vérité de ce principe. On y trouve, en outre, plusieurs réflexions très-ingénieuses, relativement à la mécanique, et, entr’autres, ure démonstration bien élégante de, la théorie du levier d’Archi- mède. Le mérite de ce Mémoire est indépendant du travail de Fossombroni , puisqu'il étoit inconnu à son auteur, comme ïl Vavoue avec ingénuité , vers la fin du Mémoïre même , en ces termes précis : « On a publié récemment , en Italie , un ouvrage » étendu sur le principe des vitesses virtuelles , je n’en ai eu » connoissance qu'après avoir composé ce Mémoire, qui a été » livré à l'impression au commencement de lan 6 ». Lagrange aussi , avec cette élégance et cette sublimité qui lui est propre , a inséré dans le même volume de l’Æcole polytech- Tome V. VENTOSE er 7. Ee ge 7 Léa SITES 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nique, une démonstration du principe des vitesses virtuelles : ce grand génie y observe et prouve que, partant du principe de Péquilibre des moufles, le calcul guidé par sa main assurée con- duit directement au principe des vîtesses virtuelles. 11 ne faut pour cela qu’admettre pour connu que quand les cordes , qui joignent les deux moufles ; sont parallèles, la puissance est au poids, comme l’unité est au nombre de ces mêmes cordes. Prony enfin , dans un Mémoire inséré dans le volume ci-dessus, après y avoir parlé des travaux de Fourrier, Lagrange et Fossom- broni , y fait une exposition aussi élégante que détaillée de la démonstration du principe des vîtesses virtuelles pour l’ins- truction de ses élèves. IL s'appuie spécialement de la théorie de la composition des forces , en y ajoutant des remarques très- ingénieuses , et des formules très -utiles qu'il a trouvées: pour læ composition et décomposition des mouvemens circulaires, se réservant À donner ensuite des résultats ultérieurs. Rien west pourtant plus évidemment démontré à présent que le principe des vitesses virtuelles ; et cet essai historique amène à une réflexion très-intéressante. Après que Newton et Leibnitz eurent fait voir la grande utilité dm calcul infinitésimal, il fut employé par tous les géomètres de l’'Eu- rope, qui travaillèrent même à sa perfection , quoiqu'ils ne fussent as tout-à-fait d'accord, mi sur les vrais principes , ni sur la ma- mière de les démontrer : on peut même assurer que cette lacune n’a été remplie que jusqu’à l’année passée. Ce fut Lagrange lui- même qui, dans son immortel ouvrage sur la théorie des fonc- tions , mitdans son vrai jour et porta, à la dernière évidence, les fondemens de cet édifice important, et jusqu'alors mystérieux. On a vu aussi, dans la Mécanique analytique âe Lagrange , l'avantage immense que présentoit le principe des vîtesses vire tuelles ; les géomètres sont déjà en possession de la vérité de ée principe fécond , à abri de toute attaque, quelles que fussent les incerütudes auxquelles il étoit sujet autrétois. De sorte qu’on peut dire, que ce qui, pour le caloul diffé- rentiel a coûté plus d’un siècle de travail, s’est fait à-peu-près dans une dixaine d’années pour le principe des vitesses vir- .tuelles. Cette rapidité, accélérée dans les succès scientifiques ,ne peut que consoler , enorgueillir peut-être tous ceux qui s'intéressent aux progrès de l'esprit humain. Énnemen)oeus| ET D'HISTOIRE NATURELEE:-- 919 ME MOOD MPHPRAUE Sur la force refringente des différens liquides ; Par FaBBRroOnN:t. de le monde connoît la construction des objectifs des lu- nettes qu'on appelle aplanatiques :le D. Blair en donna la descrip- tion. On les fait par la réunion de deux lentilles convexes , en remplissant l’espace intermédiaire par-un mélange de beurre d’an- timoine, de sublimé corrosif,de sel ammoniaque et d'acide muria- tique. On a observé que le mélange étant fait dans de justes pro- portions, les iris des verres disparoïssoient tout-à-fait ; et si on augmentoit la dose de l'acide , les couleurs reparoïssoient dans un ordre inverse. Ayant eu l’occasion de changer le liquide d’une de ces len- tilles anglaises, jen profitai pour essayer la force refringente de différens liquides que j’avois sous la main : en voilà le résulat qui peut paroître curieux , s’il n’est pas utile. Les deux verres avoient 79 lignes de foyer : après y avoir joint les différentes liqueurs, leur distance focale fut trouvée être Lignes. : Lignes. Pour l'huile de vin, +. 858,67 SERA NUE ENS Do (OO le) Ether citrique. . . 59,50 Alcoolet térébent.. 61 Ether nitrique. 69 Alcool et mastic. . 61,50 Ether muriatique. 160 Huile animale. . . 66,50 Temture d’or par \ Naphite, Sheet au 707 Ethernet 00 Naphte avec phos- : Ether vitriolique. 60 phore. {85e 170,00 Ether acétique. . 60 Huile de cajeput. . 71 Alcool camphré. . 60 Huile d’olive avec Ether muriatique phosphore... .. 71 Dxirenel.t- Li: 0022 Huile de romarin. 71,50 Alcool avec du Huile d'amandes camphre et de douces... \..:-1171340 l'ammoniaque. . 60,25 Énleide (in, 11072 Alcool saturé de Esprit de téreb. et sandaraque. 60,25 phosphore. . 72 Ether acéto - ben- Huiïled’aspic: . : . 72 ZOÏQUE..... . . : (60,50 Huile de behen. , 72 Æeinture d’or dans Esprit de téreb.et lhuile de roma- asc, . 72,50 Lez °16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE MÉMOIRE Sur la Lenticulaire des rochers de la perte du Rhône ; sur le Lenticulaire numismale , e£ sur la Bélemnite ; Par G.-A. Dezuc. Lu à la société des amateurs des sciences naturelles de Genève , le 20 juillet 1707. Lx des fossiles remarquables de nos environs , est la /enricu- laire qu’on trouve dans les rochers dela perte du Rhône. De Saus- sure , notre célèbre confrère , l’a décrite fort au long dans le premier volume de'ses intéressans Voyages aux Alpes (1); et je ne serois pas revenu sur ce sujet, s’il eût déterminé sa nature d’une manière précise et qui ne laissât aucun doute. Cette incer- titude donnoit lieu à un nouvel examen. Il étoit essentiel de dé- cider si cette /enticulaire est une espèce de mine de fer , comme l’a pensé de Saussure, ou si elle est un corps organisé. Il devenoit dès-lors intéressant pour, l’histoire naturelle de notre pays, et pour contribuer aux progrès de la connoissance des fossilles ma- rins, de chercher à déterminer , par de nouvelles observations , la vraie natuwe-de cette /enticulaire. Il résulte de ces observations, que j'ai faites avec soin et dont je vais donner le détail ; que cette /enriculaire n’est pas une mine de fer, mais un #adrépore dont le genre , dans l’état de fossille, est connu, par les naturalistes, sous le nom de porpite (2), et que la qualité ferrugineuse d’un grand nombre d'individus , n'est qu'un accident. Ce madrépore porpite est de la plus petite espèce connue. Le diamètre des‘plus grands n’excède pis deux lignes, sur un quart de ligne d'épaisseur ; le plus grand nombre n ont que la moitié de ces dimensions, et il y en a de plus petits. Sa forme est ronde, (2) Chapitre 18. Des pierres lenticulaires. (2) Nom donné à un petit madrepore fossile en forme de bouton. Il y er à de plusieurs espèces. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 217 éonvèxe d’un côté et concave de l’autre ; la surface convèxe ; vue à la loupe, présente un réseau très-fin , formé par des lignes qui se croisent régulièrement, partant du centre et se dirigeant à la circonférence , en traçant une suite de petites courbes en sens opposé, dont les intersections forment le réseau ; ou bien ce réseau peut être considéré comme des filets de petits losanges rangés en arcs de cercle qui se dirigent du centre à la circonié- rence , en sens opposé. La surface concave est rayonnée , mais ces rayons sont moins apparens que le réseau de la surface con- vèxe. Quelquesindividus ,en petit nombre , ont une organisatiom qui diffère de celle-là. Ce sont de petits cercles concentriques en relief, qui se touchent presque immédiatement avec de très-petits creux dans leurs intervalles. Ces cercles commencent au centre du disque , déterminé par une petite cavité , et suivent, en s’aggran- dissant , jusqu’à la circonférence. Ces porpites ne sont pas tous également convèxes, ni d’une égale concavité; quelques - uns anème sont presque plats. La porosité de ce petit madrépore se distingue très-bien dans Sa tranche. Pour la découvrir d’une manière sensible , il faut choisir un morceau de la pierre lenticulaire , assez compacte pour recevoir le poli. Toutes les tranches des lenticules sont alors très nettes ; et, vues à la loupe , on découvre leur porosité, qui est toute aussi prononcée et aussi régulière que celle de tout autre madrépore. Cette porosité, de même que le réseau et les rayons des sur- faces sont si fins , qu'ils disparoissent entièremeat quand ils ont été fortement pénétrés par des particules ferrugineuses ou cal- caires, c’est Re cette organisation a disparu dans un grand nombre d'individus. On trouve un porpite semblable dans sa forme et son organi- sation , mais quatre ou (pe | fois plus grand, disséminé dans une couche coquillère de la colline de Turin. Son organisation, assez apparente pour être distinguée dans tous ses détails à l’œilnud , Complète la preuve que nos petites /enticulaires sont bien des madrépores. Elles présentent un exemple peut-être unique, c’est d’être réunies en grande masse, et de former ainsi une pierre lenticulaire. Tous les autres fossiles de ce genre se trouvent épars. Je ne les ai trouvés du moins que de cette manière. La qualité ferrugineuse d’un grand nombre de ces petits por- bites, west, comme je l’ai dit ci-dessus, qu'un accident. Quel- ques portions de ces masses lenticulaires s'étant trouvées sur le chemin d’une dissolution ferrugineuse , due vraisembla- blement à la décomposition de pirites wmartiales dont on découvre 218 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quelques traces, ont été pénétrées par cette dissolution , et 4 lenticule , très-poreuse , en a été impregnée. Cet effet n'est pas 4 général ; on en trouve beaucoup qui ne sont point ferrugineuses, ou qui ne le sont que fort peu. Leur coulenr participe alors de la teinte dominanie de la pierre , qui est d’un gris légérement bleu. \ Plusieurs autres fossiles marins, qui sont renfermés dans les parties de ces rochers qui ont été pénétrés par la dissolution ferrugineuse, sont de même impregnés de cette dissolution ; les huîtres etquelquesautres espèces de cette familleexceptées. C’est-là uue particularité de l’huître fossile ; elle se trouve le plus souvent dans son état naturel, tandis que les autres corps marins , ren- fermés dans la même couche, sont plus ou moins altérés par une décomposition , ou par l’infiltration des particules transportées. par l’eau ambiante. Cette eau , en pénétrant les corps poreux, y dépose les particules spathiques , siliceuses , quartzeuses ou mé- talliques qu’elle charie , comme elle les dépose dans les cavités et les fissures des rochers ; mais le test de l’huître , d'un tissu plus serré , est rarement pénétrable à ces particules , et il résiste à la décomposition. Je dois donner à la société la preuve des faits que je viens de citer. C’est dans ce but que j'ai l'honneur de lui présenter : 1. Plusieurs petites /erticulaires isolées , ferrugineuses et non ferrugineuses ; où l’on découvre très-distinctement l’organisation que j'ai décrite. 2. Un morceau de la pierre lenticulaire ferrugineuse , qui renferme un petit échirile à mammelons , ayant autour de He quelques - uns de ses piquans , où l’on voit que l’échinite et ses piquans , ont reçu la teinte des porpites, avec même plus - d'intensité. 3. Un fragment de la même pierre qui contient quelques petits pectinites , tout autant ferrugineux que les porpites. 4. Un morceau poli de cette même pierre, qui présente une multitude de tranches de mos petits porpites , où l’on distingue parfaitement , à l’aide d’une loupe , leur porosité réticulée; et l’on y voit aussi que leur couleur et leur substance varient, selon Ja nature et la couleur des veines de la pierre, 5. Un troisième morceau sur lequel on découvre quelques- nns des petits porpites à lignes circulaires concentriques. 6. Le fragment d’un échinite , rempli d’une cristallisation spathique, dont une portion a une teinte terrugineuse très-foncée, et l’autre ne l’a point du tout. 7. Un troisième échinite , dont la coque est impregnée de la . : | ET D'HISTOIRE NATURELLE. 21$ dissolution ferrugineuse , de même qu'un petit fongite qui lui est adhérent. 8. La valve d’une came de deux pouces et demi de diamètre , dont le test est changé en fer spathique , et paroît avoir absorbé toute la dissolution ferruginéuse qui lenvironnoït. Cet effet re- merquable est fréquemment répété. Je joins à cette came le fragment d’un madrépore rameux changé en fer spathique, qui a demiême absorbé toutes les particules ferrugineuses ; la pierre dans laquelle il est renfermé n’en paroïssant plus contenir. Il résulte de cette propriété des corps poreux, que lorsque la dissolution ferrugineuse n’a pas été abondante, le petit nombre de coquilles mêlées avec les lenticulaires ,; et moins poreuses qu’elles, n’en ont pas été impregnées , ou ne l’ont été que fort veu. Ce qui explique encore pourquoi la matière calcaire qui Les ie, peut n'être que très-peu ferrugineuse. 9. Quelques porpites de la colline de Turin, dont l’organi- sation est semblable à celle des petits porpites de la perte du Rhône. - Je pense qu’il ne peut plus rester de doute sur la nature de ces denticulaires. Je viens de donner les preuves les plus évidentes qu’elles sont des madrépores , des és organisés originaires de la mer; que la qualité ferrugineuse d’un grand nombre d’in- dividus n’est qu’un accident ;et que cet accident leur est commun avec plusieurs autres corps marins qui se sont trouvés renfermés comme elles dans les parties du rocher pénétrées par une disso- lution ferrugineuse. Le sujet que je viens de traiter me “Ne Hot) à faire une digression sur la lenticulaire zz71ism zmulrire où hélicite ; et à exposer mon idée sur l’origine de ce fossile. IL est originaire de la mer , on ne peut en douter d’après plu- sieurs circonstances qui lui sont communes avec les autres fossiles marins. js case k Ce n’est pas un madrépore. Rien, dans son organisation , ne ressemble à aucun madrépore. Ce n’est pas non plus un opercule : 11 seroit impossible que parmi ces Ur de rz2mismales rassem- blées en masses, il n’y eût aucun des coquillages dont elles au- roient été l’'opercule, et il n’y en a aucun; et la zwmismale n'a rien d’ailleurs dans sa structure qui ressemble aux opercules connus. Ce fossile a-t-il donc été, comme les coquilles ou les tuyaux de vers, la loge d’un animal , ou bien étoit-il renfermé dans un animal? « Pour résoudre cette question , qui est la seule à résoudre , on 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne peut avoir recours qu’à l’analogie , puisque tous les fils qui pourroient conduire dans cette recherche sont détruits. C’est donc l’analogie que nous devons consulter, La lenticulaire rzmismale est très - connue, ŒElle n’a aucun orifice, aucune cavité extérieure pour loger un animal ; ses deux surfaces et son bord sont sans ouverture sensible. Elle n’a donc as été la loge d’un animal , et, par une conséquence naturelle, elle doit avoir été renfermée dans un animal. On ne trouveancun vestige de cet animal ; donc il doit avoir été du genre des poissons mols , dont la substance s’est décomposée et détruite ; et cet animal est du nombre de ceux dont l’espèce a péri, Cette conséquence m’a conduit à rechercher si la mer actuelle ne nous fourmiroit aucun poisson de ce genre, qui eût un os dans sori intérieur, ou tel autre corps dur qui pût représenter la len- ticulaire zumismale , et venir, par analogie, à l’appui de ma conjecture. J'ai trouvé la sèche. Cette insecte-poisson n’est que charnu, et il a un os rapproché de son dos, où il n’est recouvert que par une peau ou membrane. Cetos, de forme elliptique , qui tient toute la longueur du dos de la sèc/e, et lui donne de la consistance , se trouve fréquemment au bord de la mer , dans tous ses âges, séparé de la sèche , dont il ne reste aucun vestige. Sa figure est constante et régulière , et sa contexture est plus régulière encore, La partie supérieure de cet os , qui forme le dos de la sècze , est une lame demi-transparente , grainelée et très-dure. L’infé- tieure , qui us tendre , a des rebords qui lui donnent la figure d’une 9 ole , avec un renflement dans le milieu, qui diminue graduellement vers les bords et les deux extrémités , dont l’antérieur ‘a une sorte de bec. Sur la surface du renfle- ment, on voit une suite de bandes ondulées , dessinées avec la plus grande régularité ; elles commencent vers le bec , et suivent à l'extrémité opposée en élargissant graduellement. Ces bandes forment sur cet os un guilloché charmant ; le tissu de son inté- rieur est admirable, et non moins curieux et compliqué que la spirale cloïisonnée de la lenticulaire zumismale. Une multitude de petits filets perpendiculaires aux surfaces , sont traversés À distances à-peu-près égales , par des lameiles qui suivent la courbure de la surface inférieure de l'os; dont les tranches latérales vont s’appuyer au dos. Ces lamelles décrivent des courbes inscrites les unes dans les autres , qui diminuent successivement de longueur en s’appro- chant de la surface inférieure du dos ou de la lame dure ; et ces lamelles “NETID HISTOIRE NATURELLE. 22 lamelles occupent toute la longueur de l’os. Leur coupe longi- tudinale présente une succession de lignes qui sont plus rappro- chées vers le bec; ces lignes traversent obliquement de l’une des surfaces intérieures de l’os à l’autre, et c’est l’extrémité de ces lamelles, aboutissant au renflement inférieur de l'os, qui y tra- cent cette suite de bandes ondulées , si agréables à voir. Leur extrémité opposée, qui aboutit à la lame dure, y trace aussi des bandes, mais moins apparentes. Je deviendrois trop long si j’entrois dans le détail de toutes les petites merveilles de cet os. Il suffit dé faire voir qu’il a une orga- nisation toute aussi régulière et compliquée que la zwmismale , et qu'ainsi on ne peut pas objecter de l’organisation régulière de ce fossile , contre le rapprochement que je viens de faire. Ce rapprochement est même plus grand qu’il ne semble l'être au premier coup-d’œil. La zwmismale est formée de couches qui s’enveloppent successivement dans toute leur étendue. Ces couches laissent entr'elles un léger vide, qui est traversé d’un bord à l’autre par des bandelettes qui partent du centre des sur- faces , et se dirigent à la circonférence , comme les rayons d’une roue , avec cette différence qu’au lieu d’être droites , elles sont irrégulièrement ondulées ou simplement ponctuées ; cette ondu- lation estrégulière dans quelques individus , et les bandelettes se terminent toutes , et dans toutes les zzmismales , par une cour- bure uniforme qui embrasse le bord des couches. Ces couches s’alongent et s’écartent vers ce bord , et par - là, le vide quiles sépare y est plus grand ; ce qui donne à ce vide , au bord des couches l'apparence d’un canal , et à la zzmismale , la forme d’une lentille ; les couches restant toutes accumulées vers le mi- lieu du disque , tandis qu'elles se séparent successivement en s’approchant des bords. Cet écartement des couches vers le bord, où elles sont un peu plus épaisses, n’est pas le même dans toutes les zumismales ; on en trouve où il est presque nul; ces indi- vidus ont alors une forme qui se rapproche de la figure sphé- rique. Quand on partage la rwmismale par son centre, en deux por- tions parallèles aux surfaces , on voit la tranche du bord des couches, qui, s’enveloppant successivement les unes les autres en tournant , prendre à ce bord la figure d’une spirale , et la tranche de l’extrémité |courbée des bandelettes quil aboutissent , celle de cloisons demi-circulaires. Aïnsi ce vide cloisonné de la spirale, n’est pas un canal , mais cette partie plus élargie du léger vide qui sépare les couches. La numismale rompue dans le sens de son épaisseur, présente Tome V. VENTOSE an 7. ls 222 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE - le profil de ses conches et la tranche des bandelettes perpendicu- laires à leurs surfaces. Dans cette position, elle ressemble singu- Bèrement à l’os de la sèche, vu dans la même circonstance. La coupe transversale des lamelles de cet os, représente la tranche des couches de la rzumismale, et les filets perpendiculaires aux lamelles , les bandelettes perpendiculaires à ces couches. Cette coupe de la zwmismale montre aussi très-distinctement l'arran- gement des couches tel que je l’ai décrit. On y voit qu’elles s’écar- tent vers le bord , et que le vide plus grand qui en résulte, pris jusqu’à présent pour un canal isolé, n’est que l'élargissement du petit vide qui existe entre les couches. On remarque une autre ressemblance entre la zymismale et los de la sèche. Un grand nombre des premières ont leur surface grainelée comme la lame dure de cet os, et l’on y distingue des portions de lignes endulées , qui correspondent aux handelettes, comme les lamelles de los de la sèche correspondent aux bandes ondulées de ses surfaces. . On sait que la petite sèche est toute formée dans l'œuf ; que Pos y est déjà assez dur et tres-apparent , et que ces œufs sont réunis en très-grand nombre; ce qui expliqueroit encore la pierre Jrumentaire , qui est un amas de si petites zwmismales , qu’elles peuvent être considérées comme des embrions. * Voilà donc un corps renfermé dans un animal dont l’espèce est vivante, qui nous représente par analogie, ce que la z4mis- male peut avoir été originairement. J ajouterai cette réflexion aux rapprochemens qui existent en la zumismale et Vos de la sèche ; c'est qu'on ne peut guères concevoir la formation et l’accroissement de la zzmismale, telle qu’elle est construite, qu'à la manière des os , et de l’os de la sèche ‘en particulier ; tout dans sa structure , s’opposant à ce qu’elle ait pu s rvir de loge ou d’enveloppe à un animal. Si nous trouvions l’os de la sèche dans l’état de fossile , et que son origine nous fùt inconnue , il seroit le sujet d'autant de conjectures , que nous en avons vu former sur la zu- mismale. En suivant encore l’analogie, on est conduit à donner une origine semblable à la #é/emnite. Ce fossile a eté , très-vraisem- bliblement , l’os d’un poisson mol , auquel il rendoit le même office que l’osgde la sèche à cet insecte-poisson ; car la éélemnire n'est ni une Me d'oursin , ni un coquillage , ni une dent ; moins encore appartient-elle au règne minéral. Elle est origi- autre de l’ancienne mer. La numismale est, selon toute apparence , le fossile Le plus ET D'HISTOIRE NATURELLE. 223 pt, ? . . généralement répandu. On en trouve en Asie et en Afrique , autant qu'on en trouve en Europe. On lit, dans les Voyages de Niebuhr , que la pierre dont les pyramides d'Egypte sont construites , le rocher sur lequel elles Sont assises, et nombre d’autres rochers calcaires des confins de la basse Egypte , sont remplis de /enticulaires. Et VYun de mes neveux , qui est au Bengale depuis plusieurs années , en a vu en quantité dans des rochers calcaires des montagnes de Lahour, dans le pays de Si/her, à Vorient du Gange. P. S. Depuis que j'ai écrit ce Mémoire , j'ai reçu quelques échantillons de la pierre lenticulaire du Bengale , envoyés par mon neveu. Ils ont été pris, à l’exception d’un seul, sur les bords d’un four à chaux, et sont un peu calcinés. Ii est résulté de - là un effet très-singulier ; la matière spathique qui remplit l’intérieur des zumulites est devenue noire ou d’un brun-foncé, tandis que la substance de la zumulite a blanchi ; ce qui donne à ce fossile un air de petit deuil tout-à-fait curieux. Ces morceaux demi- calcinés ont rendu , enles polissant, une odeur fétide assez forte, et le morceau de la pierre naturelle n’en a point exhalké. D'où l’an peut conclure , ce me semble , que le spath qui remplit les numulites, contient un principe bitumineux , qui a été dégagé par ce dégré de chaleur sans se dissiper , et lui a donné cette teinte obscure. Ce spath, dans la pierre naturelle , est d’un blanc terne. Cette pierre contient" deux espèces de zumulites ou numis- males : Vune grande et applatie comme l'espèce plate du Véro- noïs, l’autre en forme de lentille ; la première a aussi les petites de son espèce. Elle contient encore des fragmens de madrépores et d’autres petits fragmens ; ce qui peut la faire considérer comme une espèce de marbre lumachelle. Sa couleur est d’un gris-foncc. k dite l La grande zumulite plate a un caractère qui lui est particulier; le bord des dernières révolutions est fort épais, et donne à ces bords la forme de bourlets saillans sur la surface. Elles ont beau- coup moins de révolutions , sur ‘un même diamètre, que les numulites de forme lenticulaire: je n’ai compté que 11 à 12 révo- lutions sur un diamètre de 13 lignes. Ce caractère leur est com- mun avec l'espèce plate du Véronois. J'ai une de ces dernières d’un même diamètre, dont toute la spirale est à découvert , qui n’a que 14 à 15 révolutions ; et les zwmulites de forme lenti- culaire , tant celles de Picardie que celles du Véronois et du Bengale , ont de 20 à 25 révolutions sur un diamètre seulement Ff 2 2724 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMÉE de 8 lignes. Cette différence dans la forme, dans la largeur et le nombre des révolutions, indique, très - vraisemblablement , des différences. La grande zmulite plate a ses couches si serrées qu’on a peine à les due dans leur coupe transversale, mais leur écarte- ment sur les bords est très-orand , ce qui donne cet excès de lar- geur à l'intervalle des révolutions. Dans ces morceaux demi-calcinés de la pierre du Bengale , la couleur tranchée du spath et des couches de la zumulite , rend le vide qui sépare les couches plus apparent ; ce vide est déter- miné par une ligne noire , enire les lignes blanches des couches et la coupe des bandelettes , qui sont aussi blanches, se distingne très-bien sur la ligne noire. Cine mana ces me non Je dois informer que j’ai présenté à la société, des os de sèche seylés divaricatis , stigmatibus complanabto-lanatis. 4. S. Tridactylites-alpina minor et villosa. Tournef. herb. inst. 252. Sax. cæspitosa. Gunn. Norv.2 p. 1047. 8. Foliis compuactis imbricatis... Tan. 54. Sax. Pyrenaica alba minima foliis densissimé congestis. Tournef. herb. inst. 253. Sax. tridactylites groënlandica caulibus valdé foliosis. D;7 eltham. 537. 38. SaxirRAGA moscHATA... Tan. 55, S. Foliis aggregatis cuneatis , integris bi-trifidisve odoris : petalis ellypticis carinatis, calycem superantibus. Tridactylites alpina. J. Bauh. hist. 3 p. 554. Sax. moschata. /acq. Micell. 2 p. 128. Murr. veget. 414. “ 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sax. exarata. 4{lio: Pedem et auct. n°. 1559. Ce n’est pas celle de Z’illars. 59. SAxIFRAGA CarsPrTosA... Tan. 56. S. Foliis caespitosis enerviis : scapo filiformi sub-unifloro : petalis linearibus calycenr ‘aequantibus. S. Pyrenaïca foliis partim integris , partim trifidis. Tournef. inst. 253. herb. de F’aillant: J Sax. cæspitosa. Lin. sp. 578. Murr. veget. 414, n°. 37, sans la citation d'Oeder. Sax. muscoïdes. Jacqg.miscelL 2, p. 123. Sax. pyrenaiïca Vill Délph. 5, p. 671, en excluant toute la synonymie. Cette-espèce et la groenlandica exigent une longue critique. 8. Foliis omnibus integris. Sedum tridactylites, pyrenaïeum foliis inferioribus integris. Tour- Lefort , herb. Eadem rubiginosa. Ce qui change son aspect. 7. Rammis congestis hemisphaericis : foliis brevibus imbri- catis... Tas. 57. B. Tiges couchées. 40. SAXIFRAGA BRASSICATA...'Tap. 38. S. Caule capitato sphaerico , ramis procumbentibus : pedun- culis lateralibus inferis. 4. SAxIFRAGA AJUGIFOLIA. Lin. sp. b78... T'as. 59. S: Séapis lateralibus ascendentibus sub-bifloris : caulibus procumbentibus. Sedum alpinum ajugæ folio. C/u5. Panno. 49. herb. de J’aillant. Smich a comparé mes échantillons avec ceux de l’herbier de Linnæus. Peu de botanistes connoissent cette espèce, ils la cons fondent avec la suivante. 42. SAXIFRAGA HYPNOïDEs. TAB. 40. S. Caulibus procumbentibus : gemmis elongato acutis. S. muscosa trihido folio. Tournef. herb. inst. 252. Sax. hypnoïdes #7 Dan. 348. Lin. sp. 570. Fill. Delph. 3, p. 674. Une partie des synonymes quil rapporte appartient à Ja précédente, OBSERVATIONS ET D'HISTOIRE NATURELLE. 269 SARA PS PP 2 MEET PTE CT VI EZS GB SE RV AMEOEN.S Sur une argille feld-spathique trouvée dans la butte des Treils ; près le Mans ; Par B.-G. Sacs, Directeur de la première école des mines. Gite térre argilleuse offre de petits fragmens de feld-spath friable , blanchâtre en parallélipipèdes plus’ou moins réguliers, disseminés dans une terre bolaire rougeâtre ; ce qui lui donne l'apparence d'une brèche : elle se trouve à six pieds de profondeur au-dessous de la terre végétale entre deux lits de sable rougeâtre entremêlé de gravier. Cette couche argilleuse a , dans sa plus grande épaisseur , treize à quatorze pouces ; elle occupe un espace assez considérable , et se trouve toujours à la même profondeur. Cette argille feld-spathique me paroit provenir de la décompo- sition d’une espèce de porphire de la nature de l’ophite, dans lequel les cristaux de feld-spath sont plus gros que dans le por- phire ordinaire. Ayant mis dans l’eau de cette argille feld-spathique , elle s’y divisa ; j'agitai la terre détrempée et recus, sur un filtre , l’eau qui en tenoit une partiesuspendue.Cette terreargilleuse, desséchée, avoit peu de cohérence , parce qu’elle étoit mêlée de terre mar- tiale et de kaolin ; elle représentoit en poids la moitié de l’argille feld-spathique qui avoit été lavée. Le feld-spath décomposé, qui s’étoit précipité au fond du vase, étoit onctueux , feuilleté d’un blanc jaunâtre , et offroit un kaolin grossier. Les carrières de cette espèce de terre qu’on exploite dans le Limousin, dans le Poitou, offrent des granits en décomposition, où le quartz, le mica sontintacts, tandis que le feld-spath spréep dans différens degrés d’altération. De sorte qu'on peut le suivre jusqu’à sa terrification en kaolin. Le feld-spath commence par devenir opaque grenu , moins scintillant , puis friable , pulvé- rulent , et enfin kaolin, onctueux au toucher. Le même feld-spath ou petuntzé , avant d’avoir été altéré , se vitrifie facilement et est propre à la couverte de la porcelaine, Tome V. GERMINAL an 7. M m 270 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tandis que lorsqu'il s’est décomposé spontanément , il est apyre et sert avec avantage pour le biscuit de la porcelaine dure. Les porphires paroissent avoir pour base un trapargilleux , diversement coloré par le fer. Quoique ces pierres résistent à l'action du temps et de l'air, cependant elles s’altèrent etse décomposent dans le seinde laterre. L’argille feld-spathique du Mans, ainsi que l’argille porphiriiique de Bohême en sont des preuves. Le baron de Born, après avoir fait la description d’une argille blanche porphiritique, dans laquelle se trouvent empâtés des cris- taux de feld-spath blancs rectangulaires, dit : « peut-être n'est-ce qu'un porphire dont la base silicense a été décomposée (1) ». Cette argille porphiritique blanche que cite de Born, remplissoit un filon dans les montagnes métallifères de Joachim Stadt en Bohême. Ce savant minéralogiste dit que la roche métallifère de Hongrie et de Transilvanie où l’on trouve les filons d’or et d’ar- gent les plus larges et les plus étendus , est une argille endurcie, mêlée de feld-spath cristallisé ou decomposé , quelquefois entre- mêlé de mica et de schorl. CT Se SE ee) NO FT PGA E Des grands hivers dont il est fait mention dans l’histoire et dans les recueils des sociétés savantes , et des grandes inondations de la Seine à Paris ; avec quelques détails sur le froid du mois de nivôse an 7 ( 1798 à 1799 }; Part L: C'oir rx, L'un des conservateurs de la bibliothèque nationale du Pan- théon, des sociétés des naturalistes , de médecine et d’agri- culture de Paris , de la société d’émulation d' Abbeville, de la société météorologique de Manheim. PE froid rigoureux, que nous venons d’éprouver ; a donné l'éveil aux météorologistes, et les a engagés à faire des recher- ches ; elles ont été occasionnées par différentes annonces contra- (1) Voyez la page 408 du premier volume du catalogue méthodique et raisonné de la collection des fossiles d'Eléonore Raab. ET D'HISTOIRE "NATURELL'E, 271 dictoires relatives à la température de cet hiver , insérées dans le Journal de Paris. On annonça dans ce journal que lhiver de 1798 à 1799 seroit rigoureux , parce que celui de 1398 à 1399 le fut, et qu'on de- voit s'attendre à pareille température tous les quatre cents ans. Lalande, à qui on attribua cette annonce, la désavoua, et ayança, au contraire, que les températures revenant à-peu-près les mêmes tous les 18 on 19 ans, on devoit s'attendre à un hiver doux , parce que celui de 1780 à 1781 avoit été très-modéré. Masuyer, professeur en médecine , inséra dans le même jour- nal la remarque suivante : Les grands hivers de nos climats, dit-il, arrivent du 4 au 5, et du 8 au 9 des années de l’an- cien calendrier : Exemple , 1708 à 1709, 1774 à 1775; (il auroit dù dire 1775 à 1776, ) 1778 à 1779 , 1704 à 1783 , 1768 à 1789 , 1794 à 1795. On pourroit citer à l'appui de cette remarque ce que dit Toaldo ; savoir , que les saisons et les constitutions des années doivent avoir une période à-peu-près égale à la révolution de l'apogée lunaire, qui est de huit à neuf ans; et que vers le milieu de cette période, c'est-à-dire de quatre à cinq ans, il doit y avoir un retour , ce qui doit annoncer souvent des années extraordinaires ; ainsi l’hiver rigoureux de 1788 à 1789 date de dix ans , et celui de 1794 à 1795 date de quatre ans. Lalande fit quelquesjours après, dans le Journal d2 Paris, une réponse à Masuyer ; il cita les dates de plusieurs hivers ri- goureux , et en rapprochant ces dates, on n’y trouvoit point la confirmation de la période de 4 à 4, et de 8 à 9 indiquée par le professeur en médecine. J'avois annoncé aussi de vive voix à plusieurs personnes que l'année 1799 seroit chaude et sèche ; je me fondoïs sur ce que pareïlle température a eu lieu chaque dix-nenvième année de la période lunaire, en remontant jusqu'au cemmencement du siècle; mais j'avois eu suin d’avertir , comme je lai imprimé plusieurs fois , que cette ressemblance de température ne pouvoit s'appli- quer qu’à la température générale de l’année ; que les froids et les chaleurs extraordinaires qu’on éprouve quelquefois , tiennent à des causes particulières qu'on ne connoît pas , et dont parconsé- quent, il est impossible de prévoir les effets : ce sont des ano- malies , des écarts qui sont indépendans de la révolution lunaire dont on n’entrevoit jusqu'à présent que l'influence générale sur la température qui caractérise une année, et que l'on ne peut déterminer que par les résultats moyens que pré- M m 2 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sentent les observations de l’année entière, et non pas ceux que donne la température excessive d’une partie de saison. Lamarck a avancé , avec quelqu’espèce de fondement , que les équinoxes ascendans et descendans de la lune étoient mar- qués par des changemens prononcés de température : ainsi, selon ce savant , l’équinoxe ascendant amène des vents de sud et d'ouest pluvieux , et produit un abaïssement dans le baro- mètre ; l’'équinoxe descendant, au contraire, amène des vents secs du nord et du nord-est, et il est accompagné de l'ascension du mercure dans le baromètre. à Lamarck avoit donc annoncé que le froïd rigoureux de ni- vôse se modéreroit vers le 23, époque de l’équinoxe ascendant, et qu'on devoit s'attendre au dégel. Le contraire est arrivé ; le froid a repris à cetie époque ; il est vrai que le vent s’est porté dans la région du sud les 23 , 24 et 25 , mais le froid n’a pas diminué , etil n’a pas tardé à se rétablir au nord-est et à l’est comme auparavant. Nous sommes donc encore bien éloignés d’avoir une théorie qui satisfasse à toutes les vicissitudes de température que nous éprouvons , sur-tout lorsqu'il s’agit de températures extrêmes , telles que celles qui caractérisent les hivers très-rigoureux , et les étés brûlans,. Comme je ne tiens à aucun systême , pas même à celui de la période lunaire de 19 ans, où je ne vu de la probabilité sans certitude qui autorise à pronostiquer un hiver rigoureux ; je me borne ici à consigner les époques des hivers mémorables dont l’histoire fait mention , et ceux dont le froid a été meguré depuis l'invention du thermomètre. J’ai consulté pour cela la liste chronologique des eyénemens météorologiques insérée dans la collection académique , partie étrangère , tome 6 , page 488; les Mémoires de l'académie des sciences ; les Journaux d'ob- servations de Messier , et les miennes. Voici la table de ces hivers mémorables. Ceux qui sont pos- térieurs à l’invention du thermomètre ne sont mis au nombre des hivers rigoureux dans cette table, que lorsque le thermo- mètre de Réaumur , à l'échelle duquel j’ai réduit celle du ther- momètre de Lahire, avant 1735 , est descendu à 10 degrés au- dessous de la congelation , ou plus bas. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 273 / Er»oques des hivers mémorables consignés dans l'histoire , ou déterminés avec le thermomètre. PRET PRE SRE TN TENTE ET EUR L TIT T7 LES PENSER PEER TS EN TIE AT SE EEST TUCAESNE MER TETE ANNÉES ANNEES OBSERVATOIRE OBSERVATOIRE de l'ère chr.| del'ère chrétienne. NATIONAL. : DE LA MARINE, Années. Degrés, Années. Degrés, 763 1570 1709 — 15,0 1766 — 10,0 801 1571 1716 — 15,7 1767 — 9,5 1001 1576 1721 en Anglet. à 1067 1608 1729 — 12,2 1768 — 14,0 1210 1615 1740 — 10,0(1)| ‘1771 — 11,5 1272 1624 1742 — 13,2 1776(2)— 16,3 1305 1632 1745 — 11,2 1782(3)— 10,0 1354 1658 1747 — 12,7 1783(4)— 14,0 1358 1655 1748 — 12,2 à 1361 1656 1751 — 10,0 1704 — 11,7 1364 1657 1753 — 10,7 1786 —'10,2 1399 1658 1754 0 n0;5 1788(5)—117,0 : 1400 |1662 à 1663| 1755 — 12,5 à 1420 1666 1757 — 10,5 1789 — 13,2 1460 1670 1758 — 12,0 1799(6)— 16,5 1470 | 1676 à 1677| 1763 — 10,0 1798(7)— 14,1 1489 1683 b à 1493 1684 1 — 10,0 5e 1698 He è 1522 1702 (1) — 12,5 au vrai thermomètre de (4) 69 jours consécutifs de gelée. Réaumur. (5) 50 Idem. (2) 25 jours consécutifs de gelée. (6) 42 Idem, (3) 12 Zdem. (7, 32 Idem. Nota. Je laisse maintenant à ceux qui veulent établir des sys tèmes le soin de les faire çadrer avec les différentes époques de froid rigoureux. 274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Détails sur l'hiver de 1798 à 1709 , (nivése , an 7). Depuis l’époque du froid rigoureux de 1795 , nous avions passé trois années sans éprouver de froïd , ces trois hivers ayoient été très-doux , à peine avoit-on vu de la neige. L'été de 1797 et celui de 1798 furent chauds et très-secs ; l'automne de 1798 fut aussi très-agréable. Le froid commença le 21 frimaire , le thermomètre descendit — à 4 d. le 22 ; la gelée cessa le 24, elle reprit le premier nivôse, et elle dura, sans interruption , pendant tout ce mois , et jus- qu’au 2 pluviôse , c’est-à-dire 32 jours. Le vent se tint constamment au nord-est et à l'est, excepté les 7 et 8 nivôse, et les 23 , 24 et 25 , où le vent tourna au sud, sans que le froid diminuât pour cela. _ Le 5 nivôée le froid alla toujours croissant pendant toute la journée , et parvint à son maximum le 6 à 7 À h. matin , comme on le verra dans la table suivante. Le froid du 8 fut précédé par une neige assez abondante. Le-baromètre , pendant tout ce temps, a été assez fixe!, et toujours:au-dessus de 28 pouces; du 16 au 20 nivôse il a été fixe, sans éprouver de variation sensible. Le ciel a souvent été serein ; accompagné quelquefois d’un brouillard épais que le soleil avoit de la peine à percer. La Seine a commencé à charrier le à nivôse, le 5 (elle étoit toute couverte de gros glaçons, qui se sont soudés ensuite, de ma- nière qu’on la paésoit à pied, ct qu’elle portoit les voitures dans certains endroits. Le froid , qui avoit commencé deux jours avant l'époque de la pleine-lune , a cessé à l’époque de la pleine-lune suivante ; le 2 pluviôse il est tombé de la pluie; ce jour-là, et le 6 elle dura toute la journée, avec un brouillard très-épais ; la Seine étoit couverte d'énormes glaçons , elle srossissoit à vue d’œil ; on at- tendoit la débacle , et elle arriva les 8 et 9 pluviôse ; elle s’étoit annoncée d’une manière effrayante ,on en fut quitte pour la perte de quelques batteaux : l’eau monta à midi du 8 à 6 mètres( en- viron à 18 pieds 6 pouces) ; à l'échelle du Pont national et Je 9 à la même heure à 6 , 8 mètres ( environ 21 pieds ) à échelle du pont de la Tournelle ; le 16 au même pont presqu’à 7 mètres: ( 21 pieds 6 pouces) , et au pont national à 7, 6 mètres ( 23 pieds 6 pouces); le 18 elleavoitbaissé de 5 décimètres(environ 20 pouc.). Le froid reprit ensuite , et la rivière charria pendant deux jours ; le 21 il tomba du verglas ; le 23 il y eut une tempête considé- rable , accompagnée de pluie ; dans la nuit du 23 au 24 il tomba beaucoup de neige , ainsi que dans la journée du 24 et la ma- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 275 tinée du 25 ; dans la journée du 23 le baromètre est descendu de 15 À Lg. , et dans la journée du 24, il est monté de 105 lig. il a gelé continuellement pendant ces deux jours La rivière a continué de baïsser ; le 26 , à midi , elle marquoit à l'échelle du pont national 5, 4 mètres ( 16 pieds 9 pouces ) et à 4 heuressoir , à l'échelle du pont de la Tournelle , 4, 5 mètres (14 pieds). Les papiers publics ont annoncé que dans la nuit du 5 au 6 pluviôse on ressentit une secousse assez forte de tremblement de terre à Nantes , à Angers , à Rouen, à Bordeaux et dans toute la partie ouest de la France ; il a été précédé à Nantes par un météore igné qui a jeté un vif éclat ; dans d’autres endroits, par an yent violent. Des têtes de cheminées ont été renversées , des maisons ont été endommagées. Pendant cette nuit, à Paris, le baromètre a remonté de 27 pouces 9, 8-lig. à 27 pouces 10, 5lig.; le temps étoit calme et couvert avec brouillard et pluie le 6 at matin. On mandoit de Londres que les marées y étoiént d’une hauteur extraordinaire. Je vais donner dans la table suivante, 1°. la suite dé mes ob- servations faites à Paris, rue de la Vieille-Estrapade , n°.2; 2°. Le plus grand froid observé chaque%jour à l'Observatoire! national et à l'Observatoire de la mer Me Bouvartet Messier ; 3° le maximum du froid observé en différens lieux de la République et des pays étrangers. L’échelle du thermomètre de Messier étant divisée en 85 d. fai réduit ses observations à celle divisée en 80 d. PREMIÈRE TABLE. MOIS HEURES|DEGRÉS MOIS HEURES|DEGRÉS D du de Se du de dénivôse de décembr. Jo uR. FROID, de nivôse | de décembr.f 3oun. RO1ID. ang. 1798. an 7. 1795. I 21 1025. |— 3,5. minuit|-— 8,2. 2 22 im.|— 4,5. 5 25 im.|— 8,3. 3 23 im.|+ 2,0 255. | — 0,0: 4 24 - im.l— 3,5. 4zS. | — 9,7 9 m.|— 4,2. Bis. |—10,0 115m.|— 4,5. 7 S |[—11,0 225. [— hb,o.f 8+s. |—11,3 ÈS. | — 7,6 9% s. | —12,2 11 8 |— 78 6 26 | 7im.l—:5,0 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Suite de la PREMIERE TABLE. MOIS HEURES|DEGRÉS MOIS HEURES|DEGRÉS CC , du de CR de de nivôse | de décembr. E 5sour. | FRo1p. de nivôse |de décembr. an 7. ÿ an 1798. 6 26 9 m.|—12,5. 31 janvier 2790; : 10/mM.|—11,7. 17 M.|—11,1. midi. |—10,5. 1 245. |[— 5,3. 10 & |— 6,0 4 s. [— 5,5] 16 5 7im.— 7,92 52 s.1— b,5. 23 5. |— 4,3 7 S. |— b,4. 10 8. |— 6,7 9:s.|— 3,61 :7 6 73 im.|— 8,6 8 28 8 m.|— 5,8. 225. |[— 4,3 2 8. [— 5,5 55. [— 3,5 43s. |— 5,5] 24 13 97 s. |[— 6,0 gs. |— 74, 29 14 |'7smi— 0,5 9 29 D 7im|— 8,8] 26 15 7:ml— 6,1 9 m.|— 9,0] 27 16 7m — 5,5 2 s. |— 5,8. 28 17 7im.|— 7,8. & S. |[— 7,0) 29 18 7:m.|— 9,6. 95 s. | — 9,0. 93 S. |[— 9,0. 10 50 7im.|—10,2.) 50 19 8 m.|— 82 2 5. [— 4,711 pluv.| 20 7zml— Gr 3 9 s. | — 4,5. 9: s. | — 2,0 11 37 8 m.|— 4,2 2 21 7m] — 0,4 2 S. PS AN EPTRR LRn poP ne DC RE SR ot | 25. [+ 2,0. M co TR Ce valions ET D'HISTOIRE NATURELLE. É sn SAT. Observations faites dans différens quartiers de Paris. A Arsenal, chez le général d’Aboville: . . — 14,0. d. le 6. Aux galeries du Louvre , chez Ferdinand Ber Bud 4 DAREAU ET OBSERVAT. | OBSERVAT. de la "MARINE, Jours du mois de nivôs. HE £ L vôs. | national an 7. Degrés. ne 6 == 18] 20 I 2, 3 4 ÿ 6 7. $ 9 Le) mi ‘mt ps ste Au RUE de Mines,r ue de r Univ As: + 1143,6: Î OBSERVAT: GBSERV, national. Degrés. | Degrés. le G. lé 6. A — 19,0. ÈME. TABLE. OBSxRVAT |4 la MARINE, Jours du mois denivèôs, an 7. OBSERVAT. | dela | MARINE. national. Degrés. TROMSTIÈEME TABLE (1). Degrés. A Douai, par Saladin,—14,0 le 6 A Calis, ge Blan- quaft. . "bte « — 12,61 6 AA bbéville , ; pa Bou- Big PROPENS . —12,9 le6 À Bruxelles, par Poë- derlé. . . . L ..…. —15,ole7 À Strasbourg. | , . —20,0le6, l Degrés, ALunéville, par Sau- cerotte. . « . ... —19,0 ley A Amsterdam, chez Van- el —16,5le7 18 AE 712,0 À Gotha , par Zach. —21,5le 5 A Toulouse, par Déc liCH ele. — 9,ole5 (i) Latplus grande partie dessobservations contenues dans cette table; m'ont été communiquées par Lalande. Tome V. GERMIN AL an 7. Nn 4 278 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Suite de la TROISIÈME TABLE. Degrés. mé 2 lép.-du Var.— 4le5. A Manheim. . . . — 1 le 5. À GrasbenenQMire A Vienne(Autriche).— 18: le5. emb. Wurm.— 24le5. A Coppenhague. . — 10le 5. Peut oh ...— 2ole5. A Dresde. . . . . — 14 le5. A Ausbourg. .. . — 251e5. A Turim . : . . : —16le7. QUATRIÈME TABLE. Tasreau des plus grands degrés de froid observés en quelques ‘endroits de la république batave , en décembre 1798 ; com- muniqué par J.-H. Vax-SWwiNDan ;, professeur à Amsterdam. ge rer meme eme SR RE À pete me 4 2 1e | | 'Haar- JOURS. ec Rotterdam, Delfr. Labaye. |! EN Amsterdam. Hoorn. OBSERVATIONS. De | ———————— REC Les therm. sont XXEV. £au 7 m. 7 bouillante. net LL nn XXWV. 6h. m. Be NP 10, 7 9 E 9 11 ' 4 11,7 ? 10 10 à 1r »7 Les deux ob- XXVI servations quise h 1 8 14,2| 14,8 trouvent dans 7°-sm. |17, une même case, 8 ont été faites sur 15,5 | 16 des rhermomè- 18 13,3 : 12 2, Nimègue étoit 10 ; Pr côté du elvedere,et con- F0 yes 14, 2| 14,8 séquemment à z À un air parfaite- 12 ment libre, XXVII 8°. m 14,5 105$ XXVIII 8b. m, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 279 Après un dégel qui a eu lieu à la fin de janvier 17099, le froid a repris au Commencement de février à un degré de force très- rare. Le thermomètre a été à Amsterdam ( En EN de la con- gélation }, le 1. de février entre 3, 2 et 5,8; le 2 entre 4 et 2,6 ; le 3 et le 4, aux environs de la congélation ; le 5 entre +1 £t —3,2 ; le 6 entre —2,6et —6,7; Leyà 5h. à—9,8; le8à 8h. —12,4; le gà 8h. —0,3. 8 h. —8,9; 2h. — 9,3; 2 263 12h. —7,5; 10h. —11,2 ; 16 h. —6,7. 4h. —8,7; à Delft, —11,2; le 104 9 h. —4,4. 10h. —10, ensuite au-dessus de la congélation. Suivant les observations qui se trouvent dans les gazettes hol- landoïses , et qui sûrement ont été extraites des gazettes alleman- des , le thermomètre auroit été, le 25 décembre, à Berlin , à 1753 le 26 à Manheim, à —19 5. à Hambourg, à 18; àAugsbourg ,à —25. véritablement énorme. Mais je crois me rappeler qu’en 1776 on a eu quelque degré pareil en Allemagne : cependant je n'ai pas sous les yeux mon ouvrage sur le rude hiver de 1776, pour revoir ce point qui mérite d’être constaté. Notes sur les différentes inondations de La Seine à Paris. L’inondation de la Seine qui a eu lieu à Paris le 25 décem- bre 1740 , a donné lieu à Buache et Deparcieux , de faire des re- cherches sur les différentes inondations de cette rivière dont on a conservé la mémoire par des inscriptions ; le résultat de leur travail est consigné dans les Mémoires de l’académie , années 1741; NS 335 , et 1764 , page 459. Buache a fixé le terme de l'élévation de l’eau en 1749 sur Yéchelle du pont ci-devant royal. Cette échelle ne part pas du fond de la rivière , elle part de la surface d’un banc nommé le nœud de l'aiguillette, qui se trouve entre la demi-lune du Cours et Chaillot. Le fond de la rivière sous l'arche du milieu de ce ont étant 14 pieds plus bas qe le banc du nœud de l’aiguillette, 1l faudroit ajoûter ces 14 pieds à l'échelle pour avoir la véritable hauteur de la rivière au-dessus de son fond. Buache a fixé la hauteur de l’eau, le 25 décembre 1740 , à 9 heures du soir , à 25 pieds 3 pouces de l'échelle du pont ci-de- vant Royal, aujourd’hui National ; c’est à ce point que Deparcieux a rapporté les différentes inondations qui ont eu lieu à Paris, et Nna 259, JOURNAL, DE PHYSIQUE,DE CHIMIE doutil a recueilli les notes. Il. les-a rapportées aussi à deux autres répaires qu’il indique ; le premier est le guichet du Louvre , vis- à-vis la rue Fromanteau , il le fixe à la retraite prise au second pilastre, à gauche, de ce guichet ; l’autre repaire est le dessus de la corniche entre l’arcade de l’hôtel-de-ville , et le coin du même bâtiment. Voici les années d'inondation dont Deparcieux a recueilli les notes d’après des repaires qui ont été tracés dans le temps sur les murs extérieurs ou dans l’intérieur des maisons. 11 Juillet 1615. 1 Juillet 1697. À 1649. Fin de février 1711. Février 1651. 22 Mars 1751. Février 1658. 25 Décembre 1740... 26 Février 1679. 9 Février 1764. Eté 1690. AMEN ENTICR 1799- : Moindre hauteur. té + #719. | Été 1731. La plus’ grande inondation dont on aït conservé la mémoire ar ‘une inscription , est celle de 1658. Il existoit, dans le cloître des Célestins, à Paris, un marbre qui apprenoïit que l’eau s’y est élevée à 28 pouces au-dessus du pavé du cloître ; Deparcieux trouve qu’en cette année 1658 , l’eau s’est élevée de 33 + pouces plus haut qu’en 1740; er, dans cette dernière année, l’eau , selow Buache, s’est élevé à 25 pieds 3 pouces de l'échelle du pont Na- tional ; l’inondation de 1658 répondroiït donc à plus de 28 pieds: dela même échelle. -Les annéesoùla rivière a été observée à son plus bas, sont 1719: et 1731, savoir, à 2 pieds 3 pouces de l’échelle en 1719, et à 1 pied 10 pouces en 1731. D y auroit-donc une différence entre la plus grand crue de la rivière et son plus grand abaissement de 25 pieds 9 pouces avec 1719, et 26 pieds 2 pouces avec 1731. Je vais rapporter aux trois repaires dont j’aï parlé plus haut; les: différentes inondations dont j'ai rappelé les époques. Premier repaire, inondation de 1740 , fixé par Phil. Buache, à 25 pieds 3 pouces de l'échelle du Pont ci-devant Royal ( Na- tional ) (1). : 1649 24 pieds 7 pouces. 1658 28 pieds 1651 25 167091) 21 5 pouces. (1) Cetre échelle a été rétablie d'après les nouvelles mesures : on a indiqué la: gruc de 1740 à 8,5 mètres ( 26 pieds); elle est donc 9 pouces plus haute que le 1690 24 pieds 2 pouces. 24 1711 1791 21 ETNID'HTSTOLER E NAT UR£EL LE. 1764 22 pieds 5 pouces. 23 6 1799 7 285. À DN Ar 4 Second repaire fixé par Deparcieux, à la retraite prise au second pilastre à gauche du premier guichet du Louvre, vis-à-vis la rue Fromenteau. 1649 au-dessus de la retraite 1 pied 2 ÉODU NE LD FZCLETTE: Ne ee d0 A DU ETES ReO RODO NT NA LE Te Ne VA nada LE 1690. . ÉPICES ATP EO : LACS NAT AU NERSRNS NTICNE PEN NET TE MAO Net TO ENT moines et 4e leo a 10 M7 DL SZ CETS ARE EE MOI RAOLO 1704 1HAU-TESSONS El A MON AE 17704; AU UeSSUS- LÉ ele NO >. 07 0 SOCIETES pouces. se 1 1© Se Cane [S] Li rl=nl Troisième repaire fixé par Deparcieux au-dessus de [a corniche, entre l’arcade de la maison commune et le coin de la mêine maison. 1649 au-dessus de la TOITS 1658. 1690. 1711: 1740. 1701. 1764. 2709; » . . au-dessus. . DU I LOENTUS corniche TEL ONE e Pa Dre NE tS ZOCNL NE PS TEA les VEefar au-dessous. . … . + TE TILe UE en elle CR 1 pied o pouces PONT Al EM O ORNE 0... 3 9- AIN 2 9: Le 10 +. D MNT. CHENRAAUTNER _ Pour rapporter ces deux derniers: repaires à l'échelle du pont National et à celle du pont de la Tournelle , il sera nécessaire de- niveller le: terrain compris entre ces différens repaires. terme fixé dans le temps par Buache, J'ignore la cause de cette différence ; je sais que Méchain et Proni ont fait, il y a quelques années, un nivellement dim pont de la T'ournelle au pont de la Révolution, Il seroit à souhaiter qu’ils publias- sent le résultat de ce nivellement, et qu’ils indiquassent le rapport qui existe entre l'échelle du pont de la Tournelle et celle du pont National. Le zéro du pont de la Tournelle part du niveau de la rivière , à son plus bas, en 1719. Nous ve aons de voir qu’elle a encore été plus bas en 1731. s 282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Re à EXTRAIT DUN MÉMOIRE Sur les thermomiètres, par Baumé, membre de l'institut national , inséré dans ses Opuscules chimiques , publiées en l'an 6 ; page 223. Par l’auteur du Mémoire précédent. 1 froid mémorable du mois de janvier 1776 , fut observé à Paris dans différens quaïtiers ét avec des thermomètres de Réaumur , les uns à méréure , lés autres à l’esprit- dé - vin. Les possesseurs de ces therrnomètres furent curieux de savoir à quel degré précis d’un bon thérmométre-étalon on devoit fixer l'intensité de ce froid , et s’il avoit surpassé celui de 1709 : ils envoyèrent donc leurs thermomètres à l’Académie des sciences , qui nomma une commission dont étoit Baumé. Les commissaires, contre l'avis de ce savant chimiste, prirent pour étalon un ancien gros ther- momètre de Réaumur, qui, outre plusieurs défauts que relève Baumé , en avoit un essentiel ; c’est que le terme extrême de l'échelle, marqué 80°, mdiquoit, non pas le terme de l’eau bouil- Jante, comme tous les thermomètres qu’on a faits depuis, mais celui de l’esprit-de-vin én ébullition ; or, ce terme ne répond qu’au 60€, degré ou au 65°, des thermomètres, soit d’esprit-de-vin, soit de mercure qu’on lui comparoit ; il ne pouvoit donc pas servir à déterminer le froid de 1776 sur dés instrumens dont les échelles se ressembloïent si peu. Aussi , au liéu de 13 degrés + auxquels les commissaires ont fixé le froïd de 1776 , Baumé prouve qu’en employant pour étalon un thermomètre à mercure, dont Messier s’étoit servi pour mesurer ce froid , on doit le fixer à 15, et celui de 1709 à 17° sur un thermomètre à mercure, et à 15° sur un thermomètre à esprit-de-vin rectifié. Baumé a donc jugé à propos de se séparer de la commission et de faire un travail particulier qui a donné lieu au Mémoire sur les thermomètres, dont l'extrait que je donne ici fera sans doute plaisir aux physiciens et aux amateurs de météorologie. « Pour faire des nanenes exacts et comparables entre eux, dit Baumé, il faut 1°, deux termes fixes ; 2°. faire choix d’un fluide qui ait la propriété de se dilater et de se condenser unifor- mément et proportionnellement aux degrés de chaud et de froid qu'on lui applique ; ce fluide, c’est le mercure ; 3°, n’employer ET D’HISTOIRE NATURELLE. _285 “ie des tubes parfaitement calibrés et de la plus grande propreté . ans l’intérieur ». Deluc (que Baumé appelle toujours Dzluc), à traité avec soin ces différens objets dans ses Recherches sur Les modifications de l'atmosphère ; maïs il a encore laissé de la matière à des recherches ultérieures dont Baumé s’est chargé , de manière que son travail devient un supplément nécessaire à celui de Deluc. Le Mémoire de Baumé contient 1°. des recherches sur les thermomètres de Lahire et de Réanmur ; 2°. des expériences pour connoître les altérations que l’esprit-de-vin éprouve lorsqu'orr l’employe en thermomètre ; 3°. des recherches pour connoître la marche correspondante de plusieurs sortes d’esprit-de-vin avec celle du mercure ; 4°. des observations sur la construction des thermomètres à mercure ; 5°. les expériences qu'il a faites pour déterminer le degré de froid de 1709 et celui de 1776. Je viens d’en donner les résultats en faisant PHistorique du Mémoire que j'analyse. Thermomètre de L4anH1RrE. D’après les recherches faites par Baumé dans les Hémoires de l’Académie, 1 fixe le terme de la glace , sur le thermomètre de Lahire, dont on faisoit usage à l'Observatoire , à 30°, et celui des caves de PObservatoire à 48° ; mais d’après ses propres obser- ‘vations sur un autre thermomètre de Lahire qu’il s’est procuré , il a trouvé le premier terme à 28°, et le second à 43°. Cette diffé- rence ne doit pas surprendre , si l’on fait attention que ces ther- momètres n'ayant pas de points fixes , ils ne sont pas comparables entre eux. | Le thermomètre de Lahire de l'Observatoire a; été construit en 1678 , par Hubin, et on l’a observé depuis cette époque jusqu’en 1754, il a disparu ensuite, on ne sait comment. Il étoit rempli d’esprit-de-vin dent il auroit fall connoître le titre pour le re- construire d’après lesdeux termes connus.La comparaison journa- lière qui en a été faite à l'Observatoire avec le thermomètre de Réaumur, depuis 1731 jusqu’à 1754, a fait voir qu'après s'être accordé à certains points de son échelle dans un temps , il ne s’accordoit plus à ces mêmes points dans un autre temps. . Thermomètre de Ré4vmuRr. Baumé rend compte , d’après les Mémoires de Réaumur , des: procédés de construction que ce savant avoit adoptés ; il'en con- elut qu'il est impossible d’en faire un instrument exact pour la À. . : 4 ‘284 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RS ER que Réaumur lui-même ne prétendoit autre chose ‘que dé onner à Ja physique un instrument propre à faire con- “noîtré les £hingemens de température qui arrivent dans l’atmos- ‘phère’ Son thermomètre est absolument inintelligible pour. des ouvriers; aussi n'a-t-il jamais été fait par eux : ceux qu’on vend sôk$ Son nom n’en ont que l'apparence ; ils sont faits avec de lPesprit-de-vin pris au hasard , et gradués sur différentes échelles, les ‘mes en 80 pârties, d’autres en 85, 065 100; 110}, et mème EEE Fi, | su ”. L'auteur du Mémoire que j'analyse à fait un grand nombre d'expériences pour connoître les degrés de dilatabilité de cinq esprit-de - vin à différens titres, comparés À la dilatation de l’eau distillée, TL résulte de ces expériences que la dilatation de l’esprit- dé-vin varie considérablement, suivañt la manière dont on pro- cède pour lui faire supporter la chaleur de l’eau bouillante ; c’est- à-dire, qu’il s'élève beaucoup plus haut dans le tube lorsqu'il à été purgé d'air , et que le tube, après avoir été fermé et ouvert plusieurs fois de suite , étant plongé dans l’eau bouillante , est enfin. fermé à demeure , sans que l'air du dehors ait eu.de com- münication avec l’esprit-de-vin [pendant toutes ces opéralions : dans ée Cas l'ésprit- de - vin peut supporter là chäleur de l’eau bouillante, sans que lui-même entre én ébullition. Or , éetté mé- ‘chode n’est pas cellé de Réaumur qui lignoroit sans’ doute. ‘Baumé à construit un thermomètre avec de l’esprit-de-vin , à- “peu-près au même titre que celui dont ce savant se seryoit, mais dont lé 6oe désré indiquoit le chaleut de l’eau bouillante, tandis que le 85e degré dé celui de Rédunur étoit le terme de l’ébulli- tion de l’esprit-de-vin , qui répond au (6o°. degré du premier, et au 65°. degré du thérmomètre de mercure divisé én 80 degrés. Ce thermomètre de Baumé , placé dans les caves de l’Obsérva- toire , fut fixé à 7,7 degré , au lieu de 10 £ qu’avoit tronvé Réau- mur ; différence qui proyient dé ce que l’échellé de Réanumur contient 500 de plus que celle du thprmomètre dont le 85e. degré est celui de là chileur de eat bouillante. On ne doit donc nom- mèr hérmomotre de Réaumir, qte Cêux dont le Boe. dégréisera celui-de!Pesprit-dein bouillant, ôu plus exactement qui à cessé de bouillir: Laon mr Me ; LT Baumé soupçonnoit qu'il deyoit y avoiride la différence dans la marche d’un thermomètre d’esprit-de-Vin purgé d'air, et celle d’un semblable thermomètre fait avec du même esprit-de-vin nôn purgé d'air, tous deux gradués sur la même échelle ÿiFa donc fait des expériences avec cinq'sortes d’esprit-de-vin à diffé- rens tres et colorés , lEs uns ‘purgés d'air, et les autres non purgcs ET D'HISTOIRE NATURELLE »85 purgés d’air ; il a examiné aussi les changemens que la matière colo- rante pouvoit apporter à ces différens esprits-de-vin, ainsi que les altérations que ces mêmes esprits-de-vin colorés éprouvent de la part de la chaleur pendant qu’on les purge d’air. IL s’est servi , avec avantage , pour colorer l'esprit de-vin, des bayes de myrthe ou airelle séchées et pulvérisées, que l’on em- ploye en plusieurs endroits pour colorer le vin en rouge ; cette substance a augmenté le poidsdes différens esprits-de-vin, depuis le plus rectifié , jusqu’à celui qui l’étoit moins dans l’ordre sui- xant : 4° grains—5—5;—6;—7:. Il résulte des expériences faites pour connoître les altérations que les différens esprits-de-vin subissent pendant qu’on en fait des thermomètres purgés d’air , afin qu’ils puissent supporter la chaleur de l’eau bouillante (1); il résulte , dis-je ,\ de ces expé- riences , que l’esprit-de-yin perd sensiblement une portion de sa partie spiritueuse , à mesure qu'on le purge d’air, et que celui a est le plusrectifié en perd davantage queles autres. La quantité” e cette perte est relative aussi au diamètre des tubes, et au nombre de fois plus ou moins grand qu’on ouvre leur extérieur pour évacuer l'air qui se dégage de l’esprit-de-vin. Cette perte doit changer sensiblement la marche des thermomètres. Les thermomètres d’esprit-de-vin qui ne sont pas purgés d'air éprouvent plus ou moins de semblables altérations par la manière dont on les remplit, et quoiqu'ils soient réputés non purgés d’air, ils le sont un peu, mais pas toujours au même degré ; et comme ils ne peuvent supporter qu'environ 59 ou 60 degrés sans se dé- ranger, ils sont d’un mauvais service dans la plupart des expé- riences de physique et de chimie. Outre cet inconvénient , ils ont encore celui de n'avoir pas une marche uniforme; car il résulte des expériences faites par Baumé, que les condensations de chaque esprit-de-vin sont décroissantes en proportion de la quantité d’eau qu’ils contiennent ; c'est-à-dire , qu'aux environs de l’eau bouillante , pour 5 degrés dont le mercure descend , V'esprit-de-vin en parcourt 7 environ ; et qu’au contraire , près du terme de la glace, pour 5° du mercure , l’esprit-de-vin ne dés: cend que de 3 à 4. Résultats communs aux expériences faites par Deluc , et à celles que j'ai faites moi-même, et que j'ai ra portées dans le premier volume demes Mémoires sur la Météoro: #: j (1) Beaussier , dans ses Mémoëres sur les Thermomètres, dit , au contraire, ’on n’y parvient.qu’en laissant un peu d'air, dont le ressort empêche l'esprit- Ti d’entrer en ébullition. Tome V. GERMINAL en 7. Oo 286. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE logie, page 380. pen noi pe d'air paroît avoir une condensation moins décroissante que celui qui est purgé d'air. C’est d’après ces expériences que Baumé a fait construire une échelle à côté de chaque thermomètre d’esprit-de-vin qui, suivant la marche de ses condensations , indique toujours la marche du mercure; c’est-à-dire, que les espaces répondans de 8 en 5 degrés au thermomètre de mercure , sont tellement modiñés , que le thermorètre d'esprit-de-vin marque toujours sur cette échelle le même degré que le thermomètre de mercure. Thermomètre à mercure. Le plus grand inconvénient qui résulte de l'emploi du mer- cure en thermomètres , c’est qu'il contient toujours des parties. calcinées qui se séparant à la longue et d’une manière insensible, viennent nager à la furface du mercure dans le tube du thermo- mètre , l’obstruent et produisent les séparations qu’on observe à la plupart des thermomètres. Baumé donne deux méthodes, dont il faut voir le détail dans le Mémoire, pour séparer cette portion de mercure calciné , de celui qu’on se propose d’employer en thermomètre. 