RTE RER RENE, LED TOT ICT TITRE re DIET men “e ES HR Re | RSS PR RÉ ReS VS CES ar } F î f x " \ ï 1 î au id Le ; a" à + ï NT 1 : d AO: : CAALCANTE 0 Tr à Daée JAN JOURNAL DE PHYSIQUE. DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE HD ES ARE S AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par J.-Cz. DELAMÉTIERIE. MESSIDOR AN x. TOME LV né - A PAR ESY Chez J.-J. FU CHS, Libraire, rue des Mathurins, n°. 334. — AN X DE LA RÉPUBLIQUE ( 1802 v. 54.) vo mn To AR o pe FACE D dE Fa 3 ” on apr ni a ne HN È CE ñ ie A AAA SRE 2 aa rate ai CAMEUIRE pe À À Ê LE verse in 2415 Es Ây AT RTERerE Q LPS Pur € _ 5 * nt 6-4 LORS jt ÿ MjRAetqur, A1 PA . # 4! pie ae JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. MESSIDOR 4x 10. L'OEUOUL LT RE Du comte Morozzo au citoyen LAGÉPÈDE, Sénateur, et de l’Institut national. de France , $& U R UN ICHNEUMON APPORTÉ D'ÉGYPTE. Av milieu d'avril 1802, le citoyen Aimet, chef de bataillon dans le génie, apporta à Rome un jeune ichneumon qu'il avoit pris en Égypte ; je fus très-empressé d’aller le voir, de l’exami- ner. J’ai fait quelques observations assez intéressantes pour l'his- toire de cet animal; je me fais un plaisir de vous les faire passer. Les Grecs et les Latins l'ont appelé ichneumon ; c'est la man- gouste de Buffon , le mus Pharaonis de Prosp. Alpinus. C'est un joli animal , gros comme un chat , avec une longue queue ; son poil est rude , assez long ; on ne sauroit mieux le comparer u’aux $oies du sanglier. Ces poils sont rayés transversaleinent e trois couleurs ; savoir, gris-blanc , fauve ou roussâtre, ct noir. Chaque poil a 5 ou 6 raies transversales comme les piquans du porc-épic; la longueur de ces poils est d'un pouce à un pouce et demi sur le corps ; ils sont plus courts à la queue, èt sur-tout: à la.tête ,.ce qui donne un air gentil à cet animal. 6 . JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHBMIE + Sa tête et le museau sur-tout sont très-petits; il a de belles dents comme les chiens , deux canines , six incisives YŸ huit anâchelières à chaque mandibule ; en tout 32. L'UIRRS Il à de petites oreilles de couleur brune , sans poils; elles sont collées à la tête comme celles des singes. & Il a les yeux petits etWifs..Jel parlerai citapfrés de l'observation que j'ai faite sur les yeux. Sa couleur varie beaucoup selon l'endroit d’où on le regarde. . Lorsqu'où l'observe Au côté deila tête } ilparbit gris-nbir + si on le regarde au contraire par derrière, il paroît roussâtre. Il a les jambes courtes , sur-tout celles de. devant; il a cinq doigts à chaque pied, quatre en avant , et un plus petit en ar- rière : les deux doigts du milieu à chaque pied sont plus longs; les ongles sont noirs comime ceux des chiens. Je reviendrai sur les observations que j'ai eu lieu de faire sur les pieds de cet amie ‘TL Le jeune ichneumon est très-familicr et domestique, aimant à être caressé , il craint beaucoup le froid ; et quoique la texnpé- rature de Rôune soit assez douce , il aime de temps en temps à avoir une couverture sur le corps , on tenoit même quelquefois une chaufferette auprès de lai. I se met fort souvent en rond sur une chaise, ou sur le lit où il saute ayec beaucoup d’agilité, et cache sa tête entre les cuisses pour se tenir chaud. r . Cet individa est femelle; äl a sous la(naturé uné grande poche que tous les naturalistes ont décrite ; on prétend qu'il louvre pendant les grandes chaleurs pourse rafraîchir. Jonston donne une bonne description de ce conduit : voici ses paroles. Meatum denique extrà foramen excrémenti peramplum , andique pilis Cinctus, pudendo muliebri non dissimilem , quem mogno urgente cœlu operiri solet. flinc scriptores omnes. indis- creminatim ichneumoneset mares et fæminas arbitrali sunt (1). De ce conduit découle une liqueur odorante ; notre individu à l'approche d’un chien, ouvrit cette poche , et le chien se re- tira tout de suite ; on ne sentit cependant aucune-odeur. , Voici les mesures que j’ai prises sur l'animal même. 4. Pieds. Pouces. Lignes. ac ; Longueur totale depuis le museau jus- qu’à l’extrémité de la queue...,......, 2 5 (3) Jogston, hist. anim. quad. , pag. 105. La ET D'HASTOIRENATURELLE 7 Il manquoit cependant un petit morceau à l'extrémité de la queue , qui paroïssoit avoir été coupé , qu'on pouvoit évaluer d'un pouce à un pouce et demi (1). Mesures en détail. Pieds: Pouces. Lignes: Longueur de laitête.. 445 o 4 4 Longueur du corps....,.,.......... L 2 5 Longueur de la queue............. o 10 6 Æotal nie 5 3 À , - Pieds: Pouces. Lignes: Circonférence prise sur la plus grande groséeustiu ere) LAN DE NO ME ty o 4 Circonférence du museau prise au- dessué/deil'œih :22,4/53088 PER NNR T o 4 6 - Hauteur des jambes de devant ...... o 5 Z La figure donnée par M. dé, Buffon est très-bonne, et par- faitement ressemblante à l'individu que je décris. La figure d’Aldrovandi est aussi très-exacte; il n’en est pas de même de celle qu'ont donné Jonston et Prosper Alpinus, Quant à la description que M. de Buffon a donnée de la man- gouste ; elle est tracée avec le même pinceau qui a si bien peint les autres animaux ; il a séparé la fable de l’histoire , et a très- bien décrit ses habitudes : je ne sais comment lui ont échappé les deux observations que j'ai eu lieu de faire , et qui paroïssent fort intéressantes. | 10. Que cet animal a une espèce de paupière interne qui passe sur le globe de l’œil comme, dans les oiseaux nocturnes ; mais: avec cette différence que dans l’œil des hiboux,, cette membrane monte et descend dans la direction ,. je dirois perpendiculaire du: bec à la sommité de la tête ; maïs dans notre individu elle marche latéralement du nez à l’oreille, ce qui me fait croire que cet animal chasse pendant la nuit, Au moyen de cette paupière in- terne il retrécit à son gré la prunelle , et alors il doit voir dans: Vobscurité comme les chats, avec cette différence cependant que dans-ceux-ci la pupile se retrécit et se dilate par contraction ,. .@) Kempt. Ameænitates acad. , pag. 574 , dans là description qu’il donne de’ lichneumon ou mangouste , dit qu’elle ayot deux piéds et demi de long depuis là tête jusqu’à l'extrémité de la queues 8 JOURNAL DE PHMISIQUE, DIE CHIMIE tandis que dans cet animal elle s'opère sans contraction, let par un moyen pour ainsi dire mécanique. BARRE) 20, Les quatre doigts des pieds, tant ceux de devant que de derrière , sont liés les uns aux autres par une membrane de peau brune sans poils, telles que celle des animaux amphibies ; je lii ai étendu les doigts, et j'ai considéré cette membrane qui se replie en haut, et lorsque-l’animal marche elle ne se voit plus : c’est sûrement un indice que cet animal nage /avec une u ès*srande facilité. ‘ Ce caractère démontre qu’on doit le classer parmi les amphi- bies. Plusieurs naturalistes étoïent déja de cet avis. Jonston dit des ichneumons: Amphibium est animal, et ad iloticas ripas commoratur. Aldrovaudi le regarde, aussi coinme amphibie, voici ses paroles: 46 ordinis ratione non.ésse alie- zum Opinamur , st post lutramichneumouis Listoriam recensea- TILS , QuOniam et ipse inter animalia dpuporpigauræ ; id'est pro- 7LISCUA in aquis et terrd degentia reporamur, ideogue, a non- aullis lutra AEoypti nuncupatur (à ).- Il cite aussi Strabon qui est du même sentiment. Szrabo go- que hanc'belluam aquatilem 'consistere videtur. | Cependant, quoique ces respectables_ auteurs aient regardé cet animal comme amphibie (2), aucun d’eux n’a parlé de la peau aux pieds qui forme une espèce de nageoire. Aristote , Pline , Prosper Alpinus n’en parlent pas non plus, quoique ce Caractère paroïsse assez essentiel dans la description d’un animal qui fréquente les rivages ; quand au contraire ils ont fort bien wbservé cette particularité dans les pieds de la loutre et dans ceux du castor. D'après cela faut-il dire que la chose n’est pas ? point du tout, car contre le fait il n’y a rien à dire. M. de Buffon ; dans la description de cet animal , prend de l’humeur contre les nomenclateurs et contre les dénominations génériques. Je sais que la science n'avance pas lorsqu'on est prévenu en faveur de son système ; mais il y a des caractères si prononcés chez plusieurs animaux, qu’il ne faut pas s’écarter pour les bien classer : il reproche à Linné d’avoir fait de l’ich- 9 (1) Aldrv. de quad. dig. pag. 298. (2) Je prends le mot amphibie dans le sens que l’ant pris les anciens, car dans toute la rigueur du terme , on ne peut le donner qu’à la famille des phoques. Voyez Buffon. : neumon ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5 neumon d’abord un blaireau , ensuite un furet, et il n’appar- tient assurément à aucune de ces espèces. S’il avoit observé cette peau , ces espèces de nageoires qu'il a aux pieds, il l’auroit certainement classé parmi les quadrupèdes amphibies , à la suite des castors et des loutres qui ont une pa- reille membrane entre les doigts. Kein le nomme /utra ÆEgypti(i). Mais il n’a point parlé des nageoïres. D'ailleurs , comme les ichneumons vivent sur les bords des fleuves d'Egypte où ils cherchent dans le sable les œufs de crocodile dont ils sont très- friands, ou qu’ils font la chasse aux serpens que le Nil laisse dans la vase en se retirant après les inondations , ils doivent être obligés de passer quelques bras de rivière ou des canaux à la nage, afin de poursuivre leur proie ; c'est pour cela que la nature les a pourvus de nageoires, et la conformation de l'œil me fait croire qu’il doit aussi chasser de nuit. J’ajouterai à cela le goût décidé de notre individu pour se nourrir de poisson, ce Ë À : 2 qui paroît prouver que ces animaux dans leur état sauvage doi- yenten manger. Comme cet animal sera dans peu à Paris , vous serez à portée de l’examiner vous-même et de vérifier mes observations; je ne doute pas que l’on n’en ait apporté d’autres de l'Egypte : vous pouvez examiner si cette particularité que je viens de décrire est générale à tous les ichneumons , ou si elle est particulière à quelques familles seulement. Si par malheur cet animal périt avant d’arriver à Paris, car ils souffrent beaucoup du changement de climat, d’ailleurs ils ne vivent pas longtemps , vous y verrez le beau tableau que M. Aimet fit faire par un excellent peintre en ce genre, M. Pe- ter qui l’a rendu avec toute la vérité et l'exactitude possibles. Cet animal est peint à double pour le représenter sous deux points de vue. M. Peter l’a gardé chez lui pendant quinze jours pour bien étudier son port et ses attitudes, afin de parvenir à le rendre aussi bien qu’il a fait. 2 000 ND (1) De quadr. pag. 66. Tome LF. MESSIDOR an 10. B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE NP ME ENEEE SE EEESEE | 2 © dl He LB 5 EE De J.F. Dauruisson à J.-C. DELAMÉTRERIE, SUR Quelques particularités de la montagne de Bohême, appelée: Mittelgebürge (montagne du milieu). De retour d’un voyage que je viens de faire pour voir quelques mines et houillères dans la partic de la Bohême qui est limi- trophe de la Saxe , j'ai cru pouvoir vous intéresser un instant en vous communiquant le résultat de quelques observations. géognostiques que j'ai eu occasion de faire sur une des monta- gnes qui offrent le plus d'intérêt aux géognostes. Elle appar- tient, en me servant de la langue géognostique de Werner, à la formation des trapps secondaires ou basaltes : c'est une de celles que les volcanistes regardent comme un produit du fluide igné. Je n’entrerai point ici dans le détail des raisons qui m’em- pêchent d’être du même avis; je vous développerai"mes idées ou plutôt celles que j'ai puisées sur la formation des basaltes, dans le mémoire sur les montagnes basaltiques de la Saxe , que je vous enverrai incessamment. Je vais vous donner ici, aussi brièvement que possible , une idée de cette montagne singulière. Dans la collection des roches que vous avez reçue de Freiberg ,. vous avez plusieurs échantillons des substances minérales qui la composent ou qu’on y trouve, tels entr'autres que le porphir- schiefer , le basalte avec des cristaux d’hornblende, d’augite et d’olivine , les produits pseudo-volcaniques , le polierschiefer ,. etc. Ainsi vous serez parfaitement à même de juger des objets. dont je vais vous entretenir. Position géographique. La Bohême , comme vous le savez, est une espèce de bassin: entouré de montagnes : celle qui la borne et sépare de la Saxe au nord-est, est la chaîne du erzgebiürse ( montagne metallifère). Derrière et à environ deux lieues de son pied , s'élève une autre: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 11 chaîne de montagnes , appelée mittelgebiürse , c'est-à-dire mon- tagne (1) du milicu, parce qu’elle est située dans l’intérieur de la Bohême. Elle est derrière la petite ville de Tœplitz , célèbre par ses bains ; elle se dirige du sud-ouest au nord-est ; sa droite s'étend presque jusqu’à l’Elbe : sa longueur est de 5 à 6 lieues, sa largeur de 3 ou 4; et la plus haute de ses sommités est à 250 toises au-dessus de la plaine ,et à 400, dit-on ,‘au-dessus de la mer Baltique. On voit ainsi qu’elle doit être comptée parmi les petites chaînes de montagnes. A droite elle se joint aux monta- gnes d’Auffg, et à gauche à celles du cercle de Szatz, qui ap- partiennent les unes et les autres à la même formation. Aspect de la chaîne. Elle est formée par un assemblage de montagnes d’une forme conique plus ou moins parfaite , qui sont jointes par leurs pieds ou par leurs flancs, et font diverses files ou rangées de cônes. Je distinguerai trois rangées principales qui sont placées l’une der- rière l’autre , et dont la direction est à-peu-près celle de la chaîne. Celle du milieu qui en forme le grand corps , est com- posée de 6 à 7 montagnes les plus considérables , quelques-unes d’elles ont une forme allongée et une croupe arrondie. Celle de devant (vers le nord) qui comprend les montagnes antérieures, est la plus basse; c’est en quelqne sorte un groupe d’une dou- zaine de montagnes ou monticules dont presque toutes les som- mités sont arrondies et couvertes de végétation. Enfin celle de derrière est formée par 14 montagnes de forme conique , dont les sommités pointues et la plupart surmontées de châteaux, s’é- lancent hardiment dans les airs. Les grandes montagnes , et principalement celles du milieu, portent sur leurs flancs et vers leur pied d’autres petites éminences, qui y forment comme au- tant d’excroissances ou de mamelons. Outre les trois rangées dont nous venons de parler , on peut encore regarder comme appartenant à la chaîne du wittelge- bürge a) une file de montagnes qui la flanque vers l’ouest : vue (i) Permettez-moi de me plaindre encore ici de la pauvreté de notre langue géologique. Les Allemands ont un mot , gebürge , pour exprimer une chaîne, un groupe de montagnes , telles que les Pyrénées, les Alpes; il en ont un autre, berge, pour exprimer une simple montagne. L’expression chaîne que je me vois contraint d'employer ici est imparfaite. La géologie est chez nous une science nouvelle : il me semble qu’il conyicagroit d'introduire des mots qui exprimassent les objets qu’elle considere, ‘ B 2 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de loin , elle présente l’image d’une élévation dont la sommité ou arête paroît avoir deux ou trois lieues de long , et est sur- montée de quatre on oinq dômes d’une énorme grandeur £ b) le Schlossberg près de Tæœplitz, c'est une montagne détachée et placée en ayant de la chaîne, e) etle pe grande mon- tagne isolée , et qui est à quelque distance derrière , etc. La plupart de ces montagnes sont recouvertes jusquà leur sommet (à l'exception de quelques pics escarpés) de bois de sapin ou de charme. Les petites chaînes qui les séparent et leurs pieds sont bien cultivés et peuplés de jolis villages. Ù Ut ù L - Szuperposition Cl SÉruCLUTE gC0910$t1qUE. Le gneis qui revêt le penchant méridional du ezgehürge , s'étend dans la plaine : arrivé dans le voisinage de Mitrelgebürse, ses strates s’inclinent vers le midi ; au-delà de cette chaîne elles se relèvent, et leur inclinaison est vers le nord : d’où l’on peut conclure que sous la montagne il forme , au moins dans certains endroits , un enfoncement ou cavité. Par-dessus on a des cou- ches de grès et d’une espèce de marne qui passe tantôt à l'argile durcie ;, tantôt à un calcaire qui, quoique de formation secon- daire, est grenu dans quelques endroits, et les grains y sont d’une structure lamelleuse (1). Cette marne paroït au jour en plusieurs points ; mais elle ne s'étend pas sans interruption sous toute la chaîne ; car en plusieurs endroits on la voit reposant immédiatement sur le gneis. Ainsi c’est sur du gneis reconvert dans certaines parties de marne, que la chaîne de mirtelgebürge est superposée. Elle est principalement composée de deux espèces de roches, le porphirschiefer etle basalte ; chacune d’elles forme des mon- tagnes particulières. Mais. il m’est impossible de dire laquelle des deux est superposée à l’autre, et par conséquent quelle est la moins ancienne. Nulle part je n’ai pu voir d’une manière dis- tincte la surface de superposition : le docteur Reuss qui habite au milieu de ces montagnes , et qui les a très-particulièrement étudiées et décrites, n’a pu me rien dire de positif à ce sujet. On (1) Au premier aspect j’ai pris ce calcaire grenu pour un calcaire primitif; cependant lorsque je l’ai vu formant sur une élévation une couche qui étoit im- médiatement sous le terreau, à deux pieds seulement sous la surface du terrein, qu’il étoit friable, et sur-tout lorsque j’ai apperçu ses rapports de position avec le calcaire marneux qui étoit exploité dans le voisinage, je n'ai pu m'empêcher de le regarder comme appartenant à la même formation, ÉPTUDAUICES TORRE NATUREL LE, 13 voit, d’après cela, combien la détermination de la superposition des roches et des montagnes les unes sur les autres est difficile. €’est cependant là le grand secret de la géologie. * Autour de quelques montagses du mitteloebiürge , dans de ques-uns des vallons de la chaîne, et notamment dans la plaine qui la sépare du erzgebiroe on a unegrande quantité de houille, qui vraisemblablement est d’une formation étrangère à celle de la montagne , et est moins ancienne, L’on m'a dit, il est vrai , que dans un endroit le basalte formoit le toit d’une couche de houille: si cela étoit, et que cette roche appartint réellement à la masse d’une montagne , et fût autre chose que quelques fragmens dé- tachés et charriés dans ce lieu , il faudroit en conclure que cette houille est de formation antérieure à celle du basalte , que cette roche lui est superposée dans cet endroit , et vraisemblablement dans plusieurs autres ; ct peut-être cette houille RE sr elle ici, comme on en a des exemples ailleurs, à la formatiorr ‘des trapps secondaires ? Les roches qui constituent les montagne du Wittelgebürge j sont recouvertes presque par-tout de couches d'argile et d’urr terreau gras et noirâtre, qui paroît provenir en partie de la dé- composition du basalte. Je vais rapporter quelques-unes des particularités que présentent les substances minérales qui compo- sent la chaîne. Porphirschiefer. Le porphirschiefer (x) constitue la masse des montagnes les plus élevées , les plus considérables qui sont au milieu, de ces grands dômes qui sont à la gauche du Mirteloebürge proprement dit, ScAlossberg près de Tæplitz , et de quelques sommités qui sont à côté. La forme de ces montagnes est en général conique ; uelques-unes ,.telles que le #£//ischau qui est la plus élevée, sont de cônes presque parfaits ; d’autres , telles que celles qui sont au sud-ouest de cette grande montagne, ont une croupe oblongue et arrondie : il y en a qui ont la forme d’un dôme surmonté, Celle de Tœplitz présente à sa sommité un petit plateau ; enfin SE (1) Quoique je sente combien il est désagréable d'employer continuellement des mots allemands en minéralogie , je n’ai cependant pas cru devoir traduire celui-ci, parce que je le crois impropre, aû moins dans notre langue ; il doit être remplacé-par un nom particulier. Plus sûr de la signification des mots alle mands que de celle de leurs synonimes français ; j'ai cru devoir conserver sou— vent les premiers. Quant au sens que j'y attache, c’est le même que Werner Voyez l'ouvrage de Brochant. 14 JOURNAL, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE celle de Billin, connue sous le nom de Bi/linerstein , ressemble à un pic informe, qui s'élève au-dessus de la montagne ( de gneis) Sur laquelle il est placé : de loin et du côté de la ville il paroît divisé en prismes informes et un peu courbes ; ces pris- mes se sousdivisent en plaques. Il me faut remarquer ici que toutes ces mantagnes de porphirschiefer portent sur leurs flancs , près de leur pied , des monticules et comme des mamelons de basalte. La nature du porphirschiefer varie d’une montagne à l’autre; pour en citer quelques exemples , je dirai que celui du Ailli- schau est d’un gris-clair ou blanc-grisâtre, d’une cassure (trans- versale ) presque terreuse , qu’il est mat, presque opaque, peu dur , facile à casser , et médiocrement pesant; que celui du K leischen , montagne voisine , est d’un gris-cendré plus foncé, d’une cassure plus écailleuse, qu’il est un peu translucide sur les bords, donne quel ques étincelles par ie choc du briquet ; que celui de Tæplitz est dans quelques endroits d’un gris-cendré très- foncé, avec une teinte de vert: il est plus compacte que les autres, sa cassure est écaïilleuse , à écailles rousses ; il se divise moins aï- sément en plaques , est plus difficile à casser, et plus pesant que les autres ; que celui de Ai//in est d’un assez beau vert-grisâtre , d’une cassure écaillense, à écailles grises ; il a un peu d'éclat, est très-translucide sur les bords : en un mot, c'est celui qui me paroît approcher le plus dela nature cristalline. Tous se divi- sent en plaques plus ou moins épaisses , qui se sousdivisent en d’autres plus minces de deux à trois lignes ; là la division paroît avoir son terme : ainsi je ne puis dire que la cassure ( princi- ale } est schisteuse. Tous contiennent une assez grande quan - tité de cristaux de feldspath qui me paroissent être la variété bibinaire du cit. Haüy ; ils varient dans leur grandeur : terme moyen ils ont trois lignes de long, une et demie de large, et une demie d’épaisseur : la couleur est d’un gris-cendré fort clair, ils sont transparens et éclatans. Le porphirschiefer contient des cristaux de hornblende ( amphibole) , la plupart aciculaires, et quelques grains de spath calcaire. Ces diverses substances lui donnent ainsi une structure porphyritique. Klaproth a analysé ce minéral , il l’a soumis à diverses expé- riences chimiques ; ce qui lui a fourni le sujet d’un mémoire très-intéressant , qui a été imprimé dans divers journaux, et que vous devez ayoir dans quelqu'un des vôtres. Autant que je puis m'en rappeller , il a trouvé que cette substance minérale contenoit du natron comme le basalte , mais que le contenu du ECOMDYHE ST OR TC NAT U RE ML 'E. 15 fer étoit beaucoup moindre ; ce qui ne laïssoit pas de prouver une certaine analogie (1) entre ces minéraux , et de justifier l’idée de Werner qui, le premier, les a regardés comme appar- tenant à une même formation. Pour donner une idée plus particulière des montagnes de por- phirschiefer et de sa structure en grand, je vais m’arrêter un moment sur le Mi//ischau. Cette montagne est placée au milien de la chaîne , et elle la domine de toute part. Cet énorme cône dont la‘cime est le point le plus élevé du pays, vu de la plaine, présente l'aspect le plus imposant. Sa hauteur et de 250 toises (au-dessus de son pied), et l'angle que les côtés font avec l’ho- rison est de 40 à 5o degrés. À compter du sommet jusques vers: les deux tiers de la hauteur , il a la forme d’un cône presque parfait ; mais vers le pied il prend une pente beaucoup plus douce: cette partie est déja basaltique. En venant du village de Millischau, on trouve tout-a-fait au pied de la montagne le gneïs et la marne dont j'ai parlé ; c’est sur ces roches qu’elle repose. Ensuite on monte quelques petites collines de basalte., qui sont sur ses flancs , et puis on arrive au porphirschiefer. Dw côté de l’ouest seulement, la roche est à découvert ; elle présente un pan presque vertical de plus de 100 toises de long et de 50: de hauteur. De loin elle m'a paru traversée par des fentes qui, affectant un parallélisme dans trois sens différens , la divisent en gros prismes très-irréguliers et horisontalement placés ; de près ces prismes sont encore moins distincts, et ils se sousdivisent perpendiculairement à leur axe en plaques de 2, 3 ou 4 pouces d'épaisseur , et de 2 à 3 pieds en carré terme moyen ; toute la montagne en est parsemée depuis cet endroit jusqu’à son som- met. De petits arbustes (la plupart sont des charmes ) nouetx et de mauvais port la recouvrent: il paroît que le porphirschiefer en se décomposant ne donne pas une terre aussi grasse et aussi propre à la végétation que le basalte. Arrivé au haut, on jouit d’une des plus belles vues que l’on puisse avoir ; l’œil embrasse toute la chaîne du Erzgebürge. On voit au-dessus de soi la petite (1) D'après les analyses de Vauquelin et de Klaproth , l’alkal est une des par ües constituantes du feldspath: Le grünstein est un composé de grains de horn- blende et de feldspath. Le basalte , le porphirschiefer sont composés des mêmes élémens que le grünstein, (l'analogie entre cette roche et le basalte avoit frappé: Dolomieu }, puisqu'ils sontiles produits de la même dissolution. Ainsi il est na- turel que dans tous ces trapps nous trouvions les mêmes élémens que nous trou-- Mons dans, le feldspath et la hornblende. é 4 : 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE- inais jolie plaine qui la sépare du Mitteluebürge , ainsi que les nombreux villages qui sont dans les gorg:s de cette dernière chaîne : on là voit en entier à vue d'oiseau; elle présente l’aspect que nous avons déja décrit, Du côté du midi, la vue se portant au-delà de cette superbe rangée de montagnes coniques qui sont dans cette partie, va se perdre dans les grandes plaines de la Bohème. Le porphirschiefer est-il stratifié ? le grand nombre de fentes qui traversent cette roche rend difficile la détermination de la stratification , supposé même qu'on puisse en admettre une dans un minéral qui se divise en plaques. J'ai cependant fait une observation sur le Scklosshers. En montant par le penchant qui regarde le nord, j'ai vu que la roche étoit divisée en grandes plaques qui s’inclinoient vers cette partie de l’horison : plus haut, vers l’ouest, j'ai vu que le rocüer sur lequel le château est bâti, étoit divisé par des fentes qui inclinoient vers ce point. Frappé de cette singularité, j'ai fait presque tout le tour de la montagne , la boussole à la main ; et j'ai trouvé que la direction des plaques de la roche étoit assez généralement parallèle au penchant sur lequel elles étoient. Si l’on me permettoit de re- garder cette division en plaques comme une espèce de stratifi- cation , j'en concluerois qu'il existoit déja dans cet endroit une éminence ou montagne formée , qui a été recouverte, et enve- loppée par le PODRREErS lorsqu'il s’est précipité de la dis- solution qu’ont fourni les trapps secondaires : je le regarderois core comme un produit peu ancien, puisqu'il est d’une forma- ER postérieure à l'existence d’un cône isolé dans une plaine. Au reste , tout ce que je dis ici n’est qu’une simple conjecture. Lorsque j'examine le porphirschiefer et les montagnes qu'il constitue , je ne puis concevoir ce qui a porté certaines personnes à le regarder comme un produit volcanique. Ici on n’a ni cette couleur noire, ni cette pesanteur, ni cet aspect bulleux, ni cette division en prismes réguliers et compactes qui pouvoient éveiller une idée même éloignée avec les substances trouvées parmi les déjections du Vésuve et de l'Etna. La forme conique de ses montagnes ne prouvoit absolument rien : combien n’a-t-on pes, en Saxe , de montagnes de grès qui ont cette forme? et d’ailleurs tous les physiciens conviendront qu’une montagne , ui doit son origine à l’action destructrice des élémens, et prin- cipalement à celle de la pluie , doit prendre la forme d’un cône plutôt que toute autre , en supposant une homogénéité de masse. Je m'arrête et ne veux pas discuter cette question, Basalte. — ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 17 Pasalte. Je ne m'étendrai pas sur les montagnes de basalte du Mittel- gebürge, qui en font cependant la plus grande partie, et je ne dirai rien sur l’origine de cette roche, Dans mon inémoire sur les basaltes de la Saxe , j'aurai occasion de parler en détail de plusieurs de ces objets. Les montagnes basaltiques da Mittelgebürge sont disposées tout autour de la chaîne des montagnes de porphirschiefer , et elles flanquent celles-ci de toutes parts. Elles sont en général de forme conique ; plusieurs sont accollées les unes aux autres , et n’ont de libre que leurs sommités arrondies , ce qui donne à ces groupes un aspect ondulé. D’autres sont au contraire isolées et pointues : présque toutes sont couvertes de forêts de sapin ou de charme. La majeure partie d’elles est composée de prismes plus ou moins réguliers, d'environ un pied de diamètre , inclinés en différens sens, et très-souvent convergens vers un centre. Quelques-unes ve sont pas divisées en prisines ; mais les rochers qui les com- posent se divisent en plaques comme le porphirschiefer ; cette espèce de division se voit fréquemment dans les basaltes voisins de Aussig. Auprès de cette petite ville et sur la route de Prague, j'ai vu un rocher singulièrement divisé : dans le milieu on y voit une fente ou fissure verticale de 8 à 10 toises de longs ; de part et d'autre le basalte est divisé en prismes très-réguliers , de 6 à 8 pouces de diamètre, et de 7 à É pieds de long ; ils font avec la fissure un angle d’environ 70°: à leurs extrémités on en a d’autres plus horisontaux , faisant avec la fissure un angle de 800: de loin cette division présente l’image d’une branche de palmier ; la fissure en est la tige, et les prismes en sont les feuilles. Ces basaltes sont en général très-compactes, d’un noir-erisâtre, d’une cassure inégale , à petits grains durs , très-difficiles à cas- ser , et pesans. Ils contiennent principalement : a)de l’olivine en plus ou moins grande quantité, quelquefois cristallisée ; je m’ai pu distinguer la forme des cristaux : b) de l’augite cristal- lisée : c) du mica d’un brun-rougeâtre en grandes tables hexa- gones ; d) des grains de spath calcaire : e) quelque peu de zéo- lithe, et même j'ai vu les parois d’une druse de cette substance tapissées de petits cristaux leucitiques d’analcime : f) beaucoup de hornble n de basaltique (amphibole ). Cette dermère substance y est quelq uefois en quantité si considérable , qu’elle forme la masse principale ; le beau noir de sa couleur et son grand éclat Tome LF. MESSIDOR an 10. C 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE produisent un très-bel effet , lorsque le soleil darde ses rayons sur les monceaux quien contiennent de grands cristaux ; il est très commun d'en voir qui ont plus d’un pouce de long. Comme ils résistent beaucoup plus longtemps à la décomposition que le basalte qui leur servoit de ganguüe , ils se trouvent disséminés en grande quantité dans les champs et dans les lits des ruisseaux qui sont au pied de certaines montagnes basaltiques. Le basalte du Mittelgebürge a une grande propénsion à pren- dre la forme globuleuse. Les champs qui sont au pied des mon- tagnes , sont séparés les uns des autres par des piles de morceaux de basalte, qui dans cette contrée tiennent lieu de haies. En passant à côté, je croyois souvent yoir des piles de boulets ou de bombes, telles qu’on les voit rangées dans les arsenaux. En cassant plusieurs de ces boules si compactes et si difficiles à rompre, j'ai été étonné de la profondeur à laquelle l'effet de la décomposition exercée par l’atmosphère pouvoit pénétrer dans leur intérieur : à plus de trois pouces de la superdicie, j'y ai trouvé de l’olivine dont la couleur et la texture étoient fort al- térées : de la superficie au centre je voyois une progression non interrompue dans la décomposition de l’olivine (1), quoique, d’après les apparences , le basalte ne se trouvât pas altéré à plus d’un pouce de la superficie. Cette observation m’a fait incliner à croire que la forme ronde à couches concentriques qu’affectent un grand nombre de basaltes, pourroit bien être un effet de l’action décomposante des élémens; cependant , comme plusieurs rands mineralogistes pensent qu’elle est un effet de la formation primitive du basalte, je n’ose adopter entièrement cette opinion , du moins exclusivement à toute autre. (1) Après avoir comparé les analyses que les chimistes nous ont données de: Polivine et de la chrysolite , et avoir examiné les, raisons qui ont porté le cit. Hay à les réunir sous le nom de péridot, j'ai été fortement tenté d’adopter- celte dernière dénomination ; mais cette grande facilité avec laquelle l’olivine se décompose , et qui, du moins que je sache , ne lui est pas commune avec la chrysolite, m’a engagé, jusqu'à ce! que Je sois plus instruit, à lui conserver un nom particulier. Cette différence dans l’aptitude à se décomposer me paroît ve- air d’une différence dans la composition intérieure ; peut-être la chimie dans ses progrès ullérieurs nous en instruira-t-elle. Or, d’après ma façon de voir , c’est la différence dans la composition, qui constitue la réalité de différence dans les minéraux, De plus, en examinant les basalles qui présentent des vides jadis occupés par lolivine, j’ai cru appercevoir que plusieurs de ces vides avoient une forme rhomboïdale que je ne connoïs pas dans les cristaux de la chrysolite : au reste, celte raison est de peu de poids en comparaison de l’autre. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 19 , FloE: F La houiïlle qui se trouve dans le Mittelgebürge , appartient à l'espèce que Werner nomme 100rkohle ( houille de marécage ). Elle.est d’un noir-brunâtre ; elle a très-peu d'éclat ; sa cassure principale est imparfaitement schisteuse , et la transversale est égale ou imparfaitement conchoïde : les fragmens affectent en général une forme cubique (très-régulière) ; elle est tendre et même très-tendre ; elle se casse fort aisément , et est légère. Exposée à l’air , elle se gerce et se crevasse ; mise en tas, elle s’enflamme avec beaucoup de facilité dès qu’elle est exposée à l'humidité et à la chaleur : elle laisse des cendres , et non des scories, pour résidu de sa combustion. Elle forme des couches fort épaisses. Dans une houillère, au- près de Billin , dans laquelle je suis descendu , j'ai trouvé au- dessous du terrein une owplusieurs couches d’argile d’environ huit toises d’épaisseur ; ensuite venoit une couche de houille qui avoit deux toises et demie, puis une couche d'argile schis- teuse d’une toise, enfin une autre couche de houille dans la- quelle on s’étoit enfoncé de dix toises , et rien n’indiquoit en- core que l’on fût près de sa salbande inférieure. L'exploitation s'en fait avec la pioche , et comme les couches sont épaisses et qu'elles ne sont point traversées et dérangées par des filons , elle est très-régulière. La grande disposition que ces houilles ont à s’enflammer , oblige de prendre beaucoup de précautions dans leur exploitation. [1 y a peu de houillères dont une partie ne soit déja en proie au feu ; on est obligé de la séparer du reste par des murailles , et de boucher avec soin toutes les fentes qui y communiquent , afin d’interdire tout accès à l’air , et d’arrêter les progrès de l'incendie. C’est vraisemblablement à ces feux souterreins que l’on doit les eaux thermales et minérales qui se trouvent en grande quan- tité au pied du Mittelgebürge. | Cette espèce de houille (z00rkokle) est vraisemblablement le résultat de la décomposition des plantes aquatiques et maréca- geuses. Leurs vestiges accumulés pendant une longue suite de siècles , les sucs et bitumes qui en sont sortis, qui peuvent avoir été élaborés et modifiés par divers agens , et qui ont imprégné à diverses reprises le sol sur lequel elles croissoient , ont concouru à la formation de ces houilles. Nous voyons encore aujourd’hui, dans des pays bas et marécageux, des terreins noirs ét impré- gnés de sucs bitumineux, recouverts de plantes aquatiques. Si 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ces terreins venoient à être recouverts d’une couche de terre ow autre substance minérale, ne pourroient-ils pas avec le temps; et par l’action active de certaines substances , produire des cou- ches de moorkohle ? le sol en seroit le terrein imprégné de bi- tune , à-peu-près comme celui de la majeure parte des houilles de Bohême est un schiste bitumineux (Érandschiefer ). Les ves- üges de roseaux et autres plantes que l’on trouve en abondance dans ces houilles , déposent en faveur de ce que je dis. Mais que des arbres et même de grands arbres n'aient concouru en- core à ces formations , c’est ce qu’on ne peut nier : au milieu de ces houilles on trouve des branches , des troncstentiers. J’y ai vu des morceaux de charbon fossile , dont la texture et tous les caractères étoient absolument les mêmes que ceux du charbon de bois ordinaire ; il étoit impossible de méconnoître l'identité. C’étoit vraisemblablement des morceaux de bois qui s'étoient trouvés dans cette masse, et qui avoient été réduits en charbon par l’action de l’acide sulfurique ou d’un autre agent. L’alunet le vitriol que l’on retire des houilles que l’on lessive , me font croire à l’action de l’acide sulfurique dans la formation de ces substances combustibles. Avant de finir ce que je veux dire sur les houilles du Mittel- gebürge , je dirai qu'ayant remarqué que leurs couches suivent les inflexions de la chaîne , je ne doute pas qu’elles ne soient superposées, ct ne soient par conséquent moins anciennes. Pseudo-volcans. La facilité avec laquelle les houilles de cette partie de la Bo- hème s’enflamment et brûlent est la cause de la grande quantité de pseudo-volcans que l'on y trouve. Un des plus beaux que j'aie vus , est celui qui est auprès du village de Schwintschitz, et où M. le docteur Reuss a eu la complaisance de m’accompagner. Je vais vous en dire un mot. Sur le penchant du côteau qui regarde le village, il s’est fait à la suite de l’incendie divers affaissemens qui ont mis à décou- vert une partie des couches du terrein brûlé ; dans un endroit je les ai vues présentant à nu une face de huit à dix toises de large, et trois ou quatre de haut. Elles sont dans le même ordre et la même position où elles étoient avant d’avoir éprouvé l’ac-* tion du feu. C’étoit autrefois des couches d’argile et d’argile schisteuse ; aujourd’hui elles sont toutes gercées, fendillées et: converties en un jaspe-porcelaine (thermantide porcelanite du cit. Haïüy ) plus ou moins vitrifié, Les diverses couches ont des. re EDIT STOTIRE NATEUREEF;:LE 21 couleurs différentes ; les unes sont jaunes, les autres ronges: cette différence provient vraisemblablement de la plus ou moins grande quantité de fer qu’elles contenoient. Dans quelqnes en- draits l’argile étoit si ferrugineuse, que le métal s’est réduit ; il s’y trouve en petites veines composées de couches fort minces et parallèles ; il est attirable à l’aimant. Parmi les débris qui étoient au bas, j'ai vu queiques scories. Les couches étant très-fendil- lées , on en retire aisément les morceaux qui les composent ; ils ont la consistance de la pierre ; la plupart sont de la grosseur d’une noix on d’une pomme ; très-peu sont de la grosseur de la tête. Les plus gros étoient dans les couches supérieures. Lors- qu’on casse les rouges , la cassure a cette jolie couleur bleu de lavande des échantillons qui sont dans votre collection. Tous les champs des environs , à un quart de lieue à la ronde, sont par- semés des fragmens de ces thermantides. Polierschiefer. Avant de finir cette lettre, je vais vous parler du polierschiefer des environs de Billin, qui me paroît bien différent de celui du Menil-Montant ; vous en avez quelques échantillons. Werner regarde cette substance comme le résidu des houilles brûlées dans les pseudo: volcans. Il me paroît difficile de concevoir une origine semblable à celle de Billin. Elle se trouve sur la sommité d’une montagne assez élevée, et sur laquelle on ne voit pas la plus petite trace de laction du feu. On vouloit l’employer aux mêmes usages que le tripoli, et on en avoit entrepris l'exploitation. À cet effet on ayoit creusé quelques fosses sur le sommet de la montagne ; mais comme elles sont aujourd’hui en partie comblées , je n’ai pu y voir toutes les circonstances de sa superposition. Dans le haut de ces fosses j’ai vu dans son gissement naturel un polierschiefer d’un blanc semblable à celui de la craïe, en feuilles très-minces et friables, salissant et plus léger que l’eau : au-dessous , et même au-dessus dans un seul endroit, ainsi que dans les champs envi- ronnans , j'ai vu une autre substance d’un jaune-isabelle, se di- visant en plaques épaisses, d’une cassure compacte et conchoïde,. semi-dure , au moins deux fois plus pesante que l’eau. J’ai cru ap- percevoir par une suite de nuances intermédiaires, un passage parfait entre ces deux substances ; de sorte qu’il me paroît qu’elles ont la même origine ; et que celle qui est légère et friable, pour- roit bien n'être que l’autre ayant subi une certaine décomposition. Le docteur Reuss m’a dit qu’elles étoient superposées à une argile durcie : si cela est, ce ne sont vraisemblablement que des varié-- tés de ce minéral. | 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE PERLES eee nn RER MS RETENE ENT DT EME ETES CEE NE TP PE EL IEIEANTE DA ESP PE EME CREER, HAS AS TA ATIMAS POLITIQUES , ECONOMIQUES ET PHILOSOPHIQUES , Par Benjamin comte Rumronrn. Dirième Essai, seconde partie, sur la construction des foyers des cuisines , etc. , orné de six planches , traduit de l'Anglais par Paul Seignette. À Paris, de l'imprimerie des Sourds-Muets de naissance ; rue du faubourg Saint-Jacques , n°. 115, et se trouve chez CA. Pougens , imprimeur-libraire , quai Voltaire, n°. 10; chez Treuttel et Wurtz, libraires, quai Voltaire, n°. 23; chez Henrichs, libraire , rue de la loi, n°. 288 ; an 10 (1802). RE OA Ne Re Ci AG Détail d’une nouvelle construction pour rôtir la viande. Ayant eu occasion, il y a plusieurs années, de construire une grande cuisine ( celle de l'académie militaire de Munich}, dans laquelle il étoit nécessaire de faire des dispositions pour rôtir de la viande chaque jour pour environ deux cents personnes, je fus conduit à considérer ce sujet avec quelque attention ; et je profitai de la facilité qui s’offroit pour faire un grand nombre d’expériences intéressantes , dont les résultats me mirent en état de construire une machine à rôtir, laquelle réussit si bien dans l'essai que j'en fis, que je jugeai utile de la faire connoître au public. En conséquence, durant mon séjour en ce pays, en 1795 et 1796, je fis construire deux de ces rôtissoirs à Londres , l’un, à la maison occupée alors par le bureau d'agriculture, et l’autre, à l'hôpital des Enfans-Trouvés ; et un troisième fut placé, sous ma direction , à Dublin, à la maison de la société de cette ville. Leur succès fut conforme à mon espérance , et l’on en établit un grand nombre sur leur modèle. ÉTADAR TS T'OLIE NATUREL E: 23 La partie la plus essentielle de cette machine , que j'appellerai le corps du rôtissoir ( Voyez fig. 1°), est un cylindre creux de tôle , lequel, pour un rôtissoir d’une grandeur médiocre, doit avoir environ 18 pouces de diamètre , et 24 pouces de long, fermé à une extrémité, et posé horisontalement dans un massif de briques, de manière que la flamme d’un petit feu allumé dans un foyer fermé directement au-dessous du rôtissoir , puisse jouer autour de ses parois, et les chauffer également et avec promp- titude. L’extrémité ouverte du cylindre qui sera à fleur du de- vant du massif de briques dans lequel il est placé , est fermée avec une double porté de tôle , ou une simple porte de tôle re- couverte à l'extérieur d’an panneau de bois ; dans le cylindre se trouve une plaque horisontale , faite avec une feuille de tôle applatie ; elle est soutenne par des rebords rivés à l’intérieur du cylindre , à chacnn de ses côtés. Cette plaque est située à envi- ron trois pouces au-dessous du centre ou niveau de l’axe du corps du rôtissoir , et elle sert comme de support à une lèche- frite, dans laquelle, on plutôt sur laquelle on place la viande que l’on-vent faire rôtir. Cette lèchefrite qui est de tôle, a environ deux pouces de profondeur , 16 pouces de large par le haut, et 15 pouces un quart aussi de large au fond : sa longueur et de 22 pouces ; elle est posée sur quatre pieds courts , ou, ce qui vaut mieux , sur deux longues coulisses relevées à leurs deux extrémités, et fixées aux bouts de la lèchefrite; par ce moyen, le fond de la lèchefrite se trouve élevé àäenviron un pouce au-dessus de la plaque ho- risontale Sur laquelle elle est portée. Afin que la lèchefrite conserve sa direction, lorsqu'on la pousse dans le rôtissoir ou qu'on l’en retire , on pratique deux rainures droites dans la plaque qui la soutient. Ces rainures en recevant les coulisses de la lèchefrite , l’empêchent de glisser d’un côté à l’autre, et de heurter les parois du rôtissoir. La fi- gure 17° présente les extrénntés antérieures de ces rainures, de même que celles des coulisses de la lèchefrite , et une de ses anses. On place dans la lèchefrite un gril ( Voyez fig. 1re ) dont les barres horisontales sont de niveau avec les bords de la lèche- frite. C’est sur ce gril que l’on pose la viande qu’il s’agit de rôtir. On doit veiller à ce qu'il y ait toujours dans la lèchefrite une quantité suffisante d’eau pour couvrir tout son fond à la hau- teur d’un demi-pouce au moins, ou de trois quarts de pouce. Cette eau est essentielle au succès de la cuisson de la viande > 4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE elle sert à recevoir la graisse qui découle du rôti, et à empêcher qu’elle ne tombe sur le fond échauffé de la lèchefrite ; car elle s’y évaporeroit , et ses parties huileuses se brûlant ou se volatili- sant, rempliroient le rôtissoir d’émanations de mauvaise odeur , lesquelles détérioreroient la viande en lui communiquant un goût et une odeur désagréables. RAT C'est pour préserver plus efficacement le fond de la lèchefrite du feu ,et pour empêcher , antant que possible, l’évaporation de l’eau qu’elle contient, qu'on l’a élevée sur des pieds ou des coulisses, au lieu d'appuyer simplement son fond sur la plaque qui la supporte dans le rôtissoir. M. Frost, ouvrier habile de Norwich, a dernièrement per- fectionné la disposition de la lèchefrite, par une invention que l’on jugera très-utile dans la plupart des cas. Aprés avoir mis une certaine quantité d’eau dans la principale lècheïrite qui est construite en tôle , il en place une seconde plus petite, faite en étain, et portée sur quatre pieds courts daus la première, et il met ensuite dans cette seconde lèchefrite le gril qui doit sup- porter la viande. Comme l’eau de la première conserve la se- conde froide , il n’est pas nécessaire de mettre de l’eau dans celle-ci , et l’on peut y laisser tomber sans inconvénient la graisse qui découle de la viande , et l'y laisser séjourner sans qu’elle soit mêlée avec de l’eau. On peut faire cuire alors avec avan- tage des puddings du Yorkshire et des pommes de terre sous la viande, au moyen de cet arrangement. En construisant les lèchefrites, et en les adaptant l’une à l’autre, on doit prendre garde que la seconde ne touche la pre- mière que par Les extrémités de ses pieds, et particulièrement que le fond de la seconde ( lequel doit être concave) ne touche as le fond de la première. Les dimensions des lèchefrites par le Fous , Ou à leurs bords, peuvent être égales , et le rebord de la seconde peut s’élever à nn demi-pouce an. dessus du niveau du rebord de la première. Le niveau horisontal de la surface su- périeure du gril ne doit pas être plus bas que le niveau du re- bord de la seconde lèchefrite , et l’on placera la viande sur le gril, de manière que la graisse qui en découle tombe nécessai- rement dans la lèchefrite, et jamais sur le fond échauffé, ou sur les côtés du rôtissoir. Pour opérer la sortie de la vapeur qui s'élève de l’eau con- tenue dans la lèchefrite, et celle qui s'échappe de la viande qui rôtit, il ya un tuyau à vapeur , dépendant du rôtissoir ; il est situé à sa partie supérieure , ordinairement un peu sur l’un des côtés de. £T D'HISTOIRE NATURELLE. «6 côtés et près de sa face antérieure ; ce tube a un obturateur qui est disposé de manière à être réglé facilement, sans que l’on ouvre la porte du rôtissoir. Ce tuyau à vapeur se voit distincte- ment dans la figure 1, et l’on peut remarquer dans la figure 2, le-bout du manche qui fait agir l’obturateur. On règle la chaleur à volonté et avec la plus grande exacti- tude , au moyen du registre de la porte du cendrier de son foyer ( représentée dans la figure 2 ), et par l’obturateur dans le canal par lequel la fumée s’élève dans la cheminée. Cet obturateur ne se trouve représenté dans aucune des figures. La siccité que l’on détermine dans le rôtissoir est réglée par l’obturateur du tuyau à vapeur, de même que par une partie très-essentielle de l'appareil, les tuyaux d’air qu’il me reste en- core à décrire. On peut les voir distinctement dans les figures TE 24 Ces tuyaux d’air quisont couchés immédiatement au-dessous du rôtissoir, sont deux tubes de fer, de près de deux pouces et demi de diamètre , et de 23 pouces de long, ou d’environ un pouce plus courts que le rôtissoir. Ces tubes , au moyen de cou- des à leurs extrémités postérieures, sont fixés solidement au fond du rôtissoir , et ils communiquent avec son intérieur. Leurs extrémités antérieures traversent le massif des briques , et on les voit à la face antérieure du rôtissoir , avec lequel elles sont sur la mêine ligne. Ces tnyaux d’air ont des tampons qui les ferment exactement ; mais lorsque l’on veut xoussir la viande , on les ôte, ou on les retire un peu, et l’obturateur du tuyau à vapeur du rôtissoir étant ouvert en même temps, un fort courant d’air chaud se presse des tubes dans le rôtissoir , et du rôtissoir dans le tuyau à vapeur , enlevant et chassant au-dehors tout l’air humide et toute la vapeur du rôtissoir. Comme ces tuyaux d'air sont situés immédiatement au-dessous du rôtissoir , précisément au-dessus du feu, et qu’ils sont en- tourés de tous côtes par la flamme du combustible allumé ( Foy. fig. 3), ils sont fort exposés à la chaleur, et lorsqu'on entre- tient un fen vif, ce qui doit toujours se faire quand on veut roussir la viande, ils sont chauffés au rouge ; par conséquent l'air qui les traverse pour entrer dans le rôtissoir est extrême- ment échauffé , et ce vent chaud qui souffle sur la viande , échauffe tout-à-conp et dessèche sa surface de toute part, etlui doune l'apparence et Le goût qui sont particuliers à la viande bien rôtie. Tome LV. MESSIDOR an 10, D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Lorsqu'il fut question pour la première fois de ces rôtissoirs , et avant que leurs avantages fussent reconnus, il existoit des doutes relativement au goût des alimens à la préparation des- quels on les employoït. Comme la viande étoit renfermée dans un petit espace , qui dvoit fort l'apparence d’un four , il étoit naturel de soupçonner qu’elle étoit plutôt cuite au four que rôtie ; mais tous ceux qui ont tenté cette expérience, ont reconnu qu’il n’en étoit absolument rien. La viande est rôtie, et non cuite au four ; et quelque hardie que püisse paroître mon assertion , j'ose affirmer que de la viande de toute espèce , sans aucune ex- ception , rôtie dans notre appareil, a un meilleur goût, une odeur plus agréable , et qu’elle est beaucoup plus pléine de jus et plus délicate que quand elle est rôtie à la broche devant un feu ouvert. Il y a quatre ans que je n’aurois pas osé publier cette opinion ; mais je le fais aujourd’hui avec assurance ; car je puis en appe- ler, pour la confirmation de ces faits, aux résultats d’un grand nombre d’expériences décisives , faites depuis peu dans cette ca- pitale , et par les juges les plus compétens. Parmi plusieurs autres personnes qui, dans le courant de l’an- née dernière , ont fait poser des rôtissoirs dans leurs cuisines, je puis citer en particulier un homme aussi distingué par son rang, que par son esprit etgon zèle infatigable à propager les amélio- rations utiles, de même que par son urbanité et par ses connois- sances dans les procédés les plus recherchés de l'art de la cui- sine. Ce particulier a deux rôtissoirs dans sa maïson de ville ; il m'informe qu'il a fréquemment invité de la compagnie chez Jui, dépuis que ses rôtissoirs y sont en activité, et que les mets préparés par leurs moyens ont toujours été vantés avec empres- sement. Dans le détail des propriétés avantageuses de ce nouvel us- tensile de cuisine , il s’en trouve une d’une importance incon- testable , qui ne doit pas être omise. Lorsque de la viande est rôtie dans cette machine, sa quantité déterminée par le poids ést considérablement plus grande que si elle étoit rôtie à la broche devant le feu. Pour vérifier ce fait, deux gigots de mou- ion, pris du même animal , et rendus parfaitement égaux en poids avant la cuisson , furent rôtis le même jour, l’un dansle rôtissoir , et l’autre à la broche devant le feu , et pour prévenir toute supercherie, les personnes occupées de leur cuisson ne furent point instruites du but principal de l’expérience. Lorsque ces morceaux de viande furent retirés du feu, on les pesa avec TNT UD HAUS T'OÔ L'RE:N À TU RE EL LE. 27 soin , et l’on reconnut alors que celui qui avoit été cuit dans le rôtissoir étoit plus pesant que l’autre, dans un rapport de six pour'cent, ou de six livres sur cent. Mais ceci n’est pas encore tout, ce n'est pas mêtric lé résultat le plus important de l’expé- rience. Ces deux gigots de mouton furent servis à la fois sur la même table, et une compagnie nombreuse , et absolument sans prévention sur ce point , fut réunie pour en manger. On les trouva très-bons l’un et l’autre , maïs on préféra unanimement celui qui avoit été cuit dans le rôtissoir ; il parut être beaucoup plus plein de jus, et avoir un meïlleur goût. Ils furent au reste achevés l’un et l’autre , et il n’en resta rien qui püt être mangé. Les restes que l’on avoit soigneusement conservés étant alors recueillis, et mis dans leurs plats respectifs, ce fut la compa- raison de ces restes entre eux , qui offrit la preuve la plus frap- pante du mérite relatif de ces deux méthodes de rôtir la viande, sous le rapport de l’économie des alimens. Il ne restoit presque rien que l'os tout nu du gigot de mouton rôti dans la machine, tandis que l'on avoit formé un tas assez considérable de débris non mangeables, fournis par celui qui avoit été rôti à la broche. Je crois pouvoir dire que le résultat de cette expérience mérite l'attention la plus sérieuse , particulièrement dans ce pays où l'on mangetant de viande rôtie , et où l'économiede tout ce qui sert de nourriture devient de plus en plus, chaque jour, un objet d'intérêt public. Je pourrois citer plusieurs autres expériences semblables à celles que je viens de décrire ; et qui ont eu les mêmes résultats; mais il seroit superflu d’entasser des exemples pour confirmer un fait si bien établi par un seul. Il est encore une particularité dont je dois faire mention , re- lativement à la viande cuite daris un rôtissoir ; c’est la délicatesse extraordinaire de la graisse dela viande ainsi rôtie , spécialement lorsqu'elle l’a été à un feu très-lent. Lorsque de bon mouton est rôti de cette manière , sa graisse est exquisement douce et d’un fort bon goût , et si on la mange avec de la gelée de groseilles , on peut à peine la distinguer de la graisse du meilleur gibier. Les parties graïsseuses des autres espèces de viande sont aussi singulièrement délicates , lorsqu’on les apprête de cette manière , et il y a des motifs de croire qu’elles sont beaucoup moins mal- saines que lorsqu’elles sont rôties devant un feu ouvert. La chaleur produite par les fayons qui partent d’un foyer al- lumé , est fréquemment très-intense ; de là vient que la super- ficie d’un morceau de viande rôti à la broche, est re toute 2 25 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE brûlée , ce qui la rend non-seulement dure et de mauvais goût , mais encore très-malsaine, On ne regarde pas la graisse du gibier comme insalubre ; mais lorsque l’on fait rôtir le gibier , on doit avoir soin de le recouvrir, dans la crainte qu’il ne soit brûlé par les rayons du feu. Avec la machine ; les mauvais effets de ces rayons directs sont toujours empêchés parles parois du rô- tissoir, lesquelles les interceptent , et garantissent la superficie Ce la viande de la violence excessive de leur action ; et même lorsqu’à la fin de la cuisson, l'intensité de la chaleur dans le rô- tissoir est augmentée au point de roussir la superficie de la viande , cette chaleur cependant étant communiquée par le mi- lieu d'un fluide échauffe ( l'air), est beaucoup plus modérée , plus uniforme, et plus certaine dans ses effets , que des rayons directs qui partent d’un foyer allumé , ou de corps chauftés jus- qu’au point de l'incandescence. De la manière de poser les rôtissoirs. Les maçons ,.en posant ces rôtissoirs , doivent faire attention à deux points, dont l’omission empêcheroit la réussite de cette wachine ; les foyers doivent être extrêmement petits, et les tuyaux doivent être disposés de manière que l’on puisse les net- toyer de temps en temps, lorsqu'ils s’'engorgent de suie. Quand je fis connoître ici ces rôtissoirs , il y a cinq ans, je n’étois pas entièrement instruit de la propension irrésistible qu'ont les cuisiniers à faire de trop grands feux dans toutes les occasions ; mais une triste expérience nya appris dépuis , que je ne pouvois empêcher ines rôtissoirs d’être détruits par le feu ,. qu’en. rendant cette destruction absolument impossible. La con- noissance de. ce fait m’a mis sur mes gardes , et je prends au- jourd’hui des inesures.efficaces pour prévenir cet inconvénient. J'ai soin que les foyers des rôtissoirs soient faits très-petits, et qu'ils soient placés à une distance considérable au-dessous du fond de la machine. Pour un rôtissoir quia 38 pouces de large et 24 pouces delong, le foyer ne doit pas être de plus de 7 pouces de large et de 9 pouces de long , et les parois latérales du foyer doivent être absolument verticales jusqu’à la hauteur de 6 à 7 pouces, Quelque petit que ce foyer puisse paroître , il contiendra bien assez de charbon pour chauffer le rôtissoir, et beaucoup plus qu’il ne sera néces- saire pour l’entretenir chaud , lorsqu'il sera une fois échauffé. En effet , la quantité de feu requise pour rôtx la viande par ce: ET DH IS TOIRE NATURELLE, 26; procédé , est extraordinairement foible ; elle ne paraît monter, d’après des expériences faites avec soin à l’hôpital des Enfans- Frouvés, qu'à environ la seizième partie de ce qui seroit néces- saire pour rôtir la même quantité de viande à la manière ordi- nâire Avant un feu ouvert. Maïs ce n’est pas uniquement dans la vue d'économiser le combustible que je recommande de faire les foyers très-petits, c’est pour empêcher que les rôtissoirs ne soient détruits , que la viande ne soit perdue, et qu’une inverr- tion utile ne soit discréditée. De la manière de se servir d’un rôtissoir. On aura soin de tenir le rôtissoir très-propre , et sur-tout d'empêcher que la viande ne touche à ses paroïs , et que le jns ne coule dans son fond. S'il devient gras dans quelque partie exposée à l’action du feu lorsque le métal s’échaufiera , cette graisse s’évaporera , ainsi qu’on l’a déja observé , et elle remplira le rôtissoir de la vapeur la plus désagréable. S'il paroît des taches de graisse , on aura soin de laver l’intérieur du rôtissoir , d’abord avec du savon et de l’eau pour faire disparoître la graisse , ct ensuite avec de l’eau pure pour enlever le savon , après quoi on lessuiera avec un linge jusqu’à ce qu'il soit bien sec. Le feu doit être modéré, et l’on donnera à la cuisson le temps de s’opérer par la chaleur la plus douce. Il seroit nécessaire pour rôtir dela viande dans le rôtissoir, de consacrer un tiers plus de temps que n’en exigeroit la cuisson à la manière ordi- häire , à la broche devant un feu. On tiendra les tuyaux d'air constamment fermés , depuis le moment auquel on met la viande dans le rôtissoir, jusqu’à 12 vu 15 minutes avant qu’elle soit suffisamment cuite pour être servie , c’est-à-dire jusqu'à ce qu’elle soit propre à être roussie. Voici de quelle manière on roussit la viande : on fait un feu vif et clair durant quelques minutes , jusqu’à ce que les tuyaux à vapeur commencent à être chauffés au rouge ,; (ce que l’on peut voir en rétirant un moment leurs tampons , et en regardant dans l’intérieur) ; alors lobturateur du tuyau à vapeur du rôtis- soir étant ouvert, et les tampons des tuyaux d’air retirés , on laisse passer dans le rôtissoir, par ces tuyaux échauflés, une certaine quantité d’air qui le traverse. Je dis qu’on laisse pénétrer une certaine quantité d'air par les tuyaux dans le rôtissoir. Si l’on ouvyroit entièrement le tuvarw & vapeur et les tuyaux d'air, 1! est très-nossible an’il entrât t TT, t trop» 30 JOURNAL DE THYSIQUE» VE .CIIYMDIE d'air, et que l'intérieur du rôtissoir et ce qu'il contiendroit en fût refroidi, au lieu d’être élevé à une température plus chaude. Comme la vîtesse avec laquelle l'air froid de l'atmosphère pé- nètre dans les tuyaux d’air d’un rôtissoir , dépend d’une infinité de circonstances, ct qu’elle peut même être très-différente dans des rôtissoirs pareils par leur grandeur et leur construction, on ne peut, PAS s’agit de roussir la viande , donner de règles générales sur Île degré d'ouverture des tampons des tuyanx d'air et de l’obturateur du tuyau à vapeur; cela sera déterminé par ce que l’on nomme /e coup de feu du rétissoir, que le cuisinier aura bientôt reconnn. Il y a une règle infaillible pour déterminer la conduite de l’obturateur du tuyau à vapeur, durant le temps que la viande tôtit à une douce chaleur ; on doit le tenir ouvert au point,où la vapeur qui s'élève de la viande et de l’évaporatioen de l’eau contenue dans la lèchefrite, ne puisse pas être vue sortant du rôtissoir par les fentes de sa porte; çar s'il l'étoit davantage , J'air froid de l'atmosphère pénétreroït dans le rôtissoir par ces fentes, et il dérangeroit l’opération en le refroidissant en partie; et s’il étoit moins ouvert, il rempliroit l’appartement de vapeur. Pour exciter le feu, afin de roussir la viande, le registre de la porte du cenûrier , et l’obturateur du çanal par lequel la fu- inée se rend dans la cheminée, doivent être ouverts tous les deux, et il seroit bon de raniner le feu avec un fagot ; maisil ne seroit pas du tout à propos de jeter une quantité de nouveau charbon dans le foyer, car cela le refroïdirait , et ralentiroit le #eu pour un temps considérable, La meïlleure manière de rani- mer le feu pour cet objet, seroit de jeter un petit fagot au feu, ou une'petite poignée de bois sec coupé en petits morceaux d'environ 6 où 7 pouces de long ; cela donneroïit une flamme vive et claire, qui échanfferoit promptement les tuyaux d’air sans les détériorer. On devroit en effet employer toujours le bois de préférence au charbon , pour chauffer les rôtissoirs, par-tout où l’on pourroit s’en procurer; et la quantité qu'il en faut,est tellement petite , que la différence dans la dépense seroit de fort peu de conséquence , même à Londres , où le prix du boïs de chauffage est si haut. Et si, ce qui est très-juste, l’on fait entrer en compte la durée de la machine, je suis persuadé que le char- bon se trouveroit être un combustible plus cher que le bois, pour chauffer les rôtissoirs et les fours construits en tôle. J'ai déja tellement insisté sur la nécessité de tenir une certaine quantité d’eau sous la viande qui rôtit, afin d'empêcher la graisse ET D'HISTOIRE NATURELLE. 32 fondue de tomber sur un tal très-chaud , que jè.ne m'étenérai davantage sur cet objet, que pour répéter que c’est une circons- tance. à laquelle il est indispensablement nécessaire de faire attention. Lorsque l’on:fait rôtir la viande à un feu très-doux, elle ne demande presque jamais à être tournée ou arrosée ; maïs lorsque la chaleur du rôtissoir est plus forte , il sera également utile de la retourner et de l’arroser deux ou trois fois durant la cuisson. La raison de cette différence dans la manière de procéder , est évidente pour ceux qui considèrent cet objet avec attention. On peut fairé rôtir en même temps plusieurs sortes de viande dans les rôtissoirs , quand ils sont dans de grandes dimensions. Si l’on a soin de conserver leurs graisses séparées , ce que l’on peut faire aisément , en plaçant sous chacune d'elles un plat -séparé , ou une lèchefrite posée dans l’eau contenue dans une lèchefrite plus grande , il n’y aura point de mélange de goût; et ce qui paroîtra sans doute plus extraordinaire , tout un dîner composé de différens mets rôtis , étuvés, cuits au four et bouillis, peut être préparé à:la-fois, dans le même rôtissoir, sans que l'on observe le moindre mélange de goûts. Un homme respectable de mes anis qui a fait le preinier cette expérience , et qui l’a de- Puis répétée plusieurs fois , m'a assuré ce fait curieux, Il pourra ne avec le temps donner lieu à une découverte importante. ne invention simple et économique , au moyen de laquelle tous les procédés de l’art seroïent exécutés à-la-foïis, deviendroit sans doute une acquisition précieuse. IL est très-certain que les rôtissoirs cuisent comme au four, ou,rôtissent, séparément, au plus haut degré de perfection , et il n'est pas douteux qu'avec certaines précautions dans la fiçon de les conduire , on ne puisse leur faire exécuter ces deux opé- rations à-la-fois, de.manière à satisfaire généralement. Lorsqu'on veut que les rôtissoirs cuisent au four et rôtissent en même temps , on les fera suffisamment grands pour contenir au-dessus de Ja viande une plaque sur laquelle on placera ce que l’on vou- dra cuire au four, On m'a dit que plus de la moitié des rôtissoirs construits. depuis peu à Londres ,;le sont de cette manière, et qu'ils Seryent fréjuemment pour rôtir et pour cuire au four en inéme temps. Il y a une précaution que l’on ne doit jamais népliger pour ouvrir la porte du rôtissoir , lorsqu'il y rôtit de la viande, c’est d'ouvrir le tuyau à vapeur et les deux tuyaux d’air, pendant . environ ün quart de minute ou l’espace de temps que l’on mettre 32 JOURNAL DE, PH VSMOULE , DE CHIMIC . à compter jusqu'à quinze où vingt k avant que d'ouvrir la porte du rôtissoir ; par ce moyen on chasséra hors du rôtissoir la va- peur, qui autrement ne manqueroit pas d'entrer dans l’appar- tement aussi souvent que l’on ouvriroit la porte du rôtissoir. Diverses opérations sur les rôtissoirs et les fours. Je serai sans dorte blâmé par un grand nombre de personnes, pour m’arrêter si longtemps sur un sujet qui leur paroîtra bas, vulgaire , et de peu d'importance ; mais ces critiques ridicules ne m'empêcheront point de faire tout ce que jé pourrai pour réussir dans ce que j’ai entrepris. à Le sujet dont nous nous occupons en ce moment , est loin d’être sans intérêt, même si nous le considérons simplement sous le rapport de la science sans nous arrêter à son utilité; car il embrasse plusieurs des quéstions les plus compliquées relatives à la doctrine de la chaleur. Plusieurs personnes ont répugné à faire usage du rôtissoir , ans la supposition que la viande qué l’on y met cuire doit né- ccssairement plus tenir de la nature de la viandé cuite au four que de la viande rôtie. L'aspect général de la machine est propre en effet à donner naïssance à cette idée ; et lorsque l’on sait que l’on peut y exécuter avec la jlus grande perfection toutes les espèces de cuisson au four, cette circonstance contribue sans doute beaucoup à confirmer cé soupçon ; inaïs en examinant attentivement ce point , je pense que l’on trouvera cette alléga- tion sans fondement. Lorsque l’on fait cuire quelque chose dans un four ordinaire, la chaleur diminue sfaduellement durant toute l’opération. Dans le rôtissoir la chaleur est réglée à volonté, et l’on peut l’augrnen- ter subitement vers la fin de la cuisson ; au moyen de quoi l’o- pération très-délicate et particulière au rôtissoir , de roussir la surface de la viande , peut s'effectuer en peu de minutes, ce qui empêche que la viande ne se dessèche, et ne perde Ja meil- leure partie de son jus. Daus un four, les exhalaisons étant renfermées , la viande contracte le plus souvent une odeur et un goût particuliers et très désagréables , lesquels n'ont sans doute pas d’autre origine que ces vapeurs concentrées, Le tuyau à vapeur d'un rôtissoir étarit toujours tenu ouvert , si, lorsqu'ii s’agit de roussir la viande, la chaleur est assez forte pour évaporer les parties hui- leuses qui recouvrent sa superficie , Les vapeurs nuisibles qui se forment s ET D'HISTOIRE NATURELLE. 33 forment inévitablement dans cette opération , sont chassées aus- sitôt du rôtissoir par le courant d’un air pur et chaud provenant de tuyaux d’air, et de cette manière la viande ne conserve rien de l'odeur et du goût particuliers à la viande cuite au four. D'autres personnes ont objecté contre les rôtissoirs , que l’eau qui est placée sous la viande s’évaporant, au moins en partie, durant l'opération, il devoit en résulter que la viande se trouvoit bouillie , et qu’elle prenoit l'odeur et le goût de viande bouillie à la vapeur ; mais cette allégation n’a pas plus de fondement que la précédente. Comme la vapeur est beaucoup plus légère que l’air , celle produite par l’eau contenue dans la lèchefrite, s’élèvera sur-le-champ à la partie supérieure du rôtissoir , et s’échappera par le tuyau à vapeur , et la viande restera entourée d’air , et non de vapeur. Mais lors même que le rôtissoir seroit constamment rempli de vapeur , et que l'air en seroit absolu- ment exclus, ce qui est au reste impossible, cela ne détermi- neroit aucunement la cuisson de la viande par l’ébullition. C’est un fait très-curieux, que la vapeur, loin d’être un fluide hu- mide , est parfaitement sèche , aussi longtemps qu’elle-conserve sa forme élastique , et qu’elle est d’une nature si desséchante, qu'elle ne peut être contenue dans des vaisseaux de bois, quelque forts qu'ils puissent être, sans les dessécher et les faire retirer , jusqu’à ce qu’ils éclatent et qu’ils tombent en morceaux. La vapeur n’est jamais humide. Lorsqu'elle est condensée par le froid , elle devient de l’eau, qui est le principe de l'huiwi- dité ; mais dans le rôtissoir la vapeur qui entoure la viande tandis qu’elle rôtit, ne peut se condenser sur elle ; car la sur- face de la viande , échauftée par les rayons calorifiques du som- met et des côtés du rôtissoir, est plus chaude même que la vapeur. Sila vapeur étoit un fluile humide , il seroit très-difficile de cuire au four du pain ou toute autre chose dans un four ordi- naire. La viande qui est bouillie dans la vapeur , est. mise froide dans le vase qui la contient, et la vapeur chaude qu’ôn y fait entrer se condense à l’instant sur sa surface ; l’eau qui provient de cette condensation de la vapeur , délaie les sucs de la viande, les entraîne par le lavage, et laisse la viande sans aucun goût à sa surface ; mais lorsque la viande est mise froide dans le rôtissoir, l’eau étant également froide dans la lèchefrite, long- temps avant qu’elle puisse acquérir une chaleur qui suffise à la faire bouillir, la surface de Ja viande deviendra trop chaude Tome LV. MESSILOR an 10. ) 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pour que la vapeur s’y condense ; ct si l’on ne la faisoit pas roussir , elle n’auroit aucunement le goût de bouilli. Il me paroît qu'il suffit de ces éclaircissemens pour détruire les deux objections qne fontle plus souvent contre le rôtissoir ;. ceux qui ne connoissent pas bien son mécanisme et la manière de s’en servir. ! J'ai dit,.en détaillant les tuyaux d’air, que le courant d’air qu’ils fournissent au rôtissoir, lorsqu'ils sont ouverts pour rous- sir la viande , « chasse tout l’air humide et la vapeur hors dæ rôtissoir. » Je sais bien que cela n’est pas un compte fidèle de ce qui arrive réellement alors ; mais cela servira peut-être mieux qu’une explication plus scientifique, pour donuer à la généralité des lecteurs des idées distinctes des effets que ces tuyaux d’air po Les vapeurs nuisibles formées par les parties hui- euses que la forte chaleur évapore , sont très-certainement chas- sécs, et de la manière que nous avons décrite ; et nous venons: de voir combien il est essentiel de ne pas laisser séjourner ces vapeurs dans le rôtissoir : l'utilité des tuyaux d’air est également évidente ,, soit que la superficie de la viande soit en effet dessé- chée par le contact immédiat d’un courant d’air chaud et sec, ou soit que cet effet soit produit par une augmentation de rayons calorifiques du sommet et des côtés du rôtissoir, occasionnés par un surcroît de chaleur communiquée à la surface intérieure du rôtissoir par ce vent chaud. DE) ŒUAUTERREUVEGÉTATE 2 DE SES ENGRAIS:; Par P.G. Sace , directeur de la première Ecole des Mines, L'agriculture le premier , le plus utile des arts, ne peut at- teindre à la perfection dont elle est susceptible , que par l’obser- yation et les lumières de la saine physique. Le cultivateur a reconnu qu’il rendoit la végétation plus forte par le concours de diverses matières, qu’on nomme en- grais ; il les prend dans les trois règnes. On ne doit pas emplayer ÆT D'HISTOIRE NATURELLE, 35 indifféremment les engrais , ils sont relatifs à la nature de la terre végétale ; on doit donc s'appliquer d’abord à connoître ses variétés et les moyens de déterminer ses parties constituantes. Quoïque la végétation dépende essentiellement de l’eau, de la chaleur, de l’air et de la lumière (1), cependant la nature du sol où elle a lieu influe ; si après l’humus les terreins offrent des roches solides, les racines ne peuvent que taller , les arbres n’y prennent point leurs forces et sont d’une vie plus courte. Je pense qu’on doit diviser les terres végétales ou propres à la végétation , - En terreau. —; humus. — terre franche. En terre meuble. forte. En grouette. poudrette. limon du Nil. bouzin calcaire. terre de bruyère: tourbe. terre animale. Tous les végétaux ne sont pas propres à former l’humus ou terre végétale ; la plante dont le tissu est herbacé et juteux , se flétrit , se résout en pâte et moisit ; tandis que celles dont le tissu est plus solide, telles que les feuilles des arbres , commencent par jaunir , ensuite elles brunissent , et s’échauffent si elles sont entassées un peu humides ; elles finissent par se déformer. Pen- dant cette altération elles ne répandent point d’odeur , quoique l'huile et la partie extractive de la plante se décomposent. Après le laps de six mois, ces feuilles offrent un nouveau mixte pul- vérulent, encore entremêlé de débris de végétaux , ainsi se forme le terreau, humus levis. C’est dans les marais qui avoisinent les grandes villes , où l'industrie stimulée par l'intérêt force la nature à fournir des prémices , que les maragers obtiennent à bon compte des four- neaux en formant des couches, C’est , comme on sait, de la li- —————— ——— ———————————————— (1) Les plantes qui croissent sans l’accès de la lumière , s’étiolent , perdent leurs formes , et prennent une couleur d’un blanc-jaunätre. La chicorée sauvage ’ : » . E qu’on fait yégéter dans le sable humide à la cave, en est un exemple. n 2 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tière ou paille peu altérée qu’ils déposent en parallélipipèdes de quatre pieds de large sur trois de hauteur, et sur une longueur indéterminée. Ils les couvrent de huit pouces de terreau qu’ils arrosent ; il s’excite une forte chaleur ; lorsqu'elle est en partie tombée, on sème sous cloche ; une douce chaleur tempère le froid de la nuit , ajoute à celle du jour ; c’est ainsi qu’on ac- célère la végétation. Au bout de six mois la litière se trouve convertie en terreau: ‘Le temps aidé de l’eau , de la chaleur et de l'air , détruit les restes du tissu végétal ; il en résulte une terre brune-foncée, plus compacte que le terreau : tel est l’Avmus. Dans la terrification les principes des végétaux éprouvent des. modifications bien sensibles , puisqu'on ne retrouve plus dans Phumus ni l'huile, ni l'acide, ni l’alkali , ni les terres qui com posoient les végétaux. Ces principes se sont modifiés et com- binés de manière à offrir de nouveaux composés qu’on extrait de l’humus en le lavant. En effet, on en retire essentiellement de l’argile et du quartz, vérité que j'ai démontrée. C’est au fer des végétaux que l’humus doit sa couleur brune, on peut en séparer ce métal à l’aide du barrean aimanté ; mais il faut pour cet effet que l’humus ait été calciné. Becher a fait connoître que les végétaux contiennent une petite portion d’or que l’on peut extraire de la terre végétale. Schéele a démontré que la manga- nèse faisoit partie des végétaux. Darcet y a trouvé de la magné- sie ; 1ls contiennent aussi une terre congénère de celle des os. Veut-on s'assurer de la nature et de la proportion des terres qui composent l’humus , il faut en prendre une quantité déter-_ minée , la dessécher et la peser ; il faut ensuite la délayer dans de l’eau distillée, Vagiter et laisser précipiter le sable, qu’on lave jusqu’à ce qu’il soit devenu blanc; on pèse l'argile dessé- chée ainsi que le sable. On s’assure de la pureté de l'argile en versant dessus de l’a- cide nitreux ; l’effervescence y décèle la présence de la terre calcaire ; on détermine les quantités respectives de l’une et de VFautre en lavant le résidu , le desséchant et le pesant ; ce qui reste est de l'argile pure. On détermine ensuite la nature des sels que l’eau des lotions de la terre végétale peut contenir ; si elle a dissous de la sélé- nite , elle précipite la dissolution de terre pesante ; sielle con- tient du sel marin , elle décompose le nitre lunaire, et il se: forme de l'argent corné. L'évaporation de cette cau fait connoître la. quantité de nitre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 37 ôu salpêtre que contient la terre végétale : celles des parties mé- ridionales de l'Espagne en contiennent beaucoup plus que celles de France. Enfin s’il y a quelque matière extractive dans l’humus , elle se trouve dans l’eau, et s’obtient par l’évaporation. Ce moyen d'analyse peut être employé pour toutes les espèces de terre. Le terreau et l'humus se détériorent par le concours simultané de l’eau et de l’air; souvent l’eau entraîne l'argile , et il ne reste plus que la partie quartzeuse. L’argile extraite des lotions du terreau , est d’un brun-noirà- tre , a beaucoup de gluten , et ressemble à la terre d'ombre. En supposant que le terreau, que l’humus ne s’altèrent pas, ils ne seroient pas propres à servir de suite à la culture de la même semence céréale , parce qu’il se sépare de ces plantes une fèce qui leur est nuisible, et qui l’est aussi le plus souvent aux plantes qui les avoisinent ; Pavoine souffre beaucoup du serra- tula arvensis, la carotte de la grande consoude. Bruginans , dans une dissertation sar le /o/izm raygrass ,im- primée en 1785, a prouvé que les plantes se débarrassoïent des sucs impurs par déjections comme les animaux (1). Ce physicien ayant mis du raygrass dans un vase transparent plein d’eau, vit chaque jour à l’extrémité des racines , une souttelette d’une ma- tière visqueuse , qui s’étoit séparée pendant la nuit ; il la deta- choit , et le lendemain il en trouvoit une autre. Si les déjections d’une même espèce de plantes nuisent aux plantes de la même famille , elles servent d’engrais à d’autres ; par exemple , un champ» fatigué de rapporter du trèfle, étant ensemencé de froment , en donne une abondante récolte. La jachère (2), et sur-tout les nouvelles surfaces qu’on fait présenter à la terre par le labour , atténuent et détruisent ces déjections. Lorsque le cultivateur rempote les plantes, change leur terre, il les débarrasse de leurs déjections ; ce soin annuel concourt à: leur vitalité. L'air , la chaleur, la lumière et l’eau doivent être considérés comme les véritables causes de la végétation ; la terre ne doit être regardée que comme un auxiliaire propre à retenir l’eau # () Plantes animalium more , cacare primus exploravit vir indefessus Brug= anus. Humboldt dans ses aphorismes. (2) La jachère est une oisiveté périodique de la terre ; nuisible à la sociétés 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la manière d’une éponge; mais cette terre daitêtre assez meuble pour permettre aux fibres délicates des racines de se développer, de s'étendre et de croître, propriété qu'ont le terreau , l’humus, la terre de bruyère, la poudrette et le limon du Nil. Si la, terre est trop arenacée, l’eau s'écoule , s’évapore trop pronpienents les racines se dessèchent, la plante se fane, anguit et meurt, La terre n'introduit rien de sa substance dans les végétaux, ce qui est prouvé par une expérience de Vanhelmont. Il mit dans une caïsse cent livres de terre, il y planta un saule pesant 5o livres ; il couvrit la caisse avec une plaque d’étain , il arrosa la terre avec de l’eau pure : au bout de cinq ans l’arbre pesoit 169 livres 3 onces ; la terre n’avoit perdu que 2,onces, Si la terre végétale est trop argileuse , elle retient l’eau à sa surface, Se dessèche-t-elle ? le collet et les fibres de la jeuñe plante sont comprimés, Ja circulation de sa sève est interrompue , la plante languit et meurt, { L'humus , ou terre végétale , friable , d’un brun-noïrâtre, ne se trouve que, dans les endroits qui ont été longtemps couverts de bois ; encore n’y a-t-elle que peu d'épaisseur. Rudbeck dit que l’huœus a ordinairement six pouces d'épaisseur dans les endroits qui n’ont point été habités depuis le déluge, et qui ont été couverts de bois. La terre des champs que l’on cultive, varie singulièrement par les proportions d’argile , de quartz ou de terre calcaire qu’elle contient ; elle est formée des débris des trois règnes : aussi n’a-t- elle pas une couleur noirâtre comme le terreau et l’humus. On nomme terre franche , celle qui est sans pierres ni gravois; elle se paîtrit aisément et tient aux doigts. On Ja nomme /anda dans le Blésois ; elle est si tenace qu’on l’emploie pour bâtir, elle tient lieu de mortier. La terre meuble est légère et en poussière. Les jardiniers l’ap- pelent ziette. On nomme zerre forte , celle qui contenant trop d'argile, ne peut devenir propre à la végétation. On nomme zerre grouette , celle qui est pierreuse, et qu’on passe à la claie pour l’améliorer. La terre végéto-animale qui résulte de l’altération des matières stercorales des hommes , est nommée poudrette, pulvis sterco- reus, humus vepeto-animalis. L'expérience de tous les temps et de tous les pays a fait con- noître que les matières stercorales des hommes , après avoir été ET D'HISTOIRE NATURELLE. 39 desséchées , se convertissoient en une espèce de terrean inodore qu’on peut employer en nature , ou comme engrais. Cette terre vegéto-animale est aussi employée depuis un temps immémorial à la Chine. C'est dans les voieries des grandes villes qu’on prépare la poudrette , en exposant la gadoue sur un espace pavé en pente douce , afin que la matière fluide puisse s’écouler. La matière fécale s’échanffe , se dessèche et brunit ; on la divise avec la herse pour lui faire présenter de nouvelles surfaces ; on achève la dessication en la mettant sous des hangards où elle s’échauffe encore , ensuite on la divise au moulin d’où elle sort sous forme d’une matière pulvérulente , brune , inodore , ayant la couleur et l’apparence du tabac rapé ; c’est dans cet état qu’elle porte le nom de poudrette et de poudre végétative inodore de Bridet. L'analyse m’a fait connoître qu’elle contenoit par quintal : Terreau végétal........:...:........es...s. 16 live Matière animale élaborée par la putréfaction..., 16 Sels vitriolique et marin à base calcaire......,. 2 "ÉÊrre (calcaire...) .. homes sente e Re Onartz het LL DR Mer act ait Mae tte MU Pertes ne RD) Hautes A AOC RE GR PP Perte par la calcination..................... 12 Totak:1.8# 2100 hr. Des hommes justement célèbres de diverses compagnies sa- yantes , ont suivi l'emploi de la poudrette, et en ont rendu wr: compte intéressant, Comme engrais ; effet qui me paroît devoir être principalément attribué au sixième de matière animale éla- borée qu’elle contient. La poudrette peut être substituée avec avantage à la terre de bruyère pour les semences ct la culture des plantes délicates. Le Nil dépose sur les terres d'Egypte un limon d’un brun< moirâtre , lequel joint à l’eau qui pénètre les terres, les fertilise. Dès que le Nil est rentré dans son lit, on sème le blé sur je li- mon , on y passe la herse en novembre, et au printemps sui- vaat-on fait la récolte. Le doctenr Shaw a reconnu que l’eau äu Nil étoit chargée d’un: cent vingtième de limon ; aussi le lit de ce fleuve augmente-t4k - . ? ’ . 