S PL, SRE EE PRESS RER ER LP L | ot % | D OUR “ Ar : 0 i 1 L m { 1 L \ n G CN \ w rt k u | ' > at n # _ 4 L Û LI fà | | EAU | . ET | | res nl 1 A7 ï v LM : pou MAUR | 1j. Age | 1 I D'UN | MA” | \} | : 1 A nl , 4 * % L L : " A { Li 1 ll Ts 4 \ : L L ai 22 DAT OP on. 1 d 1 + à \ | " LA L u LE fl CI 0 HU, È ei ur NL PR HAL AT Dee Lan (AUTOUE PE ON ART 4e ; 4 y 0 SPL LORD OEN TOUTE TU We Ù UD FA nn 11 ; TL M n} Mai A n LT D AY ; ; L | 4 { | ( " Gi le | + Û { Li 4 y È V1 ‘ie : | : (l (4 TN | ME W | l CAR È 11 PTS = \ FUN DURE ni | LE NT SUN JOURNAL DE PHYSIQUE. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE ETADSE SAR TS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. JUILLET 1810, TOME LXXI. Ar DARTS;, Chez COURCIER, Imprim.-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. PTIT A Ra EU J : x np MT TAT TRS UT fes sud 4 EE: Laine » een: ON) bar ue > DÉSIR CAE RS EEE à 4 « h Ë TIPL TRE Le à x A En pis MEME DRCTTENT dur TR NE . didirénts À CURE L MENT, + JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. JUILLET An 18r0o. SUITE DU MÉMOIRE SUR LA MESURE DES HAUTEURS A L'AIDE DU BAROMÈTRE; Par M. D'AUBUISSON, Ingénieur au Corps Impérial des Mines. TROISIÈME PARTIE. DES ERREURS - DANS LES MESURES BAROMÉTRIQUES. Axis avoir déduit de la théorie les règles qui servent à la mesure des hauteurs, et les avoir rectifiées par l'expé- . rience, de manière qu’elles donnent des résultats exacts dans les temps les plus propices; ilne reste plus qu’à exa- miner les effets des causes perturbatrices qui amènent des 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE circonstances moins favorables, et à fixer la limite des erreurs que ces causes produisent. Tel est le but que je me suis pro- posé dans cette troisième partie. Au reste, jene pense pastraiter, dans tout son entier, une uestion si étendue, et qui a été déjà l'objet des travaux es divers Physiciens, AR deM. Ramond , auquel on «st redevable de plusieurs résultats intéressans. J’expo- serai seulement ici les observations que j'ai faites , l'été der- nier, dans l'intention de déterminer, 1° les erreurs que l'on peut commettre en mesurant plusieurs fois à différens jours, mais à la méme heure , une même hauteur; 2° l’influence des diverses heures ; 3° enfin celle de la distance entre les dexstations. Je jetterai ensuite un coup-d'œil sur leserreurs provenant de l’état hygrométrique de l'air (1). ; Depuis trois ans, je passe l'été au milieu des mines qu’on exploite dans la chaine des montagnes, sur le faite de laquelle se trouve l'hospice du Saint-Bernard, l'habitation la plus élevée de l’Europe, au rapport de Saussure, et qui est à 2500 mèt. au-dessus de la mer. La complaisance des reli- gieux qui y résident m’avoit fait naître l'idée de les engager à suivre la marche des instrumens météorologiques que je leur conferois. Les Observatoires de Turin , de Genève et de Paris m'offroient des stations correspondantes ; je pou- vois encore en établir au pied même du Saint-Bernard, dans la ville d'Aoste ; ainsi qu'à l'entrée des plaines du Piémont, dans celle d’Ivrée. Je résolus , l’année dernière, de mettre à profit une posi- tion si favorable pour entreprendre les déterminations dont je viens de parler. Je crus que le meilleur moyen de pro- céder à ce travail étoit de faire des observations baromé- triques , dans chacun des endroits indiqués, pendant tous les jours de l'été, à huit heures du matin, à midi et à quatre heures du soir , et de comparer ensuite leurs résultats. Je pensai que dans cet espace de temps , et dans ces différences QG) Si j'avois ici pour but de traiter à priori des erreurs dans les mesures ba- rométriques, plutôt que de rapporter les observations que j'ai été à même de faire à ce sujet; je prendrois successivement chacune des parties de la formule qui sert au calcul de ces mesures, et j'examineroïs les erreurs auxquelles elle 3 donnér lieu. Je suivrai cet ordre dans le résumé qui se trouve à {a fin du Zénioire. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 de position , toutes les causes perturbatrices manifesteroient leur action , et que je pourrois en mesurer les effets, Malheureusement je n’ai pu, au moins jusqu'ici, exécnter ce plan en son entier. M. Sennebier, qui avoit bien voulu se charger des observations à Genève, fut enlevé , au commence- ment de l'été, par une maladie douleureuse, aux sciences pour lesquelles il avoit tant travaillé, et à une patrie qu'il édifoit par ses vertus. Le baromètre du Collége d’Aoste étoit un ins- trument très-commun ; il n'avoit point de vernier, et la petitesse de son tube l’empéchoit de suivre les petites oscil- lations de la pression atmosphérique : il a été cependant observé pendant cinquante jours par M. Perret, directeur du Collège, et savant mathématicien actuellement occupé d'un commentaire sur la Mécanique céleste de M. Laplace; mais les imperfections dont j'ai parlé ne me permettent pas de m'arrèter sur chacune des observations , et je ne puis tirer quelque résultat que de leur moyenne. Les