11 pense qu’il n’y à aucune différence de pesanteur entre le mercure revivifié du cinabre et celui du commerce. Le mercure pèse, dans l’espace du volume d’une once d’eau dis- tillée , 13 onces 4 gros 62+ grains au terme de la glace. Le mercure se dilate, depuis le terme de la glace, jusqu’à celui de l’eau bouillante , dans le rapport de 5045 à 5122, ou d’un peu plus de la 65e. partie de son volume. Le mercure bouillant à l’air libre a fait monter un thermomètre: de mercure placé au milieu , à 190°, le baromètre étant alors à 25 pouces2lignes; dans l’espace d’un quart-d’heure il s’est évaporé- près d’une livre de mercure du petit seau de verre qui le conte- zoit; la surface du mercure avoit trois pouces de diamètre. . Le même thermomètre dont nous venons de parler , plongé dans un bain de sable, a marqué 2450, lorsque le mercure que renfer- moit la boule fut en ébullition. Dans cette expérience iln’y a point eu d’évaporation de mercure , quoique le tube fut ouvert ; ainsi dans cette seconde expérience le mercure a pris 56° de chaleur de plus que dans la première , par la seule raison que la colonne de mercure du tube retenoit l’évaporation du mercure bouillant dans la boules è Baume indique ensuite les procédés qu'il a suivis pour nettoyer parfaitement les tubes , précautions essentielles pour les remplir de mercure, et pour prendre exactement les deux termes de la ET D'HISTOIRE NATURELLE: 287 glace fondante et de l’eau bouillante. Il fait connoître les moyens qu’on doit employer pour s'assurer du degré de perfection avec lequel un thermomètre a éte construit. Il faut voir tous ces dé- tails dans le Mémoire même qui devroit servir de guide aux , fic A : (1) Par ce moyen, j'ai trouvé une méthode très-facile pour connoître si les farines , tant naturelles que converties en pain ; sont aduliérées par quelque lait, ou espèce de terre. Opuscoli Scelti di Milano, tome XIX, 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE toute la surface, et prendre la forme d’un globe suspendu dans l’eau, parce qu’elle ne pouvoit se précipiter au fond. VI. On peut former une échelle, ou table pour l'attraction de surfate , comme on la formée pour l'attraction chimique, selon laquelle quelques substances qui s’expandent sur la surface de l’eau , sont plus attirées par elle , et conséquemment chassent les autres qui y étoient attachées. Cette table est courte, mais elle est sûre, et peut suffire pour porter à l'évidence mon assertion. En commençant par ledernier degré de Pattraction de surface que ces substances huileuses ont avec l’eau, on aura l'ordre suivant: 1. huiles fixes, 2. farine des semences céréales ou légumineuses, 3. huiles volatiles ou sucs laiteux des plantes, et plus particulière- ment des titimales. On peut vérifier tout cela par les expériences suivantes, qui sont très-faciles. Qu'on prenne un verre d’eau pure , ou autre récipient , et que Von y jette de l’huile d'olive, celle-ci s’expandra sur la surface de l'eau en forme d’un voile très-subtil. Dès qu’on aura vu se faire cette expansion, on jettera sur l’eau une petite quantité de farine de froment , ou autre semence céréale ou légumineuse, et on verra dans ce moment l’huile se retirer aux côtés et faire place à la farine quis’expand en forme de membrane subtile ; etsi, le vase n'étant pas trop petit, on y jette ensuite une goutte d'huile volatile , ou une goutte de titimale , on la verra s’expandre et chasser de la surface de l’eau, tant l'huile que la farine, qui quelquefois , c’est-à-dire quand elle reste trop resserrée et recon- centrée par la force expulsive de l’huile volatile ou suc de titimale , se précipite au fond du vase; ce qui n’arrive pas si après avoir jeté sur l’eau du suc de titimale, on y jette de la farine de froment, etc. IL m'a semblé encore qu'entre les farines des Semences céréales et les huiles volatiles ou sucs laiteux des titi. ‘males , il n’y a pas tant de différence entreles degrés d’attraction de surface avec l’eau, qu’on en trouve entre les huiles fixes et les huiles volatiles on sucs laiteux, puisque tous les sucs lai- teux des titimales, et toutes les farines des semences céréales où légumineuses chassent l’huile de la surface de l’eau ; mais lesdites farines s’expandent tant soit peu sur la même surface occupée par le suc du titimale ; et au contraire les sucs des titi- males s’expandent , mais pas assez et avec plus de vélocité sur Ja surface de l’eau occupée par la farine. Outre beaucoup de eonséquences qu'on peut déduire (1) (1) Je crois avoir déduit beaucoup de conséquences dans divers mémoires , sur ET D'HISTOIRE NATURELLE. | 291 de ces faits, on déduit particulièrement que l'adhésion n’est pas , comme le dit le même chimiste (2) le premier effet , ou, pour mieux dire , le premier instant de l’affinité chimique. I n’est pas vrai que l’affinité soit une adhésion telle , qu’elle soit capable de produire dissolution , et il n’est pas possible, comme . Popine le même Guyton-Morveau , d'estimer les rapports d’affi- nité par les rapports d'adhésion, parce que les huiles grasses ou fixes qui n’ont aucune cohésion ni attraction chimique , ou affi- nité Haute , Ou, comme la nommoïent les anciens , affinité de composition avec la masse de l’eau, en ont avec la surface, puis- que , comme on l’a observé, ils s’expandent sur elle avec une vélocité incroyable. Les expériences d’Achard , faites sur l'adhésion du verre avec des fluides de diverses espèces , sont les plus analogues et les plus satisfaisantes , mais ne démontrent avec tant d’évidence les diverses affections de l’adhésion. ANNO!TE E Sur la manière de préparer des squelettes d’animaux et de plantes ; Donnée à l'institut national, par J.-J. S vx, professeur d'ana- zomie , le 6 thermidor an 5 de la République. D'Aiivios a annoncé, dans un Mémoire lu , le 15 messidor an 6, à la séance de la classe des sciences de l’Institut national, que l’on n’avoit pas encore de procédé déterminé pour la prépa- ration des. squelettes des poissons osseux. J’ai tâché de saisir les vues que présente ce célèbre naturaliste , dans l'intention de par- venir à cette préparation. Il me semble qu’il recommande pour cela, non - seulement de faire bouillir ces squelettes jusqu'à un degré déterminé ; mais encore d’envelopper et de lier les os , et ensuite de les disséquer ; il conseille même de faire pratiquer , par des femmes ,* cet objet , insérées dans le Journal Phisico-Medico, et dans les Annales Chimiques de Pavie , et dans les Opuscoli Scelri di Milano. (2) Encyclop. Chim. mot Adhésion. 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ces opérations, qu’il dit, avec raison, n'avoir rien de dégoutant; ensorte que de jeunes enfans pourroïent aussi s’y livrer. J'ose hasarder un procédé que je crois plus sûr et plus prompt que celui de la dissection, sur-tout à l'égard des très-petits qua- drupèdes , oiseaux , poissons, et même des plantes. Voici le procédé que j'ai suivi pour la préparation des sque- lettes, je le soumets à l'examen et au jugement de l’Institut. Après avoir détaché aux animaux leurs enveloppes cutannées , et aux poissons leurs nageoires, parce qu’elles tiennent aux tésu- mens et qu'il faut les faire bouillir et préparer à part pour es replacer ensuite au squelet'e, je les fais cuire , jusqu’à ce que la chair se détache facilement par le poids de l’eau que je verse en douche : il faut avoir grand soin d’empêcher que la cuisson agisse en aucune manière sur les ligamens , Substance plus solide que les muscles et les tendons , et d’ailleurs plus profondément située; aussi continuent-ils de fixer les os quand la cuisson est à peu-près aux trois quarts, ce qui varie suivant la consistance et l'épaisseur de la chair, à mesure que la chair tombe par l’effet de l’eau qui, en tombant , écarte les portions charnues ; je me sers pour cela d’un arrosoir que je tiens plus ou moins élevé en versant l’eau , suivant le plus gros ou le plus petit volume de Yanimal, et le plus ou moins de ténacité qu'ont les faisceaux charnus à s’écarter l’un de l’autre. Quelquefois je soumets le squelette à la chûte d’un plein jet d’eau. Il est à obseryer que dans la préparation des squelettes de pois- sons , avant de les soumettre à la douche, il faut désarticuler la tête d’avec la première vertèbre , parce que les parties de cette région présentent beaucoup plus de détails que le reste, sur-tout à cause des ouies qu’il faut conserver , et du cerveau qu’il faut enlever. J'achève la préparation , en poussant de l’eau avec une se- ringue à injection , dans toutes les parties où il reste de la chair. , IL est À remarquer que certains poissons doivent être remis plusieurs fois dans l’eau chaude à mème dans l’état de squelette , pour donner le temps de cuire aux chairs très-profondes, et afin que les parties se détachent plus aisément. L’enveloppe que conseille Daubenton , est d'autant plus utile our être sûr de conserver tous les os, qu’il y a certains poissons, comme le brochet, dont les arrêtes sont si fines qu'on pourroit en perdre plusieurs sans cette pr ‘caution ; c’est ce qui m'est arrivé sur les deux squelettes de brochets que j'ai l'honneur de présenter à l’assemblée, J’ai ET D'HISTOIRE NATURELLE. 293 J’ai été beaucoup plus heureux sur celui de la carpe, auquel il ne manque rien; les enveloppes préférables seroïent, je crois, la gaze ou des filets de cordonnets de fil ou de soie ; car, pour certains poissons , il faut des enveloppes extrêmement délicates , crainte que leur poids ne casse les petites arrêtes. 7 On prépare les squelettes de plantes par macération et par douches. Voici la pomme épineuse et le fruit du physalis alke- kangi que j'ai préparée de cette manière, On peut aussi se servir d’un panier à claire-voie , dans lequel on place le squelette , et exposer le panier à la chûte de l’eau de source , où au courant d’une rivière ou d’un fleuve. J'ai plusieurs squelettes d'hommes et de quadrupèdes, sur lesquels j'ai suivi ce procédé dont j'ai obtenu le plus grand succès. Les préparations de squelettes d’oiseaux faites par Les fourmis, ont aussi leur avantage. Presque tous les squelettes ont besoin d’un soutien de fil de fer, de cuivre ou d’argent dans la colonne vertébrale. Une collection de squelettes de poissons seroit très - curieuse pour. l’exacte connoiïssance de ces animaux ; c’est peut-être le seul moyen d’avoir une idée juste de leur forme naturelle. Une zoothomie générale de tous les corps vivans seroit un ouvrage de la plus grande utilité ; j’ai déjà recueilli beaucoup de matériaux sur Cette importante matière ; j'en avois communiqué EH put au savant Vicq-d’Azir, qui me les avoit demandés peu de mois avant la perte irréparable que les sciences ont faites par sa mort prématurée. Tome F. GERMINAL en 7. Pp 5ÿf JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ï AE. g . ee " TROISIÈME MÉMOIRE Sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d'eau, lorsqu'ils sont exposés à la lumière , de méme que sur les conferves et tremelles considérées relativement à leurnature , et à leur propriété de donner du gaz oxisène au soleil ; Par Jean Senssrer, bibliothécaire, à Genève. SAUETIVE De la pellicule observée avec la matière verte. J ‘A1 trop parlé dé cette pellicule que j'ai observée dans le Mé- moire précédent, er m'occupant de la matière verte, pour n’en pas parler davantage. Je veux la considérer seule à présent , et fixer sur elle, pour un moment , tous les regards. ‘Il y à environ 14 ans que j’apperçus les élémens de la matière : verte ; je la trouvois formée par une pellicule extrêmement fine qui n’avoit qu'une! consistance très-petite ; elle me parut une espèce de réseau Composée par des filets verdâtres extrêmement minces, qui sembloïent s'échapper à la surface; ce‘réseau étoit couvert par une matière gélatineuse. Lorsqu'on rompt ceréseau, il offre souvent dans les bords l'apparence de la déchirure d’un tissu ; on y trouve plusieurs petits grains plus ou moins sphé- roïdaux et transparens qui y sont encastrés ; ils ont une teinte verte et ils conservent une immobilité parfaite. Aussitôt que j'eus fait cétté ébservatior, je saisis l’idée qu'elle me présentoit, et j'en cherchoïs la solidité dans une étude appro- fondie de tous mes vases desiinés à ces expériences. Je crus trouver par-tout les preuves de la vérité. On voit cette pellicule appliquée sur les parois des vases, on la découvre dans la ma- tière verte qui est flottante. On ‘devient incertain sur la nature de cette matière verte , quand on l’a vue sous les divers aspects qu’elle présente. Elle n’a paru quelquefois formée par une réunion de vésicules pleines d'air semblables à celle qu’on observe dans les feuilles: je remar- quois les bulles d'air s'échapper hors des bords. Pour Pordinaire elle m'a semblé composée de grains transparens , plus ou moins ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205 liés entre eux par un mucus où l’on distingue quelquefois des filets. On voit souvent les taches dont j'ai parlé, peintes de différentes nuances , parce qu’elles ont été formées en différens temps ; les plus vigoureuses sont les plus vertes , elles pâlissent en vieïllis- sant , et deviennent jaunes ; elles étoient d’un blanc cendré à leur naïssance. J’ai vu cette pellicule mise quelquefois en mouvement par l’eau , elle suivoit les impulsions des ondes qu’on y formoit par l'agitation. Les corpuscules globulaires qui entrent dans la com- position de cetté pellicule , ressemblent assez aux glandes mi- liaires des feuilles , et ils sont toujours entraînés par le mouve- ment quan! ils sont séparés de la matière verte , ou à la matière gtainne du parenchyme. J'ai cru apperçevoir sur-tout cette pellicule dans la formation de la matière verte; je l'ai vue obscurcir légéfément le verre, et diminuer sa transparence , prendre successivement une couleur plus foncée, passer du gris au jaune , puis au vert, et former, pour ainsi-dire , le plancher de ce velours vert qui la couvre. Je ne sais si je me trompe, mais il m’a paru que j'ai eu des pellicules où l’on ne voyoit que des corps ellipsoïdaux, et d’au- tres où l’on n’observoit que des grains presque globulaires ; quoi- que j'aie fait souvent cette remarque, je n’assurerai pas qu’elle soit un caractère spécifique de ces matières différentes ; peut-être voit-on la même matière avec des grains globulaires ou ellip- soïdaux qui changent réellement ‘de formes , ou dont le chan- gement est dépendant de la manière d’observer. On peut étudier facilement cette pellicule en versant légére- ment l’eau d un vase de verre qui contient cette matière verte; on la voit alors appliquée sur les paroïs du vase, dont elle diminue la transparence. On peut la voir de même en l’enlevant avec un pinceau et la portant sur le porte-objet du microscope; mais elle est sur - tout très - frappante dans la matière verte qui est vieille. J'ai observé de même cette pellicule de la matière verte; en la mettant sous l’eau , et en l’enfermant avec le mercure , elle ne donna que quelques bulles d’air , parce qu’elle ne trouva pas dans l’eau commune l’acide carbonique qui devoit servir d’ali- ment à cette matière et devenir la source du gaz oxigène qu’elle forme ; aussi elle jaunit, elle prit la couleur de celle qui n’a jamais senti la lumière , elle n’offroit à la fin qu’une pellicule d’un gris brun qui avoit ses grains , et elle fut privée de ce duvet vert qui lui donnoit sa couleur. Pp 2 ‘296 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE J'ai eu l’occasion d'observer quelques morceaux de cette pelli- cule flottans sur l’eau et pleins d’air ; jy ai remarqué quelquelois: des filets d’une conferve d’infusion qui lui donnoient de la con- sistance ; mais je n’en ai pas trouvé dans le plus grand nombre de mes vases. Cette conferve n’a point été commune pour moi, J'ai encore trouvé cette pellicule en petits morceaux dans le fond du vase avec des milliers de grains qui en avoient été séparés, et qui avoient conservé la même figure, la même mobilité que les corpuscules qu’on Ôte à La pellicule; mais ils n’ont aucun mou- vement propre, l'agitation qu’on donne à l’eau les entraîne comme les morceaux entiers de la pellicule. J'ai vu les morceaux de cette matière verte ne s'offrir à l'œil que comme une espèce de pellicule transparente, qui avoit perdwæ sa couleur verte et qui se trouvoit presque dans l'état des feuilles. anatomisées ; j'ai même vu cette pellicule dans cet état comme un prolongementd’une partie contiguë qe étoit verte: sans doute cette transparence étoit l'effet , ou d’une désorganisation: accidentelle , ou bien d’une désorganisation produite par l’âge. Cette matière verte, quand elle est jaune , ressemble assez à une tranche de la feuille écorchée d’une joubarbe vue à Pœil nud , tandis qu’on observe la matière verte avec de fortes: lentilles. La pellicule qui a perdu sa couleur verte, est transparente sans couleur, mais on y découvre pourtant , comme dans les feuilles, une organisation qui paroît formée par une suite de très- petites. vésicules elliptiques. Les petits morceaux de verre placés dans les vases où la matière: verle se détruit, sont absolument dépouillés de la croûte verte: qu'ils avoient eue, et qu'on trouve encore sur Ceux où la matière verte m'est pas périe. Cette pellicule est liée au verre par un gluten particulier , lorsque la matière verte est vigoureuse; mais. ce gluten perd son adhérence quand la matière vieillit. Seroit-ce: par l’action de l'acide carbonique que cette matière ne décompose plus, comme les acides végétaux qui dissolvent le gluten de la farine ? Cela me paroîtroit assez vraisemblable, Je suis par- venu à séparer cette pellicule du verre avec des acides ; on voit alors dans le cas naturel, comme dans celui où j'ai employé les acides, une bourbe verte dont les parties sont sans cohérence et sans. vie ; mais la pellicule se distingue toujours , elle reprend sa couleur première qui est un gris blanc ou roux; cette .bourbe a ,, pour l'ordinaire , une odeur de marais et de pour- riture. } : il paroît bien que la pellicule décrite ne se détache des corps ET, D'HISTOIRE NATURELLE. 297 grxquels elle adhère, que lorsque la matière verte se désorganise avec elle. Les verres qui avoïent été verts avoient perdu leux verdure , de sorte que les grains sphériques et la gelée avoient jauni ; mais comme ces grains ont perdu leurscouleur en se dé- sorganisant, il esbtrès-probable que la pellicule qui se détache à cette époque , n’éprouve cette séparation que parce qu’elle souffre aussi , et sans doute parce que l'acide carbonique qui abonde, et qui ne se décompose plus, favorise , comme je l'ai déjà dit, cette désunion. La bourbe verte que l’on trouve au fond des vases qui ont servi à la culture de cette matière verte, est un amas des parties éparses de cette matière qui s’est réduit en fragmens très - petits de la pellicule , auxquels se joignent les grains dont j'ai parlé, et le mucus. vert; ce qu'il y a de certain, cest que lorsque cette bourbe est abondante , il n’y avoit plus de matière verte ni de pellicules. attachées au fond des vases et sur les pétits morceaux de verre que j'y avois mis. Enfin, on n’observe cette pellicule sur les paroïs du vase de verre, qu’à la hauwur du vase de verre où la matière verte est arrivée, et dans les lieux où elle a paru. #. IL résulte de-là que cette matière n’est adhérente au verre que par cette pellicule qui en est une partie essentielle. L’adhérence de cette pellicule au verre , quand la matière verte est bien portante , est telle que l’agitation de l’eau ne sauroit l'enlever ; elle résiste même à l’action d’un pinceau qui la frot- teroit légéremeut. | r Cette pellicule, ce corps fondamental peut-être de la matière verte ; que j'ai représenté comme une espèce de réseau ou de tissu ,. n’est peut-être aussi ni l’un mi l’autre proprement. Il faus Pavouer ,le microscope y découvre quelques filets, qui ne sont pas toujours des filets de conferves ; alors on peut considérer cette pellicule comme un réseau ; mais lorsqu'elle est formée de grains liés par un gluten , et placés sur la pellicule , peut - on regarder cette matière verte comme un réseau ? Il est vrai que lorsque la matière verte est désorganisée ; lorsque les grains sont séparés , la pellicule conserve sa forme , elle paroît même: s'étendre et s'unir davantage en vieillissant ; j'en ai vu qui avoient ainsi plus d’une année ; cependant si cette pellicule étoit un réseau , ne se retireroit-elle pas par la désorganisation du reste ? On ne peut se dissimuler les variétés de cette matière verte. J’en: ai vuqui avoit été formée dans un récipientifgrmé par l’eau , où j’é- levois des plantes , cette matière me parut différente de celle que 295 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE j'avois observée: à l’œil elle me sembla une glaire verte, au micros- cope elle se montra composée de petits filets verdâtres offrants de petites vésicules qui se touchoient et flottoient sur l’eau. Je n’y apperçus que lessanimalcules ordinaires. Les vésicules transpa- rentes étoient séparées par des vésicules opaques ; mais tout cela me présenta l'idée de conferves microscopiques. Cette pellicule est pourtant une parite intégrante de la ma- tière vertes on ne voit jamais cette espece sans sa pellicule ; on la voit au moment où elle commence à paroître ; on la voit avec elle tant qu’elle subsiste en sauté, et elle ne paroît s’en séparer que lorsqu'elle est désorganisée. C’est encore lorsque la pellicule est unie aux grains , aux filets, que le gaz oxisène s’en échappe quand elle est exposée au soleil sous l'eau ;on l’observe au moins lorsque la pellicule a pris une certaine consistance , et qu’elle commence à verdir; on voit alors l’air sortir hors des parties dé- chirées ; mais il faut pourtant reconnoître que la partie verte ou le velouté vert fournit du gaz oxigène sans être uni avec la pelli- cule ; tandis que je n'ai jamais vu que la pellicule en donnât quand elle n’avoit aucune nuance de vert. Voici un moyen que j'ai découvert pour appercevoir la pelli- cule. Si Fon a des morceaux de verre, comme ceux dont j'ai parlé, revêtus de leur croûte verte , formée sur eux au fond des vases, où on les tient dans l’eau exposés à la lumière ; si l’on enlève une partie de cette croûte, si on replace ces morceaux de verre dans l’eau après l'opération , on voit , avec le secours des verres, les bords de la pellicule tiraillés , relevés et renversés sur eux- mêmes. Ce moyen sera plus sûr et plus énergique ; je suis parvenu à détacher complètement et fort vîte cette pellicule, en versant dans l’eau de l'acide sulfurique étendu d’eau , ou tout autre acide , ou en les versant sur ces morceaux de verre eux-mêmes lorsqu'ils sont couverts de cette matière verte ; alors on la voit se séparer entièrement du verre quand elle est vieille; on la voit même détachée sans se rompre, comme si on l’avoit enlevée avec un instrument tranchant. En l'étudiant alors, on observe qu’elle offre l'image d’un feuillet , dont toutes les parties sont étroite- ment unies et forment un tout entier, rien ne pourroit faire croire qu’elle fat un composé de parties incobérentes , et sans une liaison parfaitement solide. Je transportai une de ces pellicules , avec un pinceau , dans un vase plein d’eau commune ; elle y parut jaune , et elle conserva son intégrité et la cohérence de ses parties , malgré les secousses vives que lui avoient donné la dissolution de la terre Lén ET D'HISTOIRE NATURELLE. 290 calcaire , et le dégagement qui suivit l’attouchement de l’eau chargée d'acide sulfurique. Je trouvois le verre sur lequel avoit été la matière verte, parfaitement nettoyé. J'ai soupçonné que la terre calcaire , ou plutôt les cristaux calcaires que j'ai d’abord observés , unissoient cette pellicule au verre, puisque celle-ci en a été séparée au moment où tous ces cristaux ont été dissous; car on ne les voit plus sur le verre où ils avoient été d’abord nombreux ; ne pourroit-il point arriver que l'acide carbonique agît, non-seulement chimiquement pour opérer cette séparation , mais encore ee , en soule- vant cette pellicule qu’il repousse pour chercher une issue ; mais on voit bien que si la terre calcaire influoit sur l’union de la pellicule avec le verre , en lui fournissant des points d'appui très - rapprochés , elle ne contribuoiït pas à l'union des parties de la pellicule , puisque l’action des acides les auroit toutes désunies. Cette pellicule, ainsi détachée , est fort mince ; on y distingue aisément , avec une lentille , les petits grains qui paroissoient la former ; on les voit même s’en séparer , et l’on reconnoît en eux ceux qu'on avoit’ observés dans la matière verte. Cette pellicule est, à tous égards , la pellicule naturelle , à l'exception de la couleur qui me paroît un peu jaunâtre; on y voit ces grains ou ces vésicules transparentes, on apperçoit sur eux le mêrne velours; et Comme la terre calcaire qui est dissoute ne peut plus les unir, comme on ne distingue souvent aucun filet de tremelle dans ces lambeaux, il faut bien que la cohésion des parties de la pelli- cule soit l'effet unique de son organisation. En répétant souvent ces expériences , j'ai remarqué que lors- que l'acide employé à la séparation de la pellicule étoit trop fort, la matière verte s’enlevoit du verre par petits lambeaux ; mais lorsqu'il étoit suffisamment affoibli , elle s’enlevoit tout d’une pièce ; sans doute l’action trop vive de l'acide carbonique sur quelques points, occasionnoiïit ce déchirement en petites par- tes , qu'une action moins vive et plus uniforme ne pouvoit produire. Je fis macérer dans l’eau un morceau de cette pellicule déta- chée par le moyen de lacide ; je pus voir encore qu'elle étoit formée par la réunion de ces grains globulaires, comme on l’ob- serve dans les noyaux de pêche ou les feuilles macérées pendant long-tenips. Dans quelques cas, on voit les corpuscules ellipsoï- daux détachés , et dans d’autres on voit des morceaux où il yen a plusieurs qui sont réunis ; mais ces corpuscules sont d’une peti- iesse extrème ; ils sont plus petits que les plus petits animalcules 30e JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE apperqusavec mes verres etdes atomes,en comparaisondes animal- vules décrits par Ingenhousz. 1l me semble que ces corps , plus ou moins sphériques, sont les vésicules qui forment l’espèce de pa- renchyme qui constitueroit la matière verte ; ce-sont eux qui paroissent fourñir le gaz oxigène , et ils perdent leur transpa- rence quand la matière est souffrante. Pendant que je faisois ces expériences , j'avois un vase dans un lieu obscur , où j’avois tenu, pendant plusieurs mois, une petite vessie dans le gaz hidrogène fermé par l'eau. J’observai une pellicule brune sur la soucoupe, j'en plaçai un lambeau sous mon microscope , et je vis, dans le fluide, les plus gros animal-. cules , une pellicule qui ressembloit à celle de la matière verte lorsqu’elle commence à se former; elle étoit rousse , presque trans- parente ; on y voyoit des grains ronds et eHipsoïdaux en grand nombre, mais je n’y découvris aucune bulle d’air ; je remarquois presque tous lesanimalcules que j’avois vus dans la matière verte; il me sembla que j’avois sous mes yeux la matière verte colorée en roux 3 il y avoit pourtant peut-être moins de corps ou grains ovoïdes ; ces grains, ou yraisemblablement ces vésicules étoient moins grosses , elles étoient brunes , mais cette matière disparois- soit entre les doigis. J'exposai cette pellicule à la lumière , mais comme elle ne donna de l'air qu’au bout de quelques jours, j'ai mis en doute s’il étoit produit par la matière verte formée par le réseau , ou par le réseau lui-même. Je suivis avec attention ce qui se passoit pendant que cette pellicule se peignoit en vert; elle me parut se gonfler aussitôt qu'elle commença de donner de l'air , et lon voyoit, à l'œil nud, les points verts formés à sa surface. Ces points verts sembloient un duvet d’un vert tendre ; mais toute la pellicule se verdit bientôt successivement de la même manière. J’avois mis , dans le même temps , sous l’eau, de petits morceaux de verre dans des vases de verre à la lumière , ils étoient semblables an pré- cédent, et semblallement exposés ; maïs comme il ne s’étoit pas encore formé de la matière verte , dans ces trois derniers vases, d’une manière sensible ; tandis que la pellicule fut totalement verdie , il seroit probable que cette pellicule fût celle de la nia- tière verte ; je ne voudroïs pourtant pas l’affirmer , parce qu'il ÿ a des cas où cette matière verte se développe plutôt que dans d’autres ; d’ailleurs cette pellicule, formée à Féut pourroit être un champ favorable au développement de cette matière. J'ai répété souvent cette expérience dont les résultats ont tou- jours ET D'HISTOIRE NATURELLE. 301 jours été les mêmes ; j'ai presque toujours vu la pellicule brune blanchir à la lumière et se couvrir d’un velours vert; ce qui me persuade au moins que la décomposition de l’acide carbonique par la lumière a été la cause de cette couleur. L'organisation de cette pellicule m’a toujours rappelé celle de la matière verte. Voici encore quelques phénomènes particuliers qui peuvent être utiles dans cette recherche. J’avois mis des feuilles de narcisse sous l’eau dans un verre ; il se forma sur l’eau une glaire verdâtre , où l’on distinguoit tous les animalcules qu’on voit dans la matière verte ; cette glaire n’est peut-être que le mucilage des feuilles qui se couvre de la matière verte. J’ai vu, sur des feuilles de marcisse qui pourrissoient , une pellicule fort mince ressemblant à une lame de poire très-fine ; je l’observai avec la troisième lentille du microscope de Dollond, et je lui trouyai les plus grands rapports avec les élémens de la matière verte. La matière verte , conservée dans l’eau à l'obscurité, offre au fond du vase un dépôt vert -brun , dont les parties sont sans union ; quand on les observe avec la lentille, on y découvre un très-grand nombre de corpuscules ellipsoïdaux ; on y voit plusieurs espèces d’animalcules, on y remarque les morceaux de la pelli- cule chagrinée ; les uns sont encore verts , les autres sont bruns, plusieurs étoient absolument sans animalcule. | J’observe ici que la matière verte conserve, comme les feuilles, sa couleur verte à l'obscurité, pendant un temps assez long, lors- qu'elle y est mise avec cette couleur. Telles sont mes observations sur la pellicule de la matière verte; pour la compléter, je m’occuperai, dans le Mémoire suivant , des animalcules qu’on y trouve. Peut-être verra-t-on mieux ce qu’on doit penser des rapports de ressemblance ou de difiérence qu’ils peuvent avoir avec la matière verte. Tome F. GERMINAL an7. Qq 303 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RE ONE EN PRISE EEE PR'EÉ MLE' RE S:SAË (2) SUR L’ACIDE DES POIS CHICHES, OU L’ACIDE CICÉRIQUE ;: Par P. Disran , fils aîné, associé correspondant du lycée de Toulouse. ER ran d’un acide à la surface de la plante qui produit les pois chiches, estun phénomène très-connu depuis long-temps; il a été très-bien décrit par Deyeux, dans un Mémoire intéressant qu'il a publié à ce sujet danse Journal de Physique , cahier de floréal an 6. h Ce savant y annonce avoir fait, sur la nature de cet acide, diffé rentes expériences, d’après lesquelles il pense qu’il n’est autre chose que l'acide oxalique. J’avois aussi entrepris un travailsur cetobjet; et, quelle que soit ma juste déférence pour les opinions d’un homme aussi respec- table à tous égards que Deyeux , néanmoins le résultat de mes: observations PE EN m’empèchent absolument de me ranger: de son avis ;je me crois en état de prouver que l'acide dont il est ici question, diffère , non - seulement de l'acide oxalique , mais: encore de tous les acides connus. Cependant je citerai quelques faits qui prouvent que nos expériences peuvent se rapprocher jusqu’à un certain point. Moyen d'obtenir de l’acide des pois chiches. J'ai successivement essayé divers procédés ;. je me bornerai à décrire celui qui m’a le mieux réussi. On prend un linge de toile blanche et très-fine ; on en frappe e G) Les expériences qui font le sujet de ce mémoire ont été faites en prairial de l’an 5; si elles n’ont pas plutôt vu le jour ; ce n'est point que je conserve le moindre doute sur leur exactitude, quant aux résultats que je donnerai pour positifs. Je voulois seulement me donner le temps de compléter et de répéter mes expériences , avant que de rien publier ; mais Deyeux ayant traité le même sujet que Proust avoit déjà indiqué au zèle des chimistes, on me pardonnera d’avoir voulu faire connoitre ce que j'avois fait depuis long-temps sur cette: #malière. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 303 les pois, comme on feroit un meuble dont on voudroit ôter la poussière. Il s’imbibe facilement ; on le lave dans de l’eau dis- tillée (1); on le sèche , et on recommence l'opération. Pour plus de facilité, on à plusieurslinges qu’on trempe et qu’on fait sécher alternativement. Quand l’eau a contracté un goût suffisamment acidule, on filtre, on évapore à un feu très-doux, et on s’arrête au point de con- centration que l’on veut. À 4. de l’aréomètre, la liqueur est très-transparente et d’une couleur citrine très-belle. Le jaune se fonce à mesure que l’aréo- mètre donne plus de degrés. À 14°, c’est à-peu-près la teinte du vin de Malaga. Cette dernière circonstance, jointe à une légère odeur que donne en effet la dissolution quand elle est très- concentrée , me fit d’abord soupçonner le feu d’entrer pour quel- que chose dans ces changemens. En conséquence, je songeai à me passer de son intermède. Je ramassai de nouvelle rosée , et je la laissai évaporer à l'air libre ; mais ayant obtenu une dissolution d’une odeur et d’une couleur parfaitement conformes , je fus obligé de conclure , ou qu'un feu de 55 à 400 n’altéroit en rien mon acide, ou que la simple chaleur du soleil Paltéroit tout de même. C’est à des expériences ultérieures à prononcer là-dessus, et à nous donner la clef de ce singulier problème : pourquoi la dissolution dont nous parlons jaunit- elle, brunit-elle , noircit-elle presque au soleil , tandis que les gouttelettes de rosée sur la plante , con- servent , en dépit de ses rayons , la diaphaneïté la plus parfaite? Quoi qu’il en soit, passons aux propriétés de cette dissolution : 1°. Sa saveur est tres-violemment aigre et piquante. 20, Elle rougit la fleur de lavande , celle de campanula persi- cifolia , celle de convolvulus tricolor , etc. 30. Elle fait, avec les carbonates alcalins, et avec la chaux à l'état de craie , la plus vive effervescence. . 4e. Une seule goutte à 4° produit ce dernier effet , et d’une manière très-sensible , lorsqu'on la verse sur du marbre. 5°. Depuis 18 mois que j'en conserve dans un flacon, elle n’a formé ni précipité , ni moisissure ; sa transparence et sa belle couleur jaune-brune sont toujours les mêmes ; seulement il paroît qu’elle a considérablement perdu de son sine , car elle ne fait plus que très-peu d’effervescence avec les alcalis. Il faut dire (1) Sauf les observations qui terminent ce mémoire , et qui sont à répéter. Qq2 30f JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ue le flacon est presque toujours vide , et qu'il a très - souvent ete débouché. : Mais voyons ses combinaisons. Porasse. Je versai d’une dissolution à 10° de l’aréomètre sur du carbonate de potasse sec; il y eut sur-le - champ une vive effervescence , le mélange se fonça beaucoup, resta quelque temps transparent , après quoi il se troubla et laissa déposer , par évaporation à siccité, mais spontanée , un sel en faisceaux d’aiguilles parallèles, brillantes et contournées en spirale. Ce sel a d’abord une saveur aussi fraîche que celle du nitrate de potasse ; mais un instant après qu’on l’a mise sur la lanoue , on Pi découvre un goût piquant et salé. Ilse dissout très-facilement en formant des stries pesantes dans l’eau froide. Mis sur un charbon ardent, il bouillonne d’abord un pew, se fond , alors bouillonne de nouveau, se boursoufle considérable- ment, à-peu-près 7 ou 8 fois son volume, se charbonne en entier, devient incandescent , et laisse une cendre très - spongieuse qui fait de rechef effervescence avec la dissolution. J'avois obtenu trop peu de ce sel pour pousser plus loin mes recherches , maïs ses propriétés me parurent assez différentes de celles des autres sels à base de potasse , pour mériter à son acide, et conséquemment à lui-même, un nom particulier ; je le nommaï donc provisoirement l'acide cicérique , du latin cicer ; ce qui me donna pour mon sel cicérate de potasse. Le lecteur me permettra d'employer à l’avenir cette nomen- clature , sauf à lui démontrer la nécessité de l'innovation ; sauf éncore les modifications cicéreux et cicérites, s’il vient à se trouver que ce soit le cas. Soupr. Je versai, sur du carbonate de soude, suffisante quan tité d'acide cicérigue : il y eut effervescence , comme avec la potasse ; mais à la place des cristaux, je ne pus obtenir qu’une pâte brune très-déliquescente , d’une saveur très - austère, qui, depuis 18 mois , existe encore dans le même état. Ammonrac. Je versai, sur de l’ammoniac en liqueur , à-peu- près égale quantité d'acide cicérique. A se forma sur-le-champ un léger nuage. Je laissai le mélange s’évaporer spontanément, et j’obtins des cristaux transparens , très-brillans , en forme à-peu- près de grains d’orge (tr). #2) J'opérai trop en petit pour pouvoir m’exprimer différemment. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 305 Ces cristaux étoient empâtés dans un peu d’acide surabondant. Je reversai dessus de l’ammoniacqui s’empara de l'acide et laissa les cristaux très-nets. Dans la vue de recueillir ceux qui se for- meroient, je laissai le tout s’évaporer à l’air libre et à la chaleur du soleil ; mais , au bout de deux fois 24 heures, je trouvai mes cristaux disparus et entièrement décomposés , l'ammoniac vola- tilisé , et l’acide libre au fond du verre. C’étoit par un des plus chauds jours d'été. Ce résultat inattendu , comme on le voit , m’apprit une des pro- priétés du cicérate d’ammoniac ; mais il m’empêcha d'étudier les autres , et j'en restai là. Cnaux. Je sais bierr que dans des expériences du genre de celles-ci , rien ne seroit plus important, plus nécessaire même ë que de procéder avec des substances de ds pureté desquelles on se füt d'avance assuré. Cependant , comme je n’avois pas les moyens de faire toutes ces préparations préliminaires, et que , pour cette fois, je cherchois plutôt des indications que des ré- sultats précis, je ne laissai pas que d'employer mes réactifs, tels qu'on les trouve dans la pharmacie ou dans Le commerce ; ici, par exemple, je me servis de craie ordinaire. k Je versai, sur cette substance pulvérisée , de l'acide cicérique à 100 de l’aréomètre ; l’effervescence fut très-vive. J’ajontai au mélange une certaine quantité d’eau distillée. Le tout resta quelque temps opaque et laiteux; au bout d’une heure la liqueur ut claire et roussâtre , le fond du vase étant occupé par la craie non dissoute. Dans cet état, je décantai. L’aréomètre me donna : degré. Je laïssai évaporer à Pair libre ; et au bout de deux jours , je trouvai ma capsule toute tapissée de cristaux assez gros , très-brillans de cicérate de chaux, dont je ne pus déterminer la forme, mais dont l'aspect étoit très-approchant du sucre candi. La saveur de ce sel est peu marquée, On le croïroit d’abord absolument insipide, cependant on lui trouve , au bout de quel- ques instans , un goût un peu salé. Mis sur un charbon ardent, le cicérate de chaux se boursoufle aussitôt , bout quelque temps, et se réduit en ume masse sèche et friable. Il me sembla , dans l’expérience , que la partie qui touchoit immédiatement le charbon s’étoit elle-même carbonée. IL est décomposé par le carbonate de potasse, comme’eus liez de m'en convaincre par Pexpérience suivante. Je pris des cristaux de cicérate de chaux, je lesversai sur du carbonate de potasse en liqueur; sur-le-champ les cristaux dispa- 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rurent, le mélange devint laiteux et forma un précipité blanc de carbonate de chaux presqu’à l'instant. L’eau chaude altère ce sel d’une manière singulière. Voici par quel hasard je fis cette observation. Je viens de dire que je n’avois pu déterminer la forme des cristaux de mon cicérate de chaux. J'imaginai de les dissoudre dans de l’eau chaude, pour les obtenir par refroidissement lent, sous une forme plus regulière ; car je m'étois assuré d’ailleurs que ce sel est plus soluble à chaud qu'à froid. Peut-être la disso- lution se trouva-t-elle trop étendue ; maïs je ne pus parvenir à mon but. Je laissai donc la liqueur filtrée à chaud s’évaporer à l’air libre; mais au bout de 3 à 4 jours je ne fus pas peu surpris de la trouver toute troublée par une grande quantité de flocons mucilagineux absolument insipides , dont les uns nageoïent à la surface, les autres adhéroient au fond et aux parois. La plupart étoient in- colores, quelques-uns un peu jaunâtres ; outre cela, il y avoit au fond un dépôt blanc et pulvérulent. L’odeur n’offroit aucun in- dice de putréfaction. : Il est assez plausible , sur-tout d’après un exemple très -ana- logue rapporté par Fourcroy, Elémens, tom. 2 ,p. 125, que c’est à la chaux que sont dus les flocons mucilagineux qui se déposent dans ce cas; mais c’est évidemment à des expériences ultérieures A à nous fixer sur ce qui se passe dans cette altération du cicérate de chaux. Comme je l'ai dit déjà, j'avois employé de la craie pour saturer mon acide. Je voulus essayer la chaux pure. Je versai donc d’une dissolution czcérique à 10° de l'aréo- mètre dans de l’eau de chaux ; il se forma un précipité lent à se rassembler , et très-peu abondant. Evaporé à siccité, mais toujours spontanément , le mélange me donna des cristaux d’une saveur salée, et autant-que leur pe- titesse me permit de l’entrevoir , assez semblables à ceux fournis par la craie. Je ne pus examiner le précipité. Macxnésre. Jé versai, sur de la magnésie, suffisante quantité d'acide cicérique ; il y eut effervescence. Je laissai évaporer à siccité la dissolution qui étoit devenue parfaitement transparente ; j'obtins du cicérate de magnésie en grains blancs, dont je ne pus déterminer la forme , et dont la saveur étoit salée. Mis sur un charbon ardent, ce sel a rougi et s’est réduit en une poudre grisâtre, comme de la cendre, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 307 J'observe que la magnésie se dissout en très-grande abondance dans l'acide. Fer. Je mis de la limailie de fer s’oxider à l’air libre; j'en pris ensuite une, certaine quantité que je versai sur de l'acide cicé- rique à 100 de l’aréomètre; il y eut une effervescence lente qui dura plus d’une heure ; la couleur resta la même. Le lendemain je trouvai que l'acide s’étoit emparé de tout le fer oxidé , ce qui restoit de métal étoit parfaitement brillant, la couleur n’avoit pas changé , mais la saveur étoit devenue très- stiptique, Je voulus voir quelle forme affecteroit le cicérate de fer qui s’étoit formé ; mais je ne pus parvenir à l'avoir cristallisé : il de- meura au fond du vase, sous l'apparence d’une croûte brune, comme déliquescente ; que sa trop.petite quantité m’empêcha d'étudier. \ | La dissolution de cicérate de fer précipite par l’eau de chaux ; je versai deux ou trois gouttes de cle -là sur celle - ci ; soudain il y eut un précipité bleu très-abondant. Ce 6/eu , au bout de deux fois vingt-quatre heures , fnt entièrement changé en Jaune de rouille, à commenter par sa surface supérieure. f Ainsi il paroît , comme cela étoit assez naturel, que l'acide cicérique a plus d’affinité avec la chaux qu'avec l'oxide de fer. La potasse ffartage avec cette terre la propriété de précipiter le cicérate dont nous parlons. Je versai deux ou trois gouttes de ma dissolution ferrugineuse, sur une dissolution de potasse un peu effervescente ;sur-le-champ il se forma un nuage très-abon- dant , par filets floconneux ; d’un vert olivätre , qui se déposa peu-à-peu. Au bout de quelque temps ce précipité se colora en jaune de rouille , comme dans expérience précédente ; ainsi il n'y a point de doute qu’il ne soit dû au fer que la potasse sépare de l'acide avec lequel elle a plus d’affinité. Telles sont à-peu-près les combinaisons que j'ai faites avec l’acide des pois chiches ; le nombre en est bien petit, sans doute ; cependant il suffit , si je ne me trompe ; pour justifier , je ne dis pas la dénomination nouvelle que j'ai donnée à cet acide, mais ,, ce qui est plus essentiel , /z nécessité d’une nouvelle dénomina- tion pour une substance absolument nouvelle. Afin de rendre cette vérité plus saillante, on me permettra de retracer ici les principales différences qui, d’après les expériences précédentes, et celles que je rapporterai, séparent Pacide cicérique’ de tous les acides connus, x$ 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 10. Acrne suzruriQue. Le szlfate calcaire est presqu’inso- luble (1), insipide et décrepite sur les charbons. On a vu que le cicérate calcaire est très -soluble , a une saveur salée très-sensible et se boursoufle sur les charbons. 20, Acide NirriQuE. Le nitrate de potasse fuse sur les charbons, le cicérate s'y fond et bouillonne sans fuser. 30. Acrne Murrarique. Le zzuriate calcaire est déliquescent ; le cicérate ne l’est pas. f 4°. Acrpe rruorrque. Cet acide ne cristallise point avec l’am- amoniac ; l’acide cicérique cristallise parfaitement. 5°. ACIDE BORACIQUE. 6°. Acrne BENZOÏQUE. Tous ces acides sont, oucon- 7°. ACIDE CAMPHORIQUE. crets ou cristallisables, On va 8°. ACIDE URIQUE:. voir que l’acide cicérique se 9°. ACIDE MOLYBDIQUE. refuse absolument à paroître 109, ACIDE SACCHOLACTIQUE. sous cette forme. 119, ACIDE TUNSTIQUE. 190. Acrns cansonique. Cet acide est dégagé par le cicérique de ses combinaisons. 130. Acrne acéreux. L’acétite de magnésie est déliquescent , le cicérate est sec , l'acétite de potasse à une saveur piquante, acide et urineuse ; le cicérate a une saveur très-fmaîche et salée. 14°. Acrpe Acérique. Celui-ci est caustique , volatile , inflam- mable ; l’acide cicérique n’a aucune de ces propriétés. 150. Acrpe crrrique. Celui-ci cristallise , et en second lieu le citrate de chaux est peu soluble , le cicérate l'est parfaitement. 160, Acrne rormique. Cetacide a une odeur piquante, le cicé- rigue est presque inodore. 170. Acine Garrique. Celui-ci précipite le sulfate de fer en moir , et je me suis assuré que l’acide cicérique ne l’altère point du tout. 180, Acrne racrique. Les lactates de potasse , de magnesie et de chaux sont déliquescens;les mêmes cicérates ne le sont pas. ui Acine marque. Les malates de potasse, de magnésie et d’'ammoniac sont déliquescens ; les mêmes cicérates sont très- secs, oo m0 (1) Dans l'énoncé de ces propriétés ; je prendrai constamment pour guide Fourcroy. 299, L ET D'HISTOIRE NATUREELE. 309 200. ACIDE MURIATIQUE Ox1GÉNÉ. Celui-ci ne fait point d’effer- vescence avec les carbonates ; on a vu que l'effet contraire est produit par notre acide. 21°. Acine nrrreux. Cet acide est fumant , le cicérique ne l'est pas. ‘ 220, Acrpe Nrrro-murrarique. Celui-ci laisse échapper du gaz exigène par le contact de la lumière ; l’autre ne laisse échapper aucun gaz. 230. Acrne pHospnoreux. Le phosphite de soude cristallise , le cicérate est déliquescent : le progplée d’'ammoniac est déli- quescent , le cicérate cristallise avec la plus grande facilité. | 24°. Acrpe pHospnoniQuE. Le phosphate de chaux est insoluble, le cicérate se dissout parfaitement : le phosphate de fer cristal- lise , le cicérate ne le fait pas. 250. Acips prussique. Le prussiate de fer est bleu , le cicérate est brun. 269. Ace sépacrque. Celui ci est blanc et d’une odeur très- vive. L’acide cicérique est jaune et presque sans odeur. Le sé- bate de potasse est lixe au feu ; le cicérate s’y décompose entiè- rement, 27°. Acine sucorniqQue. Le succinate de potasse est déliques- cent, le cicérate est sec : le succinate de soude est sec, et le cicerate est déliquescent ; le szccinate de magnésie forme une gomme, le cicérate est blanc , sec et grenu. 280. Acrpe ranrareux. Le sartrite de chaux est peu soluble, le cicérate l’est très-bien; le tartrite de soude est e/forescent , le cicérate est déliquescent ; l'acide tartareux cristallise, l'acide Il 5 cicérique ne le fait point. 290: ACIDE PYRO-LIGNEUX. 30°. ACIDE PYRO-TARTAREUX. Ces deux acides ont une odeur etune saveur empyreumatiques que n’a pas l’acide dont nous parlons. | 310. Acrprrvro-muqueux. Celui-ci, outre les mêmes propriétés, possède encore celles de tacher la peau en rouge et de cristalliser avec le fer ; ainsi il est encore plus impossible de pouvoir le con- fondre avec l'acide cicérique. 320. AcrDe oxaL1QuE Je n’arrêterai davantage sur cet article, premièrement parce Fi Deyeux croit à son identité avec le cicérique ; en second lieu, parce qu'ayant eu moi - même des Tome F. GERMINAL an 7. Rr 310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE soupçons semblables, j'ai fait, pour les éclaircir, plusieurs expé- riences dont je dois rendre compte. On se rappelle que pour recueillir l’acide cicérique , je me sers de linges blancs que je frotte sur les pois et que je lave en- suite. Dès la première fois que j'essayai ce procédé, il me sembla que l’eau se troubloit , et continuant mon opération, je la vis bientôt en effet devenir sale et blanchâtre. Je voulus savoir positivement ce qui se passoit dans ce phé- nomène , et à cet effet je fis l'expérience suivante, Je remplis d’eau de puits , bien claire , un verre à liqueur, et un scton verre d’eau distillée très-pure ; je plongeai dans le pre- mier une gousse cueillie à l'instant même. Sur-le-champ, je vis se former , autour de la gousse , une atmosphère nébuleuse qui acquit bientôt une ligne d'épaisseur , et se répandit peu-à-peu dans la liqueur en filets blanchâtres et ondoyans , après quoi la gousse perdit toute saveur acide. Je plongeai une seconde gousse dans de l’eau distillée , il n’y eut point de précipité ; dès-lors je pensai que mon eau de puits contenoit un sel calcaire en dissolution ; eten effet , ayant versé du jus d’oseille sur un verre de cette eau , elle devint sur-le- champ laiteuse et très-opaque ; ce qui me fit d’abord soupçonner que c’étoit de l’acide oxalique ; mais, pour m'en assurer , je con- tinuai mes expériences. ; Je revins donc à mon eau blanchître, je la filtrai etla mis dans deux bocaux. Le lendemain je fus très-surpris de trouver mes bocaux eux-mêmes tout troublés par un nouveau précipité. J’examinai tant celui-ci que le premier avec trop peu d’atten- tion sans doute, persuadé que j’étois qu’ils n’étoient autre chose que de l’oralate de chaux. Cependant je leur reconnus une insipidité absolue , une inso- Jubilité très-marquée, une forme pulvérulente et blanche , et de plus, la propriété de se déposer très -vîte lorsqu'on les agite dans l’eau , tandis que, dans l’origine , ils mettent beaucoup de temps à se former. Je crois que cette dernière circonstance , rapprochée de ce que je viens de dire sur la formation d’un nouveau précipité au bout de 24 heures dans la dissolution filtrée , s'explique très-facile- ment, sans qu'on soit obligé de supposer une densité différente dans le précipité qui se forme , et dans celui qui s’est déjà formé. LH suffit. d'admettre , comme l’expérience citée le prouve d’ail- leurs , qu’il se forme successivement dans le mélange. Je filtrai mes deux bocaux , et ayant concentré la dissolution à 10° de l'aréomètre , j'essayai d’une part si, plus réduite encore , elle ET D'HISTOIRE NATURELLE. 311 voudroit cristalliser, comme je savois que fait l’acide oxalique. 10. J’en exposai donc une certaine quantité à l’ardeur du soleil dans une capsule ; la liqueur s’épaissit de plus en plus, prit une substance syrupeuse , une couleur brune de plus én plus foncée, une acidité très-violente, et préfera enfin devenir colle et se Jendiller , que de donner là moindre apparence de cristal- lisation. Je laisse à Deyeux lui - même à dire si de l'acide oxalique se fàt comporté de cette manière. 20. À cette première différence caractéristique , j'en ajoutai bientôt une seconde. J’ai déjà dit que la craie et la chaux pure cristallisent avec mon acide. J’ajouterai qu'une seule goutte versée sur du marbre, après avoir fait effervescence et s'être évaporée , y laisse des cristaux très-manifestes. . . . , . . . .. très-certainement ce n’est pas là de l’acide oxalique. 30. Mais il y a bien plus ; l'acide oxalique décompose le cicérate de chaux, comme je m’en suis assuré , et forme avec. lui un précipité blanc insoluble d’oxalate de chaux. Si mon cicérate étoit un oxalate , seroit -il décomposé par son propre acide. L’oxalate de soude forme un sel pez soluble (Fourcroy, Efé- mens de Chimie , t. 4, p. 87). Et nous avons vu que le cicérate de soude est peut-être le plus déliquescent de tous les sels. L’oxalate de fer s'obtient sous forme de cristaux prismatiques d’un jaune verdätre , et le cicé- rate de fer est d’un brun foncé et ne cristallise pas. Enfin , pour accumuler preuves sur preuves, facide oxalique en liqueur , versé sur une dissolution de sulfate de fer, le décom- pose et donne zx oxalate de fer d’une couleur jaune , et je me suis très - positivement assuré que du sulfate de fer dissous dans mon acide ne sy altère nullement et s’y cristallise bientôt en zout semblable à lui-même. Ainsi voilà six expériences majeures dont une , celle de la chaux, suffiroit à elle seule, qui ne permettent absolument point de confondre les deux acides oxalique et cicérique. Cependant , je suis loin de prétendre que lacide oxalique n’existe pas dans l’exudation des pois chiches. Voici, au con- traire, quelques faits particuliers qui semblent y indiquer la pré- sence de cet acide, ou en général d’un acide quelconque, diffé- rent de celui que je viens d’examiner, et c’est ce qui pourroit ‘concilier l’opinion de Deyeux avec la mienne. J'ai dit qu’une seule gousse cueillie à l'instant même, produit un précipité abondant dans une eau de puits où l'acide oxalique Rr2 512 TOUR NAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE démontre l'existence de la chaux ; maintenant une dissolntion d’icide cicérique à 14 degrés de l’aréomètre très - concentrée , très -énergique, faisant , avec les alcalis, l’effervescence la plus violente ,.en un mot, acide autant que possible, versé sur de la même eau , ze m'a pas fourni le plus léger précipité : à peine a t-elle troublé l’eau de chaux. : Comment concevoir une différence aussi frappante, en suppo- sant que c’est toujours le même acide qui agit ? Se peut-il qu'une même base forme d’une part un précipité insoluble avec la chaux , et de l’autre n’en forme point du tout, et s’y dissolve par- faitement ? Sans doute, un même acide végétalà divers degrés d’oxigénatio ou même de carbonisation, présente souvent des propriétés très - différentes entr’elles. Aussi ne prétends-je pas qu’il soit ici préci- sément nécessaire de supposer deux acides différens ; maïs ce que je crois être en droit de conclure des deux expériences ci-dessus, c’est que, 0z il existe deux acides sur les pois chiches, 04, s’il n’y en a qu’un seul , il s’y trouve dans deux états différens. Cette dernière opinion me plairoit davantage, et, dans le fait, il west pas si hors de vraisemblance que Pacide existant à nud à la surface de la plante, et conséquemment exposé à l'influence puissante de la lumière et de la ess solaire et de l’oxigène atmosphérique, ne puisse éprouver une sorte de fermentation ou de coction progressive par l'effet de ces causes combinées, de telle façon que l’acide nouvellement formé contint par exemple un z#nimum d’oxigène , et que le plus ancien en contînt un maximun , dès-lors tout te facilement. L’acide , au pre- mier état d’oxigénation , précipite les sels calcaires , et ne les précipite pas au second , ou vice versä. Par conséquent l’eau de puits doit se troubler dans un cas, et rester lunpide dans l’autre. Mais , d’un autre côté , Deyeux assure avoir reconnu l’acide oxalique. Un tact aussi exercé qué le’sien est d’uu grand poids , je l'avoue , et je me rangerois volontiers de son opinion, si je r'étois sûr qu'il sera le premier à convenir que dans ce travail il y a beaucoup d’expériences à répéter. Je n’entrerai pas, par cette raison, dans de plus grands détails aujourd’hui, quoique j'aie reconnu, dans mon acide , plusieurs autres propriétés singulières , telles que celles de colorer sur-le- champ l'encre en un beau rouge de carmin ; de précipiter par lalcool gallique ; de dissoudre le cuivre en un vert superbe, etc., etc. Je me contenterai d'ajouter ; en finissant une :obser- vation , C’est qu’il étoit très-naturel , d’après nos différentes ma- nières de procéder ou d’opérer , pour mieux dire, que nous ET D'HISTOIRÉ. NATURELLE. 313 arrivassions , Deyeux cet moi, aux résaltats différens que nous avons obtenus. On peut voir , dans le Mé:noire de Deycux, qu'il se servit, pour sa dissolution | d’eau distillée ; dès - lors il n’a jamais dû avoir ce précipité blanchâtre qui m'intrigua si fort dès la première fois, si ce n’est lors qu'il a présenté son acide à l’eau de chaux , et alors voyant le dépôt abondant qui a dà en eflet lui survenir, il a très-naturelleinent été frappé d’un caractère si distinctif jusqu'ici, de l’acide oxalique. Pour moi , ayant au contraire opéré ayec de l’eau séléniteuse , tout ce qui dans l’exudation recueillie a voulu se combine: avec la chaux, a pu le faire : l'excédent seul m’est resté en dissolution, et si bien dépouillé que , comme je l'ai déjà dit , il n’a plus du tout voulu précipiter l’eau de puits. Cette séparation importante, fruit heureux d’un mauvais pro- cédé , ma donné lieu de reconnoître la cristallisation du cicérate de chaux, lincristallisabilité de l'acide , et en un mot de retourner mon sujet dans tous les sens, tandis qu’il est très-possible que si j'eusse opéré avec de l’eau distillée , à la première vue du préci- pité par l’eau de chaux, j’eusse tout abandonné. RS | MÉMOIRE SUR LES BASALTES. Cunious crrcumsrTaxcess, etc. Circonstances singulières désquelles dépendent le caractère vitreux, ou le caractère pierreux, dans les basaltes et les laves ; avec d’autres faits résultans des expé- riences faites par Sir James Harr. Bart. #embre de la sociéré royale d'Edimbourg. Et description de quelques échantillons provenant de ces expériences. Extrait de la Bibliothèque Britannique. LE naturalistes géolo ues se sont beaucoup occupés de la question de l’origine et du mode de formation des basaltes. Ce sont des substances pierreuses qu’on trouve ordinairement dans les pays qui offrent des vestiges d’anciens volcans ; mais elles diffèrent des laves par deux caractères assez marqués. 10. Les laves sont toujours disposées de manière qu’on voit évidemment qu’elles ont coulé; au lieu que les basaltes forment souvent des assemblages, ou dés faisceaux de colonnes prismatiques, tantôt verticales , tantôt mclinées , qui font naître l’idée d’une cristalli- sation simultanée dans toute leur masse. 20. La matière pierreuse 314 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui compose la plupart des laves est, assez ordinairement, plus ou moins spongieuse et remplie de cavités ; tandis que la subs- tance des basaltes est d’un tissu uniforme et compacte. Il existe cependant des laves dont la cassure est tellement semblable à celle des basaltes , que l'œil le plus exercé ne peut les distinguer à l’aide de ce seul caractère. La secte des l’olcanistes attribue la formation des basaltes à la fusion ignée seule , sans concours de l’élément aqueux. Les Nep- tuniens , sans nier que le feu ait eu une influence primitive dans ce phénomene , attribuent à la présence. de l’eau ses principales circonstances. Le D. Hutton étoit même assez ardent volcaniste pour attribuer à l’action du feu , nôn-seulemert la formation des basaltes, mais celle du granit lui - même. On alléguoit, en réfu- tation , un fait d'expérience; c’est que lorsqu'on soumet le basalte à l’action de nos fourneaux , 1l se convertit en verre ; substance différente du basalte sous tous les rapports. Mais , disoient en réplique les volcanistes, le degré de chaleur des feux souterrains est beaucoup moindre que celui que nous produisons dans nos laboratoires ; il ÿ a dans ces profondeurs, quelqu'’influence occulte , quelqu’agent inconnu , qui produit la liquidité sans fusion. Cette supposition étoit au moins gratuite; et les expériences dont nous allons rendre compte , dispensent d’y recourir. Déjà en 1790 , à l’époque où le D. Hutton fit connoître ses idées sur la théorie de la terre , sir James Hall avoit projeté, et commencé même, sur ce sujet, une suite d'expériences , dont l'issue fut assez encourageante. Il les a reprises l'hiver dernier, aidé du D.Kennedy;et ilen a communiqué lesrésultats à la société d'Edimbourg, il ya quelques mois. Ils nous paroissent extrême- ment curieux. L'intérêt qu’ils méritent de la part des amateurs est encore plus vive pour nous , par l’avantage d’avoir en notre possession, ét sous nos yeux , quelques-uns des échantillons des substances produites par ces essais. Nous les devons à la com- plaisance du D. Delarive qui les tenoit de l’auteur lui-même. C’est de l'excellent journal de Nicholson (D que nous tirons les détaïls qu'on va lire. Le Mémoire original sera inséré dans le vol. V des Transactions d'Edimbourg. * . Sir James Hall, en cherchant à répondre à l’objection tirée de la conversion des basaltes en verre par le feu des fourneaux, disoit que la masse pierreuse éprouvant dans le sein de la terre un (1) Octobre 1798 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315 refroidissement fort lent avoit subi un changement analogue à celui qui convertit le verre brun des bouteilles en cette substance qu'on a nommée porcelaine de Réaumur ; et que, par l'effet de la cristallisation , cette masse avoit perdu le caractère vitreux et pris l'apparence pierreuse. L'expérience a confirmé cette exph- cation ; et sept différentes espèces de laves y ont été soumises. Chacune de ces substances, choisies dans son état naturel, a été réduite par la fusion et par un refroidissement subséquent et rapide ; à l’état d’un verre parfait. Ce verre a été remis dans le fourneau, et y a subi une seconde fusion. La chaleur, alors ré- duite aux environs du 28°. degré du pyromètre de Wedgwood (1} a été soutenue au même degré pendant quelques heures ; après quoi , ou l’on sortoit brusquement le creuset, ou bien on le laïssoit se refroidir lentement avec le fourneau. Le résultat du procédé a montré que, dans tous les cas , la substance perdoit le carac- tère vitreux, et prenoit en tous points, celui du basalte originaire. Il faut avouer que dans la plupart des cas la production nou- velle ne ressembloït pas précisément à l'échantillon même d’où elle provenoiït, maïs à quelqu’autre échantillon de la même classe; la différenceétoitdue à quelques variétésaccidentelles dansle refroi- dissement, et à quelques combinaisons chimiques qui avoient lieu pendant la fusion. Mais dans le cas particulier du rocher du chä- teau d’Edimbourg et de celui des colonnes basaltiques de Staffa, les basaltes artificiels ressemblentexactement àleurs originaux respec- tifs, soit pour la couleur, soit pour l’apparence intérieure et la cassure. Ainsi donc, dit l’auteur , l’objection faite au système du D. Hutton n’est plus sans réponse ; puisque , d’après l’expérience , le caractère pierreux de la lave est l’effet naturel d’un refroidis- sement lent , et tel qu'il a dû exister dans les souterrains dans En la substance du basalte a passé de l’état liquide à l’état solide. (1) Nous dirons à ceux de nos lecteurs qui ne connoissent pas cet ingénieux et utile appareil , qu'il consiste en un petit cylindre fait d’une composition argil- leuse susceptible de supporter le plus violent degré de feu sans se vitrifier , et de diruinuer de volume à mesure que la chaleur qu’elle éprouve est plus forte. On mesure très-exactement le volume réduit , en faisant glisser le cylindre refroidi , le long d’un canal dont les paroïs sont lentement convergentes , et portent une division dont chaque degré répond à environ 56 degrés de l'échelle en 80 parties. On peut apprécier ainsi avec exactitude toutes les hautes températures auxquelles on soumet divèrses substances , soit dans les procédés des arts , soit dans les expériences de chimie qui exigent les feux les plus violens. Guyton Morveau à soumis , il y a peu de mois, cet appareil à une épreuve fort délicate , qu’il a très bien supportée, (Voyez Annales de Chimie , \om. 26, page 229}. 316 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2 Les mêmes essais faits sur la lave n’ont pas moiïns bien réussi. Leslaves de l’Etna et du Vésuve se rapprochent des. basaltes par- plusieurs caractères ; mais celles des isles Lipari et de lisle d'Ischia ne leur ressemblent point. l’auteur annonce que celles- ci possè lent quelques propriétés singulières qu’il fera connoître. Par la fusion , les caractères qui séparoïent encore des basaltes les laves de l'Etna et du Vésuve disparoissent , et il est impos- sible dé distinoner les uns des autres les verres produits par ces deux classes de substances. L'auteur en conclut à leur identité réelle, et attribue leurs différences aux circonstances dans les- quelles chacune a passé de l’état fluide à l’état solide. Les laves se sont refroidies en plein air ,et les basaltes, selon le D. Hutton, dans les entrailles de la terre (1). Sir J. Hall à soumis à l’expé- rience six échantillons de laves choisis par lui-même dans des coulées sur l'Etna et le Vésuve. Le verre produit par la fusion et le refroidissement rapide de ces laves donna , après avoir.