2 tous les jours. Ce limon a encombré de sept pieds la base de &o JOURNAL DE FHYSHQUE, DE CHIMIE l'obélisque d’Heliopolis (1) , seul reste de cette superbe ville, où Hérodote avoit enseigné la philosophie à Platon , et l’astronomie à Eudoxe. Le limon du Nil est d’un brun-noirâtre , étant desséché il se réduit en une poudre d’un gris-brunâtre. Lessivé avec de l’eau distillée , elle n’en dissout rien. Ayant lavé et décanté à plusieurs reprises ce limon, la partie la plus divisée a resté suspendue dans l’eau ; desséchée elle ne prit point corps, ce qui fait connoître qu'elle ne contient point d'argile. L’acide nitreux ne produit point d’effervescence avec le limon du Nil. Le barreau aimanté, promené dans ce limon desséché , en est retiré couvert de houppe de fer. Ayant scorifié et coupellé le limon du Nil, j'ai reconnu par le départ qu’il contenoit de l'or. Ce limon exposé à un feu violent, se convertit en un émail noir cellulaire, semblable à celui qu’on obtient par la fusion de quelques basaltes ; peut-être n’est-il que le basalte statuaire , ou quelqu'autre espèce de trapp réduit en poudre impalpabie. Le limon du Nil, quoiqu’essentiellement différent de ’humus, en a les propriétés, puisque la végétation s'y opère avec tant de facilité et de fécondité. Les basaltes décomposés. et les cendres du volcan d'Aedc offrent un exemple de cette fécondité végé- tative. L'humus n'est pas essentiellement nécessaire à la végétation, il suffit que les terres puissent se laisser pénétrer par l’eau, la retenir et la communiquer aux racines ; si elles sont délicates et tendres , elles tallent mieux dans une terre meuble, füt-elle en partie calcaire, expérience que j'ai faite en grand dans un terrein calcaire, produit par lefflorcscence du bouzin (2), lequel con- tient de la magnuésie. Les bancs de cette pierre tendre précèdent de grands lits plus durs dans la colline de Meudon ; la gelée en détache des quartiers qui se divisent et fusent à l’air, comme la chaux vive, Je plantai dans cette terre des arbustes , des arbres G) L'ancienne Hélopolis fut ravagée par la guerre, et renversée par un tremblement de terre. Antonin-le-Pieux la rétablit; elle porte aujourd’hui le uom de Bolbec. (2) Bouzin ou bousin , les macons nomment ainsi le dessus des lits de pierres calcaires qu’il faut abattre cn les taillant , parce qu’elles n’ont point dé con- sstance, £È 1 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4 êt des fleurs, qui y végétèrent très-bien , entr'autres un cèdre du Liban. La terre dite de bruyère diffère dun terreau et de l'humus , en ce qu'elle ne contient pas sensiblement d’argile ; elle est com- posée de quartz pulvérulent très-fin et de parcelles de racines ligneuses noires. Ces débris de végétaux s'y trouvent dans le rap- port d’un quart ; le sablon forme les trois autres parties. On sait que les cultivateurs préfèrent la terre de bruyère à toute autre pour la culture des fleurs et des plantes délicates ; ne contenant point d'argile , elle n’éprouve point de retrait par la sécheresse. Lorsque les végétaux se décomposent spontanément par le concours simultané de l’air et d’un peu d’eau, il en résulte le terreau Aumus levis ; mais les plantes qui croïssent dans les licux marécageux , se fanent dès qu'elles ont fructifié, et tom- bent dans l'eau , elles s’y détruisent par macération , et produi- sent une pâte d’un brun noirâtre, plus ou moins fibreuse , à laquelle on a donné le nom de tourbe. Les semences de ces p'antes , plus défendues par la nature que leur tige herbacée, germent , se développent et croissent à Îa rénovation du prin- temps, et ajoutent à la tourbière ; aussi y en a-t-il de très-pro- fondes. Les tourbières de France sont plus on moins pyriteuses. Lors- qu'on veut conserver la tourbe réduite en parallélipipèdes et bien séchée , il faut l’abriter de la pluie ; car les pyrites mêlées de débris de vég'taux sont la cause et l'aliment des incendies spontanés et des volcans. Des magasins de tourbe de Mintzi, faits dans le faubourg Saint-Antoine, prirent feu parce que ce combustible resta exposé à l’air et à l'humidité. Toute espèce de tourbe de France contient de la sélénite , qui rend la tourbe pyrophorique lorsqu'on la réduit en charbon. Il n’y a que les végétaux qui puissent produire la terre qu’on désigne sous le nom d'humus, la décomposition des animaux n’en produit pas. Du Puget a observé dans les catacombes de Rome, que la petite quantité de poussière produite par la décomposition des parties molles d’un cadavre , n’équivaut pas à l’épaisseur d’une demi-ligne sur la surface du rectangle inscrit autour du cadavre. Cette poussière animale est quelquefois si phesphorique , qu’elle produit une lumière sensible dans la partie supérieure du tom- bean ; elle garde cette propricté phosphorique pendant quelques Inois. Tome LV. MESSIDOR an 10. F 4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Des engrais. L’engrais a été désigné chezles Latins par le mot s/ercoratio , mot qui paroît indiquer qu'ils employoient pour cet effet les. matières excrémentielles. On entend aujourd’hui par le mot engrais une matière quel- conque qui a la propriété d’amernider , d'améliorer les terres ; il est donc essentiel de bien connoître la nature des engrais, afin d'en apprécier la valeur, et d'éviter la languissante routine de: quelques praticiens. 10. Engrais végétal. Feuilles: Pailles. Cendres. 4 20, Engrais végéto-animal.. Litière. 30. Engrais animal. Fiente de pigeons. Matière stercorale. Charogne. Parcage. Poudrette. Cornes. 4°. Engrais minéral. Eimon du Nil. Matières volcaniques. Marne. Pierre à vigne ampelite. Cendres vitrioliques de Picardie; Sel marin. 50, Jachère. Repos périodique de la terre... 6: Engrais opéré par lu culture de la luzerne , du saïnfoin: Ceux qui savent que des terres fertiles des provinces méridio- males d'Espagne sont aussi très-productives en salpêtre , pour- ET DHISTOIRE NATURE L LE. 43 roïent peut-être s'imaginer que ce sel est essentiel à la végétation, puisque les terres végétales en contiennent plus ou moïns. Guil- Jaume Boules, qui a écrit sur l’histoire naturelle d'Espagne , demandoit à un salpétrier de cette contrée, comment se faisoit la génération du salpêtre; celui-ci lui répondit : Je possède un champ; je sème dans une partie du froment qui y vient très- bien , l’autre me fournit du salpêtre. Les sels sont propres à dénaturer les végétaux. Le kali qui croît dans les éndtoie maritimes , produit du natron, tandis que la semence de la même plante recueillie et cultivée pendant deux années dans un terrein éloigné de la mer, ne produit plus que de l’alkali semblable à celui du tartre , faits que j’ai constatés avec mes illustres confrères Duhamel et Malesherbes. Si on a répandu une trop grande quantité de sel sur des terres labourables, on les rend stériles. C’est dans ce dessein qu’Attila fit répandre du sel sur les terres des environs de Padoue ; c’est dans la même vue que Fréderic Barberousse en fit répandre sur celles de Milan. Le vitriol martial calciné au rouge , est employé comme en- grais dans une partie de la Picardie , sous le nom de cendres de terre houille de Beaurin, dont on peut retirer 25 livres de vitriol martial par quintal. Ces cendres produisent la première année un bon effet dans les champs où elles ont été répandues ; mais on a remarqué que dès la seconde année , ce qu'on semoit dans un champ , n'y venoit pas si bien qu'avant d’en avoir fait usage ; ceux qui sont chargés de répandre ce prétendu engrais sur les terres, perdent souvent leurs sourcils et leurs cheveux; leurs yeux, leurs visages et les autres parties de leurs corps éprouvent aussi une inflam- mation plus ou moins considérable. Voici l’origme de l’emploi de ces cendres vitrioliques. Il se forma , il y a enviren 60 ans, une compagnie pour exploiter une prétendue mine de charbon de terre, dans le territoire d’un village nommé Beaurin, situé à une lieue de Noyon ; l’expé- rience fit connoître que c’étoit une tourbe-pyriteuse, noire , compacte, qui contenoit assez d'eau pour s’enflammer sponta- nément , lorsqu'elle étoit exposée en tas à l’air: il en résulta alors une cendre vitriolique rougeâtre , connue en Picardie sous le nom de cendres de terre houille. Le desir de récupérer leurs fonds, ft annoncer aux intéressés à la recherche de ce prétendu charbon, qu'ils avoient trouvé aneerre nitreuse et des cendres propres à dur les terres. 2 44, JOURNAÏI DE PHYSIQUE; DE CHIMIE C'est ainsi que s’introduisit l’usage inconséquent des cendres de Beaurin, qui ne tarda pas à gagner une partie de la Picardie, où cette couche de tourbe pyriteuse et vitriolique se trouve ; mais aujourd’hui qu’on est plus instruit, divers particuliers ex- ploitent cette tourbe pour en extraire le vitriol martial. ; Les anciens avoient aussi regardé comme engrais un schiste pyriteux, noir, friable , qui se vitriolise à l’air; ils le nommoient ampelite ou terre à vigne. L Tout sel me paroît contraire à la végétation, mème l’a'kali qui se trouve dans les cendres , qu’on a cependant cité quel- quefois comme engrais. Les feuilles des arbres sont l’engrais de la nature ; ce sont elles qui forment l’humus, qui est la terre végétale par excel- lence. L'homme leur substitue avec avantage le fumier, qui est formé par la paille qui a servi de litière aux animaux. Il la rassemble dans des lieux excavés, où l’eau des basses-cours se rend : le tissu végétal , pénétré des déjections animales et de l'eau des pluies , s’'échauffe, se détruit, se putréfie, se terrifie en partie ; il en résulte le fumier d’un brun noirâtre qu’on ré- pand sur les terres, et qu’on y introduit par le labour. Il rend plus meuble la terre compacte, il fournit par sa destruction une portion de terreau qui ajoute à la fécondité de la terre. Pendant les chaleurs, il s’élève des basses-cours où se for- ment les fumiers, des émanations putrides, et d’autant plus inalsaines , que le fermier a ordinairement ses amas de litière au pied de son habitation. :: Une autre habitude non moins préjudiciable à la santé, c'est que ces cultivateurs, qui sunt ordinairement rassemblés plu- sieurs dans la même chambre , y déposent aussi sur des claies leurs fromage, afin qu'ils s’y affinent plutôt ; cet efiluve de ma- tières alkalinès et putrides engendre des fièvres et des maladies. qu'on détourneroit, si la raison pouvoit quelque chose sur l’ha- bitude stupide. Les! substances animales en nature offrent-elles un engrais préférable aux détrimens des végétaux et à ces mêmes substances animales terrifiées ? Ce qu’il y a de certain , c’est que lorsqu'on emploie les matières stercorales des hommes comme engrais , les plantes et les fruits contractent une mauvaise odeur et une saveur désagréable ; tandis que la poudrette qui n’est que cette même wnatière , fermentée et desséchée, offre une terre excel lente et un, bon engrais. J'ai vu un cultivateur qui, dans l'espoir de se procurer de: ET D? HISIT OUR E ? N A TIiU RJÆE'L1L E: 45 superbes asperges , avoit fait des contre-rayons dans lesquels il avoit mis des animaux morts et des tripailles ; les asperges en devinrent plusr-belles, mais contractèrent; une saveur: insup- poilableire 4 sudintie Lulrmoiup ebibirquiq « Lé parcage est un.moyen de répandre suribes terres les crottes et l'urine des brebis. Il offre à l’agriculteur un engrais utile, surstout pour les prés, comme l’a observé M: Leroy, cultivateur distingné ,-qui a fourni beaucoup d'articles dans l'Encyclopédie ; ibdit que lefumier de:mouton donne au fourrage , la première année june odeur et un goût qui rebutent le bétail au premier abord , mais qu'il s’y accoutume peu-à-peu. Cet exposé fait connoître que les matières stercorales en na- ture , ainsi que les mixtes qui se dégagent pendant la putr:fac- tion , agissent sur les sucs végétaux et des dépravent ; la fente des oiseaux, sur-tout celle des pigeons, a été renommée comme engrais : »’en'ayant pas suivi emploi nje ne fais que l'indiquer. L'observation suivante fait connoître qu'il est des substances animales qui peuvent servir d'engrais sans qu’il s’en dégage des matières salines ,:sansque la putréfaction y concoure, ce qui est prouvé par l'emploi qu’on fait, dans le Forèz , des rognures de cornes pour fertiliser les terres. Fougeroux rapporte , dans l'Art du Coutelier en ouvrages communs, que les rognures des cornes de bœuf et de bélier servent à fumer Îles terres, que c’est un des meilleurs engrais, qu'on en revend à Saint-Ltienne pour plus de douze mille francs par an. L'eau ne détruit pas la corne. Ses copeaux , ses rognures ne font que s’entreposer entre la terre végétale, et empêcher son affaissement. 1lne suffit pas pour rendre la terre féconde, de la diviser , de l'atténuer par Ê labour; une pluie longue et vio- lente J’affaisse, la plombe , de telle manière que si l’on y sème du blé-sans l'avoir fumée , on la trouvera totalement affaissée à la fin de l'hiver, et les racines du ble seront à la superficie. Plus l’emgrais défendra dla terre de l’affaissement , plus il con- courra à une végétation hâtive qu’on obtient dans le Forèz par l'emploi des rognures de corne , et par le fumier dans nos au- tres provinces ; celui-ci a un double avantage , c’est qu'il se convertit en terreau. Le marnage des #rres est cité par les cultivateurs comme un des moyens de les fertiliser pendant un espace de quinze ou vingt ans, eftet qu’ils attribuent aux sels qu’ils croient contenus dans. la marne qu’ils. disent avoir la propriété d’échauffer les terres, au point de les brûler si on y en répand trop. 11 est en outre 46 JOURNAL DE PHYSLQUE,DE CHIMIE passé en proverbe que le maraageenrichit le père , et ruine les enfans. : A examiner sans: prévention les effets de la marne , on est justement surpris des propriétés qu’on lui attribue , puisqu'elle ne contient aucun sel, et qu’elle est incapable d'échauffer loin de brèler. ( On peut demander au cultivateur , ainsi qu'au minéralogiste , quelles sont les proportions de terre calcaire QUSRP] , __de se prolonger au-delà sans changer de direction. Chacun de ces grains est un véritable œil de chat auquel il ne manque que - le polt et la forme de cabochon: RE" :. Tous ces faits réunis se servent mutuellemient de ‘preuve; ils re permettent pas de douter que l'œil de chat ne soit un quartz amianté que la régularité et la perfection du mélange ainsi que sa forme artificielle ont pu faire méconnoître jusqu’à présent. . Cette substance doit toujours être une espèce intéressante pour . le lapidaire , qui auroit grand tort de lui ôter le nom de la propriété remarquable qui la lui rend précieuse ; mais le miné- ralogïsté ne doit voir en elle qu’un mélange singulier qui souiile Je quartz , trouble sa transparence , et lai donne une coulénr et un chatoiement accidentels. Dans la méthode de Haüy ce mi- néral ne sera qu’une variété de mélange , sous le nom de guartz hyalin, amianté , chatoyant ; dans celle de M. Werner, il L | Dourrä être décrit à la suite du bérokristal ( cristal de roche ). J'ignore quelle pourroit être alors, sa dénomination systéma- tique , car ce célèbre minéralogiste ne prend point en considé- ration ces sortes de variétés. D e OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES PAR DOUVARD, asironome. Ê | THERMOMETRE.,,.. BAROMÈTRE. } : ” “ Minimum. |A pi Hi IMUM. MINIMUM. A Min } 51 er! \ a ; ( | Max:mum. à midi. 20,8! 24} : m.+ 5,6 Es à midi, - .128.:1,93/à 84Ls. , 28. 1,53[28. 1,93 das. 2,5) à4à Sn t+12,2| +22,0 EL mn . 29. 1,42 â8 Ne ‘28. 0,75 j Sàaos. —oo1là4m —+12,93| 19 44 pli]. 1 28! 0,ÿ3 d25!..: 8. 075128. 0,50 4&à5+s. “+16,8| matin .....: Dies Là 6. ni./}. 128,10,53| d92s: 27.11,50/28, 0,17 Satis. 18,3) à 4 ? im. + 8,5 417,8 à 4 18: 271,42) à 9% 8, 2.271096 |27. 11,30 Gà2s. 418,2! malin, .4....l#u7,8|à9;s-.. 28. 0,50| 29m. . 27.11,28|28, 0,5 7a33s -Hibs2hà 4m. +10,5/-+17,8 a midi .. 28 0,75à 515. ., 26. 0,3328. 0,75 6 à 4>s. ten 2|à4m. —+10,3| 19,6 am... 26. 0,25| 49,5. . + 2710,20/27,11,25: gà midi. 20,5) malin. .:....| }20,3 à 8 m.. 15 uy. 18{26| à midi. . °2798,47/275 8,17 10 à midi. 16,6! à 4m. io) Lr46l| à 44 s2., 27.1%,98| 84m. ,,227: 9,08/27: 9,17 11là midi. RU ä 4m ao) La62 | àmdi,,, 27-1142 à 4m... 274117/27,11,42 12425. 14,6) à 4 mt 9,8] 413,2 à2$. ne 27e nn à75 m, . 27. Li-42 127. 4,50 £ 19 835. ay is à Sr + 8,5| 17,2 |a 9m... 28. 1,50 Hé . . 28. 0,6) |27. lli4à midi. 20,0! à fm. + 8,0! L20,0 | à 4m. 27-11,78/à 9 £ si | !127.16/60 27.10,95 153%. 9,0! 2... 00, 148,6 l'a midit: : :-2740,58] à 19: . |: 0127. 19:75/27.10,33 16/à 25 8. 3,3) à14 + m. 8,5 18,3 | à9 3... 27-10,65 à midi...,27-. 9,42/27.10,65 17/à 2is. +18,3 Pr + 052) 17,2 [à midi... 27-11,86 à 4m. -j+ 27:11,40/2 12,881 1 à midi. eo et cbr | 420,6 | à midi... 27. 9401495 8..* 27. 9,6b/27. o17 ta94 nn1357. 9378/27. 10,75; à io bs...27.101,99/28 0,4 a9 à Suf1e, 27-10,29|27.20,05: à 5 m.... 27.11,17/27.11,50 DOM 20: 0,252. 1,00 à 4m.... 23. 1,00/98. 1,00 A m:... 28. 2,17) ‘28. 2,93 19 à 2 . 436,5] à 51m. + 09,2] + 16,3 à 6 %5. 97.11,33 aolà mi, 46,3| à 4m. 7,9/1p16,30à midi, : 428. 0,42 21là midi. 19,3] à 4m. + 8,5] 410,3 à 4 m... ,27:11,98 Dha2là 2s. —i19,3| .........:.:.| 19,95 à gs... 27.11,85| à ! 23 à 2s. 17,6] à gs. 12,2] +7,95 à midi, . . 25. 1,00| à |24 à midi. 19,0) ........ s....| 19,0 | à 105... 26. 1,75 H, 25 à midi. 16,8] à 4m. + 7,5] +16,8 | 4105... 25. 2,90 m. 226 à midi. 18,0! à 4m. + 7,4 iso ati AE 28. 3,17] à midi.. 28. 3,10:93%" 3 | 27'à midi. +-18,6| 2.280 2218;6 | à midi. : : 28. 2,90! à 105... 28. 2,08 98, 2,90 28l|a midi. Hal age. + u,5 OI QU EME Pen 193) ä2ts, - 28. 0,652. 0,93 Aiogla3s. “14,3 à {im. 7,2 <132)àros..) 28: àim. , . (28. 2,00!n3, 2,4 pénis 416,8! à 4m, + 8,ol+16,g.àa88uimss.. 28. 20 M5 Ta8. Mg BEN" pt | | RÉ CAMP TU UNIT ANT. IONN: Plus-grande élévation du mercure. . . 26, 3,17 le 26. Moindre élévation du mercure. . . . 27. 6,17 le 10. Élévation moyenne. . . . . 27. 11,67. Plus grand degré de chaleur. . . .. —+ 22,3 le 2. Moindre degré de chaleur. . . . . rs + 5,6le 1. Chaleur moyenne. . . .. + 14,0. Nombre de jours beaux. . . . . 15, RE, A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Prairial, an x. 1 s | Hyc. dé POINTS NPA RTL ANT OENTS a me ANNE NOT. S, = |A Minr. LUNAIRES. DE L'ATHOSPHÈRE. —— = ——— ne 1 | 2355 [EE | Quelques nuages ; ciel vaporeux. 2|° 36,0 | E. Perigte. dem. 3| 26,0 | N-E. Ë Ciel trouble et nuageux. 41 35,0 | L-N-E. Dern. Quart. Ciel sans nuages ; beaucoup de vapeurs. 5 1485;0.Mf.S: é Cielnuageux ; quelques gouttes d’eau vers midi. 6| 580 | S-0. Equin. ascend. | Couvert avant midi; ciel nuageux le soir. 7| 5oo | S-E Cielir. et nuag.; lonnerre au lointain vers 6 h, du soir. 8/ "26,0 |S. Beau,ciel le matin; couveit le soir. g} 440 | S-O. Quelques éclaircis le soir. Ë 10| 54,0 | S-O. Pét. pluie le m.; ciel nuag. ;averse et £onnerre vers 2h. |à 11 58,0 | S-O. None. Couv:parinterv. ; plusieurs aversés dans lPaprès-midi. 12| 61,0 | O. Pluie par intervalles; beau temps lesoir. | 15 |. 66,0 | Calme Quelques éclaircis dans la matinée ; ciel nuag. le soir. |à t14 | 6550 |S. Ciel tr. et nûag. av. midi; pluie ab. et £ornerre le soir. |à 15 |: 75,5 S: Pluie fine par int. ; onrerre et pluie ab/ftoute la soirée. |} 16| 67,0 | S-O. s Pluie fine une grande partie de la journée: 17 |n 69,5 | S-O. Apôgée, Ciel en très-grande partie couvert toute la journée. 18 | 52,0 S-O, Nuageux et trouble ; pluie abondante. le soir vers 9h. 19 | 50,0 | O. Prem. Quart. | Ciel en partie couvert; pluié abondanté lé sôir. 20 | 59,0 | O. Equin descend. | Couvért par intérv. ;pétité pluietvers 6 héures du soir, |À 21 | 55,0 | S-O. Pluie, tonnerre une pârlie deila soirée; nuag. le matin. | 22 |: 60,0,.| S-O. Trouble et nuageux ; forte averse à 8 heures du soir. 23 52,0 S-0O. Ciel très-nuageux. 24 |! 495 Fe EE trouble et en grande partie couvert. 25 | 47,4 ; . iel nuageux. 26 |* 49,5 | N-E. P'eine Lune. Quelques nuages ; léger brouillard le matin. 27 |-146,0 | N. Quelques petits nuages par intervalles, 28 |,.50,0o | NO. Ciel chargé de gros nuages. : 29 h 430 | N-F. Périgée, Idem. à 30 | 49,0 | N-E. : Quelques nuages par intervalles ; vapeurs. RÉCAPITULATION. de couverts :, 4 : ... 15 de pliich .2.. 4. 12 de vent. .4. : :).,. 20 CAT CERME CAEMERMETET de tonnerre ....… nn. #9 de brouillard: .. . + x de neïré®e is 54.100 dergréleh Jul «+117, "0 Jours dont le vent a soufllé du N..:...,...... 1 N-E. . Ie 5 5i JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2e CES ce ra 2 à A 2 SUR QUELQUES NOUVEAUX PHÉNOMÈNES GABWANIQUES, Ecrite par le cit. GurTer, Officier de santé à l’Hospice militaire de Bruxelles, etc. , au cit. Van Moxs, rédacteur du Journal de Chimie et de Physique. Persuadé que la pile électrique , imaginée par Volta, peut devenir un woyen puissant pour combattre quelques-uves des maladies qui affligent l’humarité, j'ai voulu prendre connois- sance de tous les détails qui ont rapport à cet appareil, afin d'en faire usage lorsque j'en trouverois l’occasion favorable. Je me suis occupé en conséquence à monter quelques piles. J'en ai fait une avec des disqnes de zinc , des écus d’argent et des “morceaux de drap imprégnés d’une solution aqueuse de muriate de soude. Elle étoit composée de 110 pièces de chaque métal, et communiquoit au moyen d’une liste de fer blanc, avec une autre pile faite de 70 disques de cette dernière substance unis à un pareil nombre d'écus d'argent ,et de morceaux de drap éga- lement imprégnés de la solution saline. Elle m'a offert quelques particularités que je crois digues de vous être communiquées. Quand on fermoit le cercle au moyen d’un fil de fer qui d'une part tenoit à la base de la pile , et .s’appliquoit à son sommet par l’autre extrémité, on obtenoit de belles étincelles, Ayant placé sous la base de la pile une petite lame de fer- blanc qui se portoit en-dehors , lorsqu’avec un fil de fer, tenant au sommet de la pile, on fermoit lé cercle en mettant ce fil de fer en contact avec le fer-blanc , on obtenoit au lieu d’étincelles, comme des étoiles ou des aigrettes qui s’échappoient en pétillant, Si l’on mettoit un charbon de buis au sommet de la pile ou sur la lame de fer-blanc placée à sa basé Let du’on fermât le'cercle- avec un fil de fer, quand ce fer étoit mis en contact avec le charbon , il en résultoit des étincelles pétillantes, plus brillantes que celles qui étoient produites sans le secours du charbon , et e. ET D'HIST'OIRE N À T'U RE L LE: 53 si vives qu’elles éclairoient d’une lumière blanche les objets en- vironnans à plus. d’un pouce et demi de distance. Avant mis sur le charbon de la poudre à tirer bien pulvérisée, je Pai fait brûler , comme tune amorce de fusil ,; après un petit nombre de contacts avec le fil de fer , et jai répéte cette expé- rience plus d'une fois en présence de nombreux spectateurs. Enfin , après avoir laissé reposer la pile pendant quelques mi- nutes , j'ai fermé le cercle avec un fil de fer qui, partant de la base de la pile , étoit mis en contact avee le 14° disque métalii- ue , et j'ai obtenu des étincelles petites , ilest vrai, mais très- dance : quelques personnes présentes à ces expériences disent en avoir vu éclater au 5e disque (1). Elles étoient toujours plus brillantes et plus fortes quand l'extrémité du fer, qui fermoit le cercle } étoit armée d’un morceau de charbon. J'ai construit une antre pile avecles élémens suivans: zinc, charbon , argent, carton mouillé ; elle étoit moins active que la précédente. Je soupçonne que dans le travail de cette pile le chaïbon interposé entre le zinc et l’argent ,.agit comme excita- teur , et que l’action de l’argent se borne à éconduire le fluide. Dans une troisième pile, j’ai admis comme élémens, le zinc, le charbon et les cartons mouillés : j’auroiïs pu me passer des car- tons si j’eusse humecté les disques de charbon par une de leurs faces. Cette pile étoit manifestement plus active qne l'autre, et donnoit des secousses moins fortes , maïs des étincelles plus bril- lantes que celles faiies avec du zinc, de l’argent et du drap mouillé. Uni à ces deux dernières substances le charbon n’a produit aucun eflet. Celui qu’on emploie doit être coupé en disques au moyen d’une scie fine , ou bien il peut être réduit en poudre. Tout charbon aureste n’est pas également propre à la confection d’une telle pile; celui de bois tendre m'a paru préférable en général, et souvent dans un même morcean de charbon , une partie donne des points Inmineux , pendant que d’autres parois- sent sans action. ILest donc important de choisir le charbon dont on vent faire usage. Pour cela on doit l'essayer en le plaçant sur vne feuille“de métal qui tienne à la base d'une pile en activité, puis ayant appuyé sur le sommet de cette pile une verge de fer oo { ) Une pile de 12 grandes plaques, cuivre et zinc , interposées de draps motillés avec léau armoniacale ; donnoit des étinceiles à la deuxième plaque. Ilparoît tôntefois que ces étincelles ne sont fournies que par des parties de piles plus fortésfet nonpar des piles composées seulement des élémens au contact des- quels elles éclatent. - m 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ar un de ses bouts, avec l’autre on ferme le cercle en touchant fe charbon. Celui qui , éprouvé de cette manière , donne des étincelles , est bon pour la construction d’une pile ; celui qui v’en donne pas, est très-peu excilateur et ne peut servir, Ceci me semble prouvé par le. défaut d’action de- deux piles d’un grand diamètre :que j'ai construites, Dans l’une le zinc , dans J'autre le fer-blanc étoient unis à du charbon qui, essayé de la manière indiquée , n’avoit pas fourni d’étincelles ; aussi n’ai-je obtenu de ces piles ni point lumineux ni secousse , pas même le goût acide qui se manifeste sur la langue , quand avec le bout de cet organe on touche le sommet de la pile, pendant qu’on en touche la base avec la main mouillée. Il sera intéressant de rechercher pourquoi dans un même charbon une partie est très- excitatrice, tandis que d’autres parties ne le sont presque pas (1). Le charbon de terre privé par le feu de sa partie bitumineuse , offre pour la construction d’une pile, les mêmes avantages que le charbon de bois. Je ne dois pas négliger de vons faire connoître quelques phé- nomènes singuliers que m'a fourni une petite machine Aesiraue placée dans la chambre où ma pile étoit en activité, Desirant de combiner les effets de ces deux appareils, je les avois mis en jeu tous deux ensemble , et diverses tentatives ayant été faites sans rien obtenir de remarquable, je fis mettre de côté la ma- chine électrique. Mais après que la pile eût été tenue en action pendant l’espace de quatre à cinq heures, quelqu'un des spec- tateurs s'avisa de faire tourner le plateau de la machine, et nous vimes avec surprise des étincelles très-fortes. sortir du conduc- teur dans une chambre dont l'air étoit imprégné des vapeurs de la respiration de plusieurs personnes, et de celles qui s’exha- loient des solutions salines répandues avec profusion sur la table qui soutenoit la pile. Ces étincelles étoient trois ou quatre fois plus fortes que celles que fournit cette machine dans les circons- tances les plus favorables, Lorsqu'on approchoit de certains points du conducteur, et à la distance de deux pouces, une des articulations digitales rendue saillante par un mouvement de flexion , il partoit du conducteur et de l'articulation plusieurs rayons lumineux, formant des aigrettes longues d’un pouce (1) Si on place la langue entre un charbon et un morceau dezinc, et qu’on mette ces subslances en contact lon aura un goût fortement acide quand le char- bon aura beaucoup de force excitatrice ; quand au contraire äl sera peu excita- teur ; à peige senlira-t-on l'acidité, ÿ LE environ y é e ÉFDPDAEMNS ET OPEN AT U'R*E LLE, 37 environ > Qui se rencontroient par leurs bases. Celles qui par- toient du doigt étoient un peu moins fortes que celes qui ve- noïent du conducteur. En d’autres instans , après avoir présenté le bout du doigt à d’autres points du conducteur, si on l’en écartoïit peu-à-peu jusqu’à la distance de 8 pouces, on en tiroiït des aigrettes qui parcouroïent la moîitié de cet espace , et qui se continuoient aussi longtemps que le doigt ne s’éloignoit pas davantage du conducteur. Elles étoient très-brillantes vers leur sommet, et devenoient obscures vers leur base qui offroit en- viron un pouce et demi de largeur. Dans nn autre moment j'ai vu distinctement une forte étin- celle partiride mon doigt pour se rendre au conducteur , comme j'en ayois vu partir distinctement du conducteur pour se rendre à mon doiot. . Ces phénomènes ne semblent - ils pas annoncer une action électrique extraordinaire dans l'air qui remplissoit la chambre , et dans les assistans qui avoient recu plusieurs secousses de la pile ? Ne seroit-il pas à propos de porter un examen attentif sur de tels phénomènes, de tâcher de les produire de nouveau ? ils Pourroient donner licu à quelques inductions utiles sur la théorie de l'électricité. Je ne vous parlerai point de celles de mes expériences dont vous avez déja fait mention dans le dernier cahier de votre Journal. RER ATTF D'UNE LETTRE De M. Hersonez au cit. MECHaAIN, De L'Institut national, directeur de F Observatoire de Paris. \ Extrait de la Décade Philosophique. .… Au sujet des deux corps célestes qu’on a dernièrement de- couverts , je vous donnerai un précis des observations que j'ai faites. + Dans un mémoire , lu à la société royale de Londres, les 6 et 13 de ce mois, j'indique très-en détail les mesures que j'ai prises du diamètre de ces étoiles , et je crois avoir prouvé que celui de Cérès, vu de la terre, le 22 avril, n’ayoit que 0//,216 ; et que Tome LF. MESSIDOR an 10, 58. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE celui de Pallas, d’après une mesure assez bonne , avoit 0//,175 mais , d'après une autre encore plus exacte, seulement o’/,15. En calculant sur ces données , et autant que nous le permet la connoïssance encore imparfaite que nous avons des orbites de ces astres , j'ai trouvé que le diamètre de Cérès est à peu-près de 162 milles anglais (1), et que celui de Pallas ne va qu’à 70 (2). Je fais voir, par toutes mes observations, au’on ne peut pas mettre ces corps au rang des planètes, tant à cause de leur pe- titesse, que parce qu'ils sont hors du zodiaque ; et , comme je prouve de même qu'ils ne sont pas des comètes, il s'ensuit qu’on doit les regarder comme d’une espèce intermédiaire entre les. comètes et les planètes , qui nous a été inconnue jusqu’à pré- sent , et qui demande un nom particulier. Comme ils ont de la ressemblance avec les petites étoiles, dont on a peine à les dis- tinguer , même avec de bons télescopes, je les ai appelés des astéroides. Voici la définition que je donne de ce mot: « Les astéroïdes sont de petits corps célestes , qui font leurs. révolutions autour du soleil, dans des ellipses plus on moins excentriques , et dont le plan pourra être incliné à l’écliptique dans un angle quelconque. Leur mouvement pourra être direct ou rétrograde. Ils auront ou n’auront pas des atmosphères con-- sidérables , de petits comas , des disques où des noyaux. » Vous voyez, monsieur , que cette définition nous laisse une grande latitude, et qu’en admettant les trois _espèces de corps. célestes , les planètes , les astéroïdes, les comètes, nous aurons plus de facilité à classer les découvertes que l’on pourra faire à l'avenir. J'ai toujours l'espoir de pouvoir vous témoigner personelle- ment , d'ici à quelques mois , la haute estime et l’attachement: avec lesquels je suis , etc. (:) M. Schrotter, de Lihienthal ;.a trouvé avec des télescopes semblables à celui d'Herschel , le diamètre de Cérès de 529 milles géographiques ou 0,308 du diamètre de la terre. ( Note des rédacteurs ). (2) 11 faut environ trois milles anglais pour faire une lieuc de France; ainsi d’après M. Herschel , le diamètre de Pallas ne seroit environ que de 24 lieues ,. et celui de Cérès seroit de55 lieues. ( Vote de J.-C. Delamétherie ), ET D'HISTOIRE NATURELLE 59 = 1 ee d NOTE SUR UN ORNITHOLITE DÉ MONTMARTRE, Par J.-C. DEL AMEÉTHERTIE. J'avois dit dans ma Théorie de La terre, avoir vu des oiseaux fossiles dans des morceaux de gypse de Montmartre. Mon savant ami Fortis éleva des doutes à cet égard (x) , et d’après une dis- cussion profonde il conclut qu’il n'y avoit pas de preuves jus- qu’à présent , que «es ornitholites existassent dans des couches d’ancienne formation submarine. Mais peu de temps après on apporta à Cuvier un véritable ornitholite de Montmartre , dont il donna la description dans ce Journal en thermidor an 8. C’est le pied, la jambe et la cuisse d’un oïseau qu’il croit avoir beaucoup de ressemblance avec ceux de la petite hirondelle de mer. Je viens de me procurer deux ornitholites de Montmartre. Je crois utile de les faire connoître pour prouver ce que j'avois avancé , et constater de plus en plus l'existence de ces espèces de fossile. Le premier morceau À (pl. 3) contient un humérus entier, et le radius et le cubitus de l’aîle d’un oiseau. Ces deux der- niers sont brisés à leur partie inférieure ; les os sont bien con- servés, Le second morceau B (pl. 3) contient le pied et la jambe d’un oïseau. On ywoit distinctement le pouce et trois doigts. Le pouce à est composé de deux phalanges bien visibles. Le doigt à quiest le plus proche du pouce, a trois phalanges bien distinctes. La dernière ou l’onguéalest bien marquée. Le doigt du milieu c a trois longues phalanges et une quatrième moins marquée, Ce second morceau B ressemble beaucoup à celui décrit par TE DD 2 D D (:) Floréal an 8. H z 6o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cuvier. Les os sont seulement d’une plus grande dimension ; comme on peut s’en assurer en comparant les deux gravures qui ont été faites d’après des dessins de grandeur naturelle. Les os de l’aîle ( du premier morceau À) paroissent aussi ap- partenir au même oiseau. Peut-être parviendra-t-on à en trouver un jour un squelette entier. \ Ces morceaux ont été trouvés, m'’a-t-on dit , dans la partie nord-ouest de la montagne de Montinartre. RES LE PS TE RE CC PE D ME PEN RENCONTRES NSIREREN EE EMILE TE TITRE En EEE RUE D'E MBAP: à JEC'DETAMETHERLTE, SU LA PHOSPHORESCENCE DU DIAMANT. Je viens de lire dans votre excellent Journal ( prairialan 10) Ja suite de Ja lettre de M. Daubuisson, où il est question du diamant, et où ce savant minéralogiste dit , d’après le célèbre Werner , que cout ce qu'on a dit sur certaines propriétés phy- siques propres au diamant, telles que d’attirer le mastic, de PHOSPHORESCER DANS L'OBSCURITÉ , est dénué de fondement. 11 sembleroit, d’après cette assertion générale , que le diamant ne pourroit devenir phosphorescent par aucun moyen. Je n’examire point de quel poids est une proposition purement. négative mise en balance avec l’assertion très-positive du célèbre Boyle , qui a fait une multitude d'expériences sur les diarmans’, et qui dit formellement que le diamant devient phosphorescent. par la simple chaleur de l’eau bouillante , ( de Gemmar. orig. p. 93, éd. 1673 in-12). Ce savant a même composé un ‘Traité intitulé 4damas lucens , à l'occasion d’un diamant qu’il possé- doit , qui avoit la propriété de paroître lumineux dans l’obscu- rité après. avoir été exposé à un beau soleil. Dufay a répété plusieurs fois cette expérience ;.et le même fait est encore attesté par des physiciens modernes dont on connoît la scrupuleuse exactitude, J’observerai seulement à cet égard que divers échantillons de: Le ET D'HISTOIRE NATURELLE. Gi fa même substance offrent de grandes différences dans leur pos- Phôrescence. Il est de cette propriété comme de Pélectricité par la chaleur : des causes imperceptibles peuvent la diminuer au point de m'être plas apperçue ; d’autres câuses peuvent au con- traire la rendre plus sensible qu’à l'ordinaire, Je possède un morceatde spath fluvr vert que la Seule chaleur animale rend phosphorescent ; ce que je n’ai obseryé dans aucun autre échan- tillon du même minéral. Je possède également des topazes blan- ches de Sibérie qui deviennent phosphorescentes par chaleur , tandis que d’autres topazes qui viennent de la même mine ne le sont nullement. | Il pourroit donc se faire que les diamans employés par Boyle et les'autres physiciens, fussent plus disposés à devenir phos-+ phorescens que ceux dont M. Werner s’est servi pour ses ex- périences. Quant à la propriété du diamant de devenir phosphorescent par le frottement, dont je ne vois pas qu'on ait parlé, je me suis assuré qu’il la possède éminemment, puisque le snnple frottement d’une brosse suffit pour la manifester. Quand on veuten faire l’expérience, on peut pour plus dé commodité, employer des diamans montés en bague : il con- vient de se placer d’abord dans un endroît obscur , afin que les yeux soient mieux disposés à apperceyoir la lumière. On frotte un peu vivement les diainans avec une brosse à poils courts et serrés pendant deux minutes, en faisant d’abord agir la main dans deux sens opposés , comme si on vouloit les nettoyer, et ensuite dans un seul seus , de manière qu'à chaque coup de brosse les diamans restent un instant découverts ; et dans le moment où la brosse quitte les diamans, on apperçoit très-dis- tinctement une lumière blanche. Comme cette’ expérience est facile à répéter et sert à établir un fait de plus, j'ai pensé qu’il étoit Lon de la faire connoître. NON ES SUR AL), A RIGNE EE) /D'E HA LU: L'argile de hall vient d’être analysée par M. Simon de Berlin: Il a trouvé qu’elle contenoit 0,20 d'acide sulfurique. 24 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE * CENTER PEER EEE RARES TEE SEE SENTE TN SION AVE AE TE NS XD SERRE PPTE SRE SEINE SUR L'EVAPORATION DE L'EAU A UNE HAUTE TEMPERATURE, Par M. KrarroTux, Communiqué par FRIEDLANDES,. M. Leidenfrost a publié une dissertation en 1756 (1), dans laquelle il prétendit avoir trouvé que l’eau perd la qualité de s’évaporer , à raison que la chaleur est augmentée depuis le point de l’ébullition jusqu’au point où le fer est échauffé au blanc : c'est dans ce dernier moment que la fixité de l’eau dure le plus lonstemps. 11 avoit fait tomber une goutte d’eau sur une cuiller trèe-polie de fer échauffé au blanc; la goutte se divisa en plu- sieurs petits globules, et se réunit de nouveau. En regardant de bien près, il obserya que cette boule tournoit avec beaucoup de vitesse autour de son axe en devenant toujours plus petite ; enfin elle disparut avec fracas : tout cela dura à-peu-près 34—35 secondes. Une seconde goutte qui tomba sur la cuiller déja un peu refroidie, disparut en 9 à 10 secondes ; une troisième en 3 secondes. Lorsqu'on toucha la boule dans la cuiller échauffée au blanc avec un corps froid , elle disparut tout de suite. M. Klaproth a répété ces expériences: voilà la manière dont il les rapporte. « J'ai pris une cuiller de fer très-poli, je l'ai échauffée sur les charbons jusqu’au blanc, Je l’ai ôtée du feu, et j'ai fait tomber dessus une goutte d’eau. Dès que la goutte toucha le fer, elle se divisa en plusieurs boules petites et grandes, qui s’uni- rent bientôt dans une grande masse qui paroïssoit rester tran- quille , en forme d’une boule de cristal, dans le fond dela cuiller en ne la touchant que par un point. En regardant cette boule de plus près, on observa qu’elle tournoit rapidement autour de son centre en devenant toujours plus petite ; enfin elle disparut avec explosion. Dès que la première boule eut disparu , je fis tomber une seconde goutte, et ensuite une troisième ; je trouvai (à) De aquæ communis nonnullis qualitatibus tractatus. Durss. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 63 que la durée des boules étoit en proportion de la diminution de la chaleur. Les boules duroïent moins de temps dès que la cuiller refroïdissoit, et la dernière goutte se changea en vapeur au moment du contact même. » Je ne citerai que deux expé- riences faites avec une goutte. Première expérience. La première goutte dura 40 secondes. La secpndesiv.steslass sil 20 La troisième. . "2... 02.4. ! 6 La quatrième.......... 4 Ea cinquième.......... 2 La,sixième:.L es dette x 30! Seconde expérience. La première goutte dura 40 secondes. Fafseconder- 4... w14 La troisième, .........1# 2 La. quatrièmes 5.2.7 71 La cinquième... L’intensité de la chaleur étoit plus grande à la première ex- périence ; le degré où l’eau s’évapore le plus vîte arriva le plus tard. Les autres expériences n’ont pas été égales entr'elles-mêmes. On ne doit pas l’attendre non plus ; car î est impossible d’un: côté de mesurer le degré de chaleur du vaisseau échauffé au commencement de l'expérience , et la moindre circonstance peut contribuer de l’autre côté à rendre la durée de la goutte plus courte. Elle sera, par exemple , divisée par un petit morceau de charbon qui tombe dedans , ou par quelque autre obstacle qui se trouve et qui s’oppose à sa rotation ;.et c'est toujonrs le cas dans une cuiller de fer, dont la surface devient à chaque cARÉFience plus inégale. ai fait tomber 7 gouttes l’une immédiatement après l’autre dans une cuiller échauffée au point nécessaire. Ces gouttes se réunirent dans une masse globulaire qui commença ses mouve- mens par une rotation rapide; leur forme fut au commence- ment tout-à-fait ronde : la boule se divisa ensuite par le haut, et on voyoit une tache d’écume blanche sur la face supérieure ;: 64. JOURNAL'DE "PHYSIQUE, DE CHIMIE les bords parurent comme dentelés. Ce phénomène vraiment charmant dura 150 secondes , et le reste s'évapora , pendant que la cuiller s’étoit refroidie au degré qui permit à l’eau ce changement de forme. Fr)? Ce phénomène étoit le même dans une expérience avec dix gouttes. La boule dura 200 secondes ;'elle a été consommée sans évaporation , puisque la chaleur de la cuiller a été plus grande. L'expérience ne réussit pas avec plus de gouttes : toutes se réu- nirent dans une bonle qui commença ses mouvemens rotatoires, mais elle ne put les continuer. La surface inférieure étoit en contact avec le fer en plus d’un point, et l'eau disparut avec bourdonnement. Après cette expérience je me servis d’une capsule d’argent pur et d’une autre de platine, qui étoient échauffées de même sur les charbons jusqu’au blanc. Les phénomènes furent à-peu- près les mêmes que dans la première expérience ; mais la durée des boules avant leur destruction fut plus grande. Gars lu nr EN D PAUR GC ENT. Premidre expérience. La première goutte dura 72 secondes. Éasseconder ere n20 La troisièmep.,........ 20 La quatrième,......... 0 Seconde expérience. La première goutte dura 61 secondes. Ta seconde. .4:........:130 LA; troisième... sel e)ee n2D) La quatrième ...:...:2. 6 La‘cinquième. .:... 0 Lorsqu'il y avoit trois gouttes, la boule dura 240 secondes, et la période d’évaporation fut momentanée. B.-CaPpsuLe DE PH ATINE, Durée de la première goutte....... 5o secondes. Durée de la boule de trois gouttes.. 90 HISTOIRE 4 HIS TOR E DEL A REA NET E QUE M: OLBERS A DÉCOUVERTE EN L'AN x, Lue & L'assemblée publique de l’Institut , l: 17 messidor, 5 Par Jérôme de LALANDE. { Lorsque nous annonçâmes dans la dernière séance publique la découverte d’une planète par M. Piazzi, à Palerme , nous étions loin de penser que dans trois mois nous aurions encore une découverte de même espèce à offrir dans cette assemblée. C’est aussi par uh hasard heureux que la dixième planète a été trouvée ; mais ce hasard ne pouvoit favoriser qu’un astronome intelligent et assidu. Le 28 mars , sur les 9 heures du soir, M. le docteur Olbers, à Bremen, observoit la planète de Piazzi dont les astronomcs étoient occupés depuis un an ; il parcouroït avec sa lunette toutes les petites étoiles qui sont à l’aile de la Vierge pour s’assurer de leurs positions , et pouvoir établir plus faciiement le lieu de la planète. I en étoit à la 20°. étuile de la Vierge près de laquelle il avoit observé la planète au mois de janvier ; il fut surpris de voir ‘auprès de cette étoile, qni est de 6°. grandeur , une autre étoile plus petite de 7°. grandeur. Il étoit, bien certain qu’elle n’y étoit pas lors de ses premières observations ; il se hâta donc d’en déterminer la position , et ayant continué pendant deux heures , il apperçut qu'elle avoit déja changé de place dans cet intervalle. Les deux nuits suivantes lui procurèrent les moyens de s'assurer de son mouvement qui étoit de dix minutes par jour, Le 28 mars à 9 heures 25 minutes, tempsmoyen à Bremen, elle avoit 1840 56/ 49// d’ascension droite , ét à-peu-près 110 33 de déclinaison boréale, On étoit dans l’habitude de regarder comme comète tout astre qui.a un mouvement. Les planètes de Herschel et de Piazzi avoôient été traitées de même lors de leur découverte ; celle de M. Oïbers ne ressembloit pas plus que les deux autres aux co- mêtes. Avec une lunette acromatique grossissant 180 fois, on Tome LF. MESSIDOR an 10, T £6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne pouvoit la distinguer d'avec les étoiles de 7°. grandeur ; elle étoit mieux terminée que la plañète de Piazzt, et avec ‘un téles- cope grossissant 288 fois , eile sembloit avoir un diamètre de 4 secondes ; mais c’est un effet de l’irradiation ou de la disper- sion des rayons qui font toujours paroître les diamètres trop grands: car les satellites de Jupiter paroïssent beaucoup plus grands que les nouvelles planètes, et nous savonsetrès-bien d’ailleurs qu'ils n’ont pas une seconde de diamètre apparent. M. Ma:kelyne a trouvé par la méthode des diaphragmes anis sur l’objectif de sa lunette, que la lumière de la planète de Piazzi est plus forte d’une moitié que celle de la nouvelle planète. Dès que M. Oibers eut observé le nouvel astre pentlant quatre jours , il en donna avis aux astronomes ; et le 10 avril en rece- vant sa lettre, le cit. Burckhardt alla tout de suite à l'Ecole militaire pour chercher l’astre. IL envoya le lendemain son ob- servation à l’Institut. Il s'occupa biemiôt à caiculer l'orbite : il essaya d’abord le cercle , ensuite la parabole comine pour les comêtes ; mais au bout de trois jours ses élémens se trouvèrent en erreur de 3o secondes: il essaya aussi dés eilipses de diifé- rentes dimensions. Le 15 mai , une lettre de M. le baron de Zach, célèbre astra- nome de Gotha , nous apprit que M, le docteur Gauss; astro- nome de Brunswick , avoit trouvé une ellipse qui satisfaisoit aux premières observations ; il trouvoit une révolution de 4 ans et 7 mois , et une inclinaison de 350. Cette grande inclinaison sem- bloit la tirer de l’ordre des planètes, et quelques astronomes l’appeloient déja comète ; maïs sa proximité et son apparition continuelle ne permettent pas de la mettre au nombre de ces astres que l’on perd de vue si longtemps, et à d'énormes dis- tances. Le cit. Burckhardt , qui faisoit de son côté de semblables re- cherches, fit plusieurs essais sur des ellipses très-allongées , qui le rumenèrent à un résultat fort approchant de celui de M. Gauss. Eu voyant que cette planète étoit comme celle-de Piazzi entre Mars et Jupiter ,.et que son mouvement devait être très-affecté par l'attraction de Jupiter, le cit. Burckhardt entreprit de cai- Culer ces perturbations ; le calcul est long et difficile , mais il est indispensable pour avoir l’orbite avec quélqu'exactitude. Enfin Je 4 juin, il termina .c2s pénibles calculs, et il trouva les élé- mens beaucoup plus exactement que ceux de M. Gauss. Distance , 2791 ; ou 95,890,600 dieses. Révolution , 4 aus 8 mois et 3 jours. . ETUD'HISTOIRE NATURELLE. 6F Exceniricité , 0,2463 ; équation de l'orbite ; 28° 25’. Epoque de 1802, 45 23° 5o/ c!//; aphélie, 105 2° 3/; nœud, 55220 281, Inclinaison, 34° 5o! 4e’, Ces éiémens satisfaiscient à 5 observations des 4, 16 et 27 avril, 7 et 26 mai; les deux dernières faites par les citoyens Burckbhardt et Lalande neveu. Ils ont continué ainsi que les cit. Méchain , Messier et Delambre , de l’observer tant qu’on a pu la voir au méridien ,‘parce que ce sont les 6bservations les plus sûres. Après le 26 mai, il a fallu d'autres instrumens et d’autres étoiles, nrais elle en traverse continuellement qui se trouvent dans ‘es 50 mille éteiles que nous avons publiées. Le 15 juin, les élémens s’accordoient à quelques secondes près avec les ob- servatiuns des cit. Méchain et Messier, ce qui confirme l’exacti- tude des élémens trouvés par le cit. Burckhardt , et nous assure qne le mouveu:ent de la nouvelle planète est déja connu. M. de Bach a publié beaucoup d'observations dans son Journal, et nous en publierons bientôt un grand nombre dans la Connoissance des tem; s le l'an 13. Le ait. Chabrol de Murol a calculé une éphéméride qui donne Ja situation de cette planète jnsqu’au 21 octobre , jour où elle aura 2r7° 7/ d'ascension droite et 6° 8 de déclinaison; elle se couchera pout lors à 7 heures 51/ : ainsi il y a apparence qu’on pourra encore l’observer , elle sera au-dessus de la Balance près du Serpent après avoir passé sur les jambes du Bouvier. Le cit. Chabrol trouve qu'éllè aura jusqu'à 33° et demi de déclinaison australe en,1806, et alors elle sera difficile à voir à Paris; mais Je cit. Vidal qui Pa déja observée cette année, pourra la suivre alors mieux que nbus. 548 Sa plus grande déclinaison boréale ne passera pas 26° et demi, terme où elle arrivera dans un an : on aura plus de facilité pour la voir, mais sa distance sera double, ec sa lumière quatre fois moindre que cette année. Aa mois de mars 1804 , elle sera trois fois plus éloignée , elle aura neuf fois moins de lumière ; cile sera probablement difficile à observer. Cette nouvelle orbite conpant celle de Piazzi , j'étois fort cu- rieux de savoir si les deux pianètes ne pouvoient pas se rencon- ctrer ; mais j'ai trouvé que quand elles seront dans le inême plan, il y aura encore 19 millions de lieues d’intervalle entre les deux p'anètes. Lasplanète d’Olbers est très-petite ; en supposant une demi-se- conde pour son diaméire apparent, je trouve qu’elle n’auroit Lez 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE guères que cent lieues de diamètre réel. M. Herschel lui en donne même quatre fois moins, dans nn mémoire qu’il a lu à la société royale de Londres, le 27 mai, et dont on a mis un ex- trait dans la Décade Philosophique (1} et le Monitéur. 11 dit que le 22 avril la planète de Piazzi n’avoit que vingt-deux centièmes de secondes , et celle d’Olbers 13 centièmes : maisiline semble que nous n'avons aucun moyen de nous assurer de quantités aussi petites. M. Oibers appelle sa nouvelle planète Pa/las ; mais ne voyant aucun motif sufhsant pour cette dénomination fabuleuse , je pré- {ère le nom de celui à qui nous devons cette précieuse découverte. Wilhem Olbers, docteur en médecine à Bremen, est né le 11 octobre 1758, à Arbergen, dans le duché de Bremen ; il se fit connoître dès 1797, par un très-bon Traité des Comètes , et il étoit digne du bonheur qui a couronné ses premiers travaux. N: O'T:T GE Des travaux de la classe des Sciences mathématiques et physiques de l’Institut de France, pendant le troisième trimestre de l’an 10. PAAURTUIME TP ENS IQ EE Par le citoyen LaAcÉPÈDE, secrétaire. EUX ToR,:.4:,15%5/84 Le cit. Foureroy a lu les deux premiers paragraphes d’un grand ouvrage sur les oxides.de mercure et sur les sels mercuriels. Le mercure a été. le sujet d’une suite immense de recherches: presque tous les chimistes s’en sont occupés successivement ; ef cependant l’histoire chimique de ce métal, n’étoit, pas encore complette. L'étude de ses propriétés et de ses combinaisons man- quoit sur-tout Ge cette précision qui a été apportée depuis quel- ques années dans celle du fer, du cuivre et.du plomb; et le cit. Fourcroy a prouvé qu'avant la publication de son travail, on étoit loin de distinguer aussi rigoureusement que l’état de la (>) Cet extrait se trouve dans ce cahier, ( Zoe de J.-C. Dilaméth:rie). ET D'HISTOIRE NATURELLE. 69 science l’exigeoit, les divers oxides et les differentes modifica- tions salines du mercure, C'est pour faire disparoître ce defaut de précision , et pour donner une eonnoiïssance aussi exacte que complette des composés mercuriels , que le cit. Fourcroy s’est livré à des recherches particulières sur ces combinaisons. Il n’a encore entretenu la classe que d’oxides et de composés fulminans de mercure ; et néanmoins ila déja exposé non-seu- lement des détails intéressans , mais même des découvertes pré- cicuses pour les progrès de la science. - En parlant des oxides mercuriels, l’auteur confirme d’abord par beaucoup de faits ce qu'il a dit dans le temps, et le pre- ier , d’un oxide noir de mercure que Boherhaaye et tous les chimistes avoient regardé comme un simple état de division de ce métal. Il décrit les circonstances très-multipliées de sa forma- tion ; il en donne l’analyse ; il le montre composé de 96 parties de mercure et de quatre d'oxygène ; il énonce les caractères distinctifs de cet oxide, son insipidité, son insolubilité dans l'eau , sa dissolubilité tranquille et sans effervescence dans les acides, les sels peu oxidés qu’il forme , sa réduction complette par une chaleur forte, sa réduction partielle et sa conversion en oxide rouge par une chaleur douce: Il passe ensuite à l’examen des autres oxides mercuriels. Il fait voir qu'il n’y a ni oxide gris , ni oxide blanc, ni oxide jaune de mercure; que les composés auxquels on a donné l’un de ces noms, sont devrais sels peu solubles ; que l’oxide rouge vient seul après le noir et sans interméciaire ; que cet oxide rouge, de quelque procédé qu’il provienne, est toujours constant , toujours identique ; qu'il contient huit centièmes d’oxygène ; que, trituré avec le mercure coulant , il partage son oxygène avec ce métal ; qu’ils passent alors tous les deux à l’état d’oxide noir; qu’en cédant son oxygène au zinc et à l’étain avec les- quels on le fait chauffer dans des vaisseaux fermés, il enflamme ces substances ; qu’il ne produit pas le même effet avec le fer et l’arsenic ; qu’il a une saveur âpre et désagréable ; qu'il est dissoluble dans l’eau ; qu'il peut parvenir à l’état d’une plus grande oxidation par l’action de l'acide muriatique oxygéné ; “Inais que , dans ce dernier état, on ne peut pas l'obtenir isolé, parce qu’il est alors mêlé avec un sel qu'aucun moyen connu ne peut en scyarer. Les poudres ou préparations de mercure fulminantes sont l’objet de la seconde partie du travail du citoyen Fourcroy. 11 annonce qu’il en connoît trois espèces , dont deux ont été dé- ] JOURNAL DE PHYSIQUf%,; DE CHIMIE crites avant lui, et dont il a decouvert la troisième. Il fait ob- server , en considérant les deux premières de ces trois prépara- tions, que les précipités de mercure , mêlés avec du soufre, et indiqués par Bayen corrme fulminans, sont aussi faciles à con- noîre qu'à préparer. À l'égard de la poudre fulminante décou- verte par M. Howard, chimiste anglais, et dont le cit. Berthollet a occupé la classe , il a trouvé que, suivant le temps de l'ébul- lition de l’alcohol avec le nitrate de mercure, on obtenoit trois poudres différentes. La première , qui est la moins chauffée, n’est qu’un composé d'exide de mercure, d'acide nitrique, et d’une matière végétale particulière formée par l’alcohoi ; elle détonne très-forteinent. La seconde , que l’on obtient en continuant l'ébullition pen- dant quelque temps, cristallise en aiguilles , détonne assez fo:- trment, bràle en bleu avec explosion lorsqu'on la net sur des charbons ardens, ne contient pas d'acide mitrique, renferme de lammoniaque et plus de matière végétale que la précédente , et paroît être celle que le cit. Berthollet a décrite. La troïsième, que produit le mélange de M. Howard , lors- qu’on soutient l'ébullition de la liqueur pendant une demi-heure ou plus , est jaune et mêlée de mercure réduit : elle ne fulminé pi par le choc ni par la chaleur ; mais elle déerépite viveinent sur les charbons rouges : elle ne contient ni acide nitrique, ni ammoniaque, mais de l'acide oxalique , et très-peu de la ma- tière végétale produite par l’alcohol ; c'est presque de l’oxalate de mercure ; et c’est par toutes ces distinctions que l’auteur a montré comment les expériences du cit. Berthollet et celles de M, Howard s'accordent les unes avec les autres. La préparation mercurielle fulminante que le cit. Fourcroy a découverte , et qui forme la troisième espèce des composés mer- curicls et fulminans, est un oxide de mérçure ammoniacal pro- duit pendant une digestion continuée pendant huit ou dix jours d'ammoniaque concentré sur de l’oxide rouge. L'oxide devient peu à-peu d’un beau blanc: il se couvre de cristaux lamelleux, brillans et très-petits. Mis sur des charbons bien allu nés, il détonne presque comme l'or fulminant ; sur-tout lorsqu'il est en pelotons ou petites masses. 11 se décompose spontanément , et cesse d’être fulminant trois ou quatre jours après sa prépa- ration. Une chaleur deuce en dégage l’ammoniaque, et laisse loxide rouge isolé, Les acides décomposent sur le chaïp cet oxide fulininant , qu’il faut ajouter à l’oxide d’or et à l'oxide d'argent ; lesquels ont la mêine nature ammoniacale, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 74 Les savans attendent avec impatisnce la publication de la suite de cet important travail. tft Le cit. Guytou a aussi entretenu ses Cofières des propriétés des métaux. Il avoit annoncé, il ÿ a 25 ans, que le fer et l'argent, mis ensemble en parfaite fusion , formoient deux eulots séparés et entièrement adhérens par leur surface. Il crut pouvoir en con- clure, contre l'opinion de Gellert, que ces deux méaux ne s'ailioient pas. Les belkés expériences du cit. Coulomb sur le magnétisine ayant fait desirer à ce physicien des métaux que l'ou püt ga- ranüir exempts de fer, le cit. Guyton lui proposa l'essai du culot d'argent, dont il paroissoit que la nature séparoit elle-même le fer. L'argent ne tenoit pas en effet une quantité de fer qui pût être rendue sensible par les réactifs chimiques , puisque sa dis- solution ne donna pas un ätome de bleu avec le prussiate de soude. Cependant une portion de même fragment ezerçca une action sensible sur le barreau aimanté , et le citoyen Coulomb l'ayant soumis à son appareil magnétique, trouva qu’il tenoit un cent trentième de fer. Dès lors il devenoit important d'examiner si le fer ne renfer- moit pas une certaine quantité d'argent ; et c'est ce qu'a fait le cit. Guyton avec son habileté ordinaire. IL s’est assuré qu'il y avoit dans le fer un quatre-vingtième , ou à-peu-près , d'argent intimement combiné , et que cette quantité étoit suffisante pour Jui donner des propriétés très-réemarquables, telles qu’une dureté extraordinaire , et une cassure qui présente sans discontinuité des rudimens.de cristallisation. Le cit. Guyton a conclu de ces expériences sur l’argent et le fer, ainsi que de celles qu'il a faites sur le fer et le plomb, que l’on ne pouvoit plus dire que ces métaux se refusoient à l’alliage, qu'il y avoit réellement union dans leur fusion ; mais que, par une véritable liquation, la plus grande partie des deux métaux se séparoîit pendant le refroidissement en raison de leur pesanteur , ainsi que de leur fusibilité respective , et précisément comme le cuivre etle plomb se séparent dans les grands travaux métallurgiques. Le citoyen Séguin, associé , a prouvé dans un mémoire sur l'honoreyage des cuirs, que la méthode employée jusqu'à pré- sent pour cette opération , ne produit qu'une interposition de suif et de sels dans les pores des peaux , et que le cuir hongroyé 7m JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMi est par conséquent très-inférieur au cuir tanné. Il a ensuite in- diqué un nouveau procédé qui diminue cet inconvénient , et a de plus l'avantage d’être beaucoup moins dispendieux que l’an- cien, | La classe des sciences physiques et mathématiques a ordonné l'impression et l'insertion dans ses mémoires, d’un excellent rapport fait par les citoyens Fourcroy et Vauqguelin, sur un travail du cit. Alex. Brogniard, professeur d'histoire naturelle , et directeur de la manufacture de porcelaine de Sèvres. Cet Ouvrage a pour titre: Éssai sur les couleurs obtenues des oxides métalliques, et fixées par la fusion sur les différens corps vitreux. Il est divisé en deux parties, dont la première a pour objet les couleurs vitrifiées en général , et la seconde , ces cou- leurs considérées en particulier. Il traite de leur application à la porcelaine dure, à la porcelaine tendre , à l'émail, au verre, et les coinmissaires ont terminé le compte qu’ils en ont rendu, par déclarer que ce travail wéritoit l'approbation particulière de la classe, comme le premier traité méthodique et lumineux sur les couleurs vitrifiées, et comme très-propre à guider les artistes et les fabricans dans la préparation et dans l’emploi de ces couleurs. ZOOLOGIE sr ANATOMIE. Û Le cit. Tenon s’est occupé d’un animal originaire des contrées voisines de l’Égypte, mais qui , ‘répandu sur tout le globe par les soins de l’industrie humaine, a mérité par sa bonté, sa force, son courage , son instinct et l'emploi le plus généreux de toutes ses facultés, d’être appelé la plus noble conquête de l’art sur la nature. Îl a communiqué à ses confrères de nouvelles observa- tions sur le cheval. I a lu un mémoire sur la partie de la tête de cet animal, encore nès-peu connue, à laquelle il a donné le nom d'éguipages maæxillo-dentaires. A] s’est plàû à exposer l’analogie qu'il a vue entre le moulin que l’art a inventé pour écraser le blé destiné à la nourriture de l’homme , et une autre sorte de moulin donné par la nature au cheval pour préparer ses alimens. Ces deux mécaniques ont, suivant le uit. Tenon, leurs moyens d’engrenage , de inoulage et de blutage. Le cheval trouve dans ses incisives , dans ses molaires , et dans les deux mâchoirés, auxquelles ces dents sont attachées, deux équipages propres, l'un à l’engrenage, et l’autre au moulage. Le premmer , placé en avant par rapport au second , saisit les alimens, EPADA HAS TO LR EN AMC OUTRE LE T. 75 alimens, et les dépose dans la bouche qui est la trémie do mou- lin du cheval. Ec second , situé plns profondément, et sur les côtés de la bouche, les atténue à l’aide de deux meules, l'une g'ssante et Vantre 27rante. Ces deux équipages ne travaillent pas ensemble. Ils ont chacun un mouvement propre, de même qu'une structure particulière. Le mouvement de l’un et de l’autre dépend de la mâchoire d'en bas. Elle se meut comme sur une charnière, lorsqu'elle est employée à l’engrenagc;elle est conduite de côté sous la mâchoire supérieure, quand elle sert au moulage. L’'équipage pour engrener se compose de la longueur du con et de celle des mâchoires. Les deuts, les lèvres , les jambes même en font partie : un long con et de lonsnes mâchoires at- teiguent de plus loin; la flexion des jambes compense la briéveté du con ; les lèvres ramassent les alimens les plus déliés, et les incisives d'une mâchoire, opposées À celles de l'autre, font l'office de pinces. Pour rendre ces incisives plus propres À retenir ce qu’elles ont saisi, il se forme sur leur fice mächelière des hachures transversales, comme celles que le taïllandier creuse dans les méchoires des pinces destinées à tirer les peaux dures et épaisses. L'équipage à moudre doit être rhabrllé où repiqué. Noici comment il se rhabille. 1} se forme continuellement sur les meules , c'est-à-dire sur les tables des molaires dis deux mäâ- choires, des plans inclinés , des rainures, des languettec. Ces inégalités sont tellement disposées, que le plan incliné des mc- laircs d’une mâchoïre est taillé en sens inverse de celui des mo- laires de l'autre mâchoire , et que les languettes des premières entrent dans les rainures des molaires de la mâchoire opposée, et réciproquement. É Les hachures transversales des tables incisives , et les plans inclinés, les rainures , les langucties des tables des molaires , proviennent des substances solides qui entrent dans la composi- tion de ces deux classes de dents , ainsi que la manière dont ces substances sont distribuées, soit daus les dents de Péquipage à prendre , soit dans l’équipase à moudre. Le cit. Tenon distingne trois substances solides dans ces deux classes de dents ; l'émail , l'os de la dent, et un autres, lequel enveloppe l'émail , et qu’il nomme os cortical. Ces trois substances étant de densité et de dureté diffé:entes, sont usées plus promptement les unes que les autres , lorsque Tome LF, MESSIDOR an 10. 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les dents d’une mâchoire frottent contre les dents de la mâchoire opposée, Dans les incisives où il ne faut que des hachures transversales, quatre filets d’émail , c’est-à-dire de la substance la plus dure, s'étendent d’un côté à l’autre de la table, entre l'os de la dent et l’os cortical ; ce qui donne lieu à trois hachures. Dans les molaires .qui doivent présenter des plans inclinés,, des rainures , des languettes, l'émail, à la faveur de plis et de replis multipliés, et disposés dans un ordre constant, le long de certaines faces et de centains points des tables de ces dents, est distribué entre leurs deux os, d’une manière inverse dans Jes deux mâchoires. Les parties de ces molaires, moins garnies d’émail, rencontrent celles de la mâchoire opposée, qui en sont le plus pourvues, et sont entamées plus ou moins.prorondément. Le ei. Teron passant à ne considération plus générale, conclut des differentes ôbservations qu'il a faites ,.que tous les animaux qui moulent leurs alimens , ont des dents, non seule- ment composées de trois substances , mais encore nécessairement fort longues ; que ces dents croissent.en plusieurs temps ; qu’elles sont expulsées de leurs alvéoles pour pouvoir être convenable- ment rhabillées; que émail placé entre les deux substances osseuses. de ces dents , forme avec ses os une.étoffe plus ferme, plus flexible, moins cassante ; qu'’ilest aux dents ce que l'acier est À divers outils, pendant que les deux osreprésentent le fer de ces instrumens , et qu'il sert, suivant sa distribution, à at- guiser les dents en pointes, enttrois quarts, en tranchans, et conformément aux besoins de l’animal. Après avoir dit ensuite que les chevaux consomment toutes leurs dents, qu'ils les réduisent en poussière, qu’ilsien avalent les débris, et que ce détritus devient une des causes de la for- mation des pierres que l’on trouve dans leurs intestins , le cit. Tenon termine son travail en indiquant les précautions quel'on doit prendre pour ralentir l'usure de leur instrument deniaire, réyenir la prodmction de leurs pierres intestinales., ct ménager es moyens de rAabilluge de leurs dents , ainsi que leurs facultés digestives. Dans un second mémoire, le cit. Tenon traite des denis du cheval, connues sous le nom de crochets. Il a suivi, en les examinant, cette métho-le d'étudier l'anatomie par époynes , dont en lui devra l’inportant usage , laquelle consiste à obser- ver une partie d'un animal dans tous les états jpar lesquels elle passe durant le.cours de la vie, et,qui lui a déja valu la dé- EI D'HISTOIRE NATURELLE. 75 couverte d’un si gxand nombre de faits curieux ,, même dans plusieurs branches de la science , que l'en croyoit. entièrement cournues, 1l a remarqné que les crochets n’entrent pas dans la compo- sition .de ce ‘qu’il appelle éguipage à prendre et équipage à, moudre. Is forment une troisième classe de deuts, dont les fonctions particulières étoient ignorées. Le cit. Tenon a trouvé que l’action des crochets d’en-hant et celle d’en-bas ne sont pas suaultanées, comme celles des inci- eives ou des molaires des deux mâchoires, La fonction des crochets est uniquement affectée à la mâchoire à laquelle ils sont attachés. Ils sont destinés à fortifier la région des barres , à la courber , à suspendre l’époque du abattement de la mâchoire d’en-bas, ralentir le redressement des barres de la mâchoire supérieure. Et voilà pourquoi les crochets d’en-bas et ceux d’en-haut ne se rencontrant point dans les mouvemens,des mâchoires, et n'étant en général ni raccourcis par l'usure, ni chassés de leurs al- véoles, parviennent à tout leur développement , et le conservent en entier. _Le cit. Tenon s’est assuré que ces crochets manquent souvent ou sont fréquemment atrophiés, soit dans la jument, soit dans le cheval hongre, et que leur suppression totale est plus fré- quente à là mâchoire d'en-haut qu’à celle d'en-bas. 11 a vu que l’extrémité antérieure de la pince de la mâchoire d’en-bas étoit relevée pendant la jeunesse du cheval, et rabat- tue pendant la vieillesse de cet anumal. 1] a reconnu que le re- lèvement provenoit non-seuklement de l’accroissement des mo- laires et des incisives de remplacement, mais encore de la pré- sence des crochets; et que le rabattement provenoit de l'absence des «crochets , aussi bien que du décroisse:uent des incisives de remplacement et des molaires. 1] a observé que lorsque l'avant-train de la mâchoire d’en-bas étoit relevé , la table des incisives inférieures se présente direc- tement à celle des incisives supérieures ; lorsqu’au contraire cet avaut-train est rabattu, cette même table se dirige en avant, s'éloigne de celle des incisives d’en-haut , et Le nouveau rapport de position qui en résulte hâte la sortie de ces dents de leurs alvéoles. Le cit. Tenon a recueilli dans ses recherches ,' de nouveaux moyens de’ distinguer les qualités du cheval , et de reconnoître son âge, lorsque Les signes auxquels on a eu ns jusqu'à 3 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. présent pour s'assurer de ces objets , ont disparu ou sont incer- tains. Il a annoncé de nonveaux-travaux relatifs aux influences des dents du cheval sur les os maxillaires , et sur d’autres os de la face et dû crârié: Il ne veut négliger l'examen d'aucun de ces objets, parce qne les dents du cheval étant très-longucs et très-grosses , et produisant dans les mâchoïres des effets très- faciles à saisir , il se propose de les prendre ponr terme de com- paraison , lorsin’il publiera sur les dents et les mâchoires de l'hoinme, de Péléÿhant, des’'animaux rurminans , des rongeurs, ct de plusieurs autres animaux, des déconvertes que doivent de- sirer de connoître tous ceux qui s'intéressent aux progrès de la médecine , de l’anatomie comparée , et de l’art vétérinaire. Ces sciences ont été aussi enrichies par d’autres ouvrag”s. LETTRE'DE M PROUST SUR HA CTRE : Extrait. La cire accompagne la feuille verte dans toutes les plantes. C'est elle qui fournit aux feuilles l’enduit, le vernis qui les em- pêche de se laisser mouiller par la pluie. Elle divise la pluie , et la fait rouler en perlés argentées sur la feuille des choux. Cette fleur de rosée que vons voyez sur les prunes violettes, les raisins... est de la cire ; elle abonde sur: les oranges. Dans la grande familie des blendes, le zinc est à l’état métal- lique , quoi qu'on en pense. a ) J'autes à corriger au mémoire sur les Mollusques lithophagss, inséré dans le cahier de flcréal dernier. Page 345 Ligne avant-dernière , la glaire , lisez: la glaise. 349 5 la decullata, hsez: la decussata. 351 —— 16 du modiole , /isez: de la modiole. 352 —— 37 qui fournit , lisez que fournit. 353 38, On ne peut donc présumer, lisez : On peut donc présumer. Id. Note lg. 5 chez eux, lisez chez elle. : 354 Mêmenote je ressuscitois aussi, lisez : je ressuscitois ainsi. * ET ;:D’'H LSTOLIR'E ;/NiA TIUIR ELLE. 77 À le re DD: “PM: AVE Du cit. Le Bouvier à d.:0 DeLAMÉTUERTE, Je viens de lire dans le Jonrnal de physique de prairial der- niers un, examen des observations de M. de Courrejoiles sur les volcans, par G: A. Deluc. Permettez-moi de vous adresser quel- ques réflexions à ce sujet. M. Deluc distingue les montagnes volcaniques continentales qui ne brülent plus, d'avec les volcans des isles et des bords de la mer qui ont cessé de brûler, Il donne aux premiers le nom de volcans anciens , tels que ceux de l'Auvergne et d’autres lieux des te HE) Il appelle les; seconds , volcans éteints ; ceux des isles de Lipari quine brülent plus sont de ce nombre. M. de Courrejolles considère l’eau des pluies comme agent principal de la décomposition et de la fermentation des matières inflammables qui produisent les volcans. M: Deluc, pense au con- traire que c’est l’eau de la mer , par la raison que les anciens volcans ont brûlé lorsque la mer couvroit nos.continens ; et qu’ils ont cessé de brûler quand ils ont été mis à sec par l’affaissement des,continens dont la mer a pris la place, en abandonnant son précédent lit. . Mais 1°. est-il certain que les anciens volcans ont cessé de brûler par la retraite des eaux de la mer ? Longtemps encore que cette retraite , les eaux pluviales , les conurans d’air n'oni- i $ pas pu entretenir la combustion des matières amoncelées dans ces vastes fournaises ? Comment savoir au juste ce qui s’est passé à des époques aussi reculées ? 2°. N'y a-t-il pas d'exemples de volcans éteints, sans que la mer s’en soit retirée ? Le Vésuve a cessé de brûler pendant 500 ans ; et lorsque tout couvert de forêts quisembloïent aussi anciennes que le monde, il se ralluma tout-à-coup avec fureur en 1631, il n'y avoit dans la mémoire des générations d'alors aucune idée de ses anciens feux. Les vol- cans éteints des: isles de Lipari-reçoivent également les eaux de la mer dans leurs profondeurs, et peut-être que la nature y pre- pare. de longue main de nouveaux incendies qui épouvanteront les races futures. Ainsi la retraite ou la préseñce des eaux de la mer n’est pas toujours un indice certain de l'extinction ou de l’activité des volcans. 8 JOURNAL DE! PHYS1IOUR, DE CHIMIE Si les voicans, dit M. Deluc, pouvoient brûler au centre des côntinens, et que ce fût l'eau des pluies qui excitât leurs fermen- tations, et non paswriquememt l’eaw dela mer, pourquoi n’en existeroit-il pas un seul éfemple parini ce grand nombre de mon- tagnes volcaniques qu'on y observe ? Je répondrai qu’il en existe peut-êtré beaucoup qui brülent intéfienrement, sans produire au-dehors le moindre signe de combustion , ou qui en donnent qu'on n’apperçoït pas faute d'examen. J'en ai fait connoître deux de cette espèce et voisins l’un dé Pautre, dâns une petite bro- churé que je publiai en 1789 sur PAuvergué : voici ce quew’en disois. *. | «Il éxiste à Nonerte (1) un foyer mal éteint qui, dans les temps E rep ; dofine dé la fumée par deux ouvertures placées au pied li ontagne du côté du midi. La néige y fond en tombant, et l’on n’y en voit présque jamäis ; Quoique tous les environs ei svient couverts. Ussôm qui n’est éloigne de Nonette que d'une lieue, préseñite lé même phénomène. Le côté de la inontagne au sud-ouést füime souvént en hivér ; maïs les matières brülent tranquillement , depuis qe la mer ne pénètre plus dans ces aby+ mes, ét satis doute il ne faudroit que de grandes nrasses d’eat pour rendre X cés feux soutferreins léur anciénne activité (>). » M: Delué avertit Qu'il ne faut pas confondre avec les teux volcaniques ceux qui sont causés par l’inflamimiation des houilles ét des petroles. Ce Sont, dit-il, dés phénomènes distincts. J'en conviens avec lui ; mais j’observerai qu'il seroit difficilé de pren+ dre lé éhange, parcé que les caractèrés extérieurs qui accompa- ant ordinairémeént cès phénomènes, me permettent pas de les confondre. Par exemple ; Fa carrière brûlante de Ricamari, près lé village dé ce nour, à quelques fieues de St-Etienne en Forèz, présérite dans toute son étendné une roche schisteuse dont les feuillets sént chargés d'empreintes végétales. Si on considère énshite que tout le pays abonde en mines de charbon de terre, ét que la carrière brûlé de temps fmmémorial sans bruit, sans cominotion, sans rejetter aucure matière au-déhors , il sera plus que prôbable que le feu soutertein qui la talcine , est produit par linflamimation d’une mine de charbon. Lés roches œalcinées qu'oi trouve à la surface du terréin, brillént quelquefois de couleurs vives qui sont dues à l’action lérité et non interrompue de k chaleur sur les substances salinés Re (1) Konette, petite ville à deux lieuës d’Issoire. ; (2) Coup-d’œil sur PAuvergne , broch. in-8°. p. r6. os "ÆRIDAAISTONRE:NADURELLE. 29 et métalliques.qui entrent. dans la composition de ,ges roches. J'en ai prissur le lieu .de fort beaux échantillons. En;hiver on vait Soitir. de plusieurs ouvertures une vapeur épaisse qui ne paroît ‘pas dans de temps chaud ; mais en! toute saison ,. si d’on porte la main flans ces ouvertures, on.sent une, chaleur assez Jonte , et Linstant d’après on la retire.convertede sueur. Au reste, "on ne peut attribuer Ja chaleur actuelle des montagnes volcani- -queside Nozette et-d’'Usson àl’inflammation des houilles et des pétroles parce que rien n’yindiquela présence de ces matières ; et même dans les lieux où;l’on en trouve, le pétrole conie sou- went, à la surface de la terre, sans fumée ni,chaleur sensible , æÆomme ,on,le voit an Puy de la Poix à une demi-lieue de :Cler- mont , et aux carrières du Pont-du-Chäteau à trois lieues de da mêine ville... 1: . (10m 3750 et Mais si l'eau des pluies ne sauroît produire les fermentations volcaniques, quel est donc Pagent qui entretient le feu au-dedans de ces montagnes AP des miliers de’sièclés qu’elles ont cessé de brûler à l'extérieur ? Dira-t-on que,la_ mer.en se reljrant à foriné danseurs cavités de grands’ lacs qui ne sont pal encore à sec? cette opinion trouveroit, je crois , peu de partisans. D'un autre côté, si l’on convient qu’il n’y a point deférmentation sans humidité , si pour faire nos volcans artificiels avec'de la‘limaille de fer et du soufre , qui ne s’enflammeroiïent pas d'eux-mêmes, il faut ajonter une certaine quantité d’eau commune , et qu'au -bout de quelque temips l'inflaimmation succède, quand le mélange læété fait dans les proportions convenables (x), n'est-on pasfondé à -que l’eau de pluie peut produire des fermentations vülca- niques ; et que ce qui sp eren pUté dans nos laboratoires peut -se passer en grand dansceux'de la nature ? Ajoutez à cela que la montagne de Nonette est située dans une presqu'’is e fôrméé par l'Allier, dont celle d'Usson n’est pas très-éloignee. Enoutre, cetie rivière est sujette àsdes déhordemens :très-rapides qui çou- vrent une étendue de pays considérable, Il peut se faire que l’eau pénètre par quelque issue dans. d'intérieur de ces, montagnes 3 et qu’eile contribue avec les eaux guise <rent toujours à travers cs, jerres, à entretenir, par. la décomposition des. pyrites , les foyers. dent existence, se manifeste au-dehors avec fumée et chaleur. ‘ Nuldünte que l'eau de la mer fe soit l'agent le plus énergique (1) Ortmmet ordinairement partie égale de limaïlle et de soufre, et environ “deëx, paÿées d'eau. > L_3 80 JOURNAL DE PHVSIQUE,D£ CHIMIE pour l’inflammation des volcans , tant par sa masse ; qu'à raison des matières salines, phosphorescentes etibituminenses, prove- nant de la décomposition des corps organisés qui périssent dans son sein ; mais est-elle l'agent unique, comme le dit M. Deluc, et faut-il rejetter éntièrement l’opinion de M. de Courrejolles, que l'eau ds pluies est capable de produire les mémes phéno- mènées ? je ne le pense pas. A la vérité, les eaux de pluie moins abondantes et moins chargées de corps étrangers que celles de la mer, ne rallwmeront pas les anciens volcans de l’Anve-gne; mais la décomposition des pyrités qu'ellés peuvent occasionner , suffit pour entretenir d'anciens feux en en allumant de nouveaux aui brülent dans le silence, avec ou sans indication! extérieure de leur activité. L'état actuel des volcans de Nonette et d Usson donnera à cette opinion un degré de probabilité qui approche de l'évidence. nl NOUVELÉES, LITTÉRATRES LJ : : AN on (SFAES De l'influence des marais et des étangs sur la santé de l’homme , ou Mémoire couronné par la ci-levant Société royale .de médecine de Paris, sur la question suivante. " D:terminer par l'observation quelles sont les maladies qui résultent des émanations des eaux Stagnantes , et des pays ma- récageux ; soit pour ceux qui habitent dans les environs , soit pour ceux qui travaillent à leur dessèchement ; et quels sont, les moyens de les prévenir et d'y remédier ? Par. M. F. B. Rame!l, ex medecin d'Italie , maire de la ville de la Ciotat. ' 6 Fas sit mihi visa referre. Ovid. Epist, A Marseille, de l'imprimerie de J. Mossy, imprimeur-libraire , À la Canebière. 1 vol. 21-60. L = On connoît tout le danger de Pair des marais pontins en Italie. Les mêmes eflets se font remarquer dans tous les licux maréca- geux. C'est donc rendre un grand service à l’hamanité que de tâcher d'éloïgner ces accidens. C’est ce qu’a entrepris l‘anteur de l'ouvrage que nous annonçons. Les gens de l’art y t'ouveront des choses qui les intéresseront. f Pyrétologie méthodiqu2 de. Selle, médecin du roi de Prusse, meubre de l'Académie royale des sciences de Berlin, etc.; tra- duite ET D'HISTOIRE NATURELLE. 8: duite du latin ; sur la troisième et dernière édition ; par J.Na uche , médecin , membre de la Société académique des sciences, des: Sociétés médicale de Paris, des sciences et arts de Toulon , Douai , etc. , etc. ; avec des notes du traducteur et du cit. Chaussier de l’Institut national, professeur à l'Ecole de médecine de Paris. 1. vol. ir 8e. À Paris, chez la veuve Panckouke, imprimeur-libraire , rue de Grenelle , n°. 321 , faubourg Germain , en face de la rue des Pères. Cet ouvrage du docteur Selle jouit d'une grande réputation. Les notes qu’on y a ajoutées le rendront encore plus intéressant. F Notes sur la vie et les ouvrages de Nicolas Piccini, par P. L. Ginguené , de l’Institut national des sciences et des arts, À Paris, chez la veuve Panckouke , imprimeur-libraire , rue de Grenelle, faubourg Germain. Piccini a éié un des grands compositeurs de musique. L'auteur de sa vie, qui étoit lié avec lui, donne sur ses ouvrages des no- tices intéressantes. Voyages dans les départemens du Nord , de la Lys, de l’Escaut , ete. pendant les années VII ct VIIT, par le citoyen Barbault-Royer, ex-haut-juré de St.-Dominguce. A Paris, chez le Petit, libraire , Palais-Egalité , n°. 223; et à Lille, chez Vanacker, libraire , sur la Grande Place. 1 vol. ;7.8°, Des sépultures, par Amaury Duval ; ouvrage couronné par l’Institut national. Parva petunt manes ; pielas pro divite grata est Munere. Non avidos styx habet ima deos. Ovi , lib. 2 Fastorum. À Paris, chez la veuve Panckouke, imprimeur-libraire, rue de Grenelle, faubourg Germain , n°. 321. Cet ouvrage est écrit en dialogues. L'objet en est, dit l’auteur, de rétablir l’usage des funérailles|, et si l'on peut s’exprimer ainsi, le culte des tombeaux. Le jugement de l’Institut est un préjugé favorable pour cet ouvrage. Modern Geography ,etc.; où Géographie moderne et des- cription des Empires, des Royaumes, des Etats et des Colo- nies, avec leurs océans, leurs mers et leurs isles , dans toutes les parties du monde, renfermant les découvertes les plus ré- Tome LF. MESSIDOR an 10. L 82 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ centes et leurs changemens politiques , rédigée sous un nouveau plan , par John Pinkerton. 7 vec une introduction astronomique par le vénérable Vince, professeur d’astronomie et de physique expérimentale à l’univer- sité de Cambridge. Avec plusieurs cartes dessinées ct corrigées sous la direction d'Arrowsmith , et gravées par Lowry. On a ajouté un catilogue des meilleures cartes des livres et des travaux des voyageurs , dans toutes les langues , avec une table très-étendue. Deux volumes in-4®. imprimés à Londres , au Strand-Penters Street , par T. Cadell le jeune et WW. Davies, Strand et T. N. Longman , et O. Rees Pater-Noster-Row. Cet ouvrage est une géographie complette, qui contient en grand toutes les découvertes nouvelles qui ont été faites dans les voyages les plus récens. Les cartes sont très-exactes et très- bien gravées. Les mers y sont ombrées ; ce qui fait ressortir davantage les côtes et les continens. Le savant auteur n’a rien ncgligé pour rendre son ouvrage intéressant. Remarks upon chemical nomenclatures ete. Remarques. sur la nomenciature chimique conformément aux principes des: néolognes français , par Richard Chenevix, écuyer. Un volume in-8°. A Londres , de l'imprimerie de J. Bell, n°. 148 , Oxford street, par Wilkes et Taylor , Choncery-Lane. Le savant chimiste anglais propose quelques nouveaux chan- gemens dans la nomenclature chimique. Nous ferons connoître son travail plus en détail. Annales.de Statistique, ou Journal général d'économie poli- tique , industrielle et commerciale ; de géographie, d’histoire naturelle, d'agriculture, de physique, d'hygiène et de litté- rature. L'utilité des journaux consacrés aux sciences est aujourd’hui généralement sentie. Leur secours est sur-tout indispensable à celles dont les élémens sont à peine connus, et dont le goût n'est pas universellement répandu. À ce titre, la Szatistique, neuve encore parmi nous, réclame fortement un pareil secours. Ce Journal aura essentiellement trois parties distinctes : les Mémoïres recueillis , la Théorie de la Statistique, et un article Mérances. 1°. Le recueil des mémoires fournis sur cetté matière com- ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 83 prendra généralement tous ceux qui seront jugés dignes d’être insérés en entier ou en partie, ou simplement analysés. — Ce n’est point la manie de nous ériger en censeurs qui nous a ins- iré ce dessein ; maïs le desir d’être utiles, en mettant les uns portée de rectifier eux-mêmés leurs erreurs, et en guidant l’inexpérience des autres. 2°. La partie shéorique renfermera un corps de principes lu- mineux , simplifiés autant qu'il sera possible ; elle contiendra aussi les jugemens ou discussions didactiques dont on vient de parler. Les connoissances que réunissent, dans les différentes parties qu’embrasse ce Journal, les cit. Mentelle, La pe mernbres de l’Institut national ; R. Desgenettes, médecin chef des armées, professeur à l'Ecole de médecine ; Joseph Lavallée, auteur du Voyage dans les départemens de la France ; et les autres gens de lettres qui y coopèrent, répondent de l’exac- titude des principes qui seront exposés , et de la juste applica- tion qu’on en fera. 30. L'article mélanges sera destiné aux extraits d'ouvrages na- tionaux ou étrangers qui tiendront , par des rapports quelcon- ques, à la Sraristique en général , et qui présenteront d'ailleurs un grand intérêt. Les Annales de Statistique paroîtront régulièrement tous les mois, à compter du 1°7 floréal prochain (2x avril 1802). Chaque numéro sera composé de dix à douze feuilles d'impression ( sui- vant l’abondance des matières )} On y joindra des cartes et des tableaux , lorsqu'ils seront nécessaires à l'intelligence ou au développement du texte. Le prix de la souscription , pour Paris, est de 6 francs par trimestre ; 12 francs pour six mois , et 24 francs par an. — Pour les départemens et pour l'étranger , on paiera 30 francs par an; 15 fr. pour six mois ; et 7 fr.$o cent. par trimestre. On s’abonne , à Paris, au bureau des Annales de Statistique, quai de J’Horloge du Palais, n°, 42 ; et chez Walade, impri- meur , rue Coquillière , vis-à-vis la Mairie ; — Petit, libraire, Palais du Tribunat, galerie vitrée, n°. 226; — Girardin, en son cabinet de lecture , même Palais, n°. 156; — et chez les principaux libraires et directeurs des postes des départemens et de l'étranger. Les lettres, avis, livres, mémoires, prix d'abonnement et autres objets relatifs à cet ouvrage , doivent être envoyés (franc de port) au Propriétaire des Annales, à l'adresse ci-dessus. 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE A Br LE DES ARTICLES CONTENUS DANS CK CAHIER. Lettre du comte Morozzo au cit. Lacépède , sénateur , et d- l’Institut national de France , sur un ichneumon apporté d'Egypte. Page Lettre de J. F. Daubuisson à J-C. Delamétherie, sur quel- n ques particularités de la montagne de Bohème, appelée Mitteigeburge (rz2on1agne du milieu \. Essais politiques, économiques et philosophiques , par Benjamin comte de Rumford, sur une nouvelie construc- tion pour rôtir la viande. De la terre végétale ct de ses engrais, par B. G. Sage, di- recteur de la première Ecole des mines. ‘Sur le minéral connu sous le nom d'œil de chat ( katzen augen), par le cit, Louis Cordier. Observations météorologiques. Lettre sur quelques nouveaux phénomènes galvaniques, écrite par le cit. Curtet, officier de santé à l’'Hospice de Bruxelles, au cit. Van Mons, rédacteur du Journal de chimie et de physique. Extrait d'une letire de M. Herschel au cit. Mechaïin. Note sur un ornitholite de Montmartre, parJ.-C. Delamétherie. Lettre dE. M. L. P. à J.-C. Delamétherie , sur la phosvho- rescence du diamant. Note sur l'argile de hall. Sur lévaporation de l'eau à une haute température, par M. Klaproth , communiqué par Friedlander. Histoire de la planète que M. Olbers a découverte , en lan 10, par Jérôme de Lalande. Notice des travaux de la classe des sciences mathémati- ques et physiques de PInstitut de France , pendant le troisième trimestre de lan 10, par le cit. Lacépède. Lettre de Proust sur la cire. Lettre du cit. Le Bouvier à J.