PRET RE TRS SET D £ PRÉETEE . 20 SE e : = RE : SÉRSSSS TETE, L9 DCE REA ET ni nr } he, 1 L E VA : , APTE HN Le" | ; NUE: VE ' VU AS L y TO L ! N (1? D 4 QAR AUS : ( À ER t | Ps To Vr ef T2 * nm? t mou p ( ] | [2 : L | à & 1 } ï ! Le e Lis = . [ES s .- LAN ARE D Ho Hs ‘1h 114 | pr | HR : FRA 4 La ME #26 D € re. LS (hnd SONT JOURNAL “D'E PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE EX DIE S. AR TS; AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. © NIV OISE EC ASIN VI IT: COM, AE ASP'A:REES;: Chez J.-J. FUCHS, Libraire, rue des Mathurins, n°.554. ——— AN VIII DE LA RÉPUBLIQUE ( 1900 v.s£.) PARA UE CN, AT D'EPOASE QU E, DOME CILI DIE. D'HISTOIRE NATURELLE BARAD IE: SAT TS: DISCOURS PRÉLIMINAIRE; Par J.-C. DELAMÉTHERTE. NAS ER LÉAM AE JOUE :S: FE, APLACE, dans sa mécanique céleste , a envisagé le système du monde comme un grand problème de mécanique, dont il a cherché et donné la solution. C’est pourquoi il a traité, dans le premier livre, des principes généraux de l’équilibre et du mouvement. Il donne une démonstration rigoureuse du principe de la décomposition des forces. Il traite ensuite des mouvemens d’un corps solide de figure quelconque. Il donne les condi- tions du mouvement des fluides , et il en fait l'application aux mouvemens des eaux de la mer et à ceux de l’atmosphère. Il détermine ensuite quelle doit être la force qui agit sur les corps célestes , pour que leurs mouvemens soient tels que l’ob- servation les présente. Les lois de Kepler le conduisent direc- tement au principe de la pesanteur universelle ; c’est-à-dire , que l’action qu’exercent les corps célestes les uns sur les antres est en raison directe de leurs masses, et inverse du quarré de leurs distances. . Les développemens nouveaux qu’il donne méritent toute l’attention des géomètres. Fossombroni a traité du principe des forces virtuelles en géomètre instruit. A2 ’ ; 4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ASTRONOMIE. Herschel a publié ses observations sur les satellites de Jupiter. Il a déterminé la durée de leurs jours, ou révolutions sur leur axe. Le premier tourne sur son axe en un jour 18 heures 26/ 6". Le second tourne sur son axe en trois jours 18 heures 17/ 9//. Le troisième tourne sur son axe en sept jours 3 heures 59%6//. Le quatrième tourne sur son axe en seize jours 18 heures 5 1//. Il a ensuite cherché à déterminer le volume de ces astres; mais il n’a encore pu y parvenir d’une manière rigoureuse. On peut seulement conclure, dit-il, que Le premier satellite est plus gros que le second. Le second est le plus petit de tous. Le troisième est beaucoup plus gros qu'aucun des autres. Le quatrième est à-peu-près de la grosseur du premier. Cavendish a fait des expériences pour déterminer la densité de la terre. Son appareil consiste en une balance de torsion, comme celle de Coulomb, composée d’un levier de bois, long de >,6 mètres, et suspendu par un fil mince de métal. À chaque extrémité est attaché un petit globe de fer ou de cuivre. On place vis-à-vis ce globe d’autres masses de plomb de 0,32 mètres de diamètre, qui exercentune attraction sur les premières. Calculant ensuite cette attraction relativement aux masses de plomb et à l’attraction de la terre , il en conclut que la densité moyenne du globe est à celle de l’eau comme 5 + est à 1. Maskeline , d’après l'attraction de la montagne de Schehllien, ‘ avoit conclu que la densité de la terre est à celle de l’eau comme 4 Lest à 1. . Le français Lalande neveu, continue avec persévérance son catalogue des étoiles de notre hémisphère. 1] l'a déja porté à quarante-neuf mille. Schroeter a mesuré les montagnes de la Lune et de Vénus par le moyen de l'ombre qu’elles projettent sur ces astres. Il a en- suite comparé leurs hauteurs à celles des montagnes de la terre. Voici un précis de son travail. Chimbo-Roca , la plus haute montagne de la terre, n’a que 32co toises. La lune, qui est 49 fois plus petite que la terre, a des mon- tagnes qui ont plus de 4 mille toises de hauteur. LL L ET:D'HISTOURE NATURELLE 5 Vénus, qui est plus petite que la terre d’un neuvième, a des montagnes qui ont 25 mille toises de hauteur. Berthoud a fait voir qu'il seroit plus avantageux d’employer dans l'usage civil le emps moyen que le mps vrai. On ne seroit pas obligé de retoucher sans cesse aux horloges et aux montres, dont les mouvemens uniformes ne peuyent représenter que le temps moyen. : On placeroïit dans le calendrier une table, où on yerroit chaque jour la différence qu’il y a entre ces deux temps, et on pourroit toujours avoir recours à la méridienne pour savoir l'heure vraie, puisque par le moyen de la table on ajouteroit ou on retrancheroit pour avoir le vrai temps moyen. d Bouvard a fait un grand travail sur les mouvemens de la June. Il a calculé les éclipses rapportées par Ptolémée, et celles observées par les Arabes. Toutes ces éclipses, comparées avec les observations modernes, lui ont donné — 12// 21 de correction pour le mouvementsynodique, et8/ 34/ 5 pour l’ano- malie moyenne. Ce qui s'accorde singulièrement avec les ré- sultats que le calcul a donnés à Laplace. Les astronomes français ont enfin terminé la grande opération de mesurer l’arc du méridien depuis Dunkerque jusqu’à Ear- celonne. Ils y ont porté une telle précision qu’on ne peut y supposer aucune erreur sensible, d'autant plus que leurs ré- sultats sont absolument conformes à ceux que les mesures précédentesayoient donnés, comme nous allons le dire. 11 résulte de leur travail que le quart du méridien terrestre, c’est-à-dire, l’arc du méridien compris entre l’équateur et le pôle nord, est de 2,561,370 modules (ils: ont employé ce mot pour exprimer une règle de platine de 12 pieds ou 2 toises) ce qui fait 5,122,740 toises. Le mètre est la dix millionième partie de cette quantité , c’est-à-dire, que la longueur du mètre est de #7 parties du module. Et en rapportant ceci aux anciennes mesures, le mètre vrai et définitif est de 443 2% lignes de la toise du Pérou ( c’est-à- dire , celle qui a servi aux académiciens français pour mesurer le degré au Perou). La température de cette toise étant sup- posée de 15° du thermomètre de Réaumur, ou 16 + du thermo- mètre centigrade. Ainsi le mêtre est de 3 pieds 11 “7# lignes. é Ils ont ensuite calculé la longueur du degré aux différentes 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE latitudes qu’ils ont mesurées. Voici les longueurs qu'ils ont données : le degré est : Modules. Toises. Entre Dunkerque et Paris à la latitude moyenne de 49° 56! 30// . A HORERRe VNLHRETÉ Entre Paris et Evaux , à la latitude MOYENNE de 470 207 ADI. ee ja oo 0 © + Entre Evaux et Carcassonne, à la latitude moyenne de 44° 41! 4/!. 28489 ou 56978 Entre Carcassonne et Montjouy, à la lati- tude moyenne de 42° 17/ 20/, . , . . . . . . 28472 ou 56944 Cette longueur de l'arc du méridien, est la même que celle ue les observations avoient déterminée auparavant. Voici ce que dit Lalande dans son astronomie, 3° édition, n°. 2661, « En observant avec soin la distance au zénith des mêmes « étoiles, à Paris et à Amiens, avec un secteur, ona trouvé « 1° 1/ 13// de différence dans toutes les hauteurs entre deux « points, dont la distance conclue de la précédente étoit de « 58233 toises. Il ne reste donc plus qu’à faire la proportion « suivante : 19 1/ 14/ est à 58233 toises, comme 1° o/ o// est « à un quatrième terme, qu'on trouve 57074 toises. C’est la « longueur du degré de la terre erttre Paris et Amiens (déter- « miné par Picard). La latitude moyenne de ce degré est de « 49° 23/. Cette longueur suppose la toise du nord, etle temps « où le thermomètre de Réaumur est à 10 ou 12°. Ce degré se « réduit à 57056 ayec la toise de l’équateur qui est maintenant « adoptée. » On doit observer que, suivant ces nouvelles mesures, la différence du degré entre Evaux et Carcassone, est beaucoup plus considérable qu’elle ne devroit être suivant la théorie. Car elle diffère de 88 toises de celui entre Pariset Evaux, quoiqu'il n’y ait environ que trois degrés de latitude de différence, qui fait près de 32 toises par degrés. Celui entre Carcassone et Mont- jouy diffère de 34 toises, quoiqu'il n’y ait de différence qu’en- viron deux degrés de latitude; ce qui ne fait que 14 toises par degré, tandis que les degrés entre Dunkerque et Paris ne dif- fèrent que de 10 toises, et il y a deux degrés de latitude ; ce qui ne fait que 4 toises de différence par degré. On suppose communément que le degré est sous l’équateur de 56753 toises, comme l’ont estimé les académiciens français ; et sous le cercle polaire, qu'il est de 57419 toises ; ce qui feroit une différence moyenne de 7 toises entre chaque degré. Mais 28538 ou 57076 28533 ou 57066 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 il paroît que la différence est un peu plus grande entre les degrés qui sont du côté du pôle, qu'entre ceux qui sont du côté de l'équateur. Mais la différence de 14 et de 32 toises qu’on vient de trouver , ne peut se concilier avec la théorie générale. Cette diffé- rence doit donc dépendre de quelques causes particulières. Ces faits indiquent soit une irrégularité dans les méridiens terrestres , soit une ellipticité dans l’équateur et ses parallèles, soit une irrégularité dans l'intérieur de la terre, soit un effet de l'attraction des montagnes, soit une action puissante de ces différentes causes réunies , ou de quelques-unes d’entr’elles; action qui n’avoit pas été démontrée d’une manière aussi frap- pante qu’elle l’est par les résultats que nous venons d'indiquer. Ce sera aux mathématiciens les plus célèbres, à fixer leur at- ‘ tention sur ces faits pour tâcher d’en démèêler les élémens, et de parvenir sur la figure de la terre à une théorie plus parfaite que celle que nous possédons jusqu'ici. Ceci confirme l’opimion qu’on avoit déja, que la figure de la terre n’est point une courbe régulière. Il résulte de ces calculs, que l’applatissement de la terre est une trois cent trente-quatrième partie. C'est-à-dire que l’axe est à un diamètre de l’équateur, comme 353 est à 354. La longueur du pendule , est un autre moyen donné par la nature pour avoir des mesures constantes , parce qu'elle est une suite de la gravité, laquelle ne paroît pas varier. Elle a été es- timée; pour le pendule qui bat les secondes à Paris, être de 545% du module, ou -22#%7 du mètre. La longueur du mètre déterminée sert à fixer les poids etles mesures de capacité. On a pris l’eau distillée , comme le corps qu’on pouvoit se procurer le plus facilement dans toute sa ureté. On a cherché à apprécier le poids d'un £z/osramme eau, c’est-à-dire d’un décimètre cube d’eau prise à la tem- pérature où elle a le plus de densité; c’est ce qu’a fait Lefebvre- Gineau. Le vrai kilogramme , le poids d’un décimètre cube d’eau distillée , prise à son maximum de densité, et pesée dans le vide, où l’unité de poids est de 18827, ou de 2 livres 5 gros 35 0,15 grains. ( C’est un peu plus que la pinte de Paris, qu'on supposoit peser 2 livres. ) D’après ces expériences , le pied cube d’eau distillée, prise à son maximum de densité, est de 70 livres 223 grains. Il est de 70 livres 141 grains, si on prend l’eau à la température de ;3 & JOURNAL: DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de degré , et il seroit de 7o livres 130 grains, si on prenoit l’eau à la glace fondante. Le maximum de densité de l’eau, et par conséquent de son poids, est lorsque sa température est à environ 4 degrés. Le kilogramme contient mille grammes j par conséquent le gramme est de 18 7; grains. 89°. Comète. Bouvard a découvert , le 16 frimaire an 7, une petite comète dans la constellation d’Hercule, Son orbite a été calculée par le D. Burckhardt. C’est la 69°. 90°. Comète. Méchain l’a découvert à l'Observatoire, le 20 thermidor , vers les deux heures du matin. Elle étoit entre les gémeaux et le lynx. Son noyau très-petit étoit entouré d’une légère nébulosité, et sans aucune trace de queue. Le diamètre de l’ensemble n’étoit que d’une minute environ ; elle s’est élevée vers le nord jusqu’à 60 degrés de déclinaison. Les élémens de son orbite sont les suivans: Longitude du nœud descendant. , . . . 3° 9° 34, Lieu du périhélie sur l'orbite, . . , . . © 3 36 Inclinaison dell’orbite. MM EME NO NSOMIOZNE Sens du mouvement. . . . . . rétrograde. Passage au périhélie. . . . . . 21 fructidoran7, à 4 heures 34 minutes : temps moyen à Paris. Distance périhélie. . : . . . . . 0,82387. C’est la dixième comète découverte par Méchain. o1. Comète. Le 5 nivôse an 8, Méchain a découvert, à quatre heures du matin, une nouvelle comète près de l’étoile sigma du serpentain. On peut la distinguer à la vue simple. Sa queue a un degré. Elle avance vers le midi. Chronomètre, C’est une montre dont le balancier est construit. de manière à rendre nul l’eftet de la dilatation des métaux par la chaleur, comme dans le balancier des pendules. Berthoud en a remis un à Humboldt, lequel Jui a donné parfaitement la longitude des Canaries , telle que Borda l’avoit trouvée. Ce qui annonce que ce chronomètre ne s’étoit pas dérangé sensiblement dans la traversée du Férol, où s’étoit embarqué Humboldt, aux Canaries. Cet instrument est de la plus grande utilité pour trouver les longitudes en mer. DU MELUN DIE NE UN M TÉNNENURe Blair a donné un procédé pour construire des lunettes aplanatiques, c’est-à-dire, sans erreur, en corrigeant la dif- so férente x ETUDES RO MRIEUNATMUR ELLE. ) férente refrangibilité des rayons de lumière. 11 prend deux lentilles de Crown-Glass, qu'il ajuste bien l’une contre l’autre, et il en remplit l’intérieur de différentes liqueurs, qui ont divers degrés de refrangibilité , telles que des huiles essentielles, la dissolution de sublimé corrosif, ou muriate oxygèné de mercure dars de l’alcohol , avec addition d’un peu de sel ammoniac, une dissolution dans l'esprit de vin du beurre d’antimoine, ou muriate d’antimoine ; il a calculé la refran- gibilité de ces liqueurs et la convexité qu'il falloit donner aux verres, et il est parvenu à des résultats très-exacts. Fabbroni a examiné la force refringente de différens fluides. Il a fait voir qu’elle varie beaucoup. Ainsi l’éther a une force refringente beaucoup plus considérable que l'huile. On les place dans une lentille creuse.’ Le premier donne un foyer de 60, et le second en donne un de 75. Haüy a fait voir que plusieurs substances minérales ont la double réfraction : telles sont le quartz transparent , la topaze, l’émeraude, le spath calcaire, la baryte sulfatée , l’euclase , l’idocrase , la strontiane sulfatée. Parmi les sels solubles.et sapides , la soude boratée ou borax, la magnésie sulfatée ont la double réfraction. Le soufre a la double réfraction. Le succin l’a simple, ainsi que le diamant. . Le plomb carbonaté , ou plomb blanc , a la double réfrac- tion. Brougham , dans un mémoire imprimé dans les Transactions philosophiques de Londres, rapporte des expériences qui pa- roissent lui prouver que-la doctrine de Newton, sur la refran- gibilité des rayons de lumière, est fausse. Prevost, de Genève, croit que Brougham s’est trompé , et il soutient la théorie de Newton. Il fait voir que les expériences qu’on lui oppose ne sont point concluantes. Dizé a envisagé la matière de la chaleur comme la cause des effets lumineux. Il a fait un grand nombre d'expériences pour prouver que, dans tous. les phénomènes terrestres, il n’y a jamais de lumière sans chaleur. Ses conclusions sont que : 10. La chaleur précède toujours les effets lumineux. 2°. La lumière ne peut être un corps szi generis, parce que la lumière n’a lieu que lorsque le calorique est en liberté et dans une accumulation suffisante, de laquelle dépend la force de lacte lumineux qui est produit. Tome VII. NIVOSE an 8. B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE * %e, L'effet appelé lumineux, ne peut être qu’une propriété lumineuse dont jouit chaque molécule du calorique libre. 4°. Le calorique étant un corps dont le volume est limité , s’élance vers le soleil, qui est son point d'attraction le plus fort. 50. Lorsque les molécules du calorique sont accumulées dans cetastre , elles s’en éloignent par la force de répulsion; d'où résulte cette harmonie sublime de l'attraction et répulsion , seule cause de l’équilibre de l'univers. D,E, L:A..P H XSL QUE. Barruel a recherché les causes de l’élasticité. IL l’attribue à deux principales. 1°. Tous les corps de la nature, dit-il, sont poreux ; et ces pores sont en raison de la densité du corps. 2°. Ces pores sont remplis de différens fluides , et principale- ment du calorique. Or, le calorique a une grande force répulsive. D'où ül s'ensuit que lorsqu'on comprime un corps élastique, le calo- rique qui est dans ses pores repousse par la force répulsive les parties déplacées, et les ramène à leur premier état. Libès a examiné la même matière. Ii fait dépendre l’élasticité du calorique soit interposé entre les molécules des corps , soit combiné avec ces corps, et en même temps de la force attrac- tive de ces molécules, « Cela posé, ajoute t-il, je dis que le & rétablissement des corps solides après la compression est un « effet combiné , qui dépend en partie de la force répulsive « que leurs molécules intégrantes ont reçue du calorique, en < partie de la force attractive de ces mêmes molécules. » Il a ensuite appliqué à ces phénomènes des formules élégantes de calcul. Soquet a fait des expériences qui paroïissent contraires à celles de Rumford sur la non-conducibilité du calorique par les fluides. J’ai vu, ditil, à Venise, un morceau de verre incandescent plongé dans un baquet d’eau. Celle-ci m’étoit point réduite en vapeurs ; mais ayant plongé le bras nud dans ce baquet, j'en trouvai l’eau fort chaude. J’approchaï ensuite ma main doucement au-dessous dela masse de verre, j'appercus sensiblement la chaleur de la masse. Il convient néanmoins que les fluides en général ne sont pas de bons conducteurs du calorique. = ET D'HISTOIRE NATURELLE. 41 Il recherche ensuite la cause qui fait que l’eau n’est point réduite en vapeurs par le verre incandescent, tandis qu’elle l’est par le fer mcandescent. Pictet a donné des considérations très-intéressantes sur les fluides élastiques et sur la vapeur aqueuse en particulier. H paroît que tous les fluides doivent leur état élastique à la ma- tière du feu ou calorique. Les uns conservent cet état élastique à quelque température que ce soit, tels sont tous les gaz ; les autres le perdent à une certaine température, telle est la vapeur aqueuse. Il a cherché à déterminer la quantité de calorique contenue dans l’eau en vapeurs à la température de l’ébulli- tion. L'expérience lui a prouvé que cette vapeur aqueuse avoit huit à neuf fois plus de calorique que la même eau liquide à la même température. Voici les moyens qu’il a employés pour ayoir ce résultat. « On a souvent besoin en physique, dit-il, de connoître « quelle sera la température d'un mélange dont les ingrédiens « sont donnés en masse et en température. » Voici la formule qu'on peut-employer : Soit M l’une des masses , et T sa température. zz l’autre masse , et £ sa température, ; ; MT + mt La température du mélange sera — Dore Il a appliqué cette formule à l’expérience suivante : Il a pris un ballon dont l’eau pesoit 6 onces , et étoit à la température de 13 degrés, Il introduisit dans cette eau, pendant 5 minutes, la vapeur d’un éolipyle. La température de l’eau monta à 40°, c'est-à-dire, fut élevée de 36°, et son poids augmenté de, 2:8 grains. il chercha ensuite quel effet calorifique auroient produit sur 6 onces ou 3456 grains d’eau à 13 degrés, 228 grains d’eau bouillante , c’est - à - dire , quelle seroit la température du mélange. En appliquant la formule on a TRS IP SENS 17° 15 pour 5456 + 228 la température du mélange. Donc l’eau bouillante n’auroit produit que 4 degrés 55 de rechauffement sur les 6 onces d’eau à la température de 15°. Tandis que la même quantité d’eau en vapeurs à la tempé- rature de 82 degrés les a rechauffées de 36° : donc l’effet calo- rifique de la vapeur est environ huit fois et demi plus consi- dérable que celui de l’eau bouillante à poids égal. Mais le volume de la vapeur est environ 1800 fois plus B 2 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE considérable que celui de l’eau bouillante. Il y a donc environ 212 fois plus de feu dans un volume d’eau bouillante que dans un volume égal d’eau en vapeurs. Il fait ensuite différentes applications de ces principes , mais particulièrement aux pompes à feu. 11 détermine leurs différens degrés de force, suivant l'etat de compression où se trouvent les vapeurs aqueuses. D Le docteur Carradori a fait plusieurs expériences pour prouver, contre le sentiment de Hassenfratz, que la neige ne contient point d'oxygène. Il a pris de la neige qu’il a enfermée dans une hole , de manière qu'elle ne pût point absorber d’air. Lorsque la neige fut fondue , il y mit un petit poisson, qui périt aussitôt. Cette expérience a eu constamment le même succès: Or, j'ai prouvé, dit:il, dans les Annales de chimie et d'histoire natu- relle de Pavie, que les poissons ne pourroient vivre dans de Veau qui ne contient point d'oxygène, et qu'ils absorbent l’oxygène : d’où il conclut que la neige n’en contient point. Hassenfratz a soutenu sa première opinion. I paroît que c’est également l'opinion de Humboldt, qui pense que Pair qui se dégage de la neige contient plus d’oxygène que l'air atmosphérique. Perolle rapporte des expériences sur la diversité d’intensité des sons dans les différens gaz, lesquelles paroïissent contraires à celles de Priestley, Chladni et Jacquin fils. Maunoir et Paul, à Genève, ayant inspiré du gaz hydrogène sans en être incommodés, furent fort surpris lorsqu'ils voulurent parler que leur voix étoîit devenue grêle et fltée. Perolle a donné des expériences relatives à la propagation du son. 1l fait voir que l’air n’est pas le milieu dans lequel les sons se propagent le mieux. Il se bouche les oreilles avec du papier mäché , et en approche ensuite une montre : il n’en n’entend point les battemens. 11 éloigne la montre, et la met en contact avec un petit cylindre de bois, dont l’autre extrémité vient communiquer à une des parties extérieures de la tête qui pro- pagent le son, par exemple , aux parties cartilagineuses de l'oreille, et il entend le battement de la montre. Il suspendit sa montre au milieu d’un bocal , ‘et il observa le son qui parvenoit jusqu’à lui. I] remplit pour lors le bocal d’eau. Le son devint beaucoup plus vif. (Les joints de la montre avoient été lutés ). 11 posa sa montre sur différens corps , tels que des bois, des tables de marbre. . . I] observa que ce dernier transmettoit foi- ET D'HISTOIRE NATURELLE 13 blement les sons, tandis que les premiers les transmettoient avec plus ou moins de force. Il en conclut que la résonnance ‘des instrumens , tels que violons , harpes, clavecins . . . dépend de cette propriété qu'ont les bois de transmettre les sons; Que les édifices bâtis en marbre, en pierres sont moins so- nores , parce que ces corps transmettent moins les sons, Lamarck a observé que les sons se propageoïent dans le vide, dans l’eau, et à travers les corps les plus solides. On entend les canons de Toulon à Monaco, c’est-à-dire , à plus de 25 lieues, ou 12 à 13 myriamètres , en se couchant à terre, tandis que ces mêmes sons se propagent dans l’air à une distance bien moins considérable : d’où il conclut, 1°. Que l’air commun dans lequel nous vivons n’est point la matière propre du son, puisque malgré sa grande transparence ce fluide est encore trop grossier pour pénétrer librement les masses des corps qui ont plus de densité que lui, faculté dont jouit évidemment la matière propre du son. , 2°. Qu'il existe un fluide invisible, très-subtil, singulièrement élastique , d’une rarité extrême , pénétrant facilement tous les corps, répandu dans toutes les parties de notre globe, et con- séquemment dans son atmosphère. 50, Que ce même fluide est la cause essentielle du ressort dont l’air atmosphérique paroît jouir ; que c’est aux vibrations communiquées au fluide subtil dont il s’agit, vibrations qui se transmettent avec célérité à travers différens milieux , même à travers des milieux solides, qu’il faut rapporter la cause immé- diate du son et du bruit par rapport à nous. 4°. Que le fluide subtil qui constitue la matière propagatrice du son est parfaitement le même que le fe étheré, dont j'ai démontré l'existence dans mes différens écrits, et qu’on peut aussi le regarder comme le même que le fuide étheré dont a parlé Newton, si à toutes les facultés bien reconnues de ce fluide l’on n'y joint pas la supposition par laquelle Newton attribue à ses vibrations une vitesse plus grande que celle du mouvement de la lamière. Dralet a fait un travail intéressant sur l’arpentage. Il y a deux manières d’arpenter : a, c’est d’avoir égard seulement à Ja su: face d’un terrein; ce qu’on appelle arpenter par développe- ment; b, ou avoir égard seulement à la manière , dont les plantes croissent , en s’élevant toujours verticalement; et pour lors un terrein incliné ne contient pas plus de plantes, dit-on, 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que n’en contiendroît sa base horizontale : c'est ce qu’on appelle arpenter par cultellation. L’auteur fait voir 1° que l’arpentage doit être fait par dé- veloppement, c’est-à-dire que l’arpenteur doit mesurer la surface du terrein. C’est ce qu’on lui demande. 20, Qu'un terrein incliné contient réellement plus de plantes que sa base horizontale, et qu’elles y végètent avec plus de force , parce qu’elles sont en contact avec une plus grande masse d'air, et que leursracines ont une plus grande masse de terre dont elles tirent leur nourriture. Néanmoins la surface d’un terrein incliné ne nourrit pas autant de plantes, qu’une surface égale d’un terrein horizontal. Aïnsi on doit faire une grande différence de ces terreins dans l’esti- mation de leur valeur. | Pictet avoit observé que l’air comprimé dans la machine de compression produit, lorsqu'il s'échappe , un froid considérable, et que même , lorsqu'on a eu soin d'introduire un peu d’eau daus la machine, cette eau, emportée par l’air, se dépose en glace autour du robinet. Baillet rapporte un fait analogue qu’on voit dans les mines de Schemnitz, en Hongrie. Il y a une ma- chine analogue à la fontaine de Héron, consistant en une co- lonne d’eau de 40 à 5o mètres de hauteur qui comprime l'air d'un réservoir. Cet air passe sur une autre colonne d’eau inférieure, laquelle il force à s'élever du fond des mines. Si, lorsque toute l’eau est élevée, on ouvre le robinet pour donner issue à l’air , il s'échappe avec une grande violence. Les ouvriers quelquefois pour s'amuser présentent à cet air leur chapeau, ou leur bonnet. Cet air emporte une portion d’eau, qui aussitôt couvre le chapeau d’une couche de glace. Voici l'explication qu'il donne de ce fait : L'air condensé au cinquième ou même au sixième de son volume, a perdu de son calorique. Néan- moins il a dissout une plus grande quantité d’eau. Aussitôt qu’on ouvre le robinet, cet air si comprimé , se dilate, reprend le calorique qu’il avoit perdu, il lemprunte de l’eau qu'il tenoit en dissolution, laquelle aussitôt se trouve congelée, Trémery a confirmé l’opinion de ceux qui pensent que l’élec- tricité se propage dans le vide, Il a parfaitement purgé d’air le haut du tube d’un baromètre. Il a ensuite tiré une étincelle par le moyen d’une verge métallique. Le fluide électrique a passé dans le vide , et tout l’intérieur du baromètre est devenu lumineux. l'abbroni a examiné la nature des alcarazzus d’Espagne, Ce ESP D /HUNS ST OM RCE N'AMTIUIRE E LT; 15 sont des vases de terre très - poreux. On les remplit d’eau, la- quelle suintant peu à peu mouille la surface extérieure du vase. Cette eau en s’évaporant absorbe du calorique, et produit un assez grand froid, qui rafraïchit l’eau contenue intérieurement dans le vase, ATP OPA DTANTNONS EH P ER RNTIQUU..E. Humboldt a publié le résultat de ses observations sur la nature de Pair atmosphérique ; elles lui ont prouvé que la pureté de cet air varioit beaucoup. Voici un précis de ses observations : 19. La quantité d'oxygène contenue dans l'air atmosphérique, diminue à raison des nuages, des brouillards, de la pluie et de la neige ; et elle augmente dans un temps sec et serein. Après une grande pluie, l’eudiomètre n'indique dans l’air atmosphérique que 0,264 et 0,259 d'oxygène. La pluie ayant cessé, le bleu du ciel reparoît, et l’eudio- mètre marque 0,284 d'oxygène et va jusqu’à 0,290. Les expériences de Réad annoncent une combinaison entre l'oxygène et l'électricité. Nous ignorons encore si la charge élec- trique de l'atmosphère influe sur sa pureté. Buch recueillit de l’air du Gisberg à 3890 pieds d’élévation. Humboldt trouve cet air assez impur. Il marque à l'eudiomètre 0,026 moins d'oxygène que celui de la plaine; ce qui confirme, ce que nous savions déja, que lair des hautes montagnes est plus impur que celui pris à une moindre élévation. La pureté de l'air varie au point que l’auteur a vu depuis novembre jusqu’en avril 1797, l'eudiomètre annoncer depuis 0,290 d'oxygène, jusqu'à 0,256. Mais l’air atmosphérique ne contient-il que de l’oxysène, de l'azote et de l'acide carbonique ? il paroît probable à l’auteur, qu’il s’y trouve aussi une portion d'hydrogène qui se combine avec l’azote, et que nous n’avons aucun moyen de reconnoître. Humboldt a recueilli de l’air dans le cratère du pic de Ténérife à 1904 toises d’élévation. Il n’y a trouvé que 0,19 d'oxygène. Il faut observer que ce cratère ne jette plus rien. L'air pur de la plaine au pied du pic contient 0,278 d'oxygène. L'an dela mer, à 109 30/de latitude, contenoit plus de 0,30 d'oxygène. Cette observation confirme que l'air pris sur la mer contient plus d'oxygène que celui qui est sur terre. 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NUE CIE BR EID LIO:G ILE: Bouvard continue de faire, à l'Observatoire, les observations météréologiques , avec beaucoup d’exactitude. Il a trouvé à Paris la déclinaison de l'aiguille aimantée de 220 15/. Et l’inclinaison de 70° 35/. Coulomb employe un nouveau procédé pour trouver l'incli- naison de l'aiguille : et il estime qu'elle est à Paris de 68° 10/. Humboldt a fait des observations intéressantes sur l'aiguille aimantée. Voici le résultat de ses observations sur l’inclinaison. La force magnétique se mesure par le nombre d'oscillations que fait l’aiguille dans une minute. L’inclinaison esten degrés du cercle divisé en 400 parties, Latitude. Longitude. Inclinaison. | Force magnétiques PARTIE ER ENT LB 005 5" Doro! 7TOAD 24.5 Nimes. . . . .. . || 439 Zolu2% no) 756207. | 17200 65 24.0 Monrrerzren. . . || 439 36’ 29” | o° 67 10/0r. | 75° 20 24.3 Marsercres - . . ||N48017 #20" 0° 12’ 14/0r. 72° 4o 24.0 PErRpPIGNAN. . . « || 420 41 53/ | o° 2 14/or. | 72° 55 24.8 BarceLonne, . . || 419 29 8” | o° o' 33/oc. 71° 80 24.5 Maprip. . . . - . 40° 25° 18/ | o° 24 Boc. 75° 20 24.0 Vazence.... : . | 390,280 65%)" 00 1107 \40c 4} 700070 23.5 Ferro. -. . .. oder) |laon00 nent 76° 15 23.7 Sur LA Mer. . . || 329 26’ LYC NN 7a° 50 24 26°} 53! 19° 3’ 67° 20 23 14° 15/ 48° 3! 55° 80 25.9 1300517 5002" 50° 15 23.4 10° 59! 64° 31° 46° 5o 2.7 I EMTAID ENS AN ONMRER ELENTAUTIU R ELLE! 17 Il a trouvé la déclinaison à Marseille, le 20 bramaires 4 MALE TL RE 4er alien Safe A"Madrid,,-entfloréal 0.00. Roc p oo ons A Aranjuez, en floréal. .).{ 3.1: 141.020 MOMEL0) 58! L'eau de la mer lui à paru moins dense sous l’équateur qu’à quelque distance de l’équateur. Buch a donné des considérations sur le baromètre, dans lesquelles il examine les causes de ses variations. Il pense qne le baromètre et ses variations ne tiennent point à l’état de la surface de notre globe , et qu’ilen faut rechercher les causes au-delà. Ses preuves sont que : 1°. Le baromètre varie très-peu sous les tropiques, et ses variations augmentent à mesure qu'on approche des pôles. Or si ces variations tenoient à l’état de l’atmosphère, elles devroient également se faire ressentir sur toute la surface du globe. 20, Le baromètre demeure souvent à-peu-près immobile au milieu des plus grandes agitations de l’atmosphère. Ainsi, en 1794, le Vésuve étoit dans la plus grande agitation. La terre étoit ébranlée; l’air étoit embrâsé par les flammes du volcan, et rempli de cendres, de fumée. Le baromètre étoit à-peu-près immobile. Cotte a présenté un tableau des grands hivers qu’on a éprouvés. Une discussion s’est élevée entre les savans de Paris au sujet du froid qui devoit avoir lieu dans l'hiver de l’an 7 ( ou de 1798 à 1799 ). Les uns prétendoient que l’hiver seroit rigoureux, parce que celui de 1398 à 1399 le fut , soutenant que la même température devoit avoir lieu tous les quatre cents ans. Mazuyer avança que les grands hivers de nos climats arrivent de la quatrième à la cinquième année, ou de la huitième à la neuvième de l’ancien calendrier : parce que suivant la remarque de Toaldo, les saisons et les constitutions des années doivent avoir une période à-peu-près égale à la révolution de l'apogée lunaire qui est de huit à neuf ans; et que vers le milieu de cette période , c’est à-dire tous les quatre à cinq ans, il doit yavoir un retour. Aussi l'hiver rigoureux de 1788 à 1789, date de dix ans, et celui de 1794 à 1798, date de quatre ans. Cotte paroît plutôt s’en rapporter à la période de dix-neuf ans, qui ramène la lune aux mêmes points. En conséquence, il estime que la température générale d’une année doit correspondre à celle de chaque dix-neuvième année antécédente depuis le commencement du siècle. Mais il ne regarde ces apperçus que comme des probabilités. Tome VII, NIVOSE an 8. C 18 JOURNAL DEMPHYSIQUE NDENCHIMTIE Lamarck a publié un annuaire, dans lequel il cherche à déter- miner le prognosticde la température, d’après la position de la lune dans les signes méridionaux ou dans les signes septen- trionaux. Lorsqu'elle est dans les signes méridionaux , il est probable que les vents de nord et d'est régneront; et lorsqu'elle est dans les signes septentrionaux , il est probable que ce seront les vents de sud et d’ouest qui régneront, et ces vents ont une influence marquée sur la température et sur les pluies. Cotte a donné un extrait du mémoire de Beaumé sur les ther- mounètres. Ceux à esprit-de-vin ont une marche différente de ceux à mercure. Ainsi, aux environs du terme de l’eau bouil- Jante , lorsque le thermomètre à mercure descend de 5 degrés, celui à l’esprit-de-vin descend de 7 degrés; et, au contraire, proche le terme de la glace, lorsque le thermomètre à mercure descend de 5 degrés, celui à l’esprit-de-vin ne descend que de 3 à 4 degrés. Le mercure se dilate depuis le terme de la glace jusqu’à celui de l’eau bouillante dans le rapport de 5045 à 5:22, ou d’une 65 partie de son volume. Le mercure bouillant à l’air libre, fait monter les thermo- mètres à mercure à 190 degrés, le baromètre étant à 28 pouces. DU GALVANISME. Jadelot à traduit en français l’ouvrage de Humboldt sur le galvanisme : il y a ajouté lui-même quelques expériences parti- culières; et voici les conséquences générales qu’il présente : 1°. Les effets du galvanisme sont assez constamment différens sur les diverses parties des animaux. 2°. Le diaphragme est dans les animaux à sang chaud, le muscle, sinon le plus fortement, au moins le plus aisément irritable ; car il est le seul qui se contracte toujours violemment dans les expériences sans chaîne, qui ne réussissent cependant que sur ceux dont l’irritabilité est exaltée. Cette observation ne pourroit-elle pas conduire à déterminer les degrés respectifs de l’irritabilité des différens muscles? Ces expériences attestent : 39. Que comme Humboldt l’a observé, les nerfs et les muscles vivans sont environnés d’une atmosphère active et sensible , condition qui réunie à la propriété conductrice que les organes animaux partagent avec toutes les substances humides, appuie l'explication du professeur Reil sur l’action des nerfs qui s'étend au-delà des points où ils se distribuent. EMDS D’AUT ST OT R EN ATUR ELLE: 14 4°. Que comme Humboldt l’avoit aussi observé, le galvanisme peut exciter des mouvemens dans des organes tout-à-fait indé- pendans de la volonté, tels que le cœur et l’estomac. 5°. Que le fluide galvanique, provenant d’uu animal à sang chaud , peut agir efficacement sur les nerfs de l’homme. 6°. Que les phénomènes galvaniques ont lieu sans l’inter- vention d’aucun corps extérieur : qu’ainsi la cause qui les pro- duit réside dans l’économie animale vivante. 7°. Qu'ils peuvent se manifester au moyen d’une chaîne établie entre deux points d’un même nerf, et par adduction dans des organes mis en contact avec quelque partie de la chair. Vassalicandi a donné des observations intéressantes sur le galvanisme. Nous ne savons point encore, dit il, quelle est la cause de ces phénomènes extraordinaires. Volta est porté à croire , que les contractions musculaires sont excitées par lélec- tricité qu'acquèrent les métaux qui se touchent, ou les corps hétérogènes qui servent de conducteurs ; et que par conséquent on ne voit aucune électricité animale dans les phénomènes du galvanisme, lesquels, dans cettethéorie, ne prouvent autre chose, sinon que les animaux sont des électromètres plus sensibles à la moindre électricité que tous les autres électromètres. L’autéur rapporte ensuite les expériences de ceux qui attri- buent les phénomènes quelconques à une électricité particulière aux animaux. Et il conclut, en disant : « Si j’avois une opinion « à émettre, je serois porté à croire que les contractions mus- « culaires sont produites par le mouvement de l'électricité ani- « male dirigée par les conducteurs de l'électricité naturelle. » Les changemens d’électricité qu’éprouvent dans le corps les divers fluides peuvent servir à expliquer ces phénomènes; car lui-même a prouvé, par exemple, que lurine , en sortant, a une électricité négative , tandis que le sang qui sort de la veine a une électricité positive. Fabbroni a publié un beau travail sur plusieurs phénomènes attribués au galvanisme. On a rangé, dit-il, parmi les phéno- mènes galvaniques celui dont parle Sultzer dans sa Théorie des plaisirs , publiée en 1767, c’est-à-dire, la sensation mystérieuse qui se manifeste sur la langue à l’approche de deux métaux en contact mutuel, lesquels n’en auroïent excité aucune, si on les eût appliqués séparément sur cet organe ; mais bien loin de les attribuer au feu électrique, j’imaginai qu'ils dépendoïent d’une opération chimique, c’est-à-dire , d’une action qu’exer- C2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE çoient les deux métaux l’un sur l’autre. Voici des faits qui prou- vent cette action : Du mercure coulant conserve sa belle splendeur; mais com- biné avec un autre métal, sous forme d’amalgame, il s’oxide et augmente de poids. De l’étain fin ne s’altère pas ; mais allié avec d’autres métaux il s’altère. Des médailles très-antiques de plomb ne sont point altérées , tandis que des médailles pus récentes de plomb allié d’étain sont altérées. Des plaques de cuivre soudées s’altèrent promptement à l'endroit de la soudure. C’est À cette action des métaux les uns sur les autres qu’il attribue la sensation dont parle Sultzer. On a observé, à la vérité, dit-il, quelques signes d'électricité lorsqu'on sépare deux métaux en contact; mais On sait très- bien que plusieurs opérations chimiques sont accompagnées d'un diséguilibre de feu électrique. Il suffit de liquéfier du soufre de chocolat pour avoir des signes d'électricité. Pour s'assurer de plus en plus de cette action des métaux les uus sur les autres , il en init plusieurs ensemble dans des verres pleins d’eau. Il observa, au bout de quelques jours , qu’ils ad- héroient les uns aux autres, qu'ils s’étoient oxidés, et que même il y avoit des cristaux octaèdres au lieu du contact. Pour prouver de plus en plus son opinion, il rapporte une HE d'expériences très-curieuses. 1°. Une pièce d’étain , posée sur l’œil , et touchée à la surface opposée par une barre d'argent, il n’y a point de lueur. », Une pièce d’étain sur l'œil, et une autre dans la bouche, se communiquant par une barre d'argent , il n’y a point de lueur. : 3°, Une pièce d’or sur l'œil, une d'argent sur la langue, communiquant par du fer, point de lueur. 4, Il en est de même de fer sur l'œil et de l'étain sur la Jangue, se communiquant. 5°, Le fer sur l'œil, l’argent sur la langue, et se communi- quant par du cuivre, il y a une lueur considérable. = 6. Il en est de même si l’on remplace l‘argent par de l'or. 7°. La lueur a lieu si le fer est sur l'œil , l'or sur la langue, et qu'ils communiquent par de l'argent. 80. La même chose a lieu si le fer sur l’œil communique avec de l'argent sur la langue, ou vice vers&, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 21 9°: La même chose a encore lieu si on substitue l'or à l'argent. 10°, Enfin, la même chose a encore lieu en plaçant chacun de ces deux métaux sur chacun des deux yeux. D'ÉVLA 20 0LO CITE; Buffon a décrit, avec un art qui lui étoit particulier , les animaux , et a peint leurs caractères avec cette éloquence qi n’appartenoit qu’à lui. Les progrès qu’avoit fait l’histoire na- turelle depuis le commencement de son travail , avoient forcé de renvoyer à des supplémens la description d’un grand nombre d'animaux. Depuis cette époque , la science a beaucoup acquis. Sonini a donc conçu le projet de donner une nouvelle édition des ouvrages de ce grand homme, dans laquelle il remettroit à leur place tous les supplémens, et il ajouteroit toutes les découvertes faites depuis ce temps; mais il fera plus, il complettera ce grand ouvrage, en donnant l’histoire de toutes les autres parties de l’histoire naturelle, que Buffon n’a pas eu le temps de traiter. Il sera aidé, pour la partie des animaux , par Latreille et Monfort , et pour la botanique par Philibert. On trouvera ainsi réuni, dans un seul ouvrage , un cours complet d'histoire naturelle, minéralogie, zoologie et botanique. Lacépède a publié une nouvelle méthode de classer les mam- mifères , et une autre de classer les oiseaux. 11 va bientôt faire paroître le second volume in-4°. de son Histoire des poissons. Îl renfermera au moins trente-deux genres encore inconnus aux naturalistes. Lamarck a donné une nouvelle méthode de classer les co- quilles , dont il fait cent vingt-six genres. Azara, gouverneur du Chili, a publié en espagnol une his- toire des quadrnpèdes se trouvant dans ces régions si peu connues. Il en décrit environ quatre-vingt, dont plusieurs ne sont point connus. Moreau de Saint-Méry a fait une traduction française de cet ouvrage, laquelle paroîtra bientôt. Il a aussi traduit un autre ouvrage du même auteur sur les oiseaux de ces contrées. Il y en a environ quatre cents décrits, dont près de la moitié n’étoit pas connue. Cuvier va faire paroître incessamnent une partie de ses leçons sur l’anatomie comparée. 11 décrit chaque partie en particulier , et l’envisage chez l’homme, chez les mammifères, 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE chez les oiseaux et chez les poissons. Ainsi, par exemple , lors- qu’il décrit un os de la tête, il considère cet os chez l'homme, chez les mammifères, chez les oiseaux et chez les poissons. DE L'ANATOMIE DES ANIMAUX. Cuvier a fait beaucoup de recherches sur l’organisation des insectes , et'sur la manière dont la nutrition se fait chez eux. « Je crois être le preinier, dit-il, qui ai distingué les vers en « deux grandes familles, les mollusques qui ont un cœur et « un système complet de circulation, et les zoophytes qui n'ont « ni l’un ni l’autre. J’ai décrit le cœur et le systême vascu- « laire des principaux genres de mollusques, et j'ai prouvé « que leurs vaisseaux veineux font en même-temps les fonc- « tions des vaisseaux absorbans.» Il fait voir ensuite que les insectes n’ont ni cœur ni vaisseaux de circulation. Malpighi avoit observé dans le ver-à-soie un gros vaisseau noueux , qui s'étend tout le long du dos. Il croyoit que ce vaisseau faisoit fonction de cœur et d’aorte, et que la même organisation existoit chez tous les insectes. Cette opinion a été adoptée par tous les na- turalistes. Cuvier a examiné avec soin ce vaisseau et toute l’organisation des insectes. Il n’y a vu aucun mouvement des liqueurs, aucune circulation. Des trachées remplissent presque tout le corps de l’insecte. D’où il conclut qu'il n’y a point de vraie circulation chez ces animaux, et que leur nutrition se fait par absorption immédiate, comme cela est évidemment, etau sûù de tous les naturalistes, dans les polypes et les autres zoophytes, qui se trouvent immédiatement au-dessous des in- sectes dans l’échelle des perfections organiques. Il a ensuite examiné l’organisation des z16duses , ou orties . de mer , et il a fat voir qu’elle se rapproche beaucoup de celle des végétaux. «Si je me bornois, dit-il, à annoncer qu’il « existe un animal sans bouche, se nourrissant, comme les « plantes, par des succoirs ramifiés , et auquel l'estomac tient « lieu de cœur, vous auriez quelques droïts à vous refuser à « croire sur parole une assertion aussi extraordinaire ; mais je « mets l’animal sous vos yeux. » Il expose ensuite la nature de son organisation. Cet animal n’a point de bouche, mais seulement plusieurs ostioles , ou petites ouvertures très-petites, qui aboutissent toutes à une grande cavité ou sac, qu'on peut regarder comme . . Le) . l'estomac. Il en part seize vaisseaux qui se distribuent dans P EÉDDAERIIS TMONMNERTE ENT AMMUSR EE ENLES 23 tout le corps de l’animal , et communiquent ensemble par un vaisseau circulaire, exactement concentrique au pourtour de l'animal. Ces vaisseaux portent le suc nourricier. On ne voit point de cœur dans cet animal, ni aucun organe analogue. 11 a comparé le cerveau des différens animaux à sang rouge. Le caractère de celui de l’homme et des singes est l’existence du lobe postérieur et de la cavité digitale. Le caractère du cerveau des animaux carnassiers est la peti- tesse des zates relativement aux festes ; chez les herbivores les testes sont plus grandes que les rates. Celui du cerveau des rongeurs est la grandeur des zates et l’absence , ou le peu de profondeur des circonvolutions. Celui du cerveau des animaux à sabots est la grandeur des nates jointe à des circonvolutions nombreuses et profondes. Celui du cerveau des animaux cetacées est sa grande largeur relativement à sa longueur , et l’absence totale des nerfs olfactifs. L'homme et les quadrupèdes ont seuls des nerfs olfactifs proprement dits. Ils sont remplacés dans les vrais quadrupèdes par les caroncules mammillaires. Sue a décrit la manière dont il prépare les squelettes des animaux. Il commence par les faire bouillir dans l'eau , comme le pratique d’Aubenton; ensuite il fait tomber dessus de l’eau , comme pour donner des douches , ou il y injecte de l’eau avec force. Par ce moyen, toutes les chairs se détachent des os , qui demeurent parfaitement nets. Dumeril a observé que la dernière phalange des doigts dans les animaux mammifères conservoit toujours un caractère par- ticulier dans chaque espèce. Il propose de donner à cette pha- lange le nom d’os ongueal. PHP DIO"ENO GMINE) AMNIT M AL. ET, Léveillé a donné un très-beau travail sur la manière dont le petit ovipare se nourrit dans l’œuf. Il la compare à celle dont se fait la nutrition chez le fœtus des mammifères. Il fait voir que , 1°. Le fœtus des mammifères ne se nourrit que par le cordon ombilical, et qu'il ne prend aucune nourriture par la bouche. La même chose a lieu chez le petit ovipare contenu dans l'œuf; et pour le prouver il donne l’anatomie de l’œuf et des mem- branes qui enveloppent le petit fœtus. 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2°. L’œuf incubé est compose de ia cicatricule, du jaune, de trois albumens distincts, d’un canal absorbant, de cinq mem- branes, de vaisseaux sanguins et séreux. 3°. Le troisième albumen est divisé en deux parties réunies par un prolongement très-mince. Leur disposition n’est pas aux deux pôles opposés du jaune. L’un et l’autre ont pour centre un cordon contourné en rond sur lui-même, dont l’un est mem- braneux et l’autre est vasculaire. 4°. 11 existe une communication entre la masse albuimnineuse et la capsule du jaune , au moyen de ce conduit absorbant. 5°. Le jaune n'a pas de ligament suspenseur. Il flotte librement dans l’intérieur du blanc. 6°. La masse albumineuse perd de son volume en raison du temps de l’incubation , et celui du jaune augmente : ce qui semble démontrer qu’il y a absorption d'une cavité dans une autre. 7°. Le premier albumen n’ayant aucune communication avec les deux autres, on présume qu'il est absorbé par les vaisseaux de la membrane sacciforme. C’est celle qui est collée à la coque de l'œuf, excepté au gros bout. 8". Le jaune joint à son augmentation de volume une très- grande fluidité. Il est absorbé par la membrane vasculaire que forme sa tunique propre. 9°. L'expérience prouve qu’il n’y a pas de vaisseaux jaunes ni de valvules à l’intérieur de la membrane cAlorilime, c’est- à-dire, de celle qui enveloppe le jaune de l’œuf. 10°. Le poulet, considéré comme fœtus, est enveloppé d’une membrane propre qni le sépare du jaune avec lequel il a des connexions , et du blanc avec lequel il n’en a aucune, et dont il est très-éloigné. 11°, Toutes les substances destinées À la nourriture de ce fœtus sont contenues dans des capsules distinctes et séparées de lu. 12°. Il existe une parfaite analogie entre les vaisseaux du jaune et ceux du placenta. Les premiers sont au jaune ce que les seconds sont à la matrice, à l’exception de la différence qui existe dans la circulation. 13°. Contre le sentiment de Haller , l’albumen ne commu- nique pas dans la poche des eaux, ne les sépare jamais, et le poulet ne fait aucun usage de ce fluide pour sa nour- riture. 14°. Dans les derniers temps de l’incubation tout le restant rentre ET D'HISTOIRE NATURIELL'E. 25 rentre dans l’abdomen du poulet; de manière qu’il ne reste point de cordon ombilical au-dehors. 15°, On peut donc faire deux grandes classes des animaux à sang rouge, et qui vivent dans l’air, en ombiliqués et non- ombiliqués. Le docteur Jenner a fait une découverte intéressante au sujet de la petite-vérole des vaches. 1l a observé que les vaches étoient sujettes à avoir des ulcères au pis. Ceux qui les traient prennent également des ulcères; mais une chose très-extraordinaire est qu’ils sont par ce moyen préservés de la petite -vérole. On a communiqué ces ulcères à des personnes qui n’avoient pas eu la petite-vérole : on à ensuite cherché à la leur donner, eton n’a jamais pu y réussir, soit par communication, soit par inoculation. Les chevaux ont quelquefois des ulcères aux jambes, lesquels on appelle javart. Les maréchaux qui les pansent prennent quelquefois également ces mêmes ulcères. On a observé que s’ils n’avoient pas eu la petite-vérole , ils en étoient préservés, et qu'on ne pouvoit la leur donner ni par communication, ni par inoculation. Mais le docteur Jenner a étendu encore ses observations. IL est parvenu à inoculer la petite-vérole des vaches de la même manière qu’on inocule la petite - vérole ordinaire : et par ce moyen il a produit les mêmes effets que lorsqu'on a la petite- vérole par communication avec les ulcères des vaches ; c’est-à- dire, que ces personnes ne peuvent plus prendre la petite- vérole ordinaire ni par communication, ni par inoculation. Ces faits ont été constatés par plusieurs autres médecins, tels que Pearson, Pulteney . ... Le docteur Woodville, mé- decin de l'hôpital des invalides à Londres, en a inoculé plus de trois à quatre cents. Pictet a donné le nom de vaccine à cette petite-vérole des vaches, laquelle d’autres appelle cowpoæ. Cette découverte est du plus grand intérêt pour l'humanité ; car on sait que la petite-vérole naturelle est une des maladies les plus meurtrières. Il ne faudra donc plus inoculer la petite - vérole ordinaire, ou variole , mais la vaccine , parce que l’inoculation de cette dernière est sans aucun danger; au lien que celle de la petite- vérole a quelquefois des suites funestes. Herholdt a prouvé que la liqueur de l'amnios pénètre sou- vent dans le tympan du fœtus. D'où il a conclu qu’elle s’intro- Tone VIININAN OS ENaz 8. 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE duit également dans la trachée artère , et la remplissoit avant la naissance de l’enfant. Il est donc nécessaire d’en faciliter l'écoulement, lorsque l’enfant est sorti du sein de sa mère. La nature l’opère ordinairement seule; mais quelquefois ses eftorts sont impuissans , et on croit l’enfant mort. Il faut l’aider dans cette circonstance : c’est ce qu’a fait l’auteur sur treize enfans, qu'il a rappelés à la vie en facilitant le dégorgement de cette liqueur. Le docteur Buvina a fait des expériences tendantes à prouver que la partie rouge du sang dans un animal vivant est retenue dans ses propres cavités par force de Ja vitalité active des parties, plus que par défaut de capacité des vaisseaux et des pores. C’est ce qu'il a prouvé en faisant des injections de sang. Ces injec- tions, dans l'animal vivant, ne pénètrent que dans les vais- seaux où il circule pendant la vie : c'est ce qu’il a prouvé sur un veau vivant, Mais ayant Ôté la vie à cet animal, en cou- pant la moële épinière , l’injection a aussitôt pénétré dans les vaisseaux les plus déliés du périoste, et autres parties, et leur a donné la couleur rouge qu’elles n’ont point chez l’animal vivant. 11 a même vu le sang sortir par des plaies, telles que celles des vésicatoires. Il en conclut que si le sang dans l’animal en vie ne pénètre pas dans plusieurs vaisseaux déliés , tels que les Iymphatiques et autres, c’est par la résistance qu’oppose la force de la vitalité, et non à cause du petit volume de l’orifice des vaisseaux. ” Les échimoses spontanées qui ont lieu dans le scorbut et quelques autres maladies paroissent venir de l’affoiblissement des forces vitales qui permettent au sang de pénétrer dans les vaisseaux capillaires. Le même auteur a démontré, par des expériences directes, qu’une portion d'os de cadavre récent peut ètre greffée sur un os d’un anhnal vivant de la même ou de différente espèce. Il a fait, avec Vassali, des expériences pour reconnoître si l'opinion des anciens qui prétendoïent que les maladies con- tagieuses étoient produites par des insectes étoit vraie : mais leurs recherches leur ont fait voir que cette opinion n’étoit pas fondée. Pinel a publié les observations nombreuses qu’il a eu occasion de faire sur les fols et les maniaques. 1l a fait voir qu’un trai- tement doux et honnête , maïs ferme , calme souvent la fureur de ces malheureux, et suffit le plus souvent pour leur faire recouvyrer la raison. ET D'HIST'OLRE NATIU R ELLE, 27 DELA BLO; TAN IQ Ù E. Desfontaines a terminé son bel onvrage de la Flore du Mont- Atlas. On y trouve la description d’environ 1600 plantes, dont 300 n’étoient pas encore connues, et 261 planches. Parmi ces plantes , il y en a environ 1000 qui se retrouvent dans les parties méridionales de l’Europe, telles que PEspagne, le Languedoc , la Provence, l'Italie, la Turquie et les îles de la Méditerranée. Decandolle a publié quatre fascicules des plantes grasses : elles ont été dessinées par Redouté. On connoît les talens de cet artiste. Les descriptions faites par Decandolle sont exactes, et ne laissent rien à desirer. Ce bel ouvrage se continue avec succès. Il a fait voir qu’une concretion qui vient sur le hêtre, et qu'on avoit prise pour une plante, n’est qu’une gomme. Ventenat a donné une nouvelle exposition du règne végétal, d’après la méthode naturelle de Jussieu. On sait que cette méthode est plus philosophique que toutes celles qui sont con- nues. Ventenat y a fait quelques additions intéressantes. Il s’étoit chargé de terminer l’ouvrage de Bulliard sur les champignons : son travail est achevé. Il l'imprimera dès que les circonstances le lui permettront. Philibert a publié un ouvrage intéressant sur la connois- sance des plantes, et principalement sur la physiologie vé- gétale. Richard a donné une nouvelle édition du Dictionnaire botanique de Bulliard. 11 la enrichie de plusieurs choses inté- ressantes. : Picot la Peyrouse a donné une nouvelle monographie des saxifrages des Pyrénées. Willemet a décrit une espèce de souci inédit. Il est étoilé, et il lui a donné le nom de ca/endula stellata. Schrader publie un nouvel ouvrage de botanique sous le nom de Nova genera plantarum , avec des planches. Il com- mence par les champignons, parce que son but est de répandre du jour sur les cryptogames. Ces plantes avoient été étudiées avec un soin particulier par le célèbre Hedwig, qui vient de érir. >Wildenow continue de faire paroître son édition du Syszema vegetabilium. Dr2 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Curtis continue son Botanical magazin. Schousboe à prouvé que la résine connue sous le nom de sandarac est produite par une espèce de thuia, que Vahl avoit nommé Auia articulata. Shaw l’avoit pris pour un cypressus , et l’avoit appelé cypressus fructu quadrivalvi, foliis equiseti instar articulatis. Le sandarac vient des provinces méridionales de Maroc, où il est nommé e/ orassa. Schousboe a aussi fait voir que la gomme dite arabique, laquelle vient de Maroc et du Sénégal , où elle est appelée. a7 leilk, est fournie par le #imosa nilotica ; nommé dans le pays al thlah. Le minosa Senegal en fournit aussi. Elle coule des branches de ces arbres comme nos gommes du cérisier. Mirbel a donné un mémoire très-intéressant sur les fougères à capsules sans anneaux. Aiton fait graver les plantes du beau jardin de Kew. Ces planches sont coloriées, et des plus belles qu’on possède ex botanique. ‘Fous les caractères de chaque plante sont représentés soit de grandeur naturelle , soit grossis à la loupe ; mais on regrette qu'aucune description , aucune synonimie n’accom- pagnent ces magnifiques planches. Roxburgh publie une monographie du beau genre erica: ‘: Flaworth donne une monographie du genre »esembrianthet mum. Les descriptions sont très-bien faites ; mais il n’y a point de planches. ) Sir Frahcis Masson , qui a passé plusieurs années au Cap de Bonne-Espérance , y a étudié le genre szalia. Linnée n’en avoit décrit que de deux espèces; Masson en a déja publié “plis de quarante! Cavanilles continue son ouvrage intitulé : Zcones plan- LAT ICT. Thuillier a donné une nouvelle édition. de la Flore des environs de Paris, PérHAYI San OLuO GC) DAV ENG NET AN LIÉE Desfontaines a donné un mémoire sur la culture et les usages du palmier dattier, cet arbre si précieux pour les habitans des pays chauds. Les palmiers sont, comme l’on sait, de la famille des diocies, dont les fleurs mâles sont portées sur un pied, et les fleurs femelles sur un autre. Les fleurs mâles, destinées à la fécondation, sont détachées des arbres vers la fin de ventôse, avant que les anthères aient donné leur poussière. EtTUD'HAS l OUR'E NAT UR:E IL LE: 2q On les prépare de manière à pouvoir être liées sur les femelles: on les suspend , et on les fait sécher à l’ombre. On peut ainsi conserver leur vertu jusqu’à l’année suivante. C’est vers le mois de floréal qu'on les attache sur les palmiers femelles. On féconde ainsi le dattier , parce qu'il seroïit très -imprudent, pour des hommes qui sont réduits pour toute nourriture aux fruits du valwier, et qui habitent au fond des déserts, de confier la ferti- Été de ces arbres, aux vents qui pourroïent porter ailleurs la poussière fécondante. Linnée ayoit fait connoître une partie des phénomènes admi- rables que présente la valisneria, lors de sa fécondation. Picot la Peyrouse ya ajouté quelques nouveaux détails. Cette plante est dioique. Le mâle et la femelle croisent toujours au fond des eaux. À l'instant où le mâle va fleurir , ses hampes, qui sont terminées par une spathe applatie, se brisent. Alors les fleurs s’élancent à la surface de l’eau; elles s'y réunissent, et yoguent au gré des vents. Les femelles, qui ont une hampe très-allongée, tournée en spirale comme un ressort à boudin, s'élèvent en même-temps jusqu’à la surface de l’eau , parles développemens de leur hampe. On voit alors paroître à la surface de l’eau, ces fleurs femelles toujours attachées à leurs hampes. Elles s’agitent autour des fleurs mâles, qui s’en approchent. Et lorsque les rayons du soleil commencent à échauffer l'horizon, la hampe se replie, et entraîne sous l’eau les fleurs femelles, lesquelles se ferment. Mais le soir, aussitôt que le soleil se cache sous l'horizon, elles reparoissent à la surface de l’eau. C’est ce qui-se répète plusieurs fois ; mais l’auteur n'a pu en déterminer le nombre. Enfin, lorsque la fécondation est opérée, la hampe se replie totale- ment, et entraîne au fond des eaux la fleur et le germe. Coulomb faisoit abbattre, vers la fin de germinal, des peupliers d'Italie, qui étoient couverts de fleurs. Il observa qu’un de ces arbres, quiétoit coupé jusqu’à quelques lignesde distance de l'axe de l’arbre rendoit à la coupure un bruit pareil à celui que produit de l'air, lorsqu'il sort en abondance, et par petits globules de la surface d’un fluide, et qu’il couloit beaucoup de sève. Cette expé- rience répétée plusieurs fois, eut toujours le même succès. D'où il conclut que la sève dans les gros arbres nc montoit sensiblé- ment que vers l’axe qui forme le canal médullaire. Pour s’en assurer, il fit percer ayec une tarière plusieurs de ces arbres. La mêche étoit à peine humide, jusqu’à ce qu’on fût arrivé à deux ou trois centimètres de distance du centre de l'arbre. Mais 30 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dès qu’on approchoit le centre de l'arbre, l’eau sortoit en abon- dance, avec un bruit continu de bulles d’air qui montoient avec la sève, et crevoient dans le trou formé par la tarière. Saussure fils a publié des recherches sur l'influence du gaz oxysène sur la germination des plantes. La plupart des natu- ralistes, dit-il, qui se sont occupés de Poe de l’airat- mosphérique sur la germination, ont reconnu que, lorsqu'on met des graines en contact avec de l’eau et du gaz azote pur, ces graines ne germent pas, et qu'il y a production d’acide car- bonique qui se mêlant au gaz azote, augmente le volume de l’atmosphère de la plante. Ils ont vu que quand on substitue dans l'expérience précédente le gaz oxygène au gaz azote, il y a également production de gaz acide carbonique, mais que l'atmosphère de la plante diminue, et que le gaz oxygène est absorbe. Il a fait plusieurs expériences pour découvrir ce qui se passoit dans ses opérations. Voici ses conclusions : 1°. Le gaz oxygène atmosphérique n’est point absorbé par la graine dans l’acte de la germination , comme on à paru l'ad- inettre jusqu’à présent ; mais ilestemployé uniquement à former da gaz acide carbonique, avec le carbone de la graine. ; 2°. La graine en germination par le contact de l'air atmos- phérique ne forme point de gaz acide carbonique de sa propre substance ; mais elle ne fait que fournir une des parties consti- tuantes de ce gaz, savoir le carbone. 3, Elle fournit l’oxygène et le carbone de sa propre substance, dans le gaz acide carbonique qu’elle produit, lorsqu'elle n’est en contact-qu’avec de l’eau et du gaz azote pur. Quoique l'action que la végétation des plantes exerce sur l'air atmosphérique ait été examinée par un grand nombre de physiciens, elle laisse encore beaucoup à desirer. Spallanzani, que les sciences viennent de perdre, a aussi examiné cette ma- tière. Il conclut de ses expériences : 1. Que les feuilles et les sommités des végétaux , lorsqu'elles sont dardées par le soleil, augmentent la proportion de gaz oxygène de l'air atmosphérique. ; Auf 2Ÿ, Que cette augmentation n’est pas aussi considérable qu’on avoit cru. 3°. Que les mêmes parties des végétaux diminuent le gaz oxygène pendant la nuit et les jours nébuleux, en les trans- formant sans cesse, quoique lentement, en acide carbonique. EVIV-D'HUS TO'IRE NATURE L,I:E. 32 4e. Que les fleurs , soit au soleil, soit à l’ombre, diminuent davantage l'air vital ou gaz oxygène. 5°. Que les fruits se comportent à cet égard comme les fleurs. Delaville a examiné plusieurs plantes qui lui ont donné du sucre, telles que la mauve, la digitale pourprée, le choux, les feuilles d’artichaux. La bette-rave en donne aussi beaucoup. Desfontaines a publié son beau mémoire sur la structure des monocotyledons, ou plantes à une seule feuille séminale, telles que les palmiers , les asperges, les joncs, etc. Il a fait voir que tout l’intérieur de ces plantes est composé de partie médullaire, au milieu de laquelle sont quelques fibres longitudinales. Ces végétaux n’ont de solidité qu’à la surface, où les fibres sont réunies et ramassées ; au lieu que dans les dicotyledons, la surface est composée d’uneépiderme qui a peu de solidité, tandis que l’intérieur en a beaucoup. Quoique la matière verte, qui végète dans l’eau, ait déja beaucoup occupé les physiciens, Senebiera cru devoir la soumettre à un nouvel examen. Il rapporte que Lahire, Lewenhoeck , Hombergl’avoient connue. Adanson l’anommée 1remella conferva elatinosa,omnium tenerrima, minima,aquarum limoinnascens. Priestley, Ingerhousz, Senebier, Girod - Chantram ont multi- plié les observations et les expériences sur ceite substance singulière. Félix Fontana croit que c’est une espèce de polypier, c’est-à- dire la demeure des petits insectes qui la produisent, comme d’autres insectes produisent le corail. C’est aussi l'opinion de Ingerhousz, deGirod-Chantram ; mais Senebier pense lecontraire. Il a ensuite fait des recherches sur la manière dont cette matière verte se produit dans l’eau. Il a reconnu 1° qu’elle ne se produisoit jamais dans l'eau qui étoit à l’obscurité; 2° qu’il falloit beaucoup de temps pour qu'elle se produisit dans l’eau distillée. Il faut que cette eau ait été long-temps exposée à l'air; 3° que l’eau, où il avoit mis de la terre, étoit plus favorable à la production de la matière verte; 4° qu'ilne s’est point formé de matière verte dans une vase d’eau couverte d’une couche d'huile. Il a ensuite examiné la manière dont se produisoit la matière verte dans les eaux. Il mit dans des vases d’eau des verres, sur lesquels avoit été de la matière verte ; il apperçut , quelques jours après dans cette eau des animalcules sans matière verte. La matière verte parut ensuite, et il vit les animalcules y 32 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pénétrer , et lui donner du mouvement, D’autres fois il a vu la matière verte sans animalcules. : Il observa dans cette matière verte une pellicule très-distincte, laquelle est semblable à celle des végétaux. Cette pellicule lui paroît absorber le gaz acide carbonique , qui est dans l’eau, le décomposer, en absorber le carbone pour se nourrir, et laisser dégager le gaz oxyoène. Cette pellicule lui paroît être le corps fondamental de la matière verte, une espèce de rezeau ou de tissu. Ii a observé, avec beawcoup de soin, les animalcules qu’on trouve ordinairement dens la matière verte, et ils ne lui pa- roissent pas différer de ceux des infusions ordinaires. Ce qui est certain, c’est qu'on ne voit pas toujours les mêmes animaux dans la matière verte. Il rapporte les expériences de Muller sur les animalcules d’infusion : et il fait voir qu’on retrouve à- peu-près les mêmes dans la matière verte. Il fait encore yoir que la matière verte examinée au micros- cope ne présente rien qui puisse la faire regarder comme un polypier ou une ruche de petits animalcules. Il conclut de toutes ces observations, qu’il est vraisemblable, que la matière verte est un véritable végétal analogue à l’x#a intestinalis ou nostoch ; que les animalcules qui se rencontrent le plus souvent avec elle ne lui appartiennent point, puisque la matière verte peut être sans animalcules, et que ces animalcules se trouvent souvent sans la matière verte. De sorte qu’à tous égards la matière verte et les animalcules paroissent être abso- Jument indépendans : la matière verte doit être une plante dont se nourrissent les animalcules. La matière verte tenue dans l’eau à l’obscurité semble se dissoudre. Elle devient grise , blanche, et ne donne plus d’air lorsqu'elle est exposée au soleil. L'analyse chimique de la matière verte prouve également qu'elle est un végétal; car ilenaretiré de la gomme, dela résine, une partie colorante verte: On en a retiré, à la vérité, une petite partie d’ammoniac; mais plusieurs plantes en donnent à Vanalyse; ct d’ailleurs cette matière verte contient presque tou- jours des débris des animalcules et d’autres animaux qui ont pu fournir cet ammoniac. Sa conclusion est qne, malgré toutes les probabilités, que la matière verte est une plante, il faut encore répéter les obser- xations et les expériences. Il a ensuite porté ses recherches sur les conferves : il examine l'opinion L1 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35 l'opinion de ceux qui les croient de la matière des zooplites, c'est-à-dire des espèces de ruches ou madrepores, contenant des insectes qui les forment. Toutes ses observations lui ont prouvé que ce sentiment n'est point fondé. Il persiste en con- séquence à croire que les conferves sont, ainsi que la matière verte , de véritables végétaux. Girod-Chantram a observé dilférentes espèces de conferves, principalement la rivularis et la fontana. Il soutient sa première opinion, et il pense que ces productions sont des demeures d'animaux. Decandolle a examiné avec Brogniard, la structure des plantes maritimes , telles que les fzcus : il y a trouvé beaucoup de rapports avec celle des conferves. Morellot a donné des observations sur la feuillaison et l'iffeuil- laïson , avec l'indication des signes qui afinoncent la pleine vigueur des feuilles, et le moment où on doit les récolter pour les usages pharmaceutiques et économiques. Il fait voir que c’est à l'instant où la plante esten fleurs , que ces feuilles ont toutes leurs propriétés. Elles tombent ensuite, lorsque leur vie parti- culière est terminée. Chaptal rapporte que dans les Cévennes, pour arrêter la carie des chataigners, on y applique le feu de la manière suivante : on ramasse de la bruyère et autres matières com- bustibles , qu'on met dans le creux de l'aibre carié, et on y met le feu : ce cautère arrête la carie. DE LA MIN ÉRALOGI-E. Vauquelin, qui a donné un si grand nombre de belles ana- Iyses des minéraux, décrit les procédés employés. On pulvérise la pierre qu’on veut analyser. On la mélange avec trois fois autant de potasse ; on met le tout dans un creuset, et on chaufle assez pour en faire une fritte. Les vaisseaux retirés, on jette la fritte dans de l’eau distillée; la matière étant dissoute , on cherche, par les différens procédés chimiques, à connoître les substances qui y sont contenues. Voici les caractères auxquels on peut reconnoître chacune des huit terres connues, qui peu- vent se trouver dans les substances minérales. 1°. La Silice. Elle se dissout dans les alkalis caustiques à l’aide de la chaleur sur-tout, d'où elle est précipitée par les acides dont un excès la redissout. La dissolution de cette terre dans les acides se prend en gelée par l’évaporation ; et lorsqu'elle Tome VII. NIVOSE an 86. E 3% JOURNAL'DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. a été dessèchée, elle devient insoluble dans ces menstrucs; ce qui fournit un bon moyen de la séparer des autres terres. Dans cet état, elle est blanche, grenue , sèche au toucher, et par- faitement insoluble.: 2", L’alumine. Elle se dissout également dans les alkalis fixes et dans les acides dontelle ne se sépare point, comme la silice, par évaporation. Elle retient l'eau avec force, et ses parties s'asolutinent, et se rapprochent par la chaleur. Dans cet état, elle est blanche, demi transparente , et happant à la langue. La combinaison de l’alumine avec l'acide sulfurique donne, par l'addition de quelques gouttes de sulfate de potasse des cris- taux octaèdres d’alun. 3°, La grrcone. Elle n’est point attaquée par les alkalis caus- tiques ; mais les acides la dissolvent lorsqu'elle est très-divisée , et non quand elle a été fortement calcinée : elle forme avec l'acide sulfurique un sel insoluble; elle adhère foiblement à tous les autres acides, qu’elle abandonne à un degré de chaleur très-modéré; enfin, étant très-divisée, elle se dissout dans les carbonates alkalins complettement saturés d’acide carbonique. Lorsqu'elle est pure , et qu’elle contient encore de l’éau , elle a une légère couleur jaune de paille, une demi-transparence, une cassure vitreuse, comme celle de la gomme arabique : mais quand elle a été calcinée dans un creuset, elle est blanche , opaque, rude au toucher, et ne se dissout plus que très-diffi- cilemert dans les acides. 4. La glucine se dissout comme l’alumine, dans les acides et les alkalis : mais elle se dissout de plus dans le carbonate d’'ammeniaque, et ne fournit point d’alun avec l’acide sulfurique et la potasse. Les sels qu’elle forme avec les acides sont très- sucrés : lorsqu'elle est sèche, elleest d’un beau blanc, très- lécère, douce au toucher, et sans saveur. Ses parties ne s’agglu- tinent point par la chaleur , comme celles de l’alumine. 5°. La magnésie s’unit à tous les acides , et forme avec eux des sels très-solubles et amers : elle n'est point précipitée de ses dissolutions par le carbonate de potasse complettement sa- turé d’acide+carbonique ; et l’ammoniaque ne la précipite qu’en partie : elle n’est point du tout dissoluble dans les alkalis caustiques , et elle a beaucoup d'aflinité avec l’alumine. Quand elle est pure , elle a une couleur blanche, une grande légèreté , point de saveur ni de dissolubilité dans l’eau. 6°. La chaux se combine aux acides avec lesquels elle forme des sels tantôt solubles, tantôt insolubles : elle ne se dissout BUT: DH T SOUMR /EN N A'T'UPRMESTATIE: 35 point dans les alkalis ; elle se dissout dans l’eau : sa dissolution est troublée par l'acide carbonique, et nullement par l'acide sulfurique. Elle n’est point précipitée de ses dissolutions par lammoniaque, et elle précipite toutes celles qui précèdent. Dans son état de pureté, elle a une saveur acre et caustique, s’échaufte avec l’eau, et sa dissolution dans ce fluide ne cristallise point. 7°. La strontiane se combine aisément aux acides, et forme avec l'acide sulfurique un sel peu soluble : elle se dissout très- abondamment dans l’eau chaude, et sa dissolution cristallise par le refroidissement en très-beaux cristaux, quise grouppent à peu-près comme ceux du sel ammoniac. Le sulfate de chaux produit un précipité dans sa dissolution : sa combinaison avec l’acide muriatique, dissoute dans l’alcohol, brûle avec uneflamme purpurine. Cette terre a une saveur acre, et s’'échauffe fortement avec l’eau. 8°. La baryte a beaucoup de propriétés communes avec la strontiane, dont on ne peut facilement la distinguer, que parce qu’elle est plus soluble dans l’eau froide , et que sa combinaison avec l’acide muriatique n’est que peu soluble dans l’alcohol, à la flamme duquel elle ne communique point de couleur purpu- rine; car, au reste, elle cristallise par le refroidissement de sa dissolution. Elle à une saveur acre, s’échauffe avec l’eau, forme un sel insoluble avec l’acide sulfurique, et décompose les sulfates et carbonates alkalins, comme la strontiane, seulement avec des phénomènes qui diffèrent par des nuances imperceptibles pour ceux qui n’ont pas une grande habitude dans les travaux chimiques. Le même chimiste a analysé différentes espèces de smaragdite ; la grise lui a donné : Sc UT DO Alnmine Wen ur Magnésieut#., 1 8 Chan EEE EU Oxide de fer. . . . 14 La smaragdite verte lui a donne : Silice. LE. 0 MtDa Alumine:. lt. ,1.1.#313.6 Magnésie. +... 2315 Chat Ph, .1,s 0 ES: Oxide de fer. . . .. 8 Oxide de cuivre... . o. Oxide de chrome.. 4 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La smaragdite verte-et blanche de Corse lui a donné : FAUNE ee RME Magnésie.s. 4,1... 56 Ghawxai Ne es Oxide de fer. .!. 5.5 Oxide de cuivre: . DAS dE Oxide de chrome.. 7.8. Il a conclu que c’est le chrome qui colore cette substance em vert. Il a analysé le pyroxène de l’Etna. Il en a retiré : SUD ENS PARPPAENMENNN APR EE ANS Ghana MINI enter Alumine MEME SAUT Mapnésie. - . MN ro "0 Oxide de fer. !. 1014.66: Oxide de manganèse... 2.0 PÉRIE ON CAT TU La granatite du Saint-Gothard , ou staurolite, lui a donné : Alümine 4 210 047. 06 Sie 0-14 20600 Oxide de fer. : . …: - 215.30 Chaux: ane ad Pertesiren ere La chlorite farineuse lui a donné : Oxide defer. . . . . 43.3 SIC EME NT Re Te ane 26.0 ATEN NN 15.5 Magnésie.. : 4. :. 8.2 Muriate de potasse. . 2.0 15 EC SD PIE LE à bat lee La tourmaline de Ceylan lui a donné : SCENE LT. + ce Aro Aluminetes.t MN ES) Oise APRES EM Oxide de manganèse... 2.5: Oxide de fer -.. : .…. 12. 0 Pertes NME ADR EE CEE La zéolithe de ferroé lui a donné : SiiCE A MEN MMA 2 ENS OD CHR S'IMOMMRUE ENV A TUU RE E 37 Alarme PRE EN 2930 (Cie OR PE PC Pa En MAIL ILO 160 PÉTER ELU, le 1.00. Lekièvre nous a donné une bonne description de la lépidolite. Il paroît que c’est l’abbé Poda, de Neuhaus, qui l’a trouvée le premier, et que Born est le premier qui en ait donné la PICRNES MIS ‘ER q nS description dans les Annales de chimie, en 1791. Celle décrite par Lelièvre est de couleur lilas , ét paroît composée de petites lames brillantes que l’on prendroit pour du mica. Sa pesanteur est , suivant Haüy, 2,6549. Au chalumeau elle est d’une grande fusibilité sans boursouf- flement: Elle donne un verre blanc, demi-transparent, et rempli de bulles. A lanalyse elle a donné : Sihcettar bia ESA Aluminer.1Wre cu 20 Fluate de chaux. . . 4 Oxide de manganèse. 3 Oxide desfer 1.0 1 Borasse Etmuste 252 Va0 Vauquelin a analysé le feldspath vert, appelé, par quel- ques-uns , pierre des amazones. Son analyse a donné : F Since a ce APM 83 Alumine Wu... Chaux: laine CHR Oxiderde fer: Un CRUE Botasse a bus Latine re GiEO Pertes MT 7 Se LCA à Ainsi voilà la potasse retirée de la lépidolite et du feldspath , substances des terreins primitifs. Le docteur Kennedy a retiré de la potasse de la pierre ponce. Voici l’analyse qu'il en donne : Silice Alumine Oxide de fer Potasse. La lave de l’Etna et les basaltes lui ont donné de la soude où natron. -38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Voilà douc sept substances minérales dont on à retiré des” alkalis fixes ; savoir : 1°. L’aluminite de la Tolfa contient de la potasse, suivant Monnet, Bergmann. 2°. Les dépôts siliceux de Geyer contiennent de la soude, suivant Black. 3°. La leucite, suivant Klaproth, contient de la potasse. 4°. La lépidolite, suivant Klaproth et Vauquelin, contient de la potasse. 5°. Le feldspath vert, suivant Vauquelin, contient de la potasse. 68. La pierre ponce contient de la potasse, suivant Kennedy, 7°. Les laves et basaltes contiennent de la soude , suivant Kennedy. On a proposé en conséquence de faire, des pierres qui con- tiennent des alkalis, un genre qu’on appeleroit a/kalifères. Napione a décrit une pierre calcaire qui se trouve en filon dans les montagnes primitives de la vallée de Sesia. Elle est blanche, a l’éclat de la nacre, ne fait pas une effervescence sensible avec les acides. Calcinée, elle fait de la bonne chaux ; elle est phosphorescente par le frottement. A l’analyseilena retiré; Ébaux nu... 51:79 Mapnésies To A Oxide defer.0.1:127"71000r Acide carbonique , . 42 Haute de eee den s EUR Poiret a fait connoître un bois fossile qu’il a trouvé près de Laon. L'intérieur du bois étoit converti en une substance pierreuse, très-dure , siliceuse , disposée par lames ; maïs les couches extérieures , celles qui paroïssoient avoir appartenu au liber, et même à l’aubier , se présentoient en longs fila- mens capillaires , fragiles, qui prenoient la forme de floccons lanugineux, dès qu'ils étoient a par le contact de lair. Ils étoient entrelacés en réseau dans la même position qu’ils affectent dans le bois vivant. Enfin, la partie qui constituoit l’épiderme , n'’étoit plus qu’une poussière noire, très- fine, charbonneuse, noircissant les doigts, et offrant tous les carac- tères du charbon. Pontier avoit envoyé à l’écoledes mines de Paris une nouvelle substance minérale , trouvée à la Bastide de la Carrade, près Cassin, département du Var. Elle est d’un brun foncé, à-peu- EAU DP EME S ANONTUER EMEN CA NTI" RME NLALYES 39 ‘près comme celle de la blende brune ; son éclat est métallique ; sa dureté est moyenne ; sa pesanteur spécifique est 4.0326. Au chalumeau elle ne se fond que difficilement. La couleur de son verre est d’un verdâtre sale. 4 ‘Tassaert a analysé cette mine, eten a retiré : Acide chromique... 63.6 Oxide de fer....... 36.0 Here coter AO | Maïs une nouvelle analyse de cette mine, faite par Vauquelin et Tassaert, a donné : Acide chromique... 0.43 Oxide de/fer..". "Mo 34.7 Aluminie terre ere 0:20: DiINCC Emile LR O0 02: Lelièvre a décrit une mine d’aranit qu'on a découvert dans le département de Saone et Loire. Perlstein de Werner , pierre de perle. On le trouve alternant avec des couches de porphyre argileux, qui reposent sur la Trapp, en allant de Tokai à Kerestour. C’est ce que Fichtel appelle zéo/ite volcanique. Cette substance est d’un bleu terne, à cassure résineuse , ayant un aspect nacré. L'intérieur est formé par la réunion de plusieurs petits grains de pierres obsidiennes noires , tirant sur le bleu, entourées chacune d’une pellicule de cette substance nacrée. Il est translucide, fragile , assez léger. Sa pesanteur , prise par Haïüy, est 2.540. Launoi a apporté de Carboneira en Espagne une substance analogue à celle-ci, qu'il appelle, d’après les Allemands , luchs-saphir . Werner ne croit pas que cette substance soit volcanique, il la place entre la quartz et le hornstein ; lequel hornstein est une espèce de la substance que les Français, d’après les Sué- dois , appellent pétrosilex , et que j'ai appelée keralite. De la pierre ponce. Humboldt pense que la pierre ponce qui se trouve au Pic de Teyde des Canaries n’est que de l’obsi- dienne décomposée par le feu. On ne peut pas, suivant lui, attribuer leur origine au feldspath. Il a ramassé beaucoup de morceaux qui sont à deini obsidienne, d’un noir olhvâtre , et à demi pierre ponce fibreuse. Il a vu de semblables morceaux dans les cabinets de Madrid. Fortis m’a dit que les vaisseaux vénitiens apportent pour lest des pierres provenant de l’île de Candie , parmi lesquelles les 4o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE naturalistes du pays ont remarqué des gros blocs de verre noir ou obsidienne , très-purs, sans corps étrangers, qui sont changés visiblement en pierre ponce blanche par un passage gradué ; en sorte qu’il y en a des morceaux dont une partie est obsidienne et l’autre ponce. La même chose s’observe dans les pures obsidiennes de Li- pari et de l’île de Procida, proche Naples. Klaproth a analysé une pierre ponce , qui lui a donné: SHiGE 10106 RP E7700 Amine ere ere 7200 Oxide de fer...... says Oxide de manganèse 0.1 Pertes ar", MSN 3.25. Mais nous ayons vu que le docteur Kennedy en a retiré de la potasse. Vauquelin a épalement retiré.de la potasse du feldspath. De la Daourite de Delamétherie ; Siberite de l'Hermina. J'avois décrit, dans ma Théorie de la terre, une pierre de couleur rose, cristallisée , presque hexaëdre, avec une pyra- mide trièdre , qui m'avait été vendue comme venant de la Daourie , c’est pourquoi je lui avois donné le nom de Daourite. L'Hermina l’a examinée de nouveau , et l’a appelée Siberite. Il a observé qu’elle étoit pyroélectrique , comme la Tourmaline. Garin et Pecheur l’ont analysée, et en ont retiré : AtmIMmeE ere er TO 40 SIG CEE et 0 00 Chang PA po GS Oxide de manganèse 0.09. Du zuare d’alumine de Abiloaard. 8 C'est une nouvelle substance pierreuse trouvée dans le Groen- land. Elle est formée de lames blanchâtres deini-transparentes, lesquelles se sous-divisent en prismes droits, qui paroissent rectangulaires , suivant faüy. Sa pesanteur spécifique , suivant le même savant, est 2.949. Elle fond à la flamme d’une bougie, et coule comme de la glace à la flamme du chalumeau : c’est pourquoi à Copenhague on l’avoit appelé cryolithe. Elle est composée d'alumine et d’acide fluorique. De /a mélanite. Klaproth a donné ce nom à la pierre qu’on avoit appelée jusqu'ici 2renat noir de Frescati. Sa cristallisation est un dodécaëdre à plans rhombes, tronqué sur les vingt-quatre arrètes, PDPD HMS EDNOMMR IE NAT OU R E L'TE: ÿ1 arrêtes ; ce qui lui donne 36 facettes. Vauquelin en a donné une analyse, que nous ferons connoître. Sage a publié plusieurs mémoires : 1°. Il a confirmé que ce qu'on avoit regardé comme un verre volcanique blanc n’est qu’une espèce de calcédoine. 2°. Il a obtenu de beaux cristaux d’or en le réduisant par l’éther. 30. Il a analysé les cendres de Varech, dans lesquelles il pré- tend avoir trouvé peu de soude ; maïs un anonyme diten avoir retiré une assez grande quantité : d’où il conclut que celles qu’on avoit envoyées à Sage n’étoient pas pures. 4. Il a fait voir que l’antimoine , chauffé fortement au cha- lumeau , s’enflamme spontanément. 5°. Il a analysé la poudrette, pulvis stercoreus, et en a retiré : Terre nn Reel 0: Matière animale ........... 16. Sel vitriolique et marin calcaire 2. Herrelcalcaire Lee Ce 20: Oran AVION EPL PC RE UZ HOT AR pme tite tt tde trstétete 1. HE 36 condor emdperonUe 6°. Le précipité rouge de Hollande, ou oxide rouge de mer- cure , lui a donné à-peu-près un tiers de minium, ou oxide rouge de plomb. 7°. Il regarde la terre calcaire comme une combinaison de la chaux avec l’acidum pingue , ainsi que l’avoit dit Meyer. L’alkali rendu caustique par la chaux contient, suivant lui, un sixième d’acidum pingue. Cent grains de cet acide saturé du phlogistique des charbons produisent cent vingt pouces cubes d’air inflammable. Schiele avoit aussi retiré de l’alkali caustique de l’air inflammable. 80. 11 a examiné une argile trouvée auprès du Mans, laquelle il regarde comme une décomposition de feldspath. 9°. En examinant ce qui s’est passé à l'incendie de l’'Odéon, il a fait voir que dans tous les incendies il se dégage beaucoup d’air inflammable, qui remplit le bâtiment où se trouve le feu. Cet air ne s’enflamme point tant qu’il n’a pas le contact de l’air extérieur ; mais aussitôt que celui-ci pénètre dans l’inté- rieur , l’inflammation devient générale. Ce qui fait croire à tort que le feu a été mis en plusieurs endroits. Tome VII. NIVOSE an 8. F 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il y a trouvé beaucoup de soufre, qu’il regarde comme un produit de la décomposition du plâtre. 10°. Il a examiné les /zdus calcaires de Die en Dauphiné. Ils contiennent dans leurs fentes de beaux cristaux de quartz. Les voyages, qui étendent nos connoiïssances sur les produc- tions de la nature, se multiplient. Le nombre considérable de savans qui sont en Egypte nous fera connoître ce pays si célèbre dans tous les genres. Humboldt, qui est arrivé dans l’Amérique méridionale, et qui doit employer, avec Bonplan, plusieurs années à par- courir ce vaste continent , nous en donnera des connoissances bien précieuses. Labillardière va bientôt faire paroître la relation de son voyagé autour du monde, à la recherche de l’infortuné la Pey- rouse et de ses compagnons. Olivier, qui a passé avec Bruguières plusieurs années dans diflérentes contrées de l’Orient , savoir en Egypte, en Arabie, en Perse et dans l’Empire Ottoman, se propose de publier la relation de son voyage aussitôt que les circonstances le lui permettront. Il fera connoître les productions naturelles de ces belles contrées, les objets d'arts, les mœurs..... Broussonet continue à nous faire connoître les productions de Maroc et des pays voisins. Cette ardeur avec laquelle les savans de l’Europe parcourent toutes les parties du globe , nous promet les connoïssances les plus précieuses. CRISTALLOGRAPHIE. Fourcroi, en traitant l’urine , a observé un phénomène in- téressant pour la cristallographie. On sait qu'on trouve des cubes de sel ammoniac, et des octaèdres de sel marin dans Vurine. Mais d’où vient que ce sel marin cristallise en octaèdre et non pas en cube ; et le sel ammoniac en cube et non pas en octaèdre? Il croit que ces formes sont dues à la présence de Purée. C’est ce qu'il a prouvé par l’expérience suivante : Du sel marin ou muriate de soude bien pur en cubes par- faits, n'ayant rien de commun avec Purine humaine, à laquelle il n’avoit jamais appartenu , puisqu'il provenoit d’eau de source évaporée , a été dissous avec partie égale d’urée cristallisée dans cinq fois son poids d’eau distillée. On a mis cette disso- ED DHL SU OLIIRAE NEA DU RPE TELE 43 lution dans une capsule de porcelaine , qu’on a couvert d’un papier pour en écarter les corps étrangers , et qu’on a livré à l’éva- poration spontanée. En quelques décades, il s’y est formé des cristaux octaèdres très-réguliers, d’une couleur brune rougeûtre. Du sel ammoniac, ou muriate d’ammoniaque , traité de même , a cristallisé en cubes, tandis qu’il cristallise ordinaire- ment en octaëdre. « C’est donc un fait bien prouvé , dit-il, que l’urée dis- soute dans la même eau que les deux sels ci-dessus, modifie et renverse leur forme naturelle ex se combinant avec chacun d’eux, et en pénétrant les /ames de leurs cristaux. C’est donc à elle qu'est due la forme octaédrique que prend le sel marin dont on sature l'urine humaine. » Haüy a décrit différens cristaux , tels que ceux du cinabre ou mercure sulfuré, du sulfate de strontiane , de l’arragonite ou spalth calcaire cristallisé en prisme hexagone qui se trouve en Arragon. Nous ferons connoître ces différens travaux. DÉS 40; LCA NS, Kirwan a donné un beau mémoire sur l’éfar primitif du globe , et la catastrophe qui lui a succédé. 1] pense, comme moi, que le globe a été formé par cristallisation. En parlant des montagnes , il dit que les montagnes volcaniques, telles que le Vésuve, l’Etna.... existoient antérieurement aux érup- tions des volcans , et que les feux souterrains se sont allumés dans leur intérieur. G.-A. Deluc a attaqué cette dernière partie de l'opinion de Kirwan. Il pense que le foyer des feux souterrains est à une grande profondeur, et que les montagnes volcaniques , telles que le Vésuve, l’Etna, les Isles-Ponces, ... ont été formées prir- cipalement par les matières rejetées par les volcans, et accu- mulées aux environs. Breislak a donné une topographie physique de la Cam- panie. Il y a reconnu le premier, en 1793, un volcan éteint, qui paroît avoir été beaucoup plus considérable que le Vésuve , et qui approche presque de l’Etna. Il s’appelle Rocca- Montfna. Il suppose , avec Gioeni, la première origine du Vésuve au fond de la mer. Il a observé une source de pétrole au fond de la mer, au pied du Vésuve, à un peu moins d’un mille de terre. Den les gouttes de cette substance s’élèvent à la super- ficie de l’eau, elles y forment des taches parfaitement rondes de F 2 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE trois À quatre pouces de diamètre et d’un brun jaunâtre. Une source de pétrole auprès du Vésuve pourroit servir à un faiseur de système. En combinant ce phénomène avec d’autres sources de pétrole dans le voisinage des Appennins, et avec les charbons fossiles de Bénévent et de Gifone , auxquels rien n’empêche d'attribuer une extension sous terre, on peut se figurer sous le Vésuve un réservoir immense de bitume, qui s’ailume par une fulmination électrique, ou par quelqu’autre cause in- connue. La combustion durera tant que la masse du réservoir ne sera point consumée , elle pourra se répéter chaque fois qu’une nouvelle cause HncCne agira de nouveau sur une nouvelle quantité de bitume. ' La France est aujourd’hui peu sujette aux tremblemens de terre, qui ont dû y être autrefois fort communs, à en juger par le nombre considérable de volcans éteints qu’on y rencontre. Cependant le 6 pluviôse dernier on essuya un léger tremble- ment de terre dans tout l'Ouest de la France , depuis Rouen jusqu’à Bordeaux. Ces mêmes régions furent également ébran- lées en 1755, lors du tremblement de terre qui renversa Lis- bonne. Néanmoins on ne connoît de volcans éteints dans ces cantons qu'auprès de Tréguier. Le 29 prairial il y a eu un terrible tremblement de terre à Acapulco : des terreins ont été culbutés , et le port a été comblé. (Publiciste, 11 brumaire). Salmon a donné un beau mémoire sut l’origine des basaltes volcaniques. Les uns, tels que la plus grande partie des natu- ralistes français, les regardent comme un produit du feu, comme une fusion ignée. D'autres savans, parmi lesquels on doit compter le célèbre Werner, pensent que les basaltes sont in- contestablement déposés par les eaux. Salmon entreprend de concilier les deux hypothèses, et avance qu’ils sont le produit d’une liquéfaction aquoso-ignée. L’eau réduite en vapeurs, par exemple, dans la machine de Papin, acquiert un grand degré de chaleur, et qui seroit capable de réduire en fusion plusieurs substances qui exigent un assez haut degré de chaleur pour fondre. Toutes les vapeurs volcaniques , toutes les fumarolles contiennent une très-srande quantité d’eau. Il pense que plusieurs des substances qui sont contenues dans les basaltes, telles que le feldspath, l’augite, l’horneblende , les zéolites, les micas, y ont été enveloppées accidentellement, tandis qu’elles étoient liquides, Mais il croit qu’iken est plusieurs ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 autres , telles que les leucites , qui ont été fondues avec le ba- salte, et ont ensuite cristallisé à part, et se sont séparées de la masse par les lois des affinités. Buch pense de même. Il ne doute point que la leucite n’ait cristallisé dans la masse même du basalte , dans l'instant de sa liquidité, Les portions de korneblende , ou de basalte , qu’on trouve dans le centre de plusieurs cristaux de leucite, pa- roissent à ces deux naturalistes une preuve convaincante de leur opinion. DES FOSSILES. G.-A. Deluc a examiné , dans les rochers de la perte du Rhône, la lenticulaire numismale et la belemnite. Il regarde la lenticulaire comme l’os d’une espèce de sèche. Les natura- listes la regardent ordinairement comme une espèce de corne d'ammon. Il a la même opinion sur la belemnite. « Ce fossile, dit:il, a été très-vraisemblablement l'os d’un poisson mol. » La numismale se trouve en Europe, en Egypte, aux Indes, auprès du Gange, dans le Benzale. Il a trouvé au Mont-Salève, auprès de Genève, une vis pé- trifiée , semblable à celles qu’on trouve à Ermenonwville. Il a observé des phollades dans les colonnes du temple de Sérapis , près de Pouzzol : elles sont dans une partie de la colonne , élevée aujourd’hui de 27 pieds au-dessus du niveau des eaux de la mer. Il suppose que par un tremblement de terre ce temple s’est abaïssé dans les eaux; que les phollades se sont nichées dans les colonnes, et qu’un nouveau tremble- ment de terre les a placées au lieu où elles sont. Faujas a commencé à donner la description des fossiles qu'on trouve dans la montagne de Saïnt-Pierre près Maëstricht. Ce sont différentes coquilles et un grand nombre d’ossemens. On y a trouvé des mâchoires entières de plus de quatre pieds. On les croit appartenir à des crocodiles. Elles sont gravées dans ce journal. 11 a aussi décrit des carapaces de tortue, qu’il a re- connu appartenir à des tortues connues : c’est la cortue franche de Lacépède , zestudo mydas. Linn. Ceci confirme de plus en plus que parmi les fossiles on trouve les débris d'animaux vivans. Denis Montfort a donné un mémoire sur une espèce parti- culière de corne d’ammon fossile, qui se trouve aux environs 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de Rouen et ailleurs. Elle n’est point tournée en spirale comme les cornes d’ammon ordinaires ; mais elle est formée en vis et en spirale. { Villars a trouvé des bois fossiles sur la montagne de Laus , au canton d'Oisans, à la hauteur de 2320 mètres; c’est-à-dire , à 850 mètres au dessus de la ligne la plus élevée qu’atteignent aujourd’hui les arbres. Ceux qu’on y trouve fossiles sont des trembles , des bouleaux , des mélèzes, DEL: AMONE ONTNOlCUIE) Baillet a rapporté une observation « qui confirme, dit-il, ce que Delamétherie assure avec Humboldt ; que les eaux qui se trouvent dans l'intérieur des mines viennent toujours des couches superficielles. » Dans les mines de charbon d’Anzin près Valenciennes, et celles d’Oniche près Douay, le sol, à sa surface jusqu’à 100 à 200 mètres, est composé de terreins d’alluvions, sables, craies, marnes... On trouve ensuite une couche de glaise de 20 mètres. Au-dessous sont les couches de __bouille... Lorsqu’on creuse ces puits, on est inondé par les eaux pendant qu’on travaille dans les sables , les craies, les marnes; mais dès qu’on est parvenu à la couche d’argile ou de glaise , on établit le picotage, et on cuvele le puits depuis cette glaise jusqu’au jour , c’est-à-dire, qu’on bâtit le puits en lanches et madriers, qui arrêtent les eaux qui viennent des sables. Elles ne peuvent traverser les couches de glaises, et on n’a plus d’eau au-dessous de ces glaises. G.-A. Deluc a examiné l'opinion des naturalistes qui pré- tendent que es correns ont creusé les coupures des rochers o% ils ont leurs cours. Il rapporte plusieurs observations qui pa- roissent lui prouver le contraire. Les eaux des torrens les plus rapides n’exercent qu’une foible action sur les rochers qui leur servent de lit. On a trouvé à Argenteuil , proche Paris, des marnes cristal- lisées en prismes réguliers. Grossart-Virly rapporte avoir vu à Sheffield , en Angleterre , des morceaux d’argile cuite, informes à l'extérieur, et présen- tant dans leur cassure des prismes comme ceux des basaltes. Bertrand a donné un nouveau développement à son opinion géologique. 11 suppose toujours gze le globe de la terre a été rimitivement une masse glacée. Il reçut avec le mouvement, la lumière, la liquidité ; la chaleur et la vie. L'eau vierge ED D IS UMIONTER EN A TD RE ELITE: 47 et fécondee engendra la terre calcaire vierge par une vitalité minérale , source de toutes les vies organisées. 1] y eut ensuite différentes catastrophes qui ont produit tous les phénomènes postérieurs, de la manière dont nous l’ayons exposé précé- demment. Maisonneuve a observé que des montagnes schisteuses du département de la Lozère sont recouvertes par des bancs hori- zontaux de grès de plusieurs pieds d'épaisseur. La base de ce grès est du quartz. Dans le temps, dit-il , que les eaux recou- vroient les montagnes granitiques supérieures, elles dégradèrent ces montagnes , et en Charièrent les débris dans le sein des mers. La partie argileuse se dépouilla la première , et forma les couches schisteuses. Les grès vinrent se déposer par-dessus. Buch a examiné la formation des granits. « Les géologues les plus éclairés, dit-il, paroïssent être convenus maintenant de donner le nom de granit exclusivement à cette roche com- posée de quartz, de feldspath et de mica, qui, d'après toutes les observations, paroît la plus ancienne connue, et celle qui forme le fond de la surface du globe. Mais qu’on ne parle donc point de granit formé de smaragdite et de jade, de laves à base de granit. . . . . » On voit que ce célèbre naturaliste pense que c’est à tort qu’on a donné le nom de granit à toutes pierres composées de plusieurs substances cristallisées. 11 nhpéelle granit que celles qui sont composées de quartz de feldspath et de mica. C'est l'opinion que j'ai toujours soutenue : et j’ai donné le nom de granitoïdes à toutes les autres pierres aggrégées, cristallisées, composées de substances différentes que le quartz, le feldspath et le mica. Buch examine ensuite la manière dont est formé le granit: Plusieurs géologues célèbres ont cru qu’il étoit formé par couches. J'ai toujours soutenu que le vrai granit n’étoit point par cou- ches, et qu'il n’y avoit que les granits veinés, les kneis, les schistes micacés, qui fussent par couches. Buch a la même opinion. Il pense que le vrai granit n’est point par couches ; que c’est celui qui fait la base des montagnes, et qui se trouve dans les plaines, tandis que le granit des hautes montagnes , telles que les Hautes-Alpes, se rapproche davantage des granits veinés et des kneïs : ce qui a fait croire à tort que le vrai granit étoit par couches. Enfin Buch pense, avec moi, que les montagnes ont été 48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE formées par cristallisation, et qu’elles ne sont qu’une réunion de masses cristallisées. « On peut presque assurer sans hésiter , dit-il, que le granit que je desirerois nommer par excellence la roche cristallisée, n’est jamais en couches. Le tout est un assemblage de cristaux réunis par la même force cristallisante, et soute la montagne de granit n’est elle-même qu’un gros cristal : grande idée Dela- métherie qui devient convaincante, quand on examine atten- tivement la nature du granit, et quand on le compare avec la roche de sédiment. » Il fait ensuite voir que ces montagnes n’auroient pu être formées ni par soulèvement, ni paraffaissement; «car, dit-il, sur ces granits primitifs, il a été déposé des couches régulières d’autres substances , telles que des roches schisteuses. Ces couches ne s'élèvent même qu’à une certaine hauteur : quelquefois on ne les trouve que d’un côté de la montagne, et il n'yena point de l’autre côté. « Le porphyre, par exemple, est excessivement fréquent du . côté de l'Italie, et il s’y élève à des hauteurs très-considérables. _ On trouve, par exemple, ces roches à plus de quatre mille pieds de hauteur entre Bolzano et Brixen en Tirol : il manque absolument du côté de l'Allemagne et de la Suisse. Ce côté, au contraire , abonde en pierres magnésiennes, en serpentines sur-tout : elles sont très-rares du côté de l'Italie. Si la chaîne s’étoit formée par un soulèvement ou des affaissemens , d'où vien- droit donc cette différence entre la disposition des roches aux deux côtés ? Ne devroit-on pas trouver le même ordre, la même quantité de matières d’un côté que de l’autre ? Ne devroit-on pas trouver les roches récentes à une hauteur aussi considérable que les plus anciennes ? Car, en supposant celles-ci, ayant une fois été horizontalement couvertes par les premières, en s’élevant ou s’abbaïssant, elles devoient bien s’élever sur celles qu'elles couvroient déja. « Tout cela paroît bien prouver que la chaîne du milieu, le noyau granitique , s’est élevée sous sa forme actuelle du temps de sa formation même ; et il s’ensuit presque immédiatement, que toute chaîne de montagnes primitive ( et les chaînes cal- caires ), ne se formèrent mi par un soulèvement ni par un abbaissement de ses côtés, mais par la force réunie de la gravi- tation et de la cristallisation. » L'idée de la formation des montagnes par soulèvement ou par affaissement , est entièrement abandonnée; et presque tous les géologues ET D’ HIS TOURE NATURELLE. 4c géolagues conviennent qu’elles ont été formées à-peu-près telies que nous les voyons aux dégradations près, qu’elles ont éprou- vées postérieurement par les frimats, les pluies. + . .. Il faut excepter quelques cas particuliers, où des commotions souterreines, ou autres causes locales ont soulevé, ou fait af- faisser quelques montagnes. Voilà donc la grande vérité de la formation de la terre et de ses montagnes par cristallisation entièrement reconnue. Duhamel fils a fait des observations intéressantes sur la ma- nière dont est composé le pic du midi de Bigorre dans les Pyrénées. Il a vu que: s 1°. Cette montagne est formée entièrement de roches primi- tives par couches très-distinctes et continues , inclinées de 69 à 80 degrés, et s’élevant vers la chaîne générale des Pyrénées. Nous savons que la même chose a lieu dans toutesles hautes montagnes, dont les couches se relèvent constamment vers le centre principal de ces montagnes. 2°. Les lits inférieurs, c’est-à-dire ceux dont on apperçoit les tranches sur le revers septéntrional du pic, depuis sa base du côté de la vallée de Campan , jusqu’au sommet, lui ont paru uniquement formés de roche calcaire, dans laquelle alternent plusieurs fois la roche de corne (cornéene}), et peut-être le trapp. 3. Les lits supérieurs, qui recouvrent immédiatement les roches calcaires ci-dessus, sont les gneis micacés et la roche grana- tite. Ces deux espèces de pierre forment la pointe occidentale, et une partie de l’arrête du pic. À 4”. Au-dessus des gneis repose une grande quantité de lits alternatifs de roche calcaire , de trapp, de roche de corne, et quelquefois parmi eux des couches de granits. Ces bancs géné- ralement peu épais forment la face méridionale du pic, et des- cendent à-peu-près comme elle. 5°. La disposition des roches de corne a cela de remarquable, qu’elle aflecte souvent entre deux couches planes de roche calcaire, des plis et replis multipliés qui leur donnent une appa- rence très-bisarre. 6°. Le granit existe dans leslits supérieurs dans plusieurs états, comme filon , comme couche , et comme partie constituante de plusieurs roches calcaires; mais, dans ce cas, il ne se trouve guères qu’à la surface, comme s’il étoit déposé peu après le rapprochement des molécules calcaires. Tome VII. NIVOSE an 8. G 50 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Jens Esmarck a voyagé en savant minéralogiste dans le Bannat, en Transilvanie et en Hongrie, pays si riches en filons métal- liques. 1l les décrit avec exactitude , et en explique la formation suivant la théorie de Werner, qui, couwme l’on sait, veut que les filons aient été des fentes faites postérieurement, et remplies de minéraux. Maïs les faits rapportés par l’auteur font voir que ce système ne peut guères se soutenir; car à Schemnitz il ya des filons de-30 à 35 mètres d’épaisseur. A Kremnitz, le prin- cipal filon a jusqu’à 200 mêtres d'épaisseur. L’auteur fait voir que c’est une réunion de plus de vingt filons divisés, par des cloisons qui appartiennent à la roche. Mais venons aux mines de Felsobanya en Transilvanie. : « Ces mines, ditil, sont dans un gfès à grain fin, et à ciment argileux. Le principal filon se dirige de l’est à l’ouest, ets’incline en sens contraire de la montagre du nord au sud, sous un angle de 45 à 70 degrés. Il renferme les mêmes substances que les filons de la seconde époque à Kapnik (c’est à dire de la galène, de la blude noiratre , des pyrites sulfureuses , dans un quartz brun, et dans un pétrosilex qui passe à l’état d’ar- gile endurcie }), et de plus du sulfate de baryte , de l’antimoine, et du sulfure rouge d’arsenic. L'auteur regarde ces dernières substances comme introduites dans le filon postérieurement à sa première formation. Sa largeur varie depuis un mètre jus- qu'à trente : mais lorsqu'il devient aussi large, il est cloi- sonné, et alors moins un filon unique que la réunion de plu- sieurs scissures parallèles, sa disposition ressemble beaucoup à celle du filon dit Gegen-Gottes à Gersdorff en Saxe. La gangue et le minerai de plomb forment différentes couches parallèles aux salbandes du filon. « Un second filon coupe le premier obliquement, tant pour la direction que pour l’inclinaison. Sa puissance est plus de trois mètres. Il appartient à une époque différente. Sa gangue est un pétrosilex gris. Les minerais qu’on y trouve sont de l'argent rouge avec un peu de pyrite, mais point de plomb, « Enfin, il faut rapporter à une troisième époque postérieure aux deux autres, l’origine d’un filon qui se dirige du nord au sud, s'incline à l’est, ne contient que des schistes alumineux, et en traversant le premier filon /#: communique sa strilite. » l’auteur suppose ici trois époques, et peut-être quatre pour l’origine de ces filons de Felsobanya. Le premier filon, qui a jus- qu’à 30 mètres d'épaisseur, et une inclinaison de 45 à 70 degrés ETYy D'HYXS T'OLRE NA TU R El, IE. ba n'a pu être formé dans l'hypothèse de Werner dans ces positions; car une fente, sous un angle de 45 degrés, n'auroit pu subsister sans que le toît eût retombé sur le mur. Il faudroit donc supposer que : 10. La montagne avoit une autre position. Elle s’est fendue, le filon s’y est déposé; et ensuite elle s’est inclinée. 2°. Le second filon coupe celui-ci obliqueinent : il faut donc encôre supposer une autre fente de la montagne : ce second filon s’y est formé, et elle s’est renversée une seconde fois. 30. À une troisième époque, s’est formé un troisième filon qui court du nord au sud. Mais celui-ci, en traversant lepremier filon , lui communique sa stérilité. Ceci suppose qu’il a détruit en partie le premier. Toutes ces hypothèse ne sauroïent être admises. Ensupposant, au contraire ,avec moi la formation de ces filons avec la masse même de la montagne, tout s'explique facilement. ‘ Les matières métalliques disséminées avec les substances pier- reuses se sont séparées par la loi des affinités, et ont cristallisé en difiérens filons. Je ne nie pas que quelques filons n’aient été formés postérieu- rement aux montagnes. l’auteur cite lui-même un fait qui confirme ce que nous savons à cet égard. Il a observé à Schemnitz, auprès du Puits-Saint-André, un filon entier rempli de bois charbonisé à 360 mètres de profondeur. On y a trouvé aussi des coquilles. Humboldt, dans le voyage qu'il fait autour du monde, étendra beaucoup nos connoissances géologiques, parce qu’il généralise ses observations. Voici celle qu’il me marque de Cumana, sur le pic du Teyde, vulgairement connu sous le nom de pic de Ténérife. « Le pic de Teyde, élevé de 1904 toises , est une énorme montagne basaltique qui paroît reposer sur de la pierre calcaire dense et secondaire. C’est la même qu'avec beaucoup de pierre à fusil on trouve au cap Non en Afrique, la même à Cadix, à la Manche, en Provence; la même-sur laquelle reposent les basaltes de Saint-Loup près d'Agde, et ceux du Portugal. Vous voyez avec quelle uniformité le globe est construit. Les Açores, les Canaries, les Isles du cap Vert ne paroissent être que la continuation des formations basaltiques de Lisbonne. « Les flots amènent aussi, et jettent par la côte d’Afrique, sur les bords du Ténérife, des granits, des syenites, et le schiste micacé granitique que nous avons vu au Saint-Gothard, dans G2 52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMÉE le Salsbours..….. Il est à supposer que c’est de ces roches que consiste la haute crète de l'Atlas, quise prolonge à l’ouest vers les côtes de Maroc. « La basalte dont le pic est construit n'est pas seulement du basalte contenant de l’olivin feuilleté et cristallisé, la chri- solite des volcans ; mais sur-tout vers la cîme, il y a des cou-" ches de porphyrochiefer de Werner, ou d’un autre porphyre À base d’obsidienne. Le porphyrochiefer est feuilleté, sonore, à demi-transparent sur les bords , formé d’une base verte très- dure , ayant de l’affinité avec le jade , et enchassant des cris- taux de feldspath vitreux.» DE LA CHIMIE DES MINÉRAUX. Dizé a fait voir que l'acide nitrique fournissoit un moyen très-sûr d’analyser le laiton, et d’en séparer le zinc du cuivre. Son procédé consiste à faire dissoudre le laïton dans l’acide nitrique. 