observa- tions d'Ivrée qui ont été faites à ma prière par M. Negri, docteur en médecine, très-versé dans quelques parties de la chimie et de l’histoire naturelle , n'auront pas même cet avantage : le baromètre , outre les mêmes défauts que celui d'Aoste, n'avoit pas été assez exactement comparé avec les . miens. Il ne me reste donc que les observations du Saint- Bernard et celles de Turin; et encore ces dernières n'ont-elles été faites que pendant un mois, à huit heures du matin ‘et à quatre du soir. Je rappelle, en quelques lignes , la position de ces deux stations. Turin se trouve dans une plaine, ou plutôt dans une large vallée, à 11 myriamètre du pied des Alpes , et tout près des collines du Mont-Ferrat. L'Observatoire s'élève au milieu de la ville; sa plate-forme est à 46 mèt. au-dessus du sol: le baromètre y étoitrenfermé dans une petite tourelle, à 1 mètre de hauteur au-dessus du payé : c'étoit celui que M. Duchayla avoit fait faire à Paris, et qui nous a servi ensuite au Mont-Gregorio ; son élévation sur la mer étoit 291 mèêt. d'après les données de M. Deluc (1). Les observa- tions ont été faites par M. Bonin, chargé de la partie météo- rologique à l'Observatoire de T'urin, sous la direction de () Modifications de l' Atmosphère, $ 647. S2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. Vassali, et qui est très-expérimenté dans ce genre de travail. L L'Hospice de Saint-Bernard est dans la partie la plus élevée des Alpes, au milieu d'un col resserré entre deux cimes. Je renvoie, pour de plus grands détails sur les localités, aux Voyages de Saussure (chap. 41,42). J'y portai mes instru- MERE 22 juillet dernier ; le baromètre ( fait par M. Fortin) fut placé au milieu d'une cellule, et il y resta jusqu'au 11 septembre. Je suspendis le thermomètre libre à un clou fixé, près de la fenêtre , dans un mur exposé au nord-ouest : on faisoit en sorte qu'il ne touchât point la maçonnerie. Il eùt été certainement plus convenable de l'établir loin de l'édifice et en plein air: mais dans un lieu aussi froid, où il falloit souvent observer , et où la personne qui vouloit bien prendre ce soin avoit d’autres occupations , cela n'étoit guère possible. Je fis moi-même les observations durant les trôis premiers jours : elles furent ensuite continuées par M. le Chanoine J.-B. Darbeley, clavaudier (cellerier) de l'Hospice, qui avoit fort bien compris la manière dont elles devoient être faites, et qui a mis dans ce travail un scrupule reli- gieux, et une assiduité dont on ne sauroit trop le remer- ‘cier. IL a pris note, chaque jour , à huit heures du matin, à midi et à quatre heures du soir, de l'élévation du baro- mètre et des thermomètres, aiusi que de l'état du ciel , de la direction et de la force des vents. Dans les premiers jours d'observation , il y avoit un peu de neige aux environs du Couvent ; mais elle disparut bientôt, et vers le milieu du mois d'août il n’en existoit presque plus, même sur les cimes voisines, D'après nos calculs, l'Hospice est à environ 2220 mètres au-dessus de la plate-forme de l'Observatoire de Turin; et la distance entre les deux stations est de 10 : myriamètres en ligne droite; la moitié de l’espace qui les sépare est occupéepar une grande masse de montagnes dont la hauteur générale est peu inférieure à celle du Saint-Bernard. Les résultats des observations sont consignés dans les ta” bleaux suivans. À la tête de chaque colonne, j'ai inscrit la moyenne relative à l'indication de la colonne, et j'ai ensuite donné la quantité dont le résultat de chaque jour en dif- fère, soit en plus soit en moins; les moyennes de hau- teur et de température ont été déterminées d'après la somme of ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9 somme des 52 résultats , et après avoir fait abstraction des cinq plus grands et des cinq plus petits dans chaque colonne. La direction des vents étoit donnée à Turin par la girouette de l'Observatoire; et au Saint-Bernard, elle étoit conclue de celle des nuages. Les hauteurs indiquées, pour chaque jour, ne peuvent être regardées comme exactes qu'à 8 et même 10 mètres près. En général, dans les mesures barométriques on doit compter pour l’erreur de l'observation, 1° un à deux dixièmes de millimètre dans l'élévation du baromètre, ce qui en donne une de 11, 2 ou 3 mètres sur la hauteur mesurée, selon que le baromètre est plus ou moins près du niveau de la mer; 2° un degré sur la vraie température de la colonne de mercure ; d'où il résulte, dans tous les cas, 15 mèt. par degré sur la hauteur; 3° un degré au moins sur la vraie température de la couche d'air dans laquelle on se trouve : ce qui fait 0,002 de la hauteur par degré. Ainsi la limite de l'erreur d'une observation ordinaire sera de 3 à 4 mèt. plus 2 à 3 millièmes de la hauteur mesurée. Il n’est pas vraisemblable que toutes les erreurs de chacune des deux stations soient dans le même sens; et je ne prends que celles d’une d’elles. Dans une observation bien soignée, il est vrai, l'erreur ne sera guère que