EE F D AR SR OMS ES RRRSRRSS ES ENS SRB RSS Cas Date RS =, = és » VEN AT Le 4 AS I: nu * SR EU x AU ti À 1 | Ai à (La pi A * Je A, J O UR N A Le DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE ET DES ARTS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE. Par J.-C. DELAMÉTHERIE. JANVIER :806. AOME :LXET, A PARIS, Chez COURCIER, Imprim.-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57, û + OU o 4 €. É ÿ an Me y ke & dSAIFAT AS LME ’ x " RE gr E< PE -MOrEÉTRUIN. AE, DE PHYSIQUE, TE SCA NLT E ET D'HISTOIRE NATURELLE. - DISCOURS PRÉLIMINAIRE, Par J.-C. DELAMETHERIE. La marche dé l'esprit humain devient de plus en plus sa vante ; chaque jour ses pas sont plus assurés et acquièrent plus d'aplomb. De nouveaux Farrs sont ajoutés à ceux qui sont connus. De grands corps d'ouvrages recueillent tous ces faits; ils en présentent des résumés généraux , qui ont le double avantage de faire appercevoir l’état où est la science, et les faits qui lui restent à acquérir. Herschel continue ses descriptions du c’el, c'est-à-dire de tôus les corps célestes que ses grands télescopes lui font dé- couvrir. Ses travaux nous donnent des idées bien imposantes dà noômbrè immense de ces corps , et de l’espace qu'à occu- pent, puisqu'on en découvre d'autant plus que la force am- pliative des télescopes est plus considérable, et qu'il en est dont la lumiëre ne peut parvenir au globe térrestre que dans deux millions d'années. Il nous 4 encore démontré, par le moyen de ses grands Net 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE télescopes, ce que l’analogie nous avoit déjà dit, c'est-à-dire que la nature de ces corps célestes étoit la même que celle de notre globe; ce qui détruit entièrement l'hypothèse des anciens philosophes Hindous , qui disoient que les corps terres- tres étoient composés de feu, d'air, d'eau et de terre, mais que les cieux étoient composés d'une cinquième substance plus parfaite, qu'ils appeloient akasch. Aristote, à qui Alexan- dre, son disciple reconnoissant , envoya les livres Hindous , admit l’opinion de ces philosophes; il pensoit même que cette substance l'akasch formoit le principe sentant de l’homme et des intelligences supérieures. Euler avoit aussi supposé qu'il pouvoit y avoir différentes espèces de matières. « Rien n’empéche, dit-1l , que-lesmatières subtiles (dont sont remplis les espaces éth‘rés) re sorent d'une espèce différente que les corps grossiers, et qu'une certaine étendue vraie de ces matières subtiles ait beaucoup moins d'inertie qu'une égale étendue vraie des matières gros- sières. Ce seroit alors un autre espèce de matière, et peut- être y en a-t-il encore plusieurs espèces ». Traité de la Ré- sistance des Fluides, article X. Les atomes ultramondains de Lesage de Genève, seroient æncore une matière diflérente de la matière ordinaire. Mais toutes ces opinions sont contraires aux analogies. Laplace a terminé sa Mécanique Céleste; toutes les ressources de la haute géométrie ont été développées dans cet ouvrage. Lagrange a donné une nouvelle édition de son Calcul des Fonctions, qu'il a beaucoup augmenté. C’est une de ces pro- ductions rares du génie, qui recule au loin les limites de l'esprit humain, et lui fait faire les plus grands progrès. Il est à desirer qu’! donne également une nouvelle édition de sa Mécanique analytique, ouvrage non moins important que le précédent. ! La nouvelle édition des OEuvres de Buffon par Sonini, est presque terminée. Elle présente une histoire de la plus grande partie des productions des trois règnes. L'Histoire des minéraux et tout ce qui tient à la théorie de la terre, est achevée. . L'Histoire des mammanx et des cétacés , celle des oiseaux, celle des reptiles, celle des poissons, et celle des insectes le sont épalement. Celle des mollusques, celle des vers, celle des vermicules ou animaux infusoires de Mullér, le seront bientôt. . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 Énfin celle des végétaux est très-ayancée. Un Dictionnaire d'Histoire Naturelle, rédigé par des savans célèbres, et imprimé chez Déterville, est achevé. 11 présente les mêmes objets sous de nouvelles formes. Un second Dictionnaire d'Histoire Naturelle, rédigé par d'autres savans non moins célèbres, s’imprime chez Levrauls et Schoell. Ÿ Cuvier a présenté un apperçu général de l’Anatomie com parée; il traitera ces objets plus en détail dans son grand ouvrage sur le même objet. Il s'occupe plus spécialement de l'anatomie des mollusques ; à laquelle il a fait faire les plus grands progrès. Mes Considérations sur les Étres organisés offrent des vues générales sur la structure et les fonctions des animaux et des végétaux ; car J'ai démontré qu'il y avoit les plus grands rapports entre les uns et les autres. L'Histoire du règne animal ne fait pas de moindres progrès, Les minéralogistes voyagent, recueïllent de nouvelles sub- stances, font mieux connoître celles qu’on possédoit. Le chimiste en perfectionne les analyses. Werner a donné une nouvellesclassification des minéraux, Jamesson a publié le premier volume de sa minéralogie. La science a été enrichie de plusieurs mémoires particuliers. Les volcans nous ont présenté des éruptions qu'on a étudiées avec soin. La géologie s’est enrichie d’un grand nombre d'observations et de faits. L'Histoire des fossiles, qui avoit été trop négligée, a aeqius immensément pat les travaux de Cuvier, qui a fait les recher< ches les plus précieuses sur les quadrupèdes fossiles, Et par celles de Lamarck, non moins intéressantes, sur les coquilles fossiles, La physique a également fait quelques acquisitions, Rumford et Lelie ont donné des observations précieuses sur fa chaleur et sa propagation. L’électricité , le galvanisme ont été enrichis de quelques faits nouveaux. . Mais il nous manque un traité complet de physique, rédigé avec une étendue suffisante, comme celui de Mussenbroeck, et qui nous présente l'histoire de la science, d'après les ne- tions actuelles, 8 JOURNAL DE PMYSIQUE, DE CHIMIE La chimie continue ses brillantes découvertes ; elle fait plus , elle rectifie des erreurs qu'elle avoit commises. On a imprimé les Leçons de Black, des Mémoires de La- Voisier... : La géographie a beaucoup acquis par les relations de divers voyageurs. C'est la réunion de tous ces travaux qui fait faire des progrès si rapides à l'esprit humain. Ils nous donnent des connoissances plus précises et plus sûres de l'univers, comme je l'ai fait voir dans mon ouvrage sur /a nature des Etres existans; car la philosophie doit toujours chercher à géné- raliser nos idées. Mais ,que l’ami de la vérité, au milieu de tous ces efforts généreux, n'oublie jamais cette sentence du grand Eurer. Îl parle de l'opinion de Descartes sur le magnétisme, laquelle a été combattue par plusieurs physiciens. Euler la trouve plus raisonnable que la plupart de celles qu'on a voulu y substituer, et il ajoute : Novitatis studium cognitioni weritatis vehementer impe- dimento fuïsse existimo. De magnete. On veut attacher son nom à une opinion, quoique dé- nuée de preuves suflisantes* c’est ce qui a enfanté un si rand nombre d’erreurs. ‘Ces faits prouvent que, quoique cette année ne soit pas marquée par quelques-unes des brillantes découvertes qui ont illustré quelques années précédentes, elle n'en est pas moins remarquable par des travaux importans. Je vais en présenter un exposé pour servir de suite à L'Hisroire pes Fairs, et à celle des Opinions, que depuis vingt ans Joffre au lecteur, dans ce Journal, au commence- ment de chaque année. DES MATHÉMATHIQUES. Du centre d'oscillation d'un Pendule. Huygens avoit démontré que dans des corps qui oscillent, ‘le centre d'oscillation et celui de suspension sont toujours ré- ciproques l’un de l’autre. Un mème corps est isochrone à lui- même, lorsqu'il oscille autour d'axes parallèles pris à égales distances du centre de gravité. Biot a donné plus d'extension à ces théorèmes. Tous ces axes ET D'HISTOIRE NATURELLE. axes parallèles forment la surface d’un cylindre droit. dont l'axe passe par le centre de gravité. Il a trouvé une expression analytique, qui lui fait voir qu'on peut donner à cet axe une iuclimaison arbitraire , pourvu qu’en mème temps on charge d’une manière convenable le rayon du cylindre : on obtient alors, suivant les différentes valeurs de l'inclinaison, une in= finité de cylindres, dont les arêtes ont les mêmes propriétés que celies du cylindre primitif. L'axe, sans changer d'inclinaison , peut décrire une sur- face conique autour de sa position primitive : ce qui multiplie encore le nombre de cylindres déjà trouvés autant de fois qu'on peut concevoir d'arètes autour du cône, DE L'ASTRONOMTE. Les travaux principaux des astronomes se sont bornés cette année à perfectionner leurs observations précédentes. Ils ont cependant apperçu deux comètes. On en connoïssoit 94. 05. Comète. Bouvard l'a découverte le 20 octobre dernier. Elle est très-petite. 96. Cornète. Pons l’a découverte à Marseille, le 10 novembre dernier. On ne la peut voir qu'avec une lunette qui grossit cinq à six fois. Orbite de Junon. ‘ Burckardt a cherché à déterminer les élémens de l'orbite de Junon, la planète découverte par Harding : :l la représente par une ellipse dont le demi-grand axe ou la distance moyenne est à fort peu près la même que celles de Cérès et de Pallas, et dont l'excentricité est plus grande même que celle de Mercure. Son inclinaison est moindre que celle de Pallas, mais plus considérable que celle des autres planètes. Il faut de nouvelles observations pour déterminer avec plus de précision tous ses élémens, En f{ Orbites des Comites. * Legendre a donné de nouvelles méthodes pour déterminer Forbite des comètés. Newton démontra que ces astres tour- noient autour du soleil comme les planètes, mais dans des ellipses plus alongées. Halley fit l'application de la méthode de Newton à la comète de 1680, et annonca son retour Tome LXII, JANVIER an 1806. B ”_ 10 JOURNAL DR PHYSIQUE, DE CHIMIE pour 1757. (Elle n'est revenue qu'en 1759, par dés anomalies Le LE ). Les astronomes , pour la commodité de calculer ‘orbite d'une comète qui paroit, la supposent ordinairement parabolique. Les plus grands géomètres se sont appliqués à donner des solutions de ce problème. Legendre a cherché à rendre ces calculs plus faciles ; Laplace s’en est également occupé. De la figure d'un Méridien terrestre. Legendre à fait des recherches sur la figure d’un méridien du globe terrestre; ses conclusions sont que cette figure ne peut pas être une courbe régulière, ainsi qu'on l’avoit déjà dit. De la théorie des Satellites. Laplace a, dans le tome IVe de sa Mécanique Céleste, fait de nouvelles recherches sur les satellites de Jupiter, ceux de Saturne, et ceux d’Uranus. De Saturne. Herschel en observant Saturne avec plus de soin, a vu que $a surface n'avoit pas une courbure régulière; il suppose que l'attraction de l'anneau a influé sur la figure de cette planète, Des Éguinoxes et des Solstices. L'instant où arrivent les équinoxes et les solstices est un oint important pour les astronomes. Delambre a fait plu- sieurs observations pour les déterminer. De lobliquité de l'Ecliptique. L'obliquité de l'écliptique est un autre élément du plus grand intérêt pour les astronomes. Delambre a également cherché à la déterminer. Il résulte , dit-il, des observations que, par un milieu entre douze solstices tant d'hiver que d'été, l’obli- quité moyenne doit étre de 252 27! 57" au commencement du dix-neuvième siècle. La diminution moyenne de cette obliquité doit être de 44 à 56! d'après les différentes observations comparées. La théorie donne cette diminution de 52”, C'est à ce résultat qu'on s'est arrêté dans les Tables du Soleil, qui s’impriment actuellement. (1 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 14 Ces observations font voir que la diminution de l'obliquité de l'écliptique n'est pas aussi considérable que les observa- tions de Hipparque avoient paru l'indiquer. DE LA GÉOGRAPHIE. Les Anplais, ce grand peuple à qui l'humanité doit les Newton, les Loke, les Bacon... s'occupent particulièrement de la géograplie. De nouveaux voyageurs, émules de Cook, continuent ces recherches ayec la même ardeur. Ils ont pé- nétré dans différentes parties de l'intérieur de l'Afrique et de l'Asie, et ont fait le tour de la Nouvelle-Hollande ; toutes les côtes occidentales de l'Amérique septentrionale ont été par- courues... Peron et le Sueur travaillent à Ja rédaction de leur voyage, qui nous fera mieux connoître la Nouvelle - Hollande, la terre du Diemen, et plusieurs iles de F'Archipel indien. Humboildt et Hon lan ont publié le premier fascicule de leur intéressant voyage en Amérique. Barrow a donné de nouveaux détails sur la Chine. Cet ou- vrage fait suite à la relation de Marcartney. Le colonnel Lewis, envoyé par le président des Etats-Unis ; pour la découverte des sources du Missouri , est parti le 1er avril 1804. 11 a remonté ce fleuve l'espace de 5oo lieues , et s'est arrêté par les 47° de latitude, pour y passer l'hiver, La tempéraiure y étoit si. rigoureuse que la neige, qui éloit de deux pieds d'épaisseur, n’a été fondue qu'à la fin de mars, Il a trouvé difiérentes peuplades d’Indiens qui l'ont en général bien accueilli, et lui ont fourni les choses qui lui étoient nécessaires Il est reparti de cet endroit à l'entrée du printemps. On lui a dit qu'il avoit deux cents lieues à, faire pour arri- ver à la grande cataracte, et de là environ deux cents lieues pour arriver à de grandes montagnes d’où sort le fleuve, et qu'en traversant ces montagnes il arriveroit à la ner du Sud. Des petits torrens qui se jettent dans le fleuve avoient ‘des noms français, ce qui fait présumer que les Français, venus du Canada, avoient pénétré dans ces contrées , qui avoient été également visitées par, Mackensie. Par ce moyen on con- noilra toute cette partie de l'Amérique dont Vancover a si bien décrit les côtes. Il faudroit que d'autres voyageurs parcourussent les bords de la ‘baie d'Hudson, de celle de Baflin, et tachassent de B 2 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE reconnoitre Jes parties les plus septentrionales de l'Amérique et le Groënland. Les voyageurs envoyés par l'empereur de Russie continuent leurs entreprises. DE L'HISTOIRE NATURELLE. Rien n'intéresse plus l'homme que de connoître les diffé- rens €lres qui coexistent avec lui à la surface du globe. Il partage ses plaisirs’ ayec les uns, les autres servent à fournir à ses besoins. Aussi l'étude de l'Histoire naturelle se soutient avec la même ardeur. DE LUZ 0 010 CTE. De l'Homme. Peron nous a donné de nouveaux détails sur cette variété de l'espèce humaine, appelée Loschismann. il a confirmé l’exis- tence de cette excroissance singulière connue sous le nom de tablier, qe les femmes de cette nation ont aux parties sexuelles. Elle nait à la pañtie supérieure, et adhère un peu au haut de chacune des grandes lèvres. Elle s’en détache ensuite, se bifurque, et tombe entre les cuisses, ensorte qu'elle ressemble en quelque façon à un penil Mas en l'examinant de plus près on voit qu'elle est composée de deux parties qui se réunis- sent, comme nous venons de le dire : leur partie supérieure n'est guères plus grosse que le tuyau d’une plume à écrire ; mais elle s’élargit et a près d’un pouce de largeur par sa partie inférieure. Sa longueur va jusqu'à quatre à cinq pouces. Ces femmes ont de plus des fesses énormes. Barrow, qui a demeuré long-temps au cap de Bonne-Espé- rance, et qui a fait la guerre aux PBoschismanns , dit qu'ils - forment une nation nombreuse. Voici la description quil en donne « Les Boschimanns forment une race Lien extraordinaire sous tous les rapports. Hs sont extrémement petits. Le plus grand de ceux que nous avons vus n’avoit que quatre pieds quatre pouces. La taille ordinaire des hommes est de quatre oieds six pouces, et celle des femmes est de ‘quatre pieds. es Boschismanns sont à tous égards les plus laids de tous les hommes : le nez plat, les os des joues proëéniinens, le nenton RT D'HISTOIRE NATURELLT. 13 saillant, et le profil concave , donnent à leur figure une grande ressemblance avec les singes , rapports que leurs yeux perçans, toujours en mouvement, tendent encore à augmenter ». Levaillant a parlé également des Boschimanns, auxquels il donne le nom de houzewaana. « Leurs cheveux , dit-il, sont crépus , et si courts que d'abord je les ai cru tondus. Pour le nez, il est encore plus écrasé que celui des Hotten- tofs, ou pour mieux dire 1ES N'EN ONT POINT ; Car on ne sauroit donner ce nom à deux narines épatées qui ont tont au plus cinq à six lignes de saillie. De cette nullité de nez il résulte que vu de profil, Le Boschisman à l'air, et RESSEMBLE AU SINGE. Pallas parle aussi d'une race d'hommes qui ont beaucoup de ressemblance avec les singes. « Le Thibet, dit-il, est la plus haute contrée de l'Asie. Les habitans se disent \issus d'une race de singes aborigènes, auxquels d'ailleurs ils por- tent quelque ressemblance ». Observations de Pallas sur les montagnes , page 33 de la traduction française. Peron observe avec raison qu'il ne faut pas regarder les Bochismanns comme une race particulière d'hommes. Nous savons que les espèces d'animaux et de végétaux euvent être modifiées singulièrement, par des causes dont Ftéence n'a pas encore été assez étudite. Dans l'espèce de moutons, par exemple , il y a /a race à grosse queue, pesant plus de vingt livres ; on ne peut pas dire qu’elle forme une espèce particulière ; elle n'est qu'une variété de l'espèce. Le Bochismann, sans cheveux, SANS xEez ; sa femelle avec son excroissance, improprement appelée tablier, avec ses grosses fesses, composées en grande partie de graisse, comme la queue du mouton dort nous verons de parler, ... ne doi- vent donc être regardées que comme une variété de l'espèce humaine... Mais il se présente ici une question qui a déjà été discutée. Ou le Boschismann avoit primitivement un nez semblable à celui de la belle variété d'hommes, la #/anche, et il Va perdu par des causes quelconques... Or dans cette hypothèse il est possible qu'il le recouvre par des causes opposées, soit en se MOUCHANT, soit de toute autre manière. Or on supposera que primitivement l'espèce humaine n'avoit pas plus de nez que n'en à aujourd'hui la variété Bos- chismann : il faudra dire alors que la variété blanche de l’homme 14 JOURNAL DE PHYSIQUR, DE CHIMIE et les autres qui ont un nez, ne l'ont acquis que postérieure- ment, et peu-à-peu par l'influence de causes quelconques. Car il n’est pas plus dificile de concevoir comment le nez pourroit se formerchez le Boschismann, qu'il ne l’est de con- cevoir comment il a pu le perdre dans cette hypothèse. 11 est des singes, Lels que le nasique, qui ont un nez sem- blable à celui de l’homme. Les autres espèces de singes n’ont pas plus de nez que le Boschismann. Ii faut donc réunir des faits pour résoudre cette question. Le type de l'espèce humaine avoit-il un nez comme le nasique ? É Ou n'en avoit-il point comme le Boschismann ? Il est plusieurs autres variétés d'hommes, ainsi que nous Vavons dit dans les discours précédens. Peron nous a encore donné des notions précieuses sur une de ces variétés de l'espèce humaine, les habitans de la Nouvelle- Hollande et de la terre du Diémen. Leur physique s’éloigne beaucoup de celui de la race blanche; leur corps est plus eflilé; ils ont moins de force... Leur moral ne s’en éloigne pas moins. Étant sans habitation ils demeurent exposés à toutes les in- tempéries des saisons. Presque sans gouvernement ils ne forment que de petites hordes. Ils n'ont point de lois, mais seulement quelques usages. Sans culte , ils n'ont point de temples. Ils sont presque nus, et n'ont nulle idée de ce que les peuples civilisés appellent pudeur. Peron les a vus dans les ‘appartemens des blancs, satisfaire publiquement leurs besoins avec leurs femelles , sans concevoir qu'on pût y attacher une espèce de honte... Ils contractent cependant desrespèces de mariages... Peron s’est assuré, par le dinanimètre (instrument propre à estimer la force des hommes), que ces hommes de nature ont moins de force que'les blancs. Bancks convient avec Peron , que les blancs sont plus forts que l’homme ‘appelé Sauvage. Il en excepte néanmoins les sanvages de l'Amérique septentrionale. Humboldt et Bonpland ont aussi vu des variétés d’hommes très-particulières sur les’ bords. de l’Orenoque, de l’Amazone, j' ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15 de Rionegro... Ils en donnent la description dans la relation de leur voyage... C’est par la réunion de toutes les observations des voyageurs instruits que nous pourrons enfin parvenir à connoître l'espèce humuine. Des Mammaux. Après l'histoire de l’homme , c'est celle des mammaux qui nous intéresse plus particulièrement que celle des autres classes d'animaux. Elle a été prodigieusement enrichie par les diflé- rens voyageurs. Peron et le Sueur ont apporté près de soixante mammaux, qu'ils décriront dans la relation de leur vovage. Humboldt et Bonpland en ont aussi observé un grand nom- bre, et en ont apporté quelques-uns. Ils les feront connoître dans la relation de leur voyage. Une partie de ce voyage paroît déja , et contient la des- cription d’une jolie espèce de singe appelée /eoncito. 12 Du Leoncito (simita Leonina). Les singes sont extrémement répandus dans les plaines ar- rosées par l’'Amazone, l’Orenoque , le Rionegro... Il en existe une grande quantité d'espèces qui sont peu connues; car, disent Humboldt et Bonpland, malgré le grand nombre de singes décrits par les naturalistes, :/ est probable qu'on ne connoît pas encore la dixième partie de ceux qui existent. Or on en connoît déjà plus de cinquante espèces, ce qui porteroit le nombre à quatre à cinq cents. Qu'on juge des découvertes qui existent encore à faire dans l’histoire des animaux, et même dans celle des mammaux. Le /eoncito est une petite espèce de singe très-joli, qui n'a qu'environ sept à huit pouces de longueur sans y comprendre la queue aussi longue que le corps. Il a une crinière comme le lion, c’est pourquoi on l’appelle /eoncito. Il se trouve à Mocoa dans le Popayan. Sa couleur est fauve, noirâtre ; il a une tache blanche sur le nez... Il est très-gai et très-vif. … Son sifflement approche du chant des oiseaux, ce qui a fait soupçonner à Humboldt que la conformation de son larinx est analogue à celle des oiseaux. Le leoncito s’apprivoise très-bien, et il est presque animal domestique dans plusieurs endroits. 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De l'Hydromis. Geoffroy ( de Saint-Hilaire), professeur au jardin des Plantes de Paris, a donné ce nom à un nouveau genre de mammaux. Il paroit que Comrmnerson l’avoit connu ; on lui en avoit donné un dessiné, sous le nom de #1yopotamus bonariensis. Mais les Français qui voyagent beaucoup ne publient pas leurs relations. Molina , qui a trouyé ce même animal dans les eaux du Chili, l'appelle coypou. Alix d'Azzara l'appelle guouyia, nom qu'il porte dans la province de Tucuman , au Paraguay, où il l'a trouvé. Geoflroy en a trouvé un grand nombre de peaux, chez un marchand de Paris, qui lui a dit en recevoir quelquefois jusqu’à 15 à 20 mille par an. On en substitue dans Îa cha- pellerie le poil à celui du castor, qui est très-rare aujourd’hui. Elles sont connues dans le commerce sous le nom de racoonda, dérivé de celui de racoon ; par lequel les Anglais désignent un animal de l'Amérique septentrionale. L'auteur distingue trois espèces d’hydromis. $ 1°. kydromis coypou. Il a 1 pied 9 £ pouces de longueur. Sa couleur est d'un brun roux sur le dos, et d’un roux sale sous le ventre. Patrie, Chili, Paraguai, Tucuman. -2°. Hydromis à ventre jaune. Cette espèce est moitié moing grande que la première. RO SYAL : Patrie, ile Maria, proche le détroit d'Entrecastaux. 5°. Hydromis à ventre blanc, de la même grandeur que la précédente. Patrie, île Maria. Peron et le Sueur ont apporté quatre individus de cette dernière espèce , trouvés dans l'île Maria. L’hydromis doit étre placé entre le castor et le rat d’eau. Il a les pieds de derrière palmés. 2 Dents incisives à chaque mâchoire, 9 Molaires chaque rangée. Des Oiseaux, Vaillant continue son Æistoire des oiseaux d'Afrique. Les 24 et 25° livraisons ont paru; elles terminent le troisième volume de ce bel ouvrage. Le ET D'HISTOIRE NATURELLE, 17 Le même auteur a aussi publié la 23° livraison de son Histoire des perroquets. La vingt-quatrième livraison qui com- plètera l’ouvrage, paroîtra incessamment. Des Porïssons. On trouve dans les Cordilières, disent Humboldt et Bon- pland , des lacs à deux mille six cents toises et plus d'éléva- ton; mais ils ne contiennent que peu de poissons. Les lacs de Mexico, qui sont à onze cent soixante toises, ne contiennent que deux espèces de poissons. Dans la vallée de Bogota il y a des lacs à treize cent quatre-vingt sept toises. On n’y trouve Mer que deux espèces de poissons. Les habitans en nomment l’une le capi- taine , et l’autre le guapucha. Ce dernier est un atherine, et l'autre forme un nouveau genre que Humboldt appelle érémoplhile. . Son corps est alongé et ressemble à celui de l'anguille. Sa couleur est d’un gris bleuâtre , taché de vert. Il a auprès de la bouche de longs barbillons. Sa longueur est de dix à douze pouces. La petite rivière de Pulasé , près Popayan , nourrit une autre espèce de ÉD à laquelle Humboldt a donné le nom de astroblebus grivalvii. Cette espèce rapproche beau- coup de la précédente. Le pimelode (pimelodus cyclopum) est un petit poisson rejeté en, grande quantité par les volcans du Pérou, le Coto- paxi, le Tungurahua et le Sangay. Ce poisson ne se trouve qu’en petite quantité dans les ruisseaux voisins, ce qui fait croire qu'il vit aussi dans des lacs souterrains situés dans ces montagnes; car les volcans en vomissent quelquefois une si rande quantité, que putréfaction corrompt l'air, et Sue lieu à des male contagieuses. Humboldt rapporte à ce sujet qu'il a vu pêcher en Angle- terre , dans les cavernes du Darbichire, et en Allemagne, dans d'autres cavernes, près de celles de Gailenreuth, où se trou- vent les os fossiles, des truites vivant dans des grottes, qui aujourd'hui sont bien éloignées de tout ruisseau, et très élevées au-dessus du niveau des eaux voisines, Des Insectes, Latreille a publié le premier volume d’une Histoire générale des insectes , à laquelle il travaille depuis long-temps. Tome LXII JANVIER an 1806. C. 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DE L’'ANATOMIE. Duvernoy a publié les trois derniers volumes de l’Anatomie comparée de Cuvier. Cet ouvrage manquoit à la science. Fétus trouvé dans l'abdomen d’un jeune homme. _ Dupuytren a donné l’histoire d’un fétus trouvé dans l’ab- domen d'un jeune homme, Amédée Bissieu de Vernueil, Ce jeune homme s’étoit plaint, dès sa plus tendre jeunesse, d'une douleur âu côté gauche. À l’âve de treize ans cette tumeur devint volumineuse et douloureuse ; la fièvre survint : il rendit par les selles des matières pruriformes et fétides ; sur- vint une espèce déphthisie. Peu de temps après il rendit par les selles un peloton de poils, et au bout de six semaines il mourut. L'ouverture du cadavre, faite par MM. Guérin et Bertin de Mardelles, fit voir une poche ou kiste adossée au colon trans- vase, et qui communiquoit avec lui. On trouva dans cette poche des poils et une masse qui avoit plusieurs traits de ressemblance avec un fétus humain. L La dissection de cette masse y a fait découvrir la trace d’une tête, d’une colonne vertébrale, d'un cerveau, d'une moëlle épinière, de quelques organes des sens, un bassin , et une a RUUHe de la plupart des membres. Un cordon ombilical court étoit inséré au mésocolon transverse, et contenoit une artère et une veine qui alloient se ramifier au fétus. ; Dupuytren, d'après l’exposition de tous ces faits, pense que ce fétus avoit été jumeau du jeune homme en question. Ce petit fétus s'étoit attaché au mésocolon du jeune homme; il en avoit été nourri, comme cela arrive dans toutes les con- ceptions extra-uterines, c'est-à-dire, qui se font hors de la matrice. Il n'est péri qu'à la mordu jeune homme. DE LA BOTANIQUE. Les botanistes continuent à publier les descriptions de di- verses plantes apportées par les voyageurs, et cultivées dans les jardins. Ventenat a publié la 19° livraison des plantes du jardin de la Malmaison. FRedouté a donné Ja 23° livraison de son ouvrage des Liliacées, dont Decandolle fait la description. On sait que ces deux ouvrages sont des plus beaux de ceux que ET D'HISTOIRE NATURPFLLE. Lrg possède la botanique, soit par l'exactitude des descriptions, soit par le fini du dessin et la beauté de la gravure. Humboldt et Bonpland ont donné deux fascicules de plantes équinoxiales qu’ils ont apportés de l'Amérique Méridionale et du Mexique. | La Billardière a fait paroître le 13° fascicule des plantes de la Nouvelle- Hollande. ( | Palissot-Beauvoir a fait paroître le 5° fascicule de sa Flore d'Owareet de Benin. La 27: livraison des plantes grasses décrites par Decandolie, a paru. On aussi publié à Paris la 25° livraison de la nouvelle édi- tion des arbres et arbustes de Duhamel. Decandolle a donné une nouvelle édition de la Flore fran- çaise de Lamarck. Mirbel a donné plusieurs volumes de son Histoire des vé- gétaux dans l'édition complète des OEuvres de Buffon par Sonini. Les Annales du Muséum de Paris présentent cette année plusieurs Mémoires intéressans de botanique , soit sur diflé- rentes familles de plantes, soit sur les caractères généraux des familles tirés des graines, et confirmés par les observa- tions de Gaertner. | . Il a aussi paru une livraison, par Poiret, de la partie bo- tanique du Dictionnaire de l'Encyclopédie. . Desfontaines a publié le Catalogue des plantes qui se trou- vent au jardin des Plantes de Paris. . Broussonet a publié le Catalogue des plantes du jardin de Montpellier. _ Willemet a donné la description des plantes du jardin de Nancy et des départemens voisins. . Dumont de Courseret, a donné le Ve tome supplémentaire de son ouvrage intitulé, le Botaniste cultivateur. - Jaumes Saint-Hilaire a publié l'exposition des familles na- turelles et de la germination des plantes. : Il a aussi fait paroître six livraisons, pour servir de suite a l’ouvrage de Bulliard, sur les Plantes de la France. Lamouroux a donné des dissertations sur plusieurs espèces de fucus. é Boissieu a publié, à Lyon, deux livraisons d'un ouvrage qu'il a entrepris, pour faire suite à la Flore d'Europe, commencée par Fomer. C a 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, BE CHIMIz= Jacquin a donne le 1V* volume de son bel ouvrage intitulé Hortus Schonnbrunensis. Wildenow a publié la troisième partie du tome Ill: du Species plantarum Linnæus. Elle comprend la 19° classe du système sexuel, Il a aussi publié deux livraisons de / Hortus Borolinensis, in-fol, avec planches coloriées. Gaertner fils, marchant sur les tracegde son illustre père, a publié le premier fascicule du tome troisième de sa Car pologie , la connoissance des plantes par les graines. Valh avoit publié un premier volume du Species plantarum. La mort j'a enlevé aux sciences. Un de ses disciples, Horrn- man est chargé de continuer l'ouvrage. Nowodworsky a publié à Prague le Catalogue des plantes du jardin du comte de Canel. Razomouski a publié la Liste des plantes qu'il cultive dans ses jardins proche Moscou. Waldstein et Paul Kitaibel ont publié la 20e livraison de la Flore de Hongrie. Schkuhr a donné nne nouvelle édition de son Manuel de: Botanique, et un premier cahier de plantes cryptogames, lequel contient la description et les figures de 25 espèces de fougères. Schrader, auteur d’une Flore d'Allemagne, et d’un Journal de Botanique, a donné un excellent Commentaire sur les vé- roniques. Wendland a publié la 13° livraison de son ouvrage sur les bruyères. : Andrews, en Angleterre, à aussi donné un ouvrage sur les mêmes plantes. Acbarius a publié un ouvrage très important sur les lichens. Smith, propriétaire des herbiers de Linnæus, a publié, à Londres le troisième volume de sa Flore de la Grarnde-Bre- tagne, qui contient la SE HU des ss de Ja 21°, 22e, 25° classes du système sexuel, et les fougères et les mousses de la 24 classe. Richard Relham a publié à Londres une nouvelle édition de sa Flore de Cambridge. Budge a annoncé à Londres , qu'il va publier la suite des lantes inédites de la Guyane. Cet ouvrage fera suite à celui d’Aublet; qui avoit donné une histoire de cette contrée. Turner , qui a donné une histoire des fucus de la Grande- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 21 Bretagne, a publié, en un vol. in-8°, avec figures coloriées, une Monographie des mousses du même pays. Brotero a publié une Flore du Portugal. Des boutons et des ramifications des plantes. Koëler a communiqué à Ventenat ses Recherches sur les boutons et les ramifications des plantes ; il ÿ a, dit-il, deux opinions principales sur ces ramificaiions. Les uns , tels que Linné et Hales, ont pensé que c'étoit la moëlle qui perçoit à travers le bois, même le plus dur, pour produire les ramifications des plantes, et qu'elle s'alon- geoit encore pour produire les parties les plus essentielles du corps végétal. D'autres, et ce sont les plus récens, ont attribué à l'écorce, et aux couches corticales, ce que leurs prédécesséurs donnoient comme le produit de la moëlle. Ils ont aussi pensé que l'ac- croissement en longueur et épaisseur dépendoient de ces mêmes organes. L'auteur après avoir discuté les opinions des auteurs dont nous venons de parler, expose la sienne dans les termes suivans : « La partie supérieure d'un rameau et d’un bourgeon n’est formée que par la moëlle , l'étui médullaire et l'écorce. Je crois devoir conclure de cette observation, que l'accroissement des tiges ou troncs, et des ramifications, dépend uniquement de l'alongement des vaisseaux de l’étui médullaire. L'aubier dont les tubes ont une direction parfaitement droite, se pré- sente à la partie supérieure d’un rameau sous la forme de fibres séparées, qui se perdent à la surface de l’étui médullaire, Du Micropile, Turpin a démontré que les ovules renfermés dans l'ovaire de la plante, étoient percés d'un petit trou qu'il appelle mi- cropile (petite porte) pratiqué à côté du point d’attache de ces ovules. Quelques physiciens avoient déjà apperçu ce petit trou. L'auteur a reconnu le micropile dans tous les ovules ; il est même sensible dans la plupart des graines parvenues à leur maturité. La radicule de l'embryon est constamment dirigée vers le micropile; d’où l’auteur conclut que c'est par le micropile que s’introduit la liqueur prolifique de l’anthère, et que sopère la fécondation de l’oyule. ( + " à 223 JOURNAL DE PHYSIQUE , DE CHIMIE 4 DE LA PHYSIOLOGIE,., Nous.connoissons déjà un grand nombre d'animaux et de végétaux. Leur anatomie, ou la description de leurs différentes parties est plus où moins avancée; mais la physiolopgié ou la connaissance du mécanisme de leurs fonctions laisse encore beaucoup à desirer. De la voix des oiseaux, des singes £t d'une espèce d'écureuil. Cuvier avoit fait voir, dans un Mémoire imprimé dans ce Journal (tome 50, page 426), qu'il faut distinguer chez les oiseaux deux espèces de larinx, l’un supérieur et l’autre infe- rieur. Leur voix dépend principalement du larinx inférieur. Humboldt a reconnu une organisation analogue dans la trachée de quelques espèces de singes et de l'écureuil. de Carthagène , dont la voix approche du chant des oiseaux. Mais nous .ferons conuoître plus particulièrement ce beau travail. De l’absortion de l Azote par la respiration des animauæ. Dès l'instant que Priestley eut découvert que l'air atmosphé- rique éloit composé principalement de deux gaz, savoir (le déphlogistiqué), l’oxigène et l'impur ou l'azote; il dit que ces deux gaz étoient absorbés dans l’acte de la respiration; l’oxi- gène donnoit la couleur floride au sang, mais il n'assigna pas l'influence de lazote. { è ÿ Depuis ce célèbre physicien, à qui la théorie pneumatique doit ses plus belles découvertes ; on a toujours reconnu l'ab- sorption de l'azote dans l'acte de la respiration ; mais le rôle presque exclusif quon vouloit faire jouer à l’oxigène pour roduire la chaleur animale,.. avoit empêché qu’on. donnât assez d'attention à celui que jouoit l'azote; et cependant toutes les expériences prouvoient que l'azote étoit un des principes les plus’ abondans des matières animales : aussi ne cessai-je de dire (1), que puisque du chile composé de substances végétales, chez les frugivores, par exemple, s'animalisoit dans l'acte de la respiration, et dans le cours de sa circulation, € ee a ee ne Ca fi (1) Essai sur l'air pur. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23 il falloit que l'azote de l'air respiré s’y combinât , tandis que l'oxigène convertissoit le sang noir veineux en sang floride..…. Davy fit des expériences décisives qui constatérent l’ab- sorption del’azote dans Ja respiration : il inspira et expira pen- dant une minute 161 pouces d'air atmosphérique composé pp SC PS D 117 Oxigène,i ir enier seit 2165: 4e Acide carbonique.. . . . +, . 1. 6 Ces 161 pouces furent dans l'expérience de Davy, réduits à 152 pouces, qui contenoient Azote. 013 Mon His NT G Oxigène. 1 410p. Messe 23. Acide carbonique. . . . 17. 7 Cette expérience répétée trois fois, et toutes corrections faites, l’auteur en conclut, que 23. 9 d'oxigène ont été absorbés; 12. d'acide carbonique ont été produits; 5. 1 d'azote ont été absorbés. « Il n’y a done pas lieu de douter, dit Davy, de l’absorption de l'azote par le sang veineux dans l'acte de la respiration », Je pense que le sang artériel en doit absorber comme le sang veineux. 29) Javois également fait voir que l'azote étoit absorbé dans Pacte de la respiration; car voilà ce que j'en ai dit dans mes Considérations sur les Êtres organisés, tome II, page 233. « Une portion d’azote pénètre aussi jusqu’au sang; car dans l'acte de la respiration ï y en a toujours une portion d'ab- sorbée. Cet azote se combine ensuite pour former de nou- veaux composés ». : Pfaff a eu les mêmes résultats que Davy; il a respiré ou fait respirer de l’air atmosphérique, et, toute correction faite, il a eu l'absorption d'azote à-peu-près égale à celle qu’'avoit obtenue Davy. | : Ces absorptions de l'azote font voir que ce gaz, loin d'’étre nuisible à la respiration, y est d’une grande utilité ; aussi Lavoisier et Seguin ont-ils constaté par des expériences, que des animaux pouvoient. vivre dans un mélange d'une partie d'oxigène , et de quinze d'azote. 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'azote est non-seulement absorbé dans les organes de la respiration, mais il l’est par toute la surface du corps : c’est ce qu'a démontré Spallanzani, en mettant sous des cloches pleines d'air des animaux qui venoient de périr. Il a toujours reconnu qu'une partié d'azote avoit été absorbée avec loxigène; et cependant il n'y avoit plus ni inspiration ni expiration. De l'absorption de l'Azote par.la respiration des végétaux. Les végétaux absorbent également de l’azote dans l'acte de l'inspiration; et elles l'exhalent dans l'acte de la respiration, C'est ce que j'ai prouvé par l'expérience suivante : 100 parties de cet air expiré par les plantes, et 300 parties du gaz nitreux, ont laissé un résidu de 110.à 120, ce qui prouve qu'il contient une grande quantité d'air pur ou oxi- gène, et une petite portion d'azote. Æssaë sur l'air pur, tome I, page 358. Cet azote se combine également et entre dans la composition de la glutine, et d'autres produits des végétaux , qui contien- nent une grande quantité d'azote, De l'action de l'Opium sur les animaux vivans. Romero de Tereros a fait un grand nombre d'expériences pour connoitre. la nature de cette action. Les physiologistes sont partagés d'opinion à cet égard : les uns pensent que l'opium agit comme sédatif et calmant; ils le regardent comme un asténique qui diminue les forces vitales. Les autres au contraire regardent l’opium comme un des lus puissans scéniques. C'est l'opinion de Braun. Toutes les expériences qu’a faites Tereros confirment ce sentiment. Mais on distingue dans l’opium deux parties principales, 1°. la partie résineuse, 2°. la partie gommeuse. La première a été préparée en faisant digérer l'opium dans l'alkool ; la seconde en la faisant bouillir dans l’eau , et en la faisant di- gérér dans l’eau froide distillée. On croyoit communément que cette partie gomméuse étoit sédative; mais l'expérience lui a prouvé qu'elle est sténique et irritante comme la partie résineuse ; car il a donné à des chiens de ces différentes pré- parations d’opium pour les tuer, et il en a fallu jusqu’à trois gros. L'ouverture du cadavre , ou l’autopsie , a toujours fait voir que l'estomac et les intestins étoient très enflammés. L'opium présente un phénomène singulier, qu'on remarque également dans d'autres substances ; c'est que son action n'est point : ET D'HISTOIRE NATURPLLE. 25 point la même sur les divers animaux. On sait que les amers, par exemple les amandes amères, tuent plusieurs animaux, tels que les écureuils, les oiseaux ;... tandis que l’homme et plusieurs animaux|les mangent impunément. La noix vo- mique, qui tue les chiens , les renards,... est moins dan- gereuse pour l'homme... L'opium, dont quelques grains exercent une si grande ac- tion sur l'homme, a été donné par l’auteur jusqu'à la dose de 2 gros, à de petits chiens sans les tuer. Il en a fallu jusqu'à 3 gros pour les faire périr. De la cause de la mort des animaux qui sont noyés. Les physiciens ont diverses opinions sur la cause des ani- maux qui se noient. Les anciens ont cru assez généralement que l’eau entroit dans les bronches pulmonaires ét causoit la mort; mais l'ouverture des noyés a fait voir que leur poitrine ne contenoit point d'eau ; et pour mieux constater le fait, on a noyé des animaux dans des liqueurs colorées par l'encre, par exemple, et on a vu que la liqueur n'avoit point pénétré dans les bronches. Bichat pensoit que le sang veineux noir ne recevant point par l'oxigène les principes nécessaires qui le rendent floride, n'étoit non-seulement plus un stimulus nécessaire pour ex- citer les organes de la respiration ; mais qu'il a une action sédative qui Ôte aux nerfs toute leur action. Berger , pour reconnoître la vérité parmi cette diversité d'opinions, s’est décidé à faire un grand nombre d'expériences sur des animaux qu'il a noyés , et dont a fait l’ouverture après là mort. L'autopsie cadavérique (c'est-à-dire l'ouverture de l'animal) Jui a fait découvrir que l'irritabilité n'est point éteinte. 1°. L'oreillette pulmonaire et le ventricule se. contractent de la manière la plus marquée. Il a même observé des contrac- tions de l'oreille dans un chat, dix-neuf heures après sa mort. 2°. L'autre ventricule se contracte également , mais avec moins de force. ; 3°. Les intestins et l'estomac conservent leur mouvement péristaltique. 4°. La pelite portion d'air qui demeure dans le poumon ne contient quelquefois plus d’oxigène, ou au moins très-peu. 5°. Un chat né depuis un jour a demeuré douze minutes dans l’eau sans périr. Tome LXII. JANVIER an 1806. D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On se rappelle que Buflon fit accoucher une chienne dans un baquet plein de lait, à la température de l'animal : les petiis y vécurent plusieurs heures sans périr. Toutes ces expériences prouvent donc que chez les animaux noiés la mort n'arrive point par cessation de l’irritabilité. Il fit de nouvelles expériences sur des animaux quil fit périr par suflocation , en les tenant enfermés sous des cloches. Il constata d'abord, par des expériences auxquelles lui et ses amis se soumirent, que l'air qu'ils avoient respiré pendant quelque temps, 1°. contenoit beaucoup d'acide carbonique; 29, étoit plus ou moins dépouiilé d'oxigène. Il fit ensuite périr des animaux sous des cloches. Par l’autopsie cadavérique, il trouva l'oreillette droite assez dis- tendue ; elle se contractoit d’une manière prononcée , ainsi que le ventricule. Il étendit ces expériences aux différens gaz. Des poissons ont vécu plusieurs heures dans de l’eau hy- drogénée. Ils ont péri au bout de deux minutes dans de l’eau au dessus de laquelle étoit contenu du gaz nitreux. | Ils périrent encore plus vité dans de l'eau hydro-sulfurée, et dans de l’eau ch:igée d'acide carbonique. De tous ces faits l’auteur conclut: que la cause de la mort des animaux soit submergés, soit réntermés sous des cloches, est là même, c'est-à-dire le défaut d'oxigène dans les organes de la respiration. L'expérience lui à prouvé que les animaux périssent dès que l'air qu'ils respirent ne contient plus 0,04 d'oxigène; l'air at- mosphérique en contient ordinairement 0,20 ou 0,21. Des secrétions chez les Animaux. Les secrétions sont une des principales fonctions de l’éco- nomie animale et végétale : je les ai envisagées sous un nou- veau point de vue. Je les ai considérées d’abord dans le sys- tème général de la circulation. Le sang artériel est floride jusques dans les artérioles les plus petites. Parvenu dans le système capillaire, plusieurs li- queurs s'en séparent, telles que la lymphe, la graisse,.. et le sang perd sa couleur floride et devient noirâtre ou brunâtre; il ertie alors dans le système veineux. Le sang subit donc différens changemens : ET D'HISTOIRE NATURELLY. 27 1°. Le sang artériel perd le principe qui le rendoit foride, Cest-à-dire l’oxigène. 2°. La lymphe s'en sépare pour enfiler les vaisseaux lym- phätiques. 90, La | graisse est également secrétée pour des usages par- üculiers. Le sang floride artériel a donc perdu a de l’oxigëne ; b une partie lymphatique , € une partie huileuse ou graisseuse... L'oxigène qui lui a été enlevé étoit combiné en partie avec l'oxide de fer auquel il donnoit la couleur rouge. Une portion de cet oxigène s'est combinée avec la portion huileuse, à laquelle il a donné la consistance de la graisse. On sait que les huiles deviennent solides en se combinant avec l'oxigène, Une autre portion de cet oxigène s’est combinée avec la lymphe, à laquelle il a donné de nouvelles qualités, et en 8 Converti une partie en fibrine. C’est ce qui est prouvé par l'expérience, en agitant avec de l'oxigène le sang chaud d'un animal. Une portion d'hydrogène s’est combinée avec l'oxide de fer du sang (lequel oxide a déjà perdu une partie de son oxygène), et cet oxide a pris une couleur brunâtre. Le carbone qui surabonde dans le sang par la perte de l'oxigène contribue à cette couleur. 4°. Enfin le sang artériel a perdu une partie de sa chaleur. Les mêmes phénomènes ont lieu dans tous les organes secrétoires , les glandes, le foie, les reins » les testicules, le cerveau... Le sang artériel 1° verse l'humeur secrétoire. 2°. Il perd sa couleur floride par la privation d'une partie de son oxigène qui se combine avec l'humeur secrétée. 2" 3°. Il perd de sa chaleur... CNE 4°. Le résidu du sang devient noir, et passe dans les véines. Ces faits prouvent que dans les secrétions il ration inverse de celle qui accompagne la resp Dans la respiration le sang veineux 1°. reçoit de l'oxigène qui lui donne la couleur rouge ou floride. 2°. 11 se débarrasse d'une partie de carbone. J 4 une opé- cralion. D 2 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 3°. Il se débarrasse peut-être aussi d’une portion d'hydrogène. 4°. Il acquiert de la chaleur. Ainsi dans la respiration le sang veineux s'oxigène , il devient floride, et dans les secrétions le sang arteriel se désoxigène : il devient d'un brun noirätre Tous ces produits nouveaux que fournissent les secrétions sont les effets d'espèces de fermentations particuliëres. Ils sont accompagnés en même temps d'un grand dégage- ment de calorique , ce qui est une des causes principales de la chaleur animale. Une partie de ces liqueurs secrétées rentre dans le torrent de la circulation, et y. sert à favoriser la formation des parties analogues. Ainsi on ne peut douter que la masse du sang ne contienne des portions des humeurs secrétoires ébauchées. Elles vont ensuite se séparer par affinité dans les organes secré- toires, où elles acquièrent de nouvelles qualités par l'oxigène ei autres principes qui s’y combanent. Des secrétions chez les végétaux. Les secrétions s’opèrent chez les végétaux comme chez les animaux. La sève qu'on doit regarder comme le sang des vé- gétaux, lequel est blanc, fournit également à toutes leurs liqueurs secrétoires. Elles y sont ébauchées et s'en séparent dans les divers systèmes, le capillaire, le séreux, le muqueux... ” Lessecrétions végétales sont, ainsi que les secrétionsanimales, accompagnées d'une décomposition pariielle de la liqueur artérielle. 1°. La sève artérielle fournit de l’oxigène, de l'hydrogène et du charbon, principes des acides végétaux dont sont for- mées celles de ces secrétions qui sont acides, telles que l'acide malique , l’acide oxalique, l’acide acéteux, l'acide tartareux... 2°. Cette sève artérieile fournit dans d'autres organes les principes qui forrnent la fécule, Ja giutine, la fbrine... 5°, Dans d'autres organes la méme sève artérielle fournit les principes propres à former les mucilages, les gommes , le corps sucré... 4°. Elle fournit ailleurs les principes des huiles soit fixes, soit volatiles ,.. ceux des baumes. 5°, Dans d’autres organes elle fournit les principes des ex- traits de la partie colorante. 6°, Elle fournit dans les différentes glandes les principes des ET D'HISTOIRE NATURELLE, 29 diverses liqueurs particulières, telles que le pollen des mäles, la liqueur reproductive des femelles , la propolis, la cire... On doit donc concevoir que dans toutes ces opérations la sève artérielle 19. perd une pariie de son oxigëne. 2°, Cet oxigène se combine avec l'humeur secrétée à laquelle il donne de nouvelles qualités. 3°. La sève artérielle perd de sa chaleur. 4°. Le résidu de cette sève ainsi appauvrie entre dans le système veineux, où il se combine avec de Toxigène fourni par la respiration, ce qui lui rend ses premitres qualités. La sève veineïse s'oxigène dans l'acte de la respiration, et la sève artérielie se désoxigène dans l'acte des secrétions. Les humeurs secrétoires des végétaux , comme chez les animaux, sont également coutenues dans leur sang, c’est-à-dire la sève, et vont se déposer par les lois des aflinités dans les divers organes où elles acquièrent de nouvelles qualités par l’oxigène et les autres principes qui s’y combinent. De la respiration et des trachées des végétaux. J'avois démontré en 1788, dans mon ouvrage sur les dif=- Jférentes espèces d'air que les végétaux respiroient comme les animaux. J’avois confirmé ces premières expériences dans mes Corisidérations sur les Étres organisés, et j'avois fait de nou-, velles recherches sur la nature des trachées des végétaux que javois cru, avec tous les auteurs, être situées dans la partie fibreuse et ligneuse ; mais j'ai reconnu depuis qu'elles ne se trouvent point dans cetle partie fibreuse. Lorsqu'on casse une jeune branche avec précaution, on en appercoit facilement les trachées. On les voit également en pliant doucement une feuille et en en cassant à moitié la grosse nervure qui est une continuation du pétiole; mais on a de la, peine. à déterminer le lieu où sont situées ces trachées. Pour m'en assurer jai choisi des végétaux dont la substancé mé-, dullaire est très-abondante , tels que le sureau, le yéble... 1°. J'ai pris à la fin du printemps de jeunes branches de suréau, poussées de l’année ; je les ai coupées au quart ou à moitié avec un canif, et les ai ensuite pliées de manière qu'en cassant les deux parties elles ne se séparent point. Un. apperçoit dans la cassure une multitude de trachées qui font uue couche continue entre la partie médullaire et le bois. 30 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cette partie médullaire est remplie d’un suc verdâtre très- abondant. On ne peut pas mieux comparer alors celte partie verdâtre qu'à l'intérieur d'un fruit, tel qu'une pomme, une poire, une pêche... Mais à mesure que cette branche de sureau prend de l'accroissement, ce suc verdâtre devient moins abondant, et à la fin de l'été la partie médullaire des jeunes branches de l’année est blanchâtre à l'ordinaire , et on n’y apperçoit plus de suc quoiqu'il y en ait toujours, mais il est moins abondant. 2°. J'ai coupé avec précaution toutes les parties ligneuses d’une jeune branche de sureau, dont la partie médullaire n'étoit plus imprégnée de ce suc verdâtre; jai apperçu pour lors les trachées qui faisoient une zone continue autour de la substance médullaire : et en en écartant doucement les deux morceaux coupés, on voyoit les trachées s'alonger comme des ressorts à boudin. 3°. J'ai fendu une des branches de sureau de l'expérience précédente, et j'en ai enlevé la partie médullaire avec pré- caution : les trachées n'ont pas été entamées , on les apperçoit adhérentes à la partie ligneuse, contiguë à la substance mé- dullaire ; elles y forment une couche concentrique ; elles y sont divisées par petits faisceaux au nombre de trente à quarante qui se touchent tous. Il faut pour les bien voir se servir de la loupe. Chacun de ces faisceaux peut avoir un uart de ligne de diamètre, et contient une grande quantité de trachées. On peut regarder cette réunion des faisceaux de trachées comme formant une espèce de gafne qui enveloppe la moëlle. 4°. En enlevant la moëlle de cette branche de sureau, j'y ai distingué une grande quantité de vaisseaux rouges, qui forment en général une zone concentrique. Ils sont placés dans la partie médullaire à un quart de ligne ou même plus de la partie ligncuse. Hs sont très-gros dans l’yèble. Les vaisseaux rouges détachés de la partie médullaire , et examinés à la loupe, paroïissent demi-tfansparens, et composés comme les vaisseaux lymphatiques des animaux, de petits nœuds. Ils sont entièrement distincts des trachées. Je présume qu'ils servent à la circulation des liqueurs dans cette substance médullaire, comme il y en a dans les fruits... Il paroïit d'après ces observations que les trachées ne sont ni dans le bois ni dans la substance médullaire, mais qu’elles ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3x formént uné couche intermédiaire entre les deux, chez le sureau , l'yéble... laquelle sert de gaize, ou d'enveloppe à la moëile. Il est vraisemblable qu'elles accompagnent les prolongemens médullaires dans la partie ligneuse, et jusqu'à l’écorce , car les plantes paroissent inspirer et etpirer par toute leur surface. L'analyse m'a fait conclure que la même organisation a lieu chez les autres végétaux. Les conséquences que j'ai tirées de ces observations sont que les trachées servent à la respiration du végétal, tandis que les vaisseaux rouges servent à la circulation des liqueurs. L'air atmosphérique est absorbé ou érspiré par les feuilles et par la surface entière du végétal. Des végétaux mis sous des cloches fermées par le mercure absorbent l'air. Cet air est ensuite expiré ou expulsé par les mêmes organes; car on voit sortir cet air des feuilles mises dans l’eau, et ex- posées au soleil. Je suppose donc que l'air znspiré par la surface du vég‘tal pénètre dans les trachées; celles-ci les portent dans la sub- stance médullaire et dans tous les prolongemens médullaires. Cet air communique avec les grands vaisseux séveux, prin= cipalement avec les veineux ; il en vivifie toutes les liqueurs, les oxigène, comme je l'ai exposé ailleurs. Les trachées chez les insectes se répandent également dans toutes les parties de leurs corps, et y portent l’air qui vivifie et oxigène toutes leurs liqueurs. C’est le méme mécanisme que chez les végétaux. Des maladies des végétaut. Les végétaux sont sujets aux mêmes maladies que les ani- maux, parceque l'organisation des uns a les plus grands rapports avec celle des autres. Cette vérité bien reconnue aujourd’hui de tous les savans, a engagé la célèbre Académie de Vilna de proposer au concours la question suivante : Quelle est la cause des maladies des végétaux ? DE LA VACCINE, La pratique de la vaccine s'étend chez toutes les nations ; ses succès sont constans. Les vaccinés sont préservés de la petite vérole, ce fléau si destructeur de l'espèce humaine. Cependant on a eu quelques observations à Lonüres, des 32 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE personnes vaccinées qui ont eu la petite vérole. Il se peut, 1°. que les personnes n'eussent pas été bien vaccinées ; 2°. que l'éruption qu'elles ont éprouvée ne fût pas une vraie petite vérole. Au reste, on avoit également dit que quelques personnes inoculées avoient eu une seconde petite vérole : ce qui n'em- pèche pas que l’inoculation ne soit une institution excellente. Néanmoins il est essentiel de multiplier les observations pour reconnoître les causes de ces anomalies, et en déter- miner les limites, DE LA MINÉRALOGIE. Quoique la minéralogie semble avoir moins à acquérir que les autres parties de l'histoire naturelle , elle a cependant fait cette année quelques acquisitions intéressantes. Du Nicolane. Richter soupçonnoit depuis long-temps que les mines de nickel (nicolum) qui se trouvent en Saxe, et desquelles on retire du cobalt, du cuivre, de l’arsenic et du fer, contenoient encore quelqu'autre substance métallique. Il est enfin par- venu à en obtenir un nouveau métal, qi a beaucoup de rapport avec le nickel; c’est pourquoi il lui a donné le nom de nicolanum, nicolane. Sa couleur est gris d'acier, tirant un peu sur le rouge. T1 a de la malléabilité et s'étend sous le marteau. Le barreau aimanté l’attire, mais pas autant que le nickel. Sa dureté est assez considérable... Le nicolane ne seroit-il pas le nickel allié avec quelqu'autre substance ? car on ne sauroit être trop circonspect sur l’ad- mission de toutes ces nouvelles substances métalliques. Du Platine, et des substances métalliques qui lui sont alliées. Rien n'indique davantage les difficullés que les chimistes rencontrent, dans l'analyse des substances minérales , que leurs travaux sur les mines de platine. Proust avoit apperçu, dans ses travaux sur cette substance, une poussière qu'il pre- noit pour de la plombagine. Mais on a reconnu depuis ‘son travail, plusieurs métaux dans cette poussière , et dans le platine : 1°. Le vrai métal de platine; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 33 2°, Un second métal découvert par Collet-Descotils, Four- croy et Vauquelin, nommé ptene. Sa couleur est d'un blanc terne;.. son oxide est rouge, et il colore en rouge les sels ürés des dissolutions de platine. 3°, Un autre métal nommé par Tennant, éridium , à cause de la vivacité des couleurs qu'il présente lorsqu'il est dissout dans l'acide muriatique ; peut-être est-ce le prenie. 4°. L'osmium est une autre substance métallique trouvée par Tennant , dans le platine. Elle est très-volatile et a une odeur particulière. 5°. Le palladium , suivant Wollaston, est encore une sub stance métallique qui se trouve dans le platine. Il parle encore d'un autre métal qu'il nomme rhodrum , parcequ'il colore en rose : c'est vraisemblablement le même que le ptene... On sent assez qu’il faut attendre les nouveaux travaux de ces illustres chimistes, pour prononcer sur toutes ces sub- stances, Du fer natif. L'existence du fer natif n'est plus contestée aujourd'hui. Proust vient d’en trouver dans des minérais du Mexique ; que lui avoit envoyés del Rio. Il a pulvérisé ces minérais, et ar le barreau aimanté en a extrait des particules ferrugineuses, qu'il a cru d’abord être de l'oxide noir de fer; mais les ayant mis dans de l'acide sulfurique, il en a retiré un très-bon gaz bydrogène , comme de la limaille de fer... D'où 1l conclut que cette poussière est du vrai fer natif. De l'acier natif. Godon de Saint-Memin, vient de trouver de l'acier natif, ce qu’on ne connoissoit pas encore. Le lieu où se trouve cet acier est à la Bouiche, départe- ment de l'Allier, dans un amas de matières scoriformes, qui paroissent les produits d'une mine de bouille qui s'exploite à côté , et dont une partie a été enflammée. La dureté de cet acier natif est supérieure à celle de l'acier trempé. I prend le plus beau poli. Sa pesanteur est de 7.4417; celle de l’acier factice est 7.8331; et celle du fer fondu 7.2050. A la cassure il a le grain de l'acier. Tome LXII JANVIER an :806. E 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Enfin l'analyse lui a donné les mêmes produits que l'acier factice, 100 parties de cet acier natif contiennent suivant lui Éerils: cheneuar ce AM NMID, OO Carbone PME Elo; 04S PhHosnhere. FL UN bre L'analyse de l'acier factice a donné à Vauquelin Fer. Carbone. Phosphore. Silice. Du Falherz. Les minéralogistes allemands désignent par ce mot /a/herz diverses substances minérales, que les minéralogistes français appellent cuivre gris où arzent gris. Elles cristallisent toutes en télraèdres et en ses diverses modifications. Mais Klaproth vient de faire un nouveau travail sur ces minéraux. Un falherz de Ja mine de Krone , près Freyberg , lui a donné Cuivres rudes LISTE Alraerte MAR EME UNI ED Péri cn Mers. (261060 Afcsennc. #00 AUDIT 4 "00 Soufre. LIANT ERP O Perte nr EME EL ME Ün autre falherz lui a donné antimoine 00,1.50 plus des produits analogues à ceux du précédent, Du graugiltigerz. J'avois fait, il y a long-temps, dit Klaproth, l'analyse d’un morceau de ce munérai, qui venoit de Cremnitz en Hongrie, Les produits que j'en obtins me firent voir qu'il différoit du falherz et du weisgiltigerz : en conséquence j'en ai fait une espèce particulière à laquelle j'ai douné le nom de graugil- cigerz. (C'est le schwarlsgiltigerz de Werner, suivant Bro- chant, tome IT, page 155 ), il cristallise en tétraèdre comme le falherz, ET D'HISTOIRE NATURELLE: 35 Le graugiltigerz de Cremnitz en Hongrie, analysé ancien- nement, avoit donné Cuivres RE tu ae Arped lee Antimoine, , . . .... 39. og Er EAN NE IAE 1 dE Soufre.hs,. 0 SALE or. Po Aftaimenems ze jure PERMET E Le graugiltigerz de Saint-Venzel, proche Wolfach, a donné a Klaproth Cuivre fl, me Ctectitet: Angenti:00 it 4 EU r04 48 AndiMOiNe,. à, ses se 27 RES Ne ion do LR 7 Soufret St. ie: 5o Penteratitse lotus 25 Le graugiltigerz cristallisé en tétraèdres recouverts ordi-= nairement de pyrite cuivreuse, de zill près Clausthal, au Hartz , a donné à Klaproth CAVE Las Cfa che e T0 68 RS RÉ NAS ME ANTMOITE AU ARE PERMET A nu ESA 11e PSE 6° 5o Soufreiszt her 21. 6o Perte... :91)ameS 2. 5o Du eisgiltigerz, Ce minérai contient Plomb e Antimoine. . . ... é Arbente. ab LEE Soufre. , ,,.. 36 JOURNAL DE PHY5IQUE, DE CHIMIE Du Spies-glan-bleierz de Karsten. . C'est une mine de plomb qui rapproche beaucoup du weis- giltigerz. Klaproth en a retiré Plomb SN METZ 60 Mabhimoine,, LU FLO "rs Goivre 1 EURE SEE ET IEER6 TERRE 2 Pare DOM ee 2 5 Souire. dr Se - Lit NS RENE OR TTe eTte Ate IETS Analyse du Fer spathique: Drapier a fait l'analyse des trois mines de fer spathique (mine blanche de fer de Bergmann), qui lui ont été remises par Daubuisson. Voici les produits qu'il en à obtenus : N° 1. Fer spathique de Baïgory, dans les Pyrénées, Oxide de fex au 2é7imum. 52, 7b Magnésies 4 Me uns 5 Eau et acide carbonique. . 42. 25 SiliCe ts Mana EI 000 N° 2. Fer spathique du Vaulnaveys près de Grenoble. Oxide de fer au 72inimum. 42. 38 Magnésie MP AN EM TA.To0 Eau et acide carbonique. . 42. 62 Silices ir rente 66 N° 5. Fer spathique d’'Allevard , à quelques lieues de Grenoble. Oxide de fer au 7inimum. 42. 38 Magnésie mines 0 Pas. 160 Eau et acide carbonique. . 43. 22 SHOT o. 80 On voit que cette mine de fer ne contient ni chaux, ni manganèse , quoique Bergmann l'eût dit. Elle cristallise ce- pendant comme le spath calcaire, et sa molécule est la même. On pourra donc conclure, dit Drapier , que les caractères minéralogiques tirés de la forme, ne sauroient suffire pour la détermination des espèces minérales. \ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 37 Du Manganèëse sulfuré. Klaproth a reconnu dans les mines d’or, ou plutôt de tellure du nagyag, du manganèse sulfuré. Sa couleur est d’un gris de plomb foncé, avec une légère teinte verdâtre comme dans l’étain sulfuré. Sa dureté n’est pas considérable; il se coupe facilement avec le couteau, mais il s'égrène. Sa cassure est inégale, et montre des indices de lames dans plusieurs directions. Il en à retiré par l'analyse Manganèse, Soufré. Proust avoit fait la même observation, Del Rio a trouvé également du manganèse sulfuré au Mexique. Du Manganèse carbonaté de Kapnick. Bergmann avoit parlé de manganèse carbonaté, qu'il appeloit magsneszure aeTacu772. r Lampadius avoit reçu d'Esmarck un minérai venant de Kapnick, en Transilvanie, où il est connu sous le nom de minérai rouge de manganèse. Eu France, nous le connois- sons sous le nom de manganèse rose, laquelle se trouve or- dinairement avec les mines de tellure. Il en a fait l'analyse et les produits qu'il en a retirés, sont Manganèse oxidé. ...... 48 Acide carbonique. . . . . 49. 2 Peroxidé er FLE LT ANS Sr SGEN 51208 L NT. 60 log Du Fer chromaté de Sibérie. Ce fer qui ressemble beaucoup à celui trouvé en France, dans le département du Var, par Pontier , a été analysé par Laugier qui en a retiré Feroxidér er 40 CRIE Ep Chrome oxidé.......,. 53 LIFE ER REREEREERE Silice, 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI& Vauquelin avoit retiré de celui du Var, Fer: oxide} PERTE EMI RRRSS NS Acide chronique... . . .. ... 43 Alunine 1 ENTIER GLS STD PR NEUTRE Rial Analyse de l'Étaïn en grains de Goanaæuato , au Mexique, apporté par Humbotlde, Cet étain, dont Humboldt m'a donné une petite quantité, est en grains plus ou moins gros, Quelques-uns ont le volume d'une noisette. Leur couleur est canelle; quelquefois passant au noir. Leur dureté est assez considérable. Leur pesanteur, suivant Collet-Descotils, est de 5.0666. Chauffé au rouge il ne perd rien de son poids. Collet-Descotils en a fait l'analyse et en a retiré Etain oxidé. . RS NEO. UETE 95 Pen. oué, red en sie LOU 11 pense que cet oxide d’étain contient quarante d'oxigène sur cen! quarante parties, c'est-à-dire qu’il est composé d'étain 72, oxigène 25. Analyse de la Mine brune de plomb du Zimepeau, au Mexique , apportée par Humboldt. Co!let-Descotils a fait l'analyse de cette mine, dont il a retiré Plomb. métallique... .: 4 tue 62569 Oxigène présumé. ... .. +... 16. Fer oxidé insoluble dans l'acide nitrique. 3 Acide muriatique sec.. . . . . . «+ . . + 1 Acide chromique. sue 0e is 26 rene ec len er OMAN of ET RER OVER: oHepe D 10) Delrio , savant minéralogiste de Mexico, avoit soupçonné que cette mine contenoit un nouveau métal. Sans doute ce sera le chrome qui l'aura induit en erreur. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 39 Analyse d'une mine de plomb arseniaté de Johan-Georgen- Stadt, en Saxe. Cette mine est de couleur jaune verdâtre demi-transparente ; elle cristallise sous forme lenticulaire. Laugier en a retiré Plom Oalés te. pete een op Acide phosphorique.. . ...... 9 ACIUC APSENRIQUE., «71e, eee en + 4 amer line e RNA Ale er Enr Silice, alumine, fer oxidé. . . .. 1. 5 Cette mine a beaucoup de rapport avec le plomb arseniaté, J'ai des morceaux de cette dernière cristallisés comme celle de Saxe. Analyse de la Calamine. Smithson, connu plus particulièrement sous le nom de Macie, a fait une nouvelle analyse des calamines. Il 4 reconnu qu'elles n'étoient pas de la mème nature. Il en distingue de trois espèces : L'une est du zinc carbonaté ; La seconde est un composé de zinc carbonaté et hydraté. Et la troisième est un composé de zinc et de quartz. Analyse de la Pyrite magnétique. Hatchett a donné une analyse de ceite espèce de pyrite, qui se distingue particulièrement par sa couleur de bronze et son action sur le barreau aimanté.., Elle se trouve en Sibérie, en Norvège, en Saxe... On la trouve en Angleterre, dans la Cervanoushire, au pays de Wall-Godon. Saint-Memin l’a trouvée en Auvergne , et Dubuisson auprès de Nantes. Hatchett a retiré de cette pyrite FOR AE TM ML USE 67 D DOTE Mme lle rater T0 20: 100 11 a ensuite fait l'analyse comparée des autres pyrites. La dodécaèdre à faces pentagonales contient Fo IMURE LE" Ex ns Soiree Et NE. MO La cubique striée contient HE REA AR Ae LEE ET DOME es rlesog eee senesee sl A Te 00 40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIF La pyrite cubique polie contient Fer. 2 RARE Tate LES 2 POS: 70 Soufre RON CRE 7 47- 50 La pyrite radiée contient Selon Proust le sulfure artificiel de fer ou pyrite artificielle, contient Et la pyrite naturelle contient SOLE s 2e 03 ele poste Re co 02e 0 PGM Re PSE A7 00 On voit que les principes de la pyrite magnétique se rap= prochent beaucoup de ceux de la pyrite artificielle , et s'é- loignent de ceux de la pyrite ordinaire. Hatchett a fait sur la pyrite magnétique d’autres obserya- üons dont nous parlerons à l'article du magnétisme. De la Magnésie de Baudissero (en Piémont). Cette terre employée dans des poteries, avoit été regardée par Macquer et Beaumé comme une argile meilleure que celle de Saint-Yriex employée dans les porcelaines de Sèvres. Gioanetti l’avoit aussi analysée, et n’en avoit retiré que de l'alumine pure et une petite quantité d'acide carbonique. Il l’emploie avec succès dans ses manufactures de porcelaine. Giobert a répété l'analyse de cette terre; elle se trouve, dit:il, en filons dans uvre roche stéatiteuse. Sa couleur est d'un beau blanc. Tantôt elle a la dureté d'une pierre, tantôt elle est sous forme terreuse. Elle est onctueuse au tact,.. Giobert ET D'HISTOIRE NATURELLE 4x Giobert l’a traité par tous les procédés employés aujourd'hui dans l'analyse des minéraux, et il en a retiré Magnésie.:. .: . . ..'. ..…. 66 Acide carbonique. , . . . . . 12 GLEN AC NOR NN EU EG Sulfaté/de’chaux. UNS 01:060 PAR eNIDD amie PRE +; LS « La terre de Baudissero , dit Giobert, présente un sujet d'observations intéressantes dans la recherche de son origine. Plusieurs faits me portent à croire que cette terre n’est que la pierre cornéenne ou cacholong, décrite et analysée par mon collègue Bonvoisin. Il me paroit que le cacholong, à un point donné de sa décomposition, forme ce que Bonvoisin a désigné sous le nom d'hydrophane du Piémont ; « Et que par sa décomposition complète il forme la terre magnésienne dont je viens de faire l’analyse ». Bonvoisin suppose au contraire que cette terre forme le cachelong. C'est aussi l'opinion de Gioanetti. Or, suivant Bonvoisin , le cacholong, ainsi que l'hydrophane, sont composés principalement de Silice, Aluimine. Si on admet l'hypothèse de Bonvoisin , il faut donc dire que la magnésie de Baudissero peut se convertir en silice et en alumire. Si on admet l'hypothèse que la magnésie de Baudissero rovient de la décomposition du cacholong , il faudra dire que fe silice et l’alumine du cacholong se sont changées en magnésie. Ainsi dans les deux opinions de ces savans chimistes , il y auroit changement d'une terre dans une autre, \ De l'hypothèse de la transmutation des terres. Cette conversion de terres les unes dans les autres, a déjà été avancée par plusieurs savans. Nous trouvons aux environs d'Issy, proche Paris, plusieurs coquilles fossiles converties en silice. J'ai une belle coquille fossile convertie en silice, qui a cristallisé à la surface en petits cercles concentriques , qui sont tous contigus. Tome LXLU. JANVIER an 1806. F 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Tous les bois pétrifiés sont convertis en silice, en xilopale, en quartz... J'ai de ces bois pétrifiés où ke quartz est cristallisé. Mais dans tous ces exemples y a-t-17 une véritable trans- mutation d’une terre dans une autre ? _ Ou une terre est-elle déplacée pour faire place à l'autre? Ainsi la terre calcaire des coquilles , les terres et autres prin- cipes des végétaux, sont-elles entièrement déplacées pour faire place à la terre siliceuse ? ou sont-elles converties en terre siliceuse ? Cette question intéressante mérite bien de fixer l’attention des chimistes et des minéralogistes. Elle ne doit être résolue que par les faits. La chimie moderne rejette ces transmuta- tions. Mais il en faut revenir à un nouvel examen des faits. Giobert ajoute qu’on peut convertir la terre de Baudissero en sulfate de magnésie ou sel d'epsom. L'opération seroit d'autant plus utile , que des pyrites ferrugineuses qu’on exploite à côté, fourniroient tout l'acide sulfurique. Il a retrouvé à Castellamonte la méme terre qu’à Baudissero. Cette terre de Baudissero nous présente un autre fait qui mérite également de fixer l’attention des savans. « Le docteur Gioanetti, dit Giobert, emploie cette terre avec succès dans sa belle manufacture de porcelaine ». Elle étoit déjà employée auparavant dans une manufacture de poterie. En Angleterre on emploie également la belle stéatite de lizard en Cornouailles dans les porcelaines.: J'ai vu auprès de Nantes des tuiles faites avec des argiles qui contenoient des schistes micacés. En France on n’emploie dans les porcelaines que les terres de Saint-Yriex en Limousin, qui ne contiennent pas de ma- gnésie , au moins de quantités sensibies. Il seroit utile de faire des expériences comparatives pour savoir de quelle utilité la magnésie peut étre dans les porce- laines, dans les poteries... | ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 Analyse du Thallite. (Epidote de Haüy). Vauquelin avoit retiré du thallite d’Arendal, Silice. 2100 SMS AE Ir amine, 21e) in SSP GRADE RTE 15 Fertoxidé. UN. er 27 Manganèse oxidé. ... 1. 5 Péctes st ALES 110 Laugier a retiré du thallite gris du Valais, Sihee. 4e mets 37 AlomiNne eee lle 26 hautes mat). 200 Meronmdé 4... 29 .Manganèse oxidé. .. o. 6 anse 0 1 NN IT IS DCE Telle . 37 a Uk E sinon Cp hi VO 27 Clerboudte Aie 14 Fer oxide "Nm Lt" Manganèse oxidé..... 1. 5 Eau et, perte... 1. 3. 5 Analyse de l'hornblende du cap de Gates. Cette hornblende se trouve dans les produits volcaniques au -cap de Gates en Espagne. Laugier en a retiré Bilice:s a. RUE 40 Aline. MEET 7. 69 Magnésie. 5 40 » 10. 90 Ghaus. CN UM «+ 9.80 Fenomdé.M/Meuimere 22. 69 Manganèse oxidé. . .. 1. 19 Eau et perte, .., +, 5, 75 44 JOURNAL DE PMYSIQUE, DE CHIMïè Lampadius avoit retiré du charbon de l’hornblende ; mais Laugier n’en a point trouvé dans celle de Gates. Analyse du Stralstein (actinote de Haüy, asbestoïde de Delamétherie ). Laupgier a retiré du stralstein, SIC ere che es 10 Magnésie. "4401. 100-429 Chaux. 51:10 HS 7 : Alumines « . : 4. . + 0. 76 Fer Oxides Le EE SR RET Chrome ere, 05 Manganèse oxidé. . . . 0. 5o Potasse EM CR mor 0 Fau et perte Etap: g0) Quoique ces produits du stralstein et de l'hornblende soient bien différens , Laugier croit qu'il fant ne faire de ces deux minéraux qu'une seule espèce. J'observerai cependant que des espèces bien distinctes ne présentent pas dans leur analyse d'aussi grandes différences ; leurs caractères extérieurs ne sont pas moins distincts. De la Tremolite. Laugier a fait l’analÿse de différentes tremolites, plusieurs variétés de la blanche fibreuse lui ont donné, aère Analyse. 2e Anal. 3° Analyse. SCENE ra ne UD 0 28.4 41 RAR Ur ee 20) 356.6 15 Magnéñie. 2... 160 18. 15.125 Acide carbonique et eau. 23.0 23 23 La tremolite grise lui a donné, SIC ENS EU ME Mt DO Chan CN RUN il Te Magnésie. . Mani. où Acide carbonique et eau. 5 On voit que cette analyse de la tremiolite donne des pro- duits entièrement diflérens de ceux de l’hornblende et de l’asbestoïde. Tous ses caractères en diffèrent également. On ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 doit donc regarder cette substance comme une espèce dis- tincte des deux autres.* Quelques apparences de forme semblable ne sauroient être un motüf pour les confondre, puisque nous savons que des substances minérales entièrement différentes, ont Ja molécule semblable, et affectent la méme forme cristalliné. On doit regarder comme un principe certain que L'analyse chimique seule peut déterminer les espèces mi- nérales. De l'Emeraude. Champeaux a trouvé l'émeraude à Mormagne, proche Autun, dans une espèce de granit graphique. Dubuisson a retrouvé l'émeraude cristallisée auprès de Nan- tes, dans une espèce de granit graphique. ’ L'émeraude de Saint-Yriex en Limousin est dans un filon de granit qui rapproche du graphique. Ë Patrin a aussi observé que les granits graphiques étoierit la gangue des bérils de Sibérie, ainsi que des topazes. Les émeraudes trouvées en France , ont plutôt la couleur des bérils de Sibérie que de la belle émeraude du Pérou. Mais il y a long-temps que Romé de Lisle a fait voir que ces deux substances n'étoient que des variétés de la méme espèce. Il a dit : | L'aigue-marine proprement dite est de méme espèce que l’'émeraude péruvienne, tome II et tome III, page 495. Dubuisson a encore trouvé auprès de Nantes, 1°. l’appatite ou phosphate calcaire; 2°. la tremolite; 3°. la pyrite magnétique ; 4°. le titanite , qu'on a appelé mal-à-propos titane-siliceo- calcaire. Un nom doit étre composé d’un seul mot, et ne doit pas être une définition. De la Pinite. Lecoq a trouvé en Auvergne la pinite dans une espèce de porphyre gris. Drapier a fait l'analyse de cette pinite. Il en a retiré SIDE Abe ie A0 Alutminenen atehe ion a Echos Mbenits siobuae Perte par la calcination. 7 Perte dans l'analyse. .. 2. 5 46 JOURNAL DR PHYSIQUE, DE CHIMIE Klaproih à retiré de la pinite de Saxe, SUITE sde Tee ee le st dE 50 AlUMINTB SU ETUI el 008 75 FOTO El, MOUSE MUTES 75 En comparant ces deux analyses, dit Drapier, on peut conclure, en supposant qu'il n’y a pas d'erreur dans les ana- lyses, ou que la pinite de France n’est pas la méme substance que celle de Saxe, où que des minéraux ayant beaucoup de caractères ph;siques extérieurs communs, et surtout /4 r7éme Jorme, peivent varier tant dans leurs propriétés chimiques, que dans les proportions de leurs principes constituans. Analyse de l'Ichtyophtalinite. L'ichtyophtalmite de Dandrada a été analysée par Fourcroÿ et Vauquelin jj qui eu ont retiré, MI rees Ars A ON du UM Ge D AUS UE EUIENRte EU 08 ROLASSENE MU ao ele sa 4 EL TR SR OM EME EE 7: Rose qui en avoit aussi fait l'analyse, en a retiré, Pilice. Lilou te Ont Nha Chaux.%. ne ue svt to Kali ou potasse. . . , .. 8. Parties volatiles, . , . . . 15 Analyse de l'Aulomalite, Hisinger a découvert cétte substänce en Suède, Elle cris- tallise en octaèdre comme le rubis. Il lui à donné le nom d'automalite. Eckaber qui en ‘a fait l'analyse, en ‘a rétité, Alurmines keine 0e die 260 SIC UT Lol NRA Zinc Ode: MR Lean fi ‘24 Fer OR En TA 7.1 0tet ADS Vauquelin a reçu de Hisinger et Berzélius, plusieurs de ces mêmes cristaux , ayec Cette note : ___ ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 47 « Cristaux octaèdres verts, trouvés à Fahlun, dans la Dalécarlie, dans une pierre talqueuse ; par M. Gahn. Pesanteur spécifique 4261 « Ïls sont assez durs pour rayer le verre » Vauquelin en a retiré, AT ES ri = ME vase ce A Zinc oxide. 2! RE Su, me, 8 Hémoxiné. if RUE Lu ROTH AIS UE ATEN ETES Mingasèse, quantité non déterminée SOutFE et pertes à + «277 Pierre non-attaquée. . . .« 4 Analyse des différentes variétés de Topaze: . Klaproth a découvert l'acide fluorique dans la topaze, et Vauquelin a cherché la quantité qui en existoit dans les différentes variétés de topaze; 1°. celle de Saxe, 2°. celle de Sibérie , 3°. celle du Brésil, colorée en jaune, 4°. une qua- trième envoyée à Paris par Napione , laquelle vient égale- ment du Bresil. Elle est incolore; et j'en ai parlé au cahier de nivose de l’année dernière, page 109. Voici le tableau de l'analyse de ces quatre substances : Topaze de Saxe, deSibérie, du Brésil, jaune, du Brésil, incolore. Alumine.... 49 48 47 50 Gilice. -..: 29 30 28 29 Acide fluoriq. 20 18 17 19 1194640000 8o 2 4 o On voit que le fer est accidentel à la topaze, puisque l'in- colore n'en contient point. Analyse du Schiller-spath. Le schiller-spath des minéralogistes allemands est d’une couleur blanche nacrée ; chatoyante, cristallisé en lames. Emmerling dit en avoir vu qui avoient la forme d'un hexaëèdre régulier; mais ordinairement leur forme est indéterminée, au moins dans les morceaux que je possède, 48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DFE CHIMIE Drapier a fait une nouvelle analyse de cette substance, | en a retiré, SIC ent eee AR Magnésie, .....s...re : 29 AliMmIN ESS ste ere alt Chaux... re I HenNoc IE PEER ER CRUr AU ennemie elGies 2 10 Pertes site ste ot miosis 2e 2 Analyse d'une pierre volcanique du Puy-de-Sarcouy. Desbassins et Godon ont trouvé au sommet du Puy-de-Sar- couy , chaîne du Puy-de-Dôme, une pierre poreuse et légère, Sa couleur est d'un jaune citron ; elle a l'odeur d'acide ni- trique, ou d’acide muriatique oxigéné... Ils ont fait l'analyse de cette pierre avec Vauquelin. Ils y ont trouvé de l'acide muriatique, de l'ammoniaque, ou alkali volatil, une assez grande quantité de matière ani- male jaune, qui répandoit en brülant l'odeur de la corne, et diflérentes terres. Les principes constituans de cette pierre sont, SINGES eee nee tpe nsc (OR Fer, alumine, magnésie....... 2, 6o Acide muriatique , ammoniaque, matière animale et eau..... 5. 650 . Analyse de l'Obsidienne du Mexique. Parmi les nombreux minéraux apportés par Humboldt et Bonpland, se trouvent plusieurs obsidiennes, dont quelques- unes ont des parties dévitrifiées, et cristallisées en rayons di- vergens, comme je l'ai dit l'année dernière dans ce Journal, Discours Préliminaire, page 94. Les morceaux que m’a donnés Humboldt, sont noirs, quel- quefois jaunâtres. Collet-Descotils a analysé une deces substances, et en a retiré SILCO RM UE. ER 72 ALUTRIRES Ut ne ee 12.10 Fer et manganèse oxidés. 2 FOTASSE EISOUUE. MN TO FEDEOS ee ee atenar ete Le | elle) Drapier ET D'HISTOIRE NATURFLLE. 49 Drapier a analysé deux autres de ces obsidiennes, Il a retiré de l’une d'elles, DROITE MUNIE AITES EEE Alumine: MN EMPIRE AE 20 Fer et manganèse oxidés. . . Ghädxsteil ire Er Soude et potasse. . . . . Pentesst 0e TRS PATIAET F5 O" où où at [e} Il a retiré de la seconde espèce, SITE PE ANENMENPROED AT EE I AUDE pet tete die) De AO Fer et manganèse oxidés. . 4 NES eines. ami 1. 60 Soude et potasse. .« . . Le O HE tret res 5 done RU son EC Analyse de la pierre perlée de Cinapécuaro, au Mexique. Cette substance que Humboldt a apportée du Mexique, et dont il m'a donné un échantillon , est d'un gris de perle un peu azuré. : Sa surface est arrondie en petits grains, ce qui annonce qu'elle a éprouvé l’action du feu. Elle est assez dure pour rayer le verre. La pesanteur spécifique est 2,220. Vauquelin en a fait l'analyse, et par la voie sèche, et par la voie humide. Le résultat de tout son beau travail est le’ suivant. Cent parties contiennent SihGes, hheme titi 2 aan 90 DA e nie CONS AS PORN TO EEE 5 Fer et manganèse. . , 5 Chaux RUE SAP ER ri TA POPASSEI NE alles -edr1e Re. 2 SOHdESE- non euro 0 7 1 DAT RIDE EURE ME A 4 Voilà le premier exemple, ajoute-t-il, d’une pierre qui contient à la fois et de la potasse et de la soude, mais in- finiment moins de cette dernière. Tome LXII, JANVIER an 1806, G 5o. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Des Laves de la dernière éruption du Vésuve. Buch dit que les laves de la dernière éruption du Vésuve, ainsi que celles &e 1804, étoient recouvertes de muriate de cuivre. Il a aussi trouvé, dans une crevasse ou fente du cratère, une couche saline de deux.à trois pouces, qui étoit du sel commun cu muriate de soude. On voit qu'on retrouve constamment le natron ou la soude, ainsi que l'acide marin, et même le sel marin, ou muriate de soude, dans les matières volcaniques. Je rapportai dans le Discours de l'année dernière, page 73, les analyses de diffé- rentes matières volcaniques, telles que le pechstein d'Auvergne, qui est une lave vitreuse, ceux de Gorsebach, et du Planitz en Saxe , le kleimgstein, pierre sonantée, phonolte de D’Au- buisson, qui est une lave à base de pétro-silex... Toutes ces substances contiennent une quantité considérable de natron ; et j'ajoutai que ce natron venoit probablement de la décom- position du sel marin apporté par les eaux de la mer. L’acide muriatique que Spallanzani a retiré de la plus grande partie des laves d'Italie, confirme de plus en plus que cet acide ainsi que le natron, proviennent du sel marin apporté dans les foyers des volcans par les eaux de la mer, et qui y est décomposé. Nous venons de voir qu'on a trouyé dans la dernière éruption du Vésuve, le sel marin sublimé dans les crevasses des laves, ainsi que du muriate de cuivre sur les laves. Le sel ammoniaque qui se trouve en quantité dans les éruptions du Vésuve et des volcans du Pérou, prouve également la présence de l’acide marin. Quant à la potasse qu’on a retirée de quelques substances volcaniques , elle pouvoit étre contenue dans les pierres fondues par le feu du volcan, telles que les feldspaths, dont la plupart donnent de la potasse à l'analyse, le leucite , la lepidolite... L'alkali volatil ou sel ammoniaque , peut venir des matières animales apportées par les eaux , des bitumes... Telles sont les conjectures qui me paroissent les plus vrai- semblables, d’après lés notions actuelles sur la présence de ces alkalis dans les matières volcaniques. Mais lorsque les principes constituans de ces alkalis auront été découverts par la chimie, ils nous donneront peut-être des idées différentes. ET D'HISTOIRE NAÂTURELZP: 5x Pouzzolane factice. . Dodun a donné des détails intéressans sur une pouzzolare factice qu’il avoit découverte en 1787. Bagé, en Suède, étoit parvenu à composer un ciment de pouzzolane artificielle, avec un schiste noir, dur et ardoisé. Mais celle que Dodun - a découverte est diflérente. Il avoit observé dans la montagne Noire, aux environs de Castelnaudari, une immense quan- tité de rognons de minérai de fer, qui sont des oxides de fer mélangés avec du quartz, formant des lits sur 8, 9 et 10 pieds de puissance , suivant le parallélisme des pentes légérement inclinées. Plusieurs de ces morceaux étoient cal- cinés, et semblables à quelques laves compactes. {Il découvrit qu’ils avoient servi d'âtres aux feux des pâtres. Cet air de ressemblance avec les produits volcaniques , lui fit soupçonner qu'ils pourroient servir aux mêmes usages. Il en proposa l’em- ploi aux directeurs du canal , et on constata que des bétons faits avec cette pouzzelane factice étoient tout au moins aussi solides que ceux faits avec la pouzzolane d'Italie. On employa cette pouzzolane factice avec tant de succés, que la consommation de la pouzzolane d'Italie fut diminuée de moitié. Mais la révolution a arrêté les travaux commencés. L'auteur propose de les reprendre. Pour mieux constater les rapprochemens de sa pouzzolane avec celle d'Italie, il les a analysées l'une et l’autre. La pouzzolane d'Italie lui a donné, Siléa NDS MT LE 51 AlREmiNEN ras dns ÉTi Lleotte 25 Beñtozxide. Eee) DATA NONIMIES 16 Charette en ea rATTe EE RRe 3 ÆPenteL 4e Pl MN RME 6 Sa pouzzolane factice lui a donné, SCO eblecrsiee cr 00 Fenoxidé 46e MAL MUNIE ER eee eh Ne UD Magnésie et perte........... 3 De la Tourbe carbonisée. Rochon a fait voir qu'on pourroit employer utilement # Brest la tourbe carbonisée. Mais cette tourbe ainsi carbonisée G 2 ba JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI1ig brûle mal lorsqu'elle est seule; il faut la mélanger ou avec du bois, ou avec du charbon de bois. L'auteur a Ér voir que le charbon fait avec le jo-marin ( U/ex europæus. Lin.), étoit &ès-bon pour cet usage. L. f Classification des minéraux par Werner. D’Aubuisson nous a fait connoïître une nouvelle classifica= tion des minéraux, par Werner; car le vrai savant doit faire des changemens à ses opinions à mesure que la science fait des progrès. Werner a divisé le genre siliceux en huit familles, 1"° famille, de la crysolite ; 2° fanulle, du grerat ; famuite, du rubis ; 4 famille, des schorls. J'ai fait le premier en France une famille des schoris, dans l'édition que je donnai de la Sicagraphie, en 1792, tome II, page 40. 5° famille, du quariz ; 6° famille, du feldspath ; 7° famille, du pechstein ; 8° famille, de La zéolite: La classification des minéraux présentera toujours d'assez grandes difficultés , jusqu'à ce qu’on soit convenu des prin- cipes sur lesquels elle doit reposer. Ou on saisira l'ensemble des caractères extérieurs et des qualités physiques, Ou on s’en rapportera à l'analyse chimique. La première méthode, qui au premier coup-d’œil paroît mériter la préférence, a causé de grandes erreurs ; aussi a-t-elle été presque universellement abandonnée. On classe ensemble toutes les mines de cuivre, de fer, de plomb, d’argent... On doit également classer les pierres à raison de la terre ui domine. La seconde méthode -sépare des minéraux qui ont les plus grands rapports extérieurs ; ainsi le diamant est té de la classe des gemmes, et porté avec les antracites. Néanmoins cette méthode est préférable à la première. Aussi suis-je persuadé que nous n’aurons une bonne clas- ET D'HISTOIRE KATURELLE, 53 sification des minéraux, que lorsque l'analyse sera assez per- fectionnée pour qu’on obtienne des résultats semblables. . Je dis dans mes cours, que pour arriver à ce but, il fau- droit choisir des morceaux bien caractérisés des diverses sub- stances minérales , les diviser en plusieurs parties, dont use seroit mise en dépôt dans un endroit public, et les autres confiées à d’habiles analystes. DEN PA OMOTRNTETS TANT LUOIGIR APE T ET C'est au célèbre Romé-pr-Lisze , et à son école , que la cristallographie doit ses plus brillans succès. Il en démonira deux des principes fondamentaux. 1°. La constance des angles dans tous les cristaux de la méme espèce. Carangeot inventa le goniométre, pour mesurer lus facilement les angles. 2°. [l fit voir que toutes les formes variées d’une méme substance, dérivent d'une forme principale. Ainsi, toutes les formes du falherz, par exemple , dérivent du tétraèdre ré- gulier. , Il restoit un grand pas à faire à la cristallographie, c'étoit d'appliquer le principe des omæoméries d’Anaxagores, à la théorie de la composition des cristaux. C'est ce qu'ont exé- cuté Gahn et Bergman. Ils ont fait voir que les cristaux étoient composés des 72olécules similaires, qui par différentes Lois DE DÉCROISSEMENT, donnoient toutes les formes qu'affectoit chaque substance cristallisée (1). Cependant cette loi paroît souffrir des modifications dans quelques cas, comme dans l’arragonite. Bournon, un des membres les plus distingués de l’école de Romé-de-Lisle, yient d'en trouver une nouvelle exception dans une espèce de spath calcaire ou d'arragonite ( que j'avois dé- crite sous le nom de spath calcaire... , dodecaëdre à plans triangulaïres isocèles. ( Théorie de la Terre, tomelIl, pag. 46), quil appelle carbonate de chaux dur. Elle se trouve en Ecosse, en Carinthie et en Transilvanie. Sa dureté est supé- rieure à celle du spath calcaire ordinaire ; sa pesanteur est comme celle de l’arragonite— 2,912; elle est incolore, ordi- nairement transparente : son éclat est vif. OP (1) Journal de Physique 1792, cahier d’ayril, 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Elle se dissout dans les acides comme le spath calcaire, Mais cette substance , dit l’auteur, se refuse à toute division mécanique ; elle donne cependant des indices qui portent à croire qu’elle peut plus aisément se diviser, suivant deux divi- sions parallèles , aux faces d’un prisme rhomboïlal , dont les angles sont de 128° et de 52. Mais je n’ai pu obtenir aucune division unie et plane dans un sens transversal. Quelques cristaux de cette substance ont présenté des prismes hexaëdres, dont deux angles étoient de 128°, et les quatre autres, de 116. L'extrémité supérieure est une pyramide hexaëdre très-ai- guë. L’angle solide du sommet, mesuré sur deux faces oppo- sées, est de 15° ; la base de la pyramide est le prisme hexaèdre dont nous venons de parler. Les caractères de cette substance la rapprochent de l’arra- gonite. Cependant Bournon l’en croit distincte. © H rapporte à la même substance le minéral connu sous le nom de Yos ferri. Cordier avoit déjà regardé le los ferri comme une espèce d’arragonite, ainsi que je l'ai dit l'année dernière, dans le discours préliminaire de ce Journal. Mais , demande l'auteur , quelle est la cause des différences que présentent cette substance , l’arragonite et le spath cal- Caire ordinaire ? Je réponds qu’elles doivent être attribuées à quelques-uns de leurs principes constituans , que l’analyse n'a encore pu saisir, où à leurs différentes proportions , comme l’indiquent leur pesanteur , leur dureté. L'auteur lui-même a dit que les différentes formes des py- rites dépendoient de la diversité de leurs principes. La pyrite pure cristallise en cube. La pyrite aurifère de Berezof cristallise en cube strié. La pyrite contenant une portion de cuivre, cristallise en octaèdre…. DR Du Lazulite cristallisé. Clément et Désormes ont découvert cette curieuse cristal- lisation du lapis lazuli, lequel lapis j'ai le premier nommé lazulite ( Sciagraphie, en 1792). Ce cristal a tous les carac- ières du lazulite. Sa couleur est également d’un beau bleu. Sa forme est le dodécaëdre à plans rhombes. ET 5’HISTOIRE NATURELLE. 55 De l'Acide chromique cristallisé. Godon de Saint-Memin est parvenu à faire cristalliser l'a- cide chromique. Sa forme est un octaëdre. régulier. De l'Honigstein où Mellite. D'’Aubuisson ayant observé un beau cristal, ow plutôt un fragment d'un beau cristal de cette substance, qui lui présenta , à lui ainsi qu’à quelques autres personnes , un angle de prés de 120°, crut pouvoir attribuer cette mesure d'angle au mellite en général. La fréquence de l'angle de 126° en mi- néralopie , la simplicité des résultats qu'on en déduit, le por- ièrent à celte conclusion, quoique d’ailleurs la majorité des cristaux qu'il avoit mesurés, lui eût présenté ün angle un peu moindre ( cahièr de pluviose an 13). C’est à tort qu'on m'a accusé, dit D’Aubuisson, d’avoir pris, dans cette détermi- nation, les angles secondaires pour angles primitifs. Sans dis- cuter sur la place que doit occuper ici la ligne de démarcation qu'on a tracée si arbitrairement dans la plupart des cas, entre les angles primitifs et les secondaires, un seul des angles cités pouvoit être regardé comme secondaire. Je l'ai dit ( cahier de germinal an 13, pag. 525), en annonçant que cette mesure d'angle m'avoit été communiquée. Quant aux autres angles que je cite, ceux de 120°, 119 À, 119, 118°, je les ai mesurés moi-même ; ce sont de vrais angles primitifs; je les ai définis » angles formés par les faces ( latérales) d’une pyramide, l’oc- » taèdre. étant considéré comme une-.double pyramide qua- » drangulaire »: Et il est trop instruit pour avoir pris une espèce d'angles pour une autre. Au reste, il n’a pas nié l'existence de 118° dans quelques cristaux; il dit en avoir observé lui-même qui lui ont présenté cette mesure. L’angle secondaire de 121 indiquoit, dans le cristal qui le présentoit, 118° pour son angle primitif. Concluons de la, dit-il, 1°. que les petites oscillations que pré- sentent quelquefois , quoique fort rarement, certains angles de la surface des cristaux ; sont plus fréquentes dans le mel- lite, que dans les autres minéraux ; 2°. qu'en prenant le terme moyen des angles mesurés , si celui de 1202 que j'ai indiqué est trop grand, celui de 118? 4’, qu'on avoit précédemment indiqué, est trop petit: 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De l’Hornblende. J'ai observé, dit D'Aubuisson, l'hornblende cristallisée en prismes à huit faces. Cette forme est le prisme hexaèdre de l’hornblende, dont les deux arêtes opposées, les plus obtuses (celles comprises entre les faces qui forment des anglesde124°), sont fortement tronquées. Les deux faces provenant de a tron- cature étoient fort larges, comparativement aux autres ; elles étoient fortement striées en longueur, et pouvoient étre re- gardées comme produites par un décroïissement par une ran- gée, de part et d'autre, des arêtes indiquées, Des espèces minérales. Plus les faits se multiplient, plus il devient évident qu'on ne sauroit admettre en minéralogie, la définition qu'on a donnée de l'espèce. L'espèce , dit-on, est une collection de corps dont les mo- lécules intégrantes sont semblables, et ont la méme com- position. Mais une définition ne doit convenir qu'à l’objet défini : or cette définition de l'espèce minérale peut convenir à plusieurs autres substances; car les molécules du sucre, des gommes, des résines , des huiles, du vin, de l'alcool... sont semblables, et ont la même composition... La figure des minéraux, ni celle de leurs molécules, ne sauroient étre regardées comme formant leur caractère dis tinctif, ainsi que je l'ai constamment soutenu, et que tous les faits que jai rapportés précédemment le démontrent. La seule analyse chimique peut donc déterminer Les es- èces minérales. Comment auroit-on déterminé autrement que par l'analyse les espèces nouvelles, l’urane, le chrome , letitaue, le tantale, le colombium..., le fer phosphaté , le fer chro- maté, le fer arseniaté, le cuivre arseniaté....? On doit donc dire, avec Romé-de-Lisle, qui n'a donné à son ouvrage que le titre de Cristallographie, ou Description des formes cristallines chéz les minéraux , et avec tous les vrais minéralogistes , que /a cristallographie fournit un ca- ractère précieux ; mais absolument insuffisant pour recon-= noître Les minéraux. C’est ce qu’il est facile de prouver par les faits. 1°. Le tétraëdre. Klaproth ET D'HISTOIRE NATURELLX. 57 Klaproth vient de prouver que le falherz et le graugiltigerz ont des principes entièrement différens, puisque ce dernier peut contenir jusqu’à un tiers d'antimoine, et que le premier n’en contient ordinairement point ; et cependant la figure qu'ils affectent est la même, /e tétraèdre et ses diverses modifi= cations. x La pyrite cuivreuse cristallise également en tétraèdre, et ses diverses modifications. La blende, dont les principes sont également différens de ceux des substances précédentes, cristallise également en té- traëdre , et ses diverses modifications. 29, Le cube, 3°. L'octaëdre. La figure cubique, et l'octaèdre; qui chez les minéraux passent continuellement de l’une à l’autre, ni leurs diverses modifications ne sauroient également être des caractères dis- tinctifs du grand nombre de minéraux qui affectent ces figures, tels sont : Les 28 substances métalliques connues, qu’on suppose cris< talliser toutes en cube ou en octaëdre. | 29. L'argent vitreux ou sulfuré. 30. L'argent muriaté. 31. La galène. 32. La pyrite ou fer sulfuré. 33. Le cobalt sulfuré. 54. Le cobalt sulfuré et arsenié. 35. Le fer arseniaté. 36. L'urane oxidé vert. 37. Le plomb molybdaté. 38. Le cuivre oxidé rouge, 39. Le fluor. 4o. Le boracite. 41. L’alun. 42. Le sel marin, Un minéralogiste trouve, par exemple, une substance cris- tallisée en cube ou en octaëdre..…. Il ne peut savoir par la seule figure, laquelle des substances dont nous venons de faire l’'énumération, est celle-ci. Il sait seulement que c'est une de celles-ci. Il faut qu'il ait recours aux autres caractères pour la déterminer. 4°. Le dodécaëèdre à plans rhombes. Tome LX!IT. JANVIER an 1806. H 58 . JOURNA% DE PHYSIQUE; DE CMIMIZ 5°. Le dodecaèdre à plans pentagones convient à plusieurs minéraux. 6°. L’icosaèdre convient à la pyrite et au cobalt sulfuré. . 7°. Le dodecaèdre à plans triangulaires convient au quartz, au plomb blanc, à la stéatite. 8°. Le prisme hexaëdre est la figure de l’'émeraude, de l'apparit, de la sommite, du calcaire. On convient , ajoute-t-on, que dans les cinq polyèdres prins cipaux , le tétraëdre, le cube, l'octaëèdre, le dodécaëdre à plans rhomboïdaux et l’icosaèdre , la figure du cristal, ni celle de la molécule ne peuvent servir de caractères distinctifs pour reconnoître les minéraux ; mais il n’en est pas de même, ajoute -t-on, pour les autres figures, la rhomboïdale, par exeniple. : Je répondrai, 1°, qu'on ne pourroit donc faire de ce ca+ ractère un principe général, puisqu'il a un si grand nombre d’exceptions. 29. Ces caractères sont également insuflisans pour les mi+ néraux cristallisés en rhombes ; car Drapier a fait voir que le fer spathique ( mine de fer blanche de Bergman) qu eris+ tallise comme le calcaire, et en a la molécule, est une espèce absolument différente, et ne contient point de chaux. Vouloir faire du fer spathique uvre variété du calcaire, c’est comme si on vouloit faire une $eule espéce de toutes les süb- stances métalliques, de la pyrite , du cobalt, du fluor, du bo- racite, parcequ'elles cristallisent de la même manière ; c'est comme si on vouloit faire une même espèce du falherz, de la blende, de la pyrite cuivreuse,..… parcequ'elles affectent la même forme... On doit sentir tout le danger de ces faux principes ; tar on a voulu faire une seule espèce de l’hornblende, de l'as- bestoïde ou stralstein, de la trémolite, et même de l’asbeste, arceque toutes ces substances, dit-on, affectent la méme FAP Mais quand même cela seroit vrai, ce qui n’est pas encore prouvé, les caractères et les propriétés de ces sub- stances , ainsi que les principes que l'analyse en a retirés , sont si différens, qu’on ne peut point, à présent, les réunir en une seule espèce. . De tous ces faits on doit conclure avec le grand Romé-de- Lisle, le créateur de la cristallographie, que /4 figure seule est insuffisante pour déterminer les espèces minérales; mais qu'elle est un caractère précieux qu'on doit réunir aux autres. TT D'HISTOIRE NATURELLE. 59 Pérsister à soutenir des principes opposés, c'est farre ré- ‘trograder la minéralogie, comme l'a dit Berthollet. Des élèves, par égard pour leurs maîtres, peuvent chercher à propager de pareilles erreurs, dont ils sont convaincus ; mais qu'ils n’ou- blient cependant pas ce principe qui doit toujours guider ce- lui qui recherche la vérité, et que je répète continuellement : -'AMICUS PLATO, MAGIS AMICA VERITAS. Tous ceux qui chérissent la minéralogie, et les savans qui lui font faire de si grands progrès, les Werner, les Karsten, les Emmerlings , les Klaproth,.. suivent une route tont op- posée. On sait que l’Europe entière adopte la méthode des ‘Werner, des Cronstedt.… Mais, dira-t-on, faut-il donc abandonner la cristallographie? Non certainement : aucun de nous minéralogistes, ne négli- geons les secours que peut fournir la cristallographie, Nous décrivons les cristaux avec Romé-de-Lisle; nous en cherchons les lois de décroissement avec Bergmann; mais nous ne don- nons pas aux caractères tirés de la cristallographie, plus d'im- portance que ne leur en ont donnée ces grands maitres. Un grand minéralogiste m'écrivoit : « Je viens de faire trois cents lieues à pied, le marteau à la main, cassant sans cesse. des minéraux , et je n’ai pas trouvé un seul cristal ».... Comment auroit il connu tous ces minéraux, s'il n’avoit eu d’autres se- cours que ceux de la cristallographie ? Une suite de cette méthode a été de donner de très-grands développemens à la description de quelques cristaux qui ne se rencontrent que très-rarement , tels que le diamant , le saphir, le zircon.. et de renvoyer dans des appendices la description de la plus grande partie des minéraux, parcequ'ils ne cris- tallisent pas. | DES VOLGANS. Cette année nous a offert des explosions terribles des volcans d'Italie. Le Vésuve qui avoit fait ure grande explosion au mois d'août en 1804, et dont le duc de la Torre a donné une description , a été tranquille au commencement de l’an- née, et jusqu’au 26 juillet. Il y eut alors une commotion qui ébranla une partie des maïsons de la ville de Naples. Mais le centre de la commotion paroit avoir été dans le comté de Molize, où plusieurs villes et villages ont été presque en- tièrement détruits. Il est péri environ trente mille personnes. Le Vésnve commenca bientôt après à être agité. Enfin, le H 2 60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 12 août 1805 il y eut une explosion violente, et la lave prit cours du côté de la mer, où elle se précipita avee une vitesse prbdigieuse. Plusieurs naturalistes célèbres, Humboldt, Buch, le duc de la Torre, Gaÿ-Lussac, ... ont été témoins de cette terrible explosion, et en ont donné des relations. « Nous montâmes, dit Buch (Biblioth. Britannique), le 28 juillet au Vésuve, et nous nous approchâmes du cratère autant qu'il nous fut possible. Il étoit tout différent de ce que je l’avois vu en 1799. C'est un chaos de vallées et de collines disposées d'une manière bizarre. Nous appercümes une espèce de mur vertical de 50o pieds d'éléyation, et toutauprès la bouche ou la cheminée de la fournaise. De légers tremblemens se faisoient sentir, accompagnés d’éruptions de vapeurs très- noires et denses. Ces vapeurs étoient certainement en grandè partie aqueuses; mais leur odeur nous frappa simultanément. ÎL SENT L'ASPHALTE , nOus dimes-nous, en nous tournant l'un vers l'autre : cetté odeur est exactement celle vu PÉTROLE. Cette impression se renouvela chaque fois que nous fûmes enveloppés de ces vapeurs. Elles sont aussi acides. Une des crevasses étoit tapissée d’une croûte de sel commun de deux à trois pouces d'épaisseur ». Le 12 août arriva l’explosion : la lave s'épanche du cratère, et s'écoule avec une rapidité étonnante, qui la fait arriver à la mer en cinq heures de temps, et lui fait parcourir une longueur de plus de deux lieues... Hs y ont vu la lave couler pendant sept jours de suite, et elle couloit toujours quand als sont partis. Ils ignorent le temps où elle a cessé de couler. Quelle masse étonnante , ajoute Buch ! Quelle force a done pu soulever cette lave avec cette régularité et cette constance! On y trouvoit aussi du muriate de cuivre semblable à celui ui s’est sublimé en si grande quantité sur la lave de 1804. Humboldt nous à donné de nouveaux détails sur les vol- çans d'Amérique. « La Cordilière, des Andes, dit-il, depuis le détroit de Magellan jusqu'aux côtes boréales et limitrophes de l'Asie, sur une étendue de plus de deux mille lieues, pré sente au-delà de cinquante volcans ; encore actifs; un très= etit nombre de ces volcans, et les moins élevés jettent des aves coulantes. J’ai vu au volcan de Jurullo au Mexique, un cône balsatique sorti de terre le 15 septembre 1759, et s’élevant aujourd’hui à 249 toises au-dessus de la plaine environnante. Les cimes volcaniques de Guatimala lancent une prodigieuse quantité de muriate d’ammoniaque. Celles de Popayan, et ÊÉT D'HISTOIRE NATURELLE. : Gr du haut plateau de Pasto, donnent de l'acide sulfureux, du soufre, du gaz hydrogère sulfuré... Les volcans du royaum de Quito jettent de la ponce, des basaltes, des porphyres scorihés ; ils vomissent des quantités énormes d'eau ét d'ar- GILE CAaRBURÉE , des matières boueuses... Mais d'après les plus anciennes traditions, i/s n'ont point produit de grandes masses de laves coulantes et fondues. « La hauteur de ces montagnes volcaniques est cinq fois plus considérable que celle du Vésuve. Elles sont accolées à d'autres grandes montagnes, ce qui ne leur permet pas de s'ouvrir dans leurs flancs, pour vomir la lave coulante, comme au Vésuve, à l’Etna... C'est, 1°. à cette cause que l’auteur attribue le défaut de lave coulante dans des volcans comme le Cotopaxi, dont le bruit souterrain s'entend à une distance égale à celle du Vésuve à Dijon. Mais malgré cette intensité de force, on conçoit que si le feu volcanique se trouve à de grandes pro- fondeurs, la lave fondue ne peut ni s'élever jusqu'aux bords du cratère, ni percer le flanc de ces montagnes, qui, jus- qu'à quatorze cents toises de hauteur , se trouvent renforcées par de hauts plateaux environnans. Il paroït donc naturel que des volcans aussi élevés ne vomissent par leur bouche que des pierres isolées , des cendres volcaniques, des flammes, de l'eau bouillante , et surtout ces argiles coRBORIÉS imprégnées du soufre que l’on nomme #0ya dans la langue du pays ». Des Poissons rejetés par les volcans du Pérou. Ces volcans du Pérou présentent un autre phénomène trés- remarquable. Ils vomissent une espèce de poissons que Hum- boldt nomme pimelodus cyclopum , et qui n'étoit pas connue. Ces poissons sont lancés tantôt par le cratère, tantôt par les fentes latérales ; mais toujours à une hauteur de douze à treize cents toises. Le volcan d’'Imbaburu en jeta une fois un si grand nombre, que leur putréfaction occasionna des maladies, Hümboldt pense que ces poissons vivent dans des lacs si: tués dans l'intérieur du volcan. D'un ruisseau chargé d'acide sulfurique. Il découle des hauteurs du volcan de Purazé au Popayan, dit encore Humboldt, un ruisseau tellement chargé d'acide sulfurique , que les habitans l’appellent Rio-F'inagre , ruis- seau de yinaigte, RATS 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. Ce ruisseau se jette dans le Rio-Cauca. On ne trouve point de poisson dans le premier ni dans le second , jusqu'à quatre lieues au-dessous de l'embouchure du Rio-J’inagre…. Ce fait confirme de plus en plus qu'il faut en minéralosie faire une classe des acides, ainsi que je l'ai dit, Des causes des feux souterrains. Tous les faits que nous venons d'exposer, attestés par des témoins qui savent bien voir, e£ qui les ont vus, nous don- nent des idées précieuses sur la nature et les causes de ces feux. 1°. Humboldt, Buch, Gay-Lussac.., disent que les vapeurs dont ils ont été enveloppés proche le cratère du Vésuve , avoient constamment l'opeur DE L'ASPHALTE ou PÉTKOLE. 2°, Ils ont trouvé dans les crevasses du cratère une couche de sel marin de deux à trois pouces d'épaisseur. Toutes les analyses des laves ont fourni du natron , de l'acide marin. 5°, Les laves de 1805 et celles de 1804 étoient couvertes d’une croûte épaisse de sel ammoniaque et de muriate de cuivre. Î 4°. La lave a coulé pendant plusieurs jours avec une grande vitesse. + 6°. Humboldt dit que les volcans du Pérou vomissent une terre appelée moya, qui est une argile cAREURÉE, c'est-à dire mélangée de cxanson et de soufre. ; 6°. Il dit encore que ces grands volcans ne vomissent point de lave coulante; ce qu'il attribue à leur grande profondeur. 7°. Du volcan de Purazé il sort un ruisseau chargé d'acide vitriolique, 8°. Le grand cratère de l'Etna, qui est à 1700 toises d'é- lévation, celui du Pic de Ténérife, qui a 1900 toises... ne vomissent plus de layes coulantes. Ces laves ne se font jour ordinairement que sur les flancs de la montagne. * 9°. Un grand nombre de volcans a ses craières dans les montagnes primitives. | i 10°. Quelques uns, tels que ceux du Coiron, ont leur cratère dans les montagnes sécondaires. Nous pouvons conclure de ces faits, que a Plusieurs volcans, tels que le Vésuve, reçoivent dans leur foyer les eaux de la mer, comme le prouve le sel marin sublimé, : b Lie muriate d'ammoniaque qui s’y trouve, prouve la même chose. ve a ; .. ...ET D'HISTOIRE NATURELLE. 63 c Le muriate de cuivre prouve quil se trouve aussi au Vésuve des mines de cuivre, vraisemblablement des pyrites cuivreuses, qui donnent du soufre; car on sait qué le Vésuve, la Sol- fatare , donnent beaucoup de soufre et d’acide sulfureux. d Le Vésuve contient aussi, dans ses foyers, de /'asphalte, du pétrole , ou plutôt des mines de vériables houilles qui fournissent ce pétrole. Spallanzani avoit déjà trouvé du pétrole dans les laves de Lipari. e Les volcans du Pérou fournissent également du charbon et du soufre, et de l'acide sulfurique. f Is fournissent aussi du sel ammoniaque. g Leurs obsidiennes, leurs laves , contiennent du nairon et de la potasse. ( . X Ils vomissent du poisson, d’où on peut conclure que les eaux des lacs souterrains pénètrent quelquefois dans ces volcans. / Les volcans du Pérou situés dans les hautes montagnes, les hauts cratères de l'Etna, du pic de Térénife... ne vomis- sent point de laves coulantes, parceque la profondeur est trop considérable pour que la force d'explosion puisse soulever ces laves à cette hauteur. k Toutesles laves compactes ont une pesanteur d'environ 5000; aussi l’analyse retire-t-elle beaucoup de fer de toutes les pierres volcaniques. | La conséquence nécessaire de ces derniers faits est que Æ Le foyer des volcans qui vomissent les layes coulantes me sauroit ètre à une profondeur plus grande que celle de deux à trois mille toises. B On doit aussi conclure des faits n.d ,que le Vésuve , Les volcans du Pérou, ceux de Zipari... contiennent dans leurs Foyers DES ASPHALITES, DU PÉTROLE, DES CHARBONS. . C Ils contiennent aussi du soufre, ou plutôt des pyrites ferrugineuses ; car nous avons vu que tous les balsaltes et des laves donnent par l'analyse une grande quantité de fer, “et ont une pesanteur spécifique considérable, D Le Vésuve paroît contenir des pyrites cuivreuses , comme Tindique la grande quantité de muriate de cuivre qui recouvre les laves des dernières éruptions. Æ Le Vésuve doit communiquer avec les eaux de la mer, comme l'indiquent le sel marin volatilisé , le muriate d'ammo- â JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE niaque , le muriate de cuivre, le natron et l’acide marin con- tenus dans ses laves. FR Ex Æ La chaleur des foyers volcaniques est très-considérable pou faire couler, pendant sept jours et plus, des torrens de aves qui Jouissoient de la plus grande liquidité. Mais, objecte-t-on , le plus grand nombre des volcans a ses cratères dans les montagnes primitives : or ces montagnes peuvent contenir des pyrités, de l’antracite ; mais il ne sau- roit y avoir de houïlles, de l'asphalte, du pétrole. = Je dis d'abord que ce sont des fuits qu'on ne sauroit nier. Mais j'ai déjà répondu à cette difficulté (Théorie de la Terre, tome IV, page 263. « Les couches de charbon, dis-je, sont souvent contiguës aux montagnes primitives , comme nous l'avons vu au Creuzot proche Mont-Cenis, aux environs d'Autun. Les substances qui composent ces montagnes, telles que pétrosilex , trapps , cornéenne , granit , porphyre.... peuvent donc (en supposant que les charbons s’allument), ‘éprouver un assez grand degré de chaleur pour être fondues et rejetées sous forme de laves granitiques, porphyriques »; et la houille peut étre volatilisée sous forme d'asphalte, de DEITABe ee LI 0 LU NUE Ainsi j'ai la satisfaction de voir que tous les faits qu’on observe journellement viennent confirmer mes opinions. DES FOSSILES. L’étude des Fossiles, qui devient si intéressante pour la éologie, se poursuit avec persévérance ; on en fait des col- ot , ce qui est la seule méthode de bien connoître les ‘objets d'histoire naturelle. On recueille tous les faits qui y ont rapport ; et sans doute cette constance dans ces recherches sera suivie des plus heureux succès. D'un squelette humain fossile. ‘Gibbs m'a communiqué une lettre dans laquelle on lui marque que dans le Maryland le colonel Hughés faisant travailler dans une carrière de pierre calcaire, les ouvriers trouvèrent un squelette humain à environ dix pieds de profondeur, em- pâté dans la pierre calcaire. Il seroit nécessaire d'avoir des détails plus circonstanciés sur cette observation: D'un ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65 D'une Marmose fossile. Cuvier, qui continue avec tant de succès ses recherches ‘sur les mammaux, a reconnu dans des os fossiles trouvés à Montmartre, les débris d’un sarigue fossile, animal qui ne vit aujourdhui que dans l'Amérique septentrionale ; d'où il tire cette conclusion : Il y a dans des carrières à plâtre dans les environs de Paris, à une grande profondeur, et sous diverses couches remplies de coquillagés marins, des ossemens d'un animal dont le genre est exclusivement propre à l'Amérique. Il pense que la petite mâchoire trouvée à Montmartre , que j'ai décrite dans ce Journal, cahier de brumaire an 12, et que J'ai cru être celle d’une chauve-souris , a appartenu à un sarigue. Mais ce sarigue est-il analogue à ceux que nous connoissons maintenant ? L'auteur a comparé le petit squelette de son fossile, avec des squelettes de differens sarigues , et il a vn que c'éloit avec celui de la marmose qu'il avoit le plus de ressem- blance. Néanmoins quelques légères différences dans les di- mensions lui ont fait croire que son fossile n'étoit pas une marmose. Du Palæothérium. Cuvier a fait de nouvelles recherches sur le .palæothérium , un des animaux fossiles dont il a trouvé les débris dans les -gypses de Montmartre ( Voyez le Discours préliminaire de l’année dernière de ce Journal). Il en a retrouvé des osse- mens dans différens endroits de la France : 1°. Dans les gypses de Paris. 