-C. Delaméherie. Nouvelles littéraires. 5 10 68 Journal de l’hysique LPDETE, Messidor An 10, LR ‘À hs re ec Lo 6 nm ER dE On nt. arrete dut 0 ht JOURNAILMDÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. PÉTER AP D OR Lx 9 a: OBSERVATIONS £r EXPÉRIENCES S U R L'ACIDE MURIATIQUE OXYGÉNÉ ET HYPEROXYGÉNÉ, PS 4 BE + Sur quelques combinaisons de l'acide muriatique dans ses #rois états , lues à la Société royale, le 28 janvier 1802 ; Par Richard Cnenevix, écuyer , membre de-la Société royale de Londres , etc. etc. Extrait des Transactions philosophiques , traduit de l'anglais. Londres , chez Guillaume Bulmer et Compagnie , rze de C!eveland-Row , 8t.-Jacques. Lorsque M. Berthollet fit connoître la combinaison de ce que l’on appeloit alors acide muriatique oxygéné avec la potasse , son opinion fut que la proportion de J’oxygène , relativement à la quantité de l'acide , étoit plus grande dans le sel que dans l'acide muriatique oxygéné , non combiné. Cette conjecture étoit fondée sur l’observation que , suivant sa manière de préparer ce sel, une grande proportion de muriate commun se formoit dans la liqueur avec le muriate hyperoxygéné. Le mémoire qu’il pu- blia en 1788, est le dernier que je connoisse sur ce sujet. L’exaç- Tome LY.'THERMIDOR an 10. M 86 JOURNAT, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE titude accuellement requise dans les expériences est si grande, que ce mémoire ne contient rien qui puisseêtre considéré comme une démonstration sur les propriétés relatives des acides muria- tiques oxygénés (1) et hyperoxygénés. Malheureusement ce chi- miste n’a pas poussé sesrecherches plus loin, quoiqu'il nous fit espérer qu'elles seroïent continuées, Dans le Système des connoiïssances chimiques de M. Four- croy , nous trouvons un, Sommaire des expériences qui ont précédé la publication de son ouvrage , avec ce jugement. .« Tous les muriates suroxygénés sont décomposés par les acides, sou- vent avecune violente décrépitation, avec un dégagement de vapeur jaune-verdâtre , et d’une odeur très-forte. Cette vapeur est de véritable acide muriatique suroxygéné. Elle est lourde , tombe en espèce de gonttelettes d'un jaune-vert , et forme des stries comme huileuses sur les corps auxquels elle adhère. » Cette assertion n’est accompagnée de rien qui la confirme, et n’est pas à beaucoup près aussi bien prouvée que l’opinion de M. Ber- thollet. Aïnsi le fait est, que l’existence de l'acide muriatique STARTER » et de sa combinaison ‘avec la potasse , est uni- quement fondée ; quant à présent, sur laconjecture de M. Ber- thollet. Mais cette conjecture, aussi bien que toute sa disserta- tion sur ce sujet, ont les traits du génie qui caractérisent les productions de ce profond philosophe. On a fait quelques re- marques sur d’autres combinaisonssalines , formées en faisant passer un courant d'acide muriatique oxygéné, au travers de di- verses dissolutions d’alkalis et de terres , ou en les combinant de quelque autre manière. MM. d'Olfus, Gadolin, Van Mons, Lavoisier et autres, ont légèrement fait mention de ces coinbi- naisons ; mais, excepté M. Berthollet, je ne connois point de chimistes qui ait approché si près de l’état réel de la combinai- son de l’acide muriatique et de l’oxygène avec la potasse, que M. Hoyle de Manchester. La véritablenature de ce sel est néan- moins une de ces choses qu’un grand nombre de personnes croient sans preuve , et que plusieurs autres ont été sur le point de découvrir. Je dois mettre actuellement sous les yeux de la Société, le détail des observations et expériences qui m'ont conduit à con- (1) Fai préféré le mot ox)genired , dit Pauteur , à celui d’oxysenated, parce que œe est la terminaison propre de certains sels formés par les acides en igze. On fera quelques autres remarques sur cesujet, dans un ouyrage actuellement sous presse , {emarques sur la nomenclature chimique ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 clure que l’acide muriatique existe sous la forme d’acide muria- tique oxygéné et hyperoxygéné , comme le titre de ce mémoire l’annonce, et que dans ces deux états il est capable d’entrer dans des combinaisons salines. Dans cette intention je décrirai : 1°. Les moyens par lesquels je pense avoir réussi à constater les parties constituantes de l’acide muriatique oxygéné et hyper- oxygéné, et dans quelles proportions elles y entrent, 2°. Je ferai mention de quelques observations de l’acide mu- riatique dans ses trois états. Ù En traitant le premier de ces objets, je suis contraint d’an- ticiper un peu sur le second , parceque j'ai été obligé de sup- poser connues , dans le premier , certaines choses qui ne sont décrites que dans le second ; cet inconvénient étoit inévitable, l’ordre naturel me conduisant à traiter de l’acide, avant que je pusse considérer les corps dans la composition desquels il entre. J'exposai à la chaleur d’une lampe cent grains de muriate de potasse hyperoxygéné ; il décrépita doucement , et fondit peu après ; ayant resté en fusion-environ une heure, je le laissai re- froidir ; il cristallisa comme auparavant, et perdit 2,5 par cent. J'augmentai la chaleur dans un fourneau jusqu’au ronge ; le sel bouillit avec une violente effervescence ; il s’en dégagea rapi- dement un fluide gazeux avec une vapeur blanche et légère , puis il s’affaissa tout à-coup en une masse blanche et spongieuse. La perte du poids varia ordinairement de 42 à 48 ou bo par cent. J'en mis cent grains dans une retorte de verre, lutée et adap- tée à un petit récipient parfaitement sec, ayant un tube de com- munication avec la cloche de verre placée dans la cuve pneuma- tique. Il n’y avoit pas longtemps que le feu avoit été allumé , qu'il s’éleva une rosée légère qui couvrit l'intérieur du réci- pient ; etaussitôt que la retorte fut chauffée à-peu-près au ronge, il se dégagea un gazsi subitement, qu’il fit presque explosion. Il s'éleva une grande quantité de vapeurs légères et blanchä- tres , qui se déposèrent ensuite dans le récipient et le tube sous la forme d’un sublimé blanc, Lorsqu'il ne monta plus de gaz, on laissa refroidir l'appareil, Le gaz, en faisant les corrections ordinaires pour la température et la pression de l’atmosphère , consistoit en 112,5 pouces cubes — 58,3 grains. Les 2,5 grains de perte que ce sel éprouva à une légère chaleur, comme on l’a dit, étoient de l’eau. Il resta 53,5 grains dans la retorte , et le sublimé blanc dans Le récipient et le tube montoit à 5 grains. M 2 88 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Voici donc les produits de cette opération : AU: UE US RMC LACET 2,5 Oxyrène ie mers 36,3 Sel dans le tube et le récipient .... 5 Sel restant dans la retorte ... ..... 55,5 99,3 graine. Pour trouver les proportions de l’oxygène et de l’acide mu- riatique dans l’acide muriatique hyperoxygéné , il ne reste matn- tenant qu’à déterminer la somme des quantités d'acide muria- tique contenues dans les 53,5 de la retorte, et les 5 du tube et du récipient. Les 53,5 donnèrent , par le nitrate d'argent , un précipité correspondant à 18. 21, et les 5 nn précipité COLLIERS pondant à 1.76; en tout, 20 grains d'acide muriatique. Par conséquent, 38.3 d’oxygne et 20 d’acide muriatique se combi- nent pour former 58. 3 grains d'acide muriatique hyperoxygéne ; ou 100 d’acide muriatique hyperoxygéné contiennent exacte- ment, 65 d'oxygène + 45 d’acide muriatique — 190. Etles élémens du muriate de potasse doivent s'estimer comme il suit. Oxygène. ......... 38.5 Acide muriatique. . 292. Acide muriatique hyperoxygéné.... 5 Potage, et Te ENS Faust niet Mel clan Me en ae le Me ile z 9. 2 2. 5 Fotal. 72.2 0T00. 0 On remarquera peut-être que les 53. 5 grains de sel contenus dans la retorte n’ont pas donné la même proportion d’acide que les 5 grains sublimés dans le tube et le récipient : le fait est que tous les muriates perdent un peu de leur acide lorsqu'ils sont chauffés au rouge , comme je le dirai bientôt plus parti- culièrement ; et la petite perte est très-probablement celle d'une portion de l'acide dégagé par la chaleur, à laquelle le sel fut nécessairement exposé durant l’opération. Ayant ainsi déterminé la proportion de l’oxygène dans l'acide muriatique oxygéné , par le moyen de sa combinaison avec la potasse , il se présentoit une méthode facile pour connofire celle contenue dans l'acide muriatique oxygéné. Pour cela je disposait de la manière suivante un appareil de Woulfe, consistant ex trois bouteilles qui communiquoient avec la cuve pneumatique. EUDODMAMIES TOI RE :N À TU REXLLE. 89 Dans la première bouteille je mis de la potasse dissoute dans environ six parties d’eau; dans la seconde, le même sel dissous, iLais dans une assez grande quantité d'eau pour que le sel qui pourroit se former , ne püt se cristalliser durant l'opération ; 20 parties d’eau furent la proportion qu'on y en fit entrer. Dans ia troisième bouteille je mis du carbonate de potasse com- mun (1). Au travers de cet appareil , je fis passer un courant d'acide muriatique oxygéné , dégagé par l’acide sulfurique, d’un mélange de muriate de soude et d’oxide noir de mauga- nèse, suivant le procédé bien connu. Les cristaux de muriate de potasse hyperoxygéné se formèrent dans la liqueur de la pre- iuière bouteïlle ; et aussi longtemps qu'ils y restèrent , j'étois assuré par des expériences précédentes , qu’il ne pouvoit passer aucun acide muriatique ni sulfurique dans la seconde bouteille : le courant fut continué jusqu’à ce que la liqueur de la bouteille ‘ con!înt un excès d’acide. Dans la troisième bouteilie, le carbo- nate de potasse absorba les vapeurs superabondantes , et l’ap- pareil pneumatique étoit prêt à recevoir tous les gaz qui auroient pu se former. Par ces moyens j’obüins , dans la seconde bouteille, la solution de la substance , quelle qu’elle pût être, qui pouvoit se former par l’action de la potasse sur l'acide muriatique hy- peroxygéné. Je pris une portion de cette liqueur , laquelle j’appellerai Z- queur entière (2); je la distillai à sec dans une retorte de verre, ayant soin qu’elle ne pôût être exposée aux influences de la lu- mière : un tube du récipient communiquoit avec la cuve pneu- matique. Mon objet étoit de m'’assurer si le changement observé par M. Berthollet, dans la distribution des élémens de l’acide mnuriatique oxygéné pour former avec la potasse un muriate hyperoxygéné sunple , avoit réellement lieu entre ces élémens mêmes , sans absorber aucun oxygène de l’atmosphère , ni en extraire du sel. Rien ne passa dans le récipient et l'appareil pneumatique , qu'un peu d'eau et quelques pouces d’air dilaté qui étoit conteru dans les vases; et je trouvai dans la retorte (:) Toutes les fois que les noms de potasse , de soude , de baryte , d’unacide, d’un alkali, d’eau, ou de toute autre substance , sont employés sans épithète , cela signifie que l’on entend parler de ces substances dans l’état que l’on appelle ordinairement pur. (2) Je sens très-bien que ce nom n’est pas conforme aux principes philoso- phiques ; mais 1l faut éviter les longueurs ,etje ne l’emploic qu’en passant pour une substance qui n’a qu'une existence relaüye parmi les matières chimiques. 90 JOURNAL DE PHYSIQUE, DEN CHIMIE une masse saline (r) parfaitement sèche et cristallisée. D'où il est évident que la même quantité d'oxygène que celle contenue dans l'acide muriatique oxygéné , qui avoit été unie à l’alkali pour former la masse totale du sel, étoit à présent condensée dans cette partie devenue muriate hyperoxygëné. Pour constater cette quantité , je fis dissoudre 100 grains de sel entier dans de l’eau , et je le précipitai par le nitrate d’ar- gent, J'obtins de cette manière une quantité de muriate d’ar- gent , laquelle par des proportions auparavant déterminées, cor- respondoit à 8 de muriate de potasse! par conséquent il y en avoit 16 de muriate de potasse hyperoxygéné (2). Mais suivant les proportions ci-devant établies pour le muriate de potasse hyperoxygéné, 16 de ce sel contiennent 6 d'oxygène , avec 5. 20 d'acide, le reste étant alkali et eau ; et par des expériences pré- liminaires j'avois trouvé que 84 de muriate de potasse conte- noient 27. 66 d’acide muriatique : donc, 27. 884 3.20 — 31:08 d'acide muriatique avec 6 d'oxygène, ou pour réduire le tout au cent, 84 d'acide muriatiqre , + 16 d'oxygène == 100. Telles sont les proportions des élémensqui se combinent pour former l'acide muriatique oxygéné. Pour confirmer ce que l’on vient de dire, je distillai 100 grains du sel entier ci-dessus mentionné, et j'en obtins à-peu-près 16.5 pouces cubes de gaz oxygène ; ce qui correspond à l’expé- rience faite avec le nitrate d'argent , aussi exactement qu'on peut l’espérer dans des expériences de cette nature. Dans son mémoire sur l’acide muriatique oxygéné, M. Ber- thollet, si je l’entends bien , donne les renseignemens suivans sur les proportions de ses résultats , et les moyens par lesquels il les obtint. Il exposa à la lumière du soleil 5o pouces cubes d’eau saturée d’acide muriatique oxygéné , et eut dans la cuve pneu- matique 15 pouces cubes de gaz oxygène. Je néglige les fractions parce qu’au premier coup-d’œil nos résultats sont si difrérens , qu'il n’est pas besoin d’une grande exactitude pour les comparer. 11 précipita ensuite , par le nitrate d’argent, les 5o pouces cubes de liqueur , qui étoit devenue un simple acide muriatique , et obtint 383 grains de muriate d’argent ; mais par mes expérien- a ———— ———————————— —— —————————— —————————————————————— "1 (:) Ce sel , je l’appellerai se/ entier. d (2) Je dois observer ici que le muriate de potasse hyperoxygéné ne décom- pose pas les sels d'argent comme le muriate simple : cela sera examiné et prouvé £i-apres dans sa place, ET D” H1ISTOLR EE. N'A TU RE LyLE: 9! ces je trouve que 383 grains de muriate d'argent contiennent 65 d'acide muriatique : donc, 65 d’acide muriatique se combi- nent avec 15 pouces cubes (1) (—& grains) d'oxygène , mais 73:8::100: 11, à-peu-près. Il est néanmoins facile d’expli- quer ces différences ; peut-être que les 5o pouces cubes d’acide muriatique oxygéné contenoient dès le commencement un peu d’acide muriatique simple. M. Berthollet dit de plus, qu’il soup- çonne que tout l’oxygène ne fut pas dégagé, ce qui est probable ; et je suis extrêmement satisfait de pouvoir concilier les propor- tions que J'ai trouvées , avec l’opinion d’un si habile chimiste. M. Cruikshank , dans ses observations additionnelles sur Les hydrocarbones, avoit aussi dit que 2.3 parties d’acide muria- tique oxygéné en contenoient une d’oxygène , ou environ 43.5 par cent. Mais ce savant chimiste à qui nous devons la décou- verte de l’oxide gazeux de carbone, obtint son acide muriatique oxygéné d’une manière particulière , de laquelle je ferai mention en parlant de l’action des acides sur le muriate de potasse hy- peroxygéné. Dans le fait, la substance qu’il obtint n’étoit pas un gaz acide muriatique oxygéné , mais un mélange de ce gaz avec l'acide muriatique hyperoxygéné. Je n’ai pas le moindre doute sur l’exactitude de son résultat ; mais n’étant que la pro- portion d’un mélange, il ne contredit en aucune manière ceux que j'ai donnés dans ce mémoire. Avant de quitter cette partie de mon sujet , je desire prévenir une objection que l’on peut faire contre les expériences ci-dessus ; elle est fondée sur une observation de M. Berthollet. 11 dit que si la solution alkaline est très-concentrée , il y a effervescence aussi longtemps que la saturation continue, et même quelques jours après ; et il attribue cette effervescence à l’émission de oxygène. Mais j'ai déja dit qu’il ne se dégage point d'oxygène dans ma manière d’opérer , et qu’il n’y eut point d’effervescence dans aucune des bouteilles, excepté la troisième ; en sorte qu’il ne pouyoit point passer d'oxygène surabondant de l’une dans l’autre , ni avoir de diminution dans la quantité totale des ma- tières. En répétant les expériences , tantôt avec une solution alkaline , et quelquefois avec de l’eau seule, dans la première bouteille, la liqueur que j’obtins dans la scconde étoit uniforme dans tous les cas. Mais comme la potasse préparée suivant la méthode de M. Berthollet, n’étoit pas aussi genéralexent en (1) Les proportions de M. Berthollet sont exprimées dans des anciens poids et mesures de France. & 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE usage , lorsqu'il fit ses expériences , qu’à présent , je soupçonne qu'une grande partie de cette effervescence étoit due à l'acide carbonique qui se dégagcoit de lalkali. Ayant ainsi prouvé la différence qu’il y a entre les deux aci- des , je passerai de suite aux couwbinaisons de chacun d’eux avec les bases salifiables. Muriates oxygénés. Comme plusieurs propriétés de la liqueur entière, avant qu’elle eût été évaporée jusqu'a sec, m'avoient fait imaginer que l'acide étoit uni avec l'alkali , et restoit en combinaison avec lui dans l'état d'acide muriatique oxygéné jusqu'au mowent de la cristal- lisation , je pense qu'il est nécessaire de détailler les apparences qui m'engagèrent à tirer cette conclnsion, et les expériences qui me convainquirent que j'étois dans l’erreur. Quelques gouttes d'acide sulfurique versées dans un peu de la liqueur entière, y produisirent une effervescence et une odeur d'acide muriatique oxygéné. De l’acide acétique très-fort produisit le même effet. Par d’autres expériences je m’étois assuré que l'acide acétique ne décomposoit aucune partie du sel entier ; d'où je concins qu'avant l'opération, il restoit dans la liqueur quelque sel dans l’état de muriate oxygéné, l’acide duquel étoit chassé par l’acide sulfurique ou acétique ; et que ce n’étoit qu’au moment de la cristallisation que les élémens du sel se résolvoient totalement en muriate et en muriate de potasse hyperoxygéné. Cépendant une petite quantité d’un sel neutre quelconque , très-soluble , tels que les nitrates, ou le muriate d'ammoniac, où même un peu d’alcohol , produisoit les mêmes effets ; et je fus alors con- vaincu que l’elfervescence étoit due à quelque gaz acide muria- tique oxygéné, qui restoit dans la liqueur , et se dégageoit à mesure qu'on Ôtoit l’eau , par l’affinité supérieure du sel ou de l'alcohol que j’avois employé. Par quelques expériences préliminaires je m’étois assuré , comme je viens de le dire, que les acides acétiques ou acéteux ne décomposent pas le muriate de potasse hyperoxygéné. Je fis passer un courant d’acide muriatique oxygéné au travers d’une solution d'acétite de potasse ; et en s’évaporant je trouvai que l'acide acéteux s’étoit dégagé, et que le muriate, ainsi que le muriate de potasse hyperoxygéné s’étoient formés. Mais, par quelques essais que je décrirai dans un moment, je fus engagé à croire que l’acide muriatique oxygéné attire la base salifiable avec ET D'HISTOIRE NATURELLE. yà avec une affinité beaucoup plus foible que Pacide acéteux. Îl est bien connu que le contact de l’acide muriatique oxygéné avec un alkali, suffit pour produire une combinaison de cet acide avec l’alkali ; et par les expériences dernièrement mentionnées, il paroît qu’il n’est pas absolument nécessaire que l'acide soit en liberté, S'il est combiné avec un acide plus foible que l’acide muriatique hyperoxygéné , l'acide orisinaire sera chassé ; le mu- riate et le muriate hyperoxygéné se formeront comme si l’alkali avoit été libre. Pour prouver plus amplement que le changement sans la dis- tribution du muriate de potasse oxygéné a lieu à l'instant du contact de l'acide avec l’alkali, et conséquemment longtemps avant la cristallisation , je rapporte les expériences suivantes. Avec le nitrate d’argent, je précipitai 400 grains de liqueur entière ayant qu’elle eût été évaporée , et j’obtins 71 grains de muriate d’argent. J'évaporai jusqu’au sec 400 grains de la même liqueur , je fis dissoudre de nouveau le résidu ; et en y versant du nitre d’ar- ent, j'obtins 70 grains de muriate. Dans ces expériences , la E fféince d'un grain ne monte pas anx 0.2 d’un grain de mu- riate d’argent , et n’est d'aucune considération. Par ces expériences il est hors de tout doute que la liqueur entière originaire ne contenoit point de muriate de potasse oxy- géné ; car si elle avoit contenu une combinaison de cette nature, j'aurois obtenu une plus petite portion de muriate d'argent dans fé premier cas que dans le second , la séparation du total , en muriate et en muriate hyperoxygéné , n’ayant pas encore eu lieu. # Ces expériences ne doivent néanmoins pas nous faire conclure qu'il n’y a point de muriates oxygénés ; quoiqu'ils ne puissent pas être exhibés sous une forme palpable , il est cependant fa- cile de démontrer qu’ils existent réellement. Je prouverai en son lieu , que le muriate d’ammoniac hyperoxygéné n’est pas une combinaison incompatible, et je dois , quant à présent , la sup- oser comme une chose certaine , pour que je puisse démontrer ‘existence nécessaire des muriates oxygénés. Si donc l'acide muriatique ou l’acide muriatique hyperoxygéné sont mis en contact avec l’ammoniac, il en résultera du muriate , ou du muriate d’ammoniac hyperoxygéné. Mais si l’acide dégagé par l'acide sulfurique , d’un mélange d'oxide noir , de manganèse et de muriate de soude , passe au travers de l’ammoniac, les deux sont décomposés ; d'où il est évident que l’acide se combine avec Tome LF. THERMIDOR an 10. 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les a'kalis dans l’état d'acide muriatique oxygéné , et que la sé- peration en muriate et en muriate hyperoxygené est produite par une action subséquente entre les élémens du muriate de potasse oxygéné. Sur le tout on est très en droit de conclure. 1°. Que les sels de ce genre existent réellement avant la for- mation du muriate de potasse hyperoxygéné. 5 2°. Que l’affinité de l'acide muriatique hyperoxygéné , pour l’ammoniac et ( par une très-forte analogie ) pour les autres ba- ses , ést beaucoup plus grande que: celle de l’acide muriatique oxygéné, car l'acide muriatique hyperoxygéné , comme onle verra dans un instant , agissant avec beaucoup plus de force sur tous les corps combustibles simples et composés, que l'acide mu- riatique oxygéné, il est naturel de as que le premier acide agit avec plus de force sur l’élément inflammable de l’ammoniac. Mais l'acide muriatique oxygéné se combine avec hydrogène de cet alkali, qui cependant n’est pas décomposé par l’acide muriatique hyperoxygéné ; et néanmoins, l’affinité de l'acide muriatique hyperoxygéné pour l’ammoniac est l'unique cause: qui détermine l’union de l'acide et de l’alkali sans décomposi- tion. Mais on traitera plus amplement de ces affinités en par- lant du muriate d’ammoniac hyperoxygéné. Muriates alkalins et terreux hyperoxygénés. Caractères génériques. On forme les muriates hyperoxygénés , en faisant passer un courant d’acide muriatique oxygéné au travers des bases dis- soutes ou suspendues dans l’eau , comme dans la formation du genre dernièrement mentionné. Leur première formation est due a la séparation desélémens du muriate oxygéné en muriaté hy- peroxygéné et en simple muriate , du dernier desquels ils peu- vent être séparés par cristallisation, ou par un autre procédé dont je ferai mention en traitant des muriates terreux hyperoxy- génés. Par une simple trituration ils scintillent avec bruit. Ils. sont décomposés par la chaleur au petit rouge, et donnent une quantité considérable d'oxygène à mesure qu’ils deviennent de: simples muriates. Ils ne peuvent être amenés , par aucun des moyens que j'ai mis en usage , à l’état diminué d’oxygénation qui les constitueroit muriates oxygénés, Ils enflamment avec violence tous les combustibles , cornme il est: bien connu. Ils , ET D'HISTOIRE NATURE LL E. 95 sont solubles dans l’eau, plusieurs d’entr'eux dans l’alcohol ; et quelques uns sont déliquescens. L’acide en est chassé sans feu , et avec des phénomènes particuliers, par les acides sulfurique , nitrique et muriatique , et un peu au dessous de la chaleur de l’eau bouillante , par les acides phosphorique , oxalique , tar- tareux , citrique et arsenique ; mais les acides benzoïque , acé- tique, acéteux , boracique, prussique, carbonique , n’ont aucune action sur eux. Ceux de ces acides végétaux qui ont assez de force pour les décomposer, donnent vers la fin un gaz d’une nature particulière ; il n’a pas autant d’odeur que le gaz acide muria- tique oxygéné , mais il affecte les yeux d’une manière extraordi- naire , produit une secrétion prodigieuse et presque douloureuse de larmes. Je n'ai pas encore examiné ce gaz , parce que le mé- lange s’est toujours invariablement enfliammé avec explosion et fracture des vases, presque aussitôt qu'il commençoit à l’émettre. Purs , les muriates hyperoxygénés ne précipitent aucun sel mé- tallique , quoiqu’ils en décomposent , je crois , quelques-uns. Voici l’ordre dans lequel les bases semblent être attirées par l'acide , la potasse , la soude, la baryte, la strontiane, la chaux, l’ammoniac, la magnésie, l’alumine , la silice. Je n’ai pas essayé les autres terres , et fort peu des oxides métalliques. PR EUM ILE MEN ER SIP à CE. Muriate de potasse hyperoxygené. Ce sel est le mieux connu de toutes les combinaisons salines de cet acide. C’est par erreur qu’on l’a considéré comme sim- plement oxygéné, car son acide est réellement hyperoxygéné. Il est soluble dans environ seize parties d’eau froide , mais il en faut beaucoup moins de chaude, et on le sépare aïsément du muriate de potasse par la cristallisation. L’alcohol en peut dis- soudre une petite quantité. Il semble capable d’exister dans plus d’un état; car en faisant passer un courant d’acide muriatique oxygéné très-lentement, et dans les ténèbres, au travers d’une solution de potasse jusqu’à saturation , j'ai obtenu des cristaux flexibles et semblables à des aiguilles ; ce qui me fait soupçonner un muriate de potasse hyperoxygéné avec excès d'acide , ou cet acide avec une superaddition d’oxygène. Il seroit superflu d’en- trer dans une description minutieuse d’une substance aussi bien connue que le muriate de potasse hyperoxygéné ; mais comme c'est d'elle que j'ai principalement tenté de dégager l'acide, N 2 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE j'entrerai dans un détail particulier des actions des plus puissans acides sur ce sel. Si l’on verse de l'acide sulfurique concentré sur le muriate de potasse hyperoxygéné , il se fait une décrépitation violente, quelquefois , mais rarement accompagnée d’un éclair ; il se dé- gage une vapeur jaune-verdâtre , épaisse , pesante, et qui s’élève difficilement jusqu’à l'ouverture du vase s’il est profond. L’o- deur ne difière pas absolument de celle du gaz nitreux ; mais elle a une fétidité particulière, que l’on pourroit comparer à celle émise par les fours à chaux , mêlée à celle du gaz nitreux. Elle diffère beaucoup de celle du gaz acide muriatique OXÿBÉNÉ » la dernière étant poignante , pénétrante, l’autre pesante et op- pressive ; et elle ne produit pas, au moins à un si haut degré, les symptômes catharreux produits par l’autre. Au fond de la vapeur est une brillante couleur orangée, qui a la même odeur ; elle est l'acide contenu dans le sel ; mais quoique ie sel duquel cet acide a été dégagé soit pur, l'acide ne l’est jamais, parce que l’opération même qui le dégage , le décompose; et une partie est changée en acide muriatique oxygéné. C’est probable- ment à cause de cela que la couleur du papier litmus est géné- ralement détruite par la liqueur. Je dis probablement , parce qu'ayant observé que cela n'arrive pas toujours, j'ai quelque raison de croire que l’acide muriatique oxygéné rougit la cou- leur bleue des végétaux. Cependant il faut considérer que l’acide sulfurique employé pour dégager l’acide muriatique Je géné est toujours présent ; et nous ne pouvons point tirer de conclusion certaine jusqu’à ce que nous ayions obtenu cet acide pur et dégagé de toute autre substance. Si on applique le calo- rique à ce mélange de muriate de potasse hyperoxygéné et d’a- cide sulfurique , avant qu’il arrive au 125° de Fahrenheit , il se fait une explosion extrêmement violente, accompagnée d’un éclair vif et blanc. Pour obtenir cet acide, j'entrepris de distiller 500 grains dans une retorte de verre et un bain d’eau, avec toutes les précautions que je pus imaginer contre les accidens que je ne pouvois m'empêcher de prévoir en partie ; presque aussitôt que j'eus allumé le feu, je vis au fond de la retorte un éciair extrêmement blanc, vif et rapide , suivi immédiatement par une grande détonatior. La retorte fut réduite presque en poussière, au point qu’on en put à peine trouver quelques fragmens dans. le laboratoire. Les fenêtres et plusieurs vases de terre furent bri- sés. Je tenois le cou de la retorte au moment de l’explosion , et néanmoins je ne reçus point d'autre blessure qu'une légère Luis ET D'HISTOIRE NATURELLE. 97 contusion à la main ; mais le Dr. Vaudier, gentilhomme français, rempli de connoïssances chimiques et médicales, et auquel je suis obligé pour m'avoir plusieurs fois habilement assisté dans mon laboratoire , fut blessé en plusieurs endroits, particulière- ment à l’œil; la tunique conjonctive fut si fort lacérée qu’une partie pendoit, et en se glissant sous la paupière inférieure , elle causa une irritation extrêmement douloureuse, et mit sa vieen danger ; l’une des artères frontales fut aussi divisée. Je rapporte ces circonstances au long comme le moyen le plus efficace pour mettre sur leurs gardes ceux qui voudroient répéter cette expé- rience. Si l'acide sulfurique est foible , le calorique pent être appliqué avec moins de danger, et les phénomènes sont diffé- rens : l’acide muriatique hyperoxygéné se dégage de sa base ; mais comme la chaleur requise pour distiller l'acide, est plus que suffisante pour le décomposer, l’acide muriatique oxygéné monte avec lui, et le gaz oxygène se rassemble dans la cuve pneumatique. Si la distillation est continuée , on court le même danger que dans le cas précédent, parce que l’acide sulfurique se concentre ; il paroît que son action sur le sel n’est que lésère et partielle à une température basse, maïs violente ct instanta- née , lorsqu'il est chauffé et condensé : je ne pus donc pas es- pérer d'obtenir par ces moyens l’acide dégagé et pur. Si l’on met l’acide sulfurique en contact avec le sel d’une autre manière , c’est-à-dire que l’on mette le sel dans l'acide, les vapeurs jaunes ct la Rquets couleur d’orange sont produites, mais généralement sans décrépitation. Si on les laisse quelques jours en contact, les vapeurs continuent , le gaz oxygène se dégage constamment , même à la lumière ordinaire du jour et à la température de He se En refroidissant Îe premier ré- cipient avec de la glaceW je pensai une fois avoir obtenu cet acide cristallisé sous la forme de pyramides à quatre côtés , et d’une couleur d’orange ; mais quoïque je croye réellement lavoir obtenu en eftet, je ne l’affirme néanmoins pas positivement, L’acide nitrique produit à-peu-près les mêmes phénomènes ; mais l’odeur et les autres propriétés sont un peu moins distinctes et marquées qu’ayec l’acide sulfurique. L’acide muriatique décompose ce sel et s’unit à sa base , mais il ne produit point de vapeurs jaunes , ni de liqueur orangée. Voici les circonstances qui accompagnent le contact de lPacide avec le sel. Si l’on n’emploie pas plus d’acide muriatique qu’il »’est nécessaire pour décomposer le sel, je ne doute point que lacide muriatique hyperoxygéné ne soit chassé, aussi peu dé- 98 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vouposé qu'avec les autres acides, supposant que laction est instantanée ; mais durant le contact de ces deux corps, l’acide chassé doit rencontrer l'acide muriatique oxygéné. La. quantité de ce dernier acide doit varier , selon la quantité d’acide muria- tique employé et non combiné avec l’alkali. Ce fut par cette méthode que M. Cruickshank obtint le gaz muriatique qu'il trouva contenir 43.5 par cent d'oxygène. Les acides phosphorique et arsenique n’agissent sur ce sel, que lorsqu'ils sont chauffés avec lui; et alors il se forme beau- coup d'oxygène. Ils ne fournissent donc pas de meilleur moyen pour dégager l'acide muriatique hyperoxygéné sans décompo- sition. Les acides oxalique, tartareux et citrique agissent comme je l'ai dit ci-devant, et dans l’ordre des affinités, celle de l’acide anuriatique hyperoxygéné pour la potasse le place immédiate- nent avant le benzoïque. S ; : Je ne m’arrêterai pas à détailler un grand nombre de phéno- mènes amusans qui peuvent être produits, en projetant dans les plus forts acides des mélanges de corps combutibles , métal- liques ou non, avec le muriate de potasse hyperoxygéné. Leur cause est bien connue , et la théorie les désigne suffisamment ; ils ne sont donc plus les ébjets de l'admiration philosophique. Mais je dois faire mention d’une expérience que, si elle avoit réussi, j’aurois crue très-importante. Divers mélanges de diamant réduit en poudre fine et de ce sel, furent projetés dans plusieurs acides différens ; mais quelque effort que je fisse pour combiner le diamant avec l’oxygène par la voie humide , il ne fut point diminué (1). ; Une autre partie émpondérable de ce sel, ainsi que de tous les muriates hyperoxygénés , semble une quantité extraor- dinaire de calorique ; car , durant leur formation, à peine s’en dégage-t-il aucune chaleur comme des autres acides ; et très- (1) Je dois avouer que les vifs éclairs de lumière émis par les mélanges de ce sel avec les corps combustibles jetés dans un acide, me paroïssent en quelque degré prouver la modification proposée par Leonhardi , Ritcher , Gren , etc. , à la partie de la théorie de Lavoisier , concernant l'émission de la lumière durant la combustion. Une autre preuve en faveur de leur modification se tire des végé- taux. Toutes les plantes qui croissent dans des lieux privés de lumière, sont purement mucilagineuses ; mais le mucilage de ces plantes brûle sans émission de lumière. La lumière ne paroît donc pas se dégager de l’oxygène ; autrement pourquei ne se dégageroit-elle pas de ce mucilage , aussi bien que des corps GDALOÏDE PRIMITIF. Dans ces mêmes.contrées on trouve des roches pétro-siliceuses dans lesquelles se trouvent de gros noyaux de quartz cristallisés: comme les amygdalvïdes, Quelques-uns de ces noyaux sont calcaires. J'ai aussi des espèces de porphyre de Giromagni dans les Vosges, qui ont dés noyaux calcaires également cristallisés. XLIIL AMYGDALOÏDES AVEC STRAHLSTEIN. Quelques-uns de ces amygdaloïdes contiennent du strahlstein: ow asbestoïde d'un vert foncé cristallisé: 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMEHE 3. D) dc A Va te QU ie Dans les collinès qui sont entre Ajou et St.-Loup , on trouve une assez grande quantité de trapp. Sa couleur est d’un gris-noirâtre assez foncé. Son grain est fin et velouté. À Sa dureté est assez considérable pour faire feu quelquefois au briquet. Il contient souvent des pyrites qui sont quelquefois cristallisées en cubes. D’autres fois elles sont parsemées dans la pierre, et y forment des espèces de couches. Ce trapp est quelquefois traversé par de petits filons ou veines quartzeuses. Traité au chalumeau , il fond en verre noir. Sa cassure en masse est rhomboïdale , et forme souvent des retraites en espèces d’escaliers (1); mais ceci est moins visiblé que dans l'espèce suivante. XLIV. Conrné ss. La cornéene ( /apis corneus, Waller., pierre de corne de Saussure, cornéène de Delamétherie } est assez abondante dans plusieurs endroits de cette montagne. On en trouve beaucoup au hameau Jollivet. on aspect est terne et terreux. Sa couleur est d’un gris-bleuâtre et noirûtre. Sa raclure donne une poussière blanche. Elle a peu de dureté. Sa cassure en long est un peu conchoïde. Mais sa cassure transversale en masse est rhomboïdale: Ces di- vers rhombes ont leurs angles bien prononcés. La réunion de ces rhombes dans les grandes masses présente vraiment la forme d’escaliers, ce que ne fait pas toujours le trapp. Ceci donne une apparence schisteuse ou feuilletée à la cornéère. En soufflant dessus elle, a une forte odeur terreuse, Au chalumeau elle donne un verre noirâtie. XLV. TrAPP ET CORNÉENE DÉCOMPOSÉS. Dans toutes ces montagnes Les pierres se décomposent d’une manière très rapide, Ee trapp exposé à l’air devient blanc. Son (1) Trapp, en Suédois, sigmifig escalier. grain ET D'HISTOIRE NATURELLE. sf grain est terreux. Il perd une partie de sa dureté. Les pyrites de- viennent brunes, La cornéène éprouve la même décomposition. XLVI. ScHISTE PRIMITIF. À côté de la cornéène, et dans d’autres endroits de la mon- tagne, principalement au-dessus du Saroir des grands moulins, on trouve beaucoup de schiste primitif. Son grain est terreux, Il a peu d'éclat. Sa dureté est peu considérable , et il ne fait pas feu au briquet. En soufflant dessus il n’a pas l’odeur terreuse. Il se brise touten morceaux d’un petit volume , qui souvent affectent la forme rhomboïdale ; ce qui lui donne une fausse apparence du trapp. Ces schistes sont rubanés, Leu: couleur est alternativement d'un gris-brun et d’un gris-blanc. Jai essayé d’en faire polir ; mais leur dureté n’est pas assez considérable. Ils ont beaucoup de rapports avec ceux qu’on appelle jaspes rubanés de Sibérie. Ceux-ci ne diffèrent des autres que parce qu'étant plus durs , ils peuvent recevoir un beau poli dont les autres ne sont pas susceptibles. Leurs couleurs sont alternative- ment vertes et d’un rouge cramoisi; mais ils se brisent, suivant Patrin , comme nos schistes ; et il est extrêmement difficile d’en avoir des masses un peu considérables, (Patrin, hist. des mi- néraux, tom. 11, pag. 264). Ce jaspe rubané de Sibérie ne paroît donc qu’une espèce de schiste primitif assez dur pour recevoir le poli, Je crois en général que les substances qu’on a appelées jaspe des terreins primitifs, doivent être mises dans des classes dif- férentes de celles des jaspes. Quelques-uns de ces jaspes , tels que le rubané de Sibérie, doivent être placés parmi les schistes primitifs. D'autres de ces jaspes doivent être rangés parmi les pétro- silex. Telles sont certaines pierres vertes à grain fin venant éga- lement de Sibérie. 11 y en a une espèce qu’on appelle pierre à lancettes , parce qu’on s’en sert pour aïguiser les lancettes. Les seuls jaspes des terreins primitifs sont donc ceux qui se trouvent avec les agates comme à Oberstein. Quant aux jaspes de la nature des cailloux d'Esypte, il faut les ranger avec les silex opaques comme nous l'avons vu, Ne. X. Tome LV. THERMIDOR an 10. ni 142 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE PONS RCE TS DRE PR RE MN ANCIE, Quelques-uns de cesschistes primitifs contiennent des portions: de grès. Mais revenons à notre montagne, Nous voyons que les trois. dernières espèces de pierres dont nous venons de parler, les. trapps, les cornéènes et les schistes primitifs, ont de grands. rapports pour les caractères extérieurs, Le trapp a plus de dureté et plus de consistance que les autres ;. 1l est moins feuilleté. La cornéène est plus argileuse ; elle est plus feuilletée, Le schiste primitif est encore plus feuilleté. Sa dureté varie. G:lui de notre montagne en a peu ; mais celui de Sibérie connu. sous le nom de jaspe , a assez de dureté pour recevoir le poli. nous aurons les variétés suivantes des schistes. Schiste siliceux. Tel est le schiste rubané de Sibérie. Schiste argileux ( thonschicfer de Werner), notre schiste. primitif, (N. XLVI). Schiste magnésien avec stéatite , avec: hornblende. On trouve de ce dernier dans la même chaîne dermontagnes du côté d'Auturt. Schiste calcaire , schiste avec calcaire primitif. Schiste arénacé, schiste avec les grès primitifs, (No. XL VII ). Schiste ferrugineux, espèce d’ardoise primitive (des Alpes). XLVII.. Mica somisreux ou rEurzzrTé (schiste. micacé , ) ( glimmer schiefer de Werner). 11 doit être placé parmi les pierres micacées , parce que le mica en fait la plus grande partie. Je l’appellerai mica schisteux. ou feuilleté. XLIX. Mrca.STÉATITEUX FEUrTLLETÉ. Sur le revers oriental. dela montagne d’Ajou , en descendant à Chenelette , on trouve un mica stéatiteux feuilleté. Les lames. de mica sont assez petites ; quelques-unes paroissent hexagones. C’est une très-jolie roche. Du côté de Beaujeu on trouve des roches talqueuses. NON AR UT I2. On trouve de gros morceaux de quartz opaques ou légèrement demi-transparens , mélangés avec les granits et les porphyres ; au trayers desquels ils forment des espèces de filons. Ces quartz ET D'HISTOIRE NATURELLE: 143 ne sont pas purs ; ils paroissent tenir le anilieu entre les quartz purs et les pétro-silex. Leur cassure n’est point vîtreuse comme celle du quartz ; elle se rapproche plus de la cassure à grandes ou petites écailles du pétro silex. Il est infusible au feu ordinaïre du chalumeau. On trouve peu de quartz pur daus ces montagnes. LT, M a RB RE. PIR LM,I TIDE, Auprès du Saroir des grands Moulins dont nous avons parlé, et à côté des schistes primitifs et des cornéènes, on trouve des marbres primitifs dont on fait de la très-bonne chaux. Leur couleur est d’un gris-bleuâtre. s Leur grain est fin. Il est traversé par des veines d'en spath calcaire blanc à grandes écailles. Il ne paroît pas former de couches. On trouve le même marbre à une lieue du village de Vavre. Quelquefois ce marbre se trouve mêlé avec le schiste. DORE GRR ENS DER ENNTNES TELLE On trouve auprès du village de la Bourdonière des grès pri- mitifs; ilstsont composés de petits grains quartzeux agglutinés par un ciment siliceux, LIU. BRrècHE MAGNESITENNE. Le mica stéatiteux feuilleté du No. XLIX, contient souvent de petites pierres qui sont noyées dans sa masse ; ce qui forme une brèche magnésienne. C’est, je crois, une espèce de gramwacke de Werner. LIV. PoRPUYRE A BASE DE TRAPP. J’ai trouvé dans le même endroit nn très-beau porphyre à base de trapp du N°. XLVI, contenant de grands cristaux de feld- spath rougeûtre , et quelquefois de [a pyrite cubique jaunâtre. LV NGUN EL SIÆ CE B\R EU x. En tournant la montagne et descéndant du côté du château de Chenelette , j'ai trouve un beau gneis fibreux , à grosses fi- bres. On pourroit l’appeller gneis en barres, (scapiforme sui- vant l’expression de Brochant). Sa couleur est d’un gris-brun. T à 144 JOURNAÏM DE FHYSIQUE, DE CHIMIE LVI. Gers rIgREUx nÉcomprosf. J'ai rencontré dans le même endroit une pierre fibreuse, dont quelques-unes des fibres sont d’unbeau vert, Elles sont noyées dans une pâte rougeâtre dont le grain est terreux. Il paroît que. c’est une espèce rh gneis décomposé. LVIT Mine De curvre Auprès du château de Chenelette, À l’entrée de la forêt de Sapin, sur les bords du grand chemin de Beaujeu, il y a une roche de couleur brune hépatique dont.on se sert pour ferrer les chemins. Mon neyeu apperçut des traces de mines de cuivre vertes. Nous retournâmes à la roche, et nous y trouvâmes de pe- tits filons de mine de cuivre verte. C’est saus doute le cuivre qui colore ce rocher. LD OO: A AR ent Au-delà de Ja: forêt de Sapin , en descendant: dn côté de Beau- jeu, on voit dans un endroit appelé /ord noir ( à cause de sa couleur) , de l’antracite formant de petits filons à travers une espèce de porphyre. On a commencé quelques travaux qu’on a abandonnés. Cette mine est à cinq lieues-de celle du No. XXXIV. En général les mines d’antracite sont pauvres.. Beaujeu est bâti sur le granit. LIX. MINE DE. MANGANÈSE.- À deux lieues de Beaujeu, sur la route de Mâcon à l’est ds St.-Loup, on voit à Romanèche la mine de manganèse décrite par Dolomieu (Journal des.mines ). Cet endroit n’est qu’à une lieue de la Saône, et forme lextrémité du terrein primitif de ce côté. Les environs de Beaujeu, et tous ces cantons sont plantés en vignes. J'ai observé que c’est dans ce terrein granitique que sont les meilleurs vins du Beaujolais et du Mâconais. T'els sont ceux des Torrins, de Chenaz, de Fleuri, du haut de Romanèche.... tandis qu’en Bourgogne, en Champagne, dans le Bordelais... les grands vignobles sont: dans les terreins secondaires, TX OMPETIITONNTS DIE IG AL EUNTE. Dans les flancs de la montagne d’Ajou , au-dessous de Pro- pières, proche le moulin Odin , on avoit ouvert une petite galerie: £T D'HISTOIRE NATURELLE. 145 dans le granit pour suivre un filon de galène. On ignore l’é- poque où ont été conmencés ces travaux qui sont abandonnés, On y a trouvé : a. De la galène. b. Du spath pesant ou baryte sulfatée. c. du fluor. d. Du plomb phosphaté d’un vert-jaunâtre que mon neveu, Jean-Marie Delamétherie , y a observé. Ce plomb phosphaté confirme de plus en plus que acide phos- phorique se trouve dans les terreins primitifs. LXI. ÉsPÈcE DE PORPHYRE VERT. Au nord de St.-Loup , du côté de St.-Igni au village des Mi: chels, j’ai trouvé une belle roche à base de hornblende verte avec du feldspath blanc en petits grains non cristallisés. Elle ressemble à la pierre qu’on appelle granit vert antique. Cette roche est très-belle , et pourroit être employée comme ornement dans l’architecture, C’est un grunstein de Werner, et un de mes porphyroïdes, LXII. PonPuyre péÉcomrosé (thonporphyr de Werner , ou porphyre argileux). Toutes les roches de ces montagnes se décomposent avec une grande facilité, lorsqu’elles sont exposées à lair. J'ai observé auprès de St.-Raco, à une lieue de la Claitte , un porphyre décomposé de cette manière. Sa couleur est d’un blanc rosacé. Sa dureté n’est pas considérable; cependant il donne quelques étincelles au briquet. Son grain est terreux. On y observe de petits grains comme de petits cristaux de feldspath également décomposés. LXII, KAoOoLIN SAUNATRE. Dans plusieurs endroits de ces montagnes on emploie pour faire de la tuile et de la brique , une argile jaunâtre qui par la cuisson devient rouge. Lorsqu'on casse une de ces tuiles, on apperçoit dans sa pâte de petites parcelles de cristaux de feld- spath , et de petits grains de quartz. Ceci prouve que ces argiles sont le produit de la décomposi- tion des granits et des porphyres. 146 JOURNAI, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces kaolins sont jaunes, et deviennent ronges au feu parce qu'ils contiennent beaucoup d’oxide de fer. Le pétunzé qui est le produit de la décomposition du feldspath, ne se trouve point dans ces montagnes , parce que le feldspath est toujours mélangé soit avec le quartz, ou le mica, ou la bornblende. Mais en général tous les feldspaths de ces montagnes sont colorés par le fer, et ont une teinte rosacéc; ce qui ne permet- troit pas d'employer leur pétunzé pour faire de la porcelaine blanche. LXIV- CG a TRE; On donne dans ces montagnes le nom de gaure à une espèce de granit si tendre qu’il cède à la pointe du pic. Il se ré- duit en parties assez fines pour qu’on puisse l’employer avec la chaux à faire du mortier qui est très bon. Ce gaure présente au minéralogiste un fait bien digne d’at- tention. On voit un granit où le feldspath domine , et qui est aussi dur que le granit ordinaire. Sa dureté diminue peu-à-peu. Enfin il perd de sa consistance , au point de céder facilement à la pointe du pic. Une chose analogue s’observe dans la pierre calcaire des en- virons de Paris. Les parties supérieures et inférieures des bancs ne sont presque que du tuf sans consistance que les maçons sont obligés d’enlever ; tandis que le milieu du banc a une assez grande dureté. LXV. Frronws PIERREUXx. Les granits et les porphyres de ces montagnes ne sont point homogènes dans toutes leurs masses ; ils sont coupés souvent par des filons d'autres roches , qui les traversent comme le fe- roient des filons métalliques. Ces filons sont plus ou moins épais, et s'étendent à une distance plus ou moins considérable. Ces filons pierreux se retrouvent dans toutes les montagnes primitives. | Filon d’émeraude du Limousin. C’est dans un pareil filon qu’on a trouvé l’émeraude du Li- mousin ; il a été décrit par Alluau (cahier de germinal de ce Journal an dix ). - Filon de corindon. C’est encore dans un semblable filon que se trouve le corindon auprès de Philadelphie. Voyez dans ce Journal an dix, la des- cription communiquée par M. Guillemard, Ê FUD HIS TO MR'E, NA TURIELEE, 147 En quittant les terreins primitifs on rentre dans les terreins secondaires qui se retrouvent et dans la vallée de la Saône, et dans celle de la Loire. Je vais seulément parler de quelques objets minéralogiques les pins remarquables qui se trouvent dans cette dernière vallée aux environs de la Claitte. LXVI. Rocne B4As:aLTIQUE DE BARNET- Dolomieu et Drée se promenant à Barnet (À deux lieues de la: Elaitte , auprès de Châteauneuf, lieu de la résidence de Drée,) apperçurent au milieu d’un champ calcaire Jabouré, une pointe de roche noirâtre, peu élevée au-dessus de la surface de la terre. Un coup de marteau en détacha un morceau, et leur fit voir un basalte contenant de l’olivine. J’ai vu cet endroit avec Dolomieu. Nos deux savans minéralogistes n’ont trouvé aucun indice de volcan dans les environs. Je snppose ici avec les minéralogistes français , que ces basaltes sont-dus à l’action des volcans. LXVII. GRANIT DE NOUVELLE FORMATIOK. Les mêmes naturalistes trouvèrent auprès de Châteauneuf une roche composée des élémens du granit, savoir, feldspath, quartz et mica : il ya quelquefois du silex. Ils reconnurent que ces élé- mens du granit venoient d’un granit décomposé, ct qu’ils avoient été agglutinés par un ciment calcaire. Des silex s’y étoient joints quelquefois. LXVITI, Srarn CALCAIRE FIBREUXx. Ce spath calcaire est composé de grosses fibres parallèles ,. æyant une demi-transparence d’une couleur jaunâtre. Il est très-abondant dans toutes ces contrées, à St.-Laurent ,. à St.-Maurice , à Chateauneuf, s LXIX. PIERRESs CALCAIRES COQUILLIÈRES.: Les pierres calcaires de Bodemont , de St..-Symphorien, de St.-Julien , contiennent un grand nombre de coquilles, mais particulièrement des cornes d’ammon , des gryphites , des bé- lemnites. Celles du Veau commune de St.-Julien, contiennent beaucoup d’astéroïdes... EXX.2,S À°5 re Il ya en plusieurs endroits, à S.-Laurent , à Vareille, un sable: quartzenx très-pur. Les verreries l’emploient pont faire du verre Blanc incolore, et on l'envoie chercher de très-loin. 0 148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LXXI Grès. On trouve aussi ces grès agglutinés , et formant des pierres très-dures. XXI UK GRAVE NT MTL: Ces grès prennent quelquefois un grain très-fin. Ils ont une demi-transparence , sont presque infusibles, ont une cassure presque vîtreuse comme le silex; enfin ils tiennent du quartz et du silex. C’est une espèce de l’hornstein de Werner, le réopètre de Saussure. Je lui ai donné le nom de kéralite pour le distinguer de l’autre espèce de hornstein, qui est notre pétro-silex. Le kéralite diffère du pétro-silex en ce que celui-ci fond en verre blanc on incolore. Sa cassure approche de celle de la cire, elle est écailleuse. La cassure du kéralite approche de la con- choïde , quoiqu'’elle ne soit pas entièrement conchoïde : c’est un des caractères qui la distinguent du silex. Enfin le kéralite se trouve dans les terreins secondaires, et le pétro-silex dans les terreins primitifs. LXXIN Mrne DEtPros piOv*x. Dans la commune d’Oyé, à deux lieues de la Claitte, on trouve de la galène dans des terreins calcaires. LXXIV. Mine pe proMB ne SarnT-Prix. Il y a aussi quelques vestiges d’anciens travaux pour extraire de la galène à Saint-Prix , commune de Dyo , à une lieue de la Claitte. Ces deux mines sont à quatre, à cinq lieues du filon primitif de galène situé auprès de Propières. (N. XL). Il y a une mine de plomb assez riche pour être exploitée, sui- vant Champeaux, à St.-Prix auprès d’Autun dans la même chaîne. On retrouve aussi de la galène à Chessi, mêlée avec la mine de cuivre. On voit que les mines de cuivre et de plomb se retrouvent dans toute cette chaîne primitive. Les terreins que nous venons de parcourir nous présentent une grande partie des roches que nous connoïssons. C’est sous ce rapport qu'ils intéressent particulièrement le géologue. VWallerius a désigné par le mot szæa ( que nous avons traduit par ETTUDUHIIS TO LIRE N'A T U'R E LL E: 149 par le mot roches) les pierres composées de plusieurs pierres agrégées ,'telles que les granits, les porphyres, les mandelsteins, ou amygdaloïdes .... , on opinion a été adoptée par la plus grande partie des na- turalistes. Je l’ai également suivie dans ma classification des roches ( Théorie de la terre, tom. I, pag. 389 ). J’ai fait trois grandes classes des roches. I. Pierres agrégées cristallisées , telles que les granits. Il. Pierres agrésées empâtées , telles que les porphyres. III. Pierres agrégées agglutinées , telles que les brèches et les pouddings, Werner a donné une acception plus étendue au mot roches , ( gebirgsarten ). 11 comprend sous ce nom toute masse minérale d’un certain volume ; ainsi il place au rang des roches les picrres homogènes qui forment des masses, telles que les quartz, les hornblendes , les hornsteins, les schistes, les gypses, les pierres calcaires primitives et secondaires , la craie et les substances bitumineuses, Werner établit une seconde sous-division des roches à raison des terreins où elles se trouvent. Cette acception qu'il donne au mot gebirasarten, convient mieux au mot français rocher , qu’à celui de roche. Il manque à la langue un mot qui renferme les deux significations des mots rocher et roche. Sï-on veut adopter la définition de Werner, il faudra placer dans les roches tous les minéraux qui forment de g'andes mas- ses; et puisqu'il y met les charbons de terre , pourquoi n'y rangeroit-on pas les masses de soufre, et même les masses mé- talliques ? Mais dans son tableau de la classification des roches , imprimé par Brochant, et dans celui qu’on m'a envoyé de Freiberg, il n’y a pas une énumération complette de tous les minéraux qu'on doit placer d'après sa méthode parmi les roches. Je vais en joindre ici un qui sera beaucoup plus détaiilé, quoiqu'il ne contienne peut-être pas encore toutes les espèces ; car je pense qu'on ne peut faire des progrès dans la connoissance des pierres agrégées , qu’en en distinguant soigneusement les diverses va- riétés , comme on l’a fait pour la connoissance des pierres non agrégées. J'ai déterminé précédemment ( cahier de floréal de Poe an- née ) ce qu'on doit appeller espèce parmi les minéraux homo- Pt ñ F# Ha Tome LFP. THERMIDOR an 10. N 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « Une espèce, ai-je dit, est une substance minérale homo « gène jusques dans ses plus petites parties, ayant un certain « nombre de propriétés constantes, dont quelques-unes n’appar- « tiennent qu'à elle.» Les pierres agrégées , quoique composées de plusieurs pierres différentes , ont également des caractères constans , qui ne per- mettent pas au géolosue de les confondre. On pourroit donc les regarder comme de véritables espèces dont Les caractères varient suivant la nature des pierres agrésées ,.et la manière dont elles. sont agrégées. Ainsi on peut dire: « L'espèce parmi les pierres agrégées est la réunion particu- « lière de plusieurs pierres faite d’une manière constante , et qui a des propriétés n’appartenant qu'à elle.» D'après ces principes j’établirai deux grands ordres de roches. I. ordre. Roches composées de pierres homogènes. IT. ordre. Roches composées de pierres agrégées, Je préférerai de ne donner le nom de roches qu’aux pierres. de ce second ordre, sans y comprendre les bitumes , les soufres,. ni les substances métalliques. Chaque roche de ces deux ordres se sous-divise à raison des terreins où elle se trouve; et on a : Roches des terreins primitifs. Roches des terreins primitifs de formation secondaire, que Werner appelle de transition. Roches des terreins par couches ou tertiaires, qui contien- nent des débris des êtres organisés. Roches d’alluvion. Roches volcaniques. CLASSIFICATION DES ROCHES. ROCHES COMPOSÉES DES PIERRES DE LA MÈME ESPÈCE. TERREINS SAIMITLIFS: Roches siliceuses. Rétinite ( pechstein primitif ).. Trapp. Cornéène. Hornblende.. Quartz en masse. Feldspath en masse. Pétro-silex. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 351 Roches magnésiennes. Talc en masse. Talc schisteux (talk schiefer). Koréite ( pierre de lard). Mica. Mica schisteux (#limmerschie- fer). Chlorite en masse. Chlorite schisteuse (chlorite- schiefer ), Jade. Lhémanite. Smaragdite. Trémolite. Asbestoïde ( strahlstein ). Asbeste, Amianthe. Roches aroileuses. Schiste primitifsiliceux. Schiste primitif argileux. Schiste primitif magnésien. Schiste primitif calcaire. Schiste primitif ferrugineux. Schiste à aiguiser. Schiste à polir. Schiste à dessiner , primitif, coloré par le carbone , vul- gairement crayon d'Italie. Roches calcaires. Marbre primitif. Gypse primitif. Fluor. Roches barytiques. Spath pesant ou baryte sulfatée. Witherite ou barytecarbonatée- Roches strontianes. Strontiane sulfatée. Strontiane carbonatée. Roches circoniques. On n’a pas encore trouvé le circon nil'hyacinthe en masses. Roches gluciniques. Emeraude en masse du Limou- sin. Roches gadolines. Ythria ou gadoline. Corps combustibles. Roches d’antracite. Roches de plombagine. Werner mettant les bitumes parmi les roches , ne pourroit- on pas y placer également les substances métalliques ? ROCHES COMPOSÉES DES PIERRES DE LA MÈME ESPECE. TERREINS PRIMITIFS DE FORMATION SECONDAIRS ( terreins de transition de Werner ). . On y trouve à-peu-près les mêmes roches que dans les terreins primitifs. Les pierres magnésiennes et schisteuses y sont plus abondantes. V 2 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ROCHES COMPCUSÉES DES PIÈRRES DELA MÈME ESPECE. T&RrnEINS DE. FORMATION TERTIAIRE. Roches siliceuses. Pierres meulières, Rockes magnésiennes. On trouve quelquefois des micas, des talcs ... de trans- port. Roches aroileuses. Schistes tertiaires. Schistes bitumineux. Schistes alumineux: Schistes chauffés (jaspe porce- laine de Werner ). Tripoli. Schiste à dessiner (mélanterite) secondaire coloré par le fer. Roches calcaires: Marbre coquillier. Pierre calcaire compacte... Pierre calcaire poreuse. Craie, Gypse tertiaire. A\patit de l’éstramadure. Roches barytiques. De transport. Roches strontianes: Strontiane sulfatée. Les roches circones, gluci- nes et gadolines ne paroiïssent pas se trouver däns les terreins secondaires. Roches de corps combustibles: Roches de soufre (de Césène). Roche de houille, ROCHES: COMPOSÉES DE PIERRÉS AGRÉGÉES: TERRE LINAS, PeRI MIT IF S! ROCHES OU PIERRES AGRÉGÉES CRISTALLISÉES Roches siliceuses. Granit. Siénite. Gneis. Ces roches décomposées... Granitoïde. Roches magnésiennes. Stéatite mica, cyanite et stau- rolite (granatite }). Cette roche esttrès-coimmune dans les Alpes. Mica et grenat. Mica et quartz. Mica et leucolite. IL y a une grande variété de ces roches. ET D'HISTOIRE NATURELLE. Roches argileuses. Schiste' À dessiner ét amianthe se trouve en Espagne. Il est colore:par le carbone. Roches calcaires. Marbre et mica ( marbre cypo- lin ). Braunspath et stéatite. Roches barytiques. Baryte sulfatée et quartz. Roches strontianes. Rocues Roches siliceuses. Porphyre rouge. Ophite ou porphyre vert, Porphyre à base de siénite. Porphyre à base de feldspath. Porphyre à base de pétro-silex. Porphyre à base de trapp. Porphyre décomposé. Porphyre feuilleié à base de _pétro-silex. Porphyroïde (r} à base de cor- néène. ; | Porphyroïde à base de horn- blende (‘grunstein de Wer- ner. No:LXI:): Porphyroïde.à base de rétinite (pechstein porphyr de Wer- ner ). ) composée de feldspath , et d’une pâte différenté de celle des porphyres: AIGRÉGÉE:S rphyroïde unepierre- 153 Roches circoniennes. Circon, feldspathet hornblende de Friderishaven en Nor- A VEgEe Roches oluciniques. Emeraude et quartz du Limou- sin. Roches gadolines. Corps combustibles. Bitumes et spath calcaire: EMPATÉES (a). Porphyroïde à base d'argile. Porphyroïde à base calcaire, Porphyroïde volcanique. Porphyrite (2) oeillé de Corse, Porphyrite à base d’horn- blende et de quartz. Porphyrite à base de lhémanite avec smaragdite: (verde di Corsica ). Amygsdaloïde primitif (n°. {11 Varie db due LE Variolite du Derbyÿshire ( toad- stone ). Variolite de la Durance. Roche de topaze ( topaz fs de Werner ), Roche de thallite. Roche d’opale. -- (2}-Pappelte-porphyrite Tes pierres siliceuses empâtées qui.ne conbennent point de’critäux de feldspath. PTE TT RP NN ON ER (a) Elles varient et à raison de la pâle , et à raison des substances empä tées 154 Roche de halbopale (hydro- phane ). Roche d’agate. Roche de jaspe. See 4 nloteel a lens le tete a te fes Roches MmAgnÉsienLes. Mica schisteux avec grenat , (murschstein ). Stéatite et calcaire. Stéatite et bitterspath. Serpentine avec talc. Serpentine et schirlspath. Serpentine et grenat. Serpentine et calcaire ( polze- vera ). Serpentine et calcaire (espèce de vert antique ). Roches arsileuses. Schiste primitif et grenat. Schiste primitif et mica. Ro ca Es Ok © c Roches siliceuses. Brèches primitives d'Egypte. Brèches primitives d’Ajou, Brèches primitives de Thel. Poudding primitif ( ne. XL). Grès primitif, Roches magnésiennes. Brèches magnésiennes du nu: méro LIT, espèce de grau- wacke de Werner. JOURNAL DE PHYS IQUE, DE CHIMIE Schiste primitif avec horn- blende. Schiste primitif et stéatite. Schiste primitif et calcaire. Roches calcaires. Calcaire primitif et grenat. Calcaire rougeâtre et hornblen- de noire d’Ecosse. Dolomie et trémolite. Dolomieet stéatite. CPC CC Rockes barytiques. Roches strontianes. Roches circones. Roches glucines. Roches gadolines. LU TINÉE S (1). Roches argileuses. Araile dans laquelle se trou- vent des fragmens de pierres roulées ou non roulées. - Ce sont , je croïs , des espèces de wackes de Werner. Roches calcaires. Espèce de vert antique. Brèche calcaire primitive. Poudding calcaire. (1) Elles varient et à raison des substances agglutinées ; ét à raison de la pâte qui les ägglutne. ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 1991 ROCHES COMPOSÉES DE PIERRES AGRÉGÉES. NENRPRT ENTANTS S'ECONDATRES, OU DE, TRANSETHOIN:: DE WERrRNER, Ce sont à-peu-près les mêmes que celles des térreins primitifs: les roches micacées et schisteuses y sont plus abondantes. TERREINS DE FORMATION TERTIAIRE, ROCHES AGRÉGÉES CRISTALLISÉES. Rhcles lens: J’ai un tripoli qui estrempli Granit secondaire (n°. LXVII). MENTAL CS AJPP: Roches mapgnésiennes. Roches magnésiennes de trans- Spath-calcaire et quartz. Roches calcaires. . port. __ Les cinq autres espèces de PS roches ; les barftiques , les Roches argileuses. strontianes.... ne se trouvent Schiste et spath calcaire. point ou rarement dans les ter- Tripoli et cristaux de gypse. ‘ reins tertiaires. RNO CHE SN AUGUR,EŒ À ES) EM PAT Re Roches siliceusés: Roches calcaires. Pierres meulières et quartz. Pierre calcare’ëf quartz. Roches magnésiennes. ; - Hoches dé transport, Les cinq autres espèces de 2) AP roches ne se trouvent point où : Roches argileuses. rarement dans les térreins ter- Schistes et calcaire. tiaires. RoOCHES AGRHEGÉSS AÀGGLUuTEN-Éxr er Roches siliceuses agglutinées. Brèche quartzeuse secondaire. Poudding siliceux. Grès secondaire. 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Roches magnésiennes agolutinées. Ce sont des roches de transport. Roches aroileuses agolutinées. Arpgile et pierres roulées ou non roulées. Roches calcaires agolutinées. Brèche violette. Brèche d'Alep. Les cinq autrés espèces dé roches ne se trouvent point ou que rarement dans ces espèces de terreins. ROCHES D’ALLUVION. Werner a fait une quatrième classe des roches d’alluvion. Ce sont les roches formées par Les dépôts des eaux courantes. R:O.CILE S:..VNQLCANIQUES. Je ne ferai qu’indiquer les roches de cette espèce , en y pla- çant celles que les minéralogistes français regardent comme volcaniques. >asalte compacte pur en masse. Ponce. Basalte prismatique. *uTayes agglutinées. Basalte compacte avec olivine. Tuf volcanique. Basalte avec leucite. Basalte avec auvite. Roches pseudo - volcaniques. Lave scoriforme. Schistes chauffés par les bitu- Lave granitique.., mes enflammés, (les jaspes Lave porphyrique. 1 : porcelaines de Werner). Lave résiniforme. Schistes à. l’état scoriforme 4 Lave vîtreuse. les schistes précédens plus Verre volcanique: chauffés. ANALYSE ET DAHTST O LIRE. N A T'ULR-Ê L.L.E, 157 AN À LofuStiE DE LA KOUPHOLITE, c’est-à-dire, PIERRE LÉGÈRE, Par le cit. Vauquerix , membre de l’Institut national. Cette pierre a été apportée en 1786 par les citoyens Gillet et Lelièvre, des environs de Barrèges ; ils en ont aussi rapporté de fort beaux morceaux du pic d’Eredlitz, qui leur avoient été re- mis par un montagnard ; mais ils ne les avoient pas pris en place. Cette substance a été retrouvée depuis au pic d’Eredlitz par le cit. Picot-Lapeyrouse, qui lui a donné le nom de kozpholithe: Dans cet endroit elle a pour support une roche argileuse, mêlée de chlorite, dans laquelle sont ergigés des cristaux aciculaires d’épidote. e Cette pierre est formée par l'assemblage de petites lames blan- ches , demi-transparentes , qui paroissent tendre vers la figure du carré ou d’un rhombe peu obtus. Elle fond très-facilement au feu du chalumeau , en un émail blanc; elle produit en se fondant ainsi, un bouillonnement et une phosphorescence assez vifs , phénomène qui indique en général, dans les pierres, la présence de la chaux. Les acides minéraux, et particulièrement le sulfurique , at- taquent la koupholithe à l’aide de la chaleur , mais ils ne la dé- composent pas complettement. Il ne faudroit donc pas en entre- prendre l’analyse par cette voie, si l’on vouloit avoir les pro- portions exactes de ses principes. On a d’abord regardé la koupholithe comme une espèce de zéolithe , et dans ce cas il faudroit la rapporter à la mésotype. Maïs le cit. Lelièvre pense qu’elle doit être réunie à la prehnite ; la géométrie et la physique auroient pu fournir les moyens de résoudre cette question , si la koupholithe avoit offert des cris- taux d’une dimension assez étendue ; la chimie pourra peut-être suppléer à ce défaut (1). (1) «Si la koupholithe, dit le citoyen Haüy , se trouyoit en lames d’une éten- due sensible ; et qui eussent de plus une forine régulière , il y auroit deux ma- nières de résoudre la question dont il s’agit 1ci, l’une , par la mesure des angles, Tome LF, THERMIDOR an 10, 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cent parties de koupholithe, chauflées au rouge-blanc pen- dant une demi-heure , n'ont pas sensiblement perdu de leur poids, mais la pierre a pris une couleur jaune-rouge, occasion- née par le fer qu’elle contient, Cent parties de la même pierre pulvérisée subtilement, ont: été fondues par la potasse, dissoutes par l’acide muriatique , et évaporées ensuite à siccité.. Le résidu a été redissous dans l’eau pour séparer les sels d'avec la silice , et cellezci lavée et calcinéo. au rouge , pesoit 48 parties. La dissolution saline ci-dessus a été décomposée par le carbo- naté de potasse , et le précipité lavé ,.traité par une dissolution: de potasse caustique pour dissoudre et: séparer l’alumine ; la. dissolution alkaline d'alumine a été sursaturée par l'acide mu- riatique , et précipitée avec l’ammoniaque ;:après le lavage et la dessication elle pesoit 24;parties. 11 étoit resté, après l’action de l’alkali sur le précipité de l'exp. 3 , une poudre d’un blanc-jaunâtre qui, lavée et séchée, ps 42 parties et demie. Cette poudre ayant été dissoute dans. acide muriatique , sa dissolution mêlée avec de l’ammoniaque, a fourni un précipité rouge dont le poids s’élevoit à 4: parties fortes : c'étoit de l’oxide de fer. La liqueur d’où le fer avoit été séparé par l’äâmmoniaque , dé-- composée par le carbonate, à l’aide de l’ébullition ,, a fourni 38 parties d’une poudre blanche, qui avoit toute l'apparence du carbonate de chaux, Cependant , pour savoir si elle ne contenoit pas de magnésie', on l’a unie à l’acide sulfurique , et après avoir calciné la matière , on l’a iessivée avec une petite quantité d’eau. Mais cette lessive n’a donné , par l’évaporation ; qu’une petite quantité de sulfate de chaux. La quantité de sulfate de chaux calciné , obtenue par cette combinaison , étoit. de 55 parties, ce qui représente environ 23. parties de chaux pure. . D’après ce qui a été exposé dans les expériences ci-dessus, la: Kkoupholithe est. composée : 1 qui indiqueroit une mésotype ou une prehnite, suivant que les grandes faces de: lames seroient des carrés ou des rhombes d’environ 1001 et 80! ; l’autre , par la position de l’axe électrique-qui, dans le- cas d’une mésotype, passeroit par le centre des. grandes faces , et leur seroitperpendiculaire, et qui se idirigeroit, au contraire dans le sens de la grande diagonale , si la substance se rapportoit à la. prehnite, ».( Haüy, Traité & minéralogie, tom. 4, pag, 374). ET D'HISTOIRE NATURELLE. 159 1°, De silice..... TN a 46 20 DD /alaminens seul LU tro 4 SoDerchanL 25e des biabier El 23 99 En comparant le résultat de cette analyse avec celle de la prehnite , on trouve entr’elles un très-grand rapport ; en effet , dans celle de Klaproth il y a : DiNCE ur ec: RUE LE . 44 Alumine. "rt. : HIS AS de 2 3e Chaux. SRE EP SEA Lee de 10 1 PEROxME Nos En Re RER 5 ° Matières volatiles ................ 1,5 Et dans celle d’Hassenfratz , il y a: SU106. Dents RIGLT E nie DS . Bo dE Te ORAN Lee HUE Habet Chances NES EC MARNE 23 HR ame... 3 8e 00) UE: TE - 01450 IE 9 PROD BA TON a ©,9 MABRÉME: Ai eh Se cie :-200,9 L’on voit qu’il n’y a pas-entre les résultats de l'analyse de la koupholithe, et ceux de l’une ou de l’autre de celles que je viens de citer, plus de différence qu’il n’y en a entr'elles-mêmes, quoique faites sur la même substance. Ainsi, comme l’a pensé le cit. Lelièvre , l’on peut regarder la koupholite comme une variété de la prehnite, jusqu'à ce que la nature nous en ait offert des cristaux , dont la forme puisse s’op- poser à ce rapprochement. Fautes à corriger dans le mémoire de XL. Cotte , sur l’influence lunaire etc. , imprimé dans le cahier de prairial an 10. Page 410 Ligne 12 affection , lisez: attention. Id. 15 nos registres, lisez: mes registres. Œii —— 21 Begnelin, lisez: Beguelin. 412 —— 2 uniforme , : lisez, uniforme ;. Id. ——— 3 dernier quarher., lisez: dermier quartier ;. Id. —— 30 Chiminelle, lisez: Chiminello. 14. —— 33 baromitographe , lisez : barométographe. | À 413 —— 3 la marée est aqueuse, lisez : la marée aqueuse est journaière, X 2 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES * TAR BOUVARDPD, astronome. $ THERMOMETRE.. BAROMÈTR.E. o | Maximum. | Monemun. | a Mar. Maximum | ,,MiNimun. Ê Mir. 1à2 B Ss. —19,o|àärm. “+ 8,5] 18,5 |äagbhs. .. 26. à 4hlm. 28. 1,50|38. 2,00 2à2s 718,5 à 4 Lm. 10,5] +18,0 j à midi. . . 28. 3,50| à 4 5 m.. 26. 8,17/28, 4,50 3à2s M da m. —-10,5 en Ds mA Gol à 105... a 1,17/28. ee &à2s 17,4) & 4 m. Je... 14,2 ; à 4m... 28. 0,59/a 2:s..,. + 0,25/28. 0,2 sjà 2 ss 15,4! à 4m. + 7,90 15,3 à2s. +. 28. 4m... ., 26. 0,93/28. 1,75 Gars +165 à 4m. ......|—+16,4|à midi, . 28. SOIT EL RE 28. 1,82 7jà 25 —+-20,0/.à 4m. ......| 19,6 | matin. .:...,...[à2s..... 27.11,60|27.11,84 8à 1hs. 19,8 à 4m. +10,2| +-16,2 | à 9 55. . . 27.10,17 à 8 M... 27: 9,75/27. 9,90 as “+H17,5|à45m.t+i21|+17,5|à2s. .. 27. ü,90| à 43m. . 27. 9,42|27. 9,50 10à2s. 16,2 à11s. + 9,0 14,6 |à11s... 27.11,17| à 4m. . . 27. 9,60|27. 9,67 11fà midi. —Hi4,2l à 4m. ......| 14,2 | à 9 mi. .. 27.211,50] à 108: . .’ 27. 9,60 27.11,25 Blisamidi. 15,8 à 4m. “+ 9,3| 15,8 |à& 8m. . 2710,76|à 92 8. . ‘ 27.-9,42|27.10,00 lla3à 815. 15,8) à 43m. + 9,2| 15,6 |à 9m... 27. 0,57 à 838... 27. b,20/27, 9,17 M\14à midi 18,2] à 4m. + 9,5 +18,2|à95s.. 27-11,62| à 4m... 28. 1,75/27.11,35 dli5a2ss. 17,3) à 4m. + 7,5 +17,3|à9%s. . 26. 1,66] à 4m.... 28. 1,75/28. 1,65 Had ae) ae creer [DS AD D 28 DER G Un AVI 108 S 20; FD TOION «| —-20, ; m...20. 2,65|a93s.." + 1,20 + 1,89 15}à 2 ls. 18,1] à 1138 11,5) 17,4 | à 11 3s.. 28. 2,00! à 23 m... 28. 1,25,28. 1,75 j'igamidi. +210)à4m. - 9,9! 21,0. à 4m. . . 28. 1,58] à 10 ; 5... 27.11,42,28. 0,50 Bl2oàzs. 16,6 àiis. +i,2 25,0 à DS U28 520 à midi. .. 27-11,75,27.11,75 21là22s. “19,8 à4m. “+ 9,0 +19,4|[à 4m... 28. 1,50[à93s... 27.11,90 28. 0,75 22à31s. <+H16,9| à 4m. + 9,3) 16,7 | à midi. .. 26. 1,42] à 815. 28. 1,00,28. 1,42 S 23à 25. 15,8! àm! + 6,6 414,2 [à 4m... 26. 0,98l à 105. . : 28: 0,83 28. 0,85 24à midi. 15,8! à 4 Em. + 6,6! +15,8|à 4; m.. 28. 1,25] à 105... 28. 0,25 28. 0,95 25 à midi. 14,0] malin, .-....| 14,0 à 2 as 0008 obolhrematinepeNerenee 126. 0,60 o6là 51s.. +14,2| à 41 m. + 6,0 13,8 |à 515... 28. 0,75] à 4 Fm. . 28. 0,67128. 0,70 | 4 > nm] Je 7 7 7 27è2gs. 14,2] à 4 Lim. + 7,5, +13,7 | à 2ts 27.411,83] à 4 ; m... 27.11,00 27.11,25 j FRA s. 17,3] matin. ..... io ag-:m 27.202 Se 27.11,17.27.11,25 A| 29/à 2! se: 14,2 à/3 Lm. + 6 | 156 à22s 28. 1,25|à31m.. 27,11,50 98. 1,17 d'3olûmidi. —17,o| à 45m, + 89, tolia 0m :28..1,D0l set ARE Rss É 1,20) L RÉCAPITULATION. Plus grande élévation du mercure. . : 28. 3,50 le 2. ‘ Moindre élévation du mercure. . . . 27. 9,52 le 10. Élévation moyenne. ... . 1. 28. o,46. Plus grand degré de chaleur. . . . . —+ 21,0 le 19. Moindre degré de chaleur. . . : . + + Sole 5e. - Chaleur moyenne. . . .. + 13,0. Nombre de jours beaux, . . . . 20: \ A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Messidor, an x. Hrc. POINTS VENTS. à Mar. LUNAIRES. Ëquin. ascend. Dern. Quart. PSÈE o © :Pr2000 F1 ë o L g 0 09000 09 Nour. Lune, EN 2 [e] auno Co LE [e] au Apogée. Equin.descend. EN 109 © re) Prem. Quart. Poe oo Pleine Lune. Périgée. [ai SD © CP22ZAAOPEUMO For o © LA = © a 1 NAS RE TE TA TT" TAONNTS DE LATMOSPHEÈRPF. Ciel trouble et nuageux. Même temps. Idem. Trouble et nuageux le matin; couvert l'après-midi. Ciel irès-nuageux et trouble. Quelques petits nuages vers midi. Ciel trouble et nuageux. + ; Pluie abondante le matin, et couvert par intervalles. Pluie une partic de la journée, Couvert par intervalles. Ciel trouble et nuageux ; pluie l'après-midi. Ciel nuageux le matin, et couvert:le soir. Couvert et pluie par intervalles. Ciel trouble et chargé de gros nuages, Même temps. Ciel chargé de vapeurs et de nuages. Quelques nuages. Ciel en grande partie couvert. ï Beau lemps, brouillard le matin; ciel nuageux le soir. |Ë Pluie et tonnerre le malin; ciel nuageux Paprès-midi. [À Ciel nuageux. Couvert par intervalles, Ciel nuageux. Ciel nuageux et trouble. Couvert par intervalles ; petite pluic à 1 : soir. Mème temps ; pluie fine le soir à 9 heures. Couvert par intervalles. Temps pluvieux le matin ; nuageux le soir. Nuageux matin et soir; pluie fine vers midi. Ciel nuageux. R É CA PT TU T AÎTTO N. Jours dont le vent a soufflé du: de couverts , ..,. 10 de pluie... 6 dervent ul. 1.124; * 30 desgeléeh. "+45." de tonnerre....... de brouillard. . , .. GENRE A IOMENE PE degréle.t.e «Men 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DT LE SRE SO PRE EE RENE TL ESSOR MARS SEE RREN D CREER NOUVELLES LITTÉRAIRES. Histoire naturelle générale et particuliére , par Leclerc de Buffon. Nouvelle édition accompagnée de notes, et dans laquelle les supplémens ont été insérés dans le premier texte qui leur convient. L'on y a ajouté l’histoire naturelle des quadrupèdes et des oiseaux découverts depuis la mort de Buffon ; celle des reptiles , des poissons , des insectes et des vers; enfin l’histoire des plantes dont ce grand naturaliste n’a pas eu le temps de s'occuper. Ouvrage formant un cours complet d’histoire naturelle rédigé par C.F, Sonini , membre de plusieurs sociétés savantes. Tomes LXI, LXIIet LXII. À Paris, de l'imprimerie de F. Dufart. On souscrit à Paris, chez Dufart, imprimeur libraire, rue des Noyers , n°, 22. Et Bertrand, libraire , quai des Augustins , n°. 35. À Rouen , chez Vallée , libraire , rue Beftroi , n°. 22. A Strasbourg’, chez Levrault , frères , libraires. A Limoges, chez Bargéas, libraire. A Montpellier , chez Vidal. Et chez les principaux libraire de l'Europe. E X T R 4 A T. Le soixante-unième volume contient la continuation de l’his- toire des oiseaux d’eau. Soniui a ajouté l’histoire de l’avocette , celle du flammant du Chili, du cygne à tête noïre, du cygne noir, du cygne cendré ; celle de la variété de loie des Esqui- maux, de l’oie hyperborée, de l'oie à cou roux, de l’oie kasorka, de l’oie sauvage de la grosse espèce, de l’oie des moissons, de l'oie de Bering ; celle du gulaund, de l’oie à tête grise de Coro- mandel, de l’oie à coiffe noïre , du coscoroba, du cage , de l’oie variée ; celle des variétés du cravant ; celle du canard du Nil, du canard moine , du canard royal, du canard de Georgie, du sifleur à queue noire , du canard du Cap de Bonne-Espérance , et du kogolca. Le tome LXII contient la suite de l’histoire des canards. Sonini a donné les descriptions du çamard à bec courbé, de BLONDES ERONURSE EN VA TIURRYER CHENE 165 eelui d'Islande , du brun, du heturera, du todorne du Cap de Bonne-Espérance , du succé, du canard presque brun , de ceux à tête grise , à face blanche, du vinditre , du canard à bec taché de rouge , de celui à tête couleur de canelle , du floura , du ca- nard gloussant, du steller, du nyroca, du canard gris d'Egypte, du canard dominicain du Cap de Bonne-Espérance , du pie, du varié à calotte noire, du huppé de la terre des Etats ; celle des variétés de la sarcelle d'été, celle du wafpis ; celle de l'albatros bleu-noirâtre à bec jaune ; celle des variétés du macareux, dw macareux de Labrador ; celle du pingouin de la Baltique , du petit pingouin huppé, du pingouin noirâtre , du pingouin perro- quet ; celle du manchot à collier de la Nouvelle Guinée, du manchot papon, du manchot antarctique , du manchot du Chili. Le tome LXIIT contient l'histoire des perroquets. Virey, dans un avertissement très-bien fait, prouve que dans l'étude de la nature il ne faut jamais abandonner les analogies, Il a donné les descriptions du kakatoës gris à trombe , du kakatoës vert à huppe bordée de bleu , du kakatoës noir à huppe courte de la Nou- velle Hollande ; celle du perroquet à tête grise, celle du petit Jori papon , du lori élégant, du lori varié , du lori mêlé de noir ét rouge, du lori de la Nouvelle Guyane , du lori jaune et rouge, du lori perruche de læ mer du Sud, nouvelle espèce à queue longue ,. égale , du lori perruche de Tonga-Fabao ; celles de la perruche à taches brunes , espèce à queue longue , de la per- ruche à taches rouges , espèce à queue longue, de la perruche À tête rouge de la Nouvelle Calcédonie, espèce à queue longue, de la perruche à tête pourpre et noire , espèce à queue longue, de la perruche à huppe jaune , espèce à queue longue, de la perruche à collier blanc, et de celle d'Uliétea , espèce à queue longue; celles de la grande perruche à bas ventre rouge, espèce à queue longue , de la perruche de l’isle Luçon, espèce à queue longue , de la perruche à gorge orangée , espèce à longue queue, de la perruche à collier lilas, espèce à queue longue étagée, de la: perruche à double tache noire , espèce à queue longue inégale, de la perruche huppée à voix grèle, espèce à queue moyenne, de la perruche des palmiers , espèce à queue moyenne , de la rase pygmée , espèce à queue moyenne, de la grande per- ruche de la Chine ; espèce à queue courte ; de la perruche à joues bleues et de la perrucheorientale, espèces à queues cour- tés, de la perruche a aîles écarlates, et de la perruche à cuisses rouges, espèces à queues courtes, de la petite perruche de Malacca ,, espèce à queue courte , de la petite perruche à aîles: 36% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE émeraudes , espèce à queue courte ; celles de l’amazone à ca- puchon jaunätre , de danse à calotte rouge, celles du crik moineau , et du crik robuste, Le tome LXIV contient la suite de l’histoire des perroquets, Virey a donné les descriptions du papegai à front blanc, du papegai à collier blanc , de la perruche écaillée , à queue longue, de la perruche à bandeau rouge, espèce à queue longue et iné- vale, de la perruche unicolore. Il a ajouté des notes à l’histoire des perruches ; il a donné les descriptions du toui à queue pour- prée , et du perroquet calao. 1] a ajouté des notes sur quelques espèces d'oiseaux incertaines et peu connues. On voit que les nouveaux éditeurs ont fait des additions consi- dérables au texte de Baffon sur les oiseaux. Cette histoire qui forme 25 volumes est une des plus complettes que nous ayons. Virey a terminé ce grand travail par des vues générales sur les quadrupèdes vivipares , les oiseaux et la nature organisée. Il y a ajouté les méthodes ornithologiques de Brisson . de Lacépède, et un tableau méthodique des oiseaux. On trouve à la fin de ce volume la préface que Baffon a mise à sa traduction de la statique des végétaux de Halles , ainsi que celle qu’il a mise à la traduction de ouvrage du chevalier New- ton , intitulé: Mérhode des fluxions et des suites infinies. Les éditeurs vont continuer l’histoire des autres classes du one animal. reg À D Dre 2 EE 5 DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER, Observations et expériences sur l'acide muriatique oxy- géné et hyperoxygéné , et sur, quelques combinaisons de Pacide muriatique dans ses trois étais, par Richard Chenevix. 85 Observations sur la fleur de la tannée, par F. Berger. 117 Mémoire sur la composition de l’émeril, par S. Tennant. 120 Note sur un voyage minéralogique, fait en l’an 10, avec ure classification des roches, par J.-C. Delamétherie, 129 Analyse de la koupholithe , par Vauquelin. 157 Observations météorologiques. 160 Nouvelles litiéraires. 102 ”) 2 e Journal de Zhuysique ; Zhermidor An 10 3 Jeler JT Je TE V4 Journal de Physique. PLTTIE Thermideor An 10 Jellier, fils de EEE JOURNAL DE PHYSIQUE; | De EC Ml MODE no ET D'HISTOIRE NATURELLE. FRiUe CT DORE LAS ME M OT RE." SUR LES TUBES HARMONIEUX A GAZ HYDROGÈNE, Lu à la Société de physique ‘et d'histoire naturelle de Genèvé j | Par PE Rp Pa RL Ex-Président de la Société royale d'Édimbourg, et Membre des Collèges de médecine: de Londres'et de Genève. Dans une des séances précédentes notre savant collèeue , le professeur Pictet , fit part à la Société d’une suite de nue sur les tubes harmonieux, à gaz hy&rogène ;il développa les dif- férens phénomènes musicaux auxquels ces tubes donnoient naïs- sance. [1 fit voir quelle étoit l'influence de Ja longueur du tube, de sa largeur , et de la place où le gaz brûloit, sur la nature des sons produits quant à la cause, même, du son , il ne donnoit à cé sujet qne des conjectures, sonitravail n’ayant pas éte dirigé vers ce but; c'est.sous ce seul point de vue que je J'ai repris, ct c'est là le sujet de ce mémoire. | Le profésseur Brugnatelli est, je erois, le premier qui ait pu- blié l'expérience que je cherche à. expliquer ; elle avoit été in- ventée par un, Allemand, Je,vais en retracer les circonstances principales. UE Tome LV. FRUCTIDOR an 10. Y 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si l’on renferme un courant de gaz hydrogène enflammé dans un tube dont la substance soit élastique et sanore,comme du verre; du métal , du bois séc ; etc., ce tube après un intervalle de quel. ‘ques secondes rendra un son harmonique ; s’il est ouvert aux deux extrémités , ce son sera fort et plein : on peut cependant réussir avec un tübe fermé hermétiquèment d’un côté, pourvu que son diamètre scit assez grand pour qu’il puisse s'établir une circulation d’air atmosphérique pu à la combustion du gaz. Les: conditions ledsèntielles à Id réussite ‘dè Vexpériénice sont , 1°, que la substance du tube soit élastique , propre à faire écho, c'est-à-dire à réfléchir les ondes qui partent du point sonore ; un tube de carton üu de papier ne réndra aucun son. 2°. Il faut que la flamme URI par un courant de gaz hydrogène ; un jet enflammé de vapeurs d’esprit-de-vin ou d’éther, une bougie allumée, etc , sont incapables de faire rendre aucun son au tube. C3 FT ÿ Examinons maintenant ce qui se passe dans cette expérience. À SPHTL aTcS point po l'empeptrgommenle pos aqueres c'est là où sont produités les vibrations qui communiquent à l'air un mouvement omdulatoire.:Ce point est le lieu de la combus- tion, car en faisant changer de place à ce lieu , on varie les sons, ainsi que l'a prouvé M. Pictèt par une.suite d'expériences, Ce savant a aussi observé dans ce point , au moyen de fumée dont il a rempli le tube, une succession continuelle de vibrations ; ces vibrations donnent naissance aux ondes qui se propagent ayec uné vitesse connue et déterminée , et venant frapper les parois du tube ; sont réfléchies avec la même vitesse avec laquelle elles sont arrivées ; lorsque la distance des parois du tube est tell; que des allées et'les venwes sont isochrones avec 15 Nibrañbns: naturelles àila dause soñone ; le$on croît £à intensité et'devient iüsicakement appréciable, I baroît aussi que les ondes réflés chies réagissent su les vibrations primitives produites dans le Jon de Téiibastion, et les régularisént harmôniquémènt avec Sites 1 Câr 1 faüt présque toujoufs ui certain espace de temps avant que l'insträtiient ait: acquis tn oh régulier ev'plein : le on du tube séfa phis où noirs haût , snivant le plusiou moins ji ñomibré d'ondulations ‘qui auront dieu dans an temps onné. die tab re JE l'est entouré th Autré fait edséntiel à "6b$erver’ dans l’expé- -Henée qüénôus exaniinons : la température de la colonne d'air n’ést/point la mêine dans toute sa onbüetir. Aur'poirit/sonorer, c’est-à-dire au lieu de la combustion, la température esttrès- ÉT DHISTOLRE NATURELLE. 