moitié, et peut-être moindre encore: mais quoiqu’en général les observateurs de Turin et du Saint-Bernard aient apporté du soin dans leur travail ; cependant leurs observations de chaque jour doivent ètre rapportées à la première classe, et d'après cela, les résultats n'en doivent étre regardés comme exacts qu'à 8 ou 10 mètres. Je crois qu'on doit d'autant plus accorder ici toute cette latitude à l’érreur de l'observation , que le thermomètre libre du Saint-Bernard , étant placé près d'un mur, n’aura quelquefois donné la température de l'air qu'à 2° prés. J'observerai encore que ce mur se trouvant frappé des rayons du soleil vers 3 heures, on ne peut plus compter sur les observations de quatre heures lorsque le temps étoit décou- vert : j'ai cherché à corriger l'erreur ; mais j'ai en même temps indiqué par un point de doute (?) celles qui étoient dans ce cas. Tome LXXTI, JUILLET an 1810, B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE + HAUTEUR DU SAINT-BERNARD SUR TURIN. TT — = A Se ST D ES à DES DEV TEMPÉRATURE. *HonvAIIS{O $p smog "SUONEIS C S2T of *SUONPIS & S2] nu 220918H1(L e1]ua auua. Moyenne 23Juil. IN. foible. Couvert. . assez fort. 24 N.-0. assez fort. [Nuages. . fuible, O,. assez fort. Idem. 5 Pluie continuelle.! S. foible. Couv.,pluie.[S. foible. Brouillard. Idem. Demi-cour. |S. très foible. [Nuages. IN. fort. Orag., pluie.|S. foibie. Couvert, S.-0. Nuages. Idem. Nuages. 0. Idem. S. idem. E. Idem. . fort. Brouillard. S.-E. foible. Couvert. à Couvert. N\. faible, Idem. ï Courert. pluie. S. assez fort, Nuages. s. foible. Bra Hd O. très-fort. Idem. S assez fort. [Nuuges. N.-E. Très-beau. |S.-O. foible. Beau. S.-0. Beau, nuag. |S: assez fort. Idem. N.-E. assez fort. [Nuages. N. assez fort. |Brouillard, pluie, S.-0. foible, Très-beau. O. foible. Idem. S.-E. Llem. S.-S.-O. as. fort. {Beau , nuag. IN.-E. assez fort. [Nuages. E. Idem. N.-E, fort. Idem. N. assez fort, Idem. Idem. Idem. Beau, nuag. Couvert. Nuages. E. foible, Beau, nuag.l....... "1.0 E. Nuages. N. Couvert. E.-N.-E. Nuages. IN.E, assez fort. |Couvert. NE. ‘Très-beau. N.-E. assez fort. |Beau. .E. Beau, vap. S. foible. Très-beau. N.-E. fort. Beau. S. foible. Idem. E. assez fort. Couv.,nuag.|S. Couvert, brouil. S.-E. assez fort. [Couvert. : Brouillard , pluie. | À NN. foible. Couv.,pluie.|S. foible. Brouillard, : Idem. H Br., pl., neig. S.-0. foible. Couvert. . foible. rouillard. N. foible, Idem. ; Couvert. N.-E. fort. Couv.,pluie.[N. très-fort. N.-O. très-fort, [Demi-couv. |N. foible. N.-F. fort. Idem. N. fort. S.-0. Beau, nuag.|N. foible, N.assez fort. Nuages. ER RIS IERRSERS BIAEr . assez fort, CAP VAE = D à Sr HOHHHIEUEIEEEITEEEEHITIX II+II 3 2 I 3 2 I 2 1 Le 2 5 3 6 I o 4 I I 2 3 o ï I 2 LI I I 2 I 2 Î 2 a 2 3 2 I 2 3 Le I o 2 2 2 2 5 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 11 HAUTEUR DU SAINT-BERNARD SUR TURIN. , M Mérres. | Degrés, | Degrés, Ê Motres. 2211 + + + + + + 2 0 2 4 2 5 2 I 3 o 2 3 4 I o 2 2 HAUTEUR DU SAINT-FERNARD SUR AOSTE. LAS ASS Sn) ae Bee pig DT HA 1889 À 13,3 | 13,3 À 190 15,3 | 13, N: Énba aa lames als eee) 200 15,3 | 13,5 K 1898 | 14,7 | 14,2 Différences ou erreurs de la même heure. En parcourant les colonnes auteur et température moyenne, etc. dans le premier tableau, on sera certainement frappé du rapport qui règne entreleurs indications : toutes les fois que la température hausse ou baisse, la hauteur correspon- dante augmente ou diminue ; et quoique ce ne soit pas exacte- menten même proportion, il n'est pas moins vrai que les dimi- B 2 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nutions sont d'autant plus grandes que la chaleur a été moins forte. Ainsi, le thermomètre ayant baissé, au-dessous du terme moyen, de9, 8, 7,6, 5 degrés, les hauteurs res- pectives des mêmes jours ont été plus petites de 47, 41,28, 24 et 17 mètres. D'autres jours, la température ayant haussé de 4:,4,, 33, 33 degrés, les hauteurs correspondantes ont augmenté de 20, 17,22, 19 mètres: ici, il est vrai, la marche est moins régulière; on voit même un jour le ther- momètre monter de 4°, sans qu'il y.ait d'augmentation de hauteur : peut-être est-ce par un effet de l'erreur d'obser- vation ? Le second tableau présente des résultats analogues. Sur les vingt-quatre observations de huit heures du matin ,iln'y en a que cinq dont le résultat diffère du terme moyen, d'une quantité plus grande que celle due à l'erreur de l’observation (10 mt.) : les différences en moins sont 39 et 15 mèt., et la température des mêmes jours est de 4°< et 2°: au-dessous de la moyenne : les différences en plus sont 25, 16 et 12 mét., et l'excès des élévations thermométriques correspondantes est +5, +4, +2. Si les observations de quatre heures offrent un peu moins de régularité, c’est en grande partie l'effet de la circonstance particulière à cette heure , circons- tance dont il a déjà été question. Les résultats obtenus en prenant, à divers jours, la hau- teur du Saint-Bernard sur Aoste et Ivrée déposent encore en faveur de la corrélation entre les hauteurs