2°. À Montabusard auprès d'Orléans, Prozet a observé le premier ces os. Il a trouvé un astragale que Cuvier a reconnu avoir appartenu à un palæothérium , qui devoit avoir environ 8 pieds de longueur sur 5 pieds de hauteur, c’est-à-dire qu'il étoit à-peu-près de la taille du rhinocéros. 3°. À Buchsweller, dans le département du Bas-Rhin, où ils furent trouvés par Jean Hermann. 4°. A Issel au pied de la montagne Noire en Languedoc. 5°. 11 yen a, dit Cuvier, dans une cinquième contrée, mais que je ne connois point; car j'ai trouvé récemment dans le cabinet de Delamétherie, deux dents mâchelières supérieures entièrement semblables à celles de Buchsweller, mais forte- ment teintes en bleu, et incrustées d’un sable argileux. Tome LXII JANVIER an 1806. I 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Des os fossiles de l'Iyppopotame. Cuvier a trouvé des dents de cet animal dans des morceaux déposés au Muséum de Paris. Il ignore d’où venoient ces morceaux; mais il suppose que ce sont les memes dont An- toine de Jussieu avoit parlé dans les Mémoires de l'Académie 1724, et qui se trouvent dans le territoire de Montpellier, au lieu qu'on y appelle /4 Mosson. Un fragment fossile de mâchoire supérieure, qui est dans le cabinet de Drée , et qui contient deux dents, a aussi appartenu à un hyppopotame. Des os fossiles apportés du val d’Arno en Italie, par Miot, sont aussi des débris d'hyppopotame. Fabbroni a aussi envoyé à Cuvier plusieurs os du même animal, qui viennent du même lieu. Tous ces os fossiles de l’hyppopotame ont beaucoup de res- semblance avec ceux de l’hyppopotame vivant. « J'avoue, ajoute Cuvier, que les molaires et l’astragale que j'ai examinés ne “m'ont oflert aucune différence suflisante; et il est assez sin- gulier que l'animal dont l'existence parmi les fossiles avoit paru douteuse aux géologistes, soit précisément celui dont /es dépouilles fossiles sont le plus évidemment semblables aux ossernens du vivant ». Du Petit Hyppopotame fossile. Le méme savant a retrouvé dans un bloc déposé au Mu- séum de Paris, plusieurs ossemens qu'il croit avoir appartenu à une petite espèce d'hyppopotame. Il a retrouvé dans le ca- binet de Journuaubert, à Bordeaux , des ossemens semblables. Un astragale de celui-ci est deux tiers et près de deux tiers de fois plus petit que celui du grand hyppopotame fossile. « Voilà donc, conclut Cuvier, encore une espèce bien dis- tincte de toutes celles que l’on connoît à la surface du globe ». De l'Hyène fossile. Esper, dit Cuvier, a supposé l'existence de l’hyène fossile dans la caverne de Gaylenreuth, daprès la considération d’une vertèbre atlas. Mais cette vertèbre est certainement celle d'un ours. En revanche les dents qu'il dit avoir appartenu à un lion, sont à coup sûr celles d’une hyène. Quelques-unes qu'il a ET D'HISTOIRE NATURELLE. 67 décrites sont mal dessinées. Elles pourroient avoir appartenu à un /2re. . Collini a décrit dans les Mémoires de Manheim une tête et une mächoire inférieure, trouvées aux environs d'Eichstadt, qu'il croit avoir appartenu à un phoque; mais c'est incontes- :tablement une tête d’'hyène. Kimdmann a trouvé dans la caverne de Bauman, une dent qu'il a prise pour celle d’un veau, et qui est une dent d’hyène. J'ai des preuves, ajoute Cuvier , d’os fossiles d’hyène trouvés dans les cavernes de Gaylenreuth et de Mugyendorf. MM. Xïelmeyer et Autenrieth , professeurs à Tubingen, et Jœgor, directeur du cabinet de Stuttgard, ont envoyé à Cuvier des dessins et des notices de tous É os fossiles de ce cabinet. Il y a reconnu le crâne et plusieurs dents d'hyène. Ce crâne fut trouvé en 1700, près de Canstadt, sur le bord oriental et escarpé du Nécker, dans une argile jaunätre, mélée de quartz et pierres calcaires roulées, et de quantité de petites coquilles d'eau douce.. Les collines voisines contiennent des ammonites, des bélemni- ies, des roseaux; et M. Autenrieth a trouvé dans le voisi- page une forèt entière de palmiers couchés, de deux pieds de diamètre. Il y avoit des os d’éléphans, des charretées entitres de dents de chevaux, quelques dents de rhinocéros, et quelques épi- phises de vertèbres qui paroissoient avoir appartenu à des cétacés. Enfin dans les dessins de ces os qu'a envoyés M. Joeger, Cuvier y a reconnu une dent d’un loup. On trouve aussi à Gäylenreuth des os de loup pèle-méle avec ceux d’hyène. Des os fossiles d'hyène viennent aussi d'être trouvés en France , à Fouvent-le-Prieuré, proche Gray, par M. Tour- telle ; ils étoient mélangés avec des mâchelières d'éléphans et de chevaux. Les diverses dimensions des os fossiles d’hyène font croire à Cuvier que l'hyène fossile avoit le museau plus court que l'hyène du levant. , L’hyène fossile devoit être plus grande que celle du levant, d’un tiers ou d’un cinquième. Cependant il y a parmi ces fossiles un astragale d'hyène pas plus grand que celni de l'hyène ordinaire. Mais il a reconnu qu'il existe deux espèces d'hyène vivantes, l’une du Cap, grise, tachetée de brun, oreilles courtes ;., I 2 _ 68 JOURNAL ME PHYSIQUE, D* CHIMIE l'autre du levant, rousse, tachetée de noirâtre. Le squelette de celle du Cap n'est pas au Muséum pour pouvoir le com- parer aux os fossiles ; et c'est avec cette dernière que les os fossiles paroissent avoir le plus de rapports. « Je n'ai pas hesoin de dire, ajoute Cuvier, que la ressem- blance des dents ne prouve pas l'identité parfaite d'espèce; qu'il peut y avoir des différences dans le squelette, même dans les tégumens. Mais en admettant même cette identité, dans quel nouveau dédale ne retombent pas les géologistes | » Ils disoient jusqu'à nous que l'éléphant fossile est de l'espèce asiatique, et le voilà associé deux fois avec un animal du sud de l'Afrique. Ce même animal s'associe avec des ours, qu'on n'a cherché jusqu'ici que dans le nord. Quel étoit donc ce temps où des éléphans et des hyènes du Cap vivoient en- semble dans notre climat, et étoient ombragés de forêts de palmier , ou se réfugioient dans des grottes avec des ours grands comme nos chevaux ? » Il y avoit encore dans ces cantons des loups, des rhino- céros, des chevaux, peut-être des tigres. Des os fossiles du Migalonix. On découvrit ces ossemens dans une caverne du comté de Green-Briar , dans l’ouest de la Virginie. Il y a plusieurs cavernes semblables dans cette contrée, dont le sol est calcaire, et qui parconséquent ressemble aux cantons d'Allemagne et de Hongrie, où l’on trouve des ossemens d'ours dans de pareilles cavernes. Jefferson, averti par Washington, de la découverte de ces os, en donna une description dans un Mémoire , lu à la Société de Philadelphie, le 10 mars 1797. Il appelle mégalonix l'animal auquel les os avoient appartenu, parcequ'il les croyoit de la famille des lions. Il devoit avoir plus de cinq pieds de hauteur, et peser plus de neuf cents livres. Cuvier ayant reçu de Palissot de Beauvoir, une dent de cet animal , et de Peale des modèles de plusieurs os du même animal, s’est assuré qu'il est du genre des paresseux : c’est ce qu'il prouve par une comparaison détaillée des os de ces deux animaux, Mais sa taille étoit beaucoup plus considérable, car il étoit plus grand que nos bœufs ordinaires. Il égaloit les plus grands de la Suisse et de la Hongrie. ET D'HISTOIRE NATURELLÉ, 69 Des os fossiles du Mégathérium. ‘ On possède au cabinet de Madrid des portions considéra- bles de trois squelettes de cet animal, envoyées en 1789, par Loretto, vice-roi de Buonos - Ayres: Îl mandoït qu'on les avoit trouvés dansmdes excavations faites sur les bords de la rivière de Luxaro , à une lieue de la vilie de Luxan,; et trois Keues de Buenos-Âyres, à trente pieds au-dessus du niveau de l’eau. Cuvier a comparé ces os, ou leurs dessins, avec ceux du paresseux , et il y trouve assez de ressemblance pour croire que cet animal est du même genre. Cependant il a les os du nez très-court$, ce qui, d'aprés l'ostéologie de l'éléphant et du tapir, a fait croire au professeur Lichtenstein que cet animal avoit une trompe , ét qu'on pourroit le regarder comme une cinquième espèce d'éléphant qui auroit äppartenu à l'Amérique méridionale. Mais Cuvier n’est pas de cet avis. Le mégathérium a beaucoup de rapport avec le mégalonix; mais il devoit être d’un tiers plus grand. Dodun a donné une Notice de différens os fossiles dé mam- maux qu'il a trouvés en Languedoc , et particulièrement d’une belle téte fossile (qu'il avoit cédée à Joubert, et qui est au- jourd'hui dans le cabinet de Drée }, laquelle Cuvier à reconnu avoir appartenu à un tapir, ou plutüt à un animal de ce genre, qui ne vit présentement que dans l'Amérique méri< dionale. Des Oiseaux fossiles. J'ai vu cette année plusieurs débris fossiles d'oiseaux trouvés à Montmartre, et dans jes autres carrières à plâtre des environs de Paris ; mais ils sont d'un si petit volume qu’on n’a encore pu s'assurer s'ils sont analogues aux oiseaux vivans, Des Reptiles fossiles. Les carrières de la montagne de Saint-Pierre proche Maés- tricht, présentent souvent des impressions de pattes de crabes... Des Poissons fossiles. On trouve fréquemment dans les lits supérieurs des houil- lières , des impressions de poissons fossiles. IL y en a aussi dans des couches de schistes... 7a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Des Coyuilles fossiles. ?. On a maintenant plusieurs belles collections de ces coquilles, parmi lesquelles on doit distinguer celle de Defrancle, qui a plus de quatorze cents espèces ; celles de Lamarck, de Faujas, de Roissy à Paris;... celle de Deluc à Genève... Lamarck donne , dans les Annales du Muséum, laMdescription de co- quilles fossiles des environs de Paris. Voici ce qu'on peut ré- sumer de tous les faits que nous avons recueillis. + 1°. Il y a un petit nombre de coquilles fossiles absolument semblables à celles des animaux que nous connoissons vivans. Lamarck, Faujas, Defrance,.…, en ont plusieurs. Je vais citer seulement quelques-unes de celles que j'ai dans ma col- lection. 1°. Le nautile Pompilius ; 2°, Une petite porcelaine, cyprea pediculus ; 3°. La fripière, trochus agolutinans. 20. Il y a un nombre plus considérable de coquilles fos- siles , qui différent très-peu des coquilles des animaux vivans. 3°. Le plus grand nombre des coquilles fossiles que nous connoissons, ne ressemble point aux coquilles des animaux existans aujourd'hui, au moins de ceux qui nous sont connus ; cer l'histoire des coquilles est encore trop peu avancée, et les voyageurs nous en apportent chaque jour un grand nombre qui nous sont inconnues. | Peron a apporté de la Nouvelle-Hollande , une crassatelle vivante. Il en existe une fossile à Grignon... Il a observé, dans des bancs de pierre calcaire, de grandes coquilles fossiles qui lui ont paru avoir les plus grands rapports avec la grande tricdane, connue sous le nom du bénitier, Des Végétaux fossiles. Faujas a décrit des végétaux qu'il a trouvés dans des couches marneuses , situées sous des coulées basaltiques, qui ont plus de six cents pieds d'épaisseur. On a reconnu parmi ces vé- gétaux , les analogues suivans : 10. Le populus tremula ; 2°. Le populus alba ; 3°. Le fagus castanea ; 4°. L’acer monspessulanum ; 5°. Le sélia arborea ; 6°. Le pinus pinea, ET D'HISTOIRE NATURELLF. 71 Schlotheim a donné les premiers cahiers de sa Flore de l'ancien Monde. Son premier cahier contient vingt-sept gra- vures des plantes fossiles, avec leurs descriptions systéma- tiques. e La figure 8 représente un polypode fossile, qui a beaucoup de rapports avec le po/ypodinm lineatum de Burman. La figure 11 représente un autre polypode fossile, trouvé dans les mines de charbon de Mamnebach, qui est analogue à un polypode de Batavia, qui se trouve dans l'herbier de Vantenat, Il en est plusieurs autres qui ressemblent plus ou moins à des analogues vivans. Après toutes les recherches et comparaisons que j'ai faites, il me paroit démontré, dit Sternberg , que les plantes fos- siles qu'on trouve dans les climats froids de l’Europe , se rapprochent beaucoup plus des plantes des zônes d’une tem- pérature plus élevée, et que c’est là plus particulièrement qu'il faut chercher leurs analogues, comme on trouve en général ceux des poissons et des coquilles de la mer du Sud. Mais l'homme est-il plus nouvéau sur la surface du globe que les autres espèces ? Voici ce que j'en ai dit dans mon ou- vrage de la Nature des Etres existans. « Les continens ont du être découverts à différentes époques; car les eaux ( qui ont couvert tout le globe), ont abandonné les hautes sommités où vivent les bouquetins, les marmottes, les tapirs, les condors,..…... avant les plaines chaudes où sub- sistent leslions, les tigres, l'éléphant , les rhinocéros, les singes, les sapajous , les perroquets... » Il est donc possible que l'homme qui, comme le singe, habitoit primitivement les pays chauds, n’ait été produit qu'à ces époques postérieures, ainsi que les espèces qui ne peuvent subsister qu'à des températures très élevées. » Mais l'homme a-t-il été formé le dernier de ces espèces d’a- nimaux? La chose est sans doute possible, mais je ne connois aucun fait quile prouve. On ne trouve pas, di-ton, de débris fossiles de l’homme, mais on ne trouve pas non plus de débris fos- siles d’une multitude d’autres animaux , des singes, des bœufs, des béliers, des chevaux, des chameaux, des tigres, des léopards. par exemple : il faudra donc aussi en conclure que la formation de ceux-ci est d'une date plus récente... Les 7e JOURNAL DE PHYSIQUKÉ, DE CHIMIE, etc. faits qu'on rapporte sont bien éloignés de pouvoir prouver cette hypothèse ». Mais si on ne rencontre pas parmi les fossiles des débris de squelettes de l’homme, on y trouve des produitside son industrie, tels que ces haches de pierre dont se sert l’homme sauvage... Des Fossiles analogues aux êtres vivans. Des savans du plus grand mérite sont partagés sur cette question. Wallerius, Michaelis, Camper... pensent que la ‘plus grande partie des animaux et des végétaux, auxquels ont appartenu les débris fossiles qu’on trouve dans la couche de la terre , n'existent plus. « J'ai dit au contraire, avec Hunter, que les petites diffé- rences qu'on apperçoit entre plusieurs fossiles et les ana- Jogues existans, ne sont pas assez considérables pour n'être pas regardés comme le simple effet du changement de cli- mat, de température... Il y a de plus grandes différences entre les os d'un chien épagneul, d’un lévrier, d'un boul- dogue..… » ( Théorie de la Terre, tome à, pag. 214). ‘Tous les faits que nous venons de rapporter , ne permettent pas de douter que parmi les fossiles il n’y en ait d’analogues aux êtres organisés existans. Nous avons dit qu'il y a parmi les fossiles , des végétaux, des insectes , des coquillages , des pois- sons et des reptiles analogues aux animaux et végétaux vivans- Quant aux oiseaux, les débris que nous en avons ne con- sistent que dans quelques os, surtout dans quelques pattes, ce qui est insuflisant pour décider s'ils sont anaiogues ou s'ils ne le sont pas. É Les débris fossiles des mammaux sont plus nombreux, et plusieurs sont assez bien caractérisés pour pouvoir dire, sans craindre de se tromper, qu'ils sont analogues aux os des ani- maux existans. Nous venons de voir que Guvier lui-méme, qui soutient le principe opposé, convient que /es os fossiles de l'hyppopotame sont semblables aux ossemens du vivant. Nous en pouvons dire autant de la marmose fossile , décrite par le même savant. Qu'on consulte dans ce Journal, cahier de messidor , pag. 44, le tableau qu'il donne des dimensions des os de la marmose * fossile et de la vivante, et on verra que les petites diflérences qui y existent, sont infiniment moindres que celles qui existent, par exemple, entre le squelette d’un bel homme blanc, tel que Y'A pollon ou l'Hercule, et le squelette d’un lapon, celui d'un nègre, ET D'HISTOIRE NATURELLF: 73 nègre de la Nouvelle-Guinée... On voit ces différences dans la collection des crânes humains , au Muséum du Jardin des Plantes à Paris... Qu'on compare le squelette d’un gros boul-dogue anglois, dont le museau est si épaté , les os si gros... avec celui d'une levrette, dont le nez est si eflilé et les os si gréles … Qu'on compare le squelette d'un cheval arabe, dont les jambes sont si fines , ou celui d’un petit cheval corse, avec le squelette d'un gros cheval du Holstein, dont les os sont si gros... Les os des diverses variétés du même animal, à diverses latitudes , sont donc bien éloignés d'avoir des proportions géométriques rigoureuses. Les os des femelles, surtout ceux du bassin , ont cons- tamment des proportions différentes de ceux des mâles. Les os des jeunes animaux ont constamment des proportions différentes de ceux des vieux... Le . CE PAC . . . . . . L ° . . e. . . CR] . . LT 0 . Les descriptions anatomiques ne sont donc point suscep- tibles de la précision mathématique, ainsi qu’en conviennent tous les anatomistes. Parconséquent , les légères diflérences qu'on appercoit entre des os qui ont d'ailleurs de grands rap- ports, ne peuvent être des motifs suflisans pour dire qu'ils ont appartenu à des espèces differentes. Concluons de tous ces faits, que, 1°. il est certain que parmi les fossiles il y a un assez grand nombre d'analogues aux animaux et aux végétaux vivans. 2°, Il en est un grand nombre dont nous ne connoissons point les analogues vivans. Mais on peut trouver plusieurs de ces analogues dans les régions où les savans n'ont pas encore pénétré. 59°. Le climat, la température, la nourriture , le croise- ment des races, les nouvelles espèces hybrides, .. ont produit des changemens considérables dans la suite des siècles, chez les espèces existantes. 4°. Quelques espèces nouvelles ont pu étre produites; comme les observateurs ont cru reconnoître l'existence de nouveaux animalcules, chez les grandes espèces d'animaux. Il faut ef- fectivement que tous les animalcules aient été produits pos- térieurement aux animaux sur lesquels ils vivent. 5°. Mais on ne sauroit douter que plusieurs espèces ont été détruites , Tome LXIZ, JANVIER an 1806, K 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a. Par le desséchement des grands lacs et des mers Mé- diterranées ; B. Par l’action destructive de l'homme social, depuis qu'il a formé des sociétés si populenses; c. Par des accidens particuliers. On n'a encore trouvé , par exemple , la dionée muscipule, qué dans un petit espace de deux à trois lieues quarrées de V’Amérique septentrionale, dit Bosc : ainsi elle peut bien être détruite, si on défriche ce terrein pour le cultiver. Le bouquetin, le condor, la girafle... sont réduits à un petit nombre d'individus... qui peuvent être détruits. Toutes les espèces foibles de la Nouvelle-Holande , les kan- guros, les phascolomes disparoîtront dès que les hommes se seront multipliés dans ces cantons... Le géologue ne doit jamais perdre.de vue ces faits, dans la comparaison des fossiles avec les animaux et les végétaux vi- vans. DE LA GÉOLOGIE. Plus les sciences font de progrès, plus on s'efforce de gé- néraliser les faits géologiques. Une curiosité inquiète porte tous les esprits vers la recherche des causes qui ont formé notre globe. On se persuade avec raison qu’elles doivent faire le com- lément de la Physique terrestre. Sans doute plusieurs des ae qu’on a proposées ne sont pas fondées ; mais oN RECUEILLE DES FAITS, on les discute, et ces discussions nous conduiront certainement à des résultats intéressans. La terre calcaire est-elle la terre primitive? Poiret a publié ma Dissertation sur l'étude et les principes de la géologie. Il pense qu'il faut d’abord considérer la formation des couches et des terreins, qui s’epère sous nos yeux, pour remonter à celles qui se sont formées antérieu- rement. Or les substances de formation nouvelle lui paroissent venir de la décomposition des végétaux et des animaux qui ont fourni la terre végétale et la terre calcaire. Ces terres en se décomposant peuvent se convertir en terres siliceuses et en terres argileuses. IL en tire les conséquences suivantes : 1°. Toutes les substances minérales qui se forment aujour- d'hui à la surface du globe, ont passé par la filière des ani- maux et des végétaux. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 79 2°. La masse du globe en est augmentée. 3°. La formation des animaux et des végétaux ayant pour base les fluides élastiques , ces fluides doivent diminuer à proportion que les substances minérales augmentent. 4°. L’immense quantité de terre végétale, celle de terre cal- caire , qui existent à la surface du globe, a été formée aux dépens de ces mêmes fluides. 5°. Ces produits minéraux se décomposent. 6°. De cette décomposition résultent de nouveaux composés, tels que les tourbes , les houilles. Les pierres calcaires, les marbres... sont dus aux mêmes travaux. Enfin les schistes, les pierres siliceuses... n’ont pas d'autre origine. « Les considérations, dit-il, de ces couches diverses , de ces bancs de pierres calcaires, siliceuses, de ces lits de schistes feuil- letés, de ces masses granitiques, de ces porphyres, de toutes ces roches qui composent en partie la plupart des hautes montagnes de notre globe, et qui se retrouvent souvent sous les pierres calcaires, conduiront la géologie à ce que l’on appelle la révolution du globe ». Ce système de l’auteur est sujet à de grandes diflicultés ; car 1°. S'il n'y avoit pas primitivement un royau solide, on lui demandera où reposoient ces végétaux et ces animaux? S'il y avoit un noyau solide où reposoient ces animaux et ces végétaux, on lui demandera de quelle nature étoit ce noyau ? de quelle terre il étoit composé ? 29, Il n'est pas prouvé que la terre calcaire puisse se convertir en terre siliceuse, en terre alumineuse... 3°. Les granits, les porphyres... paroissent la roche la plus antique du globe, et ne paroiïssent pas pouvoirétre le produit des êtres organisés ; Car on n'y rencontre jamais aucun fossile... Bertrand a donné quelques nouvelies réflexions sur la Théorie de la Terre. Il croit que la pierre calcaire est la roche la plus ancienne. « J'ai conclu, ditil, qu'il n'y a point de granit, méme de pierre quartzeuze , qui ne soit plus moderne que la calcaire, et qui n'ait pris sa place; que le calcaire fut la première production-marine; que lui seul mériteroit donc le nom de prémitif, s'il n'y en avoit pas eu de tous les âges, et s’il n'étoit pas wniversel. Les êtres organisés paroissent : le globe s’embrase à Sa Sur K a #6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE face; ...les cendres provenant de cet incendie sont les ma- iériaux des granits, et de toutes les roches primitives. On voit que plusieurs géologues supposent que la terre calcaire est la terre primitive ; mais ils ne s'accordent pas sur l'origine de cette terre calcaire. Quelques-uns pensent qu'e//e provient toute des étres organisés. On leur demandera pour lors sur quelle substance étoient portés ces êtres organisés ? Il devoit y avoir un nouveau solide. S'ils veulent dire que ce premier noyau n'étoit que de la terre ou pierre calcaire, on leur en demandera des preuves : et cette hypothèse paroît contraire aux faits; car tous les faits indiquent que l’intérieur du globe contient une grande quan- tité de substances métalliques, principalement du fer;... mais ces substances métalliques ne sont pas seules, elles sont mé- langées avec des terres. Or nous voyons que les terreins les plus anciens, ceux qui ne contiennent aucun débris d'êtres organisés, sont formés pour la plus grande partie de granits, de porphyre, avec lesquels se trouvent mélangés des schistes, des talcs, des serpentines... et peu de pierres calcaires, Nous sommes donc fondés à conclure, par analogie, que les pierres talcaires sont peu abondantes dans l’intérieur du globe , et dans les terreins qui ne contiennent point de débris d'êtres organisés... Du Sol des environs de Paris. Coupé a présenté un tableau des diflérens terreins qui se trouvent aux environs de Paris, qu'il suppose avoir été au- trefois un terrein voisin des équateurs, comme le prouvent les palmiers et autres fossiles qu'on y rencontre. Le Parisis, dit-il, présente cinq dépositions distinctes qui ont été placées suc- cessivement, et par époques distinctes, l’une au-dessus de l’autre. 1°. La plus ancienne des cinq qu'il nous est permis d'ap- percevoir, est la craie par masse entière, et non par lits, distinguée encore par ses coagulations siliceuses, telles qu'elle se présente au pied de Meudon, de Bougival.…. Ce banc de craie s'étend dans la Champagne, la Picardie, et jusqu'en Angleterre... 20. Sur cette craie est placée une nappe de glaise bleue, telle que celle de Gentilly, d'Issy, d'Auteuil. 3°, Au-dessus de cette nappe de glaise est placé cet en- semble de lits successifs qui composent les carrières de pierres de taille formant diflérentes couches. ÉT D'HISTOIRE NATURELLBS, 79 4°. Au-dessus de ces pierres de taille est la déposition gypseuse, composée aussi de lits entremélés de gypse , de glaise et de craie diversement mélangés. 5. Une nappe entière de sable fin, uniforme, blanc, a re- couvert le tout à une grande distance. On en voit les lambeaux sur les sommets de Belleville, Montmartre, Montmorency , Mont-Valérien , Meudon, Marly... Il s'étend jusquà Fon- tainebleau. Les pluies, le cours des eaux toujours excayant, ont en- tamé ces diflérens dépôts. Des Pouddings de la Suisse. Chambrier nous a donné de nouveaux détails sur les pouddings de la Suisse, et sur leurs causes. Il fait voir que ces pouddings ont été formés à diflérentes époques : ceux du Rigi sont antérieurs à ceux d'Entlibuch. Une partie est composée de pierres des terreins primitifs, quartz , porphyres , schistes micacés ;... d’autres sont formés de pierres secondaires ». « Ces conglomérats, dit l’auteur, peuvent servir de preuve à un phénomène bien extraordinaire, qui embrasse une bonne partie des montagnes de la Suisse ; e’est la grande inclinaison de leurs couches au sud et au sud-est, tandis qu'elles pré- sentent des escarpemens de plusieurs mille pieds au nord. On ne peut pas supposer qu'ils se soient formés dans cette situa- tion. IL faut donc que ce grand bouleversement qui paroît avoir agi assez ordinairement dans le même sens, ait eu lieu depuis que ces pouddings existent », Il recherche ensuite d'où ont pu être apportées les pierres qui ont composé ces pouddings. Il pense SA ER sont la plupart étrangères au sol de la Suisse, et qu’elles viennent des Vosges. Il a trouvé dans ces dernières montagnes, surtout du côté du Ballon , la plus haute montagne des Vosges, les mémes pierres qui composent les pouddings de la Suisse. De grands courans d'eau , venant du nord et se portant au midi, auront entrainé dans leur cours toft ce qui se sera trouvé sur leur passage. Les granits, les porphyres détachés des Vosges, auront été chariés, et auront franchi le Jura. Des montagnes plus élevées , telles que les Alpes, auront pu seules les arrêter. Amoncelés avec des débris de ces dernières, ils auront donné naissance au Rigi et autres montagnes de ce genre. Tous ces débris ont été agglutinés par des parties calcaires... 73 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Alors sera arrivée la grande révolution qui a incliné leurs couches au sud et au sud-est, en les relevant du côté opposé. Un grand nombre d’autres montagnes ayant subi le même sort il s'en sera détaché beaucoup de fragmens qui, ballottés long-temps dans les eaux, se seront rangés dans la grande vallée entre les Alpes et le Jura .. De là ces pouddings.qu'on retrouve jusque sur le Jura... On croiroit entrevoir ici une pente douce qui entraine les eaux vers le nord. Ces révolutions sont arrivées avant la formation des grès, et celle des pouddings d'Entlibuch , qui paroissent moins anciens que ceux du higi. Il faut donc que le pôle ait repoussé encore une fois les eaux vers le midi; elles auront entrainé les substances qui ont formé ces derniers pouddings. Les eaux revinrent une seconde fois du midi pour se porter au nord ; elles descendirent des Hautes Alpes, et entraînèrent ces blocs immenses, qui , suivant la direction des grandes vallées, allérent s'asseoir sur la pente méridionale du Jura... Ce courant en se portant au nord , a creusé des vallées, des lacs... Les eaux perdant successivement de leur hauteur et de leur force, ont formé postérieurement les collines de gravier... DE LA LIQUIDITÉ DU GLOBE TERRESTRE. T'ous les physiciens reconnoissent que le globe a dû être liquide, puisque sa figure est conforme à la théorie des forces centrales, et que toutes les parties que nous en connoissons sont cristallisées d’une manière régulière ou confuse. Mais cette liquidité a-t-elle été aériforme ? A-t-elle été ignée? A-t-elle été aqueuse ? Chacune de ces fluidités a été soutenue par des savans dis- tingués. en DE LA LIQUIDITÉ AÉRIFORME DU GLOBE TERRESTRE. Plusieurs anciens philosophes pensoient, avec Anaximëne , que l’état primitif de la matière étoit l'air, dit Coupé. Cet air, en se condensant, a formé le globe. Ce globe étoit sous l’äc- tion générale des cieux, et sous l’action intestine de ses propres ET D'HISTOIRE NATURELLE. 79 élémens. Z/s personnifiérent ces actions : ils représenterent la première par les titans, et la seconde par les géans. L'action intestine fait dégager de l'intérieur du globe par les soupiraux des volcans, de grandes éruptions gazeuses. Ces dégagemens furent dans le commencement assez considé- rables pour former l'atmosphère et l'océan. L'océan , disent-ils, est la sueur permanente de la terre, et ils appelèrent, à cette époque , la terre, rhea. L'atmosphère fut également formée par ces dégagemens gazeux. De nouveaux phénomènes eurent lieu alors à Ja surface du globe, ce qui constitua le rèvne atmosphérique et le règne océanique. © Ouranos ou le ciel, féconda la terre, et parurent les êtres organisés. …, Toute la mythologie des anciens, dit-il, n'est que l'expli- cation physique de ces grands phénomènes. Zeus ou Jupiter, représente l'air qui règne sur la terte… Era où Junon , représente l’eau... 1] assigne également l’origine des autres dieux... Il entre ensuite dans l'explication des phénomènes géolo- giques,. Le granit fut d'abord formé : 7 n'est pas en couches. L'océan flotta sur ce sol granitique, et y déposa différens terreins, dont l’auteur donne l'histoire. 1°. L'Océan crare : c’est-à-dire que les flots de cet océan ballottent la matière calcaire , la réduisent en poussière pour former la craie , qui est déposée en masse. 2°. Il arénise. Les mêmes flots pulvérisent les matières si- liceuses , les reduisent en sables, qui se déposent en plus ou moins grande quantité. 3°, I plaise. Les mêmes flots réduisent diverses substances minérales en alumine, laquelle se mêle avec de ,la silice .….. et cette glaise se dépose en masses. 4°. La chaux et le soufre peuvent s'unir de la méme maniére, et former également des couches. 5°. Il en est de même du sel marin. 6°. Le pilé est un autre produit de l’action des flots. C’est un détritus de coquilles, de madrépores ,..…. et autres produits des êtres organisés. Celui de Grignon est remarquable. 8a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les Bitumes et les Clarbons, Il attribue l’origine des bitumes et des charbons à la com- bustion de grandes forêts, et mème de grands poissons de mer. Cette combustion s'est faite comme celle des arbres dont on retire le goudron. La partie bitumineuse a coulé entre les dif- férens bancs de terre, pour y former les couches de houille. Ces incendies, disent les anciens , ont été causés par l’ae- tion des astres, qui se sont trouvés, par rapport à la terre, dans des positions extraordinaires. Du retour des mers sur les contrées qu'elles avoient abandonnées. Les anciens supposoient que les mers pouvoient revenir plu- sieurs fois sur des terreins qu'elles avoient abandonnés. C'est dans un de ces mouvemens que l’auteur trouve la cause de ces bancs de sable qui sont sur toutes les hauteurs aux envi- rons de Paris, Romainville, Moutmartre , Mont- Y alérien, Montmorenci,... et qui couvrent toutés ces contrées jusqu’à Fontainebleau. Les anciens supposoient que le déplacement des eaux des mers étoit dù à l’action des astres qui avoient des aspects par- ticuliers par rapport à la terre. ; * De la première cause des montagnes. L'axe du globe ayant été changé, l'équateur changea éga- lement; mais étant pius relevé de quatre lieues et demie, l’é- quilibre fut dérangé L'auteur suppose que le globe n'avoit pas assez de consistanée pour que sa surface n'en tüt pas al- térée. Ainsi\cette peftie de l’ancien équateur s'enfonce pour se mettre en équilibre, tandis que les portions qui formoient le nouvel équateur, s'élevèrent par l’action de la force centri- fuge. La croûte lu globe se brisa donc partout. Là elle s'é- leva , ici elle s’abaissa. Mais il se trouva dans l'intérieur, des points plus ou moins résistans. Les couches supérieures ne purent s'aftaisser unifor- mément ; quelques-unes demeurèrent plusou moins exhaussées,., ce qui fut la première cause des montagnes. Deuxième ET D'HISTOIRE NATURELLE, oN BL Deuxième cause des Montagnes. Les anciens l’attribuoient aux tremblemens de terres Troisième cause des Montagnes. Elle est due à l'action des eaux fluviatiles qui ont creusé des vallées. ‘ Tel est le précis de cette doctrine des anciens, suivant l'auteur. Il en a fait des ‘applications heureuses à plusieurs phénomènes géologiques. * J'ai fait voir que l'hypothèse de la fluidité aériforme de toutes les substances qui forment le globe terrestre, ne pouvoit se soutenir. On peut bien supposer que les parties dont le globe est composé, ont pu primitivement éprouver un grand degré de chaleur, causé soit par leurs frottemens, soit par l'action chimique qu'ils exercent les unes sur les autres. Cette chaleur aura pu réduire à l'état aériforme, le soufre, l’arsenic, et peut-être tous les métaux... : Mais les substances terreuses ont trop de fixité pour étre ainsi volatilisées. Nous n'avons aucun fait qui puisse faire soup- conner qu'elles l'aient, été, ni par les feux volcaniques, ni par ceux de l'art. On pourroit m'objecter que les météréolites paroissent avoir été à l'état gazeux ; et que cependant elles contiennent de la silice; je réponds que la formation de ces pierres nous est en- core inconnue. DE LA LIQUIDITÉ IGNÉE DU GLOBE TERRESTRE. Plusieurs anciens philosophes , tels que ceux de l'Orient, de Ja Phénicie, .. ont cru que le globe avoit été embrasé, et joui d’une fluidité ignée. Nous ne connoissons pas les faits sur les- quels ils appuyoient leur doctrine. Mais de nos jours, des savans géologues ont soutenu cette opinion par plusieurs faits bien vus. Hutton a donné une grande prépondérance à cette doctrine. Sir James Hall a cherché à l’étayer par plusieurs expériences. Il a fait fondre des basaltes, qu'il a réduits en verre. Il a ob- servé que dans les diflérentes périodes de leur refroidissement, ces verres se dénaturoient , paSsoient plus ou moins à l’état pierreux, approchant de celui des laves compactes; qu'il s’y Tome LXII. JANVIER an 1806. EL 82 JOURNAL DE PHYSIQUE, DR: CHIMIZ formoit même des espèces de masses cristallines auxquelles il a donné le nom de cristallite. De nouvelles expériences lui ont fait voir que l'influence de l’actron du feu sur ces masses vitreuses étoit modifiée con- sidérablement par le poids et la consistance d'une masse con- sidérable, qui reposoit sur les coûches superficielles du globe. Cette pression s'oppose à l'expansion des fluides, comme:il arrive dans la partie inférieure des courans de laves qui sont très-compactes , tandis que la partie supérieure de ces mêmes courans est trés-boursoufflée et pleine de porosités, J’avois également dans ma Théorie de la Terre (tome IIT), beaucoup insisté sur les phénomènes produits par ce que j'appelle la force de pression, et à laquelle on n'a pas fait- assez d’attention dans l'explication des phénomènes que pré- sente la théorie du globe. Hall a cherché à déterminer les eflets de cette pression combinée avec l’action de la chaleur. Ses expériences sont fort ingénieuses. Nous allons en rapporter quelques-unes. 1°. I] a réduit en poudre de la craie, du marbre, des co- quillages marins, du spath calcaire, et refoulé cette poussière dans des tubes de porcelaine, enfermés dans des matières assez solides pour résister à l'expansion des fluides. Il a exposé le tout à une chaleur de 22° du pyromètre de Wedgexood, c’est- ä-dire égale à celle qui fait fondre l'argent. La poussière calcaire s'agglutine en masse solide, et rapproche beaucoup de la pierre calcaire ordinaire, et souvent lui est tout-à-fait égale. Elle a la fracture brillante, prend le poli et l'aspect général du marbre. 2°. Il a même observé que cette poussière calcaire ainsi agglutinée par la chaleur, éprouve une espèce de cristalli- sation , et on y distingue des lames rhomboïdales. 3°, Du silex pulvérisé mis en contact avec le spath calcaire pulvérisé, et exposé de même à la chaleur avec les mêmes précautions, les deux substances s'unissent quelquefois, fon- dent, et donnent un composé qui ressemble jusqu'à un cer- tain point à la calcédoine. 4°. Il a cherché à déterminer le degré de pression néces- saire pour produire ces eflets sur les carbonates calcaires. IL a vu qu'il suflisoit d'employer une pression égale au poids de 80 atmosphères, ou telle qu’elle est, à environ deux mille toises de profondeur ; et que pour réussir au complet, il falloit une pression quatre ou cinq fois plus considérable, - 7 Tr D'HISTOIRE NATURELLE. 83 50. Il a répété les mémes expériences sur la houille, mais elles sont plus difliciles. Il est cependant parvenu à contenir la matière bitumineuse de la houille exposée à là température de l'ignition, de manière à l'amener d'une part à l'état de fusion, et de l’autre à lui conserver la faculté de brüler ävec flamme. 4 Mais le plus souvent la houille perd de son poids, ainsi que sa faculté de brüler avec flamme. . Ces expériences font voir comment des bois bitumineux, et des houilles, peuvent se trouver bien conservés sous la pression d'énormes coulées de laves. 60. I1 à tênté des expériences analogues sur des matières végétales et animales; mais elles sont plus expansibles, et elles font éclater les vaisseaux. 11 a donc été obligé de les traiter dans des températures au-dessous de l'ignition. La corne et la sciure de bois, traitées ainsi dans des tubes de verre, donnèrent une substance huileuse, et le résidu prit une teinte noire , brillante, particulière à la houille. De ces expériences il conciut avec Keir, que « La houille qui existe actuellement dans les couches du globe, n’est qu’une petite partie des matières organiques qui y furent primitivement déposées, et dont les parties les plus volatiles ont été chassées par l'action de la chaleur, avant que la température ait été assez élevée pour amenér à l'état de fusion les substances environnantes, et leur donner ainsi la faculté de contenir les fluides élastiques, et de les soumettre à la compression ». , De la transition de la cassure vitreuse à la textureprerreuse, danss le refroidissement gradué du basalte fondu. Gregory Vatt (jeune homme que la mort a enlevé aux sciences ) a cherché à confirmer cette théorie par de nou- velles expériences. Il a fait fondre dans des fourneäux de réverbère des masses assez considérables de basalte réduit en oudre. On en puisa une grande cuillerée, qui conserva après le refroidissement tous les caractères d'un verre parfait. On soutint le feu, quoiqu'en le diminuant par degrés , pendant plus de six heures. On ferma la cheminée ; on couvrit la matière en fusion de sable, et on remplit le fourneau de houille qu'on laissa se consumer très-lentement. La masse ne fut refroidie qu'au bout de huit jours, et présenta divers phénomènes intéressans, L 2 84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DB CHIMIE Le basalte employé avoit le grain fin; Sa pesanteur étoit 2868. . Il agissoit fortement sur l'aiguille aimantée. Ce basalte, par la fusion, 1°. Devint un verre parfait, plus dur que le feldspath , moins que le quartz. Sa pesanteur n'est que 2743. À peine agit-il sur l'aiguille aimantée. 2°. Dans Îles premiers momens du refroidissement il s'y forme des petits globules presque sphériques. Sa pesanteur est 2938. Son action magnétique est foible. 3°. En prolongeant le refroidissement , la masse vitreuse prend un tissu pierreux; il s’y forme des sphéroïdes radiés en fibres distinctes à l’intérieur. Dans les obsidiennes apportées du Mexique par Humboldt, on voit plusieurs de ces sphéroïdes à fibres divergentes du centre à la circonférence. J'ai fait voir, dans le Discours préliminaire de l'année dernière, page 94, que ce tissu fibreux étoit une vraie dévitrification. hit 4°. Cet état fibreux dans une autre période s'étend à toute la masse. : 5°. Cet état fibreux passe rapidement à un arrangement différent ; toute la masse prend un tissu pierreux compacte, et a une grande ténacité. Son action sur l'aiguille aimantée est très-forte. Sa pesanteur est 2958; elle est opaque , d’une couleur noirâtre tirant sur le gris; on y distingue quelques facettes cristallines. 6°. Le refroidissement continué, le tissu devient plus grai- neux ; la couleur passe au gris; les facettes sont plis grandes et plus nombreuses. La lame entière est traversée par de fines lames cristallines qui se croisent en tous les sens. La force magnétique augmente. La pesanteur est 2949. Ce sont ces petits eristaux que Hall appelle cristallites. Ces belles expériences font voir comment la lave vitreuse peut passer peu-à-peu à l'état de laye compacte. L'auteur a cherché ensuite à prouver qu'il y a beaucoup d’analogie entre la production des pierres par le feu et celle par l'eau; car le changement de structure, dit il, qui ma paru être la partie la plus inexplicable du procédé par lequel le verre passe à l’état de pierre, est imité à-peu-près dans la formation des stalactites. Elles sont d’abord fibreuses. La con- ’ Er D'HISTOIRE KATURÉLLE, 85 tinuation du dépôt fait disparoitre la structure fibreuse, et donne une structure irrégulièrement spathique ou lamelleuse. Enfin la masse se convertit en vrai spath calcaire divisible en grands rhomboïdes. Il a observé la méme chose près. du Sunderland, dans une étendue considérable. Des pierres calcaires présentent de pe- tites boules sphéroïdes cristallisées en rayons divergens. Dès que les boules acquièrent plus de trois pouces de diamètre, elles offrent le tissu spathique. | Il cite plusieurs autres exemples semblables où les pierres parois sent changer de nature par l’accumulation de la masse. Îl arrive enfin au Basalte, qui peut éprouver , dit-il, différens chan- gemens par la même cause. On peut, ajoute-t-il, citer d’après lautorité de Spanllazani, la lave de Lipari, qui passe de l’état de verre à celui de lave, par la formation de petits globules, comme un arran- gement du procédé de larrangement intérieur, Et si l'on ne disputoit pas encore sur leur origine , je pourrois aussi citer les laves en pechstein des monts Euganiens. Elles passent promptement à l'état de porphyre.... On doit surtout dans cette circonstance faire attention à la masse considérable des ‘laves qui coulent des voleans, dont le refroidissement doit durer non-seulement des mois , mais des années. Quels chan- gemens ces masses ne doivent-elles pas éprouver dans ce ‘Fong refroidissement! Fleuriau de Bellevue pense également que la fluidité du globe a été ignée , et pour Le prouver , il a examiné dans un beau mémoire, divisé en deux parties, l’action du feu de nos fourneaux sur différente substances terreuses réduites en verre, ‘et qui passent à l’état pierreux , par un refroidissement plus ou moins prolongé. D'Artigues, qui est à la tête d'ane belle verrerie, a vu que lus le verre est composé, plus il se dévitrifie promptement. IT ne cristallise point commêMyerre, mais commé verre déer- trifié, et il revêt une apparence tellement pierreuse , que l'œil le plus exercé a de la peine à le distinguer de toute autre pierre. Bellevue a eu l'occasion de recueillir de ce verre dévitrifié , dans la verrerie de Lafont, auprès de la Rochelle. Il m'en en- yova, que je priai de sa part Vauquelin d'analyser. :86 JOpANAE DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cet habile chimiste en a retiré Silicess AL Re te 57 Chaux MANIERE NE Alpine nhsfoia né Ê Oxide de manganèse, mélé d'oxide de fer. . #4 Potasse Cette substance étoit radiée comme de la tremolite. Sa pesanteur étoit 26.8r. : Bellevue l’a traitée avec les acides, elle formoit une gelée transparente. On sait que c’est la propriété ordinaire du verre. Plusieurs Javes, et particulièrement celles à base du Xing- stein de Werner, lui ont donné également de la gelée, avec J'acide nitrique , lorsqu'elles n’admettoient pas beaucoup de fer ou de pétrosilex feldspathique. Il en cite 23 espèces. L'auteur en conclut que cette propriété est un nouveau caractère qui peut faire reconnoître les substances produites par la Voie iguée. Parmi les autres substances, il n’en a encore trouvé que quatre qui lui aient donné de la gelée dans les acides; savoir : 1°. La zéolite proprement dite, ou mesotype de Hauy. 2°. La mellilite de Delamétherie ; 5°. La pseudo-sommite de Delamétherie , ou pseudo-ne- pheline ; 4°. Le peridot. Toutes les z2éréorolites (x) qu’Îla essayées, savoir celle d’En- sisheim , cellé de Barbotan, celle d’Aigle , celle de Salles, près Villefranche en Beaujolais, lui ont également donné de la gelée avec les acides. L'auteur fait l'application de ces faits aux phénomènes vol- caniques , dans la seconde partie de son Mémoire. $ Ifr::Il examine d'abord la naÿure du verre, qui.est composé de silice, d’alkali et de quelques autres terres. Mais l'alkali est en partie volatilisé. (1) J'ai considéré ces pierres tombées de l’atmosphère , quelle que soit leur origine , comme un phénomène météorique , et, leur ai donné en conséquence le nom de météreéolire (Discours préliminaire de l’année dermre, page 95). Bellevue pour abréger le nom, les appelle mér£onrre, ET D'HISTOIRE NATURELLE 87 SIT. Bellevue après avoir rapporté tous ces faits sur l'action du feu, etc., en fait l'application aux différentes roches na- turelles, et leur trouve plusieurs rapports avec les produits: du fer. f : La propriété qu'ont les cristallites et les laves, de donner - de la gelée dans les acides, lui font conjecturer que toutes les substances qui donnent cette gelée dans les acides, sont le produit du feu. $_ III. Les météorolites donnent de la gelée. T1 lui paroît vrai- semblable qu'elles ont pu éprouver la fluidité ignée, et que de quelques régions qu’elles viennent, elles ont passé par cet état. $ IV. Les zéolites et les noyaux calcaires qui se trouvent dans les layes, sont en général attribués à la voie humide : on les croit les produits d'une infiltration aqueuse à travers les substances poreuses de la lave. L’auteur pense qu’elles peuvent étre le produit de la voie ignée; car sir J. Hall est parvenu, à, l’aide d’une forte compression, à fondre léispath calcaire à la méme: température que celle qui fond l'argent pur ;' savoir à 22° ou 25° du thermomètre de Wedgwood, tandis qu'il en: falloit 4o à 50° pour fondre la plupart des laves, par le procédé ordinaire. Or on conçoit que dans-les grandes masses de laves coulantes , il y a une or bien plus considérable. Ainsi ces: cristaux ont pu s'y former. . $ V. L'auteur en conclut en général que tous les cristaux qui’ se trouvent dans les laves, ont été formés par la voie ignée. 11 observe d'abord qu’on ne trouve jamais de quartz dans ces: laves. On avoit pris pour quartz des'cristaux de feldspath ; d'où il conclut, ou que les feux volcaniques n’ont jamais attaqué de roches contenant du quartz, ou que ce. quartz y a été cons- tamment fondu. Quant aux autres cristaux , tels que feldspath , hornblende, augite , leucite, péridôt ou olivines, micas,.:. qui se trouvent dans les laves, il les croit tous formés par la fusion ignée, dans la lave méme, tandis qu’elle étoit en fusion. Keir et Pajot Descharmes ont observé des cristaux régu- liers en prismes hexaèdres droits, dans les masses de verre dévitrifié. Mais, objecte-t-on, quelques-uns de ces cristaux, tels que les leucites, ne peuvent souvent fondre qu’au plus haut degré de feu, et les laves n'ont pas une température aussi élevée. Il répond par les expériences de Hall, qui a observé qu'à l'instant où les cristaux sont consolidés, ils ont dû perdre 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMYE la faculté de se fondre au même degré de feu qui tient les restes de la mässe à l'état de liquidité ; et il faut dès ce mo- ment une chaleur incomparablement plus forte pour obtenir leur-fusion. g,ItE 6 VI: 11 recherche ensuite comment ont été formées les laves poreuses, les jonces, les verres volcaniques ou obsidiennes. La porosit des laves est due au dégagement des fluides élas- tiques : voilà pourquoi on n'en trouve en général qu'à la sur- face des courans, parceque la compression empêche ce dé- “agemeñt dans les parties inférieures. L - Si la fusion a été parfaite, la Jave est vitreuse, et forme l'obsidienne. Cette obsidienne est compacte dans les parties inférieures, et poreuse dans les parties supérieures , ce qui forme la ponce. j Mais si ces masses se refroidissent lentément , elles se dévitrilient , et donnent, des laves , qui seront compactes dans leurs parties inférieures , et poreuses dans les par- ties supérieures. Ilme paroît donc, contre toute vraisemblance, ajoute l'auteur, que les ponces soient dues au gonflement de l'obsidienne , comme on se l'est imaginé. : | $ VIII. De ces faits, l'auteur conclut qu’on pourroit imiter parfaitement toutes les espèces delaves. Il ne s’agiroit que de faire des mélanges des principes que la chimie tire de ces di- verses laves : on les réduiroit en fusion, et on les laisseroit ensuite refroidir plus ou moins lentement, On ohtiendroit alors des laves absolument semblables à celles qu'on auroit voulu imiter. $ VIH. L'auteur examine ensuite quel peut être l'aliment des feux volcaniques, et à quelle profondeur ils se trouvent. Il pense avec Deluc, Dolomieu, qu'ils sont à une très grande profondeur. Dolomieu prétendoit que tous les volcans d'Au- veigne étoient au-dessons des granits. Or à cette profandeur, il ne peut y avoir ni houille ni soufre. Of ne peut donc suppo- ser que ces substances soient l'aliment du feu des volcans (1). Quant aux pyrites , il ne pense pas non plus qu'il puisse y en avoir des quantités suflisantes pour entretenir ces feux. Il ne croit point non plus que l’eau de la mer pénètre toujours dans les volcans , puisque plusieurs substances volcaniques ne contiennent que de la potasse et point de souae. + (1) Voyez ci-devant des faits qui prouvent que le Vésuve et Lipari con- tiennent de l’asphalte, et que les volcans du Pérou rejètent de l'argile mêlée le charbon. j Terminons ET P'HISTOIRE WATURELLE, 89 Terminons cet article, dit-il, en attendant de nouveaux faits sur la cause qui én'retient les feux souterr. in’, SIX. Ce paragraphe traite des laves comparées aux roches primitives , quant à leur formation. Ces deux espèces de pierres, suivant l’auteur, ont de grands rapports; et il ajoute, aucun exemple ne nous prouve que des dissolutions agtieuses forment maintenant des roches sérrblables aux roches primitives ; tandis que le feu nous en offre de très-analogues, et qui sont même identiques. Il seroit donc bien difficile de supposer que des roches qui ont tant de rapports, aient été formées par l'ac- tion de deux agens aussi différens que le feu et l'eau. SX. Les conclusions que l’auteur tire de tous ces faits, sont que, plus on exanune les roches primitives et les laves volca- niques, plus on acquiert de preuves qu'elles se sont toutes formées à des époques, et dans des circonstances différentes; mais aussi, plus on découvre de rapports essentiels qui pa- roissent indiquer gue la principale cause de la fluidité dont elles ont joui, a d& étre la méme. L'auteur termine son travail par des conjectures sur l’état primitif du globe, qu'il suppose, avec plusieurs célèbres géo- logues, avoir joui d'une fluidité ignée, et non point d'une fluidité aqueuse, ., Mais il n’a point recherché la cause de cette fluidité ignée. + Quant à l'aliment des feux volcaniques, il suppose que lors de la fusion ignée du globe, les substances métalliques fondues en ont gagné le centre ; postérieurement le globe s’est gercé par le refroidissement : les eaux de la surface ont pénétré par ces fentes, jusqu’à ce centre composé de substances mé talliques, et entraînent jusqu'au fond des abiîmes les substances qu'elles tiennent en dissolution. Là , les sels, les métaux, les substances combustibles précipités pêle-méêle , réagissent les uns sur les autres et sur les différentes terres. La plupart des métaux se fondent, et se réunissent à ceux qui s’y trouvoient déà, tandis que les autres substances sont repoussées à la surface sous forme d'intumescence, et déjections alternative- ment boueuses ou ignées, analogues peut-être à celles des volcans souterreins ou sousmarins de la plus haute antiquité. Nous avons rapporté ci-devant des faits qui paroissent prouver que le foyer des volcans qui vomissent des laves coulantes, ne peut pas ètre à plus de deux à trois mille toises de pro- fondeur. Tome LXII, JANVIER an 1806. M 90 JOURNAL DE PHYSIQUE , DE ÉMIMIE DE LA LIQUIDITÉ AQUEUSE DU GLOBE TERNESTR TE Tous les faits que nous venons de rapporter font voir cont- ment les laves coulantes peuvent passer à l’état des laves compactes ; mais ces laves compactes sont entièrement diffé= rentes quant au FACIES , à la‘ dureté, à la pesanteur... des vrais granits, des porphyres formés par une. dissolution aqueuse... La liquidité aqueuse du globe terrestre , telle qué je l'ai exposée dans ma Théorie de la Terre , est donc toujours l'opinion qui satisfait le mieux aux faits que nous connoissons jusqu'ici. Toutes les substances: des terreins primitifs ont um facies absolument différent de celui des substances qui ont éprouvé l’action des feux souterreins. Personne ne peut s'y tromper pour les granits , les porphyres à grands cristaux de feldspath:... aussi ma Théorie est-elle presque généralement admise jusqu'ici. : Quant aux terreins secondaires, on ne sauroit douter qu'ils n’ont pas éprouvé l'action du feu. Ils sont remplis de débris d'êtres organisés, tels qu’ossemens de toutes espèces, coquilles souvent très-délicates et parfaitement conservées , insectes, bois fossiles, feuilles:... Or toutes ces substances eussent été en= tièérement altérées par l’action d’un feu quelconque. Ces terreins ont donc été formés par une cristallisation aqueuse. On PE regarder cette formation comme. prouvée par tous les faits. Or on trouve dans ces terreins non-seu- lement du calcaire , des gypses, des schistes, des mines de soufre, des filons métalliques ,... mais beaucoup de pierres siliceuses , telles que les silex proprement dits, les calcédoines, les pierres meulières, des agathes , des jaspes, des pechsteins, des xilopales,... mais encore quelquefois du quartz pur cristallisé. À Neuilly, auprès de Paris, il ÿ a du quartz cristallisé avec du spath calcaire... Ainsi ces pierres siliceuses ne différent de celles des terreins primitifs que par leur mode de composition... Parconséquent, puisqu'on est obligé de convenir que ces pierres quartzeuses des terreins secondaires ont été formées par une dissolution aqueuse, pourquoi n’admettroit-on pas la méme formation pour celles des terreins primitifs ? les difficultés sont les mêmes. Je ne nie pas que dans la première réunion des élémens EX Dr tSTOLRE NATÉORELÉE gx donx le globe est formé, la chaleur n'ait pas été assez consi- dérable pour tenir à l’état gazeux le soufre, le phosphore, Varsenic, et peut-être toutes les substances métalliques, qui auront ensuite cristallisé en se combinant. Mais les terres dont sont composées les pierres, n’ont pu être ainsi réduites à l'état azeux; elles ont seulement été tenues en. dissolution, par Podu. qui avoit un grand degré de chaleur, et elles ont cristallisé suivant les lois des aflinités. Mon opinion sur la formation première des montagnes par cristallisation , paroit également la plus conforme aux faits. D’autres montagnes ont été formées postérieurement par l'ac- tion des feux souterreins , et des tremblemens de terre qui ont soulevé quelques terreins, en ont fait affaisser d’autres. Les courans des mers et des eaux pluviales ont encore raviné des terreins , creusé des vallées. et parconséquent formé quelques monticules, Mais ce ne sont que des causes partielles et locales. . Coupé suppose, d'aprés les anciens , que l'axe du globe a pu changer, que la portion de l’ancien équateur se trouvant trop élevée, s’est enfoncée pour reprendre son équilibre, tandis que les portions qui ont formé le nouvel équateur ont été obligées de se soulever... Ces mouyemens ont été la cause première des montagnes. Je réponds à ces suppositions , que, 1°. Les astronomes ne connoissent aucune cause qui ait pu changer ainsi l'axe du globe. 2°. Cette hypothése suppose que la masse intérieure du globe avoit assez de liquidité pour s’enfoncer sous l'ancien équateur, et s'élever sous le nouveau. Or cette supposition paroît contraire aux faits. Plus nous creusons dans l’intérieur da globe, plus’ sa solidité paroit considérable, et cela est conforme à la théorie. , , 3°. Quant aux .cataclysmes rapportés par les anciens, qui disent que le globe terrestre a été soumis successivement à des déluges universels, et à des conflagrations générales, par l’action des astres. j'ai fait voir dans ma T'Aéorte de la Terre, que les anciens philosophes ont donné trop d'extension à des phénomènes locaux, qu'il n'ya eu que des déluges particuliers, et des ‘incendies très-bornés, c’est-à-dire des éruptions vol- caniques plus ou moins considérables ; et qu'enfin il'est contraire à toutes les notions astronomiques que la’ position des astres ait pu produire l'incendie du globe, ou son inondation. M 2 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIn DU DÉPLACEMENT DE L’AXE DE ROTATION DU GLOBE TERRESTRE. Nous venons de voir que plusieurs savans, pour expliquer divers phénomènes géologiques, supposent que /'axé de ro- tation du globe change continuellement , ce qui occasionne un déplacement des eaux des mers, et leur fait couvrir et découvrir alternativement différentes parties de la surface du globe. | Mais cette hypothèse est contraire aux faits connus. La géologie ne peut faire de progrès qu’en empruntant des secours de toutes les autres sciences ; elle doit avoir recours à l'as- tronomie pour la décider dans la question présente ; et c’est ici le triomphe de l'astronome , du géomètre, qui, par ses observations et par ses calculs, démontre que l'axe terrestre ne se déplace point. « Si la terre tournoit successivement autour de divers dia- mètres, formant entreux des angles considérables, l'équateur et les pôles changeroïent de place, et les mers en se portant vers Le nouvel équateur , couvriroient et découvriroient alterna- tivement de hautes montagnes. Mais toutes les recherches que j'ai faites sur le déplacement des pôles de rotation, à la sur- face de la terre, m'ont prouvé qu'il est insensible ». Exposition du Système du Monde, par Laplace, éd. in-4° , page 277; et édition in-r2, tome II, page 180. Il dit, dans la même page, « Tout nous autorise à regarder la durée du jour comme l’un des élémens les plus constans- du système du monde ». La géologie ne doit point s'écarter de ces données. DE L'HYPOTHÈSE D'UNE CATASTROPHE UNIVERSELLE QUI AUROIT BOULE VERSÉ TOUTE LA SURFACE DU GLOBE TERRESTRE , ET AUROIT DÉTRUIT TOUS LES ÊTRES ORGANISÉS QUI Y SUBSIS= TOIENT ALORS: Cette hypothèse se reproduit toujours avec des faits. Les débris fossiles, dit-on, des étres organisés, qu'on trouve dans les nouvelles couches du globe, sont différens de ceux des étres organisés existans aujourd'hui. 1 y a dont eu une cause générale qui a détruit tous les êtres qui existoient à l'époque de la formation de ces couches. Cette cause, ne peus : ŒT D'HISTOIRE NATURELLE. 93 être qu'une grândé catastrophe qui a bouleversé toute la croûte du globe... Cette surface s’est consolidée postérieurement, et tous les êtres organisés existans aujourd’hui, sont de nouvelle formation. Les faits qué nous avons rapportés sur les fossiles, détruisent la base de cette opinion. Nous avons prouvé que, 1°. Ilya un peut nombre de fossiles absolument semblables aux êtres organisés existans. Parconséquent on ne sauroit dire que ceux-ci ont été détruits. 2°. Un assez grand nombre d’autres fossiles diffère très-peu des êtres organisés exislans : ces différences sont si légères, qu'on en trouve dé plus considérables parmi les êtres existans de la même espèce. Le climat, le sol, la température , la nour- riture,... produisent, sur les êtres organisés , des modifica- tions considérables , comme je lui fais voir dans mes Consi- dérations sur les étres organisés. Quelle différence n’observe-t-on pas entre un cheval arabe, un cheval corse, et un cheval da- nois! Il n’y a nulle ressemblance entre un petit chien bichon, un grand levrier et un boul-dogue anglois. Si on n'avoit que les têtes de ces trois variétés de chien, pourroit-on dire que le nez alongé du levrier appartient à la même espèce que le nez épaté du: boul-dogue ?... Les mêmes différences s’observent chez les végétaux , à rai- son du sol, du climat, de la température... 39, Il y a des fossiles qui n'ont que des ressemblances très- éloignées avec les êtres existans: Mais on ne connoît pas en- core tous les êtres organisés qui existent dans les divers cli= mats. On ne connoît que depuis peu d’années les animaux singuliers de la Nouvelle-Hollande , les kanguros, les orni- thoningues.…. Enfin les croisemens des races auront pu produire d'assez grands changemens dans les espèces. Hunter pense que le loup, le renard, le chacal et le chien ne sont qu'une seule espèce. Il y a cependant d'assez grandes différences dans toutes ces variétés, ARE 4°: On ne peut guërés douter al n’y ait plusieurs espèces détruites , surtout parmi les grands animaux. Leur reproduc- tion est plus bornée ;. elles ont de la difficulté à fouruir à leurs besoins ;... enfin, depuis que l'homme est réuni en sociétés nombreuses, il leur fait mue guerre terrible ; il détruit les, grandes espèces :qui lui nuisent. Le lion étoit très-commun en Grèce ; et y: faisoit beaucoup de ravages, tel qüé! le lion 0" JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de Némée, tué par Hercule ;... ‘et aujourd'hui il n’y ena plus dans ces contrées. Il n'existe plus que quelques individus de la girafle ; les rhinocéros sont: assez rares. ..\ x 5°. Ces destructions auront été plus sensibles parmi les ani- maux qui vivent dans les eaux. Chaque lac, chaque mer Mé- diterranée, chaque côte du grand Océan, a ses poissons, ses coquillages... Or la diminution des eaux à la surface du globe, a fait dessécher un grand nombre de mers Méditerranées , de golfes de baies de l’océan. Tous les animaux qui y subsis- toient auront donc été détruits, eb ces espèces 6e seront perdues. 6°. 11 peut se produire journellement quelques nouvelles es- pèces, par les mêmes causes qui en ont produit dans le prin- cipe. Les médecins. observateurs rencontrent souvent de nouvelles espèces d'insectes chez l’homme et les autres ani- maux. : 7°. Si on supposoit que toutes les espèces existantes à l’é- poque de cette prétendue catastrophe furent détruites , il seroit bien étonnant que les espèces reproduites eussent un si grand nombre de ressemblances avec celles qui furent détruites. , Tous ces faits font voir au physicien impartial qu'il n’est point prouvé qu'à une époque quelconque tous les êtres or- ganisés existans à la surface du globe aient été détruits. 8°. Enfin les astronomes et les physiciens ne connoissent aucune cause qui eût pu produire la catastrophe générale dont on parle. Qu'est-ce qui eût été capable de bouleverser toute la surface du globe? Les volcans, les tremblemens de terre:, des inondations ‘particulières ,... et d’autres causes locales :y ont produit des, dégâts partiels dont on retrouve partout des traces. Mais rien ne prouve un bouleversement général, ainsi: que je lai prouvé ( Théorie de la Terre, tome V, pag. ). 9°. Il n'auroit pu être produit que par une comète qui se se- rôit assez approchée du globe terrestre. Or ceciest contre toutes les probabilités... “11 faut donc regarder l’hypothèse d'une catastrophe qui eût: bouleversé toute la croûle du globe, comme dénuée de preuves suflisantes. | : DES CAUSES DE LA DIMINUTION DES EAUX DES MERS. Poiret attribue cette diminution, 1%:à la combinaison de l'eau dans les végétaux et les animaux; 2°. à la décomposition de l’eau par ces mêmes yégétaux et animaux ; 59: à l'eau de CET D'HISTOIRE NATURELÉE, 05 cristallisation qui entre dans toutes les pierres de seconde for- malion. ? ; - J'ai fait voir dans ma Théorie de la Terre, que ces causes étoient insuflisantes. Patrin à combattu ce système, et a rap- pelé à cette occasion ce qu'il avoit dit dans des écrits anté- rieurs , où il attribue la décomposition des eaux de la mer à l'action organique du globe terrestre ; laquelle au moyen de l'assimilation minérale, a converti les élémens de l’eau, combinés avec d’autres fluides, en mâtières terreuses, qui ont formé successivement les diverses couches secondaires du globe; de même que dans les végétaux, ces mêmes fluides sont con- vertis en couches ligneuses, Cette même action organique du globe a produit ensuite les wo/cans , qui sont alimentés par les eaux de la mer, et qui continuent à en opérer la décom- position. RQRTTRE Patrin s’est en même temps occupé d’un fait géologique qui depuis long-temps attire l'attention des observateurs. On sait qüe la vaste mer du Sud est parsemée d'un grand nombre dfles basses et presque noyées, qui sont remarquables sur- tout par leur forme; elles sont en général d’une, figure à-peu- près circulaire, ét lon voit dans leur centre un grand lac d'eau de mer. Elles sont couvertes de productions marines, et bordées d'un récif de rochers de corail. On a cru jusqu'ici qu'elles avoient été entièrement formées. par des polypes ét autres vers marins. Patrin au contraire pense que ces iles ne sont autre chose que des, vo/cans, éteints; de même que la plupart des autres îles de cet océan, dont elles ne différent qu’en ce que leur cratère se trouve au niveau de la surface des eaux; et les productions marines qu'on y voit, ne sont qu'uné simple enveloppe du noyau volcanique. Il a développé dans ce Journal les raisons sur lesquelles il fonde cette opi« nion. ( Cahier de Germinal an 13 ). DE L'ORGANISATION ET DE L ANIMALITÉ DU GLOBE TERRESTRE, Patrin pense que le globe terrestre à une action organique; ét que son organisation n'est ni celle d'un animal, ni celle d'un végétal; mais c'est celle d’un monde. Desaudrais a reproduit l'opinion des anciens, qui pensoient que tous les grands globes , les soleils , les planètes et la terre étoient des espèces particulières d'animaux. Ils regardoient également le globe terrestre comme un grand 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE animal, Cette opinion a été admise par toute la savante anti quité. Je l'avois également adoptée dans mes principes de la philosophie naturelle; elle l'est encore par quelques savans dis- tingués; néanmoins elle est rejetée aujourd'hui presque géné ralement, | Paper Dans les p'us grandes profondeurs où on ait pu pénétrer dans l’intérieur de la terre, on n’a trouvé que des pierres , des substances métalliques... d'où ona conclu par analogie, que tout l’intérieur du globe, est composé à-peu-près des mêmes substances. Tous ces faits ne permettent plus de pouvoir soutenir l'opi- nion de l'anémalité du globe terrestre ; aussi est-elle presque généralement abandonnée. DE LA PHYSIQUE. Les différentes branches de la physique se sont enrichies de plusieurs faits intéressans dont nous allons, exposer . quels güés-uns. | th , Des points de théorie ont aussi été perfectionnés, DÉ LA MESURE DES HAUTEURS LU BAROMÈTRE, On sait que pour mesurer les hauteurs à l'aide du baromätre, il faut deux observateurs : l’un porte un baromètre au lieu dont. on veut connoître l'élévation, et l’autre fait des observations correspondantes, dans un Beu dont la hauteur au-dessus du niveau de la surface de la mer est connue. On corrige en- suite l'élévation du mércure dans les baromètres , par des ther- momiètres correspôndans, qui iidiquent les effets que la tem= pérature a pu produire sur le mercure, Les physiciens ont imaginé différentes formules pour calcue ler la hauteur desirée , d'après la différence de la longueur de. la colonne du mercure trouvee parles deux observateurs. Deluc avoit donné une de ces formules, laquelle, avec quelques cor- rections faites par Trembley, paroissoit réunir le plus d'avan- tages. Laplace en a imaginé un autre qui a encore plus de pré- cision. Ramond en a fait l'application à la mesure du pic da midi du Bigorre, dont la hauteur connue est de 2435 mètres (2506 toises ). L'observation lui à fait voir que cette formule de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 97 de Laplace méritoit la préférence, avec une petite correction qui consiste à en augmenter les coefliciens d'un peu moins d’un : quarante-deuxième. DE LA THÉORIE DES TUBES CAPILLAIRES. Laplace a examiné de nouveau ces points dificiles de la théorie. Clairaut, ditil, a soumis le premier à une analyse exacte et rigoureuse , les phénomènes des tubes capillaires. Mais sa théorie laisse à desirer l'explication complète du prin- cipal de ces phénomènes, qui consiste en ce que l'élévation du fluide au-dessus de son niveau, dans les tubes: de méme matière , est en raison inverse de leurs diamètres. De nouvelles recherches ont fait voir à Laplace que toutes les lois dans lesquelles l'attraction cesse d’être sensible à une distance sensible, donnent l'élévation du fluide en raison inverse du diamèêtre des tubes. Clairaut supposoit que l'action du tube capillaire est sensible sur la colonne infiniment étroite du fluide, qui passe par l’axe du tube. lace au contraire pense avec Hauxbée, et beaucoup d’autres physiciens, que l'action capillaire, comme la force réfractive, et toutes les affinités chimiques, n'est sensible qu'à des distances imper- ceptibles. Hauxbée a observé que l’eau s'élevoit à la méme hauteur dans des tubes capillaires du verre de même diamètre, qu'ils fussent minces ou trés-épais. Si on enduit d’une couche grasse l’intérieur d'un tube capillaire , on fait disparoître sensiblement l'effet capillaire : lorsqu'on fait bouillir long- temps le mercure dans un tube capillaire de verre, on par- vient à élever ce fluide au niveau, et méme au-dessus : c'est que l’ébullition fait disparoître une couche aqueuse qui adhère à l’intérieur du verre. Si on introduit une goutte d’eau dans le tube , le mercure retombe à l'ordinaire. Il détermine ensuite par le calcul les lois de l'action ca- pillaire dans les différentes circonstances. DES MESURES GÉODÉSIQUES. Puissant a fait sur les mesures géodésiques un beau travail que nous ferons connoitre plus particulièrement. « Tome LXII. JANVIER an 1806. N 98 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SUR LE MASCARET DE LA DorboGnve. Les eaux de quelques rivières éprouvent à certaines époques des mouvemens particuliers très-extraordinaires, et qui por- tent différens noms. La Condamine dit que les eaux de l'Ama- zone éprouvent de ces mouvemens qu'on appelle pororoca. : Les eaux du Mississipi et de quelques autres rivières de la baie . d'Hudson, sont sujettes aux mêmes mouvemens , qui y sont appelés rats d'eau. N'ayant pas des renseignemens suflisans -sur ces phénomènes, je n’en parlai point dans mes leçons au collége de France ; mais un de mes élèves, Lagrave- .Sorbie, qui demeure sur les bords de la Dordogne, me dit que les eaux de cette rivière étoient sujettes à de pareils .mMmouvemens, qui y portoient le nom de mascaret. Je le priaï de prendre des renseignemens à cet égard, et de me les Communiquer. Voici ce qu'il m'a marqué : « Le mascaret se fait sentir tous les jours deux fois sur la Dordogne, lorsque les eaux sont basses, l'hiver comme l'été. Ce mascaret est une masse d’eau grosse comme une tonne, quelquefois conllfune petite maison, qui s'élève au gros de la marée. Cette masse, ou promontoire, se meut avec telle rapidité qu'il parcourt huit à dix lieues en peu d'instans, et qu'un cheval au galop ne pourroit aller aussi vite. Il fait un bruit épouvantable, brise et renverse tout ce qui est sur son passage. Il arrache même les pierres des glacis établis sur les rives du fleuve....» . Il paroît d’après les observations de l’auteur , que la cause générale de ce phénomène dépend du flux et reflux des eaux de la mer, qui se fait sentir dans ces rivières jusqu'aux lieux où on observe ces mouvemens. Maïs les causes particulières qui déterminent ces mouve- mens dans les eaux de ces rivières (par exemple dans Ja Dordogne.et non dans la Garonne ), sont leur peu de profondeur, puisque le mascaret ne se fait sentir dans la Dordogne que lorsque les eaux eh sont basses. DE 'LX CHALEUR Rumford a fait de nouvelles expériences sur la chaleur solaire. Daris tous les cas, dit-il, où les rayons du soleil frappent la surface d’un corps opaque sans être réfléchis, il y a générgtion de chaleur, et la température du corps sa ET, D'HISTOIRE NATURELLE. 99 trouve augmentée. Mais la quantité de chaleur ainsi excitée est-elle toujours comme la quantité de la lumière qui a dis- paru? dl a fait différentes expériences pour décider la question. . 1}, a fait faire deux loupes parfaitement égales et deux boîtes de laiton, pesant chacune près de douze onces ou 6850 grains, et contenant deux onces soixante-six grains d’eau. Chacun des côtés des boîtes étoit bien poli, excepté un seul qui étoit noirci à la flamme d'une bougie. Estimant la capacité, pour la chaleur du cuivre jaune, à celle de l'eau, comme o,11 à 1, et la boîte pesant 6850 grains, sal capacité est égale à celle de 622 grains d'eau, et ajoutant celle de l’eau contenue dans la boite; on aura la capacité to- tale de la, boite et de l’eau , qui y est contenue, égale à celle de 1952 grains d’eau. L'auteur fixe ses deux boîtes et fait tomber sur le côté noirci de chacune d'elles, les rayons de chacune de deux Joupes placées à différentes distances. Il a observé que les rayons dela loupe la plus proche, quoique donnant une très- forte chaleur sur une petite surface, ne produisoit pas plus de chaleur sur l'eau de la boite que les rayons de la loupe éloignée , qui ne produisoit qu'une petite chaleur sur une large surface. On peut donc conclure de toutes cès expériences, ajoute- til, que la quantité de chaleur excitée ou communiquée par les rayons solaires, esttoujours, et dans toutes les circonstances, comme Ja quantité de lumière qui disparoit. DES PROPORTIONS DES PRINCIPES COMPOSANT L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. Humboldt et Gay-Lussac ont fait de nouvelles recherches sur cet objet. Mais pour arriver à connoître les différens principes qui composent l'air atmosphérique, ils ont commencé par s'assurer de l'exactitude des divers movens ‘eudiométri- ques que la physique emploie. Les sulfures alkalins ont servi d’eudiomètre à plusieurs physiciens. On avoit cru que ces sulfures n'absorboient que l'oxigène, et n’absorboient pas l’azote : mais on s’étoit trompé, car ces sulfures lorsqu'ils sont chauds absorbent une portion d'azote. Les auteurs ont pris deux flacons inégaux en capacité, dans lesquels ils ont mis des quantités égales de sulfures chauds. Au bout de dix jours l'absorption dans le petit flacon N 2 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ n’avoit été que de 22,5 parties , tandis qu'elle avoit éié de 30,6 dans le grand. k Ils ont ensuite exposé de l'azote pur sur du sulfure aïlkalin, chauffé jusqu'a l’ébullition. Il y a eu une portion assez con- sidérable d'azote absorbée. j Mais lorsqu'on emploie une dissolution de sulfure faite 4? Froid, comme l'a toujours pratiquée Berthollet, la dissolu- tion de l'azote n'a plus lieu, aumoins d’une maniéré sensible. Les auteurs ont néanmoins donné la préférence à l'eudio- mètre de Volta, qui, comme l'on sait, consiste à faire dé- toner de l'hydrogène avec de l'air atmosphérique , par le moyen de l’étincelle électrique. Leurs nombreuses expériences leur ont prouvé que c’étoit le meillèur moÿen dé connoître la proportion d’oxigène contenue dans l'air atmosphérique Mais ils ônt observé des phénomènes difficiles à expliquer. 100 parties d'hydrogène mélées avec 200 d'oxigène et en- flammées par l’étincelle électrique, l'absorption a été de 146. La même quantité a eu heu si on méle les 100 parties d'hydrogène avec 300 parties d'oxigène, où 400, ou 600, ou 900. 100 parties d'hydrogène et 100 d'oxigëne ;, l’absorption à été 955. Et 100 parties d'hydrogène et 1600 d’oxigène n’ont pu dé- toner. Les autres gaz présentent les mêmes diflérences. Cependant d'autres expériences ont prouvé aux auteurs que 100 parties d’oxigène exigent pour se saturer 200 d'hydrogène; d'éù: ils ont conclu que dans les expériences ‘précédentes l'hydrogène n’avoit pas été tout brülé, ce qui a donné ces pro- duits qui, au premier coup-d'œ@il, pouvoient paroître sur prenans. Hs ont ensuite examiné si la combustion de l'hydrogène et de l'oxigène donnoit constamment de l'eau pure, ou sil s'y 1rouvoit quelque acide. Ils ont reconnu que l'eau obtenue étoit pure. Ils ont fait un grarid nombre d'expériences pour déterminer les quantités respectives d’oxigène et d'hydrogène, contenues dans cette eau. Le résultat de leurs expériences leur a prouvé que 100 parties en volume de gaz oxigène, exigent, à très- eu près, 200 parties de gaz hydrogène pour se saturer. D’après ee de Fourcroy et de Seguin, 100 parties du premier en demanderoient 205 du second. 21 ET D'HISTOIRE NATUNRELLÉ. rot Ïfs ont ensuite cherché quelles étoient les proportions de ces deux gaz dans l'eau. D'après l'expérience de Fourcroy, Vauquelin et Seguin, la plus exacte qu'on ait faite jusqu à ce jour sur cet objet, l'eau contient en poids 85.662 d'oxigène, et 14.338 d'hydrogène. Mais l'expérience ayant été faite à la température de 14°, et la correction due à l'eau tenue en dissolution ‘par le gaz, n'ayant pas étéefaite:, iken résulte-au’en admetlant avec Saussure, qu’un pied cube d'air, à la tempéra- ture de 14 contient à très-peu“près 10 grains d’eau en dissolu- tion , le rapport pondéral de l’oxigène, à l'hydrogène, au lieu d’être de 85.662, :à 14.358, seroit de 87.41 à 12.59. Après avoir prouvé que l'eudiomètre de Volta donnoit des résultats exacts, ils ont cherché par son moyen, à connoitre les quantités d’oxigène contenu dans l'air atmosphérique. Toutes leurs expériences leur ont prouvé que cet air contenoit o,2r d'oxigène. - Ils n'ont point trouvé de quantité sensible d’hydrogèrie dans cet air atmosphérique ; et s'il y'en a, disent-ils ; la quantité ne peut aller à 0005; car il paroît. que l'hydrogène qui se dégage continuellement de différens corps, doit cependant se retrouver ; mais il y est peut-être moins d’un millième, . L’acide carbonique doit aussi se trouver dans l'atmosphère ; cependant les auteurs n’ont pu en découvrir; ce qui prouve qu'il en est en très-petite quantité« DE LA NATURE DE L'AIR DES LIEUX Où PLUSIEURS PERSONNES SONT: RÉUNIES, Ils ont aussi reconnu que la pureté de l'air atmosphérique varie peu: Ils ont pris dans la salle du Théâtre-Francois, au moment où elle étoit pleine , de l'air dans le parterre et au hauë de la salle. Ces airs ont à peine troublé l’eau de chaux. L'air atmosphérique donnant oxigène. . . . 0,210 Celui du haut de la salle a donné oxigène. : . 0,202 Celui du parterre a donné oxigène. . . . . . 0,204 Següin a aussi analysé l'air des salles d’hôpitaux , qu'il avoit fait tenir exactement fermées pendant douze heures. Cet air avoit une odeur infecte, insupportable, et cependant il l'a trouvé à-peu-près aussi pur que l'air atmosphérique. Fontana avoit déja eu les mêmes résultats à l’'Hôtel-Dieu de Paris. 102: JOURNÂLDE PHYSIQUE DE CHIMIE On doit conclure de ces expériences que les anxiétés qu'ôn éprouve dans un lieu fermé où il y a beaucoup de personnes réunies, ne proviennent point du défaut d’oxigène. Il paroît que ces eflets sont plutôt dûs à des émanations particulières , telles sont les émanations pestilentielles, DE LA NATURE DE L'AIR RETIRÉ DE L'EAU, L’eau contient del'air, comme l’air contient de l’eau. Humboldt et Gay-Liussac ont éxaminé l’air retiré de l’eau. [Ils ont re- connu qu'il contient plus d'oxigène que V’air atmosphérique ; mais cette quantité varie suivant l'instant où ‘on saisit cet air. L'air dégagé de l’eau dès l'instant qu’on la chauffe, Contient, oxigène , 4, . » :., 0,23.79 Dans le second moment. , . . . 0,27.4 Dans le troisième moment... . ,:,. o.30.2 Enfin, au moment de l’ébullition, .-,:0.32.5 L'air retiré de la neige contient jusqu'à 34° d'oxigène, / 17 ; DE LA QUANTITÉ D'UN GAZ ABSORBÉ PAR L'EAU. Senebier, Ingenhouz, Berger et moi, avions prouvé par plusieurs expériences , que Peau absorboit les diflérens gaz qui changeoïent de nature. Les auteurs ont répété nos expériences. Voici leurs résultats : € fr 1U1 109 parties de gaz oxigène , exposées sur de l’eau de la Seine, ont diminué de 40 parties. Les 6o restantes examinées à l’eu- diomètre , contenoïent 37 parties d’azote. Ainsi il y avoit une erte de 77 d'oxigène, et 57 d’azote s'étoient dégagées de eau , disent-ils. 100 parties d'hydrogène, exposées sur l'eau , ont perdu 5 par- ties. L’inégalité des résultats qu’ils ont obtenus, lesempèche de prononcer sur les changemens que le gaz a subi pendant ce contact. 100 parties d'azote , exposées de même sur l’eau, sont di- minuées dé trois centièmes. Le résidu contenoit 11 parties d’oxigène déplacées , disent-ils, par 14 parties d'azote. 200 parties d'hydrogène, et 40o parties d'oxigène mélangées êt expostes sur l’eau de la Seine pendant 10 jours, il y a également diminution de 58 parties; mais le résidu contient 142 d'hydrogène, 174 d'oxigène , et 246 d'azote. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 103 On: voit que toutes ces expériences sont parfaitement con- formes aux miennes, Mais les auteurs tirent des conséquences différentes des miennes. Je disois : L'oxigène sur l’eau, s'altère : une partie se converlit en azote. L'hydrogène sur l’eau, s’altère : une partie se convertit en azote. L'azote, sur l'eau, s'améliore : une partie se convertit en oxigène. ; Nos auteurs disent au contraire : L'oxigène , exposé sur l’eau , s'y dissout et en chasse l'a- zote, qui monte dans la cloche, L'hydrogène, exposé sur l’eau , s’y dissout et en chasse les autres gaz, qui montent dans la cloche. L'’azote, exposé sur l’eau, s'y dissout et en chasse l’oxigène ; qui monte dans la cloche. Il me semble que pour le physicien impartial , mon opinion est plus vraisemblable que celle des auteurs. Mais cette ques- tion tient à une autre, qui est de savoir, s7 lous ces gaz sont des substances élémentaires indécomposables , ainsi que toutes les autres substances élémentaires que la chimie moderne admet. Les auteurs ont terminé leur travail par un tableau présen- tant l’analyse de l'air atmosphérique pendant trente-six jours ; depuis le 26 brumaire jusqu’au 2 nivose, la température a varié, depuis 12° , thermomètre centigrade ; jusqu'à — 4.1. Il y a eu dans cel intervalle des vents , de la pluie, de la neïgé.... La quantité d’oxigène a toujours été de 0.21. Elle a étélune fais à/0,21.2: et une autre à:0.20.g. D'après tous ces faits, on peut conclure que l'air atmos- phérique contient ) Onigènel: mp2 0% #09 509 @jado Anotei ni él 06e à 20 14 41 17 11OU#8% Hydrogène nl 5,514: Liu Te 55 oc005 Acide carbonique. .: . . +. . o.ov4. DE ÉA PRODUOTION DE L'EAU EN ENFLAMMANT L'HYDROGÉNE ET L'OXIGÈNE PAR LA COMPRESSION. ! Ilest constaté aujourd'hui qu’en comprimant rapidement de “Y'air avec ‘un piston, il se dégage une vraie flamme qu'on “apperçoit lorsqu'on emploie un tube deverré , et qui est capable d'enflammer de l’amadoue, et d'autres corps combustibles. 0 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Biot a enfermé, dans un cylindre semblable, de l'hydrogène et de l'oxigène, En abaissant rapidement le piston pour com- primer les gaz, ils se sont enflammés et ont produit une violente détonation. Or on sait que la combustion de ces gaz donne toujours de l'eau. DE LA MÉTÉOROLOGIE. Bouvard continue à rédiger les Observations météorologiques, qu'il fait journellement à l'Observatoire de Paris, et qu'il consigne dans ce Journal. C'est un dépôt précieux pour la science: DE LA PÉRIODE LUNAIRE DE DIX-NEUF ANS. Grandjean de Fouchy ayant comparé, dit Cotte , les di- verses observations météorologiques , avoit cru appercevoir que le cycle lunaire de dix-neuf ans amenoit à-peu-près les mêmes températures aux années correspondantes ; mais les observations n’étoient pas encore assez multipliées de son temps. ! Cotte a donc repris ce travail, et l'observation lui a con- firmé l'apperçu de Grandjean de Fouchy. « Encouragé par ces succès, dit-il, j'ai fait de nouveles recherches pour dé- terminer la température probable de chaque mois dans les an- nées correspondantes des périodes lunaires de dix-neuf ans, pendant le dix-neuvième siècle, en prenant pour base:les ob- servations faites pendant les trois dernières périodes de dix neuf ans du dix-huitième siècle ». | . Il a choisi ces trois périodes parcequ'elles lui ont fourni des observations sur l’exactitude desquelles il pouvoit compter, savoir , celle de Duhamel faite à Denainwilliers depuis 1747 jusqu’en 1765, et les siennes propres depuis cette époque. Il a dressé des tables pour chaque année et pour chaque mois de chacune de ces ‘trois’ époques , et il en a calculé les ré- sultats généraux. Il a ensuite appliqué ces résultats généraux à chaque année et à chaque mois des cinq périodes lunaires, correspondantes du dix-neuvième siècle, c’est-à-dire depuis 1804 à 1898. Par- conséquent ET D'HISTOIRE NATURELLE. 105 conséquent si on veut savoir la température probable d'une année, par exemple de la présente 1806, on verra que Janvier sera froid et humide. Février doux et humide. 7 Mars doux et sec. Avril froid et humide, Mai froid et assez sec. Juin froid et humide. Juillet froid et humide. Août variable, Septembre variable et sec. Octobre doux et humide. Novembre froid et humide. Décembre doux et humide. Et en général l’année doit étre froide et humide. Mais il ne présente toutes ces données que comme des probabilités, : DES MÉTÉOROLITES. L'existence des météorolites, ou pierres tombées de l’at- mosphère, n’est plus douteuse. On en possédoit plusieurs dont on ne connoissoit pas l’origine. Roissy a trouvé dans la col- lection de Trudaine une de ces pierres qui ressemble parfaite- ment à celles que nous possédons. Proust a donné l'histoire de météorolites tombées en Espagne auprès de Sigena le 17 novembre 1773. Le ciel ‘étant parfaitement calme, on entendit, surle midi, comme un bruit d'artillerie, qui se répéta jusqu’à trois fois de suite, et qui fut suivi de la chute d’une pierre de 9 livres 1 once; elle étoit brülante.... En 1458 le roi Don Juan et sa cour étoient à chasser du côté de Roa, dans les environs de Burgos. Le soleil se cacha sous des nuages, et l’on vit bientôt descendre de l'air une grêle de pierres qui couvrirent un champ entier. Le capitaine des gardes s'ÿ transporta, et en rapporta quelques-unes de ces pierres qui étoient très-légères, friables, etc. Ainsi elles différoient de nos météorolites. Proust a donné la description du météorolite de Sigena. Tome LXII. JANVIER an 1806. O toG JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il ressemble entièrement à ceux tombés à Aigle et ailleute: Par l'analyse il en a retiré, Sulfure de: fer au minimum. 12 Oxde deiferinoir, 170 5 SUOMI MT OISE Se 2 Vr 66 Magnésie ste Mrs ae Ne 20 * Chaux et mangan. des atômes. ' a — Une portion de fer attirable 103 à l'aimant qui paroissoit cristallisé en octaëdre, 11 donne ensuite ses conjectures sur l'origine de ces sub= stances, qu'il ne croit pas venir de la lune, ni avoir été for- mées dans l'atmosphère. Leur ressemblance avec nos miné- raux sont une preuve, ajoute-t-il, qu'elles ont appartenu à la masse du globe. Il pense qu'elles peuvent venir des ré- gions polaires, d'où elles auront été lancées par une force dont nous ne connoissons pas la cause. « Le lieu, où le système, dit-il, dont elles ont été déta- chées , ne peut avoir pour température habituelle, ni cette ‘chaleur qui en a fondu la surface, ni les alternatives de sécheresse et d'humidité qui règnent sur les régions tempérées du globe; et bien loin d'avoir pu se produire peu d'instans avant leur chute, il est infiniment plus conforme aux prin- cipes de la philosophie qu'elles sont aussi anciennes que les autres minéraux qui composent le globe ». DU MAGNÉTFTISM É: Coulomb continue ses belles expériences sur le magnétisme, 11 a examiné l'influence: de la température sur le magnétisme des lames d'acier. Il avoit prouvé précédemment que la force qui dirige une lame dans son méridien magnétique , est pro- portionnelle au carré des temps que dure un nombre donné d'oscillations. Ainsi en faisant osciller une lame après l'avoir aimantée à saturation après qu'elle a été trempée dans l’eau successivement jusqu'à 80 degrés, l’on détermine par les os- cillations l’altération qu’éprouve la force directrice jusqu'à 8o de température, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 107 Voici un précis de ses expériences : 1°. Un barreau recuit, cerise clair , élevé à 211° de tempé- rature, a perdu + de sa force magnétique, É 2°, À 340° il a perdu #. 3°. A 610° il a perdu =;. ‘4%.-A 6200 sa force magnétique étoit presque nulle. 5°. Le barreau a repris sou magnétisme lorsqu'il a été chauflé assez pour acquérir de la trempe en le plongeant dans Veau. Ainsi chauffé à 550° et plongé dans l'eau à 12°, sa force magnétique a été augmentée de =. 6°. À 956° de trempe, la force magnétique du barreau aimanté à saturation est double de celle du barreau recuit cerise , er refroidi lentement, également aimanté à saturation. DU MAGNÉTISME DE LA PYRITE MAGNÉTIQUE. Les pyrites ordinaires n’exercent aucune action sur l'aiguille aimantée; mais celle qui est connue sous le nom de magné- tique, et dont nous avons rapporté ci-devant l'analyse faite par Hachett, a une action assez puissante sur l'aiguille arnantée. On avoit cru que cette propriété étoit due à quelque portion de fer non combiné avec le soufre, ou à quelque oxide noir de fer. Ce n'est point l'avis de Hatchett. L'expérience lui a prouvé que le sulfure de fer artificiel devient capable de recevoir la propriété magnétique, quand la proportion du soufre s'élève à 37 au 100, et que cette propriété augmente avec la proportion du soufre jusqu'à ce qu'elle se trouve être portée entre 0,45 et 052, termes entre lesquels se trouve la limite où le soufre Ôte au fer la pro- priété magnétique, Le carbone combiné en grande quantité avec le fer, forme le carbure de fer ou plombagine, qui est cassant, insoluble dans l'acide muriatique, et privé de la propriété magnétique. Une moindre quantité de carbone unie au fer, donne lés dif- férentes espèces de fontes jusqu’à l’acier, qui sont plus ou moins susceptibles de recevoir le magnétisme. Le phosphore combiné avec le fer, présente les mêmes phénomènes que le soufre et le carbone, 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ DE L'ÉLECETRICITÉ. De nouvelles expériences électriques très-curiéuses ; ont été publiées par ***, 11 prépare des cylindres métalliques de diffé- rentes dimensions, et qui sont creux. Un des fonds n'est pas percé ; l’autre ne l'est que par un petit trou : il les nomme cartouches. Xl remplit d'eau le cylindre, et il y introduit une pelite tige de plomb, qui plonge dans l’eau sans toucher le cy- lindre. I! établit ensuite la communication entre la surface exté+ rieure du cylindre et celle d’une batterie électrique chargée ; et pour lors il opère la décharge sur le fil de plomb. Voici les résultats curieux qu'il a obtenus. 1°. L'eau est lancée avec une très-grande force. 2°, Des cylindres ou cartouches de plomb, d'argent, de fer, .« furent tous percés , déchirés,... après un nombre plus ou moins considérable d'explosions. 3°, Les cartouches faites avec des métaux alliés, ont résisté davantage que les métaux purs. 4°. Des cartouches d'argent fin ont très-peu résisté. Quel- ques-unes se sont déchirées à la première explosion, d'autres à la troisième. 5°. Des cartouches de fer presque aussi épaisses que la cu- Jasse d'un arme à feu, ont été brisées. L'explosion produite dans ces expériences ; est donc plus forte que celle de la poudre dans une arme chargée d’une balle de plomb. 3 60. Dans l'explosion des cartouches d'argent, il sé dégage une odeur assez vive. L’odeur singulière, dit l’auteur, que donné l'argent au passage du fluide, me confirme de plus en plus que le métal brüle, et que c'est par la que plus l'on avance vers l'expansion et la déchirure métallique, plus l’odeur augmente d'intensité. Toutes ces belles expériences me paroissent prouver que Teau est, par la décharge électrique , fortement comprimée dans ces petites cartouches. La compression est si subite qu’elle les éclate et les déchire ; leur partie inférieure est quelquefois enfoncée. Lorsque l’eau trouve une ouverture pour s’échapper, elle le fait avec violence. Bethollet a prouvé que l'étincelle élec- rique exerce une forte compression sur les corps qui sont à son action: à ET D'HISTOIRE NATURELLE. €09 De l'Etincelle élc'riqurs Biot appuyé de l'expérience où la seu'e compression de l'air donne de la flamme, et étant prouvé d'ailleurs, dit-il, que l'étincelle électrique produit une forte compression sur les corps, comme l'a fait voir Berthollet, en a tiré la conclusion que l'é- tincelle électrique est l’elfet de cette compression. « Il est im- » possible, dit il, qu'elle ne dégagé pas de la lumière de l'air, » puisquernous pouvons bien en dégager par une compression » moins rapide. Nous sommes ainsi Conduits à voir dans l’é- » tinceile électrique, un résultat purement mécanique de la » compression ». Ainsi, dans cette hypothèse , l’étincelle électrique ne seroit que de la lumière dégagée de l'air comprimé : lumière qui brûle et enflamme , comme dans l’expérience où on enflammie de l'amadoue ou autres corps, par la compression de l’air. D'un Electromycromitre. Veau de Launaÿ a donné la description d’un instrument propre à mesurer les divers degrés de force de l'électricité. C'est pourquoi il l'appelle électromycromètre, DE LA CHIMIE. Les chimistes continuent leurs brillans travaux. Ils ont efi- core enrichis cette année la science de plusieurs faits nouveaux intéressans. DE LA CHIMIE DES MINÉRAU x. Des Sulfures alkalins. ._ Berthollet à examiné quelques-unes des objections que Jui avoit faites le professeur de Madrid. « On peut, dit-il, diviser « les observations de Proust en cinq parties, qui ont pour » objet : 2 » 12. Les sulfures alkalins : » 2°. Les sulfures métalliques : » 3°. Les oxidations ; » #2. Les dissolutions métalliques ; > 9°, Les hydrates ». 110 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Berthollet examine d’abord ce que dit Proust sur les sulfures, Berthellet avoit dit que /es a/kalis r'attaquoient pas Le soufre à froid. Proust prétend au contraire que /4a potasse concen- trée à un certain point peut dissoudre le soufre à froid. Berthollet répond : 1°. que l'hydro sulfure d’alkali dissout le soufre à froid, et qu'il s'en sature dans des circonstances où l'alkali pur ne l’attaqueroit pas ; 2°. que lorsque l'alkali étendu d’eau dissout le soufre, il se forme de l'hydrogène sulfuré. Je crois donc, ajoute-t-il, que le passage tiré de la statique chi- mique, le soufrz ne peut rester seul, peut être maintenu dans son. intégrité. Proust dit que le mercure coulant n’a aucune sorte d'action sur les hydro-sulfures alkalins récens.... J'ai eu constamment, répond Berthollet , un effet contraire, et j'ai vu le mercure se changer en une poudre noire , en l’agitant dans un hydro- sulfure incolore et récent... Des Sulfures métalllques. Berthollet passe à l'examen des combinaisons des diverses substances. « J'ai prétendu établir, dit-il, que l'observation des phénomènes chimiques conduisoit à ce principe général, qu'une substance peut se combiner en toute proportion avèc une autre sur laquelle elle agit par une affinité réciproque. Je n'ai pas conclu de là qu'il n’y'eût point de combinaisons qui se fissent dans des proportions constantes ; mais j'ai pré- tendu que le nombre de ces combinaisons constantes étoit beaucoup plus petit qu'on ne le croyoit. _ Il examine ensuite les sulfures métalliques. Les métaux, dit Proust, ze nous offrent pas un seul exemple de sulfurations variables, Le fer est encore l'unique. jusqu'à: ce moment , qui se soit montré capable de se sulfurer en deux propor- tions qui sont constantes et fixes comme celles de leur oxi- dation. Berthollet répond à Proust par des analyses faites par les plus celèbres chimistes, Vauquelin a donné ( Journal des Mines, n8 11), l'analyse de plusieurs sulfures de plomb, dans lesquels la proportion de soufre varie depuis 0.12 jusqu'à 0.22, Klaproth a donné l'analyse de sulfure de cuivre dans les- quels la proportion de soufre varie depuis 0.19 jusqu’à 0.25. Proust convient lui-même que les pyrites qui ne doivent ayoir que 0.19 à o20 de soufre au-dessus du mérünum , 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE . 1it varient sans doute beaucoup entre elles, puisque , suivant Hencket, il y en a qui en donnent 25.28.52 pour cent: Des Oxides métalliques. Berthollet examine ensuite l'opinion de Proust sur les oxides métalliques qu'il suppose se trouver constamment en deux états , Ou au 7aximuin où au ninfinum d'oxigénation; C'est+ a-dire que les métaux ne peuvent se combiner avec l’oxigëne , qu'en deux quantités constantes, l’une au 7#inimum, l'autre au 72aæimum, Berthollet soutient une opinion opposée. L'étain, dit-il, forme un grand nombre de combinaisons avec l’oxigène. 1° L'étain tenu en fusion se couvre d'une pellicule grise , premier oxide, qui, dissout dans l'acide muriatique , laisse dégager une portion de gaz hydrogène. 2°. Cet oxide, chauffé au rouge, se couvre d’une lumière très-vive. Sa couleur est d'un gris plus clair. L’acide muria- tique n'en dégage plus d’hydrogène. Second oxide. 3°. Cet oxide, chauffé une troisième fois , redevient lumi= neux. Sa couleur devient d'un gris plus clair. Troisième oxide, 43. À une chaleur plus forte cet oxide devient encore lumi- neux. Sa couleur s’éclaircit encore. Quatrième oxide. 5°. Get oxide exposé à une plus grande chaleur, devient d'un blanc cendré , qui ne peut être réduit, en l’associant avecl’huile, à la résine et le charbon; mais seulement avec le charbon de tartre. Cinquième oxide, 6. En exposant tout de suite l’étain à un haut degré de chaleur, il forme un oxide parfaitement blanc, en donnant une lumière vive. Siriéme oxide. 7°, L'étain réduit en oxide par l'acide nitrique, et exposé à la chaleur , devient jaune. C'est l’étain oxidé au maximum , suivant Proust. Septième otide. Le plomb peut présenter quatre degrés d’oxidation , sui- vant Berthollet. 1$. Le plomb chauflé légérement donne un oxide gris. Pre mier oxide. 2°, Cet oxide, exposé à une chaleur brusque, s’enflamme et devient jaune. Second oxide. 3°. L'’oxide jaune chauffé, devient rouge , et forme le 7ni- nimum , qui est combiné avec l’oxigène, l'azote et l'acide car bonique. On peut en séparer l'azote et l'acide carbonique, en 114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le chauffant modérement , et sa cou eur n’a pas changé. Troi- sième oxide. 4. Cet oxide rouge, traité par l'acide nitrique, se change en oxide brun-rouge. Quatrième oxide. Le fer présente également différens degrés d'oxidation , sui- vant Berthollet. 1°. La dissolution du sulfate de fer, formée par un excès de métal, acquiert la propriété de donner avec les alkalis un précipité blanc, sur lequel Thenard a donné des obser- vations intéressantes. Le fer s'y trouve au minimum d'oxida- tion. Prernier oxide. 2. Le sulfate de fer, un peu plus oxidé, donne un pré- cipité noirâtre Second oxide. 3°. L’oxide rouge. Troisième oxide. Les minéralogistes, ajoute Berthollet, distinguent un plus grand nombre d'oxides de fer. Bournon en a assigné plusieurs degrés. 1°. Le fer oxidé cristallise en octaèdre trés-attirable. 2. Le fer de l'ile d’'Elbe, moins attirable- 3°. L'eisen glimmer, qui n'est pas attirable. 4°. Les hématites sont encore plus oxigénés , ne cris= taillisent pas, et ne sont plus attirables, R Un savant minéralogiste, d'Aubuisson, distingue, ajoute Berthollet, un nombre encore plus considérable d'oxidation dans le fer ; il en a remarqué sept termes bien distincts. 1°. Le fer oxidé noir très-attirable. 2°, La mine grise de Suède , assez attirable. 5°. Le fer spéculaire des volcans. 4°. La mine de fer de l'ile d’Elbe, 5°. La mine de fer de Frammont. 6°. L'eisen glimmer des Aiïlemands. 7°. L'oxide rouge ordinaire de fer, Mais, ajoute d'Aubüisson , entre ces sept termes principaux, il seroit possible d'en marquer cent, qu'un œil bien exercé pourroit encore distinguer. L'oxide rouge de fer, dit Berthollet, exposé au feu, devient brun, mais sans dégagement d'oxigène; et en le poussant au plus grand feu de forge, il est devenu noir et semblable en apparence à celui qui résulte de la décomposition de l’eau. D'ure ET D'HISFOÎIRE NATURELLE. 119 D'une mine du manganèse suroxigénéee J'ai trouvé à Dyo, département de l'Allier, une mine de manganèse qui contient une quantité beaucoup plus considé= rable d’oxigène que les mines ordinaires du manganèse. Godon de Saint-Memin en a retiré, PO ANR ee rte 29 ATUINEARTUE e cte ele Baryte acaustique. . . . . 2 Manganèse oxidé au m11- POULE SCT ERP) HERO MR ete Le Oxigène et acide carboniq. 47 Mais l’oxigène y est en très-grande quantité, ce qui lui & fait conclure que cette mine est £rès-riche en oxigène. Du verd-de gris. Proust a retiré d’une espèce de verd-de-gris, Cuivre oxidé à 25 au cent... 46 ACIHCCEUQUE AA le he e AN MA SALE EMEA L'oxide de cuivre, dit-il, prend le caractère d'hydrate à mesure que le verd-de-gris se forme : dans cet état une partie sature le vinaigre qu'elle rencontre, tandis que l'autre garde ce même état faute de vinaigre. Du cuivrate d'ammontaque. Le cuivre, dit Proust, forme avec l’ammoniaque deux espèces de combinaisons comme avec l'acide muriatique. 1°. Une de ces combinaisons est celle du cuivre oxidé à 25 pour cent, qui donne la belle dissolution bleue connue de tout le monde, 2°. Le second cuivrate d’ammoniaque est incolore, Pour le faire on ajoute de la limaille de cuivre pur au premier cuivrate en bleu. On porte le flacon à la poche pour lui pro- curer du mouvement. Au bout de quelques jours la liqueur est comme de l’eau. C'est une combinaison de l’ammoniaque avec le cuivre oxidé à 16 pour cent. Si on verse dans un vase cette liqueur incolore, elle attire pro pi ERE l’oxigène , et prend bientôt la belle couleur leue du premier cuivrate. Tome LXII, JANVIER an 1806. E #14 , JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CNIMIÉ De l'or musif ou étain sulfuré. Proust qui a fait un grand travail sur les combinaisons de l'étain soit avec les acides, soit avec l’oxigène , a examiné aussi celles qu'il peut contracter avec le soufre, ce qui forme l'or musif où étain sulfuré. L'or musif est composé, suivant lui, Éitmioxidé. LEA NS 1300 moins une portion inconnue d'oxigène. DOUTE La RE SONNERIE plus une quantité de soufre égale à l’inconnue d’oxigène. De l'Etamage. Les vaisseaux de cuivre étamés sont d'un usage journalier dans la cuisine, dans les pharmacies ;... mais lorsque cet étamage s’use où qu'il est mal fait, et lorsque le cuivre est à nu, il s’oxide facilement , et il en arrive de nombreux accidens , qui ont toujours éveillé la sollicitude des gouver- némens. Hoi L'étamage présente d'autres dangers. L'étain qu'on y em- ploie est le plus souvent allié au plomb, quelquefois À l’ar- senic : et on sait combien ces métaux sont dangereux. Des chimistes célébres, tels que Bayen, Charlard... ont fait voir que lorsque l’étamage est fait suivant des usages prescrits, il n’est nullement dangereux. Proust a présenté de nouvelles expériences à cet’ égard qui sont du plus grand intérêt. lan Il a fait voir que du plomb dissout dans du vinaigre en est toujours précipité, si ôn y ajoute des feuilles d'étain : d'où il conclut que la portion du plomb, qui peut se trouver dans l’étain de l’étamage, ou ne se dissout pas dans les acides auxquels peut être exposé cet élamage , ou en est précipitée par l'étain. De l'usage du: Cuivre pur: . Personne n'ignore, dit Proust, qu’on prépare impunément le raisiné, les confitures de pommes, de cerise , de gro- seilles , de verjus , de coings... dans des bassines de cuivre ; et l'expérience fait voir que c'est sans danger. Il à fait bouillir pendant une heure une casserole de euivre ETD'HISTOIRE NATURELLE. 115 rouge pleine de vinaigre blanc. Les réactifs les plus exquis, tels que l'h drogène sulfuré. ne lui en ont pas découvert une partie sensible dans la liqueur. Le cuivre ne s’oxide que lorsque le vase n’est pas parfai- tement plem, et qu'il se trouve en contact avec l'air atmos- phérique dont l'oxigène se combine avec Jui. C'est ce qu’il A prouvé par un grand nombre d'expériences. La chaleur même produite pendant le moment de l'ébullition , en dilatant beau- coup l'air qui touche le cuivre, empêche cette combinaison. Aussi les accidens qui arrivent quelquefois, proviennent non du cuivre oxidé dans le temps de l’ébullition, mais pour avoir laissé les liqueurs refroidir dans ces vaisseaux. L'accès de l'air a pour lors toute son influence. De Ja déliquescence et de L'efflorescence. Cadet a fait un grand nombre d'expériences pour déter- miner les causes de ces phénomènes. Il paroissoit , ditsl , que les sels qui dépouillent l'atmosphère de son humidité, doivent agir en raison de la quantité d'eau que l'air tient en dissolution ou en suspension. Plus l'atmosphère est humide, plus les sels doivent augmenter de poids. La pression de l'atmosphère qui s'oppose plus ou moins à l’évaporation, doit également influer sur ce phénomène. Enfin la température ne doit pas avoir une moindre in- fluence. . Je croyois donc que je devois toujours avoir égard aux variations de l'hygromètre , du baromètre et du thermomètre, pour déterminer la quantité d'eau que les sels absorboient ou perdoient, Mais j'ai vu avec surprise que cela n'étoit pas toujours ainsi. Je n'ai pas remarqué un seul sel dont la marche présente une apparence de conformité avec celle du baromètre , de l’hygromètre et du thermomètre. Cest ce qui est prouvé par des tables très-bien faites de la déliquescence et de l’efflorescence de divers sels, De la nature de l'Acide muriatique. Pacchiani , physicien de Pise, a annoncé avoir obtenu de l'acide muriatique, en enlevant à l’eau une portion de son oxigène; c'est-à-dire que cet acide seroit composé de Oxiséneirtane es dlyes fi Hydrosene ele et P 2 k16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Voici l'expérience d'après laquelle il a tiré cette conclusion. Il remplit d'eau distillée un tube de verre; il introduit dans ce tube des fils d’or qui communiquent aux deux pôles op- posés de la pile : et après un temps plus ou moins consi dérable , il se dégage une portion d'oxigène, et l'eau restante précipite la dissolution d'argent par l'acide nitrique : d'où il conclut que c'est un muriate d'argent, et que parconséquent il y a eu production d'acide muriatique dans cette eau, en méme temps que dégagement d’oxigène. Il résulte , dit-il, de ces expériences ; « 1°. Que l'acide muriatique est un oxide d'hydrogène, et parconséquent composé d'hydrogène et d’oxigène. » 2°, Que l'hydrogène est susceptible de plusieurs degrés d’oxidation, dont l’un constitue l’eau : celui qui vient ensuite, l'acide muriatique oxigéné; et enfin le dernier produit l'acide muriatique ». Cette expérience a été répétée avec le même succès en Italie, par plusieurs physiciens célèbres. A Paris on n’a pu obtenir les mêmes résultats : Biot , Thenard, Riffaut , et la Société galvanique l'ont tenté inu< tilement. DE LA CHIMIE DES VÉGÉTAUX: Sur l'extraction et la purification de l'Acide galliqué. Le procédé le plus simple pour obtenir cet acide, dit Proust, est celui de Schéele, qui consiste à tenir à la cave du suc de Galles, d’en enlever les moisissures, et de laver le résidu pulvérulent. On fait bouillir ce résidu dans neuf à dix fois son poids d’eau, et on filtre. On ajoute du muriate d'étain ar goutte; on filtre, on évapore à moitié, et il se forme par le refroidissement des cristaux blancs, brillans , très-fins, qu’on met à égouttér. Sur l’ Acide du Sumack. La graine de sumach, dit Proust , d'après Fernandés, exsude en approchant de la maturité une liqueur qui se sèche à sa surface, et lui forme un vernis. Cet enduit, qui est visqueux, a une forte acidité. Cet acide est de l'acide gallique à nu. Voilà donc encore une plante qui, comme le pois-chiche , transpire un acide à l'époque de sa maturité. È ET D'HISTOIRE NATURELLE. #17 Du Sucre de Raisin. Proust s'applique à perfectionner les procédés pour obtenir e sucre de raisin et le faire cristalliser. [1 a observé que celui dont la cristallisation est grenue , se prêtoit facilement au travail du terrage. Sur la nature du Tannin: Hatchett a retiré du tannin, Garboneraltert lue Rien: ie Oxigène. . : NOR Il a fait du tannin, en réduisant en charbon des matières animales ou végétales , et les traitant avec l'acide nitrique, Cet acide fournit l'oxigène au charbon: Dc la nature du Charbon de terre. Hatchett a fait un vrai charbon de terre , en mélangeant des racines avec l'acide sulfurique: De la nature chimique du Blé carié. Fourcroy et Vauquelin ont fait l’analyse du blé carié. Les principaux résultats de leur travail sont, que la carie du fro: ment contient ; 10, Une huile verte, buütyforme, fétide ét âcre , dissoluble dans l’alkool et l'éther, formant près du tiers de son poids, et à laquelle la carie doit sa consistance grasse. 2°; Une substance végéto-animale ; soluble dans l'eau, in- soluble dans l’alkool, et précipitant la plupart des sels métal- liques , ainsi que la noix de Galle. Elle forme un peu moins ‘du quart de la carie. Elle ressemble parfaitement à celle qui provient du gluten pourri. 3°. Un charbon à la quantité d'un cinquième, qui colore toute la masse en noir, et qui est tout-à-la-fois le témoin et le produit d'une décomposition putride, rôle qu'il joue de même dans le terreau et dans tous les détrits des compo sés organiques putréfés. 4°. De l'acide phosphorique, ne formant guëre que les 4 millièmes de la carie. 5°. Enfin des phosphates d’ammoniaque, de magnésie et de chaux, à la proportion de quelques millièmes seulement, » 118 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La carie du froment n'est done qu'un résidu de farine pu= tréfiée, disent les auteurs, qui ne présente plus qu'une espèce de corps huileux charbouné , fort analogue à une espèce de bitume d’origine animale ou végéto-animale. Le gluten décomposé par la putréfaction , a donné aux au- teurs des produits analogues à ceux du blé carié. Des Gommes àarabique et adragant. Vauquelin a fait un grand travail sur ces gommes. « Il ré- sulte, dit-il, de mes expériences ,que ces gommes contiennent, 1°. Un sel calcaire , le plus souvent l'acétate de chaux. 2°. Quelquefois un muriate de chaux , ayec excès d'acide. 3°. Du phosphate de chaux. 