été traité comme le verre des basaltes . des masses cristallisées , pier- reuses ou terrenses , qui ressembloient parfaitement aux basaltes ou aux lives prumitives. On détermina avec beaucoup de soin dans le cours de ces expé- riences , et à l’aide du pyromètre de Wedgwood , le degré de fusibilité de chacune des substances employées jet l’auteur donne une table de ces fusibilités , que nous nous proposons de trans- crire ci-après. On peut compter, dit-il, sur les résultats, à deux ou trois degrés près. Le D. Hope , coopérateur dans ces essais , sugoéra la Anotihation de cristallite , pour être appliquée à ces substances qu’on faisoit cristalliser artificiellement. On peut déduire quelques conséquences importantes des divers degrés de fusibilité observés dans ces expériences. Les basaltes sont, en général, plus réfractaires que les laves ; mais la diffé- rence n’est pas considéraile, puisque les plus fusibles d’entre les basaltes touchent aux laves les plus réfractaires. Les substances converties en verre sont, en cet état, incomparablement plus fusibles qu’elle ne l’étoient avant la vitrification. Cette dernière propriété étoit connue depuis long-temps ; mais sir J. Hall se propose de développer la théorie d’où elle découle, et de détailler toutes les particularités de ces expériences , dans un prochain Mémoire. : On peut observer que la lave No.i12. est fusible à 189 du pyro- mètre , c’est-à-dire qu’elle ressemble à cet égard , au plus fusible (1) Comment arrive-t-il qu’on les trouve presque par-tout maintenant en saillie à sa surface ? d’entre HET D HISTOIRE /N A DUREL LE. 3127 d'entre les verres: C’est qu’elle est véritablement à l’état vitreux ; car sir J. Hall ayant pris cet échantillon au Vésuve sur une lave coulante ; son refroidissement fut très - prompt, ce qui lui donna le caractère vitreux qu’il a à tous égards, soit à sa sur- face , soit dans sa cassure. Cette substance, traitée comme les verres artificiels de basalte et de lave, cristallisa comme éux et prit le caractère d’une lave pierreuse, soit par sa texture, soit par sa plus difficile fusibilité ; car elle ne:s'ammollit qu’au 35e. degré, Il est donc bien évident, d’après ces faits, que le carac- ière, pierreux des laves n’est dû qu’à la lenteur de leur refroi- dissement. Quoique cette cause expliquât l'apparence intérieure des laves, l’auteur étoit encore embarrassé pour rendre raison de l’état de leur surface , qui, quoique refroïdie à l'air libre , est rarement, ou presque jamais vitreuse , et présente un coup-d'œil intermé- diaire entre la transparence et l’opacité. Cette difficulté fut levée par une circonstance qui eut lieu dans le cours des expériences. On obserya qu’en exposant sous une moufile , à la température de 20 à 22 degrés du pyromètre, un petit morceau de l’un des verres provenant de la fusion des laves ou dés basaltes , le verre s’ammollissoit au bout d’une minute de’ séjour ; mais à la finide la minute suivante , une cristallisation rapide lui enlevoit son apparence vitreuse , l’endurcissôit, et le rendoit de 12 à 14 de- grés moins fusible; car cette même substance, qui , avoit coulé à 16 ou 18, ne se fondoit plus au-dessous de 30°. Ce fait explique les scories qu’on trouve à la surface des laves; car cette surface même, se trouvant en contact avec la lave ardente , au-dessous d'elle ;‘et avec l'air chaud au-dessus; ne pouvoit se refroidir très-vite ; et l'expérience prouve que sine portion quelconque de la masse met dans l’acte de son refroidissement plus d’une ou deux minutes à descendre de 220 à 29°, elle perd infailliblement son Caractère vitreux. L'auteur, après avoir ainsi rendu raison des principaux phéno- mènes volcaniques sans recourir à d’autres suppositions qu'aux effets ordinaires du feu ; après avoir établi la ressemblance, et pour ainsi dire l'identité des laves èt des basaltes, trouve dans les faits qu'il'a obtenus, des argumens en faveur de la théorie du D. Hutton , qui atiribue à l’action du feu l’origine des basaltes et d’autres substances pierreuses. Car ces expériences montrent que les substances en question peñvent avoir été formées ‘par les mêmes causes qui agissent encore actuellement dans quelques parties du globe, mais avec moins d'énergie que dans des temps antérieurs. Tome V. GERMIN AL an 7. | Ss 5318 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Avant de transcrire la table des fusibilités qui termine la no- tice qu’on vient de lire , nous donnerons encore , sur ce sujet intéressant pour les lithologistes , quelques détails tirés de la lettre d'envoi des échantillons , dont le D. Delarive nous a donné des fragmens. Nous nous empressâmes de les faire voir, à notre passage à Paris, aux excellens minéralogistes Delamétherie et Humboldt , et nous les mîmes , à notre retour à Genève , sous les yeux de la Société d'Histoire Naturelle. Voici la désignation de ces échantillons , telle qu’on la: trouve dans la lettre ; nous y jee à mesure, une description plus détaillée, telle que eur inspection nous permet de la faire. | « N°, 1. Est un morceau de WAinstoneitiré d’une carrière près de Leith-water ». Observations. Cette pierre porte une teinte verdâtre , mêlée de violet. Sans être dure, elle a de la ténacité qui la rend diffi- cile à-casser;sa cassure est inégale, raboteuse, un peu écailleuse, et on y découvre, à la loupe, de très-petits cristaux dont il est dif- ficile de déterminer la figure. Elle exhale, humectée du souile, une légère odeur terreuse. Son tissu est basaltique , mais sa cou- leur , et les deux substances distinctes , l’une verte, l’autre vio- lette, auxquelles cette couleur est due , semblent léloigner de cette classe de substances, et elle n'offre d’ailleurs aucun symp- tôme de formation ignée. Les minéralogistes que nous venons de nommer l'ont considérée comme appartenant à ce mélange intime de cornéenne et de feld-spath désigné par Werner, sous le nom de grunstein. « No, 2. Est un morcean dé verre produit par la fusion et le refroidissement rapide de N°. 1 ». | Observations. Ce verre, qui adhère encore à une portion du creuset dans lequel il a été formé , est d’un beau noir et parfai- tement homogène. Il n’est pas assez dur pour rayer le verre à vitres. Humboldt nous à appris qu’on fait au Frichtelberg, en Franconie et dans le Haut-Palatinat , des boutons d’habit et des bouteilles avec le grunstein. Ces boutons qu’on frappe avec un balancier, comme la monnoïe , sont excessivement es marché , on en donne plusieurs douzaines pour un sol. On colore diverse- ment ces vérres de grunstein. « No. 3. Est le résultat du N°. 1. fondu, et ensuite refroidi très lentement ». Observations. C'est une véritable lave poreuse , avec cristal« lisations dans l’intérieur de ses cavités. Si une de ses faces ne ET D'HISTOTRE NATURELLE. 319 portoit pas l'empreinte du creuset , on ne pourroit s'empêcher de prendre cette substance pour une lave proprement dite. N. B. Avec ce morceau sont deux fragmens qui forment le passage du N°. 2 au No. 5. On y observe cà et là , dans la masse du verre, des taches opaques et basaltiques , avec apparence de cristallisation. Le morceau auquel appartenoient ces fragmnens avoit été refroidi par un procedé qui tenoit le milieu entre la lenteur et la rapidité. « No. 4. A été produit par des fragmens de verre solide de whinsthone qui faisoit partie de No. 2. Le creuset qui les con- tenoit fut d’abord fortement chauffé ; assez pour que le verre entrât en fusion parfaite. Alors on abaïssa la température du fourneau jusqu’à 28° du pyromètre de Wedgwood , et on la main- tint à ce terme pendant douze heures. » On voit que la conséquence de ce refroidissement lent a été d’enlever entièrement à la masse son caractère vitreux, et de lui donner l’apparence d’un basalte. Il est vrai que la composition ainsi obtenue est tu8s-différente , en apparence , de la composi- tion No. 1, exposée la première au feu ; maïs on pouvoit s’at- tendre à cette différence, puisque la fusion avoit % accompagnée d’une forte effervescence , due , sans doute , au dégagement de quelque fluide , et qui annonçoit un nouvel arrangement dans les molécules constituantes de la pierre ». Observations. Nous avons deux fragmens qui portent le No, 4, et ont été détachés,en notre présence, du même morceau d’échan- tillon. L'un ( No. 4) fait en quelque sorte la transition entre la lave et le basalte. On y voit encore des cavités et quelques petits cristaux, et une portion de sa surface présente des scories. L'autre, (N°.4 bis)dont une des faces porte encore l'empreinte du creuset, est absolument compacte et-basaltique dans sa cassure. La diffé- rence qui existe entre ces deux fragmens, quoique provenant du même échantillon , est encore une circonstance qui montre combien de très-lésères différences accidentelles peuvent influer sur l’aspect des matières volcaniques. » No. 5. Est un fragment du rocher sur lequel le château d'Edimbourg est bâti, La ressemblance de ce whinstone ou ba- salte naturel avec le basalte artificiel N°. 4 est assez frappante. Observations. Effectivement, à la couleur près, qui est plus foncée dans le basalte artificiel , les deux substances se ressem- blent beaucoup. La dernière résiste plus sous la pointe d’acier, que ne le fait le basalte naturel, et elle fait feu au briquet, ce que ne fait pas le fragment du rocher d'Edimbourg. Mais nous Ss2 320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE connoissons des basaltes naturels, dont l’aspect est beaucoup plus rapproché de celui du basalte artificiel, que ne l’est ce der- nier échantillon. Nous allons maïntenant transcrire le tableau des fusibilités des basaltes et des laves, qui termine le Mémoire dont on vient de lire l'extrait. Il est précédé d’un avertissement , comme suit. « Les fusibilités éprouvées au moyen du pyromètre de Wedg- wood , et rapportées dans la table suivante, ont été déterminées en chauffant les substances sous une moufle où l’on pouvoit les observer facilement pendant toute la durée de l’action de la cha- leur. Après ayoir mis sous la moufle un petit morceau de la subs- . tance à examiner , on plaçoittout auprès des petits cylindres py- rométriques, et on élevoit par degrés la température. On touchoit de temps en temps la substance éprouvée, avec une baguette de fer mince, et lorsqu'on la trouvoit assez ramollie pour céder facilement à une pression légère, on retiroit le pyromètre et on mesuroit sa contraction ». (AN. B.) Tous les basaltes , excepté No. ont été pris sur place, dans le goisinage d’'Edimbourg. Substances primitives amollies. | s’amollit. | s'amollit. Tasreau des fusibilités de diverses substances volcaniques, éprouvées au pyromètre de Wedgwood. /Le verre | Lacristallite ee | Deg. dupyr. | Deg, dt pyr. Degr. du pyr. 1 | in ( basalte } d'une carrière sur la. TINIENC BELL ne du en ee lcile ele cles loie line d'Arthur’ g Seat.............. 4 |Whin du côté méridional d'Ærthur’s Seat près de Duddystone........ .. 5 |Whin tiré de grands morceaux roulés dans le lit de la rivière de Lezth....., 6 |Whin du rocher de Salisbury........ 7 | Win des colonnes de Szaffa......... 8 |Lave de l'Etna, qui détruisit une partie 9 de Cataneen 1669.....:..... tee Lave de l'Etna près Pedemonte...... , 10 | Ldem à la Motta di Catania..... BE 11 [Lave du Vésuve à Z'orre del Greco... 12 | Idem prise sur place, encore rouge, par SRE ALL EX ONE EPA ANEE 2 PETER, Lave diIstandes.! 512,4 402 2 : ET D'HISTOIRE NATURELLE. | 324 ( DE L'ARPENTAGE Des terrains inclinés, et de la nécessité d’obliger tous Les arpenteurs à suivre une méthode unique dans la pratique de leur art ; , Par DRALET, Juge du tribunal civil du département du Gers , correspondant du gouvernement pour Vagriculture et’les arts , membre de plusieurs sociétés d'agriculture et d'économie rurale, Lu dans une des séances de l'institut national , déposé à la bibliothèque nationale, ensuite d’un arrété du conseil des cing-cents ; portant mention honorable. EXTRAIT. PREMIÉRE PART I EF. Li: terrains auxqüels on applique les mesures agraires sont dé deux sortes : les uns présentent un plan horisontal ; les autres ont une surface inclinée. Pendant une longue suite de siècles, les procédés de Parpen- tage ont été les mêmes pour mesurer toutes sortes de terrains. Mais depuis un certain nombre d'années, quelques gens de Vart ont mis en question :.si les terrains inclinés doivent être mesurés par développement ou pas cultellation ; c’est-à-dire , s'ils doivent être mesurés d’après leur superficie, ou d’après leur base ? vi& Cette question , qui a occupé plusieurs écrivains distingués , n’a jamais été envisagée sous:son véritable point de vue. Touten parlant d’arpentage:, on a disputé sur la valeur comparative des térres horisontales et des terres inclinées. Une matière qui étoit uniquement du ressort de la jurisprudence, a trouvé place dans les livres des physiciens ; les uns ont fait des partisans à la mé- thode de cultellation ; d’autres en ont fait à la méthode de dé- 322 JOURNAL DEPHYSIQUE,-DE CHIMIE veloppement ; de manière que les arpenteurs instruits, sans s’oc- cuper du vœu de la loi procèdent d’après l’une ou l’autre de ces methodes , suivant qu’ils ont adopté la manière de voir de tel ou tel autre philosophe (1). » C’est de cette différence de procédés de la part des arpenteurs «que-résultent les inconvéniens dont nous allons parler. Pour faire sentir combièn il est essentiel d’y porter remède , il suffi- roit d'établir qu’il est tel terrain , qui, mesuré par un arpen- teur, se trouve avoir une contenance double de celle que lui donneroit un autre arpenteur , quoique l’un et l’autre procédas- sent régulièrement dans la théorie (2). Mais quelques exemples pris au hasard rendrontplus sensibles ces inconyéniens. 1”, Exemple. Une administration a arrêté de vendre , en trois parties , le taillis d’une forêt dont la surface présente un plan incliné de soixante degrés, et qui, d'après l’ancien mesurage , ( fait par développement) contient. cent ares. Elle adjuge la première année une coupe de 25 ares; l'année suivante elle en adjuge une semblable. Les adjudicataires ont fait ensorte que l’arpentage se fît par cultellation. La troisième année, les administrateurs veu- lent vendre une des parties qui devroient rester , et il se trouve que tout à été sn les deux années précédentes , quoiqu'il n'ait été adjugé réellement que le quart du taillis chacune de ces deux années. 2°. Exemple. Un citoyen a vendu une monticule de forme demi-sphérique , à raison de cent francs l’are ; il fait procéder au mesurage par un arpenteur qui suit la méthode de dévelop- pement. La monticule se trouve de la contenance de dix ares, et l'acquéreur paye mille francs. Celui-ci, quelque temps après, cède cinq ares de cette monticule , au même prix de cent francs; c'est. un second arpenteur qui opère, et il suit la méthode de cul- © (a) Ileest bon d'observer que la moitié des arpenteurs n8' se doutent même pas qu'il puisse y avoir deux manières d'opérer. Îls s’en tiennent sans examen à la méthode PA développement qui nous aété transmise par les anciens. (2) Si l'inclinaison est de soixante degrés , la surface sera double de la base horisontale. Pour le démontrer, supposons des perpendiculaires abaissées de tous les points derla superficie sus la base honisontäle; selles formeront. des :triangles reclangles dont la hauteur est opposée à un angle desoixante degrés. Elles forme- ront, aussi ; avec la superficie, un angle de trente degrés. Le plan incliné , ou la superficie, sera donc au plan horisontal , comme le $inus total est ‘au sinus de trente deprés. Or,'le sinus total est double du sinus de trente degrés ; donc le plan incliné de Go degrés est au-plan horisontal , comme deux est à un, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 323 tellation. La monticule entière , d’après son opération, ne con- tient que cinq ares. En effet, la surface d’une demi-sphère se mesure par la circon- férence multipliée par le rayon. C’est l’opération du premier arpenteur ( et la surface d’un cerele se calcule par la circonfé- rence multipliée par le demi-rayon. C’est l'opération du second arpenteur ; l’un.et l’autre ; dans ce cas , suivant leur méthode respective ,; ont procédé sujvant lés règles de la théorie ; mais il m'en résulte pas moins que le premier acquéreur perd cinq cents francs ; ou, ce qui est peut-être encore pis , qu’il lui fait avoir un pos ; tant avec le vendeur, qu'avec celui à quiila voulu céder a moitié de son acquisition. His NUERNET EN La différence des mesures de développement à:celles‘de cul- tellation est rarement aussi sensible que dans les deux cas qui viennent d’être rapportés; mais cette différence est toujours Dés ou moins considérable , suivant le degré d’inclinaison des ter- rains (1), et les acquéreurs , les vendeurs , les échangistés , les copartageans sont ou font toujours des dupes , suivant qu'ils employent tel ou tel arpenteur. 3. Exemple. Un ci-devant archevêque de Rheïms vendit, en 2748, la coupe du bois de la Gorze , au pays Méssin. L'arpen- tage, fait par développement, portoit sa contenance à 1062 ar- pens 9 perches. Les adjudicataures , se flattant qu’on trouveroit moins de contenance par la cultellation , firent mesurer d’après cette méthode le bois qu'ils venoient d'exploiter : on n’y trouva que 948 arpens 45 perches ; ce qui es uné différence de 113 arpens 74 perches. Cela donna'lieu-à une contestation qui fut terminée en faveur. de l’archevêque , ensuite d’une décision de l’académie des sciences (2). Ces exemples sont plus que suffisans pour faire connoître les nombreux inconvéniens auxquels donnent lieu la, concurrence / (1) Cette vérité, à laquelle le vulgaire fait peu d'attention , a fixé les regards des hommes instruits, dans les temps les plus reculés. Polybe avoit remarqué que quoique Megalopolis eût de tour cinquante stades , et que Lacédémone n’en eût que quarante-huit, cette dernière ville étoit cependant une fois plus grande que l’autre. j (2) L’académie autorise la méthode de cultellation, dans les cas seulement où . la différence de la base à la superficie n'excède pas celle de 100 à 103 , encore est-ce d’après la seule considération que l’on passe aux arpenteurs une erreur de 5 arpens sur 100. Cette décision se trouve rapportée en entier dans l’Iustruction sur le bois de marine , par Tellés d'Acosta, 32.4 JOURNAL. DE PHYSIQUE; DIE CHIMIE de deux méthodes dans la pratique de l’anpentage:, Peut-être en préviendroit-on quelques-uns , si dans les contracts on convenoit: que l’arpentage des fonds qui en sont l’objet, se feroit ‘par cul- tellation ou par développement ; mais ces mots et leurs, signifi- cations sont inconnus aux, quatre-vingt dix-neuf centièmes des citoyens. : Flu ü RTE ti Il n’est donc d’autre moyen de détruire un tel'abus que de proscrire : l’une! des: deux méthodes ; et d’astreindre tous ‘les arpenteurs à celle qui sera “exclusivement adoptée par une loi expresse. | L'ancienne méthode (de développement) autorisée exclusive «ment par les dois | tant anciennes que modernes. +1 : Ter, Définition de l'arpentage; lois qui en déterminent l’objer. Avant de raisonner sur l’arpentage, fixons d’abord nos idées sur la signification de ce mot... és ART 2 _L’arpentage est défini par les auteurs de l'Encyclopédie (1). « La science qui apprend à mesurer les terres avec des instru ».mens pour connoître, l'étendue de leur syperficie , et pour. la » décrire et la tracer sur un plan», | Cette définition est claire ; elle n’est contredite par aucun des géomètres connus. ss D Mais l’estimable ‘auteur du Cours complet d'Agriculture à encore fixé l’acception . du mot arpentage d’une manière plus précise : dans l’arpentage , dit-il, on ne considère que les sure faces (2). Et Noel Chomel, dans son Dictionnaire économique, avoit dit ayant lui : « l’arpent est une mesure de la surface des terres ». L ‘ (1) Encyclopédie méthodique , agriculture. Voyez arpentage. (2) Surface est ce qui se présente à l'œil: on considère la surface comme la limite , ou la partie extérieure d’un solide. . « Superficie est la même chose que surface», Encyclopédie méthodique, IT. G ET D'HISTOIRE NATUREL LF. 32 SLR Fonctions des arpenteurs ; lois qui les astreignent à mesurer Les surfaces sans avoir é;ard à la valeur comparative des Zerrains. Un arpenteur, mesureur de terre, terre mensor, Suivant Chomel , dans son Dictionnaire économique , « est un homme » instruit de la partie de la géométrie qui enseigne à mesurer Les » Surfaces ». Suivant Duhamel Du Monceau (1), « c’est un homme , qui » étant instruit de la partie de La géométrie qui enseigne à me- » surer les surfaces , fixe l'étendue des terres par arpens ». Les législateurs n’ont rien changé à la destination ancienne des arpenteurs. SECONDE PARTIE. Examen du principe fondamental de la méthode nouvellement introduite ( de cultellation ). « L'arpentage, disent les auteurs de l'Encyclopédie, est encore # plus l’art de reconnoître, de partager et d'évaluer un champ, » que celui d'en marquer la position , de le mesurer et de le » diviser». . Si l’on se rappelle ce qui a été dit plus haut, sur l’arpentage et sur les fonctions de ceux qui pratiquent cet art; si l’on n’a pas perdu de vue que rien n’a été avancé gratuitement à cet égard, qu’au contraire, tout a été puisé dans l’étymologie des mots dans leur acception constante, et dans l’esprit des lois, on sera étonné, sans doute , de trouver dans l'Encyclopédie un pareil principe. Qu'il me soit permis de demander à celui qui le met en avant, quel est le grammaïrien ;, lagronome, le géomètre ou Le jurisconsulte qui a dit que l’arpentage étoit l’art d'évaluer un champ? Jusqu'à présent les écrivains qui se sont élevés contre le sys- tème de cultellation , sans s’occuper du principe qui vient d’être rapporté, se sont attachés à détruire les conséquences que l’on en tire : ils ont attaqué les branches , si je puis me servir de cette expression , et ont négligé le tronc ; qu'il étoit si facile de détruire. () Physique des arbres. Voyez arpenteurs. Tome V. GERMINAL an 7, DE 326 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Non, l’arpentage n’est point l’art d'évaluer les terrains : son but unique est la mesure des surfaces. L’estimation est une chose étrangère à l’arpenteur. Les connoissances nécessaires à celui-ci sont puisées dans la géométrie-pratique. L'évaluation est du res- sort des experts ; ceux-ci n’ont pas besoin de géométrie pour remplir leurs fonctions. Ilsdoivent seulement connoître la nature des terres et savoir les apprécier. Donner à un arpenteur le pouvoir de dire qu'un terrain de deux ares n’en contient qu'un, sous le prétexte vrai ou faux qu'il est d’un produit inférieur au terrain voisin , ce seroit ouvrir une vaste carrière à la fraude; ce seroit faire , sur la tête d’un senl homme , une cumulation de pouvoirs contraire à l'esprit de toutes lois ;et un des moindres mconvéniens d’un pareil abus seroit une sorte d’impossibilité de vérifier les monstrueuses opérations qui en résulteroient. Rejettons donc ; sans balancer, ce que l'Encyclopédie avance sur la nature de l’arpentage. Conséquences que l’on tire du principe précédent ; leur réfiu- tation , fondée sur la manière dont la nature pourvoit à l'accroissement des plantes. « Un are de terrain horisontal, complanté d’arbres à la dis- » tance d’un mètre les uns des autres, contient environ cent » pieds d'arbres. » Un terrain de même base, incliné de soixante degrés, pré- » sente une surface double du précédent. Cependant, comme » les tiges des plantes croissent pérpendiculairement à l’horison, » il n’entrera, dans l’un et l’autre terrain, que cent pieds d’ar- » bres, éloignés les uns des autres à la distance d’un mètre. » Donc un plan incliné ne vaut pas plus qu’un terrain hori- » sontal égal à sa base ; donc l’arpenteur doit mesurer la base » d’un terrain incliné , et non sa surface ». Nous ne reviendrons pas sur le principe qui sert de base à ce raisonnement. Nous en avons suffisamment honte la fausseté ; mais examinons les manières dont lés plantes croissent. De l'accroissement des plantes en général. Les plantes reçoivent de la nature deux principales nourri- tures : la première vient des humeurs de la terre, pompées par ET D'HISTOIRE NATURELLE. 327 les suçoirs des chevelus de la racine ; la seconde vient des in- fluences de la lumière et de l'air atmosphérique (1). À circonstance égale ,une plante reçoit d'autant plus de nour- riture , que ses racines sont environnées d’un plus grand volume de terre végétale, et qu’elle est exposée à une plus grande masse d’air et de lumière. Cela posé, il s’agit d’abord de savoir si les plantes d’un terrain incliné , éloignées , par exemple , d’un mètre l’une de l’autre, pris sur la surface , ont chacune une portion de terre végétale aussi considérable que chacune des plantes placées à la même distance sur un terrain horisontal ? On est convenu que la surface d’un terrain incliné de 60°, AB, fig. 1*., est double d’un terrain égale à celui qui lui sert de base, À C. On conviendra sans doute aussi que chaque partie du terrain incliné est double de chaque partie correspondante du terrain horisontal. Or, chaque mètre carré de celui-ci, cor- respond à deux mètres carrés de celui-là. Chaque carré occupé par une des six plantes &bcde f, que je suppose produites par un terrain incliné, aura donc la même surface que chaque carré qui nourrit une des trois plantes g 2 Z , croissantes sur un ter- rain horisontal égal à la base. Comme nous parlons de deux terrains d’égale qualité, si nous supposons un quart de mètre d'épaisseur à la terre vegétale , X 7, qui recouvre l’un et l’autre terrain, chaque plante de terrain incliné jouira d’un quart de mètre cubique de terre végétale , ainsi que chaque plante de l’autre terrain. Les uns et les autres receyront donc, par les racines , la même quantité de nourriture. ! Ceci acquerra un nouveau degré d’évidence, si l’on observe que quelle que soit la forme d’un terrain qui nourrit un arbre, ses racines s'étendent toujours en tous sens dans la couche de terre végétale qui l’environne. Les arbres mêmes qui sont naturelle- ment pivotans , tel que le chêne , ne poussent que des racines latérales dans un terrain peu profond ; et: ces racines sont hori- -sontales , descendantes ou ascendantes!, suivant que la couche végétale se trouve dans l’une ou l’autre de ces positions (2). . (1) Voyez les belles expériences de Tessier et Senebier , sur les effets de la Famière dans la végétation. : (2) « Les racines se détournent de leur route première pour se porter du côté -»° où elles trouveront une nourriture: plus(äbotidante.... C'est:là raison pour -”» laquelle les mûriers:, les noyers , les ormeaux:,. plantés. le long des. grandes » routes, vont affamer dans les champs, les substances des moissons , à plus de tEti2 ] “ 328 JOURNAL DE PHYSIQUE, BE CHIMIE Cette tendance des racines à s'emparer de la terre végé- tale est telle, suivant Tessier (1), que lorsqu'une plante est voisine d’une terre plus meuble que celle où elle végète, ses racines se portent vers le terrain qui est le meilleur (2). Voyons maintenant si les plantes d’un terrain incliné de 60°, reçoivent aussi de l'air et de la lumière la même nourriture que celles qui couvrent un terrain plus égal à sa base, lorsque les unes et les autres sont placées à la même distance prise à la superficie. Les plantes, comme les animaux, absorbent une partie de l'air atmosphérique qui les environne ; mais les plantes dif- fèrent des animaux , en ce que ceux-ci Se on l’atmos- phère d’une partie de son gaz oxigène, tandis que les plantes le dépouillent. d’une partie de son gaz azote. Tout le monde sait que l'air en général est un fluide élastique qui presse les corps en tout sens. Il résulte de son élasticité qu'il exerce son influence sur chaque partie latérale d’un corps isolé comme sur sa partie su- périeure. C’est donc en raison des surfaces, et non en raisom des bases qu'il influe sur les corps. Un. terrain incliné de 60 degrés reçoit donc le double des influences de lair que n’en reçoit un terrain horizontal égal à sa base. Six végétaux plantés sur un are de terrain incliné de 600, recevront donc chacun autant d'influence de l'air que chacun des trois que l’on plantera sur un terrain égal à la base du premier. Quant à la lumière, il est inutile de dire que la quantité de rayons que reçoit un corps, est en raison directe de sa surface. Il seroït superfli aussi d’indiquer les conséquences que l’on doit en tirer en faveur des terrains inclinés. IL suit évidemment de ce qui vient d’être dit que si l’on plante six végétaux sur. un terrain incliné de 60° de la contenance superficielle de six mètres carrés , chacun de ces végétaux, recevra la même nourriture, et vaudra consé- » dix toises de distance ». (Rozrer, Cours complet d'Agriculture.) Voyez racine. (1) Voyez, Encyclopédie méthodique , agriculture , premier discours par Tessier. (2) Le même agronome (2454 ) assure que les racines de noyer et de la vigne s'insinuent dans le tuf blanc , pour arriver à un amas de bonne terre placée derrière, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 329 quemment à-peu-près autant que chacun de trois autres vé- gétaux plantés dans un terrain horisontal qui seroit de la con: . tenance de trois mètres. Ainsi, de deux choses lune : ou vous planterez sur le ter- rain incliné de 60° le double des sujets que sur terrain plus égal à sa base (1) et alors chaque arbre du premier ter: rain , vaudra chaque arbre du second ( Voyez fig. première), ce qui formera un double produit pos le premier ; ou vous plan- terez, sur le terrain incliné, la même quantité d'arbres que sur le terrain plat, et leur croissance sera à-peu-près double, ce qui donnera encore le même résultat (Voyez fig. 2. ). Cela paroîtra sans doute fort étonnant aux personnes qui compareront un côteau aride, dépouillé de terre végétale, à une plaine voisine bien cultivée, bien amendée ; maïs au moyen de cette comparaison , on ne seroït pas mieux fondé à me con- tredire, que je ne le serois moi-même à prétendre que les ter- rains inclinés produisent en général beaucoup plus que les terres plates, parce qu’un seul are des riches côteaux qui avoisinent ha Seine, la Loire ou le Rhône, en vaut cent des plaines arides de la ci-devant Champagne, ou des landes de Bordeaux. Des grands végétaux. Nous avors vu que la perpendicularité des arbres étoit la base fameuse sur laquelle on appuie le système de cultel- lation. La plupart des grands végétaux poussent à leur collet plu- sieurs brins en forme de touffe. ; Il en est de plusieurs brins comme de plusieurs lignes par- tant du même centre : il peut y en avoir une de perpendi- culaire ; mais par cette seule raison , les autres sont incli- nées. Aussi voit-on les arbustes, les arbrisseaux et les taillis de toute espèce, jeter, en sortant de terre, nombre de tiges qui s’éloignent les unes des autres , à mesure qu’elles croissent et grossissent. Toutes sont plus ou moins inclinées sur l’hori- son, et quelques-unes sont perpendiculaires au terrain incliné qui les produit. L’argument ci-dessus rapporté ne leur est donc pas applicable. Il est sans doute des espèces d’arbres dont le principal brin, (1) Les auteurs de l'Encyclopédie conviennent que l’on doit moins espacer les arbres que l’on plante sur un terrain incliné, 330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s’élevant à un certain âge, pompe toute la nourriture des racines, laisse au-dessous de lui les branches latérales et les affame ; mais cette tige, dans les terrains inclinés , n’est point per- perdiculaire a l’horison ; je conviens qu'elle l’est rarement aussi à la surface inclinée ; sa direction partage l’angle formé par la perpendiculaire sur la surface ( Voyez fig. 1 et 2.). C’est un fait certain que j’observe tous les jours dans les Monts Pyré- nées, au centre desquels je travaille à cet écrit. Il peut être vrai que les tiges de quelques végétaux tendent naturellement à la perpendicularité ; mais dans les côteaux et dans les mon- tagnes, deux causes s'opposent à cette direction ; la première est le poids de la terre supérieure qui force la jeune tige à s’'incliner; la seconde vient du plus grand espace et de la plus grande quantité d’air et de lumière que la plante trouve du côté opposé au côteau; c’est de ce côté qu’elle s'étend et se dirige de la mème manière que les arbres de lisière semblent fuir le massif auquel ils appartiennent, pour porter toute leur croissance vers le champ voisin. Cependant comme les arbres sont loin d’être absolument per- pendiculaires aux surfaces inclinées , il s'ensuit qu’ils sont un peu plus resserrés sur un côteau que sur une terre horison- tale de contenance égale ; mais, nous le répetons, la nour- riture est la même et produit les mêmes effets. Si les tiges, dans un terrain incliné se trouvent plus rapprochées, elles peuvent acquérir moins de diamètre ;- mais elles s'élèvent beaucoup plus, et cet avantage indemnise bien le propriétaire de ce que les tiges peuvent perdre en grosseur. Au reste, la tige n’est pas la seule chose à considérer dans les arbres ; les branches forment aussi une partie de leur valeur, et si elles croissent parallèlement au terrain (Voyez fig. 1 et 2), nul doute qu’elles ne trouvent beaucoup plus d'espace, qu’elles ne puissent conséquemment s'étendre davantage sans s’entrelacer avec les branches des arbres voisins , sur un terrain incliné que sur celui qui lui serviroit de base. Pour savoir quelle est effectivement la direction des branches sur un terrain incliné, il nous suffira de copier ici Valmont de Bomare (1). « On peut, dit ce naturaliste , observer tous les jours un phé- » nomêère singulier remarqué par Dodart, et dont la véritable » cause paroît encore inconnue... C’est le parallélisme au plan EE men nnn) (à) Dictionnaire d'histoire naturelle. Voyez arbres. ET. D'HISTOIRE NATURELLE. 331 » d’où sortent les tiges qu’affecte toujours la base des touffes » d’arbre. Cette affectation est si constante, que si un arbre sort » d’un endroit où le plan soit d’un côté horisontal, et de l’autre » incliné à l’horison , la base de la touffe se tient d’un côté hori- >» sontale , et de l’autre inclinée à l’horison autant que le plan ». .. Les auteurs de l'Encyclopédie ont fait la même observa- tion (1). Ce sont sans doute tous ces faits qui ont porté Pline le natu- raliste à dire que dans un plan incliné, il falloit moins de dis- tance entre chaque arbre (2). De la vigne. En ayouant la perpendicularité de la tige d’un certain nombre de plantes, on doit convenir qu’un bien plus grand nombre s’en écarte , tels que les volubiles , les vigres , les liannes, les ha- ricots , etc. Cette assertion n’est contredite par aucun naturaliste , par au- cun cultivateur. Si Pline , et après lui les auteurs de /’Ercyclo- pédie, ont assüré que dans un terrain rampant , les plantes doivent être moins espacées ; c’est sur-tout à la vigne que ce précepte doit être te En effet, il ne faut qu'ouvrir les yeux pour se convaincre que le tronc tortueux de la vigne ne s'élève pas perpendiculairement à l’horison , et que ses pampres rampans s'étendent d’autant plus qu’ils trouvent à couvrir un plus grand espace de terrain, quelle que soit son inclinaison. Des prés. Différentes espèces de gramen font la plus grande partie de l'herbe des prés (3). Les gramens ont les racines rampantes (4). Elles suivent consé- quemment les diffèrentes inclinaisons du terrain qui les nourrit. Le chaume s'élève depuis six jusqu'à douze pouces, il re- tombe alors ; et pour peu qu’il trouve de la terre ameublie , il pousse des racines par tous les nœuds qui la touchent (5). (1) Voyez l'Encyclopédie méthodique , forêts et bois. Voyez branches. (2) Ergo plurimum intererit hac in quæstione terra in qua seremus , tn quantum arbores quasque alat. Jam per se colles minora quærunt inter- valla. Prin. lib. 17, chap. 12. (3) Voyez les Elémens d’ Agriculture, par Duhamel du Monceau , tomer, liv. 9 , chap. 2, etle Cours complet d'Agriculture de Rozier. Voy. Gramen, (4) Ibid. (5) Ibid. 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La tige des plantes qui composent les prés n’approche donc de la perpendicularité que dans la première croissance. Mais la fanne, qui forme le plus grand produit des prés, est toujours rampante et recourbée. De la disposition des gramens, il résulte que leur produit à circonstances égales , est en raison de la superficie du terrain. qu'ils occupent. S'il existoit quelque doute à cet égard, le té- moignage des fanneurs suffroit pour les faire disparoître. Mais sous beaucoup de rapports , les terrains inclinés sont plus avan ageux aux prairies que les terrains plats. Tous ces faits sont trop évidents pour ne pas avoir été observés par ceux- mêmes qui veulent que les superficies inclinées. ne produisent pas plus que les bases. Aussi Chomel fait-il une excep- tion en faveur des prés et des autres terrains qui nourrissent de petites plantes. Nous avons vu plus hautquel’arpenteur forestier est du même avis. Des plantes céréales et légumineuses. Si l'on sème, dans un terrain incliné, une mesure déterminée de bled , et que dans un terrain plat égal à sa base, on en sème une même quantité , nul doute que chaque grain du premier terrain sera établi sur une plus grande étendue que chaque grain de terrain plat. Cela convenu , il nous suffit de copier ici ce que Von trouve dans le Dictionnaire d'Agriculture de Rozier.(Voyez semnailles). « L'expérience et l'observation ont suffisamment prouvé que... » les plantes étant plus rapprochées, elles sont toujours foibles, » élancées , languissantes et peu productives. Or, si dans un » champ semé épais , tous les grains germent et poussent à-la- » fois, les racines, au lieu de s'étendre et de se ramifier , se » rencontrent, s’entrelacent, et se nuisent réciproquement. . . …. » Que les cultivateurs fassent un instant taire leurs préjugés ; » qu'ils arrachent, au mois d'avril, la plante de froment ha » occupe le plus d’espace ; qu'ils la comiparent ensuite à celle » qui dans un champ en prend le moins , ils verront que le dia- » mètre des racines chevelues de l’une, est deux ou trois fois » plus considérable que l’autre. Ils verront que la semence étant » répandue à la distance de quatre à cinq pouces, tous les grains » germent, poussent , talent et épient, tandis que quand la plante » se trouve serrée, elle est plus exposée aux accidens et beaucoup > moins productiye », = É Tull est tellement persuadé que la production du bled est pro- portionnée ET D'HISTOIRE NATURELLE: 333 portionnée aux surfaces, qu'il conseille de labourer per sillons , pour étendre la superficie des champs. Quant à la quantité respective que produisent les deux espèces de fonds , interrogez les laboureurs , ils vous diront : « dans la # plaine nous recueillons plus de gerbes , mais les a four- » nissent plus de grains dans les côteaux ». Voila donc encore l'expérience d'accord avec la théorie. Ce que l’on dit du bled-froment s'applique naturellement à toutes les autres espèces de bled, tels que le sarrazin qui se plaît particulièrement dans les côteaux humides ; l'orge , que l’on cul- tive avec succès jusques dans les rochers , etc. Quant aux plantes légumineuses , telles que les vesces, les pois, Les pois quarrés, les lentilles , etc. , personne ne prétendra, sans doute , qu’elles croissent perpendiculairement à l’horison. Etil est évident que leurs produits sontsen raison du terrain qui les nourrit, quelle que soit la position. [Men est de même des pommes de terre , etc. D’après tout ce qui vient d’être dit, nous nous croyons auto- risés à poser en principe qu’un terrain incliné doit produire autant qu’un terrain horisontal d’égale surface ; mais ce principe, ainsi que tous ceux ds sont relatifs à l’agriculture , ne doit pas être trop généralisé. Il estdes circonstances quiinfluentsi puissam- ment sur la nature et valeur des terres , que ce qui est vrai dans un canton , est souvent une absurdité dans le canton voisin. Peut-être, dira-t-on, que la cultellation ne doit s’appliquer qu'aux terres d’une inclinaison considérable. Mais je demanderai ce que c’est qu'une inclinaison considérable ? à quel degré elle commence ? Lorsqu'on l’aura déterminée , ilfaudra s'occuper des circonstances qui empirent ou amoindrissent les inconvéniens d’une forte inclinaison ; et comme elles varient à l'infini , il faudra convenir qu’il est impossible d'établir d’une manière pré- cise les rapports de produits et de valeur qui existent entre un terrain plat et une terre d’une inclinaison quelconque. Mais je vais plus loin, et je suppose que les terres inclinées de toute espèce valent infiniment moins que leur base. Eh bien, je dis que l’arpenteur devroit encore appliquer les mesures sur ces surfaces telles qu’elles se représentent. Ce sont ces surfaces que les parties ont sous les yeux. Sont-elles trop inclinées , ou bien sont-elles submergées à défaut d’une pente convenable ? L’acquéreur saura le faire observer au vendeur , et le prix sera fixé en conséquence. Ainsi, dans un territoire dont les fonds ordinaires valent com- munément mille francs l'are , on ne donnera , par exemple , que Tome V. GERMINAL an 7. Vy £34 - JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moitié de ce prix d’un côteau dont la culture a été négligée , et dont la terre aura été entraînée par les causes pluviales. Nous devons conclure, de tous ces faits , que, dans l’agricul- ture, l’arpentage des terrains doit être faite par développement ; et non par cultellation. Note du rédacteur. Le géographe ne peut que suivre la méthode de cül- tellation pour lever des cartes. REMARQUES SUUMR CE IN NNCRE NN D ET EM DIENL AO DAELDENT: Par B.-G. Sace, professeur et directeur de la première école des mines. L'. rrer des incendies est relatif à l'intensité du feu ; intensité qui dépend de la quantité et de la nature des matières combus- bles. L’incendie est prompt, actif, inextinguible, si les bois sont résineux, s’il se trouve des corps empreints d'huile, parce que le feu les réduit en partie en air inflammable , lequel enflammé par l’accès de l'air atmosphérique , ne peut être éteint par l’eau qui ne fait qu'étendre et déplacer la flamme ; aussi l’eau ne peut avoir d'effet dans un incendie, que lorsque le bois s’est charboné. On dit qu’à l’'Odéon le feu s’est manifesté dans une loge qui avoisinoit le rideau ou toile du théâtre; il s’est donc communiqué aux décorations et aux châssis en sapin qui les porte. Le grand volume d’air contenu dansla salle de POdéon, a servi pendantun temps d’aliment au feu, qui a décomposé une partie des bois: et des huiles , les a réduits en fumée et en air inflammable, lequel s’est répandu dans toute la salle de lOdéon. Dès que l'air atmos- phérique s’y est introduit, il s’est mêlé avec le gaz inflammable qui a brlé avec explosion. De là l’ébranlement et la chûte de la charpente du toît de l'Odéon , et le feu qui a dû se manifester par-tout à-la-fois, puisque l'air inflammable occupoit toute la capacité de la salle. Le soufre, qui brüloit encore dans certaines parties de l'Odéon trois jours après l'incendie, a pu faire croire que c’étoit un des auxiliaires de la malveillance ; je fus moi-même étonné de la quan- tité de soufre que je voyois dans différens états ; mais ayant bien ” ET D'HISTOIRE NATURELLE. 335 observé, je reconnus qu'il ne se manifestoit que là où il y avoit eu beaucoup de lattes, de bois de charpente et de Blaise Drôles comme dans les corridors , en face du péristyle de FOdéon , dis- ds à quatre étages et dans l’emplacement de deux escaliers en os, qui se trouvoient vers le milieu de la salle. Je vis que le soufre se sublimoit sous forme d’une poussière jaune , et que diverses scories en offroient de cristallisé ; mais la pe grande quantité se montroit à l’état de foie de soufre calcaire bleuâtre , friable, qui s’enflammoit en décrépitant , dès qu’ilavoit le contact de l’air , il répandoit en même temps une odeur de foie de soufre décomposé ; ce qui me fit connoître qu’il s’étoit formé du pyrophore calcaire par la décomposition du plâtre, lequel est, comme on sait , formé d’acide du soufre combiné avec de la terre calcaire. Cet acide , à l’aide du feu, s’unit avec le principe inflammable des charbons , et forme le soufre qu’on trouve à l’état de pyrophore ou de foie de soufre calcaire charbo- neux , dans les restes de l’incendie de l'Odéon. J'ai fait connoître, il y a vingt ans, que ce qui rendoit le char- bon de tourbe pyrophorique , étoit la portion de sélénite ow pierre à plâtre que les tourbes de France contiennent. Durant la carbonisation de ces tourbes , l’acide sulfurique de la sélénite, se combinant avec le principe inflammable du charbon de tourbe, forme du foufre et un pyrophore calcaire. J’ai trouvé, en visitant l’incendie de lOdéon , Monette, archi- tecte du département et du bureau central , qui m’a dit avoir observé , dans les restes de l'incendie de deux spectacles ,la même odeur de foie de soufre , et les mêmes effets qu’à l’Odéon. Cette production du soufre, par la calcination en grand des plâtras, est un fait constant, confotme à ce que j'ai découvert, il y a vingt ans, et qui est confirmé par ce funeste événement. FEssai des matières retirées de l’incendie de l’Odéon. Boulon de fer calciné , entremêlé d’ardoises et de briques en partie vitrifiées. ; Carreau en briques hexagones, altéré par le feu , mêlé de sco- ries poreuses noires , et d’une matière terreuse jaunâtre friable. Scories martiales noirâtres mammelonées et brillantes dans la cassure. Scories martiales cellulaires d’un brun-rougeâtre , recouvertes d’une espèce de frite blanche compacte. Ardoises en partie vitrifiées. Terre calcaire et gypseuse , friable , empreinte de pyrophore LI V v 2 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. ou foie de soufre charboneux qui lui donne une couleur bleuâtre; cette terre, quoique pénétrée d’eau , étant retirée de dessous les décombres , répandoiït une odeur de foie de soufre décomposé , et laissoit la trace d’une lumière violette , produite par la com- bustion du soufre. Cette terre, goûtée, imprime une saveur lésérement styptique. Exposée à la flamme d’une bougie , le soufre qu’elle renferme brûle d’une manière sensible. Un carreau en brique , sur lequel étoit dessus et dessous de cette terre colorée par le pyrophore , avoit éprouvé assez de feu pour être en partie vitrifié. Plâtras en partie décomposés , pénétrés de foie de soufre qui se manifeste lorsqu'on verse de l’acide nitreux dessus, il se fait aussitôt une vive effervescence occasionnée par la terre calcaire qui est à nud. Carreau hexagone en tuile , recouvert de verre de plomb jau- nâtre , ce carreau est aussi empreint de foie de soufre qu’on dé- velonpe par l'acide nitreux, Ardoises en partie vitrifiées et agglutinées ; elles ont pris une couleur rougeûtre. Errata au dernier cahier. Page 241, lig. 4, du métal, par le feu de la lumitre, lisez: du métal par le feu , delà la lumière. Page 244, ligne 17, l'air méphitique, lisez : air atmosphérique. » ———————————— LE TEA IATUE DE VASSALLI-EANDI A J.-C. DELAMETHERIE, » “ Sur le salvanisme , et sur l’origine de l'électricité animale. Vi: me demandez mon opinion sur le galvanisme , c’est-à- dire , sur l& cause des contractions musculaires, qui s’excitent lorsqu'avec un corps conducteur du fluide électrique on touche en même temps les nerfs et les muscles d’un animal vivant, ou mort depuis peu de temps. Quelle est la nature de l’agent qui produit ces commotions ? Est-ce le fluide électrique excité ou mis en mouvement par le contact ou léger frottement des métaux , ou autres corps hété- rogènes ? Est-ce l'électricité propre de l'animal , que le corps conducteur communique d’une partie à une autre du COTpS OTga nisé ? Ou bien est-ce un fluide différent de l'électricité? Voilà des questions que je ne crois pas encore décidées par aucune LA nt sonne. ET D'HISTOIRE NATURELLE. s 33 “expérience vraiment décisive, quoique l’on ait beaucoup écrit à ce sujet. J’ai été un des premiers à recevoir le Mémoire du D. Galvani, dont le nom a de justes titres à la célébrité , et après avoir répété avec succès ses expériences, dE LE j'en ai ajouté quelques, unes des miennes, j’écrivis qu'il falloit attendre quelque preuve plus démonstrative pour établir une théorie solide, et je suis en- core à présent du même avis. En effet, après avoir lu les expé- riences délicates et ingénieuses du professeur Volta, que j'ai répétées en grand nombre avec les mêmes résultats, on est porté à croire avec lui , que les contractions musculaires sont excitées par l'électricité des métaux , ou des corps hétérogènes qui servent de conducteur , et Que par conséquent on ne voit aucune élec- -tricité animale dans les phénomènes observés par Galvani, les- quels dans cette théorie ne prouvent autre chose, sinon que les animaux sont des électromètres plus sensibles à la moindre élec- tricité que tous les autres électromètres. Les expériences que j'ai faites avec mon électromètre À bandes d’or , paroissent confirmer cette opinien , puisque les moindres atomes de cire à cacheter , de chocolat raclé sur cet instru- -ment , etc., y donnent une électricité sensible; et elle ne manque jamais de sy manifester par le frottement , pour ainsi-dire insen- sible , qui a;lieu lorsqu'on prend un petit bâton de cire à cacheter, quelle que soit la légéreté et la délicatesse qu’on y employe. D'où l’on pourroit aisément croire que les animaux sont des électro- mètres sensibles à l'électricité excitée par le contact ou léger frot2 tement des corps hétérogènes. Mais si, comme je l'ai écrit au vrofesseur Volta; les contractions musculaires #@nt, causées, par l'électricité qui s’excite dans les métaux par le contact, pourquoi r’ont-elles pas lieu, lorsqu'on frotte le métal qui touche les nerfs ou les muscles avec un corps non-conducteur ? Dans ce cas, J'électricité est pourtant plus forte, et malgré cela on n'obtient aucune contraction. Cependant on a vu que l'électricité artificielle plus forte, soit positive, soit négative, excite des contractions. Je pourrois encore ajouter d’autres réflexions à ce sujet,, mais je: ne: me propose pas ici d'examiner la question ; je passe à la théorie de Galvani , perfectionnée par son neveu Aldini. Il ya quelque temps que ce dernier m’écrivit que son oncle ayoit la réponse à toutes les objections de Volta ; j'espère qu'il achevera cet ouvrage , et que les sciences physiques seront dans cette partie dédommagées par Aldini, de la perte qu’elles viennent de faire du D. Galvani. ) Suivant la théorie de ces deux savans professeurs , le corps animal est une espèce de bouteille de Leyde, ou de carreau ma- ‘33 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE gique : il y a excès d'électricité dans une partie et défaut dans une autre partie ; le corps conducteur communiquelefluidede la partie où ilabonde, à la partie où il manque , et dans ce passage on a les contractions musculaires , de la même manière qu’on a les dé- charges dela bouteille de Leyde et des carreaux magiques ; comme iln’y a que les seuls corps conducteurs de lélectricité qui servent pour décharger la bouteille de Leyde , les mêmes corps seulement servent aussi pour exciter les contractions musculaires. Or, comme la bouteillede Leyde après quelques décharges ne donne plus de signes électriques , de même l’animal , après avoir souffert plu- sieurs contractions, demeure immobile. La nature se sert du pas- sage de l'électricité pour opérer les divers mouvemens , et peut- être même pour la perception. Cette théorie PRE quoique appuyée par la plus grande ana- logie , ét par beaucoup de phénomènes électriques , manque pourtant encore d’évidence ; car si on compare le corps animal à la bouteille de Leyde lorsqu'on approche Var conducteur à la boule qui communique avec l’intérieur de la bouteille, tandis que l’autre extrémité dé cet arc en touche la partie extérieure , on voit les corps légers s’élancer de la boule à l'arc ; le même phénomène devroit avoir lieu dañs la bouteille de Leyde ani- male , si je puis me servir de cette expression! ; cependant , quoique le D. Valli, le professeur Eandi et plusieufsiautres ayent écrit qu’ils ont observé des mouvemens électriqués dans l’expé- rience de Galvant, comme il s'agit d’une expérience qui exige là plus grande délicatesse, et que la moindre haleine agissant sur les corpusculés légers, peut tromper l’observateur , je vous dirai franchemht que j'ai répété plusieurs fois cette expérience en chargeant l’appareïl , en faisant usage de feuilles d’or, et d’autres corps très-légers , et je n'ai jamais pu m’assurer qu'il en résultât des mouvemens électriques. Que ns - il donc con- clure ? faut-il dire que le fluide qui produit les contractions mus- culaires , n’est ni l’électricité métallique , ni animale, maïs un autre fluide différent, dont nous ignorons la nature ? Je n'oserai pas même avancer cette proposition ; Car n'ayant point l’experi- mentum crucis de Bacon pour dissiper mes doutes, je ne puis par conséquent rien décider sur le galvanisme. Néanmoins si j’avois une opinion à émettre, je serois porté à croire que les contrac- tions musculaires sont produites par le mouvement de l'électricité animale dirigée par les corps conducteurs de l'électricité natw- relle ; car, sans alléguer en preuve de cette opinion les faits innombrables publiés par les D. Gardini , Bertholon, Cotugno, Galvani, Aldini, Valli, Eandi, Giulio, Rossi, Volta , etc, j’ob- serverai seulement que dans la nature , chaque corps changeant gon état chimique , change aussi $a capacité propre à contenir le ET D'HISTOIRE NATURELLE, 339 fluide électrique , et même bien souvent il change de nature par rapport à l'électricité , comme on le voit dans les oxides métal- liques. Or, puisqu'il n'y a aucun doute que l'air, dans la respi- ration , et les alimens, dans la digestion , ne changent d’état chimique, ils changeront donc aussi de capacité pour le fluide électrique. Réad a démontré que l'air, dans la respiration, perd son électricité naturelle : j'ai prouvé ailleurs que les urines don- nent une électricité négative, et j'ai fait voir plusieurs fois aux D. Gerri, Garetti, et aux élèves de médecine et de chirurgie, que le sangtiré des veines, donne, dansmon appareil électrometri- que, (décrit dans le Ve. vol. de l’Académie des Sciences de Turin) uneélectricité positive ; donc l'électricité naturellede l’air etdesali- mens reste dans certaines re du corps en abondance , tandis que dans le même corps il y a d’autres parties qui n’en ont pas la quantité proportionnée à leur capacité. Les secousses électri- ques que donnent la torpille, le gimnote, les anguilles, les chats, les rats, etc. , confirment mon assertion : l'anatomie exacte de ces animaux nous expliquera la raison de ce phénomène, tout comme l'anatomie de la torpille, qui m'a été communiquée par Spallan- Zani (1), fait voir de quelle manière cet animal donne des secousses. Si, à tous ces faits, on ajoute que dans la torpille les nerfs expriment l'électricité contenue dans les muscles , ainsi qu’il est démontré par l’expérience , la théorie de Galvani doit acquérir la plus grande probabilité; car on peut bien dire que si on ne remarque point de mouvement électrique en approchant le con- ducteur du muscle ou bien du nerf, c’est parce qu’une lésère compression est nécessaire pour opérer le passage du fluide élec- trique animal, ainsi qu’on l’observe dans la torpille qe , Sans une légère compression de ses muscles , ne donne point de secousse. , EXTRAIT D’UNE LETTRE DE CRELL A d.-C. DELAMÉTHERIE, Sur la décomposition du sel sédatif, ou acide boracique. P'ststele J: suis enfin parvenu, après plusieurs essais , à décom- poser le sel sédatif : j'ai eu un résidu charbonneux considérable, lequel détonne avec le nitre. Il me reste à déterminer de quelle nature est le sel qui reste après que ce charbon est séparé. Je vous le marquerai aussitôt que mes.travaux seront finis. (1) J'espère que quelqu’ami se fera un plaisir de publier les manuscrits très- importans de ce grand homme, qui n’ont pas encore vu le jour. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITE S D par BouvyaArD, astronome. (1 : = 7m 2 | MAXIMUM. | — Bi rlaabis + 11,7 E| 2 2 AGEN + 11,1 W| 3; [a midi. + .8,7 K| 4 [a midi. + 10,8 Êl 5 [à 202s + 12,7 Hola ztis + 13,s Hé, 7 [a midi... + 8,2 N| 8 a 2his. Æ 7,4 Ë 9 2 2h+ Se + 8,8 CIE 3hT Se Hu 9,8 ra mb ro fra 2his. Æ 8,5 HI 13 a 2h, Se + 7,2 à 14|a 2h2is. + 8,9 Blrs|àa midi. + 4,9 l16|a 4his. + 2,5 É: 17 a midi. + 2,6 Élrsla midi. + 1,5 Altola 3h. s.. + 2,0 lzolàa 2h,s.. + 3,7 Bl2rla 2hls. H 5,4 Bl22|à 1h1s. + 4,9 Hiz;la zhs.. + 5,8 Hl2zla midi. + 2,0 Hiziçla 2his. + 5,5 26 | à LE S. 3F EE fl2z|a midi. + 2,4 Al28sla midi. + 3,1 llzola midi. + 7,9 dlsola midi, + 735 THERMOMÈTRE. EE, MirNiMmMum.|a Mir. 7h. Me— 7,3 + QU ie & É MH mb Oo À me CRC CRC vo © v HÉFRRÉERIRERRERRRREEERREET “OL Lo LOL ve [e] D’ D- DB DD BD p- php; D; DD D BR DB; D- D: D p- a kH O M O O = © mm O M m O m O mx O La La Un BAROMÈTRE. A Maximum | MINtMUuU x. 9,51a 7h m...i 27. 9,3|à 2h s...27. 7,8 212 ShES.. 27. 726] 7h. m.. 27.165 8,7\a 2h.s.... 27. 9,0|à 7h. m... 27. 6,4 10,8a midi... 28. 1,3] à 7b. m 27.11,8 12,6fà midi... 28. 1,3[à 8his... 28. o,9 13,3fa 7hm... 28. 1,2|a 2h. 28. 0,7 8,2/a 2h,s..., 28. 2,7| à 7h, m. 28. 1,4 6,7}a 8°. m... 28. 3,2|a 2h26 28, 2,7 8,6}a 7h.m... 28. 1,3[2 2h55... 28. 1,1 9,8/a gh.m... 28. 2,0[a his... 28. 1,6 9,6fà 6h1m.. 28. o,6[à 1hEs,.. 27.11,1 7,5Nà 2h45... 27.11,3| 4 7h35 m.. 27. 9,8 6,4ha 8h,m... 28. 1,3 à 7h.i Se 28-10,8 7,6ka 7him.. 28. 1,0[a 2h.;5s.. 28. o,2 4,91à midi... 27.11,8| à 6h m.. 27.11,$ 2,4fà 9h. m... 28. o,$ à MIE e 28e NO2 2,6/a midi 28. 1,2[4 2h15... 28. O,9 1,5hà 6h, m 27.11,6|à 2h15... 27.11,3 1,9ha 6h,m. 27. 9,3|[4 2H 27. 9,7 0 eme 027. ile) 6/ in. 27. L2,S 4,2hà 8h, m... 27.10,8| a 3h,s 27. 10,5 4,2fà 6him,. 27.11,0|a his 27.10,8 5,71à Ghim.. 27. 9,0] à 2 SE Nr MIS 2,0) 02h21. 027. 1453 alé ms h27 20359 5,412 pbs... 27. 8,0] à 6him... 27. 6,6 4,20 midi....27. 8,8[à 62.1m... 27. 8,5 2,4kà 6h m... 27. 8,6|à 2h. s.... 27. 7,8 3,84à 3b2s 27: 738l a 6m... 27. 6,9 7,9Nà 6h. m... 27. 9,6|à 2hlm,. 27, 8,7 7, 50à-midi. ..,27. 5,01 à 62,m...,27,. 5,2 RÉCAPITULATISN, Plus grande élévation du mercure. ....,....... 28.3,32 le Moindre élévation du mercure. Elévation moyenne..... Plus grand degré de chaleur. …. Moindre degré de chaleur Chaleur moyenne.......,......... Nombre de jours beaux de couyerts.... de pluie. HeRVEnt ee 8 27.3,92 le 24 L Q = On mu WU oi, Donrése an vil. LA L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, ti CE ÉRIC RE POV AIRES NO DU An Ru pm | ‘sxnot Hyc.| VENTSs. 103,0 99,5 103,0 98,5 88,5 99,9 92,0 89,0 88,7 100,0 100,0 99,5 7633 78,0 71,0 69,0 73,9 7539 730 73,9 84,0 88,0 87,0 86,0 85,5 84,0 72,0 76,0 » - 80,0 785 Le vent a foufflé du N. : NE AS a EPP E der : POINTS LUNAIRES. LA S. S- Pleine Lune. S. fort. Lune perigée. S. fort. Equin. descend, S-E. S. N-O. O. Dern. Quart. O. ? FA 2, 3 Lg Nouv. Lune. Z2Z0ZZYO BE M Equin. ascend. Lune apogée, Dern, Quart. Calme. S-S-O. VOANRLTE AESROLN S DEL'ATMOSPHÈRE Quelques éclaircis par intervalles. Assez beau vers midi; forte averse et grand vent à 2 heures soir. |À Pluie par intervalles ; beau ciel dans la soirée. Quelques nuages par intervalles. Ciel chargé de nuages et trouble. Même temps. |, Ciel couvert ie matin ; nuageux vers midi ; beau le soir, Ciel nuageux ; brouillard le matin; gelée blanche. Ciel couvert; pluie fine une partie du jour. Brume dans la matinée ; quelques éclaircis le soir. Couvert er brouillard épais le matin ; quelques nuages le soir, Pluie dans la matinée, et brouillard, Ciel couvert et brouillard ; beau ciel depuis 19 heures du matin. Quelques nuages ; brouillard er gelée blanche, Ciel nuageux. ï Ciel couvert ; neige par intervalles l’après-midi. Neige dans la nuit er presque tou e la journ Même temps. Bcau ciel le matin jusqu’à 7 heures ; quelques éclaircis le soir, Couvert, assez beau vers midi. Couvert et brouillard épais le marin. Brouillard considérable jusqu'a midi ; beau ciel le soir. Quelques éclaircis. La terre couverte de neige; neige dans la journée, Le matin ciel couv. er brouil, beau ciel après le coucher du soleil. Ciel couvert ; brouillard et gelée blanche ; éclaircis le soir. Ciel à demi-couvert par intervalles. Ciel trouble et nuageux toute la journée, Couvert le matin ; assez beau vers midi et le soir. H Ciel nuageux et chargé de vapeurs avant midi ; assez beau le soir. | à RÉ lC A PE TEUNR ANT ONE de neige M7. GERMINAL ez7. 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ——— a — NOUVELLES LITTÉRAIRES. Plantes grasses de P. J. Redouté, peintre du Museum national d'Histoire naturelle , décrites par 4 P. Decandolle, mem- bre de la Société des sciences naturelles de Genève. 1'e, Livraison. Chaque livraison de cet ouvrage sera composée de six planches imprimées en couleur avec toute la perfection possible, et de six feuilles de texte, imprimées sur papier vélin. Les exemplaires , petit 27-/o/io, sont du même format que l'Herbier de la France, par Bulliard. Prix de chaque cahier 12. francs. Grand z7-folio, sur nom de Jesus , dont il n’a été tiré que cent exemplaires , 30 francs. ' À Paris, chez A.-J. Dugour et Durand, libraires , rue et maison sérpente. « La singularité des formes qu'’offrent les plantes grasses , » dit l’auteur, la beauté des fleurs dont quelques -unes sont » parées ; les circonstances extraordinaires de leur végétation ; » tout a contribué à attirer sur elles les regards des botanistes. » Mais l'impossibilité de dessécher ces plantes, d’en former des » herbiers, et par conséquent de les étudier dans le silence et le » loisir du cabinet, et de les comparer ensemble , a depuis long- » temps été sentie par tous ceux qui se sont livrés à l'étude du » règne végétal ». Ce sont ces motifs qui ont déterminé les estimables auteurs de cet ouvrage. On connoît tous les talens de Redouté pour rendre la nature avec la plus grande vérité. Decandolle a fait les descrip- tions avec le plus grand soin. Ses phrases sont en latin et en français. La description de chaque plante est sur une feuille séparée, et chaque planche ne contient qu’une plante ; ensorte que le lecteur aura la liberté de les arranger suivant le système qu'il préferera. C’est ainsi que deyroient être faits tous les grands ouvrages de botanique. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 345 La Physique réduite en tableaux raisonnés , ou Programme du cours de Physique fait à l'Ecole polytechnique , par E. Barruel, examinateur des élèves de la même VA) pour la chimie et la physique, à vol. grand in-4. A Paris, chez Baudouin , imprimeur du corps législatif et de l'institut national, etc.; se trouve chez Obeliane, a l'Ecole polytechnique. La physique est si étendue , que c’est sans doute rendre un rand service à ceux qui s’en occupent , que de leur en présenter te résultats sous un coup-d’æil clair et précis. C’est ce que fait l’auteur de cet ouvrage, dans vingt-un grandstableaux où il gon- sidère les Miverses propriétés des corps ;savoir : l’écendue, V'impé- nétrabilité, la mobilité, Vinertie , la gravité, la porosité , la so- norité , l'afjinité, la caloricité , électricité , l'élasticité, la soli- dit, la liquidité, la gazéité , la capillarité , Vhy2rométricité, la météoricité , la cristallisabilité , la clarte ( c’est l'objet de l'optique), le magnétisme, le galvanisme. Plusieurs de ces tableaux sont sub-divisés, ce qui en forme trente-huit. Chacun présente les principaux phénomènes des objets qu’il traite, Tableau de comparaison pour connottre les poids décimaux à l'égalité des poids de marc. Prix un franc, un vol. in-24. A Paris, chez Belin, imprimeur-libraire, rue Jacques, n°. 22, Ce petit tableau est fait pour faciliter les rapports des nou- veaux poids avec les anciens. On ne sauroit trop multiplier ces sortes d'ouvrages. Cours d’Arithmétique décimale, démontrée analytiquement, en parallèle avec l’arithmétique vulgaire, avec Vapplication aux nouveaux poids et mesures et à toutes les opérations de com- merce et de finance , depuis l’addition jusqu’à l'extraction des racines carrées et cubiques , contenant huit tables de réduction des anciens poids et mesures de tous genres en nouveaux , et des nouveaux en anciens ; six figures représentant des mesures de capacité et agraires ; une Roue nouvelle et facile pour le cal. A des intérêts, et des intérêts des intcrêts ; la manière de cal- culer les intérêts des fonds d’ayance d’un compte courant , sans le secours du câlcul par échelle les règles de société et d’al- liage. Pour faire mieux ressortir d’une partla simplicité et l’uni- formité des principes du calcul décimal , et de l’autre la diffusion et la divergence de l’arithmétique vulgaire , on a résolu les pro- blèmes suivant l’un et l’autre système. Ouvrage utile aux citoyens de tous les états, par Levval, sous- \ M4 3OVRNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etci cheï à la comptabilité nationale. A Paris, chez Besse , imprimeur, place Maubert , n°. 41.1 vol. in-8. 4 Le titre de cet ouvrage indique assez les nombreux avantages qu'il renferme. Nous ajouterons seulement qu’il est fait avec beaucoup de précision et de clarté. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. T'asrrau analytique de la monographie des saxifrages des Pyrénées, par Philippe Picor-Lareyrouse. Page 26r Observations sur une argille feld-spathique trouvée dans la butte des Treils ; près le Mans , par B.-G. Sace. 269 Notice des grands hivers dont il est fait mention dans l'his- Loire , etc. , par L. Core. 270 Extrait d'un Mémoire sur les thermomètres , par BAUME, etc. par l'auteur du précédent Mémoire. 282 Mémoire surl'adhésion ou attraction de surface , par le docteur Joachim Garranonr, r2édecin en Prato. : 287 Notice sur la manière de préparer des squelettes d'animaux et de plantes , par J-J, Sus. 29L Troisième Mémoire sur la matiére verte qu'on trouve dans fes vases remplis d'eau, etc., par Jean SENEBIER. 29% Premier Essai sur l'acide des pois chiches ou l'acide cicérique, par P. Disran, fils ainé. 802 Mémoire sur les basaltes , etc., par Sin James Harr. 513 De l'arpentage des terrains inclinés, etc., par DraALet. 392r Bemarques sur l'incendie de lOdéon , par B.-G. Sacs. 334 Lettre de Vassarzr-EaxDr à J.-C. DeLAMETUERIE , sur le gal- Vanisme ; eËC. 336 Extrait d’une lettre de Crzrz à J.-C. DerAMÉTRSRIE , sur [a décomposition du sel sédatif, ou acide boracique. 339 Observations météorologiques Mfaiges à 1 ‘Observatoire national de Paris, par Bouvarp. 