18 haute ; elle ést telle que l’extrémité de l'ajutage de verre par où sort le gaz hydrogène , est constamment dans un état d’incan- descence : si au courant du gaz hydrogène on substitue un jet enflammé de vapéurs d’esprit-de-vin ou d'éther, la chaleur est visiblement moins forte. D’après quelques expériences il paroît aussi probäble que la température de la chambre où se fait l’ex- périence, et la pureté de l’air de cette chambre peuvent influer sur sa réussite. L'objet de mes recherches à été de découvrir quelle est la causé de ces phénomènes, comment et par qui sont produites ces vibrations sonores. Pendant la combastion du gaz hydrogène nous savons qu'il y a production d’éau : cette éau paroît sous là forme de vapeurs. Le lieu della combustion étant à une haute température , ces vapeurs Üoivent acquérir un grand volumé ; mais 6e trouvant aussitôt en contact aYec un air moiïns chaud , leur volume doit diminuer rapidement ; il doit ainsi se former un vide dans lequel l'air se précipite pour être repoussé par de nouvelles vapeurs qui se contractent à leur tour. Seroit-ce de ce mouvement alternatif produit par la grande expansion et là contraction subséquente des vapeurs que résultéroient lés vibra- tions sonores (1) ? Telles étôient les conjéctures que l'on pouvoit former sur la cause probable de ce phénomène, lorsque le hasard me présenta un fait qui me parut leur donner quelque poids. J’avois un tube de thermomètre d’urre ligne environ dé dia- mètre, à l’extrémité duquel étoit souffléé une petite boule ; dans cette boule se trouvoit une goutte d'eau que je vouloïs expulsé ; À cet effet j'éxposaï la boule à plusieurs reprises sur la flamme (:) Il me paroit probable que le son produit par Pair qui se précipite dans le vide , est plus intense que celui qui résulte d’une force expansive. Ontconnoît le bruit épouvantable causé par! une détonation de bulles de gaz hydrogène et oxygène , et.cependant les objets Ics-plus légers environnant le vase n’en sont pas seulement ébranlés , d’où l’on peut cékure que ce phénomène est produit par le vide soudain] résultent de la destruction des gsz, La détonation d’un pisto- let à gaz inflammable est beaucoup:plus forte que celle d’un fusil à vent quoique Jeffet soit moins considérable,;.probablement parce que dansle.pistolet uh vide succèdo au premier efletsexpansif. Il n’est personne qui ne connoiése ce joujou des enfans nommé ronfle. C’est une:sphèré creuse avec une ouveftüre à sa cir- “conférence ; on la fait tournér rapidement sur son’ axe , et elle produit an bour- ‘donnement très-fort: Quellesæst d :canse de cetbonrdonnement ? laimême, à ce que-je ‘crois ,.que celle que.je viens d'indiquer ; la force centrifuge chasse l’air de la sphère par son ouverture ; il sy forme une espèce de vide , l'air extérieur tend continuellement à y pénétrer, et en est aussitôt repoussé ; de là une suite doscillalions sonores. a 168 JOURNAL DE. PHYSIQUE, DE: CHIMIE d'une lampe À esprit-de:vin , et je fus agréablement surpris en entendant le tube rendre un son harmonieux. Pour répéter cette expérience avec succès, on doit se procurer un tube qui ait de 1 à 2, ou 3 ligries de diamètre : sa longmeur peut être de 5 à 4 ou 5 pouces ; on fait souffler à l’une de ses extrémités une boule ‘dont le diamètre soit triple environ de celui du tube ; il n’est point nécessaire qu’elle soit régnl'ère. Il me paroît même que si elle est un peu applatie, le son renln sera plus haut ; on introduit dans cette boule une très-petite quantité d’eau ou de mercure, puis on l’expose à une,forte cha- leur ; celle d’une lampe à esprit de-vin est ordinairement suf- fisante ; mais il faut que la flamme sait grande et forte lorsqu'on opère avec un gros tube, Après quelques instans d'exposition de Ja boule à la chaleur le tube rendra un son, ceux à large dia- mètre produisent un son plus bas que les autres ; la grosseur de la boule me paroît aussi contribuer au mêine effet : ce son sera permanent pendant quelques instans, puis diminuera graduelle- ment, et enfin cessera tout-à-fait. En laissant l'appareil se re- froidir ,et ayant soin de faire descendre dans la boule le liquide qui s’est condensé le long du tube , on. pourra répéter l'expe- rience aussi souvent qu'on le jugera à propos. Telle est l'expérience au moyen de laquelle , je crois , qu’on peut expliquer d’une manière satisfaisante le phénomène des tubes harmonieux. Examinons d’abord ee qui se passe dans les tubes à, boule, voyons quelles sont les conditions essentielles pour qu'ils rendent un son ;;et 1âchons de découvrir la cause de ce son ; après cela nous les comparerons avec les tubes à gaz hydrcgène , nous examinerons en quoi ces deux instrumens se ressemblent dans les effects qu'its produisent , les différences qu'ils présentent sous les mines. rapports, et les :causes de ces différences, Les’ conditions essentielles pour que les'tubes à boule puissent résonner sont :. 1°. que le vase ait une boule , je n'ai jamais pù exciter de, vibrations sonores dans'un tube simplement fermé unede ses extrémités ; 2°, il faut que cette boule contienne un li- quide évaporable. L’eau réussit très-bien, maïs elle a le désavan- tape de former dans le tube; en passant, de l’état de vapeur à l’état liquide , une petite goutte qui souvent l’obstrue complette- ment, et-d'autres fois venant à couler sur:là partie chaude du “verre, ocçasionne sa rupture. Le mercure n’a point cet incori- Yénient ; je n’ai jamais pu réussir à produire dés sons avec l’é- ther, l'esprit-de-vin et l’acide sulfuriqne concentré, La quantité EMDED AIRES D'OMR-E)>N ASDU RIEMAL E. 169 du liquide contenu dans la boule n’est point indifférente, il faut qu’elle soit aussi petite que possible; s’il y en a trop , les vapeurs remplissent le tube en chassant compleitement l'air, et le, ré- chauffant par-tout également, il me rend plus aucun son. La troisième condition essentielle pour la réussite de l’expérience est l’application d'une forte chaleur à la boule , tandis que le resté du tube demeure froid ; car s’il n’y a pas une différence de température bien marquée entre la boule et le tube , on n’aura aucun effet sonore. Quatrièmement enfin , la présence de l’air atmosphérique dans le tube est indispensable ; si on l’expulse entièrement on ne pourra produire aucun effet; dans tous les périodes de l’expérience on trouvera que la vapeur ne remplit qu’une certaine partie de l'instrument, et qu’il contient toujours de l'air; j'ai fait plusieurs essais pour déterminer exactement l’espace qu’occupoit la vapeur au moment où le son se fait en- tendre , et j'ai trouvé que du moins dans les petits tubes cet es- pace est un peu moindre que le volume de la boule. Pour le déterminer je fermois avec mon doigt l’orifice du tube au mo- ment où il commencoit à résonner ; je plongeois cct orifice dans du mercure, j'ôtois mon doigt, et je laïssois refroidir l'appareil ; la vapeur se condensoit , et l'on pouvoit juger par la quantité de mercure que la pression de air atmosphérique faisoit monter dans le tube, de l’espace que cette vapeur y avoit occupé. Telles sont les quatre conditions essentielles pour obtenir des sons ; une boule à l’extrémité du tube , la présence d’une très- petite quantité d’eau ou de mercure dans cette boule, l’applica- tion d’une forte chaleur à cette même boule, tandis que le reste du tube demeure froid, et enfin la présence simultanée dans l'appareil de la vapeur et de l’air atmosphérique ; il n’est pas nécessaire d'ajouter que l’orifice du tube doit être toujours ou- vert. Voyons maintenant quelle peut être la cause du son. — J'ai voulu premièrement m’assurer qu'il ne s’opéroit aucune dé- composition chimique du liquide employé ; à cet effet je pris un .tube assez long pour que le liquide püût s’y condenser en entier ; je le pesai soigneusement avant de le mettre en expérience, puis je lui fis rendre des sons ; je trouvai qu'après avoir produit cet effet à plusieurs reprises, son poids n’avoit ni augmenté ni .diminué:, d'où je conclus que le calorique ne produit aucun effet chimique sur le liquide, et que ce dernier subit simplement une évaporation et une condensation successives. Est ce donc à cette évaporation du liquide et à sa condensation que nous de- vons attribuer les sons ? c'est ce que je crus au premier abord , yo JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE mais les considérations suivantes m'ont fait changer d'avis. J'ob- servois premièrement qu'il pouvoit y avoir vaporisation et con- densation successives, sans que le tube rendît le moindre son, et cela en appliquant à la boule une chaleur suffisante, mais moins intense que celle qui est nécessaire pour faire résonner ce tube. Secondement, en faïsant l’expérience avec une goutte d’eau, j'ai constamment trouvé que le moment où l'appareil commencçoit à entrer en action, étoit celui où toute l’eau étoit vaporisée , et où par conséquent c’étoit sur la vapeur même que Ja chaleur agissoit; s’il restoit dans la boule un seul atome d’eau liquide, le tube’étoit muet. De ce fait j'en ai déduit que le son étoit produit par l’action du calorique sur la vapeur, et la réaction de celle-ci sur l’air atmosphérique. Voici comment je conçois que ce phénomène a lieu. La vapeur contenue dans la boule re- çoit par une addition du calorique qui lui arrive de toute part et en grande quantité, une augmentation de volume et d’élasti- cité, elle passe avec force de la boule dans le tube, et refoule Pair qui y est contenu ; mais cet air et les paroïs du tube lui enlèvent au moment du contact une portion de calorique , son volume diminue au même instant, il se fait un vide, et l’air re- prend sa place primitive. Une nouvelle addition de calorique rend à la vapeur toute son élasticité dont elle perd bientôt une partie de la même manière; c’est une suite d’oscillations de cette nature qui donne à l’air un mouvement ondulatoire , les ondes réfléchies par les parois du tube deviennent sonores et apprécia- bles , lorsque les allées et les venues sont isochrones avec les oscillations produites par la cause que je viens d'indiquer. On trouve quelques tubes qu’il est impossible de faire résonner ; je présume que dans ceux-ci les allées et les venues des ondes ne peuvent s’harmoniser avec les oscillations primitives , et que les unes détruisent les autres. Le son diminue et cesse dans les tubes à boules après un certain espace de temps ; ceci s’explique par la propagation de la chaleur le long des parois, lorsque la Iboule est bien chaude et le tube froid : la vapeur qui s'élance de la boule perd subitement une partie de son volume , et les oscilla- tions ainsi produites sont fortes et fréquentes ; mais lorsque le tube a acquis un certain degré de chaleur, la vapeur diminue alors graduellement le volume en passant d’une température très- haute dans un lieu moins chaud à la vérité , maïs qui l'est ce- endant assez pour que les oscillations devenant plus foibles, lus lâches , cessent enfin entièrement. On peut s'assurer que telle est la cause de La cessation du son en appliquant une forte ET D'HISTOIRE NATURELLE. 172 chaleur à la partie du tube qui s’est déja rechauffée, tout en entretenant le même degré de feu sous la boule ; par ce moyen, la limite de température se trouve de nouveau bien tranchée, et le son sera reproduit dans toute sa force. On çonçoit que la substance du, tube doit être d’une matière non conductrice de chaleur, aussi le verre est-il préférable à tout. Comparons maintenant les appareils à boule avec les tubes à gaz hydrogène ; dans ces demniers nous avons tout ce qui est nécessaire à la production du son: une vapeur fort chaude, et par conséquent fort élastique , car , ainsi que nous l’ayons ob- servé, le Fe de la combustion est à une si haute température, que le bec du verre en est constamment rouge j cette vapeur chaude et élastique se trouye au moment de sa naïssance en contact avec l'air froid qui entre dans le tube par le bas, et en sort par le haut, son volume doit donc diminuer un instant après qu’elle a frappé cet air froid ; de nouvelles vapeurs chaudes succèdent à celle-ci , et se contractent à leur tour ; cette alterna- tive d'expansion et de contraction donne naissance au mouve- ment onudulatoire de l’air et aux ondes sonores. : , Nous avons vu précédemment qu’un jet enflammé d'esprit-de- vin ou d’éther ne pent faire résonner un tube ; c’est une nouvelle preuve de ce que j'ai ayancé , qu'il faut pour qu’il y ait produc- tion de son , une grande différence de température entre la va- Peur et l'air ambiant. Il y a bien dans ce cas-ci formation de vapeurs et condensations successives, car l’eau ruisselle le long des parois du tube ; mais le lieu de la combustion est infiniment moins chaud que lorsqu'on brûle du gaz hydrogène , et par con- séquent la vapeur produite est moins chaude et moins élastique : c'est un cas analogue à celui dont nous avons parlé plus haut, lorsque nous avons dit qu’on pouvoit maire dans un appareil à.boule,une vaporisation du liquide etune condensation succes- sives sans avoir d’effets sonores , et cela en exposant la boule à vu gertain.degsé de chaleur, mais moins intense que celle qui est nécessaire pour.faire résonner le tube. Nous ne serons pas surpris .qul.y.ait moins de chaleur paée par la combustion de d'esprit-dervin ou.de l’éther que parcelle du gaz hydrogène, sinous.considérons que dans ce dernier cas tont le calorique contenu dans ce gaz et dans l'oxygène de Pair atmos) >hérique consumé, devient, chaleur sensible et,se porte en entier sur la vapeur produite. Dans la combustion d'une substance )flam- mable,au contraire, telle que l’esprit-de-vin , nous n'avons que le, calorique de l’oxygène consumé qui deyienne sensible , et 172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE encore est-il absorbé en grande partie par la formation du gaz acide carbonique, en sorte que ce n’est que l’excédent qui se porte sur la vapeur; il n’est donc pas étonnant que nous n’ayons pas assez de chaleur pour donner à cette vapeur toute l'élasticité nécessaire à la production des Sons: la présence du gaz acide carbonique résultant de la combustion peut aussi mettre un obs- tacle aux vibrations sonores. Dans les tubes à gaz hydrogène le son est beaucoup plus fort que dans ceux à boule ; de plus , dans les premiers il est perma- nent, dans ceux-ci il ne dure que peu d'instans : voici pourquoi. Dans les appareils à gaz hydrogène le tube est ouvert aux deux extrémités, il Se forme par conséquent un courant d’air frais qui entre par le bas et sort par le haut ; c'est ce courant d'air qui vient pour ainsi dire lécher les vapeurs chaudes et élastiques , recevoir leur impu'sion , et en leur enlevant une portion de ca- lorique diminuer leur volume : nous trouvons donc ici la condi- tion la plus essentielle à la production d’un son intense et perma- nent, sayoir une grande différence de température entre l’airet la vapeur, et cette différence reste toujours la même par le renou- vellement continuel de l’air; mais cela n’a pas lieu dans les tubes à boule, aussi leur son est-il plus foible et moins durable. D’après cette donnée que la grande différence de température entre la vapeur ét l'air est nécessaire pour là production des sons, on comprendra aisément que tout ce qui tend à augmenter la chaleur du courant d’air , et à diminuer celle produite par la combustion du gaz, tendra aussi à affoiblir ou même à anéantir lé son du tube; or, ces deux circonstances se trouvent réunies dans une chambre chaude et pleine de monde, le courant d’air au licu d’être frais est chaud , et la quantité d'oxygène y étant moindre , la chaleur produite sera moins forte, 11 n’est donc pas étonnant que dans de pareilles chambres l'expérience ne réus- sisse pas toujours. “ : Brugnatelli a produit des sons dans des tubes par la simple combustion du phosphore ; quelques physiciens persuadés que les cffets sonores étoient particulièrément dus au gdz hydrogène, semblent tentés d’en inférer la présence de’cetté substance dans le phosphore. D'après ce que nôus venons de dire, n'est-il Le plus simple d'expliquer ce phénomène par la production de Pa- cide phosphoreux sous forme de vapeurs, vapeurs qui reçoi vent une grande élasticité du calorique dégagé lors de la com- bustion , et dont lé volume est bientôt diminué par le contact de l'air froid. Nous retrouvons là l'alternative d'expansion et de contraction ET, D'HISTOIRE NATURELLE, 175 centraction nécessaire pour communiquer à l’air le mouvement ondulatoire propre à produire des sous. Tel est le petit nombre d'observations que j'ai eu occasion de faire sur les tubes harmonieux ; je desire qu’elles offrent quelque intérêt à ceux qui s'occupent plus particulièrement de cette branche de la physique , et qu’elles contribuent à porter l’atten- üon sur un fait curicux et négligé jusqu’a présent. S'UUUUR BA .“THIÉ:O RTE" D'U' S' ON: Par le cit. Bror, associé de l'Institut national. Le cit. la Place m'ayant engagé à examiner l'influence que pourroient avoir sur la vîtesse du sori les variations de tempé- rature qui accompagnent les dilatations et les, condensations de l'air, et à chercher, s’il seroit possible de concilier par cette considération l'expérience et le calcul, j'ai fait sur ce sujet, et d’après ces données, les recherches que je vais soumettre à l’Institut. On sait que la théorie de Newton sur la propagation du son donne une vîtesse sensiblement plus petite que l’expérience. Les géomètres ont depuis présenté cette théorie sous une forme plus rigoureuse, et ils sont parvenus aux mêmes résultats. Il n’est pas rare de voir l’auteur du Livre des principes arriver ainsi comme par une sorte d’inspiration à des conséquences que les calculs les plus rigoureux ont depuis presque toujours confirmées. Get accord des géomètres à trouver la vitesse du son plus pe- tite que ne la donne l’expérience, dut leur faire penser , ou que les calculs étoient fondés sur des faits inexacts, on qu’on avoit omis d’y faire entrer quelques circonstances nécessaires. On chercha donc à apporter des raisons plausibles de cet écart ; mais il faut convenir qu’elles étoient fondées sur des hypothèses plus ou moins douteuses , et qui ne peuvent plus subsister après les dé- couvertes de la chimie moderne sur la constitution de l’atmos- phère. Suivant Newton, la différence observée viendroit de ce que l’on n'a pas égard dans le calcul au volume des particules intégrantes de l'air qu'il regarde comme transmettant le son Tome LF, FRUCTIDOR an 10. Z 194 JOURNAL DE PISYSIQUE, DE CHIMIE instantanément à la manière des eorps solides : en supposant & ces molécules des dimensions sensibés par! rapport à leurs dis- tances mutuelles ,; 1 pense qu'on doit ajouter l'espace qu’elles. occupent à celui que donne le calchl pour la! vitessé du son : comme celle-ci" diffère d'environ nn neuvième des expériences dont Newton faisoit usage, il donne ax molécules dé Pair la densité des substances salinés , et ca'culant leurs écarts dans une supposition , il obtient à-peu-près la correction convenable. Mais il n’est pas difficile de voir que cette correction est fondée sur des hypothèses bien précaires , et qui paroïssent infirmées par l'observation d’un grand noñibre de phénomènes. Il est extrêmement douteux aujourd'hui qne Pair doive son élasticité à la natureret au diamètre deises! particules, plutô® qu’au calorique dans lequel il est dissous ; mais quand même on admettroit cette hypothèse, dans l'ignorance où nous sommes sur ce qui concerne la nature intime ‘des corps, rien ne porte à penser que les molécules de l'air aient la même densité que les substances salines, et Newton n’a pu’ choisir cette supposi- tron'que parce qu’elle conduisoit au résultat qu’il vouloit obtenir, En effet, s’il eüt donné à ces molécules une autre densité , par exemple celle de l'or , ileût trouvé leur diamètre 24 ou 25 fois: plus petit que leur distance mutuelle, ce qui eût été bien loin de suffire pour accorder l’expérienteetle calcul. De plus, si les: molécules de l'air occupoient , comme Newton le suppose , la neuvième! partie de l'intervalle qui les sépare, l’inténsité de la Rimière devroit s’afloiblir en traversant l’atmosphère beaucoup plus qu’élle ne le fait réellement; et les condénsations que nous pouvons’ faire subir à ce fluide, soit par le froid, soit par des: moyens mécaniques, devroient sensiblement altérer sa transpa- rence , ce qui n'arrive en aucune manière : enfin si l’on consi- dère qu'ilest prouvé par plusieurs faits chimiques que les subs= tancés' même les plus denses ‘ont encore une infinité de pores , il paroît naturel de penser que lés dimensions des molécules de Vair et des autres fluides élastiques sont infiniment petites par rapport'à leurs distances mutuelles, et par conséquent ce n'est pas à cette considération qu’il fant attribuer l'écart de la théorie. Newton a indiqué comme une autre cause , mais d’une moindre influence , l’interposition des vapeurs suspendues dans l'air. Il lés regarde comme ne ‘participant point au mouvement de ce flüide par lequel leson:est propagé. Cetté circonstance en dimi- nüant la quantité de’ la matière à mouvoir, lui paroît devoir augmentèr la vitesse du son; en supposant dans l'air atmosphérique ET D'HISTOIRE NATURELLE 173 un dixième de vapeurs, il en déduit une augmentation d’un vingtième dans la vîtesse ; mais cette cause qui est au moins aussi hypothétique que la précédente , seroit loin d’être suffisante pour expliquer à elle seule l’écart de la théorie , et d’ailleurs elle se trouve détruite par les expériences qu'ont fait en 1738 les membres de l’académie des sciences, car il en résulte que le brouillard le plus épais n’altère pas la vitesse du son d’une ma- nière sensible. Je me suis arrêté à combattre l'explication de Newton, parce qu’elle me semble contraire aux découvertes chimiques faites dans ces derniers temps. Quelque fortes que me paroiïssent les preuves que j'ai SpRPEMeS , je ne les propose ce- pendant qu'avec défiance. Quand ou croit découvrir une erreur dans les ouvrages d’un si grand homme et d’un si sage observa- teur de la nature, il faut longtemps douter et examiner , de peur de se tromper sol même. On trouve aussi dans les Mémoires de Berlin pour l'année 1768 , des Recherches de Lambert sur le sujet qui nous occupe. Il combat les diverses hypothèses à l’aide desquelles on avoit essayé d’accorder la théorie et l'expérience, mais il en propose ensuite une autre qui n'est pas plus admissible. 11 regarde fair atmosphérique comme chargé d'une quantité plus ou moins con- sidérable de vapeurs et d’autres matières hétérogènes beaucoup plus péenes que l’air lui-même. Ces petites masses aqueuses ou salines, mais sans élasticité , se soutiendroient par la seule force de cohésion entre les molécules de laphosihére comme de petites gouttes de mercure sur l’eau, et. leur pesanteur spéci- fique étant 700 ou 800 fois plus grande que celle des molécules d’air , elles pourroient en raison de leur peu de volume, se Icger entre les interstices de ces dernières ; ces particules aqueuses et étrangères ne feroient qu'embarrasser et étouffér le mouvement ondulatoire de Pair sans contribuer par elles-mêmes. à la pro- pagation du son, et par conséquent il faudroit en faire abstrac- tion dans l’expression de la densité de l’air que lon: introduit dañsle calcul. Tout ceci suppose que l’eau: dissoute dans l’air, s’y! trouve toujours à l’état liquide et avec la pesanteur spécifique conve- nable à cet état ; or, le contraire est bien prouvé maintenant. On sait que l'air devient plus léger en dissolvant.de l’eau, et par conséquent ce liquide passant alors à l’état de, fluide élastique; prend un volume dont la pesanteur spécifique est moindre que celle, de. l'air lui-même. Lambert, étant arrêté par la difficulté de séparer le-poids: de | 2 2 "176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'air de celui des vapeurs qu’il ÿ supposoit suspendues, prit une: marclre inverse, et se proposa ce déterminer, d’aprè; les expé- riences faites sur la propagation du son, Ja quantité de vapeurs suspendues dans l’atmosihè:e : il trouva ainsi qu'elles devoient former plus d’un'tiers de son poids , ce qui ne peut s’accorder avec les expériences que l’on a faites depuis sur la composition et la décomposition de ce fluide, tel qu’il existe à la surface du globe. Lambert publia encore , en 1772 ; ün mémoire où il s'occupa en même temps de la vitesse du son et des réfractions astrono- miques ; mais il se fonde sur les mêmes hypothèses que dans celui dont nous venons de rendre compte , et il en emploie même les résultats dans ses calculs. | Après avoir parlé des tentativés que l’on a faites pour conci- lier avec l'expérience la théorie de la propagation du son, je vais en partant de faits bien constatés , exposer une cause à laquelle il paroît très-possible de rapporter leur difiérence ; mais il est nécessaire que je rappelle auparavant les principes sur lesquels le calcul est fondé. Ces principes sont très-simples ; on sait par expérience que Félasticité de l’air est proportionnelle à sa densité : d’après ce seul fait, on calcuje la vitesse avec laquelle les ondulations doi- vent se propager dans ce fluide , et on trouve pour le résultat 915 pieds par seconde, tandis que l'expérience en donne 1038. 1 Comme il n’y a rien dans la marche du calcul qui ne soit ri- goureux , il faut nécessairement que la loi qui lui sert de base ait besoin de quelque modification , au moins quand on l'ap- plique aux condensations et aux raréfactions successives de l’air dans la formation du son. C'est un fait connu des physiciens que l’air atmosphérique perd lorsqu'on le condense , une partie de sa chaleur latente qui passe à l’état de chalenr sensible, et qu’au contraire lorsqu’on. le raréfie , ïl réprend une portion de chaleur sensible qu’il con- vertit à l’état de’chaleur latente. Le mercure baisse de plusieurs. degrés dans le thermomètre sous le récipient de la machine pneumatique lorsqu'on fait le vide, et il s'élève au contraire. sous le récipient de la machine de compression. Ces eflets ne peuvent pas être attribués à la dilatation ou à la compression de la ‘boule de verre: du thermomètre soumis à l’expérience, car je me::suis ‘assuré qu’en laissant subsister quelque temps la con- densation'oule vide; l’équilibre se rétablit , et le mercure revient. au degré où il étoit précédemment. Pour se faire une idée de la températare que prend l'air dans es expériencés , et de la quan- EST DH UiS MONMUR:E NON TU RUEULUEE, 171 tité de chaleur qui s’absorbe ou se dégage, il faut observer qu'en général le thermomètre n'indique exäctement le degré de chaleur d’un corps avec lequel il est en contact, qu’autant qu'on peut Je regarder comme inhninent petit par rapport à ce Corps, ct qu'on peut négliger l'influence de sa présence sur la tempé- rature que l’on yeut observer. Or, cela est bien loin d’être vrai, lorsqu'on opère sons le récipient d’une machine pneumatique ou d'une machine de compression. Alors un thermomètre même très-petit et tel , par exemple , que ceux que l’on adapte aux hygromètres, a encore une masse considérable par rapport à celle du volume d'air dans lequel il est plongé. Aussi arrive t-il que pour des dilatations| égales la variation du thermomètre di- minue avec les dimensions des récipiens , de manière qu’en pre- nant ceux-ci fort petits , elle devient tout-à-fait insensible. Si de plus on fait attention à l'influence que doivent avoir pour rétablir l'équilibre les parois des récipiens et les machines elles-mêmes dont on fait usage, on sentira facilement que les changemens de température éprouvés par cette petite masse d'air doivent être bien considérables , puisqu'ils font encore varier de. plusieurs degrés le thermomètre qu’on y plonge. Ces effets se manifestent en grand dans les minces où l’on em- ploie des appareils qui renferment une grande quantité d’air condensé. Lorsqu'on rétablit la communication avec latmos- phère environnante, Pair dans la dilatation qui le ramène à son etatnaturel, absorbe tant de chäleur qu’il dépose à l’état de glace une partie de l’eau qui s’y trouvoit en dissolution. Dans la propagation du son les condensations et les dilatations successives de l’air doivent nécessairement occasionner dans les particules qui les éprouvent , des variations de température très- petites du mêmé ordre , analogues à celles dont nous venons de reconnoître l'existence ; et ces-variations doivent influer sur leur élasticité : par conséquent la loi suivant laquelle le ressort de J'air est proportionnel à sa densité, n’a lieu que dans l’état de repos où on laisse reprendre 8 ce fluide la température qu'il avoit avant le changement de volume qu’on lui fait subir ; et dans l’état de mouvement où les condensations et les raréfactions se, succèdent à de courts intervalles, il devient nécessaire d’avoir: égard aux variations correspondantes de la température. C’est le calcul qui peut noùs faire apprécier avec exactitude l'influence de cette cause sur la vitesse du som;-mais il faut avant de l’établir déterminer la quantité! de chaleur qui devient sen- sible pour une condensation donnée de l’air, ou plus exacte- 178 JOURNAI. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ment la partie de cette chaleur qui élève la température de ce fluide , et influe sur 6on élasticité , car il est possible qu’il s’en échappe une portion sous forme rayonnante , comme cela ar- five toutes les fois que dans un changement de température le calorique dégagé ne rencontre pas de corps capable de l'arrêter ët de absorber. Avec les moyens que nous avons de raréfier et de condenser l'air, il seroit extrêmement difficile d'évaluer directement ia quantité de chaleur qu’il absorbe on qu'il dégage , mais les va- riations correspondantes de la température devant croître avec les Changemens que l’on fait subir au volume d'air, nous les réparderôns comme proportionnels à ces changemens, ce ui sera sensiblement vrai; sur-tout dans la théorie du son où les condénsations et les raréfactions sont comprises dans des Umites peu étendues , ét nous essayerons ensuite de déterminer, d’après les expériences faites sur la propagation du son, le coefficient de cette proportionnalité. Ni ; Théorie de la propagation du son en ayant égard à la chaleur développée par les chansemens de volume, des particiiles de air. Si l’on représente par p, g, r les vitesses des particules du fluide parallèlement à trois axes rectangulaires æ y z, vitesses que ons supposerons très-petites : qu’on nomme € l’élasticité de ces particules , À leur densité dans l'état de mouvement, X Y Z les forces qui leur sont appliquées, on aura pour déterminer les ondulations du fluide les trois équations suivantes : dp è di dq ; da dr de (1). s$%+x Dm Fra HfoaÀ THERE À da ::d(ap) (ag) d(arp Ge dir 01 doi dy de RE : ( Voyez la Mécanique analytique, pag. 496 et suivantes). Lorsqu'on fait abstraction dela chaleur, l’élasticité est une fanction de la densitéA , et si de plus Xax + Ydy + Zdz est une différentielle exacte , on ramèneles formulés précédentes 4 l'in- tégration d’une seule équation différentielle partielle. Cher- chons, sil en est de même, quand on a égardiaux circonstances que nous avons indiquées. 120 94 À Supposons que dans l'état de permanence lélasticité soit une ÉT D'HISTOIRE NATURELLE 15ÿ fonction quelconque de la densité que noûs nommerons @ (A); représentons par À’ là densité de la particule d’aïr que l’on con- MEN , avant qu'elle fût ébranlée. Corne la durée etFétendue de ces ébranlemers sont supposées très-petités , la molécule pas- sera subitement dé la densité A'à la dénsit& A, ét l’on aura: A A-£a+4s-t | s étant une quantlé fort-petite, qui représentera les condensa- tons lérsqu'elle $era pôsiuive , et les dilätations horsqu'elle sera négative. D TN S se Soit &' la variation de température éorrespondante à une con- densation très-petite, comme seroïit par exemple =, (Ÿ étant exprimé en degrés du thermomètre, alors là variation corres- pondantel à la petite condensations, sera à très-peu près re- présentée par 100 fs, ou simplement fs en faisant 100 f — G. Si de plus y représente l’accroissement de élasticité pour une petite variation de température , comme seroit, par exemple , -:3 de degré, alors 100 y£s représentera, l’accroïssément de l’élas- ticité pour la condensation s, accroissement que l’on pourra ex- primer par £sen faisant 100 yB—£4. |, En vertu de ces modifications, l'expression de T'élasticité - de- viendra pendant le mouvement se {1+ks}o(A) On a de plus A A {r1+5s! Si donc la densité initiale A’ est variable pour Jes différentes particules du fluide , comme cela a lieu par exemple dans les fluides soumis à l’action de la pesanteur , : ne fera pas fonction É , RARE 5 de’ A’sèüilement ; par conséquent la fonction 7 ne Sera point une différentielle exacte, et l’on ne pourra plus profiter de cette circonstance pour'intégrer les équations ‘(1).et (2), : Conformément à ce qu'ont fait les auteurs qui ont traité la théorie du son., nous supposerons dans la suite de ces recherches ue la densité initiale du fluide est uniforme et égale à l’unité. d'est le cas de l'atmosphère quand on n’en considère qu’une couche peu épaisse, et c’est aussi (par cette raison celui de la propagation du son dans le sens horisontal. re Alors eñ nommant g la gravité ,;7 le rapport dela:derisité du mercure à celle de l’aîr, et H la hauteur du baromètre , on a p(A)=gnHa \ 180 JOURNAL DE, PHYSIQUE, DE. CHIMIE et comme A = 1 +5, il vient emganH{i+isi {r+s} qui se réduitd e=grH{i+(1+4)s} en négligeant les quantités de l’ordre s?. ontire delà —=gnrH(1+k) 6e qui donne en intégrant et faisant pour plus de simplicité da —#E E=gaH(i+À4)za À Sante Ÿ Alors si on multiplie la première des, équations (1) par &v, la seconde par dy , la troisième par dz, et qu’on les ajoute en supposant X—o Ÿ —0o Z— 0 puisque nous faisons abstraction des forces accélératrices , il viendra ap ot irs SP Le second membre devra donc être une différentielle exacte, ce qui exige que la fonction pdx + gdy + rdz jouisse de la mème propriété. Cette condition sera remplie dans le cas actuel, puisque les vitesses initiales pgr sont considérées comme très- . petites. Soit donc pdx + qgdy + rdz = de Jones de do Fo d'où lon ul doit 725 LE Ty 7 Te , à dè par conséquent on aura E— — la = — ARR TP D & Or l'équation (2) peut être mise sous la forme 1 dla d,1.A 4 dla je d.1.A 74 OZ Le AE 7 UN de dx P dy “ER dz EN da dinsi en y substituant pour /(4),p,g,r, leurs valeurs , et né- gligeant les quantités du second ordre , elle deviendra REX [he de del (Voyezipour ces formules la Mécaniqueranalytique de la Grange, seconde partie, pag: 1500). ‘111 LT ARS En supposant £ nul , on auroit l’équation ordinaire de la pro- pagation ET D'HISTOIRE NATURELLE. 181 pagation du son , telle que l'ont donné, Euler et la Grange , en faisant abstraction de la chaleur rendue sensible par la conden- sation de l'air, Cette considération ne fait par conséquent qu'augr menter le coefficient g z H dans le rapport de 1 + à l'unité, £ étant toujours un nombre positif: or on sait, et cela peut être démontré directement , que c’est de ce coefficient que dépend la vitesse de la propagation du son , laquelle est exprimée par V’gnii en faisant abstraction de la chaleur. Nos formules donneront par conséquent pour cette vitesse | gnH, Vi+X%, ou 915pieds Vÿi+k, elle sera ainsi plus grande que par la théorie ordinaire ; mais pour apprécier cette différence , il est nécessaire deconnoître la valeur de Æ. On n’a point encore d'expériences directes , qui fassent con- noître les variations de l’élasticité de l’air pour des changemens très-petits de température, tels que ceux-qui entrent dans les formules précédentes; on sait seulement, d'après les expériences d’Amontons , que le ressort de lair augmente d’un tiers pour un accroissement de température égal à 8o du thermo- mètre de Réaumur. Si l’on suppose la marche de cet accroisse- ment uniforme, ce qui est la supposition la plus simple , alors on aura -— pour chaque degré, ce qui donnera 1007 — >, et par conséquent À = Te G est alors la variation de température cor- 240 respondante à une compression égale À l’unité. Admettons avec quelques physiciens que les corps dans les dilatations ou les con- densations qu’on leur fait subir , dégagent ou absorbent autant de chaleur qu’il faudroit leur en ôter ou leur en donner pour les réduire naturellement aux volumes qu’on leur fait occuper : dans ce cas, si l’on suppose que toute la chaleur rendue sen- sible par la compression est employée à élever la température, sans qu’il se dissipe rien en chaleur rayonnante, il sera facile de déterminer 8 : car il résulte des expériences très-précises de Gay- Lussac sur la dilatation des gaz, qu’un accroissement de 80° dans la température donne une dilatation égale à 0,35 , ainsi l’on aura LE ne 80° : dans la supposition précédente 8 — 3% == 228° ; ce seroit dans | E cette hypothèse la chaleur qui devient sensible lorsque l’air est condensé du double : on auroit alors £ — 0,95 , la vitesse du son devient ainsi 915 ?, W1,95 — 1277°. 73. -. Tome LF. FRUCTIDOR an 10. Aa 18a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ce résultat est beaucoup plus grand que celui qui est donné: par l’expérience , et la différence peut venir ou de ce que l’hy- pothèse que nous venons d'admettre n’est pas tout-à-fait exacte, ou de ce qu'une partie de la chaleur rendue sensible par la: compression se dissipe sous forme rayonnante sans élever la température de l’air ; mais cet exemple n’est pas moins propre à montrer la grande influence de la cause dont il s’agit, etcom- bien il est nécessaire d’y avoir égard. : S'il ne nous est pas possible d’apprécier directement avec exactitude la quantité dont varie la température de l’air pour une compression Ou une dilatation donnée , nous pouvons la déterminer avec une grande précision à l’aide des formules pré- cédentes , eten partant des expériences faites sur la propagation du son. Si l’on prend 1038 pieds pour cette vitesse, ce qui est la valeur trouvée en 1738 par les membres de l’académie des. sciences, on aura S & IH k— RE É=0;2869 ce qui donne 6 — 680,056 G.929Ÿ c’est-à-dire que lorsque l’on dilate ou que l’on condense du: double le volume de l'air , sa température s’abaisse ou s'élève d'environ 69 degrés du thermomètre de Réaumur ; et cette quantité ne paroîtra pas trop grande par rapport à (celle que le thermomètre nous indique, si l’on considère que nous n’opérons. que sur de très-petites quantités d’air en contact avec des parois. très-conductrices. de la chaleur , et que les thermomètres dont nous faisons usage ont toujours une masse considérable par rapport à celle de l’air où ils sont plongés. D’autres résultats sur Ja vîtesse- du son donneroient.d’autres quantités de chaleur :.en supposant par exemple .cette vitesse de 1080 pieds, ce qui est la plus grande que l’on ait trouvée, on auroit 1kE 03922 B— 94.3 et la variation de température surpasseroit 94°. Nous adopterons. -le premier résultat de préférence , parce qu’il est déduit d’un ‘plus grand nombre d'expériences faites avec le soin et les ap- pareils convenables ; mais on voit par cette correspondance entre l’accroissement de la vîtesse du:son et celle de la chaleur sé la compression rend sensible, combien il est nécessaire ‘avoir égard à la liaison de ces deux phénomènes ; et combien il est facile de concilier par cette considération le calcul'et l'ex- périence dans une des théories les plus importantes dela. phy- sique mathématique. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 O: B,S4E: RNA TIL.O.N.S Faites d'heure en heure sur six thermomètres , à Montmorenci, les 5,6, 7, 8 et g août 1802 (17, 18, 19 , 20 et 21 thermidor an À), jours de La plus grande chaleur ; Par L. Corrr, membre de plusieurs Sociétés savantes. Les chaleurs dont je vais rendre compte , avoient été précé- dées :par une température froide pour la saison : nos corps n'y avoient point été préparés, de manière qu’elles ont été très- pénibles à supporter. L'air n’a commencé à s’échauffer que vers le 26 juillet. La chaleur s’ést soutenue à peu-près au mêne point jusqu'au 4 août , époque, où elle est devenue subitement exces- sive. J'en ai profité pour faire une suite d'observations sur plu- sieurs thermomètres diversement exposés , et dont j'ai suivi la marche d'heure en heure les 5,6, 7, 8 et 9 août, jours de la Le grande chaleur, depuis cinq heures du matin jusqu’à dix eures du soir. Je vais rendre compte du résultat de mes ob- servations, après avoir donné quelques details sur la nature et l'exposition de mes thermomètres. J'en ai employé six, trois à mercure ét trois à l’esprit-de-vin. No. 4. à mercure , fait avec soin par ÂMossy, sous les yeux de M. Lavoisier, qui me l’a donné au nom de l’aca- démie des sciences ; il est monté sur glace : les degrés sont di- visés en cinq parties: et il est exposé au nord ; c’est celui dont je me sers habituellement pour mes observations. No. 2, à l’esprit-de vin; il a %o pouces de longueur ; il a été construit par Ceppy sous les yeux de D. Bédos qui me l’a donné ; ilest aussi exposé au nord , à peu de distance du n°, 1. Ne. 3 à mercure ; c’est un étalon fait sous les yeux da M. Beaumé qui mé l’a cédé. Je l'ai exposé au soleil au milieu de mon jardin , attaché à une perche à laquelle je faisois suivra es mouvemens du soleil dont le thermomètre recevoit toujours je rayons directs depuis 7 heures du matin jusqu’à cinq heures u soir. Aa 2 184 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE No. 4 à lesprit-de-vin ; c’est aussi un étalon fait par Cappy sous les yeux de D. Bédos de qui je le tiens: M. Zavorsier à qui je l’avois prêté, en a fait usage pour des expériences délicates ; il étoit aussi exposé au' soleil auprès du n°, 3. N°. 5 à mercure fait par Aossy; il est monté sur une plaque de cuivre blanchie, et placé dans mon cabinet à côté de mon baromètre. No. 6 à l'esprit-de-vin, fait par A/ossy , et placé dans la boîte de ina pendule à secondes , à quelque distance du n°. 5. Mes thermomètres ainsi distribués par paires, j'ai suivi leur marche d'heure en heure , comme je Vai dit , pendant cinq jours. Voici les résultats de mes observations. PREMIER RESULTAT. Maximum de la chaleur de chaque jour. al. N°. 1 N?.2 }°. N°. 4. NN N°. 6. 5 et, | mme ee | se, | mue, | ms, | mr © [Degrés.| Heure. Desrés.] Heure.|Degrés.| Heure. Dezrés.|'Heure. Degrés.| Heure, Degrés.| Heure. | — À —— | —— | | | —— L ‘ LD) MX CE 35,0! 4 |143,5| 4 |23,2| 6 |2:,4| 9 3 5 a, :7 34,41 # |42,0 2: 25,4| .6 | 23,0! 7 35,5] 4 143,0 |2e141 25,6 | 6 | 23,6 |7 et 8 SECOND RESULT AT. Chaleur moyenne de chaque thermomètre. N°. 3. N°, 4. Jours. N?00 N°:02. | mme unit et, N°. 5. EN (Rx 6. Soleil, | Ombre. | Soleil. | Ombre, Degrés. | Degrés. | Degrés. | Degrés. | Degrés. | Degrés. | Desrés. Degrés. 5 22,50 | 22,51 | 30,55 |:19,06 À 56,87 | 19,82 | 21,27 | 19,16 6 22,17 | 22,10 | 30,76 | 18,09 | 37,53. | 19,40 | 22,04 | 20,37 7 21,54 | 21,41 | 28,28 | 16,67 | 56,42 | 19,70 | 22,14 | 20,75 8 23,23 | 23,10 | 29,53 | 20,53 | 35,75 | 20,27 | 23,29 | 21,67 9 24,02 | 24,07 | 51,64 | 20,83 | 37,95 | 22,00 | 24,29 | 22,65 ésult pu 22,59 | 22,55 30,34 | 19,17 | 36,79 | 20,28 | 22,59 | 20,94 oo ET D'HISTOIRE NATURELLE. 185 TROISTÉÈÉME R'ESULT'AT: Chaleur moyenne de chaque heure , conclue des observations | Heures. Matin. | Degrés. | ———_ —————— a | mms a V. VI. VII VIII 22,63 IX 24,97 X 25,37 XI 25,97 XII 25,77 Soir I 26,32 II 26,67 HE, | 27,05 IV. 27,42 24,42 VI, | 23,43 VIT, 21,40 VIII. | 20,45 IX. 19,72 De 18,75 Chaleur sur Les six thermomètres. Jours du mois d’août. 6 Degrés. 16,63 17,35 20,55 27,72 24,30 25,87 26,65 27,20 27,80 28,30 28,90 29,08 27,60 7 Degrés. 16:47 10,1 18,97 22,63 24,40 25,03 25,35 26,65 27,08 28,48 28,70 29.33 8 Degrés. 16,07 16,80 18,95 21,60 25,27 26,60 26,72 27,65 28,32 29,20 27,87 29,45 26,48 26,00 9 desijours Degrés. | Degrés. 19,53 | 17,37 19,43 17,44 21,33 | 20,00 25,38 | 22,99 26,88 | 25,16 27,93 | 26,16 28,07 | 26,65 26,62 | 27,18 29,38 27,78 30,08 | 28,56 29,02 28,47 30,10 29,06 b CŒœ » (es) [e) D om - NI NI :56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHINILE QUATRIÈME RE SU L;T AT: Différences horaires entre les degrés de chaleur moyenne des six thermomètres. Jours. du mois d’août. Différences horai= Heure 35 : 6 7 8 9 res moyennes. | A | LA | D A Ml, te | | Grois. | Décr. | Crois. | Déer. | Crois. | Décr. | Crois. | Décr. |Crois. Croiss. | Décr. Mat. | Deg Deg: | Des. | Deg. | Des. |Deg: |Deg. | Deg. |Deg. Degrés. | Degrés. 5 0,72 0,3 0,1 0,20 | 2 3,20 280| ” k 2515 Fi 2,10 2,96 7-8 3,17 3,66 2,65 2,85 | 2,83 | 8-9 2,30 1,90 1,77 5,67 1,50 2,16 9-10 0,54 1:97 0,63 1,94 1,05 0,96 10-11 0,60 0,65 0,82 o,12 0,14 | 0,47 11-12 0,27 [0,95 0,80 0:93 0,55 L 0,51 Soir 12à 110,95 0,60 0,43 0,67 o,70 0,60 1-2 |0,55 0,50 1,40 0,96 o,7u | 0,78 23 L038| |o,6o| Îo,22 1e NO 5,09 5-4 |0,37 0,15 0,23 1,56 0,2! 0,92 4-5 3,00 1,48 3,33 2,99 2,62 5-6 1,99 4,20 2,79 o,48| 2,32 6-7 1.03 1,47 0.95 1,93 1,22 7-8 0,05 0,89 1,05 0,27 0,57? 8-9 0,73 0,27 0,08 [2,45 0,66 9710 0,97 0,45 11,92 0,99 ! 0,65 Rés. ©?70 | 1,48 i 12 1,46 11:28 1,39{1,56! 3,101,1011,04| 3,16 | 1,23 d 12 CINQUIEME RESULT AT. Vents dominans : de cinq heures matin à onze ou douze heures , l’est et le nord-est; de douze heures à dix heures soir, Pouest et le sud-ouest. Le vent à l’époque où il changeoït , de- venoit un peu plus fort. Etat du soleil , presque toujours serein , excepté le 8 qu'il fut un peu nuageux depuis dix heures du matin jusqu’au soir ; et le 9 que quelques nuages parurent vers sept heures du soir: ET D'HISTOIRE NATURELLE, 187 Le 10 à cinq heures du matin, le temps étoit couvert, le ton- nerre grondoit de loin ; je vis la foudre éclater sur Paris, ainsi que sur Roiïssi éloigné de trois lieues de Montmorenci , où nous n'avons eu qu'une petite pluie vers sept heures du matin, qui n’a fourni qu'une ligne d’eau et un coup de tonnerre médiocre. Les jours suivans ont encore été assez chauds et très-secs : les matinées sont devenues fraîches. Le baromètre s’est soutenu au-dessus de sa hauteur moyenne pendant la durée de ces cha- Jeurs , et il a peu varié. Le raisin, les pêches et les poires ont recu des coups de soleil qui en ont brûlé une partie. Ce temps’a été favorable à la récolte des grains , mais il a fait souf- frir les moissonneurs. Les plantes potagères périssoient. Remarques particulières. 1°, Le maximum des thermomètres exposés au nord a eu leu vers trois heures du soir; celui des thermomètres exposés au soleil vers quatre heures du soir , et celui des thermomètres intérieurs vers six heures du soir à l'égard du thermomètre à mercure placé à côté de mon baromètre, et vers sept heures du soir à l'égard du thermomètre d’esprit-de-vin enfermé dans la boîte de ma pendule. 2°, La chaleur moyenne du soleil sur le thermomètre d’esprit- de-vin a surpassé de plus de 6 degrés celle du thermomètre de mercure à la même exposition. La chaleur moyenne de ces deux thermomètres à l’ombre n'a différé que de 1,11 degré. La première différence est due à la couleur rouge de l’esprit-de- win qui absorbe beaucoup de rayons , tandis que la couleur blanche du mercure les réfléchit. 3. La chaleur moyenne a diminué du 5 au 7 ; elle a ensuite augmenté les 8 et 9, quoique le ciel ait été nuageux. 4°. La marche horaire des thermomètres a été un peu dé- croissante de 5 à 6 heures matin , croissante de 7 heures matin à 2 heures soir; un peu décroissante les 8 et 9, jours les plus chauds, de 2 à 3 heures soir , et décroissante de 4 à 10 heures soir. La marche croissante est rapide de 6 à 7 heures matin, elle va toujours en s’affoiblissant jusqu’à 4 heures soir ; alors la marche qui devient décroissante est aussi rapide que la marche contraire l’avoit été le matin ; elle s’affoiblit ensuite jusqu’à dix heures du soir. La inarche décroissante est un peu plus grande que la marche croissante dans la proportion de 2 à 3. 5°. Les températures combinées de l'air libre au nord, au 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE soleil, et de l'air intérieur de mon cabinet , offrent pour ré- sultat moyen, ou pour la chaleur moyenne de ces cinq jours, 24, 21 degrés. 6°. J’ai remarqué que le nuage le plus léger qui passoit de- vant le soleil, ou même qui l’avoisinoit , faisoit baisser subite- inent l’esprit-de-vin d’un ou deux degrés ; le mercure n’y étoit pas aussi sensible : le nuage dissipé, la liqueur remontoit aussi promptement qu’elle étoit descendue. 7°. Dans les momens où la chaleur du soleil étoit la plus forte , j'ai observé une espèce de fluctuation dans la marche du mercure, et sur-tout dans celle de l’esprit-de-vin ; on voit ces fluides dans une agitation qui les fait monter et descendre continuellement. Les journaux ont annoncé qu’à l'Observatoire de Paris le thermomètre étoit monté à 31 degrés : ce thermomètre est placé à la circonférence d’une espèce de tambour creux en bois, dont l'air intérieur doit s’échaufter plus que l’air libre. Ce thermo- mètre mesure la chaleur de l'air du tambour ; je doute qu'il se ft autant élevé à l’air libre et à l’abri de la réflexion des rayons solaires. Le 18 août 1800, j'ai exposé au soleil un de mes thermo- mètres à mercure , le n°. 5 , il est monté à 41,2 degrés à trois heures soir ; la planche de cuivre sur laquelle il est attaché, a pu contribuer , en s’échauffant, à cette grande élévation. Le même thermomètre exposé au soleil, le 21 août 1801, n’est monté qu’à 31,8 degrés à deux heures soir. Dans ces jours , les plus chauds de ces deux années , le thermomètre à mercure exposé au nord est monté , en 1800, à 28,7 degrés , et en 1801 » à 22,5 degrés. TROISIEME ET D'HISTOIRE NATURELLE, 439 ONE OMDMENB EP RIT OT EU, SE DU DÉPARTEMENT DE L'AISNE; L'action combinée de l'air et de l’eau sur cette tourbe ; sa combustion ; les nouvelles substances qui en résultent. Par J. L. M. Porner, professeur d’histoire naturelle à l'Ecole * centrale de l’Aisne; LU A L'INSTITUT NATIONALI. Pour suivre avec plus d'intérêt les divers changemens que subit la tourbe pyriteuse dès qu’elle est frappée par l’action de l'air , il étoit nécessaire d’étudier sa nature dans le sein dela terre , les élémens de sa composition, et les substances étrangères ui y sont renfermées ; c’est ce que j'ai essayé de faire connoitre Aus mes précédens mémoires. Les phénomènes dont il me reste à parler ne inéritent pas moins l’attention du naturaliste. Ces débris d’une longue végétation, que depuis tant de milliers de siècles la nature conservoit intacts dans son sein , -nous-les ver- rons , saisis par l’air, éprouver une décomposition rapide, y former de nouveaux produits qui n'existent eux-mêmes que pour être détruits à leur tour, au moment de Jeur formation, par le plus actif des élémens , le fluide calorique. C’est ainsi que pé- rissent en un instant, pour exister sous de nouvelles formes, ces amas inmenses de tourbe pyriteuse , dant la création & coûté des siècles innombrables à la nature,, qui ont duré pendant des siècles plus nombreux encore, et dont l'existence , sous le sol antique qui les recouvre , n'eût eu peut-être d’autre-fin que celle de l'univers , tant qu'elles seroient restées dans les!mêmes circonstances , garanties de l’action extérieure de l'air. Maïs ayant que d’être arrachées aux entrailles dela terre; que de Jeçons instructives ces tourbes, nous ont,déja présentées/! elles se sont montrées à nous ,comme les débris d’unmonde dont nous ayions à peine, soupçonné l'existence; et pour mettre 1ome LYF,. FRUCTIDOR an 10. Bb. gco JOÛR NA IDE PHYSIQUE, PE CHIMIE hors. de duute 105 canjectures sur leur origine , sur le mode et l'époque de leur formation , elles ne se sont offertes À notre ‘examen! qu’à: Compagnées des débris d'animanx testacés et flu- viatiles dunt l’existence contemporaine à la leur, avoit éprouvé le même sort: enfin elles mous ont prouvé par les couches de coquilies marines qui les recouvrent , que la mer étoit venue les visiter , et, déposer .sur elles les, dépouilles de ses nombreux habitans- | Mais sans m'arrêter plus longtemps sur, l’idée de ce monde primitif, dont néanmoins il est si intéressant de retrouver des vestiges, ct de se promener an milieu de ces antiques ruines, je reviens aux nouveaux phénomènes que cette tourbe va nous fournir | étant mise en contact avec l’action de l'air. Jusques alors nous,n’avons fait que sonpçonner le, travail de la nature ; les produits de ses longues et ténébreuses opérations se sont seules offertes à nos regards. Il n’en est pas de même pour ce qui nous reste à examiner dans Ja décomposition de notre tourbe, Ici la nature nous admet dans ses vastes ateliers ; elle mous rend témoins de ses travaux ; mais autant ses premières opérations ont été lentes et successives , autant celles-ci sont rapides et simultanées. J'ai déja remarqué que cette tourbe en sortant de laterre, étoit très humide, et que le sulfure de fer répandu dans toute sa masse s'y trouvoit extrêmement divisé, et par conséquent dans l’état le plus favorable pour former de nouvelles combinai- sons. En effet, à peine cette tourbe est-elle frappée par l'air, que le soufre s'emparant de l’oxygène de ce dernier, passe aus- sitôt à l'état d'acide sulfürique qui se porte rapidement sur le fer avec lequel iF forme du sz/fute de fer. Quelques heures après l’extraction de la tourbe, on la voit toute couverte de petits cristaux de ce sel sous la forme de fila- mens capillaires d’un blanc-verdâtre. Ils augmentent en quantité à mesure que celle-ci se: sèche, se fendille, et qu’elle présente plus de surface à l’action de l'air. Cette décomposition nous prouve évidemment les rapports de notre tourbe avec les pyrites HA AE ed dites ; mais en général celles-ci se décomposent ien plus lentement, ‘et ne tombent en efflorescence qu’autant qu’elles sont brisées , humectées , et que l’air a circulé longtemps entre leurs vides. La cause de cette différence dans les pyrites vient sans doute de ce que les’ molécules du sûlfure de fer y étant plus rapprochées , plus homogènes en quelque sorte, ne sont pas susceptiblés d’une décomposition aussi prompte. [T 4 : ETODAHMI SENOMR'ENNATU RME LEE. 19% Si cette tourbe reste en petites portions exposées à l’air , ces sels sont dissous et emportés par les eaux pluviales, la tourbe est réduite en poussière, et dispersée aa gré des vents. Mais il n’en est pas de même lorsque cette tourbe est réunie en tas plus ou moins considérables, Il s’y forme à la vérité du sulfate de fer , ou des cristaux vitrioliques ; comme nous venons de le voir. C'est la première opération de la nature sur cette substance , maïs insensiblement une fermentation bràlante s’é- lève dans l'intérieur des tas ; toute la masse s’échauffe , la com- bustion s’y établit; une flamme légère, qui ne s’apperçoit que dans l'obscurite, se dégage de la superficie, et disparoït pendant le joux dans une fumée noire et épañsse. La plupart des élémens de la tourbe pyriteuse dissous, fondus dans le fluide calorique , y don- nent naissance à des produits bien plus variés, et très-différens de ceux que nous y avons observés jusqu’à présent. Nous ailons les signaler dans la série des combinaisons qui s'y forment. Pour suivre la nature pas-à-pas dans cette grande opération, je crois devoir rechercher d’abord la cause de ceite combustion. 10. Nous avons vu que la tourbe pyriteuse contenoit en abon- dance les élémens du fer, du soufre, du carbone et une portion de terre végétale peu décomposée. Si chacune de ces substances se trouvoient isolées, quoiqu'en masses, il est bien certain qu’elles ne seroïent point susceptibles de combustion à la tem- pérature ordinaire de l’air atinosphérique. Ce phénomène est donc dà à leur mélange et à la grande division de leurs parties. Nous savons d’ailleurs que le soufre en particulier n’a besoin que d’une température peu élevée pour passer à l’état d’acide sulfurique, lorsque ses molécules sont très-divisées. 20, Quand la combinaison de l’oxygène ayec les substances inflammables se fait lentement ou en petite quantité, il n’en résulte point de chaleur sensible , parce que le calorique préci- pité du gaz oxygène, se dissipe peu-à-peu dans l'atmosphère , et que la combustion se fait à froid. C’est ce qui arrive à notre tonrbe lorsqu'elle est en petits tas isolés. 30. La substance de la tourbe la plus inflammable , la plus susceptible de se combiner promptement avec l’oxysène , est le soufre, I paroît qu’il est attaqué le premier , et comme il se trouve très-disséminé, la portion d'oxygène dont il s'empare pour passer à l’état d’acide sulfurique, est trop peu considérable, pour que le calorique qui s’en précipite, produise une chaleur sensible. Mais lorsque cette tourbe est en grandes masses ; qu’elle est pénétree d’eau, alors le calorique qui d’un côté abandonre Bb 2 102" JOUR N AIN DELPHYSUQUE, DEUCHIMNIE l'oxygène , de l’autre s’unit à l'hydrogène de l’eau que le fer a décomposé , acquiert une bien plus:grande activité. Il élève con- sidérablement la température de l’air atmosphérique , se porte: sur les autres substances-renfermées dans la tourbe, divise les unes, vaporise les autres , et exerce son action avec une telle: force qu'il détruit les nouvelles combinaisons , et y crée des substances d'une autre nature ; mais toutes ces opérations , quoiqu'’elles se passent sous nos yeux , sont si rapides , tellement simultanées, qu’on ne peut les suivre que par le raisonnement. : Le sulfure de fer passé à l’état de sulfate est bientôt détruit par l’activité du fluide calorique. Le soufre sublimé se condense, se cristallise ou sous la forme de filamens capillaires, ou en pe- tites masses pulvérulentes, à la surface et dans les cavités des matières placées au-dessus des tas ; le fer se convertit en oxide rouge ( colcothar ), et colore les cendres de la tourbe et les au- tres matières qui s’y trouvent. Ailleurs , et sur les mêmes tas , les sels vitrioliques ou de sul- fate de fer se fondent, bouillonnent , et forment en se refroidis- sant des masses concrètes, blanchâtres ; mais à mesure que la combustion augmente , tout brûle , tout se vaporise , et il ne reste plus que des cendres rougies par l’oxide de fer, qui por- tent en effet le nom de cendres rouges dans le commerce, déno- mination plus exacte que le nom de cendres noires que l’on donne à la tourbe avant sa combustion. Dans cette opération l’eau qui humecte toute la masse, se décompose; son oxygène est absorbé par le fer ; l'hydrogène s’en sépare : il s’unit au calorique dont il augmente l’action , se dis- sipe en état gazeux , se mêle avec le soufre en vapeur, d'où ré- sulte ce gaz hydrogène sulfuré dont l'odeur se fait sentir au loin, Lorsque le feu dure lonstemps , et qu’il acquiert plus d’acti- vité, ces cendres ferrugineuses éprouvent une espèce de demi- vitrification ; on en trouve, après la combustion , d'assez grandes masses dans le milieu des tas, sous la forme de scories sembla- bles aux mâchefers des forgerons. La tourbe contient plusieurs substances particulières ,: qui toutes sont également pénétrées de sulfure de fer. Chacune d'elles fournit un produit différent , selon leur nature, à mesure que le sulfure de fer passe à l’état de sulfate, et qu'il est ensuite attaqué par le fluide calorique. Les argiles chargées avec excès d’acide sulfurique, y devien- nent d'assez bonnes terres alumineuses , et l’alun s'effleurit à leurs surfaces en molécules blanchäâtres , pulvérulentes. Les TEIT DIS TOTLRE:NXATUREL LE. 163 pierres calcaires et les craiïes s’y convertissent en chaux , ou bien pénétrées d'acide sulfurique, elles passent à l’état de chaux sulfatée , convertie après la combustion en un véritable plâtre brûlé du commerce. Ceci me conduit à rappeller ces couches marneuses de Bcau- rieux , qui nous offrent un phénomène bien singulier dans leur passage a l’état gypseux. J'ai dit que cette marne, quoique pé- gétrée de sulfure de fer, ne présentoit aucune cristallisation gypseuse, tant qu’elle restoit dans le sein de la terre ; mais une tois déblayée , mise en tas et en contact avec l'air atmosphéri- que, qu’elle se convertissoit presqu’en totalité en cristaux gyp- seux. Ce fait m’a paru si étonnant lorsqu'il frappa mes yeux pour la première fois, que je fus tenté de croire que ces cristaux existoient réellement dans la marne, et qu'ils y étoient masqués par une portion de terre qui les déroboit à la vue, et dont ils étoient ensuite dégagés par les eaux pluviales, le soleil et le vent. Mais en y réflechissant avec plus de soin, l’on conçoit que ces cristaux ne peuvent exister dans la marne tant qu'elle est sous la terre. Pour opérer cette cristallisation il faut nécessaire- ment que je sulfure de fer qui la pénètre, s’effleurisse et se con- vertisse en sulfate. Or cette opération ne peut avoir lieu que par l’action de l’air ; toutes les fois que cet élément n’aura point d’accès sur la marne, elle restera intacte, J'ai déja parlé de cette condition essentielle pour la tourbe pyriteuse qui ne s’ef- fleurit qu’à l'air : l’eau seule ne peut l'attaquer. J'en ai conservé longtemps dans ce liquide , sans qu'elle en ait éprouvé aucune décomposition ; mais à peine en est-elle retirée , qu’elle s’ef- #leurit aussitôt à mesure qu’elle se sèche. La marne dont il s’agit ici, est donc dans le même cas, avec cette seule différence qu’au lieu de sulfate de fer, elle donne du sulfate de chaux. Cependant pour ne rien négliger sur un fait aussi important, j'ai été de nouveau examiner avec la plus grande attention Île banc de marne qui produit ces cristaux. Je n'en ai pas trouvé un seul dans lPintéricur, excepté quelques-uns à la surface ex- posée à l'air depuis longtemps. J’ai vu ensuite cette marne em tas, déblayée depuis plus de six mois, je ne dirai pas seulement couverte, mais convertie presqu'en totalité en cristaux gypseux. Le citoyen Beily-Bussy, qui suit ce j hénomène depuis plusieurs années , a confirmé mes observations. Je peux donc assurer avec la plus parfaite conviction que ces cristallisations s'opèrent réellement à l'air libre : d’ailleurs, ces cristaux sou si nombreux , si gros, qu'ils ne pourroient échap- T94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE per à l’œil attentif quiles cherche dans la marne au moment de son extraction, On jouit même du plaisir de les voir se former d’un jour à l’autre , augmenter en nombre eten grosseur. D'’a- bord ils sont rares, en petite quantite ; ils acquièrent insensi- blement plus de volume, se multiplient considerablement, et en moins d’une année ces monceaux de marne ne forment plus qu'une masse de cristaux brillans un peu noircis par le fer: c’est un spectacle fort agréable lorsqu'ils sont frappes par les rayons du soleil. On en trouve depuis un jusqu’à six, huit cen- timètres de longueur sur deux ou trois d'épaisseur. Je ne dirai rien ici de leur forme dont j'ai donné la descrip- tion dans mon premier mémoire. Au reste, cette opération est la suite de toutes celles que nous avons vu s’exécuter dan; la tourbe pyriteuse an moment où elle est attaquée par l'air. Le sulfate de fer, le soufre lui-même se cristallisent à la surface des tas. IL est vrai qu'ici les cristaux sont si petits qu’ils ne se présentent à l'œil que comme des cheveux si fins, qu'il est impossible d'y observer des formes régulières. Voilà donc des cristallisations qui s’opèrent dans le fluide aé- rien , comme la plupart des autres dans le fluide aqueux Je sou- mets ce fait aux réflexions des chimistes, sur lequel cependant je me permettrai quelques observations. Il est évident que les eaux pluviales > n détrempant cette marne , en divisent les molé- cules, qu'il s’ecablit dans le <= fure de fer, par l’action de Pair et du soleil, une sorte de fermentation , de chaleur qui met les différentes substances dans l’état convenable pour former de nouvelles combinaisons, La température de l'atmosphère se trouve alors assez élevée daus l’intérieur des tas pour vaporiser , décomposer vne portion de l’eau qui entraîne avec elle des molécules de soufre et de chaux qui se condensent , se combinent à l’aide de l'oxygène , se cristallisent en passant dans un milieu plus froid à la super- ficie des tas, et s'unissent à la surface des premiers cristaux d'après les loix connues de l'attraction (x). (1) Sage, dans sa Minéralogie, tome I, p. 292, cite un fait tres-remarquable, et qui rentre dans ces observations. Il a observé dans du terreau de trois ans , qui wavoit pas encore servi à la végétation, une grande quantité de quartz cristallise. Il a remarqué que ces oristaux prenoient de laccroissement avec le temps, et qu'au bout de six mois ils ne formoient encore que de très-petits cristaux à angles fort saillans. Ce fait devient une confirmahon de ce que J'ai avancé dans un mé- moire sur des bois pétrifiés , et où j'ai cru reconnoître de la silice , comme for- mant la terre de végétation. Au reste, je compte revenir sur cet objet, dans un ouvrage particulier. PARA D ONIS TE O URL A SP UNRIE NL LC L 199 Il ne me reste, pour terminer ce memoire , qu'à examiner en eu de mots s'il existe quelques rapports entre les phenomènes de la tourbe pyriteuse en eombustion et ceux des volcans. Si l'on en excepte ces accidens terribles qui accompagnent les volcans , ces flammes qui du sein de la terre s'élancent jusqu'aux nues avec une rapidité effrayante, ces torrens de matières font- dues , mélangées , converties en un fleuve de feu, enfin ces sourdes et lugubres oscillations de Ja terre , rien peut-être ne res- semble plus aux volcans que l'inflammation spontanée de notre tourbe , et les substances qui résultent de cette combustion. L’odeur du gaz hydrogène sulfuré répandue au loin, ces sels gypseux , vitnioliques , alumineux , produits par la sublimation et condensés à la surface des tas ; des pierres calcaires réduites en chaux , des schistes brûlés , des argiles durcies, des oxides de fer rouges, jaunes, violets , etc. ; des ochres variés , des limons marneux , desséchés , feuilletés, se présentant comme des tri- polis ; enfin des scories poreuses , plus ou moins légères , ferru- ineuses , dont les cavités sont souvent remplies de cristaux de soufre et d’alun , sont autant de caractères qui appartiennent aux effets volcaniques et aux résultats de leurs explosions. Les naturalistes qui attribuent aux pyrites l’origine des vol- cans , ne trouveront pour nos tourbts d'autre difference essen- tieile que dans la combustion qni se fait à l’air libre, et par conséquent sans obstacle ainsi que sans danger ; mais dans cette hypothèse , que les circonstances changent, et dès-lors cette ma- üëre pyritense si abondante peut devenir le foyer d’un volcan. Il n'est point de mon objet d’entrer dans l’examen délicat de l'origine des feux volcaniques; mais je remarquerai ici que jus- qu’alors nous n'avons aucun exemple que cette tourbe pyriteuse se soit enflammée dans le sein de la terre , pas même dans les lieux où l’on a mis sa surface à découveit. Sa combustion à l’air libre n’a lieu que lorsqu’elle a été re- muée, mise en tas, et hurmectée par les pluies, à moins qu’elle. ne soit par ell:-même très humide, comine il arrive fréquem- ment : la rapilité plus ou moins prompte de son inflammation dépend singulièrement de l’état de atmosphère et de l'épaisseur des tas. Plus elle est en grandes masses , plutôt elle s'enflamme , sur-tout si à la pluie succèdent des vents forts et froids. Elle brüle presque sans flamme , et ne produit qu’une fumée épaisse d’une olleur insupportable ; la surface des tas ne paroît pas même embrâsée ; il faut les remuer pour appercevoir le feu qui les pé- nètre , assez violent néanmoins, sur-tout dans l'intérieur, pour s96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE produire ces scories dont j'ai parlé: mais cette chaleur est trop foible pour vitrifier l’argile qui ne fait que s’y durcir. Cependant il fant avouer que si cette tourbe, au lieu de brûler à l’air hbre, s’enflammoit dans le sein de la terre, il pourroit en résulter de funestes accidens, des secousses, des bouleversemens, des éruptions de matière embrâsée, accidens qui d’ailleurs ne seroient à craindre qu’autant que la tourbe pyriteuse seroit sou- mise dans les lieux souterreins , aux mêmes agens qui l’attaquent lorsqu'elle en est extraite ; de vastes cavernes, des éboulemens de cette tourbe dans ces profondeurs, de l’humidité, un libre accès à l’air extérieur , telles sont les circonstances qui pour- roient faire appréhender que cette substance pyriteuse ne de- vint un jour la cause de la destruction des lieux qu’elle vivifie aujourd'hui par ses usages économiques. Au reste , jusqu’à pré- sent il n’a été observé aucune cavité intérieure au-dessous des lits de cette tourbe, et dans les circonstances actuelles il n'y auroit guères que les grands travaux des hommes qui pourroient les ÿ établir ; mais jusqu'alors on n’y a déconvert aucune autre substance minérale dont l'emploi puisse en solliciter l’extraction. Tels sont les principaux phénomènes et les produits que pré- sente la tourbe pyriteuse par sa combustion et son contact avec Pair atmosphérique. Je vais reprendre rapidement et de suite toutes les substances qui s’y forment, et qui ont fait l’objet de ce mémoire. 19. La tourbe pyriteuse exposée à l'air s’effleurit, et se couvre de cristaux de sulfate de fer. 2°. Mise en tas, elle s'échauffe. s 3°. Lorsque la chaleur est modérée et de peu de durée, le soufre converti en acide sulfurique y forme Avec l’arpile , du sulfate d’alumine ; Avec la chaux, du sulfate calcaire ; Ayec la magnésie, du sulfate de magnésie, 4°. Lorsque la chaleur continue et s’élève , le sulfate de fer se décompose , le soufre se met à nu; il est en partie cristallisé , en partie dissipé dans l'air , où il forme avec l’hydrogène un gaz hydrogène sulfuré. 59. Le fer séparé du soufre, converti en oxide, s’unit aux argiles et aux glaises, et forme des ochres. - 6°. La matière de la tourbe se réduit en cendres rouges, et par une plus srande chaleur se vitrifie en scories. J’exposérai dans le mémoire suivant l’emploi de ces différentes substances. | 628 NOTE ET D'HISTOIRE NATURELLE 197 L'ART (APR HRPIEE D RELATIVE AU.MEMOIRE ENT E UrbyÉe Suite des Recherches relatives à l'influence de la lune sur les variations de l’atmosphère en général , et sur celles dx baromètre en particulier (1) ; Par L. Corre , membre de plusieurs Sociétés savantes. L'objet de ce mémoire est de prouver, d’après l'observation qui a été faite en Angleterre, et que j'ai vérifiée d’après mes propres observations, qu’azx approches des nouvelles et pleines lunes, la ligne barométrique éprouve une dépression, et qu’elle s’élève au contraire dans les quadratures. J'ai eu occasion de faire part de ce résultat au cit. Zaplace, membre de l’Institut, et Sénateur ; ce savant m’engagea à déter- miner , d’après un grand nombre de lunaisons , l'élévation moyenne du baromètre, en choisissant les observations faites la veille et le lendemain de chaque syzysie et de chaque quadra- ture. Si le baromètre, me disoit-il, tend à baisser aux approches des syzygies , et à monter aux approches des quadratures , son élévation moyenne ainsi déterminée doit être plus grande à cette dernière époque qu’à la première. J'ai donc entrepris le travail que m’indiquoit le cit. Laplace sur 260 lunaïisons ou vingt années lunaires ; mes observations ont été faites trois fois par jour. Voici pour chaque phase de la lune les résultats moyens que j'ai obtenus, Pouces. Lig. NS Ebay 9,1x 60 DORE 7 000 PAL PeTTa7AmNT GRO D. Q@.: 1127-12, 9 105. (1) Journal de physique, prairial an 10, pag. 410. Tome LF, FRÜUCTIDOR an 10. Ce 199 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les difiérences, comme on.voit, ne sont pas grandes. Il paroît cependant que du premier quartier à la pleine lune le baromètre tend à descendre ; que de la pleine lune au dernier quartier il tend à monter ; que du dernier quartier”à la nouvelle lune il tend encore plus à monter que dans la précédente époque , et que de la nouvelle lune au premier :quartier il. tend à descendre. La plus grande hauteur concourt avec la nouvelle lune, et la plus grande dépression a lieu vers la pleine lune, L’élévation moyenne est à-peu-près la même aux quadratures. Ainsi de la nôuvelle lune\à la pleine lune Le barorètre tend à Laisser ;.il tend au contraire à monter de la pleine lune à la nouvelle lune. Noïlà le résultat le moins équivoque que présente mon travail. Il est conforme à celui que j'ai rapporté dans mes Iémoires sur la météorologie, (tom,1, pag. 622, 631 et 633) d’après les observations faites à Montmorenci, à Mulhausen en Alsace, et à Bordeaux. : TENCEPHALOCRANTOS CO PIE Appercu, du Systéme craniognomique de Gaz, médecin à 6 DIS SC ru L fée s h Wienne:(1). Extrait du Magasin Encyclopédique. Dans les témpsiles plus reculés et les plus modernes, le desir de trouver à l’extérieur de Phomme les indices certains de ses facultés internes, de ses passions, de son moral, etc., a invité des savans à établir des systèmes de physionomie plus on moins satisfaisans! {291 Les plus marqués de ces systômes sont ceux de Porta, de La- vater , la théorie de l’angle facial ; et enfin le système de Gall. Quant an premier qui s'occupe à comparer les contours dé la figure de l’homme avec celle des bêtes, les observateurs ont décidé de sa valeur, et regardent, ses principes comme le fruit Cette exposition historique, qui né s'occupe nullement de prouver les vérités du système de Gall , ne doit entraîner aucun jugement sur ce dernier ; qui sera aflermi, par son auteur, de raisonnemens solides et de preuyes convaincantes. Nous trouvons nécessaire de remarquer encore que lout ce qui est marqué de guillemets ,.ne s'appuie pas sur l'autorité dé Gall. B. #2 ET DHISTOIRE NATURELLE. 199 d'ane imagination égarée ; ils les trouvent trop hasardés , trop peu fondés sur une observation raisonnée , et absolument incer- tains dans l’application. Le système de Lavater a eu plus de succès ; mais tout en ré- vérant le génie de cet homme vraiment grand obstrvateur, on ne peut cependant pas même méconnoître la. base chancelante sur laquelle reposent toutes les opinions qu’il avance , et esprit n’est guères satisfait des vérités que j’on ne sauroit apprécier que par une imagination aussi exaltée, et un tact aussi delicat que celui de l’auteur. La théorie de l'angle facial qui embrasse un champ plus vaste he le système de Lavater , nous laisse dans l’incertitude sur le étail des facultés , et ne nous donné que des points de vue gé- néraux ; inais elle nous offre cette vérité de la plus grande im- portance, que l'angle facial augmente de grandeur en égale pro- portion avec les facultés des antimaux, et il se rencontre en cela, d’une manière évidente , avec les résultäts généraux du système de Gall. | Sans entrer ici dans un détail scrupuleux de la marche pénible que ce savant physicien a suivie, pour parvenir à poser des bases certaines dans une science jusqu'à présent si hypothétique , il me suffira d'examiner succinctement les principes fondamentaux qui sont : 10. Le cerveau est l’orrane matériel des facultés internes. te] Loin de vouloir décider les questions métaphysiques sur la rature de l’ame , ou de tont ce qu'on veut supposer comme Cause occulte des facultés internes, on est cependant forcé d'admettre un organe matériel pour leur action. Or, en remarquant que ces facultés ne se trouvent qu'où le cerveau existé, qu’élles se perdent avec lui, que les maladies et les lésions de ce dernier influent sensiblement sur leur degré et leur action, que le volume du cerveau augmente en proportion directe avec les facultés des animaux , etc. ; en observant tout cela, dis-je, il n’y a rien de hasardé d’en regarder le cerveau comme l’orsane matériel et intermédiaire. . Nota. On pourroitobjecter ici que dans plusieurs cas , des individus ont perdu une partie considérable de la substance | du cerveau, sans que les facultés aïent diminue sensiblement; mais il'faut observer quela plupart des organes cérébraux existent en nombre double, et que les observations que l'on cite manquent d’exactitude. Ce 2 ‘200 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 20. Te cerveau contient difjérens organes indépendans (à) entr'eux , pour les différentes facultés. Les facultés internes n’existent pas toujours en égale propor- tion entr’elles ; il est des hommes qui ont beaucoup d’esprit sans avoir de la mémoire, qui ont du courage sans avoir de la cir- conspection, qui ont de l'esprit métaphysique sans être bons observateurs. En outre, les phénomènes du rêve, du somnambulisme , du délire, etc., nous prouvent que les facultés internes n’agissent pas toujours ensemble, qu’il ya souvent une très-grande activité de l’ane , pendant que les autres ne sont point sensibles Ainsi dans la vieillesse , et quelquefois dans les maladies, par exemple dans la folie, plusieurs facultés se perdent tandis que d’autres subsistent ; de plus, une occupation soutenue de la même faculté diminue sensiblement son énergie ; en passant À une autre, nous y trouvors toute la force dont elle est susceptible, et tout en nous occupant , nous revenons enfin à la première fa- culté qui alors a repris sa vioneur primitive ; c’est ainsi que fa- tisué d'une lecture philosophique et abstraite, nous passons avec plaisir à celle d’une poésie , et reprenons ensuite ayec autant d'attention la première occupation. Tous ces phénomènes prouvent que les facultés sont séparées l’une de l’autre et indépendantes entr'elles, et nous sommes portés à croire qu’il en est de même de leurs organes matériels. Nota. « Nous ne sommes pas tout-à-fait d'accord avec cette « idée de Gall, et nous croyons au contraire que la séparation « des organes matériels doit être regardée comme cause de la « distinction des facultés internes, au moins il nous paroît qu’en « supposant les facultés elle mênes comme séparées originaire- « ment, nous ne pourrions plas nous sauver du piège du ma- « térialisme qui existe aussitôt que l’on ne regarde plus l'esprit « comme unité. » 30, Le développement des orranes contenus dans le crâne , est en proportion directe avec La force de leurs facultés cor- respondantes. Ce principe dicté par l’analosie , repose sur cet axiome ; que, (1) Cette idée d'indépendance ne doit point détruire ce principe de l’orga- nisme animal, que toutes les parties sont dans un rapport réciproque ; elle doit marquer seulement que l’action d’un organe n'entraine pas absolument le même degré dans un autre. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 204 dans toute la nature , les facultés se trouvent toujours en ‘pro- portion avec leurs organes relatifs , et sa vérité est spécialement prouvée par les observations particulières de Gall. Il faut remarquer cependant que l’exercice influe beaucoup sur la force des facultés , et qu’un organe médiocrement déve- loppé , mais qui est exercé souvent , peut donner une faculté su- périeure à celle qui accompagne un organe très-étendu, mais qui n’est jamais mis en action. Comme nous voyons qu’un homme d’une conformation peu forte acquiert , par un exercice conti- nué , des forces supérieures à un autre dont la struciure est presque athlétique. Nota. Je dois prévenir ici une opinion qui semble résulter. immédiatement de ce principe, et qui néanmoins est fausse, c’est que le volume du cerveau en général est en proportion directe avec l’énergie de ses facaltés. L'observation a démontré à Gall que l’on ne peut juger de la force des facultés que par le développement des organes séparés, qui forment des émi- nences distinctes au crâne, et qu’un crâne parfaitement ar- rondi , de quelque grandeur qu'il soit, ne prouve jamais de grandes ni beaucoup de facultés. Je ne me rappelle pas d’en avoir entendu donner la raison par Gall; « maïs je crois qu’on peut regarder ces cerveaux comme « dans un état analogue à l’obésité ; et comme nous ne jugeons « pas de la force musculaire d’un homme ou d’un animal par le « volume de ses membres, mais par le développement des mus- « cles en particulier , je crois que de même nous ne devons ju- « ger de la force des facultés , que par le développement des « organes relatifs. » Le quatrième principe enfin, le plus important pour la pra- tique du système de Gall , est celui ci: O7 peut juger de ces différens organes et de leurs facultés par la forme extérieure du crâne. La vérité de ce principe est fondée sur cette autre, que la con- formation du crâne dépend de celle du cerveau , vérité reconnue généralement et prouvée par l’antériorité du cerveau , par les iwpressions dans l’intérieur du crâne. Nota. Il est vrai qu'il y a des crânes auxquels , à nne pro- tubérance externe de l'os, il en répond une interne ; et cette irrégularité qui se trouve quelquefois comme maladie , et le plus communément dans l’âge avance , où les organes ceré- braux n’opposent pius autant de résistance au crâne, donne 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quelqu’incertitude à la pratique du système de Gall; mais ps sort de toutes nos vérités dictées par lexpérience, et d’ailleurs ces cas ne sont pas trop fréquens. Guidé par ces principes , Gall examine la nature; il compare les crânes des animaux et ceux des hommes analogues et diffé- rens en facultés ; ses recherchés lui ont prouvé d’une manière presqu’incontestable , non seulement les vérités ci-dessus expo- sées, mais encore que les facultés des animaux sont analogues à celles de l’homme ; que ce que nous appellons instinct dans Îles animaux se trouve également dans ce dernier, tel que laita- chement , la ruse, la circonspection, le courage , etc.; que la quantité des organes fixe la différence dun genre des animaux, leur proportion réciproque, celle des individus ; que la disposi- tion à toute faculté donnée originairement par la nature, -peut tre développée par l’exercice et des circonstances favorables , quelquelois par des maladies ; mais qu’elle ne peut jamais être créce dans le cas où la nature ne l’a pas donnée (1); que l’accu- mulation des organes se fait d’une manière constante de derrière en avant, de bas en haut , de manière que les animaux, à me- sure qu'ils se rapprochent de l’homme dans la quantité de leurs facultés, ont la partie supérieure et antérieure du cerveau plus développée, et qu’enfin dans l’animal le plus parfait, l’homme, il y a dés organes dans les parties antérieures et supérieures du frontal, et des pariétaux destinés aux facultés qui lui convien- nent exclusivement. « C’est sons ce dernier point de vue que les « découvertes de Gall s'accordent entièrement avec la théorie « de l’angle facial |, ce qui semble affirmer davantage leur «& vérité, » Quant aux détails du système de Gall et à l’énamération des diflérens organes qu’il a trouvés, il est difficile d'en faïre une description exacte et satisfaisante, quand on est dépourvu de la quantité de faits et d'exemples dont il se sert pour prouver d'une manière évidente ce qu’il avance ; cependant je tenterai cette énumération, étant persuadé qu'elle contiendra plusieurs éclair- cissemens sur la manière de voir de l’auteur , et qu’elle don- néra une vraie idée du chemin à prendre pour parvenir à ses résultats (2). (x) Il faut que.le germe d’un organe quelconque existe dans l'embryon , si le &éveloppement de l'organe doit se faire à la suite, (2) Comparez sur la, planche les numéros correspondans, ET D'HISTOIRE NATURELLS O0! 25 1. Organe de la ténacité de la vie. | Le premier organe que l’auteur croit avoir trouvé , est celui de la ténacité de la vie, tenacitas vitae; il en regarde la moelle allongée comme le siége ; et comme la circonférence du grand’ trou de l’occipital est en proportion directe ayec l'étendue de la noelle allongée, il se sert de la grandeur de ce trou pour juger de l'intensité de la vie d’un animal. Les observations qui viennent à l’appui de cette opinion sont que ce trou est ordinairement plus grand dans les crânes des femmes que dans ceux des hommes; qu’il est constamment étendu dans le chat , la loutre, le castor, le blaireau, etc., animaux connus comme d’une vie très-tenace. Outre cela il n'y a pas de moyen plus prompt pour tuer un animal que de lui cou- per la moelle allongée. 2.) Organe de l'instinct de sa propre conservation. Plus en avant de la moelle allongée , à l'endroit où elle quitte le cerveau, l’auteur place l'organe de l'amour pour la vie ou de l'instinct de sa propre conservation. F Les animaux ne fournissant pas d'exemples de su'cide, ce n’étoit que dans la race humaine qu’il pouvoit puiser les exem- ples en faveur de cette supposition, et plusieurs cas de suicide volontaire dans lesquels cette partie du cerveau étoit malade, l'ont déterminé à la regarder comme l'organe de cette faculté ; pendant ce n’est pas pour lui une vérité absolue : il attend des exemples ultérieurs qui en attestent l'évidence. 3. Organe pour le choix de la nourriture. Les orvanes pour le choix de la nourriture se trouvent, d’a- près l’auteur, dans les tubercules quadrijameaux , dont les anté- rieurs sont plus grands dans les carnivores , les postérieurs développés dans les herbivores , et qui sont de grandeurs égales dans les omnivores. 4. Organes cérébraux des sens extérieurs. La partie moyenne de la base du cerveau est destinée aux sens extérieurs, C’est la région d’où partent les nerfs qui se dis- tribuent dans les organes de ces sens. 5. Organe de l'instinct de l’accouplement. L'organe de L'instinct de l’aceouplement est situé à la base de 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l’occipital , en arrière de la moelle allongée et du grand trou de l’occipital. Cet organe ne se développe que dans l’Âge de puberté, et son accroissement influe beaucoup sur la forme de la nuque et du Cou parce que cet endroit du crâne donne attache à ses muscles. Dans les animaux que l’on chître avant l'âge de puberté, le développement de cet organe n’a pas lieu , aussi il est constant que le taureau a l’encolure beaucoup plus large que le bœuf, et « queles chevaux soumis à la castration , avant que leur enco- æ lure soit fournie, ont toujours cette partie effilee. » Dans le singe , le lièvre et le coq cet organe est très-apparent, et dans les pigeons et les moineaux l'occipital forme un sac par- ticulier qui semble être un appendice de la tête ; aussi il est connu que ces animaux se donnent avec beaucoup d'ardeur à l'accouplement, On trouve quelquefois la même disposition du crâne dans les hommes, et Gall conserve dans son cabinet plu- sieurs crânes d’imbécilles qui se distinguoient par leur lasciveté, et dont l’occipital présente une énorme saillie. 6. Organe réciproque de l'amour des parens et des enfans. L'organe de l’amour réciproque des parens et des enfans oc- cupe toute la partie postérieure et supérienre de l’occipital ; il est par sa position en liaison intime avec l'organe précédent, dont l’action doit nécessairement influer sur lui. « Quelquefois « son développement excessif contribue à former ce prolonge- « ment de l’occipital en forme de sac dont nous avons parlé à l'article précédent. » Cet organe se trouve en général plus prononcé dans les fem- mes que dans les hommes , et par toute la nature, plus dan le sexe féminin que dans le masculin ; il est très-apparent sur-tout dans les singes, dont l'amour pour ses enfans est si connu, qu’il a ième passé en proverbe. « En général, tous les animaux qui montrent beaucoup de < tendresse pour leurs enfans , en sont pourvus, et il nous sem- ble que les pigeons, dont le mâle ainsi que la femelle couvent « les œufs, et qui nourrissent leurs petits par une espèce de rumination , peuvent en donner un exemple. » Le coucou qui n’élève jamais ses petits , est presqu’entière- ment dépourvu de cet organe. r f ñ 7. Organe de l'attachement , de l’amitié. À la partie postérieure et moyenne des pariétaux , et la partie atérale ED D MIT STIOUMRE :NTA TU RE L'L!E; 205 latérale de l’occipital, se trouve l’organe de l’attachement ou de l'amitié, « Sa position se met en connexion intime avec les deux or- « ganes précédens , et il paroît que l’action de ces trois organes < ensemble a lieu sur-tout chez les animaux qui doivent vivre « er société. » Les chiens nous offrent des marques d’attachement les plus surprenantes , et ce sont sur-tout les barbets , les bassets, et les chiens de cour qui en fournissent des exemples ; aussi ces es- pèces se distinguent par une tête large, sur laquelle on trouve le développement de cet organe postérieurement et supérieure- ment de l’apophyse zygomatique. Le lévrier, qui est moins sus- ceptibie d’attachement , a la tête plus resserrée postérieurement, et wanque pour l'ordinaire de cet organe. 