4°. Enfin du fer, qui est probablement aussi uni à l'acide phosphorique. DE LA CHIMIE DES ANIMAU%x. Analyse d'une Urine singulière. Caballe, sous la direction de Vauquelin , a analysé une urine singulière , qui lui avoit été remise par Alibert, médecin de l'hospice Saint-Louis à Paris. Cette urine que rendoit une femme de 25 ans, qui a eu deux enfans, et qui est veuve depuis plusieurs années, étoit blanche comme du lait, un peu plus épaisse que l'urine ordinaire, d'une odeur et d'une saveur à- eu-près les mêmes que celle de l'urine ordinaire. Cette ma- tière blanche s'est comportée à l'analyse comme le fromage ou la partie caseuse du lait. L'urine avoit toutes les qualités de l'urine ordinaire. Il résulte de ce travail , dit l’auteur, que « Cette urine séparée de ce fromage, a fourni les mêmes principes que l'urine ordinaire ; savoir : 1°. De l'acide phosphorique libre ; 2°. Du sulfate de potasse; 3°. Du muriate de soude; 4°. Du muriate, d'ammoniaque; 5°. Du phosphate de soude ; 6. Du phosjhate d’ämmoniaque; 7°. Du phosphate de chaux ; 5°. Du phosphate de magnésie; 9°. De l'urée; } 10°. De l'acide urique. . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119 &« Elle ne diffère donc de l'urine ordinaire que par la partie caseuse »; De l’ Acide fluorique dans l'émail des dents. Morichini ayant analysé des dents fossiles d'éléphant, dont Morrozo a donné la description dans ce Journal, y trouva de l'acide fluorique. ILsoumit également à l'analyse l'émail des dents humaines, et il y retrouva le même acide fluorique. 100 parties de l'émail des dents humaines lui ont donné ; Substance animale.......... 3o Magnésies ss. ct.s oo; Con Eiobto bio Acide carbonique..........;: Chaux fluatée et phosphatée, 22 L'auteur n'a pu assigner les quantités respectives de l'acide flüorique et de l'acide phosphorique; mais il pense que l'acide fluorique y est beaucoup plus abondant, Gay-Lussac a retiré également de l'acide uorique de l’ivoire, ainsi que des défenses du sanglier: Analyse du Guano: Le guano est une substance dont les habitans de la partie des îles de la mer du Sud, proche Pisco, se servent comme engrais. Sa couleur est fauve ; il n’a presque point de saveur; mais une odeur fortes Le guano; dit Humboldt, se trouve très- abondamment dans la mer du Sud, aux îles de Chinché près Pisco ; mais il existe aussi sur-les côtes et îlots plus méridionaux... Ces ilots sont couverts d’une multitude d'oiseaux, dont le guano paroît la fente en partie décomposée. Foutcroy et Vauquelin ont fait l'analyse de cette substance; ils en ont retiré, 1°. L’acide urique qui en fait le quart, et qui est en partie saturé d’ammoniaque et de chaux. 2. L'acide oxalique saturé en partie par l’'ammoniaque et la potasse. 3°. L’acide phosphorique combiné aux mêmes bases et à la chaux. | 4. Des petites quantités de sulfates et du muriate de po- tasse et d'ammoniaque. 5, Un peu de matière grasse: 6°. Du sable en partie quartzeux et en partie ferrugineux. 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE PORT RAR DL Nu NE NO DR SUR LA THÉORIE DES TUBES CAPILLAIRES. Lu à l'Institut le 23 décembre 1805 ; par M. Lapracs. - Ce Mémoire destiné à paroître parmi ceux de la première classe de l'Institut, est précédé par l'analyse suivante de la théorie qu’il renferme, et:que l’auteur nouùs a communiquée. Clairaut a soumis le premier, à une analyse exacte et ri goureuse , les phénomènes des tubes capillaires, dans son Traité sur la figure de la Terre. Mais sa théorie, exposée avec l'élégance qui caractérise ce bel et important ouvrage , laisse à desirer l'explication complète du principal de ces phéno- mènes, qui consiste en ce que l'élévation du fluide au-dessus de son niveau, dans les tubes. de même matière, est en raison inverse de leurs diamètres. Ce grand géomètre se con- tente d'observer , sans le prouver , qu'il doit y avoir une infinité de lois d'attraction, qui substituées dans ses formules, donnent ce résultat. J'ai cherché, il y a long-temps, à suppléer ce qui manque à la théorie de Clairaut : de nouvelles recherches m'ont enfin conduit non-seulement à reconnoître l'existence de semblables lois, mais encore à faire voir que toutes les lois dans lesquelles l'attraction cesse d'être sensible à une distance sensible , donnent l'élévation du fluide , en raison inverse du diamètre du tube; et il en résulte une théorie com- lète de ce genre de phénomène. " Clairaut suppose que l'action du tube capillaire est sen- sible sur la colonne infiniment étroite du fluide , qui passe par l'axe du tube. Je m'écarte en cela de son opinion, et e pense avec Hauskbée et beaucoup d'autres physiciens, que laction capillaire, comme la force réfractive et ioutes les af- finités mn ET D'HISTOIRE NATURELLE, 121 finités chimiques , n’est sensible qu'à des distances imper- ceptibles. Hauskbée a observé que dans les tubes de verre, ou très- minces, ou très-épais, Veau s'élevoit à la même hauteur , toutes les fois que les diamètres intérieurs étoient les mêmes. Les couches cylindriques du verre , qui sont à une -distance sensible de la surface intérieure, ne contribuent done point à l'ascension de l’eau, quoique dans chacune d'eles, prise séparément, ce fluide s’éleveroit au-dessus de son niveau. D'ailleurs une expérience bien simple prouve la vérité de ce principe. Si l'on enduit d’une couche extrêmement mince de matière grasse, la surface intérieure d’un tube de verre , on fait disparoître sensiblement l'effet capillaire. Cependant le tube agit toujours de la même manière sur la colonne fluide de son axe ; car les attractions capillaires doivent se trans- mettre à travers les corps, ainsi qu'on l’observe dans la pe- santeur et dans les attractions et répulsions magnétiques et même électriques. Newton , Clairautet tous les géomètres qui ontsoumis au calcul ce genre d'attractions, sont partis de cette hypothèse : l’effet capillaire étant donc détruit par l'interposition d'une couche de matière grasse, quelque mince que soitson épais- seur; l'action du tube doit étre insensible à une distance sensible. Le phénomène suivant fournit une nouvelle preuve du prin- cipe que je viens d'exposer. On sait que par une forte ébul- lition du mercure dans un tube capillaire de verre , on par- vient à élever ce fluide au niveau, et méme au-dessus, par une ébullition plus long-temps continuée. Ce phénomène me paroïit dépendre de la petite couche aqueuse qui , dans l'état ordinaire , tapissant la surface intérieure du tube , affoiblit l’action réciproque du verre et du mercure , action qui s'ac- croit de plus en plus, à mesure que par l'ébullition de ce fluide dans le tube, on diminue l’épaisseur de la couche. Dans les expériences que j'ai faites avec M. Lavoisier sur les ba- romètres en y faisant bouillir long-temps le mercure , nous avons fait disparoître la convexité de sa surface intérieure ; nous sommes même parvenus à la rendré concave ; mais nous avons toujours rétabli l'effet de la capillarité , en introduisant une goutte d'eau dans le tube. Si l’on considère maintenant le peu d'épaisseur que la couche aqueuse doit avoir , surtout lorsque l'on a bien fait sécher le tube et le mercure, ce qui ne suffit pas pour détruire la capillarité ; on jugera que l'action du verre surce fluide, n’est sensible qu’à des distances insensibles. En partant de ce principe, je détermine par les formules de mon Traité de Mécanique Céleste, l'action d'une masse Tome LÆXII. JANVIER an 1806. Q 222 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fluide terminée par une surface sphérique conéave ou’ con- vexe, sur une colonne fluide intérieure, renfermée dans un canal infiniment étroit qui passe par l'axe de cette surface, Par cette action, j entends la pression que le fluide renferme dans le canal , exerceroit en vertu de l'attraction déla masse entière, sur une base plane, située dans l’intérieur du. canal, perpendiculai- rement à ses côtés , à une distance quelconque sensible dela sur- face, cette base étant prise pour unité. Je fais voir que cette action est plus petite ou plus grande que si la surface étoit plane ; plus petite, si la surface est concave; plus grande; si la surface est convexe. Son expression- analytique est com- posée de deux termes ; le premier , beaucoup plus grand que le second , exprime l'action de la masse terminée par une sur- face plane , et: je pense que de ce terme dépendent les phé- nomènes de l'adhérence des corps entre eux ; et de la sus- sension du mercure, dans un tube de baromètre , à une lune deux ou trois fois plus grande que celle qui est due à la pression de l'atmosphère. Le second terme exprime la partie de l’action ; due à la sphéricité de la surface : il est positif ou négatif, suivant que la surface est convexe ou concave. Je fais voir que dans l'un et l’autre cas , ce terme est en rai- son inverse du rayon de la surface sphérique. De là je conclus ce théorème général, savoir, que dans toutes les lois où l’at- traction n'est sensible qu’à des distances insensibles , l’action d'un corps terminé par une surface courbe, sur un canal in- térieur infiniment étroit et perpendiculaire à cette surface dans un point quelconque, est égale à la demi-somme des actions sur le même oanal, de deux sphères qui auroient pour rayons, le plus grand et le plus petit des rayons osculateurs de la sur- face, à ce point. Âu moyen de ce théorème et des lois de l'équilibre des fluides, on peut déterminer la figure que doit prendre une masse fluide animée par la pesanteur. Je prouve que dans un tube cylindrique d’un diamètre considérable, la section de la surface du fluide , par un plan vertical, est une courbe du genre de cellesqueles géomètres ont nommées élastiques , et qui sont formées par une lame élastique pliée par des poids; sela résulte de ce que dans cette section, comme dans la courbe élastique , la force due àla courbure est réciproque au rayon osculateur. Si le tube est très-étroit, la surface du fluide approche d'autant plus de celle d’un segment sphérique, que le diamètre du tube est plus petit; je prouve ensuite que dans divers tubes de méme matière, ces segmens sont à très-peu près semblables ; d’où il suit que les rayons de leurs surfaces ET D'HISTOIRE NATURELLE 153 sont à fort peu près proportionnels aux diamètres des tubes. Cette similitude des segmens sphériques sera évidente , si l’on considère que la distance où l’action du tube cesse d'être sen- sible, est imperceptible; ensorte que si, par le moyen d'un très-fort microscope, on parvenoit à la faire paroître égele à un millimètre; il est vraisemblable que le même pouvoir am- plifiant donneroit au diamètre du tube,une grandeur appa- rente de plusieurs mètres. La surface da tube peut donc être considérée comme étant plane à très-peu près, dans un rayon égal à cette distance; le fluide dans cet intervalle s’abaissera donc ou s’élevera depuis cette surface , à très-peu près, comme si elle étoit plane : au-delà le fluide n'étant plus soumis sen- siblement qu'à la pesanteur, et à son. action sur lui - méme ; sa surface sera à fort peu près celle d’un segment sphérique dont les côtés extrêmes étant ceux de la surface aux limites de la sphère d'activité sensible du tube , seront à très -peu près également inclinés à l'horizon, dans les différens tubes ; d’où il suit que tous ces segmens seront à fort peu près semblables. Le rapprochement de ces résultats donne la vraie cause de l'ascension ou de l’abaissement des fluides dans les tubes ca- pillaires, en raison inverse de leurs diamètres. Si par l’axe d'un tube de verre , on conçoit un canal infiniment étroit, qui se recourbant un peu au-dessous du tube, aille aboutir à la surface plane et horizontale de l'eau d’un vase dans lequel l’extrémité inférieure du tube est plongée ; l'action de l’eau du tube sur ce canal, sera moindre , à raison de la concavité dé sa surface, que l’action de l’eau du vase sur le même canal; le fluide doit donc s'élever dans le tube, pour compenser cette différence } et comme elle.est, par ce qui précède, en raison inverse du diamètre du tube ; l'élévation du fluide au-dessus de son ni- veau doit suivre|le mème rapport. . Si le fluide est du mercure; sa surface dans l'intérieur d'un tube capillaire de verre, est convexe ; son action sur le canal est donc plus forte que celle. du mercure du vase, et le fluide doit s’abaisser dans le tube en raison de cetté différence, et parconséquent en raison inverse du diamètre du tube. Ainsi l'attraction destubes capillaires n’a d'influence sur l'élé- vation ou l’abaissement des fluides qu'ils renferment, qu’en déterminant l'inclinaison des premiers. plans de la surface du fluide interieur , extrêmement voisins des parois du tube, incli- naïson dont dépend la concavité ou la convexité de cette surface et la grandeur de son rayon. Si par l'effet du frotte- ment du fluide contre les parois du tube, on augmente ou l'on Q 2 324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CRIMITÉ diminue la courbure ; l'effet capillaire augmentera ou dirinuera dans le même rapport. Il est intéressant de connoître le rayon de courbure de la sur- face de l’eau renfermée dans les tubes capillaires de verre. On peut y parvenir, au moyen d’une expérience curieuse qui rend sensibles à-la-fois les eflets de la concavité et de la convexité des surfaces. Elle consiste à énfoncer dans l’eau, à une pro- fondeur connue, un tube capillaire de verre , d'un diamètre pareillement connu. En fermant avec le doigt, l'extrémité in- férieure du tube, on le retire de l’eau et on essuie légérement sa surface extérieure. En Ôtant le doigt, on voit l’eau s’abaisseddans le tube, et former une goutte d'éau sur sabase inférieure ; mais la hauteur de la colonne est toujours plus grande que l'élévation de l’eau dans le tube, au dessus du niveau. Cet excès est dù à l’ac- tion de la goutte sur cette colonne, à raison de sa convexité; et l'on observe qu'il est d'autant plus considérable ; que le dia- mètre de la goutte est plus petit. La longueur de la colonne fluide employée à former cette goutte , en détermine la masse ; et comme sa surface est sphérique, ainsi que celle du fluide in- térieur , si l'on connoît la hauteur du fluide , au-dessus du som- met de la goutte ;et la distance de ce sommet au plan de la base inférieure du tube , il sera facile d’en conclure les rayons de ces deux surfaces. Quelques expériences me portent à croire que la surface du Auide intérieur, est fort approchante de celle d'une demi-sphère. . Clairaut a fait cette singulière remarque; savoir, que si la loi de l'attraction de la matière du tube sur le fluide, ne diffère: que par son intensité, de la loi de l’attraction du fluide sur lui- même ; le fluide s'élevera au-dessus du niveau, tant que l'in tensité de la première de ces attractions surpassera la moitié de l'intensité de la seconde. Si elle en est exactement la moitié, il est facile de s’ässurer que la surface du fluide dans le tube, sera horizontale, et qu'il ne s’élevera pas au-dessus du niveau. Si ces deux intensités sont égales , la surface du fluide dans le tube sera concave, et celle d’une demi-sphère; et il y aura élevation du fluide. Si l’mtensité de l'attraction du tube est nulle ou insensible , la surface du fluide dans le tubé sera convexe, et celle d’une demi - sphère ; il y aura dépression du fluide. Entre ces deux limites , la surface du fluide sera celle d'un segment sphérique , et elle sera concave ou convexe ; suivant que l'intensité de l'attraction de la matière du tube sur le flnide , sera plus grande ou plus petite que la moitié de celle de l’at« traction du fluide sur lui-même. ET D'HISTOIRE NATUREËLE: 455 . $i l'intensité del’attraction du tube sur le fluide, surpasse celle de l'attraction du fluide sur lui-méme ; il me paroît vraisemblable qu'alors le fluide , en s’attachant au tube, formera un tube intérieur qui seul élevera le fluide dont. la surface sera con- cave et celle d’une demi-sphère. Je présume que ce cas est celui de l’eau daris un tube de verre. Après avoir considéré les fluides terminés par des surfaces sphériques, je les considère terminés par des surfaces cylin- driques. Ce cas est celui d’un fluide renfermé entre deux plans parallèles très-proches l’un de l’autre , et plongeant par leurs ex- trémités inférieures ; dans un vase rempli du même fluide. Je trouve par l'analyse, que le fluide doit s'élever ou s’abaisser suivant que la surface cylindrique du fluide est concave ou con- vexe , et que cette élévation ou cette dépression suit encore la raison inverse de la distance mutuelle des plans. Je trouve de plus, que l'élévation ou la dépression est égale à celle qui auroit lieu dans un tube cylindrique dont cette distance seroit le demi- diamètre intérieur. Parvenu à ce résultat de l'analyse ; j'ai pro= posé à M. Hauy de le vérifier par des expériences; et il l’a trouvé entièrement conforme à celles qu'il à bien voulu faire à ma prière. Depuis ,‘en relisant ce que l’on a écrit sur l’action ca- pare j'ai vu que ces expériences avoient été déjà faites avec eaucoup de soin , en présence de la Société Royale de Londres et sous les yeux de Newton, et que leur résultat est exacte- ment conforme à celui de l'analyse. On peut s’en convaincre par le passage suivant de son Optique , ouvrage admirable, dans lequel ce profond génie a jeté en avant de son siècle, un grand nombre de vues originales, que la chimie moderne a confirmées. « Voici (dit-il, question 31 ), quelques expériences » de la même espèce. Si deux plaques de verre planes et polies » (supposez deux pièces d'un miroir bien poli ) sont jointes » ensemble à une distance très-pelite l'une de l’autre, leurs » côtés étant parallèles , et que par leurs extrémités inférieures » on les enfonce un peu dans un vase plein d’eau ; cette eau » montera entre les deux verres , et à mesure que les plaqués » seront moins éloignées , l’eau s’éleyera à une plus grande » hauteur. Si leur distance est environ la centième partie d’un » pouce, l'eau montera à la hauteur d’un pouce environ , et » si la distance est plus grande ou plus petite, en quelque » proportion que ce soit, la hauteur sera à-peu-près en pro- » portion réciproque de la distance.... Si l'on trempe dans > une eau dormante, le bout d’un tuyau de verre fort menu, » l’eau montera dans le tuyau, à une hauteur qui sera récipro- Q 3 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DB CHIMIE » quement proportionnelle au diamètre de la cavité du tuyau; » et égalera la hauteur à laquelle elle monte entre les deux » plaques de verre, si le demi-diamètre de. la cavité du tuyau » est égal à la distance qui est entre les plaques, ou à-peu- » près. Du reste, toutes ces expériences réussissent aussi bien » dans le vide qu'en plein air ; comme on l'a éprouvé en pré- » sence de la Société Royale; et parconséquent elles ne dé- » pendent en aucune manière du poids ou de la pression de » l'atmosphère ». Les phénomènes capillaires des plans inclinés et des tubes coniques et prismatiques , sont autant de corollaires de mon analyse. Ainsi l’on observe qu'une petite colonne d’eau, dans un tube conique ouvert par ses deux extrémités , et maintenu horizontalement ; se porte vers le sommet du tube; et l'on voit; par ce qui précède, que cela doit être. En effet la sur- face de la colonne fluide est concave à ses deux extrémités ; mais le rayon de sa surface est plus petit du côté du sommet que du côté de la base; l’action du fluide sur lui même est donc moindre du côté du sommet, et parconséquent la colonne doit tendre vers ce côté. Mais si la colonne fluide est de mer- cure; alors sa surface est convexe, et son rayon est moindre encore vers le sommet que vers la base ;j mais à raison de sa convexité , l'action du fluide sur lui-même est plus grande vers le sommet, et la colonne doit se porter vers la base du tube: On peut balancer cette action par le propre poids de Ia co- lonne, et la tenir suspendue en’équilibre , en inclinant l’axe du tube à l'horizon. Un calcul fort simple fait voir que si la longueur de la colonne est très-petite ; le sinus de l'inclinaison de l'axe est alors à très-peu près en raison inverse du carré de la dis: tance du milieu de la colonne au sommet du cône ; ce qui a lieu semblablement, si au lieu de faire mouvoir une goutte de fluide, dans un tube conique, on la fait mouvoir entre deux plans qui forment entre eux un très - petit angle. Ces ré- sultats sont entièrement conformes à l'expérience, comme on peut le voir dans l’Optique de Newton, ( question 3r ). Le calcul nous apprend de plus que le sinus de l’inclinaison de l’axe du cône à l'horizon, est alors, à très-peu près, égal à une fraction dont le dénominateur est la distance du milieu de la goutte au sommet du cône, et dont le numérateur est la hau- teur à laquelle le fluide s'éleveroit dans un tube cylindrique ; dont le diamètre seroit celui du cône au milieu de la colonne. Si deux plans qui renferment une goutte du méme fluide , forment entre eux un angle égal au double de l'angle formé ET D'HISTOIRE NATURELLE. 127 at l'axe du cône et ses côtés; l'inclinaison à! horizon de læ fe qui divise également l'angle formé par les plans, ne doit être que la moitié de celle de l'axe du cône , pour que la goutte reste en équilibre. La théorie précédente donne encore l'explication et la me- sure d'un phénomène singulier que présente l'expérience. Soit ue le fluide s'élève ou s abaisse entre deux plans vefticaux et parallèles plongeant dans ce fluide par leurs extrémités infé- fieures , ces plans tendent à se rapprocher. L'analyse nous montre que si le fluide s'élève entre eux, chaque plan éprouve , du dehors en dedans, une pression égale à celle d’une colonne du inême fluide, dont la hauteur seroit la moitié de la somme des élévations au-dessus du niveau, des points de contact des surfaces intérieures et extérieures du fluide avec le plan“ et dont la base seroït là partie du plan comprise entre les deux lignes horizontales menées par ces points. Si le fluide s’abaisse entre les plans , chacun d'eux éprouvera pareillement ; du de- hors en dedans, une pression égale à celle d’une colonne du même fluide, dont la hauteur seroit la moitié de la somme des abaissemens au-dessous du niveau, des points de contact dés sur faces intérieures et extérieures du fluide avec le plan, et dont la base seroit là partie du plan ; comprise entre les deux lignes ho- rizontales menées par ces points: En général, si l’on compare la théorie que j'expose, aux nom: breuses expériences des physiciens sur l’action capillaire; on verra que les résultats obtenus dans ces expériences, s’en dé- duisent, non par des considérations vagues ét toujours incer- taines, mais par une suite de raisonnemens géométriques qui me paroissent ne laisser aucun doute sur la vérité de cette théorie. Je desire que cette application de l'analyse à l’un des objets les plus curieux de la physique , puisse intéresser les géomètres et les exciter à multiplier, de plus en plus, ces applications qu joignent à l’avantage d'assurer les théories physiques , celui e perfectionner l'analyse elle-même , en exigeant souvent de nouveaux artifices de calcul. N.O.T:E: Les démonstrations des théorèmes précédens seront publiées dans l’un des prochains volumes de l’Institut. Voici quelques résultats d'analyse, qui pour= ront guider ceux qui voudront parvenir d'eux-mêmes aux principales. Désignons par ®(f) la loi de l'attraction d’une molécule fluide , sur une +82 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE autre molécule placée à la distance f ; e(f) décroissant avec une extrême rapidité, lorsque f augmente , et étant insensible pour toute valeur sensible de f. Désignons ensuite par c—N(f) l'intégrale fdf.@ (f) prise depuis f—0o, c étant la valeur de cette intégrale, lorsque f est infimi ; I (f) décroîtra pa- reillement avec une rapidité extrème, et sera encore insensible pour toutes les valeurs sensibles de f. Désignons encore par c—Y (f) l'intégrale /fd JON), c' étant sa valeur lorsque f est infini; # (f) sera pareillement insensible por toutes les valeurs sensibles de f. Enfin, désignons par X ét A les intégrales o7fdz. 1 (z) et o7fzdz.# (z) prises depuis z nul jusqu'à z infini, 7 étant la demi - circonférence dont le rayon est l'unité. On trouvera par l'analyse du n° 19 du second livre de la Mécanique Céleste, que l’action d'une sphère dont -le rayon est b, sur le fluide renfermé dans un canal infiniment étroit, perpendiculaire à sa surface, est X + F- Par cetteaction, j'entends la pression que le fluide du canal exercerait en vertu de cette action, surune base perpendi- culaïfe à la direction du canal, placée dans son intérieurà une distance quel- conque sensible de la surface du corps, et prise pour unité. Ceserait encore l'ex- pression de l’action d’un corps terminé par un segment sensible d’une sphère dont lerayonest b ; ce qui résulte de ceque l'attraction n’est sensible qu'à des distances insensibles. Si la surface , àu lieu d’être convexe, est concaye ; faut faire b négatif, .et alors l’action devient K — = Dans le cas du plan ou de b infini, elle se réduit à X. Ces attractions sont du même genre que celles dont dépend la réfraction de la lumière, et que j'ai considérées dans les n° 2 et 3 du dixième livre de ma Mécanique Céleste. Ce qui les rend indépendantes des dimensions des corps, c’est qu'il est indifférent de prendre les intégrales précédentes , depuis zéro jusqu'à l'infini, ou depuis zéro jusqu'à une valeur sensiblé de la variable. Le théorème relatif à l'action d'un corps quelconque, sur un canal intérieur infiniment étroit et perpendiculaire à sa surface , se démontre en observant qu'à chaque point de la surface, on peut concevoir un ellipsoïde osculateur ui se confond avec le corps, de manière que la différence d'action de ces ét corps sur le canal est insensible ; et il est facile de prouver que l'action d'un ellipsoïde sur un canal qui passe par l’un de ses axes, est égale à la demi- somme de actions de deux sphères qui auraient pour rayons, le plus grand et le plus petit des rayons osculateurs de la surface de l'ellipscide à l'extrémité de cet axe. En nommant donc b et b' ces deux rayons, l’action du corps sera X _— 5 (z + 7) Dans le cas d’une surface cylindrique , b.est infini, H et l'action devient À + Pr La différence de cette action et de celle d’un Na H ki corps terminé par une surface plane, est donc Sr et parconséquent la moitié plus petite que si la surface du corps était sphérique et d'un rayon égal à b”. C'est la raison pour laquelle le fluide s'abaisse ou s'élève entre deux plans parallèles, la moitié moins que dans un tube cylindrique d’un diamètre égal à leur distance. ‘ ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 129 T A B L E DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. Discours préliminaire. | Pages 5 De l'astronomie. 9 De la géographie. 11 De l'histoire naturelle, 12 De la zoologie. 3b. De l'anatomie. 18 De la botanique. | ib. De la physiologie. 22 De la et 51 De la minéralogie. 32 De, la cristallographie. è 55 Des volcans. 69 Des asphalites, du pétrole, des charbons: 65 Des fossiles. 64 De la géologie. 74 De la liquidité du globe terrestre. 73 De la liquidité aëriforme du globe terrestre. ib. De la liquidité ignée du globe terrestre. 81 De la liquidité aqueuse du globe terrestre. 90 Du déplacement de l'axe de rotation du globe ter- restre. 92 De l'hypothèse d'une catastrophe universelle qui auroit bouleversé toute la surface du globe terres- tre, el auroit détruit tous les êtres organisés qui ÿ subsistoient alors. 1b: Des causes de la diminution des eaux des mers, 94 De l'organisation et de l’animalité du globe terrestre, 95 De la physique. 96 De la mesure des hauteurs du baromètre. 1b. De la théorie des tubes capillaires. 97 Des mesures géodésiques. ib. Sur le mascaret de la Dordogne. 98 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. De la chaleur. Pages 98 Des proportions des principes composant l'air aët- mosphérique. De la nature de l'air des lieux où plusieurs per- sonrnes sont réunies. De la nature de l'air retiré de l’eau. De la quantité d'un gaz absorbé par l'eau. De la production de l’eau en enflammant l'hydro- gène et l'oxigène par la-compression. ‘De la météorologie. De la période lunaire de dix-neuf ans. Des météorolites. Du magnétisme. Du magnétisme de la pyrite magnétique. De l'électricité. De la chimie. De la chimie des minéraux. De la chimie des végétaux. De la chimie des animaux. Extrait d'un Mémoire sur la théorie des tubes pillgires ; par. M. Laplace, ca= 99 10Z 102 ib. 103 104 ib. 105 106 107 108 10 B, 116 118 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE, FÉVRIER ax 1806. PORTER S POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE L'OR; Par le Professeur PROUST. REconxNoîrre la quantité d'oxigène que l'or prend pour se dissoudre dans les acides, est un point essentiel à fixer dans l’histoire de ce métal, et auquel j'ai trouvé plus de difficulté que je n’avois cru. Six cents grains d'acide muriatique à 12° au pèse-liqueur de Baumé, et 200 d’acide nitrique à 40, ont dissout à l'aide de la chaleur 144 grains d’or. Ayant ajouté 200 grains d'acide muriatique à cette dissolution , elle prit 43 grains d'or; c'est-à-dire que 16 gros 48 grains d’eau régale faite avec 4 parties d'acide muriatique, et une d'acide nitrique , de la force qu’expriment les pesanteurs ci-dessus, peuvent dissoudre 2 gros 43 grains de ce métal, L'acide nitrique Tome LXZII. FEVRIER an 1806, R 132 JOURNAL DE FHYSIQUE,-DE CHIMIE- : n'étant ici que pour servir à l’oxidation du muriatique, il est évident que ce dernier, qui est le vrai dissolvant de l'or, doit prédominer dans l'eau régale. Mémes-choses se passent dans la dissolution du platine, PR Pour obtenir facilement le muriate ceristallisé; il est bon de tenir de l'or en excès dans la dissolution , et d'y ajouter successivement de l’acide muriatique jusqu'à ce qu'on apper- çoive qu'il n'y a plus d'action. Par ce moyen on épuise l'acide nitrique , et il n’en reste plus à la fin qui puisse embarrasser la cristallisation. _ * La dissolution évaporée jusqu’à un certain-point, donne une cristallisation lamelleuse ; congelée même-si on a trop concentré. Ce muriate est si liquéfiable, si dificile à obtenir sec , et sans sexposer parconséquent à .des pertes assez fortes , qu’on ne doit guère le tirer! de la retorte, si l’onin'a pas: d'autre -objet que celui de le faire voir. En été, il se liquéfie dans la matinée, cristallise vers le soir, et passe ainsi par ces alter- natives tant que durent les chaleurs, La saveur du muriate pur est un acerbe mélé d'amertume, mais sans cet arrière-goût de métal qui rend si désagréable les dissolutions d’argent, de cuivre, etc. L'esprit de vin dissout parfaitement lé muriate d’or. Cette dissolution aidée de la chaleur, n’éprouve aucun changement; l'alcohol ne s'éthérise pas; la distillation les sépare , et l’on retrouve le muriate sans altération. Ce muriate distillé donne de l’eau et de l'acide marin oxigéné fort abondamment. L'or reste mat-et spongieux au fond de la cornue. Les vapeurs enlèvent du muriate d’or qu’on retrouve dans le récipient, mais fort peu, ce qui avoit été remarqué par Boile. La décomposition du muriate d’or se montre en tout comme celle du muriate de platine; l’un et l’autre donnent de: l'acide oxigéné et du métal pur. Ether orifère. L'éther sulfurique enlève le muriate à la dissolution d'or et laisse l'acide nitrique seul. Le muriate cristallisé s’y dis- sout aussi avec la plus grande facilité et sans reste. L'éther orifère , exposé à l'air, perd le dissolvant, et se réduit en une liqueur jaune, acerbe, qui est toujours du mu- riate pur. Charles Hofman est, je crois, le premier qui, dans sa Dissertation de l’Acide vitriolique vineux, fit connoître cette action de l’éther sur les dissolutions d'or. Beaumé me paroit “ ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, "#53 être aussi le premier qui ait proposé l'éther orifére pour le dorage des pièces d'horlogerie. Depuis quelques années on J'a annoncé ’comme très-propre à dessiner en or sur le fer et l'acier: Je vais rapporter ici non des succès, mais des essais ‘extrêmement infructueux ; ilsimposent à l’auteur de cette an- ‘nonce l'obligation de s'expliquer plus clairement, s’il veut étre utile aux arts, et à nombre d'amateurs qui se plaignent d'avoir “perdu leur or et leurs peines. L'éther qui s’est coloré sur la dissolution la plus chargée, est bien loin de contenir autant d’or qu'il en faudroit pour dorer avec succès. À l’aide d’un sifon à boule, on retire la ‘liqueur décolorée qui est sous l'éther, et on la remplace par de la dissolution nouvelle ; l'éther par ce moyen se fonce et se charge de plus.en plus. Mais quand on en est à la troisième ou à la quatrième rechange, les choses prennent un nouvel aspect ; ce n'est plus l’éther doré: qui surnage , il gagne le fônd du flacon avec la pesanteur et la consistance d'une huile de canelle ; c'est au contraire l'acide nitrique qui sur- nage et qu'il faut tirer au sifon. Arrivé enfin au point d’avoir bien surchargé l'éther, et te- nant mes succès pour assurés, je me mis à tracer des lettres sur de l'acier poli, tantôt à la plume, tantôt au pinceau, les traits sortoient d'or, comme on pouvoit l’attendre de son muriate appliqué à un métal qui le décompose aussi aisément. Mais je dirai que par aucun des moyens que j'ai pu imaginer, ces traits ne sont jamais sortis avec la quantité d’or, la con- tinuité, la consistance, et l'éclat auquel je desirois parvenir. Il y a ‘bien loin d'un pareil. dorage.à celui de Solingen. On cesse de s’en étonner si l’on analyse les eflets de ce dorage, car -onne tarde pas à découvrir qu'un seul trait de cet éther appliqué sur l'acier, y fait naître à l'instant quatre résultats, ‘dont trois au moins sont contraires à l’objet qu’on se propose. Déposer de l'or , déposer du muriate de fer, découvrir le charbon de l’acier , et le dépolir dans tous les points qu’on touche , voilà ce: qu'on obtient. Présumant diminuer les inconviniens du muriate de fer, jJimaginai de plonger sous l’eau les lames aussitôt le dessin iracé , et de des laisser sécher ensuite; mais les traits n’en prirent ni plus (d'adhérence ni plus d'éclat. La paume de la main appliquée doucement pour leur en donner’, les enlevoit aussitôt. C’est encore inutilement que je fis sécher, et à une cha- kR 2 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE leur capable de brüler la main, mes lames dorées et lavées, l'or prenoit bien un peu plus d'adhérence; mais le frottement ne le rendoit pas plus brillant, parceque , quelque chargé que soit l'éther, il ne dépose jamais dans le trait assez de métal pour couvrir sa noirceur, et pour qu'il puisse en résulter la continuité de parties, la consistance et le reflet de lumière d'où dépend l'éclat de l'or. Ce dorage enfin, tel que je le vois aujourd'hui , après une année sur les lames de mes essais, n'a pas même le mérite de celui qu'on pourroit donner avec une solution de sulfate de cuivre. Si tels ont été les résultats d'un éther‘surchargé d’or,.et dont je devois me pro- mettre quelques succès, que doit-on attendre d'un éther ori- fère préparé par les recettes ordinaires ? Diverses précipitations de l'Or. L'or précipité par l'hydrogène sulfuré, lavé et séché, ce M qu'an mélange de soufre et d’or pur. Il suflit de le chauffer dans une retorte pour séparer le métal du combustible. Ainsi il n'y a ni sulfure ni hydro-sulfure d’or. L’acide sulfureux le précipite pur. L'or est porté à un degré de division, dont 1l me sembla d’abord qu'on pourroit tirer parti pour la peinture sur émail, ou pour le dorage; mais les molécules métalliques ne tardent pas à se ranimer d'une attraction qui les rattache, qui les soude, et leur fait prendre la consistance d'un corps spongieux et tenace. Dans cet état on n’en peut plus rien faire. . De la précipitation de l'or par le sulfate de fer. On réussit beaucoup mieux avec la solution de ce sel; 2l en résulte une poudre fine d'un rouge pourpré dont la nuance n’a ourtant rien d'analogue à celle du pourpre de Cassius. On le Le avec de l’eau acidulée pour lé purger de fer, et on le garde sous l’eau, parceque dans cet état il est propre aux expériences qui exigent une dissolution facile et prompte de ce métal. Cet or appliqué sur la porcelaine donne un pourpre foncé. Nous reviendrons sur l’état de l’or dans cette couleur. L’acide marin de 12 degrés bouilli sur cette poudre d’or, en dissout très-sensiblement et se colore en jaune; une lame d'étain y fait naître le pourpre à l'instant. L'or aidé des af- finités qui favorisent le fer, le zinc, etc. peut donc dé- £omposer l'eau. Ainsi l'acide marin peut aussi, COnire les et ET D'HISTOIRE NATURELLE, 135. opinions que nous en avons, attaquer l'or et l'argent comme il attaque tant d’autres métaux. Un acide nitrique de 40 degrés bouiili sur cet or, en dis- sout aussi et se colore, Un acide de 36 degrés en dissout encore, mais si peu que l'étain a peine à l’y découvrir. Avec un acide de 52, comme celui qu'on emploie au En il est douteux qu'on puisse enlever de l'or, d'autant plus que le cornet est bien éloigné de présenter à l'acide autant de points dattique que la poudre dont il est question. L'eau hydro- Rtphorée précipite la dissolution d'or; celle qui couvre le SIN ore est dans ce cas, mais l’eflet appar- tient exclusivement au gaz, car l’acide phosphoreux n’a d'ac- tion sur cetie dissolution que 10 à 12 heures après. Précipitation par les Alcalis. La potasse purifiée par l’alcohol, précipite du muriate d'or une poudre qui est jaune, puis violette , si l'on opère "au milieu d'une grande quantité d’eau , mais qui paroïl noire quand elle a été lavée et séchée. Rien de si capricienx que cette préparation. L’excès d'alcali, la saturation , la chaleur de l’ébullition, ne suflisent point pour s’en rendre maître. Les liqueurs restent toujours plus ou moins chargées d'or. Souvent il arrive que du jour au lendemain la précipitation s'achève ; mais au lieu d'ajouter à la poudre noire, elle la couvre d’une pellicule métallique , ou méme elle dore le vaisseau de la manière la plus brillante. J’en conserve un dans cet état comme objet de curiosité. La poudre noire A été lavée et séchée par la plus douce ghaleur ? Ce qu'on croiroit devoir être un oxidé pur, n'est plus alors qu'un mélange d'’oxide et d’or réduit. Voilà ce qui s'oppose à ce qu’on puisse fixer par ce moyen le degré d’oxidation de ce précieux métal. L'acide muriatique appliqué , dissout l'oxide et laisse l’or pur qui est toujours le plus abondant. L'acide nitrique de 40 degrés ne dissout que des atômes de cet oxide; il faut l'aider de la chaleur. Cette dissolution est légérement jaune : si on l’étend d'eau , l'or s’en sépare sous la couleur d'or fulminant. Ce précipité garde toujours l’état d’oxide , aussi l’acide muria- tique le dissout-il à l'instant. L'acide sulfurique aqueux en dissout aussi, mais moins que le précédent ; on s’en apperçoit à la couleur violette qu'il 136 JOURNAL DE PHYSIQUE JDE CHIMIE rend si on y mêle quelques gouttes de muriate d'étain: Enfin carbonates ne sont pas plus avantageux pour la précipi- tation de l'or : ce qui m'a obligé de laisser ce travail, en ré- pétant avec Bergmann : omne aurum ægrè decidit, ideoque pondera mihi sun£ incerta. Or fulminant. Cent parties d'or fulminant, passées par l'hydrogène sulfuré , javées, chauflées , ont laissé 75 d'or pur. Si l'on trouvoit un moyen d'apprécier l'ammoniaque qui s'attache à l’oxide, on en déduiroit aisément l'oxidetion de l'or. Cent parties d'or donnent parconséquent 137 d’or fulmirant, à-peu-prés. Kunckel réconnut que l'oxide d'or obtenu par les alkalis, et mouillé d'ammoniaque , devenoit fulminant. Il faut aussi compter Orschal au nombre do ceux qui ont manqué d'être victimes de sa détonation. Un mortier d'agathe, dans lequel il broyoit ce dangereux oxide, se brisa sous ses mains en éêlats innombrables. Il n’en fut pas blessé, mais il ajoute qu'il en éprouva la même sensation que si on lui eût tiré dans le visage un coup de fusil chargé à sable. Selon lui Raimondlulle avoit couru les mêmes, risques. Orschal usoit aussi de l'or fulminant pour teindre le verre en pourpre. Il paroït même qu’on connoissoit cette appli- cation avant lui. Ainsi l’on pouvoit conclure dès ce temps-là que l'étain n’étoit pas un’ ingrédient nécessaire à la couleur du pourpre. | L'or fulminant, mouillé de muriate d’étain, se change en pourpre de Cassius , parcequ'il y perd l'oxigène ; mais le pour- pre jeté dans l'ammoniaque, donne des résultats bien différens , que fous verrons plus loin. . Or et Mercure. On laisse tomber de la dissolution d’or par gouttes dans celle de nitrate de mercure au minimum, Il se dépôse*une poudre violette qui donne , au rapport d'Orschal, un pourpre irès-beau. Ce pourpre est un mélange d’or métallique et de muriate doux ; il suflit de le chauffer dans une retorte pour séparer l'un de autre. Mais si au contraire on vérse la dissolution -dé mercure dans celle d'or, de manière que celle- ci prédomine, le précipité se trouve être, après douze heures, de l'or pur. Cela vient de ce que le mercure doux est à son tour déconiposé. En eflet le mercure doux, gardé dans BT D'HISTOIRE NATURELLE. 137. une dissolution d’or purement muriatique, précipite ce métal, disparoit , et se trouve changé en sublimé corrosif. Le nitrate de:mereure: dont l’oxide est complètement au maximum , précipite aussi le muriate d'or, mais les résultats en sont fort diflérens et ils méritent d'être connus. Pour concevoir tout ce qui se passe dans cette précipita- tion, il faut se rappeler, 1°. Que l'oxide de mercure étant. plus attiré par lacide muriatique que par le nitrique, il tend toujours à abandonner ce dernier pour s'unir au premier. 2°, Que l’oxide de mercure ayant plus d’aflinités avec l'acide muriatique que celui d’or , le premier doit infailliblement déplacer le sécond auprès de cet acide. 8°. Que le mercure étant une fois saturé d’oxigène, il précipitera l'or pourvu de tout son oxigène, c'est-à-dire tel qu'il existe dans sa dissolution, pareequ'il n’y a plus alors de motif pour qu'il le lui enlève. 4°. Que si l’oxide d’or est séparé de l'acide muriatique par celui de mercure, il se déposera faute d’être soluble dans l'acide nitrique que celui de mercure vient d'abandonner, Ces quatre eflets ont effectivement lieu dans la précipitation dont nous allons parler. On commence donc par préparer une dissolulion de mer- cure en dissolvant de l'oxide rouge dans l'acide nitrique; on étend de huit à dix fois son volume d'eau pure, et on y verse ensuite à plusieurs reprises de la dissolution d’or. Il se produit alors un précipité jaune assez semblable dans sx nuance à l'or fulminant: On le laisse déposer, on soutire le liquide; on lave plusieurs fois à l'eau bouillante, et on finit par le laisser sécher dans une capsule. Si l'on continue d'épuiser la dissolution mercurielle en y ajoutant toujours de celle de l'or, il arrive un point où cette dernière ne la trouble plus, et la raison en est claire. Le nitrate de mercure a fini par se changer tout entier en sublimé corrosif. Or le sublimé dont l’oxide est saturé d’oxigène ne peut décomposer le muriate d’or. Si le nitrate de mercure qu'on destine à cette expérience n’étoit pas complètement au maximum, il est aisé de voir quon s'exposeroit à produire du mercure doux, qui se join- roit alors à l’oxide d’or. Ce précipilé n'est pas, comme je l’avois espéré d’abord, un oxide pur. Il reste mélangé ou combiné à une portion de 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHÎMIE sublimé corrosif, dont les lavages répétés ne peuvent le dé- pouiller. Cent parties de ce précipité sec, chauffées dans une retorte, ont donné de l’eau, du gaz oxigène , du sublimé, et de l'or, dans le rapport suivant : Han ie Re NON 8 Sublimé mêlé de mercure doux. 16 OP RERO NI ER RS MENE EEE 76 a — Total: 1:11." 04 Donc l'oxigène fixé à l'or étoit de 0,6. Ainsi l'or pour s'oxider prendroit au quintal 8,57. Mais comme ces résultats ne n’offroient encore rien de satisfaisant, je crus devoir re- commencer une nouvelle précipitation. Le précipité vint avec les mémes apparences ; il fut lavé beaucoup plus long-temps que le premier. Cependant les derniers lavages se troubloient encore un peu par l’'épreuye du muriate d’étain mineur ; mais les produits de sa distillation, quoique les mêmes, se présen- térent bien différemment. J'en plaçai 100 grains dans une petite retorte de verre au-dessus de la flamme d'une lampe. À peine s'étoit-il écoulé quelques minutes, qu'il en sortit une fusée rapide de vapeurs blanches, formant un nuage épais que j'eus soin de ne pas respirer. Je jugeai bien qu'une désoxidation précipitée de l'or avoit pu produire cette espèce de détonation ; et en eflet l'or se trouvoit complètement désoxidé. La retorte se trouva ta- pissée de mercure doux, mélé de sublimé. Je répétai cette distillation en jetant par petites parties du précipité dans un matras taré et placé au-dessus de la lampe. Les résultats moins tumultueux qu'auparavant, me permirent cette fois d'observer mieux; mais il me fut impossible d'ap- précier l'humidité et parconséquent le rapport de l'oxigène à l'or. l Gependant l’oxigène se trouve dans ce précipité beaucoup plus abondant, à vue de pays, que dans l’intérieur, car 100 grains de ce dernier ayant donné, Muriate doux et corrosif. 16 Or ANT RME TES ESS me LÉ Total, 174 Il ET D'HISTOIRE NATURELLE, 139 Il est évident que les 26 qui manquent pour le complé- ment du quintal , ne pouvant contenir à-peu-près que 8 parties d'eau , l'oxigène doit étre de 12 pour 58 parties d'or, ce qui établiroit le rapport de métal 100 : oxigène 31. Toutefois je m'incline beaucoup à croire ce rapport plus certain que celui de l'expérience précédente, parcequ'ayant appliqué l’ébullition au premier de ces précipités , une partie de l'or a pu se désoxider plus ou moins : circonstance que j'eus soin d'éviter dans la préparation du secoud. Mais il seroit prématuré sans doute de vouloir établir. aucune théorie sur ces faits. IL faudra les voir et les revoir encore : c’est ce dont m'éloignent trop mes occupations pour le moment. Je dirai seulement que le mercure doux qui accompagne ici l’oxide d'or , n’est provenu d'aucune portion d’oxide au minimum , que mes dissolutions mercurielles pourroient avoir conservé. Quelle est donc l’origine de ce mercure doux? quel sera le concours d’aflinités qui auront pu amener le sublimé à la condition de mercure doux, et l'attacher ainsi à l’oxide d’or ? Je terminerai ces détails par une propriété beaucoup plus extraordinaire de ce précipité que celles qu'on vient de voir. Si l'on en chauffe quelques grains sur un papier au-dessus de .la flamme d’une boupgie, il ne tarde pas à fuser et à sauter , en lâchant ses bouflées blanches, avant de se réduire à Pétat d’or pur. Mais si on le méle d'avance avec un peu de fleur de soufre, en les triturant avec la pointe d'une spatule d'ivoire, et qu'on le chauffe ensuite doucement sur la lumière , il détone. très - facilement et d'un bruit aussi sec que l'or ful- minant. Le premier de mes deux précipités dans lequel j'ai soupçonné moins d’oxigène que dans le second , détone pourtant aussi bien que le second. L'oxide d'or obtenu par la potasse , mélé de soufre et chauflé de nrême , fuse obseurément, mais sans avoir la moindre tendance à détoner. La détonation des oxides précédens est une propriélé Constante , et qui ne ynanque Jamais. Si le mélange est éparpillé, la détonation se fait pareillement, mais elle est unique et parconséquent très-forte si le précipité a été bien réuni. Après la détonation on ne trouve entre les papiers que: de l'or divisé. Si nous. réfléchissons actuellement sur un résultat aussi -singulier ,,. nous voyons ici l'or fulminer par un.moyen qui détruit cette propriété dans l'or fuliminant ammoniacal , et Tome LXIT, FEVRIER an 1806. S 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nous l'amenons sans le concours de l'ammoniaque à produire des effets dont l'explication doit nécessairement porter atteinte à la théorie méme de l'or fulminant. Quelle peut être l'in- fluence des deux muriates de mercure dans cette détonation? Voilà ce qui reste à chercher. Pourpre de Cassius. . On n'ignore plus aujourd’hui que l’or est ramené dans ce Het ae à l’état métallique, parceque les expériences de Pel- etier ont démontré que l’étain ou son oxide au minimum , appliqués au muriate d’or, ne pouvoient jamais donner d'autre résultat. Mais comme on sait aussi qu'il contient une portion d’oxide, même assez considérable , on a pensé généralement que le pourpre ne devoit être par cela même qu'un mélange intime d’or à l’état métallique et d’oxide d'étain. Si nous réfléchissons cependant à quelques propriétés qui ‘distinguent éminemment le. pourpre d’un simple mélange de poudre d’or et d’oxide , et à la difliculté surtout qu’on éprouve à lui enlever ce dernier, on est conduit à soupçonner qu'il doit, y avoir quelque chose de plus dans ce précipité qu'un simple mélange. Commençons par établir l'état métallique de l'or, après quoi nous reconnoitrons le degré d’oxidation de l’étain qui l'accom- pagne. Pour analyser le pourpre il faut lui appliquer l'eau ré- gale , car lés acides nitrique et muriatique n'ont sur lui qu'une action ‘irès-lente et très-imparfaite. À peine en est-il mouillé qu’on le voit perdre sa couleur, donner une solution d’or, et laisser à nu l'oxide d’étain. Cet oxide est pesant, sableux et transparent comme du verre pilé; c’est le caractère accoutumé de l'oxide au maximum. Mais l'acide nitrique de la dissolution d’or pourroit , dira-t-on, l’avoirélevé à ce degré. Non, répondrai-je, car si l’on fait chauffer le pourpre dans de l'acide marin, l’oxide qu’on lui enlève est également vitréux , et sa dissolution ne précipite plus celle de l'or; elle ne donne que du jaune avec l'eau hydro-sulfurée. Ainsi il est hors de doute que si l’étain qui accompagne l'or est au 7naximum , c'est parcequ'il s'est approprié son oxigène à mesure qu'il l'a pré- cipité. De l’oxide d'étain au maximum et de l'or, tels sont donc irrévocablement les parties constituantes du pourpre de Cassius. Pour commencer actuellement à faire sentir que cet oxide ne peut durant la précipitation du pourpre s'unir à l'or, _ AT D'HISTOIRE NATURELLE, 14T qu’autant qu’une affinité particulière l’entraine vers ce métal, nous allons rappeler ici quelques-unes des propriétés de l’oxide d'étain. p L'étain passant du minimum au maximum , diminue de solubilité; c'est un fait qui a été suffisamment démontré dans mon dernier Mémoire sur l’étain. Ce métal suit en cela la loi de la plupart des métaux qui sont susceptibles de deux oxidations. Mais ce décroissement de solubilité n’est ‘pas pour cela la cause de sa précipitation dans la circonstance présente ; car, quoique moins soluble que l’oxide mineur , il ne laisse pas pourtant que de l'être beaucoup et dans l'acide muria- tique et dans l'eau régale. Que l'on verse, par exemple ,gne seule goutte de muriatique au 7rinimum , très-acide , dans une dissolution d’or, qui en est de son côté habituellement sur- chargée , et l’on ne manquera point de produire un pourpre composé, et un pourpre qui n’a sûrement rien de comparable aux poudres colorées que donnent l'acide sulfureux, le phos- phoreux , le sulfate de fer, etc. Ainsi dans le cas que nous examinons, il n’y a aucun motif de croire que quelques atômes d’oxide, qui viennent de gagner le maximum , abandonnent ainsi un dssblyane qui les sollicite de toutes parts pour aller s'unir de préférence à l'or, si celui-ci ne les entraine par une force d’aflinité particulière. Observons encore qu'à mesure que l'or et l’étain se précipitent, l’acidité des liqueurs augmente. Ainsi si l'or et l'oxide s'unissent malgré l'obstacle qu'ils devroient rencontrer dans des milieux aussi acides, il faut de toute nécessité qu’une attraction particulière intervienne, pour sauver l’étain de sa solubilité accoutumée. Mais un seul fait va mettre dans la dernière évidence l'état particulier de combinaison qui attache l’oxide d’étain à l'or. On jette du pourpre récemment précipité dans un flacon d'am- moniaque; celui-ci le dissout à l'instant, et se teint d'une vive et intense couleur de pourpre. La dissolution passe au filtre sans rien perdr& L'eau ne la décompose point comme la plupart des dissolutions ammoniacales métalliques, à moins qu'elle ne soit surchargée; alors une partie du pourpre peut s’en séparer. La distillation en enlevant l'ammoniaque le fait aussi déposer; mais si la liqueur retient de l'ammoniaque , elle conserve encore du pourpre en dissolution. Les acides l'en précipiteñt de méme. Les précipités d’or métalliques ne sont point solubles dans l'ammoniaque. L'oxide au z7inimum ne l'est de son côté que S 2 142 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE très-imparfaitement, puisque sa dissolution est toujours lai- teuse. Si le pourpre se dissout aussi amplement et aussi bien dans l’ammoniaque; si le pourpre a des propriétés que n’ont ni l'or, m ES FO il faudra donc en conclure que ces deux substances forment entre elles une combinaison réelle. Or il n'y a que les vraies combinaisons qui puissent avoir des propriétés éminemment différentes que celles qui caractérisent leurs facteurs. La combinaison d'un métal, dont les aflinités sont déjà si bornées , ayec un oxide que l’extrême oxidation ne dégrade pas moins dans les siennes, ne laissera pas que détparoitre singulière , et d’autant plus quil n’en existe, je crois, aucune autre qu'on puisse lui comparer. L'on pourroit répôhdre à cela que celle de l'oxide d’or avec l’'ammoniaque ne paroîtra peut-être pas moins hors de règle si on l’examine de près; car, qu'y a-t-il de plus opposé à la généralité des principes que de voir un oxide ayant plus d'aflinités avec l'ammoniaque que les plus forts acides ; que de voir dans l'or fulminant une combinaison oxido-ammoniacale, dont au- cun acide et méme aucun alkali ne peuveut triompher ? Le mercure agité dans un flacon avec du pourpre frais, ne lui enlève point l'or, comme il le fait avec tant d'avantage. dans toutes les rencontres où il n'y a pas combinaison. Si or véritablement bien métallique dans le pourpre ne cède, cependant point à l'action du mercure , il faut bien que quelqu'autre aflinité s’y oppose. . On a aussi pensé qu'entre l'or précipité par l’étain, et l'or précipité par le sulfate de fer, il n’ÿ avoit pas de différence essentielle, et même qu'il ne manquoit à ce dernier que d'être étendu ou délayé dans un oxide blanc quelconque pour être pourpre de Cassius. Je dirai que ces idées ont bien peu de fondement; car si l'or précipité par le fer a quelque chose de pourpré quand il est déposé, il n'a cette nuance que sous un aspect exclusivement; tandis que celui de Cas- sius est d’un pourpre constant, dans quelque position qu'on le regarde. Tout or que l'on ramène à l'état métallique par d’auttes combustibles que par l'étain, donne un précipité dont chaque atôme réfrange la lumière , de manière à le faire paroitre bleu quand on place le vase entre le jour et l'œil. C'est sous cette apparence que paroit l’or qu'on précipite par le sulfate de fer, par l'hydrogène phosphoré , par l'acide sulfureux’, etc. Se place-t-on entre le jour et le vase, on n'apperçoit point ET D'HISTOIRE NATURELLE, 143 encore de pourpre, maïs on distingue ce reflet qui est par- ticulier à chaque molécule orifèré ; et dans léquel on recon- noit si clairement des atômes de métal. Mais l'or précipité par l’étain, bien au contraire , c’est du cramoisi foncé, c’est du pourpre, c'est une poudre veloutée qui ne renvoie aucun reflet métallique sous quelqu’angle qu’on l'examine , et dont Ja nuance ne diffère de. celle que donne sa dissolution dans l'ammoniaque, que par une plus grande intensité. . Veut-on se convaincre encore plus amplement de la diffé rence réelle qu'il y a entre les précipités orifères et le pourpre de Cassius ? Il suffit de se rappeler que quoique le muriate de fer opère sur le muriate d’or de la même manière que celui d'étain , l’oxide de fer qui cause sa précipitation , n’est cependant nullement attiré par l'or comme celur de l'étain, malgré que sa solubilité ait tout aussi notablement diminué dans cette circonstance que celle de J'oxide d'étain. Si donc l'oxide de fer élevé à son maximum ne s'attache pas à l'or dans une rencontre où celui d'étain ne manque jamais de le faire, il n’y a certainement que les aflinités qui puissent nous donner raison de ces diflérences. Et enfin le pourpre d'étain s’attache à la soie et la teint d’un violet qui n’est sûrement pas l'effet d’une poudre d’or incorporée dans les pores de ses filamens. . Dans la formation du pourpre les exçès des acides ont un empioi tout différent de celui qu'on pourroit leur supposer; ils ne lui enlèvent point d’oxide d'étain comme on pourroit le croire, mais ils occasionnent, ils communiquent au pourpre une sorte de semi-solution qui en retarde le dépôt, et qui devient par là fort incommode , surtout quand on est pressé de le recueillir. On reconnoit facilement cette action des acides, si l’on agite avec de l'acide marin un précipité fraichement Javé : on diroit alors qu’il y a dissolution, et mieux encore si l'on chauffe un peu; mais cette dissolution, qui en impose à la vue par une sorte de transparence, :.,. ne tient point à l'épreuve du filtre. On abrège la précipitation du pourpre en versant à diverses reprises de la potasse dans la liqueur. Si au bout de quelques minutes sonlimbe ne s’éclaircit pas, on en ajoute encore un peu, et l'on a le plaisir de voir le pourpre se ragréger en flocons, et se déposer à vue d'œil. ni y 4 pourtant dans cette pré- cipitation un excès à craindre, mais on l'évite facilement quand on en est prévenu ; c'est que plus de potasse qu'il n'en 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE faut pour effacer ce surplus d'acide, atteindroit à son tour le muriate d’étain libre que les liqueurs tiennent en dissolution, et l’on s’exposeroit à ajouter au pourpre une portion d'oxide qui ne doit pas en faire partie. # L 4 Effet des acides sur le Pourpre. Si on applique à 100 parties de pourpre bien desséché une eau régale très-foible, telle que celle qu'on fait avec un acide marin de 4 à 5 degrés , et quelques gouttes d'acide. nitrique, on les voit se décolorer assez promptement, et donner une dissolution d’or. Cette dissolution précipitée par le sulfate de fer, donne 24 grains d’or fondu. L'oxide d'étain restant n'est que de 70, ce qui indique que l’eau régale en a dissout 6 grains. Il est blanc, vitreux comme tout oxide au maximum. Ce résultat nous fait voir que l'or en se précipitant entraine avec lui une quantité d’oxide qui est égale à trois fois sa pesan- ‘teur; et comme 76 parties d'oxide au maximum correspon- dent à-peu-près à 72,5 , d’oxide au minimum, il est vrai- semblable que c’est-là la portion d'oxide mineur qui peut se charger de l'oxigène capable d’oxider 24 grains d'or. Si l’on verse une portion de muriate au 7ninimum dans de l'eau régale, l'oxide passe au maximum, mais ne se pré- cipite pas, méme par l'application de la chaleur. Quand l'or en abandonnant son dissolvant pour se convertir en pourpre, entraîne dans sa chute une portion d’oxide aussi considérable, il faut encore une fois qu'une aflinité ait présidé à ce résultat. L’acide muriatique de 1@ degrés tenu en ébullition sur du pourpre frais, le décompose peu à peu et l'amène à l’état d'or pur. La force d’agrégation rattache ses molécules, et les réunit par ie pelotons qui ne se montrent plus que sous la couleur de l'or précipité par le fer, l'acide sulfureux, etc. L'acide éclairci par dépôt est unes«dissolution, d’étain au maximum, un peu jaune. Une lame d'étain fait disparoître cette nuance, mais ne donne aucun soupçon de pourpre. L'acide nitrique de 32 degrés enlève de l’étain au pourpre; il en éclaircit la couleur, C'est l’avivage proposé par Lentin ; mais il ne parvient point à le réduire à de l'or pur, quelque longue que soit l’ébullition. L'acide nitrique décanté tient de l’étain au maximum, et un peu d'or en dissolution. Quelques gouttes de muriate l'y démontrent à l'instant. Ce pourpre dout-la nuance éclaircie se rapproche de celle ET D'HISTOIRE NATURELLE. “#45 du cinabre, contient toujours de l’étain. L’eau régale l'y dé- couvre facilement. Si on le place entre l'œil et la lumière, on reconnoit à la nuance bleue que l'or commence à se méler au pourpre. L’acide sulfurique aqueux embellit aussi le pourpre, parcequ’il lui enlève ün peu d'étain, mais son action ne passe point au-delà. Le sulfate d’étain au minimum précipite aussi l'or en pourpre de Cassius. * De l’Or précipité par quelques sucs végétaux. J'ai fait voir ailleurs qu’il y a peu de sucs végétaux, acides , gommeux, sucrés, extractifs , etc., qui n'aient la propriété de désoxider l'or; mais parmi les extractifs et les colorans il y en a beaucoup qui s'unissent à ce métal et forment avec lui des laques pourpres d’une couleur foncée et souvent même très-belle. De pareilles unions confirment de plus en plus les dispositions que l'or a pour former des combinaisons d'un ordre particulier. On verse de la dissolution d'or dans une solution très- éclaircie de sue de sang-de-dragon; on laisse déposer la PA on la lave à plusieurs eaux bouillantes , et on la fait sécher. Cette laque est un composé de métal et de matière colorante liés l’un à l’autre, par une combinaison réelle. On brûle 100- parties de cette laque, et l'on fond la cendre avec un peu de borax; il en résulte un bouton d’or du poids. de 40 grains. Le quintal d'or entraîne donc avec lui 250 parties ou deux fois et demie son poids de matière colorante. Les faits suivans feront, voir, 1°. que l'or y est à l’élat mé- tallique , 2°. qu'il y a combinaison. L'eau est un dissolvant des principes qui sont contenus dansle sang-de-dragon. L'eau n’enlève cependant rien à la laque orifère. L’aicohol qui dissout parfaitement le sang-de-dragon n'enlève rien non plus à cette Wine: il ne se colore pas même lé- gérement. La potasse lui enlève une grande portion de matière colorante, mais elle ne l'en dépouille pas complètement, il reste toujours une laque d'un pourpre très-bea@ , dans lequel on retrouve l'or uni à du principe colorant. Trois applications -de la potasse n’ont pu réduire l'or à sa pureté. L’ammoniaque lui enlève du principe colorant, mäis ne la dissout pas. L'acide muriatique de 10 degrés n’a pas la plus légère action Y46 JOURNAL DE PRYSIQUE, DE CHIMIE sur cette laque, même lorsqu'elle est fraîche. L'or n’y est donc pas oxidé. L'acide nitrique l'attaque , s’y décompose : gaz nitreux, etc., et la laque se trouve par la destruction du principe colorant réduite à de l'or pur. Le syc d'écorce de pin, que l’on use en Espagne pour tanner le cuir, donne aussi une laque semblable à la précédente, et dont elle a toutes les propriétés; mais elle ne coutient que 25 centièmes d’or. L'or à l'état métallique peut donc former des combinaisons avec les parties colorantes des végétaux. ; .° Sur l'état de l'Or dans le pourpre appliqué aux émaut. LL Nous avons vu que l'or est à l’état métallique dans le pourpre de Cassius; mais y est-il encore dans les nuances qu’il donne au verre et à l'émail ? Voila une question qu'il est temps d’agiter aujourd'hui pour commencer, sinon à la résoudre, à l'éclaircir tout au moins. Reprenons les choses d'un peu plus haut. C'est une chose déjà ancienné en Europe’, ue l'usage de peindre en pourpre avec de l'or oxidé ou pas divisé. Les artistes de l'ayant-dernier siècle y employoient indistinc- tement Jor fulminant, J'oxide précipité par la liqueur de silice, l’or désoxidé par l’étain ou par le mercure, l'or limaillé par la pierre-ponce , etc. Homberg et Macquer avoient re= marqué, depuis, que ce métal teignoit en pourpre les parties vitrifiées des supports , quand on le tourmentoit au foyer du miroir ardent; Rouelle et Darcet, que l'or frappé de J'étincelle électrique, donnoit aussi cette couleur à l'émail. Depuis Staahl jusqu’à la découverte de l'oxidation, les chimistes ont été partagés d'opinion sur la nature du pourpre : les uns ont jugé qu'il répugnoit trop à la doctrine d'admettre que l'or pourvu de tout son phlogistique püt se dissoudre dans les verres, et donner à lui seul l'exêmple d'une combinaison dont les autres métaux ne fournissoient aucun exemple. Ils jugèrent donc qu'il n’étoit capable de teindrele cristal qu'autant qu'il se déphlegistiquoit; et Macquer ne pouvoit pas moins que de se ranger à cette manière de voir. Il paroît néanmoins, dit-il, que c’est une espèce de calcination. qui rend l'or propre à entrer dans la vitrification. Les autres, et Orschal à leur tête, voyant d’un côté la facilité ayec laquelle l'or simplement atténué donne cette cou- leur» : | TAN / @T:D'HISTOIRE NATURELLE. 147 leur, et.de l'autre, la, basse. température à laquelle ses oxides reviennent à l'état métallique, en ont conclu qu'il suflisoit de le"bien diviser pour l'approprier à la peinture. Macquer lui-même finit par admettre cette seconde opinion, et il est Je premier qui ait dit nettement : fous ces faits prouvent que la couleur pourpre ‘est naturelle à l'or toutes les fois qu'il est -extrémement divisé. Si Von détouyre un jour que cette doctrine est bien fondée, rappelons-nous, en France, que c'est à Macquer qu'il en faudra faire hommage. - Je retracerai néanmoins à l'attention des chimistes quelques faits qui peuvent nous guider vers celle de, ces deux opinions qui paroit la plus exacte.” Sas L'argent n'est pas susceptible de s’oxider par la ‘seule chaleur: de nos fourneaux ; son extréme facilité à redevenir métal, quand il a. été oxidé par les acides, est encore un nouvel obstacle à vaincre. Cependant , quand une substance facilement vitresci- ble peut dissoudre l’oxide à mesure qu'il se forme, l’oxidation favorisée par cette attraction, devient permanente ; elle supporte alors une chaleur qui n’est plus en état de la réduire. L’ap- plication de l'argent en feuilles sur le verre, son oxide com- biné à l'acide phosphorique ou boracique, en sont des preuves connues. 1l paroît qu'il en est de même de l'or: si une surface vitreuse peut dissoudre son oxide à mesure qu'il se forme, la réduction en est retardée , et le pourpre se soutient jusqu’à ce qu'une température plus élevée vienne le forcer de res- .tituer l'oxigène. Mais voici un fait connu dans les. verreries, qui semble dé- cider la question. On fait dissoudre dans du ‘cristal tendre un précipité d'or quelconque, il en résulte un verre brillant, - unfverre sans couleur et de da plus parfaite transparence. Dira-t-on que l'or soit. simplement divisé dans ce verre? Si on en chaufle des fragmens dans une retorte, loin parcon- quent de toute vapeur déphlogisticante, ils s'embellissent d'une nuance pourpre magnifique sans rien perdre de leur transpa- rence. Peut-on qualifier ce résultat de réduction métallique ? Le pourpre des émaux, de la peinture sur porcelaine, s'efface sou- vent et reparoit ensuite avec la plus grande facilité. A pperçoit-on ici un métal qui ne s'écarte jamais de la simplicité métallique dans les différens états ? L'or dissout dans le verre donne des couleurs ou n'en donne pas. Voilà dans l’histoire de ce métal un phénomène dont nous ne connaissons point l'éthio- logie. Disons donc bonnement avec Macquer : cet état pour- pre de l'or n'est pas encore bien connu. Tome LXII, FÉVRIER an 1806, T UBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES | x vhs 1.1 ; 219121: Par BOUVARD, a:tronome, ; Es } EU 4 uasl | BAROMETRE: TE THERMOMETR£: ‘SHAOË RS. "CR 2 Maximum. | Mrxraruat, frior Maximum. Minimum. AMiot. 3 HIT -4 } Hot Tags. + 42à7im. — 1,3, + 22/à7im.....28. 376[17s....:.. 28. 2,43|28. 3,07 2fà midi + 5,41à Bi tel LD ARG de. 28. 4,90[à 6? m..... 28. 2,60|28 3Ïà midi Æ 40/à17£m. — 3,1] + 4,014 midi ..... 28. 4,75|à to 3s.....28. 4,30|28. 4,75 al midi Æ 4,5là 8m. + 0,6, + 4.5}à 8 m.:.:. 20. 3,55 o|28. 3, 5h3s. +4,5à8m. + 20] + 4olà 9 m.:.…. 28x83 75là 3 Be 44 28. 343128. 3,58 6fà midr:4 3,8 |à17.4 ms 4 0,1|.4+,3,81a8 ; m..... 20.02,75472ime...-26.1205|28. 1,19 7{à midil,,+,5,5/à85m. — 1,8 + 5,51 , N © o|28. 1,19 8fa midi +Hio,5jà 8 m. +'5,7| +10,5 à'omidii. ,.: 27.101049 28....:. 27. 9,60|27.10,10 9Ùà midi Hio,5arots. + 8,5] Æ10,51à8 m2... 27: 18,60[à 3 5.....1 970 7,25[27. 7,45 10fà midi “ri,4 à 7 2m. 1,6) +ir,qlà7 ml... 97. :537là 10,53. 4 27:42/83| 27. 4,25 11fa7im. + 3,2là nudi + 2,6] + 2,0fà4106....,.27.17,50[à 7 à m..:.. 27.675127. 8,70! à midi + 36 à 72m. — 1,0] + 3,614 midi.,.,.28. 1,83|à 9 s...... 27. 0,40| 28. 1,83 13la2s. _ + 7,8 là 8 m. + 4,5| + 7,51 925......28. 2,35[à midi... 28. 1,33[28. 1,83 14fà midi + 9,6 à11im.+ 3,0] + 9,64à 10 5......08. 4 67[à 8 m...... 28: 3,33|28. 4,17 15! 3s. + 8,3/à02m. + 5,8] + 7,5fà midi .... 28: 4,5o|äto Es)... 28.3,85|28. 4,50 16fà midi Æ 8,395. 15,2] + 0,246 3m... 28. 2,66[à 9£s.,... 28. 1,40|28. 2,12 17/à 83m. + 7oètos. +50! + 6,98à nudi......28. 0,50 10... 28. 0,12|28. 0,504 18fù midi + 5,5à8m. + 1,8] + 5,546 m....,.27.10,22|à1025..... 27. 4,58|27. 8,12]M, 19fà midi Æ 4oà 10 s. + 2,0| + 4,ofà midi....... 27 5,65[à 10 s...... 27. 5,00|27. 5,65 20fà2s. + 5,0|à7 4 m. + o,6| + 4,28à 1035 27. 750| 49 %in... 0 27. 6,00|27. 6,60 21/a midi + 1,9 à 8 M. = 0:0|°+:1,9h4 9 SA. 27. 6,0o[à midi... 27. ‘3,92|27. 3,92 22fa midi — 0,6à3s. — 3,7| — o,6fà nudi...... 27. 8,70|418 m......27: 8,83|27. 8,70 23/à9s: — 0,235 — 2,8] — 1,8/294S...... 27. 8,69|4.6 3m... .. 277,88|27- 7, 24la 25. + où 74m. — o,7| + 3,0fà midi......27.10,32|à7£m....…. 27.,9,16|27.10,391| 25|a9s — 33h 8m. — 4,6| — 4,9]à 9 S.......28. T,80[à 8 m...... 27.10,76|26. 0,55 261125. —4ylaitrs. — 8,2] — 5,3fà 105. 28. 4,55|à 8 m...... 28.13/50|28. 4,05 27la midi —5,oà8m. —j0,0| — 5,ofà 8 m.....… 28: 4,51[àgs:.......28%:3,60|28. 4,50 o6[à midi — o7hoks. 2 6,5 — 2,7là 9 s....., 28. 3,55là 915s.....:28. 1,48|28. 2,97 29)à midi — o,ofà7m. — 5,2| — o,ofà 8 + 1m..... LOND, 22h SL eee 27.10,95|27.11,68 3olà midi ee 4s + 2,2| + 4,o)à 8 m...... 27. 8,40|A4 Senseo. 27. 6,12|27. 7,471 L RECAPITULATION. s Plus grande élévation du mercure...28.4,75, le3 à midi. Moindre élévation du mercure..... 27.2,83, le 1oà10h.s, Élévation moyenne... 27. 0,79. è Plus grand degré de chaleur..... 11,4 le 10 à midi. Moindre degré de chaleur. ...... 10,0 le 27 à 8 m. Chaleur moyenne.:..... : +0,3 : : Nombre de jours beaux....... 19 - || Lau de pluie et neige fondue dans le cours de ce mois 0",03951 — 1 pouce 5 lig. » j 52 centièmes. A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, | FRIMAIRE an XIF. | Mostiéemngn VS Et LYSEEES ATARI PEUT AIT LE AVIS RESEREETR à S|Hyro.f [POINTS] "y À RFA TI O NS S VENTS. 7 |à midi LUNAIRES:| | | DE L'ATMOSPHÈRE. Brouillard très-épais; couv. tout le jour. rl goo | Calme. 2] 600 | N.N-O0 Brouill. ; couv, jusqu'à midi; assez beau ciel le reste du j. 3] 770 | E. - Brouill. ; forte gelée blanche; beaucoup d’écl. tout le j.|} 4f 77:50 | S. Apogce, Brouillard; couv. tout le jour. ; 5] 76,0 | O.S O, Léger brouillard ; ciel très-couv. 6| 76,0 | E.;S- Brouillard ; beaucoup d’éclaircis tout le jour. 7| 86,0 | E.S-E. Ciel très-couv. tout le jour. 8] 94,0 | S.S-0. |P?.0. Pluie la plus grande partie de la nuit; beaucoup d'éclairc. 9] 92,0 | S.fort. Equin. ascend. Ciel couv. ; pluie par interv. ; beaucoup d’éclaircis. 10| 869,0 | S.S-O. Ciel très-couv.; pluie par intervalles. £ 11] 79,0 | N-O. Pluie forte et abondante tout le jour ; éclaircis sur le soir.| # 12] 76,0 | O, N-O. Gelée blanche; lég. nuag,; ciel tr.-couy. dep. midi; pl. et neig 13| 90:0 | O. N-O. Ciel très-nuageux. 14| 66,0 | O.N-O: ; Brouillard; couv. le matin ; beau ciel le reste du jour. 15| 94,0 |S-S.O:N-O0,P.£. Ciel trè$-couv. ; pluie par intervalles, 16| 893,0 À S:S-O:: [Périgée Giel:couv. 17| 94,0 |.S,S-O: Ciel couv. ;. pluie fine : ÿ 18| 88,0 | S.S-O. f. Ciel couv. ; pluie forte par intervalles. 19| 79,0 | O, tr.-fort. Ciel couv. ; pluie par intervalles. ! 20| 75,0 | O. N°0. Vapeurs à l'horizon; ‘assez beau ciel, 21| 60,0 | S-O. Equin. descen.1 Neise abondante par intervalles. 22| 70,0 À N: N-0f12:.0. Ciel très-nuageux et nébuleux.,..,,,, . o3| 81,9 | O., Neige dans la nuit; ciel entièrement couy. 24| 84,0 | O.N-O, Beaucoup d’éclaircis. mis 25| 71,0 | NE. Brouillard à l’horizon; ciel couv. pat intervalles. 26| 67,0 À IN. fort Brouillard ; fort beau ciel! tout le jour. ii 27| 74,9 |:N,IN-E Brouillard épais: [on Î Hô 28| 62,0 41N. Léger brouillard ; beaucoup d’éclairciss brouill. Jet givre. 29| -78,0 | S.fort. À Ciel couv. IL a commencé à pleuvoir à 3 h. soir 3o| 93,0 | S:5-0.. |x. £ Ciel très-couv. ; pluie fine ; beaucoup d'éclaircis. RECAPITULATION. de couvefts.:.2..l fl defplhues- "ue 10 desmentas ets. niêt dergblée. os: ias ac de fonnerre...... °. de brouillard. .... VPARE de neiges. 3 Jours dont le vent a-souffé du IN... ROPPE ET AT 7260 7" :HOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LETTRE DE M *** (1) à J.-C. DELAMÉTHERIE, SUR L'ÉLECTRICITÉ. Le 24 décembre 1805. Monsi£un, Je viens de répéter toutes les expériences que j'ai faites depuis quatre ans que les piles de M. Volta réveillèrent ‘en moi d'anciennes idées. Tout l’ensemble concourt à prouver que la matière du feu se trouve combinée de |différentes manières avec les combustibles, et que c'est par double aflinité que ces corps se décomposent : celle du feu par attraction homogène , et celle des bases graves par l’oxigène de l'air, Nous avons donc la mème théorie, et nous croyons tous Îles deux que: des découvertes de Sthal sur le soufre, et de La- voisier sur les bases gazeuses , l'on peut former une théorie qui ne présente aucune des anomalies que les deux théories offrent à chaque instant, lorsqu'on ne les combine point, Comme il y, a quelques expériences que j'ai faites ‘depuis l'impression de mes deux lettres à M. Van-Mons, je crois que l’ensemble de celles-ci est plus lié. Je commencerai par l'éxamen! de la bouteille de Leyde, par une expérience que je viens de faire il ÿ a peu de temps; elle jette quelque nouveau jour pour trouver la raison de ses phénomènes encore si obscurs. L'TUA à te ExPÉRIENCE. Prenez une bouteille ,-non garnie extérieurement , dont l'ouverture est aussi large que son diamètre ; remplissez-la aux £ d’eau ; chargez-la au moyèn d'un conducteur de verre recourbé (x) C’est à ce savant estimable que sont dues ‘toutes les expériences électriques rapportées dans le derniers cahiers de messidor, fructidor et vendémiaire. - 4 … ÉT D'HISTOIRE NATURELLE; rh (Exp. IV), vous verrez que l'extérieur commence à se charger par le, fond; la matière électrique y devient visible au, premier tour de disque ; peu à peu de petits jets électriques s’élancent du bas vers le haut:; et au moment de la parfaite saturation vous verrez ces jets s’unir à la matière électrique dont l’eau est saturée, et la détonation se fait. Pour se convaincre dé ma déduction, prenez un excitateur à manche de verre, pliez-le desorte qu’un des deux boutons glisse sur la surface exté- rieure ; tandis que l'autre s'enfonce dans l'eau. Si votre bouteille est, par exemple, saturée parfaitement avee dix “ours de disque, n’en tournez que cinq ; dans get état de mi-charge vous devrez enfoncer l'excitateur à plus de moilié dans l'eau avant d'avoir la détonation. Si vous faites sept tours ; à environ un tiers, lorsque vous en aurez tourné dix, ‘à peine serez-vous à quelques lignes de la surface de l'eau, ‘que vous verrez une belle étoile entre la surface de l'eau et le bouton de l’excitateur, et le départ se fera dans l'air sans que vous touchiez l'eau: TE ExrÉRIENCÉ Chargez intérieurement une bouteille par votre corps de fluide résineux (Théorie de M. Coulomb)}, en la tenant par son crochet; portez-la sur un isoloir ; empoignez-la ensuite par l'armure extérieure, ét posez-la sur une plaque de plomb en communication avéc la terre; approchez alors le bouton intérieur d'une autre bouteille que-vous tiendrez en main par son armure extérieure, le fluide résineux de la première se communiquera à la seconde, et les deux bouteilles se mettront en équilibre. Essayez de faire détoner la seconde, elle donnera les mêmes signes de départ qu’une bouteille chargée vitrea- sement d'un côté, et résineuseméent de l’autre. Ces deux bou- teilles chargées intérieurement de fluide résineux , étant pla- cées extérieurement sur la même plaque de plomb, ne dé- toneront point, quoique chargées en dedans vitreusement ét en dehors, l’une vitreusement, l’autre par le fluide résineux de ma main, tandis qu'une boutcille chargée intérieure- ment de fluide vitré, l’autre résineusement, et vice versé , détonent , quand, réunies extérieurement sur une même plaque, l'on approche leurs boutons. Je tächerai de pré- senter quelques conjectures sur la cause de ces effets opposés, qui jusqu'ici sont si peu connus, ainsique tous les phénomènes 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, BR CHIMIE ‘singuliers que présénte la bouteille de Leyde. L'examen chi- mique doit pouftant enfin en présenter la vraie théorie. 11F ExrÉRIENCE. Mettez un grand carreau de verre encadré avec un pied -qui le soutienne entre la chaîne électrique d'une:bouteille en communication avec le premier conducteur; pressez le centre de ce carreau de deux côtés par une boule, le départ se fera, mais plus foiblement , et l’on verra une belle zône de feu entre Fe deux boules. En répétant plusieurs fois cette expé- rience, peu-à-peu la zône diminua d'éclat. Il semble que ce assage forcé décompose le verre comme le fait à la longue É soleil qui darde sur les carreaux de nos châssis. L'on y apperçoit de petites stries comme au verre décomposé par J'action solaire. Cette expérience me conduisit comme par la main à la suivante. IVe ExPÉRIENCE. Je fis tirer à un tuyau de baromètre deux pointes effilées ; je les soumis d’un côté au premier conducteur, et de l’autre à une bouteille de Leyde; mes aides avoient déjà tourné plus de 500 fois la grande roue de mon appareil, lorsque je m'ap- perçus enfin que le fluide l'avoit pénétré : une pointe lumi- neuse parut du côté du conducteur, et une belle aigrette du côté de la bouteille. Dans là méme journée mon nouveau conducteur chargeoïit aussi bien ma batterie que lorsqu'elle communiquoit directement au conducteur de cuivre. Ce tuyau n'étoit pas long; mais j'en fis construire de 5 à 6 pieds, qui en peu de temps devinrent aussi bons que celui que je yous envoyai dernièrement, et qui n'a pas un pied de lon- sueur. 11 faut remarquer que le verre de ces tuyaux étoit de Ta même qualité et de la même fabrique que celui de mes bouteilles, qui sont excellentes. Je m'apperçus encore que les pointes se décomposoient par une longue électrisation; mais je réussis à arrêter cette GUERRE en remplissant des tuyaux à une seule pointe tirée à la lampe aux - d’eau, et en les fermant par une petite boule de cuivre dont je fis asser la tringle de quelques lignes de longueur à travers un Vichon entouré de cire d'Espagne. Ces tuyaux, que je fais ‘recourber. pour entrer dans des bouteilles à eau, sont es seuls ‘conducteurs dont je me sers depuis trois ans. Tls ont l'avan- ÊT D'HISTOIRE NATURELLE... 153 tage de ne point donner d'étincelles lorsqu'on en approche trop près, et par-là permettent qu'on brosse le disque , ce qui est préférable au taffetas. Je remplis un jour un de ces tuyaux à un quart seulement d’huile de lampe. Chaque fois que j'é+ lectrisai, éette huile entra en fermentation comme du vin de Champagne. Un jour en revenant de la campagne , après un séjour de quelques semaines ; je trouvai lé tuyau cassé , et l'huile ‘répandue sur la table. Comme personne n'approche en’ mon absence de la chambre où se trouve mon appareil, je ne puis attribuer la rupture de ce tuyau qu'au développe- ment de quelque gaz qui s'est enflammé probablement par la formation successive de gaz oxigène, par l'eau contenue dans l'huile: Il est singulier qu'ayant essayé depuis plusieurs autres huiles , ainsi que la méme huile de lampe, je n'ai jamais pu obtenir le moindre bouillonnement. J’attribue donc ce singuher phénomène à une substance hétérogène qui étoit par hasard mélée à cette huile. Mes essais n’ont pourtant pas été entièrê- ment infructueux : en cherchant des gaz , j'ai trouvé que l'essence de térébenthine mise dans un tuyau, à une pointe de verre et ouvert de l'autre bout, brüloit au contact de l'air atmosphérique , en soumettant le tuyau du côté de la pointe au disque en action. Cette flamme est longue ; elle ressemble entièrement à celle de l'air inflammable; elle donne, comme le fluide électrique qui sort d’une pointe, la sensation, du froid , et charge mal une bouteille. Pour obtenir cet effet vous remplissez votre tuyau de térébenthine, ensuite vous la laissez écouler dans la même bouterlle qui servoit à le remplir. Les parois intérieures demeurent tapissées d'essence : car lorsqu'il y enatrop, vousn’avez pas un éflet si marqué. Fermez ensuite ce même tuyau avec un bouchon percé d'une aiguille , la bouteille se saturera comme s'il n'y avoit point de térében- thine. Mais je n’ose point ÿ laisser trop long-temps le bouchon, de crainte de détonation gazeuze. Ils m'ont conduit à l'expé- rience suivante: Ve ExPÉRIENCE. Prenez un de ces tuyaux; au lieu de pointe de verre d’un côté, fermez-le de chaque côté avec un bouchon de liége et deux boules de cuivre à courtes tringles; mettez ce tuyau bien fermé dans le cercle d’une batterie. Cette batterie ne se déchargera pas instantanément , mais comme un fusil qui part à long feu. L'eau n'est done pas conducteur instantanée 254 JOURNAL DE PAYSIQUE, DE CHIMIE comme les métaux; car malgré que-je répétai plusieurs fois cette expérience avec de larges tuyaux de plus d'un pouce de diamètre, J'obtins constamment le méme effet. En plaçant entre deux de ces tuyaux une très-finelamelle de plomb, le métal ne s’oxide point, et un fil mince de fer du n° 11 ou 12 ne rougit méme point. L'eau présente un.autre phénomène, que j'ai observé depuis peu ; et que je dois à un jeune homme rempli de goût et de talent pour les sciences physiques, qui m'aide même souvent de ses conseils , et à qui je rends vo= Jontiers ici mon tribut de reconnoissance. La voici : " NE ExPÉRIENCE. M. Dagonau, au lieu d'’attacher une lamelle de plomb à l'aiguille, dans mes expériences, avec les cylindres’ métalli- ques , prit un de ces cylindres dont FPourverture étoit extrême-= Ment.étroite, et où à peine pouvoit-on faire entrer deux à trois gouttes d’eau, et la plus fine aïguille entourée d'un peu de cire. l en mesura la profondeur, et au lieu de lamellé de plomb, il laissa environ ‘une ligne d'espace éntre la pointe et le fond; nonobstant cela, l'aiguille fut lancée avec force dans la planché supérieure de la caisse de l'appareil. ( 7’oyez la description Journal de vendémiaire dernier). L'expérience fut répétée plus de dix fois, et la distance augmentée jusqu'à trois lignes, et toujours avec le même résultat, Au contraire, en prenant ‘un cylindre de trois à quatre lignes d'ouverture, l’on n'obtient rien de tout cela : l’eau devient conducteur. Ne'doit-on pas conclure que l’eau est susceptible de gazification , mais qu'il faut une grande masse ignée pour opérèr cette transmutation ? Cela jette du jour sur l'expérience de MM. Van-Troosswyk et Dieuman, qui, je crois, ont les premiers réduit l’eau en gaz. Je reyiendrai sur les déductions que je tire de cette expérience , lorsque jé vous enverrai més conjectures sur la matière ignée en général. Permettez qu'ici je ne rapporte qué des faits. L'expérience suivante semble confirmer ma déduc- tion : c'est celle qui est connue depuislong-temps, puisqu'en 1780 M. Cavallo en parle dans la traduction Hollandoise de son Trañé sur l'Electricité: 11 n'y a de différence que d'un verre à vin à une bouteille. | VII. EXPÉRIENCE Prenez une grosse bouteille à vin, percez le fond d’ün trou où l'on puisse passer une tringle à petite boule arrondie ; passez une ET D'HISTOIRE NATURELLE, 155 une pareille tringle par un bouchon; fermez la bouteille afin que l’eau dont vous la remplissez n’en coule point; renversez-la sur le bouchon Me avoir Ccourbé la tringle que vous com- muniquez à la chaîne du cercle ‘électrique ; laissez une dis- tance de ? à un pouce entre les deux tringles, dont on fixe la supérieure à un petit morceau de bois:, et on la commu-, nique à l’autre chaîne du cercle. Ea faisant passer la déto- nation d'une très-forte batterie, le verre se brise en mille morceaux : il semble parconséquent que le fil d’eau entre ces deux boules où le fluide passe, se gazifie. Si la distance est un peu augmentée il n’y a pas de fracture, et la détona- tion se fait comme dans l’expérience V. Si vous faites l'ex- périence avec un pelit ballon renversé dans l'eau d'une jarre, et que vous fassiez passer la détonation d’une ou deux bou- teilles à chaque départ , vous voyez une bulle de gaz, qui, lorsqu'il est assez abondant pour s'enflammer avec le fluide, détone et crève le ballon. VIII EXPÉRIENCE. Lorsqu'on place une ou deux petites bouteilles en commu- nication avec les premiers conducteurs , ét qu’on met ‘un excitateur à boule bien arrondie devant le bouton de ces bou- teilles, à la distance de quelques pouces; si vous ajoutez une chaineà cet excitateur, dont vous faites terminer le bout en: entourant une grosse. bouteille placée à telle distance conve- nable (j'en ‘æ :chargée ainsi dans un appartement inférieur à 300 pieds de distance) ; que d'un autre côté, vous con- duisiez une chaîne qui communique à l’armure résineuse des petites bouteilles, et qui, se terminant à boule, est suspendue sur le bouton qui communique à son armure intérieure ; à chaque saturation des petites bouteilles, après avoir cherché la distance convenable de l'excitateur, il y aura un départ des: bouteilles dont le fluide vitré sera porté par attraction élective. sur l'armure extérieure de la grosse bouteille. Ce fluide mettra en vibration toute la substance garnie, et attirera sur les parois intérieures le fluide résineux. Deux à trois décharges sufliront pour la saturer, et méme ; dans des temps très-secs, pour la faire détoner sur elle-même. L'on peut ainsi charger avec un ou deux flacons à vin, une. batterie, quelque grande quelle soit, et même il est possible d'en charger à la fois une par le fluide résineux intérieurement, et une Tome LXII, FEVRIER an 1806. VY 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE seconde par le fluide vitré. Il faut encore remarquer que l’attracs- tion auginente en raison inverse des masses. C'est ce que j'avois remarqué il y à plus de quatre ans, que je fis publier cette expé- rience à la suite.des Annonces et Nouvelles Politiques, qui s'im- priment ici (c’étoit au mois d'octobre 1801), comme vous pouvez le voir par un exemplaire que je joins ici. Je ne con- noissois point alors le beau travail de M. Berthollet. Cette augmentation d’attraction m'étoit encore démontrée, depuis nombre d'années, par de minces plaques métalliques qui flot- ent sur l’eau. Par exemple, le plomb est de tous les mé- taux, à masse égale, celui que les autres substances métal- liques, placées sur l'eau, attirent le moins vivement : en aug- mentant sa masse, l'attraction en augmente. L'on pourroit vérifier cette observation en répétant la belle expérience du docteur Asch, en augmentant progressivement les: surfaces de zinc et d'argent, rapportée dans le N° 31, page 177 et suiv. de M. Nicholson,dent voici la traduction : « Lorsqu'on plonge dans une foible solution d'acide sulfurique et d'eau, une lame de zinc, il y & décomposition : la base oxigène est combinée avec le métal, et l'hydrogène est dé- gagée. Mais lorsqu'ensuite vous y plongez une lame d'ar- gent , la décomposition cesse , et les lames s'approchent par leurs surfaces. Du moment que le contact est effectué ,. tant en dehors que dans le dissolvant, l'argent commence à dégager de l'hydrogène, et s'oxide parconséquent ». (Cette: expérience mérite d'être répétée tant à l'égard de la tension attractive des surfaces qu'à l'égard de l’action chimique). Le reste de cet intéressant article sur le galvanisme , par Ostred,. mérite place dans votre intéressant Journal, qui est le dépôt des nouvelles connoïissances physiques depuis trente ans. IX ExPÉRISNCE.- L’attraction d'un carreau ou bouteille armée est si forte, qu'à plus de 50 pieds de distance l'on peut charger, foible- ment il est vrai, une bouteille entièrement hors du cercle électrique. Vous placez une bouteille sur une table où se trouve une plaque métallique ; plus elle est grande, plus il me paroît qu’elle exerce d'attraction; vous attachez une chaîne à l’excitateur , enl’éloignant autant que possible du sol humide (elle ne doit pourtant pas être isolée ,- un plancher sec ne nuit point à l'attraction); vous l'attachez à la plaque ;. vous LA ET D'HI6TOIRE NATURELLE. 157 placez ensuite un second excitateur à boule bien arrondie de- vant le bouton intérieur de la boutéille à charger, hors du cercle des premières petites bouteilles (Exp. précédente) ; au moment que vous croirez cés bouteilles parfaitement sa- turées , approchez avec rapidité l’excitateur du Auide vitré qui se portera par affinité élective sur les parois extérieures de la bouteille, et l'attraction du verre mis en vibration attirera Je fluide résineux du sol. La charge sera double si l'on con- duit la chaîne dé l'excitateur , placée devant le bouton intérieur de la bouteille à charger, jusqu'à l’âtre d’une cheminée où il y a soit une poële à bois, ou à houille qui brûle. L’on ne peut pas dire qu'il y a cercle, car depuis que l’eau d'un gros tuyau ne conduit pas spontanément le fluide placé dans un cercle métallique, l'on voit que cela ne peut pas étre cts , car l'attraction est instantanée et à étincelle. Cette expérience réussit de même à l'inverse, c’est-à-dire du fluide vitré sur le bouton de l’armure intérieure. En plaçant même deux bouteilles avec leurs boutons , à la distance d'environ 4 + ligne, et en communiquant simplement les deux chaînes aux plaques ; car en ce cas il en faut deux, qui doivent être au moins séparées de quatre pouces sur un plancher bien sec. Cette dernière expérience montre combien l'attraction est forte, et surtout avec quelle affinité la matière électrique cherche les meilleurs conducteurs. Depuis que mes experiences, consignées déjà dans vos cahiers précédens, démontrent la pénétration du fluide à travers les conducteurs, l’on diroit que des pores droits contiennent la matière ignée, et qu'à l'instant que l’un des bonts reçoit le fluide , sa parfaite élasticité l’élance de l’autre bout vers les substances qui ont de l’affinité avec lui. Aussi M. Ostred dit , en propres termes , dans l’intéressant article du Journal de Nicholson, « Jam every day more aud more persuaded that light aud electricity are che two most active agents wée possess , aud a more minute inquiry intor therr respectivo energies ,j ave nodoublt, would enable us to explain many physical changes in hu material wold, with which we arc at present ferfectly macquainteldt. « Tous les jours je me persuade davantage que les fluides lumineux et électifs sont les agens les plus actifs que nous possédons, et qu’une recherche plas scrupulease de leurs éner- gies respectives nous mettra à même, j'ose n’en pas douter, d'expliquer plusieurs changemens physiques qui nous sont jusqu'ici -Pérfaitement inconnus. V 2 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Xe ExPÉRIENCE. Les attractions électives de la matière électrique sont si marquées, qu’en continuant à observer cette matière chimi- quement, l’on pourra en former des tables. En voici des exemples : j'ai fait faire trois grosses boules, étain, cuivre et plomb, je les ai placées dans trois flacons garnis de li- maille de fer en état de travail d'oxidation avec de l’eau, garnis extérieurement à la mème hauteur; je les ai placées ainsi à égale distance d’un tuyau de cuivre bien arrondi, qui unit les deux premières bouteilles en communication avec des conducteurs de verre excellent. Je fis ensuite saturer ces pre- mières bouteilles ; dès ce moment elles se chargèrent toutes les trois; mais celle à boule et tringle de plomb m'a toujours paru moins saturée que les deux autres. Aussi M. Fourcroy donne-t il une force plus supérieure au cuivre et à l’étain, qu'au plomb. Second exemple. Si vous chargez une bouteille jusqu’à sa- turation de fluide résineux intérieurement, en la tenant par son crochet au moment de saturation complète ,, placez-la sur une plaque métallique, il y aura une grande perte; mais la bouteille demeurera assez chargée pour donner une forte secousse à celui qui tenteroit de laisser servir ses deux mains d'excitateur. Il faut donc bien prendre garde que vous n’appro- chiez point de trois à quatre pouces de la plaque, sans quoi vous feriez cercle, et le départ se feroit à travers la poitrine. Cette expérience sert de preuve supplémentaire à l’expé- rience IX, et prouve évidemment qu'il n'y a pas de cercle avec l’âtre de la cheminée et l’armure opposée, puisque quatre pouces de distance suflisent sur un plancher sec pour détruire: latraction d'un cercle interrompu par une si petite distance. XI ExPrÉkRIRNCE, Il y a quatre ans, qu'en plaçant une grosse bouteille à eau, bien saturée, sur une table de bois, je m'avisai de placer à une certaine distance de son bouton intérieur, une boule légère de cuivre, attachée à un fil de soie long de 14 à 15 pouces , desorte que la petite boule attirée devoit se porter au centre du bouton de la bouteille. Au moment que ce pendule étoit placé à la distance convenable, il fut attiré vers le bouton, et uñe suite de vibrations comimenca, qui 2: 1@T D'HISTOIRE NATURELLE 00° 159 darèrent, malgré que le temps n’étoit pas favorable, pendant une heure et trois quartsd’heure : elles étoient sirapides ; que pendant le premier quart d'heure j'en comptai75 par minute ; au bout d'une demi-heure je n’en comptai plus que 65; le quart d'heure suivant, 60; ensuite 58; puis 55; enfin le sixième quart d'heure, il donna encore 51 ,.et au septième 43. Il commença alors à ne plus atteindre le bouton, et ses vibra- tions cessèrent peu à peu. En prenant donc 59 comme terme moyen, il y auroit eu en sept quarts d'heure plus de six mille vibrations. Je parvins ainsi, en plaçant simplement une dou- zaine de bouteilles sur une table de bois , à prolonger les vibrations jusqu'à sept à huit heures. C'est uné éspèce de réservoir électrique qui pourroit devenir propre d'un côté à l'infini des secousses d'une petite bouteille armée pour les paralysies et autres maladies , si tant est que le fluide élec- rique leur convienne, de l’autre côté, à tenir plusieurs sub- stances liquides saturées de fluide électrique. Je ne sais si cette expérience est nouvelle comme plusieurs précédentes , mais ni M. Libes, ni M. Haüy , n’en parlent pas. Au reste , je cède la propriété. à ceux à qui elle appartient : dussé-je n’en avoir fait qu'une seule qui puisse servir à Vavancement de nos:connoissances , je serai content -de. mon travail. Je ne rapporte aucune des expériences consignées dans mes deux lettres sur la répulsion électrique , parceque mes cylindres la démontrent. Celle des plaques mérite, je crois, une exception. + € TAC PEIEN : sv ” K' ais XIE ExrÉRIENCÉe F Prenez quatre à six plaques de plomb de la Chine, foré minces, faites-les glisser entre deux charnières arrangées bar trois planches en forme de gouttière ; celle du milieu doit étré à la distance de 35 à 5 pouces; les autres à 8 à ro lignes fixes ; au centre, avec de la cire, entre chaque plaque; une Hamelle de plomb: fort fine et proportionnée à la force de la batterie, parceque celles de 8 à 10 lignes de longueur doi- vent se gazifier, tandis que celle du milieu doit être un. fil de clavecin qui ne peut que sé fondre en globules. La gazification du plomb, et son action sur les surfaces des plaques, donne à la détonation une énergie dont le son peut être comparé à un fusil qu'on déchargeroit dans une Ne. A fermée; et le fer réduit en globules est répercuté en tous 160 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE sens , parconséquent en grande partie vers les plaqués qui, lorsque l'expérience est bien faite, crible les deux plaques en sens contraire. XIII ET DERNIÈRE EXPÉRIENCE. La résine de l’électrophore de Volta semble donner'le mémé fluide que la fusion sur le verre. L’on peut charger un élec- trophore de résine , avec une batterie à un carreau de verre, isolé ou. point, il donne du fluide ou un chapeau d’étain qu'on y frotte circulairement avec vivacité, par le manche de verre. Il importe même peu que le carreau de verre soit fèlé ou entier. Au Journal prochain les déductions immédiates. EXPÉRIENCES sr OBSERVATIONS $ UK L'IRRITABILITÉ DE LA LAITUE:; Avec des réflexions générales sur l'Irritabilité des végétaux du Docteur Joakim Carradorri, Membre de plusieurs Académies. La /aitue de jardin (/actuca sativa) fait voir à certaines époques de sa végétation, qu'elle possède une irritabilité exquises Il n'est pas à ma connoissance qu'aucun autre avant moi ait reconnu cette propriété dans ladite plante; c'est pourquoi je crois qu'il intéressera la physiologie végétale , que je rapporte les observations qui me l'ont fait remarquer. ‘- Si on touche légérement avec le doigt une plante de laitue lorsqu'elle est montée en gfaine, et principalement quand elle est en fleur, on la verra aussitôt suer, à l’endroit.où elle a été touchée , du suc laiteux, qui est précisément le suc propre telle contient, en forme de gouttes très-menues, Mais le somése n’a lieu que dans les petites feuilles amplexicaules ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 seulement, qui sont répandues sur les branches de la plante, et dans les calices des fleurs, et non pas sur le fuste ou caule ; ni dans ses diramations. Le contact d’un corps solide quelconque , même le plus lévigé, est uneirritation suflisante pour produire la sueur d'une telle humeur, mais plus encore l'application d’un léger sti- mulus ,. ou la plus petite impression choquante, Souvent l'attouchement de corps- stimulans le plus menus ,. comme par exemple, un fil d'herbe, ou d’un autre corps de quelque matière pointue , appliqué de la façon la plus délicate, produit dans la plante une telle irritation, qu'elle fait sorur de la partie itritée l'humeur laiteuse en forme de jets vaporeux, que l'œil attentif apperçoit aisément s'élancer dans l'air à quelque distance. Une goutte d’eau appliquée très-doucement aux parties les plus irritables de la laitue, sans produire la moindre commo-. tion ou choc mécanique, ne fut pas capable, à ce qu'il me parut, d’exciter la sueur la plus légère, pas méme une goutte d'acide nitreux, ni d'acide sulfureux, ni d'acide muriatique ; mais en faisant tomber sur la plante une ou plusieurs gouttes” d'un fluide quelconque, elles y excitèrent avec la forte im à pression, et en découlant sur elle’, la sueur. À Les corps irritans, comme la fumée du tabac, l'acide nitrique et sulfurique, etc.., etc., ne produisirent point la sueur. Je prouvai l'action du vent , en soufflant, c'est-à-dire ,- sur la plante, ou sur ses parties plus attirables, par le moyen d'un chalumeau de paille, avec toute la force , et quelquefois cela produisit l’effet lorsque j’approchois beaucoup du chalumeau. L'action du chaud y fit une impression sans effet. En appro- chant très-près de la plante un charbon ardent ou un fer rouge, la chaleur parvint à mortifier la partie à laquelle elle avoit été approchée, sans autre eflet ;. l'action du froid, ou l'application de la glace ,. n’y produisit aucun changement sensible. Mais les insectes qui se promènent sur elle, suflisent avec leur tact très-léger à en réveiller l’irritabilité, et produire la sueur. Je jouis d’un spectacle curieux en voyant les fourmis qui grimpent par fois sur cette plante, pour en recueillir et emporter la semence , rester engluées avec leurs pattes dans cette humeur laiteuse, qu’elles faisoient sortir par l'impression même de leurs pattes en marchant sur la plante. Cela me parut une image des descriptions fabuleuses des ruisseaux de 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lait, que les poëtes ont feint avoir leur source dans les lieux de félicité, où règnél’abondance et toute sorte de délices (1). On obtient la mème sueur du suc laiteux par le moÿen d’une irritation quelconque avec les plantes arrachées du terrein, ainsi que d'une branche détachée du tronc ou fuste ; et l’on continue à obtenir en quelque lieu qu’on le conserve , pourvu qu'il y subsiste un certain degré de itralité, ou force: de, végétation. J'arrachai une plante de laitue bien fleurie, laquelle pré- sentoit les marques les plus sûres d'irritabilité, et la plongeai peu à peu perpendiculairement dans l’eau, en commençant par es racines; j'observai que l’eau qui s’avançoit pour la cou- vrir, quand elle touchoit avec sa superficie, ou les feuilles, où les calices de ladite plante, y produisoit une telle irritation!, qui feroit suer par-ci, par-là, le suc ordinaire. Après l'avoir plongée entièrement dans l’eau, j'éprouvai de la stimuler comme à l'air, et elle donna pareillement la sueur ordinaire ; et lors- qu'elle étoit plus vivement excitée, je vis les jets du suc lai- teux s'élancer de même dans l'eau. Et ce ne peut étre que l'effet, ou bien la réaction d’une force appartenante à la plante, car le lait ne peut suer des pores organiques de la laitue, sans qu'il soit poussé à travers par ‘une force instantanée de constriction, ou mouvement de sistole réveillé dans le tissu vasculaire , qui recèle ledit lait comme un suc propre de cétte plante; et comme cette force se réveille par le simple contact, ou application d'un corps capable seulement de’réveillér une irritation, et cesse toutes les fois que l'irritation s'éloigne; pour cela ‘on ne peut se dis- penser de l'assimiler ‘à l'irritabilité. f. Cette loi, qui est propre de l'irritabilité animale, je l'ai exactement vérifiée dans l'irritabilité de la laitue. Chaque fois que je touchois cette plante en fleur, avec un corps solide quelconque , raboteux ou uni, rond ou pointu, il se ré- veilloit aussitôt dans la partie touchée, ou la sueur, ou le jet de l'humeur laiteuse', de même que l'on réveille la con- traction musculaire dans les animaux , par l'application des excitans; on la réitéroit même en réitérant l'excitation; mais on ne pouvoit la prolonger quoiqu'on continuäât le contact ou l'application de J'excitant , de même que l'on ne peut EE ee (1) Elumina jam lactis, jam flumina nectaris ibant. Ovid Metam. prolonger ET D'HISTOIRE NATURELLE, 163 he la contraction musculaire avec la prolongation de ‘excitant, stimulus ; mais il faut, nonobstent la présence de l'excitant, que la fibre se relâche: ainsi après un court intervalle, ss l'on applique derechef l’excitant à la partie, on reproduit a sueur. D'ailleurs un pareil effet ne peut se rapporter à aucune cause mécanique, puisque j'ai expérimenté que le phénomène de la sueur n’est pas proportionnel au choc ou à la pressure du corps que l’on applique au végétal, mais à l'irritation qu'il a produite ; ainsi il est clair qu’il opère par excitation ou stimulus. En répétant plus ou moins fort les attouche- mens sur la plante , et même en la piquant, je n’ai jamais remarqué que l’on obtint un effet plus signifiant; mais on l’obtenoit plus grand chaque fois que l’on produisoit sur elle une ou irritation, comme, par exemple, en la frottant ne rement dec un doigt, ou en la touchant avecun fil d'herbe. Dans quelques végétaux, le chaud, le froid, les odeurs fortes , les liqueurs volatiles , les réactifs, sont tous des ex- citans capables de faire jouer l'irritabilité , comme il arrive à la sensitive; mais suivant ce que j'ai expérimenté, ils ne sont pas suflisans pour réveiller l'irritabilité de la laitue. On voit par là que l'irritabilité de cette plante n'est pas sensible à tout excitant. Il n’y a pas de doute, comme le prouvent mes expériences énoncées sur la laitue , et une infinité d’autres sur plusieurs espèces de plantes (1), et plusieurs de leurs parties, qu'il n’y ait dans l'économie végétale un principe d’action dépen- dant de la wie, et de leur foree végétative , que l'on peut nommer £rritabilité. (1) 1l y a une infinité d'observations qui contastent qu’il y a beaucoup de végélaux doués d’une irritabilité mamfeste du plus au moins ; les uns dans une partie, et les autres dans une autre. En premier lieu , le sommeil des plantes, et les veilles des fleurs en sont une preuve. Secondément , Virritabilité ‘a été reconnue dans les organes de la génération de quelques plantes ; savoir , daus les étarnines , dans les filamens, dans les pistils. Les, :observaitons- et les expériences de Gmelin, de Smith, des Covolo, de Koelventer , et de Medicus, ne laissent aucun lieu de douter. Il y a ensuite - quelques plantes qui la manifestent dans les feuilles, comme, par exemple, l’heysanum girans, la dionea muscipula, la sensitive , et toutes de genre des mimores. Bonnet, Desfontaines, Gahagam, etc., elc., tous ont re- «marqué . lirritabilité dans les végétaux. Tome LXII FEVRIER an:18o6. x 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La, nature ce qu'il paroît , n'a pas accordé à toutes le même degré : quelques-unes en sont plus douées, d’autres moins; mais elle en.a accordé à toutes autant qu'il falloit pour remplir les fonctions végétales. À ce principe, c'est-à-dire à l'rrri- tabilité , on doit attribuer , selon moi, le sucement des vé- gétaux ou l'ascension , et ensuite le mouvement , ou la circula- tion des sucs dans leurs vaisseaux. Il est hors de doute que lës végétaux sucent , et ‘poussent en haut (1) l'humeur sucée avec une force particulière, qui subsiste en eux autant que leur witalité, ou principe .de végétation continue. Le végétal mort, ou qui a perdu cette vitalité ,fou vie végé- tative, malgré qu'il conserve la même organisation, n'est pas en état d'effectuer un pareil sucement. Senebier ne croit aucune irritabilité compatible avec les fibres lisneuses où vases lymphatiques , ou vases du suc de la plante (2). Leur état de rigidité exclut la propriété d'être irritables. L’icritabilité suppose des conditions qui ne se trou- vent point dans les bois, c’est-à-dire une mollesse, ou flexibi- lité , ou souplesse ; quand bien même les fibres ligneuses seroient douées d'irritabilité, elles ne eh cor la mettre en exécution , Car elles sont enchainées dans tous les points , ce qui ne leur permettroit pas de se contracter ou dilater. Par cette raison, il est d'opinion que le sucement des vé- gétaux se fait par une pure action 7groscopique ou thermo- métrique, comme dans une éponge (5). Par une telle suppo- ‘sition il n'importe que les plantes aient des véritables vases. absorbans , c’est-à-dire des vases dymphatiques , ou fibres li- gneuses proprement dites , et qu'ils soient autant de canaux, (1) Table statique desfégétables. (2) Physiologie des végélables , tome IV. Au contraire le célebre de Saus-- sure donna une hypothèse bien raisonnée. Son opinion est que le mouvement des fluides de la plante dépend d’un serrement et élargissement successif du tissu tubulaire, et croit que cette faculté de se restreindre des vaisseaux de la plante, peut dépendre de l’irritabilité, qui se réveille à l'application qd sucs nourrissans. 65) Ces difficultés m’étoient venues en tête il y a: quelques années, et je les avois exposées dans un Mémoire sur la circulation du suc dans les plantes, qui se trouve inséré dans les Annales de Chimie et Histoire Na turelle de Pavie, et dans le III° volume des actes de la R. Société Econo- mique de Florence; mais les ayant ensuite mieux pesées, il m’a semblé: qu’elles ne méritoient pas d’être évaluées, par les raisons que j'ai produites. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 165 et tous distingués; mais il suffit qu'il y ait un amas de fibres inorganiques, c’est-à-dire sans être percées et liées ensemble. Enfin Senebier réduit la vie végétale à un pur effet de causes physiques. Mais comment ne s'est-il pas apperçu que dans un système semblable l'on n’admet aucune différence entre une plante vé- gétante et une sèche, ou une plante vivante et une morte ? Comment explique-t-on dans cette hypothèse la force avec laquelle Hales a observé que les plantes sucent et poussent en haut leur suc ? Que les ffbres ligneuses ou vases du suc, des plantes soient dures : mais la dureté des plantes n'arrive pas jusqu’à la ri- gidité; quoique dures elles maintiennent toujours une certaine mollesse , et sont capables de recevoir des impressions. Les fibres ligneusesles plus dures ne sont cependant pas inflexibles, et prin- cipalement les plus fraîches, c’est-à-dire celles par où passe le suc le plus abondant. Qu'importe qu'elles soient enchainées dans tous les points, pourvu que ces liens puissent s’élargir et céder, pour donner lieu aux fibres de faire leurs mouvemens, qui sont très-petits ; on sait d'ailleurs que le tissu cellulaire qui les enchaine est plus cédant. L'on ne peut pas prétendre quesiles vases /ymphatiques ou vases du suc des plentes ont un mouvement de contraction dépendant de l'irritabilité , qu'il soit de façon à se manifester à nos sens, par quelque changement visible: à l’œil, comme dans les animaux. Il n’y a donc au- éune répugnance que les fibres ligneuses aient un mouve- ment de contraction proportionnée à leur calibre très-subtil, ét au degré de dureté dans lequel elles sont constituées. Il me paroît donc icdispensable, pour ne point contrarier les faits, d'admettre un principe de vie dans les végétaux, ou avec le nom d'irritabilité, où comme on jugera mieux de l'appeler , duquel dépendent leurs fonctions primaires , qui sont le sucement et la circulation des sucs. Que l’on doive admettre en eux une sensibilité, ou une espèce d'instinct ou volonté, c'est une question trop métaphysique, et qui n’appar- tient nullement à ce que je me suis proposé. Elle a été d’ail- leurs agitée par des hommes renommés, qui, pour la soutenir, ont épuisé toute leur imagination et leur science. J’ajouterai simplement, que si l'on prétend que certains mouvemens des plantes qui semblent spontanées dérivent d’une ame, il faudra admettre qu’il prendra aussi une volonté au jeu des aflinités chimiques, X « 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ce principe de vie , ou force végétative, d'où dépend l’action que les vases des plantes exercent sur les fluides, et qui est le ressort de leur circulation, a été démontré même avec des expériences directes, qu'il existe effectivement dans les végé- taux. Coulomb a expérimenté que quelques plantes ressen- tent l'application des stiptiques, et rétrécissent leurs vases. Et Van-Marum a fait voir qu'il est si vrai que les vases des plantes ont une action sur les fluides, dépendante de l'irri- tabilité, qu'on peut les rendre ineptes par le moyen de la décharge électrique , de même que par jce moyen on Ôte l'irritabilité , HE faculté de se contracter aux.fibres muscu- laires des animaux. Girtanner aussi, et Humboldt ont sou- tenu cette irritabilité avec beaucoup d'autres preuves. Dela- métherie l'a prouvée dans ses Considérations sur les Etres organisés. Il a fait voir que les végétaux ont des fonctions analogues à celles des animaux. J'ai aussi quelques observations très-simples à produire, les- quelles démontrent clairement, à ce qu'il me semble, qu'il subsiste dans les plantes une action des vases sur les fluides, et leur véritable circulation. Que l’on choisisse une jeune plante de titimale euphorbia cyparissias , qui ait un fuste sans branches, et que l'on détache, ou bien que l'on en coupe les feuilles, on verra égoutter de toutes ces blessures une portion de suc laiteux; que l'on coupe ensuite l’extrémité du fust, on aura aussitôt de cette nouvelle blessure un jet d’hu- meur laiteuse, et les autres n’égoutteront plus. Que l'on fasse l'opération à l'envers, c'est-à-dire que l'on coupe en premier lieu l'extrémité d'une plante pareille , ensuite au-dessous de la grande blessure par où a été détachée l'extrémité de la plante, que l'on détache où l'on voudra plusieurs feuilles ; plus ou moins de ladite blessure , ou que l’on fasse des pi- qüres quelconques , on ne verra sortir que très-peu de fluide de ces blessures, tandis qu’il en jaillira beaucoup de la bles= sure supérieure. On a donc dans les plantes la révulsion ou dérivation des fluides, comme dans les animaux, puisque le suc est rappelé d'une extrémité à l’autre du fuste d’une plante, et en allant à la partie où il est rappelé. Parcequ'il y trouve une sortie plus facile et plus prompte il laisse vides les vases dont il s’est soustrait pour se porter à ladite partie, ce qui ne pourroit pas arriver si les vases qui la contiennent n'eussent pas une action d'impulsion sur lui, et ne le fissent circuler. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 167 Je ne prétends pas cependant que ce principe, ou force motrice , que j'admets dans les végétaux, et que j'ainommé irritabilité, soit tout-à-fait semblable à l’irrrtabilité animale, On sait que l'irritabilité animale réside dans les fibres mus- culaires, et qu'elle se manifeste par leur contraction ; mais de l'irritabilité végétable l’on ne sait autre chose, si ce n’est qu’elle se réveille à l'application des excitans, et se renouvelle à leur réitération ; en cela elle s'accorde avec l’irritabilité animale , et par cette raison elle a mérité le nom d’rrritabi- lité. On ne sait pourtant pas où elle réside précisément, sa- Voir, si dans toute ou dans une portion de [a substance vé- gétale, et dans quelle partie exactement; l’on n'a rien vu de précis relativement à sa manière d'agir dans la structure inté- rieure des organes qui en sont doués (1). De plus, cette irritabilité dans laquelle on dit que consiste le principe d'action, ou le ressort de la circulation des plantes, elle a, si on l’examine bien, des propriétés ou lois qui la rendent particulière , et la font différente de l’autre. Chacun sait qu'il ÿ a beaucoup de plantes qui revivent , quoique des- séchées depuis long-temps , et revivent à souhait, quand et autant de fois que l’on veut; mais l’rritabilité musculaire se perd lorsqu'elles restent long-temps inertes; car on connoit par les lois de l'irritabilité, que la fibre musculaire perd son irritabilité soit par une contraction trop prolongée, soit par une trop longue inaction ou relâchement , et pour avoir été trop distraite ou comprimée. Ainsi dès qu'il existe dans les lantes une espèce d'irritabililé, de laquelle provient la circu- pe de leurs sucs, et parconséquent la nutrition, il faut convenir que les lois indiquées ci-dessus ne lui appartiennent as, et que par cette raison elle est en cela différente de Pireétation animale, Se peut-il faire qu'il y ait d'autres facultés vitales diffé rentes de l’érritabilité et sensibilité, que nous ne connoissons pas? Se peut-il faire que la nature ait ses gradations, ou va- riétés comme dans la forme pour les êtres organisés, de même dans les forces animatrices, qu’elle fait présider à l'économie et conservation de leurs différentes séries ? oo (1) J'ai fait voir que cette irritabilité réside particulierement dans les membranes transversales, souples et élastiques des vaisseaux des plantes dont la structure est analogue à celle des vaisseaux lymphatiques des ani maux très-irritables, (Note de J.