840 et 34x Nouvelles litiéraires. ; 543 / LL UP JPIAUAIOL) RE TN us > ee em à LISE E | s | | JOURNAL DE PHYSIQUE, | DE CHIMIE | ET D'HISTOIRE NATURELLE. FTQRÉAT an 7. | 8 (% MÉMOIRE Sur la matière du feu , considérée comme instrument chimique dans les analyses ; Par Lamancx,' "embre de l'instituf national. Daxs le second de mes Mémoires de Physique et d'Histoire zaturelle (p.31.), j'ai distingué les opérations des chimistes en deux sortes; savoir , en opérations préparatoires des actes chi- miques , lesquelles sont simplement mécaniques, et en opéra- tions chimiques elles-mêmes , qui ne le sont pas uniquement. Il me reste maintenant à examiner l’action des instrumens qu'employent les chimistes dans leurs opérations ; afin que-cette action: étant bien connue , les résultats des opérations chimiques puissent être appréciés et déterminés sans erreur. Le principal des instrumens, qu’emploient les chimistes pour faire Ne analyses, c’est assurément la matière du feu qu'ils font agir dans l’état de calorique et dans celui d’imparfaite com- binaison , c’est-à-dire, par la voie sèche et par la voie humide. Ce sera en conséquence cette matière que j'examinerai dans ce Mémoire , en me bornant à la considérer comme instrument chimique. Pour arriver au but que je me propose, il est nécessaire de résoudre la question que je vais présenter ; sa solution est de la plus grande importance. Est-il bien vrai que la matière du feu agisse toujours dans les opérations chimiques où on l’emploie, qu’elle agisse , dis-je, eu instrument simplement mécanique , ne s’unissant jamais aux matières qu’elle divise et sépare? Ou bien , agit-elle à-la-fois, et Tome PF. FLORÉAL an 7. Y y 546 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE comme instrument mécanique , en divisant et séparant les parties des corps , et comme instrument chimique , en s’unissant elle- même aux matières qu'elle dénature, et dont elle devient un des principes constituans de leur nouvel état ? L'observation des faits les plusconnus et les mieux constatés, prouve que le second cas de la question est le. seul conforme à la vérité, et que le premier ne l’est nullement. J'espère en convaincre bientôt ceux qui donneront quelque attention à ce Mémoire. Si le feu calorique étoit un instrument simplement mécanique, avec lequel il soit possible de diviser les corps, de détruire totalement l’état de combinaison de leurs principes , et de les en séparer chacun isolément, de manière à pouvoir les recueillir à part pour en faire Fexamen; alors les chimistes auroient raison de dire que les produits de leurs analyses sont des matières qui existoient toutes formées dans les substances qu'ils ont ana- lysées. Mais nous verrons qu'il n’en est pas ainsi; et qu’à mesure que la matière du feu s’introduit dans une substance, si elle en écarte d’abord les parties ou les molécules essentielles par l'effet de son mouvement expansif et répulsif; si ensuite elle en sépare ou fait exhaler certains principes, il n’en est pas moins très-vrai qu’elle se fixe elle-mêrie plus où moins abondamment dans les résidus de cette substance , et qu’elle forme sur-tount avec leurs principes les plus fixes , une combinaison plus ou moins intime , qui cons- tite un ou plusieurs Corps particuliers et nouveaux. Dans ce cas, on sent assez que ces corps n’ont rien de commun avec la substance sur laquelle on a opéré , et qu'ils ne pouvoïent être contenus dans cette substance (1). Il importe maintenant que je fasse remarquer qu’on emploie Vaction du feu par la voie humide comme par la voie sèche , avec des résultats à très-peu-près semblables. En effet, dans l’un et dans l’autre cas, c’est toujours la même matière qui agit. Or, lorsqu'elle agit assez fortement pour dénaturer îes corps , elle ne le fait jamais en simple instrument mécanique ; c’est toujours alors en se fixant plus ou moins abondamment daus les subs- tances qu’elle pénètre et qu’elle dénature, que son action est exercée. Elle forme donc avec les principes qui la fixent, des. corps nouveaux, des combinaisons Es particulières ; QG) Voyez mes Mémoires de Physique et d'Histoire naturelle, $. 46% à 466. Ds ET D'HISTOIRE NATURELLE. 347 en sorte que les produits des opérations faites par son moyen , soit par la voie sèche, soit par la voie humide, ne sont jamais des matières auparavant existantes dans les substances qui ont subies ces opérations. Examinons donc quels sont les résultats de l’action du feu sur les corps qu’il dénature dans chacune des deux voies où l’on peut l’employer. PR EM LERE PARTIE. De laction du feu employé comme instrument chimique par la voie sèche. J’appelle action du feu par la voie sèche , celle qu’exerce le feu calorique à nud dans l'air ambiant, sur les corps soumis à son influence. J’ai prouvé dans mes différens ouvrages de physique , que ce calorique à nud étoit auparavant du feu fixé et combiné dans certains corps, d’où il a été dégagé et réduit en calorique par la combustion (1). Lorsque le feu calorique à nud agit sur un corps , d’abord il pénètre dans sa masse et s’introduit entre les molécules essen- tielles qui la constituent. Bientôt après , par les suites de son état expansif; ce feu qui est répulsif dans tous les sens , écarte les molécules de ce corps , dilate sa masse , ou la fait entrer en fusion, ou même en volatilise les parties, si ce corps est suscep- tible d’éprouver l’une ou l’autre de ces modifications ; et tant que le feu calorique qui agit, n’a pas altéré la nature du corps sou- mis à son action, il est bien évident qu’il n’agit alors qu’en sim- ple instrument mécanique. Mais il n’en est pas de même , lorsque le calorique a dénaturé la substance soumise à son action, C'est-à-dire , lorsqu'il a dé- truit l’état de combinaison de ses principes, et je vais essayer de faire voir qu'alors une partie du calorique qui agit, se Éxe et se combine avec les résidus de la substance qu’il a denaturée , et qu'il forme avec ces résidus des matières absolument nouvelles. Si lon examine attentivement ce qui arrive à tous les corps D GS (1) La matière du feu étant libre et 'refoulée sur elle-mème par le frottement des corps sohides entr'eux, ou par l'impulsion de Ja lumière, esl aussi très-souvent réduite directement en calorique; mais comme le calorique provenu par cette voie n’est pas employé communément par Jes chimistes, il n'en sera pas ici question. ( Voyez mes Recherches , n°. 332 à 358, et mes Mémorres de Phy- sique , $. 237 }). Yy2 4 348 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE que l’on fait griller, rÔtir , calciner, on aura occasion de se convaincre que la fixation du feu dans ces corps, n’est pas nne de ces idées vagues que l'imagination seule a pu créer, et qu'au- cun fait bien considéré n’appuie. Sans doute , une partie des faits que je vais citer ne paroîtra pas d’abord autoriser la conséquence que j'en tirerai; mais si ensuite j'obtiens sans contradiction la même conséquence de quelqu’autres faits connus bien concluant , les premiers y parti- ciperont nécessairement , dès que leur analogie avec les seconds aura été montrée jusqu'à l'évidence. Commençons par exposer les faits qui paroissent le moins concluant. La fixation du feu dans un grand nombre de corps, que tous les jours, pour nos usages , nous faisons griller ou rôtir , est in- diquée dans certains cas par un caractère commun de couleur et de saveur qu'acquièrent tous ces Corps , à mesure que le feu, après en avoir fait exhaler la plus grande partie de l’humidité et de l’air qu’ils contiennent , se fixe dans leurs substances, Si, par exemple, c’est à la fixation du feu dans les grains de café bien grillés, qu’il faut attribuer la couleur et la saveur particulières qu'acquièrent ces grains lorsqu'on les torréfie , ce dont je suis très-persuadé, on ne doit plus être étonné de voir que tant de graines différentes, telles que des petites fèves, des haricots rouges , des graines de houx, des grains d’orge ou de seigle, etc. étant bien arillés , sont tous les jours employés par le peuple en uise de café.Ces graines, quoique très-diversifiées par leur forme et eurs qualités propres , acquièrent toutes cependant , par la tor- refaction, c’est-à-dire, par la fixation d’une certaine quantité de feu qui se combine, dans leur substance , des qualités com- munes, et qui sont analogues à celles qu’a reçu le café dans la même circonstance. L’empyreume , cette odeur et cette saveur particulières qu'ont acquises les diverses matières huileuses en partie brûlées, n’est lui-même que le résultat de la fixation d’une portion du calo- rique qui a agi sur ces matières lorsqu'elles ont été fortement exposées à son action. Un savant distingué et très-connu (r), m'a dit avoir prouvé depuis long-temps que l’a/coo/ v’est pas un produit de hi fer- mentation , qu'il n'existe nullement AA le vin, mais que c’est réellement un produit de la distillation : et moi, j'ajoute que la distillation n’a pu produire l’alcool, que parce qu'une portion ————— (2) Fabroni, directeur du cabinet de Florence. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 349 du calorique s’est fixée dans la partie la plus tenue du vin, s’est combinée légèrement avec le principe acide de cette liqueur , et lui a communiqué l’inflammabilité , la volatilité , et les autres qualités qui caractérisent cet esprit ardent , à-la-{ois huileux et salin. Les cendres de nos foyers, séjournant long-temps après leur formation , dans le foyer même qui les contient, se surchargent de feu qui se fixe dans leur substance , et qui s'y combine dans l’état salin. Elles sont alors fort différentes par leur pesanteur spécifique , par leur couleur et par leur alkalinité, de ces cendres blanches , légères et à peine salines qu’on observe dans cet état, lorsqu'elles sont récemment formées. Ces cendres grises , pe- santes et alkalines, qu’on appelle vulgairement cendres recuites, ont alors dans leurs molécules essentielles, une épaisseur telle qu’elles acquièrent une véritable incandescence, et une fluidité remarquable toutes les fois qu’elles sont fortement pénétrées par le calorique. Mais la fixation du feu dans des matières solides, fortement exposées à son action, n’est nulle part plus évidente que dans les résidus de la pierre calcaire calcinée , c’est-à-dire , que dans la chaux vive. ÿ Quand ôn expose de la pierre calcaire à une forte et longue action du feu calorique, ce feu subtil, pénétrant et expansif ; s’introduit bientôt , non-seulement dans toute la masse de la ierre entre les molécules calcaires aggrégées , mais encore entre Ée principes constituans de ces molécules calcaires. Le feu ca- lorique, en pénétrant ainsi la matière dont il est question, altère nécessairement l’état de combinaison de ses pen , en fait exhaler tout l'air et ume très-grande partie de Peau qui y étoient combinés, et qui, parleur combinaison avec les résidus fixes, faisoient l’essence de cette matière calcaire. Enfin, après avoir opéré ces dissipations de principes, le feu calorique se fixe Ini- même en très-grande quantité dans les résidus de cette cal- cination. Ces résidus , qui sont alors des masses plus compactes, pres- que sonores, et d’un moindre volume que n’étoient les masses calcaires avant leur calcination , sont connus sous le nom de chaux vive. Ws contiennent une si grande abondance de feu qui s’y est fixé et combiné dans l’état salin , qu’à la provocation qu’opère le contact d’umpeu d’eau qu’on lui présente , on voit aussitôt ce feu se dégager, et former à l'instant du calorique qui se manifeste même avec flamme, et incendie les corps voisins. 359 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sans nvarrèêter à rappeler ici, ce que j'ai suffisamment prouvé ailleurs (1); savoir, que la chaux r’étoit nullement existante dans la pierre calcaire, quoique ce soit avec une an des principes de la matière calcaire que la chaux à été formée par la calcination, je dirai que dans cette opération , qui w’est qu’une torréfaction long-temps soutenue , il est évident que le feu calo- rique s’est fixé lui-même dans les résidus de la matière qu'il a dénaturée. D’après cette considération , on ne doit plus douter qu'il ne se fixe aussi, mais plus ou moins , dans les autres ma- üères , lorsqu'elles sont fortement exposées à son action. De même que de l’eau liquide , soumise à l’action du feu calorique, à l'air libre, n’en peut réunir et conserver dans sa masse qu’une quantité véritablement limitée , quantité qui la met en ébullition ; de même aussi il y a un terme positif dans la quantité de feu qui peut se cumuler et se fixer dans un corps quelconque. Ainsi , dans la calcination de la matière calcaire , les résidus fixes de cette calcimation, c’est-à-dire ; les masses de chaux vive, qui forment ces résidus, sont chargés d’une quantité abondante de feu qui sx est fixé, et qui s’y trouve au terme de la plus grande cumulation que la nature de ces résidus puisse admettré. Les chimistes d’abord ayant pensé que le feu calorique divisoit tout ce qui est séparable , et que sans se fixer lui-même dans aucune des matières sur lesquelles il agit, il séparoit jusqu’au dernier terme , les principes de toute espèce de composé soumis à son action : ensuite ayant fait atteindre aux résidus de la craie calcinée par le degré de feu qu’on em lois, ordinairement pour cette calcination , le terme où ces LA ne peuvent plus fixer davantage de feu dans leur substance ; ils en ont conclu que ces mêmes résidus, c’est-à-dire , que la chaux vive étoit une ma- tière simple , qu’elle étoit constamment existante dans la nature et qu’elle faisoit la base de la craie. L'erreur dans laquelle on s’est laissé entraîner à cet égard, vient de ce qu’on n’a pas fait attention que le feu calorique se fixoit lui-même dans les corps dénaturés par son action; et que lorsqu'un corps en contient par cette voie, toute la quantité dont il peut être chargé , il n’en peut acquérir davantage. En expo- sant ce corps à une plus longue et surtout à une plus forte (1) Voyez mes Mémoires de Physique et d'Histoire naturelle , p. 16 à 25; Es ET D'HISTOIRE NATURELLE. 351 action du feu calorique , il paroît que _non-seulement il ne s’y fixe plus de feu , mais même qu’à la fin il perd une grande partie de celui qui s’y étoit fixé, et qu’alors il reçoit une altération d’un autre ordre. Voyez les Opuscules chimiques de Baumé, pag. 41, n°. 114. Que l’on réfléchisse bien sur l'importance de cette considéra- tion , et l’on sentira sans doute toute l’influence qu’elle doit avoir dans les conséquences qu’on peut tirer des résultats d’un grand nombre d’opérations chimiques, Passons à une autre considération qui pourra nous fournir une nouvelle preuve de la fixation du feu dans les corps fortement exposés à son action. En parlant de la métallisation , dans mes Mémoires de Phy- sique et d'Histoire naturelle (pag. 353. ), j'ai dit, « Unir à certains composés terreux appropriés , une quantité » de feu carbonique assez abondante pour constituer l’état métal- » lique, est une opération que la nature sait faire, que l’art a » imité sans le savoir, et qu'il est parvenu à exécuter ». En effet , l’art, au moyen du feu calorique intense de nos fourneaux de forges , parvient à combiner avec des matières fixes composées terreuses , où avec les He de divers composés , une telle abondance de feu qui s’y ffxe dans l’état carbonique, qu’il métallise réellement ces matières. Ceux ce- pendant qui font ces opérations , croyent ne faire autre chose qu’extraire des matières sur lesquelles ils opèrent, des métaux qui y existoient déjà. Ils ne font pas attention que par l'opération qu'ils emploient , ils favorisent la fixation et la cumulation de la matière du feu, dans un composé qu’ils ontréduit à l’état propre à se combiner ayec cette matière; et qu’enfin ils mettent ce composé dans le cas de contracter une union intime avec beau- coup de feu , qui s’y fixe dans l’état carbonique , en sorte que par cette voie ils parviennent à le transformer en un véritable métal. C’est là véritablement ce qui arrive tous les jours dans cer- taines opérations des chimistes , et dans nos fourneaux de fonte. Le fer, par exemple, est un métal que l’homme forme avec des matières qui n’en contiennentnullement, mais qui sont dans un état propre à pouvoir y être assez facilement transformées. Cette métallisation est si facile qu’on réussit même à former du fer avec presque toutes les matières composées connues, lorsqu'on en peut obtenir des résidus fixes. Ceux qui forment ainsi du fer , s’imaginent , comme je l’ai déjà dit, ne faire autre chose que de 992 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE retirer et purilier ce métal qu’ils supposent que la nature a elle- même formé et caché dans ces différentes matières ; et comme il est peu de substance composée , avec laquelle ils n’aient pu en former, quoique plus ou moins , ils ont dit que le fer étoit ré- pandu par-tout dans la nature, que c’étoit lui qui coloroit tousles corps, que le sang lui devoitsa couleur rouge, etc. : malheu- reusement pour l’hypothèse, on a fait du fer avec du lait, ce qui a beaucoup diminué la valeur de cette partie de la théorie reçue. \ J’ose le dire ; le fer , obtenu par les opérations connues pour en former, n’étoit pas plus contenu dans les matières sur les- quelles on a opéré , que la suie et les cendres obtenues après la combustion n’étoient contenues dans les matières qu’on a brülées. J'ai déjà fait voir (Wemoires de Physique. $. 520.), que les pyrites et les minérais n'étoient que des matières qui avoisi- noient l’état métallique, et auqüel il ne manque, pour yarriver, que les circonstances propres à en faire exhaler certains principes très-peu fixes, et ensuite que l’addition de la quantité de feu fixé carbonique nécessaire à la métallisation. C’est le l'opération même de la nature ( paragr. 523.) que l’on imite, encrillant d’abord les minérais, ce qui en fait dis- siper le souff& , ou d’autres matières volatiles, que l’état de métal ne peut admettre en combinaison intime; et ensuite en cumulant sur ces matières , et en combinant avec elles, par le moyen d’une longue fusion dans nos fourneaux , et de l’addi- tion du charbon qui fournit son feu fixé , en cumulant, dis-je, une quantité considérable de feu qui s’y fixe dans l’état de feu carbonique , on les transforme complettement en métaux. La fusion ne réduit les chaux, ou oxides métalliques , que parce qu’elle fournit à ces matières la circonstance, l’état et le moyen qui peuvent leur faire acquérir assez de feu fixé pour changer leur combinaison et les métalliser. Si, à la plupart des chaux ou minérais métalliques , il fant joindre, en les fondant, certaines matières abondantes en feu tixé, pour aider ou obtenir leur métallisation , il suffit qu’il y ait certaines chaux métalli- ques ( celles, par exemple, de mercure , d’argent , d’or, etc. ), qu’on ait pu revivifier ou réduire sans addition , pour qu’il soit évident que c’est uniquement à la fixation du feu dans ces ma- tières , qu’on doit leur métallisation. Si certaines chaux métalliques ne peuvent être rétablies dans l'état de métal par la simple ac'ion du feu calorique , mais sont réduites lorsqu’en les soumettant à cette action, on les a mêlan- gées avec des matières abondantes en /èx fixé carbonique, comme ET D'HISTOIRE NATURELLE. 353 comme du charbon, des résines, des huiles , etc. C’est appa- remment parce que l’état de ces chaux exige un. feu plus dense , pour pouvoir être combiné avec leurs parties , et que le feu calorique , tel que nous l’employons ordinairement, n’attein- droit pas lui seul ce degré. Qu'on réfléchisse bien à ce qui arrive réellement aux matières qu'on ajoute et qu'on mélange avec les chaux métalliques qu’on veut réduire, on sentira qu'il n’y a que le feu fixé de ces ma- tières ajoutées, qui vient se combiner dans les chaux métalli- ques, et que ce ne sont pas les matières elles-mêmes qui se combinent dans les chaux en question. Aïnsi du charbon, ou des résines , ou des huiles, qu’on mêlange avec des matières à métalliser , ne viennent pas, conservant l'intégrité de leur nature, se combiner avec les substances à métalliser. Ces mêmes matières abondantes en /ez firé carbonique, se décomposent , pendant leur exposition , à une forte action du calorique ; en sorte que leur feu fixé quitte alors la base qui le fixoit, se trouve néces- sairement libre dans l'instant même du changement qu’il éprouve, et pendant qu’il est encore très-dense , il passe et se fixe de rechef dans la substance à métalliser , qui se trouve alors dans un état propre à pouvoir se combiner avec lui, et en recevoir l’état métallique. La métallisation des minérais, ce que d’autres appellent leur réduction , s'opère exactement par la même voie que la réduc- tion des chaux métalliques. C’est de part et d'autre , la trans- mission dans ces chaux métalliques , ou dans ces minérais, d’une quantité de feu carbonique , qui se dégage du fx de réduction, c’est-à-dire , des matières ajoutées dans le fourneau de fonte , va se fixer dans le minerai incandescent et en fusion , et à la fin le porte à l’état métallique. Le perfectionnement graduel de la métallisation se fait sentir d’une manière évidente dans les différentes fontes que l’on fait subir au fer, à mesure qu’on le forme ; et la cause connue, qui le transforme lui-même en acier, qui n’est qu’un fer perfec- tionné , suffit pour faire sentir le fondement de tout ce que je viens d'exposer. - Les chimistes n’ont pas manqué de s’appercevoir eux-mêmes de la fixation du feu dans les matières dont je parle, lorsqu'on les soumet aux opérations que j'ai indiquées ; mais les expres- sions qu’ils employent pour rendre ce qu’ils ont observé , chan- gent les idées 7 l’on doit se former de ce qui a véritablement heu à cet égard. Par exemple, ils disent à cette occasion que le fer a avec le Tome V. FLOREAL an 7. Z 2 354 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE carbonne une si grande affinité, qu’il l’enlèye aux matières qui peuvent lui en fournir , et que par sa combinaison avec le car- bone , le fer se transforme en acier (1). Ù Pour completter leur idée , il faut qu’ils disent encore que les minérais de fer, par exemple, ont tant d’affinité avec le carbone, que quand on en a fait dissiper par le grillage tout ce qu’ils con- tiennent de volatil , ils peuvent alors se combiner à laide des moyens connus avec une,quantité de carbone suffisante pour les transformer en fer : ce sera sans doute une assertion très-fondée. Mais qu'est-ce donc que le carbone des chimistes 2% C’est précisément ce que Sthal nommoit pAlogistique, etqu'’il a mal défini; c’est cé que d’autres ont nommé principe inflamma- ble, sans s’appercevoir ou reconnoître suffisamment que ce prétendu principe , n’est qu'un état particulier de la matière du feu; c’est enfin ce que je nomme eu fixé , parce que c’est réel- lement la matière du feu fixée dans les corps. Mais comme le feu qui est fixé dans les corps, peut s’y trouver sous deux mo- difications très-différentes par l’effet de son état de combinaison, j'ai appelé /ez fixé carbonique, celui qui est la base de toute combustibilité , et fez fixé acidifique , celui qui est la cause de toute salinité quelconque (2). D'après les Lits relatifs à la métallisation , à la calcination calcaire, et à d’autres que je viens de citer, je crois être fondé à conclure ,. 1 Que le /ez calorique à nud , c’est-à-dire , exerçant son action par la voie sèche, n’agit sur les corps, comme instrument sim- lement mécanique, que lorsqu'il n’attaque point l’état de com- Pinaton des principes de ces corps, c’est-à-dire que , lorsque s’introduisant seulement dans les masses résultantes de l’aggré- gation ou de l’agglutination des molécules essentielles , il mo- difie simplement ces masses, soit en les dilatant, soit en les liquéfiant, soit en volatilisant leurs parties. à Mais lorsque le feu calorique à nud s’introduit entre les prin- cipes constituans d’un composé quelconque, etqu’ilenaltère Par de combinaison, séparant et faisant exhaler ceux qui sont vola- tils, il me paroît évident, so les faïts ci-dessus cités, qu’alors le feu calorique n’agit plus uniquement comme un ins- trument simplement mécanique , puisqu'il'se fixe lui-même dans L (1) Rapport à l'institut, des expérierces de Clouet, sur la conversion du fer en acier, par Guyton , page 5. (2) Voyez mes Mémoires de Physique , page 144 à 171. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 355: les résidus de tout genre du composé qu'il a dénaturé, et qu’il forme avec ces résidus un ou plusieurs composés nouveaux. Nous allons voir que le même feu calorique, agissant par la voie humide , offre des résultats analogues, c’est-à-dire , à-peu- près semblables. SECONDE PARTIE. De l'action du feu employé comme instrument chimique par la voie humide. Je vais essayer de faire connoître un instrument employé continuellement par les chimistes, instrument dont ils ne peu- vent se passer, sans lequel ils ne peuvent faire aucune analyse , et cependant qu’ils méconnoissent tellement qu'ils attribuent à d’autres causes les résultats de son action et de ses facultés. Cet instrument est la matière du feu , agissant non à nud, mais par la voie humide dans toutes sortes de dissolutions et dans les pr mentations intestines. Dans une science quelconque , lorsqu'une erreur (fût-elle l'unique ), s’introduit dans ses principes fondamentaux , l’in- fluence de cette erreur porte nécessairement sur la théorie entière. Toutes les conséquences alors sont défectuéuses , je puis même dire fausses, quoique pouvant être établies par des hommes un grand mérite et d’un jugement très-solide; en un mot, uoiqu'on ne puisse pas dire d'elles qu'elles sont le fruit d’un Aux raisonnement. En effet, quelque juste que soit par-tout le raisonnement , quelque fondées que soient toutes les consé- quences qu'un raisonnement juste force d'établir, ces consé- quences seront toutes erronées , si la base d’où l’on part repose sur une erreur. Il est donc possible qu’une théorie physique, par exemple , soit erronée dans toutes les conséquences qu'elle force de tirer des faits mêmes que l’on considère, sans qu'aucun des raisonnemens , qui établissent ces conséquences, sôft véri- tablement faux. Dans la théorie chimique, maintenant la plus accréditée, quelques-uns des principes fondamentaux de cette théorie sont sans doute dans le cas d’exiger un nouvel examen ; 1°. Parce qu’on ne sauroït mettre trop d’attention et trop de soins à s'assurer du fondement des principes d’où l’on part pour raisonner ; quoique dans toute théorie , le raisonnement soit Zz 2 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE réellement appuyé sur la considération d’une quantité de faits quelconques (1); 20. Parce que , dans les différens ouvrages de physique que j'ai publiés, je crois avoir fait voir que quelques-uns des prin- cipes fondamentaux de la théorie chimique, maintenant accré- ditée, étoient non-seulement très-hypothétiques, mais mème moins vraisemblables et moins conformes à ce qu'indique la généralité des faits , que ceux que je suis parvenu à découvrir. Sans vouloir rappeler ici les objections essentielles que j'ai faites contre les principes fondamentaux dela théorie chimique, actuellement dominânte (2), objections qui subsistent et con- servent toute leur force, puisqu'on ne les a pas détruites ; je dirai que lingénieux roman des attractions de composition , c'est-à-dire, des attractions électives, publié par le célèbre Bergmann , n’eût pas été imaginé par lui, si cet habile chimiste se füt douté que les élémens des corps n’ont en eux-mêmes au- cune tendance à la combinaison; en sorte qu’ils ne subissent réellement cet état de gêne et de modification de leurs facultés , que lorsqu'une cause étrangère les y contraint. J'ai fait une démonstration assez rigoureuse de ce principe , pour qu’on ne’ puisse le réfuter solidement, et j'ai fait voir que si l'attraction universelle, démontrée par Newton, peut être la cause de l’aggrégation des molécules d’un grand nombre de corps, cette attraction n’est jamais la cause essentielle qui opère les combimaisons. Mais les physiciens , dominés par l'opinion ancienne que les élémens des corps tendent eux-mêmes à se combiner les uns avec” les autres, n’ont pu jusqu’à ce jour entrevoir la cause réelle des combinaisons premières, ni des faits organiques les plus essen- tiels ; et par conséquent ils n’ont pu s’appercevoir de celle qui porte les principes des corps à se dégager, lorsqu'ils sont enchaî- nés par la combinaison. Ainsi la cause des fermentations et des dissolutions a du nécessairement leur échapper. Il à donc fallu imaginr , à la place de cette cause qu’ils n’ont pu connoître, des oo (1) Toujours dire qu'on ne parle que d'après les faits ! qu'est-ce qui ne sait pas qu’en considérant les faits connus , on peut cependant imaginer une théorie très-fausse ? Ne sait-on pas que la solidité d’une théorie dépend nécessairement de celles des bases de raisonnement qui la fondent ; et qu’entre une hypothèse spécieuse et un principe très-fondé, l’homme entrainé par des préjugés non dé- truits, pourra préférer l’hypothèse, (2) Voyez ma Réfucation de la théorie pneumatique , page 482. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 357 hypothèses pouf rendre raison des faits obseryés , et l’on sent bien que les plus ingénieuses de ces hypothèses ont dù être ac- cueillies; c’est ce qui est en effet arrivé : voilà l’état des choses. L'ancienne chimie s’étoit formée sur les dissolutions une idée entièrement fausse. On croyoit que ce qui se passe entre un dissolvant en contact ayec un corps qu’il dissout, n’étoit autre chose que le résultat de latendance qu'ont les parties intégrantes des deux corps à se combiner ensemble ; et l’on pensoit que la chaleur qui se manifesté pendant les changemens qu’opère la dissolution , étoit uniquement due à la réaction des parties. La chimie moderne et admise n’a redressé aucune de ces er- reurs. Les chimistes, qui en sont partisans, toujours dominés par l’anciénne idée d’une prétendue tendance à la combinaison entre les principes constitutifs du dissolvant et ceux du corps à dissoudre, l’ont accommodée à leurs idées particulières; et ils ont même enchéri à cet égard , en ajoutant au préjugé.existant, celui des attractions électives. ! Je crois avoir présenté dans mes Mémoires (1) sur les disso- Jutions en SEE et particulièrement sur la tendance qu'ont les principes constitutifs des décomposés à se dégager. de l’état de combinaison , des considérations tellement importantes, et si conformes aux faits connus, que si une prévention insurmontable et naturelle, n’empêchoit les physiciens de donner leur atten- tion à d’autres vues qu’à celles qui sont conformes aux leurs, mes nouvelles considérations auroiïient obtenu de leur part l'examen le plus sérieux, et peut-être leur assentiment. Lorsque dans la recherche des vérités physiques , on s’est une fois écarté de la véritable voie, il est sans doute très - difficile 4 quiconque auroit le bonheur d’appercevoir fe vrai principe , de pouvoir y ramener les autres. Celui qui se croit dans ce cas, doit-il pour cela taire sa découverte? Non, ‘sans doute ; mais comme il peut lui-même se tromper } malgré sa conviction in- time , il doit la présenter; sans jamais s'occuper des succès que peuvent avoir ses observations. Tôt ou tard tout est justement apprecié; les mauvaises productions tombent et demeurent dans oubli : les bonnes à la fin nécessairement surnagent, Sans avoir la foiblesse de m'occuper du sort réservé aux M (1) Voyez dans mes Mémoires de Physique et d'Histoire naturelle , leñe. mémoire ; page 88 , et le 5e. page 111. à 358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE siennes, j'ai dû les faire connoître ; et je dois continuer cette entreprise, parce que je crois que cela peut être utile. Maintenant je vais donc essayer de prouver que dans toutes les dissolutions e8 dans les fermentations , le feu qui est fixé dansles matières qui subissent ces actes chimiques, est le principal agent des mutations qui s’y exécutent. Je vais ensuite faire remarquer que cé feu qui se trouve dans un état particulier , qui lui donne cette faculté ; est un instrument que les chimistes emploient dans leurs opérations par la voie humide, sans le connotre , attri- buant tous ses effets à d'autres causes supposées; qu'enfin, cet instrument, qui est le même dans le fond que le calorique à nud , n’est pas non plus uniquement mécanique. Pour ramener à cette considération fondaméntale dont on s’est si fortement éloigné , il faut rappeler que le feu qui. est fixé dans les corps , n’y est jamais dans son état de rarité natu- relle, jtrus ue pourroit pas être fixé s’il y étoit dans cet état ; et qu’à l'instant de son dégagement , il ne pourroit pas se trouver dans l'état de feu calorique , comme il s’y trouve toujours , si dans son état fixé, le feu n’étoit fortement resserré , condensé , et dans un état de compression extrêmement considérable. Je crois avoir suffisamment déyeloppé ailleurs (1) le fondement de cette vérité, pour qu'il ne soit pas nécessaire d’y revenir ici. D'après la considération qui précède , et dont j'ai donné Hemles développemens dans mes ouvrages , il est évident que le feu qui est fixé dans les corps, y doit être, selon l’état de la combinaison des principes de chacun des corps qui en con- tiennent , tantôt la base de toute combustibilité ( tel est celui que je nomme feu fixé carbonique ), et tantôt le radical de toute espèce de salinité (tel est celui que j'appelle /2zx firé acidifique). Or, comme il est connu qu'il n’y a de dissolutions possibles qu'entre des matières dont au moins une est véritablement saline, c’est-à-dire , contient du /ez fixé dans l’état acidifique , il n’est donc plus permis de douter que ce ne soit principalement la matière du feu qui agisse dans toutes les véritables dissolutions. En effet , ce feu imparfaitement fixé dans les acides’, dans les alkalis, dans les liqueurs vineuses ou spiritueuses ; enfin dans les matières sayoureuses et odorantes, s’y trouve doué d’une ten- (1) Voyez dans mes Mémoires de Physique et d'Histoire naturelle ; le 6e. mémoire , page 131 , qui traite de la mauère du feu. : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 359 dance si grande au dégagement , et si facile à s'effectuer, qu'il n’a besoin que du contact d'une autre matière qui, par sa na- ture, peut favoriser l’effectuation de sa tendance , ou ses progrès dans une moindre concentration, et qui devient pour lui une provocatrice utile à son dégagement (1). Ainsi, lorsqu'on mêle un acide avec une autre matière provo- catrice du dégagement de son fez acidifique, dans l'instant même du mélange ou du contact mutuel des deux matières en question, et sur-tout dans celui où l’une de ces matières pénètre entre les parties de l’autre, il se fait aussitôt un changement dans l’état de combinaison des principes des deux matières dont il s’agit, une désunion totale de ces mêmes principes ; enfin, un dégage- ment réel d’une partie desfluides élastiques auparavant combinés, et sur-tout d’une partie du feu fixé qui est alors nécessairement changé en feu calorique. Il $e fait aussi , à la faveur de cette désunion , des principes des deux matières mises en contact, une ou plusieurs combinaisons nouvelles, que les circons- tances ou l’abondance de certains principes favorisent nécessai- rement. Ces combinaisons nouvelles sont prouvées , 1°, parce que les résultats de l’acte chimique de Ja dissolution, ne sont ‘pas la séparation subsistante de tous les principes auparavant com- binés ; 2°, parce que les composés qui sont produits par suite de Vacte de la RU ne Sont jamais les résultats de l’union de la totalité des principes , qui.censtituoient auparavant les deux matières mélangées ou mises en contact, puisqu’une partie de ces principes s’est exhalée ou dégagée pendant la pénétration de ces deux matières ; 30. parce qu'entin on ne peut reproduire à volonté les deux matières en question, et dans leur quantité première , qu’en sacrifiant une ou plusieurs autres matières qui puissent par leur destruction fournir le complément des prin- cipes nécessaires pour les rétablir, Yoyez dans mes Mémoires de Physique le $. 134. Il est donc évident, d’après ce qui précède , que l’action du feu par la voie humide, c’est-à-dire, par la voie des dissolu- tions , est à très-peu-près la même que celle du feu par la voie sèche, c’est-à-dire, par celle des combustions , des calcina- LA QG) Voyez en éntier , dans mes Mémoires de Physique et d'Histoire natu- relle , Vart. pag. 152, qui traite du fe acidifique. - 360 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tions , etc. puisque dans l’un et l’autre cas, il se fait des des- tructions de combinaisons existantes, et presqu’en même temps des combinaisons nouvelles. | Dans toutes ces opérations {les dissolutions, les combustions, les calcinations , etc.), l’on peut assurer que si, d’une part le feu divise les corps et en sépare des parties, en agissant comme instrument mécanique ; de lautre part, èn se fixant plus ou moins abondamment , et se combinant avec une partie des prin- cipes des combinaisons qu’il a changées , ce même feu forme aussitôt des combinaisons particulières qui n’existoient pas au- paravant. * Tels sont les résultats de l’action du feu, soit par la voie sèche, soit par la voie humide, résultats qu'on ne sauroit solidement contester. ) ÿ Le Le compte que l’on doït nécessairement tenir des effets du feu que je viens de mentionner, prouve que le feu, soit par la voie sèche , soit par la voie humide, ne doit jamais être employé pour faire l'analyse d’un composé quelconque , c’est-à-dire, pour en séparer et en présenter à part les véritables principes cons- tituans. Mais, disent les chimistes, dans les analyses que nous faisons maintenant , nous découvrons avec certitude les véritables com- posans des substances que nous añalysons ; en sorte que nous pouvons assurer qu’en analysant des substances végétales , ou des substances animales , nous parvenons à connoître très-posi- tivement la quantité de carbone , d'hydrogène , d’azote et d’oxi- gène, dont chacune de ces substances est composée, nous dé- couvrons en même temps les premières complications > OÙ les premières unions de ces principes’, d’où résultent l’ammo- niac , le nitre, l'hydrogène carboné ou sulfuré, etc. etc. » De même nous parvenons à connoître , en analysant des substances minérales , combien elles contiennent de parties, soit de silice, soit d’alumine , soit de carbonate de chaux, soit de tel ou tel oxide , etc. etc. Et moi je me crois très-fondé à assurer que rien de tout cela n’est exact , et qué toutes ces prétendues analyses sont autant de faits mal jugés, puisque pour les faire, on a employé l’action du feu , tantôt par la voje sèche , tantôt par la voie humide, et presque toujours par l’une et par l’autre dans le cours des opé- rations qu’il a fallu exécuter pour les terminer. e Coxczusrow, . ET D'HISTOIRE NATURELLE, 364 ConNcLiusron. Quand les chimistes feront leurs analyses , sans altérer la substance à analyser par le feu calorique ànud, et sans faire usage d'aucune matière saline , c'est-à-dire de l’action du feu par la voie humide ; enfin quand ils n’'employeront que des instrumens dont l’action sera uniquement mécanique ; alors je croirai que les produits de leurs analyses étoient véritablement contenus dans les matières qu’ils auront analysées (1). 2 22 EL LEA EE D PRET OST QUATRIÈME MÉMOIRE Sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d’eau, lorsqu'ils sont exposés à la lumière, de même que sur les conferves et tremelles , considérées relativement à leur nature et à leur propriété de donner du gaz oxigène au soleil ; Par Jean Senerrer, Bibliothécaire de Genève. SAV: Des animalcules observés dans la matière verte. Jr remarquerai d’abord que , quoique le nombre des espèces d’animalcules , observés dans la matière verte , soit assez grand, il est cependant borné à quelques -unes qui sont plus communes que quelques autres. On doit aussi faire attention que l’on ne trouve pas dans le même temps toutes les espèces; on ne les voit souvent que les unes après les autres , mais il y en a pourtant qui sont perma- nentes jusqu’à un certain point. J'ai eu l’occasion de remarquer, en suivant ces observations , que les plus grosses espèces d’animalcules sont les moïns nom- breuses : cette analogie s’observe dans les autres animaux. (1) Si après avoir lu ce Mémoire , et suffisamment médité tout ce qu'il con= tient , l’on prend la peine d'examiner en entier, dansmes Wémoires de Physique et d'Histoire naturelle , Varticle page 316 , où je traite de la shéorie des corps &ruts , on sera inévitablement frappé par la force des raisons qui appuyent 14 théorie que j'ai publiée. Tome V. FLORÉAL an 7. Aaa 362 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Enfin, si l’on a cru que quelques espèces se changeoïent en d’autres, par des métamorphoses qui n’étoient pas celles des insectes, quoiqu’on aitvoulu les comparer, il me paroît qu’on s’est trompé , parce qu’on n'a pas vu qu'une espèce succédoit à une autre ,; et qu’elle ne paroïssoit la même que parce que la race périssante étoit remplacée par une nouvelle qui se manifestoit. On ne soupçonneroit pas que les mésanges se changent en hi- rondelles , parce que celles-là que notre pays quand celles-ci y arrivent. On ne s’est persuadé que les chenilles se métamor- phosoient en papillons , qu'après avoir vu que les membres du papillon étoient encaissés dans ceux de la chenille. Entre les animalcules observés avec la matière verte , il y en a de globulaires transparens , sans couleur ; ils sont très-petits , mais ils ne sont pas ceux dont la petitesse est la plus remar- quable , ils me paroîtroient seulement la précéder. J’ai vu avec ceux-ci des animalcules à pinces dans leur partie antérieure , des anguilles de diverses espèces, différens polypes à cloche, plusieurs animalcules à tourbillons ; des rotifères. Les plus petits globules me semblent l’espèce d’animalcules la moins nom- breuse , mais la plus constante. Les animalcules, qui ent la forme d’une navette, sont pour lordinaire ceux qui sont les plus abondans. Le nombre des animalcules, observés dans la même goutte avec la matière verte , est assez varié ; il est très-commun d’en observer pluieurs espèces dans le:même moment. Pour avoir un grand nombre d’animalcules vivans sous les yeux, il ne faut pas exposer le vase où est la matière verte au rand soleil. Est-ce la chaleur où la lumière qui les tue ? Je sais Ps que les vases restés dans l’ombre à côté du soleil , en con- tiennent beaucoup, et qu’il n’y en a quelquefois point , ou du moins qu’un très-petit nombre dans les vases exposés directe- ment au soleil, quoique la matière verte y donne du gaz oxisène , et qu’elle y soit très-vigoureuse. Il ne faut pas perdre de vue dans cette recherche, une remar- que qui me paroît très - propre à rapprocher les différentes ob- servations faites sur la matière verte ; c’est que les animalcules , observés dans un temps , ne sont pas toujours ceux qu'on y observe dans un autre : on voit passer des familles, qui sont au bout d’un certain temps remplacées par d’autres ; aussi l’on peut être étonné, en voyageant dans le même pays à diverses reprises, de rencontrer des habitans qu’on ne connoissoit pas. *Je ne veux faire que deux observations relatives aux opinions de Ingenhouzs. Il me semble d’abord que parce qu’on voit des ET D'HISTOIRE NATURELLE 363 corps ronds ou ovoïcles, animés dans l’eau où se trouve la ma- tière verte , il ne s'ensuit pasnécessairement qu’ils en soyent uné var intégrante ; leurs germes pourroient être contenus dans ’eau elle-même ; ils pourroient y être amenés par l'air , et il est bien vraisemblable qu'ils arrivent de cette manière, puisqu'ils ne naissent pas dans les vases hermétiquement clos. La ressem- blance extérieure des corps, qui se meuvent spontanément avec ceux qui w’ont pas ce mouvement, ne sauroit prouver leur iden- tité. Si ce genre de mouvement leur est une propriété caracté- ristique, comment vivent - ils dans une immobilité absolue ? et si le repos leur nuit, comment ne périssent - ils pas quand ils sont forcés à le garder ? Ingenhouzs, dans ses Wermischten schriften , pag. 152, paroît croire que les globules deviennent des filets mobiles : il n’y a rien de contradictoire dans cette opinion. Les métamorphoses des insectes offrent des phénomènes plus difficiles à concevoir ; mais pour rendre cette opinion probable, il auroit fallu marquer le temps où ce changement s'opère, comment les globules se changent en filets, comment ces filets forment la matière verte, sur-tout quand on n’y voit aucun filet, comme cela arrive quel- quefois. Il falloit faire connoître la durée du Fiat nécessaire pour produire ce changement, ses phases, l'influence de la chaleur et du froid, sts circonstances; mais il faut l'avouer , tout cela seroit encore à faire : au moins je n'ai pu rien remar- quer qui fût propre à résoudre ces questions ; aussi j'ai pensé qu'il pourroit arriver que ce changement ne se fit pas, et que due espèce d’animalcules , distinguée par sa forme , pût être toujours la même , sans souffrir d’altération dans la figure de ses individus ; de manière que la disparution de quelques espèces, et l'apparition de nouvelles après les autres, fût un remplace- ment d’animalcules qui avoient péri par d’autres qui venoient de naître. Je n’ai jamais vu les globules s’allonger; cependant, s’ils prenoient cet alloñgement , on pourroit en remarquer dans un grand nombre obseryés souvent, quelques -uns qui souffriroient cette altération , sur-tout quand on observe avec des verres qui grossissent beaucoup , et dans de petits verres de montre, où il est possible de parcourir aisément le champ des observations. J'ai prouvé en 1781 dans le Journal de Physique , qu'il ne se formoit point de matière verte dans l'eau bouillie , fermée par le mercure , et j'ai eu l’occasion de vois qu’il pouvoit y avoir des animaleules dans l’eau , quoiqu'il n’y eût point de matière verte, et quoique l’eau fût exposée à l'air. L'histoire même des coraux ne peutrendre vraisemblable celle Aaaz2 364 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la matière verte, considérée comme une ruche d’animalcules, puisque ceux du corail forment eux - mêmes leurs étuis qui sont es branches rameuses ; tandis que dans hypothèse de Ingen- houzs, ils seroient des tubes droits comme les conferves. Dansles coraux, on voit les ouvertures d’où le polype peut sortir; mais dans les conferves et la matière verte, tout seroit rigoureuse- ment clos : au moins dans les conferves, je n’ai jamais apperçu l'apparence même d'une ouverture. Enfin, pour donner une idée des animalcules que j'ai eu loc- casion de remarquer, en étudiant la matière verte , je vais les décrire comme je les ai observés , en les caractérisant suivant la méthode de Muller dans son Histoire abrégée des Vers, dont la première partie est destinée à celle des animalcules d’infusions. Moxas cerariNosa. Est-il orbiculaire ou sphérique? c’est ce qu'il est trés-difficile de décider; mais il est le plus petit des animalcules microscopiques : c’est un point d’une substance qui paroît gélatineuse. On le trouve communément dans toutes Îles eaux , Où il y a eu quelque substance végétale ou animale macé- rée , et il y fourmille. On l’apperçoit dans les infusions de vingt- quatre heures, et même plutôt, quoiqu'il n’y ait aucune pour- riture; on le découvre même dans les eaux qui paroiïssent pures , et qui ne laissent remarquer aucune apparence de ma- tière verte. Moxas PruviIscuLUs , petits grains sphériques , transparens : il y en a de différentes grosseurs. On observe dans le milieu une NE ligne arquée , qui est verte ; leurs mouvemens sont vacil- ans et rapides : on les trouve pendant tout le mois de mars. On leur voit quelquefois recouvrir une goutte d’eau , comme si leur réunion y formoit une pellicule verte ; en général on les observe sur-tout au printemps dans les eaux marécageuses. Monas Hyarina. C’est véritablement un point très-transpa- rent; sa figure est entre la sphérique et l’ovoide. On voit ces animalcules se réunir quelquefois en masse en se rapprochant, d’autres fois ils errent séparés. On les observe souvent aux bords des gouttes qui s’évaporent , où ils périssent ; leur mouve- ment est bien comme dit Muller, zremulus ; il commence avec lenteur , et il devient ensuite plus vif. On en remarque quelque- fois deux qui cheminent ensemble ; mais ils sont réunis alors de cette manière , parce qu'ils se multiplient par division. Les masses formées par ces animalcules , que leur instinct rassemble sans doute, se séparent au premier mouvement , à la plus légère agi- sation de l’eau , comme je l’ai souvent observé, On trouve ces ET D’HISTOIRE NATURELLE. 365 animalcules dans toutes les eaux ; ils sont plus rares dans celles qui sont les plus pures. Moxas rermo. Ce sont des globules dans un mouvement con- tinuel ; on les trouvé dans Les infusions végétales et animales. Moxas zens. On en voit quelquefois deux cheminer ensemble; ce sont des points presque sphériques , accollés : ils ont un mou- vement très-vif. Le baron de Gleicher a trouvé ces globules ac- collés dans l’infusion de bled, de même que plusieurs de ces monas dont je viens de parler. On voit par-là que ces espèces d’animalcules ont une organisation qui leur permet de vivre dans - différens milieux ; ce n'est pas que les eaux croupissantes, les différentes infusions végétales, la matière.verte dans l’eau, n’of- frent bien des rapports de ressemblance , mais ils en ont aussi plusieurs qui les distinguent ; et tandis que la plupart des pois- sons d’eau douce périssent dans l’eau salée, ou dans les eaux impures , on voit ici une foule d’animalcules , vivre dans toutes sortes d’infusions et d’eau. Nous aurons encore plusieurs autres exemples de ces animalcules qui vivent dans des eaux réellement très-différentes. Vozvox crosuzus. Il est dix fois plus gros que ces monas: sa forme est ovoïde, sa substance vésiculaire ; il est plus obscur dans sa partie postérieure, son mouvement est une rotation sur lui-même : on le trouve dans presque toutes les infusions vé- gétales. Vozvox PrLuLA. Il a ses intestins verts, et il vit communé- ment dans l’eau où il y a de la lentille de marais. Je joins ici la notice de divers animalcules verts, ou qui ont quelques parties vertes , quoiqu'ils ne se trouvent pas communément avec la matière verte, afin qu’on puisse juger s'ils en sont des parties intégrantes. Vorvox 61oBATOoR. Un petit globule vert diaphane , plein de petits globules assez verts : l’âge le blanchit ; il roule autour de son axe, et il se trouve assez gros pour être apperçu à l'œil nud. Ces petits globules , renfermés dans le gros, sont des petits qui sortent par une fente faite à la peau ; on le trouve pour l’or- dinaire dans les eaux où il y a de la lentille de marais, de même que dans les infusions végétales et animales. La plupart des ani- malcules verts doivent leur couleur aux débris du parenchyme des végétaux dont ils se nourrissent. ExcHEezys VIRIDIS ANTICE SUBCYLINDRACEA POSTICE TRUNCATA. Elle est opaque dans sa partie antéricure , comme je l’ai vu sou- ; } 366 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vent, quoiqu'il y ait des naturalistes qui la représentent entiè- rement opaque ; elle existe dans les eaux gardées, de mème que diverses autres espèces de ces enchelys. Excnezys rusus. Animalcule cylindrique , dont les deux extré- mités se terminent en pointes ; on le trouve dans les eaux les plus pures. Excuezys puncrirerA. Elle est verte comme une autre espèce qu’on trouve avec elle dans les eaux marécageuses. Excnezxs pyRuM habite les eaux gardées. ViBRIO SERPENTULUS AEQUALIS , UTRINQUE SUBACUMINATUS existe dans les infusions végétales et les eaux stagnantes , de même que le vIBRIO TORTUOSUS GELATINUS , VIBRIO INTESTINLM, VIBRIO UTRICULUS, VIBRIO CYCNUS. Muller, en parlant du vier1o srpuxcrarTus , dit qu’il est cor- Jervis maximè affinis , vegetabilia animalibus jungens ; mais il ne dit pas qu'ils soient une même chose ; il dit encore que le tremelle d’Adanson peut être appelé vibrio geniculatus , et il ajoute, et nostra conferva vitalis dici potest vibrio continus. Muller prit le vrB8n10 runuza et le vrBR1O ARMATuS pour des morceaux de conferves, parce qu’il n’y apperçut aucun mouve- ment; mais il les vit ensuite se mouvoir : ils sont verts. Il dit à leur occasion : Reperi quaedam specimina , in quibus materies granulosa viridis , membranula contenta, centrum versäs se sub- duxerat, vel membranula simul medium versüs , uti membra- nulae post ejectionem pulveris seminalis in confervis contracta erat ; utrâque extremitate penitus vacua et hyalina: mira ana- logia et vicinitas regni animalis et vegetabilis. On trouve cet animalcule dans toutes les eaux où il y ade la lentille de marais. Je remarquerai ici que la plupart des animalcules verdâtres se rencontrent dans les eaux où il y a des plantes vertes qui leur servent de nourriture , et qui concourent ainsi à leur coloration , comme je l’ai déjà dit : il est vrai que la matière verte se forme dans les matières animales pourrissantes , qui ne sont pas vertes ; mais peut-être cette matière, qui est un végétal microscopique , se développe-t-elle pour servir d’aliment aux animalcules verts qu'on y voit. Le Cverrnrum craucoma s’observe dans les eaux les plus pu- res, renfermées dans des vases depuis plusieurs mois. Le CyczrpIUM ORBICULARE , MILIUM €t ROSTRATUM Se Telle contrent dans toutes les infusions végétales. Le Kozropa cucuzzivs est l’animalcule à bec de Spallanzani ; rs ee ET D'HISTOIRE NATURELLE. 367 il se voit, comme le Kozpopa RENE, dans les infusions yégé- tales. Le Fricnona cxcrinrum abonde aussi dans les mêmes in- fusions. Quant aux anrmalcules appelés VorrTiCEzL« , parce qu'ils forment des tourbillons avec quelques poils ou pointes placés dans leur partie antérieure, qu’ils agitent avec une grande rapi- dité , et par le mouvement anuele ils attirent dans leur corps les petits êtres qui flottent dans la sphère de leurs tourbillons , ces animalcules se trouvent dans toutes les infusions. Il y en à une grande variété d'espèces; les uns ont une queue, les autres n’en ont point; les uns ont des queues flottantes et les autres des queues amarrées ; les uns ne forment qu’un seul tourbillon par le mouvement de haut en bas et de bas en haut de leurs pointes ; et d’autres en font deux comme le rotifère. Ces animalcules sont ceux que j'ai le plus communément ob- servés dans les eaux où se trouvent la matière verte ; ils sont aussi ceux qu’on rencontre dans le plus grand nombre des infusions , et qui y sont les plus remarquables ; mais les animal- çules veris, qui sont de différentes espèces , sont cependant assez rares. Muller, Gleichen , Spallanzani, pensent absolument comme moi sur la rareté des animalcules verts, Le Cercarra vrrinis de Muller offre un phénomène singulier, qui a peut-être séduit Ingenhouzs. Le premier , en parlant d’une eau particulière qu’il observoit, dit: Gzttula hujus microscopio subjecta virorem globulis minutis virentibus coacervatis deberi, hosque quietos brevi passim in cercarias cylindricas circum na- tantes evolvi docuit; hi teretes erant capite hyalino , trunco incrassato, moleculis virentibus, caudaque hyalina , angusta, acuminata in duas cuspides fissa. Maïs ces animalcules repren- nent une figure globulaire, et laissent une teinture verte sur la partie du vase où l'eau s’évapore. On les trouve dans les eaux marécageuses. Gleichen , Spallanzani, ont vu comme moi dans les infusions, les globules accollés o—o ; ils les ont vu de même se séparer , mais ce sont des animalcules qui se multiplient ainsi par division : ils ne disent point que ces animalcules soient verts ; et je ne les ai jamais vu de cette couleur. J’ai observé, comme ces natura- listes , les animalcules à pendeloques, des animalcules ovoïdes , qui disparoissent , lorsque le fluide où ils nageoïent , s’évapore ; mais leur humectation les fait reparoître. Enfin, jai pu suivre souvent , de même que Muller, le zonium pectorale qu’on trouve dans les eaux gardées quelques jours, comme dans l’eau 368 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des marais. Cet animal, extrêmement singulier , est ordinaire- ment formé par la‘réunion de plusieurs globules : pour l'ordinaire il offre un assemblage de seize globules verdâtres ; il yena quel- quefois plus et quelquefois moins , il y en a quelquefois trois et quelquefois quatre de front dans les côtés ; mais ceux du milieu sont plus gros que les autres, comme on le voit dans un é- moire de l’Académie de Suède, pour 1781, fait par Muller ; ils ressemblent assez à ceciË, mais cette figure est infiniment en grand : en lui substituant des paie , On approcheroit de la vérité. Ce naturaliste crut d’abord qu'ils étoient une collection de graines entraînées par des animaux ; mais la vivacité de leurs mouvemens , leur ressemblance dans leurs allures, lui firent soupçonner qu’ils étoient animés. Il observa bien que chaque globule n’avoit pas un mouvement propre, mais que chaque collection se mouvoit de manière qu’elle passoit d’un côté vers l’autre, qu’elle fait ainsi de droite à gauche un peu plus d’un quart d’un cercle, qu'après cela ils se reposent. Les globules sont sphériques , et ils n’occupent pas toujours la même place. Muller vit ces animalcules se multiplier par division, et il remarqua que les plus gros quittoient leur nach ordinaire , qu'ils n’étoient plus alors parfaitement ronds, mais paroissoient applatis, et que chacun de ces globules se divisoient en seize autres globules plus petits; de sorte que chacun des premiers ressembloit à la mère dont il se séparoit , et offroit à tous égards en petit le même spectacle qu’elle. J'ai cru faire plaisir en donnant cette descrip- tion qui m'a paru, à divers égards, conforme à la vérité, d’au- tant plus qu’on rencontre quelquefois cet être avec la matière verte. Gleichen, dans son Essai sur les Animalcules d’infusion,recon- noît que les animalcules ne changent pas de formes, mais qu’ils se succèdent ; les uns disparoïssent , tandis que d’autres espèces se produisent ; mais il voittoujours les animalcules observés avec la matière verte, quoiqu'il ne dise jamais qu’il l’a vue. Il observe à la page 134, que des animalcules globulaires et ovoïdesse réu- nissent pour vivre ensemble, et se séparent pour s’isoler , que ces animalcules disparoïssent pendant quelques jours pour repa- roître ensuite ; il a vu ces animalcules globulaires dans l’eau de pluie filtrée. Dans le Mémoire suivant, je me proposerai la question : La matière verte est-elle une matière animale ou végétale? Nota. A la page 162, ligne 3 de ce Journal , pluviôse an 7, il y a une faute de copiste trop capitale pour la laisser subsister sans correction. Leurs expériences er leurs observations sont bien propres d inspirer de la défiance , lisez: Leurs expériences ec leurs observations sont bien propres à m'inspirer de la défiance sur les miennes. J'aime à étudier les écrits de Ingenhouzs et de Girod Chantran. OBSERVATIONS ET D'HISTOIRE NATURELLE, 369 OBSERVATIONS SUR LA TEINTURE DE MARS ALCALINE DE STAHL ; Par J.-M. Hausmann. Jr fais usage en grand de cette teinture , pour la fabrication des indiennes, observant de la surcharger , autant que possible, d’oxide de fer ; je mets en faisceau le métal destiné à être dis- sous , afin de pouvoirde retirer à loisir , lorsque l'acide nitrique voudroit s’épancher : par cette précaution j'évite la précipita- tion , et arrête facilement la dissolution ; car en retirant le fais- ceau , après que l’effervescence quiexcite une grande chaleur, est assez appaisée, et qu'il y reste néanmoins encore un excès d’acide absolument nécessaire , l’on obtient une teinture sans dépôt. En versant dans cette dissolution nitrique de fer hote une suffisante quantité de liqueur faite de trois parties de carbonate de potasse calciné de commerce et de deux d’eau , il se forme , en remuant bien, un magma accompagné d’une petite efferves- cence occasionnée par l’excès d’acide , auquel on ajoute , pour le dissoudre complètement, une quantité convenable de liqueur de carbonate de potasse. Cette teinture , ou dissolution ferrugi- neuse , étant épaissie avec un cinquième ou sixième d’eau gom- mée, faite avec parties égales de gomme arabique et d’eau, fournit des beaux fonds jaunes de rouille très-faciles à purifier : une addition d’un douzième de décoction de graines d’Avienon avec un vingt-quatrième de décoction de boïs de Campèêche , me procura dans le temps , la nuance à la mode appelée couleur américaine ; j'obtins une nuance de chocolat, en n’employant u’un douzième de décoction de bois de Campêche sans graines d'AREAONS Cette teinture dépose tout son oxide, en l’étendant suffisam- ment d’eau ; cet oxide édulcoré, filtré et rougi à blanc dans un creuset, polit l'acier aussi bien que le rouge ou brun d’An- gleterre; : La toile, ou le fil de coton , imbibé de cette teinture, et longé ensuite dans une lessive alcaline caustique, qui précipite ot de fer, acquiert un jaune beaucoup plus foncé que quand on sèche et rince simplement après avoir laissé reposer même pendant vingt-quatre heures. Tome V. FLORÉAL an 7. Bhk 370 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Chaque goutte de liqueur alcaline caustique que l’on verse dans la teinture de mars alcaline de Stahi, précipite une portion d’oxide, en s’emparant de l’acide carbonique ; on la décompose complètement de cette manière, et l’oxide lavé et exposé assez long-temps au feu, polit très-bien l'acier. Cette teinture , d’après les propriétés que je viens d'indiquer , n’est donc proprement qu’une dissolution de carbonate de fer suroxigéné , par la liqueur de carbonate de potasse qui lui sert de véhicule, mais qu’il faut se garder d’ajouter en grand excès, si l’on veut obtenir des couleurs foncées. Toutes les dissolutions ferrugineuses suffisamment oxigénées , traitées avec la liqueur de carbonate de potasse , à la manière de la dissolution nitrique de fer , peuvent servir à produire une semblable teinture ; je m’en suis assuré , en employant les disso- lutions acétique , muriatique et sulfurique ; j'ai obtenu cette der- nière de deux manières, l’une en dissolvant le sulfate de fer dans lacidenitrique, et faisant évaporer après que l’effervescence et le dégagement du gaz nitreux avoit cessé ; l’autre , faisant usage du rocédé contenu dans mon Mémoire sur la production artifr- cielle de lalkali volatil, inséré dans le Journal de Physique de Van 1787 du mois de juin, c’est-à-dire, en oxigénant la dissolu- tion sulfurique de fer , par l'absorption du gaz nitreux. Ces deux dissolutions me procurèrent aussi l’acétique suroxigéné , en les décomposant par l’acétite de plomb. La dissolution nitrique de cuivre , ainsi que celle de 9 livres: d’oxide de cuivre vert, faite avec 9 livres d’eau et 3 livres de tartrite acidule de potasse (crême de tartre), traitées avec la liqueur de carbonate de potasse , comme la dissolution nitrique de fer , produisent absolument les mêmes effets; gommées , puis imprimées ou pinçotées sur de la toile de coton ou de lin, elles déposent l’oxide de cuivre sous une belle nuance verte : on peut leur substituer la dissolution ammoniacale de cuivre gommée ; car en séchant sur l’étoffe, l’ammoniac s’en dégage, et l’oxide vert est retenu par la force d’adhésion. É En imprégnant le fil de coton ou de lin de la dissolution nitri- que de fer, plus ou moins étendué d’eau , ou de toutes autres dissolutions ferrugineuses suroxigénées ; et en trempant ces fils endant quelques minutes, dans une lessive alcaline caustique, Pon obtient des belles couleursde rouille, de nankin et de paille. L'on pourra substituer à cette dissolution nitrique , celle du sul- fate de fer plus ou moins aqueuse ; les unes sortiront sales de la lessive caustique , mais en attirant l’oxigène de l'atmosphère, elles prendront la vivacité convenable. Ces couleurs peuvent être ET D'HISTOIRE NATURELLE. 