8. Organe du courage. £ C’est l'angle postérieur et inférieur du pariétal qui répond à l'organe du courage. 11 contribue à agrandir la largeur de la tête, et à écarter les oreilles l’une de l’autre. S2 proximité aux trois organes précédens nous explique la fureur des animaux en rut, et l'excès du courage de ceux qui ont des petits ou qui pro- tècent leur femelle ou les individus de leur société. Il est très-marqué dans Ja hiène, le lion, le loup, quelques espèces de chiens , et sur-tout dans le sanglier dont la témérité est connue. L'âne au contraire , le lévrier , la brebis, le lièvre, quise dis- tinguent par leur timidité , sont entièrement privés de cet or- gane ; leur tête est étroite postérieurement, et leurs oreilles sont très-rapprochées. Un phénomène assez surprenant semble venir encore à l’ap- pui de l'opinion de Gall sur le siége de cet organe; c’est le inouvement involontaire de l’homme qui perd le courage. Il se gratte derrière les oreilles , comme voulant exciter l’action de l'organe qui lui donne cette faculté. Nota. « Nous avons remarqué un mouvement des chats qui « paroît avoir quelque ressemblance avec ce dernier , et qui « se rapporte à l’organe de l'attachement. C’est qu'en cares- « sant l’homme ils lui présentent toujours la partie postérieure « de la tête pour la frotter contre lui. » 9. Organe de l'instinct d’assassiner. Plus en avant de l'organe du courage , vers le milieu de la Tome LF, FRUCTIDOR an 10. D d z0û JOURNAL DE (PHYSIQUE, DE CHIMIE partie latérale des pariétaux, réside l’organe de l'instinct d’as- sassiner, H est développé dans tous les carnassiers qui vivent de proie ; et Gall l’a trouvé sur le crâne de plusieurs criminels assassins. 10. Organes inconnus. deux organes qui répondent au temporal , sont inconnus jus- qu’à présent quant à leur fonction. 11. Organe de la ruse: L'organe de la ruse occupe la partie antérieure et inférieure des pariétaux ; il est développé dans tons les animaux qui se distinguent par cette faculté , comme dans le renard , la fouine, le chat, le plongeon (+), etil est en liaison la plus intime avec Forvane du larcin, qui n’en constitue qu’un prolongement plus en avant vers l'orbite , et qui se trouve dans le chat, quelques chiens, et dans la pie. C'est peut-être au développement de cet organe qu'il faut attri- buer l'élargissement que des observateurs ont trouvé aux têtes de Kakuouks , parini lesquels Pinclination au larcin est un caractère national. 12. Oroane de Za circonspection. L’organe de la circonspection se trouve au milieu des parié- taux , au-dessus de l’organe de la ruse, et de celui de l'instinct, d’assassirier. Son développement excessif donne l'irrésolution, son défaut l’étourderie ; il est prononcé dans le chamoïs et le chevreuil, dont la circonspection est très-marquée, et qui ne marchent qu'a- vec la plus grande précaution sur un chernin inconnu. De même il se trouve dans les animaux qui ne sortent de leurs habitations que la nuit , tels que les hiboux, les loutres, etc. 13. Organe de l'instinct de s’élever. L'organe, au milieu du bord interne des pariétaux , à la partie moyenne supérieure et un peu postérieure de la tête, nous donne une vraie idée des difficultés qui s’opposent aux recher- (1) Une observalion qui nous paroît difficile à ranger , est que Gall a trouvé cet organe constamment développé dans les poëtes ; 1l n’en donne nulle explica- ñon, mais son obseryalion est fidelle, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 ches de Gall, et nous fournit en même temps un exemple frap- pant des opinions heureuses de ce grand observateur. Il trouva cet organe bien développé dans le chamois, et plus encore dans le bouquetin ; il le remarqua de même dans plu- sieurs hommes qui se distinguoient par leur orgueil. Il étoit dif- ficile de rapporter ces observations sous nn seul point de vue ; mais en considérant que le chamoiïs habite les endroits élevés des montagnes, que le bouquetin cherche toujours à monter encore plus haut , et que l’orgueil , examiné attentivement , n’est que la volonté d’être au dessus des autres , il fut persuadé alors que ce devoit être le même organe qui produisoit ces effets, lifférens en apparence , et il Le regarda comme l'organe de l'ins- tinct de s'élever, ! La tête portée en haut et en arrière de l’homme orgueillenx, Contribue à affirmer davantage son opinion. Nota. «Il nous semble que ie tableau de l’homme or- « gueilleux , mis en opposion avec celui de l’homme soumis «et modeste, rend plus frappante encore la vérité de cette « idée. Dans le premier tout se dirige en haut; il hérisse « la frisure , lève la tête, hausse les sourcils, relève les « paupières , efface les épaules |, marche sur la pointe du « pied, et ne regarde tout ce qui l’environne que comme « au-dessous de lui; dans le dernier, au contraire, la che- « velure tombe naturellement , les paupières, les sourcils et « la tête sont baïssés , le corps et les genoux sont légèrement « ployés ; enfin tout désigne un état de soumission , et sans « desir d’être au-dessus des autres. » 14. Organe de l’amour de la gloire. Si cet organe est plus étendu sur les côtés, il forme celui de l’amour pour la gloire, penchant très-analogue à l’orgueil. 15. Organe de l’amour pour la vérité. La fonction de l'organe qui se montre à l'angle postérieur et supérieur des pariétaux n’est pas entièrement fixée par Gall ; cependant il a des raisons pour regarder cet angle comme le siège de l'organe de l’amour pour la vérité ; mais il n’a pas encore recueilli assez de faits pour en être intimément con- vaincu, Nota. « Nous avons quelque peine à nous persuader de « cette fonction , attribuée par Gall, à ce dernier organe ; « il nous paroît qu’un organe qui se trouve GE milieu de PE 208 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE. CHIMIE « ceux dont les animaux sont pourvus, ainsi que les hommes, «ne doit pas être destiné à une faculté qui, comme la vé- « racité, ne convient qu'au dernier. « Cependant il en est peut-être de cette faculté comme de « l’orgueil, qui subit une grande modification dans les ani- « maux: et nous ayouons avoir trouvé deux hommes, dont « l’un, qui se distinguoit par une, véracité extrême, étoit « muni de cet organe au plus haut degré; l’antre, au con- «traire , qui penchoit au mensonge extraordinairement , en « éioit dépourvu tellement que +a tête offroit à cet endroit «un creux, au liu d’une protubérance. » Dans la partie antérieure ou inférieure du frontal, Gall a trouvé plusieurs organes dout la fonction est trés-importante. Au commencement de ses recherches, il les regarda comme des organes de différentes espèces de mémoire ; mais voyant à la fin que leur action n’est pas reproductive seulement, mais aussi productive, il fut déterminé à les regarder comme les organes de sens particulier , et à établir sur cette observation l'opinion que la mémoire en général n’est que l'action repro- ductive de tous les organes; l’imagination , au contraire, leur action productive. Le mouvement automate de l’homme qui cherche à se res- souvenir de quelque chose , semble être en rapport avec ces organes. ]l porte involontairement la main sur la base du front. Cette action, quoique inapperçue de celui qui la fait, est ce- pendant constante, et ne se confond jamais avec celle dont nous avons parlé plus haut, à l’occasion de l'organe du cou- rage. 16. Oroane du sens de localité. L’organe du sens de localité occupe la partie antérieure du frontal qui répond aux protubérances au-dessus des orbites ( protuberantiae suprà orbitales ) ; il accompagne ordinaire- ment les crânes de ceux qui se distinguent par de grands sinus frontaux, et qui présentent toujours à l'intérieur une cavité correspondante à une éminence du cervean. Quand il agit réproductivement , il, constitue ce que nous appelons mémoire de localité (memoria localis ); agissant pro- ductivement , au contraire, 1l détermine à des combinaisons de localités nouvelles. C'est lui qui, dans des endroits inconnus, guide le limier dans lequel il se trouve très-prononcé; il existe dans tous les EVE D PES VIOL R L'UNEA TL U RUE EU Te 209 oiseaux de passage ; il les invite à changer de lieux, à faire des voyages éloignés, et à retrouver l'endroit de leur pre- mière habitation : la cisogne et l’hirondelle en sont émi- nemment pourvus ; aussi ce sont les animaux qui s'éloignent le plus de nos pays. Dans les hommes, qui en sont munis, nous regardons de même une grande mémoire pour les lieux et le desir de voyager ; aussi se trouve-t-il constamment dans les habiles peintres en paysages. « Un général , qui fait les dispositions d’une armée, et qui d'un seul coup-d’œil doit voir toutes les localités du pays qu'il occupe, ne sauroit se passer de cet organe. » Le grand Frédéric nous en offre un exemple frappant. Dans l’âge avancé, cet organe est un de ceux qui diminuent sensiblement : aussi il est reconnu que toute espèce de mémoire et d’imagivation se perd à mesure que l’homme vieillit ; alors les sinus frontaux augmentent intérieurement ; l’action du cerveau ne s’oppose plus autant à leur développement. 17. Orsane du sens pour les faits. (sensus rerum). Le sens pour les faits a son organe correspondant dans la partie inférieure et antérieure du frontal, au milieu et au- dessus du précédent ; il agit productivement et réproducti- vement ; ct, dans le dernier cas, il donne la mémoire des faits et des choses. C'est un organe très-nécessaire à l'éducation et à l’instruc- tion, qui demandent absolument que l’on se souvienne des choses passées ; ‘il est soumis dans la vieillesse aux mêmes changemens que le précédent. Dans les animaux , l’éléphant se distingue sur-tout par le dé- veloppement de cet organe ; aussi C’est Jui qui retient, avec le plus d’exactitude , les faits et les actions qui ont rapport à lui. « Parmi les hommes , nous avons trouvé cet organe, non- « seulement dans ceux qui ont beaucoup de mémoire pour les « faits et les choses, mais encore dans ceux que l'on peut « appeler têtes systématiques , qui rangent tous les faits en « ordre, et qui en tirent des conclusions, dans ceux qui sont « d'une conception facile, et qui se distinguent par une envie « de savoir tout ; il nous paroît même que l'opération de com- « biner les faits pour en tirer un résultat est une actiou prin- « cipale de cet organe ; du moins l'éléphant, qui garde dans sa «trompe de l’eau pour en arroser en passant celui qui l’a 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « offensé la veille, range plusieurs faits, et en tire un résultat « qui est une vraie conclusion logique ; et nous ne connois- «sons pas d'autre organe dans l'éléphant auquel on puisse « rapporter cette action. « Le mouvement automate de l'homme qui s’apperçoit qu'il a « déraisonné, semble venir à l'appui de ces suppositions ; il se « frappe sur le milieu du front. » 18. Organe de la peinture, le sens pour les couleurs. L'organe du sens pour les couleurs ou de la peintnre occupe la partie antérieure du frontal, au-dessus de lorbite; Gall a remarqué cet organe dans tous les peintres à grands talens. « Comme cette découverte ne nous est parvenue que depuis « peu, nous n’avons pu recuéillir qu'un petit nombre d’ob- « servations ; RE nous l'avons remarqué dans quelques « individus, et il est très-apparent dans la tête de Raphaël, au « Musée national » n°. 57. » 19. Organe du sens pour les nombres. L’organe qui correspond à la partie inférieure et extérieure du frontal, près de l’apophyse zygomatique de cet os, a la fonction du sens des nombres, il existe dans les homtines qui ont beaucoup de mémoire pour les nombres, et dans les arith- méticiens qui font avec beaucoup de facilité des combinaisons de calculs ; il existe dans une espèce de pie qui a la faculté de compter jusqu’à neuf, seul exemple connu parmi lesÿ ani- maux. « Nous avons eu occasion de remarquer cet organe sur la « tête d’un aveugle, aux Quinze-Vingts, qui se distingue par « ses talens arithmétiques; et Gall conserve des bustes de plu- « sieurs hommes qui‘en fournissent des exemples très-instruc- ec tifs. » 20. Organe du sens musical. Au-dessus de cet organe se trouve celui du sens musical ou our les sons. Il agit de même que les autres organes, productivement et réproductivement ; il donne la mémoire pour les sons ; il fa- cilite de nouvelles combinaisons des compositions musicales ; il invite les oiseaux à chanter ; il agit dans ceux qui appren- nent à parler, et dans lesquels le langage n’est fondé que sur cetie mémoire pour les sons. ET D'HISTOIRE NATURÉLUHLE. Z1% Î manque abselument aux animaux qui n’ont pas de sens musical ; il est très-développé dans le perroquet et l’étourneau ; et les grands musiciens Gluck, Mozart, Haydn, Pleyel, nous en fournissent des exemples frappans. 25. Organe du sens pour la mécanique. Dans la partie latérale et inférieure du frontal se trouve l'organe du sens pour la mécanique. Le castor qui construit des bâtimens en est éminemment doué ; il existe dans le mulot et dans les oïseaux qui font leurs nids avec beaucoup d'art ; il se rencontre dans les hommes qui ont du talent pour les objets de mécanique, qui construisent avec facilité une ma- chine quelconque , qui se servent avec dextérité de leurs mains, et qui se distinguent dans les différens arts qui demandent ur travail manuel. Quoiqu'il soit très-difficile de juger de l’exis- tence de cet organe , quand il n'est développé que médiocre- ment, « parce que le muscle remporo - maxillaire recouvre « cette partie du crâne; cependant il est très- éminent si la « faculté existe dans un degré supérieur , ct c’est alors un des « organes sur lesquels on peut avoir le moins de doutes. » 22. Organe de la mémoire verbale. Dans Pintérieur de l'orbite, au fond de la partie supérieure, existe l'organe de la mémoire verbale ; il peut être remarqué lors de son développement par l'influence qu’il exerce sur la po- sition du globe de l’œil , qu’il pousse toujours en avant et plus ou moins hors de l’orbite, Les personnes qui en sont pourvues retiennent facilement les mots par cœur. Gall, étant jeune encore , remarqua cette fa- culté dans plusieurs de ses condisciples qui ne brilloient uni- quement que par ce talent, et qui se distinguoient par des yeux très-protubérans. Ce fut la première observation qui donna dans la suite la direction à ses recherches ; nombre d’observations sur cet organe ont depuis appuyé la vérité de son existence et de sa fonction. 23. Organe du sens pour les langues. L’organe , à la partie extérieure et supérieure de l'orbite , est appelé par Gall, organe du sens pour les langues. Sa présence influe considérablement sur la position du globe de l'œil ; elle le pousse en bas et vers le nez, et augmente sa distance du bord supérieur de l’orbite ; dans les animaux il n’existe nullement ÿ 212 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE aussi dans ceux-ci le globe de l’œil est plus dirigé vers la partie latérale extérieure de l'orbite. Son développement accompagne constamment les talens dis- tingués pour les langues ; il est éminent dans les grands philo- logues ; , et, quoiqu'il soit difficile de juger à l'extérieur de son existence , cependant nous avons remarqué qu'il n'a jamais échappé à l'œil observateur de Gall , et qu'en aucune occasion il ne s’est trompé sur ce point. PAne 24. Organe de la mémoire pour les personnes. La fonction de l'organe à la partie supérieure et interne de l'orbite, n’est pas encore reconnue par Gall ; cependant plusieurs observations sur l’homme et les animaux, tels que le chien et le cheval , l'ont déterminé à le supposer l'organe de la mémoire pour les personnes. Son développement doit , de même que ce- lui des précédens , influer sur la position de l'œil ; il doit con- tribuer à l’écarter du bord supérieur de l'orbite, et le pousser vers la partie latérale externe, si un développement égal de lor- gane précédent ne contre-balance son effet. 25. Organe de la libéralité. L’organe de la libéralité réside à la partie antérieure du frontal , au-dessus de ceux du sens de localité et du sens pour la peinture (ns. 16 et 18), et à côté du sens musical ( n°. 20); son développement extrême accompagne le prodigue ; il manque à l’avare ; et alors cette partie du frontal forme un creux. Gall en possède des exemples nombreux. « La proximité de l'organe de la musique et du sens pour ia « peinture ( n°5. 18 et 21) semble favoriser souvent le dévelop- « pement de celui de la libéralité ; et c’est peut être une des « raisons pour laquelle nous trouvons si souvent des prodigues « parini les hommes qui excellent par leurs talens en ce genre. » Nous observons constamment que plus l’omme vieillit, plus il devient avare; aussi dans l’âge avancé la diminution de cet organe est si marquée, qu’elle donne lieu à une étendue quel- quefois très-considérable des sinus frontaux, 26. Organe de l’esprit comparatif. L’organe au-dessus du sens pour les faits, au milieu du front, est destiné à une faculté que Gall appelle esprit comparatif (j- dicium comparativum ). 11 forme une éminence oblongue, et il se’ trouve dans les hommes ET D'HISTOIRE NATURELLE. 213 hommes qui , en parlant, se servent facilement d'images ou de tropes , qui ne sont pas embarrassés des expressions , qui racon- tent bien , qui ont beaucoup d’éloquence. 27. Organe de l’esprit métaphysique. Si cet organe est plus développé vers les côtés, de sorte qu’il forme une éminence arrondie qui s'élève au milieu du front, il est l'indice de l'esprit métaphysique. Parmi les bustes des philo- sophes des temps passés , c'est sur-tout celui de Socrate qui nous en donne un exemple des plus éclatans : parmi les philosophes modernes marqués de cet organe, je ne cite que Kant comme un des plus célèbres. Nota. « Je me rappelle d’un de mes premiers condisciples , « auquel nous avions donné le surnom de philosophe à cause « de son penchant pour les sciences abstraites ; son front pré- « sente un développement très-sensible de cet organe.» 28. Organe de l’esprit d’observation. L’organe de l’esprit d’observation s'étend sur toute la partie antérieure du frontal , et son développement rapproche plus ou moins le front de la ligne verticale. On le trouve sur tous les crânes des observateurs de tous les siècles : le célèbre médecin Frank en est doué à un degré éminent , et Gall lui-même en est pourvu à un point très-évident. 29. Organe pour L'esprit de la satire. L’organe pour l'esprit de satire et les facéties (wirz des Al- lemands, wit des Anglais, facetiae en français) répond aux bosses frontales. Gall conserve plusieurs exemples qui prouvent la vérité de cette opinion, et nous l’ayons trouvée constam- ment vraie. 30. Orsane de la bonté. L’organe de la bonté se trouve au milieu du front , au-dessus de celui de l’esprit comparatif (n°. 26 ). Il forme cette élévation oblongue que nous trouvons constamment dans les têtes du Christ, de Marie, peintes par Raphaël et Corrège , et contribue beaucoup à leur donner cette empreinte de douceur et de bonté qui nous enchante; il accompagne toujours les crânes des hom- Tome LF. FRUCTIDOR an 10. Ee 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mes qui sont bons naturellement, et manque à ceux qui sont méchans et vindicatifs (1). Parmi les animaux le chevreuil, la biche, le pigeon , etc., en sont pourvus ; il manque au contraire aux anlisaux de proie, par exemple ,à l'aigle, à l’étourneau, au tigre, au renard, etc., alors le frontal au lieu d’être voûté et élevé , est déprimé et creux. 31. Organe de musique ou du talent théâtral. L’élargissement très-prononcé du sommet du frontal est dû au développement de l'organe pour la représentation des sentimens par des gestes, organe de musique on du talent théâtral. « Gall a recueilli beaucoup d’observations qui prouvent la vérité de cette opinion, et l’on ne peut la méconnoître en « regardant d’un œil attentif les têtes des grands acteurs des « différens théâtres de Paris. » Nota. « Nous croyons encore avoir observé que cet organe est particulièrement développé dans les sourds et muets, et « nous attribuons cela à la nécessité dans laquelle ces personnes « se trouvent de le faire agir continuellement , exercice qui doit “ nécessairement favoriser son perfectionnement. » 32. Organe de La théosophie. L’organe de la théosophie occupe la partie la plus élevée du frontal. Toutes les représentations des saints que l'antiquité nous a conservées , nous en offrent des exemples très-instructifs , et s’il y en a une seule qui manque de ce caractère , il est sûr qu’elle manquera aussi d'expression. Son développement excessif se trouve dans les fanatiques religieux , et dans les hommes devenus religieux par superstition et par des idées religieuses. C’est le siége de cet organe qui, selon Gall, a déterminé toutes les nations à regarder leurs dieux comme au - dessus d’elles, à un endroit élevé dans les cieux ; en effet, en regardant cet objet d’un œil philosophique , il n’y a pas plus de raison (:) I nest nullement question ici de la bonté qui résulte des principes de moralité ; il s’agit seulement de celle qui existe comme instinct, sans être le fruit de réflexions morales. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 215 pour placer dieu au-dessus du globe que pour le supposer au- dessous. 33. Organe de la persévérance. Le dernier des organes jusqu’à présent trouvés par Gall , est celui de la persévérance , de la constance , du caractère ; il ré- side à la partie antérieure et supérieure des pariétaux au milieu de la tête ; existant à l’excès , il donne l’entêtement , et l’in- constance est la suite de son défaut. « Quant aux parties du crâne auxquelles Gall n’a pas encore « trouvé des organes, il est vraisemblable que ses recherches « ultérieures lui fourniront les moyens d’y parvenir un jour, « c’est sur quoi l'ouvrage, qu’il a l'intention de publier , nous « donnera des détails plus étendus. Aussi c’est à lui de nous per- « suader , d’une manière peut-être incontestable , de la vérité « de son système , dont l'exposition ne sauroit être satisfaisante « dans un traité aussi incomplet. » Nous trouvons nécessaire de remarquer encore que tous les orggnes énumérés me s’apperçoivent distinctement que dans les individus qui jouissent d’une faculté quelconque à un degré éminent, et qu’il est impossible de juger avec justesse d’un ta- lent médiocre, son organe étant alors trop confondu avec ceux qui l’environnent. « Quant aux reproches que dans ces derniers jours on a fait au système de Gall, qu’? menoit immédiate- ment au matérialisme, nous n’en voyons pas les raisons philo- sophiques. Tout en supposant des organes pour l’action des facultés internes, la distance immense de la pensée à la ma- tière reste la même ; des objets d’une nature aussi hétérogène, ne sont pas susceptibles d'aucun rapprochement. D'ailleurs il reste à l'homme la volonté intacte ; c’est elle qui doit contre- balancer l’action des organes, c’est la moralité qui doit l’em- porter sur les passions. » CS RSR ARAR Bosames, docteur en médecine Eee OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVAR®P, astronome. 5 THERMOMETRE. BAROMÈTRE. = 0 2 | Maximum. | Minimum. |A Muni. Maximum. MINIMUM. A Mir. 1äcnls. 16,8 à4sm. -L 8,5| +15,8 à4Bm.. 927.11,25/à 10h1Ss. 27.10,20 27.11,17 2à2s. —-20,6 à4;m + 9,5| 19,7 à 35m... 27. 9,33] à midi. ++ 27: 17/27. 9,17 3 à 225. 16,8] à 4 im. + je 15,8 ja 935... 27.11,35] à 4 + m.. 27.10,20|27.10,93 AE —17,8| - +16,8{à25s... 28. 0,00 a61.. * 27.11,85/27.11,93 Sa midi. 16,6] à 4! ! m. ra 73 16,6 Ja midi. . . 28. 2,57 à 9 m.... 27. 2,35|28. 2,07 Ga midi. <18,8|à 4m. “+ 6,2] +18,8 Éd: .. 28. 2,5o|ä11%5s.. 28. 1,08|28. 2,33 pè2is. “—H22,6| à 4m. —H10,0| +-22,6 {à 9 m. . . 28. o,50|à 27 8. . . 27.11,75|28. 0,25 HNAREOE EEE à4im. +io,2| ...... àa11s... 28. 0,71|à4%m.. 27.11,75|....... gâ2is. 20,0! à 44m. +0, 4 +18,4 à 4; m.. 28. 0,75|à 105... 27.11,93/28. 0,60 1ojà 35. 93 à 44m. + 9,5] -..... Ê 4m, ..27.11,75|à3s..... 27.11,12/27.11,75 11lä midi. —-20,8| à 4 5m. +11,0| 420,8 là midi. .. 27.11,75| à 2 Ls,. -27.11,50/27.11,55 12à midi. —17,2| à 4 Fr 10,4] +17,2 là 115... 928. 1,83] à 4m.... 28. 0,42/28. 0,75 na llelelle = (eee er + 9,7l +... HOMO SOI ET op Gi: a 45m... 28. 2,25)....... li4a ais. 13,4 à22s. —H+18,4| 17,0 la 9 Queens Wares ( Faïence de la Reine). La connoissance des porcelaines deyoit nécessairement ame- ner le dégoût des faïences; mais le haut prix des premières ne permettoit qu’à un petit nombre de consommateurs de les subs- tituer à celles-ci Il étoit donc naturel qu’on fit des efforts pour trouver une poterie plus agréable que les unes, et moins chère que les autres. Des espèces plus ou moins rapprochées de la porcelaine, étoient bien ce qui pouvoit le mieux convenir, mais cette en- treprise, toute simple dans le raisonnement, présentoit de très- grandes difficultés dans l’exécution. Les Anglais, qui la tentèrent, n’avoient encore trouvé que des grès assez ternes , vernissés à la vapeur du muriate de soude, lorqu’un artiste, dont le nom fera époque dans l’histoire de l’art, l'illustre Weedgwood , jugea convenable de se rabattre sur un genre, moins solide, à la vérité, mais qui présentoit moins d'obstacles à vaincre; et l’on vit paroître en Angleterre, sous le nom de Queens ares ( Faïence de la Reine), des poteries peu coûteuses, dont l'éclat ne pouvoit manquer de séduire ceux qui s’attachent plus à l’apparence qu’au mérite intrinsèque. Indépendamment de la priorité, plusieurs circonstances lo- cales et commerciales offroient aux Anglais des avantages à-peu- près exclusifs pour cette fabrication. Ils y réussirent complette- ment, et parvinrent à rendre le monde entier tributaire de leur industrie en ce genre. Ces poteries ne sont qu’une variété un peu recherchée des poteries communes. Le vernis en est composé dans les mêmes principes; senle- ment , comme il est fait avec plus de soin, et appliqué sur une pâte plus fine, il est moins défectueux. Tome LV. VENDEMIAIRE an 11. Nn 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE ‘(CHIMIE Elles sont minces, conséquemment lésères. Le prix en est très-modique, au moins pour ce qui s'appelle platerie ; sur les autres objets l’avantage est moindre. Plusieurs défauts essentiels sont attachés À ces avantages. 1°. La densité en est trop foible pour le peu d'épaisseur qu’on leur donne ; trop forte pour laisser un passage libre au calori- que ; d’où s'ensuit qu’elles manquent de solidité , et qw’elles ne vont au feu que d’une manière imparfaite. 20, Sile vernis en est très-glacé, c’est qu'il contient excès de plomb : de là vient qu’il est d’une couleur olivâtre assez désa- gréable, qu’il est excessivement tendre, et qu’il se décompose facilement. On a poussé la charlatanerie au point de faire à ce vernis um mérite réel de sa misérable conleur, que les Anplaïs ont eu la complaisance d'appeler couleur de crême. Elle fait, dit-on, res- sortir la blancheur du linge de table. Un raisonnement aussi pitoyable ne mérite pas d’être réfuté. Cependant ceux de nos manufacturiers qui n’ont pas rougi de singer cette fabrication, ont été forcés d’imiter jusqu’à la coulcur du vernis, et si quelques-uns ont voulu s’y soustraire , en adoptant une composition plus belle, ils en ont été punis par le discrédit de leurs productions, et se sont vus forcés de revenir servilement à la couleur de créme. © zmitatores ! servum pecus ! 30. Ce vernis , offrant peu de solidité, est assez souvent rayé par les corps durs et par les instrumens tranchans. Ceux-ci y laissent des traces plus ou moins profondes, au travers desquelles les liquides s’insinuent dans le biscuit, et y déposent des tach:s qui croissent de jour en jour, comme celles qui se forment dans une étoffe imprégnée de corps gras. La couverte des percelaïnes tendres étant faite dans des prin- cipes à-peu-près semblables, a bien aussi le défaut d’être facile à rayer , mais comme elle est soutenue par un biscuit plus vi- trifié , elle offre plus de résistance aux frottemens, et lorsque elle est entamée par les corps durs et par les instrumens tran- chans , il n’en résulte aucune infiltration dans le biscuit, qui n’est pas absorbant. RE 4°. Le plus grand défaut de ce vernis tient à ce que; conte- ETUD'HISTOIRE NATURELLE. 277 nant beaucoup de plomb mal vitrifié, il est attaquable par les dissolvans le moins actifs ; alors il se mêle aux alimens, et porte dans l'économie animale, des rayages d’autant plus difficiles à prévenir , qu'ils sont lents et imperceptibles dans leurs com- mencemens. La durée de ces poteriesest courte, moins encore parce qu’elles manquent de solidité, que parce que la prompte décomposition du vernis lui enlève l'éclat, qui en fait le seul mérite. Qu'on ne croie pas que je cherche à en exagérer les défauts, pour en déprécier l'invention. Ce genre est tout ce qu'il peut être pour le prix auquel on l’établit ; il est impossible de rien faire de mieux à prix égal, et il suppose dans son auteur des talens d’autant plus rares, que non-seulement il a été créateur , mais qu’il n’a laissé à ses con- currens d’autre avantage que de le copier. Quoi qu’il en soit, si les Queens Wares ont été la principale source de la grande fortune de Weedgwood , elles ont été son moindre titre à l'estime des connoïisseurs. Cet artiste s’est signalé par des productions d’nn tout autre mérite. La légèreté, l'élégance et sur-tout le bon marché ont con- couru à la vogue de ces poteries; mais la nouveauté des formes y a singulièrement ajouté. Leur créateur sut le premier tirer parti des formes antiques. Ces formes, puisées la plupart dans les. poteries étrusques, c'est-à-dire dans une composition qui ne gêne point la liberté de l'exécution, ne présentoient aucune difficulté dans les terres anglaises , dont la matière est très-ductile et dont la cuisson ne contrarie en rien la pureté des dessins. Tôt ou tard il en sera des terres anglaises comme des faïences et de toutes les poteries cuites à de basses températures; elles seront chassées de la consommation par la porcelaine et ses analogues. Maïs quelle que soit l’époque où elles feront place à de meil- leures productions , elles n’auront pas laissé de contribuer aux progrès de l’art. C’est un échafaudage qui disparoîtra lorsqu'on n’en aura plus besoin, mais qui n’en aura pas moins servi à la construction de l'édifice; et longtemps après qu’on les aura perdues de vue , on se souviendra de leur auteur, parce que l’arène est profondément empreinte des traces de ses pas, et que non content de la parcourir avec distinction, il en a reculé les limites par des travaux de plus d’un genre. Nn 2 278 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Des hygiocérames. La classe aisée de nos consommateurs ne veut plus de faïences ; le prix des porcelaines est encore trop élevé pour elle : il lui faut une poterie qui tienne le milieu entre ces deux genres. On a cru l’avoir trouvé dans les terres anglaises ; on commence à s’appercevoir qu’on s'étoit trompé, et les personnes qui ne se laissent point aveugler par le bas prix du premier achat, préfè- rent des rebuts de porcelaines, au premier choix de terre an- glaise, quoique bien moins cher. Je crois avoir démontré que cette poterie manque absolument des qualités qu’on peut regarder comme essentielles ; mais quand on compteroit pour rien et ses nombreux défauts, et La difi- culté de l’exécuter en concurrence avec les Anglais, quels avan- tages pourrions-nous espérer en limitant? Tout au plus de nous suffire à nous-mêmes au-dedans ; il nous sera toujours impossible de lutter au-dehors contre des concurrens dont les moyens sont infiniment supérieurs aux nô- tres, lorsqu'ils ne leur sont pas privatifs. Mes premières observations m'ont convaincu que la porce- laine, vu son prix élevé et son extrême densité , ne pourroîit jamais être qu’un objet de luxe. J'ai cru d’abord, avec tant d’autres, qu’on pourroït y sup- pléer par les terres anglaises. Mes premières recherches m'ont convaincu que les Anglais avoient sur nous, pour cette fabrica- tion , des avantages inhérens à leur sol et à leur manière d’être. J'en ai conclu que, pour lutter contre eux d’une manière vic- torieuse , il falloit faire, non pas comme eux, mais mieux qu'eux. Pour qu’une vaisselle devienne l’objet d’une grande consom- mation , elle doit être appropriée à un très-grand nombre d’u- sages domestiques, et sur-tout elle doit être d’un prix auquel le grand nombre puisse atteindre. C'est vers ce double but que j'ai dirigé mes tentatives. Je ne me suis pas seulement attaché à réduire les prix; j’ai cherché à obtenir les qualités les plus convenables aux besoins de nos ménages. Ainsi font les Chinois, dont l’exemple a guidé nos premiers pas dans la recherche des porcelaines, Nous les avons surpassés dans la partie brillante ; ne pourrions-nous les égaler dans la partie économique ET D'HISTOIRE NATURELLE. a5ÿ Ce peuple , aussi économe qu'industrieux, ne s’est pas borné, comme nous l’avons fait jusqu’à ce jour, à la seule porcelaine de luxe , il a su, par des variétés infinies, pourvoir à toutes les espèces de besoins, et se mettre à la portée de toutes les classes de consommateurs. A partir des porcelaines fines que le com merce exporte dans toutes les parties du monde, les fabricaris chinois descendent, par une gradation suivie , jusqu'aux poteries les plus communes, qui ne sortent guère de chez eux. Il n’est personne qui ne sente combien ce systême est préféra- ble à celui qui a été suivi parmi nous; mais il ne suffisoit pas d’être convaincu de sa bonté, il falloit vérifier s’il étoit possible de le naturaliser en France. Pour y parvenir, je me suis livré à une longue suite d’rssais , qui m'ont convaincu qu’on pouvoit exécuter, à des prix modi- ques, diverses poteries salubres , et capables de supporter les al- ternatives du chaud au froid. Je crois avoir :démontré qu’il est impossible de réunir , dans une espèce unique, les propriétés souvent opposées , qu’on peut desirer dans une vaisselle ; il a donc fallu en composer différen- tes espèces, appropriées aux différentes destinations. Pour les usages les plus relevés, j'en fabrique qui ne diffèrent de la porcelaine qu’en ce qu’elles supportent mieux les passages subits du chaud au froïd , et qu’elles sont bien moins chères. Pour les usages communs, j’en fais de moins recherchées; elles supportent encore mieux les alternatives du chaud au froid , et le prix n’en diffère pas essentiellement de celui de nos poteries communes. Ce ne sont pas précisément des porcelaines, ce ne sont pas de simples grès, encore moins des faïences quelconques. Ce qui distingue ces productions des faïences et de toutes pote- ries qui recèlent des métaux nuisibles, c’est /4 salubrité. Ce qui les distingue des grès et des porcelaines, c’est la pro- priété de supporter les passages rapides du chaud au froid. L'expression la plus propre à les désigner complettement, eût donc été celle qui eût spécifié qu’elles sont en même-tems sa/u- bres et susceptibles de supporter impunément les changemens de température. Mais, outre que toutes les espèces qui composent ce genre ne possèdent par au même degré la propriété d’aller au feu, ox conçoit qu’une expression propre à en spécifier les diverses qua- liés, eût été longue et difficile à retenir. On a donc cru deyoir n'exprimer que la qualité la plus im- 280 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHIMIE portante, celle que toutes les espèces possèdent égalemeut, Za salubrité. En conséquence, on les a appelées Ayziocérames , nom dé- rivé du grec Aigio-keramon, qui, en français, répond à cette expression : poteries de terres salnbres. Si l’on demande en quoi cette nouveauté diffère des porce- laines, je dirai que les principes constituans sont les mêmes, et qu’on en feroit de la porcelaine, si on vouloit; mais que certains changemiens dans la préparation produisent dans l’or- PA des différences qui font que les hygiocérames, même es plus rapprochés de la porcelaine par l'apparence, vont beau- coup mieux au feu. Si l’on demande en quoi consiste le mérite de cette invention, le voici. Faire des poteries salubres, n’étoit pas une nouveauté; nos grès et nos porcelaines sont parfaitement salubres. Faire des poteries propres à aller au feu, n'étoit pas plus nouveau ; la plupart de nos poteries communes vont aussi bien au feu que le permet la nature des terres cuites, Enfin, faire des poteries à bon marché , n’avoit rien que de très-connu ; Ja plupart de nos grès et autres poteries grossières sont à-peu-près au meïlleur compte possible. Mais nos poteries communes manquent de solidité ; elles don- nent mauvaise odeur et mauvais goût aux alimens qu’on y pré- pare; enfin elles sont enduites de vernis dangereux. Nos grès et nos porcelaines ne sont pas susceptibles d’être approchés et retirés du feu aussi brusquement que l’exigent les besoins du ménage. î Enfin, nos porcelaines sont d’une cherté qui n’en permet l'usage qu’à un petit nombre de consommateurs. Nous n'avions donc aucune poterie qui fût tout-à-la-fois sa- lubre , capable de supporter les passages subits du froid aw chaud, et à bon marché. C’est la réunion de ces trois importantes propriétés qui cons- titue le mérite de ce nouveau genre ;.et l’on peut dire que ce qui distingue les hysiocérames des autres poteries connues, c’est qu'ils offrent un ensemble de bonnes qualités que jusqu’à ce jour on n’avoit pu obtenir que séparés. E TD” HU ST OLREE! N'A TU REILLE, 281 Conclusion. J'ai fait ensorte de démontrer, 19. Que les poteries communes, les faïences et les terres an- glaises sont trois espèces plus on moins dangereuses ; 2°, Que les grès, les'porcelaines et les hygiocérames ne recè- lent rien de nuisible ; | 3°. Que les grès et les porcelaines ne peuvent aller au feu que très-luparfaitement ; 49. Que les hygiocérames y vont plus ou moins, selon qu'ils sont plus ou moins éloignés de la porcelaine. f Il en résulte que:les espèces insalubres doivent être abandon- nées , par quiconque veut avoir soin de sa santé. Quant aux espèces salubres ,.c’est aux consommateurs à régler leurs choix sur les différens. emplois qu’ils en veulent. faire. Ils ne doivent pas perdre de vue, que plus ils s’attacheront à l'élégance, à la solidité et à la propreté, moins ils doivent être exigeans sur la propriété de supporter les passages rapides. du chaud au froid. y EC ÉCLAIRCISSEMENS Sur les propriétés de la terre nommée Yttrie , comparées avec celle de la Glucine ;-sur les fossiles, dans lesquelles la pre- mière de ces terres ést contenue, et sur La découverte d’une nouvelle substance de naiure métallique (le tantale) ; Par A. G: Ekrzerc (1). Extrait du Journal de. Van Mons. La première partie de ce mémoire donne les détails des expé- riencés faites par M. Ekebero, pour constater la différence qui (1) Kongl. swænsk. Vetenskaps-academiens nya Handlinsar ; féer ‘aër 1802 ; gvartal 1 , pag: 68. Je dois ce mémoire à la complaisance de M..le conseiller d’état, baron de %2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE existe entre la glucine et la terre découverte en dernier lieu dans la gadolinite, et appelée yttrie ou gadoline , mais comme la nature particulière de chacune de ces terres est déja suffisam- ment connue des chimistes , il seroit superflu de revenir ici sur cet objet. L'autre offrant encore tout l’intérêt de la nouveauté, nous nous empressons d'en faire part à nos lecteurs, dans une tra- duction fidelle de cette partie du mémoire. Quoïqne la substance minérale que j'ai découverte, dit l’au- teur , contienne de l’yttrie , elle ne pourroit être rangée , dans un Système de minéralogie, comme espèce de cette terre, à cause du mélange plus abondant d’une autre substance égale- 8 à ment remarquable , ce qui doit augmenter la classe déja très- nombreuse des métaux. J'ai toute cette substance dans deux fossiles tirés d’endroits différens : dans l’un elle étoit unie au fer et au manganèse, et dans l’autre au premier de ces métaux et à la gadoline. Cette nouvelle substance métallique se distingue par son in- dissolubilité dans tous les acides. Le seul réactif qni ait sur elle de l’action, est l’alkali fixe caustique. Soumise au feu avec cet alkali, et la masse ensuite lessivée, elle se dissont en partie dans l’eau, ct se laisse précipiter de cette dissolution par le moyen d'un acide, mais sans que le précipité soit attaqué d'aucune manière, quelque soit la quantité de l'acide employé. Séparée par le filtre et sèchée, elle reste sous la forme d’une poudre extrêmement blanche, qui ne change pas de couleur même à une chaleur rouge. En traitant le restant de la masse avec les acides, l'on obtient la même poudre. Sa pesanteur spécifique après avoir été rougie, est de 6,500. Elle est fusible au chalu- eau, par l'addition du phosphate et du borate alkalinules de soude , mais ne communique aucune couleur au flux. Exposée à une forte chaleur dans un creuset , sans autre mé- Jange que du charbon pilé , elle se réduit en un bouton médio- crement dur, ayant quelque éclat métallique à sa surface, mais d'une cassure matte et noirâtre. Les acides n’ont aucune autre action sur cette espèce de régule, que de le ramener à l’état d’oxide blanc, d'ou il étoit sorti. Les circonstances de la réduc- Edelcrantz , un des membres les plus distingués de l’académie de Stockholm, et savant versé dans tous les genres, qui, à son passage par cette ville, a eu la bonté de me le communiquer. on . ETUD'HTSTOTRE NATURELLE. 289 tion aussi bien que la pesanteur spécifique de cette singulière substance, paroïssent lui assigner une place parmi les métaux, et j'ai des raisons suffisantes pour me persuader que ce n'est aucun de ceux connus jusqu’à présent. Les substances avec les- que il seroit possible de la confondre sont les oxides d'’étain, e tungstein et de titane, qui sont dissolubles dans les alkalis caustiques , et qui, dans quelques circonstances, résistent aux acides. Mais l’oxide d’étain est facile à dissoudie et à ré- duire ; le tungstein se décèle tout de suite par sa solubilité dans l’ammoniaque et par la couleur bleue qu’il communique au phosphate de soude ; l’oxide de titane donne une couleur d’hyacinthe au borax , et devient soluble dans les acides par la fusion avec le carbonate de potasse (1). Avant de décrire l'analyse chimique que j'ai entreprise des deux substances que je regarde comme des mines du nouveau métal, il convient de donner la description de leurs caractères extérieurs. Afin d'éviter des périphrases lorsqu'il faudra les dé- signer, je crois devoir hasarder de leur donner un nom géné- rique. En me prévalant de l'usage qui admet des dénominations mythologiques , et pour expriner l'impuissance du nouveau mé- tal de se saturer des acides dans lesquels on le plonge, je lui ai appliqué le nom de Tuntale. Pour la mine composée de tantale, de fer et de manganèse, je propose le nom de £antalite, et pour celle tenant de l’yttrie, celui de ystrotantalite, que l’on ne doit pas trouver plus traînant que celui de szderotitane , déja adopté. L’'échantillon du tantalite m'a été communiqué par M. Geyer, directeur des mines, qui m'a assuré que cette substance avoit été connue depuis 1746, et regardée comme une variété problé- matique de grenat d’étain (z/nngraupen), Elle se trouve près de la ferme Brokaern, paroisse de Rimito, gouvernement 4460 en Finlande, dans une grande montagne, sur les bords de la Baltique. La gangue est composée de quartz blanc et de mica , avec des veines de feldspath rouge à grosses lames , matières dont les paroïs de la gangue sont formées. Le titanite s’y trouve disséminé en forme de grenat,. (1) J’avois cependant eu quelques soupcons sur l'identité de la nouvelle subs- tance avec ce dernier métal, et Je nai été bien convaincu que cetle identité n’existoit pas , que par sa comparaison avec du fer titané de Norwège, que j'ai, dans cette vue, décomposé. Tome LFP. VENDEMIAIRE an #1. Oo 284 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ce que j'en aï vu étoit en cristaux détachés, de la grosseur d’une noisette, et dont les mieux prononcés paroissoient ap- procher de la forme octaèdre: Ils étoient chargés de parcelles de feldspath et de mica. Sa surface est unie, luisante et noirâtre. Sa cassure est compacte et a un certain éclat métallique’ La couleur de la cassure n’est point par tout la même; elle varie entre le bleu-grisâtre et le noir de fer. Sa poussière est grise-noirâtre, tirant un peu sur le brun. Sa dureté est assez considérable pour donner des étincelles au briquet. Je n'ai point remarqué qu’elle eût quelqu’attraction pour l’aimant. Sa pesanteur spécifique est de 7,953. L’yttrotantale se trouve an même endroit et dans la même gangue que le gadolinite. Klaproth a dit que ce dernier se tronve incrusté dans une masse granitique ; mais quoique les parties constituantes du granit s'y rencontrent de temps en temps, il n’en est pas moins avéré que la vraie gangue n'est autre chose que du feldspath, comme on le voit clairement dans la grande carrière d’Ytterby. Le mica et le quartz qui s’y ren- contrent, forment des parties distinctes et n’entrent point en combinaison avec le feldspath (je ne parle ici que ds masses de la roche principale, sans disconvenir de la possibilité d'y rencontrer quelques morceaux dans lesquels les trois substances se trouvent entremêlées); mais en général, c’est une roche de feldspath, coupée par de larges veines de mica, dans une direc- ton presque perpendiculaire; et c’est dans la proxünité de ces veines qu’il faut chercher le gadolinite, aussi bien qne l'yttro- tantale. Le premier se trouve communément attaché d’un côté à une veine de mica argenté, et enveloppé de feldspath pour le reste de son volume. Le second ne tient jamais immédiate- ment au mica. Les rognons qu’il forme s’enveloppent d’une croûte mince de feldspath séparée dela grande masse par des couches légères de mica noir-grisâtre. Les gangues, chargées de ces rognons , sont rarement isolées : elles se trouvent plusieu: s ensemble, séparées seulement entre elle, et de la roche prin- cipale, par de semblables paroiïs de mica. C'est ainsi que j'ai trouvé le plus souvent ces substances placées par la nature, et ce n’est que bien rarement qu’on les rencontre en forme de grains disséminés dans la roche feldspatique. Les plus grands rognons que j’aie trouves de la mine d’ytiro- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 285 tantale n'ont pas atteint la grandeur d’une noïsette. La cassure étoit grenue, d'un noir de fer, avec éclat métallique. Sa dureté n’est pas considérable; elle se laisse racler par le couteau quoique difficilement. Sa poussière est d’une couleur grisâtre. Elle n’exerce aucune action sur le barreau aimanté. Je lui ai trouvé une pesanteur spécifique de 5,130 ; mais comme il ne m'a pas été possible de trouver un morceau tout- à-fait libre de feldspath , je soupçonne que sa véritable pesan- teur doit être un peu plus considérable. Nous terminerons cet extrait par un court résumé de la par- tie du memoire de M. Eckeberg , qui concerne l'analyse du gadolinite et la comparaison de lyttrie avec la glucine , que dans plusieurs écrits on avoit fait passer comme étant de la même nature. Le gadolinite, lorsqu'il est pur , est assez compacte pour faire feu avec le briquet. On le trouve cristallisé d'une manière imparfaite , comme quelques espèces de grenats. Il contient de la glucine. Outre les distinctions établies par Klaproth et Vauquelin, entre la gadoline et la glucine, ces deux terres se montrent différen- tes par les propriétés particulières suivantes. La pesanteur spécifique de la gadoline diftère considérablement de celle de la glucine qui n’est que de 2,967 , tandis que celle de la gadoline est de 4,842. Cette dernière terre est la plus pe- sante de toutes les substances terreuses connues , puisqu'elle surpasse de 0,842 la baryte qui ne pèse que 4,000. Elle est dissoluble dans les carbonates alkalins. Elle est absolument indissoluble dans les alkalis caustiques. Elle n’est point comme la glucine, précipitée par les succi- nates. Oo 2 286 JOURNAI. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RCD ne EC LEREET R APP OR TC) PRÉSENTÉ A LA CLASSE DE SU SIC LE NN ES ERA ARE NTUE :S DE L'ACADÉMIE DE TURIN Le 27 Thermidor, Sur les expériences galvaniques faites les 22 et 26 du méme mois, sur la tête et le tronc de trois hommes, peu de temps après leur décapitation ; Par les CC. Vassarr-Eannr, Gruzro et Rosr. Le premier Consul , dans la lettre à Chaptal, dans laquelle ïl annonce à ce savant ministre les deux prix qu’il vient de fonder , pour encourager les physiciens à se hvrer à de nou- velles recherches sur le galvanisme, s'exprime ainsi : Le gal- vanisme est, en monsens , le chemin de grandes découvertes: Cette observation , du premier Consul, est à la: fois très-juste et profonde De grandes découvertes ont déja été faites ; Galvani et Volta ont immortalisé leur nom, plusieurs physiciens et physiolo- logistes célèbres se sont illustrés dans cette branche féconde de phénomènes étonmans, et pourtant la science du galva- nisme n’est que naissante, et il reste, sans doute, un grand nombre de découvertes importantes à faire. Vassalli, Rossi et moi nous sommes élancés , depuis plusieurs années,dansla carrière du galvanisme, tandis que le premier tourne et retourne dans tous les sens le fluide galvanique , pour mieux éclaircir la nature, en physicien ingénieux et profond par un grand nombre d'expériences imaginées avec sagacité , et exécu- (1) Le rapporteur est le C. Giuho. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 287 tées avec la précision et l’exactitude qui le caractérisent , Rossi et moi nous nous sommes proposés d’éclaircir par nos expé- riences , l'influence , l’action du fluide galvanique sur les diifé- rens organes de l’économie animale, Tantôt des circonstances malheureuses ,| tantôt d’éminentes fonctions administratives m’ont forcé d'interrompre les recher- ches que nous venons de reprendre: Si un succès glorieux ne couronne pas nos efforts par quelque découverte brillante, nous avons la confiance, la certitude même d'ajouter, pour l’.co1omie animale , quelques faits précieux , de redresser quel- ques erreurs, de mieux coustater des vérités , et d'étendre le domaine d’un agent inépuisable et fécond en merveilles. Volta avoit annoncé que ies organes involontaires , comme le cœur , l'estomac, les intestins, la vessie | les vaisseaur ; sont iusensibles à l’action galvanique (1) Nous avons pleinement réfuté cette grande erreur physiologique, Malheureusement le mémoire latin , qui contient les expériences décisives que nons avons faites sur des animaux de sang froid et dé sang chaud, en 1792, et présentées à l’Académie peu de temps après, à propos desquelles Sue a écrit , dans l'histoire du galva- nisme (2), « ces expériences sont très-curieuses, très-bien détaillées ; ont été faites avec beaucoup de soin et de précau- tion, et contiennent des remarques et des observations très- intéressantes , n'ont paru qu’en 1801, dans le dernier volume de l’Académie. Dans cet intervalle , Grapengiesser a reconnu , comme nous, l'influence du galvanisme sur le mouvement péristaltique par le moyen du zinc et de l’argent (3) Humboldt s’est assuré de l’ac- tion galvanique sur le cœur des grenouilles ,| des lézards , des crapauds et des poissons ; Schmuch a observé l'incitabilité du cœur par le fluide galvanique , Fowler a changé les pulsations du cœur , sans Jui appliquer immédiatement des armatures, et en les adaptant seulement dans des animaux à sang chaud au erf récurrent du moyen sympathique (4). a ————— (1) Mezzm, Volta, Valli, Klein, Pfaff, Berhends, ont nié qüe le cœur pû? être mu par le fluide galvanique. Hise. du galv., première part., pag. 145. Bichat wa obtenu de contractions ni dans le cœur de l’homme, ni dans le cœur des chiens. Voy. Æecherches plisiologiques sur la vie et la mort. (2) A la fin de la première partie. (35) V. Histoire du galvanisme, pag. 81, vol. 2. (4)} Ibid, Vol. 2, pag. 84. 288 DOUTNADODE MP INISMQUIE", DE CHTMAE C'est principalement en vue des expériences de ces savans allemands, que lhietorien du galvanisme (1) avance : « que le mouvement vermiculaire des intestins , involontaire , de l’aveu de tous les physiologistes ; obéit à l'irritation métallique ; d’où il suit , dit il , que les physiciens italiens ont avancé une erreur, quand ils ont dit que le gilvanisme n’agit que sur les muscles dépendans de la volonté. » En historien exact et impartial , comment peut-il accuser , ainsi que le fait le cit. Sue, les phy- éiciens. italiens indistinctement d’une telle erreur, lui, qui avoit notre mémoire sons les yeux, lorsqu'il travailloit au se- cond volume de l’histoire du galvanisme , lui, qui donna un précis de nos expériences dans le premier volume de son his- toire ? Il y à plus, nous avions rendu compte de nos expé- riences par un opuscule écrit en italien en 1792. Mais comme les productions écrites en langue italienne sont très-peu lues en France, et qu’elles l’étoient encore moins alors, si notre mémoire latin n’avoit pas paru dans le volume de l’Académie, sile citoyen Sue ne l’avoit déja pas conne , je ne lui repro- cherois pas son injustice, ou, au moins , son peu d’exactitude envers les physiciens italiens. Cependant , quoiqu'avant d'établir l'influence du galvanisme sur les organes involontaires, et de combattre un physicien aussi justement célèbre que Volta, nous nous soyons étayés d’un grand nombre d’expériences ; quoiqu’après nous , Grapen- giesser, Humboldt, Schmuch , Fowler, etc. se soient assurés de cette influence dans quelques animaux de sang froid, et même de sang chaud ; un objet si important pour la physiologie dentandoit à être étendu et constaté par de nouvelles expé- riences, sur-tout dans l’espèce humaine ; nous avons d’autant plus senti la nécessité d'établir ce fait d’une manière incontes- table , soit pour les organes involontaires en général , soit plus particulièrement pour le cœur, que le célèbre Aldini, profes- seur à Bologne , dans un ouvrage italien rempli de faits nou- veaux et d'expériences précieuses faites sur les corps d'hommes décapités, a été forcé d’avouer qu'il n’a pu obtenir aucune con- traction dans cet organe par le moyen de l’électro-moteur de Volta , si puissant. Nous rendrons compte, dans des mémoires particuliers , des {1) Zbid. Pag. 83. ENTADPNS 1 ST) OR FA NVANTIUIRIENPILIE. 289 expériences que nous avons déja faites, et de celles que nous nous sommes proposés d'exécuter. Nous ne dirons ici, pour ce qui regarde l’estomac , les intestins , tant les grêles, que les gros, et la vessie, d’une manière générale que nous avons, par l’armature de leurs différentes branches nerveuses , obtenu des contractions analogues à celles que nous avons décrites dans les animaux. C’est de l’action galvanique sur le cœur et sur les artères que nous voulons particulièrement vous parler aujour- d'hui; ce fait est, à lui seul, d’une importance majeure pour la physiologie ; ce fait mérite, sous tous les rapports, de fixer votre attention , et de réveiller votre méditation. Nos expériences sur les différentes parties de la tête et du tronc d'hommes décapités , ont été commencées le 22 thermi- dor , dans une chambre du grand hôpital de St.-Jean , reprises et continuées hier dans le théâtre anatomique de l’Université , en présence d’un très-grand nombre de spectateurs. Nous avons essayé l'influence galvanique sur le cœur, de trois manières ; 10. En armant la moelle épinière par le moyen d’un cylindre de plomb enfoncé dans le canal des vertèbres cervicales , et puis en portant une extrémité d’un arc d'argent sur la surface du cœur , et l’autre à l’armature de la moëlle épinière. Le cœur ui étoit dans le premier individu assujetti à nos expériences, doné d’une grande vitalité , nous a immédiatement présenté des contractions très-visibles et assez fortes. Ces expériences, comme on le voit , furent faites sans aucun intermède de la pile, et sans aucune armature appliquée au cœur. C’est une chose bien remarquable , que lorsqu'on touche le premier , et l’armature de la moelle épinière après, les contractions du cœur qui s’en suivent , sont et plus instantanées et plus fortes que lorsqu'on touche l’armature de la moelle de l’epine la première , et en- suite le cœur. Dans un mémoire sur le galvanisme , lu à la der- nière séance publique de l’Académie , j'ai rendu compte d’un grand nombre d’expériences, faites sur tont dans des grenouilles qui m'ont présenté un phénomène semblable: J'ai observé un très-grand nombre de fois, dans ces animaux , que lorsqu'on touchoit l’armature des nerfs cruraux la première, et ensuite les muscles de la cuisse, on n’avoit point de contractions, ou les contractions. étoient très-foibles ; et que si,.au contraire , on touchoit les muscles fessiers les premiers, et ensnite l’ar- mature des nerfs cruraux , tant qu'un souffle de vitalité animoit encore les organes, les contractions des muscles étoient cons- 299 JOURNAL DE PHYSTQUE, DE CHIMIE tantes et violentes. J'ai dans le mémoire que je viens de citer cherché à rendre raison de ce phénomène, que je me borne ici à retracer, et sur lequel je reviendrai, si par un grand nombre d'essais, nous nons pouvons assurer qu'il est aussi géné- ral dass les hommes, que je l’ai trouvé dans les grenouilles et dans d’autres animaux de sang froid, La seconde manière dont nons avons essayé l'influence du galvanisme sur le cœur , c’est en armant les nerfs vagues et le grand sympathique : les anatomistes qui connoïssent les détails de la névrologie pénètrent tout de suite le but de ces expé- riences. Dans celles-ci, comme dans les premières , et comme dans d’autres, où nous avons armé les nerfs cardiaques mêmes, nous avons obtenu des contractions dans le cœur. Dans ces essais, comme dans les premiers, les contractions obtenues, lorsqu'on touchoit le cœur le premier , et l’armature des nerfs ensuite, ont été plus fortes, que lorsqu'on touchoit l’armature des nerfs la première , et ensuite le cœur. Dans cette dernière méthode, nous avons même observé que les convulsions galvaniques man- quoient quelquefois, Le troisième genre d’expériences sur le cœur, fut exécuté par le moyen de la pile. La pile dont nous nous sommes servi le 22 thermidor, pour les expériences dans le premier décapité, étoit composée de cinquante disques d'argent, et d’autant de disques de zinc, et de carton mouillés dans une forte dissolution de muriate de soude. L'argent étoit mêlé à un dixième de cuivre; c’est la pro- portion que nous avons trouvée la plus favorable à l’intensité des signes galvaniques. Mètres. Lane. "2 Le diamètre de disques d'argent étoit . . . . ., 0,036 Leur épaisseur . . . ie ee dr TN NEO QOTD Les dimensions de disques de carton étoient les mèines. Le diamètre des disques de zinc étoit . . . . . o,o42 Tenr épaisseur -21) 21e, DONNE 0025 La pile qui a servi aux expériences du 27 thermi- dor , étoit composée de cinquante disques d’argent pur , et d’un nombre égal de disques de zinc et de carton; ceux-Ci EVD'HMSTOITRE NATURELLE. 298 ceux-ci trempés dans une dissolution de muriate de soude. Le diamètre des disques d'argent pur étoit . . . . 0,058 EUR IÉPARS ONE AR ee elfes LU ce 1, © OSOUX Les dimensions des disques de carton étoient les mêmes. Le diamètre des disques de zinc . . . . . : . 0,04 PERMET Ne ee + + lebls e [Len ee O7OÛT En faisant communiquer par le moyen des conducteurs res- pectifs l'extrémité négative de la pile avec la moelle de l’épine, ou simplement avec les muscles du dos ou de la poitrine mis à nu, et l’extrémité positive immédiatement avec le cœur, on obtint des contractions instantanées et violentes, et ces con tractions eurent également lieu , lorsqu'on faisoit communiquer le cœur avec l'extrémité négative de la pile, et la moelle de l’épine avec l'extrémité positive. Nous observerons au sujet des contractions du cœur, que la pointe est de toutes ses parties, la plus mobile, la plus sensible à l'influence galvanique ; nous observerons encore que, non- seulement les contractions produites par la communication avec la pile, étoient plus fortes , mais qu’elles se prolongeoïent long- temps, même après que toute communication étoit éloignée, Une circonstance bien remarquable, c’est que le cœur qui parmi les muscles est celui qui conserve en général le plus long- temps la contractilité aux stimulans mécaniques , est des pre- miers à devenir insensible À l'influence galvanique. Les muscles du bras, les muscles du dos et de la poitrine continuent à être excitables par le galvanisme , des heures entières, et le cœur avoit perdu son excitabilité dès la quarantième minute environ après la mort. Les expériences faites hier au théâtre anatomique ont présenté à-peu-près les mêmes résultats sur le cœur , que nous venons de développer. Les grandes artères , comme l'aorte ct quelques- unes de ses branches , injectées avec de l’eau élevée à la tem- pérature , à-peu-près, qu'a le sang dans l’homme vivant, et assujetties à l’action galvanique, ont montré des contractions. Elles les montreront probablement plus fortes , lorsque les essais de cette nature seront faits sur des corps doués d’un plus haut degré de vitalité que ceux d’hier , et lorsque l'intervalle entre la décapitation et les expériences sera moindre ; et à cet effet, nous avons déja choisi une salle beaucoup plus proche de la grande place de justice. Car les résultats que nous avons obtenu dans Tome LF. VENDEMIAIRE an 11, Pp 294 JOURNAL DE PHXSIQUE, DE CHIMIE l'homme décapité le 22 thermidor, expériences qui ont été com- mencées cinq minutes après la décapitation, ont tous été com- parativement plus saïllans et plus forts que ceux qu’on a obtenu dans les expériences d’hier , conmencées plus de vingt minutes après la décapitation , et faites sur des corps, à ce qui paroît, doués d’une vitalité beaucoup plus foible. On arma dans les expériences faites sur les artères , les plexus nerveux qui enveloppent les troncs des artères coliaques et mé- sentériques, dont plusieurs branches sont même entrelacées au tour de l'aorte. Une communication étoit établie entre l’extré- mité positive ou négative de la pile, et les armatures de ces plexus nerveux , et une autre communication entre l’extremité positive ou négative de la pile, et les armatures de ces plexus nerveux, et une autre communication entre l’extrémité positive ou négative de la pile et l’artère aorte elle-même. C'est par ce moyen qu'on a eu des contractions visibles. Si les effets da galvanisme sur les contractions artérielles sont constans , comme je le présume , toutes les discussions si for- tement, et depuis si longtemps agitées sur l’irritabilité des ar- tères, qui ne se manifeste point à l'action des différens stimu- lans mécaniques et chimiques , seront enfin tranchées d’une manière positive et irréfragable ; tous les doutes seront enfin levés ; et ce sera encore au fluide galvanique, qui est le plus énergiqne de tous les agens sur la fibre irritable, qu'on aura l'obligation d’avoir fixé les idées des physiologistes sur un point si important de l’économie animale. D'où vient-ii qu’Aldini n’a pu parvenir, même à l’aide des électro-moteurs les plus forts, à obtenir les contractions dans le cœur de l’homme, que nons avons si évidemment obtenues par les mêmes moyens qui se sont constamment refusés à ses efforts ? D'où vient que nous avons même obtenu des contrac- tions , par des moyens beaucoup plus foibles ? Les premières expériences d’Aldini sur le cœur de l’homme, furent commencées plus d’une heure et demie après la mort (#). Le tronc avoit été exposé longtemps à l’air libre, dont la tem- pérature n’ctoit que + 2. Il est vraisemblable que le froid, et le long intervalle écoulé entre la mort et l'expérience, avoient (1) N. Saggio di speriense sul galwanismo di Gioani Aldini. Bclonia 1802», par. 14, esp. 26, EUTND EAST ONE INTAUTIU R ELAAE, 203 déja anéantie l’irritabilité du cœur (1). Dans l'expérience cin- quante-trois (2), le cœur d’un autre supplicié demeura cons- tamment immobile et insensible au torrent galvanique. Mais dans cette expérience , avant d'en venir au cœur, on employa un temps considérable à faire des essais sur des organes volon- taires , dont la sensibilité au galvanisme avoit déja été reconne. Or, c’est précisément le contraire qu’il faut faire; car, je le répète , l’excitabilité au moyen du fluide galvanique est éteinte dans le cœur , longtemps avant que dans les muscles volon- taires. Ce qui est si vrai , que tandis qu'aucune partie du Cœur ; assayée extérieurement et intérieurement , ne présentoit aucun indice de contractions, le diaphragme (3), les muscles dcs extrémités supérieures et inférieures en donnoieut de très- fortes (4). Dans nos expériences, commencées cinq minutes après la mort, le cœur cessoit d’être sensible à l’agent galvanique vers la 4o°. minute, et cela dans une température de + 25 ; tandis que les muscles volontaires conservent leur excitabilité galva- nique des heures entières. Dans d’autres expériences d’Al- dini (5), la contractilité des muscles volontaires , existoit encore trois heures, et même cinq heures après la mort (6). Il faut que , dans les bœufs soumis aux expériences galvani- ques par Aldini, l’excitabilité du cœur se soit éteinte encore plus promptement , puisque l’action du fluide galvanique de la pile n'y éveilla aucune contraction, quoiqu’appliquée immédia- tement après la mort. Si dans les mêmes circonstances , on observe les contractions dans les muscles volontaires , c'est que ces muscles , qui perdent (1) IT faut probablement en accuser les mêmes causes, si le célèbre Bichat & échoué, comme Aldini, dans ses expériences sur le cœur de l’homme. La température étoit froide , et l'intervalle entre le supplice et l’expérience trop long. « J’eus l’autorisation, dit Bichat , dans hiver de l’an 7, de faire diffé- rens essais sur les cadavres de malheureux guillotinés. Je les avois à ma dispo- sition, trente à quarante minutes après l’exécution... {l m'a toujours été impos- sible de determiner le moindre mouvement en armant, soit la moelle épinière et le cœur, soit ce dernier organe et les nerfs qu'il recoit des ganglions par le sympatique , ou du cerveau par la paire vague. » (2) Ibid, page 27, (3) Ibid, esperienza 29. (4) Ibid, experienza 20; 91, 22,23, 24, 25,26, 30, 31. (5) Ibid; esperienza 57, pag. 30. (6) Ibid , esperienza 58, pag- 50 Ppa 296 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHIMIE plus promptement que le cœur leur excitabilité, par rapport aux stimulans mécaniques , la conservent plus longtemps que lui, par rapport à l’agent galvanique. Quelle est la cause de cette diversité qui paroît contredire toutes les analogies , et que les faits démontrent ? Elle est encore enveloppée de beaucoup d'obstacles ; il n’est pas encore temps de chercher à déchirer le voile ténébreux qui la cache. Nous ne sommes pas encore éclai- rés par un nombre suffisant de faits, et le petit nombre de données éparses que nous avons réussi à recueillir, ne peut encore être lié d’une manière capable de nous encourager à tenter de déchirer dès à présent ce voile. Nous ne parlerons pas ici de l’étonnement dont les specta- teurs {nrent frappés, en voyant les contractions des muscles frontaux, de ceux des paupières , de la face, de la mâchoire inférieure , de la langue ; en voyant les convulsions des muscles des bras , de la poitrine , du dos qui élevoient le tronc de quel- ques pouces sur la table ; les contractions des muscles pectoraux et des muscles intercostaux , externes et internes , qui dimi- nuoient les intervalles de toutes les côtes , et les approchoïentavec violence les unes des autres , en élevant les inférieures vers les supérieures, et celles-ci vers la première côte et la clavicule ; les contractions du bras, qui, lorsqu'on touchoit le muscle biceps découvert, ainsi que son tendon, étoient tellement - promptes et violentes , que l’entière flexion de l’ayant-bras sur le bras avoit lieu , et que la main élevoit des poids de quel- ques livres plus de cinquante minutes après la décapitation, On peut lire de semblables expériences dans l’ouvrage d’Aldini. Notre but , dans ce rapport, est seulement de parler de l’in- flnence galvanique sur le cœur et les artères de l’homme, qui n'avoit point encore été observée. Ces résultats importans et nouveaux que nous avons obtenus sur le cœur et sur les artères de l’homme , seront constatés par d’autres essais : nous allons réitérer nos expériences aussitôt que les occasions s’en présenteront, et nous aurons soin de vous in- former promptement des observations les plus remarquables que nous ferons. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 297 Eos Dre AT D'UNE LETTRE DU PROFESSEUR PROUST à J.-C. DELAMÉTHERIE., SUR LE Si EN EF. Je vous enverrai bientôt quelques détails sur le Silène , métal nouveau que j'ai rencontré dans une mine de plomb de Hongrie, Je ne connois pas encore sa phisionomie métallique, mais je crains bien qu'il ne me donne beaucoup de peines pour sa réduc- tion , parce que je trouve qu'il retient l’oxygène avec beaucoup de force : il est susceptible de deux oxidations, comme beaucoup de métaux : ses dissolutions et son oxide au maximum, sont jaunes ; verts au minimum ; aussi teint-il Le verre sous ces deux couleurs ; et enfin il se place, de lui-même, dans la classe des métaux qui ne cèdent point d'oxygène à l’hydrogène sulfuré ; aussi l’ai-je purifié par les mêmes moyens que le nikel, le cobalt; le fer , le manganèse, etc. THERMOMETR E. BAROMÈTRE. RC | 2 | | . See MAximum. |a Mupr. Maximum. MINIMUM. 1 à4h3s. 422,0) a4&!m.415,2)#22,0 [a4 ns. . 28. 0,50|è 48} 28. 0,00 À 2 à midi. —+25,0|aà ÉH253,0 |à 105. . . 28. ä LR 2 128/10;50 | 3à31s. —ia,2| à 5 Em. H15,2.921,3 (à midi. . . 26. à 5 km. . 28. 1,25 1 4a3ls. +246 dE m. +12,5|-L24,0 [à 5 5m. . ‘28. DONS. 2-0 27 | Sais. 28,5 à 5; m. dithes à 64%m.. 286. à 105. . . 27.11,75 6à midi. 17,2) se FA 7 às HET £ . [à midi .. 27.211,75 : 13,2! à g +m. ET 18,2 là g4s... 26. 2,42 | à 8 m. . . 28. 0,80 —+16,5| à 4 2m. + 8,5/a6,4 [à 2+s... ae à 4 lin. . 28. 2,63 . Hagol ste: Mofialà midi. . 28. 5o | à 5 m. . . 28. 2,83 417,8 ag s. ct 30) -1 759 AO Sd 544 1 j à5} m. . 28. 375 20,2 +. , (119,7 à : ss 20. 4; à SAC 3,17 25,2! à d —o1,9 | LE 25040 %:,5...128: 1,75 +9 5;0|fà ‘ : 23,5 |à MO NE CBRE LES NN N20. 1,27 i(-p23,2|L4 100€ 5. ,8|-L232 |». à11:Ss.. 28. 0,00 24,5, à 5 Lim, + -d-24,0 a 9 à m4 ; à 0 (27.211,95 —-21,6| li 25 21,3, à ç SR EN Per 1 RUST 7 —-23,7! : = a T2 2 là KYe ,Mbte 3 4 Se + + 27. 9:93, —+22,0| à 5 21,7 18 OM A5 Nr 027 110520) —19,# ee 418,8 28, 1128: è 27.11,83 +17,2f à 515 m° + Hp 64 ë ie 28. 0,33 | à ‘RAT. 11,93 — 5,1 | à . “7,2 415,8 à RER à255s,. 28. 1,00 19,2) +... + » 19,2 N1N128: à 7 me. « 27. 10,83 16,7 : 2,8 Haba à 25 M. ; à 318... 27. 8,60 14,4 + 7,0 14,2 |à 5 4m... 27. à midi... cu 11,95 —-12,4 . —+ 6,3 +12,4 à MACT2SS FE 28 0,67 14,7 + 7,0 14,7 : Ie... - 2 ë Rome 1,79| +15,6 5 Hip pue 6lau es... 113,33} à16 H'AT20: 2,75| 416,4 à midi 7 | à 8 2 . 28. 3,42/|: —+18,6 28. 3,25 18,0 SIA Een 3 5 8: MIE 5 SP 5 OunNr or P- D- p- 2° @- B- p- pv LI— = à midi... 28. & à He 280 2700 35. 109,0] à 6 m ; 415 5m 25. à gs... 28. 0,83 16. 18,9 355m. à 3 $s. . . 28. 0,68 | Amidi., . 28. 0,57)28 . 18,0] à 65 m. o à 108..: . ÉENCOMEO TE 0,67 28. . Ha8,6|/à 6m + 9,6|+18,0 [a midi. . . 28. 3 [aGm.... 28. 1,60,28. É | —18,6| à6; m. + 7,5/416,6 |à 6 ; m. . 26. à 105... . 28. 1,75 28, ROÉLC AN PIE TU LV ANDMAIONN Plus grande élévation du mercure. . . 28. 4.25 le 10. Moindre élévalion du mercure. . . . 27. 8,60 le 23, Élévalion moyenne Plus grand degré de chaleur Moindre degré de chaleur Chaleur moyenne Nombre de jours beaux A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Fractidor et jours complémentaires , an x. onu NE 0000 900 Nour. Lune. Ciel couvert et brumeux. Couvertle malin et nuageux le soir. Equin.descend.] Quelques nuages par intervalles. POINTS VARIATIONS A Mir. LUNAIRES, DE L'ATMOSPUHÈRE. 1 | 11 41,0 : Ciel trouble el nuageux. È 2| 44,0 _[Dern. Quart. Même temps. : 5! 45,5 . Idem. Ë &| 43,0 | S-O. Ciel très-nuageux et trouble. '# 5| 42,0 ‘ Trouble et nuageux avant nudi; pl. el Lonn. à 2h. dus. |Ë 6 H 7 8 9 Ciel trouble et nuageux; éclairs le soir vers 9 heures. à Ciel très-nuageux. Q Fe Q HHHO00PY 009 Couvert par mtervalles; jl. et tonn. vers midietles. Couvert par intervalles; plusieurs averses le soir. Ciel couvert par intervalles. Apogée. Pluie par intervalles. Brouillarde le matin , trouble et nuageux dans le jour. |K Trouble et nuageux. Quelq. nuages le mat.; en grande parlie couv. le soir. Quart. Ciel nuageux; pluie et tonn. à 5 heures du soir, em = ES er [ea cn Ch ÇA U: Un U: Couvert par intervalles. Quelques éclaircis ; ciel trouble. Ciel trouble et très-nuageux ; pl. fine à 7 h. du soir, Fluie par intervalles. Te Pluie une partie de la Journée. "Passe è Ciel trouble et chargé de nuages. oui escot. Ciel en très-grande partie couvert. Même temps. Idem. Beaucoup d’éclaircis par interv. vers midi; nuag. le s. |k H° 00 D D [°2] Fe O1 0020 D + ao — Le] O D E S a in Ü F3 Nuageux ; brouill. épais le matin. Idem. Sie Léger brouill. le mat. ; quelques nuages dans le jour. Ciel trouble ; beaucoup de petits nuages dispersés. | Brouill. le inatin ; ciel trouble. Dern. oi Beaucoup de petils nuâges. 3 © em S © IAAZZ 2AOOOC( [sel QD ENS Es o BE Idem, ù © S ÿ © 2 1 ReË| CA, PH TU, EL, AËT- 1 ON; de couxerts |... …. 107 l }? CERTES EEE 9 | Dé VETT MUR et Ne ble 35 derelee MAT. Ne . lo de tonnerre...... rs |È de brouillard: . .:.. G Ê LÉ NAT IN DE COTE NC TOMATE E Fours dent le vent a soufflé du N......... ARS LOUE l NO CAISSES EUR EE 7 & E, < É É SL TO RS te o F SRI ER HOME L IE SOS Ur rer 13 à 2 MTS RS RERO : 12 1 NEO ATEN CON CE © (f: | | (1h Pr mn AE rs mm poeme DS : Nr: w ST De M ET ED mu SLT HSE La Lu APE GA AT RUE RESTE TT DIT ALERTE ETES Ra ce LEL ee «300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D» AMG Da le. ee Mons DE LA CRISTALLOTECHNIE o ÙU ESSAI SUR LES PHÉNOMÈNES DE LA CRISTALLISATION, Et sur les moyens de conduire cette opération pour en obtenir des cristaux complets, et les modifications dont chacune des formes est susceptible ; Par Nicoras LEBLANc. DEN PAT OUR OT CA URPT OUR, La cristallotechnie, ou l’art de diriger la cristallisation des sels , doit être considérée comme un art absolument neuf : au- cunes recherches n’avoient encore donné l’occasion de classer les phénomènes de cette belle opération, qui, peut-être, em- brasse un plus grand rombre de corps qu'on ne l’a pensé. Pour obtenir des cristaux complets, il faut nécessairement les isoler dans des vases à fonds plats. Le verre , la porcelaine , sont au nombre des matières qu’il faut préférer pour cet usage. Il est important , pour obtenir de bons résultats, d'employer des sels purs, et de les traiter avec soin. Si, à ces premières précau- tions, on ajoute celles de placer les cristallisoirs dans un lieu bien en repos, de connoître l’état dans lequel les liqueurs com- imencent à fournir des cristaux, ce qui peut s’obtenir d’une manière exacte , au moyen de l’aréomètre, on aura rempli les premières conditions nécessaires au succès de l'opération. Je vais donner quelques détails pour ceux des commençans, qui voudroient s’en occuper. Les molécules salines ne peuvent se rapprocher ;, se mettre en contact et former des cristaux , qu’autant que les propor- tions entr’elles et le fluide, dans lequel elles sont en dissolu- tion , ne s'opposent point aux effets de leur attraction mutuelle : par exemple , une liqueur saline , qui ne commenceroit à fournir des cristaux qu’à une intensité de nenf degrés, ne produiroit rien à une intensité moindre ; mais sion la portoit à plusieurs degrés au-dessus de neuf, elle fourniroit plutôt, et les cris- taux se trouveroient plus multipliés et confondus ; ils seroient enclayés ET. .D'Hi STOIRE,N ATURELLE. 297 enclavés et ne présenteroient que des parties de cristal. Quoique chacune de ces parties étant détachée et soumise à un nouvel accroissement, püt être compléttée, on n’obtiendroit pas aussi promptement de bons résultats, Ainsi, la même liqueur, portée un peu au-dessus de neuf degrés , versée, étant encore chaude , dans le vase que l’on a destiné pour son opération; on bien, abandonnée dans le même vase où la dissolution a été faite , au repos et à un refroidissement lent , donnera des cristaux rares ; qui n'auront d’autres défectuosités que celles qui dépendent de leur contact avec la capsule : on trouve même quelquefois , parmi ces embryons, des cristaux complets. Lorsque le rappro- chement de la liqueur n’a pas été porté trop loin, que le re- froidissement s’est opéré lentement , non-seulement les embryons ont moins de volume, mais encore l’application des molécules s'étant faite sans tumulte, il en résulte une plus grande trans- parence. Après un temps plus ou moins long, suivant l'espèce de sel que l’on aura traité, on voit distinctement ces mêmes embryons , l’on peut avec une spatule les détacher et les agiter pour changer leur position : ceux qui par cette opération se sont trouvés posés sur de nouvelles faces, ont leurs défectuosites de contact bientôt réparées ; ce sont ces d rniers et les cristaux complets qui donneront les plus beaux élèves. Cette opération doit être renouvelée chaque jour au moins une fois, c’est-à- dire le renversement du cristal d'une face sur l’autre , afin qu’une plus grande régularité dans la distribution des molécules le pré- sente dans toute la beauté dont il est susceptible. Après un certain temps, on sépare les embryons pour rapprocher la li- queur , soit en la faisant évaporer, soit en y faisant dissoudre une nouvelle portion du mêine sel ; et après son refroidisse- ment, et la séparation des cristaux qu’elle a pu fournir, sion l’a trop rapprochée ou trop chargée , on ÿ dissémine les em- bryons , et l’on continue de les traiter comme nous l’avors dir. Lorsque leur volume permet de les saisir et de faire choix de ceux que l’on veut élever , soit comme cristaux simples , com- plets, ou comme variétés de position, d’enclavement, etc., on distrait les individus choisis pour les élever séparément; alors il faut préparer pour eux des liqueurs que lon rapproche assez pour qu’elles puissent fournir des cristaux en masse; et la li- queur que l’on sépare de cette première cristallisation convient en général pour alimenter , sans troubles, les élèves que l’on avoit disposés. On les distribue dans la capsule, soit qu'on y ait d’abord mis la liqueur , soit qu'on ne l’ajoute qu’après avoir Tome LV. VENDEMIAIRE an 11, Q 4 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE posé ces mêmes cristaux. Il faut ensuite avoir l’attention de les changer de position , en les renversant toujours d’une face sur l’autre ; de cette manière, et en ayant soin de maintenir des liqueurs propres à les alimenter, on élevera , à tel volume que l’on jugera à propos , tous les cristaux salins que l’on aura voulu traiter. Lorsque la quantité des molécules, qui, dans un état donné de rapprochement , jouissoient efficacement de leur faculté d'attraction , a diminué par l’accroissement des cristaux qu’elles ont produit; ou plutôt que celles qui restent en dissolution, ne peuvent plus jouir de cette faculté, les cristaux ne croissent plus ; il arrive, au contraire , s’ils sont abandonnés dans la li- queur , qu'ils se dissolvent. C’est ordinairement sur les arrêtes et sur les angles que les décroissemens commencent , et ily a certains sels où le dépouillement du cristal semble se faire pièce à pièce , de manière à présenter bien distinctement le gîte des molécules , sije puis ainsi m’exprimer; car, dans ce cas, on remarque facilement des lignes parallèles à ses faces, et dispo- sées à l’instar des marches d’un escalier. Si l'accident dont nous parlons a été porté trop loin , il faut quelquefois beaucoup de temps pour en obtenir la réparation ; maisil est aïsé, en géné- ral, d'éviter cet inconvénient, en consultant assez souvent l'état des élèves. Lorsque l’on apperçoit que les angles, les arrêtes , pe présentent plus au toucher le vif, que l’on trouve toujours aux cristaux qui croissent dans de bonnes proportions ; on les sépare de la liqueur pour rapprocher celle-ci de nouveau, ou bien y ajouter une portion de cette même liqueur très-rappro- chée, que lon verse en la‘disséminant dans la capsule. Ayant pour but de faciliter les opérations des commençans, je dois dire ici quelle est la manière de se procurer une portion de li- queur surcharoée convenablement, pour donner, à celle qui contient les élèves, la propriété de les accroître pour un nou- veau laps de temps. On fait dissoudre une partie du même sel dans une quantité donnée d’eau , de manière à la surcharger , ainsi que nous en avons déja prévenu ; on la laisse refroïdir et cristalliser à part ; on décante ensuite, et l’on verse en la dis- séminant, comme nous l'avons dit, la portion que l’on juge con- venable pour restaurer celle qui contient des élèves. IF y a ici, et dans beaucoup d’autres cas, des objets que l’on appelle de tâtonnement , auxquels la description la plus exacte ne pourroit obvier, mais dont les difficultés disparoïîtront facilement saus la main du cristallotechnite observateur. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 299 Lorsque l’on est parvenu à avoir des cristaux assez volumi- neux pour être placés un à un, sans contact entr'eux, on Ccon- tinue de les changer souvent de position; ce qu’il est aisé de faire avec la spatule ou tout autre instrument qui puisse ne rien commaniquer à la liqueur : de cette manière, les faces du cristal, qui se sont trouvées alternativement en contact avec le fond de Ja capsule, se rétablissent dans une progression égale, et le cristal reste toujours complet. Il arrive quelquefois, faute d’avoir pris des précautions suffisantes, que la nouvelle liqueur que l’on emploie pour continuer l’opération de l’accroissement , ou parce qu’elle se trouve encore trop surchargée , ou bien parce qu’elle aura éprouvé de grands chocs en la transvasant, qu'il s'établit une multitude de centres d'attraction , autres que ceux qui appartiennent aux élèves ; alors il se forme un grand nom- bre de cristaux embryons qui recouvrent ces élèves et s'incrus- tent à leur surface : si on s’y prend àtemps, on peut séparer ces embryons sans altérer les autres cristaux , qui, faute de cette précaution , se trouveroient gâtés. C’est principalement dans les sels qui fournissent des prismes allongés, que l’on peut aisément remarquer l'influence de la position. Dans le mémoire déja cité, j'en ai donné un exemple bien positif; le cristal, dans l’état d'embryon , paroît pouvoir rester sur l’une de ses bases aussi bien que sur l’un de ses pans. Dans le premier cas , le prisme se trouve comprimé dans le sens d’une base à l’autre, et le cristal semble n’être qu'un segment régulier du cristal , qui, ayant eu sa position sur l’un des pans du prisme, a pris une très-grande étendue. Le cristal (Zg. 1, pl. première ) est un prisme hexaèdre , dont les sommets sont obliques et coupés net : s’il se trouve posé sur le pan cd op , par exemple, il croît alors avec une étendue plus ou moins grande , mais toujours de mavière que la distance d’une base à l’autre n’est jamais moindre que celle qui se trouve entre les côtés 3 tandis que si sa position se trouve sur l’une de ses bases ghkacd, il croît principalement dans le sens de ses côtés , et semble comprimé d’une base à l’autre ; alors il présente, au premier appercu, un cristal différent du premier , comme on peut le voir (#2.2, pl. 1). Les arrêtesan, gb, (fig. 1) forment le sommet des pyramides apparentes s 2, (2.2) qui sont séparées par un prisme quadrilatère. Cette circonstance explique parfaitement l’une des causes qui font varier les faces d’un cristal, par rapport à leur étendue respective ; elle milite en faveur de mon assertion contre l’équipondérance prétendue Qq 2 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE entre les molécules du sel et celle de son menstrue. Elle fait voir que si la force d'attraction est la cause efficiente du rapproche- ment des molécules salines, la force de la gravitation agit en même temps et modifie , plus ou moins les effets de la pre- mière. D'après ces observations et l’état diflérent dans lequel se trouvent les substances cristallisées, on doit conclure , ce me semble , que l’analogie ou la force d’adhérence entre les molé- cules du sel et les molécules du dissolvant, varient suivant des circonstances qui tiennent au degré de tendance que les corps ont entr'eux, et aux poids respectifs des parties qui les consti- tuent. Si, dans l’état d'embryon, on renverse le cristal ( #g.1), de manière qu’il pose sur l’une de ses bases, il croît alors dans les dimensions du cristal (/ig. 2); et de même celui ci, ren- versé à son tour sur l’un de ses pans , croît dans les dimensions d’un prisme plus allongé. Un cristal isolé, posé par l’une de ses faces sur un plan uni; et qui croît dans le repos, présente sur cette partie une trémie dont la forme est absolument correspondante à la face qu’elle remplace : ici les mciécules salines ne pouvant plus s’appliquer Sur cette même face , se distribuent uniquement aux parties qui baignent , avec cette circonstance, que les bords de la face en contact croissent et soulèvent à mesure le cristal , sans donner accès à la liqueur dans la cavité. Les trémies qui se forment à la sarface des liqueurs diffèrent quelquefois entr'elles dans un même sel , par les raisons sui- vantes : si on suppose qu’une molécule fasse le point commen- çant de la trémie, celle.ci aura une configuration relative à la face de la molécule présentée à la surface de la liqueur ; mais la partie qui ba‘gae croît aussi, et si une circonstance vient changer la position , la trémie, se formant nécessaire- ment suivant les dispositions de la partie qui correspond exac- tement au niveau de la liquenr, changera de forme , parce que la position nouvelle de la face présentée diffère de la pre- mière. Lorsqu’un sel neutre, pur, après avoir cristallisé , cesse d'agir sur les teiutures bleues , on ne doit plus soupçonner qu'aucun de ses principes soit en excès ; et si, dans cetétat , il se com- bine avec d'autres corps, de manière à produire des cristaux scl'des et bien déterminés , il faut admettre une affinité entre le sel et le corps ajouté. ET D'HISTOIRE NATURELLE. Soi On n’a pas encore fait de recherches bien suivies sur les sur- compositions dont plusieurs sels sont susceptibles. Monet me paroît être le premier qui ait été frappé de l’idée de ces affinités de surcomposition ; il les a démontrées sur plusieurs sels, et Bergman a fait la même observation ; mais je suis porté à croire que ces affinités sont beaucoup plus étendues qu’on ne l'a pensé jusqu’à présent, non-seulement par rapport aux sels neutres entreux, mais encore entre ces mêmes sels et d’autres corps. Cette partie de recherches peut présenter des déconvertes utiles, etilest à desirer que quelques personnes s’en ocupent. Je n'ai pas cru devoir considérer, comme surcomposition , Pexcès de une des parties constituantes que certains sels pré- sentent d’une manière plus ou moins solide on permanente. Ce hénomène semble prouver que certains sels ont dans la combi- naison de leurs principes deux points de perfection différens ; ces circonstances sont trop généralement connues pour qu’il soit nécessaire d'en citer ces exemples : sculement je rendrai compte ici de ce que j'ai observé à l’égard du sulfate d’alumine, en ce que cela me paroît expliquer la cause de l’état acidule dans lequel la nature paroît présenter ce sel constamment.» C'est que plus l’alun approche de l’état de saturation par une addi- tion de sa base , moins ceite nouvelle combinaison est solide, et que dans tous les cas, la portion surajoutée, au bout d’un temps plus ou moins long , fait divorce. Je ne connois pas d’au- teur qui ait jamais parlé d'alun cubique natif. Au reste , je crois que l'on sera convaincu dans la suite que cette tendance à la combinaison qui bâtit, organise et fait croître, dans tous les instans, cette muliitude d'individus diftérens , gît non-seulement dans les propriétés données des principes simples ,. mais encore dans celles qui appartiennent à tous les composés. Plusieurs des sels vitrioliques se trouvent toujours à l’état aci- dule , et tous paroissent susceptibles de se charger d’une nou- velle quantité de la même base jusqu’à saturation. Par exemple, le sulfate de cuivre , dans l’état où il se trouve ordinairement, -cristallise en prismes obliques à huit pars (#9. 