et les tempé- ratures. Les effets des changemens thermométriques m'ont paru, toutes choses égales d'ailleurs , d’autant plus grands que le changement a été plus subit. Ainsi, durant nos observations sur le Mont-Gregorio, la chaleur ayant peu varié , ou n'ayant varié que graduellement, nous n'avons eu que de fort petites différences dans les résultats. En voyant l'analogie qui existe entre les variations de tem- érature et celles que présentent les résultats des mesures rorennne , ilm'a été difficile de ne pas regarder les premières comme la principale cause des secondes; et les observations que j'ai faites depuis n'ont fait que confirmer cette opinion. Au reste, je n'exclus pas l'influence de quel- ues autres agens , notamment celle des courans d'air ascen- dns ,au milieu desquels peut se trouver un baromètre placé ET D'HISTOIRE NATURELLE, 13 sur une pente qui auroit changé la direction horizontale d'un courant, pour le forcer à en prendre une qui lui soit parallèle; mais dans le cours de mes observations, j'ai été peu à même d'observer les effets de cette cause. La nature du vent ne m'a pas paru avoir d'influence sensible dans les résultats , toutes les fois qu’elle a été indépendante de la température. Je pourrois en dire à peu près de même de la pluie, etc. ; et si les hauteurs ont été notablement plus petites les jours où il a plu ou neigé, c'est parce que ces météores ont produit un abaissement dans la température, et cet abaissement est ici la cause immédiate qui a affecté le résultat du calcul. Je crois ainsi qu'on peut conclure des observations Tap= portées dans les tableaux précédens , que toute augmenta- tion ou diminution notable qui a lieu, d'un jour à l'autre, dans l'indication des thermormètres, produit une erreur en plus où en moins dans la mesure barométrique corres- pondante : abstraction faite de cette cause et de celles qui en dépendent, les différences dans les résultats des obser- vations faites à la même heure, et sur une même hauteur, rentrent dans les limites de l'erreur de l'observation , ou ne s'élèvent qu'a quelques millièmes. Aucune des heures du jour que j'ai citées, ne m'a paru avoir à cet égard un avantage marqué sur les autres : il seroit cependant possible que celles de midi et de huit heures du matin fussent celles qui présentent le moins d'anomalies dans les résultats. Différences entre les diverses heures du jour. La hauteur du Saint-Bernard sur Turin, conclue de 24 observations faites à midi, depuis le 23 juillet jusqu'au 15 août, est de 2222 mèt. ; celle donnée, les mêmes jours, par les observations de huit heures du matin, est de 2196; et celle de quatre du soir est de 2211. Ainsi, en représentant ar 1000 la hauteur de midi, l'erreur, par rappori à cette eure, sera pour huit heures du matin.................. — 11,8 pour quatre heures du soir..........,..,... — 65,0 Les résultats des observations faites au Saint - Bernard ; 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, et à la ville d'Aoste , donnent également, par rapport à la hauteur de midi, pour huit heures du mation nine: AL. MEN pour quatre dusoir..........,.....,.....,..,. — 5 Ces exemples confirment la remarque qui avoit déjà été faite par divers Physiciens , et principalement par M. Ramond, savoir, que les heures du matin et du soir donnent en géné- ral les hauteurs plus petites que le milieu du jour. Je remets ici sous les yeux les résultats obtenus par le naturaliste que je viens de nommer , en prenant la hauteur de Baguères au-dessus de Tarbes à diverses heures du jour ; je représente également par 1000 la hauteur de midi qui est de 930 mèt. 12 observations de 6 heur. mat........,..,... — 22 G'deSNhenurss 2 MAUR ARR EN ER ETS 19 de 4 heur. du soir........,............... — 16 z4vde ao-heur. dü soiree... 204, 35 5x Le temps que je passois chaque jour sur le Mont-Grégorio étoit de trop courte durée pour fournir des résultats con- cluans sur les effets des heures : ils se montrent cependant d'une manière sensible, etla moyenne de nos observations donne pour , 21 hEUTES, . eee is L ON, CV RUN RS nee 11 Losssserereseeseses seen een see = 1,0 DORE sioetolerelololete alelsieteetelelaie etalniessle slots lee ielsi tete D RO LH Te Mel ere one lete nat lde ere S ete 057 Les températures respectives étoient 15,5; 14,0; 14,6; 14,5. En voyant encore ici leshauteurs croître aux diverses heures du jour avec la température, on ne peut s'empêcher de regarder les données thermométriques comme la grande cause de la différence dans les résultats. Ce n'est cependant pas la seule; et il en est une autre qui m'a paru influer sur la diminution de hauteur qu'on remarque quelquefois dans les heures qui suivent immédiatement midi, quoique le ther- momètre n'ait pas encore commencé à descendre : cette cause est la variation diurne du baromètre, On sait que dans un jour ordinaire cet instrument est à son maximum d'éléva- tion vers 8,9 ou 10 heures , qu'il baisse ensuite (d’environ un millimètre) jusqu'à 3 ou 4 heures, et que c'est