-C, Delamétherie). UBSERVATIONS s METEOROLOGIQUES FAITES LA Par BOUVARD, astronome. | THERMOMETRE. |, | BAROMÈTRE. ‘Sunof Maximum. | Minimum. |[AMini] Maximum. | Minimum. pe 35. + 3,glùro s + 0,6 midi. + 2,8là8 m. + 0,8 9s. + 2,3|à 83 m. + 0,4 à midi + 2,6[à 85m. — o;4|, à 105. + 4,548 = m.+ 1,5 à midi 3411 s — 1,3 Ta Bis. + 1,24 8 m. + 1,0 8h nudi dela As : o,92/à31s . 5,60/2 8°s 10,428 m...... 2,28|à 85. S Goo Oo go pb ER 0-0 O G& 2 n de + + ne M + Le + co RECAPIPULATION Plus grande élévation du mercure. ..28.2,78, le 10 à 9m. Moindte élévation du mercure ie 1,76, le5à8 h.s. Élévation moyenne: . 27. 8,27: Plus grand, degré de: chaleur 0,2 le 10 à 2 5. Moindre degré de: chaleur ; —1,0 le,7 à 8 m. Chaleur. moyenne 4,1 Nombre de jours beaux....... I Eau de pluie dans les 10 1° jours. de nivose 0",02871 = 1 pouce 5 lignes M 7 centièmes. A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, Les 1o zers jours de Nivose. J Hyc. POINTS VARIATIONS VENTS. à midi, LUNAIRES. DE L'ATMOSPHÈRE. 21 [e] a 7m (a I 94° S Ciel conv.de m: ; pl: abond. dans la journ.séclaireis et ciel rembruai le soir, 2| 93,0 | S. I Brouillard ; pluie fine et neige fondue par intervalles, D5| 93,01: Idem. Ciel couvert; éclaircis par intervalles. 4l 93,0 | S. Léger brouillard ;_ciel.couvert tout le jour. 5! 93,0 | S. tr.-fort. Pluie abondante et continuelle. 6| 84:0 | N.tr.-fort. Pluie tr.-fine; beauc. de petits éclaircis; assez beau ciel le s 7| 91,0 | N.n:o.s.f. Forte gelée blanche; brouill.trép. depuis 94; forte pl. le s 8] 940 |S mQ:&4:.37 À Ciel couvert; petite pluie par intervalles. 9] 99,0 | S-O. Beaucoup d’éclaircis ; ciel à demi-couvert. 1°| 95%9 | O.S-O. Ciel'tr.-couv.; temps tr.-humide ; pluie tr.-fine par interv. RECAPITULATION. de couverts...... 9 de pluies. 12 7 de ivent...., el. 10 de gelée... Z de tonnerre...,.. (°] de brouillard, .... 4 de neige......... o Jours dont le vent a soufflé du N................ Ve CHARME elle o Hide -Aerecldssbree 10 CHA USS jratre o SECTE ee CAUyS HO ocre 2 (0 POSER A N-0O.. ATEMNETRE 1 170 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE APPERÇU PHYSIOLOGIQUE SUR LA TRANSFORMATION DES ORGANES DU CORPS HUMAIN; Par C. L. Dumas, de PInstitut impérial , professeur à l'Ecole de Médecine de Montpellier, etc. Panmi les altérations que les tissus organiques du corps humain peuvent souflrir, et dont les ouvrages d'anatomie pathologique renferment des exemples, il n’en est pas de plus remarquables que ces changemens profonds qui, par une sorte de transmutation dans la forme et dans le mélange de Ia matière, rendent certains organes semblables à d'autres parties avec lesquelles ils n’avoient d'abord aucune ressemblance. Les cartilages devenus osseux ; les muscles changés en un tissu graisseux ; les tendons convertis en membranes ; les poumons prenant la forme et la consistance du foie; les membranes muqueuses, la substance pareuchymateuse des viscères ramol- lies comme la pulpe cérébrale; le tissu cellulaire condensé, roidi et desséché comme l'épiderme ; le cerveau changé en solide osseux ou durci comme la pierre, etc., etc. :... tels sont les phénomènes extraordinaires que la transformation des organes nous présente. Les ouvrages de Bonnet, de Morgagni, de Lieutaud , les collections académiques, les journaux de sciences , contiennent une multitude dé faits qui s’y rappor- tent, et auxquels il ne manque que d’être distribués et classés d'une manière convenable. LUE Dans cette transformation singulière, l'organe qui change de caractère pour revétir celui d'un autre, prend Île tissu, la composition , les propriétés de la partie sur laquelle il s'est modelé. L'ordre et la succession des causes qui concourent à produire ce phénomène , ne sont point appréciés ni connus. Il s'en faut bien que nous ayons à cet égard des données assez exactes ET D'HISTOIRE NATURELLPF, 171 éxactes pour expliquer ou même pour classer tous les faits relatifs à ce genre d'altération. Il importe donc de multiplier les observations, de rassembler les indices que l'inspection anatomique nous fournit sur les parties du corps humain, susceptibles de se convertir en d'autres. Toutes les transformations des organes peuvent étre dé- terminées par des changemens qui surviennent soit dans leurs qualités physiques et sensibles, soit dans leurs principes cons- tituans et leur composition chimique , soit dans leur tissu et leur structure organique, soit dans leurs fonctions et leurs propriétés vitales, ce qui forme quatre classes principales dans lesquelles toutes les transformations organiques peuvent être rangées. 10, Les transformations des organes relatives à leur consti- tution physique. 2°, Les transformations relatives à leur composition chimique. 3°. Les transformations relatives à leur structure organique. 4%. Les transformations relatives à leurs propriétés et à leurs fonctions vitales, j 1°. Un organe est susceptible de prendre les qualités physi- ques et sensibles d’un autre organe, de manière qu'il lui res- semble par la figure, le volume, la couleur , etc... Ce genre de transformations peut avoir lieu dans les viscères de la rc et du bas-ventre. C'est ainsi qu'on a vu la rate prendre a couleur et le volume du foie; le pancréas acquérir un dé- veloppement qui l’égale en grosseur aux viscères les plus vo- lumineux ; les gros vaisseaux artériels se développer , se former en sacs musculeux et représenter un nouveau cœur. Ces trans- formations, qui se bornent aux qualités physiques des organes, sont communes pour les différentes parties du systènte digestif. Morgagni a vu dans plusieurs cadavres l'intestin duodénum étendu et agrandi, au point que parl'accrôissement de son volume et de ses dimensions, il sembloit faire un second estomac. J'ai trouvé une fois l'extrémité inférieure de l’œsophage renflée, développée , et formant une cavité spacieuse , de manière qu'elle imitoit le premier estomac d'un animal ruminant. 2°. Les principes constituans qui entrent dans la composition naturelle d'un organe, peuvent être transportés à un autre, et y produire des vices de nutrition, capables de le convertir en celui dont il s’approprie les élémens, Ce second ordre de trans- formation donnera des résultats différens suivant la nature des Tome LXII. FÉVRIER an 1806. Ÿ 172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE matières qui seront déviées. Elles peuvent néanmoins en général se faire par quatre causes principales; savoir : 1°. Par la déviation des matières albumineuses ; 2°. Par la déviation des matières fibreuses ; 3°. Par la déviation de la gélatine ; 4%, Par la déviation des sels terreux calcaires. 11 y a des organes qui se nourrissent habituellement de principes albumineux, et qui paroissent en être essentiellement composés : tel est le cerveau, tels sont la plupart des viscères abdominaux dans lesquels l'albumine est certainement domi- nante. Mais l’albumine entre aussi comme principe dans la composition de plusieurs autres organes qui n’en sont pas aussi intimement pénétrés : tels sont les muscles, les carti- lages, les ligamens, dans lesquels les matières albumineuses Sont associés avec d’autres, qui même y existent en plus rande abondance qu'elle. Maintenant il peut se faire ou que Éalbisite , nécessaire à la nutrition de ces organes, s'y porte en trop grande quantité et s’y accumule, ou que les autres principes combinés avec elle contractent le caractère albumi- neux. Dans les deux suppositions il doit nécessairement arriver que la quantité de matière albumineuse devienne dominante dans ces organes, et qu'elle les rapproche, quant à leur com- paston ,» des parties qui contiennent le plus de principes al- umineux. D'un autre côté, on sait que toutes les parties du corps- animal se transforment après la mort en une matière grasse, de nature albumineuse , analogue au blanc de baleine, que- les chimistes ont nommée adipo-cire. Cette transformation. peut avoir lieu pendant la vie, et décider parmi les organes: vivans cette espèce de conversion en matière adipeuse, qui ne devroit s'opérer que lorsque la vie est éteinte. Ce sont: là les causes des altérations qu’on a plusieurs fois observées dans les muscles. et dans les viscères, qui se changent en un tissu graisseux ,. semblable tantôt à la matière adipo-cireuse, qui est le terme où se réduit la décomposition naturelle des. cadavres. ' Outre les exemples nombreux de parties changées en tissu: graisseux, dont les ouvrages des anatomistes sont remplis, je rappellerai un fait que j'ai eu moi-même occasion d'observer, et qui a pour objet la conversion totale des muscles en une substance parfaitement semblable à la graisse. L'homme qui: fournit le sujet de cette observation avoit succombé à. une: ET D'HISTOIRE NATURELLE, a 179 fiévre catarrhale, qui. s'étant prolongée au-delà du terme or- dinaire, avoit décidé dans divers points du tissu cellulaire des infiltrations séreuses que la mort termina. A l'ouverture du cadavre nous trouvâmes les muscles de la partie antérieure de la poitrine, ceux de la face postérieure de l’épaule et du bras, réduits en une masse graisseuse, qui étoit plongée dans une poche de tissu cellulaire condensé, et qui affectoit la forme et la figure des muscles dont elle occupoit la place. Dans quelques autres muscles, comme ceux du bas-ventre, et le triceps crural, la substance graisseuse n'étoit pas encore totalement formée; mais les fibres musculaires, altérées dans leur consistance et dans leur couleur, annonçoient assez qu'elles ne tarderoient pas à éprouver la même transforma- tion. Le. grand fessier et le premier adducteur de la cuisse étoient à demi-changés en graisse, mais ils présentoient encore des fibres musculaires éparses dans un amas de matières grais- seuses qui sembloient s'être logées dans des interstices de ces fibres. Je pourrois citer bien d’autres observations de ce genre, et je ne m'en abstiens que parcequ’il en existe beaucoup d'analogues déjà connues, et sur lesquelles plusieurs anato- Jmistes recommandables ont dirigé leur attention. Ne peut-on pas rattacher à cet ordre de transformations d'organes , la production spontanée de ces corps organiques qui se forment dans les tumeurs enkystées, et qui offrent tous les caractères apparens des membranes séreuses? N'est-ce pas à la méme cause qu'il faut attribuer le ramollissement pro- gressif de quelques organes fibreux, qui se dépouillent par degrés de leur solidité, pour dégénérer en tissu membraneux ou cellulaire? Ainsi nous lisons dans les recueils des anato- mistes , que les extrémités tendineuses des muscles se sont quel- quefois amincies au point qu'elles ressembloient à des mem- branes, soit qu’elles eussent perdu le principe de leur solidité, soit qu'elles se fussent imprégnées des sucs albumineux propres aux membranes séreuses. La matière fibreuse du sang qui entre immédiatement dans la composition des organes musculaires, peut se fixer sur d’autres parties, et leur donner, par un vice de nutrition, l'apparence fibreuse et musculaire. C'est ainsi que les con- crétions polypeuses se forment , et qu'on voit des viscères membraneux et des organes vasculaires se convertir, par l’eflet de ces concrétions multipliées, en un tissu dur, compact, fibreux, analogue à celui des muscles. Les transformations de Ye 174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cette éspèce, arrivent principalement à la suite des maladies inflammatoires, comme si un des résultats généraux de l’in- flammation étoit de faire dominer la matière fibreuse ou la fibrine dans les parties qui en sont atteintes. Si cette dégé- nération fibrinaire a lieu dans un organe très-celluleux , il doit arriver que l'élément fibreux se combine avec l'élément cellulaire, et que cette combinaison donne pour produit un tissu mixte semblable au parenchyme de certains viscères. Je crois pouvoir rapporter au développement du tissu fibreux dans le tissu membraneux et cellulaire des poumons, la trans- formation remarquable de ces derniers organes en une sub- stance granuleuse, rougeâtre, dense, grumelée, analogue à la substance du foie. Morgagni exprime ce genre de transmu- tation des organes pulmonaires, en disant qu'ils sont changés en substance hépathique; pu/monum substantia quasi in he- paticam mutala... pulmonem substantièe factum hepaticæ similem... pulmo hepaticæ instar substantiæ... J'ai vu chez plusieurs sujets ce changement survenir dans le tissu des pou- mons , après une maladie inflammatoire de ces organes. J’ai cité dans mes Principes de Physiologie , l'ouverture d’un ça- davre chez lequel le poumon gauche ne conservoit absolument rien de la structure pulmonaire. Son volume étoit énorme ; sa couleur imitoit le brun jaunâtre du foie; sa densité égaloit celle du foie; sa figure représentoit la concavité et la con- véxité du foie; sa substance étoit granuleuse , épaissie, sem- blable à du sang figé, comme la substance méme du foie ;, un fluide jaune, épais, savonneux, ressemblant à la bile pour fa consistance et la couleur, ruisseloit de tous les points de cet organe dégénéré. Comme les parties solides du corps de l'homme, et des animaux qui lui ressemblent, n’admettent dans leur compo- sition la gélatine, que combinée avec d’autres principes. qui déterminent leur cohésion et leur solidité naturelles, il est clair que la dominance accidentelle de la matière gélatineuse peut bien altérer le tissu des organes sur lesquels elle se fixe en trop grande quantité, mais non pas les changer de manière qu'ils contractent des caractères analogues au tissu d'autres solides qui existent naturellement formés dans le corps de l'animal. Ainsi nous voyons des organes très-solides comme les os, les cartilages, s'engouer de gélatine, et passer à un état de ramollissement qui atteste la dominance de l’état gé- latineux dans leur tissu. Il est possible encore qu'il se forme ET D'HISTOIRE NATURELLE. 175 parmi d’autres tissus, une production spontanée de quelques corps muqueux dans lesquels la gélatine abonde. | Mais dans l’un et l'autre,cas, ce n'est point un organe existant dans le corps humain, qui se change et se transforme en un tissu semblable à celui d’un autre organe. Le passage à l’état gélatineux est la dépénération plutôt que la trans- formation d’une partie dans le premier exemple : c’est la pro- duction nouvelle d’un corps gélatino-muqueux dans le second, Ici l'organe dégénéré et devenu gélatineux ne rappelle aucune des parties qui existent chez l'homme. La, le corps muqueux s'est produit spontanément, sans que le tissu propre d'aucun organe naturel ait subi la moindre altération. Cependant on peut citer en preuve d'une véritable transformation d'organes, par la dominance de la matière gélatineuse, ce changement ar lequel les os et surtout les os plats, devenus mous et flexi- ft se convertissent en une substance lâche , analogue à celle des membranes muqueuses. C’est un genre d'altération assez conforme à celui-là, qu’avoient éprouvé les os de quelques cadavres, qui, d'après Fernel, Houiller, Fabrice de Hildan, Thomas Bartholin, Gabriël, étoient, comme s'exprime Mor- gagni , changés en une chair rouge et non fibreuse... ir carnem non fibrosam quidem sed rubicundam conversa. On trouve dans l'Histoire de l'Académie royale des Sciences, pour l'année 1700 , l'exemple curieux d’une femme chez laquelle tous les os, excepté les dents, étoient ramollis de manière à ne former qu'une masse charnue, molle et fongueuse. J'ai vu dans lé cabinet d’un chirurgien distingué, la rotule al- térée, amincie et réduite à la nature des tendons, au point qu'elle se confondoit avec les extrémités tendineuses des mus- cles qui s’y attachent. Le retour des os à l’état cartilagineux, ou leur conversion en cartilages, est un phénomène trop connu et trop bien constaté, pour qu'il soit nécessaire de l’établir sur de nouvelles preuves. . Toutes ces transformations des 6s en membranes, en chairs, en cartilages, peuvent dépendre de deux causes , 1%. de la surabondance de la gélatine que le sang leur fournit; 2°, de la perte d’une partie de la terre calcaire ou du sel terreux qui détermine leur solidité. Chacune de ces causes peut agir sépa- rément pour transformer les os en solides gélatino-muqueux. Elles peuvent agir ensemble et de concert pour produire le méme eflet, Il est même difficile de distinguer si cette con- 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE version est duéau défaut de sels terreux calcaires, ou à l'excès de substances gélatineuses. f Les sels terreux calcaires peuvent exister en trop grande quantité dans le corps humain, se porter aux divers organes, les encroûter et les durcir comme les parties qui ont le plus de solidité. Il n’y a point d’organe qui ne soit susceptible d'éprouver ce genre de transformation. Le cerveau lui-même a paru dans quelques circonstances se durcir et s'ossifier; mais rien de plus Commun que le passage des cartilages , des liga- mens , des membranes et même des gros vaisseaux à l’état osseux. 11 n’est pas rare de voir les cartilages articulaires devenir osseux à un âge très-ayancé. On a trouvé les os réunis et soudés dans leur.articulation par l'endurcissement , et l’ossification des cartilages chez quelques vieillards qui avoient éprouvé des maladies articulaires, ou qui étoient restés pen- dant long-temps dans un état d’immobilité et de repos absolu. La dure mère s'est trouvée fréquemment osseuse dans une partie considérable de son étendue. Les artères qui se rendent au cerveau ont présenté quelquefois une disposition singulière à s'ossifier. L'aorte , lés carotides , les artères hépatiques, spléniques et autres, sont arrivées souvent à un état d’ossifica- tion complet. Le cœur a offert des points durs et ossifiés dans sa face extérieure et même dans la profondeur de ses cavités, L'orifice inférieur ou pylorique de l'estomac a été le siége d'engorgemens qui avoient contracté la consistance osseuse, Les membränes ‘extérieures ‘de la rate, du foie, ont' acquis dans certaines maladies la dureté des os. Les extrémités ten- dineuses des muscles prennent le caractère osseux, et donnent naissance à de petits os de seconde formation, qui se placent dans l'intervalle des Surfaces articulaires. La conversion de certaines parties en solides osseux, n'est pas le seul change- ment que la dominance ou la déviation des sels terrzux puisse produire. 11 y a des menrbranes, des vaisseaux artériels, des muscles, des viscères, qui, sans parvenir à l’état osseux, pren- nent le caractère de cartilages, par l’incrustation d’une quantité des sels terreux, plus grande que celle qui convient à leur tissu naturel. * Les transformations d’organes occasionnées par la dominance de la terre calcaire, peuvent être singulièrement aidées par la dis- sipation ou la destruction de la gélatine, de l’albumine et de tous les principes avec lesquels les sels terreux se trouvent combinés dans chaque tissu; maïs c'est toujours en dernier ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 17% résultat, à l'excès des substances salino-calcaires, qu'il faut attribuer la conversion d'un organe en cartilages et en os. Cette cause de transformation explique aussi le changement de certaines parties soit en une substance cornée, soit en une matière semblable à celle des angles. C’est une altération de ce genre , établie dans le tissu de l’épiderme et de la peau qui recouvre , chez certains hommes , les tégumens ex- térieurs d'une couche épaisse , imitant l’écaille, et formant à la surface du corps ds émineñces solides , comme chez ces deux individus qui se sont montrés dans les départemens, et auxquels on a donné ,.je ne sais pourquoi, le nom d'hommes porcs épics. Ge phénomène si extraordinaire au premier abord, rentre naturellement dans l’ordre des transformations qui tiennent à la déviation 'et à l’exubéränce des sels terreux calcaires. CRE par Après avoir examiné les transformations diverses que les: organes du corps humain peuvent subir, soit dans leur cons- titution physique, soit dans leur composition chimique , il s'agit de rechercher comment la structure et les fonctions de ces organes éprouvent quelquefois’ des changemens capables de déterminer dans une partie ou dans un système de parties, tantôt l’arrangement organique, tantôt les opérations vitales qui en caractérisent d’autres. Mais il importe d'abord de bien Savoir ce que l’on doit entendre par la structure d’un organe, et sous quels points de vue différens on peut considérer cette structure. 3°. Il ya deux choses bien distinctes à envisager dans l'organisation du corps humain et de ses parties. La première est la conformation extérieure et sensible , fondée sur l'assemblage, le rapport et la connexion de toutes les pièces ui servent à la construction des organes. La seconde est la dispôsition intérieure et secrète des parties les plus cachées, qui établit le genre et la nature de leur tissu. Les altérations propres à transformer les organes jusque dans leur structure, sont aussi de deux sortes : les unes qui changent seulement l'ordre et la distribution de parties nécessaires à la confor- mation d'un organe ou d’un membre ; les autres qui affectent Farrangement et la disposition de tissus auxquels l’organisation intime de ces parties est attachée. Le premier genre d’altération n’est pas celui qui mérite le plus dé nous occuper. Il est trop évident, trop manifeste pour exiger des recherches aussi délicates, aussi difhiciles que le second genre, dont la connoissance se cache dans les derniers 178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIX replis de l'organisation. :1l faut ranger sous cet ordre les chans gemens survenus à la structure d'un organe ou d'un membre, par l'effet de quelque altération, notable dans le nombre, la position , la forme, les rapports , l'assemblage et la liaison, des parties qui, comme les os, les muscles, les nerfs, les vaisseaux , Concourent à les produire. Ainsi une pièce osseuse supprimée ou ajoutée , les éminences et les cavités de différentes pièces transportées de l’une à l’autre, les muscles, les vais- seaux , les nerfs déplacés ou ‘changés, leur situation, leurs, attaches interverlies ou confondues, etc... voilà quelles peu- vent être les principales altérations qui touchent à la structure extérieure du corps humain, et qui semblent opérer quelque- fois une véritable transformation: d'organes. 1 ‘C’est surtout aux membres extérieurs , instrument de la lo- comotion, que ces sortes de changemens arrivent, parcequ'ils, sont composés de plusieurs pièces distinctes et détachées, dont Ja nature peut singulièrement varier la position et les rapports. Les altéfations de la,structure intime appartiennent plutôt aux viscères contenus dans l'intérieur des grandes cavités, Cependant les viscères et les membres ont souvent ressenti ces deux ordres de transformation, et il n’est aucune partie, du corps humain qui n’en puisse fournir des exemples. La distribution des artères, des veines et des nerfs, l'insertion des conduits extérieurs, l'emplacement des éminences , des courbures, des orifices, des valvules ; la correspondance des saillies, des angles, des cavités , sont autant.de choses sujettes à varier dans les organes de la poitrine et du bas-ventre. De cette manière la conformation d'un viscère tel que l'estomac, étant changée, peut s'assimiler ou devenir très-analogue à celle d'un autre viscère tout-à-fait diflérent, On a vu des hommes chez qui le canal cholédogue, au lieu de se rendre au duodénum, se portoit jusqu’à l'estomac, On a trouvé la valvule du pylore hors de sa place naturelle et fixée sur Fextrémité supérieure de l'intestin , ce qui sembloit trans; former le duodénum en estomac, et celui-ci en duodénum. La surface inférieure du colon a présenté les plis, les rides et les valvules dont le jéjunum est garni. Une appendice semblable à célle du colon s’est rencontrée dans le duodénum, l’iléum et le rectum. Il se fait des échanges singuliers de vais- seaux et de nerfs entre les organes d'une même cavité. Les échanges sont tels que les nerfs et les vaisseaux de l'estomac, du foie, de la rate, de la vessie, des reins, du mésentère se mêlent, | ET D'HISTOIRE NATURELLE 179 mélent, se Confondent et $e remplacent mutuellement. Nous avons observé une fois les uretères situés entre les reins et la vessie dans un ordre inverse de ce qu'ils doivent étre, ensorte qu'ils sembloient naître de la vessie et se terminer aux reins. L'ouverture des cadavres a démontré sur les vis- cères une foule de dégradations semblables, que les auteurs d'anatomie pathologique se sont chargés de recueillir. Je viens d'en rappeler un nombre suffisant pour établir les caractères et les conditions de leur classe. Les exemples que j’ajouterai ne regardent point la structure des viscères, mais la confor- mation des membres. Dans les Mémoires des Curieux de la nature, il est question de plusieurs pièces osseuses qui s’articuloient par des émi- nences et des cavités dont la situation étoit changée, de manière que l’éminence appartenoit à l'os sur lequel existe ordinaire- ment la cavité, tandis que la cavité se trouvoit au contraire sur celui où l’éminence doit étre placée. A la suite des frac- tures , les portions brisées des os peuvent glisser l'une sur l'autre et produire une nouvelle articulation. Les muscles ro- tateurs de la cuisse et du bras ont eu la force d’aplatir les grosses tubérosités de l'humérus et du fémur, au point que chez des sujets rachitiques la différence de ces deux os dans leur extrémité supérieure, étoit devenue méconnoissable. Un jeune médecin, fort instruit, m'a communiqué l'exemple le plus intéressant que je connoisse, d'uñe transposition de parties dans l'articulation de l’humérus et de l’omoplate. La cavité glenoïde manquoit à l'endroit où elle devoit se rencontrer. L'’angle supérieur et antérieur de l'omoplate offroit une tête semblable à celle de l'humérus avec sa gouttière bicipitale et ses cartilages. L'humérus renflé seulement à son extrémité supérieure , creusé par une cavité conforme à celle d’un omoplate, échancré vers son bord postériéur, s’articuloit avec _cêtte tête transposée. Il y avoit un état d’inversion complète de toutes les parties qui concouroient à l'articulation de l'épaule et du bras. L'examen de l’épaule opposée manifeste la même organisation, Les muscles, les tendons ,'les ligamens conservoient leur structure et leur disposition ordinaire. Je n'insisterai pas davantage sur Ces aberrations étrangères de la nature, dans la conformation sensible de nos organes , parce- qu'elles doivent être considérées plutôt comme des écarts monstrueux qui sortent du plan invariable de l'organisation, Tome LXII. FÉVRIER an 1806. “Abe 180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que comme des faits, singuliers où elle se dégrade et se dé- génère. Les transformations des organes relatives à la disposition secrète des tissus qui entrent dans leur structure intime, me paroissent d’une importance et d’une utilité bien plus réelle pour le physiologiste et*pour le médecin. La connoissance exacte de ces transformations suppose que, l'organisation in- térieure de toutes les parties solides du corps humain n'est point aussi compliquée, aussi obscure qu'on se l’imagine. Notre premier soin dans cette recherche va donc être de lixer quels sont les ordres principaux de structure qui, en se combinant, produisent toutes les variétés de formes et de tissus que l'anatomie démontre. En réfléchissant aux différences que nous offrent l'arrangement et la disposition de ces tissus , j'ai pensé qu'on pouvoit les ramener à six chefs principaux, sur lesquels l’organisation de la machine humaine est établie. C’est le successif ou simultanée d'une de ces dispositions à l’autre , dans plusieurs. organes différens, qui détermine le genre de transformations dont ces divers ordres de structure paroissent susceptibles. Mais avant que de les exposer , il est nécessaire de se former une idée juste des tissus organiques qui doivent en étre l'objet. 1°. La disposition médullaire ou pulpeuse constitue le pre- mier ordre et le plus simple degré de structure. La substance médullaire du cerveau, la pulpe des nerfs, la moëlle épinière, les membranes et les papilles nerveuses en offrent des exem- ples. Elle s'éloigne très-peu de la nature des fluides; mais les différences qui les séparent d'eux sont néanmoins suflisantes pour l'élever au caractère des organes solides , et pour lui assigner entre les uns et les autres une place moyenne qui leur sert de démarcation et de passage. 29, La disposition aréolaire ou spongieuse appartient au second ordre de structure : c'est celle du tissu cellulaire , des mem- branes et de la peau; elle enveloppe les organes , constitue la base de plusieurs, sert de réceptacle ou de soutien à tous, et. établit entr'eux une communication réciproque. À On se fait une idée de la structure aréolaire en suivant la distribution de cette substance celluleuse disposée par cou- ches entre les faisceaux de fibres qui composent un muscle. On la voit se détacher des fibres que l’on sépare, s’alonger à. mesure qu'on l'écarte davantage, et produire une multitude infinie de lames blanchêtues , liées par de petits filamens pa- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19E rallèles, entrelacés, qui se croisent, se coupent et. laissent entr'eux plus ou moins d'espace. Rien n'est comparable à la ténuité des lames et des filamens qui, par leur réunion ir- régulière , forment les aréoles ou les cellules de ce tissu perméable , dans lequel l'organisation semble n'être qu'ébau- chée. Le rapprochement des cellules augmente sa densité, et c'esten cela seulement que diflère la structure des membranes séreuses, et de toutes les parties composées de ce tissu. 3°. La disposition fibreuse comprend le troisième ordre de structure ; elle résulte d'un assemblage de filamens solides déliés , alongés , tantôt parallèles, tantôt obliques, tantôt contournés en divers sens , comme le tissu de tous le mus- cles nous le représente. Les filamens couchés les uns sur les, autres , séparés au moyen du tissu cellulaire, réunis par. bandes ou par faisceaux, susceptibles d'être réduits à une extrême ténuité, forment des masses charnues qui sont placées à l'extérieur du corps ou dans l’intérieur des grandes, cavités. Toutes les. parties de ces filamens ont une si forte adhésion, une si grande continuité, qu'elles ne laissent ni espace ni vide. Chaque fibre , prise et détachée de la masse totale, peut se diviser en fibres plus petites ; celles-ci en d’autres plus fines encore, jusqu’à ce qu’elles deviennent impercepti- bles. La division des fibres d’un muscle seroit poussée à l'infini, si la délicatesse de nos instrumens nous permettoit d’en attein- dre le dernier terme. . 4°. La disposition fibro-cellulaire ou mixte me paroît cons- tituer un quatrième ordre de structure. Je range sous ce titre les tendons, les aponévroses, le périoste, la dure-mére , et toutes les membranes auxquelles on a supposé une texture purement fibreuse. L'examen réfléchi de leur organisation prouve qu’elle tient le milieu entre le tissu fibreux des muscles et le tissu spongieux des organes cellulaires , qu'elle participe aux qualités de cette double structure, qu'elle est établie sur un mélange de fibres et de lames combinées ensemble, qu'elle varie dans les différens ofganes relativement à la dominance de l’un ou l'autre tissu, et qu’elle peut, en se décomposant , donner les élémens de tous les deux. En eflet les organes tendineux, aponévrotiques membraneux, ne ressemblent point aux organes musculaires, et la différence de leur organisation est assez manifeste pour qu'on ne puisse les confondre. Mais il y a cependant entr'eux: des analogies qui les rapprochent et.qui les ont fait considérer comme étant de la méme nature. Z a 182 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE D'un autre côté , le rapport qu'ils ont avec le tissu cel- lulaire n'est pas moins évident, puisque leurs fibres sont ca- pables de se convertir en ce tissu, et qu’elles peuvent subir, par la macération , les mêmes changemens que lui. C'est donc.un genre de structure mixte qui dépend d'un mode particulier de combinaison , où le fibreux et le cellulaire se trouvent associés, et dans lequel on ne doit point appercevoir d'une manière exclusive ‘et tranchante, les qualités de deux tissus différens qui concourent à le produire. Les membranes des artères et des veines, ainsi que l'enveloppe extérieure des nerfs, offrent à-peu-près la même structure. 59, La disposition granulée ou parenchymateuse fait un cinquième ordre des tructure plus difiicile, plus obscur, plus compliqué que les précédens. Elle semble réunir la triple or- ganisation de la pulpe, du tissu cellulaire et des fibres. Les glandes et les viscères, tels que le pancréas, le foie, la rate, en sont le produit, Le premier aspect n'y laisse voir qu'une masse charnue, informe , épaisse , irrégulière , diversement colorée. L'examen attentif découvre qu'elle a pour base une multitude de follicules granuleux, fermes, arrondis, agglo- mérés , liés par le tissu cellulaire, ayant peu d’adhérence, assemblés en lobes distincts et renfermés dans un parenchyme commun. Plusieurs anatomistes ont cru qu'elle étoit décidée par l'épanchement du suc nourricier coagulé; d'autres l’ont comparé à une substance cellulaire, délicate et spongieuse , dont les interstices étoient remplis d'un sang concret. On à long-temps disputé pour savoir si- ces organes avoierit üne structure folliculeuse ou vasculaire ; et il a fallu bien des recherches oiseuses pour qu'on vint à soupconner que ces deux opinions contraires pouvoient être avantageusement associées. Malpighi reconnut de petits corps muqueux particuliers à l’or- ganisation glanduleuse. Ruich n’adnit dans Jeur structure qu'un amas de vaisseaux unis et contournés. Ils firent naître deux sectes considérables et opposées, entre lesquelles on eût dit que les anatomistes étoient obligés de choisir. Elles se balancérent long-temps avec des forces presque égales, ‘et les coups victorieux qu'elles se portèrent mutuellement, furent autant de raisons plausibles dont les bons esprits profitèrent pour les combattre toutes deux. 6°. La disposition cellulo-calcaire ou läamelleuse , établit le sixième ordre de structure. Elle est particulièrement affectée au tissu des cartilages et des os. Deux substances fort diffé- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 rentes concourent à l’organisation de ces derniers : l’une serrée, ferme , rapprochée, dure , abondante , surtout à la partie moyenne des os longs, qu'on appelle substance compacte ; l’autre rare, épanouie, dilatée, située principalement à l’ex- trémité de ces os, qu'on nomme substance spongieuse. Il en est une troisième dilatée comme la seconde, placée autour des cavités osseuses, et désignée sous le nom de substance réticulaire. o 11 importe d'abord de remarquer que ces trois substances sont originairement formées d'une seule et même matière, quais peuvent toutes se réduire en. petites lames molles, exibles et celluleuses dans le premier âge, où la totalité de l'os ne fait qu'une masse, un plan cellulaire, dont la struc- ture est en tout analogue à celle qui s'observe chez les adultes, aux extrémités des os longs; d’où je conclus que les os ne sont point composés de filets ou de vaisseaux , comme on l'enseigne généralement , mais bien de lames et de fibres celluleuses, incrustées plus ou moins d'une matière salino- calcaire, selon qu'ils offrent plus ou moins de constance et de solidité. $ Les six ordres de structure que je viens d’énumérer , em- brassent toutes les variétés d'organisation relatives aux tissus simples et réguliers du corps humain. Cependant il en existe d’autres qu’on ne peut y faire entrer, parcequ'ils tiennent sans doute à une disposition moins uniforme et plus ,com- liquée. Tel est le corps réticulaire placé entre l’épiderme et e chorion de la peau, lequel consiste probablement dans un amas de vaisseaux capillaires arrangés, entrelacés et tissus à la manière d’un réseau : tels sont l’épiderme; les ongles, l'émail , les poils, etc. , qui, foiblement organisés, ne jouis- sent aussi de la vie qu'à un foible degré. Quoique Ja structure de nos organes soit en général arrétée d'une manière fixe et invariable , il est néanmoins des circons- tances accidentelles ou maladies qui changent et transforment l’organisation intime de leur tissu. D'abord ce changement peut se faire entre des organes de tissus absolument semblables, dont toute la différence est déterminée par la condensation ou le rapprochement des parties de mème genre qui les constituent. Le tissu cellulaire condensé devient un corps solide et con- forme aux membranes séreuses. Celles-ci, dilatées, prennent l'apparence du tissu aréolaire commun aux organes celluleux. La substance spongieuse des os se convertit en substance 184 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE compacte , et cette dernière passe quelquefois à l’état spongieux, Les tendons se forment en aponévroses, et les aponévroses en tendons. On voit les ligamens s’aplatir et ressembler aux mem- branes fibreuses, comme ces membranes peuvent s’arrondir et prendre la forme des ligamens. Il y a souvent une telle con- formité entre le parenchyme du foie et celui de la rate, qu'il est facile de les confondre. Le second ordre de changement regarde les organes des üussus analogues, mais qui diflèrent par l'addition ou la sous- traction de quelque partie essentielle de leur structure. L’ana- logie des tissus simples avec les tissus composés, rend ces sortes de transformations fréquentes. Elles arrivent soit qu’un tissu d’organe simple , comme le cellulaire, se combine avec les élémens d'un autre tissu, et devienne plus composé, soit que les tissus composés eux-mêmes, comme le fibro-cellulaire et le parenchymateux, se simplifient et se résolvent en leurs tissus élémentaires. Ici nous pouvons rapporter la conversion des organes celluleux en un parenchyme semblable à celui des viscères. Nous avons dit que le tissu des poumons avoit présenté chez certains sujets la forme de l’organisation appa- rente du foie. J'ai vu dans la portion cellulaire du péritoine une espèce de corps irrégulier, divisé en lobules, ayant une structure granuleuse et tissu en dedans à la manière des glandes. La pulpe cérébrale est capable de subir deux sortes de transmutations opposées : dans la première, elle cesse d’avoir le peu de solidité qui la caractérise, elle est réduite à la forme fluide et coulante d’une liqueur albumineuse ; dans la seconde, elle augmente au contraire de ténuité et de cohésion, elle se condense’et se durcit. Le mélange des tissus cellulaires et fibreux , la combinaison du phosphate et de la matière osseuse, en font un organe aussi ferme , aussi dur que la chair et les os. L'action inverse des mêmes causes peut décomposer le tissu de certains organes , et le ramener aux tissus primitifs qui ont concouru à le produire. La membrane fibro-cellulaire du péricrâne a offert tantôt une simple toile celluleuse, appliquée sur le crâne, tantôt une large bande de fibres charnues qui se détachent du crâne avec la peau. La dure-mère s’enfle, s'épaissit, se dilate et se ride quelquefois comme les mem- branes muqueuses. Les viscères et les glandes dépouillées d’une partie considérable de leur parenchyme, représentent, au lieu du tissu naturel , ici, un corps pulpeux et mollasse; la, un amas ET D'HISTOIRE NATURELLE. 185 de substance spongieuse ; ailleurs, un assemblage de vaisseaux et de fibres. Les os privés de phosphate calcaire, reviennent à la structure moins composée de tissu cellulaire et de cartilage. Les tissus primitifs des organes , tels que le cellulaire et le fibreux, peuvent être réunis, ou par une véritable combi: naison qui les assimile et les confond ensemble, où par un simple mélange qui les rapproche et les associe l'un à l'autre. La combinaison de deux ou plusieurs établit la structure com- posée de certains organes qui, comme les viscères , les glandes, les membranes fibreuses et les os, ne pré$entent ni analogie, ni ressemblance avec les tissus élémentaires dont ils dérivent. La réunion de ces différens ordres de structure appartient à lorganisation des anuscles, où la substance cellulaire et la fibré offrent re de deux tissus assemblés, mais distincts, qui existent dans le même organe séparément. Les transformations d'organes, décidées par le mélange , la juxtaposition de leurs tis- sus, ne se montrent guère ailleurs, que dans le passage singulier des membranescellulaires et séreuses, à l'état de corps musculeux et charnus, On pourroit invoquer le témoignage de tous les anato- mistes sur ce genre de conversion; mais il sufira de citer Reisse- lius, Lower, Bonnet, Vicq-D'Azir, quiontrencontré dans plusieurs cadavres le péricarde , le péritoine, la membrane externe des intestins, ou de la vessie garnis de fibres rouges , épaisses , alongées, et tellement semblables à celles des substances char- nues , que leur tissu paroissoit être converti en niuscles. Mais si la nature, ajoutant le tissu fibreux aux parties cellulaires, les change en organes musculeux ; il est possible que par un procédé contraire, supprimant le tissu fibreux des muscles, elle les transforme en parties celluleuses. Je me rappelle qu’eri disséquant le cadavre d’une personne morte d'hydropisie, j'ai trouvé plusieurs muscles dont les fibres charnues étoient en- tièrement détruites, et qui ne formoient plus qu'une masse de cellulosités blanchâtres, où la fibre de chacun d’eux avoit laissé son empreinte. La transformation des tissus, qui, bien que diflérens, se ressemblent par leur composition chimique, détermineroit un troisième ordre, si elle ne rentroit plutôt dans fes changemens relatifs aux matériaux et aux principes constituans des organes, qui font l'objet de la seconde classe. Comme l'ordre , le dé- veloppement , la proportion de ces principes varient , ils peuvent devenir la source d'une foule d’altérations qui chan- gent le tissu même des parties dont ils offrent les élémens, . 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De cette manière les cartilages prennent le caractère osseux, et les os se rapprochent dès cartilages. Il suffit pour cela, que le phosphate calcaire ou la gélatiie augmente ou diminue de proportion, ainsi que la première partie de ce Mémoire en a fourni la preuve. Enfin, il est des tissus qui diffèrent tellement sous le rapport de la structure et sous celui de la composition, que le passage de l’un à l’autre se fait, non"par une véritable transforma- tion, mais par le développement successif d’un tissu étranger à travers le tissu naturel de l'organe , qui semble dès-lors affecter une double structure. La dure-mêre, semée de vais- seaux nombreux et bien développés, a quelquefois offert les traits sensibles d’une organisation vasculaire. Cet exemple, entre plusieurs autres, hxe à-peu-près en quoi consiste le dernier genre des transformations dépendantes du tissu des organes. 4°. La quatrième et dernière classe de transformations em- brasse tous ces échanges singuliers, dans lesquels un organe se substitue à l’autre pour l’exercice de ses propriétés vitales et de ses fonctions. Cet objet , sur lequel l'inspection des ca- davres n'a point de prise, a dù être négligé par les observa- teurs qui veulent tout ramener aûx considérations déduites de la structure anatomique des parties. La manière dont ils en- isagent les altérations que ces parties manifestent après la mort, ne leur a jamais permis de saisir un ordre de chan- gemens plus subtils, plus délicats, où les propriétés même de la vie sont immédiatement intéressées. Une telle omission contribue sans doute à entretenir l'incertitude, le vague ; l'in- cohérence , qui règnent dans les écrits d'anatomie patholo- gique, et qui en ont fait jusqu'à ce jour dés collections cu- rieuses , moins propres à éclairer la science qu’à éblouir les demi-savans. On ne manque pas d'observations pour établir les changemens. de propriétés et de fonctions qui arrivent à nos organes, et, si l'on n'a pu en déduire un assez grand nombre de données, pour les étudier et les classer d’une ma- nière convenable, c'est qu'on a toujours imaginé qu'ils étoient nécessairement liés aux altérations de forme et de structure, et qu'il falloit en chercher la raison suflisante, mon dans l'observation exacte des phénomènes que les organes doués de vie produisent, mais dans l'inspection froide des dégrada- tions que ces organes frappés de, mort présentent. Cependant il est possible que par un singulier concours de circonstances » EYD'HISTOIRE NATURELLE, 167 circonstances , certains organes deviennent capables d'exercer des propriétés , de remplir des fonctions qui leur étoient jus- qu'alors étrangères, et qui même appartiennent à d'autres or- ganes bien diflérens. Les parties de l’animal où ces dispositions et ces qualités s’introduisent , sont évidemment changées et transformées, quoique leur nouvel état ne coïncide point avec des changemens relatifs dans le système de leur organisation. Si les faits rares et merveilleux ne m'inspiroient une grande défiance, je pourrois alléguer ce transport extraordinaire de 'ouie et de la vue, qui, abandonnant leur siége véritable , ont paru se ldfr à l'orifice de l'estomac ; ensorte que les sons et les couleurs y excitoient les mêmes sensations que les oreilles et les yeux perçoivent naturellement. Le docteur Pételin a décrit toutes les circonstances d’une semblable trans- position des sens chez plusieurs femmes cataleptiques. Il y a cinq ans qu'une jeune demoiselle du département de l'Ar- dèche, venue à Montpellier pour consulter les médecins sur une aflection hystérique , accompagnée de catalepsie , donna l'exemple d'un phénomène aussi étrange. Elle éprouvoit pen- me la durée de ses attaques, une telle concentration de sensibilité vers la région précordiale , que les organes des sens y étoient entièrement fixés. Elle rapportoit à l'estomac toutes les sensations de la vue et de l’ouie, qui ne se produisoi plus alors dans les organes accoutumés. Ce phénomène ed observé chez une personne bien digne d'intéresser, fut un objet d'attention pour les médecins , et de curiosité pour le public. Je ne me dissimule pas que les faits de ce genre, en opposition avec toutes les lois connues de la nature, ne doivent point obtenir, sans difliculté ni sans restriction, l’as- sentiment des esprits sages qui craignent d’être abusés. Mais si l'on multiplie les observations à cet égard, si l'on constate avec scrupule les moindres circonstances de chaque observa- tion , il faudra bien reconnoître la Psbiité d’un phénomène qui ne semble peut-être aussi merveilleux, que faute d’avoir beaucoup ‘de faits semblables auxquels on puisse le comparer. Il seroit facile néanmoins de rappeler plusieurs observations analogues pour ce qui concerne le sens de l'ouïe , dont l’exer- cice ne nécessite peut-être pas autant que la vue un appareil de structure déterminé, parceque les sensations excitées par le son tiennent à des ébranlemens, à des oscillations qui peuvent frapper avec avantage toutes les fibres de nos organes. Haäller a cité l'exemple d'un homme qui, après une maladie Tome LXII. FÉVRIER an 1806. A a 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nerveuse, reçut un accroissement de sensibilité , tel que tous les organes de son corps devenus auditifs, distinguoient , conme J’oreille méme , la force et le rapport des sons. Aucun phy- siologiste n’ignore aujourd'hui que des parties, qui, dans l’état näturel, manquent de sensibilité ou d'irritabilité, peuvent ac- quérir tantôt l'une, tantôt l’antre, et se montrer irritables ou sensibles dans certaines circonstances, qui cependant ne chan: gent ni leur composition , ni leur texture. Les organes recélés dans les cavités intérieures du corps, se prêtent beaucoup plus facilement à un échange de fonctions et de propriétés, que ne doivent le faire fBux qui en occu- pent la surface extérieure. L'organisation de ces derniers étant plus fixe, plus stable, est aussi plus étroitement liée avec les propriétés et les fonctions qui leur appartiennent, Elles en dépendent de si près, que les organes des sens et les membres extérieurs ne sauroient éprouver de changement dans leur structure, qui n’influe en même temps sur le mécanisme de leur action. Les qualités et les opérations des viscères, des glandes et de tous les organes internes, sont plus libres, plus indépendantes, moins assujéties à un mode déterminé destruc- ture : aussi n'est-il pas bien extraordinaire de voir ces x. se suppléer et se remplacer mutuellement. Le canal de l'urètre et vagin ont fait l'oflice de l'intestin rectum chez des personnes avoient cet intestin fermé ou rétréci. Les matières , au lieu de sortir par l'anus, se dirigeoient vers ces canaux qui, s’ouvrant à leur passage, en procuroient l'évacuation. Un remplacement moins naturel est celui des organes secré- foires par d’autres organes, qui n'ont aucune conformité cle structure avec eux, et qui cependant fournissent les humeurs qu'ils sépareroïent eux-mêmes, s'ils continuoient de remplir leurs fonctions. Les urines sont quelquefois portées hors des voies naturelles, pour qe rendues avec toutes leurs qualités par les organes de la salive, par ceux des narines, par ceux de la transpiration cutanée, par les poumons, par les ma- melles, etc. On constatéroit aisément qu'il n’y a point d’or- gane secrétoire qui n'ait évacué des humeurs de toute espèce, et aussi peu altérées que si elles avoient été prises dans l'organe même qui est chargé d’en faire la Scrétion. La nature a sou- vent choisi des organes bien éloignés de la matrice pour l'é- coulement périodique des règles. Les vaisseaux du nez, des yeux, des seins, de l’ombilic, de l’anus, l’estomac, les poumons, la gorge, ont été tour- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 159 à-tour le siége de cet écoulement. Les propriétés et les Fonc- tions des organes peuvent donc être converties, changées, transformées comme la structure organique , la composition chimique et les qualités physiques de ces parties. Mais nous sommes Join d’avoir étudié ce nouvel ordre de transforma- tions ayec autant d'exactitude et de détail que les trois pré- cédens. Les anatomistes français qui s'occupent d’anatomie pathologique , et qui se livrent maintenant à des-recherches sur les transformations d’organes, profiteront sans doute des lu- mières précieuses que cette étude mieux approfondie ne man- queroit pas de répandre sur leur travail. BRIQUET PNEUMATIQUE, Par DUMOTIEZ. La découverte de l’inflammation de l’amadou par la com- pression de l'air, faite par un ouvrier de Saint-Etienne en Forez , et consignée dans notre Journal du mois de thermidor an 12, a donné à M. Dumotiez, ingénieur-machiniste, le desir de conaoître jusqu à quel point on pouvoit réduire la capacité de la pompe et la quantité d'air. .A près différens essais, il est parvenu à enflammer l’amadou dans des tubes ou pompes de compressio” d'environ quatre lignes de diamètre et six pouces de longueur. Lorsque ces tubes sont bien calibrés, et que le piston prend juste , il est rare, avec un peu d'habitude, de manquer d'allumer l’amadou par un seul coup de piston. Ce moyen qui est sans danger et préférable aux différens briquets imaginés depuis peu, a déterminé M. Dumoutiez à construire de très-petites pompes de compression portatives, auxquelles il a donné le nom de briquet pneumatique. I a varié cet instrument , et l'on en trouve de fabriqués en dif- férentes formes et grandeurs, en son domicile , rue du Jardinet, n° 2, près l'Ecole de Médecine. A a 2 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES FT Par BOUVARD, astronome. = THERMOMETRE. BAROMETRE. a CE CR. * À Maximum. | Minimum. |A Mar. Maximum. Minimum. |: $ 1fa midi + 8,3là ro s. + 4,64 + 8,3[à 7 m...... 28. 0,30] à 10 5, .…..27. 965|7. 2fàwidi + 5,olà1os. + 0,6! + 5olà 105...... 27.11,65|à 8 m......27.10,10/28. fa midi + 16/à68m. — 2,5) + 1,6[à9+m.....28. 0,25|à 9 s.......27.10,6|2 Alfa midi + 3,4à8 m. + 1,8} + 3,4|à 325s...... 20/14,50 | 4 9m: 28. 1,28|26. 5fa midi + 7,gfà 1025. + 453} + 7,9là 10Ès..... 26% 2/60] à gant... 27:11,00|28. 6h midi + 8,3là 105. + 7,0) + 8,3là 105....... 26. 2,38|à midi.....28. 2,05|28. 7lazsi + 0,6 8m. “+ 7,31 + 9,4l[à2s...,.... 28. 3,50fà9+5s...... 28.:2,03]28. : 8l151s. + 6,2à 8m. + 681 + 8,2|à 8 m...... 28. O,11|à 515s...... 27.10,26|2 où midi + 6,8/à 7 Lim. + 2,9} + 6,8[à midi... 27-11,93[à 2m..,... 27.11,03|27 10 33s. + 4,5à7s. + 1,81 + 4,5|[àgm....... 27. 1,77|à:7 s.......27. o,681|27. 11fàa midi + 5,5là1os. + 371 + 5,5là midi...... 27. 3,90fà 5 1m.....27. 1,05|27. 121 midi + 5,5%à 105. + 2,31 + 5,5|à 105...... 27-ULSCO| A 28902 -e 26: 9,680|26 13fà midi Æ 3,4là 11 25. +0,31 + 3,4/à 105....... 27-11,68| à 8 m....…. 27. 6,68|27. 8,8 r4fà 25. + 5,6[à 7+m. + 1,51 Æ 39/à8s *.27-.10,42!à midi..... 27.10,05|27. fa midi + 8,2à73s. + 3,4} + 8,2/à 7 Es... 27.11,18|à midi.…....27. 0,68|27. 16fàmdi + 8,7laèris. + 3,8 - 8,7/à.8 + m..... Sete) OMC TES U TE 27. 5,68|27. 17là014s. + 6,3/à9s + 1,61 H G21à 9 s.......26. 0,25|à 8 Em.....28. 8,20/2 18fà28 + 50146 m. — 0,8) + 46|à 2 s....... 287 2554 usa: - -L 28. 0,45|2 rolà nudi + 7,7là9s + 6,0) + 7,712 9 s....….., 27.11,75|à 8 m......27.10,00|2 ooià midi + 9,4|à 8 4m. + 8,0) + 9,4|à 8: m..... 27.11,00|À 10 s..... 27. 10,80|27 21fà midi + 9,2{à8s. + 7.8) + 9,2|à 8 s.......20. 1,25|à 8 m...... 27. 11,87| 20 221 midi <Æ 9,6 105. + 5.4} + 9,0là ro m..... 28. 2,52|à 10 s.:..:. 28. 1,77|28 23[a3%s: + oofà8m. + 6,48 + 6,8]à 8 s.......28. 1,7o|à midi.....28. 1,27,28. 2alà midi + 8,4là 115s. + 4,4} + 0,4[à os... 27, 10,83| à midi... 27.10,05|27. 25}à midi + 6,4 à s + 2,4l + 6,4 à midi... ...20.10,68|à g s....... 27. 9,35|27. 26fà 8m, + 594048. + 3:24 + 3,2 a8+s Se Rte 27. 493|à 8: m.....27. 2,30|27. 27là midi + 3,1la1os. + 1,6] + 3,1[à 7 4 m.....27. 4,16|à * s.......27. 2,40 2 Bla 3 Es. + 4,6là 1155. + ©,SÙ + 3,6/à 11 5 s....27. 2,60|à3 5s......27. 1,60|27. 2ofà midi :+ 4,3là73s. + 0,3] + 4,3là 7+m..... 27. 10, LD AO Me ee € 27. 4,02|27. 3035 s. + 6olarm. + 0,3) + 5,8/à8 à s...... 27. 4,76|à midi...... 27. 2,29127. 31 mdi + 36là7 2m. + 0,3] + 3,8]à 9 s....... 27. 8,20] à 3 m.......27. 6,76127. RECAPITULATION. Plus grandeélévation du mercure...28.8,50, le 7 Moindre élévation du mercure. .... 26 .9,80, le 12 Élévation moyenne...... 27. 6,65. Plus grand degré de’ chaleur..... +0,6 le 22. / Moindre degré de.chaleur......… —_,5 le 3 Chaleur moyenne......…. à +3,6 Nombre de jours beaux....... 6 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 2 pouces 8 Lignes 7 dixièmes ——_—————————— À L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, JANVIER 1806. Hxyc. ï VARIATIONS VENTS. à midi. DE L'ATMOSPHÈRE. [ ‘Sunog 1| 94,0 S-0. fort, Ciel très-couv. , et pluie par intervalles, 20710 O. N-O. Ciel couv.; éclaircis, neige par intervalles. 3] 83,0 S. foible. Couv. par interv.; neige ; ciel troubles. petite pluie. 4] 92,0 O.S-0. Brouillard ; ciel couv. ; beaucoup d'éclaircis' le soir, 5| 870 S-O: Ciel très-couv.; pluie par intervalles. 6| 94,0 O. S-O. Cicl très-couv. 7| 940 | S.trèsfort. | dem. ë| 05,0 |S.et S-O. Eclaircis par interv.; ciel très-nuageux le soir. 9] 75,50 | O.S-O. Ciel nuageux tout le jour. 10| go,o | O.S-O. fort | Tempête tout le jour; pluie forte par intervalles. 11] 69,0 | S-O. et N-O. | Ciel tiès-nuageux et couv. ; pluie par intervalles. 12] 81,0 | O.S-0O. Ciel couv. ; et pluie-par interv. ; beaucoup d’éclaircis le soir. 13] 80,0 O:N:-0: Ciel très-nuageux et nébuleux tout le jour. 14| 90,0 | O.S:0, Pluie forte et abondante la plus grande partie du jour. I19| 9o,0 S.S-O. fort. | Eclaircis pendant le jour ; assez beau ciel le soir, 16| 87,0 | S:S O. fort. | Ciel trèscouv.; pluie abondante sur les 6 h. du soir. 17] 79,0 | S-0. Ciel nuageux le jour ; et assez beau le soir. 16| 78,0 S. . Petite gelée blanche; brouillard; ciel nuageux par intervalles. 19) 92,0 | O.S-O. Pluie toute la nuit; éclaircis pendant le jour; ciel très-couv. le s. 20| 04,0 O. 3-0 Ciel très-couv. 21} 095,0 O.: et N-O. Brouillard ; pluie fine; ciel couv. tout le' jour. 221 94,0 O. Beaucoup d’éclaircis tout le jour. \ 23| 86,0 O. S-O. Ciel trouble et nuageux ; pluie très-fine le matin. 24| 93,0 OS 0: Ciel très couv. pendant le jour; fort beau ciel le soir. 25| 70,0 O. S-0. Beaucoup d'éclaircis; assez beau ciel par intervalles. 26| 62,0- | S.fort. Pluie abondante une partie du jour; ciel très-couvy. 27| 87,0 S. S-E. Pluie tout le jour. 28| 90,0 S.-S-E. Brouillard; ciel très-nuageux; pluie par intervalles. 29| 65,0 S. S-0. Beaucoup d’éclaircis ; ciel couv. par intervalles. d| 89,0 S. S-0. Pluie la plus grande partie du jour; beauc. d’écl. par intery. 311 71,0 O: et S.S-O.| Ciel nuageux et assez beau par intervalles. RECAPITULATION. de couverts...... 5° despluie--=--"e 15 Tr del ventre 2" 30 de gelée......... 3- de tonnerre...... () de brouillard. .….… & denerge.-"-"..-.. I Jours dont le vent a soufflé du É E S-E ocodocet iso ° 8-0 (OIL EAN CEE 17 N-0 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE CREER RER EE D REP HE PR RTS CET RE SPEED MERE VS PACE ET SLR DR Li ESSAI SUR UNE NOUVELLE CLASSIFICATION DES SUBSTANCES VOLCANIQUES; Par J,-C. DELAMETHERIE, Ces substances ont éprouvé l'action des feux souterrains ! et elles en ont été plus ou-moins altérées à raison de leurs diverses natures et de l'intensité de la chaleur. Nous savons d’ailleurs que les substances qui ont été vi- trifiées, cessent, par un refroidissement plus ou moins prolongé, d'être à l'état de verre, pour passer à l'état pierreux, ainsi que je l'ai rapporté dans le cahier précédent. Elles prennent un grand nombre d’aspects différens : c'est ce qu'on appelle dévitrification. Sir James Hall a fait un grand nombre de belles expé- riences sur cette dévitrification. Il a fait fondre du basalte dans un creuset , en a retiré une partie, laquelle refroidie promptement, a donné un beau verre. L'autre portion qui étoit dans le creuset, y a resté plu- sieurs jours, étant toujours dans le fourneau dont on avoit fermé toutes les ouvertures, ét qui parconséquent se refroi- dissoit lentement. Le creuset retiré du fourneau , et cassé, on a vu que la matière qui restoit, n’étoit plus du verre; elle avoit acquis wn état fibreux, cristallisé en rayons divergers, et ayant l'apparence d’une pierre. Le refroidissement étant encore plus prolongé, cette sub- stance perd son état fibreux pour prendre l'aspect vraiment pierreux , analogue à celui des laves compactes. Ces beaux faits ont été constatés par un si grand nombre d'expériences, qu’on ne sauroit plus les révoquer en doute. J'ai de ces verres dévitrifiés ; pris dans la verrerie de … FFSNESS NATURELLE. 193 Sèvres, dont une portion a passé à l'état fibreux. Leur dureté est très-grande. Quelques morceaux sont cristallisés en prismes hexaèdres droits. À La pression plus où moins considérable qu'éprouvent ces laves dans les grandes coulées , a également une influence considérable sur le nouvel état qu’elles acquièrent. C’est encore ce qua démontré Sir James Hall, par plusieurs expériences intéressantes. Il me semble que d'après tous ces faits, rapportés plus en détail dans mon Discours préliminaire, et dont ces réflexions sont une suite, il est nécessaire de faire une nouvelle clas- sification des substances volcaniques. Je pense qu’i/ /aut les classer d’une manière conforme à la marche que suit la nature dans leurs productions. Les analyses que d’habiles chimistes ont faites de plusieurs substances volcaniques, doivent encore nous guider dans ces classifications. 1! C’est d'après toutes ces données , que je propose la classi- fication suivante des substances volcaniques. On la rectifiera à mesure que nos connoissances sur ces objets feront des progrès. re CGLASSE, DES LAVES À BASE DE SCHISTE PYRITEUX FERRUGINEUX. Ces laves sont en général noirâtres lorsqu'elles n'ont pas été altérées.” Elles font mouvoir le barreau aimanté. Leur pesanteur spécifique est 3000 et au-delà. Elles donnent à l'analyse depuis 0,14 jusqu'a 0,25 de fer oxidé. Elles contiennent souvent du soufre. Au chalumeau, elles donnent un verre noir. DES LAVES COULANTES À BASE DE SCHISTE PYRITEUX, OU LAVES FONTIFORMES. Nous allons d’abord considérer ces laves à l'in qu’elles sortent du volcan, et qu'elles coulent comme un fleuve de matières ardentes, analogues à de la fonte cotMante. Leur fluidité est quelquefois très-considérable , et paroît comme aqueuse : telle étoit la fluidité de la lave du volcan 1294 JOURNAL DE PHYSIQUE , DE _ de l'île de Bourbon en 1800, observée par Hubert, au rapport de Bory de Saint-Vincent. Quelquefois la liquidité de cette lave est seulement pâteuse, comme celle du verre ordinaire, et elle coule très-lentement: « Le fameux torrent de laye qui en 1669 sortit des flancs de l'Etna, après que l’éruption eut élevé une montagne d'une centaine de toises de hauteur au-dessus de la nouvelle bouche, et qui fut si fatal à la ville de Catane, parcouroit quelquefois un mille en quatre heures, quelquefois aussi il mettoit quatre jours à faire quelques pas », dit Dolomieu, Journal de Phy- sique, tome XLIV, page 115, note (1). ‘ Ces laves ont toujours l'apparence d'une fonte impure , et qui contient beaucoup de parties terreuses. J’en ai vu de celles de léruption du Vésuve, de 1794, qui lui ressembloit beau- coup; c'est pourquoi je l'appelle fontiforme, c’est-à-dire qui a l'apparence de la fonte. Sa couleur étoit brune. Elle donnoit un son qui approchoit de celui de la fonte, Sa pesanteur étoit assez considérable. DU VERRE VOLCANIQUE DES LAVES FONTIFORMES A BASE DE SCHISTE PYRITEUX. Cette lave fontiforme se convertit quelquefois en vrai verre. 11 forme une espèce particulière de verre volcanique. Chauffé au chalumeau , il fond en verre noir, ce qui le dis- tingue de la véritable obsidienne , dont nous parlerons dans les articles suivans, qui donne un verre incolore. Du laitier que j'ai pris aux forges d'Indret , et qui res- semble beaucoup au verre, excepté qu'il est plus pesant, donne également du verre noir. DE LA LAVE FONTIFORME PASSANT À L'ÉTAT DÉ SCORIES. Les courans de cette espèce de laves se couvrent bientôt d’une croûte scoriforme plus ou moins épaisse. Ces scories sont remplies de cavités plus ou moins considérables, ce qui leur donne une grande légéreté,. Fonduefkau chalumeau , elles donnent un verre noir. DE LA FONTIFORME PASSANT À L'ÉTAT DE LAVE POREUSE. Les laves poreuses ne diffèrent des laves scoriformes, que parceque les cavités qu’elles offrent sont plus petites. DE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195 ‘ BE LA LAVE FONTIFORME PASSANT À L'ÉTAT DE LAPILLO ET DE CENDRESe Les débris de ces scories, qui se forment même dans l’in= térieur du volcan, composent les lapillo et les cendres vol- caniques. 11 faut supposer que cette lave soulevée du fond du volcan, se repose sur quelques inégalités ou monticules dans l’intérieur du cratère. Il s'y forme des scories en petites masses, Les fluides élastiques qui se dégagent de l’intérieur du volcan, «emportent ces lapillo et ces cendres, ce qui forme une partie de ce tourbillon noir dont sont enveloppés les sommets des volcans dans ces momens. On sait combien ces éjections sont quelquefois abondantes, puisque celles du Vésuve de 79, couvrirent entièrement Pompeia et Herculanum. Elles sont aussi quelquefois lancées à des distances im- menses. DE LA LAVE FONTIFORME PASSANT À L'ÉTAT DE LAVE COMPACTE OU DE. BASALTE. Enfin ces laves fontiformes passent par un refroidissemeni plus ou moins prolongé à l’état de laves compactes, appelées plus particulièrement basalte. I] n’a point de pores. Sa couleur est d’un brun plus ou moins foncé. Il a une grande dureté. Sa pesanteur est 3000. On y rencontre le plus souvent des substances étrangères, telles que l’olivine, l'augite... Quelquefois ces laves compactes contiennent beaucoup d'hornblende et du feldspath, tel est le whinstone des An- glais. L'analyse de ces basaltes ou espèces de laves, prouve qu’elles sont composées du schiste pyriteux. Kennedy a retiré de la lave de Catane, décrite par Dolomieu, SCO Se ue OUR es NII Alurmine.:. 1: V1. CENT) (ONE LES UC mEmE Or PACIO RE Feroxidé.’ 42.008 45 14019 NATOM Le Se) SALES 9 Acide muriatique. . + 1 Tome LXII, FÉVRIER an 1806. Bb Ta «$ 196: JOURNAL DE PHYSIQUE, D | « E CHIMIE Le méme chimiste a retiré d'une lave de l'Etna, dite sarto= venére, décrite par Dolomieu , Silice + AR ee on 00:27 Alumine.!.). s,4 44 le : 17.90 Chaux! MR" To Fer oxidé... +... 144 2b Natronssii let eme Acide muriatique. . . 2 Le même chimiste a retiré d’un basalte de Staffa, STICE: Lot RM rl VA ST 40 Alumine.: 22 RM TT E Chaux LOST Fer oxide ee de. Lien TO INatron: + 7 -.debe miser re UE Acide muriatique. . . « « I Eau et matière volatile. .« B Le même chimiste a retiré du whinstone, Klaproth a retiré d’un basalte Sifbe M ENT E 22 me MU Alumine. . + .1. + . - 79: Chaux! . Er eatieNs Fer oxidé. 4.21. © 17 NAREOMens ePe de STE UANE IF TR Eau et substances volat. 4. 5 I Acide muriatique. . . . gen Saxe, Silice: » eue ose ceecoeo se | 440 02 IAlammestehseleelseits 10 Magnésie. .....s...sse 2, Fer oxIdé.. ec. 0e 20 Manganèse oxidé...,.. 0. INAEON : 2 te mien aol slels 2e Uue portion de charbon. prismatique, de Hasénberg 78 25 12 60: Dolomieu, dont les travaux ont jeté beaucoup de jour sur cette partie de la minéralogie (1), avoit donné à toutes ces (1) J'ai dit dans le cahier précédent , page 59, « Un grand minéralogiste m'écrivoit : je viens de faire trois cents lieues à pied, le marteau à la main, cassant sans cesse des minéraux, et je n’ai pas trouvé un seul cristal... », On m'a demandé le nom dé ce minéralogisle, c’étoit Dolomiçu, | ET D'HISTOIRE NATURELLY, 197 “espèces de laves le nom de Zaves argilo-ferrugineuses. On voit que d’après les analyses il faudroit les appeler plutôt daves siliceo-ferrugineuses. : DE LA LAVE FONTIFORME PASSANT À L'ÉTAT DE LA POUZZOLANE: Les pouzzolanes paroissent formées des espèces de laves ou basaltes dont nous venons de parler, lesquelles sont plus ou moins décomposées, et passent à l’état terreux. Elles con- tiennent la même quantité de fer oxidé. Bergmann a retiré de la pouzzolane , oilicerr: Rte oreille LiDONER 6e Altumine, 024121. agä2o Chaux. tIMN EL TETE RAS G Æeroxidé. 4. 5.5 21.41: 1228! 4,20 Dodun a retiré de la pouzzolane d'Italie, Sihcene) se Lt TETE Alumine: 206. 31,13. 5225 Chauve oi DÉPRIME TAUS Feroxidé.:.#0442.9. "ue 1106 Pertesllz33liaaioriler 4 946 On voit par ces analyses que ces espèces de laves fonti- formes et leurs diverses variétés , contiennent une moitié . de leur poids de silice, et une quantité considérable de fer depuis 0.14.5 jusqu'à 0,20, et 0,25°. Quelques-unes contiennent également du. soufre. Tous ces volcans rejettent une grande quantité de soufre et d'acide sulfureux. Quelquefois mème cet acide sulfureux se change en acide sulfurique, comme dans le 770-vinagre, rivière du vinaigre, qui descend du volcan Pulazzé au Pérou, “au rapport de Humboldt. Il me paroît qu'on peut conclure de tous ces faits ,' que les laves de ces volcans sont en partie composées d’un schiste pyriteux. Les schistes fournissent la silice, l'alumine.... Les pyrites fournissent d’un côté le soufre et l’acide sulfurique dont nous venons de parler. De l’autre côté, elles fournissent cette grande quantité de fer que contiennent ces espèces de laves. Quelquefois ces pyrites contiennent une portion de cuivre. Bb 2 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE - Dans les dernières éruptions du Vésuve, les laves qui en sont sorties ont été bientôt couvertes d’un cuivre muriate. Le cuivre a été fourni par des pyrites cuivreuses, et l'acide muriatique par du sel marin décomposé. Ces espèces de laves paroissent former la masse principale de la plupart des grandes éjections volcaniques. EE: CLASSE. DES LAVES COMPOSÉES DE PORPHYRE À BASE DE PÉTROSILEX. Les observateurs ont constaté qu’un grand nombre de vol- cans se trouvent dans des montagnes porphyriques. Le Mont- d'or , le Puy-de-Dôme, le Cantal... sont des montagnes dont la base est porphyrique. Le pic de Ténérifeest une montagne composée de courans porphyriques, suivant Cordier. , Humboldt et Bonpland disent que Chimboraço est une montagne porphyrique. Ils m'ont donné. de ces porphyres dont la couleur est grise, et qui contiennent des petits cris- taux de feldspath. Mais les porphyres sont en général de deux espèces : Les uns sont à base de. pétrosilex très-fusible. Les autres ne sont pas à base de pétrosilex ; tels sont les porphyres verts, rouges antiques, noirâtres des Vosges... J'appelle cette base £éphrine (x). Nous allons parler ici des laves composées de porphyre à base de pétrosilex. Je dois à l'amitié de plusieurs savans, des échantillons de ces laves, qu'ils ont pris eux-mêmes sur les lieux. Fleuriau-Bellevue m'en a donnés qu'il a pris à Lipari , et dans les autres volcans d'Italie. Cordier m’en a donnés qu'il a pris au pic de Ténérife. Humboldt et Bonpland men ont aussi donnés qu'ils ont apportés des volcans du Pérou et du Mexique. Il doit donc se trouver dans les éjections de ces volcans, diverses espèces de laves provenant de ces diverses espèces de porphyre Nous allons effectivement en faire connoitre plusieurs. (x) Z'éphrias est un nom donné par Pline, à un ophite de couleur cendrée. ET D'HISTOIRE NATURELLE: 199 DU VERRE VOLCANIQUE COMPOSÉ DE PORPHYRE PÉTROSILICEUX. Lapis obsidianus Plinii. Pierre gallinace. Miroir des Incas du Pérou. Cette espèce de porphyre , qui est très-fusible , donne d'abord des verres volcaniques transparens sur les bords, géoiqu'ils aient en général un aspect noirâtre. C'est la pre- miére espèce de laves qu'ils fournissent lorsqu'ils ont été assez chauftés. Le verre arufciel cristallise quelquefois en prismes hexaëdres ; mais on n'a pas encore trouyé le verre volcanique cristallisé. Celui dont nous parlons est d’un brun plus ou moins appro- chant du noir. Il donne quelquefois des étincelles au briquet. Sa pesanteur est 2340. Il donne au chalumeau un verre incolore et bulleux. J'ai du verre de Lipari qui m'a été donné par Fleuriau- Bellevue, lequel est d’un brun clair sur les bords, quoiqu'en masse il paroisse noir. Il est en si grande quantité à Lipari, que Spallanzani a dit : « Je n'exagère pas en disant que les deux tiers de l'ile de Lipari, qui a dix neuf milles et demi de tour, sont vitrifiés ». Voyage de Spallanzani, tome III, page 95, traduction de Senebier. | Ce verre est aussi assez commun au Pérou, où il porte le nom de miroir des Incas, et au Mexique. J'en ai que m'ont donné Humboldt et Bonpland. Colleis-Descotils'a analysé une espèce de verre du Mexique. Il en a retiré, | Oices tar relie een 7a Atarnnel er... ie tu. Wiaiuo Fer et manganèse... ... 2 Potasse et soude. . .. .. 10 . Pbrte ile le en tals 105. C5 Drapier a retiré d’un autre verre volcanique du Mexique, ete MMS Ne 74 AIN ENS VS MEN ENST T4. 20 Ghana ous À eve Go Fer et manganèse. .. ... 3 Soude et potasse, . .. .. 32 PENtÉ ME Are ns ne NE ch 4: 30 © 400 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE #5 "Il a retiré d’un autre verre du Mexique, {! Hg GCE AN eee AUS à Le AIRE A SR M A ha A RS nn se ann ET «100 Fer et manganèse. , . , . 4 Soude et. potasse. . . . .. 4 -100 Pertes san en ess vas she 1040 DU PERLSTEIN, Werner a donné le nom de peristein (pierre de perle) 4 une substance qui se trouve dans les terreins de Tockai, que l'on regarde communément. comme volcaniques, quoique’ce ne soit pas son opinion. Ce perlstein est un petit globule arrondi comme une perle, et qui a l'aspect vitreux. J'en ai de Cinapecuaro au Mexique, et qui a toute l'apparence d'un verre volcanique. L'analyse ne laisse aucun doute à cet égard. Vauquelin a retiré du perlstein de Cinapecuaro, SCC RAA RNCS Er lo cu A OU NE EE: (Gjééte tan Vs NERO RUE 1. 6 Fer et manganèse. . . . 0 BOLAS Se ME AR LENS ES Re 0 CHR EEE ANT APRES 0. 7 Un ag À A LORS A LE Le pr Le Le 4 Klaproth a retiré du perlstein de Hongrie, SE PR POUPEE TRE Alumine: ee ei elite 12 Chaux An. der lee o.. 5o Fér'oxidés.e 22 URI o: 60 Natron.@for ‘tatin Cr Mint 4.00 Faut GE ou een de ELT ORZE0O DU VERRE YVOLCANIQUE ; PORPHYRIQUE , PÉTROSILICEUX , CONTENANT DES CRISTAUX DE FELDSPATH:. Porphyre à base d’obsidienne. Obsidian-porphyre de Werner. On a de ces verres volcaniques noirs qui contiennent une grande quantité dé cristaux de feldspath blancse Is for- ET D'ni$TOinr NATURELLE, 201 ment un vrai porphyre à base d'obsidienne. On en trouve de semblables au Mondor en Auvergne, Ce porphyre à base d'obsidienne, prouve que ces espèces de laves volcaniques sont formées de porphyres à base de étrosilex , et contenant beaucoup de feldspath. L'obsidienne base de ce porphyre, donne, au chalumeau, un verre incolore, quelquefois blanc et buileux: DE LA EAVE VITREUSE COMPOSÉE DE PORPHYRE PÉTROSILICEUX: Pechstein-porphyr de Werner. Variété. Cette lave vitreuse diffère du verre volcanique, en ce que sa vitrification n'est pas aussi avancée. Sa cassure n'est pas concoïde comme celle du verre, mais elle est inégale à parties séparées. J'en ai de verdâtre du puy de Griou, qui m'a été envoyée par Lacoste-Plaisance. J'en ai d'un brun plus où moins foncé qui m'ont été en- voyés dans ma collection de Saxe. Ces laves contiennent quelquefois de petits cristaux isolés de feldspath. Elles donnent au chalumeau un verre incolore et bulleux. Klaproth a tetiré d’un de ces pechstein-porphyr ou lave vitreuse de Gensenbach , près Meissen en Saxe, les mêmes produits que des autres substances volcaniques de cette es- pêce, sayoir, GG MMS LR N SAT iSnte 73 Atlummnet su 0 Mid uns ri:4 000 Chan: Mia tss à outre ls I Fer'omidés an ii hours, voie 2 Manganèse oxidé. : . . . 0. 10 INAÉEONEION EE VEUT Se Mer URIX 1/95 HA RNA TR aise 41:86:00) DE LA LAVE RÉTINIQUE COMPOSÉE DE PORPHYRE PÉTROSILICEUX. Pechstein porphyr de Werner. Variété. La lave ritinique diffère de la 1 vitreuse en ce que sa cassure est plus résineuse. J'en ai Morceaux qui viennent 902" JOURNAL DE YHYSIQUE, DE CHIMIE des monts Euganiens , qui ressemblent parfaitement à des morceaux de résine. Elle donne au chalumeau un verre incolore. Klaproth a retiré d’une lave rétinique de Planiz en Saxe, des produits analogues à ceux des substances volcaniques ;. DICO lee bleele ets cleeteE e1 100 Almmanes teen rt LOIS 2 Chaûkes:s 2 vrunouur. nas emo Ferjoxidé..:.e0teth RS Mo INatTON Er ren UE A ETE AUS ADS PE RAT Er RUES APS ETS LÉO MMS PORT OR ART Bergmann jeune a retiré de la lave du puy Griou, Silicest AE PANNE ER RO Te AlumIne eee Le RO Chan el ee EEE AC 0 LS ete co AE On Pat EMA D LR Natçon EEE Er RAA ne De Rene dre Perte. 2e) NME TA PRES On voit que toutes ces espèces de verre et de laves wi- treuses contiennent une très-petite quanüté de fer, et les trois quarts de silice. Lé natron n’y est pas abondant; mais on sait que dans nos verres artificiels , dans lesquels on met beaucoup de natron pour la fusion de la silice, ce natron ne se ‘retrouve plus dans l’analyse de ces verres; il a été dissipé par l’action du feu, comme le prouve l’analyse faite par Vauquelin, du verre dévitriñié, que lui avoit envoyé Bellevue. DE LA LAVE VITREUSE, PORPHYRIQUE, PÉTROSILICEUSE, PASSANT A L'ÉTAT F'BREUX. Ces laves vitreuses en se refroidissant lentement, passent à l’état fibreux, de la même manière que les verres artificiels. J’ai,des laves vitreuses de la province de Quito au Pérou, dont la partie vitreuse donne un verre incolore bulleux. Elles sont remplies de petites boules opaques cristallisées en rayons divergens. C'est une Jéritable dévitrification. Cette dust ŒÆT D'HISTOIRE NATURELLE. 203 Cette partie dévitrifiée fond au chalumeau, en verre inco- lore, quelquefois blanchätre. J'ai également des laves de Lipari, remplies de petites boules blanches. Je les regarde comme des dévitrifications. Mais on voit encore plus distinctement dans d’autres mor- ceaux de verre de Lipari, le passage du verre à l’état fibreux. DE LA PIERRE PONCE. Enfin la ponce est le dernier passage de cette lave à l'état Bbreux. Celles qu’on emploie dans le commerce, viennent presque toutes de Lipari. Spallanzani, qui les a visitées en détail, en distingue de quatre espèces : 1°. Celle dont on se sert dans les arts : elle est blanche, soyeuse , légère , fibreuse.. Au chalumeau elle donne un verre incolore , bulleux. 2%. Une seconde espèce d'un gris sale plus compacte, Bbreuse.... Quelques inorceaux nagent sur l’eau, d'autres s'y enfoncent. %. La troisième espèce ressemble beaucoup à la seconde; mais, elle n'est pas fibreuse; elle passe déjà à l'état de lave compacte. 4°. La quatrième espèce n'est pas également fibreuse ; ‘elle s'enfonce dans l’eau... Elle se rapproche encore plus des laves compactes. J'ai également des laves vitreuses chatoyantes du Mexique, gui passent à l'état fibreux de la ponce. J'en ai également du pic de Teyde à Ténérife. Klaproth a retiré de la ponce, Sie eN res Lu. lee LL -l'uet 5à Éluainert 1 6,2. 2.517,50 Fenoxidé 4 Lac pi lae76 Manganèse oxidé. : . . : . .. É Perte SOMMES CU D EURO LE 6) “ É ; Sans doute il y a de la potasse dans ces 3.5 de perte; car Kennedy a retiré de la ponce une portion de potasse, Tome LXII. FÉVRIER an 1806. C c 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI= DES LAVES VITREUSES COMPOSÉES DE PORPHYRE A BASE DE PÉTROSILEX, REPASSANT A LÉTAT DE PORPHYRE. Ces laves en se dévitriliant encore davantage, reviennent à leur premier état de porphyre. Mais ces porphyres recom- posés n'ont jamais le facies des porphyres formés par la voie aqueuse. Ils présentent un grand nombre de variétés. 1 var. Porphyre recomposé, formant les ponces compactes: (4° variété) dont nous venons de parler. n° yar. Porphyre recomposé ayant un aspect plus ou moins terreux, à pâte pétrosiliceuse, qui, au chalumeau, fond en verre incolore , contenant des cristaux de feldspath , et quelquefois de hornblende : tels sont les porphyres qui for- ment la base du Puy-de-Dôme , celle du Mondor... Les porphyres des monts Euganiens sont de la même nature. Ces porphyres forment une des variétés des floez-porphyr de Werner. Il leur a donné ce nom, parceque souvent ils forment des couches superposées sur des couches calcaires , les éruptions volcaniques qui les ont formées ayant été posté- rieures à la formation de ces couches calcaires. : me var. Quelquefois ce porphyre est scissile et presque feuil- leté. Sa pâte est pétro-siliceuse et contient quelques cristaux de feldspath. Elle fond en verre incolore. C’est ce que Werner appelle porphyr-schieffer. I lui a aussi donné Ie nom de kling-stein, parceque ce porphyre est sonnant. C’est la pho- nolite de D’Aubuisson. L'analyse qu’en a faite Klaproth , lui a donné les mêmes produits que toutes les autres substances volcaniques de cette seconde classe que nous venons de décrire. Il en a retiré, Silices ne Mules ta eo ROReN A) Alanmanes en" No NN NN ANSE S (CEE NA RS PME ONTIE 2. 75 . Fer oxidé. . + + + + «+ +4, 9. 29 Manganèse oxidé. . . + . 3. 25; INattons te rsEns 8. 10 TD AE EAU ES PTE ES UE 3. iv* var. Cette variété rapproche plus que les autres des vrais porphyres. J'en ai une variété de Lipari, dont la pâte est un pétrosilex d’un brun rougeâtre, fondant au chalumeau en verre incolore, et qui contient des cristaux de feldspath. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205 J'en ai d’autres qui viennent des monts Euganiens, et qui ressemblent beaucoup à celui-ci. L ve var. Porphyre recomposé, qui contient des cristaux de hornblende. La pâte fond au chalumeau en verre incolore. Et l'hornblende en verre noir. DE LA FARINE FOSSILE. On trouve auprès des volcans éteints de Santa Fiora en Toscane, une substance terreuse , fine , blanche, et d'une grande légéreté. On lui a donné le mauvais nom de farine fossile. k Il paroïît que c’est une espèce de ponce décomposée à l’état pulvérulent. C'est pourquoi j'aimerois mieux lui donner le nom de ponce pulvérulente. Sa pesanteur est 0,3620. Fabroni en a retiré, Silice: MAL AL ur HORS Mapnédiers so Ps ent 48 Aluüraine!{t,10. 060 ELU) ra Ghaiux MT NU PU, 3 Fertoxidés 4.135010, 2 nu 1 HAUTS ETIENNE NA Dans le temps on ne savoit pas que toutes ces substances volcaniques contenoient des alkalis : ainsi il est vraisemblable que cette farine en contient. Tous les faits que nous venons de rapporter prouvent que les substances volcaniques de cette seconde classe sont com- posées, de pôrphyre à base de pétrosilex, contenant très-peu de land que celles de la première classe, composées de schistes, contiennent une quantité considérable de fer. Dolomieu a distingué des laves à base de pétrosilex. Mais toutes celles-ci contiennent des feldspaths. Ce qui ne permet pas de douter qu’e/les ne soient composées de porphyres & base de pétrosilex. Ces laves ont coulé comme celles de la première classe ; . elles ont ensuite éprouvé divers degrés de refroidissement, qui leur ont donné les diflérens Jacies qu'elles présentent. Cc 2 “ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE I FT C'LAANSNSHEX. 206 DES LAVES TÉPHRINIQUES OU À BASE DE TÉPHRINE. Ces laves paroissent composées de forphyre, dont la base nest pas pétrosiliceuse, et que j'appelle £éphrine (x). Leur couleur est cendrée, plus ou moins foncée. Leur dureté est assez considérable. Leur pesanteur est 27 à 28. Au chalumeau elles donnent un verre noir. DES LAVES COMPOSÉES DE PORPHYRE À BASE DE TÉPHRINE LESQUELLES CONTIENNENT DÉS CRISTAUX DE FELDSPATH. LI J'ai de ces laves qui viennent d'Auvergne, leur pâte est oreuse et d’un brun noirätre. Elle contient des cristaux de feldspath blanchâtre. Cette pâte donne un verre noir. DES LAVES A BASE DE TÉPHRINE, LESQUENLPS CONTIENNENT DE £L'HORNBLENDE ,;. DE L'AUGITE. «4 uelques -unes de ces laves contiennent des cristaux de hornblende , de l’augite. J’en ai qui viennent de la Barbade, de del’ile Bourbon... Leur pâte est d’un brun noirâtre ou rougeâtre, fondant ordinairement au chalumeau en verre noir. Les cristaux de hornblende sont bien prononcés, Foutes ces laves à base de ces espèces de porphyre, ont coulé comme toutes les autres; elles ont ensuite pris par les divers degrés de refroidissement qu'elles ont subi, la consis- tance et les différens aspects qu'elles ont aujourd'hui. DES PRÉTENDUES LAVES GRANITIQUES. Plusieurs minéralogistes ont parlé de /aves granges ; mais les observateurs , et Bellevue en particulier, ont bier constaté qu'oz ne trouve point du quartz dans les laves (1) Il y a deux especes d’ophite, dit Pline, liv. 56, chap, 7, L'un appelé téphrias , de sa couleur cendrée. | L'autre memphite du heu d’où on le ure. + ! La téphrine forme la base des porphyres , dont la base n’est pas pétro- siliceuse, et des amygdaloïdes. 7 C'est pourquoi j'en fais une nouvelle espèce minérale que je place à la &uite des pétrosilex. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 connues : et comme presque tous les granits contiennent du quartz, on en doit conclure que les laves qu’on a cru gra- nitiques, ou à base de granit , sont réellement à base de porphyre. IV CLASSE. DES LAVESLEUCITIQUES, Quelques volcans d'Italie, tels que le Vésuve (et quelques autres en allant du côté de Rome), vomissent, ou ont vomi des laves qui contiennent une grande quätité dé leucites noyés dans une pâte d'un gris plus ou moins noirûtre. Cette pâte, traitée au chalumeau, donne un verre le plus souvent noirâtre. Quelquefois cependant je l'ai trouvée incolore, un peu grisätre. Ces laves ont coulé comme toutes Les autres dont nous avons parlé , et par leurs divers degrés de refroidissement, ont passé par les divers états que nous leur connoissons. La cLasstrfcArion des substances volcaniques que je viens de proposer, me paroîit plus naturelle que celle que nous avons jusqu'ici. J'y suis lés différens états de ces subsfances depuis l'instant qu'elles sortent coulantes du volcan, jusqu’à leur parfait refroidissement. Dans ces différentes périodes de refroidissement elles ac- quièrent divers degrés de consistance, et fournissent toutes les variétés de laves que nous connoissons. Je ne décris point ici toutes les variétés que présentent ces laves à raison des diverses substances qu'elles contiennent, telles que l’olivine, l'aupite, les diverses espèces de zéolite.… Plusieurs ont été ensuite décomposées soit par l’action des acides , soit par celle du temps... Je me borne à une clas- sification générale. Je soumets ces réflexions aux savans qui s'occupent de cette partie de nos connoissances. NOUVELLES LITTERAIRES. Tableau Méchodique des espèces minérales, présentant la série complète de leurs caractères , et la nomenclature de leurs variétés: Extrait d& Traité de Minéralogie de M, Haüy, 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et augmenté de nouvelles découvertes, auquel ona joint l'in- dication des gisemens de chaque!espèce, et la description abrégée des minéraux du Muséum d'Histoire naturelle ; par J. À. H. Lucas, adjoint à son pére, garde des galeries du Muséum d'Histoire naturelle, et agent: de l’Institut national. Première Partie, 1 vol. in-8°, imprimé avec l'approbation de l'Assemblée , administrative : des professeurs du Muséum d'Histoire naturelle. À Paris, chez Levrault-Schoell et com- pagnie, rue du Foin , nf 12; ét à Strasbourg chez Levrault et compagnie. « Préposé avée mon père , dit l’auteur, à la garde des col- lections d’Histoire naturelle du Muséum, et voué par goût à l'étude de la minéralogie (dont je dois les premières notions à M. Dauberton), j'ai été, plus que personne , à portée de sentir combien la disposition actuelle des minéraux dans le Muséum, offroit d'avantages pour l'étude. J’ai done pensé qu'il seroit ulile de donner un extrait du grand ouvrage de M. Hauy, qui présentât le tableau des espèces minérales considérées dans leur ensemble, et d'y joindre une description abrégée de la belle collection du Muséum d'Histoire naturelle, » C'est la première Partie de cet ouvrage que j'offre en ce moment au public ; elle est extraite presque en entier du Traité de Minéralogie de M. Haüy, publié il y a quatre ans. « Diverses circonstances ayant retardé la publication de ce tableau, imprimé depuis trois ans, j'ai cru qu'il étoit indis- pensable, pour mettre mon ouvrage au courant des connois- sances acquises jusqu'à ce jour , de réunir dans un appen- dice , sous le titre d'Additions et de Corrections, les diflé< rentes observations dont les travaux des minéralogistes et des chimistes ont enrichi la science pendant cet intervalle ». Tel étoit le but de l’auteur, qu'il a parfaitement rempli. Histoire Naturelle et Mythologique de l'Ibis y par Jules- César Savigny , membre de l'Institut d'Egypte ; ornée de planches gravées par Bouquet, d’après les dessins de H.-J. Re- douié et Barraband ; - Avec cette épigraphe : Libycisque véscenS ipsa scorpionibus. Puire. A Paris, chez Allais, quai des Augustins, n° 39 , année 1805. 1. vol. in-5? de 224 pages, Dans la première partie de cet ouvrage, l'auteur, traçant ET D'HISTOIRE NATURELLE. 204 le portrait de l'ibis d’après les anciens, prouve que les mo- dernes en ont fait de fausses applications à d’autres oiseaux de l'Egypte actuelle ; que Bruce le premier a découvert ou reconnu l’ibis blanc. L'auteur constate l'identité de l’ibis noir, avec une autre espèce plus commune et mieux connue ; ensuite, contre l'opinion générale des anciens et des modernes, il prouve , par des raisonnemens tirés de la construction de ces oiseaux , que jamais ils n’ont mangé ni pu manger de serpens. Il attaque également l'existence des serpens volans, comme un récit sans preuve de fait, et d’ailleurs incompa= tible avec la construction de ces reptiles. Dans la seconde partie de son livre, il recherche les causes originelles de ces récits, et il établit qu'ils ont passé d’un sens allégorique et figuré à un sens historique et positif qui les a dénaturés ; que les serpens vo/ans ont été l'emblème des vents vénéneux d'Afrique, qui désolent l'Egypte à une cer- taine époque de l’année, et que les bis ont été l’emblême d’une autre époque marquée par l'arrivée de ces oiseaux , époque à laquelle étoit chassée et dévorée Vinfluence conta- gieuse des poisons ou serpens aériens. Il faut voir dans l’ou- vrage même les raisonnemens très-ingénieux de l’auteur. Cette dissertation peut être regardée comme un modèle, par sa mé- thode de passer du positif connu à l’hypothétique inconnu. L'un de ses résultats incontestables est la fausseté d’un récit historique jusqu'ici presque généralement admis, parconsé- quent la nécessité de porter dans l’étude de l'histoire en général un esprit de réserve et de défiance contre la crédulité des premiers conteurs, et le peu de critique de leurs répé- titeurs. i Essai sur le nivellement. Nunc utile multis. Juvénaz, sat. 7, ver. 06. x vol. in-8 avec 9 planches renfermant 68 figures. À Paris, chez Firmin Didot, libraire, rue Thionville, n° 10; Delance, impr.-libraire, hôtel de Clugny , rue des Mathurins. De nouveaux instrumens étoient employés pour le nivelle- ment, et n'étoient pas décrits. L'auteur, M. Busson-Descans, ingénieur en chef, les fait connoître. Il a donné la description de plusieurs niveaux à bulles d'air, à une ou deux lunettes, le plus simple des ni- veaux à perpendicule, celle- de deux clitomètres (niveau de pente) trés-ingénieux... Cet ouvrage ne peut qu'être très-utile aux ingénieurs, et à tous céux qui s'occupent de nivellement, j TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE CAHIER. Faits pour servir à l'histoire de l'Or ; par le, professeur Proust. Pages 191 Observations météorologiques faites par Bouvard. Lettre sur l'Electricité. Expériences et Observations sur lirritabilité de la Laitue ; par Corradori. Observations météorol. des 10, 1° jours de nivose, Apperçu physiologique sur la transformation du corps humain; par ©, L. Dumas. Briquet pneumatique; par. Dumoties, | Observations météorologiques. Essai sur une nouvelle classification des substances volcaniques ; par J.-C, Delamétherie, Nouvelles littéraires. F 148 15a 160 168 170 189 190 192 207 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. MARS an 1806. REA ETS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE L'ARGENT ; Par le Professeur PROUST, - Le muriate d'argent est dissoluble dans l’acide muriatique ; il s’en sépare en cristaux octaèdres : cette dissolution se dé- compose si on l’étend d’eau ; le muriate se précipite. Cet acide versé sur. de l'argent de départ, l'attaque, le transforme en muriate; il s’en échappe un gaz qui fait sauter le bouchon : ce ne peut étre que de l'hydrogène. L'acide qui se trouve affoibli ne retient presque rien en dissolution, car à peine s'il se colore avec l’eau hydrosulfurée. Que Bergmann nous ait donné ce muriate pour un com- posé de 75 d’argent et 25 d’acide , à la bonne heure; mais que des modernes certainement bien au courant de l'oxida- Tome LXII. MARS an 1306. D d 212 JOURNAL PE PHYSIQUE, DE CHIMIE tion, nous répètent : le muriate d’argent se compose de 75 d'argent et 25 d'acide... Quand se rappelleront-ils de l'oxi- gène ? Le muriate d'argent ne perce point les creusets, il ne les attaque pas, il n’en pénètre pas mème la superficie. Le muriate d'argent ne m'a pas paru volatil. Durant la première impression de la chaleur, et à l'aide de l’humidité seulement , il s’en échappe une fumée qui se condense dans le vide d'un creuset que l’on superpose. C'est un sublimé qui a, comme Staahl l'avoit observé , les apparences d’une farine d’arsenic ; mais quand le muriate est fondu, il n’exhale plus de ces vapeurs, il reste fixe au fond des creusets. Quatre gros de muriate fondu ont été tenus rouge-cerise pendant demi-heure, dans un creuset de Hesse couvert. Le creuset ; au sortir de cette épreuve, avoit perdu 6 grains, mais c'est uni- quement parcequ'un peu de muriate s'étoit fait jour par un de ces défauts de continuité qui se trouvent si souvent dans la pâte quand elle n’a pas été soigneusement corroyée avant de passer au tour. Demi-once du même muriate chauffé aussi long-temps dans une retorte lutte, n’a point attaqué le verre, na pas donné le plus léger soupçon de sublimé. Sage lavoit également vu. Le muriate chauflé à ce degré est transparent; il a un ton: gris de perle qui le distingue de tout. Sous cet aspect, il est si parfaitement en harmonie avec les muriates natifs, qu'il est impessible de ne pas les confondre. Leurs proportions sonk les mêmes, tant il est vrai que la nature n'a pas deux ba- lances pour ces sortes de combinaisons. Le muriate a une tendance marquée à cristalliser en octaëdres. J'ai une masse de quatre onces dans l'épaisseur de laquelle il s'est formé une géode horizontale qui en est tapissée. La solution du muriate dans l’anmoniaque, le laisse aussi se déposer en oc+ taëdres réguliers. La dissolution ammoniacale peut se conserver bien des années, sans que le muriate tende à se décomposer; mais si l'on vient à forcer la séparation par une chaleur même mo- dérée , il peut se former de l’oxide fulminant. Le fait suivant me l’apprit. Je plaçai à une chaleur douce une capsule avec de la dissolution ammoniacale , dans le dessein d’en recueillir le muriate. La liqueur évaporée à un certain degré, et quelques grains de dépôt déjà formés , je l’enlevai par le bord et la mis jar une distraction blämable dans mon autre main; la poudre ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 518 du fond ne tarda pas à détoncer : elle creva le fond de la capsule, et son éxplosion me lança toute la liqueur au visage ; j'en fus quitte pour être barbouillé de noir pendant quelques jours. Pour se faire une idée nelte des caractères de ce muriate, et même pour lé donner à connoître dans l'enseignement, il faut le couler demi-rouge dans une bassine d'argent , et l'y promener circulairement , comme on feroit avec du nitra fondu. Il en sort alors une plaque mince, transparente, flexible, qui se-laisse couper aux ciseaux presque comme de la corne de lanterne. A Si on la laisse refroidir dans le creuset pour en tirer des masses plus épaisses, on peut, comme l’a remarqué Kunckel, la tourner et en faire des tabatières ; ce qui réussit mieux, dit-il, au marc qu'à l'once. J'en ai des plaques qui ont une nuance rouge, et les jaspures de l’écaille; mais la lumière les rembrunissant continuellement , elle diminue parconséquent le mérite qu'elles pourroient avoir en bijoux. Kunckel, dans son Laboratoire chimique, donne un moyen de réduire le muriate, qui est expéditif, et n’expose pas à de grandes pertes. T'raitez, dit-il, trois parties de plomb en grenaille avec une d'argent Corné dans une retorte , le plomb se changera en muriate, et surnagera l'argent qui se tronvera réduit. Le produit cependant n’est pas de l'argent réduit , il faut encore coupeler pour lui enlever une bonne ortion de plomb ; mais ce procédé est susceptible d’amé- Fo : trois parties de plomb sont beaucoup trop. On enveloppe le muriate, que je suppose fondu, dans une feuille de plomb double de son poids, plomb réduit du sel de sa- turne ; on coupelle et l’on obtient tantôt 73 centièmes, tantôt 74 et fraction. Dans quatre opérations je n’ai pu atteindre 75 et fractions, ce qui est le produit réel. Il se perd donc un peu d'argent : je ne sais si le muriate de plomb qui se vo- latilise y contribue. On recommande aussi de réduire le muriate par le carbo- nate de potasse. Ce moyen est embarrassant, il expose à des pertes considérables, à cause du gonflement, de l’extravasation et de la grandeur du creuset qu'il faut prendre pour l’éviter , méme avéc des petites quantités de muriate. La potasse caustique est plus avantageuse , puisque la ré- duction s'opère sans gonflement; mais pour des quantités de muriate un peu fortes ce moyen devient cher. D d 2 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ayant eu jusqu’à une livre de muriate, résultat de ces prè- cipitations répétées qu’on a lieu de faire dans un laboratoire, j'ai préféré le moyen suivant, dont Sage est auteur. Il consiste à faire bouillir dans une poële de fer, le mu- riate avec quelques morceaux de fer et de l’eau. Le départ s'opère très-promptement. On jette la liqueur qui est du mu- riate de fer; on renouvelle l’eau ; on agite parfois, et l’on obtient une poudre d'argent, qui n’a besoin que d’être lavée et fondue avec un peu de salpêtre et de borax pour nétoyer l'argent de quelques restés d'oxide de fer. Si l’on veut s’as- surér de l'entière décomposition du muriate, il suflit de passer au soleil la poudre d'argent. La lumière la violette, et l'obs- curcit si elle conserve encore du muriate. 3 Pour juger de la valeur de ce moyen, je fis l'expérience suivante : Je treitai dans une petite bassine d'argent cent parties de muriate en poudre , bien sec, avec autant de limaille de fer et de l'eau suffisamment. L'opération finie, le muriate de fer évacué, et les poudres lavées, j'ajoutai dix-huit parties de mercure pour rassembler l'argent. L’amalgame distillé donna 72 1; il devoit rendre 75 1. Je repassai les limailles avec un peu de mercure, et j'obtins encore 2 £ d’argent : lotal 75. La perte ne fut donc que d’un quart d'unité ou de quatre grains, parceque l'expérience se fit sur 1600 grains de muriate. Ce résultat fait voir que pour des quantités médiocres de muriate , on en fait la réduction sans peine et sans pertes sensibles. Dans le travail en grand, elle est encore plus expé- ditive, puisqu'il ne s'agit que de placer le muriate sur du plomb dans la coupelle. L'argent que l’on sépare du muriate par la potasse, quoique bien fondu, n'est pas toujours exempt d’en contenir des restes, Faisant un jour forger une masse d’environ 8 onces, je fus surpris de la voir se feuilleter sous le marteau. En l’examinant je découvris du muriate non réduit entre les feuillets. M. Fer- nandez a aussi fait cette observation de son côté; on la trou- vera à la suite de cet article. Le muriate d’argent se rencontre fréquemment dans les mi- néraux d'Amérique; il accompagne l’argent natif; il se trouve disséminé dans les sulfures, dans les carbonates, dans les roches siliceuses , au point d'y être tout-à-fait imperceptible. J’ai examiné une mine de la province de Caracas, qui ne me donna, par l'application des acides , que 11 marcs au quintal; £T D'HISTOIRE NATURELLE, 215 mais l'ayant fondue avec l’oxide de plomb, la potasse et le charbon , elle rendit un régule qui laissa 19 marcs sur la coupelle. Ce minéral contenoit sa richesse en deux états, en métal et en muriate. L'argent de cette mine contenoit de plus un trente-sixième d'or; sa matrice étoit siliceuse. Pour découvrir le muriate, on fait bouillir le minéral en poudre avec de l'eau et un peu de limaille de fer ou de zinc; le muriate se décompose; on lave; on applique l'acide nitrique , et l'on découvre l'argent. Pour la lessive muria- tique, on la précipite avec de la dissolution d'argent, et on en recueille une portion de muriate qui représente rigoureu- sement celui qui existoit dans la mine, Il vient quelquefois du Pérou des morceaux de muriate natif de la plus grande pureté. J'en ai un d'environ 10 onces, qui porte pour matrice du carbonate rhomboïdal. Ce muriate est transparent, perlé, et se laisse couper sans s’égriser, Ses rognures exposées au soleil, y prennent la teinte violette en peu d'instans; il fond dans une retorte , sans perdre aucun de ses caractères et sans diminuer de poids. $i on l'approche de la flamme d’une bougie, il coule en gouttes rouges comme du suc de groseilles, qui blanchissent en refroidissant ; il faut les recevoir sur une plaque de verre. Le muriate artificiel fondu donne aussi ses gouttes colorées. Le muriate natif enveloppé d’une feuille de plomb, ne donne pas au-delà de 74 et un peu plus, quoiqu'il contienne jusqu'à 75 +. J'ai décomposé cent parties de ce muriate par le zinc, et précipité la lessive avec du nitrate d'argent. Le produit re- cueilli fut de cent parties. J'ai obtenu ce résultat deux fois. On peut y employer aussi la dissolution d’argent qui reste mélé de zinc après la décomposition ; mais la nécessité de filtrer occasionnant une légère perte, on n'obtient que de 98 à 99. Il ne faut peser le muriate reproduit qu'après l'avoir desséché parfaitement. On trouve aussi le muriate mêlé de carbonate d’argent eñ poudre, offrant une pâte grise parfaitement uniforme; il est irès-diflicile de le briser. Le frottement d’un corps dur en fait briller l'argent. J'en ai un morceau qui est composé d’ar- gent 30, carbonate calcaire 32, muriate 58. Autant que j'en ai pu jüger par les apparences, c’est cette pâte qui enveloppoit le fameux morceau d’argent natif que Von conserve au cabinet du roi. Ge morceau de près de trois cents livres, est encore chargé d’une partie de sa précieuse 216 JouñnNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE écorce. Il étoit pour le minéralogiste d'un bien plus grand prix, si le mineur ne l'en eût pas dépouillé : il paroît qu'elle à dû étre considérable. On la fit sauter à coups de ciseau, Il est sorti des mines de Quantacaia, situées sur les bords de la mer du Sud. ) L'argent est aussi du nombre des métaux qui peuvent en- lever au fer cette portion d’oxigène qui l'élève du minimum au maximum, Où qui est comprise entre 28 et 48 sur 100; mais il faut pour cela qu'il soit assisté d’une certaine tem- pérature, car en la perdant, c’est le fer à son tour, ou son oxide à 28, qui le reprend sur l'argent. Voici l'expérience : On fait chauffer dans un petit matras une dissolution de sulfate rouge sur de l'argent de départ ; une partie de ce dernier s'y dissout, et le sulfate est ramené au verd. On filtre; on ajoute un peu d'eau de sel; on sépare le muriate, et l’on trouve de la liqueur filtrée ou le sulfate de fer, Dos en verd avec les alkalis. Mais, si au lieu d'en séparer argent, on garde la liqueur filtrée, on la voit se remplir de paillettes métalliques à mesure qu’elle se refroidit. Or ce nou- veau départ ne peut avoir lieu qu’autant que la base du sul- fate verd reprend l’oxigène sur l'argent. Ce résultat cesse de surprendre, si l'on se rappelle qu'une dissolution de sulfate verd , mélée à une autre de sulfate d'argent, en précipite à l'instant méme le métal en poudre brillante. J'avois eu oc- casion de voir, il y a déjà du temps, que l'on ne pouvoit concentrer le sulfate rouge dans une bassine d'argent fin, sans donner lieu à de pareils changemens. Carbonate d'Argent. Ce carbonate obtenu par celui de potasse est d'un blane jaune, mais ‘se conserve mal, il se noircit à la lumière , et se désoxide peu-à-peu ; Car Si au bout d'une année on lui applique un acide nitrique très-délayé, il s'en sépare une portion d'argent en poudre. / Sulfate d Argent. Du mercure jeté au fond de sa dissolution le décompose; ;l en résulte une cristallisation rase qui passe à peine le niveau, et n'offre parconséquent rien des phénomènes agréables du nitrate. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 217 Aibre de Diane. Lemeri recommande de jeter du mercure dans une solu- tion d'argent bien délayé , et il a raison. En petit comme en grand, jamais on ne manque d'obtenir des arbres de Diane trés-beaux et très-variés. Homberg et Beaumé , avec leurs boules d’amalgame et leurs dissolutions, n’ont fait autre chose que compliquer le travail, et dégoûter ceux qui aiment à jouir, sans tant d’embarras, d’un des plus jolis résultats de la chimie expérimentale. Acétate d'Argent. Le vinaigre distillé dissont très-bien l'oxide d'argent et donne de longues aiguilles blanches et faciles à cristalliser. Chauflé dans une retorte , il donne du vinaigre radical, des gaz, du charbon et de l'argent pur. Je ne l'ai pas examiné davantage. Surla surcharge que le Muriate d'Argent peut donner aux cornets de départ; par Don Domingo Fernandez. Ayant eu occasion d'essayer, dans le mois de décembre de 1704, douze pièces de monnoie d’or, je fus étonné de voir les vingt-quatre cornets sortir avec une surcharge de demi-grain au-dessus du titre qu'elles devoient avoir. Je répétai les essais avec tous les soins possibles, et le résultat fut encore le même. Pour éclaircir mes doutes, j'examinai particulièrement le plomb et les acides dont je m'élois servi, mais je ne trouvai rien qui püt donner l'explication d'une surcharge aussi ex- traordinaire. Il ne me restoit plus qu’à me retourner du côté de l'argent; mais comme ce métal provenoit d'un muriate réduit par la potasse et le charbon, j'étois loin de soupçonner qu’il püt avoir aucune influence sur ces résultats, d'autant moins qu'il s’étoit laissé tirer au laminoir en feuilles très-minces et sans défauts apparens. Ne voulant pas cependant annoncer que ces monnoïes fussent à un demi-grain au-dessus du titre, sans un nouvel examen, il me vint en pensée de faire dissoudre séparément les vingt-quatre cornets dans l’eau régale..... La dissolution fut à peine achevée, que je découvris enfin la cause du phé- nomène. Chacun d'eux laissa séparer une poudre blanche que je recueillis pour l'examiner. Je n’eus pas de peine à y re- 218 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE connoître le muriate d'argent ; il se trouva très-exactement du méme poids pour chacun des cornets. D'après cette découverte je passai aussitôt à reconnoître la qualité de mon argent, j’en fis dissoudre dans l'acide ni- trique, et le muriate s'en sépara à l'instant. Ainsi il est certain que ce sel ne se décompose pas £oujours à l’entier dans les réductions qu’on en fait avec la potasse, et qu’il peut s’incorporer, se dissoudre même dans le métal, au point de n’en pas diminuer sensiblement la ductilité, puisqu'on peut le tirer au laminoir sans remarquer aucun défaut de continuité dans les lames. Je recommençai mes essais, mais avec de l'argent pur éga- lement tiré du muriate, et les surcharges disparurent. Cette observation m'a déterminé à faire dissoudre les cornets toutes les fois que j'ai eu lieu de soupçonner des surcharges ex- traordinaires. Sur le Nitrate d'Argent. L'acide qui s'élève d’une dissolution tandis qu’on la con- centre, emporte de l'argent, quelque modérée même que soit l'ébullition. L’acide muriatique le fait connoître à l'instant. Ce résultat, que j'ai eu occasion de vérifier bien des fois, ne laisse pas que de diminuer un peu la confiance que l'on Jourroit avoir dans l'essai des mines par l'acide nitrique; et por sait qu'il est indispensable de faire bouillir assez long- temps pour résoudre les dernières portions de sulfure d'argent. Le nitrate d'argent ne paroit pas contenir d'eau de cris- tallisation plus que le salpétre. On peut le tenir fondu dans une retorte assez long-temps sans qu'il perde plus d'un cen- tième de son poids. Par le refroidissement il se prend en une masse cristalline un peu grise, c’est ce qu’on appelle pierre infernale. Ce nitrate chauflé jusqu’à son entière décomposition , laisse 64 centièmes d'argent pur; Ce qui suppose que cent parties d’argent peuvent donner 140 de nitrate. Le quintal d'argent prend neuf et demi et neuf trois quarts d'oxigène pour servir de base au nitrate, d’après une véri- fication que j'en ai faite autrefois ; cependant il seroit bon de s'en assurer encore. Ce nitrate seroit donc composé de Oxide d’argent......... 69 à 70 Acide nitrique,...,.»... 31 * 30 J'ur ET D'HISTOIRE NATURELLE, 219 Sur l'essai des mines d'Argent. 11 faut se garder d'en précipiter la dissolution avec le cuivre ; ‘comme le recommandent beaucoüp d'auteurs. Malgré tout le soin qu’on peut y mettre, il reste toujours un peu d'argent dans les liqueurs, comme le fait connoître l’acide marin. Une mine -qui donne 10 pour cent par le moyen de la fonte, n’en donne par la précipitation que 83, 9, etc. L'estimation que l'on déduit du muriate d'argent n'étant point non plus un langage à la portée de ceux qe desirent qu'on leur mette sous les yeux, le produit net de leurs mines, il vaut mieux procéder aux essais par la fonte. Voici une méthode imitée du travail en grand, et pratiquée par Sage, qui me paroît mériter la préférence sur toute autre. On fait fondre un quintal de mine calcinée avec autant de litharge, et trois quintaux de carbonate de potasse ordinaire, dans un creuset dont on a brasqué le fond en y jetant 24 à 3o grains de charbon et un peu d'huile, pour que le doigt puisse en appliquer la pâte au fond et autour de la moitié de sa profondeur ; on y met un couvercle sans le luter. On place ainsi deux creusets, l'un à côté de l’autre, dans un four- neau ordinaire ; le soufflet n’est pas nécessaire , et l'on couvre de charbon. Lorsque les mélanges entrent en fonte, ce que l’oreille distingue aisément, on range le charbon pour sou-. lever les couvercles et voir cé qui se passe. Si l'eflfervescence fait monter la matière au-delà de la moitié du creuset, on enlève le couvercle; le poids de l'air confine par ce moyen lintumescence et préserve de l'extravasation. La fonte devenue tranquille , on replace les couvercles, on les recouvre des charbons et on laisse refroidir. Si les essais sont bien fondus, les plombs qui en proviennent ne différent pas de deux grains. On coupelle et on obtient des boutons qui ne doivent pas différer d’un seizième de grain. Un seizième représente une once dans le quintal; mais si la mine est pauvre au point de donner au-dessous d’une once, comme le sont aujourd’hui la plupart des mines que l'on bénéficie en Amérique , il faut procéder au moins sur quatre cents grains. Nitrate d'Argent au minimum, On fait bouillir une dissolution déjà saturée sur de la poudre d'argent, celle, par exemple, qui provient du départ ordi- Tome LXII. MARS an 1806. Ee 2.20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE naire; on continue l'ébullition encore une heure après que tout gaz nitreux a cessé. On transvase la liqueur avec son dépôt pour la laisser s'éclaircir d'elle-même; on tire au clair avec un siphon à boule, et on la passe dans une retorte, au fond de laquelle on a mis d’avance quelques fragmens d'argent fin, si l'on desire la concentrer , sinon on'‘la garde dans un facon. ? Mais il faut purger l'argent de départ avant de l’employer, afin d'éviter le mélange du cuivre. Pour y procéder ,|on fait bouillir la poudre dans une dissolution d'argent, saturée et légérement étendue; le cuivre s’y change en nitrate, et l'ar- gent en sort assez pur pour ne pas altérer la couleur du nou- veau nitrate d'argent. . La dissolution est d’un jaune clair, invariable : on peut la concentrer beaucoup. au-delà de ce qu’exigeroit le nitrate au maximum , sans crainte de la voir cristallisér, parceque celui qu'elle va nous fournir est infiniment plus soluble. Quand elle est à l’eau comme 240 : 100 , elle en ést encore ässez éloignée ; quelquefois elle se maintient liquide pendant plu- sieurs jours; mais la verse-t-on dans un bocal, elle s’y con- gèle .si brusquement, que les dernières portions qui tombent du bec de la retorte, se prennent comme des glaçons de goultière ; il s'échappe alors beaucoup de chaleur. Durant la concentration de ce nitrate , il s’én volatilise toujours un peu. Celui-ci passe du minimum d'oxidation au maximum ; quelquefois aussi l'on y découvre un mélange des deux nitrates. Dans le premier cas, l’ammoniaque ne change pas la transparence du produit : dans le second, le nouveau nitrate est indiqué par la couleur noire. Il est difficile de le conduire à une cristallisation réguülitre, parcequ'il tend beaucoup plus à se congeler qu'à s'isoler en cristaux. S'il est congelé, on ne peut plus le redissoudre sans lui faire éprouver une séparation de poudre jaune, ce qui oblige à surseoir le travail pour le laisser déposer , le tirer au clair, et le rentrer dans la retorte. On évite, il est vrai, cet inconvénient , en aiguisant d’acide l'eau qui va redissoudre la masse, parceque le dépôt jaune rentre en dissolution; mais l'on s'expose aussi par cette addition, à remonter loxidation d'une partie du nitrate, et à convertir le produit en un mé- lange de nitrate majeur et mineur. Le précipité jaune que nous venons d'indiquer estiun nitrate doublement au minimum d'oxigène et d'acide. Il se forme ET D'HISTOIRE NATURELLE. 