1l ajoute ensuite du plomb à la dissolution. L’acide nitrique ayant plus d’affinité ayec ce métal qu’avec le cuivre, dissout le plomb eten est précipité sous sa forme métallique ; mais le zinc a plus d’affinité avec l'acide nitrique que le plomb : ainsi 1l n’est point précipité. Ces expériences lui ont fait voir que le laiton du commerce contient cuivre 0,87, zinc 0,13. Le laiton préparé à Genève pour les roues d'échappement , contient cuivre 0,79, zinc , 0,25. Les monnoies de laiton des anciens contiennent cuivre 0,93, étain 00,4, Zinc 00,3. Les proportions varient peu. Ce sont l’étain et le zinc qui donnent de la dureté au cuivre dont les anciens faisoient leurs armes. On avoit cru qu’ils avoient l’art de tremper le cuivre ; ce qui n’est pas. On a donné un procédé économique pour décomposer le sel marin. Il consiste à calciner ce sel avec des pyrites dans des fours analogues à ceux où l’on cuit la chaux. Crell a décomposé l’acide boracique, et en a retiré du charbon. Guyton - Morveau a fait sur l'acide succinique des expé- riences qui lui ont prouvé que cet acide doit être rangé dans la classe de ceux qui se détruisent par une nouvelle combi- paison de leur base, et se résolvent en gaz acide carbonique, gaz hydrogène carboné et en carbone; ce qui confirme qu'il est de la nature des acides végétaux. Vauquelin a découvert quelques nouvelles propriétés de la strontiane et de la baryte. Les chimistes, dit-il, ont reconnu = ET D'HISTOIRE NATURELLF. 53 dans ces deux terres plusieurs propriétés analogues à celle des alkalis, telles que la saveur acre et brûlante , la solubilité dans f'eau , la cristallibiité , le changement en verd qu’elles font éprouver aux couleurs bleues de quelques végétaux. Je vais exposer quelques Ne de leurs propriétés ; qui les rapprochent encore plus di substances alkalines. Il a mêlé de la strontiane avec de la silice, de l’alumine, et les a exposées à un feu violent, il a reconnu qu'il y avoit combi- naison des deux terres, et que la strontiane avoit perdu une partie de ses qualités. La strontiane bouillie avec l’alumine se combine également. La baryte chauffée avec la silice, il y a combinaison. La barÿte bouillie avec l’alumine, il y a combinaison. La baryte ou la strontiane versée dans une dissolution de sayon, la décomposent , et s’unissent avec l’huile. Tous ces faits lui font conclure qu’il peut se faire des combi- paisons de la strontiane et de la baryte , avec différentes autres terres ; 2°. que la strontianeet la baryte doivent être rangées avec les alkalis plutôt qu'avec les terres. L’azote, suivant une nouvelle découverte de Girtanner, est composé d’oxigène , 0,07. D’hydrogène , 093. Voici ce que m'en écrit Van Mons. Lettre de Van Mons à J.-C. Delametherie. Mon honorable confrère, je m’empresse de vous transmettre Ta nouvelle que Girtanner a décomposé l'azote, et l’a réduit en hydrogène et oxigène dans la proportion de 0,93 du premier, et 0,97 du dernier. Il s’ensuivroit que l’azote , l’ammoniac , l’eau , l’air atmosphérique etc., sont des composés de ces deux principes dans des proportions variées. En analysant l’air, on ne sépare pas, mais On compose le gaz azote , par la soustrac- tion d’une partie d’oxigène au fluide hydro-oxigène, qui constitue cet air. C’est peut-être la raison pour laquelle la combustion est plus vive dans le gaz oxigène pur , ou non engagé dans une combinaison hydrogène. L’argile est la substance qui décom- pose le mieux l'air atmosphérique en azote ; ce qui est assez d’accord avec les expériences de Van-Humboldt. Cette propriété de l’argile explique la nécessité de sa présence dans les ni- trières artificielles ; elle fait soupconner que Viegleb et Vurzer ne se sont pas tout à fait trompés , en croyant convertir la SA JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vapeur aqueuse en gaz azote. Vous avez dû remarquer dans mes expériences sur cette conversion , que je ne me rendois pas bien raison de la grande quantité de gaz qu’il m'est sou- vent arrivé de recueillir. | Les pluies d'orage seroïent un moyen que la nature s’est ménagé pour dépouiller l’air atmosphérique d’un excès d’oxi- gène qu'y versent sans cesse les plantes , en combinant une partie des deux gaz qui le composent en eau. Ce qui est sûr, c'est que le mélange uniforme de deux fluides de densité aussi difiérente que les gaz azote et oxigène , m'a toujours fait soupçonner une union de ces deux gaz. Enfin, si la découverte de Girtanner se soutient , elle rendra raison de la disparition de la presque totalité de l’azote pendaut la décomposition du nitre par le feu. M. Girtanner persiste à tenir l'hydrogène pour radical de l'acide muriatique ; mais cet acide hydrogeénique contient moins d’oxigène que l’eau. Les expériences que j'ai opposées à mon ami (Mém. de l’Institut national, tom. I , pag. 56 et 44. ), ten- daient toutes ou à oxigéner ce liquide, ou à désoxigéner l'acide. Je suivois une marche opposée , mais qui m’étoit indi- quée par Girtanner même, lequel regardoit alors l'acide muria- tique comme de l’eau oxigénée. Trommsdorff n’avoit pas tort de me dire (Annales de chimie, tome XXXII), qu'il y auroit eu peut-être plus d’espoir de découvrir les radicaux des'acides indécomposés , en tàchant d’oxigéner que de désoxigéner ces substances. Je ne connoïs pas encore les expériences de M. Girtarner; mais j'ai déja fait passer un mélange de gaz hydrogène et oxigène dans la proportion indiquée , sans ôbtenir de gaz azote. Agréez mes salutations amicales. J.-B. Van Mons. Humboldt a répété ses expériences sur l'absorption de l’oxy- ène par les terres simples lorsqu'elles sont humectées ; elles ui ont toujours donné les mêmes résultats ; ensorte qu’on peut regarder cette absorption comme une vérité incontestable. L'air atmosphérique qu'il a employé contenoit environ 0,26 d’oxi- gène. Il en a mis quatre à cinq pouces en contact avec environ autant de pouces cubes de terres arrosées d'eau distiilée. ENTUMD) HMS! T0! DR EX N A TIU RIE: LE: 55 Les flacons étoient formés par des bouchons usés à l’émeril , et souvent plongés sous l’eau. L’air en contact avec l’eau dis- tillée , ne perdit, en 10 à 15 jours , pas 0,005 d’oxigène. Il ne changea jamais au-delà de 1.5 en pureté , à la température de 10 à 12 de Réaumur ; mais il présenta des résultats bien différens avec les terres. En voici le tableau : Alumine , depuis le 17 fructidor jusqu’au 4 vendémiaire , deux flacons d’azote pur. Baryte, idem , résidu donne 0,08 d'oxygène : donc il y a eu 0,18 d'oxygène absorbé. Alumine , du 5 au 14 vendémiaire, azote pur. Alumine, du 6 au 14 vendémiaire, résidu, 0,08 d'oxygène. Chaux, du 6 au 14 vendémiaire , résidu ,; 0,20 d’oxigène. Baryte, idem, résidu , o,11 d'oxygène. Ces terres forment donc des oxides terreux , à moins que l’eau ne contribue à cette absorption de l’oxigène. Le charbon a été l’objet des recherches de plusieurs chi- mistes. Proust a fait voir que la plupart des bois laïssoient après leur combustion dans les vaisseaux fermés à-peu-près un cinquième de leur poids en résidu charbonneux. Mais quelle est la nature de ce charbon? Guillaume Henry a fait sur cette matière un grand nombre d'expériences , d’après lesquelles il conclut que le carbone peut encore être regardé comme un élément, c’est-à-dire, comme un corps dont la composition nous est jusqu'ici inconnue ; mais dont la décomposition est peut-être réservée aux travaux d’un chimiste futur plus heureux. Les docteurs Rouppe et van Noorden ont fait des expériences sur l'absorption de différens gaz par le charbon. Delamétherie avoit vu que le charbon absorboit différens gaz et en changeoït la nature. Les deux chimistes hollandais ont répété ces expé- riences avec beaucoup de soin. Ils se sont servis d’une petite boîte qui se ferme exactement. Ils ferment le charbon incan- descent, et ensuite il le placent sous des cloches remplies de différens gaz qui en sont absorbés en diverses quantités. Ils ont observé qu’un charbon qui avoit absorbé de l'hydrogène ab- sorboit encore de l’oxygène , et qu’il paroïssoit de l’eau : d’où ils concluent que ces deux gaz se combinent , et qu’il y a pro- ductian d’eau. Guyton-Morveau a fait de nouvelles expériences sur la com- bustion du diamant. Tennant avoit observé que cette substance 56 JOURNAL IDE PHYSIQUE, ‘DE CHIMIE singulière faisoit détonner le nitre comme le charbon : d’où il avoit conclu qu’elle étoit du charbon pur. Guyton-Morveau à fait un appareil ingénieux pour opérer la combustion du diamant sousune:cloche remplie de gaz oxygène, par le moyen des rayons solaires concentrés au foyer d’une len- tille. Les diamans qu'’il'a employés étoient des octaèdres ré- guliers. bi Aux premiers coups de feu le diamant prend une couleur plombée. Il exige, pour sa combustion , une plus grande quantité de gaz oxygène que le charbon. On le vit ensuite noir et comme charbonneux. On apperçut distinctement, un instant après, des points bril- lans , et comme bouillonnans sur un fond noir. Les rayons solaires ayant été interceptés momentanément , il parut rouge transparent. l La combustion du diamant achevée, on s’assura que le gaz oxygène avait été changé en acide carbonique ; mais qu'il y avoit plus d’acide carbonique que si on n’avoit brûlé que du charbon. i | De 11470 centimètres cubes de gaz oxygène enfermés dans le ballon, il n’en est resté , après la combustion , que 10795. 677 ont été consommés. Ces 677 centimètres cubes d'oxygène, à raison de 13577 mil- ligrammes, lui ont »roduit, avec les 199:9 milligrammes de diamant, 1117.92 milligrammes d'acide carbonique. Enfin, au lieu des proportions de 0,28 de substance combus- tible, et 0,72 de gaz oxygène observé dans la combustion du charbon, le rapport pour la combustion du diamant étoit de 17.86 de carbone. 82.12 d'oxygène. Il en conclut que le diamant diffère jusqu’à un certain point du charbon. , 1°. Le charbon brûle a 188° du thermomètre centigrade. Et le diamant brûle au degré 2768. ” 2°, Une partie de charbon absorbe, dans sa combustion , 2.527 d'oxygène, et produit 3,575 d’acide carbonique. Une partie de diamant absorbe un peu plus de 4 d'oxygène; et produit réellement 5 d'acide carbonique. 30, Le diamant est le pur carbone, pure base acidifiable de l'acide carbonique. 4%. Le charbon ordinaire est un oxide de carbone, c’est-à- dire; une combinaison de carbone, avec une certaine quantité d'oxygène. F La 9. EL, D VHWMS: T'ON R°E N/A TIU RE LAIF: 57 5°. La plombagine est un état intermédiaire entre le diamant et le charbon ; c’est-à-dire, que c’est du carbone combiné avec une moindre quantité d'oxygène que le charbon, et contenant 3 ou 4 centièmes de fer. 6°. L’antracite est comme la plombagine , une combinaison de carbone avec une petite portion d'oxygène , et 3 ou 4 cen- tièmes d’alumine. Pour prouver de plus en plus que le diamant étoit du vrai carbone, il a essayé de le combiner avec du fer pour faire de l'acier. Effectivement il à mis dans un creuset de fer un diamant du poids de 907 milligrammes ; il l’a rempli de limaille de fer pesant ? grammes, et a exposé le tout dans un creuset de Hesse à un grand feu. Les vaisseaux refroidis, on a vu que le fer avoit ete converti en acier. Il a ensuite fait chauffer un diamant avec de l’alnimine qui retenoit encore un peu d’acide sulfurique : cet acide a été changé en soufre , et a formé un sulfure, en absorbant de l’oxygène de l'acide sulfurique. Le diamant étoit couvert d'une croûtenoirâtre , charbonneuse, etil avoit perdu 58 milligrammes, c'est-à-dire, plus du tiers de son poids. Cette croûte charbon- neuse qui l’entouroit étoit donc un produit de sa combinaison avec une portion d'oxygène. Coquebert a examiné le honigstein , ou pierre de miel des Allemands. 11 cristallise en octaèdre , qui, quoique difiérent de celui du diamant , peut en dériver, suivant Haüy. Lampadius a retiré de cette substance Carbone ..... PS, :000,6000,90 Alumime.eee sl ei nt. t 0,03 Silices. }reû ROUE 0,02 Oxide de fer 2". PER Eau de cristallisation ...... 0,03. Il brûle avec activité dans le gaz oxygène, qu’il convertit en acide carbonique pur, . D'après ces faits, Coquebert regarde le honigstein comme une espèce de carbone à placer après le diamant. Ainsi on auroit 1°. Le diamant, ou le carbone pur ; 2°. Le honigstein , qui est le carbone avec une petite portion d'oxygène ; 3°. La plombagine, qui est le carbone avec plus d'oxygène et une portion de fer ; Tome VII. NIVOSE ‘an 8. | Ii 53 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 4°. L’antracite, qui est le carbone avec plus d'oxygène et un peu de fer. 5°. Le charbon, qui est le carbone avec encore plus d’oxy- gène, un deux centième de terre ; et une petite portion d'hydrogène. Proust a publié cette année un grand nombre de belles expériences, dont nous allons rapporter les principales, Il a examiné les cendres de plusieurs végétaux. Il y a reconnu la présence de la manganèse que Scheele y avoit annoncé. Son procédé consiste à traiter ces cendres avec le vinaigre. Cet acide se charge d’une portion des parties dissolubles. IL précipite ensuite avec les réactifs ordinaires. Il a reconnu que 10. Les cendres de pin, de calendula, de vigne, de chêne- vert, de figuier, contiennent de la manganèse. 2°. Les cendres du figuier sont presque toute silice. 3°. Les cendres de bariilescontiennent de la magnésie, une grande quantité de fer, et point de silice. 4°. L’indigo contient beaucoup de magnésie. H a ensuite calculé la portion de charbon que contiennent divers bois. L'expérience lui a prouvé que la proportion moyenne est un cinquième. Cent parties de chène-vert lui ont donné 20 de charbon. Cent parties de frêne, de saule, lui ont donné 17 partiés de Charbon. Cent parties d’orme-noir lui ont donné 25 de charbon. 11 fait l’application de ces expériences au charbon de terre: Il a trouvé que quelques-uns de ces charbons, tels que ceux des Asturies, d’Andalousie, ne laissent pour résidu que 2 et 3 pour 100. D'où il conclut que dans la transformation des ma- tières végétales ; les autres parties du végétal ont été en partie altérées, et qu’il n’y demeure presque que la partie charbon- neuse. Car, dit-il, ils donnent de 70 à 8o de charbon. Il pense qu’ils contiennent presque toujours une portion de soufre inti- mement combinée , et que c’est ce qui retarde leur combustion ; de même que la lente combustion des charbons des matières animales est due au phosphore. Il suppose aussi que plusieurs de ces matières animales , telles que la laine, contiennent du soufre. Il a fait voir que plus l’acide nitrique est concentré, plus il est léger. Car ayant préparé de l’acide nitrique très-pur , il se tronva de couleur jaune, et pesoit 152. L’eau pesant 100. Il en a eu dont la pesanteur spécifique étoit 155. En le distillant ïl devint blanc, se concentra, et sa pesanteur di- EMDPDÉ ANS NOT RAE UN ACTE U R'ENLIEUE 5ÿ minua à chaque distillation. 11 vint d’abord à 151 , à 149, à 147, et enfin 144. , Pour avoir de l'oxide d’azote pur, il faut, ditil, dissoudre du zinc avec un acide nitrique, qui donne 199 au pèse-liqueur de Baumé. On a de l’azote sans gaz nitreux ; mais si l'acide est à 169 du pése-liqueur , il se dégage une portion de gaz nitreux. L’acide nitrique, dont la pesanteur est de 148, versé sur l'indiso , le convertiten résine, dissoluble dans l’esprit de-vin. 11 a observé que le muriate de potasse étoit déliquescent. En passant un acide*dessus ce sel , il se dégage du gaz nitreux. 11 mêla de ce muriate avec de l'alcohol. Il ajouta au mélange de l’acide sulfurique. Il y eut effervescence et dégagement d’éther nitrique. Il suppose que c’est l’oxygène du gaz nitrique qui s’unit à l’alcohol, et opère cette production-d’éther. Pour le prouver, il versa quatre onces d’alcohol dans un flacon de pinte , rempli de gaz muriatique oxygèné. Le gaz se dissolva tranquillement et à l'ouverture du flacon, il reconnut l’existence de l’éther nitrique. ù Le résidu de l’éther sulfurique , poussé au feu , ne lui a jamais donné de soufre ; mais ayant distillé trois parties d’acide sulfurique contre une d’alcohol, 1l en a retiré un gros de charbon d’une once d’alcohol. Il a prouvé que l’eau hépatisée, c’est-à-dire, chargée de gaz hydrogène sulfureux , perdoit sa mauvaise odeur, en la battant avec de la poudre de manganèse. Rubin de Celis a trouvé du fer natif au Pérou. Proust l’a examiné ; il a trouvé qu'il étoit très-pur , excepté une petite portion de nickel qu'il contenoit : ce nickel le rend plus blanc, et diminue sa disposition à la rouille ; il n’altère pas ses autres qualités. Proust a reconnu que le pyrite du Pérou , connu sous le nom de zziroir des Incas, n’est que du fer pur allié avec une matière charbonneuse. Il l’a fait dissoudre dans l'acide ni- trique, et n’a pas pu en obtenir un atome de cuivre. Il s’est occupé des oxidations de l’arsenic. Cent parties de ré- gule d’arsenic, traitées par distillation avec l'acide nitrique, lui ont donné 152 à 153 d'acide arsenical. Cent parties d’oxide blanc d’arsenic traitées avec le même acide nitrique , lui ont donné 115 d’acide arsenical ; d’où il conclut que cent parties de régule d’arsenic ct bee 33 d’oxy- KH 2 60 JOURNAL.DE PHY SIQUE,DE CHIMIE gène pour pi à l’état d’acide blanc , et 53 pour passer à l’état d’acide arsenical. à Hilaire Rouelle avoit annoncé que l’acide marin du com- merce , contient du sublimé corrosif , puisqu'il dissout une partie de mercure qui se trouve dans le sel marin. Proust a vérifié que tout le sel marin d’Espagne contient également du mercure ; il fait voir que plusieurs anciens chimistes connois- soient ce fait. Lavoisier a prouvé que les huiles étoient composées d'hydro- gène et de carbone. Proust observe qu'il se forme de l'huile dans la dissolution de la fonte par l'acide sulfurique ou mu- riatique. Priestley avoit observé que cet air inflammable étoit très-pesant. Proust a eu lieu d'examiner la dissolution en grand de ces fontes ; il a vu que les vases où elles se faisoient étoient engraïssés , que l’eau ne suffisoit pas pour les né- toyer , et qu'il faut y employer l'esprit - de - vin : ce dissol- vant prend alors la même odeur , et blanchit à l’eau comme une dissolution d’huile essentielle. Le même chimiste s’est assuré que le charbon se combine avec le posphore, et forme un posphure de charbon. Il a dis- tillé la portion rouge qui demeure toujours, lorsqu'on passe le phosphore à la peau de chamoïs, à la manière de Pelletier ; il a obtenu une matière flocconeuse ; légère , qui s’enflamme aussitôt qu’elle a le contact de Pair. Il a reconnu que cette sub- stance contenoit toujours du charbon. Il a traité ce phosphore avec l’acide nitrique ; il a obtenu du gaz nitreux et de l’acide carbonique, et il n’a plus trouvé de charbon. Il a cherché à déterminer la portion d’oxigène contenue dans le muriate d'argent. Voici les proportions qu’il assigne. Argent..... Meet CAO! Oxysène nt .t.. Ba È 133 Le même chimiste a fait des recherches sur le bleu de Prusse, et sur l’état où se trouve le fer dans cette combinaison. Il distingue, avec Lavoisier , deux états d’oxidation du fer ; dans l’un, le fer contient 0,48 d'oxygène , et dans l’autre, 0,27. Il parle aussi de l’oxide de charbon, qu'il dit qu’il fera connoître. Le même chimiste, dans un beau mémoire sur le cuivré, ET D'HISTOIRE NATUREL LE. Gr examine ses diverses combinaisons. Ce métal , en s’oxidant, acquiert la couleur d’un brun noir. Cent parties de cuivre ainsi oxidées, pèsent 125 ; elles ont donc acquis 25 d'oxygène. Cet oxide brun ou noir n’acquiert toutes les belles couleurs qu’on lui connoît dans les oxides rouges, verts ou bleus , que par de nouvelles combinaisons, Nous allons rapporter ses expé- riences. : Ozxide brun ou noir de cuivre, contient Caiyre ci ou no Oxygène ........... 20: Nitrate de cuivre. 1 en distingue de deux espèces, qui sont de couleur verte. al L'un , avec le minimum d’acide , contient Oxide noir...... NO Te Acide nitrique..... 16. ANA PES E sr TRUE Le nitrate de cuivre, avec maximum d’acide , contient Oxide noïr........ 27. Acide nitrique. Eau. Carbonate de cuivre. Cent livres de cuivre dissoutes dans les acides sulfurique ou nitrique , et précipitées par le carbo- nate de potasse ou de soude, donnent 160 livres de carbonate vert de cuivre. Si on le soumet à une distillation graduée , on a dix livres d’eau , laquelle paroît aussi essentielle à la couleur que l’acide carbonique , et il reste 125 d’oxide noir au fond de la cornue. Ce carbonate artificiel de cuivre contient donc Cuivre EP MM ET ETO0: Oxygène . ......,.,25. Acide carbonique 46. ATEN LT s 10. Le carbonate de cuivre, lorsqu'il ne contient point d’eau, est d’un beau vert de pomme , nuancé de toutes les belles couleurs de la malachite , laquelle est un carbonate de cuivre. La malachite naturelle d’Arragon lui a donné, Oxide noir ...... 71. Terres sableuses . "1 Carbonate calcaire 1. Acide carbonique. 27. 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sulfate de cuivre. 11 y en a également de deux espèces ; le sulfate de cuivre saturé d’acide , contient, Okidelnon.,. 01032 Acide sulfurique.... 33 1 DEA COM SE CAPE PE D 36 Le sulfate de cuivre avec r2inimum d'acide , s'obtient en versant dans une solution de sulfate ordinaire de la potasse caustique , de manière qu’il n’y en ait pas assez pour tout pré - cipiter. Ce précipité nage donc dans une liqueur qui contient encore du sulfate de cuivre; il est vert et contient, Oxide noir. "0.1 AGO Acide sulfurique .... 16 Eur. ULTRA MT ER AR Acétate de cuivre. Proust pense avec Lavoisier, que l’acide acéteux ne diffère point de l’acétique. Le vinaigre radical ne diffère du vinaigre ordinaire, qu'en ce qu'il est concentré dans les rapports de 58 à 1. Les différences que présente le cuivre dissous par ces acides, viennent de ce qu’il y a plus ou moins d’acide. L’acétate de cuivre avec le maximum d’acide , contient , Oxide noir... dauvatet Acide acétique ...... 61. L’acétate de cuivre , avec le mhæximum d'acide, contient, Oxidebnoiri MINE 63 Vinaïgre radical.....: 37. Le vert-de-gris est un mélange de ces deux acétates. Lorsqu’à l’aide du vinaigre on convertit le vert-de-gris en verdet, on ne fait qu'ajouter à l’un de ces deux acétates , la quantité d’acide qui lui manque pour égaler l’autre. Muriate de cuivre. L’artificiel contient , Okidenoins NME PE D ACidetmarins, ee aus. Une PIN DO Le muriate de cuivre avec le moins d’acide se prépare , en faisant dissoudre le cuivre dans l’eau régale. Il s’en sépare spontanément une poudre verte insoluble dans l’eau ; c’est ce muriate qui contient, Ode oies Je SS 0 70 Acide muriatique.... 12% Ban NE Le TR PARE CHRET el ; 8 - L'auteur a analysé deux muriates natifs de cuivre , l’un venant du Chili, et l’autre apporté du Pérou par Dombey. ET D'HINSTOTRE, NATURELLE. 63 Muriate du Chili. Sable du Pérou. Évivre dt. Aa) One oO 7ae GuiNté nat es st ECG Oxygène ....... rs. 145 Oxigène... ........ se nel Acide muriatique ..... 10 Acide muriatique...... 9.5 Fan rnlie MOTS PE LE Haute nel na EL Oxide rouge de fer ... 2 Sable else rh si 7, Sulfate de chauxsableux 4. D'où il a conclu que ces deux mines contenoiïent au quintal , Muriate du Chili. Sable du Pérou. Oxide noir ..... lg NOM "noires; 00 ..…. 40, & Acide muriatique..... 10 Acide muriatique...., 11 © PAU: MS AE HA 12 -0VBan. ere SELS Here 18 = 47 83 Hydrate de cuivre. Les oxides de cuivre se combinent avec l’eau. Si on jette du nitrate de cuivre dans de la potasse bien délaiée , et qu’elle domine dans le mélange , on obtient un précipité volumineux, et d’un assez beau bleu : c’est un oxide combiné avec une portion d’eau concrète. Sa couleur approche de celle du bleu de Prusse. De la mine vitreuse rouge , ou oxide natif de cuivre. Cette mine est d’un beau rouge, semblable au cinabre ou à l’argent rouge. Traitée avec l’acide sulfurique , elle a donné, Oxide noir..-... ne 7 Cuivre en nature.... 38 Sable grgileux ...... : Ce beau travail nous éclaire sur la nature des oxides de cuivre. Lorsqu'ils sont purs, ils sont constamment d’un brun noir. Quant aux couleurs bleues et vertes, qu'on a cru ap- partenir à différens degrés d’oxidation, elles ne sont dues, suivant Proust, qu’à une combinaison de l’oxide noir avec un corps connu ou inconnu. Thenard a publié des expériences sur les différens degrés d’oxigénation de l’antimoine , et sur ses combinaisons avec l'hydrogène sulfuré. 11 croit que l’antimoine est susceptible de se,combiner au moins en six proportions différentes avecl’oxigène. Combiné avec la moindre quentité d’oxigène , il donne un oxide noir. Avec de plus grandes quantités d’oxigène , l’oxide est maron brun , puis orangé , ensuite jaune ; enfin, le maximum d'oxygène lui donne une couleur blanche. L’antimoine diaphoritique est une combinaison de l’oxide blanc avec la potasse, db [= 64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'oxide blanc le moins oxidé, comprend l’oxide blanc su- blimé, ou fleur d’antimoine, celui qui entre dans la compo- sition de l’émétique, dans celle du beurre d’antimoine , lequel on ne doit plus regarder comme un muriate oxygéné. Le kermès est un oxide brun d’antimoine, et tenu en dissolu- tion par l’hydro-sulfure sulturé. Le soufre doré d’antimoine est un oxide orangé. Toutes les expériences que nous venons de rapporter font voir que les oxides doivent fixer particulièrement l'attention des chimistes ; car les différentes substances susceptibles de se combiner avec l’oxygène, varient suivant qu’elles en absorbent une plus ou moins grande quantité. On a, 1°, Les oxides terreux qui n'ont point encore été assez exa- minés, et que Humboldt à fait connoître ; 2°, Les oxides du carbone ; 3°. Les oxides métalliques, qui présentent un grand nombre de variétés , depuis le z#7#7imum d’oxidation , jusqu'au maæi- mum qui est Pacide , tel que les acides arsenique, tunstique et molybdique ; 4. Les oxides de soufre , de phosphore...... qui sont dans le même cas; 5°. Ces mêmes oxides peuvent se combiner avec l’eau. Proust fait voir que les oxides de cuivre se combinent avec l’eau, ce qu'il appelle ydrates. Nous savions déja que les calamines , ou oxides de zinc, contenoient beaucoup d’eau; c’est pourquoi j'ai mis l’eau au nombre des minéralisateurs. Guyton-Morveau est parvenu à obtenir un petit culot de tungstème bien fondu. Il a estimé la pesanteur spécifique de cette substance métallique , à 8,3406. Les d’Elhuyar l’avoient estimée 17,6: Chaussier a découvert une nouvelle combinaison de soufre avec les alkalis ; elle se forme dans les fabriques où l’on dé- compose le sulfate de soude , en le chauffant fortement avec du charbon et du fer. On peut la former par d’autres procé- dés. Ce sel a une saveur fraiche, légèrement amère ; il ne s’effleurit point. Chaussier en conclut que c’est une combinai- son d’hydro-sulfure de soude avec un excès de soude sans acide sulfureux , et nomme ce sel hydro-sulfure sulfuré de soufre. Lamarck a donné un mémoire sur la matière du feu, considérée comme instrument chimique dans les analyses, 11 pense EXT. D'HISTOIRE, N AUD U R'E'L LE: 65 pense que l’action du feu dans ces analyses , altère la plupart des corps, et que par conséquent plusieurs des produiis qu'on obtient n’existoient point dans le corps analysé. Je ne croirai, dit-il , que les produits que les chimistes retirent des corps , étoient véritablement contenus dans les matières qu'ils auront analysées, que lorsqu'ils n’emploieront que des instru- mens dont l’action sera uniquement mécanique. D'EeMEtA clara re bles Ly EUGUE MT ACUEX. Vauquelin a analysé les sèves des différens végétaux , les- quelles lui ont été fournies par Cels. Voici le resultat de ses expériences : SÈve D'ORME , ulmus campestris , 1,039 kilogrammes de cette sève contiennent : Carbonate de chaux.......0,795 grammes. Matières végétales... ......1,060 Acétite de potasse ....... 9,240. D'autres expériences lui ont donné de l’acétite de chaux. Il y a aussi trouyé quelques légères traces de sulfate et de mu- riate de potasse. Sève DE ètre, fagus sylvestris. Il en a retiré , 10. De l’acide acéteux libre; 2°. de l’acide gailique ; 3° du tannin ; 4°. de l’acétite calcaire ; 50. de l’acétite de potasse. Une autre portion de la même sève du hètre avoit une cou- leur rouge assez foncée. Sa saveur étoit celle du jus de tan, qui a commencé à fermenter. Sa pesanteur spécifique étoit de 1,016 ; elle noircissoit la dissolution de sulfate de fer, et précipitoit la dissolution de colle forte. Cette sève a déposé, par l’évaporation , une grande quantité de matière brune. Cette matière pesoit 0,796 grammes, et provenoit de 9,171 hectogrammes de sève. Soumise à la distillation , elle a fourni un produit ammoniacal , une huile épaisse et fétide, et a laissé un charbon difficile à brüler. Ce charbon , traité avec l’acide muriatique , à donné 0,26 grammes d’alumine pure, et il ne pesoit nt que 0,21 grammes. Il paroît que cette alumine est formée par la décomposition d’un sel alumineux contenu dans la sève, Ce sera vraisemblablement l’acétite d’alumine. SÈVE DE CHARME, Carpinus sylvestris. Cette sève contient l’acide acéteux. Evaporée , elle donne un extrait qui paroît contenir une petite quantité d’ammo- niac toute formée , de l’acétite de chaux et une matière co- Jorante. Tome VII. NIVOSE an 8. ï 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sive De sourEau, betula alba. Cette sève paroît contenir de l’acide acéteux comme les autres, Evaporée, die donne un résidu syrupeux et sucré. Mise à fermenter avec de la levure de bière, elle asubi une vraie fermentation spiritueuse avec dégagement d’acide carbonique. Le produit distillé a donné de l’alcohol. Cette fermentation est due à la partie sucrée. Cependant on n'a jamais pu retirer de cette sève du sucre blanc et cristallisé ; ce qui le porte fortement à croire que la matière sucrée qu’elle contient n’y existe pas à l’état d’un véritable sucre, tel qu'il est par exemple dans la canne à sucre. SÈVE DE MARONNIER. Cette sève , évaporée, a donné beaucoup de nitrate de potasse. En versant, sur le sel obtenu de cette sève, de l’acide sul- furique étendu de 3 à 4 parties d’eau , on a senti très-sensi- blement l’odeur de l’acide acéteux. Ainsi, il paroît que cette sève contient , comme les autres, de l’acétite de potasse etsans doute de celui de chaux. Ces expériences prouvent l'existence de l’acide acéteux dans toutes les sèves examinées. L’acide carbonique s’y trouve également , maïs ordinairement libre : «Il se peut, dit Vauquelin , en parlant de la sève du hètre, que le sel calcaire arrive dans le végétal au moyen de l’acide carbonique , et qu'il se forme ensuite de l’acide acéteux qui, en s’anissant à la chaux, mettroit en liberté l’acide car- bonique, lequel se trouve libre dans toutes les sèves exami- nées jusqu’à présent, et qui se dégage si abondamment et avec une espèce d’explosion des arbres que l’on perce d’un trou de tarière dans le temps où la sève monte, comme l’a observé Coulomb » Dispan à analysé l’acide qui transrde sur les feuilles du pois chiche, cicer. Il lui a reconnu des qualités particulières et entièrement différentes de celles de l’acide oxalique. Il ne pré- cipite pas sensiblement l’eau de chaux, tandis que l’acide oxa- lique est le réactif le plus sûr pour découvrir la présence de la chaux qu’il précipite à l'instant. Il a donné à ce nouvel acide le nom de cicérique. W ne nie pas qu’il ne puisse être mêle avec une petite portion d’acide oxalique Deyeux néanmoins persiste dans sa première opinion , et soutient que ce prétendu nouvel acide cicérique m’ost que de l'acide oxalique. ENT DANS LINONINRIE) NA UTNU, RMENDATRE: 6} Humphrey Davy a fait voir que plusieurs plantes contenoïent une quantité considérable de silice. Deux morceaux de bonnet- canne , espèce de roseau , frottés l’un contre l’autre, donnent de la lumière. On ne savoit à quoi attribuer cet effet. Il fit pour lors l’analyse de cette substance , et il en retira une grande quantité de terre siliceuse. Cette terre est si abon- ane dans l’écorce , que par le frottement elle donne de la umicre. Macie avoit prouvé que le bambou en contenoit une grande quantité. J'ai fait voir que notre arundo sativa en contient éga- lement. Girod-Chantram , en brûlant la couferva canalicularis ; à obtenu environ 0,09 de résidu calcaire. Vauquelin a retiré de l’alunine de la sève de hètre. Le même chimiste a retiré de la magnésie dans l'analyse de la soude Ainsi, voilà l'existence de la silice , de la chaux, de la magnésie et de l’alumine bien prouvée chez les végétaux. Scheele avoit trouvé le manganèse dans plusieurs plantes. Proust en a également retiré de plusieurs plantes. On sait que le fer y est très abondant. Il ne paroît pas non plus qu'on puisse nier qu'il s’y trouve queiquefois de l'or. D'un-autre côté, on y trouve les trois alkalis et plusieurs acides. D'REMPE EL M EICHHSE MOI EM DIE! S MFAUNET EMEA QUUX: Fourcroy et Vauquelin ont fait un beau travail sur l'urine humaine. Voici le résultat de leurs expériences : l’urine fraîche contient, suivant eux, dix substances principales. A. Le muriate de soude qui cristallise en octaèdre dans l'urine évaporée. B. Le muriate d’ammoniac dont la forme naturelle d’octaèdre est modifiée en cube par son union avec la matière urinaire particulière , comme celle du précédent, passe , par la même combinaison , du cube à l’octaèdre. C. Le phosphate acide de chaux formant le 700 environ de l'urine, regardé autrefois comme une terre, se précipitant par l'addition des alkalis , qui lui enlèvent son excés d’acide, entraînant toujours une matière gélatineuse que cet acide tenoit HE . 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en dissolution , troublant les urines au momenñt où l’ammoniac s’y développe. D. Le phosphate de magnésie décomposé par les alkalis , et donnant sa terre mêlée avec le phosphate de chaux qui se dépose, devenant sel triple et se séparanten cristaux par la forma- tion spontanée de l’ammoniac. E. Le phosphate de soude efflorescent à l'air , toujours uni au phosphate d’ammoniac. F. Le phosphate d’ammoniac, surabondant lorsque l’urine est fraîche , augmentant beaucoup par la décomposition et la formation de l’ammoniac , donnant seul du phosphore, lors- qu'on chauffe le sel fusible autour de l’urine , avec du charbon. G. L’acide urique , nommé très - improprement d’abord acide lithique. 1 se cristallise par le refroïdissement de l'urine, et forme le sable rouge que ce liquide dépose au fond des vases. Il est plus abondant chez les malades. On le dissout très-bien par l’alkali caustique. H. L’acide benzoïque , plus abondant chez les enfans , facile à obtenir de l'urine évaporée en syrop , mêlée à un 10€. d’acide sulfurique concentré et distillé. . 1. La gelatine et l’albumine, très-variables en proportion dans les diverses espèces d’urine , se montrant en nuages dans l’urine où se forme l’ammoniac , en filamens dans l'urine où l’on jette un alkali, en floccons par l’évaporation de l’urine. Se préci- pitant par le tannin qui sert à en déterminer la proportion, occasionnant la prompte putréfaction de lurine qui les contient abondamment, paroïssant être, par leur augmentation, la première cause de la formation des calculs , et leur fournissant le gluten qui en lie les molécules, suivant dans leur proportion l’énergie ou la foiblesse des forces digestives, de la distribution de la matière chileuse. K. La matière urinaire spéciale, donnant à l’urine les pro- priétés caractéristiques , la constituant véritablement , lwi donnant son odeur , sa couleur, sa saveur, son altérabilité en ammoniac, en acide carbonique et acetenx , et c’est la plus abondante des matières contenues dans l’urine. Elle forme seule les de ses matériaux. Elle a été prise improprement pour un extrait savonneux par Rouelle le cadet. C’est à elle qu’est due la cristallisation presque totale de l’urine évaporée en consistance de syrop, la forme solide et cristallisée qu’elle prend dans cet état lorsqu'on y ajoute de l'acide nitrique con- Val EN D AH MES POP RMEMMNNANTAU REVIMENE. 69 centré, la cristallisation des muriates de soude et d’ammoniac modifiée, eten quelque sorte inversée ; la première du cube à l’octaèdre, et la seconde de l’octaèdre au cube. Cette ma- tière animale particulière que nous nommons zrée fait l'objet d'un mémoire particulier. Il paroît qu'outre ces dix substances, les véritables et les constans matériaux de l’urine humaine , elle contient quelque- fois , mais raremeut et accidentellement, du sulfate de chaux, du sulfate de soude, du muriate de potasse, de l’oxalate de chaux et de la silice ; que les unes ou les autres de ces sub- stances , sur-tout les deux dernières , ne sont que les produits rares de quelques dispositions particulières et peut-être mor- bifiques de l’urine. L’urine fermentée donne neuf nouveaux produits : 19. L’ammoniac en excès. 2°, L’acide phosphorique saturé par cet alkali. 30. Le phosphate de magnésie converti en phosphate ammo- niaco-magnésien. 4°. L’urate d’ammoniac. 5°. L’acide acéteux uni à l’ammoniac. 6. L’acide benzoïque saturé du même ammoniac. 7. Le muriate de soude devenu octaèdre. 80. Le muriate d’ammoniac devenu caustique. 9°. Le carbonate d’ammoniac. On peut ajouter encore la précipitation de la gélatine et de l’albumine opérée par l’ammoniac , et qui accompagne celle des phosphates , de manière que ces sels sont comme la matière des os, susceptibles de donner du charbon quand on les chauffe. Mais il se trouve dans l’urine une substance particulière qui en est la partie la plus abondante ; l’auteur l'appelle urée. Voici les principales prapriétés de cette substance : A. Elle cristallise en masses lamelleuses brillantes , compo- sées de lamelles ou de feuillets jaunâtres et serrés dans le centre , ou de grains réunis et condensés. Sa couleur est brune, son odeur est urineuse alkaline , sa saveur est piquante et âcre. B. Chauffée elle fond promptement et avec boursouflement. Elle se volatilise et donne une odeur atroce. C. Par la distillation, elle donne plus de deux tiers de son poids de carbonate d'ammoniac. Une petite quantité d’acide 70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE prussique de charbon et d’acile benzoïque# et un sixième de son poids de muriate d'ammoniac. D. Elle tombe très-facilement en déliquescence, et forme une masse pâteuse. E. Elle fermente très-dificilement lorsqu'elle est seule ; mais si on y ajoute une substance animale gélatineuse ou albumi- neuse , la fermentation est prompte. Il se forme du carbonate et de l’acétite d’ammoniac. © F. Si on la mêle avec de l'acide sulfurique, elle se convertit lentement en acide acéteux etenammoniac. G. L’alkali fixe la dissout , et la fait passer à l’état de car- bonate et d’acétite d’ammoniac. H. L’urine analysée donne Oxygène.........0,39.5 AZofe tr -Ne HA OI 020 .. Hydrogène... ..::0,13.3 Carbone ..... NOTE Il faut remarquer néanmoins que sur les 39 à d'oxygène , il y en a environ 11 qui appartiennent à l’eau toute formée , ainsi que 2 d'hydrogène ; en sorte que l'azote est réellement son principe dominant , ce qui est cause qu'elle fournit une sj grande quantité d'ammoniac. L'auteur conclut, de tous ces faits , que l’urine emporte la surabondance d'azote , qui se trouve dans l’économie ani- male. Les reins, dit-il, deviennent pour le physiologiste le couloir naturel de l'azote, comme les poumons le sont du car- bone et le foie de l'hydrogène. Du jaune amer des substances animales traitées par l'acide nitrique. Welter ayant traité de la soie par l’acide nitrique , pour en retirer de l'acide oxalique , fut fort surpris de n’en point obte- nir; mais il trouva à la fin de l'opération un sel soyeux d’un jaune doré , et se comportant à l’approche d’un charbon comme la poudre à canon, en produisant une fumée noire. Cette substance donne des cristaux soyeux qui paroïssent octaèdres ; ils sont solubles dans l'eau et l’alcohol. Ils teignent la soie. Il traita la chair de bœuf par le même acide nitrique ; il en retira le jaune amer combiné avec une autre substance. fl retira cette seconde substance pure en traitant l’éponge ar l'acide nitrique. Cette seconde substance est sans couleur ; elle est soluble dans lacide nitrique , et se laisse précipiter par l’eau. EU DY HAUT SYMONR EUN A TIULR ELLE, 7x Parmentier et Deyeux ont fait un grand travail sur le lait. Ils ont prouvé que dans une traite, la première contient beau- coup moins de crême que la seconde, et la seconde beaucoup moins que la troisième. : DNEXSMEANRATIS: L'art de la teinture est un de ceux qui reçoivent le plus de lumières des sciences , et sur-tout de la chimie. Aussi les savans s’en occupent-ils beaucoup aujourd’hui. J. M. Haussman a examiné les effets que produisoient dans la teinture la dissolution d’étain et leurs oxides. « La variété et la solidité des couleurs, dit-il, dépendent autant de la quantité d'oxygène combiné avec ce métal, que des circons- tances où cette combinaison a lieu. » La meilleure manière de faire ces dissolutions est de mêler l’acide nitrique avec le sel commun , au muriate de soude, et d’y ajouter ensuite l’étain. C’est à ce chimiste que l’on doit la couleur connue sous le nom de prune-monsiezr. Il la faisoit en mêlant 48 livres de la dissolu- tion nitro-muriatique d’étain, autant de muriate de soude et 96 livres de décoction de bois de campèche. Il y trempoit VPétoffe en remuant pendant quelques minutes, après quoi il la lavoit et l’apprêtoit. Prenant , au lieu de bois de campèche, la cochenille ou le bois de fernanbouc, on obtiendra de beaux rouges, ainsi qu'un beau jaune en employant le bois jaune. Il faut, dans toutes ces opérations empêcher que l’oxide d’étain coloré ne se précipite ; c’est ce qu’on fait en ajoutant du muriate de soude ou d’ammoniac, au mélange de disso- lution d’étain avec les décoctions colorantes. Ces oxides d’étain paroissent agir par la portion d’oxigène qu’ils fournissent à la matière colorante. On connoît aujourd’hui toute l'influence de l'oxygène sur les parties colorantes. Les étoftes trempées dans le bain d’in- digo paroissent vertes au sortir de la cuve, et elles ne de- viennent bleues que par la combinaison de l’oxygène de l'atmosphère. L’encre noircit à l'air par l'absorption de l’oxyoène. L'auteur a beaucoup multiplié ces expériences en employant différens acides En voici une fort singulière qu’il rapporte. « À l’occasion de ces expériences, j'en ai répété quelques- unes de Pelletier. J'ai été frappé de l’odeur de phosphore 72 JOURNAL DE: PHYSIQUE, DE CHIMIÉ qu’exhale le mélange d’une once de dissolution muriatique d’étain en petit excès d’acide} avec une demi-once d'acide arsenic en liqueur. Ce mélange, qui prend d’abord: une cou- leur jaune transparente, ne se trouble que peu-à-peu , et ne répand l’odeur phosphorique que lorsqu'une grande partie de l’oxide d’étain est précipitee. Cette odeur se passe petit-à-petit pour faire place à celle de l’hydrogéne ; en échauftant ce mé- lange sur un poële, il devient noir par la réduction de lar- senic. Comme j'ai remarqué constamment cette odeur, je serois tenté de croire que l’hydrogène se combine par le mélange de la dissolution muriatique et de l'acide arsenique , au radical de l’acide muriatique , pour former le phosphore dont l’odeur peut bien disparoître par l’oxygène , que loxide d’arsenic ui cède lorsqu'il prend la forme métallique. » Haussinan à encore examiné la nature de différens prussiates, relativement à la teinture. Des oxides de mercure ou d’argent, soumis à l’action du prussiate de potasse ou de chaux acidulés par l’acide sulfarique ou muriatique , ont donné un ‘beau bleu. L'acide arsenique , dans les mêmes circonstances , donne également un beau bleu. Des étoffes plongées dans des disso- lutions de platine ou d’or, et ensuite exposées à l'action de la liqueur du prussiate de potasse ou de chaux, acidulés par VPacide sulfurique, donnent également un beau bleu. ... Mais, dit l’anteur , il me paroît que la plupart de ces bleus sont du prussiate de fer. Le même chimiste a employé la teinture de mars alkaline de Stahl dans les teintures. Il fait dissoudre le fer dans l’acide nitrique , et le précipite avec du carbonate de potasse, Chaptal a examiné en chimiste l’art du dégraisseur, et il a fait voir qu’il exige les connoïssances les plus étendues en chimie. Il s’agit de connoître non-seulement les procédés d’en- lever les taches, mais encore de ne pas altérer la couleur , et même de la raviver lorsqu'elle a été altérée. Il donne diffé- rens procédés pour les différentes taches. En voici un qui convient, dit-il, dans beaucoup de circonstances. On fait dissoudre du savon blanc dans de l’alcohol ; on mêle cette dissolution avec quatre à six jaunes d’œufs ; on y ajoute peu-à-peu de l'essence de thérébentine, et on y ‘incorpore de la terre à foulon ; de manière à en former des sayonnettes d'une consistance convenable. Pour rendre le lustre que le lavage emporte toujours, on se sert d’une brosse humectée d’une eau légèrement gommée y EPNNDAH SUR OUTRE NATURE L'ILE. 73 ommée, dont on a frotté l’étoife. Ou applique ensuite une euille de papier, un morceau de drap, et nr poids assez considérable , sous lequel on jaisse sécher l’étoffe. Beyer a perfectionné son glass chord ou forte piano, qui, au lieu de cordes, a des bandes de verre; il en a étendu le clavier à quatre octaves. Lomet a donné des moyens de faire de bons crayons, qui soient plus ou moins fermes , plus ou moins tendres. On prend de la sanguine que l’on broie, et que l’on passe à travers un tamis bien fin ; on la mélange ensuite ou avec de la $omme, ou avec de la colle de poisson , on avec du savon blanc; et suivaut les proportions de ces différens mélanges , on obtient des crayons tels qu’on les desire. Pajot-des-Charmes est parvenu à souder des glaces qui ont été, brisées. Il en rapproche bien toutes les parties, et les expose à un feu capable de les ramollir, au point qu’on peut les faire passer sous le cylindre, et les étendre. Il fait disparoïître par ce moyen les bouillons qu’elles peuvent contenir, et il les décolore. Fabbroni a donné un procédé pour blanchir les estampes. 11 commence par les étendre sur un carreau de vître, entouré, sur les bords, de cire blanche à la hauteur de denx doists, pour former une espèce de bac ; il verse dans ce bac de l’urine fraîche , on de l’eau mêlée avec une portion de fiel de bœuf : les estampes demeurent dans ce bain trois ou quatre jours ; il Ôôte cette liqueur , et y substitue de l'eau chaude, qu’il renouvelle toutes les trois ou quatre heures, jusqu’à ce qu’elle sorte claire. Lorsque la matière dont les estampes sont salies est résineuse, on les fait tremper dans un peu d’alcohol ;on en laisse ensuite égouter toute l'humidité. On couvre alors l’estampe d’acide muriaque oxygéné par le zzznium , de la manière dont nous allons le dire. On met un autre carreau de vître sur les bords de cire, pour que les vapeurs de l’acide n’incommodent pas. Les estampes les plus jaunes reprennent leur blancheur en une ou deux heures, On lave alors les estampes différentes fois dans l’eau pure, et on les fait sécher au soleil. Clouet a donné un procédé pour convertir le fer en acier fondu , semblable à celui que fabriquent les Anglais. On sait que pour faire l’acier , on prend des petites barres de fer , qu'on met dans un vase avec des matières végétales et animales. On tient le tout à un feu assez vif pendant un certain temps : le Tome VII. NIVOSE an 8. 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fer se ramnolit , et il se combine avec lui une portion de charbor que l'on: suppose être 0,2013 de son poids. Un trente- deuxième de charbon , dit Clouet, suffit pour rendre le fer acier. Un sixième du ‘poids du fer , donne un acier plus fusible et encore plus malléable ; passé ce terme, il se rapproche de la fonte, et n’a plus assez de tenacité. Enaugmen- tant encore la dose de charbon, on augmente la fusibilité, et il passe enfin à l’état de fonte grise. Le fer fondu avec du verre, donne une substance qui a le grain de l’acier. Il est doux à la lime. Chauffé seulement au rouge-cerise , il se divise sous le marteau. Il coule dans une lingotière ; maïsil n’a pas de dureté , quoique trempé: Le charbon ajouté au verre depuis un trentième jusqu’à un vingtième , change les résultats , et donne une substance qui a toutes les propriétés de l’acier fondu. On peut encore faire cet acier d’une autre manière. Où prend six parties de fer doux, tel que des rognures de clous de ma- réchal. On les met dans un creuset avec deux parties de marbre blanc, et deux d'argile, et on chauffe fortement. On obtient un acier semblable à l’acier fondu. On suppose que l'acide carbonique du marbre , se dé- compose , et fournit au fer assez de charbon pour le convertir en acier. Voici le tableau des combinaisons du charbon avec le fer. Oxide de fer et charbon donnent du fer doux. Plus de charbon..... acier. , Plus de charbon..... . fonte blanche. Plus de charbon ...... fonte grise. Si on laïsse tomber une goutte d’acide sur de l'acier , il demeure une tache noire , laquelle est due à la portion de. charbon ; qui n’est point attaquée par l'acide. L'acide, au contraire , ne laisse point de trace sur le fer, qui en est entièrement dissous. Vauquelin à examiné avec sa sagacité ordinaire l’art de la poterie. Quatre choses , dit-il, influent sur sa qualité ; 1°: la ‘ nature et la composition de la matière ; 2°. la préparation qu'on lui fait subir ; 3”. les dimensions qu’on donne aux vases; 4°. la cuisson. Les matières dont sont composées les poteries, sont la silice, l’alumine , la chaux et les oxides de fer. La silice fait à-peu- près les deux tiers de la plupart des. poteries , depuis 0.66 jusqu’à 0.80. END DAMES CIMOMRNEUN AMNUVR- EL L'E: 75 L'alumine en fait depuis 0.20 jusqu’à 0.33. La chaux depuis 0,05 jusqu’à 0.20. Le fer depuis 0.12 jusqu’à 0.15. La silice donne la dureté , l’infusibilité , l’inaltérabilité. L’alumine donne le liant, la facilité de la pétrir et de la mouler. La chaux ne paroît pas utile. Si elle est en trop grande quan- tité, elle rend la matière trop fusible. L’oxide de fer colore en trop grande quantité ; il donne trop de fusibilité. Je crois que Wedgwood ajoutoit à quelques-unes de ces pote- ries, de l’oxide de manganèse. Le mélange de ces terres doit varier suivant l’usage qu’on -destine à la poterie. La forme des vases doit être appropriée à l’usage. La cuisson, la couverte ou vernis, varient également. Vauquelin donne ensuite l’analyse des différentes terres employees le plus communément. La terré des creusets de Hesse contient : silice 69 ; alu- mine , 21.5; chaux, 1 ; oxide de fer, 8. L'argile de Dreux contient : silice , 43.5 ; alumine, 33.2; chaux, 3.5 ; oxide de fer, 1 ; eau, 18. L’argile du pyromètre de Wedegwood, contient: silice, 64.2; alumine , 25 ; chaux, 6 ; oxide de fer, 0,2 ; eau, 6.2. L'argile des capsules de porcelaine contient : silice , 61 ; alumine , 28 ; chaux , 6 ; oxide de fer, 0.5. Le kaolin brut, sur 104 parties , contient : silice 74 ; alu- mine , 16.5 ; chaux , 2 ; eau, 7. Cent parties de cette terre, traitées par l’acide sulfurique, ont donné 8 d’alun. Le kaolin lavé contient : silice, 55 ; alumine , 27 ; chaux, 2; fer, 0.5 ; eau , 14. Ce kaolin traité par l’acide sulfurique , donne 0.45 0.50 d’alun. Petunzé contient : silice, 74 ; alumine, 14.5 ; chaux, 5.5; perte, 6. Cent parties de cette substance, traitées par l’acide sulfurique , ont donné 7 à 8 parties d’alun. Porcelaine des creusets , contient : silice 64, alumine, 28.8 ; chaux, 4.55; fer, 0.50 ; perte, 2.77. Traitée par l’acide sul- furique, elle n’a point donné d’alun. K 2 à "4 Le y * \ 1 î OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. : a T HER M/O'M EE TRE. BAROMÈTRE. S ER = CE EL | Maxamui. | Minrmun. a Mrpr. Maximun. Min:MUm. AMipr. 1fémidi #- 2,587 * Lim. — 0,8. 2,5 (à7"1 108 9,5 |[antls .. 1598. 2,2) 98. 24 22". 2,648 im 2,0 2,6 là 8 m.. 28: 2,5 |à2 6... 48. 1,8) 28. 2,2 SB23s + 2zài7im 10, 12,5 là 7 14m. 28. 0,5 |àG ,s.... 28. 01:28. 0,5 4238 + 7rlà 75m. + 1,54 6,7 fa2 Às... 27.11,a | à 71m 27.10,8| 27.11,1 sl midi +7,8à7 im. +8,2E 78 fa3 s ..2$. 0,4 | à 7 ©n... 28. 0,6| 27. 0,4 683 s. + 5,5là 75m. +2,53 5,4 la midi... 28. 0,5 |à 7% m.... 28. 0;4| 28. 0,5 78 s + 2,2à7}m. +o,2+on las s 18. 1,7/[ à 8 m....928.1,5| 28. 1,7 8256 +H2,1à7im. — 2,5. 0,5 a midi 28. 1,6 | a & . 28., 1,41:28. 1,6 93 15. + 5,1la 7 mm. — 2,41 ,9, Îa 7 5m 27.11,8,| 413 27.10;4| 27.11,2 1012458 + 6,08à7?m. + oki-+ 4,5 a 75m... 27. 7,6 |à22s 27. 6,0| 27. 6,8 | 1aifä mndi + 7,7là7 mt 4,2)t 7,7 Là midi... 27. 67 la 5Ès 27. 3,5| 27. 5,7 | 18 308. + 7,4là 8 me + 4,814 6.3 a midi 27 16.618 85m. 27.8,6| 27. 3.6 | 14là 8 m. + 2,4là midi + 2,74 1,7 Pa 8 m...27. 48 la8 m 27 4551.27- 4,8 | 14/8 midi + 4,2là 8 m, +2,26 492 la 2 os 7. 7 An 27- 67107 | 15/a8 m.+u3a2?s Loklkoy7iàäs s à 8 m.... 27.10,6| 27.10, | 16/a2 ?s. “+ 3,2/à 7 À m HE 2,9 Pa 71 m azis. 27.10,1| 27.10,4 17là midi —- 5,5à 8 m. +2,3+ 49 |àa8 m.. à 2 L8...127.178| 27.170 16la midi + 7;1là 8m. 2,3 71 facil s 18m. 27/77] t27: 822 | 19/42 S. + 1,0 à 8 m of 1,7 a 21 frise à 8 m.. 27. 9;2| 27. 9,9 20/à 25 #“-2,0à 8 m 0,0 3,0 Ja 2, s: à8 m. 27. 9,9! 27.10,1 arjà 25m. + 1,1là 7 5 m 0,4 0,4 A SNS: à 7; m. 29.11,4| 27.8 222245. + o,9à 8 m. — 2,3 — 0,8 à midi à 2 4s.... 27.11,5| 27.11,8 23là 212s. —+ o,djà 8m. —0,8 — 0,0 Fa8 m 27.10,0 là 24: 27.10,1| 27.10,3 24h 81s + 1,gà 8 m. — 2,0 — 1,9 à 8 m...27. 8,5 là 51e... 27. 7,ul 27. 8a 25la 3 s + o,5là 8 m —2,6|+ 0,5 fa 8 m... 27. 6,5 |[à5 s 27. 6,9| 27. 6,3 261à3+s — 1,8 8m —48)— 20e md 127.167 18 im 27. 5,4| 27. 5,7 27là 858 —2,1là 8 m — 30 2,5 ja 51 s... 27. 6,3 |à8 m 27. 5,8] 27. 5,9 28/là 25 — 3,9là 8 m — 7,0|— 4,5 |: 8m 2710, 78e ls 27.10,4| 27.10,4 | 29 12 s —/A,olà 8 m — 6,5 — 6/6, Aa 24 s 27.11,1 [à 8 m.... 27.11,9| 27.11,0. A 3 5 — 5,flà 7 5m 9,6, 6, ji 7am:.. 2711,3 | ES (6....127.10,0| 27.10,6 RÉ CHAMEUT TUE YAUT INOUN: + ’ Plus grande élévation du mercure, . . 26. 2,51 le premier. Moindre élévauon du mercure. . . . 27. 3,50 le 4 Élévation moyenne. : : . . 27. G,O1 Plus grand degré de chaleur. . . .. + 7,9 le 11 à Moindre degré de chaleur. . , .. CO CU ZT ENG T Chaleur moyenne. . ... — 1,0 Nombre de jours ibeaux. 2: 0012. . 9 découvEnt UE LRU PUS 18 déplier EE DPE “ A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Frimaire an VIII £ Hvgce | VENrs: 1] 72,5 | N-E. 2| 79,0 | N-E. 3 79,0 | S-E 4 82,0 | S-E 5| 85,0 | Calme 6| 79,5 | Est 7| 780 | Calme 8 78,0 Sud g|"770 [N. 10| 82,5 | E-S-E 11 84,0 S-E 13 06,0 Calme. 14| 86,0 | Cslme. 15| 910 | N. 16| 93,0 | Calme. 17| 950 |E 18 90,0 E-S-E. 19 | 90,0 S-E. 20 | go,o | Calme. 21 88,5 Calme. 22 | 87,0 | Calme. PNRTPT Idem ; givre 23 | 88,5 | Calme. Ciel couvert. 24 | 85,0 | Calme. Ciel couvert ; brouillard 25 | 79,5 | N-E. Nuages et brouillard. 26| 76,0 | N-E. Ciel trouble et nuageux; brouillard. 27 | 78 | N. Ciel couvert; brouillard. : 28 | 70,0 | N. Dern Quart. Ciel en partie couvert ; 80: 29 | 52,0 N-E. Equin.descend. Couvert par intervalles 30 | 48,0 | NE. Quelques nuages; cl trouble. RÉCAPITULATION. demvents{. + + 0-0 1c de gelée, . . . . : : 1) de tonnerre. . . . . + © de brouillard, . . . + 20 de neige. LT TE Le vent a soufflé du N. .......... ... fois NOERP LE heor et .- 6 UE EE tee 2 SEM AN ul 27 Sat marins o SORT L o UNE o NON NES eee re (Q ER POINTS NI SAUPR UT PAT) ET NOTENTES LUNAIRES, DE L'ATMOSPHÈRE. Le LEUR BR PIERRE EUR Equin descend. Nuageux et brouillard ; givre le matin, couvert Le soir. |À Ciel couvert. Couvert; brouillard. Couvert par intervalles. ip Couvert ; brouillard. EU Brouillard épais le matin ; beau par intervalles. £ 3 Ciel trouble et nuageux; brouillard le matin. Beau temps; givre ; brouillard considérable. Quelques nuages ; brouillard. A Couvert et brouillard; petite pluie à 6 heures du soir. |£ Ciel couvert ; pluie abondante le soir. F Ciel couvert et brouillard. Prem. Quart. Idem. Equin. ascend À Brouillard épais et très-humide. Idem. Lune apogée. Couvert et brouillard ; pluie le soir. Quelques éclaircis. Quelques nuages. Ciel à demi-couvert. Gelée blanche et ciel couvert; brouillaré Beau ciel; brouillard considérable. 73 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLES LITTÉRAIRES-. Icones et descriptiones fungorum minus cognitorum. Figures et descriptions de champignons peu connus, avec sept plan- ches coloriées , par Persoox ; à Gottingue chez Brurkorr; 1800. Persoon, botaniste connu par ses hautes connoiïssances dans la cryptogamie , vient de commencer un nouvel ouvrage sur les champignons ; la première livraison offre des représentations fidèles d’une certaine grandeur peu connue, avec les descrip- tions complettes à chacune, auxquelles sont jointes des obser- vations relatives à des individus analogues. L’utilité des figures qui représentent ce que nous appelons des plantes parfaites, étant incontestable, il est inutile de démon- trer combien il est avantageux de se servir de ce moyen pour nous mener à la connoiïssance exacte des champignons. Il suffit de considérer particulièrement que la nombreuse fa- mile des champignons feuilletés, est d’une substance qui ne leur permet que peu de durée, et que, jusqu'ici on n’est pas -€ncoré parvenu à les conserver de manière à les bien recon- noître; d’un autre côté, il y en a de si petits, qu’on ne peut les voir q+’à l’aide du microscope. Ces figures, outre le plaisir qu’elles P'@urent aux amateurs et aux connoisseurs de tous les genres , tant jar leurs formes, et spécialement par leurs cou- leurs, peuvent &core servir d’herbier artificiel, en remplace- ment d'herbier naterel , auquel il est impossible de parvenir. Synopsis fungorum ; axrégé concernant les champignons, par \ i . Prrsoow ; à Gottingue, Crez ERUTKOPF , 1800. Cet abrégé traite de tous les champignons : Persoon, pour s'assurer par lui-même de h réalité de quelques-uns de ces végétaux décrits par divers autturs, comme étant nouvellement découverts, et pour en constat& la synonimie , prie les bota- nistes qui les ont fait connoître, de les lui communiquer , ne seroit-ce que pour les inspecter. D’autres botanophiles qui en atoient découvert ou qui se- roient dans le doute sur leurs classifications, sont également invités à les lui faire passer, comme plusieurs l’ont déja fait ; in- dépendamment qu’il satisfera de son mieux aux éclaircissemens ET D'HISTOIRE NATUREZLLE 79 demandés , il promet en outre de les insérer avec le nom de ceux qui les auront trouvés , dans ce synopsis. London Flora rustica ; Flore champêtre de Londres, conte- nant les figures exactes des plantes, soit utiles, soit nuisibles qu’il faut connoître dans l’économie rurale , gravées et dessinées par Frédéric Nodder , et enluminées sous ses yeux, avec les caractères scientifiques , les descriptions triviales et des obser- vations utiles, par FHomas Manrix , 4 volumes in-8°. L'objet de cette Flore est de faciliter à l’agriculteur les con- noissances botaniques nécessaires à la synonimie latine et an- glaise de chaque plante, suivant l’ordre , la classe, les carac- tères génériques et spécifiques en anglais, la plupart du temps d’après Linneus ; il est ensuite question des ouvrages auxquels on peut avoir recours. Tout ce qui a paru de cette Flore forme 48 cahiers , réunis en quatre volumes, et présente les figures avec les descriptions de 144 plantes. Ce recueil dispendieux n’est pas fini. $o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE PACS DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. NÉE eo Astronoriie. Fluide lumineux. Physique. Air atmosphérique Météreologie. Galvanisme. Zoologie. Anatomie des animaux. Physiologie animale. Botanique. Posologie végétale. Minéralogie. Cristallographie. V’olcans. Fossiles. Géologie. Chimie des minéraux. Chimie des végétaux. Chimie des animaux. Des arts. Observations metéréologiques. Nouvelles littéraires. JOURNAL DE PHYSIQUE, $ DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. PLU WT TRO SE 4 08. SUR LES OSSEMENS LA DE QUADRUPÈDES, TROUVÉS SUR LES CIMES LES PLUS ÉLEVÉES DES PYRÉNÉES; Par Philippe Prcor-Larevrouse , de l'institut national, ins- pecteur des mines de la république. Saussure et Dolomiez ont observé des couches calcaires-co- quillières sur les plus hautes Alpes, et Dolomiez en a conclu que postérieurement au redressement des couches primitives , les Alpes ont été recouvertes par un manteau calcaire que des accidens inconnus ont déchiré ensuite , et dont nous ne retrou- vons aujourd’hui que des lambeaux. Cette belle observation s'applique aussi aux Pyrénées, et vraisemblablement à toutes les grandes chaînes de montagnes. A-peu-près dans le même temps nous reconnoissions au Mont- Perdu, « que la partie la plus centrale, la plus élevée des Pyrénées, est d’une formation secondaire ; qu’elle est visible- ment l'ouvrage des eaux de la mer : qu’elle à accumulé ces masses énormes à une époque ou diverses familles d'animaux vivoient dans son sein ; à une époque encore où des continens étoient habités par de grands quadrupèdes (1). » (1) Voyage au Mont-Perdu. Joufn. des Mines, 15 fructidor an 5. Tome VII. PLUVIOSE ax 8. L 8a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La quantité prodigieuse de corps marins qu'on trouve sur les plus Re à sommités , dans toute l'étendue du système des montagnes dont le Mont-Perdu est le centre , à 3411,64 mètres (1,753 toises) au-dessus du niveau de la mer, prouve la pre- mière de ces deux vérités géologiques ; la seconde est démon- trée par les grands fragmens d'ossemens pétrifiés de quadrupèdes que mon fils, et F7izac, mon disciple, professeur d'histoire naturelle à l’école centrale du Tarn, ont recueillis dans les mêmes lieux, pêle-mêle, avec des coquilles et des polypiers ; j'en ai vu aussi de très-erands au port de Pinède. Mais si tout le monde reconnoît des coquilles au premier aspect; si les naturalistes les moins exercés ne sauroïent hésiter à la simple vue du plus grand nombre de madrepores pétrifiés , il n’en est pas de même des fragmens d’ossemens de quadrupèdes. Les notions d’anatomie comparée , nécessaires pour prononcer avec certitude sur cette question, ne sont pas aussi générale- ment familières aux personnes qui s’occupent d'histoire natu- relle ; j'en ai rencontré plusieurs qui , recommandables d’ailleurs par leurs connoissances , ont manié ces osseniens sans distin- guer leur origine et leur nature ; d’autres ont soutenu que ce u’étoit que des tiges mutilées de grands madrepores arbores- cens. Afin de convaincre les plus incrédules , et de mettre hors de toute atteinte un fait aussi important par les conséquences qu’on doit nécessairement en déduire, j’ai fait peindre par mon fils deux de ces fragmens d’ossemens ; ils offrent des caractères si sensibles ; ils conservent encore si parfaitement leur forme essen- tielle, qu'il ne restera plus de ressource aux plus difficiles, pour élever le moindre doute sur leur organisation primitive. Nous n’avons point rencontré sur les bases du sommet du Mont Perdu des ossemens entiers. Ce ne sont pour la plupart que des fragmens plus oumoins considérables d’os cylindriques. Il est d'autant plus impossible de déterminer avec quelque vrai- semblance l'espèce à laquelle ils ont appartenu , qu’il ést souvent d'flicile à cause du défaut des extrémités, de les rapporter à la place qu’ils occupoient dans le corps de l’animal. Mais il est facile , avec un peu d’attention et ur peu d’habitude de l’ana- tomie , de ne pas les confondre avec des tiges de polypiers. Leur coupe présente si bien d’ailleurs les parois osseuses; les deux lignes parallèles de leur épaisseur sont si fortement tracées ; leur substance spongieuse est restée si intacte; leurs cavités sont si bien conservées, qu’il faut être décidé à fermer les yeux à l’évi- ET DT) HAUTS ID O(T-R2E LE NVA TU: RUE LIBIE) 83 dence pour refuser de les reconnoître. On ne doit pas d'ailleurs se méprendre sur notre dessein ; nous voulons constater un fait précieux de géologie, et non pas résoudre un problême d’ana- tomie comparée. ]l nous suffit de prouver, et de mettre hors de doute qu’on trouve au Mont-Perdu des ossemens de quadrupè- des mêlés avec des corps marins, les uns et les autres pétrifiés. Quelquefvis la cavité médullaire est entièrement libre , sou- vent elle est remplie par la pierre calco-argileuse micacée, qui constitue les couches de ces immenses dépôts secondaires dans lesquelles les ossemens et les corps marins sont encastrés. Mais elle se distingue toujours au premier coup-d’œil, par le seul contraste des caractères extérieurs de ses parois, En effet, le tissu osseux est toujours plus ou moins converti en silex souvent résiniforme, mordant l'acier, scintillant au briquet avec cette odeur qui lui est propre , se refusant au plus léger signe d’ef- fervescence. Ces ossemens présentent une singularité trop digne de remar- que pour que je puisse l’omettre, quoiqu’elle me paroisse inex- plicable. Presque tous les fragmens ont leurs coupes lisses et point baveuses ; leurs surfaces portent des coches nettes et pro- fondes, comme si un instrument tranchant, dirigé avec, force en eût enlevé une portion lorsque l’animal jouissoit de la vie. Passons à l'explication des figures qui représentent deux frag- mens d’ossemens. ; LesrrG6.1et 2;pl. 1, représentent un fragment d’os cylindrique ; je juge que c’étoit la partie supérieure d’un fémur. Sa tête A a été tronquée ainsi que les trochanters B. La cavité médullaire est parfaitement libre dans toute la longueur de l'os; elle se contourne même un peu du côté de la tête À qui a été tron- quée. L’animal auquel ce fémur a appartenu pouvoit être à-peu- près de la grandeur d’un bouquetin. F1c. 3. C'est un fragment d’une vertèbre dorsale ou lombaire. 11 n’est pas possible de la définir exactement à cause de la tron- cature de ses différentes apophyses. Le corpsMagrertèbre est intégre, parfaitement arrrondi, et il conserve encore sa texure osseuse. L’une des apophyses transverses est tronquée à sa base A. tandis que l’autre qui est aussi tronquée, fait une saillie de quinze à seize millimètres en B. La partie inférieure ou le plan- cher de la cavité médullaire C est bien prononcée dans toute la longueur du corps de la vertèbre. Elle a été mise à découvert par la troncature de la voûte, qui manque en entier ainsi que l’apophyse épineuse.... Je possède plusieurs autres fragmens Er n 84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de vertèbres de la même grandeur, mais moins bien conservés que celui-ci. On peut estimer que la taille de l'animal de la stature duquel cette vertèbre a fait partie, égaloit à-peu-près celle d’un fort baudet. 4 Je pourrois ajouter plusieurs autres fragmens d’os cylindri- ques plus petits et qu’on ne peut rapporter qu'à des fémurs ou à des humérus ; la partie supérieure d’un grand os long dont : les condyles sont tronqués ; d’autres qui figurent très-bien les os du carpe ou du tarse, etc., etc. , ete. Si l’abord du Aont- Perdu étoit moins difficile, on parviendroit , je n’en doute pas, par des recherches suivies, à y recueillir des morceaux d’un grand intérêt. Ceux que je viens de décrire suffisent pour rem- plir le but que je m'étois proposé. , DESCRIPTION DE L’HYDROPHOBIE ÉODE IN APR AGE CONFIRMÉE, Suivies par B. G. Sace, directeur dela première école des mines. De tous les faits dont j'ai été témoin, et de ceux quim’ont été rapportés, aucuns ne sont plus positifs , plus mémorables que les suivans. Les citoyens Hadoux et Vallon , officiers de santé de l’hospice de Blois en ont été témoins ; ce dernier a donné, pendant plus de deux mois, des soins à la malheureuse dont on va lire l’histoire. Le 11 janvier 1796, un chien enragé s’étoit retiré sous le hangar d’une maison du hameau de Villeberfo! près Blois. Une fille âgée de 24 ans étoit allée , vers les sept heures du matin, pour prendre ois ; le chien se jetta sur elle , la terrassa et la mordit endeux endroits, au gras de la jambe dont il em- porta gros comme un œuf des muscles; cette jambe offroit quatre plaies effrayantes faites par les deux machoires de ce chien, lequel s’étant introduit dans la ferme voisine, mit en pièces des oies. J’en fistuer une qui avoit été mordue à l’aîle : après l'avoir plumée on trouva cette aîle trois fois plus grosse que l’autre ; il en sortit de la sérosité. Un chien de berger $e jetta sur le chien enragé qui le mordit ET. D''H HN SIT OÙCR.E ‘NA TU RJE.I LEA! 85 à la lèvre inférieure (1). Le berger étonné du bruit, sort de son lit, ouvre sa porte et est aussitôt assailli par le chien enragé qui le mord au nez et déchire une partie de sa narine droite. Ce jeune homme repousse ce chien du bras gauche et en est mordu vers le milieu ; le berger tombe, le chien se jette sur sa jambe gauche et la mord en deux endroits. ip 1 Ces évènemens se passoïent dans la ferme que j’habitois; on vint me chercher ; je lavai les plaies du berger ; je rapprochaiï ” le morceau de la narine par ün bandage , et lui fis avaler quinze goutes d’alkali volatil fluor dans un demi-verre d'eau. Je mis ensuite sur les plaies des compresses d’eau alkalisée. Le- soir je levai les appareils ; le gonflement de la plaie du bras étoit en partie passé. ï À Une hémoragie survenue à la plaie du nez du berger, et les plaies effrayantes des morsures de la fille me déterminèrent à enyoyer un exprès au département de Blois pour l’informer de ce terrible accident, et lui demander le secours d’hommes éclai- rés;.les citoyens Hadoux et Vallon furent choisis et apportèrent les remèdes qu'ils croyoient convenables. Malgré un tampon qu’on introduisit dans le rez du berger, l’hémoragie dura, près de trente-six heures; pendant toutce temps on fit prendre au berger de l’eau acidulée de Rabel; on lui appliquoit des serviettes imbibées d’eau froide sur la tête et sut la nuque du col. $ é Onverra par la suite que l'acide qu’on employa rendit nul l'effet de l’alkali volatil dont le berger ne fit usage que pendant trois Jours. !, Le malheur voulut qu’il se retirât chez ses parens, où malgré la fièvre , il ne vécut que de lait caillé ; cependant ses plaies se cicatrisèrent , et au bout de uinze jours le berger revint gar- der ses moutons, ne se plaignant de rien, pas même des peurs et des sursauts qu’il éprouxoit le jour et la nuit. Quarante-cin jours après avoir été mordu, ce berger fut attaqué d’hydrophobie sans que ses plaies se rouyrissent. (1) J’engageai ce fermier à faire tuer ce chien; il se contenta de le mettre à part, et de lui faire prendre pendant trois Jours une omelette renommée. Au bout de quine jours le chien grognoit au lieu d’aboyer ; deux jours après on s’apper- cut qu'il écumoit; son cri étoit lamentable; 1l rejettoit le manger : ces symptômes précurseurs de l’accès déterminèrent à faire luer ce chien. “86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le 24 février au soir, en revenant des champs il se plaignit et dit qu’il croyoit avoir la fièvre; il l’avoit en effet; cependant il mangea un peu de soupe : la nuit son sommeil fut très agite. Le lendemain à onze heures du matin il m’envoya chercher et me dit, en me montrant une soupe épaisse qu’il avoit devant lui : l'eau me répugne. Cependant je fis apporter un demi-verre d’eau dans lequel je mis vingt-quatre gouttes d’alkali volatil fluor. Je lui présentai le gobelet qu’il prit en frémissant. Son bras se roïdit, et tout en disant je ne saurois boire, 1l fit effort et avala avec beaucoup de peine en trois fois l’eau alkalisée qui le calma. Une demi-heure après je réitérai la dose; l’horreur de l’eau étoit plus forte ; il fitles plus grands efforts pour parvenir à l’avaler. Ce garçon plein de courage disoit: je sens ma fin, qu’on tait pas peur; je remercie des soins qu'on veut bien prendre de moi : j'espère surmonter le mal. La seconde dose d’alkali volatil produisit encore un effet sen- sible. Sa peau qui étoit sèche, brûlante, devint moëte. On ne pouvoit approcher la main de la tête du berger sans lui faire éprouver une vive terreur, qu'il ressentoit lors même qu’il élevoit ses mains. A trois heures je lui présentai un peu de bouillon, mais il ne put parvenir à le porter à sa bouche; il pria qu’on n’employt ancun moyen pour lPy contraindre, disant que son nez, sa gorge , sa portrine et son estomac ne pouvoient rien supporter ; ses yeux etoient hagards; mais sa raison n’étoit pas éncore troublée. | 2 Ce berger parut éprouver un relâchement pendant la nuit ; il alla abondamment sous lui, et rendit des matières vertes. Le matin du 26 le berger étoit pâle et foible, cependant il se leva pour se changer, passa sa chemise par-dessous ses pieds, de peur de s’effrayer en la passant par-dessus sa tête ; à onze heures du matin l’œil droit du jeune homme sembla s’éteindre, il de- manda un gobelet pour essayer de boire, maïs sa vue le saisit d'horreur, il ne put l’approcher de ses lèvres ; il rejetta tout ce qui le couvroit, disant qu’il ne pouvoit le supporter. Peu après il dit, je voudrois boire , mais je ne puis supporter l’aspect de l’eau ; qu'on me mette du lait dans une assiette et un chiffon trempé dedans, je le succerai sans voir l’asâiette ni le lait, ce qu'il tenta , mais le fluide approchant de ses lèvres excita le grincement de denis et des convulsions. L’instant d’après il de- imanda un chalumeau de paille afin d’aspirer le lait, mais ce fut ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 sans succès ; dès que le fluide frappoitsa langue , il tomboit dans des convulsions épouyantables. S’approchoit-on de lui il étendoit son bras et disoit , écartez- vous; parlez bas, vous m’effrayez ; aussitôt le hoquet le prenoiït, il étoit suivi de soubresauts : il s'écrioit , ce hoquet va me faire périr ; je ne puis respirer; je n’aurai pas la force de les sup- porter : j'ai un poids énorme sur l’estomac. La fièvre ne se ma- nifestoit pas sensiblement. Vers les cinq heures de ce même jour la tête se prit, le berger délira. A six heures il entra dans une agitation effrayante ; il tenta de s'échapper. Des dragées qu’il avoit demandées quelques minutes ayant, et qu’il avoit mangées avec une espèce de fureur, me firent craindre l’accès de rage, c’est pourquoi je le fis lier aux quatre coins de son lit avec des doubles cordes. Il étoit re- tenu par le milieu du corps à l’aide d’un drap ployé en quatre et fixé sous le lit par des cordes ; ses bras étoient liés de ma- nière que ses mains pouvoient s'approcher sans se toucher-Pour parvenir à le lier, trois hommes forts lui jetèrent un lit de Les sur le corps ; on se saisit en même temps de ses bras et e ses jambes, il fit un violent effort pour se débarrasser , vomit une matière rougeâtre et fétide; peu après il urina : l'eau qui s’échappoit de lui le pénétra de frayeur et le fit tomber dans des convulsions terribles. Jusques-là le berger n’avoit éprouvé que de l’hydrophobie, un délire intermittent et convulsif ayec soubresauts et hoquets; dans les intervalles il jouissoit de toute sa raison , mais il la perdit à dix heures du soir où il commença à parler avec une vivacité extrême : de demi-quart-d’heure en demi-quart-d’heure ses sons ou plutôt ses cris étoient aigus, prolongés, lamentables ; il se débattoit violemment, grinçoit des dents et s’appaisoit. Quand il ne parloit pas il mordoit une cuillere de bois qu’on lui avoit laissée, et frappoit à grands coups la muraille avec une de ses mains qui étoit liée [âchement; puis il s’agitoit avec vio- lence, parloïit avec vivacité et fureur; pendant tout ce tempsil avoit sur les lèvres gros comme une noix d'une écume rousseâtre qui étoit repoussée par d’autres écumes mêlées de sang. Ce malheureux expira à quatre heures du matin, aprèsavoir resté six heures dans ce terrible accès ; je visitai son cadavre et ne trouvai rien d’extraordinaire à sa surface. L’hydrophobie ou horreur de l’eau dura trente-cinq heures ; pendant toutce tems le berger eut le rire sardonique, peu de délire, des hoquets avec soubresauts ; il ne pouvoit entendre -88 JOURNAL DE PHYSIQUE,-DE CHIMIE parler haut ni souffrir qu’on l’approchât , parce qu'on l’effrayoit, Lorsque l’accès de la rage se manifesta, le hoquet cessa , Le dé- lire ne quitta plus le malade ; il vouloit qu’on lui parlât haut et qu'on s’approchär. Il résulte de ces observations que dès que l’hydrophobie s’est manifestée il est impossible de faire passer aucun remède , que l'alkali lui-même est impuissant, tandis qu’il prévient les acci- dens lorsqu'il est pris à temps et que son effet n’est pas contrarié. La fille de Villeberfol qui a été si cruellement déchirée à la jambe une demi-heure avant le berger, en est une nouvelle preuve; mais elle fit un usage quotidien de l’alkali volatil. Ses plaies farent pansées suivant l'art à l’hospice de. Blois. Au bont de deux mois elle s’est trouvée en. état de reprendre. ses rustiques et pénibles travaux : elle étoit enceinte de quatre mois; elle a accouché à terme d’un enfantbien portant. On pourroit peut-être alléguer que la longue suppuration de la plaie a concouru à la cure de la rage, mais je puis assurer, et les officiers de santé de. Blois précités Pont vu, que plusieurs personnes mordues par des chiens enragés, n’ont éprouvé aucun accident en faisant usage de l’alkali volatil fluor ; leurs plaies furent traitées avec des compresses d’eau alkalisée , et se cicatrisèrent sans suppurer, * ! DA pe Let MD EEARO(E DE PF. BERTRAND A. G: A D ELUC: En lisant l’intéressant mémoire que vous venez de fournir au Journal de Physique (brumaire an 8), je me suis particulière- ment attaché à vos observations et réflexions judicieuses sur l’action des eaux courantes, sur les effets ou la part qu’on leur attribue communément dans la formation originelle des gorges et vallées , ainsi que dans la dégradation ultérieure de leurs faces ou escarpemens. Cette question est si importante , et les premiers regards que vous y jetez confirment ou justifient si bien la manière plus éten- due dont je l’ai déja traitée moi-même , que je tiens pour essen- tiel de rapprocher ici mes idées des vôtres, de les combiner et de nous consulter mutuellement pour, en partant d#s points déja : ED ASTIS INOULR E NATURELLE 8g déja convenus, arriver ensemble jusqu’à celui d’où pourra jaillir la lumière qu’on cherche depuis si longtemps. Dès :782, dans un Æssai sur la théorie de La terre, qui est resté presqu’inconnu , j'avois déja adressé à M. de Saussure les mêmes objections, les mêmes raisonnemens par lesquels vous combattez aussi son opinion d’un prétendu sillonnement dont les eaux courantes nous auroïent laissé des marques , encore visibles, sur quantité de roches, montagnes et escarpemens qui sont aujourd’hui à sec et même très-élevés. Il est donc aussi évident à vos yeux qu'aux miens, que jusqu’à présent nos plus habiles géologues sont restés dans l’erreur à ce sujet, et que, comme je le disois, on ne doit voir dans la face e ces escarpemens, que celle d’une vieille muraille dont les assises , soit en briques, soit en pierres, mais de qualités fort différentes , ont été plus ou moins et différemmient rongées , ex- cavées et même détruites par les vents, les pluies, les gels, dé- gels et autres météores. Car sûrement vous ne tenez pas beaucoup à la seconde explication par laquelle vous supposez que cette face étant l’eftet d’une rupture du haut au bas de la montagne, c'est la partie affaissée, écroulée, etc., qui en se séparant de celle-ci, en a arraché et emporté avec elle les portions qui sem- blent aujourd’hui y faire défaut ou excavation : il est cependant vrai qu’en tout cela il n’y a rien qui ne soit arrivé très-ancien- nement et même de nos jours ; mais vous sentez bien qu'il n’a pu en résulter que des arrachemens ou des pierres d’attente et autres brisures tellement irrégulières, que jamais elles n’eussent pu faire l'illusion d’un effet érosif, ni d’une eau courante, ni même des météores. Au surplus, c’est avec grande raison que vous refusez aux eaux courantes cette puissance corrodante qu’on leur attribue, et par laquelle on croit trop généralement qu’elles ont sillonné , gravé, creusé , non-seulement la roche qui faisoit leur rive ou aroi verticale , maïs sur-tout celle ‘qui faisoit aussi le fond et Fe radier de leur lit : de sorte que ce sont, dit-on, les fleuves et les torrens actuels qui, avec le temps, ont creusé et les larges vallées, et les gorges étroites et profondes où ils se trouvent au- jourd’hui encaissés jusqu’à n’être presque plus visibles, tels que le Rhône, le Maragnon.... Je me joins donc encore à vous pour soutenir que l’eau cou- lante est incapable de pareils effets ; qu'elle ne peut ni ronger, ni limer des masses vierges qui en sont une fois baïgnées ou hu- mectées , parce qu’alors elle ne pourroït frotter que sur elle- Tome VII. PLUVIOSE an 8. g9 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE même; et que d’ailleurs sa grande fluidité exclut même toute idée d’un pareil frottement ; enfin, que depuis nombre de siècles on la voit couler innocemment, quoiqu’avec grande rapidité, non-seulement sur des roches très-tendres, mais aussi sur des bancs de tuf et même de glaise qui, loin d’en être aucunement corrodée , se trouve au contraire comme plombée, et beaucoup plus ccmpacte à la surface qu’à l’intérieur. Mais si les Condamine , les Saussure et tant d’autres ont mé- connu la vraie cause de ces vallées, gorges et précipices qui doivent frapper d’étonnement tout autre que moi; s'ils se sont trompés lorsqu'ils ont dit que c’est le torrent ou le fleuve actuel qüi ae a creusés progressivement , du moins ils croyoient et ils ont fait croire que par-là le phénomène se trouvoit expliqué d’une manière satisfaisante ; au lieu que si vous vous bornez à démontrer l'erreur en assurant que ces coupures ecistoient avant le torrent , et qu'il ne les a enfilées que parce qu'il les a trouvées toutes faites (sans nous dire par quelle autre cause); non-seulement vous laisseriez ce grand problême sans aucune solution, mais j’ose ajouter que vous la rendriez impossible dès que vous en excluez absolument l’action des eaux courantes; j'ose dire que vous enlèveriez à la science géologique un des principaux fondemens sur lesquels elle pourra reposer. C’est ce dont j'espère vous convaincre par les considérations suivantes , qui ne seront qu'une application ou une conséquence de vus propres et excellentes idées. 1. Je commence par établir que l’erreur ou l'illusion que vous et moi reprochons aux autres géologues , n’est point en ce qu’ils reconnoissent ici une action des courans, car je la tiens pour incontestable , mais en ce qu'ils n’y voient que les effets du frottement qui est presque nul, de votre aveu, au lieu d’y voir cenx de la poussée, qui est une force puissante et toujours pro- portionnée , soit à la pente des eaux, soit à hauteur de leur retenue. : 2. Ensuite , je parts de votre observation qui est généralement vraie, et qui veut que la coupe verticale d’une montagne vierge, quelle qu’ait été la cause de sa rupture, mous présente une es- pèce de vieux mur brut ou décrépi, et composé d’une multi- tude d’assises qui sont plus et moins dures ou compactes, quel- ques-unes si tendres et même si molasses qu’elles se détruisent ou s'extravasent, en laissant les masses supérieures caverneuses et sans appui, ce qui souvent devient la cause évidente d’un nouvel abattis. BL D AMIS IVOMAREE, NA TU RE LL E 9 3. Les cascades abruptes que vous citez, toutes les autres en général et dans tous les temps, ont été des coupes pareilles , dont le mur de chute pareïillement composé a résisté plus ou moins longtemps à la poussée des eaux supérieures qui, par les crevasses verticales et les moindres poils dans les bancs les plus durs , établit des filets qui descendent et travaillent sans cesse dans les mauvaises assises , tantôt en rerzard et tantôt en sy-. phon, jusqu’à ce que délayées et chassées entièrement , elles nécessitent la chute de toutes les autres. Nous ne pourrions pas nous figurer combien , dans l’origine, il y en eut qui furent ainsi renversées à la suite l’une de l’autre, sur le même courant, et qui toutes ont disparu. 4. Je tiens pour certain, par exemple, que presque tout le lit actuel du Rhône, en Bugey, n’a été excavé que de cette ma- nière. Pour le prouver il sufhroit de la description que vous faites du lieu où ce fleuve se perd sous Belgarde ; car il est évident qu'il y avoit là une de ces cascades, comme vous le jugez vous-même , et qu'elle y seroït encore si les mauvaises assises ui se trouyoient sous le mur de chute, n’eussent pas été af- Huillées et enlevées par la force d’un syphon ou canal sou- terrain qui est devenu suffisant pour avaler toutes les eaux , plus même qu’ordinaires : chose encore dont il ne subsisteroit plus rien, ou dont personne ne se douteroit sans la solidité et l’é- paisseur d’un banc de pierre qui s’y est trouvé capable de se soutenir seul, en voûte ou plafond , non-seulement sur la. grande largeur du lit apparent, mais bien avant encore sous la masse et sous le poids de ses rives escarpées. Il est vrai que ce prodigieux banc de roche , calcaire.comme tous les autres, pa- roît règner presque généralement sous le Jura , et qu’on l’y voit également en porte-à-faux, tant le long des bords du Rhône, à l'amont et à l’aval, que sur la plupart des autres terreins, sur- tout Ja Valserine qui ne vient confluer au même endroit de Belgarde qu'après avoir longtems coulé presqu’en cachette sous ce même banc. 5. Néanmoins ce banc de pierre n’est pas le seul qui ait donné lieu à semblables accidens. Ici même, vous avez très-bien re- marqué que, fort au-dessus de celui-là il y en a encore quelques- autres qui avoient aussi résisté fort longtemps , et dont la chute tardive se manifeste, tant par les arrachemens, corbeaux et naissances du plafond qui restent suspendus, que par les énor- mes blocs ou débris qui en sont tombés sur la couverte du syphon intérieur , sans pouvoir l’enfoncer, et qui cependant y ont brayé M 2 _ 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE jusqu’aujourd'hui l'effort des plus grandes crues du fleuve. Il est même très-vrai, comme vous le dites, que c’est la main des hommes, ennemis ou envieux les uns des autres, qui a achevé la destruction de ce pont naturel qui , comme celui qui subsiste encore au-dessous, étoit aussi une des plus fortes assises du même mur de chute ; laquelle ayant été affouillée et isolée par Ja même cause, peut-être dans le mème instant, ne fut un pont à sec qu'après avoir formé un syphon, puis un aqueduc à fleur d’eau, tel que celui qu’on appelle la Perte du Rhône ; prenve certaine que le courant de ce fleuve étoit d’abord infiniment plus volumineux, et qu'il remplissoit du haut en bas toute la gorge que nous voyons. ‘ 6. Enfin ce qui doit lever tous les doutes sur la vérité de ce tableau , et ce qui démontre évidemment les percées souterraines qui ont achevé ou même commencé l’excavation de pareilles gorges, lorsque l’abondance et la rapidité des eaux pouvoient encore déblayer et emporter tous les débris et écronlemens à fur et mesure de leur chute, ce sont les deux autres faits naturels et bien plus remarquables que j'ai cités, aussi dans les en- virons (1), l’un près de Nantua, l’autre près d’Orgelet ; car aux yeux d’un bon observateur, tous deux montreront indubitable- ment les ruines, non pas uniquement d’un pont naturel, mais aussi de Ja masse entière et de tonte la hauteur de la montagne qui restoit perforée pour le libre passage du torrent; monstrueuse arcade qui s’est enfin écroulée , mais trop tard, c’est-à-dire lors- que ce torrent, étant déja évacué et presque réduit à-son régime ou volume actuel , n’avoit plus la force de vaincre pareils obsta- cles ; de sorte que cette grande gorge ou vallée qu'il avoit, et ui est encore par-tout ailleurs largement et très-profondément déblayée entre deux rives verticales, se trouve ici totalement barrée par un remblai si énorme en hauteur et en largeur, que malgré l’incohérence des pierres et autres décombres culbutées au hasard , il a suffhi dès l’instant, et il suffit encore pour faire l'office, non-seulement d’une chaussée d’étang , mais même d’un batardeau absolu , par lequel une rivière qui couroit à l’ouest dans l'Ain, fut tout-à-coup et pour toujours arrêtée , suspendue d’une centaine de mètres, et forcée de rebrousser chemin vers l’est, pour aller rejoindre la Valserine : et ce dernier fait un (1) Chapitre 16 des Nouveaux Principes de géologie. ET" D'HIS TOTRE NATURELLE 93 étang qui se vide par la queue, est encore une autre singula- rité qui n’est pas moins curieuse, mais qui n’étoit ni plus re- marquée ni mieux sentie, lorsque je fos ainsi frappé de toutes deux à la première tournée que je fis dans ce pays, il y a près de 30 ans. 7. Ainsi voilà déja une des plus importantes questions géolo- giques sur les préliminaires de laquelle je m’accorde avec vous plus qu'avec aucun autre géologue. J’espère donc que nous nous trouverons également d'accord sur le fonds , si, en poursuivant, jusqu’à une solution générale , vous daïgnez examiner et appré-, cier la marche par laquelle je crois y être parvenu. Car j'ai soutenu depuis longtemps , comme: vous le soutenez aujourd’hui, que les fleuves ou torrens actuels n’auroient jamais pu former les gorges et vallées dans le fond desquelles ils coulent, tant à cause de leur exiguité relative et manifeste, que parce que loin de les creuser , ils travaillent évidemment et in- cessamment à les remplir; qu’ils les ont donc effectivement trouvées toutes faites et déja creusées par quelqu’accident. J’es- père donc que partant de là, vous acheverez de juger définitive- ment ce procès tant débattu, en reconnoissant ayec moi, et par toutes les preuves que j'en ai données, 1°. que néanmoins cet accident antérieur n’avoit pu être lui-même qu'un torrent ; 2°. mais un torrent inoui et sans exemple; 3°. au’ici donc le physicien sera forcé d’abandonaer toutes les routes baïtues : en reconnoissant, dis-je , qu'avant d’être réduit et resserré comme il l’est, dans une infinité de petites fosses où fentes, ce torrent avoit évidemment coulé à plein bord, et même par-dessus les bords, c’est-à-dire par-dessus les plus hautes arrètes. qui font la rive et la séparation des plus grandes vallées ; que c’étoit donc d’abord un torrent universel , par conséquent la mer elle- même qui découvroit et ravinoit tout son fond , en fuyant très- brusquement pour aller ou se précipiter dans des abîmes, ou noyer et recouvrir un autre heémisphère. C’est-là, selon moi, le véritable accident, ou plutôt le pro- dige qui peut seul avoir été la cause première non-seulement des faits singuliers qui nous occupent ici, non-seulement des grandes faces escarpées, et encore plus étonnantes du Mont Salève qui ont été l’occasion de votre mémoire, mais presque généralement de toutes les formes, soit en relief, soit en creux, soit même en plaine, qui dessinent la face du globe : prodige enfin dont la supposition peut seule devenir la base de la géographie-phy- sique, et sans lequel tout y resteroit inexplicable. 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Or si après avoir donné quelqu’attention à mes zouveaux prin- cipes, vous trouvez concluantes les preuves nombreuses qui établissent celui-ci, je dois me flatter que vous adopterez éga- lement presque tous les autres ; qui ont avec lui de très-grandes connexions , qui se trouvent succintement analysés dans le Jour- nal de Physique, de thermidor dernier , et au moyen desquels je suis persuadé que vous pourriez, bien mieux que moi, faire et completter la véritable histoire du globe ; car c’est vous et votre digne frère qui me semblez l'avoir ébauchée ou apperçue mieux que qui que ce soit. C’est pourquoi j’invoque avecle mêmedesir et la même confiance, soit votre suffrage, soit votre critique sur ce grand sujet qui, sans doute, vous paroîtra ne pouvoir être bien traité, s’il ne l’est pas tout à neuf, comme je le pré- tends et comme j’ai été forcé de le faire, sans aucun égard, ni pour les systêmes les plus accrédités, ni pour les autorités les plus recommandables. AUNLAS EVE DE LA.MÉLANITE, PAR LE C. VAUQUELIN, -Conservateur des produits chimiques près le conseil des mines. Cette pierre a une couleur noire ; sa forme est un dodécaèdre à plans rhombes dont les arrêtes sont remplacées par des facettes étroites ; sa cassure est vitreuse et présente l’aspect d’un verre noir, cependant en faisant mouvoir des cristaux fracturés de cette substance, on y apperçoit de légers indices de lames paral- ‘lèles aux surfaces. Klaproth a analysé, sous le nom de mélanite, une pierre qui lui a fourni, 12-DeEtcilicesr her AO: 29D'alumine tele rte tee20, 0 2 De:chaux: MAR ANENENEANES 555 APAD'oxide detente MAO VDelmagnésie eat TO, 10 6°. D’oxide de manganèse..... »0,25. ÿ CNERTND} HIIIS TO TR ET N'ANTUUR EL D Lux 05 J'ai aussi analysé cette pierre par les moyens ordinaires, c’est- à-dire employant de la potasse pour en désunir les parties, et j'ai obtenu les résultcts suivans (1) : TO 1 SUCER Le RS NA cn le le 00e 20 HO Rauxe ee URL 9 90H RUN 2h norelalahtet set | 24 4°. Oxide de manganèse:...... »1,5. Ge litRiMen ste, AMEHNOTLTEN LS EE 98,9 Comme ces résultats s’éloignent beaucoup de ceux que le chi= miste de Berlin à fait connoître , j'ai recommencé mon travail en suivant une autre méthode. 1°. J'ai donc pris 100 parties de la même pierre subtilement pulvérisée, et j'ai versé dessus 5 à 6 fois son poids d’acide mu- riatique ; il y à eu une action vive même à froid , ce qu’a démon- tré la couleur que l'acide a prise au bout de quelques instans. Cependant la chaleur accélère beaucoup la combinaison ; l’acide muriatique acquiert alors une couleur rouge de sang , et la ma- tière se prend en gelée transparente qui s'attache facilement aux vases. 2°, Cette matière gelatineuseinsoluble dans l’acide muriatique lavée à grande eau, et calcinée au rouge pesoit 34 parties : c’étoit de la silice très-pure. 3%. La liqueur muriatique ainsi que les lavages de la silice, ont été évaporées à siccité de crainte qu’il n’y fût resté quelques parties de silice en dissolution , mais il ne se déposa rien, et en ajoutant de l’eau au résidu , la masse entière fut dissoute ; alors les matières furent précipitées par le carbonate de potasse ordinaire, et le dépôt soumis à la solution de potasse caustique bouillante, afin d’en séparer l’alumine s’il s’y en trouvoit; on en obtint effectivement 6. 4. parties. 4°. Après ayoir ainsi séparé l’alumine, on a lavé les autres substances , on les fit rougir légèrement et on versa de l’acide nitrique très-étendu d’eau, jusqu'à ce qu'il ne s’excitât plus (1) Les cristaux qui ont servi à cette analyse ont été fournis par les citoyens Delamétherie et Gillet-Laumont, 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'efferyvescence, et qu'il y eût cependant daus la liqueur un foible excès d’acide; par ce moyen on sépare très-exactement les substances terreuses de l’oxide de fer : celui-ci avoit une couleur rouge foncée ; laxé et rougi au feu , il correspondoit à 25,5 p., il contenoit une petite quantité d’oxide de manganèse qui pouvoit s'élever à une ou deux parties. 5°. Les terres furent ensuite précipitées de l’acide nitrique au moyen d’une solution de carbonate de potasse du commerce, et le dépôt lavé et sèché à la chaleur douce d’une étuve équivaloit à 62 parties. Ces terres étoient à l’état de carbonate. 6°. La liqueur d’où ces terres avoient été séparées fut évapo- rée À siccité pour s'assurer s’il n’en restoit pas quelques traces en dissolution , mais il ne se présenta rien, ce qui prouve que le point de saturation avoit été justement saisi, car du carbonate de potasse ne produisoit non plus aucun changement dans la liqueur. 7°. Les carbonates calcaires fortement chauffés dans un creu- sct de platine, se réduisirent à 33 parties; ils avoient donc perdu 29 parties : ainsi calcinés ils avoient acquis une saveur acre comme la chaux , et ils s’échauffoient avec l’eau. 8. Pour savoir s’il n’y avoit pas de la magnésie parmi cette terre , on la délaya dans l’eau, et on mit de l’acide sulfurique affoibli jusqu’à ce qu'il y en eut un léger excès. On fit ensuite évaporer le mélange qui étoit très-épais, on le calcina même au rouge pour en chasser l’excès d’acide ne (2),,et on re] 1 « . 4 . . lessiva le résidu avec une petite quantité d’eau froide. %, La lessive du sulfate de chaux dont il est parlé ci-dessus, fut d’abord essayée par l’eau de chaux qui y produisit un très- léger précipité jaunâtre dont le poids ne s’élevoit certainement pas à un sixième de partie , quoiqu'il y eût beaucoup de chaux en excès. La liqueur ensuite abandonnée à l’évaporation spon- tanée, ne donn,: aucun signe sensible de la présence du sulfate de magnésie ; le résidu étoit entièrement formé de sulfate de chaux mêle d’un peu de carbonate. Il suit de-là que la mélanite (1) Le sulfate terreux fortement calciné pesoit 75 parties, quantité qui indi- quoit qu'il devoit être entièrement formé de sulfate de chaux; car 74 parties de ce sel contiennent 31.5 de chaux qui correspondent à 1.5 près 53 parues obte- nues par la calcination des 62 parties de earbonate de chaux. L qui EPTUD AH SAIMONRIE LIN ANTIU RENTAL: 97 qui a fait l’objet de mon analyse, ne contient point de magnésie et est composée simplement , DOME ITR US RES FUMER MEN Dale este nelle a 2034. SA ET ET SERIE MAR ARE à 4 - D’oxide de fer mêlé de mang....... 25,5. 98,9. D'ESIQIRU PTHON MÉTHODIQUE DES DIFFÉRENTES HOUILLES (1), Par Henri SrruvEe et VANBERCHEM-BE=RTHOUT. Lorsquenous voulûmes rédiger nos mémoires sur les houilles et sur-tout considérer ce fossile par rapport à ses gîtes, nous sentimes bientôt la nécessité de mettre un peu d’ordre dans les dénominations employées par les auteurs, et de distinguer, les unes des autres, les différentes houilles dont ils ont parlé (2). (1) Cette description fait partie d’une suite de mémoires que nous avons com- posés en 1792, sur ce combustible précieux. Des circonstances qu'il est inutile de rapporter ici nous ont empèché de les publier en un corps d'ouvrage comme nous nous le proposions. Habitant maintenant l’un en Suisse, l’autre en France, il ne nous est plus possible de retoucher ensemble cet ouvrage et de lui donner le degré de perfection dont les observations que nous avons recueillies depuis, le rendroient susceptible. Nous nous bornons dons à publier ces mémoires sé- parément, tels que nous les avons rédigés à cette époque. Nous pensons que comme ils présentent des idées plus précises que celles que Vona eues jusqu’à présent sur la houille, et pouvant ouvrir un nouveau champ avx observations sur la nature, les gites et la manière d’exploiter ce fossile, 1l m’étoit pas inutile de les rendre publics dans un moment où ce combusuble fixe l’attention du gouvernement. (2) Werner regarde toutes les différentes houilles que nous allons décrire , comme une seule espèce ( gattungen ), et chacune d’elles comme des sous-espèces (arten). Il est sans doute très-important d’établir d’une manière stable la distinc- lion des genres, des espèces et des wariétés en minéralogie; mais comme cet Tome VII. PLUVIOSE an 8. N 93 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Non-seulement ils comprennent quelquefois sous-ce nom le bois bitumineux, mais encore ils séparent les espèces d’après les matières étrangères qu'elles contiennent et qui n’y sont qu’ac- cidentellement. Les ouvrages de nomenclature ne nous offrirent point les éclaircissemens que nous cherchions ; nous ne pümes réussir à accorder leur synonimie , et nous fûmes obligés d’a - bandonner les interprètes de la nature pour la consulter elle- même (1). Nous étions occupés de ce travail lorsque nous avons été à mène de consulter à ce sujet le célèbre Werner. Ce naturaliste nous a communiqué sa classification et ses descriptions des houil- les. Comme cette classification présente des idées claires et pré- objet est indifférent au but que nous nous proposons dans ce mémoire , il nous suffit de présenter sous des noms différens , les houilles qui sont séparées par un certain nombre de caractères extérieurs suflisans pour les distinguer, Le nomen- clateur pourra ensuite les classer dans celles des sous-divisions qui conviendront à son système. (1) Si lon consulte les différens ouvrages de minéralogie, on verra sur quels principes chancelans reposent les différentes classifications de ce fossile. Qu’on examine les synonimes et l’on verra combien peu les auteurs se sont entendus, et que le même nom n’a pas toujours été employé pour désigner la même sorte. Parcourons rapidement quelques-unes de ces nomenclatures. Zimmerman, Vogel , Cromstedt et d’autres auteurs distinguent deux houilles dont l’une est compacte et l’autre schisteuse. Morand et Hill reconnoissent , il est vrai, un plus grand nombre de houilles, mais ils ne les caractérisent pas assez. Nous passons sous silence les divisions tirées de l’emploi, telles que celles de Buffon, ou des substances étrangères telles que celles de Sages Vallerius disüingue cnq sortes de houilles, . . « Lithantrax. Ligneus. TR ee PS PR EE NT ra f dr TARDE Seule VE MEL OS LES AAA RER OR RME NT RATES ALES ES MM ICEURe Nous remarquerons que c’est à tort qu'il sépare le charbon de terre du charbon de pierre, carlé premier n’est que le second altéré. Il dit lui-même qu’on le trouve à de petitesprofondeurs. Son lithantrax ligneus est plutôt du bois bitumineux qu’une houille comme il observe lui-même; et son lithantrax Jéssilis n’est, ainsi qu’il en avertit aussi, quele schistus carbonarius: ce n’est donc pas une houille, Nous ver- rons que les caractères de la vrare houille sont de pouvoir être convertie en chärbon et en cendre; or ce n’est pas le cas du schistus carbonarius , que nous nommerons schistus bituminosus pour le distinguer des schistes argileux que Vallerius con- fond avec le carbonarius, mais qui s’en distinguent.en ce qu’ils ne donnent pas comme lui une odeur bilumineuse au feu. 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 99 _cises sur les différentes espèces de ce combustible , nous ayons cru devoir la faire connoître ici, et l’adopter au moins jusqu'à ce que des observations plus multipliées et plus exactes sur ce fossile, sous le rapport géologique et sous celui des usages éco- nomiques nous en fournissent peut-être uñe autre que nous pouvons bien entrevoir, mais sur laquelle nous n’osons pas encore hasarder nos vues. ? Pour faire sentir toute l'utilité qu'on peut retirer des descrip- tions exactes et détaillées des houilles, il suffira de remarquer , 1°. qu’elles peuvent souvent nous faire juger de la qualité d’une houille et de ses usages économiques, par ses caractères exté- rieurs sans avoir recours à l'expérience qui demande des lumie- res qu’on ne doit pas toujours espérer de ceux qui les entre- prennent ; 2°. que le géologue pourra par ce moyen observer plus facilement les gîtes propres aux différentes houilles, et en tirer nombre de corrollaires utiles soit pour la théorie de la terre et des révolutions qu'a subi notre globe, soit pour la nature même de ce fossile, car il paroît que quelques-unes des sous- espèces et des variétés affectent des gîtes particuliers , et qu’elles présentent dans leur origine diverses modifications. { Avant de passer à l’exposition de cette nomenclature, nous croyons devoir parler de Certains bitumes et autres substances, qui pour avoir quelques rapports aux houilles, en sont cepen- dant très-distincts et ont à tort été confondus avec elles. On convient généralement que les houilles doivent pour la plupart leur origine aux bois ou à d’autres végétaux, et sans nous arrêter aux autres origines probables qu’on Teur à données < nous dirons, : 1°. Quand les végétaux sont dans un état de bituminisation complet , ensorte qu’ils ne présentent aucun vestige, ou du moins que des restes très-obscurs de leur origine, ils forment © ce fossile noir et luisant que l’on nomme #owille ou charbon de serre. 2°. Maïs lorsque les végétaux ne sont pas dans un état de bi- tuminisation complet , et qu’ils présentent leur organisation plus ou moins bien conservée et imprégnée de bitume, ils por- tent le nom de végétaux bitumineux. C'estici qu’appartiennent le bois bitumineux et la tourbe bitumineuse. 3°. Enfin, la terre végétale chargée de peu de bitume porte le nom de zerre bitumineuse , et elle peut se former de deux manières. a) Soit lorsque les végétaux bitumineux se re en terre, 2 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et c’est le cas de la terre d’alun de Werner, de la terre d’ombre, de quelques crayons noirs, et sur-tout d’une espèce de terre jinproprement nommée Braunkohle (1). &) Ou lorsque la houille, par une décomposition avec perte de principe (ce qui est la décomposition proprement dite), se change en terre, c’est le cas de la terre-houille qui n’est qu’une houille détériorée par la perte d’une partie de son bitume. 4°. Il est encore arrivé que dans les révolutions qui ont trans- porté et manié ces substances, des limons chargés de bitume se sont mêlés avec d’autres limons et ont formé, suivant la nature de ces mélanges, des substances différentes , telles que, a) La pierre caleaire bitumineuse qu'il faut distinguer de la pierre hépatique. ; b) Le schiste argileux bitumineux que nous distinguons en- core de celui qui se décèle par une odeur hépatique, et qui passe. souvent à l’état de crayon noir. F Toutes ces substances ont par leur nature, plus ou moins de ressemblance avec les vraies houilles. 5°. Le schiste alumineux de Werner, et le schiste argileux plombagineux qui n’en est peut-être qu’une variété, ont encore été rangés parmi les charbons de terre ; quoiqu’ils en diffèrent entièrement par leur nature et qu’ils n'aient ayec eux que des ressemblances extérieures. Les différentes substances que nous venons de présenter se distinguent de la véritable houille , non-seulement par les nuan- ces , inais encore par leur aspect intérieur qui est ou totalement mat, Ou presque sans éclat. Les premières sont plus friables et plus tendres que la houille; elles happent assez généralement à la langue. Celles du n°. {en (1) Nous distinguons ce braunkohle du bois bituminisé; celui-ci a conservé son orgamisation et se laisse entamer au couteau comme le bois. Cette terre braunkohle au contraire , qui ne doit pas être confondre avec notre howille li- gneuse , n'offre plus la texture ligneuse , c’est du bois réduit presqu’a l’état de icrre imprégnée de bitume. Cette substance n’est pas dans un état de bilumini- sation complette, elle est comme le bois pourri, encore susceptible d’absorber l'humidité ; aussi elle est très-tendre en sortant de terre, et se durcit à l'air. Exposée longtemps à son action, elle se vitriolise, et on l’emploie dans plusieurs pays comme mine d’alun et de vitriol. : Ce braunkohle se comporte au feu ä-peu-près comme le bois bitumineux ; il brûle et s’enflamme promptement er donnant une odeur bitumineuse puante. ET D'HMSTOTRE. NATURELLE. 101 diffèrent par leur plus grande pesanteur et par les résidus de leur combustion : car la pierre calcaire.bitamineuse et le schiste argileux bitumineux laissent au lieu de cendres, le squelette pierreux du mélange incombustible qui en forme la principale partie. J es substances du n°. 5 ne donnent au feu aucune odeur de bitume. L’asphalte et une nouvelle plombagine ont encore plusieurs rapports extérieurs avec quelques-unes des houilles, mais nous renvoyons à la description de ces fossiles, les caractères qui les distinguent. On nous demandera peut-être pourquoi nous séparons la ter- rouille qui n’est qu'une houille altérée ; nous répondrons que c’est à cause qu’elle à perdu une partie d’un de ses principes consti- tuans (le bitume). C’est ainsi qu’on sépare du feldspath, l’ar- gile qui est due sans doute à sa décomposition. Nous avons cru devoir, comme Venel (1), donner le nom général de houille à toutes les différentes sortes de charbon de zerre, charbon de pierre , charbon fossile , etc. Car cette substance m'est point un véritable charbon ; ainsi cette dénomination est impropre et peut donner de la confusion lorsque l’on parle des produits qu’on en retire par la combustion. D'ailleurs on trouve quelquefois, et particulièrement dans les houillières , du vrai charbon de bois fossile : or cette conformité de nom pourrait encore faire confondre des matières d’une nature bien différente. Nous reconnoissons , d’après Werner, neuf sortes de houilles différentes que nous décrirons successivement. t Première. Houiïlle limoneuse , Zthantrazx limosus. 2. Houille ligneuse, /#hantrax lignosus. 3. Houille lustrée, {ithantrazx nitens. 4. Houille piciforme, Zthantrax piceus. 5. Houille colonnaire, /thantrax columnaris. 6. Houille kennet , Zrhantrax Kkennet. (1) Voyez les judicieuses observations de cet auteur, p. xx de la préface de son Traité sur les usages de la houille , etc. Pour éviter toute confusion , il faut remarquer que Buflon et Gensanne ont affecté le nom de howille à la terrouille, mais ce dernier nôm doit être préféré puisqu'il exprime très-bien la nature de cette substance , et le nom de houille , consacré par l'usage de plusieurs pays au bitume fossile dont nous parlons , doit être substitué à la dénomination impropre de charbon de terre, — 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 7. Houille schisteuse, l/hantrax schistosus. 