371 changées en noir eten violet par le garancage , et en noir plus prononcé ainsi qu’en différentes nuances grises , par le traite- ment en noix de Galles, en Sunnnac, ou en bois de Campêche. Enfin , on pourra aussi les changer en différentes nuances bleues, par les liqueurs de prussiate de potasse ou de chaux acidulées par un acide quelconque. Les nuances variées gris de souris, se pro- duisent par les infusions plus ou moins chargées de noix de Galles que l’on sèche sur les fils qui en ont été imprégnés , et que l’on trempe ensuite dans les dissolutions , soit sulfurique : soit nitrique , muriatique ou acétite de fer étendues d’eau. La dissolution nitrique de fer débarrassée de son acide par évaporation, et dont le résidu aura été rougi à blanc dans un creuset , fournit un oxide de fer excellent pour la polissure de l'acier ; il en est de même du sulfate de fer , mais l’oxide de celui-ci doit être tenu rouge blanc, bien plus long-temps. L'on peut aussi se servir pour le même objet, de la dissolution mu- riatique de fer; mais, l'acide, en s'évaporant par une forte chaleur, entraîne beaucoup d’oxide. En général, tous les procé- dés par lesquels on oxigénera suflisamment le fer, produiront des oxides propres à la polissure de acier. Il me reste encore à parler d’une expérience que j'ai commu- niquée , il y a une dixaine d'années , à mes amis, Wild et Ar- bogast , mathématiciens et eq Voulant oxigéner au plus haut degré possible , l’oxide de fer | pour le métamorphoser en acide , je fis, à la suite de plusieurs tentatives inutiles, un mé- lange d’une livré de dissolution nitrique de fer et d’une demie livre d'acide sulfurique concentré ; l’ayant évaporé à siccité dans une écuelle de porcelaine , il restoit un résidu blanc, qui étoit absolument sans saveur : examiné quelques semaines après , j'apperçus qu'il avoit attiré de l’humidité, et adoptéune saveur astringente. Après He semaines encore , une portion s’en est trouvée dissoute par l'humidité qu'il avoit continué d'attirer ; je décantai cette liqueur qui étoit d’une a$tringence plus forte , et la conservai dans un verre. Au bout de quelque temps, j'y remarquai de très-beaux cristaux d’une transparence sans cou- leur, qui ressembloient au sulfate d’alumine : en les plongeant dans la liqueur de prussiate de potasse, la surface se couvrit du plus beau prussiate de fer que le lavage dans l’eau enlevoit sans les ternir ; on pouvoit répéter cette apparition en bleu, jusqu’à ce qu'ilne restât plus rien. Ces cristaux exposés à l'air, deviennent jaunâtres , probablement que les rayons du soleil en dégagent une portion d’oxigène; car, en les examinant, j'ai trouvé qu'ils ne sont que du sulfate de fer suroxigéné ; ce sel est d’une astringence Bbb 2 » 372 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE insupportable; étendu dans une grande masse d’eau, il se précipite spontanément , et plus promptement encore, quand on l’expose à la chaleur : le précipité filtré est d’am jaune de toute beauté, mais une forte température lui rend sa couleur de rouille , et lui fait perdre son.superflu d’oxigène. La répétition de cette expérience a constamment fourni le même résultat ; et en exposant le résidu blanc insipide dans une retorte de verre , avec l'appareil de Woulf, à une chaleur poussée à l’incandescence, l'acide s’en est dégagé dans l’état sul- furique et sulfureux , accompagné de beaucoup de gaz oxigène. L'’oxide de fer, contenu dans la retorte après l'opération, étoit d’une couleur rouge brunâtre, et propre à la polissure. En diminuant la quantité d’acide sulfurique, l’on obtient éga- lement un résidu blanc en poudre, qui, malgré son insipidité , se laisse néanmoins dissoudre dans parties égales d’eau chaude , et fournit des cristaux en se refroidissant et en reposant quelque temps. ÿ f L’oxide de fer suroxigéné , précipité par l’alkali caustique de la teinture de mars Are de Stah]l, ou d’une dissolution acide quelconque , et dissous par l'acide SE avec petit excès, fournit aussi de beaux cristaux de sulfate de fer suroxigéné. Le sulfate de fer ordinaire, oxigéné par l'acide nitrique, ou au moyen de l'absorption du gaz nitreux , ne cristallise pas, et acquiert la consistance de syrop ou de miel, si l'on ne pousse l’é- vaporation à siccité; mais en y ajoutantun cinquième ou sixième d’acide sulfurique concentré, il se forme d’abordune cristallisation confuse, en masse, pour ainsi dire , compacte ; ce qui prouve que le sulfate de fer suroxigéné en cristaux, exige une plus grande portion d'acide, que le sulfate de fer ordinaire. bide muriatique s’oxigène très-fortement , en y dissolvant le sulfate de fer suroxigéné , dont il recoit une teinte jaunâtre. La suroxigénation du fer augmente tellement son affinité ayec les acides, que la dissolution acétique de l’oxide de fer suroxi- géné , ne laissant pas échapper facilement son acide par la des- sication , ne peut COnNVenIr AUX fabricans d’indiennes. Où ET D'HISTOIRE NATURELLE: 37 SAR ÉD RM CUUE NOUVEAU MOYEN DE CURER LES PORTS DE MER ; Par Berrrann, inspecteur général des ponts et chaussées. T'ovrle monde sait combien sont lentes et dispendieuses les mé- thodes employées jusqu’aujourd’hui, pour le curement de nos ports, combien il y a SÉqUIPRESS , de machines, de frottemens et d'entretiens dans le meilleur ponton à draguer, dont le méca- nisme est d’autant plus compliqué qu’il est plus ingénieux ; com- bien de secousses et d’irrégularités dans son travail, d’agitation et de turbulence dansses fouilles : enfin , combien l’exhalaison de ces boues infectes , toujours extraites, remuées et transportées en plein air, est nuisible aux travailleurs , même aux habitans des quais riverains. . Frappé de yoir tant d’inconvéniens réunis dans les travaux du Port -Vendre, lorsque je les inspectois en 1787, j'imaginai et je proposai un moyen qui me sembloit propre à les corriger tous , ou en plus grande partie , mais qui ne put être essayé par différens obstacles ; je le reproduis en ce moment à l’occasion sur-tout du port de Marseille, dont le curement , trop long- temps négligé ; deyient très-urgent , et occupe beaucoup e ministèré de la marine. Ce moyen consiste à substituer aux pontons , qui se trouvent presque tous détruits , des sabots-dragues de différentes forces, Les plus grands auroient environ 3 mètres de largeur , 5 à 6 de longueur, sur 12 à 15 décimètres de hauteur, et ils seroient adaptés à une forte barque plate, dont la largeur seroit pareille et la longueur à-peu-près double. Le sabot sera une caisse de tôle , assemblée sur un châssis in- térieur en bandes de fer, avec des semelles traînantes, et un bec taillé en soc ou en bizeau ; elle sera suspendue à ses deux bouts et dans son milieu, ‘par trois paires de chaînons prolongés en cordages , qui s’enrouleront à tribord età bas-bord, sur trois treuils ou arbres tournans en travers de la barque. Au moyen de ces treuils, chaque paire de cordages pourra prendre ue lon- gueur différente , et donner à la semelle du sabot une inclinai- son , de l'arrière à l'avant , telle qu'il faudra pour que le becine 374 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Jlaboure le fond ni trop, ni trop peu ; et tous les cordages, filant ensuite également , la barque s'éloïgnera jusqu'à ce que leur com- mune inclinaison fasse aussi avec celle du sabot l'angle , qui sera reconnu nécessaire , d’après l'expérience et la tenacité des uiatières à draguer. è 4 Alors, la barque étant solidement mouillée sur une ou plu- sieurs ancres , sinon amarrée à quelque corps mort, virera son cable pour se touer;, et pour tirer le sabot avec elle, lentement et presque sans troubler l’eau, jusqu’à ce que celui-ci ait entamé, saisi et refoulé dans sa capacité, autant de vase qu’il peut ou qu’il doit en contenir ; et à cet effet, elle deyra même se rapprocher de lui quelquefois , pour lui donner une inclinaison contraire, en raccourcCissant les deux premières paires de cordagés, afin de forcer les vases à glisser et à charger le derrière ; maïs, si anciens que puissent être ces dépôts vaseux, j'estime qu’on peut, qu'on doit même s’abstenir de les déchirer , pour les rendre plus meu- bles, quoiqu’en cas de besoin cela fût très-facile, en faisant agir à l'avance telle herse ou tel grappin qu’on voudra, dans la même direction , et par la force du même cable. Enfin, le sabot étant äussi plein, ou aussi lesté qu’il doit être, la barque y reviendra pour l'enlever d’à-plomb par tous les cor- dages à-la-fois, jusqu’à ce que ses bords, qui auront été profilés à cette intention , viennent s'appliquer contre le dessous de la barque , au moyen de quoi, ilse trouvera couvert et comme faisant corps avec elle ; et s’il falloit le garantir encore mieux du batillage, un simple tablier attaché et retroussé sous la barque , . pourra se rabattre sur le bec, en achevant de le couvrir et de Évelepes ; il pourra même y former une espèce de proue in- férieure , par quelques nervures ou tringles de fer , mobiles et suspendues à des gonds pour produire cet effet : cela pourroit se faire encore plus surement par une fausse ou seconde prabe qui seroit adhérente sous la barque , et qui deviendroit celle du sa- bot , lorsqu'il sera enlevé et prêt à voguer. La barque étant ainsi chargée, dans son milieu , de 15 à 18 mètres cubes de vases flottantes, qui, en cet état, ne pèseront pas plus de 13 ou 14 tonneaux, abandonnera son cable à une autre barque, et transportera son sabot , tant à la voile qu’à la rame , et toujours entre deux eaux, jusqu’au lieu de la dé- charge ; là, on le videra en inclinant le bec, et en le faisant basculer autant que de besoin , même en le remorquant ainst deversé pour le ramener au lieu du travail. : Quoiqu'il faille employer ici de grandes forces , tant pour amet sabot dans les vases, jusqu’à ce qu'il soit plein, que ET D'HISTOIRE NATURELLE, 375 pourle porter ensuite enrade(x) , je croisqu’aucun autre moyen ne ourroit être , ni plus simple, ni plus économique, ni plus 5a- fsb: et que l'équipage ci-dessus, bien construitet bien em- ployé , feroit plus que trois des grands pannes qui sont en usage: outre que son travail seroit si méthodique et si uniforme que, dès le premier jour, il pourroit déjà pratiquer une espèce de chenal, suffisant pour amener le plus gros navire jusqu’au fond du port. Du reste, tout ceci est assez intelligible pour me dispenser d’y joindre aucun dessin ou autre détail , soit de construction , soit de manœuvres, d'autant que c’est aux seuls ingénieurs de la ma- rine qu'il appartient d’apprécier cette première idée, de l’amé- liorer , corriger , etc. ET Sn + | LETTRE DE J.-H HASSENFRATZ RTE CD EE AIN ETHER TE J'ar publié dans le quatrième volume du Journal de l Ecole polytechnique , pag. 57o et suivantes, des observations sur la neige et la pluie. . J'ai divisé l’action de la neige en deux parties , 1°. comme pré- servant les plantes du grand froid de l’atmosphère ; 2°, comme faisant développer un plus grand nombre de graines par loxi- gène qu’elle leur procure. J'ai prouvé la présence de l’oxigène dans la neige par la colo- ration en rouge de la teinture de tournesol, et par la précipita- tion de l’oxide de fer d’une dissolution de sulfate de ce métal. Le docteur Joachim Carradori de Prato, dans ses expériences ——————————————— (1) Au surplus , je suis toujours étonné de voir transporter ces vases aussi loin et à si grands frais, pour encombrer une rade , et pour les livrer à la tempête , qui en rapporte toujours une partie ; enfin, pour enfouir à jamais les matières les plus utiles à l'amélioration des jardins et des champs : tandis qu’ilseroit si fa= cile, à Marseille , et sur-tout à Toulon, de pratiquer dans un 7ez70 du port même quelque calle pour l’abordage et la vidange des salopes actuelles ; comme aussi quelque glissoir, où notre sabot (qui dans ce cas seroit criblé de petits trous), pourroit être tiré par un cabestan jusqu’au-dessus de l’eau , pour y être égale- ment déchargé à la pelle. La dépense de ces manœuvres seroit remboursée par la seule valeur d'un aussi précieux engrais qu'on deyroit , tout au contraire de ce qui se pratique , aller chercher jusque dans la mer , sielle en fournissoit de pareil. 376 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et observations , pour prouver que la neige ne contient point d’oxigène , imprimées dans le Journal de Physique du mois de ventôse any, p.226 et suivantes, annonce que la neige n’est point oxigénée, parce que , 1°. des poissons qui vivent tres-bien dans l’eau ordinaire , n’ont pu vivre dans l’eau de neige récente , et qu'ils y sont morts en très-peu de temps; 2°: de l’eau de neige exposée à l’action:de la lumière , n’a pas laissé dégager de gaz oxigène ; il attribue la mort précipitée des poissons, et la non production de l’oxigène par la lumière, à la privation de l’oxigène dans l’eau de neige. Les animaux peuvent mourir par un défaut ou par un excès d’oxigène , de même que par un défaut ou un excès de nourri- ture : il faut, pour entretenir la vie et la santé , une proportion moyenne de l’un ou de l'autre. Toutes les substances oxigénées ne dégagent point leur oxi- gène , en les exposant à la lumière ; lorsqu'il s'en dégage , elles ne laissent enlever que l’oxigène en excès : une autre portion reste et ne peut en ètre ôtée. Le docteur Carradori ne nie point les résultats des expériences que j'ai annoncées ; il croit non qu’elles ne sont pas con- cluantes , parce que les poissons ne vivent pas dans l’eau de de neige récente. N'ayant plus de neige dans le moment où j'ai reçu votre Jour- mal, je n’ai pu répéter les expériences du docteur , sur les poissons et la lumière , ni déterminer à ae tient le phéno- mène particulier de la mort des poissons dans l'eau de neige récente. On trouve dans le Mémoire que j'ai publié ; une preuve posi- tive que l’eau de pluie contient plus d’oxigène que l’eau ordi- naire , puisque j'ai retiré cet air, et que je l’ai soumis à l’ana- Iyse. Le docteur Carradori auroit pu répéter la même expérience sur l’eau de neige. Avant d'adopter les conséquences que j’ai publiées à la suite de mes expériences sur la neige , je les ai soumises à Monge, Berthollet et Guyton , qui ont pensé qu'on pouvoit les regarder comme une suite naturelle des faits obtenus. La recherche de la vérité; étant le seul but où j'aspire , je m’empresserai de répéter les expériences du docteur Carradori, et les miennes, aussitôt que je pourrai me procurer de la neige ; je varierai ces expériences , j'y en ajouterai de nouvelles, afin de prouver d’une manière plus positive l'existence de l’oxigène dans la neïge, ou déterminer les causes des phénomènes qui semblent lui appartenir entièrement. | OBSERVATIONS . OBSERVATIONS LITHOLOGIQUES ET CHIMIQUES SUR UNE ESPECE SINGULIERE DE MARBRE PRIMITIY; à « Par Narrone, de l’academie de Turin. Das le dernier voyage que je fis aux mines de la vallée de Sesia, en passant par Varallo, joue occasion de m'ifformer de quel endroit on y transportoit la chaux pour bâtir les maisons de cette ville, sachant que dans tous ces environs il n’y a que des montagnes de granit. J’appris avec étonnement qu’il y avoit une carrière de pierre à chaux très -abondante et de bonne qualité, tout près de la ville, et dans la montagne même sur laquelle est bâti le fameux Sanctuaire de cet endroit. Comme le grand chemin qui conduitde Varallo au Sanctuaire, et qui se trouve sur la pente occidentale de la montagne., est creusé daus le granit jusqu’au Sommet (1), j'avois de la peine à me persuader d l'existence de cette carrière à chaux, et sans délai, malgré la pluie abondante qui tomboit , je me fis accom- pagner à cet endroit qui se trouve dans la partie orientale de la montagne , et environ à la moitié de son élévation. . J’ytrouvai, à ma grande surprise, un filon exploité au jour dans plusieurs endroits , et de plusieurs toises d'épaisseur, dont la direction générale est du sud au nord, et qui est formé d’une pierre calcaire spathique à gros grains (2). Ayant éprouvé VPaction des acides minéraux sur cette pierre en masse , il n’y eut pas la moindre effervescence, ce qui me fit d’abord croire que c’étuitune dolomie. Cette pierre est d’ailleurs d’une couleur blanche de lait , et d’un luisant qui approche de celui du nacre ;'sa fracture est la- (1) Ce granit est Composé de feld-spath blanc , de quartz blanc grisâtre , et de mica brun. À moitié chemin du Sanctuaire on y rencontre des veines de feld- spath un peu décomposé , d’un demi-pied environ d'épaisseur , et presque hori- zontales ; ce feld-spath , qui est tres-hlanc,:et qui ne contient que très-peu de mica blanc cristallisé en tables romboïdales , pourroïit très-bien servir à la fabrication de la porcelaine. 4 (2) Grobkorniger uranfanglicher , kalchstein an OA E Tome V. FLO RÉAL an 7. Cce 378 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE melleuse , avec triple passage des lames sous les mêmes angles que le spath calcaire. Elle est demi-transparente sur les bords , et se casse en fragmens irréguliers , dont les angles sont peu ai- gus. £lle est plus dure que le spath calcaire ordinaire , et se raye aisément : son poids spécifique est 2,718, et fortement ra- clée dans l'obscurité , elle donne une petite lueur phospho- rique. Le filon dont j'ai parlé, est presque perpendiculaire ; et vers ses parois, la pierre calcaire se trouve de ou moins mêlée avec de la stéatite verdâtre , ce qui fait que les ouvriers ne l’exploitent point dans ces endroits, de sorte que je ne pus découvrir les vraies salbandes de granit. Comme Cette dolomie (ainsi que je la croyois) me paroissoit plus pure qu'aucune de celles que j'avois vues jusqu'alors, je me suis décidé à en entreprendré l'analyse , ce que je-fis de la ma- nière suivante. PREMIÆRE EXPÉRIENCE. Pour m’assurer de liquantité d'acide carbonique, contenu dans cette pierre, j'ai mis autant d'acide nitrique qu'il falloit pour en dissoudre cent grains dans une phiole à col très-court, bien bouchée. par un bouchon de liége , au milieu duquel passoit un tube de verre , presque capillaire, de quatre pouces de longueur, Pa donner passage au gaz acide carbonique. Ayant pese à des balances très- exactes cet:appareil, j'ai introduit dans la phiole cent grains de cette pierre bien pulvérisée , qui furent dissous entièrement et avec une ERnRne effervescence. La dissolution” achevée , je trouvai sur les poids une diminution de 42 grains, DEUXIÈME EXPÉRIENCE. J'ai exposé à la calcination pendant quatre heures, dans un creuset de porcelaine , 100 autres grains de la même pierre bien pulvérisée, à une chaleur qui faisoit rougir presqu’à blanc le creuset ; la chaux qui resta , avoit une couleur blanc rose, et ne pesa plus que 54 grains, dont, en déduisant l’acide carbonique obtenu ci-dessus ( expérience première), restent 12 grains pour Veau contenue dans la pierre. TROISIÈME EXPÉRIENCE. Ayant fait évaporemla dissolution nitreuse (expérience pre- muère ) presque à sec, il se sépara un peu d’oxide de fer; pour ET D'HISTOIRE NATURELLE. 379 le séparer plus complettement, j'y ajoutai de nouveau de l'acide nitrique , et je répétai l’évaporation : l’oxide de fer, obtenu dans cette opération, pesa bien séché À de grain, et la dissolution filtrée étoit incolore et limpide. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Pour mieux m'assurer de la quantité exacte des parties métal- liques , que cette pierre pouvoit contenir, je versai sur les 54 rains de la chaux obtenue (expérience deuxième), peu-à-peu de l'acide acétique ordinaire , dans lequel cette chaux fut tota- lement dissoute à la réserve d’une quantité inappréciable d’oxide de fer : ce qui fuit voir que cette pierre me Contient point d'ar- ile. Ayant ensuite versé dans la dissolution une suflisante dose MAN , il se manifesta un petit précipité brunâtre , qui, bien lavé et sèché , pesa un grain, et exposé à la flamme du chalumeau avec le verre de borax, il se comporta comme un simple oxide de fer. CINQUIÈME EXPÉRIENCE. Dans la dissolution nitreuse , délivrée du fer de l'expérience troisième , je versai de l’acide sulfurique jusqu’à ce qu'il y eûtun petit excès d’acide. Il se forma un précipité abondant de sulfate de chaux, qui, lavé avec de alcool mêlé d’eau , et bien desséché, pesa 76 grains ; mais comme , selon les expériences de Kirwan, de l'exactitude desquelles je me suis convaincu moi-même , cent parties de sulfate de chaux en contiennent 34 de chaux pure; ainsi 76 grains en contiendront 24,84. é SIXIÈME EXPÉRIENCE Je fis évaporer à sec la dissolution sulfurique de l'expérience précédente, unie à l’eau et à l’alcool avec lequel j’avois lave le sulfate de chaux , et je tins le résidu pendant deux heures à une chaleur très-forte du bain de sable; y ayant ensuite ajouté une suffisante. quantité d’eau, j'obtins une dissolution parfaitement neutralisée, qui avoit le soûtamer, propre du sulfatecde magnésie, et je séparai un résidu de sulfate de chaux du poids de 14 grains et+, qui, selon l'exposé ci - dessus, en contiennent 4,93 de chaux pure. SEPTIÈME EXPÉRIENCE. LL Pour avoir cette dernière dissolution tout-à-fait exempte de | Ccca 3895 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sulfate de chaux , je l’ai concentrée à différentes reprises , etj’er ai ainsi encore séparé 3 grains de sulfate de chaux qui répon- dent à 1,02 d’eau pure. En continuant l’évaporation, et lais- sant refroidir la dissolution , j'obtins enfin de très - beaux cristaux de sulfate de magnésie ; alors, ayant ajouté de l’eau er quantité suffisante , pour les redissoudre complettement , en tenant la dissolution bouillante , j’en ai précipité li magnésie avec le carbonate de potasse. Le carbonate de magnésie , ainsi obtenu , après avoir été bien lavé et séché, pesa 26 grains, et après lavoir bien calciné , la magnésie pure fut réduite au poids de 10,41 grains. D'après les résultats de cette analyse, 100 grains de cette pierre calcaire contiennent , Orete ee MERE AR EE GTA RE T Gi dia 4,08 0007 FU AS, Magnésie. . . : + + 7. + + + .:. 10,41 Oxide de fer. .. ANSE EE RE Acide garbonique. en: 2 OR NAS Eau. TA LE min Eh ASS Pente hi :9 HIINNEEN ESSONNE RE MR RKS:6 0 100. Malgré le peu d’action qu'ont les acides sur notre pierre cal- caire , et la propriété phosphorescente qu’elle possède, quand on la racle dans l'obscurité, il suffit de donner un coup-d’œil à ses principes constituans , et les comparer à ceux obtenus par Saussure le.jeune, de deux variétés de dolomies (les seules analyses que je connaisse de cette espèce de marbre), pour se convaincre que notre pierre calcaire n’est pas une dolomie comme je l’avois d’abord soupçonné. En effet, dans l’analyse d’une de ces dolomies , le citoyen Saussure trouva sur 100 parties 44,29 de chaux, 5,86 d’argille , 1,4 de magnésie , 0,74 de fer, et 46,1 d’acide carbonique ; et dans une autre variété découverte à Saint - Gothard par Bel- levue, et qui a la propriété d’être un peu élastique, il trouva sur 100 parties , chaux 32,2, mica naturel 5 , argille et fer 17,5, magnésie 0,32, acide carbonique 46,38; au contræfre, si je compare mon analyse à celle faite par le célèbre Klaproth , du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 381 spath magnésien, du taberg dans le wemcland (1), qui a aussi la propriété de n'être pas sensiblement attaqué par les acides quand il est en masse, j'y trouve une parfaite concordance ; car ce chimiste a découvert sur 100 parties de ce spath , Carbonatetdelchaue MU MN RES Carbonate de magnésie. . . . +. . . . 25 Oxide de fer. ATLELT N NEA ER PE TA ESS AER À 100 Le-chimiste de Berlin ne rapporte point ici séparément la quantité d’acide carbonique, et d’eau contenue dans les deux terres ; mais on trouve , par le calcul , que 73 parties de carbo- nate de chaux; en contiennent 35 de chaux pure , et que 25 de carbonate de magnésie en contiennent 10 de magnésie pure, d’où je puis conclure que cette analyse du spath magnésien du taberg est tout-à-fait concordante avec la mienne, et que par conséquent la pierre calcaire, dont j’ai donné ici l'analyse, n’est autre chose qu’un marbre spathique magnésien. . Le spath magnésien ne sera donc plus regardé parmi nous pourune rareté minéralogique, comme ilestencore ailleurs ;et j'ai cru que cette considération , jointe à la particulière disposition de cette pierre dans une montagne granitique pourroit attirer un moment l’attention des chimistes et des géologues. (x) Beitrage rur chem. kenntnin et Erst. Band. 5.300. Chemische untersuchang der bitter-spatbs, “ 382 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RER SE PSP RTE EEE MERE ONU REINE TN CES PI BONE SEMPERCRE ONE UT PEN RES T SEE EEE NEIL LUE VEN SORU EEE Histoire naturelle de la montagne de Saint-Pierre de Maes- tricht , par B. Favras-Sarnr-Fonp, administrateur et pro- fesseur de géologie au Muséum national d'histoire naturelle de Paris. A Paris, chez H. Jausen , imprimeur-libraire , rue des Saints-Pères , n°. 1195. À Cet ouvrage , composé d’une carte topographique des lieux, et de cinquante-quatre planches gravées par les meilleurs artistes , d’après les dessins de Maréchal , peintre d'histoire naturelle du Jardin national des plantes , et autres habiles dessinateurs , pa- roît régulièrement le premier de chaque mois par cahier de six planches avec leurs descriptions , savoir; In-folio , sur pap. vél. nom de Jésus, prix 16 fr. par cahier. In-quarto , sur beau pap. fin, nom de Jésus, 8 fr. SECONDE, LAN R'A IS'ONN. 'SATIRUAATIÈT La seconde livraison de ce bel ouvrage , n’est pas moins soi- gnée que la première. Les parties tipographiques et les gravures sont faitesavec grand soin. La premiere planche, qui est la sixième de l’ouvrage en n’y comprenant pas la carte générale de ces mon- tagnes , représente une portion d’une grande mâchoire fossile , tirée de la montagne de Saint-Pierre , laquelle se trouve actuel- lement dans le cabinet de Camper fils. La septième, la huitième et la neuvième planche , représentent des vertèbres fossiles ; la dixième représente un fémur, et la onzième un omoplate. Nous alone donner un extrait de la description que l’auteur fait de la belle tête trouvée dans la montagne en 1770. « Ce fut, dit l’auteur, dans une des galeries de la montagne ». de Saint-Pierre de Maestricht, à la distance de cinq cents pas » environ de la grande entrée, que des ouvriers occupés à » tirer des pierres en 1770, reconnurent à 6 pieds de hauteur, » dans les carrières qu'ils exploitoient , le reste de la tête d’un » grand animal en castrée dans le massif de la pierre. (Voyez » la pl.). Ce morceau est aujourd’hui à Paris dans le cabinet » d'histoire naturelle, » u o ET D'HISTOIRE NATURELLE. 383 » Le bloc des pierres, continue l’auteur , dans lequel se trou- vent enchâssés les os de cette tête, a 4 pieds de largeur, 2 pieds 6 pouces de hauteur , et 8 pouces d'épaisseur. » Les os maxillaires , et autres qui sont a découvert en partie dans cette pierre, sont plutôt fossiles que pétrifiés. Ils ont des rapports, quant à leur état, c’est-à-dire, par leur couleur, leur dureté, et leur physionomie, s’il est permis d'employer ici cette expression, avec les os fossiles qu'on trouve dans les carrières de Montmartre, près de Paris. Mais ceux ce Maestricht ont leur contexture plus serrée, plus compacte ; leur couleur est d’un brun jaunâtre plus foncé, et en même temps plus vif. La racine osseuse des dents est pesante éttient un peu de la pétrification. L’émail a conservé nne partie de son poli à extérieur; mais la cassure , dans cette partie de la dent, est terne , quoique très-compacte et très-fine. Le temps, sans l'avoir altérée, l’a méanmoins rendue assez fragile pour être brisée avec un peu d’effort. » L'ensemble et les dispositions de cette tête pourroient faire croire , au premier aspect , que les os maxillaires sont à-peu- près dans leurs portions naturelles ; mais un examen plus at- tentif ne permet pas de douter qu’elle wait éprouvé le plus “ dérangement dans son organisation première , c'est-à- ire , que la plupart des os n’aient été déplacés, et cela n'est pas étonnant ; car l'animal étoit mort naturellement ou acci- dentellement , et se trouvant au fond de l’eau, ses chairs ont dû être la proie des animaux marins voraces, qui auroient dé- pouiilé ses muscles en tiraïllant leurs attaches dans tous les sens , de manière à séparer plusieurs des parties du corps ; que des sables soient ensuite venus se déposer et s’accumuler en grandes masses sur les restes réunis ou dispersés de ce grand animal, et l’on aura des résultats analogues à l’état actuel des choses, et à la position dans laquelle se trouvent ses ossemens au milieu des sables durcis qui composent la montagne de Saint Pierre. » Il est possible aussi, et cette hypothèse peut être égale- ment admise , que le cadavre de l’animal dont il est question, après avoir perdu ses chairs , ot avoir flotté quelque temps au milieu des eaux, ait été entraîné par Paction d’un courant rapide dans les sables mouvans , parmi des débris de tortues et autres animaux qu’on tronve réunis dans les environs , ct con- fondus avec des coquilles nombreuses d’espèces diverses, qui n’ont pas pu vivre et se propager au milieu d’une telle con- 384 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » 2» y Ÿ » 20 fusion dans des dépôts de sable d’une si grande épaisseur , ac- cumulés pêle-mêle par l'effet de quelque grand déplacement. » 1°. En considérant de près, soit sur l’original ,+soit sur la gravure qui est parfaitement exacte, les os e la mâchoire de cette tête , celui qui se présente en dessus est une portion frac- turée d'os maxillaires très-bien conservés dans ce quireste,d’un cu quatre pouces six lignes de longueur, quatre pouces de argeur. Il est armé de quatre grosses dents bien conservées , de la racine desquelles sort une autre petite dent secondaire très-singulière , done il sera parlé dans le temps. Il manque à cette portion de mächoire trois autres dents dont on voit les alvéoles. » 20, Immédiatement au-dessous de cet os maxillaire fracturé , qui est posé diagonalement sur la pierre, on voit un second -os de la mâchoire supérieure, disposé en long, et comme dans sa place naturelle , entier et parfaitement conservé, à l’ex- ception de quelques dents qui ont été rompues. » Cet os maxillaire inférieur a trois pieds neuf pouces de longueur : sa largueur dans le milieu est de quatre pouces six lignes. » Les dents sont au nombre de quatorze. » L’émail des plus grandes a deux pouces trois lignes de lon- oueur ; leur circonférence, près de la racine, deux pouces sept À lignes : la longueur des ‘petites dents auxiliaires , placées dans la racine, un pouce six lignes. » Toutes ces dernières ne sont pas autant en évidence , et ne montrent qu’une pointe plus ou moins grande ; mais j’ai reconnu cette dimension dans une des secondaires , qui est entièrement à découvert dans une racine séparée , et hors de l’alvéole : on trouve cette dent gravée dans une des planches, » L'on voit d’une manière distincte dans toute la partie in- férieure de l’os maxillaire , les petites ouvertures de farme oblongue, qui servent à l'insertion des nerfs , au nombre de onze disposées sur la même ligne ; tandis que vers l'extrémité de l’os du côté du museau de l’animal, les petites insertions rap- prochées et très-multipliées , occupent presque toute la sur- face de cette partie de l'os dans un espace de dix pouces de longueur environ. . » 30, Immédiatement au-dessou$ de l’os maxillaire, dont il vient d’être fait mention, il en existe un second à-peu-près de la même forme et longueur , mais un peu moins bien pa » servé. y ÿ U ÿ Y La ! * ET D'HISTOIRE NATURELLE. 385 servé. On y compte treize dents apparentes : les autres sont recouvertes et cachées par des portions d’os. On voit à côté deux dents séparées hors de leurs alvéoles, dont les pointes se correspondent. » 4°. Un quatrième os maxillaire , qui semble faire le com- plément de la mâchoire , est placé longitudinalement au-des- sous des autres, mais un peu plus enfoncé dans un sens ren- versé , et en opposition avec le reste. On y compte sept dents; les autres sont cachées. » 50, Un os recourbé et adhérent à celui du n°. 4 , qui paroît former un prolongement de l’os maxillaire dans le palais de l'animal, est armé de plusieurs dents beaucoup plus petites ue les autres ; ce qui à fait dire à Camper, que cet animal dérit avoir plusieurs dents dans le palais. On en distingue quatre qui sont très-apparentes : il paroît qu’il y en a six à sept au plus. L’émail de ces petites dents a le même fond de, cou- leur ; mais elles sont simples, c’est-à-dire, qu’elles sont dé- pourvues de dents secondaires dans la racine , tandis que les principales en, ont. » Il paroît, d’après ce que nous venons de dire , que les os qui composent la mâchoire de ce singulier animal, sont réu- nis pour la plupart dans le même bloc, non dans leur position naturelle à la vérité, mais ayant éprouvé des déplacemens qui tiennent nécessairement aux causes qui ont enseveli les restes de cette tête, dans la profondeur des sables , à l’époque d’une révolution diluvienne. Cependant, comme un de ces os maxil- laires est parfaitement conservé, et que sa forme est des mieux caractérisée , il est possible , ainsi que nous le ferons voir dans la suite ,, d'obtenir des données exactes sur la grandeur de cette tête et de celle de l’animal. » Quelques vertèbres se trouvent jetés confusément avec d’au- tres portions d’os dans ce bloc. On y remarque aussi deux échinites qui y sont adhérentes ». Tome V. FLORÉAL an 7. pad 386 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nm à CD nmR né bi ed ODA ee à CU EC CSS Sc | DISSERTATION PHYSIOLOGIQUE Sur la nutrition des fœtus considérés dans les mammiféres et dans les oiseaux ; Par J.-B.-F. Léverzzé, membre des sociétés de médecine , médicale d’émulation, philomatique et d'histoire naturelle . de Paris ; de celle d'agriculture du département de la Nièvre, et de celle de médecine, chirurgie et pharmacie de Bruxelles , etc. Propè modum brutorum archæi, se habent instar humani. VaAx-HELMONT. A Paris, chez Vrzuren, libraire, rue des Mathurins , n°. 306. RAR ATAR ADIUETS L’ivrsun a d’abord fait quelques réflexions sur le principe vital ; il prouve ensuite que les mammifères et les oiseaux considérés dans l’état de fœtus, ne peuvent se nourrir de la liqueur de l'amnios , et que leurs organes gastriques sont dans une inaction arfaite. Il répond aux faits par lesquels on a cru pouvoir établir ‘opinion contraire. Son opinion est que l'oiseau, considéré dans l'état de fœtus, se nourrit de la même manière que le fœtus des mammifères. Nous avons démontré, dit-il, par des faits anatomiques , toute la fausseté des idées physiologiques des anciens , qui pré- tendoientsque les fœtus se nourrissent de la liqueur de l’amnios , soit en faisant usage de leurs organes gastriques , soit simplement ar absorption cutanée. Nous avons également fait voir le peu de validité des observations qu'ils citent en leur faveur, etnous pouvons dire avoir complettement détruit l’incertitude de quel- ues modernes , qui ont écrit que les organes gastriques et le cordon ombilical se partageoïient cette importante fonction. Ce- endant , quelqu’estimables que soient les travaux de Haller , il importe beaucoup de détruire l’opinion qu’il a émise dans son excellent ouvrage sur la formation du poulet. Les faits avancés par ce savant physiologiste , ne pouvant être contestés qu'à Pa ‘ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 387 l'aide d’antres faits plus authentiques, nous avons pensé qu'il étoit important d'étudier avec soin les différentes parties du poulet et de ses dépendances. C’est le fruit de nos recherches que nous allons exposer ; puissent-elles se trouver conformes à celles qu’il convient de faire pour les constater véritables ! Nous divi- serons cette troisième partie en deux grandes sections, Dans la première , nous donnerons la description des substances conte-. hues dans la coquille de l’œuf, leurs usages et les changemens qu’elles éprouvent pour devenir propres à lanourriture du nouvel individu qui fait l’objet de nos recherches ; la seconde , contien- dra l’exposé des membranes qui enveloppent le poulet, et sa manière de vivre comparée à celle du fœtus des mammifères , et qui est absolument la même. Description des substances contenues dans l'œuf; leurs usages et leurs changemens pendant l’incubation. LA On a, de tous les temps , connu sous le nom d’a/bumen cette humeur transparente , cristalloïde , visqueuse et tenace, qui en- vironne le jaune de l'œuf. La réunion plus ou moins intime de ses cle , établit des différences qui permettent d’en recon- noître trois distincts, non-seulement quant à la consistance , mais encore relativement aux enveloppes qui les séparent naturelle- ment. Le premier est le plus extérieur ; il fut connu d'Harvée , ui le regarde avec raison comme le plus ténu, le plus liquide; et il n’est pas, selon Vicq-d’Azyr, une humeur séreuse très-lim- pide. Il forme la couche extérieure, au milieu de laquelle flotte Tibrement-le second blanc , les chalazes, le jaune et le follicule ou la cicatricule. Le second a]bnmen est beaucoup plus abon- dant , plus consistant que le premier , et moins que le troisième. Il constitue cette grande masse qui environne le jaune, et qui est plus considérable vers deux points opposés. Le troisième blanc est immédiatement suspendu dans la substance même du second. Il représente deux corps isolés, semblables par leur consistance, et situés, non pas aux deux poles du jaune , comme l’ont pensé tous les physiologistes avant nous, mais de manière à diviser les circonférences de ce globe en deux segmens de cercle de longueur très-inégale (1). (1) Une remarque qu’il seroit important de vérifier , est celle d’Aristote , qui dit dans son Histoire des Animaux, que les ovipares terrestres donnent des œufs dont le blanc est plus considérable que le jaune, tandis que le contraire D d d 2 388 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ! Albumen cortical (1). Cette substance se présente toujours la première dans un œuffrais; elle y estaussi en plus grande quantité que celui qui est déjà ancien. Séparée de la coquille crustacée par la membrane commune , elle forme une couche corticale assez mince sur toute l’étendue du segond. Dans les œufs frais que l’on fait cuire, ce corps est sous forme laiteuse. Sa ténuité et sa coun- leur le distinguent des deux autres. Dans un œuf durci par l’ébul- lition , ce premier albumen est réduit en une lame qui va tou- jours en s’amincissant vers chaque extrémité , et s’enlève avec assez de facilité, de manière à ce que le second albumen reste absolument intact. j s’observe dans les ovipares aquatiques. Les occasions ne s'étant pas présentées d'observer le dernier fait, nous nous contenterons de parler du premier. Il nous a paru qu’en général il étoit difficile de prononcer sur les rapports qui peuvent exister entre toute la masse albumineuse et la vitelline. Rien n’est moins constant d'une pañt que le volume du jaune, et on en peut dire autant du blanc : de l'autre, les masses étant diversement figurées , l'expansibilité du blanc étant plus remarquable, il est possible que les observateurs s’en soient laissé imposer , car si l’on brisoit la membrane du jaune, l’expansion de cette substance ayant lieu, on auroit beaucoup de peine à juger de quel côté seroit la plus grosse masse. Rien n’est encore plus illusoire que la pesanteur comparée de ces deux corps. Jetez dans une assiette profonde remplie d’eau , le jaune et le blanc d’un œuf , sans les séparer, vous verrez aussitôt ce dernier corps s'appliquer contre le fond du vase , tandis que le premier représentera un sphéroïde qui sera , pour ainsi dire , suspendu sous l’eau , et que vous pourrez faire flotter à volonté par-tout où vous desirerez le porter : et vous ne douterez plus que l’un de ces corps ne soit plus léger que l’autre. D'ailleurs , personne n’ignore que le jaune flotte librement dans l’intérienr des albumen. Si, au contraire , on déchire la mem- brane vitelline , la substançe contenue s’étend dans le fond du vase , s’y aglutine mêmé , et neflotte pluss ce qui porte à croire que dans cet état d'expansion, elle est plus pesante. D’où vient cette différence ? Nous l’attribuons au mode de compression exercée d’abord très-réguliérement par le fluide ambiant; en second lieu , à la divisibilité des molécules du jaune , qui permettent toujours entr'elles l’interposition d'une plus ou moins grande quantité de molécules aqueuses : enfin à l’imméabilité de l’albumen , dont toutes les parties sont étroi- tement unies. On peut donc conclure que c’est à la figure globeuse du jaune , à son immiscibilité dans l’eau au moyen de la membrane qui l'enveloppe , et à la compression régulière opérée par ce fluide, que l'on doit la plus grande légéreté de ce corps ; enfin c’est par son défaut d'expansion qu'il devient moins pesant que l’albumen , au milieu duquel il flotte librement. (1) Harvée a le premier distingué deux a/bumen ; ce que n’avoient pas fait les physiologiste savant lui. Aristote appelle cette masse générale ro +4 ds Acuxaue , ovi albitudo : ovi albus liquor, Pin. Hist. Nat. ovr candidum , Celse ; ovt albor, Pallad. ; enfin ovz album et albamentum , Apicius; sans doute du mot grec Aeuxoy, emprunté d’Aristote. Anaxagoras dit oprbos yaña, lac avium ; et de- puis Fab. d’Aquap. a/bumen. ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 389 _ Albumen moyen. Situé'ou enveloppé par le précédent , mais plus abondant et plus consistant que lui; contenu dans une poche membraneuse qui lui est commune avec le troisième albumen qui occupe son.intérieur , entourant le jaune lorsque lincubation n’a pas lieu, et s’en isolant complettement lorsqu'elle s’opère pour se porter aû point du jaune, opposé plus ou moins di- rectement à celui qui correspond à la cicatricule. Albumen central (1). Situé plus profondément et dans l’inté- rieur du précédent ; divisé en deux parties très- éloignées dans l’état de non-incubation , très-rapprochées et confondues pendant ce travail de la naturé. L’une et l’autre plus opaques, d’un vert plus foncé , et plus consistantes, ont pour axe deux cordons membraneux, dont l’un existe toujours, et dont l’autre manque quelquefois. Il est rare qu’on les observe dans des œufs déjà an- ciens; car alors ils sont macérés et détachés du jaune. Des chalazes (2). La description du troisième blanc nous fait connoître ce que c’est qu’une chalaze. Ce nom vient de ce que l’on avoit cru distinguer des tubercules plus ou moins nombreux, semblables à de la grêle, autour de ces cordons axoïdes que nous avons dit s’observer dans le centre de chaque portion de ce troi- sième blanc. Ces tubercules grandiniformes n'existent pas tels w’on les a décrits; ils sont même difliciles à distinguer. Ils sont a à la consistance plus solide de ce troisième cerps, et aux nombreuses tortions de ces cordons dont il a déjà été plusieurs fois question , et qui semblent être d’une texture très-homogène , lorsqu'on les examine avec un peu d’attention. Ceci doit suf- fire pour prouver combien exprime peu ce mot chalaze, qu’il est important de rejeter de la nomenclature anatomique. Les deux portions du troisième blanc ( Zes chalazes ), ne sont pas entièrement isolées l’une de l’autre ; une légère traînée albu- mineuse leur sert de moyen d’union. Leurs rapports avec le jaune ne sont pas les mêmes que ceux indiqués par tous les au- teurs même les plus modernes. Elles ne sont pas situées à deux (1) C'est ce qu’on a toujours appelé caluzes, chalasæ, grandines vel tractus albuminosi ; columnæ albuminosæ. Appendix ulbumrnis, Libav. et Vicq-d’Azyr:; enfin Zigamens suspenseurs du jaune, Vicy-d’Azyr , elc. etc. (2) La description des chalazes n'étant autre que la continuation de celle du troisième blanc , nous avons dû la faire suivre immédiatenient , afin que «a connoissaince exacte nous instruise plus promptement des changemens qui ont lieu pendant l'incubation, et des usages généraux de toute la masse albumineuse, . 390 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE poles opposé de ce lobe , Mais divisent sa circonférence en deux | segmens dont la différence d’étendue est très-remarquable , et est dans la proportion de quatre - vingt à cent. On ne peut donc pas dire, d'après cette observation , que chaque chalaze répond à chaque extrémité de l'œuf. En effet, on les trouve toujours sur les côtés. On lit par-tout que ces corps sont fixés d’une part à la mem- brane extérieure générale, et de l’autre au globe du jaune, et qu’ils font les fonctions de ligamens suspenseurs. Il n’en est pas ainsi, 1°. parce que cette fixité nous empêcheroit de concevoir leur déplacement spontané observé par Haller, et que nos expé- riences ont confirmé sous les yeux du citoyen Déyeux, qui a bien voulu prendre quelqu’intérêt à ce travail ; 20. parce que dans la dissection du poulet, la membrane générale et extérieure est très-éloignée des deux chalazes réunies , encore existantes, entre- croisées et très-visibles; 3°. parce que l’extrémité du cordon cen- tral de ce corps, la plus éloignée du jaune, est arquée , flottante librement, nullement tendue; circonstance qui nous détermine encore plus à croire qu’iln’y a pas de ligamens suspenseurs. Chaque portion de l’albumen dont il s’agit, est traversée par un cordon auquel on n’a se encore fait attention, et qui , jus- qu’alors, n’a encore été décrit que par nous. De ces deux cor- dons, l’un est purement membraneux, tors sur lui-même, et contigu à la membrane du jaune , dont il se détache aisément par la dissection , par l’ancienneté de l’œuf ; et il manque sou- vent : le second est véritablement vasculaire , tors sur lui-mêmè , et figuré comme un cordon ombilical. Il est continu et fait corps avec la membrane du jaune; on ne peut l’isoler sansrompre cette enveloppe particulière etcommuniquer dans la cavité qui contient la substance vitelline. On l’observe constamment dans les œufs qui ne sont pas assez anciens pour n'être pas couvés ayec succès. Autrement, il est comme macéré et se détache. C’est à cette sé- paration et à cette ÉRTEAR EE produite par le temps, que nous attribuons l’insuccès de l’incubation. C’est ce conduit qui nous découvre le point de communication entre le jaune et laits Sa structure vasculaire n’est pas équivoque , si, après lavoir coupé transversalement, on l’observe àl’œil nud , comme nous l'avons fait en présence de Cuvier, ou armé d’une foible- len- tille microscopique. Quelquetois nous l'avons vu injecté d’une liquewr jaune , et sur ce point nous réclamons encore le témoi- gnage de PDeéyeux.* L’extrémité libre de ce cordon est comme pénicillée et divisée en une infinité de filamens très - petits , qui peuvent être pris pour les ramifications du tronc principal, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 391 destinées à former autant de suçoirs propres à pomper la partie la plusluide des substances albumineuses. La structure et les connexions différentes de ces deux cordons, nous font deviner lequel des deux doit s’approcher de l'autre, et quelle force d’ab- sorption détermine ce déplacement. Des changemens qu'éprouvent les trois albumen pendant l’in- cubation. En admettant ce qui est reconnu de tous les physiologistes , que le jaune devient plus fluide dans l’œuf incubé , et qu’il au- gmente de quantité, nous devons croire que cette opération ne. peut se faire sans l'addition d’une substance aqueuse ou albu- mineuse , qui ne peut s’introduire que par le conduit dont on vient de donner la description, et nous sommes déjà portés à croire que l’albumen ne devient propre à nourrir le fœtus, qu’an- tant que sa partie -la plus fluide est absorbée , qu’autant qu’elle se mêle avec le jaune dont elle sépare les molécules , et est, avec lui, pompée par les vaisseaux de la membrane du jaune , dont la réunion fait absolument l'office d’un placenta. Cette idée nous donne celle de plusieurs phénomènes que nous concevons très- bien, mais dont l'expérience ne peut nous rendre témoins. En effet, est-il en notre pouvoir d'exposer sous nos yeux, et à un degré convenable d’incubation un albumen et un jaune dépour- vus de leur coquille? pouvons-nous découvrir le modus agendi de la nature, pour opérer la communication de ces deux subs- tances ? qui s’assurera du premier effet de la tonicité des vais- seaux absorbans ? Telles sont les difficultés que rencontrera tou- jours l'observateur. Si nous ne pouvons rien avancer sur le premier élan dela force vitale dans l'embryon , il ne nousest pas possible de méconnoître les effets d’un agent sans lequel il n’existe point de reproduction, quel que soit le corps organisé que l’on considère. On ne peut nier que l’oxigène ne joue le plus grand rôle dans le développe- ment du fœtus ; mais cet élément de la vie existe-t-il dans l’albu- mine , ou bien est-il absorbé pendant tout le temps que dure l'incubation ? on peut aussi se faire les mêmes questions , relati- vement à la présence du calorique. Ce fluide se dégage-til, ou est-il absorbé pour se combiner ensuite avec l’oxigène? S'il est chimiquement démontré que le blanc de l’œuf exposé à la cha- leur de l’eau bouillante, ne se durcit que parce qu'il y a une excessive absorption d’oxigène , on pourra se persuader, par la comnoissance des analogies, qu’il y a une véritable absorption 392 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans l’'incubation ; car on sait que l’albumine se concrète très- souvent , lorsque les œufs sont couvés avec trop d’ardeur. Nous avons à ci'er plusieurs exemples de ce genre; nous en sommes redevables au citoyen Parmentier , à qui nous ne saurions trop témoigner le reconnoïissance pour l’empressement avec lequel il nous à fourni tout ce qui étoit nécessaire à nos expériences. Des physiciens célèbres, nos contemporains, sont partagés d’opi- nion sur ce poin!, et l'habitude que nous avons de les prendre pour guides , ne nous permet pas encore de prononcer sur une question aussi beile, et aussi difficile À résoudre. Il est cependant un fait très-constant, qui sembleroit prouver en faveur du calorique, et de Sa combinaison avec l’oxigène , c’est la liquidité augmentée du blanc de l'œuf dans le premier instant de l’incubation ; c’est sa plus grande ténuité qui le rend nécessairement propre à être pompé par le canal que nous avons découvert. On peut donc soupconner , avec quelque raison , que ce canal charie le stimulant principal de tous les organes qui doi- vent être mis en action , que ce puissant stimulant (l’oxigère) , combiné avec le calorique dissolvant de l’albumine , pénètre dans la substance du jaune, et est repris par tous les vaisseaux san- guins qui recouvrent la surface de la membranequi l'enveloppe, d’où il semble qu'il n’est plus guère possible de douter du pas- sage du blanc d'œuf dans la capsule du jaune. 1°. Cette dernière augmente de capacité ; 20. l’albumen diminue insensiblement ; 3°. la substance vitelline devient plus fluide; 4°. l’époque où cette augmentation n’a plus lieu , est celle où le blanc n'existe plus. ( Ce travail de la nature nous éclaire également sur ce change- ment de position de l’albumen , qui, dès le premier instant de VPincubation , se porte vers ce point du jaune précisément op- posé à la cicatricule. Il nous démontre que l’absorption, n'ayant lieu que dans un seul endroit, c’est-là que doivent se diriger les humeurs qui doivent être pompées ; il nous apprend encore que le jaune augmentant de volume , doit détruire cet adossement de lalbumen au-devant de la cicatricule , s’en débarrasser, et pa- roître entièrement à nud, puisque c’est une masse contenue qui devient insensiblement plus volumineuse que le corps contenant. Ceci fait encore que les membranes , qui enveloppent cet albu- men, jouissent de toute leur tonicité, reviennent sur elles-mêmes, acquièrent plus d'épaisseur ; alors les vaisseaux se dessinent à. Pœil observateur , et deviennent propres à charier le sang et les autres liquides. L’albumen lui-même paroît plus solide à mesure qu'il diminue , et si l’absorption continue , il ne présente ose plus ) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 393 plus qu’un floçon membraneux dans le centre duquel est le canal absorbant, désorganisé eten partie détruit. Parmi ces membranes, on observe d’autres flocons qui ont une apparence ealcaire. Si, d’après les rapports connus du second et du troisième al- bumen avec le canal absorbant , nous pouvons nous rendre rai- son du mécanisme qui le fait disparoitre à nos yeux, comment expliquer le changement de nature du premier, qui n’a aucune communication avec les deux derniers ? est-il absorbé par d’au- tres vaisseaux, et quels sont-ils ? Nousdécouvrirons peut-être les usages de ce premieralbumen, - en considérant qu’il est fluide, nourrissant et léger ; qu'il envi- ronne totalement le poulet; qu'il a tous les caracières d’un pre- mier lait destiné à une première absorption, et à concourir pour un premier développement. Ce premier albumen est absorbé , selon nous , par une veine que nous nommons /2#1in90 car- diaque , qui d’une part se perd dans la veine cave , proche son insertion dans le sinus pulmonaire du cœur , et de l’autre envoie des ramifications aussi nombreuses que déliées sur la membrane générale. Cette veine ne peut-elle pas à elle seule faire des fonc- tions analogues à celles du jaune ? et peut-être pourroit-on se persuader que son usage est d’absorber ce premier albumen, et de le convertir pour la première nourriture du poulet, si l’on a soin d'observer que c’est le premier vaisseau que l’on distingue, lors même que la coque du jaune en est encore totalement dé- pourvue. , , Du jaune et de ses usages. TEL È es : à Il est impossible d’avoir sur le jaune d'œuf des notions plus exactes , plus complettes et plus précises que celles que nous de- vons aux travaux de Vicq-d'Azyr, et de tous les physiologistes célèbres qui l'ont précédé , et parmi lesquels il faut sur-tout com- pter Malpighi, Haller et Bonnet. Enveloppée dans sa membrane ropre ; entourée de substances albumineuses ; cette masse globuleuse est plus voisine de la grosse extrémité de la coquille que de la petite. Dans l’état ordinaire , elle floite librement à l’in- térieur de lalbumen , au milieu duquel elle n’est pas suspendue par des ligamens , comme on l’a prétendu jusqu'ici. Elle est ar. rondie , et dans l’œuf frais elle est divisée en deux hémisphères 5 au moyen d’une ligne membraneuse qui disparoît promptement, et qui souvent se porte d’un prolongement albumineux à l’autre, Nous avons une fois observé cétte ligne dirigée transversalement aux deux poles du jaune, environner ce globe de toutes parts , Tome V. FLORÉAL an 7. Ece l - 594 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et diviser la cicatricule en deux moitiés très-distinctes. Un jaune rendu solide par l’eau bouillante, est recouvert d’une écorce plus ou moins épaisse , élastique, transparente, et qui a la plus parfaite analogie avec l’albumen. Le centre est plus mou, d’un jaune plus clair, visqueux, et ressemble très-bien à la crême que fournit le lait. Une troisième substance est intermédiaire ; elle est plus jaune, sèche, et comme farineuse. Cette disposition ne se distingue pas dans une masse vitelline que l’on observe dans l’eau froide ; seulement sa consistance devient plus solide. C’est avec le plus grand soin que nous avons examiné tous les moyens d'union de la membrane vitelline avec la substance: qu’elle contient. Dans l’œuf non incubé , il n’existe qu’un simple adossement sans prolongement membraneux, ou vasculaire ap- parent. Dans le cas contraire , cettte membrane distendue lisse appercevoir des lignes jaunes , qui se ramifent à l'infini comme les branches d’un arbre , et qui se confondent avec les vaisseaux sanguins. Haller et Vicq-d’Azyr ont pris ces lignes pour un ordre de vaisseaux particuliers, connus sous le nom de vaisseaux jaunes, en leur donnant pour tronc ce cordon principal que nous avons appelé virello-intestinal, et que ces physiologistes célèbres ont pris pour un conduit. Nous ne pouvonsladmettre ces vaisseaux jaunes, malgré les autorités que nous citons ; nous nous en rapporterons donc aux recherches soignées que nous avons faites, et dont les résultats nous ont paru suffisans pour nous décider. En effet, dans les derniers jours de l’incubation , et même lorsque le poulet est éclos , il est facile de s’assurer de l'existence de cette disposition vasculaire ; c’est aussi dans deux états si voisins que nous avons inutilement tenté de la découvrir. En touchant légèrement , avec le bout du“doigt , cette substance encore contenue dans son enveloppe et plongée dans l’eau, ces stries se détachent sous forme de plaques larges, minces, lamel- lées, très-légères, et qui surnagent lorsqu'on les met à nud. Elles simulent la substance parenchimateuse, qui n’a pu être absorbée, et il est difficile de les délayer dans une nouvelle eau qu’elle ne colore point. Dans les endroits où ces plaques ont été enlevées, la membrane est transparente, et l’on ne distingue d’autre appa- reil vasculaire que celui qui charie le sang. Dans ce cas, s’il exis- toit réellement des vaisseaux jaunes , il seroït aussi facile de les distinguer que les vaisseaux sanguins ; on pourroit en ouvrir quelques-uns avec la lancette, et en extraire le fluide contenu qui les distendroit suffisamment pour favoriser cette opération. On pourroit le voir circuler aussi-bien que le sang, et s’en pro- curer une certaine quantité. Le ligament que l’on prenoit pour ET D'HISTOIRE NATURELLE. L 305 un conduit étant le tronc principal de ces vaisseaux , seroit lui- même gorgé , distendu, coloré, et une ligature faite à-propos , dissiperoit tous les doutes. Rien de tout ceci ne s’observe ; la nature semble se refuser à toute épreuve de ee genre. Les recher- ches particulières n’ont été couronnées d'aucun succès; ce qui nous porte à dire que sinous ne pouvions pas rejeter entièrement cet ordre de vaisseaux, nous aurions au moins de fortes présomp- tions contre son existence, , Nous ne savons pas encore quels sont les moyens d'union de toutes les molécules du jaune entre elles ; et quels qu’aient été nos éfforts, nous n'avons jamais pu obtenir les plus légères notions propres à nous éclairer sur un point aussi impor- tant (1). . | . Pour ce qui concerne les usages du jaune, nous pouvons dire qu’il sert de nourriture au poulet pendant tout le temps de l’in- Cubation, et même quelques jours après. Voici les raisons qui donnent lieu à cette proposition. Cette substance , contenue dans une membrane particulière, forme , tant que dure l’incubation, un corps distinct de l'oiseau , qui lui-même est renfermé dans une capsule séparée , qui est la poche des eaux, I1n’y a de com- (1) Lorsqu'on jette dans un vase une masse vitelline débarrassée de sa mem- brane propre , et lorsqu’on la couvre d’une couche d’eau plus ou moins considé- rable, on n’observe rien qui soit digne de remarque. Mais en agitant,le tout, assez fortement pour diminuer la force de cohésion des molécules entr’elles, on les dissout ; et l’eau cessant d’être limpide, devient laiteuse. C’est alorg qu’en laissant le tout en repos pour quelques instans , le liquide réfléchit une couleur d'un rouge trés-tendre. Cette nappe rose n'existe plus dès l'instant que tout je jaune est dissous ; et tant qu’il ne l’est pas, J'intensité de cette couleur est tenue , et on la fait diminuer par degrés, en raison que l’on incline peu-à-peu le vase , de manière à metire entièrement à nud la masse restante du janne. Cette expérience a été variée et répétée un assez grand nombre de fois. Nous l'avons successivement constatée sous les yeux de Déyeux, Fourcroy et Cuvier. Ce fait, qu'il ne faut pas mettre sur la ligne de ceux qui appartiennent à Hassenfratz , nous a paru digne d’être recueilli, malgré son.peu de rapport avec notre travail. Nous n'avons pas cherché à l’éxpliquer , et nous laissons ce soin aux physiciens, qui sont plus habitués que nous à faire des expériences sur la lumière. Cependant il est difficile de ne pas se permettre quelques questions, et de ne pas se demander ; 1°. pourquoi n’avons-nous que l’idée de l’eau et du corps jaune , larsque ce dernier n’est pas en dissolution ? 2°, Pourquoi , lorsque la dis- solution a commencé, la lumière: doublement réfractée , nous donne-t-elle l'idée du rouge ? 3°, Pourquoi ce phénomène n’existe-1-il plus lorsque la dissolution du jaune est complète ? Nous fous proposons de donner une suite à nos recherches sur ce phénomène, qui n’a pas encore été observé ; et peut-être ne sommes-nous pas éloignés de croire que c’est le produit d'une véritable combinaison chimique. s Leez 396 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE munication qu'au moyen des vaisseaux omphalo - mésentériques qui établisent une parité entre les rapports du fœtus des mam- mifères avec la matrice qui le contient. Mais il n’en est plus de mème lorsque le terme de l’incubation approche ; le jaune de- vient une partie intégrante de l’animal par son entrée dans l’ab- domen , et le fœtus des mammifères est entièrement séparé de l'organe qui fournissoit à sa subsistance. Il existe alors une dif- férence essentielle entre ces deux êtres ; l’un ne peut exister s’il n’est alaité par sa mère, jusqu’à ce que ses organes gastriques aient acquis assez de force pour digérer une nourriture plus con- sistante ; l’autre a dans lui - même dessources analogues qui ne lui sont pas fournies par sa mère ; il peut vivre plusieurs jours sans manger, quoiqu'on le voie, aussitôt après sa naissance, recevoir les alimens que lui prépare sa mère, ou s’en procurer sans son secours. L'expérience est en faveur de cette dernière assertion. Nous avons vu des poulets nouvellement éclos, et privés de nourriture , vivre trois, quatre, cinq et même six jours. Vicq-d’Azyr a extirpé le jaune à deux autres ; l’un a sur- vécu huit jours , et l’autre un mois entier à cette cruelle opéra- tion : d’où l’on peut conclure que , si d’après les faits propres à Vicq-d’Azyr, le jaune n’est pas d’une utilité première pour la nourriture du poulet nouvellement éclos , les expériences que nous avons répétées plusieurs fois, le rapprochent en quelque sorte des mammifères , en constatant une espèce d’alaitement qui supplée au défaut de forces suflisantes des organes gastriques, pour digérer la totalité des alimens nécessaires au maintien de la vie de ce nouvel individu. ; Enumération des membranes qui enveloppent les fœtus des oiseaut. On a déjà. beaucoup écrit sur la formation du poulet : ün grand nombre d'ouvrages nous fait connoître son histoire, mais aucun ne donne une notice exacte et comparative des membranes qui l’enveloppent. Lisez Fabrice d’Aquapendente , Harvée, son commentateur et souvent son critique , Maitre-Jean, Malpighi , Blasius, etc. etc. ; que l’on jette un coup - d'œil sur les figures qui nous sont parvenues , On sera sans doute étonné de ne rien trouver de conforme à ce que nous montre la nature. En par- courant les recherches minutieuses de Haller, celles de l’infati- gable et laborieux Vicq-d’Azyr, on ne desirera rien ‘sur tout ce qui concerne la formation des différentes parties du poulet ; on en peut dire autant de l'excellent Mémoire de Monro , sans pour ct ET D'HISTOIRE NATURELLE. 307 cela que nous soyons plus instruits sur la manière d’être de l'oiseau dans sa coquille, et sur les membranes qui l’enveloppent immédiatement. x En donnant ici le poulet pour exemple , on ne peut bien dis- séquer ses membranes, si on ne le prend au quinzième jour de l’incubation. Il faut alors briser sa coquille vérs le gros bout, où Yon rencontre un espace rempli d'air, et plonger le tout dans une cuvette remplie d’eau , pour observer Sans peine tout ce qui se présente. C’est un corps ovale , dont le fœtus forme la grosse extrémité , et le blanc de l’œuf là petite; l’un et l’autre sont sé- parés et distincts par l’mterposition du jaune qui , d’une part, ne tient au fœtus qu’au moyen des vaisseaux o1phalo - mésenté- rigues , et du prétendu conduit que nous croyons devoir nommer ligament viello intestinal; etqui, de l’autre doitses connexions intimes avec le second blanc au canal absorbant , et à la mem- brane soyeuse qui enyeloppe le troisième. Le nombre des enve- loppes, dont il s’agit, étant assez multiplié , et chacune d’elles ayant des rapports bien distincts, nous avons cru nécessaire de les désigner. par des noms particuliers. Ainsi nous appellerons sacciforme cette membrane qui enveloppe le poulet et ses an- nexes; /eucilyme celle du second blanc; entéro - chlorilyme , celle qui de la précédente va se confondre avec la poche des eaux, en recouvrant le jaune et les intestins ordinairement non contenus dansle bas-ventre ; chlorilyme (1), la membrane immé- diate du jaune ; enfin , chorion et amnios , celles qui contiennent le poulet et ses eaux (2). k De la membrane s4ccirormE (en forme de sac ). Nous avons donné ce nom à une poche sans ouverture, qui est l'enveloppe extérieure et commune de toutes les substances incubées. Sa face extérieure tapisse une grande étendue de la coquille, dont elle est plus ou moins séparée vers le gros bout. Dans l’œuf frais, elle recouvre le premier blanc, et dans l'œuf incubé , elle contient une humeur dont la couleur varie , et qui semble avoir quelques rapports avec la liqueur de l’amnios. Ses connexions sont, d’une part, à la poche des eaux sur la (1) La difficulté que nous avons éprouvée à trouver des noms propres à carac- tériser les membranes que nous avions à désigner , nous fait craindre de n’avoir pas parfaitement réussi , et nous engage a inviter les anatomistes à en rechercher de meilleurs. ” (2) Nous avons cru devoir conserver ces noms consacrés de tout temps. 