3, pli), ter- mwinés par des faces coupees net , suivant l’obliquité du prisme. ‘Si on ajoute une nouvelle quantité de sa base , alors les cristaux présentent des pyramides taillées par plnsieurs faces (#a.5, pl. 2), et séparées par un prisme quadrilatère. Le sulfate aci- dule de zinc donne des prismes hexaèdres , souvent très régu- iers ; et une addition de sa base donne lieu à un grand change- ment, puisque tous les cristaux alors sont des rhomboïdes pe 304 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE différens du cube , etc. J'ai fait voir que l'alun , qui dans l'état ordinaire donne l’octaèdre régulier (#2.4, pl. 2), fournissoit le cube( #p: 6:) ; dans les proportions intermédiaires entre cet état et celui de saturation. Le citoyen Haüy a démontre que la forme des molécules pri- mitives étoit la:même dans tous les cristaux d’un même sel , et il a fait voir par le calcul que les variations naïssoient des lois de décroissement dans les lames qui entourent le noyau ; mais l’ordre suivant lequel la forme secondaire a lieu, ‘peut être in-. terrompu , soit que cette forme soit complette ou non, et le cristal peut alors , suivant les circonstances, retourner à la forme primitive, ou bien à quelques-unes de celles qui en dérivent : mais toutes mes expériences à cet égard m'ont paru démontrer que ces changemens sont toujours l’ouvrage de nouvelles condi- tions introduites dans la liqueur , telles que la différence de pro- portion dans les principes qui constituent le sel, etc. : Si, dans la liqueur qui fournit l’alun cubique, on soumet à l'accroissement un cristal d’alun octaèdre , celui-ci passe au cube par une soustraction de rangées de molécules aux sommets des angles solides ; ensorte que les lames vont décroissant sur les faces triangulaires , jüsqu’à ce que le cristal présente sa nou- velle forme d’une manière complette (1). Il suit de là que le centre de chacune des faces de l’octaèdre correspond à une angle solide du cube dans lequel il est inscrit. Si, au contraire, on soumet le cube à l’accroissement dans la liqueur qui donne l’octaèdre , son retour à cette dernière forme , s’opère dans le même ordre , c’est-à-dire , par la soustraction de rangées de molécules aux sommets des angles solides du cube ; mais il ar- rive souvent , dans ce cas , que des soustractions se font en même temps sur les arrêtes ; ensorte que les lames de superposi- tion vont décroissant tout-à-la-fois, suivant l’ordre qui rétablit l’octaèdre , et suivant l’ordre qui produit le dodécaèdre à plans rhombes. Ce phénomène m’a paru indiquer la possibilité d’ob- tenir de l’alun cette dernière forme ; maïs je crois aussi que les circonstances qui pourroient la déterminer d’une manière com- plette, dépendent d’un état de proportion ; qu’il n’est pas tou- jours aisé de rencontrer on de maintenir. Les opérations de la (1) On peut arrêter le cristal à l’époque que l’on aura jugé à propos ; et de cette matière se procurer les différentes modifications. La figure 11, repré- sente un cristal passant au cube. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 303 cristallotechnie sont délicates , elles ont été trop négligées, et il faut de nouveaux efforts pour que cette belle partie puisse sortir de l'oubli auquel elle paroît avoir été condamnée. On vient de voir , par l’expérience, que le retonr d’nne forme à une autre peut avoir lieu ; ce phénomène , qui n'avoit point encore été observé, (et dont SH pr auteurs ont fait usage de- puis , sans avouer que cette observation m’appartenoiït ), et au- quel ilne paroît pas que l’on ait jamais rapporté l’état actuel d’un cristal, mérite une attention particulière. La théorie ex- plique le passage d’une forme à l’autre, par des lois suivant les- quelles chaque lame surajoutée décroît par des soustractions successives et régulières de rangées de molécules ; ensorte que la forme actuellement obtenue , le retour à la forme précédente, s’expliqueroit très-bien aussi par la seule restitution. J'ai cru utile, pour les commençans , de faire observer que , pendant toutes ces espèces de métamorphoses , les deux -opérations par lesquelles le cristal reçoit d’une part une nouvelle forme, et de l’autre s'accroît sur toutes ses surfaces, out constamment Leu. Les parties salines , divisées par un fluide , paroiïssent lui ad- hérer , molécules à molécules, sans souffrir de décomposi- tion (1); mais il s’en faut bien qu'elles soient en aucun cas en équipondérances absolues avec les parties du discolvant. Parmi les expériences que jai mises en usage pour m'assurer de ce fait, il en est une que j'ai cru devoir rapporter. J'ai mis dans un vase de deux pouces de diamètre, sur deux pieds dé hauteur , une dissolution : assez rapprochée pour alimenter des cristaux que j'avois suspendus à différentes distances jusqu’à la surface ; j'ai remarqué que l'accroissement étoit d'autant plus considérable , que le cristal se rapprochoïit davantage du fond du vase; et lorsque la liqueur se trouvoit dépouillée de molécules, par les effets de l'accroissement, du repos, et quelquefois aussi par les événemens de l'atmosphère , les cristaux décroïssoient par des gradations semblables à celles des accroissemens ; de manière qu'il arrivoit un temps éù les cristaux qui se trouvoientles plus voisins de la surface de la liqueur , se dissolvoient; tandis que ceux qui occupoient le fond ; prenoïtnt encore de l'accroisse- (4) Certams sels: à bases métalliques où terreuses , se décomposent dans l’eau ÿ si celle-ci est employée en grande quantité, proportionnellement à la quantité du sel, ainsi que Ribaucourt la déja observé, a & So JOURNAL DE, PHYSIQUE, DE CHIMIE ment, Quelquetois ces derniers ont continué de croître dans la partie qui touchoit le fond du vase, tandis que la partie opposée du même cristal se dissolvoit, Toutes les expériences aréométriques sur les différens sels que j'ai examinés , sont absolument d'accord avec cette observation. La difiérence dans les degrés de salaison des eaux de la mer, qui peuvent dépendre de la différence des profondeurs, milite encore en faveur de mon opinion. L'eau de la mer, analysée par Bergman, avoit été puisée à la hauteur des Canaries, et à soixante brasses de profondeur ; les citoyens Rouelle et Darcei ont analvsé l’eau de dela mer, puisée au Pas-de-Calais et à la surface. La différence des résultats, dans ces anafyses, paroît encore confirmer ce que nous venons d'établir. Le cit. Darcet est entièrement de cette opinion ; on trouve dans son ouvyrage , intitulé: Observations et Remarques sur le Baromètre et Le Thermomètre, une expérience qui ne laisse aucun doute sur la précipitation spontanée des, molécules du sel marin , tenu en dissolution. Un usage très ancien chez les habitans de la com- mnne de Sulies, dans le ci-devant Béarn, présente cette expé+ rience , qui-consiste à jetter un œuf dans l'eau de la source salée qui doit être répartie entre les habitans: Cet œuf, quelquefois très-enfoncé, s'arrête aux couches qui ont une intensité assez forte pour le supporter. Toute la liqueur que l'on est obligé d'ôter pour arriver jusqu'à lui, est rejettée, et l’on partage ensuite celle sur laquelle il surnage. Le même auteur rapporte encore les observations des citoyens Schobert et Guetard , sur les dispositions de plusieurs mines de sel en Pologne, et conclut que les amas de sel gemme sont continuellement formés de cette manière , dans les bas-fonds de l'Océan. Tous ces phénomènes difièrent encore suivant la nature des sels et des menstrues, Tout le monde sait que la température froide est la plus con- venable pour la cristallisation des sels ; mais ce n’est pas lors- qu’elle peut congeller la dissolution qu'il convient d'opérer. Quel- quefois cette circonstance , en donnant un rapprochement trop rapide, occasionne une cristallisation confuse , qui ne peut se réparer saus porter de grandes atteintes aux élèves. Ceux-ci, quelquefois , dans ces sortes de cas, se trouvent fracturés en plusieurs sens, et semblent pouvoir se diviser en éclats. Ici j'appelle l’attention de toutes les personnes qui voudroiïent s'occuper de cette question, afin de confirmer ou de détruire, par des expériences suflisantes, l'opinion que je vais émettre sur la manière d'entendre l'opération qui nous occupe. J’em- ploierai, ET’ D'HISTOIRE" NATURELLE, 30% ploierai , pour cet exposé, la méthode qui se présente à mon esprit, comme la plus facile et la plus convenable pour rendre le plus clairement ma pensée. Jusqu'ici on a divisé les substances salines cristallisables , par rapport à la manière dont les cristaux se produisent , en deux classes ; l’une regarde les sels qui cristallisent par refroi- dissement ; et l’autre, ceux qui fournissent leurs cristaux uni- quement pendant l’évaporation. Cette distinction est vraie, mais elle a des exceptions qu’il est essentiel de bien entendre pour les opérations de la cristallotechnie. Si on laisse refroidir une liqueur surchargée, elle fournit une masse de cristaux confondus , qui ne présentent de des parties de cristal où l’on uisse reconnoître une forme déterminée, et cela seulement À A surface qui baignoit; c’est-à-dire, celle qui étoit tournée vers la masse de la liqueur. Cette dernière étant entièrement refroidie et transvasée , donnera de nouveau des cristaux , mais d’une manière plus rare. Il y a des sels où cette transvasion peut être répétée plusieurs fois, et produire à chacune de ces occa- sions , des cristaux qui deviendront moins nombreux à mesure que l’on s’éloignera de la première époque. Ce phénomène a lieu , soit que les liqueurs restent exposées à l'air, soit qu’on les tienne dans des vaisseaux fermés. Il en résulte que l’accrois- sement ou la formation des cristaux , dans ce cas , dépend seu- Îement dela force d’attraction des molécules entre elles , ou bien entre celles-ci et le cristal : faculté que le refroidissement ne peut détruire , et qui vraisemblablement , dépend des distances et du degré d’analogie qui existe entre le sel et son menstrue. J'ai observé des liqueurs salines , qui fournissoient à l’accrois- sement des cristaux , de cette manière, pendant très-longtemps. C’est uniquement dans cet intervalle , depuis le refroidissement ui a mis la liqueur à la température la plus rapprochée de celle d l'atmosphère , jusqu’au dépouillement qui ne permet plus aux molécules salines de s’adapter , que l’accroissement des cristaux peut se faire sans trouble et les présenter avec toute la perfection dont ils sont susceptibles. Les substances sèches ne sont pas les seules qui absorbent V’eau dissoute ou répandue dans l’atmosphère , lorsque des in- fluences météoriques agissent de manière à produire ces espèces de transudations universelles : une liqueur chargée d’un sel quelconque, partage toujours cette disposition ; ensorte que , pour certains sels , es liqueurs prennent une propriété dissol- vante, qui ne manque jamais d’attaquer les élèves par un com- Tome LV, VENDEMIAIRE an 11. Rr 510 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mencement de dissolution ; accident auquel on obvie avec la précaution de tenir dans l’état de sécheresse le lieu dans lequel on a placé les cristallisoirs. Par des causes qui produisent des dispositions opposées dans l’atmosphère , l’évaporation des li- queurs se trouve augmentée ; ét Ce cas, comme le précédent, exige des attentions de la part de l'opérateur. Ces rrmarques pourront paroître minutieuses à quelques personnes ; mais il peut se rencontrer aussi que quelque observateur en fasse un bon usage. Il se peut que le perfectionnement de la cristallo- technie soit utile aux progrès de l'histoire naturelle, en nous faisant connoître plusieurs faits importans , et en nous procu- rant, en quelque sorte, un nouvel ordre de substances. Observations générales. On voit par tout ce qui vient d’être dit , que les dissolutions des sels cristallisables ont des degrés de rapprochement en deçà desquels elles ne sont pas propres à fournir des cristaux ; qu’il faut les réduire un peu au-delà du terme où elles commencent à donner des produits, pour en obtenir de convenables aux opérations dont il s'agit ici. Je donnerai, dans un instant, le procédé qui me paroît à portée du plus grand nombre, et au moyen duquel on peut déterminer , pour chaque sel, le degré d'intensité où les molécules ont acquis le rapprochement néces- saise à une aggrégation paisible ; c’est-à-dire, celui où les mo- lécules salines peuvent se joindre sans confusion , et de manière à bâtir régulièrement le cristal et lui conserver toute la trans- parence dont il est susceptible. On voit, dis-je , que les cris- taux, dans toutes les époques, peuvent être mus et replacés d'une capsule ou d’une liqueur dans une antre ; que plus leurs progrès sont lents, plus ils acquièrent de Ja beauté et de la per- fection. Ces opérations ont leurs difficultés ; elles éxigent beau- coup de patience et d'attention ; maïs aussi, on est grandement dédommagé lorsque les élèves ont acquis assez de volume pour laisser appercevoir la forme à laquelle on les a destinés; et par la beauté des phénomènes qui se présentent pour ainsi dire , à chaque pas. Il est essentiel de bien entendre que ce ne sont pas les cris- taux formés pendant l’évaporation artificielle, ni ceux qui se forment pendant le refroidissement des liqueurs, qui convien- nent pour faire des élèves. Les liqueurs refroïdies, c’est-à-dire , lorsqu'elles ont pris la température de l’atmosphère , et qu’elles ET D'HISTOIRE NATURELLE, 311 sont dépouillées des molécules salines qu’elles contenoïent par surabondance , ont encore la faculté de donner des produits jusqu’à ce que les distances ne permettent plus à ces mêmes molécules, de s’attirer réciproquement ; une dissolution sur- chargée , donne en refroidissant , des masses de cristaux encla- vés : on transvase ensuite la liqueur, et de nouveau elle fournit des cristaux plus rares, et quelquefois placés un à un, Le degré d'intensité qu’elle avoit avant de fournir ce nouveau proluit, peut être considéré comme le terme où il convient de la prendre pour l’espèce de sel que l’on aura traité ; mais si l’on a acquis assez d'habitude dans ses sortes d'opérations, et que l’on con- noisse à-peu-près les proportions convenables entre le sel que l’on veut traiter et le menstrue, on emploie le moyen que nous avons déja indiqué , et qui consiste à laisser refroidir lentement et dans le plus grand repos , la liqueur, qui, ne se trouvant pas surchargée , fournit des cristaux rares. C’est par erreur que l’on a dit que les élèves pouvoient s'en- claver les uns dans les autres , s'ils se touchoient pendant leur accroissement ; il est mieux de les tenir séparés ; mais je n’ai pas trouvé que leur attouchement fût nuisible, si d’ailleurs leur nombre dans le vase est tel qu’ils ne soïent pas pressés l'un par l’autre. Ce n'est jamais dans la cristallisation qui résulte du re- froïdissement d’une liqueur surchargée, que les cristaux se trou- vent enclavés et confus ; les molécules dans ce cas, se disputent la place, s’il est permis de s'exprimer ainsi, et leur placement dans cette espèce de désordre , éprouve une sorte d'irrégularité ; aussi voit-on que les sommets qui s'élèvent de l’espèce de gateau formé sur les surfaces où repose la liqueur , présentent seuls une forme déterminée; la masse dans laquelle ces derniers sont im- lantés, comme dans une gangue , ne présente que de la con- usion, C’est toujours à dessein d'applanir les difhcultés pour les commençans, que j’entre dans ces sortes de détails. On ne connoïssoit point de tremies , autres que celles qui se forment à la surface des liqueurs, et c’est de cette espèce seu- lement dont j'ai voulu parler à l’égard du vitriol de cuivre ; quant à celles qui résultent d’un contact exact au fond du vase , elles ont plus communément lieu avec d’autres sels. Quoi qu'il en soit, ce phénomène qui n’avoit point encore été observé, semble mériter quelqn'attention ; il explique facilement linser- tion des corps étrangers qui se rencontrent quelquefois dans l’in- térieur d’un cristal : lorsqu'une tremie de cette espèce a acquis une certaine profondeur , elle peut recevoir un Rs tr 2 313 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et se fermer par le changement de position de. ce mêie cristal, en conservant le corps introduit. L'art peut trè:-bien suppléer à ces cas fortuits dans les opérations de la cristallotechnie , et présenter des phénomènes de cette espèce, en les variant au gré de l'opérateur. J'ai répété plusieurs expériences pour savoir Si un corps étranger pouvoit devenir le noyau d’un cristal; je n'ai jamais observé que les molécules d’aucun sel , eussent de la tendance à s’unir à aucune des substances que j'ai employées à cette épreuve ; les portions qui s'attachoient étoient toujours des cristaux particuliers, et non des aggrégations régulières au- tour de ce noyau parasite. , On trouve des substances salines, qui quelquefois conservent encore dans leur dissolution un excès de molécules après leur refroidissement, et qui, fortement agitées, ou soumises à de grands chocs, s’en dépouillent aussitôt , comme nous l'avons deja observé, par une multitude de petits embryons qui trou- blent Ja liqueur. L'immersion d’une certaine quantité, d'élèves dans ces liqueurs m’a paru aussi provoquer quelquefois cette dis- traction, qui ne manqueroit pas de gâter l'opération, si on ne se hâtoit , par une lotion dans l’eau , d’en débarrasser les élèves, bientôt attaqués par l’incrustation de ces mêmes embryons. J’ai fait remarquer aussi, que lorsque la dissolution se trouvoit dé- pouillée de molécules à un certain degré, que les cristaux non-seulement cessoient de croître, mais encore qu'ils se,dis- solvoient souvent , et que les angles et les arrêtes s’arrondis- soient ; si ensuite on restitue des molécules à la liqueur, de manière à fournir de nouveau à l'accroissement des cristaux, il s'établit sur chaque partie arrondie des faces qui forment ce que les cristallographes ont appelé faces surnuméraires , tron- catures , etc. Ces faces ne manquent jamais de disparoître à mesure que l’accroissement se continue , jusqu’au rétablisse- ment parfait des angles et des arètes vives. C’est aussi avec l’at- tention d’entretenir la pureté et la propreté des Hqueurs salines que l’on est plus assuré de conserver aux cristaux de la beauté , de la transparence. Souvent, après un certain laps de temps, ces liqueurs déposent des matières étrangères au sel quelles contiennent , et qui auparayant se trouvoient en dissolution avec lui. Ces parties étrangères se manifestent quelquefois comme parties terreuses, précipitées au fond du vase ; dans d’autres circonstances , elles sont disséminées par flocons, et enfin d’au- tres fois elles surnagent. Dans tous ces cas , il faut retirer les élèves et filtrer la liqueur pour les replacer ensuite. ET'SD'HMI I SUTLON REV N/A TUNR ELLE: 313 Une substance saline cristallisable , quelle qu’elle soit d'’ail- leurs, porte dans la condition des molécules qui la composent, une propriété déterminée toujours constante, et dans laquelle réside essentiellement la faculté de se réunir simétriquement, et de construire ainsi des solides réguliers. Les résultats sont de même constans, lorsque l’on opère avec soin, et il faut une grande attention pour bien distinguer les différentes circons- tances qui peuyent accompagner l’opération. Par exemple, le sulfate de fer présente presque toujours des rhomboïdes dans sa cristallisation , et cependant je l'ai obtenu en octaèdres irré- guliers ; et quoi qu’il soit vrai qu’un octaèure très-allongé entre deux de’ses côtés soit! alors dans la classe des cristaux prismati- ques , il n'appartient pas moins à la forme octaëdre ; mais il m'a paru que le plus souvent ces espèces de variétés apparte- noient aux changemens qui s’établissoient dans les dissolutions elles-mêmes. Le fer , dans celle dont nous parlons, s’oxide con- tinuellement par portions , qui se précipitent de la liqueur en même temps; ce qui peut apporter des changemens dans les proportions des principes constituans du sel Je n’ai pu porter assez loin encore ce dernier genre d'observation; mais il m’a paru que les sels, dont la substance se trouve bien constituée , étoient les moins assujettis à ces variétés de dimensions. Plusieurs sulfates se combinent parfaitement entre eux, et en toutes proportions ; ceux du fer et du cuivre sont dans ce cas , et ilen résulte toujours des rhomboïdes ; je ne crois pas que l’on puisse considérer ce résultat comme une sim- ‘ple interposition. Les instrumens d’optique seroient d’un grand secours dans la recherche de tous ces phénomènes ; c’est une branche d’observations , à l’égard desquelles il ne paroît pas qu'aucune personne ait encore fait aucun travail suivi, et cette propriété «admirable , à laquelle tient l'existence de tous les êtres physiques, présenteroit sans doute des phénomènes inté- réssans et un nouveau champ à parcourir. L'état de diffusion qui se trouve dans mon ouvrage , sera cor- rigé lorsqu'un artiste plus heureux, doué du génie d’observa- -tion , sans lequel on a toujours tort d'entreprendre des opéra- tions difficiles , s’occupera de la cristallotechnie. 314 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TRIER FRA EN TETE REP SL CPP NE ET EE PR IE EEE NE SEE AI NOLUUE, 90 E D’UNE MINE D’URANE, oO U D'HERSCHEL SULFUREUSE, D'un brun-noirâtre informe d’Eibenstock en Saxe; extrait d’un mémoire lu à l’Institut, par B. G. Sace, directeur de la première école des mines. C’est à Klaproth, célèbre chimiste de Berlin, qu’est due la connoissance de la substance métallique qu'on nomme zrane, dont une des propriétés , lorsqu’elle est pure, est d’être préci- pitée en rouge-brun par l'acide prussique, et de donner au verre une couleur d’un brun-verdâtre. La mine d’urane sulfureuse qui est l’objet de cette analyse, diffère à l’extérieur de celle désignée sous le nom de pechblende., en ce qu’elle n’est ni noire ni luisante : elle est brunâtre et offre quelques points pyriteux (1), quoique compacte et dure ; j'en ai pulvérisé dans un mortier de porcelaine ; la poudre qui en est résultée étoit noire; le barreau aimanté n’y indiquoit pas le fer qui s’y décèla lorsque le soufre en eut été dégagé par la torréfaction. Si on y porte alors un barreau aimanté, on trouve à son extrémité une petite portion de fer faisant houpe. Pendant la torréfaction de cette mine d’urane, il se dégage un (1) Dans la mine d’urane connue sous le nom de pechblende , ainsi que dans celle qui est l’objet de cette analyse, le soufre ne me paroît pas être en combi- naison directe avec l’urane , il n’y est qu'avec le fer. Dans ces mines martiales l’urane paroît avoir été reporté à l’état métallique par le fer qui s’y trouve sous forme de chaux brune , qui n’est pas attirable sans torrélaction. Sicela est, ce minéral a, été mal désigné par les mots urane oxidulé, toute jolie qu’est l’épithète. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315 péu d'acide sulfureux : la mine ne perd qu’un cinquantième de son poids. Le sel ammoniac est l’intermède que j'ai employé pour sépa- rer le fer de la mine d’urane ; j'ai mêlé une partie de cette mine torréfiée avec trois parties de sel ammoniac; j'ai procédé à la sublimation en distillant ce mélange dans une cornne de verre; lorsqu'elle fut assez chauffée pour rougir, le sel ammoniac se sublima et enleva le fer qui lui donna une couleur jaune safra- née. Lorsque le feu a été assez fort pour solidifier le sel ammo- niac dans le cul de Ja cornue, il se brise avec éclat en refroi- dissant, ce qui paroî: provenir de la dilatation qu’éprouve alors le sel ainmoniac. Une seconde sublimation enlève Les dernières portions de fer: en lavant l’urane qui reste an fond de la cornue sous forme d'une poudre noire, on sépare le muriate de fer, s’il en contient: Ce résidu pesé et desséché fait connoître que cette mine d’urane contient un cinquième de fer. L'urane ainsi purifié , se dissout avec effervescence dans l’a- cide nitrique et dans l’eau régale; ces dissolutions sont d’un jaune citrin ; il reste au fond des matras environ un cinquan- tième d’une poudre blanche, fixe au feu, ou elle prend une couleur d’un jaune-brunâtre ; elle communique au verre une teinte verdâtre, : L’oxide jaune d’urane :cristallisé coffre le même résidu) après ses dissolutions. Si l’on a attaqué la mine d’urane sulfureuse par les mêmes acides avant de l’avoir torréfiée et privée de fer ; les dissolu- tions sont plus jaunes; il reste au fond du matras un peu de soufre. Les dissolutions d’urane ayant été précipitées par l’alkaïr fixe on potasse pure, ont produit un #249m2 d'un'jaune-verdâtre , lequel après avoir été lavé et desséché conserve sa couleur. La réduction de l’urane par le phosphore , offre des faits re- marquables. J’ai mis un cylindre de phosphore dans une disso- lution de muriate d’urane saturée, à l’instant le phosphore a pris une teinte brunâtre qui est ‘due à une portion d’urane qui s'est réduite (x) ; ayant versé dans le vase où s’est opérée cette (1) Le regule d’nrane obtenu par Klaproth, étoit gris dans l'intérieur, d'un brun clair à l’extérieur. 36 JOURNAL DP PHYSIQUE, DE CHIMIE réduction , de la dissolution de nitre d’urane avec excès d’acide, il a dissout l’urane qui s’étoit réduit, et le phosphore a repris aussitôt sa couleur citrine et sa transparence. Ayant versé de l’alkali fixe dans cette dissolution d’urane, j'ai obtenu un précipité d’un vert de Prusse; l'ayant reçu sur un filtre, il a passé une liqueur verte émeraude qui tenoit en dis- solution de l’urane très-pure que l’acide prussique précipite en rouge-brun. Cette couleur verte doit être attribuée à l’acide du hosphore, ce qui est confirmé par une des expériences que Klaproth a faite par la voie sèche: Il fondit ensemble une demi- partie d’oxide d’urane et huit parties d'acide phosphorique vi- treux; il obtint un verre transparent couleur d’émeraude , sem- blable à celui que je mets sous les yeux de l’Institut. Dans le dessein d'opérer la réduction de l’urane purifié , je l'ai incorporé avec de la graisse pour en former une boulette que j'ai placée au centre Et creuset brasqué , qui fut exposé pendant une demi-heure au feu le plus violent. Le creuset re- froidi je le renversai sur un marbre , la boulette en sortit; les molécules d’urane y étoient agglutinées, sans avoir ni brillant ni solidité. Ayant traité de même de l’urane que j’avois précipité de ses dissolutions par l’alkali fixe, la boulette étoit plus agglutinée et présentoit des globules brillans. Ayant fondu sous du verre de borax une de ces bouteilles, je n'ai obtenu qu’un verre transparent de couleur verte-brunâtre. L’urané est une des substances métalliqnes qui ne peut être absorbée par la coupelle ;: jai mis dans une lame de plomb pe- sant deux gros, dix grains d’urane purifié; j'ai coupelé , l’urane a été rejeté sous forme de scories d’un brun-rougeûtre. L’acide jaune. d’urane, coupellé avec la même proportion de plomb, a laissé une matière scoriforme semblable. La mine d’urane sulfureuse et martiale ne contient point de plomb; pour m’en assurer j'ai mis en digestion dans du vinai- gre distillé, une partie de cette mine torréfiée; cet acide n’a contracté aucune saveur : l’alkali fixe n’en a rien précipité. Il résulte de cette analyse, que la mine d’urane sulfureuse noirâtre informe contient par quintal ; Wrane rer: Here 0er CARE 20: DOUTE. ee A NZ 100 Les EUT: ?D° HUNS TO DRE NA TU RIE ELUR : 317 Les Allemands, en nemmant ce métal zrane , ont eu dessein de désigner Herschel ; on sait qu’ils ont nommé uranus la pla- nête que cet homme , si justement célèbre, a découvert. Je pense que les minéralogistes devroient donner de préférence le nom d’Herschel à ce nouveau métal; leur reconnoissance a déja consacré le nom de Prehn aux pierres congénères de. celle qui a été apportée du Cap de Bonne-Espérance par ce colonel An- glais. On vient aussi de désigner le Zzngstein par le nom de Schéele, célèbre chimiste suédois. PARDON DFE EDEN SEEN POP SURESNES REV APE EEE SUR, QUELQUES OBSERMATIONS CONTRAIRES A LA THÉORIEDE LAVOISIER; Faites avec la pille de Volta, par le. docteur GarkAborr, ét communiquées au cit. L. Brugnatelli, professeur de chimie dans l’université de Payie. À Je réponds, quoique tard, à une note que vous joignîtes: à ma réplique à Van-Mons, que vous me fîtes l'amitié, d'insérer dans le tome dix-huitième de vos Annales de, chimie ; imais je ne peux m'en dispenser à présent, puisqu’après les réflexions les plus sérieuses, je n’ai pas encore su me persuader d’admettreila base fondamentale du système de Lavoisier, c’est-à dire, de la composition de l’eau des deux élémens Lydrosène et oxygène , moins une portion de calorique. Si le feu électrique, que vous nommez électrique ou oxiélec- rique , est une chose différente du feu commun, et est un com- posé, il pourra donc entrer en combinaison avec les molécules intégrantes de l’eau, comme vous le pensez égaleinent, et par cette raison l’on ne pourra jamais, par ce procédé , c’est-à-dire par le moyen de l’éectricisme obtenu, ou par les: machines or- dinaires, ou par la pile de Volta, prouver la décomposition de l’eau. On pourra toujours lui objecter que l’eau n’est pas un composé , mais un composant des gaz que l’on tire de l’eau, avec les élémens du fade! électrique. Noïlà donc que j'aurai Tome LP. VENDEMIAIRE an 11. Ss 88 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE toujours raison de répéter : prouvez-moi auparavant, que les moyens par lesquels on décompose l’eau sont des substances sim- ples, et alors je vous admettrai la décomposition de l’eau? Avec le feu commun lPeaume se décompose point; le feu électrique est un composé : ii n’a pas été prouvé à priori que les métaux soient des corps simples, ainsi que les autres matières combus- tibles, par le moyen desquelles l’on prétend que Peau se décom- pose ; donc la décomposition de l'eau n’est pas encore prouvée: Je puis ajouter un autre objection au systême de Lavoisier , par rapport à l’oxidation des métaux, que me fournit ces jours passés une expérience très-simple , faite avec la pile de Volta. C'est un axiome dudit système , que la calcination des métaux n'est qu'une addition de l'oxygène à Ya substance du métal. Vauquelin a observé (1) que le vinaigre ne calcine point le plomb, si ce n’est au contact de l'air: la chose est vraie, etj’en ai répété l'expérience : Une plaque de plomb plongée toute en- tière dams le vinaigréne se calcine pas. En conséquence j'ai pris un vase de vinaigre blanc, très-fort et très-pur, et y ayant adapté des fils\de plomb ,-de façon qu'ils ÿ restassont.submergés avec.leurs pointes à la hauteur environ d'un pouce, et ne fus- sent pas trop éloignés entre eux, je.fis communiquer aux deux autres extrémités, ou pointes, les deux bouts d’une pile électri- que composée de quarante morceaux de zinc et quarante d’ar- gent : à (peine la communication fut induite, que j'obtins une forte calcinatiôn dans le fl de plomb: qui communiquoit avec le zinc. La: chawxon l’oxide de plomb se précipita aufond du vase en forme delongne lbande:où fumée ‘blanche , et en peu-de mi- nutes j'en obtins un dépôt abondant ; il se forma anssi me croute d’oxide autour du fil plongé dans le vinaigre, principa- lemeut autour de la pointe. | Dans cette expérience il n’y à pas à douter que le plomb ne s’est nullémentioxidé aûx dépens du vinaigre , puisque l’on sait d’ailleurs que le vinaigre n’est pas capable d’oxider le: plomb qu’on ‘y'a plongé, ét ne pouvoit d’autre part absorber l’oxygène de l’atmosphère pour s’oxider ,. puisqu'on lui en avoit empêché tont accès. Il faut donc conclure qu’il y a calciuation sans ad- dition d'oxygène. (1) Expériences sur des alliages de-plomb, parle:cit. Vauquélin; Ann. de æhim. de Paris, tom, 32, ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 31g On peut dire la mème chose de l'or qui s’oxide par le moyen de la pile de Volta, dans tous les acides dans lesquels il n’est pas possible de r’oxider moyennant toute sorte de diligence. Ainsi l’oxida ion , en pareil Cas, est un. pur effet du fluide électrique sans le concours de l'oxygène. Supposer que l’on tire l'oxypèae de l’eau contenue dans les oxides, cela ne seroït pas raisonna- ble , car on obtientla même chose avec les acides très-concen- trés ,.tont autant qu’on le veut ; l’on ne peut pas même supposer que lesdits acides dé omposés par le moyen de l’action de l'élec- tricisme, fournissent l'oxygène pour la formation de l’oxide , parce que les autres composans devroient se développer en même temps, et on ne les voit pas paroître, comme, par exemple, le gaz azotique devroit se développer dans l'acide nitrique, et le soufre dans l’acide sulfurique. On pourroit cependant m'objecter que l'oxygène est fourni par l’oxiélectrique ; maïs j'aurois le droit de répondre : prouvez- moi auparavant, par des expériences, que le fluide électrique a l'oxygène pour composant ,; et j’accorderai alors que même en ce cas on a eu une addition d'oxygène (1). Quoi qu’il en soit, je suis toujours d'avis que la décomposi- tion de l’eau n’est pas encore prouvée : je crois que l’eau entre comme élément dans la composition des deux gaz hydrogène et oxygène, maïs non pas que l'hydrogène et l’oxygène, moins vue portion de calorique, soient les éléiuens de l’eau, puisque jusqu’à présent l’on n'a décomposé l’eau qu’avec des moyens qui laissent soupçonuer ne pas être simples, comme le prétendent les partisans du nouveau systême (2). J'ai appliqué l'électricité métallique, même à la végétation , mais je n’ai pas encore eu de résultats concluans. Il y a quelques mois que.je fis des expériences sur la germination avec l'appareil électrique à couronne de tasses , appliquant le petit courant élec- trique, qui se rend perpétuel , à des semenses mises dans l’cau dans la tasse de communication entre les deux métaux différens qui constituent l'extrémité de la chaîne, et il me semble que la (1) Je sais bien qu'il y a une addition d’oxygène dans plusieurs eaux métalli- ques , mais elle est} selon moi, l’effet et non pas la cause de la calcination, comme la causticité est la conséquence de la; privation de l’acide carbonique, ou calcination des substances ‘alkalines. (2) Voyez encore les autres mémoires sur ledit système , dans les Annales de chimie du C, Brugnatelli. : Ss 2 320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DFE CHIMIE germination s’y accélère; mais l’oxide qui s’accumule dans la tasse, à la longue , est nuisible aux semences germinantes. Etant indubitable qu’une extrémité de l’appareil à couronne et de la pile est ydrogénante , et l'autre oxygénante, je voulois déterminer si l'extrémité oxygénante a une influence différente sur la germination et sur la végétation en général , de celle de l'extrémité hydrogénante ; c’est ce que j’entreprendrai de recher- cher au plutôt, si mes autres occupations me le permettent. Je m'apperçois que l’on travaille beaucoup par-tout sur ce que l'on appelle ga/vanisme, mais il me semble que l’on opère confnsément,, et que par cette raison on ne tire pas de cette grande découverte les lumières qu’on devroit en avoir. On répète bien des choses qui ont déja été dites et faites, et l’on perd tou- jours beaucoup en les appliquant à des objets stériles. CA à a D'ALBERT FORTIS.A J.-C. DELAMÉTHERIE, Môn cher et savant ami, Venant d’une excursion dans le pays ci-devant vénitien, jé trouve ici votre cahier du Journal de Physique , pour le mois de messidor, an 10 ; et j'y trouve une note sur ce qu’il vous plaît d’appeller un orxitholithe. Voulez - vous bien fairé sou- venir les naturalistes de ‘mon opinion , «qu’il n’y a pas de preuves jusqu'ici que des ornitholithes existent dans des couches calcaires d’ancienné formätion marine, » Mon illustre ami Cu- vier a cru avoir la preuve de cette existence dans un squelette d'oiseau pris dans le gypse de. Montmartre ; vous renchérissez là dessus par deux'autres exemplaires provenans ‘des , mêmes carrières. Mon chér ami, me permettrez-vous de vous dire qu'an squelette entier , et des cuisses ét des humerus d’oiseaux , conservés dans leur état naturel ou à-peu-près, dans le gypse de Montmartre, ne sont pas des ornitholithes pour quelqu'un qui prétend à l’exactitude , et que ce gypse. de :Montmartre m'est point la pierre calcaire d’ancienne formation |,, dont j'ai entendu parler. Une fois pour toutes ; la pierre dont je crois que les oiseaux n'étoient pas eñcôre contemporains, &’est te carbonate de chaux compacte, qui confine les Alpes en grande ET D'HISTOIRE, NATURELLE. 3°3 partie, et tout PAppenin, proprement dit. Vous ne croyez pas, sans doute, que le gypse de Montmartre soit d’ancienne for- mation dans ce sens là. Rendez-moi la justice de publier cette explication , que je ne croyois véritablement pas nécessaire, mais qui l’est devenue, Je viens de voir à Vérone, dansla collection du cit. Gazola, mon ancien ami, une très-belle mâchoire de quadrupède de moyenne taille, qui a été trouvée avec de grandes défenses et dents machelières d’élephans , à Romagnano. Cette mâchoire pourroït bien avoir appartenu à une espèce qui n’existe plus. La bonne et habile citoyenne Sellier va en faire un dessin pour le savant Cuvier, le propriétaire lui ayant permis d'envoyer ce morceau à Bologne. En passant de Chioggïa , ville qui mériteroit de devenir riche et florissante par son port magnifique et beaucoup meilleur que ceux de Venise, de Trieste, etc., nous avons vu une très- riche collection de coquillages de l’Adriatique, chez le docteur Renier, savant médecin, qui s'occupe particulièrement des mollusques, et en a découvert plusieurs espèces tout-à-fait nou- velles. T1 s’y trouve un grand nombre de testacés, exactement semblables à ceux de Grignon. L’abbé Chievichini a dessiné et colorié environ 480 espèces de poissons , dont quelques-unés sont aussi tout-à-fait nouvelles. Cet homme infatigable'a dessiné ses sujets non-seulement vi- vans , mais nageans dans l’eau , ce qui leur donne un avantage incalculable sur toutes les figures des autres ichthyologistes , ‘qui n’ont pas été à portée d’en faire de même. C'est un ouvrage da mériteroit bien de sortir des porte - feuilles de ce savant. Îl n’est pas possible de mieux faire; Maréchal lui-même en con- viendroit de bonne-foi. Aussi l’ai-je fortement engagé à venir passer quelque temps à Bologne, où la citoyenne Sellier ne man- quera pas de tâcher de le surpasser. Mon ami Giovena, de Molfette en Pouille, me mande que Ja sécheresse opiniâtre de la saison, ayant obligé les habitans de ces pays brûlés à boire de l’eau de quelques sources sau- mâtres, dont on ne fait pas d'usage lorsqu'il y a de l’eau dans les citernes, il en a, fait préalablement l'analyse, il a trouvé que toutes contenoient du salpêtre tout formé, à base de po- tasse... : Adieu ; mon-cher.et savant ami; je n’ai pâs encore , comme ; et Lines Font : vous le voyez , tout-à-fait reuoncé à l’histoire naturelle ; maie 322 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE il me reste bien peu de momens à lui donner. C'est pour l’ami- tié que j'en ai toujours ; aussi je vous salue ct vous embrasse de tout mon cœur. Fornris, préfet de la bibliothèque nationale dé Bologne. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Mémoire sur la topographie physique et médicale de Malte , suivi de l’histoire des maladies qui ont régné dans cette ville, parmi les troupes françaises, sur la fin de l’an 6 , et pendant les années 7 et 8; par le citoyen Robert, médecin en chef des hôpitaux militaires de Malte. Paris, in-80. , an 9( 1800). Le mémoire que nous annonçons peut être considéré comme faisant partie de ceux déja recueillis sur l’expédition d'Egypte, et comme plus intimement lié encore à l'histoire médicale de l’armée d'Orient , publiée par le citoyen Desgenettes. Fondamenti della scienza chimico-fisica., etc, ou Fondement de la science chimico-physique , appliquée à la formation des corps et aux phénomènes de la nature, par Vincent Dandolo, membre du collége électoral des Dotti, de la républiqueitalienne, et associé de plusieurs académies nationales et étrangères, cin- uième édition ,; augmentée de nouveaux articles ; de nouvelles ANAIUR et de nouvelles vérités importantes , 4 vol. in-8°. , à Milan, en 1802, de l'imprimerie milanaise de Tosi et No- biles. Les nombreuses éditions de cet ouvrage prouvent assez l’accueil que lui a fait le public. Phamacopea ad uso, A.C. Phamacopée à l'usage des hôpi- taux et des médecins modernes de la république italienne , aug- mentée d’une table de la synonimie de la nomenclature chimique moderne , avéc le tarif des préparations qui se trouvent dans cette phamacopée, par Brugnatelli. r vol. in-8°. A Pavie, de l'imprimerie de Jean Capelti. Lesprogrès des connoïissances humaines exigentdes changemens dans les préparations pharmacautiques , comme dans les autres arts. C’est ce que fait le célèbre auteur de cette phamacopée. 11 ET LD? IIS TOUR E NIA TIU R ELL'E 323 faut cependant observer que le traitement des maladies, et les remèdes qu’on administre sont indépendans de toute théorie. Hyppocrate , Galien, Aretée, Fernel , Boerhaave , Sydenham, Cullen , avoient des théories bien différentes, et ils guérissoient également. Précis de la philosophie de Bacon, et des progrès qu'ont fait les sciences naturelles par ses préceptes et son exemple, avec un appendice sur quelques points particuliers , appartenant au sujet en général ; par J. A. Deluc, lecteur de S. M. la reine de la Grande-Bretagne , des sociétés royales de Douvres et de Dublin, de la société des Scrutateurs de la nature de Berlin, de celle de minéralogie , de Jena, et de plusieurs autres sociétés de natu- ralistes , professeur de philosophie et géologie. A Paris, chez la veuve Nyon, libraire, rue du Jardinet, an9, 1800. Cet ou- vrage intéresse les lecteurs. Distiques de Caton, en vers latins, grecs et français ; suivis de quatrains de Pibrac, traduits en prose grecque, par Dumou- din. Le tout avec des traductions interlinéaires ou littérales du grec, avec cette épigraphe : Quemes délassemens , s’il.se peut soient utiles. A Paris, chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins , hôtel de Ctany. Thermidor , en 10, août 1801. Bros Bi disE DES ARTICLES CONTENUS DANS C& CAHIER. Observations géologiques sur la matière calcaire et sur les os humains fossiles, avec quelques remarques sur la cristallisa- tion, par G. A. Deluc. Page 245 Description d'un nouveau procédé daffinage, par le cit. Darcet. 2b9 Suite du mémoire sur les ouvrages de terres cuites, par le cit. Fourmy. 264 Eclaircissemens sur les propriétés de la terre nommée yttrie, comparées avec celle de la glucine, et sur le tantale, nouvelle substance métallique, par A. G. Ekberg.28x Rapport sur les expériences galvaniques faites sur la téte et le tronc de trois hommes, peu de temps après leur décapitation ; par les CC. V'assali-Eandi, Giulio et Rosi 286 Extrait d'une letire du professeur Proust à J.-C: Delarné- therie , sur un nouveau métal appelé silène. 297 Observations météorologiques. 298 De la cristallotechnie, ou essai sur les phénomènes de la | cristallisation, etc., par Nicolas Leblanc. 308 Analyse d'une mine d’urane, ou d'herschel sulfureuse , par B. G. Sage. 314 Sur quelques observations contraires à la théorie de Lavoi- sier, par le docteur Carradori. 317 Lettre à Albert Fortis à J.-C. Delamétlherie. 320 Nouvelles littéraires. 322 Journal de. Physique : » Tendemiare An 1 . " — JOURNAL DE PHYSIQUE, DEEFCC'E LMILE ET D'HISTOIRE NATURELLE. BE RUN M AMBRNE din 11. M ÉANT. OR: E A L'HISTOIRE DE L’ANTIMOINE, Par le professeur Prousr. Cent parties d’antimoine et autant de soufre chauffés dans une retorte de verre, jusqu’à ce que tout soit bien fondu, et l’excédent du soufre expulsé , laissent 135 parties de sulfure. Cette expérience répétée autant de fois qu’on veut, donne constamment le même résultat. Cent parties d’antimoine , chauffées avec 300 de cinabre, don- nent de 135 à 136 de sulfure. Cent parties de ces sulfures artificiels tenus en fonte pendant une heure, ne perdent rien. Cent parties de ces sulfures échauffées avec autant de soufre, n’augmentent pas de poids. Conséquences. L’antimoine suit la loi de tous les métaux qui peuvent s’unir au soufre. Îl s’en attache une dose invariablement fixée par la pature, et qu’il n’est pas donné à l’homme de pouvoir augmen- ter ou diminuer. Tome LV. BRUMAIRE an 11. a D 336 JOURNAI. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. Le sulfure d’antimoine natif, ne peut recevoir , lorsqu'il est pur, aucune surcharge de soufre , mais il n’en cède pas non plus par la distillation. Cela prouve donc qu'il est formé dans les mêmes proportions que le sulfure artificiel. Il y en a qui contiennent de l’oxide libre ; ils sont alors beau- coup plus fusibles, et donnent de l'acide sulfureux par la dis- üllation. Parmi les sulfures de commerce , il y en a aussi qui con- tiennent un excès de soufre ; car ils peuvent encore dissoudre 7 à 8 d'antimoine par 100. ; À 100 : Ozxidation de l’antimoine au maximum Cent parties d’antimoine, traitées dans une retorte avec l'acide nitrique , en donnent constamment 130 d’un oxide jaunâtre et pulvérulent. Si on le lave avant de le dessécher, on n’en retire guère que 126, parce que l’acide nitrique en consume un peu par sa dissolution. | à Voici quelques-unes de ses propriétés. Il peut souffrir une chaleur rouge sans se dissoudre. Il se volatilise cependant, puis- qu’il tapise de cristaux blancs aiguillés la voûte des retortes , et même il se forme dans divers points de l’oxide , qui reste toujours pulvérulent , des groupes de cristaux qui ont la forme et l’éclat des fleurs d’antimoine. L’eau ne m'a pas paru le dissoudre, l’acide nitrique un peu, le muriatique beaucoup mieux ; mais en petite quantité. Souvent par la concentration , il se sépare de l’acide , et cristallise ‘en belles aiguilles blanches , fines et nacrées, qui ne retiennent pas d’acide. Si l’on distille, une partie de l’oxide s'élève avec l'acide. L'eau ne trouble pas cette dissolution, parce que l'acide surabonde ; mais elle seteint en rouge avec l’eau hydro-sulfurée. Quand on analyse les mines d’argent antimoniales , il ne faut pas perdre de vue cette volatilisation, sur-tout si on leurs ap- plique l'acide marin après le nitrique. Un acide muriatique qui peut dissoudre cent parties d'oxide au minimum , ne Dent pas plus de 32 à 33 de celui-ci. Il suit donc la loi de ces oxides, qui comme le plomb, le fer, le manganaise, l’étain, etc. , sont d’autant moins solubles qu'ils sont plus oxidés. Le précipité que cette dissolution donne avec l’eau, est un oxide vrai, tandis que l’oxide au minimum retient une portion ET D'HISTOIRE NATURELLE, 327 d'acide. 11 n’est pas non plus capable d’union avec l'acide car- bonique, lors même qu’il est à son minimum. Enfin, il ne peut se suroxider par l'acide muriatoxygëne , ni par le nitrique, et n’est pas propre à faire du tartre émé- tüque ni du kermès. Fleurs d’antimoine. L’oxide par combustion , que nous appellons feurs d’anti- moine , jouit des mêmes propriétés. ]l ne peut recevoir sur- charge d’oxygène. Il est insoluble dans l’eau; il est infusible par une chaleur rouge, volatil au même degré que le précé- dent ». impropre pour l’émétique et le kermès, et ne se laisse pas affecter par l’ammoniaque. Oxide par le nitre. Cet oxide est au même degré, infusible par une chaleur rouge , incapable de donner de l’émétique , du kermès, etc., et même selon Thenard , il est chargé d’un cinquième de po- tasse. Oxide natif. La nature qui n’abandonne point aux caprices du hasard les proportions des combinaisons vraies , nous offre aussi l’anti- moine oxidé au maximum , dans la mine blanche terreuse de Tornavara en Galice. Cette mine qui fut dans l’origine un sul- fure, passe insensiblement à l’état d’oxide; et comme Les agens de sa transformation ont opéré d’abord à l’extérieur , nous avons des morceaux dont le centre est encore un sulfure entier. La séparation du soufre , et son remplacement par l’oxy- gène ne dérangent rien à la forme de ce minéral. Trente par- ties d'oxygène , prennent la place de 35 de soufre. Son volume n’en souffre pas. Cet oxide chauffé donne de l’eau, des atômes d’un soufre qui étoit hors de combinaison , et par conséquent un peu d'a- cide sulfureux. Maïs au reste il demeure blanc et infusible. 11 ne peut également s’unir pour l’émétique et le kermès. 11 est en un mot pourvu de toutes qualités des oxides à 30 pour 100. Dans la nature , les métaux qui sont susceptibles de s’oxider fa- cilement , atteignent toujours le plus haut degré de ce change- ment, à moins qu’un état de combinaison Deer ne les t 2 328 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en garantisse, comme nous le voyons dans le spath rhomboïdal transparent , le spath perlé , les mines blanches, en qui ce fer et le manganaise conservent solidement le minimum de leurs oxidations, 1 La dissolution des oxides au maximum, ne change point avec le prussiate de potase. Elle n'offre également rien de remarquable avec les teintures végétales. De l’oxide au minimum. Nous obtenons une dissolution de cet oxide toutes les fois que nous attaquons par l’acide muriatique , ou par le sublimé corrosif, l’antimoine , ses sulfures, ses foies, ses verres, sa mine calcinée, etc. Tous ces composés pourroient avoir été préparés avec des oxides au maximum; mais comme la fonte ne peut manquer de les ramener au minimum, les dissolutions qu’on en tire auront toujours ce caractère. Lorsqu'on jette dans l’eau du muriate d’antimoine liquefié par l’humidité, la solution proposée par Schéele , ou autre de ce genre, il se forme un caillé blanc volumineux , qui s’a- baisse de plus en plis, dont les molécules s’attirent, et finis- sent par offrir un entassement de petits cristaux grenus fila- menteux , emplumés, etc. Ce sont ces cristaux , plus ou moins bien lavés, qui reçurent le nom de poudre d’algarot. La liqueur qui les baigne retient peu d’antimoine; celle qui provient du beurre , conserve à l’aide de son grand excès d'a- cide, du muriate de mercure doux en dissolution. La potasse le précipite sans le décomposer ; mais si on en ajoute trop, il se présente un précipité noir , qui est l’oxide , base du muriate oux. La poudre d’algarot, bien lavée , n’est rien moins qu’un oxide ; aussi les Roüelle la plaçoient-ils dans la classe des sels métalliques, avec moins d’acide. Si on la distille, son acide se rattachant à une moindre quantité d’oxide , le convertit, et l'élève en muriate volatil congelé. Souvent un peu de mercure doux vient après , quelquefois même du mercure. La distillation et la fonte ne sont pas encore suffisans pour enlever tout l’acide à la poudre d’algarot. Pour l’amener à l’état d’oxide vrai , il faut la faire bouillir avec du carbonate, plutôt qu'avec de la potasse pure , parce qu’il en dérobe moins. Il y a effervescence ; l’antimoine quoique dans un état d’oxida- ED HUNS T'OFRR.E NA DU RIELRE. 529 tion où les métaux sont toujours plus disposés à s’unir à l’acide carbonique, ne les retient cependant pass Notre poudre enfin , dessalée et séchée , perd de 10 à 11 par cent dans cette opération, En la recommandant comme préfé- rable au verre d’antimoine pour la confection du tartre éméti- que, Macquer et Bergman ne proposoient pas une chose aussi simple qu’ils le pensoient. Mercurius vitue mercurii non expers, a dit quelque part un ancien. Lorsque l’antimoine oxidé au minimum se décompose, ou aban- donne à l’eau l’acide muriatique, il ne se comporte pas autre- ment que le mercure, le bismuth, etc., puisqu'il entraîne , comme ces métaux , une quantité fixe d'acide qui le place dans la classe de ces sels qu'on distingue par une moindre propor- tion de leur dissolvant. Occupons -nous maintenant des caractères de ce nouvel oxide ; il méritera sans doute l’attention des chimistes ; car outre qu'il est la base des foyes, des magnésies , des crocus , des verres, des rubines , et de toutes ces préparations algarotiques qui ont fait jusqu'ici le désespoir des professeurs , il va nous aïder à sortir de l’inextricable confusion où Isaac le Holandais, Basile Valentin, Paracelse, et toute notre ancienne spargirique avoient plongé l’histoire de l’antimoine. Fonte de l’oxide au minimum. La poudre d’algarot purifiée comme nous l’avons dit, n’est plus aussi blanche ; elle a perdu le brillant, l’air salin qu’elle avoit d’abord. Si on l’expose renfermée dans une retorte lutée., à une chaleur rouge modérée, elle entre très-faeilement en fonte; elle s’y maintient même pendant longtemps, et sans donner à craindre pour sa conservation, parce qu'elle n’agit sur le verre qu’à une haute température. La retorte refroidie, on y trouve: une masse bien montée d’un blanc-jaunâtre opaque, formée de faisceau cristallins qui ont l’arrangement des zéolites, et dont les sommets se dégagent pour en hérisser les cavités. Cette masse nacrée et pesante est un des oxides de l’anti- moine auquel les chimistes ont donné peu d'attention, malgré qu’elle soit aussi fréquemment décrite que toutes ses autres pré- parations. Voy. Crollius, Hartman , Delius ; Lemeri, etc. Sa fusibihité ne le cède pas à celle des oxides de plomb ete de bismuth : comme eux il est opaque et cristallin ; car à l’ex- ception de l'arsenic, nul oxcide ; à ce qu’il paroît, n'est capa- 330 JOURNAL! DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ble de prendre la transparence vitreuse par lai même, Pour se donner sans travail une idée sulfisante de sa fnsibilité, il ne faut que placer au-dessus de la lumière un tube d’ane ligne, fermé ou arrondi en forme de matras par un bout, et un petit morceau d’oxide dans son intérieur ; en moins d’une minute on le voit se ramolir et couler. Si l’on chauffe avec le chalu= meau la boule en la ménageant pour la ramener sur elle-même et la réduire sans la fondre , on peut rougir l’oxide assez long- temps ; alors il prend de la transparence, et devient succineunt s’il a pu dissoudre du verre, si non il cristallise en refroidis- sant. Cet oxide n’est pas moins volatil que le précédent ; il tapisse toute la retorte de fleurs. cristallines ; mais je crois néanmoins que cette volatilité dépend beaucoup de sa dissolution dans l'air, autrement, s’il étoit volatil perse , il devroit se sublimer ou s’entasser à la croûte et dans le col de la retorte. En parlant de l'infusibilité des oxides au maximum, je n’ai pas voulu exprimer une qualité absolue en eux, mais seulément leur résistence à une température qui fait couler si facilement l’oxide au minimum ; eten effet, les premiers on peut les chauf- fer PIE nDS de cette manière sans craindre de les voir se ramolir: De la quantité d'oxygène qui constitue l’oxide au DLLILLTLUNE « - Il ne m’a pas paru aïsé d’arriver directement à cette estima- tion; mais en le traitant avec l'acide nitrique on y parvient sans peine. Il y a effervescence, gaz nitreux, etc., et l’oxide ac- sr par ce moyen une augmentation qui l’élève au niveau es oxides moyens, nous donne alors celui de découvrir le de- gré où il se trouvoit auparavant. Cent parties d’oxide fondu et pulvérisé , traitées avec l’acide nitrique , et desséchées dans la retorte, ont donné 106 d'oxide au maximum : ce résultat ayant été confirmé par cinq épreuves faites avec tout le soin possible, je crois qu’on peut le resarder comme incontestable, D'après les bases que nous avons maintenant sur nos deux oxides , nous pouvons dire que le premier ou le majeur donne, , " Antimoine........"77. Oxygène. ....,.. 28 ET DHISTOURE NATH RÆETLIE; 331 Le second, Antimoine....... 61,b. Oxygène. ........ 168,5. D'où l’on voit, que lorsque le quintal de ce métal condense 32 parties d'oxygène pour s'élever à sa plus haute oxidation , il n’en condense que 22 à 23 pour nous donner son oxide au minimum. Telle est la diférence qui doit les distinguer doré- navant. Quant à celles qui ont été annoncées par Thenard, je ne con- testerai point des résultats obtenus par un chimiste qui sait tra- vailler avec cette exactitude qui caractérise un travailleur con- sommé; je dirai néanmoins, et sans attacher d'importance à mon opinion , qu’en méditant bien cette loi presque générale de la nature qui ne nous offre par-iout qu’un ou deux termes au plus d’oxidation ponr les métaux, et dont l’homme ne sauroit s'affranchir dans ses imitations , je crains bien que les six ter- mes qu’il a reconnu ne soient pas tous avoués par la nature. Si, a l’aide d’une forte température, nous abaissons le poids d’un oxide qui est à son maximum, et qui n'ait pas l’inconvé- nient d’être volatil, ou bien , si par une chaleur continue nous élevons un métal À sa plus haute oxidation, pourrons-nous croire avec fondement que tous des termes d’oxidation ascendante ou descendante que ces moyens peuvent insérer éntre les extrêmes, puissent se prendre pour autant d’oxidations diflérentes ? Non <értaipement. Je ne reconnois point.en cela la marche ordinaire de la nature, et j'ose croire que dans de semblables cas nous ne faisons autre chose que de mélanger dans toutes les propor- tions possibles l'oxide au minimum avec l’oxide au maximum. Je rapporterai ici quelque faits bien propres à rendre cet ap- perçu plausible au moins s’ils ne le confirment pas. En analysant, comme j'ai eu occasion de le faire, queiques- uns de ces oxides à tous degrés, que nous annonce Rinman, en cäleinant l'acier, le fer, la fonte, je n'ai rencontré que les deux oxides connus de ce métal, mélangés dans diverses pro- portions : les mines attirables ne m'offrent ésalement que des mélanges d’oxide noir et d’oxide rouge (1). t d # s (1) Pour découvrir le mélansedes deux oxides dans une: dissolution muriatique par exemple, on y app'ique la polasse ou l’anlimoine peu apres; on agite, on chauffe, sl le faut ,-et lon est'sur de précipiter l’oxide rozge avant l’oxide noir, 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si nous examinons ces oxides verdâtres que le plomb et le bismuth donnent par un commencement de calcination; ceux de l’étain, du cuivre, etc. , nous n’y trouvons autre chose que l’oxide au maxinum qui enveloppe différentes portions de mé- tal. Si cependant nous mésurions le degré de ces oxidations sur le gaz nitreux qu’ils donnent, nous serions portés à croire que les métaux peuvent s'oxider à toutes doses; mais non! 1l en est des unions de l’oxygène comme de celles du soufre, des aci- des, etc. L’élection et la proportion sont deux pôles autour desquels roule invariablement tout le système des combinaisons vraies, tant dans la nature qu’entreles mains du chimiste. L’oxy- gène, en un mot, n’est pas du nombre de ces corps qui peuvent se mélanger : s’il se combine il s’assujettit à des rapports cons- tans; ce sont ces rapports qui nous restent à étudier Décomposition des oxides par le soufre. Dans une retorte de verre non lutée, mais assez forte pont soutenir une chaleur capable de fondre le sulfure, on chauffe cent trente parties d'exide au maximum, avec autant de soufre ; le gaz sulfureux sort en abondance, l'excès du soufre ensuite, et le résidu de l'opération donne 135 parties de sulfure ; c’est- à-dire que 35 parties de soufre en remplaçoient 39 d'oxygène. On traite de même 100 parties d’oxide au minimum : l’acide sulfureux et l'excès du soufre passés, l'on a pour résidu 111 parties de sulfure, qui correspondent exactement à la quantité d’antimoine contenue dans cet oxide. La désoxidation de l’antimoine, dans ces deux cas, a lieu par une température très-modérée. Elle n’exige pas une chaleur rouge. Conséquence: Nousavons cru, jusqu’à ce jour , que les oxides de ce métal pouvoient former avec le soufre une combinaison durable ; mais ces résultats ne nous permettent plus de douter que nons ne fussions dans l’erreur. Jamais ces oxides et le soufre ne se ren- contrent dans une haute température, qu’il n’en résulte dépla- eement complet de l’oxygène et sulfuration du métal. Prenons donc une autre marche pour voir si nous découvrirons quelque chose de plus satifaisant sur la nature de ces produits antimo- niaux qui passent pour être des oxides sulfurés. Première ET D'HISTOIRE NATURELLE, 333 Première expérience, On tient en fonte dans une retorte de verre‘300 parties d'oxide au minimum et 100 d’antimoine pendantgqne heure. Le métal reste tranquilement au fond de l’oxide sans lui occasionner de changement : il perd à peine un centième; ceci nous apprend qe l’anti 1oine porté au degré d’oxidation , ne peut éprouver e réduction dans le rapport de ses composans. Seconde expérience. On fait fondre un mélange de 24 parties du même oxide et une de soufre ; il y a dégagement de gaz sulfureux : le résultat est un verre d’un beau rouge de rubis transparent, bien fondu, et qui peut actuellement supporter une chaleur élevée sans changer de nature. Qu’est-il arrivé dans cette expérience ? Nous avons toutes les données qui sont nécessaires pour l’éclaircir ; essayons de les appliquer. 1°. L'expérience À nous apprend qu’à une température élevée Poxide mêlé de soufre ne peut manquer de se réduire en métal, 2°. L’acide sulfureux , qu'il y a eu en effet désoxidation et réduction, 3°. Que le métal B.ne peut rien changer aux propriétés de Poxide. | 4°. Que s’il rencontre du soufre il se fera sulfure. 5°. Que ce sulfure peut soutenir une haute température sans changer d'état. 6°. Que le verre de rubis a également cette dernière pro- priété. ET Il est donc évident, d’après ces bases, que l’antimoine qu provient de la désoxidation, s’approprie une partie du soufre qui l’occasionne , et que c’est ce sulfure instantanément formé qui se dissout dans les 23 parties restantes d’oxide (je suppose que le soufre en a métallisé une), qui le colore, lui communi- que la transparence'et la propriété de soutenir sans s’altérer, une forte température : d’autres faits viendront confirmer cette théo- rie. Passons à d’autres expériences. | Troisième expérience. On fait fondre. 16 parties d’oxide et une de soufre. — Belle Tome LF. BRUMAIRE an 11. Vy 334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rubine transparente plus foncée que la première. Gaz sulfureux. . Quatrième expérience. Douze parties d’oxide, une de soufre. — Rubine opaque san- guine , \itreuse, biemfondue. Gaz sulfureux. Cinquième expérience. Huit parties d’oxide, une de soufre. — Rubine sanguine; opaque , bien fondue. Gaz sulfureux. Sixième expérience. Oxide six parties, une de soufre. — Rubine semblable , plus colorée. Gaz sulfureux. Septième expérience. Oxide quatre parties, soufre une. — Rubine égale aux pré- cédentes, mais plus obscure. Crocus métallorum. Gaz sulfureux. Huitième expérience. Oxide trois parties, soufre une. — Rubine d’un noir obscur; cassure bien vitreuse, vrai foye d’antimoine. Gaz sulfureux, Neuvième expérience. Oxide deux parties, soufre une. — Réduction complette, sulfure d’antimoine, Gaz sulfureux. Mais s’il est vrai que le soufre ait dans ces expériences deux fonctions , l’une de désoxider une partie de l’antimoine et l'au- tre de le sulfurer , et qu’ensuite le nouveau sulfure ne fasse autre chose que de se dissoudre dans l’oxide restant, il est clair que si au lieu de créer du sulfure aux dépens de l’oxide nous le Iui’offrons tout formé, il ne féra autre chose que de le dis- soudre , etalors il n’y aura ni désoxidation , ni gaz sulfureux. Dixième expérience. Oxide huit parties, sulfure d’antimoine une. Fonte facile et prompte. Rubine transparente fort belle. Point de gaz sul- fureux. At UT | ‘ Onzième expérience. Oxide trois, sulfure une. — Rubine opaque, sanguine, vi- treuse, crocus, clair. Point de gaz sulfureux. LS 1] £ TLD'HI!S MO LRE’/NATUREL LE, 535 Douzième expérience. Oxide deux, sulfure une.=— Rubine opaque, d'un rouge noir, jolüunent irisée. Vrai foye d’antimoine. Point de gaz. Treizièmé expérience. NE Pet Oxide un, sulfure deux. — Foye obscur, vitreux, bien égal. Point de gaz. 3 Ces résultats nous enseignent que les foyés, les crocus, les verres et toutes les mixtures hépatiques qui nous ont été trans- mises par l'ancienne chimie, ne sont autre chose que l’oxide au minimuin tenant en dissolution , non du soufre commemnous l’avions pensé , maïs du suifure d’antimoine en différentes pro= portions : des mélanges, en un mot, que l'on peut représenter par cette formulé : Oxide + 1 +248 + 4, etc.’de sulfure d'an- timoine, ceci sauve les oxides de ce métal du soupçon de pou- voir s’unir au soufre en toutes doses et sans égard aux immua- bles lois de la proportion. His Si nous analysons des cuivres noirs, nous y découvrons du soufre dans des rapports extrêmement variables. Le cuivre est-il susceptible de ces écarts? Non. S'il attire du soufre , c'est tou- jours dans la proportion de 28 sur 100 ;-mais1ce:sulfure peut se dissoudre dans les cuivres: Voilà l’état du soufre dans les cuivres noirs. Appliquez-leur un acide nitrique de 33 degrés , vous ne vérifierez l’existence du soufre que par celle de l’acide sulfurique ; mais si vous les traitez avec un acide de 10 à 12 degrés, vous en séparerez le sulfure bleu pourvu de ses quali- tés ordinaires. Peu de soufre introduit dans une grande quantité d’oxide, un peu de sulfure, la combinaison est transparente; voilà les verres, les rubines, etc. Plus de soufre , introduit une plus forte dose de sulfure ; voilà les crocus, les foyes, etc. Fondez 100 parties de verre d’antimoine avec 20 de soufre , vous le changez en foye. Toutes ces mixtures peuvent'soutenir une ‘haute tempéra- ture sans changer d'état, parce que le soufre qu'elles contiennent est uni à un métal et non à un oxide. Cette théorie verse encore une partie de sa lumière sur la manière d’être des métaux dans la mine d’argent rouge. Cette mine souftre une haute température sans donner du gaz sulfureux; le soufre n’y est donc pas uni à l’oxide d’anti- moine , mais à son métal. Le soufre sera combiné à l’oxide d’argent ! impossible! Il Ny2 336 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n’y a point dans la nature ni dans l’art, d'union entre le soufre et l’oxide d'argent. D'abord , la température la plus modérée les amène à l’état de sulfure : en second’ lieu, la mine rouge donne- roit du gaz sulfureux quand on la chauffe , si l’oxide étoit uni au soufre. Mais est-il possible , dira-t-on , que le surfure d’argent soit dissout dans l’oxide d’antimoine ? La nature le pent sans doute ; mais l’art ne sauroit y parvenir. L’oxide se refuse à touteunion avec l’argent pur et son sulfure. Mais si à une rubine d’anti- moine , on ajoute de la poudre d’argent, elle la dissout, et il en résulte une minéralisation vitreuse , qui est opaque en masse, etrouge quand; on la pulvérise. Sa couleur alors est au ton,de. celle dela mine rouge, qui a éprouvé la chaleur de la fonte. Si Vauquelin reprend son travail sous ces aspects , il confirmera ou tfectifiera ces apperçus. Il nous dira s’il est essentiel à l’ar- gent de s'unir au suülfure d’antimoine , pour trouver en lui un intermède d’union avec l’oxide au minimum, etc. Passons maintenant à d’autres détails sur l’oxide au minimum: Première expérience. On fond 400 parties: de :cet oxide avec 300 d’antimoine. Un tiers du métal s’oxide, se dissout, et ramène par ce moyen au minimum celui qui étoit au maximum. Ce dernier, infusible. auparavant, se fond et cristallise, avec la nuance, la parité et les apparences de l’oxide au minimum. Il décompose l'acide nitrique , dégage du gaz nitreux , etc. Séconde expérience. Cet oxide chauffé avec le régule d’arsenic, fond et donne ua verre transparent. Le métal disparoît : l'oxide descendu à son minimum, forme avec l’arsenic oxidé, un verre pareil à celui qu’on obtient eh chauffant directement l’arsenic blanc et l’oxide au minimum. Troisième expérience. Cet oxide chauffé avec un vingt-quatrième de soufre, donne du gaz sulfureux; et l’oxide abaissé au minimum, fond en masse opaque cristalline, etc. ET D'HISTOIRE NATURELLE; 337 Quatrième expérience. Oxide 16, soufre 2. Les mêmes résultats. Gaz sulfureux, fonte opaque Cristalline , ou oxide abaïssé à son minimum. On voit par ces expériences que qe différens que soient ces combustibles , leur puissance désoxidante et ses effets sur l’oxide au maximum, sont les mêmes. Cinquième expérience. Oxide 10, soufre 2. Gaz sulfureux , rubine semi-transpa- rente , bien fondue , un peu cristallisée. Tout l’oxide ramené au minimum n'ayant pas trouvé assez de sulfure à dissoudre , n’a pu perdre la propriété de cristalliser. Sixième expérience. Oxide 6, soufre 2. Gaz sulfureux, rubine transparente , belle , bien fondue, Septième expérience. Oxide ‘quatre, soufre deux. Rubine opaque, sanguine, bien fondue. Huitiéme expérience. Oxide 2, soufre 1. Rubine vitreuse noire ; vrai foye d’an- timoine , gaz sulfureux. Nenvième expérience. Oxide et soufre parties égales. Gaz sulfureux , désoxidation complette. Sulfure d’antimoine. P Essayons de mélanger le sulfure d’antimoine au lieu du soufre. Dixième expérience. Oxide 12, sulfure 1. Gaz sulfureux, oxide blanc , opaque, fondu, cristallisé. L’un et l’autre combustibles se sont trouvés dans le rapport justement nécessaire pour l’abaissement de l’oxida- tion , et rien de plus. Onzième expérience. Oxide 8, sulfure 1. Rubine opaque, bien fondue , un pew cristallisée , gaz sulfureux. 338 JOURNAIYT DE PHYSIQUE, DE ‘CHIMIE Douzième expérience Oxide 6, sulfure 1. Même résultat, gaz sulfureux. Treizième expérience. . Oxide 4, sulfure 1. Foye d’antimoine complet , gaz sulfu- reux. | Conséquences. & Nous ayons vu l’oxide au minimum dissoudre le sulfure d’an- timoine , sans essuyer de désoxidation , et sans donner par con- séquent de gaz sulfureux; mais il n’en est pas ainsi de l’oxide au maximum ; aussitôt qu'il entre en contact avec ce sulfure , il s’abaisse au minimum, et donne du gaz sulfureux. Ainsi, lorsqu'on chauffe l’oxide majeur avec du soufre ou du sulfure , le résultat est le même que si l’on eût usé d’un oxide mineur. Voilà pourquoi il n’y a aucune différence entre les crocus , les verres et les rubines formées par nos deux oxides. Les réactifs de la nature la plus opposée, appliqués au sul- fure d’antimoine, peuvent aussi causer dans cette combinaison des changemens semblables et la conduire aux mêmes résul- tats. Première expérience. On distille cent parties de sulfure d’antimoine, et autant d’a- cide sulfurique du commerce. On en obtient une rubine vitreuse, sanguine , opaque, pareille à l’une de celles désignées plus haut, du poids de 90. Séconde expérience. On distille ro0 parties de sulfure avec 200 d’acide nitrique, à 30 degrés. Il en provient une masse parfaitement semblable , qui pèse 66. Troisième expérience. On fond dans une retorte 100 parties de sulfure avec 18 de carbonate de potasse ; on arrive encore au même résultat, Une masse opaque , sanguine , bien fondue, qui ne s’humecte pas; çar l’anéantissant, on y retrouve la potasse. 1 7 Quatrième expérience. Cent parties de sulfure , et 25 de carbonate de potasse , don- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 339 nent deux produits séparés, une masse opalique vitreuse, comme les précédens , insoluble dans l’eau ; et au dessus, une couche de potasse , tenant en dissolution une partie de ce cro- cus : un hepar alkalin. Cinquième expérience. Si l’on fond 100 parties de sulfure avec 50 de carbonate, tout le foye se trouve dissout par la potasse. Conséquences. Dans les deux premières expériences , l'acide manque , etne peut oxider qu’une médiocre quantité d’antimoine. Cet oxide dissout le sulfure restant , et voilà du foye d'antimoine. Mais dans les suivantes , c’est l’eau de la potasse , l'acide car- bonique peut être , qui par leurs déconipositions, oxident une partie d’antimoine , et le mettent dans la condition de pouvoir dissoudre le reste du sulfure. Si, par exemple, on tient en fonte pendant l’espace d’une heure 100 parties d’antimoine , avec autant de potasse, on trouve le métal diminué de 9 à 10, et la potasse chargée d’oxide blanc. Du degré d'oxidation de l’'antimoine , calciné dans une écuelle de terre. : Cént livres de sulfure en contiennent 74 d’antimoine ; par une calcination soignée et poussée aussi loin que possible, on en retire 86 livres d’oxide. Ce métal, dans la supposition qu’il eût atteint seulement le minimum , auroit dû en donner au moins 92. Alors , s'il y est effectivemient, la perte d’oxide aura été dé six parties. Reconnoissons quel est à présent le degré de son oxidation. Cet oxide est d’un gris cendré. Chauffe dans une retorte, il fond en masse opaque et cristalline , comme la poudre d’al- garot. Il décompose l’acide nitrique, donne du gaz, blanchit ‘t'augmente de poids ; il est douc de l’oxide au minimum; et les calcinations ordinaires de nos laboratoires ne sont par con- Séqnent pas propres à élever l’antimoïne À une aussi haute oxi- dation que la Combustion , qui en effet l'élève À 30 sur 100, coriinie nous le voyons dans les fleurs d’antimoine. L’oxide mineur annonce une si grande disposition à cristal- liser , que même après la calcination en grand du sulfure, la poudre qu’on se propose de réduire est toujours brillante et cris- 34e JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tailine. Fondue , elle ne donne pas de verre; mais une masse opaque salie ‘par la cendre. Le fer des outils du creuset est tour jours formé de paquets cristallins entassés, C’est à cette masse , en un mot, qu'on ajoute ou du soufre ou du sulfure , et les creusets de la silice, pour en faire du verre ou du foye d’an- timoine. Lorsque nous appliquons l'acide muriatique à ces composi- tions , nous leur reprenons l’oxide et attaquons le sulfure qu'ils contiennent, C’est ce dernier qui décompose l’eau, et fournit l'hydrogène sulfuré. Une partie de ce gaz est ensuite saisie dans son passage par l’oxide ; auquel il donne le caractère de kermès ou de soufre doré; mais il ne faut pas perdre de vue, que ni le kermès , ni le gaz qui le coloroit , n’existoient préa- Jablement dans ces composés vitreux. Le kermès exposé à une forte température, se change en foye d’antimoine. Dans ce foye , nous trouvons du sulfure ; maïs non de l’hydrogène sul- furé. Les autres métaux nous offrent peu de compositions analo- gues à celles de l’antimoine ; nous ne connoissons point d’oxides qui puissent dissoudre ou se teindre par des sulfures , si ce n’est peut-être celui de l’arsenic , qui mérite d’être examiné sous ce nouyeau rapport. Son oxide , traité avec le soufre, revient complettement à l’état métallique , et donne un sulfure transparent, qui n’est pas, comme nous l'avons mal à propos inféré, de cette qualité , un oxide sulfuré, mais un vrai sulfure métallique. C’est éga- lement la transparence qui a entretenu parmi nous l’erreur de prendre le cinabre et la blende pour des oxides sulfurés. Si je ne craïgnois pas de m’écarter trop de notre objet , je pourrois prouver dès ce moment, que le zinc est à l’état métallique dans ses sulfures. Je m’en occuperai dans un autre occasion. Action des oxides d’antimoine sur l’hydrosulfure de potasse. Puisque nous possédons deux oxides, il faut reconnoître séparément leur manière de se comporter avec ce réactif. On jette un peu d’oxide au minimum en poudre dans un flacon à moitié rempli, avec fort peu d’hydrosulfure, et beau- coup d’eau. On agite : il y a dégagement de chaleur. L’oxide dans peu d’instant passe au jaune; puis à la coaleur de kermès le plus complet. Ce flacon est à peine en repos quelques se- condes, que toute sa liqueur se prend comme un caillé de sang. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 341 sang. Si on le rompt par l’agitation , il se reforme presque au même instant et aussi souvent qu'on le veut. Cette congélation n’est pas difficile À expliquer. L'oxide en s’unissant à l'hydrogène sulfuré, forme un composé aussi vo- lumineux que léger, qui épaisit l'eau et diminue sa liquidité. Afin d’avoir ce kermès , on jette tout sur le filtre, pour s’oc- cuper de la liqueur qui passe. Elle a d’abord une odeur parti- culière, qui tient du bitume, ainsi que toutes les décoctions par lesquelles on prépare le kermès. Les acides en précipitent du soufre doré, mais sans accompagnement d’odeur, ce qui doit être remarqué. Dans tout ceci , l’on voit assez clairement que l'oxide a dé- compose l’hydrosulfure de potasse ; il s’est converti en kermès par son union avec l'hydrogène sulfuré, tandis que la potasse de son côté , ne retient plus qu’une fort petite quantité d’oxide hydrosulfuré ou de kermès. Mais cette potasse, avant d'être précipitée par son acide, a quelques propriétés qui méritent de nous arrêter un instant. Si l’oxide qu'on a jeté dans le flacon s’est trouvé dans une dose suffisante pour s'approprier tout l’hÿdrogène sulfuré de la potasse, elle n’est plus propre à teindre de nouvel oxide ou former de nouveau kermès. Et la raison en est clair: elle ne contient plus d'hydrogène sulfuré : ce qu’elle retient en dissolu- tion se réduit à de l’oxide hydrosulfuré seulement. Voilà pour- quoi l'acide qu’on emploie à précipiter ce reste de kermès , n'oc- casionne aucun développement d'hydrogène ou de mauvaise odeur. De nouvel oxide jeté dans cette liqueur, y reste blanc. Mais ces faits nous mènent à une conséquence qui pourra de- venir utile, lorsqu’un jour, on aura trouvé quelques méthodes simples et peu dispendieuses de préparer le kermès , en mê- lant l’oxide aux hydrosulfures alkalins. La voici : Tous les jours dans nos laboratoirs ou nos lecons, nous je- tons un acide dans une liqüeur qui a donné son kermès, pour en séparer ensuite le soufre doré. Cette précipitation est tou- jours accompagnée d’un dégagèment considérable de gaz infec- tant. Il y a donc dans cette liqueur , outre du soufre doré , une certaine quantité d’hydrosulfure de potasse , qui pourroit s'em- ployer à former de nouveau kermès. J'ai déja dit que le soufre doré étoit du kermès avec une addition de soufre proportionnée aux hépars qui sont contenus dans les liqueurs; mais je con- fesse que je n’en demeure pas convaincu. Le kermès préparé par les expériences que je viens d’exposer , est une combinaison Tome LV: BRUMAIRE an 11. X + 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE uniforme et constante. Sa base n’a qu’un même degré d’oxida- tion. Cependant les expériences qui suivent vont nous méttre sous les yeux des soufres dorés tirés de ce kermès, et dont les nuances éclaircies ne s’expliqueront pas aisément par des excès de soufre, ou des écarts dans le degré de leur oxidation. On fait chauffer de la potasse un peu concentrée , ou bien on la triture avec le kermès. Le kermès passe à l’instant au jaune , et n'existe plus. En sa place , on trouve une poudre jaune qu’il convient de bien laver, et une liqueur qui a la propriété de donner avec les acides , du soufre doré, et point de mauvaise odeur. Quant à la poudre , si on lui applique l'acide muriati- que , il en dissout la plus grande partie; mais un reste d’hy- drogène sulfuré , celui qui sans doute la teignoit en jaune, se retranche sur une plus petite quantité d’oxide , et se sépare en- core en soufre doré. - Dans tout ceci, les oxidations n’ont pas changé. Kermès et soufre doré portent les mêmes bases. Des excès de soufre , nous n'en voyons nulle part. Le kermès s’est seulement décomposé en deux parties : l’une qui paroît être moins hydrosulfurée que le kermès ; c’est notre soufre doré, et l’autre quisl’est moins encore que le soufre doré ; c’est la poudre jaune que nous venons de former. L’hydrogène sulfuré est un acide, Les découvertes de Bertollet ne permettent plus d'en douter. Bien des oxides s'unissent aux acides dans plusieurs proportions distinctes, mais constantes. L’oxide d’antimoine au minimum , en s’unissant à l’acide hydro- sulfuré, pourroit bien se ranger sous la même loi. Le kermès est une combinaison assez solide | comme nous le fait voir la lenteur avec laquelle il cède aux réactions de l’acide marin. Mais sa décomposition ne s'achève point sans donner le spectacle d’un fait curieux. Le concours de diverses forces ainène Jes échanges suivantes. L'hydrogène laisse là le soufre pour attirer l’oxygène de l’antimonfe et en faire de l’eau. L’an- timoine rappellé par ce moyen à l'état métallique, s'empare du soufre et se fait sulfure. Voilà pourquoi le kermès , traité avec cet acide, se change en une poudre noire pesante, qui n'est plus que du sulfure , et pourquoi lon sépare si,peu d’hydro- gène sulfuré d’une’combinaison qui en contient autant. C’est- à-dire , que lon commence par attaquer du kermès, et l’on finit par dissoudre du sulfure d’antimoine. Le sonfre doré , le kermès ordinaire, donnent aussi la poudre noire , etc. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 343 Enfin , l’oxide au minimum dissout dans l’hydrosulfure de potasse , teint la soie, la laine, les doigts, etc. De lhydrosulfure de potasse sur les oxides au maximum. Ces oxides , comme sont les fleurs d’antimoine, ceux qu’on prépare avec l'acide nitrique et le nitrate de potasse, l'oxide natif de tomaraca , etc. , jettés dans l’hydrosulfure, n’y chan- gent pas de couleur. A la longue, ils se rembrunmissent dans quelques points ; mais sans passer au-delà. Aidés par la chaleur , et dans une liqueur plus forte , ils s’y dissolvent en assez petite quantité ; donnent une liqueur un peu verdâtre , qui ne teint nilasoie, niles doigts, et qui n’a dans ses qualités rien de comparable aux dissolutions du kermès. Les acides appliqués à cette dissolution, en précipitent un soufre doré, qui ne diffère pas pour la nuance de tous ceux que nous avons cité. Sa couleur, qui est toujours le signe d’u- nion entre l’hydrogène et les oxides au minimum, nous avertit que l'hydrogène # pu, dans l’acte même de la précipitation, abaïsser le titre de l’oxide , circonstance sans laquelle le soufre doré n’auroit pu se faire, tandis que simplement dissout dans V’alkali, l’oxide au maximum ne peut ni lui ravir l’hydrogène sulfuré , ni changer d'état. ù En continuant de se représenter l'hydrogène sulfuré comme un acide, il ne faut pas s'étonner du peu d'attraction que l’oxide au maximum déclare pour cet acide: L’antimoine ne fait en cela que suivre la loi du fer, du manganaise, de l’étain, du plomb , ou des métaux qui trouvent dans le maximum de leur oxidation , un obstacle à l’union avec les acides. Conséquences générales. Nous avons deux oxides d’antimoine , l’un à 23, l’autre à 30 sur 100. Le premier est très-fusible , opaque, cristallin , sans transparence. Il est la base des combinaisons salines ordinaires de ce métal, comme sont le tartre stibié, les muriates avec maximum Ou minimum d’acide, Le second ne se prête pas facilement aux mêmes uniôns, il suit la loi de plusieurs métaux quand ils sont élevés à leur plus haute oxidation. Ÿ La calcination n’élève point l’antimoine à son maximum ; maïs on obtient ce degré par la combustion dans l’air , dans l'acide Xx2 344 JOURNAL DPF PHYSIQUE, DE CHIMIE nitrique , le nitrate, etc. Je crois même que l’antimoine brülé dans le gaz muriatique oxygéné, n’y arrive pas. ‘ L’antimoine , à son minimum , ne peut s'élever au-dessus de ce degré, sans atteindre le maximum , ni s’abaisser au-dessous sans atteindre sa réduction. | La nature nous présente quelquefois l’antimoine élevé à sa plus haute oxidation. Les oxides au minimum et au maximum ne sont capables d'aucune union avec le soufre. Les premiers peuvent dissoudre du sulfure de leur métal, et tirer de cette union les qualités vi- treuses , hépatiques , que nous trouvons dans ces composés qui nous ayoient parus jusqu’à ce jour être des oxides sulfurés. Les oxides au maximum peuvent aussi nous fournir ces composés ; mais il faut pour cela que leur oxidation s’abaisse au niveau de celle du précédent. Dans la mine d’argent rouge, le soufre n’est point uni à des oxides, mais à des métaux: Le sulfure d’argent ne peut se dis- soudre dans l’oxide au minimum, que par l'entremise du sulfure d'antimoine. : L’oxide au minimum peut s'unir à l’hydrogène sulfuré, et nous donner deux composés , qui sont le kermès et le soufre doré. Le premier assez bien connu à le second peu ou point, en ce que nous ne savons pas nettement d’où il tire sa différence avec le kermès, L’oxide au maximum est incapable de ces deux dernières unions. R LB ED eEE DU PROFESSEUR PROUST A J:-C. DELAMETHERIE, Sur l’oxide d’azote respire: P Je crois vous avoir écrit, docteur, que je me proposois de respirer l’oxide d’azotte , pour prendre part à cette riante ivresse, que les chimistes anglais nous ont annoncé. Mes apprêts étoient en bon état; de vastes vessies bien souples , avec des robinets qui n’exposassent pas mes poumons au travail de soutirer , au lieu de respirer ayec aisance. ET D'HISTOIRE NATURELL%. 