8. Houille feuilletée , Z:hantrax foliaceus. - 9. Houille pesante , Zthantrax ponderosus. Nous n’avons pas cru deyoir ajouter ici une nombreuse syno- nimie aux différentes houilles ; les descriptions des auteurs sont trop incomplettes pour qu’on puisse appliquer leurs divers noms avec un peu de confiance ; et nous ne voulons pas augmenter la confusion qui règne dans ces dénominations. CARACTÈRES DE LA HOUILLE EN GÉNÉRAL. La houille (\ithantrax) est un fossile solide, inflammable ; ui a de l'éclat, peu de‘dureté, qui est assez fragile et assez De , qui brûle avec une odeur bitumineuse, qui peut étre converti en charbon , et qui se réduit en cendre par la com- bustion. La houille considérée sous ce point de vue général, brûle d'autant plus lonstems qu’elle prend plus difficilement feu; elle P 5 q P P : : 5 se consume d’antant plus promptement qu'elle s’enflamme avec plus de facilité (1): elle passe avant son incinération , dans l’état charbonneux ; et elle porte alors le nom d’escarbille. ; P (1) Vid. Buffon, t. 2, p. 198, note 9. « Les charbons de terre brûlent d’autant plus longtemps qu'ils prennent difi= cilement le feu, ils se consument d’autant plus promptement qu'ils s’enflamment plus aisément; ces circonstances sont plus ou moins marquées , selon que les char- bons sont purs, bitumineux et compacts; ainsi celui qui s'allume difiicilement, en donnant une belle flamme claire et brillante, comme fait le charbon de bois, est réputé de la meilleure espèce. . .. Si au contraire le charbon de terre se dé- compose ou se désunit facilement , s’il se consume aussi aisément qu'il prend flamme , il est d’une qualité inférieure. « Une des propriétés du charbon de terre est de s’étendre en s’enflammant , comme l’huile , le suif, la cire , la poix, le soufre, le bois et autres matières in- flammables : on doit en général juger avantageusement d’un charbon qui, au feu, se déforme d’abord en se grillant, et qui acquiert ensuite de la solidité; les uns, et ce sont les meilleurs, comme la houille grasse et le charbon dit maréchal , flambent , se liquéfient plus ou moins en brûlant comme la poix, se gonilent, se collent ensemble dans les vaisseaux fermés; ils se réduisent entièrement en li- quescence. On remarque que cette espèce ne se dissout ni dans l’eau, ni dans les huiles, m1 dans l’esprit-de-vin: les autres enfin s’embrâsent sans donner ces phé- nomènes À « (Morand). Nota. Il seroit à desirer que Morand eût indiqué où se trouvent ; ET D'HISTOIRE NATUHELILE.. : 103 Tels sont les caractères communs des houilles, propres à les distinguer des autres fossiles qui leur ressemblent, et sur-tout de l’asphate , du schiste argileux bitumineux ; du schiste ER luisant de Werner , et du Kohlbende ou pseudo- ouille. OP BASÉE TREVI A TOT ONE La houille est souvent composée de pièces séparées anguleu- ses, indéterminées, qui dans quelques variétés sont hexaèdres, c’est ce qui a donné lieu à Sauvage de considérer ce fossile comme un composé de parties cubiques; mais comme ce carac- tère n'appartient qu’à quelques variétés, il n’est pas étonnant ue Brisson ni Morand n’aient rien pu observer de pareil dans les houilles qu'ils ont examinées. 19. MoorkonzEe W. Houille limoneuse. Lithantrax Llimosus. Elle est d’un brun noirâtre foncé, passant quelquefois au noir brunâtre. On la trouve massive , mais en même temps toujours très-cre- vassée ou fendillée. Intérieurement son état est simplement fortement scintillant , tremblotant. Elle a une cassure transverse unie , s’approchant quelquefois de la concoïde évasée, une cassure longitudinale imparfaite- ment schisteuse. = Elle se casse pour l’ordinaire en fragmens trapézoïdes , s’ap- prochant plus ou moins de la forme rhomboïdale. Elle prend par la raclure , de l'éclat. Elle est zendre, passant au très tendre: Elle est sraitable. ces charbons qui se réduisent entièrement en liquescence dans les vaisseaux fermés , nous n’en connoissons point de cette espèce : j’observerai de plus qu’il n’y a point de charbon de terre que l’esprit-de-vin n’attaque plus ou moins.» 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Elle se casse avec une facilité extraordinaire , est très-perc froide au toucher, et très-légère. 2, BraunkouLr. W. Houille ligneuse. Lithantrax lionosus. Elle est en partie d’un noir brundätre, et en partie d’un brun foncé noirâtre. Dans /a cassure transverse elle est éclatante ; elle n’est au contraire que peu éclatante et mème en partie seulement zrem- blotante dans la cassure longitudinale et savoir d’un éclat gras. Sa cassure transversale est d’un concoïde évasé, assez par- faite. La cassure longitudinale au contraire est schiteuse ; cette dernière montre ordinairement encore son ancienne fexture li- greuse, mais à un degré beaucoup inférieur aux bois bitumi- neux. Elle prend de /’éclat par la raclure ; elle est zendre, trai- table. Elle: se casse facilement. Elle est peu froide au toucher, et /épère. On en trouve à Trachswald en Suisse. 3°, Gzanzromze. W. Houille éclatante oz houille lustrée. Lithantrax nitens. Elle est d’un zorr de fer qui tire quelquefois un peu sur le brun ; et n’est que rarement colorée à la superficie, des couleurs de l’acier trempé. Elle se trouve en masse, mais elle est souvent 77 peu éva- siforme, et a en même temps dans son intérieur plusieurs cavi- tés efjilées à leur extrémité. Elle est pour le général éclatante intérieurement, et quel- quefois même déja /ortement éclatante, d'un éclat métallique parfait. F $a cassure est parfaitement concoïde et savoir is l’ordi- naire à grandes évasures, plus rarement à petites évasures. Les faces de la cassure concoïde à grandes évasures sont ordinai- rement de plus un peu rudes, ox plutôt un peu inégales. Ses fragmens sont ordinairement indéterminés à arrétes très- tranchantes , et sont en partie er plaques. Elle EM D'HIST OMR E NAT U RE L'LIE, 104 Elle est tendre, aigre ; se casse avec facilité ; LIL peu SOnnarnte en morceaux minces 5 peu /roide et légère OBSERVATION. - Il est très facile de confondre cette houiïlle avec un fossile fort rare qu’on trouve parmi les pechkohle ou houille piciforme de Brauzroth , et qui paroît être une vraie plombagine d’une nou- velle espèce. Il demande à être examiné avec soin , mais voici les caractères qui le différencient de la houille lustrée. Il se consume à feu ouvert sans flamme ni odeur; son éclat est aussi vif, mais il se cernit très-difjicilement : sa couleur est d'un noir parfait, mais elle n’est pas sujette à s’ériser : sa cassure est concoïde , passant à la cassure feuilletée à feuillets courbes : 7 est composé de pièces séparées très-distinctes , la- melleuses et courbées d’une manière indéterminée. Il est aussi ‘intraitable et s4 dureté est beaucoup plus grande. Au chalumeau cette sorte de plombagine décrépite beaucoup et ne se consume que lentement et sans flamme apparente (1). 4. Precukouze. W. Houille piciforme, Luthantrax piceus, Elle est d’une cozleur noire foncée; quelquefois d’un noir brundire foncé dans quelques fentes qui courent dans le sens de la longueur. (1) Depuis la rédaction de ce mémoire nous trouvons dans le Journal de Crell., première partie, année 1789, une notice (ürée des Mémoires de l’aca- démie de Dijon, année 1783) sur une substance que Morveau a trouvée dans la houillière de Rive-de-Gier; elle paroïit avoir tous les caractères de celle que nous déerivons, et nous avons vu avec plaisir que ce savant la regardoit aussi comme une sorte de plombagine. Ce fossile paroït être le kohlblende ou pseudo-houille de Werner. Tome VII. PLUVIOSE an 8. O 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On la trouve non-seulement ez masse, mais aussi ez plaques minces, et quelquefois même sous la forme de morceaux de boïs. Jhtérieurement et savoir dans la cassure principale ou trans- versale elle est ordinairement fort éclatante , mais quelquefois aussi seule- ment éclatante, et en général d’un éclat gras. Sa cassure est parfaitement concoïde , pour la plupart à gran- des évasures , et ordinairement évasées. Les faces de la cassure sont de plus très-unies; elle a du reste souvent dans ses fentes longitudinales, un aspect ligneux. Ses fragmens sont indéterminés, à arrêtes assez tranchantes. Elle est tendre, Un PEL GITE se casse facilement ; un peu sonnante lorsqu'elle ést en plaque. Peu froide au toucher et légère. ONBISPE PRINT ASTANMIOAN Les rognons de houille isolés qu’on trouve dans les grès de la Suisse , en plusieurs endroits, sont une vraie houille pici- forme. . Le comte de Razou-Mowski les a fait connoître sous le nom de houille ligneuse (Histoire naturelle du Jura, t.2, p.74 et suivantes). Ils ont cela de remarquable, qu’ils doivent le plus souvent leur origine à des racines d’arbres bituminisées dans le grès, comme le prouvent les vestiges de ces racines. Ils se vi- triolisent assez vite à l’action de l’air, et perdent promptement leur éclat; leurs pièces séparées se délitent par la décompo- sition. Cette houille a une cassure longitudinale schisteuse à schistes épais. Celle qu’on trouve dans les grès a des fragmens qui s’ap- prochent de la forme cubique : elle fait la nuance à la houille colonnaire. . Nous ne connoissons pas encore tous les gîtes de la houille pi- ciforme ; il paroïit cependant qu’elle ne se rencontre pas dans les couches très modernes. Elle accompagne quelquefois les bois bitumineux, comme en Westphalie. 12 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 107 5. Srancenkouze. W. Houille colonnaire. Lithantraz columnaris. Elle est ordinairement d’un noir foncé qui ne passe que ra- rement au noir brundtre. Se trouve en masse et est éclatante dans sa cassure ; d’un éclat gras. Sa cassure est concoïde à petites évasures plus où moins par- Jj'aites. Ses fragmens sont z1déserminés. Elle se présente toujours avec des pièces séparées, colonnai- res, un peu recourbées , courant dans le même sens , et offre des pièces séparées , minces , qui alternent jusqu’au colonnaire très-épais. un Les faces des pièces séparées sont assez wnies , et ont peu d'éclat. Elle est sendre, aigre; se casse avec une extrême facilité. Ses pièces séparées se séparent sur-tout très-aisément. Elle est /égère. 6°. KENN=TKOHLE. ... Houille kennet. Lithantraz Kkennet. Sa couleur est d’un zoir grisätre. Elle se trouve en masse (et en plaques minces, parallélipi- pèdes en Westphalie avec le bois bitumineux , et dans le Wir- temberg ). Intérieurement elle a pez d’éclat et un éclat gras. Sa cassure est ordinairement concoïde à grandes évasures évasées . Elle se casse cependant quelquefois, znie, et également dans trois sens gui se coupent assez à angles droits, De ma- nière qu’il en résulte des frägmens parallélipipèdes, et pour l'ordinaire def grands fragmens cubiques. Raclée elle prend plus d'éclat. Elle esftendre ; Tient le milieu entre l’aigre et le traitable. O 2 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Se casse facilement, maïs elle est cependant celle de toutès les houilles qui a le plus de tenacité. Elle est pez froide au toucher , et légère. OBISVENA NEA MTEMNONN Le jayet que plusieurs minéralogistes ont placé parmi les bi: tumies purs, est mis par Werner avec les houilles piciformes (pechkohle). Nous»pensons qu’on a donné ce nom à plusieurs fossiles différens qui se reportent soit à la houille piciforme , soit à la houille kennet. En effet Vallerius le définit ainsi : g79as sp. 266. Bitumen durissimum , purum , polituram admittens , aquis innatans. La grande dureté et légèreté de ce fossile sont les caractères qui le distinguent le plus des houilles kennet et piciforme. Mais comme Vallerius n’a pas donné au mot de dureté la inême dé- termination fixe que lui attribue Werner , il est possible que cet auteur l'ait pris ici comparativement , et dans ce cas , il convient à la houille kennet qui est la plus dure des houilles. Quant à la /éoèreté , ce caractère ne nous semble pas assez dis- tinctif pour en faire une espèce à part, puisque la pesanteur spécifique des houilles piciforme et kennet est aussi très-près de mille, Voyons si les autres nomenclateurs nous fourniront des ca- ractères plus tranchans. Mongez répète à-peu-près ce qu'a dit Vallerius; Sage dit que le jayet est moins fragile que la houille, et c’est probablement à quoi se réduit le durissimum de Valle- rius,. Cronstedt nomine le jayet gagus sp. 285. Vegetabile li- gneurn , lithantrace impregnatum ; ce qui nous paroît se rap+ porter évidemment aux houilles piciforme ou kennet. Le jayet de Gensanne se rapproche aussi de cette dernière. Buffon ne le caractérise que par sa légèreté. Enfin Vogel dit que le jayet est un bitume noir , compact, dur , recevant le poli, nageant sur l’eau, qui brûle avec une odeur bitumineuse, plus facile- ment que la houïlle, et laissant moins de cendres, caractères qui se rapportent à la houille keñnet. Ajoutons à tout cela que le gagas de Wurtemberg dont parle Vallerius, ne surnage pas toujours sur l’eau ; au moins nous en avons vu des morceaux qui n'ont pas cette propriété. Le jayet des auteurs n& nous pa- roit donc pas séparé d’une manière tranchante de notre sixième EUEL D HU SMNON R EUNANTIU R'EULULE, 109 houille ni de la cinquième ; et quoique ce soit une houille très- pure, il nous paroît qu'on doit le rapporter à l’un ou à l’autre de ces fossiles sous-espèces. | 7°. ScnxererRxkonLe. ... Houille schisteuse. Lithantrazx schistosus. Elle est d’un noir foncé qui quelquefois s'approche du noir grisétre ; elle se trouve en masse. Élle est-intérieurement éc/a- Lante , passant au peu éclatant et d’un éclat gras. Dans la cassure principale elle est schisteuse à schistes droits et épais. Dans la cassure transversale, au contraire, elle est en partie Znie et en partie concoïde imparfait, et savoir concoïde évasé, Ses fragmens sont en partie zndéterminés , en partie ez pla- gues. Elle acquiert un peu plus d’éclat par la raclure. Elle est zerdre. Elle n’est pas fort aïgre , maïs se casse facilement. Elle est légère mais plus pesarite que les sortes précédentes. — 1,429. OBS ENR NTAUTE TION, 11 faut observer que l’éclat intérieur est éclatant où la cassure est concoïde ; tremblotant où elle est unie.... Nous avons dit que la cassure transversale étoit en partie concoïde, en partie unie ; nous avons voulu dire par là que ces deux cassures se trouvoient dans le même morceau. . Dans le sens de la longueur elle est schisteuse à schistes épais et droîts, rarement courbes. On la trouve en Angleterre, à Pandex en Suisse, à Saint-Bel et au Bournaud, département du Mont-Blanc. 8°, Bracrrenkomze. W. Houille feuilletée. Lithanfrax foliaceus. DAS à Elle est d’un zoir foncé, cependant dans les fentes elle est lus ordinairement colorée de couleurs variées que les autres houilles : elle offre une partie des couleurs de la queue de paor, une partie celles de Z’acier trempé. LA . 110 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE Dans sa cassure principale elle est fortement éclatante, mème quelquefois d’un éclat miroité ; dans la cassure transversale elle n'est qu'éclatante. La première de ces cassures est plus ou moins parfaitement J'euilletée à feuillets droits; la seconde , pour le plus souveni, est un peu inégale. Ses fragmens sont toujours en partie /rapézoïdes, en partie cubiques imparfaits. Elle est zrès-cassante. Assez aigre. Un peu froide au toucher, et légère. On en trouve au Creuzot et Blanzy, département de la Haute- Saône. 9°. Groskouze. W. Houille pesante. Lithantrax ponderosus: Elle est d’un zoir foncé clair qui guelquefois incline au noir brunätre , quelquefois au noir grisdtre ; elle est en masse. Ordinairement peu éclatante, d’un éclat gras. Dans la cassure principale elle est inégale à grandes inéga- lités , cependant elle paroît en méme temps pencher à la schis- 1euse. Ses fragmens sont :rdéterminés , à arrêtes émoussées. Elle acquiert plus d’éclat par la raclure. Elle est tendre, aïgre. Se casse très-facilement ; peu froide et légère ; s’'approchant du peu pesant. On en trouve aux environs de Zurich, à Neustadt. LA MANIÈRE DE SE COMPORTER D'ES DUENENF ÉURUE NT E SI /ANONU), T/L'EVE SN AUU, FE U, LL ’ 1°. Le blactterkohle ou la houille feuilletée du Creuzot et celle d'Angleterre s’enflamment assez facilement, et brülent avec une belle flamme conique , d'où la fumée s’élève perpendiculai- rement en répandant pour l’ordinaire une ‘odeur bitumineuse aromatique ; elles sonflent et s’aglutinent prodigieusement : la ET D'HISTOIRE NATURÈLLÉ. 11 houille schisteuse présente les mêmes phénomènes, d’une mia- nière plus ou moins marquée, selon qu’elle est plus ou moins pure. Elle possède éminemment les qualités qu'on recherche dans les houilles, et elle présente le plus exactement les phé- nomènes décrits par Venel (Tust, sur l’usage de la houille, p. 2 et suivantes). j ” Nous croyons devoir les rapporter ici dans les propres mots de cet auteur, non-seulement comme un chef-d'œuvre d’obser- vations, mais comme un terme de comparaison pour reconnoître les qualités des diflérentes houilles dans leurs usages pour les arts. «& Lorsque la houille est convenablement échauffée ; par exem- ple, lorsqu'on fait brûler , sous un tas de houille réduite en mor- ceaux du poids d’une demi-livre ou d’une livre, exposée à une suffisante ventilation sur une grille, selon la manière la plus usitée, du même bois flammant gaiement, elle exhale bientôt une fumée rare et blanchâtre, mêlée d’une teinte infiniment délayée de noir , qui n’est point inflammable, et qui éteint au contraire la flamme lépère d’une bougie ou d’un morceau de papier qu’on y expose. Mais si on entretient le feu supposé, bientôt, par les progrès de l’échauffement que le tas de houille subit, il jette une fumée plus douce, plus abondante, plus rembrunie, et même noirâtre, à proportion de sa densité; cc- pendant de son abondance, cette fumée est mêlée de quelques tourbillons jaunâtres : e//e est peu &cre; elle affecte plus l’odorat qu’elle ne blesse les yeux et qu’elle n’irrite la gorge. « Peu après cette fumée se convertit en flamme, maïs en flamme claire et légère, qui s’approche plus d’une chandelle de cire ou de suif, ou de Ge de bois résineux, tels que le cade, le pin , le sapin, que de la flamme des bois à brûler ordinaires. « Alors la fumée diminue et se délaye notablement \orsque ce tas est bien construit, et qu’on apporte l’inflammation dans toutes Ses parties, Ce qui se pratique communément même sans soin et sans une attention expresse, cette manœuvre étant dé- terminée à-peu-près infailkblement par la forme des foyers dans lesquels on a coutume de brüler la houille. « Le tas de houille dans cet état de combustion se trouve dans une telle position que sa flamme propre brillera de toutes parts, continue à brüler sans le secours d’aucune chaleur étrangère , ou (ce qui est plutôt traduire cette proposition que l'expliquer) cette manière de brûler constitue un: degré d'échauffement de feu ou de charbon, suffisant pour entretenir 112 JOTRNALEDEt PHYSIQUE, DE UCHIMIE l'incendie ou inflammation dans le tas, mais sans que le corps propre de la houille soit encore brillant. À « Depuis la première application du feu jusqu’à ce moment, la houille exhale une vapeur aromatique qui se répand plus ou moins autour du foyer dans lequel on la brûle. « Soit par le seul effet de cette chaleur propre, soit qu'on continue encore pendant quelques momens à entretenir sous le tas une flamme étrangère, la houille passe enfin à l’état d’em- brâsement; c’est-à-dire que non-seulement une matière combus- tible , volatile, exhalée par ce corps, brûle à sa surface sous la forme d’une flamme légère, mais encore le corps même de la houille est à présent en feu, tout le tas est embrâsé, ardent , et la flamme qu'il jette encore, et qui ne doit plus durer que quelques momens , est plus rouge, plus sombre, plus chaude. « Un tas de houille embrâsé, lorsqu'il est assez considérable, par exemple de 15 à 20 livres au moins, possède dans cet état, une guantité de chaleur suffisante pour le faire persévérer pen- dant plusieurs heures dans l’état d’ignition, mais avec un phé- nomèêne remarquable, savoir que la houille embrâsée, et que dans cet état les diflérens morceaux dont le tas est compose , se collent ensemble , ce qui nuit au progrès du feu, en recélant ou retenant dans le milieu de ces morceaux réunis, une partie de l'aliment du feu : on remédie à cet ‘inconvénient en rom- pant cette adhésion , ce qui donne lieu à une nouvelle émission de flamme, ï « Mais un tas embrâsé , peu considérable, de cinq à six livres seulement, par exemple, à plus forte raison un morceau isolé , ne contient point en soi une quantité de chaleur assez consi- dérable pour persévérer dans l’état d’ignition. Les petits tas de houille brilante s’éteignent bientôt; les morceaux isolés s’éteignent sur-le-champ. « Ces dernières observations peuvent se généraliser par la proposition suivante, savoir gxe la houille ne prend feu etne persévère dans l’état d'ionition, qu’au moyen d’une chaleur considérable ; principe d’où se déduisent immédiatement plu- sieurs usages pratiques. : « La houille quise tient par la cause que nous venons d’ex- poser , se trouve convertie en braïse susceptible d’un nouvel embrâsement, et même de jetter quelques flammes dans diverses circonstances. Cette braise est connue sous le nom d’escarbille ou scarbille. « La houille qui persévère , au contraire , dans l’état d’ignition jusqu’à HD DUMAS OIPRE" NATURELLE. 315 jusqu’à l’entière consommation de l'aliment propre du feu quelle contient, se convertit en vraies cendres ; et immédiate- ment avant cette espèce de destruction, tandis que le feu est languissant et à demni-couvert de cendres, il exhale quelques rares et légères bouftees d'acide sulfureux volatil. « Enfin lorsque cctte combustion radicale de la houille est excitée par une forte ventilation , comme cela arrive, par exem- ple, dans les forges des maréchaux , serruriers, etc., cette cendre passe à un état de vitrification , et dans cet état elle est connue sous le nom de #achefer. « La flamme et la chaleur de la houille brûlante, sont peu expansibles en soi; c’est-à-dire lorsqu'elles ne sont excitées que par la ventilation à-peu-près nécessaire pour les produire et les maintenir, et néanmoins le feu de la houille peut non-seu- lement être élevé au plus haut degré, maïs encore être porté au loin avec toute sa chaleur, et même sous la forme d’une flainme vive, moyennant le secours des soufflets , ou des cons- tructions des divers fourneaux propres à opérer une puissante ventilation. « Réciproquement la houille brûle à plat, c’est-à-dire étant convenablement entassée sur un sol quelconque, et sans avoir besoin de soufflet. « Le peu d’expansibilité de la chaleur spontanée de la houille brûlante , n'empêche pas que la chaleur ne soit très-vive et très- ardente dans le sein et auprès du foyer, tandis que le feu y est dans sa plus grande force. » Tel est le tableau fidele de la combustion de la houille et de sa manière de se comporter au feu (1). Nous y ajouterons que les houilles très-pyriteuses, telle que celle de Pandex près de Lausanne, se nr ets’aglutinent très-peu ; elles donnent peu d’escarbille, et se convertissent promptement en cendres, La houille schisteuse dont l'éclat est ardoisé , est d’autant plus inférieure en qualité, que sa couleur est plus grise et que ses pièces séparées sont plus marquées : elle décrépite peu , s’enflam- me difficilement; donne peu d’odeur, ponfle et s’aglutine peu; il en est de même de la houille pesante (grobkohle ). Le moorkohle ou la houille limoneuse s'allume facilement (1) Foyezles autres phénomènes de la combustion de la houille , sous des sirconstances différentes , dans notre description de la mine du Petit Bomnaud. Tome VII. PLUVIOSE an 8. P 114 JOURNAL DEC PHMSTQUE, DEL, CHEMIE avec une grande flamme blanche brillante, en répandant une fumée épaisse , s’élevant perpendiculairement en ligne droite , et a une odeur bitumineuse. Le kennetkohle ou la houille kennet se comporte de même ( maïs elle gonfle et s’aglutine un peu), et laisse moïns de cen- dres que les autres houilles. Le braunkohle ou la houille ligneuse se comporte comme le moorkohle, avec cette différence que souvent elle décrépite , qu’elle s’enflamme avec peine, que sa flamme est petite et dure peu. Le glanskohle du Mesnar ou brantrothe, n’est que le kohl- blende ou pseudo-houille ; on doit l’exclure du nombre des houilles : il décrépite peu , se consume à feu ouvert sans flamme (sensible), sans s’aglutiner et sans répandre d’odeur ; il se con- vertit lentement en cendres. Le pechkohle ou houille piciforme se comporte de même, à l'exception qu’il décrépite; tels sont plusieurs houilles du Mes- nar : quelques-unes donnent une odeur bitumineuse mêlée d’acide sulfureux volatil ; c’est-là le cas de celle qu’on trouve cans le pays de Vaud par rognons dans le grès. Le stangenkohle ou houilie colonnaire se comporte de même : celle qui est pyriteuse répand au feu une odeur bitumineuse mêlée d’acide sulfureux. PHÉNOMÈNES QUE LES HOUILLES PRÉSENTENT AU CHALUMEAU: Fouille schisteuse d'Anolcterre , flamme promptement, gon- fle et s’aglutine beancoup. Idem, du Bournaud, département du Mont-Blanc, flamme promptement ; gonfle et s’aglutine beaucoup : donne une odeur aromatique. Idem , de Poudax-Semsalle, dansle pays de Vaud, s’enflamme prouptement, mais ne gonfle et ne s’aglutine pas beaucoup. Honille feuilletée de Mont Anis , département de la Haute- Saône, flamme promptement, se gonile et s’aglutine extrème- ment. Houille des Diablerets, dans le canton de Berne, gonfle et s'aglntine beaucoup. Houille schisteuse d'un éclat ardoisé, du Cammerberg, elle gontle et s’aglutine bien. EVE D EYES STIONIAR PEN A STOUL TR EYLUEITE: 115 Idem , de Liège , flamme difficilement, gonfle peu. Idem, de la Tate, décrépite, gonfle peu, s’enflanme diffi- cilement. ; Idem , du Gengenbach , gonile et s’aglutine peu, s’enflamme difficilement. : Idem , de Frutigen, canton de Berne, décrépite et ne s’aglu- tinc pas. Horille ligneuse de Frachswald , gonile ets’aglutine peu : s’en- flamme lentement. Houille pesante de Zurich, s’enflamme et s’aglutine diffcile- ment ; gonfle peu. On peut conclure de ces différentes observations sur les houil- les, que plus elles sont légères, noires et feuilletées , plus elles se gonflent et s’aglutinent, et mieux elles brûlent. PRO RON AU SUR LES COMRBUSTIONS HUMAINES, Produites par un long abus des liqueurs spiritueuses ; PAR PIERRE-AIMÉ LAIR. À Paris, chez Gazon, libraire, près l'École de Médecine. FIELD RUAUTIT. Il est dans l’histoire naturelle, comme dans l’histoire civile, des faits présentés aux méditations de lobservateur, qui, ap- puyés pars témoignages les plus convaincans, paroïssent au premier aspect, dépourvus de vraisemblance. On a vu des per- sonnes subitement embrâsées par le simple contact du feu ordi- naire, passer tout-à-coup de la vie à la mort, et leur corps être réduit en cendres. Comment concevoir que dans certaines circonstances le feu agisse d’une manière tellement active sur le corps humain, qu’il le réduise en cendres? On sera tenté d’accorder d'autant 1re 216 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moins de foi à ces exemples de combustion , qu’ils semblent assez rares. J'avoue qu'ils m'ont d’abord paru peu croyables ; mais pour être invraisemblables, ils n’en sont pas moins présentés comme vrais par des hommes dignes de foi. Bianchini, Maftey, Rolli, Le Cat, Vicq-d’Azyr, et plusieurs savans distingués , en ont apporté des témoignages certains. Est-il d’ailleurs plus sur- prenant d’éprouver cette incinération , que de rende des urines sucrées, ou de voir les os se ramollir au point de passer à l’état de gélatine? Certes , les effets de la combustion ne sont pas plus merveilleux que ceux du ramollissement des os et du diabète sucré. Cette disposition morbilique seroit donc un fléau de plus qui affligeroit l'humanité; mais en physique, les faits étant tou- jours préférables aux raisonnemens , je vais réunir ici ceux qui me paroîtront avoir des caractères authentiques ; et de peur d’en altérer le sens, je les citerai tels qu’ils sont attestés dans les ouvrages où je les ai puisés. Où lit dans /es Actes de Copenhague, qu'en 1692, une femme du peuple, qui depuis trois ans faisoit abus de liqueurs fortes, au point de ne vouloir plus de nourriture, s'étant mise un soir sur une chaise de paille pour y dormir, fut consumée pendant la nuit; on ne trouva le lendemain matin, que son crâne et les dernières articulations de ses doigts. Tout le reste du corps, ajoute Jacobæus , fut réduit en cendres. Voici l’extrait d’un mémoire de Bianchini de Vérone , tiré du journal anglais Apnual Register (1763). La comtesse Cor- nelia Bandi, de la ville de Césène, agée de soixante-deux ans, jouissoit d’une bonne santé. Un soir cependant elle éprouva une sorte d’assoupissement, et se mit au lit : sa femme-de-chambre resta avec elle jusqu’à ce qu’elle s’endormît ; le lendemain, lors- que cette fille entra pour réveiller sa maîtresse, elle ne trouva plus que son cadavre dans un état affreux. À quatre pieds du lit étoit un monceau de cendres dans lequel on distinguoit deux jambes intactes avec les bras: entre les jambes étoit la tête de cette dame , dont la cervelle, la moitié de la partie postérieure du crâne et le menton tout entiers avoient été consumés : on trouva trois doigts en charbon, le reste du corps étoit réduit en cendres, qui en les touchant, laissoient aux doigts une humi- dité grasse et fétide. Une petite lampe posée sur le plancher, étoit couvertes de cendres , et ne contenait plus d'huile ; le suif de deux chandelles étoit fondu sur une table , mais la mêche restoit encore, et les pieds des chandeliers avoient une certaine moiteur. Le lit n'étoit point endommagé ; les draps et les cou- EXT D’ ANS EMOM/RNE NAMUR" E LL E, 117 vcrtures étoient relevés et jetés de côté comme lorsqu'on sort du lit. Les meubles et la tapisserie étoient chargés d’une suie humide couleur de cendre, qui pénétra dans les tiroirs et salit le linge. Cette suie, ayant passé dans une cuisine voisine, s’attacha aux murailles, aux ustensiles : un morceau de pain, qui étoit dans le garde-manger , en fut couvert, et aucun chien n’en voulut goûter. L’odeur infecte s’étoit communiquée à d’au- tres appartemens. Le journal anglais observe que la comtesse de Césène avoit coutume de baigner tout son corps dans de l'esprit-de-vin camphré (1). Bianchini fit inprimer les détails de ce déplorable évènement, dans le temps où il se passa , et personne ne le contredit. 11 fut également attesté par Scipion Maffey , savant contemporain de Bianchini, qui n'étoit point crédule ; enfin Paul Rolli confirma aussi ce fait surprenant à la société de Londres. L’Arnual Register cite dans le même passage, deux autres faits de cette espèce arrivés, l’un à Sou- thampton , et l’autre à Coventry. Pareil exemple est encore consigné dans /e méme journal (2), par une lettre de M. Wilmer , chirurgien. « Marie Clues, âgée de cinquante ans , étoit fort adonnée à l’ivrognerie. Son pen- chant pour ce vice s’étoit augmenté après la mort de son mari, arrivée un an et demi auparavant. À peine avoit-elle, depuis environ un an, passé un jour sans boire au moins une demi- pinte de rum ou d’eau-de-vie d’anis ; sa santé déclinoit par de- grés : elle fut au commencement de février attaquée d’une jau- nisse, et contrainte de garder le lit. Quoiqu’elle ne pôt agir, et qu’elle fût hors d’état de travailler , elle continua son ancien usage de boire et de fumer tous les jours une pipe de tabac. Le lit de la chambre où elle couchoit étoit parallèle à la cheminée, et en étoit éloigné d’environ trois pieds. Samedi matin, premier mars, elle tomba sur le pavé, et sa grande foiblesse l’empêcha de se relever : elle demeura dans cet état jusqu’à ce que quel- qu’un qui entra la remit dans son lit. La nuit suivante elle vyou- lut rester seule ; une personne la quitta à onze heures et demie, et ferma , suivant son usage , la porte à la clef. Elite avoit mis deux gros morceaux de charbon de terre au feu, et placé sur une chaise à la tête de son lit, une lumière dans un chandelier. © ES EE TS ES (1) To bath all her body in camphorate spirit of wine, (2) Année 1775; tom, 18, page 78, 118 JOURNAL DE PHYSIQUE’, DE NCHTMTE On apperçut , à cinq heures et demie du matin, de la fumée qui sortoit par la fenêtre; on brisa promptement la porte, et quel- ques flammes qui étoient dans la chambre furent aisément étein- tes. Entre le lit et la cheminée, on voyoit les débris de‘la mal- heureuse Clues : une jambe et une cuisse étoient encore entières, mais il ne restoit rien de la peau, des muscles et des viscères : les os du crâne, de la poitrine, de l’épine du dos, des extrémi- tés supérieures , étoient entièrement calcinés et couverts d’une efflorescence blanchâtre. On fat surpris du peu de dommage arrivé aux meubles : le côté du lit qui donnoit vers la cheminée avoit le plus souffert; le bois en étoit superficiellement brûlé, mais le lit de plume, les draps, les couvertures ne l’étoient point. J'entrai dans la chambre environ deux heures après qu’elle avoit été ouverte. J’observai que les murailles et tous les objets qui se trouvoient dans l'endroit’, avoient été noircis; qu'il y règnoit une vapeur très-désagréable; mais rien, à l'exception du cadavre, ne portoit une forte empreinte du feu. » Ce fait a beaucoup de rapport avec celui que cite Vicq-d’Azyr dans l'Encyclopédie méthodique , article Anatomie pathologique de l’homme. Une femme d’une cinquantaine d’années , faisant abus de liqueurs spiritueuses, et s’enivrant tous les jours avant de se coucher , fut trouvée entièrement brûlée et réduite en cen- dres. Quelques parties osseuses avoient seules été épargnées : les meubles de l'appartement étoient peu endommagés par l’in- cendie. Vicq-d’Azyr, loin de rejetter ce phénomène, ajoute qu'il en existe beaucoup d’autres exemples. On trouve un fait de ce genre dans l’ouvrage intitulé : 4cta medica et philosophice Hafniensia ; et dans le livre de Æenri Bohanser, quia pour titre Le nouveau phosphore enflammé. Une femme de Paris s'étoit accoutumée, depuis trois ans, à prendre de l'esprit-de vin, au point qu’elle ne buvoit que de cette liqueur; un jour on la trouva entièrement réduite en cendres , excepté son crâne et l'extrémité de ses doigts. Les Mémoires de la société royale de Londres offrent aussi un exemple non moins extraordinaire de combustion humaine. Tous les journaux en ont parlé dans le temps : il fut alors attesté par une foule de témoins oculaires, et fit le sujet de plus d’une discussion savante. Trois récits de cet évènement, pré- sentés par des auteurs différens, ont les plus grands rapports entre eux. Voici comme on raconte le fait : « Grace-Pitt, femme d’un marchand de poisson de Saint-Clément d’Ipswich, duché de Suffolk, âge d'environ soixante ans, avoit contracté l’habi.- EMDOPD HN SSNONNR EN A T'U'R;E EEE: 119 tude, depuis’ plusieurs années, de descendre de sa chambre, toutes les nuits, à demi-deshabillée, pour famer une pipe. La puit du 9 au :0 avril 1744, elle sortit de son lit à l’ordinaire : sa fille, couchée auprès d'elle, s’endormit, et ne s’apperçut de son absence, qu’en s’éveillant le lendemain ; alors s’habillant et descendant dans la cuisine, elle trouva le corps de sa mère couché surle côté droit, sa tête près de la grille du foyer, le corps étendu sur l'être, les jambes sur le plancher, qui étoit de sapin, le tout ayant la figure d’une souche de bois quise consume par un eur- brâsement sans flamme apparente. A cet aspect, la fille s’empresse de verser sur le corps de sa mère , l’eau de deux grands vases pour éteindre le feu : la fumée et l'odeur fétide qui s’en exha- lèrent, pensèrent suffoquer les voisins qui étoient accourus aux cris de la fille. Le tronc étoit en quelque sorte incinéré, et ressembloit à un tas de charbons couverts de cendres blanches ; la tête , les bras, les jambes et les cuisses avoient aussi beaucoup participé à l'incendie. On dit que cette femine avoit ba largement des liqueurs spiritueuses en réjouissance de la nouvelle du retour d’une de ses filles, de Gibraltar. Au reste , ïl n’y avoit pas de feu dans le foyer, et la chandelle avoit ete brûlée en entier dans la bobèche du chandelier qui étoit à côté d’elle. On trouva de plus vue du cadavre consumé , les habits d’un enfant et un écran de papier qui n’avoit reçu aucune atteinte du feu. Le vè- tement de cette femme étoit une robe de coton. - Le Cat, dans un mémoire sur les incendies spontañés , cite plusieurs autres exemples de combustions humaines. Ayant , dit- il, passé à Reïms quelques mois de 1724 à 1725, je logeai chez le sieur Millet, dont la femme s’enivroit tous les jours. Son ménage étoit conduit par une jeune fille fort jolie ; ce que nous ne devons pas oublier de faire observer , pour qu'on puisse saisir toutes les circonstances qui accompagnèrent le fait que je vais rapporter. Cette femme fut trouvée consumée le 20 février 1725, dans sa cuisine, à un pied et demi de lâtre du feu. Une partie de la tête seulement, une portion des extrémités inférieures , quelques vertèbres, avoient échappé à l’embrâsement. Un pied et demi du plancher sous le cadavre, avoit été consumé; un pétrin et un saloir très-voisins de cet incendie, n’en avoient reçu aucun dommage. M. Chrétien, chirurgien, releva lui-même ces restes de cadavre , avec toutes les formalités juridiques. L’af- faire examinée par les juges qui s'en saiïsirent, Jean Millet, mari de l’incendiée , déclara que le 19 février, vers les huit heures du soir , il s’etoit couché avec sa femme ; que ne pouvant dor- 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DEUNCHIMIE mir, elle avoit passé dans la cuisine, où il croyoit qu’elle s’étoit chauffée ; que lui Millet s'étant endormi, avoit été éveillé, sur les deux heures , par une odeur infecte ; qu'ayant couru à la cuisine , il avoit trouvé les restes du corps de sa femme dans l’état où le décrit le procès-verbal des médecins et des chirur- giens. Les juges ne soupçonnant pas la cause d’un pareil évène- ment, poursuivirent vivement cette affaire. La jolie servante fit le malheur de Millet, que sa probité et son innocence ne sauvèrent point du soupçon de s'être défait de sa femme par des moyens mieux concertés, et d’avoir arrangé le reste de l’aven- ture de facon à lui donner l'air d’un accident. Il essuya donc toute la rigueur de la loi ; et quoique par appel à une cour su- périeure et très-éclairée , qui reconnut l'incendie, il sortit vic- torieux ; il n’en fut pas moins ruiné, accablé de chagrin, et réduit à aller passer Île reste de ses tristes jours à l’hôpital. Le Cat rapporte encore un exemple qui a la plus parfaite ressemblance avec lesprécédens. M. Boinneau, curé de Plerguer prês Dol, m'écrivit, le 22 février 1749, la lettre suivante : « Permettez-moi de vous exposer un fait arrivé sous nos yeux il y a quinze jours. La dame de Boiseon , âgée d’environ quatre- vingts ans, fort maigre, et ne buvant que de l’eau-de-vie de- puis plusieurs années, étoit assise dans son fauteuil devant le feu. Sa femme-de-chambre s’absenta pour quelques momens ; à son retour elle vit sa maîtresse toute en feu : elle crie, on vient ; quelqu'un veut abattre le feu avec sa main, et le feu s’y attache comme s’il l’eût trempée dans de l’eau -de-vie ou de l'huile enflammée. On apporte de l’eau , on en jette avec abon- dance sur la dame, et le feu n’en paroît que plus vif :ilne s’é- teignit point que toutes les chairs ne fussent consumées : son squelette, fort noir, resta entier dans le fauteuil, qui n’étoit qu'un peu roussi; une jambe seulement et les deux mains se détachèrent des os, On ne sait point si le feu du foyer avoit pris aux habits, La dame étoit dans la même place où elle se mettoit tous les jours ; le feu n’étoit point extraordinaire, et elle n’étoit point tombée. Ce qui me fait soupçonner que l'usage de l’eau- de-vie pourroit produire de tels effets, c’est qu’on m'a assuré qu’à la porte de Dinan, pareil accident arriva sur une autre el dans des circonstances à-peu- près semblables. » A ces exemples dont je multiplieles citationsafin d'augmenter la conviction, j'ajouterai deux autres faits de cette espèce , rapportés dansle Journal de Médecine (tome 59, page 440) : le premier s’est passé à Aix en Provence , et est ainsi raconté par Muraire, chirurgien. ET D'ATIS NOR E UN AUUU R ETICE: 121: chirurgien. « Au mois de février 1770 , Marie Jauffret , veuve de Nicolas Gravier, cordonnier , petite , fort grasse, et portée à la boisson, fut incendiée dans sa chambre. M. Rocas, mon confrère , commis pour faire le rapport des malheureux restes de son cadavre , ne trouva qu’une masse de cendres et quelques os tellement calcinés , qu’à la moindre pression ils se réduisoient en poussière. Les os du crâne, une main et un pied avoient échappé en partie à l’action du feu. Près de ces débris étoit une table intacte, et sous cette table une chauffrette de bois, dont le grillage brûlé déja depuis longtemps laissoit une large ouver- ture par laquelle vraisemblablement le feu se communiqua et occasionna ce fàcheux accident : une seule chaise trop voisine de l'incendie eut le siége et les pieds de devant brûlés. A cela près, nulle autre apparence de feu ni dans la cheminée , ni dans Ja chambre; tous les meubles dans leur intégrité ; de sorte qu’à l'exception du devant de la chaise qui brûla séparément, au- cune matière combustible ne parut contribuer à une si prompte incinération , qui fut opérée dans l’espace de sept à huit heures. » L’autre exemple cité dans le Journal de Médecine (tome 59, page 140), s’est passé à Caen , et est ainsi raconté par un chi- rurgien de cette ville , encore vivant, nommé Mérille. « Requis Je 3 du mois de juin 1782, par MM. les gens du roi, pour faire le procès-verbal de l’état dans lequel se trouvoit mademoi- selle Thuars, qu'on me dit avoir été brûlée, j'ai observé ce ui suit. Le cadavre avoit le sommet de la tête appuyé contre V’un des chenets, à dix-huit pouces du contre-feu; le reste du corps étoit obliquement placé devant la cheminée : le tout n’étoit plus qu’une masse de cendres : les os même les plus solides avoient perdu leur forme et leur consistance ; aucuns n’étoient reconnoissables, excepté le coronal, les deux pariétaux, deux vertèbres lombaires, une portion du tibia, et une portion de l’omoplate ; encore ces os étoient-ils tellement calcinés, qu'ils se réduisoient en poussière par une foible pression : des deux pieds, le droit fut trouvé entier et enflammé à sa jonction dans sa partie supérieure ; le gauche étoit plus brülé. Il faisoit froid ce jour-là : cependant on n’apperçut dans le foyer que. deux ou trois petits morceaux de bois d’un pouce de diamètre, brûlés dans en milieu. Aucun meuble dé l’appartement n’étoit endom- magé. La chaise sur laquelle mademoiselle Thuars paroissoit avoir été assise , se trouvoit à un pied d’elle et absolument in- tacte. Je crois devoir observer que cette demoiselle étoit extré- mement grasse, qu’elle étoit âgée de soixante et quelques années, Tome VII. PLUVIOSE an 8. Q 122 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE très-adonnée au vin et aux liqueurs; que le jour même de sa mort elle avoit bu trois bouteilles de vin et environ un dermi- septier d’eau-de-vie , et qu’enfin la consomption du cadavre a eu lieu en moins de sept heures , quoique selon les apparences, rien n'ait brûlé autour du corps que à vêtemens. » La ville de Caen fournit plusieurs autres exemples de ce genre. Beaucoup de personnes, entre autres un médecin d'Argentan, nommé Pouffet, auteur d’un Æssai sur les fièvres intermittentes, m'ont raconté qu’une femme du peuple, demeurant place Vil- lers, connue pour être fort adonnée à la boisson, fut trouvée brûlée chez elle ; les extrémités de son corps avoient seulement été épargnées, et les meubles étoient peu endommagés. Pareil malheur s’est renouvelé encore à Caen , sur une vieille femme ivrogne. Ceux qui n'ont raconté ce fait, assurent que l’eau n’avoit pu éteindre le feu dans le corps enflammé. Je ne crois pas devoir donner les détails de cet évènement, et d’un autre à-peu-près semblable passé dans la même ville, parce que n'étant point attestés par un procès-verbal , et ne m’ayant point été communiqués par des gens de l’art, ils n’inspireroient pas la même confiance. Cette réunion d'exemples est donc appuyée par toutes les preuves d’authenticité qu’on a droit d’exiger pour former le té- moignage des hommes ; car en admettant le doute prudent de Descartes , il faut aussi repousser le doute universel des Pyrrho- niens. La conviction est dans la multiplicité et l’uniformité même des faits passés en des endroits différens, et attestés par tant d’hornmes éclairés. Ils ont un tel rapport entre eux, qu’on est porté à leur-chercher la même cause , et à leur attribuer les mêmes effets. 10. Les personnes qui ont éprouvé les effets de la combustion Jfaisoient depuis lonotemps abus de liqueurs spiritueuses. 2°. La combustion n’a eu lieu que sur des femmes. 5°. Ces femmes étoient égées. 4°. Leur corps a été brilé non pas spontanément , maïs ac= cidentellement. 5°. Les extrémités de leur corps. tels que les pieds ; Les mains , ont été généralement éparonees par le feu. 6°. Quelquefois l’eau, au lieu d’éteindre Le feu des parties embräsées du corps, n’a fait que lui donner plus d'activité. 7°. Le feu a très-peu endommagé, et a souvent méme épargné les objets combustibles qui étoient en contact avec les corps hu- mains dans le moment où ils bréloient. EADOANDÉNENTES TOP R EE MN ANTRUPR FE LIDIE, 125 8. La combustion de ces corps a laissé pour résidu, des cendres grasses et fétides, une suie onctueuse , puante et très- pénétrante. Entrons dans l’examen de ces huit observations générales. La première idée qui frappe en lisant les nombreux exemples de combustions humaines que j'ai cités, c’est que ceux qui ont péri victimes de si funestes accidens étoient presque tous livrés à la boisson. La femme dont parlent les Actes de Copenhague, faisoit depuis trois ans abus de liqueurs fortes , au point de ze vouloir plus d'autre nourriture. Marie Clues, depuis un an avoit à peine passé un jour sans boire au moins une demi- pinte de rum ou d’eau-de-vie d’aris. La femme Millet éroit sans cesse ivre. Madame de Boiseon ze buvoit, depuis plusieurs années que de l’eau-de-vie. Marie Jauffret ézoit très-portée à la boisson. Mademoiselle Thuars et les autres femmes de Caen, étoient également fort adonnées aux liqueurs. De pareils excès de liqueurs spiritueuses et d’alimens épices devoient agir fortement sur les personnes dont j’aiparlé. Toutes les parties fluides et solides de leur corps devoient en éprouver la funeste influence ; car la propriété des vaisseaux absorbans, qui est si active dans le corps humain, semble jouer un très- grand rôle en cette occasion. On a encore observé que l’urine des buveurs est ordinairement peu chargée, et de la qualité de celle que les médecins appellent urine de spasme. Il paroît que chez les ivrognes qui font un grand abus de liqueurs fortes, la matière aqueuse s'écoule par les voies urinaires, tandis que la partie alkoolique des boissons, presque semblable à la partie volatile des aromates, ne subissant point une entière décom- position, est absorbée dans tout leur corps. Je passe à la seconde observation générale, gue la combustion n'a eu lieu que sur des femmes. Je ne prétends point que les hommes ne soïent également ex- posés à la combustion ; mais je n’ai pu en découvrir un seul exemple bien constaté; et comme on ne peut marcher d’une manière sûrequ'avec l’autorité des faits, je trouve cette par- ticularité trop surprenante pour ne pas faire naître quelques ré- flexions. Peut-être à l’2xamen la cause en paroîtra-t-elle assez naturelle, Le corps des femmes est en général plus délicat que celui des hommes. Le système de leurs solides est plus relâché ; leurs fibres plus grêles et d’une structure moins ferme , se rom- pent plus aisément, Le genre de vie contribue encore beaucoup à augmenter la foiblesse de leur organisation. Les femmes livrées Q 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pour l'ordinaire à une vie plus sédentaire, chargées des soins intérieurs de la maison , souvent renfermées dans des chambres closes où elles se trouvent condamnées à passer des journées entières sans prendre aucun exercice, sont plus sujettes que les hommes à devenir grasses. Chez elles la texture des parties molles étant plus spongieuse , l’absorption doit être plus facile; tout leur corps plus aisément imbibé de liqueurs spiritueuses , doit aussi éprouver plus facilement l'impression du feu. De-là les exemples malheureux de combustion dont les femmes seules paroissent fournir des exemples; encore faut-il un tel concours de dispositions physiques et de circonstances, que ces évène- mens, quoique moins rares qu'on ne pense, ne sont cependant pas très-communs. La seconde observation générale établie , sert à donner l’ex- plication de la troisième; je veux dire gze La combustion n'a eu lieu que sur des femmes âgées. . La comtesse de Césène avoit soixante-deux ans ; Marie Clues, cinquante-deux ; Grace-Pitt, soixante; madame de Boïseon , quatre-vingts , et mademoiselle Thuars plus de soixante. Ces exemples prouvent que la combustion est plus fréquente chez les vieilles femmes. Les jeunes personnes distraites par d’autres passions, se livrent peu à la boisson; mais lorsque l’amour , fuyant avec la jeunesse, laisse un vide dans l’ame, si l'ambition ou l'intérêt, si le goût du jeu ou la ferveur religieuse n’y pren.- nent la place, c’est ordinairement l’ivrognerie qui s’en empare. Cette passion va toujours en augmentant à mesure que les autres vont en diminuant, sur-tout chez les femmes qui peuvent s’y li- vrer sans contrainte. Aussi Wilmer fait il observer que /e pen- chant de Marie Clues pour ce vice s’étoit toujours accru depuis la mort de son mari, arrivée un an et demi auparavant. Pres- que toutes les autres femmes dont j'ai parlé étant également maîtresses de leurs actions pouvoient , sans craindre aucune contrariété , s’abandonner à leur penchant pour la boisson. On a pu observer que l’embonpoint des femmes, à mesure qu'elles avancent en âge, les rend plus sédentaires; etsi , comme le remarque Beaumes (1), la vie sédentaire surcharge le corps d'hydrogène, l'effet devoit en être encore plus sensible chez les vieilles femmes. La danse, les promenades qui forment une dis- (1) Essai du système chimique de la science de l’homme, ET D'HISTOIRE NATURELLE, n05 sipation salutaire pour les jeunes personnes, sont à un certain âge , interdites autant par la nature que par le préjugé. Il ne faut donc pas être étonné si les vieilles femmes, ordinairement plus grasses et plus livrées à l’ivrognerie, souvent immobiles comme des masses inanimées, sont plus susceptibles, dans un moment d'ivresse , d’éprouver les effets de la combustion. Peut-être ne devons-nous pas aller chercher si loin la cause de ces combustions ; le feu de la cheminée, de la chauffrette ou de la chandelle auroit pu se communiquer aux vêtemens, les brûler , et brüler ces femmes elles-mêmes par la disposition par- ticulière de leur corps. Maffey observe que la comtesse de Césène avoit l’usage de se frotter tout le corps avec de l’esprit-de-vin. Le voisinage des chandelles et de la lampe qu’on trouva près des débris de son corps, occasionna sans doute la combustion. Cet accident rappelle celui qu’éprouva Charles IT, roi de Na- varre. Livré à l’ivrognerie et à des excès de tout genre, ce prince s’étoit fait envelopper dans des draps trempés d’eau-de-vie, pour ranimer sa chaleur affoiblie par les débauches ; le feu prit aux draps tandis qu’on les cousoit , et il périt victime de cette im- prudence. Outre la combustion accidentelle, il nous reste à examiner s’il peut arriver des combustions humaines spontanées , comme le prétend Le Cat. La combustion spontanée est l’embrésement qui auroit lieu dans le corps humain, sans le contact d’une substance en ignition. La nature offre, il est vrai, plusieurs exemples de combustion spontanée dans le règne minéral et végétal. La décomposition des pyrites, et le travail souterrein qui se fait dans les volcans, en sont la preuve. Les mines de charbon dé terre peuvent aussi s’enflammer spontanément. On a vu le feu prendre à des tas de charbon de terre déposés dans des endroits clos. C’est par une fermentation de cette espèce, que le fumier s’échauffe quelquefois et s'embrâse. C’est encore ce qui explique pourquoi des bottes de foin , récoltées dans un état d'humidité, et entassées l’une sur l’autre, prennent feu quelquefois. Mais /4 combustion spontanée peut-elle avoir lieu dans le corps humain? S$’il faut en croire quelques auteurs (1), des feux très-violens peuvent être produits dans nos corps par la nature et par des procédés artificiels. Sturmius (2) dit que dans les (1) Éphémérides d'Allem. Observat. 77. (2) 1dem, dixième année; page 55, 226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pays du nord, des flammes s’évaporent souvent de l’estomac des ivrognes. Trois seigneurs de Courlande avoient fait un pari :il s’agissoit de savoir lequel boiroitle plus de liqueurs fortes ; deux d’entreeux moururentsuffoqués par une flamme sortie violemment de leur estomac. Thomas Bartholin (1) rapporte, sur l’autorité de Vorstins, qu’un militaire, ayant bu deux verres d’eau-de-vie , étoit mort après une éruption de flammes par la bouche. Dans sa troisième centurie, Bartholin cite encore un accident de cette espèce à la suite d’une débauche d’eau-de-vie. Après tous ces exemples il reste à prononter sur les causes accidentelles ou spontanées qui produisent la combustion. La nature prenant mille formes différentes, semble d’abord vouloir échapper à nos observations ; mais lorsqu'on vient à y réfléchir mürement, autant la combustion accidentelle semble facile à rouver, autant la combustion spontanée présente d’invraisem- eds car en admettant l’exemple de gens suffoqués par les flammes sorties de leur estomac , il y a encore loin de là à l’em- brâsement entier du corps. Il y a bien de la différence entre ces demi-combustions et les combustions spontanées tellement complettes qu’elles réduisent les corps en cendres, tels qu’on les a trouvés en cette occasion. Ainsi comme on n’a jameis vu le corps humain éprouver spontanément une combustion totale, ces assertions paroissent plutôt les produits d’une imagination frappée , que ceux de l'observation; et trop souvent il arrive que la nature n’adopte pas dans sa manière d’agir, notre ma- nière de voir. Je n’étendrai pas plus loin ces observations sur les combustions humaines ; Je crois qu’il n’est personne, après cet examen, qui ne soit frappé du rapport qui existe entre la cause de ce phéno- mène et les funestes effets qui en sont la suite. Quelquefois un système embelli des charmes de l'imagination , séduit ; mais ja- mais il ne présente un ensemble aussi parfait. Nous avons d’a- bord vu les faits justifier les raisonnemens; les raisonnemens ont ensuite servi à expliquer les faits; et la combustion humaine qui, au premier aspect, sembloit tenir du merveilleux, a pré- senté , à l'explication , le plus grand caractère de simplicité : tant il est vrai que souvent le merveilleux est produit par des (rt) Centurie première. PAMPPD IH MSSTIOMNEAERN ANTOULER ELITE: 127 effets qui frappant rarement nos yeux, permettent plus rarement encore à notre esprit d’en saisir la cause. Quelques personnes pourroient cependant rejetter sur la per- versité des hommes ce que nous attribuons à un accident. Peut- être, dira-t-on, des assassins, après avoir fait périr leurs mal- heureuses victimes , pour effacer toutes traces de leur crime, auroient imbibé le cadavre de quelques substances combustibles qui l’auroient consumé. Mais quand l'idée d’un pareil crime entreroit dans le cœur de l’homme, elle seroit d’impossible exé- cution. Lorsqu'autrefois on condamnoit les criminels au supplice du feu, combien n’employoit-on pas de matières combustibles pour brûler leur corps? Un garçon boulanger , nommé Renaud, fut condamné dans la ville de Caen, il y a quelques années, à être brûlé vif : 11 fallut deux fortes charretées de fagots pour consumer son cadavre, et, plus de dix heures après, on en trouva encore des débris osseux. Ce qui prouve d’ailleurs que la combustion n’étoit point artificielle, c’est qu’on est souvent ar- rivé à l’instant qu’elle avoit lieu, et qu'on a toujours trouvé le corps dans son état naturel. On entra chez madame de Boïseon au moment où son corps étoit en feu, et tous les voisins en furent témoins. 1Jailleurs les personnes dont j'ai parlé, étoient presque toutes d’une condition peu propre à exciter la cupidité, source de tant de crimes. La femme dont parlent les 4czes de Copenhague, étoit une femme du peuple; Grace-Pitt étoit /& Jemme d'un marchand de Poisson; Marie Jauffret, celle d’un cordonnier ; deux autres femme de Caen, dont j'ai parlé, étoient également de la classe la plus inférieure de la société. Il est donc incontestable que, dans tous les exemples dont j'ai parlé , la com- bustion a toujours été accidentelle et jamais intentionnelle. On voit que ce phénomène n’est pas moins intéressant à con- noître pour la justice criminelle que pour l’histoire naturelle ; car un injuste soupçon peut tomber quelquefois sur des hommes innocens. Qui ne frémiroit, en se rappelant l'histoire de ce mal- heureux habitant de Reims qui, apiès avoir perdu sa femme par l'effet de combustion humaine, manqua périr lui-même sur l'échafaud , injustement condamné par un tribunal ignorant ! 1l est étonnant que la police soit aussi indifférente sur de pareilles morts, et qu'on ne s'attache pas à nommer, pour l’examen de tels évenemens , des hommes capables d'observer et de juger. Ces visites de police se font pluiôt par usage que sous les rap- ports d'utilité : faut - il être surpris si la médecine légale offre encore tant d’incertitudes? 4 > 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Maïs je sens qu’il est temps de m'arrêter, de peur de passer les bornes d’un simple essai. Mon but étant moins d'établir un système que de citer des faits et de présenter quelques réflexions sur les combustions humaines, je laisse aux physiologistes et aux chimistes à traiter cette matière plus en détail. Dans ce siècle où ils se sont ouvert une route nouvelle, dans ce siècle où, marchant d’un pas assuré vers des découvertes plus éten- dues, ils semblent devenus les confidens de la nature , ils dé- velopperont avec avantage le peu d’idées que j'ai hasardées sur un phénomène aussi extraordinaire qu’intéressant. Je me trouverois heureux si ce côté du tableau des funestes effets de l’ivrognerie pouvoit faire impression sur quelques per- sonnes , et sur-tout sur les femmes qui en sont les plus déplo- rables victimes. Peut-être les détails effrayans d'un mal aussi épouvantable que celui de la combustion , préserveront-ils les buveurs de ce vice honteux. Plutarque dit qu’à Sparte on dé- tournoit les enfans de l’ivrognerie en leur présentant le spectacle d'esclaves ivres , qui, par leurs contorsions hideuses, faisoient entrer dans l’ame des jeunes spectateurs un tel mépris qu’ils ne s'enivroient jamais. Cependant cet état d'ivresse n’étoit que passager. Combien n’est-il pas plus effrayant dans ces malheu- reuses victimes consumées par les flammes, et réduites en cen- dres? Puissent les hommes n’oublier jamais que la vigne produit quelquefois des fruits bien amers , les maladies , la douleur, le repentir et la mort! RAPPORT £ T D'HISTOIRE NAT URE'TIIE. 129 RAC EP Po OCR: T FAIT A LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DE ROUEN, SÉANCE DU 9 PLUVIÔSE AN 7; Sur les expériences comparatives de la consommation du bois dans les fourneaux de teinturiers et autres, avec celle des fourneaux de construction nouvelle, PAR LES MEMBRES COMPOSANT LA COMMISSION DE LA SOCIÉTÉ, Crrorexs, Un siècle s’est écoulé depuis que Colbert indiqua l’anéantis- sement des forêts comme un des fléaux qui menacoient dans l’avenir le sol de la France; c’est vous dire que le mal est tou- jours allé en croissant , et qu’infailliblement il va toucher à son dernier terme. Les forêts qui couvroient autrefois de vastes campagnes sont venues se perdre dans le gouffre des villes ; elles ont disparu de la surface de la terre pour faire place à des défrichemens multipliés, conquête annuelle de l’agriculture. Plus la popula- tion à augmenté, plus cette dernière a pris d’accroissemens , plus aussi on a vu se détruire cette proportion précieuse entre le végétal qui nourrit l’homme et celui qui sert à le chauffer , à l’abriter contre la rigueur des saisons, et à tous les usages aux- quels son industrie le ploie en le façonnant à son gré. D'une extrémité de la république à l’autre un cri simultané se fait entendre; ce cri nous dénonce, et la dévastation ef- frayante des forêts, et l’organisation vicieuse du système qui les régit ; ce cri est entendu de tous les bons cioyens; il a frappé l'oreille de l’institut national, celles du ministre et de vos administrateurs ; il tient en éveil leur sollicitude et la vôtre. C’est répondre à ce cri d’alarme, que de s’occuper des moyens de diminuer la consommation du bois; c’est en quelque sorte - Tome VII. PLUVIOSE an 8. R 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE planter des arbres, ou pour mieux rendre notre idée, c’est em- pêcher qu’ils ne soient trop tôt abattus; c'est concourir d’inten- tion et d'effet avec les administrations centrale et municipale de cette commune , sans relâche occupées de tout ce qui est lié à l'intérêt et à la prospérité de la république. Nous allons vous présenter, citoyens , le résultat de nos tra- vaux. Le cadre dans lequel nous l’avons resserre exclut la pompe et les agrémens du style ; l'exactitude et la clarté en seront le seul ornement. j La disette du bois à brûler dont est menacée la république sur tous les points , a fixé votre attention d’une manière parti- culière. Vous avez pensé qu’il étoit possible de diminuer l'énorme consommation de ce précieux combustible dans les fourneaux des téinturiers, des imprimeurs de toiles peintes, des blanchis- seuses et autres manufacturiers qui en font usage; vous avez pressenti qu’en donnant à ces fourneaux une forme nouvelle, forme qui contraindroit la chaleur du feu à se consommer dans le fourneau même , autour et au profit de la chaudière, et qui l'empêcheroit de se rendre trop précipitamment dans la cheminée, ainsi qu’elle le fait dans les fourneaux ordinaires, on obtiendroit une grande économie de bois. Mais vous manquiez de moyens pour mettre à exécution ce louable projet; vous aviez besoin d’un local, il vous falloit des fourneaux, des chaudières, des matériaux et des ouvriers, ou votre bonne volonté restoit inac- tive et sans eftet. . C’est dans ces circonstances que le citoyen Benjamin Pavie, notre collègue, recommandable par ses connoissances dans l’art de teindre les étoffes, vous offrit généreusement son atelier , it à votre disposition tout ce que vous desiriez, et voùs donna même la faculté de construire de nouveaux fourneaux de telle forme qu'il vous plairoïc ; vous ne pouviez mieux Jui en témoi- gner votre reconnoissance qu’en acceptant ses oflres. Le 19 prairiai dernier, vous nommâtes une commission com- posée des citoyens Lebrumentet Vauquelin,architectes, Mesaize, pharmacien et démonstrateur de chimie , et du citoyen Pavie, teinturier : ensuite, par deux délibérations postérieures, vous avez réuni à cette commission les citoyens Pluvinét, professeur de physique expérimentale et de chimie ; Gabriel Gervais, fa- biicant , correspondant de la commission des arts et manufac- tures , et Delafosse , architecte. Ces citoyens se transportèrent-les 20 et 21 du même mois, dans l'atelier nouveau du citoyen Payie, situé sur la rive droite de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 191 la rivière de Robec, fauxbourg Hilaire ; ils furent présens à la construction d’un fourneau ordinaire de teinturier , qu’il a per- fectionné ; ils en firent ensuite construire deux autres sur les dessins du citoyen Pluvinet ; le citoyen Mesaize en fit aussi construire un, mais ce ne fut que le 13 frimaire et dans l’ancien atelier du citoyen Pavie, peu éloigné du nouveau. Avant le vous présenter le résultat des expériences faites sur ces différens fourneaux, votre commission estime qu’il est à propos de vous en décrire les dimensions, les formes, ainsi que celles des autres fourneaux dont on fait usage. DESCRIPTION DE DIFFÉRENS FOURNEAUX. FOURNEAU DE BLANCHISSEUSES. Le premier et le plus connu est celui qu’on nomme fozrrear de blanchisseuses. On en fait particulièrement usage dans les buanderies et dans les endroits éloignés des villes où l’on n’en connoît point d’autres. Rien de plus simple que sa construction , qui n’est autre chose qu’une maçonnerie ronde , élevée antour d’une chaudière qu’elle supporte; elle en est éloignée dans le bas de deux décimètres (4 pouces et plus, selon sa grandeur); elle s’en approche peu-à- peu et la joint enfin à 10 à 12 centimètres ( { pouces) de son bord. Cette chaudière est élevée d’environ 27 à 30 centimètres (10 à 12 pouces) (c’est assez souvent le quart ou même le cin- quième de la profondeur de la chaudière) au-dessus du foyer sur lequel se fait le feu. Le tuyau de la cheminée est rarement sur l'entrée du fourneau ; il est ordinairement placé à l’epposé qu’on appelle Ze salon. Le feu qu’on fait sous cette chaudière en chauffe en même temps le fond et le contour ; ensuite il se porte rapidement dans la cheminée dont il échauffe le tayau jusqu’à ane très grande hauteur. Les uns ont des portes, les awtres en sont dépourvus. Nous désignerons ce fourneau par la lettre A. FOURNEAUSDE TLINTURIER, À UN ÉVENT. Le second, qu’on appelle vulgairement fourneau de teinturier, parce que c’est de lui que les teinturiers font usage, consiste en un cendrier, le plus souvent sans porte. C’est une fosse en forme de quarré long , bordée de maconnerie; ses proportions L 2 182 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sont arbitraires ; sa longueur s’étend ordinairement jusqu'aux deux tiers du diamètre de la chaudière, et sa largeur en est le cinquième. Les ouvriers appellent ce cendrier le puits du four- neau. 1 est couvert par des barreaux de fer éloignés les uns des autres de 7 millimètres (3 lignes); leur longueur, pareiïlle- ment arbitraire, est souvent de la moitié du diamètre de la chaudière. C’est sur le milieu de cette espèce de grille qu’elle est placée, à la distance d’environ le quart ou le cinquième de sa profondeur totale. Une maçonnerie en forme de cloison cir- culaire vient saisir cette chaudière versle bas, au tiers ou en- viron de sa hauteur, dans la moitié et même jusqu'aux deux tiers de sa circonférence, le tiers qui n’est pas clos est c> qu’on appelle l’évezz, il se trouve au fond ou ne du fourneau. La maçonnerie laisse au-dessus de cet évent un espace plus ou moins grand pour le passage de la flamme , et n’embrasse la chaudière qu’à deux décimètres de son bord, ou environ à la huitième par- tie de sa hauteur. On voit par cette construction , que le feu chauffe d'abord le fond de la chaudière, qu'il monte par l'évent, qu’il parcourt à droite et à gauche , au-dessus de la cloison , les deux demi-cir- conférences, en chauffant latéralement la chaudière pour se rendre ensuite dans le tuyau, toujours placé sur l’entrée du fourneau; c’est ainsi qu’est construit celui du citoyen Pavie : nous le désignons par la lettre B. Voilà les deux constructions connues dans notre canton et dans ses environs ; s’il en existe d’autres, ce ne peut être que chez quelques particuliers qui ne les ont pas rendues publiques. FOURNEAU À DEUX ÉVENTS. Ce fourneau, construit d’après les dessins du citoyen Pluvi- net, a, comme le précédent, un cendrier sans porte et une grille semblable ; mais au lieu d’un évent, il en a deux prati- qués latéralement vis-à-vis l’un de l’autre. Ces deux évents ser- vent d'entrée à deux conduits dans lesquels la flamme monte obliquement en parcourant un quart de la circonference de la chaudière vers le fond du fourneau où se trouve un autre évent. Elle se réunit à ce dernier pour monter au-dessus et revenir par la droite et par la gauche vers le tuyau où elle ne peut en- trer qu'après avoir descendu et monté deux fois autour de trois languettes verticales qui se trouvent de chaqne côté à son pas- sage, pour retarder sa marche. La chaleur dans ce fourneau , ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 133 après avoir chauffé le fond de la chaudière, en parcourt d’abord une demi-circonférence et ensuite une circonférence entière ; plus, deux mouvemens ascensifs et descensifs de chaque côté avant de se rendre dans le tuyau : nous désignons ce fourneau sous la lettre C. FOURNEAU A TROIS ÉVENTS, construit d’après les plans du citoyen Mesaize Il a, comme les deux derniers, un cendrier, maïs avec une porte qui ferme exactement. L'opinion de ce citoyen est que tous,les cendriers doivent en avoir une, parce qu’au moyen de cette porte on augmente ou diminue le feu à volonté. Il a aussi unegrille, mais beaucoup plus petite et plus rapprochée de l’en- trée que celle des précédens. On a vu précédemment que les grilles étoient à-peu-près de la moitié du diamètre des chaudiè- res; celle-ci n’en est que d’environ le quart; les autres sont placées sous le milieu du fond ; celle-ci est sous son bord , vers l'entrée du fourneau. La chaudière est , comme celle des autres, placée au-dessus de son foyer, à une distance d’environ le quart ou le cinquième de sa hauteur totale. La hauteur de la chaudière, moins la portion scellée près son bord, est divisée en trois parties ; à chacune d’elle est une cloison horizontale percée d’un évent dont la largeur est du cinquième du diamètre. Le premier éventest au fond du fourneau; le second au-dessus, à l'opposé contre le tuyau, et le troisième perpendiculairement au-dessus du premier. On voit, par cette disposition, que la flamme, après avoir chauffé verticalement le fond de la chaudière , s’in- troduit par l’évent du talon , qu’elle monte, se partage et re- vient latéralement chercher une sortie par le second, dans le- quel elle passe pour monter au-dessus ; qu’elle se partage de uouveau pour retourner vers le troisième par où elle monte encore, et revientenfin vers le devant pour entrer dans le tuyau; dans cette construction la chaleur se croise et parcourt trois fois la circonférence de la chaudière, au lieu qu’elle ne se croise et nela parcourt qu’une fois dans le fourneau à un évent, qu’elle __ne se croise que deux fois etne parcourt qu’une circonférence et demie dans celui qui en a deux. Nous désignerons ce four- neau sous la lettre M. Les plans de ces fourneaux vous ont été présentés par le citoyen au notre collègne , qui les a dessinés et gravés à l’eau orte. 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ÉXPÉRIENCES FAITES SUR CES DIFFERENS FOURNEAUX. FOURNEAU SANS ÉVENT, dit fourneau des blanchisseuses, désigné au tableau ci-après, sous la lettre A. Chaudière remplie d’eau de rivière jusqu'à 0,11 mètre (4 pouces) de son bord, contenant 1650 litres, 857 pots, mesure de Rouen. Fourneau froid. Thermomètre de Réaumur , à l’air libre et dans l'eau , à 9 degrés. Feu allumé o midi, 10 minutes. Ebulition de l'eau portée à 80 Fou de chaleur , à 8 heures 45 minutes. Durée de la chauffe , 8 heures 35 minutes. Refroidissement pendant les trois premières heures qui ont suivi l’ébulition , 5 degrés. Bois consommé , hôte sec non flotté ( mesure 0,41 stère, en 79 morceaux, poids 207 Kilogrammes (423 livres poids de NE 5 valeur , 5,13 francs (5 liv. 2 sous 9 den.). FOURNEAU B. A UN ÉVENT OZ FOURNEAU DE TEINTURIER. Chaudière remplie jusqu’à o,11 mètre ({ pouces) de son bord, contenant 1898 litres 99 pots, mesure de Rouen. Thermomètre à l’air libre et plong cé dans l’eau, 6 degrés. Feu allumé à 2 heures 23 minutes. Ebulition de l’eau portée à 80 degrés de chaleur , à 4 heures 29 minutes. Durée de la chauffe , 2 heures 6 minutes. Refroidissement pendant les trois premières heures qui ont suivi l’ébulition , 8,31 degrés. Bois consommé, hêtre sec non flotté , 0,31 stère ; 61 morceaux, poids 194 kilogramimes (315 livres) coûtant 3,82 francs. EUT D'HU SUTRIOLT'R ET NAT R ELITE. #n35 FOURNE AU" C. A'DEUXxX ÉVENTS. Chaudière remplie jusqu'à 0,11 mètre (4 pouces) de son bord, 2077 litres (1092 pots). Thermomètre dans l'air libre, comme dans l’eau, 6 degrés. Feu allumé à 2 heures 26 minutes. nl . r A Ebulition de l’eau portée à 8o degrés de chaleur, à 5 heures: Durée de la chauffe, 2 heures 34 minutes. Refroidissement pendant les trois premières heures qui ont suivi l’ébulition, 6,85 degrés. Q , A [e) , 4 D ois consominé, hêtre se otté èr mor- B , hèt c non flotté, 0,26 stère, 63 mo ceaux pesant ensemble 133 kilogrammes (270 livres), coùtant 3,28 francs. FOURNEAU M. À TROIS ÉVENTS. Nota. Ce fourneau, construit deux jours auparavant, étoit alors très-humide. Chaudière remplie à 0,#1 mètre (4 pouces) de son bord, con- tenant 1650 litres (857 pots). Thermomètre dans l’air libre, et dans l’eau, 6 degrés. Feu allumé à 11 heures 58 minutes. Ebulition à 2 heures 45 minutes. Durée de la chauffe, 2 heures 32 minutes. Bois consommé 0,24 stère en 60 morceaux du même bois, pesant 119 kilogrammes (243 livres) coûtant 2,91 francs. (Le refroidissement n’a point été observé , parce gze le fourneau n'étant pas encore sec , il fut fait de suite une seconde expérience pour s'assurer de combien l'effet du feu avoit été retardé.) MÈME FOURNEAU M. Deuxième expérience , 15 frimaire. - Même quantité d’eau s’élevant à 1630 litres (857 pots). Même hauteur du mercure, 6 degrés à l'air libre, (il fut plongé dans l’eau pendant que la chaudière s’emplissoit et que le feu s’allumoit ; il étoit alors 3 heures 15 minutes.) Ebulition, à 5 heures 36 minutes. 136 JOURNAL DE' PHYSIQUE, DEt CHIMIE Durée de la chauffe, 2 heures 21 minutes (1). Bois consommé, 0,32 stère en 58 morceaux, pesant 114 kilo- grammes (234 livres), coûtant 2,85 francs. Le feu se conserva pendant 3 heures 2{ minutes, et dans cet intervalle la chaleur de l’eau augmenta au lieu de düuinuer, en sorte que 2 heures 14 minutes après l’ébulition , elle étoit à 82 degrés ; le refroidis- sement ne fut, à compter de l’instant où la chaleur de l’eau fut retombée à 80 degrés , c’est-à-dire 3 heures 24 minutes après le commencement de son ébulition, que de 3,75 degrés pendant ces trois premières heures. Quoique nous donnions la préférence à cette construction, nous croyons cependant qu'elle ne convient qu'aux chaudières de cette grandeur et au-dessus, attendu que pour celles de moindre capacité , les conduits caloriques deve- nus trop petits, pourroient s’obstruer ; au surplus c’est une épreuve à faire. Votre commission , pour augmentér le nombre des résultats qu’elle desiroit vous présenter sur cet important objet, a conti- nué de faire de nouvelles expériences sur des fourneaux d’an- cienne construction; elle s’est transportée à l’hospice général de cette commune; elle s’est appuyée de la lettre que les admi- nistrateurs vous ont adressée le 19 nivôse dernier, par laquelle ils invitent la société, dans le cas où le gouvernement se por- teroit à faire établir , à ses frais, des fourneaux modèles, à demander que ces fourneaux soient construits dans l’hospice , parce que l’avantage qui en résulteroit, seroit d’abord au profit de l’hospice, et ensuite du gouvernement qui fournit aux dé: penses de cet établissement. Vos commissaires se rendirent à l’hospice le 24 du même mois, sur les neuf heures du matin, dans l’appartement dit /es bains des hommes, et firent l'expérience suivante dans le fourneau destiné au service de ces bains. Ils observèrent d'abord la construction de ce fourneau qu'ils trouvèrent être exactement celle du fourneau de blanchisseuses, que nous avons cité le premier en ce rapport. (}oyez sa des- cription.) — Ils remarquèrent seulement deux vices qu’il avoit © ———— (1) C’est 26 minutes d’accéléralion sur la première expérience, quoiqu’après cetle seconde chauffe le fourneau ne füt pas encore sec. Votre commission estime cependant que la chaleur qu’avoit contracté ce fourneau par la première chaulfe, a dû accélérer cette seconde d’environ 11 minutes, ainsi elle n’a dû être que de 15 minutes plus prompte que la première, d € ENT DENIS OMR ET N’A TUYRE "LIVE" 137 de plus que les autres; c’est, 1°. l’exhaussement de la chaudière au-dessus du foyer, qui est d'environ moitié de la profondeur de cette chaudière , au lien qu'il ne devroit être que du quart, ou même que du cinquième; et, 2°. que la maçonnerie étoit éloignée dans le bas de la chaudière d'environ un quart plus qu’elle n’auroit dû l'être. Ces deux défauts essentiels réunis, firent présumer à votre comoussion que l’air devoit s’introduire dans ces vastes espaces, entre la flamme et la chaudière, dimi- nuer l'effet du feu qui ne pouvoit manquer de s’engouffrer par la cheminée; c’est pourquoi avant de commencer l'opération, ils placèrent en dehors, contre son tuyau, et à une hauteur de 13 mètres (40 pieds) un thermomètre, pour en observer la va; riation lors de l'épreuve de ce fourneau. FOURNEAU DES BAŸNS, À L'HOSPICE GÉNÉRAL. Chaudière remplie dans toute sa capacité, 770 litres ( 405 pots). Fourneau froid. Thermomètre à l'air Libre et dans l’eau, à 6 degrés. Feu allumé à 11 heures 39 minutes, l’eau portée à 80 degrés. Ebulition à 2 heures. Durée de la chauffe , 2 heures 30 minutes. Degré de chaleur , observé au thermomètre d'en haut, 14,5 degrés; c’est 8 degrés = d'augmentation. « Bois consommé, hêtre sec non flotté, 0,56 stère, pesant 173 kilogrammes (354 livres), coûtant 4,30 francs. Le refroidissement de l’eau ne fut point constaté. Il est cons- tant qu'il seroit rapide dans ces sortes de fourneaux, si le bra- sier immense qu’on y laisse ordinairement en étoit retiré : c2 brasier s’y conserve pendant 56 et même jusqu’à 48 heures; ainsi le refroidissement ne doit s’opérer qu’en raison de la diminution du feu. Enfin, pour vous présenter une expérience de plus, votre commission jeta les yeux sur le fourneau de la grande chaudière de la brasserie du même hospice , en choisissant nn jour où l’on devoit , pour le besoin de la maison, faire chauffer cette chau- dière. Ce fourneau est encore de l’ancienne et de la plus vicieuse construction ; c’est le fourneau des blanchisseuses dans sa par- tie supérieure, car la maçonnerie ne comporte point d’évent ; mais c’est celui des teinturiers dans la partieänférieure }; puisqu'il Tome VII. PLUVIOSE an 8. 5 1538 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a un cendrier couvert d’une grille. Le tuyau de la cheminée est sur l'entrée. Les principaux défauts de ce fourneau sont une grille trop longue, et dontles barreaux sont trop espacés, la chaudière trop exhaussée au-dessus de cette grille, et un intervalle trop grand entre la maçonnerie et la chaudière. La flamme dans ce fourneau, doit chauffer ensemble le fond et le contour de la chaudière, jusqu'aux 2? de sa hauteur, et re- venir sur l'entrée se jetter dans la cheminée. FOURNEAU DE LA GRANDE CHAUDIÈRE DE LA BRASSERIE DE L'HOSVICE , LE 26 NIVÔSE. Capacité de la chaudière remplie jusqu’à 0,16 mètre (6 pou- ces) de son bord, 3521 litres (2798 Pots ou 19 muids). Feu allumé à 6 heures 30 minutes du matin. Thermomètre à l'air libre, et dans l’eau au terme de la place. Ebulition ou l’eau à 80 degrés, à 11 heures. Durée de la chauffe, 4 heures 30 minutes. Bois consommé, hêtre et charme sec non flotté, 175 bûches de 0,81 mètre (ou 30 pouces), faisant ensemble 2,39 stères 9 (c’est - d’une corde de bûches de 30 pouces) , pesant 1,196 kilogrammes 2445 livres). Le refroidissement ne fut point observé, pour les mêmes rai- sons que celles exposées à la suite de la précédente expérience. RÉ" SU, MU:E. Votre commission, citoyens, se borne aujourd’hui au compte qu’elle vous rend, parce que les expériences qui vont l’occuper sur le même objet, feront la matière d’un nouveau rapport ; elle ne vous entretiendra donc que des remarques qu’elle a faites sur le présent travail. : Eile estime ; 1°. que le premier de ces fourneaux, celui qui n’a pas d'évent , est très-préjudiciable à l’économie, que la cons- truction en devroit être proscrite à cause de sa grande consom- mation de bois. Nous avons vu, par une expérience dont nous n’avons pas fait mention dans ce rapport, qu’une chaudière contenant 3566 litres (1874 pots), adaptée à un fourneau à deux évents, n’a consommé, pour être portée à ébulition, que 0,34 stère de bois, ET 1D2HUMS TVOD R EN NAT UUR E L'LIE 150 : pesant 171 kilogrammes (350 livres), qui n’ont coûté que 4,25 francs, tandis que cette même quantité d’eau, chauffée dars le fourneau de la brasserie , auroit consommé 6,50 stère, pesant 266 kilogrammes (823 livres) , qni auroient coûté 6,35 francs ; c’est une difiérence de plus d’un tiers. Cette différence seroit bien plus frappante si on réunissoit les quantités d’eau chaufiée dans les trois chaudières des fourneaux sans évents , on verroit qu’elles forment ensemble un volume de 7721 litres (4060 pots); c'est 28 muids un quart ; qu’elles ont coûté à chauffer 3,16 stères de bois pesant 1576 kilogrammes (5222 livres), coûtant 39,10 francs, et qu'en comparant cette dépense à celle du précédent fonrneau qui a chaufié plus de la moitié du même volume d’eau , moyennant une somme de 4,25 francs, il y a une éconouie dans le boïs, de 2,36 stères et de 29,59 francs dans la dépense , c’est-à-dire des trois quarts. On se persuade aisément de cette vérité , quand on considère l’énor- me quantité de chaleur qui s’engloutit, comiie nous l'avons dit, dans une cheminée dont elle échauffe le tuyau de 8,50 degrés à une hauteur de 13 mètres ; que la flamme de celui de la brasserie s’élève de 6 à 7 mètres (19 à 20 pieds) pendant que les cheminées de fourneaux à évents restent froides, même proche des chaudières. Votre commission estime que le fourneau à un éventest sus- ceptible de perfection. Le citoyen Pavie ayant rétréci cet évent du tiers au quart de la circonférence de la chaudière, a fait le‘premier pas, car les fourneaux montés à sa manière , écono- misent dans la dépense un sixième sur les anciens. Ces fourneæ1x qui chauffent vivement et qui refroidissent de même, ont sous ce rapport, leur utilité particulière , principalement pour les opérations de teinture. Le fourneau à deux évents , construit par le citoyen Pluvinet, mérite aussi des éloges à son auteur; s’il chauffe plus lentement que celui à un évent, il a l’avantage de conserver sa chaleur /7 plus longtemps. Votre commission estime que le fourneau à troisé vents, construction du citoyen Mesaize , est le plus avantageux et le plus parfait de tous, en ce qu’il consomme moins de bois, parce que la flamme y suit une marche plus régulière, et qu’il est fa- cile à nétoyer. Il est incontestable que, s’il eût été possible à vos commissaires de le faire chauffer de nouveau, la chauffe auroit été plus vive , puisque ce fourneau x’étoit pas encore sec lors de la dernière épreuve qui en a été faite. S 2 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Dans le cas où l’on objecteroit à votre commission que, pour la plus grande exactitude de ses expériences elle auroit du choi- sir des chaudières d’égale grandeur, elle répondroit que ces chaudières ne se trouvent pas dans le même atelier , et qu’elle a été obligée de les prendre telles qu'elle les a trouvées; elle a seulement eu égard à leurs proportions. Il lui reste à prévenir une objection relative à la consommation des combustibles qu’elles exigent, et à l’économie respective qu’elles présentent. Par rapport à ce dernier avantage, nous avons éprouvé qu'une chaudière de 2077 litres (1092 pots) a consommé, pour porter à ébulition , 0,28 stère de bois pesant 140 kilogrammes (286 livres), coûtant 3,82 francs, et qu’une autre contenant 3566 litres (1875 pots) sur un fourneau de même construction, n’a con- sommé que 0,34 stère pesant 171 kilogrammes (350 livres) coûtant 4,24 francs. On voit par cette comparaison, qu'un kilo- gramme (2 livres) de bois n’a chauffé, dans la petite chaudière que 14,83 litres, et qu'ilen a chauffé 20,85 dans la grande. Votre commission terminera son rapport en invitant la société à donner au présent la plus grande publicité, afin d'engager les citoyens qui font usage de fourneaux, à rectifier ceux qui en sont susceptibles. Dans le cas où ils ne se trouveroient pas assez instruits par le présent rapport , ils pourront se transporter dans le local de la société, à l’école centrale, les nonidis, entre six et neuf heures après midi, c’est-à-dire à l’heure de vos séances ; ils y verront les modèles de ces différens fourneaux exécutés par le citoyen Delafosse , habile entrepreneur-constructeur, qui en a cnstruit la majeure partie, et qui a volontairement et gratui- tement présenté à votre société ces modèles ; ils y verront aussi les dessins qui en ont été faits et gravés par le citoyen Bruno Delafosse, notre collègue et membre de cette commission, et ils y recevront toutes les instructions qu’ils peuvent desirer sur cet objet. Nous joignons au présent un tableau où vous pourrez saisir d’un coup-d'œil le résultat des expériences, et juger de leur inerite. Pag. 140, Tome 7. TESPALUI — SCSI ENIPTINE | BRASSERIE. \ i } 1 1 [l Bois conso} livres. Poids. . js. Pres EE HFONSPFPMACGEÉE FOURNE:, GÉNÉRAL. EMPI FA s. anC.. Mes. nouv. Mes. anc. . | : 1,95 mètre. ‘ 72 pouces. \ Longueur d . 0,43 mèt. 16 p. Larzeur. . 0,46 mèt. 17 p. | Hauteur. . 1,30 mèt. 43 p. Longueur €. 0,43 mèt. 16 p. Largeur. . 10,56 mèt. q. 768 p. q. Superficie. || Distance de, 0,75 mèt. 27 p- du four Distance dépouces. 0,49 mèt. 18 p. aux chap, 2,51 mèt. 85p.31. Diamètre dp, 21. |1,64 mèt. 60 p.71. Profondeus pots. |6ooo litres. 3154 pots. | Capacite. -5 pois. |5321 litres. 2798 pots. | Quantité ddegrés. Glace. Degré du t Temps em]. 30 m.| . . ..:. 4 h.30 m. ébulitio Refroidisseg, Point observé. heures., , . . |2,5gstère. 175 morc. 1196 kilogr. 2445 livres. 29,68 fr. 291. 135.9 d. Tome 7. sai Me TO A DER E A US DC OM PEU RO An Er | a . ll A. B. C. M. BAINS. BRASSERIE. | DÉSIGNATION | P TER 0 ER En, 7, M otté Son d era mo UN ÉVENT. DEUX ÉVENTS. TROIS ÉVENTS. Léna io cd | t0 0 86 ua 0 REG | DES PATENT ALAN) PANIER DAINE SR) PASINE SE RIMERR ANIME NENISENR: \ 4 HRONSAPMIN EE ENONSEEMN CNE, A | A D U DA. n U D'AU: l FOURNEAUX, EVENTS, E e CITOYEN PAVIE. | CITOYEN PAVIE. |* CITOYEN PAVIE. CITOYEN PAVIE. GÉNÉRAL. GENERAL. EMPLACEMENS. | | Mes.now. Mes. anc.! Mes. nouv. Mes.anc,\ Mes. nouv. Mes. anc.| Mes. nous. Mes. anc.| Mes. nouv. Mes. anc.|]Mes. nouv. Mes. anc. L | : Longueur de leurs cendriers. . | . . . . . . . |Ouvertdes deux bouts.| Ouvert des deux bouts. |o,g7 mètre. 36 pouces.| . : . . . . . . |1,95 mètre. 72 pouces. Pate Eur ie Me lee ele . . . «+ . . : |o65mètre 24 pouc.|o,65mètre. 24 pouces. | 0,52 mèt. 12 p. Msn dlote 0 doré 16 p. Hauteur. 4 M6 0. 00 ao Got db. nnointie 48 pouc. | 1,30 met. 48 p. 0,32 mèt, 12 p. NE cr NO ÉOMEE 17 p. | Longueur de leurs grilles. . . | . . . .’. . . |o,8imèt. 80 pouc.| 1,14 mèt. 42 p. 0,49 mèt. 18 p. EAP Sotmer. 43 p. Lao deyo bref dB A0 do to da) RE donner 20 pouc.| 0,65 mèt. 24 p. 0,55 mèt. 13 p. CR EU) 0 43m. 16 p. SEC MAIS OS d'u Bt are +... « « + |o,4$mèt.q. 600p.q.|0,74 mèt.q1008p.q. |o;17 mèt.q. 234p.q. Mo Ole Ont Chr jen CE A| Distance de la grille à la porte MODERNE CRE La nd oo Cite 24 pouc.| 0,42 mèt. 34 p. 0,62 mèt. 23 p. 0 Oo oo à loose 27 p- | Distance de la grille ou de l’âtre aux chaudières. . .. . . . |o,27 mètre. 10 pouc.|0,30 mèt. 11 pouc.| 0,30 mèt. 11p. 0,27 mèt. 10 p. 0,43 mètre. 16 pouces. |0,49 mèt. 18 p. Diamètre des chaudières. . . . |1,52mètre. 56 p.61.| 1,62 mèt. 60 pouc.| 1,66 mèt. 61 p. 31.| 1,52 mèt. 56 p.61. |1,14 mèt. 42 p. 2,61 mèt. 85 p.51. [Profondeur "10 1,09 mètre. 40p.51.|1,08 mèt. 4o pouc.|1,15 met. 41 p.10 1.| 1,09 mèt. 4o p.31. |0,84 met. 31 p.21. |1,64 mèt. 60 p.71. HIGapaciie eme tie Lier 1821 litres. g57 pots}. |2141litres. 1125pots.|2817litres. 1217 pots. | 1821 litres. 957 pots. | 770 Litres. 405 pots. |6ooo litres. 3154 pots. | Quantité d’eau chauffée. . . . |16%olitres 857 pots. |1898 lit. 9y8 pots.| 2077 litres 1092 pots. | 1630 litres. 857 pots. |770 litres. 405 pois. |5321 litres. 2798 pots. || Degré du thermomètre. . . . . | . . . gdegrés.| .. Gideprés | ET CUS LENS GdEpTÉS RPM 6 degrés. Glace. | Temps employé pour porter à ébubhon ire Tee She CH CRralL o à buste Fe ra] 9 ot 0 0 21h 62m NE 0e DIN séétouse 4h. 50 m. Refroidissement pendant trois ; ; Heures SEM VARMREETe : 5 degrés.| .. 8,32 dégrés.| . . : . .. 6,85 degrés. | . . . .. : 5,75 degrés. Point observé. . Point observé. l| Bois consommé. . . . . . . .. 0,41 stère. 7g morc. |o,$1stère. 61 morc.|o,26 stère. 63 morc. |0,28 stère. 58 morc. |0,86 stère. 2: 00lteIe 7 MOI] CLS RS ro do à él 207 kilogr. 426 livres. | 154 kilogr. #15livres.|133 kilogr. 270 livres, | 114 kilogr. 254 livres. 176 kilogr. 56klivres. | 1196 kilogr. 2445livres. PORN ED NES RE 5,13fr. 6.1.25s.9 d.|5,82fr. 31. 16 s. 6 d.|3,28 fr. 31.55. 6 d.|2,85 fr. 21.175. 4,50 fr. 41.6. 29,68 fr. 29 1. 185.9 d. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 141 EX A ME EN DE QUELQUES OPINIONS DE M. A. HUMBOLDT, CONTENUES DANS UNE LETTRE QU’IL A ADRESSÉE À J. DELAMÉTHERIE, INSÉRÉE DANS CE JOURNAL(1), Par G. A. Dezuc. Cette lettre de M. Humboldt, écrite de Cumana dans l’Amé- rique méridionale, au mois de juillet de l’année dernière , rend compte de son séjour à l’île de Ténériffe et de son ascension au sommet du Pic. Passant ensuite à des idées générales sur les rapports qu’il suppose que les Îles Canaries et d’autres groupes d’iles ont avec les continens voisins , il s'exprime en ces termes : «Les Açores, les Canaries, les îles du Cap Verd ne paroïissent être que la continuation des formations basaltiques de Lisbonne! Les flots amènent aussi et jettent de la côte d'Afrique , sur les bords de Ténériffe, des granits, des syénites, et le schiste mi- cacé granitique que nous avons au St.-Gothard, dans le Saltz- bourg. 11 est à supposer que c’est de ces roches que consiste la haute crète de l'Atlas, qui se prolonge à l’ouest vers les côtes de Maroc. » Ce ne sont pas les élans de l’imagination qui conduisent le lus sûrement à la vérité. Il faut, sans doute, être actif pour Ê découvrir, c’est-à-dire pour parvenir à la connoissance vraie des faits ; mais c’est ensuite à la réflexion tranquille et soutenue qu’il appartient d’en chercher l’origine et les causes. C’est après avoir beaucoup vu et combiné ce qu’on a vu, qu’on peut espé- rer de trouver des solutions qui satisfassent la raison éclairée. En suivant cette marche, M. Humboldt auroïit senti que les groupes d'îles dont il parle, ne peuvent pas être une continua- (1) Cahier de vendémiaire dernier, page 453, 142 JOURNAL, DE. PHYSIQUE, DE CHIMIE tion des formations basaltiques de Lisbonne : que chacun de ces groupes, et ren, à îles qui les composent , doivent leur origine à des éruptôm volcaniques distinctes, éruptions parti- culières à chaque fond de mer sur lequel elles ont élevé ces îles : que ces Îles ne sont pas mieux une continuation des basa!tes de Lisbonne , que ceux-ci ne sont une continuation des basaltes d'Irlande, des Hébrides et de l’'Héckla; que tous ces systêines basaltiques sont provenus d’éruptions particulières, isolées les unes des autres, qui n’ont point eu de foyer commun. C’est ainsi que le Vésuve a ses éruptions qui lui sont propres; que Stromboli et Vulcano ont les leurs, et que l’Etna a les siennes. Ces éminences volcaniques ont si peu de liaisons entre elles, que quoiqu’à une distance très-rapprochée , comparative- ment à celle des îles citées par M. Humboldt, avec J'ishonne , Stromboli et Vulcano sont séparées de l’Etna par des montagnes calcaires et des montagnes à minéraux. La distance seule de plu- sieurs centaines de lieues, qui sépare ces groupes d'îles des côtes: de Portugal , interdisoit cette idée de continuité, La seconde partie du passage que j'ai cité, n’est pas moins extraordinaire. «Les flots, dit M. Humboldt, amènentet jettent de la côte d’Afrique sur les bords de Ténériffe des granits et des schistes, dont il est à supposer que les cimes de l'Atlas sont composées, et-qui se prolongent vers les côtes de Maroc. » Les pierres vont au fond, est un adage fondé sur la vérité. Ce seroit donc après avoir été entraînés sur tout le fond de mer qui sépare l’île de Ténériffe de la côte de Maroc, que, dans l'hypothèse de M. Humboldt, ces granits et ces schistes, poussés par les flots, seroient arrivés à cette île. Si par les fors il entend les vagues, cette agitation de la mer #'étant qu'à sa surface, ne peut rien opérer sur son fond; et les vagues même, loin d’emporter et charier à de grandes dis= tances, des pierres du rivage de Maroc, elles ÿ repoussent , fans. doute, comme sur toutes les côtes, le moilon qui tombe des escarpemens. Si par les fofs il entend des courans , ils n’atteignent ee non plus à de grandes profondeurs ; et quand ils les atteindroïent , n'étant produits par aucune pente rapide qui détermine leur écroulement, ils laisseroient chaque pierre à sa place, et les travaux continuels des insectes marins contribueroient encore à leg y retenir. : #* Qu'on observe ce que peuvent les rivières elles-mêmes , dès qu’une pente rapide ne les favorise plus ; elles cessent alors d’en- ET D'HISTOIRE NATURE LL/E _145 traînerles débris des montagnes d'où elles tirent leur squrce, et ce qu’elles transportent jusqu’à la mer , n’est plus qu’un sable très-fin. Ainsi donc, sous quelque rapport qu'on envisage ces Jots de la mer, ils n’ont pu amener aucune pierre des rivages d’Afrique sur ceux de Ténériffe. En faisant lui-même ces réflexions, M. Humboldt auroit compris que si les pierres #qu’il a observées sur les bords de cette Île sont bien en effet des schistes et des granits , et non pas quelque espèce de lave qui en ait l’apparence, ce sont des débris des couches rompues, au travers desquelles les érup- tions volcaniques souterreines se sont fait jour, et ont élevé cette Île, comme elles ont élevé les Îles voisines ét les groupes des Acores et du Cap Verd. Mais je ne suis pas sans quelque doute, que les pierres dont il s’agit soient bien réellement des schistes et des granits. Il peut facilement se glisser des méprises, et ce ne seroit pas les premières de ce genre, produites par l'apparence de quelques laves anciennes, lorsque l’observateur n’est pas très-exercé. J'ouvre la relation d’un voyage de l’ambassade anglaise à la Chme, et je trouve au chap. IV, qui traite de l’île de Téné- riffe, un passage qui semble fait exprès pour fixer l'opinion, en confirmant de la manière la plus précise ce que je viens d'exposer. Le voici : «. En parcourant l’île de Ténériffe, le docteur Gillan observa que tout ce qui annonce une formation et une origine volcanique , est plus multiplié et plus frappant dans cette île qu'à Madère. Toutes les pierres éparses sur le rivage , tout le sol et les rochers de Santa-Cruz sont évidernment volcaniques. Le docteur examine les pierres qui sont dans Je lit de la rivière , celles qui ont servi à bâtir le pont qui la traverse et celles qui forment le pavé du chemin qui conduit aux montagnes. Toutes sont de la lave com- pacte:... Enfin les murs de Laguna et de Santa-Cruz rm’oftrent aucune autre espèce de pierre.» Et ces observations énoncées sans exception , sont faites justement sur la côte qui fait face à l’Afrique. M. Humboldt dit encore que le Pic de Tenériffe , immense montagne basaltique, paroft reposer sur de la pierre calcaire dense et secondaire , qui est la même que celle de sept ou huit côtes, qu’il nomme , très-éloignees les unes des autres; et il ter- mine cette énumération par ces mots : « Voyez avec quelle uni- formité le globe est construit ! » Voilà encore un de ces élans de l'imagination, qui conduisent 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rarement à la vérité. Peut-on espérer de la découvrir en partant d’une supposition ? Les bases sur lesquelles reposent le Pic de Ténériffe sont au fond de la mer, et par conséquent hors de la portée de notre observation ; nous ne pouvons juger de ce qu’il est que depuis le niveau de la mer. Je ne l'ai pas vu, mais je jugerai par ana- logie de ce qu'il doit être. m4 Ce Pic célèbre est un volcan ; ce fait est généralement reconnu, et M. Humboldt lui-même en donne la preuve dans sa narration. De mêmé donc que le Vésuve, l'Etua et toutes les îles de Lipari qui sont ou ont été des volcans, ne montrent dans leur com- position, depuis leur base, prise au niveau de la mer, jusqu’à leur sommet, que des matières volcaniques, de même aussi le Pic de Ténériffe ne doit être composé que de ces mêmes malières. et cette conséquence, qui résulte de la seule analogie, est con- firmée par tous les voyageurs instruits qui ont visité ce fameux volcan. Rien donc ne conduisoit M. Humboldt à penser qu’il reposoit sur de la pierre calcaire. Qn pourroit même décider d'avance, s’il étoit possible de le vérifier, que toute sa base, depuis le niveau de la mer jusqu’à son fond , est aussi volca- nique. Le docteur Gillan vient encore à l’appui de ces résultats. 11 est dit à la suite du passage que j'ai cité : «Il n’y a point de pierre calcaire à Ténériffe ; la chaux dont on se sert pour bâtir, est apportée de quelqu’ile voisine. » M. Kirwan a pensé de même, d’après les récits du comte de Borchet du père della Torre, que la base du Vésuve et celle de J’Etna étoient de pierres zeptuniennes ; mais j'ai démontré, par des observations plus exactes , que ces récits sont sans fonde- ment (1). C’est ainsi que l'erreur nait et se propage, et que les progrès de la science seroïent arrêtés si des observateurs plus attentifs m’ayoient pas été dans les mêmes contrées. J'espère que M. Humboldt ne sera point fâché de cet examen. Sa lettre a été rendue publique, il étoit juste que ses opinions fussent discutées de même, et j'espère encore que cette discus- sion contribuera à les lui faire abandonner. La géologie est une branche si essentielle del’histoirenaturelle et de la physique, qu’on doit tâcher , autant qu’il est possible, de (2) Cahier de messidor dernier, pag. 25 à 37. + ET D'HISTOIRE NATURELLE ‘5 la garantir des errenrs où le manque d'attention peut faire tomber et a fait tomber plusieurs écrivains qui se sont occupés de cette science. Il est si intéressant de connoître l’histoire de notre globe, de se rendre raison des révolutions qu'il a subies et de l’état actuel qni en est résulté, qu’il né faut négliger aucune dés questions dont Ka discussion peut avancer cette connoissance. C'est le but que je me suis proposé dans cet examen. Les éruptions volcaniques ont joné un si grand rôle, qu’il est essentiel que le naturaliste péologue soit très-instruit sur ce phénomène, afin de ne pas méconnoître ‘ce qui lui appartient, et de ne pas Ini attribuer ce qui ne lui appartient point. C'est ce que j'ai tâché de développer en examinant l’opinion de M. Kirwan, et en indiquant celle des Lettres physiques et morales sur l’histoire de la terre et de l’homme, où ce sujet est traité avec étendue. Qu'il me soit permis de rappeler à cette occasion une conjec- ture que je, formai déja en 1757; elle est consignée dans la quarante-neuvième de ces mêmes lettres, page 447. J'éto's au sommet du mont Pélegrin, qui domine le Cap de Sainte-fosalie , près de Palerme, d'où je découvrois tout le groupe des îles Le Lipari, que je venois d'observer et que j'avois sous les yeux. Je savois, d'après mes observations, que toutes ces îles étoïent volcaniques, et leur figure en forme de cône, de deux desquels sortoit de la fumée, me frappoit dans ce mo- ment. Un trait de lumière, sorti de cet ensemble, vint m'éclai- rer. Certainement , dis-je, toutes ces petites îles en groupes, et ces îles solitaires répandues au milieu des mers, ont la même origine. Voilà évidémment la solution d’une difficulté qui a tant embarrassé jusqu'ici les écrivains géologues. Ces Îles solitaires et ces groupes d'îles ont été élevés par dés éruptions volcani- ques , comme les îles que voilà. Dès-lors rien n’est plus aisé à comprendre que leur existence et leur position : quand on aura des n&vigateurs observateurs et instruits, je ne doute pas qu'ils ne reconnoissent la vérité de cette conjecture qui me frappe. — Elle s’est dès lors pleinement vérifiée. Ces îles répandues en grand nombre, à toutes latitudes, au milicu des plus vastes mers, sont une sonde plus sûre que des calculs fondés sur une théorie des marées , pour déterminer quelles peuvent être les profondeurs de l'océan. Elles déposent ‘une manière évidente que ces profondeurs, loin de pouvoir être de quatre lieues, en sont à peine la huitième partie; et quant au nombre de ces îles, on a joute celles qui ne sont pas Tome VII. PLUVIOSE an 8. TE 146 JOURNAL. DE PHYSIQUE, DE. CHIMIE volcaniques; cette conséquence acquiert un, nouveau degré de {orce. On objectera peut-être que c’est dans les espaces où il n’y à pas d’îles volcaniques que sont ces profondeurs ; on ne peut pas affirmer le contraire, sans doute , mais l’espace est déja bien ré- duit; et l’on .est tout aussi fondé à répondre , que si l’on n’y voit pas des îles volcaniques, ce n’est pas à cause de leur grande profondeur, mais parce que le fond ne contient pas de matières inflammables propres à les élever ; et l’analogie vient à l'appui de ce raisonnement, daus ce qui est à la portée de notre obser- vation. Ce sont nos continens, autrefois le fond des mers; ils ont de bien plus grands espaces où il n’y a point de traces vol- caniques , que de ceux où l’on en découvre, et leurs enfonce- mens et leurs éminences ne présentent rien qui approche d'une telle hauteur. Aïnsi mon objection contre une profondeur de quatre lieues donnée à l’océan, tirée des nombreuses îles yolcani- ques, reste dans toute sa force. é Ce n’est pas en considérant une question compliquée, sous une seule de ses faces, qu’on peut espérer de la résoudre, mais en combinant tous les faits qui lui sont relatifs et qu’on doit cher- cher à connoître. OBSERVATION SUR LA GIOENIA, Par Drararnaup, professeur de l’école centrale, à Montpellier. Gioeni, naturaliste napolitain , annonça , dans le temps, la découverte d’un testacée trivalve et devant former un nouveau genre auquel il donna son propre nom (Gioenia). Il en décrivit longuement la structure et la manière de vivre ; il en dgssina les diverses parties ; en un mot, il n’oublia rien de ce qui pourroit opérer la conviction chez les naturalistes (1). Sur la foi de Gioeni, deux hommes d’un très-grand mérite, Retzius et Bru- gière, admirent l’existence de ce nouveau genre, et le décrivi- rent, le premier, sous le nom de 1riolu gioenit (2) ; le second, « (1) Descript. di una nov. famig. di testac. Norpoli 1783 ; lab. 1, fig. 1-15. (2) Diss. de novis testac. genenbus. Tundæ 1768, £T D'HISTOIRE NATURELLHY, 147 : sous celui de gioenia sicula (1). Aujourd’hui tous les conchy- liologistes n’ont pu, d'après de si grandes autorités, qu’admettre : le char sicilien au rang de genres de testacées multivalves. Eh bien! ce fameux char sicilien, ce nouveau genre si anomal, n'est pas même un animal complet; c’est seulement l'estomac musculo-osseux de l’animal de l’oublie (Bzlla lignaria , Linn). Cet estomac est composé d’un muscle tendineux très-fort, qui unit trois os de forme irrégulière, et s'attache à leur face in- terne. Ce sont ces os que Gioeni a décorés du nom des valves de la gioenia. À l’aide de cet estomac qui est très-susceptible de dilatation et contraction, l’animal de la bulla. lignaria peut avaler d’assez grands zestacées et en broyer facilement la coquille. Les deux tubes que Gioeni a appelés trompe ou trachée, et tube excréteur, sont, l’un, une portion du tube intestinal, et l’au- tre l’œsophage. Je compte publier dans peu un mémoire très- détaillé relatif à cet objet, et qui contiendra la description et les dessins de diverses parties de l’animal de la bulla lignaria , avec des observations sur sa manière de vivre. On y verra que la longue histoire du char sicilien, donnée par Gioeni, n’est ab- solument qu'un roman, et que cet animal imaginaire, déja trop célèbre , doit être effacé pour jamais du tableau des zes- lacées, Drapannaun, professeur de l’école centrale. Montpellier le 9 nivôse l'an 8. (1) Encycl. méth., tom. 1, p. 502 pl. 170. T 2 148 - JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LR PR RP EEE PE TE ETEUE TEE ENTER VINS UE EIENEENEN TENTE NTENUEES | ELE EE Bi 8 Pide RE DE A. M. VASSALLI-EANDI À J. BUNIVA, Professeur de Médecine dans l’Université de Turin , SUDIR EL END: RIICITIROENOCADNE EN ANT ALI AUTRES Mon 4mr ET COLLÈGUE, Le phénomène électrique que vous avez observé dans mon électromètre posé sur le dos d’une bête malade , au moment de ses frissonnemens , ie paroît êre une suite nécessaire de la théo- rieélectrique générale, et des modifications qu’elle éprouve dans l’économie animale. Voici comment, dans ma lettre sur l’origine de l'électricité animale, je crois avoir prouvé que dans l’état de santé l’homine, tout comme les autres animaux, a des parties électriques positivement , tandis que d’autres parties le sont négativement. ., % Îl paroît que dans l'animal la partie négative, celle des ex- crétions, est moins forte que la partie positive, celle du sang. Or, si l’altération de l’économie anunale renverse les bornes naturelles de J’électricité dans le corps , à cause de ja tendance de celle-ci à se mettre en équilibre , elle doit s'échapper ec se manifester précisément dans les momens que les bornes sont renversées (Journal de Physique, messidor an 7), c’est-à dire lorsque le virus altère les parties intérieures, ce que prouvent les frisson- nemens ; la frayeur et les autres passions violentes altérant Péco- nomie animale , doivent aussi produire le mêne effet. Ainsi vous avez vu l'écartement des bandelettes dans mon électromètre posé sur le dos de l’animal, soit dans les frissonnernens causés par la maladie contagieuse, soit dans ceux produits par la crainte. Vous voyez que la même théorie vous explique aussi le défaut d'électricité que vous observâtes dans les chats malades. Je suis persuadé que ce défaut n’existera qu'après plusieurs jours de maladie , que l’économie animale se trouve dérangée. A la suite des expériences électriques que j'ai faites sur l’eau et la glace 2 TT! D'H NS TOURIE ZN AT UMR Eib LE, 149 {Memorie della societa italiana, tom. III), je les ai répétées sur plusiéurs liquides, animaux et végétaux ,;"ainsi que sur diffé-' rentes préparations de l’eau. L’urine et les humeurs animales me présentèrent le plus haut degré de différence électrique : vous voyez donc queles faits appuient mon opinion. Cependant comme j'ai.trouvé que le sang de ceux qui ont la fièvre intermittente est encore électrique positivement ( Journal de Physique, germi- pal an 7), il seroit curieux etruitile de voir dans quelles maladies , et à quel degré de ces maladies il perd son: électricité; L’élec- tromètre ne pourroit-1l point servir pour distinguer les maladies sans ressource, ou être, pour ainsi dire, un vitalitomètre ? Mais combien nous manque-t-il encore d’expériences pour s’appro- cher de ce point:de perfection de la science électrique? La décou- verte de l'électricité dans la torpille parut surprenante ; celle de Cotugno, qui eut la secousse électrique d’une souris qu’il anato- misoit, celle de Tonso qui l’ent d’un chat, mes expériences élec- triques sur les rats, paroissoient ne rien laisser à desirer ; mais l’immensité de: la nature offre toujours de nouvelles recherches, ; et aujourd’hui que j'ai trouvé l'électricité contraire, du sang et des excrétions, ;je vois combien il reste à faire pour, réduire à! leur juste valeur les opinions de Gatdini, Berthollon, Tressan, Carlieu sur l'électricité animale. Vous avez. pris la meilleure route , qui est d'interroger la nature par l’expérience ; continuez toujours, et vous aurez la satisfaction d’avoir reculé les bornes , de la science. * 159: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE VOYAGES DANS LES DEUX SICILES :ET DANS QUÉLQUES PARTIES DES APENNINS, Par SPazzaNzANr, professeur d'histoire naturelle dans l’univer- sité de Pavie; traduits de Vitalien par G. Toscan, bibliothé- caire du Museum national d'histoire naturelle de Paris, avec des notes du citoyen Fauzras-ns-Sr.-Fonp ; six vol. in-6°. A Paris, chez Marapan, libraire ; rue Pavée-André-des-Arcs , no? 162 : | EXTRAIT. ‘Ces voyages renferment une multitude de faits intéressans en minéralogie et én'géologie; nous en ferons connoître plusieurs: En ‘voici hnqui est très-remarquable ; c’est la formation d’une espèce dé piérre, dans le sein dé la mér auprès de Messine. L'au- téur le rapporté dans les termes suivans : A la suite de ces courses sur les collines et les montagnes des environs de Messine, je fus conduit par l’abbé Grano au bord de la mer, en face de la ville, pour y voir un phénomène plus réel qugcelui des madrépores existant dans le granit, je veux dire une pierre sablonneuse qui se forme dans les eaux, et se reproduit à mesure qu’on l’enlève. Fazello a fait mention de cette reproduction ; l’explication qu’il en a donnée se ressent du siècle où il a vécu. Saussure en a aussi parlé ,‘et ce natura- liste a su en pénétrer la véritable cause. De nouvelles vues se sont offertes à moi, je vais les exposer à mon tour. Cette pierre ne se régénère jamais que sous l’eau; c’est là qu’on l’exploite pour la faire servir principalement à des meules 8 moulin ; quand les mineurs en ont enlevé un gros bloc, ils sont sûrs qu’une nouvelle pierre se formera à la même place : cette régénération se fait, non Fe subitement, comme l’on pense bien , mais par succession de temps. Si au bout de trois ou quatre ans on visite l'endroit qui a été miné, on s’apperçoit que le sable a acquis un premier degré’ de consistance, mais trop foible pour que le ciment qui en lie les grains résiste à la pres- sion du doigt : il lui faut dix à douze ans pour devenir solide, : ET DH DST OR ENATURETAILE, 151 . éttrente pour jouir d’une grande dureté. Il y avoit alors sur le bras de S.-Ranieri près la Lanterne, et presqu’en face de Carybde, une meule de moulin d’un pied d'épaisseur sur.six de diamètre, tirée d'un gros bloc de cette pierre qui, gissoit à peu de profon- deur dans l’eau. Je pris plusieurs éclats qui s’en étoient déta- chés pendant lepération, et j'en fis l'examen. Les parties cons- titutives sont des écailles de mica, quelques particules de schorls noirs cristalisés, de feldspaths, et quantité de graïns de quartz. Ces trois derniers élémens ont les angles émoussés et la figure orbiculaire, à cause du frottement .qu'ils ont éprouvé. dans la mer. La pierre étincelle quelque part qu’on la frappe avec l'acier. On diroit, au premier aspect. que,ces parties constitutives ne sont si étroitement unies que par la seule force d’agrégation, car on n’y voit aucun ciment, ou substance glutmeuse qui les lie entre elles; mais avec plus d'attention, on découvre que chaque grain est entouré d’une pellicule , au moyen de laquelle il s’est conglutiné ayec son voisin en plusieurs points ;: tous forment ainsi un Corps lié ettrès dur. En effet, si ayec la, pointe d’un couteau on détache un grain d’un autre , on apperçoit au point de la séparation la rupture de la pellicule , et les deux grains également intacts. Souvent la séparation s'opère de manière qu'une moitié de la pellicule restant entière, présente une ca- vité qui étoit la niche même du grain. Cette pellicule se com- pose d’une: terre lapidifiée, très-fine , opaque, de couleur €éen- drée, dont l'analyse offre pour résultat une forte dose de chaux, avec quelques parties d’argile et de fer. Considérons maintenant le rivage où la mer agite le sable mo- bile. Nous n’avons pas de peine à découvrir sous l’eau les cou - ches de cette pierre qui sont horizontales , et ont plusieurs pieds d'épaisseur. Les minenrs sont occupés à en détacher de grosses tables, préférant celles qui s’enfoncent le moïns sous l’eau, non que la pierre ne soit également bonne à une plus grande pro- fondeur, mais parce que l’extraction en seroit trop difficile , pour ne pas dire impossible. Comme il y a toujours entre chaque table une petite couche de matière moins dure , on les enlève aisément ; sans cela, et si la pierre ne formoit qu’un seul bloc, on ne parviendroit point à en tirer ces grandes tables que l’on emploie à faire des meules de moulin, et à d’autres usages. C’est ainsi que le suc terreux répandu dans les eaux du canal de Messine, s’insinue dans les sables du rivage, s'épaissit peu à peu, s’endurcit, lie et cimente les grains , et en fait une pierre solide. n … - . - \ 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ce ciment naturel produit encore des brèches et des poudings: Ilen forme sur-tout avec de gros fragmens d'une roche feuiile- tée dont je n'ai point vu l’analogue aux enyirons de Messine. Lile résulte de particules de quartz blanc et opaque , ét de mica doré , les unes et les autres distribuées en dosés presqu'égales. C’est dans la direction des écailles du mica Que la te tend à se diviser : le quartz la rend étincelañte maloré la molesse que lui donne le mica. Elle se fond au fourneau, et se réduit en une scorié noire et, vésiculaire, produite par, la liquéfaction du mica : le quartz reste intact ; il acquiert seulement une plus grande blancheur. On rencontre souvent des morcsaux de cette roche aglutinés ensemble au moyen du ciment en question, soit sur le rivage , soit dans la mer. L ; Les hommes destinés à extraire ces pierres dela mer, me ra- contèrent qu’ils avoient quelquefois trouvé dans le sable des flèches de fer, des médaillés antiques. Il ÿ à environ dix a»s, m'ajoutèrent-ils, que nous y avons découvert les squelettes en- tiers de deux hommes; quatre ans auparavant nous en avions retiré un autre, tous les trois parfaitement conservés dans leur état naturel d’os ; mais personne ne les ayant réclamés, et ne sachant nous-mêmes ce qu'on pouvoit en faire, nous primes le parti de les briser et de lés disperser.