habituel- lement de suite après midi que la descente est le plus rapide. Il est vraisemblable qu'un baromètre, placé dans la région ET D'HISTOIRE NATURELLR, 35 supérieure de l'atmosphère , suivroit une marche analogue, si la densité de l'air étoit indépendante de la température ; mais la chaleur dilatant la masse gazeuse, comprise entre les deux stations, en fait passer une partie sur la station supé- rieure, de sorte que Le baromètre qui s'y trouve est plus chargé et tend à monter : selon que la hauteur est considérable, cette tendance diminue , détruit et même dirige.en sens con- traire celle que le mercure avait à descendre ; et si l'instru- ment est placé à une élévation suffisante , il monte réelle- ment depuis huit heures du matin jusqu'à quatre du soir: c'est encore immédiatement après midi que le mouvement ascen- sionnel est le plus grand, c’est ainsi du moins que je l'ai vu dans un grand nombre de mes observations (1). D’après cela , la Vie entre les élévations barométriques décroit dans ces momens, plus rapidement qu'auparavant , et le résul- tat du calcul devient plus petit. Au reste, les variations diurnes du baromètre sont trop intimement liées avec celles de la chaleur, pour n'en être pas un effet; et je ferai même voir, dans la suite, comment la température donne lieu à cette moindre différence entre les élévations barométriques (1) Je donne ici les hauteurs moyennes du baromètre et du thermomètre libre à Turin et au Saint-Bernard , d'apres les observations faites du 23 juillet au 15 août. Le mercure du baromètre est supposé à o température. Huit beur. Midi. Quatre h. À Turin. 785,87 735,76 734,97 Au St.-Bernard.| 566,87 566,88 566,93 A Turin. 21,3 26,2 26,1 Baromètre. { Thermomètre À Au St.-Bernard. 7,5 9,6 97 On voit par ce tableau qu’à Turin le baromètre a baissé de 0,11 milllimètres de 8 à 12 heures, et de 0,79 de 12 à 4. Au Saint-Bernard, au contraire, il est monté de 0,01 millim. de 8 à 12h., et de 0,05 millim. de 12 à 4 heures. (Voyez sur des faits analogues , Saussure , $ 2049.) Dans nos observations au bas et à la cime du Mont-Gregorio , depuis 11 jus- qu’à 1 heure, le baromètre inférieur a baissé de 0,77 millim. , et le supérieur, de 0,41. Dans le même temps la température de l’air a augmenté de 2° en bas, et a très-peu varié dans le haut. 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des deux stations dans les heures de l'après midi. En atten- dant, nous pouvons toujours conclure qu’en général les résul- tats de la mesure barométrique sont d'autant plus grands que les observations, dont ils sont déduits, ont été faits à une époque du jour plus élevée en température. Les effets des heures étant constatés, et leur cause recon- nue, voyons comment on pourroit les corriger. L'intensité de la chaleur, dans les différentes parties du jour , est le résultat de plusieurs causes , qui agissent d'une manière fort irrégulière : telles sont la présence ou l'absence des rayons du soleil, l’état de l'atmosphère, les circons- tances locales, etc.; de sorte qu'il ne sauroit y avoir de rap- port constant entre la température des diverses heures, et parconséquent entre les résultats des mesures barométriques correspondantes. Il semble, d'après cela , qu'il conviendroitde ramener la formule à l'heure du jour moyenne en tempéra- ture, et de fixer la limite des erreurs que l'on peut commettre en allant d'un côté vers la partie la plus chaude, et de l’autre vers la partie la plus froide de la journée. —Suivant Deluc, Saussure et Pictet, c'est vers 8 heures du matin, et un peu avant le coucher du soleil (1), que la chaleur diurne est à son terme moyen. Or une moyenne entre mes ob$ervations et celles de M. Ramond, indique qu'à 8 heures la formule barométrique donne des résultats de o,o11 plus petitsqu’à midi, et par suite, que le coefficient pour 8h. du matin est 18312 X 1,011 — 18013 mèt. Ce terme donnera les hauteurs de 1 à 1 : centièmes trop fortes, dans les momens les plus chauds du jour ; et de 1 à 2 centièmes trop foibles, vers le lever du soleil et dans la nuit. Si l'on fait abstraction de ces deux époques de la journée, et que l'on veuille un coefficient pour les heures du jour, à partir de huit heures ; on me un terme moyen entre celui que nous venons d'affecter à cet instant, et celui qui convient au moment le plus chaud du jour, qui (1) Delue qui a fait de nombreuses observations à ce sujet, divise en cinq parties le temps que le soleil séjourne sur l'horizon : et il établit qu’en toute saï- son, le commencement de la première partie est le moment le plus froid ; le commencement de la quatrième est le plus chaud ; et le commencement de la seconde , ainsi que la fin de la cinquième présentent le terme moyen, Modifi- çations de l'Atmosphère, est ET D'HISTOIRE NATURELLE, 17 est 18312 (1 — 0,002), l'on aura 18394 mèt. ; c'est exactement celui de M. Ramond,; il donnera, en outre , età très-peu près, les mêmes résultats que les formules de MM. Schuckburgh, Roy et Trembley. L'erreur provenant de l’eflet des