201 parcequ'une partie du nouveau nitrate ne peut se dissoudre dans l’eau , si elle n’enlève à l'autre un peu de son acide, et c’est la perte d'acide qu'éprouve cetteseconde qui la forcedese précipiter. Ces effets sont parfaitement analogues à ceux du nitrate de mer- cure. au, #énimum d'oxidation, quand on le jette dans l'éau., S'il ne,se divise pas en deux parties , si l'une n’emprunte pas de l’acide à l’autre, elle ne se dissout pas non plus ; mais dans le cas que nous traitons, comme dans celui du mercure, un-peu d'acide remet les précipités jaunes à flot; il remonte leur état salin, et leur rend parconséquent la dissolubilité, On réussit cependant à le faire cristalliser, en suspendant et reprenant la distillation successivement , jusqu'à ce que par des tâtonnemens répétés, on ait amené la liqueur à ce point. Mais je n’ai,point encore pu obtenir des cristaux assez isolés, et hors. dé retortes , pour pouyoir les examiner facilement. Propriété de ce Nitrate. Sa dissolution gardée à l'air, et défendue de la poussiére ; perd sa couleur et donne en peu de jours les graudes lames quarrées du nitrate ordinaire, ou dont la base est au maximum. C’est une chose amusante à voir, que la promptitude avec laquelle quelques gouttes d’acide nitrique versées. dans cette dissolution , y font naître lés grandes lames de, nitrate. La liqueur passe du blanc au jaune, se noircit plus avec l’am- moniaque , et n'est à la fin que du nitrate au m12aximum. Si l'on méle l’acide à la dissolution plus délayée , et. qu’on fasse chauffer, le gaz nitreux s'annonce,et vient confirmer les chan- gemens qu'indique la théorie. L'acide muriatique versé dans la dissolution de nitrate m”1- neur, donne un muriate dont la base remonte au #7aximum dans l'acte même. Ainsi il n’y a point, ou bien je n'ai pu former de muriate au minimum. Voici quelques-unes de ses propriétés les plus marquantes avec les réactifs. Solution de nitrate d’arsent ordinaire et eau de tournesol, rien : avec nitrate au 7z##7imunr, la couleur se précipite en lacque bleue. Nitrate majeur..et cochenille , couleur écarlate : avec ni- trate m7Eneur , lacque violette foncée. Nitrate rzajeur, et solution sulfurique d'anil, rien : avec nitrate 7nineur, décoloration complète et argent réduit. Nitrate ”rajeur et teinture spiritueuse de fécule,de ciguë, Le 2 222 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dont la nuance est feuille morte, rien : avec nitrate nineur, le verd se ranime et s'embellit d'une manière remarquable. Avec l'Ammoniaque. L'ammoniaque précipite le nitrate mineur en noir. Le pré- cipité recueilli est de l'argent pur, il ne fulmine point, quelque temps qu'on l'ait gardé sous l'ammoniaque. La dissolution ammoniacale tient alors de l’oxide au r7aximum en dissolu- tion ; car si on la sature d'acide nitrique très-affoibli , elle ne noircit plus avec l’ammoniaque. On voit par là que la portion d'oxide qui s’est dissoute dans l'ammoniaque , se relève au maximum aux dépens de celle qui se précipite. Avec la Potasse pure. , Précipité brun, semblable pour la nuance à celui que donne le nitrate au #2aximum ; redissout dans l'acide nitrique, l'am- moniaque le précipite en noir, ce qui démontre que l’oxide n’a pas changé d'état; mais en séchant il reprend dans l'atmosphère de l'oxigène, se monte au maximum, et ne difière plus de celui que donne le nitrate majeur. Avec Alcohol. L'alcohol n’agit sur sa dissolution que comme l’eau même; une partie du nitrate, diminuée dans son acide, se sépare en poudre jaune. La solution alcoholique distillée laisse à la fin du nitrate au maximum, et de la poudre d'argent, parce- qu'une partie de l’oxide a complété son oxidation aux dépens de l’autre. L’alcohol ne s’éthérise pas dans cette circonstance, ce qu’il ne fait pas non plus avec le nitrate majeur qu'il dissout très-bien. Avec l'eau bouillante. On a vu que l'eau froide séparoit ce nitrate en deux; que l'un pour se dissoudre avoit besoin d'enlever de l'acide à l’autre, ce qui obligeoit celle-ci à se séparer en nitrate jaune, ou ayec moins d’acide. Avec l’eau bouillante les changemens vont plus loin. On laisse tomber quelques gouttes de dissolution un pew concentrée dans un verre d’eau bouillante distillée, et l’on voit distinctéement trois couleurs se succéder dans le même instant, le jaune, le rouge et le noir. Si lorsque le mélange L ET D'HISTOIRE NATURELLE! 22% est jaufé ou rouge, on y jette quelques gouttes d'acide, tout s'éclaircit et les changemens s'arrétent. Si on prend le mo- ment où le noir a paru, l'acide ne rétablit plus la transparence, c’est que la poudre noire n’est plus, comme dans les deux couleurs précédentes , de l’oxide, mais de l'argent désoxidé. Or pour dissoudre ce dernier , il faut un acide plus fort. x La poudre noire argente le verre à mesure qu'elle tombe sur ses parois. Tous ces effets n’ont pas lieu, si, avant de verser la dissolution dans l’eau bouillante, on y a ajouté quel- ques gouttes d'acide nitrique. Le nitrate de mercure jaune au minimum, présente des phé- nomènes semblables , quoique sous des aspects différens. Ce nitrate bouilli avec de l’eau dans une retorte, donne de la poudre de mercure qui passe dans le récipient avec la vapeur aqueuse; c’est-à-dire qu'à l’aide d’une température élevée, une partie du mercure tend à compléter son oxidation aux dépens de l’autre. Mais dans toutes les circonstances où nous décou- vrons un métal passant d’une oxidation à l’autre, nous ne le surprenons jamais s'arrêter à quelque terme intermédiaire entre les deux extrêmes d'oxidation qui lui sont propres. Une dissolution de nitrate d’argent au r2/nimum, aqueuse , ne se suroxide pas três-rapidement par le contact de l'air. J'ai fait connoître autrefois que si le cuivre avoit pour l'oxi- gène plus d'aflinité que l'argent, il n'en falloit pas conclure que les acides eussent plus d'aflinité pour l’oxide de cuivre que pour l’oxide d’argent ; et en eflet, le nitrate et le sulfate d'argent dissous, et gardés sur du carbonate de cuivre, n’at- taquent pas ce dernier , ne se colorent pas même. Le nitrate d'argent mineur n'a pas plus d'action sur le carbonate de cuivre. La poudre jaune ou le nitrate au r7/nimum, avec moine d'acide, ne tarde pas à s’altérer et à perdre sa couleur au contact de l'air. Elle se couvre d’une poudre noire qui est de l’argent pur ; c’est une portion de l’oxide qui se désoxi- gène en faveur de l'autre. Le nitrate mineur concentré dans une retorte, s’épaissit, produit un peu de gaz nitreux, entre en fonte, et donne un sublimé jaune qui tapisse ses parois. Le nitrate rajeur ne fournit rien de semblable. Si on dissout la masse fondue, on voit du précipité jaune, mélé d’un peu de poudre d'argent, se déposer, ce Lui iñdique d’abord une partie du nitrate zréneur , 224 JOURNAL DE PIYSIQUE, DE CHIMIE qu n'a pas changé de nature , et un autre qui a passé à l'état e nitrate #z7ajeur, par l’oxigène qu'il a pris sur une portion d’oxide. Il y a déjà plusieurs années que j'avois remarqué cette transmission d’oxigène d’une partie d'oxide à l’autre, dans les dissolutions d’argent dont j'avois un peu forcé l'ébullition sur du métal. Une espèce d’avanturine brillante en troubloit la transparence au bout de quelques jours, et se déposoit ensuite au fond des flacons. C’est là le premier fait qui m'a conduit à soupconner que l’argent pouvoit être susceptible, comme tant d’autres, de deux termes fixes d’oxidation. Le nitrate de plomb traité avec des feuilles de ce métal, donne aussi des résultats du même ordre, Je tâcherai de le faire connoître au plus tôt, LETTRE DU PROFESSEUR PROUST a J..C. DELAMETHERIE, SUR L'ACIDE FLUORIQUE DES OS FOSSILES. Ox trouva de l’ivoire et des os d'éléphant dans les fouilles qu'on fit pour asseoir les fondemens du pont qui traverse le Manzanares. Le cabinet de Madrid conserve beaucoup de ces fragmens. Il y en a d'un volume considérable. Le morceau que j'en ai tiré est d’un gris sale très-fragilé, cependant il ne paroît pas avoir changé de volume ni même de disposition dans ses couches. Traité par le sel ammoniaque, j'en ai tiré de 14 à 15 centièmes de carbonate calcaire. L'acide muriatique dissout le reste sans effervescence , moins deux centièmes de charbon qui brüle sans odeur. La dissolution muriatique est un aélange de fluate et de phosphate. Je n'ai pas le temps d'en fixer les rapports, M ET D'HISTOIRE NATURELLE, 225 Si on arrose d'acide sulfurique cet:ivoire, il donne en effet de l'acide fluorigue, corrode 4 verre, etc. Cet acide.est aussi dans les dents molaires d’éléphant qu’on a trouvées à cent lieues de Cusco au Pérou. Les fragmens d’os, les dents de cheval, d'âne, qu'on trouve aux environs de Terruel en Aragon, donnent de l'acide fluo: rique. Je n'en ai pas apperçu dans un morceau fossile de dent de Narval. | Il n'est pas temps sans doute de hasarder des conjectures sur la rencontre de ces acides dans les débris animaux; mais il est bon de réunir les faits qui ont de l’analogie avec cette découverte. Pourquoi, par exemple, la terre de Marmara, le phosphate d’Estramadure, les crisolites de, Murcie:et du Mexique, con- tiennent -ils l'acide fuorique avec le phosphorique ? Est-il bien certain que les apatites n’en contiennent pas? Pourquo: trouve-t-on aussi du phosphate calcaire dans plusieurs fluates d'Angleterre ? Pelletier s'en étoit apperçu : je lai reconnu depuis, Nous avons en Espagne deux fluates qui n’en contiennent pas. L’un est de Caranza en Biscaye, et l’autre de Xaca en Aragon. Ils ne sont phosphoriques ni l’un ni l’autre. Cette propriété n'est donc pas un caractère général. L'un d’eux contient du plomb ; mais beaucoup de fluors anglais des plus transparens en contiennent aussi. + ne DE AD en N''ONF'E DE J'-C. DELAMÉTHERIE. LA présence de l’acide fluorique dans les os fossiles décou- verts par Morichini, a été confirmée par Fourcroy, Vauquelin, Klaproth, Chevreuil,... et ne peut être révoquée en doute. Proust observe avec raison, que l'acide fluorique et l’acide phosphorique se trouvent très-souvent ensemble dans les mi- néraux. : Ces faits ont engagé Klaproth à soupçonner que l'acide — Fr 326 JOURNAL DE PHŸSIQUE , DE CHIMIE phosphorique, qui est si abondant dans les os des animaux vivans , pouvoit se convertir en acide fluorique; car ces os des animaux vivans ne contiennent point d'acide fluorique, quoique Morichini l'eût avancé. Les terrains calcaires où se trouvent les os fossiles ne con- tiennent, également point d'acide fluorique. D'où viendroit donc cet acide fluorique des os fossiles ;. ajoute le célèbre chimiste de Berlin ? EE DES CARBONATES CALCAIRES, Pan le Professeur PROUST., Haux demande s’il est bien vrai qu'il n'y ait aucune dif- férence entre l’aragonite et les spaths calcaires. Dans l’aragonite je trouve le carbonate pur. Il faut compter pour rien des atomes de fer que l'acide enlève à l'ocre qui en contamine les cristaux. Mais dans les spaths rhomboïdaux, transparens ou opaques, je trouve deux carbonates métalli- ques , dont les bases sont au 77?nimum, ceux de fer et de manganèse. Cela seroit-il général ? Ces résultats rapprochent les spaths rhomboïdaux des mines blanches de fer; mais ne les éloignent-ils pas des carbonates purs ? Le spath perlé contient aussi les deux carbonates de fer et de manganèse. aie EXPOSITION . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 22 = ÉPX POSTE ON DU SYSTÈME CRANOLOGIQUE DE M GALL: y me e. ; k Présenté à la Societé de Médecine, par M. FRIEDLANDER, Docteur-Médecin. U x des membres de l'illustre Société à laquelle j'ai l'honneur de m'adresser (1), a ingénieusement tiré parti de l'ouvrage de M. Villers etautres, publiés dans le temps, pour donner un Précis etune Critique du système de M. Gall , qui a été publié dansla Décade philosophiquede l'année passée. Il paroît que M. Gall a depuis donné plus de développement à son système, et on sait qu'il a fait des voyages à Berlin, à Leipsick, à Dresde, à Koppenhague, à Kiel, à Hambourg, etc., à Bremen, pour y propager sa doctrine. Plusieurs élèves qui ont suivi ses leçons, en ont pris note; et du nombre déja considérable d'ouvrages dont je pourrai communiquer la liste, il m'est par- ticulièrement venu entre les mains une Exposition faite par M. Bischof , et publiée sous les auspices de M. Hufland, et une autre bien accueillie par M. Blode à Dresde. Ces sources réunies aux autres que je possédois, m'ont servi de base dans mon travail, et jai cru quil pourroit être d’un intérêt, au moins historique , de le soumettre à des juges si profondément éclairés, qui s’empressent de suivre la marche de la médecine chez les nations étrangères. Il y a, comme on sait, deux manières d’exposer un système : on peut rassembler les faits, les mettre en avant et suivre (1) M. Moreau de la Sarthe. Tome LXII. MARS an 1806, EFE 228 JOURNAL DÉ PHYSIQUX, DE CHIMIE ensuite les résultats qu’un auteur en tire , en disséquant en quelque sorte ses idées, en suivant leurs ressorts et les moyens employés pour les réunir et les mettre en mouvement. Cette méthode , quoique précieuse pour la critique, est peut-être un peu sévère, particulièrement lorsqu'il est question d'objets qu'on ne peut mettre sous les yeux, et dangereuse pour les systèmes qui embrassent un vaste champ. J'ai pour cela choisi l’autre méthode synthétique qni suit le rai- sonnemen*, entremélé des faits pas à pas, et jusqu’au but proposé. Cette méthode , quoique souvent captieuse pour ceux qui écou- tent, est cependant air. à laquelle un auteur peut prétendre dans l'exposé d'un système en entier ; car souvent il se découvre des parentés dans les idées les plus disparates ;”et différens chemins ui mênent dans la même direction , peuvent quelquefois nous faire voir un seul but vers lequel aucune de ces difiérentes routes n’est encore frayée. Au reste il seroit injuste et peu convenable à un compatriote, de faire établir les autres , ou de s'établir lui-même comme juge, avant qu’un auteur ait lui- même défendu sa cause avec toutes les armes qui sont à sa disposition, ne füut-ce mème que pour voir comment un système extraordinaire a pu avoir du succès et acquérir la plus grande faveur. Au surplus M. Gall jouit de la réputa- tation d’un parfait honnête homme, qui cherche la vérité avec enthousiasme , et qui s'est parfaitement convaincu de ce qu'il énonce. Mais sans m'arrèêter à la préface, je procède à l'exposé de sa doctrine. |, ANATOMIE DÙÜ CERVEAU. On peut envisager l’ensemble du système nérveux avec quelques restrictions, comme un arbre dont le feuillage, ow les filets nerveux, s'étend jusqu’à la peau. Ces filets pompent, pour ainsi dire , dans le monde avec lequel noùs sommes en rapport , les impressions différentes pour les amener au cer- veau, qui est le siége de l’ame, et qui /es reçoit et s'en nourrit , Si l'on peut s'exprimer ainsi. Ces filets nerveux se réunissent en partie, et forment deux troncs principaux qui, dans leur ensemble, forment la moëlle épimière. Celle-ci est composée de faisceaux de nerfs séparés et en même temps combinés entr'eux par une substance grisätre , semblable en quelque sorte à la substance corticale ET D'HISTOIRE NATURELLE, 229 du cerveau. Les faisceaux se séparent facilement dans les grands animaux lorsqu'ils sont vieux. M. Gall prétend avoir découvert huit de ces faisceaux dans chaque moitié de la moëlle epinière; mais il présume qu’il en existe jusqu'à 12 ou 14. Cette moëlle épinière , ce tronc composé de faisceaux ner- veux, se grossit à mesure qu'il monte, par les nerfs qui s’y joignent et grossissent les faisceaux, jusqu’à ce qu'ils arrivent au crâne : là, ils se ramassent et se séparent de nouveau en une quantité innombrable de rameaux , au bout desquels se forme la surface du cerveau , composé de circonvolutions en quelque sorte intestinales, qui paroissent à M. Gall comme différens organes, c’est-à-dire comme diflérens ustensiles ou conditions matérielles, par le moyen desquels se développent les forces mentales ; ou, si l’on veut se servir encore de l’al- légorie de l’arbre, ce sont comme les branches et les fleurs de cet arbre qui suce les impressions extérieurement, pour en former les différentes facultés de la pensée. On n’a qu’äenvisager la nature dans l'échelle naturelle des différens êtres, pour s’appercevoir que c'est là le chemin qu'elle suit pour arriver du simple au composé , par une sorte d'appo- sition. Le ver, qui avoisine le plus la plante, n'offre que des filets nerveux, qui se forment déjà en une espèce de ganglions dans les insectes ; la grenouille offre une moëlle épinière ; les animaux plus parfaits , des cervelets ; et l'homme, le plus par- fait de ces animaux, la plus grande cervelle, en proportion du cervelet : car c'est sous ce rapport qu'on doit juger la diffé- rence des cerveaux dans l’échelle de la nature. Les nerfs commencent donc par le point où les anatomistes les envisagent comme finissant : ils sont formés avant la moëlle épinière , et la moëlle avant le cerveau. Aussi a-t-on observé des enfans nouvellement nés , sans cerveau , qui, néanmoins, avoient une moëlle épinière. Chaque partie paroît avoir ses fonctions ; et l’on peut distin- guer deux espèces de vies : la vie organique , qui sert à la con- servation du corps ; et la vie animale , qui embrasse les facultés de l'ame. Les 7erfs, qui servent aux fonctions organiques ou vitales, rentrent dans la moëlle épinière ; et ceux qui servent aux fonctions de la pensée, se réunissent dans le cerveau. Il y a en quelque sorte des nerfs intermédiaires entre ces deux classes ; ce sont ceux qui fournissent /es sens , les plus néces- saires après ceux des organes vitaux. Le nerf olfactif, par exemple, prend son origine dans la moëlle épinière , et dès F f2 230 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'il s’est séparé des autres faisceaux nerveux , il entre dans le cerveau par les deux collines postérieures et inférieures des tubercules quadrijumeaux , qui forment, en quelque sorte, un ganglion pour lui, et il poursuit sa route de la manière que nous indiquerons après. Il faut observer que M. Gall donne au mot ganglion une signifi- cation plus étendue. Il nomme ainsi chaque partie médullaire du cerveau, par laquelle un nerf passe en ligne droite, pour se for- tifier et se nourrir, à ce qu'il prétend. C'est ainsi que le pont de varole forme un ganglion pour les principaux nerfs du cerveau. Après les nerfs qui servent à former les sens, se forment les nerfs du cervelet. Après avoir passé par lé corps olivaire , ils passent dans leur ganglion , qui est le corps ciliaire , d’où ils sortent enfin pour se diviser en une grande quantité d’autres , et se répandre sur toute la surface du cervelet. — Le cervelet paroit à M. Gall, entièrement destiné à servir comme organe de la propagation. Les deux /émisphères du cerveau se forment par la moëlle alongée, qui monte et se divise en une grande quantité de pe- tits rameaux, croisés de manière que la partie gauche passe au côté droit, et la partie droite au côté gauche du cerveau : c'est ce qui explique les affections mutuelles des deux hémisphères du cer- veau. — Lorsque ces faisceaux de nerfs se sont croisés , ils pas- sent sur la partie inférieure de la moëlle alongée, sous la forme de corps pyramidaux, dont la grandeur est toujours propor- tionnelle à celle du cerveau , au pont de varole, composé des nerfs du cervelet et de ceux du cerveau, dirigés de manière qu'il y a toujours une couche des nerfs du cerveau qui passent en long, sur uve couche des nerfs du cervelet qui vont en tra- vers. Ces couches aboutissent à une substance moélleuse qui les réunit. Lorsque les nerfs du cerveau ont passé le pont, ils se réu- nissent pour former les jambes du cerveau, et la partie qu'on appelle les couches des nerfs optiques, mais qui est propre- ment le grand ganglion du cerveau, d’où sortent les nerfs, sur la surface du cerveau , pour y servir à leurs fonctions res- pectives. Ils forment une membrane dont les plis et les cir- convolutions se voient à cette surface, couverts d’une substance grisätre, qui est plus volumineuse dans le jeune âge, et qui diminue dans l’âge avancé. M. Gall a été conduit à regarder toutes ces circonvolutions comme une membrane, par l'examen des ydrocéphales , dans ET D'HISTOINE NATURELLE. 231 , la tête desquels il “eh a pas une destruction absolue du cer- veau, mais bien un changement du cerveau en membrane, ce qui se manifeste par l'extension progressive de la masse, au moyen de l'eau qui se forme dans les cavernes du cerveau. M. Walter, à Berlin, a contesté la vérité de cette observa- tion ; mais M. Gall paroit avoir démontré publiquement à Dresde, sur la tête d’un homme qui s'étoit tué lui-même , que le cerveau est véritablement composé d'une telle membrane formée par les nerfs. D'après l'examen de cette membrane nerveuse, dont est composé le cerveau , et que M. Gall a observée dans les hydro- céphales , il croit devoir adopter deux espèces de nerfs, à-peu- près comme deux sortes de vaisseaux sanguins. Il nomme les uns, les nerfs sortans ; les autres, les nerfs reztrans. Les nerfs qui sortent de l’intérieur à la surface, se fortifient par l'espèce de ganglion dont nous avons parlé; ils accompagnent les artères. Les nerfs rentrans se nourrissent seulement par la partie cen- drée qui couvre la surface du cerveau, pour leur servir unique- ment de ganglion ; ils n’en ont pas d'autre. Ils accompagnent ordinairement les veines. — Les nerfs rentrans passent par le centre du corps strié , et se réunissent des deux côtés du cerveau pour former la commissure ou réunion, connue sous le nom de corps calleux, corps qui devient plus épais à mesure que les nerfs rentrans s'augmentent. , M. Gall présume , en outre, que la peau humaine est le ganglion commun de tous les nerfs rentrans qui se trouvent sur la surface du corps; mais il ne croit pas avoir jusqu'à pré- sent assez de preuves pour éette assertion, et il ne la donne que comme simple hypothèse. Voici, au reste, les différentes paires de nerfs sortans, avec leurs ganglions, telles que les a indiquées M. Gall : 1°. Les filets des nerfs du côté extérieur de la moëlle épi- nière, et particulièrement de la r1oëlle alongée ; ces filets , qui forment les nerfs accessoires et les nerfs oculomoteurs, gros- sissent par le corps olivaire, qui est leur ganglion, et qui donne à l’incision la couleur jaunätre ; grise, rougeâtre, qu’on a in- diquée. On peut poursuivre le nerf oculomoteur, jusqu’à ce ganglion. 2°, On observe une seconde paire de faisceaux nerveux vers le milieu du processus du cervelet, à la moëlle alongée ; M. Gall la regarde comme le faisceau des nerfs qui servent à former le cervelet. Ces faisceaux de nerfs, ainsi que le cerveiet, qui est toujours en proportion, sont très-grands dans l’homme et 232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans les mammifères; ils diminuent à mesure que les facultés gé- nératrices diminuent. Les ovipares n’ont que le processus ver- miforme ; la partie du cervelet qui se trouve des deux côtés de cette partie vermiforme, n’estpas formée des corps restiformes, mais de stries nerveuses qui se trouvent dans la quatrième cavité du cerveau, au milieu dela moëlle alongée. Ges stries ne sont pas, comme le prétend M. Sommering, l'origine des nerfs de l'ouïe; car ils ne se trouvent pas dans le bœuf, le chien et le cochon, qui entendent cependant très bien. Le ganglion des nerfs sortans du cervelet, est la partie ciliaire, qui se trouve dans l'arbre de la vie. Pour les découvtir, on n'a qu'à poursuivre les tuber- cules quadrijumeaux du côté de la base du cerveau , ou faire une incision à la partie supérieure du cervelet, à-peu- près à : de pouce du bord où les hémisphères se réumissent, et de derrière en devant ; ces filets de nerfs se répandent en- suite excentriquement, et se perdent dans la substance cor- ticale du cervelet, pour former une membrane nerveuse, réunie en plis qui se laisse développer et déplier. 3°. Ensuite viennent les filets des nerfs de l'ouie, de l’o- dorat et de la vue. Les deux postérieurs des tubercules quadri jumeaux sont, par exemple, les ganglions du nerf de l’odorat; les antérieurs, ceux des nerfs de la vue. On peut poursuivre ces deux paires de nerfs jusqu’à leur ganglion. 4°. La plus remarquable de ces quatre paires de faisceaux de nerfs, est ce qu’on a appelé jusqu'ici le corps pyramidal , et qui donne l’origine du cerveau , ou de ces deux hémis- phères qui le composent. Ces pyramides sont toujours en pro- portion du cerveau , et on peut les suivre jusqu à la surface des hémisphères. Lorsqu'on sépare avec précaution ces pyra- mides au milieu, on peut yoir comment les deux faisceaux se croisent au pont de varole, de manière que les filets du côté droit forment l'hémisphère gauche, et ceux du côté gau- che , l'hémisphère droit. Ces pyramides passent par deux ganglions , le pont de varole est le premier. Lorsqu'on fait des incisions extérieurement au pont de va- role , ou lorsqu'on fait une ïincision à la base du crâne, dans la direction des pyramides vers les jambes du cerveau, et qu’on sépare avec précaution les deux marges, On s’apperçoit des nerfs rentrans , aux deux côtés du cervelet; ils passent à travers et se réunissent sur le pont , qui leur sert de commissure. On n'a qu'à suivre avec le manche du scalpel, la direction de ces nerfs, à la profondeur d'une ligne ou deux ET D'HISTOIRE NATURELLE. 233 sous la surface, dans la substance du pont, et l'on trouve le faisceau des nerfs qui couvrent des pyramides en ligne droite vers les jambes du cerveau. On découvre en méme temps, au milieu de ces faisceaux de nerfs qui croisent les nerfs rentrans du cervelet, la sub stance dont sont composés les ganglions. C’est elle qui grossit les filets des nerfs , et ils en sortent beaucoup plus forts qu'ils n'y sont entrés. Si on ôte ces stries nerveuses qui courent en long, on découvre de nouveau des vaisseaux transversaux qui passent par le pont de varole. Si on Üte ceux-ci, on retrouve des stries longitudinales, et ainsi de suite. M. Gall a découvert jusqu’à onze couches de ces faisceaux transversaux et longi- tudinaux, qui composent le pont de varole. Les stries ou faisceaux nerveux qui composent les jambes médullaires du cerveau , passent après par un second ganglion, que M. Gall nomme Ze grand ganglion du cerveau', et qu'on découvre lorsqu'on Ôte les deux lobes du cerveau auprès de la fosse de Sylvius. On peut effleurer le nerf optique, du côté des deux antérieurs des tubercules quadrijumeaux, où il vient former la décussation. Pour trouver Île grand ganglion du haut du cerveau, on n'a qu’à trouver les couches des nerfs optiques, qui sont le grand ganglion même , et les corps striés qui for- ment les nerfs divergens de ce ganglion. Ce grand ganglion , au reste, est composé de deux masses moëlleuses, par lesquelles passent les stries nerveuses transver- sales qui proviennent des pyramides mentionnées ci-dessus, et qui se fortifient au pont de varole. — On n'a qu'à suivre les stries nerveuses des jambes médullaires du cerveau, pour voir que chaque faisceau nerveux forme l'une des circonvolutions de la surface du cerveau, et peut être regardé comme organe séparé d'une faculté mentale. — Ces stries nerveuses se perdent à la fin dans la partie corticale, et forment la membrane qui est couverte d’une espèce de gelée, regardée par M. Gall comme Funique ganglion des nerfs rentrans. Les autres faisceaux nerveux du cervelet finissent, de même que ces grands faisceaux que forme la cervelle, par une partie gélatineuse qui constitue en quelque sorte leur dernier ganglion. On voit également une gelée transparente dans le labyrinthe d’où sortent les filamens des nerfs de l’ouie; on voit une couche séreuse dans la membrane de Schneider, où Gnissent les nerfs de l’odorat. Cette substance est quelquefois 234 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE entortillée dans des filamens un peu plus durs, comme dans le ganglion du cervelet, le corps ciliaire; ou dans le ganglion des nerfs accessoires , et des moteurs de l'œil, le corps oli- vaire. La substance paroît grisâtre et gélatineuse à la surface du cerveau et à celle du cervelet. C'est à ces surfaces , avons-nous dit, que prennent leur origine les nerfs rentrans , qui sont plus mous; et ils entrent dans le cerveau jusqu'à la moëlle épinière. Ces nerfs rentrans ne grossissent pas par des ganglions, ils les évitent plutôt, mais ils forment en se réunissant des deux côtés , les commis- sures ou points de leur réunion. Moici ceux que leur assigne M. Gall. 1°. La commissure des nerfs rentrans , au rétrogrades au- ditifs, par derrière, et au-dessous du pont de varole, dans l’homme seulement, mais tout-à-fait découverte dans les ani- maux , où le cervelet et le pont sont plus petits. 2°, La commissure des nerfs rentrans ou rétrogrades olfac- tifs, qui est le passage transversal entre les deux posté- rieurs des tubercules quadrijumeaux , les deux mêmes qui forment le ganglion des nerfs olfactifs. 32, La commissure des nerfs rentrans du cervelet, dans le pont de varole, où ils forment les couches transversales qu'on a décrites. 4°. Les commissures du cerveau qui sont les plus grandes de toutes, sont composées du corps calleux où se réunissent les nerfs rentrans des deux hémisphères , de même que ceux qui tiennent à la partie du cerveau qui couvre les nerfs optiques, et dont le septum lucidum est une continuation. Cette com- missure se trouve plus petite dans les animaux où ces lobes extérieurs du cerveau se trouvent étre plus petits. Les nerfs rentrans de l’odorat servent alors à l'agrandir. Les nerfs rentrans des lobes postérieurs du cerveau passent dans une commissure particulière , et il y a en outre sur le devant et sur le derrière du corps calleux quelques commis- sures, qui forment une espèce de rebord. 5%. Une masse tendre monte de la moëlle épinière entreles deux organes, des deux côtés , et sert en quelque sorte à les réunir. Cette masse reparoit au corps calleux, qui forme la grande commissure sous le nom de faphe lancisir, Ie ET D'HISTOIRE NATURELLF 235 II. PHÉNOMÈNES QUI RENDENT PROBABLE QUE LE CERVEAU EST UN COMPOSÉ D'ORGANES DIFFÉRENS, ET QUE CES ORGANES SE LAISSENT APPERCEVOIR À L’EXTÉRIEUR DU CRANE. Personne ne doute, non plus que M. Gall, qu'il n'existe des dispositions différentes avec lesquelles nous sommes nés. Chaque animal a les dispositions qui appartiennent à son es- pèce : le tigre a la férocité; le castor, le talent de son industrie; et l'homme, ses facultés propres. Mais il n’en ré- sulte pas que chaque individu soit né avec le même degré de force dans ses facultés. Nous remarquons la différence des dispositions dans chaque individu; dès l'âge le plus tendre; et nous voyons qu'il peut en exister sans développement dans un âge plus avancé, et d’autres avec un développement extraor- dinaire, mais toujours dans les dispositions de l'espèce, quelque foiblement qu'elles soient tracées. Or on observe que pour les sens , la nature se sert d'or- ganes particuliers et matériels, comme d'un ustensile pour mettre ces facultés en mouvement; et afin de le faire agir, elle a, pour ainsi dire, besoin de moyens matériels qui mettent l'ame en contact avec les objets environnans, pour que nous puis- sions en recevoir les impressions nécessaires, et lui imprimer à notre tour nos forces et le résultat de nos facultés. Il est donc probable que la nature a ses organes particuliers pour chaque force avec laquelle elle nous a fait naître, et que les facultés se laisseront séparer et distinguer , comme nous dis- tinguons nos dispositions. Mais où pourra-t-on placer le siége de nos facultés men- tales, si ce n'est dans le cerveau? Tout porte à croire que c’est là que les organes de la pensée sont réunis. Aussi le cerveau n'est-il pas absolument nécessaire à la vie, et ne se trouve-t-il pas dans tous les animaux qui ont le cervelet. Mais il se trouve constamment où il y a faculté de penser ; et si l'anatomie dont nous avons fait précéder cet article, a fait découvrir dans nos sens différentes parties, nous pouvons supposer que ce sont autant d'organes, et probablement des organes pour autant de facultés, qui composent la pensée. Le cerveau étant lésé, comme dans certains hydrocéphali- ques, on perd les facultés de la pensée , sans perdre la vie. On peut même s’imaginer qu’un côté du cerveau étant désor- ganisé , il reste toujours l’autre moitié, qui est égale, et qui, Tome LXII. MARS an 1806. G g 236 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHWIMI:F suppléant aux fonctions de la première, en laisse à peine appercevoir l’absence. M. Gall cite un exemple assez frappant d'une lésion d'un côté du cerveau, avec: usage de facultés. C’est un prêtre, dont il faisoit l'anatomie, et qui avoit prêché trois jours avant sa mort. La moitié du cerveau étoit détruite et en état d’inflammation, mais l’autre moitié en bonne sañité. Il est donc probable que c’est avec cette moitié seule qu'il a pu composer ses beaux discours. Cette organisation double dans le cerveau , ainsi que dans différens sens, explique parfaitement certains phénomènes dé la pensée. Elle montre qu'un côté peut étre dans un état, d’exaltation ; et l’autre, dans un état de calme naturel : aa côté se trouvant malade, l'autre peut conserver la aculté de Je juger : qu’on peut avoir des folies dont on ait la connoissance pleine et entière. C’est un phénomène analogue à celui qui a lieu dans les maladies da corps. Lors- qu’un membre est frappé de paralysie, l’autre reste pour lé remplacer; et ce n'est que lorsqu'une partie simple et néces- saire à la vie, telle que l'estomac on le foie, est détruite ;, que nous devons succomber et finir. Mais, dira-t-on, si les organes de la pensée sont doubles et se remplacent, comment aurons-nous jamais l’unité de pensée ? Cela tient probablement, répond M. Gall, aux com- missures, aux lieux d'union des nerfs. Peut-être aussi pourrait- on supposer qu'il n'y a jamais qu'un côté du cerveau d'occupé, et généralement plus occupé que l’autre, tel que l’analogie nous le présente dans les membres et dans les sens, comme dans l'œil. Lorsqu'on fixe un objet, par exemple un petit bâton éclairé par une bougie placée vis-à-vis du nez, et du milieu du visage, l’ombre de ce bâton tombe, selon M. Gall, non pas sur le nez, mais bien sur le milieu de l'œil qui se trouve justement en activité. On croit fixer l’objet des deux yeux, et il ny a cependant qu'un œil qui en reçoive l'impression. Ce qui se passe avec l’œil, peut se passer également avec les deux moitiés, et probablement avec chaque partie du cerveau ; et il se pourroit bien que la moitié du cerveau qui est mue, n’agit pas toujours dans toutes ses parties. Or, à juger par l'analogie des organes des sens, comme il y a une différence entre les nerfs de l'œil et ceux de louie, il pourroit y en avoir une entre les diverses parties du cerveau; et l’anatomie nous a fait voir à sa surface, différentes circonvolutions qui sortent, pour ainsi, dire de plusieurs rameaux. ET D'HISTOIRE NÂTURÉLLE. 237 Ne pourroit-on pas supposer que chacune de ces bosses qui sortent de ces rameaux, soit un organe d’une faculté de la pensée ? Cela posé, il en résulteroit une explication très-facile de certains phénomènes. On concevra, par exemple, comment, étant fatigués pendant quelque temps par un travail quelconque, nous pouvons nous dissiper par un autre, et passer des médita- tions abstraites à des objets des arts, pour revenir aux premières méditations avec une force renouvelée ; ce qui seroit impossible s'il n'y avoit qu’un organe pour tout exécuter, ou s’il n’y avoit pas réunion au cerveau, des divers organes que l'anatomie nous a fait distinguer en partie. On remarque qu'il y a une différence dans le cerveau avec le cervelet, en différens animaux. On remarque aussi que cette grandeur est toujours en rapport avec les fa- cultés, et M. Gall croit avoir en outre apperçu qu'il y a dans la grandeur des circonvolutions , une différence proportionnée à la force de certaines facultés, et qu'il y a des cas où cer- taines circonvolutions paroissent manquer presque en entier ; comme dans certains sauvages, et dans les Crétins, et les imbécilles qu'il a vus à l'hôpital des Sourds-Muets à Vienne. Il paroît méme que la grandeur, peut-être aussi le nombre de ces organes, moindres dans certaines périodes de la vie, sont particulièrement développés dans certaines autres périodes. Le cerveau humain, par exemple , comparé à celui des ani- maux, paroit avoir le plus de circonvolutions, et les plus -grandes réunions d'organes ; mais ils se développent à diflé- rentes époques de la vie. La faculté de l'observation doit na- turellement être plus forte dans l'enfance. Aussi l'organe qui semble servir à mettre en mouvement cette faculté de l'ame, paroît-il à M. Gall être l’organe le plus fort; ce qui s'observe dans le front. L’organe de la propagation, au contraire, doit être peu développé dans l'enfance ; aussi le cervelet, qui semble en être le siége, est-il infiniment petit dans l'enfance , en proportion de ce qu'il est dans l'adulte : car le cervelet, selon M. Soemering n'est chez l'enfant que dans la proportion d'un à 7; et chez l'adulte, d’un à 5. Le développement des sens offre le même phénomène. Le sens du goût semble se développer le premier. Celui de la vue, au contraire, ne semble se développer dans l’homme, que plusieurs jours après là naissance; et l'enfant sait plus tôt goûter le lait, que distinguer la lumière. On sait , au reste, qu'il y a beaucoup d'animaux nés aveugles. Gg 2 238 JOURNAL DE PHYSIQUES DE CHIMIE De ce que nous venons de poser, il, paroît résulter qu'il y a des organes pour chaque faculté mentale ; Que l'organe de l’ame se trouve dans le cerveau ; Que le cerveau n’est pas un organe simple, mais un com- posé d'organes différens ; Que la force des dispositions est en raison de la grandeur des organes ; , Que ces organes différens se manifestent par certaines bosses , et correspondent à certaines facultés qui ne setrouvent pas tou- jours dans toutes les espèces et à tout âge , avec une force égale. Supposé que cette théorie et ces observations soient vraies, il en résultera l'explication de plusieurs opérations mentales.-- Il paroît que les organes vitaux peuvent exercer leurs fonctions sans se fatiguer , et rester en force égale. Les organes de la penste , au contraire, changent d'état et de force d'activité. Il y a des animaux qui ont besoin de dormir pendant tout l'hiver ; l'homme n’en a be- soin qu’un certain temps, encore ce sommeil n'est-il pas com- plet, car il a des rèves, par une irritation quelconque qui af- fecte ses organes, telle que la congestion du sang vers la tête. Cette irritation n'est cependant ni assez forte pour constituer la veille, ni commune à tous les organes du cerveau; car il en résulteroit l'équilibre qui constitue l’unité de la pensée et le raisonnement sain. Mais cette irritation est partielle, et même souvent assez forte pour produire une action vitale , telle qu’on l'observe dans le somnambulisme. L'unité de pensée suppose, selon M. Gall, que tout organe a une conscience de son activité, et que ces consciences partiellesse réunissent en une conscience générale pour former cette unité d'action qui existe lorsqu'on veille. Si les organes ne sont pas mis en mouvement d’une manière générale et avec conscience, et qu’un organe soit excité d'une certaine manière, il en ré- sulte les rêves; ou si l’excitation est très-forte, le somnambu- lisme , qui peut faire naître des phénomènes très-extraordi- : maires. — M. Gall cite l'exemple d'un autre pasteur qui avoit l'habitude de se lever, tout en rêvant , la nuit du vendredi au samedi, lorsqu'il avoit à précher le lendemain , pour travailler à son discours. Les différentes divisions en étoient bien tracées, et même des passages entiers se trouvoient corrects et bien finis, sans qu'il se ressouvint ensuite de cette action, comme si cela lui étoit venu par inspiration. On sait que les somnambules font d’autres choses très-hardies; ce qui tient également à ce qu'il n’y a pas d'ensemble dans l’action de ET D'HISTOIRE NATURELLÉ. 259 leurs ‘organes, qu'ils n'ont pas la conscience des dangers, et n’éprouvent pas de crainte. Les visions , dans diverses maladies, les extases, et l’état de catalepsie, proviennent probablement d'une cause semblable. Et les phénomènes du magnétisme animal s'expliquent en quelque sorte par l'influence d'une matière quelconque, sem- blable à l'électricité , sur certains organes, les excitant outre mesure, tandis que d'autres deviennent assoupis, On a magné- tisé les cheveux à M. Gall, et il s’appercut d'une sueur dans le creux de la main, puis d’une chaleur qui lui monta des côtes à la tète; puis survinrent des nausées. Des expériences sem- blables ont excité dans d’autres personnes des foiblesses jusqu’à l’'évanouissement. M. Gall a cherché à faire voir que les différens organes de la tète, qui sont mis en mouvement par l'ame, se font appercevoir par des bosses sur la surface du cerveau , et que ces organes , ainsi que ces bosses , sont toujours en propor- tion de la force qu'ils manifestent. Mais il accorde aussi à ces organes une certaine intensité de force qui ne se mani- feste pas par ce volume : et à l'appui de cette assertion, il cile l'exemple d'une demoiselle , à qui les maux de nerfs faisoient faire de très-beaux vers, dans des momens d’exalta- tion ; et celui d'un jeune docteur Brokes, qui, ne sachant que médiocrement le latin dans son état habituel , n'avoit qu’à s'enivrer un peu et se pencher à travers une chaise, la tête et les mains pendantes, pour prononcer les plus longs et les lus beaux discours en cette langue. Ce qui fait voir que Fétat de maladie peut augmenter l'intensité des forces d'un organe, sans absolument en agrandir la masse. Il reste à prouver que les différentes élévations qui se For- ment sur la surface du cerveau, se trouvent aussi à la surface du crâne. M. Gall prétend qu'itn’y a pas de doute sur ce point; que dès la plus tendre jeunesse jusqu’à l'âge le plus avancé, la forme du crâne est absolument dépendante de celle du cerveau ; que c’est d'abord la surface interne du crâne qui reçoit les impressions , mais que la surface externe est géné- ralement parallèle à l'interne , à moins qu’un état maladif ne forme exception à la règle. La manière dont se forme le crâne est déjà une preuve de cette assertion. Lorsque le cerveau et les membranes sont for- més, on apperçoit à huit places différentes de la dure-mère, des points d'ossification qui jettent des rayons de tout côté ; 240 JOURNAL DE BMYSIQUE, DE CHIMIE et ces organes se réunissent aux sutures. Ces points d’ossifi- cation sont nourris par le cerveau, auquel ils s'attachent étroi- tement. Toute impression extérieure trouve de la résistance par la contrepression du cerveau; et ce n’est que par des pressions longues et continuelles, comme celles qu'on prétend étre usitées chez les Caraïbes, pour donner au crâne des en- fans une forme à la mode, au moyen de machines parti- culières, qu'il peut y avoir destruction des organes et proba- blement des facultés ; ce qui peut constituer alors un état morbifique. — Le crâne, au reste, continue à étre formé dif- féremment par le cerveau même, après la naissance. Il paroît que les vaisseaux lymphatiques absorbent une partie de ces os pour les faire régénérer par d’autres vaisseaux qui sortent des membranes du cerveau. — L'enfant, par exemple, a le front très-grand et très-proéminent à un passage que M. Gall suppose être le site de l'organe de l'observation , qu'il lui faut pour acquérir des notions (/’oyes la table). Cette proéminencé se forme particulièrement trois mois après la naissance. Elle diminue ensuite, et le front s’abaisse dans cet autre âge. La proéminence que M. Gall indique sous le nom d'organe de circonspection , est de même très-grande dans les enfans (F’oyez Za planche). Elle donne à la tête la forme angulaire, qui se change, avec le temps, en une forme plus arrondie. La proéminence formée par le cervelet, à l'os occipital, est au contraire petite dans l'enfant, grande dans les adultes ; elle produit la largeur du cou dans ces derniers , tandis que l’enfant à le cou plutôt serré. — Le développement , le changement du cerveau et du crâne, durent à-peu-près jusqu’à la quarantième année. Ils res- tent alors pendant quelque temps dans le méme état, et com- mencent ensuite à diminuer. Les os se grossissent à certains endroits, par exemple à celui que M. Gall distingue comme le site de l’organé de la mémoire, première faculté qui se perd dans les personnes ( Voyez la table). La partie corticale du cerveau , qui a ordinairement l'épais- seur d’une ligne , se perd de méme. Les proéminences de- viennent plus plates, plus étendues , le crâne plus épais , plus squammeux, plus léger; l'absorption de la masse paroît plus forte que la génération. Plusieurs exemples, que M Gall a produits à ses auditeurs, démontrent enfin que le crâne de- vient, comme le cerveau, très-petit, et menu à certains en- droits, au point de paroître tout-à-fait transparent. Il a montré d'autres sujets où la partie extérieure du crâne est devenué ET D'HISTOIRE NATURELLE. o4T très-épaisse , par suite d’une inflimmation. Mais en pénéral c'est l’âge qui amincit le cerveau, et qui épaissit les os du crâne ; et cet épaississement s'observe de même dans les fous, et particulièrement dans les suicidés. C'est ce qui fait croiré à M. Gall que le dégoût de la vie provient de cetté lour- deur, de cet épaississement des os du crâne, qui pressent sur les organes du cerveau et de la pensée ; ce qui étoufle toute activité et produit l'insouciance à l'égard de la vie. Il résulte de tout ceci, que si la surface du cerveau est le siége des différens organes qui se manifestent par des pro- éminences, la surface du crâne, prenant la même forme que le cerveau, pourra nous servir à découvrir la grandeur et la force de ces organes. Les muscles n'influent pas sur cette forme extérieure, car il ne s'en trouve pas de très-Forts sur le crâne, et ils s’attachent quelquefois dans les impressions et dans de petites fosses et cavités. C’est cette théorie que M. Gall a cherché à vérifier par l'expérience, et la partie suivante en contient lés résultats. 2 ; à III. TABLEAU DES DIFFÉRENS, ORGANES. Après ce que nous venons d'exposer de la théorie de M. Gall, il reste à faire voir. comment l’observation l'a méné À dé- couvrir les différentes facultés aux bosses du crâne; les moyens dont il s’est servi pour les déméler, s'assurer des unes , re- noncer aux autres , et corriger ses erreurs, Nous ne ferons que citer les organes qu'il reconnoît actuellement, et dire un mot, à là fin de cette exposition, sur ceux qu'il ne reconnoit plus, ou qu'il croit renfermés dans ceux que nous énonçons. 1°, L'organe de la propagation de l'Espèce, * C'est le cervelet qui remplit les deux côtés de l’os occipital, immédiatement au-dessus du cou. Cet organe est particulière- mént grand dans les animaux qui ont le plus la passion du sexe, Il est plus développé dans l’homme que dans la femme; ce qui fait que le cou de l’homme est ordinairement plus large. Le cheval, le taureau et le bouc, ont spécialement cette partie plus large. Les castrats et les eunuques ont le cou plus mince. Aussi est-on dans l'habitude de choisir pour étalons les che- vaux qui ont le cou le plus large; et lorsque la castration se fait dans la première jeunesse, le cervelet cesse de se dé- 242 JOURNAT DE PHYSIQUE, DE CHIMIE velopper. Ce n’est que lorsqu'elle se fait dans un âge plus avancé, comme vers la quinzième année, que le desir de la concupiscence reste, sans cependant propager l’espèce. T'ous les animaux sen- tent, après le coît , tune espèce de foiblesse dans le cervelet , ce qui produit la mue des oiseaux. Le cou commence ordinai- rement à s’enfler au temps de l'accouplement, par exemple au printemps, dans les oiseaux , ainsi que dans le chevreuil, et d’antres animaux ; le cervelet et les testicules. deviennent alors plus gros et.plus engorgés de sucs. Les autres animaux offrent des phénomènes semblables. Les femelles paroissent avoir le cervelet plus petit, parcequ'elles ne paroissent pres- - sées du desir de l’accouplement qu'à certaines périodes. Les bêtes à cornes en prennent de plus longues par la castration; le cervelet devenant plus petit, il est naturel que l'os gros sisse : c'est du moins analogue à ce qui a été dit sur l'ossi- fication , dans un âge plus avancé de l’homme, lorsque la faculté productive cesse, et que le cervelet diminue de vo- lume. Lorsque les chasseurs veulent prévenir l’accouplement d'un cerf, ils lui coupent les cornes, afin que la nature les reproduise et Ôte de la force au cervelet. On observe de même que le mulet, qui ne peut produire, à les oreilles très-près l’une de l’autre, parceque le cervelet est moins développé. Les observations faites dans les maladies, viennent à l'appui de l’idée de M. Gall. Les personnes qui ont une inflammation à la gorge souffrent de l'érection, et même du satyriasis. Les gens qui ont des maux de nerfs y sont sujets également. M. Gall a fait la dissection d'un homme mort des suites de débauches. Il avoit à la fin la folie de croire qu'il possédoit six femmes, qu’il avoit continuellement à contenter. Le cer- velet de cet homme s’est trouvé énormément grand. Les hy- drocéphaliques conservent le plus long-temps la faculté pro- ductive , parceque le cervelet n'est pas aflecté. Les Crétins ont le cervelet très-grand ; aussi, chez eux, la passion pour le sexe est-elle ordinairement très-forte. Il est probable que les fréquentes érections qu’on éprouve lorsqu'on est couché sur le dos, proviennent de ce que le cervelet est particulièrement échauffé ; et les personnes attaquées du satyriasis ou de la nymphomanie , ont ordinairement le cou très-chaud, et même très-douloureux. Les débauchés ont souvent des tiraillemens et des tensions au cervelet. On prétend même que les femmes très-débauchées se tiennent le cou au moment du coit. Les personnes qui ont quelque plaie à cette partie du cerveau , par des ET D'HISTOIRE NATURELL®Æ. 243 es coups de feu, ou autres accidens, deviennent impuissans et éprouvent des inflammations aux parties sexuelles. 2°, Organe de l'amour des Enfans et des Garçons. Cet organe est en rapport immédiat avec le premier. Il se trouve au-dessus de l’organe de la propagation ; mais ils ne se trouvent pas toujours réunis. M. Gall a observé une très- grande bosse à beaucoup de crânes femelles de sa collection; il l'a trouvée dans beaucoup d'animaux, mais particulièrement dans les singes. Il présume que c’est l'amour des enfans, que ces êtres ont spécialement de commun avec l'homme; et l'observation lui a fait voir que la forme pointue que cela donne à la tête, marque sans exception l'amour pour les en- fans et pour les parens. Les femmes ont cet organe plus dé- veloppé que les hommes. Les animaux mâles qui prennent soin de leurs enfans, l’ont très-prononcé. Ceux qui laissent ce soin aux femelles seules, en manquent. Les crocodiles, qui déposent leurs œufs dans le sable , n’en ont pas. Il manque parfois à ceux qui ont l'organe précédent très-caractérisé. M. Gali a vu une femme qui s'imagina qu'elle accoucheroïit de six enfans ; elle avoit cette bosse particulièrement développée. Une autre, qui avoit tué son enfant avec préméditation, n'en avoit pas la moindre trace; mais l’organe du meurtre étoit très-gros, ainsi que dans beaucoup de personnes que M. Gaïl a vues dans les forteresses de Prusse et de Saxe. 3°, Organe de la docilité, ou faculté d’étre susceptible de cullure d'esprit. M. Gall passe aux facultés qui se développent dans les en- fans nouvellement nés. Le premier organe se trouve à la racine du nez. Le blaireau en manque absolument ; le nez passe en _ ligne droite au front. Le loutre l'a un peu; le renard, le chien, l'éléphant , l’orang-outang , l'ont par degrés plus développé; et l’homme, le plus formé, l’a le plus. Tous les animaux capables d'être apprivoisés, ont cette élévation ; elle manque à ceux qui ne le sont pas. La diflérence du cochon sauvage et du domestique offre la preuve la plus marquante de cette assertion. 4°. Organe de la mémoire locale, faculté de concevoir les proportions dans l'espace. Il se manifeste par deux protubérances dans les cavités fron- tales, et extérieurement, à la racine du nez, au commencement Tome XLII. MARS an 1506, H h » {4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. de l'arc des sourcils. Un collègue de M. Gall lui a donné ieu de reconnoîitre cette faculté, et il l’a retrouvée dans toutes les personnes qui ont cette faculté à un degré extraordi- naire. Les voyageurs l'ont souvent. Il $e trouve de même dans ceux qui aiment la géographie , le paysage, l'astronomie. Coock , Colomb, Newton, le père Hell, et le paysagiste, M. Schæn- berger , offrent cette proéminence d’une manière très - pro- noncée. Les grands militaires l'ont aussi ; entr'autres, Laudon] l’avoit; et on FR dans les personnes qui ont le desir de changer de place. M. Gall a rencontré une femme qui avoit cet organe rononcé d’une manière choquante; c'étoit une servante. I} Faborda , et elle lui dit avoir quitté clandestinement la maison paternelle à 16 ans, pour venir à Vienne; que la ville étoit bien assez grande, mais qu’il lui falloit changer bien souvent de quartier et de service, parcequ'elle ne pouvoit supporter d'être long-temps au méme lieu. Les oiseaux qui font des émigrations, comme les cicognes, l'ont très-marqué, surtout les mäles. Les pigeons de même. Il s’observe aussi dans les lièvres et les chiens. M Gall a vu des chiens revenir de Pé- tersbourg et de Londres même, pour retrouver leur maître (1). On s’apperçoit que cela ne peut étre attribué au sens de l’odorat, comme on le fait ordinairement. M. Gall l’attribue à leur faculté de reconnoître les localités. 5°. Organe de la Mémoire personnelle. Il est très-probable qu'il existe un organe particulier pour reconnoître les personnes. Beaucoup de gens, et M. Gall est du nombre , ont bien l'esprit d'observation , mais distinguent et se rappellent peu les personnes qu'ils ont connues ; d’autres, au contraire , se les rappellent très-facilement. M. Gall a été frappé de la vue d'une fille d'un professeur à Vienne , qui possédoit le talent en question à un degré très-éminent. Elle avoit en même temps les yeux pressés vers le bas, en quelque sorte , de l’intérieur à l'extérieur du visage, de manière que l'œil paroissoit loucher vers le nez. Saisissant cet indice , il présuma que cet organe peut bien avoir son site devant la (1) Ce dernier chien a su s’introduire, à l’une des villes frontières de l’An- gleterre, chez une personne qui alloit à Maÿénce , d’où il a trouvé son chemin pour Vienne, à. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 245 marge supérieure de la cavité, sous le trou superorbital, ou au-dessus de l'os lacrymal de l'œil. Il est toutefois difficile à reconnoiître , lorsque les autres organes voisins sont fortement prononcés. G?. Organe des Couleurs. Cet organe forme une élévation au milieu de l'arc des sourcils, ce qui les rend en apparence très-arqués. On l'a remarqué à M. Fueger, fameux peintre à Vienne. C’est ce qui donne aux peintres cet air jovial : et c’est de cet organe que vient à d’autres personnes le goût des fleurs. Il faut bien, au reste, qu'il y ait un organe des couleurs, puisqu'il y a des gens, et même des familles entières , qui ont les meilleurs yeux, et qui ne distinguent pas bien les couleurs. M. Gall connoit deux familles à Vienne, qui ne savent distinguer que le blanc et le noir. Cet organe manque aux animaux. On sait au reste que certains animaux sont vivement aflectés par certaines couleurs : le rouge , par exemple, met le taureau en colère , et le rend furieux. 7°. Organe des Sons. Cet organe paroît se montrer à la partie extérieure des sourcils, en tirant vers le haut des tempes, souvent en forme triangulaire. Elle élargit le front au-dessus de l’angle extérieur de l'œil. Tous les oiseaux chanteurs ont cette proéminence. Mozard, Gluk, Hayden, Viotti, offrent des exemples frappans de cet organe, qui est au reste fortement marqué. Il donne en même temps le goût et peut-être le talent du rhythme et de la poésie. Il se trouve souvent chez des sourds-muets , quoiqu'il manque quelquefois à des gens qui, d’ailleurs, entendent très-bien. La caille a cet organe très-prononcé ; il manque entièrement aux chiens et aux singes, et la face externe de l'orbite, formée par l’os frontal, chez eux, ne touche pas intérieurement le cerveau. Il y a des exemples de personnes qui ont acquis cet organe après de longues maladies. Il est développé de très- bonne heure dans les enfans, n°. Organe des Nombres. el Situé au-dessous de l’organe de la musique, à l'extrémité de l'arc des sourcils, à l’apophyse angulaire de l'os frontal, il est près des tempes, et de Faugre côté, près du sens des HUB z 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE couleurs, et donne ordinairement à la tête la forme quarrée. H se manifeste d'une manière frappante dans le buste de Newton. Il est combiné avec. le sens de la locahté dans les astronomes, tels qu'Euler, Bode , Hell, etc. — Cet organe manque aux animaux; il paroït rare parmi les nègres. Un enfant de Saint- Polten, qui avoit une mémoire prodigieuse pour les nombres, l'avoit d'une manière très-prenoncée. M. Gall cite d’autres exemples de personnes, à Vienne, qui offrent des preuves frappantes de cet organe. Un maniaque, dont la manie étoit de compter sans cesse depuis 1 jusqu'à 99, l’avoit très-marqué. Et M. Gall se rappelle un homme qui avoit toujours une douleur très-forte à cette partie, au moment où il faisoit ses calculs. 9°. Organe des Mots" Il se trouve à la partie intérieure de l'orbite, à l'os frontal ;: il fait sortir l’œil de l'orbite. Et M. Gall trouve cet organe dans les hommes qui s'occupent des langues, font des coilec- tions, etc., et dans les acteurs. 10°. Organe des Langues. La faculté de pénétrer facilement dans le génie d’une langue, et de communiquer ses idées avec précision et clarté, paroit de même située dans l’intérieur de l'organe, mais plus avant que l'organe des mots, entre l'organe des nombres et celui des personnes. H pèse sur les yeux, et leur donne un air pendant. M. Gall cite comme exemple M: Lavater, M. Wolf à Halle, M. Adelung, et autres personnes qui s'occupent de philologie. Ils possèdent cet organe d’une manière très-marquante. Les animaux, comme le rossignol et la fauvette, offrent læ même protubérance; ce qui s'accorde avec la faculté de se communiquer par leur ehant. Il ÿ a des enfans qui appren- nent diflicilement à parler, et qui paroïssent cependant avoir cet organe ;.ils ont une disposition hydro-céphalique, et peu- vent donner lieu à de fausses applications. — Il y a des sourds- muets à Vienne, à Berlin, à Leipzig , ainsi qu’à Dresde, qui offrent l'exemple de cette sorte d'exception. Mais M: Gall + rencontré des personnes qui étoient presque sans langue, ou qui avoient le bec de lièvre très-formé, sans que cela les em- pèchät de s’énoncer ävec assez de facilité, parcequ'elles étoient doutes de l'organe ci-dessus. M. Gall montre plusieursterânes d’imbécilles qui ne sayoient ET D'HISTOIRE NATURELLE. 247 pas parler, et celui d’une femme qui, avec un esprit très- cultivé, parloit cependant très-mal. Ces crânes offrent des en- droits tout plats, et même des enfoncemens à l'endroit où l'organe de la langue est situé. Les singes, qui ont l'organe du son, n'ont pas celui des langues. 11°, Organe de l'Art du Dessin. L'organe de l'art, ou la faculté de saisir les formes et de les rendre , se trouve derrière l’organe des nombres, et derrière l’apophyse jugulaire-,. au-dessus de la réunion de l'os frontal avec l'aile de l’os sphénoïdal. Le crâne de Raphaël , d'une fameuse marchande de modes, distinguée par son goût par- ticulier ; celui d'un faiseur d'instrumens , d'une brodeuse, etc. , offrent des exemples frappans de cet organe.Ilse trouve de même dans le castor , la marmotte et autres animaux industrieux. M. Gall l’a trouvé très-développé dans un aveugle de la maison des Orphelins , à Torgau près de Dresde. 11 se trouva que cet homme étoit le meilleur fileur de laine de la maison , et qu'il passoit le temps qui lui restoit, à faire des cages d'oiseaux très-ingénieuses. 12°, Organe de l’Anutié et de l'Attachement. Il est situé un peu au-dessus de l'organe de l'amour filial, et de celui des enfans, vers l'oreille, au-dessus de la suture landoïde de l'os pariétal. M. Gall s'est trouvé porté à recon- noître cet organe dans un voleur de grand chemin, qui s’étoit pendu dans sa prison, pour ne pas trahir son ami; et dans une femme particulièrement connue pour ses tendres attache- mens : d'autant plus qu'il se trouve des bosses semblables dans les animaux fidèles à leur maître, tels que le chien. Mais M. Gall avoue qu'il n’est pas tout-à-fait sûr de son fait, quoi- qu'il ait encore trouvé cet organe marquant dans M. Alxin- ger, poëte très-fameux à Vienne, et de l’étoit de même par ses attachemens) et les sacrifices: qu'il étoit capable de faire pour ses amis. 19°. Orsane du desir des Combats , ou des Ferrailleurs. M. Gall le nommoit autrefois l'organe du courage. Il l'a découvert dans lès garçons ramonneursde Vienne, qu'il ras- sembla autour de lui, afin de les examiner; et en comparant leurs crânes , ainsi que ceux des jeunes étudians les plus re- 48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nommés pour leurs querelles à l'Université, il leur trouva une bosse AE PA l’angle postérieur et inférieur de l'os breg- matique , où il touche l'os temporal. Le général Wurmser avoit la mème proéminence; mais M. Alxinger , qui avoit été -craintif toute sa vie, n’en offroit rien. Cet organe rend le crâne plus large par derrière, et se trouve dans les animaux les plus courageux. Les cheyaux, les bœufs , qui ont les oreilles les plus éloignées , sont les plus courageux. Les lièvres, au contraire, ont les oreilles très-près l’une de l'autre, 14°. Organe du Meurtre. C'est la différence du cräne entre les carnivores et les her- bivores, qui a conduit M. Gall à la découverte de cet organe, Lorsqu'on tire une ligne du processus jugulaire à la partie inférieure du mastoïde de l’os temporal , et qu'on place dessus une perpendiculaire qui traverse au milieu le méatus de l'ouie, la plus grande partie du cerveau se trouvera derrière la ligne, dans les carnivores ; et du côté du front, dans les herbivores. M. Gall avoit vu le fils d'un apothicaire et celui d'un mar- chand de Vienne, devenir bouchers , par le seul desir du meurtre. La belette, à ce qu'il observa, tue seulement pour le plaisir de tuer. Rapprochant ces observations, il compara plus en détail l'endroit qui distingue les êtres carnassiers , il y découvrit, ainsi qu’au lion, au tigre, au chat, une pro- éminence au-dessus de l’organe du combat, c'est-à-dire au- dessus de la marge temporale de l'os pariétal, au point où cet os se réunit avec la partie moyenne de la partie squam- meuse. Un épileptique , qui, dans les accès de son mal, devenoit souvent dangereux ,. ayoit cette protubérance très- prononcée. Et M. Gall l’a trouvée depuis, dans toutes les maisons de force, chez toutes les personnes acousées de meurtres 15°. Organe de la Ruse. Cette faculté de tourner les projets des autres à son profit, qui peut devenir vertu quand elle est bien appliquée, se trouve très-prononcée dans le renard, le tigre, le chat, la panthère et le chien de chasse; et parmi les hommes, dans les diplo- mates, les comédiens, et les auteurs de romans, dont l’in- trigue est bien menée, :Cet organe se trouve deux ponces à- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 249 peu-près au-dessus du méatus auditif, à l'angle sphénoïdal de l'es pariétal. 16°. Organe du Vol. L'organe du vol est un peu plus avancé vers l'œil, à-peu= près à la distance d’un pouce, à l’endroït de l'os frontal qui forme la partie inférieure de la ligne semi-circulaire, vers la suture corônale. — On a beau prétendre que le vol n’est e le fruit de l'état social; les troupeaux qu'on mène sur les Alpes du Tyrol, se disputent au commencement dun prin- temps les meilleures prairies, jusqu'à ce que chaque animal ait conquis en quelque sorte la place qu'il sait défendre. Les chasseurs savent de même très-bien que chaque gibier cherche constamment à Occuper une partie quelconque du bois; et les oiseaux offrent le même phénomène pour l'occupation du coin de bois auquel ils se sont accoutumés : de manière que le desir de la propriété peut être l’origine ‘de Ia société, mais non pas la société, origine du desir de la propriété. On n'a qu'à cacher un objet quelconque sous son habit ou dans sa main, pour voir comment la pie vient furtivement pour le voler. Il y a de même des exemples de chiens qui ne mangeoient que des choses qu'ils avoient volées. — Yictor , roi de Sicile, et quelques membres de la noblesse, connus de M. Gall , avoient le desir du vol à un degré très-étonnant. Il existe encore trois femmes de la connoissance de M. Gall, dont l'une vivante à Potsdam , qui ne peuvent absolument résister à ce desir dans leur grossesse. Et M. Gall a vu une personne dans laquelle cette passion s’est développée après l'opération du trépan. — Un Calmouk attaché à l’ambassade de la Russie, qui avoit adopté la religion chrétienne, fut at- taqué à Vienne d’une maladie du pays , vraiment horrible , purement parceque l’état et la religion qu'il venoit d'adopter ne permettoient pas le vol. Son confesseur lui donna une fois l'absolution pour un jour; il lui vola sa montre pendant la messe , et la lui rendit après avec une extréme satisfaction, parcequ'il avoit pu satisfaire un moment sa passion. Cet organe se trouve presque réuni à celui de la ruse; et il n’a manqué, sans exception, dans aucun voleur examiné ar M. Gall, dans les différentes prisons. Les personnes qui ‘ont accompagné dans la forteresse de Torgau, n'ont pas été peu étonnées de trouver cette même forme de cräne dans plu- sieurs centaines de personnes des deux sexes, accusées de vol. 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE. CHIMIE M. Gall découvrit dans le nombre, un homme qui, avéc l'or- gane du vol, avoit aussi celui de la bonté. Il avoit volé deux fois : la première, pour sauver sa mère de la misère ; et l’autre, pour nourrir sa femme et ses enfans. M. Gall cherche, au reste, à se justifier des différentes accusations auxquelles il a été exposé, pour avoir admis des vices innés, comme celui du vol et du meurtre. Nous nous abstenons de le suivre dans ses raisonnemens, parceque avant tout il importe au physicien et au moraliste de constater les faits, sauf à rechercher en- suite comment cela peut être compatible avec la sagesse de la nature et l’ordre social, où les vices se trouvent assez fré- quens pour faire souvent croire qu'ils sont innés. 17°. Organe de la Hauteur. Situé au milieu de la suture sagittale , un peu en arrière. C'est une protubérance longitudinale que M. Gall croit avoir découverte pour la première fois, et par un hasard assez sin- gulier , dans un mendiant , réduit à cet état pour avoir toujours répugné, dès son enfance, à recevoir aucun ordre, à se sou- mettre à aucune sujétion. Îl examina depuis, dans les hôpitaux, les fous par orgueil, tels que ceux qui se croyoient généraux, etc. dVais il trouva à la fin la mème protubérance dans des per- sonnes d'ailleurs peu orgueilleuses , qui seulement aimoient à demeurer, à grimper sur les hauteurs; et particulièrement dans les enfans qui aiment à monter sur les chaises pour se croire grands. Most | © M. Gall n'examine pas si ces phénomènes se laissent faci- lement combiner sous certains points de vue ; mais il garantit la justesse de ces observations. Cet organe est fortement pro- noncé dans l'aigle ; dans le chamois, et dans le chevreuil qui habite les montagnes, facile à distinguer par là de celui qui habite les plaines. Ye ve 18°. Organe de la F'anité et de l'Amour de la Gloire. Situé près de celui de la hauteur, à l'os pariétal, des deux côtés de la suture sagittale, également découvert dans les mai- sons des fous qui se croyoient rois ou reines. Il produit la vanité dans les femmes, l’amour de la gloire dans les hommes. Les personnes qui ont cet organe un peu prononcé, portent ordinairement le nez un peu haut, pour se faire remarquer. -— M. Gall ne sait pas si les animaux ont cet organe. 11 paroît exister ET D'HISTOIRE NATURELLF, oht exister dans quelques animaux domestiques, tels que le chie qui aime à être distingué et flaité par son maitre. 19°. Organe de la Circonspection. M. Gall se croit parfaitement sûr de la découverte de cet organe. Il est situé au milieu de l’os pariétal, derrière et au-dessus de l’orgäne de la ruse. Il donne au crâne la forme quarrée. Il est plus développé dans les enfans que dans les adultes, et cause la largeur du crâne par derrière. Les animaux qui sont très-circonspects, et qui placent même des gardes pour se.garantir de toute surprise, comme le chevreuil, le chamois, ainsi que ceux qui cherchent leur nourriture la nuit , tels de le loutre , lé chat-huant , le marquent d'une manière rappante, et se distinguent visiblement sous ce rapport, du crâne du renard et de l'aigle. Lorsque cet endroit est très- plat dans l’homme, il marque la légéreté. C’est ce qui s'ob- serve souvent dans les mendians, la plupart d’une insouciance extrême. Tous les organes marqués jusqu'ici, se trouvent également dans l'homme et dans les animaux. L'homme possède en outre des facultés plus élevées, qui doivent se trouver, selon toute probabilité, dans la partie du crâne, qui manque aux animaux; c'est-à-dire, dans la partie supérieure du front, qui en offre les traces. M. Gall avoue cependant qu'il n'est pas aussi sûr de leur site que de celui des autres. Il manque ici le point de comparaison avec les animaux, ce qui diminue les preuves, et donne moins de sûreté aux observations. Voici cependant les organes particuliers qu'il indique. 20°. L'Esprit de Comparaison. Un conseiller de Vienne, qui avoit le talent particulier d’ame- ner les autres à son opinion, par les comparaisons frappantes qu'il faisoit, avoit au milieu du front une protubérance lon- gitudinale, que M. Gall a depuis trouvée dans différens ecclé- siastiques , ayant le don de se mettre à la portée du peuple par un emploi favori des paraboles. Cet organe paroît se trouver en ligne perpendiculaire au-dessus du sens de la docilité. 21°. Pénétration ou Esprit Métaphysique. Socrate et Kant, Mendelsohn et Fichte, ont de commun une protubérance à-peu-près à un demi-pouce au-dessous de la marge supérieure de l’os frontal, qui se lie à la précédente, Tome LXII. MARS an 1806. Lx 252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ et qui devient plus étroite en bas. Les meilleures tétes de Jupiter, qui nous restent de l'antiquité, marquent cet endroit d'une manière frappante. 22°. Esprit, dans la signification généralement adoptée . en France. C’est une protubérance en forme de globe, située au front des deux côtés. Cervantes et plusieurs auteurs allemands cé- lèbres ont cette protubérance ; mais M. Gall croit qu'elle em+ brasse plusieurs Facultés, ainsi que l'esprit même. Il ne paroît pas regarder les observations ci-dessus comme assez certaines. 23. Esprit d’'Induction. L'esprit d’indaction, qui forme lesprit méthodique , se ma- nifeste chez les grands penseurs, à la partie la plus haute du front , par une proéminence frappante. — Il paroît qu'alors tous les organes du front se réunissent pour former une masse qui traverse la hauteur du front. Les enfans possèdent le mème organe, quoique dans un degré inférieur. Nous revenons aux organes communs à l’homme et aux animaux, 24°. La Bonfé. Cet organe se manifeste par une protubérance an milieu du front. sur la voûte de la tête, où il commence à s’aplatir. L'organe ne paroît que simple, parceque les deux côtés se trouvent réunis au milieu dela tête. Les moutons, les pigeons; plusieurs espèces de chiens, et les chevaux, lorsqu'ils sont bons, ont cette protubérance très-marquée , à trois pouces au-dessus des yeux. On dit qu’en France les connoisseurs en chevaux y font attention lorsqu'ilsen achètent. — Cet organe est de la même manière dans l’homme; et lorsque le front est très-plat d'em haut, ou même sillonné, il annonce de l’insouciance pour les souffrances des autres, et même de la cruauté, c'est-à-dire un sentiment agréable à voir souffrir autrui, comme dans les chats, qui aiment à jouer avec les souris qu'ils prennent ; l’hyène , le crocodile , le dogue, les Caraïbes ,-et dans Robes- pierre , qui sont connus par leur férocité. On n’a qu'à bien examiner la tête du chevreuil et celle du chamoiïs , pour distinguer l'organe de la bonté et celui de la cruauté. M Gall n'a jamais manqué de distinguer dans une étable, quelles vaches étoient bonnes ; et lesquelles étoient méchantes. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25% L'organe de la bonté paroit entouré des facultés les plus élevées de la téte humaine. : 25. Théosophre. Il se trouve postérieurement au-dessus de l'organe de la bonté. On observe quelquefois une protubérance qui monte du bord du front jusqu'à la suture sagittale, de manière que les cheveux tombent tout droit des deux côtés de la téte. Cette forme de la tête est quelquefois accompagnée du manque de cheveux ; elle se trouve presque généralement dans les per- sonnes qui ont le sentiment du sacré, ou qui cherchent au moins à l'affecter. Les pneumatologues ou spiritualistes et les devins, les gens à imagination extravagante, l'ont d'une ma- nière frappante. Elle est en quelque sorte nationale chez les Egyptiens; et les artistes ont peut-être profité de cette forme, en représentant Jésus-Christ la tête très-élevée , et les cheveux pendans des deux côtés, pour lui donner l'expression d'une grande bonté et d’un sentiment divin. — M. Gall prétend que nous sommes nés avec des dispositions aux sentimens re- ligieux, et que sil en étoit autrement, nous serions par là même incapables de toute idée de révélation. Il paroît, au reste, que cette union intime de l'organe de la bonté avec celui de la théosophie , nous indique ia tendance bienveillante des idées religieuses vers la prospérité sociale. 26°. Constance , Fermeté, Obstination. Cette faculté paroit être marquée par la protubérance qui se trouve immédiatement derrière la suture sagittale, dans le coin qu'elle forme avec la suture coronale. M. Gall l’a trouvée dans quiconque s’est éminemment distingué par ces qualités. 27°. Faculté d'Exposilion. Elle se manifeste lorsque la protubérance supérieure de l'os frontal, depuis sa pente vers le front, se présente dans son ensemble comme une voûte qui repose sur la suture cruciale. Cet ensemble d'organes renferme en méme temps la faculté d’imiter les gestes, les formes et la conduite des autres. Il est l'apanage des grands comédiens et acteurs. Il se perd , au reste, ainsi que ces facultés, avec l'âge. M. Gall a vu cette voûte très- développée dans deux personnes, à la forteresse de Torgau , dont l’une , après les informations prises, re- connue comme bouffon , se proposoit d'aller jouer sur un Ili2 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE théâtre, immédiatement après sa délivrance ; l’autre imitoit d'une manière frappante la voix de beaucoup d'animaux. Voilà les 27 organes que nous avons trouvés fixés par M. Gall, à la surface du crâne. Nous n’entrerons dans aucun détail sur ceux qu'il avoit adoptés autrefois , et auxquels il a renoncé; ni sur les divers changemens ou modifications qu’il a cru devoir faire dans la dénomination des organes, et qui viennent en quelque sorte de la langue qu'il parle. Nous indi- querons seulement les changemens qui tiennent à certains principes philosophiques et psychologiques, qui se déduisent en quelque sorte de sa théorie. Par exemple, il avoit adopté au- trefois un organe de la force vitale, situé à la nuque ou cer- velet, passage où les bouchers tuent le plus promptement les animaux. M. Gall croit aujourd’hui qu’il n’existe pas propre- ment un organe destiné à la force vitale, et que chaque organe en est doué. Il croit que l'instinct peut exister avec l'intelligence, ou sans. elle, et que les dispositions et les organes sont autant d’instincts, dans l'homme, avec la conscience de ce qu'il fait, et dans les bêtes, sans aucune trace d'un pareil sentiment, que les organes de l'homme et ceux des animaux se manifestent de la mêine manière sur le crâne, sans qu'il soit nécessaire de chercher des organes particuliers pour l’entendemrnt, le jugement, la mémoire et l’imagination, qui sont autant de mo- difications de chaque faculté ou de chaque organe séparément. Aussi peut-on très-bien entendre, juger et imaginer une chose, et manquer d’entendement, de jugement ‘et d'imagination pour d’autres choses; ce qui seroit impossible s'il y avoit un ressort général pour tous les organes. — Bonnet paroît avoir eu les. mêmes idées; et si j'ai réussi à faire saisir le genre d’esprit de M. Gall, on s'appercevra bien qu'il a pu donner du dé- veloppement à toutes ces pensées, qui, par fois piquantes, exigeroient des divagations continuelles, pour des explications plutôt relatives aux idées philosophiques qui règnent en Alle- magne. Nous ajouterons donc seulement ce que M. Gall pense de la physiognomonie et de la mimique. Il croit que la ressemblañce que Porta et Lavater ; ont cru pouvoir découvrir dans différentes personnes, de carac- tères égaux, est de pur hasard; qu'ils n’ont véritablement dé- couvert que les organes de la théosophie et de la constance, situés sur le crâne; mais qu'il n’y a pas de principe dont on puisse déduire la nécessité de la ressemblance des diflérens membres qui ne sont pas en rapport immédiat avec le cräne, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 268 pour produire diflérens eflets , telle que la ressemblance du nez, etc. Cependant, s’il est seulement question de signaler et de caractériser un individu, ces signes auxiliaires ne sont pas à rejeter. Ils sont le produit, quoique médiat, des facultés mentales originairement et immédiatement situées dans le cer- veau. La constance, par exemple , d'un mouvement, peut produire un symptôme et un caractère constant. On peut dire à-peu-près la même chose de l'art des gestes et de la mimique. Il est sûr, par exemple, que certaines douleurs et souffrances, certaines lésions , produisent certains mouvemens, pour ainsi dire involontaires; et la théorie de ces signes peut devenir science des signes , tels que le sont en quelque sorte les mouve- mens des seurds-muets. M. Gall s’est même souvent servi de ces signes et de ces mouvemens pour découvrir des organes. Par exemple , si l’on veut se rappeler quelque chose , on se frappe ordinairement l'endroit au-dessus de l'œil, où est située la protübérance que M. Gall désigne sous le nom d'orsane de la mémoire des personnes. Où se frotte de même l'endroit que M. Gall désigne sous le nom 4e sens de la mémoire locale. Il a encore vu nouvellement un jeune homme, qui de- meuroit dans la maison du célèbre Platner à Leipzig, qui, après une longue maladie, avoit presque perdu la mémoire, et qui ne se rappéloit quelque chose que lorsqu'il se frottoit cet organe. On voit dans les joueurs de violon des phénomënes qui se rapportent à cela. Lorsqu'ils veulent donner beaucoup d'ex- pression à un passage, ils portent leur instrument à la pro- tubérance de l'organe du son. Veut-on méditer profondément , on met ordinairement la main sur la protubérance de la téte où M. Gall place l’or- gane de l'induction, La ruse se plaît à faire entrer sa tête dans les épaules ; pour toucher l'organe de la ruse, on se gratte aussi derrière les oreilles à-peu-près à cet endroit. Les mères qui aiment tendrement leurs enfans , les baisent à endroit où M. Gall place l'organe de l'amour filial. L'orgueilleux porte le nez en haut, pour élever l’organe de la vanité et de l’orgueil. Celui, enfin, qui veut regarder un objet d'art avec une attention particulière , penche la tête, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre , pour faire agir en quelque sorte les organes des deux côtés. On a cherché à fixer la différence des nations d’après la différence de la formation des crânes. M. Gall doute qu'on puisse y parvenir d'une manière très-précise. Chaque homme a 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à-peu-près les organes de son espèce; et on les trouve plas ou moins développés dans beaucoup d'individus d’une nation, de manière qu'il n’y a pas de point fixe d'où l'on puisse partir. Mais peut-être les peuples sauvages peu cultivés, ou les esclaves sous l'influence d’un climat, peuvent offrir des diflé- rences assez marquantes, non par rapport au crâne en entier, mais par rapport à certains organes. — Les Calmouks, par exemple, ont la tête plate des deux côtés, ce qui explique d'après le système cränologique , leur ruse et leur passion pour le vol. Les Egyptiens ont la tête pointue comme les Théosophes ; aussi ce pays a-t-il toujours été le site des réveries religieuses, des sorciers, etc. — Les Chinois ont les sourcils, très-arqués au passage où est situé l’organe des couleurs, aussi cet art est-il très-développé chez eux. — Les Nègres, enfin, ont la tête très-pointue vers la partie occipitale, où se trouve l'organe de l'amour des enfans; aussi dit-on qu'ils éprouvent ce senti- ment à un degré éminent. Les deux côtés du crâne, au con- traire , où se trouve l'organe du meurtre, est très-plat, ce qui explique pourquoi ils aiment si peu la viande, et la forme de leurs dents approche plus de celle des animaux herbivores. La forme plate des deux côtés de leur crâne peut de même expliquer le manque de l'organe du son, et comment il y a des nègres, si le fait est vrai, qui ne comptent que jusqu'à 5; par l'absence de l'organe des nombres. — Les Caraïbes parois- sent manquer de l'organe de l'observation, et de plusieurs fa- cultés mentales : il y a un filon au passage où se trouve l'organe de la bonhomie, mais l'organe de la théosophie est très-prononcé; ce qui explique leur stupidité, leurs superstitions et leur cruauté. Mais nous nous bornerons à cela pour ne pas fatiguer par plus de détails peut-être trop yagnes, — Résumant ce que nous venons d'exposer , on distinguera, 1°, la nouvelle manière dont M. Gall a procédé à l'anatomie du cerveau, 2°, La théorie qu'il a exposée pour prouver que le cerveau pourroit étre un composé d'organes qui se manifestent par différentes bosses sur la surface du crâne. 5°. Enfin les moyens qu'il a employés pour prouver que cer- taines facultés sont représentées par certaines bosses qui sont l'em- preinte des organes : preuves tirées des M tantôt sur des hommes vivans, tantôt sur un nombre de crânes, bustes, et de portraits d'hommes connus par des facultés marquantes; tantôt d'après des phénomènes pathologiques, tantôt d'après la comparai- son des facultés des animaux et de la forme de leurtête, par rap- portà la place qu'ils occupent dans l'échelle dela nature; ettantôt, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 2b7 enfin, par certaines idées philosophiques et psychologiques qui peuvent venir à l'appui des assertions. Peut-être desireroit-on une série d’observations faites sur un ou plusieurs organes, d’une manière précise et uniforme, par un seul de ces moyens réunis, Par exemple, une série d'ob- servations sur une bosse coexistante avec une faculté particu- lière faites sur cent crânes bien connus, pout marquer dans quelle proportion l'observation se trouve constatée et ce qui fait exception à la règle, Nous devons supposer que M Gall a en particulier répondu à ce vœu autant qu'il est possible quant à-présent, par le nombre des crânes qu'il a montrés à ses auditeurs, et que les gens d'ailleurs respertables qui nous ont transmis la copie de ses leçons, n’ont pu s'en tenir qu'aux rapprochemens ingénieux et piquans qui pourroient intéresser les personnes qui ont eu l'avantage de voir ces exemples Mais en généralisant trop les phénomënes, on peut étre porté à des conséquences exagérées qui donnent lieu à des plaisanteries , ainsi que le système crânologique y a été exposé. On a déjà observé qu'une théorie peut être vraisembiable , et même vraie , sans que les preuves soient également sensibles. — Un homme d'autant de connoïssances , d'autant d'esprit, et d'autant de probité que M. Gall, peut cependant, par un génie d’ob- servation tout particulier , découvrir des différences distinctives très-subtiles dans la nature, quoiqu'elles ne soient pas encore assez développées et mises en ordre pour étre réduites en science, On est souvent tenté de fixer certains objets, et des idées nouvelles, comme les enfans qui viennent de naître fixent la lumière et les corps qui les environnent, avec un certain pressentiment qu'on apprendra un jour à bien distin- guer la véritable forme, et à trouver d’autres vérités. Peut- être les essais crânologiques ou physionomiques justifieront ils ces espérances. — Je n’avois au reste d'autre but que de donner une exposition pure et succincte des connoissances que j'ai pu me procurer du Système crânologique , sans y méler d'esprit de parti ou des doutes qui se manifestent facilement ; et qui se dissipent également avec facilité devant le jugement d’une assemblée aussi savante et éclairée, pourvu que les faits soient bien vus , et présentés avec véracité, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE PLANGHE 4. Explication des Figures. Organe de la Propagation. T II ÉEERE de l'Amour des enfans. I II de la Docilité. II III de la Mémoire locale. II III de la Mémoire personnelle. III des Couleurs. II III des Sons. II IIL des Nombres. IL IIL des Mots. III des Langues. III de l'Art du Dessin. IL III de l'Amitié. IIT du desir du Combat. Loir du Meurtre. I IL de la Ruse. IL du Vol. II III de la Hauteur. I de la Vanité I de la Circonspection. I II de la Comparaison. II IIE de la Pénétration. II III de l’Esprit. II III de l'esprit d'Induction, II III de la Bonté. IT TITI de la Théosophie. I II III de la Constance, I II d'Exposition, eh MEL ET D'HISTOIRE NATURELLE. 259 DES EFFETS GÉOLOGIQUES DU TREMBLEMENT DE TERRE DE LA CALABRE En 1783; Par M. FLEURIAU DE BELLEVUE. L'arrreux bouleversement que vient d’éprouver le comté de Molise, nous rappelle celui qu’une partie bien plus con- sidérable du royaume de Naples subit en 1783. Leurs malheureux habitans ont éprouvé le méme sort; mais quant aux révolutions du sol, seul objet dont nous avons à parler ici, nous ignorons encore si elles indiquent, sur le territoire de Molise, d'aussi grands phénomènes géologiques qu'en manifeste celui de la Calabre. Ce n'est pas au moment où des villes entières viennent d'étreenglouties,et où l’on voit errer sur un sol qui trembleencore, les restes d’une population désolée, qu'on peut observer et décrire de sang-froid les résultats physiques de ces terribles catastrophes. Pour qu'on puisse en juger et ne s’occuper que de ceux qui ont laissé des traces profondes et durables, il faut que la terre et les hommes soient rentrés dans le calme. En attendant qu'on nous fasse connoître ces nouveaux bou- leversemens, les naturalistes verront peut-être avec intérét quelques dessins de ceux qu'éprouva la Calabre. Je les es- quissai sur les lieux mêmes, et c'est leur explication qui fera le sujet de ce Mémoire. On sait avec quels soins le chevalier Hamilton et Dolomieu décrivirent ces bouleversemens ; mais ni l’un ni l’autre n’ont joint à leurs ouvrages des gravures qui auroient pu faciliter l'intelligence de leurs descriptions. C’est ce que j'essayai de faire Tome LXII. MARS an 1806. KKk 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lorsque, sept ans après cet affreux événement, je parcourus ce pays. Je fus frappé de l’énorme volume des masses dépla- cées , de la variété de leurs formes et de leur parfaite con- servation. Je ne doutai pas que dans plusieurs siècles il n’en restät encore des traces indubitables. Là, je vis l'image exacte de ces montagnes dont plusieurs naturalistes , et particulièrement MM. Deluc , attribuent les principales formes à l'effet de violentes secousses et à des af- faissemens, tandis que d’autres les rapportent mal-à-propos à l'érosion des eaux. Il me parut donc utile d’esquisser LE traits de ces masses qui, bien que d'un volume beaucoup moins considérable que celui de ces montagnes , avoient cependant pris sous nos yeux des formes semblables aux leurs. Le but de ce Mémoire n’est point d'expliquer par ce genre d'événemens toutes les causes des inégalités de notre globe; elles sont particulièrement l’eflet de la cristallisation et d’autres phénomènes (1); mais je crois pouvoir indiquer les affaissemens et les ruptures de la surface de la terre, non-seulement comme ayant modifié prodigieusement ses premières inégalités, mais même comme en ayant formé un très-grand nombre, soit pendant que les parties se consolidoient, soit depuis qu'elles ont acquis toute leur consistance. Les roches secondaires et celles d’une date plus récente, nous en offrent surtout de fréquentes appli- calions. < Ce fut également l'opinion que s’en forma Dolomieu, lors- que, peu d'années après avoir visité la Calabre, il parcourut les Alpes. Il m'a dit plusieurs fois qu'il n'avoit rien vu qui æxpliquât plus clairement les formes bizarres d’un grand nombre de montagnes , l’inégale inclinaison de leurs couches, et le peu de correspondance que présentent pour la plupart les angles des grandes vallées. Pour bien juger des bouleversemens dont il est ici question, il faut entrer dans quelques détails , et surtout rappeler les prin- cipales observations qu’on doit à cet habile naturaliste. On trouvera sans doute, après les avoir lues, que mes esquisses n'en donnent qu'une bien foible idée; cependant si elles peuvent (1) Je n’entre dans aucun délail sur ces phénomènes : la Théorie de la Terre de M. Delamétherie , la Géographie Physique de M. Desmarets, et plusieurs autres ouvrages les font suflisamment connoitre. J'en ai aussi in- diqué quelques autres dans mon Mémoire sur l’action du feu dans les volcans. { Journal de Physique de Prairial an 15). C’est uniquement des aceidens dont j'ai à parler ici. ETD' HISTOIRE NATURELLE. 261 contribuer à fixer dans la mémoire quelques phénomènes im- portans , elles ne seront pas tout-à-fait inutiles. Il est bon d'observer, avant tout, que Dolomieu ne trouva de vestiges de volcans dans aucune partie des terrains sur lesquels le tremblement de terre avoit étendu ses ravages. « ll ne vit ni laves, ni tufs, ni scortes, ni bitumes d'aucune espèce ». C’est un fait dont je me suis également convaincu. Si donc on trouve dans le comté de Molise des volcans éteints, ainsi qu’on le rapporte (1), on ne peut point donner cette circonstance comme une preuve de la connexité qui pourroit exister entre les volcans et les tremblemens ‘de terre. « Dolomieu dit : « que sur le prolongement de la base de plu- sieurs montagnes primitives de la Calabre, se sont établies successivement , comme par dépôt et sur une grande 17 seur , des couches composées de sable quartzeux, de galets, d'argile blanche et de grains de feldspath et de mica... Ces couches qui proviennent de la décomposition du granit, et se trouvent mélées de coquilles et de fragmens de corps marins, paroissent être un dépôt de la mer... Ce dépôt, d’abord hori- zontal du nord au sud et incliné de l’est à l’ouest, a été en- suite morcelé , soit par les courans de la mer elle-même , soitpar les torrens supérieurs, et a formé cette suite de collines, de vallées et de plaines qui, surbaissées les unes aux autres, vont se terminer par une plage basse sur le bord de la mer... Sur cette base mobile s'est établie une couche de terre végé- tale argileuse, noire où rougeätre, de deux à 5 pieds d'épais- -seur, très-forte, très-tenace, et formant une sorte d’écorce qui donne un peu de solidité à ce sol. Des pluies abondan- tes y creusent de profonds sillons et des gorges, qui ont quelquefois six cents pieds de profondeur... Leurs encaisse- mens restent toujours escarpés et presque verticaux, Comme des murs , parceque la couche supérieure , entrelacée de ra- cines, retient les terres qui sont au-dessus. » Il résulte d’un examen général, que la Calabre a presque partout le granit pour fondement , et que c’est sous cette base, qui paroit inébranlable , qu'étoit le foyer des tremblemens de terre ». Quant aux bouleversemens causés par la principale secousse (1) Journal de Physique, de Fructidor an XIII, p. 226. Kk 2 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIR celle qui eut lieu le 5 février 1785, et qui ne dura que deux minutes), il les dépeint de la manière suivante : « Je ne puis mieux rendre compte de ses effets qu'en sup- posant sur une table plusieurs cubes formés de sable humecté et tassé avec la main, placés à peu de distance les uns des autres ; alors, en frappant à coups redoublés sous la table et la secouant en même temps horizontalement et avec violence par ses angles, on aura üne idée des mouvemens différens dont la terre fut pour lors agitée. On éprouva en même temps des soubresauts, des balancemens et des espèces de tournoiemens violens; aussi Tien de tout ce qui étoit édifié ne put résister à la complication de ces mouvemens ; les villes et toutes les «maisons éparses dans les campagnes furent rasées. dans le même instant; les fondemens , parurent être vomis par la terre qui les renfermoit; les pierres furent broyées et triturées les unes contre les autres... L'effet général sur le terrain argilo-sa- blonneux de la plaine fut d'augmenter sa densité en diminuant son volume, c’est-à-dire de le tasser, d'établir des talus par- tout ‘où il y avoit des escarpemens; de remplir les cavités inté- IIEUTES ; EtCeurs » IL s'ensuivit que dans presque toute la longueur de la chaine , les terrains qui étoient appuyés contre le granit de la base des monts CAuLone, Esore , SAGRA, ASPRAMONTE, glissèrent sur ce noyau solide, dont la pente est rapide, et descendirent un peu, plus bas. I s'établit alors une fente de plusieurs pieds de large sur une longueur de 94 à 10 milles, entre le solide et le terrain sablonneux , presque sans discon- tinuité:...…. » Plusieurs terrains, en coulant ainsi, ont été portés assez loin de leur première position et sont venus en recouvrir d'au- tres assez exactement pour les faire disparoître. Des champs entiers se ‘sont abaissés considérablement au-dessous de leur premier niveau, sans que ceux qui les environnoient aient éprouvé le même changement, et i/s ont formé ainsi des espèces de bassins enfoncés. D'autres champs se sont inclinés ; des fentes et des fissures ont traversé dans toutes les directions les plateaux et les coteaux... On rencontre ces fentes à cha- que pas... Mais ce fut principalement sur les bords des escar- pemens qu'arrivèrent les plus grands désordres... Des por- tions considérables de terrains couverts de vignes et d’oliviers se détachèrent , et se couchèrent d’une seule masse dans le fond des vallées, en décrivant des arcs de cercles qui ont eu ET D'HISTOIRE NATURELLE, 263 .pour-rayons la hauteur des escarpemens : alors la portion su- périeure où étoient les arbres, s'est trouvée jetée loin de son premier site, et est restée dans une position verticale... » Il est essentiel de faire remarquer que le terrain de la plaine, ne. formant pas une masse dont les parties fussent fées ensemble , étoit mauvais propagateur du mouvement , de manière que la ‘partie inférieure en recevait plus qu'elle n'en transmettoit aux surfaces. Cela a fait que les ébonlemens ont .presque toujours commencé par le bas, et que les bases man- quant et s'échappant à la manière des fluides, de dessous les corps «qu'elles sontenoient , ces corps se sont .aflaissés. …. » Des terrains qui avoient une grande force de projection ont franchi de.petites collines, et ne se sont arrétés qu'au-delà… Lorsque les bords opposés d’une vallée se sont rencontrés, ils ont formé une espèce de berceau... L'eflet le plus com- _mun est celui qui s’observe, lorsque la base inférieure ayant manqué, les terrains supérieurs sont tombés perpendiculaire- ment et successivement par grandes tranches ou par bandes parallèles, pour aller prendre une position respective semblable aux marches d’un amphithéâtre. Le plus bas gradin est quel- quefois à trois ou quatre ‘cents pieds au-dessous de sa pre- miére position :.ce sont des espèces de terrasses... © » Ailleurs le sable et l'argile ont coulé à la manière des _torrens de laves; des portions considérables de montagnes ont marché pendant plusieurs milles en descendant dans les vallées, _sans se détruire et sans changer de formes... Des champs entiers se sont précipités dans les fonds, sans perdre la position hori- zontale de leur surface; d’autres sont restés inclinés, quelques- uns se sont placés verticalement... Dans un espace de dix lieues sur six de large, compris entre le fleuve Merraxo, les montagnes el la mer , il n’y a pas un arpent de terre qui n'ait changé de forme ou de position. . .. On vit dans plusieurs “endroits des sources jaillissantes qui s’élevoient à plusieurs pieds de hauteur , et qui portoient avec elles du sable et du limon ». Dolomieu donne ensuite les raisons pour lesquelles les édi- fices construits sur le granit et les terrains solides, ont éprouvé moins de ravages que les autres (1) .Il indique par ces diflérens (1) Il est vrai qu’en général les édifices bâtis sur des terrains solides, ont éprouvé moïns d'accidens que: les autres ; mais ce faît n’est pas Sans excep- tion. La ville de Bacwana ; assise sur une montagne composée d’un conglomerat ancien , ou sorte de pouding de roches primitives en {rès-gros volume , fut 264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE faits, et d’une manière probable, l'étendue et la direction de l'immense caverne qui a dû exister depuis l'Etna jusqu'a la partie septentrionale de la Calabre; et il finit par des conjectures sur la cause de ce terrible phénomène. A l'appui de cette description, faite peu de temps après Vévénement , j'ajonterai quelques observations du chevalier Hamilton, qui avoit précédé Dolomieu , et qui même fut témoin des dernières secousses du tremblement de terre. « Le plus grand nombre des habitans, dit-il, s'accorde à dire que le mouvement commencoit par être horizontal et finissoit par être vertical : que c'étoit un mouvement de rota- tion : que l'agitation étoit semblable à celle d'un vaisseau battu par les vagues : que la terre ne sembloit porter que sur un fluide. : » À CossozeTro, une secousse de bas en haut transporta intacte une maison à deux portées de fusil sur un terrain plus élevé. Un moulin fut soulevé en entier, et se trouva au-dessus de la rivière qui le faisoit mouvoir. . » Une partie de la ville de T'Erra-Nuova fut emportée à un demi-mille de distance avec ses habitans. » Une masse isolée, de 250 pieds de haut sur 400 de dia- mètre à sa base, a été portée à près de quatre milles de distance, par le tremblement du 4 février ». On parle encore de beaucoup d’événemens non moins extraor- dinaires que ceux-là; mais il seroit inutile de multiplier les citations : celles-ci sufliront sans doute pour rappeler aux na- turalistes les principaux résultats de cette catastrophe. Je passe à l'indication de mes dessins qui, je le répète, n’en offrent qu'une très-foible image; il en eût fallu un grand nom- bre pour rendre cette variété infime d’accidens , et il eût fallu plus de soins que je ne pus en donner (1). ER DIR rasée et perdit cinq mille habitans sur huit mille. Je l'ai vu rebâtir sur un autre emplacement. On cite la ville de Scyxzza comme ayant peu souffert; néan= moins un immense rocher, contigu à cette ville, tomba dans la mer et causa la sabmersion de 2000 personnes qui s’étoient réfugiées sur le rivage. C'est, pour le dire en passant , au travers de ces débris, qui se renou- vellent de temps à autre et qui forment autant d’écueils , que les courans du détroit causent encore un bruissement, que les poëtes attribuërent aux aboiemens du monstre. (1) d’étois dans ce pays au mais de juillet, l'air infect qui s’exhaloit d’une multitude d’amas d’eaux stagnantes, ne me permit pas de m'y arrêter suf= fisamment. Je ne pus que tracer les principaux objets pour me servir de £T D'HISTOIRE NATURELLS. 268 La Prancues lee représenteles effets du tremblement de terre près de Serrizzano. A. B. indique la tranche verticale d'en- viron 300 pieds de haut, d’un plateau très-étendu, planté d'oliviers en quinconce et fort élevés. C. D. E. sont des collines, chacune de plusieurs arpens de superficie , qui faisoient partie de ce plateau, et qui ont été lancées dans un vaste ravin, à u ille de distance et au-delà. ces masses, diversement inclinéeS#Morment avec l'horizon des angles de 25 à 40 degrés; quelques parties se trouvent verticales; et fon reconnoît dans les unes et les autres les couches corres- pondantes à celles du plateau; mais l’on ne voit que rarement des angles saillans étrentrans se correspondre entre le plateau et ces grandes masses : celles-ci furent lancées irrégulièrement, et les parties en contact se brisèrent dans ce long trajet. Les arbres, à l'exception de ceux des bords, n'y ont éprouvé aucune espèce de désordre; leurs tiges sont toujours perpen- diculaires à la surface du terrain, et ils conservent entr'eux la symétrie la plus parfaite. Les nouvelles pousses, c'est-à- dire celles qui s'étoient formées depuis 7 ans, époque du tremblement de terre, avoient repris la verticale et formoient ün angle avec le tronc , qui ajoutoit encore à la bizarrerie du spectacle. Cet effet a été négligé dans le dessin. Il étoit d'au- tant plus remarquable , que l'olivier est un arbre de futaie dans la Calabre. F. désigne l'entrée d’un des souterrains pratiqués pour la sortie des eaux. Il fallut en creuser un grand nombre, car cet événement fit naître dans cette région 215 lacs ou étangs, dont les eaux, croupissantes par l'extrême chaleur du climat, causèrent des maladies pestilentielles qui enlevèrent plus d'habi- tans que ne l'avoit fait le tremblement de terre. La Prancue II montre l’un des plus singuliers accidens des environs de SEMINARA, à deux milles à l’est de cette ville. À. représente la suite du plateau dont j'ai parlé, qui a éte coupé par l'effet des secousses. souvenir ; je ne garantis donc point l’exactitude des accessoires. S'il eût éte question de rendre tous les effets pittoresques, on auroit pu ajouter de vaste: plantations enfouies , qui, apres avoir été couvertes par les caux et décou- vertes ensuite, ne présentoient plus que des masses d’arbres aussi noirs que le charbon. On auroit également indiqué çà et là des pans de murs et des débris d'habitations , retraçant le souvenir d’un peuple qui semble avoir disparu depuis plusieurs siecles. % 266! JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIK B. est un terrain de 4 à 5 arpens, tapissé de verdure et d'oliviers, planté en quinconce ,: qui ‘s’est séparé du vaste plateau A et s’est écroulé 60 pieds au-dessous à la distance de plus de 500 pieds, en s’inclinant d'environ 30 pieds vers lui. Son extrémité du côté du plateau, s’est rompue et s'est in- clinée en sens inverse de l'autre, de manière. que les têtes des arbres semblent vouloir se toucher. Tout le reste, à l’excep- tion des contours, est cri. G. représente le lit d'un ruisseau qui fut coupé verticale- ment et, dans la même circonstance , fut mis à sec par des fentes transversales supérieures. On voit aussi sur le devant du tableau des prismes passa- blement réguliers qui sont l'effet du retrait des terres argi- leuses, soit dans le temps de leur chute, soit en se desséchant. On rencontre çà et là d'énormes prismes polygones. La Pcancex III indique divers bouleversemens réunis des lacs de Serrizzano , de Cossorerro et de quelques autres lieux, , A, À, grand plateau planté d'oliviers, qui s'est fendu dans divers sens, presque toujours verticalement. D, E, F, G, H, masses et débris qui en faisoient partie ; ces masses se sont séparées les unes des autres dans leurs chutes, en s'inclinant diversement : quelques-unes forment des gradins ; d’autres se trouvent en partie recouvertes de dépôts horizon- taux, chariés par des torrens , et dont la nature est diflérente de celle des bases qui les supportent, CONCLUSION. On retrouve donc ici, quoique dans de moindres propor- tions , l'image d’une grande partie des formes bizarres de nos continens , qu'on peut attribuer aux divers bouleversemens qu’é- prouva la surface de la terre avant et après sa consolidation, savoir : à — La disposition verticale des flancs de plusieurs montagnes; leurs déchiremens et la coupe nette et vive de leurs bancs aux points où l'on peut présumer que leur rupture s'est faite; — l'inclinaison en toutes sortes de sens de leurs couches et de leurs flancs ; — les angles qui tantôtse correspondent et tantôt n'ont aucun rapport entr'eux ; — de grands aflaissemens et la confusion qui en est la suite; — la formation des vallées €t ET D'HISTOIRE NATURELLE. 267 et des lacs par le tassement du terrain, au milieu méme desplaines ; — Les escarpemens des côtes de la mer au pied desquels on ne trouve point de fond; — Des pics isolés et des massés considérables tellement abaissés au-dessous des montagnes dont ils faisoient partie et si éloignés d'elles qu'ils paroissent comme sortis du sol même, plutôt que d’appartenir au même sys- tème ; — Des fentes très-profondes , remplies de matières étran- gères, ou videsencore, et dont quelques-unes donnent passage aux éruptions volcaniques ; — Des apparences de couches verticales, qui souvent ne sont que des tranches solides des montagnes elles-mêmes ; — Enfin on reconnoiît la possibilité que des cou- ches solides horizontales aient pris quelquefois la disposition verticale. On ne peut donc attribuer ces formes des montagnes à des causes très-diflérentes de celles qui ont donné naissance aux nouvelles collines de la Calabre ;. la plus forte analogie nous oblige à les rapporter à la même ôrigine et aux simples affais- semens dans les cavités de l'écorce du globe. 4 la Rochelle, ce 15 Brumaire an 14 —11805. DE LA TÉPHRINE CONSIDÉRÉE DANS LES SUBSTANCES VOLCANIQUES; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. J'Ar donné le nom de téphrine (1) à une substance qui fait la base de quelques pierres. Nous la considérons ici seulement dans les substances volcaniques. En voici les caractères prin Cipaux = (1) Voyez le cahier précédent, page 206. Téphrine vient de téphrias , nom que Pline donne à un ophite de couleur cendrée >, 6X colora cineritio , Tegpæ , cendre. On voit que les Romains tiroient leurs mots du grec, comme nous. Tome LXII. MARS an 1806. 3 EU | #4, 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sa couleur est ordinairement d'un gris cendré, plus ou moins foncé. Elle a un éclat terne et terreux. Sa pesanteur est difficile à estimer parcequ'elle est toujours mélangée de substances étrangères ; mais on peut l'estimer à 27000. Sa dureté est assez grande pour rayer foiblement le verre; mais l'acier choqué contre elle ne donne point d'’étincelles. Chauffée à la Hamme du chalumeau , elle fond avec assez de facilité. s Elle donne un verre d'un verd brunâtre plus ou moins foncé, et qui n'est pas bulleux. Sa cassure est terreuse et terne. Elle n’affecte point de forme régulière ni dans ses molécules, ni dans sa masse. La téphrine se présente dans les substances volcaniques sous plusieurs formes , que noûs allons examiner d’une manière succincte. : DU VERRE VOLCANIQUE COMPOSÉ DE TÉPHRINE. La téphrine éprouvant. un assez grand degré de chaleur dans les foyers volcaniques, se réduit en verre. Ce verre a moins d'éclat que l’obsidienne pétrosiliceuse. Sa couleur est d’un verd foncé. Fondue au chalumeau, elle donne un verre verdätre et souyent bulleux. Sa cassure est moins concoïde que celle de l'obsidienne. Sa dureté est assez considérable pour que l'acier choqué contre elle donne de vives étincelles. DU VERRE TÉPHRINIQUE PORPHYRIQUE. Ce verre contient souvent une quantité considérable de cristaux de feldspath, et il a pour lors l'apparence d'un por- phyre à base vitreuse, comme l'obsidienne porphyre. DE LA PONCE TÉPHRINIQUE. Cette ponce est Je produit du verre téphrinique, qui étant chauffé se boursouffle. J'ai de cette ponce que Cordier m'a donnée , et qu'il a ramassée à Ténérife. Il y en a qui est encore unie au téphrinique; sa couleur est d’un verd sale. Fondue au chalumeau, elle donne également un verre verdâtre. ET D'HISTOIRE NATURELLE 269 DES LAVES COMPACTES TÉPHRINIQUES. Le verre téphrinique en refroïidissant se dévitrifie comme les autres verres vo caniques , et passe à l'état de lave com- pacte. Cette lave contient le plus souvent des cristaux de feldspath , ce qui constitue pour lors un vrai porphyre à base de téphrine ; mais il n'a jamais le facies des porphyres formés par la voie aqueuse. Cette lave compacte se présente comme les laves des autres classes, sous deux formes principales : æ où elle est en masses informes. à où elle est en prismes, qui ont un plus ou moins gran nombre de côtés, DES AMYGDALOÏDES VOLCANIQUES TÉPHRINIQUES. La téphrine volcanique dévitrifiée passe à l’état d'amygda- loïde. J'en ai de Ténérife, quiest d’un gris cendré, contenant des petits noyaux qui ne font pas effervescence avec les acides. Cordier a vu drentes laves téphriniques au pic de Teyde de Ténérife. Son opinion a d'autant plus de poids dans cette matière, qu'il est un de nos minéralogistes qui a observé un plus grand nombre de volcans soit en activité, soit éteints A son retour d'Egypte, il a observé le Vésuve et la plupart des volcans éteints d'Italie. Il a visité les volcans éteints des bords du Rhin, du côté d’Andernach, ceux de l'intérieur de la France, de l'Espagne, Ténérife... Voici les détails qu’il m'a fait l'amitié de me communiquer sur Ténérife, LETTRE DE LOUIS CORDIER a J.-C. DELAMÉTHERIL. « Je m’empresse de vous transmettre les détails que vous » me demandez sur la composition géologique de T'énérife, » cette île est entièrement volcanique; tous les courans de lave .» qui recouvrent la masse conique du pic, et qui composent » son sommet, sont witreux et formés de porphyres à base » d'obsidienne noire ou verte , contenant des cristaux de » feldspath blanc. La pierre-ponce sert de scorie à ces cou- » rans vitreux dans leur partie supérieure ; ils en sont entié- » rement dépouillés dans la partie inférieure. » Plus anciennement la bouche fumante du pic a vomi » quelques autres courans porphyriques, dont la pâte a pris LIlz2 270 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2 Ÿ 2 po] » U LY Ÿ ÿ 2 » D en se coagulant la contexture lishoide , ou de lave compacte. Ces courans lithoïdes ne forment guères plus du tiers de la masse totale. On ne les verroit pas, s'ils n’avoient coulé plus loin que les courans vitreux. » Les bases lithoïdes sont de trois sortes, dont deux sont bien connues des minéralogistes; savoir : » 1°. Le basalte ; » 2°. Le pétrosilex ( feldspath compact volcanique, kling- stein. » 5°, La troisième sorte est intermédiaire entre les deux premières; elle affecte constamment des couleurs très-claires dont le fond est le gris cendré, ou le gris brunäâtre ; sa cassure est tantôt terreuse à grain grossier, tantôt elle est compacte; sa pesanteur est moyenne entre celle du basalte et du pétrosilex; elle fond en un verre bulleux demi-trans- parent , dont la couleur est toujours d’un verd-cul-de- bouteille. D'ailleurs les laves porphyriques dont elle forme la base, sont tantôt massives et tantôt poreuses; le"courant se trouve partagé en blocs irréguliers, ou bien configuré en prismes parallèles. » Les courans sortis du cratère qui termine le pic, entrent pour bien peu de chose dans la composition du reste de l'ile : elle est le résultat d'une infinité d’éruptions particu- lières et isolées. Le sol est criblé de trouées volcaniques , dont les orifices sont encore marqués par de petits cratères. Les produits de ces percées particulières sont presque tous des porphyres à pâte lithoïde. Je ne connois qu'un seul courant à base d'obsidienne. Les autres courans ont pour base, » 1°. le basalte, » 2°. ou bien cette nouvelle sorte de pâte qu'on n’avoit pas encore distinguée, et que vous désignez avec tant de raison par le nom de rÉPHRIN£. Je citerai les laves de 1706 et 1798, comme exemples de cette composition : c'est là dernière qui est basaltique. Cette lave a coulé jusques dans la mer, et les vagues de l'Atlantique ont déjà emporté l'extrémité du courant, ce qui permet d'en bien reconnoîftre la composition. A marée basse, on peut observer ces autres particularités «remarquables, r°. le basalte est configuré en gros prismes; 20. leur pied empâte des coquilles ». On voit que Ténérife contient les trois espèces de sub- ET D'HISTOIRE NATURELLE. ont ,» stances volcaniques dont j'ai parlé dans mon Mémoire inséré dans le cahier précédent de février de ce Journal. a, les laves fontiformes , que Cordier appelle basaltiques. db, les laves à base de pétrosilex. c; les laves à base de téphrine. Secondement , toutes les éjections volcaniques du sommet du pic ont été vitreuses. Plusieurs de ces verres contiennent des cristaux de feldspath. Troisièmement , quelques-uns de ces verres ont passé à l'état de ponce. Quatrièmement , plusieurs ont passé à l'état de laves po- reuses. Cinquièmement , les autres ont ensuite passé à l’état de laves compactes, ou lithoïdes, dont les unes sont con/igurées en prismes, et les autres ne le sont pas. IL faudra donc constamment distinguer dans les substances volcaniques, ces trois produits diflérens ; ainsi on aura a, verre de la lave fontiforme ou basaltique. b, verre de la lave pétrosiliceuse , ou obsidienne. c, verre de la lave téphrinique. La même distinction aura lieu pour les laves poreuses, les laves compactes , les laves décomposées , les amygdaloïdes volcaniques... On en aura de trois espèces, Enfin il ne peut rester aucun doute que les verres de laves pétrosiliceuses et les verres de laves téphriniques, ne passent à l'état de laves poreuses, de laves compactes, de même que les laves fontiformes coulantes passent à ces divers états. L'observation de Cordier nous donne encore l'explication d'un fait, d'où on a voulu tirer des conséquences qui sont détruites par le simple exposé du fait lui-même. La lave qui a coulé dans la mer, a pris la forme prismatique, et a empäté des coguilles. Les Neptuniens disoient : la lave eût brélé, détruit ces coquilles : donc ces basaltes sont de formation aqueuse... Mais ici on suit ce courant de laye jusqu’au cratère d'où elle est sorbie. Des Laves leucitiques. Les laves leucitiques, dont j'ai parlé dans mon dernier Mé- moire, ont pour base quelques-unes des trois substances que nous venons de citer. Ainsi considérées sous ce rapport , elles ne doivent point faire une classe particulière de laves. 