— Ce fait me fut con- frmé par plusieurs habitans de la ville, et je sus en même temps que lecrâne d’un de ces squelettés , dont l’intériéur étoit en- core occupé par la pierre sablonneuse, avoit été acheté par un médecin ,de.Messine.. Faut-il apprendre au lecteur avec quel empressement je courus chez ce médecin pour satisfaire ma cu- riosité , quelle fut sa réponse et ma consternation? « Ce crâte, me dit-il, étoit, chéz moi, mais ma famille ayant pris peur de cet os. de mort, je l’ai jeté par la fenêtre. » Je vouloïs sur-tout m'’assurer s’il se trouvoit réellement dans son état naturel. Les éclaircissemens que l’abbé Grano n’envoya par la suite me sa- tisfirent sur ce point. Il m’écrivit que les mineurs ne s’éfoient point trompés, et qu'ayant examiné lui-même un os humain retiré du sable, os qui lui parut être le crural, îl n’y avoit apperçu aucune trace de pétrification ; reste à savoir s’il faut attribuer cette conservation à l'incapacité du ciment, ou plutôt à la trop courte durée de son action , étant vraisemblable que ces squelettes ont appartenu à des Satrasins, quand cette nation commandoit à Messine. On n’ignore pas qu'ils avoient leur ci- metière dans le bras de S.-Ranieri, et c’est là justement que se fait l'extraction de la pierre sablonneuse ; elle existe bien ailleurs, mais ET D'HISTOIREMNATURELLE. 153 mais cet endroit est le plus commode pour son exploitation, aussi l’appelle-t-on pierre de S..Ranieri. " Elless’étend non-seulément le long des rivages, mais dans Île fond du détroit. Un jour que j'assistois à la pêche du corail, vis-à-vis le village de Pace , à six milles au mord de Messine, je me mis à examiner les morceaux de rocher que le f£let déta- choït du fond de la mer ; tantôt ils étoient munis de quelques branches de corail , tantôt ils en étoient dénués. Le plus souvent ils ne présentoient à l'extérieur qu'une pépinière de zoophytes et de petitsitestacées vivans; et dans l’intérieur qu'un amas de ces mêmes êtres privés de la vie,:et mêlés avec de la terre cal- caire. Quelquefois cependant le filet amenoit des fragmens de: véritable pierre sablonneuse plus ou moins fine, plus ou moins grossière. Ces fragmens n’avoient point été pris errans au fond de la mer; leur cassure toute fraîche témoignoit assez qu'ils venoient d’êtrerompus ou détachés du rocher dont ils faisoient partie. On les'voyoit couverts de rameaux de zoophytes, ex- cepté à l’endroit de leur séparation. Je ne bornai pas mes recher- ches à ces écfäntillons ; mais sachant que les pêcheurs avoient chez eux une collection considérable de ces fragmens qu’its ap- pelloïent pierres de corail, je l'achetai toute entière pour exa- miner chaque morceau au-dedans et au - dehors. La plupart n’avoient rien de commun avec la roche sablonneuse , mais plusieurs luï appartenoïient uniquement. Je ne serois donc pas étonné que cette substance pierreuse ,; accumulée dans le voisi- nage du Fanal , couvrit le fond même du détroit. Si elle se laisse rarement entamer par les filets des corailliers, c’est qu’elle est très-dure et très-tenace. - Quant à sa présence sur les bords du détroit, on ne peut s’em- pêcher de la reconnoître : elle se manifeste depuis Messine jusqu’à la pointe du Pelore; dans toute cette étendue , c’est elle seule qui compose bas rochers ; les massifs des cavernes et des petites collines baignées par les eaux de la mer. On la trouve toujours, disposée par couches, ici plus dure, plus fine, parce qu'elle s’est formée de sable plus délié; là, plus friable, plus grossière parce qu’elle a admis des-graviers, des cailloux , des fragmens de testacées, et autres matières hétérogènes. Cette la- pidification n’est arrivée sans doute qu’à une époque où la mer couvroîit ces lieux ;et comme le principe pétrHiant'est répandu en grande abondance dans le détroit , qu’il paroît très-actif à la pointe du Pélore, où la mer n’a plus qu'environ trois milles de large, je nefseroïs pas éloigné de penser que le rivage s’avan- Tome VII. PLUVIOSE an 6. 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cant insensiblement, et gagnant chaque année sur les eaux, la Sicile ne dût un jour se réunir par ce point à la Calabre. Les habitans ont vu, pour ainsi dire ce leurs yeux, la pointe du phare ou l'extrémité du Pélore , durant l’espace des trente der- nières années, se prolonger en mer de plus de deux cents pieds, de manière que les tremmblemens de terre ayant ruiné la tour qui servoit de fanal, il à fallu la rebâtir plus en avant. On a dû se trouver dans la même nécessité à l'égard des autres tours préexistantes sur ce rivage : la dernière détruite avoit été élevée dans le seizième siècle, et rapprochée plus près de la mer qu’une autre plus ancienne dont les ruines gissent aujourd’hui sur un terrein planté de vignes. : On ne peut pas supposer que la mer, au moyen de ses cou- rans, et aidée de l’impétuosité des vents, puisse jamais détruire et reprendre les sables qu'elle accumule continuellement à la pointe dn Pélore ; car ces sables , par la force du principe glu- tineux, se consolident en masses trop dures pour re pas résister à la violence des vagues. Cependant on pourroit se faire une objection qu'il convient de prévenir et de détruiré: Il est certain que le détroit de Messine existoit dans la plus haute antiquité. Or, si dans le court espace de trente ans, ce détroit a subi un rétrécissement aussi considérable au rivage du Pélore, comment ne s’est il pas entièrement fermé pendant la succession de tant de siècles, où la même cause a dû perpétuellement agir? Cette objection seroit fondée , si les observations locales ne prouvoient qu’à l’époque où la mer couvroit les collines et les montagnes de Messine, si abondantes en madrépores, le gluten lapidifique ne se manifestoit point par des effets sensibles. 11 est facile de s'assurer, qu’à la réserve des bas rochers qui bor- dent le rivage, les autres ne sont point liés par ce ciment, et que la pierre sablonneuse, telle que nous l'avons décrite , n’en fait pas partie. On trouve, à la vérité, danggune petite colline, entre les Gravidelle et les Gataratte, un entassement considé- rable de sable quartseux, mais peu ou point aglutiné, ce qui prouve qu'il wa point été investi par le gluten. Concluons de là que ce principe n’existoit point alors dans la mer de Messine, ou du moins qu'il n’y étoit contenu qu’en très-petite dose, soit que les eaux n’eussent pas rencontré les bancs propres à lelour- nir , soit qu'en les rencontrant elles n’eussent pu les dissoudre à cause de leur salinité , et se charger de leurs particules. atté- nuées. Résumons ce que nous ayons découvert jusqu'à présent des . ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 155 matières qui composent la Sicile; elles se réduisent au carbo- -wate calcaire , au granit, au charbon fossile et à la pierre sa- blonneuse. En considérant bien la position et la direction du granit, on s’apperçoit que cette substance est toujours placée sous le carbonate; sa formation antérieure lui assigne cette place. Si en partant du bord de la mer on chemine vers les montagnes , la première roche que l’on rencontre, c’est le granit, puis viennent les carbonates calcaires qui composent une bonne partie de ces mêmes montagnes, et manifestent leur origine tirée de dépouilles d'animaux. Là, le granit perce quelquefois , et s’é- lève en forme de bosse : plus souvent il y reste enseveli. Mes- sine repose sur des dépôts marins; mais je ne doute pas que le granit ne pénètre sous ces dépôts ; il me paroît former une chaine avec celui du cap Melazzo; peut-être passe-t-il sous Le détroit, où il est recouvert par la roche sablonneuse. Dans la contrée que j'ai parcourue, je n’ai rencontré aucun indice de volcanisation. La mer jette de temps en temps sur le rivage des pierres ponces, mais elles viennent de Vulcano ou de Lipari par les vents du nord. Outre le granit et la pierre co- quillière qui se trouvent parmi les débris des maisons de Mes- sine, on y reconnoît des ponces , tant légères que pesantes , et diverses laves. On les apportoit autrefois des Îles de Lipari, et elles servoient à bâtir : aujourd’hui les habitans n’en font plus venir pour cet usage. Je puis donc assurer que dans cette partie de la Sicile, comme en beaucoup d’autres , il n’a jamais existé d'incendies volcaniques (1). (1) J'ignore ce qui a puinduire M. Chaptal en erreur , quand il assure dans sa Chimie que /a Sicile a été toute volcanisée, Note de l’auteur, V 2 4 ‘SunOf | NI CAE EU OBSERVATIONS ME nt FAITES PAR Bo UVARD, astronome. THERMOMÈTRE: Maximun. 1 2 2 à 2%. à midi à2s. à midi à midi 4218: à midi à3is. GIONCE à 25. à12s. à midi à #s. à midi à 25. à midi à midi à midi a 25. à midi à midi a2s à midi a und en à midi: à 3 2s., Es a 935 L 4 BAROMÈËE ENTRE; pr 7 NE Minimum. |AMuor. Maximum Minruun. AMiot — 5,7/à 8 ,m.—; 5,0 — 4 anses. ...2711,0 Ja 8} m.... 27.11,0| 2711, — 5,1à8 m. — 58l— 55|laz s...27110 88 m.,..2711,0) 2311, — 3,7{à 8 mm. 2 80!-%6,7 D8 mn. ofir;o fais 5 12501027. 11, — 0,8) à 85 m.— 3,0 0,8 Fa 8 2m... 27.10,7 | à midi. .: 27:10,7| 127.10; + 0,6à8m. — 7,0— 1,8 là 8 m ..27:10,6 |à3 : s.... 27106| 27.10;f —+ 0,24 8m. — 1,14 o,24/à3 s...., 28. 0,2 [A8 m...,,:27.11| 27.11,c 1 D'8l8 dm. — 0,67 la 20e. 1098 101] 27 em....120. 0,0 128. 1, c — 1,448 nt —— 39) 14 Fa 80 in. 4168: op la Es M1 0387 0,228. 0, —2:0,0|à 8m. — /4,60|—10,9 Fa midil! 28. 1,5 |à 8) m... 28. 1,0/128. 1, — 5,248 m. — 10,5/— 6,8: 4 à midi. 54 28, 4,5, à 7 ump + 28< 40|.28. 4, .5,71à 8im.a—ionl— 6,218 4n.. 28564206 s,.:28.,2,) 124 à) + 2,5 à 8% m. + 041 2,5 Fa 8° m 28. 0,9 [a2%s 27.11,4| 27.116 + 54là 8m. LE 52/7 4,5 la 8? m..2# go:|à 4! 27.188 |b7. 8 + 4,1là 8 m. ge ane 4,0 |àa8 m 27.017,50 la er the 2720752} 27. 3, + 4,6/à 7 dm. 2,2|-6 4,5 Ÿa 7 2m 27. 6,3/ 2e 644.27. 6,6!,27. 6, 43,888, m.40,9|-6,3,74dais.. 276,8, 29,,/5:...927. 6,9) 27. 6 + 4,518 m.-L:2,0|+ 4,5 àg .«m...'27, 8,5 |a2 ,s. 27. 8,1! 27. 8: + 4,548 m. H 7,9i+ 37 la 8 Em... 27. 7,2 à 4 5... 27.140! 27. 6, 648 8m fohrr 6 Fa als: 27/67/88 m.'.19279,61la7. 5, + 4,2là 28 mt omoME 5,51 à 5d:s:,47278),60 à 8, mu. .. 27. 8,2k27. 8, + 4jolà 8 m, + 1,8l- 3,8 là 8 m.:.27.7,9 | 47, s....,27..4,4, 27. 6, Æ 6,5/à81m.+ 4,64 6,5 Ja 81m....27. 5,6 |à,235 27. 471427. 43 2 Bla gun. + 1,%|0 5,4 |a8 m...l27. 47 |à4% AS] 27. à, 2H 6,541"8 mp 2/9) 6/58 8llôn Hy7.6,8 |àan2 rs + m8 remit 6,5 74 fa 7 im; san. 0,7 Na + 8,oûà7im + 614 80/1àa5 ss 27- 2,06. |5a:7. + 6,5/à7 3 m, + 6,5,+ 6,3 là7im 27. 5,9°| à 3 —10,7à 7 5m. + 7,910, là 75m... 27. 3,8 |àa2 ro; fà 7 Enr Golrot fa-7 m 27. -5,5.-| à 3 + 9,7jà 75m 6,14 9,7 la 7+ m... 27. 1,7 là 2 BEC CA ENT D ON A CE NTIO NN" ” Plus grande élévation du mercure. . . 28. 4,31 le 10. Moindre élévation du mercure. . . . 26. 11,85 le 23. Élévation moyenne. . . . . 27.8 07 Plus grand degré de chaleär. . . . . + 10,7 le 28 oindre degré de chaleur. . . . . . —10,5 le 30 Chaleur moyenne. . . . . “- o,1 Nombre de jours beaux. . «1.1.1... 5 de couventsf 4eme 25 denpitiess- AN ICE e L'ECRO Nivôse an rirr. ‘SHnOS£ POINTS Hyc, | VEnrTs. - - LUNAIRES. 66,0 N-E. * [Eure périgée. HOUTPN: L Ë50 Calme. , DUT: ape 78,5 | S-O. 1x 85,0 | Cilme. g0,0: | N-E 69,0 N. ( 855 MO: frs 69,5 N-E. Equin. ascend . 100,0 | S-S-E.,, . [Prem. Quart. 108,0 |S. 101,0 | Sud 106,0 ‘|'S. Lune apogée. 105,0 | S 4 104,0 |5S ee #4 Pleine Lune. 101,5 S-0 100,5 | Est 100,5 | Sud. 103,0 | S-E. Equin.descend. 102,0 | Sud 102,0 | ©. 103,0 S-O. fort. |Dern. Quart. 99.7: | S-O. 100,9 | S. RÉCAP - de vent:\ts . . de gelée. .. . de tonnerre. . "2 de brouillard. de néige. ME Le vent à'souffé du N.. .'.i. Er e Neige val. ci: » TES FCREEN TASER CRUE SMARERE SOMBMER TL ETUI OS Sol. Ne AR MIA TI TO ENS DE L'ATMOSPHÈRE. €iel couvert; il est tombé un peu de neice: Ciel couvert; quelques flocons de neige l'après-midi. Ciel trouble et nuageux ;, neige par intervalles. Beau'par intervalles. Ciel en partie couvert ; givre le malin. | Ciel couvert; il est tombé environ 9 lignes de neige Beau; vapeurs. ï Ciel couvert; nerge par intervalles. Couvert; ‘brouillard. Beau ciel; brouillard à l’horizon. Ciel trouble le matin ;-couvert le soir, Pluie avant le jour; verglas ; beau par intervalles. Ciel Couvert ;: pluie dans la soirée. Beau ciel Ie matin; én grande partie couvert le soir. Beau le matin-et le soir ; très-couvert vers midi. Brouillardépaiss et ciel couvert. Jdems Idem. Pluie abondante le matinet le soir. Ciel couvert, brouillard épais et très-humide. Idem. Pluie le soir. Ciel couvert ;fbrouillard très-humide. Ciel trouble et nuageux le matin; couvertle soir. Quelques-éclaircis Je matin. Pluie abondante une grande partie de la journée. Pluie avant le jour et dans la matinée ; éclairois le soir. Beaucoup éclaireis: < Pluie abondante lematin; quelqueséclaircis vers midi. Beau par intervalles. . Ciel couvert; pluie abondante l’après midi. LT UÜL:A TION. _ en fois. OÙ BASE Op oo n-: 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Histoire naturelle, générale et particulière , par Lrererc de Burrox ; nouvelle édition , accompagnée de notes, et dans la- quelle les supplémens sont insérés dans le premier texte, à la place qui leur convient. L'on y a ajouté l'histoire naturelle des quadrupèdes et des oiseaux découverts depuis la mort de Buffon ; celle des reptiles , des poissons, des insectes et des vers; enfin l’histoire des plantes dont ce grand naturaliste n'a pas eu le temps de s'occuper. Ouvrage formant un cours complet d’his- toire naturelle , rédigé par C. S. Soxnixr, membre de plusieurs sociétés savantes , collaborateur de Buffon , pour la partie orni- thologique, et auteur du Voyage dans la haute et basse Egypte. Soixante volumes grand in-8°., imprimés sur beau papier et caractère neuf, avec environ 1300 planches. Les tomes 11, 12, 13, 14, 17 et 18 viennent de paroître. Afin de remplir dignement une tâche trop étendue pour un. seul homme, Sonnini s’est réuni À des savans d’un mérite dis- tingué. Latreille, associé de l’institut de France, membre des sociétés philomatique et d’histoire naturelle de Paris, zoologiste attaché au muséum d'histoire naturelle, et l’un des plus savans entomologistes de l’Europe, s’est chargé de la partie des insectes. Denys Montfort; géologiste, également attaché au muséum , traitera l’histoire des vers, et dans cette classe, les coquillages sont compris. Ët pour que rien ne manquät à la perfection de l'ouvrage , les éditeurs ontengagé ce dernier, dont la science en histoire naturelle est accompagnée de l’art d’en peindre les divers objets, à entreprendre tous les dessins, et l’on sent combien il est important qu’ils soient tracés par le crayon d’uñt naturaliste. Les dessins de l’histoire naturelle de Buffon seront recommencés, et ceux de la suite de cet ouvrage seront faits, autant qu’il sera possible, d’après nature : lorsque le sujet vivant ne se trouvera pas à la portée, ils seront copiés d’après les meilleurs maîtres. L'on pourra donc être assuré qu’une foule d’erreurs qui se per- pétuent dans les gravures des livres d'histoire naturelle , ne se- ront jamais répétées dans celui-ci. Enfin, l’histoire naturelle des plantes sera composée par Philibert , l'élève et ami de Dide- ÊTt; D'HA SNO)ER'ENN AT\U R ELLE. 159 rot, et auteur de l’Æ/stoire naturelle du ciel et de la terre, et de l’/ntroduciion à l'étude de la botanique. . Une pareille réunion de talens ne peut qu'être favorable à cette entreprise littéraire. Le public possédera enfin une histoire naturelle , générale et particulière , rédigée dans les principes de Buffon. . Le volume onzième et une partie du douzième traitent des substances métalliques. L’autre portion ie douzième volume , le treizième et le qua- torzième traitent des pietres et de quelques mines. Dans le dix-septième et le dix huitième volume se trouve le commencement de l'histoire de l’homme. NX Sonnini ajoute au texte de Buffon des notes intéressantes , les- quelles renferment les nouvelles découvertes. A l’article du dia- mant, par exemple , il rapporte toutes les nouvelles expériences sur sa combustibilité, faites par Tennant , Guyton-Morveau, et qui prouvent que cette substance n’est qu’un corps combustible. Nos lecteurs se les rappelleront , parce que nous les avons ex- posées dans le temps. A l’article de l’ambre gris, Sonnini rapporte les observations de Schevediaur, qui regarde cette substance comme la déjection d’une espèce de baleine (physeter macrocephalus , Linn.). Cet animal dévore une espèce de sèche odorante;4des déjections de cette baleine conservent l’odeur de la sèche et forment l’ambre gris qui se trouve encore mêlé des débris de la sèche. ( Voyez dans ce Journal , année 1784 , le mémoire de Schevediaur. ) Sonnini persiste à regarder , avec Buffon , l’ambre gris comme une espèce de bitume. £ A l’article du natron ou soude, il fait voir qu’ik s’en trouve une très-grande quantité dans les fameux lacs de Nitrie en Egypte. 1l rapporte ce qu’il en a dit dans son voyage : ces lacs sont au nombre de deux qui n’en font plus qu’un lorsque les eaux du Nil sont basses ; elle diminuent ensuite au point que les lacs ne paroiïssent que comme des étangs peu spacieux. Alors le terrein qu’elles avoient innondé et qu’elles laissent à décou- vert, est chargé d’un sédiment cristalisé et durci par le soleil; c'est le natron. L’épaisseur de la couche de ce sel varie en raison du séjour plus ou moins long des eaux sur le terrein : dans les endroits qu’elles ont seulement mouillés pendant un temps fort court, le natron ne présente qu'une lésère efflorescence sem- blable à des floccons de neige. On a dit à l’auteur qu'à certaines époques cette substance couyroit aussi la surface des eaux. »5 1£0 JOURNAL DE PHYSIQUE! DE ‘CHIMIE Granger raconte qu’à la fin d’août, le sel du lac étoit congelé sur leur surface, et assez épais pour y passer dessus avec ses cha-r meaux ; mais au moment où l’auteur les vit, elles étoient claires et limpides. ’ jo C’est principalement au mois d'août que se font les charge- mens de ce natron ; il s’en trouve aussi, mais en moindre quan- tité, pendant le reste de l’année : on le décroche avec des ins- trumens de fer, et on le transporte à dos ‘de chameau jusqu'au terrein où on l’embarque sur le Nil pour être concrat au Caire et à Rosette. Son extraction annuelle se monte à près de vingt- cinq mille quintaux. Avis des éditeurs de l'histoire naturelle ; générale er parti- culière de Buffon, rédigée et augmentée par Sonnini. A la suite du Traité de l’aimont, Buffon a donné des tables très étendues de la déclinaison &e l'aiguille aimantée, et plu- sieurs Cartes géographiques qui en indiquent les variations sur différens points du globe. Ces tables et les cartes, formant un atlas séparé, ne se trouvent dans aucune des éditions in-12 de l'histoire naturelle, ni w6me dans tous les exemplaires de l’édi- tion in-{°. Quoique ces sortes de matières n'aient pas un égal intérêt aux yeux de toutes les classes de lecteurs, elles sont d’une trop grande utilité à la physique en général, et à la na- yigation en particulier, pour qu'elles n’occupent pas la place qui leur convient dans une édition que nous avons, annoncée , et que nous rendrons la plus complette de toutes. Mais il faut’ du temps pour graver les cartes (1); il en faut aussi à l’imnpri- merie pour composer les tables des déclinaisons, et nous avons préféré d'intervertir un instant la série des volumes , plutôt que de suspendre fa publication des livraisons. Nous livrens donc à-présent les volumes 17 et 18, c’est-à-dire le-commencerent de l’histoire naturelle des animaux. Le quin- zième volume contenant l2 fin du traité de l’aimant, avec la plus grande partie des tables des déclinaisons , paroîtra le mois prochain; et quelque temps après nous publierons le seizième (1). Cesicartes sont confiées, pour l’exécutioh de la ‘gravure, au citoyen Tardieu l’ainé, volume 21 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 161 volume dans lequel se trouveront le reste des tables, l'atlas, quelques articles neufs, et la table générale et raisonnée des matières renfermées dans la théorie de la terre et dans l’histoire des minéraux. Nous profitons de cette occasion pour prévenir nos souscrip- teurs que nous venons de monter un atelier d’enluminure , et que nous fournirons à ceux d’entre eux qui le desireront , les figures des animaux coloriées. Les précautions que nous avons prises nous assurent du soin et de l'exactitude qui seront appor- tés à la représentation de chaque animal ; et le choix que nous avons fait des meiïlleurs artistes , répond de la fidélité et de la beauté des dessins. Chaque volume, avec la figure des animaux coloriée , coûtera le double de celui dont les mêmes figures se- ront en noir , etil ne paroîtra qu’un mois après ce dernier , à raison du temps nécessaire pour colorier. Nous répétons ce que nous avons annoncé, que plusieurs figu- res qui ne sont pas dans l’ouvrage de Buffon, se trouveront dans notre édition ; nous ayons déja effectué cette promesse, et l’his- toire de l’homme et des animaux offrira de nouvelles preuves de notre zèle à cet égard. Tant de zèle pour rendre notre cours complet d'histoire na- turelle digne de Buffon et de la postérité , tant de ponctualité à remplir, à outre-passer même nos engagemens ; et nous pou- vons ajouter, tant de sacrifices, sont une démonstration évi- dente de notre résolution très-affermie de conduire à son terme une entreprise que l’on peut regarder comme l’une des plus vastes et des plus importantes qui ait jamais honoré la librairie française. Les engagemens que nous avons contractés envers Le public , nous les renouvelons ici de la manière la plus solemnelle : les livraisons de notre cours complet d’histoire naturelle n’éprou- veront ni retard ni interruption, et nous promettons de le con- duire à son achevement et à sa perfection. Notre honneur , notre intérêt, tout nous en fait un devoir; les attentions que nous y apportons seroient une garantie suffisante de la sincérité de notre détermination, si d’ailleurs les succès inattendus que notre ouvrage a obtenus dans ces temps de désordre et de calamités , véritable règne des fripons et des calomniateurs, n’étoient pas pour nous un assez puissant encouragement. Les frais plus considérables que va entraîner le plus grand nombre de figures qu’exige l’histoire naturelle des animaux, nous forcent à augmenter le prix des souscriptions, à commencer Tome VII. PLUVIOSE an 8. 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du premier pluviôse prochain ; ilsera, à cette époque, de 8 francs par volume, pour ceux qui n'auront pas encore souscrit. Afin de donner aux nouveaux souscripteurs toutes les facilités possibles, ils seront les maîtres de ne retirer , chaque mois, qu’un certain nombre des premières livraisons, dont les paie- mens partiels pourront moins les gêner. De la nature de l’homme , et des moyens de le rendre plus heureux ; par P.J. Bacuezier d’Agès. Un volume in-8°. de 230 pages, imprimé sur papier carré fin, et caractères cicéro Didot. Prix, broché, 2 fr. et franc de port pour les départemens, 2 fr. 5o c. À Paris, chez F. Buisson, imprimeur-libraire, rue Haute- feuille, n°. 20. Pichard, libraire, quai Voltaire, n°. 18. Petit, libraire , Palais-Egalité , galerie de bois, n°. 250. Desenne, li- braire, Palais-Egalité, près la galerie vitrée, L’intention de l’auteur est on ne peut plus recommandable. Prospectus d’un nouvel ouvrage sur la minéralogie, par Auguste TRAvERsAY. La science n’est que le souvenir ou des faits ou des idées d’autrui. Hezverius. L’ardeur avec laquelle on se livre actuellement en France , à l'étude des diverses parties de l’histoire naturelle , a déja donné lieu à la publication d’un grand nombre d’ouvrages élémentaires ; chaque jour encore il en paroît de nouveaux, et qui sont tou- jours accueillis avec le même empressement de la part du public. L'auteur en propose un nouveau pour l’étude de la minéralogie. Les minéralogistes, dit-il, reconnoissent deux sortes de systèmes ;1°. ceux qui sont fondés sur l'analyse chimique ; 2°. et ceux établis sur les caractères extérieurs. De tous les systèmes fondés sur les caractères extérieurs des minéraux, j'ai dû préférer celui du citoyen Dausenron. Je me suis étudié à réunir dans le tableau méthodique des minéraux , si savamment tracé par cet illustre et respectable naturaliste, tout ce que j'ai pu me procurer de plus vrai, de plus clair et de mieux exprimé dans les écrits des meilleurs minéralogistes. En disant que les ouvrages de Valmont de Bomare, de Buffon, de Monnet, de Bucquet, de Sage, de Bergman, de Four- croy, de Delamétherie , de Hauy, etc. etc., sont les sources où j'ai abondamment puisé, je rends un hommage à la vérité , et qui doit commander la confiance de mes lecteurs. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 165 © Je ne me suis cependant pas astreint à suivre servilement la nomenclature des minéraux du citoyen DauBenron. J'ai au contraire ajouté à la description des substances qu’il dénomme, celle des autres substances connues et décrites par les minéra- logistes qui ont encore écrit après lui. Je joins aussi à l’énon- ciation des caractères extérieurs de chaque substance , ceux chimiques qui lui ont été reconnus. On se convaincra facilement que je n’ai rien négligé pour rendre ces Elémens de minéra- ogie assez complets pour qu'ils puissent suffire aux commen- çans, et même à ceux qui ne pourroient pas se procurer les ouvrages de ssavans. . Cet ouvrage qui doit former un vol. in-8°. de 400 à 450 pages, sera imprimé en caractère cicéro neuf et sur papier carré fin d'Angoulême ; mais ne devant être publié qu’autant qu'il se trouvera un nombre suffisant de souscripteurs pour couvrir en partie les frais d'impression , nous invitons ceux qui desireront se le procurer , à souscrire chez les citoyens ci-après dénommés. Le prix de la souscription est de rois francs cinquante cen- times, pour la Rochelle, et de gzuatre francs, pour tous les dé- partemens. On n’acquittera sa souscription qu'en recevant l'ouvrage. On souscrit à la Rochelle, chez les citoyens Bouyer frères, imprimeurs , rue des Maîtresses , n°. 15 ; à Paris, chez De- terville, libraire, rue du Battoir, n°. 16; à Nantes, chez F. Berjou , imprimeur-libraire, carrefour de la Casserie; à Bor- deaux , chez Lafite, libraire, place Brutus; à Poitiers, chez Catineau , imprimeur-libraire ; à Niort, chez Elie, imprimeur du département; et chez tous les libraires de la république. Rapport du comité des soupes économiques, établi à Genève. Une société de bienfaisance a établi à Genève des soupes éco- nomiques à la manière de Rumford. Elle est parvenue à four- nir, pour environ sept liards, ou huit à neuf centimes , une soupe du poids de 24 onces. Deux soupes semblables nourris- sent très-bien un homme dans la journée; c’est-à-dire, qu’on peut le nourrir pour environ trois sous : nous ferons connoître ce procédé plus en détail. La Flore des environs de Paris, ou distribution méthodique des plantes qui y croissent naturellement, faite PE Le système de Linnée, avec le nom et la description de cha- cune en latin et en français, l'indication de ee natal, 2 16% JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE de leur durée , du temps de leur floraison , de la couleur de leurs fleurs, et la citation des auteurs qui les ont le mieux décrites, ouenont donné les meilleures figures, par J. L. Thuillier, bota- niste; nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée. À Paris, chez l’auteur, rue de Bièvre, au coin de celle St.-Vicior, n°. 42, et chez H L. Perronneau, imprimeur, rue du Battoir; un vol. in-80. Prix, 6 francs. Cet ouvrage intéressera un grand nombre d'amateurs qui s’arnusent à herboriser aux environs de Paris ; ils y trouveront des descriptions exactes des plantes qui y croissent, et une mé thode facile pour les reconnoître. Des signes envisagés relativement à leur influence sur la for- mation des idées, par Pierre Preyosr, professeur de philoso- phie à l’académie de Genève, de la société des arts et de la société de philosophie et d'histoire naturelle de la même ville, de lacadémie de Berlin et d’Edimbourg , etc. etc., petit vol. in-8°. grand raisin. Prix 2 fr., et 2 francs 5o cent., franc de port, par la poste. Cet ouvrage est un de ceux qui ont concouru pour le prix proposé par l'institut. Voici le jugement qu'il en a porté : « L'institut national a distingué le memoire n°. 2 : ce mé- moire est celui qui après l’ouvrage couronné, a le plus appro- ché du but.» Catalogus plantarum in Helvetia cis et Transalpina sponte nascerftium quas in continuis fere itineribus in sum bota- nophilarum collegit et summo studio collatione cum celeberri- morum auctorum descriptionibus et iconibus facta, rite re- depit J. F. Scursicuss , Bex. À pago Lemano in Helyetia, in-80. de 76 pages. ÿ Toutes les plantes dénommées dans cet herbier ont été re- cueillies dans les endroits où elles croissent spontanément ; elles ont été sèchées avec le plus grand soin, et déterminées avec exactitude. Le prix de cent espèces choïsies est de 10 florins : les cent paquets de semences aussi choïsies, ne peuvent être fournis qu’à raison d’un carolin, ou 11 florins, à cause des voyages que l’auteur a été obligé de faire exprès pour les re- cueillir dans leur parfaite maturité. Schleicher offre en outre des herbiers helyétiques complets , contenant toutes les plantes suisses connues, qui se trouvent décrites dans les ouvrages de Haller, et même celles découvertes ET D'HU STORE NATURELLE 165 depuis. Ces plantes, d’une belle conservation , sont placées chacune sur une feuille de papier qu'il a fait fabriquer exprès, et qui a la propriété singulière de garantir les plantes des ra- vages des insectes. La disposition de cet herbier est calquée d’après l’Æstoria stirpium de Haller. Ce botaniste s'engage à suivre le système botanique que les amateurs desireront ; quant au prix, il ne peut encore le fixer, mais il sera très-modéré. 11 conserve encore toutes les plantes alpines et des montagnes désignées dans son catalogue , ayant un grand jardin. Le cent de ces plantes enracinées, qu'il peut fournir toute l’année, coûtera trois carolins, on 33 florins; mais aussi il donne quatre exemplaires de chaque espèce , afin de mieux assurer le succès de l’emplette. L'on peut s’adresser avec confiance à J. C. Schleicher , Bex. village Lémann, en Suisse. “ Philosophiae botanicae novae. Philosophie botanique nouvelle, ou prodrome d'institutions phytografiques, par Henri-Frédéric Link, professeur à Rostoch. À Gottingue , chez Jean Christian Dietherich , 1798, in-80. de 92 pages ; prix 1 franc 80 centimes. Cette philosophie botanique est composée de trois parties; la première renferme neuf chapitres; la seconde cinq, la troisième quatre : nous allons faire connoître succintement ce qu’elle con- tient; elle commence par des notes sur la composition et la forme des plantes. Le premier chapitre traite de leur physiono- mie en général et de leur configuration; le second parle des troncs et des racines, ce qui mène le professeur Link à désigner les diverses espèces de racines, les changemens dont elles sont susceptibles ; leur durée soit annuelle, bisanuelle et vivace ; le troisième chapitre, divisé en trois sections, offre des explications précises sur les tiges, les rameaux et les pédoncules; le qua- trième , également divisé en trois sections, indique ce qu’il est utile de connoître sur les feuilles , les bractées et les bourgeons; le cinquième chapitre est consacré aux fleurs; l’on y trouve six sections qui donnent parfaitement toutes les particularités qui s’observent aux calices, aux corolles , aux étamines, aux pistils et aux autres parties des fleurs; le suivant partagé en deux sec- tions , fait mention de tout ce qui est relatif au pérycarpe et à la semence. Cette dernière section est un abrégé de l'excellent traité de Gaertner, qui a pour titre : De fructibus et seminibus plantarum ; le chapitre septième a pour objet de faire observer les diverses parties que l’on trouve sur les végétaux , telles que les 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE poils, les aiguillons, les glandes; le huitième explique le chan- sement et les effets qui se remarquent dans les formes des corps ; Te neuvième et dernier de cette partie contient des considérations universelles sur la physique des plantes. La seconde partie présente, dans le premier chapitre, les dif- férentes couleurs que l’on observe sur chaque partie dont la plante est composée; dans les chapitres suivans il est question de la saveur, des vertus, de l’odeur, de l’irritabilité, de l'humeur et matière excrémentielle des plantes. La troisième partie a pour base l’ordre systématique des plan- tes, c’est pourquoi le professeur Link y traite des systèmes na- turels et artificiels , des genres et des espèces. Il n’est guère possible de trouver mieux, en un si petit volume; les élémens étendus de la botanique y sont tracés avec autant de clarté que de précision : cette nouvelle philosophie botanique. fait infiniment honneur à son rédacteur. Recherches sur l’existence du frigorique et sur son réservoir commun, par J. P. Bnes. Felix qui potuit rerum cognoscere causas. Virçiz. Georgic. lib 11. A Paris, chez J. J. Fuchs, libraire, rue des Mathurins, hôtel de Cluny. Plusieurs physiciens , et particulièrement Muschembroeck , ont dit que le froid étoit pro par un fluide particulier , comme la chaleur l’est par le feu. L’auteur soutient cette opi- nion qui a cependant été abandonnée par la presque totalité des physiciens; et pour la prouver il apporte beaucoup de, faits qui lui paroissent favorables à ce sentiment et qu'il faut voir dans son ouvrage. Introduction à l’étude de la botanique ; ouvrage orné de dix planches coloriées , contenant un FE sur l’accord des sciences naturelles ; un traité complet et comparé des organes des plantes et des fonctions de ces organes à toutes les époques de leur vie, dans lequel les termes d’usage en botanique sont appliqués et expliqués ; une exposition particulière des organes des plantes connues sous le nom de cryptogames : les principes de l’art de décrire, par Linnée ; des détails sur l’habitation des lantes, leurs vertus, leurs usages, leur culture, et la manière de les arranger et de les conserver en herbier , l'exposition des ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 méthodes générales de Tournefort, Linnée, Jussieu, et des mé- thodes particulières des fougères de Smith, des mousses d'Hedwig et de Bridel, des champignons de Bulliard, etc. , avec des tables qui donnent à cet ouvrage la commodité d’un dictionnaire. Par J. C. Puirisenr; 5 vol. in-8°. A Paris, de l’imprimerie de Digeon, grande rue Verte, fauxbourg Honoré, n°. 1126. Se trouve à Paris, chez Debure ainé, libraire de la biblio- thèque nationale, rue Serpente, n°. 6. Chez Plassan, imprimeur-libraire, rue du Cimetière André- des-Arcs, n°. 10. Chez Déterville , libraire, rue du Battoir, n°. 16. Chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins , hôtel de Cluny. Treutell et Wurtz, libraires, à Paris, quai Voltaire , et à Strasbourg. Villiers, libraire, rue des Mathurins , n°. 396. Desenne , libraire, Palais-Egalité, galerie n°. 2. Et chez Bossange, Masson et Besson, libraires , maison et rue des Mathurins. L'accueil distingué que les botanistes ont fait à cet ouvrage , prouve que l'auteur a su atteindre le but qu'il s’étoit proposé. Il a décrit avec clarté les diverses organes des plantes; il en a exposé les principales fonctions ; il fait connoître leurs vertus et leurs propriétés générales ; enfin , il expose dans le troisième volume, les principales méthodes qui sont employées; savoir, celle de Tournefort , celle de Linnée, celle de Jussieu, celle de Smith sur les fougères, et celle de Bulliard sur les champignons. Son style est animé et fait chérir l’étude de la botanique; cette science aimable faite pour attacher tous les cœurs qui sont sen- sibles aux beautés de la nature. Le botaniste considère les végétaux sous toutes les faces ; il règle la place qui leur convient dans le système général du monde, et leur assigne le second rang parmi les êtres organisés. Il ca- ractérise les espèces et détermine les nombreux rapports d’uti- lité, d'agrément, ou en apparence, de curiosité sous lesquels chacun d’eux peut être envisagé , leur nombre prodigieux lui fait sentir la nécessité de les classer. 168 JOURNAL DE’ PHYSIQUE, DE CHIMIE TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Sur les ossemens de quadrupèdes , trouvés sur les cîmes les plus élevées des Pyrénées ; par Philippe Picot Lapey- Jouse.- Page 81. Description de l’hydrophobie et de la rage confirmée , par B. G. Sage. 84. Lettre de P. Bertrand à G. A. Deluc. 88. Analyse ‘de la mélanite, par Vauquelin. 94. Description méthodique des différentes houilles , par Henri Struve et Vanberchem Berthout. s à Essai sur les combustions humaines, par P. A. Lair. 119. Rapport fait à la société d’émulation de Rouen , sur les ex- périences comparatives de la consommation du bois dans les fourneaux de teinturiers et autres, avec celle des fourneaux de constructions nouvelles. 129. Examen de quelques opinions de M. A. Humboldt, par G. A. Deluc. 141. Observations sur la gioenia , par Draparnaud, profes:eur de l’école centrale à Montpellier. 146, Lettre de À. M. Vassali-Eandi à J. Buniva, sur l’élec- cricité animale. 148, Extrait des voyages de Spallanzani dans les deux Siciles et dans quelques parties des Apennins. 150. Observations météorologiques, 156 , 157 Nouvelles littéraires. 158 et suiv. he Seller Se. Sp en 8, Léuviose JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. PABANALAO "SE 14 "x. 8. ATINNAA LYS" E D ELA P IE RP EADIE.:: TLO0 N NUE R RUE: + ParCnanres Barruor», professeur à l’école centrale du Haut-Rhin, . La masse de pierre connue sous le nom de pierre de tonnerre d’Ensisheim, pesant environ deux quintaux, a la forme exté- rieure arrondie, presque ovale, raboteuse, d’un aspect terne et terreux. Le citoyen Marquaire a bien voulu avoir ia complaisance de m'en détacher un morceau pour le soumettre à l’analyse. Le fond de la pierre est d’une couleur grise, bleuatre, parsemé de cristaux de pyrites , isolés, d’une cristalisation con- fuse, en quelques endroits écailleuse , ramassés , formant des nœuds et des petites veines qui le parcourent en tout sens : la couleur des pyrites est dorée; le poli leur donne un éclat d’acier, et exposées à l’atmosphère, elles ternissentet brunissent. On dis- tingue de plus, à l'œil nud, de la mine de fer grise , écailleuse , non sulfureuse , attirable à l’aimant, dissoluble dans les acides, peu oxidé, ou s’approchant beaucoup de l’état métallique. La cassure est irrégulière , grenue , d’un grain un peu serré. Dans l’intérieur on voit de très-petites fentes : elle ne fait pas feu au briquet ; sa contextureest si lâche, qu’elle se laisse en- tamer au couteau. En la pilant elle se réduit assez facilement Tome VII. VENTOSE an 8. àe 370 JOURNAL DE-PHYSIQUE, DE CHIMIE en nne poudre grise b'euatre , d’une odeur terreuse. Quelque- fois il se trouve des petits cristaux de mine de fer, qui résistent plus aux coups du pilon. y | la pesanteur spécifique varie suivant la proportion du fer qui est inégalement dispersé, Celle du morceau que j'ai employé étoit 32332 ; celle de l’eag distillée , prise À 16000 : il pesoit dans Vair 650 grains, et dans l’eau 380. 550 —380— 170 égal au poids de l’eau qu’il a déplacée. Le pouce cube pèse 2 onces et quelques grains. Ô1 On met un petit morceau dans l’eau distillée, ïl se dégage beaucoup d’air, et la surface en paroît bientôt couverte de bulles ; aux fentes le dégagement en est si prompt, qu’il forme au commencement des-jets continus ; mais on ne remarque ni au goût, ni par les réactifs que l’eau en dissout quelque chose, même en auginentant sa température jusqu’à l’ébulition. Si on l’expose au chalumeau, elle durcit et brunit sans qu’on sente aucune odeur sulfureuse. Mais si après l'avoir rougie au feu pendant quelque temps, on en obtient, en la lessivant, du sulfate de magnésie (sel d’epson), qui resalte de ce que le soufre des pyrites forme par l'absorption de l’oxygène, de l'acide sulfuriqué, lequel par excès d’affinité se porte sur la magnésie, faisant partie coristituante de la pierre ; et le fer ayec lequel le soufre fut combiné, se sépare, comme oxide de fer, dans un état plus éloigné de l’état métallique. On ne sent pas d’odeur de soufre, puisque l'acide sulfureux , sitôt qu’il se forme, est retenu par des bases terreuses qui ont beaucoup d’affinité avec lui. En versant de l’acide muriatique ou vitriolique sur cette pierre, elle exhale, sur-tout en la chauftant, une odeur de foie de soufre semblable à celle qu'on sent en traitant des blendes ou des sulfures alkalins on terreux avec les acides : si on approche des vapeurs qui se dégagent, un morceau d’oxide de plomb blanc , il est noirci sur-le-champ. Le même effet arrive à l’oxide de marcassite dont j'enduisois un papier qui, exposéà l’exhalai- son , Commençoit à jaunir, mais en peu de temps il fut tout-à- fait noir. Ces changemens que legaz quise dégage opère sur ces oxides métalliques, proviennent d’une espèce de réduction. Ce gaz, en absorbant de l’oxygène des oxides , rapproche davantage ceux-ci de l’état métallique. Ayant traité cette pierre réduite en poudre fine , avec l’acide muriatique , dans l’appareil pneumato-chimique, j'ai obtenu du gaz hydrogène sulfuré , pendant que l’acide agissoit sur la pierre; ; ETDN D'HSNSEMOMNR EN NAT UPR ELLE: 174 mais le dégagement étoit si lent, que je n’en pouvois pas dé- terminer la quantité, de laquelle on ne peut néanmoins point ‘ conclure sur celle de soufre contenue dans la pierre, puisqu’en recueillant le gaz dans l’eau, elle s’en sature ; ‘et si on se sert de mercure, celui-ci en décompose une partie. En outre, à mesure que le gaz se dégage, une partie du soufre forme , en décomposant de l’eau , de l'acide sulfurique. La formation du gaz hydrogène sulfuré , paroît être due à la décomposition de l'eau (qui d’après les nouvelles découvertes constatées , est composée d'oxygène et d'hydrogène), par le sou- fre et le fer; le fer s'empare de l’oxygène de l’eau, nécessaire à le rendre soluble dans les acides , et l'hydrogène, comme l’autre parte constituante de l’eau, se porte sur une partie du soufre dont la combinaison est favorisée par l’état d'aggrégation relâché dans lequel il se trouve alors, et forme du gaz hydrogène sul- furé , qui se dégage en fluide élastique. Si on emploie de l'acide nitrique au heu de l’acide muriatique, on obtient du:gaz nitreux. Comme je ne pouvois pas séparer le soufre en substance par les acides, je tâchai d'en déterminer la quantité par celle de l'acide sulfurique qu’elle forme en l’exposant au feu. Cent grains de cette pierre réduite en poudre, et bien lavés, ont été exposés dans une tasse de porcelaine pendant trois heu- res à un degré de feu qui l’entretenoit rouge , la poudre acqué- roit une couleur rougeatre; elle a été mise pendant 24 heures dans 12 onces d’eau distillée , qui décantée, a fourni, par l’éva- poration , huit grains de sulfate de magnésie ( sel d’epson ) très- blanc. Pour voir s'il ne s’est point formé en même temps de sulfate de chaux, qui est peu soluble dans l’eau , la poudre de laquelle le sulfate de magnésie fut séparé, a été bouillie dans une solution de potasse ; celle ci donnoiït bien après l’avoir dé- cantée , quelque indices d'acide sulfurique , maïs cela prove- noit plutôt d’une petite portion de soufre non décomposé par la calcination , que du sulfate de chaux ; puisque l'acide acéti- que (vinaigre distillé) dans lequel on a mis la poudre après qu’elle fut bouillie dans la solution de potasse, n’en a extrait que quatre grains de magnésie blanche. S'il s’étoit trouvé du sulfate de chaux, la potasse l’auroit décomposé, en se combi- nant par excès d’affinité avec l'acide sulfurique , et la terre cal- caire , mise hors de combinaison , aurvit été dissoute dans l'acide acétique. Si on met sur la pierre rougie au feu du nitrate de potasse, on observé ‘üne petite flamme bléuatre , et la masse saline four- Ne 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMtÉ nit en la lessivant, outre le nitre non décomposé , du sulfate de potasse dû à une partie du nitre décomposé , dont l’oxygène de son acide s’est porté sur le soufre, et l’a réduit en acide sulfu- rique qui s’est combiné avec la potasse de la partie du nitre dé- composé, et a formé du sulfate de potasse. Cent grains de cette pierre , réduite en poudre, et lavés dans beaucoup d’eau , ont été mêlés avec cent grains de carbonate de potasse cristalisée, exempte de tout acide sulfurique, et rougis au feu pendant 3 heures dans une tasse de porcelaine : la masse saline a été réduite en poudre, et mise dans de l’eau distillée, qui, décantée, a été évaporée après qu’elle fut saturée avec l'acide acétique. A la fin de l’évaporation il s’est déposé du sul- fate de potasse ; pour le_ séparer de l’acétique de potasse, on a traité la masse saline réduite à siccité avec de l’alcohol (esprit- de-vin) qui n’a dissous que l’acétite de potasse; le sulfate de potasse qui ne se dissolvoit pas dans l’alcohol pesoit 9 grains, qui, à-peu-près, contiennent 3 grains d’acide sulfurique réel sec; et cette quantité peut résulter de la combustion de 2,02 grains de soufre. Pour me convaincre que toute la quantité de l’acide sulfuri- que qui, dans cette opération, a formé du sulfate de potasse, provient de la décomposition du soufre, comme il auroit pu se trouver dans la pierre, du sulfate de barite (spath pesant) qui par ce procédé auroit été décomposé, et dont alors l'acide sul- furique en se combinant avec la potasse , auroit pu augmenter la quantité du sulfate de potasse , résultée de la transformation du soufre des pyrites en acide sulfurique, j'ai mis la poudre , après qu’elle a été traitée au feu avec la potasse, et ensuite débar- rassée de toutes parties salines, pendant 12 heures dans l'acide acétique (vinaigre distillé) ; s’il y avoit eu de la terre barite (pesante), elle se seroit dissoute dans cet acide; maïs la solu- tion acéteuse n’en présentoit aucun indice : lerésuln qu’elle four: nissoit, se dissolva entièrement dans l’acide sulfurique, ce qui prouve qu'il ne contencit point de terre barite qui auroit formé avec l’acide sulfurique, du suifate de barite presque insoluble dans l’eau. Après que l'acide acétique fut décanté de dessusla pierre, je l’ai mise dans l’acide muriatique, et exposée pendant 24 heures à une température de 30 degres au-dessus dela glace d’après le ther- momètre de Réaumur ; à la fin ce mélange a été bouilli pendant un quart-d’'heure ; il étoit épais et gélatineux, et il falloit le délayer avec de l’eau pour pouvoir décanter la solution muria- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 173 tique à laquelle, mêlée avec la solution acéteuse , on a ajouté du prussiate de potasse cristalisé et bien dépuré , jusqu'à ce qu'il ne formât plus de précipité : celui-ci recueilli sur un filtre, et bien lavé, étoit un prussiate de fer, d’un bleu très-foncé et brillant, pesant, bien sèché, o grains qui contiennent à-peu- près 20 grains de fer en état métallique. Après que le prussiate de fer fut séparé de la liqueur acide, on l’a précipité avec du carbonate de potasse, et on l’a bouilli pen quelques minutes. Le dépôt qui s’est formé pesoit, bien avé et sèché, 24 grains ; il a été dissous dans l’acide sulfurique quia formé d’abord, et par l’évaporation, trois grains de sul- fate de chaux (gypse); l'ayant séparé, on a délayé la solution, et on y a ajouté à la température de deux degrés au-dessus de la glace, des cristaux de carbonate de potasse , qui ont précipité 9 grains d’alumine , et par l’ébulition 1l s’est encore déposé 14 grains de magnésie blanche ; celle-ci a resté dissonte dans la liqueur à une température basse , par l’intermède d'un excès de gaz carbonique qui, en se dégageant par l’ébulition, a laissé déposer la magnésie blanche. Le résidu que l’acide muriatique laïssoit indissous , pesoit 59 grains ; il a été fondu avec le double de son poids de potasse , dans une tasse de porcelaine ; la masse saline a été mise dans l'acide muriatique qui en a encore dissous 8 grains. La solution muriatique a été précipitée par le carbonate de potasse; ce pré- cipité étoit de l’alumine un peu ferrngineuse , faisant la partie que l’acide muriatique avoit encore dissoute de ce résidu ; fondu avec la potasse. Il ya des pierres qui, de leurs parties constituantes , disso- lubles dans les acides, si elles sont isolées, résistent néanmoins à sonaction, par leur combinaison intime avec la terre silicée , en fondant ces pierres ayec la poïasse : celle-ci en se combinant avec une partie de la terre silicée, relâche la liaison que les parties terreuses avoient contractée entre elles, et si on les une alors aux acides , ceux-ci n’ont à agir que sur un mé- ange de differentes terres; ils n’ont plus de combinaison intime ‘à rompre. ’ F Suivant l’analyse précédente , le morceau de la pierre dite de tonnerre que j'ai employé , a contenu , D OUTRE sers Lot 0,02: Magnésie,..,.. 0,14. 174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Alumine....... 0,17. Chaux. 1.214610: Site Lo 42: D'après les caractères extérieurs et l’analyse, je la tiens pour une pierre argilo - ferrugineuse , très-analogue aux roches de corne ferrugineuses, d’un tissu lâche , ou plutôt pour une mine de fer à gangue de roche de corne, . L'aspect extérieur de la cassure, et la manière dont la pierre se comporte au feu seule, et avec le nitre et la potasse , prouvent évidemment qu’elle n’a pas encore essayé l’action du feu, et qu’elle ne fut pas longtemps exposée aux intempéries d e l'atmosphère ; qui sûrement auroient opéré des changemens ap- parens dans sa structure. Je ne hasarde pas d'expliquer sa formation ; elle paroît toujours secondaire, provenue de la décomposition des roches primitives ou d’une précipitation postérieure ; elle aura pu être détachée d’une montagne voisine, et déplacée par des grands courans d’eau dans l’endroit de son gîte où peut-être elle a été enfouie en terre depuis longtemps. L’éclat des pyrites peut avoir ébloui les gens qui l’ont trouvée les premiers, et comme cela fut par hasard à l’occasion d’un phénomène naturel, l'ignorance et la superstition s'en sont mêlées, et lui ont attribué plus de valeur qu’elle ne mérite; et une existence merveilleuse, choquant les premières notions de physique. On trouve souvent dans les plaines de grands blocs de roche à une distance assez éloignée des montagnes avec lesquelles leur composition a beaucoup d’analogie. Noms ne connaissons pas encore toutes les révolutions que la surface de notre globe a souffertes, ni tous les moyens dont la nature s’est servi, pour pou- voir expliquer toutes les causes des effets que nous observons. Je sens fort bien qu'en géologie et lithologie il ne faut pas mettre plus de valeur qu’il convient à l’analyse chimique, car il ne suffit pas de connoître les parties élémentaires qu’on peut retirer d’une roche ou d’une pierre, il faut en même temps tâcher d’étudier l’état de combinaison dans lequel elles se trou- vent réunies. Si ce n'est qu'un mélange (un aggrégé) ou une vraie combinaison chimique où une terre a fait à l’égard de l’au- tre le dissolvant. Beaucoup des cristalisations pierreuses à la formation desquelles aucun acide n’a pu contribuer, paroissent être dues à ces sortes de combinaisons intimes de leurs parties constituantes. Nous voyons des effets analogues en petit dans nos laboratoires , en mettant de l’alumine (de la terre d’alun) MENT ED) HAS MO HR:E/ N A DUR EL: Ep : 175 bien pure, nouvellement préparée, dans l’eau de chaux, elle en attire la terre calcaire , et forme un composé si intime, que l’eau n’a plus d'action sur lui. L’acide carbonique pur ne montre pas d'action sur Je quartz; mais s’il est préalablement combiné avec la terre calcaire ou une autre terre , il Acqpiert en formant un menstrue mixte, la propriété d’en dissoudre s’il le trouve dans des circonstances favorables. Il est très-vraisemblable que la petite quantité, de terre silicée que notre eau minérale acidule de Sulzbach contient , se trouve dans un tel état de dissolution , par l’intermède du carbonate de chaux et de magnésie à excès d'acide, sur-tout comme on n’en obtient la terre silicée que vers la fin de l’évaporation. Nos mortiers de construction acquièrent d'autant plus de du- reté, que les molécules de chaux ont pu exercer toute leur ten- dance v2rs celle de sable, et nous payons souyent bien cher la négligeante manipulation de nos mortiers. | Les mêmes terres primitives peuvent produire des composés tès-différens, d’après leurs caractères extérieurs et physiques, suivant que leurs molécules ont pu exercer plus ou moins leur tendance d’affinité à leur réunion. Il ne seroït guère possible au chimiste le plus expérimenté de produire, après l'analyse la plus rigoureuse d’un talc, asbest, etc., en réunissant par synthèse leurs principes élémentaires, un composé semblable d’après les caractères extérieurs, au corps analysé, puisqu'il ne pourra ja- mais disposer des mêmes moyens et du temps que la nature emploie. : Une terre primitive peut par sa combinaison intime avec une autre terre primitive ou un autre principe élémentaire , acqué- rir des propriétés et exercer des effets à l’égard d’une troisième, qu'aucune des parties constituantes du composé n’auroit exercé seule ou séparée. ; L'analyse de la pierre dite de tonnerre a les mêmes inconvé- niens ; on en retire du soufre, du fer, de la terre calcaire , ma: gnésienne, argilense et silicée; mais il faut en mêine temps pouvoir assigner à chaque partie constituante la place qu’elle a occupée et la combinaison dans laquelle elle s’est trouvée dans la pierre. La magnésie blanche, la chaux, la silice et une partie de l’alumine font partie du fond de la pierre, où la magnésie paroît être dans un état plus relâché que les autres ; une portion de l’alumine provient de pyrites dans la cristalisation desquelles elle étoit entrée. Le fer se trouve dans trois états différens; a°. combiné avec le soufre, constituant ayec un peu d’alumine 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les pyrites ; 2°. dans la mine de fer non sulfureux, dont les par- ties hétérogènes au fer sont difficiles à apprécier de celles du fond de la pierre; 3°. dans un état d’oxide intimement uni à la composition du fond de la pierre. Ces sortes de pierres, comme celle de la pierre de tonnerre, étant affectées à-peu-près de la même mamière , par une longue exposition aux intempéries de l’atmosphère , que par la calci- nation, peuvent par ces changemens dans leur composition , donner lieu à des effiorescences salines et à la formation des mines de fer limoneuses, dont probablement une partie est due à la décomposition des pyrites dispersées dans des pierres cal- caires, argileuses et magnésiennes : l’acide sulfurique que le sou- fre des pyrites forme par l’absorption de l’oxygène atmosphé- rique, se combine préférablement au fer, avec ces terres, et forme des sels neutres terreux , plus ou moins solubles dans l’eau, et le fer dégagé de sa combinaison avec le soufre, plus oxidé, moins soluble dans les acides et moins métallique, rete- pant en même temps un peu de terre arsileuse , est charrie par les eaux et forme des aggrégations de différentes formes, aux- quelles on trouve souvent uni de l'acide phosphorique provenant vraisemblablement de la décomposition des parties animales. Si la décomposition des pyrites se fait dans les pierres calcaires, l'acide sulfurique forme avec cette terre du sulfate de chaux (gypse). On trouve souvent dans le voisinage des carrières de plâtre beaucoup de fer limoneux, et entre les bancs de plâtre, des couches d’une terre argilo-ferrugineuse, ce qui rend pro- bable que de telles décompositions ont contribué à leur for- mation. En Suisse et sur-tout dans les Alpes on trouve aux roches de corne et aux schistes pyriteux, des efflorescences connues des gens du pays, sous le nom de sel des Alpes, Les schistes alumineux qu’on exploite en plusieurs endroits, fournissent , outre l’alun , beaucoup de sulfate de magnésie (sel d’epson), puisque l’acide sulfurique formé de la décom- position des pyrites qui s’y trouvent dispersées, se porte sur ces deux terres constituant la base de ces schistes. EL: D’HASTMOTRE NATUREL LE. : 177 BAPE PONT SUR LES EAUX MINÉRALES ARTIFICIELLES, fabriquées à Paris, par les Cit. Nicoras Pau et compagnie, Fait par les Citoyens PorTarz, PELLzETAN, Fourcroy, CHaprTaz et VAUQUELIN.: $S I. Objet de ce rapport : courte notice des travaux faits jusqu'ici sur les eaux artificielles. Lorsqu’en 1755 Venel présentoit à l’académie des sciences son résultat si remarquable sur l’imitation des eaux de Seltz, par la filtration du gaz dégagé dans l’eau pure tenant en dissolution des matières elfervescentes , les chimistes commencèrent à con- cevoir l'espérance de faire par l’art, des eaux semblables à celles de la nature, et l'on vit peu-à-peu s’aHoiblir et disparoître le préjugé sur la prétendue impossibilité de donner à ces liquides les mêmes principes et les mêmes vertus que l’on trouvoit aux eaux minérales. Mais le médecin chimiste de Montpellier, crut que le gaz d'une effervescence étoit de l’air condensable, et son opinion sur l'esprit des eaux étoit encore une erreur, tandis us son procédé étoit le premier pas assuré qui eut été fait parimi les hommes pour limitation de ces produits de la nature. Bientôt la découverte de Black sur l’air fixe ou acide carbonique, et les découvertes successives de Priestley, Chaulnes, Rouelle le cadet, sur la dissolution de ce nouvel acide aériforme dans l’eau, firent connoître la véritable composition des eaux spiritucuses ou aci- dules , et donnèrent des moyens de les imiter parfaitement. Les connoissarices en mème temps augmentées de toutes parts sur les différens sels dissous dans l’eau, sur la manière de les y reconnoître avec certitude et de les en extraire sans altération, sur la dissolubilité du fer par l’acide carbonique, sur celle du Tome VII, VENTOSE an 8. 178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE gaz fétide , hépatique ou hydrogène sulfaré, fournirent les uioyens de composer de toutes pièces des eaux factices dans les classes générales d'eaux acidules, d’eaux alkalines, d'eaux sa- lines amères ou salées, d'eaux ferrugineuses simples ou acidules , et d'eaux sulfureuses dont la science avoit déja trouvé l’impor- tante distinction. Bergman donna le premier, en 1774 , 1776 et 1778 , dans ses précienses dissertations sur la préparation des eaux froides, sur l’acide aérien, sur l’analyse des eaux en gé- néral, des procédés simples pour fabriquer , d’après leur examen scrupuleux , les eaux de Scidschutz , de Seltz, de Spa, de Pyr- mont, les eaux Lépatiques chaudes et froïlles; il montra qu'une ana- lyse d’eau minérale ne pouvoit être réputée exacte que lorsqu'on avoit réussi à en faire une semblable dans toutes ses propriétés, en dissolvant dans l’eau les principes qu'on en avoit extraits; il fit voir qu’il n’y en avoit aucune à excepter de cette conclusion gé- nérale; enfin après avoir indiqué quels avantages la Suède devoit retirer en particulier de la préparation artificielle des eaux froides, citées ci-dessus, pour son commerce, pour ses pauvres malades, pour les progrès même de l’art de guérir, il donna quelques observations sur les bons effets de ces eaux factices qu'il avoit trouvées souvent même supérieures à celles de la nature dans les hémorrhoïdes, les douleurs arthritiques, les fièvres inter- mittentes rebelles. On peut assurer que l'illustre professeur suédois laissa, dès-lors , bien loin de lui tous les essais presque informes qui avoient été donnés jusque-là , et les théories vagues ou hasardées qu’on avuit proposées sur l’analyse des eaux. En 1779 parut l’ouvrage du citoyen Duchanoy, sur l’art de préparer des eaux minérales artificielles, où le sujet de cette imitation fut traité dans un beaucoup plus grand détail, quoi- qu’il contint très peu de choses nouvelles et différentes de celles qu’on devoit déja à Bergman ; l’auteur offrit dans ce traité le premier ensemble sur la fabrication artificielle de la plupart des eaux connues , et réduisit le premier en système suivi cet art dont on avoit presque nié la possibilité vingt années au- paravant. RRARUITA ns ' Ainsi limitation des eaux minérales fut non seulement créée mais encore conduite presque tout-à-coup à sa perfection dans cette grande époque de découvertes et de travaux chimiques, comprise entre le milieu de ce siècle et l’année 1780, époque glorieuse où la science a changé entièrement de face en France, et fut comme posée sur de nouveaux fondemens. Depuis 1780 , l’art d'imiter les eaux a reçu des accroissemens LDND IIS IN ONLRME IN VAUTIU R'E LIT. ‘179 successifs et non interrompus ; tous les ouvrages systématiques de chimie, sans parler des traités nombreux et plus ou moins saillans sur les eaux en particulier, présentent des faits et des résultats qui ont conduit cette partie de la science à un degré de perfection où il semble n’y avoir presque plus rien a desirer. On peut donc assurer que l’art d’imiter les eaux est poussé maintenant au dernier degré, et que les chimistes habiles dans les ressources et les procédés de leurs manipulations, ne ren- contrent plus: d'obstacles dans la préparation de ces liquides. Aussi les pharmaciens instruits ont-ils répondu depuis vingt ans dans ce genre de travail aux vœux des médecins assez éclai- rés pour ne pas se défier de l’art chimique, et pour croire que cet art a trouvé le secret de la nature. Dans les pharmacies bien tenues on fabrique des eaux de Seltz, de Sedelitz, de Spa, de Balaruc , de Barèges ; on les fabrique plus fortes ou plus foibles que celles de la nature; on les prépare au degré d'énergie ou de douceur que les indications médicinales réclament. Mais outre que cette fabrication ne peut pas avoir lieu avec la même fa- cilité ou la même certitude dans toutes les pharmacies, parce que leurs emplacemens , les moyens même de ceux qui les di- rigent ne suffisent pas toujours pour remplir ce but, elle n’au- roit jamais pu acquérir cctte généralité , cette grandeur utile de ses résultats, capable de remplacer l’usage des eaux naturelles et de fournir aux besoins des malades d’une grande et populeuse cité, si des hommes également habiles dans la connoissance des procédés chimiques et de la mécanique nécessaire pour donner à ces derniers toute l’extension , la promptitude et la simpli- . cité qu’exige une abondante production , n’avoient conçu et exécuté le projet d'établir des ateliers en grand, de véritabies manufactures d’eaux minérales artificielles. Parmi quelques-uns de ces établissemens formés depuis quelques années en France : 5 élevé au ci-devant hôtel d'Uzès, rue Montmartre, par la so- ciété du citoyen Paul et compagnie. Ce citoyen qui a fabriqué les mêmes eaux à Genève avec un rand succès depuis dix années, et qui d’abord en société avec É citoyen Gosse, habile pharmacien de cette ville, connu par lusieurs travaux utiles, a débité par année jusqu'à 40 mille bouteilles d’eau de Seliz artificielle, a présenté dans la séance de la classe , du 26 brumaire dernier, sur la fabrication des eaux minérales, un mémoire dont nous allons d’abord rappeler les principaux traits ; nous donnerons ensuite là description des -et à Paris, on doit sur-tout distinguer celui qui vient d’être 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Inoyens ingénieux que nous ayons vu employer dans l’établis- sement où se fait sa fabrication; nous passerons de là à l’examerr des eaux artificielles qui en résultent; nous y joindrons quel- ques observations sur leur nature et sur leurs propriétés com- parées, quelques remarques sur certaines améliorations dant elles nous paroïssent susceptibles; enfin nons terminerons ce rapport par les résultats que les faits précédens nous auront four- nis, et par les conclusions que nous proposerons à la classe. S 2. Notice du mémoire du citoyen Paul et compagnie. L'exposition des avantages que Genève a déja retirés de léta- blissement d’une fabrique d'eaux minérales artificielles , fait depuis dix ans dans son enceinte, forme la première partie de ce mémoire; à l’imitation simple de ces eaux par laquelle le citoyen Paul a commencé, ont succédé des modifications dictées par les médecins de cette ville , et sur-tout la préparation d’eaux gazeuses plus chargées que celles de la nature. Cer établissement peut être regardé comme une pharmacie pneumatique, en raisont de l’extension et de la variété des produits que les propriétaires ÿ ont successivement ajoutés. On n'apporte presque plus à Ge- nève d’eaux minérales, et celles de la manufacture ont déja été exportées. Quarante à cinquante mille bouteilles de 2 de litre en sortent annuellement. Ce premier succès à engagé la société a former un établissement pareil à Paris; on y prépare neuf es- pèces d’eaux minérales artificielles. Les résultats des observations déja frites sur chacune de ces espèces se réduisent aux données suivantes. 19, Les eaux de Seltz ont été utilement employées dans les catharres, les rhumatismes, l'asthme, les maladies bilieuses et putrides ; elles agissent comme diurétiques et antisceptiques, même à l'extérieur; elles réussissent dans les spasmes de l’es- tomac ; elles facilitent la digestion; on les boit avec du sirop, du lait, du vin. Le citoyen Paul les prépare de deux manières relatives à l'extraction de l’acide carbonique ; dans l’une il est dégagé de la craïe par l’acide sulfurique ; dans l’autre il est sé- paré par le feu; le premier donne à l’eau üne âpreté due à la petite portion de l’acide sulfurique et une propriété irritante ; le second ne communique rien de semblable à l’eau , et permet de l’adinimistrer dans les maladies où l’irritation seroit à craindre. 11 fabrique de plus avec l’un ou avec l’autre de ces gaz des ÉMEUOD HE SUD IOMRIE I'NNA TU R ELLE, 181 taux de Seltz fortes ou foibles, suivant la proportion d’acide qu'il introduit. | 2°. Les eaux de Spa, chargées comme celles de Seltz, d’une grande proportion d’acide carbonique, sont distinguées par la présence du fer qu’on y ajoute : aux propriétés des premières elles réunissent la qualité tonique et de stomachique de ce métal. 30. Les caux alkalines gazeuses , très-recommandées en Angle- terre dans la gravelle et le calcul , apportent en eflet, dans les douleurs qui accompagnent l’un et l’autre de ces maux, un sou- lagement très-marqué qui pourroit être attribué, suivant les auteurs du mémoire, à la qualité dissolvante que ces eaux communiquent aux urines, Ils la croient propre à remplacer l’alkali caustique et le remède de Stephens. Les malades doivent en prendre tous les matins deux ou trois verres coupés avec le lait. 4°. Les eaux de Sedelitz les plus faciles à imiter ont les pro- priétés purgatives et fondantes , parfaitement semblables à celles de la nature. 50. Les eaux oxygénées contenant à-peu- près la moitié de leur volume de gaz oxygène, sans saveur particulière , et que le ci- toyen Paul a le premier fabriquées d’après les vuesdes médecins de Genève, ont répondu parfaitement à leur attente et méritent la plus grande attention de la part des gens de l’art; elles ra- niment l'appétit et les forces, excitent les urines, rappellent les règles, calment les spasmnes de l'estomac et les accès lystériques. Le Journal britannique contient une suite intéressante d’obser- vations sur leurs bons effets, 6°. Les eaux hylrogénées contenant le tiers environ de gaz hydrogène , sont calrantes, utiles dans les fièvres avec quelques symptômes inflammatoires, diminuant alors la fréquence du pouls, dans les douleurs des voies urinaires, dans quelques affections nerveuses et dans les insomnies. 7°. Les eaux hydro-carbonées ne diffèrent pas essentiellement des précédentes. 80. Les eaux hydro-sulfureuses Asie avec le gaz hydro- gène mêlé de gaz hydrogène sulfuré en petite quantité , ont l’odeur et le goût d’œufs pourris, et ressemblent aux eaux ther- males sulfureuses ; elles sont diaphorétiques, fondantes , réso- lutives , très avantageuses dans les obstructions, les jaunisses, les affections du mésentère. On peut les varier beaucoup par la proportion du gaz. Leur usage extérieur mérite autant d’atten- tion de la part des médecins, que Jeur emploi à l’intérieur ; 182 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE chargées de beaucoup de gaz hydrogène sulfuré, elles deviennent précieuses en lotions et en bains , dans les maladies psoriques ; en douches elles réussissent dans les ulcères de mauvais carae- ières. Elles remplacent très-avantageusement l’usage des eaux thermales pour les malades dont les moyens ne permettent pas des voyages dispendieux. Les auteurs du mémoire le terminent par deux considérations également importantes; l’une a pour objet le point de vue éco- nomique , l'argent exporté pour le prix des eaux, retenu en France, et celui des étrangers, attiré dans notre pays; l’autre est relative aux résultats utiles à la science que les procédés em- ployés à la fabrication des eaux leur paroissent susceptibles de fournir: Telle est la substance du mémoire présenté à l’Institut; il est écrit avec la simplicité.et la précision qui conviennent à un pareil sujet. S 3. Procédés suivis pour la fabrication artificielle des eaux ; description de l’établissement où on les prépare ; dose des matières diverses qgn'on y dissout. La commission , sur l'invitation de la compagnie du citoyen Paul, s’est transportée dans l'atelier où l’on prépare ces nou- velles eaux artificielles, et qui est situé waison d’'Uzès , rue DMontmartre ; elle a d’abord éte frappée de la simplicité des ap- pareils , de l’ordre qui règne dans leur disposition respective, des moyens ingénieux employés pour se procurer l’eau, pour la filtrer entre le premier réservoir et celui d’où elle est puisée pour être minéralisée, de la perfection des machines pour obte- nir les gaz et sur-tout l’acide carbonique , soit par la calcina- tion du carbonate de chaux, soit pour son dégagement, par le moyen de l’acide sulfurique , et sur-tout du mécanisme rapide par lequel les gaz sont comprimés et condensés dans le liquide qui les reçoit. Par-tout elle a reconnu les ressources d’une mé- canique éclairée , associées à l'exactitude des procédés chimiques ; par-tout elle a été frappée de‘la différence qui existe entre cette fabrication en grand , et la pctitesse, on pourroit presque dire la mesquinerie des pratiques empioyées jusqu’à présent pour la préparation de ces liquides. Les machines de l'atelier que nous décrirons , sont disposées de manière à fabriquer à la fois plu- sieurs centaines de litres d'eaux minérales, et à leur donner la plus forte comine la plus uniforme énergie. L'auteur de ces procédés et de ces manipulations utiles, en- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 fièrement au courant de toutes les variétés d’appareils employés dans les laboratoires français pour découvrir et montrer toutes les propriétés des fluides élastiques, et leur influence sur les phé- nomènes chimiques de la nature , semble avoir consacré l’ensem- ble de ces machines À des recherches exactes, tant il a mis de Sagacité dans l'invention, et de précision dans l’exécution de ses moyens. Sans vouloir décrire ici en détail les machines em- po dans l’atelier de fabrication des eaux, machines dont ‘auteur desire réserver la connoissance à sa compagnie, sur-tout par rapport au mécanisme de compression qui fait le principal appareil de son invention et qui nous est resté caché, la com- mission croit devoir au moins donner une idée générale des principaux procédés mis en usages dans cet atelier, afin de faire connoître à la classe les soins et les lumières qui dirigent cette importante fabrication. Ce qu’elle va entendre suffira pour en faire juger le mérite et l’avantage, mais ne suffira pas pour èn permettre ou en dicter l'exécution. La commission remplira donc ainsi et ce que la classe attend d’elle, et ce qu’elle doit à l’auteur du mécanisme dont le résultat l’occupe. Deux genres d’appareils également simples , ingénieux et pous- sés jusqu'à une perfection qui deviendra très-utile même dans nos laboratoires de recherches, sont destinés à l’extraction et au dégagement du gaz ; l’un pour ceux que le feu doit développer, l’autre pour les fluides dégagés par l’effervescence. Le premier est un cylindre métallique traversant un fourneau, et muni à ses deux extrémités, de tous les ajustages nécessaires, soit pour voir ce qui se passe dans son intérieur à tous les temps de l'opération , soit pour recueillir, transporter , mesurer, laver et purifier les gaz une fois dégagés. La vue et la marche de cet appareil montre à l'observateur tout ce que la chimie moderne a imaginé de plus exact et de plus utile pour l'extraction et la connoissance des fluides élastiques. De l'extrémité de cet appa- reil séparé en deux par une cloison, et offrant, d’un côté, le fourneau et le cylindre , de l’autre, les récipiens monis de tout ce qui assure le recueillement , la mesure et la purification des gaz; par-tout des tüyaux mobiles qu’on peut allonger, raccourcir, élever, descendre, diriger à volonté , et qui portent les gaz dans une pompe d’où ils sont refoulés dans des tonneaux solides où la dissolution dans l’eau filtrée qui y arrive d’un autre atelier voisin , par une conduite particulière, s'opère à l’aide de la pression et de l'agitation. Ce premier appareil est appliqué à l'extraction des gaz acides | carboniques, oxygènes et hydrogènes, 184, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le second genre d’appareil consacré aux développemens des fluides élastiques par l’elfervescence , est encore plus simple que le premier. Quoique semblable à ce qu’on connoît déja dans nos laboratoires, et consistant en un vase muni de tubes et de ro- binets, le citoyen Paul y a porté une perfection, une simplicité, uné commodité qui rendent cétte opération et plus facile, et plus prompte, et plus sûre qu’elle ne l’a encore été jusqu'ici. Sa fabrication est si exacte qu’il ne se perd rien, que tout le gaz est recueilli, que les matières en effervescence ne se boursouf- flent jamais assez pour arriver jusque dans la première eau tra- versée par le gaz; que tout, jusqu'au temps et à l’espace est employé à profit. Le mécanisme qui produit cet effet est en même temps d’une simplicité qui étonne et qui annonce dans son au- teur une grande habitude des procédés, et une connoïssance aussi profonde des inconvéniens reconnus dans les machines usitées, que de ce qui restoit à y ajouter. Le gaz fourni par ce procédé ést aspiré par la même pompe et porté daas les mêmes tonncaux de dissolution que celui qui est Le produit du feu. ÇGuant à la machine de compression dont la structure et le mécanisme ne nous ont point étécommuniqués, et dont Pauteur et sa compagnie se réservent entièrement le secret, nous nous contenterons de dire qu’elle remplit son but de la manière la Pa desirable, puisque les eaux gazeuses diverses, fortes où oibles que nous avons vu préparer, contiennent plus de fluides élastiques, même de ceux qu’on sait n’être pas dissolubles dans l'eau au moins sans pression , que toutes celles qu’on a fabri- quées jusqu’aujourd’hui. Nous avons vu préparer en moins de deux heures deux petits tonneaux d’eau de Seltz, soit aec le gaz acide carbonique extrait par le feu, soit avec le même gaz retiré par l’acide sulfurique. Cette opéraiien simple dans toutes ses parties, n’entraîne ni difficultés, ni irrégularité , ni perte de temps. La propreté la plus grande règne dans toute sa continuité Les matières salines et fixes qui doivent faire partie de quel- ques-unes de ces eaux , et sur-tout de celles de Seltz, de Sedelitz, de Spa, etc. sont placées toutes dosées, bien mêlées et en pou- dre fine, dans chaque bouteille, avant de remplir celle-ci de l’eau gazense, au moment où l’on va la tirer du tonneau de fabrication. L'art même de tirer le liquide gazeux de ces ton- neaux, est aussi perfectionné qu’il peut l’être. Le sifflement et le bruit, ainsi que la fracture de quelques-unes de ces bouteilles, à l'instant où l’on y enfonce le bouchon, annoncent assez au spectateur de cetie opération , que l’eau gazeuse y est M 6 e ET D'HISTOIRE NATURELLE: 185 de ce gaz, et que maleré la perte inévitable qui s’en fait, leliquile en contient beaucoup plus qu'aucune eau artificielle n’en a contenu jusqu'ici. A cette notion sur les procédés nouveaux dont le citoyen Paul se sert pour dissoudre le gaz dans l'eau, la commission croit devoir joindre l'énoncé des diverses matières qui constituent ghaque eau minérale fabriquée dans l'établissement dont elle rend comptes afin que les médecins puissent, d’après les prin- cipes qui y sont contenus, diriger leur emploi ou en conseiller les modifications qu'ils pourroient y desirer. Les doses suivantes extraites d’une note remise par la compagnie du citoyen Paul, sur la demande des cowmissaires , sont indiquées pour chaque bouteille contenant 6,11 hectogrammes d’eau (ou 20 onces). 10, L'eau de Seltz forte contient par bouteille, Acide carbonique extrait par l’effervescence...,........5 fois son volume. Carbonate de chaux.... 21 centigrammes. (4 grains). je Ë : Manet PER RePEMO 50 (2 grains ). Carbonate de soude.... 21. (4 srains). Muriate de soude..... 115,7. (22 grains). 20. L'eau de Seliz douce contient, Acide carbonique extrait par le feu et mêle d’un peu de gaz hydrogène........ 4 fois son volume. Les quatre sels... aux mêmes doses quela précédente. 30. l’eau de Spa contient , Acide carbonique par l’effervescence. 5 fois son volume. Carbonate de chanx..... 10,5 centigrammes 2 grains), Maotesie ARE teens 21204 grains). rbonate de soude.... 10,5. (2 grains). Cathonate d 1 ,5. (2 grains) Muriate de soude...... o,2(+ grain). . Carbonate de fer. ..:... 0,3 (igrain), 40. L’eau de Spa forte. Composée comme la précédente, contient le double de fer. TomeVII. VENTOSE an 6. À a 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 5°. L'eau alkaline gazeuse contient , Acide carbonique, par effervescence , 6 fois son volume. Carbonate de potasse , 800 centigrammes. (144 grains )- 6°. L’eau de Sedelitz contient , Acide carbonique par l’effervescence , 5 fois son volume. » . L , . . Sulfate de magnésie , 800 centigrammes. (144 grains). 7°. L'eau oxygènée contient , ) Gaz oxygène. — Moitié de son volume. 8°. L'eau hydrogènée contient, Gaz hydrogène. — Un tiers de son volume. s 9°. L'eau hydro-carbonée contient , Gaz hydrogène carboné. — Deux tiers de son volume. 10°. Leau hydro-sulfurée foible contient , Moitié de son volume de gaz hydrogène mêlé de + de gaz hydrogène sulfuré. 110. L'eau hydro-sulfurée forte contient, Moitié de son volume de gaz hydrogène mêlée de : de gaz hydrogène sulfuré. S 4. Examen des eaux fabriquées dans l’établissement des É 1 D:., 6 TS citoyens Paul et compaguie. ; La commission ne s’est pas contentée de visiter le nouvel éta- blissement des eaüx minérales artificielles et d'assister à leur fabrication ; elle a cru devoir en examiner le résultat, et elle s’est fait remettre pour cela une suffisante quantité de chacune de ces eaux préparées par les procédés indiqués. Les bouteilles bien bouchées, scellées et cachetées, ont été portées de l'atelier ETAD? HIS NOR ER NAT U RE L'L'E. 187 des citoyens Paul et compagnie, où les eaux avoient été prépa- rées la veille, dans le laboratoire de l’un de nous, et nous avons procédé à leur examen, non pas avec toute l’exactitude qu’on a coutume de mettre à l'analyse d’une eau minérale inconnue, car cette précision eût été employée à pure perte, mais avec des soins suffisans pour nous assurer de leur nature. Voici ce que ces eaux nous ont présenté trois jours après leur transport, et après avoir été gardées dans un licu frais et à l’ombre. Les bouteilles d’eau de Selz, sur-tout de celle que les auteurs nomment eau de Seltz forte, ont offert une effervescence, un bouillonnement et un sifflement considérable à l'instant où elles ont été débouchées ; le bouchon en a plusieurs fois sauté avec bruit ; des bulles très-abondantes de gaz s'en sont dégagées pen- dant plusieurs heures. En décomposant cette eau avec précision par l’eau de chaux, la quaatité de précipité que nons avons obtenu nous a indiqué un peu plus dé trois fois son volume de gaz acide carbonique. Les réactifs y ont indiqné la présence des sels qui y étoient dissous. 1l en a été de même de l'eau de Seliz foible ; elle contenoïit nn peu moins de gaz que la précédente, quoiqu’elle présentât le sifllement et le bouillonnement accontumés ; quoique le bouchon eût sauté de dessus une de ces bouteéîlles. L'eau de Spa forte avoit noirci son bouchon; on y voyoit pager quelques légers flocons jaunatres. Pétillante et mousseuse, elle avoit une saveur ferrugineuse bien marquée; elle rozgissort avec la noix de Galle. L'eau de Spa foible, plus piquante et plus acidule que la précédente , avoit un goût moins métallique et se coloroit moins par l’acide gallique ; on y voyoit aussi des flocons jannes légers. L’eau alkaline gazeuse, beaucoup moins monsseu: que Îles précédentes et d’une saveur douçatre, contenoit deux fois et demie son volume d'acide carbonique. La présence de l’alkali y étoit annoncée par tous les réactifs possibles, et sa puissance d’affoiblir l’acidulité y étoit extrêmement marquée, sur-tout en coniparant cette eau à celles de Seltz et de Spa. L'eau de Sedelitz, aux propriétés d'éan gazeuse, -rénnissoit les caractères bien prononcés d’une solution de szlfate de ma- gnésie. Les eaux oxygènées, hydrogènées, hydro-carbonées, ne dif- féroient que tiès-peu par leur saveur et toutes leurs propriétés , de l’eau ordinaire. 11 n'y a eu ni sifilement quand on les a dé- bouchées , ni effervescence bien sensible quand elles ont pris Aa2 183 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le contact de lair. Elles n'ont montré aucune analogie mar- quée avec des eaux gazeuses. À peine ont-elles laissé dégager spontanément quelques centimètres cubes de gaz oxygène ou hy- drogène , etelles n’ont produit sur aucun réactif des effets assez sensibles pour qu’on pût y reconnoître ainsi la présence de deux £az dont elies avoient été imprégnées par la pression. Cependant ja petite portion de ces gaz qui en a été extraite n’ayoit point subi d’altération ; celle de la première avoit les caractères de gaz oxygène, et celle de la seconde, les propriétés du gaz hy- drogène assez pur. ; Enfin les eaux hydro-sulfurées sans agitation et sars bulles, comme les précédentes, étoient un peu louches, d'une odeur fétide quoique fofble ; acide nitreux et l’acétite de plomb y ont manifesté très-sensiblement la présence du soufre : le précipité fourni par le premier de ces réactifs a été plus marqué dans la forte que dans la foible. Tous les phénomènes qui viennent d’être énoncés, tous les caractères décrits se sont également rencontrés dans les princi- pales espèces des eaux du citoyen Paul , spécialement dans celles de Seltz, de Spa, ainsi que dans ses eaux oxygènées , hydrosè- néts et hydro-sulfurées, envoyées depuis plusieurs mois de Genève et gardees dans une cave de Paris, à l'exception de la quantité de gaz acide carbonique des premières qui étoit sensi- blement moins grande, mais cependant à une proportion moins foible qu’on ne l'auroit cru, car nous avons encore trouvé deux jois et deinie son volume de gaz dans les eaux acidules, dans l’eau de Seltz forte. $ 5. Ohservations sur les procédés de fabrication et sur la nature de ces eaux. La visite de l’établissement , l’inspection des appareils du ci- toyen Paul, la communication qu'il nous a donnée de ses re- cettes_ pour les caux faclices, et l'examen de ces eaux fabri- quées par lui à Genève ét à Paris, récentes et dejà anciennes, nous ont conduit à queiques réflexions que nous croyons utile de communiquer à la c'æsse ; elle ont pour objet, soit les pro- cédés généraux employés par l’auteur , soit la nature spéciale de chacune de ces eaux en paiticulier ; elle ont pour but quelques modifications ou améliorations dont ces liquides artihciels ont paru susceptibles et qui peuvent influer sur le succès qu’elles doivent avoir dans le traitement des maladies. # Al L és x EU D HU SMNONTR:E NAT Ù R°E L'LME; 18) 19. Quoiqu'il n’y ait nul doute que les machines et les soins employés par le citoyen Paul imprégnent l’eau d'une plus grande quantité de gaz que celle que lon y a introduite par les mani- pulations adoptées jusqu'ici, il nous est généralement et cons- tamment arrivé de trouver beaucoup moins de gaz par l'examen de ces eaux que l’auteur ne l'a indiqué. Nous n’en conclurons pas que le citoyen Paul ne parvienne pas en effet à condenser dans l’eau jusqu'à six fois son volume de gaz acide carbonique, et que la précision de son procédé et la force de sa machine comprimante ne lui ait donné le moyen d'obtenir ce résultat comme celui de s'assurer positivement de.son exitence ; mais nous em tirerons cette induction également yraïe , que ces eaux éprouvent des pertes continuelles et successives soit au moment où on yapplique le bouchon et celui où en le scelle, soit mème en les gardant, soit enfin à l'instant même où on les débouche, ce que la violente condensation du gaz situe sous le bouchon et le saut rapide et bruyant de celui-ci annoncent. Il faut observer néanmoins qu'en extrayant les gaz de ses eaux par le moyen de la pompe et par l’industrieux mécanisme qu’il a construit pour cet effet dans son laboratoire, on obtient plus de fluide élastique que nous n’en avons eu par notre procédé ; mais nous avons dés motifs de croire que æalgré sa pratique ingémieuse pour dégazer ses eaux et mesurer leur gaz, il y a quelques sour- ces d'erreur , que la précipitation par l'eau de chaux on l’eau de barite en offre moins. Au reste cette réflexion générale, la seule que nous nous permettrons sur le travail du citoyen Paul, con- sidéré dans son ensemble, ne peut qu’influer en bien dans le jugement qu’il faut en porter, comiue nous allons le faire voir en parlant de chacune des eaux factices en particulier. 29, L'eau de Seltz forte artificiele , quoique contenant moins de gaz acide carl nique lorsqu’en l'examine chimiquement que lorsqu'on vient de l'en imprégner, en est cependant encore char- gée d'une quasitité plus considérable que celle qu'on y a insérée jusqu'ici. Bergman et tous les auteurs qui l'ont suivi ne parloïent tout au plus que d’un volume égal ou un pen supérieur à celai de l’eau; dans celle du citoyen Paul on en trouve constamment plus de trois fois le volume de l'eau. Aussi cette proportion qui rend ce gaz surubondant toujours prêt à s'exhaler, qui donne à l'eau de Seltz factice une propriété mousseuse si violente, peut-elle être regrrdée comme superflue pour la qualité médi- cinale de cette eau. Deux fois son volume de gaz suffiroit en- ’ . © cure pour la rendre supéricure à celle de la nature. Les mala- 190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des ne prennent pas à beaucoup près tout le gaz contenu dans l'eau acidule factice du citoyen Paul ; il s’en dégage une grande partie quand on débouche les bouteilles, une autre en sort quand on verse l’eau et successivement quand on l’avale aussitôt qu'elle est introduite ‘dans l'estomac. A la vérité cette qualité piquante et mousseuse est généralement agréable et recherchée spécialement pour les usages économiques ; et quoiqu’elle ne soit pas indispensable pour l’administration médicinale, on ne peut que louer l’auteur d’avoir trouvé l’ait de la donner à son eau factice. Nous ne pensons pas de mêine sur l’addition du carbonate de chaux et de la magnésie dans l’eau de Seltz arti- ücielle. Nous croyons avec Bergman que ces sels terreux, sans être aussi nuisibles que le pensoit le célèbre professeur sué- dois, et sans donner les obstructions qu’il en redoutoit, n’ajou- tent au moins aucune bonne qualité à cette eau , peuvent même diminuer celle qu’elle tient de ses autres principes. 50. C'est une très-bonne idée que la AREA Les de l’eau de Seltz douce avec l'acide carbonique extrait par le feu. 11 est certain que cette eau n’a point l’espèce d’âpreté et doit porter moins d’irritation qu’on en remarque dans celle qui cst prepa- rée avec l’acide carbonique dégagé par l’effervescence. Les deux réflexions sur la surabondance d'acide et sur les sels terreux, sont applicables à cette espèce comme à la précédente. Nous observerons de plus qu’il seroit peut-être à desirer que cette eau ne contint pas le gaz hydrogène que l’auteur y indique , et que comme lorigine de ce gaz est très-bien connue, il pour- roit facilement l’éviter en substituant à son cylindre de fer un cylindre de terre, à la craie qu’il emploie, du marbre blanc ou du spath calcaire en poudre ; alors l’eau qu’il verse dans l'inte- ricur et dont il a si bien reconnu l'influence pour le dégagement facile et prompt de l'acide carbonique, ne donneroit plus naïs- sance au gaz hydrogène dont nous parlons. Nous devons dire néanmoins que malgré notre remarque, qui n’a pour but que le dernier point de perfectionnement dont le procédé de fabrication est susceptible, ne doit être considérée que comme peu impor- tante pour la nature et la bonne qualité de l'eau de Seltz douce artificielle. 4%. Dans les deux espèces d’eau de Spa factices du citoyen Paul, nous avons toujours trouvé un précipité floconeux de carbonate de fer, malgré la surabondance d’acide carbonique qui y est contenue, l’auteur y ajoute cependant le fer far ün procédé exact et bien entendu. 11 met dans la bouteille, ayant a LL ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19€ de la remplir d’eau gazeuse, et avec les sels, une solution de fer dans l’eau acidule dont la proportion lui est connue et dont il varie la dose suivant qu'il veut fabriquer de l’eau de Spa forte ou foible. La précipitation du fer ne peut être due qu'à la préparation antérieure de cette dissolution, et il sera fort aisé de l'empêcher, soit en préparant plus tard la solution ferrugineuse , soit en supprimant les deux sels terreux au moins inutiles, qu’il y fait entrer. Au reste, malgré le dépôt partiel de fer, la quantité qui en reste dans l’eau, la saveur métallique qu’elle conserve, la couleur qu’elle prend avec la noix de Gal'e, suffisent pour lui donner les propriétés médicinales qu'on y connoît. ” 5°. L'eau alkaline gazeuse du citoyen Paul, n’est sans doute préparée par lui avec le carbonate de potasse, que pour lui donner exactement la même nature que celle de l’eau »#éphiti- gue alkaline de Home, si emp'oyée en Angjleterre et si recom- mandée par le docteur Ingenhoutz dans les affections calcu- leuses. Ceperdant les eaux alkalines gazeuses de la nature sont toutes des dissolutions de carbonate de soude avec excès d’acide carbonique. L’eau de Vichy, l’eau de Bard , et plusieurs eaux du Puy de-Dôme et du Mont-d’Or sont de ce genre ; si les mé- decins vouloient faire préparer des eaux parfaitement semblables à celles que nous indiquons, il seroit fort aisé au citoyen Paul d'apporter cette légère modification à son procédé , de substi- tuer le carbonate de soude au carbonate de potasse. Cela n’em- pècheroit même pas qu'il continuât à fabriquer l’eau alkaline acidule de potasse, si l’art continuoïit à la réclamer pour le trai- tement de quelques maladies calculeuses ; car il n’est pas permis de croire, dans l’état actuel de l’analyse animale, qu’un carbonate alkalin soit un remède fondant pour les calculs formés d'acide: urique ou de phosphate de chaux; et ces deux espèces de con- crétions sont les plus fréquentes de toutes. 60, Quoique l’eau de Sedelitz que nous connoïssons à Paris ne contienne pas à beaucoup prèsune proportion d’acide carbonique qui se raproche, en aucune manière, des cinq volumes de ces gaz introduits dans son eau factice par le citoyen Paul, cette addition conseillée sans doute par des hommes de l’art, ne peut pasavoir d'inconvénient ; il seroit d’ailleurs facile , à ce physi- cien, dele diminuer ou de le supprimer, si tel étoit le vœu des médecins de Paris, comme il le seroit de varier et d'augmenter la proportion du sulfate de magnésie, pour rendre cette eau plus forte et plus purgative. Peut-être sera-t-il bon encore que 192 JOURNAT DE PHYSIQUE, DEUCHIMIE le citoyen Paul ajoute à son eau de Sedelitz factice, la petite pro- portion de muriate de magnésie qu’on a trouvé dans celle de la nature, et qui, en raison de sa saveur piquante et forte, nous paroît devoir être comptée pour quelque chose parmi ses prin- cipes actifs. 7°. La fabrication de l’ean oxygênée et la dissolution du gaz oxygène dans l’eau, à la moitié de son volume par le moyen d’une forte pression , est une véritable et inportante découverte; elle intéresse autant la physique que la médecine ; nous ne doutons pas même qu’elle ne devienne quelque jour très-utile dans plu- -sieurs arts, qu'elle ne us en même-temps conduire à l’ex- plication de quelques phénomènes naturels,encore peu connus. Nous observerons à cet égard , que cette eau n’est pas, à ce qu’il paroïît, une véritable dissolution du gaz oxygène , qu'il paroît n’y être que condensé, renfermé et retenu par une pression forte, qu'il s’en sépare facilement par la diminution et la cessation de cette pression, et que c’est pour cela sans doute qu’il ne nous a pas été permis d’en extraire même le tiers de ce que l’auteur en annonce. Quoique la saveur et les autres propriétés de l’eau ainsi oxygènée semblent ne pas différer de celles de l'eau co:nmune , il n’est-pas permis de lever de doute raisonnable sur les effets que les médecins de Genève en ont obtenus et qu'ils ont décrit avec soin dans plusieurs numéros de la Bibliothèque * britannique à l’occasion de la inédecine pneumatique moderne. D'après ce que l’un de nous a déjà recueilli sur cette partie de la chimie médicinale dont il s’étoit le prem'er occupé , plusieurs années avant messieurs Rollo et Cruishauck qui semblent avoir oublié ou méconru ses recherches et ses idées déja anciennes, nous somines persuadés que l’eau imprégnée de gaz oxygèné pourra devenir un des remèdes les plus puissans, et une des ressources les plus utiles de-l’art de guérir ; qu’elle pourra rem- placer dans quelques cas les acides, les oxides, les sels métal- liques relativement à leur action oxygénante , ou les aider, les soutenir, dans cette action; enfin qu'il y a beaucoup de choses à faire sur cet objet, qu'on ne doit encore voir que comme cbauché. $ &. Quant à l’eau hydrogènée et hydro-carbonée , malgréles es: pérances assez bien fondées que les médecins de Genève en avaient conçues, et d’après lesquelles le citoyen Paul a été en- gage à ententer la fabrication , le peu de gaz hydrogène qui se condense dans l’eau et l’adhérence extrêmement foible qu'il con- tracte répondent parfaitementau peu d'effets que les médecins en END He SNMONTIR ER NEANE U RE LL 143 en ont obtenus; mais cela ne nous portera point à proposer la suppression de ces deux espèces d’eaux artificielles. Le temps seul peut apprendre ce qu’il sera permis d’espérer de leurs usages ; et la théorie des fluides élastiques en montrantd’hydrogène op- posé à l’oxygène dans ses vertns, annonce qu’on ne-doit pas re- noncer à les employer, jusqu’à ce qu'on ait constaté leurs véri- tables propriétés. 9°. Enfin les eaux sulfureuses nous ont paru , en général, trop peu chargées de gaz hydrogène sulfuré; ce dernier n’y est qu’as- socié au gaz hydrogène pur , et n’en forme que +; pour les eaux foibles et le : pour les eaux sulfureuses fortes. Nous ne croyons pas non plus qu’il soit nécessaire d'insérer ce dernier gaz dans l’eau avec le gaz hydrogène simple ou pur; celui-ci, comme on sait, ne s’y dissout pas ou ne s’y condense foiblement qu'à la faveur d'une grande pression. 11 ne peut que diminuer la disso- Jubilité du gaz hydrogène sulfuré qui seul est assez soluble dans Veau. Bergman a proposé d’imiter les eaux sulfureuses par la seule addition du gaz hépatique ou hydrogène sulfuré , et au- cun chimiste n’a proposé depuis lui d’associer le gaz hydrogène à celui-ci. On pourra d’ailleurs varier la proportion du gaz hy- drogène sulfuré et la porter beaucoup au - dessus de celle qui est anoncée dans le mémoire du &itoyen Paul, Les indications que le médecin voudra remplir par les eaux sulfureuses fac- tices , dicteront à cet égard ce qu'il sera convenable de faire ; les moyens du citoyen Paul sont plus que suffisans pour Îles remplir toutes. $S 6. Résumé et conclusion, Loin de vouloir présenter les observations qui viennent d’être faites, comme des objections ou comme une critique, nous ne les avons destinées qu’à montrer avec plus d’éclat et de dé- veloppement toute l'utilité et toute l'extension que peut per- mettre l'établissement dont nous avons été chargés de rendre compte à la classe. Ces remarques doivent servir à prouver en même-temps le cas que nous faisons de ce nouveau travail et l’estime que son auteur a su nous inspirer. Mais pour qu'il ne reste aucun doute à cet égard , nous croyons devoir terminer ce rapport par l’exposé des avantages que promet la fabrication nouvelle d'eaux minérales factices et qui doivent motiver la con- clusion par laquelle il sera terminé. 1°. Depuis que la chimie a déterminé la nature, la proportion Tome VII. VENTOSE an 8. B b 19% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des principes et sur-tout des gaz dissous dans les eaux minéra- les, l’art possède tous les moyens de les imiter par une fabri- cation artificielle. Les procédés des citoyens Paul et compagnie prouvent qu’ils sont entièrement au courant de ces moyens et qu'ils contiennent toutes les ressources qui sont au pouvoir de l’art. 2°, L'établissement nouveau fait à Paris pour cette fabrication, offre un atelier bien supérieur à ce qui a été connu jusqu'ici ; ce ne sont plus les petits moyens ordinaires des laboratoires de chimie ; ce n’est plus le produit d’une expérience resserrée et gènée en quelque sorte par des milliers d’autres expériences : c’est une véritable pharmacie pneumatique , une manufacture où les mêmes opérations faites avec beaucoup de soin et en grand, con- duisent constamment à un résultat identique. 30. Aux procédés connus, mais insuffisans des laboratoires, le citoyen Paul à substitué une machine comprimante qui introduit dans l'eau non seulement une quantité de gaz acide carbonique trois fois plus considérable que celle Ga'on y avoit insérée jus- qu'ici, maïs encore desfluides elastiques qui y 2voient été regardés comme totalement insolubles. 4°. Les eaux de Seltz et de Spa, fabriquées dans le nouvel établissement , sont beaucoup plus fortes et beaucoup supérieures à celles qui avoient été préparées dans les pharmacies et les laboratoires de chimie, au moyen du nouveau procédé de com- pression que l’auteur a employé pour saturer l’eau de gaz acide carbonique. L'eau de Seltz douce preparée avec l’acide carboni- que extrait de la craie par l’action du feu, a réellement sur celle qui contient cet acide retiré par l’effervescence, l’avantage d’être beaucoup moins irritante et de convenir dans des cas où cette dernière seroit plutôt préjudiciable. 50. Les eaux oxygènées et hydrogènées sont de nouvelles ac- quisitions très-/portantes pour l'art de guérir. Elles promettent de plus à la physique et à la chimie de nouveaux moyens de recherches et peut-être même à l’agriculture et aux arts des instru- mens précieux autant que de très-utiles résultats. 6°. Les eaux de Sedelitz, les eaux sulfureuses artificielles sont entièrement semblables à celle de la nature. 7°. Les fabrications des diverses espèces d'eaux minérales, ou médicinales par les procédés du citoyen Paul, sont susceptibles d'améliorations, de modifications, de variétés faciles à obtenir : on peut à l’aide de légers changemens dans les procédés et les doses EUT D’HUI SIOMIR E NATURELLE: 195 de matière dissoutes dans l’eau, augmenter ou diminuer, adou- cir, modérer ou aiguiser en quelque sorte leurs effets. 80, L'établissement nouveau dans l’ensemble des résultats qu’il fournit, offre à l’art de guérir, une série de préparations médi- camenteuses qui peuvent remplir une foule d'indications variées, et suffire avec très-peu d’autres secours étrangers, au traitement ou à l’adoucissement d’un grand nombre de maladies. 9°. La composition des eaux minérales factices, devenue facile et donnant tout à la fois de grandes quantités de ces liquides médi- camenteux , les malades indigens , les hospices trouveront désor- mais dans les produits de cet établissement pharmaceutique, des ressources qu'ils ne pourroieut point obtenir faute des moyens de faire des voyages dispendieux, ni même se procurer dans les eaux minérales naturelles transportées à grands frais de leur source à Paris. 100. Enfin cette préparation d’eaux minérales artificielles, faite ‘assez en grand pour en fournir à un grand nombre d'individus à la fois, est propre à créer pour Paris et pour la France , une nouvelle branche d'industrie utile tout à la fois aux habitans de la république, par les médicamens qu’elle leur fournit, au com- merce, par les sommes dont elle prévient l'exportation, par celles qu'elle doit attirer de l’étranger , à la prospérité nationale, par les produits de tout genre qu’elle y fait naître. En conséquence la commission pense que la classe des sciences physiques et mathématiques de l'Institutdoit donner l’approbation la plus distinguée aux procédés des citoyens Paul et compagnie pour la fabrication des eaux minérales artificielles, et déclarer qu'ils ont parfaitement rempli l’objet qu'ils s’étoient proposé , de fournir à la médecine des médicamens comparables et souvent mème szpérieurs aux eaux minérales naturelles. B'b12 196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LSSEEROER CRE EEE UE FPE IEEE POUR TETE NES EC ET PSE EX AMEN Des différens remèdes qui ont été employés dans le traitement de la rage, : Par B. G. Sace, directeur de la première école des mines. De tous les maux qui affligent l'humanité , la rage est le plus terrible. Les accès du délire furieux qu’elle produit centuplent ses forces. Il est rapporté dans le journal de Henri IV , par l'Etoile p. 183, «que le 30 du mois de mars 1602, on remar- « qua une chose prodigieuse à Paris d’un homme enragé , qui, « s'y promenant, mordoit tous ceux et celles qu’il pouvoit attraper. Il alla au marché neuf, où il fit fuir tout le monde, « et quitter aux harangères leur marée et leur poisson ; de là « passa à la place Maubert , où, entre autres actes étranges , il » mit avecses deux mains un chien en pièces et l'étrangla, en- « core qu’ille mordit, puis, ayant advisé un âne, se rua dessus « et avec ses dents lui arracha la queue. » Il paroît que la salive peut communiquer la rage. M. Herman (1) rapporte qu'une fille qui avoit soigné un jeune homme qui étoit mort de la rage, avoit eu l’imprudence d’essuyer la salive de ce malade avec ses doigts et quelquefois avec son mouchoir ; cette fille devint peu-à-peu rêveuse, mélancolique ; elle pleuroit et rioit par intervalle, se plaignoit de suffoquemens momen- tanés et d’un serrement dans le gosier, comme si on eût voulu l’étrangler; ces symptômes étant accompagnés d’autres qui carac- térisent la rage, M. Herman traita cette fille par les frictions mercurielles, moyen pratiqué avec succès ee Desault. Le docteur Mitié attribue le bon effet des frictions mercu- rielles dans la rage , à l'alkali volatil que le mercure dégage du Le a (1) M. Herman a publié en 1778 , à Strasbourg, une dissertation sur la rage. ET D'HISTOIRE NATURELLE: {97 sel ammoniac phosphorique contenu dans la limphe des ani- maux. : On prétend qu’on peut gnérir de la rage en faisant usage, pendant neuf jours, de six blancs d'œuf mêlés avec une cuillerée à bouche de coquilles d’huitre calcinées , qu’on cuit ensemble comme lorsqu'on prépare des œufs brouillés. La chaux éteinte est un alkali terreux. Le roi de Prusse acheta en 1777 d’un paysan de Silésie un remède contre la rage, et ordonna qu’il s’en trouvât toujours de préparé dans les pharmacies, et que les chirurgiens en fussent. toujours pourvus. La base essentielle de ce remède est le scarabée méloë ; cet insecte est noir et molasse ; lorsqu'on le touche, il fait sortir de ses articulations une humeur grasse et brune, ce qui l’a fait désigner sous le nom de scarabée onctueux. Cet insecte se trouve au printemps dans presque tous les pays. On donne au méloë le nom de scarabée des maréchaux, parce qu'ils en préparent un onguent vesicatoire, en broyant trois cents de ces insectes dans une livre d’huile de laurier. Pour préparer le remède antihydropnobique de Prusse, on prend vingt-quatre scarabées méloë conservés dans du miel, deux gros de bois d’ébène, un gros de serpentaire de Virginie, un gros de limaille de plomb, vingt grains de mousse de fresne, quatre onces de thériaque et un peu de miel où l’on a conservé les méloë. Pour conserver les méloë on leur coupe la tête et l’on met aussitôt leur corps dans du miel, La dose de cet opiat varie suivant l’âge et le sexe de ceux qui en doivent faire usage; on en prend une seule fois la dose en deux gros pour les hommes, un gros et demi pour les femmes , un gros pour les enfans de douze ans, et l’on di- minue Ja dose suivant l’âge. On donne quatre gros aux bœufs, le matin et autant le soir; on les fait jeüner vingt-quatre heures. Il est recommandé qu'après avoir pris ce remède on reste douze heures au lit, afin de provoquer la sueur ; il faut rester ce même temps sans boire et vingt-quatre heures sans manger. Ilest encore recommandé dans l'observation prussienne de brûler la chemise que le inalade aura portée pendant la sueur. On prescrit de laver les plaies avec du vinet du vinaigre, dans lequel on a mis du sel , et de les panser ensuite avec l’onguent basilicum ou du beurre salé. 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si ce remède réussit, on doit attribuer son effet au scarabée méloë qui a les propriétés des cantharides. On a cru préserver de la rage par les immersions dans l’eau de la mer. Ambroïse Paré avoit déclamé contre l’abus qu’il y avoit de regarder ce moyen comme curatif; tous les physi- ciens en ont également reconnu l’inutilité , mais le vulgaire croit toujours à sun efficacité. . Les faits suivans sont propres à faire cesser toute espèce d doutes : deux invalides rc mordus par un chien enragé ; lun avoit des morsures au visage et à # tête , l’autre avoit été mordu à la poitrine, et n’avoit que l’incision produite par une seule dent, qui avoit traversé le ceinturon de cuir et l’habit de ce soldat, de sorte que la salive ayant été essuyée, cette plaie n'étoit pas plus dangereuse qu’une piqüre. , Ces invalides ayant demandé à aller à la mer, M. Sabbatier fut chargé de les conduire à Dieppe, où l'on tint ces malades à genoux en chemise dans la mer fort près du rivage. Deux hommes forts leur déprimoient latête lorsque la vague venoit , et on la leur faisoit passer par dessus tout le corps, ce qu’on continua pendant neuf jours. De retour à Paris, l’invalide qui avoit été grièvement blessé eut un accès de rage dont il mourut. L’autre invalide n’éprouva rien , parce que le ceinturon et l’habit avoient essuyé la salive et que la dent n’avoit fait que percer la peau de la poitrine. Des médecins célèbres , Tissot, Lassore , Blais, Belleteste ont employé avec succès l’alkali volatil dans la rage. « La gazette de-France du mardi 4 mai 2779 , de Carmont « en Andalousie le 27 mars 1779 , dit qu’un berger ayant été « mordu par un chien enragé, l’hydrophobie commença à s’an- noncer. Dom Candide ‘Trigneros , médecin , mit sur la mor- « sure une compresse trempée dans l’alkali volatil fluor, et, « avec l'approbation de dom Joseph Mexia , des sociétés de mé- « decine et patriotique de Séville, ordonna au berger de boire « pendant quatre jours douze gouttes d’alkali volatil fluor dans « trois onces d’eau , ce qui fit disparoître les symptômes de « la rage. » M. Noguerez , curé de Passy-'ès-Paris , m’écrivit le 7 août 1779 une lettre dans laquelle 1l me rendoïit compte de la ma- nière dont :l avoit guéri de la rage le nommé Olivier, jardi- nier, lequel fut mordu au doigt du milieu par un chat enragé; quelques jours avant , dans la même maison, un homme, qui c n ET D'HISTOIRE NATURELLE. 