heures , à laquelle il peut donnerlieu, n'excédera presque jamais 7 ou 8 millièmes. Lorsque la hauteur sera un peu considérable (au-dessus de 600 mètres), et que le baromètre n’éprouvera pas des mou- vemens extraordinaires dans la journée, on a un moyen bien simple decorrigeren partie l'effet des heures ; c'est de prendre pour observation correspondante non celle faite au même instant dans la station inférieure, mais celle de midi. En opérant de cette manière , dans la détermination de la hau- teur du Saint-Bernard sur Turin, l'erreur de huit heures n’eût plus été que de 4 millièmes au lieu de 12 ; et celle de quatre heures du soir eüt été nulle. La raison de ce mode de correction est évidente : la température de 8 heures du matin, par exemple, est trop foible pour notre coefficient ; en prenant celle du midi, à la station inférieure, on cor- rige en très-grande es ce défaut : on corrige également, le soir, une partie de l'erreur occasionnée par la variation diurne du baromètre inférieur, en prenant l'état de cet instru- ment au milieu du jour. Ce mode d'opérer la correction est en outre très-commode pour le voyageur, vu que les observations correspondantes, dont il fait habituellement usage, sont celles des villes ou des observatoires les plus voisins ; et que dans ces lieux on prend ordinairement note de l’état du baromètre et du thermomètre à midi, et rarement à d'autres heures. Sidans deux joursconsécutifs, à la mêmeheure etau même endroit, le baromètre indique la méme élévation; il est extrémement vraisemblable que cet instrument n’a point éprouvé dans l'intervalle demouvemens extraordinaires. Le mode de correction que je viens d'indiquer m'engage à conserver le coefficient de midi 18312 mètres : j y suis en outre porté par les considérations suivantes, 1° Schuckburgh et le Géneral Roy ont eux-mêmes reconnu que leurs formules, et par conséquent les nôtres avec lecoefficient 18594, donnent les hauteurs un peu trop fortes aux diverses heures du jour rises en général; 2° la moyenne de toutes nos observations sur LÉ Mont-Gregorio eùt donné un coefficient encore plus petit ue 18312; et nous avons vu que les mesures du Général d indiquent qu'il pèche méme un peu en excès pour l'heure Tome LXXI. JUILLET an 1810, C 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI € de midi ; 3° le mode de correction hygrométrique introduit dans la formule tend à donner des résultats plus souvent trop forts que trop foibles ; en diminuant un peu le coeffi- cient, on remédie à ce défaut. D'après tout cela, je crois qu'en conservant 18312, on aura les hauteurs, entre 9 heures du matin et 6 heures du soir, aussi exactement que pos- sible ; et que l'erreur provenant de l'effet de l'heure, ne sera que très-rarement de plus d'un demi-centième. Au reste, dans l'établissement de la formule, pour donner au raisonnement une marche plus assurée, on peut garder le coefficient théorique 15324, qui ne diffère pas de 1 mil- lième de celui indiqué par nos observations, et qui est indé- pendant de toute considération sur les erreurs auxquelles le facteur de la température donne lieu. Erreurs provenant de la distance entre les deux stations. Lorsque les deux stations ne seront éloignées que de quelques myriamètres, et que les hauteurs seront un peu considérables , abstraction faite des causes d'erreur que nous venons d'indiquer, l'effet de la distance doit être réputé nul. Nos observations du Mont-Gregorio nous en ont offert un exemple : nous avons déjà exposé leurs résultats, et l'on a été certainement frappé du peu de différence qui régnoit entre eux. La distance entre les deux instrumens étoit de 6000 mèt. La hauteur de la montagne étant représentée par 1000 , les écarts de chacun des dix jours d'observation sont — 1,4; — 1,0; — 0,5; Gr) 925; +17; —1,9; +1,5,; — 0,9. Ils seroient encore plus petits, si nous avions opéré, dans les données qui ont servi de base au calcul , les légères corrections indiquées par la comparaison des observations faites aux deux stations ; mais nous n'avons introduit dans la formule que les annotations des instrumens prises sépa- rement par M. le Chev. Mallet et moi (avant de nous être communiqués). En admettant ces légères corrections, je dimi- nuerois d'environ un degré la température de la station supé- rieure le 18 et le 20 octobre; je rejetterois l'observation du 50, comme n'ayant pas été faite concutremment avec M. Mallet; et tous les jours présenteroient alors des résul- tats presque identiques. Cet exemple fait voir,en même temps, le degré d'exactitude dont la mesure barométrique est sus- ceptible, lorsque les observations sont faites avec de bons instrumens et ayec soin, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 19 En comparant les élévations du baromètre observées sur la même montagne ayec celles du Turin, je ne trouve pas que l'erreur dépasse 5 à 6 millièmes, quoique la distance soit de 5 myriamètres. L'instrument qui a servi à la com- paraison étoit un baromètre commun, sans vernier , et