598 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ligne convexe tracée par le dos du poulet. Elles ont lieu au moyen de petits vaisseaux très-fins qui se ramifient à l'infini , et qui ne sont que les dernières divisions de branches plus considérables, dont le tronc constitue une veine que nous nommons »#é7in90- cardiaque. De autre part, cette membrane se replie évidem- ment sur elle-même , et forme une cloison également vasculaire, composée de-deux feuillets , que nous sommes parvenus à sépa- rer, en communiquant dans l’intérieur de la capsule qui con- tient le second albumen, et avec laquelle elle adhère et se con- fond entièrement. De la membrane rrvcr1Ymz. Nous entendons par Zeucilyme l'enveloppe du blanc, des mots 2TECS Acuxer albunr, et {vue tnvolucrum. Cette membrane n’est que la continuation de la précédente ; elle résulte de l’écartement des deux feuillets , qui par leur réu- nion formoient la cloison dont il vient d’être parlé. Elle figure parfaitement une capsule , dont le diamètre le plus grand cor- respond à la partie postérieure du jaune, et dont la capacité di- minue en raison progressive de l’incubation. En se vas entre le jaune et le blanc, elle se divise en deux feuillets; dont l’un est extérieur , et dont l’autre dégénère en ume cloison perforée dans son centre, et qui sépare ces deux substances. Cette cloison , que nous nommerons perforée , pour la distinguer de la précé- dente , a des connexions intimes avec la membrane cotonneuse , qui est propre au troisième blanc , avec le çanal absorbant et la capsule du jaune à la formation de laquelle on la voit réellement concourir. Cette membrane vasculaire est très-mince , se distingue très- foiblement dans l’œuf non incubé ; elle est alors séparée de la première par l’albumen cortical, et elle enveloppe le moyeu que l’on voit s’'écouler sous forme huileuse , dès qu’on la déchire par lambeaux. L’albumen le plus intérieur est plus solide de le précédent , dont il forme pour ainsi le noyau. Une capsule soyeuse ou co- toneuse récèle cette substance extrêmement visqueuse. On ne lui reconnoît pas de caractère vasculaire; elle se prolonge dans son albumen propre, et se confond avec l'extrémité pénicillée du canal absorbant. ( À examiner encore davantage). De la membrane ENTÉRO-CHIORTLY ME. C’est ainsi que nous appellerons cette membrane formée par ET D'HISTOIRE NATURELLE. 399 le feuillet extérieur de la précédente. Elle enveloppe la capsule du jaune et les intestins, non compris dans l'abdomen du poulet pendant l'incubation. Des mots y, intestinum, # Ta Bu ape y vitellum , Et uw, involucrum. Cette enveloppe contient dans son intérieur le jaune et les in- téstins du poulet. Elle a sa surface extérieure baignée par cette eau qui remplace l’albumen cortical. Ses connexions sont avec la circonférence de la cloison perfo- rée, et avec le feuillet extérieur de la /eucilyme. Elle se porte de-là jusques sur les côtés de la poche des eaux , et s'y unit si intimément , qu'il est difficile de l’ensséparer sans déchirure. Elle est très-distincte de toutes les autres ; et n’est pas moins facile à découvrir. Un caractère qui lui est particulier, c’est de n'être parsemée d’aucun vaisseau sanguin. On fait la même re- marque ralativement à la cloison: perforée , et à la texture de la poche des eaux. Au lieu de se confondre avec les côtés de l’amnios , nous l’a- vons suivie deux fois jusque sur le dos du poulet, où elle se re- plioit sur elle-même, formoit une cloison composée de deux feuillets étroitement unis, et qui, exactement séparés, condui- soient dans la poche des eaux. Mais cette disposition se présente tout au-plus deux fois sur cent. De la membrane cHror1:Y Me. L’étymologie de chlorilyme est zx äs xaapor, xgj toux, C'est-à-dire, ovi vitell: involucrum , enveloppe du jaune. Cette membrane fut connue de tous les temps: elle est lisse, transparente , solide dans l’œuf non incubé ; elle est vasculaire dans l’œuf incubé ; c’est elle en un mot qui contient la substance du jaune. Ses rapports sont avec la précédente, qui la recouvre immédiatement sans l’interposition d’aucune substance. Elle répond au blanc, dont elle est séparée , par la cloison per- forée : à l'opposé , elle offre un léger enfoncement, dans lequel est logé le poulet recourbé sur lui-même. Ses connexions se font avec le second et le troisièmealbumen, au moyen du canal absorbant que nous avons décrit, et avec lequel sa propre substance se confond. Elles ont encore lieu avec le poulet au moyen de quatre vaisseaux, deux veineux et deux artériels plus petits, qui viennent , des mésaraïques et des hypo- pas , Se distribuer sur toute la surface. Elles se font éga- ement au moyen d’un petit cordon , que Vicq-d’Azyr et quel- ques autres physiologistes ont pris pour un conduit, et que nous 400 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nommons ligament vitello-intestinal, ou suspenseur du jaune , parce que nousn’avons jamais pu nous convaincre qu’il füt creux. En effet , l’air injecté dans la coque du jaune, n’a pas commu- niqué de ce prétendu canal, dans la portion d’intestin auquel il est adhérent. Injecté entre deux ligatures , ce fluide élastique n’a pas davantage pénétré de l'intestin dans la membrane chlorilyme. Enfin , la macération dans les liqueurs colorées , ne nous a pas plus instruit, et la compression de cette capsule ne teint pas en jaune ce prétendu canal , et encore moins sa portion intestinale correspondante. : Ce ligament suspenseur et les vaisseaux sanguins dont il vient d’être parlé, forment une espèce de cordon ombilical, qui res- semble parfaitement à celui des mammifères par ses fonctions , qui sont absolument les mêmes: Les veines absorbent la liqueur nutritive, contenue dans la meînbrane ck/orilyme, comme celles du placenta des mammifères absorbent le sang déposé dans les sinus de la matrice. La différence existe dans les routes que ce sang parcourt. Dans les oiseaux, il est pompé par des veines dont les troncs sont des divisions des mésaraïques ; il est charié dans la veine-porte , et de-là dans le foie; en sorte que cette cir- culation se rapproche beaucoup de celle des animaux qui res- pirent. Dans les seconds, la veine ombilicale dépose ce sang dans la substance du foie, dans la veine hépatique et dans la veine cave. Dans le premier cas, la vésicule du fiel est gorgée de bile, et dans le second , on peut presque dire qu’il n yen a pas. D'où la nécessité de faire en | des expériences suivies sur le sang dela veine-porte ventrale. Une autre différence sépare encore ici les mammifères des oïseaux. Ceux-ci ont, avons-nous dit, un cordon ombilical : mais que devient-il? Au dix-neuf et vingtième jours de l’incubation , il rentre dans le bas-ventre de ces animaux avec toute la masse du jaune, de sorte que le poulet éclos n’en présente plus de ves- tige. Cette disposition est d'autant plus nécessaire , qu'après la naissance ces vaisseaux ont encore à continuer leurs fonctions pendant quelques jours , tandis qu’il n’en est pas ainsi des mam- mifères. Le jaune introduit, le volume du poulet est augmenté ; son abdomen est très-renflé, l’ouverture abdominale se rétrécit , la poche des eaux n’a plus de capacité suffisante pour contenir une masse aussi considérable ; elle se rompt, les organes pulmo- naires sont mis en contact avec l’air contenu vers le gros bout de la coquille , il y a respiration. Alors la force vitale acquiert plus d'énergie, les mouvemens ont lieu , les membres se déve- loppent, et cette agitation suffit pour briser la coquille et de iter ‘ÆT D'HISTOIRE NATURELLE. ! 401 liter la sortie de cè nouvel être. Son bas-ventre paroît alors très- volumineux, et dans le milieu on découvre les lambeaux des membranes chorion et amnios , qui se détachent et tombent sans laisser aucune trace de fosse ambilicale. Aussi, dans cette grande classe d'animaux, ne distingue-t-on jamais d'ombilic ; ce qui nous fait croire jusqu'ici qu'on peut diviser les animaux à sans rouge , et qui vivent dans l'air ;énombiliqués eten non ombiliqués. Cette observation est d’accord avec l'examen des parties exté- rieures et intérieures comparées ensemble (1). Des membranes CHORION et 4AMNI0OS. Ces membranes ne sont distinctes que vers l'ouverture abdo- minale par où sortent les intestins et les vaisseaux dont nous avons parlé. Par-tout ailleurs on les trouve si étroitement unies, qu'on ne peut les séparer. Elles forment une poche semblable à celle quicontient le fœtus des mammifères, mais qui en diffère, parce qu’il n’y a aucunes connexions avec le placenta et le cor- don ombilical non renfermé dans son intérieur dans les oiseaux. Ses cônnexions sont de chaque côté avec la’membrane eztéro- chlorilyme, et son origine ne paroît être que l'expansion de la peau et du péritoine. C’est sur les parois abdominales que nous sommes parvenus constamment à diviser cette membrane en deux, dont la plus intérieure faisoit corps avec la peau et l’épiderme, tandis que la plus extérieure se réfléchissoit dans la cavité abdo- minale , qù nous l'avons séparée entièrement du foie et de tous les endroits environnans. Sa texture est aussi sans réséau vascu- laire apparent. Telle est, autant que nous avons pu le faire, l’histoire suc- cinte et graphique de tgutes les membranes qui enveloppent tou- tes les parties contenues dans l’œuf, au quinze et dix - huitième jour de l’incubation. Elles forment par leur arrangement, 1°, une cavié particulière pour le fœtus et les eaux qui le baïgnent ; 20. une pour le jaune en entier et pour les intestins du poulet, -. (:) En continuant nos recherches sur les quadrupèdes ovipares, sur les serpens} les poissons , les insectes , etc. ; peut-être trouverons-nous d’autres caractères bien tranchés qui nous permettront d’élablir d’autres divisions aussi simples et aussi naturelles que ces deux que nous proposons aux sayvans. Il est besoin même de s'en occuper avec soin, car la, section des animaux ovipares est si voisine des vivipares dans certains genres, qu'il existe une espèce de monstruosité de rapprocher les’ uns des autres des êtres que la nature montre si différens, et par leur structure , et parleur organisation, Tome V. FLOREAL an 7. FFF 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE auxquels on peut joindre tous les vaisseaux qui les accompagnent hors du bas - ventre ; 3°. une pour la masse vitelline ; 4. une pour le troisième albumen ; 5°. une pour le second ; 60. une der- nière très-étendue, propre à réunir toutes les autres , et avec elles toutes les substances différentes qu’elles renferment. Siructure-des membranes. Dans l'œuf incubé , le sang, qu des artères hypogastriques , revient au cœur par deux voies distinctes , soit en parcourant la veine #eningo-cardiaque , soit en rentrant dans le bas -ventre, au moyen des veines que nous nommerons p2ée/lo-portiques , ne se distribue pas également à toutes les membranes. On en voit dont l’organisation vasculaire est très-prononcée , tandis qu’à côté de celles-là , on en découvre d’autres qui ne sont pas par- courues par la plus légère strie sanguine. Parmi les premières on compte les membranes sacciforme , leucilyme , chlorilyme : et parmi les secondes la poche des eaux, la membrane entero- chlorilyme: et la cloison perforée. Cette différence n’est cepen- dant qu'illusoire. Une texture vasculaire se découvre pa*-tout, et il existe des moyens fort simples de la constater. Il ne s’agit que .de couper les unes et les autres par lambeaux, et de les plonger dans une cuvette remplie d’eau. Les plus légers mouve- mens suffisent pour opérer un développement parfait, et le grand art consiste à les bien retirer, afin de les rendre favorables à l’ob- servation. Pour cet effet, on interpose sous l’eau, entre la mem- brane et le fond du vase , un morceau de verre blanc; sur sa surface supérieure on fixe , avec l’ongle ou à l’aide de tout autre instrument, un angle de ce lambeau membraneux ; puis en sou- levant perpendiculairement la surface Serre > PEU - à - peu ce lambeau se développe et se présente complètement étalé , lorsque le corps transparent est tout-à-fait retiré de l’eau. On peut en- suite , Comme nous l’ayons fait, placer cet objet sous une lentille microscopique dont le foyer est de, 6 miliim. 765 mill. , ou de 9 millim. , ce qui est encore plus foible ; et on observera que la membrane saeciforme reçoit , SN Lo celles que nous avons dit lui ressembler , beaucoup de vaisseaux sanouins, dont les ramifications sont à l’infini. Une lentille de 5 millim. permet de distinguer , sans peine, les dernières terminaisons de ces vais- seaux, quine charient qu'une sérosité dont la colonne se con- tinue avec les moléculés Sanguines. Ces petits vaisseaux séreux sont très-nombreux sur les membranes qui ne nous ont laissé distinguer aucune strie sanguine ; ils ont leuxs troncs et leurs ra- ET D'HISTOIRE, NATURELLE, 403 mifications, et des milliers peuvent se compter sur une surface de 5 millim. En un mot le tissu cellulaire paroît presque ne pas exister. ° Corollaires généraux. Dans cette dernière partie de notre travail , nous avons eu pour but unique de détruire l'opinion de Haller, sur la nutrition des oiseaux , et pagticulièrement du poulet, au moyen des organes gastriques. Nous avons cru népouvoir mieux y parvenir qu’en don- nant l’histoire de toutes les substances qui servent à sa nourri- ture, celle de leurs changemens et des enveloppes qui sont pro- pres à chacune d’elles, et de prouver de notre mieux que ces fœtus se nourrissent de la même manière que ceux des mammi- fères Si notre objet est à-peu-près rempli, nous pouvons oser déduire les corollaires suivans. à Premier corollaire. L'œuf incubé est composé de la cicatricule , du jaune, de #rois albumen distincts, d’un canal absorbant , de cinq membranes, de vaisseaux sanguins et sérèux. Second corollaire. Le troisième albumen est divisé en deux parties réunies par ur prolongement albumineux très-mince ; leur disposition n’ést pas aux deux pôles opposés du jaune, lun et l’autre ont pour centre un cordon contourné ettors sur lui-même , dont l’un. est membra- ueux et l’autre vasculaire. . fe j ; Troisième corollaire. Il existe une communication entre la masse albumineuse et la, capsule du jaune , au moyen de ce conduit absorbant. Quatrième corollaire. > Le jaune n’a pas de ligament suspenseur, il flotte librement dans Piutérieur du blanc. Cinquième corollaire. La masse albumineuse perd de sonvolume , en raison du temps de l’incubation, et celui du jaune augmente ; ce qui semble dé- montrer qu’il y a absorption d’une tavité dans une autre. Sixième corollaire. Le premier albumen n'ayant aucune communication avec les Fff2 404 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE deux autres , on présume qu’il est absorbé par les vaisseaux de Ja membrane sacciforme. Septième corollaire. Le jaune joint à son augmentation de volume une très-srande fluidite ; il’ est absorbé par l'appareil vasculaire qui forme sa tu- nique propre. Huitième corollaire. L'expérience prouve qu'il n’y a pas de vaisseaux jaunes ni de valvules à l'interieur de la membrane cAlorilime. Neuvième corollaire. LL Le poulet , considéré comme fœtus, estenveloppé d’une mem- brane propre qui le séparegdu jaune avec lequel il a des con- nexions, et du blanc avec lequel il n’en a aucune , et dont il est très-éloigné. ; Dixième corollaire. Toutes les substances destinées à la nourriture de ce fœtus , sont contenues dans des capsules distinctes et séparées de lui. Onzième corollaire. 11 existe une parfaite analogie entre les vaisseaux du jaune et ceux du placenta;les premiers sont au jaune ceque les seconds sont à la matrice , à l’exception de la différence qui existe dans la circulation. Douzième corollaire. Contre le sentiment de Haller , l’albumen ne communique pas dans la poche des eaux, ne les sépare jamais, et le poulet ne fait aucun usage de ce fluide pour sa nourriture. Treizième corollaire. Le fœtus des mammifères ne se nourrit que par le cordon om- bilical : il en est de même de celui des oiseaux. Parallèle entre les phénomènes de la gestation et ceux de l’incubation. D’après les faits nombreux que nous venons d’énoncer et les vérités nouvelles auxquelles ils ont donné lieu , quels rapproche- mens heureux ne viennent pas flatter l'imagination fertile du naturaliste et du physiologiste ! Quelle ânalogie sublime entre . ? + ETC DMH TS IT ORNE NATUREL TE: 405 la manière d’être du fœtus des oiseaux et celle du fœtus des ani- maux à mamelles ! Par-tout la naturë imprime ce cachet qui la fait reconnoître; sa marche est toujours la même , et son mode de faire présente seul des différences. Ici c’est une mère qui , après avoir Conçu , communique à son fruit et partage avec lui le principe vital qui l’anime , lui transmet des sucs parfaitement élaborés, nécessaires à son développement et indispensables pour sa nourriture. Là , c’est une matrice imprégnée , jetée au hasasd sous la forme d’un œuf ; elle contient toutes les substances pro- pres à faire vivre l'embryon qui s’y trouve renfermé ; elle est pourvue de tout ce qui doit concourir à la formation du sang qui , comme dans le premier cas , est seul utile pour le dévelop- pement parfait du fœtus , jusqu’à ce qu’il puisse faire usage des organes particuliers et multipliés que la nature doit faire con- courir pour sa conservation. D'un côté, c’est une matrice qui va toujours en augmentant de volume jusqu’au terme heureux de l’accouchement; c’est un organe qui, chaque jour , reçoit une plus grande quantité de substances nutritives , parce que le pro- duit de la conception , devenu plus fort, en consomme davantage : c’est un placenta da les absorbe ; c’est un cordon vasculaire qui les transporte; enfin, c’est un foie dans lequel ils subissent, sans doute , une nouvelle élaboration à nous encore inconnue , avant de déposer dans chaque partie du fœtusses principes générateurs. D'un autre côté , c’est un albumen abondant dont les parties les plus fluides, les plus ténues sont absorbées par les extrémités capilldires et presqu’invisibles de petits vaisseaux, dont la réu- nion forme un canal, au moyen duquel elles sont transportées dans la substance du jaune qui devient plus susceptible d’être absorbée par d’autres vaisseaux secondaires. On voit ce fluide séreux , emprunté de la masse albumineuse , convertir le jaune en un lait salutaire que charient ensuite les veines mésaraïiques et la veine-porte ; enfin , que le foie élabore en sécrétant la bile qui est déposée dans la vésicule destinée à la recevoir. Ailleurs, le fœtus partage la nourriture de sa mère , dont les besoins de- viennent souvent press tandis que le poulet contenu dans la coquille, trouve dans l'albumen et le jaune , de quoi subsister pendant un temps donné et très-régulier dans tous les cas. Ne voyons-nous pas le fœtus des mammifères recevoir un sang arté- riel qui a inondé les poumons de la mère? A la vérité, il est foi- blement oxigéné ; mais assez pour animer un être délicat, et trop foible pour recevoir immédiatement tout l'air vital qu’il doit un jour consumer. Ne voyons nous pas cette oxigénation se faire > Fs int ;* . r O . . dans l'œuf ? Les effets de 1 incubatiop ne déterminent - ils pas r 406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'absorption d’une certaine quantité de calorique ? Ne mettent- ils AE gaz oxigène en contact avec les fluides combinés qui doivent former le sang ? De-là, même absorption par les veines, du jaune, qui sont ordinairement plus rouges que les artères dans lesquelles le sang paroïit plus noir. Et si, dans la première partie de ce Mémoire, nous avons pu soupçonner le foie du fœtus des mammifères tenir lieu des organes gastriques et respi- ratoires, ne pourrions-nous pas les reconnoître dans le jaune chez les oiseaux , puisque, chez eux, le foie nous semble déjà s'acquitter des fonctions qui lui sont propres, lorsque la respira= tion s’opère ? Telles sont les conjectures séduisantes que ne peut manquer de suggérer la connoïssance actuelle de ce canal absorbant et de ses as Il est unique dans son espèce , et il avoit reçu le nom de ligament suspenseur du jaune. Peut-être avons-nous abusé des hypothèses; on nous le pardonnera. Nous n’avons pas oublié qu'il est besoin d'observer davantage, de mürir nos idées , et pe les écarts de l'imagination. Tableau cénéral et analytique de tout ce que cet ouvrase peus [e) A1 di Fa x 4 (e P présenter de neuf'et d'inconnu jusqu’à nous. Les anatomistes n’avoient pas encore établi d’analogie entre la position du fœtus dans leurs matrices respectives. Aucun n’a observé cette différence entre l’organisation du foie dans le fœtus des mammifères et dans celuides oiseaux ; cette abondance de bile dans la vésicule du fel de ces derniers, et son absence presque totale dans celle des premiers ; la non -exis- ténce de la veine ombilicale , et la présence d’un cordon ombi- lical proprement dit, contenu dans l'abdomen du fœtus des oiseaux. Jusqu'icion a fait peu d'attention aux organes du mouvement, dont l’action semble être nulle dans les animaux qui n’ont pas’ P respiré , ou du moins est très-foible , sinous devons nous en rap- rs . . porter aux expériences qui nous sont propres. Nulle part le mécanisme de la nutrition du poulet se trouve développé ; nous avons décrit des membranes nouvelles ; nous: avons , les premiers, fait part des rapports qui existent entre le poulet et les substances destinées pour le faire vivre pendant tout le temps de lincubation. Nous avons détruit les idées erronées que l'on avoit sur les vaisseaux jaunes et sur le prétendu canal qui, de la capsule dû jaune, communique dans le tube intestinal. Nous en pou- é ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 vons dire autant des prétendues chalazes qui ne sont autre chose que deux portions albumineuses , dont la réunion , opérée par l'incubation ou par l’ébullition , constitue ce que nous nommons notre troisième albumen , a{bumen central, A nous appartient la découverte de ce canal absorbant qui nous explique comment le blanc peut diminuer de volume pen- dant l’incubation , être transféré dans la coque du jaune pour l’étendre , et le rendre plus susceptible d’être absorbé et d'être entrainé dans le torrent de la circulation. Enfin , nous avons jeté quelques idées nouvelles sur le mécanisme que la nature ein ploye pour expulser de sa coquille l'oiseau parfaitement déve- loppé ; nous avons tracé une esquisse de la manière dont il respire, et l’on peut à présent expliquer sans peine ces cris du poulet qui ont fait croire à Haller et à beaucoup d’autres phy- siologistes non moins célèbres, que cet animal faisoit usage de ses organes pulmonaires pendant la durée de Pincubation. Il ne faut pas non plus oublier la note de la page 67, qui contient l’énoncé d’un phénomène constant. C’est l’aspect d’une couleur rose , provenant d’une double réfraction de la lumière, à mesure que la substance vitelline se dissout dans l’eau. Si ce travail , qui nous a coûté beaucoup de peine , fixe l’at- tention des physiciens et des anatomistes , 1l doit réclamer leur indulgence. Nous ne le regardons nous-mêmes que comme une ébauche ; et en nous déterminant à le publier, notre unique but est de recueillir les jngemens différens qu’on en portera. C'est le seul moyen de faire marcher la science : et nous sommes jaloux de témoigner d'avance combien nous serons satisfaits des avisutiles que s’empressent de donner à la jeunesse, des hommes éclairés qui ne savent que l'aider et jamais la décourager. LA NOMME SUR LES ANIMAUX MORT-NÉS; CPATAEIE RUN HNIOËLA DUT. L: Journal Wedico chirurgical du prof. Tode, vol. 3. ch. 3, à Copenhague , 98 en allemand , annonce une découverte impor tante. Herholdt a trouvé , en ouvrant des cadavres d'animaux mort-nés , la cavité du tambour remplie de la liqueur de l'am- 408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nios et de phlegme (eau visqueuse ) : ce fluide: sort, après la naissance , par le conduit auditif, et est remplace par l'air atmos- phérique. Cette découverte l’a induit à supposer que la liqueur de l’amnios s'introduisoit également dans le tuyau de la respira- tion, et le remplissoit tant que l'enfant n’étoit pas encore né. Des expériences faites à l'Ecole vétérinaire , ont confirmé cette hypothèse. Ordinairement la nature fait écouler cette liqueur , quelquefois il faut employer le secours de l’art. L'enfant ne peut respirer librement que lorsqu'il en est débarrassé. Ierholdt pense que cet accident produit plus de morts apparentes qu’on nele croit communément ; 1l ne suffit donc pas de rincer le gosier de l’en- fant , il faut lui donner une attitude qui facilite l'écoulement de la liqueur. L'auteur a eu le bonheur , cette année, de rappeler à la vie douze enfans sur treize qui se trouvoient en pareil cas. Les professeurs Abildgaard et Wiborg ont confirmé l’expérience pat l'ouverture de cinq chiens non encore nés. N:OUL-E SUR LE GLASS-CHORD; Par BE vER. Lr glass - chord est une espèce de forte -piano , qui , au lieu de cordes ordinaires, a des cordes de verre : c’est pourquoi Franklin lui donna ce nom de g/ass-chord (1). Ces cordes sont de petites bandes de verre ou cristal, lesquelles sont attachées sur deux espèces de chevalet. Une des extrémités est frappée par des petits marteaux garnis de soie. Ces marteaux sont soulevés par les tou- ches du clavier. Les bandes, pour les tons graves, sont minces et ont peu de longueur. Leur épaisseur est plus considérable pour les tons aigus , ainsi que leur longueur. Les avantages de cet instrument sont, 1°. d’avoir des sons plus mélodieux que ceux du piano ordinaire ; 20. il n’a pas besoin ’être Re de nouveau; 30. il est très-portatif. L'auteur vient d’en étendre le clavier à quatre octaves. (1) Glass, verre en anglais , chord, corde, LETTRE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 409 LUE TUE A J.-C.Deraméruerte, auteur du Journal de Physique, pour servir de réponse au mémoire de Dirspan, sur l'acide des pois chiches ; " Par DEeyEeux. 12: le dernier n°. du Journal de Physique, vous avez inséré un Mémoire de Dispan fils , sur l'acide du pois chiche. D’après la lecture que je viens d’en faire , je vois que ce chimiste n’est oint de mon avis sur la nature de cet acide. Il pense qu’il dif- ère essentiellement de l’acide oxalique auquel je lavois com- paré, et qu’il faut lui donner le nom de cicérique , parce qu'il a des propriétés qui ne ressemblent pas à celles des autres acides végétaux. Si j'ai commis une erreur ,ilestjuste qu’elle soit rectifiée ;et, à cet égard, je devraisavoir le plus grand gré à Dispan de me lavoir fait connoître ; mais lesexpériencesque ce chimiste rapporte pour combattre mon opinion , sont-elles assez exactes pour ne laisser aucuns doutes sur la justesse des conséquences qu’il a tirées? C’est ce que je ne pense pas : on jugera si j'ai raison, d'après les détails dans lesquels je vais entrer. La première fois que j’eus occasion d’observer l’exudation du pois chiche, je fus singulièrement surpris de sa saveur acide. Curieux de connoître quelle étoit sa nature, je fis d’abord plu- sieurs expériences qui , je dois en convenir, ne me procurèrent pas les éclaircissemens que je cherchois ; cependant, à force de les répéter et sur-tout de les varier, je commençai à entrevoir l’espérance de réussir. Pour arriver au but vers lequel je tendois, je sentis la nécessité de me procurer une assez grande quantité de l’acide dont il s’agit, afin de pouvoir lui faire subir différentes combinaisons. Mais à quel procédé falloit-il avoir recours pour l'obtenir le plus pur possible? Après bien des essais infructueux, je m’arrêtai à celui que j’aiindiqué dans mon Mémoire , qui consiste à immerger dans de l’eau distillée, les tiges de la plante, en prenant des pré- cautions, pour que , pendant cette opération, Le ne soient ni froissées ni rompues, et sur-tout qu’elles ne séjournent pas dans l'eau plus de temps que celui nécessaire pour les plonger et les retirer. Cette opération, quoique longue et ennuyeuse , est tou- jours celle qui m’a semblé mériter la préférence, parceque j'ai re- Tome V. FLO RÉAL an 7. Ggg #10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE marqué qu’elle remplissoit mes vues , et que l’eau que j’obtenois finissoit par devenir tellement acide que, non- seulement elle rougissoit la teinture de tournesol et le syrop de violette , mais que même aussi elle faisoit effervescence avec le carbonate de potasse. ; Le procédé auquel à eu recours Dispan, est assurément bien différent de celui que je viens de citer. Il consiste à frapper un linge fin avec des tiges de pois chiche assez fortement , et à-peu- prés, ce sont ses expressions, comme on feroit un meuble dont on voudroit ôter la poussière. 1] lave ensuite ce linge dans une suffisante quantité d’eau , et finit par la concentrer , au moyen d’une évaporation ménagée. 1 : Je demande maintenant s’ilestpossible de croire que l'acide obtenu par le procédé de Dispan , puisse être aussi pur que celui que j'ai retiré? Non, sans doute, et à cet égard, je suis sûr qu’on sera bientôt de mon avis, lorsqu'on voudra faire attention que la per cussion assez forte que Dispan emploie pour impregner son mor- ceau de linge d'acide ; suffit pour déchirer une portion du tissu de la plante, et mettre par conséquent en évidence, d’autres fluides composés , qui venant à se séparer avec l'acide, s’atta- chent avec ce dernier au linge , et ensuite sont émportés par l'eau qui sert à faire le lavage. Cet inconvénient dont je m’étois aussi appercu , lorsque , dans mes premiers essais , pour obtenir l’acide que je desirois , j’avois employé des moyens à-peu-près analogues à celui de Dispan, m’avoit déterminé à pélérer l'immersion dans l’eau à tout autre procédé. Aussi ma liqueur acide , toutes les fois que je la con- centrois jusqu’à moitié par une évaporation lente , ne changeoit- elle presque pas de couleur, et conservoit-elle la plus parfaite transparence. Il paroît qu'il n’en a pas été de même de celle de Dispan , car il assure que par l’évaporation elle a acquis une couleur citrine très-belle. Une différence aussi remarquable doït déjà faire pressentir que son acide m’étoit pas , à beaucoup près , aussi pur que le mien, et elle lui fournit la réponse à la question qu'il fait: pourquoi l'acide qu’il a obtenu jaunit-il, brunit-il, noircit-il même par l'évaporation au soleil ou à une chaleur de 35 degrés, randis que les goutelettes de l’acide qui se manifestent sur la plante , conservent la diaphanéité la plus parfaite ? En effet, ilest facile de concevoir que si les goutelettes d’acide dont se trouve recouverte la plante , conservent leur diapha- néité et ne’ se colorent pas, quoiqu’exposées long-temps au soleil ET D'HISTOIRE NATURELLE. Ais le plus ardent, c’est que l’acide qui produit les goutelettes n’est mêlé avec aucun corps qui puisse en altérer la pureté. Comme c’est dans l’intérieur de chaque poil de k plante , du moins sui- vant mon opinion, que cet acide se forme , et comme là , il n’y rencontre pas de substance avec laquelle il puisse former de combinaison , il n’est pas étonnant qu’il en sorte pur, et que, en se concentrant ensuite par la chaleur du soleil , il n’acquiert pas de couleur comme celui qui a été obtenu par la percussion de la plante qui, dans ce dernier cas , je le répète , étant toujours froissée en partie, doit permettre à l'acide de se mêler à des corps étrangers. Après avoir prouvé que l'acide sur lequel Dispan a opéré n’a pas dû être le même, par le fait de son procédé, que celui que j'ai obtenu , on ne sera plus étonné du peu de ressem- blance qu’il y a entre les propriétés de son acide et celles du mien. Ce chimiste a employé tous les moyens pour s'assurer que le sien n’étoit pas de l’acide oxalique, et , à cet égard , je dois dire que les preuves qu’il a données paroissent sans replique ; j’ajouterat même qu'on doit lui avoir obligation d’avoir poussé aussi loin qu'il l’a fait, un travail qui, sans doute, a exigé de sa part beau- coup de temps , et qui suppose des connoïssances chimiques très-étendues Mais si jamais l’occasion de reprendre ce travail se présente à lui, je l'engage à répéter mon procédé, et je crois pouvoir l’as- surer que , s’il le suit avec exactitude, il obtiendra les mêmes ré- sultats que ceux énoncés dans mon Mémoire. AE Il verra, entre autres choses , que si, avant de concentrer l'eau distillée dans laquelle il aura seulement immergé, et sur - tout sans les laisser séjourner , un grand nombre de tiges de pois chiche garnies de leur cosse, dans le moment où elles sont bien chargées de cette espèce de rosée qui les recouvre ; il verra, dis-je, que s’il mêle à cette eau acide, de l’eau de chaux nou- vellement préparée et parfaitement claire , il obtiendra un préci- pité iqui, soit qu’il se forme subitement, soit quelques heures après le mélange , sera un véritable oxalate de chaux; il verra aussi que s’il compare la manière d'agir de cette eau sur les liquides qui contiennent des sels à base de chaux avec celle d’une solution d'acide ox4lique sur ces mêmes liquides, il aura, dans les deux cas, des précipités semblables dont il pourra connoitre la nature par des expériences ultérieures , ainsi que je l'ai fait, Enfin, il acquerra la preuve que la liqueur qui exude de l’extré- mité de chaque poil du pois chiche est un véritable acide oxalique. Ggge 2 412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE C’estdu moins ainsi que j'ai dû l'appeler d’après des expériences que j'ai faites avec toute l'exactitude qu’il a été en mon pouvoir d'apporter. vant de terminer êette lettre , je dois faire observer que Dispan , tout en admettant la présence de l’acide auquel il a donné le nom de cicérigue , n’est Gé cependant fort éloigné de croire aussi à celle de l'acide oxalique. Il rapporte même à ce sujet une expérience qu’il a faite, d’après laquelle il semble con- vaincu que (ce sont encore $es expressions ) on pourroit concilier son opinion avec la mienne. Cet aveu, de sa part, prouve que son acide cicérique peut bien exister indépendamment de l’acide oxalique , et que, si je ne l’ai pas reconnu le pe c’est. que mes expériences ayant été faites seulement dans la vue de connoître la nature de l’exudation des poils du pee chiche, je n’ai pu et n’ai dù la déterminer que d’après des résultats qui m'ont paru conformes à ceux qu’on obtient , lorsqu’on opère avec de l'acide oxalique. — — NOUVELLES LITTÉRAIRES. Voyages en Syrie et en Egypte, pendant les années 1783, 84 et 85. Troisième édition, revue, corrigée etaugmentée , 10. de la notice de deux manuscrits arabes inédits qui fournissent des détails nouveaux et curieux sur l’histoire, la population, les re- venus , les impôts, les arts de l'Egypte, ainsi que sur l’état mili- taire, l'administration, l'étiquette des mamelouks tcherskasses, et sur l’organisation régulière de la poste aux pigeons. 20. D'un tableau exact de tout le commerce du Levant, extrait des registres de la chambre du commerce de Marseille. 40, Des considérations sur la guerre des Russes et des Turcs, publiées en 1788. 4e. De deux gravures nouvelles , représentant les pyramides et le sphynx , auxquelles sont jointes les planches de Palmyre et de Balbek , et trois cartes géographiques , toutes refaites à neuf. Par C. F. Volney, membre de l’Institut national des sciences et des arts. 2 vol. in-8. A Paris, chez Dugour et Durand, libraires, rue et hôtel Serpente. Les éditions multipliées qui ont été faites de cet ouvrage , pron- vent l’empressement avec lequel le public l’a accueilli. Les addi- tions faites dans cette nouvelle édition le rendent encore plus intéressant. Nous allons en extraire ce que l’auteur dit de la poste aux pigeons, d’après un ancien manuscrit arabe. Colombiers des pigeons de message. Ces colombiers sont établis dans des tours construites de distanceeu distance dans toute ET D'HISTOIRE NATURELLE. 313 ‘étendue de l’empire. C’est à Moussel que l’on a commencé à se servir des pigeons pour porter des lettrès. Lorsque les Fatmites envahirent l'Egypte, ils y etablirent les postes aëriennes , etils yattachèrent un si vif intérêt, qu'ils assignèrent des fonds propres à une régie spéciale à cet objet. Parmi les registres de ce bureau, en étoit un où se trouvoient classées les races de pigeons reconnus les plus propres. Ces lettres, appelées batéig , contenoïent l'avis pur et simple ; on les attachoit sous l’aîle ; elles étoient datées du lieu , du jour, de l'heure ; on expédioit, par duplicata ; à l'arrivée de l’oi- seau, la sentinelle le portoit au sultan même qui détachoit l'écrit. Les pigeons bien dressés étoient hors de prix. Ces établissemens étoient fort coûteux , mais très-utiles. On appeloit ces pigeons les anges des rois. Depuis long-temps les colombiers du Saïd sont détruits par suite des troubles qui ont ruiné le pays; maïs ceux de la basse Egypte subsistent (en 1450 , temps où écrivoit l’auteur du ma- nuscrit), eten voici l’état, ainsi que pour la Syrie. L’auteur donne ici l’état des distances des colombiers. Il y en en avoit 4 du Caire à Alexandrie; 4 du Caire à Damiette ; 5 du Caire à Gazzah. 2 De Gazzé (ou Gazzah ) à Jérusalem ; 3 de Gazzé à Karak ; 4 de Gazzé à Safud ; 6 de Gazzé à Damas ; 1 de Damas à Balbek; 7 de Damas à Halab; 4 de Halab à Behesna ; 4 de Halab à Rahabé; 5 de Damas à Tripoly. La distance de ces colombiers est environ de 30 milles; maisily en a dela distance de 75 milles, etmême celle de Palmyre(Tadmour) à Rahabé étoit de 108 milles. Tels sont les colombiers entretenus dans l’empire pour la célé- rité des dépêches. Chaque colombier a son directeur et ses veil- leurs , qui attendent , à tour de rôle, l'arrivée des pigeons ; il y a en outre des domestiqueset des mulets à chaque colombier pour les échanges respectives des pigeons. Les Ruines , ou Méditations sur les révolutions des empires , par Volney. « J'irai vivre dans la solitude parmi les ruines. J’interrogerai les monumens anciens sur la sagesse des temps passés... Je demanderai à la sagesse des législateurs par qu: ls moufs s'élèvent et s’abaissent les empires ; de quelles causes naissent la prospéritéet lesmalheurs des nations ; sur quelsprincipes enfin doivent s'établir la paix des sociétés et le bonheur des hommes ». Chap. IV, pag, 24. Troisième édition , corrigée et augmentée du Catéchisme du citoyen français , par le même auteur. A Paris, chez A-J. Dugour et Durand , libraires, rue et hôtel Serpente. L'accueil que le public a fait à ces ouvrages , les nombreuses éditions qui en ont été faites , prouvent combien l'auteur a su intéresser. Dans cette nouvelle édition il a ajouté à cet intérêt par le soin qu’il y a donné. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES . rArR BouvarD, astronome, a THERMOMÈTRE. BAROMÈTRE. | (CD RE ect FER) 7 #| Maximum | Minirmum.|la Mini] Maximum | MiN1imum. |A Mini. 1 fa 2his. + 11,6|2 o",im.+ o,8/+ 10,2/à midi. 27. 6,4|[à 2his... 27. 6,127. 6,4 2 [à 3hs.. + 12,1|à 6h m.+ 2,6! 10,5/à midi... 27. 7,6 à 60, m... 27. 7,227: 7,6 3 [a ahis. + 8,1|à shim 1,5 | 8,ofà 5h$m.. 27. 7,8] à midi... 27. 7,7|27. 7,7 ] ga ahis. + 12,5/à 6h m.+ 2,7, 11,8/à Ghém.. 27. 8,1] 4 2h56... 27. $,0|27. 7,7 5 [a midi. + 13,4[à 6. mb $,1l4 13,4fà sh£s.. 27. 8,3lu 6%, m... 27. 6,027. 6,4 6 |à midi. + 10,4[ fhém.+ 0,1|+ 10,4fà sh£m.. 27.10,1|à 7h,s..., 27. 8,027. 8,6 7 lèuhis. + s,1là 6hm.+ 3,5|4 7,ofà éh.m... 27. 7,4] 126... 27. 6,9127. 7,0 8 [à midi. + gsola SMim.+ 2,1|+ $,ohà 6h... 27. 8,9] a Sh# m.. 27. 7,7/27. 8,0 9 [à midi. 9,o{à $him.+ 1,3|+# 9,0 à midi... 27.11,3la 316... 27. 8,8|27.11,3 Îrofà midi + 3,o|à sham.+ 0,514 ‘3,0fà 6ï.m... 27. 9,68 2h,s.,. 27. 8,0|27. 8,4 nifà ghis. + 1,6[à jhim.— 3,04 o,1fà shém.. 27. S,6là fh£s... 27. 5,4/27: 5,5 lxz là 2hs.. Æ 1,52 çhem— 1,5 + 0,612 7h.s.... 27. 6,6| a 6, m... 27. 6,0|27. 6,0 13là midi. + 2,3|à shim— 1,44 2,3là 7hs... 27. 9,2] à 7h, m... 27. 7,6|27. 8,7 ! 14|à 2hs.. + 4olà shim.— 3,1|+ 4,ofà s'im.. 27. 8,8là 501 m.. 27. 8,7|27. 8,8 jasla midi. + 7,3la sim 2,74 7,30à $him.. 27. 9,91à..,..... A AION 7 MS me) midi Mio sil lets tels else 2 9/5 la" 6h. m...127. sr2la Ml NE rmdi2 . là ans. + 12,7 là $him.+ 4,1/412,5la ah.s.... 27. 4,7là Slim... 27. 4,4127: 4,7 | 18[à om. + 6,5/3 shim.+ 4,6|+ é,olà midi... 27. 8,5|a A) Ete, P>° tplà 2h,s.. + 8,7/à $him+ 4,6|—+ 8,5la 6h.m... 27. 9,0| à ER Er ns | 20[à midi. + 9,4là him. 4,3|+ 9,4!à shim.. 27. 8,8] à I Nes 21|à midi. + 10,3 /à $hi s.+ 4,54 10,3fà hs... 27. $,3|à Mae |27- 3,6 223 midi. + 11,o/à him 2,9 | 14,02 8h m., 27. $,7| à 48127. 5,5 23|à midi. + 10,3|a 5h.5m.+ ti 10,3 à 4h.s.... 27. 7,5| à . 6,0!17: 7,0 \ 24|à 2h1s, Æ 10,4 à $h£m.+ 1,4|+ 10,4 à 2hïs 27.11,4 à c,4|27.11,$ : 25/à midi. + 9,8[à fhim.— 3,74 9,8/à him, 27.11,4| à 9977108 26|à midi. + 16,5|à $him.+ FE 16,5jà $him.. 27. $,9|à 4 5l27..5,s an Unidi ee Moal atUe, MA PTERON H p,2la 7.5... 27. 5,4] à 3127-0300 28|à midi. + 11,4/à $him.æ+ 6,3 | 11,4]à midi... 27. $,9|a . 3,2127. $,9 29/à 56m + 6,4là slim. 4,1] 6,4fà shim.. 27. 3,9 à + 1,4/27. 2,$ olà 7hs..-h 6,31à Snam.+ 4,8 [+ 6,olà 77.2s...,27.13,81a MASSlIER Er. RVENCPANENT TRUE AMTETIOLN: Plus grande élévation AUMÉTEUTÉ. eme car 7- lle SA IC UZS | Moindreélévation du mercure.....,....,.. HZ 7-42 IC 20 Elévationmoyenne....:............... 27. 6,48 Plus grand degré de chaleur. ......., ere | ML, Jeu26 Moindre degré de chaleur..,...,.......,, — 3,1, le 14 Chaleur MOYENNE. «rss sons spse 4) 6,7 ; Nombre (dc jours beaux. 4 Li, 50 UNE 6 deMcouverrs LE ne DDP DEN ce DS ER EE DS AT ICE SEEN 1029 Oo dongooede eue 6 A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Germinal an rai. o © DOI Gin BR 0 D POINTS LUNAIRES. VENTS. LL: P!. L. Perigée. Equin. descend. mn LA ! ts DZ 7 O is Dern. Quart. PZZ227070%9 AE CTI . F1 Equin. ascend, nn ‘ Z 5 a F3 N. L. Apogée. [= 3 a G S- ci FALSE F0r00 eo) Dern. Quart. Equin. descend. S-S-E, fort. | Pleine Lune. RAÉNCRANPIL de grêle de tonnerre de brouillard de neige... Le vent'a foufflé du N. ........ “se MMA TT ANEMEO NES DE L'ATMOSPHÈRE Ciel trouble et nuageux ; gelée blanche Je matin, Ciel sans nuages ; vapeurs et b:ouillard legmatin, . Beau le matin ; couvert depuis midi. Brouillard considérable le matin ; ciel à demi-couvert. Quelques éclaircis ; pluie à 3 heures du soir, Beau ciel ; gelée blanche ; pluie par intervalles le soir. Ciel couvert par intervalles ; pluie le soir. Pluie par intervalles ; grêle à midi ; quelques éclaircis le soir. Ciel à demi-couvert. Ciel couvert par intervalles, Même temps. « Ciel couvert ; neige vers midi. Quelques éclaircis dans la journée, Quelques nuages le matin; couvert le soir. Ciel couvert ; quelques éclaircis le matin. Pluie par intervalles. Ciel'couvert ; pluie mêlée de grêle ; le soir à $ heures tonnerre. Pluie fine par intervalles dans le jour. Idem. Beau par intervalles ; pluie mélée de grêle vers midi. Pluie par averses; grand vent. Sud. Couvert par intervalles. Idem ; grélé vers midi. Couvert par intervalles. Ciel couvert, Ciel trouble et chargé de vapeurs; tonnerre et pluie le soir. Ciel couvert ; très-grand vent, Plusieurs averses dans la soirée. Pluie abondante ; grosses averses par intervalles. Idem. RAUPTEAWTERONN: 416 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc: TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Mssrozrr sur la matière du feu , considérée comme instrument chimique dans les analyses, par Lamarox. Page 345 Quatrième Mémoire sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d'eau, etc. , par Jean SENEBtER. 361 Observations sur La teinture de mars alcaline de Sruar, par J.-M. Haussman. 369 Sabot Drague , ou nouveau moyen de curer les ports de mer, ar BERTRAND. 373 Lettre de J.-H. HassenrrarTz à J.-C. DELAMETHERIE. 375 Observations lithologiques et chimiques sur une espèce sin- gulière de marbre primitif, par Narrows. 3 Histoire naturelle de la montagne de S. Pierre de Maestricht , par B. Fauras-Sarnt-Foxp. 382 Dissertation physiologique sur la nutrition des fœtus considérés dans les mammifères et dans les oiseaux, par Leverrié. 366 Note sur les animaux mort-nés, par HEruorpr. 407 — sur le glass-chord, par Bsyen. 408 Lettre à J.-C. DELAMÉTHERIE, POUT Servir de réponse au mémoire de Disran, sur l'acide des pois chiches, par DEvEux. 409 Nouvelles littéraires. 412 Observations météorologiques , faites à l’observatoire national de Paris, par Bouvann. 414 , 415 Zéoreal an 7. om te À à ie le mnt 7 à AE PR ee eq mm a ne | | JOURNAL DE PHYSIQUE, D'ExCGELIM LE ET D'HISTOIRE NATURELLE. PRAITRIAL an 7. So — 7 — = CINQUIÈME MÉMOIRE ! Sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d’eau, lorsqu'ils sont exposés à la lumière, de méme que sur les nf aives et tremelles , considérées relativement à leur nature et à leur propriété de donner du gaz oxigène au soleil ; Par Jean Senezrer, Bibliothécaire de Genève. SANNIOTE La matière verte est-elle une production animale ou végétale ? \ I peut sembler , au premier coup-d’æœil , que cette question est facile à résoudre. Lorsque je l’examinai, pour la première fois, je m'étonnai moi-même de faire cet examen ; mais lorsque je l’'eus étudiée avec plus de soin, je trouvai bientôt qu’elle étoit difficile à résoudre , si tant est qu’elle soit résolue. Les observa- tions de Félix Fontana doivent faire la plus grande impression , quoiqu'il n'en donne pas les détails ; mais il annonce clairement que la matière verte est formée par des animaux , et que le gaz oxigène qui s’en échappe est leur ouvrage. Ingenhouzs a donné une nouvelle force à ces idées par de nouvelles observations, que j'ai fait connoître dans mon premier mémoire. De sorte qu’en étudiant ce curieux sujet , j'avois sous les yeux les observations et les découvertes de ces grands hommes , avec celles que j’avois faites et l’opinion qu'elles m’avoient fait prendre. Quoique mes observations ne soient pas rigoureusement tran- chantes et sans replique ; quoiqu’elles n’établissent pas victorieu- Tome V. PRAIRIAL an 7. Hhh 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sement mes soupçons sur le caractère végétal de la matière verte, et sur la nature des animalcules qu’on y trouve, cependant , quand elles ne seroient que des objections qui peuvent avoir quelque force, elles. mériteroient quelque attention ; je ne les aurois pas même publiées, si elles w’avoient pas été d'accord avec les idées de Spallanzani, qui a peut-être étudié mieux qu'aucun autre naturaliste les animalcules d’infasion. Je publierai, à la fin de ces mémoirés, quelques fragmens des lettres que ce savant illustre n’a écrites sur ce sujet, il y à quelques années , et qu'il m'a permis de publier. Il y a long-temps qu’on à remarqué les plus grands rapports entre les végétaux et les animaux ; 1l est même peut-être difficile au philosophe exact de les distinguer d’une manière qui ne laisse aucune incertitude sur leurs caractères distinctifs. On trouve au moins certaines espèces animales et végétales si rapprochées , qu'on est fort embarrassé de fixer le règne auquel elles appar- tiennent le mieux; mais je ne veux point remonter jusques-là pour appuyer momopinion , je me borne aux différences essen- tielles que présente un troupeau de bœufs ou de moutons dans une prairie, pour’ les distinguer de l'herbe qu'ils broutent. Il me paroît d’abord difficile à concevoir que la matière verte soit composée de tous les animalcules qu’on ÿ apperçoit, et que j'ai décrits : cette matière devroit varier suivant ses composants , soit qu’une seule espèce d’animalcules formât une seule espèce de matière verte ; soit que celle-ci fùt composée de plusieurs es- pèces de ces animalcules dont le nombre pourroit varier. Les ruches d’abeilles ne ressemblent point aux nids des bourdons velus et des abeïlles maçonnes, ou aux guêpiers ; de sorte que si les habitations sont les mêmes , ou si f matière verte que les animalcules doivent former , est toujours semblable , il faut en conclure que les espèces qu’on connoît ne sont pas formées par les animalcules dont les espèces varient toujours , soït par leur nombre , soit par leur nature ; mais il seroit bien plus difficile à imaginer la glaire verte qui recouvre la matière verte forinée par ces animalcules ; et l’on avoit, je pense, quelques droits à exiger que l’on apprît comment les animalcules produisent cette matière végétale, et comment ces différentes espèces s’accordent pour travailler ensemble au même ouvrage , comme pour le faire toujours de la même façon , lors même qu’on supposeroit les espèces collaboratrices de la matière verte toujours semblables ; ce qui est pourtant contraire à ce qu'on a observé. Il pourroit paroître plus probable de former la matière verte avec les animalcules verts observés dans les eaux , où cette EUT D'HISTOIRE NATURELLE. 419 matière se trouve ; mais il faut remarquer que le nombre des animalcules verts est très-petit , que ces animalcules verts ne sont pas communs , que ces animalcules réunis en masse forment ne nuance verte assez foible , tandis que celle de la matière verte est assez foncée, que la couleur individuelle de ces ani- malcules est à peine perceptible ; en sorte qu'il paroît que la couleur de la matière verte est le produit des filets verts qui semblent être une matière végétale comme le mucus vert qui les. recouvre. Mais il n'est pas même bien sûr que ces animalcules soien essentiellement verts ; j'ai vu quelques-uns de ces animalcules, et en particulier des animalcules à tourbillons , qui étoient verts, tandis que d’autres animalcules des mêmes espèces n’avoient pas cette couleur , d'autant plus qu’ils la perdoiïent quand on les isoloit dans des eaux pures ; de sorte que je soupçonnäi que cette couleur verte étoit produite par la matière verte dont les ani- malcules werts se nourrissent ; mais ceux qui étoient sans cou- leur étoient à jeun, ils verdissoient comme les autres en les mettant à portée des prairies microscopiques. Les rotifères n’ont point de traces vertes sur le corps , quand leurs alimens sont d’une couleur jaune. On a trouvé un petit scarabé dont les fluides se teignent en bleu lorsqu'il se nourrit avec les feuilles du pastel, le suc rouge de l’opuntia PUS l’écarlate de la cochenille , et la garance teint en rouge les os des animaux qui en mangent. Je ne joins pas ici les raisons générales qui me paroïssent exclure les animalcules verts de la formation de la matière verte, parce qu’on aura l’occasion de les voir dans la suite de ce mémoire, en parlant de tous les animalcules sans distinction. On a cependant cru que la matière verte étoit composée par des animalcules ; mais comme on a senti la nécessité d’en li- miter le nombre , on les a bornés à des animalcules globulaires, et à des animalcules à filets qui ne sont pas trop caractérisés ; mais enfin c’est ainsi qu’on les représente, quand la matière verte commence à paroître. On y a joint quelques-uns de ceux que j'ai décrits accollés deux à deux, et qui se trouvent aussi dans les eaux où il y a quelque matière qui fermente, ou qui se corrompt. Ensuite, quand la matière verte est formée depuis quelque temps, les insectes d'Ingenhouwzs , ou plutôt les animalcules , cessent d’être perceptibles, parce qu’ilssont, sans mouvemens, enchaînés dans une matière visqueuse , et entrelacés par des filets blancs, qui ont un moüvement arbitraire. Ensuite » pour expliquer la variété de ces animalcules qui doivent former la matière verte , et qu’on trouve avec elle , où l’on voit, par exemple, des ani- Hhh a e 420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE malcules globulaires remplacés par des animalcules elliptiques , et de toute autre figure , on suppose une espèce de métamor- phose semblable à celle qu’on observe dans les insectes ; et c’est probablement cette supposition qui a fait donner ce nom aux animalcules. Cette opinion n’étoit pas, il est vrai, destituée de tout fondement apparent. Buffon l’avoit adoptée pour les vers spermatiques , il avoit même su la rendre probable ; maisle phé- nomène curieux sur lequel cette opinion repose, fut étudié’ par Spallanzani , et cette prétendue métamorphose fut anéantie. Le célèbre observateur de Pavie remarqua clairement que Buffon avoit confondu les animalcules qui naissent dans la liqueur séminale putréfiée , avec les elles spermatiques , et qu'il attribuoit mal à propos à la métamorphose prétendue de ces derniers , quine changeoient point de formes , le développement de ces amimalcules nouveaux que la putréfaction favorisoit , comme on le voit dansles Expériences sur la génération , de ce grand homme. , La métamorphose des animalcules étoit encore , ainsi , un fait unique et nouveau dans leur histoire ; elle étoit sur-tout capitale dans celle de la matière verte, Il falloit donc montrer, d’abord , que ces animalcules n’appartenoient point aux infusions com- munes , mais qu'on les trouvoit seulement dans le tissu de la membrane de cette matière , ou dans la matière elle-même , ce qui est manifestement contraire aux observations faites dans tous les temps. Il auroit ensuite été nécessaire de faire voir ces méta- morphoses dans les animalcules , les suivre dans toutes leurs phases , remarquer toutes leurs circonstances ; c’est au moins ainsi qu’on à démontré celles des insectes. Il étoit bien important de s’occuper de ce sujet ; car si ces métamorphoses ne sont pas vraies, ces animalcules differens ne sauroient produire une ma- tière verte parfaitement semblable ; et si la matière verte est la même , elle ne sauroit être le produit de ces animalcules diffé- rens. Il faut pourtant le dire, au milieu de cette foule d’animal-- cules dont la vie n’est pas longue, que leur vivacité place tou- jours sous les yeux, il seroit bien étonnant que des observateurs assidus n’ayent jamais remarqué ces métamorphoses, ou quelque chose qui pût les faire soupçonner. On pourra dire , il est vrai, que Les animalcules observés ne sont pas ceux de la matière verte, parce qu'un très-petit nombre d’observateurs s’en sont occupés: mais si les animalcules que j'ai décrits dans le mémoire précédent, se trouvent avec la matière verte, comme dans les'infusions oùon les a remarqués, pourroit-on croire raisonnablement qu'ils su- bissent des métamorphoses lorsqu'ils sont avec la matière verte , D ÆET D'HISTOIRE NATURELLE. * 424 et qu’ils se reproduisent tels qu’ils sont dans les infusions , sans avoir subi de métamorphoses ? D'ailleurs, comme il y a quelque temps que cette matière verte occupe les physiciens , et que l'opinion de ces métamorphoses est connue , seroit-il probable que personne ne les eût cherchées , ne les eût vues, n’en eût Enr , etque Fontana etIngenhouzs eussent été les seuls témoins e ce phénomène singulier , qu'ils ont plutôt soupçonné qu’ap- perçu ? Quoi ! on n’auroïit jamais vu un de ces animalcules se changer en nymphes , comme on les voit se diviser , pondre des œufs ; on n'auroit point vu de nymphes ? J'avoue que je ne comprends rien à cela , et que je ne sais trouver aucune analogie entre ces animalcules et les insectes qui se métamorphosent , quoique l’on observe ces analogies très-risoureusement entre les insectes soumis à cette loi. : Enfin , ces prétendues métamorphosess’expliquent très-bien par la succession de ces différentes espèce d’animalcules qui se suc- cèdent et qui sont essentiellement différentes ; comme lorsqu'un troupeau de vaches remplaceroiït dans un champ un troupeau ce dindes , on ne sauroiït soupçonner une métamorphose : de même on ne peut la croire , sans preuve, quand des volvox paroissent dans les infusions après les cyclidium. Si l’on considère ce phénomène plus généralement, on trouvera .que le nombre des animalcules , quel qu'il soit, est toujours trop petit relativement aux masses vertes qui se forment , et que ces animalcules ne sont pas plus nombreux auprès de ces masses qu'ailleurs ; il est vrai que ces animalcules péroissent plus à leur aise auprès de la matière verte que lorsqu'on les transporte dans l’eau pure ; sans doute ils y soupirent après une belle prairie, comme les moutons qui sont dans une route battue et pou- dreuse. : J'ai voulu comparer plus attentivement les animalcules globu- laires et à navette avec la matière verte ; mais je ne sauroïs voir dans les premiers les élémens de la dernière. J’ai observé souvent ,ces animalcules transparens se verdir en nageant sur la matière verte , parce que les rayons verts qu’elle réfléchit les traversent et les représentent avec leurs nuarces , et je ne pourrai conce- voir comment ces animalcules globulaires, qui sont très-vifs dans leurs mouyemens, seroïent ces grains opaques et immobiles que la matière verte montre dans sa pellicule ; ce ne seroit pas mieux la gelée, qui est fort homogène. J'ai vu mille fois ces animalcules glabulaires errer dans l’eau sur lamatière verte, y entrer , en sortir; mais je ne leur ai jamais vu former les franges qui bordent cette matière, — ” : 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE | En observant attentivementles bords de la matière verte, qu’on ne pent croire masliqués , je devois remarquer sur-tout dans ces places les animalcules verts ambulans, ou les globulaires , ou ceux à navette , on les accollés, sortant de leurs prisons et y ren- trant ; mais je n'ai pu jamais l’appercevoir ; cependant on l’ob- serve toujours dans les coraux , auxquels on les compare. 11 faut pourtant reconnoître que plusieurs espèces de corpus- cules globulaires sont souvent abbé de la pellicule, et qu’ils m'ont , comme les autres brins de la matière verte, que le mou- vement qui leur est mécaniquement imprimé. C’est ainsi qu’on voit les animalcules à tourbillons leur communiquer ce mouve- ment ; mais il cesse avec celui des animalcules : on s’assure en- core que ce mouvement n’est pas propre à ces grains, PAGE qu'ils ne font aucun effort pour éviter l’action du tourbillon , parce que le mouvement dure autant que lui, et parce qu’ils ne fuyent point les obstacles qu’ils peuvent rencontrer. Ces animalcules groupés ont, à la vérité, une couleur ver- dâtré , mais on ne les voit pas long-temps réunis de la même manière, comme la matière verte 3 on appercçoit bientôt leurs masses changer de formes , et disparoître par la dispersion des animalcules qui les formoient , où par leurs changemens de place , tandis que la matière verte a une couleur beaucoup plus intense , qu’elle est immobile , et conserve sa figure , comme sa place, à moins qu’on ne la bouge ou qu’on ne la découpe. Avec une certaine habitude du microscope , une observation suivie et diverses précautions connues des observateurs, on trouve la figure des animalcules globulaires un peu différente de celle des globules , qui sont des parties intégrantes de la matière verte , ou de la pellicule , que j'ai décrite. Les animalcules glo- bulaires sont plus allongés par un bout, leur couleur est d’un blanc mat : les globules de É matière verte sont peut-être plus sphériques ; mais leur couleur est transparente , verdâtre , et ils n’ont pas un mouvement spontané. Ces globules ne me paroissent que des vésicules pleines d’air, qui sont quelquefois liées par des filets, comme dans le paren- chyme des plantes. Îl arrive, d’ailleurs, qu’on observe dans certaines circonstances la matière verte sans animalcules globulaires ; ceci pourroiït prou- ver que cette matière peut exister sans animalcules globulaires ; cependant cette preuve n’est pas démonstrative , parce que si ces animalcules étoient tous incarcérés dans la matière verte , comme ils doivent l'être par l'hypothèse , alors il seroit difficile de les voir autour d’elle ; mais si on ne les retrouve pas en divisant ET D'HISTOIRE NATURELLE. cette matière en très-petits fragmens , l’observation de cette matière devient une preuve assez solide ; j'ai sur-tout vu cela dans la matière verte qui est vieille, GRSARE j'apperçusse autour d’elle des rotifères , des animalcules cylindriques et ellipsoïdaux, Enfin, j'ai eu l’occasion d’observer assez fréquemment les ani- malcules globulaires sans matière verte, et l’on ne peut s’empêé- cher de reconnoître qu’ils sont de la même espèce que ceux qu’on voit autour. de cette matière. On remarque pourtant des animalcules globulaires ou ellip- soïdes , qui se meuvent dans l’eau où la matière verte se forme ; mais leur existence dans l’eau n’est pas une preuve qu’ils soient les créateurs de la matière qu'on y voitavec eux , à moins d’ima- giner que tous les autres animalcules produisent le même effet , ce qui nous a paru tout-à-fait invraisemblable : quand l’eau ne contiendroit pas ces globules vivans, l'air pourroit y porter les germes ; mais la difiérence qu’on observe entre ces animalcules glabulaires et les globules de la matière verte, ne peuvent laïseer aucun doute sur leurs différences , puisque ceux-là ont un mou- es Al et que les autres en sont privés. il est évident que la fleur de l'orchis mouche n’est pas une mouche, et que les denirites ne sont pas des plantes, quoiqu'ils en offrent une image assez frappante. Îl est vrai que les globules de la pellicule ne sont pas verts, maïs le mucilage qui les recouvre les verdit ; les slindes miliaires ne sont pas vertes dans le parenchyme des feuilles, et la pellicule dont j'ai parlé pourroit bien n’être qu’une espèce de parenchyme. On sait, enfin , que {es animalcules globulaires se multiplient individuellement , mais on n’a jamais dit que les glo- bules de la pellicule se multipliassent de même. On a dit, à la vérité, que ces globulaires se changeoïent en filets qui constituoient la matière verte ; je ne répète point ce que j'ai dit sur les métamorphoses ; mais j’observerai qu’il ÿ a véri- tablement des animalcules très-petits qui ont la figure d’un bout de fil très-fin : ces animalcules se trouvent dans toutes les infusions , et par conséquent dans les eaux où il y a de,la matière verte, comme dans celles qui en sont privées. Ces animalcules en filets succèdent pour l’ordinaire aux animalcules globulaires, ou vivent aveg eux. J’ai vu de même, souvent, un grand nombre de ces corps ellipsoïdaux , ou de ces filets , avec plusieurs globules de la matière verte ; mais les uns et les autres étoient sans mouvement propre, et par conséquent ils ne pouvoient être regardés comme les animalcules globylaires. Si les animalcules globulaires étoient des parties constituantes de la matière verte, ou plutôt de la pellicule , on les verroit s’y LS JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ” installer lorsqu'elle se forme ; mais on les voit seulement nager autour des taches, et jamais je ne les ai vus s’y établir, former des tuyaux pour les recevoir et s’y loger. Cependant , puisqu'on voit les animalcules avec des verres, on verroïit à plus forte raison leurs logemens, s'ils s’en étoient préparés, suivant la pra- tique des insecics qui se logent. 