199 avoit été mordu par le même chat, avoit eu plusieurs accès de rage dont il étoit mort à l’hôtel-dieu. Ce ne fut que vingt jours après avoir été mordu que le som- meil d'Olivier fut troublé par des agitations violentes, pendant lesquelles il déliroit ; éveillé, il avoit les yeux hagards. Le curé fit prendre à ce jardinier quinze gouttes d’alkali vo- latil fluor dans un verre d’eau ; il vint trouver le curé le lende- main, et lui dit qu'il avoit dormi paisiblement toute la nuit. Le curé lui fit prendre pendant deux jours dix gouttes d’alkali volatil dans un verre d’eau. Olivier a joui depuis d’une bonne santé. J’ai employé avec succès l’alkali volatil fluor pour prévenir la rage. OÙ Bis VA ET D'ON Sur le cautère actuel employé pour la morsure des animaux enragés, par le même. Un des plus célèbres chirurgiens de Paris, le citoyen Pelletan a inséré dans les papiers publics, qu’en brûlant avec un fer rouge la partie mordue , et en la plongeant ensuite dans l’eau froide , on prévenoit les effets du virus hydrophobique. Ce fait n’a rappelé qu'un garde de chasse de l’île Adam fit plusieurs fois l’épreuve suivante en présence du feu prince Conti : il se faisoit r10rdre au bras par un chien enragé, saupou- droit la morsure de poudre à canon, y mettoit le feu et entou- roit son bras de linge mouillé. Ces morsures n’avoient aucune suite. & J'ai été témoin d’une expérience semblable faite à Blois par un limonadier près le pont; il fat mordu à la main par un chien enrage; 1l fit aussitôt brûler de la poudre à canon sur sa plaie, qui n’eut aucune suite. Voici la théorie de ce fait important: la brûlure décompose le tissu animal et developpe de l’alkali volatil qui est reporté dans la circulation et neutralise le virus hydrophobique. L’alkali volatil fluor agit avec la plus grande efficaëité et révient les effets de la rage ; il suflit d’en mettre sur la plaie et d’en faire usage, après l’ayoir étendu de beaucoup d’eau. 200 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE N''O:TiT'CHE SUR UD ES MS ONU "PIE SVATIL AMERNU ME OR; Établies à Paris, rue du Mail, No. 16. Les utiles établissemens de charité que Rumford avoit fondés à Munich ont trouvé beaucoup d’admirateurs et quelques iini- tateurs ; Londres et Hambourg possèdent déjà de semblables institutions pour subvenir à la nourriture de leurs pauvres. La Bibliothèque britannique a fait connoître en France les inté- ressans travaux de Rzm/ford ; graces aux lumières qu’elle a fait naître , on à imité les établissemens de Munich à Genève. Le succès de cette entreprise a stimulé les esprits. Lausanne, Neuf- chatel, Marseille possèdent actuellement de pareilles fondations ; on s'en occupe à Lyon ; on vient enfin d’en fonder une à Paris. Depuis le 21 pluvidôse, il se distribue, rue du Mail, n°, 16, 300 rations de soupe ; chaque ration pèse 24 onces (734 grammes ) et coûte six liards ( 7 centimes et demie ). Les nom- breux avantages de cet établissement peuvent se classer sous trois points : avantage de préparer la nourriture en commun : avantage dans la construction du fourneau : avantage dans la composition de la soupe. Le premier point est si évident , qu’il est inutile de le déve- lopper ; il renferme l’économie dans la main-d'œuvre, dans les achats des denrées, dans le temps à employer , dans le combus - tible, etc. Cet avantage est tel que , düt-on même ne faire aucune autre amélioration , il y auroit encore du gain à préparer la nourriture en commun. La construction du fourneau multiplie cet avantage; sa per- fection est telle qu'aucune chaleur ne se perd pendant l’opé- ration, et que la soupe se conserve chaude long-temps après ue le feu est éteint. La flamme frappe d’abord le milieu du fond de la chaudière , puis fait un tour horizontal sous la zône circulaire qui comprend le reste de ce même fond; elle circule encore dans un canal tracé en spirale autour des parois de la chaudière , d’où elle va enfin chauffer un réservoir qui contient - l’eau ET D'HISTOIRE NATURELLE vo lea nécessaire pour remplacer celle qui s’évapore pendant la cuisson. Cette eau en vapeur , qui s'élève de la chaudière à soupe , traverse un vase rempli des pommes de terre destinées à la soupe du lendemain , et facilite leur préparation. La chau- -dière est garnie d’un double fond pour diminuer le danger de brûler la soupe; un registre demi circul&ire, appliqué au cen- drier , et une bascule dans le tuyau suffisent pour régler ‘a combustion à volonté. L'avantage de ce fourneau est tel , qu'environ. 50 livres (24 kilogrammes)} de boïs sec suffisent pour tenir en ébulition 300 rations de soupe pendant 10 heures ; ce qui fait, au prix actuel, moins de 10 sols par jour pour 300 soupes; tandis que dans un des plus grands hospices de Paris, on dépense 15 francs de bois pour 500 bouches; ce qui fait un profit de 18 à 1, en faveur de la méthode de Rumford. À l’armée, on donne 4 livres ( 2 kilogrammes ) de bois à chaque soldat pour cuire sa soupe ; ce qui feroit un gain de 20 à 1. L’utilité dont peut être cette construction, non-seu- lerrent aux soupes, mais aux teinturiers, aux blanchisseurs, aux baïgneurs, aux salpétriers, etc. nous a engagés à en faire une description et une figure qui est jointe à cette notice. La composition même de la soupe offre de grands avantages. L'orge et la pomme de terre en forment la base, avec une graine légumineuse telle que pois, féves , lentilles ou haricots. On y ajoute un peu d’oignon ou de hareng , ou de céleri pour l’assaisonner ; on y met enfin du sel et suffisante quantité d’eau. La longueur de la cuisson donne à ce mélange une qualité nutritive bien supérieure à toutes nos soupes ordinaires ; elle est très saine et très-agréable. Au moment de servir la soupe, on y jette un peu de pain grillé très-dur , qui force à la mas- tication et qui prolonge le plaisir ; chose, dit Rumford, qu'il ne faut point négliger. Une ration suffit amplement pour un repas. Tels sont les avantages des soupes à la Rumford, considérées en elles*mêmes; mais considérées comme institution de bienfai- sance , il faut faire sentir les avantages qui doiventen résulter pour la classe la plus nombreuse de la société et dont les moyens d'existence ne sont pas en proportion des besoins, aussi bien que pour la société en général. | Dans la liste de ces avantages , il faut placer au premier rang l’économie étonnante du combustible. Si nous ne craignions pas d'entrer dans trop de détails, nous pourrions parler ensuite Tome VII. VENTOSE an 8. Cc 202 JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE du gain que feroit la société en général, par l’économie de la nain-d’œuvre et par celle des denrées, si cette institution de- yenoit générale. Nous nous bornerons à rappeller sommairement les prircipaux points de vue. Prenons les individus des diverses classes, de la société, toutes gagnent à cette institution. L’in- digent est sûr d’y trouver une nourriture solide et agréable, au moindre prix possible. Le pauvre honteux, et c’est sur-tout celui qui mérite l'attention des bienfaiteurs , trouve un secours important et qui, par ka forme sous laquelle il se présente, le dispense de demander et ne blesse pas sa louable vanité. L’ou- vrier sans travail, ct malheureusement cette classe est nombreuse autour de nous, participe aux avantages de la nouvelle insti- tution. Le père de famille , dont la fortune gênée suffit à peine pour subvenir aux besoins de ceux qui l'entourent, peut, en donnant à ses enfans cet aliment sain et nourrissant, satisfaire à leurs autres besoins. L’homme qui est au-dessus du besoin, dont le cœur est ouvert à la bienfaisance , et qui auparavant ne pouvoit faire que peu de bien par ses légères aumônes, achète des souscriptions de soupes, les distribue aux indigens, et double ainsi sa jouissance , en augmentant ses bienfaits. Nous sommes loin d’avoir épuisé la liste des hommes auxquels les soupes à la Rumford peuvent être utiles. Pourquoi n’y ferai- je pas entrer les grands manufacturiers qui pourroient établir chez eux des chaudières de soupes et nourrir leurs ouvriers à un prix très-modique ? Et combien d’établissemens publics se- roient susceptibles de cette amélioration ! Les grands hospices , les dépôts de prisonniers, les casernes sont de ce nombre. Ceux imnêmes qui sont chargés du respectable soin de pourvoir à la misère des indigens, trouvent ici un moyen d’y subvenir, plus sûr et moins abusif que la plupart des autres moyens employés. C'est donc aux comités de bienfaisance à prendre en sérieuse considération l'établissement des soupes à la Rumford. Pourquoi chaque comité n’auroit-il pas une semblable chaudière, ou deux ou trois, selon le nombre de ses pauvres ? C’est dans l'espoir d'encourager ces établissemens, que celui de la rue du Mail a été fondé. C’est dans ce but que nous avons cru convenable de lui donner la plus grande publicité possible; c’est dans ce but quenous invitons les membres des divers comités de bienfaisance à venir s'assurer par eux-mêmes de la qualité de la soupe , et que nous donnerons à ceux qui seront tentés d’imiter cet établisse- ment toutes les directions que nous devons, soit à notre courte expérience, soit sur-tout à un des membres du comité des soupes PA D? HAMISUTIONT REC NAT U:R EL ILE: 203 économiques de Genève, le citoyen Sezcbier, membre de l’Ins- titut national. é -Pour parvenir aux heureux effets que nous venons de faire entrevoir, la méthode de distribution est d’une grande im- portance. À Genève, on à fabriqué des jettons qu'on vend dans des bureaux particuliers et contre lesquels on a des son- pes; mais cette méthode, qui peut suffire dans une petite vilie, étoit presque impossible ici où tout est perdu dans la foule ; tantôt on, n’auroit eu à, distribuer que quelques soupes, et tantôt, il seroit venu trop de demandeurs. On a pensé qu'il valoit mieux avoir des cartes sur lesqulles est inscrit le jour du mois. On vend ces cartes par souscriptions, par décades ou par mois. La preinière coûte 19 sous et la deuxième 15 sous. On s’abonne , 4 au local même. $ - Le comité de bienfaisance de la division dn Maïl, qui a puissamment contribué à la formation de cet établissement, s’est aussi chargé de 150 souscriptions qu’il distribue à ses pauvres. Tous les avantages en faveur des soupes a la Rzmford, que nous venons d’'énumérer, sont applicables à toutes les communes; mais on conçoit facilement que plus la ville est grande, plus elle contient de pauvres , plus aussi lés riches sont éloignés d'eux et peu diposés à les soulager, plusles secours publics sont diffi- ciles à bien administrer ; en sorte que cet établissement double d'utilité. Puissent ces considérations être de quelque poids aux veux de ceux qui, par leur fortune , leurs talens ou leur amour de l'humanité , se sont acquis de la considération et de l’influence dans leurs communes ! Que la dépense ne les effraye point. Les frais d'établissement s'élèvent à environ 850 fr,, et les autres dépenses sont couvertes par la ÿente des soupes. Ceux qui desire- ront de plus amples détails, pourront consulter les Esszis écono- miques Sur la conduite du combustible | du comte de Rzmfort, insérés dans la Bibliothèque britannique, et réimprimés à part, chez Manget , à Gerève. Note À. Construction du fourneau. Consultez la planche première, qui montre la disposition de ce « fourneau dans les proportions convenables : l'échelle indique les proportions de la figure avec notre fourneau. Cc2 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le feu est placé sur une grille de fer de 10 pouces (27 centim. } de diamètre (3). Cette grille est soutenue par un pot de terre cuite (2) placé au-dessous. Ce pot, sans fond, donne passage aux cendres qui vont tomber dans le cendrier (n°. 1). On lesen retire par l'ouverture latérale du cendrier : cette ouverture a une porte de fer qui s’ouvre et se ferme comme à l'ordinaire et qui en outre a au milieu un demi-cercle tournant qui est susceptible d’être plus ou moins ouvert, et qui par-là, sert à modérer la combustion ou à la hâter. Le numéro (10) représente cette porte isolée. Le nu- méro ( 4) indique une seconde ouverture latérale qui donne dans le foyer et par laquelle on introduit le bois. On voit, au numéro ( 5) la chaudière elle-même : cette chau- dière est de cuivre étamé, et elle a un double fond au-dessous, afin d'empêcher la soupe de brûler. La flamme vient frapper le fond de la chaudière au milieu, fait un tour ( 12) dans un ca- nal circulaire, ménagé sous le fond de la chaudière: de-là elle s'élève et fait encore un tour spiral autour de la chaudière, ainsi que les lignes pointées de la grande figure le représentent , et comme on le voit encore dans le n°. 13. Les canaux dans lesquels circule la flamme, sont ménagés dans la mâconnerie. Ce tuyau a 7 pouces ( 19 centim, ) de largeur sur 35 (9+ centim.) de hauteur ; mais il faut faire attention qu'ils sont un peu plus larges dans le bas que dans le haut et que leurs angles doivent être arrondis, sans quoi la flamme va s'y jeter et ne frappe plus la chaudière. La chaudière est garnie d’un couvercle (11)à charnière dans le milieu. Ce couvercle est de bois doublé de fer-blanc. Le bois sert À contenir la chaleur ; le fer blanc empêche le bois de pourrir. Dans la partie dormante du couvercle, on a ménagé des trous par lesquels s'exhale la va- peur de la soupe. Au-dessus de ces trous, est placée (6) une caisse de fer-blanc avec un fond grillé : c’est dans cette caisse qu'on inet les pommes de terre destinées à la soupe du lendemain. L'action de cette vapeur est de les imbiher d’eau et de les rendre plus faciles à peler. Une cheminée de fer-blanc (7), placée au- dessus de ces pommes de terre, reçoit la vapeur. Lorsque la flam- me a achevé le tour spiral ascendant qu’elle fait autour des parois de la chaudière, elle sort du fourneau par un tuyau de cuivre qui bientôt traverse une petite chaudière (8) dans laquelle est de l’eau : le tuyau encore chaud, sert à chauffer cette eau destinée à remplacer celle qui s’évapore pendant la cuisson de la soupe. Le n°. (9) offre cette même petite chaudière dans un autre sens. Un canal, garni d’un robinet, conduit l’eau de la petite à la gran- ET'D'HISTOTRE NATURELLE. - 205 de chaudière : une bascule placée dans le tuyau, au-dessus de la chaudière à eau, sert à modérer la combustion à volonté. Telle est la construction du fourneau à la Rzumford. Le nôtre a été construit par le citoyen Trepsat, architecte, demeurant rue de Bourgogne , au coin de celle de Grenelle, F.S. G. 11 répond parfaitement au but qu’on s’étoit proposé, graces au zèle et aux soins intelligens qu’il a bien voulu y mettre. Note B. Confection de la soupe. La confection de la soupe comprend sa composition et sa manipulation. La composition de la soupe est très-simple ; on a plusieurs re- cettes toutes utiles dans diverses circonstances. Rum/ford a fait connoître celles qu’il employoit à Munich; on peut la voir dans ses Essais économiques : mais comme le prix des denrées doit en- trer pour un élément important dans cette soupe, nous avons préféré d'adopter la recette du comité de Genève, qui réunit à cet avantage celui d’un goût plus agréable. Voici la recette que nous a communiquée le citoyen Sezebier. POUR UNE RATION DE VINGT-QUATRE ONCES , POUR Ou 734 GRAMMES. 300 rations. Oxre NON ME EN. uonc HoutSo/er.|Mi8lronc, Pois, Féves, Lentilles ou Haricots. . . | .1..|.. 30. 18—12— Pommes deterrepelées nee mnt 001. I 65e 99—12— PIS D AC PA es 0 eue 2 ion tete Le SU AO 18—12— AU et MRC ER TRIER AE 2e ARLON EURE 300— e— SOUTENIR ASUS ES TIRER PET PR Re RER 2 411 Dis era R ee ANA hp El SES PAS RS ES &—11— Graisse ou Beure. . . . . . . . .|.1,,.1,. 4. 2— 54 LOTIR ANNEE hs DES. 2. [af once 814768 grém AGil 110} me 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La recette est moins importante peut-être à connoître que les précautions nécessaires pour que la soupe réussisse. Je vais des décrire en détail , toujours en suivant les directions de Genève. La veille du jour où l’on voudra faire la soupe, on pèlera les pommes de terre et on les pèsera. À 7 heures du soir, on les mettra dans la chaudière avec un peu d’eau et du feu au fourneau, jusqu’à ce qu’elles se réduisent en pulpe. On hâte ce moment, en remuant ce mélange avec une spatule de bois. Cette opération dure une heure, A & heures, on met toute l’eau qui a été pesée proportionnelle- ment au nombre des rations que Fo veut avoir. Alors on verse V’orge. Cet orge doit être mondé et concassé sous la meule : on ne le verse qu'après l’avoir trempé dans l’eau et l’avoir lavé dans une eau nouvelle. Alors on fait bouillir le mélange jusqu’à 10 ou 11 heures , en ayant soin de remuer fréquemment , pour éviter le goût de brûlé que la soupe contracte assez facilement sans cela. Depuis ce mo- ment, on m’entretient plus le feu, et on laisse la soupe se miton- ver avec la chaleur qu’eile a acquise. À 7 heures du matin, on rallumele feu, et on entretient l'ébu- lition jusqu’à 11 ou 12 heures, et alors la soupe est cuite. À 8 heures, on y jette la graine légumineuse qu’on a choisie. Cette graine peut être des pois, des lentilles, des féves ou des hari- cots : ces derniers paroissent produire la meilleure soupe. Avant de les mettre dans Ê chaudière, ils ont été écrâsés pour que la purée se fasse convenablement. La graisse de bœuf et les oignons se mettent dans la chaudière au moment où l’on rétablit l’ebulition ,’c’est-à-dire à 7 heures, du matin. Le sel se met une demi-heure ou une heure avant la fin de la cuisson : on le met par petites pincées , et entre chacune, on remue le mélange. On remplace successivement l’eau qui s’évapore avec celle de la chaudière auxiliaire, de manière que le volume de la soupe soit, toujours le même. 1 A midi, commence la distribution, et elle dure jusqu’à 3 heu- res. On met dans un vase particulier anne certaine quantité de soupe, et avec.une poche mesurée, on la distribue aux deman- deurs. C’est dans ce moment qu’on y jette le pain grillé. Ce pain doit être fabriqué exprès : ce sont de petits carrelets de croûte très dure. Les heures de la distribution pourront être changées si on s’apperçoit qu’elles ne conviennent pas aux ouvriers. « EM D? HISTOIRE) N'AIT U RE L'LE 207 Note C. Nous devons terminer cet écrit en témoignant notre reconnois- sance aux personnes qui ont bien voulu nous fournir d’utiles renseignemens, et sur-tout aux membres du bureau de bienfai- sance de la division du Mail, qui nous ont puissamment secondés de tous leurs moyens. C’est un titre de plus qu’ils se sont acquis à l’estime publique, à laquelle ils avoient déjà droit par leur ex- cellente administration et le bien qu’ils ont répandu autour d'eux. Ce sont les citoyens Gelin, président ; Cottart, secrétaire; Fichu, Vignon et Kertzen; Bazille, Badin et Bourdin, adjoints; Le- sage, Gardanne , officiers de santé. EXTRAIT D'UN MÉMOIRE S U R LES ESPÈCES D'ÉLÉPHANS VIVANTES ET FOSSILES ; Par LE CITOYEN CuUVIER, Lu à l’Institut national le premier pluviôse an 4, et imprimé dans le second volume de la classe des sciences mathémati- ques et physiques. Ceux qui ont traité de l’histoire naturelle des éléphans ont toujours regardé ces animaux comme appartenant à la même espèce, et ceux qui ont eu occasion d’en disséquer ou d'en dé- crire le squelette, n’ayant jamais comparé leurs observations à celles de leurs prédécesseurs, n'en on point remarqué les diffé- rences, ou, s'ils en ont apperçu, n’en ont point recherché les causes. Cependant on savoit que les éléphans d’Asie sont considéra- klement plus grands ét plus forts que ceux d'Afrique; qu’ils aiment les lieux secs et les hauteurs dont l’air est pur ct serein, tandis que les africains habitent dans les bas-fonds et près des bords des rivières. Enfin les Asiatiques ont su de temps immé- - 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE morial apprivoiser les éléphans qu'ils prennent dans leurs chasses et les faire servir, soit à la guerre, soit à d’autres travaux : les éléphans d'Afrique, au contraire, n’ont jamais été domptés ; et on ne les chasse que pour se nourrir de leur chair, pour leur enlever leur ivoire , ou pour se débarrasser de leur dangereux voisinage. On pensoit que toutes ces différences provenoient de la nature du climat on de la civilisation des habitans, et on n’imaginoit pas qu'elles tinssent à l'espèce même de ces animaux. Quelques naturalistes, notamment Camper , Brugmans et le citoyen Faujas, ont remarqué depuis peu d’années des différen- ces considérables entre des dents molaires qu’ils savoient appar- tenir toutes à des éléphans, et de-là sont nés les premiers soup- çons qu'il pouvoit y en avoir plusieurs espèces. Nous nous étions occupés longtemps sans succès, le citoyen Geoffroy, professeur de zoologie au Muséum d'histoire naturelle ,et moi, dans un travail que nous avionsentrepris en commun sur l’histoire des quadru- pèdes , d'ajouter à ces premiers indices, lorsque la conquête que la république et les sciences naturelles ont faite de la collection du prince d'Orange , ci-devant stadhouder de Hollande , est venue les completter, et a changé les soupçons en certitude. Cette collection contient les squelettes de deux têtes, dont l’une appartient à un éléphant de Ceylan, et l’autre à un élé- phant du Cap de Bonne-Espérance , et qui présentent des carac- tères spécifiques frappans. Comme je ne pense pas qu’on en ait publié aucune description comparative, je vais commencer par vous la donner, afin de servir de point fixe duquel je puisse par- ür pour des recherches ultérieures. Comparaison des têtes d'éléphans de la collection stadhou- dérienne, 1 La tête de l'éléphant de Ceylan, quoique plus grande , appar- tient néanmoins à un individu plus jeune , puisque ses sutures sont beaucoup plus apparentes. Ceci s'accorde avec les obser- yations faites sur les individus vivans. Mais toutes les proportions de ces deux têtes diffèrent aussi. Considérons d’abord leur face latérale en, les appuyant sur des molaires et sur les bords dés alvéoles des défenses : l’ar- çade zygomatique se trouve, dans l’une et dans l’autre, dans une situation à peu près horizontale. Ce qui frappe le plus, c’est le sommet de la tête, qui s’elève dans celui de Ceylan en une manière ÉT D'HISTOIRE NATURELZLÉ. 204 manière de double pyramide, et qui est presque arrondi dans celui du Cap. Ce sommet répond à ce qu'on appelle dans l’homme et dans les autres aninanx l’arcade occipitale. L'espace situé derrière cette arcade n’est sans doute si énorme dans l’éléphant, de pour fournir au ligament et aux muscles ceryicaux , des attaches pro- portionnées au poids de la masse qu’ils ont à soutenir: Quoi qu'il en soit, la différence de ces sommets vient de ce que la ligne frontale est beaucoup plus inclinée en arrière dans l'éléphant du Cap que dans celui de Ceylan : elle fait dans le premier, avec la ligne occipitale, un angle de 115°, et dans le secondiln’est que de go. De là ont dù naître toutes les différences qu’on rémarque entre ces deux profils et dont nous allons énoncer les principales. ( Voyez les planches). Dans l'éléphant du Cap, la hauteur verticale de la tête est à peu près égale à la distance du bout des os du nez aux condy- les occipitaux ( comme 33 à 32); dans l'éléphant de Ceylan, la première de ces lignes est de près d’un quart plus grande (comme 24 à 19). La plus grande dimension de la tête, qui va du bord des alvéoles des défenses au sommet, est à une ligne qui lui est perpendiculaire, et qui va du bout des os du nez au bord antérieur du trou occipital, dans l’éléphant de Ceylan, comme 26 à 14, c’est-à dire presque double; dans l'éléphant du Cap , comme 21 à 16, ou un peu moins d’un quart plus grande. , Outre ces différences dans les proportions, il ÿ en a dans les contours. Le front de l'éléphant de Ceylan est creusé en courbe rentrante et concave, et a un sinus remarquable dans son milieu ; celui de l'éléphant du Cap est au contraire convexe et uni. L’ar- cade quisépare les alvéoles des défenses de ceux desdents mo'aires, est plus étroite et plus élevée dans l’éléphant de Ceylan, plus large et plus surbaïssée dans celui du Cap. Le trou sous-orbitaire “est plüs large dans l’éléphant de Ceylan ; dans celui du Cap il ressemble plutôt à un canal qu’à un simple trou. La fosse tempo- rale est plus ronde dans l’éléphant du Cap, et l'apophyse qui la distingue de l'orbite est plus grosse que dans celui de Ceylan , où cette fosse a un contour ovale. Si nous considérons ces deux têtes par leur face antéricure, nous y apperceyrons des différences tout aussi frappantes. La plus grande longueur de cette face, prise du sommet au bord de l’alvéole, est à sa plus grande largeur, prise entre les apophyses post-orbitaires du frontal, comme 5 à 3 dans l'éléphant Tome VII. VENTOSE an 6. D d 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de Ceylan , et comme 3 à 2 dans l'éléphant du Cap. L'ouverture du nez est à peu près au milieu de la face dans l'éléphant de Ceylan ; elle est plus éloignée d’un cinquième du bord de l’alvéole que du sommet de la tête, dans l'éléphant du Cap. Les arcades zygomatiques sont plus saillantes dans celui-ci que dans l’autre. La face postérieure de ces deux têtes ne présente pas des caractères moins différens. Dans celui du Cap elle est terminée supérieurement par une courbe demi-elliptique, et sa base est formée par deux lignes en angle très-ouvert; dans celui de Cey- lan les côtés sont en arcs convexes, et le haut en arc légèrement concave. La hauteur des aîles du sphénoïde dans l’éléphant de Ceylan fait plus des trois quarts de celle du plan occipital , tan- dis que dans l’éléphant du Cap elle n’en fait pas à beaucoup près la moitié. L’extrémité postérieure des arcades zygomatiques est presque de niveau avec les condyles occipitaux dans l’éléphant du Cap, et dans celui de Ceylan elle est beaucoup plus longue. C’est par leurs faces inférieures que les crânes des deux élé- phans se distinguent de la manière la plus saillante et la plus tranchée. Les couronnes de leurs dents molaires sont si différen- tes, qu’il sera désormais impossible de les confondre. Mais, avant de les décrire, il est bon de faire connoître quele ques particularités sur le nombre, la structure et la manière de croître des molaires des éléphans ; outre qu’elles sont curieuses, elles nous seront utiles dans la suite de ce mémoire, et elles pré- viendront aussi une multiplication erronée des espèces. La première de ces remarques a pour objet leur nombre : elle appartient au célèbre Pallas. Les jeunes éléphans n’ont de chaque côté qu’une seule molaire, quatre en tout; mais il y a dans une cellule du fond de la mâchoire un germe qui se fait jour avec le temps, et pousse, en se développant, la pie dent en avant. Pendant ce temps l’éléphant a huit molaires; mais cette première dent, à force de s’user, s'ébranle ‘et tombe bientôt, et l’autre, croissant toujours, finit par en oblitérer entièrement l’alvéole : alors l'éléphant n’a de nouveau que quatre molaires. La seconde use aussi par degrés sa couronne. Mais les premières dents sont toujours faciles à distinguer : elles sont plus courtes, et ont plusieurs racines coniques et distinctes, tandis que les secon- des les ont toutes unies en un seul corps semblable à un coin, qui n’est retenu dans l’alvéole que par les sillons et les crénelures que produisent ces racines ou ces tubes collés à côté les uns des autres. ET D'HISTOIRE NATURELLE 2at Voilà ce que dit M. Pallas. Il me paroît que cette succession de dents peut se répéter plus souvent; car j'ai encore trouvé des germes dans les mâchoires de ceux qui avoient déja leurs huit molaires. C’est dans ces germes qu'on découvre clairement la structure propre aux dents d’éléphant. : Chacune de ces énormes molaires me paroît un composé d’une quantité de dents partielles toutes complettes, toutes munies de leur substance osseuse et de leur substance émailleuse, ayant leurs racines propres avec les ouvertures ordinaires pour les vaisseaux et les nerfs. Ces dents partielles sont applaties et placées à la file lesunes des autres, dans toute la longueur de la grosse dent; mais elles s'étendent chacune dans toute sa largeur : elles sont soudées ensemble par un ciment d’une nature particulière. Tant que ces lames restent dans la cellule du fond de la mâchoire, leur extrémité n’étänt point usée est entièrement d’émail, et présente une suite de pointes obtuses, séparées par des sillons. À mesure que ces dents paroissent hors de la gencivè, les pointes s’émous- sent, s’usent, et sont remplacées par autant de petits cercles d’émail pleins de matière osseuse, et séparés par le ciment.Lorsque la dent est usée encore plus avant, les cercles se confondent, et forment des figures oblongues, plus ou moins alongées dans le sens de la largeur de la dent totale. Enfin, comme le ciment et la matière osseuse sont d’une nature plus tendre , ils se creusent davantage, et l'émail se trouve former, sur la superficie de la dent générale, des lignes saillantes qui dénotent les coupes des dents partielles qui la composent. C’est par les figures que forment ces lignes que les dents des deux espèces d’éléphans diffèrent évidemment : dans celui du Cap, elles représentent des losanges, dont le grand diamètre, ou le transverse , est au petit, ou longitudinal , comme 2 et de- mi ou 3 à 1. Les bords de ces losanges sont peu courbes et nullement festonnés : il yen a huit ou neuf dans chacune des molaires. Dans l'éléphant de Ceylan, au contraire, les lignes d’émail réprésentent des rubans étroits et transversaux, dont les deux bords sont parallèles et ployés en festons très-nombreux et très- petits. Leur nombre va jusqu’à douze, et même au-delà dans les molaires des adultes. Les deux têtes de la collection stadhoudérienne présentent aussi quelques différences dans les défenses : celles de l'éléphant de Ceylan sont plus longues à proportion de leur vid Fret D d 2 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE outre leur courbure en arc, elles sont légèrement tordues; mais nous n’oserions affirmer que cela soit général pour l'espèce, et non particulier à l'individu. | Je crois qu'aucun naturaliste, après avoir lu cette description comparative que j’ai faite avec tout le soin et l'exactitude dont je suis capable, et dont les pièces originales existent dans la collection d'anatomie comparée du Muséum, ne pourra douter qu’il n’y ait deux espèces bien distinctes d’éléphans. Quelle que puisse être l'influence du climat pour faire varier les animaux, elle ne va sûrement pas aussi loin ; et dire qu’elle peut changer toutes les proportions de la charpente osseuse et la contexture intime des dents, ce seroit avancer que tous les quadrupèdes peuvent ne dériver que d’une seule espèce ; que les différences qu’ils présentent ne sont que des dégénérations suc- cessives : en un mot, ce seroit réduire à rien toute l’histoire na- turelle, puisque son objet ne consisteroit qu'en des formes ya- riables et des types fugaces. Ce point une fois bien constaté, il s'agiroit à présent de décider plusieurs questions qui paroissent s'élever. D'abord cha- que espèce est-elle propre à une contrée? L’éléphant du Cap existe-t-il seul en Afrique, et celui de Ceylan en Asie, ou chaque espèce est elle répandue dans les deux pays? A cet égard , je dois observer que , selon plusieurs voyageurs, les eléphans de la côte de Mozambique se rapprochent beaucoup de ceux des Indes par la grandeur et les habitudes ; de plus j'ai vu chez le citoyen Poissonnier un crâne d’éléphant assez semblable à celui de Ceylan , et qu’on lui a dit venir d’Afri- que : mais, d’un autre côté, ceux de la côte de Guinée et du Congo sont semblables à ceux du Cap. Celui que l’Académie des sciences disséqua à la fin du dernier siècle, et dont on conserve le squelette au Muséum, est de la même espèce : il venoit du Congo. Une seconde question est celle-ci : N’y a t-il que ces deux espèces-là ? ou s’en trouveroit-il qui fussent distinctes de l’une et de l’autre ? Les récits de quelques voyageurs , et d’autres indices , sembleroient le faire craïre. Le crâne apparténant au citoyen Poissonnier (1 ) se distingue de notre cräne de Ceylan en (1 ) Il est aujourd’hui dans la collection du Muséum d'histoire naturelle auquel il a été cédé par le citoyen Herman , célèbre professeur de Strasbourg, qui en avoit fait Pacquisilion. = PAPPD’ HUNSUTIOMRIP AN TANIMUNR ETAPE 213 ce que son front est convexe, et que ses défenses n’ont que Elus pouces de longueur, tandis que dans celui de Ceylan, qui est plus petit, elles ont près de deux pieds. J'ai aussi vu une molaire d’éléphant qu’on ne peut guère rapporter ni à celui de Ceylan, ni à celui du Cap : son caractère particulier est que la coupe de ses lames donne un triangle très-obtus ou un demi-losange. Enfin on prétend en Hollande qu'il y a dans l’île de Ceylan une espèce particulière d’éléphant nain, qui n’atteint guère qu'à trois pieds de hauteur; on assure même que l'individu qui est dans la collection du stadhouder cest de cette espèce, et qu'il est adulte, quoiqu'il égale à peine un veau de trois mois : mais ce ne sont là que des ouï-dire vagues. Cette question sur ie nombre réel des espèces d’éléphans ac- tuellement existantes reste donc indécise ; il n’y e#a que deux de constatées, et nous ne pouvons que recommander l'examen des autres aux naturalistes voyageurs. Tout le monde sait qu’on trouve en Russie et en Sibérie un grand nombre d’ossemens très-remarquables par leur grandeur, enfouis à peu de profondeur, et encore assez peu altérés. M. Pallas assure qu’il n’est en ce pays aucun fleuve un peu con- sidérable , sur-tout lorsqu'il coule en rase campagne, qui n’en ait le long de ses bords. Le peuple de ces contrées croit qu'ils proviennent d’un animal qui vit sous terre, à la manière des taupes; il raconte qu’on a trouvé quelquefois ces os encore frais et sanglans, mais que l’animal ne se laïsse jamais pren- dre vivant. Il lui donne le nom de z24mmouth, et l’on en re- cherche avec soin les cornes, qui ne sont autre chose que des défenses semblables à celles des éléphans, et composées de même d’un ivoire qui se peut employer dans les arts. Les voyageurs plus raisonnables, Gmelin et Messer-Schmid , ont regarde ces os comme provenant d’eéléphans. Ce dernier l’a établi en fait, par une comparaison suivie ; et le citoyen Dau- benton, qui n’avoit vu pour lors qu’un jer”ur et un Azmerus , a été de la même opinion. M. Pallas dit que le cabinet de l’Académie de Pétersbourg en possède trois crânes entiers et plusieurs fragmens, et qu'ils sont tout-à-fait semblables à cenx des éléphans d'aujourd'hui, et par la forme totale, et par la structure des dents. Cependant, si nous devons en juger par les fragmens que nous possédons , et par la figure que Breyne en a donnée dans 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les Transactions philosophiques , n°. 446, planche Iere., il y a des différences assez considérables. Les branches de la mâchoire inférieure forment un angle bien plus ouvert que dans l’éléphant de Ceylan; la base du triangle isocèle qu’elles représentent, est à sa hauteur comme 4 à 3 : elle lui est égale dans l'éléphant de Ceylan. Le canal qui la termine est plus ouvert; sa largeur égale sa | longueur : elle est moindre dans l'éléphant de Ceylan; il s’aiguise en un bec plus long et dirigé en bas. La hauteur des branches est plus considérable, eu égard à leur largeur ; leur contour est presque droit par en bas, tandis qu'il est fort convexe dans l'éléphant d’Asie. Enfin les dents molaires du mammouth, quoique formées de lames analogues à celles de l’éléphant de Ceylan , les ont plus minces, plusçrapprochées , plus nombreuses et moins festonnées. Ces différences ont été observées par moi-même sur deux mâchoires inférieures trouvées aux environs de Cologne. Quant au crâne, je ne le connois que par la figure dé Brey- ne : il ressemble beaucoup à celui de l'éléphant des Indes ; mais les alvéoles des défenses sont deux fois plus longs, proportion- nellement avec les dimensions de la tête, que dans l’eléphant des Indes, et ils restent unis l’un à l’autre dans tout ce prolon- gement : c’est ce qui explique pourquoi la mâchoire inférieure du mammouth est si obtuse. Je crois donc pouvoir prononcer que le mammouth diffère par l’espèce, des éléphans de Ceylan et du Cap que nous con- noiïssons aujourd’hui. Ce n’est pas seulement en Sibérie qu’on en trouve des os; toutes les contrées de l’Europe en ont offert en différens temps , eten dernier lieu on en a trouvé en Allemagne une mâchoire en- tièrement semblable à celles qui se trouvent au Muséum : elle a été décrite et figurée par M. Merk, conseiller du landgrave de Hesse Darmstadt. On sait combien les géologistes ont été féconds en hypothè- ses pour expliquer comment on trouve si abondamment dans le nord des ossemens d’animaux qui n’habitoiïent que la zone torride. Je crois qu’on feroit un grand pas vers la perfection de la théorie de la terre, si on parvenoit à prouver qu'aucun de ces animaux n'existe plus aujourd’hui ni dans la zone torride ni ailleurs. Je crois avoir établi du moins que nous n’y connoissons pas l'original du mammouth. ED HÉSTOLRE NATURELLE. 215 Je vais en montrer un autre exemple qui appartient aussi au genre de l'éléphant , et qui trouve par conséquent ici sa place uaturelle. On trouve dans divers endroits de l'Amérique septentrio- nale les ossemens d’un très-grand quadrupède que les sauvages appellent le père aux bœufs. Le premier Européen qui en ait découvert, est un officier français nommé Longueil , à qui des sauvages remirent en 1739, un tiès grand fémur, une défense et quelques dents molaires, qu'ils avoient trouvés, avec beaucoup d’autres os, sur les bords d'un marais peu éloigné de l'Ohio. Ces dépouilles sont encore aujourd’hui au Muséum d'histoire naturelle. Notre vénérable confrère Daubenton , ayant comparé ce fémur à celui de l’éléphant, les trouva assez semblables pour faire croire qu'ils appartenoient à la même espèce. Les dents molaires lui parurent semblables à celles de l’hippopotame. 11 supposa donc, dans un mémoire lu à l’Académie en 1762, que les squelettes de ces deux espèces d'animaux s’étoient trou- vés dans l’Amérique septentrionale. Il se pourroït cependant , observe-t-il avec sa prudence ordinaire, que ce fussentles dé- pouilles d’une troisième espèce qui réunît des caractères com- muns à ces deux-là. Cette dernière conjecture s’est vérifiée par la suite, comme nous l’allons voir. Un autre Français , nommé Fabri , en 1748 , et un Anglais nommé Crogham, en 1765 et 1766, trouvèrent des os et des défenses pareilles, mais toujours accompagnées de ces grosses molaires qui avoient paru analogues à celles de l’hippopotame , ebjamais d’aucune molaire d’éléphant. Plusieurs autres personnes ont recu, en France et ailleurs, de ces différentes parties, sans qu'on ait jamais vu de molaires d’éléphant venues d'Amérique ( 1). _ Franklin, alors en Angleterre, et le lord Shelburne, recu- rent, vers 1768, différens morceaux de dépouilles de cet ani- mal de l'Ohio ; il y avoit, entre autres choses, la moitié d’une mâchoire inférieure, avec la branche montante, le condyle et toutes les parties caractéristiques, quise trouve aujourd’hui dans (1) M. Autenrieth, professeur d'anatomie à Tubingen, m’annonce cependant avoir trouvé en Amérique des dents qui s’approchent, par leur conformation, de celles de Péléphant d'Afrique. 216 JOURNAL IDE, PHYSIQUE, DE CHIMIE le Muséum britannique. Sa ressemblance avec lPeléphant ne laisse aucun doute qu’elle n'ait appartenu à un animal sembla- ble, mais elle est garnie de molaires toutes différentes. À demi-usées, telles que les avoit vues le citoyen Dauben- ton en 1762, elles ont en effet quelque rapport, quoiqu’eloi- gné, avec celles de l’hippopotame , par les figures de doubles losanges que leur couronne présente; mais lorsqu'elles sont en- tières, elles n’ont que des pointes grosses, mousses , rangées par paire, et partageant la couronne en collines et en sillons transversaux. Quoique le citoyen Daubenton ait aussi décrit, dans le douzième volume de l’Æistoire naturelle, de ces dents dans le dernier état, et qu'il les ait regardées comme apparte- nant à une espèce différente , la série que nous en avons au- jourd’hui au Muséum, où on peut en suivre toutes les dégra- dations, ne laisse aucun doute sur leur identité. Les pointes mousses de leur couronne avoient fait penser à William Hunter que l'animal qui les portoitétoit d’espèce carnivore ; mais Camper a bien démontré le contraire par le défaut de canines et le manque d’incisives à la mâchoire inférieure (1). Il ajoute qu’il est très-vraisemblable que cet animal avoit un cou assez court pour supporter la masse énorme de sa tête et de ses défenses ; ue par conséquent la nature lui avoit donné une trompe sem- blable à celle de l’éléphant pour prendre ses alimens. il n’est donc pas douteux que l'animal dont on trouve les dépouilles sur les bords de l'Ohio, n'ait été du genre de l’élé- phant: aussi M. Pennant n'a pas balancé d’en faire une espèce sous le nom d’e/ephas americanus , qu’il suppose exister encore dans l'interieur de l'Amérique septentrionale. d Mais cette hypothèse n’expliqueroit pas les dépouilles qui se sont trouvées dans divers lieux de l'ancien continent. M. Pallas en a recueilli plusieurs dents en Sibérie , et il y en a au Muséum une énorme venue dela petite T'artarie. Voici ce qui me paroît résulter de tous les faits exposés jns- qu'ici; 10. l’animal dont on a trouvé les dépouilles en Canada, est du genre de l'éléphant. 29. 1] diffère, par l'espèce, des éléphans d’aujourd’hui et du mammouth. : (1) Cet-homme:célèbre a changé depuis d'opinion à ce sujet, dans un mé- moire que J'examinerai inCessamiment. Le] 307 Ses (ET D'HISTOIRE NATURELLE. 217 30. Ses caractères sont , que les lames de ses molaires sont plus épaisses et biens moins nombreuses; que leur couronne présente seulement trois ou quatre paires de grosses puintes mousses , qui s’usent moins vîte que dans les éléphans ordinaires ; que lors- qu’elle est usée, on y voit trois ou quatre paires de losanges ; que ces dents sont de très-peu plus longues que larges ; que cet animal, sans être plus haut que les éléphans d’Asie ou d'Afrique , avoit les os plus massifs et plus épais. 4°. Cette espèce a vécu dans l'Amérique et dans beaucoup d’endroïts de l’ancien continent. 5°. Enfin on n’en a retrouvé aucune trace parmi les quadru- pèdes qui existent de nos jours. RS EUS AT SUR LÉ PERFECTIONNEMENT D ES ARTS CHIMIQUES EN FRANCE, Par J. A. Cuarrar , de l'institut national et conseiller d'état. EX UE RNA ET TE Il se prépare un nouvel ordre de choses, qui sera tel que, si nous savons le diriger, la France se placera d'elle-même au premier rang parmi les nations manufacturières. Il me paroît qu’il y a trois moyens d’y parvenir ; Le premier de tous consiste à formelles fabricans éclairés. Le second se borne à rendre la fabrication plus économique. Le troisième a pour but d'indiquer aux fabricans les empla- cemens les plus convenables aux divers genres de fabrication. Tome VII. VENTOSE an 8. Ee a18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SECTION PREMIÈRE. Moyens de former des fubricans. Jadis en France comme chez toutes les nations où les arts de fabrique sont comptés parmi les élémens de la prospérité publique, il étoit permis aux parens d'un jeune homme de le mettre, pendant un certain nombre d'années convenu, à la disposition d’un chef d’atelier, qui, à son tour étoit tenu de l’instruire dans tous les détails de sa profession. Cette garantie réciproque étoit stipulée dans un acte public, qu’on appeloit contrat d'apprentissage. Des idées de liberte mal entendues ont rompu ces liens sacrés par lesquels un jeune homme faisoit le sacrifice momentané de ses forces en échange des connoissances qu’on lui donnoit. I] se préparoit de bonne heure à soulager ses parens , à servir sa patrie, à élever ses enfans, et acquéroit cette précieuse indé- pendance qui repose sur le sentiment de nos forces ou la réalité de nos services. A la vérité ces contrats d’apprentissage n'ont été ni abrogés ni prohibés par aucune loi connue ; mais au milieu des ruines dans lesquelles nous avons vécu ; àu sein même de la subver- sion de tous les principes; dans ces momens où, aux seul mots de libentér violée, d'atteinte portée) äuté &roits naturels, ‘on voÿoit tomber les institutions les plus sages, comment celle-ci eût elle été garantie? Elle a donc pu n'être pas abrogée ; mais elle s'est éteinte par une suite nécessaire : du systême qui do- ImInoit. Il faut donc que le gouvernement prononce formellement aujourd’hui cette garantie. Et il ne suffit pas de porter des peines contre celle des deux-parties contractantes quipourroit enfreindre les conditions du traité; il faut encore que l’élève qui déser- teroit la maison de linstituteur soit puni et repoussé de tous les ateliers. Mais l’élève sortant de l'atelier de.son maître, me conmoïs- soit encore que les procédés qui y étoient pratiqués, Îl parcou: roit alors Les: principales willes de daFrarce pouf étudier lson art dans tous les atelléts ;'etice n'étoit qu'après avoir fait son tour de France qu'ilbfixoit invariablement son domicile. C'etoit sur-tout dans jes professions de )serruïier , charpentier, maçon et menuisierique cet usage étoit établi; c'étoit aussi dans celles- F £T D'HISTOTRE NATURELLE. 219 ci Fe devenoit le plus nécessaire, parce que le mode de tra- vail y dépend beauconp moins des localités que dans plusieurs autres. Je ne puis pas confondre le compagnonage avec Îles corpora- tions proprement dites, paree qu’il n’en a ni les principes, ni les inconvéniens. L'esprit de corps qui se perpétuoit dans les corporations, avoit sans doute quelque avantage; mais il étoit essentiellement nuisib’e au progrès de l'art, en ce qu’il con- centroit dans un très-petit rombre de bras l’entreprise de tous les travaux , et que par conséquent il éteignoit l’émulation qui, très-souvent , naît du besoin de faire mieux, et se montre par- tout compagne inséparable dé la concurrence. L'institution du compagnonage, au contraire, instruisoit l'artiste de tous les procédés nouveaux: qu'on venoit d'introduire dans les ateliers, agrandissoit son ame par le spectacle de tout ce qui s’y exécu- toit de beau et de parfait, nourrissoit son émulation par la fré- quentation de tous les talens; de manière que de retour dans ses foyers, il avoit des conceptions plus hardies et des méthodes de travail plus parfaites. Le compagnonage , en mettant sans cesse tous les ouvriers d’une nation dans des relations fréquen- tes, en formoit ; pour aïnsi-dire, une grande société où tous les perfectionnemens devenus communs , se propageoient dans toutes les parties de la France avec la rapidité de l'éclair. Le gouvernement a constamment livré l'artiste à ses propres ressources. On peut même reprocher à l’organisation actuelle de l’enseignement public, de n’avoir rien fait pour la classe la plus nombreuse comme la plus précieuse de la société. En effet, au sortir des écoles primaires, le jeune homme est rendu à ses parens; et les écoles centrales (si on en excepte le dessin) n’of- Pie aucune ressource pour celui qui se destine à l’exer- cice d’une profession mécanique ; de sorte que l'instruction , telle qu’elle est organisée en ce moment, n’est profitable qu à une très foible partie de la population. à Cependant les arts de fabrique ont leurs principes : les bases de toutes leurs opérations sont fixées par la science ; les artistes , comme membres de la société, ont droit à l'instruction ; ils peuvent la réclamer, etil est du devoir comme de l'intérêt du gouvernement, de faire disparoître cette lacune dans le systèrne de l’enseignement public. Je suis loin de penser que les écoles de chimie , telles qu’elles existent aujourd’hui, puissent remplir le but qu’on se propose : dans toutes ces écoles on s'occupe de trop d’objets pour que Ee 2 250 JOURNAL: DE PHYSIQUE, DE! CHIMIE l'élève: y trouve les connoissances nécessaires pour chaque art en particulier; on y fait connoîire, à la vérité, les principes sur lesquels reposent les opérations; mais on ne se livre point à des développemens suffisans. L'art de la teinture, par exem- ple, y est enseigné dans une ou deux séances, après lesquelles on ne connoît ni l’art des manipulations, ni le choix des matiè- res, n1 la disposition des ateliers. Tout s’est borné, dans ce peu d'instans consacrés à la description du plus compliqué de tous les arts, à lier quelques idées sur le principe colorant, les mor- dans et la nature d’un assez petit nombre de matières tinctoria- les. Ainsi la chimie donne la clef des opérations de l’art; mais ne s’occupant pas assez de détails dans l’enseignement public, elle ne parviendra jamais à former un artiste. C’est cet état d’imperfection dans l’enseignement qui fait que l'artiste, n’y trouvant jamais les développemens qui lui sont né- cessaires, méconnoît les rapports de la science avec sa profes- sion. C’est ce qui fait encore que la théorie et la pratique, qu'un intérêt commun devroit confondre, marchent sur deux lignes parallèles et n'avancent que lentement, parce que leur nature les rend inséparables. Le seul moyen qu'a le gouvernement de s'acquitter envers les artistes, de la dette sacrée de leur éducation , c’est de for- mer pour eux des écoles d’instruction-pratique qui répondent à la grandeur et à l’intérêt de l’objet. Je crois qu’il lui est possible d’atteindre ce but, en formant quatre grands établissemens qui embrasseroient la presque to- talité des opérations qui appartiennent aux fabriques. Le premier auroit pour objet les sravaux de la teinture, impression sur toile et préparations animales. Le second zraiteroit des métaux et de leurs préparations. Le troisième /eroit connoftre les terres et leurs usages pour la fabrication des poteries : il s'occuperoit en même temps des travaux de la verrerie Le quatrième apprendroit à former les sels, à extraire les acides et les alkalis, à distiller les vins, les plantes aroma- tiques, et à combiner les parfums. Pour organiser convenablement l'instruction pour toutes ces parties, il faut d’abord s’occuper des dispositions générales qui sont applicables à toutes; après quoi nous descendrons aux conditions particulières que chacune d’elles exige. EURDD HU SVRIOMMR EN ANTIU "REINE, 221 Dispositions générales. Je comprends dans le nombre des dispositions générales , l'emplacement et l’organisation intérieure de chaque établisse- ment, dans tout ce qui a rapport à l’enseignement et à lad- ministration. L'établissement d’une école-pratique suppose la libre et en- tière disposition d’un vaste bâtiment dans lequel on puisse dé- velopper tout le système d’enseignement nécessaire. Les professeurs seroient nommés par le gouvernement , sur la présentation d’un jury composé de trois membres qui forme- roient un conseil auprès de lui. Ce jury surveilleroit l’ensei- gnement dans toutes les parties de l'institution , et assureroit l'exécution des réglemens qui seroient faits à ce sujet. Indépendamment des professeurs destinés à l’enseignement, je crois que chacun de ces établissemens doit avoir une adminis- tration étrangère à l’instruction, et chargée spécialement des achats, des ventes, et généralement de tout ce qui concerne l’économie intérieure de la maison. Cette administration doit avoir un chef nommé par le gouvernement , qui seul délibérera avec les professeurs sur les divers objets qui intéressent le ma- tériel de l’enseignement. Tous les jeunes gens qui se destineroient à une profession , seroient admis à recevoir l'instruction dans ces écoles nationales ; les seuls titres qu’on pourroit exiger d’eux pour y obtenir leur inscription, se borneroient à une attestation de bonne conduite, _de la part de l’administration du lieu de leur domicile. Dispositions particulières. Sans doute que l’organisation de tous les établissemens doit être zze par les principes; mais leur nature très-différente né- cessite des modifications qu’il est important de faire connoître pour retirer de chacun d’eux le plus grand avantage possible. Ecole de teinture et de préparations animales. Cette école nous paroît devoir être placée à Lyon. Il est d’a- bord reconnu que c’est la position la plus favorable à la teinture : quoique le midi présente plus d'avantages pour celle des cotons, les approvisionnefnens sont assez faciles à Lyon pour ne pas 22% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE séparer et désunir des genres de teinture dont le rapprochement doit produire de très-heureux effets. Cette première partie de l’école pourroit être divisée en trois sections, dont l’une auroit pour objet /a teinture des soies ; la seconde, celle des laines ; et la troisième, ce/le des jils et cotons, de même que leur impression. Chacune de ces sections auroit un atelier particulier, dans lequel seroient disposés les appareils nécessaires à l’art. Chacune d'elles présentant des détails infinis, des procédés propres qui exigent des appareils particuliers, seroit enseignée séparément. Mais comme il y a beaucoup d’analogie entre la teinture en soie et celle des laines, entre-la teinture des cotons et celle des fils, je pense que deux professeurs seroient suf- fisans. La seconde partie quia pour objet les préparations animales, exige pareïllement deux professeurs ; l’un qui seroit essentielle- ment chargé d'expliquer tout ce qui a rapport aux opérations sur les cuirs; tandis que le second auroit pour objet de faire connoître plusieurs opérations qui forment toutes autant de professions distinctes, telles que l’art de fabriquer les colles , de travailler l’ivoire, la corne et les os; de feutrer les poils, d'extraire et de purifier les huiles et les graisses ; de fabri- quer le beurre et le fromage , de préparer les viandes, etc. Ecole des travaux métalliques. Celle-ci ne doit être qu’une extension de celle des mines qui existe aujourd'hui. C’est dans Paris que je conserveroiïs tout ce qui tient à l’enseignement général et à l'administration. Comme l'importance et l’étendue de cette belle partie des arts exigent qu’on multiplie les écoles-pratiques de perfection- nement sur les divers points de la république, je desirerois qu'il s’en formât une dans le ci-devant Berry, ou dans le comté de Foix, pour y enseigner et pratiquer en grand /a fabri- cation des aciers, celle des limes, des scies et des faulx. J'en placerois deux autres à Paris, dont l’une auroit pour but d’ins- truire sur l’art de l’étamase, de la dorure, et généralement sur tout ce qui a rapport à l’a/liage et au départ des métaux ; tandis que l’autre s’occuperoit de l’art de filer les métaux, de les malléer, de les limer, de les couler , de les laminer, de les oxider , etc. x EITWD' HMNSIIOMRIENN ANTON ENT TEE. 223 Ecole de poterie et de verrerie. L'école de poterie et de verrerie seroit établie à Sèvre. Le bel établissement de porcelaine qui y existe a été le ber- ceau de toutes les découvertes comme de tous les talens en ce genre : mais aujourd’hui qu’il a rempli son but, aujourd’hui que d’autres rivalisent de perfection avec lui , je croirois indi- gne de la nation de faire pour lui de nouveaux sacrifices, si je ne voyois pas un moyen facile de le rendre à sa première destination. Il peut de nouveau servir d’école , et acquérir à la poterie grossière de nos climats, la supériorité qu’ont acquise nos porcelaines. Ce second objet est, sans contredit, d’un in- térêt au moins égal au premier , puisqu'il est un besoin pour toutes les classes de la société. L'établissement de Sèvre est tel, que l'instruction pourroit y être établie presque dès aujourd'hui. Sa position est même très- favorable, puisqu'elle se trouve au centre des terres les plus propres à ces travaux , et déja, pour la plupart , employées à cèt usage. : La partie de la verrerie y seroit moins avantageusement pla- cée : mais comme il est utile de réunir ces deux objets, et que Sèvre présente déja l'établissement d’une belle verrerie, je n'hésite pas à y fixer ce dernier établissement, Deux professeurs suffiroient pour ces deux parties. Ecole d’halotechnie et de distillation. Cette école me sauroit être plus avantageusement située qu’à Montpellier. Le commerce des vins, liqueurs et parfums s’y alimente des productions territoriales ; la proximité de l'Italie et de la mer y rend le soufre et le salpêtre très-abondans : le voisinage des salines, la fabrication du vert-de-sris, du sel de saturne, des crèmes de tartre et de la soude, l’exploitation peu éloignée de plusieurs mines d’alun et de couperose, furment une telle réunion d’avantages, qu’on ne pourroïit sans injustice pré- férer aucun autre emplacement. Cette école demanderoït deux professeurs; l'un ne s’occu- péroit que de la fabrication des acides (tels que eaz forte, huile de vitriol, esprit de sel, vinaigre , etc.) et de leurs combi- xäisons les plus importantes avec les bases terreuses , métalli- ques-et alkalines. Le second professeur ne traiteroit que de l’art 2a4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du distillateur et des combinaisons et mélanges des produits qui en proviennent avec les divers excipiens, ce qui embrasse les professions du liqueuriste , du parfumeur, etc. Les avantages de ces sortes d’établissemens ne peuvent être révoqués en doute que par les hommes essentiellement étrangers aux arts ou indifférens à leur prospérité. Et, s’il pouvoit s’en trouver encore qui méconnussent le pouvoir de la science sur la pratique , il me suffiroit sans doute de leur présenter les exem- ples suivans. La fabrique de Sèvre fut le berceau de l’art de la porcelaine en France : en très-peu d’années les ouvrages qui en sortirent excitèrent l’admiration de toute l’Europe. Ces progrès rapides furent le fruit des connoïissances dont le gouvernement entoura -cet établissement À sa naissance : et les résultats immédiats de l'instruction qui a été portée dans ces ateliers, furent, d’une part, la gloire pour la nation de posséder le plus bel établis- sement de porcelaine connu en Europe, et de l’autre, l’avan- tage d'ouvrir au commerce une nouvelle branche d’industrie. Les temps où la fabrique d’armes a été établie à Versailles , sont encore plus près de nous, et déja nous y possédons les artistes les plus distingués de l’Europe. Qui pourra croire que les corps du génie et de l’artillerie français fussent parvenus au degré de supériorité qu'ils ont atteint , si des écoles-pratiques ne les avoient préparés à l’exer- cice des fonctions importantes et difficiles qu’ils étoient appelés à remplir ? SECTION Il. Moyens de diminuer le prix des produits de fabrique. C’est sans doute beaucoup d’avoir organisé l'instruction, mais ce n’est encore là qu’une partie des devoirs que le gouverne- ment a à remplir pour assurer la prospérité des fabriques. Ce n’est pas tout que de planter un’ arbre, il faut encore ne pas l’étouffer par une culture mal entendue. Si uné mauvaise loi sur les douanes ne produisoit qu’un mal passager , nous adoucirions les momens désastreux de son exé- cution par l’espoir d’en obtenir tôt ou tard la révocation ; mais les traces qu’elle laisse après elle sont ineffaçables : non-seule- ment elle ruine la fabrication par le manque forcé d’approvi- sionnemens ou de consommation, mais elle oblige l'étranger à s'ouvrir ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 s’ouvrir d’autres débouchés , à contracter d'autres liaisons, à fabriquer les mêmes produits, à nous enlever nos métiers, nos artistes, en un mot, à faire émigrer notre industrie manufac- turière. Il me seroit aisé de prouver qu’une taxe trop forte éta- blie momentanément sur l'exportation des cuirs préparés en France, a ruiné les fabricans du midi. Tous les efforts du gouvernement doivent tendre à faciliter les approvisionnemens des fabriques, et à assurer la consomma- tion des produits manufacturés. On peut donc établir, comme axiomes de commerce et comme règle de conduite pour le souvernement, les principes suivans : 10. Il doit être libre au fabricant de s’approvisionner de toutes les matièr emières de son industrie, dans tous les pays où ces matières lui présentent plus d'avantages , soit par le prix, soit par la qualité. 20. Le gouvernement doit rendre libres l’entrée et la circu- lation de toutes les matières premières des fabriques. 3°. Les produits manufacturés doivent jouir des mêmes avan- tages pour l’exportation. 4°. Le gouvernement doit imposer le fabricant, et affranchir presque de toute redevance, les matériaux et le produit de son industrie. Il ne perdra jamais de vue que la loi qui surtaxe les marchandises en tarit la consommation. Le gouvernement doit se rappeler sans cesse que l’artiste, livré à ses propres forces, ou contrarié dans l'exercice de sa profession, peut à peine fournir à sa subsistance ; et que, dans ce cas, une imposition, quelque foible qu'on la suppose, est toujours prélevée sur ses besoins; tandis que favorisé du gou- vernement, tant pour ses approvisionnemens que pour ses dé- bouchés , il peut fournir une imposition énorme par le simple abandon d’une portion de son superflu. Mais il ne suffit pas au gouvernement d'encourager les fa- briques par les moyens que je viens d'indiquer ; il faut encore , pour qu’elles prospèrent , qu’elles puissent concourir avanta- geusement avec celles des pays voisins; et, sous ce dernier point de vue, nous allons les considérer au dehors et au dedans de la France. Ce n’est pas, ainsi qu’on l’a cru assez généralement , en pro- hibant l'entrée des produits étrangers, qu’on donnera de l'a- vantage à nos fabriques nationales, Cette prohibition entraîne avec elle trois inconvéniens majeurs. Le premier , c'est de frustrer l’état d’un revenu de douane. Tome VII. VENTOSE an 8. Ff 226 JOURNAL ;/DE, PH SIQUE, DE ‘CHIMIE Le second, c’est de présenter un appât à la contrebande. Le troisième, c’est de ne plus offrir de stimulant à l’émulation de nos fabricans. Ainsi, d'après ces considérations, je veux que les produits des fabriques étrangères viennent concourir sur nos propres marchés avec ceux de nos fabriques nationales. Mais comme le gouvernement impose le fabricant français , il est de toute justice qu’il impose la fabrication étrangère , et je pense que le droit d'importation ne doit pas s'élever au-dessus de 12 à 18 pour cent de la valeur commerciale, si l’on veut allier tous lesintérèts. Mais pour que nos produits manufacturés puissent concourir sur tous les marchés de l’Eurcpe avec ceux des autres nations, il faut pouvoir rivaliser avec elles sous le doubl pport du prix dela qualité; c'està-dire, qu’il faut faire si bien et à aussi bas prix. À Il n’est peut-être pas d’objet de fabrication qu'on ne puisse exécuter en France ayec une aussi grande perfection que dans les autres pays. Nous trouvons parmi nous des artistes qui peu- vent le disputer en mérite aux premiers talens connus de l'Eu- rope; mais la masse de nos artistes est peu instruite, et il arrive de-là que généralement on fait moins bien. Je vois d’abord deux causes puissantes qui tendent à propager cet état d’imperfection ; la première, c’est le. défaut d’instruc- tion dans les artistes ; la seconde, c’est le manque de goût dans Le consommateur. L’exécution du projet d’enseignement que je propose remédie à la première de ces causes, et prépare, une heureuse révolu- tion pour la seconde. En effet, à mesure que les lumières péné- ireront dans les ateliers, la routine et les préjugés disparoîtront : la perfection apportée dans les travaux formera peu à peu le goût du consommateur : car le goût se forme par la vue;cons- o VO Lo € , . . . tante d'objets parfaits, ou par la fréquentation d’artistes instruits. SEC THE N (LS Des emplacemens qui conviennent aux divers genres de Jabrication. Personne n’a médité profondément sur les arts sans se con- vaincre que les produits de l’industrie ont un sol et des climats qui leur sont essentiellement affectées. Pour fixer nos idées d’une manière plus précise sur le pou- ÉT D'HISTOIRE NN AT U RE L LE. 227 voir des localités par rapport aux fabriques, je crois que nous pouvons, pour le moment, les diviser en trois classes. 10. Celles qui ont pour objet les travaux sur les substances animales et végétales. 2°. Celles qui travaillent les métaux ou les terres. 3°. Celles qui ont pour but la fabrication des sels. Les teintures et la confection des tissus d’étoffes tiennent, sans contredit, le premier rang dans la première classe. Et il y à un rapport si naturel entre ces deux parties, qu'elles ne peuvent prospérer qu’à côté l’une de l'autre : le fabricant a sans cesse des ordres à transmettre au teinturier, des nuances à lui demander, et ces rapports ne peuvent s'établir entr > eux d’une manière convenable, que par des rapprochemens faciles : ces deux artistes ont besoin de se consulter, de comparer, de juger l'effet de leurs produits, de suivre pas à pas le goût du consommateur. Mais supposons, pour un moment, la fabrique de Lyon séparée de la teinture, nous ne tarderons pas à voir que les étotfes qui en proviendront ne présenteront plus dans l'emploi des couleurs, ce goût exquis, ce choix de nuances, ce contraste de teintes qui n’ont pas peu contribué à donner de la célébrité à cette fabrique. Le teimturier éloigné du fabricant pourra former de belles couleurs ; mais quelque nombreux qu’en soit l’assortiment, l'artiste ne parviendra pas àles marier avan- tageusement. D'ailleurs ,: comme les goûts sont très-inconstans,, et qu’en fait de couleur , le caprice du consommateur est la loi du fabricant, il seroit ruineux de teindre au hasard pour faire des provisions. Ce que je dis de la nécessité de rapprocher la teinture de la fabrication , est appücable à toutes les grandes fabriques de drap ; Soie, coton, elc.; nous voyons mème cette reunion presque par-tout, consacrée par l'usage, ce qui seul en fait sentir la nécessité. Si nous jetions un coup-d'œil sur les fabriques d’étofies qui ont prospéré , nous trouverions par-tout une parfaite réunion des causes qui ont dù en préparer l’établissement et en assurer le succès, À Lyon, une population trop nombreuse pour s’oc- cuper exclusivement d'agriculture, y appeloit un genre d'indus- trie quelconque ; assise au confluent de deux rivières, dont Vune roule ayec rapidité des eaux vives et pures, taudis que l’autre présente une eau tranquille dans un canal profond ; pla- cée entre l’Italie et les Cévennes, où se préparent presque toutes les qualités de soie, la ville de Lyon n'’étoit SE sur son Re # # L} 228 J'O'URNA DU DIE PI Y STQ UE," D'EUMCHIMIE choix; sa population , sa position , ses eaux lui assuroient la dou- ble prospérité de la fabrique et de la teinture des soies. Et si par-tout ailleurs on n’a obtenu qu’une partie des succès de la fabrique de Lyon, c’est qu’on n’a pu en réunir qu'une partie des avantages. i Si nous portions le même examen sur les fabriques d’étoffeg de laine, ou de fil, nous trouverions par-tout la confirmation des mêmes principes : nous verrions la fabrication des étoffes grossières généralement établie dans les lieux même où en crois- sent les premiers matériaux, tandis que la confection des tissus fins qui demande du choix et de la variété dans les matières, qui exige beaucoup de main-d’œuvre et plus d’habileté dans les divers travaux, a pu s'établir presqu’indistinctement sur tous les points. Dans le premier cas, la matière première fait pres- que tout : dans le second, la façon forme elle seule la pres- que totalité de la valeur de la marchandise : ici le transport de la matière première n’est rien eu égard au prix de l’objet fabriqué; là , elle est tout. Ainsi , les fabriques de toiles et draps grossiers se sont établies et prospèrent dans les campa- gues, tandis que celles des toiles et draps fins existent loin du pays natal des matières qui les alimentent. D'ailleurs, nos dra- peries fines se sont fabriquées jusqu'ici avec des laines étran- gères; et, dès-lors, le transport des matières premières peut se faire presque indistinctement sur tous les points de la répu- blique , sans que le prix de l’étoffe s’en ressente. Cette dernière considération nous explique pourquoi les fa- briques de coton se sont établies avec succès aux deux extré- mités de la France, à Rouen et à Montpellier. Mais il nous reste encore à rechercher comment il est possible que les pre- mières de ces fabriques aient pu prospérer à l’égal de celles du midi, lorsqu'il est prouvé que la position en renchérissoit extraordinairement la teinture : en effet, la garance , la sou- de, l’huile d'olive, le savon, qui forment les matériaux de cette teinture, se récoltent ou se fabriquent dans le midi, et il est bien plus dispendieux de les transporter à Rouen, que d’y transporter les cotons déja teints, puisque le coton con- somme, pour la teinture, quatre fois son poids de ces matiè- res premières. La cause qui dans le nord me paroît avoir ba- lancé les désavantages de la localité, c’est sur-tout l’économie introduite dans ces fabriques par l'adoption des mécaniques pour la filature. Cette économie a été constamment de 10 à 15 pour 100. Une seconde cause qui se lie naturellement à la première ET D'HISTOIRE NATURELLE. 229 c'est la qualité même de la filature qui, formant des fils bien plus unis, a créé une fabrication plus parfaite. Ë : Ilest un principe dont nous trouvons par-tout l'application , c’est que les arts de fabrique doivent compenser par la main- d'œuvre, l’industrie ou la supériorité des etre Da la défaveur des localités. Il faut pour qu’ils prospèrent là où les approvision- nemens sont dispendieux , effacer, pour ainsi dire, le prix de la matière première de la liste des élémens sur lesquels s'établit le calcul du prix d’un produit de manufacture; or, cela n’est possible que pour les objets susceptibles d'acquérir une grande valeur par une fabrication très-soignée. Par exemple, la terre de Limoges servant à la confection d’une poterie grossière, ne peut être employée que sur les lieux; mais, devenant la base de la porcelaine , il peut être avantageux de la travailler à une rande distance. Ici les frais du transport disparoissent devant cette foule de travaux délicats par lesquels doit passer cette terre; et il est possible que ces travaux ne puissent être convenablement exécutés que loin du sol qui la fournit. L'influence des localités est sentie jusque dans les opérations md des étoffes : les blanchisseries demandent un sol umide et une atmosphère chargée de vapeurs. Les fabriques de toiles peintes ne prospèrent point dans les climats trop chauds et sur des terreins arides : les couleurs y sont sèches et ternes. Les papeteries exigent des eaux vives et pures. Les couleurs ne reçoivent ni la même teinte, ni le même éclat dans des eaux différemment chargées. Je pourrois multiplier les applications, maïs il suffit d’avoir posé les principes. Les fabriques qui ont le travail des métaux pour objet, ont aussi leurs localités marquées : nous pouvons diviser celles-ci en ateliers de fonte et travaux de perfectionnement. Les ateliers de fonte dont les produits présentent une valeur eu élevée au-dessus de celle de la matière première, doivent être établis de manière à rendre faciles les approvisionnemens du combustible et du métal. Si nous voyons prospérer au milieu de Paris quelques ateliers de fonte, malgré le vice apparent de la localité, c’est que cette immense commune réunit en elle-même des avantages qui font disparoître l'inconvénient des localités ; 1°. les approvisionne- mens en vieux métal s’y font à bas prix ; 2°, la consommation du produit sur les lieux est presque assurée; 3°. les artistes peu- 280 TOURNAL DE; PHWSIQUE, DE CHIMIE vent faire exécuter sous leurs yeux les ouvrages dont ils ont besoin. Nous voyons, par la :mên:e raison, s’y maintenir avec succès des verreries en verre moir, parce que les débris de verre et la charrée y sont si abondans, que leur prix mérite à peine d’entrer en compte dans les frais d’approvisionnement. Ces avantages permettent aux entrepreneurs d’acheter le com- bostible à des prix bien plus élevés que par-tout ailleurs. On peut encore considérer les établissemens de ce genre, formés au milieu d’une grande commune et dans le foyer des sciences et des arts, comme une école extrêmement utile, non- seulement pour s’y former dans les travaux du même genre, mais pour y exécuter des modèles sous les yeux des artistes eux-mêmes. Que de machines ingénieuses seroient restées en simples projets, si l’inventeur n’avoit pas trouvé à côté de lui les moyens de les exécuter ? Nous pourrions ranger dans la même classe, eu égard à notre objet, plusieurs genres de fabrication , tels que l’aciération, la cluxtaison, le laminage , ete. Ici le pouvoir des localités est encore très-marqué : l'aciération, par exemple, trouvera des avantages à côté des bonnes mines de fer, attendu que l'artiste à qui l'habitude a appris à distinguer le fer le plus propre à son objet, pourra plus aisément obtenir et faire préparer la qualité qu'il desire. On voit ayec peine qu'un des premiers établisse- mens qu’on ait fait en France pour convertir le fer en acier, ait été placé à Amboïse , qui ne présente aucune ressource locale. Les ci-devant provinces du Berry et du comté de Foïx nous pa- roissent offuir des avantages, par la nature de leurs fers et l'abondance du charbon, qu'aucune autre partie de la république ne paroît pouvoir leur disputer. On m'’objectera, sans doute , que les Anglais, pour qui ces sortes d’établissemens forment une ressource si puissante, acièrent des fers étrangers ; mais c'est à la supériorité de ces fers provenant de la province de Roslagie en Suède, que nous devons rapporter cette prépondérance dont leurs aciers jouissent sur toutes les places de l’Europe; et il sufät de savoir que si la France, ou nne autre nation devenoit adju- dicataire de ces fers, les Anglais verroient échapper de leurs mains la principale branche de leur industrie. Les travaux ultérieurs qu’on exécute sur les métaux, me pa- roissent un peu moins dépendans des localités, à mesure que la main-d'œuvre devient pius considérable : le prix d’achat pri- mutif et l’article du combustible méritent m'oius d’attenuon; et dès. lors la réussite d’un établisseinent doit être calculée sur de E TD HIS TO DRE, NATURELLE.) 281 nouvelles bases ; ici c’est la facilité dans les trayaux, l’économie dans la main-d'œuvre et la certitude d'une consommation assurée, qui doivent former les élémens de notre calcul. Ces trois avan- tages peuvent se présenter réunis dans une grande ville : les premiers, n'existent que dans les campagnes. ii Dans toutes ces sortes de travaux ; il faut toujours distinguer avec soin ce qui tient à Ja mode d’avec ce, qui appartient à des qualités de perfection qui ne sont pas sujettes à la versati- lité du caprice du consommateur. La bijouterie , la clincaillerie appartiennent de droit au premier genre; la serrurerie est du second ; et l'horlogerie participe de celui-ci par la base de sôn travail, tandis que pour les formes elle est assujettie à la mobi- lité du premier. Tous les arts dont les produits reçoivent l'influence des mo- des passagères , doivent être établis dans le foyer même où siègent les individus qui les provoquent, les dirigent ou les changent. Comme dans sa marche rapide , la mode n’a généra- lement d'autre guide que le caprice, l’artiste doit être sans cesse à côté d’elle pour en épier tous les mouvemens ÿ; il doit être léger comme elle , et ne pas porter dans ses travaux cette suite, cette confiance, ces combinaisons dont elle se joue. Il est un autre genre de fabriques qui n’a été introduit chez nous avec quelque fruit que depuis fort peu de temps: c’est celui des préparations salines. Les Anglais et les Hollandais étoient en possession de nous. fournir tous les objets de ce genre ; mais aujourd’hui ces sortes d'ateliers se sont multipliés chez nous avec profusion ; et nous ne doutons pas qu’à mesure que les connoissances chimiques deviendront plus générales, ces établissemens ne se perfectionnent et ne fournissent à tous nos besoins. , . Touigs ces fabriques: ont. pour objet l'extraction des acides et des,aikalis , et leur combinaison avec diverses bases. Les: acides les. plus:employés dans les arts sont le sulfurique, le nitrique, le, muriatique et l’acéteux. Le suifurique ne se-fabrique en France que depuis quelques annees. La base de cette fabrication est le soufre ; il vient presque tout de la Sicile ; ce, qui fixeroit dans, le midi la véri- table position des établissemens ce acide., sila grande con- sommation .qui,s’en fait dans les fabriques de toiles, peintes établies dans le nord, .et la difficulté de le transporter, n’en rendoiént la fabrication plus avantageuse à côté même de l'atelier qui l’emploie. 232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE C’est peut - être pour- cette dernière raison, que la distilla- tion des eaux fortes a été répandue sur divers points de la Fran- ce : mais tous ces établissemens ont été contrariés jusqu'ici par les dispositions d’une loi qui feroit la honte de la France si elle n’étoit rapportée. Cette loi, du 13 fructidor an 5, pra- hibe limportation et la vente du salpêtre dans l’intérieur, et oblige le commerce de s'adresser à la régie nationale des sal- pêtres pour en obtenir ce sel si nécessaire dans un grand nom- bre d'ateliers. La régie nationale le délivre à un prix quadru- ple de celui de l'Inde dont les fabricans étrangers s’approvi- sionnent ; de sorte que, par le fait, cette loi ruine les établis- semens nationaux en leur interdisant tout moyen de concourir avec les étrangers. Je sais bien que les partisans de ce despo- tisme en masquent toute l'horreur, sous le prétexte magique de la sûreté publique : mais la sûreté publique est-elle donc menacée en Angleterre , parce qu’on permet au fabricant d’a- cides d’acheter le salpêtre de l'Inde ? Que le gouvernement français s'assure de ses approvisionnemens en salpêtre ,.et de sa fabrication de poudre dans des ateliers qui lui appartiennent , je ne vois là que sagesse et prévoyance; mais, qu’il mette l'existence et la fortune de tous les ouvriers d’une profession à la disposition de la régie et de ses délégués; qu'il interdise leur libre approvisionnement à cinq à six branches d'industrie qui s’alimentent de salpêtre; qu’il force le commerçant de l’In- de à fuir nos ports pour aller vendre son lest de salpêtre à Londres où à Lisbonne ; qu'il marque sur le vaste sol de la. république les seuls points sur lesquels on pourra exploiter du salpêtre : je ne vois là que déraison , tyrannie, ineptie. Et, si le gouvernement français ne se hâtoit de rapporter une loi éga- lement contraire à la liberté et à l'intérêt du commerce, je le proclameroiïs le plus tyrannique de tous les gouvernemens. La formation de l’acide acéteux est spontanée, et tous les soins se dirigent vers les moyens de prévenir la dégénération des vins, bien loin de la provoquer. Cependant la consom- mation de cet acide est telle dans les arts, qu'il importe dans beaucoup de cas de pouvoir le fabriquer : en Hollande eten Angleterre , d’où nous viennent les céru$es, les blancs de plomb et les sels de saturne, omMobtient le vinaigre par la fermen- tation des grains : dans le nord de la France, on peut ten- ter de semblables moyens, et nous approprier, par-là, la fa- bricarion de tous ces produits très-employés dans les arts. Les sels les plus employés dans les fabriques, sont la cou- perose , N EAN, DH SMOMRIEUN A TU RELME 235 perose, l’alun , le sel de saturne , les muriates de mercure, etc. L'emplacement le plus convenable à la fabrication des premiers, est déterminé par le lieu où existent les mines qui fournissent ces sels : mais, lorsqu'on les forme de toutes pièces, ainsi que les derniers, c’est toujours à côté de l'atelier où se fabriquent les acides qu'on doit s'établir, Tels sont les principes sur lesquels je crois qu'on pourroit fonder la prospérité de nos fabriques en France; et, une fois que le Gouvernement les aura consacrés, il doit se borner à en devenir le conservateur. DIEM RALCG TL IDLE MONO LBMASMTNT:QUUr E: Par Louis BRuGcNATELzLL:I. EU eme RSA TNT Van Mons a publié, dans les Annales de chimie , un mé” moire de Brugnatelli sur cet acide, Ce savant chimiste exami- noit les combinaisons de l’ammoniaque avec les métaux, les- quelles il appelle amoniures. 11 tourna principalement ses recherches sur les ammoniures de cobalt. ; Il avoit observé que le précipité formé par l’ammoniac dans la solution de nitrate de cobalt, se redissolvoit dans cet alkali. Il a recueilli de ce précipité sur un filtre ; l’a lavé et fait sécher. Sa couleur étoit foncee ; il a versé sur ce précipité de l'ammo- niac liquide : au bout de vingt-quatre heures la liqueur avoit pris une couleur rouge foncée, et le précipité étoit totalement dissous. IL a ensuite pris de l’oxide gris de cobalt, vulsairement ap- pelé saffre, qu'il a mélangé avec l’ammoniaque : il y a eu dissolution. Dans le produit il se trouve un nouvel acide. Voici les prin- cipaux -caractères qui le distinguent. 1 De se présenter sous une forme concrète, et de ne point se volatiliser au feu. Tome VII. VENTOSE an 8. G g 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2 D'avoir tantôt une couleur rouge , tantôt jaune-pâle, et une autre fois, d'être privé de toute couleur. 3 De n'avoir aucune odeur. 4 D’avoir un goût acide piquant , non désagréable. 5 De teindre en rouge vif l’infusion de tournesol. 6 D'’être parfaitement soluble dans l’eau. 7 De décomposer tous les sulfures d’alkali dont il précipite le soufre. 8 De précipiter l’ammoniure de cuivre en vert-clair et celui de zine en blanc pur. 9 De précipiter le sulfate de cuivre en la même couleur que l’ammoniure de ce métal. 10 De précipiter le nitrate d’argent en blanc. 11 Le nitro-muriate d’étain de même. 12 Le nitrate de mercure en jaune de paille clair. 13 L’acétite de plomb en blanc. 14 De ne point altérer sensiblement les dissolutions d’or et de platine. 15 De précipiter l’eau de chaux en un coagulum blanc, insoluble dans l’eau et dans un excès d’acide. 16 De précipiter les acétites et muriate de baryte. 17 D’être séparé de l’eau de sa solution par l’alcohol. 18 Employé comme encre sympathique, de ne point se colo- rer en vert ou en bleu comme les dissolutions de cobalt, mais de brunir et ensuite noircir le papier lorsqu'il est un peu for- tement échauffé, comme cela arrive avec les autres acides. 19 De former avec la teinture de noix de galle nouvellement faite, un précipité jaunâtre abondant. 20 De donner, avec une solution saturée de soude , un sel irrégulier , transparent , soluble dans l’eau et non déliquescent. 21 De former, avec la potasse, un sel cristallisable en cris- taux carrés, transparens et fixes à l’air. 22 Avec l’ammoniaque, un sel soluble dans son acide. 23 Avec la baryte, un sel opaque difficilement cristallisable. SUPPLÉMENT. La présence d'un acide dans le saffre m’avoit fait suspecter que cet acide pourroit bien être de nature arsenicale ; mais ce doute disparut bientôt, en confrontant les caractères de l’un et de l’autre acide. 1) L’acide arsenique ne précipite point Les dissolutions d’ar- ÊT DHISTOIRE NATURELLE, 235 gent, comme le fait l'acide cobaltique. 2) L'acide arsenique précipite l’eau de chaux ; cet arseniate est redissous par l’a- cide, ainsi que par une nouvelle quantité d’eau de chaux. Le contraire arrive avec l'acide de cobalt. 3) L’acide arsenique ne décompose pas, comme le fait l'acide cobaltique, le muriate et l’acétite de baryte 4. ) L’acide arsenique est soluble dans l’al- cohol , qui précipite l’acide cobaltique sous une forme concrète. Il restoit à savoir si l’acide retiré du saffre existoit tout for- mé dans cet oxide, ou s’il est produit par l’action de l’ammo- niaque. Comme l'acide de cobalt est très-soluble dans l’eau, j'ai fait bouillir 6 livres de saffre dans 8 livres d’eau pendant un quart- d'heure, et j'ai filtré le liquide tandis qu'il étoit encore chaud. Ce qui passa étoit transparent et sans couleur; mais manifes- toit un goût sensible. Je fis évaporer le liquide , en prenant la précaution de couvrir le vase avec un morceau d’étoffe de soie. Lorsqu'il fut réduit à moitié, il devint trouble, mais sans que la substance qui se séparoit parût sensiblement colorée. Je con- tinuai l’évaporation jusqu’à ce qu’il ne restât plus qu’un tiers du liquide ; alors je le retirai du feu. Il se déposa une matière très blanche , que le contact de l’air transforma en très-beau rose Je séparai cette matière et la recueillis sur un filtre. La liqueur passée avoit une couleur jaune clair, et étoit arfaitement transparente. Elle manifestoit un goût acide bien Lécidé , rougissoit la teinture de tournesol , décomposoit promp- tement l’eau de chaux, les sels de baryte et ceux d'argent, se précipitoit avec l’alcohol , etc. En un mot, elle se comporta en tout comme l’acide cobaltique obtenu par les procédés précé- demment indiqués. Le dépôt rouge resté sur le filtre n’avoit aucun goût, et co- loroit l’acide muriatique en très-beau vert. C’étoit de l’oxide de cobalt pur. Cet oxide se dissolvoit en grande quantité dans son acide , et en étoit précipité à mesure que celui-ci se concentroit. L’acide que l’ammoniaque avoit séparé du saffre, se trouvoit donc tout formé dans cette substance. Il reste encore à s’assu- rer quel est positivement son radical. En attendant, j'ai cru devoir lui conserver le nom d'acide cobaltique. C1 H| 28 2q 5o = 0 EN DECO » 27|à OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES à midi a oies à 25. à midi à midi 411048: à midi à 25. à midi à 5 ts. à 228. à midi à midi a 25. à22s. ais sa22s. à midi to s: (2 HEAR RER RER EE œ melon te G s. à 2 > S. à midi là x Ss. À dater du 7 de ce mois, on a touché à l’hygromètre, afin de fixer lPhumidilé moyenne à 50 “| degrés, an Len qu’elle étoit auparavent à 80 degrés; c’est-à-dire qu'on a ôlé 30 degrés de | | chaque observation. = L a10 5m. CO SN Je ei oc b' © Gr tr tn D 2 PAR BOUVARD, astronome. TT BAROMÈTR E. Minimum. [Mur Maximum. Minimum. AMipr., 7im.+ ook 4o ass... 27 8,2 | à 7À%an.o. 27.71 | 27. 7,a 75m 2,84 1,5 Fa midi... 27.11,0 | à 75 m... a 10,8 | 27.11,0 7 im. 8,24 0,5 a 7 5: m... 2740,0 |à s. 27. 9,9 7m 2,302 3 Pay 027. 7,40 a mit. 2. ag. 7,0 27. 7,0) 7m. 24e 4,2 la 22 s..2 27.411,2 [à 74 m..2710,4 | 27.11, jém. + 5,81 821874 m..27109,5 |à44s....27487i- : . 7ém.-+ 6,8 8,2 fà midi. ... 27. 9,4 | à 74 mi .. 27. 9,4 | 27. 0,4 7 dm. + 1,5|+ 6,6 là 81 m... 28: 0,5 |à 8 s:. 27.12,2 À 27.11,8 7m. 2,6 4,8 làa7tm:. 27. 6,7 |à2 s... 07. 55 27. 5,7 7 Ym. + 2,9 Botfant st el27. 6,1 |à7 Em 2724890027. 0520) 7m. te) O4 -NS 6 à 07 Son 27.16,5 |lalar List Le 27:06,0 | 27. 6,8 Jim. La, 4,8 01aà 8 s. Lt 27. 7,80 84m... 27.16,54| 27. 7,2 7 km. + 0,7|%7,4 Îä 8 s... 28. 0,6 |à 75m....27.11,9 | 28. 0,5 AN AN LE on ER RE Ann Al Een CE EE, MOT 7hs. + 2,44 7,0 fatmidr . . 28. 5,5 | à 7 km. D'ÉTAT 8: 151 7 Ym. — 0,2/+ 3,4 à nndi. | : 98, 2,5 |[à25s. 28.12,1.| 28. 25 8-m.v-+'o,2/ 1:94 1a8banti.t28. 200] 22 %52.1.1/28:041560| "28, 12,01 7 Lam. + 1,66 0,8 0j 7m. 281,1 | 2921 s...1.128.10,6%) 28: 1,1 7hm. — 8,1l+ 0,4 à midi. . . 7hm. — 5,94 0,1 à 15 mn... DR == LS | th SRE ANT im. 7 im, — 0,6! 2,0 fazi s 7 rm. — 2,8 — 1,1 À à midi. 7+m.+o;il+ 2,0 fau s. m:.1. LOT 70 là midi 7hm— 2,92+ 2,4 fà3 s.. 7 2m. + 0,84 5,0 ag Lm. 7ims + 1,64 6,7 Jà7:m. 7m. + 2,5/+ 5,5 À à mdr. . 7 5m. + 2,54 6,6 à 7i m. RÉ CAL TIÜ L'A T 1.0 128 9;d01le 15. Plus grande élévation du mercure. . 27.1#5,5041e)10. Moindre élévation da mercure. . . . Élévation moyenne. . . .. 27. 10,40 Plne grand degré de, chaleur. . . : . + 8, 78 le 7 Moindre degré de chaleur. . : . . . — 5,g le 20 Chaleur moyenne. . . .. + 2,5 Nombre de jours beaux. +: . . 5. : 12 découverts: 1:34. 18 HOÉPIUtE- de CRE 4 | 1 PAU E OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Pluviôse an rirr. + ‘F2 CA A POINTS NHANERAIMAITI TLONNESE E = : e LUNAIRES. DE L'ATMOSPHÈRE, n Lean 1 Le | FE 4 TT f% 8 : 1 94,5 | O. fort. Beau le matin, gelée; ciel à demi-couvertle reste du jour. z| 89,5, | Calme, Ciel vaporeux, brouill. etgivre ; nuages l’après-midi. 5| 94,5 | Calme. Beau temps ; brouillard ie matin ; couvert le soir &| 105,0 | S. fort. Pluie abondante avantle jour et presque toute la jour n. |# 5 05 0 Calme. Nes Énne Ciel couvert; brouillard. 6| 106,0 | Sud. 4 1 Ciel. couver! ;brouillgrd le soir. 7 | 206,0 | Sud. Pluie fine une parte de la journée: 8 82,5 S-O. Beau le matin; ciel nuageux et vaporeux l’après-midi. | k 9! 82,0 ,|.8. * qui and, 4 Pluie fine, presque continuelle. 7 ÿ 10 | 81,9 | S: Beaucoup d’éclaircis dans la soirée. 5 11 85.0 | 5. fort. Nuages à lPhorison; forte gelée blanche; pluie le soir. |E 12| 85,0 |5S: Prent "Quart. Ciét couvert. 13 | 830 | O. Lune apogée. Ciel à demi-couvert. 14| 87,0 :| 0. : s Ciel couvert, 15| 81,0 |. N-O. Quelques nuages. i 16 81.0 | N: Eclairéis le matin ; couvert l'après-midi ; brouillard. 17| 76,0 |'N-E: HF Quelques éclaircis; browllard: 18 ao NE; Ciel nuageux le matin ; à demi-couvert l'après-midi. k 19| 48,0 | N-E. Ciel nuageux et trouble. 20 60,0 N-E. Pleine Lune, Tdein. 21 6%,0 | N-E. Idem. 22| 63,0 | N-E. Ciel couvert toute la journée. 23 N-E. Equin.descend.] Ciel couvert; neige vers 6 heures du soir. 24 | a MAN-E sh Verglas; pluie fine dans la matinée: 25 | t74,@ JON. Lune périgée. Ciel couvert.le matin; beau depuis midi; brouillard. 26 76,0, | N. : Ciel trouble et en parte couvert; brouillard épais. 27 | 860 |S:E. Dern. Quart. Ciel couvert; brume.le matin, benû le:soir. 28 | ‘76,02 | N-E. Ciel trouble et à demi-couvert. 29 | :66,0 | N: Ciel trouble et couvert aux trois quarts. 30 L Le o | S-E. Couvert par intervalles; brouillard ; ciel vaporeux. n° ! RÉCAPITULATION. de vent Min 27 nndeygelées hs 12 de tonñerre. . 0 de brouillard. . 10 de neige. 2 Le vent a tué NM NU AUTECE TAN 4 AIS NE. He” nabetulit 9 ID oiée ro : o SRI DEA MEMOIRE eo lie POE L 2 SE, cle TONER 7 5-00. 7m SSL 1 OMS ASE 3 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Société d'agriculture, sciences et arts, du département de Seine-et-Marne, séante à Meaux. PROGRAMME. La société propose pour objet de son prix : Un plan D NOR raisonné pour dès écoles qui seroient consacrées principalement aux enfans destinés à l’agriculture. Les mémoires seront adressés francs de port, sans nom d’au- teur , mais portant une sentence ou devise, au citoyen Carangeot, secrétaire perpétuel de la société, ou lui seront remis avant le 15 niyose an 9. On y joindra un billet séparé et cacheté con- tenant la sentence ou devise, avec le nom et l'adresse de l’as- pirant. À dr Le prix consiste en une médaille d’or de la valeur de 144 francs, et sera adjugé dans la séance publique du 15 germinal an 9. Expériences sur la circulation observée dans l'universalité du systême vasculaire, sur les phénomènes de la circulation lan- guissante , sur les mouvemens du sang, indépendans de l’ac- ion du cœur, sur la pulsation des artères, par le professeur Spazzanzant. Ouvrage traduit de l'italien, avec des notes, et précédé d’une exquisse de la vie littéraire de l’auteur, par J. Tourpes, docteur en médecine de l’université de Montpellier; un vol. in-8&°. avec une planche. Prix 4 francs, et 4 francs 25 centimes franc de port. Paris, chez Maradan, libraire, rue Pavée-André-des-arcs , n°. 16. Nous ferons connoître cet ouvrage intéressant du célèbre professeur de Pavie. La vie de cet illustre savant se vend séparément ; l’auteur, le médecin Tourdes, l’a beaucoup connu; il y décrit avec toute la chaleur de l’amitié les rares talens de ce grand homme , et y fait connoître ses divers-ouvrages, Les Amours des Plantes, Poëme en quatre chants, suivi ET D'HISTOIRE NATURELLE. 239 de notes et de dialogues sur la poésie, ouvrage traduit de l'anglais de Darwin, par J. P. F. Dereuzs. , Vivunt in venerem frondes , omnisque, vicissim Felix arbor amat, nütant'ad mutua palmeæ Fœdera , populeo suspirat populus ictu ; £Et platani platanis, alnoque assimilat alnus. Craupran, Epith. À Paris, de l'imprimerie de Digeon , grande rue Verte, faux- bourg Honoré, et se vend à Paris, chez Deburre aîné, rue Serpente , n°. 6; Fuchs, rue des Mathurins ; Desenne , au Palais Egalité , et chez l'auteur, au Jardin des Plantes ; un vol. in-12. Prix, 3 francs broché. L'amour, ce sentiment impétueux qui, chez les animanx, est mêlé de tant d’amertume, n'offre aux plantes que des plaisirs purs. L'auteur peint avec sensibilité les amours des diverses plantes. Ici c’est un seul mari qui a plusieurs femelles : là, c’est une femelle qui a plusieurs maris; ailleurs , le mari et son épouse ne reposent point ensemble, maïs sont sur diverses parties de la même plante : plus loin ils se trouvent sur des plantes différentes. Le savant traducteur , qui est un excellent botaniste , a en- richi le texte par des notes-intéressantes sur les plantes diverses dont parle l’auteur, sur les parties de leur fructification, sur la manière dont s'opère leur reproduction... Ce charmant ou- vrage doit donc intéresser un grand nombre de lecteurs. Tableau du commerce de la Grèce , formé d’après une année moyenne’, depuis 1797 jusqu’en 1707, par Férix-Brausour , ex-consul en Grèce. A Paris, de l’imprimerie de Crapelet, 2 vol. in-8°. Le commerce de la Grèce fait une partie considérable du commerce du Levant. L'auteur développe tous les avantages que pourroit en retirer la nation française. Il donne plusieurs détails intéressans sur la géographie de ces pays si fameux, sur leurs productions naturelles, sur les mœurs des habitans, sur leur industrie, sur leurs arts : il intéresse donc et l’ami des arts, et le politique , et celui qui se livre à l’étude de la nature. \ 2j JOURNAL, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE T.A B. LE DES ARTICLBS\CONTENUS,. DANS CE CAHIER. ! Analyse de la pierre de tonnerre , par C. Berthold. Pag. 169 Rapport sur les eaux minérales artificielles, fabriquées à ‘Paris par les Citoyens Nicolas Paul et compagnie. 17 Examen dés différens remèdes qui «ont été employés dans Le troitement de la rage, par B. G. Sage. | 196 Notice sur les soupes à la Rumford, par Delessert et De- candolle. 200 Extrait d'un mémoire sur les espèces d’éléphans vivantes et fossiles , par Cuvier. 207 Essai sur le‘perfectionnement des arts chimiques en France, par. Ji A. Chaptal. 217 De l'acide Cobaltique, par Louis Brugnatelli. 233 Observations météorologiques. 236 et 237 Nouvelles littéraires. 238 5=28 AVE ail nl (U Ir Te À Jedir Se. Se | F x à ÿ lentose an 8. ÿ Sophie deder Sc. Fig Le d'Elophant dise vue de profd. L27.2.Dent Molare du même 2 con qu ES Ju 2 { RÉ es 2 1 PR ES ee me HE: | CP OR en ET ET . MATE PAU AM AE NN Rs LE (A VAE t Zerntose an 8. Joplue Jelerse. Ligz.léte dE, rhant du Cap, vue de prof. Lg. 2 Dent Molire du meme . lEntose an 8, Zig.1.Machotre gErieure de Mammoth Lg. 2.Machkore gerieure d'Elcohant des Indes! Joplu Seller Se, a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. CPERBNTIPIENEA TN 2 NN: REC MER uCAER VE 'S DA E T'I ES VE CRAT CG: AIMN"S;; D'après les principes de la chimie pneumatique ; Par Eucène-Mrrcnror - Louis Parrin, membre associé de l'Institut national de France, de la société d’agriculture et d'histoire naturelle de Lyon, etc. Ce Mémoire a été lu à l’Institut, dans la séance du premier ventôse an 8. (Les notes ont été ajoutées après La lecture.) Il est temps de rapprocher la géologie de la physique et de la chimie. HuMsozpT, Ann. de chim., tom. 27. . Les théories qu’on a données jusqu'ici des phénomènes vol- caniques, sont fort ingénieuses sans doute; mais leurs auteurs mêmes, en ont reconnu l'insuffisance , et ont avoué qu’il y avoit dans ces phénomènes quelque chose de #ystérienx. Dans ces derniers temps Spa/lanzani , Sénébier et quelques Tome VII. GERMINAL an 6. Hh 242 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE autres savans, éclairés par la nouvelle chïmie , ont reconnu qu'il y avoit décomposition d’eau dans les volcans : il est mal- heureux que ces hommes célèbres n’en aient pas donné une théorie complette, fondée sur des principes aussi lumineux, Je vais, à l'aide de ces principes, rechercher l’origine des voloans, et tenter l'explication de leurs principaux phénomènes ; cette entreprise est très difficile, et je me tromperai plus d’une "fois; maïs je crois au moins que mes recherches , sous ce nou- veau point de vue, ne seront pas tout à-fait inutiles. Le phénomène qui a toujours le plus singulièrement embar- rassé les observateurs, c’est la production intarissable des laves. Mais la Lelle hypothèse du citoyen Laplace ( Exposition du sys- 1ême du monde, tom. 2. pag .301, in-80.), suivant laquelle le globe terrestre et les autres corps planétaires , ont été formés par la concrétion d’en fluide aëriforme émané du soleil, me semble jetter un grand jour sur ce phénomène. En effet, si les matières les plus solides qui composent la masse de la terre, ont été dans un état de fluidité aëériforme, on peut aussi concevoir, à l’aide de la chimie pneumatique , que les matières solides vomies par les volcans, sont dues à des substances gazeuses devenues concrètes. La ressemblance frappante qui existe entre la plupart des laves et les roches primitives , a souvent embarrassé les plus ha- biles observateurs ; ils conviennent que, sans le secours des circonstances locales il seroit murs de distinguer certaines laves granitiques et porphyriques d'avec les porphyres et les granits de première formation. Dans les laves comme dans les roches primitives les attrac- tions électives des molécules intégrantes ont produitdes cristaux pierreux , d’après les loix de la nature qui ontété si savamment interprétées par le citoyen Haüy. Et cette identité de composi- tion des roches et des laves, me semble prouver évidemment qu’il y a eu identité dans le mode de leur formation (1). (1) Je ferai ici quelques remarquestà l’occasion des cristaux qui se trouvent dans les laves : suivant les anciennes théorieson supposoit qu'ils avoient préexisté dans les roches dont les laves ctoient, disoit-on, composées. Mais cette suppa- sition entrainoit des difficultés extrêmes, et l’on trouvoit à chaque pas des faits contradictoires ou inexplicables. On voyoit, par exemple, des laves qui imitoient parfaitement le granit, et dont, par conséquent, tous les élémens étoient cris- tallisés. Or, il est bien diflicile de concevoir qu’uné matière où rien n’est em iusion , où tout est cristallisé, puisse avoir de la fluidité, sur-tout quand on con- BOL "D'FND SMMOMERNE NN ASE LU MR AETE TE: 243 Mais comment s’opèrent les phénomènes volcaniques , et quels sont les fluides qui y concourent? Pour résoudre cette question, il faut se rappeler d’abord quelle est l’organisation de l'écorce de la terre. Les géologues savent que le granit qui s'étend à une profon- deur inconnue est presque par-tout recouvert par des couches schisteuses primitives , qui souvent alternent avec des couches de granit. sidère que dans la cristallisation confuse du granit, tous les cristaux se confen- dent et se pénètrent mutuellement. Spallanzani parle d’une lave dont la masse est presque entièrement composée de cristaux groupés de feld-spath; mais comment ces groupes de cristaux pouvoient-ils se mouvoir , sans un fluide qui leur servit de véhicule; et comment les cristaux ne se seroient ils pas égrisés et entièrement déformés par le frottement? On voit des laves où le quartz paroïît avoir été fluide , et qui contiennent des aiguilles de schorl et des prismes hexaëdres de mica ; cependant on sait qu'il n’y a aucune comparaison entre la fusibilité de ces substances et celle du quartz. Les cristaux de mica sont d’ailleurs très-dificiles à conserver, par la facilité avec laquelle leurs feuillets se séparent; et cette mul- ttude incroyable de priimes isolés de schorls volcaniques qui tombent comme la grêle pendant les éruptions, et qu’on trouve en si grande abondance dans les cendres du Aonte-Rosso au pied de l’Etna; comment concevoir qu'ils aient été en même temps si complettement dépouillés de leur gangue, et si parfai- tement conservés eux-mêmes, qu'ils n’ont perdu ni la vivacité de leurs angles, ni le brillant de leur poli ? Il me paroît, d’après ces difficultés et une infinité d’autres , que ces cristaux ne sont point préexistans aux laves , mais que ce sont des substances qui, en passant de l’état aëériforme à une consistance solde, par Veffet des attractions, ont pris une forme régulière, comme nous voyons dans nos laboratoires le soufre se sublimer en vapeurs qui forment ces pets cristaux connus sous le nom de fleurs de soufre. La seule différence, c’eit que dans nos petites opérations , les cristaux sont microscopiques , et que dans les grands ateliers de la nature ils ont un volume plus considérable. Il est probable que le fluide électrique qui joue un si grand rôle dans les volcans, contribue pour beaucoup à la formation de ces cristaux isolés. Suivant les observations d’Æ/dinc (Ann. de chimie , tom. 29) , Vélectricité a la propriété de modifier la forme ex- térieure des corps : c’est elle qui donne à la neige, tantôt la forme étoslée , tantôt une forme globuleuse, etc. On sait d’ailleurs que les phosphures et les phosphates mis en fusion, prennent subitement une forme polyèdre, et je par- lerai ci-après du rapport qui existe entre le fluide électrique et le phosphore. J'ajouterai enfin, relativement aux cristaux des laves , que l'observateur Burk vient de démontrer jusqu’à l’évidence, dans un excellent mémoire, que les leucites, si abondantes dans les laves et les tufa d'Italie, sont d’une formation postérieure , puisque souvent elles contiennent un noyau de la lave même ou du tufa qui leur sert de matrice. Et il me paroïit qu’une preuve aussi directe de la formation de la leucite postérieurement à celle des laves, doit naturellement s'étendre à tous les autres cristaux qui s’y trouvent contenus. Aussi Ferber ét d’autres naturalistes très-éclairés, avoient toujours pensé que ces cristaux éloiçnt en effet d’une formation postérieure à l’éjection des laves. Hh 2 . 244 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je ne parlerai pas des couches secondaires et tertiaires : elles n'entrent pour rien dans les phénomènes volcaniques elles me peuvent qu'y mettre obstacle. Les schistes primitifs sont composés de feuillets qui, dans le principe, furent parallèles à la surface du globe, et qui sont toujours parallèles entre eux, quelle que soit leur situation actuelle. Ces couches schisteuses ont été plus ou moins fracturées par une cause générale que je n’examine pas ici, mais malgré ces déchiremens partiels, elles s'étendent depuis les montagnes des continens, jusque sous le fond des mers où elles forment des montagnes semblables. C’est dans ces schistes argileux primitifs que les volcans trou- vent leur aliment, ainsi que l’ont pensé les plus habiles obser- vateurs. « 11 semble, dit le c:toyen Dolomieu , que les roches argileuses contiennent en abondance, et peut-être exclusive- ment, les matières combustibles qui entretiennent l’inflamma- tion des feux souterrains (Lipari, p. 69).» Si ce grand naturaliste a depuis cherché l’origine des éjections volcaniques au centre même de la terre, c’est qu’il a vu clai- rement qu’il étoit impossible que ces matières eussent existé si- multanément et en masse dans les couches schisteuses. Cette supposition qu’on avoit admise, faute de mieux , est en elfet, aussi peu vraisemblable, que si l’on disoit que toute l’eau de la Seine , qui a coulé et qui coulera, a été simultanément renfermée dans un même réservoir. La masse énorme des éjections volcaniques avoit toujours donné des doutes sur leur origine, à tous les observateurs éclairés. Le Les seuls volcans du centre de la France, ceux dont nous devons la connoissance et une savante description au citoyen Desmarets, ont, d’après les calculs du citoyen Faujas, vomi plus de soixante et douze billions de mètres cubes de laves ( V'ivarais , p. 267). Si l’on ajoute à ces éjections le soufre et le bitume qui au- roient dû les mettre en fusion , suivant les anciennes théories , on aura une masse totale au moins décuple ; et le vide qu’elle auroit laissé sous le milieu de la France seroïit effrayant. L’ftalie , d’après les observations les plus récentes, est cri- blée de volcans, et couverte d’un bot à l’autre de laves et de tufa d’une épaisseur énorme. S'il existoit des vides suuterrains EUR D ÉNNS A ONNRNEMINIA QUtRE L'ILE 245 ‘proportionnés À de telles éjections, l’Italie seroit suspendue sur des abîmes , et prête à disparoître de l’Europe. Si l'on rénnissoit toutes les éjections de l’Etna, et qu’on sup- posât des vides équivalens, l’imagination épouvantée verroit sous ce volcan des cavernes plus vastes que la Sicile entière , et dont les voûtes ramollies par le feu, ne se soutiendroient qu'à l’aide d’un miracle continuel. Comment d’ailleurs concilier avec ces prétendus goulffres, l'existence des lacs qui remplissent si fréquemment les anciens cratères, J’en ai vu dans l’Asie boréale, vers les sources du fleuve Amour, Sur des montagnes très-élevées , coniques et isolées. S'il eût existé des cavernes sous la base de ces montagnes , la colonne d’eau, prolongée depuis la surface de ces lacs jnsques dans ces profondeurs , auroit exercé une pression incalculable qu'aucun obstacle n’auroit pu vaincre : l’eau se seroit ouvert un passage, et le lac eût disparu. Je vois encore que par tout où il y a eu des volcans, le sol bien loin de s’affaisser, comme cela arrive toujours dans les lieux où des incendies souterrains ont consumé des couches de charbon de terre ,; a au contraire acquis un exhaussement quelquefois très considérable. J'observe enfin que l’intermittence des éruptions velcaniques est un phénomène qui, dans les anciennes théories, n’a jamais pu recevoir d’explication vraisemblable. Revenons donc à une théorie plus analogue à la marche cons- tante et simple de la nature, qui répare à mesure qu’elle con- somme ;_qui anime tout par une circulation continuelle ; et nous reconnoîtrons que ces matières inépuisables vomies par les vol- canis, sont le produit d’une circulation de diverses substances gazeuses , comme les rivières sont le produit de la circula- tion des eaux; et que les couches schisteuses sont aux volcans, ce que les montagnes sont aux fleuves : les unes et les autres attirent et condensent des fluides qui deviennent ici des torrens d’eau, là des torrens de feu et de matières solides. Je pense à l’égard des laves, ce que deux hommes accou- tumés à soulever le voile de la nature , Lavoisier et M. Hum- boldt, ont soupçonné à l’égard des terres en général, que ce sont des oxides dont la base est encore inconnue ; et j'ai hasardé quelques conjectures sur la nature de cette base (1). (1) Je sais que de nos jours les conjectures, les hypothèses sont proscrites de 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE (CHIMIE Pour expliquer la circulation des fluides-volcaniques et leur concrétion en matières solides, rappelons d'abord quelques-unes des découvertes de la chimie moderne, qui trouveront ci-après leur application. Je dirai donc, 10. Que les terres et sur-tout l'argile, ainsi que les métaux, attirent puissamment l’oxygène de l'atmosphère. 2°, Que l'acide muriatique enlève l’oxigène aux oxiles mé- talliques , et devient acide muriatique oxygéné. 3°. Que le gaz hydrogène est certe par le gaz muriatique oxygéné et par l’etincelle électrique , et que le gaz hydrogène phosphoré détonne par le seul contact de l’air. 4 Qu'une combinaison d'hydrogène, de carbone , et d’un peu d'oxygène forme de l’huile , et que cette huile modifiée par l'acide sulfurique , devient un bitume. 5°. Que le phosphore est de tous les corps combustibles celui qui fixe le plus l'oxygène. 6°. Que le charbon a la propriété de décomposer l’eau , à une température un peu élevée. Rappelons nous maintenant que tous les volcans en activité, sans exception, sont dans le voisinage de la mer, et qu’à me- sure qu’elle s'est éloignée des autres, ils se sont éteints. C'est donc dans les eaux de la mer qu'il faut chercher leur l l'étude de la nature, et qu’on les regarde comme plus propres à retarder la marche de la science qu’à lui faire faire des progrès; et rien n’est plus vrai en général; mais quand ces conjectures sont fondées sur des analogies et sur des rapprochemens de faits, et de grands faits géologiques, je ne pense nullement qu'elles soient inutiles et qu’on doive les proscrire Ælles étendent les vues de l'observateur, et lui font remarquer des rapports qui lui auroient échappé. Je n'ignore pas que l’abservation exacte et simple des faits, est ce qu'il y a de plus précieux pour la science; j'en ai tellement senti l'importance , que c’est pour recueillir des faits, que j'ai consacré à des voyages les dix plus belles an- nées de ma vie : Jen ai passé huit à parcourir les immenses chaînes de monta- gnes de lPAsie boréale , depuis les monts Oural, jusqu’au-delà du méridien de Pékin; et j'ai recueilli tous les faits relatifs à l’histoire de ‘a terre , autant qu'il na été possible, Mais que diroit-on d’un homme qui passeroit sa vie à tirer péniblement des matériaux de la carrière, sans jamais se bâtir une cabane. Las de me trainer sur des tas de pierres , J'ai essayé de construire un édifice : le plan peut-être en est bisarre et la construction peu solide, mais Punagination du moins peut s’y pro- mener un instant, et la vue des matériaux placés dans un certain ordre , peut lui faire concevoir un arrangement plus heureux. Si l’édifice s’écroule, sa chute n’écrasera personne, et les matériaux pourront être employés dans un édifice plus solide. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 247 aliment principal ; et cet aliment me paroît être l'acide muria- tique. C'est entre les tropiques que les eaux de l'océan sont plus chargées de sel que par-tout ailleurs, et c’est aussi entre les tropiques qu’existe l’immense majorité des volcans brülans (1). Au Pérou la seule province de Quito en a seize qui viennent de ravager une inmense étendue de pays. On. connoît les vol- cans des Antilles, ceux des îles du Cap Verd, de la mer d’A- frique et des Indes; on connoît ces îles nombreuses de la vaste mer du Sud, qui forment une zône volcanique qui accompagne l’équateur dans une étendue de plus de 150 degrés de longitude. Les volcans peu nombreux qui se trouvent à de hautes lati- tudes, tels que ceux d'Islande , du Kamtchatka, du Mont Saint- Elie près du détroit de Cook; et dans l'hémisphère austral, ceux de la terre de feu , sont tous précisément sur le passage des courans généraux de l’océan , qui portent les eaux de l’é- quateur vers les pôles, de sorte que ces volcans participent à la forte salure des eaux des tropiques. A l'égard des volcans d'Italie , ils sont dus à une circonstance très-particuhère et qui prouve d’une manière frappante l’emploi que les volcans font du sel marin. La méditerranée, sept fois plus étendue que la surface de la France, perd par l’évaporation, incomparablement plus d’eau qu’elle n’en reçoit par les fleuves , et pour rétablir l’équilibre rompu par cette déperdition , les eaux de l’océan (comme l’ob- serve Buffon) y coulent avec une très grande rapidité par le détroit de Gibraltar , et lui apportent journellement une immense AA de sel qui, une fois entré, n’en ressort plus. Il y a onc longtemps que le bassin de la méditerranée seroit comblé de sel marin, si les volcans des Deux-Siciles , placés au milieu de cette mer, n’étoient là pour en opérer la décomposition. J’ai dit que les couches schisteuses avoient éprouvé des frac- tures plus ou moins fréquentes ; c’est par ces fissures, où elles (1) Quand cet article a été lu, le citoyen Laplace a fait la remarque importante que, dans le soleil, et même (si je ne me trompe ) dans certaines planètes, les taches qu’on y observe sont toutes dans le voisinage de l’équateur. Il paroïtroit donc que c’est à une cause plus générale que celle que j’assigne aux volcans de la terre, que leur existence seroit due. Je ferai toujours volontiers le sacrifice de mes opinions à la découverte et même au simple soupcon d’une vérité qui leur seroit contraire, 245 JOURNAL DE PHYSIQUE; DEUCHIMIE prescntent la tranche de leurs feuillets, que les couches sous- marines absorbent , et le fluide muriatique dont elles sont abreu- vées, et les divers fluidés de l'atmosphère que les eaux leur transmettent. L’acide muriatique , suivant le citoyen Fourcroy (Chim., tom. 2, p. 256), paroît être libre à la surface de ‘la mer, et cet acide, en efiet, s’y forme journellement; il semble donc qu'étant plus pesant que l’eau , une partie au moins, peut arri- ver jusqu'aux couches schisteuses , sur-tout quand elles se trou- vent à peu de profondeur (1). (1) J’observerai , à l’occasion de l'acide marin, que si la chimie jette un grand jour sur certains faits géologiques, la géologie , à son tour, peut fouruir aux chimistes d’utiles sujets de méditation et leur préparer de grandes découvertes. Le citoyen Dolonueu, Pallas ét d’autres observateurs, ont remarqué, comme un fait général et sans exception, que les sources salées et les couches de sel gemme, sont constamment accompagnées d’une très-grande quartité de soufre , soit pur et solid: comme en Sicile, où il forme des couches de dix mètres d'épaisseur, soit combiné avec Poxygsène, dans les gypses et les argiles. Il me semble donc que cette constante association du soufre et du sel marin, dans le sein de la terre, annonce entre ces deux substances une prodigieuse aflinuté ; mais comme le soufre, soit pur, soit à l’état d’ecide sulfurique , se rencontre très-fréquemment sans être accompagné de sel marin, tandis que celui-ci ne se présente Jamais sans le soufre, il semble que ce dernier contribue essentielle= ment à la généralion de lautre : c’est un problème que la nature propose aux chimistes. J’observerai encore que les nitrates sont toujours accompagnés de muriales ; on le remarque sur-tout dans les nitrières de la Pouille, où maintenant les les- sives donnent autant de muriate de soude que de nitrale de potasse. Et M. Hum- boldt dit expressément qu'il a observé , dans les vastes plaines de la Cujavie, que lacide muriatique s’y forme dans Patmosphère tout comme l’acide mitrique. Si Josois citer mes propres observations, je dirois des déserts de la Sibérie ce que dit M. Humboldt des plaines de la Cujavie : tout annonce que le sel marin se forme journellement dans les lacs de ces déserts. Ces lacs sont dans des plaines sans bornes; à peine ont-ils une loise de profondeur : leur fond est par= failement horizontal et couvert d’une argile noire qui infecte le foie de soufre. tous les ans ces lacs se remplissent à moitié de l’eau des pliics et des neiges fondues ; dans l'été ils se dre lent et leur fond est couvert, dans les uns, d’une croute de muriale de soude; dans les autres, souvent très-Voisins, d’une croute du sulfate de magnésie. ô Tous les ans on enlève la croute de sel marin, et l’année suivante il s’en trouve une pareille; si on ne l’enlève pas, un an, dix ans après il n’y en a pas un alôme de plus. On ne peut pas soupconner que des sources salées ali- mentent ces lacs ; voici un fait qui paroît le démontrer, indépendamment de mille autres circonstances. Deux rivières immenses, l’Ob et l’/rtiche , prennent leur source , à peu de distance l’une de l’autre , dans les montagnes primitives de Mais ENT) D'HNS/N OMR EN ATURE L'ILE. -249 Mais cet acide, fût-il engagé dans une base alkaline ou ter- reuse , l'acide sulfurique qui abonde dans les schistes l'en au- roit bientôt débarrassé. Ces schistes contiennent de l'acide sul- furique libre, dont j'expliquerai ci-après la formation ; ils con- tiennent des sulfures métalliques, plusieurs sulfates, des oxides de fer, de manganèse , etc., et beaucoup de charbon, ainsi que l’a observé M. Humbaldt. Dès que l'acide muriatique est introduit dans ces schistes, il y dépouille de leur oxygène les oxides métalliques , et devient acide muriatique oxygéné. De nouvel oxygène attiré sans cesse de l’atmosphère à travers l’eau, soit par l’argile, soit par les métanx , se combine de nou- -véau avec eux ; un nouvel acide muriatique l’enlève, et ainsi successivement. Cet acide muriatique oxygéné, pressé par la colonne d’eau supérieure , ou attiré par les feuillets schisteux qui font l'office de tubes capillaires , s'étend de plus en plus, et bientôt se pro- page au loin. Il rencontre de toutes paris les sulfures de fer dont les schistes sont remplis, il les décompose avec violence ; il y a un puissant dégagement de calorique , formation d’acide sal- VAltaï, où il n’y a certainement pas de mine de sel. Ces rivières s’écartent en- suite l’une de l’autre de plus de 150 lieues, et se réunissent après un cours d'environ 400 lieues. L'espace qu’elles laissent entre elles est un immense désert qu'on nomme les Landes ou S/ep du Baraba; et ce même désert est tout par- semé de ces petits lacs salés. Cependant il paroît évident que les deux rivières profondes qui l’environnent de tous côtés ne permettent pas la communication avec des sources salées, qui d’ailleurs n’existent nulle part dans ces contrées : les sels ne se rencontrent jamais que dans les eaux.stagnantes; et il me semble que” ces sels ne sauroient avoir d’autre source que l’atmosphère elle-même. C’étoit aussi l'opinion de Lavoisier. Z/ paroït , dit-il, que l'acide muriatiquz se Forum JOGRNELLEMENT dans les lieux habités par la combinaison de miasmes et de Jluides aëriformes ( Chim. , tom. 1, p. 255). À ces diverses observations on peut joindre un grand fait géologique très-frap- pan!; c’est la salure de la mer noire. Cette mer recoit par les fleuves beaucoup plus d’eau qu’elle n’en perd par l’évaporation; aussi Buflon dital qu’elle coule avec rapidité par le Bosphore, dans la mer de Marmara, et de là par le détroit des Dardanelles dans la mer de Grèce (tom. 2, p. 152). Il semblerait donc que depuis longtemps cette mer devroit être un lac d’eau douce; cependant ses eaux sont tellement salées, qu’elles déposent sur les côtes de la Crimée une immense quantilé de sel qu'on enlève chaque année pour l’approvisionnement des états voisins, et qui fait le principal commerce des villes de Sebastopol et d'Eupa- torie (Pallas, Tauride, p. 52) Or on ne veit pas d’où pourroit venir ce sel, sil n’étoit formé par Îes fluides de l’atmosphère. Tome VII. GERMINAL an 8. Ii D 250 JOURNATUDE, PHYSTQUE, DE CHIMIE furique, et décomposition d’eau par l'intermède du charbon. Une portion de l'hydrogène de cette eau se combine avec le charbon et un peu d'oxygène , et forme de l’huile; l'acide sul- furique se combine avec cette huile et forme du pétrole ; l'autre portion de l'hydrogène est enflammée par de nouveau gaz mu- riatique oxygêné ; le pétrole réduit en gaz s’enflimme aussi, et l'incendie commence. Mais ces feux seroïent éteints presqu'aussitôt qu'allumés , si le plus puissant agent ne venoit sans cesse redoubler leur acti- vité : cet agent c’est le iluide électrique. Il est fortement attiré de l’atmosphère par le fer et les autres métaux contenus dans les schistes; c’est ce que prouve le grand phénomène des trombes si fréquentes dans les mers des tropi- ques où chaque île est un volcan. Les trombes sont la commu- nication établie entre les nuées électriques et les schistes ferru- gineux, par l’intermède des eaux de la mer. Ces schistes sont donc souvent frappés par des torrens de fluide électrique , qui, trouvant entre leurs feuillets des corps isolés par les bitumes ou “sur des cristaux de quartz, tels que les sulfures de fer, de plomb., etc., éprouve des détonnations multipliées, et renouvelle l’inflammation de l’hydrogène et des autres gaz qui ne cessent de se dégager par la reaction réciproque des divers agens. Voilà bien, me dira-t-on, du feu et des flammes ; maïs où sontles matériaux des laves ? Je crois pouvoir les trouver dans les fluides mêmes qui forment l'incendie. SA Je cherche d’abord l’origine du soufre qui abonde si fort dans les laves, qu'il entretient leur déflagration pendant plusieurs inois ,-et même pendant des années entières. Si je dis que j’en- trevois le principe de ce soufre dans le fluide électrique lui- mème, celte proposition paroîtra d’abord au moins hasardée ; cependant l’on sait que la foudre laisse après elle une forte odeur de soufre, et que souvent même les effets qu’elle produit décè- lent la présence de ce combustible. Or, il n'y a aucun corps connu , à ce que je crois, qui donne l’edeur du soufre sans en contenir, quoiqne beaucoup en contiennent sans en répandre l’odeur. J'oserois donc supposer que le soufre n'est autre chose que le fluide électrique Ini-même devenu concret ; de même que le diamant n’est autre chose qu’une concrétion du gaz carbo- nique, comme l’ont prouvé les belles expériences de l’un des premiers chimistes de l’Europe. Je dirois encore que le phosphore, qui a tant de propriétés PPT D'HISTOIRE NATURELLE 251 commures avec le soufre ; n’en est qu'une modification . c’est le soufre combiné avec une autre substance, peut-être la lu- "4 mière. Les physiciens connoissent l’odeur de phosphore qu’exhale le fluide électrique ; et il y a un fait plus décisif encore, et qui me semble prouver d'une manière directe la présence du phos- phore dans ce fluide ; c’est l’inilammation du gaz hydrogène par la détonnation électrique. Ce phénomène a été jusqu'ici un de ceux dont la cause étoit le moins connue ; mais la présence du phosphore dans le fluide électrique en donneroit l'explication; car l'hydrogène deviendroit par le contact de ce fluide, gaz hydrogène phosphoré ; et l’on sait que ce-gaz a la propriété de détonner par JE seul contact de l’air, à cause de la puissante attraction du phosphore pour l'oxygène de l’atmosphère : attraction qui est prodisieusement augmentée par l’extrême division du phosphore. J’ajonterois que la formation journalière du soufre et du phos- phore, dans les êtres organisés et les minéraux, doït faire pen- ser qu’ils sont dus à la présence d’un fluide universellement répandu, et ce ne peut être, ce me semble , que le fluide élec- trique. En admettant donc la présence du phosphore dans ce fluide, je lui attribueroïs la propriété de fixer l’oxygène et quelques autres gaz sous forme solide. (Les plus savans chimistes nous ont appris que le phosphore est de tous les corps combustibles celui ‘qui absorbe l'oxygène le plus solide). Une observation très-cu- rieuse de M. Humboldt vient à l’appui de mon opinion : il a reconnu que les pluies électriques contiennent de la terre calcaire (Ann. de chim. 1om. 27, p. 143). Or, cette terre ne sauroit être, comme la pluie électrique elle-même, qu’une substance composée de tuutes pièces, par une opération chimique due à l'action de la foudre. La formation de cette terre, constatée par l'observation de M. Humboldt, expliqueroit la présence de la terre calcaire dans les laves, ainsi que la formation de ces masses de carbonate cal- caire , si fréquemment vomies par le Vésuve, et qui ont donné la torture à tous les observateurs. On peut les regarder comme le produit de la concrétion d’une portion d'oxygène et d’une portion d’azote, de Cet azote que le citsyen Fourzroy regarde, avec tant de sagacité, comine le principe des terres alkaïines. Il est bien remarquable que ces carbonates calcaires vésuviens con- tiennent tous les cristaux volcaniques ; et cette circonstance doit J372 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE faire penser qu'ils ont la même origine que les laves, et qu’on ne sauroïit les regarder comme des pierres d’ancienne foñnation. Tout concourt à confirmer l’opinion de Lavoisieret de M. Hum- boldt, qui soupçonnent que les terres sont des oxides dont la base est encore inconnue. Cette base pourroit être le phosphore etun principe métallique dont je parlerai ci-après. Les diver- ses combinaisons de l’oxygène et de ces deux substances, forme- roient les huit terres connues et celles qu'on pourra découvrir dans la suite. L’oxygène qui doit servir à former les éjections volcaniques, se trouve en quantité inépuisable, à portée des volcans sons- marins ; les détonnations du fluide électrique et l'inflammation du pétrole ne cessent de décomposer l’eau ; son hydrogène s’é- chappe, comme l’a observé le citoyen Dolomieu aux îles de Lipari, où la mer bouillonne de tous côtés, par l'effet de ce dégagement ; et l’oxygène est fixé sous cette forme terreuse qui faisoit autrefois donner le nom de chaux aux oxides métalliques. Lorsque par la retraite de la mer, la bouche des volcans s’est trouvée à découvert, le même phénomène a continué d’avoir lieu. J'ai dit ci-dessus, que les schistes forment dans la mer des montaenes comme. sur les continens ; c’est principalement vers la base de ces montagnes sous-marines , que s’introduit la plus grande quantité de sel marin; car suivant l’observation du citoyen Darcet, l’eau de la mer est beaucoup plus chargée de sel au fond qu’à la surface. C’est donc par les fissures qui se trou- vent vers la base de la montagne, que sont absorbés les alimens du volcan; et les gaz qui se forment vont s'échapper vers le sommet, toujours en suivant, Comme par une cheminée, les interstices des couches schisteuses qui sont inclinées comme les flancs de la montagne. Arrivés à ce sommet découvert, les gaz ne rencontrent plus l’oxygène de l’eau de la mer ; il ne leur reste que celui de l'air, elui des vapeurs aqueuses de l'atmosphère , et celui de l’acide muriatique oxygéné qui s'échappe avec eux. A l'instant de leur détonnation , ces différentes portions d'oxygène sont fixées ; mais les éjections solides qu’elles forment, sont peu de chose, quant à la masse, en comparaison de celles que fournissoient les volcans sous-marins ; car ce sont les éjections sous-marines qui ont formé, soit les grandes chaussées basaltiques dont l’im- imensité nous frappe d’admiration , Soit ces vastes couches de glaise grise: bleuâtre qui ont jusqu’à 20, 30,60 mètres d’épais- seur, sans mélange d'aucun corps étranger ; qui sont les mêmes , EURMID IH IN SMMOMER EENPALT UPRIE"L'DYE: 253 dans toutes les contrées de la terre, et qui ne sauroient avoir d’autre origine vraisemblable : elles sont dues sur-tout aux volcans vaseux dont je parlerai ci-après. Quant à la variété qu’on observe dans les paroxismes des volcans , elle est due aux circonstances locales ; les uns ont une sphère d’activité qui s'étend au loin , sans interruption; ceux- là éprouvent des paroxismes rares mais violens ; tels sont le Vé- suve et l'Etna; d’autres se trouvent circonscrits dans d’étroites limites, par des filons de quartz, qui souvent coupent les cou- ches schisteuses perpendiculairement à leur plan, et qui inter- rompent la propagation des fluides volcaniques : ceux là ont des paroxismes fréquens mais foibles; d’autres enfin semblent être tout-à-fait isolés ; et leurs paroxismes se succèdent sans inter- ruption , mais ils n’ont aucun effet désastreux ni mêmeeffrayant ; ce n’est qu’une grande ct belle expérience de physique. Tel est’ le volcan de Szromboli, l’un des plus curieux qui existent, et dont l’examen peut jeter le plus de jour sur Îles phénomènes volcaniques. 11 est dans une des îles Éoliennes au nord de la Sicile; et le citoyen Dolomieu en a donné la plus intéressante description. Ce volcan existoit déjà du temps de Pline ; ses éruptions se font, de temps immémorial, sans dis- continuer, de demi-quart-d’heure en demi-quart-d’heure, et il semble qu’à &haque instant la nature y démontre la concrétion des gaz en matière pierreuse, comme un chimiste la démontre: roit dans son laboratoire. « Le cratère enflammé, dit le citoyen Dolomieu, est dans la partie du nord-ouest de l’île, sur le flanc de la montagne; je Jui vis lancer pendant la nuit, par intervalles réglés de 7 ou 8 minutes, des pierres enflammées qui s’élevoient à plus de 109 pieds de hauteur, qui formoient des rayons un peu divergens, mais dont cependant la majeure quantité retomboit dans le cra- tère ; les autres rouloient jusqu'à la mer. Chaque explosion étoit accompagnée d’une bouffée de flammes rouges.... Les ierres lancées ont une couleur d’un rouge vif e£ sont étincel- antes ; elles font l'effet d’un feu d’artifice. J'observe en passant , que ces masses étincellantes et qui font l’effet d’un feu d'artifice , annoncent que leur base est com- bustible. Le jour suivant le citoyen Dolomieu étant monté sur la mon- tagne , il continue ainsi sa description. ; « Du sommet de la haute pointe on domine sur le cratère en- flaminé...; il est très-petit ; je ne lui crois pas 50 pas de dia- 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mètre; il a la forme d’un entonnoir zerminé en bas par une pointe. Pendant tout Île temps que je l'ai observé, les éruptions se succédoient avec la même régularité que pendant la nuit... Les pierres lancées par le volcan....formoient des rayons di- vergens; la majeure partie retomboit dans la coupe ; elles rou: loient jusqu'au fond du cratère, sembloient obstruer l'issue que s'étoient faite les vapeurs, à l'instant de l’explosion , et elles étoient rejetées de nouveau par l’éruption subséquente. Elles sont ainsi ballotées jusqu’à ce qu’elles soient brisées et réduites en cendres. Mars le volcan en fournit toujours de nouvelles : il est intarissable sur ce genre de production. L'approche de l’éruption n'est annoncée par aucun bruit ni murmure sourd , dans l’intérieur de la montagne, et l’on.est toujours surpris lors- qu'on voit les pierres s'élever en lair.... Il est des temps où les éruptions sont plus précipitées et plus violentes ; les pierres décrivent des rayons plus diversens ; elles sont jetées à une assez grande distance dans la mer. En général l’inflammation est plus cônsidérable et plus active l’Aiver que l'été ; plus à l’appro- che des zempétes et pendant leur duree, que dans les temps calmes. (Lipari, p. 113.)» L'auteur ajoute (p. 122) : « Le Stromboli est le seul volcan connu qui ait d'aussi fréquentes éruptions... La fermentation des autres augmente progressivement... ; ici l’érmption se fait sans pouvoir être prévue... Il semble que ce soit un air ou des vapeurs inflammables qui s'allument subitement, et qui font explosion en chassant /es pierres qui se trouvent sur leur issue.» Ces faits si bien décrits pronvent , ce me semble , 1°. que les feux du Strombholi sont entretenus par une cause toujours re- naissante : car il répugne à la raison de supposer que ces érup- tions si anciennes, si régulières, si continuelles , soient dues à des agens qui s'épuiseroient sans se renouveler. 2°. Que les masses pierreuses sont instantanément formées par le contact de l'air, à-peu-près comme le gaz fluorique-sili- ceux forme subitement du quartz par le contact de l’eau. Il se- roit en effet bien difficile de concevoir par quelle magie, de sept en sept minutes il se trouveroit toujours, à point nommé , la même quantité de matières pierreuses prêtes à être vomies ar cette bouche qui se referme aussitôt ; et il est encore remar- quable que cette émission de masses pierreuses ne change rien à la forwe régulière de cette bouche qui a la figure d’un ez- zonnoir terminé en bas par une pointe. 30, Que le foyer du volcan est à une très-petite profondeur , EU D’ HI SUNOIRE NATURELLE: 255 puisqu'il n'ya absolument ni commotions, ni bruit souterrains, et que d’ailleurs les pierres lancées décrivent des rayons très- divergens ; car on sait qu’une pièce d'artillerie écarte d’autant plus là mitraille, qu’elle est plus courte. ; 4°. Que le fluide électrique est un des principaux agens des volcans, puisque c'est dans les temps orageux, et pendant l'hiver que les proxismes volcaniques augmentent de fréquence et de force. J’ajouterai , relativement à la profondeur du foyer des volcans en général, et aux prétendus goutfres qu’on suppose exister sous leurs cratères, que tout cela paroît purement idéal. J'ai deja parlé des lacs qui sont dans les anciens cratères , et dont l’exis- tence détruit absolument l'idée de ces vastes cavernes creusées par l'imagination sous les montagnes volcaniques. Ces cavernes sont supposées avoir fourni et fournir encore la matière des laves avec la matière même qui compose leurs paroïs. Mais comment des parois fusibles ne se ramolissent-elles pas par l’action de ces feux éternels , dont on les dit chauffées ; et comment ne s’écrou- lent-elles jamais sur elles-mêmes, étant chargées sur-tout, du poids immense d’une montagne. Qu'on demande à un verrier ce qui arriveroit, s’il construisoit son four avec la matière même dont il fait des bouteilles : assurément il répondra que bientôt le four couleroit en verre de toutes parts ; que la voûte s’affaisse- roit, que tout se confondroit, et que la masse vitrifiée étouffe- roit complettement le fev. Il faut donc en revenir à cette idée simple, que les volcans ne sont, comme les fontaines , que des émanations de fluides sans cesse renouvelés. Leur bouche n’est autre chose que le sou- pirail, ou plutôt l’assemblage des soupiraux et des interstices des feuillets schisteux , par où s’échappent les différens gaz, dont une partie s’enflamme et se dissipe dans l'atmosphère, et l’autre se condense en coulées de laves, comme nous voyons les fontaines des Alpes former, pendant l'hiver , des coulées de lace. Ces deux faits me paroïissent avoir une très-grande awa- ne V Les interstices qui ont donné le passage aux différens gaz, peuvent bien se dilater à un certain point, par les explosions réitérées ; mais ils ne forment jamais que de légers vides, qui sont bientôt comblés par les matières mêmes des éjections, quand le volcan vient à s’éteindre; et alors les eanx de pluie et de neige en se rassemblant au fond du cratère, y forment un lac, à moins qu’il ne se trouve quelque crevasse dans cet amas de matières 256 JOURNAL: DE, PHYSIQUE, DE CHIMIE solidifiées , qui forme le cône dont le cratère occupe le sommet, Je sais que Buffon , qui admettoit l’existence des gouffres vol- caniques, a dit qu'il s’étoit formé des lacs à la suite de quelques tremblemens de terre; mais ces lacs n’ont absolument rien de commun avec les volcans. N'at-on pas vu des montagnes en- tières abîmées , et des lacs formés subitement dans les Alpes ? Saussure et d’autres observateurs en citent plusieurs exemples. N'a-t-on pas vu, dans ce siècle, se former subitement le lac de Tourde, au pied des Pyrénées : cependant ni les Pyrénées , ni les Alpes, ne présentent aucun indice de volcans. Je ferai voir ailleurs que les lacs en général, sont dus à l’af- faissement des couches pierreuses qui ont été excayées par des courans d’eau souterrains. Quand une fois le vide existe, un tremblement de terre peu déterininer un affaissement qui auroit eu lieu de lui-même un peu plus tard. : Je sais qu’on a beaucoup parlé de villes englouties ; et il n’est que trop certain que Lisbonne , Messine, Lima, et beaucoup d’autres cités, ont été renversées, détruites par des secousses de tremblemens de terre; mais elles ont été si peu englouties dans des, gouffres, qu’on les a reconstruites sur le même sol. Herculanum et Pompeïa sont devenues souterraines ; mais ce n’est pas parce que leur sol a été abimé ; c’est au contraire parce qu'un rouveau sol est venu couvrir l’ancien , comme cela arrive toujours dans les contrées volcanisées. Je sais, et j'ai éprouvé moi-même, que dans quelques en- droits le terrain résonne sous les pieds, dans le voismage des volcans ; mais c’est toujours quand on marche sur leurs éjec- tions , où mille causes ont pu produire des cavités accidentelles ; mais on n’obserye jamais ce retentissement quand on est sur l’an- tique sol. Ê Eloignons donc absolument toute idée de gouffres et d’abîmes creusés sous les volcans; ils ne sont que le fruit d’une imagina- tion effrayée et de notre amour pour le merveilleux. Le volcan de Szromboli offre encore nn phénomène aussi cu- rieux qu'instructif , et qui est dù, comme les autres , à une opération chimique : c’est une fontaine qui sort du milieu des cendres et des scories ; écoutons le citoyen Dolomieu. « Je des- cendis la montagne, dit-il, en courant sur les cendres mouvantes dont elle est couverte... Je côtoyai une déchirure considérable., et je vis... que l’intérieur de la montagne est formé presqu’en- tièrement de cendres et de scories,... Je rencontrai à moitié bauteur, une source d’eau froide, douce, légère, et très-bonne à boire... ET: D? HAS TIOIT)R EX N'A TIUIR.E E L E. 257 boire... Cette petite fontaine, dans celieu très-élevé, an milieu des cendres volcaniques , est très - remarquable : elle ne peut avoir son réservoir que dans une pointe de montagne isolée , toute de sable et de pierres poreuses , matières qui ne peuvent point retenir l’eau, puisqu'elles sont perméables à la fumée ; d'ailleurs, comment se peut-il que la Dur intérieure et l’ar- deur d’un soleil brûlant, ne dissipent pas toute l'humidité et toute l’eau dont peut s'être abreuvé, pendant l'hiver ce sommet de montagne (Lipari, p. 120).» Il est aisé de voir, d’après les découvertes de la nouvelle chi- mie, que cette source, dont l’origine étoit introuvable dans l'ancien état de la science, est due à une formation d’eau chi- mique et subite. Les deux gaz hydrogène et oxygène s’échappent avec les autres gaz, de l’intérieur du volcan : une portion de ces deux gaz se rencontre, détonne , et forme l’eau de la source. L'autre portion va sortir séparément par la bouche du volcan ; l'hydrogène s'échappe sous la forme d’une flamme rouge, et l'oxygène est fixé sous forme solide, comme je l'ai dit ci-dessus. Il reste maintenant une grande difficulté à résoudre; c’est la présence du fer si abondamment contenu dans les laves. = Pour expliquer sa formation, j'ai recours à une hypothèse qui est fondée sur une puissante analogie, et qui d’ailleurs ren- droit raison de plusieurs phénomènes qu’on n’a pas encore ex- pliqués. Nousavons vu, d’après la belle théorie du citoyen Laplace , que la terre à été formée par un fluide émané du soleil ; et cette théorie est aussi conforme aux faits géologiques, qu'aux lois de l’astronomie. L'étude que j'ai faite de la structure du globe ter- restre m'a appris que depuis le sommet des montagnes, jusque dans les profondeurs des mines, toutes les matières qui com- posent l'écorce de la terre, ont dù être dans un état de dissolu- tion parfaite , et qu’elles se sont consolidées graduellement et par couches. Aussi cette grande conception du citoyen Laplace me paroit-elle bien moins une hypothèse que l’histoire même de la formation de notre globe. Or ce fluide qui, par sa concrétion, a formé le globe ter- -.réstre, étoit certainement un fzide métallifère : cela paroît prouvé, non-seulement par le fer qui est si abondamment ré- pandu sur la surface de la terre, maïs encore par les obser- vations et les expériences de Maskeline et de Cavendish, qui nous apprennent que la pesanteur spécifique du globe terrestre est double de la pesanteur spécifique dy cristal de roche. II Tome VII. GERMINAL an 8. Kk 258 JOURNAL DE! PHYSIQUE, DE CHIMIE est donc au. moins vraisemblable que Le noyau de la terre est en grande partie métallique, et sur-tout ferrugineux, comme l’annoncent les phénomènes généraux du magnétisme. Mais, s’il émana jadis du soleil un fluide métallifère aussi abondant , il doit exister encore quelque légère émanation sem- blable ; car la nature modifie bien ses opérations, mais je doute qu’elle les interrompe jamais complettement. Je dirois donc que ce fluide, ce principe: métallique , est absorbé, comme les autres fluides , par les couches schisteuses ; qu'il y forme le fer dont elles sont toujours remplies ;* qu’il forme également le fer des laves; et enfin qu’il concourt avec le phosphore à fixer l’oxigène sous cette forme terreuse que lui donnent toujours les substances métalliques. L'existence d’un pareil fluide:n’est nullement chimérique : elle est même prouvée d’une manière directe par une expérience de M. Humboldt, qui a recueilli dans les mines des gaz.qui: contenoïient du fer en dissolution. J'ai aussi fréquenté les mines, et j'y ai vu que tout est pé- nétré d’un fluide extrêmement fugace , qui a un coup-d'œil gras, une odeur assez pénétrante, et qui rend friables les pierres les plus dures, quelques instans encore après qu'on les a tirées de leur gîte; j'en ai fait l'épreuve , même sur des gemmes, et j'ai brisé avec facilité des.topases et des prismes d’aigues-marines d’un à deux pouces de diamètre,que je conserve encore dans ma collection. Quelques mineurs ont appellé ce fluide spiritus metallorum : des hommes qui passent leur vie à suivre, à flairer les traces de la nature, peuvent quelquefois la prendre sur le fait. 4 Je me demande maïntenant , si ce fluide émané du soleil avec la lumière ne pourroit pas se décamposer comme elle : l’ensemble de sa substance formeroït la matière ferrugineuse , comme l’ensemble des rayons lumineux forme la lumière in- colore ; les autres métaux seroient le produit de sa décompo- Sition. Mais quel est le prisme qui décompose ce fluide ? c’est , jus- qu'à présent , le secret de la nature. Peut-être le calorique et la lumière sont-ils ses agens principaux, car c’est entre les tropiques qu’on trouve la plus grande variété de substances métalliques , et la moindre quantité de fer. Au contraire, plus on s'éloigne de l'équateur, et plus le fer devient abondant, à mesure qüe les métaux précienx deviennent plus rares. La présence de ce gaz métallifère pourroit expliquer la colo- ci De : DT DATISTOTRE NATUREL LE: 259 ration des corps organisés : phénomène , dont la cause ést si “peu connue. “Elle expliqueroit la formation des filons métalliques , par l’at- . traction que les $chistes argileux exerceroient sur ce fluide , qui ‘seroit ensuite réuni en masse, et modifié dans leur sein par le jeu dés attractions particulières. On sait que ces schistes sont le gîte ordinaire des filons métalliques ; et l’un de nos plus habiles chimistes a observé que l'affinité de l'argile pour les métaux est si grande , qu'il est infiniment rare d’en trouver qui en soit exempte. L'existence d’un gaz métallique.dans l'atmosphère ne pa- -roïssoit point impossible à Lavoisier , ainsi quil le dit formel- lement dans ses Élémens de chimie (t. 1, p. 255.) à l’occasion de l'acide marin , où de célèbres chimistes ont soupçonné un principe métallique ; et je ferai ici un rapprochement de fajts ‘qui semblent prouver en même temps, et la présence univer- selle d'un fluide métallifère , ét son influence sur la formation de l’acide muriatique. à À J'ai dit que l'eau de la mer devenoit d'autant plus salée , qu’on approchoït davantage de l’équateur (1). Voici, d’après Inghen-Housz , la progression de la salure des eaux de l’océan : les mers du nord contiennent + de lear poids de sel marin ; la mer d'Allemagne + ; la mer d’Espagne + ; et l’océan des tropiques depuis — jusqu’à ? (exp. sur les végét. p: 284.) Or j'observe en même temps, que c’est précisément dansun sens inverse que se fait l'augmentation des métaux. Entre les tropiques , les substances métalliques sont variées, et il yena (1) C’est un fait que vient encore de reconnoître M. Humboldt, dans sa tra- versée à CumäAna.; et son Observation présente même une circonstance remarqua- ble; c’est qu'il a trouvé une brusque diminution dans la salure de lPocéan à la hauteur de ‘18° de latitude boréale, précisément à l'instant où son vaisseau pas- soit. dans: le voisinage des îles du Cap Verd , qui sont remplies de volcans. Dés quil a dépassé ce point, la salure de lPocéan à continué d’acquérir une augmen- tation progressive. Je crois pouvoir attribuer cette anomalie au voisinage des volcans ‘qui ab orboïént une grande partie du sel marin. Je dirai la même chose à l’occasion de l’eau de la mer analysée par Bergman: elle avoit été prise aux Canaries à 500 pieds de profondeur , et il a trouvé qu’elle ne Cont-noit que + de son poids de muriate de soude. Cela ne me paroït point étonnant; cette eau baignoit le pied du pic de Ténérifle, l’un des plus puissans volcans de la terre. + Kk 2 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de précieuses ; mais en total, leur masse est peu considérable ; et, dans le langage de la nature , pour qui l'or et le fer sont égaux, on peut dire que la zone torride est aussi pauyre-én métaux , que les régions polaires sont pauvres én sel marin ; inais, à mesure qu’on s'éloigne de l'équateur, les matières mé- talliques augmentent en masse : tout comme en s’éloignant des poles , le sel marin augmente en abondance. I! sembleroit donc que, conformément au soupçon de quelques chimistes, le priricipe métallisant entre dans la composition de l’acide muriatique. Près de l’équateur , ce principe concourt à former beaucoup de sel marin, et une petite masse de métaux. Vers le nord au contraire , il formeroit peu de sel dans la mer, inais il satureroit de fer , des chaînes entières de montagnes. La grande affinité de l’oxisène pour le radical de l'acide marim semble confirmer $a nature métallique ; et les expériences de Proust qui trouve toujours un gaz mercuriel dans le muriate de soude, sont une preuve de plus. Ces faits annoncent que la nature a pris les moyens les plus efficaces. pour fixer l’oxigène à la bouche des volcans, sous la forme terreuse que lui donnent toujours les substances mé- talliques. Il me réste à parler de cette singulière espèce de volcans appellés volcans vaseux ou volcans d'air et de boue. Leurs phénomènes ont les mêmes causes que ceux des volcans igni- yomes; mais elles y sont moins développées ; ce ne sont en quelque sorte, que des embrions de volcans. Ils n’en sont que plus instructifs pour Fobservateur ; car , ainsi que les ébauches d’un artiste nous font connoître quel est son génie, de même les ébauches de la nature peuvent, par fois, nous apprendre quelle est sa marche. Ces phénomènes sont assez fréquens : Spallanzani a décrit ceux de Modène connus sous le nom de Sa/ses : Pallas a observé ceux de Crimée, et le C. Dolomieu ceux de Macaluba, près d’Agri- gente en Sicile. Voici ce qu’en dit cet excellent observateur : « Le sol de tout le pays est calcaire ; il est recouvert de montagnes d’une argile grise et ductile qui contient assez sou- vent un noyau gypseux. Le hasard a placé au milieu de celle de Macaluba une source d’eau salée; elles sont en très-grand nombre dans un pays où les mines de sel gemme sont très- communes. ( Nota. Sans la présence de tout ce sel marin, le phénomène que va décrire le C. Dolomieu n'existeroit pas.) Cette montaone à basg circulaire peut avoir 150 pieds d’élévation.. - EXT D’ HAS T'OLRE: N'ATU RE LL'E, 261 Elle est terminée par une plaine un peu convexe, qui a un demi-mille de contour... On y voit un grand nombre de cônes tronquss : ils portent à leur sommet de petits cratères en forme d’entonnoirs...Le sol sur lequel ils reposent est une argile grise desséchée... quirecouyre un vaste et immense goufire de boue...Il s'élève à chaque instant, du fond de l’entonnoir , une argile grise délayée , à surface convexe... .Cette bulle ,en crevant avec bruit, rejette hors du cratère l’argile qui coule, à la ma- nière des laves , sur les flancs du monticule ; l’intermittence est de 2 ou 3 minutes. « Je trouvai, ajoutele citoyen Dolomieu, sur la surface de quelques-unes de ces cavités, une pellicule d’Auile bitumineuse, d'une odeur assez forte, que l’on confond souvent avec celle du soufre... Cette montagne a ses momens de grande fermen- tation , où elle présente des phénomènes... qui ressemblent à ceux qui annoncent les éruptions dans les volcans erdinaires : on éprouve, à une distance de deux ou trois milles, des secousses de tremblemens de terre, souvent très-violens... Il y a des éruptions... qui élèvent perpendiculairement , quelquefois à plus de 200 pieds une gerbe... d'argile détrempée... Ces explosions se répètent trois ou quatre fois dans les vingt-quatre heures... ; elles sont accompagnées d’une odeur fétide de foie de soufre... , et quelquefois , dit-on, de fumée... ; « Mais, ajoute le citoyen Dolomieu , je reconnus que le feu... ne produisoit aucun des phénomènes de cette montagne; et que si, dans quelques éruptions, il y a eu fumée et chaleur, ces cir- constances ne sont qu’accessoires... Dans les environs...il y a plusieurs monticules où l’on voit les mêmes effets, mais en pe- tit... ; on les nomme Wacalubertes ( Lipari, p. 153 à 168 ).» D’après ces observations du citoyen Dolomieu, on voit qu’il y a là une grande abondance de sel marin ; qu'il y a du pétrole, du gaz hydrogène sulfuré, et beaucoup de matières terreuses yomies. Mais ces matières sont en quelque sorte indigestes ; il leur manque en grande partie, l’agent le plus actif des volcans, le fluide électrique, dont les couches calcaires sont de mauvais conducteurs. | Les phénomènes des volcans vaseux de la Crimée et des Sa/ses de Modène, sont, de tout point semblables à ceux de #acaluba. Mais ce qu’il estimportant sur-tout de remarquer, c’est que les circonstances locales y sont exactement les mêmes : par-tout le sol est calcaire; par-tout le sel marin très-abondant; par tout il y a du pétrole et de l’hydrogène sulfuré; par tout enfin, la 262 TOURNAL DE PHYSIQUE, DECHIMIE terre vomie est une argile grise-bleuâtre, où Spallanzani a trouvé les mêmes élémens que Bergman a trouvés dans le basalte : beau- coup de silice ; de l’alumine, de la chaux, de l’oxide de fer, etun peu de magnésie : et l’on sent aisément que l'identité de composition de ces deux substances, n’est pas! un effet du hasard. Les volcans vaseux de Aacaluba sont fort anciens : Strabon et Solin en parlent , mais le passage de Solin m'a singulièrement ‘froppé. « La campagne d’Agrigente, dit-il, vomit des torrens de limon ; et, tout ainsi que les eaux des fontaines ne cessent d’alimenter les ruisseaux, de même ici un sol inépuisable tire éternellement de son sein une matière terreuse qui ne tarit ja- Inais. » Ager agrigentinus eructat. limosas scaturigines; el, ut venae fontium sufficiunt rivis suxbministrandis , ita, in häc Sicilia parte, solo' nunquam deficiente , aeternë rejectione , terram _ Lérra CVOrntÉ, , … Solin à qui cette comparaison étoit inspirée par la force de l'évidence, étoit loin d’en sentir l’admirable justesse. Il ne pou- voit pas se douter que ces éjections terreuses fussent formées de toutes pièces , par une opération chimique parfaitement sem- blable à celle qui produit cette portion de l’eau des ruisseaux qui est fournie par les pluies électriques ; car cette eau a été subitement formée arhydioResiE et d'oxygène; mais ici, au lieu d'hydrogène il s’est présenté à l'oxygène une autre base, (telle que le principe métallique qui paroît contenu dans l'acide ma- rin ), et au lieu de former de l’eau, l'oxygène à formé une subs- tance terreuse, Les montagnes d’arpile qui couvrent tout le pays, suivant : l'observation du citoyen Dolomieu , sont évidemment le produit de ces éternelles éjéctions dont parle Solin ; et je demande d’où Von voudroit que fussent yenus les matériaux de ces montagnes, si l'on rejette l’origine que je leur attribue. La terre qui a été observée par M. Humboldt, dané l’eau des pluies électriques , et quiest, ainsi que cette eau même , un pro= duit chimique , donne lieu d'espérer que la chimie etla physique - parviendront à faire de la terre, de toutes pièces, comme elles sont parvenues à composer de l’eau. L'un sera aussi merveilleux que l’autre, mais assurément né le sera pas davantage. | Quand on compare ces volcans, habituellement vaseux, à ces éruptions boueuses qui ont lieu quelquefois dans les volcans ordinaires, comme on le voit au Vésuve, et comme on vient . . TA D’ HiTISlTIONL RE EN EN ATIU R\E. LL E: 263 de le voir au Pérou, d’après le rapport de Cavanilles, on re- connoît que c’est un même effet dû aux mêmes causes; dans l’un et l’autre cas le fluide électrique s'est trouvé en proportion trop foible avec les autres gaz, pour tout enflammer, et pour donner aux éjeciions une consistance plus solide. Le contraire arrive dans les îles de la zone torride ; tous leurs volcans rejettent des matières vitrifiées , et notamment une im- mense quantité de pierres ponces qui couvrent quelquefois l'océan dans un espace de plusieurs centaines de lieues : phénomène qui est dù à l'abondance du fluide électrique qui leur est conti- nuellement fourni par les trombes si fréquentes dans ces para- ges. J’observe en même temps que ces éjections ne contiennent presqée point de fer, par une suite de la cause générale qui fait disparoître ce métal dans le voisinage de l’équateur. C’est aux éruptions vaseuses des volcans sous-marins , que me paroît due la formation des chaussées basaltiques , et de ces énor- mes couches de glaise grise-bleuâtre , où la silice, quoique do- minante, est si intimement combinée , qu’elle n’ôte rien à leur ductilité. Les basaltes contiennent les mêmes élémens que ces glaises ; ils sont comme elles sans mélange de corps étrangers ; leur pâte n’a point les souflures des laves ; il me semble donc qu’on peut les regarder comme un produit de la voie humide, et qu’il n’y a d'autre différence entre les chaussées basaltiques et les grandes couches de glaises, sinon que les unes saturées d'acide carbonique, ont éprouvé une cristallisation plus ou moins confuse qui leur a donné de la solidité; (car comme lobserve un célèbre chimiste , il y a toujours cristallisation quand un corps passe de l’état fluide à l’état concret.) D’autres éjections privées de ce gaz carbonique, sont demeurées dans leur état de molesse, ‘et forment les couches de glaise. L'identité de ces deux substan- : ces est prouvée par la décomposition des basaltes qui se conver- ‘tissent en argile par la seule désunion de léurs parties. Ce fait a été remarqué par tous les observateurs ; et le citoyen Faujas a si bien reconnu l’identité des argiles et des éjections volcani- ques, qu’il dit formellement : « Je suis convaincu que bien des matières’ qu'on à prises pour des argiles naturelles..., ne sont que de véritables productions volcaniques , altérées ou’décom- posées ( V’ivarais, p. 192). » Cela est parfaitement exact, sur-tout à l'égard des petites couches d’argile plus ou moins mêlées de matières étrangères; mais les grandes couches dont l'épaisseur est énorme et l'homo- généité parfaite , il me semble qu’elles ont dû être immédiate- md 264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ment voinies teiles qu’elles sont : si elles étoient le produit d'une décomposition lente et graduée, il seroit bien extraordinaire qu'on n’y trouvât pas un seul grain de sable étranger. Après avoir parlé des volcans vaseux, je dois faire mention d’un autre phénomène curieux , décrit par le citoyen Lalande, dans son Voyage d’Lialie (tom. 2, in-8°. p. 136). Ce phénomène est d'autant pius intéressant, qu’il fait en quelque sorte, la contre-partie des vo/cans vaseux. Ce sont les feux de Petra Mala, dans lAppennin. « Le plus beau spectacle, dit le citoyen Lalande , que la phy- sique offre dans ces montagnes, est le feu de Péerra Mala... Le terrein d’où cette flamme s’exhale, a 10 ou 12 pieds en tout sens ; 1] est sur le penchant d’une montagne à mi-côte..."Cette flamme est bleue en certains endroits, rouge dans d’autres... L'odeur de cette flamme sembloit tenir un peu du soutre , ou plutôt de l'huile de pétrole... Madame Laura Bassi me disoit qu'elle y trouvoit une odeur approchant de celle qu’on apper- çoit dans les expériences d'électricité. 1l est vrai, ajoute le cit. Lalande, que quand le temps est disposé au tonnerre, la flamme de Pietra Mala redouble de vivacité, ce qui sembleroit indi- quer quelque rapport avec le feu électriqne. » Nous voilà ‘donc assurés, d’après cette observation précise du citoyen Lalande, que c’est sur-tout au fluide électrique qu’est dû le phénomène de Pietra Mala. Il est vrai que Spallanzani y a trouvél’odeur du gaz hydrogène ; Ferber , l’odeur du pétrole, et Dietrich , l’odeur de l’acide muriatique ; mais tous ces obser- vateurs ont également raison , car ces divers fluides concourent ions en effet, à la formation de ces feux, et ils peuvent y do- ‘ miner alternativement. Néanmoins le fluide électrique est l’agent principal : l'observation faite par le citoyen Lalande, que ces feux augmentent dans les temps orageux, ne laisse aucun doute à cet égard ; et comme alors il y a des averses, la décomposi- tion de l’eau est plus considérable, en même temps que le fluide électrique est plus abondant ; et ces deux circonstances concou- rent à l’augmentation des feux. - L’acide muriatique se trouve bien certainement à Pietra Mala, car Dietrich , dans ses notes sur Ferber, dit qu'il en a retiré par la distillation de la terre argileuse sur laquelle paroïssent les flammes ; mais il n’y est qu’en petite quantité , et il paroît qu'il lui faut, comme à l'acide nitrique , une terre alkaline pour excipient. A Macaluba , au contraire, ainsi qu'aux Sa/ses de Modène 1 et de J BMD? HIS EMONIRTENN A TU R1F L'ÆNE: 265 et de Crimée, où le sol est tout calcaire, les sels muriatiques sont très-abondans; tandis que le fluide électrique, peu attiré var des couches calcaires dépourvues de métaux, n’y joue qu’un Hible rôle. Voila pourquoi Pietra Mala , pauvre en oxigène, mais abondant en fluide électrique, n’a que des feux êt point d'éjections terreuses ; et que les Sa/ses, riches en oxygène, mais pauvres 2n fluide électrique, n’ont que des éjectioné terreuses et presque point de feux. On pourroit dire que Pietra Mala a l'ame d'un volcan, et que Macaluba et les Salses n’en ont que le corps : leur réunion formeroit un volcan ordinaire. Si, par malheur, quelqu'événement venoit à fracturer les couches calcaires de Macaluba, et à donner ainsi au fluide électrique un accès immédiat aux schistes ferrugineux qui leur servent de base , il me paroît probable qu'il s’y établiroit un vol- can ignivome, Par une raison contraire, l’on parviendroit peut-être à faire cesser, ou du moins à diminuer considérablement les funestes effets des volcans, si l’on pouvoit en écarter le fluide électrique, par de puissans conducteurs prolongés à de grandes distances ; ou bien interdire , par des jetées de Pouzzolane, l'infiltration de l’eau de la mer dans les couches schisteuses qui sont à leur base ; ce qui ne seroit peut-être pas impossible , sur-tout quand la place où se fait cette infiltration est indiquée d’une manière précise , comme elle l’est au pied du Vésuve , par le pétrole qui s'élève du fond de la mer, près du fort de Pietra-Bianca (1). J’obseryerai en passant , que c’est ce pétrole, sans cesse formé (1) Breislak, qui est d’ailleurs un très-habile observateur, suppose que ce Pétrole vient d’un immense réservoir de bitume placé sous le Vésuve, et qui fournit l'aliment à ses feux; mais des entrepreneurs qui feroient des fouilles pour extraire ce-bitume , à coup sûr ne séroient pas plus heureux que ceux qui, au commencement de ce siècle, firent des travaux immenses pour trouver les bancs de sel gemme qui, suivant eux, devoit alimenter les sources salées de Bex en Suisse. Tous leurs travaux n’aboutirent qu’à trouver un rocher de gypse. En lisant Vhistoire de ces travaux, 1l me sembloit voir ceux d’un homme qui cherch=- roit un magasin de goudron sous une forêt de pins , ou une source de limonade au pied d’un citronier. Dans tous ces cas, on devroit se rappeler l’allégorie de la poule aux œufs d’or : c’est par l’effet d’une circulation continuelle de divers fluides, et par le jeu des attractions électives que se forment journellément, dans le sein de da terre, les substances qui en sortent et celles qui y demeurent ensevelies. Tome VII. GERMINAL an 8. L 1 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE à la base sous-marine des volcans, qui donne l’amertume aux eaux de la mer. Le pétrole que fournissent les volcans éteints , est V’eftet continué des mêmes causes qui produisent celui des volcans brülans. . Je ne m’etendrai pas sur les tremblemens de terre; il me sem- ble facile de concevoir que les fluides aëriformes dont j'ai parlé et qui remplissent les interstices des feuillets schisteux qui s’é- tendent, quelquefois sans interruption , à des distances consi- dérables , venant à s’enflammer, par les détonnations electriqnes quise communiquent de proche en proche, avec la rapidité de l'éclair, doivent donner à ces couches pierreuses des commotions présque simultanées dans des lieux même fort éloignés. ESS ra A A Su Tous les volcans en activité , sans exception, sont baïgnés par la mer,. et nese trouvent que: dans les parages où le sel marin est le plus abondant. Les volcans de la méditerranée absorbent celui que les eaux de l’océan y apportent sans cesse, par le détroit de Gibraltar. Les couches schisteuses primitives sont le laboratoire où se préparent les matériaux volcaniques , par une circulation con- ünuelle de divers fluides; mais ces couches elles-mèines ne four- nissent rien de leur propre substance: ! La sphère d’activité sn volcans peut s'étendre au loin dans ces couches; mais ils n’ont d’autre foyer que les soupiraux par où s’échappent les gaz, dont une partie se dissipe dans l'atinos- phère , et l’autre devient concrète par la fixation de l’oxigène. La concrétion de ces fluides est analogue à la concrétion des matières primitives du globe, suivant la théorie du citoyen La- place, et les attractions électives y déterminent de même la formation des cristaux pierreux. Les paroxiswes volcaniques sont proportionnés pour là force et la durée, à l'étendue des couches schisteuses où se sont accu- mulés les fluides volcaniques. Ces fluides sont, 10, L’acide muriatique qui enlève l’oxygène aux oxides métal- liques des schistes , et devient acide muriatique oxygéné. 20, L’orygène de l'atmosphère qui remplace continuellement dans les métaux celui qui leur.est enlevé par l'acide muriatique. 40, Le gaz carbonique que Veau absorbe de l’atmosphère , et transmet aux schistes ; qui abondent toujours en charbon. ENT 11D° HUMS2MO 'TIRCE NA TUUR ET LE, : 257 4°. L’Aydropène provenant de la décomposition de l’eau : une partie de cet hydrogène est enflammée par les détonnations élec- triques ; l’autre, jointe à l’acide carbonique , forme de l'huile qui devient pétrole par sa combinaison avec l’acide sulfarique; c’est ce pétrole qui donne l'amertun:e aux eaux de la mer. 50. Le fluide électrique qui est attiré de l’atmosphère et sur- tout des trombes, par les métaux contenus dans les schistes. Le soufre paroît être la portion la plus homogène de ce fluide, de- venue concrète. Le phosphore en est une modification, et il concourt à fixer l'oxygène. Le soufre formé dans les schistes par le fluide électrique, s’y combine avec l’oxigène , et forine l’acide sulfurique qui décompose le sel marin. 60. Le fluide métallifère : \ forme le fer dans les laves ; il est le générateur des filons métalliques, et le principe colorant des corps organisés. L’ensemble de sasubstance donne le fer; sa décomposition produit les autres métaux. Il est un des principes de l’acide marin, éomme l'ont soupçonné de célèbres chimistes; et il concourt avec le phospore à fixer l'oxygène sous la forme terreuse. 7°. Enfin , le gaz azote : c’est à ce gaz que paroît due la for- mation des masses de carbonate calcaire vomies par le Vésuve, et de la terre calcaire contenue dans les laves. Je finis en observant que dans une théorie un peu compliquée, uand tous les faits viennent se rattacher d'eux-mêmes au fil principal, illéemble que ce soit le fil même de la nature : puis- sent les géologues-chimistes avoir cette opinion de l’ébauche de théorie que je leur présente. TES) 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LE En T TRGE 5 BERTRAND , 1NSPECTEUR-GÉNÉRAL DES PONTS ET CIAUSSÉES , A DUHAMEL riLzs, INGÉNIEUR DES MINES, Sur la litho-minéralogie des pays granitiques. Le grand et beau tableau litho-minéralogique du département de Ja Manche, que vous avez publié dans le n°. 52 du Journal des Mines, ne se borne pas aux descriptions locales ; vous y présentez aussi plusieurs idées tendantes à établir quelque système géologique , sans lequel vous sentiez très bien que des meilleures observations graphiques resteroient sans intérêt pour nombre de lecteurs, du moins, sans utilité pour les progrès d’une science à laquelle vous vous livrez avec autant de zèle que de lumières. Permettez-moi quelques réflexions à ce sujet, et jetons en- semble un nouveau coup-d’œil sur les points capitaux qui met- tent tant de différence ou d’oppesition entre vos vues théoriques et celles que j'ai aussi publiées, sous le titre de Nouveaux prin- cipes de géologie. J'espère que dans ma manière de voir les inèmes objets naturels, d’abord séparément, puis tous ensem- ble , et dans toutes les relations de substance et de localité qu’ils peuvent avoir, non-seulement ici et dans les environs , mais en- core sur tout le continent; j'espère, dis-je, que vous y apper- cevrez le moyen de concilier les idées qui semblent contradic- toires , si non, la nécessité d’abandonner celles qui s’y refuseront, fassent elles les plus accréditées. Des granits et des pierres plus ou moins granitiques, des schistes et des grès plus ou moins quartzeux, micacés, magné- siens, bitumineux, etc., substances qui dans d’autres pays ne se trouvent guère que localement ou partiellement, sont dans celui-ci les seules qui, avec quelques marbres, semblent faire la constitution générale de tout le sol visible. Mais vous y ob- servez (les variétés si nombreuses, des différences si frappantes, ne fo arng .s (be EPTT D? {HUE SUTIOUTIR E MN: AUDIU RE L'ILE 259 que vous hésitez à les toutes classer , nommer ou définir; et que vous laissez même à décider si telle et telle pierres sont un gra- nit ou un grès, un schiste ou un trapp, un gneis, une Cor- néenne , etc. Cela seul montre assez combien sont fautives, abu- sives ou indifférentes les dénominations et définitions qu’on a cru être originellement, ou essentiellement distinctives de chacune de ces espèces ; puisqu'elles sont toutes accidentelles , puisque aucune ne se ressemble à elle-même, et qu'il faudroit encore augmenter la confusion par une phrase particulière pour chaque individu. Quant à moi, en ayouant aussi que je ne puisconcevoir lanature ou la constitution actuelle de toutes ces pierres, je n’en crois pas moins avoir découvert leur origine, et même l’avoir démon- trée (1), 1°. dans le boulyersement et le délitement de grandes et antiques masses calcaires, déja chargées d’une prodigieuse po- rc marine et terrestre ; 2°. dans l’embrâsement et dans ’incinération de ce calcaire primitif, qui devoit être presqu’aussi combustible que ces peuplades , puisqu'il fut nécessairement la imatrice unique et spontanée des premières races, par consé- quent, organique et vivante elle-même ; 3°. dans les divers sels vitreux , liquides et fluides, qui sont sortis du brâsier , sur tout de la cemdre, et qui, comme elle-même, différoient tous entre eux , tant par les différens degrés d’ustion , que par les différen- tes etinnombrables espèces ou natures de combustibles, animaux, végétaux et minéraux. 6 Si vous voulez admettre, pour un moment, les deux premiè- res hypothèses, dont la troisième est une conséquence naturelle, je ne doute pas que vous ne les trouviez bientôt confirmées par leur application aux différentes parties de votre tableau. J'espère que vous y reconnoîtrez par-tout ces diverses espèces de cendres et de sels qui se sont combinés, neutralisés et pétrifiés pour for- mer, 10. le vrai granit, s'ils sont restés fixés, aglutinés à la mème place, et dans le monceau immobile de cendre ; 20. les granits faux ou feuilletés , s’ils ont été déversés, éboulés ou désu- nis avant leur entière pétrification ; 3°. les trapps, les gneis , les cornéennes, etc. , si dans ces déplacemens ils ont reçu quelques mélanges étrangers , fluides ou terreux ; 4°. tous les schistes plus ou moins quartzeux et micacés, si les flux lixiviels de la cendre, (2) Voir le Journal de Physique , {kermidor an 7, p. 120—134. ’ [ 270 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE surabondans et extravasés, ont coulé plus bâs ou plus au loin, sur des masses encore calcaires, mais boulversées , par consé- quent entr'ouvertes et déja feuilletées ou schistenses, jusqu’au fond desquelles ils se sont précipités et infiltrés, tant entre les couches et les feuilles les plus poriméables , que dans de larges interstices qu'ils ont convertis en veines, filons où rognons d'un sel qui, le plus souvent , est le quartz tout pur ; 5°: enfin, cette multitude de pierres, schisteuses ou autres, qu’ils ont rendues seulement alumineuses, magnésiennes ou argileuses, parce qu'ils y sont entrés en moindre quantité, plus délayés et confondus avec toutes les autres alluvions calcaires et plus ou moins torré- fées, Maïs, comme je l'ai déja dit, rien n’est plus mystérieux que le travail ultérieur de la chiinie naturelle, sur ces nouveaux ingrédiens et mélanges , pour en faire tous les composés ou amalsames dont nous venons de parler. Quant aux poudingues et aûx grès quartzeux qui recouvrent presque tout le reste du pays, on ne peut douter qu'ils n'aient eu la même origine , qu’ils ne soient les mêmes matières ou élé- mens granitiques ou vitreux, mais dispersés et pêle-mêle ; soît parce que la pétrification des granits, gneis, etc. , étoit restée nulle ou imparfaite , soit parce qu’elle fut brisée et pulvérisée par les flots qui stratifièrent tous ces débris, soit.en galet, soit en sables qui se sont pétrifiés de nouveau. Enfin, cesont, en plus grande partie, ces pierres que j'ai appelées wo/aces , les- quelles ne se trouvent jamais que dans un pays gramitique, et dort le principal element est la cendre qui, avec ou sans quartz, a pu recevoir une pétrification aussi forte que celle du vrai grès à paver, quoiqu'elle ne soit ordinairement qu’une pierre de taille, quelquefois même très-tendre, mais toujours très-réfrac- taire , comme vous le remarquez bien, et'comme doit être la cendre plus que toute autre terre ; j'oserois même dire, exclu- sivement, tant par elle-même, que par ses émanations. Tout cela nous conduit à une remarque très-importante en elle-même, et en ce qu’elle devient la démonstration de mes hypothèses : c’est que le calcaire vierge, cette terre qu'on peut appeler, selon moi, la terre universelle, ne se retrouve plus dans ce pays-ci, pour y'avoir été , soit totalement détruit par le feu, soit au moins dénaturé et rendu méconnoissable , en prenant toutes les formes , apparences et qualités des schistes ou bitu- mineux, où ardoiseux, ou quartzeux etc. Car si vous le voyez, si vous le citez encore quelque part, ce n’est que comme marbre veiné et coloré; or pareil talcaire ne peut être lui-même qu'un TE DD rs TO LRE N'ATPRE EL LE. $71 schiste, prisqu'i a aussi perdu,son horisontalité primitive, et. : L 1 5 . UNE puisque / S 11 se trouve môms perverti que dans quantité d’au- tres SCHiSTES , most pénétré d’infiltrations et mixtions étrangè- res, il l'est encore assez pour qu'il vous ait paru chargé d’alu- mine et de magnésie, jusqu’au point même de n'être plus cal- cinable. Ce fait et cet argument me semblent décisifs. D'après tontes ces observations , vous jugez bien qu’il ÿ au- roit de grands changemens à faire dans le système chronologique qui termine votre tableau , et qu'en supposant sept époques pour la formation des différentes espèces de pierres, que vous distin- gueë ici , il faudroit que cet ordre de succession fût presqu’en- tièrement renversé. Il n’y a que les grès quartzeux et autres qui soient censés être bien placés à la dernière époque; car on ne peut voir dans tous que les débris de terres et de pierres , qui étoient déja détruites et disséminées , lorsqu'elles furent réa- grégces comme nous les voyons; les unes à l’état d’arrénacé par les eaux courantes qui les ont stratifiées en grandes couches pa- rallèles, les autres à l’état de erisse, par les vents, les incen- d'es , les éruptions , enfin par tout autre agent ou véhicule que l’eau; et d’où par cogséquent il n'a pu résulter que des pétrifi- cations en blocs ou €n roches isolées, ou en grandes masses concrètes, toutes sans aucun signe de couches ou de délits. Or, comme ces dernières causes et ces derniers caractères ap- partiennent au vrai granit, et le rangent nécessairement dans Fa classe des grès jetisses on en roches, l’on deyroit donc le renvoyer aussi à la septième et dernière époque , si d’ailleurs on ne sayoit pas que les jetisses, et même les arrénacés peuvent dater de tous les âges postérieurs à l’établissement d’une pre- mière terre, puisqu'ils l'ont remplacée plutôt ou plus tard, et qu'ils peuvent être sa première, deuxième ou troisième cor- version. | Mais, quand même il fandroït laïssér à votre granit et à ses analogues , la primordialité absolue que vous luiassiencz , (bien moins sans doute par conviction que par déférence à un dogme qfe vous trouvez généralement consacré, et que je tiens pour superstitieux}, je ne pourrois jamais placer les houilles et bitu- mes immédiatement après lui, dans la seconde époque ; puisque je ne peux les voir que comine un résidu quelconque des êtres or- ganisés ; lesquels eux-mêmesne peuvent avoir été qu’une pro- duction du calcaire ; et puisque vous ne faites paroître celui- ci qu'à la cinquième ou sixième époque, mêrne bien après les schistes et ardoises. 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ce dernier anachronisme est celui qu’il importe le plus de relever, car il paroît avoir été la cause de tous les autres , et de toutes les fausses théories de la terre qui ont paru jusqu’à présent, La raison et l’analogie me disoient déja que les schistes ne sont point antérieurs au calcaire , lorsque l’expérience m'a démontré qu'on ne pourroit tout au plus que les dire contempo- raius : car, par exemple, dans le Boulonnoïs j’ai attentivement observé des schistes marbreux et houilleux; dans les Alpes , près les mines d’Allemont, j'ai suivi également certains gneis ou schistes quartzeux, micacés, et même très-métalliques : là, je me suis bien assuré que le même filon et la même couche, en se prolongeant dans la même direction ou continuité, perdent peu- à-peu, quelquefois même assez brusquement, et leur grande in- clinaison , et leurs couleurs et qualités minérales; jusqu’à n’être plas qu’un marbre, puis enfin un calcaire blanc et horisontal, c’est-à-dire, la craie pure qui (remarquons-le bien) n’est jamais inclinée ni colorée. La même observation a été faite depuis par d’habiles minéralogistes qui l’ont aussi annoncée comme très- Huportante; mais les géologues paroïssent n’y avoir pas fait assez d’attention (1), Car d’après cela, cette prétendue antéfiorité des schistes sur le calcaire, ne pouvant s'appliquer au premier établissement de leurs masses qui fut commun ou simultané, ne pourroit donc plus s'entendre que du temps où ils furent distingués par une ivinérélisation dilférente. Il faudroit donc dire” qu'ils étoient tous schistes, mais que par des causes ou circonstances ultérieu- res , ils ont pu devenir calcaires en se dépouillant, les uns de l'argile ou du bitume; les autres, du mica, du quartz, etc., tous en redressant leur inclinaison!!! Maïs autant cela est ab- surde et impossible , autant sans doute vous trouverez naturel et vraisemblable de conclure tout le contraire, en disant avec moi qu'ils étoient tous le calcaire pur ou originel , et que tous le seroient encore aujourd’hui, si plusieurs masses n’avoient pas souffert de grands boulversemens et délitemens; si ensuite, et peut être aussitôt, elles n’eussent pas été inondées par quantité de sels liquides et étrangers qui, les trouvant dans cette nouvelle posture , avec leurs couches dressées debout, et leurs tranches (2) Cependant c’est un fait que vous-même semblez reconnoitre et attester, pages 28%—285 de votre Mémoire. > toutes D ET: D'HAES/T OUIRNE "NAT U RE L L'E! 1275 toutes béantes, les ont infiltrées puis minéralisées, à toute pro- fondeur et de toutes manières possibles ; enfin, que tous ces nouveaux sels ne passent pour y être originels et identiques, que parce qu'il n’est pas en notre pouvoir de lesgn extraire sans dé- truire entièrement le composé. Et ce qui est déja si vraisemblable ne vous paroîtra-t-il pas évident ? si d’ailleurs , il est prouvé que les grands et terribles phénomènes qui seuls auroient pu causer des effets et créer des substances aussi étranges à l'ordre et à l’état primitif, ont réellement existé ; qu’ils ont agi çà et là en temps et lieux ditfe- rens , quelquefois avec tant de force et de furie , que leurs ra- vages y sont encore attestés par nombre d’autres faits ou témoins irrécusables et indépendans de ceux qu’on vient de voir. Or, c’est ce que je crois avoir mis hors de doute, parles détails justifica- tifs de mon système général de géologie, sur lesquels j'ose ap- peler toute votre attention , avant de juger la valeur de toutes les réflexions ci-dessus. J’ose même en appeler aussi aux nombreuses et excellentes observations minéralogiques que vous avez faites sur d’autres pays graniteux , notamment sur le pic du Midi, lesquelles (ainsi que celles publiées par Dolomieu , sur les Alpes et les Vosges; par Ramond et Lapeyrouse , sur le Mont-Perdu et autres cimes des Pyrénées) paroiïssent être autant de preuves ou d’argumens en ma faveur. Je vous laisse à en faire l’application , tant aux deux pote hypothèses des antiques incendies et tremble- mens de terre que je viens d'établir, qu’à un autre phénomène qui est encore une des bases essentielles et distinctives de mon système ; je veux dire une débacle de la mer universelle lors- qu’elle couvroit encore la totalité ou grande partie des plus hauts continens : autre catastrophe incontestable qui achevera de vous donner la cause ou l’explication des plus grands faits naturels, et même de toute la géographie physique. En effet, ce fut un torrent subit et furieux qui, entraînant au- tant de terre que d’eau, a tellement sillonné, raviné et isolé les hantes montagnes, que restant sans appui et toutes trempées : lorsque leur poids se trouvoit encore doublé par la seule émer- sion , elles ont nécessairement fardé et poussé au vide, éboulé ou glissé en descendant du haut de la chaîne dans la gorge la plus creuse ou la plaine la plus basse : c'est bien aussi ce que vous y avez observé; mais vous le voyez et l’exprimez d’une manière fort différente , lorsqu’avec Saussure et presque tous les éologues modernes , vous dites au contraire, que ces couches Tone VIT. GERMINAL au 8. M im | à 274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE se relèvent, et qu’elles tendent systématiquement du bas vers le centre de la chaîne. Voiià donc de grands et nouveaux cul- butis qui, dans les masses déja boulversées par les tremblemens, sans doute même déja minéralisées en partie par les produits du feu, ont tellement agravé et compliqué les premières inclinaisons: et courbures , qu'ilben est résulté tous les accidens que vous re- rarquez , entre autres ces plis et replis si étonnans entre quel- ques couches qui se pressoient ct se froissoient mutuellement , mais dont la force , la dureté et la pesanteur étoient alors fort inégales. Ce torrent, toutefois , ne fut que momentané , et ces- sant bientôt de creuser , arracher et emporter, fimit par restituer toutes ces espèces différentes de dépôts arrenacés, c'est-à-dire ; confondus ou alternant , tant entre eux que dans leurs couches, tels que vous les avez vus stratiliés presque horisontalement sur les masses qui lui ayoient résisté, et indistinctement sur celles qui sont ou de calcaire natif, où de schiste fort incliné, ou même de granit, de gneis, de trapp, etc. : nouveaw problème où viennent échouer aussi toutes les autres théories. Enfin, c’est encore à vos grandes connoïssances en physique: et en chimie que je veux en appeler sur la nature et l’origine du quartz, du feld-spath et autres composant du granit ; car c’est ici le pivot de la théorie que je viens d’esquisser, et le nœud gordien des argumens que l’on m'oppose. Dans les spaths et les- gypses , les stalactites et les selenites, tout le monde reconnoît une concrétion de sels , de flux et stillations sortant d’une terre quiest, et qui doit être comme ils le sont, essentiellement cal- caire. En voyant ailleurs les feld-spaths, les quartz et autres con- crétions plus ou moins ignescentes , qui cristallisent etse compor- tent de la même manière, l’on ne peut donc pas nier qu'ils soient aussi les sels ou produits d’une terre qui étoit essentiel- lement vitreuse : et si l’on pouvoit imaginer , supposer quelque: terre originelle qui fût de cette nature, et assez abondante pour cet effet, il fandroit la nommer et la montrer , ou nous dire ce qu’elle est devenue; choses impossibles. Pour moi, je dis que: ce fut une terre nouvelle et accidentelle, la plus vitreuse et la lus saline des terres qu’on puisse connoître ou concevoir ; et je: S montre non-seulement à sa place natale, noyée dans ses pro- pres sels et dans ces mêmes concrétions cristallines qui font tout le granit; mais encore et principalement dans ces molaces envi- ronnantes que vous nomymez grès, mais qui ne sont manifeste- ment qu'une cendre lessivée, dont le quartz s’étoit déja extra- vasé ou séparé; et en effet, je le retrouve toujours, soit insmué dans les schistes voisins ou inférieurs , soit réduit en galet rou- + ; ET D'HASMOTRE NATURELLE 273 Jant, soit rassemblé en poudingues qui, très-souvent se mêlent ou alternent avec les bancs de la molace elle-même. Si néan- moins grand nombre de ces grès molaces sont houilleux ou quartzeux, cela n'est plus une énigme; car la cendre et le bi. tume qui provenoient du même incendie, furent nécessairement contemporains, même prédécesseurs du quartz, et'par consé- quent de mon granit qui, comme vous voyez, est bien plus jeune que le vôtre. Quant au bitume , quoique vous en ayez traité fort habilement dans votre savantMémoire sur la houille, qui a été'si justement couronné en 1793 ; convenez qu'en tout ce que vous avez voulu rapporter au fameux système des montagnes primitives, vos observations sont forcées ou insuffisantes , et que là, ïl en devoit être du bitume comme il en est ici du quartz ; qu’en effet il resteroit toujours à savoir où, quand et comment ces deux espèces de sels ont été produites ? Pourquoi, si diffé- rentes de nature, elles sont également devenues schistes, soit ensemble, soit à côté l’une de lPautre ? Pourquoi toujours au joignant ou aux environs du granit, comme vous l’assurez vous- même? Comment le bitume qui ne peut être qu’an résidu de productions tertiaires les plus grasses, se trouve ainsi toncher , appartenir à la pierre la plus vitrense , la plus aride et qui seroit encure la plus antique ? Comment le quartz lui-même qui est le constituant intégral de cette pierre, se trouve aussi hors d’elle et sans elle, soit seul et tout pur, soit amalgamé dans les autres pierres du voisinage, dites secondaires ? Convenez en outre, que ces questions doivent faire la base de toutes les 2#0-minéralogies, et que cependant elles seront à jamais insolubles par la doctrine actuelle; tandis que vous n’y trouveriez plus aucune difficulté en admettant, comme j'ai déja dit, 1°. que les vrais granits occupent le foyer d’un incendie, le centre d’un brasier au pourtour duquel les huiles bitumineu- ses sortoient de toutes ‘parts, en coulant toutes bouillantes sur des terreins calcaires et qui, étant déja schisteux et agités par la chaleur comme par les tremblemens, les ont aspirées jusque dans leurs entrailles ; et que là en bituminisantla terre elle-même, elles ont converti en momies quantité de fossiles qui ne sont de- venus invisibles Jans tous les autres calcaires zar1fs, que par le défaut d’un pareil embanmement ; 2°. qu’ensuite les cendres du foyer , plus ou moins ardentes , ont subi une dissolution aqueuse qui les a aglutinées et granitifiées, mais d’où se sont aussi extra- vasées toutes Les lessives surabondantes à la granification, entre M m 2 276 JOURNAL DE PH Y SI QUE } DI'ENCH IM 1 E autres le sel quartz qui a aussi conléet pénétré dans les mêmes ou dans d’autres schistes, mais moins loin et moins profondé- ment, parce qu'il ne pouvoit être ni aussi chaud, mi aussi fluideique les huiles l'avoient été. De mon côté, je conviens qu'aujourd'hui le plus habile ob- servateur ne pourroit vérifier ces faits , ni peut-être. même croire à leur possibilité, s’il ne se figure pas à quel point, depuis ce temps, la forme et l’état des lieux ont pu être changés par les ravages d’un torrent qui , après avoir déchiré, séparé, et les granits vrais ou faux, et les schistes quartzeux ou bitumineux, a fini par les remplacer ou les replâtrer, en recomblant une partie des fosses et vallées qu’il venoit d'y creuser ; de sorte que non-seulement quantité de ces masses n'existent plus in- termédiairement, pour avoir été détruites de fond en comble, mais que grand nombre d’autres qui ne sont qu’éventrées ou mutilées, détruisent également toute apparence de continuité et de relation, parce qu’elles restent ignorées sous les nouveaux attérissemens qui les cachent. Comme ce dernier fait n’a point échappé à votre vue perçante, il devroit, ce me semble, vous faire entrevoir et conclure tous les autres faits qui, au surplus, ont tellement frappé mes sens et ma raison, que je les tiens pour évidens, tout inouis qu'ils sont, tout incroyables qu'ils puissent paroître. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 277 Réel us ES SÛR LES GRANDS HIVERS, ARE: S SES Au Citoyen Corte, l’un des Conservateurs de la Bibliothèque nationale du Panthéon, etc., Par Jean-Henr: van Swinpen, Professeur à Amsterdam. D PAP D'PPAS LMI MON ON EN Lt Sur les rudes hivers en général, et celui de 1709 en particulier. L'hiver dernier, aussi remarquable par l'intensité du froid que par sa durée et ses reprises, même encore au printemps, a fait souvent la matière de nos conversations pendant que j'étois à Paris. Vous savez, mon respectable ami , que j'ai re- retté alors plus d’une fois de n'être pas à même de consulter É. recueil que j'ayois fait sur cette matière, il y a plus de vingt ans, à l’occasion du froid rigoureux de 1776 ; recueil qui contient le résumé et la discussion de toutes les obserya- tions thermométriques que j’ayois pu me procurer sur les rudes hivers de ce siècle, et des différentes observations physiques qu’on a faites pendant leur cours. Vous avez desiré que je reprenne ce recueil, et que je tire ces observations du long oubli, au- 273 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quel je paroissoiïs les avoir condamnées , regrettant que le fruit de tant de recherches restât sans utilité, ou que même il pût se perdre par la suite des temps: vous savez de quel poids sont chez moi vos conseils et vos exhortations , et combien je suis empressé à satisfaire, autant qu’il est en mon pouvoir , à tout ce que vous desirez : c’est bien le moins que je puisse faire pour vous témoigner ma reconnoissance de l'amitié que vous avez pour moi depuis tant d’années, et dont vous m'avez donné des preuves si satisfaisantes , si multipliées et si chères à on cœur pendant mon séjour à Paris. Je vous enverrai donc successivement ces observations, et je vous laisse le maître d’en faire tel usage que vous jugerez convenable, et d'y ajouter tout ce que vous croirez propre à en augmenter l'utilité. Mais en revoyant mon manuscrit, que je n’avois pas pris en mains depnis plus de vingt ans qu’il est composé, j’ai senti plus que jamais combien cette tâche de donner une histoire des rudes hivers est difficile. L'expression même d’Aiver rude est bien vague, et ne sauroit ne pas l'être ; tel hiver mérite de porter ce nom par le degré excessif de froid qu’on ressent, ou que le thermomètre indique : tel autre le mérite encore, quoique le froid soit moins vif, par la longue durée de celui-ci : un troi- sième par les funestes effets qu’il produit sur les végétaux, et sur tout ce qui tient à l’agriculture; effets qui dépendent sou- ventbeaucoup plus de causesconcomittantes que de l’âpreté même de la gelée. 1 faut enfin faire attention au climat, et ne pas juger uniquement par les effets, mais par ce qu’ils peuvent avoir de remarquable ou d’insolite. Un froid qui gèleroit nos rivières de manière à permettre de se servir de la glace comme d’un grand chemin, et qui les conserveroit dans cet état, sept ou huit semaines de suite , seroit assurément un froid rare ; nais il ne l’est pas à Pétersbourg : l’étoit-il dans ce pays, en : 3 AS) à 3 Ailemagne, dans les Gaules, il y a quelques siècles? car on sait que les climats des pays que nous venons de nommer , ainsi que celui de l’Italie, se sont beaucoup adoucis. On a publié des recherches intéressantes sur ce sujet dans les premiers volumes du Journal de physique; et je regrette qu’on ne les ait pas continuées : ce seroit, mon respectable ami, un travail digne de vous. Vous trouverez, et dans la bibliothèque confiée à vos soins, et dans les autres bibliothèques de Paris, tout ce qu’il faudra de materiaux; et l’habitude où vous êtes de discuter les observations de physique avec soin, jointe à votre patience ci à votre sagacité, sont de sûrs garans de l’exactitude de votre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 279 travail. Quand je lis par exemple dans l’histoire ( 1 ) que, lorsque, sousle règne de Dioclétien ,; Constance Chlore , depuis empereur, faisoit la guerre aux nations germaniques, une quantité iu- mense de Germaiïns passant le Rhin glacé pénétre dans l’île des Bataves, je ne serois pas porté de placer par certe seule raison l'hiver de cette année-là au rang des rudes hivers, parce que le climat de la Batavie et de la Germanie étoit alors bien dif- férent de ce qu'il est aujourd'hui. Il faut enfin avoir égard aux circonstances locales , qui peuvent avoir changé , et rendent aujourd’hni très-rares des effets qui l’étoicnt bien moins autre- fois, et qui pouvoient avoir lieu alors par un degré de froid bien plus foible qu'ils ne le peuvent aujourd’hui. Il faut ac- tuellement un froid rigoureux , d’assez longue durée, accoin- pagné du concours de quelques circonstances, pour que le golfe nommé le Zziderzée, en laun le lac Flevus, du nom d’une des bouches du Rhin, lequel se déchargeoïit par-là dans Focéan, se gèle de manière à permettre qu'on le passe à pieds, en traineau , à cheval, etc. Encore nele passe-t-on actuellement que là, où ïi est le plus étroit, des côtes de Frise aux environs de Szavoren, aux côtes de la Nord-Hollande comme à Erkhuysen, etc. Dans les siècles plus reculés, il est souvent fait mention dans la description de la notice d’hivers rigoureux, qu’on l’a passé en entier; maïs ce golfe étoit certainement bien plus petit; il s’est augmenté peu à peu : la passe entre la Nord-Hollande et l’île du Texel n'existoit vraisemblablement pas avant le treizième siècle : les autres entre le 7exelet le VlLie , entre cette île et la voisine, etc. étoient alors bien inoins considérables ; elles se sont successivement élargies, ce qui, joint à l’agran- dissement du lac ou du golfe même , rend les communications de celui-ci avec le grand océan plus libre, sa congélation plus difficxe , le passage sur la glace plus rare et plus hasardeux , etc. Voyez, je vous prie , combien il y a de circonstances à peser avant qu'on puisse prononcer; ce n’est pas en accumulant sim- plement les faits qu’on fait faire des progrès à la physique; c’est en les discutant. La critique n’est pas moins nécessaire en physique qu’en littérature ; et peut-être est-il plus à regretter qu'on ne pense ordinairement , que l’usage , et peut-être même (1) V. Histoire des Empereurs romains, par Crevier, liv. XXVIIE, tom. z, pag. 251 , et en hollandais, Vaderlandsche historie, tom. à , pag. 225. 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'esprit de cette belle science ne soient plus guère dans le goût du siècle; et cet oubli a même une influence funeste sur des objets bien autrement importans que celui que nous traitons dans ce moment. Enfin un hiver peut être rude dans un pays, et ne pas l'être dans d’autres ; et c’est sans doute à la réunion de toutes ces causes que je viens d’articuler , qu’on doit attribuer les dispa- rités qu’on trouve dans les auteurs, chroniqueurs , historiens , etc. qui, en recueillant des faits, ont fait l’'énumération d’hivers rudes. Le célèbre Pingré a cru devoir publier dans les mém. de l’académie pour 1789 les observations qui ont été faites sur ce sujet par Bouillaud :elles ont pour objet les années 1655 à 1656 , 1657 à 1658, 1662 à 1665 , 1670, 1676 à 1677. De toutes ces années, je ne trouve marquées dans un recueil hollandais sur les rudes hivers, que les années 1655 et 1670 (1); il est dit de la première que le froïd étoit si vif, qu’à Wisinar on voyoit arriver des chariots chargés et attelés de quatre chevaux, de la distance de cinq ou six milles d'Allemagne , ce qui n'avoit été vu de bien des années; que dans le pays de Meklenhourg les puits étoient gelés jusqu’au fond; et qu’en Bohême le froid avoit été très-rigoureux , plusieurs personnes ayant été trouvées gelées sur les grands chemins. M. Pingré a fait une remarque fort sage sur ces sortes de faits; il est dit dans le même recueil que l'hiver de 1670 fut très rude par-tout ; qu’on passoit le grand et le petit Belt à pied et en traineau sans gucun danger, et que même il gela fortement er Italie, Le citoyen Messier à également fait mention de quelques rudes hivers dans les mémoires de l’académie pour 1776: il ne: cite de toutes les années dont parle Boyillaud que la seule année 1670; et en outre les années 1392, 1422 , 1468, 1468, 1594, 1608 , 1654, 1695 ; detoutes ces années, je ne trouve que la seule année 1608 dans nos recueils hollandais. La gelée cominença en Hollande le 19 décembre 1607 et dura jusqu’au 26 ; elle reprit le 1 janvier 1608 et dura jusqu’au 25 , qu’il dé- gela pendant trois ou quatre jours ; elle reprit encore et dura tout le mois de février. Toutes les rivières, l'Escaut même, le golfe Zuiderzée, en un mot tout fut gelé, et l’on passoit toutes ces eaux à pied, à cheval, en voiture. Je pense que les 14, (1) Zistorisch Verhaal van Hard Winters, 8. Amsterdam, 1741. EUT : D’HALST O LR E NA TU RE-L L E, 281 15, 16, 19 janvier ont été les jours du froid le plus vif. Le printemps fut très froid; je m’étendrois trop si je copiois la re- lation entière. Mais pendant ce même intervalle de 1592—1709, il y a eu bien d’autres hivers rudes ; je trouve qu’en lisant l'histoire de France, par Aézerai, j'en ai noté deux outre celui de 1608 ; savoir celui de 1570 à 1571, dont il dit : « l’hiver fut si rude depuis la fin de novembre de 1570 jusqu’à la fin du mois de février en suivant , que durant ces trois mois entiers il tint !es rivières gelées à passer Le charrois, et brûla les arbres fruitiers, même en Languedoc et en Provence, jusque dans les racines. » Et l’hiver de 3544, dont il dit : « La froidure étoit si extrême qu’elle glaçoit le vin dans les muids ; il le falloit couper à coups de hache, et les pièces s'en vendoient à la livre. » Or, nous savons que les vins se gèlent entre le 5€. et le 10°. degré du thermomètre à mercure divisé en 89 degrés : mais il aura fallu un froid plus fort que celui-là pour les réduire ainsi en grosses masses solides. Peut-être, et même vraisemblablement se trouvera-t-il d’autres notices de grands hivers dans Mézerai ; il faudroit le parcourir dans ce but-là; ce que je ne puis faire à présent. On trouve encore dans la description de Paris, par Félibien, 5 volumes in-folio, la notice des deux années suivan- tes , 1408, 1434 : « L'hiver de 1408 , estl dit, futle plus cruel -qui eut été depuis cinq cents ans ; il fut si long qu'il dura de- puis la Saint Martin, jusqu’à la fin de janvier, et si âpre que les racines des vignes et des arbres fruitiers gelèrent. Toutes les rivières étoient glacées, etles voitures passoient sur celle de Seine, dans Paris. » La débacle causa de grands ravages ; et ce qu’on trouve sur ce sujet dans les pièces justficatives est curieux. « En 1434, la gelée cornmencça le dernier de décembre 1433, et con- tinua pendant trois mois moins neuf jours : la gelée recommença vers la fin de Mars, et dura jusqu’à Pâques qui tomboit cette année au 17 d'Ayril. » Nos recueils hollandais font mention de ce même hiver, en observant que le froid n’étoit pas si exces- sivement rude, mais que ce qu’il y avoit de plus remarquable est, qu'il neigea pendant quarante jours de suite; particularité qui se trouve également, maïs d'un ton moins persuasif, dans l'endroit de la description de Paris que je viens de citer. Ces mèmes recueils font mention de plusieurs autres hivers très-ri- goureux. Je ne vous citerai que les années (1) 54, 670, 717, (1) J'ai tiré ceci d’un recueil hollandais déja cité , de V’ouvrag Tome VII. GERMINAL an 8. de Æering; a PA: 282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 763, 824, 099, 864, 881, 913, 922, 928, 992, 994, 1022; 1126), 1148341149 , 12061 111206, 1234|; 126011 d26#, a2957'; 1287 , 1295, 1323,:1361,, 1585, 2391, 1399, 1434, 1442, 1457, 2464, 1468, 1480, 1482, 1502, 1531, 1514, 1543, 1552 , 1564, 1566, 157b ; 1608, 1630 à 1621, 1621 à 1622, 1655, (1670, 1684 cités plus haut). Il ne seroit peut-être pas inutile d’entrer dans quelques détails sur quelques-uns de ces hivers, et de discuter jusqu'où ils méritent le nom d’A'versru- des ; maïs je crains d’être trop long. Cependant j'ajouterai un mot sur une particularité remarquable des hivers de 1667 et 1674, ne fut-ce que pour faire voir que les reprises de gelées et Les froids tardifs que nous avons éprouvés cette année en fé- vrier, en mars, et même au commencement d'avril, ne sont pas sans exemple. En 1667 il commença à geler très-fortement le 16 de mars par un vent piquant de nord-est; le bras de mer nommé l’Y, qui,passe devant notre ville, fut pris le 173.le 18: on alla sur la glace de l’Y , d'Amsterdam à Nord-Hollande : le golfe nommé Zuiderzée fut entièrement gelé; plusieurs vais- seaux se trouvèrent pris au milieu des glaces. Le 25 et même le 26 au matin on passoit encore la glace de l’Y ; ce ne fut que le 29 que les glaçons se détachèrent sur le banc nommé le Pam- pus; et même le premier avril on marchoït encore sur une lisière de glaces du Zuiderzée , près d’un village nommé Vitdam. — En 1674 il commença à geler très-fortement au commencement de février : le Zziderzée se gela entièrement; le 16 mars on le passa sur la glace, à pied, à cheval et en traineaux , entre Sra- soren et Enkhuisen. Un dégel fort lent commença le 12 de mars. Le 3 d’avril les vaisseaux étoient encore entourés de glaçons, et le 4 du même mois on alloit encore à patins sur le lac de aarleme Quant à l’hiver de 1684, qui a été très-rigoureux dans ce pays, je remarquerai simplement qu'on trouve dans le numéro 165 des Transactions philosophiques, tom. 14, p. 766—790, des: cbservations très-détaillées sur l'influence que le grand froid a eu sur différens genres d’arbres. Mois quand nous parviendrions par une discussion exacte de tous les faits, à une connoïssance plus intime de ces rudes hi- vers, toujours nous sera-t-il impossible de déterminer le vérita- intitulé Zufèreel van harde Winters , wr8°. Amst. r784, ainsi que de l'Histoire de Frise, par /Winsemius, EST D” HMS TT ONE N’A TU KR EL LE. T 283 ‘ble degré de froid, faute d'observations thermométriques. Les années de ce siècle seront à cet égard plus favorables, grace à l'invention du thermomètre. Mais encore quel cahos à débrouil- ler que ces observations thermoinétriques, tantôt parce qu'on a employé des thermomètres dont l’échelle ne porte pas de points fixes ; tantôt parce qu’on n’a pas détaillé comment ces points fixes ont été déterminés, ce qui rend la réduction des thermo- mètres à esprit-de-vin aux thermomètres à mercure très-diificile, souvent incertaine, quelquefois impossible. 11 faut donc dans d'examen des observations , commencer par l'examen des ther- momètres, et cette considération n'a engagé , il y a vingt-deux ans, à publier mon Traité des thermomètres. Vous connoissez cet ouvrage, et. je sais que vous regrettez avec moi qu'il ne soit pas plus répandu ; et de fait, j'ose dire, sans craindre qu'on m'accuse de vanité, que cet ouvrage devroit être regardé comme classique, et indispensablement nécessaire à tous ceux qui sont dans le cas de comparer et de réduire des observations sas métriques, jusqu’au temps où quelque physicien en aura publié un autre meilleur et plus complet, ce qui ne serait pas difficile : moi-même, grace aux lumières que j'ai acquises depuis que cet ouvrage est imprimé, grace à la correspondance que j'ai eue sur ce sujet avec le citoyen Gaussin , de Montpellier , aux expérien- ces nouvelles qui ont été faites depuis, je pourrois, dans une seconde édition , perfectionner mon travail, lui donner un plus grand degré de perfection , le completter à quelques égards, et le rendre et plus utile et plus digne de l’attention des physiciens. Quoi qu'il en soit, je me servirai de cet ouvrage pour la réduction des thermomètres dont on s’est servi dans les observations que je vais vous présenter successivement. J’emploierai le grand 1a- bleau de 27 thermomètres qui y est joint, et que vous avez bien voulu réimprimer dans vos mémoires de météorologie, et j'aurai sur tout j’attention de ne pas confondre le thermomètre à esprit- de-vin avec ceux de mercure. Enfin, comme il est important de conserver les observations originales, telles qu’elles sont, je vous les communiquerai telles que les auteurs les ont données ; mais je les réduirai à deux thermomètres à mercure : au ther- momètre divisé en 80 degrés entre la glace fondante et l’eau bouillante , thermomètre qu’on nomme improprement thermo- mètre de Réaumur , mais qui ne ressemble en rien à ceux de cet excellent physicien, Je l'ai nommé et le nommerai encore, car c'estson vrai nom , thermomètre de Deé/zc: jy ajouterai la ré- duction au thermomètre centigrade , qui place o à la place N = IN I 2 ‘ 284 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fondante et 100 à l’eau bouillante ; thermomètre qui se trouve sux mon tableau au n°. 8, sous le nom de thermomètre de Suède, car c’est celui dont on se sert depuis longtemps dans ce royaume, ou de Lyon , parce que M. Christin, de Lyon, l’a également proposé. Voici quels sont les hivers de ce siècle que je crois devoir pla- cer au rang des rudes hivers : 1709, hiver qui fait époque; 1716, 1729: 1731, 1732, — 1740, hiver qui fait époque; 1742, 1745 , 1740 , 1747, 1748, 1749, 1791, 1794, 1795, 2757, 1756, 1759 à 1760 : c’est ici que finit le travail que j’avois fait il y & 20 ans: 1763, 1762, 1762, 1774, aux mois de novembre et dé- cembre , à cause d’un froid très-précoce, dont j'ai donné la des- cription dans le Journal de Physique : 1776 , hiver qui fait épo- que et que j'ai décrit en détail: 1784, 170%, 1795, 1795: il faudra voirce que l’hiver de 1799—18c60 et la fin de 1800 pour- ront encore offrir de remarquable. Tous les hivers que je viens d’articuler ne sont pas également intéressans , également rigou- reux, également universels; mais ils présentent tous des phé- nomènes dignes d'attention. Je vais les examiner successivement ; je ne me contenterai pas de vous.communiquer ce que j'avois mis par écrit il y a vingt ans ; mais je reverrai ce travail, et je le completterai dans les endroits où il en aura besoin , et où des observations parvenues depuis à ma connoissance, ou des ou- vrages que je suis à portée de consulter actuellement, me mettront en état de le faire. Je commence par le célèbre hiver de 1709. Hrrnvie at in re ro . SET 101$ 2ermométri AAA T. Observations T} q 1°. En France. Je ne connois d'observations faites en France, que celles de Paris et de Montpellier. ‘ Pour Paris nous avons trois classes d'observations ; 1°. celles qui ont été faites à l'Observatoire, par /a Hire lui-même, d'après le thermomètre qui porte son nom, et qui étoit suspendu dans une tour découverte de l'Observatoire, à l'abri du soleil et du vent. Ce thermomètre étoit à l’esprit-de-vin, ct fait, si je ne me trompe, par Aubin, célèbre émailleur : et voici les observa- tions faites à la pointe du jour (1). D (1) Mém. de l'Acad. 1710, p. 140 et suiv. ST -. — 7 ET D? HIS FLO LE RE NATURE L LE. 285 Therm. de la Hire. Réduit au therm.àmerc. Réduitau therm. à merc. de Deluc. centigrade. PET ADVIET Se MMS lala ose ae ee re M Obs sles eo + 7.5 rie ir te DOS date Li ele DST see RE "114 Po Et Es Hack darts NOTE ER ce — 7.0 DOS 2 Eee ER À ea at DAS ee eee sienne —18 LD eee ur De (ee T7 De Ne RE CU — 21.25 RS Le de SAM SA ES CIS .—17 ..... PAPER — 21.25 Le thermomètre est un peu remonté les jours suivans : mais il revint le à DONNER 2 CERN MERE LC MT est 20:24 en Ensuite le froid diminua peu à peu. La gelée recommença en février, mais elle fut bien moirs forte qu’en janvier. Le 13 mars il gela encore très-fort : le thermomètre étant à 24(— 4.9 de Deluc.—5.8 centigrade). Enfin M. 4 Hire ajoute que depuis 46 ans qu'il se servoit de ce thermomètre, il ne l’avoit jamais vu descendre aussi bas : « Je trouve seulement, dit il, dans mes registres, que le 6 février 1695 , le thermomètre étoit descendu à 7 parties (— 15.6 Deluc. — 19.5 centigrade) dansle même lieu où i est à présent, et le froid de cet hiver-là qui avoit com- mencé en 1694, a été regardé comme un des plus grands qu’il ait fait il y a longtemps. — J'ai encore observé quelquefois ce thermomètre à 13 parties , mais assez rarement. » Il ne s’agit que de réduire ce thermomètre à des thermomètres connus aujourd’hui : et vous savez quesplusieurs bons physiciens s’en sont occupés, et dernièrement encore le célèbre Messier , dans son beau Mémoire sur le froid de 1776. Vous sayez égale- ment que cette comparaison n’a pu se faire qu’au moyen du ther- momètre de Réaumur, qui a été mis pendant quelques années en observation avec celui de /4 Hire. Après avoir lu et revu tout ce qui a été fait sur ce sujct, et discuté les expériences des com- missaires de l'académie (1), celles de Aessier et celles de Beaumé, dans le beau Mémoire sur les thermomètres qu’il vient de publier (2}, et qu'on a bien lieu de regretter qu’il n’ait pas (1) Mém. de l’acad. 1777. (2) Opuscules chimiques ; in-8°., ch, 6. p. 211—275. 286 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE éte adopté par l’academie dans le temps qu’il ÿ a été lu, et imprimé dans ses Mémoires ; je ne trouve aucune raison de me départir de la comparaison que j'ai faite dans mon Traité des thermomètres , entre ce thermomètre de la Hireet le vrai ther- momètre de Aéaumur, et d'établir que les 5 degrés du thermo- mètre de la Hire reviennent à — 15 du vrai thermomètre de Réaumur; ce qui d’ailleurs ne s’écarte pas beauconp des 14, ou de 15 degrés établis par Æessier, n1 des 15 établis par le même , d’après une autre série d’observations, ou du milieu 15-entre ces deux résultats, ni des 15 + qui résultent du travail des commissaires de l’académie. Les discussions où je pourrois entrer sont du ressort de la thermomètrie; elles occuperoïent trop de place ici, et pourrontétreinsérées dans une seconde édition de mon Traité des thermomètres, si jamais je suis appelé à en don- ner une. Mais il s’agit de rappeler ces---15° du vrai thermomètre de Péaumur, c'est-à-dire de celui qui a été construit d’après les principes établis par Réaumur même, principes sur lesquels on s’est si fort relâché dans la suite, qu'il en est né une confusion qu'on a bien de la peine à démêler , si tant est qu’il soit possible de le faire, et que j’ai nommé par cette raison vr@i thermomètre de Réaumur (1) aux degrés d’un thermomètre à mercure : et je m'en tiens encore à la comparaison que j’ai donnée d’après le travail de Deluc, et qui est celle que j’ai placée ci-dessus, par anticipation, si vous voulez, à côté des observations même de la Hire. Beurrmé a eu l’avantage de se procurer un thermomètre de la Hire, fait égalementpar Aubin, qui a été employé en 1709 en plein air, et sur lequel le degré de froid observé en 1709 a été marqué, ét de pouvoir le comparer immédiatement avec le thermomètre à mercure. Or, ce tliermomèire est descendu en 1709 à 37, et Beaumé a reconnu par une expérience immédiate que ces 3: se rapportent à -- 37° des thermomètres en 8o parties, sans qu'il y ait un quart ou tout au plus un demi-degré d’incer- titude. Il suit du travail de Beazmé, sur ce second thermomètre de /a Hire , que la graduation de ce thermomètre diffère de celle du thermoinètre employé par /a Hire à l'Observatoire. Mais ce n’est pas de cela qu'il s’agit ici. (1) Traité sur les thermomètres, p. 100 et suiv. ET D'HISTOTRE NATURELLE. 287 Nous ignorons dans quel quartier de Paris ce thermomètre a été observé ; mais on voit qu’il marquoit le même degré que celui de l'Observatoire; or, le thermomètre de l'Observatoire n'étant pas exposé alors à un air parfaitement libre, a dù mar- quer un degré de froid moins considérable qu’il n’auroit fait s'il eût été mieux exposé , aussi a-t-on constamment vu un ther- momètre de Réaumur placé en dehors, se tenir plus bas que celui qui étoit placé en dedans de la tour, et qui nous a servi de terme de comparaison ; la différence a été en janvier 1742, de —129,1 à—140.6; c’est-à-dire de 204; en janvier 1740 de 10° à 11°, c’est-à-dire de 1°. Et par un milieu de toutes les observations , la différence a été de 1° +; ainsi il n’est guère donteux qu’un thermomètre de Deluc, à mercure, expose en 1709 au dehors de la tour de l'Observatoire, n’eût indiqué pendant le grand froid de 1709, 18° à 1804. M. Ducrest (1) nous a conservé une observation faite en 1700, sur un-thermométre de M. Deville, exposé à une fenêtre dans la rue Saint-Martin. Thermomètre qui marqua alors + au-dessus de o. J'ai discuté ce qui concerne ce thermomètre dans mon Traité, p. 214; et si les données de M. Ducrest sont exactes ce degré de froid o+ répondroit à --- 26 du thermomètre de M. Ducrest, ce qui revient à —15 : du thermomètre de Deluc, et à --19 du thermomètre centigrade, et donne un degré de froid moin- dre de 1°que celui qui a été indiqué dans la tour de l'Obser- vatoire par le thermomètre de /a fire, ou même de 3° que celui qu’auroit indiqué à l'Observatoire un thermomètre parfai- tement isolé. Car cette différence peut très-bien avoir lieu, vu la différence des quartiers ; l'hiver dernier le thermomètre à mer- cure de Mossy, que j'observois rue de Lille, près la rue des Pères , différoit souvent de cette quantité, du thermomètre ob- servé à l'Observatoire. : Je ne connoïs pas d’autres observations faites à Paris, que les trois dont je viens de parler, à moins qu’il ne s’en trouve quel- ques-unes dans uñ mémoire que Parent a donné sur cet hiver 1709, dans le Mercure de Trevoux , pour février 1711, sous le titre d’Observations et de Réflexions sur l’extrèéme froid de 1709. Je ne suis pas à même de consulter ce journal ;.aÿez, mon respectable ami, la bonté de le faire, et d'ajouter aux observa- (1) Acta. h:lvetica, tome 3, P- 53. 283 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tions dont je vous fais part, celles que vous trouverez à l’endroit indiqué (3). Outre les observations qui ont été faites à Paris, nous avons encore celles de Montpellier, faites les unes par M. Gauteron , les autres par le président Por , toutes sur le thermomètre d’Amontons : thermomètre qui étoit à esprit-de-vin, et dont j'ai donné, avec tout le soin dont j'étois capable, la comparaison au.thermomètre de Réaumur, dans mon Yraité des thermo- mètres ,; p. 140 et suiv.; et ce thermomètre est le n°. 20 sur mon grand tableau. Pardon si je vous renvoie si souvent à cetouvrage; mais puisqu'il faut bien connoître les thermomètres dont on s’est servi, il faut ou vous y renvoyer, ou entrer ici à chaque moment dans des discussions thermométriques qui n’entraîneroient dans (1) Note du citoyen Corrr. Voici ce que j’ai trouvé de plus intéressant dans ce Mémoire. Le froid com- mencça-presque subitement dans la nuit du 4 au 5 janvier : après trois jours de gelée , les puits, les caves, les aqueducs et les eaux de la Seine fumèrent au point d’obscurcir Pair. Cette fumée cessa après huit ou dix jours de gelée; les eaux de la Seine seules continuèrent de fumer pendant toute la durée du froid. La Seine commenca à charier le quatrième ou le cinquième jour de la gelée ; Les glaçons s’arrêtérent aux arches de quelques ponts ; ils y firent prendre la rivière au point que les voitures la traversoient. Mais dans les endroits où les glacons ne se réunirent pas, les eaux demeurèrent toujours fluides sans se glacer , comme depuis les ponts Notre-Dame ct le pont Saint-Michel , jusque pres de Neuilly : les bords de la rivière seuls etle voisinage des piles des ponts éloient gelés, quoique les fleuves les plus rapides de France eussent été entièrement pris. M. Parent ne rapporte aucune observation de thermomètre qui fixe le degré du froid. IL parle des effits que la gelée a causé sur les végétaux et les minéraux; il y a eu beaucoup de personnes qui ont eu des membres gelés; il remarque que la mortalité fut très-grande à Paris, et sur-tout à l’Hôtel-Dieu, pendant la durée de ce froid. Il rapproche des eflets de ce rude hiver, ceux qui ont eu lieu à Paris en 1608 et en 166g. La gelée de 1709 a duré 18 jours, du 5 au 24 janvier; pendänt tout ce temps le baromètre a toujours moslé; à cette époque il. descendit, et le thermomètre commença à remonter; le dègel se déclara le même jour par un grand brouillard , et le vent tourna au midi. Le froid qui avoit commencé à la nouvelle lune et qui avoit fini à la pleine lune, recommenca en février à l’époque de la nouvelle lune; mais cette reprise n’eul pas de suite. Une nouvelle reprise eut lieu au premier quartier; la rivière charia de nouveau : le dégel complet, accompagné de beaucoup de pluie, ne se déclara que plusieurs jours après la pleine lune. M. Parent essaie, dans le reste de son mémoire, de faire voir le rapport des différentes températures avec les syzigies et les quadratures de la lune, il chérche à expliquer ce rapport d’après la théorie des marées et leur influence sur Paimosphère, sags doute à faire varier les vents. des ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 2 des longueurs, et dans lesquelles d’ailleurs je ne pourrois que répéter ce que j'ai dit dans mon ouvrage. Les observations de M. Gauteron se trouvent incidemment dans le mémoire de ce physicien, sur les évaporations des liquides pendant le grand froid, enfin dans les mémoires de l’Académie pour 1709, p. 451; et il faut bien remarquer qu’on ne peut en faire qu’un usage subordonné, parce que le thermomètre étoit placé dans un ca- binet exposé au nord , et les vitres du cabinet toujours fermées. Les observations du président Bo se trouvent dans le premier volume des Mémoires de l’académie de Montpellier. Ces obser- vations ont été faites à 8 heures du matin ,età 2h. après-midi, sur un thermomètre exposé à l’air libre au nord , et à l'abri des rayons, soit directs, soit refléchis du soleil. On avoit eu quelques jours de gelée en décembre ; elle a repris la nuit du 6 au 7 de janvier , et n’a pas discontinué jusqu’au 23 soir que le dégel a commencé. Voici l’extrait de ces observations (1). Jours et heures. Ther. de la Hire. Ther. de Deluc. Ther.centigrade. Vents. Pétimatiner#520 0 ON IR ON or 7 k e 9:*: Nord. SOIT D2 0 TON eee Me rire ele bi Pay iriia du 8 aumatin 510.5,....—2,7..:..,.—3.2..,..... S-S-O. auioaumat. #1,2.....,---3.9..,.,..---4.8......,. N-O.leo. LEO RON VS LS A SUR TREEE ET RER Or Et Ce S-O. neïg. left1 matin., 49.5... 2 19 Ent —-16:2...:.4., 0.beau. soir, 49-10%...—-10.5.,...,--—13.1........ leAEmatiN Ch NME ET MEME NE TO ND Ar FT MONET PES 00 Poe ee 20 DOME ., N-O. beau: le9 matin. 19m 4e Mie et ele LES O; SOLE NL einer 2 NO, soiemRer 2 2e RlT ee letématun,, 50,540 er it SF OL I ER N SONO LIL: ee-rO -Aetie de = O0 Da ie let matin So He ner CN: ROSE LE Dee : soir. SANS ANNEES, Tin 28 nee le 16 matin... Bo DST 700: . .---9 .6 ss... N. beau. SOIT MON ere 7e AI Oueeecie. le:7matin.. $0.9...:..---6.2 F7 104 HER, AE SOI SALE CES SRI EAN ASIE N. e 10 matin.. 110. ..-2-5" 7 =—6.9........ Fe Fe 1 Dia Là Ouest SONO EEE Che 0 nee ORNE AE (1) Ces sous-divisions ne sont pas des parties décimales, mais duodécimales, Tome VII. GERMINAL an 8. Oo 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Jours et heures. Ther. de la Hire. Ther. de Deluc. Ther.centigrade. Vents. > 1 5 LAS a8à leag matin bn bosshiiet=mouihatnr nat dite N-O. soir. 50: Lou, =D eme sus nie 26 aDae eine es lepo matin.…..,50 18.1sur 60 .6pncnmer-Bunls nl. ox SOIT 100 AMIE rat 0 ste == HE OT: pre 3e 5 le 21 matin.. 5o. Deere 62e. ssqiqeesssee N_O. T0) ATRTR AS ee A EE PRO E le 22 matin... ils st une le or Ë Ce 22 matin.. 51. 9: TODOE 12e. + NO. SES (2 L'année 25 lé 23 matin.. 51. 4 20 ---3 ,9 Col PCI . CC] PA …..... Ze e else ©, £ . luie. Soin On. tale nRt store et Le plus grand froid a donc été de 13° à-peu-près du thermo- mètre ordinaire, ou de 16 du centigrade : froid vraiment excessif pour Montpellier , et qui, quoique plus foible que celui qui a eu lieu à Paris, de 4 à 5 degrés, est peut-être , proportionnel- lement au climat, plus fort; et M. Gauteron observe qu'on sentoit dans les maisons les mieux chauffées un froid cuisant, car le thermomètre placé , comme nous l’avons dit, dans un ca- binet dont les vitres étoient fermées, a indiqué, la nuit du 10 au 11,51 -: ce quiest à 4 6 du thermomètre ordinaire , ou à 5 * du centigrade , et prouve combien le froid avoit pénétré dans l’intérieur .des maisons. Mais on voit par la comparaison des observations de Paris et de Montpellier ; que si la gelée a com- mencé plutôt à Paris, et que le froid y étoit déja violent lorsque la gelée,ne faisoit que commencer à Montpellier ; que cependant le très-grand froid a eu lieu dans cette ville deux jours plutôt qu’à Paris, et qu'il y a repris aussi un peu plutôt. En février, la gelée a repris à Montpellier comme à Paris : savoir, les 8 et 9 foible; les 25 et 26 plus fortement : le thermomètre étant parvenu ces jours-là à 51 et 514, c'est-à-dire à -- 4 ket à-- 3.3 du thermomètre ordinaire, et à -- 5.6 et -- 4.1 du centigrade. Entre le 9 et le 25 il y a eu des jours fort doux, et le mémoire de M. Bon ne nous marque rien du mois de mars, ce qui fait croire que le froid n’a eu rien de remarquable alors. Observons néanmoins encore, 1°. que M. Lon a réduit les 5 degrés du thermomètre de /4 Hire, observés à Paris, au thermomètre d’Amontons, savoir à 48 -- et7+ donnent 5 parties ; ce qui re- vient à un peu au-dessous de 17 du thermomètre à mercure : ce qui est aussi la réduction que nous avons faite ; et »°. que M. Bon ayant expose, le 11 de janvier, à l’air libre une pa jatte EVIND HISTOIRE NATURELLE, 291 pleine d’un vin excellent et très-spiritueux, elle fut convertie en glace en moins de huit minutes, et que l’urine et d’autres li- queurs gelèrent aussi promptement. 20, Observations en Hollande. Il s’en faut de beaucoup que nous ayons pour la république batave des observations aussi exactes que celles de Paris ou de Montpellier. Voici à quoi se réduit tout ce qui en est parvenu à ma connoissance. BorrnaAve rapporte dans sa chimie (1), qu’il a vu la liqueur du thermomètre de Fahrenheit se tenir pendant le froid très- rigoureux de l’année 1709, dans le Jardin botanique , à 5 degrés à-peu-près ; voilà ce qui paroît au premier abord bien clair , bien positif ; et cependant j'ose dire que cet endroit exige quel- ques remarques. D'abord ïl n’est pas douteux que ce thermomètre ait été d’es- prit-de-vin; car outre qu'on n’en faisoit pas d’autres dans ce temps-là, le mot Zguor dont .BorrnAAvE se sert, et ce qu'il ajoute ensuite (2), que l’alcohol s’est condensé par le froid na- turel de 1709 en Islande, jusqu’au premier degré du même ther- momèêtre dont il parle, démontrent la chose. Maïs quelle étoit cette échelle, et comment avoit-elle été graduée? Boerhaave en parle comme de l’échelle ordinaire , où 96 indique la chaleur du sang ; 32 la glace fondante , zéro le froid produit par un mé- lange de glace et de sel ; en un mot, comme si c’étoit le ther- momètre NÉ Fahrenheït, que j’ai nommé dans mon traité, rou- veau thermomètre de Fahrenheit, et qui se trouve dans mon tableau, sous le n°. 13; auquel cas ces 5 degrés reviennent à très-peu-près au 5° du thermomètre à mercure, ou à —-12° du thermomètre de Deluc , et à -- 15 du centigrade. Il se peut que Fahrenheit ait'fait dès-lors des thermomètres à pareïlle échelle, pour quelques physiciens ; mais ils n’ont commencé à être assez généralement connus que quelques années plus tard. Son échelle étoit précédemment différente, comme je l'ai fait voir à l'endroit cité ; et j'ai placé au n°. 12 de mon tableau l’ancien thermomètre de Fahrenheit : mais quand Boerhaave auroit observé celui- (1) Elem. chim. tract. de igne, exp. 4. cent. #. p.85 , edit Parisiens. (2) Ibid. Exp. 5, p. 89. : 00 2 292 JOURNAL DE PHYSIQUÊË, DE CHIMIE ci, et l’auroit réduit dans ses élémens à l’échelle connue alors, la chose reviendroit au même, parce que ces deux échelles sont concordantes. Un auteur hollandais , M. Duin (1), qui a décrit avec soin le grand hiver de 1740 , se trompe évidemment en rap- portant que Boerhaave auroïit employé en 1709 un thermomètre à mercure : et que par la suite il auroiït trouvé ce thermomètre imparfait. Borrmaavene fait aucune mention dé cette dernière circonstance ; du reste, quand on soupçonneroit que ce ther- mofnètre à esprit-de-vin a été gradué par la chaleur du sang et la glace seulement, (ce que nous sommes fort loin de croire, parce que l’ancienne échelle de Fahrenheït n’a pas été graduée ainsi, comme je l’ai prouvé daris mon traité), et qu’il eut par conséquent été ce que j'ai nommé faux thermomètre de Fah- renheit , n°, 1, et qui fait le n°. 14 de mon tableau ; ces 5° ne reviendroient encore qu'à 20.2 du thermomètre à mercure de Fahrenheït, ou à 137 du thermomètre de DeZuc, ou 16,92 du centigrade ; et, il est remarquable que le froid de 1709 a été plus foible en Hollande qu'à Paris et même à Montpellier. Ainsi je ne sais d’où l’auteur de l’ouvrage hollandais intitulé //zssoire naturelle de la Hollande, a tiré ce qu’il dit, que le froid de 1709 a été en Hollande de 18° au-dessous de o , échelle de Fah- rerheit ; je suis persuadé que cela n’a pas eu lieu. Nous n’ayons aucun détail touchant la grandeur thermomé- trique du froid en différens pays ; si ce n’est qu’on trouve les observations suivantes dans un recueil hollandais que nous avons déja cité; mais l’auteur n’a rien dit sur l’endroit où les obser- vations ont été faites ; sur l'instrument, sur l'observateur : toutes les autorités y manquent ; aussi crois-je inutile de faire aucune réduction. 