315 J'avois eu soin , par exemple, de ne prendre du gaz que cette partie qui laisse une impression suivie dans le gosier. Dispos , enfin , assis dans mon fauteuil , et plein de confiance, mais pourtant sous les yeux d'une personne qui pût me dire si Les changemens qu’elle auroit apperçu s'annonçoient en moi par des signes d’extase ou des grimaces ; je me mis à respirer large- ment , après avoir évalué d’abord l'air de mes poumons; mais, où suis-je ? Le trouble de ma vue, un étourdissement qüi crois- soit, l'anxiété , les objets doubles, la défaillance enfin, termina l'expérience. C’en étoit assez. Je me sentoïis encore si éloigné de cette douce hilarité qui devoit en être la récompense , que la persévérance me manqua tout-à-fait. * Moins confiant, cependant , dans ma propre expérience, que dans le récit de personnes aussi recommandables que celles qui ont éprouvé les effets de cette inspiration , j'ai répété les épreuves ; mais comme les résultats en ont été les mêmes, avec plus ou moins d'intensité, jy ai renoncé. J'ai dit que j’avois mis à part les premières parties du gaz. Voici, pourqu@# Impatient d’arriver à la connoissance de ses effets, j'inspirai par le robinet de la cloche, les 12 à 18 pre- miers pouces d'une dissolution de nitrate placée au feu de lampe ; mais l'impression extrêmement vive, presque suffo- quante , et comparable sur-tout à celle d’une moutarde forte , qu'ils me laissèrent dans les narines , la gorge et les poumons , me détournèrent de continuer , parce que je crus que je n’au: roïs pu le faire sans risques. Ces premières portions de gaz séparées, on l’éprouve de la même manière ; mais avec plus de ménagement, et pour le goû- ter seulement. S'il coñtinue d’avoir ce caractère, on le retire de la cloche , en s’en remplissant la beuche. On en est quitte pour des larmes ; et enfin quand il se montre sucré, on le recueille our le destiner aux expériences. À chaque distillation que j'ai eu lieu de faire du nitrate d’am- moniaque , j'ai toujours obtenu les premières parties du gaz données des qualités ci-dessus. Ce n’est pas du gaz nitreux ; il mérite d’être examiné. 346 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE een onenr, nsc name con arRaPar ren At Dr TO DU C. TRAULLÉ, membre de la Société d'émulation 4 d'Abbeville, AU. C DELAMÉTHERIE. Nous venons d’être témoins cette année dans l’arrondissement d’Abbeville , d’un fait rare , mais dont les circoustances méri- tent d’être décrites. Des sources se sont montrées subitement et avec abondance, et ont paru dans des points où elles ont déja paru à des époques éloignées, il y a quarante ou cinquante ans. Ces sources ont occupé les vallées sèches Où ravins , d’où partent de petites rivières qui se jettent dans la Somme, et d’autres ,ravins dans lesquels il paroît qu’il a existé autrefois de petites rivières , qui aujourd’hui sont comblées. Ces sources se sont montrées , 1°. dans le ravin dans lequel est établi la ri- vière de Longpré, au sud de la Somme ; 2°. dans celui dans lequel est établi la rivière de Trie, près St:-Valery , au sud de la Somme ; 3°. dans le ravin dans lequel est établi la rivière de Vismes , qui déverse dans la Bresle , au sud de la Somme ; 4°. dans le ravin dans lequel existoit autrefois une petite rivière aujourd’hui comblée , et qui prenant sa source à Nibal, venoit se jeter dans la baie de la Somme 3 5°. Dansle ravin dans lequel est établi la rivière dite de Bonnelle , au nord de la Somme. Les quatre premières sources fournissoient une quantité d’eau très-considérable, et formoient rivière. La dernière qui partoit de la forêt de Crécy, donnoit très-peu d’eau, et elle n’alloit pas jusqu’à la mer. Dans le ravin de Longpré , les sources s’é- toient élevées de beaucoup dans les plaines, venoient se joindre à Allery, à la source actuelle et ordinaire de la rivière qu’elles grossissoient singulièrement. Les eaux , au lieu de partir de la source ordinaire d’Allery, partoient d'une lieue et demie plus haut environ, et d’un point qui métoit pas éloigné de Oise- mont ; c’est à-dire, du plus haut point des plaines du Vimeu; la hauteur de cette source au-dessus du niveau de la mer ET D'HISTOIRE NATURELLE, 347 pouvoit être de trois cents pieds, peut-être plus, et de deux cents pieds au-dessus de la source d’Allery , plus ou moïus. La source d’Oisemont n'étoit pas la seule qui portât dans la rivière de Longpré, car comme après Allery , le ravin de la rivière de Longpré forme patte d'oie à mesure qu'il monte dans la plaine , et se ramifie en neuf branches, il partoit des sources de présque toutes ces diverses branches ; dans une de ces bran- ches, il existe un village nommé Fontaines-Leseques ou Le- secq , nom qui peut lui avoir été donné parce que les fontaines ou les sources qui en sont voisines sont intermittentes. Je tiens des gens du pays que j'ai interrogé, que la source de la rivière de Longpré, qui se montre dans lessannées ordinaires à Allery , tarit dans les grandes sécheresses , et que l’eau ne se montre plus qu'à un quart de lieue plus bas, au village de Dreuil. 20, Les sources de la rivière de Trie, au lieu de partir des environs de Chaussoy , partoient de trois quarts de lieue plus haut, des environs de Hodêne , et au-dessus de ce village. 3°. Celles de la rivière de Visme , au lieu de partir des envi- rons de Vis et Frettemeule, partoient de Martaigneville , une demi-licue plus haut que celles d’aujourd’hui. 4°. Dans le long ravin qui, traversant le Vimeu , porte sur la rivière d’Amboise , embouchure de la Somme, partie sud, passant par le village de,Inbat, il paroît qu’il a existé autre- fois une petite rivière : la source en est tarie depuis de longues années, On doit-attribuer cet accident à la chute dans ce ravin des terres et sables, que les pluies et les dégels charient. C’est la même cause qui recule toujours vers leurs embouchures les sources des rivières. Cette année , la rivière a reparu , et a porté sa source a deux lieues du point où elle se jettoit dans celle d’Amboise. 5°. La rivière de Bonnelle prenoït autrefois sa source au-des- sus de Nouvion. Son ravin ousa vallée monte dans la forêt de Crécy, et fait patte d’oie après Nouvion. Des diverses extré- mités de la patte d'oie , il est parti des sources ; mais ce qui pa- roîtra surprenant à ceux qui croient que les grands bois entre- tiennent les grandes sources ; c’est qu'il n’est presque pas sorti d’eau de la forêt, tandis que des plaines dégagées de bois, il est sorti par les sources intermittentes dont nous venons de parler , des quantités d’eau considérables, Plus bas que la forêt, à Nouvion, dans les mêmes ravins , il se montroit d’aütres sources ;# mais elles fournissoient si peu qu’elles n’avoient pas la force de surmonter la chaussée de Montreuil à Abbeville ; elles 548 JOURNAL'DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s’arrêtoient dans une place où elles faisoient mare, comme celles de la forêt. Toutes ces sources sé sont montrées cette année après Ja fonte des neiges, et dans quelques parties sept jours après, cette fonte n’avoit pas été subite, elle n’avoit pas causé d’inon- dations, la terre n’étoit pas gelée, l’eau des neiges s’etoit par- tout imbibée avec une très-grande facilité ; c’est À cette cause qui a été la même , tant pour le sud comme pour le nord de la Somme , pour les plaines de Vimeu, comme pour la forêt de Crécy, que j'attribue l'apparition de ces fontaines; et si, dans le nord de la Somme , dans la partie de la forêt de Crécy , les sources n’ont point été aussi considérable que dans le pays du sud, où il y a peu de boïs, je crois qu’on peut en attribuer la cause à l'existence de cette même forêt, dont les milliers d’ar- bres qui la composent ont pompé sur-le-champ et absorbé par leurs racines cette eau surabondante. J'ai remarqué dans la vallée de Somme, vers Abbeville, qu'il y a eu inondation sept jours après le dégel, au moment même où les sources ont paru dans les plaines; cette inonda- tion est arrivée trois jours après l’époque où arrivent les inon- dations causées par les dégels subits. Elle coïncida avec la marée ; j'estime que sans cet accident , les eaux auroïent eu un écoule- ment plus aisé , et qu'elles n’auroient pas couvert comme elles l'ont fait les marais de St.-Gilles ;: Desplanches, Dépagnette, Mareuil , etc. , près Abbeville. Cette inondation m’a paru causée par la surabondance d’eau , qu'ont versé dans la vallée les sources qui scnt immédiatement attachées au corps de la vallée, et au corps des rivières de Noyearve, Miraumont , etc., qui for- moient les branches principales de la Somme. Le g thermidor , les sources n'étoïent pas encore taries ; mais elles se rapprochoient toujours de la source principale de la vallée à laquelle elles appartenoïent, en descendoient de jour en jour vers ces sources; c'est-à-dire, vers les vallées, quit- tant les stations élevées pour en prendre de plus basses. L'année dernière , les sources de la forêt de Crécy se sont montrées dans le ravin de Bonelle et dans la forêt de Crécy, elles y ont paru en mars; en 1802, an 10, elles y ont paru en janvier ; mais l’année dernière , les sources de la plaine , celles du Vimeu ne se sont pas montrées. En 1800, an 8, j'ai fait cette observation , que le vent d'ouest a régné pendant une grande partie de l'été et du prin- temps ; qu’il a rapporté dans nos parages beaucoup d'humidité ; que ET D'HISTOIRE NATURELLE, 349 que gette humidité, quoiqu'il ne se formât ni pluies, ni orages, le ciel étant toujours serein, entretenoit les plantes dans une perpétuelle verdure. « , Les vapeurs qu’apportoit avec lui ce vent qui passoit sur l'Océan, ne causoient de pluie qu'à douze ou quinze licues d'Abbeville et dans le sud ; tous les jours, ou souvent , on voyoit l’extrême horison dans le sud garni de nuages, et on appercevoit qu’il y pleuvoit beaucoup. Dans cette année, nous éprouvâmes à Abbeville quelques orages ; mais ce que jamais je n’ai observé, si ce n’est depuis trois ans , c’est que les orages occupoient dans l'atmosphère une station extrêmement élevée ; en un instant , l'orage arrivoit, en un instant il étoit passé. Le bruit du tonnerre éioit moitié moindre que celui que nous en- tendions dans les orages ordinaires ; on mesuroit des yeux prestue toute l'étendue du nuage qui l’apportoit ; ensorte qu’on auroit cru que le nuage étoit d’un tiers plus haut que ceux des orages ordinaires, Depuis trois ans, cette constitution dure. Les orages de 1800, 1801, 1802 , jusqu’aujourd’hui, ont été tou- jours attirés par la forêt de Crécy, dont j'ai parlé ; ils ont tou- jours versé beaucoup d’eau dans cette forêt. Enfin, parmi les maladies qui ont régné dans le cours de ces trois années à Abbeville, on a distingué le mal de gorge san- greneux , décrit par Marteau , médecin d'Amiens ; il dure en- core. Pendant cette année 1802, beaucoup de fièvres se sont montrées en même temps , et règnent encore à Abbeville, pen- dant le mois actuel, LI Tome LF. BRUMAIRE an 11. à à : 350 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHIMIE RAS U LIT A ES Des observations météorologiques faites à Paris et à Montmo- renci, pendant les constitutions lunaires* boréales ét australes de l’an 10; Par L. Corre, membre de plusieurs sociétés savantes. : Le cit. Lamarck ayant témoigné le desir qu'il avoit de voir adopter par les métécrologictes le plan d’observations et le mo- dèle des tableaux qu'il avoit pronosé , relativement à l’influence qu’il attribue aux constitutions lunaires boréales et australes sur la température, C’est pour entrer dans ses vues que je publie sous la f:rme demandee, les résultats de mes observations faites pendant les 27 constitutions lunaires qui ont eu lieu dans le cours de l'an 10 ( 22 septembre 1891, 25 septembre 1802). Les ob- scryations ont été faites trois fois par jour à Paris où à Mont- morenci, ainsi le rombre des observations du baromètre pour chaque constitution est de 29 ou 42 ou 45 , selon que ls consii- tutions avoient 13 ou 14 ou 15 jours de durée : il en est de même des observations du thermomètre, du vent, etc. L'élévation moyenne du baromètre conclue d’un grand nom- bre d'années d'observations , est à Montmorenci de 27 ppuces 10,20 lignes ; et à Paris, rue de la Vieille-Estrapade , où j'ob- serve pendant l'hiver , d'environ 28 pouces. Les résultats de mes observations pour chaque constitution , ou pour la totalité des constitutions lunaires , soit boréales, soit australes de l’année, se présentent d'eux-mêmes aux yeux du lecteur dans mes tableaux. Je souhaite que le cit. Lamarck les trouve conforme à la partie de sa théorie qu'il nous a déja fait connoître, et à celle dont il se réserve le secret. ( Annuaire métécrologique pour d’an 11, page 6). N. B. Le cit: Bouvard a observé la déclinaison de l'aiguille aimantée , à l'Observatoire avec la boussole armée d’un cercle entier , placée sur la colonne de pierre au bout de la terrasse ; il l’a trouvée de 22° 3/ occid. le 12 floréal an ro ( 2 mai 1802), et de 21° 45/ occid., par quatre observations d'accord entre elles le 3 messidor (22 juin) à 7 “heures du soir, par un tems çcou- vert et caïme. ADN OIN S AU S TR À LES. nel Moy:. du bar. RMOMÈTRE. BAROMÈTRE. a Vents M, a élév. élév. à CONS in. | Med. | Max Mi Med au- | au- | Sominens Min. ed. . in. one les £ 5 cape Dep. Deg. 1 L.|P, L:|P; L.f nomb. | nomb,. E9 27 VER 60 | 11,4 8. 1,21 27. 4,65 27. 8,854 10 2 S-O. É 25 brum 16 66 3,07 2 36 4 Te 21 “A N-EeE 27.11,00 |26.11,85 6,28 3 36 À 5-0. : 3. 1,17 27. 3,35 9,61 6 29 A N-EectN. E 790 10,82 28. 3,04] 35 3 À 5-0. 2,00 5,93 |27.10,04À 14 24 ÊNOet N-E 5,60 9,00 |28.1, 884 30 II S-O et N-E > 4,00 5,80 1,430 32 7 N\. 0,73 9,38 |27-10,99! 33 g D NT. 2,10 9,23 |28. 0,04] 34 5 fOe«uN-E 0,99 9,28 [27<11,21À 34 5 oO. 254 9,45 |28. 0,07 35 4 S-Oet N-E. 0,94 7:02|27.10,36À 19 23 S-OetNE. vuuy,. nuag. CONS: 27 vende 25 brum 22 frim. 64 Douce , humide. , JU Ass. douce, humide. oË Ass. douce, hnmide. . .l. - - - & Froide, ass. humide. , Ass. douce, sèche. . +. + + À Douce, humide, . «. . -+ . À Ass. douce, ass. sèch. 2 . .« + «à Douce, sèche. im UrON D E- ON CG = NN] C0 . . D'UVNI = = ON . . . o. 0, of Froide , sèche. o. 3,108 Chaude, sèche. SN) o. 6, 6À Variable. 2 o. 1, OÙ Tre&ch., très-sèche. 26 fruct. PRE 4 . 3, 3] Variable. Qx Us CO On © O0 Co CoE- D NI & Os . Qo Ut © OO DIU m rues | 0,45R8. 7,50 |26.11,85 [27.11,06 * 306 208 À NEeS-O. PRE Ses DES JOURS Quantité mere AE de TEMPÉRATURE. 5 compl. a | #3 je Résult. dd )I 64 | 61 3 5 Qt S cn +. 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EP L.IP L.IP L. nomb, nomb. à : (5 compl. an 1x—13 vend. an x. 750 | 12,4 28. 2,61 |27. 8,00 27.115341] 23 9 À Oets-O £) 27 vendém, — 10 brum... 2,9 8,1 3,00 4,50 10,76 22 20 S-0. £ | 25 brum. — 6 frun.... 0,2 4,0 2,82 |26.10,15 7149 6 36 ROetS-O. % ; 22 frim. — Gniv..... —3,0 2,0 4,49 |27. 4,42 9,23 6 39 NétO. 19 niv. — 3pluv.... -11,0 |—1,2 6,45 4,40 11,72Û 22 23 : 3 17 — 30 pluv... —1,2 2,0 3,00 4,30 9,03 4 38 À NetN-E Ë 14 — 27 vent. —2,0 3,0 5,00 8,00 |28. 1,439 30 12 NEetN CR | 12 — 25germ... 1,0 8,2 4,70 9:99 1,02 26 17 NO. - 9 — 21 flor.... 5,0 | 11,4 1,08 9,48 |27.11,588 34 4 NE ë 6 — 19 prair.…. 10,2 1439 0,09 6,72 9,407 16 26 E et S-O. g 3 — 16 messid. 757 12,9 1,56 6,80 10,14) 20 22 O etS-O. ê 1 — 14therm.. 9,2 15,0 2,16 7542 11,098 28 13 O et S-0O. :| 28 therm. — 11 fruct... 9,8 | 176 Siar 9,09 |28. o,o1 37 4 D NEets-O £( 26 fruct. — 4vend.xi. 5,8 143 2,47 11,00 0,32] 39 o N-E. EAN Il RSR PH SE, ER re Résult. des 14 constitutions.. À 26,2 |- 11,0 8,83 128. 6,45 l26%10,15 27. 10,958 323 263 ÉS-OetN-0O | ÉPOQUES NonMBRreE DES souURSs Quantité | DES Pt de TEMPÉRATURE. > | wls|S|s|s|s | 4 CONSTITUTIONS. 5 SUIS = | © 8 | 8 E pluie. CEA VE 0 Mir CS CN TE P L. $ 5 compl. an 1x—13 vend.an x MONET] EN PO en] 6 01 ONG: 10 0. 7, 1] Douce, humide. 27 VE AEHRS — 10 brum.... A ETS | I EE ON ret|| 0 0. 9 4 Ass. douce, humide. 5. brume A8 frimes.ee e] 6 GPA ONE ET 5 |. 2.10, 6 À Ass, froide , humide. 2 frim. — 6 niv...... 10 PS) MORGAN 1NPRONIES +. + | Froide, humide. 19 mivs — 3 pluv..... DNA A 2h |NN7I|Le + + + «| Froide, assez sèche. 17 — 30 pluv... 7 7 5 DRE | EE 8 |. .H. . . . | Ass. froide, humide. | 14 — 27 vent..... 1 4 NO EU 0 2 |. .h. . + . | Froide, sèche. | 12 — 25 germ 3 7 5 2 2 1 1 11... .) Variable. | QU aitior...r.. 1 6 3 s +[ 9|:..| 230. 3, 3] Ass. douce, sèche. 6 — 19 prair. 1 | 13 | 10 ES AIMER ES 4Ÿ 1. 5, 81 Chaude, humide. | 3 — 16 messid... 2 8 Ares 1 ) [lon 1 À 1. o,10f Assez froide, sèche. 1 — 14 therm 1 12 4 se JAUNE, 1 Do. 5, où Ass. chaude, sèche. 28 therm. — 11 fruct..... 2 5 ES: | à 1 On à 3 Ro. 5,7 Très-ch., très-sech. {| 26 fruct. — 3 vend.xr 2 1 I 0 . 3 Moro lo . «h dem. | késult. des 14 constitutions * 56 go | 71 14 4 | 62 | 13 | 13 ? 7.11, 3A Assez froide, sèche. | Paris. Montmorenci. CONSTTTUTIONS AUS TA LI RE ÉPO QUES TuERMoNÈTRE. Baromèree. Moy:. du bar. VeENTs D £E 8 ee, Dre eme } élév. domi : CONSTITUTIONS. À Max. | Min. | Med. | Max. | Min. ME dE FA ARTE NES dessus.|dessous Il Deg. | Des. | Deg. NP. L.|P. L.|P. L.f nomb. | nomb, 14 — 26 vend...} 17,0 6,0 | 11,4 M8. 1,21 27. 4,65 27. 8,854 10 29 À S-O 11 — 24 brum..h 19,6 1,0 ,6 3,07 2,36 10,03] 21 20 D N-EctE. 9 — 21 frim...) 10,2 0,7 5,5 À27.11,00 26. 11,85 6,28 3 36 À 5-0. 7 = 180niv....) 70 7,0 —0,7 25. 1,17 27. 3,35 9,61 6 29 N-E ct N. 4 — 16 pluv...N 7,8 |—2.5 2, 7390 10,82 |28. 3,04] 35 3 | S-0. 1 — 13 vent...f 10,7 |—1,0 6,3 2,00 5,93 |27.10,048 14 24 DNOet N-E 28 vent. — 11 germ..) 15,6 |—o,2 730 5,60 9,00 |28.1, 884 30 11 | SOctN-E 26 germ. — 8 flor....f 18,5 4,0 9,8 4,00 5,80 1,430 32 7 D N. 22 ilor. — 5 prair...l 22,4 3,207, 0,73 9,33 [27.10,9ÿ] 33 g NE. 20 prair. — 2 messid.f 0,0 9,0 | 14,4 2,10 9,23 |28. 0,04] 34 5 O et N-E. 17 — 30 messid.Ë 21,0 754 13,6 0,95 9,28 |27+11,21 34 8 0. 15 — 27 therm..l 27,6 |-13,2 | 19,1 2,4 9,48 |28. 0,07 À 35 4 S-Oet N-E. 12 — 25 fruct...N 24,7 | 8,4 | 10,0 0,94 7:02 |27.10,364 19 23 À S-OetNE. Résult. des 13 constinutions.. 8 27,6 |—7,0 9:45 828. 7,50 [26.11,85|27.11,06* 306 | 208 À N-EetS-O. EPOQUES NOMBRE DES 1OuRS Quantité DES Re En de TEMPÉRATURE, 5 k : ; : F Il É APE ONE RASE ER CONSTITUTIONS SE l4le)e)S Ê ER 2 5 L. 14 — 26 vend, .Ù 2 | 5 6 8 3 2 |. . 3. 6, 61 Douce, humide. 11 — 24 brum..f : 9 4 7 a 0 4 58 |. . RE 0,84 9:97 1,50 1,50 | 0,38 |0,45 16,67 |0,03 Se 3 0,71 Je réunis dans la table suivante les observations faites à Paris, à l'Observatoire national, par M. Bouvard, et à l’Ob- servatoire de la marine, hôtel Cluny, rue des Mathurins, par M. Messier; À Saintes près Bruxelles, par M. Poederlé ; à Septfontaines près Calais , par M. Blanquart-Sepifontaines ; c’ess un des points les plus septentrionaux de la France. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35e OPSERVATIONS FAITES EN DIFFÉRENS LIEUX. Maximum de la chaleur: Jours du m: TPLRYS SRE Ë k Lc n PO | pris [6 $ € Observations détachées. ther-|_ , Observ. PE) mid. [août |Observ.| ela |Bruxelk | © an x, ['802.| nation. | hirine, a Deg. | Deg. | Des. | Deg e : 16 4 | 22,5 | 23,5 21,2 21,1 Saintes . Vents, E-NE , S-O$ 27 | 5:11 245 |123,5 | 22,9, |. 28,0 et O-S-O. Fax. des barom.|$ 18 | 61] 26,7 | 27,3 | 25,7 23,6 28 p: 4 lg. le 15 août. Min. | 19 | 17 | 25,6 | 27,3 | 24,2 2459 27 p- 10,3 lig. le 24. E 20 | 8 | 29,1 | 3o,r 25,2 24,8 | Septfontaines. Vents, S-E et|4 21 9 | 28,2 | 29,6 28,2 25,7 S-0. Max. du bar. 28 p. 6,0 | 22 | 10 | 26,8 | 26,3 26,2 25,8 1. les 24-27 août. Afin. 27 p. |A 23 | 41 | 21,8 | 23,0 21,2 #25 11,9 bg. lé 7 sept. à 24 | 12 | 21,5 | 21,5 19,5 22,4 | Basse- Autriche. Therm. 29,5 |4 25 | 13 | 20,3 | 20,7 | 20,2 | 2,0 deg. les 10 el 11 août. à 26 | 14 | 22,44 | 23,0 21,5 21,8 Francfort. Ther. 29,7 deg. les|i 27| 15 | 21,5 121,6 19,7 20,5 10 el 23 août. + 28 | 16 | 22,8 | 25,0 20,5 2134 Vienne, Autriche. 30 d. le 23 29 | 17 | 20,5 | 21,1 20,2 22,1 août, tempsfr. et hum. le 26.|$ 30 | 18 | 24,2 | 28,4 | 25,5 20,3 | Forét Noire, vers le 10 août, |k fruct. therm. à zéro, neige. É 119 | 21,8 | 25,4 | 23,5 19,8 Nice. Th. à ombre, presque|k 2.| 20 | 23,0 | 25,0 |! 23,5 | 19,9 toujours entre 24etz7d. |E 3 | 21 | 22,2 | 22,6 22,5 20,0 Turin; idem entre 27 et 28 d.|Ë 4 | 22 |"246 |'24,5 | 23,7 20,2 Italie, \emp. chaude et sèche.|f 5 | 23 | 26,5 | 25,5 | 28,0 23,5 Turquie, ch. etséch. excessiv. |Ë (APE AIROSREE 23,0 | 25,2 | 24,8 | Lemwig en Intland, la nuit du |À 7 | 25 |.....,| 18,8 |..... +| 32,5 9 au 10 août orage ter., grèle | SAIN2 6400 22,6 très-grosse , bruit dans l’air. 9 | 27 17,0 16,4 15,5 21,9 Dépar. de Lot-et-Garonne 4°. |}? 10 | 28 | 17,8 | 18,8 | 19,6 arrond. La nuit du 10 au 11|} 11 | 29 | 20,2 | 18,8 |......| 20,4 août orage affr., déluge d’eau. r21IbAon]|#23,2 01125500 -| 20,7 |Cahorsy août,dét. ter. et subite. |} 1911918 )N25/0M 20 20,4 | Caylus,7 août trembl. de terre. || sept, Côtes d’Angl., 10 août agitat. 14 1 | 23,0 | 21,5 . 19,8 singul. des eaux de la mer. 15 2 | 24,5 | 26,3 |...... 19,6 Strasbourg , les 12,13,14,15 et | 16 3 | 21,6 | 22,6 |......| 20,8 27 août trembl. de terre. : u7 & | 23,7 | 23,5 |...... 197 | La Rochelle,17aoûttr. de terre. |f 18 5 | 22,0 |......,...... 17»4 | Berne,18et 19 août tr. de terre. (à * 2.2 Jo JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE REMARQUES PARTICULIÈRES. 19, Le maximum de la chaleur au nord a été de 26,20. le 23 à 12 heures et à 1 heure ; celui de la chaleur au soleil a eu lieu le 18 à 3 heures : il a été sur le thermomètre à mercure de 35,5°., et sur celui d’esprit de vin de 45,50. Cette chaleur excessive du soleil n’a duré qu’un moment : à la même heure le thermomètre à mercure au nord étoit à 24,80. , et celui d'esprit-de-vin à 24,4. M. Messier me mande que-dans les jours les plus chauds le soleil étoit absolument exempt de taches. $ 2°. Les températures combinées de l'air libre au nord , au soleil et de l’air intérieur des appartemens , offrent pour résul- tat moyen, ou pour la chaleur moyenne de ces neuf jours 25,290. : elle n’avoit été dans la première époque du 5 au 9 août que de 24,219. ; mais on remarquera que dans l’époque qui m'oecupe , je donne les observations des heures les plus chaudes du jour , au lieu que dans la première époque les ob- servations ont été faites de 5 heures du matin à 10 heures du soir. 11 faut pour établir la comparaison , rapprocher les résul- tais moyens de chaque heure dans l’une et l’autre époque ; on verra que de 9 heures du matin à 4 heures du soir la chaleur a été bien plus grande dans la première époque que dans celle-ci. 3°. Cette suite d'observations nva prouvé que si l’esprit-de- vin est plus sensible aux effets de la chaleur que le mercure à raison de sa couleur , et sur-tout de son peu de densité et de sa grande dilatabilité, sa marche est aussi bien plus irrégulière que celle du mercure , sur-tout lorsque ces deux fluides reçoi- vent l’action directe des rayons solaires. Il est vrai que dans l'usage ordinaie et à l'ombre , leur marche est assez concor- dante pour un observateur qui se contente des à-peu-près ; mais lorsqu'il s'agit d'observations exactes , le thermomètre à mer- cure est préférable- 4°. La chaleur est toujours plus grande à Paris que dans les campagnes, sur-tout dans la position de l'Observatoire de la ma- rine où réside M. Messier , qui est au centre de cette grande ville ; on en voit la preuve en comparant les observations de ce savant astronome avec les miennes , avec celles de M. Poewerlé, faites aussi à la cempagne , et même avec celles de l'Observatoire national, situé à l'extrémité sud de Paris; mais ce qui est re- marquable , c’est que la chaleur les 23 et 24 août a été beaucoup plus grande à l'Observatoire national, et à Saintes près Bruxelles, ET D'HISTOIRE NATURELLE: 361 que chez M. Messier et chez moi ; elle a été à l'Observatoire national à 28,50, à 1 heure , à Saintes à 28,0 , chez moi à 26,2°. à 12 heures et 1 heure , et chez M. Messier à 23,5°. seulement à midi, Il est vrai, et je lai observé, que dans les temps de grande chaleur , il y a des bouffées de chaleur instantanées et locales. À Septfontaines, près Calais , la chaleur a été aussi plus grande à proportion les 23 ct 24 qu’elle n’a été ici ; l'orage y a eu lieu le 6 septembre et ici le 5. 5°, Pendant tout le mois d’août le baromètre a peu varié, et il s’est presque toujours soutenu au-dessus de son élévation moyenne. Il a exacterment suivi sa marche diurne périodique ; il baissoit pendant la matinée jusques vers 2 heures du soir , et il montoit pendant la soirée. Cet effet a lieu toutes les fois que l'air est calme et la température fixe , de manière que lorsque cette marche uniforme est intervertie, C’est assez nouer un signe de changement de temps. - NN. B. 10. J'ai converti les degrés de l’échelle du thermomètre de M. Messier, divisée en 85°., en degrés de l'échelle divisée en 80°. : 2°. Les journaux avoient annoncé sans fondement que le thermomètre étoit monté à 31°. à l'Observatoire national ; les observations rapportées dans la table précédente , qui m'ont été ‘». (Second témoignage). « M. Maclane, gentilhemme qui de- meure très-près de Krak-Hut, me donna, dit M. Williams, un fragment d’une pierre que lui avoit apportée le matin même qui suivit l’eyénement , L’uomme ou quer de la nuit où il eut lieu. \ ET'D'HISTOIRE NATURELLE. 363 Cette pierre , dit l’homme du guet , avoit percé le toit de sa hutte tout auprès de la maison , et s’étoit enfouie de plusieurs pouces dans le sol qui étoit de zerre battue. Cette pierre, d’après sa description, devoit avoir pesé au moins deux livres avant qu’on l’eût cassée ». Il faut convenir que voilà un témoignage bien formel en fa- yeur de la chute des pierres, et s’il y avoit eu encore un autre homme du guet qui eût déposé la même chose , ce seroit un nouveau certificat juridique à joindre aux autres. (Ces hommes de guet sont des esclaves ou autres serviteurs qui veil- lent à la sûreté des habitations ). Il se présente néanmoins des considérations qui semblent affoi- blir beaucoup ce témoignage. L'homme de guet dit que la pierre, après avoir percé le toit de sa hutte , s’est enfoncée de plusieurs pouces dans le sol qui étoit de zerre batue, et qui avoit par conséquent une dureté assez considérable ; il falloit donc que la pierre elle-même fût d’une consistance très solide pour résister à ce choc; cependant elle a été décrite par M. de Bournon, comme une matière presque terreuse, et qui peut être cassée par la seule action des doigts (Ann. de chimie, t. 43, p.79). Il sembleroit donc que cette masse serreuse , du poids de deux livres, auroit dû se pulvériser en tombant, plutôt que de péné- trer dans un sol durci et battu. Et quand cet homme du guet dit que la pierre a percé le toit de sa hutte et qu’elle s’est enfouie dans le sol de cette même hutte, cela suppose nécessairement que sa chute étoit verticale, car la hutte d’une sentinelle n’est pas bien large. Cependant si la pierre étoit venue du météore qui se mouvoit en ligne hori- sontale ( puisqu'on suppose qu'il a parcouru les cinq lieues qu'il y a de Bénarès à Krak Hut), elle n’auroit pu tomber vertica- lement, elle auroit au contraire décrit une ligne très-rappro- chée de l’Aorisontale; ainsi ce témoignage si formel, paroît pré- senter une chose impossible. Ne seroitil pas plus naturel de penser que les gens de Krak Hut, voisins de M. Maclane, qui avoient, comme on la vu, distribué à différens individus , les pierres qu’ils avoient recueillies, avoient donné celle-ci à /’homme du guet de ce gentilhomme, et que ce serviteur, pour se faire valoir auprès de son maître, s’est permis d’ajouter un petit ornement au reste de l’histoire. Ce qui paroît confirmer cette idée, c’est que cet homme n’a remis à M, Maclane qu’un seul fragment, et qu'il Cccez 334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n’eut pas manqué d'apporter tous ceux qu’il auroit recuellis, s’il avoit lui-même brisé la pierre. Après avoir rapporté ces divers témoignages qui, je l’avoue , ne paroissent pas bien persuasifs, écoutons M. Williams lui- même dans la description qu’il donne de ces pierres, elle nous instrüira plus que tout le reste. «J'ai vu, dit-il, huit de ces pierres à-peu-près entières ; outre nornbre de fragmens, entre les maïns de diverses person- nes. LA PLUPART ONT LA FORME D'UN CUBE irrégulier , arrondi dans ses arêtes , inais dont les angles sont pour la plupart bien conservés : leur grosseur varie entre trois et quatre pouces et plus dans leur prand diamètre ; l’une d'elles de quatre poutes et un quart pesoit deux livres onze onces : elles se ressemblent toutés très exactement; au-dehors elles sont recouvertes d’une c’oûte ou incrustation noire et dure , qui, dans quelques endroits, ressemble à un vernis ou à du bitume; sur la plupart on voit des fractures qui n'étant pas ainsi enduites , paroïissent être l’effet de la chute ou du choc des pierres les unes contre les autres », 3 (Nota. Il est plus probable que ces fractures sont l’ouvrage de ceux qui les ont déterrées. On a vu que de leur propre aveu ils avoient toujours commencé par les casser par curiosité.) «Elles semblent avoir éprouvé une forte chaleur avant d’arriver à la terre.» Nota. Supposé qu’elles. y soient arrivées, et que ce ne soit pas la foudre qui les ait chauffées dans leur gîte). « Au dedans on trouve un nombre de petits corps sphériques, de couleur d’ardoise, disséminés dans une sorte de grès gri- sôtre , et entremêlés de particules brillantes de nature pyriteuse ou métallique. Les corps sphériques étoient beaucoup plus durs que le reste de la pierre : Fe grès blanchâtre s’émicttoit par le frottement d’un corps dur, et lorsqu’on le brisoit tout-à-fait , une partie du sable grossier qui en résultoit s’attachoit à l'ai- mant, mais sur-tout la croûte extérieure paroissoit éminemment attirable ». Cette description donnée par M. Williams, jette le plus grand jour sur la véritable nature des pierres de Bénarès, et prouve clairement que ce ne sont peint des corps embrâsés tombés de l’atmosphère; leur forme cubique et les parties pyriteuses qui se trouvent encore reconnoissables dans leur intérieur, prouvent suffisamment que c’étoient de vraies pyrites qui ont été seule- ment altérées par l'effet du tonnerre; et leurs angles bien con- servés démontrent d’une manière évidente que ces matièrés n'ont ET:D'HXSTOIRE NATURELLE. 385 point éprouvé de déflagration, car on sait bien qne dans tout corps combustible ce sont les parties anguleuses et saïllantes qüi sont consumées les premières. - PP Quant à la couche de matière noire qu’on observe à la sur- face de ces pierres, M. Howard a prouvé lui-même qu’elle est due à l'action de la foudre ; car ayant fait recevoir à l'une de ces mêmes pierres de Bénarès la décharge électrique d’une bat- terie de 37 pieds carrés de surface armée, la rrace du fluide électrique neviar Notre. (Ann. de chimie, t 43, p. 249). Or, M. Howard qui, avec raison, ne doute nullement que la foudre et le fluide éléctrique ne soient une seule et même chose , doit reconnoître quelée qu’il a opéré dans son cabinet avec sa batterie, la nature l'a pareïllement opéré dans les champs de Bénarès avec le tonnerre. Si l'opération de la nature a été plus efficace encore que celle du physicien, c’est que ses moyens sont plus puissans que ceux des hommes. Le septième fait porte sur uné pierre verdâtre contenant des grains de fer attirables à laimant, qui se trouve en rognons détachés aux environs du Tabor-en Bohème. Ces pierres sont couvertes d’une croûte noirâtre comme sela arrive ordinai- rement aux rognons de serpentine qui ont été quelque temps exposés à l’air; ceux-ci pèsent depuis une livre jusqu’à vingt, et le célèbre minéralogiste de Born qui en possédoit nn échan- tillon , qu'il a décrit dans son ZLzthophilatium (p. 125), n'ya rien trouvé d’extraordinaire , et le rapporte tout simplement au ferrum virens Linn. Îl ajoute seulement en note que «qgzelques gens fort crédules disent que ces pierres sont tombées du ciel au milieu des tonnerres, le 3 juillet 1753. Qva fragmenta 3 julii 1753, 1NTer ronirauA à cœlo pluisse, creduliores Guidam asserunt ». On voit que si le faitétoitaussi vrai qu'il est apocriphe, ce seroient encore là de ces pierres de foudre reléguées parmi les chimères par M. Howard lui-même. Le huitième fait qu’il rapporte est tiré du PAilosophical Ma- gazine , qui nous apprend «que dans la nuit du 5 avril 1800 , on apperçut en Amérique un corps entièrement lumineux qui se mouvoit avec une prodigieuse rapidité; sa grosseur apparente étoit celle d’une grande maison de 70 pieds de long’, et son élévation au-dessus de la surface de la terre, d'environ 200 ver- verges (600 pieds). Sa lumière produisit presque les effets du soleil en plein midi, et ceux qui le virent epronvèrent un grand degré de chaleur, mais aucune sensation électrique. Immédia- tement après , il disparut au nord-ouest; on entendit un violent 336 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bruit comme si le phénomène avoit renversé la forêt au-devant de; lui ;. et quelques secondes après 47 se fit un éclat terrible qui causa un tremblement de terre très-sensible. « On fit apiès cela des recherches dans l’endroit où le phéno- mène étoit tombé, et on trouva que tous les végétaux étoient brûlés ou fortement grillés, et une portion considérable de la surface de ja terre brisée et sourevés. Il est fâcheux, ajoute M. Howard , que les auteurs de ce récit n’aient pas fait des recher- ches au-dessous de la surface du terrein (Ann. de chimie ; t. 45, . 2b0) De Cette indifférence des spectateurs, pour les recherches ulté- rieures, ne doit pas laisser beaucoup de regrets; elle prouve assez que si la description du phénomène est pompeuse, son effet s’est réduit à peu de chose : s’il se fût présenté le plus léger es- poir de découvrir quelque corps tombé du ciel, bien certaine- ment les recherches auroient été faites. Si d’ailleurs ce corps lumineux eût contenu quelque matière solide, il auroit dû, pour se mouvoir en ligne horisontale, avoir à-peu-près la vitesse d’un boulet de canon, et dans ce cas il eut été difficile aux spectateurs de déterminer son volume , et sur-tout d’éprouver un grand degré de chaleur à la distance de 600 pieds. Ce phénomène, ne signifie rien du tout. Les autres faits sur lesquels s'appuie M. Howard , sont les dif- férentes masses ferrugineuses qu’on a trouvées isolées, et qu’il suppose également tombées de l’atmosphère; il cite entre autres celles qui ont été découvertes dans l'Amérique méridionale , et dont la description donnée par don Rubin de Celis est insérée dans les Transactions philosophiques année 1788. L’une de ces masses est énormes et du poids d'environ trente milliers ; aus:l n'est-il pas surprenant qu’un savant célèbre (M. Chladni) ait encore mieux aimé la considérer comme un fragment de quelque comète , que comme la matière d’un météore formé dans notre atmosphère. ! M. Howard y joint aussi la masse de fer malléable de Sibérie, décrite par Pallas , et qui étoit du poids de 1600 livres de Russie (ou 1200 livres poids de marc). Je reviendrai sur ces masses de fer ; mais avant de quitter les autres substances , je dois rappeler cequ’il y a de plus essentiel dans la description qui en a été faite par M. de Bournon à l'invitation de M. Howard ; cela servira beaucoup à décider la question. Prerne be BÉNanès, Le fonds de cette pierre est grisâtre, gre- nu , et ressemble à un grès grossier ; on y voit de la pyrite mar- ET DHISTOIRE NATURELLE. 387 tiale informe et irrésulièrement distribuée , avec quelques glo- bules de couleur grise , dont la matière ressemble à de l’émail. On y remarque aussi quelques petites particules de fer à l’état métallique , qui font à-peu près les deux centièmes de la masse. La pesanteur spécifique de cette pierre est 3352. (On a vu plus hant que celles qui ont été décrites sur les lieux par M. Williams, avoient une forme cubique bien décidée. ) Prenre »’Yorcx. Le fonds de la pierre ressemble à du kaolin (argile à porcelaine); le fer attirable forme plus du douzième de la masse. La pesanteur spécifique de cette pierre est 356. Prsrns pe Srenns. Elle étoit si petite qu’elle a. été toute erm- ployée à l'analyse, mais elle offroit quelques particularités qu’on n’observoit point dans les autres ; elle contenoit des globules d’oxide noir de fer attirable à l’aimant, et un globule parfaite- ment vitreux , transparent et sans couleur. Pisare De Boème. M. de Bournon déclare qu’elle diffère es- sentiellement des autres : elle est dure, compacte et susceptible de poli; le fer attirable forme les vingt-cinq centièmes de sa masse , et la pyrite ne s’y découvre qu’avec le secours de la loupe. Sa pesanteur spécifique est 4281 ( {nn. de chimie, t. 43, p. 77 el Suiv. Ou a in haut, que de Born la considéroit comme une sim- ple mire de fer verte , telle qu’on en trouve souvent parmi les serpen:ines. - 1l est aisé de remarquer que ces pierres diffèrent entre elles essentiellement par leur contexture , leur densité, la quantité de fer qu’elles contiennent, etc. , etc. Les seules circonstances qui leur soient communes , c’est que se sont des matières ferru- gineuses qui sont revêtues d’une croûte noire , et qui contien- pent de petits g/obules. A l’égard de la crodte noire, on a déja va qu’elle étoit pro- duite artificiellement par le fluide électrique, et que conséquem- ment rien n'est plus naturel que de l’attribuer au tonnerre attiré par ces watières ferrugineuses. 1] ne reste donc plus qu’à expli- quer l’origine des globules; et cela ne sera pas difficile, puis- qu’il a été déiontré par une expérience directe, qu’ils sont éga- lement produits par le fluide électrique. Lorsque Saussure eut observé les Ou/les vitreuses que présen- toient les rochers de la cime du Mont-Blanc , qui étoient com- posés de feld-spath , de schork spathique noir, et de roche de * 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE corne verdâtre, il fit ce raisonnement : « La chaux ( ou oxide} de fer qui entre dans la composition du schorl et de la pierre de corne de ces rochers, est un conducteur imparfait ; elle aura done pu attirer le fluide électrique rassemblé dans les nues, et gêner cependant assez son passage, pour le contraindre à se condenser entre les fentes du rocher, et à produire une chaleur assez vive pour vitrifier quelques portions des surfaces (parag: 1153 ) DE Et il ajoute (parag. 1154) : « Il étoit intéressant de voir s’il ne seroit pas possible d’imiter en petit ce beau phénomène... Je cherchai donc à augmenter l'intensité de la chaleur, et pour céla je pensaïi à faire cette expérience dans l’air vital. Je voulus aussi faciliter la fusion , en l'essayant sur la pierre de corne feuilletée , corneus fissilis mollior Wall. , qui est la pierre la plus fusible que je connoïsse, « Ma batterie électrique n’est composée que de deux jarres , mais elles sont de flint-glass, et la partie couverte de feuilles d'étain , a dans chacune, près de six pieds carrés de surface. : « Je pris un morceau de pierre de corne d’un pouce environ de longueur ; sur une épaisseur de 6 à 9 lignes ; je l’assujettis avec de la cire molle dans un gros tube de verre, de manière que deux pointes de métal éloignées de toute la longueur de la pierre, et engagées entre ses feuillets, obligeassent l’étincelle à passer au travers de cette même pierre. « Lorsque cet appareil fat ainsi ajusté, je remplis le tube de mercure , et je le fis communiquer avec une vessie remplie d’air vital ; ensuite lorsque je laïssai écouler le mercure, l’air vital en prit la place et remplit toute la capacité du tube. « La pierre fut constamment partagée par l’explosion , et une fois avec tant de force , que le tube fut brisé en pièces. La pierre qui étoitnaturellément luisante et d’un vert foncé, se trouva d'un gris terne sur les surfaces que l'explosion avoit séparées ; et lorsque j'observai ces parties grises avec une bonne lentille , j'y vis distinctement pes BuLLES VITREUSES , les unes crevées et ouvertes , les autres extières et transparentes ». L’analogie evidente qui se trouve entre ces effets produits par le fluide electrique et les globules gris er witreux des pierres dont il s’agit , ne permet pas de les attribuer à d’autre cause qu’à ce même fluide dirigé par les mains de la nature. On peut remarquer que dans les grandes masses les globules ent été moins parfaitement vitrifiés, parce que l’action du fluide électrique étoit plus partagée , tandis que dans la petite Fee de ienne ET D'HISTOIRE NATURELLE. 38g Sienne , où cette action étoit plus concentrée, les globules ter- reux ont été convertis en verre parfait, comme dans l'expérience de Saussure , et le fer lui-même y a été réduit en globules, ce qui n’est point arrivé dans les pierres plus volumineuses. Si d’ailleurs ces pierres étoient des corps météoriques, elles auroient été dans un état de fluidité complette, et il s’en faut bien qu’elles présentent les caractères d’un état semblable. On peut encore remarquer que ces diverses pierres offrent dans leur analyse des différences importantes. Dans celles qui ont été traitées par M. Howard, ou trouve de dix-huit à vingt- cinq centièmes de magnésie, tandis que les académiciens fran- ais n’en ont point reconnu dans celle de l’abbé Bachelay. D'un autre côté M. Horvard n’a point trouvé d’alumine, tandis que le professeur Barthold en a découvert dix-sept centièmes dans la pierre d’Ensishem. Enfin, la quantité de fer trouvée par M. Ho- ward dans ses pierres est au moins double de celle qui a été obtenue par les chimistes français. D’après des différences aussi notables à tous égards, ïl m'est pas possible de supposer un instant que ces diverses substances aient été formées par la même cause : si elles avoient une origine commune (comme par exemple les basaltes volcaniques), elles seroient constamment semblables entre elles , comme les basal- tes se ressemblent dans toutes les contrées dela terre, Quant aux masses de fer d'Amérique et de Sibérie, il seroit plus difficile encore de leur trouver dé la ressemblance avec les pierres dont il est question. Quel rapport existe-t il entre la masse de fer de Sibérie , qui sur 160 livres qu’elle pèsé, en contient 117 à r2 cents de fer pur, blanc et malléable comme l'argent ,'et la pierre pyriteuse -de Bénarès, qui contient à peine quelques parcelles de fer atti- rable qu’on évalue tout-au-plus à un cinquantième de son poids ? L’une et l’autre ; dit-on , contiennent des globules ; mais ces -globules eux-mêmes diffèrent entre eux du blanc au noir: Ceux -quecontient le fer de Sibérie, ont, suivant M. de Bournon , la couleur , la trñsparence et la dureté du‘péridot; éeax que pré- ‘sentent lés autres pierres n’ont aucune espèce de ressemblance ‘avec cette’ pierre précieuse. - On ajoute que M. Howard a trouvé dans le fer de Sibérie’, de même que dans les'autres pierres dont il s’agit, quelques indices de la présence du nikel; il est vrai que ces indices paroissent fort légers , mais fussent-ils incontestables, on ne voit pas quelle Tome LF. BRUMAIRE an 11. dd 590 JOURNAL! DE P'HVYSAHQUE, DE CHIMIE, conséquence on pourroit en tirér, puisqu'il y a beaucoup de minéraux qui contiennent du, nikel, et qu'on ne soupçonne pas avoir leunoindre rapport:avec,les météores. Le porphyre vert antiqne contient;des globules semblables à ceux de la pierre de Bénarès ; si le fer qui le colore donne aussi quelques indices de la presence du nikel, dira-t-on pour cela que c:tte roche soit tombée du ciel? Mais au surplus, j ai fait voir dans ma lettre aux savans ré- dacteurs de la Ziblioth. britänn. (insérée dans lé n°. 140), que toutes les circonstances possibles se réunissent pour démontrer que la:masse de fér malléable de Sibérie, n’est autre chose qu'un minerai très-riché qui 4 été fondu par le tonnerre. Cette masse de fer fut trouvée gissante sur la superficie même du sol, près du sommet d’une montagne ; mais un peu au-des- sous d’un puissant filon de mine,de fer noir attirable à l’aimant, qui se:montroir-n.jour à la! crête inêine de la montagne Ce filon , d'environ dix-huit pouces d'épaisseur ,'étoit composé d’un minerai si riche qu'ilréndoit en fer 70 pour 100 ( Pallus, Voyage in-4, & 1V7,p. 537) | d La montagne est formée d’une ro: he primitive très quartzeuse, c'est nne variété de pétrosilex , et les filons de fer qui se trouvent dans! des roches de cette nature , sont fré ynemrment coupés en tons sens par desiveines de quartz; ilest, donc infinimeut-pro- 3bable qu’il s’est-rencontré dans, la partie, découverte du:filon , eune masse deliminerai;qui se trouyoit éncastrée entre dès veines de quartz qui la rendoiïent isolée. ob 2311914 t1pQ+ mul physicien n'ignore que rien; n’est si, propre à déter- -miner Fexplosion de,la foudre qu’un,corps métallique! isolé:, sur- tout à la cime, d’une montagne. Rien .n'est| donc, plashnatural -que de voir ce.te masse de fer presque pur,;cattirer, lâ .décliarge “corplette, d'une nuée orageuse,s et,comme lé fluide,‘élec trique s’y trouvoit retenu et en quelque sorte condensé, conte dit Saussure ,.par les parois quartzeuses qui l’environnoient, .hl a pu la fondre en'un instant, car on sait avec quelle incon- scevable activité la foudre opère la fusion-dés métaux , lors mème qu'il ne sont. point isolés. si io 1842 MR El , I10 son La structuré,et la composition, de. cette masse de, fer sont parfaitement d'accord avec cette hypothèse, Le filon est:composé d’un minerai compacte! qui 4 une ‘apparence métalliqie etiho- mosène, et où les molécules terreuses sont disseininées d’une manière uniforme. LS | 5188 Il.en est de même, de/la-masse: de fer; les petits globules xi- L ITS L , MO À ETD'HÉSITOIRE NATUÜRELÉE. 391 treux y'sont tellement rapprochés ; qu’ils se touchent presque Jes uns les autres; ils sont uniformément distribués, et forment environ 30 pour 100 du poids total, de même que les scories da minerai, tiré du filon. Gil Ces globules: vitreux ont été formés par les parties terreuses qui se trouvoient les plus voisines les unes des autres, et qui oñt' pu obéir à leur’ affinité mutuelle, dans le court iastant où elles ont été dans un état de fusion, Tout se réunit donc, je le répète, pour démontrer qu'il n’y a rien de merveilleux däns la formation de cette masse de fer, et rien qui ne,soit conforme aux lois connues d’une saine phy- sique. AL la J'avois encore fait observer que si cette masse de fer fût tom- béé du haut de l'atmosphère, elle auroit infailliblement pénétré fort avant dans le sol, et cependant elle‘a été trouvée sur la superficie même d’un terrein couvert de sapins et de mélèses, et composé par conséquent d’une terre végétale où la masse de fer auroit pu s’enfouir facilement. On a fait plusieurs fois l’essat de tirer le canon verticalement , et toujours le boulet en tombant s’est enterré de deux ou trois pieds : et qu'est-ce que c’est que la portée du canon, en comparaison de la hauteur immense d’où cette masse auroit dù tomber. ( M. Howard a bien senti toute la force de cette considération} et pour l’atténuer il suppose que ces masses ont une marche horisontale ; ‘cela seroit fort bien à l’égard des météores formés de substances qui sont à peu-près sans pesanteur ; mais que des masses de fer de trerte milliers, comme celle d'Amérique ; ou de 1600 livres, comme celle de Sibérie , puissent se promener horisontalement dans l'atmosphère , comme des ballons remplis de gaz hydrogène, c’est ce qui paroît hors de vraisemblance, et totalement contraire aux lois de la gravitation. Pour terminer la-discussion, M: Howard conclut par:dire , qu’il ne s’éténdra pas davantage sur les preuves de la chute de ces masses pierreuses et métalliques , attendu que cela n’est pas nécessaire pour ceux dont il suppose le 7zgement impartial yet que ce seroit inutile pour ceux qui ne veulent croire que ce qu'ils peuvent expliquer. st !. Je conviens avec lui que nous sommes forcés de croire certains faits, qu'il est presque impossible de bien expliquer. On ne doute pas, par exemple, que les hommes ne soient ergendrés, quoique l’on*connoiïsse fort peu lelmécanisme de la génération! Mais les pierres dont il s’agit sont dans un se totalement Dada 392 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE différent; d’un côté l’on veut fonder leur existence sur des faits merveilleux, qui n’ont rien d’analogue dans la nature, qui sont contraires à ses lois, et qui n'ont pour toutes preuves que des rapports les plus insignifians possibles (car on a vu que tous les téuoignages qui auroient été dignes d'attention se réduisoient à des ouf dire). De l’autre côté l’on ne voit que des faits simples et naturels, qui s'expliquent sans le moindre effort par les lois de la saine physique. Or en pareil cas, est-il besoin de demander quel parti doit prendre l’observateur de la nature , et de quel côté Pon doit présumer que se trouve le jugement impartial. Je réiière ici l'invitation que j'avois déja faite aux naturalis- tes qui se trouveroient dans un local convenable, de tenter une ex; érience faciie et qui pourroit donner des résultats curieux ; ce seroit de placer sur des supports de verres ou de quartz, à la pointe d’un rocher ou à la cine de quelqué vieille tour alan- donnée , des masses de matières pyriteuses et autres minerais ferrugineux, qu'on pourroit armer d’une tige de fer verticale. Ces corps métalliques iso/és ne tarderoient pas, sans doute, à recevoir un coup de foudre , et l'on verroit alors si les modifi- gations qu’ils auroient éprouvées seroient analognes aux pheno- mènes que présentent les pierres pyriteuses qu’on suppose toim- bées du ciel, et sur-tout à ceux qu’on observe dans la masse de fer de Sibérie (1). : Puissent les réflexions que je viens de présenter, contribuer A ——————— —————————— —— (1) Je crois devoir observer relativement à celte masse de fer, que la des- criphon que M. de Bournon a donnée de deux morceaux qui en ontété déla- chés, quoique parfaitement exacte relativément à ces échantillons, pourroit, à quelques écards , induire en ‘erreur sur li masse éllz-niême. Le grand nombre de cellules vides qu’on observe dans l’un de ces deux échan- tillons , à naturellement dû faire penser à M. de Bournon que la masse offroit aussi des cavatés dépourvues de matière vitreuses , ce qui n’est pourtant point, ainsi que je m'en suis assuré en lexaminant avec soin dans toutes ses parties. Cet échantillon présente encore d’autres accidens qui demandent explication : des globules vitreux quissont fnables et dans un état presque pulvérulent qu’on seroit tenté d’attribuer à une sorte de décomposition; et ce qui confirmeroit en- core dans celte opinion, c’est qu’on voit quelques-uns de ces globules friables -qui sont colorés, de la circonférence au centre, par on oxide de fer , et cette circonstance pourroit être regardée comme Peflet d’une decomposition plus avancée; cependant tout cela n’est qu’accidentel, (c’est uniquement l'effet de Vopérahon par laquelle on détache les échantillons-de la masse, ainsi que j'ai pu l’observer plusieurs fois. 2 D a 22 \ ET D'HISTOIRE NATURELLE, 393 à garantir la science de la nature de son plus dangereux adver- saire, l’amour du merveilleux. On place obliquement à la surface de cette masse, une forte hache sur la- quelle des forgerons frappent à grands coups de marteau; et comme ce fer natif est extrêmement doux, il éprouve par l'effort de la hache une compres- sion dont les globules vitreux ne sont nullement susceptibles; de sorte que malgré leur dureté , ils sont égrisés et réduits en poudre dans leurs alvéoles, Les seuls qui demeurent entiers, sont ceux qui se trouvent dans la partie de l'échantillon qu’on achève de détacher par une sorte de déchirement. Et quand ce déchirement a heu sur l'écorce même de la masse, on, voit que les globules y sont aussi parfaitement intègres que par tout'ailleurs. On voit également. qu’il n'existe pas une seule alvéole.qu’on puisse appeler une souflure; elles contien- nent toutes un globule vitreux, ou plutôt elles ne sont que l'enveloppe de ces globules , et n'existent que par eux. Dans l’autre échantillon que décrit M. de Bournon, toute la partie vitreuse a été conservée, et il paroît qu’il a été séparé de la masse par une méthode dif- férente de çelle que je viens de rapporter, et que je conseillai moi-même de changer. en se servant plutôt de la scie que de la hache. J'aurois même desiré qu'on eût scié la masse par le milieu; peut-être son intérieur présenteroit-il quelque chose d’intéressant. Nota. Ce mémoire est extrait de l’arlicle Globes de feu, du nouveau Dis- Gionnaire d’histoire naturelle qui est actuellement sous presse , et dont l’éditeur est le cit. Détervyille. OBSERVATIONS METEOR OLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD ; astronome. DRE AE DU É R MPOPM ETRE |. nu BAR.O M BAT RE = Lo) SN Re nee mm ] w Maximum. | Minrmum. oi Maximuur. [ MINIMUM. A Mint. MELT r ARTE | Bronninire ME NSMANPEOG SRI AT 1 LS 96. ap18 446! ml 2ni7o) Ep FlatGlim, 1! 281! 1,56! àSNE s./. 38: 0,83/128. 1,25 2 à-s no 67 aim. 01 #8 415,6 ; a 9% 84 : 7280200 46 m; . : 28. 1,08,28. 1,75 3 à14 5114170 à 6 ni4 “ Épi5io par De. 24736: 417|4/6 im..." 28, 2376|8. 8,75 & a menvieh 7 ame. 5 416,4 Fa 8% 1m .,108.71,53 44’ s....! 98. 4,20\28. 1,55 5 àe2 5.1 215 plà 6 mi 4 8, (e] Re 4056 4220,198)13,dol'a8 m.l.. 28: 2,79|28. 2,83 6 älousip 26 am 4 76/15; àidi 22, 158,/5/30 àO ml. . 28. 3,55 28. 8,60 7 àe4 rélu 14 jorat Gomes © 637 418 do ag Dni9 0 26% 4/53 | 4 Gt... "98. 4,00 28. 4,33 alé Pit 4l5 ;6) at Om. Ni 5; Len 15, 27 Îa pdt 126, Hi a Bis. 28. 3,50|28. 4,10 9 à-B18,09-216,5 jà6 mL 0e = 16, 116, “6 atmidi 6. 6,4o/à 6m. .'l. 28. 3,53 28. 8,40 128 3,00 a8 55... 28. 2,50/28. 2,75 11 à 2 s! 9,6 à6m. + 8,0/18,5 À à 5:m:. .2098! 175 à8 6 : 28. 0,50|28. 1,36 | 12 aout 19,8 6 ani ‘85-L18,0 à 64m. 271,93 a27s 27:11,67 27.11,79 || 13 à s 044,7 là 6à nm: 4-1050 1436 anse. 1p 2823)25|à 7% ni 28. 1,55,28. 2,83 14laei sut 16jalà 6 j m, +! 67/16, ;7 Fa 9j m..: 25° 2751à 215, . | "28. 1,88|28. 2,00 F sl 125147 mi... 28, 093,28. 1,15 il 15 à 261 416,7 là 7m. é ans} 16? i 30 18e;8 |A mater pia 871 7;21 s. —17,5/à 0 4 m. +11, 0|+106,8 s g-Et #0 … A1375| 4 10 8... 27.11,00|27:11,70 . “27000! à 88717 Pay. gioo 27. 9,67] Ho8: 2,85. à 95. . .. 28. 0,67|28. 1,25 28. 2,50! à 1018. . 928, 0,20|28. 2,25 27.10, 93 à midi, . . 27.10,20|27.10,20 “28. 1/67/8 6% m. . 27.11,75/28. 1,25 128: PRE à3 m. . 28. 3,25,28. 4,17 26. 3,29 | à 8... 28. 2,25,28. 2,70Ù- s-c20 117 Ne s.. . 28. 0,17|26. 1,10 8. . : 27.10,08|27.10,17 m... 27.10,33|27.10,83 se se. + [27.310,17 m. . 27. 9,35/27.10,25 m.: 20. 1,67,28. 1 75 A DAB. Lee): 120 re o Bo ti ble © æie Ë ! Hrozhatis + 45 oi io 2s i0,5là 65m. + 3,2/E10;r. | 20 a-midi. 21957 À 46 5 mi + 5,0,+15,7 21 398800 +105 s'à G MIE NT, 010,4"! Da midis +-10, o|à 6 $ m. —- 6,0 10,2 - 23 à 2 25 5. —-11,2/à 6 km. + 3,5 + 9,9 Él24a3+s —i0,4là 25 à 246. —-12,2 E| 26! le | 28 “558 LS NI DETENTE EI im. + 4,54 9,4 7 ê . 27.310,58 a 6 à1%s. 14,0 . 27.10,42| à 6 à midi. —-12,0 s amidi. —-13,3 ë HAE . 27.10,50! à an . D æ e Ne] oor De ha OHor a TR | 29 à midi. —-10,0 Î ie 35. 12,4 p- 5 Rp D D p- P- Se À? DR - D- @- WA lee © lents) vf MIE je or note mliope © plan mate BE°B3E He pp D- A+ D PP: &w ÿ & < - D œ à i È 10 àënlgl 240635lè 5 + rh. je po l256.3 416 0m. 1798? : ee 7 mms RÉCAPITULATION. Plus grande élévation du mercute. . . 28. 4,33 le 7. Moindre élévation du mercure. . . . 27. 9,00 le 17, 1 + Élévation moyenne. . . .. 28. 0,67. Plus grand degré de chaleur. . . .. + 19,6lerr. Moindre degré de chaleur. . . . . . + 1,ole 30. Chaleur moyenne. . . .. — 10,5. Nombre de jours beaux. . . . . 20. TL'OB Vendémiair2, an xr. RER MR RE ET PES LIEN NIET SANTE EE SERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, 5 | Hxg POINTS VAR. AT. LL ON.S = VENTS. = A sé LUNAIRES. DE LATMOS PHÈRE. 12 NON ORNE ar Ciel vaporeux ; léger bromllard le-mathn. 2| 47,0 | N-E. Avogée. * Beau cel; ps a l RE | 3! 35%3,0o | N-E. O1dern. #Æ| 47,0 | N. Equin. aid Ciel sans nu age; vapeurs et eo rA le matin. 5 55,5 lrr ’ PP ne , Gicl nnageux-iowe ler journée. < GE ES 0e Ne Ciel très-nuageux. k 7 32,0 N. à Nuage ux. 8! +55,0--1.IN. *21-HAouisi 1Brouillard lè matin; ciel nuageux. g| 57,0 | N-O. Même temps. 10| 58, N: 1 Bronill. épais jusqu’à 19 heures; ciel nuageux. 11 53,0 : S-E. Léger broull.avant midi;, ciel s SARNIA E ES.« 12 50,0 | S. Prem. Quart S Cicitrouble et nuag:; brotill. lé mat. ; cou. él pl. les. | 13 | 645: |-O: sie ER L ! Qééféécléireis dans 12 jôur; nuagèux Le soir: 14 | 65jéaiBr 10: TiGetcourértpar intervalles. (j 15 | 6g3or |: 0- gi , . DtifcrPiuiect tonn. à 5 heures dumat ; PL à à | A6 r 2e du 6. 16 57,5 [0] Ciel trouble et tres nuageux. 17 |. 72,0 | S-O. Equin. ascend. .Couvert; pluie abon I. lé soir à 8 heures. 18 | 53,6: |-N-O:' Périgée. * ] ‘Ciel nuagéux et trouble, 19 53,01] Väanable. |Pleine Lune, :Méme temps. 20 | 66,0 :|-S. : : Ciel-chargé. de nuages el de vap.; pl..ettonn. le, soir. 21 | 69,0, |, N-O..1,,.|: k Temps pluvieux. 22 62,5 | N-E. r A Ciel nugeux. 23 Gi,o N-E. : PEL A Zdim > - LAC 24 | 57lo FINS ; 2 98,5 Ciel nngeux ; brouill. le soir. 25 | 635 :|:Sb + : Nuageux ; ; brouill. l£2 malin. 26 72,9 41.S-0: PAST Cruvest par intervalles. 27 | 770 | S-O. : * Idem. ul 67,0 | O. Temps conv.tet pluvieux! nuageux le’soir. 29 | 66;a | 28.11 Ar 1 Quelquestnvages : dans 14 S6irée. 30 | 56,5 112841 4 Cael- trouble, et nuageux; broiilard.vers midi. ; j 1n0. SENO even em PORS decouverte se 10, 1 ! ner pe de pluie... AR 1 Dre vent. peer TE tte 0 6990 dé gelées} 24 20 ©"! SIT : :} 18Q derrtonnerres xs. 51 2 ; Ss2 yuourt de 'brouiilard,, Ê j | sl 484 3109 set ch de, RATE «de grele. LP. Jours dont’ 1e vent a soufflé GES NUE el, Raoul £ is i : NB her ROre H isl-8ii ETF Hi SR ÉD SRE - Etes SE. : 25 1 ] e e2L 1 396 JOURNAI. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE | ES CE CD L'ART DU C. Tu. DE SAUSSURE AU C. DELAMETHERIE, SUR LA DÉCOMPOSITION DU GAZ CARBONEUX PAR LE GAZ HYDROGÈNE. Genève, le 29 vendémiaire an z1. Les cit. Clément et Desormes ont annoncé ( Ann. de chimie, t. 3) et 43) que lorsqu'on fait circuler un mélange de gaz hy- drogène et de gaz carbonneux dans un tube de verre rouge , il se forme un émail noir dans l’intérieur du tube. Ils ont obtenu ce ‘résultat, ifais avec moins d’intensité, en employant un mélange de gaz acide carbonique et de gaz hydrogène, Ils ont attribué, en s’en rapportant à la couleur , ce dépôt apparent, au charbon provenant soit du gaz carboneux, soit du gaz acide ‘carbonique ; mâis la couleur noire n’est pas toujours un indice de l’existence du charbon. J’ai obtenu , en faisant circuler dans un tube de verre rouge, le gaz hydrogène pur, un émail noir superbe et tout aussi inténse que lorsque le gaz carboneux in- tervenoit dans l'expérience. Je n’ai point pu découvrir dans le verre noirci par ces difléréns procédés, la présence du charbon, mais j’y ai reconnu celle du plomb. On a démontré depuis long- temps que la réduction de son oxide dans le verre donnoit à ce dernier une teinte noire : les expériences par lesquelles Presteleÿ avoit cru décomposer le gaz hydrogène dans des tubes de verre hermétiquement ferfnés ‘et éxposés à ne chaléur rouge, ont donné lieu à cette dbservatton. Les tubes de porcelaine qui ne contiennent point de plomb, ne se noircissent pas dans des circonstances d’ailleurs égales. La décomposition du gaz carboneux par le gaz hydrogène n'a donc point été encüre démontrée : j'ai trouvé que celle du gaz acide carbonique par le gai ‘hydrogène, se manïfestoit par la production du gaz carboneux. Les Cit..Clément et Desormes ont depuis lors confirmié mon résultat, et ils ônt cru que le charbon ne se précipitoit que dans certaines circonstances qu'ils laissent à déterminer; mai il paroît que les éxpériènces dont il s’agit n’en offrent aucune où cette, précipitation ait lieu. ADDITION:. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 37 ADDITION AU MÈMOIRE . We cggng cu i8 Ur R | | JUNE VIS PÉTRIFIÉE DU MONT. SA LÈNE, 15 cl'l soon: OA ÆEt:sur l'aspect, des conches de cette montagre, considérées = Dans; un précédent cette pétrification de petites vis ou strombites dont la pierre à " , / ' RSS SEE CEE RS SE EE ne DCE EEE DE DE nn ES ce ones d {1) Cahier de Prumaire an $. Tome LY, BRUMAIRE an 11. Eee 398 JOURNAL DE PHYSHQUE, DE CHIMIE bâtir de Paris est remplie La coquille détruite a laissé l'empreinte de sa surface extérieure contre la surface du vide, et le noyäu moulé dans ses révolutions, reste isolé au centre de ce vide ; circonstance fréquente! dans les pétrifications de coquilles ma- rines de toutes les espèces. . L Le ler Le mont Salève observé avec attention est très-instrnctif pour éclairer Yhistoire fdesçrévolutions; de notre: globe; Jai donné sous ce point de vue une description dé cetté moritagne, de la position de ses couches, et une idée des conséquences géologi- q'ies qu’on pent en'tirer, dans mon mémoire sur le vallon de AMoneti, et dans ma lettre à M. P. Bertrand, insérés l’un et FPautre dans ce Journal (1) , ainsi que dans mon\mémoire sur la vis mentionnée ci-dessus, où. j'exainipai l'opinion de plusieurs naturalistes qui pensent que les coupures des rochers où coulent les torrens , ont été creusées, par ces Courans d’eau ; opinion que j’ai démontré n’être pas fondée. Je reviens ici à l’aspect que présente la face escarpée de cette Montagné, à l’occasion. des conséquences que Pon' tire d'aspects Semblablés ‘observes sûr’ quélqnes' côtes des bords de ta mer, où l'on croît voir une preuve'de l'abaïssement suctéssif de ses eaux: Ts) NP ) f 9i Gp LR ELÉTÉ DHHOET< j ah .… C’est sur-tout de quelques côtes escarpées de l'ile de St.-Do- mingue qu'on tire ces exemples. Ces côtes calcaires ; qui s'élè- vent jusqu’à la hauteur de 360 toises, sont remplies de madré: porés et sans doute d'autres corps marins, On voit ces rochers disposés par bancs horisoritaux ide 50 à 80 pieds d'épaisseur, coupés successivement à pic, ayec des retraîtes de 150. à 220 toises de largeur, et de la position en gradins de ces rochers, on en conclu l’abaissement graduel du niveau de la mer (2).. La face escarpée de Salève a un aspect semblable ; maïs cette montagne étant à fo lieues de la mer la plus voisine, et sa face ‘eScarpée regardantle côté opposé à, cette mer, il n’est venu à l'esprit de personne à ma connoissance, de considérer cet es- ce rpement en.gradins comme Peffet d’un abaïssement graduel de a inner. 9 7 (1) Cahiers de germinal et le vendémiaire an 9. (2) Journal-des-mines;-n°. 18, Extrait-d’uy-mémoire-du cit. Dupuget.,inti- tulé : Coup-d’œil rapide sur la physique sénérale et la minéralogie des Antilles, pige 48. < ET! D’HUI SIT OT R/E N AT URELIE. 399 -+ C’est lorsque de tels escarpemens sont sur le bord de la mer même, que cette position entraîne les naturalistes partisans de l'hypothèse de l’abaissement successif de ses eaux. Ils voient ces faces escarpées disposées en gradins qui leur paroissent les éche- lons de sa descente ; ils les voient remplis de corps originaires de la mer , c’est pour eux la preuve que:la mer, ayant été in- contestablement à ces hauteurs, elle les a abandonnées succes- .Sivement, : ‘ Mais quand on y réfléchit, on reconnoît bientôt que cette -marche-est impossible; que la mer qui abandonneroit succéssi- evement les couchés formées dans son sein, les laisseroit telles -qu’ellesles a formées; comme nous voyonié tons lesjours qu’elle ‘abandonne les plages basses ‘dans son: reflux ; et ces couches abandonnées ne peuvent: présenter dans aucun cas des coupes -abruptes. - A'l Ensuite, si ces côtes eséarpées avoient été formées dans la mer qu baigne aujourd’hui leur pied, les corps marins qu’elles ren- ferment seroient-semblables à:ceux qui vivent dans cette mer, et c’est justement ce qui n’est point, la plupart sont.des espèces - différentes, il en est même qui n'existent plus. Ce fait est si général, qu'on pourroit assurer qu’il est sans exception : je n'ai .pas de doute que les corps marins des côtes escarpées de St.-Do- -mingue ; examinés avec attention et comparés à ceux dela mer qui les baigne, montreroient les mêmes différences; elles ne seront pas aussi frappañtes, peut-être pour.des madrépores cothme -ellés le sont por les coquilles ; parce que leurs caractères sont ‘moins prononcés. À ces remarques, déja concluantes contre le système de l'abais- sement successif de la mer, représentons-nous par la pensée, la ‘mer à la hauteur: des escarpemens de St.-Domingue; c'est-à-dire à 360 toises au!dessus de £a surfaceractuelle ; :elle sera:à ce même niveau dans toute son étendue, cette conséquence est inévitable. Ælle couvrira donc tous-les térreins au-lessaus de ce miveau sûr toute la surface de là terre. La mer s’abaissant de ce point, que deviendra:cette eau, ‘car äl faut Imi trouver uné place ? Elle ne peut pas se porter sur les terreins qui étoient plus élevés .qw’elle; où, donc [$’écoulerd cette: masse :rmmerise | d'eañ:‘excédente? ; Ce b’est|pas en démolissant, suctéssivement d’âutres côtes ; car on Pourroitdiecitout autañtideiraisonlattribuer l'état d’escarpement -des côteside, StDomingnelà mine démolition causée: par l'inva- sion de le: mer, qu'à uné retraite de ses eaux. 3 food :. Oaobjectera peut-être, comme l'ont prétendu ‘quelques géo- Eee z 450 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE logues, que la mer abandonne successivement les côtes occiden- tales pour se porter sur les orientales; mais cette hypothèse ne peut pas se soutenir un instant, les difficultés's’élèvent de toutes parts. On remarqueroit au moins cette retraite d’un côté et cette invasion de l’autre sur toutes l'étendue des côtes occidentales et orientales des continens, car cet effet seroit général , et c'est ce qu’on n’observe point; et même en le supposant il n’en résulte- roit aucun abaissement du niveau ; pour le produire il faudroit, que la mer pût verser sur un espace plus abaïissé qu’elle. ; Si ce déplacement avoitlieu;:la!mer trouveroit un espace 1m- mense tont ouvert pour la recevoir, danslles vastes terreins bas de l'Amérique méridionale qui remontent-à plusieurs|centaines de lieues en suivant le cours de |’ Amazône.Mais loin que laimer ‘tende à couvrir ces plages orientales de l’Amérique, quoique très-basses, les atterrissemens formés par l’Amazune à ses embou- chures ne cessent pas de gagner surelle. :::" CM il Ce n’est doncpas à un prémiercoup-d’œil qu'il fautis’arrêter, il faut suivre toutes/les circonstances ; et porter son attention sur les effet quirésulteroient: 42:47 1224 up 89 11 jers{ 1e9'0 19 On est ramené ainsi au système de l'affaissement:des continens anciens lors de la catastrophe du délnge , exposé dans les /ertres physiques et'morales sur l'histoire de la terre et de l’homme, dans les lettres sur l'histoire physique ‘de la terre, et ‘d’autres ‘lettres géologiques durmême auteur. 05 1 qu Dès cette grande époque le niveau.de la mer n’a plus changé; ‘et tontes les augmeritations partielles des bords:de la mer ;| citées si fréquemment comme preuve de la retraite de ses eaux ; sont des atierrissemens disposés par les flenves. . 4 - J'ai dit plusieurs fois, et ne cesserai pas de le répéter , parce que c’est un pointessentieben-géologie , que le-sable et: le limon -chariés par les fleuves ne vont.point s’enfoncer dans les prolon- -deurs de la mer:pour yformer des continens futurs; comine tañit de gérlogues de prétendent et en fontla-base deleurs/systémes. Les fl ts repounssent ces sédimens au rivage, d’où resulte cette addition au sol cotinental qu’on observe À lembouchure des fleuves. > xiq trai0t anis) eol - 11044, 1 ! C’est ainsi-qu’ont été formées des: plaines de la Hollande aux ‘embouchures de la Meuse et du-Rhin ,'une'partie de celles de la Basse-Eg\ pte aux:embouchures duiNil;i celles de” Bassora aux embouchures: du Tigre et de lBuphrate;rduiBeñgale aux enr- bouchures du Gange ; les vastes atterrisseméns du Mississiphode l’Orénoque, de l’Amazone, et les exemples sont aussi nombreux ET ODA SE OT RE (NAT RE Eh; Los qu'il y a de rivières qui vont perdre leurs eaux dans la mer. Je viens de dire que le mont Salève , situé au centre du con- tinent, montre une face semblable à celles des côtes escarpées de St: Domingue, et il en est de même de la plupart des escar- pemens des montagnes calcaires secondaires ; M. de Saussure a cru vdir sur cette face escarpée, non les échelons d’un abaisse- ment successif de la mer, mais les traces profondes d’un çon- rant de ses eaux qui les a rongées et escavées : hypothèse qui n'est pas mieux fondée que l’autre ; je l'ai prouve dans mes ob- servations sur cette montagne. . L'hypothèse des sozlèvemens, pour expliquer ces positions; est moins soutenable: encore; son impossibilité a été démontrée dans Aa cinquante-deuxième des lettres physiques ef morales, men- tionnées ci-dessus , dont j'ai donné un extrait dans ma lettre à M. P: Bertrand. Une,,seule classe de montagnes ont été élevées, ce sont les volcans; et ils l'ont été non| par soulèvement mais par accumula- tion. Une bouche s’est.ouverte par l'explosion des feux souter- reins, et. les matières qu'elle a lancées au-dehors se sont accu- _mulées en retombant autour d'elle. C’est ainsi que tous les vol- -cans ont été éleyés, et que l'ont été le Monte-Nuovo et l'ILe- Nouvelle de l'Archipel, tant de fois cités, par une grande mé- prise, en faveur dn systême des sozlèvemens.. la .:. C'est donc aux. aflaissemens qu'il faut toujours revenir pour se rendre raison des montagnes sous leur rapport d’éminences élevées sur la surface. du globe; c’est-à-dire que.les parties.qui faisoient suite aux couches qui les composent , se sont affaissées , les unes brusquement, et ont laissé debout ces faces abruptes , les autres en bascule qui ont donné aux couches cette inclinaison rapide; d’autres ont culbuté et présentent ce désordre , ces frac- tures,et.cette varniétérd'inelinaisons jusqu’à lasposition verticale. Mais ce qui est bien étrange , cette position verticale, suite ma- nifeste d’un renversement des couches, a été attribuée, par quelques géologues , à l’effet d'une cristaliisation (1). Un seul fait, s'ils l'ayoient remarqué les anroit détournés de cette opinion. Tous les corps marins déposés dans les couches y sont disposés dans :le plan de leur surface ;; ainsi, les cornes- d’ammon , les cames, les pectimites, y sont posées de plat ; les : L f f L: : f à l «4 t5: £ Alto [OISE ! 11 (1) DNS FRS Les Alpes, ‘chap. 7 du mont Salève ; parage 239. 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE turbinites couchées dans leur longueur. Lors donc que ces coù- ches culbutées renferment des corps marins bien apparens ; on les voit dans la même position que les couches ; ils sont incli- nés si elles sont inclinées, et verticaux si elles sont verticales. Maïs dévroit-il être besoin de ce fait pour persuader que cette diversité d’inclinaisons dans les couches des montagnes, est l'effet de culbutes et non pas de cristallisation. Explication des figures. | Les fig. 1 et 2 représentent le füt de la vis ou strombite, avec la partie du noyau, moulé dans la spirale qui luiest restée äd- hérente , vu de deux côtés. LA rainure qui suit les révolutions du fût est la place qu’occupoit la tranche intérieure des spirales de la coquille. à La fig. 3 montre la vis entière; le noyau moulé dans l'inté- rieur de la spirale est à déçouvert, cette portion de la coquille ayant été enlevée en rompänt la pierre, On la voit encore de part et d'autre du noyau et dans l'intervalle dés révolutions. La coquille ayant été pénétréé par les particules cristallines spathi- ques abondantes dans cette couche, ses fractures ont un brillant cristallin, La couche où se trouvent les fûts est très-différente-; elle est couleur de rouille, se brise et se décompose facilement, “añssant les fts isolés, où la pétrification s’est plus concentrée. Ne OT. É (DE L'INFLUENCE GALVANIQUE f & Ra sors LAS URP IB RNE DU SE NE D : Far Gaskrer-FraNcors Crrciun , étudiant én médecine. A £ OC } à 111: 231: Pa £ DL'HQU ii6 4 - Galvani, cet homme à jamais célèbre dans les fastes deJ'art, a découvert, il y a quelques années, que des métaux appliqués aux ncrfs ‘et aux musclés de grenvuüillés , déterinitioténit des cbn- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 tractions fortes et rapides lorsqu'on les disposoit d’une certaine manière ; il a poursuivi ses recherches, et a toujours obtenu des résultats satisfaisans,. En dernier lieu, son neveu 4/dini a démontré que les nerfs de la grenouille mis en contact avec les muscles d’un animal récemiment tué, faisoient éprouver à ce dernier des mouvemens très-marqués. Mon collègue Nysten a reconnu il y a quelques jours, avec Pappareil de Foix, que le cœur étoit de tous les organes, celui qui conservoit plus longtemps:sa contractibilité sous l'influence galvanique. IL est parvenu à classer tous les organes contenant des fibres musculaires, suivant leur d'irée de susceptibilité gal- vanique. Ses expériences auxquelles j'ai assisté, m'ont suggéré Hidée que la partie fibreuse du sang (1), qui joue un si grand rôle dans l'organisme animal, qui constitue le tissu propre de la: fibre musculaire, qui a les mêmes propriétés électriques qu’elle ; ete... devoit avoir la née he se contraoter sous V'influence galvanique. En effet ; je me suis convaincu il y a six jours:de ‘ce phénomène étonnant , par des expériences réitérées. Le19brumaire an-11, le cit. Collet, élève distingué de l’école . dermédecine, a été témoin d'une de mes expériences, et a eu là bonté de consigner ma découvente dans les journaux. - Nous-avons prisle sang d’un bœuf récemment égorgé ; nous lavons: battu pour en obtenir la partie fibreuse ; mous avons mis cette fibrine en contact avec les conducteurs de: flnide galyani+ que , et elle s’est cüntractée comme le muscle. Je poursuis mes expériences et j'en: donnerai les résultats. (3) Fibrine. doi JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ce | N° OL" E Sur une mâchoire inférieure d’un carniyore analogue à la chauve- souris ; trouvée dans les carrières à plâtre de Montmartre ; Par J.-C. DE LAMÉTHERTE. Les progrès rapides que font aujourd’hui les sciences natu- relles sont dus aux soins qu’on a de recueillir tous les faits in- téressans et deiles bien constater; ce n’est que depuis un certaim nombre d’années qu’on observe avec cette exactitude nos car-; rières à plâtre des environs de Paris : et: combien de beaux, faits ne nous ont-elles pas déja présenté? En voici un nouveau à ajou+ ter aux autres. ) Î oO" Dans la carrière qu'on exploite dans le jardin de la ci-devant ab- baye de Montmartre, on vient de trouverau milieu d’un morceau de la pierre à plâtre très-pure, une portion de la mâchoireinférieuré d’une espèce de mammifère approchant beaucoup'de la:chauve: souris (vespertilis); nous l’avons comparée; le C. Frédéric Cnvier et inoi!, avec la mâchoire inférieure d’une chauve-souris serotine , etnous avonsivu qu’il y avoit très-peu de différence. Voy.fig. IV de la planche ci-jointe où elle est gravée de grandeur naturelle. La mâchoire inférieure de la chauve-souris a quatre dents mo- lairés , deux canines et six incisives. ul: 3330. La petite mâchoire fossile n’a que les quatre dents molaires;; elles sont très-bien conservées et sont absolument semblables: à celles de la serotine. La mâchoire est brisée en cet endroit, et toute la partie antérieure manque; maïs la partie postérieure est entière ; l’apophyse glenoïde, l’apophyse coronoïde et toute la branche postérieure de la mâchoire. sont bien conservées : on y observe même l’empreinte du muscle masseter. C’est la première espèce de carnivore trouvée dans les carrières à plâtre desenvirons de Paris ; car parmi les nombreux os fos- siles que mon collègue Cuvier a observé et a décrit, il n’y a que des espèces de frugivores. Voilà les débris d’un quadrupède volant très-petit trouvés à peu de distance du lieu où on a trouvé la patte et les os de l’aîle d’un oiseau dont j'ai parlé dans le Journal de physique, cahier de messidor. On peut donner à ce nouveau fossile le nom de zucerite (x). (1) Nuxreus ,; chauve-souris, NOUVELLES ATECLTAPDIENS, T OU REE NATURELLE 405 NOUVELLES.LITTERAIRES. _ Nouvelle théorie de la formation des. filons ; application de cette théorie à l'exploitation des mines, particulièrement de celles de Freiberg , par A. G. Wrrner , conseiller de mines de la Saxe , professeur de minéralogie , etc. , nouvelle édition ; traduite de l’ Allemand , revue et augmentée d’un grand nom- bre de notes , dont plusieurs ont été fournies par l’auteur méme , par J. F. d'Ausvrsson. À Paris, chez Villier, libraire , rue des Mathurins, n°. 396 , an XI, (1802): prix 4 francs, et 5 fr. franc de port. ; Le nom seul du célèbre VV £rxEr, à la tête de cet ouvrage, suffit pour en annoncer l'intérêt et la perfection. A chaque page, on ne trouve que des faits bien constatés, exposés avec clarié, et des conséquences qui décèlent une logique des plus exactes. L'histoire des théories sur les filons , données avant (1790), celle de l’auteur, leur réfutation ; l'exposition de celle de NVznwer , les preuves et faits nombreux qui l’établissent, et qui, comme le traducteur dit, avec autant de justesse que d’é- légance, l’ont tirée de la classe des #kéories pour la mettre dans celle des /üirs ; l'application à l'exploitation des mines, voilà ce que contient le petit traité que nous annonçons ; tous ces objets y sont traités à fond et de la manière la plus satisfai- sante. Cet ouvrage est vraiment un modèle de la manière dont on doit traiter une question de géologie , toutes les fois que l’on veut descendre de la région des hypothèses , pour ne s’occuper que des faits et des conséquences immédiates qu’on peut en tirer. Le très-grand nombre de faits qui sont dans ce traité, inté- resseront le géologue et le minéralogiste, non-seulement comme servant de preuves aux propositions avancées par l’auteur ; mais plus encore comme servant à leur faire connoître la nature des filons , les particularités qu’ils présentent, leur structure inté- ricure , la disposition réciproque des minerais et des gangues qui les composent , etc., comme répandant un grand jour sur le mystère de leur formation , etc. Nous n'avions encore dans notre langue, aucun ouvrage où l’on eut rassemblé autant de faits de ce genre. Cette nouvelle édition a été revue avec soin par le traducteur, qui l’a enrichie d’un grand nombre de notes fort intéressantes. Tome LFP, BRUMAIRE an 11. EFE #06 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMISA Dans un des prochains cahiers, nous donnerons un court extrait de cet ouvrage. Traité élémentaire de minéralogie ; ‘suivant les principes dn Professeur WrrNer , conseiller des mines de Saxe, rédigé d'après plusieurs ouvrages Allemands, augmenté des décon- vertes les plus modernes, et accompagné de notes pour accorder sa nomenclature avec celle des autres minéralopistes français et étrangers ; par J. M. Bnocnanr , professeur de minéralogie , à l'école pratique des mines, toune second. À Paris, chez Villier , libraire , rue des Mathurins, n°. 3 6. Nous avons déja fait connoître le premier volume de cet ou- vrage ; le second n’est pas moins intéressant. Il traite des sels , des substances combustibles , des métaux et des roches. Nous en dunnerons un extrait détaillé. Histoire naturelle des fourmis , et recueil des Mémoires et Observations sur les abeilles , les araignées , les faucheurs et autres insectes ; par P. A. Larrerire , associé de l'Institut na- tional de France , et des sociétés philomatique, d'histoire natu- relle de Paris, sciences et belles-lettres de Bordeaux, et lin- néenne de Londres, avec fig. Et iis reipublicæ ratio , memoria , cura. Plin, Hist. mat. lib. 11, cap. 30. De l’imprimerie de Crapelet ; à Paris, chez Théophile Barrois, père, libraire, rue Haute-Feuille, n°. 22, Un vol. in 8°. Prix 7 fr. 55 centimes , broché. Franc de port, 9 fr. ; fig. coloriées , broché, 10 fr. 5o centimes , et franc de port 12 fr. Ce recueil de Mémoires ne peut manquer d'intéresser les sa- vans qui s’occupent de l’histoire des insectes. Ils connoïssent les talens de l’auteur. Cours de physique céleste , ou Leçons sur l'exposition du sys- tÊéme du monde , données à l'Ecole polytechnique , en l'an dix, par J. H. HassenrraTz , instituteur de physique. A Paris, à la librairie économique , rue de la Harpe, n°. 117; de l'imprimerie de Guilleminet, 1 vol, in-8°. , avec 29 planches. « Ge cours de physique céleste , dit l’auteur , n’est , à propre- ment parler, qu’un extrait d’un ouvrage sur lequel l'opinion du monde savant a devancé le jugement de la postérité ; c’est i ET D'HISTOIRE NATURELLE, 4oy en quelque sorte un abrégé du Système du Monde, par P. S. Larzace. » C’est assez dire combien cet ouvrage est intéressant. Physiologie et pathologie des plantes , du docteur PIENEK , premier médecin de l'Empereur , traduit du latin, par P. CHaANIN. Præstat naturæ svoce doceri. SENECA. À Paris, chez Barrou, libraire, rue des Poulies , en face de la colonnade du Louvre ; 1 vol. in-8°, L'ardeur avec laquelle on s'occupe de la physiologie des vé- gétaux , doit faire espérer que nous arriverons à quelques con- noissances sur cette partie si obscure. Essai sur Les attractions moléculaires. Il en est du monde physique , ainsi que du monde moral , ou chacun ne yaut que par les circonstances dans lesquelles il se trouve placé, page 203. Par C. L. Samson Maicaez ; à Paris, chez Calixte Voland, libraire , quai des Augustins , n°. 25 ; et à Douai, chez Tablier . libraire , 1 vol. in-8e. L'auteur présente de nouvelles vues snr l’attraction molécu- laire. Traité des moyens de désinfecter l'air, de prévenir la con- tagion , et d’en arrêter les progrès , par le citoyen Guyron- Monveau , membre de l’Institut national de France, avec cette épigraphe : Dira per incautum serpunt contagia vulgus. Vire. Seconde édition , 5 vol. in-8°., 4 fr. 5o centimes pour Paris ; 7 fr. franc de port. A Paris , chez Bernard, libraire , quai des Augustins, n°. 31. | La rapidité avec laquelle la première édition de cet ouvrage a été épuisee , prouve l'accueil que le public lui a fait. Histoire naturelle générale et particulière des plantes , ou- vrages faisant suite aur œuvres de Buffon , et partie du cours complet d’histoire naturelle , rédigé par Sonini, membre de plusieurs sociétes savantes. Traité a’anatomie et de physiologie végétales, servant d’in- troduction à l’histoire des plantes, par C. F. Brisseau Minpez, aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle , professeur de 408 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHIMIE botanique à l’Athénée français, et membre de la Société des sciences et arts de Paris; 2 vol. in-8°. , à Paris, chez Dufart, imprimeur-libraire , rue des Noyers. Bertrand , libraire, quai des Augustins. A Rouen, chez Vallée, libraire , rue Beffroi. A Strasbourg, chez Levrault. A Limoges , chez Bargeas. A Montpellier , chez Vidal. Et chez les principaux libraires de l'Europe. L'auteur traite dans ces deux premiers volumes de l'anatomie et de la physiologie. Nous avons déja fait connoître une partie de son travail dans plusieurs Mémoires de ce journal. Lu onD -plE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Mémoire pour servir à l’histoire de l'antimoine ; par le professeur Proust- Page 325 Lettre du Professeur Proust à J.-C. Delamétherie. 344 Lettre du cit. Traullé, au cit. Delarmnétherie. 3406 Résullais d'observations météorologiques ; par L. Cotte. 350 ÆExperiments and observations, etc. Expériences et observa- tions sur certaines substances pierreuses et métalliques qu'on a cru en différens temps être tornbées sur la 1erre, et sur quelques variétés du fer natif; par Ed ard-Ho- ward. Ext ait des Transactions philosophiques. 362 Considérations sur les masses de pierres et de matières mé- talliques qu'on suppose 1ombées de l'atmosphère ; par ÆEugène-Melchior-Louis Patrin. 376 Observations météorologiques. c94 Lettre du C. de Saussure au C. Delaméthertie , ur sla décom- position du gaz carboneux par le gaz hydrogène. 396 Addition au mémoire sur une vis péirifiée du mont Salève, Par G. A. Deluc. 397 Note de l'influence galvanique sur la fibrine du sang, par G. F. Circaud. 40% Note sur la méchoire inférieure d'un carnivore analogue à la chauve-souris, trouvée dans Les carrières deMont: martre ; par J.-C, Delamétherie. 404 Nouvelles litiéraires. 405 TU LUNA . nr y 2p JPUANOS EEE EE JOURNAL DE PHYSIQUE, DEC HA M'I E ET D'HISTOIRE NATURELLE. FRIMAIRE sn. 11. AOENROA RONES CE Du corunDumM et de quelques substances qui l’accom- pagnent , avec des observations sur les affinités qu’on a supposées aux terres l’une pour l’autre, par la voie humide; par Richard Chenevix, écuyer , de la Société royale de Londres, et de l’Académie royale d'Irlande ; lu à la Société royale /e 20 mac 1802. Traduit des Transactions philosophiques, Par F..N. Vanprer, docteur en médecine. M. Klaproth ayant déja analysé quelques espèces de corun- du , telles que le spath adamantin de la Chine et le saphir, j'aurois regardé toute expérience ultérieure comme iuutile, si je n’avois eu à ma disposition plusieurs espèces de corundum inconnues à ce chimiste, ainsi que quelques substances qui les accompagnent, et qui étoient absolument inconnues ayant le mémoire précédent du comte de Bournon. Il seroit trop long de rapporter toutes les expériences que j'ai faites sur chaque espèce, puisqu'il paroît, d’après mes analyses, que les différentes espèces de corundum sont presque sembla- Tome LV. KRIMAIRE an 11. Ggs #to JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bles dans leurs parties constituantes , et qu’elles ne diffèrent que dans leurs proportions: Je me contenterai donc de détailler , une fois pour toutes , les diverses méthodes d'analyses que j'&i employées pour les pierres de la même espèce , puis je présenterai le tableau de mes résultats, et enfin je terminerai ce mémoire par des recherches sur ün point très-contesté, et qui dans ces derniers temps, menaçoit la chimie docimastique d’une révolu- tion. Une dureté extrême est un des caractéres. rinéipaux ! du co- ründum , ainsi que le remarque le comte de"Bournon dans sa description mincralogique de cette substance ; on peut facile- ment, d’après cela ,. concevoir la difficulté qu’on éprouve pour le réduire en poudre très-fine, Les chimistes docimastiques nous disent que la manière Ta-plus‘avantageuse pour parvenir à pul- veriser les pierres dures, c’est de les chauffer au rouge, puis de les plonger dans l'eau froide. Cetité ‘opération n’est nulle- ment suffisante pour le corundum , si on ne la lui fait subir qu'une fois. J'ai été obligé de la répéter jusqu'à ce que larpierre me parut fondilée-dans tontet lés directions: jai mGS ensuite le morceau que je desirois pulvériser,. dans un mortier d’acier d'environ trois quarts de pouce de diamiètre sur trois pouces de profondeur, et auquel s'adapte très-exactement: un pilon d’acier. Quelques .coupside marteau. donnés sun le. pilon Suffisoïent alors pour émietter la pierre , «il devenoit par là facile d'en réduire les frogtiens ed poudté impalpable dans un mortier et avec un pilon d’agathe : cette opération préliminaire diminuoit de beaucoup l’abrasion du mortier qui a lieu lors- qu'on pulvérise des pierres dures. Un très court espace de temps suffisoit pour réduire les rubis et les saphirs en une poudre aussi ténue que le précipité le plus fin. TA 4 M. Klaproth, dans l'analyse dont j'ai parlé , avoit remarqué combien il est difficile d’attaquer les pierres par la potasse ou par la soude. J’ai observé que la plus grande chaléur qu’un creuset d'argent pût supporter sans fondre, n’étoit point suffi- sante pour produire une fusion satisfaisante d’une partie dé co- rundum avec six parties de l’un ou l’autre alkali. Garder la pierre exposée à ce degré de chaleur pendant plusieurs heures, ne reh- doit point ce traitement plus des il n'ylayoit jamais plus de la-moitié de la pierre qui fût devenue soluble dans lés'iacrdes, et ce qui restoit étoit du corundum pur et sans altération. Les fil- trations et les évaporations répétées qu'exige un pareil traitt- ment le rendËnt très-long, et ne peuvent manquer d'apporter de BTIPAESTONRENATURELLE ‘4 l'incertitude dansiles résultats; lors même que j'exposois du co- rundum réduit Me très-fine, avec six fois son poids de potasse , dans un creuset de platine à une chaleur de 140 degrés au pyrornètre de Wedgwood pendant deux heures , il n’étoit pas suffisammiént attaqué pour l’analyse : toutes ces expériences me prouvèrént que je ‘devois chercher d’autres moyens plus efficaces de rendre lé corunduim soluble dans les acides. . 