41 Enfin, car il faut finir une fois sur ces animalcules globulaires, on voit croître la pellicule , les flets, leur nombre , celui des grains qui la forment ; elle s'étend dans toute sa circonférence , elle suit fidèlement la marche des végétaux en vie ; au lieu que ces animalcules globulaires qu'on a supposé changer de formes et s’allonger, sont des animalcules qui se multiplioient par divi- sion. Si la matière verte étoit même comme le gonium dont j'ai parlé , on la verroit se partager , se reproduire par division ; on la verroit sur-tout cheminer en masse , comme cette collection d’animalcules ; mais on ne découvre rien de pareil, et elle con- serve toujours un parfait repos. e Je reviens à présent à un examen plus général de l'opinion sur la possibilité de fabriquer la matière verte avec des animalcules d’infusion , et je la considérerai sous différens points de vue. J'ai toujours regardé les animalcules de toute espèce, qu’on observe dans l’eau avec la matière-verte , comme un troupeau dans une prairie : je voyois des portions de cette matière où il n’y en avoit point, tandis qu'ils étoient nombreux dans d’autres. Je les ai vus quitter les lieux où ils étoient pour se promener ailleurs ; on les apperçoit couvrir successivement différentes places ; mais ce qu’il ya de certain, c’est que là où l’on cesse de voir ces animalcules , on observe le repos le plus parfait. Outre cela, ces animalcules m'ont toujours parw superposés sur la matière verte ; quelques-uns prennent sa couleur, quand ils y sont, et la perdent en très-gfande partie quand ils la quittent : mais ce qui prouve que cette matièré n’est pas un aggrégat d’ani- malcules , c’estqu’on ne la voit passubitement diminuer d’étendue, changer de figures ; elle garde, au contraire, ses dimensions , quand elle a pris graduellement son accroissement , comme on s’en appergoiten dessinant quelques-unes de ses taches de matière verte, placées sur un morceau de verre, pourvu qu’on s'impose Vobligation de la suivre pendant quelques jours. Cependant, si cette matière verte étoit formée par une réunion d’animalcules, on les verroit tour-à-tour s’en écarter, s’y accumuler , et changer sans cesse ses bords, comme cela arrive aussi à ces groupes d’ani- malcules qui sont tout-à-fait variables par leurs formes et leur couleur ; on les voit verdir , se trouer, s’'échancrer , se découper: enfin, eñfin, ces groupés sont toujours assez transparens , et la matièr verte ne l’est un peu, que lorsqu'elle commence à se montrer. Je considérai rte les rapports dela dessication de la matière * verte et des animalcules. J’exposai pour cela la matière dans l’air et hors de l’eau pendant 24 heures ; les animalcules en étoient disparus : je l’humectai ensuite pendant une heure , et je m'y vis que des rotifères ; j'en avois vu déjà dans cette eau, et je la choisis exprès ; la matière verte me parut encore vigoureuse, elle fournit quelques bulles d’air ; mais je n’assureroïs pas qu’elles fussent toutes le produit de la végétation. La dessication de la matière verte m’a paru ôter aux globules qui entrent dans sa composition , la plus Ée partie de leur transparence , et diminue beaucoup leurs diamètres ; ce qui me confirme dans l'opinion que j'ai prise sur leur nature , lorsque je les ai considérés comme des vésicules semblables à celles du parenchyme des plantes. Quant aux animalcules globulaires , ils ont tous disparu, et cette portion de matière verte seroit un desert sans les rotifères qui l’animent. Lorsque la matière verte n’est pas collée aux paroïs des vases, et lorsqu'elle west pas alors pleine de gaz oxigène , elle gagne le fond, où elle reste, jusqu’à ce que quelques bulles d’air, qui s’échappent de quelques-unes de ses particules , la ramènent à la surface ; lorsque le soleil les éclaire ; mais les animalcules“ont la” faculté de monter ou de descendre dans l’eau à leur choix, d'aller en avant, en arrière , à droite, à gauche, en tout sens ;' leurs cadavres seuls restent toujours au fond, quand ils y sont’ tombés : outre cela, les animalcules ne sauroient être les élé- mens de la matière verté, parce que leurs cadavrès disparoïssent” quelques heures après leur dessication , quoiqu’on observe long- temps après la matière verte. Les masses de matière verte n'ont jamais un mouvement propre: mais elles semblent bouger lorsqu'elles sont poussées , ou tirail- lées , ou déchirées par quelque animalcule. Il arrive encore qu’en: prenant la matière verte avec un pinceau, ou lorsqu'on en ob- serve un morceau que la vieillesse fait égrainer , tous les globules qui formoient la pellicule se séparent , et ils ont une telle mobi- lité, que le plus petit mouvement léur fait suivre, avéc une extrême facilité, toutes les directions de l'impulsion qui agit sur eux. Cependant, si ces grains étoient des animalcules, fe de- vroient avoir un mouvement propre, et comme les abeilles d’une rüche, seréunir pour en constrüire une nouvelle et rentrér dans le mucilage qui les couvroit ; mais quand tout est en repos, les! grains sont aussi dans un répos parfait, et ils ne maniféstent Tome . PRAIRIAL an 7. lii URNAL DE PH es mouvemens que Ceux qu'on leur imprime, Je ne puisau s en douter , quand je vois toujours ces grains suivre la direction que je leur donne... J'ai souvent suivi avec attention les globules qui formoient la pellicule au moment où ils s’en séparoïent en s’égrainant : je les ai toujours vu ; sans aucun mouvement particulier, cédant à toutes les impulsions , se précipitant sur tous les obstacles qu’ils ren- contrent, sans les éviter, souffrant tous les chocs, sans les es- quiver, restant en repos lorsqu'il n’y a plus de causes mouvantes pour les balloter. .Mais quand on suppose que la matière verte est composée d’animalcules , on suppose aussi que ces animalcules qui sont si vifs , si alertes, cessent de donner des preuves de leur animalité : au moment où ils forment cette matière ; mais ils doivent néan- moins conserver la vie par l'hypothèse , puisqu'ils ne donnent du:g22 oxigène qu’autant qu'ils sont vivans. On pourroit peut- être dire encore que les animalcules qui forment la matière verte sont alors en état de nymphes ; cependant on voit toujours des animalcules errer autour de cette matière ; d’ailleurs, s'ils cons- tituoient cette matière dans leur état de nymphes , on la verroit s’'anéantir après la métamorphose , et on observeroit le retour des animalcules que ces nymphes mettroient au jour dans cer- taines époques , mais cela n’a jamais été vu ni par moi, ni par d’autres. Dirai-je que cette manière d’être des animalcules seroit tout-à-fait contraire à celle des coraux, dont les polypes sont très-vifs dans leur étui pierreux? ' _Je me suis dit : si la matière verte est formée par des animal- cules retenus au-dedans d’elle , soit par leur incarcération , soit par une glue particulière , alors on pourroit dégager ces prison- niers en brisant cette matière verte, et en la délayant dans l’eau ; cependant, s'ils avoient été vivans , suivant l'hypothèse , on les auroit vu bouger, en reprenant l'usage de leurs membres , où bien ils y seroient morts , et l’on auroit pu y remarquer leurs logemens , et peut-être quelques-uns de leurs cadavres et de leurs dépouilles ; mais peut-être ont-ils favorisé le développement de cette glaire ? J'avoue que cela me paroît vraisemblable ; on voit les pucerons former par leurs piqûres des galles sur les feuilles ; mais les animaleules n’en seroient pas mieux pour cela les par- ties intégrantes de la matière verte , tout'comme les cadavres d’un.cimetière ne sont pas individuellement les parties du gazon qui recouvre les tombeaux, quoiqu'’ils favorisent son dévelop- pement. . Je voudrois détailler une de ces expériences. Je pris une cer- taine quantité de matière verte ; @ au soleil pendant une heure, je la délayai dans beaucoupu Ldistillée , je cherchai à rompre , autant que je le pus , l’adhérencede ses parties: je re- marquai alors un grand nombre de globules transparens , com- plettement immobiles. Je vis de même avec eux des animalcules de toute espèce , à navette, des globulaires ; mais tandis qu'ils auroient dû remplir l’eau, leur nombre ne fut pas plus grand qu'auparavant, je n’en vis aucun s'échapper de cette matière, ou de ces brins, et à tous égards la quantité des globules qui forme un des élémens de la matière verte , étoit très-considé- rable en comparaison de celle des animalcules qui ne sont rien à cette matière , et qui ne sauroient en avoir été les parties constituantes. L'action du soleil auroit-elle donc anéanti ces ani- malcules à globules et à navettes ? Cette objection seroit forte , si la matière verte ne donnoiït. pas alors de l’air comme aupara- vant, puisqu'il en résulteroit que ces animalcules donnent de - l'air après leur mort ; ce qui seroit contraire à l'hypothèse qui leur en a fait donner pendant leur vie: mais on peut au moins en conclure que la matière verte peut donner du gaz oxigène sans animalcules. Les bulles d’äir qui partent de la matière verte en élèvent souvent avec elles des molécules à la surface de l’eau. Cette ma- tière verte, sLatténuée , devroit laisser voir les animalcules qui la forment , puisqu'ils doivent y être moins gênés , moins recou- verts , et sur-tout puisqu'ils doivent y être vivans , parce qu’ils doivent alors fournir le gaz oxigène. Cependant j'ai vu souvent .ces molécules, où l’on distinguoit bien les globules de la pelli- .cule , mais où je n’ai apperçu aucune trace d’animalité , aucun vestige de corpuscules doués d'un mouvement spontané, quoique ces bulles fussent portées avec les atômes de matière verte sur un verre où il y avoit une goutte d’eau. Je reviens à cette glaire dont j'ai tant parlé , qui m'a paru si homogèné quiest verte lorsqu'elle se développe à lalumière ,sans couleur à l'obscurité , dont. la production m'a paru occasionnée par l'influence des animalcules sur la matière verte ; elle ne me paroît point essentielle aux animalcules ; elle me paroîtroit moins formée par les animalcules que la matière verte, qui est plus solide , qui peut leur offrir des asyles plus convenables , puis- qu'ils ne sauroient se débarrasser des chaînes que cette glaire -mettroit à leurs mouvemens ; mais j'ai insinué un moyen d’expli- cation pour la formation de cette matière que je crois tout-à-fait végétale. TR f'310 ) WF Si la glaire et la matière verte sont des substances végétales lii2 QUE, DE CHIMIE F5 aux animalcules, alors ils peu- Vente FER épendamment l’un de l'autre , et : Pébéomprend aisée éomment ils se trouvent sur la matière .verté,. où ils cherchentèur nourriture, et où ils peuvent trouver .a-Æouleur qui les pe 5. 7 ILest difficile à Éd ce mucilage soit un produit de la corruption ; ilest vert, ét celui qu’on élève à l’obscurité , semblable à ces plantes qui y sont élevées, ne l’est pas; sans doute parce qu'il n’y & point de Inmière pour décomposer la quantité d’acide carbonique nécessaire à la production du car- bone qui doit opérer cette coloration ; par la nrèême raison , il ne se forme point de matière verte à la lumière dans les eaux distil- lées et bouillies , ni même dans l’eau commune fermée par le mércure , lorsque la quantité en est petite, quoiqu’elle y éût séjourné pendant long - temps ;'je n’en ai pas même vu pa- roître an atôme pendant tout ce temps dans un verre plein de cétte eau, à l’obscurité, où j’avois enfermé un morceau de viande, et dont j'avois assuré la clôture avec le mercure ; il y avoit pour- taut des-animalcules de toutes les espèces ; mais certainement ce mucus n’est pas verdi par les animalcules , puisque j'ai ob- servé cent fois ce mucus , quoiqu'il n’y eût point d’animalcules “veris. Si l’on peut conclure quelque chose de l’analogie, je dirai -qu’on ‘observe des arbrisseaux formés par des polypes micros- copiques , qui périssent avec les polypes qui lés ont formés ; mais ces arbrisseaux sont transparens comme les polypes qu’on ‘apperçoit : on peut les voir aisément dans l’eau où croît la dent le de marais. Si donc la matière verte est formée par des ‘animalcules transparens ; ne pourroïit-on pas s'étonner que la “matière verte ne périsse pas avec les animalcules qui doivent la composer ? j ‘En suivant la même manière de raisonner , j’observerai que comme il est reconnu que les végétaux fournissent du gaz oxi- gène sans le secours des animalcules , à moins d’en imaginer dans leur parenchyme vert, ce qui seroit tout-à-fait gratuit ; ‘tandis qu’on n’apoint d'exemple que les animaux en ayent pro- ‘duit,je ne vois pas comment on peut l’affirmer sans l'avoir bien vu , que le gaz oxigène est un produit des animalcules, quand on m'a point vu les animälcules fournir ce gaz, ou quand on n’a pas -lalpreuvé sans réplique que la matière verte est une ruche d'ani- :malcules ,une production animale-sans auéun mélange de parties végétales; ce qu’on deyroit pourtant démontrer encore, afin de ss’assurer dé la-solidité de cette opinion. » ET, D'HISTOIRE TUREL LE. De. Cependant si ces animalcules donnent. de l'air , je me demande dans quelle circonstance ? Est-ce quand ils sont en mouvement ? Mais la matière verte en fournit autant , lorsque les animalcules sont en mouvement , comme lorsqu'ils sont en repos ; car on n'a jamais vu d’air s'échapper des animalcules eux - mêmes. Est-ce quand ils sont en repos? On le remarqueroit de même, puis- qu'on les distingue fort bien de la matière verte , et puisqu'on observe les globulesiet les poils qui la forment; d’ailleurs si ces animalcules ne donnoient de l'air que pwils sont réunis, on les voit assez souvent groupés en grand nombre , sans laisser appercevoir une balle, Caen la matière verte en donne à côté d'eux. On pourroit dire qu'ils ont besoin d’être enveloppés par la glaire verte ; maïs, quoique l’on sache bien que la glaire en Jaisse échapper , lorsqu'elle est seule, qui décidera que le oaz oxigène sort plutôt de ie glaire que des animalcules où ils doivent être par la supposition ? Dirai-je enfin que , comme la Iumière ne verdit que Les végé- taux , et, comme il est très-probable , que les animalcules sont verdis par la nourriture qu’ils prennent; il est aussi très-probable que la matière verte qui est étiolée à l'obscurité , et qui se verdit au soleil, est aussi unie substance végétale ? On observe indifféremment la plupart des animalcules des in. - fusions ; sûrement au moins les animalcules globulaires et à na- vette , dans les eaux. où est la matière verte avec des parties animales et végétales qui se putréfent ; ox lorsqu'il n’y a riers qui annonce la fermentation : maïs j’ai vu les uns et les autres . seuls ; sans matière verte , ow se succédant indifféremment ;je les aï vus de même ensemble avant que cette matière parut , et je n'ai jamais vu que ces animalcules doennassent du #23 oxigène quoique je les aïe observés au soleil , et que la matière verte _ -fournît alors ; il y a même plus , le soleil dissipe les animalcules qui en reçoivent immédiatement l’impression quand il est un peu ardent, et il favorise l'émission du gaz oxigène hors de la matière verte ; cependant on devroit voir alors les animalcules en donner , puisqu'ils en sont les laboratoires vivans par lhy- pothèse. ; Ce qu’il me semble important de répéter , c’est qu’on observe souvent la matière verte sans animalcules : et comme j'ai fait voir, qu’il étoit difficile de se persuader , qu'ils fussent incarcérés «dans cettermatière ; j'aimontré aussi qu’elle pouvoit exister sans veux : mais on observe ‘de même les animalcules sans matière verte ; de:sorte.qu’à tous-ces égards ils paroissent des êtres in- -dépendans. j * JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE … Lesanimalcuies quidoiventformer la matière verte ne peuvent produire ceteffet que par leur liaison ; car s’il n’y en avoit point, le plus petit choc des autres animalcules devroit les désunir, comme a animalcules à tourbillons désunissent les grains de cette ma- tière , lorsqu'ils sont séparés, Si donc ces animalcules qui font la matière verte sont unis , est-ce par une liaison calcaire ? Mais les acides la romproient. Est-ce par une liaison animale ? Elle seroit aussi rompue par ses dissolvans; mais on n’opère point cette dé- sunion de cette manière: c’est donc une liaison fibreuse, une liaison organisée qui forme la pellicule , et j'ai fait voir qu’on ne pouvoit imaginer qu’il y eût des animalcules incarcérés. Je crois que ces réflexions et ces observations diminuent la brobabilité de l'opinion qui forme la matière verte avec des animalcules ; mais il me semble plus probable de penser que la matière verte est une substance végétale , dontles animalculesse nourrissent, sur laquelle ils se promènent ; que les globules qu’on soupçonne s’allonger et changer de formes , sont aussi des ani- malcules qui se multiplient par division. Cette manière de voir est plus conforme avec l’analogie de la nature qui forme des plantes aquatiques assez semblables à la matière verte, et qui en fait la nourriture de plusieurs animalcules, comme ont pu le ‘ remarquer ceux qui étudient la lentille de marais. En lisant quelques micrographes, on trouve des faits analogues à ceux que j'ai vus. Necker, dans sa Physiologia muscorum , dit qu’on observe dans les varechs à vésicules des corpuscules granuleux , que ces vésicules renfermoient. Wrisberg a vu dans des matières animales qui se corrompoient, un mucus très-tendre , blanc, filamenteux , composé de globules ; ce qui se rapproche assez de la pellicule décrite dans le Mémoire troisième. Quand la fermentation fut augmentée , il vit des animalcules ovata, altera extremo paulo acutiora guo sese primbm movent , ipsa subs{antia ex vesiculis quasi mi- noribus plenariè composita est. Il a remarqué , comme moi, la succession de différentes espèces d’animalcules , et leur dispa- rution totale. En suivant.ainsi cette infusion animale , il ajoute : mucus totus ex vesiculis compositus , et absolutè eodem modo apparet ac animalcula guæ pariter ex vesiculis componuntuT, Canales mucori non adsunt; ce qui montre qu’il distinguoit cette espèce de pellicule des animalcules. Mais ceci est plus remarquable : il avoit exposé un mélange de liqueur séminale avec l’eau , le 23 août 1780, à l'air; il y observa , le 25, quelques points qui ayoient un petit mouvement. Le 26 il apperçut , aux Rue de l’eau, un anneau vert et une — . ETAD'HIS T'OYRIE NATURELLE. pellicule à la surface. Constat hocfrustulum pelliculæex minimis confertim positis vesiculis;vartis verù in locis eminere widentur qguacdam majores moleculae coloris pallidioris , et haec sunt prima quae conspiciuntur infusionum animalcula ; tremulo motu vix locum suum mutantia. De die in diem annulus ille viridescens ulterits extenditur, donec die 29 , omnis liguor ir viridem evaserit colorem.. Hanc majorem jam assumpserant animalcula molem , celerrimi in fluido currunt, gregatim vivunt sub ‘pelliculae frustulis sese conferunt , et si nihil ejusmodi membranulae in gutta est, statim magnus illorum numerus con- geritur et membranam quamdam constituunt. Mes objections ont besoin encore d’être examinées avant de regarder cette opinion comme démontrée. Wrisberg a vu encore de petits animalcules presque ronds, ovoïdes , avec‘un petit appendice dont la grandeur et le mouve- ment sont différens , vivans en société et se réunissant en grou- pes ;. quand ils ne trouvent point des endroits qui puissent leur servir de retraite. Schrank paroit décrire cette matière verte dans sa F/ora ba va- rica, comme on le voit dans les {Annales de botanique de Vitery, pour l’an 2 de la République, partie IX. | Lepra infusionum viridis , glomerulata ; in pelliculam conti- nuam punctatam concrescens ; C’est celle dont j'ai parlé dans ces Mémoires. 1l y en a une autre espèce moins commune , que le même botaniste appelle conferva infusionum., Vitery, après avoir fait connoître ces deux espèces d’après Schrank , ajoute que c'est la matière verte de Priestley. Il me reste à faire voir les rapports de diverses circonstances et de divers corps avec la matière verte, mais en les considérant sur-tout dans le but de pénétrer la nature de cette substance. . © s JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE Sur un fragment de basalte volcanique, tiré de ‘Borghetto , ter- ritoire de Rome. Lu dans la séance du 10 ventése an 7, à l'académie physico- mathématique de Rome ; par U.-P. Sazmon, médecin mili- taire , membre de la même académie. Q uorquE la formation du basalte soit devenue aujourd’hui une question fort débattue, sa théorie est encore l’une des moins avancées de celles qui exercent le plus la sagacité du lithologiste- géologue. Lorsque l’on compare les simples difficultés qui naiïs- sent du sujet avec l’étonnante’ diversité d'opinions qu’on remarque parmi les naturalistes, on est volontiers porté à soupçonner que des vues circonscrites et locales ont présidé à leurs jugemens , qu'un grand nombre de circonstances prises des lieux divers, dés pissemens variés , des figures différentes, de la cristallisation des corps réguliers , associés et etrangers, ont pu être tues ou oubliées : ensorte que placé dans des aspects uniformes , chaque observateur paroît avoir été frappé d’idées dissemblables. On a bien décrit ce qu’on a examiné, mais trop souvent on s’est obstiné à ramener, par toutes sortes de violences , les observations des autres aux siennes propres , et l’on n’a tenu compte que de ce qui avoit été découvert sur un même sol, et par des hommes de même senti- ment. Cette manière de procéder peu judicieuse , est peut - être la première cause du retard de nos connoiïssances sur l’origine du basalte. Je pense qu’il n’est qu’un moyen de répandre la fumière dans ce genre de recherches ; c’est de revenir sur ses pas, de ras- sembler Le descriptions les plus exactes de tous les pays, d’ac- cumuler les faits qui sont.la vraie richesse de la science, d’en déduire; avec la modestie d’un sage scepticisme , les probabilités résultantes , jusqu’à ce que d’heureuses occurrences et le travail non - interrompu des géologues ait conduit cette théorie au point de perfection nécessaire pour la constituer doctrine solide et fondée. C’est dans l’esprit de tels principes que je me propose de traiter ici de quelques fragmens de basalte volcanique qui n'ont paru mériter ET D'HISTOIRE NATURELLE. mériter l'attention des minéralogistes , puisqu'ils tendent à éta- blir un fait. Je né parlerai point de la colline dont ils sont tirés ni du territoire adjacent, ce qui exigeroit un travail trop étendu ; j'espère que mon savant ami Breislak remplira nn jour cet objet, lorsqu'il s’occupera de décrire la campagne de Rome (1), selon le plan qu'il a déjà exécuté avec tant de succès pour les environs de Naples. Les cultivateurs de la science desirent depuis long- temps qu’on multiplie ces lithologies particulières : ce n’est, en effet , que des topographies minéralogiques les plus soignées que peuvent sortir les élémens d’une bonne histoire des révolu- tions du globe. La masse de basalte qui m’a fourni.le fragment dont je vais exposer les propriétés, a son gissement presque entier sur une épaisse déposition de pierres roulées , ordonnées en couche. Cette pièce , détachée de la roche , présente les caractères qui suivent : Le basalte de Borghetto est de couleur gris-noir finement mar- queté de petits points qui passent au blanc-mat; il est opaque et tranchant sur ses bords, d’une cassure à grain délié, à fragmens indéterminés , d’un foible éclat , d’un tissu parsemé de vides ordinairement étroits et allongés , rarement circulaires ; son ci- ment porte de gros cristaux de leucites , un peu de horn-blende et Raelques augites : son toucher est rude , assez froid; sa pesan- teur spécifique s'exprime par 34333; quoique dur , il donne diffi- cilement des étincelles avec l'acier ; 1l happe légèrement aux iè- vres , et exhale sous le souffle l'odeur d’alumine à un décimètre de distance. Son action , sur le barreau aimanté, est très - sen- sible ; il est foible conducteur, de l'électricité , etse fond aisément sans addition. La circonstance de sa formation , qui de prime abord attire les regards et fixe l’intérêt, est celle a a réuni, dans un petit espace , un assez grand nombre de beaux cristaux de leucites, gros , réguliers et parfaitement conservés. Je négligerai ici toute autre propriété pour soumettre à l’examen les singuliers accidens de ces corps engagés dans la substance basaltique. Les leucites qu'offre le basalte de Borghetto, sont communé- ment très-régulières ; leur cristallisation , en doubles pyramides octogones, terminées par un pointement à quatre faces, se dé- (1) Il'existe déja un précieux travail sur la constitution phiysique-du territoire de Rome ; j’annonce que mon ami M. le comte Léopold de Buch, auquel il est du, ne tardera pas ä le publier. E j Tome V. PRAIRIAL on 7. VERRE JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE couvre par-tout ; les anomalies y sont rares. Ce n’est pas sans surprise qu'en considérant leur forme avec attention on s’apper- çoit que la lave basaltique s’introduit dans les cristaux et envahit une partie de leur intérieur. Tantôt le poligone est coupé net avec le basalte qui l’investit ; tantôt un filet continu de la pâte s’y engage et le perce fort avant ; toujours le dedans des leucites contient des parties de basalte renfermées profondément et quel- quefois tout-à-fait privées de communication avec le ciment. Ces païties , incluses et comme prisonnières , montrent évidemment l'impression de l'effort des molécules de leucites , tendant à leur réunion cristalline lors de la fluidité. Le basalte détaché de sa masse, pressé sur tous ses points et entraîné à la faveur de son état de liquidité dans la tendance générale , a reçu un nombre de côtés correspondans à ceux du cristal. Il est véritablement curieux d'observer comme ces corps inscrits et inerts ont été mo- delés sur le type générateur. On y rencontre côtés pour côtés, angles pour angles avec une constance qui m’a frappé. Les excep- tions qui peuvent s’y voir, ne se relèvent guères que sur les cris- taux confus et sur les parcelles trop déliées ; dans ce dernier cas, les grains renfermés ont éludé l’action commune, et, aban- donnés au mouvement de leur aggrégation particulière , ils ont revêtu la forme globuleuse. On observe aussi dans l’intérieur des leucites , quelques pièces de horn-blende et d’aupgites ; mais elles y ont été portées indubitablement enveloppées dans la substance basaltique (1). La considération de, ces phénomènes conduit irrésistiblement à penser que les leucites, comprises dans le basalte volcanique , ont partagé l’état de fluidité de la pâte, à l’époque de sa formation ; que là elles ont cristallisé selon les lois qui leur sont propres. Elles nous montrent les plus sûrs indices de ce mode de leur structure , lorsque nous réfléchissons que les molécules similaires n’ont.pas toujours joui des circonstances les plus favorables pour leur réuuion ; que dans leurs mouyemens tumultueux elles ont dû embrasser et presser entre leurs lames les parties du ciment fluide .qui leur servoit de torrent; et ont ainsi enveloppé dans leur sein le témoignage authentique dé leur. date et de leur ori- gine. Au reste, les leucites ne sont point les seuls corps qui cris- tallisent au milieu de ce que l’on reconnoît pour des laves (2); (1) Dans certaines leucites du Vésuve , on discerne très-souvent l’augite et Phoru-blende engagées-au milieu des cristaux , sans apparence de ciment basal- uques . (2) Quoïqu'on ne puisse douter que les corps réguliers , dont il est question, ET D'HISTOIRE NATURELEE:t : 43% qu'on examine les carbonate et sulfate de chaux de figure spa- thique , quelques zéolites , les prismes tenus de quelques schorls et tant d’autres délicates cristallisations dans la lave compacte, et l’on verra que ces substances présentent exactement la même figure qu’elles ont coutume de préndre après leur extrême divi- sion ou leur dissolution aqueuse ; lorsque d’ailleurs tout empêche de leur attribuer une génération antérieure à celle du ciment qui les insère. Je regarde donc comme un fait la simultanéité de Ja cristallisation des leucites avec le passage progressif de la lave basaltique vers la solidité ; leur existence coëtanée dans le basalte oo naissent souvent dans la lave, on est généralement très-embarrassé pour déterminer l’origine des cristaux que présente le, basalie volcanique. Il est évident , dins une infinité de cas , que le feld-spath , l’augite, lhorn-blende, les zéolites, le mica, ne sont que des corps enveloppés accidentellement dans d’autres ; tout doit faire soupçonner URL y à eu réunion cristalline, formation régulière au sein de la lave même. Les leucites ne sont point entièrement exemptes de ces irrégularités. Quelques-unes de celles que l'on trouve à Pompeïa n’ont fourni le premier trait de lumière qui m’ait appris à distinguer plusieurs époques dans la génération des cristaux volcaniques. En effet , ces leucites se rencontrentavecune matière légère, spongieuse , jaune-rouge , engagés seulement dans les parois de foibles cellules , et il est indubitable que là elles ne se sont point formées : cependant, si l’on rompt leurs cristaux les plus solides et les mieux conservés, on observe dans leur sein des petités pièces du ciment jaune qui les porte. On peut donc admettre comme infiniment probable que ces leucites se sont cristallisées dans la même substance jaune-rouge ; antérieurement à l’époque où cette pâte lancée hors du cratère par les explosions souterraines, a pris la texture spongieuse. On sait que les volcans , avant de déborder ou d’exécuter un déchirement latéral, se chargent progressivement de matières, en sorte que leur fond s'élève incessarmment jusqu'au moment où l’on voit jaillir le fleuve de laves; mais ce dernier période n'arrive point que le volcan n'ait manifesté une quantité d’autres petits inc@fñ- dies qui le précèdent : on entend bouillonner la lave dans le cratère , on apper- çoit les vapeurs et les flanimes qui s’en élèvent ; après quelques heures tout s'éteint et se recompose dans le silence. Or, ces mouvemensintestins, bien qu'ils aient été peu remarquables extérieurement , n’en ont pas moins eu lieu ; la lave est devenue fluide. Au fond de son gouffre , recouverte par les couches épaisses de sa superficie, protégées par les parois du cône , elle a dû jouir de quelque liberté pour effectuer des cristallisations ; la perte de l’eau et du calorique a été moins rapide , la liquéfaction s’est soutenue plus long-temps , et toutes les cir- constances propres à une formation régulière ; ont été infiniment plus favorables que lorsque la lave s’élançant des abimes qui la recèlent, reçoit le contact de Vair, et chemine sur un sol froid et inégal. C’est ainsi qu’on peut expliquer ave une singulière facilité , beaucoup de problèmes jusqu'ici très-obscurs, par la seule considération de la différence des époques. Au surplus , je ne fais aujour- d’hui qu’indiquer cette idée ; j’aicommencé une suite de recherches sur la nature et la cristallisation des corps associés à la lave , qui ne sera peut-être pas sans intérêts , si les événenens militaires me permettent de la continuer. Kkk2 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de Borghetto me semble démontrée par tous les rapports conr- binés de la disposition de la pâte et de la structure des cristaux. Une réflexion bien digne de l’occupermse présente à l'esprit du minéralogiste-géologue. La coetanéïité de la lave coulante et de la formation des cristaux qu’elle recèle étant prouvée par tant d'exemples , quel est l'agent qui a présidé à cette formation , qui l’a favorisé et qui l’a conduit? Est ce donc le feu? L’aspecr, le tissu , les cristaux insérés portent-ils l’impression d’une fusion ignée ? Il est difficile de le penser. Le feu commun qui agit seul sur des substances de la nature de celles qui constituent le ba- salte, les altère , détruit leur aggrégation , confond leurs prin- cipes , leurs figures, et après une certaine intensité d’action , les coule en filets ou en masses vitreuses. Quelque mélange de terres que l’on suppose , quel que soit le degré de feu que l’on imagine, quel que soit le temps que l’on emploie , il est très-certain que l’on n’obtiendra point , par le seul fluide igné, ni basalte, ni vien qui lui ressemble, bien moins encore des corps cristallisés régulièrement. Mais ce qu’on nomme lave compacte au Vésuve et ailleurs, a décidément la texture et les principaux caractères du vrai basalte : de plus, cette lave est sortie indubitablement des volcans ; et qu'est-ce qu’on conçoit dans leurs cratères, sinon la violence des feux souterrains qui se dégagent impétueusement de leurs gouffres, ébranlent , entraînent , lancent tout ce qui s'oppose à leur effort, et sembleroient devoir dénaturer tout ce qui leur reste long - temps assujetti. Ces derniers effets n'ayant point lieu pour la lave dont nous parlons, il paroîtroit que les feux souterrains n’agissent point à la manière du feu commun. C’est icila grande difficulté. En effet, quel est donc ce feu qui quel- quefois ne Tale point, qui protège la formation des corps régu- Lers au lieu de les diviser et de les détruire ? ou existeroit-il un agent oublié qui s’associât avec lui, empêchât le développement d’une partie de ses propriétés et mît les siennes à leur place ? Dans ce cas, quel est cet autre agent méconnu qui combine son action à celle du calorique ? Les minéralogistes qui ont fait une étude particulière des vol- cans , ont Suerche à donner des explications et à éclaircir ces doutes. Les uns ont adopté le système d’une fusion purement ignée ; et pour éloigner E comparaisons et fermer entrée aux chicanes, ils ont reconnu que tout le règne inorganique, travaillé par le feu, en est devenu le produit ; ainsi le basalte du Nord et celui d'Italie , les roches pranitives même ont été formées par le fluide igné. D’autres ont admis d’autres modifications ; et les plus sages, les meilleurs observateurs ont remarqué avec une ET D'HISTOIRE NATURELLE. 437 telle évidence la trace d’un agent différent du calorique , qu'ils ont posé en question si le basalte volcanique n’auroit pas été re- manié par les eaux ; mais cette dernière théorie est sujette à des objections qui la renversent, et ne soutient point l’épreuve d’un sévère examen. Les naturalistes suédois, les allemands, et spécialement l’école du célèbre Werner, d’après la constitution de leurs montagnes, les pro- priétés et le gissement de leur basalte, ontrejeté la formation par la fusion ignée ,et ontavancé avec toute la solidité du raisonnementet les preuves les plus décisives de l'observation , que cette substance est incontestablement une production déposée par l’eau. On a été plus loin , on à nié que tout ce qui avoit la texture et la com- position du basalte pût jamais être l’ouvrage du feu, et l’on a été conduit de la sorte à regarder comme inadmissibles les hy- pothèses sur les volcans éteints qu’on prenoit aïlleurs pour une découverte. Suivant ces idées, toutes les roches porphyritiques et basaltiques resteroient dans le domaine des eaux. : Balancé au milieu des vues diverses d'hommes d’un si grand nom , le naturaliste qui médite, ne pouvant se déterminer par les autorités qui se détruisent, en appelle au jugement de ses eux ; il va étudier les substances sur leurs masses , il reconnoît ste assiette, les couches adjacentes, leur inclinaison, leur direc- tion , la figure des terrains , il note tous les accidens du sol et tous les changemens qu’il a dû subir. Les premières réflexions qui se présentent à lui lorsqu'il fixe attentivement le basalte vol- canique, n’ont, il le faut avouer, que peu de rapports avec l’idée du feu : je suis même persuadé que rarement on eût soupçonné que cette substance ait été formée dans le sein des volcans , si on -ne l’avoit vue sortir de leur cratère. Son aspect est peu propre à indiquer l’impression ignée ; et les fines cristallisations produites simultanément avec le ciment qui passe au solide, paroissent en- core en éloigner davantage. Cependant on a obseryé la lave couler en torrens accompagnés de flammes et d’explosions ; on a vu la surface des courans hérissée de scories et de matières spongieuses ; on a rencontré fréquemment des substances vitrifiées, etle feu se montre avec un appareil trop formidable pour douter de sa pré- sence et méconnoître ses vestiges. Le calorique agit donc Pal ment dans la production des laves basaltiques ; mais agit-il seul, et son influence ne se combineroit - elle point à celle d’un autre corps dont nous discernons si visiblement les traces ? Ce sera, sans doute, une pure conjecture; mais nous devons, après avoir relevé les grandes incertitudes sur l’origine du ba- salte , manifester ici nos idées telles qu’elles se sont offertes à la 438 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE méditation et à la suite des phénomènes qui nous ont frappés. Nous pensons donc que l'impossibilité d’attribuer à la fusion ignée la formation des layes compactes étant reconnue, il est indis- pensable de procéder à la recherche d’un autre ordre de causes qui puisse embrasser l’ensemble des circonstances et en donner l’explication. Or l’eau montre clairement, sur les minéraux vol- caniques , l'empreinte de sa présence ; tous les caractères de: dissolution aqueuse et de cristallisation sautent aux yeux; l’his- toire physique des éruptions semble l’admettre comme un des agens principaux. Ne seroit-il donc pas conséquent , en attendant que de nouveaux faits et de nouvelles expériences prononcent une décision plus positive, de concevoir que l’action réunie de ces deux êtres puissans déploie toute la force des explosions, des secousses, cles jets de masses énormes et des torrens enflammés ? Disons’ un mot de ce qui peut servir à fonder cette théorie par la liquéfaction aquoso-ignée. Sans croire pleinement au témoignage des autres qui ont écrit sur le Vésuve , sans regarder comme authentiques et suffisamn- ment constatés les torrens d’eau vomis par le volcan , sans cher- cher la cause et l’origine de ces nuées de sable qui s'élancent de son cratère , je ne veux faire usage que de ce qui est accordé sans replique par les partisans les plus outrés de la fusion ignée. Nous parlons plus volontiers ici du Vésuve que des autres vol- cans, parce qu'ilse trouve sous l’œil d’une population nombreuse et éclairée , et qu’il a été le mieux examiné. — C’est un phéno- mène constant et des plus remarquables dans les paroxismes vé- suviens, que Lors de l’éruption, il se vaporise une telle quantité d’eau ; qu'ayant à peine atteint une foible ascension , elle se con- dense bientôt en nuages profonds et donne lieu à un déluge de pluie, On ne peut révoquer en doute que ces vapeurs sortent du vol- can, et que les eaux qui y sont rassemblées , se combinant au calorique , n’alimentent ce dégagement de fluides aëriformes. Mis ces eaux , poussées en tourbillon par l'incendie , existoient auparavant au fond du volcan , dans un état plus paisible ; elles avoient déjà pénétré les corps avec lesquels elles ont de l’affinité, exercé leur pouvoir dissolvant, favorisé de nouvelles combinai- sons, et peut-être préparé la pâte destinée un jour à jaillir du cratère et à inonder les campagnes. Qu’on se figure maintenant l'instant où la montagne s’enflamme : toutes les matières qu’elle recèle sont vivement agitées par les mouvemens intestins ; rendues plus actives par la chaleur, elles se mêlent et se pénètrent da- vantage. Des chocs , des collisions, des forces désagrégatives , il doi résulter à la fin une substance molle, liée au moyen du fluide dl ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439 aqueux. Lorsque le progrès de sa masse excite une violente pres- sion latérale |, ou que les soulevemens causés par les gaz sont assez véhémens, la A franchit les bords tronqués du cône, où s'ouvre un chemin dans son flanc. Le courant detare n’enflamme souvent point sur son passage les corps combustibles qu'il ren- contre, quoiqu'il les noircisse et les échauffe plus ou moins ; il se couvre d’épaisses vapeurs aqueuses, qui diminuent à mesure qu'il perd de sa vélocité ; sa surface seule porte des scories , des frittes et des pierres poreuses ; la lave , à une certaine profondeur , est très-umie , très-pleine ; c’est le basalte des volcans. Or il est ma- nifeste que si la fusion étoit purement ignée , la pâte vitriscente enflammeroit toujours le bois et les autres corps de même nature ; il ne l’est pas moins que cette eau si abondante ne s’y feroit point remarquer dans la lave coulante , et chacun voit que les larges pores ne s'ouvrent à la surface que par le dégagement des bulles gazeuses et la trop rapide vaporisation de l’eau qui s'échappe à la faveur du contact de l'air atmosphérique. — C’en est assez, j'imagine , pour faire entendre cette manière d’explication que je n’étendrai pas plus loin ; on pourra se convaincre que l'appli- cation de la théorie, par la liquéfaction aduoso-ignée , répond à tout avec une simplicité surprenante. Au reste, l'influence de l’eau , dans les phénomènes volcani- ques, ne demeure point une simple probabilité , mais devient un fait inattaquable en certaines régions. Parmi les auteurs qui ont arlé des éruptions boueuses, on doit distinguer le célèbre Spal- anzani. Cet illustre professeur décrit, avec léloquence qu’on Jui connoît , une semblable éruption dont il fut témoin dans le Modenois. Si le volcan de Querzola vient à s’embrâser quelque jour , il perdra , sans doute, l'excès d’eau qu’il renferme, et l’action - du feu se combinant au fluide aqueux , il est très-vraisemblable qu'il aura aussi ses laves compactes, ses cristaux , ses frittes et ses scories. Une chose assez digne d'attention , c’est que la base du ciment volcanique est toujours l’alumine, c’est-à-dire, la sorte de terre qui est la plus avide d’eau et ne s’en sépare que fort diffi- cilement. De plus, je pense que le physicien non-préoccupé est averti, même au milieu des monts qui brülent aujourd’hui d’une façon si visible, de la présence et de l’action de l’eau que je ne conçois guêres comment On pourroit la nier. Qu'on consulte les historiens des volcans ; toutes ces fuméroles ne sont autre chose que des gaz dissous dans des vapeurs denses qui baignent sou- dainement les corps qu'on y plonge. J'ai vu, sans étonnement , lorsque je suis descendu dans le cratère du Vésuve , que cequ’on nomme vulgairement la fumée, mouille profondément les habits, 449 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE se respire sans danger, etne donne, pour principale impression ; que celle de l’eau réduite en vapeurs. Il est encore aisé d’obser- ver que, non- seulement la bouche des fuméroles est toujours baignée, mais le lieu même où le vent dirige les vapeurs se couvre d'humidité , comme nos champs après une forte rosée. Si , à la suite de ces considérations , on range les inductions qu’on a droit de tirer de la figure régulière et des accidens re- marqués dans les leucites que nous avons décrites ; si nous réflé- chissons aux cristaux renfermés dans la lave compacte , qui tien- nent une quantité d’eau notable, tels que ceux de carbonateet de sulfate calcaires ; si nous faisons attention aux géodes, aux enhy- dres volcaniques qu’on rencontre en certains lieux et à beaucoup d’autres semblables phénomènes, nous ne pourrons nous empêcher de nous rendre à l’ascendant de ces preuves et de soupçonner forte ment que le fluide aqueux joue un rôle très-important et de pre- mier ordre dans les mouvemens volcaniques. D'un autre côté , les hommes célèbres qui ont prononcé d’un commun accord, em Suède et en Allemagne , que le basalte de ces régions a été formé et déposé par l’eau , méritent assurément qu’on calcule le prix de leur témoignage. Toutes les subtilités , toutes les distinctions qu’on pourroitapporter, n’établissent point à mes yeux une diffé- rence réelle et générique entre la pâte proprement dite du basalte du Nord, et celle du basalte qu’on reconnoît pour volcanique. On leur donnera , si l’on veut, des noms différens ; on appellera l'un srapp , Vautre basalte , l'objet n’en demeurera pas moins d’un caractère identique ; les variations, les nuances qu’on rele- vera, ne serviront qu’à constituer des sortes diverses. Cenouveau point-de-vue, présenté aux naturalistes , deviendra peut-être avantageux à la minéralogie et à la physique des volcans ; je le regarde au moins comme très - propre à diriger les observations qui nous manquent , et à terminer enfin une longue querelle entre des savans d’un nom également distingué. Placés loin de l'intérêt et de la passion de tout système , les judicieux cultiva- teurs de la science de la nature , combinant les forces des deux agens que nous indiquons , bientôt nous apprendront pourquoi le feu des volcans qui auroiït certainement toutes les propriétés du feu commun , si elles n’étoient enchaînées , est souvent inha- bile à incendier , et ne montre qu'une foible intensité d’action ; pourquoi des auteurs pleins de sagacité ont été portés à admettre que le basalte originairement formé par les feux souterrains a été retouché par les eaux ; pourquoi la lave basallique a des rapports de ressemblance si visible avec le basalte du Nord, qui est mani- festement sorti des eaux ; pourquoi, pendant les éruptions des tonnerres ET D'HISTOIRE NATURELLE. 441 tonnerres vésuviens , il.s’élève une. si prodigieuse quantité de vapeurs aqueuses ; ils nous donneront ,.en un mot, la solution de vingt difficultés , estimées jusqu'ici presque inabordables. Quoi qu’il en soit de ces conjectures , quels que soient les moyens de les appuier, quelque valeur que j'aie attribuée aux probabi- lités qui entraînent mon opinion , l’objet de ce Mémoire est rempli, si l'inspection; l’analyse extérieure démontrent comme un fait la coexistence de la fluidité du ciment avec celle des leu- cites dans le basalte de Borghetto (1). Je me trompe fort , ou le phénomène est hors de toute incertitude. Les parcelles du ciment, enfermées au milieu du cristal, attestent irréfragablement que ces corps furent fondus en une pâte uniforme et partagèrent les mêmes accidens. De l’état fluide et coulant , la br passa à la solidité par la perte du calorique et l’évolation de l'eau. Les mo- lécules similaires furent soustraites à leur écartement, elles gra- vitèrent selon les lois qui les régissent , cédèrent àla force des affinités, se balancèrentavec plus ou moins de liberté, etformèrent ainsi toutes les nuances de régularité que nous considérons dans les cristaux. Mais la rapidité du dégagement du calorique et la pee de-son évasion , dût causer une perturbation dans ‘effort des parties similaires , tendant à l'arrangement symétrique. Les lames des leucites, réunies tumultueusement, embrassèrent dans leur sein des portions de pâte inerte qui cédèrent volontiers; à leur action. Isolées et soumises au mouvement des molécules qui cherchoïent la disposition régulière , elles portèrent l’impres- sion de cette même ordonnance , et constituèrent des polygones inscrits de figure correspondante au type générateur. ‘ Les conséquences que j'ai inférées de la structure des leucites de Borghetto , pour établir une théorie des laves compactes (2), par la liquéfaction aquoso-ignée ; me paroïssent se présenter si , (1) J'ai observé avec M. le comte Léopold de Buch, jeune savant de Berlin, qui , jouit déjà d’un nom distingué dame la minéralogie, que les grains spéculaires qui conferent à plusieurs laves du Vésuve , une sorte de brillant} sont autant de petites leucires disséminées et très-régulières. Il est visible qu'elles ont été dis- soutes dans Je ciment fluide , et n’ont pu , à cause du brusque passage à la soli- dité, se réunir entr’elles d’une manière convenable , et montrer conséquemment des cristaux de dimension ordinaire. On en découvre néanmoins de diverses grandeurs, depuis celles dont la forme né s’apperçoit qu’à la loupe , jusqu’à celles ui sont pleinement sensibles à l'œil nud. (2) J'ai évité avec soin de toucher à la grande question de la nature des:rochers où les volcans ont leur foyer. Buch est porté à croire que le Vésuve. brûle au ; milieu des roches basaltiques ; mais j'avoue que je suis encore très:éloigné de pouvôir adopter une opinion à cet égard. ; Tome PV. PRAIRIAL ang. L]1 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE naturellement qu’on ne peut s’empêcher de leur accorder tout au moins un air de vérité qui séduit. Les rapprochemens que nous avons ensuite institués , les faits que nous avons produits , les phénomènes que nous avons interrogés, semblent parler hau- tement en faveur de cette doctrine. Il seroit aisé d’en placer ici ure foule de pareils , tels que l’histoire du basalte - Éloiaire ; la cause de son retrait et de ses coupures en fragmens prismati- ques, la formation des porphyres, celle des az, des substances salines'cristallisées, et beaucoup d’autres qu’il est inutile d’énu- mérer. Je me borne à rendre compte aux naturalistes des idées qu'éveilla en moi l'examen du basalte de Borghetto , et je sou- mets mes conjectures à leur jugement. a —— OBSERVATIONS Sur l'analyse publiée par B.-J. Sacr , des cendres dites soudes de Vareck ; Par + XX Lss cendres de Varech , que les commerçans de Rouen ne nom- ment point soude de Varech, sont le produit de la combustion de lusieurs espèces de plantes littorales arrachées à la mer et jetées PT côte par les vents , sur - tont dans les temps de tempête. Elles sont connues sous différens noms sur les diverses côtes où elles sont jetées. | * Tout ce que la mer en apporte, n’est pas employé à la confection des cendres. Plusieurs cultivatéurs s’en servent à fumer leurs. terres qui ne sont pas trop éloignées du rivage. Pendant un séjour de plusieurs années que jai fait à Rouen, la cendre de Varech n’a guères varié que de 4 liv. 10 sols à 5 liv. le quintal, sur le port. M’étaut informé de l’usage de cette ma- tière , j'appris qu’elle étoit employée dans les grosses verreries à Vitre , et à la confection de l'émail des manufactures défayence ; ce qui me fut confirmé par l'entrepreneur d’un de ces établisse- mens au fauxbourg St- Séver ; j’eus bientôt le desir de connoître les sels contenus dans ces cendres. J’ai fait, dans le temps, plusieurs expériences sur différentes cendres que je pouvois ie procurer facilement. Les unes étoient très-noires , d’autres avoient moins d'intensité de couleur , et n'étoient que grises , comme la soude ; toutes ayoient une odeur ET D'HISTOIRE NATURELLE. 443 maritime désagréable, et attiroient l’humidité de l'air. Cette odeur se perdoit par la caleination , ce que j'attribue à la combustion du charbon ; ayant remarqué que celles de ces cendres qui en éontenoient davantage avoient la plus mauvaise odeur. Le résultat de mes expériences m’a prouvé que les différentes éspèces de cendre de Varech, calcinées ou non, m'ont toutes donné près de lamoitié de leur poids de sel de Glauber, peu de sel marin et d’alcali minéral ; le résidu , resté sur les filtres , étoit de la terre calcaire èt du charbon, lorsque l’expérience n’avoit pas été précédée de la calcinatiôn qui augmentoit le produit de Palcali minéral et diminuoit celui du sel marin dont une partie étoit décomposée par la terreçalcaire, comme Scheële l’a annoncé il y a long-temps. Depuis plusieurs années j’avois perdu de vue ces diverses expé- riences, lorsque des circonstances m’engagèrent à m'en occuper de nouveau. : On avoit allarmé la ferme générale sur le produit du sel marin u’on pouvoit retirer de la’cendre de Varech. Le directeur des fermes , à Rouen, m’en parla ; je lui lus la note des expériences que j'avois faites sur cette matière. J’eus bientôt dissipé ses craintes : mais comme il attendoit l’arrivée du fermier - général de tournée, il me pria de vouloir bien répéter mes expériences sous ses yeux. Elles furent exécutées avec les matières que l’on me procura. Les résultats furent tels que je les avois annoncés d’après mes anciennes expériences. Toutes les craintes cessèrent dès ce moment. Si les produits avoientété tels que l’annonce l’analyse du célèbre chimiste Sage , certainement l'extraction du sel marin de la cendre de Varech auroit été avantageuse, eût - il même été au - dessous de 2 onces par livre, dans un temps où le peuple payoit la livre de sel de 14 à 15 sols. D’après ce que son expérience lui a démontré, ila bien raison d'annoncer que les cendres sur lesquelles il a opéré ne sont point ropres à la confection du verre; mais il en est bien autrement après celles que je viens de rapporter ; et l’usage qu’en fontles grosses verreriestet les manufactures de fayence , le succès de eur emploi prouve que le feu, le charbon, la terre calcaire, contenus dans ces cendres , décomposent le sel de Glauber et une partie de sel marin; ce qui n’entre pas dans la confection du verre forme le fiel de verre dont les analyses qu’on en pourroit faire pourroient beauçoup diftérer entre elles par la diversité de leur composition, à Llla 444 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D ENS CELL UPEP ROUX Et analyse des /zdus calcaires de Die en Dauphiné ; Par B.-J. Sace , directeur de la première école des mines. Lzs naturalistes ont donné ,; d'après Vanhelmont , le nom de ludus, ou jeu de la nature,à des concrétions pierreuses en masses sphéroïdales plus ou moins applaties, plus ou moins volumineuses, “à la surface desquelles on remarque des divisions polygones sou- vent en relief , divisions qui: sont quelquefois peu apparentes à la surface, mais qui se trouvent très-prononcées dans la coupe transversale des /vdus , qui paroissent s’être formés de deux manières. Si une dissolution , calcaire ou quartzeuse, est charriée. sur un terrein argilleux qui s’est fendillé, elle s’introduit dans ses scis- sures : l'eau de la dissolution absorbée ou évaporée, il en résulte du quartz ou du marbre cloisoné. Sid’argille a été enlevée , le /vdus offre des cases ou cellules lamelleuses. Les /udus de Die , en Dauphiné, qui font l’objet de ce Mé- moire, se sont formés d’une autre mamière ; ils offrent des masses de marbre grisâtre arrondies, comprimées avec des arrêtes poly- gonés ou des retraits peu indiqués Sur leurs surfaces, maïs très- rononcés dans l’intérieur, où il se trouve des fentes qui ont quelquefois trois ou quatre lignes , de manière qu’ils paroïissent composés de ,prismes polygones ; ces interstices offrent çà et là des cristaux de roche réguliers en prismes hexagones, terminés par des pyramides hexaëdres. Ce quarts , de la plus grande pu- reté, a été nommé diamant de Dauphiné ; il renferme quelque- fois de l’eau. L'intérieur des /zdus de Die offre du spath calcaire, des cris" taux de roche, du spath perlé. Les scissures sont. quelquefois remplies de spath calcaire. Il y a dans le Musée des mines, à la Monnoie , un /udus de Die , renfermant une corne d’ammon lisse jan peu applatie, de deux pouces de diamètre. Ce /xdus , presque plein , offre ‘en outre du spath calcaire et du spath perlé , coloré en jaune. DT « ET D'HISTOIRE NATURELLE. : 445 Un autre de ces /1dus renferme un noyaude coquille spathique, qui me paroît de la nature des nautilles. Les /1dus en marbre grisâtre de Diez doivent leur couleur à un douzième d’argille grise qu’on peut en extraire en dissolvant la terre calcaire par l'acide nitreux. 11 y a dans le Musée des mines, à la Monnoïe , un /zdus cal. caire de Dieulouard, en Lorraine, en massesphéroïdalecomprimée, d'environ dix-huit pouces de diamètre , sur cinq d’épaisseur dans son milieu ; ce dus offre des cloisons spatheuses plus ou moins élevées, depuis une ligne jusqu’à cinq , qui forment, sur une de ses surfaces, des compartimens polygones de toute sorte;d’angles et de différens diamètres, mais grands pour la pans Ces LE sons pénètrent aussi l’intérieur des /zdus qu’elles partagent en plusieurs polygones dont l’intérieur est rempli de terre calcaire mêlée d’argille brunâtre ;il y a dans quelques interstices de petits cristaux de spath calcaire en grappes. Quoiqu'il pourroit se trouver autant d’espèces de ludus qu’il y£ de genres de pierres et de métaux, cependant je n’ai vu jus- qu'à présent que des /zdus calcaires, quartzeux, argilleux , stron- tianeux , pyriteux et calamineux. $ On trouve , dans le comté de Derby, des /zdus quartzeux à cellules polysones , qui ont de la ressemblance avec les rayons des abeilles. La lame quartzeuse qui forme ces cellules est très- mince. Il ya dans Îe Musée des mines, à la Monroïe , un /zdus calcaire, arpilleux et martial, dont la surface offre des divisions à quatre, cinq et six pans, indiqués par des arrêtes spatheuses. Du milieu de ces polygones s'élèvent, de deux ou trois lignes, des têtes arrondies, de six à sept lignes de diamètre ; ces convexités ont de lanalogie avec celles des basaltes articulés. La marne, d’un gris jaunâtre , de Montmartre , se divise 4 l’air en prismes polygones dont le sommet est convexe et bordé. Les /udus argilleux et ferrugineux brunâtres de Cascastel offrent de petites masses sphéroïdales applaties , composées à l’extérieur de couches distinctes , tandis que l’intérieur offre des prismes polygones qui n’ont Roint d’adhérence entre eux. Les Zudus argilleux et ferrugineux dont l’intérieur renferme une matière arénacée blanchâtre , sont connus sous le nom de ierre d’aigle , qu'on peut considérer comme des espèces de géodes. On donne ce nom à des concrétions terreuses ou pier- reuses en boules creuses qui se trouvent solitairement ; on les a nommé salières lorsqu'elles sont en partie remplies de cristaux , de quartz irréguliers. Telles sont les géodes quartzeuses des .. . 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE environs de Compiègne , et les w#elons du Mont - Carmel en Palestine. | x On trouve dans les carrières à plâtre de Montmartre, des /xdus de strontiane vitriolée , en masses orbiculaires applaties, dans des couches de marne qui précèdent les bancs de gypse. Ces masses ellypsoïdes ont de la ressemblance avec les pains ronds applatis, qu'on nomme ziches ; aussi appelle-t-on ces Zzdus, dans les car- rières , z21chLesS. Il y a de ces /zdus de strontiane vitriolée qui ont dix - huit et vingt pouces de long sur quatre et cinq pouces d'épaisseur. Leur cassure offre dans l’intérieur des retraits prismatiques, à cinq et six pans, saupoudrés de petits cristaux de strontiane vitriolé. Ces prismes , qui laissent des interstices entre eux, adhèrent à la croûte de ces /1dus qui est entremêlée d’un peu de marne. La couleur d’un gris verdâtre qu'ont les /zdus de strontiane est due à du fer. Il ya, dans le Musée des mines, un /zdus pyriteux , jaune brillant, dont les divisions sont pentagones en relief, et dont la surface est schisteuse. Lesagates paroissent s'être formées comme les //dus,excepté que la dissolution quartzeuse qui a été déposée dans une cavité argil- leuse a éprouvé une évaporation lente , qui a favorisé la cristal- lisation qu’on observe quelquefois dans l’intérieur de quelques éodes , dans lesquelles 1l se forme des couches additionnellés , rie de Socle dissolutions s’y introduisent ; celles-ci, diver- sement colorées , dérobent à la vue les cristaux de quartz qui étoient dans l’intérieur de la géode ; de sorte qu’ils n’offrent plus qu'une couche cristalline, On peut déterminer combien de fois la géode a été remplie d’une nouvelle dissolution quartzeuse en comptant les couches ou zones de l’agate. Il y a des géodes de toute grandeur, depuis le diamètre d’une ligne, jusqu’à une grandeur infinie, telles sont celles qu’on trouve dans le schorl en roche ou trapp d’Oberstein dars le Palatinat. I ya, dans le Musée des mines , une géode quartzeuse un peu améthystée ,de quinze à seize pouces de diamètre ; je l’ai ramassée à St-Joint, près le Havre. Il y a , dans le même Musée, une géode siliceuse , ronde , un peu allongée, d’un pris jaunâtre , de dix-huit pouces de diamètre. Cette géode est formée de quatre couches concentriques, séparées par des interstices qui ont depuis quatre lignes jusqu’à un pouce, Ces couches n’adhèrent entre elles que par quelques points de contact , le centre est occupé par une masse sphéroïdale oblongue. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447 La couche extérieure de matière siliceuse a près de deux pou- ces d’épaisseur ; elle renferme des noyaux de coquilles agatisées. On y remarque entre autre une espèce de corne d’ammon fluvia- tile , connue sous le nom de cornet de St- Hubert. La seconde couche n’a que quelques lignes ; la troisième a près d’un pouce et est distante du noyau sphéroïdal d'environ dix lignes ; j'ai trouvé cette géode à Villedavrai , près Meudon. Les cavernes tapissées de cristaux de roche , nommées fours, craques ou poches par les habitans des montagnes, sont des géodes dont la cavité est assez grande pour que plusieurs mineurs y tra- vaillent à-la-fois, La croûte consolidée du globe paroît s’être formée à la ma- nière des géodes , par la cristallisation accélérée de différens sels pierres , dont la dissolution doit avoir été retenue par une matière imperméable à l’eau, telle que l’argille. N'ONTFPE Sur une gomme du hêtre qui a été prise pour une plante ; Par DEcanDozze de Genève. Avraxr le botaniste éprouve de jouissances , lorsqu'il apperçoit un végétal qui a échappé aux regards des observateurs qui l’ont précédé , et qu’il recule aïnsi kes bornes de la science qu'il aime , autant il doit mettre d’exactitude et de scrupule à examiner ce nouvel être , et à ne pas véritablement nuire à la science en pa- roissant et en voulant lui être utile. Cet examen attentif est sur- tout important lorsque l’être qu’on examine approche des der- nières limites du règne, qu’il s’agit de ces plantes extraordinaires dont nous ignorons l’origine , la reproduction et jusqu’à l’orga- nisation , et contre lesquelles nos systèmes et nos méthodes yien- nent échouer ; je veux parler de la famille des champignons pa- rasites. J’ai eu occasion de remarquer , à €e que je pense., une erreur de ce genre , et je crois qu'il sera d’autant moins inutile de la relever , qu’elle se trouve consignée dans les ouvrages des botanistes qui ont mis le plus de soin à étudier cette branche de l’histoire naturelle. A la fin de l’automne on trouve quelquefois sur des bâches de fayard coupées et çntassées à l'air, mais à couvert de la pluie,une 448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE excrétionqui avoitdepuislong-temps fixé mes resards par sa sin- ularité ; on voit sortir de l'écorce , à diverses places et quelque- ois dans la longueur entière de la buche , des productions couleur orangée , sèches , flexibles et qui ressemblent à de la omme. Elles se recoquillent quelquefois sur elles-mêmes , sont bord épaisses, mais s’amincissent et s’allongenten vieillissant ; elles atteignent jusqu’à un centimètre de longueur. Si on enlève l'écorce ,ontrouve au-dessous un petit amas de la même matière qui sémble la base de cette production singulière. On trouve une description exacte de cette substance dans les observatiories mycologicae de Persoon , p. 81. Ce botaniste la regarde comme une plante cryptogame , et la décrit sous le nom de zœæmaspora crocea. N. nuda, cirris confertis , inaequalibus ; fruticulosis, flavo-croceis (1). Elle se trouve dans les autres au- teurs sous les noms suivans : Elvela galbanum , gregaria sessilis lutea. Wigs. prim. Flor. Hols. p. 105. Agaricum crustaceum flavum resinae simile. Hall, stirp. Helv. 2e n. 2251. Fungifortis materies flava crust4 rubente. Scheuz , parth. Agaricim lichenis facie , aureum. Mich. nov. gen. p. 124, mie Fungus non vescus. Læs. Pruss. p. 56 (2). Ainsi que tous ces botanistes, je crus, au premier coup-d’œil, que c’étoit une plante; mais je m’assurai du contraire par les con- sidérations suivantes : : 10, On:n’y apperçoit aucune organisation , ni vaisseaux inté- (1) Le caractère de son genre zæmaspora est : Receptaculum molle distinc- sum aut obliteratum , gelatinam ( solutam, farinaceam ) in cirros protru- dens. Il renferme , outre la IN. crocea ; une deuxième espèce , que Persoon nomme N. chrysosperma : c'est l’Lypoxylon cirratum. Var. £. Bull. Champ. pag: 1725 tom. 487, f. 1 à (2) J'omets deux autres synonymes cités par Persoon, parce qu'ils ne me parois- sent pas convenir à cette production. Ce sont: 7emella coralloïdes schranck. El: Bav. 2!) pag. 562! Gmel. sys. 2, pag. 1448. T'remella coccinea scop. FI. carn: 2, pag. 402. Lies synonymes que j'ai cités ne sont pas même complète- meñt avérés? vu la brièveté des descriptions , et qu'aucune d’elles n’est accom- pagnée de figures. Je dois être ici plus scrupuleux que jamais sur la synonymie , puisqu'il ne s'agit de rien moins que de chasser un dire du règne végétal. Ce qui cause mon incertitude, c’est que ces botanistes disent que leur plante nait sur le bois qui commence à se putréfier. Persoon seul la décrit sur des bûches de fayard coupées et destinées au feu, précisément comme je lai vue. rieurs, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 ieurs, ni enveloppe; je n’y ai pas même vu la poussière blan- châtre dont parle Persoon. 2, Si on l1 met sous l’eau, il n’en sort point de bulles d’air ; or, toutes les plantes à moiconnues en donnent : au bout de peu detemps, elle sy fond en unliquide mucilagineux qui va au fond de l’eau. Or, les plantes peuvent bien quelquefois se décomposer dans l’eau , mais elles ne s’y fondent pas. 30, J'ai marqué avec deWencre, sur quelques-unes de ces pro- ductions , des points placés à une ligne de distance les uns des autres. Le lendemain les ayant mesurés de nouveau, la division inférieure avoit crà ‘et les supérieures n’avoient point augmenté ; ce qui prouve que c’est une excrétion qui sort du fayard, pressée par une force quelconque , et qui pousse en avant ce qui est déjà sorti ; tandis que les-plantes se développent par leur extrémité. 4°. Les plantes croissent aussi en largeur, et celle-ci diminue de largeur en s’allongeant. Ne pouvant, d’après toutes ces raisons, admettre cette production au nombre des végétaux , je m’occupai à rechercher de quelle nature pouvoit être ce produit du hêtre. Je pense que c’est un mucilage dont la partie colorante est résineuse. 10. Le mucilage est insipide et cette substance l’est en général. Je l’ai cependant trouvée quelquefois un peu amère. 20, Le mucilage est dissoluble à l’eau , et cette substance se fond dans l’eau ; coule au fond du vase, perd un peu de sa cou- leur orangée, mais ne se mêle pas précisément avec l’eau. Si, dans l’eau où elle est fondue , on verse un peu d’acide ni- treux , cette substance vient à la surface , où elle se coagule un peu au bout de quelques heures ; on apperçoit au fond dé vase un dépôt jaune et filamenteux , et la partie supérieure est blanche et limpide. s 30. Cette substance conserve sa forme et sa consistance dans l’alcoo! , mais elle y perd sa couleur orangée (1). Il se présente encore une question sur cette matière, et c’est la plus difficile à résoudre. Le hêtre est mort ; quelle est donc la force qui pousse au-dehors ce mucilage ? J’avois cru d’abord que c’étoit la chaleur ; mais ayant , pour le vérifier , trans- porté une de ces buches dans un poële à 18, je n’ai remar- qué aucun accroissement dans les excrétions dont elle étoit couverte. () Fourcroy a fait sur cette même substance quelques expériences qu’il n’a pas publiées , mais qui lui avoient fait prendre sur elle une opinion semblable. Tome V. PRAIRIAL er 7. M m m 4 4 459 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Une expérience araligue n’a indiqué la cause de ce petit phénomène. Si on met des bûches chargées de cette excrétion dans des lieux diversement humides, on voit que l'accroissement est en raison directe de l'humidité. Ainsi ayant mis en expé- rience 5 bûches , la 1e. dans un lieu très - humide, la 2e, dans une chambre médiocrement humide , et la 35e, dans une chambre sèche.,la 1re. bûche a poussé des excrétions longues d’une hgne à 1 i ligne, la 2e. de 5 à ide ligne, Ma 3° n’en a point poussé. Il me paroît prouvé , d’après cela, que l'expulsion de cette gomine est un effet hygrologique. En eflet, ces bûches exposées à l’air éprouvent les vicissitudes de sécheresse et d'humidité. Ne peut-il pas arriver qu'une humidité considérable fasse gonfler le bois , amollisse un peu l'écorce et le mucilage placé entre l’écorce et le bois , comme résidu dela végétation ? La dilatation du bois doit pousser ce mucilage au travers des pores de l'écorce où de ses crevasses , et la forme de ses excrétions est en effet celle d’un corps mou, comprimé et forcé de passer par un espace étroit. Qu’on ne s'étonne point de voir attribuer à l'humidité un effet si puis- sant sur le bois ; n’a-t-on pas mille fois remarqué cette dilatation sur les portes et les fenêtres dans les temps d'humidité? Ne voit-on pas plusieurs végétaux offrir des phénomènes qui dépendent de cette force ? Tel est le pédoncule du z7ium hygrometricum , la barbe de l'avez, etc. Muis sur-tout on connoît le phénomène qu'offre la rose de Jéricho, et qui lui a fait donner le nom d’anas- tatica ; tout le monde a vu ses rameaux ligneux et recoquillés s'épanouir dans l’eau , aussi bien que les capsules de cette plante singulière. Mais un exemple plus frappant et plus décisif, est celui de la gomme adragant qui sort de l’arbuste qui la produit précisément , comme notre gomme sort du hêtre. Tous ces exemples tendent à prouver que les substances végé- tales ne sont pas moins sensibles aux variations hygrologiques de l'atmosphère, quoique celles-ci aient été davantage étudiées sous ce rapport, ‘ : . EX ER ANT T Des lettres de Vozra au professeur Grex. ( Annales de Chimie de Brugnatelli, 1797, tome XIV ). Vozra avoit déjà dit (tom. XIII des mêmes Annales), que toute la magie du galvanisme consistoit simplement en une élec- tricité artificielle , qui se renouvelle quand elle est mise en mou- verment par les contacts de conducteurs de nature différente ; ce sont eux qui agissent essentiellement , ce sont les moteurs originart. Galvani, au contraire , regardoit ce fluide comme une électri- cité essentiellement organique. Volta ne se sert donc point du mot galuanisme. Selon lui le fluide électrique peut être mis en mouvement de trois manières, lesquelles se réduisent à faire entrer dans l’arc ou cercle , au moins trois conducteurs de nature différente ; savoir, 19, Deux auétaux ou conducteurs de la 1re. classe, qui soient de différente espèce, et qui se touchant immédiatement par une extré- mité, ne communiquent de l’autre que par l’intermède d’un ou de plusieurs conducteurs humides, ou de la 2e. classe. 