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais Dolomieu à cité quelques-unes de ces laves dont la pâte est la leucite même. J'ai un morceau uniquement composé de leucite et de mica. T1 en avoit de semblables. Si on regarde la leucite comme base de ce morceau , et base d’autres laves, il faudra laisser subsister cette quatrième classe de laves. Ve :C LAS: SE. DES LAVES HORNBLENDIQUES. La hornblende sert de base à certaines laves ; car le whins- sone d'Ecosse, que tous les minéralogistes Anglais regardent comme une lave, est un grunstein, c'est-à-dire un composé de hornblende et de feldspath. ; Godon de Saint-Memin, a trouvé au Mondor , de vrais gruns- tein réduits en laves poreuses. On sait que les grunstein et les sienites sont très-communs. Il n'est donc pas surprenant qu’on les retrouve dans les laves, Les laves hornblendiques feront donc une cinquième classe, et elles formeront également des verres volcaniques , des laves poreuses , des laves compactes... Quand j'ai dit qu'il n’y avoit point de laves granitiques , je n'ai pas prétendu que les granits n’aient pu élre attaqués par les feux volcaniques, et être réduits en laves ; mais j'ai seulement dit que toutes les laves qu’on a regardées comme granitiques, sont réellement porphyriques, c’est-à-dire com- posées d’une pâte contenant des cristaux... Peut-il y avoir des laves composées d’autres substances , telles que serpentines, stéatites..… ou d’autres roches ? Nous n’en connoissons encore aucune ; mais les observateurs en pourront trouver. Le ET D'HISTOIRE NATURELLE, 275 nee mess ne ons LH TOR E DE THÉODORE DE SAUSSURE ù A J.-C. DÉELAMÉTHERIE; Sur l'Analyse du Jade oriental et de la Saussurite. Vous aviez eu bien raison de faire deux espèces minérales distinctes du jade oriental et de celui qu'on trouve dans nos cantons , et que vous avez nommé /Lemanite..…. Les noms des lieux où se trouvent les minéraux étant à présent assez généralement rejetés, j'ai préféré de donner à notre jade le nom de mon père, qui l’avoit fort bien décrit, et je l'appelle la saussurite. Voici les produits que j'ai retirés de ces deux substances : | Cent parties de la saussurite colorée en verd foncé m'ont fourni, Silicer is See Re NIET te 44 Alimane, EE COUTSUEGEHNT. 0 5o CERUXE PACG BRIE TEE A te SOU Æ Oxide dette LUEUR" 2872 TL D Oxide de manganèse. . . . o. 05 « Sbude;: VE 6) MNT VERS 0 6 Potasse.L'EULULM Be AUS 4 o. 25 Perte it, OPPOSER GE De 1 274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cent parties de jade oriental Verd, taillé en amulettes, m'ont fourni, Silices Ta te als SES 7S Chaux. ”. SU SAS NE ES Alamine A EU RE RER EAN Oxide de fer. . . . . . 5 Oxide de manganèse. . , . 2 Sonde. Et CE ERREUR CL UE RDS pe BOTASSE: 1 PS AN ENIERREee SuS Eau ©} 2) Ja A SSANnr ue 2:25 Peter EN NE REP EMI DE L'ACIDE FLUORIQUE DANS LA LEUCOLITE; Pir BUCHOLZ. Bucholz a retiré l’acide fluorique de la leucolite (pycnite de Haüy ). C’est ce que J. A. H. Lucas nous apprend dans son Tableau des Espèces minérales, page 283. M. Chenevix annonce à M. Hauy, que M. Bucholz, chi- miste allemand, vient de trouver dans la pycnite l'acide fluo- rique dont M. Klaproth avoit déjà reconnu la présence dans la topaze. Cette dernière découverte étant bien constatée, il importoit de vérifier le résultat indiqué pour la pycnite, Vau- quelin s'est assuré qu'elle renferme 0.5.8 d'acide fluorique. Voici les produits qu'il a tirés de la pycnite ou leucolite, Gilice] CNRS CE PRES 36. 8 Auminentt-1t- tune ; 52. 6 CHARMANTE MERE GERS Acide fluorique. . . . . . . 5. 8 Fate PAIEMENT Rene lee 1. 5 NOU VELLES ET D'HISTOIRE NATURELLE. 275 NOUVELLES LITTERAIRES. Flora lusitanica, la Flore du Portugal par M. Brotero , pro- fesseur de botanique et d'agriculture dans l'université de Coimbre. Cet ouvrage qui se trouve chez Barrois, quai Voltaire à Paris, st la première Flora du Portugal ; elle estremplie d'observations délicates , et riche en plantes rares. Peu de’ Flores ‘ont: été si riches et si bien faites dès leur première apparition. Ces plantes nouvelles paroissent en détail, et avec des figures, dans un ouvrage à part, sous le titre de Phytographia lusita- nica selectior ; deux fascicules sont déja donnés au public. Le professeur Brotero avoit donné, dans les dernières années, des observations intéressantes sur la fructification des Lycopodes, et sur la vraie Ipecacuanha du commerce , qui est une espèce nouvelle du Callicocca. Ces deux mémoires ont été publiés par la société Linnéenne de Londres , dont il est membre. Nouveaux Elémens de la Science de l'Homme , par P. J. Barthez, médecin de S. M. l'Empereur et Roi, et du Gou- vernement, ci-devant chancelier de l’université de Montpellier , professeur honoraire de l'Ecole de Médecine de Montpellier ; ci-devant membre de l’Académie royale des Sciences de Paris, et de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres de Paris, membre des Académies des Sciences de Berlin, de Stockolm , de Gottingue , de Lausanne, etc. , correspondant de l'Institut national de France, associé des Académies et Société de Médecine de Madrid, de Paris, de Montpellier, de Tou- louse, de Bordeaux, etc. , etc. Seconde édition, revue et con- sidérablement augmentée , 2 vol.in-8°, à Paris, chez Goujon, Libraire , rue du Bac, n° 54, et Brunot, libraire, rue de Gre- nelle-St.-Honoré , n° r5, « La science de l'homme, dit l’auteur , est la première des sciences , et celle que les sages de tous les temps ont le plus recommandée. » Ils ont eu sans doute principalement en vue la connois- sance des facultés intellectuelles et des affections morales de Tome XLIT. MARS an 1806, M m 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'homme. Mais cette connoissance ne peut être assez exacte et lumineuse, si l’on n'est très-éclairé sur la physique de la na- ture humaine ». Aussi tous les grands philosophes ont:ils fait une étude particulière du physique de l'homme, c’est-à-dire de l’anatomie et de la physiologie. » On trouvera dans cet ouvrage une érudition immense , des autres connoissances profondes , des vues étendues. Voyage, à la partie orientale. de la Terre - Ferme, dans l'Amérique méridionale, fait pendant les années 1801, 1802, 1805 et 1804 : contenant. la description de la capitainerie générale de Caracas, composée des provinces de Venezuela ; Maracaïbo, Varinas, la Guiane espagnole, et de l'ile de la Marguerite; et renfermant, tout ce qui a rapport à la déeou- verte , à la conquête, à la topographie, à la législation, au commerce, aux finances, aux habitans et aux productions de ces provinces ; avec un aperçu des mœurs et usages des Es- pagnols, et des Indiens sauvages et civilisés : par F. Depons, ex-agent du Gouvernement français à Caracas ; avec une carte géographique , et, les plans de, la ville capitale et des ports- principaux, rois vol. in-80. Prix, 15 fr., papier vélin, le double, Chez F. Buisson, libraire , rue Hautefeuile, n° 23 ; Colnet, au coin du Quai Voltaire, vis-à-vis le pont des Tuileries; Fain et Compagnie, rue Saint-Hyacinthe, n° 25, près la place Saint- Michel; et Debray, rue Saint-Honoré, barrière des Sergens. Notre: siècle doit se féliciter du goût des voyages qui s’é- tend, puisque c’est le seul moyen que nous ayons pour con- noître la surface de notre globe et ses différentes productions. La découverte de l'Amérique n'excita d’abord que la cupidité des Européens, qui en traitèrent les malheureux habitans avec la plus grande cruauté, pour en tirer cet or et cet argent, source de tant de crimes. Aujourd’hui des gens instruits , des paisibles voyageurs parcourent ces vastes contrées avec des vues bien différentes. Le voyageur dont. nous annonçons l'ouvrage, est un de ces hommes qui ne cherchent qu’à faire connoître tout ce que con- tient cette portion de l'Amérique qu'on appelle Terre-Ferme. « Aucune partie de l’Amérique, dit-il, ne peut être compa- rée pour la fertilité et pour la variété et la richesse des pro- ductions, à celle qui forme la capitainerie générale du Caracas, c'est-à-dire aux provinces de Venezuela, Varinas, Maracaïbo , Cumana , la Guiane espagnole , et l'île de la Marguerite, qui ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27% s'étendent depuis le 12° degré.de latitude nord jusqu'à la ligne, et depuis le 62° degré de longitude à l’ouest de Paris jusqu'au 95°. Toutes les productions de ces contrées, telles que le cacao de Caracas, sont d'une qualité supérieure : la vanille, la coche- nille s’y trouvent. Il y a une quantité prodigieuse des bois les plus précieux pour la marqueterie ; parmi ces bois il en est un qu'on nomme chacaranday, quisurpasse tous les autres Par sa beauté, Les productions dans le règne animal ne sont pas moins précieuses. L’auteur les fait connoître. Il traite enfin de la population de ces contrées, de leur administration, … et il indique les changemens heureux qu'on pourroit faire pour le bonheur et la prospérité de ces contrées. On sent tout l'intérêt que ce voyage doit inspirer. Voyages dans l'Asie Mineure et en Gréce, faits aux dépens de la Société des Dilettanti, dans les années 1764, 1765 et 1766, par le docteur Richard Chandler, membre du Collége de la Magdeleine et de la Société des Antiquaires à Londres, traduits de l’anglais, et accompagnés de notes géographiques, historiques et critiques, par MM. J. P. Servois et Barbié du Bocage, 3 vol. in-8° de 1580 pages, (avec deux cartes et un plan defla ville\ d'Athènes). Prix 18 fr., et par la pose , franc de port , 24 fr. À Paris, chez Arthus-Bertrand, libraire, quai des Augustins; Buisson, libraire , rue Hautefeuille. Les belles contrées décrites dans ce voyage rappellent un si grand nombre d'objets intéressans , qu’elles sont bien faites pour attirer l'attention du lecteur. Cet intérêt augmente encore dans les circonstances présentes, où les destinées de ce pays sont peut-être à la veille de changer. La lecture de cet ou- yrage ne peut donc manquer d'intéresser, I Ile et Ille Cahiers de la quatrième année de la Biblio= tchèque Physico-Economique , instructive et amusante | à l'usage des habitans des villes et des campagnes ; publiée par Cahiers, avec des planches, le premier de chaque mois, à commencer du premier brumaire an 11; par une Société de Sayans, d’Artistes et d'Agronomes; et rédigée par C.S. Sonini, de la Société d'Agriculture de la Seine, etc. Ces trois nouveaux Cahiers , de 216 pages, avec des planches, contiennent , entr'autres articles intéressans et utiles, M m £ 378 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE : » : . "1 Moyen pour empécher les blés de germer sur pied, dans les années pluvieuses; — Manière de garantir des puce- rons les turneps , les choux et les autres plantes ; — Moyens d'écarter les loups des parcs de moutons, pendant la nuit ; — Procédé employé pan les Chinois pour préserver les plantes des insectes; — Spérifique aussi prompt qu'assuré pour détruire les poux des bestiaux; — Moyen pour diminuer la consommation du bois; — Nouvelle cheminée économi- que et salubre de M. Harel; — Thermopoéle, ou le meil- leur emploi du bois, avec figures ; — Pâte nutritive, par M. Willemet ; — Moyen d'engraisser les veaux avec peu de lait ; — Nouvelle teinture en noir, pour toutes espèces de Toiles et d’étoffes; —Grand succès du remède contre la goutte sciatique, par M. Dieudonné ; — Assurance contre la gréle. Le prix de cette quatrième année est, comme pour chacune des trois premières, de 10 francs pour les 12 Cahiers, que l'on reçoit francs de port par la poste. La lettre d'avis et l'argent doivent être affranchis et adressés à F. Buisson, hibraire , rue Hautefeuille, n° 25, à Paris., La Bibliothèque Physico-Économique intéresse un grand nombre de personnes, surtout dans les campagnes. Le savant rédacteur l’enrichit de tout ce qui peut piquer la curiosité de ses lecteurs ; aussi cet ouvrage se soutient-il avec succès. IVe, Ve, VieCahiers de la quatrième année de la Biblio- chèque Physico - Économique , rnstructive et amusante, à l'usage des habirans des villes et des campagnes ; publiée par Cahiers, avec des planches, le premier de chaque mois, à commencer du premier brumaire an 11, par une Société de savans, d'artistes et d'agronomes , et rédigée par C.-S. Sonini, de la Société d'Agriculture de la Seine, ete. Ces trois nouveaux cahiers, de 216 pages, des planches ; contiennent, entr'autres articles intéressans et utiles , Description d'une nouvelle charrue, qui économise la moitié du tirage; — Soins à donner aux bestiaux, à raïson de la saison pluvieuse quenous ævons éprouvée; par madame Gäâcon-Dufour;— C/ari/fication du vinaigre rouge; — Moyer our maintenir La santé des habitans des campagnes dans leurs habitations ét dans Les champs; par madame Gâcon- Dufour ;— Sucre de raisin ; par M. Proust. — Tourbe ar- tificielle; Encriers- plumes ; — Nouveau vésicatoire végétal; — Rémède nouveau contre l'hydropisie, contre les fièvres intermitteñtes ; — Nouveau procédé pour tanner les peaux. 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 259 Le prix de cette quatrième année est, comme pour chacune des trois premières, de 10 francs pour les 12 cahiers, que l’on reçoit francs de port par la poste. La lettre d'avis et l'ar- gent doivent être aflranchis et adressés à F. Buisson, libraire, rue Hautefeuille, n° 23, à Paris. Cet utile recueil se continue toujours avec le même succés. Le savant auteur sait le rendre intéressant sous toutes sortes de rapports. Dissertation sur l'origine de la Boussole ; par M. Dom.-Alb, Azuni, ancien Sénateur et Juge au Tribunal de Commerce et Maritime de Nice, Membre des Académies des Sciences de T'urin, de Naples, de Florence, de Modène, d'Alexandrie, de Carrare, de Trieste , de l’Athénée des Arts, et de l'Aca- démie de Législation de Paris, de celle des Sciences et Arts de Marseille, et de l'Académie royale des Sciences de Got- thingue; avec cette épigraphe : à PR RS) Lee Ubi quid datur ott illudo chartis. 1 vol. in-8° de 150 pages. Prix 2 fr., et 2 fr. 5o cent. franc de port par la poste. A Paris, chez Ant.-Aug. Renouard, libraire, rue Saint-André- des-Arts, n° 42; et Delaunay, libraire, Palais du Tribunat, galerie de bois. La boussole a causé une si grande révolution dans les re- lations des peuples, et par une suite nécessaire , dans les con- noissances humaines, qu’on sera bien aise de voir Fopinion de l’auteur sur son origine. Troisième édition du Recwuerl pratique d'Economie rurale et domestique ; par madame Gâcon- Dufour , de plusieurs Sociétés d'Agriculture et Littéraires ; 1 vol. in-12 de 300 pages, avec une planche gravée en taille-douce. Prix, 2 fr. 45 cent., broché, pris à Paris ; et 5 fr., par la poste , franc de port. À Paris, chez F. Buisson, libraire, rue Hautefeuille , n° 23. On aflranchit l'argent et la lettre d'avis. Les éditions rapides de cet ouvrage prouvent l'accueil que lui fait le public. Des rapports de la Médecine avec la Politique; par Eusèbe Salverte. 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Falso queritur de naturä sud genus humanum quod im- Lecille atque æœvi brevis... nam contra reputando invenies magis.. naturæ industriam hominum quam vim aut tempus deesse. Sallust. Jugurth. 1 vol. in-12. À Paris, chez Moreau, libraire, rue des Grands-Augustins, n° 20. La médecine éclaire la science de l'homme , et peut parcon- séquent avoir des rapports avec la politique. Théorie nouvelle du flux et reflux de la mer, pour servir d'Introduction à la Théorie de la Terre ; par S, Depaquit. De l'imprimerie d'Hacquart, 1 vol. in-8o, A Paris, chez Bernard, libraire de l'Ecole Polytechnique et des Ponts et Chaussées, quai des Augustins, n° 25. L'auteur pense que les flux et reflux ont été mal conçus jusqu'à ce jour, et notamment par les Newtoniens. Il faut voir dans l’ouvrage même les moufs sur lesquels il appuie son opinion. Essai d'une nouvelle classification des reptiles, par Alexan- dre Brongniard , Professeur d'Histoire Naturelle à l'Ecole Cen- trale des Quatre-Nations, Ingénieur des mines, etc. À Paris, Baudouin , imprimeur de l'Institut national. Cette classification est déjà connue par les journaux. On sait que l'auteur divise les reptiles en quatre ordres : 19. Les cheloniens ou tortues; 2°, Les sauriens ou lézards ; 3°. Les ophidiens ou serpens ; 4°. Lies batraciens ou grenouilles. Cette classification est si naturelle qu'elle est presque gé- néralement admise par les naturalistes. On ne sauroit en faire un plus grand éloge. Tome LVI des Annales de Chimie , rédigées par MM. Guy: ton , Monge , Berthollet, Fourcroy, Adet, Hassenfratz, Vau+ quelin , Prieur , Ghaptal, Parmentier, Deyeux, Bouillon-la- Grange, Collet-Descotils, Séguin. Chez Bernard , libraire de l'Ecole Polytechnique et de celle des Ponts et Chaussées , quai des Augustins, n° 25. La simple nomenclature des articles renfermés dans ce vo- lume, suflit pour donner une juste idée de l'application cons- tante des colaborateurs à former de ce recueil FHistoire complète des progrès de la chimie, et à tenir les souscripteurs au courant, non-séulement de leurs propres travaux, mais de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 281 tout ce que l’art chimique offre d’intéressant en France et chez l'étranger. | On y remarquera surtout des observations très-curieuses, communiquées par M. Haussman, sur les différens degrés d'oxidation et leur influence dans la teinture; des expériences de MM. Humboldt et Gaylussac, sur la torpille; l'analyse de la glu, par M. Bouillon-la-Grange; un extrait fort étendu des nouvelles recherches de MM Fourcroy et Vauquelin, sur l’ac- tion de l’acide nitrique, sur les matières animales; l’observa- tion d'un méphitisme produit par la rancidité de l'huile ; un mémoire de M. Thénard, sur l'oxidation des métaux ; trois articles sur la découverte annoncée par M. Pacthiani. de la composition de l'acide muriatique; l'extrait d'un mémoire de MM. Fourcroy et Vauquelin, sur le guano; des En sur le gaz acide d'azote , et un essai sur la vinification, par M. Dispan; des observations de M. Deyeux, sur les eaux distillées des plantes inodores; une analyse de la mine de fer, blanche, par M. Drappier ; enfin, plusieurs articles tirés des journaux étrangers, sur la décomposition du sulfate de baryte; la nature du tannin , son usage comme médicament; la réduc- tion de l'urane; l’acide formique, etc., elc., etc. Ce volume fera d'autant plus de plaisir aux amis des Sciences, qu'il promet des travaux fort intéressans. Cette Science est au- jourd hui essentiellement liée à toutes les branches de la phy- sique , et surtout à la science de l’art de guérir. L’Editeur annonce que la Table des matières, depuis le 30° volume jusqu’au 60°, paroîtra avec le 61° volume. Cette collection sera une histoire fidèle et non interrompue des progrès de l'esprit humain, dans les Sciences, au XIXe siècle. Elle justifie la supériorité de la Chimie pneumatique française. Le prix des 57 volumes est de 200 fr., compris la première Table des matières. L'abonnement, franc de port, est de 21 francs par an pour les départemens, et de 24 francs pour l'étranger. (-Artiole communiqué). Double Flore parisienne, ou description de toutes les plantes qui croissent actuellement, aux environs de Paris, distribuées suivant la méthode naturelle d’une part, et suivant le système de Linné ; avec l'indication de leurs noms français et latins, de leur lieu natal, de leur durée, de la couleur de leurs fleurs , et de leur emploi dans la médecine , les arts, l'éco- 282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nomie rurale, etc. ; par J. O. D... 1 vol. in-16. A Paris, se vend chez Treuttel et Wurtz, libraires, rue de Liülle, n°7; Gabon, libraire, place de l'Ecole de Médecine ; Latour, li- braire, grande cour du Tribunat, près la galerie de bois. On a déjà plusieurs Flores des environs de Paris; celle-ci réunit les deux systèmes les plus suivis, ST CS | Paris, 28 Mars 1806. LETTRE PDU DOCTEUR BONVOISIN, Membre du Corps législatif, et Membre de l’Académie Impériale de Turin, à J.-C. Delamétherie ; CONTENANT LA DESCRIPTION DE PLUSIEURS MINÉRAUX. = J'Ar l'honneur de vous prier, Monsieur, de vouloir bien insérer , le plus tôt possible , dans votre Journal de Physique, le Mémoire que je vous transmets, et que j'ai lu à la séance de l’Académie impériale de Turin, le 1° août 1805, sous le titre de Description du péridot , ou peut-être idocrase , et de guatre autres substances lithologiques d'espèce nouvelle , que j'ai découvert dans les vallées de Lans , département du P6 en Piémont , et que j'ai nommées mussite, alalithe, succinite et topazolithe, de même que l'analyse de cette dernière substance ( de la topazolithe), que j'ai faite ensuite, et qui n’est pas encore connue, Je me trouve pressé à publier ce Mémoire, parcequ'on a déjà ramassé des morceaux de quelques-unes de ces substances après moi:et on pourroit peut-être tenter de m'en disputer la découverte ; mais en tout cas, outre la lecture de mon Mé- moire à l’Académie , je peux prouver avoir donné de la mussite, du péridot ou idocrase, de l’alatithe, et beaucoup d’autres fossiles de la vallée de Lans, au cabinet du Muséum du jardin des Plantes de Paris, et des doubles à celui des Mines, # ET D'HISTOIRE NATURELLE. 2B3 Mines, avec un catalogue dans le mois de ventose de l'an r2; et dans l'an 13, le 13 ventose, d’avoir encore réuni au même Muséum du jardin des Plantes , une autre Collection plus ample des mêmes vallées, dans laquelle étoient insérés les topazo- lites; le tout avec un Mémoire contenant des descriptions de tes substances, os J'ai l'honneur d'étre, BONVOISIN. Tome LXII. MARS an 1806. N n ‘S«nog OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES Par BOUVARD, astronome: THERMOMEÈTRE. MAxIiMuM. Minimum. 1là midi “+ 3,8là 7 5m. — 0,0 2fà midi + o,6àa7 m. — 08 3h midi + 2,21à7 5 m. — 0,9 4lanidi + 68,1à6m. + 3,2 5fàa midi + o,0fà7 2m, + 5,9 6élà midi + 7,8la7m. “+ 40 ma 3s. + gs 8m. + 6,5 8à31s. + 8,olà11s. “+ 4,6 gfù3is. + 8,0à 75m. + 5,1 10Ïà mudi + 7,1/à 7 5: m. + 5,5 rtlà midi + 7,0là8s. + 5,6 12là midi + 6,5à7 m. + 1,2 13là 5s. + 4,0/à9is. + 2,3 r4fà midi + 4,5là7m. — 1,9 15fà midi + 5,1|à 7 + m. + 1,6 16là225s. + 45à9m + 1,6 x7là midi + 5,1|à 8 m. + 4,1 18là midi + 6,5là 11 s. + 1,8 r9fà midi — 4,olà 9?s. + 2,9 20 35s, + 5,3/à7m. — o,o 2ilazis. + 8,7là 7 m + 1,8 22h45 + 8,4là8m. + 5,1 23là2is. + 8,1là8m. + 4,4 24}à midi +10,7|à 7 5 m. + 7,1 25|à midi <+10,3/à 6 m. + 4,6 261à midi “+ o,o[à 7 ; m. + 3,0 27h midi + 8,31à6+ m. Æ 1,6 201 midi + 4,8|à 1055. + 2,4 Pluie et neige fondue tombées dans le cours du mois, 0,"05486 — 2 pouces Moindre élévation du mercure Plus grand degré de chaleur Moindre degré de chaleur Chaleur moyenne AMyni. DR SR BR HONN HN NY EE 0 co oo œwO WIR 0 oO Wim 2 UM E Dh CO = bb in D em B Go 6 O OUVRE OUR EEE EE M B A Maximum. ROMÈTRE. Minimum. RECAPITULATIO N. Plus grande élévation du mercure. ..28.4,20, le 26 à 6h.2s. 27.6,80, le3à7s. pu : Élévation moyenne...... 27.171,50. +10,7 le 24 à midi. role 144710 +44 Nômbre de jours beaux....... 8 8 lignes 70 centièmes, D à A Mint. À AMOSS.....27-11,60| See 27-10 05| 27.10 774 HONMES Se 28. 0,021 3+5s...... 27.11,80128. o,o2 A7 EM. .27.1900|4 TS... 27. 6,80/27. 6,95 MO S-eece 27.10,25|à 8 m.. 27. 7,08|27. 8,82} à 9+m..... 27.11,99|à 103S..... 27. 9,61/27.14,15] à nudiss---204 00,12) 47m... 27.11,55/26. 0,19 à midi..... A7 T0,02| AO ES ee. 27. 9,50/27.10,59]4 à I1S...... 28. 1,29|à 7 2m.....27. 0,45|27.1 1,30 à74m.....27. 11,09) 40 ES... 2710,00|27.11,48 A9 mm. -.-27-10,40|AMOLSe.-.. 27. 9,24/27.10,05h à 8s... 27.11,26]à 7am...... 27.10,78|27.11,17 à midi......27.11,58| à 7 m......27.10,90|27.11,58 AD S...... 27.11,12|à midi...... 27.10,50|27.10,50 AA - cc DATA TO AR ONS JE 27. 8,01|27.10,48 A2 TS aise 27..7,75|à 72 m.....27. 7,99|27. 7,38] An -ee 28. 0,28|à 7+m.....27.11,67|28. 0,268! ATOS are 28. 1,05|à 10 £ m....27.11,30|27.11,76 âanidi...... 2B-12)3D| IG Ne - eee 28. 2,04|284 2,354 AOL 28. 1,80[à 93 S.. 28. 0,68|28: 1,47) rotiosenee 28-130] à4170me 28. 1,00|28. 1,30 à 7m.......28. 1,00] À 9 &s...... 28. 0,18|26. 71,084 à 8 M.......27.11,20|à 4 S.......27.10,59| 27.110,79] SOIR 27.11,76|à 8 m...... 27.11,25|27.11,628 AMIS ee ee 28. 3,75|a7im.....28. 3,20/28. 3,75 HOME See 28. 4,93|à 10 s...... 28. 4,26/28. 4,75 A'éS. Eee 28. 4,20|4 midi .....28. Sie 27. 3,10 à6+im.....28. 4,16]à 44 s..... 28. 1,30,28. 2,258 à 1035S.....20. 2,48|à 8 m..... 28. 0,52|28. 1,00 4 L. POINTS -VENTS. LUNAIRES. S.S-0: £. Périgée. _ N-E. |p1.ù10%.53'm 0. S. S-E Eq. desc. à Gb. S. S: N.: NE. S. S-0. S. D.Q.àg#.27'm. N.: NE. _ 5-0. . S-E. 0.8.6. S. L. Apogée. O. S-O. N-O- N-E. N:L. à3h.14's. N. N-E. N-0. fort. E.S-E. Gi S. O. N-0O. S. PQ. à 5h. 47m. O: N-O. O0. N-O. RECAP * Brouill. épais; temps calme; ciel couv. tout le jour. * Ciel couv. et très-nuag. ; beau ciel le soir. F Pluie par interv. ; ciel couv. ETAUL AT'T-O N\: de couverts...... 20 defplue sn eee 13 de Vent ann 2 28 de gelée-mee te 5 de tonnerre...... o de neige.-.....:. Jours dont le vent a soufflé du N................. De) rh: HER 2 - > MER put A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, L FÉPVRIER 1806. VAASR TA T OMS DE L ATMOSPHÈRE. Petite gelée blanche; ciel nuageux ; neige entre 3et 4h. s. Brouill. tr.-épais ; forte gelée blanche; t. calme et ciel couv. Brouill. ; ciel couv. par int.; pluie et neïg. fond. depuis 3 s. Ciel couv. par interv.; beaucoup d’éclaircis. Brouillard; ciel couv. la plus grande partie du jour. Brouillard ; ciel trouble et très-nuageux tout le jour. Pluie dans la n. et le m. éclaircis ; pluie le soir: Id. ciel couv.; beaucoup d’éclaircis; ciel vaporeux. Id. éclaircis dans l'après-midi; ciel très- couv. le scir. Pluie tout le jour. Brouill. épais ; ciel couv. ; pluie entre 5et 7 s.; temps cal. Brouill.; ciel couv.; beaucoup d’éclaircis par intervalles. Pluie fine et abondante;-éclaircis par intervalles. Forte gelée blanche; ciel nuageux ct couv. Giel couv; neige dans la nuit; beauc. d’éclaircis le soir. PI. toute la n.; brouill. ; ciel couv. ; quel. g. d’eau parint. Ciel couv. ; brouill. ; temps calme. Brouillard considérable ; ciel très-nuageux tout le jour. Ciel couv. tout le jour. Ciel couv. ; pl tr.-finé; temps brum. et humide. Ciel couv. ; beaucoup d’éclaircis par intervalles. Cel très-nuageux tout le jour. Brouillard ; ciel couv.; pluie entre 4 et 5 heures du soir. Ciel couv. ; pluie par interv. Pluie et nerge entre 7 et 8 m.; très-forte averse de grêle à mid i. none. sn ons. 286 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. REPOS PEER SI SE REREGE CRIE ER SE TAN PE PANETTIERE TI LLAES ARC PALLS PTE PRESENT TETE) TAB. LE, DES MATIERES CONTENUES DANS CE CAHIER. Faits pour servir à l'Histoire de l'Argent; par le professeur Proust. Pages 211 Lettre ‘du professeur Proust à J.-C. Delamétherie. 224 Note de J.-C. Delamétherte. Des Carbonates calcaires ; par le professeur Proust. 246 Exposition du Système cränologique de M. Gall ; { par M. Friedlander. , 227 Des Effets géologiques du tremblement de terre de la Calabre ; par M. Fleuriau de Bellevue. 259 De la Téphrine; par J.-C. Delamétherie. : : 267 Lettre de Théodorede Saussure à J.-C. Delamétherie, sur l'Analyse du Jade oriental et de la Saussurite. 273 De l'Analyse de la Leucolite ; par Bucholz. 274 Nouvelles Littéraires. 275 Lettre du Docteur Bonvoisin à J.-C. Delamétherie , sur plusieurs Minéraux connus. 283 Observations météorologiques. HF ans 284 Se AA COLtC. ch SRE / (é 72 AA CPC 4 "4 4 (lt far RAR ; A € Lu E ? 744 f. ae 1h Ce > ler 72 2 VHC LÈ re 2242 CG 7 lin } | fl 1e H qi nn nn y 2 WU 1 HN (ALL PANNAL 7 É 7 12144 LOS: Cit ( (7 LLLLÉ 2240 >) ———, 1 4 4 \ . ) > / d / TADI 110 OV (PI9€. de LVOQ ICS DA ND Cft Cho 2 F / ln ALES 4 AUS A Ce Z Ÿ 6 14 CZ CL e | ) pl $ > : D 10 2 21 : IT, ca fra PA LAMI DIRE for2ce: 74 285 pra DA lis vo 2 CMD A COR , & le Lirconspekon dd la Comparason Ë de la Penétraton . de L Zsprit.. de L'esprit d'Iluctor d lr Bonté de la Theosap he . de Lx Constance Déxvoson 1. Vrgane de 7 Tropagalon . PA EE 01 de l'Amour des enfans & L Docikié £ de de Memoire cale . de de Memoire persenrelle : ds Couleurs . des Sons . ds ombres . des O6 . des, Langues d l'Art du Dessin do l'Amité . de des de Combat. de Ileurlre . d lt Rue. de Vol . d 72 Plaubeur 7 d le Vale. pe 20 — Zr UE DARE 200 27,2 F AZUR 20 — aps & & Lirconspekon : & & Lomparason de Lx Lonétatun . de l'Esprit. on. de l'esprit d'Iuliction 4 es de le Ponte .AER de la Théosophie +171 $ de la Constance . 72777772 JOURNAL EP HYS1O UE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. AVRIL an: 806. SUR L'ÉTUDE DU SOL DES ENVIRONS D'E PA RIS:;; Par J.-M COUPÉ. SECOND MEMOIRE. PARTIE MINÉRALE, I. Notre Sol sorti de la mer et découvert à l'air. Sous la mer l'état des matières sur lesquelles elle reposoit étoit la dilution et l'immersion profonde; elles ne pouvoient qu'y être étendues et mobiles, souvent agitées, ensuite dé- posées. Si elles se mélangeoient dans ses mouvemens et leur suspension , elles restoient boueuses, et comme noyées dans cette eau immense. Tome LXII. AVRIL an 1806. Oo ‘288. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La mer s’élant retirée, le sol qu'elle occupoit cessa d'être sous cette immersion; l’eau qui y étoit imbibée se retira aussi à la longue, soit par ses pentes vers la cavité des mers, soit par la compression même des couches terrestres supérieures pesant les unes sur les autres. Le sol découvert se trouva sous un milieu différent ; il se sécha, c’est-à-dire, l'air prit dans ses pores la place de l'eau. L Mais les aspersions pluviales vinrent arroser sa surface, et descendre encore dans son intérieur. Tandis que l'eau céleste et l’air réunis opéroient au jour et aû soleil les merveilles de la végétation et de la vie, les mêmes agens opéroient dans les ténèbres, dans le silence, et la lenteur des siècles , les diverses mutations minérales. 1 Ainsi une île , un continent en se découvrant à l'air, se trouve sous la double puissance de l'atmosphère supérieure, et de l’atmosphère souterraine (1). (x) Les anciens possédoient cette double théorie géologique. 19. L'air étant le milieu uniyersel qui nous recouvre , étoit aussi, comme” je l’ai déja exposé ,. le premier agent physique, ou, selon leur langage, le Dieu suprême qui domine sur notre monde, et par lequel nous existons ; ils l’appeloient Zéus (latinis Jupiter), c’est-à-dire le principe qui donne l'ame et la chaleur vitale; c'est loxigene de nos chimistes. Zéüs réuni à Era, sa sœur et son épouse (latinis Juno , c’est-à-dire l’eau qui lui est unie par la dissolution. l’eau subnubilaire et gazeuze comme lui, constituoit avec elle l’atmosphère, le milieu tempéré dans lequel nous vivons. r 2°. Il existe aussi un air enfoncé jusqu’à une certaine profondeur dans la terre , et disséminé dans ses pores par la compression même de la masse supérieure : c’est bien le même air; mais à cause de la région qu'il occupe, et de son inclusion obscure entre les matieres terrestres ; à cause de la manière particulière dont il opère , et de ses produits tout différens des substances végétales et animales, les. anciens le distinguoient du Zéüs cé- leste, et lui donnoïient un empire séparé. Ils le regardoient comme son frère, c’étoit le Zéüs souterrein (Iliad. IX.), c’est-à-dire l’air qui règne et qui opère dans le secret des régions minérales : ils le nommoïent pour cela Adés, ou le dieu ténébreux; ils le surnommoient Pluton (latinis Dis), l’auteur des métaux, des gemmes , de toutes les richesses minérales. 3°. À cette théorie souterreine 1ls en joignoiïent une autre qui s’y rapporte naturellement et qui en fait partie : c’est dans la térre aussi que rentre et se confond tout ce qui a végété et vécu ; et les anciens ont encore exprimé cette décompositio® inévitable de tous les êtres organisés, cette nécessité physique, par le nom de Perse-phoné, mors et destructio (latinis Proserpina), déesse inflexible qui n’épargne personne. Et comme cette masse générale de décomposilion se réunit à la matière du sol , ils Pont appelée la compagne, Vépouse du ténébreux Adès..… lei je laisse la partie populaire et tout ce qui a été surajouté à ce premier ET D'HISTOIRE NATURELLE. 239 II. De la Subterranéation. On a besoin de ce mot pour exprimer cette inclusion obscure où les matières terrestres, sous l’accès de l'air, sous les infiltrations pluviales, et la digestion lente, exercent leurs affinités réciproques, et subissent les diverses modifications minérales. Il ne s'agit point ici des matières granitiques qui tiennent leur état d'une colliquéfaction primitive (que les anciens ap- pelèrent Rkea), produite lors de la formation de l'atmosphère et de l'océan , par le dégagement des gaz intérieurs, et par leur confluxion à la surface de notre globe, mais seulement de celles qui ont été sous l’action postérieure de la mer, qui en sont les sédimens, et qui composent notre sol océanique. Il ne s'agit pas non plus. de la profondeur du globe, mais de la région où nos excavations peuvent descendre, laquelle est aussi celle où l'air atmosphérique peut s'introduire, où l’eau pluviale peut parvenir par l'infiltration ; celle enfin où ces deux fluides exercent leur chimie. Nous pouvons envisager cette région voisine de la surface de la terre, comme un grand vaisseau chimique, et ses di- verses matières comme autant d’intermèdes, où tout ce qui est humide et gazeux s'étend diversement, comme dans des éponges. “ Ce sol est solide, mais il est perméable à ces fluidités : il est immobile, mais ces véhicules y sont en mouvement, por- tant les atomes dont ils se chargent à la rencontre des matières diverses, devenant aussi eux-mêmes matière composante, et les agens de toute la minéralisation. L’eau simple et pure que l'atmosphère va répandre au loin sur les continens, par aspersions plus ou moins abondantes, et par intervalles de temps, c'est le chimiste qui humecte et théme géologique; le Cocyte, lamentatio , Cerbère, canis vel sepulchrum devorans carnes , sarcophagus , le jugement de Minos , l'Elysée, le Tartare..…. dont on a fait croyance morale des peuples. On a trop dédaigné d’entendre la science mythologique ; on l’a laissée toute entière au sens populaire. C’est un reproche qu’on pourroit faire aux Cicéron même et aux Plutarque, comme aux Newton (Chronol.) et aux Barthelemr. C’étoit cependant à des hommes comme eux que le sens philosophique s’adressoit. A ce titre aussi le lecteur voudra bien, j'espere, lire quelques- uues de ces notes. Oo 2 -290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui répète ses irrigations , pour amollir et délayer , pour désunir ou combiner. La superficie du sol qui la reçoit est en même temps le oint d'appui des rayons solaires : elle est par sa position, sous [pr alternatives du jour et de la nuit, de l'été et de l'hiver, de l'humidité et de la sécheresse : elle ést entre les divers gaz atmosphériques: et les’ substances terrestres. C’est là où l’eau pluviale humecte et délaye, où elle divise et pénètre, où elle s'échauffe , se décompose elle-même, et distribue ses alimens entre les matières terrestres et les autres principes gazeux : et Cé vaisseau, après avoir produit les merveilles de la vépétation, est le même qui préparé les opé- rations minérales, et qui transmet inférieurement l’activité de ses principes: La région supérieuré du globe, toute composée de bancs océaniques, tant de fois rémuée et confondué, est aisément perméable à l’eau que l'atmosphère verse sur elle : elle y entre et s'y répand par sa pesanteur ; elle s’insinue en dé- Jayant tout ce qui est efflorescent, mobile et soluble. Avec elle passe tout ce qui par sa dissolution appartient à la composition même dufluide, le fer, la silice, la chaux, la magnésie, les alkalis, lés acides, les gaz;... mais ce qui n'est que délayé ou roulé, l'argile, le sable , le carbonate calcaire. restent çà et là sur ses voies, et la substance même des bancs devient le filtre qui s'interpose aux sécrétions, Ou qui les: reçoit. Il'est aisé, en se plaçant devant quelque grande tranchée du sol, de découvrir toutes les voies de la percolation sou- terreine, de suivre ses veines, ses nuances et ses ondulations. C’est parmi tout ce qu'elle a tracé, ce qu’elle a jonché et déposé sur le filtre des bancs, que l’on reconnoit, par leurs produits, ces lixiviations qui déviennent actives par leur ren- contre mutuelle, par leur arrivée sur tout cé qu'elles touchent. C'est sur ces sentiers que l’humidité prend ces sucs puis- sans, portés avec elle, et qu'elle fait ses digestions parmi les diflicultés méme qui l'arrêtent, et pendant la lenteur des siècles. III. De l'Eau souterreine. Toute l’eau souterreine des continens n’est que l’eau plu: viale. On sait qu’une partie dela pluie tombée de l'atmosphère s’écoule d'abord sur le sol de la campagne, vers les ravins et les rivières qui là reportent à la mer. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 291 L'autre s'imbibe dans la terre, et semble se perdre, se dis- persant de toutes parts vers les pentes intérieures et les inter- stices des bancs, et se portant au loin entre toutes les matières où elle trouve des pores. Arrivée au vide des vallées , elle sort d’entre ses terres, et se répand en fontaines (1). Ainsi elle reparoît au jour, pour retourner également à la mer. Les puits que l’on creuse partout, vont chercher et inter- cepter cette eau éparse aux diverses profondeurs où elle se trouve. Elle est poussée aussitôt par la force qui la comprime dans le vide qu'ils lui présentent. La quantité d’eau que verse l'atmosphère est mesurée; ce qu’elle en apporte est reporté à-peu-près ; ce nest qu'une circulation. On ne rencontre l’eau , disent les mineurs, que vers la surface de la terre; et cette même eau, disent-ils encore, cesse de pleurer en septembre : alors tarit l'eau pluviale de (1) La mythologie physique exprimoit l’eau souterreine sous le personnage et lé nom de Nérée, humidus non fluens , humide qui ne coule pas comme l’eau d’ün fleuve, qui ne submerge pas comme celle de la mer, mais qui humecte, qui s’infiltre dans la terre, et qui y entretient une douce madé- faction. Nérée étoit fils de l'Océan, c’est-à-dire le produit de l’évaporation de ce grand élément ; toute eau en vient : sa mere étoit Zéthis, nutrix; c’est la terre continentale et découverte qui végète au soleil et produit nos ali mens ; elle est comme l'épouse de l'Océan!, c’est-à-dire fécondée par lés/pluies qu'il lui fournit. Nérée, ou l’eau douce qui circule dans le sol des continens , étoit le père de toutes les fontaines qui les arrosent. Il habitoit dans ces lieux un palais cristallin, au milieu de ses filles innombrables, les Néréides , qui dansoient autour de lui, c’est-à-dire, qui jouoient et faisoient leurs cascades dans leurs conduits souterreins. Leurs noms respectifs désignoient leurs qualités particulières : c’étoient Cymothée, rapide ; Galené, tranquille; Glauce , verte; Sad , qui guérit ; Thétis , qui dépose et qui fixe... Nous aurons occasion de revenir sur la célebre mythologie de celle-ci. Nérée prenoit toutes les formes , c’est-à-dire cet humide qui arrose la terre , prête à toutes choses son hydraulique, son véhicule et sa matière ; il entre dans la composition diverse des animaux, des végétaux , des minéraux, Nérée aussi étoit l’eau douce que nous buvons : « Il est paisible, dit Hésiode ; il ne s’écarte point de la droiture ni de la raison... ». C’est la sagesse des hommes sobres et des buveurs d’eau. 4 Nérée, dit-il encore, a toute l'expérience d’un vieillard : il connoît tout ce qui est salutaire et juste; 1] ne trompe point... ». C’est ici la partie populaire, l’hydromantie par Nérée, nom mythologique consacré pour l’eau de fontaine , ou les eaux douces. 292 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'hiver précédent. Elle recommence de suinter en janvier ; après l’imbibition des nouvelles pluies d'automne. On s’ap- perçoit également que l’eau des puits abonde, ou baisse chaque année dans ces mêmes saisons. Il n'y a pas d'eau dans les salines de Pologne, au-dessus desquelles passe la Vistule ; il n’y en a pas dans des houillières d'Angleterre, que l’on exploite sous la mer même. L'eau souterreine est soutenue par le tassement et la den- sité des bancs : elle-même aussi obture ses propres voies, soit en remplissant les argies et les craies , soit en laissant le limon qu'elle porte sur les filtres terreux. Elle reste donc arrêtée dans une région assez voisine de la surface du globe. Dans sa profondeur il doit exister une plénitude et une com- pression qui en excluent l’eau coulante. Si quelque imbibition pouvoit y pénétrer, ce ne seroit qu'en atomes si disséminés, qu'ils ne se distingueroient plus des matières terrestres mêmes, L'eau pluviale n'entre pas seulement dans la terre par la raison des pores et de la pesanteur ; elle ne s’y distribue pas seulement encore d’après la loi hydrostatique, soit en nappes horizontales, soit relevée en siphons ; mais elle s’y imbibe en tous sens par l'attrait chimique des matières mêmes auxquelles elle se présente. Les glaises exeïcent cet attrait parliculier pour elle ; elles s'en abreuvent et la retiennent : il en est de même de la craie, du gypse... (1). oo (1) Entrez sous Montmartre 6u Ménil-montant , vous verrez la moïteur dans toutes les masses que l’on casse; vous verrez l’humidité luire à la surface des pans de la carrière : le gypse dans sa montagne entiere se tient ainsi abreuvé d’eau , parcequ'il est dissoluble. Au contraire les bancs de pierres de taille sont secs, parceque le suc spathique qui les agglutine, et le pille coquillier marin qui les compose sont ipsolubles ; il n’y a dans leurs pores qu'un air humide. Si l’on entend, par hasard , dans les vastes carrières de Nanterre ou de Saint-Germain, quelque goutte tomber , elle est étrangère aux bancs ; c'est une félure qui donne passage à l'eau de pluie. Ë Entre les divers avantages de l’heureuse position de Paris, il faut compter cette espèce de sol spathique et sain sur lequel il est placé ; non —seulement il règne dans les alentours, il règne sous la Seine même. C’est contre l’ob- stacle de ces bancs que l’on voit s'arrêter les pilotis que l’on y enfonce. Lorsque l’on fit le pont de la Révolution, des personnes furent étonnées de voir que le fond des fouilles que l’on faisoit pour asseoir les piles, gtoit sec. ; Ce sol prend moins l’eau que la craie, et moïns encore que le sol glaiseux ETD' HISTOIRE NA®URELLF. - 293 D'autres forces introduisent encore l’eau dans la substance des matières souterreines : on a l'expérience des tubes ca- Pillaires et des matières hygrométriques, celle des coins de bois des meulières, celle des cables qui relevèrent l'obélisque de Rome; on a celle d’une violente percussion qui fait suinter l'eau par les pores d’un globe de cuivre... L'eau souterreine aussi est forcée de pénétrer et de s'étendre, par la pression de l'atmosphère sur elle, par la sienne même, par tout le poids du sol. ‘L'eau de l'imbibition placée sous ces différentes circons- tances, est plus puissante que les flots de l’immersion : elle le devient par la raréfaction même, comme la force chimique, en s'appliquant aux principes des corps, atome contre atome ; et la lenteur de son action est encore ce qui la fortifie. L'eau Sous nos yeux, et sous la simple compression de l'atmosphère, n'a pas cette intensité pénétrante, irrésisuble. A ces causes lentes , et ces circonstances réunies, si l'on ajoute tout ce que l’eau porte et peut introduire avec elle, on reconnoitra le menstrue de toutes les opérations minérales. Après que l’eau a été l'humide qui dissout, le liquide qui délaye les corps et les rend mobiles, elle devient encore, en se retirant seulement, la cause occasionnelle d'un grand nom- bre de modifications minérales, des concrétions, des coagu- lations, des agglutinations, des cristallisations. Voyez dans un fragment de minérai cette fissure de roche, cette géode sou- terreine : le même véhicule exsudé des surfaces, la même eawx étoit chargée d’atomes métalliques , spathiques , siliceux... Les uns et les autres ont cristallisé séparément et à leur tour, lorsqu'elle les eut abandonnés (1). Par sa diminution elle les a et meulier du Hurepois ou de la Brie; il est aussi moins cru et moins froid, Si vous en voulez une preuve toute champêtre, voyez en hiver les alouettes voltiger de toutes parts sur les plaines de Saint-Denis, de Montrouge... Montez sur cellés de Sennart ou de Saclé, élles sont boueuses ét desertes alors. (1) Ici on pourroit se demander s’il seroit nécessaire, däns tous les cas, d’un dissolvant direct pour tel ou tel corps? Que des matières qui accom- pagnent tel métal aient été dissontes, qu’ensuite le liquide de la dissolution “vienne à diminuer ; l’action cristallisante en rassemblant tout ce qui est homogène , et par là même écartant tout ce qui ést hétérogène , doit faire rassembler entre eux les atomes métalliques étrangers à la dissolution di- recte. Il ne faut rien de plus pour que ces atomes restés en contact réciproque s'unissent et cristallisent. Cette dissolution indirecte et négative auroit le même résultat qu’une dissolution immédiate. C’est ainsi que les chimistes obtiennent 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rapprochés insensiblement, et laissés enfin tout entiers à leur propre adhésion ; leur assemblage s’est durci de la force com- mune dont ils se tiennent accolés. L'eau porte aussi presque toujours avec elle quelque dissolution de matière qui peut devenir , quand elle se retire, un intermède et un gluten , qu'elle laisse entre des molécules rigides qui n’auroient point de. disposition à s’unir, comme sont les grains de sable, les graviers... Quelquefois elle n’a fait qu’amollir la superficie des molé- cules; et quand elle vient encore à se retirer, ce sont les superficies mêmes qui s'entre-collent , et qui se resserrent en uné masse commune, IV, De l'Air souterrain. L'air enfoncé dans les vides de la terre, par toute la pesan- teur de l'atmosphère, se trouve toujours le premier avant l'eau, dans tous les pores inférieurs. C'est lui qui est le milieu gé- néral , le Zé%s qui domine dans cette région , comme le Zéüs extérieur domine au-dessus de la surface de la terre. L'air a son action barostatique; il a son action chimique : il les renforce encore en s'unissant à l’eau, et en devenant air humide ; ce que l'eau seule , ce que l’air seul n'ont pu faire , l'air humide le fait. Si l'eau circule dans les régions minérales , l'air aussi y a ses mouvemens : ayec lui les gaz circulent, et vont porter leur action de côté et d'autre;; et si l’intérieur de la terre présente des dépôts du véhicule aqueux, il présente aussi des sublima- tions gazeuses. : Les hautes montagnes, les Alpes par exemple, étant une ancienne fracture de grandes croûtes souterreines , produite par quelque mutation de l’équateur , et par celle de la pro- tubérance terrestre qui s'élève sous la nouvelle direction qu’il prend, ou qui s'abaisse sous celle qu'il abandonne, leurs pans exhaussés en l’air, ou renfoncés en désordre, ont laissé né- cessairement des vides entre eux. } De ces interstices profonds et de ces cavernes, il sort habi- tuellement des souffles plus ou moins forts. An pied de ces montagnes, et du fond de ce sol comblé de débris mal unis, tous les jours une substance pure, soit en attaquant les matières qui la mas- quent, soit en profitant des pesanteurs respectives , ou de la priorité des cris- gallisations. les , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295 es Italiens ont remarqué aussi leurs sentaroles : sine fine ventos generant quidam specus... in domibus elidm multis manu facta, inclusé opacitate, ceptacula auras $uas habent; aded causa non deest. Prin. II. LXV. On remarque un effet contraire quand les vents du nord arrivent, et dans les cas où la colonne du baromètre se relève. Alors la compression extérieure se porte dans l’ouverture sou- terreine , et l'air y rentre : ce que l'on a exprimé ainsi par cette inscription mise sur quelqu'une de ces ventaroles : Flat specus hic, cœlum cùm laxat mitior Auster ; Idem sub Boreë& quodcumque objeceris haurit. C'est ici un eflet barométrique. L’atmosphère est un fluide qui, dans sa région subnubilaire , éprouve des mouvemens perpétuels , qui sont les vents divers. Deux courans se ren- contrent , au point du conflit il se fait, soit une acervation du fluide, soit une compression, ce qui revient au mème; et cette colonne atmosphérique plus élevée, ou plus comprimante , rer- fonce , et comprime l'air souterrein dans tous les vides où il est logé (x). Lorsque l’acervation du. fluide atmosphérique arrêté prend son écoulement, et qu'il se fait un départ de vent, la co- lonne barométrique descend, et l’air souterrein se relève d’au- tant contre l’air extérieur : alors les cavernes profondes souf- flent (2), et cela arrive toujours avec les vents du midi, aux t : (1) Ici qu’on se rappelle l'expérience des vessies en communication , aux- quelles une insufflation médiocre donne un effet si puissant. (2) Dès la plus haute antiquité on avoit sur ces phénomenes des observa- tions assez exactes pour qu’elles pussent servir à diriger les navigateurs. Entre Naples et la Sicile sont plusieurs petites îles, dont la principale est Lipari ; deux sont ignivomes et fumeuses ; l’une s’appeloit autrefois Hiera , Üe Sainte, ou consacrée à Vulcain; l’autre Strongyle, ou île Ronde (Stromboli). Lorsque le vent du midi devoit venir, les exhalaisons volcaniques sorloient en abondance ; elles s’épaississoient et devenoient stagnantes sur ces iles ; on ne voyoit plus les côtes voisines : au contraire, quand le vent du nord devoit souffler , la vapeur était beaucoup moindre ; l’air aussi s’éclaircissoit, et il s’élevoit du cratère une flamme ou lueur vive en bruissant. Les phénomine; que présentoit l’approche des autres vents varioient selon qu’ils dérivoient obliquement de l’un ou de l’autre de ces deux premiers. Or selon la force de l’éruption, selon qu’elle donnoit une fumée opaque ou une flamme brillante, selon l’espece de bruissement du volcan, soit la nuit, soitile jour , selon que telle bouche commençoit à évaporer, ou que Fe évaporoient ensemble, ... on jugeoit des vents qui devoient avoir ieu. Les vaisseaux relächés à Lipari attendoïent pour partir, et le lendemain, Tome LXII. AVRIL an 1806. Pip 296 JOURNAL BE PHYSIQUE, DES CHIMIE approches des orages, c’est-à-dire toutes les fois que la colonne du baromètre s’aflaisse. Cet effet peut s’observer même à la bouche de nos puits, de nos carrières, de nos caves, surtout à l'approche du dégel. L'air souterrein qui Sort alors, étant humide et tiède , devient visible en se réfrigérant au contact de l’air extérieur alors stagnant et glacé. Dans ces mêmes momens de détente et de relâchement dans l'atmosphère, on observe contre elle une réaction générale : les sources assurgentes des marais augmentent leurs bouillon- nemens (1). En été, la végétation est rapide , les incisions ou le jour suivant, le vent annoncé ; ou acheté par quelque sacrifite arrivoit. Ce fut d’après ces observations que lès mythologues personnifièrent un rot des vents régnant à Lipari : ils l’appelèrent AEole, varius ; c’est le caractère des vents. Ces prognostics sont toujours les mêmes, et familiers aux habitans. Explication. 1°. Les cavités volcaniques descendant profondément dans la terre , sont les premiers soupiraux par lesquels se fait la réaction de l'atmosphère souterraine , et son éruption au dehors toutes les fois que la pression de l’ath- mosphère supérieure vient à diminuer notablement au-dessus de ces contrées, 2°, La pression de l’atmosphère supérieure diminue sous le vent du midi ; elle se rétablit ou augmente sous le vent du nord. ù 5°. Cette pression ou densité de l’atmosphere, diminuant sous le vent du midi, laisse affaisser une portion de l’eau que l’aïr soutenoït en dissolution. Elle devient insuffisante encore pour soutenir celle que les bouches volcani- ques peuvent exhaler ; et de plus , l’air du midi qui arrive apporte une onde aqueuse tiede, qui ne peut que se condenser en ayançant sur des climats plus frais. Alors l’opacité est épaisse , les flammes sont émoussées ; alors aussi la lampe de la bonne femme est obtuse et charbonne. 4°. Au contraire sous le vent du nord l'atmosphère reprend des degrés de tension :#elle redissout l’eau qui y flottoit affaissée ; elle peut de même dis- soudre encore celle que lui présenté l’exhalaison du volcan; elle redevient sereine , et la flamme alors luit vive et bruyante : alors aussi la bonne femme voit à sa lampe quand le ciel va redevenir serein , ou quand il va geler... (1) Lorsqu'un tuyau de fontaine vient à crever sous le pavé de Paris, il sembleroit que l’eau devroit s’épancher et se perdre dans les terres inférieures etscollatérales : néanmoins c’est vers le haut qu’elle bouillonne et avertit ; la pression du point d’où elle est partie la relève; et d’ailleurs, c’est vers l'air extérieur que la résistance est plutôt surmontée. Voilà limitation exacte de ces sources que l’on voit sourdre de bas en haut, du fond même des vallées et au milieu des marais. La force qui, dans les temps ordinaires , les releve ainsi hors de terre en siphon , est la grande plénitude , la pression de l’eau sur elle-même, ct celle du sol qui pèse sur ET D'HISTOIRE NATURELLF. 397 des arbres donnent des ruisseaux de sève ; nos liqueurs fer- mentent... Il y a donc dans l’atmosphère souterreine des mouvemens dépendans de ceux de l’atmosphère extérieure (1), une vicis- situde de compressions et de détentes entre l’une et l’autre, et comme une oscillation perpétuelle sous laquelle s'ébranle et se meut plus ou moins tout ce qui appartient à l'empire gazeux souterrein (2). #& L'intérieur du sol sur lequel nous marchons est véritablement un second monde particulier; et comme la matière agit partout où le mouvement et la fluidité sont possibles, ce monde a aussi sa physique en activité. Le Zéës supérieur opère au jour, au soleil, et son opération magnifique est tout le monde qu’il anime par sa douce halitation, par ses sublimations lentes, et la distillation des nuages , les végétaux, les animaux, et nous-mêmes. Le Zéus inférieur agit à sa manière, dans les ténèbres , et parmi les matières brutes renfermées sous nos pieds. s La mer en se retirant avoit laissé ces stratifications les unes sur les autres, et simplement tassées par la dilution et leur pesanteur ; elles sont encore en place : mais pendant la lon- gueur des temps la subterranéation a opéré sur elles. Nous allons examiner les modifications particulières qu'elles ont éprouvées. La continuation aux mois suivanse * elle. Mais dans les momens où lon voit ces sources assurgentes augmenter leurs bouillonnemens , et soulever leurs limons en proportion de l’affaisse- ment de la colonne du baremètre , il faut y ajouter encore la réaction de Y'air renfermé dans les gites souterreins; Son effort commun contre l’air extérieur est ce qui augmente alors la propulsion de l’eau au dehors. C’est ici une partie de la force dont Héron se servit pour faire jaïlhr sa fontaine. : (1) On dit même que l’on a établi quelques moulins à vent dans des mines de Suède. 1p (2) Le Zéàs souterrein , dispient les anciens, étoit sabordonné au Zéüs æéleste. à - es ; ÿHO te Pp2 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ED SEE EN APP DEP PE ETS AN PRET PATTES ARE NE SET UP RENE) OBSERVATIONS CHIMICO-GALVANIQUES; Pan L. BRUGNATELELI, Traduit par le Professeur VEAU-DELAUNAY ; Sur l Acide muriatique obtenu de l'eau en la galvanisant avec de l'or, du platine, du fer et de l'oxide de manganèse. Prusisunrs chimistes célèbres ont observé depuis long- temps qu'on obtenoit de l'acide muriatique par l'action galva- nique. M. Simon, de Berlin, fit le premier cette intéressante observation. Ses expériences sont consignées dans le Journal de Physique de Gilbert, année 18or. Il prit deux tubes fer- més par une de leurs extrémités , remplis d’eau distillée, communiquant par le moyen de fibres musculaires, recevant un fil d'or qui passe à travers le bouchog Ün des fils métalliques mis en communication avec le pôle positif et l’autre avec le pôle négatif ; vingt-quatre heures après, l’eau du côté du pôle zinc étoit d'une teinte jaunâtre. Cette eau avoit l’odeur d'acide muriatique oxigéné ; elle avoit blanchi le bouchon; rougissoit la teinture de tournesol ; faisoit effervescence avec le carbonate de potasse, et a formé avec lui des cristaux cu- biques qui décrépitoient sur les charbons ardens, et dont la dissolution précipitoit celle de nitrate d'argent en muriate. M. Simon avoit donc obtenu, par l’action galvanique, de l’acide muriatique simple, et de plus, de l'acide muriatique oxigéné qui dissolvoit l'or. Ces expériences , quoique variées, ont toujours donné le même résultat; mais ayant supprimé les substances animales, pour fermer l'ouverture des tubes dans lesquels il galvanisoit ET D'HISTOIRE NATURELLE, 209 l'eau, et n'ayant pas voulu se servir pour le méme objet de charbon, ni de liège, ni de plombagine, il a employé un tube à deux branches en forme de V, qui communiquoient avec les pôles de la pile, par le moyen d'un fil d’or placé à chaque branché; alors il n’a pas obtenu d'acide muriatique dans la branche du pôle positif, et il ne pouvoit pas en effet en, ob- tenir, parceque l'axe des deux pôles communiquoit ensemble. M. Simon ne pouvant pas expliquer la formation de l'acide muriatique ,l'attribua aux substances animales dont il s'étoit servi. Kruicksbank a rempli un tube de verre d'une dissolution de muriate de chaux; il y a plongé un fil d’or qu'il a mis en communication avec le pôle positif de la pile. Lorsque la chaîne galvanique fut établie, l’eau , ainsi que le sel tenu en dissolution , se décomposèrent , la liqueur prit une couleur d'or, et le fil fut attaqué. On avoit l'odeur d'acide muriatique oxigéné ou d'eau régale. On a eu la même odeur en se servant d’un fil de platine, sans que le métal fût sensiblement attaqué. Dans cetie expérience, souvent répétée, nous avons toujours observé un léger précipité jaunâtre. On a pensé que le sel calcaire se décomposoit , que la chaux se précipitoit, et que l'oxigène qui se dégageoit, faisoit passer l’acide muriatique à l'état d'acide muriatique oxigéné. Mais le précipité n’étoit pas de la chaux, c’étoit de l’oxide d’or. Il s’étoit donc formé de l'acide muriatique oxigéné qui avoit attaqué le fil d’or. Kruickshank a aussi obtenu de l'acide muriatique oxigéné par l'action galvanique , en plongeant un fil d’or dans une dissolution de muriate de soude; mais comme ce sel, dissout dans l’eau galvanisée par un fil d’or, n’est pas décomposé, l'acide muriatique développé est donc de nouvelle formation. Ayant employé un fil d’or comme Kruickshank , j'ai reconnu la formation de l'acide muriatique dans les dissolutions de muriate de potasse et de muriate d'ammoniaque. Deux causes semblent faciliter le développement de l'acide muriatique dans les dissolutions salines, en employant le fil d'or ou de platine, surtout en employant des muriates. 1°. Parla facilité avec laquelle le fluide galvanique est absorbé par l’eau qui tient les sels en dissolution. 2°. Par la quantité peu considérable d'eau dans laquelle se trouve dissout l'acide muriatique qui se forme. Les sels dont la dissolution n’exige qu’une petite quantité d’eau, tels que le muriate de chaux, offrent lg sdissolutions les plus propres à 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la manifestation de l'acide muriatique, avec les métaux ci- dessus désignés. L'acide muriatique qui se développe dans l'eau galvanisée par le pôle positif, devient oxigénée par le développement de l'oxigène. J'ai souvent exposé de l'eau acidulée par l'acide muriatique simple à l’action du galvanisme , au moyen d’un fil d'or en communication avec le pôle positif d'une forte pile, j'ai tou- jours vu l'acide s’oxigéner, jaunir et dissoudre l’or. M. Pachiani a le premier, en Italie , obtenu de l'acide muriatique , en galvanisant par des fils d'or, de l’eau simple distillée, comme l’a fait M. Simon. Mais comme il ayoit aussi laissé l'eau en contact avec des substances animales et vé- gétales, on pouvoit soupçonner que ces corps y eussent quelque part, parceque les chimistes soupçonnoient que l'acide mu- riatique , que j'avois obtenu, ainsi que Kruickshank , avec des muriates, étoit dû à ces sels et non à une nouvelle formation, Pour m'en assurer, j'ai soumis à l'action galvanique des fils d’or très-minces, dans de l'eau distillée, sans aucun contact de substances animales ou végétales , ni de sels muriatiques. Je me suis servi à cet eflet d’un appareil très-simple , composé d'un tube de cristal fermé par le fond, et rempli d'eau dis- tillée , dans lequel j'avois introduit un fil d'or très-pur, ou de platine, qui communiquoit avec le pôle positif d’une pile; je terminai le cercle avec un autre tube recourbé de la lar- geur de quatre lignes, rempli d’eau distillée, qui passoit du tube où étoit le fil d'or dans un autre vase rempli d'eau. Celuis ci étoit mis en communication du pôle négatif, par le moyen d'un ruban de coton ou de caoutchou ramolli dans l’eau chaude, ou par une lame mince d'étain. L'eau galvanisée pendant quelques heures avec cet appareil, roupgissoit les teintures bleues-végétales, mais elle ne donnoit aucun indice certain d'acide muriatique simple ou suroxigéné ; elle ne troubloit aucune dissolution métallique sensible, avec la présence de l'acide muriatique. J'ai soupçonné que la pile de 5o couples métalliques n'étoit pas assez énergique pour fournir de l'acide; que l’eau du tube étoit en trop grande quantité, et que l'or des fils n’étoit pas assez pur : j'y ai sub- stitué une pile de 100 couples métalliques qui avoient deux pou- ces de diamètre. J'ai soumis à leur action un fil d'or très-pur dans un tube de la grosseur d’un tuyau de plume et d'environ deux pouces de longueur. Alors je me suis assuré que l'acide ET D'HISTOIRE NATURELLE. 301 quise formoit par l’action galvanique et les fils d’or,sans lecontact de corps organiques , étoit de véritable acide muriatique, qui se reconnoissoit par son odeur, par la propriété qu'il a de blanchir les dissolutions d'argent et de mercure dans l'acide nitrique, par la couleur rouge-foncé qu’il donne aux teintures bleues végétales. Avec le même appareil j'ai obtenu du muriate de soude, en galvanisant une dissolution de soude tellement alon- gée qu'elle avoit perdu toute saveur alkaline. J'ai obtenu du muriate de fer en substituant un fil de fer au fil d'or, de telle sorte que l'eau pure galvanisée positivement avec ce mé- tal pendant seize heures, faisoit un précipité blanc qui pre- noit une belle couleur bleue avec le prussiate de potasse, et une couleur noire avec l’infusion de noix de Galles. Ces der- nières expériences, d'une facile exécution, sont très-propres à démontrer la formation de l'acide muriatique par Je galva- nisme, en décomposant l'eau méme avec des fils de fer. J'ai galvanisé de l’eau de chaux avec un fil d’or commu- niquant au pôle positif d’une pile très-forte; la décomposition de l'eau fut très-rapide. Lorsqu'elle fut réduite aux deux tiers de son volume, elle donnoit l'odeur de l'acide muriatique, et rougissoit légérement la teinture de mauves; il s'étoit formé du muriale de chaux que la potasse pouvoit précipiter, mais il n’étoit point troublé par l’acide saccharique, ce qui est une preuve de plus de l'infidélité de cet acide, comme réactif, pour découvrir la présence de la chaux dans ses combinaisons surtout quand elles sont acidules. J'ai toujours cru que les métaux favorisoient la décompo- sition de l'eau par le galvanisme, secondés par l'attraction qu'ils ont pour son oxigène ; mais j'ai dû changer mon opinion par rapport au manganèse, sachant que l'oxide noir de ce métal étoit un bon électromoteur ; je l'ai employé comme conduc- teur du galvanisme; j'y ai galvanisé de l’eau pure avec deux morceaux d’oxide noir cristallisé, en les plongeant dans deux tubes parallèles ( /g. 2), suspendus avec des fils de cuivre, l'un annexé au pôle positif, l’autre au pôle négatif. L'eau n’agissoit que sur le manganèse. Après 24 heures, l'eau du tube, du côté du pôle positif, contenoit de l'acide muriatique, Cette dissolution précipitoit l'argent avec une couleur rougeätre foncée. L'eau du tube du pôle négatif étoit fortement alkaline ; le pôle positif développa seul beaucoup de gaz, néanmoins le manganèse ne fut pas reviviñié. Voilà donc un métal à l'état d'oxide, servant , ainsi que l'or, à la décomposition de l’eau 2 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par le galvanisme, pour produire comme lui de l'acide mu- ratique. . Voilà encore un oxide métallique que l'hydrogène naissant ne désoxide pas, ShrTT: Tous les mélaux ne développent pas de l'acide muriatique dans l'eau pure galvanisée positivement. Dans une série d’expériences chimico-galvaniques que j'ai faites dernièrement , je me suis proposé d’observer les dégage- mens qui s'opéroient, et ce qui se passoit dans l’eau en contact avec différens métaux employés pour la galvaniser, et leurs changemens ou altérations réciproques, Je desirois surtout savoir si tous les métaux développoient de l'acide muriatique lors de la décomposition de l'eau, par l’action galvanique du pôle positif, comme le fait l'or et le platine, ainsi que l’a assuré Pachiani dans sa 2: lettre. J'ai commencé mes expériences avec l'argent; je me suis servi de deux fils d'argent le plus pur que j'ai pu trouver; j'ai galvanisé avec ces fils de l’eau distillée dans deux tubes fermés par le fond avec une membrane ramollie dans l'eau , et placés dans un récipient commun (2. 3). Les fils étoient en communication avec les pôles d’une pile divisée en deux colonnes, communiquant ensemble par une lame métallique. Après quelques heures d'action galvanique, je fus surpris'de voir que l'eau du tube du pôle positif, au lieu d’étre acide, comme êlle auroit dû l’étre avec l'or et le platine, manifestoit les caractères alkalins les plus marqués. J'ai souvent répété cette expérienceayec des fils d'argent, et toujours avec le méme suCCÈSe Deux ils d'argent communiquant avec les deux pôles de la pile, à la distance de quelques lignes l'un de l’autre, et trempés dans l’eau d'un seul récipient, pendant l’espace d'une nuit, l'eau se trouva encore alkaline (fi. 4). J'ai pareillement observé que les fils de cuivre plongés pen- dant douze heures dans l'eau, et dans deux tubes séparés, développoient beaucoup de gaz hydrogène du pôlenégatif; mais il n’y eut aucun dégagement de gaz du côté du pôle positif, n} ET D'HISTOIRE NATURELLE. 303 ni manifestation d'aucun acide. L’eau se trouva alkalisée dans les deux tubes. Le méme effet eut lieu avec l’antimoine, Après avoir essayé de la même manière plusieurs métaux, c'est-à-dire galvanisant l'eau dans des tubes séparés avec le méme métal , j'en ai trouvé deux, savoir, le zinc et l'étain, qui alkalisoient fortement l’eau du pôle négatif, développant en même temps beaucoup d'hydrogène, tandis que l’eau du côté du pôle po:itif ne donnoit que long-temps après, quelqu'in- dice de caractère alkalin, Je me suis procuré deux fils ou rubans d’étain pur, larges de deux lignes, et deux rubans de zinc, obtenus par le moyen du laminoir. Les deux rubans d'étain communiquant aux deux pôles par une de leurs extrémités, plongeoient dans l’eau des deux tubes séparés, (fig. 2); il y eut comme à l'ordinaire un grand dé- gagement de gaz du pôle négatif, sans aucune altération sen- sible sur le métal, à l'exception d’une légère teinte noirâtre. Dans le ruban d’étain du côté du pôle positif, il n'y eut aucun dégagement gazeux, mais une formation abondante d'oxide blanc, qui communiqua à l’eau une teinte laiteuse, en se pré- cipitant en grande partie. L'eau de ce tube, examinée après six heures d'action gal- vanique, n'étoit ni acidule ni alkaline; néanmoins, après un espace de douze heures, elle verdissoit la teinture de mauve. Mais si les rubans métalliques plongent dans un seul récipient (comme dans la fig. 4), l'eau devient constamment alkaline et laiteuse, par l’oxide d'étain produit par le pôle positif. Substituant le zinc à l’étain dans des tubes séparés, il y eut formation rapide d'alkali dans l'eau galvanisée négativement, le dégagement gazeux fut continuel et abondant ; mais du côté du pôle positif il n’y eut aucun dégagement gazeux, l’eau ne donna qu'après un espace de 24 heures, quelques foibles indices de caractère 'alkalin. Les rubans ou fils métalliques se sont couverts d'un enduit noirâtre, qu'on n'a pas examiné, mais que je soupçonne être du zinc hydrogène. La pile de cent couples métalliques qui avoit servi pour cette expérience , étant en activité depuis quelques jours, se trouva afloiblie. Tome LXII, AVRIL an 1806. Q q 564 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a! $ III. Expériences démontrant que dans la décomposition de l'eau, opérée par un fil d'or en contact avec le pôle positif de la pile, il ne se forme pas toujours de l'acide muriatique. J'ai galvanisé à la manière ordinaire, par le moyen d’un fil d'or mince du côté du pôle positif, de l'acide nitrique à 12 degrés de pesanteur spécifique, l'eau étant 10, il y eut un dégagement continuel de gaz oxigène pendant 12 heures que dura l'expérience ; il n’y eut aucun changement dans l'acide nitrique, ni aucune dissolution d'or, ce qui auroit eu lieu si l'oxigène eût été fourni par l'acide nitro-muriatique. Kruickshank faisant cette même expérience avec du fil de pla- tine, et Davis, avec du fil d'or, n’observent aueune altération dans l'acide nitrique. Cependant Vassalli-Eandi prétend que l’acide nitrique trés- concentré , se décompose par l’action galvanique. On a de méme galvanisé une dissolution d'acétite de plomb cristallisé , la surface du fil d'or changea promptement de couleur; il devint brun dans la partie supérieure , ensuite noir, plus bas, il prit une teinte rouge foncé, et vers l’extrémité une couleur orange. Après avoir été galvanisé pendant vingt-six heures, sans développement d’aucun gaz, la surface du fil d’or se trouva couverte d'une substance noire et luisante. Après avoir enlevé le fil d’or, la dissolution de plomb étoit encore transparente , et il n'a pas été possible d’y remarquer la plus petite quantité de muriate de plomb, ce qui auroit eu lieu s'il y eut eu formation d'acide muriatique ; cependant l’oxigène s’étoit séparé de l’eau. En effet, la substance noire qui couvroit le fil d’or dans l'expérience précédente, étoit un suroxide de plomb , comme Ritter l'avoit observé. Get oxide tomba en petits fragmens brillans comme du verre; il étoit excitateur et conducteur du fluide galvanique; il développoit du gaz acide muriatique , et se convertissoit promptement en muriate de plomb qui détonoit avec le phosphore par la percussion. On a substitué à l’acétite de plomb une dissolution de cris- taux de nitrate d'argent, et après quinze heures d'action gal- vanique , il n'y eut aucun précipité; il y eut cependant for- mation d'oxide d'argent. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 305 Un fil d’or en communication avec le pôle positif de la pile, a été introduit dans un tube étroit, contenant de l’oxide-noir de mercure, délayé dans de l’eau distillée qui remplissoit en- tièrement le tube, Après deux jours de suite d'action galva- nique, l’oxide noir de mercure se trouva en grande partie converti en oxide et en mercure suroxigéné; l’eau rougissoit légérement la teinture bleue végétale, elle ne contenoit ce- pendant pas un atome d'oxide mercuriel ni de muriate de mercure, é $ ‘IV. ÜMuriate de Mercure cristallisé, ou Mercure doux , obtenu par l'action galanique. J'ai galvanisé, avec un fil d’or placé au pôle positif, une dissolution alongée de nitrate de: merçure obtenue à froid ; après quelques heures d'action galvanique, le fil d’or se trouva recouvert de petits cristaux jaunâtres, insolubles, en forme de dendrite ou en prismes penniformes. Ce sel n'étoit pas un oxide simple de mercure, il étoit opaque, très-blanc et non susceptible de cristalliser; ce n’étoit plus un nitrate de mercure soluble dans l’eau. Avec l’eau de chaux il prit la couleur noire, et de là je le jugeai un mercure doux ou un muriate suroxi- géné de mercure, dont je reconnus tous les caractères. SV. Il n'y a)aucune formation d'acide nitrique dans.l'eau galvanisée avec un fil d'or et de platine. Quelques chimistes ont soupçonné qu'il se formoit de l'acide nitrique dans de l’eau pure galvanisée positivement. Kruickshank est principalement de cette opinion, Il est porté à le croire d'après l'observation que tous les métaux attaquables par l'acide nitrique , tels que l’argent . le mercure, le cuivre ; le sont aussi par l'acide qui se manifeste par le galvanisme, Quant à l'argent que j'ai souvent soumis à l’action galva- nique dans l'eau distillée, je l’ai toujours vu se dissoudre en une matière grisâtre, et se déposer au fond du tube ou réci- pient; et quelque temps que j'aye laissé l’action de la pile, quoique forte , l'eau dans laquelle étoit plongé le fil métal- lique, ne contenoit pas la moindre quantité de nitrate d'argent, Qq2 306 JOURNAL DE PMYSIQUE, DE CHIMIE Kruickshank prétend que l'insolubilité du nitrate d'argent, qui se forme dans cette circonstance , dépend d'un excès d'oxide d'argent, c’est-à-dire du nitrate d'argent suroxigéné , et qui alors est insolubie. Pour m'assurer si véritablement le précipité provenoit de l'argent galvanisé , positivement dans l’eau pure, et si elle contenoit de l’acide nitrique, j'ai ajouté dans cette eau de la potasse pure, et je n'ai pas eu par l'évaporation la moindre quantité de nitre. J'ai ensuite mis de ce même précipité d'argent, nouvelle ment obtenu , dans un petit tube rempli d’eau pure, que j'ai galvanisée pendant un jour entier, avec un fil d’or commu- niquant au pôle positif d’une forte pile. Si l'acide qui se formoit eùt été de l’acide nitrique , il eût dû se combiner à l’oxide d'argent suroxigéné, et de là se mettre à l’état de nitrate d'ar- gent soluble; mais le précipité est resté toujours insoluble, et l’eau ne contenoit pas un atome de dissolution d'argent. La position des fils d'argent, dans l’eau que l’on galvanise, doit étre différente, suivant que l'on desire que l’action pro- vienne du pôle positif, ou au contraire du pôle négatif, ainsi que nous le dirons dans la suite. SV E De la nature de l'Alkali qui se développe dans l'eaw galvanisée. Tous les chimistes qui ont galvanisé avec attention, se sont accordés sur la formation d'un alkali dans l'eau galvanisée né- gativement ; ils ont supposé qu'il étoit ammoniacal, et qu'il étoit vraisemblable que cet alkali se formoit lorsque l’hydro- gène se dégageant , pouvoit trouver de l'azote même dans l’eau distillée, er produire de la potasse. En examinant avec soin de l’eau galvanisée par le pôle négatif, on reconnoît qu’elle manifeste les caractères alkalins, en verdissant facilement la teinture alcoolique de mauves, et -en donnant une teinte à la dissolution d'argent, Cet alkali se trouvoit quelquefois combiné à l'acide carbonique, puisqu'il précipitoit l’eau de chaux, et faisoit effervescence avec l'acide muriatique. Cependant cet alkali étoit tellement étendu d'eau qu'il ne manifestoit aucune saveur sensible. tone L'expérience suivante, faite depuis deux ans, m'avoit prouvé ET D'HISTOIRE NATURELLE. ‘307 qu’il n’y avoit formation d’ammoniaque par l'action galvanique. J'ai mis dans un tube, d'environ deux pouces, 36 grains, ou environ 2 grammes d’oxide noir de mercure, le tube rem- pli d’eau distillée recevoit un fil d’or qui plongeoïit aux deux tiers du tube, qui se trouvoit en communication avec le pôle négatif d’une pile. Après une action de vingt-quatre heures, le fil d'or se trouva tout couvert de mercure revivifié, l'eau du tube étoit insipide , cependant elle verdissoit la teinture de mauves. On pourroit peut-être conclure qu’elle contenoit du mercure ammoniacal, mais elle n’en présentoit aucun carac- tère , quelque long espace de temps qu’on laissät sur l'oxide noir de mercure, cette liqueur alkalisée par l'action galvanique, tandis que l'ammoniaque, quoique très-étendu d’eau ,fen formoit constamment. Pour déterminer quel étoit l’alkali produit par l'action gal- vanique , j'ai distillé deux livres d’eau alkalisée par l’action galvanique, en diverses expériences, par le moyen d’un ruban, ou fil métallique, qui communiquoit avec le pôle négatif d’une forte pile. Quand l'eau fut réduite à une petite quantité, on trouva dans le récipient de l’eau pure, et dans la cornue, un résidu qui avoit l'odeur des alkalis fixes : j'y ajoutai jusqu'à saturation de l'acide muriatique ; je fis doucement évaporer , au contact de l'air, la dissolution , et j'ai obtenu de petits cubes de muriate de soude très-pur. J'ai fait cette expérience en juillet, et je l'ai répétée en septembre, avec MM. Volta et Configliacchi. Je fus émerveillé de la formation de la soude dans l’eau distillée par le moyen de l’action galvanique. J'ai répété l’ex- périence plusieurs fois avec le même succès. J'ai soupçonné que la soude provenoit de la pile dont les disques de drap ou de carton éloient imbibés de muriate de soude. Puisque ce sel se décompose avec facilité par les disques de zinc, comme je l'ai imprimé dans les Annales en 1800, la soude se dégage et se trouve autour de la pile en efflorescence et fait passer les disques deydrap à l'état de savon de laine. Par cette raison j'ai cru devoir renouveler cette expérience avec une, pile de cent couples métalliques bien décapés , et des disques de carton imbibés d'eau pure; mais comme cette pile ainsi montée ne me paroissoit pas avoir une aclion sufhsante, j'ai ‘trempé les disques de carton dans une dissolution de sul- fate de magnésie, et la pile acquit plus d'énergie et la ds- composition de l’eau s’opéroit très-bien. M'étant ainsi procuré 508 JOURNAL DE r#YSTQUE); DE CHIMIP une suffisante quantité d'eau galvanisée par le pôle négatif, qui s’est trouvé sensiblement alkalisée, j'ai confirmé que l'alkali formé étoit dé la soude. E Ainsi que dans l’eau galvanisée par le pôle positif, il se formoit de l'acide muriatique , je me flattois d'obtenir immeé- diatement du muriate de soude, en galvanisant dans le même récipient de l'eau pure avec deux fils d'or, l'un communiquant avec le pôle positif, et l’autre avec le pôle négatif, distans seulement de quelques lignes l’un de l’autre, de manière que la décomposition de l'eau se fit facilement et sans interruption, par le moyen de ces deux fils (fg. 4). De l'eau fut ainsi galvanisée, pendant deux jours de suite, avec une pile neuve de cent couples, de manière que l’eau se trouva beaucoup diminuée, ainsi que l’avoit observé Pacchiani. Cette eau n’avoit acquis aucune saveur ni odeur , elle ne changeoïit point la teinture ni aucun précipité dans les dissolutions métalliques, Après l’évaporation elle ne fournit pas la moindre portion de substance saline. Maïs ayant galvanisé en différentes fois une certaine quantité d’eau, tant par le pôle positif que par le pôle négatif, avec des fils d’or dans des tubes séparés, et essayant ensuite l'eau avec des réactifs, on reconnoît que l’une est acide et l’autre est alkaline ; réunissant ensnite les deux eaux galvanisées, de ma- nière à former une saturation, et en faisant évaporer à l'air, on obtint du muriate de soude sous forme cubique. Il n'y a donc pas de doute qu’avec l’action galvanique on n'obtienne séparément de l'acide muriatique et de la soude, en galva- pisant avec des fils d’or ; l’alkali néanmoins se forme plus promptement par le pôle négatif que l'acide par le pôle positif. SUV, De divers (patins), croûtes ou enduits métalliques , formés dans l’eau par l'action galvanique. Je plongeai des fils d'or pur dans de l’eau distillée, je les soumis à l’action galvanique du pôle positif, dans un tube séparé , ils se couvrirent après quelques heures, d’un enduit ou couche très-mince, de couleur jaune safran , enduit qui ne se forme pas sur le fil d’or allié au cuivre, et sur le fil d'or galvanisé du pôle négatif. On observe une semblable couche jaunâtre sur les fils de platine, soit ayec une forte pile, soit ayec une pile médiocre. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 30g On n'a pas encore examiné avec soin la nature de ces couches, mais il me semble qu'on doit les regarder comme un commencement de dissolution de ces métaux dans l'acide murialique oxigéné qui se forme. Les autres métaux offrent différentes combinaisons , les uns. s’oxidant, d’autres se désoxidant, et d’autres, s'unissant à l’eau pure par le moyen de l’action galvanique. Hydrure d'or obtenu par le galvanisme , et conversion de l'Hydrure d’or en or pur. On a souvent occasion d'observer que les fils métalliques, qu'on emploie pour galvaniser de l'eau pure, forment nne croûte (patin ) plus noire du côté du pôle négatif. Pour mieux. observer ce phénomène, je me suis servi de fils bien polis, l'eau pure dans un tube haut d’un pouce pouvant contenir environ une once d'eau. Deux fils d’un même métal, l’un communiquoit au pôle positif, l'autre au pôle négatif d’une pile; ils étoient dans l’eau à trois ou quatre lignes de distance. Parmi les différens métaux, l'or pur parut le plus facile à s’altérer. Ayant placé à la manière indiquée deux fils d'or très-pur, nous reconnümes que le fil d’or du côté négatif s’altère promptement dans l’eau , se couvre d'une matière noire qui augmente sensiblement de volume, et d’une telle manière, que le métal plongé dans l’eau n'est plus reconnoissable. Après l’espace de quelques heures, on le diroit changé en une sorte de matière spongieuse sensiblement gonflée. Des fils d'or très-tenus , ainsi galvanisés, finissent pay se changer en cette matière; quelquefois elle se présente sous forme d'herborisations ou de petits fils ou aiguilles, s’implan- tant les uns sur les autres. Nous n'avons observé ce phéno- mène que lorsque les grandes piles étoient affoiblies. L’eau qui avoit servi à cette expérience n'’étoit point aliérée et ne paroissoit contenir aucune substance étrangère. La substance noire dont nous avons parlé, et qui se forme sur les fils d'or, nous a paru être de l'or hydrogéné, combiné à l’eau, on plutôt wrz hydrate d'or hydrogéné. L'hydrate d’or hydrogéné est inodore, presque insipide; il noire les échan- tillons , qui ensuite prennent une couleur de pourpre. Le même eflet se manifeste aussi sur la peau des mains. Si on plonge dans un récipient d'eau distillée un fil d'or communiquant au pôle négatif, et une bande de papier mouillé en communication avec le pôle positif, on n'obtient point d’or hydrogéné ; il se dégage beaucoup de gaz hydrogène du fil 310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE métallique , et l'eau devient alkaline. J'ai soupçonné que l'alkali qui se forme dissout l'or hydrogéné à mesure qu’il se manifeste, ce qui l'empêche de paroître sur le fil métallique. Cependant or hydrogène n'est pas dissoluble dans une dissolution de soude pure. Nous avons plongé deux fils d’or partant des deux pôles de la pile, dans une dissolution de soude étendue d’eau, contenue dans un seul tube. Après dix heures d’action gal- vanique , les deux fils se sont trouvés couverts d’une; légère croûte (patin) noïrâtre, mais si foible que nous n'avons pu très-bien l'examiner. Il est vraisemblable que l'or hydrogéné est fourni par les deux pôles. L'hydrate d'or hydrogéné perd son eau et se déshydrogène par l’oxigène naissant, ce que j'ai éprouvé dans une expérience intéressante. Prenant un fil d'or couvert d'hydrate d’or hydro- géné, obtenu dans l'eau pure galvanisée, avec les deux fils métalliques, comme on l'a dit ci-dessus ; et si l'on change alternativement le fil du pôle positif au pôle négatif, en opérant toujours dans la même eau, on voit la croûte noire diminuer peu- ä-peu de volume, se resserrer, pour ainsi dire, sur le fil métal- lique qui reprend sa couleur et son brillant métallique du côté du pôle positif; tandis que du côté du pôle négatif le fil se couvre d'or hydrogéné. Cette apparente métamorphose s'opère en peu de mi- nutes. L'hydrate d'or hydrogéné est conducteur du galvanisme, puisque les fils métalliques couverts complétement de cette substance, décomposent promptement l’eau lorsqu'ils sont mis en communication avec les pôles de la pile. L'hydrogénation de l'or par le moyen du galvanisme, étant si rapide, le composé qui en résulte si singulier, je soupçonnai que de ce nouveau corps, très-diflérent de l'or pur, dépendoit la polarité supposée des louis d'or, observée par Ritter, et que nous avons reconnu exister seulement dans les louis en communication avec le pôle négatif. Ce louis laissé pendant quelque temps dans la chaine galva: nique , par le moyen d'un papier mouillé , se noircit, et le apier se noircit aussi sensiblement pendant la formation de l'or hydrogéné. Pour vérifier ce phénomène, j'ai fait légérement hydrogéner , suivant la méthode indiquée, un fil d’or bien-poli et bien nétoyé; j'ai ensuite essayé le fil d’or sur une grenouille réparée à la manière de Galvani, elle bondit fortement, en plaçant sous les cuisses l’extrémité du fil d’or hydrogène; et portant l’autre extrémité du fil d'or sur le papier mouillé où reposoit ET D'HISTOIRE NATURELLE 911 reposoit l'épine dorsale. Quelquefois la grenouille se déplaçoit en dérangeant le fil; et comme cette aciion se manifestoit sur la grenouille méme, avec la plus petite Lydrogénation de l'or, opérée en cinq ou six minutes, il semble aussi démontré que la charge ou la polarité supposée, observée par Ritter, sur les louis , dépend -uniquement de l’or hydrogéné, lequel devient positif, en contact avec dé l'or qui n’est pas galvanisé néga- tivement. J’ai depuis observé l’analogie de ce phénomène avec l’argent, le cuivre et avec diflérens métaux , mais surtout avec l'antimoine. Hydrate d'Argent, et Argent hydrogéné, obten par le galvanisme. | . J'ai toujours remarqué avec étonnement la facilité avec laquelle deux fils d'argent pur, soumis à l’action des deux pôles de la pile, dans fe pure, comme les fils d’or, sont, pour ainsi dire, fondus tous deux, et changés facilement en une substance noirâtre. Desirant me procurer cette substance, dans l'intention de l’examiner , j'ai introduit, dans un seul récipient plein d'eau , deux gros fils d'argent en contact avec les deux pôles d'une forte pile, et distans de l’autre extrémité d'environ trois lignes, et restés en action pendant douze heures. Le dégagement gazeux fut très-sensible du côté du pôle négatif, mais très-foible du côté du pôle positif. Après l’espace de douze heures , il se trouva un dépôt abondant dans le récipient, et les fils très-chargés d’une matière particulière; celle du pôle négatif, beaucoup plus abondante , étoit d'un gris obscur et comme spongieuse ; elle .fut recueillie par le moyen d'un pa- pier ; celle du pôle positif étoit noire, moins abondante et adhérente au fil métallique; elle fut de mème séparée et re cueillie sur un papier. \> Le dépôt brun du pôle négatif se dessécha par l’action de Vair; et quand il fut sec, la couleur brune s'éclaircit, puis, frottée légérement avec un brunissoir , elle reprit sa couleur métallique, et fut reconnue pour de l'argent très-pur, dont il avoit tous les caractères. Ce n’étoit donc qu'une combinaison d'eau avec l'argent, ou plutôt un véritable Lydrate d'argent, combinaison jusqu'à présent inconnue (x). (x) Les hydrates métalliques que Proust a examinés avec soin, résultent de Ja combinaison d’un oxide métallique avec l’eau, ct non pas du métal pur comme dans celte circonstauce. Tome XLIT, AVRIL an 1806. Rr 5.2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le dépôt noirâtre provenant du pôle positif, fut reconnu pour être de l'argent hydrogéné noircissant le papier, les linges et les doigts, légérement soluble dans l'ammoniaque, in- soluble dans l'acide muriatique, ne se revivifiant pas à l'action de Ja lumière solaire, mais se revivifiant à la faveur du gaz hydrogène. Les deux fils d'argent soumis à l'action galvanique, dans des tubes séparés , il ne se forma sur le pôle négatif qu'une irès-petite quantité de substance (patin) noire, seulement un peu à l’extrémité du fil, en forme de houpe. Cuivre hydrogène, Hydrate d'oxide de cuivre parlegalranisme. Deux fils minces de cuivre, communiquant aux deux pôles d'une pile, furent mis en action pendant plusieurs heures , dans deux tubes séparés, il se forma, sur le fil du pôle né- gatif, une croûte (patine) noire sans éclat métallique, se dé- tachant facilement du métal par le moyen d’un papier plié qui étoit teint en noir, et le cuivre rouge reprenoit un éclat mé- tallique plus brillant qu'auparavant. Lorsque les deux fils de cuivre furent soumis à l'action gal- vanique , et mis dans un seul tube ou récipient, la substance noire du fil du pôle négatif se forma dans l'eau sous la forme d'une légère herborisation très-noire, différente de celle de l'or qui sembloit renversée; il y eut dégagement de gaz des deux fils. La substance noire de cette seconde expérience fut recueillie et reconnue pour du cuivre hydrogéné : il étoit noir, insipide , insoulble dans l’eau et dans l'ammoniaque, soluble dans l'acide nitrique, qui ne fut point coloré en bleu, peut- étre parcequ'il n'y avoit pas une suflisante quantité de cuivre ; il n’y eut aucune effervescence. Un fil de cüivre galvanisé par le pôle positif, dans un tube séparé, rempli d’eau, ou dans un récipient commun, fournit de l’oxide de cuivre , qui se changea promptement en un hydrate d’oxide de cuivre verdâtre, qui devint brun par la dessication au feu. Ge fil se couvrit d'une croûte (patine ) cou- leur d’acier, qui, vu sa petite quantité , ne put être soumis à l'analyse, laissant sur le papier une tache grisâtre; le cuivre étoit peu brillant et sa couleur étoit un peu différente de celle du pôle négatif. Deux fils de cuivre moins pur, de la grosseur d’une plume, furent galvanisés dans des tubes séparés ; on vit descendre du fil du pôle positif un nuage blanchätre, qui passoit à travers ET D'HISTOIRE NATURELLE. 313 la double membrane qui fermoit l'extrémité inférieure du tube, et se méloit à l'eau du récipient commun dans laquelle plon- geoient les deux tubes, et là se convertit en hydrate d'oxide de cuivre sous la forme d'une matière verdätre floconneuse et coagulée. = Le pôle négatif ne fournit qu’une très-petite quantité de cuivre noir hydrogéné ; j'en attribue la cause à la qualité du cuivre allié, puisque dans le cas contraire il s'en forme cons- tamment. L'expérience a duré douze heures, l’eau des deux tubes, ainsi que celle du récipient commun, avoit des carac- tères alkalins. Muriate oxidulé de fer, Hydrate d'oxide de fer et teinture alkaline martiale, par l'action galvanique. J'avois observé qu’en galvanisant deux fils de fer bien polis, lacés dans des tubes séparés l’un au pôle positif, l’autre au pôle négatif, il se formoit, dans le premier tube, après seize heures, d’abord un muriate de fer oxidulé, avec un excès d'oxide de fer, dont l’eau ne rougissoit point la teinture de mauves, mais donnoit un précipité blanc avec le prussiate de potasse, qui, avec le contact de l'air, prenoit en peu de temps une belle couleur bleue. Ce qui paroît démontrer que dans cette combinaison saline le fer se trouva au minimum d'oxidation, et que parconséquent il se forme d'abord de l’acide muriatique simple non oxigéné, comme l'ayoit supposé le phy- sicien Pacchiani. Il ne se formoit pas sensiblement de croûte (de patine) sur le fil métallique, et la surface du fil du pôle est à peine noircie ; l'eau cependant devenoit fortement alka- line. Cette expérience répétée avec des fils de fer d'un quart de ligne d'épaisseur , et soumis à l’action galvanique d’une forte pile pendant vingt heures, il s’infiltra une certaine quan- tité d’oxide de fer à travers les deux membranes qui bou- choient inférieurement le tube , et il y eut un précipité abondant de couleur d’or au fond du récipient commun, qui parut étre un kydrate d'oxide de fer. Une portion de cet hydrate, en contact avec la membrane qui fermoit le tube de côté négatif, s’étoit décomposée et avoit passé au noir-foncé; l'eau du récipient commun n'étoit ni acide ni alkaline. On examina essuite les altérations des deux fils de fer en contact avec les deux pôles de la pile, dont les extrémités plongeoient dans un récipiént commun, il n’y eut qu’une très-petite quan- tité de dégagement de gaz du côté du pôle positif, tandis Rr2 314 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que celle du pôle négatif fut très-abondante ; l’eau du récipient se colora promptement en jaune, ce qui prouve que le fer se trouva dans un état particulier de combinaison. Outre cette portion de muriate de fer qui se dissolvoit dans l'eau , du côté du fil positif, il se précipitoit à vue d’œil un oxide de fer abondant, qui se converussoit aussitôt en un hydrate d'oxide de fer ; il étoit jaunâtre, floconneux, insipide et insoluble dans l’eau. Recueilli sur un papier buvard, ou non collé , la couleur devint plus intense et passa à l’orangé. Ayant ensuite fait sécher à une douce chaleur la couleur disparut à mesure que l'eau s'évaporoit ; il resta ensuite un oxide de fer d'un brun obscur. On doit conclure de ceci que le fer n'est point altéré , étant galvanisé dans l’eau par le pôle positif; sa très-grande oxidation, comme on peut en juger par la couleur, vient,par- ticulièrement de sa combinaison avec l’eau, ou plutôt de son état qui est un zydrate de fer oxidé, combinaison inconnue des chimistes. Le fil du pôle négatif se couvre, après quel- ques heures d’action galvanique , d’une portion d’hydrate d'oxide de fer, venant du pôle positif, mais qui bientôt se décompose et se convertit en un oxide de fer alkalin de cou- leur jaune , très-soluble dans l’eau. Cette singulière combi- naison produisoit la couleur jaune de l'eau du récipient, laquelle formoit une teinture martiale alkaline. A l'extrémité du fil, une portion de l'hydrate de l'oxide de fer s'étoit changée en un fer hydrogéné d’un noir foncé. L'eau colorée en jaune dans cette expérience ne formoit point de bleu de Prusse avec le prussiate de potasse, et chan- geoit à peine en verd la teinture de mauves. VIII. Carbonate de soude obtenu de l'eau pure , galanisée aves le charbon; carbone hydrogéné ; projet d'une pile végé- Lale. Je me suis hâté d'examiner l’altération de l’eau par le moyen. du charbon; j'ai pour cet effet tiré du foyer, des charbons ar dens, longs d’environ un pouce et demi, et ceux qui me pa- roissoient les plus propres à cet objet. Ces charbons refroidis je les réduisis en petits morceaux d'environ trois lignes et les perçai vers une de leurs extrémités; j'ai fait passer par le trou ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315 un fil de fer; l’un étoit en communication avec le pôle po- sitif, l'autre avec le pôle négatif d’une forte pile. Un morceau de charbon plongeoïit de plus de moitié dans l’eau pure d’un tube , et l'autre pareillement dans un autre tube : les deux tubes , fermés par leur extrémité inférieure avec une membrane attachée , étoient placés dans un vase rempli d'eau, où ils étoient à moitié plongés. Pendant tout le temps de l'expérience le dégagement du gaz fut abondant dans le pôle positif, et en très-petite quantité dans le pôle négatif. Après vingt-quatre heures d'action galva- nique, je trouvai du carbonate de soude dans l’eau du tube négatif ; celle du pôle positif, qui avoit fourni une très-grande quantité de gaz, ne donna que de légères traces de ce sel. Le charbon du pôle positif avoit conservé sa couleur noire ; celui du pôle négatif avoit sensiblement blanchi en se com- binant à l'hydrogène dégagé. Kirwan et Berthollet (Stat. Chim., t. 2), pensent que le charbon contient de l'hydrogène, parceque dans quelque cir- constance il donna du gaz inflammable ; mais je soupçonne fortement que le gaz inflammable obtenu, à vaisseaux fermés, du charbon qui a été préliminairement ealciné, provient d’un peu d'humidité que le charbon attire de Latmosphère en se refroidissant, et qui se décompose par le moyen de ce charbon rougi, ou bien que c’est un gaz oxide de carbone tel que celui examiné par Kruickshank. Je conjecture, d’après l'observation, qu'aussitôt que le charbon est hydrogéné par l'action galva- nique , il change tout-à-fait sa propriété électromètre, et Fait comme l'or passer au positif celui qui se trouve mis en contact avec un autre charbon , ce qui est démontré par les grenouilles, à la manière de Galvani. 1] me paroît vraisemblable qu’en gal- vanisant négativement cent disques de charbon, et les accou- plant avec cent autres disques de charbon pur électromoteurs , on pourroit construire une pile végétale solide, active, en in- terposant entre chaque couple de charbon deux disques de carton mouillé. On se procureroit ainsi une pile analogue à celle de Ritter, appelée pile à charger. A EX: L'Oxide noir de manganèse hydrogéné par le galvanisme; caractère qui le distingue. Nous avons observé plusieurs fois, dans le cours de nos expériences , que l'hydrogène se combinoit aux métaux; mais 316. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nous voyons toujours les oxidations métalliques se-revivifier du côté du pôle négatif, ce que l’on attribue à l'hydrogène naissant, que l’on regarde capable de désoxider les métaux. L'oxide de manganèse fait exception à cette loi, car étant galvanisé dans l'eau par le pôle négatif, il n'y a aucun dé- gagement gazeux, il ne se revivifie point, il ne blanchit point, mais il s’hydrogène. Un des caractères qui les distingue est de devenir promptement électromoteur positif, relativement à l’oxide de manganèse qui n’a point été galvanisé. 6 X. Développement d'un alkali par l'eau distillée, par le contact d'un seul métal, sans appareil électromoteur. Dans le cours de diverses expériences , entreprises dans l'in: tention d'observer l’action réciproque des métaux avec l’eau pure, et surtout de déterminer les changemens qu’elle présente par leur simple contact, sans l'action de la pile galvanique, je ne me suis jamais apperçu que l'eau ait pris un caractère acide, même après un long séjour des métaux malléables et réduits en limaille. : On sait que le fer et le.zinc décomposent l’eau à toute tem- pérature ; je les ai mis en deux flacons différens en contact avec le double de volume d’eau distillée, jusqu’à sa décom- position qui s'opéroit sensiblement; elle fut réduite environ aux deux tiers; les métaux se trouvèrent en partie oxidés; il y eut dégagement de gaz hydrogène, mais l'eau ne manifesta aucune altération sensible. Je versai 2 onces d’eau distillée sur 5 onces de limaille de zinc, mis dans un flacon tenant 8 onces d'eau , et bouchant hermétiquement; j'agitai continuellement le mélange pendant un quart d'heure , l'eau se troubla et déposa ensuite une poudre brune. J'ai continué l'agitation pendant environ cinq heures, ne laissant que quelques instans d'interruption, et la quantité de poudre fut. très-augmentée. Je séparai ou décantai l'eau , et je lui trouvai un odeur particulière et un goût fade; mais je fus très-surpris lorsque je reconnus sa propriété de verdir la teinture de mauves, et dé troubler légérement la dissolution d'argent et de mercure. . Le zinc employé fut lavé avec de l’eau distillée; je répétai plusieurs fois l'experience et toujours avec le même succés, , LA à ET DHISTOIRE NATURELLE, 917 La limaille de cuivre et de fer fournirent, comme le zinc, une substance qui verdissoit la teinture de mauves. Le mer- cure, long-temps agité dans l’eau, me donna aussi le même résultat. Priestley avoit observé qu'en agitant ce métal dans l’eau , il se formoit un oxide noir , et que cette eau acqué- roit de l'odeur et de la saveur ; mais il n'avoit pas reconnu la propriété alkaline, qui évidemment se forme dans l’eau par ce procédé. La substance pulvérulente qui se forme dans cette circons- tance , est un oxide métallique d’une extrême division; celui de zinc est grisâtre; ceux de fer et de mercure sont noirs ; et celui de cuivre, brun : et comme l’air du flacon dans lequel ont été agités les métaux, n’est pas sensiblement altéré, il paroïît évident que le métal se combine à l’oxigène de l’eau, et que dans cette circonstance il n'y a aucun dégagement sen- sible de gaz hydrogène. L'eau alkalisée par l'expérience décrite ci-dessus, laissée en repos pendant quelques heures sur les mêmes métaux, perd ses caractères alkalins, ce qui tend à démontrer que l’aïkali se décompose et forme une nouvelle combinaison. Pour déterminer la nature de l’alkali qui se développe dans cette circonstance, j'ai ajouté une petite quantité d’acide mu- riarique à l’eau alkalisée par le zinc ou par le mercure ; je l'ai Hltrée et évaporée en totalité, j'ai obtenu un sel sous forme de petites aiguilles entrelassées ; mais la quantité n'a pas été suflisante pour déterminer la nature, ce n'étoit certaine- ment pas de la soude, et je suis porté à croire que c’est un muriate d'ammoniaque. Réflexions générales sur ces différentes expériences. Piusieurs des faits rapportés en ce Mémoire pourront peut- être exciter la curiosité des chimistes et physiciens galvanisa- teurs. Je me suis abstenu d’en tirer des conséquences, parceque je reconncis la nécessité d'avoir de nouveaux faits avant de pouvoir établir une théorie. Il y a encore un grand nombre de recherches et d’expériences à faire pour détruire les doutes. 1°. Il faut détérminer kg nature du gaz qui se dégage dans l'eau galvanisée, positivement par les différens métaux, et celui du charbon qui, au lieu d'acide muriatique, dégage, à l’aide da temps , un alkali et un gaz, savoir, sic'est du gaz oxigère ou autre, 2°, Savoir si l’alkali qui se forme dans l'eau gal- vanisée, positivement par les métaux, est de même nature que celui formé dans l’eau par le pôle négatif, qui est de la soude. 318 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 3°. Savoir si l'eau est essentielle à la formation de la soude par le galvanisme. 4°. Quels sont les composans de cet alkali. 5°. Si l'acide carbonique qui se développe après la saturation de la soude, par l’eau galvanisée négativement avec le charbon, pro- vient entièrement du charbon. 6°. Si le fluide galvanique très- actif par lui-même, composé yraisemblablement de plusieurs fluides subtiles, ne fournit pas quelques parties aux corps ou substances qui se développent dans l’action galvanique. 7°. Si on peut avoir les mémes résultats en galvanisant l’eau par les moyens connus, mais sans contact de l'air atmosphérique, ou dans différens gaz. 8°. Si l'eau est vraiment décomposée dans l’action galvanique , par les métaux, par le charbon, et par l'oxide de manganèse. 9°. Si les gaz qui se dégagent de l’eau pendant l’oxigénation et l’hydrogénation des métaux dans l’ac- tion galvanique, est seulement un produit des parties consti- tuantes de l'eau. 10°. Si le calorique gazifiant les produits ga- zeux, vient de l’eau ou du fluide galvanique. 11°. Si les phé- nomènes connus qui s’observent dans le galvanisme peuvent être considérés comme semblables aux effets des courans produits dans les machines électriques , le fluide galvanique étant, par plusieurs physiciens, regardé comme étant de la même nature que le fluide électrique. 12°. Si la formation de l'alkali dans l’eau, par le contact d’un seul métal, est un produit du fluide galvanique , et pourquoi ne se forme-t-il pas de soude? mais plutôt à ce qu'il paroïît de l'ammoniaque. Pourquoi ne peut-on pas obtenir cet alkali au moyen d’une forte agitation dans l’eau distillée où il n'y a pas une quantité sensible d'azote? 13°. Pourquoi l'or, le platine, le fer, l'oxide noir de manganèse, forment-ils, par l'action galvanique, de l'acide muriatique, différens en cela des autres métaux que l'on a soumis à cette même action. 14. Si les métaux et les oxides métalliques qui donnent naissance à l’acide muriatique dans l’action galvanique, développent toujours du gaz oxigène, à l'exception du fer qui s'oxide, pourquoi ne se forme-t-il pas également de l'acide muriatique avec les autres métaux qui s'oxident dans l’eau, ainsi que le fer, quand on les galvanise pot veRes ? Pourquoi ne se développe:t-il pas. dans l'eau de acide muriatique par le moyen du fer ou du zinc, tandis qu'ils la désoxident même à froid, et qu'ils s'oxident sans l’ac- tion galvanique ; et pourquoi se forme-t-il de préférence un alkali! Les expériences dont nous nous occupons maintenant ont frs but de résoudre quelques-unes de ces questions, et seronf objet d’un autre Mémoire. TABLEAU .ET D'HISTOIRE NATURELLE. 319 AAC PPS AT) DES ANALYSES CHIMIQUES DES MINÉRAUX, ET D'UNE NOUVELLE CLASSIFICATION DE CES SUBSTANCES, FONDÉE SUR CES ANALYSES; Par J.-C. DELAMETHERIE. PLrus:EURS personnes m'ont témoigné le desir de voir réunies les diverses analyses des minéraux, qui ont été faites jusqu’à présent, pour avoir une idée de l'état actuel de la minéralogie. C’est pour les satisfaire que je présente le Tableau suivant , rédigé d’après les analyses les plus récentes. J'y ai réuni les minéraux qui donnent des produits analogues ; et d’après ces résultats, je propose la nouvelle classification des substances minérales que j'ai à-peu-près suivie cette année, dans mes leçons au Collége de France, parceque le progrès des connoissances m'a obligé d'abandonner celle que j'avois adoptée dans mon ouvrage de la Théorie de la Terre. Cette classification me paroît d’autant plus naturelle, qu'il est démontré que les espèces minérales ne peuvent être dé- terminées que par l'analyse chimique. Ce n’est que depuis que Wallérius, Cronstedt, et Bergmann particulièrement, ont re- connu cette vérité, et en ont fait la base de leurs travaux, que la minéralogie a eu des principes fixes, et que sa marche est aussi assurée que celle des autres parties de l'Histoire naturelle. Je me suis rapproché néanmoins, autant qu'il m'a été possible, des caractères extérieurs. Mais le chimiste ayant, par l'analyse, déterminé la nature d’un minéral, c’est au minéralogiste de saisir les caractères extérieurs de cette substance, pour la reconnoître ensuite d'une manière sûre, sans avoir besoin de recourir à l’analyse, La nature du /er arseniaté, par exemple, étant bien constatée par l’analyse , on le reconnoitra ensuite par ses caractères extérieurs, c'est-à-dire, sa couleur , sa dureté, sa pesanteur, Tome LXII, AVRIL an 1806. Ss 520 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sa cassure , sa forme régulière lorsqu'il cristallise, ... mais particulièrement par son /acres. : Envain objecteroit-on qu'on peut bien distinguer un mi- néral sans en connoître les principes chimiques. Le diamant, par exemple, le saphir, le rubis... n’étoient anciennement confondus par personne, ni entr'eux, ni avec d’autres miné- raux, quoiqu'on en ignorât les principes constituans. Cela est vrai. Mais on ne pouvoit les placer dans leurs classes naturelles. Cette classification présente encore plusieurs anomalies ; mais j observe, premièrement, que toutes les méthodes en his- toire naturelle offrent les mêmes. anomalies : la sauge, par exemple, qui a tous les caractères des labiées, n’en a pas les étamines... Ne soyons donc pas surpris que la koreite , par exemple, ou pierre de lard, dont les Chinois fontleurs pagodes, ne contienne pas de parties sensibles de magnésie, quoiqu'elle ait tous les caractères extérieurs des smectites, ou pierres magnésiennes. J'observerai en second lieu, que les analyses, malgré les efforts des célèbres chimistes qui s'occupent de ce travail, ne sont pas encore arrivées au degré de perfection où ils les porteront. Cette classification sera donc rectifiée. par les ana- lyses qui se feront, et elle éprouvera des changemens qui seront commandés par les nouvelles découvertes. On est, par exemple, obligé aujourd’hui d'ôter le saphir de la classe des pierres siliceuses, pour le porter dans celle des pierres argi- leuses. La topaze doit être également transportée de la classe des pierres siliceuses dans celle des fluates d’alumine... Ainsi cette classification ne pourra être portée à sa perfection, que lorsque le chimiste aura, pour l'analyse des minéraux, des procédés assez sûrs pour que ses résultats ne varient plus d’une manière sensible. J'ai suivi dans ce Tableau ma méthode minéralogique, dont l'exactitude me paroit aujourd’hui démontrée , et reconnue assez généralement. Car tous les corps qui constituent notre globe, sont organiques ou inorganiques. Les corps organiques ferment les classes des animaux et des végétaux, ou le règne azimal et le règne végétal. Les corps inorganiques forment le règne minéral. Nous ne connoissons que ces trois règnes. J'ai divisé en dix classes le. règne minéral, are cLAssE. Les gaz. qu CLASSE. Les eaux. are cuasse. Les corps combustibles simples nonsmétalliques. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3A2 ‘ive CLASSE. Les substances métalliques. Ces quatre classes sont très-naturelles. ve cLAssz. Les acides. Cette classe, contre laquelle on avoit fait beaucoup d'ob- jections , est admise aujourd'hui. vie cuaAsse. Les alkalis. Cette classe est aussi naturelle que celle des acides. vu ccasse. Les terres. d On trouve dans les argiles, les marnes, les terres smectites, et les autres différentes terres, l’alumine , la silice, la magné- sie, la chaux, (et l'oxide de fer qu'on peut regarder comme un principe abondant de la plupart des pierres ). Fee Ce sont ces cinq substances qui forment la masse princi- pale. des pierres, et parconséquent du globe. C'est donc à leur connoissance et à celle de leurs combinaisons , que nous devons plus particulièrement nous attacher. Les cinq autres terres connues, la baryte, la strontiane , la circome, la glucine, la gadolinite, sont extrémement peu répandues , surtout les trois dernières ; et les substances mé- talliques , excepté le fer, quoique plus abondantes, ne forment qu'une très-petite portion du globe, au moins de la partie que mous en connoissons. ville CLASSE. Les sels neutres. J'en ai fait trois sous-divisions: 10, Les sels neutres alkalins ; 2°. Les sels neutres métalliques. Ces deux sous-divisions sont très-naturelles. 3°. Les sels neutres terreux qui forment les pierres. On a fait plusieurs objections contre cette dernière partie; mais nous verrons que sur cent et quelques espèces de pierres qui sont connues, il y en a environ un tiers qui sent des sels neutres dans l'acception commune, c'est-à-dire des combinai- sons d’acides avec des bases. Quant aux autres, j'ai déjà observé qu’on doit donner, avec plusieurs chimistes , le nom des sels neutres, non-seulement à des combinaisons des acides avec des bases, mais encore à des combinaisons d'alkalis avec des bases. Ainsi on a toujours regardé comme sels neutres les combinaisons de l'ammoniaque avec le cuivre, avec le fer... Or nous avons plusieurs pierres qui contiennent des alkalis; et toutes ces combinaisons d'alkalis, avec des bases, eristallisent comme les combinaisons des acides £- 2 322 JOURNAL DE PHYSIQUE , DE CHIMI= avec des bases. La combinaison de la potasse avec l'étain, par exemple , cristallise très-régulièrement. Enfin on pourroit peut-être regarder encore comme sels neutres les combinaisons de l'eau avec une base. Il n’est pas douteux que l’eau n’influe dans les combinaisons ; cela est démontré dans la cristallisation du gypse ordinaire , et du gypse anhydre. Toutes ces combinaisons de l’eau avec des bases quelconques, combinaisons que Proust appelle HypRATES, pourroient donc être regardées comme des se/s, en prenant ce mot dans sa plus grande latitude. La baryte, la strontiane, cristallisées avec l'eau, sont des bydrates. La potasse caustique cristallisée de Berthollet est un hydrate. Le quartz est peut-être un hydrate de silice. Le saphir est peut-être un bydrate d’alumine. Peut-être l’oxigène entre-t-il dans ces hydrates, comme dans les oxides métalliques. Mais en attendant que /a chimie prononce sur ces ques- tions , et nous en tenant aux faits, nous direns quil est prouvé que, 1°. La baryte seule est soluble dans l’eau et y cristallise. 2°, La strontiane seule est soluble dans l’eau et y cristallise. 5°. La terre quartzeuse seule est soluble dans l’eau pure, ou unie à quelque principe que la chimie n’a encore pu saisir, et y cristallise comme dans le quartz. Cette dissolution s'opère journellement, puisque nous voyons du quartz se former sous nos yeux dans les terreins calcaires, comme à Neuilly, où Je quartz cristallise avec le calcaire; en Auvergne, où le quarz cristallise sur le bitume... 4°. L’alumine seule est soluble dans l'eau pure, ou unie à quelque principe que la chimie n’a encore pu saisir, et y cristallise comme dans le saphir. 5°. L'oxide de fer est soluble dans l’eau chargée d’acide carbonique... Nous supposons ici que le quartz est la silice pure, et le saphir l'alumine pure, ainsi que l'indiquent les analyses ac- tuelles : il est néanmoins vraisemblable qu'elles seront rec- tifiées, et qu'on trouvera dans le quartz quelque principe dit- férent de l’eau, ainsi que plusieurs faits semblent l'indiquer. Il en sera peut-être de même du saphir. Mais quelles que soient les causes des dissolutions dans l’eau, soit pure, soit unie à quelqu’autre principe , et des cristal- e ETD HISTOIRE NATURELLE, 523 lisations de la silice et de l’alumine , elles s’y opèrent : ce sont des faits incontestables. Ces deux terres peuvent ensuite étre tenues en dissolution dans le même dissolvant aqueux, s’y combiner et cristalliser ensemble, comme dans le cyanite, la pinite.. Les autres terres, la magnésie, la chaux... sont également solubles dans des dissolvans aqueux ; elles pourront donc être tenues en dissolution dans la méme eau, soit entr'elles, soit avec la silice, avec l’alumine. Les oxides métalliques, tels que celui de fer, celui de man- ganèse,... sont également solubles dans des dissolvans aqueux. Toutes ces substances peuvent donc être dissoutes dans le même dissolvant : elles s’y combineront deux à deux, trois trois , quatre à quatre, et en diflérentes proportions, … ce qui donnera toutes les différentes variétés de pierres que nous possédons ; on peut Les regarder comme des sels à double, à triple, à quadruple base, des espèces d'hydrates. Quelques minéralogistes ont proposé de faire des genres par- ticuliers des pierres qui contiennent des alkalis; mais les ana- lyses ne sont peut-être pas encore assez avancées pour prendre un parti à cet égard. On a retiré, par exemple, des alkalis de quelques pierres, tels que des feldspaths , des tourmalines.. et d'autres feldspaths , d’autres tourmalines.. n’en ont point donné. Est-ce un défaut de manipulation ? ou ces substances ne contiennent-elles réellement point d'alkalis? ou enfin ces alkalis sont-ils un produit nouyeau formé par les réactifs qu'on a employés? Car il est bien étonnant que l'exact Klaproth n'ait. point trouvé , par exemple , d’alkahi dans la lazulite, et que Clément et Desormes en aient retiré 0.23 de natron.