16HANV: 20 NN 20IANV-er is. e20-20N)aN Ver OS DOS nte Ho De AR rares AAA 202 RE Manor 27e oies alor ON 22e etes A ID iare sie fol pe LD LOU ele RO RE à el O0 20 Rite T0 PR ee TON = in .0 NOM LED EUr Nous nn seulement que selon ces observations, le plus grand froid, qui est celui mentionné par Boerhaave, auroit too (1) Æanmerkingen over drie strenge Winters, p. 15 ; ouvrage in-8°. publié en 1749, et que nous citerons fréquemment. ENTUD HI SMNONMMRIE NV A TU. RYEVL/TIE: 203 eu lieu vers les 18, 24 et 25; cependant les 11 et 12 dont il n’est pas parlé ici, le froid étoit déja violent. 1l auroit été encore bien fort les 26 et 27 : cependant suivant des observations imprimées, etsuivant d’autres écrits que je possède en manuscrit , le dégel au roit commencéet à Haarlem , et à Rotterdam, età Breda, le 25 au soir. D’après les observations non thermométriques qu’on possède, l’hiver de 1709 a eu en Hollande quatre périodes : savoir, huit jours de gelée en décembre 1708 , qui ont eu lieu du 6 au 14. La gelée a repris le 5 janvier au soir très-subitement , et a duré du b--25 : le froid a été excessif les 7,8, 9,10, 12, 13, 17, 15, 19, 20, 21, 23, 24, les vents étantest, nord-est. Le 2h il a comi- mencé subitement à dégeler par un vent de sud. Il y a encore eu 18 jours de gelée en février, sur-tout du 18 jusqu’à la fin du mois. Le 20 les canaux étoient pris de rechef , et dans cet intervalle on trouve toujours dans les observations cette note : froid piquant. En mars il a encore gelé 14 jours, à différentes reprises : les ca- naüx étoient libres en quelques endroits le 18, quoique le 20 les glaçons permirent encore de passer la Meuse sur la glace vis- à-vis du village Ysse/monde. J’aurois fort desiré de pouvoir trouver pour la république ba- tave d’autres observations thermométriques précises, maïs je n’y ai pas réussi; à leur défaut j'ai eu recours à celles qui pouvoient du moins me fournir des /imites : et celles faites à Franeker en 1708 , par le professeur Andala , sont de ce genre. Vous con- noissez les observations que j’ai faites moi-même dans cette ville pendant 13 ans, et qui m'ont servi à en déterminer le climat. Andala se servoit d’un thermomètre à esprit-de-vin, placé sans doute à l’air libre , ou du moins à un.air assez libre, comme les variations diurnes de chaleur l’expliquent suffisamment. L’é- chelle marquoit zéro en bas, et 100 au haut,et la liqueur a baissé en 1709 deux ou trois fois jusqu'à 8 : le froid ordinaire, dit Andala , ne Va fait descendre qu’à 20 : la plus grande chaleur observée pendant sept à huit ans, l’a fait monter deux fois à 86. Enfin Andala a publié son Journal entier depuis octobre 1709, jusqu'en mai 1712 (1), ce qui m’a mis à même de voir qu’il com- mence à geler, qu'il gèle un peu , qu’il fait de la sqée blanche (1) Ces observations se trouvent dass deux ouvrages qui sont presqu’entière- ment inconnus aujourd'hui : Pun paraphrasis in principia cartesit Franc. 1711, in-4°. L'autre, dissertationum philosophicarum textus , ibid 1712, in-4'à 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DEUCHIMIE quand le thermomètre indique 3> où 35. Supposous donc, je vous prie, que le point de congélation soit à 32; ce qui répon- dra à 32 du thermomètre de Fahrenheit ; ou pintôt pour décou-— vrir tout de suite les erreurs qui s’ensuivroient, Si je me trompe là dessus, soit 32.5+ x le poïnt de congélation. Soit 32 + f, le degré du thermomètre de Fahrenheit, auquel répond la gran- de chaleur de 86 du thermomètre d’{zdala, et j'aurai cette pro- portion : 86 --- (32.5 + x) c'est- à-dire 53 5 + x nombre de degrés d'Andala contenus entre la congélation et le plus rand chaud observé : sont à #2 nombre de degrés du thermo- mètre de Fahrenheit contenus dans le même intervalle: comme 32.5 +x—8 ou 24 5—8 nombre de degrés d’A/rdala contenus entre la congélation et le froid de 1709 : à 2 nombre de degrés contenus sur l'échelle de Fahrenheit entre la congélation et le froid de 1709 rapporté à cette échelle : Dont va FX ee) 53.5 + x 10. Supposons d’abord x=o, c’est-à-dire que j'aie eu raison de rapporter le point de la congélation, par où j'entends ici pour abréger celui de la glace fondante à 32 +: et nous aurons 24.5 Soit f successivement, égal à 64, à 58, à 54; c’est-à-dire, supposons que la chaleur de 86 observée par 4udala soït rappor tée ou à 96° de Fahrenheïit, chaleur qui peut-être n’a jamais eu lieu en Frise, à l’air libre, (et qui reviendroit à 28 À de Deluc) à 90, à 86, et nous aurons 2— 29.3; ou à 26.6 , ou à 24.7. c'est-à-dire que le froid de 1709 aura été sur l’échelle de Fahren- heit à 2.7, ou à 5.4, ou 7.3. La première hypothèse est visi- blement fausse ; la deuxième peut avoir lieu : la chaleur de 86 a été observée par Andala le 17 juin 1711 : la veille, le 16, la plus grande chaleur de cette année-là a eu lieu à Paris, etle thermomètre de /a Hire indiqua 73 et demi (ce qui revient à 85 et demi de Fahrenheiït ou 23 trois quarts de Deluc) ; sur quoi la Hire observe « ce quine marque pas une fort grande chaleur, puisque j'ai vu monter le thermorgètre jusqu’à 80 » (1); mais la chaleur feut avoir été plus forte à Franker, et le degré 90 au- (1) Mérm. de V Académie , 1712. , PNDE D HAS MPOMERVEMUNTAËTIU RE LITE: 295 quel je l’ai rapportée, est sûrement une chaleur excessive ; et l’on voit par là que le froid pouvoit bien n’avoir pas été à Fran- keer plus grand qu’à Leiden , et avoir été aux environs de %o. 20. Mais je puis m'être trompé en supposant que la congéla- tion étoit à 32 et demi sur le thermomètre d’Ardala : si je me suis trompé en excès, et qu'il faille le placer au-dessous de 32 et demi, x sera négatif: z en deviendra plus petit; et le froid de 1709 aura été moins fort que je viens de l'indiquer. D'ailleurs ces observations consignées dans le registre d’Ardala répugnent à cette supposition. Si je m’étois trompé en défant x seroit posi- tif, z deviendroit plus grand. Supposons donc que la congéla- tion soit à 34 (et les observations n’admettent pas d’hypothèse Pres D2 NE plus sûre), æsera = 1.5 : donc z ::et z sera (dans les mêmes suppositions que ci-dessus) — 32, ou à 29 , ou à 27: et le froid de 1709 auroitété deo, de 3, ou de 5 : déterminations dont la première, comme je lai dit, n’est pas admissible. La’ seconde est la moins improbable : je crois même pouvoir l’ad- mettre ; etje pense qu’en réduisant l’observation d'Azdala à 3 degrés d’un thermomètre à esprit-de-vin de Fahrenheïit, nous ne nous écarterons pas de la vérité. Mais ceci ne suffit pas; il faut encore rapporter ce degré au thermomètre à mercure. Ici, comme nous sommes partis dn point de congélation, et de 90°, notre thermomètre pourroit se réduire sans erreur sensible, à un thermomètre qui auroit été gradué d’après 96 et 32 sur un thermomètre à mercure : et conséquemment il sera très-appro- chant de ce que j'ai nommé /azx thermomètre de Fahrenheit , n°. 1; et ces 3° répondent à o du thermomètre à mercure : ce qui se rapporte à 14 + ou environ du thermomètre de De/uc, et à 180.4 du centigrade. Vous voyez par là que le froïd aura été plus fort à Paris qu'à Leïde ; et vous savez, par mes observations , que cela a lieu or- dinairement : mais vous voyez que quelqu'hypothèse qu'on em- brasse , il aura toujours été moindre qu'à Paris. 11 étoit impor- tant de constater un point aussi remarquable , et c’est pour cette raison que je suis entré dans des détails que vous auriez dû trouver superflus , sans cette raïson , et qui, je le crains bien, paroîtront encore tels aux yeux de ceux qui, moins instruits que vous, ne desirent que des résultats, sans s’embarrasser s'ils sont fondés sur des preuves où du moins sur des probabilités d’un certain genre : je puis confirmer celles que j'ai données, par une LA 296 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE remarque de M. Bsr6ëw, de Francfort :1}, qui écrivoit en 1749, à un de ses amis, qu’on lui marquoit de la Haye, que le froid de, 740 y surpassoit de 8 degrés celui de 1709. Or, on sai qu'en 1740 le thermomètre a été à 2 ou 3° au-dessous du zéro de f44- renheït : on supposoit donc alors que le thermomètre avoit in- diqné en 1709, seulement 5 ou 6 degrés, ce qui, comme nous avons vu, revient à l’observation de Boerhaave qu’on regardoit alors comme exacte. La suite de l'hiver de 1709 au cahier suivant. De ON EME SUR LA RÉDUCTION DE L'ARGENT CORNÉ PAR LE GONTACT DU:FER, Par B. G. Sace, directeur de la première école des mines. On m’apporta , il y a trente ans, trois morceaux d’argent natif mêlé d’argent corné , de la province de Guamanga , au Pérou ; ils pesoient cinquante-cinq marcs ; avant de les livrer au creuset pour en extraire l’argent, je variai les expériences afin de déter- miner celle qui en rendroit l'exploitation plus productives j'en ai rendu compte en 1777 , dans mes élémens de minéralogie, page 305 du 11 vol. « Lorsqu'on sépare de la mine d'argent corné l’acide marin, par l’intermède du fer, l'argent reste à 74 sous sa forme mé- tallique, parce qu’alors il s'empare du phlogistique du fer à mesure que celui-ci passe à l’étatde sel martial. » Je répète cette expérience dans mes cours publics depuis 30 ans; je cite même un fait remarquable que voici : « ayant laissé dans une boîte une aiguille aimantée à côté d’un morceau d’ar- gent corné ; l’ayant oublié pendant un an , jy trouvai, en ou- yrant la boîte , du sel martial fluide , et l’argent entièrement (1) Commercium Litter Novimbergicum ; n°. 1740; p. 121. a reporté ET D'HISTOIRE NATURELLE. 297 reporté sous forme métallique, recouvert et entremêlé d’ochre wartiale brune, produite par une partie de l’aiguille aimantée qui avoit été entièrement dissoute , et dont il ne restoit plus que la chappe de cuivre jaune, rouillée. Je vous envoie, mon cher Delamétherie , un fragment de ce morceau d’argent corné réduit par le fer. L’analyse et l’exploitation que je fis de ces cinquante-cinq marcs d’argent natif, mêlés de plus d’un tiers d'argent corné, m'ayant fait connoître que l’amalogame étoit un moyen très-insuf- fisant pour en extraire tout l’argent , je fis passer au ministère espagnol le résultat de mes expériences, en indiquant que la mine bien boccardée et tamisée devoit être mêlée avec de la li- maille de fer ettriturée avec le mercure et l’eau pour l’amalgame. J'ignore si l’on emploie ce moyen, mais je n’eus d’autre réponse que la connoïissance qu’il avoit été donné une cédule pour em- pêcher qu’à l’ayenir on laisse passer des mines chez l'etranger. DINACIE APCE TN DE DÉTERMINER AVEC PRÉCISION LA PRÉSENCE ET LA QUANTITÉ DE SOUFRE ET D’ARSENIC CONTENUE DANS UNE MINE, Par B. G. Sacs, directeur de la première école des mines. La torréfaction ou le grillage d’un minéral développe, décom- pose l’arsenic et le soufre qu’il contient ; mais la terre du métal se calcine et s'empare d’une portion d’acide et d’eau qui aug- mentent son poids, de sorte qu’on ne peut prononcer au juste sur les proportions de soufre et d’arsenic que le minéral contient. D'ailleurs, ces deux substances brûlent simultanément ; la tor- réfaction est donc insuffisante pour préciser. La distillation de deux parties d'acide vitriolique avec une de minéral pulyérisé, qui contient du soufre et del’arsenic combinés avec des substances métalliques, fournit le moyen de déterminer Tome VII. GERMINAL an 8. Pp 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avec précision la quantité de soufre et d’arsenic qu’ils contien- nent. Il passe d’abord de l’acide sulfureux qui naît de la décompo- sition du métallisateur (1) et de l’acide vitriolique ; le soufre se dégage sous forme citrine , et l’arsenic sous forme de chaux blan- che. Il reste dans la cornue le vitriol métallique calciné. J'ai obtenu par ce procédé de la mine de cobalt sulfureuse et arsenicale , Ê Chaux blanche d’arsenic..... 36. . SOufre CItrIN. ee DA A ARTE HE 531. Ces substances servoient à minéraliser le cobalt , à lui donner la propriété d’effleurer en vitriol de cobalt dans un lieu humide; ce sel est soluble dans l’eau, c’est en quoi il diffère de l’eflo- rescence lilas arsenicale de cobalt. Ayant traité de la même manière la mine de Kupfernickel (2), il a passé de l’acide sulfureux , du soufre citrin et de la chaux blanche d’arsenic ; il restoit dans la cornue de la chaux verte de Kupfernickel en partie vitriolée. La mine de Kupfernickel sulfureuse et arsenicale que j’ai em- ployée étoit sans gangue , et recouverte d’une efflorescence d’un vert sale ; son tissu intérieur étoit d’un gris tirant sur le rouge. Elle a produit par quintal, SOULLE Pers »reiee AO ATSEMICR Are ete 22 Kupfernickel....... 75 (1) Le métallisateuB est congénère des huiles, des graisses ; c’est le même aci- dum ; puisque saturé de phlogistique et combiné avec moins d’eau, c’est le même acide qui est combiné avec les terres métalliques, qui forme les sels qu’on nomme chaux métalliques. (2) Nickel des Suédois , des Français cuprum niccoli. Niccolums Wallerii, ce célèbre minéralogiste dit: wnde minera Nickel suum nomen habeat incertumn est, forsan Nickel hoc idem indicat quod spurium vel falsum. ET D'HISTOIRE NAMURELLE. 299 EXPÉRIENCES Propres à faire connoître que la mine rouge de plomb cristallisée de Sibérie, ne contient point de fer, mais de l’antimoine, Par B. G. Sace, directeur de la première école des mines. Jean Gallob Lehmann a parlé le premier de la mine rouge de plomb de Sibérie, dans une lettre qu’il a adressée de Péters- bourg à Buffon , en 1769; il m’engagea à la traduire : je l’ai in- sérée page 211 d’un ouvrage que j'ai publié en 1769, sous le titre d'Examen chimique de différentes substances minérales. Lehmann avoit reconnu que l’acide marin s'eñparoit rapide- ment de la couleur de la mine rouge de plomb, et qu’il devenoit d’un vert émeraude ; que ce qui restoit au fond du matras étoit d’un beau blanc. Voyez la page 217 de,mon Examen chimique ; mais il étoit réservé à Vauquelin de déterminer que cette cou- leur étoit due à une substance métallique particulière qu’il a retrouvée dans l’émeraude, le plomb vert de Sibérie, le rubis , le béril ; il a cru devoir la nommer chrome, du mot grec, croma, couleur. Vauquelin avoit d’abord, concurremment avec Macquart, publié, en 1789, que la mine rouge de plomb cristallisée de Sibérie contenoit par quintal, BTomb Are 36 livres Oxyrénan "1: 37 SR RS ANSE 2 Terre alumineuse... 2 99 ENT JOURNAL DE PHYSIQUES DE CHIMIE Vauquelin dit, dans sa dernière analyse , qu’elle contient par quintal , v Plombier error de 00 Acide chromique....... 37 Fer ane RENTE 427 AluMINE sue one def 082 99 On ne peut refuser à Vauquelin beaucoup de sagacité, béau- coup d’exactitude ; mais comment a-t-il pu annoncer qu’un mi- néral contient le quart de son poids de fer , tandis qu'il n’en contient pas : a-til été entraîné par ce que Lehmann a publié. Les expériences suivantes font connoître que la mine rouge de plomb cristallisée de Sibérie, contient près de la moitié de son poids d’antimoine ; ainsi la mesure de l’analyse de ce miné- ral sera par quintal, : ATUMOIE NIET 45 Chrome... N'ayant pu séparer avec précision le Plomb... ? plomb, je ne précise que la quantité Alumine #/ d’antimoine. Usus et impigrae simul experientia montes paulatim docuit pedotentim progredientes. Lehmann dit que la mine rouge de plomb ne s’est trouvée qu’en Sibérie, près Catherinnebourg ; son gîte avoisinoit des mi- nes de cuivre, de plomb et d’argent. Cette mine n’a point de * filons particuliers qui lui soient propres ; on en trouve sur du quartz martial, sur de la mine de fer hépathique, sur de la galène. f è Cette mine rouge de plomb cristallise en prismes tétraèdres rhomboïdaux, tronqués obliquement aux extrémités ; quelquefois * terminés par des sommets dièdres ; la couleur de ces cristaux est d’un rouge orangé; rompus ils sont transparens , rouges et brillans comme le réalgar ; mais leur surface est ordinairement couverte d’une efflorescence jaune orangé. Si on expose sur un charbon au feu du chalumeau , de la mine rouge de plomb, elle noircit, fond avec bruit, et produit une masse noire poreuse, Qgpaqne, qui n'est pas attirable par l’ai- mant. Si on.continue à la laisser exposée au feu, le plomb et l’antimoine s’2xhalent et laissent sur le charbon une auréole prolongée d’un blanc jaunâtre. Et D'HISTOIRE, NATURELLE $oL Après avoir tenu rouge pendant une demi-heure dans un test cent grains de cette mine de plomb cristallisée , ils ont pris et conservé une couleur rouge de rubis, ne se sont point sensible- ment déformés , n’ont point diminué de poids. J’ai encore tenu le test exposé au feu pendant une heure, les cristaux rouges de plomb sont devenus noirâtres À leurs surfaces, sans diminuer de poids; les ayant pulvérisés , ils ont pris la couleur du jaune de Naples, et sont propres aux expériences comme la mine qui n’a pas été exposée au feu. d J'ai coupellé dix grains de cette mine avec vingt parties de plomb; le bassin de la coupelle pénétré de feu avoit une belle couleur rouge nacarat qui chatoyoit en vert émeraude. Aucune substance métallique n’offre rien de pareïl, ne laisse le bassin de la coupelle empreint d’un beau rouge brun. Cette mine de plomb ne contient point d’argent. L'effet de l'acide marin sur la mine rouge de plomb cristallisée ést relatif à sa concentration ; j'ai mis de ces cristaux pulvérisés dans un matras ; j'ai versé dessus douze parties d’acide marin que j'ai étendu de trois parties d’eau; je l'ai tenu en digestion sur le feu; cette mine s’y est dissoute en partie, et a procuré une couleur jaune foncé à l’acide, lequel ayant été concentré par l’évaporation, est devenu vert émeraude. J’ai versé sur une autre portion de ces cristaux de l’acide marin purifié (1), il a dissous à chaud, le plomb, le chrome et une partie de l’antimoïne ; il à pris la plus belle couleur verte; il s’est précipité par le refroidissement de petits cristaux de sel stibié (2), en lames blanches, carrées, transparentes ; ce qui res- toit au fond du matras ayantété épuisé de plomb et de chrome par l’acide marin, étoit d’un blanc grisâtre : ayant rassemblé ces cristaux et le résidu , je les ai sèchés sur un papier gris ; ils pe- soient près de moitié de la quantité de mine que j’avois employée. Ce sel stibié exposé au feu, décrépite, mais si on le pulvérise, (1) La couleur jaune de l’acide marin du commerce , est due à du fer: on l’en dégage en distillant cet acide sur du sel marin blancs calciné: l'acide qui passe a la lmpidité de l’eau. (2) Ce sel formé d’acide marin et d’antimoine , est semblable pir la forme et les propriétés, au sel s/ébié naturel qu’on a trouvé dans de la galène de Pizibram en Bohéme, et à Brawnsdorf en Saxe; exposé au feu du chalumeau’, sur un char- bon , il décrépite, fond, se réduit et s’exhale en chaux blanche. 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE il fond , noircit, produit des globules d’antimoine qui brulent en exhalant une fumée blanche dont une partie se fixe sur le char- bon , et forme une auréole blanche prolongée. - Ayant rapproché par évaporation, à consistance épaisse, l’acide marin qui avoit dissous le chrome, il imprimoit une saveur su- crée qu'il doit au plomb qu'il tient en dissolution : ayant dessè- ché jusqu’à siccité ce sel mixte, il a laissé une masse d’un lilas pourpre qui attire promptement l’humidité de l’air et devient vert. Le plomb seul combiné avec l'acide marin, ne produisant pas un sel déliquescent, c'est donc au chrome qu’il doit cette propriété. L’acide nitreux à trente- deux gros dissout à chaux la plus grande partie de la mine rouge de plomb, et prend une couleur jaune semblable à la dissolution d’or. Si l’on verse de cette dissolution dans du nitré mercuriel, il se forme un précipité d’un beau jaune souci. Si l’on verse de cette dissolution dans du nitre lunaire , il se fait un précipité presque rouge. Versée dans l’acide arsenical , ‘il se fait un précipité bleuâtre: Ayant étendu d’eau la dissolution verte de la mine rouge de plomb, par l’acide marin, j'ai versé dedans de l’alkali fixe, 1l s’est fait un précipité bleuâtre. Ayant tenté de réduire par le flux noir auquel j'ai ajouté un peu de charbon, la dissolution de plomb et de chrome dessèchée, je n'ai obtenu que quelques parcelles de plomb. Les scaries alkalines ayoient une belle couleur d’un vert clair. On voit, d’après les expériences que je viens de citer, que l’antimoine se trouve dans cette mine en plus grande quantité que le plomb. Vauquelin a employé une manière simple et ingénieuse pour extraire l’acide chromique de la mine rouge de plomb; il l’a fait bouillir avec de l’alkali fixe , et il obtint par l’évaporation un sel neutre dont les cristaux sont orangés. Il en a dégagé l'acide chromique par les acides minéraux ; l’évaporation lui a produit des prismes allongés de couleur rubis. L’acide chromique mêlé avec, de la poudre de charbon, et ex- posé à un feu viôlent a produit le tiers d’un régule gris formé d’aiguilles entrelacées les unes dans les autres. Vauquelin dit que ce demi-métal est infusible ; exposé au feu du chalumeau, il se couvre d’une couleur lilas qui devient verte en refroiïdissant. L’acide chromique versé dans une dissolution de plomb donne un précipité rouge, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 304 Nul ne rend plus de justice que moi au talent distingué de Vauquelin , et je suis très-persuadé qu’il auroit découvert l’anti- moine dans la mine rouge de plomb de Sibérie, s’il en eût eu assez pour varier ses expériences. De sus ms 7... "0." "), <é G ] PCT Cr RE SUR LE VITALITOMÈTRE D'ANTOINE-MARIE NV: ANSYS A TL LIFE, AN D:1: Au. C***, membre du corps législatif. C’est avec la plus sincère satisfaction que j’ai entendu votre objection contre mon vitalitomètre. Découvrir la vérité étant l’unique but de mes études, et la communiquer le seul motif de mes écrits, je souhaite de voir réfuter mes opinions si elles sont fausses, comme je l'ai déja avancé dans le Giornale ficico- medico del D. Brugnatelli, prof. a Pavia, 1790. Vous avez vu que je ne propose le vitalitomètre que comme un doute, une pensée à examiner ; j'y tiens peu, mais ayant, à ce que je crois, de bonnes raisons à opposer à vos argumens, je croinois manquer à la science et à l’amour de la vérité, si je gardois le silence sur une objection en apparence très-solide. J'ai dit , dans le Journal de physique du moïs de pluviôse der- nier, que l’électromètre pourroit servir à distinguer les mala- dies incurables de celles qu’on peut guérir, en déterminant le défaut de l'électricité naturelle dans les animaux dont l’organi- sation est si fortement dérangée qu'il n’est plus possible de la rétablir. : Les phénomènes galvaniques qu’on obtient des animaux morts vous paroissent renverser entièrement ma proposition , "et ils m’auroient probablement porté à faire de nouvelles recherches , si, en examinant ayec mes collègues Giulio et Rossi les effets du Por sur les animaux, je n’avois observé que les grenouil- es tuées par ce poison perdoient la susceptibilité galvanique. J'ai fait la même observation sur des grenouilles mortes dans So JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le vide pneumatique , ou d’une affection r1orbifique quelconque. 1] paroît donc certain que les asrimaux 50715 de maladie, même violente, ne sont plus susceptibles d’êtr: auités par le moyen du galvanisme, ce qui s'accorde avecl’abservation du citoyen Buniva qui a vu que l’électricité manquoit dans les chats malades, et avec ma théorie sur l'électricité animale (Journal de physique, mois de germinal et de messidor an 7), et sur les phénomènes de la torpiile. Si des observations nombreuses nous assurent que tous les animaux morts de maladie naturelle, ou par l’effet des poisons, ne donnent plus les phénomènes galvaniques, mais que pour les obtenir il faut tuer brusquement des animaux chez lesquels l'énergie vitale est très-considérable, vous conviendrez qu'ils ne sont point contre mon idée du vitalitomètre. Quoique vous me voyez occupé de l'électricité animale en exa- minant les effets des poisons, des remèdes, des différens gaz, des divers degrés de la raréfaction de l’air commun sur les ani- maux, ne croyez pas que je sois dans le nombre des enthou- siastes qui voient l’action de l'électricité dans tous les phénomè- nes de la nature. “ Depuis 1789 j'ai averti que l’électricité artificielle étoit nuisi- ble dans plusieurs maladies , dans lesquelles on en préconisoit l’usage, et j'ai réfuté la théorie de la guérison de l’apoplexie , publiée par le comte Carli, qui ne voyant dans cette maladie qu’un torrent de l’électricité naturelle, qui se porte au cerveau , dit que de fortes ligatures au-dessus des genoux la guérissent ; si le fait est vrai, j'ai dit qu’il falloit en chercher une autre explication. ' Dans ma physique je regarde l’électricité qu'on observe dans les éruptions volcaniques et dans les tremblemens de terre, comme un effet et non comme la cause de ces grands phénomè- nes. Vous voyez donc que ce n’est point la manie d'étendre l’ac- tion de l'électricité dans la nature, qui me fait défendre le vita- litomètre; mais le desir d'avancer la science, qui me paroît s’accorder avec la théorie que j'ai proposée de cet instrument, et avec les phénomènes galyvaniques que j'ai observés. Ainsi chaque fois qu’on tue un animal dont l’organisation n’est pas assez dérangée pour que les bornes de l’électricité posi- tive et négative ‘naturelle dans ses différentes parties, soient renversées, on obtient les phénomènes galvaniques. Au con- traire, Si on tue un animal par le poison dont l'effet est de dé- truire l'organisation, ou si ce même animal est mort de maladie qui ET) D’H EST OI RE NA T.U R‘E L'LE: 305 qui la dérange assez pour effacer les bornes de lelectricité po- sitive et négative, alors on n’obtiendra point les effets du gal- vanisme : je vous propose une théorie qui demande encore plu- sieurs faits à son appui; j'aurai atteint mon but, si je porte les physiciens à la confirmer, ou à la réfuter par de nombreuses expériences. | RÉFLEXIONS SUR L'HYDROPHOBIE, Par le médecin Can moy. L'hydrophobie est aussi obscure dans sa théorie, que son traitement est infructueux. La cure prophilactique de cette ma- ladie n’est rien moins que démontrée; à l’égard des succès dans la rage déclarée , ils sont si rares qu’ils forment des exceptions sur lesquelles on ne doit pas compter. Quoique cette maladie inspire les plus justes terreurs, elle est cependant du nombre de celles dont on cherche le moins à écarter les occasions ; les chiens la communiquent le plus sou- vent aux hommes, et lés hommes s’entourent dé ces animaux comme s'ils n’avoient rien à en redouter. On a beaucoup écrit sur la rage, et on n’a pas encore toutes les notions nécessaires ; on est souvent fort embarrassé de pro- noncer si un animal est enragé ou non. Le refus de boire et de manger est le principal caractère qu’on assigne, cependant il n’est rien moins que certain. Il est prouvé par les observa- tions faites à Marolles «et à Fréjus que des loups enragés bu- voient et mangeoient. En 1758 le loup qui fit tant de ravages aux environs de Dijon, terrassa une femme qui portoit des œufs qu’il mangea : il tra- versa ensuite un ruisseau où il but. , La société dé médecine a publié dans ses Mémoires qu’un chien enragé avoit bu et mangé. Ces faits quoique certaïns ne sont que des exceptions ; il est bon de ne les pas ignorer ; maisils ne doivent pas inspirer des frayeurs pusillanimes. Tome VII, GERMINAL an 8. Q q 306 JOURNAL, DE PHYSIQUE, DE:CHIMIE Si boire et manger ne rassure pas infailliblement sur la rage d’un animal, on ne doit point aussi s’alarmer outre mesure ; pour avoir été mordu d’un chien qui refuse de boire et de man- ger ; j'ai vu plusieurs fois de ces, animaux qui non-sculement ne buvoïent ni ne mangeolent , mais encore mordotient jusqu’à leur maître, sans qu’il soit arrivé aucun accident. Ces faits jettent dans des perplexités, mais ils ne sont décisifs qu’autant qu'ils sont joints aux autres signes, tels que les yeux hagards, rouges, pulvérulens, la marche incertaine, la queue traïînante, les oreilles basses, la bave à la gueule, etc. On regarde comme une annonce assez eprtaine qu’un Chien est eriragé lorsque les autres chiens fuient à son aspect. Cependant Sage a vu un chien sain accourir et er-prevoquer un autre quiétoit enragé. œ Les chièns ne sont pas les seuls ânimaux susceptibles de rage spontanée ; les loups y sont vraisemblablement sujets; les hom- mes eux-mêmes n’en Sont pas exempts. Les symptômes de la rage communiquée aux hommes ne sont pas tous constans ni les 1inêmes; les essentiels m’ont, paru, l’horreur de l’eau et de toute boisson; douleur ‘au cardia et qui s'étendoit jusqu'au gosier; une expulsion presque conti- nuelle de salive. Ce symptôme cadre avec la bave abondante que réndent les chiens enragés. b La fureur du rut présage la déclaration prochaine de la rage, du moins je sais que cela est: arrivé. à une, meute de chiens avant de prendre l’accès. Les hommes peut-être n’en sont pas à l'abri; on sait que dans le paroxisme lils, éprouvent quelque- {ois de violens priapismes,et d'énormes pollutions. La rage est une maladie asez rare; dans plus de quarante-cinq ans de pratique je ne l’ai vue que trois fois; ce n’est ue que chaque année on ne parle de personnes mordues par des ani- maux enragés, ouprésumés.tels, mais'il est difficile de s'assurer, d’une part, de la réalité de la maladie , et de l’autre, de savoir si le venin a, été introduit dans la plaie, où au moins s’il y.est resté. Souvent on est mordu par dessus ses vêtemens , la bave reste à travers, et la dent ne fait qu’une plaie simple ; elle peut d’ailleurs s’écouler ayec le sang qui en sort. Je dis même plus, il se peut qu’elle y reste, qu’elle passe dans la masse du sang, sans être nécessairement suivie de la rage ; je juge de ce. virus comme de ceux de la petite vérole, de Ja gale, de la peste, etc. , qui n’infectent de ces maladies que ceux que la nature y a dis- posés. Je crois l’analogie très-admissible dans ce cas : coniment pourroit-on expliquer sans elle ces nombreuses observations qui ÉT D'HISTOIRE NATURELLI 307 apprennent que dans la qnantité des personnes mordues par un même animal enragé , les unes périssent , et les autres réchap- pent. En 1775 un loup fit des ravages affreux dans les ci- devant Mâconnois et Charollois; les blessés de cette première province furent traités par ordre du gouvernement, et d’après un plan de curation envoyé par la société de médecine, les uns périrent et les autres se rétablirent sans éprouver aucun symptôme de rage. Il en fut de même dans le Charollois, quoiqu’on n’ad- ministra pas le même traitement; on se contenta d’un remède empirique dont les insuccès sont trop marqués pour mériter de la confiance. Les morsures des loups sont trop graves, trop profonces, trop multipliées , et le plus souvent faites à la tête, au visage et d’autres parties nues, pour fonder le soupçon que la bave qui, vraisemblablement ne s’épuise pas plus chez les animaux que dans les hommes , ne soit pas restée dans quelques-unes des plaies. Une des personnes mordues dans le Charollois avoit douze ou quinze blessures de ce genre; est-il présumable que dans aucune il n’y soit demeuré de la bave. Quelle cause a donc préservé de la maladie, si ce n’est la bienfaisante nature ? Vou- droit-on l’attribuer au remède empirique? Maïs pourquoi a-t-il manqué sur tant d’autres? invoquera-t-on en sa faveur la même disposition sur laquelle je me fonde? Mais ma conjecture n’est pas dans le cas de lui être assimilée ; elle n’est pas une simple possibilité ; elle dérive de faits nombreux, d'observations avé- rées ; les conséquences qui en résultent n’ont rien que de proba- ble , et fussent-elles même illusoires , elles deyroient néanmoins être admises; nul danger ne peut en résulter, et elles ont l’ines- timable avantage de pouvoir tempérer de mortelles alarmes. Il est si consolant pour celui qui a eu le malheur d’être mordu d’un animal enragé ,de penser que peut-êtreil est du nombre de ces heu- reux individus que la nature a distingués et qu’elle n’a pas for- més propres à recevoir la communication de la rage. Cet espoir ne dispense pas de recourir promptement aux remèdes , il leur ajoute un degré de confiance qui tranquillise d'autant plus. Les externes tiennent le premier 1ang. L’amputation est le moyen victorieux lorsqu'il est possible de la faire sur-le-champ : les fortes ligatures , les prof@ides scarifications , les ventouses , la cautéri- sation par le feu sur-tout, les vésicatoires présentent plus ou moins d’evantages sensibles , inais ce n’est que de la célérité de l'emploi de ces moyens qu’on a droit de beaucoup espérer. Q q 2 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHÉMIE À Pégard des remèdes intérieurs , l'utilité n’est pomt aussi évidente; le choix n’en est point aisé; le célèbre Sage vient de faire part d’une guérison au moins d’un succès présumé ; obtenu par l’alkali volatil. Macquer a cité d’après un auteur , la vertu du vinaigre ; l'observation seroit d'autant plus précieuse, que le remède auroit guéri la rage dans son accès; et c’est là vérita- blement la pierre de touche ; un remède ne sera incontestable- ment spécifique qu'autant qu'il aura réussi à cette époque. Ce n'est pas toutefois qu’on doive nier les vertus prophilactiques. Tel remède peut prévenir un mal, sans être en état de le vain- cre quand il est développé et à son dernier terme, mais pour qu’il inspire une confiance convenable, il favt un grand nombre de faits constans , et confirmés par une longue suite d'années. On ne peut pas se dissnnuler que l’histoire théorique et prati- que de la rage ne soit encore couverte de beaucoup d’obscu- rité. Les remèdes sont équivoques, et les observations ne sont point concordantes. Les médecins ont hasardé des assertions gratuites qui jettent néanmoins dans de grandes perplexités. Peut- on aisément croire que la griffe seule d’un animal enragé , sans qu'il yait la moindre plaie, et qui n’a enlevé que l’épiderme, ait communiqué la rage ? Est-il fondé d'attribuer un accès de rage à une morsure faite vingt ans auparavant, comme sil n’étoit pas connu qu'il y a des hydrophobies spontanées ? Est- il raisonnable de prétendre que des enfans conçus dans l’inter- valle d’une morsure à la manifestation de la rage, seront sujets à la manie, à l'hypocondrie ? N'est-ce pas assez d’inspirer d'ef- froyables alarmes aux parens, sans transmettre encore de pareil- les inquiétudes à leur postérité. En énumérant les différentes manières qui peuvent commu- niquer la rage, il eût été convenable d'annoncer en même temps les faits qui en diffèrent et servent à diminuer les frayeurs. S'il est vrai que la bave reçue sur la peau entière ait donné Ja rage, il ne l’est pas moins qu'il y ait des observations con- traires ; si on est devenu enragé pour avoir mangé de la chair, du sang, du lait des animaux hydrophobes , il est certain que d’autres fois on l’a fait impunément. J'ai appris et je crois que le célèbre et savant rédacteur du Journal de physique a été témoin oculaire du fait, qu’une fille hydrophobe mit dans sa bouche et mâcha un morceau de poire qu'êlle rejetta ensuite dans l’idée qu’on vouloit l’empoisonner... Pour l’en dissuader, un de ses parens le ramassa et le mangea en présence de tous les assistans. Peut-on douter que cette poire ne fût pénétrée de ED D HIS MÉONT RE" NIA TU RE L'I/E: 3509 la salive de l’hydrophobe ? cependant nul accident n’en a ré- sulté. Il est incontestable qu'il faut admettre ces faits rapportés par de graves auteurs : mais il est tout aussi nécessaire de ne pas passer sous silence les observations opposées; entre un grand nombre on doit distinguer celles de ces anatomistes qui ne de- vinrent point enragés quoiqu'’ils se fussent blessés avec les scal- pels qui servoient à leur dissection. Il est difficile de présumer qu'ils ne se fussent pas inoculé le virus hydrophobique. La conséquence qui résulte des observations pour et contre, n’est pas difficile à türer ; elle est toute en faveur de ma con- jecture. Elle explique pourquoi l’un est à l’abri et l’autre victi- me ; les remèdes vantés méritent peut-être moins de confiance que l'espoir d’être du nombre de ces heureux individus que la nature à garantis et qu’elle n’a pas disposés à la communication de la rage. Je ne prétends pas insinuer par là que toute crainte soit frivole, et qu'il faille s'abandonner au bonheur possible de sa constitu- tion et négliger les moyens dont la prudence fait une loi ; je n’ai d’autre but que de modérer de trop fortes alarmes. Si J'avois à traiter plusieurs hydrophobes à la fois, je ne né- gligerois sur aucun d’eux les méthodes usitées , mais j'ajouterois aux uns l’alkali volatil de Sage, et pour les autres le vinaigre de Macquer ; dans une maladie aussi désespérante on ne sauroit faire trop d’essai. J’en ai fait un qui ne m’a pas réussi, mais dont il n’est pas inutile de parler ; c’est de l'électricité. L’hydro- phobie se range assez probablement dans le genre des convul- sions , et j'ai éprouvé que dans certaines circonstances l’électri- cité quoiqu’irritante de sa nature , étoit un excellent antispas- modique. C’est sons ce rapport que je donnai pendant deux heures de très-lésères commotions à un hydrophobe. L’effet en fut d’abord étonnant; tous les symptômes se mitigèrent, à l’ex- ception de l'horreur de l’eau, et de l’abondance de l’expulsion. J'interrompis l’opération pendant une heure , tous les accidens reparurent aussi-tôt; je recommençai l’électrisation, mais le calme qui m'avoit flatté en commençant ne se reproduisit plus, le malade s’affoiblit par degré et mourut dans les vingt-quatre heures avec une fermeté et une présence d’esprit que je n’aurois pas auguré. Il n’eut dans aucun temps ni envie de mordre, ni le plus léger délire. Il en fut à-peu-près de même des deux autres malades ; cependant une éprouva quelques disparates ; elle eut aussi moins d'horreur de la boisson. La durée de son accès ne 310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fut que dé quelques heures ; elle périt subitement dans une syn- cope. Quoique la mort des hydrophobes ne soit pas ordiuaire- ment si prompte , elle n’en est pas moins communément inévi- table. Cette cruelle maladie a coutume.de se jouer des efforts de l’art. Les malheurs qui viennent d'arriver à Paris prouvent combien les meilleures méthodes sont peu rassurantes ; les tra- vaux ne seront cependant pas en pure perte. On a dit-on, re- cueilli une grande quantité de salive avec laquelle on peut faire des expériences utiles sur la nature du virus et sur sa com- munication; peut-être fourniront-elles des idées qui mettront sur la voie de l’antidote desiré. Heureux le médecin à qui la providence le découvrira! en comblant le vœu de l'humanité , son nom sera placé au rang de ses bienfaiteurs les plus signalés. BRIE TES PORN DE EE 2 PE PCM TEL SE OR AT TE CT RP EEE CP RE NERE SCORE 5 OBS EP ROVAA) TT OUNAS Sur la décomposition de l'acide nitreux fumant, par le moyen du charbon, Par, B. G. Sacs, directeur de la première école des mines. N'importe la substance qui a fourni le charbon : ce qui cons- titue sa partie combustible est essentiellement la même, c’est-à- dire, de l’acidum pingue pur, saturé de phlogistique. Si je dis de l’acidum pingue, c’est que le charbon résulte toujours de la décomposition des graisses, des huiles. Le charbon ne pourroit-il pas être considéré comme gaz inflam- mable concret qui n’a besoin que du concours du feu et de l’eau pour se convertir en fluide élastique aëriforme inflammable, ce qui est démontré par l'expérience. Les charbons diffèrent par la quantité de terre qu’ils contien- nent ; elle se trouve dans le rapport d’un cinquantième dans le charbon de bois de chêne qui a été employé dans les expérien- es. La houille (1) ou charbon de terre pur contient un trente- troisième de terre. (1) La houille résulte de la carbonisation du bois par le moyen de l’acide LORD EI SMTMONIRI E LNIANTAULR: FALSE 311 Les os des animaux convertis en charbon contiennent beau- coup de sel PROSPER à base de terre absorbante (1). Quoique l'acide qui constitue le charbon soit essentiellement le même, cependant il est plus ou moins adhérent au principe inflammable , suivant la nature de la substance qui a produit le charbon. Dans celui du sucre, le phlogistiqueest tellement in- carcéré dans l’acidum pingue , que je n'ai pu l’incinérer. Le charbon qu'on obtient après avoir lessivé le résidu de la distillation de la crême de tartre (2), s’incinère avec une telle facilité, qu’on pent le regarder comme une espèce de pyrophore. Il suffit de le chauffer dans une cuiller de fér ou d'argent, à la- quelle on 1mprime une chaleur d'environ cent cinquante degrés pour qu'il s’'embrâse : il continué à brûler avec activité, ; Le charbon le plus légef est celui qu’on obtient par la com- bustion des huiles essentielles. On le nomme noir de fumee. Il est gras et onctueux. La suie est un mélange de charbon, de sel ammoniac et de ma- tière huileuse mêlée d’un peu d'alkali fixe. Lorsqu'elle s’est aglutinée, elle est connue sous le nom de bästre , et offre une couleur brune à la peinture. Pour opérer la décomposition de l’acide nitreux par le moyen du charbon , je mets dans un gobelet à cu rond une once d’acide nitreux fumant, marquant quarante degrés à l’aréomètre. Je projette à plusieurs reprises sur l’acide trois gros de charbon pulvérisé et chaufté : il s’embrâse par parties, rejette des étin- celles et s’élance en gérbes de douze à quinze pouces qui se succèdent, s’épanouissent et retombent à la manière des bou- quets des fenx d’artifice. Cette expérience offre en petit les ger- -bes ou aïgrettes étincellantes qui sortent quelquefois du Vésuye. Le feu qui résulte de la décomposition simultanée du charbon et del’acide nitreux, est assez fort pour rongir et fondie le verre. vitriolique qui s’empare de l’eau, de l'huile, de l’alkali et d’une partie du fer de la substance ligneuse. (1) La terre des os est la base de la terre calcaire, qui est, à proprement par- ler, un alkal ébauché. , (2) La crême de tartre, séparée par la distillation de l’acide et de l'huile qu’elle contient, laisse une matière charbonneuse qui produit par la lessive un peu plus du quart de-son poids d’alkali fixé pur. Le charbon qui reste pèse le trente deuxième de la crème de tartre; incinéré il laisse la moitié de son poids de terre calcaire. 312 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Dans cette expérience l'acide nitreux est entièrement converti en gaz déphlogistiqué. Le feu ne pouvant résulter que de la décomposition simulta- née de quinze parties de gaz inflammable et de quatre-vingt- cinq d’air vital, il est évident que l’un et l’autre se forment. Le gaz inflammable se produit par la décomposition du char- bon, qui est favorisée par l’eau de l’acide nitreux ; lequel acide se convertit en gaz ou air vital (1) par le concours du phlogis- tique des charbons. Quoique je fasse depuis plus de quinze ans, dans mes cours , la décomposition du charbon par l’acide nitreux, je n’ai cepen- dant déterminé que cette année, les proportions de charbon né- cessaires pour décomposer complettement l’acide nitreux fumant. Ce qu'il y a de remarquable dans cette expérience, c’est qu’il ne s’exhale pas d’acide nitreux en nature. EX OT RATE D'UNE LETTRE DE M. BLAGDEN, Sur la décomposition de l’acide muriatique, et sur les divers degrés de chaleur que produisent les rayons solaires. Le savant secrétaire de la société royale de Londres, Blagden; écrit , en date du 27 mars, à son ami Bertholet, qu'on vient de faire en Angleterre des découvertes de la plus haute importance. La première est la décomposition de l'acide muriatique par le moyen de l’étincelle électrique. On n’a point donné de détail sur les procédés qu’on a employés, ni sur les résultats qu’on a obtenus. Bertholet à aussi fait des travaux particuliers sur le même objet. TE g (1) Si je n’emploie pas le 710£ oxygène ; c’est qu'il signifie {ls de vinaigrier, Oxis, oxidos, en grec, signifie vinaigrier; Diogène signifie fils de Jupiter ; Archigène, fils du chef. Quoiqu'on ENT D MHOITSNTIONTORME NAT U"R'E'LEPE 313 Quoiqu’on n'ait pas encore rendu publique toute la suite de ces travaux intéressans, nous croyons pouvoir annoncer qu'ils prouvent que l'azote est un des principes de l'acide muriati- que. Mais nous ferons connoître en détail la suite de ces expériences. La seconde découverte qu'annonce Blagden, est celle qu’a faite Herschel, sur la nature des rayons solaires. Ce célèbre as- tronome a fait passer un rayon solaire dans une chambre obs- cure, et l’a décomposé à la manière ordinaire, par le moyen du prisme. Il a placé des thermomètres très-sensibles sous se que rayon prismatique ; et il a vu que la chaleur que chacun de ces rayons produisoit étoit en raison inverse de leur refran- joies ensorte que le rayon violet le plus refrangible de tous, onnoit le moins de chaleur , et le rayon rouge qui est le moins refrangible donnoit la plus grande chaleur, Il a observé encore qu’un thermomètre placé immédiatement au-dessous du spectre solaire , c’est-à-dire, au-dessous du rayon rouge , montoit plus haut que celui qui étoit exposé au rayon rouge lui-même. Par conséquent le maximum de chaleur qu'a produit ce rayon solaire est hors du spectre solaire. Tome VII. GERMINAL an 8. Rr \ # OBSER VATIONS METÉOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. B'AURAOEMOENEUR Er D É Maximum | Minrmum. |: Maximum. Minimuu. A Mupr. ‘sxnof Ci à midi —+- 5,8 à 8m. —+ 2,7] —10,7|à 6 5 m. 10,5 a 6 ï im aoÿtla 6 5m +0,58 là 74m. ë + 8,51à.6 km. à midi un 7,91a Bb © ip m, è23s. o,1{a b © à2s. 2 lé Est à 25. 1,86 £m a 2 S. Bal 7 m. a2%s. 2,7 fa g 5. 3|4 midi a 6m a midi 5là 28. a 2e. 1235. à 2 £s. a midi olà 2 s. à midi 2,2 à2ts. \à 6 Lim. fa 255. a 6 m. a 24%. ar a 7 km. à2s 12,246 m. 6[a midi + 6,1 à 8 m. à 2 - + 2,8à 8 m. à s, 1e 492là 6 m. 1 — 3,8, à 6 Le s, + 6; ol à 6} re SAC) a, ZU,S 11-027: Us s:1.07. 27. >? pipe Fe $ 5 ps- & a m Li— ÿ (2 v 2 ER: Le ÿ KE © Où D 1 On CS LE&NNDR LP ENR Où & O1 à Co R = OLONEHIL ON Lau O1 D © f- Fo: F2 po pe a 65m. à64m. à 61m : 7 in. F- p- n- ol re Le HERER Sie A æl- ss on te in. p-p D- p-p- ph» Le | à RÉ Se, Î el > O0 DE Un Q + 2 HÉHÉEEE EEE 1 CRIE Ï = gp M fe ou ever fra Ce OEM midi. . SHC AIDES Bone 22S...+ 27.10,6 CHEMINS eat 7 M, .. 28. 0,0 Rp La Go A = € pm p- pp AR N L Il RME LC A PANTUDeL ASTUI ON: Plus grande élévation du mercure. . . 28. 0,05 le 22. Moindre élévation du mercure. . . . 27. 2,20 le 4. Élévation moyenne Plus grand degré de chaleur. . . . . 12,2 le 25 Moindre degré de chaleur Chalcur moyenne. . . .. - 3,4 Nombre de Jours beaux. . . . . Ve de couverts. . . déplier 2 4 V'entôse an rrrr. = POINTS | a | Hyc. | VEnTs. | e LUNAIRES. 1 60,0 | Est. 2| 57,0 | Est. 3 65,0 S-E. Equin. ascend. 1 4 62,0 N-E. Nouv. Lune. 5 ; Caline j 6| 67,0 | N-0 7.10 70:07 | N° 8 50,0 N. Lune apogte. g| 48,5 N 10 56,5 N 11 | 68,0 | N-O 12 71,5 N. Prem. Quart. 19-7201; |nO 14| 64,0 | N. fort. 15 | 39,5 | N.fort 16| 44,0 | N-E. fort 17| 972,5 | N -Ë 16 65,0 Calme, Equin. descend, À: 19 71,0 S-E. Pieine Lune. 20 85,0 S. Lune périgée, 21| 78,0. | O 22 77,0 ; 28) \2071,0 | NE. AG DU ICE: 25 | 76,0 | Calme 26 | 68,0 | N. Dern. Quart. 27 | 66,0 | N. . ; 28 | 66,0 | N. 29 | 52,0 | N. 30| 66,0 | N. ‘A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, NMAeReel Are TL OINNS DE L'ATMOSPHÈRE. Ciel trouble et à demi-couvert. Quelques nuages; FPE le matin. - Ciel nuageux. Ciel troublé ; brouillard , couvert en grande parti. Ciel nuageux. Ciel couvert. Brouillard le matin ; quelques éclaircis. Ciel convert. ù Couvert par intervalles; quelquesfloc. deneige le mat. 1 Neige une parle de la journée. Ciel à demi-couvert; brouillard le matin. Neige le matin; Neal et nuageux le soir. Ciel couvert; quelques flocons de neige; brouillard. Ciel nuageux; brouillard. Idem. Idem. Neige par intervalles ; brouillard. Ciel couvert par intervalles. Neige le matin, ciel couvert. Ciel couvert; brouil. épais et très-humide É. matin. Ciel couvert ; pluie l’après midi. Ciel LAURE Ciel trouble et couvert aux trois quarts. Ciel à moitié couvert. Ciel trouble et en partie couvert. Ciel couvert et brouillard. Idem. Ciel couvert. Nuages, vapeurs et brouillard. Pluie mêlée de neige le mat., éclaircis au lev. du so!. RÉCAPITULATION. de gelée. . de tonnerre. de brouillard. . de neige. Le vent a soufflé du N. . . .. La 616 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLÉS LITTÉRAIRES. Leçons d'anatomie comparée de G. Cuvier, membre de l’Ins- titut national, professeur au collèse de France, et à l’école centrale du Panthéon, etc., recueillies et publiées sous ses yeux par C. Dumerir, chef des travaux anatomiques de l’école de médecine de Paris, 2 vol. in-80. Tom. I. contenant les organes du mouvement. Tom. Il. contenant les organes des sensations. A Paris, chez Baudouin , imprimeur de l’Institut national des sciences et des arts. L'’aratomie comparée doit jeter un grand jour sur la connois- sance des fonctions des divers organes des animaux : elle éclaire la physiologie et rectifie les conséquences trop précipitées qu’on avoit cru pouvoir retirer de quelques organes. Nous rendrons un compte plus détaillé de cet excellent ouvrage. Dix sept articles relatifs aux maladies des dents, où l'on démontre que Les signes de beaucoup de maladies fréquentes sont placés à la bouche, que l'inspection de la bouche fait con- noître la constitution individuelle et la source des maladies. Théorie mise en pratique pour le traitement des dents et dési- gnation des maladies auxquelles elle est applicable; par Lours LarorGur, expert dentiste, reçu an collège de chirurgie de Paris. Prix, 1 franc 6 décimes, et 2 francs 5 decunes franc de port, un vol. in-80. À Paris, chez l'auteur, rue des Fossés-St.-Ger- main-des-Prés , n°. 7, près le carrefour de Bussy ; Croullebois, libraire, rue des Mathurins; Desenne, libraire, Palais-Egalité. L'auteur traite des différentes maladies des dents, et des moyens d'y remédier. Manuel cosmétique et odoriférant des plantes, ou traité de toutes les plantes qui peuvent servir d'ornement, de fard et de parfums aux dames 5 auquel On & joint La quatrième édition de la Toilette de Flore , y compris la traduction anglaise, contenant les différentes manières de préparer les essences, porm- mades, rouges, poudres, fards, eaux de senteur, bains aro- ET DH NS MAN OTER EN CA TU R ELLE. 317 matiques et pots-pourris : les apprêts différens du tabac, et les procédés qu’on peut employer pour enlever toutes sortes de ta- ches. Ouvrage utile aux parfumeurs, baigneurs et autres per- sonnes chargces de la direction des toilettes, par J. P. Bucn’oz, auteur de differens ouvrages de médecine humaine et vétéri- maire, d’histoire naturelle et d'économie champêtre. A Paris, chez l’auteur, passage des ci-devant Jacobins de la rue Jacques, n°. 499 ; Fuchs, libraire, rue des Mathurins, n°. 334; Bernard, libraire , quai des Augustins, n°. 37, et les principaux libraires des départemens et de l’Europe. An 8, un vol. in-80. Cet ouvrage intéresse un grand nombre de lecteurs. De la peste ou époques mémorables de ce fléau , et les moyens de s’en préserver ; par J. P. Paroy, ci-devant historiographe de Provence. À Paris, chez Lavilletie et compagnie, au bureau de la Bibliothèque des romans, rue St.-André-des-Arts , n°. 46, 2 vol. in- 80. L'auteur déja connu par plusieurs ouvrages , décrit ayec beau- coup d’exactitude les moyens employés pour se préserver de la peste. Il fait l’histoire des lazarets et des règlemens qui les con- cernent: il expose les moyens dont on se sert pour le traitement des pestiférés dans les hôpitaux, pour en purifier l’air.... Cet ouvrage devient d’un grand intérêt dans un moment où les com- munications ayec l'Orient doivent faire appréhender qu’on en apporte cette terrible maladie. Zoographie des diverses régions, tant de l’ancien que du nouveau continent , uflrant, avec la notice géographique de cha- que contrée, l’histoire naturelle abrégée des mammifères et des oiseaux qui en sont originaires ou qui s’y sont naturalisés, classés d’après le système de Linnée , et indiqués tout-à-la fois par les dénominations de cet auteur et par celles conformes à la mé- thode de Lacépède, qui a été suivie dans le dernier arrangement des galeries du Muséui d'histoire naturelle de Paris. Ouvrage accompagné d’un atlas, dont les cartes renferment les noms et les figures des animaux placés dans les régions mêmes ils habitent. A, L. F. Jaurrrer , membre de plusieurs sociétés savantes et littéraires. À Paris, au bureau, rue de Vaugirard, n°. 1,201, derrière l’Odéon. An 8. On sait que l’auteur travaille depuis longtemps pour l’instruc- tion des enfans; dans ce nouvel ouvrage il se propose de leur 318 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE apprendre l’histoire des animaux mammifères et celle des oiseaux, en leur indiquant les diverses régions que chacun habite. Cette manière, qui est celle de Zimmermann, fixe davantage l’atten- tion du jeune homme : il voit sur la carte l’animal qu'il étudie et le lieu où il réside. ‘ Le Conservateur de la santé, journal d'hygiène et de pro- phylactique , par les citoyens Briow , médecin de la ci devant université de Montpellier, ancien professeur d'anatomie, au ci- devant collège de Lyon, et Bsrzay , ancien médecin des armées: des Alpes et d’ftalie, avec cette épigraphe extraite de Tacite : Tous nos conseils, toutes nos actions doivent se diriger vers * la santé des hommes. Pendant les années 1783 et 1784, le professeur Brion a pu- 704) P blié un ouvrage périodique, dédié aux amis de l'humanité, sous le titre d’Æssai de médecine théorique et pratique, dont j'ai alors rendu compte ; ce recueil entre autres articles intéressans et utiles, traite de l’exercice, des altimens , de la démence ou imbécillité, de la mélancolie, de la nastalgie , de l'hydrophobie, avec des observations météorologiques. Les deux premiers numéros de ce journal d'hygiène nous font présager que cette feuille périodique réunira les suffrages des connoisseurs , et que sa continuation obtiendra un plein succès. Histoire naturelle, générale et particulière , par Lrcrenc ne Burros , nouvelle édition accompagnée de notes, et dans laquelle les supplémens sont insérés dans le premier texte, à la place qui leur convient. L'on y a ajouté l’histoire naturelle des qua- drupèdes et des oiseaux découverts depuis la mort de Buffon, celle des reptiles, des poissons, des insectes et des vers; enfin l’histoire des plantes dont ce grand naturaliste n’a pas eu le temps de s’occuper ; ouvrage formant un cours complet d'histoire. naturelle , rédigé par C.S. Soninr , membre de plusieurs sociétés savantes. À Paris, chez Dufart, imprimeur-libraire ; rue des Noyers, n°. 22, Bertrand, libraire , rue Montmartre, n°. 113, à côté des diligences. Tomes 15.110820, 1212102 .128 Cette grande entreprise se continue avec activité, et on ne néglige rien pour lui donner tout le degré d'intérêt que peuvent exiger les souscripteurs. Le tome quinzième contient des tables très-étendues sur la dé- clinaison et l’inclinaison de l'aiguille aimantee. ET D'HISTOPRE NATURELLE. #19 Le tome seizième qui paroîtra incessamment , renfermera un exposé succinct de la minéralogie. Les tomes dix-neuvième , vingtième et vingt-unième forment l’histoire de l’homme. Sonini a fait des additions intéressantes à l’article des variétés dans l’espèce humaine , et à celui de la description de l’homme, Les tomes vingt-leuxième et vingt-troisième traitent de l’his- toe des quadrupèdes. : Sonini-a fait des additions aux articles cheval, bœuf, brebis, chèvre , cochon et chien. Il rapporte que le cochon est employé comme bête de trait dans quelques cantons de l’Ecosse, et qu'il n'est pas rare d’y voir un petit cheval, un âne et un cochon attelés à la même charrue. Aristote et Pline ont dit qu'il y avoit des cochons solipèdes ; Sonini rapporte que Gesner et Linnœus lui-même disent en avoir vus, 320 JOURNAL. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Recherches sur les volcans, d’après les principes de la chimie preumatique, par Eugène-Melchior-Louis Patrin. Pag. 241 Lettre de Bertrand, à Duhamel fils, sur la litho-minéralo- ge. à 263 Lettre sur les grands hivers, par Jean-Henri van Swinden. 277 Note sur la réduction de l'argent corné par le contact du fer, par B. G. Sage. 296. Moyen de déterminer avec précision la présence et la quantité de Soufre et d'arsenic contenue dans une mine , par B. G. Sage. 297 Expériences propres à faire connoître que la mine rouge de plomb cristallisée de Sibérie, ne contient point de fer mais de l’an- timoine , par B. G. Sage. 269 Lettre sur le Vitalitomètre d’Antoine-Marie Vassalli-Eandi 303 Réflexions sur l’hydrophobie, par Carmoy. 305 Observations sur la décomposition de l'acide nitreux fumant, ar le moyen du charbon, par B. G. Sage 310 Extrait d’une lettre de M. Blagden , sur La décomposition de l'acide muriatique , et sur les divers degrés de chaleur que produisent les rayons solaires. 312 Observations Méréorologiques. 314let 315 Nouvelles littéraires. 316 JOURNAL DE PHYSIQUE, D'É'CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. A LONRNEY ANT. De 1e D ES MORCEAUX DE FER TRAVAILLÉ DE MAIN D'HOMMES, ET DES ORNITHOLITHES TROUVÉS DANS LES CARRIÈRES DE MONTMARTRE; MÉMOIRE ÉPISTOLAIRE D'ALBERT FORTIS, A J. CL. DELAMÉTHERIE. S.I. Morceaux de fer travaillé , et ornitolithes annoncés comme trouvés dans les gypses de Montmartre , à de grandes pro- Jondeurs. | Vous m'encouyagez, mon cher et savant ami, à vous com- muniquer les dévéloppemens de quelques observations marginales que j'ai faites , dans ma retraite, à votre bel ouvrage de la Théorie de la terre, et que je fais successiyement, pour tuer mon temps, aux cahiers du Journal de physique. Vous en voilà un échantillon. A l’article des £erreins gypseux, qui contiennent souvent Tame VII. FLORÉAL an 8. Ss 322 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des os fossiles, et quelquefois aussi des coquilles (dont vous ne balancez pas à croire que la formation date de la même épo- ce que celle des autres couches coquillères), vous rapportez eux faits très curieux, et dont les conséquences pour l’histoire de notre espèce’ et des artsyde preinière néeessité, seroient de la plus grande importance, si l’on pouvoit non-seulement prou- ver qu’ils sont exactement vrais, mais aussi qu’on les a trouvés accompagnés de toutes les circonstances absolument requises pour en constater la date reculée. Iis’agit (tom. 2, p. 205) des «mor- ceaux de fer travaillé par la main des hommes , qu'on a ren- contrés au milieu des couches de gypse , à plus de 60 pieds de profondeur, dont l’un avoit la forme d’une espèce de clef, dé- crite et figurée par feu Lamanon , dans le Journal de physique (mois de décembre 1783); l'autre est la moitié d’un fer à cheval déposé dans le Cabinet des mines, à Paris.» Dans le même ouvrage, en parlant des débris d'animaux fos- siles, vous dites que « l’on a aussi trouvé à Montmartre des oi- seaux au milieu des blocs de gypse, dont on ne connoît pas les analogues. » Du premier des deux faits vous tirez la conséquence que « la formation de ce gypse est postérieure à l'établissement dès sociétés d'hommes ou d’autres êtres qui employoient les mé- taux. » Le fait des oiseaux serviroit de même à prouver l'existence de cette grande famille à l'époque de la formation du gypse de Montmartre au fond de la mer. En partant d’une pleine confiance à la vér=cité des deux ex- posés, vous. avez très-bien raisonné. Le premier de ,ces faits, s’il étoit littéralement vrai, nrouveroit d'une manière victorieuse la grande antiquité, non-seulement de l’espèce, maïs aussi de Vétat social des hommes ; quoique , Cepuis quelque temps, plu- sieurs naturalistes se soient avisés d’en douter. Je vous ai déja ayoué formellement que je suis du nombre; mais dans le même temps je vous ai fait ma déclaration solemnelle que c’est parce que, jusqu’à présent, il ne nvest pas arrivé de rien voir ni sur les montagnes, ni dans les cabinets, qui ne prouve, par un seul exemple bien consiaté, l'antiquité du gerre humai, contempo- raine à celle des poissons, des testacées, des amphybies”, des grands quadrupèdes analogues (mais non identiques) aux espè- ces que nous connoissons, lont les restes se trouvent dans les couches de pierres calcaires fortes, dans les vases marines, qui souvent sont encure plus profondément stratihées, et dans les différentes concrétions pierreuses, sablonneuses, schisteuses, EVT D NEANMSNMOPTÉR E SN ANTOU RIEITUIPIES 325 pseuses, etc., qui ont été originairement déposées et conso- idées au fond des anciennes mers. S. Il. Raisons générales d’en douter. Il s’en faut bien que je tienne irrévocablement à mes opinions; au contraire, je ne laisse jemais échapper l’occasion d’en réfor- mer quelques-unes. J'ai été même attaqué, il y a cinq à six ans, par un bel esprit, soit-disant naturaliste, avec assez d’imperti- nence : parce que je ne soutenois pas à cette époque les mêmes opi- nions que j'avois adoptées il y a quarante ans: et je n’aipastrouvé qu’il mérität l’honneur d’une réponse. Tout honnête homme, qui s'occupe sincèrement de la recherche des vérités physiques, doit être disposé à modifier et à abandonner même tout-à-fait, s’il le faut, les opinions qu'il reconnoîtroit mal fondées. Ce n'est donc pas ma faute si je n’ai encore rien vu qui me fasse croire à l’antiquité de la race humaine, dans le sens que je viens d'exposer. J’ai cherché dans les cabinets d'histoire naturelle les mieux pourvus quelqu’anthropchthe tiré de l'intérieur d’une couche originaire, bien et duement reconnu par d’habiies ana- toraistes, et dont la découverte auroit été faite par un géologue véritablement habile, qui so seroit trouvé en état de rendre bon compte de la nature et des circonstances des couches qui V’aurcient renfermé. Mes recherches n’ont abouti qu’à me con- vaincre que tous les cssemens incontestablement humains passés à l’état de véritable pétrification, de minéralisation, ou simple- ment fossiles, ont été trouvés isolés et ne tenant à aucune gan- gue pierreuse stratifiée. Kundmann trouva son os fibulue pétrifié ans ure urne sépulchrale; Scheuchzer des vertèbres changées en pierre à quelques pouces sous terre au pied d'un gibet; les galeries des anciennes mines de l’île de Méroë ont écrasé, en s’éboulant , des komixes dont on a longtemps après découvert les restes. Palias en a reconru dans les inines de Sibérie; on a rencontré des squelettes rninéralisés à Freyberg, dans les mines de Süède , et dans le Derbyshyre; Lepechin en à vu de mêlés avec les ossemens de masyrouth, et avec des /ames de fer, dans le district de Simbirsk ; d’autres ont été trouvés dans des cavernes, incrustés de stélactite, conime le squelette de la prétendue sainte Rosalie, près de Paierme, ou dans des crevasses des montagnes calcaires, enveloppés dans des concrétions pierreuses stalactiti- ques plus ou moins compactes , comme ceux qu'on a dit avoir été reconnus parmi les ostéolithes des îles de gr D , de l’Ar- s 2 Sat JOURNAL DEIPHYSIQUE, DE CHIMIE chipel, de Gibraltar , etc. Les matières éjectées par les volcans en ont couvert dans des temps très-reculés. Le squelette que Vanvi- telli trouva à 95 palmes napolitains de profertleur, en posant les fondemens de l’aqueduc de Caserte, au pied de Monte-Lon- gano, étoit là-bas depuis qui sait combien de siècles avant la naissance des villes de la Campanie. Les débordemens subits des rivières doivent en avoir profondément enterrés, comme l’a été dans une époque inconnue le sauvage, dont on a découvert, dit-on, les os pétrifiés en creusant les fondemens de Quebec en Canada. Les écroulemens des montagnes, les affaissemens subits en ont de tout temps caché dans les entrailles de la terre, depuis qu’elle est habitée. On pourra trouver des anthropolithes lorsque la mer aura abandonné les villes maritimes qu’elle a occupees en Grèce , en Hollande, par-tout le long des côtes ; et si l’océan , changeant de lit, laisse un jour à sec son bassin actuel, nos arrière-neveux pourront bien tirer de dessous les couches de vase, de sable, de pierres coquillères, les tristes mo- numens de la témérité , de la frivolité, de la superstition, de l’avarice, de la fureur exécrable de leurs ancètres; planches et mâts de vaisseaux , coffres, métaux monnoyés, clinquailles, cha- pelets, sabres , fusiis, canons, boulets décomposés , des milliers de carcasses d'hommes pétrifiées et enveloppées de coquillages et de madrépores. En attendant , il est bien avéré que les cou- ches déposées par les anciennes mers, qui ont couvert à demeure nos continens, ne nous ont jusqu’à présent offert rien de sem- blable ; car il faut avoir la tête bien chaude pour adopter , comme le bon de Maillet a fait, les contes bleus de Moret (1), de Nie- remberg , et de Mexia. Vous savez que le premier de ces écri- vains a osé raconter qu’on avoit trouvé, en creusant une mine , dans le district de Berne , un vaisseau tout entier, avec ses agrêts, et les squelettes de quarante hommes d'équipage , à plus de 100 toises de profondeur ; les deux autres ont rendu compte de deux navires, qu'ils prétendent avoir été trouvés au fond de quelques mines du Pérou. Voilà, si la critique les admettoit, de bien ma- gnifiques documens de l’existence de la race humaïne et des sociétés, dans des temps très-reculés! mais voilà justement aussi les monumens, dont nous manquons encore pour établir l’ancien- neté de notre espèce. AE CRCES (1) Moret de œstu maris, cap, XXI n°. 275, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 525 Ce manque absolu dans les anciennes couches de restes hu- mains, ou des arts propres à notre espèce lorsqu'elle est parve- nue à la sociabilité, a été plus d'une fois mis en problème, d’après de prétendues découvertes semblables à celles que je viens d'indiquer, et qui n’ont jamais pu soutenir la discussion. En Italie même où l’on se plaît à répéter que la pensée étoit asservie, Targioni-Tozzetti n’a pas balancé à dire hautement, 1l y a déja 50 ans, et a souvent avancé dans ses ouvrages, qu'il croyoit les races des éléphans et des rhinocéros beaucoup plus anciennes que la nôtre. Il n’avoit pas manqué d'observer qu’il se trouvoit bien des testacées marins mêlés avec les ossemens de grands quadrupèdes dans le Valdarno, où ces fossiles gigantes- ques sont aussi communs qu’en Sibérie, mais qu’on n’y avoit ja- mais rencontré de restes des hommes ou de leurs travaux. Les cloux de métal travaillé de main d'hommes, annoncés il y a quelques années dans le Journal de physique, comme trouvés près de Nice, au milieu du roc calcaire, m’avoient d’abord fait croire que mon opinion alloit être réformée. Je sa- vois que le roc calcaire stratifié s’y élevoit à quelques centaines de pieds au-dessus de la couche littorale, où l’on prétendoit que ces cloux de fonte ayoient été découverts. Pour le coup, me suis-je dit, voilà un monument irrécusable de l’art de fondre les métaux, bien antérieur à la formation de plusieurs couches très-incontestablement anciennes et marines, entassées les unes sur les autres par le laps d’un grand nombre de siècles! la lecture attentive de la note de Sulzer, ne tarda pas à me refroidir. La prétendue découverte ne se trouvoit pas attestée par un géologue ; et j'étois bien convaincu que le témoignage d’un initié dans nos mystères est de nécessité indispensable lorsqu'il s’agit d’un fait extraordinaire etimportant d'histoire naturelle souterreine. Vous savez que le miracle a disparu sous les yeux clairvoyans et sous la plume énergique de notre ami Faujas de Saint-Fond. Je fus moi-même à Nice il y a trois ans; et après avoir examiné le lieu indiqué par Sulzer, je me promis bien de ne jamais compter dorénavant, en fait de géologie, quesur les relations des hom- mes qui seroïent bien en état de distinguer les roches anciennes d’entre les brêches et les concrétions accidentelles. He bien! de tels hommes sont encore plus rares que l’on ne pense. 326 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE S. I. Réflexions sur la découverte d’une clef de fer dans la , roche gypseuse. Lamanon a rapporté (Journ. de physique 1782) le prétendu fait de la clef trouvée à 80 pieds sons terre dans les carrières de Montwartre, par une crédulité encore moins pardonnable que ceile de Sulzer. Non-seulement il n’a pas pu rendre compte d’au- cure des circonstances d’un fait si important, mais il déclare avec une ingénuité tout-à-fait plaisante , n'avoir pas même vu la clef en question; la figure qu’il en donne , aussi bien que les détails de la trouvaille, n’ont pour garant que la véracité d’un carrier. Il faut bien avoir la rage de barbouiller du papier, pour entretenir les sayans d’un fait appuyé par de tels témoiï- gnages! La légèreté de Lamanon est d’autant moins pardonna- ble, qu’un tel objet, digne à plusieurs égard, de la plus grande attention, avoit besoin de toute la légalité possible avant d’être annoncé. Maïs ce carrier, nous a-t-il dit, ze manquoit pas de bon sens! Est-ce que tant d'avocats, de médecins, de magis- trats, de curés, de notaires, qui se portoient encore il y a dix ans pour témoins des miracles les plus bêtement absurdes, n’a- voient point aussi un boz sens, qui cependant ne les empêchoit pas de se laisser entraîner par le goût séduisant du merveilleux, ou par des vues d'intérêt ? Et qui ne voudroit pas croire que des hommes dont l'éducation avoit été soignée, auroient été moins sujets à se tromper ou à mentir malicieusement qu’un carrier ? Le bon Lamanon, dans cette occasion , a un tant soit peu res- semblé à ce pauvre professeur Hueber de Vürtzbourg, dupé par des polissons, qui lui avoient fait adopter des prétendues pé- trifications de grenouilles, de lézards , de salamandres, etc. grossièrement falsifiées. Le bon homme se mit sérieusement en colère contre tous ses amis qui entreprirent de le détromper, et voulut de force publier sa T,ythographia Wurtzhourgica ; mo- nument déplorable de son imbécillité. Il s’en faut bien qu’on ait toujours toit decroire du bon sens aux hommes de peine ; mais on l’a presque toujours de leur croire de la candeur et du désintéresseinent. Depuis les misérables mon- tagnards de Vestena, qui vivent presqu’uniquement du métier de tirer les squelettes de poissons de la carrière dont ils ont perdu la propriété, jusqu'aux valets de place antiquaires de Rome; et depuis les pauvres pêcheurs de moules à perles du Tay en Ecosse, jusqu'aux ciceron: de Pouzzol, et aux modernes cyclopes de L ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3a7 VEtna, l’homme de peine cherche à tromper celui qu'il croit riche , pour se venger de la fortune dont il a été mal partagé. C’est un tort honorable que celui d’être confiant, parce qu’il part d’un fond de droïture ; mais c’est aussi un tort qu’il ne faut ‘pas avoir en fait d’histoire naturelle, sous peine d’être attrapé et d'établir des hypothèses sur de pauvres bases. Je veux bien cependant accorder que le carrier n’en ait pas imposé à Lamanon, lorsqu'il lui a dit que la clef avoit été trou- vée à 80 pieds de profondeur dans le plâtre; mais je persiste à croire que ce naturaliste, ayant envie de donner une importance -à la chose, auroit dû lui faire au moins des interrogations ulté- rieures sur la manière d’être de ce morceau de fer, et de la concrétion qui le rerfermoit. Les détails circonstanciés d’un ou- vrier intelligent auroient pu nous mettre à portée de juger par approxiration de l’époque à laquelle il y auroit été pris. Vous avez sans doute remarqué, mon savant ami , que les couches de Montmartre sont généralement parallèles à l’horison, et entre- coupées par de larges crevasses souvent remplies de nouvelles concrétions gypseuses plus ou moins pures , y déposées plus ou moins lentement , par les eaux des pluies et des neiges fon- dues. L De telles crevasses s’ouvrent biiisquement de temps en temps dans les montagnes à couches de tons les pays du monde, et rarement y fait-on attention. Le travail rongeur des eaux sou- terreines , qui entarne , déplace étemporte progréssivement leurs basés en est la cause. 1l arrivé en grand aux couches pierreuses, ce qui arrive en petit à nos payés et à nos bätimiens, lorsque le sol qui les soutient est mine sourdement par quelque ruisseau, Les crevasses et les cavernes, qnise sont ouvertes dans l'épaisseur des conches de pierres compactes, se remplissent tantôt lente- ment, tantôt sous très-veu de mois, de corcrétions pierreuses recomposées; aussi celles des énvirons du lacdée Cirknitz, d’Ad- lesbers , de Cornial-en. Carniolie, de la Bale er Provence, de la forêt Hercyrierine, de Vrilo-Cetine en Dalriatie, de Ver- teneglio en Istrie, dé Montecucco dans les Apperins, et une infinite d'autres, que fai visitées dans les Alpes calcaires. Véro- naïsés et du Tyrol, sont lien loin d’être remplies, yuoiaqu’ou- vértes depuis no nhre de siècles ; tandis qne dansles montagnes de moilon et de tuflau, dent les surfaces se décomposent aisément, telles que celles de Costopg'a et de Lunignan dans le Vicentin, comiue de mille autres endroits semblables, le remplissage se fait à vue d'œil par la recristallisation de la terre calcaire sous 328 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ja forme de spath ou de stalactite. L’eau ysuinte de chaque couche chargée des atômes crayeux qu’elle en a détachés ; sa surface s’é- tend et se multiplie par l’éparpillement des gouttes qui tombent, ou par le découlement qui roule le long des surfaces inclinées, avec une rapidité proportionnée à leur pente ; l’'évaporation s’ac- croit ; l'abandon des atômes terreux se succède sans interruption ÿ les cristaux se forment , s’entrelacent, se resserrent. C’est de cette manière qu’avoit été enveloppé, par une succession d’incrustations pierreuses dans un véritable albâtre ou marbre secondaire stalac- titique , ce diamant travaillé de main d'hommes, dont parle Alex- andre d'Alexandre, qu’on trouva de son temps en sciant un bloc pour des ornemens à faire à un palais de Naples (1). C’est aussi ar ce méchanisme bien simple qu’un serpent engourdi à la tem- pérature froided’une grotte souterreine, où le hasard l’auroit fait tomber,et qu’un crapaud naturellement paresseux, habituellement assoupi, peuvent avoir été enveloppés vivans dans une concré- tion tofacée , terreuse, d’abord susceptible de céder à quelques lourds mouvemens de nutation des prisonniers, et qui ensuite seroit devenue solide et vraiement pierreuse par l’entrelacement des cristaux. Vous savez qu’on a rendu compte à l’Académie de Berlin, en 1782, d’un crapaud vivant trouvé au centre d’une concrétion de cette espèce , au fond des mines du Mansfeld ; et qu’on a parlé en France, vers 1766, d’un serpent renfermé dans un bloc de pierre de 20 pieds % diamètre, trouvé en Lorraine, qui mourut peu de minutes après, soit par l'impression brus- que de l'air, soit par celle de quelqu’outil de fer, que l'ouvrier fui aura un peu trop rudement appliqué. Non-seulement une clef, un morceau de fer à cheval, mais des oiseaux, des qua- drupèdes, des hommes qui tomberoïent morts ou même vivans dans le fond d’une crevasse dont les circonstances favoriseroient le remplissage, seroïent bientôt incrustés, et au bout de quel- ques années, de quelques mois peut-être, se trouveroient cla- quemurés au centre d’un bloc pierreux, sans que le phénomène pût sembler fort important aux yeux d’un géologue accoutumé à parcourir des souterreins naturels, et à réfléchir en silence sur le travail non interrompu de la recomposition des pierres. Cette manière d’incrustation n’avoit pas échappé aux ancienso bser- vateurs, qui se seroient bien gardés de la donner comme une (1) Alex. ab Alex. genialiun dierum , lib. 5. À concrétion ET D’ HISUOTMR'E NA TURELLE: 329 concrétion lente de la nature , et exécutée à une épo jue reculée. Pline , en parlant des carrières de gypse spécukaire, dit que la pétrification s’y opère en si peu detemps, que « dans le cours d’un seul hiver les ossemens des animaux qui y seroienttombés, se trouvent avoir leurs cavités remplies de gypse (1). S. IV. I est impossible qu’il se trouve du fer en état métalli- que dans une couche formée sous la mer. La clef, qu’on a prétendu avoir été trouvée à 80 pieds de pro- fondeur, n’existoit plus lorsque Lamanon en a donné la descrip- tion et la figure sur parole ; mais il résulte du dessin et de ce qu'il en dit, d’après la relation du carrier, qu’elle étoit encore en état métallique et très-bien conservée dans sa forme, sans au- cune concrétion pierreuse qui s’y fût attachée. Ce seul exposé devoit lui suffire pour en conclure que ce morceau de fer ne Eu jamais avoir été trouvé dans une couche consolidée sous es eaux de la mer. Tout le fer, qui se trouve exposé à l’action immédiate de l’eau salée, se décompose dans très-peu de jours, et passe d’abord à l’état d’oxide; cette terre martiale se délaye et s’unit progressivement au sable , à la vase, aux petits coquil- lages, qui en prennent la couleur et en restent compénétrés. Les ros clous de fer, les morceaux de tôle, les vieux canons de Eoil , tout le fer qui tombe dans la mer commence à subir cette décomposition dès le premier jour par l’action de l’acide muria- tique. Il se forme en peu de mois une aglutination hematitique autour du fer; et la place qu’il occupoit reste tout-à-fait vide à la fin de sa dissolution et de l’aglutination qui en est résultée. Un clou de l’épaisseur de quatre à cinq millimètres devient un cylindre raboteux , qui en a dix fois autant au bout de quelque temps , et ne se laisse casser qu’avec beaucoup de difficulté. J’en ai vu dans tous les ports et les chantiers de l’Adriatique, d’où les pêcheurs en retirent souvent en balayant les fonds avec leurs filets. D’après ce qui arrive au fer dans l’eau de la mer, il est bien démontré que la clef dont Lamanon a donné la figure, et dont vous ayez semblé faire beaucoup de cas , comme d’un monument (1) Quum feræ decidere in puteos tales, medullæ in ossibus eorum , postunam hyemem in lapidis naturam figurantur. Pln. Hist. nat: hb. 56, parag. 49. T Tome VII. FLOREAL an 6. 330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de l’anciennete des arts et de la société , n’y a jamais été plongée. Pour peu qu’elle y eût resté submergée , sa décomposition totale et l’amalgamation de son fer avec le gypse, auroient eu lieu; ilfaut n'avoir pas la moindre idée de ce qui arrive au fer, dans l’eau salée , pour croire qu'une clef puisse y avoir resté sous la même forme que l’art lui avoit donnée , et que le eypse n’auroit pas été intimément compénétré de sa substance métallique réduite à l’état d’oxide. C’est une sorte de bonheur pour cette célèbre pièce, qu’elle ait été perdue tout aussitôt que tirée du fond de la carrière de Montmartre ; puisqu’après avoir figuré comme un monument de la plus grande importance, elle se trouveroit con- damnée à rentrer dans l’ignoble obscurité de la vieille ferraille, d’où il auroit mieux valu ne la jamais tirer. S. V. Description du morceau de fer à cheval trouvé dans les carrières de Montmartre. Le jugement un peu sévère que j'avois d’abord porté contre la clef annoncée par Lamanon comme un corps étranger pris dans le gypse à une époque très-reculée, ne pouvoit pas me laisser de grandes dispositions à la facilité vers le morceau de fer à cheval que l’on a trouvé à 5o pieds de la surface dans les mêmes carrières, et que l’on conserve au cabinet des mines. Heureusement je pouvois le voir @t l’examiner avant d’en pro- noncer mon opinion. Î’aimable, honnête et savant citoyen Sage, qui préside à ce magnifique établissement, a bien voulu me per- mettre non-seulement de le voir à mon aïse, maïs aussi de l’em- porter pour le faire dessiner exactement sous mes yeux. Le cit. Sage m’ayant paru très-peu convaincu de la grande antiquité du morceau en question, et sincèrement intéressé à la décou- verte de la vérité, je me trouvai, avec le plus grand plaisir, en pleine liberté de dire ce que j’en pense, Vous voilà une des- cription minutieusement exacte de ce morceau; je crois qu’il devient indispensable d’être minutieux lors ;u'il s’agit de détruire la base d’une erreur accréditée. La fig. À de laplanche Ie. ci-jointe , représente la moitié d’un fer à cheval &,a , aglutinéesur le petit bloc 4,6, lasurface c,c, de celui-ci, bien loin d’atoi: le caractère d’une cassure fraîche , an- nonce avoir été rongée et altérée par l’action de l’air et de l’eau; les autres surfaces, quoique moins'entamées, n’en sont cependant pas plus fraîches. Ceux ui sont tant soit peu familiarisés avec les pierres, ne trouveront pas que le petit bloc ait été récews- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 331 ment détaché de sa couche ; il n’a cependant pas l’air d’en avoir été séparé depuis un très-long temps; c’est un petit bloc de rebut, comme il y en a des milliers dans les carrières. Une moitié de fer à cheval, que le hasard a fait tomber dans ces souterreins, s’y est aglutiné moyennant la recomposition.en mine de fer limonneuse de son oxide délayé par l’humidité de la carrière , ou peut-être par de l’eau qui y aura pénétré. Cette aglutination n’a qu'environ un centimètre de long sur trois millimètres de large; tout le reste du fer à cheval est en l’air. Aux deux extrémités de sa surface inférieure se sont attachés par le même moyen de l’aglutination, plusieurs petites masses de craie et de gypse plus ou moins imbibées de la dissolution du fer oxidé. La jose d, est de la mine de fer limonneuse qui happe à a langue ; les croutesc,c, sont des commencemens de concré- tions stalactitique qui alloit se former autour de quelques petites masses enduites par-ci par-là d’oxide de fer délayé ; on y voit enfin deux taches de rouille /,f, quine pénètrent pas plus qu’un demi-millimètre dans la substance du gypse. La surface supérieure B, que j'ai fait simplement dessiner au trait, présente un des trous quadrangulaires des clous g, encore tout-à-fait vide et ouvert; un autre À, presque bombé par la solution de rouille qui s’y est fixée ; un troisièmes, à peine recon- noissable et oblitéré par une excroissance de la même nature. Point de substance gypseuse ni cristallisée dans ces cavités, ni adhérente à la surface dont il s’agit, qui couvre d’une croute raboteuse et oxidée le fer parfaitement conservé dans son état métallique. Il résulte évidemment de cette description que le morceau en question ne s’est aglutiné que depuis peu de temps à un petit bloc de rebut par le plus commun des hasards ; qu'il n’a jamais été enclavé dans l’épaisseur d’une couche de gypse, pas même dans une crevasse, où il auroit pu être incrusté de stalactite gyp- seuse ; et que par conséquent on ne sauroit en tirer le moindre parti pour constater l’antiquité géologique de la race humaine et des arts de première nécessité. S. VI. Z/n’y a pas de preuves jusqu’à présent que des ornitho- lithes existent dans Les couches d'anciennes formation sub- marine. On m’a presque trouvé extravagant lorsque j'ai annoncé quel- LE EST NS L vag Pl que que difficulté de croire qu’on eût rencontré des squelettes d'oi- t.2 33a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE seaux dans /a roche gypseuse stratifiée de Montmartre. Hélas! si c’est une extravagance, je suis encore bien loin de ma gué- rison ! Les ossemens qu’on y trouve indubitablement enclavés, semblent rendre probable, et presque naturel qu’on y rencontre aussi des restes d'oiseaux; je n’en saurois cependant rien croire : mon jour viendra peut-être. Ce n'est pas le moment de m'appesantir ni de développer mes conjectures sur les ossemens de Montmartre, et je n’aurai jamais, selon toutes apparences , l’occasion de le faire : le sa- vant et infatigable citoyen Cuvier s'en occupe, et il nous en donnera tous les renseignemens et les éclaircissemens que ses profondes connoissances dans l'anatomie comparative le mettent plus que tout autre en état de fournir. Il y a longtemps que les naturalistes se sont apperçus que les ossemens de quadrupèdes , qui se trouvent dans les couches originairement marines , ne res- semblent pas exactement à ceux des espèces analogues, qui ha- bitent la surface actuelle de la terre. Leibnitz en avoit fait con- venir Mentzelius, au sujet de la carcasse d’éléphant déterrée près de Wolfenbuttel, vers la fin du siècle passé (1): il l’appeloit , restes d’un animal éléphantiforme en écrivant à Bussingius, et ne dissimuloit pas qu’il étoit tenté de croire que cette ancienne espèce , et bien d’autres , dont les ossemens ont de grandes-ana- logies avec les terrestres de nos jours , eussent été anciennement aquatiques ou pour le moins amphibies. Targioni-Bozzetti, vers la moitié de ce siècle, avoit annoncé la même opinion d’après de bonnes observations géologiques et anatomiques combinées. C’est ce que j'ai dans la tête depuis longtemps, et qui w’a fait trouver que les ossemens de Montmartre ne prouvent rien pour la possibilité des ornitholites dans les mémes couches. Le peu de facilité que nous avons de nous procurer des renseignemens sur les grands animaux qui habitent les abîmes des mers les plus profondes et le moins fréquentées ; l'impossibilité de trouver con- servées dans le sein de la terre les parties cartilaginenses et mus- culeuses qui pourroient décider la question, nous laisseront peut- être encore long-temps dans l'incertitude. Au reste, quelle que puisse être l’opinion que les recherches du citoyen Cuvier, et des géologues nous porteront à avoir dés anciens animaux à qui ces ossemens ont appartenu, ce qu’il y 2 OR + {) Leïbn. Miseel. Berolin. vol. 1, p. 111 ET D'HISTOIRE NATURELLE 833 a de sûr, jusqu’à présent, c’est que l’on trouve des restes de grands quadrupèdes presque par-tout dans des couches véritable- ment submarines, et qu’on ne connoît pas encore d’ornitholithe bien constaté qu'on ait tiré d’une couche de vase marine ou de pierre coquilière. Deux exemplaires d’ornitholites, ou qu’on a cru tels, ont été trouvés dans les carrières de Montmartre , et, à ce que l’on prétend , dans la roche gypseuse stratifiée. L’unest celui, dont feu Lamanon a donné une description et une figure dans le Journal de physique 1782, et qui existe chez notre respectable et savant citoyen Darcet ; l’autre est passé à Abbeville, d’où, comme vous savez , on n'a voulu nous en envoyer que le dessin, et dont par conséquent on ne sauroit dire ni oui ni non. Voyons d’abord s'il y a exemple qu’on en ait rencontré ail- leurs ; nous examinerons ensuite, 10. si celui que nous avons pu examiner à notre aise est véritablement un ornitholithe ; 20. Si, l’étant même, il seroit possible de prouver qu'il a été tiré du milieu d’une couche originairement submarine, comme le sunt celles de Montmartre. Linnée, Wallérius, et peut-être aussi quelques autres classi- ficateurs ont parlé, quoique vaguement, des ornitholithes; il leur faloit bien en dire un mot, puisque dans la stricte signifi- cätion de la parole, il y en a , quoiïqu’ils soient des incrusta- tions de fraiche date, et point de véritables et encore moins d'anciennes pétrifications. 11 est vrai que plusieurs anciens na- turalistes, tels qu'Albert-le-Grand, Agricola , Kirker, Kund- mann, Mylius, Buitner, Scheuchzer , Zannichelii, et quelques modernes tels que Gesner, Davila , Bertrand , Walch, etc. ont prétendu avoir va, où posséder des oiseaux entiers, des empreintes, des os, des becs pétrifiés et des plumes renfermées entre des pierres scissiles. Mais il est également vrai qu'ils ont eu et vu des pierres idiomorphes , où l’imagination seule avoit saisi des ressemblances avec des oiseaux, ou quelques véritables oiseaux , nids; œufs, plumes incrustés de stalactite ; et que dans aucun cabinet connu il ne s’est jamais trouvé jusqu’à présent d'oiseaux ni de leurs parties en état de pétrification proprement dite , et portant les caractères d’une haute antiquité. Je croirois cependant volontiers an coq d’Agricola, empreint sur une pierre par la ain capricieuse, du hasard, aussi bien qu’à sa fisure d’un pape à triple couronne ; dès qu'il croyoit lui-même épale- ment à l'un et à l’auire, il est évident qu’il les avoit rangés parmi les /usus naturae , et point du tout parmi les pétrifications. De 334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE semblables caprices, qui ne manquent pas quelquefois d'une ressemblance assez frappante avec des objets naturels sans que l'artis’en soit mêlé, ne trouvent plus de place dans les cabinets des géologues, où ils fourmilloient autrefois. Mylius a publié la représentation d’une poule et d’une tête à perruque; la der- nière de ces deux empreintes annonce suffisamment ce que l’au- tre étoit. Albert le-Grand, Kirker, Volkmann , Kundmann et Buttner (comme Lamanon l’a très-bien remarqué), semblent n'avoir voulu parler que de quelques oiseaux et nids incrustés, et jamais de véritables et anciennes pétrifications. Bruckmann, un des écrivailleurs d'histoire naturelle qui ait mêlé le plus de fagots à de bonnes observations , parle de plumes et d’osselets d'oiseaux pétrifiés de la paroisse de Karablong en Vestrogothie ; maison ne sauroit deviner si ce sontde véritables pétrifications,des incrustations , ou peut-être quelques articulations d’Isis, qui res- semblent quelquefois à des osselets ; je crois que ce sont plu- tôt des incrustations qu'autre chose. Scheuchzer (qui étoit d’ailleurs assez bon observateur ), nous a donné une prétendue lume de la queue d’un oiseau empreinte sur la pierre feuilletée d'Oeningen (1) et plusieurs naturalistes estimables l’ont adoptée sur la parole de cet homme véritablement savant et laborieux. J'en aurois fait autant si le hasard ne m’eût pas fait voir plus d’une fois dans la carrière de Vestena-Nova de semblables frag- mens pteromorphes, et dans le joli cabinet du comte Ronconi, à Vérone, le pendant de cette prétendue plume parfaitement bien prononcé. C’est une branche de la corallina pennata et falcata pennas caudae phasiani referens , dont Ellis a donné la figure , L. VII, À, et dont Zannichelli en avoit publié une autre bien plus détaillée (2), sous le nom de »yriophyllum pelagium. Ce naturaliste vénitien dit avec raison , dans la description qu'il en donne , que « ce zoophyte imite de quelque manière les branches du palmier, mais qu’il ressemble encore plus à des plumes d’oie. » Valch, dans son illustration des pétrifications de Knorr, se féli- cite de posséder deux plumes d'oiseaux fossiles, dont la plus considérable ressemble, dit-il, à celles d’une oie (3). Ce ne sont sans doute que des branches de corallina pennata, tout comme DAS 1) Scheuchz, PAys. sacra., vol. 1, pl. LIIT, fig. 22. 2) De myriophyllo pelagio : Venise, 1714, in-8°. fig. aliqualiter palmarum ramos , longè raro expressiis imilatur anserum pennas. (3) Walch, vol. I. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 335 l’étoit celle de Scheuchzer, quiluiressemble exactement, et comme l’est celle du cabinet de Ronconi que j’ai bien examinée, L’illustre Jean Gesner, dans son excellent Traité des pétrifi- cations, semble avoir voulu respecter les autorités de son com- patriote Scheuchzer , de Linnée et de Wallérius, lorsqu'il a dit que l’ornitholithe est à la vérité très-rare LATE fcata mari- mè infrequens) ; que quoique les deux classificateurs en aient parlé vaguement, il ne connoissoit pas de cabinet qui possédât un oiseau pétrifié en entier; et qu’enfin le seul véritable orni- tholithe étoit la plume publiée par Scheuchzer, qui, comme nous venons de voir ; est toute autre chose. Bertrand a recopié Ges- ner dans son Dictionnaire orictologique ; Zannichelli et Davila ont donné des becs de sèches pour des becs d'oiseaux , dans les cataloyues de leurs cabinets ; et il est plus que probable que le prétendu osselet du tibia d’un oiseau, dont le dernier se croyoit bien sûr, ait appartenu à un /ophius piscatorius ; ou à quel- qu'autre habitant des mers. Encore auroit-il fallu savoir dans quelle sorte de concrétion pierreuse cet osselet s’est trouvé, pour décidér s’il méritoit ou non la peine qu’on en dît quelque chose. Vous voyez, mon savant ami, par l’énumération que je viens de vous faire , qu'aucun des ornitholithes, dont on avoit parlé avant que celui de Montmartre fàt annoncé dans le Journal de physique, wétoit bien constaté ; et je me flatte que vous ne me trouviez pas mal fondé si je les rejette tous, jusqu’à ce qu'il nous en arrive de mieux prouvés. S. VII. Examen de l’ornitholithe de Montmartre. Passons maintenant à examiner l’histoire de l’ornitholithe de Montmartre, et le morcau [ui même. Voyons d’abord s’il est prouvé qu’il appartient à re couche quatre-vingts pieds plus ‘basse que la surface de cette monticule ; et ensuite s’il offre des. caractères sûrs et reconnoissables qui aient pu donner le droit de le déclarer appartenant à la grande famille des animaux em- plumés. : Le citoyen Darcet étant allé faire une promenade à Mont- martré , s’y trouva au moment où les ouvriers venoient de faire sauter un bloc de gypse tiré du fond de la carrière , environ soixante pieds au-dessous de 11 surface. Un corps étranger se fit voir dans la fracture, et on lui trouva au premier abord de la ressemblance avec les restes d’un oiseau. Le citoyen Darcet, content de sa trouvaille, emporta les deux morceaux corres- V 336 JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE, pondans, dont l’un est creux, l’autre en relief, et les fit voir à quelques savans distingués. Ceux-ci, peut-être moins habitués qu'il n’auroit fallu à l'examen de semblables objets, ou ne re- gardant pas comme bien importante leur décision, tombèrent d’accord que c’étoit réellement un ornitholithe. Parmi ces sa- vans il ne paroît pas qu’un seul se soit avisé de songer qu'il auroit été nécessaire de s'assurer, par l'inspection du fond de la carrière, des circonstances précises qui auroient regardé le bloc, et qui pouvoient seules répandre quelques lumières sur l'époque de sa concrétion et la manière dont elle avoit été opé- rée. Au lieu de cela, on s’en est purement et simplement tenu à la parole des carriers, qui avoient assuré que le bloc avoit ap- partenu à une couche qui se trouvoit à soixante pieds de pra- fondeur. Ilest bien difficile dans l’état actuel de ce morceau, pl. IT, quia été équarri et doublé, d'établir avec certitude sil a réellement appartenu à une couche origivaire de gypse, ou à une concrétion secondaire de stalactite gypseuse, qui seroit survenue à remplir quelque crevasse naturelle, ou même quelque creux artificiel. La différence de couleur qu’on ne peut pas s'empêcher d'y re- marquer, et une sorte de soudure qui le traverse, en 9,g , don- nent les plus fortes indications, qu'il soit le produit d’une res composition plutôt que celui d’une juxta-position originaire et primitive. Jene l’assure pas positivement; car il est vrai que même dans les roches stratifiées il arrive souvent qu’on remarque des äifférentes nuances de couleurs et quelques soudures ; mais vous sentez bien que, si les connoïsseurs en lithologie s’accordoient sur cette modalité , le corps étranger y renfermé cesseroit tout- à-coup de mériter qu'on se tourmentät pour deviner à quelle espèce d’animal il peut avoir appartenu, d'autant plus que son état d’écrasement et de dislocation , antérieur à la consolidation de son enveloppe , ne sauroit être dissimulé. Ce morceau trop problématique seroit bientôt tombé dans l’ou- bli sans la peine que Lamanon voulut se donner d’en rendre compte dans un Mémoire , et d’en faire graver le dessin. Pour le faire devenir le plus ressemblant quil étoit possible, aux restes d’un oiseau, ce naturaliste a imaginé de l’arranger un peu, et d’y ajouter quelques parties caractéristiques dont il n’a pas le moindre vestige. Je viens de vous dire que l’ornitholithe dont il s’agit esten deux morceaux qui se correspondent, l’un en relief , l’autre en creux : c’est de celui-ci que Lamanon a prétendu don- ver la figure, et c’est du même que je vous envoie le dessin scrupuleusement ET D'HISTOIRE NATURELLE. 339 scrupuleusement exact: l’autre moïtié qui est en relief , ne pré- sente aucune ressemblance à des objets connus. Si la figure, qu’on en a publiée n’est point fidèle, ce n’est sans doute pas la faute de l'excellent citoyen Darcet, qui, occupé d’objets infiniment plus importans, a tout-à-fait abandonné cette curiosité à Lamanon; il est même possible que ce ne soit pas non plus la faute de celui-ci, qui aura chargé de l’exécution du dessin quelqu’artiste mercenaire , l’ayant seulement prévenu qu'il s’agissoit d’y faire reconnoître un oiseau. Maïs, ce qui est hors de doute, c’est que par son mémoire et par la figure in- fidèle qui l'accompagne , il a contribué à accréditer un fait tout au moiïns très-sujet à caution, que vous, Valmont de Bomare, et plusieurs autres estimables écrivains ont adopté sur sa parole. La candeur, l’obligeance et le zèle pour la vérité, qui tiennent au caractère du citoyen Darcet, l'ayant porté sans la moindre difficulté à me permettre d'examiner à mon aise et de faire gra- ver sous ses véritables traits le morceau dont il s’agit, vous en voilà une représentation scrupuleusement exacte ; vous pourrez la comparer avec celle que Lamanona donnée, et vous serezétonné de trouver que c'est tout autre chose. Dès la première fois que l’illustre Darcet a eu la complaisance de me faire voir ce morceau célèbre, il m'a semblé y démêler les restes maltraités d’un animal aquatique ou d’un amphibie. Ayant eu la permission de le porter chez moi, j'ai suivi l’habi- tude,que j'ai depuis longtemps contractée dans ma retraite cham- pêtre, de revenir souvent et par intervalle à examiner les objets que leurs rapports rendent intéressans, et de ne me point arrêter à la première impression qu’ils m'ont faite. La moitié concave, dont vous voyez le dessin , m’avoit d'abord rappelé les momies de petits poissons qu’on trouve assez communément dans les plà- trières de Mondolfo et de Scapezzano, entre Pesaro et Siniga- glia, en Italie, et que Passeri avoit cru reconnoître pour des gobius paganellus, dans son Essai d'histoire naturelle. Quoique Ta ressemblance entre les deux objets soit assez frappante et que la circonstance d’appartenir également à des plâtrières, pût cor- tribuer à m'y arrêter, je ne m’y déterminai pas : les squelettes des petits poissons sont ordinairement dessèchés et applatis de manière à n'avoir qu’à peine l'épaisseur d’un demi-millimètre des deux côtés de l’arête longitudinale. Les restes de l'animal , quel qu’il soit, qu’on a pris pour un oiseau , ont beaucoup plus d'épaisseur, et sa moitié , en relief, le prouve bien, quoiqu'eile offre une confusion de parties indéterwinables. Tome VII. FLOREAL an 8. Vy 588 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je retournai avec tant d’opiniâtreté la moitié concave , que je parvins à y découvrir en a, a, a , des traces indubitables d’une série de vertèbres , d'aucune desquelles je n’ai vu partir des arê- tes, comme il arrive dans les momies des poissons, dont les chairs et les intégumens sont conservés quoique dans un état d’exsiccation. Le résultat des épluchemens les plus minutieux , faits une bonne loupe à la main, sur les restes d’osselets 4, , a été la conviction qu'ils n’étoient pas des rayons d’une queue de poisson , comme ils ne sont pas non plus un bec d'oiseau. Ils n’ont pas d’échancrure, n’ont jamais formé de bords tranchans, et quoiqu'ils ne soient pas exactement cylindriques, on y dis- tingue cependant en entier la circonférence des paroïs osseuses de leurs tuyaux, et la partie spongieuse qui en occupe la cavité. Leur forme ne permet pas non plus de les croire des osselets d’aîles où de cuisses d’oiseau , dont la substance n’est pas aisé- ment compressible. Je me suis trouvé presque convaincu que ce squelette maltraïté appartient à une grenouille çu à un crapaud. La largeur de la tête et les restes c, d,d, qui ont bien l’appa- rence des. muscles d’une cuisse dessèchée et d’une patte palmée , ont fini de me fixer à cette dernière conjecture. Ce qu’il y a de sûr, et dont l'inspection du prétendu ornitho- lithe doit vous avoir convaincu, c’est que l’aîle , la queue, et les deux pattes que présente le dessin publié par Lamanon , man- quent absolument dans l'original , et qu’il n’y en a pas la moin- dre trace ni indication. Comment se peut-il qu’il y ait vu les os des afles et des cuisses dans un état presque naturel; qu’il ait assuré que Ze bec s’y ap- perçoit encore, sous sa forme, et qu’il conserve sa substance primitive... et qu’enfin il ait dénaturé de simples inégalités de la pierre , et quelques taches de couleur ferrugineuse, pour donner les caractères extérieurs d’un oïsean à une momie in- forme , qui n’en sauroit présenter de quelqu’espèce que ce soit, qu'après beaucoup de recherches minutieuses ? s. VIII. J'attendrai donc encore un peu avant de croire aux ornitho- lithes d’ancienne date; et que votre ami d’Abbeville nous envoie ou ne nous envoie pas le sien , c’est parfaitement égal On ne sauroit jamais porter un jugement sur un morceau semblable , sans avoir vu de ses yeux, et en place, le bloc ou la couche d’où il a été tiré. Les pierres calcaires des anciennes couches, les Û ET) D'HISTOIRE NATURELLE. 339 grès d’origine sabmarine, les ardoises, etc. , ont des caractères pro- noncés et sûrs; on ne peut pas s’y méprendre; mais les gypses, les albâtres, les tophus de nouvelle formation ressemblent sou- vent à ceux de la plus ancienne date d’une manière embarras- sante; on auroît tort de les juger sur de petits échantillons. Des ornitholithes incrustés peuvent avoir lieu dans les collections comme toute autre variété de zophus ; mais, je le répéterai pour la centième fois, pour mériter une illustration et pour prouver quelque chose, . faut qu’ils viennent de tout autres combi- naisons. Albert Ritter (1) a noté comme un accident curieux , qu’il demanda presque la permission de rapporter , que dans une carrière de 1ophus on avoit trouvé un nid d'oiseau avec trois petits œufs renfermés dans la pierre; des gros œufs de canard y avoient été enveloppés de même. Il venoit de dire que la source Goldbrunn, peu eloignée de Kindelbruck, où ces curio- sités ornithologiques se sont présentées aux carriers, faisoit des incrustations et des dépôts semblables à ceux de Tivoli en Italie. Le savant Gesner, malgré sa déférence à l'autorité de Wal- lérius , de Scheuchzer , de Linnée, croyoit si foiblement à l'existence des ornitholithes d’ancienne date, qu’il a cherché à donner une explication de leur extrême rareté, tout en ayouant qu'il x'en connoissoit pas dans aucun cabinet. Au lieu d'ex- pliquer la rareté par de pitoyables raisons , il auroit mieux valu discuter s’il y avoit des preuves que les oiseaux existassent à l’époque reculée de la formation des anciennes couches subma- rines. Après bien des recherches et des rapprochemens, je me suis presque convaincu qu'hommes, singes, loups, chevaux, chèvres, brebis , oiseaux , bref, que toutes sans exception les es- pèces actuellement répandues sur la terre sont d’une date infi- niment plus moderne , et qu’on ne trouvera de leurs restes que dans des couches secondaires, ou dans des pierres recomposées. P. S. Au moment où je venois de corriger les épreuves de ce mémoire , il m'arrive l’article suivant de par le bon et savant professeur Hermann de Strasbourg, que je consulte toujours (1) Pace tua, benevole lector, dixerim , quando hac occasione quamdam insero singularitatem in topho quodam inventam , nidum scilicet avis, cui in- sita fuere tria ovula...... Alia prætere ova petrefucta coloris glauci quæ ana- fario habitu. Alb. Ritter. Lucubr, II, de Alab, Schwart. , p. 21. V v 2 340 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avec confiance, et dont je respecte et admire les lumières, au- tant que je suis redevable à l’obligeance. . « Tous les ornitholithes et les ornithotypolithes que vous m’alléguez me sont connus : si vous voulez consulter l’édition latine de la Minéralogie de Wallérius, vol. I, p. 565, fig. g, vous trouverez encore quelques autres citations. « Je savois d'avance de quel prix seroit celle de Valvasor, cité par Wallérius. Cependant, par curiosité , je consultai le pas- sage; et voilà ce qu’il dit : Près de Landspreis, au-delà de la montagne, j'ai observé dans un fossé beaucoup de coquilles ma- rines endurcies en pierre, ou plutôt changées en pierre même, ainsi qu’un nid d'oiseau, avec un petit oiscau sur ses œuf; lesquelles pièces toutes ont été converties en pierre par l’esprit lapidifique. Je les ai envoyées à M. Henri Garbusat, à Lyon, avec la moitié d’un serpent pétrifié. » Vous voyez que le serpent vous répond de l'oiseau ; et d’ailleurs, où cela a-t-il été trouvé? dans un fossé. « J’ai, consulté , aussi le petit traité de A/e//e , mais je ne le trouve pas dans le chaos que je dois à la révolution; et certai- nement le témoignage ne sera pas d’un plus grand poids. « Quant au témoignage de l’auteur qui porte mon nom, cité aussi par Wallérius , il grossit la liste des exemples que j'ai re- cueillis de la négligence en citant des auteurs. Hermann, dans sa Maslographie, parle bien, page 224, d’os de tibia, d’omo- plates, de phalanges et de vertèbres d’un beau noïr et comme polies quoique très-petites. Mais il ne dit pas le mot, qu’elles viennent d'oiseaux : l'exemple de Baccius n’est qu’incrustation. « Je me suis toujours moqué de la plume de Scheuchzer , et de la tête de Davila. « Les pièces de Mylius , etc., sont au-dessous de toutes criti- ques. « Vous voilà enfin les richesses de mes Collectarea, qui ne vous rendront pas plus riche, « Storr, dans son Voyage dans les Alpes, t. 1, p. 30, dit, que M. Amman, à Schaffouse, possède une patte d'oiseau très- distincte à surface lisse et luisante. Je ne me rappelle pas si je l'y ai vue ou non, et j'ai égaré le journal de mon voyage en Suisse. » « Blumenbach , dans son Manuel d'histoire naturelle, en fait mention aussi, édit. II, p. 668, où il dit qu’il possède un orni- tholithe de pierre calcaire compacte du Steinberg près Goettingue, DRE ET D'HISTOIRE NATURELLE 341 qu'aucun connoisseur qui lait vu jusqu'ici, ne peut prendre pour autre chose que pour le pouce de laïle d’un très-grand oiseau. » Gmelin, dans ses Mémoires pour servir à l’histoire des pétri- fications du duché/de Wiurtcibheré, insérés dans la première partie du Naturaliste , publié par feu Walck, continué par M. Schreber, dit, p. 03, qu'2/ semble qu’il faut ranger avec les ornitholithes véritables certains petits osselets qui se tronvent ‘près du couvent de Bebenhausen, dans une pierre remplie de glossoyètres , qui sont de couleur brune , à surface luisante , de forme un peu allongée;, presque par-tout d’un, diamètre égal, qui semblent être des vertèbres pétrifiées de quelque petit oi- seau, qui auroient perdu leurs deux extrémités. Il ajoute, qu'il se trouve dans une pierrelcalcaire pure, téntôt blanche ou jau- nâtre, tantôt brune, de près de Canstadt, des osselets de forme cylindrique creuse, blanchâtres, qui semblent appartenir pareil- lement à de petits oiseaux. — Les glossopètres déposent iei contre les ornitholithes; et d’ailleurs ce n’est pas le’ lieu natal qu’il vous faut. x. FFE sESue « Dans le catalogue du cabinet de Humphrey, vendu à Lôn- dres il y a entre vingt et trente ans, il est parlé, p. 6, n°145; d’un os d’oiseau dans le schiste de’ Honsfield. Je sais qu’il fut vendu 12 francs. Les pétrifications de Honsfield sont d’anciennes roches — pour nv’exprimer ainsi— autant que je sache: mais la pièce est-elle d’un oiseau? { « On m’a dit qu’une belle empreinte d’une caille , de la car rière d’Oeningen , doit se trouver dans le Cabinet impérial. Maïs une empreinte de caille, reconnoissable ! Par conséquent, avec les plumes! et encore d'Oeningen ! « Et voilà tout ce que je trouve. » Vous voyez bien, mon cher et savant ami, que des naturalis- tés qui me valent cént fois, ne croient pas plus que moi à l’e7- tiquité des ornitholithes , malgré les témoignages mmnltipliés des rhapsodistes. Je me flatte que vous n’y croirez pas non plus doré- nayant. ; ÿ Salut et amitié fraternelle. P %i2 JOURNAL DE, PHYSIQUE, DE CHIMIF M O Y E N ognpe dust LE De déterminer la quantité de soufre et de fer que contient la mine jaune de cuivre, Par B° EG: Sac£, directeur de la première école des mines. L 11.293041 j . La couleurde cette mine,est d’un jaune vif qui tire sur celle de l'or; on remarque souvent sur sa surface du rouge pourpre violacé et du bleu verdâtre chatoyant, ce qui lui a fait donner le nom de; mine ,de cuivre gzeue de paon ou.sorse de pigeon (1). 1:"La forme de cette,mine jaune de cuivre est le tétraèdre équi- latéral et ses variétés. Autant ces cristaux réguliers sont rares à rencontrer, autant cette mine, est commune en masse solide, compacte , informe, quelquefois lamelleuse ; on en trouve de superficielle sur les empreintes de poisson schisteuses d’Eisleben et de Mansfeld, J'ai dit dans le second vol. de ma Minéralogie, page 234, que la mine jaune de cuivre contenoit toujours du fer et du soufre en plus ou moins grande quantité ; je suis parvenu à les déter- miner par les expériences suivantes ; La mine jaune de cuivre que j'ai employée étoit sans gangue ; je lai pulvérisée dans un mortier de cuivre, Quatre cents grains de cette mine ayant été exposés à la tor- réfaction dans un test qui a été trop échauffé, la mine s’est fondue et a produit une masse jaune, compacte , brillante, vio- lacée dans quelques endroits de sa cassure. Cette mine n’étoit point à l'état de arte , c’est-à-dire, en masse noïre comme elle le devient lorsqu'on la torréfie en grand. Ayant grillé quatre cents grains de mine de cuivre à un feu propre à la tenir rouge dans un test, il a fallu quatre heures pour en dégager tout le soufre ; il est resté une poudre d’un brun (1) La mine jaune de cuivre exposée à la vapeur du gaz hépathique , se colore ginsie ET D'HISTOIRE NATURELLE! 