4 ‘J'ai'fait, en conséquence, bouillir une grande quantité d’aci- de sulfurique sûr du corundum en poudre impalpable, dans un creuset de platine; mais quoique l'acide, après beaucoup,de temps } eût dissous un peu de là pierré, jé n'ai Jias trouvé cette méthodé plus satisfaisante que les autres. Les acides nitrique, muriatique et nitro-muriatique étoient, encore moins efhicaces que le sulfurique ; l’acide phosphorique tènu en fusion avec Île coruridum n’en dissolvoit pas une portion sensible et ne rendoit pas cette substance soluble dans les autres acides. J'ai eu alors recours au szb-borate de soude ( borate sursatnré de soude on borax*}), qui réussit au-delà de mon attente, Deux parties de ce sel calciné, et unie de corundum entrent en fusion à une température que j'ai jugée être environ le ‘80° degré du pyromètre de Wedgwood WE etil se forme un verre plus ou moins coloré. Ge verre est soluble dans l’acide muriatique ; par ce moyen il est aisé d’obtenir une solution complette du corun- dum. Ma méthode générale d'opération étoit ainsi qu'il suit : J'ai pris 100 grains de corundum , et après les avoir roupis et plongés dans l’eau froide , je les ai mis dans le mortier d’acier et traités comme je l’ai dit plus haut. J'ai ensuite versé sur là matière de l’acide muriatique très-étendu pour enlever le fér, qui eût pu adhérer en conséquence de l’action mécanique de la substance sur le mortier. J'ai ensuite fait sécher et pesé, puis j'ai pulvérisé aussi fin qu’il m'a été possible dans ie mortier d’agathe. J'ai tenu compte de l’augmentation. de poids.et je l’ai toujours déduite du résultat général!; j’ai mis le tout dans un creuset de platine avec 200 grains de szh-borate de soude, et j’ai exposé le mélange à une chaleur violente pendant une heure.ou deux. Lorsque le creuset fut refroidi, j'ai fait bouillir dedans de l’acide muriatique, etle verre disparut dans l’espace d’envi- ron douze heures. Si je desirois obtenir la silice. directement, (2) Je ne doute pas qu’une température plus basse ne soit suffisante. Chenevix. Gegz2 #i2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE j'évaporois le tout à siccité; lors, au contraire, que je ne vou- lois pas, je précipitois par un carbonate alkälin, et je lavois le précipité pour me débarrasser de tous les sels contenus dans la liqueur : je crois cette dernière méthode préférable à la première. Après avoir redissous le précipité dans l'acide muriatique, je faisois évaporer pour obtenir la silice; mais comme le corun- dum n’en contient qu'une très-petite quantité, il n’y ayoit que peu ou point d'apparence de gelée, Après avoir ainsi précipité Ja silice par l’évaporation, jai filtré la liqueur et je lai fait bouil- lir avec de la potasse en excès ; par cette opération l’alumine fut précipitée , puis redissoute par la potasse, de laquelle je la séparai enfin par le muriate d’ammoniaque, après avoir toute- fois séparé préalablement de l’alumine, le fer qui reste sans être dissous par la potasse. Après avoir bien soigneusement lavé et séché l’alumine et la silice, je les ai fait rougir, afin d’avoir le poids exact de l’une et de l’autre. Je vais donner un exemple de cette méthode de traitement, puis je donnerai les résultats que m'ont fourni les différentes espèces de corundum. Pour ce sujet, je choisirai le corundum bleu parfait, ou saphir, comme la pierre la plus savamment analysée par M. Klaproth. En comparant les deux analyses , l'efficacité de la fusion par le borax sera évidente , et on pourra comparer les résultats des différentes expériences. 10. Cent grains de saphir, pulvérisés dans un mortier d’agathe, ainsi qu’il a été dit plus haut, avoient acquis cinq grains. J’ai mêlé ces 105 grains à 250 grains de szb-borate de soude calciné, et j'ai mis le tout dans un creuset de platine. Je l’ai ensuite exposé à un feu violent pendant deux heures ; puis j'ai laissé refroidir. La masse étoit vitrifiée , et avoit l’apparence d’un verre bleu- verdâtre , fendiilé dans tous les sens. 2°. Comme ce verre étoit fortement attaché au creusetde pla- tine, j'ai mis le tout dans l'acide muriatique , et j'ai fait bouillir pendant quelques heures. Par ce moyen , j’ai obtenu une solu- tion limpide et complette. 30. J'ai précipité par de l’ammoniaque non complettement sa- turé d’acide carbonique ; j'ai filtré la liqueur , lavé soigneuse- ment et séché le précipité ; puis je l’ai redissous dans l'acide muriatique et évapore. 4°. Cette évaporation a donné un précipité qui, lavé et rougi, pesoit 10,25 grains , et étoit de la silice. bo, J'ai fait bouillir, dans un vase d’argent , avec un excès de ET D'HISTOIRE NATURELLE, 413 potasse, la liqueur ainsi que celle qui avoit lavé le précipité, tout s’est redissous, à l’exception d’un grain. 6°. J'ai versé du muriate d’ammoniaque dans la solution alkaline du n°.5 , la potasse a chassé l’ammoniaque de l'acide muriatique , et a formé du muriate de potassé/, qui ne pouvoit plus retenir la terre en solution ; il se forma donc un précipité très-abondant. Ce précipité avoit toutes les propriétés de l’alu- mine , et soigneusement lavé , séché et roug} , il pesoit 92 grains. Conséquemment , en déduisant de la silice, 5 grains pour l'abrasion du mortier , nous aurons pour résultat : TU MO seal Alumine..…. va OR Berita PNA er I PET cos NET LE à 100 000 M. Klaproth n’a trouvé aucune portion sensible de silice dans les morceaux qu’il a analysés. Cette différence essentielle entre les proportions de ce chuniste et les miennes , me conduisit na- turelleinent à examiner avec la plus scrupuleuse attention, par quels moyens cette terre eût pu se glisser dans les résultats de mon analyse. J'ai cherché si elle n’y seroit point entrée par le borax , l'alcali, ou quelqu’autre des réactifs employés. Mais voyant bien clairement qu'aucune de ces substances ne contenoit de silice, je n’ai pu hésiter plus longtemps à croire que la quantité de cette terre que j'ai rapportée, ne fût véritablement contenue dans le saphir que j’ai analysé. Je me suis aussi eon- vaincu que le mortier d’agathe et son’ pilon n’en avoient pas fourni plus que je n’en ai compté ; car jai l'habitude constante de les peser avant et après la puivérisation dans des balances qui, chargées de quatre livres de chaque côté, tournent facile- ment avec la dixième partie d’un grain. Les résultats généraux de toutes les différentes espèces de corundum , sont donc ainsi qu’il suit : , | Corundum bleu parfait, ou saphir. Silice mr 20m. 10029 Alumine...,.. 92 PNR ir Oo NME 100,00 LA 44 LOURNAL DE /PHYSTQUE, Dr CHIMIE « 921G inà1q Qi AY$ j; v£E ip 91199 DD 12 (ti5 tr il af <2e8R104 tout ee eoge PARA ) ou: rubis? L'ias'a 110 pr[ eh. € HBilicess . : 244 y oeèx du ouh orilrzls a gbi UD Sur 6 10 |, sf 1j } LE LL Nogloe g184 61 1e 2niq -s12"1 Hpereses AP DEA Ov, 81158 qi 59 latente e-2513 NET ti987([ 3 L 15%: «Dsl non 2x9 {1 AE LD SCC RAT (Ar 2 EMptorg ss ; 2 AS g1FQU c'e Y D Hgde Corundum imparfait du Carnarie." Æ .. . . . [ p: Siicetnsis N E" cnpide Alumine...:.. 91 er Chen 35 PÉTECs er cle Bet 20) ) 1 132.3 éSevisit6 "1 2 ou “HEIN 100,00 dr va | 1/7 ie « non ; (MTD21013: \ 29VP TOM A" 5 vr 152459) 1119 ik Corundum imparfait di Nalabar. DIRCE Ne à ee eZ “Alumine...... 86, Rene 0 OA E Pr D 2 LE PA TRS 2 1 Fi 100,00 1 Corundum imparfait ah la Dire! SN eh A sue Alumine...... 86, 5o Hernies é5e Perte..." .20 0247 100,00 ET D'HISTOIRE NATURELLE; EST. | Corundum imparfait d’Ava: Sulice....ktals 26,56 tif Alumiñe:..:.. 87,00 (39 4 299F0nLL 54/00 VE, 50 Perte 44H. Lu) 2500 —— — J Ë 100,00 = O1 31 . : * Comme je n’ai pu découvrir ni chrôme , ni aucune autre subs+ tance colarante que le fer dans ces pierres , je ne puis attri- buer leur différence de conleur ‘qu'aux différens degrés d’oxi- dation du fer, ; atais il est ‘impossible de s’assurer quel est ce de- gré, quand ün en a une aussi‘petite quantité. Les gangues de ces pierré®, et les substances che les accom- paguent, sont beaucoup plus faciles à attaquer que les six espèces de corundum dont je viens de parler. Le traitement ordinaire et bien connu, par la potasse , étoit suffisant pour rendre ces gan- gues solubles dans les acides. Depuis les expériences multipliées de Klaproth, Vauquelin et autres, la manière d'analyser les corps minératx'est devenue si familière anx chimistes’; que je n’entrerai dans les détails que dune seule espèce de ces subs- tances. Gangue du corundim de là péninsule de L'Inde. 1°, J'ai réduit en poudre , de la mañnière déja décrite, une certaine quantité de cette gangué. J’ai ensuite traité 100 grains avec la potasse , dans un creuset d'argent, et j’ai obtenu une solution limpide et complette dans l'acide muriatique. J'ai fait évaporer la liqueur, et longtemps avant que la masse füt en- tièrement desséchée, elle avoit une apparence de gelée. J'ai re- dissous dans un léger excès d’acide les matières salines contenues dans la capsule évaporatôire ; il. est. resté:au fond une poudre qui avoit toutes les propriétés. de da silice ; etqui lavée et rougie pesoit 42,5 grains. : ; 29, J'ai verse de l’ammoniaque dans laliqueur qui avoit servi à laver le précipité précédent. Il se forma de cette manière un précipité-abondant ,-que je séparai par filtration ; et que je lavai avec soin. 6 | m6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 30, Le carbonate de potasse causa aussi un précipité dans la liqueur , n°, 2; ce précipité étoit du carbonate de chaux , et pe- soit 23,5 grains, qui—#15 de chaux. 4°. Le précipité du n°. 2 fut redissous dans l'acide muriatique. Je le fis ensuite bouillir avec de la potasse en excès , et je filtrai. {Il resta non dissous 3 grains , qui étoient du fer. 50. Je précipitai par le muriate d'ammoniaque , ce qui étoit contenu dans la liqueur du n°. 4, et j'ai eu de l’alumine qui, lavée et rougie pesoit 37,5 grains. Il y avoit aussi une trace légère de manganèse. Les propor- tions étoient donc : Silice......... SE On MED ANNUEL ER een, 0 Chaux Re A Pt ee 1 ED Fer... g@eressse.e 3 Perte, et trace légère de manganèse 2 $ . RS —— — 100,0 Par un traitement seinblable les substances suivantes qui étoient contenues dans la gangue m'ont donné pour résultat : Feldspath. Sie REC ACER 64 Alannesseiett SAME Chanxe CEE re NO ROLE CRE EC RCE 2. PÉRCE ee eines e ae O7 100,00 Fibrolite (1). Silhcetiiate HN SN Alumine....... 58,25 Trace de fer et perte.. 3,75 (1) La fibrolite est une substance nouvelle que nous ferons connoître par la suite. Voilà ET D'HISTOIRE NATURELLE, it Voilà la seule pierre que j'aie jamais rencontrée qui ne con- tint que de la silice et de l'alumine; car la quantité de fer qui s’y trouvoit est trop peu considérable pour mériter aucune con- sidération. J’ai répété cette analyse trois fois, et je n’ai pas trouvé un demi grain de différence. Thallite en cristaux avec une surface raboteuse. CHONRERS MISE k à Alumine...... 28 Chaux... «ii -1) Here re EL II Pertes. ras 1 100 Thallite en prismes comme la tourmaline. SIICE ere 2040 Alumine...... 25 Er Res ant DA Pere ere a 100,0 Thallite en fragmens d’un beau jaune transparent. SCO ER ece 42 : Alumine..... 2059 Chaux.:1... APEUTS ee TN 14 . 100,0 ——— Tome LF. FRIMAIRE an 11. Hhh n8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Fibrolite qui accompagne la gangue du corundum de la Chine: SAGE RSS Alumine...... 46 2: Perte ME ENT Pertes rat Tes ERA 100 Feldspath qui se trouve dans le sable de Céylan. SIICER- UC OBS Alumine.....,. 20,5 Ghauxe eee Fer Per TRIO Bérte. euh: 2:4i2:9 Comme la plus grande partie des substances dont je viens de parler , est d’une fusion facile dans la potasse, j'ai préféré à tout autre un creuset d'argent. On ‘peut établir comme règle générale dans les expériences délicates ; que nous ne devons point nous servir de creusets métalliques dans le traitement des substances métalliques ; mais ce sont les seuls sur lesquels on puisse compter dans le traitement des substances terreuses. Les métaux aisément oxidables ne peuvent servir ; mais l’argent et le platine présentent des avantages supérieurs à tout autre métal. Le platine résistant au feu et aux acides , on lui donneroït, d’a- près la théorie , la préférence sans hésiter ; et cette préférence se trouvera justifiée dans la pratique ; excepté ‘dans'un seul cas. Si lon tient longtemps en fusion de la potasse dans un creuset de platine, on trouvera que le creuset‘a perdu plusieurs grains de son poids. On peut rechercher dans la potasée le platine dissous , il suffit de la saturer d’acide muriatique , ‘et d’évaporer pour obtenir le se] triple très-connu ; formé par la combinaison de l'acide muriatique avec la potasse et l’oxide de platine. Cette action de la potasse sur le platine , ne dépend point d’une cause mécanique, de la friction, par exemple , la force qui l’a déter- miné étant purement chimique. Silon mêle un sel formé:par la : ET D'HISTOIRE NATURELLE: £15 potasse , ou un sel formé par l’ammoniaque, à un sel de platine, il en résulte un précipité qui est un sel triple; et c’est là le moyen que le Gouvernement espagnol emploie pour découvrir le platine qui se trouve dans les lingots d’or qui lui sont envoyés de ses possessions d'Amérique. Il est donc évident qu'il existe une affinité entre la potasse-et le platine dans certaines circons- tances, et j'imagine que c’est cette affinité qui cause l’oxidation du platine, quand on tient de la potasse en fusion sur ce métal. Je dois pourtant observer que mon creuset avoit été fait à Paris, par Janetty, d’après une méthode qu’il a publiée dans les Annales de chimie; cet artiste emploie toujours l’arsenic dont une petite quantité reste certainement unie au métal (1). Il reste à déterminer quelle influence l’arsenic peut avoir eu sur ces phénomènes. La soude ne forme point de sel triple avec l’oxide de platine. J'ai souvent tenu cet alkali en fusion dans un creuset de ce métal, sur lequel pourtant il n’exerçoit que très-peu d’ac- tion : ce fait semble corroborer mon assertion , et prouver que l’affinité de la potasse pour l’oxide de platine, détermine l’oxi- dation de ce métal. Lorsque je soupçonne qu’il y a eu du platine dissous , je puis facilement le découvrir , quelque peu qu’il y en ait. Une solu- tion de platine assez étendue pour être presque sans couleur, présente, dans un très-court espace de temps, la couleur de la solution la plus concentrée , et devient rougeâtre par l’addition d’une solution d’étain dans l'acide muriatique. C’est là le réactif le plus sensible que je connoïsse pour le platine, et il rempliroit les vues du Gouvernement espagnol beaucoup mieux que les réactifs qu'il emploie ordinairement. Les alkalis n’ont point d'action immédiate sur l'argent ; mais j'ai remarqué que les creusets de ce métal, après avoir été em- ployés quelque temps, devenoient plus fragiles qu’ils ne l’etoient auparavant. : On à longtemps appellé la potasse et la soude alkalis fixes, et il est certain qu’ils le sont, si on les compare à l’ammoniaque. Mais le terme fxe est un terme absolu , qui ne peut admettre de (1) Je dois observer que les creusets dont il s’agit avoient été fabriqués dans un temps où l’art de travailler le platine étoit encore très-imparfait. Janetly étant parvenu à le porter à un degré de perfection qu'il n’espéroit pas lui- même , il est probable que l’inconyénient dont se plaint M. Chenevix n’aura pius lieu. Æ, N. Vandier, Hhh 2 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE plus ou de moins. Or, on peut volatiliser en entier la potasse préparée à la manière de M. Berthollet, si on la tient en fusion à une trèss#rande chaleur. On peut reconnoître la vapeur de Yalkali dans l'appartement , et les couleurs végétales subissent les changemens que produisent ordinairement les alkalis. Bien plus, on sent aisément la vapeur de l’alkali, en préparant la potasse à la manière de M. Berthollet. La soude n’est pas aussi volatile, quoique fort éloignée d’être fixe. Il paroît aussi qu’un peu d’eau augmente la volatilité de la potasse et de la soude, ce qui arrive aussi à l’acide boracique. On a employé dernièrement avec avantage cette volatilité de la potasse à l'art du blanchiment. LE de Des affinités que les terres sont supposées avoir l’une pour l’autre, par la voie humide. F Dans le cours des expériences précédentes, j'ai eu occasion de faire de nouvelles observations sur un sujet qui avoit déjà engagé mon attention auparavant ; je veux dire les affinités que les terres ont été supposées avoir l’une pour l’autre, quand elles sont tenues en solution par des acides ou des alkalis. Dans le vingt-huitième volume des Annales de chimie , page 189, j'ai publié un mémoire $ur l'analyse de quelques pierres magnésiennes , dans lequel j’ai fait connoître les affinités des terres l’une pour l’autre ; savoir, de l’alumine pour la silice , de l’alumine pour la magnésie, et de l’alumine pour la chaux. Dans le trente-unième volume, page 246 , on trouve un mémoire sur le même sujet, par Guyton-Morveau. Ce chimiste rapporte quelques expériences qui lui sont personnelles , et qui l’ont porté à croire que les terres ont véritablement une attraction chimique l'une pour l’antre. Depuis ce temps-là , les chimistes ont regardé cette affinité comme un fait incontestable, et nous trouvons à la fin de l’Essai sur l’analyse des eaux minérales, par M. Kir- wan , une liste des sels terreux qui réagissent les uns sur les autres; réaction qu'on suppose produite par une affinité qui tend à unir leurs bases sous la forme d’un précipité insoluble dans les acides. On trouve aussi quelques autres observations détachées , sur ce sujet , dans le Jozrnal de physique, et dans les Annales de chimie. Ce fait est sans contredit un des plus importans pour l’art docimastique , et mérite toute l’atténtion des personnes versées dans cette branche de la chimie. [ÉVE 3D’EANX S T'OLRE INA TU RE LL E:. Gex Dans le quarantième volume des Annales de chimie, page 52, Darracq a publié un mémoire destiné à réfuter les conclusions de Guyton. J’avois moi-même répété la plus grande partie de ses expériences , et les résultats que j’en ai obtenus sont parfai- tement conformes à ceux de Darracq. J’avois réellement.eu l’in- tention de continuer mes premières ‘recherches ; mais le mé- moire de:Darracq.est:si satisfaisant queis cru absolumerit inu- tile d’en faire de nouvelles. Cependant , un paragraphe inséré dans:le quarante-unième volume des Æunales de chimie, page 206 ,etdont Guyton paroît être l’auteur , prouve que le mémoire de Darracq n’a pas porté chez lui la conviction qu'il est fait pour roduire. Le paragraphe en question est fondé sur une lettre écrite de Freyberg ;-par le docteur G. M. ; au docteur Babington, sous:la date du 17 décembre 1800 ; et insérée dans le quatrième volume du journal de Nicholson, page 511. Cette lettre contient une opimôn qui inérite d’être examinée, parce qu'elle-n’est pas parfaitement juste ; et l’usage qu’ensa fait M. Guyton, me dé- termine à joindre mes observations à celles de Darracq. Je suivrai le,même ordre que Guyton , dans l’'énumération des expériences que j'ai faites, ten Expérience. 1°, Guyton a obtenu un précipité d’un mélange d’eau de chaux et d’eau de baryte : je n’en ai eu aucun. Exp. 2°, Une solution d’alumine dans la potasse | mêlée à une solution de silice aussi dans la potasse , donne un précipité, au bout d’un certain temps. Ce fait.a été observé par Darracq et par Guyton, et s'accorde parfaitement avec l’affinité que j'a- vois dit exister entre ces deux terres, longtemps avant que Guyton publiât son mémoire. Exp. 3.,4°., 5e. L’eau de chaux, l’eau de strontiane, et Peau de baryté, produisent un effet à-peu-près semblable sur une solution de silice dans la potasse. ÆE:xp. 6°. Je n’ai eu aucun précipité en mêlant de l'eau de baryte et de l’eau de strontiane; je n’en ai point obtenu non plus en mêlant les solutions de leurs carbonates. dans l’eau im- prégnée d’acide carbonique. ). Le sang étoit d’une fluidité singulière et d’un rouge très-vermeil. Les cavités crâniène et thorachique n’offri- rent absolument rien de notable. L’abdomen étoit déprimé. Il n’y avoit aucune trace de lésion. dans les organes qu’il renferme. L’estomac étoit distendu par du pain un peu coloré en. vert, mais sans odeur alcoholique ; sa surface interne étoit enduite de mueus ; sa membrane villeuse formoit b‘aucoup de replis. Le ducdenum étoit rempli d’une mucosité d’un jaune-orangé ; ses pa- (1) L’alcohol dont je me suis servi pour les teintures , étoit dans toutes mes expériences à 38 degrés (aréomètre de Baumé). 2) L'ouverture du cadavre ne fut faite que vers les 7 heures du soir. Tome LF. FRIMAIRE an 11, 434 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHIMIE rois, sur-tout près du pylore, parurent un peu plus épaisses que de coutume. Exp. 7. Deux gros d’extrait sec, obtenus par l’évaporation de la teinture dont il est question dans la précédente expérience , furent donnés à deux chiens, qui n’ont pas cessé de se bien porter depuis. Je les avois délayés dans 4 onces d’eau , et joints à une petite quantité de mie de pain. Exp. 8. Ayant présenté à un petit chien épagneul 2 onces de champignon de couches, encore un peu humide et conservant légèrement la saveur de l’alcohol, dans lequel il avoit macéré jusqu'à épuisement, cet animal le mangea, sans aucun mélange, avec une sorte de voracité. Il n’en éprouva d’abord aucun effet sensible. Cependant il ne tarda pas à donner des marques d’i- vresse ; il se soutint difficilement sur ses jambes, et fut obligé de se tenir couché. Il conserva encore pendant quelque tems sa gaîté ; mais ensuite il tomba dans une espèce de somnolence, et parut éprouver du mal-aise. Cet état dura tout l'après-midi, et ce ne fut qu’au bout de 8 à 9 heures que le retour parfait à la santé fut entièrement décidé. ï Ë ; Nota. Ce chien avoit mangé , pendant plusieurs jours, du mime champisnon , cr& et k triple dose , sans en être le moin- drement incommodé, ÆEzxp. 9: Pour prouver encore ; d’une manière incontestable ; que l’alcohol seul étoit la cause des accidens sus-mentionnés, je pris à-peu-près autant du même champignon épuisé par Pal- cohol ; je ’épuisai de nouveau par l’eau , et dans cet état je le fis manger au mème chien, qui fut tout aussi bien portant qu'après: l'épreuve. Exp. 10. Afin de déterminer si l’alcohol , dans lequel auroit macéré du. champignon fausse oronge , ne présenteroit pas des effets diflérens de ceux produits par l'alcohol pur ou par la tein- turé du champignon comestible, j'en fis prendre 2 oncesau chien qui m’ayoit servi aux huitième et neuvième expériences. Il étoit alors 1 heure d'après-midi. Presqu’à l’instant même , l’ivresse se manifeste , l'animal chancèle , et enfin il tombe sans pouvoir se relever. Au bout de 20 minutes, il vomit près du tiers de la li- queur , mêlée de mucosités. À 3 heures, cris plaintifs, respira- tion entrecoupée , refroidissement général , les yeux ouverts et immobiles, Vers 5 heures, état comateux profond , pouls peu fréquent et foible, contractionse alternatives et comme convul- sives des muscles extenseurs et fléchisseurs des membres abdo- minaux, mais, plus prononcées que dans l'expérience sixième ; ETOD’'HNS TO DRE N'A TU HE LITE; 435 nulle trace de sensibilité. A 9 heures , la respiration se fait avec des efforts incroyables; cependant le pouls et la chaleur semblent se soutenir. : Le lendemain matin, à mon grand étonnement , je trouve l’a- nimal sur pied et à peine encore un peu malade. Une grande partie du jour se passe ainsi, et le soir il mange avec son appétit accoutumé. Exp. 11. Vingt grains d'extrait sec, obtenu par l'évaporation de l’alcohol dans lequel avoient macéré déux mille grains de la partie feuilletée ( feuillets) du champignon fausse oronge, ne produisirent aucun effet sur le jeune barbet de la deuxième expé- rience , auquel je les avois fait manger avec un peu de pain. Exp. 12. Vingt-quatre grains d’éxtrait, obtenu par le même procédé de la partie colorée qui reconvre le chapeau du même champignon ; ne donnèrent pas d’autre résultat, quoique le chien qui les avoit pris fût très-petit et très-jeune. Récapitulation. Dans la première et la quatrième expériences , les deux chiens ont succombé à l’action de l’alcohol à 24 degrés ; le premier, qui en avoit pris demi-once de plus, a péri en 12 heures, et le second en 26 heures. L’un et l’autre avoient éprouvé à-peu-près les mêmes symptômes ; l’un et l’autre présentèrent les mêmes alté- rations organiques ; seulement le dernier, qui vomit un peu plus tard et qui vécut plus longtems, les offrit dans une plus grande étendue. Au reste, elles se bornoïent aüx premières voies. Dans la deuxième expérience, l’alcohol à 12 degrés n’eut pas d’effet bien marqué. Dans la troisième, celui à 18 degrés occasionna des symptômes très-graves , sans produire la mort. Dans la cinquième, l’alcohol à 38 degrés tua l'animal en 34 heures, et laissa à peine quelques traces de son action. Dans la sixième, la teinture du champignon comestible fit périr en 10 heures; il survint quelques symptômes analogues à ceux que produit la fausse oronge ; maïs on ne découvrit point de lé- sion dans les organes. Dans la septième , l’extrait sec, obtenu par l’évaporation de cette teinture, est démontré innocent. Dans la huitième , on voit que le champignon comestible , in- , Kkk 2 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE capable de nuire par lui-même, peut produire l'ivresse lorsqu'il a macéré dans l’alCohol. 1 Dans la neuvième , il est prouvé que l’alcohol qu'il retient en est l’unique cause. Dans la dixième , la teinture du champignon fausse oronge a donné lieu à des accidens terribles et à quelques symptômes par- ticuliers à ce champignon, et cependant l’animal a survécu. , Dans les deux dernières enfin, une quantité d’extrait sec, infi- niment supérieure à celle que pourroient fournir 6 onces de tein- ture, n’a pas déterminé le plus petit accident. D'après tous ces faits, que conclure ? 10. Que l’alcohol, concentré et à certaine dose, est constam- ment un poison pour les chiens ; 2°. Qu'il leur donne la mort, autant et même plutôt comme irritant que Comme narcotique ; 3. Que l’action dela substance dont il est le véhicule, quelque vireuse qu’elle soit, mérite à peine alors d'entrer en ligne de compte ; 4°. Enfin, que toutes les expériences tentées sur ces animaux avec diverses teintures , doivent être regardées comme nulles, et rejettées comme une source intarissable d'erreurs , dans leur application à l'économie de l’homme. Puisse ce léger essai éveiller l’attention de ceux qui se livrent à l'art si difficile des expériences ! Puisse-t-il les rendre plus ré- servés encore dans les conséquences qu'ils en déduisent ! Je suis loin cependant de prétendre avoir épuisé cette matière ; elle me paroît, au contraire , susceptible d’une foule de recher- ches ultérieures , non moins curieuses qu’utiles, et bien digne encore des méditations d’un médecin philosophe. Par exemple : 1°. Ne pourroiït-on pas fixer le degré de concen- tration et la dose d'alcohol qu’il est nécessaire d'employer pour qu'il ait une action ou irritante ou simplement narcotique ? 2, Ne pourroit-on pas faire des essais comparatifs sur différentes espèces d'animaux, soit domestiques, soit sauvages? 3. Ne pour- roit-on pas comparer les symptômes qu'il produit seul ou étant véhicule de certains principes, à ceux que produisent d’autres substances ? 4°. Ne pourroit-on pas déterminer, avec précision, le temps qu’il doit rester dans l’estomac, pour donner la mort et pour que l’antopsie découvre telle ou telle espèce d’altération ? ERTMD HIS IT O/ICR) EMMNLANTIUI R'ETADE. 437 5°, Ne pourroit-on pas tenter des moyens pour dissiper l'ètat d’i- vresse qu’il occasionne , et par suite appliquer avec quelque suc- cès ces moyens à l'ivresse chez l’homme , etc , etc. ? Je ne saurois terminer ce méimoire sans faire des remerciemens aux CC. Circaud , Bros et Rousset , mes amis, qui ont bien voulu me sacrifier quelques-uns de leurs instans , et me seconder dans ? exécution de mes expériences. EEE EEE BE EE: RUE DU C. DIZÉ, EX-AFFINEUR NATIONAL DES MONNOIES, AU C. J.-C. DELAMETHERIE. CIToxen, Le cit. Darcet neveu, a publié dansle cahier de votre jour- nal du mois de véndémiaire dernier (1), le détail d’une addition faite à l’art du départ, pour obtenir constamment l’or au titre de mille millièmes. Le ton avec lequel il s'explique sur les détails de cette addition sur les procédés de l’affinage des matières d’or et d'argent , et les espérances qu’il dir projetter à ce sujet me for- cent de rompre le silence. J’aurois été moins sensible à une telle publicité , si elle avoit été donnée par un particulier indiscret et étranger à mes atteliers , parce qu'aucune considération d’égard ‘et de reconnoissance n’auroit pu l'arrêter; mais le C. Darcet ne- veu devoit au moins trouver dans ces deux motifs des moyens puissans ; pour m’épargnér le désagrément de faire remarquer un pareil oubli de sa part. En admettant même des prétentions plus ou moins fondées , qu’il auroit à faire valoir en faveur de la première idée de l’usage de l’acide sulfurique concentré , pour enlever à l’or les derniers atômes d'argent très-difficiles à séparer par l'opération ordinaire du départ , il ne me seroït pas moins permis de dire au C. Darcet neveu, qu’en publiant un tel moyen découvert aux dépens d’un établissement qui l’auroit soldé, pour y donner ses soins , qu’il (1) Voy. la page 259. 438 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a blessé les formes de convenance envers cet établissement, le berceau de son instruction première en ce genre. Je pourrois aussi, pour ce qui me concerne, lui adresser des reproches juste- ment mérités, parce qu’en l’accueillant dans mes travaux , j'ajou- tois des nouveaux témoignages d’attachement à ceux dont je lui avois donné des preuves dans des tems difficiles. Mais je dois à la vérité de consigner dans votre journal , dé- positaire de la publication de l'addition de l’aciie sulfurique au procédé du départ, que jamais le cit. Darcet neveu n’est entré à l’affinage national des monnoies, coinme chargé d’en perfectionner les travaux : ses fonctions s’y bornoient à la simple vérification des titres des matières que le commerce apportoit. La confiance que j'avois établie en lui m'allégeoit l’assiduité continuelle de la surveillance des ouvriers occupés à des tra- vaux si dangereux à la probite. 11 On doit bien penser que , lorsqu'il s’agissoit de .faire des re- cherches sur les travaux des matières aussi précieuses que l'or et l’argent , il n’étoit permis à aucun ouvrier ni employé de déter- miner des expériences, et moins encore de disposer des matières d'or et d'argent, pour les faire d’après leurs vues particulièrese Canséquemment, le cit. Darcet neveu, simple employé à ma solde , n’a jamais eu aucun droit, aucune espèce d’autorité , pour déterminer ni exécuter de sa propre volonté des essais de perfectionnement suivis ou isolés. Tous les plans d'expériences et les vues d'améliorations ont été dictés et dirigés par moi dans l’affinage national ; et toutes les fois que j'y ai admis le cit. Darcet neveu , c’est toujours comme manipulateur ; et lorsque je ne lui donnoiïs point par écrit la note des essais à exécuter , je les lui détaillois verbale- mentainsi que les moufs. Cependant, le cit. Darcet, dans son exposé, s'explique de manière qu’il sembleroit vouloir faire entendre que lui seul fai- soit tout marcher vers la perfection dans mes ateliers. Avec ce ton, il lui seroit facile de me présenter comme un entrepre- neur absolument dépourvu de connôissances chimiques , obligé de se laisser diriger dans les travaux et leur perfectionnement par un chef d'atelier. Mais le citoyen Darcet n’ignore pas que je pouvois me passer de ses conseils, 11 ne peut prétendre être le propriétaire de la méthode d'obtenir constamment en grand l’or de départ à mille miliièmes, puisque c’est moi qui lui preserivis dans le tems de traiter séparément deux onces d’or en chaux de départ, qui n’étoit sorti du travail qu'a 94 millièmes, avec les EL D'AN ST OR EN A TU RE LE: 439 troïs acides minéraux bonillans et concentrés. Mon dessein étoit de connoître dans quel état pouvoit se trouver cette petite por- tion d’argent que l’acide nitrique le plus concentré et bouillant refusoit de dissoudre. Le cit. Darcet neveu me paroît encore avoir oublié que n'ayant pas exécuté ces essais , je fus obligé de faire moi-même la première série des ébullitions avec l’acide nitrique concentré , et de commencer celle avec l’acide muria- tique ; il est vrai que s'étant offert pour mr'éviter la peine de con- tinuer , il acheva ce qui étoit entrepris avec l’acide muriatique, et il poursuivit la troisième série des ébullitions avec l'acide sul- furique concentré. Les trois parties différentes d’or vinrent cha cune à mille millièmes, On passa six quantités de deux onces d’acide nitrique sur l’or en chaux, pour l’amener à ce titre : celui qui fut traité par l’acide muriatique en employa douze, et enfin celui qui passa à l'acide sulfurique concentré à 66 degrés une. L’acide sulfuriqne fut donc préféré comme-le moins coù- teux et le plus expéditif. Actuellement, je laisse aux lecteurs à porter leur jugement. É Pour ce qui concerne les poussées d’affinage , le cit. Darcet n’en parle pas avec une meilleure grâce.-J’avois commencé, six mois avant ma démission des fonctions d’affineur national , un long et pénible travail sur cette partie essentielle des affinages des matières dorées et d'argent , auquel le cit. Darcet a assisté comme simple manipulateur. Je fus obligé de le suspendre , parce que le cit. Darcet me donna la preuve la plus positive, et de son propre aveu , qu'après avoir travaillé à mes expériences, il alloit s'occuper ailleurs sur le même objet. Je ne réfuterai pas ses prétentions sur la dose du nitrate de potasse dans les poussées , parce qu'il y a à-peu-près quarante ans qu’on sait dans les affinages, qu’il est inutile et trop coûteux en déchet d'employer la inême dose de nitrate de potasse pour les matières qui ne.sont pas d’un titre trop inférieur. Maïs ayant determiner, je dois m'expliquer sur une note qu’il a mise à la page 261, dans laquelle il doute si l’argent se trouve oxidé dans la poussée , et qu’il attend que ses expériences com- mencées pour s’en assurer, Soient terminées. C’est précisément d’après la: connoissance positive que j'avois acquise sur la nature-ou l’état chimique des poussées , que j’en- trepris de chercher un mode plus expéditif et moins dispendieux d’oxider sans nitrate de potasse les alliages de matières d’or et i Lo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'argent. Le cit. Dércet neveu auroit pu dire, sans attendre de nouveaux essais, dans quel état est l’argent dans les poussées, et de même faire connoître le degré d’oxidation du cuivre , par- ce qu’il le sait très bien , d’après l'analyse que j’en ai faite. RSA EI 7 EP PE ET CES TE EST CPE MNNNS Sur les essais d'or de départ, qui a été traité par l'acide sulfurique bouillant et concentré à 66 degrés ; Par M. J. Drzé, ex-affineur national. Il est une observation relative aux essais d’or fin , que je ne passerai pas sous silence, puisque le procédé est connu. La voici : toutes les fois que les essayeurs du commerce essayent l'or fin qui a bouilli avec l’acide sulfurique concentré , ils trouvent presque toujours leur cornet d’essai à plus de mille millièmes. J'ai été longtemps à me rendre raison de cette singularité; je crois cependant en avoir trouvé la cause dans la manière d’opérer le départ du cornet d’essai comparée à celle du départ de l’or qu’on termine avec l'acide sulfurique concentré. Je suppose qu’on ait à constater le titre de fin d’un lingot d'or, départi d’abord à la manière ordinaire , et ensuite passé à l'acide sulfurique bouillant et concentré à 66 degrés : après avoir for- mé le poids d’un gramme avec de l'or de ce lingot , on est obligé de passer ce gramme d’or à la coupelle, en y ajoutant le poids d'argent fin nécessaire pour faire ce qu’on appelle l’inquartation : ainsi, le gramme d’or, qui étoit mathématiquément pur, se trouve allié d’argent. Mais si ensuite l’essayeur ne se sert que d’acide ritrique, pour en faire le départ, il laisse dans le cor- net d’or cette portion infiniment petite d’argent, que les Alle- mands expriment par le mot érterhuld , et que nous connoïssons sous celui de surcharge. Au moyen de quoi le cornet pèsera un gramme plus le poids de la surchage d’argent qui y sera resté, et s’élève quelquefois dans lesessais de cette qualité d'or à deux etquelquetois deux millièmes et demi; cette surcharge varie peu, sur-tout lorsque les matières du départ en grand ont été bien poussées ou purifiées, et ensuite bien départies par l’acide ni- trique , ET D'HISTOIRE.NATUREZLLE. \, 441 trique , et que l'acide sulfurique concentré , qu'on fait ensuite bouillir sur l’or , n’a pas encore servi à une opération de même genre , parce que je me suis apperçu que, lorsque cet acide avoit passé deux fois de suite sur de l'or, la quantité de sulfate d’ar- gent qu’il contient en dissolution diminue sôn énergie, de ma- mère que l’or, quoique reconnu à mille millièmes par l'essai, ne donne pas cépendant un cornet d'essai au-dessus de /millé/mil- lièmes , c'est-à-dire , l’or de départ contenoit la surcharge d’ar- gent. D'après ce fait que j'ose croire exact , il semble qu’on devroit naturellement conclure que toutes les fois qu’on essaie de l’or de départ qui auroit bouilli dans l'acide sulfurique concentré , il seroit nécessaire que le cornet d’or pesât plus de mille millièmes, pour que l'or fût réputé être vraiment pur, où bien.que l'es- sayeur , après avoir passé sur le cornet la quantité d’acide nitrique prescrite par la loi, lefît bouillir, avant le recuit, quelques mi- nutes dans de l'acide ‘sulfurique concentré à 66 degrés, afin de lui enlever la surcharge d'argent que l'acide nitrique refuse de dissoudre, quelque concentré qu’il soit. Cette petite addition à un essai d’or ne seroit pas importante pour la dépérise ni: pour le temps de l’opération : je la croirois'inême indispensable ons obtenir un essai d’orrigoureusement exact ; et, à cet égard, il seroit difficile de douter que l'acide sulfurique n’eût pas la même propriété sur des petites masses que sur des quantités de cinq à six, et quelquefois dix kilogrammes d’or. Les expériences que j’avois commencées , pour m’assurer des faits dont je viens de parler, m'ont paru les attester ;, mais j'ose prévoir que ceux qui voudront les répéter avec soin pourront mettre le sceau de la vérité à mon opinion, L Tome LF. FRIMAIRE an x1: LI 4 JOURNAI. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE PMR ECUAAU:S DES EXPÉRIENCES GALVANIQUES D’ALDINI, Professeur de physique à Bologne; PAR J.-C. DELAMÉTHERIE: * Aldini, neveu de Galvani, et professeur de physique à Bologne, vient de répéter à Paris des expériences du plus grand intérêt. Nous allons en rapporter quelques-nnes. , Première expérience. Une grenouille, préparée à La manière ordinaire , c’est-à-dire, les nerfs cruraux étant découverts ainsi que les muscles des cuisses et des jambes , présente les phéno- mênessuivans, Si on fait toucher les muscles des jambes aux nerfs cruraux , il y a mouvement de la jambe, comme avec l'appareil ordi- naire. F Deuxième expérience. Si on interpose un corps isolant entre le muscle et le nerf, les contractions cessent. Troisième expérience. Il prit la tête d’un chien qui venoit d'être décapité, et fittoucher les muscles de la grenouille, soit à la moelle épinière , soit à des filets nerveux de la tête du chien, d’un côté, et de l’autre aux muscles du tronc du chien: il y eut contraction , soit dans les muscles de la tête du chien, soit dans le tronc. J1 a fait les mêmes expériences sur des veaux, des bœufs et des chevaux , etelles ont eu le même succès. Quatrième expérience. a appliqué la grenouille, d’un côté sur la moelle épinière de la tête d’un bœuf nouvellement déca- pité, et de l’autre sur la langue du bœuf, et il y eut con- traction. ' Cinquième expérience. Il trempa les doigts dans une dissolu- tion de sel ammoniaque ; il mitles doigts d’une main dans l'oreille d’une tête de veau nouvellement décapité, et de l’autre main, il tenoit une grenouille préparée avec laquelle il toucha la langue du veau, il y eut des mouyemens dans la grenouille. 2 EI D'HISTOIRE NATURELLE 443 Sixième expérience. Lorsque les mouvemens cessèrent, ilunit deux têtes de veaux , et les mouvemens recommencèrent. Septième expérience. | coupa un muscle d'un bœuf qui venoit d'être décapité ; il le mit en contact, d’un côté avec la moelle épinière d’une grenouille , et de l’autre avec les muscles du même animal ; il y eut des contractions successives, comme dans l’ex- périence que Galvani appeloit carillon électrique, en opérant avec les métaux. ; Huitième expérience. L'auteur rapporte avoir fait les mêmes expériences sur un homme nouvellement décapité. 11 découvrit un des biceps de cet homme, et en approcha la moelle épinière de la grenouille préparée : les contractions furent plus fortes que celles produites par tout autre animal à sang chaud, Neuvième expérience. Tout étant comme dans l'expérience précédente, l’auteur monta sur un isoloir , les contractions ces- sèrent à l'instant. Dixième expérience, I décapita un canard. Les nerfs de la grenouille qu’il tenoit à la main furent misen contact avec les muscles cervicaux du canard, et de l’autre main il mit un doigt dans l’añus du canard : les muscles pectoraux se contractèrent avec force , et l'animal remua les aîles. PE De toutes ces expériences, et de plusieurs autres que nous ne rapportons pas, Aldini conclud , que les contractions galvaniques peuvent avoir lieu sans l'intervention des métaux, et qu’il suffit de former un arc ayec des substances animales nerveuses et mus- culaires. IDÉES DE WERNER SUR QUELQUES POINTS DE LA GÉOGNOSIE. Extrait de ses conversations ; Ban J.-C. DELAMÉTHERTE. $. I. J’ai fait connoîtresans les cahiers précédens une partie de la méthode orictognostique du célèbre Werner : nous avons eu depuis ce savant au milieu de nous ; il a eu la complaisance de répondre à diverses questions que je lui ai faites sur quelques- uns des points les plus intéressans de la géognosie : je, crois faire ANIEE 44% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE plaisir au lecteur en lui apprenant quelle est la façon de penser de cet illustre minéralogiste à ce sujet. j , - DE rA cÉOGNosIE. . .2. La &éognosie (que nous appelons géologie ) est, suivant lui, cette partie de lagminéralogie qui, considérant les minéraux comme portion de notre globe, traite principalement de leur gis- sement; de leurs rapports de position les uns à l'égard des autres. Les observations sur cet objet peuvent nous mener à quelques notions’ sur la formation des minéraux et même sur celle’ du globe terrestre. Mais tout ce qui est hypothétique en est absolu- ment banni. Des faits généralisés , quelques conséquences immé- diates , qu'il croit impossible de n’en pas tirer , voilà uniquement en quoi il fait consister la géognosie. Ainsi, n’ayant absolument aucune observation, aucune donnée réelle pour conclure sur l’in- térieur de notre globe;il s’abstient 4e rien prononcer sur sa nature, La partie que nous cônnoissons'; jasques à la plus grande profon- deur a laquelle nous 4yons atteint ,.est la seule partie dont il soc: cupe. Connoître ( ditleltraducteurde son ouvrage sur lés filons) la structure de la croûte solide du globe terrestre, etla disposition réciproque des masses minérales qui lacomposent, voilà son but: Vobservation ; voilà ses moyens. | FORMATION DE T4 PARTIE DU GLOBE QUE NOUS CONNOISSONS. $. 3. La forme sphéroïde de la terre est, aux yénx des physi- ciens et des astronomes, une preuve de l’ancien état de fluidité de notre planète. La forme cristalline des granits et autres roches qui forment la partie que nous connoissons, les nombreux cristaux que:ces roches renferment, nous indiquent encore que toute cette partie a été dans un étatde vaste dissolution car toute cristallisation suppose une dissolution préalable. La forme’stratifiée de la plu- part des montagnes et roches nous indique encore qu’elles ne sont qu'une accumulation de précipités ou sédimens,qui se sont succes- sivement déposés les uns sur les autres. Le grand nombre de yes- tiges des corps marin+ qui sont comme"empâtés dans la masse de plusieurs roches , et dont quelques espèces se retrouvent encore dans nos mers , nous permettent de croire que la dissolution étoit aqueuse : c'étoit une vaste mer qui a recouvert notre globeét vraisembhablement à une très grande hauteur. Ho € LL ET :DHUI ST:O)L R EN ATU RE LLE. 44 ORIGINE DES MONTAGNES. S:IV.Les précipités et les sédimens ne se sont pas déposés uni- formément par-tout : ils se sont accumulés dans quelques en- droits. Ainsi, notre globe , dès les premiers tems de sa forma- tion , aura présenté des parties plus élevées que les autres. Ce sont les montagnes primitives que l’auteur appele aussi caoti- ques, parce qu’elles ont été formées à l’époque où la surface du globe étoit une espèce de cahos. Lors de la retraite de la mer ou dissolution des eaux , ces parties élevées ont été découvertes les premières. Elles ont été exposées à l’action destructive des élé- mens , au choc des eaux pluviales et des torrens qui en ont été formés. Des vallons.ont été creusés ; les montagnes auront pris la forme que nous leur voyons : elles existoïent primitivement ; mais elles ont été altérées par l’action des élémens atmosphéri- ques qui ont agisur elles sans interruption, et pendant une longue série de siècles. MonTAGNES ET TERREINS PRIMITIFS. è $- V. Dans les premiers temps de la formation de la croûte de notre globe , lorsque tout étoit encore couvert par la grande masse d’eau de dissolution, les précipitations qui ont eu lieu se sont faites avec tranquillité ; les précipités ont été chimiques et cristallisés : de là cet aspect cristallin des granits , des gneis, etc. qui sont les premiers produits de la dissolution , et qui compo- sent les montagnes et terreins,primitifs ainsi appelés, parce que leur formation est antérieure à l’existence des êtres organiques. $S. VI. Le granit ( roche composée de grains de feldspah, quartz et mica) paroît être de toutes les roches connues celle qui a été formée la première; c'est la plus ancienne ; car nous la trouvons sous toutes les autres. Viennent en- suite et successivement les gneis., les schistes micacés , les schistes argileux (1). Les porphyres , les serpentines , les roches de quartz, quelques trapps, quelques calcaires ap- partiennent encore aux formations primitives. Toutes les ro- EE (2) Voyez pour toutes ces diverses roches dont nous parlerons, les noms des minéraux qui n’ont été envoyés de Freyberg, camer de ventôse de cette eunée, 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ches qui ont été formées à des époques différentes appartiennent à des formations différentes. C’est d’après ces motifs que Werner a séparé les siénites et le grünstein des gramits avec lesquels elles ont quelques ressemblances , et avec lesquels elles étoient con- fondues ; mais les siénites setrouvent toujoursavec les porphyres, et appartiennent aussi à leur /ormation, qui est postérieure à celle des granits. MonNTAGNES DE TRANSITION. S. VIT, La surface des eaux s’est abaïssée peu-à-peu , et les sommets des montagnes primitives ont été découverts. Les êtres organisés ont commencé à paroître. Il s’est fait sur les flancs des montagnes primitives ( ou cahoti- ques) et dans leurs parties inférieures des précipitations chimiques continuées. $. VIII. Ces précipitations chimiques ont été suivies des pre- mièros précipitations mécaniques , lesquelles se sont mélangées avec les précipitations chimiques. , Les premiers débris des êtres organisés se mélangèrent avec ces divers précipités. à Les précipitations mécaniques de cette époque ont formé des espèces de grès et des pouddings connus sous le nom de grau- wakke. Ces détritus d’anciennes roches que l’on voit dans ces subs- tances sont les produits de l’agitation des eaux des mers. Les premiers mouvemens des eaux courantes à la surface du globe soit pluviales , soit fluviatiles , y ont également contribué. S. IX. Tous ces nouveaux précipités , soit chimiques , soit mé- caniques , se sont déposés sur les terreins primitifs, et y ont for- mé de nouvelles masses de montagnes. Ce sont les #ontagnes de {Tunstiion. . Notre célèbre naturaliste les appelle de transition, parce qu’elles ont été formées à cette époque où notre globe passa de l'état cuhotique à l’état neptunien, c’est-à-dire , à celui où l'orga- nisation commença. Ces montagnes de transition sont placées immédiatement sur les montagres primitives , et en suivent les irrégularités. Ces montagnes sont principalement composées de Quelques espèces de trapps. De thonschiefer( schistes argileux ). Des grauwake. De Calcaires, ï ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447 MonNTAGNES SECONDAIRES OU NEPTUNIENNES. $. X. Le niveau des eaux a continué de s’abaisser, Les som- mets des montagnes primitives et ceux des montagnes de transi- tion se sont découverts de plus en plus. Les précipitations ont continué. Elles étoient en partie chimi- ques et partie mécaniques, et alternant souvent les unes avec les autres. Mais en dernier lieu , les précipitations mécaniques de- vinrent plus abondantes que les autres. Ces nouveaux précipités contenoient communément de grandes quantités de débris d’êtres organisés , et sur-tout d'animaux’ marins. Ces précipités se font par couches. Ils suivent les inégalités des terreins sur lesquels ils se déposent , soit les primitifs | soit ceux de transition. Ces dépots sont composés , en grande partie, de calcaires, de gypses, des grès , des houilles. MoNTAGNES D'ALLLUVION. - S'XI. Les montagnes d’allévion sont la plupart formées par les sédimens que les eaux courantes ont laïssé sur la surface des terreins que les eaux des mers avoient déja abandonné. Ces sédimens sont , pour la plupart , mécaniques ; tels sont : Les graviers. | Les sables. Les argiles. Les pouddings. Quelques autres sont des précipités chimiques; tels sont : Le tuf calcaire. La mine de fer marécageuse, Dzes BASALTES, $. XII. Les basaltes, que plusieurs naturalistes distingués re- gardent comme une lave vomie par les volcans , sont, suivant notre célèbre minéralogiste , le produit d’une précipitation chi- i 448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mique aqueuse. Son opinion est appuyée sur un grand nombre de faits que nous exposerons ailleurs (1). Le basalte se trouve très-souyent accompagné d’autres substan- ces qui ont de grands rapports avec lui 3 tels sont : La weke, substance mitoyenne entre le basalte et Large. Le crunstein, roche de structure grenue et composée de horn- blende et de feldspath. Le porphyr-schieffer , qui est plus cristallin que le basalte ; il a une translucidite. La wake est ordinairement sousile basalte ,et le srunstein est sur celui-ci, ensorte que le basalte passe d’un côté à la wake ,, et de l’autre au grunstein. ' Ces diverses roches forment-ce que l’auteur appelle les roches de formation de #rapp secondaire. Il paroît que ces trapps sont les produits d’une dissolution particulièré qui est venu recouvrir tout le globe , ou seulement une partie , longtems après la for- mation des autres roches, et. l'existence des êtres organisés. La formation de ces trapps a été vraisemblablement précédée de grandes destructions d’autres roches antérieures. | $. XIII. Dans les premiers tems que les eaux tenoient en dis- solution ces trapps secondajres, elles ont d’abord déposé les par- ües les plus grossières, Ces précipitations étoient mécaniques et formoient des sédimens tels que Des graviers. Des sables. Des argiles. L’agitation des eaux dimäinua : les précipités qui eurent lieu approchèrent davantage des chimiques , tels furent Les wakes. Ensuite les balsates. L’agitation des eaux se calmant de plus en plus, les précipités qui eurent lieu furent entièrement chimiques ; tels fut Le porphyre-schieffer. Enfin les eaux étant devenues entièrement calmes, le précipité + fut entièrement cristallin, ce qui donna Le grunstein. On voit que , par une progression successive, on passe de la A j (1) Un des principaux est qu’on rencontre fréquemment des couches très, étendues de basakes recouvrant des bois fossiles ou des bitumes. Voy. le savant mémoire de Daubuisson, sur les bagaltes, cahier de messidor de cette année. précipitation ET D” HIS TO TIRE /N A TU R ELLE 449 précipitation des graviers à gros grains, qui n’est qu'un terrcin de transport, au grunstein , qui est uné roche absolument cuis- tallisée. [sg (CAE: 0 Î . Ces basaltes, ou trapps, ont formé des couches qui ent indis- tinctement recouvert les téfreins antérieurs à leur formatiôn. S: XIV. Cette couche balsatique qui recouvroit toutes ‘les au- tres roches s’est bientôt trouvéé’exposée à l’action destructive des élémens atmosphériques. Les'partiés les plus dures ÿ ont ré- sisté. Les autres ont été détruites et emportées : alors le sol qu’elles recouvroient a été attaqué par ces mêmes élémens. Son niveau a baissé , et il s’est formé des vallées : car les parties dures sont restées à leur première hautéur , soutenues par la partie du sol qu’elles recouvroient , et qu’elles ont préservée de la des- truciion : c’est ainsi qu'on doit concevéir qu'ont été formées ces montagnes à sommets basaltiques et isolés ; le plus souvent coni- ques , qu’on retrouve en tant d’endroits: Des ROCHES PSENDO-VOLCANIQUES. $. XV. L’auteur appelle roches pseudo-volcaniques des subs- tances qui ont été chauffées par des matières bitumineuses en combustion, On sait que plusieurs mines de charbon's’enflam- ment spontanément. Toutes les matières qui les environnent éprouvent l’action du feu, et forment ces espèces de roches entre lesquelles on distingue . Argiles chauftées. Jaspes porcelaines. -DEs MONTAGNES VOLCANIQUES. $. XVI. Les montagnes volcaniques sont formées par les ma- tières vomies par les feux souterreins ou les vrais volcans: Elles s’accumulent en partie sur les bords des cratères , les expulsent et forment ainsi des montagnes plus ou moins élevées. Ces ma- tières vomies forment Les laves. Les ponces. Les feux souterreins ne sont entretenus que par la combustion des houilles. Les pyrites seules ne sauroient s’enflammer, et ne peuvent par conséquent alimenter les feux souterreins. Tome LF. FRIMAIRE an 11. Mmm 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les volcans ne se trouvent que dans les montagnes secondai- res renfermant des houilles et autres fossiles. Leur foyer n’est par conséquent pas aussi profond que l’ont prétendu quelques géologues. Il en faut conclure , que les volcans et les montagnes volcani- ques sont des phénomènes bien nouveaux, puisqu'ils sont posté- rieurs aux dépôts des débris des êtres organisés. Leur localité prouve également qu’ils ne sont pas anciens. D'rs! FrLOoNS. $: XVII. Notre célèbre auteur pense qu’il s’est formé des fentes dans les diverses espèces des montagnes, soit les primitives , soit celles de transition , soit les secondaires. 1l attribue principalement ces fentes au poids de la masse des montagnes. Les couches inférieures cédant sous ce poids , et plus en certains endroits que dans d’autres , elles se gersent et se fendent. Ces fentes ne datent pas toutes de la même époque ; elles se sont faites en différens temsp. Des eaux qui tenoïent en dissolution diverses substances , soit métalliques , soit pierreuses , ont déposé les unes et les autres dans ces fentes , et ont formé les filons. On voit que le savant Werner admet, que toutesles substances qui forment la croûte du globe que nous connoissons ont été tenues en dissolution dans les eaux ( $. 3) ; que ces eaux étoient à une grande hauteur au-dessus des parties les plus élevées (S.3 ). Que les montagnes primitives et une partie des autres ont été formées par précipitation chimique (. 4). Que les eaux se sont abaïssées ( . 7 ). Qu'elles sont reyenues couvrir une partie de la surface du globe , et peut-être même tout le globe ( K. 12 }. Il ne s’explique nisur la cause de la diminution de ces eaux , ni sur celle qui les a fait venir inonder une seconde fois ou plu- sieurs fois une partie de la surface du globe. En général , il expose les faits qu’il regarde comme bien prou- vés, et abandonne les causes , lorsqu'il ne les trouve pas assez bien établies. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 451 CIRE RENTE PERENE PIRE PIERRE VES 7 SUR PES PRET 7 PEACE RENE ET EE IEEE EEE à it De latente ci NÉE DE JÉROME DE LA LANDE AU C. DELAMÉTHERIE, LSUR'LES, PIERRES:-DE. EOUDRE Les deux mémoires que vous avez publiés dans votre journal de bruraire sur les pierres qu’on a cru tombées du ciel , m'ont fait croire qu’on trouveroit quelqu’intérêt à un fait analogue dont je parlai en 1756 dans mes Æzrennes historiques à l’usage de Bresse, ouvrage qu’un physicien se procureroit difficilement. Voici l’article en entier. Un phénomène remarquable causa en 1753, dans la Bresse, une surprise générale : comme il a donné lieu à un ‘grand nombre de conjectures, de raisonnemens et de fables, il ne sera pas inu- tile de rapporter ce que des recherches faites sur les lienx et l'examen d’un habile chimiste m'ont fait connoître. Au mois de septembre , environ à une heure après midi , le temps étant fort chaud et fort serein , sans aucune apparence de nuages , on en- . tendit un grand bruit , semblable à celui de deux ou trois coups de canons , qui dura fort peu, mais qui fut assez fort pour re- tentir à six lieues à la ronde. Ce fut aux euvirons de Pont-de- Vesle , quatorze milles à l’occident de Bourg en Bresse, que le bruit fut le plus considérable ; on entendit même à Laponas, vil- lage à quatre milles de Pont-de-Vesle , et à quatorze milles de Bourg , un sifflement semblable à celui d’une fusée; et , le même jour , on trouva à Laponas, et à un village près de Pont-de-Vesle, deux masses noirâtres d’une figure presque ronde mais fort iné- gales, qui étoient tombées dans des terres labourées où elles s’é- toient enfoncées par leur propre poids d’un demi pied en terre ; l’une des deux pesoit environ vinot livres; elles furent cassées , et il n’est point de curieux dans le pays qui n’en ait vu des frag- mens. Plusieurs personnes m’ayant fait l'honneur de me consul- ter là-dessus , je jugeai d’abord qu’elles ne ponvoient provenir que d’une éruption souterreine , semblable a celle d'un volcan ; je ne croyois pas qw'elles eussent été frappées du tonnerre, par- Mmm 2 452 JO RNrAÂLe DE P HE VS HQUEY, DE. CHIMIE ce qu'il ne paroïissoit pas qu’il eût pu tonner par un temps aussi se- .rein, et sans aucun nuage apparent. Plusieurs personnes crurent que c’étoit des pyrites, c'est-à-dire, des composés de soufre , d’ar- senic et de quelques particules métalliques; on y voyoit des filets ou aiguilles semblables À celles de lantimoine; il étoit difficile de decider de leur nature à la vue simple ; mais voici ce queles fournaux nous ont appris: : Le fondement de ce composé minéral est une espèce de pierre de montagne grise, réfractaire, c’est-à-dire, très-dure à la fu- sion , et résistapt même à la violence du feu; quelques parti- culés ‘de'fer sé-tréuvent répandues én graïns, ên filets ét en pe- tites masses dans la substance de la pierre, mais surtout dans ses fentes ; ce fer a cela de commun avec celui de la plupart des mines, qu'ila besoin d’être rougi pour devenir parfaitement aitirable parl'aimant. Plusieurs minéralogistes ont attribué la cause de ce phénomène à l’arsenic; mais il est ici en si petite. quantité, qu'il n’a pas été possible de ly reconnoître. Il paroît que ces pierres ont souffert un feu très-violent , et qui en a fondu la première surface, ce qui a produit la noirceur ex- térieure qu’onfy remarque, et cela ne serait point surprenant ;: le fer ayant la propriété d'accélérer la fusion des terres et des pierres. , Cette noïirceur et cette fusion auroient pu être l'effet de la foudre qui y seroit tombée ; mais comme on en a trouvé en deux endroits differens , et même en trois , suivant le rapport de quel- ques personnes ,:et que ces pierres fondues ne se trouvent jamais que dans les volcans, il ne paroît pas douteux qu’elles n’en soïeut provenues; il est vrai qu’on ne connoît dansla Bresse aucun ves- tige de volcans;et que Laponas est à plus de trois lieues des montagnes du Mâconnois , où il auroit pu s’en former ; mais on sait quelle est la force et la rapidité de ces sortes d’explosions; d'ailleurs on a vu le tonnerre enlever des pointes de clocher , des girouettes, etc. , et les transporter à plusieurs lieues; ainsi, ilimporte peu: de quelle manière ces pierres sont parvenues dans les lieux où on les a trouvées , dès que l’on sait la manière dont elles ont pu y parvenir ; au reste, ces composés, que l’on peut mettre au rang des mines:de fer les plus pauvres , se trouvent probablément dans ‘plusieurs endroits. On entendit un bruit semblable, le jour de St-Pierre en 1760, dans la basse Normandie ; et il tomba à Nicor , proche Coutance, are masse à-peu-près de la même nature que celle que je viens de décrire, mais beaucoup plus considérable, CLARA Te CRE BUDMD AM SUTIONM AR ENN ASTON EMEU'E: 453 + On peut voir à Dijon une des pierres dont je viens de parler, qui pèse-onze livres et demie, dans le cabinet d’histoire natu- relle de M. Varenne de Beost , secrétaire en chef des Etats de Fourgoone , et correspondant de l’académie royale des sciences deParis, qui a réuni avec le plus grand soin tout ce qui a pu se trouver de curieux dans la Bresse et dans la Bourgdgne , sur- tout dans le règne minéral. Voilà , mon cher confrère , ce que je disois en 1753 du phéno- mènc qui nous occupe ; j'étois fort jeune alors, et cependant je n’ai pas changé d'avis depuis cinquante ans. Je ne puis admettre ni concrétions formées par le tonnerre, ni esquilles détachées d’une planète, ni ces petites planètes tournant autour de la terre, sans qu’on les voie, et tombant du ciel par quelque rencontre sin gulière ; j'aime mieux dire : je n’en sais rien. L1 + OBSÉRVATIONS METÉOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. lo [e} G | | Maximum. | Minrwmume |A Mint. Maximum. | MINIMUM. A Min. Se 13,7 à7rim. + 5,4/#13,2 à midi. .. 28. 1,10 à 5h s. . 928. 0,67 38. 1,10 Dans bis7à7m “+ 5,6+414,6 | à 81m... 27.11,25| à 8 s. .. . 27. 7,90127.10,60 3a3s 19,845 2m. + 8,5|+16,5 À à 5 m...27. 8,00 à3s..... 27. 6,25,27. 6,50 &àos iso àym. . + 7,0|Hio,7 là 7m.... 27. 8,75) 28. . ., 27. 8,50,27. 8,75 Sa midi. ++ 8,7à7zm ++ 7ol+ 8,7 là os. . . 27. 8,50 à 7 m... 27. 6,50!27. 6,75 Gamidi. + u,4à 65 m. + 5,6, 9,4 Nà6}m... 27. 8,58 A6 s. . . 27. 6,25\27. 6,67 7iämidi. Hii,7là 72m + 6,5/H11,7 à ro s... 27. 5,42) à7 im... 27. 442127. 4,50 8la midi. + gjo aim: + 8,04 9,0 À àmidi. .. 27. 5,60 à 73 m. . 27. 6,75/27. 5,80 g'a2s, + g7la7lm.#. 65,54 0,2 la 7m... 27. 4,75|à 10 s.. . 27. 4,75/27. 4,75 10316. + 8,7à7 im. + 5,04 8,5 À à midi, .. 27. 6,25, à7%m.. 27. 5,55,27. 6,25 luna3is. + o2à8m + 6,74 9,2 | à midi. . 27. 7,25 à 8m... 27. 6,70|27. 7,25 Alias <+83à7m <+5,2+ 8,7 lès 27. 9,20| à 7 ma.. 27. 8,08/27. 8,95 li5la os Hioilazm. + 4&o|+ 9,9 là2s.... 27:10,67| à 108... . 27.10,33/27.10,67 14255. Hio,;7là 7 Em. + 7,0o-+ 8,6 là 7 5m. . 27. 9,83| à 255... 27. g,17|27. 9,42 Hl15la &m. —Hio;2häs.e . -. + |+ 9,8 là2s.... 27.11,93/à 6m'... 27.10,00|27.10,75 l26làmidi. + 7,4à7 5 m. + 2,5 7,4 |à7im.. 27:11,25|à35s. . . 27.10,25|27.11,00 17jà 3 5 + 5,3à 1158. + 1,14 5,2 au ls... 27.11,75| à 8 m..; 27.10,25/27.10,75 18/à midi. —- 4,olà 7 Lim. + o,ol-+ 4,0 la 11 5s.. 28. 1,67] à 64 m... 28. 0,67|28. 1,55 19àmidi. —+ 3,glà m.. . + + .|-+ 3,9 fa 9 m....28. 1,421à 5 s.. . 28. 1,00|28, 1,53 20làmidi. + 4,8là 7 £m. + 0,5 4,8 là7im.. 27. 9,00 à82s... 27. 6,42|27. 7,75 dl 21là midi. + 8,olà 7 :m. + 2,0|+ 5,0 a8s. .. 27. 6,65] à 61m...27. 6,33|27. 6,83 22là midi. + 4olà 7 im. + 1,7 4o làagis.. . 27. 9,80| à 7m... 27. 7,80|27. 8,25 23aà34s — 2,2àmidi + 6,74 1,6 | à midi. . 27.10,60| à 5 À s. . . 27.10,25/27.10,50 24ä2ls. + 45la7im. + 1,54 4,0 la 7im.. 27. 9,08| à 228... 27. 8,24/27. 8,75 25là25 s. + 2,1là75s. + 0,34 2,0 la midi... 27. 6,67 à 7 5m. . 27. 6,50/27. 6,67 É'oGlamidi. + 1,548 s + 0,84 1,3 là 5s.... 27. 9,17|à8 m. . . 27. 8,20|27. 8,80 Nioza 35 + 4,5à8m. + 0,7|+ 3,4 AO Te ar AIN ete Metal ere |lel| 27: 10,42 l28ha2s + 77ha7im. + 40 5,8 fàa7im.. 27. 8,0o|à 2 5s...,.27. 7,33|27. 7,42 Aogaz s “+ 82à10os ++ 5,24 8,2 Pà7Îim. .27. 7,00|à 10.., . 27. 5,80|27. 6,83 4! 3olàmidi. + ch 2e ielhetiells “+ 7,8 làa7ss... 27. 8,93| à 35. . +. 27. PL: 3,80 RÉCAPITULATION. Plus grande élévation du mercure. . . 28. 1,67 le 18. Moindre élévation du mercure. . . . 27. 3,50 le 30. Élévation moyenne. . . . . 27. 6,56. Plus grand degré de chaleur. . . .. + 15,8le 3. Moindre degré de chaleur. . . . . . —+ o,ole 18. Chaleur moyenne. . : .. + 7,9. Nombre de jours beaux. . . .. ’ A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Brumaire , an xr. He: A Mir. op POINTS VENTS, LUNAIRES, S-E, 5-0 S. S. S. Nouv. Lune. N. S-E. S-E. S-0. E. 0. O. S-O. Prem, Quart, S-E, S-0. S-0O. et N. Equin. ascend. N-E. S-O. Périgée. N-E. N-O N. Pleine Lune. 0. S-E. N-O. N. N. S-E, N-E N. Dern. Quart. E. Apagee. S-E, S-0O. É Equin.descend. VOAMERMINASEES TONNES DE L'ATMOSPHÈRE. Ciel nuageux. Ciel trouble et très nuageux. Très-nuag. av. midi; pl. et tonn. dep.3 h. jusq.5 dus. Couvert; beaucoup d’éclaircis vers midi. Pluie presque continuelle toute la journée. Couvert ; beau par intervalles l'après-midi. Quelques éclaircis. Ciel légèrement couvert. Temps pluvieux. Brouill. épais dans la matinée ; quelq. éclaircis le soir. Brouill. et ciel à demi-couvert. Couvert par intervalles. Léger brouill. et couvert par intervalles. Temps pluvieux. Idem. Ciel trouble et en grande partie couvert. Ciel tres-nuageux ; beau le soir. Beau ciel, gelée blanche; ciel très-nuageux versmidi. Ciel couvert. F Couvert avant midi; pluie dans la soirée. Couvert et brouill. le matin. Temps pluvieux. Couvert; brouill. dans la matinée. Ciel nébuleux et en grande partie couvert. Légèr. couv.; gelée à glace; pl. mêlée de neige le m. Couvert. Ciel légèrement couv. et trouble. Temps couvert et pluvieux. Temps pluv.; beau par interv. dans la soirée. Pluie abondante une partie du jour. RÉCAPITULATION. Jours dont le vent a soufflé du de couverts , . ... 24 depluiesttnr 12 dEVVENT. te eee 30 | GÉRANTS D | de tonnerre ..…..... 1 de brouiilard. . . .. 7? de neige. 1 | dergrèle.p.-rte. o | DRE OS CE ET E 5 OBSERVATIONS Sur l'opinion du C.Coulomb, sur le magnétisme universel ; Par le docteur Joakrm Carrapont. Le cit. Coulomb, dans deux mémoires lus à l'institut national de France , vient de prouver que tous les corps terrestres , au moyen d’un très-délicat appareil, manifestent une vertu magnétique , c’est-à-dire , que suspendus à une certaine distance entre les poles opposés de deux barres aimantées , ils suivent leur direction ; d’où il conclut, que toutes les substances composant notre globe : étant douées d’une telle propriété ,‘il faudra. aussi considérer la_ terre même douée toute éntière, du magnétisme, ét, en consé- quence , la regarder comme un grand aimant. Mais je trouve que le docteur Guillaume Gilbert eut une sem- : blable opinion , il y a deux cents ans, et je me crois en devoir : d'en prévenir le public, afin que l’on rende à la mémoire des an- ciens l’honneur qu'ils méritent, quand on s’apperçoit qu’ils nous ont précedé en quelqu’opinion ou découverte. Guillaume Gilbert, médecin anglais, dans son ouvrage qui a pour.titre : Gullielmi Gilberti Core rem medici Londinensis de magnete ; magneticisque corporibus , et de IA TrO magnete ellure, Londini, 1600, opina, que la terre, étoit un aimant, et que l’aimant , le fer et plusieurs autres substances , dont il fait une recherche exacte , avoient la faculté de se diriger vers le pole, autant qu’elles tenoïent cette vertu de la terre dont elles faisoient partie. Talis ioitur est tellus in inferioribus partibus magneticam homogenicam naturam habens, et perfectioribus talibus insistit fundamentis uniyersa rerum terrestrium natura , quae nobis diligentiüs scrutantibus ubique terrarum ostendit se in omnibus magneticis , metallis, venisque ferreis , aroilla om- ni , ferrisque plurimis lapidibusque. La polarité est, à son avis, plus ou moins grande dans les corps terrestres , selon qu'ils sont plus homogènes à la terre- mère ; et l’aimant, ou »#agnes, n’est que le premier dans l’ordre de tous les corps magnétiques. Magnes omni& Corpora, quae apudnos sunt virtutibuset proprietatibus ad commrunem matrem spectantibusantecellit. Après + 2 TR ET D'HISTOIRE NATURELLE 457 Après l’aimant, le fer est le premier des corps magnétiques, parce que le fer, après l’aimant , s’approche plus que tout autre corps de l’homogénéité de la terre. Sed'et consentit in omnibus illis qualitatibus ferri vena cum magnete, qu'à ambo suprà om- aia apud nos corpora telluri propriora et coniunctiora ir se magneticam , et Lerrestris globt magis genuinam, homogenicam et veram Substantiam aliend labe minis infectam et dissolutam efflorescentibusque hujus ambitus terrarum et generationum cor- ruptelis mins confusam habent. À ——— | EXTRAIT D'UNE LETTRE DU PROFESSEUR PROUST, Sur la substance métallique qu’il avoit cru nouvelle, et qui n'est que de l’urane. ; Le nouveau métal s’est trouve n’être que de l’urane ; maïs je n’en donnerai pas moins mon travail, parce que je le fais con- noître sous des rapports dont Klaproth ne s’est pas occupé. Garcia Fernandès vient de prouver que les environs de Bur- gos, capitale de la vieille Castille, sont entièrement volcanisés, chose dont les naturalistes qui ont parcouru l’Espagne , ne s’é- toient aucunement apperçu jusqu’à présent. Les fâmeuses mines de sel gemme qui s’exploitent pour le compte du roi à Poza, dans les environs de Burgos , se trouvent au centre d’un cratère immense. M. Fernandès en a rapporté des basaltes, des olivi- nes, des ponces , des ponzzolanes, des wakes, des argiles cui- tes, etc., etc., et entre autres Choses remarquables, un mor- ceau de fer d’environ vingt livres pesant, que M. Proust s’oc- cupe à analyser dans ce moment. Tome LV. FRIMAIRE an 11. Nnn 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE CORRE RE NÉ MO LR É SUR UN VER TROUVÉ DANS LE REIN D'UN CHIEN, Par G. F. H. Correr-Mexcnrer, Médecin , membre de la Société de médecine clinique. De toutes les branches dont l'histoire naturelle se compose , la moins avancée est , sans contrédit,celke-des vers , sur-tout des vers intestins. La voix des zoologistes n’est qu’une pour exprimer cette vérité. Cependant , tous conviennent qu'aucune ne présente plus d'intérêt, qu'aucune n’est plus fertile en découvertes, qu'aucune enfin n'offre des rapports plus utiles. À quoi doncattribuer la lenteur des progrès de l'helmintholo- gie ? Sans doute que de nombreux obstacles s’opposent à la re- cherche souvent dégoûtante des individus dont elle s'occupe ; sans doute qu’ilest difhcile d’observer ces individus , de les con- server d'une mawière satisfaisante , etc. ; mais, ajoute:t-on , l’in- différence du naturaliste à saisir les circonstances qui lui sontof- fertes par le hasard , l'insuffisance de ses descriptions , quelque- fois même leur inexactitude sont aussi très-fréquemuient des obs- tacles qu’il se crée , et des obstacles non moins puissans à l’avan- cement de cette science. > Tout homme , je pense, doit être sensible: à de pareils repro- ches ; il doit donc éviter de les encourir. Telest le motif qui m'engage à publier un fait remarquable par sa singularité , et qui n’a paru digne de l'attention de tous ceux qui cuitivent les scien- ces naturelles, Le Je vais essayer de remplir la tâche que je me suis imposée. Heu- reux , Si je parviens à prouver que j'ai eu dessein de la remplir ! Un chien doguin , de moyenne taille, gras et bien portant, venoit d’être victime d’une de mes expériences sur l’alcohol. Le cadavre ayant été ouvert, j’avois déja parcouru la plupart des visières susceptibles de quelque lésion, et je me disposois à ter- miner là mes recherches ; mais m’étant apperçu , avec deux de mes amis, les cit. Bros et Circaud , que le rein droit présentoit une particularité , je dirigeai toute mon attention vers cetorgane, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 et voici ce que j’observai : il n’étoit pas beaucoup plus volumi- neux que dans l’état naturel; sa forme étoit peu changée; mais le bassinet , ainsi que le commencement de l’uretère étoient très- dilatés ; une incision longitudinale pratiquée de haut en bas à ces parties , me fit voir une cavité considérable, remplie par un corps mou, dont la couleur me frappa , et dont j'eus d’abord quelque peine à démêler la nature, tant la chose me paroissoit extraordinaire ! Cette cavité formée aux dépens de la substance parenchymateuse du rein , qui conservoit à peine une ligne d’é- paisseur , et par la dilatation du bassinet , imitoit un vrai kste , dans lequel le corps dont je viens de parler , diversement replié, se trouvoitenvironné d’une liqueur très-analogue à l'urine (1). Ce corps, qui occupoit la place ordinaire des calculs rénaux, n’étoit autre chose que le ver dont la description va suivre; ver qui étoit mort, mais, suivant toute apparence , depuis très-peu de tenps: 4 Ce ver , de plus d’unpied de long , avoit à-peu-près un pouce de circonférence ; il écoit d’un rouge écarlate magnifique , qui se fonçoit encore par le contact de l’air ; son corps , cylindrique, articulé ou partagé par des rides transverses , étoit dépourvu de cils ou de pointes aux articulations ; il n’avoit pas de renflement annulaire. Les fibres musculaires plus saillantes, en se rappro- chant des extrémités, étoient par-tout fort apparentes; les lon- gitudinales formoient huit faisceaux très-distincts, dont quatre étoient beaucoup plus larges. Ces faisceaux étoient disposés deux à deux, suivant l’ordre de leur largeur, c’est-à-dire, deux larges, puis deux étroits, et imitoient assez bien , par cette disposition , les côtes d’un melon très-alongé ; ils ne m'ont point paru inter- rompus dans leur trajet. Quant aux fibres transverses, elles étoient vraiment circulaires, mais elles imitoient des arcs de cercle dont les extrémités, s’enfonçant dans l’intervalle des ban- des lonpitudinales , y constituoient, à elles seules , l'épaisseur de la peau. L Cette membrane , assez transparente dans toute son étendue, pour laisser entrevoir un corps blanc filamenteux , dont j'aurai occasion de parler , offroit une transparence plus marquée dans ces endroits qu'ailleurs. Lorsqu'on l’entamoit, sur-tout en tra- vers, il s’'écouloit des lèvres de la division une liqueur rouge très- . , À . “ ”. « x (1) Cette liqueur pouvoit être transmise à la vessie , parce que lüretère étoit sain. Nnoz 460 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE analogue à du sang (1), et qui paroissoit sortir de vaisseaux divi- sés; ce qui cependant n’a pu être décidé d’une manière assez satis- faisante, pour en admettre ou nier l’existenice, La tête un peu aplatie etobtuse se terminoit par un cône tron- qué , au sommet duquel se voyoit la bouche, petite ouverture ronde en manière de pore, à laquelle aboutissoit l'œsophage. Au- dessous de la bouche étoit une autre ouverture triangulaire très- petite aussi. Je n’ai pu découvrir où elle conduisoit (2). La pre- inière, qui, à l’œil nu , ressembloit assez bien à un œillet à passer un lacet, vue à la loupe , offroit à sa circonférence six tubercules lisses , arrondis et séparés par autañt d’enfoncemens. Ces tuber- cules paroïssoient être la terminaison de six faisceaux des: fibres longitudinales, deux autres faisceaux venant se terminer'à deux autres tubercules un peu déprimés , et formant deux des: côtés de la deuxième ouverture (3). eng 41 La queue, plus obtuse , étoit légèrement recourbée;-elle pré- sentoit une ouverture circulaire | évasée à l'extérieur, 1€t ‘qui, après s’être retrécie dans le trajet d'ume ligfe ; aboutissoit à unie espèce de cloaque ou petite cavité assez comparable à la fosse na- viculaire du gland de l'homme. Cette ouverture; environnée : de hit tubercules plus appärens que ceux de la bouche , n’étoit autre chose que l’anus.s ; tibieaT 49 La surface interne de la peau, mise en évidence ‘par une inci- sion longitudinale ; étoit tapissée de vésicules souvent un peu plus que de:ui-sphériques adhérentes par leur base , d’un blañc rosé , demi-transparentes ,.et contenant une liqueur légèrement laiteuse. Ces vésicules également rapprochées dépuis l’œsophage jusqu’à l'anus , n’étoient nulle part plus volumineuses que vers le milieu du corps où quelques-unes étoient presqu’aussi grosses que du chenevis. De petits filamens aplatis et transparens, qui peut-être étoient autant de conduits, partoient de différens (1) Qu'on se rappelle ici que la couleur du: ver devenoit plus brillante pat le contact de l'air. J f (2) E'oit elle destinée pour larespiration? , ? (3) Dans Pascaridé lombrical l'inspection n'a offert‘quatre bandes de fibres longitüdinales, ainsi que?le cit. Cuvier l’a indiqué pour les vers en général (anatomiet comparée ; tome premier, art: 7:,! pag. 1462 ete!t). Ces! bandés m'ont paru aussi se lerminer aux trois tubercules que présente l’extrémité anténieu:e de cette espèce, le tubercule supérieur étant à lui seul-kr terminaison des deux bandes dorsales. Cette continuité des fibres longitudinales avec les tubercules n’avoit, je cris, été encore observée par aucun sauteur.+Cependant elle me paroît devoir êlre constante. ù ET, D'HISTOIRE NATURELLE, 461 points de leur surface, pour se terminer, tantôt à d’autres vési- cules plus oumoins éloignées , tantôt à d’autres filamens et forr mer avec eux des espèces de plexus , tantôt enfin au canal intes- tival,, sur lequel ils restoient visibless.et qu'ils pouvoient même maintenir en, place. Ces vésicules, parleur nature etleur dispo- sition , ayoient beaucoup de rapports avec celles qu'on observe chez la femelle de l’ascaride , dans le tems présumé dé la ponté. On voyoit encore, çà et là, et comme par groupes, ,;des petits points jaunes ,.que le cit. Duméril regarde comme des œufs, les -vésicules n'étant ; selon lui, que des réservoirs de, graisse. …. Un conduit, trois ou quatre fois aussi long que le ver lui-même, flotioit, pour ainsi dire, , dans le ventre, en formant divers contours remarquables , et* contenoit une liqueur qui ne paroïs- soit pas différer de celle des vésicules (x). Ii présentoit des dilata- tions de distance en distance, Son insertion se faisoit À la peau, à deux poucés de la bouche par un petit cordon:blanc, filiforme,, £t qui , après un trajet de vingt-huit à trente, lignes ,: donnoït naissance au premier 'renflement, le plus considérable. Ge, petit ilament étoit creux et s'ouvroit à l'extérieur par nn petit pore. Le conduit dont il s’agit, japrès s'être ainsireplié en différens sens autour du canal intestinal, le longevit en $’amincissant, _et se perdoîit ensuite dans son épaisseur, précisément. dans la petite fosse qui est entre Lui et; l'anus. Il! aroîr qu'il s’ouvroit aussi dans celte petite fosse ; cependant je n’oseroïs le garantir, à raison de la difficulté qu'il y a de bien saisir des, choses aussi dé- LECTEURS SEAT M Fes pps Au PAPER SUP ‘Ce ver manquoiït absolument des deux cordons que l’on présu- me être des nerf;,, et qui, dans lascaride lombrical., sont:situés sur les côtés du cânal alimentaire, d’un bout.à Vantre.. | ,. Les yoiés alimentaires AGO POS OI FH deux, parties très- distinctes entre celles, sous tous les räpports, savoir : d’un œso- _phageler d’un tubé intestinal, 0"... L'œsophage , long de trois pouces, suivoit une marche tor- tueuse , ét, entr'autres replis, en formoit un de huit à neuf lignes: tout près dela tête {TL avoit une ligne de diamètre du côté.dle Pintesiin,, età peinetunse.demi ligné èn sétterminantà la bouche. ILetoit blanc; d'une épaissenreunsilérable ;'ertéllériient ‘resserré sur lui-mêie qu’ileñt été diffièile de Hécider.,, &' prior, Sic’étoit ün canal Sa strutiuie me parut singulière ; il étoit comme ridé à sa Superficie, et je ne:saurois mieux comparer Ja (1) Je dois cependant observer qu'elle s’est én parue coagulée dans l’alcohol. K62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE disposition apparente de ses fibres ue celle des fils de soie dans 1e tissu que l’on enduit de caoutchouc, pour faire les soudes élastiques, ‘ Le conduit intestinal, plissé transversalement dans toute son étendue , étoit assez ample , et contenoit une liqueur rousse. Il toit composé d’une mémbrane brunâtre très-fine, qui se dé- Chiroit avec la plus grande facilité sur-tout en travers, c’est-à- dire, suivant la direction des rides. Il avoit à peu-près sept lignes de circonfétence. A sa jonction avec l’æœsophage il em= brassoit la partie inférieure de ce dernier, dans l'étendue de p'us d’une ligne , comme ces bourses de peaü dans lesquelles on tient le plomb de chasse embrassent le tube de métal qui doit supporter Le bouchon, Il se continuoït ensuite directement jusqu’à l'anus. Arrivé à quatre lignes environ de cette ouverture, il se rétrécissoit considérablement , pour s'ouvrir dans la petite cavité que j'ai déja indiquée (r). ses e . Les détails dans lesquels je suis entré, paroîtront peut-être minutieux ; mais outre que je regarde l'observation comme uni- ‘qué en ce genre (2), j'ai cru ne devoir rien négliger pour faciliter autant que possible l’intelligence d’un dessin ; rarement très- fidèle. | ‘! ‘Maintenant , À Quel genre des vers intestins rapporter l’indi- ‘vidu que je viens de décrire ? Je ne le vois nullement ; car s’il se ‘rapproche , par quelques caractères , de celui des ascarides , il ‘en diffère essentiéllement par une foule d’autres. En effet, la forme de la bouche, le nombre et la disposition destubercules, l’arrangement dés fibres lonsitudinales et transverses, la réunion des deux sexes, l’absence des deux cordons présumés nerveux sur les côtés du conduit alimentaire , l’organisation particulière de ce conduit lui-même , la situation terminale de l'anus , et (1) La pièce anatomique, conservée dans l’alcohol, s’est enticrement décolorée au bout de quelques jours; les vésicules sont devenues blanches et un peu opa- ques; mais la liqueur qu’elles contenoient ne s’est point coagulée. (2): Tulpius (Obs. med., hb.2, cap. 4g) nous offre cependant l’observation d’un, hômine qui ayant éprouvé des douleurs déchirantes atroces, rendit par Vurethre un ver cylindrique et d’un rouge de sang ; mais comme sa description se borue à l'énoncé de ces deux caractères, un tel fait est loin de détruire ce que j'avance ; seulement , rapproché de celui qui fait le sujet de ce mémoire , il me paroit digne de quelqu’attention , eu ce qu’il laisse entrevoir que ce nouveau genre ne lardera pas à ètre mieux connu, sur-tout sil devient l’objet des re- cherches des infaugables naturalistes de nos jours, ET D HS T'OIRE : N° ASDIU RL LE. 463 peut-être enfin l'existence de vaisseaux sanguius, sont antant de caractères qui distinguent cetindividu de tous ceux que l'on a observés jusqu’à ce jour , indépendamment du siége. Ces caractères peuvent-ils servir à éblir un genre nouveau ? Je suis très porté à le croire; cependant c’est une question qu’il ne m'appartient pas de résoudre, et que j’abandonne toute en- tière aux savans qui se livrent spécialement à l'étude de cet ordre d’animaux. REMARQUE. La société philomatique de Paris , ayant entendu Ja lecture de ce mémoire.dans, sa séancedu 21 brumairé ant, voulut bien charger deux de ses membres@les cit. Bosc et Alibert, de lui,en rendre.compte. Ces deux commissaires ont eu occasion dé vérifier ma description, et de s'assurer , les pièces anatomiques sous les yeux, que l'individu que je leur soumettois , différoit essentiel- lement des vers connus. Ils ont en eonséquence jugé , comme moi, que cet individu devoit former un genre nouveau , très- voisin de celui des ascarides. J'établis donc ce nouveau genre, auquelje ,vaisessayer de donner une dénomination, .et d’assigner des caractères. Quant à la dénomination , comme elle doit être tirée des at- tributs qui, en même temps qu’ils offrent quelque chose de cons- tant, frappent d’abord nos sens, j'ai préféré la faire dériver dn nombre des tubércules; et comme. il y ena huit à la tête et huit à la queue, sans égard pour leur disposition , j'ai adopté le mot dioctophyme, composé de di, venant de &4s (deux fois}, octo (huit }, phyma (tubercule) , expression qui, je crois , reun- plitle but que je me propose. Voici quels sont les caractères du genre dioctophyme : Corps alongé, cylindrique , articulé, à extrémités mousses , garnies chacune de huit tubercules; bouche terminale , anus également terminal; réunion des deux sexes (x). Je mw’abstiens de placer ici plusieurs autres caractères, tels que I , la disposition des tubercules et des fibres musculaires, l’organisa- tion du canal alimentaire , l'absence des deux cordons présumés (2) Pourvu toutefois que les parties que j'ai désignées comme les organes sexuels les soient réellement 46% JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE nerveux , la couleur de l’animal ; etc. , pour deux raisons : pre- mièrement , parce que-ceux que j'ai énoncés me paroissent suf- fire : et en second lieu, parce que les autres, pouvant être regar- dés coinme secondaires Moivent en quelque sorte , être réservés pour les espèces ou les variétés, lorsque des observations ultérieu- res permettront delés établir: Explication des figures. Fig. première. Ver entier. A:.(1) L’extrémité antérieure. B. La partie moyenne légèrement transparente. GC. La queue. D. L’anus. dddi, etc:} etc; les huit tubercules qui entourent cette ouverture. Fig. deuxième. L'extrémité n ‘di considérablement gros- sie. et i5 CE ) a. La bouche: 4. Ouverture triangulaire. cocccc. Les six tuber- cules qui environnent la bouche. 44. Les deux tubercules qui bordent l’ouverture triangulaire. eeeee, etc. Plans de fibres lon- gitudinales recouverts par des fibres transverses. ! Fig. troisièmes Ver ouvert suivant sa longueur. on . AA. L’œsophage. BB. Une partie du canal intestinal, dans son intégrité. BC. Autre partie de ce canal ouverte. C. Endroit où il se rétrecit. D. Espèce de cloaque où il aboutit , et qui en paroît la continuation. EEE. Conduit tortueux que l’on regarde comme Forgane génital du mâle , et quise termine aussi à la cavité D. ebeeee ; etc. petits points jaunâtres. Fig. quatrième: Le rein dans lequel le ver étoit contenu ‘(1) Il appuie sur le dos au lieu d’appuÿ er sur le ventre ( défaut de|la gravure). GALVANISME. ne EXIN D’HUS/T OUTRE INA TU RE ELLE: 465 GeML: VAN ES