… II faut donc attendre des travaux ultérieurs. J'ai sous-divisé les pierres à raison de la terre principale qui y domine. C’est la mème méthode qu'on suit pour la classifica- tion des mines métalliques. Ainsi, quoique telles mines, celles de plomb, par exemple, telles que le plomb sulfuré ou galène, le plomb phosphaté, le sulfaté, l'arseniaté, le carbonaté, le molybdaté, le chromaté, le muriaté, ... n’aient que des rap- ports éloignés quant aux caractères extérieurs, ou les classe ensemble, parcequ’elles ont la même base , le plomb : de mème, quoique le quartz, les opales,.les zéolites , les pierres smectites , n'aient que des rapports éloignés quant aux caractères extérieurs, je les classe ensemble, parcequ'ils ont une base commune, la silice, “* 324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ‘Je’ dois encoré répondre à une objection qu'on m'a faite. « Les acides, m'a-t-on dit , les alkalis, les terres... sont presque toujours en état de combinaison. Vous ne devez donc pas en faire des espèces particulières ». Je réponds : « Les substances métalliques ne sont-elles pas ‘presque toutes en état de combinaison ? et n'en fait-on pas dés espèces particulières? » Quant à la nomenclature, jé pense que, Premièrement on doit conserver les noms adoptés, et qu'il n'est permis de donner des noms nouveaux qu'aux substances qui n'en avoient point. Secondement, un nom n'est pas une définition, À doit être simple : Comme on dit or, argent, cuivre, … je dis cal- cäire, gypse, fluor. Ces principes établis, je vais rapporter les analyses des dif- férentes substances inorganiques, qui forment le globe terrestre, et la classification que j'en ai faite d’après ces Hsen 1 Te CLASS be ANALYSE DES GAZ, ET LEUR CLASSIFICATION. PIRE MI ER, G ErNe RE: AIR ATMOSPHÉRIQUE. ùe Espèce, air atmosphérique. Oxigène 210 ; azote 785; hydrogène 0.003 ; acide carbonique 0.004. Humboldt, Gay- Lussac , Journ. de Physique, tome 60, p. 152. Il faut ajouter à ces principes les miasmes contenus dans cêt air. La pureté de l'air atmosphérique varie dans les diflérens souterreins. SECOND GENRE. GAZ HYDROGÈNE. 1e Espèce, gaz hydrogène pur. Il ne se recontre pas pur dans le sein de la terre. Tous les gaz hydrogènes des cavités souterreines sont constamment plus ou moins mélangés avec d'autres substances. ET D'HISTOIRE NATORA LUE. 322 TROISIÈME GENRE. . GAZ HYDROGÈNE CcARBONÉ.4 1ère Espèce, gaz hydrogène carboné. Gaz hydrogène x, car- bone x. QUATRIÈME GENRE. , GAZ HYDROGÈNE SULFURÉE: 1ère Espèce, gaz hydrogène sulfuré de certaines galeries dans les salines de Bez. Gaz hydrogène x, soufre x. 2e Espèce, gaz hydrogène sulfuré des eaux thermales. CINQUIÈME GENRE. GAZ HYDROGÈN'E PHOSPHUR SE. aère Espèce, gaz hydrogène phosphuré des fontaines bri- lantes. Gaz hydrogène x, phosphore æ. I Fes «G LiA:SiS ÆE. ANALYSE DES EAUX, ET LEUR CLASSIFICATION. PREMIER GENRE. EAUX FLUVIATILES. 1ère Espèce, eau. La quantité de substances étrangères que ces eaux contiennent, varie suivant la nature du sol sur lequel elles coulent. Eau composée du gaz hydrogène 15 à 13, gaz oxigène 85 à 87 cavendish. S E'CON D' GENRE. EAUX MARINES. ière Espèce , eau de la mer. La quantité de sels qu'elle con- tient varie suivant la latitude. Ce sont le sel marin et quelques sels terreux. 326 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TROISIÈME GENRE. EAUX MINÉRALES À CIDULES. La partie principale de ces eaux est l'acide carbonique, rèe Espèce, eau de Spa. Une bouteille; acide carbonique, égale le quart du volume de l'eau. Carbonate de chaux 2 grains, magnésie 4 grains, natron carbonaté 2 grains, natron muriaté ; grain, fer carbonaté : grain. QUATRIÈME GENRE. EAUX MINÉRALES THERMALES. re Espèce, eaux hydrogéno-sulfureuses. La base de ces eaux est le gaz hydrogéno-sulfuré. Eaux d'Aix-la-Chapelle. Une bouteille contient gaz hy- drogène sulfuré , à-peu-près moitié de son volume. Chaux car- bonatée 11 grains , natron carbonaté 29 grains, soufre 5.75 grains, natron muriaté 12 grains. CINQUIÈME GENRE. E AUX ACGIDES. 1ère Espèce, eau de Pulazzé, contient de l'acide sulfurique. SIXIÈME GENRE. EAUX BITUMINEUSES, ae Espèce, eau. Eau de la mer morte, lac de Genezareth, Eau x, bitume x. SEPTIÉME GENRE. E AUX SILICEUSH%YS. ie Espèce , eau de Geyer en Islande. 10000 parties de cette eau ont donné, silice 5.40 , alu- mine 0.48, natron caustique 0.95, muriate de natron 2.46, natron sulfaté 1,46, eau 10090.75. Black, JIIItme ET D'HISTOIRE NATURELLE. 327 MT I ColéA 18:18 EE. ANALYSE DES CORPS COMBUSTIBLES SIMPLES NON-METALLIQUES, ET LEUR CLASSIFICATION. PREMIERCGENRE:. S UIL,F U RE U x. 1ère Espèce, soufre des volcans pur. Principes constituans inconnus. 2° Espèce, soufre de Césène. Soufre æ, parties terreuses æ. SECOND GENRE. PHOSPHORE, \ 1e Espèce, phosphore combiné. On ne le trouve que dans un état de combinaison , comme dans le cuivre phosphuré. TROISIÈME GENRE. CARBONE U x. 1ère Espèce , diamant. Carbone pur. Principes constituans inconnus. 2e Espèce, antracite de Schemnitz carboné, 90 alumine 5, silice 3, fer oxidé 2. Æntracite du clos Chevalier près d’Allemont. Carbone 97.25, fer oxidé 1.50, silice 0.95, alumine 0.30. Æericart de T'hury. Journ. des Mines , tome 14, p. 16. 5° Espèce, plombagine pure. Carbone 00, fer oxidé 10. Scheelle. Impur. Carbone x , fer oxidé x, terre x. EN hp Ci LA :S.S.E ANALYSE DES SUBSTANCES MÉTALLIQUES, ET LEUR CLASSIFICATION. PuRs EUMÉT/ERYAGIEUNURE, p'EÉ A TENTE: rte Espèce, platine en grains. Platine +, palladium x, os- wium æ, iridiurm æ, rhodium x, orx, fer x, cuivrex , titane w, chrome x, plomb x, silice æ. Tome LXII. MARS an 1806, TE 328: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE SECOND GENRE. O R. aèe Espèce, or natif. Or x, parties hétérogènes x. Cet or est plus où moins pur; il se présente ou en masses plus ou moins considérables, ou en paillettes. > Espèce , or allié. Or de Nagyag. Or 30, tellure 6o , argent 10. X/aproth, tome 5, p.20, de:son Beitrage, etc. (1). L'or peut étre allié à différens métaux. 3e Espèce, or pyriteux. Or, fer sulfuré. TROISTÈME GENRE. ARGENT. 1ère Espèce, argent natif. Argent æ, parties hétérogènes z. L'argent natif est plus ou moins pur. 2° Espèce, argent antimonial de Wolfach, proche Furster- bers. Argent 84 , antimoine 16. Xlaproth, tome 2, p. 298. D'Andreasbere. Argent 78 ; antimoine 22. V’auquelin. 3° Espèce, argent arsenical. Argent 12.95, arsenic 55, fer 44.25, antimoine 4. Klaproth, tome 1, page 187. On devroit plutôt lappeler martial, puisque le fer y est plus abondant que l'arsenic. 4° Espèce , argent plombique ou blanc. Arsent 20, plomb 48.06, antimoine 7.88, fer 2.25, soufre 12.25, alu- mine 7, silite 0.25. X/aproth ; tome 1, p. 172. 5e Espèce, argent bismuthique. Argent 15, bismuth 27, plomb 35, fer 4.30, cuivre 0.90, soufre 16.50. Xlaproth, tome 2, p. 297. 6° Espèce, cobaltique. Argent æ, cobalt x... Argent , merde-d'oie. Argent 12.80 , cobalt oxidé 43, fer 3.5, mercure 4.8, arsenic sulfuré 20, acide sulfureux 15. Screiber, Journ. de Physique, 1785. 7° Espèce , argent oxidé. Argent x, oxigène æ. Proust a prouvé que l'argent peut s'oxider. Ainsi il doit étre sous forme d’oxide dans plusieurs mines. 8: Espèce, argent sulfuré (vitreux). Argent 85, soufre 25. Klaproth, tome 1, p. 162, a (x) C'est de cet ouvrage qne j'extrairai toutes les analyses données par Klaproth. ET D'HISTOIRE NATURELLE :. SET 0° Espèce, rouge arsenical. Argent 60, arsenic 27, soufre 13. Beromann. Argent x, arsenic æ, soufre æ. Proust. 10° Espèce , rouge antimonial. Argent 60, antimoine 20.3, soufre 11.7, acide sulfurique 8: Xlaproth , tome 1, p. 155. Argent 56,67, antimoine 16.13, soufre 15.7, oxigène 12.13. Vauquelin, Journal des Mines, n° XXV. tic Espèce , argent noir de Freyber. Argent 66.5, anti- moine 10, fer 5, soufre 12, cuivre et arsenic 0.5, substances terreuses 1. Xlaproth , tome 1, p. 166. 12° Espèce, argent muriaté. Argent 67.75, fer oxidé 6, alumine 1.75, chaux 0.25, acide muriatique 21, acide sul- furique 0.25. Xlaproth, tome 1, p. 134. 15° Espèce , argent carbonaté. Argent 72.50 , acide car- bonique 12, antimoine carbonaté et cuivre oxidé 15.50 Se/b. (suivant Brochant ). QUATRIÉÈME GENRE. MERCURE, ae Espèce , mercure natif. 2° Espèce, amalgamé avec l'argent. Mercure 64, argent 56. Klaprotk, tome 1, p. 183. Mercure solide 73.5. Argent 25.5. Cordier , Journ. des Mines, tome 12, p. 1. 3e Espèce, mercure oxidé Mercure 91, oxigène. Sage, Journ. de Physiq. 1784. 4° Espèce, mercure sulfuré, cinabre. Mercure 80, soufre 20. Sage. Mercure 85, soufre 15. Proust ; Journ. de Physique, tome 54, p. 46. be Espèce , mercure muriaté. Morfeld. Argent x, acide mu- riatique æ , acide sulfurique x. Woulfe. Transactions phil. an 1776. Mercure 70, acide muriatique oxigéné x , acide sul- furique x. 6° Espèce, mercure hépatique. Mercure +, soufre æ, schiste bitumineux x. PAAE CINQUIÈME GENRE. CUIVRE. aèe Espèce, cuivre natif. Cuivre x, parties hétérogènes x. 2e Espèce , cuivre plombique. Cuivre 16, plomb 34, anti- moine 16, argent 2,25, fer 13, soufre 10, silice 2.50. X/aproth. Il met cette mine au rang des falherz. Ttz2 330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 5e Espèce , cuivre antimonial. Cuivre 31.35 ,antimoine 54.60, argent 14.77, fer 3.350 ,-soufre 11.5, perte 4.98. X/aproth. De Loanzo en Piémont. Cuivre 29.3, antimoine 36.9, ar- gent 0.7, fer 12.1, soufre 12.7 , arsenic 4, alumine 1.1, perte 5.2. Napione, Mem. de l’Académie de Turin, 1791: 4° Espèce, falherz, cuivre gris de la mine de Krone près Freyberg: Cuivre 48, argent 0.60 , fer 23.8, arsenie 14, soulre 10, perte 2. X/aproth, Journ. Physiq. tome 61, p. 262. Cuivre 42, argent 0.90, fer 25.60, antimoine 1.50 , ar- senic 15.60, soufre 10, perte 2. K/aproth, ibid. be Espèce, graugiltigerz (variété de cuivre gris) de Po- ratsch dans la Haute- Hongrie. Cuivre 39, antimoine 13.50, fer 7.50, mercure 6.25 , soufre 26, perte 1.79. X/aproth, ib. P: 266. L 9 D'Annaberg. Cuivre 40.25, argent 0.50, antimoine 25, fer 13.50, soufre 18.50, arsenic 0.75, perte 3.70. X/apro!h ,b. De Cremnitz en Hongrie. Cuivre 31.36 , argent 14.77, antimoine 34.09 , fer 3.30, soufre 11.50, alumine 0.30, perte 1.68. Xlaproth, ibid. 6° Espèce, cuivre arsenical. Cuivre 41, arsenic 24.10, argent 0.40, fer 22.60, soufre 10, perte 2. X/aproth, ib. 261. Il met cette mine au rang des falherz. 7e Espèce , cuivre oxidé brun. Cuivre 80, oxigène 20. Proust, Journ. Phys , tome 50, p. 61. Oxidé brun ferrugineux (Le- bererz}). Cuivre x, oxigène æ, fer oxidé x. 8 Éspèce, cuivre oxidé rouge. Cuivre métallique 38.5, cuivre oxidé brun 57, sable 4.5. Proust, Journ, de Physique, tome 5o, p 63. Oxidé rouge octaèdre. Cuivre 88 5, oxigène 12.5. Chenevrx. . 9° Espèce, cuivre carbonaté vert (malachite) de Sybérie. Cuivre 58, acide carbonique 18, oxigène 12.5, eau 11.5. Klaproth, tome 2, p. 290. Malachite. d'Arragon. Guivre oxidé brun 71, acide carbo- nique 27, chaux carbonatée 1, terres sableuses 1. Proust, Journ. de Physique, tome 50, p. 61. Cuivre ovidé vert artificiel. Cuivre 56, oxigène 14, acide carbonique 24, eau 6. Proust ibid. 10° Æspèce, cuivre bleu, azur de cuivre. Cuivre 66 à 70, acide carbonique 18 à 20, oxigène 8 à 10, eau. Pellerier. Hydrate de cuivre, ou cuivre bleu. Cuivre oxidé brun "5, acide carbonique x, eau concrète 24. Proust, Journ. Physiq. tom. 50, p.63. Il regarde le cuivre bleu ou azur comme un hbydrate. ET DUHLSTOIRE NATURELLE, 332 . ai® Espèce , cuivre oxidé et calaminé (mine de laiton). Cuivre oxidé, zinc oxidé. ‘ 12€ Espèce , cuivre phosphuré. Cuivre 24, antimoine x, fer æ , argent x, phosphore æ, oxigère x, acide muriati- que 4, eau 6, silice 0.50. Sage, Journal de Physique, no- vembre 1795. 13° Espèce, cuivre phosphaté. Cuivre 68.13, acide phos- phorique 30.95: X/aproth, tome 3, p. 206. 14° "Espèce, cuivre sulfuré gris de Sibérie. Cuivre 78.50, soufre 28. 50 ; fer 2.15, silice 0.75. Xlaproth, tome 2, p. 279. 15€ Espèce , cuivre sulfuré jaune. Pyrite cuivreuse, gorge-de-pigeon de Hilterdahl en Norvège. GA 69:5, soufre 19 , fer 7.8, oxygène 4. Xlaproth, tome 2, . 283 : Pyritexcuivreuse, gorge-de-pigeon, de Rudelstadst en Silésie. ALTIÉ 58, soufre 19, fer 18, oxygène 5. X/aproth, tome 2, 286. é 16° Espèce, cuivre sulfate. Cuivre oxidé noir 32, acide sul- furique 55, eau 36. Proust. 17° Eipèce, cuivre murtaté du Chili. Cuivre oxidé 75, acide muriatique 10.1, eau de cristallisation 16.9. X/aproth , tome 5, p 200. Cuivre 57, oxygène 14, acide muriatique ro, fer oxidé rouge 2, chaux sulfatée 4, eau 12. Proust, Journal de Physiq. tome 5°, p 63. Sable de cuivre muriaté du Pérou. Cuivre oxidé brun 70, acide muriatique 11, eau 18. Proust, ibid. 18: Espèce, cuivre arseniaté , cristallisé en octaëdre obtus. Cuivre oxidé 49, acide arsenique 14, eau 35. Chenevix, Trans. philos ; Journ. Physiq. tome 56, p.47: Cristallisé en octaëdre aigu. Cuivre oxidé 60, acide arse- _niqué 39.5, eau 0.6, rbid. Cristarlisé en lames hexaëdres. Cuivre oxidé 58, acide ar- seniqué 21, eau 11, zbid. Æintanthiforme Cuivre oxidé 54, acide arseniqué 50, eau 16, 1014. | Capi!laire indéterminé. Cuivre oxidé B1, acide arsenique 19, gau 18, 2brd, Hémathijorme. Cuivre oxidé 80 , acide arseniqué , eau, #bid." 19e Espèce, cuivre arseniaté ferrugineux. Cuivreoxidé 25.5, fer oxidé 27.5, acide arseniqué 35.5, silice 3, eau 12. Chenevi, ib. 20° Espèce , cuivre chormaté de Sibérie ‘Thomson, Journ, de Physiq. tome 6o, p. 66. Mais ceci n’a pas été confirmé. 3532 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE orce Espéce, cuivre bitumineux. Cuivre oxidé +, terre bitu- mineuse Ze SIXIÈME GENRE: FER, ae Espèce, fer natif. Fer x, parties hétérogènes. 2° Espece , acier natif de la Bouiche en Auvergne. Fer 945, carbone 0.043, phosphore 0012. Godon Saint-Memin. Journ. Physiq., tome 60, p. 340. & Espèce, fer arsemical (mispikel). Fer 60, arsenic 4o. 4° Espèce, fer titané. Fer 78, titane 22. Xlaproth, tome 2, » 234. Ë be Fées , er oxidé noïr. Fer 72, oxigène 28. Lavorsier, Proust. a, magnétique, ou aimant. b, non aimant, mais attirable. . 6° Espèce, fer oxidé rouge. Fer 52, oxigène 48. Lavoisier, Proust. a , de Frammont. b, de l'ile d'Elbe. c , spéculaire volcanique. d, micacé. e, hématite rouge. f ; hématite jaune. £g hématite noir. A, eisenram, Ces deux variétés de fer oxidé noir, et les huit du fer oxidé rouge, n'ont pas encore été analysées avec assez de soin. e Espèce, ocre de Saint - Pourrain. Fer oxidé 20, si- lice 65. 54, alumine 9.03, chaux 5.05. Guillor. 8 Espèce , terre d'ombre. Fer oxydé 48, manganèse oxidé 20, silice 15, alumine 5, eau 14. Xlaproth, tome 5, p. 140. 9° Espèce , fer limoneux. Fer x, oxigène x, acide carbo- nique æ , acide phoshorique x, terre æ, Bergmann. 10° Espèce , fer sulfuré, pyrite cubique lisse. Fer 52.70, soufre 47.30. Hatchett. Transact. philos. Journ. de Physique, tome 61. Cubique striée. Fer 52.50, soufre 47.50, ibid, Dodécaëdre à plans pentagones. Fer 52.15, soufre 47.85. Radice. Fer 53.60, soufre 46.40, 1bid, bdd ET D'HISTOIRE NATURELLE. 533 11° Espèce, pyrite magnétique. Fer 63.56, soufre 36.60. Hatchett, ibid. a, pyrite artificielle suivant Proust. Fer 62.50, soufre 37.50. La pyrite naturelle suivant lui. Fer 52.64, soufre 47.56. 12° Espèce, fer carburé. Fer x, carbone x. 15° Espèce, fer spathique de Baigory. Fer oxidé au mni- nimum 52.75, magnésie 5, eau et acide carbonique 42.25. Drapier, Journ. de Physique , tome 61. De Vaulnaveys près Grenoble. Fer oxidé auminimum 42.58, magnésie 14, eau et acide carbonique 42.62, rbid. D'Allevard. Fer oxidé au minimum 42.58, magnésie 15.60, eau et acide carbonique 45.22, silice 0.8, cbid. 14° Espèce, fer sulfaté. Fer oxidé 23, acide sulfurique 59, eau 58. Bergmann. > 19° Espèce, fer phosphaté de l'Île de France. Fer oxidé 41.25, acide phosphorique 19.25, alumine 5, silice 1.25, eau 31.25, perte2. Fourcroy et Laugier, Annal du Muséum, tom. 5, p. 405. Fer phosphaté de Limoges. Voyez manganèse phosphaté. 16° foie Jer azuré (prussiate ). Fer oxidé x, acide phos- phorique x. Proust, Journ. de Physique, tome 49; pe 249. Fer oxidé æ, acide phosphorique x, argile x. X/aprot. 17° Espèce, fer chromaté. Fer oxidé 34.7, alumine 22.7, silice 2, acide chromique 43. J’auquelin , Bul. philom., plu- yiose an 10. 18° Espèce, fer arseniaté. Fer oxidé 45.5, cuivre oxidé 9, acide arseniqué 37, silice 4, eau 10. Chenevix , Journ. Physiq., tome, 56, p..48. Fer oxidé 46, acide arsenique 18, chaux car- bonatée,2 , eau 52, Vauquelin. 19° Espèce , fer colombaté, Fer oxidé x, acide colombique x. Hatchett, Journ. de Physique , germinal an 10, p. 322. 20° Espèce, fer tunstaté. Wolfram. Voyez tunstène ferru- gineux. SEPTIÈME GENRE. P.L O M 5. rèe Espèce, plomb natif. Plomb x, parties hétérogènes x. æ Espèce, plomb allié avec différens métaux , comme dans l’argent et le cuivre plombique. 3e Espèce, plomb oxidé. Plomb g1, oxigène 9. Proust. 4° Espèce, plomb et arsenicoæidés, plomb'arsenié. Plomb x, arsenic æ, oxigène x. Champeau, Vauquelin. 334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Be Espèce , plomb sulfuré ; galéné: Plomb 6o à 86 , ar- gent 5. à une petite partie, soufre 15 à 25. 15 Ge Espèce, plomb et antimoine sulfuürés , galène antimo- niale. Plomb x, antimoine x, soufre x. n° Espèce , plomb hydrogéno- phosphuré (slickenside ). Plomb x, gaz hydrogéno-phosphuré +: . 8 Espèce, plomb phiosphaté, verd de Zschopau. Plomb oxidé 78.40, acide phosphorique 18.37, acide marin 1.70, fer oxidé o.10. X/aproth, tome 3, p. 153. l’erd de Hoffsgrund. Plomb oxidé 77.10 , acide phospho- rique 19, acide marin 1.54, fer oxidé 0.10. X/aproth, ibid. Noir du Huelgoet: Plomb oxidé 758.58, acide phosphori- que 19.75, acide marin 1.65. X/aproth , ibid. oc Espèce, plomb sulfaté d'Anglesey. Plomb oxidé 71, acide sulfurique 24.80, fer oxidé 7, eau de cristallisation à. X/aproth, tome 3, p. 164. De Leadhills. Plomb oxidé 70.50, acide sulfurique 25.75, eau de cristallisation 2.25. Xlaproth, ibid. 10° Espèce, plomb arseniaté. Plomb oxidé +, acide arse- nique x. Proust. E 11° Espêce, plomb ‘arseniaté et phosphate. Plomb arse- miaté 65, plomb phosphaté 27, fer phosphaté 5, eau 5. Four- croy , Mémoires de l’Acad. des Sciences de Paris, 17809. 12e Espèce, plomb carbonaté. Plomb 80, acide carbonique 16, alumine 1. Westumb. De Leadhills. Plomb 77, oxigène 5 , acide carbonique 16, eau de cristallisation et perte 2. Xlaproth, tome 3, p. 168. 13° Espèce, plomb molybdaté: Plomb oxidé 64.42, acide molybdique 34.26. Klaproth , tome 2, p. 275. 14e Espèce , plomb chromaté (plomb rouge ). Plomb oxi- dé 63.93 , acide chromique 36.04. V’auquelin, Journ. des Mi- nes, n° 34. Mine brune de plomb de Zimepeau au Mexique. Plomb métallique 69 , oxigène présumé 5.2, fer oxidé 3.5, acide mu- riatique 1.9, acide chromique 16, perte 4.8. Collet-Desco- tits, Journ, des Mines, n° 104. 15° Espèce , plomb muriaté. Plomb 85.5, acide muriæ tique 8.5, eau de cristallisation 6. Klaproth , tome3, p. 144. HUITIÈME GENRE. É'T ALI Ne ae Espèce, étain natif. Étainx, parties hétérogènes z. 2 ET D'HISTOIRE NATURELLPF. 335 oc Espèce, étain oxidé de Cornouailies. Etain 77.5, oxi- gène 21.50, fer oxidé 0.25, silice 0.75. Xlaproth, tome 2, . 256. j 3 Espèce, étain et fer oxidés ( Woodtin. Hématite d’étain). Etain 63, fer x, oxigène x. 4° Espèce, étain sulfuré. Etain 34, cuivre 36, fer 2 , soufre 25, Klaproth, tome 2, p. 561. NEUVIÉÈME GENRE. Z I N C. ère Espèce, zinc natif. Zinc x, parties hétérogènes x. 2° Espèce, zinc oxidé (calamine). Zinc x, oxigène x. Calamine de Fribourg. Zinc oxidé 36, silice 10, eau 12. Pelletier, Journal de Physique. Calamine de ** Zinc oxidé 84, fer oxidé 3, silice 10 , alu- mine 1. Bergmann. Zinc oxidé d'Angleterre. Zinc oxidé 68.3, silice25, eau 4.4, perte 2.5. Smithson, Transact. philosophiq., an 1803. 3e Espèce, zinc carbonaté d'Angleterre. Zinc oxidé 64.8, acide carbonique 35.2. Smithson , ibid. De Carinthie. Zinc oxidé 71.4, acide carbonique 13.5, eau 15.1. Smnithson, ibid. 4 Espèce, zinc oxidé et cuivre oxidé (mine de laiton ). Calamine æ, cuivre oxidé x. 5e Espèce , zinc sulfuré, blende de Sahlberg. Zinc 44, fer 5, soufre 17, alumine 5, silice 24, eau 5. Bergmann. De Schustenberg en Saxe. Zinc 64, fer 4, soufre 20 , acide fluorique 4 , silice 1, eau 6. Bergmann. 6° Espèce, zinc sulfaté. Zinc oxidé 20, acide sulfurique 40, eau 40. Bergmann. DIXIÉME GENRE. AN TIMOINE. 1ère Espèce, antimoine natif. Antimoine x, parties hétéro- gènes æ. Swaab. Antimoine 98, argent 1, fer 0.25. Klaproth, tome 3,p. 172. 2° Espèce, antimoine arsenicul testacé. Antimoine x, ar- senic x. 3° Espèce, antimoine oxidé. Antimoine x, oxigène x. Oxide blanc, cristallisé en prismes rectangulaires droits Tome LXII. AVRIL an 1806. V y 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE aplatis. Antimoine oxidé 86, antimoine et fer oxidés 3, silice8, erte 3. J’auquelin. ÆXlaproth, qui avoit regardé cette mine comme un muriate, a reconnu quelle avoit un oxide , tome 5, p. 183. 4° Espèce , antimoine sulfuré. Antimoine 74, soufre 26. Peromann. En plumes ou en fibres fines. Antimoine‘æ, soufre #, argent x. 5‘ Espèce, antimoine rouge(hydrogéno-sulfuré). Antimoinex, soufre æ , hydrogène x. Berthollet. Antimoine 67.50, oxi- gène 10.80, séufie 19.10, perte 260. K/aproth, tome 3, p. 182. On a parlé d’antimoine muriaté, mais il est vraisemblable que cé n'est qu'un antimoine oxidé, comme l'espèce 3. ONZIÈME GENRE. BISMUT H,. 1e Espèce, bismuihk natif. Bismuth æ, parties hétéro- gènes æ Cronstedt. . 2° Espèce, bismuth oxidé. Bismuth æ, oxigène æ. ‘5° Espèce, bismuth sulfuré. Bismuth 60, soufre 40. Sage. DOUZIÈME GÈNRE. À RS E N I C. 1ùe Espèce, arsenic natif. Arsenic æ, parties hétérogènes x. 2 Espèce, mrispickel. Arsenic 40, fer 60. 5° Espèce , oxidé blanc. Arsenic 67, oxigène 33. Proust. 4° Espèce, orpiment (arsenic sulfuré jaune). Arsenic 10, soufre 90. Bergmann. 5e Espèce, rubine (arsenic sulfuré rouge), rubine de Pouzzol, Arsenic go, soufre 10. Bergmann. TREIZIÈME GENRE. C O0 B À L T, 1e Espèce, cobalt argental, cobalt tricoté. Cobalt x, ar- ent æ. Terreux de Chalanche. Cobalt 43, argent 12.75, fer 3.5, mercure 4.75, arsenic 20 , eau et acide sulfurique 10020 Schreiber. 1 2e Espèce, cobalt arsenical, Cobalt x, arsenic æ. ET, D'HISTOIRE NATURELLE. 337 5: Espèce, cobalr gris Tunxberg. Cobalt 44, arsenic 55.5, soufre 0.5. Alaproth. Cobalt 36.66, arsenic 49, fer 5.66, soufre, 6.50, perte 2.48. Trissaert, Annales de Chimie, n° 82. 4 Espèce, cobalt oxidé noïr. Cobalt æ, oxigène x. 5° Espèce, cobalt arseniaté. Cobalt æ, acide arseniqué æ. 6" Espèce, cobalt sulfaté du Herrengrand. Cobalt x, acide sulfurique æ. Klaproth, tome 2, p. 320. QUATORZIÈME GENRE. N PCR E Le. 1ère Espèce , nickel allié (kupfer nickel). Nickelæ, arsenic x; cuivre æ, fer æ, cobalt x. Bergemann. 2 Espéce, nickel oxidé vert. Nikel æ, oxigène x. 3° Espèce, nickel oxidé vert terreux (pimelite) Nickel oxidé 15.62, silice 35, alumine &, magnésie 1.25, chaux 0.4, fer oxidé 4.58, pertew57. Xlaproth, tome 2, p. 139. QUINZIÈME GENRE. M À N G AN Ë SE. 1èe Espèce, manganèse natif. Manganèse æ, parties hétéro- gènes x: Picot la Peyrouse D lues de Physique. 2e Espèce ; manganèse ovidé de 1lfeld. Manganèse 90, oxigène 10, eau 0.50. Xlaproth. De Dyo. Manganèse oxidé au minimum 30, oxigène et acide carbonique 47, fer oxidé 12, baryte caustique 2, alumine. 4, silice 3. Godon Saint- Nemin, Journ. Physique ;. tome 60, p. 3° Espèce , manganèse sulfuré de Nagyag. Manganèse x, soufre æ. Proust, Journ. Physique , tome 54. Manganèse oxidé au minimum 82, soufre 11, acide carbonique 5, perte 2. K/aproth, tome 3, page 42. 4° Espèce, manganèse carbonaté de Nagyag. Manganèse x, acide carbonique x. Proust, Journ. Physiq., tome 54, p. 94 De Kapnick. Manganèse oxidé 48, acide carbonique 49, fer oxidé 8.1, silice 0.9. Lampadius. : 5° Espèce , manganèse phosphaté'de Limoges. Manganèse oxidé 42, fer-oxidé 51 , agide phosphorique 27. ! V’auquelin. SEIZI-EME: GENRE. M OL Y BD Ë NE. 1e Espèce molybdène. + 2e Espèce ; molybdène sulfuré. Acide molybdique 45, V-v.2 5358 3SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE soufre 55. Pelletier, Journ. Physique, 1789 décembre. Acide molybdique 60, soufre 40. X/aprotz. DIX-SEPTIÈME GENRE. TUNSTÈNE. 1ère Espèce , tunstène. ot Espèce , tunstène ferrugineux, Wolfram. Tunstène acide 64 , fer oxidé 13.5 , manganèse oxidé 22, étain x, silice æ. Delhuyard, Mém. de l’Acad. de Toulouse, tome 2. Acide tunstique 67, fer oxidé 38, manganèse oxidé 6.25, silice 1.50, perte2.25. Wauquelin et Hectt. DIXHUITIÈME GENRE. T'1:T À N E. 1e Espére , titane. d 2e Espèce, tiane ferrugineux , nigrin de Sibérie. Titane oxidé 53, fer oxidé 47: K/aproth. Menakanite de Cornouailles. Titane oxidé 45.25, fer oxidé5, silice 3.5, manganèse oxidé 0.15. X/aproth, tome 2, p. 231. Titane sableux de Spessarts Titane oxidé 22, fer oxidé 78. Klaproth, tome 3, p. 234. 3° Espèce, ruthil, titane oxidé rouge (schorl rouge) de Hongrie. Titane oxidé 66, alumine 2, silice 2. X/aproth. Oisanite ; titane oxidé. V’auquelin. 4° Espèce, titane oxidé jaune. Titane oxidé 16, fer oxide 34, chaux carbonatée 5o. 5° Espéce, titanit (titane silicéo-calcaire). Titane oxidé 33, silice 35, chaux 33. X/Zaproth, tome 1, p. 257. 6° Espèce , sphène (variété de titanit). Titane oxidé 33.3, silice 28, chaux 51.2, perte 6.2. Cordier, Journ. des Mines, tome 13, p. 67. 7° Espèce, pictite (variété de titanit). Cordier, ibid. 8° Espèce, semeline (variété de titanit ). DIX-NEUVIÈME GENRE. CHROME. ie Espèce, chrome. 2° Espèce, chromate de plomb, Plomb oxidé 63.96, acide chromique 36.4. ’auquelin, Er. 5 ET D'HISTOIRE NATURÉLLÉ. 33 3° Espèce, partie brunätre de la mine de plomb rouge. Plomb oxidé 11 , antimoine oxidé 19, fer oxidé 3, acide chromique 6.5 , silice 51 , alumine 4, chaux 2, perte 3,5. Thenard. VINGTIÈME GENRE. URANE. 1ère Espèce, urane. ie 2° Espèce , urane brun ( pechblende } de Jonchimstal, Urane 86.50, plomb sulfuré 6, fer oxidé 2.5, silice5. X/aproth, tome 2,p. 221. , 5e Espèce, urane oxidé vert. Urane oxidé x, cuivre oxidé x. Xlaproth , ibid. VINGT-UNIÈME GENRE. TELLURE. 1ère Espèce , tellure.. 2e Espèce, tellure allié à Tor et à l'argent (or graphique d'Ofenbanya ). Tellure 60, or 30; argent 10. ÆX/aproth , tome 3, p. 20. 3 Espèce, mine jaunûâtre de tellure. Tellure 44.75, or 26.75, plomb 19 50, argent 8.5, soufre 0.50. Zhid., p. 25. 3° Espèce , mine de tellure plombique (or feuilleté de. Na- gvag ). Tellure 32.2, plomb 54, argent 9, cuivre 1.5, soufre 3. Ibid, , p. 32. 5° Espèce , tellure martial (metallum problematicum). Tel- lure 25.5, fer 72, or 2.5. VINGT-DEUXIÈME GENRE. COLO M BI U M. 1ère Espèce, colombinm. 2° Espèce , colombium et fer. Acide colombique +, fer &. Hatcheit. VINGT-TROISIÈME GENRE. T A N T A LE. are Espèce, tantale. 2e Espèce , tantale oxidé. 340 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CILIMILE VINGT-QUATRIÈME GENRE. GERTIU M. ère Æpèce " cerium. 2e Espèce, cerium oxidé. Cerium oxidé bo, fer oxidé 22, silice 23, chaux carbonatée 5.1, manganèse x. Hisinger et Berzelius. Cerium oxidé 67, fer oxidé et silice 17, chaux 2, eau et acide carbonique 12. ’auquelin. VINGT-CINQUIÈME GENRE. P À L L À D I U M. VIN.GT-:SIXIÉME GENRE: O0 $S M I U M. V INIGTS BEMTIÉME GHNRE. LR LI D.I U.M- VINGT-HUITIÉME GENRE. R H O L I, U, M Ces quatre derniers métaux n’ont encore été trouvés que dans le platine. VINGT-NEUVIÈME GENRE. A NI C CO L A NE: Espèce, douteuse. CV 2 GC LAS SE, ANALYSE DES ACIDES ET LEUR CLASSIFICATION. PREMIER GENRE. NU AR TL ONUNES re Espèce , acide nitrique. Azotex, oxigènex Carendish. Azote 33.35, oxigène 66.66, calorique +, une très-grande quantité. Lavorsier, tome 1, p. 112 (1). Cet acide contient, dit-il, une énorme quantité de calorique. 2e Espèce, acide nitreux. Azote x, oxigène x, calorique x. Lavoisier, (1) L’analogie dit que les autres acides doivent, égalèment contenir une quantité plus ou moins considérable de: calorique, ET DHISTOIRÉ NATURELLE. 341 SECOND GENRE. SULFURIQUE. 1ère Espèce, acide sulfurique. Soufre (moins une portion de son calorique dissipée dans la combustion ) 71, oxigène 29. plus une portion æ de calorique qui se cembine comme dans l'acide nitrique. 2* Espèce, acide sulfureux des volcans. TROISIÈME GENRE. PHOSPHORIQUE: a1ùe Espèce, acide phosphorique. Phosphore (moins une portion de son calorique ) 66 , oxigène 34, une portion de calorique x. 2° Espèce, acide phosphoreux. QUATRIÈME GENRE. € AR BON IQ U E: 1ère Espèce, acide carbonique. Carbone (moins une portion de son calorique ) 72, oxigène 28 (calorique æ). Lavoisier. 2e Espèce, acide carboneuæ. Proust. CINQUIÈME GENRE. MURIATIQUE. 1ère Espèce , acide muriatique. Principes inconnus. 2e Espèce, atide murtatique otigéné. Mémes ptincipes que ci-dessus oxigène x. Schecle. SIXIÈME GENRE. | BORACIQUE. 1e Espèce, acide boracique. Principes inconnus. 2° Espèce , Sassolin. Acide boracique 86, manganése sul- faté 11, chaux sulfatée 3, Telle est l'analyse qu'a fait Klaproth d’un sel trouvé par Mascagni, près Sasso en Toscagne, sur les bords d’une source d'eau chaude. X/aproth , tome 3, p. 99. SEPTIÈEME GENRE: FLU ORIQ UE. aïe Espèce, acide fluorique. Principes inconnus. 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE HUITIEME ESPÈCE. ACIDE ARSENIQUE. 1ère Espèce, acide arsenique. NEUVIÈME ESPÈCE. ACIDE TUNSTIQUE. atre Espèce , acide tunstique. DIXIEME ESPECE. A CIDE M OLYBDIQUE. Espèce, acide molybdique. ONZIÈME ESPÈCE. ACIDE CHROMIQUE Espèce , acide chromique. DOUZIÈME ESPÈCE. ACIDE COLOMBIQUE. Espèce, acide colombique. La quantité de base et celle d’oxigène n'ont point été dé'erminées dans les acides métalliques. VA °C L'ASS'E ANALYSE DES ALKALIS, PREMIER GENRE. A M MONIAC AL. atre Espèce , ammoniaque des volcans. Gaz hydrogène +, gaz azote x. Scheele. azote 807, hydrogène 193. Bertholler. 2° Espèce, ammoniaque du muriate ammoniacal. SECOND GENRE. NATRO N. ère Espèce , natron pur. Principes constituans inconnus. 2° Espèce, natron des lacs d'Egypte. Natron carbonaté 52.60, natron sulfaté 20.80, natron et sel marin 15, eau 51.60. Xlaproth, iome 3, p. 82. Natron ET D'HISTOIRE NATURELLE | 343 Natron de Tripoli. Natron 37, acide carbonique 38 , eau de cristallisation 22.50, natron sulfaté 2.50. X/aproth , tome 5, p. 87. | TR OL S'F EÈMNE AGE N/R°E. POTASSE. 1ère Espèce, potasse pure. Principes constituans inconnus. VLTAC L'A.S STE. ANALYSE DES TERRES ET LEUR CLASSIFICATION. PREMIER GENRE. SUTEUIE EUX 1ère Espèce, silice pure. 2° Espèce, silice mélangée avec l'alumine dans les argiles. SECOND GENRE, ARGILE U X. 1ère Espèce, alumine pure. 2° Espèce, alumine de Hall. Alumine45, chaux sulfatée 24, chaux caustique 3, silice une petite portion, muriate une petite portion , eau 27. Fourcroy. 3e Espèce , alumine mélangée avec la silice dans les argiles. TROISIÈME GENRE. MAGNÉSIE N. rère Espèce, magnésie. x 2° Espèce, magnésie mélangée dans les terres à foulon. QUATRIÈME GENRE, CAP CAR +: 1ère Espèce, chaux. 2° Espèce, chaux mélangée avec l'alumine dans les argiles. CINQUIÈME GENRE. BARYTIQUE. 1èe Espèce, baryte. Tome LXII. MARS an 1806, X x + é . 4 j \ à ” À 544 JOURNAL DE PIYSIQUE, DE CHIMIE : SIXIÈME C'ENRE. STRONTIANIQUE. aie Espece, strontiane. 2° Espèce, strontiane mélangée avec l'argile, à Montmartre. SEPTIÈME GENRE. CIRCONIE N. ère Espèce , circone. | HUITIÈME GENRE, GISQU, C'TAN T'oNUIE. ère Zspèce, glucine. . NEUVIÈME GENRE. GADOLINIQUE: aùe Espéce, gadoline. DIXIÈME GENRE. M A R N E U x. aèe Espèce , marne. Alumine 50 ; chaux carbonatée 5o. Ces proportions varient. 2e Espèce, leutrite (marne phosphorique). Chaux x, alu- mine x. 3° Espèce, marne. Alumine 40, chaux carbonatée 40, silice 20. Ces proportions varient. 4 Espèce , marne. Alumine 40, chaux carbonatée 40, silice 18 , fer oxidé 2. Ces proportions varient. ONZIÈME GENRE. A RG IiL Equ x (1) 1ùe Espèce, argile blanche. Alumine 40, silice 60. Ces proportions varient. (1) Quelques argiles des terrains primitifs contiennent les mêmes élémens que les granits et les porphyres : telles sont le kaolin, la petun-zé, qui sont des produits de granit et de porphyre décomposés. : D’autres argiles des terrains primitifs contiennent les mêmes elémens que les schistes primitifs... et sont les produits de ces substances décomposées. Enfin les argiles des terrains secondaires peuvent être formées des argiles des terrains primitifs , et d’autres substances décomposées. Quelques argiles et autres terres peuvent être des portions non-cristallséese de la premiere formation du globe. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 345 2 Espèce, terre cimolée. Silice 63, alumine 23, fer oxidé 1.25, eau 11. X/aprotk, tome, P- 299. ; 3° Espèce , kollÿ rite. Alumine 45, silice r4, eau 14, Klaproth. 4 Espece, argile de Dreux. Silice 43.5, alumine 53.2, chaux 35, fer oxidé 1, eau 18. V’auquelin, Bulletin Phi- lomatique , n° 18. 5° Espèce , argile des creusets de Hesse. Silice 69, alu- mine 21.5, chaux 1, fer oxidé 8. V’auquelin, ibid. 6° Espèce, argile des capsules de porcelaine. Silice 61, alumine 28, chaux 6, fer oxidé 0.5. V’auquelin , ibid. 7° Espèce, argile des pyromètres de Wedewood. Silice 64.2, alumine 25, chaux 6, fer oxidé 0.2, eau 6.2. V’auquelin , ib. 8& Espèce, kaolin brut. Silice 74, alumine 16.5, chaux 2, eau 7, perte 4.5. V’auquelin , ibid. : 100 parties de cette terre, traitées par l'acide sulfurique, ont donné 8 d'alun , ce qui indique que les 4.5 de perte Contenoient de la potasse. 9° Æspèce, kaolin lavé. Silice 55, alumine 27, chaux 2, Fer oxidé 0.5, eau 14. V’auquelin , ibid. \ Ce kaolin, traité par l'acide sulfurique , a donné environ 45 à 50 par cent d’alun. 10° Espèce, petun-zé. Silice 74, alumine 14,5, chaux 5.5, perte 6. 100 parties, traitées par l'acide sulfurique , ont donné 7 à 8 parties d’alun, qui ne remplacent point la perte éprouvée. Vauquelin, ibid. 11 Espèce, porcelaine de cornue. Silice 64, alumine 28.8, chaux 4.55, fer oxidé 0.50 , perte 2.77. Traitée par l'acide sulfurique, cette porcelaine n'a point donné d’alun. l’auquelin, ibid. DOUZIÈME GENRE. SMECTITES, TERRES À FOULON (1) 1ère Æspèce, terre à fowlon de Hampshire en Angleterre. Silice 61, alumine 25, magnésie carbonatée 7, chaux car- bonatée 3, fer oxidé 3, eau et matière volatile 15. Bergmann. 2° Espèce, terre à foulôn d'Osmund en Scante, Sihce 60, alumine 11, magnésie carbonatée 5, fer oxidé 5 , eau et ma- tières volatiles 18. Bersmann. {1) Ces terres proviennent peut-être de la décomposition des serpentines , des stéalites... où sont les résidus de terres non-cristallisées. X zx 2 346 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 3e Espèce , terre de Lemnos. Silice 47, alumine 19, magnésie carbonatée 6, chaux carbonatée 5, fer oxidé 5, eau et ma- tières volatiles 15. Bergmann. 4° Espèce, terre à pipe du Levant (Meerschaum ). Silice 4t, magnésie 18.25, chaux 0.50, eau et acide carbonique 30. Klaproth, tome 2, p. 176. VUE TS, COLA S'S "'E. ANALYSE DES SELS NEUTRES ET LEUR CLASSIFICATION. J'ai divisé les sels neutres en trois familles : 1°, Sels neutres alkalins; 2°. Sels neutres métalliques; 3°. Sels neutres terreux ou pierres. PREMIÈRE SOUS-DIVISION DE LA VII: CLASSE. ANALYSE DES SELS NEUTRES ALKALINS, ET LEUR CLASSIFICATION. PREMIER GENRE. NATRON MURIATÉ. aèe Espèce, sel gemme. Sel marin ou natron muriaté x, natron sulfaté æ, sel terreux x , terre x. À Natron 42, acide muriatique 52, eau 6. Beremann. 2e Espèce, sel marin. Mèmes principes que ci-dessus. 3° Espèce, sel des lacs salés. Mémes principes que ci-dessus. SECOND GENRE. N ATRON SU LF A TE. 1ère Espèce, natron sulfaté, se trouve avec le natron muriaté, et dans les eaux de plusieurs fontaines. Natron 15 , acide sulfurique 27, eau 58. Bergmann. $ e ç TROISIÈME GENRE. NATRON NITR AT É. aèe Espèce , natronnitraté, se trouve avec le nitre, Natron 50, acide nitrique 29, eau 21, Æzrwan, “à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 347 QUATRIÈME GENRE. N ATERON BORA T É. aèe Espèce , natron boraté, boraæ. Natron 17, acide bo- racique 36, eau 47. CINQUIÈME GENRE. NRAÏLTUR QE LAUR) BUOUN A TS 1e Espèce, natron carbonaté, se trouve dans les lacs de Natron en Egypte. Natron 20, acide carbonique 16, eau 64. Bergmann. SIXIÈME GENRE. » POTASSE SULFATEÉE, 1ère Espèce, potasse sulfatée , se trouve dans les aluminites. Potasse 52, acide sulfurique 40, eau 8. Bergmann. SEPTIÈME GENRE, POTASSE NITRATÉE. 1èe Espèce, potasse nitratée, nitre. Potasse 49, acide ni- trique 35, eau 18. PBergmann. 2e Espèce, nitrate de la Molfetta dans la Pouille. Nitre cristallisé 42.5, gypse 25.4, chaux carbonatée 30,4, perte 1.4. Klaproth, tome 1, p. 520. 3° Espèce, nitre de Houssage, plus ou moins mélangé. HUITIÈME GENRE. POTASSE MURIATÉE. 1èe Espèce , potasse muriatée , se trouve avec le nitre, Le Te Potasse 61, acide muriatique 31, eau 8. Bersmann. NEUVIÈME GENRE. RBMMONIAQUE MURIATEÉ. rère Espèce, ammoniaque muriaté, sel ammoniaque. Am- moniaque 40, acide muriatique 52, eau 8. 2° Espece, salmiak, ammoniaque muriaté de la Bukarie. Ammoniaque muriaté 95250, ammoniaque sulfaté 2,50. X/a- proth, tome 3,p.g4. : 3e Espèce , ammoniaque muriaté du Vésuve , plus ou moins mélangé, 546 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DIXIÈME GÆNRE. y A M MO NILAQUE $ U.L F À TÉ. 1èe Espèce, ammontaque sulfaté de la Bukarie. Ammo- niaque 10, acide sulfurique et eau 00. Kirwan. 2° Espèce, mascagnin, ammoniaque sulfaté des lacs de Toscagne. S ONZIEME GENRE. AMMONIAQUE NITRATÉ. 1èe Espèce, ammoniaque nitraté. Natron 40, acide ni- trique 46, eau 14. \ DOUZIEME GENRE, AMMONIAQUE BORATÉE. ae Espèce, ammoniaque boraté des lagonis de Sienne. Ammoniaque æ, acide boracique +, eau x. TREIZIÈME GENRE. AMMONIAQUE CAREBONATEÉ. aèe Espèce, ammoniaque carbonaté, se trouve au Vésuve. Ammoniaque 43, acide carbonique 45, eau 12. Bersmann. II: SOUS-DIVISION DE LA VIII CLASSE. ANALYSE DES SELS NEUTRES MÉTALLIQUES, ET LEUR CLASSIFICATION. L'analyse des sels neutres métalliques a été rapportée en parlant des métaux. Hi: SOUS-DIVISION DE LA VIII: CLASSE. ANALYSE DES PIERRES HOMOGÈNES ET LEUR CLASSIFICATION. Je les sous-divise en neuf ordres, à raison de la terre qui y domine. PREMIER ORDRE. QUURA RAR ZT UUEUVE EE, PREMIER GENRE, QUARTZATE. qe Espèce, quarts. Silice 95, alumine 5, chaux 1. Bergmann. 1 Améthiste. Silice 97.50, alumine 0.25, fer et manganèse ; oxidés 0.50. Rose. ET D'HISTOIRE NATURELLE 547 pe Espèce, chatoyante (quartz et amianthe). Cordier, Journ. de Physique, tome 55, p. 47. 3e Espèce, ommailouros de Ceylan (œil de chat). Silice 95, alumine 1.75, chaux 1.50, fer oxidé 0.25, perter.50. Xlaproth, tome 1, p. 94. Du Malabar. Silice 94.50, alumine 2, chaux 1.50, fer oxidé 1.25, perte 1.75. Xlaproth, tome t1, p. 96. 4 Espèce, pseudo-avanturine (quartz et mica). 5° Espèce, dépôt quartzeux des eaux de Geyser. Silice 98, alumine 1.60, fer oxidé 0.50. X/aproth , tome 2, p. 112. SÆE.C O ND: G:E,N RE. KR RAT DUT I TUE ,Se 1èe Espèce, keratite (hornstein , très-difficile à fondre, qui rapproche des quartz). 2° Espèce , prase. 3° Espèce, chrysoprase. Silice 96, alumine 0.50, chaux 1, nickel 1, fer oxidé 0.50. X/aproth, tome 2, p. 133. 4 Espèce, pimelite (espèce de terre verte). Silice 35, alumine 5, magnésie 1.25, chaux 0.4, nickel 15.62, fer oxidé 4.58, eau 37.90. X/aproth, tome 2, p. 139. TROISIÈME GENRE. S'IL DéEICtYTIE) S. 1ère Espèce, silex. Silice 98, alumine 0.25, chaux 0.50, fer oxidé 0.25. Xlaproth, tome 1, p. 46. Silice g7 , alumine et fer oxidés 1, perte 2. 7’auquelin , Bul. Philomat., n° 4. Partie olanche d'un silex. Silice 93 , alumine et fer 1, chaux carbonatée 2. Vauquelin, ibid. Par!ie opaque d'un silex. Silice 97, alumine et fer oxidé 1, chaux carbonatée 5. V’auquelin, ibid. ÆEcorce blanche d'un silex. Silice 87, alumine et fer oxidé 1.75, chaux carbonatée 10. Y’auquelin , ibid. 2e Espèce , calcédoine de Ferroë. Silice 84, alumine 16. Bergrnann. 3e Espèce, agathe. Silex x, alumine +, fer oxidé x. 4" Espèce, jaspe. Silice 75, alumine 20, fer oxidé 5. Xirwan. QUATRIÈME. GENRE. PSI CIF, OR ME Se 1èe Espèce, opale noble Cscherwenitza en Hongrie. Silice 90, eau 10. X/aproth, tome 11, page 153, 350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Silice 95.125, alumine 1.625, matière volatile et eau 5.250. ÆKlaproth, tome 11, p. 156. De Kosemutz. Silice 99.0, alumine o.1, fer oxidé 0.1. Klaproth, tome 2, p. 158. De Telkebonya. Silice 93.50, fer oxidé 1, eau 5. X/aproth, tome 11, p. 161. | 2e Espèce, hydrophane de Mussinet en Piémant. Silice 60.50, alumiñe 35.75, chaux 3.60, fer oxidé 0.25. Bonvoisin. Mém. de Turin. 5* Espèce, prissite (opale commune) halbopale de Tel- kobanya. Silice 43.50 , fer oxidé 47, eau 9.5. Alaproth, tome 2, p. 164. 4° Espèce, æilopale , pas analysé. 5e Espèce. menilite. Silice 85.50, alumine 1 , chaux 0.60, fer oxidé 0.50 eau 11. X/aproth, tome 2, p. 160. Retinite. Voyez laves résiniformes. CINQUIÈME GENRE. SIiLI1CO-SPATHIQUE. 1ère Espèce, feldspath, incolore, adulaïire. Silice 64, alu- mine 20, chaux 2, potasse 14. Fauquelin. Feldspath vert de Sibérie. Silice 62.83, alumine 17.02, chaux 3, fer oxidé 1, potasse 16.83. J’auquelin , Journ. des Mines , n° 49. Feldspath qui accompagne le corindon. Silice 64, alu- mine 21, chaux 6.25, fer oxidé 2, perte 3,75. Chenevix, Trans. philos. Kaolin. Voyez les argiles. Petun-zé. Voyez les argiles. Avanturine vraie, feldspath et mica. 2 Espèce, andalousite, pas analysé. \ 5° Espèce , lazulite. Siice 46, alumine 14.50, chaux carbo- natée 28, chaux sulfatée 6.50 , fer oxidé 3 , eau 2. X/aproth, iome 1, p. 196. ‘ Silice 35.8, alumine 54.8 , natron 23.2, soufre 3.1, chaux carbonatée 3.1. Clément et Désormes, Annales de Chimie, mars 1806. | 4 Espèce, voraulite (lazulith de Klaproth). Silice æ, alumine æ, fer oxidé æ. Xlaproth, tome 1, p. 199. 5e Espèce, spodumène. Silice 56, alumine 24, chaux 5, fer oxidé 5, perte 9.5. F’auquelin, Ge: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35t Ge Espèce, scapolite , rapidolite | micarelle. Silice 38, alu- mine 30 ; chaux 14, fer oxidé 1, eau-2 ÆIbigaard. 7° Espèce , sahlite. Silice 53, alumine 3, chaux 20, magné- sie 19, fer et manganèse oxidés 4, perte 1. #’auquelin. Malacolite , même que la sahlite. SIXIÉME GENRE: PÉTROSILECITES, aèe Espèce , pétrosilex (variété,du hornstein qui rapproche du feldspath, et qui fond en verre incolore). Silice 72, alu- mine 22, chaux carbonatée 6. Xirwan , tome 1, p. 303. 2e Espèce , pétrosilex. volcanique (klingstein-phonolite ). Silice 57.25, alumine 23.50, chaux 2.75, fer oxidé 5.25, Ut CE oxidé 0:25, natron 8.10, eau 3. Alaproth, tome 5, . 249, : 5° Espèce , ophitine (ophibase de Saussure). Pâte de l'ophite, ou porphyre verd. 4° Espèce, leucostine , pâte du porphyre rouge (leucostictos de Pline). 5° Espèce , téphrine, téphrine. Pâte de quelques substances volcaniques , et de quelques autres pierres. 6* Espèce, varioline. Pâte de la variolite de la Durance. Peut être ne diffère-t-elle pas de l’ophitine. Je place ici ces quatre dernières espèces, mais ce n'est que par analogie, et provisoirement, jusqu'à ce qu'on en ait fait PRE , qui prouvera s’il faut en faire des espèces distinctes, et indiquera la place qu'elles doivent occuper. SEPTIÈME GENRE. GREEN A TI TE. re Espèce , grenat. oriental. Silice 35.75, alumine 27.75, fer oxidé 56, manganèse oxidé 0.25. X/aproth, tome 2, p. 6. De Bohëme, pyrop de Werner. Silice 40 , alumine 28.50, magnésie 10, chaux 3.5, fer oxidé 16.50, manganèse oxidé 0.25. Klaproth, tome 2, p. 21. Noir d'Erézliz, près Barréges. Silice 45, alumine 16, chaux 20, fer oxidé 16, eau et parties volatiles 4, perte 1. Vauqguelin, Journ. des Mines, n° 44. Rouge du méme endroit. Silice.52, alumine 20, chaux 7.7, fer oxidé 17, perte 3.3 Fauquelin, Journ. des Mines, n° 44. 2° Espèce , mélanite. Silice 40, alumine 28.5, magnésie 10, Tome LXII. AVRIL an 1806. Yoy: 352 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE chaux 5.5, fer oxidé 16.5, manganèse oxidé 0.25. Xlaproth. Silice 34, alumine 6.4, chaux 35, fer oxidé 24, mangas nèse oxidé 1.5. V’auquelin. 3 Espèce, leucite d'Albano. Silice 54, alumine 24, po- tasse 22. Xlaproth, tome 2, p. 56. Silice 66, alumine 20, chaux 2, potasse 20, perte 2. Vau- quelin. "4 f 4e Espèce, staurolite. Silice 48, alumine 42, chaux 1, fer oxidé 9.5, manganèse oxidé 0.5. Collet-Descotils. 5e Espèce, crucite , pas analysé. HUITIÈME GENRE. SCHORL S. 1ère Espèce , tourmaline verte du Brésil. Silice 40, alu- mine 39 , chaux 3.84, fer oxidé 12, manganèse oxidé 2. V’auquelin. V’ivlette de Sibérie. Siice 42, alumine 40 , manganèse oxidé mélé d'un peu de fer 7, soude 10, perte 1, J’auquelin. Opaque violette notrâtre de Sibérie. Silice 45, alumine 30, manganèse oxidé mêlé d'un peu de fer 13 , soude 10, perte 2. V’auquelin. .2* Espèce, yanolite. Silice 52.70, alumine 25.70, chaux 9.39, fer oxidé 8.65, manganèse oxidé 1. Xlaproth, tome 2, p. 126. Silice 44, alumine 18, chaux 19, fer oxidé 14, manganèse oxidé 4. Vauquelin. 3 Espèce, thallite. Silice 37, alumine 27 , chaux 14, man- ganèse oxidé 1.5, eau et perte 3. Co/let-Descotils. Akantikone , variété de thallite. Silice 37, alumine 21, chaux 15, fer oxidé 24, manganèse 1.5, perte 1.5. K/aproth. Silice 37, alumine 21, chaux 15, fer oxidé 24, manga- nèse oxidé 1.5, perte 15. J’auquelin. 4° Espèce, scorza, sable verdätre. Silice 43, alumine 21, chaux 14, fer oxidé 16.50 , manganèse oxidé 0.25, perte 5.25. Xlaproth , tome 3, p. 285. 5e Espèce , augite de l'Etna. Silice 52, alumine 5.35, chaux 13.20 , magnésie 10, fer oxidé 14.66, manganèse oxidé 2, perte 4.81. fauquelin. Journ. des Mines, n° 39. NEUVIÈME GENRE. , ZÉOLITE. ae Espèce , mesotype. Silice 50.24, alumine 29.30 , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 353 chaux 9.46, eau 10, perte 1. Pauqguelin, Journ. des Mines, n° 44, p. 570. 2e Espèce, stilbite. Silice 52, alumine 17.5, chaux 9, eau 18, perte 5. V’auquelin. Journ. des Mines, n° 39 3 Espèce , natrolite. Silice 48, alumine 24.25 , fer oxidé 1.95, natron 16.10, eau 9. K/aproth. 4° Espèce, zéolite phosphorescente d'Ecosse. Silice 55.5, alumine 0.5, chaux 32, fer oxidé 0.5, nätron 8.5, acide car- bonique et matière volatile 5, magnésie un atome. Kennedy, Bibl. Britan. 5° Espèce, analcime , pas analysée. 6° Espèce, chabassie, pas analysée. 7° Espèce, prehnite. Silice 44, alumine 30, chaux 18, fer oxidé 5, matières volatiles 1.5. X/aproth. Koupholite, variété de la prehnite. Silice 48, alumine 24, chaux 23, fer oxidé 4, perte 1. Vauquelin, Journ. Phys., tome 55, p. 157. ; 8 ÆEspece , laumonite ( zéolite efflorescénte de Bretagne), pas analysée. & 9° Espèce, mellilite, pas analysée. 10° Espèce , œdelite. Silice 60 à 59, aluminé 18 à 20, chaux 8 à 16, eau 3 à 4. Bersmann. 11e Espèce, crocalite, peut-être est-ce une variété de l’œdelite. DIXIÈME GENRE. L'YLErA LEFT HE S: 1ère Espèce, lépidolite. Silice 54, alumine 38.25, fer et rhanganèse oxidés 0.75, potasse 4, perte 2.5. X/aproth, tome 2, p. 199. Silice 54, alumine 20, fer oxidé 1, manganèse oxidé 3, potasse 18, fluate calcaire 4. F’auquelin. - 2° Espèce, ichytophtalme. Silice..... potasse 8.5. Rose. Silice 5r, chaux 28, potasse 4, eau 17. Fourcroy et Vau- quelin, Annales du Muséum, 52° cahier. ONZIÈME GENRE. PIERRES NON-ANALYSÉES. 1ère Espèce , wernerite (arktizit). 2 Espèce, bersmanite, 3° Espèce, pétalite, & Espèce, conite. Yy2 354 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 5" Espèce, spinthère. 6° Espèce, anthophyllite de Schumacher. 7° Espèce , mussite, de Bonvoisin, Journ. Phys., mars 1806. 8° Espèce, alalite, de Bonvoisin, ibid. 9e Espèce , succinite, de Bonvoisin, ibid. 10° Espèce, Zoysite de Werner. 11 faut attendre que ces substances aient été analysées pour les classer; mais leurs caractères extérieurs les placent dans ce premier ordre. DYOT Z/TE- M'EN G'EINMRIE. SCHISTOSILICITES, LES SCHISTES. rèe Zspèce, trapp ( variété de kieselschiffer ). Silice 52, alu- mine 15, chaux 8, fer oxidé 16. Bergmann. 2e Espèce, schiste siliceux (variété de kieselschiffer }Silice 55, magnésie 4.58, chaux 10, fer oxidé 5.54, parties inflammables. Wiegleb. 3e Espèce, lydienne (variété de kieselschiffer ). 4° Espèce , cornéenne (variété de thonschifler). Silice 5r, alumine 16.6, chaux carbonatée 8.4, magnésie carbonatée5, fer oxidé 12, eau et perte 9. Saussure, Voyages, & 725. 5e Espèce , cos (schiste à aiguiser). Silice x , alumine x, fer oxidé æ. 6° Espèce , schiste à polir, de Ménil- Montant (polier- schiffer ) Silice 66.60, alumine 7, magnésie 1.50, chaux 1.25, fer oxidé 2.50, eau 19. X/aproth, tome 11, p. 171. 7° Espéce, schiste argileux, ardoise (thonschiifer). Silice x, alumine x, fer oxidé x. Schiste argileux. Silice 82.39, alumine 12.61, fer oxidé 5. Hatchett, Trans. philosoph., 1804. Schiste argileux (killas Kirwan). Silice 65, alumine 25, magnésie 9, fer oxidé 6. Kirwan, tome 1, p. 237. 8 Espèce, crayon d'Italie (schiste charbonneux à dessiner ). Silice 64, alumine 11.5, charbon 11, fer oxidé 2.75, eau 7.5, perte 3.5. #Wiegleb. o° Espèce, mélanterie (schiste ferrugineux à dessiner). Il contient une grande quantité d’oxide noir de fer. L'analyse n'en a pas été faite. 10° Espèce, schiste alumineux (alaun schieffer ). Silice +, alumine æ, soufre ou acide sulfurique æ, fer oxidé x. 11e Espèce, schiste bitumineux ( schiste imprégné de bitume). 11 contient les principes du schiste , avec une portion de bitume. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 355 Schiste bitumineux d'Islande, distillé. Bitume 3.75, gaz hydrogène carbonique. . 12, charbon 27, silice 49, alumine 7.60, fer oxidé 3. Hatchett, Trans. philos. 1 1804. TREIZIÈME GENRE. JLAVDUET ES. 1°" Espèce, jade ( oriental vert) Silice 55.75, chaux 12.55, alumine 1.5, fer oxidé 5, manganèse oxidé 2, soude 10.75, potasse 8.5, eau 2.25, perte 3.5. Théodore Saussure, Journ. Physiq., mars 1806. 2e Espèce, l'hémanite (saussurite). Silice 44, alamine 30, chaux 4, fer oxidé 2.5, manganèse oxidé 0.5, soude 6, po- tasse 0.25 , perte 5.2 Théodore Saussure , ibid. 3° Espèce, korcite, agalmatholite (pierre des pagodes de la Chine). Silice 62, alumine 24, chaux 1, fer oxidé 0.50, eau 10. X/aproth , tome 2, p. 189. Silice 54, alumine 36, fer oxidé 0.75, eau 5.50. X/aprot. Silice 56, alumine 29, chaux 2, fer oxidé 1 , eau 5, potasse 7. V’auquelin, Journ. des Mines, tome 15, p. 247. QUATORZIÈME GENRE. MAGNÉSIO-SILICITES SMECTITES. 1ère Espèce , mica. Silice 50, alumine 35, chaux 1.33, magnésie 1.35, perte 5.52. Wauquelin, Journ. des Mines , n° 28, p. 302. 2. Espèce , chlorite verte pulvérulente. Silice 26, magnésie 8, alumine 15.50 , fer oxidé 43, soude ou potasse muriatée 2, l’auquelin , Journ. des Mines, n° 39, p. 167. Blanche. Silice 56, magnésie o, alumine 18, chaux 2, fer et manganèse oxidés 4, potasse 8, eau 6, perte 5. V’auquelin, Journ. des Mines, tome 37, p. 189. 3° Espèce, talc blanc onctueux { craie de Briançon ). Silice 5, magnésie 58, alumine 1 , fer oxidé3, eau 6. Fauquelin, Journ. des Mines, tome 15, p. 243. V'erdâtre lamelleux. Silice 62, magnésie 27, fer oxidé 3.5, alumine 1.5,eau 6: Wauquelin, ibid. Compacte couleur rosée. Silice 64, magnésie 22, alumine 5}, fer oxidé mélé de manganèse 5, eau 5. VWauquelin, ibid. 4° Espèce , talcite, d’un blanc argentin , sec au toucher... 5e Espèce, stéatite de Bareuth. Silice 59, magnésie 30,5, fer oxidé 3.50, eau 5.50. X/aproth, tome 2, p. 170. 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Steatite du cap Lizard en Cornouaïlles. Silice 48, magné- sie 20.50, alumine 14, fer oxidé 1, eau 15. X/aproth, ib. p. 183. G: Espèce, sernentine. Silice 44, magnésie 33, alumine 5, chaux 6, fer oxidé 14. ÆHeyer. Ollaire de Chiavena. Silice 38.12, magnésie 38.54, alu- mine 6.6, chaux 0.4 , fer oxidé 15.02, acide fluorique 2, W'iegleb (Brochant, tome 1, p. 407). 7 Espèce, smaragdite verte. Silice 62, magnésie 5, alu- mine 13.5, chaux 14.5, fer oxidé 8, cuivre oxidé 1.5, chrome 4. V’auguelin. Grise. Silice 5o , magnésie 8, alumine 7, chaux 18, fer oxidé 14. Wanquelin. 8° Espèce, smaragadite chatoyante. (schirlspath ). Silice 41, magnésie 29 , alumine 3, chaux 1, fer oxidé 14, eau 10. Drapier. ge Espèce, l'herzolite. Peut-être est-ce une variété de la smaragdite. 10e /fspèce , trémolite. Silice 55, magnésie 13, alumine 8, chaux 10, acide carbonique 7 , eau et perte 5. Xlaproth. 11° Espèce, hornblende. Silice 37, magnésie 16, alumine 22, chaux 2, fer oxidé 23. Kirwan , tome 1, p. 213. Hornblendé du Labrador. Hornblende basaltique de Gates, ou volcanique. Siice 42, magnésie 10.90, alumine 77.79, chaux 9.80, fer oxidé 22.69, manganèse oxidé 1.15, eau et perte 7.75. Laugier, Annales du Muséum 26° cahier. 12° Espèce, asbestoïde (stralstein). Silice 5o, magnésie 19.25, alumine 0.75, chaux 9.75, fer oxidé 11, manganèse oxidé 0.50, chrome 3, potasse 0.50, eau et perte 5.25. Laugier, Annales du Muséum , 26 cahier. 19 Espèce, asbeste. Silice 64, magnésie 20, alumine 2, chaux 1 , baryte 6, fer oxidé r, Æiegleb. 14° Espèce, amianthe. Silice 64, magnésie 18, alumine 3, chaux 10, fer oxidé 3. Bergmann. 15° Espèce, amianthoïde. Silice 47, magnésie 7.5, chaux 0.5, fer oxide 20, manganèse oxidé 10. Vauquelin et Macquart. QUINZIÈME GENRE. C À LC OS I L I C I T E S. 1ère Espèce, hyacinthine (idocrase) du V'ésuve. Silice 35.50, chaux 35, alumine 21.25, fer oxidé 7.5, manganèse oxidé 0.8. Klaprotli, tome 2, p. 32. ET D'HISTOIRE KATUREÉLL£. 357 De Sibérie. Silice 42, chaux 34, alumine 16. 25, fer oxidé 5. 50; manganèse 0.25, X/aproth, ibid. 2t Espèce, métonite , pas analysée. 3e Espèce, allocroite. Silice 35, chaux 30.5, chaux carbo- natée 6, alumine 8 , fer oxidé 17, manganèse oxidé 3.5. V'auquelin. 4 Espèce, cocolite. Silice 50, chaux 24, alumine 1.5, magnésie 10, fer oxidé 7, manganèse oxidé 3, perte 4.5. 6° Espèce , tafelspath. Silice 50, chaux 43, eau 5. X/aproth, tome 3 ,p. 291. SEIZIÈME GENRE. BA, Ko T.O,=,8 I LI Ô I, TES rèe Espèce, andreolite. Silice 44, alumine 20 , baryte 24, eau 12. Heyer. Silice 49, alumine 16, baryte 18, eau 15. Xlaproth , tome 11, p.53. N DIX-SEPTIEME GENRE. G'L.UYG I N:,O “AS LL T1 CNT ES, 1èe Espèce, émeraude. Silice 64.40, glucine 13, alumine 14, chaux 2.56, chrome oxidé 3.50, eau 2. V’auguelin. Silice 68.50 , glucine 12.50, alumine 15,75, chaux 0.25, fer oxidé 1, chrome oxidé 0.30. K/aproth , tome 3, p. 226, Beril, Silice 64, glucine 15, alumine 20, fer oxidé 1. Fau- uelin. ë Beril de Sibérie. Silice 66.45, alumine 16.75, glucine 19730, fer oxidé 0.60. X/aproth, tome 3, p. 219. 4 Espèce , euclase, 55 à 36, glucine 12 àj 15, alumine 22 à 29, fer oxidé 2 à 5, perte 23 à 29. Vauquelin. S EC'ON D ORDRE. ARGILILITES. PREMIER GENRE. A RG LA T I ME S. 1è° Espèce, saphir. Alumine 98.50, chaux 0.50, fer oxidé, Klaproth, tome 1, p. 88. Corindon de la Chine. Alumine 84, silice 6, 50, fer oxidé 7.31, perte 2. Xlaproth, tome 1, p. 73. 358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE . Corindon du Bengale. Alumine 89.50, silice 5.50, fer oxidé 1.25, perte 5.75. Xlaproth, ibid. Emeril de Naxos. Alumine 80, silice 3, fer oxidé 4, partie insoluble 3. Ternant, Trans. philosoph., Journ. de Physique. > Espèce, rubis (spinelle). Alumine 74.50, silice 15.50 , chaux 0.75, fer oxidé 1.50, magnésie 8.25. Xlaproth, tome 2. Alumine 82.47, magnésie 8.78, acide chromique 6.18, erte 2.5. Vauquelin, Journ. des Mines, tome 7, n° 58, p. 874 Péutsèué est-ce pour chromate d'alumine. 3e Espèce, ceylanite. Alumine 68, silice 2, magnésie 12, fer oxidé 16. Collet-Descotils, Journ. des Mines. 4e Espèce, automalite. Alumine 60, silice 4, zinc oxidé 24, fer oxidé 9. Echaber, Journ. Physiq, tome 60. Alumine 42, zinc oxidé 28, fer oxidé 5, silice 4, man- ganèse æ, soufre et perte 17. V’auquelin. 5° Espèce, crysopale (cymophane), Alumine 71.50, silice 18, chaux 6, fer oxidé 1.5, perte 3. X/aproth tome 1, p. 102. G: Espèce, diapsore. Alumine 80, fer oxidé 3, eau 17. V’auguelin , Aunal. de Chimie, floréal an 10. 7° Espèce , pinite de Saxe. Alumine 63.75, silice 27.50, fer oxidé 6,75. Xlaproth, D' Auvergne. Alumine 42, silice 46, fer oxidé 2.5, perte par la calcination 7, perte dans l'analyse 2.5. Drapier. 8e Espèce, cyanite. Alumine 55, silice 29.2, magnésie 2, chaux 2.25, fer oxidé 6.65, eau et perte 4.9 Saussure fils, Journ. de Physique. Alumine 55, silice 38,50, chaux 0.50, fer oxidé 2.75, eau 0.75, perte 2. Lausgier, Annales du Muséum, 25 cahier. 0° Espèce, sommite. Alumine 49, silice 46, chaux 2, fer oxidé 1, perte 2. V’auquelin. 12e Espèce, fibrolite du Carnate. Alumine 58.25, silice 58, fer 0.75, perte 3. Chenevix, Trans. philos. De la Chine. Alumine 46, silice 33, fer 13, perte 8, €Chenevix, ibid. SECOND GENRE: À LUMINES CÀARBONATÉES, iùe Espèce, hallite (terre de Hall). Alumine +, acide car- bonique æ. S$cherer. Mais cette terre analysée par d’autres chimistes, n’a pas donné les mêmes produits. Voyez ci-dessus su mot argile. TROIS IEME ET D'HISTOIRE NATURELLE, 35 TROISIÈME GENRE. À LU M I N.E S' S U'L F'À TE E S. 1èe Espèce, alun pur. Alumine æ, acide sulfurique x, potasse æ , eau de cristallisation æ. Fauquelin. Du commerce. Alumine sulfatée 49, potasse sulfatée 7, eau de cristallisation 44. V’auquelin. Fibreux de Saxe. Alumine 15.25, fer oxidé 7.50, po- tasse 0.25, acide sulfurique et eau 77. X/aproth. 2e Espèce, aluminite de la Tolfa. Alumine 43.92, acide sulfurique 28, silice 24.8, potasse 3.40, eau 3.60. Fau- guelin, Annales de Chimie, n° Go. ; 3° Espèce, schiste alumineux (alaun schiefler) Voyez ci= essus. Terre alumineuse (akaun erde). QUATRIÈME GENRE. À E U M IN ES F L'U A TÉ ES$, ère Espèce , cryolite. Alumine 24, natron 36, acide fluo- rique et eau de cristallisation 40. Alaproth. tome 3, p. 214: Alumine 21, natron 32, acide fluorique et eau de cristal- lisation 47. V’auquelin. | 2 Espèce , topaze du Brésil. Alumine 75.50, silice 18, chaux 6 , fer oxidé 1.50, acide fluorique +. X/aproth. De Sibérie. Alumine 48, silice 30, acide fluorique 18, fer oxidé 2. Vauquelin, Journ. des Mines , tome 16, p. 469. De Saxe. Alumine 49, silice 29, acide fluorique 20. Fau- quelin. Du Brésil colorée. Alumine 47, silice 28, fer oxidé 4, acide fluorique 17. Vauquelin , ibid. Du Brésil incolore. Alumine 50, silice 29, acide fluorique 19, V'auquelin, ibid. 3° Espèce, leucolite. Alumine... acide fluorique. Bucho!z, Alumine 50, silice 36.8, chaux 3.3, acide fluorique 5,8, eau 16. Vauquelin. 4° Espèce dypyre. Alumine 24, silice 60, chaux 10, eau 2, perte 4. ( Peut-être ces 4 de perte sont-ils de l'acide fluo- rique). Fauquelin. Tome LXII. MARS an 1806. 2 Zz 360 JOURNAL DE PHYSIQUE, LE CHIMIE TROISIÈME ORDRE. PIERRES MAGNÉSIENNES. PREMIER. GENRE: ae Espèce, péridot. Magnésie 39, silice 28, fer oxidé 19, perte 3. X/Zaproth , tome 1, p. 107. Magnésie 50.5, silice 35, fer oxidé 3.2, perte. Fauquelin. 2 Espèce , olivine de Unkel. Magnésie 37 , silice 48; chaux 0.25 , fer oxidé 12.5, perte 2.5. X/aproth, tome 1, P+ 116. à De Kalsberg. Magnésie 37.75, silice 52, chaux 0.12, fer oxidé 10.75. Xlaproth , tome 1, p. 121. SECOND GENRE. MAGNÉSILITES CARBONATÉS. rèe Espèce, roabschiste. Magnésie de roabschite 5o, acide carbonique et eau 50. Mitchell. 2 Espèce, baudisserite. Magnésie 68, acide carbonique 12, silice 15.60, sulfate de chaux 1.60, eau 3. Giobert, Mém. de l’Acad. de Turin, 1802. TROISIÈME GENRE: a MAGNÉSIE SULFATÉE. afre Espèce, épsonite. Magnésie 19, acide sulfurique 33, eau de cristallisation 48. Bergmann. 2 Espèce, Halotric d'Idria. Magnésie sulfatée æ, fer sul- faté x. Xlaproth. QUATRIÉME GENRE. MAGNÉSIE NITRATÉE. 1ère Espèce, magnésie nitratée. Magnésie 27, acide nitrique 43, eau de cristallisation 30. Bergmann. CINQUIÈME GENRE. MAGNÉSIE MURIATÉE. 1ère Espèce , magnésie muriatée. Magnésie 41, acide mu- riatique 94, eau de cristallisation 25. Bergmann. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 361 SIXIÈME GENRE. , MAGNÉSIE BORATÉE. 1e Espèce, boracit incolore. Magnésie x, acide boracique x+ Vauquelin. 2e Espèce , boracite opaque. Magnésie 13, chaux 11, alu- mine 1, silice 2, fer oxidé 1, acide boracique 68. Hestrumb. QUATRIÈME ORDRE. GAME C LL ETE,S. PREMIER GENRE. CALCAIïRE (chaux carbonatée). 1ère Espèce, calcaire pur. Chaux 51, acide carbonique 56, eau 13. Calcaïre pur cristallisé. Chaux æ, acide carbonique æ, fer oxidé æ, manganèse oxidé x, eau x. Proust, Journ. Physiq., mars 1806. Calcaire perlé. Chaux 50, acide carbonique 34, fer oxidé r, manganèse oxidé 2, eau de cristallisation 13. 2° Espèce, arragonite. Chaux 51, acide carbonique 36 , eau 13. Proust, idem. 3° Espèce, dolomie. Chaux carbonatée 60 , magnésie car- bonatée 40. Tennant, Journ. Physiq., thermidor an 8. Chaux carbonatée 52, magnésie carbonatée 46.30 , fer oxidé 0.20. Xlaproth 4 Espèce, mremit (bitter spath}) d'Italie. Chaux carbo- natée 53, magnésie carbonatée 42.60 , fer carbonaté et man- ganèse 3. X/laproth, tome 3, p. 206. Buter spath. Chaux 35, magnésie 14.50, fer oxidé 2.50; acide carbonique 47.75, perte 2.75. Xlaproth , tome 3, p. 303. 6e Espèce , schiffer spath. 6° Espèce, madréporite. Chaux carbonatée 43, alumine 10, silice 13, fer oxidé 11, perte 3. Chaux 63.25, alumine 10.12, silice 12.60 , fer oxidé 15.90. Klaproth, tome 3, p. 273. 7e Espèce, schaumerder. Chaux carbonatée x, substance talqueuse x. Vauquelin. 8 Espèce, florentite (marbre de Florence). Chaux carbo- natée 64, alumine 28, fer oxidé 8, Bayen. 22 2 362 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 9° Espèce, émeraudine ( dioptase ). Chaux carbonatée 42.85, silice 28.57, cuivre oxidé 28. 57. J’auquelin, Journ. phil. , n° 13. SECOND GENRE. CHAUX NITRATÉE. ire Espèce, cliaux nitratée. Chaux 32, acide nitrique 43, cau 29. Bergmann. TROISIÈME GENRE. CHANT MORT ANTNERMRS ave Espèce, chaux muriatée. Chaux 44, acide muria- tique 31, eau 25. Bergmann. QUATRIÈME GENRE. CH) AUX NS ON EM ANTUENE, 1e Espèce , gypse. Chaux 32, acide sulfurique 46, eau 22, Beromann. ; 2° Espèce , montmartrite ( gypse de Montmartre). Chaux sulfatée 83, chaux carbonatée 17. 3e Espèce, anhydrite. Chaux 40, acide sulfurique 60. F'au- quelin. Chaux 55.12, acide sulfurique 44.88 Chenevix. 4 Espèce, muriacite. Gipse 57.8, sel marin 31.2, chaux carbonatée 11, X/aproth, tome. 1, p. 310: 5e Espèce, vulpinite. Chaux sulfatée 92, silice 8. J'auquelin, CINQUIÈME GENRE. CH A4U X; FE L,U AT É E. ie Æspècei, fluor. Ghaux 57, acide fluorique 16, eau 17. Scheele. ot Espèce, quartz fluor de Kobolo- Bajana. Chaux 21, silice 21, alumine 16;, fer oxidé 1 , acide fluorique 28, acide: phosphorique 0.50, acide marin 1, eau. Pelletier. ‘SIXIÈME GENRE. C H AU Xi RH OS PH À T É E. 1ère Fspèce, chrysolite. Chaux 55, acide phosphorique 45. Klaproth. De Jumilla en Espagne. Chaux x, acide phosphorique x, acide fluorique x, Prousé ET D'HISTOIRE NATURELLE. 363 Appatit. Chaux 55, acide phosphorique 45. Xlaproth. Moroxire. Chaux phosphatée d'un bleu verdâtre. 2e Espèce, estramadurite (chaux phosphatée d’Estramadure), Chaux 59, silice 2, fer oxidé 1 , acide phosphorique 34, acide fluorique 2.5 , acide muriatique 0,5, acide carbonique 1, Pelletier et Donadéï, Journ. de Physique. SEPTIÈME GENRE. GH A UX TIUNSTATÉE. 1ère Espèce, tunstite. Chaux 30, acide tunstique 70. Delhuyar, Mém. de l’Académie de Toulouse , tome 2. | Tunstite de Schlackenwaldt. Oxide jaune de tunstène 77.75, chaux 17.60, silice 5. Xlaproth, tome 35, p. 47. HUITIÈME, GENRE. Ci ALUEXS l'A’ RLS'EIN AT. À.THÉ E. 1ère Espèce, pharmacolite. Chaux 25 , silice mélée d'alu- mine 6, cobalt oxidé 0.50, acide arsenique 46.50, eau 22.50. Klaproth, tome 3, p. 281. - Pharmacolite pure. Chaux 25 , acide arsenique 50.54, eau 24.46, ibid. CINQUIËÈME ORDRE. BTAMRIVPE TL AURAESS: PIRE NME RU IG ELNIRNE. s :B À KR YUT E ,G AR B O.N AT É.E, 1ère Espèce, witherite. Barite 58.6, acide carbonique 20.8, eau de cristallisation 1, suifate de baryte. /itherins. Baryte 74.5, acide carbonique 23.5: Fauquelin. S\ Er CON Dr GE NYIRLIE. BA ROYUIVE NS UVL IF AT É E° 1ère Espèce, barytite (cronstite baryte sulfatée ). Baryte Go ; acide suliurique 30, silice 10. X/aproth, tome 2} p. 72. 2° Espèce, lithéosphore (pierre de Bologne ). Baryte sul- fatée 62, silice 16, alumine 14.75, gypse 6, fer oxidé 0.25, eau 2, Ardwisson. APE 364 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE * : SIXIÈME ORDRE. :# STRONTIANILITES. : PREMIER GENRE. STRONTIANE CARBONATEE. vèe Espèce; strontianite ( strontiane carbonatée ) strons tiane 69.5, acide carbonique 30, eau 0.5. X/aproth, tom. 1, pagé 270. | Strontiane 62, acide carbonique 50, eau 8. Pelletier, Journ. de Physique. SE GOND GENRE. STRONTIANE SÜLFATÉS. aère Espèce, célestine (strontiane sulfatée) de Pensylvanie. Strontiane 58 , acide sulfurique 42, fer oxidé 1. K/aproth, iome 2, p. 97. 4 De Sicile. Strontiane 54, acide sulfurique 46. V’auquelin. 2e Espèce, célestine de Mesnil-Montant. Sttontiane sul- fatée go, chaux caibonatée 10. V’auquelin, Bul. Philome= tique , n° 18. SEPTIÈME ORDRE. CFRGONILITÉES. aère Æspèce, circon (ou jargon). Circone 69, silice 26.50, fer oxidé 0.50, perte 4. Xlaproth, tome 1, p. 222. Hyacinthe. Circone 70, silice 25, fer oxidé 0.60, perte 4.50, Klaproth , tome 1, p. 231. : Circone 64.5, silice 32, fer oxidé 2, perte 1.5. J’auquelin. 2° Espèce, kannel-steir. HUITIÈME ORDRE. GLUCINITES. J'avois fait un ordre des glucinites, dans lequel j’avois placé l'éméraude, mais la glucine n’en fait que les 0,13, et la silice les 0.64., c’est pourquoi j'ai placé ces pierres dans les glucino-silicites ; ei jusqu'ici nous ne connoïissons point de ET D'HISTOIRE NATURELLE, 265 qe » proprement dites, c’est-à-dire des pierres dans esquelles la glucine domine. NEUVIÈME ORDRE. GADOLINITES. PREMIER. GENRE. 1èe Espèce , gadolinite: Gadoline ou yttria 47.5, silice 25, fer oxidé 18, alumine 0.5. Æckelbers. Gadoline où yttria 59.76 , silice 21, alumine 0.50 5 fer oxidé 18, eau 5.50. X/aproth, tome 3, p. 65. Gadoline ou yttria 35, silice 25.5, chaux 2 , fer oxidé 25, manganèse oxidé 2, eau et acide carbonique 9.6. ’auquelin. . On voit dans ce Tableau qu'il ny a qu’un très- petit nombre des espèces minérales connues qui ne soient pas analysées; mais // ne faut regarder la plupart de ces analyses que comme des approximations, car toutes les analyses les plus récentes contredisent celles qui ont été faites antérieu- rement. On doit étre surpris surtout de cette quantité de potasse ou de natron que l'on trouve aujourd'hui dans plusieurs pierres, et qui n'avoit pas été apperçu auparavant. Ainsi Klaproth n’avoit point trouvé d'alkali dans les lazulites ; et aujourd'hui Clément et Désormes y trouvent 0.23 de natron... Ces alkalis seroient-ils des produits nouveaux formés par les réactifs qu’on emploie? Ceci ne prouve:t:il pas que toutes les analyses des pierres doi- vent être répétées? et les méthodes minéralopiques ne pour- ront. être perfectionnées que lorsqu'on ne variera plus sur ces analyses. La suite au cahier prochain. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES Par BOUVARD, astronome. SERRE RCE ERNEST ER TT TEE SAME ERES É THERMOMETR_E. BAROMETRE. .C CR CR. UC .. “ ü * À Maximum. | Minimum. |A Mini. Maximum. Minimum. A Mipr. fa midi + 3,2lh10 $s. + 0,2] + 32|: ..28. 3,00|à 6; m.....28. 1,80|28. 220 2fà2s. + 7,2]a2m. + 4,0! + 5,3 Se t200 Id 20 Aa Us Sr 28. 2,80128. 3,25 3jà midi + 7,4là 1045. + 4,5] + 7,4|: ES.....27.11,83[à 9 m...... 27.11,52|27-11,77 | 4jà midi = 5,2là 1145. + 1,0] + 5,2là 11 Às.0. 28. 2,5o|à midi...... 28 4,27|20. 1,27 | Sianidi + 1,016 m. — 1,2] + r,olà 9 £s..... 28. 3,83|à 6 m...... 28. 3,311208. 3,63 | 6fà25s. + 2,4/à 51m. — 1,9] + 1,4[à 1 au...... 28. 4,27|à 2 45.2... 28. 3,77128. 3,80 7h 3ES. + 4,95116m. — 1,9] + 3,9|à 2 m...... 28. 4,01|à93s......28, 3,26/28. 3,85 8jà midi + 5,4[17 m. + 30! + 54|à 7 m...... 20-42, 52) AID EE select 28. 1,26]28. 2,10 9fà midi + 9,665 m. + 1,0| + 9,8]à 6 5 m.....27.11,10|à midi ..... 27.10,10|27.10,10 1ofà midi + 3,246 2m, — 1,5] + 3,21à 6 3 m..... 27 443] TO 9... 27. 1,35|27. 3,87 1ifa midi <+-2,6|à 105. — 0,8| + 2,6!à 105...... 27. 3,95|à 5 m...... 27. 1,25[27. 2,78 1ofà midi + 4;2là 6m — 27] + 42/1843 m.....:27. 3,16[à 9 3 s..... 26. 9,60|27. 0,95 194à midi + F,0l16m. — 1,5] + 5,o[à 4m....... 27.23 17,51 [à :6 an: 1. +. 27. 5,24|27. 7,97 14Hà midi + 9,7l19m. + 6,7| + 9,7)à 10 8.......97. 5,83|à 42s...... 27. 4,90|27. 5,65, 15fà 7 Em. + 5,3l105s + 3,6| + 4,71à935......27. 8,60|à 6 1 m.....27. 6,30|27. 6,85 16 2256. Hri,gla 10€ s. + 5,2] Hzo,olà10 3 s..... 27. 7,41|à 6£m.....27. 5,67|27. 6,10 17hà midi +12,66[à 6 +, + 6,0| +12,6|à 63 m..... 27. 5,56|à midi...... 27. 5,00/27. 5,00 181à33s. + 9,2là 65m. + 5,3] + 8,3[à 10s.......27. 7,55|à 65:m..... 27. 6,60/27. 6,78 19] à nudi + 9,2|à 6Em. + 66] + 9,21à 63 m..... 27. 6,76|à 8m: : 27. 4,28|27. 5,65 20)à midi “rt,1fh1ois. + 7,8| Hrtr,1là 105......27. 6,42là 7 + m..... 27. 4,28|27. 4,781 21)à midi + 9,2|a10is. + 4,2| + g2là10:s..... 28. 0,43|à 6 m...... 27.10,44)27.11,85 Jz2là ris. Hri,3|à 64m. + 4,6| H10,6|à 105...... 28. o,80|à6 m.....28. 0,04|26. 0,41 23fà 3£s. ÆHi2,0[26m. + 2,8| +r1,4|à 6m....... 28. o,02|à 10 s...... 27. 9,34|27.11,35 2q4}à midi <+rr6latois. + 8,9| +11,6[à 8 m......27. 9'olà10%s..... 27. 7,85|27. 0,40 25% midi <+1r,6[à6n, + 6,7| —11,61à935......27. 9,30|à 6 m..... 27. 7:20|27. 7.80 26fà midi + 9616 m. + 6,2| + 9,6|à midi......»7.10,25|à 6 m...... 27. 0,52/27.10,25 27a2is. +11,826m. + 6,4| +11,2 à 10375S.,.,.27.1089|à.6 m®..... 27.10,50,27.10,60 28fà midi <+1r,2là 8m. + 7,2] 11,8 à 8 M..." 27.10,45|à 7 S.......27. 0,79|27.10,35) 20]à midi + 6,6|à7:s. + 5,3| + 6,6[à midi.....27. 9,7o!à 7 m...... 27. 9,52]27. 9,70 dcuà 35. + 5,3/à8s. + 4,53] + 5,olà 4 s.......27.11,25|à 8 m...... 27. 10,27|27 . 10,90 31]à midi + 8,7[à 10m, + #2 + 8,7là 10 s...... 26. 1,42|à 8 m...... 26. 4 a 0,68 RECAPITULATIO N. Plus grande élévation du mercure. ..28.4,27, le 6 à 1 h. matin, Moindre élévation du mercure..... 26.9,60, le 12 à 9 + soir. Élévation moyenne. ..... 27. 6,03. Plus grand degré de chaleur... —+12°,6 le 17 à midi, Moindre degré de chaleur....... 2,7 le 12à6 h. m. Chaleur moyenne....... : +4,9 Nombre de jours beaux....... 14 Pluie tombée dans le cours de ce mois, 0,"07890 = 2 pouc. 10lig. 79 cent. a —_—_——_——————————…——————— — ——2 | L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, MARS 1806. S | Hve. POINTS VARIATIONS æ VENTS. 7 | à midi. LUNAIRES. DE L'ATMOSPHÈRE. 1| 720 } N-O. Ciel couvert; nuageux par interv.; neige; beau ciel. 2] go | O. fort. Périgée Brouill.; ciel tr.-couv. ; temps humide; pl. fine par in'erv. 3] 940 | N. fort. Pluie forte etabond. jusqu'à midi; ciel couv. etnuag. par int.| À 4l 6,5 | N.fort. 2. L Ciel nuag. par mterv,; petite averse sur les 4 h. s.; ciel vaporeux et froid.| É 5 61,0 | N.N-E.f Leger brouillard ; ciel très-nuageux; beau ciel le soir. 6| 66,0 |: N.N-Ef, Léger brouillard ; nuages par intervalles, 7| 66,0 | N.N-E. Léger brouillard ; beau ciel par interv. ; ciel couv. le soir. 8| 87,0 | N.N-E Brouillard épais; ciel couv. ; pluie fine. JINero Re: Ciel couv.; pluie et neige sur les 6 h. du soir. ë 10| 69,0 | O. Pluie et neige dans la n. ; ciel couv. et nuag.; pl. et neige les.| É 11] 77,0 | O. . Ciel nuageux; neige par interv. ; beau ciel le soir. 12, 75,0 | E.et S.f.D. ©. Ciel assez beau le matin; très-couvert le soir. 13) 65,0 | O.S-O, lÉquin. asc Neige ; ciel nuageux tout le jour. 14| 71,0 | S.S-O. |Apogée. Ciel couv.; pluie par intervalles. 15] 90,0 | N. Ciel couvert ; pluie tout le jour. 16| 94,0 | S.fort. Pluie fine, abondante ; beaucoup d’éclairc.s ciel tr.-nuag. 17| 80,0 | S-O. fort Ciel très-couvert; pluie forte et abondante par intervalles. 18] 92,0 | O. Quelques gouttes d’eau par interv.; ciel couv. et nuageux. 19| 93,0 | SE. foible Ciel couvert; pluie fine par intervalles. 20| 89,0 | S. S-O. |w.Z Pluie par interv.; ciel couv. DE OoU|LO; Brouillard ; ciel nuageux et trouble 22] 78,0 | S.S-E. Ciel couv. la plus grande partie du jour. 23] 720 |S.E. Eclaircis par interv.; ciel nuageux et trouble, 24| go,o |S. Pluie tout le jour. de ; 05| 72,0 | S-E. Ciel couv.; beaucoup d’éclaircis ; pluie dans la soirée. 26| 86,0 | NO. Équin: desc. Temps brumeux et humide; pluie fine par intervalles. 27| 85,0 | O. P. Q. Brouillard ; ciel vaporeux et trouble, 28| 85,0 | N-E. Ciel couvert. 29| 82,0 | N. Léger brouillard ; ciel couv. 30] 78,0 | AN. fort Périgée. Ciel couvert, 31] 62,5 | N.N-E Ciel très-nuageux et trouble. RBECAPITULATION. de couverts...... 12 defpluie--c 15 devent:.- en. 31 déigelée- Cr. 7 de tonnerre...... o de brouillard de neige Jours dont le vent a soufflédu N................. BR ne Sache bin ER Re CE POM EME EEE Sais Dci ter SOS NRA OA tte INSOMAARE AAMITeSS 368 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE; etc. T A B LE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Sur l'Etude du Sol des environs de Paris; par J.-M. Coupé. Pag. 287 Observations chimico galvaniques, sur l’ Acide muria- tique obtenu de l'eau en la galvanisant avec de l'or , du platine, du fer et de l'oxide de manganèse ; par L. Brugnatelli, traduit par lé professeur V'eau- de-Launar. Des analyses chimiques des minéraux , et d'une nouvelle classification de ces substances , fondée sur ces analyses; par J.-C. Delamétherte. 319 Observations météorologiques ; par Bouvard. 6 & Ë + 1 at & DA 4 SR JOURNAL EP EST O LE: DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. MAI ax 1806. 5 ‘UFR LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ; Par le Docteur OERST'ED. FRAGMENT. PERSONNE, que je sache, n'a fait jusqu'ici des recherches sur le mécanisme interne de la propagation de l'électricité. Il est très-diflicile, peut-être, dé découvrir tout le mystère de ce procédé ; mais il est certain qu'on peut tirer sur cet objet des conséquences intéressantes de la nature même de la chose, et de plusieurs faits déja connus. La première action d'un corps électrisé sur un autre qui ne l'est pas , est celle que tout le monde connoît; c’est d'établir une polarité électrique. Si on désigne par le corps électrique, et par B, Cun cylindre conducteur (/9. 1,pl. 1), le point 2 reçoit une électricité négative, C au contraire une électricité positive dans le sens de 4. On sait que c’est ce qu'on appelle communication de l'électricité. On sait de Tome LÆXII. MAI an 1806, Aaa 370 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE même que si l'extrémité C du cylindre perd son électricité, il ne reste dans le cylindre que celle de B seulement; mais quand on met en contact #4 et B, il s'établit une électricité contraire à toutes les deux, et il y reste une électricité sem- blable de À et de ©, qu'on a coutume d’appeler partage de l'électricité. La communication est'évidemment le premier acte, et le partage le second de lexpression de l'électricité. Nous pouvons appeler cette première action /e premier degré d’électrisation , et la seconde une électrisation au second degré. Celle-là est une polarisation , celle-ci une identification. Ces dénominations ,nous serviront à éviter, même dans les expressions, l’idée fausse d’un partage. L’électricité du corps Z ne peut pas communiquer depuis © jusqu’à ©, sans- employer un temps quelconque. Pour nous expliquer clairement ; nous imaginerons, à la manière des mathématiciens , l’espace et le temps divisés en portions infiniment petites. Considérons l'es- pace infiniment petit dans lequel on excitera une polarité “électrique : pendant le premier temps infinitésimal so B, p.e., positif, Bb deviendra négatif en 2, et positif en 2 dans le second moment , il cherchera à augmenter la zone négative. En conséquence la zone positive s’agrandira de méme, pendant que la zone positive en à cherchera à en établir une négative lus loin vers ©. Ainsi le procédé persiste jusqu'à ce que Pélectricité négative s'étende sur toute,la moitié supérieure du cylindre, et la positive sur la partie supérieure , tandis que le milieu reste indifférent. On doit imaginer ce procédé continu , quoique nous l’ayons présenté comme &scret, pour le faire comprendre plus ai- sément, et pour présenter l'action interne de l'électricité dans sa propagation. La propagation de l'électricité dépend des lois que nous avons énoncées; c’est une suite de la nature méme de la chose, si l’on admet que chaque électricité en excite une contraire. Mais les physiciens ont besoin de voir leurs théories confirmées par la nature dans tous les points et sous tous les rapports. Nous allons chercher ces preuves. L’électricité dans de bons conducteurs parcourt environ, um mille d'Allemagne par seconde. Dans cette course rapide il est impossible de suivre les changemens successifs de lélec- tricité négative.et positivé; mais dans de mauvais conducteurs la chose est plus appréciable. Prenez un hâton de verre ou de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 371 résine, ou de cire d’Espagne; approchez-le d’un corps éleca trisé, et observez-le avec un électromètre , vous y trouverez les zones alternatives de l'électricité contraire. L'expérience est connue de tous les physiciens. é Il est inutile de rappeler qu'il ne s’agit pas ici de ces chan- gemens infiniment petits du positif au négatif , dont nous avons parlé ci-dessus, et que nous avons dit qu’on ne pouvoit pas espérer reconnoître, mais d’une image en grand de ces changemens. Du reste, il seroit possible, si on vouloit, d’ex- primer mathématiquement le nombre et la propriété de ces zones, \Il est reconnu qu'on peut suivre de cette manière ce mode de propagation de l'électricité dans les mauvais conducteurs, et qu'on peut même le faire voir dans l'air. Nous avons dona déjà le droit de considérer comme odulation la propagation de l'électricité; mais nous avons d'autres expériences qui pourront en servir de preuve. Nous ne pouvons pas suivre avec l'électromètre la propagation rapide de l'électricité dans les bons conducteurs, mais elle y laisse souvent dés traces qui nous confirment dans l'opinion énoncée. Si l'on essaye de fondre un long fil de fer avec une foible charge de la batterie électrique, on s'appércevra bientôt qu'une partie du fil de fer a été fondue, que l’autre est intacte, et que ces parties se succèdent alternativement. Si l’on emploie une charge bien forte, tout le fil de fer sera fondu , mais il se réduira en petits globules qui ne sont que l'effet des diffé- rentes zones expansives et contractées. On peut composer une charge telle que le métal soit chauffé au rouge sans être fondu. Sur ce fil on trouve des marques évidentes du chan- gement des zones expansives et contractées. Toutes ces expériences sont connues des physiciens, et sont les preuves les plus fortes de la propagation ondulatoire de l'électricité. Mais si l'on augmente la charge de la batterie à un tel point qu’elle puisse volatiliser le fer, et si l'expérience est tellement dirigée que la vapeur puisse se projeter en partie sur une feuille de papier, c'est alors qu’on aura l’image com- plète de la propagation de l'électricité, dans le nuage peint sur ce papier, par les changemens alternatifs d'expansion et de contraction, L'épaisseur méme de Ja fumée, et sa couleur, changent si régulièrement, que nous pouvons dire d’avoir un portrait coloré de l'expansion oscillatoire de l'électricité. La constance du phénomène annonce assez évidemment qu'il n’est A aa 2 372 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ pas dû à un accident. Qu'on fasse l'expérience avec tel métal qu’on voudra, on n'aura jamais une seule exception. Mais si l'on veut s'épargner la peine de répéter ces expériences , onn’a qu'à jeter les yeux sur les nombreuses et fidèles images dans lesquelles Van Marum a donné l'explication de cette ex- périence. On peut voir encore d’une autre manière la régu- larité de celte image: Si l'électricité agissoit sur le fil métallique seulement avec la force expansive , tous les nuages.de la vapeur deyroient être parallèles et droits; mais comme chaque con- ducteur agit avec la force répulsive sur l’extrémité, la plus voisine du fil, les nuages des vapeurs , poussés aux deux ex- trémités par deux forces qui se, croisent peérpendiculairement, en suivent la diagonale, ou plutôt ,; comme les forces sont constantes et inégales, les nuages représentent. l’image d’une ligne courbe, dont.la concavité est opposée au fil métallique. Plus un nuage est éloigné d'un des conducteurs, moins agira sur lui la force répulsive parallèle au fl, et sa position s’appro- chera toujours davantage de la force perpendiculaire au fl. Dans'le milieu du fil on aura un parfait équilibre des forces contraires, en conséquence la position du nuage doit être par- faitement perpendiculaire au fil. Tout cela ne sera pas assez clairement apperçu si la force employée pour vaporiser le métal: est trop grande ; mais encore dans cette circonstance l'image se plie en un zigzag, où cependant on peut reconnoitre à chaque section les marques de l'ordre décrit. Veut-on encore une preuve? 1l suflit de considérer l'étin- celle électrique. Si les conducteurs au milieu desquels l’étin- celle se manifeste sont assez voisins , on remarque qu'elle se colore différemment sur les deux extrémités , en rouge sur l'une, et sur l’autre en bleu, pendant que le milieu est blanc; mais si l’on éloigne les conducteurs, l’étincelle change autant de fois de couleur qu'il y a de changemens du négatif au positif. Tout ce qu'on a dit jusqu'ici de l'électricité doit étre également appliqué au magnétisme. L'action de l’aimant com- mence par une polarisation, et doit parconséquent se commu- niquer ondulatoirement , comme l'électricité. Une zone de polarité doit parvenir à son #7aximum d'expansion , et alors elle doit donner l'origine à une autre. L'expérience le confirme, puisque quand on magnétise un fil d'acier très-mince, il acquiert, dans toute sa longueur, des poles sud et nord, alternativement. Nous devons réfléchir à l'opération de la magnétisation pour ET DHISTOIRE NATURELLE. 373 concevoir la manière dont le magnétisme se propage. En eflet, qu'est-ce qu'il arrive quand on promène un aimant sur une barre d’acier? On pousse en avant les deux poles, de sorte que la partie qui avoit —- 72 devient — 72, comme une vague de la mer qui comble un vallon devant elle, pendant qu’elle en découvre un autre derrièregelle. Ce mécanisme de l’action de la propagation ondulatoire est sans doute- général dans toute la nature , mais il est très- difiicile de le démontrer. On a observé depuis long-temps, qu'en comprimant une molécule d'air il devoit s'ensuivre une expansion, par suite de laquelle les molécules voisines devoient être comprimées, et que celles-ci, s'eloignant à leur tour, devoient en comprimer d’autres, etc. C’est ainsi qu'on a expliqué la communication du son dans l'air; mais on n'a pas considéré ce mécanisme dans la communication du son à travers les corps durs. Au moins la plupart des physiciens sont contre la découverte du célèbre Chladni, du frêmissement des molécules dans la production du son (1). Mais rien de plus facile que de démon- trer, par la nature même de la chose et par des expériences, la nécessité et l'existence de ce frémissement. Nous pouvons passer légérement sur la théorie , puisque les mêmes preuves, qui servent à démontrer la communication ondulatoire du son à travers l'air, peuvent s’appliquer à tous les autres corps; encore parmi eux le mouvement ne peut pas se communiquer sans employer un temps quelconque. Toutes les parties ne peuvent donc pas être affectées à la fois de la mème manière. Si l'on veut s'en convaincre par l’expérience, que l'on es- saye de soupoudrer, avec. du /ycopodium, une des extrémités d’un fil d'acier, et qu'on le frappe ensuite avec un coup sec et modéré, on verra la poussière se diviser en petits mon- ticules, qui figureront une ligne le longgdu fil; les monticules formés aux environs du point frappé seront les plus grands, les autres seront moins considérables en proportion de leur éloignement, On peut démontrer cette expérience d’une ma- mère encore plus simple : il suflit d’une tablette carrée de verre de métal, avec des rebords droits, La surface doit être sou- poudrée de lycopodium , et on doit prendre la tablette de manière à toucher avec les doigts les deux bords opposés, HER! BCE PEITT AE-LON ARE PEER RER PIRE EEE AUS SR ET RARE (1) Voyez le Mémoire de Chladni dans ce Journal, tome 47, p. 590. Motte du Rédaçteur ). 374 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en laissant libres les deux autres. Si l'on frappe avec un morceau de bois sur le milieu d’un des bords 2 la pous- sière se divisera aussitôt en lignes parallèles à la direction du coup porté, et on pourra observer dans ces lignes plusieurs élévations et abaissemens ; mais si le coup a été donné avec une planche raboteuse, ou quelque autre corps plat, et surtout un côté entier, la poussière s’ordonnera par lignes parallèles au côté frappé. Ces lignes seront plus ou moins ondoyantes, selon que le côté frappé l'aura été plus ou moins précisément sur tous les points. Si l’on frappe sur une des surfaces , il en naîtra un nombre de petits monticules. C'est le résultat sans doute d’un mouvement oscillatoire , et plus précisément d’un mouvement progressif et d'un autre ondulatoire. Mais quand on tient la tablette sans toucher les bords, en couvrant des doigts une petite portion des deux surfaces, et qu'on frappe dessus, il ne s’y forme pas seulement ces petits monticules , mais il en naît un son, Les monticules prennent un mouvement qui les oblige dese réunir à l'extrémité, et ils prennent à-peu-près la figure qu'assigne Chaldni. Qu'on répare le tout comme si on vouloit se procurer la figure de Chladni, avec cette seule différence d'employer le lycopodium au lieu du sable , et on verra peu-à-peu la figure se former devant ses yeux. Au premier coup les monticules se forment comme des petits nœuds, et s’agitent autour des points où les plus grands prennent leur naissance. Que l’on s’imagine la tablette 4BCD (fig. 2), frappée sur le point E, il s’élevera aussitôt des monticules en ee’, ff! gg, etc. Les monticules s'agiteront plus vite en-ee’ qu'en ff”, plus vite encore en ff". qu'en gg’. La première sur le point £ , et sur toute la ligne £E, sera poussée vers le point Æ’; mais æelle qui est sur e et e', sera déterminée par deux forces dans la direction EC ou ED et EE’; elle décrira donc la ligne courbe e'h', et tous les autres points décriront des lignes semblables. C'est de cette manière que sera décrite la courbe C£E'D ; etcomme tous les autres quarrés de la tablette Æ£’C, AE'B, ÆE'D, ont reçu des oscillations dans le même temps, il en naîtra autant de courbes, qui formeront, par leur assemblage, une espèce de croix ou d'étoile. Il faut remarquer que les lignes en repos ne sont pas décrites par la poussière amassée , mais qu’elles en sont circonscrites. Ces lignes ne peuvent pas être décrites à la manière ordinaire, par le sable épars, puisque le sable est élastique, et ses molécules sont trop considérables ET D'HISTOIRE NATURELLE, 375 pour que chacune puisse s’agiter, jusqu’à ce qu'elle trouve une place tranquille et apropriée. Si l’on jette .deux grains de sable sur un carreau de verre mis en mouvement par un archet, on verra que l'expérience confirme ce que nous venons de dire. Parconséquent on ne doit pas confondre les lignes de poussière et les lignes de repos, qu’on appelleles lignes des nœuds 2 1 LI — La poussière, par la moindre secousse, se détache des lignes des nœuds, ainsi que l'expérience le fait voir; mais il est très-difficile de la détacher des lignes de sable. De là, on peut soupçonner qu'on a excité une sorte d'électricité par le mouvement ondoyant, électricité qui est sans doute négative dans les lignes des nœud, et positive dans celles du répos, puisque le lycopodium négatif y est attiré. Il est probable que tous les physiciens connoissent ce que Ritter dit sur cette matière, dans le Magasin de Voigt. 376 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE oo SUITE du Tableau de la Classification des Pierres ; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. DIXIÈME ORDRE. CLASSIFICATION DES PHERRES AGRÉGÉES, ou DES ROCHES (1). Les pierres agrégées ont été dissoutes par les mémes agens que les pierres homogènes; elles ont ensuite cristallisé à la manière des substances salines qui cristallisent plusieurs en- semble. | J'ai fait trois grandes divisions des roches, Pierres agrégées cristallisées. Pierres agrégées empâtées. Pierres agrégées agglutinées. On doit ensuite, avec Werner, considérer les roches géo- logiquement, à raison des terrains où elles se trouvent, eton a Roches des terrains primitifs. Roches des terrains secondaires. Roches des terrains d’alluvion. Je vais indiquer quelques espèces de chacun de ces genres, ———————————————— Gi) Werner donne au mot roche une signification plus étendue. Il com- prend sous cette dénomination non-seulement les pierres agrégées , mais encore toutes les pierres homogènes qui forment de grandes masses , telles que le quartz, le calcaire , le gypse ,... et que nous désignons en français lus particulièrement par le mot rocher. Ainsi nous disons le rocher de Gibraltar qui est calcaire. (Voyez ma Notice sur la classification des roches d’après l'opinion de Werner). Journ. Physique, tome 55, p. 129. \ Je prends ici le mot roche dans sa signification ordinaire. ROCHES ET D'HISTOIRE NATURELLE. 377 ROCHES DES TERRAINS PRIMITIFS. Je, D IWISI,O N, DES PIÉÈRRES AGRÉGÉES CRISTALLISEES. Je sous-divise ces roches à raison de la terre principale qui y domine, comme je l'ai fait pour les pierres homogènes. Ie, S O US - D IV: ES: O N. PIERRES AGRÉGES CRISTALLISEES, COMPOSÉES DE PIERRES SILICEUSES. PREMIER GENRE. ae Espèce, granit à deux substances. aïe Var. Feldspath et quartz. Granit graphique. 2 Var. Feldspath et mica. Granit arborisé des Pyrénées. 5 Var. Feldspath et hornblende. Sienite de Werner. 4° Var. Feldspath et tourmaline. 2° Espèce, granit à trois substances. aùe Var. Feldspath , quartz et mica. Granit antique d'Egypte. 2 Far. Feldspath, quartz et hornblende. Variété de sienite. 3e Var. Feldspath, mica et hornblende. 4° Espèce, granit à quatre substances. ièe War. Feldspath, quartz, mica et hornblende. Les granits peuvent contenir quelques autres substances cristallisées, telles que des grenats , des circons... On distingue encore d'autres variétés de granits : a Granits à gros grains. b Granits à petits grains. c Granits décomposés. Tome LXII. MAI an 1806. BbB 378. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SECOND GENRE. GNE RS on Les gneis, où granits feuilletés sont formés des mêmes substances que les granits; mais le mica s’y trouve toujours en grande quantité et y fre des couches. On a donc à-peu-près les mêmes variétés de gneis que de granits. Il seroit inutile d’en- trer dans de plus grands détails, TROISIÈME GENRE. GRANITOIDE. J'ai donné le nom de granitoides à des roches agrégées, cristallisées comme les granits, mais qui sont composées de substances différentes que les granitoidés. Ces granits sont très-norbreux. at Espèce, granitoïdes à deux substances. 10e Var. Grenat et quartz. 2° Espèce, granitoïdes à trois substances. aèe Var. Quartz adalaire et amianthe: 3° Espèce, granitoïdes à quatre substances. 1e Var. Quartz adulaire, thallite et amianthe. II: SOU SAD PV'E SPON. DES PIERRES AGRÉGÉES CRISTALLISÉES, COMPOSÉES DE PIERRES ARGILEUSES, ox DES GRANITOÏDES ARGILEUX. PREMIER GENRE. ie Jar. Corindon et granit, > Var. Emeril et stéatite. SECOND GENRE. 1ère War. Cyanite et quartz. 2° Var. Cyanite, staurolite et stéaitte. TR OL S TE MIEVIGIE N\R TE; 1e Var, Topaze de Saxe et quartz (topaze-fels de Werner). > Var. Leucolite et mica (leucolite-fels ). ET D'HISTOIRE NATURELLE. 579 ‘ DEP SO'TPSCDILV ES TON: PIERRES MAGNÉSIENNES AGRÉGÉES CRISTALLISÉES, ox DES GRANITOÏDES MAGNÉSIENS. PREMIER GENRE. 1èe War. Peridot et granit. IVe SOUS-DIVISION. PIERRES CALCAIRES AGRÉGÉES CRISTALLISÉES ; ou DES GRANIÎTOIDES CALCAIRES. PREMIER GENRE: ae War. Calcaire et quartz. V° SOUS-DI VISION. PIERRES BARYTIQUES AGRÉGÉES CRISTALLISÉES, ou DES GRANITOIDES BARYTIQUES. PREMIER GENRE. ae Var. Baryte et fluor. VF SOUS-DIVISTON PIERRES STRONTIANIQUES AGRÉGÉES, ou DES GRANITOÏDES STRONTIANIQUES. PREMIER GENRE. aèe War. Célestine et quartz. VII: SOUS-DLVESTI ON: PIERRES CIRCONIENNES AGRÉGÉES CRISTALLISÉES , o4 DES GRANITOÏDES CIRCONIENS. PER EMI IVESRR G'E'N R'E: ie War. Circon, feldspath, et hornblende de Norvège. Bbb 2 380 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE- VIII SOUS-DIVISION. PIERRES GLUCINIQUES AGRÉGÉES CRISTALLISÉES, où GRANITOÏDES GLUCINIQUES. PREMIER GENRE. aèe Var. Emeraude et granit. 2e Var. Beril, topaze de Sibérie, et quartz (beril-fels). IX SOUS-DIVISION. PIERRES GADOLINIQUES AGRÉGÉES CRISTALLISÉES, où GRANITOIDES GADOLINIQUES. Les observateurs n’en ont point encore décrit. X: SOUS:DIVISION. ROCHES D'ANTRACITE AGRÉGÉES CRISTALLISÉES, ou GRANITOÏDES D’ANTRACITE. PREMIER GENRE. aère Espèce, antracite et granit: XIE SOUS ED EVE S ED: N: ROCHES MÉTALLIQUES AGRÉGÉES CRISTALLISÉES , où GRANITOÏIDES MÉTALLIQUES. (MÉTALFUHRUNG DES GRANITS DE WERNER). PREMIER GENRE. LL ae War. Cristaux d'étain et granit de Saxe. SECOND GENRE. aie War. Oisanite et feldspath (oisanite-fels ). | ET D'HISTOIRE NAYUNELLF. 58: TROISIÈME GENRE. 1% War. Sphène et feldspath (sphène-fels ). É EE: -D'IVES:O N. DÉS PIERRES AGRÉGÉES EMPÂTEES, I SOUS-DIVISION. PIERRES SILICEUSES AGRÉGÉES, EMPÂTÉES PREMIER GENRE. PORPHYRES, 1% Espèce, porphyre feldspathique. Pâte feldspathique, cristaux de feldspath de la méme couleur. 2° Espèce, porphyre siénitique. Pâte hornblendique, et une grande quantité deicristaux de feldspath. 3° Espèce, porphyre hornblendique ( grunstein de Werner ). Pâte hornblendique dans laquelle sont noyés quelques cris- taux de feldspath, en général très-petits, 4° Espèce, porphyre pétrosiliceux. Pâte de pétrosilex dans laquelle sont noyés dés cristaux de feldspath. 5e Espèce, porphyre leucosticos de Pline » OU porphyre rouge. Pite de leucostine, dans laquelle sont noyés de petits cris- taux de feldspath. . Silice 73, alumine 15, magnésie 10, chaux 0.50, fer oxidé 1. Bayen, Journ. de Physique, tome 14, p. 446. 6° Espèce, porphyre ophitique , ou porphyre verd. Pâte d'ophitine dans laquelle sont noyés de grands cristaux de feldspath. Bayen en a retiré à-peu-près les mêmes principes que du porphyre rouge ;. mais on sent assez que ces analyses sont imparfaites. | 7e Espèce, porphyre téphrinique. Pâte de téphrine dans laquelle sont noyés des cristaux de feldspath. 382 JOURNAL DE FHYSIQUE, LE CHIMIE Se Espèce , porphyre cornéen. Pâte de cornéenne, dans laquelle sont noyés des cristaux de feldspath. D'Ajou. | Quelques-uns contiennent une: assez grande quantité de pyrites. Tous ces porphyres contiennent une plus ou moins grande quantité: de cristaux de feldspath. Ils ne varient :que par la nature de la pâte, qui, dans ces espèces, est toujours de la nature des pierres siliceuses. On pourra peut-être trouver encore des porphyres, dont la pâte quoique de matière siliceuse , est différente de celles dont nous venons de parler. 9° Espèce, porphyres décomposés. Les porphyres se décomposent comme les granits. On a ensuite les porphyres des substances volcaniques dont nous parlerons ailleurs. ‘6 SECOND GENRE. PORPHYROÏDES ,COMPOSÉES DE PIERRES SILICEUSESe J'ai donné le nom de porphyroides à des roches empâtées, comme les porphyres qui ne contiennent pas des cristaux de feldspath: 1e ar. Pâte pétrosiliceuse et tourmaline. 2° Var, Quartz et mica. TROISIÈME GENRE, DORPHYRO-AMYGDALOIÏDES. Les porphyro-amygdaloïdes sont des porphyres qui sont en même temps amygdaloïdes. 1e Espèce, porphyro - amygdaloïdes pétrosiliceux ; avec noyaux calcaires. Porphyre rougeâtre à pâte de pétrosilex , avec des noyaux calcaires blancs. De Giromagny. 2 Espèce , porphyro-amygdaloïde ophitique, Ophite avec des noyaux d'agathe. % Espèce. Porphyro-amygdaloïde téphrinique, avec noyaux calcaires Gris cendré d'Oberstein. Gris rougeâtre d’Oberstein, QUATRIÉÈME GENRE, AMYGDALOIÏDES. ze Espèce, amygdaloïde, téphrinique, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 383 1èe Var. Amygdaloïde à pâte téphrinique cendrée, avec noyaux calcaires blancs. | : Vaäriolite de la Durance, Toad-stone des Anglais. 2° Var. Amygdaloiïide avec pâte téphrinique cendrée , et noyaux bleuätres du val Godmar. 3e Var. Amygdaloïide avec pâte téphrinique cendrée, et noyaux calcaires blancs d'Oberstein. Le méme dont la pâte est d’un gris rougeâtre. 4° Var. Téphrine (wake de Werner), avec noyaux d’agathe. CINQUIÉME GÆNRE, VYAREOLIT IQ U Æ Les variolites diffèrent des amygdaloïdes en ce que, dans la variolite, le noyau paroît cristaliser avec la pâte. 1e Espèce , -variolite, pétrosiliceuse. Pâte brunâtre et noyaux de la méme substance. De Corse. 2e Espèce, variolite hornblendique. “aëe Var. Hornblende et quartz (granit œillé de Corse). On doit regarder cette singulière substance, comme une espèce de variolite, puisqu'elle se divise en noyaux plus ou moins volumineux. 3e Espèce ; variolite de la Durance. Pâte verdâtre, noyaux de la même substance, d’un verd plus clair 4 Espèce , variolite arsileuse. Schiste (thonschiffer), et noyaux d’hornblende, | 5e Espèce, variolite magnésienne. Mica schisteux et noyaux d’hornblende. EP SO UVSEDIVISTON. PIERRES ARGILEUSES AGRÉGÉES, EMPATÉES où PORHYROÏDES ARGILEUX. PREMIER GENRE. 1e Espèce, schiste argileux (thonschieffer) et hornblende. 2° Espèce , schiste argileux (thonschiefier) jet crucite. 584 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIKX 111: SOUS-DIVISION. PIERRES MAGNÉSIENNES AGRÉGÉES, EMPATÉES, _ou PORPHYROÏDES ARGILEUX. PREMIER GENRE, are Espèce, mica feuilleté (glimmer schieffer), et grenat, - 2° Espèce, mica feuilleté et tourmaline. 3° Espèce, mica feuilleté et hornblende, 4° Espèce , talcite et grenat, 5° Espèce, talcite et staurolite. 6° Espèce, steatite et asbestoïde du Zillerthal. 7° Espèce, stéatite et bitterspath, 8° Espèce, stéatite et tourmaline, 9° Espèce, smaragdite et l'hémanite, 10° Éspèce , .serpentinite. Serpentine et talc. La plupart des serpentines sont des porphyroïdes qui con- tiennent des substances cristallisées : je leur donne le nom de serpentinile. Les vrais serpentines sont des substances homogènes. IVe SOUS-DIVISION, PIERRES CALCAIRES AGRÉGÉES, EMPATÉES, ou PORPHYROÏDES CALCAIRES, PREMIER GENRE, 1ère Espèce, calcaire et adulaire de la montagne du Bonhomme. 2e Espèce, tillrte. Calcaire et hornblende de l'ile de Till, sur les côtes d’Ecosse. 3 Espèce, calcaire et mica, marbre cypolin, 4° Espèce, calcaire et dolomie. 5e Espèce, calcaire et grenat. SECOND GENRE, aère Espèce, gypse primitif et mica verd. De la Haute-Egypte, Ve ET Ses DO NU en 585 V: SOUS-DIVISION. PIERRES BARYTIQUES AGRÉGÉES , EMPATÉES , ou PORPHYROÏDES BARYTIQUES. VE SOUS-DIVISION. PIERRES STRONTIANIQUES AGRÉCÉES , EMPATÉES, ou PORPHYROÏDES STRONTIANIQUES. VII SOUS-DIVISION. PIERRES CIRCONIENNES AGRÉGÉES, EMPÂTÉES, ou PORPHYROÏDES CIRCONIENNES. VIII SOUS-DIVISION. PIERRES GLUCINIQUES AGRÉGÉES, EMPATÉES, ou PORPHYROÏDES GLUCINIQUES. IXe SOUS-DIVISION. PIERRES GADOLINIQUES AGRÉGÉES , EMPATÉES, ou PORPHYROÏDES GADOLINIQUES. X°: SOUS-DI VISIO N. ROCHES D'ANTRACITE AGRÉGÉES, EMPALÉES, ou PORPHYROÏDES D’ANTRACITE, Ces six espèces de porphyroïdes n’ont pas encore été dé- crites. Tome LXII. MAI an 18060. Cce 386 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE XIE SOUS-DIVISION. ROCHES MÉTALLIQUES AGRËGÉES, EMPATÉES, où PORPHYROÏDES MÉTALLIQUES. PREMIER GENRE. aère Espèce, fer oxidé octaëdre et chlorite, 2e Espèce, fer oxidé octaèdre et schiste. RAR DAV SL ON. DES PIERRES AGRÈGÉES AGGLUTINEES. Ces roches se divisent en deux grandes sections : Les brèches ; Les pouddings. Les brèches et les ponddings varient à raison de la nature du ciment,et à raison des pierres agglutinées. EAUS EC TCUE CE ON DES BRÈCHÉES P'ROPMINET I V ES. Er SOUS-DIVISION. DES BRECHES DONT LE CIMENT ET LES PIERRES AGGLUTINÉES SONT DES PIERRES SILICEUSES. PR EM-LE R: GE NRIE. ae Espèce, brèche primitive d'Egypte. L'ENS OMS - DA VLE SEE DIN. DES BRÊCHES ARGILEUSES. PAR SBIMAIM ER D GNEUNRRUE" ire Espèce, pierres argileuses agglutinant d’autres pierres. ( variété de grauwake de Werner). ET D'HISTOIRE NATURELLE. 337 IXTUIT ÉSIO/U: S2 D'I VOIS ON. DES BRÉCHES MAGNÉSIENNES. PREMIER GENRE. 1èe War. Mica talqueux agglutinant d’autres pierres. ( variété du grauwake de Werner). AE SOUS-DIVISION. DES BRECHES CALCAIRES. PREMIER GENRE, ie Espèce, vert antioque. | V: SOUS-DIVISION. DES BRECHES BARYTIQUES. PREMIER GENRE. se Espèce, brèche barytique composée de barytite et de calcaire, des montagnes du bourg d'Oisans, au pied des petites Rousses. Cordier. MES OMS DPI VIS T'OEN: DES BRECHES STRONTIANIQUES. VII SOUS-DIVISION. DES BRECHES CIRCONIQUES. VIIE SOUS-DIVISION. DES BRECHES GLUCINIQUES. C'cc'2 + 388 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIS IX SOUS-DIVISION. DES BRECHES GADOLINIQUES. X SOUS-DIVISION. DES BRECHES D’ANTRACITE. ET SOUS DENTS LION. DES BRECHES MÉTALLIQUES. Ces six dernières. variétés de brèches n'ont pas encore été décrites. I SECTION. D'E'S 'P'OU D'DAN CS. I SOUS-DI VISIO N. DES POUDDINGS PRIMITIFS COMPOSÉS DE PIERRES SILICEUSES. PREMIER GENRE. 1ère Espèce , pouddings primitifs de la Valorsine, LT, SOUSSE DIVIES TON. DES POUDDINGS ARGILEUX. ITI SOUS-DIVISION. DES POUDDINGS MAGNÉSIENS, ENS SOMPSR-DIAVES FO, N: DES POUDDINGS CALCAIRES. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 389 a Ve SOUS-DIVISION. DES POUDDINGS BARYTIQUES, MAT SRO-DIST= DIVISION... DES POUDDINGS STRONTIANIQUES, V'EESS'/ONUES - DE, V:ES.EO N. DES POUDDINGS CIRCONIENS. VIII SOUS-DIVISION. DES POUDDINGS GLUCINIQUES. IX SOUS-DIVISION. DES POUDDINCS GADOLINIQUES. X°*8; OMS Dit M PSTO N. DES POUDDINGS D'ANTRACITE. XI SOUS-DIVISION. DES POUDDINGS DES SUBSTANCES MÉTALLIQUES. Ces dix dernières espèces de pouddings n'ont pas encore été décrites. PITESE CE T'ON: DES GRES PRIMITIFS. PREMIER GENRE. 1èe Espèce, grès agglutinés par un ciment siliceux. SECOND GENRE. 1ère Espèce, grès agglutinés par un ciment argileux. 390 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l TROISIÈME GENRE. 1ère Espéce, grès agglutinés par .un ciment magnésien, ie War. Grès pliant du Brésil agglutiné par du mica. Silice 96, alumine 2, fer oxidé 1. X/aproth. TERRAINS SECONDAIRES CONTENANT DES DÉBRIS D'ÈTRES ORGANISÉS. Les terrains secondaires sont composés de pierres homo- gènes, telles que calcaires, gypses, ÉÉSR oNE ... ils contiennent donc une très-petite quantité de roches, ou pierres agrégées. On y en trouve cependant quelques-unes qui y ont été formées , d'autres y ont été transportées des terrains primitifs. Nous ne parlerons pas de celles-ci, Er D'É V ISM ON. DES PIERRES AGRÉGÉES CRISTALLISÉES. PREMIER GENRE. 1èe Espèce, calcaire et quartz cristallisés à Neuilly, proche Paris. SECOND GENRE. 1ère Espèce, granit secondaire. Tous les élémens d’un granit décomposé ont été réunis par un ciment calcaire. On y trouve quelquefois des portions de silex. IT DIVISION. DES PIERRES AGRÊGEES EMPÂTÉES. Ces roches sont très-rares dans les terrains secondaires. PREMIER GENRE. 1ère Espèce, gypse du Lunebourg empâtant des cristaux de boracite. SREJGONCD MAGIE NARIE" 1ère Espèce, gypse empâtant des cristaux de soufre de Mou- tiers. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 592 TROISIÈME GENRE. 1ère Espèce, celestine (strontiane sulfatée) empâtant des cristaux de soufre. so ; Le sel gemme se trouve aussi souvent empâté dans ses gangues. On pourroit donner à ces composés le nom de roches de sel. III DIVISION. DES PIERRES AGRÉGÉES AGGLUTINÉES. CES ROCHES SONT ASSEZ COMMUNES DANS CES TERRAINS. DES BRÈCHES CALCAIRES. Les marbres et les pierres calcaires communes présentent une grande variété de brèches. , DES POUDDINGS SILICEUX. Les pouddings siliceux , composés de silex agglutinés par un ciment siliceux , sont très-abondans dans ces terrains. DES GRÈS. PUR EMAIL E R_ GENRE 1ère Espèce , grès agglutinés par un ciment siliceux. SECOND GENRE. 1ère Espèce, grès agglutinés par un ciment calcaire. TROISIÈME GENRE. 1ère Espèce, grès agglutinés par un ciment ferrugineux, QUATRIÈME GENRE. 1e Esnèce, grès bitumineux des houillières. TERRAENS, D’A LEUVION. On trouve dans les terrams d'alluvion toutes les roches des terrains primitifs et des terrains secondaires , qui y ont été charriés par les eaux. Quelques-unes ont pu y étre formées postérieurement par des cristallisations ou des agglutinations. 52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TX - CL ASSMOLE. DES PIERRES VOLCANIQUES,. Les pierres volcaniques ont été dissoutes par la voie ignée; et ont cristallisé par le refroidissement. Je des ai divisées en cinq sections ou ordres, à raison de la différente nature des pierres dont elles sont formées. PREMIER ORDRE. DES LAVES FONTIFORMES COMPOSÉES|] DES SCHISTES PYRITEUX FERRUGINEUX QG}. PREMVER GENRE, VERRE DES LAVES FONTIFORMES. 1ùe Espèce, verre noir fondant au chalumeau en verre noir. SECOND GENRE. PONCE (PUMICITE DES LAVES FONTIFORMES). Ce sont des espèces de laves scoriformes très-légères, fon- dant au chalumeau en verre noir, TROISIÈME GENRE. SCORIE DES LAVES FONTIFORMES. Ces laves se présentent sous forme de scories. QUATRIÈME GENRE. LAVES POREUSES FONTIFORMES. je Espèce. Ces laves ont plus de consistance que les sco- riformes. A 2 ———— (1) Je les appelle fontiformes , parcequ’elles coulent comme une fonte impure. Nous verrons que les substances pseudo-volcaniques composées de schistes chauflés par inflammation des houilles, ontles plus grands rapports avec les faves fontiformes. CINQUIEME ET D'HISTOIRE NATURELLE 393 CINQUIÈME GENRE. LAPILLO ET CENDRES FONTIFORMES. "Ces laves se présentent sous forme de petites pierres, et de sable plus ou moins fin. SIXIÈME GENRE. LAVES COMPACTES ; OZ BASALTES FONTIFORMES PRISMATIQUES OÙ NON-PRISMATIQUESe 1ère Espèce, basalte de Staffa. Silice 46, alumine 16, chaux 9, fer oxidé 16, natron 4, acide muriatique 1, eau et matière vo- latiles 5. Xennedy. Basalle prismatique de Hasenbers. Siice 44.50 , alu- mine 16.75, magnésie 2.75, fer oxidé 20, manganèse oxidé 0.12, natron 2.60, eau 2, charbon uneportion. X/Zaproth, t. 3, p. 253. Basalte de Stuffa. Silice 50, alumine 15, chaux 8, fer oxidé 25, magnésie 2. Bergmnann. SEPTIÈME GENRE. PORPHYROIÏDES DE LAVES FONTIFORMES. Ces laves contiennent de l'olivine, de l'augite, de l'horn- blende , du fer spéculaire , du soufre... HUITIÈME GENRE. LAVES FONTIFORMES DÉCOMPOSÉES. 1ère Espèce. Lave devenue blanche, et ayant perdu une partie de sa solidité. NEUVIÈME GENRE. PIOLUI Z Z OLA UN IE. 1ère Espèce , pouzzolane d'Italie. Silice 55 à 60, alumine 19 à 20, chaux 5 à 6, fer oxidé 15 à 20. Bergmann. Pouzzolane d'Italie. Silice 51 , alumine 25, chaux 3, fer oxidé 16, perte 6. Dodun. DIXIÈME GENRE. AMYGDALOÏDE DES LAVES FONTIFORMES. aère Espèce. Amygdaloide du Calston , près d'Edimbourge. Silice 50, Tome LXII. MAI an 1806. Ddd 594 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE alumine 18.50, chaux 3, fer oxidé 16.75, eau et matières volatiles 5, natron 4, acide muriatique 1. Kennedy. ONZIÈME GENRE. > VARIOLITE DE LAVES FONTIFORMES. DOUZIÈME GENRE. HRÈCHES , POUDDINGS DE LAVES FONTIFORMES. Ils sont connus le plus souvent sous ls nom de tufs, de Peperino.., SECOND ORDRE. DES LAVES COMPOSÉES DE PORPHYRES A BASE DE PÉTROSILEX. PREMIER GENRE. OBSIDIENNE, VERRE VOLCANIQUE PÉTROSILICEUX. 1ère Espèce, verre volcanique du Mexique. Silice 72, alu- mine 12.5, fer et manganèse 2, potasse et soude 10, perte 3.5. Collet- Descotils. Verre volcanique du Mexique. Silice 74, alumine 14.20, chaux 1.20, fer et manganèse 3, soude et potasse 3.30, perte 4.3. Draprer. Autre verre volcanique du Mexique. Silice 7r , alu- mine 13.40, chaux 1.60, fer et manganèse 4, soude et po- tasse 4, perte 6. Drapier , ibid. SECOND. GENRE. PE RALSTEIN. ae Espèce, perlstein de Hongrie. Silice 75, alumine 12, chaux 0.50, fer oxidé 0.60 , natron 4.60, eau 4.50. K/aproth. 2. Espèce, perlstein de Cinapecuaro. Silice 77, alumine 13, chaux 1.6, fer et manganèse 3, potasse 2, soude 0.7 , eau #4: V'auquelin. : FT RMOISTIEME GENRE LAVE VITREUSE PÉTROSILICEUSE. aire Espèce, lave vitreuse du Gesenbach, près Misen er ET D'HISTOIRE NATURELLE, 395 Saxe. Silice 73, alumine 14.5, chaux 1, fer oxidé 2, man- ganèse oxidé 0.10, natron 1.75, eau 8.50. Klaproch, t. 3, p. 257. 2° Espèce, lave du Puy Griou. Silice 78, alumine 5, chaux 4.5, fer oxidé 2, natron 4, eau 7, perte 2.5. Berg- ann jeure. QUATRIÈME JGGENRE. RÉTINITE ,; OÙ LAVE RÉSINIFORMP PÉTROSILICEUSE. * 1ère Espèce, retinite de Planiz en Saxe. Silice 59, alu- mine 18.5, chaux 4, fer oxidé 3.5, natron 3, eau 8, perte"4. Ælaproth. CINQUIÉME GENRE. OBSIDIENNE PORPHYRIQUE. Le Ce sont des obsidiennes contenant un grand nombre de cristaux de feldspath. SIXIÈME GENRE. PONCE PÉTROSILICEUSE. aère Espèce , ponce pétrosiliceuse. Silice 77.50 , alu- mine 17.50, fer oxidé 1.75, manganèse oxidé une petite portion, perte 3.5. Xlaproth. Kennedy a retiré de la ponce une portion de potasse. SEPTIÈME GENRE. PONCE PULVÉRULENTE , FARINE FOSSILE PÉTROSILICEUSE. rèe Espèce, ponce pulvérulente de Santa Fiora en Tos- cane. Silice 55, magnésie 15, alumine 12 , chaux 3, fer oxidé 1 , eau 14. Fabbroni. HUITIÈME GENRE. LAVE PÉFROSILICÉUSE COMPACTE (klingstein-phonolite) PRISMATIQUE O4 NON-PRISMATIQUE. 1ère Espèce, lave compacte pétrosiliceuse. Silice 57.28 , alymine 23.30, chaux 2.75 , fer oxidé 3.25 , manganèse ofidé 3.25, natron 8.10 , eau 3. X/aproth, tome 3. Silice 58, alumine 24.5, chaux 3.5, fer oxidé 4.5, na- tron 6, eau et matières volatiles 2. Bergmann jeune, D dd 2 396 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NEUVIÈME GENRL. LAVE PÉTROSILICEUSE COMPACTE O4 NON COMPACTE PORPHYRIQUES. Ces laves contiennent des cristaux de feldspath. DIXIÈME GENRE. LAVE PÉTROSILICEUSE COMPACTE O4 NON COMPACTE PORPHYROÏDE, Ces layes contiennent des cristaux d’augite, de hornblende,.. "* ONZIÈME GENRE. LAVE PÉTROSILCIEUSE DÉCOMPOSÉE. ve Æspèce. Toutes ces laves se décomposent, passent à l'état d'argile... Lave du Puy Poe décomposée. Silice gt, fer, alu- mine, magnésie 2. 5o, acide muriatique , ammoniaque , ma tière animale et eau 5.50. V’auquelin, Annales du Muséum. DOUZIÉME GENRE. AMYGDALOÏDES VOLCANIQUES PÉTROSILICEUX. Ces amygdaloïdes contiennent des noyaux de différentes. substances. TREEIZIÈME GENRE. VARIOLITE VOLCANIQUE PÉTROSILICEUX. V’ariolite de la Loire. Klingstein avec des noyaux de la même substance. La roche dite Sanadoire, en Auvergne, paroît une variolite de ce genre. QUATORZIÈME GENRE. BRÈCHES , POUDDINGS VOLCANIQUES PÉTROSILICEUX, On les ncmme tufs, paperino. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 397 TROISIÈME ORDRE. LAVES TÉPHRINIQUES COMPOSÉES DE PORPHYRES A BASE DE TÉPHRINE, PREMIER GENRE. VERRE TÉPHRINIQUE, 1ère Espèce, verre noir, très-dur , fondant au chalumeau en verre verdâtre. SECOND GENRE. VERRE TÉPHRINIQUE PORPHYRIQUE. 1#e Espèce. Ce verre noir contient une grande quantité de cristaux de feldspath blanc. TROISIEME GENRE BMPONCE TEÉPHRINIQU E. 1% Espèce , pouce de couleur d’un verd sale, QUATRIÈME GENRE. LAVE POREUSE TÉPHRINIQUE: CINQIÉME GENRE. LAVES SCORIFORMES TÉPHRINIQUES. SIXIÈME GENRE. LAVES COMPACTES TÉPHRINIQUES. Cordier en a retiré à-peu-près les mémes principes que Kennedy a retiré de la lave basaltique de l'Etna, qui coula sur Catane, savoir : silice æ, alumine x, chaux, natron 52e fer oxidé x. Mais le fer n’en est environ que les 0,08, où 0,10, c’est-à dire en moindre quantité que dans les laves fontiformes, et en plus grande quantité que dans les laves pétrosiliceuses. SEPTIÈME GENRE. LAVES TÉPHRINIQUES COMPACTES 0% NON COMPACTES PORPHYRIQUES. Ces laves contiennent quelquefois des cristaux de feldspath, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CUIMIE HUITIÈME GENRE. LAVES TÉPHRINIQUES COMPACTES o4 NON COMPACTES PORPHYROÏDES. 358 Ces laves contiennent quelquefois de l'olivine, de l’augite... ‘ NEUVIÈME GENRE LAVES TÉPHRINIQUES DÉCOMPOSÉES. Ges laves se décomposent comme les autres. DIXIEMEvGE N R°E: AMYGDALOÏDES VOLCANIQUES TÉPHRINIQUES. Ces amygdaloïdes contiennent quelquefois une substance blanche insoluble dans les acides, Il peut y avoir des variolites, des brèches, des pouddings des mêmes laves, QUATRIÈME ORDRE. DES LAVES HORNBLENDIQUES. Des roches à base de hornblende peuvent éprouver l'action des feux souterrains, et forment des laves hornblendiques. PREMIER GENRE. LAVES HORNBLENDIQUES POREUSES. 1èe Æspèce, lave poreuse hornblendique du val d'Enfer, aw Mondor en Auvergne. SECOND GENRE. LAVE HORNBLENDIQUE COMPACTE. aèe Espèce , whinstone d'Eccosse. Silice 46, alumine 19, chaux 8, fer oxidé 17, natron 5.5, eau et substances vola- tiles 4.5 ; acide muriatique 1. Kennedy. CINQUIÈME ORDRE. LA VES EE U'CTTIQUES: Des laves du Vésuve, et de quelques volcans éteints situés depuis Naples jusqu'a Rome, contiennent une grande quan- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 399 tité de leucite. Ces laves ont pour pâte une des substances des ordres précéders de matières volcaniques, Mais quelques-unes de ces laves paroiïssent avoir pour base la leucite elle-même. Elles sont composées de substances cris- lallisées dont la leucite paroît faire la base. PREMIER GENRE. EL Æ QUACHINL (E/LEUT LM, I GA. La leucite et le mica sont cristallisés ensemble ; mais la leucite en paroît faire la base. DES PIERRES PSEUDO-VOLCANIQUES,. On appelle pierres pseudo-volcaniques des pierres qui ne sont pas volcaniques , et qui ont cependant éprouvé l'action d'un feu lus ou moins violent : telles sont les pierres qui subissent l’action du feu des mines de houilles enflammées. Tous les schistes, et toutes les substances superposées sur les couches de houille, qui brülent de cette manière, sont plus ou moins altérées. Elles nous présentent à-peu-près les mêmes variétés que les substances volcaniques proprement dites , particulièrement les fontiformes. 