543 noirâtre, composée de chaux de cuivre ét de fer. Le barreau aïimanté passé dans cette chaux mixte , en est retiré avec une houpe de fer. La mine jaune de cuivre ne perd pas sensiblement-de:son poids par la torréfaction ; cependant le. soufre brüle, et s’exhale en acide sulfureux; mais les métaux en se calcinant augmentent de poids par l'acide et l’eau qui s’y incarcèrent ::le combustible fournit l’acide, et l’air décomposé fournit l’eau CTI J'ai déterminé la quantité de fer contenue dans la mine jaune de cuivre, en mettant un quintal fictif de cette mine torréfiée en digestion à froid, dans del’alkali volatil; j'en aï remis sur cette chaux jusqu’à ce qu’il ne se colorât plus en bleu ; le fer est resté au fond du vase sous forme d’une poudre noirâtre,, laquelle lavée et dessèchée est attirable par l’aimant. Ce fer pesoit la moitié de la mine que javois mise en digestion avec l’alkali volatil. J'ai dégagé le soufre de la mine jaune de cuivre en la distil- lant avec deux parties d’acide vitriolique concentré ; il a passé de l’acide sulfureux, en même temps le soufre s’est subhimeé sous forme citrine, et s’est fondu dans le cou de la cornue. Détaché, lavé et pesé (1) il représente le cinquième de la mine jaune de cuivre ; cette proportion est la même que celle du soufre qui sert à minéraliser l’antimoine ; le bismuth, le cobalt. Le résidu de la distillation de la mine jaune de cuivre et de l'acide vitriolique , ayant été lavé, filtré, évaporé, a produiten premier du vitriol martial en beaux rhombes; il avoit une teinte bleuâtre due au cuivre. La mine jaune de cuivre peut être décomposée par l’acide ni- treux à vingt-six degrés, qui dissout avec effervescence le cuivre et le fer, et prend une belle couleur verte. Il faut faire digérer à plusieurs reprises de l’acide nitreux sur la mine, jusqu’à ce qu'il ne se colore plus et que le soufre soit au fond du matras sous forme d’une poudre blanche, qui retient quelquefois un peu de fer. Ayant réduit la mine jaune de cuivre avec trois parties de flux noir et un cinqnième de charbon, elle a produit par quintal trente livres de cuivre friable, en partie attirable par l’aimant. (1) En défalquant la quantité de soufre que décompose l’acide vitriolique, dont quarante décomposent une de soufre qui passe en acide sulfureux. 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cette réduction est vorace, puisque cette. mine contient par quintal, Cuivre. tps. .n1e. 40 Fer MNT. EN A6 Soufret/4nl, HO. 190 C’est l’alkali fixe du flux noir qui dissout du cuivre; de sorte que st on tentoit la réduction de ce métal sans ajouter de char- bon , on courroit risque de ne pas obtenir de culot. ! OÙ BAS EER NAS TU LCON Sun.le passage de la terre animale ou terre absorbante à l'état de terre calcaire: (1), . » Par B. G, Sacr, directeur de la première école des mines. f La cendre produite par les os brûlés est blanche et composée de plus de deux tiers de terre animale et d’une partie de cette wmême terre combinée avec l'acide phosphorique. Elle produit par la lessive une assez grande quantité de matron, dont le feu a; suivant toute apparence, séparé l’acide phosphorique. La cendre des os doit être considérée comme un sel phospho- rique avec excès de terre animale. Cette cendre privée de natron par la lessive estinsipide, insoluble dans l’eau; mais le sel phos- phorique devient soluble si on le dégage de l’excès de terre ani- inale avec laquelle il est combiné, ce qu’on opère par l’acide vi- triolique : il faut quatorze parties de cet acide concentré contre vingt-quatre de cendres des os ; moins elle est calcinée à blanc, plus on en retire de sel acide phosphorique vitrescible; il s’y trouve dans le rapport du tiers. Ce sel composé de terre animale (1) La terre calcaire diffère de celle des os, en ce qu’elle est composée d’aci- dum pingue et d'un excès de terre amimale; la calcination la réduit en chaux, ce qui n'arrive pas à la terre des os qui est un sel phosphorique avec excès de terre animale. Le nom de phosphate calcaire, donné à la terre des os est par conséquent impropre. £ et dés éme ET )D AI SUNO DR EUN A'PURELTLE. 345 et d'acide phosphorique, peut être décomposé par l’alkali fixe qui en précipite un sel phosphoreux calcaire insoluble. Ce ca- ractère d’insolubilité sert à faire connoître qu’il y a de la diffé- rence entre la terre animale et la terre calcaire, puisque le sel acide phosphorique à base de terre animale, est soluble dans l’eau ; itié il produit une masse pellucide légèrement cyanée, tandis que le sel phosphorique à base calcaire, produit par la fusion un verre blanc demi-transparent , cristallisé à sa surface en espèce de dendrites. Six onces de sel acide phosphorique vitrescible dessèché en pâte molle, ont exigé quatre onces d’alkali fixe du tartre pour être décomposé : le précipité blanc lavé et dessèché pesoit une once six gros. Les lessives évaporées ont produit trois onces cinq gros de tar- tre phosphoriqne ; ce sel exposé an feu dans un creuset , se liqué- fie, se boursouffle et fond. Si on le verse sur une plaque de fer, il a la transparence du verre tant qu'il est chaud, et devient blanc et opaque en refroïidissant. Ce sel fondu est sapide et solu- ble dans l’eau : il perd par la fusion les trois huitièmes d'eau de sa cristallisation. Dans la décomposition du sel acide phosphorique vitrescible par l’alkali fxe, il y a plus de moitié de l’alkali décomposé , puis- qu’on n'obtient que trois onces cinq gros de tartre phosphorique qui contient les trois huitièmes d’eau. La portion de l’acidum pingue, principe de l’aikali fixe (1) qui se modifie en gaz acide méphitique esttrès-petite ; cet acidum pingue se combine avec la terre animale, et constitue de la. terre calcaire , laquelle se sature d’acide phosphorique , et forme le sel insoluble dont je viens de parler. (1) Toutes les fois que Palkali fixe est employé à la précipitation d’une subs- tance , il y a une partie de l’alkali qui se décompose et dont l’acide et la terre font partie de la substance précipitée. Le mercure degagé de l'acide nitreux par Valkahi fixe en offre l’exemple; si on distille ce précipité, il se sublime en sel mer- curiel , sui generis. La terre de l’alkali reste au fond de la cornue. ba C1 Tome VII. FLOREAL an 8. S46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EUX BP ÉARLD EN CE Propre à faire connoître la quantité d'acide du sucre (1) que contient l’esprit-de-vin (2), Par B. G. Sace, directeur de la première école des mines. Urbain Hierne, chimiste suédois, a le premier indiqué que lorsqu'on décomposoit l'esprit-de-vin par l'acide nitreux, on obtenoit du résidu refroidi un sel ; il étoit réservé à Scheele de faire connoître qu’il étoit congénère de l'acide du sucre. J’avois regardé depuis longtemps l’esprit-de-vin comme un sa- von acide, puisque l’éther et l'huile du vin qui le composent sont miscibles à l’eau. L’acide du sucre est le medium d’union, et s’y trouve dans une proportion assez considérable. Je ne suis parvenu à la déterminer exactement qu’après avoir varié et mul- tiplié l’expérience ; voici celle à laquelle je me suis arrêté. Je mets dans une cornue de verre une partie d’esprit-de-vin et trois parties d’acide nitreux à trente-deux degrés ; j’adapte à la cornue des ballons enfilés que je ne lutte pas; j’échauffe un peu le bain de sable dans lequel j'ai placé la cornue. C’est envi- ron au trentième degré du thermomètre de Réaumur que le mé- Jange se décompose ; il se produit une effervescence accompagnée de gros bouillons et de vapeurs de gaz nitreux rutilant ; en même temps l’éther passe avec explosion dans le récipient et parfume le laboratoire : il faut que la cornue soit assez grande pour con- tenir douze fois plus que le mélange qu’on y a introduit. (1) L’acide du sucre est connu dans la noëvelle nomenclature, sous le nom d'acide oxalique ; maïs pourquoi ne pas parler français ? Pourquoi ne pas lui lais- ser le nom d’acide du sucre, puisque c’est dans ce sel que cet acide est le plus abondant, puisque seize parties de sucre produisent des parties d’acide concret. (2) L’esprit-de-vin rectifié est nommé improprement par les chimistes néolo- gues; alkohol. Ce mot, dit Trevoux, est dérivé du mot arabe Æo/, qu sigmfie vendre, subtile, diminuer, réduire en poudre impalpable ; il ne pent donc être appricable qu'aux corps solides. Les philosophes doivent mettre de la précision et de l’exactitude dans leur langage. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 347 L'éther s'étant ainsi dégagé on entretient le feu sous le bain &e sable, et l’on continue la distillation jusqu'à ce qu’il ne reste plus qu'environ le trente-deuxiène du mélange ; on laisse alors refroidir le bain de sable, et l’on trouve au fond de la cornue de beaux cristaux !d’acide du sucre en prismes tétraèdres, sous un peu d’eau acide. Seize onces d’esprit-de-vin rectifié m'ont produit une once un gros vingt-quatre grains d’acide concret de sucre. Lorsqu'il est en combinaison avec l’éther et l’huile essentielle du vin, il neu- tralise leur odeur ainsi que les huiles qui le rendent volatil. Ce qu'il y a de remarquable, c’est qu’il brûle avec elles, puisque la combustion de l’esprit-de-vin pur, faite à l’air libre, ne laisse rien. Quoique le terme de l’eau bouillante soit nécessaire pour déga- ger du vin l'esprit inflammable , il n’y existe pas moins en na- ture; il m’y paroît doublement engagé par une portion de tartre qu’on retrouve dans le résidu de la distillation du vin. La cha- leur agit aussi vraisemblablement sur une matière glutineuse semblable à celle qui est dans la lie du vin ; dès qu’elle s'est séparée et épaissie, l’esprit-de-vin se dégage , se volatilise. Lorsqu'on distille un mélange de parties égales d’esprit-de-vin et d’acide vitriolique concentré, on résinifie, on charbonne l'huile essentielle de l’esprit.de-vin ; on débarrasse l’éther de ses liens. Cette espèce d'huile essentielle surchargée de phlo gistique est inaltérable par les acides, et peut être considérée comme le gaz inflammable fluide dont il a en effet toutes les propriétés. 548 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SECONDE, LE TERE DE J. H. VAN SWINDEN, pPrRorsssEUR À AMSTERDAM, Au citoyen Corrs, l’un des Conservateurs de la Bibliothèque netionale du Panthéan, S'UFR LE S GR AUN D S-.H TN E R:S. HrvaæmR DE 1700. Observations faites en Angleterre. M. Dérham a donné une bonne dissertation sur le froid de 1709 (1), et il a fait des comparaisons utiles. Le thermomètre dont il se servoit dès 1697, mais qu’un accident a brisé le 22 janvier 1709, étoit à esprit-de-vin et exposé à l’air libre. Or, le 30 décembre 1708, v. st. dont on se servoit encore en Angle- terre ; c’est-à-dire , le 9 janvier 1709, n. st. le thermomètre de Derham a été à 44; c'est-à-dire à un degré près au même point auquel un mélange artificiel de sel et de glace, ou de glace et d’esprit-de-vin l’avoit fait descendre un jour froid. Cette seule indication nous suffiroit, quand même nous-n’en aurions Le d’autres, pour constater, au moins d’une manière probable, la marche de ce thermomètre : mais nous les avons, et cela n’est pas inutile, puisque cet instrument a servi aux observations de 1699 et 1708 , qui ont été publiées : j’ai donné aïlleurs (2) la ré- duction de ce thermomètre à celui de Fahrenheïit, esprit-de-vin : et si on vouloit le réduire au thermomètre à mercure , c’est le n°. 13 de mon tableau qu’il faut choisir. A l’occasion de cette lettre, j'ai revu mon travail sur ce thermomètre, et je n’y trouye 1) PAil. transact. , n°. 524, vol. 26, p. 454 et suiv. 2) Traité des therm., parag. 226, 227. EOUTED HAS OMR PF N'AURIU'R'E TE 349 rien à changer. Les observations de Boerhaave (1), celles de Fahñrenheit lui même (2) et celles de Braun (3) concourent toutes à placer ce 432 degré du therm. de Derham, au zéro de Fah- renheit, et par conséquent aux environs des 16:—14:de Deluc, ou de 17,8 du centigrade. Le 9 de janvier a été à Upminster où M. Derham observoit, le jour le plus froid : les trois jours suivans et précédens le thermomètre a été à 9 heures du matin: Jours. Derham. Fahr. Centig. CRPPCSN NA ALEE AO Natal sel 19 4 lat TD Dell crotere 22 à» De 2 à 6 00 De Diarra) 5 DD Mb rie TO 'e eee 12 Jan 1 ———————————————————_———— \,,_ -nrè HAE NE MURAT CAR AE: Bi Een a Ait 1 EAU CN EE nie 2 2 EE CPE Med Ci Lo) De Te AT. alu ARE re c0 Le J'observe que M. Derham a remarqué que quoique l’hiver de 1684 ait été plus long, le froid de 1709 a été plns vif, et que le même thermomètre, observé les grands hivers précédens, s’est tenu moins bas qu’à l’époque actuelle. Ces observations thermométriques sont les seules que je sache avoir été faites en Angleterre : et elles prouvent que le froid y a été moins vif qu’en France, et à-peu-près égal à celui qu’on a ressenti en Hollande, ou même un peu plus fort : ce qui est très-rare. B'EPR TL UTANS M. Grischow a publié (4) les observations faites par le célèbre astronome Godefroy Kirch : je possède en outre le journal ma- nuscrit de M. Kirch, continué après sa mort par sa veuve; on n'y trouve pas toujours les observations thermométriques : mais je vais compulser et joindre aux observations que M. Grischow nous a fait connoître, ce qui me paroîtra utile. Le thermomètre étoit à la vé- rité à esprit de-vin , et sans échelle comparable : mais M. Gris- chow en a fait une comparaison immédiate (5) à l’ancien ther- (1) Elem. chim. p. 86, édit. Paris. (2) Phil. Trans. , n°. 182. 5) Nou. Comm. Petr. XI, p. 294. 4) Miscellanea Berol., VI, p.313 5) 1b. p. 282. 350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE momètre de Fahrenheit : elle laisse à la vérité quelque chose à desirer, mais il est impossible de se procurer actuellement des renseignemens ultérieurs : jai fait usage de cette comparaison ailleurs (1), elle me mettra à même, au moyen de mon grand tableau, de réduire ces observations au thermomètre à mercure ordinaire, et au centigrade. Kairch. Deluc. Centigrade. Éjanve a NOR CECI ee ce 0 ER TE 0 Ecu QUE PRE TE" LTÉE ME 13:6 Déc D SH Moore Se A QMAEn 20 : 11.2 DONS TR ND MAR Nr. 139 ee , 161.6 SE DU ES TON EAN LR ec END ON à AIN ANDRNE 16.6 Auhaut du 13 ........ ns STATE 10.1 ME HO iabe MONET OO EM ENTÉRES 1020 Au haut du SNS LE ADS A jour nO L AMPOULES SAN GEL ZINNN CRE 5807 DR HAE DID GN LOL HD, 014 22 HR. 13 BSD DU SEQNIOE TELE SDE Dar TEE 16 En date du 9, M. Xirch marque déja que journellement on entend parler de gens qui sont morts de froid , soit des sentinelles en faction , soit autres : et en date du 10 il ajoute n’avoir jamais vu le thermomètre aussi bas : que lorsqu'il demeuroit entore à Guben (dans la basse Lusace), il a vu une fois son thermo- mètre à 8, et que c’étoit un froid excessif ; vraisemblablement c’est de l'hiver de 1695 qu’il entend parler. — On voit que le degré de froid observé cette année à Berlin , est à-peu-près le même que celui qu’on a observé en Hollande ; et il est remar- quable qu’il est moindre que celui qui a eu lieu à Berlin en 1716, 1727 , 1731 Ou 1740; ce qui n'empêche pas que l'hiver de 1709 pris dans son ensemble, ne puisse avoir été plus rigoureux. DANTZrcxKx. Boerhaave dit dans ses Elémens de chimie , que le thermo- mètre de Fahrenheït y a été vu à 1 degré au-dessus de zéro : ce (1) Traité des thermomètres, p. 212. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 351 rapport me paroît inexact : mais M. Æanow (1) a publié des observations détaillées, faites par M. Wi//ch sur l’ancien ther- mouèêtre de Fahrenheit. Le froid a été excessif à Dantzick : car, 1°. du 3 au 12 de janvier, il a été chaque jour az moins au 90 de l’ancien thermomètre de Fahrenheït, ce qui revient à zéro du nouveau , de l'actuel , et conséquemment à 14% de Deluc, ou 17.8 du centigrade : je dis 2 moins , car il paroït par ce que M. Hanow ajoute, que l'échelle de ce thermomètre ne s’étendoit pas au delà de 90 : et qu’il arrivoit de-là que l’observateur ne no- toit pas les degrés quand la ligueur étoit parvenue au-delà de ce point; 2°. que le thermomètre a encore été au moins au même point les 19, 20 et 21 : que les autres jours il a été rarement (en le rapportant tout de suite aux thermomètres usités aujour- d’hui) plus bas gue 9 de Deluc, ou 11+ du centigrade ; 3°. que quoique le thermomètre ne soit pas parvenu au-dessus de la glace avant la fin de mars, et que le froid ait été extrêmement vifen février , sur-tout le 21 (Deluc, 10.6 , centigrade 13.2) etles 23, 24, 25 : que le thermomètre a été entre 16.7 et 12.1 de Deluc. Tout le mois de mars a été d’une rigueur extrême, jusqu'au 17, n’y ayant pas eu de jour que le thermomètre n'ait été au-dessous de 7 de Deluc (8 ? centigrade), sur-tont le 8 qu’il a été à 11.3 de Deluc (14 centigrade), et le 16 qu'il a été à 11.7 de Deluc (14.6 centigrade ). Je n'ose transcrire ici les ob- servations de peur d'entrer dans trop de détails. Malheureuse- ment le journal de M. Xirck, à Berlin, ne renferme que peu d'observations thermométriques correspondantes. 1l y est seule- ment fait mention de grand froid : mais ce que nous venons de dire suffit pour prouver l’intensité et la durée extraurdinaire de cet hiver, ainsi que les différences qu’il y a eu en différens endroits, et pour la rigueur , et pour les époques , et pour la durée du grand froid. Krez, Koësn:csBsEerG , HaMBounrc. On trouve dans le premier volume des I/iscellanea Beroli- nensia une notice des plus grands froids observés par M. Aecken depuis 1679—1709 inclusivement : les observations ont été faites à Kiel: malheureusement l'échelle du thermomètre n’est pas A —————"——————— ————————— "2 —————————— Li (1) Dans un ouvrage allemand très-intéressant , Seltenheiten son Natur.T.2, pag. 665. 552 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE connue : et comme il est simplement dit que o est marqué au très-grand froid, et 100 à la plus grande chaleur, il est clair que nous n’avons pas assez de données pour faire une réduction : car la conjecture de M. Hanorr, dansses remarques sur ces obser- vations que le plus grand froid à Kiel aura été au même degré qu'à Dantzick , parce que ces deux endroits diffèrent peu en lati- tude, me paroît trop hasardée. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que le froid a sûrement été excessif, puisque le 11 et le 12 janvier il n’a été qu’à un demi degré ‘au-dessus de zéro, point indiqué pour le plusgrand froid ; quele 13 il a été à 2 au dessous; le 20 à zéro ; le 23 à + : les 24 et 25 février à o4, etc. ; et qu’il suit des observations de M. Rechen, que le froid en 1709 a été plus fort que dans aucun des grands hivers précédens. En jan- vier 1684, le thermomètre a été à o, et près de o plus d’une fois : de même en janvier 1685, en janvier 1695, le thermomètre a été À 1° le 15 janvier. Cette connoïssance n’est pas inutile : etelle présente, je crois, la seule indication thermométrique que nous ayons de ces trois années. M. Hanow rapporte, à la p. 680 de l'ouvrage cité, une ob- servation faite le 9 janvier à Kæœnigsberg ; le thermomètre y au- roit été à 63, et en 1740 à 68 : mais la graduation de ce thermo- mètre est inconnue : ce n’est certainement pas celle de l’ancien thermomètre de Fahrenheit ; ainsi tent ce que l’on en peut con- clure , c’est que le froid a été à Koœnissberg un peu moins vif en 1709 qu’en 1740. C’est une connoissance négalive, il est vrai, mais néanmoins utile : nous en ferons usage par la suite. Mais on trouve encore dans un recueil allemant (1) une observation du professeur Sander, selon laquelle un thermomètre dont la gra uation est celle de l’ancien thermomètre de Fahrenheit, au- roit été au-dessous de 90°, c’est-à-dire au-dessous de zéro dn thermomètre ordinaire de Fahrenheit (141 de Delnc}, la liqueur étant entièrement descendue dans la boule. Ce professeur a pu- blié au mois de février 1712, une dissertation académique de Frigore anni 1709 memorabili : je ne la connoîis pas. On trouve dans le même recueil, des observations thermomé- triques faites jour par jour, à Hambourg , pendant le mois de janvier des années 1709 et 1716, et pendant les deux dernicrs jours du même mois de 1718; mais ce thermomètre ne me paroît pas bien déterminé :-ilest divisé en go degrés, le zéro étant RE RE () Breslausche Sammlungen , 1718, p. 640. en PT PET ET D'HISTOIRE NATURELLE. 335 en haut : ces degrés furent-ils le double de ceux sur l’ancienne échelle de Fahrenheit ? M. Æanow paroît être de cette opinion, mais il n’en apporte pas de preuve : s’il en éfoit ainsi, le plus grand froid, celui du 13 janvier, marqué 86, reviendroit à 3.6 de la nouvelle échelle ; et par conséquent à 12.4 de Deluc, et 15.6 du centigrade. Les jours les plus froids ont été les 10, 11, 12, 13; ensuite du 14 au 24. Les 30 et 31 le thermomètre étoit au-dessus de la congelation : quelle différence avec ce qui a eu lieu à Dartzick et ailleurs ! Je ne possède pas l’ouvrage dans lequel sont consignées les observations faites par M. Xziphof à Erford : ainsi il m'est im- possible d'évaluer à quel degré de nos thermomètres connus se rapporte le 100° du sien qu'il a observé en 1709 : et cela, par les raisons que j'en ai données dans mon Traité des thermo- A méêtres, p. 220. FrRrANCEFORT. Un anonyme qui a fait à Francfort des observations détaillées sur le froid rigoureux de 1755, rapporte, dans un excellent re- cueil allemand (1) , que s’il peut s’en rapporter à la comparaison d’un ancien thermomètre à esprit-de-vin avec le thermomètre de Réaumur, le froid a été à Francfort un peu plus fort en 1709 qu’en 1740; savoir de 15 degrés de Réaumur : ce qui, si le thermounètre de Réaumur auquel on a rapporté celui qui a servi en 1709, a été à esprit-de-vin, et cela n’est guère douteux, revient à 16 ou 17 du thermomètre à mercure : et conséquem- ment à 20 ou 21 du centigrade. Je ne‘citerai pas certaines obser- vations dont il à été fait mention par quelques écrivains , parce qu’elles sont destituées de tout fondement. Observations diverses. Je viens de rassembler les diverses observations thermomé- triques que j'ai pu trouver : si elles sont moins nombreuses et moins détaillées qu’il ne seroit à desirer , elles le sont cependant plus qu’on ne le croit communément. Je passe à des observations d’un autre genre; mais comme leur détail, tel qu’il se trouve ———————_—————————— rh (1) Hamburgische Magazin , t.15,p. 276. ome VII, FLOREAL an 8. y 35% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans mon premier manuscrit composé il y a 25 ans, rempliroit bien autant de pages que je vous en ai déja fait parvenir , je me : contenterai d’un léger extrait, et je vous avertirai simplement que tout ce que je vais ajouter est tiré des mêmes ouvrages que j'ai déja cités, et que je n’avance rien que sur de bonnes au- torités. ANGLETERRE. Ïl suit du détail dans lequel M. Derham est entré, 1°. que le froid a été plus vif en Angleterre, sur-tout dans les parties mé- ridionales, qu’en 1684 ; 20. que le froid a été très-rigoureux du 5 au 25 de janvier, surtout les 10 et 13 : que du 25 au 31ilya cu un faux dégel, et que la gelée a repris le 31 par un fort vent d’ouest : et que du 17 de février il y a eu jusqu’au 17 de mars de fortes gelées accompagnées de beaucoup de neige; 30. Que les eaux ont été gelées à une profondeur considérable, quoique M. Derham doute qu’elles l’aient été aussi profondé- ment que dans le long hiver de 1684 : et que la Tamise l’a été beauconp moins ; 4°. que le froid a été beaucoup plus foible dans les parties septentrionales de l’Angleterre et en Ecosse : et même l'hiver a été peu rigoureux dans ce dernier pays ; il n’y a eu ni lacs ni rivières de geiés : l'hiver y a cependant été long , quoique la gelée n’ait pas été forte : et Poerhaave rapporte aussi que le thermomètre de Fahrenheit est descendu en Irlande à zéro, ce qui fait 142 de notre thermomètre ordinaire , ou 17.8 du cen- tigrade : ce qui ne doit pas être, ce me semble , un froid bien considérable pour un climat, aussi septentrional. Le froid a aussi été bien plus foible en Irlande qu'en Angleterre, mais plus fort qu’en Ecosse. Hoi rain iniEel Il y a eu quatre époques de froid ; 1°. en décembre 1708: 2°. du 5 janvier au 25 : le dégel du 25 fut aussi subit que la reprise du froid fat prompte le 6: car le matin il faisoit un temps fort doux , et à 5 heures le froid rigoureux commença; 30. gelée forte les huit premiers jours de février : ét 4°. du 20 au 23 de mars. Les vents d’est et de nord-est ont été les plus fré- quens : dès le 19 d: janvier la Meuse étoit gelée du village de Maaslandsluis jusqu'à la Briel, ce quin'avoit pas éu lieu en 1684 : le 19 on trayersoit le lacnominé Zuiderzée (lacus flevus), 22 ETD’HISTOIRE'NATURELLE. 355 de Stavoren à Enkhuisen , en traîneau : on alloit même à patins de Æarlingue à Amsterdam. En avril il y avoit encore beaucoup de glaçons dans le Zziderzée. ALLEMAGNE et pays du nord. M. Wolf divise, dans la dissertation que j'ai citée plus haut, ce rigoureux hiver en plusieurs périodes : nous ne ferons men- tion que de celles qui nous paraissent les principales. 11 avoit peu gelé au mois de décembre : la nuit du 12 au 13 il ÿ eut une violente tenipête d’un vent d’est. M: Derham remarque ‘qu'on ne s’en est pas'apperçu en Angleterre : il gela les premiers jours de janvier ; maïs le'4 ïl survint un dégel accompagné de tem- pête et de grosse pluie : le 6 un vent de nord-est amena de la neige et le froid intolérable qu’on a éprouvé jusqu’au 25. Le temps fut assez doux les premiers jours de février : maïs le froid reprit avec force du 9 février au 17 de mars : et le 13 avril fut le premier jour d’un temps doux: ) 238 La ville de Dantzick et les environs paroïssent avoir été dans la région où le froid s’est fait sentir avec le plus de force. Les ob- servations thermométriques rapportées ci-dessus, prouvent com- bien il a fait froid en février et en mars : le dégel ne commença que le 31, et M. Bzynius, de Dantzick, a tenu note, que le 8 d'Avril la Baltique étoit encore couverte de glaces, aussi loin que la vue, aidée de lunettes d’apprôche, pouvoit s’étendre. Le froid a été excessif à Riga : en avril la gelée continuoit vigoureu- sement à Stokholm : et le 21 du mois la Baltique n’étoit pas encore navigable sans danger. En Danemarck le froid a éte violent, et on a marqué de Copenhague, que le‘froid y égala à-peu-près le degré du froid: artificiel (1): en avril tout etoit encore couvert de, glaces : à Hambourg il paroît y avoir eu des intervalles ; en général , on’seroit tenté de croire que le froïd a été plus fort au centre de l’Allemagne, comme à Francfort , à Cassel, que dans les parties plus boréales de ce vaste em- pire. (1)Philos. trans, n°. 324, p. 458. 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Fun. a ic selon mit æ On trouve sur le froid de 1709 assez de détails dans les Mé- moires de l’Académie pour 1709, pour 1710, p. 440 , ainsi que dans les Mémoires de l’Académie de Montpellier, t. 1, p. 92, pour que nous puissions nous dispenser de nous étendre sur ce point. Deux phénomènes remarquables; l’un , que le plus grand froid a été accompagné à Paris, d’un vent de sud; l’autre , que Ja Seine n’y a pas été entièrement gelée, n’ont pas PARLE à la Hire ; à Hombere, à Fontenelle. La Garonne a été gelée : le Rhône étoit rempli de glaçons qui s’y étoient accumulés à 12 pieds de hauteur : l'étang de Thau, d’ailleurs orageux , a été entièrement gelé. On alloit sur la glace , de Balaruc à Boussigny, et à Cette: il y eut un dégel le 25 de janvier : un autre le 26 de février, qui l’un et l’autre étoient accompagnés de rhumes épi- démiques. Le froid a été excessif en Suisse , même en décembre 1708 : et il semble què les reprises et les diminutions aient toujours pré- cédé ce qui a eu lieu en Angleterre (1). Il est fâcheux que le thermomètre dont M. Sckeurer s’est servi ne fournisse pas assez de données pour le rapporter à des échelles connues. On a mar- qué qu’à la fin de Janvier on passoit la glace des lacs de Cons- tance et de Zurich avec des voitures chargées : mais la glace avoit disparu au commencement de février. Le froid n’a pas été moins violent en Italie : l’ambassadeur d'Angleterre à Florence , marquoit à M. Derkam , que le 10 de Janvier le froid étoit à-peu-près au degré extrême; c’est-à-dire , que la liqueur du thermomètre dont on se servoit, indiquoit à. peu-près ce dernier degré ; que la mer étoit gelée sur les côtes de Gênes. La mer adriatique l’étoit en entier , phénomène qu’on disoit alors n'avoir pas eu lieu depuis 859. Le froïd se fit sentir également à Rome, à Naples et en Espagne. On se plaignoit en janvier à Cadix, et en février à Bilbao, de la rigueur de la gelée. On n’a qu’à lire les détails publiés par Derham et par la so- ciété de Montpellier, pour sentir combien les arbres et tout ce qui tient au règne végétal ont souffert par des hivers aussi rudes : {:) PAil. trans, n°. 321, p. 324. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 357 Duhamel et Buffon sont d’avis (1) que l'hiver dont nous parlons a eu les suites les plus désastreuses et dont on appercevoit encore les effets vingt-cinq ans après : car on trouva alors dans beau- coup d’arbres des phénomènes qu’il étoit impossible d’attribuer à d’autres causes. Au reste, on sent que ces dégâts doivent avoir été très-différens en différens endroits, selon que les ar- bres étoient plus ou moins abrités ; selon qu'il y étoit survenu des dégels intermédiaires, Les observations de Scheurer et de Derham servent de preuves. Le froid a fait périr beaucoup d'hommes en différens pays, et il a eu un effet remarquable sur les oiseaux de passage : plu- sieurs sont venus se réfugier dans des climats plus doux où on n'étoit pas acoutumé à les voir, nien si grand nombre, ni en pareille saison. M. Derham en a fourni une liste. Ne pouvant copier ici tout ce qu’il dit sur ce sujet, et sur tout ce qui a rapport aux effets de ce froid rigoureux , je prends la liberté de vous y renvoyer. Tel est, mon respectable confrère, l’abrégé des recherches que j’ai faites sur l’hiver de 1709, qui est peut-être par sa gé- néralité, par sa rigueur et par sa durée, le plus violent que nous ayons eu jusqu'ici dans ce siècle ; il est du moins un des plus remarquables. À mesure que nous avancerons nous trou- verons des observations plus détaillées , et elles rendront l’his- toire des autres hivers rigoureux plus intéressante et plus ins- tructive. (1) Supplém. à l’hist, natur. , in-12, tome 4, p. 30. 358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE COMPARAISON DES TEMPÉRATURES PROBABLES De chaque constitution lunaire , ‘annoncées dans l'annuaire météorologique , pour l’an 8, avec les températures obser- vées de ces constitutions pendant les six premiers mois de la même année , Par L.Corrs, l’un des Conservateurs de la Bibliothèque nationale du Panthéon, etc. Le citoyen Lamark partage chaque mois lunaire en deux constitutions ; l’une qu’il appelle constitution boréale, comprend le temps que la lune emploie à parcourir l'hémisphère boréal, depuis l’équinoxe ascendant jusqu’à l’'équinoxe descendant : cette époque , suivant ce savant, doit être marquée par un temps humide au pluvieux ; peu de froid : par des vents qui soufflent des régions du sud et de l’ouest, et par l'abaissement du mer- cure dans le baromètre. La seconde constitution s'appelle australe; c’est le temps où la lune parcourt l’hémisphère austral depuis l’équinoxe descen- dant jusqu’à l’équinoxe ascendant. Les probabilités pendant cette époque sont pour un temps sec, ordinairement froid ; pour des vents qui soufilent des régions du nord et de l’est, et pour l’as- cension du mercure dans le baromètre ( Voyez l’annuaire mé- téorologique pour l’an 8 ). L'observation a depuis fait découvrir au citoyen Lamark une cause d’anomalie qui tient à l’époque des quadratures de la lune avant ou après les lunistices : dans le premier cas, la cons- titution db édque est troublée; dans le second cas, elle marche assez régulièrement. Chacune de ces époques est de trois mois. Pendant les premiers trois mois de cette année, les qua- dratures tomboiïent après les lunistices ; les constitutions ont donc dû être telles qu’elles ont été annoncées : le contraire a dû arriver dans les trois autres mois où les quadratures précé- doient les lunistices. Nous entrons en germinal dans un trimes- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 359 tre favorable aux probabilités annoncées ; la première constitu- tion de ce mois a bien marché. Dans un grand mémoire que le citoyen Zzmark a lu à l’Acadé- mie des sciences il y a plus de vingt ans, et dont j'ai donné l’ex- trait dans mesémoires sur la météorologie, tome premier, page 205 , il avoit déja annoncé cette sorte d'influence lunaire sur la direction des vents etsur la arche du baromètre ; mais il con- sidéroit la révolution de la lune sous un autre point de vue; il la représentoit allant dans la première époque. du tropique du capricorne au tropique du cancer; ou du lanistice austral au lunistice boréal ; et dans la seconde époque, parcourant et des- cendant l’espace compris entre le tropique du cancer et celui du capricorne, ou entre le lunistice boréal et le lunistice austral. Sous ce dernier point de vue ,-il considéroit la lune toujours ascendante dans la première époque, et toujours descendante dans la seconde ; au lieu qu’actuellement chaque constitution est marquée ou partagée entre une marche ascendante et une marche descendante de la lune, ou de l’équinoxe au tropique, et du tropique à l’équinoxe. D’après ces deux manières de considérer le mouvement mens- truel de la lune, j'ai fait des recherches dans mes registres d’ob- servations , dont je publierai les résultats dans ce journal. Je me borne aujourd’hui à rapprocher les températures observées pendant chaque constitution lunaire , des températures annon- cées comme probables par le citoyen Lamark; jy joindrai la marche du thermomètre et du baromètre pendant chaque cons- titution : c’est le résultat des observations météorologiques faites avec la plus grande exactitude par le citoyen Aessier , pendant les six premiers mois de cette année. Températures probables. Températures observées. Constitution australe, du 7 az 20 vendémiaire. Vents denord , de nord-ouest Vent sud - ouest. — Temps A h ge et peut-être de nord-est qui se- doux; couvert le plus souvent : ront plus communs que d’au- assez pluvieux. tres. — Temps un peu froid ; le plus souvent sec: Ciel plus ou moins couvert, et même beau temps. 360 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE Températures probables. Constitution boréale, dz 21 vendémiaire au 4 brumaire. Vents de sud, de sud-ouest plus communs que d’autres , et peut-être violens.—Tempsplus souvent couvert, peut-être plu- vieux; en général plus humide que sec, et dangereux sur nos mers. Constitution australe, dz 5 au 17 brumaire. Ventsde nord, denord-ouest et peut-être de nord-est, qui souffleront principalement. — Temps clair, beau, plus sec u’humide , peut-être un peu froid : brouillards vers la fin. Constitution boréale, di 18 brumaire au premier frimaire. Vents de sud, de sud-ouest ou d’ouest qui souffleront plus ou moins fortement , mais qui seront plus communs que d’au- tres. — Temps le plus souvent, couvert , peut-être pluvieux dans le commencement : brouil- lards. Constitution australe, du 2 au 14 frimaire. Vents des régions du nord plus communs que d’autres. — Temps froid ; ciel souvent dé- Températures observées. Vent sud-sud-ouest. —'Temps calme, assez doux; couvert : pluies fréquentes. Vent sud-ouest. — Temps doux, humide ; point de brouil- lards. Vents sud-ouest et nord-est. — Temps doux, d'abord cou- vert et humide, ensuite serein et sec. Ventsud-est. — Temps froid d’abord , doux ensuite, sec et en partie couvert. couvert : ET D'HISTOIRE NATURELLE. Températures probables. couvert : des gelées pourront avoir lieu. Constitution boréale , du 15 au 28 frimaire. Vents de sud-ouest, ouest, et quelquefois de nord-ouest. — Temps couvert , froid et très- humide ; neiges ou gelées vers la fin, Constitution australe, dz 29 Jrimaire au 11 nivôse. Vents de nord-ouest et de nord qui varieront irrégulière- ment.— Temps souvent décou- vert; gelées fortes : vers la fin temps neigeux. Constitution boréale, dx 12 au 26 nivôse. Vents de sud-ouest et même d’ouest qui varieront irréguliè- rement, et peut-être ayec mé- lange de vent de nord. — Dégel ou temps pluvieux, froid et hu- mide » et peut-être mixte et neigeux. Constitution australe, du 27 nivôse au Q pluviôse. Vents de nord-ouest, de nord et peut-être de nord-est, air calme. — "Temps d’abord froid et humide, ensuite très-froid , avec un ciel clair ; belle gelée. Tome VII. FLOREAL an 8, 361 Températures observées. Ventnord-est.—Tempsfroid; le plus souvent couvert, avec brouillards, Ventnord-est.—Temps froid ; gelées fortes ; le plus souvent couvert avec neiges. Vents sud et sud-ouest. — Dégel , temps couvert, doux, humide , avec brouillard. Vent desud-ouest.— Temps doux, humide d’abord ; ensuite froid ; ciel couvert. 22 362 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Températures probables. Constitution boréale , dz 10 au 23 pluviôse. Vents d'ouest, denord-ouest, ensuite de sud , et enfin de sud- ouest.--Tempsfroidet couvert; neiges peu durables ; pluie : beaucoup d'humidité. Constitution australe, du 24 pluviôse au 6 ventôse. Vents de nord, denord-ouest et d’ouest ; peut-être mixtes. — Temps clair et froid : gelée et neige : frimats vers la fin. Constitution boréale , du 7 au 20 ventôse. Vents de sud et desud-ouest, peut-être violens, tempêtueux , et vents d'ouest. — Temps plu- vieux par intervalles ; très-hu- mide, couvert, et en partie dé- couvert successivement. Constitution australe, dx 21 ventôse au 3 germinal. Vents de nord et de nord-est, et ensuite de nord-ouest et d'ouest. — Temps assez beau, souvent clair, froid avec gelée; nébuleux sur la fin , et peut-être neigeux. Températures observées. Ventssudetsud-ouestd’abord, ensuite nord et nord-ouest. — Temps couvert, assez froid et humide. Vents nord-nord-est et sud- sud-est.—Temps froid d’abord, un peu de neige; vers la fin temps.doux et serein. Vents nord-est assez calme. — Temps froid, peu humide ; peu de neïge : ciel le plus sou- vent couvert. Ventdenord.— Temps doux d’abord , assez froid ensuite : ciel le plus souvent couvert; peu de pluie et de brouillards. LES CONSTITUTIONS. CRNEEUE PETER PREMIERE TEST EE PERTE TERRE RE EME EE UT TN ER ITS ECURIES [ UTIONS BORÉALES. IMOMÈTRE. BAROMÈTRE. ) Moindre | Chaleur |Plus grande] Moindre | Elévation chaleur. | moyenne. | élévation. | élévatio n.| moyenne. D D Pe LAINE EURE: L. 3,5 7,5 28.3,10 27.4,65 27.10,93 — 0,0 6,0 4,95 10,50 28. 1,38 — 7,2 — 0,5 1,50 6,55 27.10,98 — 2,0 3,0 1,50 0,73 7,19 — 4,0 1,5 4,92 6,70 28. 0,42 — 5,5 0,2 1,12 4,33 27.10,12 — 7,2 3,0 28.4,95 27.0,75 27.10,74 endre son jugement sur la théorie du C. Lamark, Tous 7, page 362, MARCHE DU THERMOMÈTRE ET DU BAROMÈTRE PENDANT LES CONSTITUTIONS. CONSTITUTIONS AUSTRALES. CONSTITUTIONS BORÉALES a . | BAROMÈTRE,. ÉPOQUES ÉPOQUES ÉbRnus masioecs lt | EE, Dx8 Cha | LEE » | Moindre | Chai i Plus grao| Moindre haleur | Plus grande! Moindre | Elévation Plus grande] Moindre baleur {Plus grande] Moindre | Elévation CONSTITUTIONS, | chaleur chaleur, | moyenne. | élévation. | élévation. | moyenne. |CONSTITUTIONS chaleur chaleur, | moyenne. | élévation. | élévatio n.| moyenne, a . = | —— = — — a | | | D D D | PF. L P. L Du # au 20 vendé Du 21 vendémiaire à | | misire : 170 65 105 285,30 27.7,1? 27.1158 Eau 4 brumair 18,0 5,5 5 FLERATS 27.465 27.10,95 Du & ou 37 bru- Du 18 bromar® au | maire. 12,0 *,0 78 | 1,12 2,92 10,57 premier frimaire 120 _— 0,9 60 4,95 10,50 24. 1,54 Du 2 au 14 frs Du 15 au 28 fri- maire, Li) CRE À 2,5 70 ,57 10,92 maire * 0 — 7% — 05 »,50 655 2110,54 Du 0 frimanire au Du 13 su 26 ni- 11 nivôse à — 0,9 — 110 nd _ SA 11,92 28.161 vûse 0 —… SU 0 1,50 0,5 719 ù | - Du 27 nivôse au à Du 10 su 25 plu-| pluviô w 10,9 | _— lp 4 | 1,50 26? 27.8,70 |viôse 65 — po 1,5 4,92 6,70 28, oha Du J pluviôse 0 ou ; Da 7 su 20 ves- | | 6 venté 10,5 | 195 58 1,55 5,20 4,18 tüse | Er lé ; 0,2 | 1,12 710,13 Du 41 ventôüsoe ou | 3 germinal 11 | 10 ‘2 1,80 2,17 11.86 | | - _—__—— _ —__——— mn DE PS | EN, __—. ! | | Nésurrars 11,7 — 11,0 40 | 5,88 27-242 | 27.10,87 Résvirars 160 |— 7, 3,0 28,4,95 27.10,74 | L Jo laisse au lecteur le soin de faire les comparaisons et de tirer les conséquences. Je l'engage à suspendre son jugement sur Ja théorie du C. Lamark, THERMOMÈTRE. | BAROMÈTRE. jusqu'à ce qu'il ait publié les nouvelles considérations qu'il doit à l'expérience. THERMOMÈTRE. | … BTE DUAI ST'OUMRIE INVAITIURE L L'E. 363 de NON LUES Sur les degrés de froid observés à Paris et ailleurs, pendant l’hiver de l’an 8 (1799 à 1800). Par L. Corrs, l’un des conservateurs de la Bibliothèque na- tionale du Panthéon, des sociétés d’histoire naturelle, de médecine et d’agriculture de Paris; de la société d’émulation d’Abbeville ; de la société météorologique de Manheim. Les observations ont été faites à Paris, 1°. à l'Observatoire na- tional, par le citoyen Méchain, avec un thermomètre à mer- cure suspendu à un arbre sur la terrasse de l'Observatoire, au lever du soleil ; à l'Observatoire de la marine , rune des Mathu- rins , hôtel de Cluny, par le citoyen Messier, avec un thermo- mètre à mercure divisé en 85 degrés du point de la congelation à l’eau bouillante : j'ai réduit ces observations à l'échelle de 80 degrés ; 30. dans la rue de la Vieiïlle Estrapade, qui est le point le plus élevé de Paris, avec un thermomètre d'esprit-de-vin, de trois pieds de longueur, construit en 1762, par Cappi, sous les yeux de D. Rédos de qui je tiens cet instrument précieux. Les observations de Bruxelles ont été faites avec un thermo- mètre à mercure , par le citoyen Poederlé, qui s’occupe depuis longtemps d’observations géorgico-météorologiques.:1l m'a com- muniqué aussi es obsrevations faites à Prague, . Le citoyen Méchain m'a communiqué les observations faites à Tarbes par le citoyen Dargos. Enfin M. van Swinden, célèbre professeur de physique, etc. à Amsterdam, a eu la complaisance de m'envoyer les observa- tions qu'il a faites dans cette ville. 364 * JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D'REAOMRNTESE à | JOURS DU MOIS. OBSERVATOIRE Rue de la OBSERV. Rae DE LA MARINE. |ViEILLE ESTRAP. 1799. | AN 8. Karrox. | mme 1 ee | me Décemb. | Frimaire. Heures. | Deg. de fr. | Heures. | d. de f. 19...| 28.,..1 7,56| 8 mat. |— 6,8.. |l. dus. — 7,0 DO 2 OC 7 O2 AE RENE NO SERRES — 7,0 21.../.90.:..10,00! 1d....|— 9,4.. | :.... — 9,6 Nivôse | OT ie le or A Men ren e al ee — 5,2 23,1 |tautocR==106,861008/mat.d22 15,8 :Ruit ame — 5,5 LA HENRI TRE BG. St dE sin Ale — 7,0 29 bosse) Rd strass Re eu = 2}7 26.416, 7,56) Id....1—16,6.. |..:.. — 5,9 2742910622 12,00! : Id... 1,0... 1... — 1,7 : RAD SEP 10,0 DO Jess. 9,12 pod Ten 29...| 8....1— 3,50! 8 mat. |— 4,3.. |L.dus. |— 4,5 Beubé | toi Le 16 | Adele 4 EURE ee 31.4:.| 10.4..12,04 | 7 mat. [—10,3:!|..... — 9,2 1800 d Janvier. 1 11....0—10,88| 72mat.|—10,3.. |..... — 9,5 2 a Ro GATE) Eee 10,9 Où lot A 2568 mat. Ælo oi. Vel + 1,1 4...| 24... 2,16| 10.240,04 + 2,0 Piuv. passe one 112,66! s7imat,(l 12,8. 1 40 — 1,6 23... 3....i— 3,36[ 8 mat. = 2,0../..... — 2,0 ET D'HISTOIRE NATURELLE. T' AR B'E'S: JOURS DU MOIS. Heures. 1799: Déc. 20 frim. 29 6: mat.— 7,9 DOI A LA ES — 6,9 28 TI TAAN ES — 7,4 10%5S.,—10,4 8 63m...—12,3* 1025.. —10,5 PRAGUE: d. def. AN 8. D) Déc. 29 niv. 8 6 m.au bas de la ville—19,5 au haut de la ville. — 21,0 PÉTERSBOURG. —26,0 ARCHANGEL.....-—36,0 U O % v v , b % Où GI © D 6 © À © GR IRONINNININN OR I O » BRUXELLES. Déc, 16 frim. 25 8 mat. 17 2 OPPRTESE 16 yil Da geo à 19 DORÉ NE 20 29 MONTS 21 BON PAT DANNY: LENS 23 2 8;m. os 24 3 8m 27 GENS vs 28 T's CES 258 BRUXELLES. JOURS DU MOIS. Heures. d. de f.|f 1794. AN. Déc. 31 niv. 10 8 m...— 8,7 28,...— 5,7 || 1800. | Janv. 11 8m...— ,5 || 2 12 dégel Fév. 12pluv.23 8 m...— 6,7 2AINENE OM. sai» — 4,0 26 GAROU — 6,2 Mars. 1 on HN NE NE — 6,7 6 DOM — 4,2 || 7 TONPRÉPEE —_7,7 |$ 8 MARIE — 7,2 || 9 ON sente — 4,0 10 19 7 M... — 9,2 ASIN 9,0 11 20 25 + 7,0 AMSTERDAM. Déc.28 niv. 7 7 m...—10,2|f 2 8 minuit.— 5,3 |} 30 9 8m... —14,2 midi. . —10,0 OS'1 41. 15,5 31 10 matin. — 9,0 Janv. 1 11 :.,.,. —-0,e 2 RE — 4,7 || 8 DORA — 4,7 10 CS ARE — 1,9 *) Il est bien étonnant que le thermomètre soit descendu plus bas à Tarbes |À à Pari «4 P qu'à Paris, è } 366 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. van Swinden observe que la chute du thermomètre, de minuit du 8 nivôse au matin du o , est très remarquable. Un observateur, ami de M. van Swinden, qui a observé pendant cette nuit, d'heure en heure, a remarqué que le thermomètre a commencé a baisser à une heure du matin ; la chute du mercure a été d’un degré et demi ou un degré par heure , et de deux degrés et demi entre 6 et 7 heures du matin. Le règne constant des vents du nord et de l’est, depuis trois mois, est aussi un phénomène remarquable dans une saison où les vents sont ordinairement variables : et cette constance de vents n’a pas empêché le baromètre de varier beaucoup, et de descendre souvent fort bas : peut-être souffloit-il un autre vent supérieur à celui qui influoit sur nos girouettes; mais il a rare- ment prévalu dans notre région basse de l’atmosphère. PERRET LUE DT PI EP EP EE RRQ EN EEE SERIE LIVRE SEP PR ARR, À NA LYS UE DU PYROXÈNE »ARENDAL EN NORVÉGE, Faite au laboratoire de la maison d'instruction pour l’exploitation des mines, Par le citoyen W, Roux, de Genève. Cette pierre, qui a été envoyée de Copenhague sans la spé- cifier, ni avoir donné de ( 1 ) renseignemens positifs sur sa situa- tion géologique , a été nommée zzélanite par quelques person- nes. elle doit être regardée comme une variété de lespèce pyroxéne. Le citoyen //aiüy ayant mesuré avec le goniomètre les angles formés par les différentes faces de plusieurs prismes cristallisés d’une manière assez nette, les a trouvés, à très-peu de chose près , égaux à ceux du pyroxène. Ca 0 0e ee nee OR () Il en a été donné à la collection du conseil des mines, par M. Zngversen, danois, comme venant d’Arendal en Norvège. à EUT!: DH I SOIR EN ATUR EL LE: 567 Sa dureté est médiocre, l’acier la raye facilement : elle est parfaitement opaque; sa cassure est lamelleuse , nette et bril- lante. Elle se fond au chalumeau en un émail noir sans boursouf- flement. Le barreau aimanté n’éprouve , à son approche, qu’une lé- gère déviation Le noir tirant un peu sur le verdâtre est la couleur qu’elle affecte en masse; broyée , sa poussière est d’un vert assez clair: Sa pesanteur spécifique est 3.6, tandis que celle du pyrorère des volcans est communément 3.2. Cette différence pourroit être due à la présence du fer et du manganèse, un peu plus abondans dans cette pierre que dans le pyroxène de l’Etna, et à l’absence de la magnésie, remplacée par une plus gran- de proportion de chaux. Les différens échantillons de cette pierre présentent un grand nombre de lames appliquées les unes sur les autres, et d’une contexture très-serrée. La masse est parsemée de groupes de cristaux prismatiques plus ou moins réguliers ; ces prismes sont des hexaèdres. L’in- clinaison des faces donne des angles très-éloignés de ceux que présentent les cristaux d’axphibole , quoique le premier aspect fit rapporter le pyroxène de Norvége à cette espèce. (4) 100 parties de cette pierre ont été broyées et converties en une poussière d’un vert clair : traitées avec 400 parties de potasse au creuset de platine, après une heure de feu, le mé- lange est entré en fusion pâteuse. La masse refroidie se présen- toit sous une apparence homogène sans boursoufflement ; sa cou- leur étoit d’un vert foncé : délayée dans l’eau, elle a conservé la même couleur , ce qui faisoit présumer la présence de l’oxide de manganèse. Tout a été dissous dans l’acide muriatique ; la dissolution étoit couleur fauve rougeûtre. (B) Cette dissolution a été évaporée à siccité pour en chasser l’acide muriatique en excès, et précipiter la silice. La matière à siccité redissoute dans l’eau aïguisée d'acide muriatique , et filtrée, a laissé une masse gélatineuse, qui, dessèchée et cal- cinée, a été reconnue pour être de la silice. Cette silice étoit pulvérulente, très-blanche, et pesoit 45 parties. (CC) Dans la liqueur filtrée il a été versé de l’ammoniaque, laquelle ÿ a produit un précipité abondant, floconneux et rou- geâtre, lequel a été sépdré de la liqueur surnageante par la fil- tration. 368 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE' CHIMIE (D) Celle-ci a donné, par la potasse caustique, un précipité blanc et floconneux. Par l’évaporation et la concentration , le précipité s’est encore augmenté. Recueilli et calciné, il pesoit 30.5 : c'étoit de la chaux. L'on a examiné cette chaux redissoute dans de l'acide mu- riatique , affoibli d’abord avec quelques gouttes d’acide sulfu- rique, lequel n’y.a formé aucun précipité , ce qui prouve qu'il n’y avoit pas de baryte; puis par de l’ammoniaque, pour re- connoître la magnésie que la chaux auroït retenue; mais l’on n’a pas non plus obtenu de précipité. (Æ) Le précipité obtenu (expérience €) par l’ammoniaque, a été mis dans une dissolution de potasse caustique, et celle- ci poussée à ébullition pour reprendre l’alumine et la séparer des oxides métalliques présumés. (F) Sur la dissolution de potasse caustique (au préalable saturée d'acide nitrique, lequel avoit fait paroître un léger pré- cipité anssitôt redissous par l'excès d’acide ), l’on a versé du carbonate de potasse saturé. Le léger précipité de carbonate d'a- lumine formé a été calciné : l’alumine pesoit 3 parties. (G) Les oxides métalliques de l’expérience (Æ) , calcinés, ont pris une couleur brun foncé : leur poids étoit de 26 parties. La présence du manganèse ayant été indiquée par la couleur verte de la matière (exp. A. ), ils ontété redissous dans l’a- cide muriatique. Durant la dissolution qui a été faite à chaud, il s’est manitestement dégagé de l’acide muriatique oxygéné. La dissolution saturée par le carbonate de potasse neutre, il y a eu un précipité qui étoit du carbonate de fer. La liqueur surnageante, filtrée , étoit très-claire : chauffée à ébulition, elle a laïssé paroître des flocons blanchâtres qui , recueillis et calci- nés au rouge, pesoient 5 parties; leur couleur étoit grisâtre, C’étoit de l'oxide de manganèse , ressemblant parfaitement à la mine de manganèse oxidée, après que l’on s’en est servi pour en obtenir du gaz oxygéné par le feu. (AZ) Ces 5 parties de manganèse déduites des 26 que pesoit le précipité ( G }), il reste 21 parties pour l’oxide de fer. Mais comme ce n’est pas à l’état d’oxide ronge brun que le fer se trouve dans le pyroxène, mais seulement à l’état d’oxide noir, ou vert, ce qu'indique sa couleur , ces 21 parties ne représen- tent réellement dans la pierre que 16 d’oxide de fer, Il ERTYID'H H-SNOMRR'E NATURE L LE! 369 Il résulte de ces expériences, que 100 parties du pyroxène d'Arendal en Norvége sont composées de (CRDASMCESERE TE ee HN OC: GD):Chaux: "74 Pants 0-5: CH) PAlumenre ALERTE ESS (G) Manganèse......... 5.0 (CIS DE OS RARE TRUE 50160 Perte AMEN o.5 ROra Te A EE TOO! Oo: OBS ER V A T I O.N S. L'analyse du pyroxène de l’Etna en Sicile, publiée dans n°. 39 du Journal des mines, a donné , ” SIC Etes “002500 - Chaux LR ER Sec ec ak 19:20: Alumine...... À ; SENS CAS SRE RES 8 (a € Met AE +. à Rs Vpn 5 (O5 RATS COTON OLA 1 NÉONSER EL TUNER Las 2 zrouve daæns ce tableau et les précédens, pour avoir Les véritables hauteurs bons instrumens. + 1k L'Æ CONS DANATOMIE COMPARÉE, De G. Cuvrer, membre de l’Institut national, professeur au collège de France et à l’école centrale du Panthéon ; Recueillies et publiées sous ses yeux, par C. Dumérir, chef des travaux anatomiques de l’école de médecine de Paris. Paris. — Baudouin , imprimeur de l’Institut. 2 vol. in-80. Les sciences ont leurs âges qui s’enchaînent et se succèdent. Elles naissent , croissent, sont stationnaires, et souyent pré- sentent un déclin sensible : chacun de ces âges a ses attributs. L'origine est l'époque des découvertes fondamentales; /’accrois- sement, celle des recherches moins importantes, mais plus diffi- ciles; l’état , celle de la classification méthodique des matériaux, «jusque-là épars ; le declin , celle où rien ne restant à trouver ni à co-ordonner, la science n'ofire plus d’aliment au génie; l'homme à talent s'en désoute, et le vulgaire s’en empare. Telle est actuellement d'anatomie, qu’elle semble par ses deux divisions, être aux deux extrêmes de ses âges : naïssante pour les animaux ; usée, vieillie, si je puis le dire, pour l’homme, elle nous offre, d’un côté, une route presqu'inconnue, de l’au- tre un chemin frayé et mille fois battu. L’anatomie comparée encore dans son enfance, n’est qu’un assemblage incomplet des travaux de quelques savans dont la France s’honore sur-tout. Elle n’a point encore dépassé les li- mites de sa première période. Je ne crois point exagérer l’im- portance de l’ouvrage que j'annonce, en disant qu'il commen- cera la seconde. Ce n’est point seulement un ensemble méthodique des détails isolés que nous avions sur la structure des animaux ; la foule “de faits nouveaux qui s’y trouvent exposés, luiassignera une place essentielle dans l'histoire des progrès de la science. Nous avions les matériaux, les rudimens de cette science ; elle existera vrai ment quand cet ouvrage important sera achevé. FÉDMOD AMI SN OMR NE ANTAUEIU RTIENCNLIE;: 455 Il étoit difficile d’être plus avantageusement placé pour l’en- treprendre, que le citoyen Cuvier. La belle collection du mu- séum d'histoire naturelle lui a offert des moyens d'observer la nature qu’on chercheroïit vainement en Europe. Aussi toutes les descriptions que le climat a empêché de faire sur des sujets ré- cemment morts , ont-elles éte données d’après des pièces conser- vées et que l’on peut encore consulter. Le citoyen Duméril a été dans ce travail l’adjoint du citoyen Cuvier, son maître et son ami; ce n’est point seulement de sa plume qu’il l’a aidé ; des recherches nombreuses , une multitude d'observations piquantes et de faits curieux , une nomenclature susceptible de s’adapter aux organes de tous les animaux, lui assureront des droits à l'estime spéciale de tous ceux qui s’inté- ressent aux progrès de l’anatomie comparée. La partie de l’ouvrage publiée aujourd’hui, contient le traité des organes de la locomotion , du cerveau, des nerfs et des sens. On sent qu’elle se prêtera difficilement à une analyse régn- lière : quand chaque article d’un livre ne roule que sur cinq à six idées principales revêtues d’un grand nombre d'accessoires, on peut en retranchant celles-ci , et laissant les premières à nud, dire dans l'extrait presqu’autant que dans l’ouvrage ; mais lors- que chaque page offre des faits nouveaux, que chaqne ligne fait partie d’une description , on ne peut qu’indiquer les grands résultats. Des considérations générales sur l’économie animale précèdent la description des organes et commencent l'ouvrage. La vie est d’abord envisagée sous les rapports nombreux de sa nature, de son origine, de la composition des organes qui concourent à ses phénomènes, de la différence qu’elle metyentre les corps bruts etorganiques, de celle qui la caractérise dañs les végétaux et les animaux. Un apperçu général des fonctions de ces derniers, ré- sulte de ces réflexions auxquelles succède un tableau rapide des parties dont le corps animal est composé, et des usages princi- paux auxquels elles concourent. On examine ensuite les grandes variétés qui modifient à l’in- fini la vie des difiérentes espèces, en rapportant ces variétés à chaque fonction en particulier, à la locomotion, aux sensations, à la digestion , à l’absorption, à la respiration , à la voix, à la génération, etc. Cet article conduit à un autre très-important , et qui donne une juste ilée de la manière philosophique avec laquelle doit être traitée l'anatomie comparée. On y considère les 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE (CHIMIE rapports quise rencontrententre les variations des divers systèmes d'organes ; pour y démontrer comment le mode d’existance de chacun est enchaîné à celui des autres, comment à mesure que tel ou tel s’affoiblit , disparoît ou se prononce davantage dans la série des animaux, tel ou tel autre doit prendre des caractères ana- _ logues ou opposés ; comment l'espèce de digestion , la nature des alimens entraînent des formes particulières dans la locomotion , comment les systèmes nerveux et respiratoires se correspon- dent , etc. , etc. Je crois que cette manière nouvelle d'envisager les fonctions concourra très-efficacement aux progrès de la phy- siologie , lorsque l’état de nos connoïssances permettra de lui donner une étendue suffisante. La classification des animaux fait le sujet de l’article suivant ; elle est toute fondée sur l’ensemble de leur organisation, et prouve combien les caractères anatomiques sont supérieurs à tous les autres pour les différentes divisions. Neuf tableaux pla- cés à la fin du premier volume , offrent le précis de cette clas- sification, qui se rapproche plus de la nature que celle adoptée par l’auteur dans ses élémens d'histoire naturelle. Après ces considérations sur l’économie animale, il passe à T'exposition des organes du mouvement, qu’il envisage d’abord d’une manière générale ; la fibre musculaire, sa composition , ses forces vitales ; les os, leurs élémens , leur développement à trois périodes pour la plupart des animaux, à deux pour d’au- trés, la forme de leurs cavités et de leurs sinus, envisagée dans les oiseaux où l’air y circule, les mammifères à cornes, etc. , la reproduction et la chute de certaines parties du système osseux, qui présentent des phénomènes analogues à ceux de la nécrose; les coquilles qui sont les parties dures de la plupart des mollus- ques , los de la sèche en particulier , fixent successivement son attention. Il s’occufe ensuite des diverses espèces d’articulations; il en distingue dont l’homme n’offre point d'exemple, comme celles des griffes des chats, les défenses du morse , etc.; celles en anneau de quelques ckétodons , celles des premières épines des nageoires pectorales des si/zres et des épinoches , etc. Il indique généralement le mode articulaire des mollusques à coquilles, des crustacées et des insectes , etc. Il passe après cela à l’exa- men des organes intermédiaires au muscles et aux os; savoir, des tendons, dont il expose l’organisation particulière dans les crustacées et les insectes, l’absence dans les mollusques, le mode d’union avec les fibres charnues, les usages, etc. Il soie enfin D Te ET D'HISTOIRE NATURELLE. 457 s enfin par des remarques générales sur le squelette, sur les trois divisions principales qui le composent, sur les degrés divers de perfection que chacune a en partage dans les différentes espèces. Dans l’examen des os et des muscles en particulier , ‘ces or- ganes sont décrits ensemble dans chaque région. Cette méthode défectueuse pour l’anatomie humaine, a des avantages pour celle des animaux où nous ne pouvons encore avoir que des con- noïssances générales, où la précision des détails seroit même superflue, et où en plaçant le levier à côté de la puissance , on en fait mieux ressortir l’action commune. L’épine est d’abord envisagée dans les différentes classes. Chez les mammifères l’examen du volume, de la forme des vertèbres dans toutes les régions; celui de leur nombre dans les dorsale, lombaire , sacrée et coccigienne , où il varie, tandis qu’il est constant dans la cervicale , le paresseux a trois doigts excepté; un tableau de la longueur de chacune de ces régions chez les oiseaux , les reptiles, les poissons; divers ta- bleaux comparatifs des mêmes os; chez tous une description détaillée des muscles ; des rapprochemens entre la forme, la position de ces organes et leurs fonctions, celle d'agiter les na- geoires, par exemple , etc. Voilà les apperçus principaux de l'étude de la colonne épinière. L'ordre est à-peu près le même dans toutes les régions, je n’y suivrai point l’auteur, car, comme je l’ai dit, on n’extrait pas des descriptions ; mais j’observerai seulement que par tout elles sont accompagnées de considéra- tions philosophiques sur les rapports qu’il y a entre les muscles et les os, comme, par exemple , entre l'absence des pronateurs et celle d’un os de l’avant-bras chez la chauve-souris, entre les organes, les habitudes, les mœurs et la manière de vivre des animaux, etc. , sur la comparaison des longueurs , des for- mes des différentes parties, par exemple, des membres pecto- raux dont les proportions variables se trouvent ailleurs longue- ment exposées , et sont présentées ici sous un seul coup-d'œil , dans un simple tableau. Les organes locomoteurs des animaux à sang blanc présen- tent plus de difficultés que ceux à sang rouge, parce qu’ils ont entre eux moins de rapports généraux ; souvent on est obligé, après les avoir divisés par famille , de prendre dans chacune une ou deux espèces, de la décrire isolément. Les monographies sont indispensables dans cette nombreuse section du règne ani- mal; on y a eu souvent recours. Il faut voir dans l’ouvrage, le détail des agens du mouvement des mollusques céphalo- Tome VII. PRAIRIAL av 6. Mum 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE podes, gastéropodes , acephales, des crustacées, des insectes parfaits de tous les ordres et de leurs larves , des vers, et enfin des zoophytes, où tant de différences s’observent, et où souvent les espèces diffèrent plus entre elles que les classes dans les autres animaux. v Le traité des organes locomoteurs est terminé par la considé- ration de ces organes en action, par l’histoire , 1°. de la sta- tion qui peut être sur deux pieds à corps vertical, comme dans l’homme ; sur deux pieds à corps non vertical, comme dans les oiseaux ; sur quatre pieds, comme dans les mammifères ; 2°, du marcher soit sur deux pieds, soit sur quatre, des dif- férentes espèces de courses; 3°. de l’appréhension et de l’ac- tion de grimper; 4°. du saut; 5°. de la natation; 6°. du vol. C'est sur-tout dans les animaux vertébrés que ces diverses fonc- tions sont examinées ; elles l’ont été avec les organes dans les espèces non vertébrées. La description des organes du sentiment qui commencele second volume , est précédée de l’examen de la tête considérée comme réceptacle des principaux organes dessens.L’auteur traite du crâne, de ses proportions avec la face sur tout dans leur coupe verticale ; des remarquables décroissemens-de l'angle facial à mesure qu'on l’examine dans la série des animaux; puis il examine en particulier _ les deux portions de la tête ; dans le crâne ; le nombre , la con- nexion , la forme des os, les éminences et les cavités de son intérieur dont la considération indique déja presque d'avance ce que seront les formes de l’organe médullaire pour lesquels il est destiné ; les trous dont la base osseuse est percée, et qui de même sont les indices de la disposition du systême nerveux ; dans la face, le nombre, la figure la disposition des os, les fosses qui s’y observent; les nazales obitaires et temporales spé- cialement, les divers trous, les fentes dont elle est percée , les- quels transmettent des nerfs au-dehors ou des vaisseaux au-de- dans. Il est curieux de voir comment toutes ces parties croissent ou diminuent, se rétrécissent ou s’élargissent, prennent mille formes variées , suivant qu'on les examine dans les mammifères, les oiseaux, les reptiles ou les poissons. Après ces considérations sur les réceptacles des organes es- sentiels du sentiment, on passe à la description du système nerveux dont ô6n examine d’abord en général l’organisation, les rap ports dans les différentes divisions, la texture dans le cerveau, la moëlle épinière, les nerfs et les ganglions, le mode d’origine , de terminaison, Ce système est ensuite considéré en ET UD’HESTO!LIRE’ NATURE XE E. 459 acton , propageant ou recevant des irradiations, étant le sièg+ des sympathies diverses, dounant lieu ‘aux divers phénomènes intellectuels ; enfin il est comparé dans les divers animaux, on l'y voit offrir toujours une partie constante; savoir, le tubercule qui dans l’homme est représenté par le cervelet, varier à Pinfini dans ses autres parties, perdre dans les espèces non vertébrées plusieurs de ses branches, etc. Le citoyen Cuvier commence l'examen du système nerveux en particulier, par le cerveau de l’homme, qu’il décrit avec quelques détails, et suivant une marche différente de celle des autres anatomistes ; le cerveau des mammifères l’occupe ensuite ; sa proportion avec tout le corps , avec le cervelet et la moëlle allongée, sa forme, ses circonvallations , le développement de ses parties intérieures , la disposition de sa base et l'origine des nerfs sont successivement l’objet de son attention , qu’il fixe après cela sur les mêmes objets dans les oiseaux , les reptiles et les poissons, et sur les particularités nombreuses relatives à ces classes. Ces descriptions mènent à un résumé des caractères propres aux cerveaux. de quatre classes d'animaux ; je ne saurois trop faire sentir l’importance de ces considérations générales, qui, sous un même coup-d’œil vous offrent toutes les grandes différences qui dans la texture organique isolent les diverses espèces, et leur forment des caractères distinctifs bien plus réels que les attri- buts extérieurs. - Le traité du cerveau est terminé par l’histoire de ses enve- loppes et de ses vaisseaux , par celle de la moëlle épinière , des organes qui l'entourent, des vaisseaux qui y abondent et qui en partent. La description des nerfs dans les animaux vertébrés est faite avec une exactitude et des détails qui rendent cette partie pres- qu’entièrement neuye. Chaque nerf est examiné dans les mam- mifères , les oiseaux , les reptiles et les poissons ; rien de plus curieux et je crois rien de plus fécond en résultats, que la manière dont chacun change, se modifie, prend des disposi- tions différentes de éelui qui dans l’homme lui correspond et qui est toujours son type primitif, suivant que Îles organes où il se rend éprouvent diverses altérations ; c’est ce qu’on voit sur-tout dans la paire vague, dans le diaphragmatique , dans les nerfs des membres thorachiques, etc. , selon les formes di- verses du poumon, de l’estomac , des membres, etc. Le grand sympathique exactement décrit dans toutes Îles M mm 2 460 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE classes et avec les remarquables différences qui le distinguent dans chacune, termine d’histoire du système nerveux dans les animaux vertébrés. Il a été nécessaire pour les espèces non vertébrées, de recou- rir, comme dans la description des organes sensitifs | à de fréquentes monographies, à cause des immenses différences pla- cées entre chaque espèce , mais dans chacune, ces ar PUR sont suffisantes pour donner une idée de l’organisation nerveuse de la famille à laquelle appartient l'individu ; c'est ainsi qu’on a choïsi dans les mollusques gastéropodes, le liinaçon à coquille, la limace, l’aplyhé, la clio ASE la doris , etc. etc.; dans les mollusques acéphales, les anodoutes, les ascidus, les tri- tons, etc. Dans les crustacées , l’écrevisse et le crabe ordinaires, le cloporte , les mocrolles, etc. Dans les larves d'insectes, celle du monocéros, du cerf-volant, du grand hydrophile , du dis- tigre bordé, etc. Dans les insectes parfaits, le cerf-volant, le scarabé-monocéros , les distiques et les carabes, etc. , et plu- sieurs espèces parmi les orttropières , les hémiptères, les lépi-- I D P ; P doptères, etc. Dans les vers, l’aphrodite hérissé, les sang-sues, le lombric terrestre, le dragoneau, les néréides, le lombric marin, etc. L'histoire du système nerveux général se termine par des considérations sur les animaux qui en paroissent dépourvus, mais dont plusieurs ont quelque chose d’analogue , comme l'étoile de mer, les holothuries, les spinunculus, etc., tandis que d’autres, comme les hydres ou polypes à bras, ne sont formés que d’une pulpe à organisation homogène , où il n’est possible de rien distinguer. Le traité des sens n'offre pas un intérêt moins grand que celui des nerfs, par la nouveauté des descriptions, les comparai- sons philesophiques auxquelles elles donnent lieu, le jour qu’elles jetteront sans doute sur les fonctions de l’homme. Dans le traité de l'œil, le citoyen Cuvier donne d’abord une idée générale de la vision ; il considère ensuite le globe dans les divers animaux sous les rapports du nombre, de la grandeur, de la position, de la direction, de la forme totdle, de la proportion de ses chambres , des tuniques diverses, de la stérotique , de la cornée, de la conjonctive, de la choroïde et de ses annexes, des va- riétés qu’elle présente dans divers animaux , comme le tapis dans les mammifères , la glande chorvïdienne dans les poissons, etc. ; de l'iris, de la pupille et de leurs mouvemens, de la rétine, de la manière dont le nerf optique entre dans l’œil pour lui ET D'HISTOIRE NATURELLE. 461 donner naissance dans les quatre classes d'animaux à sang rouge, puis dans la sèche en particulier; des humeurs de l’œil, de leur quantité variable, de la différence de leur forme, du défaut de l'humeur aqueuse dans certaines espèces. Les parties accessoires qui entourent l'œil, comme les paupières, et notamment la troisième , diverses glandes qui versent Les fluides propres à l'ar- roser , les proportions diverses de ses organes, leur absence , etc. ; enfin les agens de la vision dans les insectes et les crustacées ter- minent le tableau des organes qui y concourent. La description de l’ouïe commence par des vues physiologiques sur la fonction sur laquelle l'anatomie comparée jette un grand jour ; l’auteur passe ensuite aux organes internes , qu’il exa- mine dans un ordre inverse à celui qu’il a suivi jusqu'ici , c’est-à-dire, qu’il remonte de l’organisation la plus simple à la plus composée, en montrant les diverses parties qui composent l'oreille humaine s’ajoutant successivement les unes aux autres, depuis les crustacées jusqu'aux mammifères ; c’est ainsi qu’il en- visage tour-à-tour le labyrinthe membraneux , le labyrinthe osseux, la caisse du timpan et ses dépendances , la membrane de ce nom et son cadre osseux, les osselets, les muscles qui les meuvent. L'’exposé des organes externes succède à celui des internes ; les méats osseux et cartilagineux , la conque, sa forme si variable dans les divers animaux , ses muscles-non moins variés dans l’homme et les mammifères, la distribution des nerfs dans toute l’oreille sont successivement examinés. L'article du toucher comprend l’organisation de la peau, ses divers feuillets, ses muscles, son parunicule charnu , ses glardes, la forme particulière des doigts relativement à cette fonction , les appendices qui suppléent au doigt dans son exercice, comme la trompe de l’éléphant, la lèvre supérieære des rhinocéros, le museau mobile , long et pointu des cochons , des taupes, des musaraignes , la crête du coq , les tentacules , les barbillons, etc. enfin les diverses substances qui munissent les organes du tou- cher et les garantissent, comme les poils, les plumes , les cornes, les ongles, les écailles, les parties insensibles des animaux sans vertèbres ; espèces de substances qui ne pouvoient trouver qu'ici leur place dans l’ordre anatomique ; quoique plusieurs n’aient pas avec le toucher un rapport bien direct. L'article de l’odorat commence par diverses considérations sur la fonction; puis on en examine la cavité osseuse , où viennent aboutir les sinus qui présentent tant de différences dans l’homme et les mammifères , où se trouvent les lames saïl- 462 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE' CHIMIE lantes qui, dans certains animaux , en augmentent si fort l'étendue, tandis que dans d’autres cette étendue est si rétrécie ; la membrane pituitaire , le nerf olfactif, ses différences ‘dans les quatre grandes classes d'animaux vertébrés , les parties ac- cessoires à l’odorat, le,nez extérieur, les organes qui rejettent l'eau dans les testacées ;, le mode de perception des odeurs dans les animaux non - vertébrés , fixent ensuite l'attention de l’au- teur , qui termine cette première et intéressante partie de son ouvrage par l’histoire du goût, la description de la langue ét de ses enveloppes différentes dans les mammifères, les oiseaux les reptiles et les poissons ; du mode de distribution de ses nerfs, etc. Xav. Brcxar. MÉMOIRE ET RAPPORTS CONCERNANT La fabrication du sel ammoniac et de la soude , Par le C. LeBLaAnc. Le sel ammoniac est en usage dans plusieurs fabriques, etsa consommation en France est assez considérable pour mériter une attention de la part du gouvernement. Pendant longtemps ‘l'Europe a été tributaire de l’Inde pour cette denrée ; et ensuite l'Angleterre, la France et PAllemagne, ont, par des procédés differens, fait des tentatives pour la confection de ce sel. La méthode des pays de Liège et de la Belgique, dont nous devons la connoïissance au citoyen Baillet, consiste à brûler un mélan- ge de houille, de sel marin, de suie, d’argile et de substances animales : on conçoit ici que deux opérations distinctes peuvent concourir à la formation du muriate d’ammoniac. l’incinéra- tion du soufre que contient la houille, peut, en décomposant nmédiatement le sel marin, donner lieu à la combinaison de l’acide muriatique avec l’ammoniac; ou bien , se combiner avec ce dernier, et Free du sulfate d’ammoniac qui se trouve en- suite décomposé lui-même par le muriate de soude. La manu- facture établie à Londres, et qui atrès-bien réussi, opéroit aussi par le sulfate d’ammoniac. Quelqués personnes ont pensé que EVT ODA A IPS OMR EN ANR 'U RE L'ENC 465 c'étoit en précipitant Jes eaux mères du sulfate de fer ; maïs j'ai confié aux citoyens Fourcroy et Vauquelin , ïl y a déja longtemps, un procédé de cette espèce, qui, en donnant à ce moyen beaucoup plus d'étendue, peut être considéré, avec bien plus de vraisemblance, comme celui de la fabrique de Londres. Le citoyen Beaumé, qui dès longtemps avoit établi en France une fabrique, précipitoit par le carbonate d’ammo- niac les eaux mères du sel marin, connues sous le nom de muyres. D'autres personnes ont fait de ces établissemens , où ils emploient des procédés plus: simples et plus économiques ; mais l'intérêt de ces personnes ne nous permet pas de parler de leurs procédés, quoiqu’ils fussent connus de quelques chimis- tes bien avant qu’ils les employassent. Il existe encore d’autres procédés , sur lesquels l’attentiôn semble n’avoir pas encore été fixée; je pourrois en citer dont le succès est assuré par des expériences très-répétées; mais les espérances de ma famille, trop infortunée pourroient se trouver compromises, et je me bornerai à quelques observations géné- rales, sur les parties qui composent le muriate d’ammoniac , relativement aux moyens les plus économiques pour les obtenir. Il est certain qu’il faut avoir recours au jeu des doubles affini- tés, pour obtenir l’acide muriatique avec une économie qui puisse convenir dans l’opération dont nous parlons. Le muriate de soude, quant à présent, est la seule substance à laquelle on puisse se fixer : il falloit donc trouver un moyen qui décom- posât ce sel à peu de fräis , en laissant pour son acide un accès facile , soit pour l’extraire seul ou pour le combiner avec d’au- tres substances. Tout le monde sait que le sel marin est une des productions de notre sol les plus abondantes , et qu’elle sera toujours en état de’ fournir aux nouvelles‘ branches d'industrie qui l’emploieront. Jusqu'à présent, on a employé la distillation our se procu- rer l’ammoniac des substances animales, et ce ne sont pas tou- tes les parties de ces substances indistinctement que l’on emploie; leur différente richesse, et la méthode bornée que l'on met en usage, ont toujours conduit le choix que l’on en a faitiret, jusqu’à ce que notre industrie soit mieux entendue, c’est à-dire mieux accordée avec l’intérêt-général à cet égard, cette immen- se quantité de débris de cuisine, d’équarrissage, etc., sera tou- jours perdue. Je ne dissimulerai pas que depuis l’an 1791, j'ai fait plusieurs demandes et plusieurs tentatives pour mettre à profit tous ces débris; qu’un établissement que j’avois foriné a A6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fourni la preuve la plus directe que mes efforts étoient fon- dés sur la certitude d’un emploi utile de toutes ces matières qui, jusqu'ici, n'ont servi en quelque sorte qu’à infecter l’at- mosphère. Quelques expériences que j’avois faites en 1781, et plus en- core les observations du citoyen Vauquelin, m'ont porté à faire en grand l’examen des urines de l’homme adulte, sain ; le sel ammoniac qu'elles contiennent tout formé, et l’abondance du detritus animal qu'elles charrient continuellement, et qui s’alkalise assez promptement, les rendent très-propres à être -employées dans un grand établissement. J'ai opéré sur plus de trois mille litres, et j'ai reconnu que l’on pouvoit beaucoup augmenter le produit, par le choix de la matière, et par la manière de traiter les urines. J’af plus de trente à quarante myriagrammes de sel ammoniac , semblable à celui qui est exposé sous les yeux de l'assemblée, retiré uniquement de l'urine humaine. Les eaux qui s’écoulént du lieu de la voierie où l’on dépose les vidanges , contiennent également une grande quantité de muriate et de carbonate d’ammoniac : des expériences m'ont prouvé que, malgré les difficultés que paroît présenter son ex- traction , il y a des moyens qui peuvent nous mettre à portée de les utiliser. Les bornes prescrites, ou celles qui sont déterminées par les circonstances ke nos assemblées, ne me permettent pas d’entrer dans de plus longs détails. Je me propose de parler dans d au- tres temps de la confection de la soude et de plusieurs autres pro- duits également importans. Je terminerai cette notice en ob- servant que la consommation du sel ammoniac, plus rapproché de nos fabriques par la diminution de son prix, deviendra in- finiment plus étendue , ce qui peut se dire également de l’acide muriatique , etc, LEBranc. Signé aussi VauquELIN , comme membre de la classe de chi- mie du Lycée des Arts, RAPPORT A 'ECTD2MSIS MONT REDUN AT UV RE LT 'EA 46% RNA pt ON ÉREAUT Dss CC. Fourcrox Er VAUQuUELEN. 17 thermidor an 7. Le Lycée des Arts nous a chargés, le citoyen Vauquelinet moi, de lui rendre compte des travaux que le citoyen Leblanc l’un de ses membres, a entrepris sur l’art d'utiliser plusieurs substances animales , et d’en tirer des produits avantageux pour le commerce et les manufactures. Nous allons lui faire part de ce que nous avons vu, et de l'opinion que nous avons prise de ses travaux et de leurs résultats. j Le temps n’est pas encore éloigné, où les environs de Paris offroient, sur presque toutes les routes, des cadavres et des débris d'animaux qui infectoient l'air au loin, et qui repous- soient les voyageurs, par l'image rebutante de la putréfaction. Quoiqu’on aittbeaucoup diminué depuis vingt ans et le danger et l’aspect affreux de cette décomposition putride; quoique quelques hommes industrieux aient imaginé depuis cetie époque de tirer parti de ces restes inanimés, pour en extraire des iuiles et quelques autres matériaux utiles, ils’en faut de beaucoup qu'on ait assez multiplié ces genres d’établissemens , pour y puiser toutes les ressources que l'industrie chimique peut y trou- ver, et pour détruire tous les foyers de corruption et d'infection que les abattis des équarrissages , les matières des latrines, les issues des boucheries et d'une foule d’ateliers ; répandent en- core dans quelques lieux, autour de cette immense cité. C’est un des grands services que les connoïssances et les procédés de la chimie rendront tôt ou tard à la société, à mesure qu'ils se répandront, que d’arracher ainsi à la pourriture inutile et dangereuse, des matières qui peuvent servir aux besoins com- muns ,et de retirer, pour ainsi dire, du seiñ de la mort et du néant , des matériaux destinés à servir à la vie et au bien-être des hommes. On doit donc applaudir et encourager les efforts que les citoyens patriotes et éclairés s’empressent de faire, pour ajouter ainsi à la masse des productions utiles, en diminuant taut-à la-fois la masse des dangers que recèlent les foyers de pourritures , toujours très-fréquens dans les grandes communes. Le citoyen Leblanc doit occuper un des premierssrangs dans cette classe d'hommes industrieux et utiles à leur pays : après Tome VII. PRAIRIAL an 8. Nun 466 LOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avoir consacré une partie de sa vie laborieuse à l’étude et à la pratique d’un art nécessaire , et l’autre à l’exercice de fonc- tions publiques, dont la récompense , malgré le bien qu’on a pu faire , est presque toujours la détresse et la calomnie. Après s'être assez longtemps livré à des recherches sur plusieurs opé- rations et procédés chimiques, pour la fabrication des sels et des matières peu connues eucore en France, dans son établis- sement de Franciade , ce bon citoyen a tourné ses vues sur la préparation du sel ammoniac ; produit nécessaire à un grand nombre de manufactures. Un examen éclairé, de plusieurs matières animales , dont on a jusqu'ici négligé de faire emploi en produits chimiques , lui a prouvé qu’elles pouvoient servir, à l’aide d’une matière extrêmement commune en France, le sel marin, à fabriquer abondamment ce sel précieux qu’on tire encore à grands frais de plusieurs autres pays. Il ne s’agit pas ici d'expériences faites en petit, de simples essais, et en- core moins de spéculations basées sur les notions déja répandues par-tout : nous avons vu dans le laboratoire du citoyen Leblanc des masses considérables, plusieurs centaines de kilogrammes de muriate d’ammoniac préparé par son procédé ; il nous a fait connoître les moyens qu’il a pratiqués pour l'obtenir , et qui se sont trouvés parfaitement d'accord avec les résultats de nos ex- périences sur les matières animales. 11 nous a exposé, et l’im- mense quantité de substances animales non employées jusqu'ici et faciles à trouver, et les procédés simples autant qu'ingénieux qu’il a imaginés pour en tirer l’ammoniac qu’elles sont suscepti- bles de fournir, et l'union prompte qu’il en opère avec l'acide muriatique par une voie qui lui est particulière, et l’extraction de ce muriate ainsi formé, et sa purification. Dans toutes ces parties de son travail, nous avons reconnu le chimiste éclairé , l'artiste exercé , le manufacturier habile : l’économie des moyens, la simplicité des pratiques, la modestie des appareils, s’il est permis de le dire, y sont ajoutés par-tout aux conseils profonds de la science, et noussautorisent à assurer non-seulement que les opérations en grand doivent être suivies de succès, mais encore que parmi les procédés connus pour fabriquer le mu- riate d’ammoniac, il n’en est pas de moins compliqués, qui exigent moins de frais , moins d’instrumens , et qui promettent un résultat plus avantageux que ceux qu'il a imaginés et déja pratiqués, depuis l’extraction de l’alkali volatil, jusqu’à la pu- rification a sel aminoniac; ensorte que l’on peut regarder ensemble de ses opérations comme un art nouveau, sous le ET 1D/ HS TD OU RE LUN AUT.U R BLIL:E. 457 rapport des agens simples qu'il emploie, et des manipulations faciles qui le constituent. Nous pensons donc que le Lycée des arts doit accueillir avec distinction le résultat des travaux du citoyen Leblanc, l’en- courager et le soutenir de tous les moyens qui sont en son pou- voir, dans l'établissement du nouvel art qu'il vient de créer; l’engager à le mettre le plutôt possible à exécution; et que le Lycée des arts continuera ainsi à remplir le double but de son institution , ‘ celui de faire jouir le public des avantages des in- ventions et découvertes utiles, et celui de rendre à l’auteur la justice qu’il merite. Signé, les CC. Founacroy et VauQUuELIN, commissaires. Pour copie conforme du mémoire arrêté par la société, pour être lu en séance publique, à Paris , le 29 fructidor an 7. Signé, Cuaxres Desaupray , secrétaire-2énéral. 0 Depuis longtemps, le gouvernement s’étoit occupé de l’im- portant objet de la soude, qui chaque année l’oblige, envers l'étranger , à une rétribution considérable en numéraire. On avoit fait aussi, sans succès heureux, des essais pour acclimater le kali sur nos côtes maritimes ; et pendant plusieurs années, une récompense de 12,000 fr. fut offerte à celui qui procure- roit un moyen pour la décomposition du sel marin , de manière à en obtenir la soude bien séparée de son acide. Ce prix, pro- posé par un programme de l'académie des sciences, fut retiré; aucun concurrent ne s’étoit présenté, ou bien n’avoit satisfait aux conditions du programme , pendant un espace de trois à quatre années au moins. Il n’y a pas de récolte plus assurée et plus abondante en France, que celle du muriate de soude, se/ marin, et il ne seroit pas difficile de l’augmenter encore d’une manière pour ainsi dire indéterminée. Dans l’hypothèse d’un procédé simple, certain , économique, nous pourrions donc nous emparer du commerce de la soude et de toutes les parties qui se rattachent à sa confection , telles que l'acide muriatique , la liqueur Ber- tholienne, le muriate d'ammoniac, etc. C’est lors du programme dont je viens de parler, que l’idée de travailler à ces sortes d'opérations se présenta à mon esprit. et ce fut en 1784, que je m'y attachai plus particulièrement. J’ai trouvé , en général, Nnn 2 468 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE! CHIMIE que les procédés connus étoient insuffisans, incomplets -ou bien trop dispendieux. Le citoyen Lamctherie inséra, vers l’année 1705 , je crois, dans le Journal de physique, des observations sur la décomposition du sulfate de AE par l’incinération avec le charbon : il ne doutoit pas que de nouvelles expériences pro- scurassent un jour le meyen de décomposer complettement ce sulfate, appelé se/ de Glaubert. Jé m’attachaiï à cette idée, et lPaddition du carbonate de chaux remplit parfaitement mon objet. J’en prévins Lamétherie; c'étoit à ses observations que je devois ce premier succès, puisqu'elles avoient fourni l’occa- sion de mon dernier travail. Déja la manufacture de Franciade, la première en France qui ait obtenu un véritable succès, avoit produit 17 à 1800 myriagrammes de soude (35 milliers), lorsque des circonstan- ces malheureuses en firent cesser le travail, et grevèrent ce bel établissement d’un séquestre qui subsiste encore. Cette soude étoit bonne, quant à sa richesse et à sa parfaite ressemblance extérieure avec la soude du commerce, mais elle contenoit beau- coup de sulfure, et le désagrément de l’odéur hépatique étoit un inconvénient dans les opérations de la buanderie. Elle pré- sentoit aussi quelques difficultés dans la confection du savon. C’étoit tous ces inconvéniens qu'il falloit détruire, et il ne pa- roît pas qu’on y ait bien réussi, quoique beaucoup de personnes s’en soient occupées depuis la publication de mon procédé. Quoi qu'il en soit, depuis quelques années j’ai repris mes opérations, et dans l’intervalle des différentes fonctions publiques auxquelles j'ai été appelé, je me suis livré à des expériences en grand, et je puis annoncer au Lycée, déja prévenu par un rapport des citoyens Fourcroy et Vauquelin, sur mes opérations à l'égard du muriate d’ammoniac, que plusieurs procédés pour la con- fection de la soude par Ja décomposition immédiate du sel marin et par celle du sulfate de-soude, sont dans un état de per- fectionnement complet : dans l'un des cas, les sulfures sont entièrement décomposés, et dans les autres cas, l’acide marin et la soude sont exactement séparés. Je n'entrerai pas dans de plus longs détails ; il suffira sans doute à l’assemblée de mettre sons ses yeux des échantillons. Je répète ce que déja j'ai avancé à la société, il y a à-peu- près un an; que, par plusieurs procédés différens je peux fa- briquer la soude, l’acide main, le sel ammoniac, la liqueur Bertholienne, et beaucoup d’autres matières salines également employées dans les arts, et les rapprocher des opérations de nos 43 + BAD) HS RO :E RE NATURELLE 469 manufactures par les prix. Je crois devoir aussi faire remarquer à la société, que les citoyens Fourcroy et Vauquelin sont déja prévenus de mes opérations. | Signé , Lesraxc, ‘place de la Cité, n°. 9. . RNA! PMP TONRAT Sur le mémoire du C. Leblanc, concernant la fabrication de la soude, fait au Lycée des arts, par les CC. Fourcroy et Vauquelin. Le Lycée des arts nous a chargés de lui rendre compte d’un mémoire du citoyen Leblanc, ayant pour objet la fabrication de la soude. - Nous pensons qu'il n’est pas nécessaire de faire observer combien cet objet est inportant pour les arts, le commerce et la république toute entière. On sait en effet que jusqu'ici nôus avons tiré la soude des pays étrangers ; que pour ce seul article il sort de chez nous une grande quantité de numéraire, et que dans cé moment où les communications sont difficiles, on la paie extraordinairement cher , sans pouvoir cependant s’en pro- curer suffisamment pour les besoins des manufactures. Ce seroit donc un service considérable que rendroït à la France, qui- conque trouveroit un moyen de fabriquer cette matière, même au prix que se vend aujourd’hui la soude d’Espagne ; puisque ce citoyen rendroit à la vie une foule de fabriques de tout genre, dont les travaux sont arrêtés, ou du moins languissent par le défaut de la substance dont il est question , et qu’il con- serveroit, dans l'intérieur de la France, une somme d’argent qui seroit employée à d’autres usages également utiles. Ce service important, le citoyen Leblanc le promet, et il est très-vraisemblable qu’il tiendra sa parole; du” moins, ce que nous pouvons assurer, c’est que l'atelier de ce citoyen est or- ganisé avec beaucoup d'intelligence; que les objets qui y sont préparés, jouissant de la plus grande pureté, peuvent être em- ployés avec tout le succès possible aux divers usages pour lesquels sert ordinairement la soude commune, et. encore à beaucoup d’autres qui ne sauroient admettre la sonde brute. Telle est la fabrication des glaces, des cristaux , la teinture, la pharma- 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cie, etc. qui sont obligés de purifier cet alkali pour former leurs compositions. Le citoyen Leblanc nous a fait voir des quantités assez considérables, tant de matières premières propres à la fabrication susdite, que de matières confectionnées, les- quelles ne contiennent pas un atôme de matières étrangères , et qui étoient parfaitement transparentes et régulièrement cris+ tallisées. . Ce n'est pas la seule fornie sous laquelle le citoyen Leblanc prépare la soude ; il la réduit par le dessèchement en masse cohérente, dont le poids et le volume sont considérablement diminués , et dans laquelle, à poids égal, il y a une beaucoup plus grande quantité de matière alkaline. 11 lui donne aussi toutes les qualités extérieures et intérieures de soude d’Alicante, et il nous a assuré qu’à richesse égale, il pouvoit toujours la mettre dans le commerce au-dessous du prix courant, et que dans tous les temps ïls pourra soutenir avec avantage la con- currence pour le prix et la qualité, non-seulement avec la soude d’Espagne, mais encore avec toutes les autres soudes de fa- brique qu’on pourroit introduire dans le commerce. Ce même chimiste donne encore à sa soude une préparation qui la rend plus propre et plus active pour le blanchiment des toiles, conséquemment plus avantageuse pour les buanderies et les blanchisseurs. La source d’où il tire cette denrée, est abondante et à bas prix; les moyens qu’il a imaginés pour l’en extraire sont sim- ples, exacts et peu dispendieux; le produit qu’ils fournissent est d’une excellente qualité, et à un prix inférieur à celui du cominerce ; avantages que laissoient toujours à desirer les anciens procédés relatifs à cet objet. Le citoyen Leblanc ne se bornera point à la fabrication de la soude; il y joindra plusieurs autres genres de fabriques non moins intéressantes pour le commerce et les arts, et qui décou- lent naturellement de la première : telles sont les préparations du sel ammoniac, de l’acide muriatique, de la liqueur Bertho- lienne , etc. Les connoïissances et le travail opiniâtre du citoyen Leblanc ne nous permettent pas de douter qu’il ne porte à chacune de ces fabrications, toute la perfection dont elle est snsceptible , et que tous les fabricans qui usent de ces matières, y trouveront un grand avantage , tant pour la bonne qualité, que pour le prix auquel il les mettra dans le commerce. Les échantillons que le citoyen Leblanc a exposés aux yeux du Lycée, l'ont mis à ET DV HIS TOUT RE UN ATUREXLE. Aya portée de juger jusqu’à quel point les espérances que nous an- nonçons sont fondées; quant à nous, nous ne doutons point , d’après çe qu’il nousa dit et fait voir, qu’elles ne soient cou- ronnées des plus heureux succès, et que le Lycée n’aura point à se repentir d’avoir approuvé les premiers résultats du travail du citoyen Leblanc, pour la perfection duquel nous pensons qu’il doit l'aider de tous ses moyens. Ce sera un service de plus qu'il aura rendu aux arts, et en particulier à un homme qui, par ses talens et ses vertus, mérite toute sa sollicitude; car si l’on doit quelque reconnoissance à ceux qui découvrent de no veaux principes, l’on en doit peut-être encore plus à ceux e en font des applications utiles à la société. Fait au Lycée des arts, le 17 germinal an 8. Signé, Fourcroy et VauQuELIN. Pour copie conforme , Lesranc. Observation du citoyen Leblanc. Je m’étois d’abord proposé de donner à ces notes et aux rap- ne qui les suivent , quelques développemens, mais de nouvel- es réflexions m’ayant fait penser que la pratique des arts, que toutes ces confections intéressent le plus, pouvoit encore être examinée, et peut-être aussi traitée d’une manière plus rappro- chée des hommes qui les exercent; et que cette circonstance fourniroit plus utilement l’occasion de ces développemens, j'ai remis à cette époque tout ce que j'aurois pu ajouter dans ce cas-ci. . \ 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 7] P R,O-CÉ D É: D ELA M:P.A D'I ULSS Professeur de chimie à l’académie (école) des mines de Freyberg; pour extraire le sucre de la bette-rave jaune. | (beta ciclaris, Linn.) 3 ans le mois de janvier 1700, le professeur Lampadius ayant &ppris que Achard avoit extrait du sucre de la plante appelée Runckel-ruben en allemand et beta oiclaris par Linnée, se mit À travailler sur le même objet, et d’un quintal de bette-raves , il obtint quatre livres de sucre par le procédé suivant. Il prit cent livres de bette-raves, les péla, en enleva les parties ligneu- ses, Les rapa et les exprima : la quantité de suc qu'il obtint étoit de 44 livres. Il mit le suc dans une casserole, fit rougir du « charbon au feu, le concassa en grains de la grosseur d’un pois | (rejettant la poussière qui auroit coloré le sucre), et'en jeta } 44 onces dans le suc des raves : il fit bouillir le tout pendant un quart-d'heure, passa le mélange dans un filtre de flanelle, 1 et le remit, ainsi filtré, sur le feu pour lui donner une consis- | tance siropeuse. C’est de cette opération que dépend principa- | lement le succès de la cristallisation. Le suc parvenu à la con- sistance requiseil le mit dans un endroit frais et l’y laissa quinze 41 jours ; la cristallisation se fit, et au bout de ce temps, le suc étoit devenu une espèce de bouillie d’un brun foncé; en pre- nant un peu de cette bouillie, les cristaux se sentoient sous les doigts en forme de petits grains; alors le professeur Lampadius passa ce sirop dans un linge, et lexprima fortement. Les cris- taux qui restèrent dessus, furent mis dans de l’eau de chaux, - dans laquelle on mit une livre de sang de bœuf: on plaça le tout sur-le feu, et pendant l’ébulition on eut soin de tenir le mélanse bien écumé; ensuite onle filtra dans une flanelle, et on le mit à cristalliser : après 48 heures on le jeta sur un linge; les cristaux qui restèrent dessus étoient plus grands et moins bruns que la première fois : on le fit encore bouillir dans de l’eau de { chaux avec une livre de lait écrêmé ; on écuma, et les cristaux que-l’on obtint étoient bleus; ils furent réduits en une poudre que l’on jeta dans un moule, après l'avoir humecté ; on obtint un pain de quatre livres de sucre assez blanc, et d'un goût ab- solument semblable au sucre ordinaire, En ENMTYIDHHMS IMMO) LR EN À TIÙ RE L L'E: 473 En février le professeur Lampadius fit un second essai; le suc qu'il obtint n’étoit pas tout-à-fait aussi blanc que le premier , et il n’en obtint que trois livres et demie. Des divers résidus et sirops qu’il avoit obtenus par les filtrations , il a obtenu chaque fois sept livres, d’une espèce de rhum ou de arack très-fort. Encouragé par ces premiers succès, le professeur Lampadius et un riche bourgeois et cultivateur de Freyberg (Kanitzki) ont établi en grand une manufacture de sucre. Le professeur Lam- padius vient, lui même, d’en publier les premiers résultats ; nous en aurons incessamment une traduction. DIVISION ET CLASSIFICATION DES MONTAGNES PMR ONCYENIENS D'APRÈS LE CONSEILLÉR WERNER; Rédigé par MM. Horrwan et Esrincer , élèves de Wenwrn. Les montagnes et les roches (qui en forment la masse), con- sidérées par rapport à l'époque de leur formation, ainsi qu’à la manière dont elles ont été formées, se divisent en cinq classes ; 1 Montagnes primitives. 2 Montagnes de formation intermédiaire. 3 Montagnes secondaires. 4 Montagnes et terres d’alluvion. 5 Montagnes et fossiles volcaniques. Des montagnes primitives. Les montagnes primitives ( zrgebirge ) sont les plus anciennes, et sur elles ont été déposées toutes celles qui sont de formation postérieure. La masse dE montagnes primitives n’est autre Chose qu’un assemblage de précipités ; ces précipités proviennent de dis- solutions entièrement chimiques (et nullement mécaniques) ; en s’accumulant ils ont formé la masse des montagnes primitives. La formation de ces montagnes est antérieure à l'existence des êtres organiques , tant du règne végétal que du règne animal , car elles ve contiennent. pas le plus petit vestige de pétrifications ; et c’est ce qui caractérise principalement cette première elasse de mon- tagnes ; en outre leurs chaînes s'élèvent plus haut et s'étendent plus loin que celles des autres montagnes. ; Les cspèces de roches qui composent les montagnes primitives Tome VII. PRAIRIAL an $8. O00o 474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sont, 1°. le granit, roche composée de grains de quartz, de feld- spath et de mica. Le granit ne contient guère que des mines de fer et d’étain. | 2°, Le gneis , roche également composée de grains de quartz, de feldspath et de mica , mais d'une texture schisteuse, très-riche en mines. 30, Le schiste micacé, roche d'une texture schisteuse, com- posée de quartz et de mica , et souvent de grenats; elie est riche en mines. 4. Le schiste argileux, roche simple, riche en métaux, et appartenant principalement aux montagnes primitives. ‘bo, La pierre calcaire de formation primitive ; c’est la pierre calcaire qui est d’une texture feuilletée-granulée. : 60. Le trapp de formation primitive (rtrap). Le fond de cette roche est l’hornblende. 7°. Le porphire (1). 8°. La sienit, roche composée de hornblend et de feldspath, et quelquefoïs d’un peu de quartz et de mica. 9°. La serpentine ; roche simple. 10°. La roche de topase (zopasfelz) ; roche mélangée de to- pase ;, de quartz, de schorl, de lithomarge. 119. Le quartz, absolument stérile en métaux, considéré comme roche. 120. Le schiste siliceux. Des montagnes de formation intermédiaire. Les montagnes de formation intermédiaire (#bersangsgeburge) ont été formées GE les montagnes primitives, mais avant les montagnes secondaires ; elles tiennent le milieu et forment la chaîne entre ces deux classes ; elles ont été également produites par les eaux. Les précipités qui les composent sont en grande partie chimiques; il n’y a que dans la wacke grise que l’on ap- perçoit des précipités mécaniques : cependant les précipitations qui ont produit les roches de cette classe, ne se sont pas faîtes aussi tranquillement que celles qui ont produit les roches des (1) M. Werner entend sous le nom de porphire une roche composée, dont la masse principale est, ou de l’argile durcie (thonstein), ou du pétrosilex, ou de feldspath ;*ou de pechstein , ou de peltstein, ou d’obsidienne , ou de pierre ponce, dans laquelle se trouvent , le plus ordinairement , des cristaux de feldspath, de quartz, et quelque fois aussi des cristaux de hornblende ou de mica. Toutes les roches de cette texture, M. Werner les appelle roches por- phiriques (porphirartiq ). Le thontoim est riche en mines. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 475 montagnes primitives. Les plus anciennes montagnes de cette seconde classe ne renferment point de pétrifications. Les roches qui la composent sont, 1°. La pierre calcaire de formation intermédiaire ; cette espèce de pierre tient le milieu entre la pierre calcaire granulée et la pierre calcaire compacte; elle se trouve toujours sur le schiste argileux : elle est veinée de spath calcaire, et renferme beau- coup moins de pétrifications que la pierre calcaire compacte. Sa couleur est bigarrée. ° 2°. Le trapp de formation intermédiaire, parmi lequel se trouve la pierre amygdaloïde (mandelstein). . 3°. La wacke grise; roche composée de grains de quartz et de schiste argileux agelutiné par un ciment d’argile; elle con- tient quelquefois des filons métalliques. Des montagnes secondaires. Les montagnes secondaires sont d’une formation bien posté- rieure à celle des montagnes primitives et des montagnes de for- mation intermédiaire. Il est hors de doute qu’elles ont été pro- duites par les eaux ; mais les précipités qui en forment la masse, sont tantôt chimiques, tantôt mécaniques. Ces deux espèces de précipités alternent souvent. Ce qui distingue principalement les montagnes secondaires (fætzgebirge) , c’est qu’une seule et même montagne de cette classe est ordinairement composée de plusieurs espèces de roche; chacune de ces roches forme une couche séparée; ces couches sont placées parallèlement et alter- nativement les unes sur les autres. Cette règle souffre cependant quelques exceptions. Ordinairement les montagnes secondaires sont d’une pente douce; elles s'étendent dans les plaines et forment les montagnes antérieures. Les roches qui composent les montagnes secondaires sont, 10. Le grès (ou pierre de sable), roche composée de grains de quartz liés entre eux par un ciment d’argile, de marne, de quartz. 20. La pierre calcaire de formation secondaire; cette espèce de pierre est presque toujours d’une couleur grise et d’une cas- sure compacte et souvent écailleuse : elle contient fréquemment des pétrifications , et renferme assez souvent des filons métal- liques. 30. Le gypse. 4°. Le sel gemme. 50. La craie. 6°. Le charbon de terre. Ooo2 476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE (CHIMIE 7°. La mine de fer argileuse et la calamine. 80. Le trapp de formation secondaire (foerztrap), quicomprend, a) La wacke , roche simple, mais souvent mêlée de hornblende basaltique et de mica ; ce dernier nesetrouve point dans le basalte. b) Le basalte considéré comme roche, a une texture por- phirique ; la masse principale en est le basalte, proprement dit, dans lequel on trouve ordinairement de l'hornblende basaltique et de l’olivine. c) Le schiste porphirique (porphirschieffer , roche composée principalement de K/nostein (pierre sonnante), et renfermant quelques petits cristaux de feldspath et rarement de hornblende. d) Le griünstein (pierre verte), roche mélangée de horn- blende et de feldspath. e) La pierre amyodaloïde (elle appartient également à la for- mation intermédiaire, JS) Le graustein (pierre grise) , espèce de porphire appelé sazum meétalliferum par Born. 2) Le tuf basaltique, tuf argileux provenant vraisemblablement de la décomposition de la wacke. Des montagnes et terres d’alluvion. Les terres d’alluvion (azfgeschwemte gebirge) ne sont autre chose qu’un assemblage des débris des autres montagnes. Ces débris ont été entraînes et charriés par les eaux , qui les ont en- suite déposés les uns sur les autres par couches ou bancs hori- sontaux ; tels sont, 10, Les sables (et pierres roulées) qui couvrent quelquefois des pays entiers, et qui, en se durcissant , forment souvent des grès. 20, Les lits d'argile, de limon, mêlés de plus ou moins de sable. 30. Des couches de tufs et de diverses espèces de terres bitu- mineuses, - : Les terres et roches d’alluvion ne renferment d’autres minérais métalliques , que la mine de fer limoneuse. Des montagnes et fossiles volcaniques. Les montagnes et roches dont nous avons parlé jusqu'ici , doi- vent leur origine aux eaux ; maïs celles qui composent cette der- nière classe la doivent au feu. On peut les diviser en‘deux espèces. Les fossiles véritablement volcaniques, qui sont réellement le produit des éruptions des volcans, et les fossiles psezdo-volcani- ques , qui ne sont autre chose que des fossiles altérés par laction ues feux, qui sont dans l’intérieur de la terre. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 477 DEP PETER PIE DEEE ER TPE PT PIE PPED PERRET DARES TRE PR EE LEE CULTIVE SIRSCPEIE PTE) BROSSE QEUGSE DES EXPÉRIENCES DE BERTHOLLET Sur les principes constituans de l’acide muriatique. Ce savant chimiste a lu a l’Institut un mémoire sur les prin- cipes constituans de l’acide muriatique. Ses conclusions sont que cet acide est composé d’un radical formé d’azote et d’une petite portion d'hydrogène. Ce radical se combinant avec l'oxygène forme l'acide muria- tique. Nous ferons connoître ses belles expériences lorsqu'il les aura publiées. ABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Observations sur les chevaux arabes du désert. Page 401 Mémoire sur la vallée des lacs de Natron et celle du Fleuve-sans-eau , d’après la reconnoissance faite les 4,5,6,7et 8 pluviôse l’an 7 de la république. 495 Description du Mont Voirons, près Genève , et de deux fossiles qu’on y trouve, par G. 4. Deluc. 421 Mémoire sur Les instrumens de la voix des oiseaux , par Cuvier. 426 Observations météorologiques. 452 Leçons d'anatomie comparée , de Cuvier; recueillies et publiées sous ses yeux , par C. Duméril. 455 Jémoires et rapports concernant la fabrication du sel ammoniac et de la soude, par Leblanc. 462 Procédé de Lampadius, pour extraire le sucre de la bette-rave jaune. 472 Division et classification des montagnes et roches , d’après Werner , par Hoffman et Eslinser. 473 Notice des expériences de Berthollet sur les principes constituans de l’acide muriatique. 477 478 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ro TABLE GÉNÉRALE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. ÉUxVS TOUT RE UNS ANTITORPENTIÉENR. Discours préliminaire, par J. C. Delamétherie. Page 1 Des ossemens des guadrupèdes trouvés sur les cimes Les plus élevées des Pyrénées , par Vicot-Lapeyrouse. Description méthodique des diverses houilles, par Struve et V’anberchem Berthout. Examen de quelques opinions minéralogiques de Hum- boldt, par G. A. Deluc. Observations sur la Gioenia , par Draparnaud. Extrait des voyages de Spallanzani dans les Deux-Siciles et dans quelques parties des Apennins. Extrait«d’un mémoire sur les espèces d’éléphans vivan- ces et fossiles , par Cuvier. Lettre de Bertrand à Duhamel, sur la litho-minéralogie Des morceaux de fer et des ornitholites trouvés dans Les carrières de Montmartre, par Albert Fortis. Observations sur le mus typhlus, par Olivier. Observations sur Les chevaux arabes du désert. Mémoire sur la vallée'des lacs de Natron et celle du Fleuve-sans eau, d'après la reconnoissance faite les 4,5,6,7et 8 pluviôse l’an 7 de la république Description du Mont Voirons, près Genève , et de deux fossiles qu'on y trouve, par G. A. Deluc. Leçons d'anatomie comparée , de Cuvier; recueillies et ubliées sous ses yeux, par C. Duméril. Division et classification des montagnes et roches , d’aprés Werner , par Hoffman et Eslinger. 81 CES BXEN DA HMS TOR EN ANEU R'F TITLE, &7a Plntsis x our Description de l’hydrophobie et de la rage confirmée , par B. G. Sage. Page 64 Lettre de P. Bertrand, à Deluc. 3 Essai sur les combustions humaines, par P. A. Delair. 119 Rapport fait à la société d’émulation de Rouen, sur la consommation du bois dans les fourneaux 129 Lettre de V'assali-Eandi sur l'électricité animale. 148 Observations météorologiques. 76 Idem. 156 Idem. 236 Idem. 31 den. 392 Ideri. 452 Examen des différens remèdes qui ont été employés dans le traitement de la rage, par B. G. Sage. 196 Notice sur les soupes à la Rumford , par Delessert et Decandolle. 200 Lettre sur les grands hivers, par van Swinden. 277 Lettre sur le vitalitométre de Vassali-Eandi. 303 Réflexions sur l’hydrophobie, par Carmoy. 305 Seconde lettre sur les grands hivers, par van Swinden, 348 Comparaison des températures probables de chaque cons- titution lunaire , par Cotte. 358 Notes sur les degrés de froid observés à Paris et ailleurs pendant l’hiver de l'an 8, par Cotte. 363 Mémoire sur la manie périodique ou intermittente, par Pinel. 370 Mémoire sur les instrumens de la voix des oiseaux , par Cuvier. 426 CuHrm rx. Analyse de la mélanite, par Vauquelin. 94 Analyse de la pierre de tonnerre, par Berthold. 169 Rapport sur les eaux minérales artificielles fabriquées à Paris par les citoyens Nicolas Paul et compagnie. 177 \ 480 JOURNAL UDE !, PH Y SÉQU'E ; DE «CHIMIE Essai sur Le perfectionnement des arts chimiques en France, par J. A. Chaptal. Page 217 De l'acide cobaltique , par Louis Brugnatelli. 233 Recherches sur les volcans, d’après chimie pneumatique, par Patrin. les principes de la Note sur la réduction de l'argent corné ; par le contact du fer, par B. G. Sage. Moyen de déterminer avec précision 296 la présence et la quantité de soufre et d’arsenic contenu dans une mine, par B. G. Sage. Expériences propres à faire connoître que la mine de EU plomb rouge ne contient point de fer, mais de l'anti- moine, par B. G. Sage. | 239 Observations sur la décomposition de l'acide nitreux fu- mant, par le moyen du charbon, par B. G. Sage. . 310 Extrait d’une lettre de Blagden, sur la décomposition de l’acide muriatique , et sur les divers degrés de chaleur ge produisent les rayons solaires. s : 312 Moyen de déterminer la quantité de soufre et de fer de , la mine jaune de cuivre, par B. G. Sage. 342 Observations sur le passage de la terre animale ou terre absorbante à la terre calcaire , par B. G. Sage. 344 Expérience propre à faire connoître Lx quantité d’acide du sucre que contient l’esprit-de-vin, par B.G. Sage. 346 Analyse du pyroxène d’Arandal, pr W. Roux 366 Lettre de van Mons , sur les principes constituans des alkalis fixes. Mémoires et, rapports concernant la fabrication du sel ammoniac et de la soude, par Leblanc. 462 Procédé de Lampadius , pour extraire le sucre de lg bette rave jaune. Notice des expériences de Berthollet sur les principes constituans de l’acide muriatique. Nouvelles littéraires. 473 78—158—238—316—394 241 fellier Se. J'oplue Prairial an 8. am hdi tente me + 0 ‘ ( d Pre 1 mm 22 * PDU -nrhe- À 1 1641 AU SCRRE un 7 RU ra à. | Li L . 2 AU LAN { nr Et De + fl le . l PEN AUL M de [PES Te SRE —