2°. En plaçant un seul métal entre deux conducteurs humides de différente nature et communiquant entre eux. 30. A mettre en communication trois conducteurs de nature Aiférente MAMIE « Ayant bien retenu, dit-il, comme chose dont on ne peut » douter, que dans la combinaison de deux métaux divers entre » eux, qui se touchent immédiatement par un bout, et s’appli- » quentpar l’autre à un conducteur humide, il s’excite , en vertu » d’un tel contact , un courant électrique , lequel étant dans la » direction 4 Z’a,on peut demander dans lequel et par lequel » des trois contacts qui ont lieu ici , l'impulsion est donnée au » fluide électrique , pour le déterminer à former un tel courant. » Je réponds que cette impulsion est dans le mutuel contact » des deux métaux 4Z ; c’est-là seulement que se développe » l’action incitante de ce fluide , qui le sollicite en effet à passer » du premier dans le second ; ou plutôt cette impulsion vient » uniquement ou principalement dans le contact respectif du » conducteur bumide a avec le métal 4 d’une part , et avec le Mimm 2 Fd 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » métal Z de l’autre : le courant s'établit de ce point-là ; que ces » impulsions soient ou Conspirantes dans cette direction ,ou même » opposées l'une à l’autre, mais pourvu qu'elles soient d’inégale » force ». Volta étoit parvenu à reconnoître l’électricité positive ou négative de plusieurs métaux en les mettant en contact avec les plateaux du duplicateur de Nicolson.Cette électricité étoit genéralement très- {oïible et ne se manifestoit que dans des circonstances favorables. Il est parvenu ensuite à obtenir des effets plus sensibles en met- tant simplement en contact des plaques de métaux différens, choisis selon l’ordre des combinaisons qui produisent le plus d’effet. Ces plaques étoientde trois pouces de diamètre ;cesmétaux doivent être très-polis , bien dépouillés d'humidité et appliqués lun sur l’autre, de manière à manifester une cohésion sensible , lun d’eux doit être isolé et l’autre communiquant avec le sol; on doit les séparer d’un seultrait et perpendiculairement, on fait toucher ainsi celu * -qui a été détaché au chapeau d’un électromètre , et l’on voit quel- quefois un écartement des fils. Enfin , en faisant toucher àune bouteille de Leyde de 4 pouces de surface seulement, l’une des plaques 40 , 60 et 80 fois , et dé- chargeant cette bouteille sur le plateau d’un condensateur , ik obtint , en levant le plateau de ce condensateur, jusqu'a huit lignes d’écartement des boules de lélectromètre , et même une petite étincelle quand les plaques étoient un peu plus grandes. Il a déduit de ces expériences, comme lois principales , 10. Que l'électricité des métaux , réunis avec ces divers corps, varie tant en force que par sa nature positive ou négative , non- seulement selon: que ces métaux et ces corps sont différens , mais encore selon qu’ils sont combinés entre eux , suivant les uns ou les autres des modes indiqués. .. 20, Que l'argent, V'étain et plusieurs autres métaux affectent généralement l’électrieité négative ; c’est-à-dire, que dans la majeure partie de ces expériences on voit paroître de Pélectricité en moins, tandis qu’au contraire quelques-uns des autres mé- taux, particulièrement le zinc , affectent l’électricité positive ou en plus. 30. Que tous cependant, même fe zinc, s’électrisent en moins, bien que foiblement , en touchant (soit par une légère , soit par une forte pression) de la laine, du papier, du cuir, du bois, de Vivoire , etc. suffisamment humides pour qu'ils deviennent bons conducteurs, etc. , etc. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 453 Ces expériences sont faites avec des précautions et des soins tels, que quoiqu’elles laissent encore plusieurs faits à desirer , ON ne peut s’empêcher d'admirer la sagacité de l’auteur, et d'adopter la plupart de ses conclusions. AUD DMPPURIONNE AUS UMPÉ MIO EU SOU BIPL ENS VIE Rs. Par J.-J. Virey du Val-de-Gruce. J'ar dit, dans une note de la première pete de mon Mémoire, que je soupçonnois les vers intestinaux d’être pod vus d’un cordon nerveux visible (1). Cette PS ROUE re sur deux faits, acquiert un nouveau degré de probabilité par l’obsery asc ide lombricoïde , indépendamment de son canal intes- tinal cylindrique, et d’une couleur oHvèE Gas Il ex- trême longueur de ses ovaires (5) He e Ds S tudinaux et une couche > plus intérieure de musc S & culaires ou transversaux ; ce qui paroft Commun à joute la classe des vers. On voit deux vaisseaux longitudinaux rougeâtres > Un Sur le dos et l’autre à l’opposé (4) On en voit pige deux autres latéraux plus petits et blanchâtres 3 mais j'ai Cherc Here Sur dix ascarides lombricoïdes , le cordon nerveux, qui étoit le bat principal de ma recherche. S'il ÿ en a un , il doit être très-petit ation ER PT ne da he © Je ne doute pas que sous les animaux n'aient une substance nerveuse , 1 Q) # non , qui est le principe de leur sensibilité et de leurs Inouvemens, AE SRE EE , etc., l’ont vu de cette couleur. Plusieurs. autres vers. Ge calitestuak coloré, et je soupçonne qu’il leur tient aussi lieu de on me Is ont quelquefois près de 6 mètres et demi de longueur; ce qui fait EL trente fois la grandeur entiere de l’animal. Ils ne sont Pas parfaitement re ues par-tout, et viennent s’aboucher par deux branches dans un seul MER s A s'ouvre sous le ventre de lanimal , aux deux D de sa grandeur. ateru : s ; I anal 2 4 eau et les muscles de l’anima Ces ovaires s’apperçoivent sue ers la p nt contournes en spirale. , POUE = A Re autres vers ne les ont pas opposés en génér.l. Le Sang qui roule dans PA ET LS MALE ! ees vaisseaux est tantôt cendré; ici il est rougeâtre ; c’est ce Ee d crire la dénomination d'animaux à sang blanc, comme je l'ai £uvier, et faire adopter celle d’inyertébrés. ) > ils sont oit faire pros- dit , aing que 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et invisible mêmé à la loupe. Voilà donc une différence considé- rable dans l’organisation des vers. Si elle est étendue sur un. re] plus grand nombre de genres et d'espèces de ces animaux (1), elle servira à les séparer en deux orûres. On doit cousidérer, en effet, les vers intestinaux comme moins parfaits que les autres, puisqu'ils n’ont, pour aïnsi dire, qu’une vie empruntée des corps où ils vivent, et qu’ils ne peuvent éviter la mort, lorsqu'ils en sortent , füt-ce même pour rentrer dans d’autrès animaux. Mais ce désavantage est bien compensé par leur force immense de reproduction. Aïnsi les œufs Liancs pulvé- riformes d’un ascaride lombricoïde , renfermés dans un ovaire long de plus de six mètres à ROME AIER donner plus de cent mille vers , si tous pouvoient se développer. L'extrême petitesse de ces œufs leur permet d’être facilement portés par la circulation dans tous le corps des animaux-qu'ils habitent, On ne doit plus s'étonner tant, après cela , de trouver quelquefois des vers dans des endroits qu’on auroit cru en être à l'abri. Observons encore que dans le genre des ascarides il y a un très- grand nombre de femelles. Je n'ai pu rencontrer ‘un seul mâle sur seize individus. Cependant ce ver n’est point hermaphrodite, et je n’ai vu que des organes du sexe féminin. La nature est si polymorphe dans ses moyens et dans ses ouvrages, qu il ne seroit point extraordinaire de voir le grand œuvre de 1: génération s’ac- complir dans ces animaux sans lintervention d’organes mâles visibles, mais d’une manière différente de celle des polypes (2). EEE (1) Je n'ai observé ce fait que sur les sænias et les ascarides. Les hydatides eont aussi dans le même cas. (2) Pallas , dans ses spicilegia zoologica , pense que des syrgnathus (espèces d’hippocampes , poissons marins) , peuvent se reproduire sans mâles , parce qu'il n’a trouvé que des femelles. Mais quoiqu’un grand nombre d'observations aient fait voir qu’il se trouvoit des hermaphrodites parmi divers poissons , sur- tout chez les merlans (gadus merlangus , L.) , les carpes (cyprinus carpio ; L.) etc. je ne. crois pas qu'on doive en conclure qu'ils puissent engendrer de leurs propres forces , comme chez plusieurs familles d'animaux invertébrés ; car tous les ani- maux pourvus d'une colonne vertébrale , et à sang rouge , sont isexes , même dans les espèces où l’on a vu ces hermaphrodites. "© ET'D'HISTOIRE NATURELLE. 455 De l'académie de Turin , ancien professeur d'anatomie et de médecine-pratique à Toulouse , ANG IM END ANIME DE EUR; LE; Sur les expériences acoustiques de CuzADwr et de Jacqurx. - J'arlu dans votre Journal, messidor m 6 , €t dansle Bulletin des Sciences , publié par la Société philomatique de pluviôse de cette année, un précis des expériences que Chladnietfacquin ont tentées à Vienne, dans la vue de déterminer la propriété sonore de différentes substances gazeuses. En faisant traverser une petiteflüte d’étain placée sous une cloche à robinet et mise en contact avec le robinet, par le gaz contenu dans une vessiesituée à l'ouverture exté- rieure de lacloche, ces physiciens ontobservé que le son fut un demi- ton plus bas pour l'azote et l’oxigène que pour l'air atmosphérique, une tierce plus bas pour le gaz acide carbonique , à-peu-près de même pour le qu nitreux ; pour lhydrogène de neuf à onze tons plus haut que dans l'air qui nous environne. Un mélange d’azote et d’oxigène, dans les proportions de l'air atmosphérique , donne le même ton que ce dernier ; tant que le mélinge de ces deux géz n’est pas uniforme , le son est tout-à-fait discordant. . La singularité des résultats me détermine à m'’arrêter un instant sur ces expériences. £ Priestley (1) avoit depuis long-temps publié des travaux sur cette matière. Il s’étoit servi d’un corps métallique qu’il avoit rendu sonnant par la percussion , après l’avoir placé dans un bocal qu'il remplissoit tour-à-tour de différens gaz. Les substances aëriformes qu’il soumit à l'expérience , lui parurent propager le son en raison de leur densité. Il observa que dans l'hydrogène , le son étoit semblable à celui qui s’excite dans un vuide assez exact (2). r Est-il à présumer qu’un physicien tel que Priestley eût manqué (x} Voyez Observ. et Expér. sur différentes branches de la Physique , partie IT, page 355. (2) Priestley ne soumet pas le gaz nitreux à l’expérience, 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de s'appercevoir du changement de ton dans les diverses subs- tances gazeuses? Son oreille auroit-elle pu lui dissimuler la baisse d’une tierce dans les gaz acide carbonique et nitreux, et sur-tout comment n’auroit-elle pas été frappée de la hausse prodigieuse excitée par l'hydrogène. Dans le temps où Priestley exécutoit ses expériences , j'en méditois du même genre, et mes Essais furent imprimés dans le Recueil de l’academie des sciences de T'urin(à1). On voit dans mon Mémoire, que je remplis successivement un bocal renversé dans l'appareil pneumato - chimique de diverses substances aëriformes , et queje fis sonner , dans ces atmosphères, une clochette et une montre à reveil. Lorsque le son se produi- soit, je faisois attention aux changemens qu'il pourroit éprouver relativement au ton, à l'intensité et au timbre. Par méfiance pour mon oreille, je lui donnai le secours d’un violon. On prendra une idée de mon travail , en jetant un coup - d'œil sur Ja première table de ce Mémoire dont voici une copie. Tableau des différences du son observées dans certains raz. ESPECES HRON] NATURE DISTANCE DE GAZ Du son dans divers ou A laquelle on cesse EXAMILNÉES. gaz. ESPÈCE DE son. | de l'entendre. Air atmosphérique serfant de point de + + «+ «+ + + : PRET et ar EE à comparaison. a ——_ _— 2. Air fixe üré de la| Pareil, un peu plus bas craie par l'acide ni- que dans la précé- creux afoibli. ente expérience. —— 3. Air vital tiré du pré-| Semble, un peu plus cipitérouge. aigu que dans l’air - commun. 1. s6 pieds 6 pouces. 2 —————— Notablement plus sombre. 48 $ Plus clair que dans l'air atmosphérique. —_—_—_——__—_—_————— HIAre IN Se ete 4. Air nicreux produit par la dissolution ni- treuse de l'écain. Re s. Air inflammable pro- | Nese distingue pas bien. venant de l’action de| Il ressemble plutôt à| N'a aucun agrément, l'acide vitriolique af un bruit très- foible aucune force; il sem- foibli sur la limaille| qu’à un ton déter- ble éreint de de fer. miné. ARjfbche du précé- | yum. (1) Ann. 1786 et 1787, Voila ET D'HISTOIRE NATURELLE. 457 Voilà donc les expériences nouvelles en contrariété avec celles de Priestley et les miennes. On cherchera, sans doute , à les concilier, en faisant remar- quer que Chladni et Jacquin ont employé un instrument à vent, et que les essais de Priestley et les miens ont été faits avec des corps métalliques rendus sonores par la percussion. Mais com- ment arrive-t-il que des fluides qui font baisser le son d’une flûte d’une tierce, qu’un autre fluide qui fait monter le son du même instrument de neuftons à onze, ne soient pas en état de changer le ton d’un corps métallique d’une manière sensible ? Quelques remarques particulières vont succéder à nos observa- tions générales. Dans un mélange d'oxigène et d'azote, dans les proportions de l'air atmosphérique , le ton est le même ( disent Chladni et Jac- quin ) que dans ce dernier milieu; mais si le mélange de ces deux gaz ( ajoutent-ils) n’est pas parfait, le son est tout - à - fait discordant. Quoi ! l’oxigène et l’azote donnent l’un et l’autre le même ton ; et leur mélange incomplet produira un son discordant! Je vois bien qu’on répondra que l'azote et l’oxigène ne donnent pas le même ton que l'air de l’atmosphère ; mais aussi dans les salles de spectacle , de bal, de concert où un grand nombre de spec- tateurs se trouvent rassemblés , il y a production d’une assez grande quantité d'acide carbonique qui ne se combine pas bien avec l’air de l'atmosphère. A-t-on observé que les instrumens à vent fussent discordans dans ces circonstances ? Si le mélange incomplet avec l’air atmosphérique d’un gaz qui fait baisser le ton d’une tierce , ne rend pas celui-ci discordant, comment pourra-t-on se persuader qu’un mélange de deux gaz qui n’occasionnent qu’une baisse d’un demi-ton donnera un son tout-à-fait discordant, par cela seul qu’une partie de ces gaz sera exactement mêlée, tandis que la mixtion de quelques autres particules ne sera pas encore bien complette ? Les auteurs cités annoncent encore que dans l'hydrogène , le son monte de neuf à onze tons. Il ne doit pas y avoir ici de mi- , lieu ; ou le son produit dans l'hydrogène est is aigu de neuf tons , et alors l'élévation ne doit pas être portée à onze , ou bien le son est plus aigu de onze tons dans l'hydrogène que dans l'air atmosphérique, et alors on a tort de dire qu’il ne s'élève que de neuf tons. Ce défaut d’exactitude, de précision dans {a détermination du ton; cette grande latitude laissée à l'hydrogène de le faire monter de neuf à onze , n’annoncent-ils pas ,de la part de ces physiciens, Tome V. PRAIRIAL an 7. Nnn 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une irrésolution , une incertitude peu propres à inspirer de.la confiance pour leurs expériences ? Qu'on ne croye pourtant pas que je veuille contester la réalité de ces découvertes. N'ayant pas réitéré les travaux des auteurs allemands, je ne puis avoir des prétentions pareïlles ; jai seule- ment cherché à rendrè compte des doutes qui sont restés dans mon esprit, après avoir pris cet objet en considération et à en- gager les physiciens à fixer nos incertitudes en répétant les expériences. " . En voilà suffisamment sur cet article. . . . L’un de ces auteurs, Chladni, a fait une observation sh lui est particulière. Il a vu que lorsqu'on agite une lame de verre au moyen d’un archet, si l’on place de la poussière sur le verre, celle-ci se trouve arrangée symmétriquement lorsque la lame vitreuse a cessé d’être sonore. Les figures que la poussière forme sont toujours les mêmes dans les mêmes circonstances. Il n’est point étonnant qu’un corps élastique mis plusieurs fois en action par la même cause, éprouve toujours des mouve- mens du même ordre. Les corps légers placés à la surface de la lame soumise à l'expérience , ne font que confirmer ce que la raison indi- quoit déjà. Mais avant de conclure que ces monvemens produisent le son ou tendent à déterminer le ton, les physiciens sont invités à lire ma lettre à Delamétherie, szr les vibrations totales des corps sonores ( 1). Cette lettre , où il se trouve quelques fautes typographiques qui ‘en altèrent le sens et qu’il est essentiel de rectihier (2) contient des faits un peu trop précisés, peut - être, mais qui ne me paroissent pas moins mériter l’attention des savans. Je pense que les physiciens trouveront encore quelques obser- vations curieuses sur cette matière, dans mes recherches sur la propagation du son dans divers milieux , tant solides que fluides, dont le publication ne peut guères être retardée. * (1) Journal de Physique de décembre 1789 , page 425. (2) Page 424, à la fin du premier alinéa , ajoutez, même page, au commen- cement de la onzième ligne, au mot so7, il faut substituer son, À la ligne suivante, au mot anneau, substituer arceuu: s ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 D'ESeME PRE) TS D DU IGALZLHMY D RO GLEMNIE sSUU RO AT VA0 "TX Miuxorr s’amusoitun jour, chez Paul ,à Genève , à inspirer du gaz hydrogène pur ; il le respiroit avec facilité et ne s’appercevoit point qu’il eût aucun effet sensible sur lui, ni en entrant dans ses poumons , ni en sortant. Mais quand après en avoir inspiré une forte dose , il voulut parler , il fut étrangement surpris du son de sa voix qui étoit devenue grêle et ffdtée au _point de l’effrayer. Paul répéta la même expéfience sur lui-même, et en éprouva le même effet. Je ne sache pas qu’on ait éprouvé rien de semblable en respirant d’autres gaz. ( Odier , Bibl. britan. , pag. 347 , n°. 79 , 80.) EAU RE AUzR DES MONTAGNES DE LA TERRE, DE LA LUNE ET DE VÉNUS; Par ScHROETER. EXTRAIT. Ls savant astronome de Lilienthal, ScAroeter, qui a plusieurs excéllens télescopes de Herschel ,_ayoit donné un premier ou- vrage sur la hauteur des montagnes de Ja lune , comparées à celles de la terre. Il-vient d’en donner un nouveau sur la hau- teur des montagnes de Vénus. Faujas, dans le voyage intéressant pour les sciences qu’il fit l'été dernier en Allemagne , nous a rapporté ces ouvrages de Schroeter. On y voit la manière dont cet astronome infatigable a fait ces observations. C’est par la pro- jection des ombres que font ces montagnes, lorsqu'elles commen- cent à paroître sur leur horison , par rapport à nous, ou lors- qu’elles sont prêtes à se cacher sous l’horisor. 1] distigue diffé- rens ordres de montagues. Nnn 2 - #60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La planche de l’ouvrage de -Schroeter n’est faite qu’au trait , et il n’a exprimé que le diamètre de ces trois globes par de simples traits. La planche ci-jointe (Voyez la planche ) a été dessinée par Alexandre Faujas, fils, qui sait allier aux talens militaires l'amour des sciences. Il a rendu l’aspect des montagnes plus vrai, et on peut mieux apprécier la grosseur respective des trois globes. ; On voit que la lune, qui est environ 49 fois plus petite que la terre, a des montagnes de plus de quatre mille toises d’élé- vation, tandis que Chimbo-roca , la plus haute montagne de la ierre , n’a que trois mille et quelques, toises. … Vénus, qui est plus petite que la terre d’un neuvième , a des monñtagnes de 23 mille toises. Il est à remarquer que les montagnes les plus élevées sur ces trois globes , paroïssent volcaniques. DE LA LONGUEUR DU METRE. L: rapport qui a été fait par les savans chargés de déterminer la longueur du mètre, la fixent enfin à 3 pieds 11 lignes 0,296 de ligne. C’est de cette base qu'on déduit toutes les autres mesures. Nous ferons connoître plus amplement ce travail, qui va apporter quelques changemens aux résultats qu’on avoit donnés auparayant par approximation. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 461 DE LA, MESURE, DU TEMPS Par les horloges, dans l’usage civil, oz exposition des motifs qui doivent faire adopter , dans l'usage de la mesure du temps par les horloges , le temps égal appelé zemps moyen, au lieu du temps variable du soleil , appelé zemps vrai ou apparent ; Par Ferp:NaxD BertuouD , membre de l'institut national. B,X TR AIT. Ox doit à la ci-devant Académie des Sciences l'exécution d’un projet important, celui de rendre les poids et mesures uniformes et invariables. Il seroit sans doute à desirer que l’on établît éga- lement dans l’usage civil , une mesure de temps uniforme ou de temps égal , au lieu de la mesure variable du soleil actuels lement en usage. Persuadé que cette réforme appartient à l'Ins- titut national, nous allons lui présenter les motifs qui doivent déterminer ce changement dans l’usage des horloges, pour la mesure du temps. On sait que le mouvement du soleil , la première mesure du temps , est variable ; que les jours , les heures , etc. qu’il nous indique par ses révolutions journalières , sont inégaux : c’est cependant cette mesure d’un temps inégal qui est adoptée en France (1) par le public pour règle de ses travaux. Les hommes un peu instruits savent également que le temps , par sa nature, s'écoule uniformément , et que les horloges et toutes les ma- chines servant à sa mesure , ne peuvent indiquer ( naturelle- ment), qu'un temps égal , uniforme , le zemps moyen. Nous pensons donc que le système de mesure de temps suivi par le public est très-défectueux , et qu’au lieu du semps vrai, on ne devroit suivre que le temps moyen. Il est nécessaire , pour mieux remplir le but que nous nous sommes proposé ;, de (1) Nous disons en France , car cet usage n’est pas général chez tous les peuples. * r. {62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rappeler d’abord les définitions du, temps vrai et du temps moyen telles qu’elles sont établies dans les ouvrages d’astro- nomie et de navigation. Nous rappellerons de même quelle est la nature du temps mesuré par les horloges. C’est d’après cette exposition qu’on pourra juger combien il est contre la nature de la mesure du temps, de vouloir faire suivre à ces machines le mouvement ÉLale du soleil. : AR TOTICNEVE NP RE MIVE K- . Usage du temps moyen par les astronomes et par Les. 4 navigateurs. e « Le temps moyen , égal ow uniforme est proprement celui des astronomes ; car le zemps vrai ou apparent leur est indif- férent : ils ne l’observent que parce qu’il sert à trouver le temps moyen. En effet, celui-ci est l’objet où le: bu qu’ils se propo- sent. Le temps vrai est facile à observer , parce qu'il est marqué immédiatement par le soleil que nous voyons. Mais ce n’est pas un temps propre à nous servir d'échelle d'énumération ; car il est de l'essence d'une pareille échelle d’être toujours œonstante, uniforme et égale. Toutes les révolutions célestes , toutes les époques en temps ; touseles intervalles de tempa que l’on trouve dans nos tables RAF ORÇRIQUES » Sont toujours en temps moyen. On ne peut faire , avec les tables astrono- miques, aucuns calculs , si ce n’est pour des temps moyens : et si lonn'a que le temps vrai donné , il faut commencer par chercher le temps moyen qui lui répond , etc. » (Astronomie de Lalande , tomeÏ, n°: 973.)' » La table même de l’éguarion du temps , qui renferme la différence entre le temps moyen et le temps vrai, donne cette: différence em temps moyen : on ne pourroit la donner auirement. 1 » 11 faut considérer à la vérité le temps vrai comme étant le seul que nous puissions observer (1), parce que nous ne voyons que le soleil vrai, auquel le temps vrai est attaché. Mais d’ailleurs , il ne doit jamais être employé , ni servir à compter aucun intervalle de temps , si ce n'est pour parvenir à trouver, par-son secours, le temps moyen : celui-ci est le seul dont on doit faire usage, c’est la véritable mesure de la ——_—— (1) On peut observer un temps moyen ou uniforme par la révolution des fixes, qui ne varie pas. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 463 durée. Voilà pourquoi Newton et d’autres auteurs célèbres ont appelé temps vrai celui que nous nommons temps moyen. Ceite dénomination w’étoit pas sans fondement, puisque le temps moyen est la vraie échelle dont on doit se servir dans la me- sure générale du temps ; dans ce cas on appeloit £erps appa- rent, celui que nous nommons en France le temps vrai, et le temps moyen s’appeloit £emps égal. Cependant il paroît actuellement que tout le monde s'accorde à employer les noms de temps moyen, et de temps vrai ou apparent, dans le sens que nous venons de leur donner ». ( Astronomie de Lalande, art. 973 et 974, 2°. édit.) ! ANRATÉTN CMEMVERTEL E. Les horloges ne peuvent suivre qu'un temps égal , le temps 7110 Y€IL. | J L'action de la pesanteur ou gravitation , est la cause qui produit les vibrations du pendule : car lorsqu'on a écarté le pendule de la verticale et qu’on l’abandonne à lui-même , la pesanteur le fait descendre , et avec la force qu’il a acquise , 1l remonte à la même hauteur de l’autre côté de la verticale : or, cette action de la pesanteur étant constamment la même dans le même lieu , il-s’ensuit que le pendule libre fait toutes ses vibrations d’ésales durées , tant qu’elles ont la même éten- due : cela entendu , on conçoit aisément pourquoi l'horloge à laquelle ce pendule est appliqué , doit mesurer un temps égal et uniforme ; car ce pendule étant mis en mouvement , l'office du moteur et du rouage est de restituer au pendule la force qu’il perd à chaque vibration , soit par la résistance qu'il éprouve de la part de l'air, ou par celle qu'oppose sa suspension : or , le moteur étant un poids , agit toujours avec la même force sur le rouage ; l’action transmise au pendule est donc constamment la même : ce régulateur fait donc des vibra- tions d’égales étendues, et par conséquent , de mêmes durées : les roues et les aiguilles qu’elles portent vont en avançant, par un mouvement égal , uniforme ; ainsi le temps qu’elles indiquent est un temps de même nature que le temps moyen : d’où on peut conclure que les horloges à pendule ne peuvent di- viser et marquer naturellement que le temps égal ou temps moyen , et que toutes les fois que l’on veut régler une horloge par le passage du soleil au méridien où par l’heure d’un ca- dran solaire , il faut soustraire les variations du soleil, qui ont lieu à cette époque ,et entenir compte pour avoir le temps moyen : 464 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE c’est par-là qu'on jugera si l'horloge est réglée sur le moyen mou- vement du soleil. : Les mêmes raisonnemens et les mêmes principes sont égale- ment applicables aux montres à balancier : on doit donc être bien certain que l'horloge ou la montre la plus parfaite que l’on puisse construire , ne peut suivre que le temps égal , le temps’ moyen , et jamais la marche inégale et variable du soleil. On peut bien , à la vérité , par un mécanisme particulier , faire suivre aux horloges et aux montres les variations du so- leil ; mais c’est par artifice. On appelle perdule à équation et r1ontre à équation , les machines de cette espèce. Mais avec cette disposition même, ces machines sont tellement construites, que, pendant que l’intérieur de la machine et l'aiguille des mi- nutes marchent d’un mouvement uniforme, une seconde aiguille des minutes suit les variations du soleil, ( 4r£ de régler les pen- dules , etc. p. 20. Paris 1759, in-12.) A REP RTOCEE ME NMENTAE. Du degré de justesse auquel les horloges à pendule ont été portées ( Extrait de‘l’Histoire de l'Astronomie moderne, par Bailly , t. Il, p. 263.) « On fut donc en possession d’une horloge {l’horloge à pen- dule ) , susceptible de la plus grande exactitude. L'homme la fait mouvoir d’un mouvement plus égal que celui des astres : on reconnut la nécessité d'employer chaque jour l'équation du temps inégal du soleil découverte par Ses EP ER (1): si cette équation n’avoit pas été connue , les horloges l’auroient mani- festée ; mais avec cette correction , nous jouissons du temps ui s’écoule. Dans l’usage de la vie, avec peu de soins , on dote à peine des minutes , lorsque les anciens , avec leurs clep- sydres , doutoient peut-être des heures: Mais dans l’usage astro- nomique , en employant les corrections et les attentions néces- saires , on voit des horloges ne pas varier d’une seconde en deux mois et de 5 secondes en un an (2)». . (1) La première application de l'équation du temps fat faite par Flamstead , en 1672. Cette découverte d'Hypparque étoit restée sans usage depuis dix-huit siècles. Æise. de l’Asr. mod: t. Il. p: 427. (2) La justesse attribuée ici aux horloges ,est citée de l'astronomie de Lalande, art. 2468. ARTICLE IV, s ET D'HISTOIRE NATURELLE. (. 465 AN RMC EEMENMNTS Ve - Dans l'usage de la mesure du temps par les horloges et par les montres, le temps moyen est le seul qu’il soit convenable de faire suivre à ces machines. Avant l’application du pendule aux horloges , l’art de la mesure du temps étoit trop imparfait, pour que , dans l'usage civil, il ne fût pas nécessaire de prendre pour mesure le mou- vement du soleil; mais depuis cette époque, cet art a acquis un tel degré de précision, que les astronomes, les navigateurs et tous les artistes instruits en horlogerie , ne font usage du temps mesuré par le soleil , que pour servir de terme de compa- raison , afin de régler les horloges sur le temps moyen, et rame- ner de temps en temps l'heure de ces machines à celle dont cet astre est la première mesure; et la perfection de nos horloges est telle, qu’une horloge à secondes ordinaire étant une fois ré- glée sur le temps moyen, on pourroit se dispenser de vérifier sa arche pendant une année entière, sans avoir à craindre d’er- reur sensible pour l'usage civil. Maïs en même temps que les horloges et les montres se sont perfectionnées , elles se sont extrèmement multipliées , même dans les campagnes; en sorte que l’on fait peu d'usage des ca- drans solaires, et seulement pour remettre ces machines àl’heure du soleil , lorsqu'elles s'en sont écartées. C’est donc un usage général reçu dans la société , d'employer les horloges et les montres à la’mesure du temps ; et c’est d’après la mesure (na- turelle ) du temps donné par ces machines , qu’il est le plus ‘convenable de se régler. Or, cette mesure ne peut être qu'un temps égal et uniforme , le temps moyen ; par là on aura cons- tamment des jours de La même durée , que toutes les horloges s'accorderont à marquer de la même manière. ANBRATLNC DIE VA Régler les horloges et les montres sur le temps moyen , à l’aide des tables d’équation et du midi vrai. Pour employer les horloges à l’exacte mesure du temps , il ne faut que des tables de l’égzation du temps (1), et une mé- (1) Les tables de l'équation du temps sont fort répandues : la plupart des alma: nachs en contiennent. D'ailleurs , on peut les multiplier à peu de frais : on peut Tome V. PRATRIAL an 7. Ooo 466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ridienne ou un cadran solaire : or , ces choses sont également nécessaires à ceux qui veulent faire suivre À leurs horloges le temps inésal du soleil , le temps vrai. Mais l'usage de cette dernière de mesurer n’est pas aussi facile que la prémière, parce que chaque jour il fant remettre les aiguilles de son horloge à la main ( si on veut avoir le temps exact du soleil), et faire suivre aux aiguilles un temps inégal, pendant que la machine mesure un temps égal. Lorsque l’on prend le temps moyen pour mesure , la mé- thode propre à régler lhorloge devient plus simple : car si à Vinstant du midi au soleil , on fait marquer à une horloge ou à une montre , l'heure indiquée par la table qui a pour titre : Temps moyen où midi vrat, insérée dans la Connoissance des temps(1),au jour proposé ,et que quelques jours aprèson compare de nouveau l'heure marquée par Phorloge ou par la montre ;, à l'instant du midi vrai : si cette horloge est réglée sur le moyen mouvement, il faut qu’elle marque exactement la minute et læ seconde indiquée par la table du temps moyen au midi vrai, pers le jour de cette seconde observation : et si le temps de ‘horloge diffère en plus ou en moins de celui de la table, ce sera une preuve qu’elle n’est pas réglée ; mais on connoîtræ précisément la quantité de son avance ou de son retard jour- nalier sur le moyen mouvement au soleil, et on pourra la régler en conséquence. ' Nous n’entrerons pas ici dans de plus grands détails sur la manière de régler les montres par les tables de l'équation du temps ; on trouvera ces détails dans les ouvrages sur l’horlo- gerie ; tels que la Règle artificielle du temps ; Y Essai sur l’hor- logerie , et l'Art de régler les pendules et les montres , ete, méme indiquer sur les cadrans solaires horisontaux, les principales époques de l'équation du temps : on peut égalenrent indiquer ces époques sur les cadrans des montres, comme on le voit dans le livre de l’#rt de régler les pendules et les montres , imprimé en 1759. (1) La forme sous laquelle cette table’ est donnée dans la Coznoissance des iermzps , est la plus commode, parce qu’elle indique l’heure précise que doit Marquer lhorloge au moment du midi vrai; au lieu que dans les tables que marquent les quantités de la différence du temps vrai au temps moyen, ou les nombres de, minutes et de secondes dont ces temps diffèrent (forme que l’on a adoptée dans l’Æwnuaire , dans l'Art de régler les pendules , etc. }), on est übligé , dans certains temps de l’année, de soustraire cette différence , pour trouver l'heure que l'horloge ou la montre doit marquer au morent du midi vraie ET! D'HISTOIRE NATURELLE. 467 ART. AVOGILUE N ï: Méthode la plus simple à employer pour faire suivre géné- ralement le temps égal aux horlogés publiques, etc., en réglant les machines par le secours d'une ligne méridienne du temps moyen. La pratique de la méthode que nous venons de présenter pour régler les horloges, quoiqu’assez facile ; pourra paroître trop dar pour pouvoir être employée par le public. Mais heureu- sement la science de la gnomonique nous offre un moyen plus simple, c’est celui de ramener à RUE le temps qui est mesuré par le soleil : telle est la propriété de la méridienne appelée #é- ridienne du temps moyen. Nous allons transcrire la description qu’en a donnée Deparcieux, dans son Traité de gnomonique (imprimé en 1741), page 92, et qui en marque l'usage. « La méridienne du temps moyen est une ligne courbe, faite à-peu-près comme un 8 de chifire fort allongé » Serpéntant au- tour de la méridienne du temps vrai. Cette méridienne est telle que , si l’on a une pendulé à secondes, réglée sur le moyen mou- vement du soleil , et qu’on lui fasse marquer midi lorsque la lu- mière du trou de la plaque passe par cette courbe , à l'endroit convenable marqué par les noms des moïs , qui doivent être au- tour , la pendule marquera toute l’année midi, lorsque le soleil sera dans cette courbe (1) ». Grandjean de Fouchy, de l’Académie des Sciences , est le premier que je sache avoir parlé de cette méridienne , qui n'est pas bien commune. Je n’en connoïs encore que trois : l1 première est celle que de Fouchy traça chez le comte de Clermont , et deux que j'ai tracées ( en 1737 ), l’une chez le marquis de Bonnelle , et l’autre chez le marquis d'Houelle. On trouve aussi la construction des méridiennes du temps moyen, verticales et horisontales, dans le Traité de gnomo- nique de dom Bedoz ( seconde édition, page 272..En sorte qu’à l’aide des deux ouvrages que nous venons de citer ,nous pensons qu’il seroit facile de tracer ; dans les principaux quartiers des (x) Deparcieux explique ensuite les règles à suivre pour tracer les méri- diennes ( verticales } du temps moyen. Oooz2 463 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE randes villes, des méridiennes du temps moyen (1) : ces méri- Pr deviendroient de véritables horloges du temps égal du soleil , et d’après lesquelles il seroit facile É régler les horloges “publiques, et en général toutes les machines servant à la mesure du temps dans l’usage civil. Nous avons rassemblé ci-devant les motifs qui nous ont paru propres à faire adopter dans l'usage civil une égale et invariable mesure du temps ; nous ajouterons ici que , dès 1754, nous avions proposé le même systême et employé la même méthode pour, régler les horloges publiques , etc. (la ligne méridienne du temps mayen), ainsi qu'on peut le voir dans une lettre adressée à l'abbé Raynal, et qui fut insérée dans le Mercure de France de novembre de:la même añnée! Nous avons suivi le même Sys- : tème dans le petit ouvrage de l#rt de régler les pendules et les montres; imprimé en 1759. Nous le présentons de nouveau aujourdhui , parce que nous le croyons utile ampublic et aux artistes. Pour appuyer encore notre opinion, nous, allons rapporter ce que nous venons de lire dans la Connoissance des, 1emps pour l'an VII (21799, v. st.) page 187. . Eu parlant de l'usage de la table du temps moyen au midi vrai, l’auteur s'exprime ainsi : « Enfin , cette table deyroit servir en tout temps et à tous les amateurs de la précision, parce qu’on devroit se passer du temps vrai, et w'erployer même dans La société que le temps 710yen ». : \ Nous pourrions encore ajouter que, chez une nation bien con- nue par'5es lumières , on n’employe que le temps moyen dans Vusage civil ; mais ce sont moins les exemples qui nous doivent diriger que la raison. _(1) Mallet-Favre a tracé, à Genève, en 1772, une méridienne du temps moyen. (Voyez la Connoissance des temps pour l'an VI, page 421) Cotte, observateur météorologiste à Montmorency, a tracé à Laon ;en 1787, une méridienne du .temps moyeu. SUR LA MANGANESE D'E SNLCIE N.DRR ELS DNLÉ LG ÉLT, AL, ES Par ProusrT. i Doxxer un.moyen de la démontrer dans les cours et d’une manière plus prompte et plus efficace que par la méthode de Scheëèle, voilà l’objet de ce fragment. On passe le vinaigre distillé à l’aide de la chaleur, sur une cendre bien lavée, sans prétendre lui enlever tout ce qu’elle peut céder à l'acide. La liqueur contient alors l’oxide de manganèse, de la chaux et de la magnésie. On l’essaye au prussiate de potasse et elle donne un précipité fleur de pêcher, qui traité au chalu- meau selon les règles, donne constamment la couleur qui dé- note cet oxide. Ce précipité n’est pas sans un peu de fer, qu'il reçoit, autant que je crois , du prussiate de potasse même. On passe ensuite l’acide nitrique sur ce résidu des cendres ; il leur enlève le fer qu'on démontre aussi par le prussiate. On re- cherche ensuite les diverses terres qu’on manifeste par les moyens connus Les cendres de pin, de calendula, de vigne , de chêne verd, de figuier contiennent la manganèse. Les cendres du fignier sont presque toute silice, les cendres de barilies n’en contien- nent pas un atôme, mais du fer en grande quantité , de la magnésie , etc. SUR LA PROPORTION Du charbon dans quelques bois, etsur celle des charbons de terre; Par le‘même. Chène-verd, cent parties donnèrent charbon. 2e liv. LORS TCB OPEN MATE ©'A0 NE SNS PET SRB MERS ER NS ETES 1 bee 7 Oméblanc és ei lefano done dr-bétre das 7 NME NANTES ER RENE LEP PNEUS UE SRTE PEN PER Ghèbe et h-snss drereelehendeselen the-rasiarei(lrng NOYEE IC terroirs er stef eo Briand rnteus sara snlelele He 24 Gayac NET er roc SON 124 OEMENCITA AN ME NE AT mea Lolria ie 55 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais tous les charbons de terre de bonne qualité donnent, en énéral , 70, 75 et 8o pour cent de charbon ; il faut donc que ‘opération qui aramolli, fondu et transformé la matière végétale en bitumé, aitrapproché ouconcentréenquelque sortela matièrechar- boneuse en eux ; de-là leur couleur constamment noire. On sent d’ailleurs que les autres principes des végétaux plus facilement oxidables ou destructibles que l'élément du charbon, ont dû s’en séparer en tout ou en partie avec la plus grande aïsance : de-là les produits plus ou moins abondans de leur distillation. Il y en. a même dans lesquels il ne reste aucun vestige d'hydrogène : ce sont ceux qui brûlent sans flamme ni fumée. Il ne faut pas croire non plus que cette abondance charbo- neuse dépende des terres mélangées à ces bitumes ; car les char- bons de bonne qualité ne donnent souvent pas plus de cendre que le charbon de pin. Tels sont ceux des Asturies et d’Andalousie qui n’en donnent que 2 à 3 pour cent ; celui d’Estramadure qui n’en donne que 6 à 7. ; Outre les produits connus de la distillation des charbons de terre, il me paroît qu'ils contiennent un peu d’acide succiuique, mais en quantité bien petite ; car les produits rassemblés de 30 livres de charbon ne m'ont pas donné plus d’un gros d’un sel dans lequel j'ai soupçonné cet acide à l’odeur , sans avoir encore pu m'assurer positivement de sa nature. Ce qu’il y a de plus intéressant à vérifier dans les charbons de terre, et ce que le temps ne m’a point encore permis de suivre, c'est une combinaison très-particulière de la matière charbo- neuse , avec une portion de soufre , distincte, indépendante de tout mélange de pyrite. Le charbon des environs d’Almaden, en Estramadure , ne contient pas un soupçon de pyrite, aussi ses cendres sont-elles fort blanches. Ce charbon, comme tous ceux que j'ai pu examiner , contient la combinaison ou le carbure de soufre dont je veux parler. Ent vain tourmentéroit-on un de ces charbons par la distillation pour en extraire du soufre sans jamais y réussir; ce n’est que durant le passage de l’incandescence à l’incinération, que le soufre s’oxidant en même tenips que le charbon se fait sentir à l'odeur : il faut la combustion pour le séparer du charbon : aussi dans sa plus grande ardeur le charbon embrâsé ne peut-il noireir l'argent ni-détruire le fer dans la forge. Cette combinaison est vraisemblablement une-des causes qui retardent ou prolongent si avantageusement, pour nos arts , la combustibilité du charbon de terre. Il suffit au phosphore de se combiner au charbon pour contracter un semblable ralentisse- ment de combustibilité ; car ni le contact de l’atmosphère , ni ETODIEISMOTRE NATURELTDE. Â7t même l’action combinée de l’eau et des alcalis ne peuvent séparer le phosphore une fois combiné au charbon: et la difficulté de se brûler de la part des charbons animaux, je ne sais si je ne de- vois pas l’inférer autant du soufre qu du phosphore ; car le soufre existe en assez grande quantité dans les matières animales, dans la laine sur - tout , et si, comme je le crois , ce sonfre ne passe point dans le produit de leur distillation , où sera-t-il, si ce n'est dans leur charbon? Il est bien à desirer qu’on les examine dans ces vues ; il est sûr qu’on ne peut préparer , dans un vais- seau d’argent , le savon de laine , sans en sulfurer profondément toute la superficie. 2 — === y NOUVELLES LITTÉRAIRES. Voyages à Constatinople , en Italie et aux îles de l'Archipel , par l’Allemagne et la Hongrie. De l’inprimerie de Crapelet. 1 vol. in-8. À Paris, chez Maradan, libraire, rue payée-An- dré-des-arcs, n°. 16. Cet ouvrage ne peut que beaucoup intéresser les lecteurs , soit par les pays qu'il fait connoître , soit par son style léger et agréable. OEuvres d'Hippocrate , Coaques , traduites en français par Lefebvyre-de-Villebrune , docteur en médecine , 2 vol. in-16.. À Paris, chez Théophile Barroïis le jeune, libraire , rue Hauie- feuille , n°. 22. Hippocrate est toujours le père de la médecine; on ne sauroit donc trop faciliter la lecture de ses ouvrages. De corporis humani fabrica , auctore Sœmmerinr. Nouvelle édition considérablement augmentée. On connoît les talens dis tingués du professeur Sœmmering. Cet ouvrage est une des meilleures anatomies qu’on ait, Thunberg , professeur à Upsal, annonce la description des: avimaux de la Suède; il a déjà fait paroître celle des zammalia, ou animaux à mamelles. Instructions nécessaires aux hyppocondriaques qui ignorent leur mal et veulent s’en garantir , par Tode. Cet ouvrage, écrit em allemand , répond à la réputation de l’auteur. , : D 472 JOURNAL'DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Manuel d'un cours de chimie , ou série des expériences et des démonstrations qui doivent composer un cours complet sur cette science ; par F.-J.-B. Bouillon Lagrange, professeur au: Ecoles centrales de Paris , et à l'Ecole de pharmacie ; des So- ciétés philomatique et de médecine de Paris ; membre de la Société de médecine de Bruxelles ; préparateur - général à l'Ecole polytechnique; etc. 2 vol. in-8. À Paris, chez Bernard, libraire pour les mathématiques , sciences et arts, quai des Augustins , n°. 57. L'auteur a divisé son ouvrage en soixante leçons , qui renfer- ment un précis de toute la chimie. Les découvertes les plus mo- dernes s’y trouvent. J'rora atlantica , sive Historia plantarum quae in Atlante, agro Tunitano et A lperiensi crescunt, authore Renato Des- Jontaines, Instituii nationalis scientiarum Galliae socio , necnon in Museo historiae naturalis parisiensis professore ; c’est-à-dire,Flore atlantique, ou histoire des plantes qui croissent sur le Mont-Atlas et dans les campagnes de Tunis et d'Alger. Par René Desfontaines , membre de, l’Institut national de France , et professeur de botanique au Muséum d'histoire na- turelle à Paris. HurriËME LIVRAISON. Cette livraison contient la suite des polyadelphies, polyandries et les syngenésies, à polygamie égale, à polygamie superflue , à polygamie frustranée , à polygamie nécessaire ALES polygamie ségregée , et les commencemens des syngenesies MOnOgOonies. Elle renferme trente planches, ce qui fait en tout 240. H y aura une neuvième livraison qui paroîtra bientôt, et qui terminera l’ouvrage. Ce sera sans doute un des plus beaux ou- vrages de botanique , soit pour l'exactitude des descriptions , des synonymmies , Soit par la beauté des planches. Plantes grasses de P. J. Redouté, peintre du Muséum national d'Histoire naturelle ; décrites par 4. P. Decandolle , mem- bre de la Societé des sciences naturelles de Genève. 2°, Livraison. Chaque livraison de cet ouvrage sera composée de six planches imprimées en couleur avec toute la perfection. possible » et de six feuilles de texte , imprimées sur papier vélin. Les exemplaires, petit 7-/o/io , sont du même format que l’'Æerbier ET D'HISTOIRE NATURELLE. 473 V’Herbier de la France, par Bulliard. Prix de chaque cahier 12 francs. Grand éz-folio , sur nom de Jesus, dont il n’a été tiré que cent exemplaires , 30 francs. A Paris, chez A.-J. Dugour, libraire , rue et maison Ser- pente. Cette livraison contient les descriptions et les planches des six plantes suivantes : la crassule ciliée, l’antheric annuel, le sesuve pourpier, le ficoïde noctiflore, le ficoïde doré et la cacalie de Klein. Cette seconde livraison est exécutée avec le même soin que la première, et ce bel ouvrage mérite toute l'attention des amateurs de la botanique et des arts. Dictionnaire de la conservation de l'homme ou d'Hygiène et d'éducation physique et morale ; ouvrage élémentaire et à la portée -de tous les citoyens , dans lequel on s'applique à dé- truire les préjugés , à fournir des précautions utiles aux diffé- rens états de la société, et à donner des avis pour les accidens qui exigent les plus prompts secours. Par L.-C.-H. Macquart, médecin de Paris, ancien médecin de lamarine, membre des Sociétés de médecine, d'Histoire natu- relle et philomatique de Paris, de celle de la Rochelle, Hesse- Cassel, et professeur d’Histoire naturelle du département de Seine-et-Marne. k « De l’ignorance et des préjugés naissent presque tous nos maux ». 2 vol. 2n-8. 12 fr. à Paris, et 16 fr. franc de port dans les dé- partemens. À Paris, chez Bidault, libraire , rue Hautefeuille, n°. 10. La santé est le bien le plus précieux ; c’est ce qui a engagé l’auteur à réunir les préceptes les plus généraux pour la conser- ver. C’est l’objet del’Hygiène. « Quoique les règles de l'Hygiène, » dit l’auteur , soient simples et faciles à saisir , l’expérience » journalière apprend que les hommes ont besoin d’être sollicités » pour les mettre en pratique. . . Nous avons donc cru qu'un » ouvrage qui préviendroit en quelque sorte les desirs en offrant » sans retard ce qu'il importe de savoir , auroit l'avantage de » convenir aux personnes les moins instruites ». L'auteur a préféré la forme de dictionnaire, comme étant plus commode pour le plus grand nombre des lecteurs qui trouvent dans chaque artiele ce qui peut les instruire le plus. Tome V. PRAIRIAL an 7. Ppp sunof F5 D GG an Re pb »m TON SAT ENE) IRON NET TPE TE NAN TES PEN NNET ES NUE PEN EEE TONER ONE SEE EPRENEATS h (l snte è | k (ea 4 Lea OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES PAR BouvanRrp, astronome. THERMOMÈTRE. P”" BAROMÈTRE. © © PRES ne co "ANNUEL VÉRS COSEE RE N MAXIMUM, exo nl Mioi.l.M 4 x.1Mu M | MiNiMu M. |A Mini, AR NET: LU) R es Piéolarisel27 7 lat mn 27204 7127. L5,8 a midi. + 10,42 $ 2m. 3,34 10,41à 7% 6... 27. 9,5] à 5him.. 27. 8,027. 9,0 à midi. + 9,5[a,3"4mæ+ 2,5, 9,$la 70m. 27.10,5|a 4h-s... 27. 9,227. 9,5} à midi. + 10,0/a SP. m4 5,5; 9,912 $hem... 27. ç,4]à 1h, 6... 27. 4,8/27. 4,9 a midi. ch 8ola shm.æHs,5i+ 8,oja 205... 27. 8,5] à 5h. m... 27. 6,3 127. 7, : a an.s. + sola 61, m+ 3,3} -4,2a 6,s.... 27.10,9| a 6h, m... 27:10,3 |27.10,8 OU Ne ARE CE im 3,5 3,7)a 55 m.. 27. 9,3la 2h.s 27. 8,6127. 8,6 à midi. + 6@z2la $him.—Æ 2,3 | Nas 27 To 9 405.1. 27.10,2/27.10,9 à midi.) 6,8/a fh£mHuz;sl 6,8{a midi... 27.11,6|a $h=m.. 27.11,2|27.11,6 a midi. + 7,414 $him.+ 4,3 14 4 la midi 27.10,0|a 3.5. 27: 9,9/27-10,0 el 3h Ss« + 6,8 a fi 3m. 3,2 = 6,742 8h. m 27.10,7 a 3h) s. 27 ONE lo a hs. + 8,oà Sh4m.+ 3,34 7,842 8°. m... 27.10,,/a 7hEs.. 27. 9,3 |27.10,5 à midi. + 9,8|à 4°.im—+ 3,0) + 98 {à Pme. 27. 7,4la his... 27. 6,2127. 6,5 à 28. + 9 5là 4bimt 2,4|+ 9,2la 2h... 27. 7,4]a 4h£ m.. 27. 6,3|27: 733 1 à midi. + 11,2/à fh£m.+ 4,5 n1,24a 9" Em., 27. 9,2| a ans, 27. 8,6|27. 9,2} à midi... + 15,0/à 4m. $,o + 15,02 6h.m... 27. $,9là 2h15 27. $,9|27. 6,6 | aa. 17,5/à 40m 6,$/+ 15,8/a 42m.. 27. 7,o[à 2h, s 27. .6,2|17. 6,3] a midi. + 15,5 là sm 6,çl4 15,5la 8%.m 27. 6,4 a 6h2s 27. $,9|27. 6,1 à mudi.. + 13,6|a 4M.im.+ 4,7) + 13,64a 2h.s 27. 6.6/2 $hm,..: 27. 6,127. 6,5 a nude = 025i Acces + 12,34a 3h25 27 Plat Em 27. 7,3 | 27 (757 a midi... + 11,8la shim+ 7,3 |+ JE à Abis 27. 8,0 a mA 277,427. 79 à midi.. + 11,6|à.. nos mp7 la 27 -06,1|27- 624 à midi. + 9,8la 5m. $s,9l4. 9,81à 3n.s.... 274-852 5h m... 27. G,1|27. 7,8) h, a 2h,s.. Hi14,sia 4h5m.—Æ $,3|<+ 14,2/a midi. 27.,8,8| a 4h1m.. 17. 8,827. 8,8) à al Pal enrpo) a 0er 00. TEST + 11,8/a 4m. 27, 8ïr|à 2h61!) 27. 7,527. 8,0 à 3M1s, La 8,9|a 4, rm. $,ol# 8,5{a 7h.s.... 27.10,9| à SR Ami 27.(8,1|27. 9,$ à 2h s.., + 8,4la 4h.im:+ #31 + 7,8a midi.. 28: 3,o[ a $h£m:. 28. 1,4|28. 3,0 à 2h16. H 10,2|a 4".2m+ 1,44 9,6/à midi. 28: 359) a 04m... 29.025258. 2.9 à 20ES +- 13,1 2 4h.4m.—+ 4,5|+ 12,7la 4.5 m, 27.11,3 à 2his 27.10,2|27 10,3% à 2,5. 14,7{a Shm+ 9,8 14,4fa 7h£s... 27. 8,81à 5h.m 27. 8,41l27.08,7 HSE GLANPAI AN EU L'AMTIMO NS & 4 Plus grande élévation du mercure. ,.....:.4. :28.3,00, le 27 " Moindre élévation du mercure... ...... 1... 27: 4,12 je 1 À HElévation moyenne eee ete 27. 9,56 Plus grand degré'de chaleur... UE. hip itle 17 Moindre degré dé chaleur. ..,........., = UT; 4ntile 28 Chaleur MOYENNE... «. «à LCA TE + 1954 Nombre del joursibeaux.t #: 2. ARMES $ deRCONVERTS RAR REA 25 SAGE Codes ed "NT dEVENtE Se deteste > +. 30 A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Floréal an r11. | MARARPTE ACTE DONNE -S EE E POINTS 5: L VENTS.. ; o midi. LUNAIRES, DEL ATMOSPHÈRE, 1 | 80,0 |:O: fort 2 Ciel convert une grande partie ‘du jour. 2,| 81,5 | ©: À 4 Même temps. 311082,00 SO. Couvert depuis 10 heures du matin. 4 |e85s oO) Pluvieux le inatin ; averse assez forte l'après- midi. 5 | 85,0 N. ; Pluie avant le jour ; RRncoup d'éclaircis par incervalles, 6 | 76,0 | Niforts! et | Ciel couvert. 7 | 785 8 Dern. Quart, :| Pluie presque ARTE mélée de neige vers midi, 8 | 76,0 | N. HA Ciel couvert, 9 80,0 N. ne à Idem. 10| 78,5 N. Couvert; pluie mêlée de grêle à 2 heures : + soir. 11| 77,0 N. Quelques éclafrcis. 12 97,5 | N° Equin. ascend. Idem ; petite averse à 7 heures du soir, 13 Sr, 01 |1S4 Apogée, Pluie fine par intervalles ; assez beau le soir. 14| 77,0 | N., {9 2 Bcau,le matin ; couvert depuis 9 heures et tout l'après-midi. 15 M77,0 E. : 1 |: Assez beau le matin ; en païtie couvêrt l'a après- -midi. 16| 79,0 S-E, Nouv. Lune. Ciel en partie couvert; nuages blancs et beaucotip de vapeurs, 177730 MINE * Ciel trouble avant midi; pluie dans la'soirée. 18| 97,0 S-S-E. L Vapeurs grasses ; gros nuagés le soir; ipluie à midi. 19| 88,0 s: Couvert; pluie net à 7 heures du matin. 20| 77,3 O. Ciel couvert toute la journée. 21| 87,0 | O. Pluie dans la matinée ; beaucoup d’ et Ue le soir. 22| 81,0 | SS-O. ; Ciel couvert par males 231l 84,0 || O. Prem. Quart, Pluie avant nxidi ; ciel à derhi-couvert dans la soirée. 24| 78,5 s-O. #3 Ciel a’ demi-couvert; pluie: ifine lé soir à 7 heures. 2$| 80,0 S. | Ciel trouble ernuageux ; pluie continuelle depuis,14 heur, du matin, 26| 77,5 N: Equin. descend. | Couvert. 27| 78,0 | N. Quelques éclaircis dans la journée. 28| 65,0 | N. Périgée. Assez beau dans le jour ; vaporeux ; nuages à 7 heures du soir. 29| 71,0 O, Ciel couvert. 30] 95,5 | S-S-O. Pleine Lune. Pluie fine au lever du soleil ; couvert toute la journée. RÉCAPITULATION. de grêle. ...... F0 0000 SO de tonnerre. .....+, BHO CO o detbrouxlard. 4..." no de neige... ss... © 1 Le venta fouffé HONOR PRE TRE RAA CU UE . 11 fois INSEE NS ee PA ne A CITE : MS) EN Er cle ejeplel-iciale le lelelets 2 CEE Brio ARC D re PE Ga ieL 3 ER OS UD oO TI BAT set ; SO Te ei cle D celte che sie eiiore $ OMS ETAT een eee 6 . INÉOREMEE AE Een tb Toni o Déclinaison de l'aiguille aimantée , observée le 18 prairial , entre 7 et 8 heures du soir DAT ot e ve ieelds 220 0! à l'ouest. 476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, 00 SUITE DES NOUVELLES LITTÉRAIRES. Expériences sur le galvanisme , et en général sur l'irritation des fibres musculaires et nerveuses, de Frédéric- Alexandre Humboldt. Traduction de l’allemand, publiée avec des addi- tions , par J.-F.-N. Jadelot, médecin. De l'imprimerie de Didot jeune. À Paris, chez J.-F. Fuchs, libraire , rue des Mathurins, no. 334 , an 7 (1799) à vol. in-8. avec des planches, Prix 6 {r. à Paris, et 8 fr. franc de port par la poste. Les travaux de Humboldt sur l'irritation des fibres nerveuses et musculaires, et sur le galvanisme, ont enrichi les sciences d’une multitude d’expériences bien faites, et de faits bien vus. C’est donc un service intéressant qu’a rendu aux savans français, le traducteur de ces expériences, connu lui-même par plusieurs bons ouvrages. ‘ . Nous avons déjà publié des extraits faits par Humboldt lui- même de ces expériences ; mais nous y reviendrons ençore , car les phénomènes du galvanisme sont si multipliés , si variés, qu'on ne sauroit trop les étudier et les méditer. Peut-être nous condui- ront-elles enfin à quelques apperçus sur la nature du principe vital des êtres organisés , qui est sans doute la question la plus intéressante de la physiologie. Le traducteur a enrichi l'ouvrage d’un discours préliminaire qu'il a fait suivre de quelques expériences nouvelles sur le gal- vanisme , faites à Paris par divers savans , et auxquelles il a contribué. Humboldt part pour le Mexique , il parcourra une partie de l'Amérique espagnole. . . Nous devons attendre des découvertes importantes de son zèle et de ses talens. Emme) T AB LE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Crxovreme Mémoire sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d'eau, lorsqu'ils sont exposés à la lumière, par Jean SENESIER. Page 417 Mémoire sur un fragment de basalte volcanique, tiré de Bor- ghetto, territoire de Rome. 432 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 477 Observations sur l'analyse des cendres, dites soudes de Varech, publiée par B.-3. Sacs, par ***, 442 Description et analyse des ludus calcaires de Die en Dauphiné, par B.-J. Sac. 444 Note sur une gomme du hêtre qui a été prise pour une plante, par DecanDorre. 447 Errtrait des lettres de Voxta au professeur GReN , etc. 451 Addition au Mémoire sur les vers , par J.-J. Viney. 453 Lettre de Prnroztzs, de l’Académie de Turin, etc. à J.-C. Dera- MÉTHERIE. 455 Des effets du gaz hydrogène sur la voix. 459 Hauteur des montagnes de la terre , de la lune et de Vénus, par SCHROETER. idem. De la longueur du mètre. = 460 De la mesure du temps par les horloges , dans l’usage civil, etc. par Ferdigand Bsrraoup. 461 Sur la manganèse des cendres végétales , par Prousr. 469 Sur la proportion du charbon dans quelques bois, etc. par le même. idem. Norvelles littéraires. . 473 Observations météorologiques, faites à l'observatoire national de Paris, par Bouvarr. 474 , 475 TABLE. GÉNÉRALE DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. HAE SR ONLR EE: INVA AN UMALENTU LE. ” MD;ccours préliminaire , par J.-C. DeraAMéTHERIr. Page 1 Sur la Vallisneria , par Picor-14-Pevrouse. 127 Mémoire sur l’organisation des Monocotylédons ; OU Plantes à une feuille seminale, par Drsronraixes. 141 Observations sur le prétendu verre blanc qu’on trouve Sur ce on nomme lave graveleuse , par B.-G. Sacs. 162 Tremblemens de terre, dans l’occident de la France. 183 Mémoire sur la lenticulaire des rochers de la perte du Rhône 5 par G.-A. Deruc. | 216 Observations sur les plantes marines, par DecAnDozze. 233 “ 478 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Flora atlantica , etc. , authore RenNaro DesrONTaines. . 294 Idem. . : ; Idem. Histoire naturelle de la montagne de St-Pierre de Maëstrich, etc. parFausas-Saint-Fonn: 254 Idem. * 382 Tableau analytique de. la monographie, des Saxifrages, pur Prcor-La-PEvRrOUSE. . 261 Observations sur une argille feld- spathique de la butte des Treils, par Sacs. 269 Notice sur La manière de préparer des squelettes d'animaux . et de plantes , par Sus. | 291 Mémoire sur les basaltes, par Sir James Has. 313 Observations lihologiques et chimiques sur. une espèce de marbre primitif, par Naprows. 3 Mémoire surun fragment de basalie volcanique tiré de Borghetto, territoire de Rome » Par SALMON:, x 4352 Addition au Mémoire sur les vers, parJ.-J. Virey. 453 Hauteur des montagnes de la terre , de la lune et de Vénus ,par SCHROETER. à idem. P.H Y.S.I Q U-E. | Lettre du professeur SPALLANZANT, au célèbre chimiste Grosenr, sur les plantes renfermées dans des vases remplis d'eau et d'air, : 135 Premier Mémoire sur la matière verte qu’on trouve dans des vases remplis d’eau lorsqu’ils sont exposés à la. lumière, par Jean SENEBIER. A 155 Second Mémoire , idem. sin}, 502, Troisième Mémoire, idem. 294 Quatrième Mémoire , idem. : 361 Cinquième Mémoire, idem. 417 Norice sur l’origine des eaux qui se trouvent dans l’intérieur des mines, par Baïrrer. 164 Sur la glace produite par l'expansion de l'air comprimé, par le même. 166 Observations sur l'émission du fluide électrique, par Tnr- MERY. ne 168 Observations météorologiques, par Bouvar», frimaire. 100. 101 fdemn , nivôse. nr | © 3 162. 163 Ydém,, plaviôse, A s 256 257 Idem, ventôse. > 340. 341 Idem, germinal, 4 414. 418 Hem , foréal.. , 474. 475 0 4 1 ÈT D'HISTOŸÎRE NATURELLE. 479 Essaipour servir à l'histoire du principe des forces virtuelles. 10 Mémoire sur la force refringente de différens liquides, par FaroNt. j 16 Expériences et Observations pour prouver que la neige 11€ COn- tient pas d'oxigène, etc. par le D. Joachim Carraponr. 226 Extrait de la doctrine de Browx ; par Auserr. 246 Notice des grands hivers dont il est fait mention dans l’His- toire , par COTE. s e : 270 Extrait d’un Mémoire sur les thermomètres , par Baum, par le même. 282 Mémoire sur l'adhésion ox attraction de surface, par Joachim CarraDORI. 207 De l’arpentage des terrains inclinés , etc., par Drarrer. 391 Remarques sur l'incendie de l'Odéon, par Sacs. 334 Lettre de Nassarrr-Eawpt, sur le Galyanisme. 336 Sabot.- drague , ou nouveau moyen de curer Les ports, par BERTRAND. 373 AL Lettre de Hassenrrars sur l’air contenu dans la neîge. 375 Dissertation physiologique sur la nutrition des fœtus considérés dans les mammifères et dans les oiseaux, par Leveirré. 386 Note sur Les animaux MmOrt-nÉs , par HEnxoz», 497 Note sur le glass chord, par Beven. 408 De la longueur du mètre. 466. De la mesure du temps par les horloges , dans l'usage civil, ete. par Ferdinand Bertradup. AG CHIMIE: Sur l’acide des pois chiches, par Drvrux. 409 Expériences faites sur l'hydrogène carboné, pour décider si le carbone est un élément ou une substanææ composée , par le docteur Guillaume Hey. 105 Essais sur la teinture par les dissolutions d’étain et les oxides colorées de ce métal , par J.-M. Haussmann. nrA Lettre de Humsozpr à J.-C. Deramérnens ; sur l'absorption de l'oxigène par les terres simples. 132 Sur la cristallisation de l'or, obtenue par la réduction de ce métal, par B.-G. Sacs. 163 Mémoire sur la séparation, par la voie humide du zinc uni au .cuivre , par M.-J.-J. Drzi. 175 Note sur la smaragdite , la lépidolite et le feldt-spath vert. 184 Eeitre de Humrozpr à J.-C. DeLAMÉTHERIE , sur la composition chimique de l'atmosphere. 180) 489 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc: Mémoire, ou Observations sur quelques procédés publiés sur la décomposition du sel marin. 237 Sur la propriété qu'ont les plantes de donner une matière sucrée presque spontanément, par P.-J. Deravirre ,.. MES Analyse des cendres dites soude de Varech, par Sacs. 238 De l'inflammation explosive de l'antimoine , par le méme. 240 Analyse de la poudrette ou pulvis stercoreus , par le méme. 24x Remarque sur une chaux rouge de mercure, par le méme, 243 De la nature de la terre calcaire, par le méme. 244" Analyse de la pierre-ponce etdu basalte, par le D. KexKeoy. 252 Premier Essai sur l'acide des pois chiches , ou acide cicérique , par Disran, fils. 502 Surla décomposition du sel sédatif, par Crerr. + 339 Mémoire sur la matière du feu , considéré comme instrument chimique dans les analyses , par LAMARx. 345 Observation sur la teinture alcaline de Sraux., par J.-M. HaussmMANN. 369 Observations sur l'analyse des cendres , dites soudes de Varech, par B.-J. Sacs. 442 Description et analyse des ludus calcaires de Die en Dauphiné, par le méme. » TA Note sur une gomme du hêtre qui a été prise pour une plante , par DEcanvozzes. 447 Extrait des lettres de Vorra au professeur GREx , ec. 45x Lettre de PEerroiee, de l'académie de Turin , etc., àJ.-C. Dera- MÉTHERIE. F 455 Des effets du gaz hydrogène sur la voix. 459 Sur la manganèse des cendres végétales , par Prousr. 469 Sur la proportion du charbon dans quelques bois, etc., par le méme. s “ idem. Nouvelles littéraires. | 102 Suite. 185 Suite. 258 Suite. 342 Suite. 412 Suite. A7E À PARIS, DE L'IMPRIMERIE DE BELIN, RUE JACQUES , N°. », ®. Obs. de 27. .:--- . 4 Dec. 2792: N. Ô7 7: Obs. d. 28 Dec. 2789. TE et de 31 Van1790 N 14. CObs. d'22 Mart. 2790 - W.14......: Û Ô. Obs. d, 20. Dee 17.94: N200 |... or Ÿ : AS ,» Ÿ Ÿ #4. Obs. d. 21 For AR JON RD TO TE x NS À = Ÿ IN 4. Oby. d22 Dec.2794. PE TL DEP REES Ne 2, Ÿ NS AT 2. Obs. d,16. May 12798/.222... À. NY RSS È ï SŸ 2 Obs. d,19 Hay LANUIE ET RE PR) ie « Ÿ Ÿ COLE PENSE RE. = n à Ÿ RE LE RER Du. 0 HO RE $ à S - K 6.Mont blanc CARE PES | RSR à & à] à » Y Ÿ De PROG ÈS TER: Nù NS N ; : à SD Ÿ #. de la COMORES PPS LT re. À SÈ ù Y S DRE RE NE ES Ÿ _ 2. Ziler [ Li & À CCD TARN RTE ET TR s- Ÿ » . Ÿ 7: Cayambe OPOPO SRE RE LE LT ce af ae: Ÿ PHONE ROIS EN Sr le LE EE : . D Lie d'Argentere.…. EE EE N . £ à e È : #. Pico... ET Re F gr à Jéhneckoppe CES PE eee SRE LT RL ; LT DR RE RO Er 0 ARS - 2 Lammekberg “ . ; , OU ON ON UN EN ON HN UM OEM UN In 30000 468. Ÿ Diam: de Venus 2668. LA « Larpat fs del. Aez V4 D rerriel an N'A 2 D: + s. 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