4. PR EM L'ER. GE N.R-E,. SCHISTES CHAUFFÉS. 1% Espèce. Ces schistes sont plus ou moins colorés en rouge par le fer oxidé. SECOND .GENRK'E. TRIPOLI. 1ère Espèce, tripqli. Silice go, alumine 7, fer oxidé 5. Haase. - Les tripolis doivent contenir de la chaux, puisqu'on y ob- serve toujours une portion de gypse, dont l'acide vient de, la décomposition des pyrites, et la chaux du schiste. TROISIÈME GENRE. JASPE PORCELAINE. QUATRIÈME GENRE. SCHISTE PSEUDO-VOLCANIQUE SCORIFORME: Ces schistes ressemblent à des laves poreuses fontiformes. 400 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les oxides de fer, qui sont rouges dans cesschistes du pres mier genre , deviennent ici d'un brun noirâtre, parcequ'ils ont éprouvé un plus grand degré de chaleur, 1 Var. Schiste pseudo - volcanique cristallisé en rayons divergens de la Bouiche. Ces schistes ressemblent aux verres dévitrifiés. J'en ai un morceau que m'a envoyé l'ancien professeur de minéralogie au Lycée de Clermont, Zacoste-Plaisance. 1e Espèce, verre noir pseudo-volcanique de la Bouiche, fondant au chalumeau en verre noir... Ce verre ressemble à celui des laves fontiformes, il est noir, dur.,, L'analogie des divers produits des laves fontiformes avec ces schistes convertis par l’action du feu des charbons en- flammés en diverses substances pseudo-volcaniques , est une nouvelle preuve que ces laves fontiformes sont composées de schistes pyriteux enflammés , ainsi que je l'ai dit. J'en ai des morceaux de la Bouiche, que m’a donné Godon Saint-Memin, dans lesquels on voit encore des portions de schistes. DES MÉTÉOROLITES. Les météorolites, ow pierres tombées de l’atmosphère, ont éprouvé une chaleur assez considérable , puisque leur surface est noire et oxidée , et que la plupart sont plus ou moins chaudes au moment où elles touchent la terre. Toutes ces substances paroissent à-peu-près de la même nature, comme le prouvent les différentes analyses qui en ont été faites. Silice 46, magnésie 21, fer oxidé 33, nickel 2. Howard. Silice 49, fer 35, magnésie 12, soufre 7, manganèse 0.50, nickel 0.25, chrome æ , eau et perte 2. Laugier. Silice 66, magnésie 20 , fer oxidé noir 5, sulfure de fer au ninimum 12, chaux et manganèse des atomes, Proust. DIXIÈME CLASSE. CLASSIFICATION ET ANALYSE DES FOSSILES. Les fossiles se divisent en deux grandes sections : Les animaux ; Les végétaux. ET D'HISTOIRE NATURELES. 40 J'ai sous-divisé chacune de ces sections en six ordres : 1% Fossiles entiers ; 20, Fossiles terréfiés; 3°. Fossiles bituminisés ; 4°. Fossiles métallisés ; 4 5°, Fossiles pétrifiés ; Go. Fossiles empreints. PREMIER ORDRE. DES ANIMAUX ENTIERS. PREMIER GENRE. MAMMIFÈRE ENTIER, 2e Espèce , rhinoceros trouvé sur les bords du Vilhoui, avec sa peau. ( Voyag. en Sibérie, de Pallas). : S'EXCVONN'DE G'E/NVRYE. INSECTES. 1e Espèce, insectes qui se trouvent dans le succin. TROISIÈME GENRE. Os Fr OS siTin0E ts, On trouve différens os fossiles assez bien conservés. On ena retiré chaux x, acide phosphorique +, acide fluo- rique æ, matière animale x. Morichini. SECOND ORDRE. DES ANIMAUX FOSSILES TERRÉFIÉS. PREMIER GENRE. EL aùe Espèce, poissons de Montmartre. 2° Espèce, poissons du mont Bolca. L'R'OTSTENME “OR DRE. DES ANIMAUX FOSSILES BITUMINISÉS. PREMIER GENRE. POISSONS BTTUMINISEÉS. 1€ Espèce, poissons trouvés dans les mines de houille. Tome LXII. MAI an 1806. Éee 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE QUATRIÈME ORDRE. DES ANIMAUX FOSSILES MÉTALLISÉS. PREMIER GENRE. - POISSONS MÉTALBLISÉS. 1ère Espèce , poissons fossiles convertis en cinabre dans les mines de mercure du Palatinat. Beurard. CINQUIÈME ORDRE. ANIMAUX FOSSILES PÉTRIFIÉS. PREMIER ORDRE. Plusieurs animaux fossiles sont convertis en pierres. SIXIÈME ORDRE. ANIMAUX FOSSILES EMPREINTS. PREMIER GENRE. Quelques animaux fossiles, tels que les crabes, les insectes..: n'ont laissé que leurs empreintes. II: SECTION. DES VÉGÉTAUX FOSSILES. PREMIER ORDRE. DES VÉGÉTAUX FOSSILES ENTIERS. PREMIER GENRE. ARBRES FOSSILES ENTIENS. 19e Espèce, arbres de la Prusse où se trouve le succin. On en trouve dans un grand nombre d’endroits. SECOND ORDRE. DES VÉGÉTAUX FOSSILES TERRÉFIÉS. DES TOURBES NON-MINÉRALISÉES, Quelques tourbes sont le produit de végétaux terréfiés, es non-minéralisés.. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 “SECOND GENRE. ièe Espèce, tourbe de Brulh auprès d'Andernach, pseudo- terre d'ombre. . Cette tourbe paroit le produit de la décomposition de pal- mers et autres arbres réduits en poussière. Faujas. TROISIÈME GENRE. HOUVM” U=S:. L'humus est le produit de plantes décomposées. TR'ORSTEMÆENCENRE DES VÉGÉTAUX BITUMINISÉS. PREMIER GENRE. DE LA TOURBE MINÉRALISÉE. 1ère Espèce. La plupart des tourbes contiennent des pyrite et ont déjà éprouvé un commencement de minéralisation. SREACIONNEDANGIPAINSRUES D'U1:G'É A NT'RUAX 1ère Espèce , ampelite | terre plus ou moins imprégnée de matières bitumineuses, TROISIÈME GENRE. DUT AUTEUR rère Espèce, bois fossile qui passe à l’état bitumineux, mais qui n’y est pas encore arrivé. QUATRIÈME GENRE. D U :X I L/A NT RO Ax: aùe Espèce, bois fossile pénétré de bitume. CINQUIÈME GENRE. DU LITHANTROAX. ste Espèce, houille , charbon minéral, I| y en a un grand nombre de variétés. | SIXBREME GENRE. DÉEM TL AA) S)PTrH)A! TD) TUE, qe Espèce, bitume de Judée, qui a une certaine solidité, Eee 2 4of JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SEPTIÈME GENRE. D U M, AL HA: ièe Espèce, poix minérale qui a de la mollesse, HUITIÈME GENRE. D''UVT-N AMPMEHNPTOE ae Espèce, pétrole, huile minérale. 2. Espèce, naphte plus subtil que l’huile de pétrole. NEUNTEMEÆE GENRE, DU SUCCIN. ière Zspèce, substance végétale fossile, résiniforme, com- bustible, ... qui, par la distillation, donne un acide subtil. DTA EME IMG NENNIRUE. DU CAHOUTCHOU FOSSILE. Substance végétale fossile du Derbyshire, analogue au ca- houtchou. ie Var. Molle. 2° Var, Endurcie. ONZIÈME GENRE. Mellite (Aonigstein), substance végétale fossile résiniforme qui se trouve dans les bois fossiles de la Prusse, et ailleurs. Klaproth en a retiré, alumine æ, acide végétal x. X/aproth. Vauquelin a obtenu les mêmes résultats. Cet acide lui a paru avoir de grands rapports avec l'acide oxalique. La base de l'honigstein étant de l’alumine, je l’avois placé dans la classe des substances à base d’alumine, sous le nom d'alumine mellatée. D'un autre côté, son acide étant de la nature des acides végétaux, on peut ranger l’honigstein dans la classe des vé- gétaux fossiles. Ayant néanmoins classé les minéraux à raison de leurs bases, il paroîit qu'il faut plutôt laisser l’honigstein dans l’ordre des pierres argileuses qui contiennent un acide. Ainsi il en formera un sixième genre sous le nom de alurmine mellatée. Et en regardant le rubis spinelle comme un chromate d’alu- mire, on en formera un cinquième genre sous le nom de alumine chromatée. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 405 QUATRIÈME ORDRE. D'RISUNME CG LE TUAIDIOT NT ET A L'E T SES. PR EM ERERIGLIELUNR E. , Plusieurs végétaux fossiles sont réduits à l'état pyriteux. CINQUIÈME ORDRE. DES VÉGÉTAUX PÉTRIFIÉES. PREMIER GENRE. Plusieurs végétaux fossiles sont absolument convertis en pierres de nature siliceuse. SEX LE -M'E 1OR2D & E. DES MEGETAUX' EMPREINTS. PREMIER GENRE. Plusieurs parties des végétaux fossiles, et principalement les feuilles, n'ont laissé que leurs empreintes. Addition à l'espèce riraAx:T, page 558 du cahier précédent, au sujet du spinthère. Le spinthère doit être regardé comme une variété de sphène, qui est lui-même une variété de titanit. J'ai des cristaux de spinthère qui ressemblent entièrement à ceux du sphène. Fautes à corriger, page 258, ligne 9, pour chromaté, lisez : un chromate. Page 657, encluse 35 à 36, lisez : euclase, silice 35 à 56. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES É Par BOUVARD, astronome. S THERMOMETRE. BAROMETR E. D CR. CC PO. CC NN * À Maximum. | Minimum. |a Mini. Maxr:mum. | Minimum. A Mio. À midi à5+ à midi... 28. 2,61|à 5 + m.....28. 2,05/28. 2,61 2jà 318. à5+ à midi...... 28. 2,05|1 32 S......28. 1,76128. 2,05 3ha 25. à6: ZISÉCCE CEE 28. 1,75] 6m......28. 1,58]28. 1,69 af midi 1 6 6m. 28 To |A D Secrets. 28. 0,52/28. o,78 SCBERS à 2 m° NS EAN 26-,/0,50\41915-.-h2 27.10,95|27.11,69 6Glà midi à3n OS ne. 27-1100 ANS UM--e.-- 27.10,40|27. 10,68 7hà 2s. à 5; A bone 27.11,10|à 10 s...... 27. 9,97|27-10,80 8ft2s. <+19,24 7 3 $.....97.11,09|à 44 m..... 27.10,11|27.10,66 QIX. +-16,2|à o m. MODODOE 28.10,92|à 8 1 s..... 27.10,10|27.10,62 rofà midi <+15,0là 51m. à 5+m.,...27. 8,80|[à 10 s...... 27. 6,48|27. 8,00 rifà midi + 6,7 7s. < Teese 27. 6,27|à77m..... 27. 5,43|27. 5,78 128à mudi è > + 4,o/à midi... ... D7NOOTIANTE See 27. 5,95|27. 6,87 131à 3 s. »,3[à : AUTOS. 27-1D00N LD 8-6. 27. 4,72|27. 4,68 r4fà midi à te 27. 727 |à 5im..... 27. 6,04|27. 6,87 19fà midi è : ASTO SC ERET 27.11,30|à 7 £m.....27. 7,80|27. 7,82 16] à 625. See 28. 5,40|à 6 m...... 28. 1,40|28. 2,85 17]à 45. #+10,2 DM - ee 28. 6,75|à x m...... 28. 5,44|28. 6,45 18à31s Dames ei 28. 5,80|à 11 15s..... 28. 5,00|28. 5,57 19hà 3 s. : à à 5 m.......28. 5,8o[à 1115... 28. 3,78|28. 4,52 o0fà35s. -+13,ofà 35m. 3, 32 m....28. 3,86|à 11+5.....28. 3,02|28. 3,78 21 235. 16m....... 28. 2,80|à 11 $6..... 28. 2,06|28. 2,44 22fà nudi 2m.....28. 2,72|à 10 55.....20. 1,50|28. 2,29 23fà midi +5S....98. 2,02|à 5 + m.....28. 1,01|28. 1,40 24là 35 à1rès 26 2/57|at3s--e0e. 28. 2,40|28. 2,45 25fà32:s. + 7,4là 6 m. 55| 4 7,2l4 6 m...... 28. 2,26|[à 315s......98. 1,55|28. 2,03 261à midi “GO |AnTis2 ete 28. 4,33]|à 5 m......28. 2,36|28. 3,24 271à 35. 10,245 25... 28: 3,91|A9S.-..... 27.11,87[28. 2,26 o8jà midi + 8,3[à ros.......27.10,25|à midi... ... 27. 0,66|27. 9,66 204à 45. I0,1 + 42l + o2là 8+m..... 27-10,57|à 1028.....27. 9,05127.10,92 "É 25. +io,8à6m. — qi -H10,61à 9 +5......27.11,53|à 6m.......27. dir RECAPITULATIO N. Plus grande élévation du mercure...28.6,75, le 17 à 9 h. matin, Moindre élévation du mercure..... 27.4,72, le 12 à à. Élévation moyenne. ..... 27 E17D;e Plus grand degré de chaleur..... +16°,2 lego ris. Moindre degré de chaleur....... — 0,5le2à5+h.m. Chaleur moyenne....... .. +17,°9 Nombre de jours beaux....... 20 Éau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0,"01531 — o pouces 6 lignes 7 dixièmes. A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, | AFRIL 1806. Hxc. POINTS VARIATIONS SAaog < [Q] 2 D! an à midi. LUNAIRES. DE L'ATMOSPHÈRE. 1| 63,5 } N-E. Equin. desc. | Ciel nuageux ct beau par intervalles, 2] 52,0 | Id, Idem, 3] 56,0 | N.N-E. |? 2. Id. al 530 | NE. Id. | 61,0 { E.S-E. Forte gelée blanche; brouill. ; ciel couv. par interv. 6| 48,6 | E.S-E. ® Ciel nuageux et trouble ; beaucoup d’éclaircis par interv. FINO2 OMIS: Ciel couv. la plus grande partie du jour, ë| 41,5 | N-E. Vapeurs à l’horizon; assez beau ciel. o| 61,5 |*S: Brouillard ; beau ciel par intervalles. 10] 71,5 (IS. D. Q: Ciel très-nébuleux ; pluie, 11] 77,0 | O. N-O Temps brun x pluie. ne] Ur AE pe CE Ciel couvert; beaucoup d’éclaircis par intervalles. 13] 76,0 | N.N-E. Neige et gresil; pluie par intervalles. 14] 74,0 | N. Couvert; éclaircis par intervalles. 19] 73,0 |; N. Neige fondue ; pluie la plus grande partie du jour. 16| 69,0 | N-E. Équin, asc Neige; la terre en est couv. à 8 h. du matin; ciel vapor. 17| 69,0 | N. ! Brouillard; assez beau ciel par intervalles. 18| 67,0 | O. N-O. |.z. Ciel nuageux et beau par intervalles. 19| 46,0 | N: ‘ Léger brouillard ; beau. ciel par interv. 20| 48,0 | N. Giel nuageux et assez'beau par interv. 21] 61,0 | E.N-E. |Apogée Ciel nuageux. 22| 54,0 |. N. Ciel couvert par interv. ; pluie depuis 6 h. du soir, 29 RONA INE Eclaircis par interv.; ciel couvert ; pluie, 24| 70,0 | N. ER Ciel couvert par intervalles. 55| 83,0 | N. P. Q: Pluie fine; ciel couv. tout le jour. N. fort Ciel couv. ; assez beau. ciel par intervalles; N. Ciel très-nuageux et trouble. N Ciel couvert; petite pluie. N-O. Équin. desc. | Ciel couv.; éclaircis par intervalles. | O d Giel nuageux et couv. ; petite pluie par intery. dé gelée... de tonnerre 26] 64,0 27 7,0 2| 79,0 ï I 291 68,0 j | + 66,0 : RECAPITULATION 408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE x C'TESLSELETEPER N'OTICE SUR LA COMPOSITION DU CARBONATE DE CHAUX ; Par My DESCOTILS. Daxs le Journal de Physique de mars 1806, on trouve une Note de M, Proust, sur les carbonates calcaires, dans laquelle il annonce avoir trouvé, dans les spaths rhombcïdaux opaques ou transparens, deux oxides métalliques, ceux de fer et de man- ganèse, tandis que l'arragonite ne lui aprésenté que da carbonate de chaux pur, et il demande si cette différence. seroit générale. J'ai fait quelques expériences qui me paroïssent décider la question. J'ai examiné d’abord de l’arragonite d'Auvergne; j'en ai fait dissoudre dans l'acide muriatique et j'ai versé de l'ammo- niaque dans la dissolution, il ne s'est rien précipité. J'ai ajouté alors de l’eau d'hydrogène sulfuré, et ni la transparence, ni la couleur n’ont été altérées; la liqueur conservoït ane forte odeur d'hydro-sulfure. J'ai traité de méme deux carbonates rhom'boïdaux ; le premier m'avoit été donné par M. Tonnelier, sans!indication d'origine. Le second, qui m'avoit été donné par M. Gillet-Laumont, venoit de Ferroé ; il étoit accompagné de! quelques cristaux de stilbite, implantés sur la surface du cristal. Tous deux étoient très-blancs et parfaitement transparens. Lie second avoit cepen- dant encore plus de limpidité que l’autre. La dissolution du premier a pris une: couleur jaunâtre par l'ammoniaque, et l'addition de l’hydrogine a fait précipiter des flocons noirs, peu abondans à la vérité, mais qui prouvoient bien la présence du fer. Mais le spath de Ferroé n’a présenté aucune altération par les mêmes réactifs , et il étoit parconséqraent parfaitement exempt d’oxides métalliques ; car on sait combien l’hydro-sulfure d'am- moniaque est propre à découvrir les moindres traces de fer ou de manganèse , et surtout du premizr de ces métaux. Le vase où s’étoit faite l'opération étant presque plein, fut bien bouché pour empécher le contact de l'air extérieur, et il ne s'y est pas formé le moindre dépôt depuis plris d'un mois, Il existe donc des spaths rhomt,oïdaux exempts d’oxides mé- talliques, et il faudra chercher d’autres causes de la différence de cristallisation qu’ils présent(snt avec l'arragonite. DESCRIPTION ET D'HISTOIRE NATURELLE. 409 DESCRIPTION . Du PÉRIDOT IDOCRASE, e{ de quatre autres substances lithologiques d'espèce nouvelle , nommées SUCCINITE , MUSSITE, ALALITE €é TOPAZOLITE, découvertes dans les vallées de Lans, département du P6, en Piémont ; lue à la séance de la Classe des Sciences exactes de l’Académie tünpériale de Turin, le 1e août 1805, suivie de l'analyse de la TOPAZOLITE ; Par B. BONVOISIN, Membre du Corps législatif, de la même Académie, du Grand-Conseil, Profes- seur, de Chimie pharmaceutique de l’Université de la même ville, etc., etc. Les Alpes présentent un champ vaste et fertile en beaucoup d'objets rares , précieux , et souvent nouveaux d'histoire na- turelle. Allioni, Haller, Saussure, Robilant, y ont puisé les matériaux de leurs savans ouvrages de Botanique, de Géologie et de Minéralogie. Dolomieu, le P. Piny, Schreiber, Fleurieau de Bellevue nous ont rendu compte de plusieurs fossiles particuliers qu’ils y ont rencontrés. Un des correspondans de cette Académie (1} y a trouvé assez d'oiseaux intéressans et (1) Feu M. Guanta de la Tour de Pellis, dont nous déplorons la perte depuis trois ans, a envoyé à l’Académie une collection de la plupart des oiseaux des Alpes et du Piémont , avec leur description et dessin. Tome LXII. MAI an 1806. EE 410 JOURNAL DE -PHYSIQUE, DE CHIMIE variés, pour en former une ornithologie particulière ; qu'il nomma a/piuo-piémontaise. Nos collègues Bellardi , Balbis, Buniva, Nappione le cadet, Giorna et autres, y ont recueilli des objets rares et souvent inconnus, appartenant aux diverses branches de la science naturelle qu’ils cultivent, qu’ils ont consignés dans des Mémoires particuliers présentés à l'Aca- démie. Dernièrement M. Giobert , s'occupant de l'examen chimique de quelques fossiles des Alpes, nous apprit que la terre blanche qu'on tire de la montagne de Baldissero , “é- partement de la Doire, et qu’on croyoit alumine , n’est que de la magnésie native presque pure : il a encore trouvé une mine d’antimoine natif, et de la strontiane sulfatée disposée en rayons prismatiques dans des géodes de baryte sulfatée. Je vous ai parlé moi-même, il y a long-temps, de l'hydro- phane (1), et dernièrement d’abondans et précieux filons de plombagine ( fer carburé), que j'y ai encore découverts (2). Mais quoique les Alpes soient si riches en objets naturels remarquables , nous sommes bien loin de les connoître tous; car, malgré que quelques progrès aient déjà été faits dans la recherche et dans l’étude de quelques branches de l’histoire naturelle de ces contrées, nous sommes cependant encore bien reculés dans celle de quelques autres. En eflet, en se dirigeant à connoîltre les plantes indigènes des Alpes, on est bien parvenu, il est vrai, à en former et à nous en donner des catalogues déjà bien abondans , et d’un intérêt particu- lier. En cultivant l'étude , et tâchant d'activer la recherche des mines de ces contrées, on est bien arrivé aussi à en connoître une grande partie ; et finalement on a bien fait encore quelques progrès dans la connoissance de beaucoup d'animaux qui habitent ce sol raboteux , de structure si sin- gulière , et d’un climat si peu analogue à la hauteur du pôle à laquelle il se trouve; mais on na pas encore acquis des connoissances suflisantes et un peu étendues sur la lithologie particulière de toutes les Alpes, et, en général, nous pouvons dire que quoique l'étude, dans la plupart des branches des corps naturels des Alpes , soit déjà bien avancée, elle pré- sentera encore long -temps des nouveautés aux voyageurs (1) De la pierre hydrophane du Mussinet (Mémoires de l’Académie de Turin, vol. 1°). (>) Sur les mines de plombagine des départemens de la Sture et du P6,, Ibid , vol. 6 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4x avides de les découvrir ; et en méme temps, celle dela lithologie d’une grande partie de ces contrées, n'étant que peu avancée , continuera à fournir long-temps d'amples moissons à ceux qui voudront encore l'entreprendre avec ardeur, et la cultiver avec l'attention nécessaire. Si d’après ce que je viens d'avancer on me demande comment il est arrivé que , tandis que dans ce siècle on a fait partout des efforts pour étendre, perfectionner et répandre les connois- sances générales et particulières de l’histoire naturelle du globe que nous habitons, nous n'ayons cependant pas également avancé dans celles quiregardent la lithologie particulière d’une partie des Alpes, qui sûrement doit également intéresser les amateurs zélés de la science ? Il me sera facile de répondre et de faire observer : Que, si on peut facilement parcourir et visiter , partout et en tout sens, les autres endroits ordinaires de la superficie de la terre, pour la recherche des corps naturels, ce n'en est pas de même par rapport à celle des Alpes. Ces régions extraordinaires ont des parties si escarpées, et des autres si défendues ou circonscrites par des escarpemens et des pré- cipices, qu'il est bien difficile, et souvent presque impossible de pouvoir y arriver et de les atteindre. On est parvenu, malgré cela, à recueillir des notions plus étendues des ani- maux et des végétaux indigènes des Alpes , parceque ces corps vivans, jouissant de la faculté de se reproduire et de se multiplier, se répandent souvent en plusieurs endroits, ou arrivent à occuper des espaces plus considérables , et sont en conséquence plus faciles à ëtre rencontrés et saisis. On a pu encore remarquer et recueillir facilement la plus grande partie des métaux minéralisés des Alpes ; car ordinairement ils se montrent avec des marques ou des caractères extérieurs visibles et connus; mais on n’a pas pu s’instruire avec autant de facilité sur la nature , les variétés et le gisement d’une bonne partie des corps lithologiques de ces mêmes conirées', piques ne peut pas appercevoir , avec une facilité égale, eur lieu natal, toutes leurs diverses espèces et leurs variétés, attendu que plusieurs de ces fossiles sont souvent seuls , rares et isolés, ou renfermés dans des petits espaces de montagnes difficiles à être apperçus. Ce n’est souvent que dans des recoins dérobés , ou dans des endroits difhciles à atteindre, qu'on eut les voir dans leur état de figure naturelle et intacte, dans quelle ils peuvent être maintenus, parcequ'ils se trouvent : F[F 2 41a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à l'abri de pouvoir être froissés et dégradés par le contact, le maniement et le remuement des hommes et des animaux. On s'est de méme encore avancé dans la recherche et la connoissance des animaux et des plantes, comme dans celle des mines des Alpes, plus facilement que dans celle de leurs corps fossiles et terreux , attendu que la science qui regardè en général la botanique, la zoologie et la minéralogie, a été depuis long-temps cultivée et portée à un plus grand degré de perfection; tandis que, au contraire l'étude de la lithologie n'a pris d’essor que dans ces derniers temps, et que ce n’est qu'après les analyses exactes des Vauquelin , des Klaproth, et de quelques autres chimistes de nos jours, et après les ingénieux systèmes fondés sur Îles caractères et les formes extérieurs, établis par Romé-de-Lille, Werner, Lamétherie, Hay , que les notions qui regardent cette branche intéres- sante d'histoire naturelle, ont pris le caractère de science. Avant nos temps (qui formeront une époque glorieuse dans l’histoire du progrès et de l'avancement des sciences na- turelles), les auteurs qui nous ont donné des traités , ou des classifications lithologiques, avoient des idées si vagues, et se servoient d'expressions si peu capables de nous rendre les véritables caractères distinctifs de ces corps, que par leur seule instruction et leurs descriptions , ils n’arrivoient souvent pas à nous donner une idée nette de l'objet dont ils vouloient parler, et à nous le faire facilement distinguer des autres. Soit donc que la connoissance caractéristique , et la clas- sification des divers genres et espèces, ne fussent pas encore perfectionnées, ou soit que la recherche, la rencontre et la découverte de plusieurs de ces fossiles gissans dans nos Alpes, fussent trop difhciles , on ne s'étoit pas encore occupé, de nos jours, à entreprendre des voyages suivis et dirigés à toute l'étendue et à toutes les parties de leur territoire montagneux, pour connoître l’histoire naturelle de ces corps; et conséquem- ment les connoïissances que nous avons pu acquérir jusqu'ici, sur cette partie importante de l’histoire naturelle de ces lieux, ne sont que partielles et nullement correspondantes à l’étendue qu’elles doivent avoir. | En effet Saussure s’est bien détermine, il y a long-temps, a visiter les parties les plus considérables des Alpes, et dans le cours de plusieurs années, il nous a procuré la connois- sance d'un certain nombre de substances lithologiques qu'il a rencontrées sur ses pas. Mais ne s'étant déterminé à effectuer ET D'HISTOIRE NATURELLE, 415 ses voyages que pour arriver à la connoissance de la géologie générale , ou pour parvenir à former une théorie satisfaisante et appuyée de la structure de la terre, il n'a pas dù s'arrêter toujours à remarquer, et à chercher à connoître en détail, tous les petits objets de lithologie que les Alpes pouvoient recéler , et qui ne le dirigeoient pas à son but, Mais comme il nous le dit lui-même (Voyages des Alpes, Discours pré- liminaire, pag. 5 de l'édit. in-8°}), il n'a du visiter les Alpes qu'en grand , et ne viser à étudier et à connoître ce territoire singulier , que parceque s'élevanty au-dessus de la superficie du sol en énormes monceaux, ou en hautes montagnes in- finiment variées dans leur matière et dans leur forme ,*il présente au grand jour, dans ces endroits, des coupes na- turelles d'une trèsgrande étendue, où l’on peut observer avec la plus grande clarté ; et où l’on embrasse d’un coup d'œil l'ordre, la situation, la direction, l'épaisseur, et même la nature des assises dont elles sont composées, et qu'étant, comme on peut le croire, analogues à celles qui se trouvent vers l'extérieur des autres parties de ce globe, elles présen- tent une idée de sa structure. Ainsi ce grand auteur, d'après Son plan, n'a pas dû visiter en détail toutes les parties des Alpes , et parconséquent il n'a pas pu en découvrir et con- noître tous leurs objets de lithologie. Plusieurs autres savans , et entr'autres ceux que j'ai cités plus haut, ont bien aussi fait des recherches lithologiques dans nos Alpes ; mais chacun d'eux n'a visité partiellement que quelques-uns de léurs gîtes, ou n’a voyagé que dans quelques- unes de leurs montagnes; et, comme je l'ai dit, aucun des naturalistes n’a encore entrepris, jusqu'à ce jour, des courses suivies et régulières dans toute la superficie de ce territoire extraordinaire , pour arriver à la connoissance complète de sa lithologie, qui, dans plusieurs de ses régions, étoit encore entièrement ignorée et inconnue. D’après ces considérations, je me suis proposé ‘depuis bien du temps, de visiter moi-même avec la diligence, et avec tout le détail possible, toutes celles de nos Alpes du Piémont que j'aurois pu. Ma résidence dans le centre de ce pays qu’elles contournent, auquel elles aboutissent, et qu’elles ar- rosent et fertilisent par leurs eaux, me mettoit à portée de les aborder plus facilement. D'ailleurs la lithologie de cette partie du territoire Alpin étoit encore ignorée, ou, pour mieux dire , la moins connue que celle des autres Alpes, 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE J'ai bien senti que je n’aurois pas pu suflire à cette entreprise ni 4 son perfectionnement; maïs j'ai cru qu'il étoit toujours utile de la commencer, et j'ai pensé que si mes forces et mes foibles talens ne me permettoient pas de combler entièrement mes vœux et ma bonne volonté de contribuer à l’avance- ment de nos connoissances dans cette branche. d’histoire na- turelle, des génies supérieurs pourroient bien continuer ensuite mon travail, le corriger, le rectifier, et lui donner la perfec- tion dont il est susceptible. Sur ces considérations, je lai en- trepris, comme je l'ai dit , et sans les, malheurs politiques de ces derniers temps , qui ont suspendu mes voyages pendant dix à douze années , j'aurois déjà parcouru ce territoire. Cependant les courses que j'ai pu y faire avant ce temps désastreux, et celles que j'ai repris dans ces dernières| années, n'ont pas été infructueuses; car ayant tâché de visiter pas à pas, et avec toute la diligence possible, plusieurs vallées du Piémont, et leurs montagnes, j'eus le bonheur d'y pouvoir faire des collections abondantes d'objets lithologiques , dont l'existence en ces lieux était encore ignorée, et dont quelques: uns méme étoient encore inconnus aux naturalistes. En faisant ces recherches j'ai pris des notes exactes sur le gisement de ces substances , et j'en ai soumis d'autres à l’analyse. J'ai cherché encore à vérifier l’histoire naturelle des mines de ces contrées, que feu M. de Robilant, notre con- frère, nous avoit donnée; j'y ai même ajouté quelquefois, par la découverte de quelques fossiles qu’il n'avoit pee vus. En rendant compte de ce que j'ai fait, jé dois avouer que dans ces derniers temps de mon âge avancé, je n’aurois, pas pu, comme autrefois, soutenir les fatigues et faire des efforts nécessaires pour atteindre tous les gites difficiles, et tous les Lieux qu'il est nécessaire de visiter pour découvrir les objets de lithologie dont je vais rendre compte. Mais je me fais un devoir et un vrai plaisir de manifester ici, que dans l'exécu- tion de meb voyages j'ai eu le bonheur de pouvoir m’associer un jeune homme estimable, qui a les qualités nécessaires pour embrasser toute entreprise diflicile de ce genre, et pour surmonter tous les obstacles qui pourroient s'opposer à son exécution. Dominique Perotti,.matif de la vallée de Viu, âgé d'envi- ron 24 ans, accoutumé dès son enfance à gravir les, Alpes, a toute.la force, l'agilité et l'expérience nécessaire pour monter et franchir les lieux les plus escarpés, pour pouvoir soutenir ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 les dangereuses et extraordinaires vicissitudes de l'atmosphère qui environne les sommets des Alpes, et pour se faire à toute sorte de privations causées par le long séjour qu'on doit sou- vent faire dans ces endroits pour la découverte et l’extraction des objets. Il n’avoit pas fait les études nécessaires pour con- noître cette partie d'histoire naturelle ; mais le vif penchant de a pour s'en instruire, l'expérience des voyages, le peu e direction que je peux lui donner , lui ont déjà fait faire des progrès; et son heureux instinct naturel, qui le conduit à savoir distinguer .ceux des corps lithologiques qui sont in- téressans et particuliers de ceux qui ne le sont pas , con- Jointement à ses autres qualités personnelles , et l'aptitude à ces recherches, le rendent un homme précieux pour tout maturaliste qui vouwdroit se l’associer , et s'en servir dans l'exé- cution d'une pareille entreprise. D'après mes remontrances , et dans l'intention qu'il dut accompagner, et aider les membres de l’Académie de Turin, ou d’autres commissaires chargés de voyager dans nos Alpes, pour la découverte -des objets d'histoire naturelle, et dans le but encore de l’employer quelquefois tout seul à ces recherches, le Gouvernement avoit daigné de lui accorder un honoraire annuel pris sur le patrimoine de l’Université de cette ville. Il êst à espérer qu'il voudra bien le maintenir dans la jouis- sance de ce bienfait; car aucun autre sujet ne peut être d'une plus grande utilité à la recherche , à la connoissance, et à l'avancement de la lithologie et de la minéralogie des Alpes piémontoises. Je reviens à mon sujet. Je compte publier mes voyages des Alpes piémontaises à fur et mesure que j'aurai pu rec- tifier et compléter les observations de minéralogie et de li- thologie que j'y ai déjà faites, ou que j’y ferai encore. Le voyage que j ai fait, dans les vallées de Lans, est déjà prêt, et j'espère pouvoir le présenter au public ayant que l'année courante s'écoule. J'espère qu'en me pardonnant les défauts d'exposition et de style, qui tiennent toujours à celui qui n'écrit pas dans sa langue , il voudra bien l’agréer par l'exposition et la des- cription qu'ils renferment d’une quantité assez grande de fos- siles lithologiques ou minéralogiques qu'ils renferment, dont on ignoroit en bonne partie l'existence, et le gisement en ces lieux, et qui sont d'un intérét particulier pour l’histoire na- turelle. ; En attendant que ce foible ouvrage yoie le jour, l’Académie 416 : JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE voudra bien me permettre que je commence à lui communiquer, dès ce moment, la notice de quelques-uns de ces fossiles dé- couverts dans ces mêmes vallées d& Lans, dont les uns déjà connus dans les cabinets, peuvent servir à nous éclairer sur 1 histoire de leur gisement qui étoit encore douteuse; et les autres peuvent nous intéresser plus fortement , parcequils me paroissent des espèces entièrement nouvelles et inconnues jusqu'ici aux naturalistes. Je me suis permis d'appliquer des noms particuliers à ces derniers , tirés ou du lieu de leur gisement, ou de leur aspect. Les savans pourront les changer à leur volonté. : Les fossiles dont je vais présenter la description à l’Acadé- mie, sont : le succinite, la mussite, le péridot idocrase , l'alalite et la topazolite. J'en ai déposé des exemplaires avec les autres collections que j'ai :emises au cabinet de l’Académie. J'en ai encore remis d'autres exemplaires au cabinet du Muséum d'Histoire natu- relle du Jardin des Plantes, à celui de M. Delamétherie, et de quelques autres naturalistes de Paris. J'en déposerai encore une collection au cabinet des Mines. Les amateurs pourront donc les consulter; et ceux qui desireroïent en faire l’acqui- sition, pour leur cabinet particulier, pourront s'adresser, à Turin, au sieur Dominique Pérotti, qui en possède toujours des échantillons précieux. DU SUCCINITE. J'appelle succinite une substance jusqu'ici inconnue, qui au premier aspect ressemble plus ou moins soit à la colophane, soit au succin, mais qui, à la vue près, n’en a aucun caractère. Ce sont des morceaux plus ou moins globulaires , irréguliers, de la grosseur tantôt d’un pois, tantôt d'une fève , et rare- ment plus forts, qui sont superposés ou quelquefois disséminés dans une roche feuilletée tendre et serpentineuse, et souvent encore sur de la véritable sempentine. On les trouve souvent épars et isolés dans cette pierre ou sur sa superficie ; et quelquefois par une confluence réciproque , ou un contact mutuel d'un nombre de leur cristaux ; on les voit former des espèces de couches ou de stratifications dans leur matrice. Leur forme est, comme je l’ai dit, plus ou moins globulaire. Leur couleur est jaunâtre et bien approchante de celle du miel. A 4 La superficie extérieure des succinites tels qu'ils se trouvent dana ET D'HISTOIRE NATURELLE, 41? dans leur matrice, n’est pas bien translucide ét éclatante ; élle est terne comme le seroit une substance résinéuse qui auroit perdu son éclat extérieur par le frottement ou le ma- niement. = La fracture de ce fossile est grenue, translucide et écla- tante; les éclats sont plus ou. moins irréguliers avec des angles aigus, et presque éntièrement diaphanes, Cette substance est très-fragile sous le marteau, et peut aisément se réduire en poudre. Elle n'’étincelle pas au briquet, ne raye point le verre, en est rayée ; elle entame le spath calcaire. À la flamme du chalumeau elle donne un verre noirûtre. OBSERTFATIONS. Dans une des trois vallées de Lans, département du PO, dans celle qui est à gauche en montañt, et qu'on nomme vallée de Vi, on trouve les succinites. A droite du village de Vieu, qui se trouve dans le bas, et presque dans le centre de cette vallée, à qui il donne son nom,et vers son nord, il y a une très-haute montagne dont la pointe ou aiguille la plus élevée se nômme Ca/cante. À droite et à gauche du Calcante, il y a deux cols qui prêtent le passage pour tra- verser à pied dans l’autre vallée du milieu, nommée la vallée d'Ala. Peu loin du petit chemin qui traverse à gauche, ou plus vers Je couchant du Calcante, et qui tend à Salvagnengo, avant d'arriver au col, et à deux tiers de la montée , on rencontre les succinites dans les parois ou côtés d’un ravin escarpé dans le roc, par la chute des eaux de la fonte des neiges qui découlent du Calcante. Presque toutes les mon- tagnes de ces vallées , et celle même du Calcante, et de sa base, sont formées par la serpentine. Dans l'endroit d’où je viens de parler, la serpentine dégénère dans une espèce d’assise ou veine horizontale de roche feuilletée serpentineuse; et c'est dans cette nuance particulière de la roche qu'on trouve les succinites. On trouve encore des succinites à une plus grande hauteur du même Calcante , tout près et au - dessus des dernières chaumières qui sont vers le sommet que communément on a l'habitude d'appeler muandes, dans une région nommée /a Féli et les Vernay. La nature des succinites paroit assez diflicile à déterminer. Il ne faut pas confondre ce nouveau fossile ni avec la résinite, Tome LXII. MAI an 1806, Ggsg 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ni avec l'albopale. J'en avois donné l’année derniére à M. Fourcroy, pour le Cabinet minéralogique du Muséum du Jardin des Plantes, et je lui ayois donné 14 nom de résinite. M. Haüy, qui a bien voulu l’examiner, m'a dit qu’on lui avoit envoyé d'Allemagne une pierre qu'on appeloit colophonite ,* et qui paroissoit avoir de la ressemblance à celle-ci. Je crois que les examens ultérieurs, et lanalyse chimique que je compte en faire bientôt, fixeront nos idées sur la nature de cette substance. En attendant, j'ai cru devoir changer le nom de résinite en celui de succrnite ; parcequ'il y a déjà un nombre considérable de pierres très-diflérentes de celle-ci, auxquelles on a appliqué des noms dérivés du mot résine ou de poix. DE LA MÜSSITE. J'ai pris le parti de nommer 7nussite des pierres cristalli- sées que je crois inconnues jusqu'ici aux naturalistes, et que je n'ai encore rencontrées que dans une des montagnes qui forment ce qu'on appelle l’Æ/pe, ou la Plaine de la Mussa. Je pense que c'est à bon droit qu'on peut illustrer cet as- semblage de montagnes, en appliquant leur nom à quelques- uns de leurs produits lithologiques ; car si o excepte la mon- tagne du Saint-Godard, il n'y en a pas peut-être d'autres dans les Alpes, qui, comme celles de da Mussa, par rapport au nombre , la singularité et la rareté de leurs produits litholo- giques, soient plus intéressantes. ‘ Les mussites sont formées par une quantité ou un amas de prismes assez longs ou scapiformes ,.aplatis de deux cûtés , portant deux angles aigus à leurs finimens latéraux et longi- tudinaux, formés par la rencontre opposée de deux arcs de cercle de leur Ale convexité extérieure et longitudinale. Les prismes de la mussite sont donc rhomboïdaux avec les: angles. obtus arrondis. Ils ne finissent pas en pyramides, étant tronqués par une face rhomboïdale. Les faces convexes et aplaties de ces prismes sont rayées en longueur et éclatantes. Elles ont quelquefois deux à trois millimètres-de largeur, et la longueur des cristaux entiers est bien souvent de deux à trois centimètres, et quoique rarement elle est quelquefois d’une dimension double soit en longueur , soit en largeur. La couleur de ces prismes est d’un blanc grisätre, et quel- quefois d’un blanc passant au verd de pomme, et toujours un peu nacrée. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 419 Ces cristaux scapiformes sont ordinairement opaques, quel- quefois ils sont translucides, et souvent ils jouissent d'une presque entièré transparence. Ordinairement les prismes des mussites sont implantés per- pendiculairement sur une pierre grisâtre qui paroit de leur même nature, et qui a l'aspect du grès. Ils sont ordinaire- ment en contact les uns des autres vers le lieu de leur nais- sance sur la pierre, ensuite, ne conservant pas tous la même longueur, les plus longs deviennent plus rares et isolés. Ils sont souvent rectihgnes et parallèles entre eux. Les druses ainsi for- mées de ces cristaux, naissant sur leur matrice, représentent une espèce de végétation. D’autres fois, en sortant de leur matrice, ils ne sont pas parallèles entre eux; mais partant d'un centre commun en lignes droites et divergentes , ils forment une espèce de rayonnante. Les prismes "de la mussite s’entre- lacent quelquefois ensemble , sans partir d'aucune base, et forment ainsi des espèces de faisceaux. Les uns et les autres ne sont pas toujours rectilignes , mais souvent courbés- en äârcs de cercles, ou en diverses manières. Il arrive souvent que.les tiges de ces cristaux, au lieu de s'élever vers le jour, en partant comme les autres de leur matrice, vont s'implanter dans de la chaux carbonatée sucri- forme et blanche, qui se trouve dans les interstices de la roche grise, qui les produit. Ordinairement les prismes qui se trouvent dans ce ciment calcaire sont plus prononcés , quel- quefois plus grands, plus élégans, plus éclatans et d’une couleur plus belle, soit verte, soit grise. Ils sont quelquefois encore irrégulièrement interposés dans cette même pâte cal- caire, sans tenir à aucune matrice. Le finiment des mussites paroît n'être produit que par leur cassure transversale : car elles se rompent facilement à divers endroits déterminés par des reinures imperceptibles et trans- versales à leur axe; et leur fracture présente toujours le même plan horizontal, parfaitement uni, égal et éclatant. On ne sait donc pas si leur finiment est naturel ou ‘fait par leur fracture transversale. Les cristaux de la mussite ont toujours un aspect dur et cristallin, et à en juger par la vue, on les croiroit durs et scintillans au briquet, et ils ne le sont pas. Ils jouissent ce- pendant d'une dureté médiocre; ils ne rayent le verre, ni ils en sont rayés. Chauffés au chalumeau, ils fondent én un verre de la même couleur grisätre. ‘ Gegga2 420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIr» _ La mussite se trouve souvent associée à des métaux, es surtout au fer oligiste. : l OBSERVATIONS. Lorsqu'on a remonté la vallée de Lans, du milieu qu'on nomme spécialement Vallée d'Alla, à une hauteur très-considérable, on trouve une plaine parfaite, presque ovale, de la longeur d'un quart de lieue, et de la largeur d’un sixième à-peu près. Cette plaine est contournée par une bordée de montagnes très-escarpées, qui, vers l'occident, s'élevant à la plus grande hauteur des Alpes de ces endroits, forme une portion de leur dos ou de la ligne de démarcation du Piémont et de la Savoie, en versant leurs eaux des glaciers d’un côté et de l’autre, La plaine dont je viens de parler se nomme /4 Plaine, ou l'Alpe de la Mussa. Elle étoit peut-être un lac dans les temps reculés. On y*entre par une espèce de chaussée de roches dures , serpentineuses, qui retenoit les eaux et en formoit, comme je crois, un lac qui peu à-peu a été comblé par la terre provenant de la décomposition des montagnes latérales, chariée ét déposée dans cet endroit par les eaux. De là il en en est résulté une plaine parfaitement unie et horizontale. É La ‘plaine de la Mussa est traversée longitudinalement par un petit ruisseau formé par l’égouttement ou la chute des eaux des montagnes environnantes , et spécialement de celles ui sont à l'extrémité de sa longueur vers l’occident. Ce ruisseau, en traversant la chaussée de l'embouchure dela plaine, forme l’origine de la rivière de la Stura, qui descend de l’occident vers lorient , dans toute la longueur de la vallée d’Ala, et va aboutir à côté de Lans, dans la plaine du Piémont. Vers le fond occidental, et à gauche de la petite plaine de la Mussa, s’avance sur son bord un rocher assis contre les. autres montagnes, qui, quoique formé à-peu-près de la même serpentine des montagnes adjacentes , et de presque toutes celles de ces vallées, a cependant un aspect plus noir que celui des autres roches voisines, et est en conséquence appelé la Roche-Noire. La Roche-Noire, qui n’a pas plus de 25 à 30 toises d'élé- vation , est traversée à la hauteur de 8 à 10 toises presque horizontalement , par une espèce de filon d’une pierre grisâtre, ui a un faux aspect d’un grès, et qui est peut-être la pré- nithe écailleuse. L d ET D'HISTOIRE NATURELLE, 421 L'épaisseur du filon n'est que de quelques pieds. Il est sou- vent entr'ouvert parallélement à sa longueur, ét c'est dans ces félures qu’on trouve la mussite dont la pierre grise est la matrice. Cette pierre grise a un aspect granulé fin, âpre au toucher. Elle est médiocrement duré et n’étincelle point au briquet. DU PÉKIDOT-1DOCR ASE. Crysolithe de Brochant. C Hyacinthine de Delamétherie. Olivine non-volcanique. J'ai encore retrouvé sur une des montagnes de la Mussa, une nouvelle substance que j'ai cru devoir rapporter au pé- ridot non - volcanique , idocrase de Haüy , vésuvienne de Werner, hyacinthine de Delamétherie. Elle est d'un verd de porreau peu foncé, tantôt peu translucide et presque opaque, et tant0t entièrement transparente et éclatante. Sa cristallisation présente plusieurs variétés de formes bien. prononcées. Elle cristallise souvent en prismes rectangulaires. Ces prismes sont surmontés d’une pyramide aussi quadran- gulaire et trapézoïdale, tronqué sur la sommité. Elle a donc dans ce cas cinq faces. D'autres fois les mêmes prismes rectangulaires ont un fini- ment aplani, très-éclatant , uni, et perpendiculaire à leur arc. Il arrive souvent que les prismes rectangulaires sont formés d'un amas ou faisceaux de prismes parallèles, ressemblans à l'épidote ou thallite. Ordinairement ces derniers sont encore coupés perpendiculairement à leur axe, et présentent de ce côté une superficie ou face bien lisse , qui paroit avoir été polie artificiellement. k Le péridot-idocrase opaque est ordinairement en masse, et présente des amas confus des cristallisations dont je viens de parler. ] Les prismes réguliers et détachés sont le plus souvent d’une belle transparence, et peuvent se tailler en gemmes brillantes. La couleur de ces dernières passe quelquefois à celle de la hyacinthe, ou du,vin blanc rougeûtre.. Cette pierre est dure, scintille au briquet, et raye le verre. Elle se fond facilement au chalumeau comme l'idocrase ou byacinthine,*en bouillonnant. 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE OBSERVATIONS. À la droite de la plaine de la Mussa, vis-à-vis la roche noire, il y a un autre rocher au pied des autres montagnes, qui, par les habitans de cet endroit, est appelé Testa Ciarva. Ce rocher également formé par la serpentine, n’est cependant pas noir comme la roche noire : à-peu-près à la même hau- teur et à l'élévation de 10 à 15 toises, il est traversé horizon- tellement nz7 uhe assise ou couche de péridot-idocrase en messe, Ue filon de péridot en masse se trouvant par-ci, par-la entr'ouvert parallélement àa longueur, présente dans ces félures, des druses de cristallisations régulières de la même substance, qui alors est ordinairement transparente et très-éclatante. Les druses du péridot-idocrase renferment aussi quelquefois des grenats nobles. On trouve encore du péridot-idocrase sur une autre mon- tagne beaucoup plus haute, qui est située derrière et plus vers le couchant de la Testa Ciarva, et qui est nommée la Ciar- metta. Les prismes de cette substance qu'on tire de cette dernière montagne, ont ordinairement la figure qui , comme j'ai dit, approche de celle de l'épidote ou thallite. Plusieurs minéralogistes ne connoissoient pas encore le pi- sement du péridot, communément appelée crysolithe. Celui qu'on nous apporte dans le commerce est presque toujours en fragmens roulés, et enveloppés d’une substance terreuse (1). On ignoroit sans doute qu'il y eût des crysolithes dans nos Alpes piémontaises, et l'on croit communément que celles du com- merce, et dont les lapidaires se servent pour les bijoux, ne nous viennent que de la Bohême et du Levant. On ne sait pas mème si ces dernières nous sont apportées de l'Asie ou de l’Afrique. Les crysolithes du commerce sont rarement bien figurées, et leurs facettes’ sont presque toujours ternes et à angles émoussés par le roulement qu’elles ont souffert. On connoit les o/vines, qu'on trouve en petits grains dans les basaltes et dans les substances volcaniques. Il est reconnu aujourd'hui que les péridots ou crysolithes, sont de la même nature, et font une.même espèce avec les olivines des volcans. De là plusieurs savans ont été portés à croire que la crysolithe n’est qu'un produit volcanique; mais celle que je viens de décrire , si elle en est une, est tirée des montagnes primitives TT TT HAUT Lt To DITS SD UT ED Go ei es pes eue seins (:) Brochant (Minéralogie, tome 1°, p. 173). ET D'HISTOIRE NATURELLE. 423 où il n’y a jamais existé trace de volcan. Je pense donc avoir rendu un service aux naturalistes , que de leur avoir appris qu’il y a des crisolithes non-volcaniques, et de leur avoir indiqué un gisement de ces pierres précieuses qu'on ne connoissoit pas jusqu’ici. Les formes variées dés cristaux de la pierre dont je parle, sa fusibilité au chalumeau, me portent encore à croire que le péridot de nos Alpes piémontaises est analogue à l’idocrase. Je ne sais pas si les autres crysolithes du commerce ont aussi de l’analogie avec cette substance ? Quoi qu'il en soit, j'ai cru, avec quelque fondement, pouvoir donner le nom de péridot- idocrase à cette pierre que j'ai découverte à la Mussa. DEUT VA LA LE TE. Je donne le nom d’a/alite à des cristaux que je crois n'avoir pas été connus jusqu'ici, et que je vais décrire. Ce nom est derivé de celui d’une des vallées de Lans, celle du milieu, qu'on nomme vallée d'Ala, à cause du village de ce nom qui est dans son centre. Je me suis déterminé à cette déno- mination , parcequ'on n’a encore trouvé de ces cristaux que dans les montagnes de cette vallée. L’alalite a ordinairement la figure d’un prisme quarré , à angles droits, aplatis, et ordinairement à un finiment en pyra- mide à quatre faces, dont la sommité est tronquée, et forme ainsi une pyramide à cinq faces. Quelquefois les bords de la pyramide quadrangulaire sont tronqués et ont des autres facettes sur chaque angle. Quelque- fois leur finiment est indéterminé. Il arrive encore que les pris- mes d'’alalite ne sont pas aplatis, mais qu'ils ont toutes leurs faces de la méme grandeur. Les alalites cristallisés en prismes sont ordinairement sans couleur et presque entièrement transparens , et quelquefois d’une teinte légérement verdätre. Ils ont aussi souvent une opacité blanchâtre ; d’autres fois ils ne sont qu’un peu opaques et blancs vers leur base, implantée sur leur matrice. Il y en a de la grosseur de 3 jusqu’à celle de 10 millimètres. Leur longueur est ordinairement une fois plus considérable. Les alalites sont toujours rayés sur leur longueur , et fibreuses; celles même qui sont transparentes paroissent formées par des Bbres parallèles à leur longueur. Ces fibres semblent étre ran- gées en des espèces de plans unis, qui réfléchissent la lu- mière au travers de leur corps transparent. ho JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De là il arrive que les facettes longitudinales des prisines ; quoique éclatantes, sont quelquefois un peü ternes, toujours un peu rayées longitudinalement , et que les fibres, se laissant äppercevoir dans leur intérieur transparent, leur donnent un œil un peu châtoyant, nacré, et presque argenté comme celui l’adulaire. Quoique les alalites aient un pew de ressemblance avec le feldspath nacré, cependant elles ne peuvent pas se confondre avec cette substance; car les cristaux d'’alalite ne sont pas bien durs , et ils se laissent rayer par le verre. Cette substance chauflée au chalumeau fond en verre de la même couleur. Elle exige pour fondre un assez haut deoré de chaleur. OBSERVATIONS, On trouve les alalites dans la montagne de la Ciarmetta ; dont j'ai déjà parlé, qui est située au-delà de celle de la Testa Ciarva, à Alpe de la Mussa. : Les alalites cristallisées se trouvent ordinairement mêlées à des grenats nobles, et forment de très-belles druses de ces deux fossiles. Il y a dans le même endroit un filon d'une substance blanche, que je crois d'alalite en masse ; mais comme elle est blanche et éntièrement opaque ,je n’en suis pas encore certain. L'ana- yse chimique et d’autres observations que je ferai, pourront éclaircir ces soupçons. DE SA TLOPPPASCZ7FO"L'INTRENS. J'ai donné ce nom à des cristaux, de la couleur jaune de topaze, qui paroissent avoir la forme dodécaëdre à faces rhom- boïdales. Ces jolis petits cristaux sont ordinairement implantés sur une pierre tout-à-fait ressemblante à celle qui produit les mussites, et c’est sûrement la même pierre qui les produit; car c’est dans le même filon de mussites, à la roche noire de la Mussa, qu'on trouve aussi ces cristaux jaunes, et souvent on en rencontre encore avec les mussites mêmes. Comme ces cristaux se trouvent toujours implantés dans la pierre grise, on ne peut conter que six de leurs faces exté- rieures, qui sont bien lisses et bien éclatantes. Les plus grands de ces cristaux égalent à-peu-près la gros- seur ET D'HISTOIRE NATURELLE. 425 seur du pois chiche. Les petits dont on peut encore évaluer les formes, n'ont la grosseur que de la tête des petites épingles. Il y en a de si petits, qu'étant entassés ensemble sur la ma- trice, ils représentent une espèce de vernis grenu et raboteux. Leur couleur est, comme j'ai dit, d'un beau jaune de topaze , mais quelquefois elle approche de celle du miel ou du vin blanc. On trouve de ces cristaux qui sont presque blancs, avec une légère teinte de jaune päle de la paille. On en rencontre d’autres qui ont un jaune tant soit peu verdâtre, et finalement on en voit encore, quoique rarement, quelques- uns isolés d’une belle couleur verte d'émeraude, ayant toute la beauté et l’éclat de cette gemme. Leur fracture est raboteuse et anguleuse comme celle du quartz; leurs éclats ou fragmens sont à angles très-aigus; leur raclure donne une poudre blanchâtre. Ils sont assez durs pour étinceler à l'acier. On ne peut les rayer que diflicilement avec le quartz, ou la lime, sur leurs faces. Celle-ci les entame plus facilement sur les bords de leurs angles, parcequ’ils sont fragiles, et peu difliciles à être cassés. Ils rayent le verre. Ordinairement ils sont les uns à côté des autres et en contact réciproque. Ils forment des petites druses dont les plus larges n'outrepassent pas le diamètre d'un décimètre. Analyse de la topazolite de la Mussa , département du P6, 1. Cent grains de cristaux entiers de topazolite, enfermés dans un creuset d'argent, ont soutenu deux heures et demie de feu rouge, sans diminution de poids. 2. Ils n'ont non plus éprouvé aucun changement dans leur forme. Leur éclat et leur transparence se sont également conservés. 3. Ils ont seulement changé de couleur. Leur belle teinte jaune de jonquille ou de soufre, en a pris une bien plus foncée de jaune de miel obscur, tirant un peu sur le verdâtre, 4. Cent grains de 1opazolite intacte ont pérdu un quart de leur poids, étant pesés dans l’eau. 5. Les 100 grains de topazolite étant réduits en poudre fine dans un mortier de pierre siliceuse et schisteuse de Barge, n'ont point augmenté de poids; au contraire ils ont diminué d’un demi-grain par quelques éclats qui se sont dispersés dans cette opération. Cette circonstance prouve qu'aucune portion Tome LXII. MAI an 1806. Hhh 426 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la matière du mortier ne s’est mélée à la substance des cristaux. 6. Nonobstant que les topazolites cristallisées eussent acquis une couleur plus foncée par leur exposition au feu (S 5), ils ont pris une teinte pâle par la trituration , et se sont réduits en une poudre de la couleur pâle du soufre pilé. 7. Ces 100 grains de poudre de topazolite ($5-5 et 6) furent introduits dans un creuset d’argent avec 400 grains de potasse caustique et sèche, et exposés à une chaleur rouge pendant une heure. 8. L'action du feu a réduit la matière en un liquide de la consistance du sirop, qui, dans cet état, étoit d’un verd obscur de bouteille. 9. Après le refroidissement , ee mélange a pris la consistance solide, et sa couleur de vert olive foncée s’est changée en vert pâle. 10. J'ai cherché à dissoudre cette substance (S$ 8,9), dans de l’eau distillée, avec laquelle je l'ai laissé séjourner pendant douze heures. Elle s’est presque entièrement dissoute, à l'ex- ception d’une très-petite quantité de résidu de la couleur de la boue. La couleur étoit merd'oie. 11. Tant. pour obtenir la neutralisation de cette liqueur alkaline , que pour dissoudre le résidu, j'y ai mêlé une quan- tité d'acide muriatique. Toute la matière a été dissoute, à l'exception d’un peu de résidu, qui, lavé et desséché dans un creuset d'argent sur le feu, pesoit 7 grains. 12. Ce dernier résidu, mélé à quatre fois autant d’alkali caus- tique, fut remis dans un creuset d'argent, et exposé à une chaleur rouge d'une heure et demie. 13. On a redissont cette dernière matière (4 12) avec de l'acide muriatique , et on en a obtenu cette fois une disso- lution complète, qui fut ajoutée à celle du 6 11. 14. Les liqueurs de ces deux dissolutions, mélées ensemble, étoient parfaitement transparentes, et avoient la couleur jaune pâle analogue à celle du soufre. Ce liquide teignoit le papier en jaune foncé. 15. Par l’évaporation sur le feu, dans un vaisseau de verre, la dissolution saline ($14), a perdu l'acide excédant. On eut l'attention de la remuer continuellement sur la fin, jusqu'à sa parfaite exsiccation , qui l’a réduite en une poudre de couleur d'orange fort ressemblante à l'ammoniure de fer. 16. On a cherché à dissoudre cette poudre jaune-orange ET D'HISTOIRE NATURELLE. 427 (5 15) dans de l’eau distillée acidulée , avec un peu d’acide muriatique. Elle s’est dissoute en bonne partie, et ne laissa qu'un résidu blanc floconneux , qui, séparé par le filtre , lavé et desséché à rouge dans un creuset d'argent, pesoit 4 grains, et étoit devenu très-blanc. 17. On a soumis à l'évaporation cette dernière dissolution, elle a donné un résidu que j'ai bien desséché. 18. J'ai ajouté de l’eau acidulée sur ce dernier résidu, je l'ai fait bouillir dans un évaporatoire de verre pour en séparer les substances dissolubles. 19. Après le refroidissement, j'ai décanté la liqueur qui surnageoit ; je l’ai encore bien lavée avec de l’eau distillée; je l'ai bien désséchée dans un creuset d'argent , en poussant le feu au rouge ; j'en ai eu une poudre blanche qui pesoit 33 grains. 20. Cette substance blanche craquoit sous les dents, et avoit toute l'apparence et les qualités de la silice. C’en étoit de même du résidu blanc (du & 16) du poids de 4 grains. 21, Par ces expériences, j'ai donc commencé à séparer des topazolites 37 grains de silice. 22. J'ai ensuite réuni ensemble les liqueurs résidues des dis: solutions et les eaux de lavage, et dans un vaisseau cylin- drique de verre j'y ai ajouté une suflisante quantité de car- bonate d'ammoniaque liquide. Ce réactif a rendu le liquide laiteux par le carbonate de chaux qu’il en a séparé. 23. Ce carbonate de chaux bien séparé par le filtre, bien lavé , et desséché dans un creuset d'argent, pesoit 46 grains qui répondent à 29 grains environ de chaux pure. 24. La liqueur passée par le filtre de la dernière opération, unie aux eaux du lavage de la chaux, j'ai introduit de la po- tasse saturée d’acide carbonique, et j'en ai obtenu un précis pité rougeâtre obscur. 25. Je l’ai séparé par le filtre, et je l'ai lavé et réduit en pâte encore un peu humide. 25. J'ai ajouté 2 gros de potasse caustique et de l’eau distillée sur cette dernière pâte rouge; j'ai fait bouillir pendant deux heures, pour emporter l’alumine et la glucine, s’il en avoit. 26. J'ai ensuite séparé la liqueur de la poudre rouge par le filtre, et j'ai bien édulcoré cette poudre avec de l'eau distillée. 27. La liqueur passée par le filtre, et les eaux de lavages (S 26) faisant un grand volume, je lesai concentrées par l'éva- oration. 28. Sur ce dernier liquide concentré par l’évaporation, j'ai Hhh a 428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ajouté de l’acide muriatique à saturation, ce qui a produit de l’effervescence. 20. Lorsque la liqueur est devenue acidule et bien claire, j ÿ ai ajouté de la dissolution de carbonate d'ammoniaque pour précipiter l’alumine , s’il y en avoit, sans toucher à la glucine; jeus pour précipité 2 grains d'alumine. 30. Sur la liqueur restante, ayant encore ajouté de l'acide: muriatique à saturation , et ensuite du carbonate en excès, j'ai encore séparé 4 grains d’une autre terre d’un goût douceûtre qui étoit de la glucine. ê 31. Le résidu rouge qui avoit été traité avec la potasse caustique , bien édulcoré et séché dans un creuset d'argent à feu rouge, après qu'il fut bien édulcoré et séché, pesoit 37 grains précis. 32. J'ai redissous ce précipité rouge dans de l’acide muriatique. 33. J'y ai ajouté du carbonate de potasse bien saturé d’acide carbonique ; j'en ai eu un précipité abondant, qui, dessèché, pesoit 25 grains, et étoit du fer. 34. En ajoutant dans le liquide résidu un peu de potasse caustique , j'eus encore un autre précipité qui pesoit 2 grains, et étoit du manganèse. Ainsi 100 grains de topazolite song composés , Silice. sos es éovers ete 37 grains. Chaux 1 Rnb. 2029 Alumiresr. fi, Mk NAS de Glucine siecle 1 Fer Un. if es sat eee Manpanese ei. 99: Perte... 1 —— 100 NOTE DE J.-C. DELAMÉTHERIE. Le savant auteur de ce Mémoire n'ayant pas eu le temps: de donner une description détaillée des formes régulières qu'of- - HR ET D'HISTOIRE NATURELLE. 429 Frent les substances qu’il a découvertes, ni d’en mesurer les angles , m'a prié d'y suppléer, en m'en laissant de beaux échan- tillons. C'est donc pour remplir ses intentions que je vais donner un apercu de celles de ces formes que j'ai observées, en attendant qu'il en publie lui-même une description plus étendue. 1°. LE sucontTE se présente toujours sous forme de petites masses arrondies et globulaires. Il n'offre aucune figure régu- lière. Il a quelques rapports avec certaines hyacinthines que j'ai. La plus grande différence que j'y ai apperçue, est que ces hyacinthines au chalumeau fondent avec plus de facilité, et donnent un verre de la mème couleur. Le succinite fond plus dificilement et donne un verre noirâtre. ire. La mussire cristallise en prisme rhomboïdal oblique ; mais les cristaux sont trop petits pour pouvoir mesurer les angles. xt, Périnot-1nocRAse. La substance à laquelle l’auteur a donné ce nom, cristallise régulièrement. Mais parmi les beaux morceaux que l'auteur m’en a laissés, je n’ai observé que des hyacinthines (idocrases ou vésuviennes ), et aucuns péridots. Sa couleur est d’un verd tendre. Elle offre à-peu-près la même variété de formes que l'hya- cinthine ou idocrase ordinaire. 1 War. Prisme rectangulaire strié longitudinalement. Pyramide composée de quatre faces triangulaires qui naissent sur les faces du prisme. 2e Var. La variété précédente, dont le sommet de la py- ramide est tronqué par une face rectangulaire, perpendiculaire à l’axe du prisme. Les quatre faces triangulaires de la pyramide deviennent trapézoïdales. Angle de l'incidence de la face du sommet , sur une des faces trapézoïdales 1432. 3e Var. Les variétés précédentes tronquées sur les quatre angles solides qui réunissent le prisme avec la pyramide. 4° Var. La variété précédente tronquée sur toutes les arêtes de la pyramide. 5° Var. Chaque arête du prisme est tronquée par une fa- cette linéaire. Il est parconséquent octogone. 6° l’ar. Chaque arête du prisme est tronquée par trois fa- settes linéaires. Le prisme a 16 eûtés. 430 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 7 Var. Cristallisation confuse. Cette substance se présente en masses très-considérables sans forme régulière. Je vais ajouter ici la description d’une jolie variété d'hya- cinthine, qui m'a été donnée par un amateur distingué, M. Maclaure. Il l’a trouvée auprès d'un glacier du Montrose, proche le village Zarmat. 8& Var. Prismes rectangulaires ou octogones droits. La facette du sommet de la variété seconde a fait disparottre toutes les autres faces. On en trouve encore quelques linéamens sur un ou deux cristaux. La couleur de cette jolie variété est brune. 1° LE TnarciTe (épidote) de la vallée de Lans, présente une jolie variété de cristallisation. Le prisme est droit et son sommet est éclatant. La facette qui tronque le sommet de la pyramide a fait dis- paroître toutes les autres. Il est cependant quelques cristaux qui ont conservé leurs pyramides. v°. L'ALALTE cristallise régulièrement , et présente plusieurs variétés de formes. 1e Var. Prisme rectangulaire , ordinairement aplati. Les côtés sont néanmoins quelquefois égaux. Pyramide composée de quatre facettes rhomboïdales qui naissent sur les arètes du prisme, Angle d'incidence de l'arète du prisme sur la face de la pyramide, 145°. Angle de la face de la pyramide sur une des faces du prisme, 120°. Angle de la même face de la pyramide sur l'autre face du prisme 113°. 2e Var. La variété précédente dont la pyramide a quatre nouvelles faces qui naissent sur les arêtes des quatre premières. 3 Var. La pyramide paroît quelquefois tronquée à son sommet par une petite facette. Elle a pour lors neuf faces. 4° Var. La pyramide a quatre nouvelles petites facettes qui naissent sur l’angle solide de l’arête du prisme, avec les quatre faces de la pyramide de la première variété. 5° Var. Le prisme est souvent tronqué sur ses arêtes par une ou deux facettes, ce qui le rend octogone ou dodécagone. Quelques-uns de ces cristaux sont terminés par une pyra- mide à chaque extrémité. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 431 vie LE GRENAT À TRENTE six FACETTES. Les cristaux d'alalite se trouvent souvent sur de beaux groupes de grenats cristallisés à trente-six facettes. Ces grenats se font remarquer par leur belle couleur nakarat, qui les rapproche de ceux de dissentiz. vue LA ropazoztre cristallise comme le grenat à plans rhombes , auquel elle ressemble beaucoup. NOUVELLES LITTERAIRES. Nouweau Dictionnaire de Physique , rédigé d’après les découvertes les plus modernes , par A. Libes, auteur d’un Traité de Physique, et Professeur aux Lycées de Paris, quatre gros vol. in-8°., dont un de planches, en caractère petit- texte. Prix : 24 fr. À Paris, chez Giguet et Michaud, Impri- meurs-Libraires, rue des Bons-Enfans , n° 54. Il nous manquoit un ouvrage qui embrassât toutes les parties de la physique, et dont chacune füt portée au véri- table niveau des découvertes modernes. L'auteur du Diction- naire que nous annonçons, a formé le projet de ce travail, et nous osons assurer qu'il l’a exécuté avec succès. Toutes les parties de la science y sont traitées avec le détail que leur importance commande ; plusieurs même sont enrichies de découvertes qui ne peuvent manquer d'intéresser les physiciens, L'auteur fait voir, en traitant de l'attraction moléculaire ou de l’aflinité chimique , qu’elle est soumise à la méme loi que la gravitation , et parvient ainsi à la solution d’un problème qui a long-temps exercé la sagacité des physiciens. L'article é/ectricité contient un grand nombre d'expériences nouvelles, qui ont conduit l'auteur à développer plusieurs propriétés , jusqu'ici inconnues , des matières résineuses. On trouvera dans cet ouvrage de nouvelles explications de plusieurs phénomènes remarquables, tels que les aurores bo- réales, la pluie d'orage, le tonnerre , l’élasticité des corps, soit solide, soit aériforme, etc. Les Dictionnaires de Physique, qui ont paru depuis l’époque de l'origine de la science , se composent d’élémens hétéro- gènes, tels que la physique, les mathémathiques pures , l'ana- iomie, l'histoire naturelle, la chronologie, Faute essentielle à coriger , Cahier de Mars 1806. Pag. 274 , lg. 11, dans l'analyse du jade. Perte 13.5, lisez, perte 3.5. 432 JOURNAL DB PHYSIQUE, DE CHIMIE, cle. LA DR TU DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Sur la propagation de l'Électricité ; par le Docteur Oersted. Pag. 569 Suite du Tableau de la Classification des Pierres ; par J.-C. Delamétherie. 376 Observations météorologiques ; par Bouvard. 406 Note sur la composition du Carbonate de chaux ; par Descotils. 408 Description du Péridot idocrase, et de quatre autres substances lithologiques d'espèce nouvelle, nom- mées succinite , mussite , alalite ef topazolite; par B. Bonvoisin. 409 Nouvelles littéraires. 45L. ._— Me) © ÉE = (D) T > Es d n°) Ta a É LOURNAE DE PHYSIOMUE, DE. CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. PULNU à 58 LOC. D'ES.C'R.I PT. O,.N DU RÉ TÉPORIT)E OV-O'i D:‘E; Par L BOSC. PozyP1Er calcaire, ovoide, alongé , tronqué à son petit bout, creux, perforé d'une grande quantité de trous disposés régulièrement, excepté sur la troncature où il n’y en a qu'un seul, plus grand, central, et de forme différente des autres. Ce joli fossile a été trouvé par Gillet-Laumont et par moi, dans une fouille que nous faisions ensemble dans une sablière coquillière voisine de Moisselle , village situé au nord de la forét de Montmorency, sur la route de Paris à Beauvais. Depuis il a été rapporté de Grignon par Godon St.-Memuin. Son inspection prouve , à tous ceux qui ont quelque teinture de la manière de croître des productions polypeuses coral- ligènes, qu'il a dû nécessairement avoir un noyau qui s’est détruit, tel qu'un animal à vie peu active, un alcyon , par exemple, ou un végétal , tel qu'un varec ou autre, lequel Tome LXII. JUIN an 1806. Jai 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE - étoit fixé sur un rocher, dans une position perpendiculaire, au moyen d'un pédicule passant par le trou de la tronca- ture. Je le range parmi les rétépores de Lamarck, quoiqu'ils montrent tous des expansions f&uillées et ramifiées, parcequ'il n'a comme eux de cellules que sur une seule face; mais il seroit possible d'en former un genre nouveau, car il présente un caractère distinctif, important , la perforation d'outre en outre de ses cellules. Pour expliquer cette perforation, je dois supposer que les animaux qui ont formé ce rétéporite ovoide, s'étant établis, comme les flustres et autres polypiers crusta- cés, sur un corps solide, ils n'avoient pas besoin de fermer le fond de leurs cellules par de la matière crétacée, ou ils la ferméient pat une croûte si mince qu’elle s’est détruite avec le corps mème sur léquel élle étoit appliquée. Mon rétéporite ovoïde a quatre lignes et demie de long sur deux lignes de diamètre dans sa plus grande largeur ; mais ceux de Gillet-Laumont et de Godon-St.-Memin sont un peu plus gros. Il a vingt rangées de cellules qui s'élèvent, en faisant un demi-tour, jusqu'à son sommet. Chacune de ces cellules est un peu inclinée sur son axe et représente un oval légérement irrégulier ou un triangle curviligne. Le trou de la troncature est central , parfaitement rond et du double de grandeur des autres. ( Voyez PIL.I, lettre A), où il est figuré. Quoique j'aye donné pour caractère à ce fossile la forme ovoïide, tronquée et creuse , il seroit cependant très-possible quil s’en trouvât de toute autre et même de parfaitement plate, puisque cela dépend d'un moule étranger à sa nature; mais, d'un côté, la réunion de ces trois circonstances est un fait jusqu’à présent unique parmi les productions polypeuses coral- ligènes, et, d'un autre, je crois avoir remarqué que les ani- maux de cette famille adoptoient souvent, un support exclusif. Par exemple, je n’ai jamais vu sur des pierres, ni sur du bois, la flustre tuberculée, ni la lustre tubuleuse, que j'ai observées en si grande abondance sur les varecs. Le lieu où nous avons trouvé ce fossile, est l'extrémité, presque en plaine, d’un val qui décharge ses eaux dans l'Oise. Les bords de cette rivière , et de la plupart des vallons qui s'y débouquent, offrent d'immenses dépôts de coquilles Fos- siles, très- bien conservées dans beaucoup de lieux, parmi lesquelles on trouve souvent les mêmes espèces qu'à Grignon, mais aussi souvent des espèces différentes. Là comme ail- ET D'HISTOIRE, NATURELLE. 435 leurs, certaine espèce abonde dans une place, et ne se voit plus vingt pas plus loin, témoin le banc superficiel, décou- vert par Gillet-Laumont , au nord d'Ecouen, banc d'où ce célèbre minéralogiste a extrait plusieurs nouvelles espèces très- intéressantes. Quelque modernes que soient ces dépôts , en comparaison du temps où vivoient ces coquillages, qui ont formé les pierres coquillières et autres carrières des environs de Paris, et. encore plus ceux qui ont laissé leurs dépouilles sur la chaîne calcaire primitive dans laquelle la Seine et la Marne prennent leur source, on n’y trouve point d'espèce dont l’analogue existe encore dans les mers d'Europe, et très- peu qu'on doive croire se rapprocher de celles connues pour vivre en ce moment dans les mers intertropicales. Je ne m'amu- serai donc point à rechercher quelle espèce d'animal ou de plante a pu servir de moule au rétéporite ovoide , puisqu'il est probable qu'elle n'existe plus depuis bien des milliers d'années ; cependant sa forme qui le rapproche des a/cyons- Jigue qu’on trouve fossiles en si grande abondance dans cer- taines argiles des terrains secondaires , peut faire supposer que son moule étoit un animal de ce genre. NOTE SUR L'ANIMAL DU MADRÉPORE; Par L. Bosc. Rayon d'Abeille. Parmi le grand nombre d'espèces que contient le genre des madrépores, il n’en est qu'une dont les naturalistes connois- sent lanimal , et ce , sur une description obscure et une figure peu intelligible qu’en a publié Donati, dans son Essai sur l’histoire naturelle de la mer Adriatique; c'est le madrépore rame. Il doit paroïître évident à tous ceux qui examinent des madrépores , et je l'ai dit dans l'Histoire naturelle des Coquilles, faisant suite au Buflon, édition de Déterville, ainsi que dans le nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle , imprimé par le même libraire, que la forme des étoiles qui s'y font voir, démontroit que leurs animaux doivent être fort diflérens ; par exemple, que celui du rnadrépore labyrinthe ne pouvoit pas être semblable à celui du madrépore muriqué, ni celui du madrépore porite à celui du madrédore chapeau. Le savant conservateur du Muséum d'histoire naturelle de 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pavie, Vincent Rosa, ayant bien voulu, à mon passage par cette ville, me communiquer les résultats de l'observation qu'il a faite pendant son séjour sur les côtes d'Alger , de l'animal du madrépore rayon d'abeille, et un croquis de cet animal, je puis, conformément à son vœu, éclaircir ce point important de la science, au moins à l'égard de cette espèce. Le madrépore rayon d'abeille est figuré dans un grand nombre d'ouvrages, tels que Linnæus , Aménités académiques, vol. 1, pl. 4; Solander'et Ellis, pl. 5, n° r; Boccone ; Mu- séum, vol. 1, pl. 5, n° 5; Gualtieri, pl. 19; Seba, Muséum, pl. 1123 Knorr, vol. 1, pl. A, n%a, etc, etc. Ainsi ilest bien connu. Je dois ajouter que ses étoiles sont hexagones et en cône tronqué de trois lignes de profondeur et d'ouverture. Leurs rayons centraux sont au nombre de douze, et il y en a un latéral entre chacun d’eux. Ce madrépore s'applique toujours sous les saillies de rochers , et représente, avec assez d’exactitude , comme l'indique son nom, le rayon du Couvain ovale des abeilles. I est indiqué comme propre à la mer des Indes ; mais on sait que plusieurs des productions de cette mer, productions jadis si abondantes dans celles d'Europe, se trouvent encore sur les côtes de Barbarie, c'est-à-dire dans la partie la plus chaude de la Méditerranée. « De chaque alvéole, dit l'habile naturaliste précité , sort un animal cylindrique, de forme intestinale , ridé transversa- lement, d’un demi-pouce de long sur deux lignes de diamètre, et dont l'extrémité supérieure , ou la bouche, est entourée d'environ vingt-deux tantacules très-courts. Ces animaux sont endans lors de leur développement, se contractent dès qu’on és touche, au point dé ne plus former qu'une saillie d’appa- rence glaireuse et peu sensible, sur les alvéoles, et meurent dès qu'ils sont tirés hors de l’eau. Leur couleur est un orangé fort vif ». Qui, d'après cette description , ne reconnoît pas un vrai polype dans cet animal? Voyez fig. B, pl. 1, où cinq alvéoles sont vides, quatre remplies par des polypes contractés, ét deux par des polypes entiérement développés , et une par un polype à moitié cpntracté. LICE ET D'HISTOIRE NATURELLE, 437 EE A NA TEE NPD PEN EVER TRS TPE RATT IST V CN PSP REP PEUR) OBSERVATIONS 0 SUR LE SCELLEMENT DU FER DANS LA PIERRÉ, ET PROPOSITION D’EMPLOYER, POUR CET OBJET, UNE MATIÈRE RÉSINEUSE; Par M GILLET-LAUMONT. DJ Parmi les matières les plus en usage pour sceller les métaux, on distingue le plomb, le soufre , le ciment, le plâtre, le fer mélé avec des acides, etc. 1°. Le scellement avec.le plomb est commode, facile, et très-solide , lorsqu'il est fait avec soin; c’est le meilleur des scéllemens. On reproche cependant à ce métal de n'être que juxta-posé à la barre de fer et aux parois de la pierre, à raison de la propriété qu'il a de perdre de son volume par le refroidisse- ment. Il est vrai que le plomb diminue de volume en baissant de température, mais il ne s'en trouve pas moins en contact presque immédiat avec le fer et les parois de la pierre, parce- que le refroidissement se fait successivement. D'abord, une mince épaisseur du métal en fusion qui touche le fer et la pierre, se consolide au moment même du contact, et le vide qui peut en résulter est aussitôt remplacé par les parties encore liquides du milieu de la masse; peu après ces dernières se figent à leur tour, en s'appuyant, couche par couche, sur les premières. La diminution du volume se fait alors rapide- ment, et produit un enfoncement très-marqué , lorsqu'on n'a pas eu soin de fournir suffisamment de métal en fusion; mais lorsqu'on a employé assez de plomb, et qu'on l’a versé assez (x Ces observations ont été luëf dans la séance du 15 janvier dernier, à.a So ciété d'Encouragement, et,insérées dans son Bulletin , N° XXI. Mars 1806 438 JOURNAYX DE PHYSIQUE, DE CHIMIE chaud, le scellement est parfait, et la durée de plusieurs, exécutés fort anciennement suivant ce procédé, en démontre la solidité. À Malgré ces avantagés, c'est avec raison que l’on cherche une malière propre à remplacer le plomb dans les scellemens, parceque la quantité de métal que ce procédé exige , joint à sa cherté, rend aujourd’hui cette méthode fort coûteuse. 2°. Le scellement avec le soufre est très-commode et peu cher ; il peut être utilement employé pour fixer les substances pierreuses; avec le fer il présente d'abord une apparence de solidité , mais bientôt de l'acide sulfurique se forme, réagit sur le métal, l'oxide, augmente son volume, le réduit en écailles qui se détachent successivement , et finit par le détruire en plus où moins de temps, suivant son épaisseur. Cette altération du fer a lieu sur les parties environnées de soufre, et principalement sur celles qui lui sont supérieures, et s'étend quelquefois jusqu'à un décimètre et plus de hauteur; l'oxidation produit souvent une dilatation extraordinaire du métal , et donne naissance à du sulfate de fer qui teint désa- gréablement en couleur de rouille la pierre et le marbre sur lesquels il s'étend. On peut en suivre l'effet, en examinant plusieurs monumens, et particulièrement les piédestaux de la terrasse du jardin des Tuileries, du côté de la rivière, près le palais. L'augmentation du volume du fer brise en outre le soufre, et en quelques années détruit sa solidité; on peut en recon- noître les mauvais effets dans beaucoup de lieux particuliers, aux grilles du palais du Corps législatif, du côté de la rivière , et principalement au jardin des Plantes, où cette méthode a été mise en usage, il y a environ vingt-cinq ans. Si l’on touche le soufre qui servoit à les fixer , on trouve qu'il est le plus souvent réduit en un corps dénué de consistance ; si l'on ob- serve les barreaux de fer des grilles, on les trouve quelquefois entièrement corrodés, au-dessus même du scellement ; on y rencontre, d’espace en espace , des scellemens faits avec le plomb, qui établissent une comparaison frappante à l’avantage de ce métal. 3°. Les scellemens faits avec le plätre ont l'avantage de se consolider promptement , et d’avoir beaucoup de ténacité, à raison de l’ausmentation de volume de cette substance; mais ils s’altèrent facilement dans les lieux exposés à l’eau et aux variations de l'atmosphère. de 4°. Le scellement avec le ciment ordinaire , composé de ET D'HISTOIRE NATURELLE, 439 chaux, de sable, et de tuileaux pilés, peut être très-bon, mais il ne prend pas assez vite une consistance souvent nécessaire au moment même de l'opération. On emploie aussi plusieurs compositions particulières, aux- quelles on a donné le nom de cimens , et dans lesquelles on méle différentes substances, telles que des huiles, de la chaux, de la poix, des bitumes, de la limaille de fer ; mais elles ser- vent plus généralement pour réunir des corps, et pour interdire le passage de l'eau, en bouchant des crevasses , ou en formant des enduits dans des réservoirs. 5°. On scelle fort bien des pièces de métal, des pierres, à l’aide de l'oxidation du fer, produite par des mélanges de vinaigre , de suie, d’urine, de limaille et de batitures de fer ; plusieurs de ces compositions ont beaucoup de solidité , et retiennent parfaitement les corps qui y sont engagés, à raison de la dureté qu’elles acquièrent et de l'augmentation de vo- lume résultante de l’oxidation du fer. J'ai fait sceller , il y a environ vingt-cinq ans, beaucoup d'anneaux dans des étables, dans des écuries où il y avoit des _étalons, avec des chiflons de linge trempés dans une bouillie composée de vinaigre et de suie; je faisois bourrer les chiffons dans les trous , puis on y enfonçoit des pointes de clous, des fragmens de vieilles ferrailles en forme de coins. L’acide a réagi sur le fer, qui s’est oxidé, et ces scellemens, peu coûteux, existent encore aujourd'hui en bon état. Ce moyen est extrè- mement commode pour fixer des crampons dans la partie su- périeure d’une voûte en pierre, où l’on ne pourroit, à raison de sa position, se servir de soufre ou dé plomb fondu. Ces méthodes de scellement peuvent cependant avoir des inconvéniens sgraves , si les trous sont voisins des bords de la pierre, ou si l'on y avoit mis trop de fer; alors le métal, en augmentant de volume, la feroit éclater. Pour prévenir cet accident, il faut avoir soin d'y mettre peu de fer et peu d’acide, surtout dans des lieux exposés à l'humidité ; il en faut cepen- dant assez pour que le tout fasse un corps solide quelque temps après. Afin d'éviter l'effet d'une excessive augmentation de volume , j'ai foit utilement introduit dans les trous, avec la composition , des morceaux de liége, ils ont paru ne point altérer la solidité du scellement , et s'étre prêtés à l’âugmen- tation de volume du fer, toujours difficile à calculer 60. Trouvant encore des inconvéniens à la plupart des mé- thodes ci-dessus décrites , reprochant au plomb l'élévation de js 40 JOURNAL DE PHYSIQUE , DE CHIMIrT son prix, au soufre son principe destructeur, au ciment or- dinaïre sa lenteur à prendre de la consistance, au plätre sa dissolubilité par l'eau, à l'oxidation du fer par les acides un soin particuler à prendre pour éviter une trop grande dilata- tion , j'ai essayé d'employer des résines, dont plusieurs ou- vriers se servent avec avantage pour fixer les métaux, les pierres qu'ils veulent travailler. J'ai scellé parfaitement, avant la révolution, divers objets, avec des résines fondues et mêlées avec de la cendre ou de la brique tamisée. Cette espèce de mastic résineux est peu coûteux ; il n'attaque-point le fer, il se joint parfaitement avec les métaux et avec les pierres, il est insoluble par l’eau. Pour donner plus de solidité à ce scellement , j'ai fait introduire dans les trous, avant que d'y verser le mélange fondu , des portions de tuileaux passés au feu, qui, d'une part, servant à caller les pierres que l’on vouloit fixer, et de l'autre , entretenant par leur chaleur la fluidité des résines, donnoient lieu à. une grande solidité, et à une adhérence parfaite du fer avec la pierre: 261 RELATION DE IA CHUTE DE DEUX AÉROLITHES, ar MM. Paces, Docteur-Médecin, 4 Dnomeres-Firm a 4 . y S y propriétaire foncier, Membres de l'Académie de Gand. LE 15 mars 1806, à 5 heures ? du soir, on entendit 4 Alais, et dans les communes voisines , deux détonations à quelques secondes l'une de l’autre, que chacun prit d’abord pour deux coups de canon ; elles furent suivies d’un roulement qui dura dix à douze minutes. Il étoit tombé quelques gouttes d'eau le matin. Le baromètre qui étoit, le 14 au lever du soleil, à 0,751 mètres , descendit graduellement, il étoit à 0,745 le 15 matin, et remonta de 0,0002 à midi. Alors le ciel étoitéclairci; ide l'après-midi, quelques nuages cachoïient le soleil par interva- les: le thermomètre centigrade marqua 12,5 dansson maximum. Après les deux détonations le ciel fut plus nuageux et couvert, Nous apprimes qu'il étoit tombé deux aérolithes à Saint- Etienne de Lolm et à Valence, villages du 1% arrondissement du ET D'HISTOIRE NATURELLP. 441 u Gard, le premier à environ 12 kilom., et le 2° à 18 d’Alais. :es savans n’élèvent plus aucun doute sur ce phénomène ; cepen- iant, persuadés que de nouveaux faits ne peuvent qu'intéresser ies physiciens , nous nous transportâmes avec empressement sur les lieux pour y prendre des renseignemens plus exacts des habitans qui en avoient été les témoins oculaires. L’uniformité de leurs rapports sur les circonstances qui avoient accompagne la chute de ces pierres, sufliroit seule pour dissiper tous les doutes , s’il pouvoit en exister encore. AÆAérolithe de Saint-Etienne de Lolm. Les sieurs Penarier, père et fils, cultivateurs, se trouvoient hors du village, ils entendirent deux détonations qui ne furent pas précédées d’éclairs, et qu'ils prirent pour deux coups de canon tirés du côté de Saint-Hippolyte-le-Fort ; mais le rou- lement qui les suivit, et qui leur sembla parcourir dans le ciel une courbe dans la direction du couchant au midi et du midi au levant, les détrompa. Ils fixèrent alors plus atten- tivement les nuages, une sorte de sifflement particulier suc- céda à ce roulement , et ils appérçurent directement un corps noirâtre sortant des nuages, se dirigeant obliquement du nord vers eux, qui, passant. au-dessus de leur tête ,.fut tomber dans une terre à blé au-dessous du village , et fit un bruit assez fort en éclatant. Ils furent de suite à sa recherche, suivis de plusieurs habitans effrayés. Ce corps avoit creusé la terre d'environ. 0,12 mètres. Un roc qui se trouvoit à cette profon- deur l’avoit brisé en plusieurs morceaux, dont quelques-uns furent ramassés encore chauds à plus de 8 pas de distance. Il restoit dans le creux, qui a environ 0,3 mèt. de diamètre. des débris noirâtres que la pluie qui tomba le surlendemain délaya. Le poids du plus grand nombre de fragmens est de 50 à 7o grammes. Un seul que possède le sieur Penarier pèse 556 grammes. On estime que la pierre entière pouvoit pe- ser 4ooo grammes; sa forme appréciée, d’après celle des prin- cipaux fragmens , étoit irrégulière et anguleuse ; elle est noire intérieurement , ainsi que sa surface, qui paroît avoir subi l'action du feu. ÆAérolithe de Valence. L’aérolithe qui tomba en mème temps à Valence, a pour témoin de sa chute les sieurs Pierre Reboul et son fils, Vincent Mazel, et Pierre Esperaudieu, domestique du maire, Tome LXII, JUIN an 1806. Kkk 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Îls étoient occupés à des travaux d'agriculture , lorsque les détonations dont nous avons parlé , et le roulement qui les suivit, attirèrent leur attention. Il cessoit à peine, qu'un bruit qui ressembloit, disent-ils, à celui que fait une poulie de fer, lorsqu'on laisse descendre avec vitesse la corde d'un puits, leur fit de nouveau fixer les yeux vers le ciel; ils apperçurent alors un corps noir, venant aussi du côté du nord en ligne oblique, qui tomba au milieu d'eux à environ quinze pas du susdit Pierre Reboul. Ils coururent tous les quatre à l’endroit de sa chute, et le trouvèrent à moitié enfoncé dans la terre, encore chaud , et fendu seulement en trois morceaux. Ce météorolithe étoit de forme grossièrement cubique, de la gros- seur de la tête d'un petit enfantet du poids d'environ quatre livres. Les trois fragmens furent divisés, chacun voulut en avoir, desorte que ce n'a été qu'avec peine que nous avons pu nous en procurer. Les échantillons que nous pos- sédons, nous ont été donnés par les sieurs Penarier, Aurivel, maire de Valence, et Pierre Reboul. . Nous avons présenté la lame d’un couteau aimantée aux débris de cette pierre, et ils y ont adhéré. Elle agit assez fortement sur l'aiguille d’une petite boussole que nous avions à la campagne. Elle n’étincellé pas sous le briquet. Mise dans un verre d’eau, elle s’y est dissoute comme de l'argile, en dégageant des petites bulles d’un gaz que nous examinerons. T'elles sont les petites expériences que nous avons pu faire sur les lieux. Nous nous proposons de faire sur cette matière un travail plus étendu. En attendant nous croyons essentiel d'observer qu'aucun météore lumineux n’a accompagné la chute de ces pierres, ce qui, avec leur couleur et leur dureté, les fait différer déjà de celles tombées ailleurs. (Note du Rédacteur). L'analyse de ces pierres a été faite à Paris. Nous les pu- blierons dans un des prochains cahiers. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 443 N'OF:XI C'E SUR LA TEMPÉRATURE DE LA TERRE); Par M. D'AUBUISSON. “ BEX TP ANIOT 6 Ier. Température de la couche supérieure du globe terrestre. e Some logdial ede.jel +. © je) 'e le Leù ei ele He, Lsile en ete Xerge ere" te « Les expériences les plus propres à faire connoître la température de la couche supérieure du globe, doivent étre celles faites, dans cette couche , à la profondeur où les variations diurnes et annuelles de chaleur ne se font plus sentir. Entre un et deux mètres de profondeur, la variation diurne cesse d’être sensible, et la température est à-peu-près la mème à toutes les heures du jour; mais la variation an- nuelle se ressent encore à une dixaine de mètres sous terre : Saussure y a trouvé la température de 7°,75 au solstice d'été, et de 8,95 (1) à celui d'hiver (Voyag. aux Alpes, & 1423) : la chaleur de l’été mettoit ainsi six mois pour aller exercer une foible influence à 9 ? mètres de profondeur. On a observé avec soin, et pendant 10 ans, à Genève, un thermomètre placé dans un puits, de 11 mètres ; la variation annuelle n’étoit que d'environ 1°, tandis qu'elle alloit jusqu'à plus de 50 à la surface; desorte qu'il est vraisemblable qu’elle auroit été nulle un peu plus bas, et parconséquent qu'il (1) La plupart des observations citées dans ce Mémoire, ayant été faites avec le thermomètre à mercure , divisé en 89 parties depuis le point de glace fondante jusqu’à celui de l’ébullition de l'eau, nous conserverons ici cette division. Kkk 2 444 JOURNAL DE PHYSIQU2B, DE CHIMIE suflira d’une expérience faite avec soin, à une profondeur d'en- viron 20 mètres , pour avoir la température de la couche supérieure de la terre en ce lieu. » La plus remarquable et la plus concluante, à cause de son exactitude , est celle de l'Observatoire de Paris. Depuis 1650, un thermomètre, placé dans des caves taillées au milieu de la pierre calcaire, et sans communication avec l'air exté- rieur, à une profondeur de 27 mètres au-dessous de la sur- face du terrain , et à 44 mët. au-dessus du niveau de la mer, indique constamment 9,6°. ( Delamétherie, Théorie de la Terre , tome 3, p.557). Les savans français de l'expédition d'Egypte ont trouvé que , dans le puits Joseph , creusé au milieu de la citadelle du Caire ; et à une profondeur de 65 mètres, la température étoit de 18°. (Biot, Astronomie phys. p. 280 ). Bergmann dit, dans sa Géographie physique ($ 142), que la température d’une cave creusée en Angleterre, dans le roc, à 24 mètres de profondeur , se soutenoit constamment un peu au-dessus de 8. La moyenne des observations faites à Genève, pendant dix ans, dans le puits dont nous avons parlé, est de 8°,82 : (il faut observer que Genéve est à près de 400 mètres au dessus du nivèau de la mer). M. Hamilton a fait, en 1788, en Irlande, une suite d'expériences sur la température de la terre : il a trouvé qu’à Corke, sur les côtes de la mer, dans des puits bien couverts, la température étoit 8°,5; qu'à Dublin, dans des puits bien couverts et pro- fonds, elle étoit de 7°,7; qu'à Eniscoo, sur la côte occiden- tale, dans un puits couvert et creusé dans le granite , elle étoit de 7,4; enfin à Ballycasile, sur la eôte septentrionale, des sources abondantes, sortant d’un terrain calcaire, ont in- diqué 70,1. Dans l'intérieur de l'ile, près Londonderry, le thermomètre donnoit 6,6; près d'ArRagR dans un puits de 20 mètres, 6,9; près de Tullamore , au centre de l'île, et à sa partie la plus élevée, 7,1. (Bibliothèque Britannique , tome 8). M. Hellant , académicien suédois, a fait, dans le nord de l’Europe, des observations de même nature, après s'être assuré, par l'expérience, que la chaleur des puits bien fermés donnoit la chaleur du terrain adjacent; il a trouvé de cette manière, que la température de Stockholm étoit de 6°; celle de T'orneo de 2,5; celle de Wadsoe, près de Wardhuus , en Laponie, dans deux puits qui n’avoient pas à la vérité plus de 6 mètres de profondeur , de 2° en août 1748, et 1 = en décembre. (Acad, de Siockholm 1753). Ces faits, les seuls parvenus jus- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 445 qu'ici à ma connoissance , sur la température de la couche supérieure du globe , prouvent incontestablement que cette température va en augmentant graduellement du pôle à l'équateur. » Cherchons la loi que suit cette augmentation. Comme l’ac- tion calorifère du soleil est la grande (et peut être la seule) cause de la chaleur que nous éprouvons à la surface du globe, et que cette action va en augmentant du pôle à l'équateur, nous allons d'abord examiner le rapport qu’elle suit à diverses latitudes. L'action calorifère du soleil, dans un lieu quelconque est pro- portionnelle à la quantité et à la force des rayons. La quan- tité de rayons solaires qui arrivent sur une surface déterminée, est d'autant plus grande que leur direction approche plus d’être perpendiculaire à cette surface; en d'autres termes, elle est proportionnelle au sinus de l'incidence des rayons, ou ce qui revient au même, au sinus de la hauteur de l’astre. De plus, une partie de rayons qui traverse l'atmosphère est réfléchie et dissipée avant d’atteindre la surface de la terre , et la quan- tité de rayons ainsi perdue est d’autant plus considérable que le trajet est plus oblique : d’après les tables que Bouguer a dressées de cette perte, on voit qu'elle suit un rapport bien moindre que celui des sinus d'incidence (-Æcad. 1965, p. 164): (ce rapport, pour nos latitudes moyennes, est à-peu-près la . racine quatrième des sinus). Quant à la force des rayons solaires , il paroît qu’elle doit étre d’autant plus grande que ces rayons arrivent plus perpendiculairement; car plus leur di- rection approchera de la verticale, plus ils pénétreront avant dans la terre ; ils y porteront ou développeront plus de chaleur ; ils y seront plus facilement absorbés ; et c’est principalement de ces absorptions successives que résulte la chaleur de la couche supérieure du globe : en admettant ce principe, la force des rayons sera encore proportionnelle au sinus d'incidence. Ainsi, en réunissant ces trois élémens de l'action solaire, nous trouverons qu’elle suit un rapport un peu plus considé- rable que celui du carré du sinus d'incidence des rayons, ou que dans un lieu quelconque elle est proportionnelle au sinus de la hauteur du soleil élevé à la puissance 2 =. En prenant pour hauteur moyenne du soleil la hauteur de l'équateur , ou, ce qui revient au même, le complément de la latitude du lieu, l’action solaire seroit proportionnelle au cosinus de la latitude élevé à la puissance 2 ! ». Si l'accroissement de température du pôle à l'équateur sui- 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE voit le même rapport, on auroit pour l'expression de la tem- pérature d'un lieu dont la latitude seroit æ a 24 P+ — x cos ‘x cos” *b P étant l'expression de la température au pôle, a celle en un point connu, et b la latitude de ce point. Si P étoit o , et que Paris füt le point connu, la formule deviendroit 249,6 cos °:x. Nous allons voir que c’est réellement l'expression des tem- pératures indiquées par les expériences citées. Au reste je ne donne pas ce que je viens de dire comme une théorie mathématique, douée d’une exactitude rigoureuse ; je sais que la loi donnée, relativement à la force des rayons solaires, admise à la vérité par quelques physiciens, est rejetée par d’autres. (-/cad. 1765). La hauteur de l'équateur n'est pas la hauteur moyenne du soleil (mesurée par les sinus) : cette supposition, dans le cas dont il s’agit ici, produiroit environ un douzième d'erreur en plus pour les températures sous l’équateur : cette erreur iroit, en diminuant il est vrai, vers les pôles où elle seroit presque nulle, etc., etc. J'ai seu- lement voulu indiquer la marche du raisonnement que j'ai suivi pour arriver à la détermination d’une formule, dont les résultats offrent un accord vraiment surprenant avec ceux de l'observation, ainsi qu'on le voit par le tableau suivant. Lieu de l'obs. Latitude. Température Observée. Calculée. a a a Le Caire...... 30° 2! 18,0 17,8 Paris certes 49 5o 9,6 - 9, Londres....... 51 29 8,8 ,) Gorke:-. clio 64 8,5 8,3 Tullamore*.... 53 12 7,1 7,8 S Ÿ Dublin........ 53 20 77 7:7 E Armagh*...... 54 20 6,9 7,3 & JEniscoo....... 54 48 7,4 LA: FF Londonderry*.. 55 (s) 6,6 7,0 Ballycastle...., 55 12 7,1 7,0 Stockholm..... 59 20 6,0 5,4 Morneo.....+-. 00 5x 2,9 5,5 Wadsoe......, 70 20 1,8 PE ET. D'HISTOIRE NATURELLFÆ. 447 Cet accord, aussi exact qu'on peut le desirer entre le calcul et les observations du genre de celles dont il s’agit ici, peut nous autoriser à conclure que, dans la zône tempérée, l'aug- mentation de température, à mesure qu'on approche de l'é- quateur, est proportionnelle au cosinus de la latitude, élevé à la puissance 2 :; et que l'expression thermométrique de la chaleur d’un lieu est égale à cette puissance multipliée par 24°6(1 ). Nous observerons cependant que presque toutes les obser- vations que nous ayons rapportées , ont été faites à peu de distance de l'Océan Atlantique, et dans une bande dirigée suivant le même méridien. Pour en tirer une conclusion gé- nérale, il faudroit que la température füt égale dans tous les lieux situés sur le même parallèle. Mais il est bien loin d’en être réellement ainsi. Outré les variations provenant de la dif- férence de hauteur âu-dessus du niveau de la mer, et auxquelles nous aurons égard par la suite, les circonstances locales en produisent plusieurs autres. Quelques-unes d’entre elles parois- sent même assujéties à une loi, ou s'étendre à de grandes parties du globe : c'est ainsi, 1°. que dans la zône tempérée de l’ancien continent, la température devient plus froide à mesure qu’on s'avance vers l'est : il fait plus froïd à Pétersbourg qu'à Stockholm, qui est à-peu-près à la même latitude : dans les environs de Jakuzt en Sibérie, par les 62° de lat, et les 1279 de long. à l’ouest de Paris, on a trouvé la terre gelée à une profondeur de 27 mètres; et dans le mois de juin , le dégel ——————————— — ——————— ———————— ——— ————— ————————_—_——— (1) « Cette Notice sur la temperature étoit terminée, lorsque je suis par- venu à me procurer l’ouvrage de Kirwan, sur la Température à différentes latitudes (et même la seconde édition de la Théorie de la Terre, qui en contient un extrait), et que j y ai vu la formule que le célebre Mayer donne pour déterminer la température moyenne des différens lieux à la sur face du globe. Cet astronome suppose que la diminution de température, de l'équateur au pôle, est proportionnelle au carré du sinus de la latitude et que parconséquent la température d’un lieu est égale à celle de l'équateur moins un coefficient constant multiplié par le carré du sinus de la latitude. Expression de cette forme A — B sin° lat. Kirwan ; vraisemblablemént d’après Mayer, fixe à 13,331 la température pour le 40° degré de latitude, et à 9°,289 pour le 50°: ce qui donne 22,06 — 23,50 sin° Zat., 4138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n'y pénètre pas à plus d'un mètre de profondeur (Bergmann, d'après Gmelin, $ 144) (1). 2®. Que l'hémisphère austral, au-delà d'une certaine latitude, est plus froid que le septen- trional. 3°. Que dans l'Amérique septentrionale SE température est plus basse que dans l'Europe, ce qui paroît être un eflet des forêts dont elle est couverte; car on a observé que la chaleur avoit augmenté dans les cantons où l’on avoit abattu les bois, etc., etc. Outre ces variations , qu’on pourroit appeler générales , il y en a de particulières à chaque lieu. Ainsi la différence d'ex- position peut en produire une dans la température : Marseille, par exemple, situé au pied méridional d'une pente et d’un pays sec, est plus chaud que Bordeaux, proportionnellement à la latitude. Les contrées sujettes au vent qui vient des pays chauds, présentent une température plus élevée que leur latitude ne le comporte. Celles qui sont très-pluvieuses, et où parconséquent l’évaporation est considérable, en ont une plus basse, etc. La nature du terrain peut encore contribuer à faire varier sa chaleur. Un terrain de fer oxidulé, s’il en existoit un, prendroit un degré de chaleur différent de celui propre à un terrain calcaire; un sol de sable s’échauffera bien plus que celui formé et 4— Bou la température au pôle égale —0,54. Les résultats déduits de cette formule s’accordent d’ailleurs assez bien avec ceux de l’observation, En partant des observations faites au Caire et à Paris, la formule seroit 24,61 — 26,5 sin° Zat. En négligeant les fractions, la formule de Mayer deviendroit 235—253 sin? lat, ou > 25 cos? lat. En admettant , d’après ce résultat, que la température thermométrique est proportionnelle au carré du cosinus de la latitude, et partant de l’obser- yation faite à Paris, le coefficient seroit 22,16 au lieu de 25. Dans ce cas même, on auroit des résultats trop foibles vers l'équateur , et trop forts vers le pôle, ce qui prouve que_la température suit un plus grand rapport que celui du carré des cosinus. Celui que j'ai indiqué (cos+), est même un peu trop foible, mais d’une quantité extrêmement petite ». (a) Kirwan rapporte que dans la zône torride, c’est le contraire, et que la température devient plus forte à mesure qu’on s’éloigne de l’Atlantique. de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 de terre et couvert de végétaux. Les grandes masses d'eau qui sont à la-surface-du globe ne prennent pas le même degré de température , tcutes les circonstances étant d'ailleurs les mêmes (1). . : En restreignant, d’après ces considérations, la règle établie plus haut, nous dirons qu'en général la température des parties de la couche supérieure de l'ancien continent, peu éloignées de l'Océan Atlantique, et situées dans la zône tempérée, est proportionnelle au cosinus de la latitude élevée à la puissance 2 =, eb que son expression est égale à cette puissance du cosinus multipliée par 24,6 : abstraction faite de l'élévation au-dessus du niveau de la mer. C'est un fait dont le tableau ci-dessus est une preuve positive. " SRE Température à de grandes profondeurs. Les observations d’après lesquelles on pourroit déterminer la loi que suit la température, à mesure que l’on s'enfonce dans l’intérieur du globe , ne sont ni assez nombreuses , ni faites à des profondeurs assez considérables, pour qu'on puisse en déduire une conséquence positive. De plus, les causes qui font varier la chaleur dans les profondeurs , nous sont si peu connues, et l'ensemble dés expériences actuelles présente une marché si irrégulière et en quelque sorte si contradictoire, qu'il est diflicile d'émettre une opinion à ce sujet. Cet ensemble fait voir qu'au moins jusqu'à une certaine profondeur la température diminue dans le sein des mers à mesure qu'on s'enfonce, tandis qu'elle augmente dans l'inté- rieur de la partie de la terre ferme où l’on a été à même de faire dés observations (2) : ce qui paroït indiquer, dfhs la terre ferme, une cause de chaleur qui n'existe pas dans l’océan, ou du moins qui y exerce une action moins considérable. Cette (1) Kirvan dit que la chaleur de l’eau est moindre que celle de la terre dans les régions équatoriales, et qu’elle est plus grande dans les régions polaires, Voyez des détails sur les variations particulieres de température ,; dans le tome 3 de la Théorie ‘de la Terre. (1) Les observations, à de grandes profondeurs , parvenues à notre con- noissance , n’ont encore été faites que dans la partie septentrionale de l’ancien continent. Nous attendons ayec impatience la publication de celles que M. de Humbolt a faites dans les mines de |’ Amérique. Tome LXII. JUIN an 1306. LIl 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cause ne peut être le feu central admis par MM. de Mairan, Buffon, Bailli, etc., puisqu'elle ne s'étend pas jusqu’au centre des mers, et que l’augmentation de température , qu’on a cru remarquer dans les continens, n’est en aucun rapport avec la distance au centre, ainsi qu'on va le voir dans les faits cités par l'auteur. « Guettard a placé deux thermomètres dans l’intérieur des. mines de Willisca, l’un à 85 mètres de profondeur, et l'autre à 170; ils lui ont, l’un et l’autre, indiqué une température de 9°. (cad. 1567). Deluc a trouvé aux mines du Hartz, la chaleur de 10°,1 dans un puits de 330 mètres; dans un autre, qui étoit voisin, il a eu 12°; à une profondeur de 278 mètres, au fond d'une galerie qui partoit de ee dernier puits, lé ther- momètre indiquoit 12,8 : il faut remarquer que l'air entroit par le premier puits, ce qui devoit en rendre la température plus froide. (Lettr. sur l'Histoire de la Terre, t.3). Saus- sure, étant aux salines de Bex, descendit dans un puits de 220 mètres, qui ne communiquoit à aucun autre, ni à aucune galerie aboutissant au jour , et dans lequel personne n’étoit descendu depuis trois mois: à 108 mètres de profondeur , il entra dans une galerie où l'air, et l'eau stagnante qui étoient au fond, firent monter le thermomèëre à 11,5° : dans une autre galerie, située 75 mètres plus bas, la température de eau , ainsi que celle de l'air prise avec précaution , fut de 12,5° : enfin celle du fond, prise dans l'eau qui y étoit, fut de 13,9. (Foyag. aux Alpes, Ÿ 1088 ». » Ce même physicien a laissé au fond de Jà mer de Nice, à 585 mètres sous la surface , et pendant 12h 12°, un ther- momètre de construction particulière , lequel indiqua 10°,6 à sa sortie de l'eau. On s’étoit convaincu, par des expériences préliminaires, qué le thermomètre n’avoit pu varier pendant qu'on le retiroit du fond , et qu’ainsi il en indiquoit bien la température. (Zd., 1591—1395). Une observation de même espèce , faite près de Porto-Fino, dans le golfe de Génes, à 288 mètres de profondeur, donna le même résultat ($ 1351). out ce que nous savons sur la températuré de la: mer, nous ayant appris qu’elle est moins élevée que celle de la terre ferme, et qu'elléva en diminuant dans une progression assez. rapide, à mesure qu'on s'enfonce, il me paroît que l'on peut en conciure que la mer a ici refroidi son fond, c'est-à-dire que celui-ci eût été plus chaud s’il eût été recouvert de terre: au lieu d’eau, et qu'ainsi les expériences de Saussure indiquent ET D'HISTOIRE NATURELLE. 451 que, vers la côte de Provence, la température de la terre, à une profondeur de 600 mètres, est de plus de 10,6°. » J'ai fait, fhoi-méme, aux mines de Freyberg, plusieurs observations sur la chaleur intérieure du globe. La connois- sance que j’avois de ces mines, et l'habitude d'être dans les ateliers souterrains, m’ayant mis à même de choisir les lieux et circonstances les plus convenables à ces sortes d'expériences, Je crois que leurs résultats ne seront pas sans quelque intérêt : sur plus de cent que j'en pourrois donner, je vais choisir Ceux qui me paroissent les plus concluans. Je dirai d’abords que la contrée de Freyberg est sur le milieu du versant septen- trional d’une chaîne de montagnes de moyenne grandeur, et dont le faite est à mille mètres au-dessus de l'océan : cette contrée est au 51° degré de latitude, et à 11° à l’ouest de Paris : son élévation au-dessus de l’océan est d'environ 420 mètres, d’après les observations barométriques de M. de Char- pentier. La roche qui constitue le sol est du gneis , qui est traversé par de petits filons de quelques décimètres de puissance, et contenant de distance en distance des minerais d'argent , de salfure de plomb, de sulfure de fer, etc. Les expériences que je vais citer.ont été faites, pour la plupart, à la fin d'un hiver très-rigoureux, où le thérmomètre étoit descendu à 15°, et la campagne étoit couverte de neige depuis trois mois. Expériences dans la mine de Beælhert-Gluck. Le thermomètre en plein, hors la mine, étoit à — 3°. A l'entrée du puits par lequel l'air sortoit à . . . + 8 Dans ce puits, depuis 120 mètres de profondeur, EN el -odan de ot rodo kon MoE 9 La communication avec l’air extérieur étoit inter- ceptée dans cet endroit. Le thermomètre s’y est élevé, et au fond du puits, à 300 mètres sous terre, il étoit à 12 Dans une galerie, 40 mètres plus haut. ..... 12,5 Dans cette galerie on voyoit un filet d’eau qui jaillissoit avec force du milieu d'une de ses paroïs. La. boule du thermomètre fut plongée dans le jet à sa sortie du rocher , et l'instrument marqua . . . . 11 IN. B. Cette expérience est une des plus intéressantes que j'ai faites. La 'ette expéric | plus intér que j force du jet indiquoit que l’eau devoit s'élever à une grande hauteur dans SU LORS 1 k DRE la cavité ou fente d’où elle sortoit. Elle avoit filtré à travers une masse de pierre de 250 mètres d'épaisseur. Ainsi tout indiquoit qu’elle devoit avoir parfaitement pris la température de la roche, et que celle qu’elle présentoit Lil 2 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE étoit absolument indépendante des. causes qui auroïient pu momentanénrent échauffer ou refroidir l’air de la mine. J’ai répété plusieurs fois cette expé- rience , en janvier , et à la fin de mai, j'ai eu, à + degré près,;le même résultat. Dans une autre galerie, 40 mètres plus haut, un courant d’eau , gros comme le bras, et qui sortoit de la roche , fxoit le thermomètre à . . . . . . «, 10°. AN. B. J’observerai que ce courant vient immédiatement du jour, dans une fente qui le conduit comme un canal. Lorsqu’en poussant la galerie on arriva (en 1789) dans cetendroit,-et qu’on eut fait sauter la roche qui bouchoit V’ex- trémité de la fente, les eaux se précipiterent avec violence dans la mine, Pinondérent. On établit de nouvelles machines pour. leur épuisement, et depuis ce temps , un étang assez considérable , qui étoit dans la contrée au-dessus, est à sec. Ce fait indique que cette source souterraine est alimentée par les affluens de l’ancien étang, et que le canal qui la conduit est large (Des Mines de Freyberg , tome 3, p. 87); de là vient qu’elle conserve une partie du froid qu’elle a pris à la surface du globe , et que sa température est plus basse que celle de l’autre courant. J'ai parcouru une longueur de 1200 mètres dans la galerie d'écoulement , qui est à 120 mètres de pro- fondeur , et où l’air circule facilement. La température yréroit partout Jde. il gi salive, oh dtéele stone. J'observerai qu'à l'époque où j'ai fait la plupart de ces expériences, l'air Gen Ubu entroit dans la mine étoit très-froid ; le puits par lequel il descendoit étoit tapissé de glace , jusqu'a 160 mètres de profon- deur (deux jours auparavant le froid extérieur étoit de 15°), et sa température, dans cet endroit, étoit 0,5 Ce courant d'air descendoit avec rapidité, sans se répandre dans les galeries adjacentes. Dans une d'elles, à cinq ou six pas seulement de l’endroit, où j'avois pris la température précédente, le thermomètre s’éle- NOTE MOMOMS L EL D TOO OO à SNS: RO 0 D 'NINUR TO E 9 Expériences dans la mine de Kuhschacht. Cette mine est la plus profonde de Freyberg ; le fond, qui est à 418 mètres sous terre, est au même niveau que l'océan. Dix-huit mois avant l’époque où j'ai fait mes expériences , elle avoit été inondée jusqu'à la ga- lerie d'écoulement, qui est’à 70 mètres de profon- deur. Depuis , on étoit occupé à épuiser les eaux, et il en restoit encore au fond une masse qui remplissoit une fente anciennement occupée par le filon, et ayant 120 mètres de profondeur, 600 de long et 1 de large. La ET D'HISTOIRE NATURELLE. Cette fente n'étoit pas entièrement vide; en plusieurs endroits il restoit des masifs de roche qu’on n'avoit pas arrachée. Comme cette eau étoit depuis plus d’un an et demi en contact avec la roche, qu’elle étoit séparée du reste de la mine, par les planchers des galeries pous- sées sur le méme filon, je crus qu’elle me donneroit parfaitement la température du terrain à cette grande profondeur. Je descendis dans la mine, le 10 février 1802, pour aller observer cette température. Au mo- ment où j'entrai dans le souterrain , le thermomètre en pleine “atmosphère étoit à... 1.52, #. A l'entrée du puits, par lequel l'air sortoit , il D'ELENP ALES D APE SR A PERS ui More A een À 240 mètres de profondeur, étoit un de ces planchers dont j ai parlé; on le traversoit par une petite ouver- ture fermée d'une trappe; au dessus du plancher la LEMPÉLALUMENCEDIE ele Le als een ele etats dense eee re Me ea denis ct 4o toises plus bas, un courant d’eau conduit dans une rigole , et qui venoit d’un lieu éloigné, étoit à 18 mètres au-dessous, je me trouvai à la surface de l’eau stagnante. Je tins pendant près d'une heure le thermomètre à quelques centimètres au-dessus de cette surface. IMdIQUOIL € nine ais à de 6! 0 Plongé dans l’eau à environ 5 décimètres de pro- fondeur als éleyaral tu Sert re TE RCE Ce résultat me surprit extrêmement ; je repétai plu- ‘ sieurs fois l'expérience, et vis toujours le thermomètre au même degré, Re Expériences à Junghohbirke. J'ai eu un résultat semblable dans cette mine, Sa rofondeur est de 560 mèt. Elle n'a qu'un seul puits, ce qui fait que l’air y circule moins librement que dans les autres mines, et que la température en est un peu plus chaude. Un mois environ avant l'époque où j'ai fait l'ob- servation suivante, le fond avoit été inondé jusqu’à une hauteur de 40 mètres; on travailloit à épuiser les eaux ; leur niveau avoit baissé d’environ 5 mètres; elles oc- cupoient un ouyrage à gradins (fente en forme de triangle) de 120 mètres de long, 20 de profondeur, et 1 de large, Le 27 février la température extérieure étantà 453 — 2°, +8 TO 11 1L 12 13 eo? 494 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Celle de la galerie d'écoulement, à 80 mètres sous £OITE » ÉCOLE eu ME 2 eee ele Le EAU TER Des eaux qui entroient dans cette galerie, en Hil- trant à travers le faîte, avoient .. . . 4: . . . . . 7,5 Dans une galerie, à 4o mètres plus bas , de pareilles fitrations ap diquorente EEE EE ET Ce 0 Mo f LAN 0 l Le f i 14 ! er, ge RS