cer- tainement il a donné lieu à des erreurs plus fortes qu’elles ne sont réellement. Le Saint-Bernard est à plus de dix myriamètres ( près d’un degré en latitude) de cette même ville, et malgré cela, si on déduit les erreurs que nous avons déjà vu provenir d'autres causes, celles qui restent ne sont que de quelques millièmes. Comme elles se confondent encore presque tou- jours avec celles de l’observation, on ne peut les imputer avec certitude à la grandeur de l'intervalle qui sépare les deux stations. Afin de juger de l'effet de distances beaucoup plus consi- dérables ; j'aicalculé, jour par jour , la hauteur du Saint- Bernard sur Paris , d'après les observations de midi, faites depuis le 23 juillet jusqu'au 11 septembre. La moyenne de 5o jours a été de 2400 mètres : les écarts en plus ont été de 48 , 39 , 38,32 mèt., etc. , et ceux en moins de 60, 58 , 49, 39, 23, etc. Une partie doit être attribuée, il est vrai , aux changemens de température; mais en faisant abstraction de cette cause, l'erreur s'élève encore à 30 et 40 mètres, c'est-à-dire à 0,013 et 0,017.— La différence de niveau entre les deux stations , conclue de ce que nous savons sur leur élévation au-dessus de la mer, est d'environ 2450 mètres, et par conséquent de 30 mèt. plus considérable que celle déduite des observations barométriques. Cet excès m’a frappé, et m'a porté à examiner la manière dont les règles de la me- sure , par le baromètre, devoient être appliquées aux diffé- rences de niveau entre deuxstations fort éloignées. Je m'arrête un instant sur cet objet. Pour établir la formule communément usitée, on suppose que , dans la partie de l’atmosphère comprise entre le niveau des deux stations, toutes les parties d'une même couche hori- zontale d'air éprouvent une égale pression : de là on con- clut que le baromître se tient à la même élévation dans toute l'étendue d'une même couche, et qu'ainsi on peut regar- der les deux instrumens comme placés verticalement l’un au-dessus de l’autre : la différence entre leurs élévations C 2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI!IE donne l'épaisseur de la masse d'air interceptée entre les deux stations, ou plus exactement le poids d'une colonne verticale quelconque prise dans cette masse. Mais cette théo- rie de l'hydrostatique des fluides élastiques n’est plus appli- cable au cas où les stations sont à des latitudes sensiblement différentes en température. Si la station inférieure, il est vrai , est à une petite hauteur sur la mer, ce qui est presque toujours le cas , et si l’on fait abstraction de la très-petite diminution que la longueur de la colonne de mercure éprouve en allant vers l'équateur (1), on peut bien transporter, en idée, le baromètre inférieur jusqu'à ce qu'il soit verticalement au-dessous de la station supérieure; dans toute la même couche horizontale, il conservera la même élévation, puis- qu'il y supportera partout le poids entier de l'atmosphère. Mais il n'en est pas de même du baromètre supérieur : tout déplacement feroit varier son élévation ; parexemple, sicelui du Saint-Bernard étoit porté horizontalement sur Paris, le mercure y baisseroit; puisque se trouvant dans une atmos- phère plus froide, et par conséquent plus dense et moins étendue en hauteur , il seroit moins chargé, ou , plus incon- testablement, parce que la colonne [d'air comprise entre les deux instrumens peseroit davantage. On voit, d’après cela, que la différence de deux élévations barométriques obser- vées , ne donne que le poids de la colonne d'air qui descend verticalement de la station Pr te jusqu’au niveau de la station inférieure; et c'est à déterminer sa longueur que se réduit le problème. Or il est évident que pour le résoudre , à l'aide du calculordinaire , c’est la vraie température de cette colonne , celle qu'elle avoit au moment de l'observation, qu'il faut introduire dans la formule; et on ne peut l'avoir, en prenant une moyenne entre les élévations thermomé- triques observées aux deux stations, qu'après avoir ramené l'indication du thermomètre inférieur à la valemr qu'elle auroit eue si elle eût été réellement prise à l'extrémité inférieure de la colonne verticale, au moment indiqué. Cette réduction, dépendant des localités, ne peut être effectuée, à l'aide d'une règle générale , dans chaque cas par- ticulier: mais lorsqu'il s'agira d'une différence de niveau, conclue à l’aide d'une moyenne entre plusieurs observa- (1) Suivant M. de Humboldt , l’élévation moyenne du baromètre à l'équa— teur est de 0,7585 mètres , e’est-à-dire de 2 + millim. plus pelite que dans no latitudes moyennes. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 21 tions , comme dans le cas présent, elle se fera, d'après un principe que j'ai établi dans mon mémoire sur la tem- pérature de la terre , et où j'ai fait voirqu'en allantde l’équa- teur vers les pôles, toutes choses égales d'ailleurs, la température diminue proportionnellement au carré du cosi- nus de la latitude (1). Dans le calcul de la hauteur du Saint-Bernard sur Paris, la température de cette dernière station étoit 21,75; en la ramenant à la valeur qu'elle auroit eue verticalement sous lg Saint-Bernard , elle devient cos. 45° 559 21,75 CE 43 ne) —= 24,3. On aura donc 2414 au lieu de 2400 pour la hauteur déduite des observations EME 2 à Cette quantité est encore de 16 mèt. au-dessous de la hauteur donnée par les nivelle- mens : mais sans m arrêter davantage sur cette différence, je conclurai que la mesure barométrique donne ici 70 et 80 mètres d’erreur , c’est-à-dire 0,03; la moitié au moins en est due à l'effet de la distance. Les observations du Mont-Gregorio , comparées à celle de Paris, m'ont donné de plus grandes différences encore ; elles se sont élevées à 0,05. Cette comparaison m'a fait voir que les variations des deux baromètres étoient bien en géné- ral dans le même sens , aux mêmes jours, mais qu'elles dif- féroient considérablement en grandeur. Au reste, la distance étoiticide près de 60 myriamètres,etla masseentière des Alpes étoit interposée; or on sait qu'à cette distance , et dans cette position, les observations correspondantes nesauroient servir. Erreurs provenant de l'état hygrométrique de l'air. - Nous avons opéré la correction hygrométrique en portant à 0,004 le nombre 0,00375 , qui, d’après les expériences de Gay-Lussac et Dalton, exprime la quantité dont l'air se dilate; quel que soit d'ailleurs son degré d'humidité : de cette ma- nière la correction thermométrique et celle hygrométrique sont réunies dans le seul facteur 1 + 0,004 à. Cependant 22 {:) Journal de Physique , tom. LXII. 22 : JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la première est réellement donnée par 1—+-0,00375 &, et la seconde par 1+ A, ainsi qu il a été dit dans la première partie. On aura donc, dans chaque cas, l'erreur commise par le mode de correction adopté , en prenant la différence entre 10,004« d’une part et (1+0,00575 «) (1 + A) de l'autre; après avoir mis pour À la valeur indiquée par l’état de l'hygromètre et du thermomètre dans le cas que l’on con- sidère; valeur qui se détermine par les régles données dans la note qui est à la fin du Mémoire. J'expose cette diffé- rence dans le tableau suivant, pour tous les degrés de tem- pérature et d'humidité qui peuvent se présenter durant les observations : j'y indique de combien la première de deux quantités (1 0,0044) diffère, soit en plussoiten moins, de la seconde ; celle-ci étant représentée par 1000. Les nombres de cette table expriment encore, d'une manière absolue, la quantité dont une hauteur calculée est trop grande ou trop petite, à un degré quelconque de l'hygromètre et du ther- momètre, par l'effet hygrométrique de l'air; la hauteur étant également représentée par 1000. THERMOMÈTRE. 1H INS2DMINeDMIRSC NES 100|—1,9 —1,5 LA —2,0|—53,1|—50|—7,1 nee —1,1/—9,0|—5,5/—5,35 —1,4 —0,7 — 70|—1,1|—0,5 0,3 +-0,7|+0,9|+0,6| o,0[—0,8 cos +-0,1 +elt 1,4/#-1,9/-#+1,9/+1,9| + 1,4) | | a 7j El O:7 | 0,0[—0.1|—0,7|—1,8/—53,1 HYGROMÈTRE. —0,6| Lo,5 +1,3|+-2,0|+2,6|--5,0|+3,1|+3,4 40,—0,4 | +0,8 HT AÈERS +3,34-4,0| 4,5] +4,8 oo A ESRI Ce tableau fait voir que dans les moyennes de température et d'humidité la correction est aussi exacte qu'on puisse le desirer. Lorsque le thermomètre est entre 10 et 20°, et l'hy- gromètre entre 70 et go, et le plus souvent ces instrumens se trouvent entre ces limites, l'erreur ne va pas à un millième, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25 et doit par conséquent étre regardée comme nulle. Dans les temps les plus humides et les plus froids (en faisant abstraction des époques où il gèle), elle ne peutaller à—0,002. Toutes les fois qu'il s'agira de hauteurs un peu considérables, la température & de la formule n'excédera pas 20°, et alors dans les très-grandes sécheresses, le résultat du calcul ne LI pourra être en excès que de 5 ou 3 =: millièmes, L'état suivant mettra à même de juger du degré d'exac- titude de la correction , dans les diverses parties de la saison des observations et en nos climats. J'y donne l'erreur que l'on a , sur une hauteur exprimée par 1000, dans chacun des douze mois ,en admettant l'état moyen de l'hygromètreet du thermomètre conclu, pour chaque mois, des observations faites à Genève et citées dans la note qui est à la fin du Mémoire. Durant les six beaux mois de l'année, SUR 1000. cette erreur ne s'élève pas à plus de 3 dix millièmes de la hauteur mesurée, et est par conséquent tout-à-fait nulle. \ Il est vrai qu'en certains jours et en lars, SENS 050 certaines parties du jour, lethermomètre | Avril...... —o,2 et l'hygromètre sortent assez souvent de | Mai........ o,o l'état moyen du mois. En août, par exemple, on a quelquefois des matinées fraiches dans lesquelles le thermomètre 3 descend à1 2 ou 13etl'hygromètreatteint Août...... —0,2 le pointde saturation; alors la correction Septembre... —0,3 est en défaut de — 0,001: mais dans le | Octobre.... —0,7 même jour, au moment de la plus grande | Novembre... —o 9 chaleur , le thermomètre s'élève à 25 Décenure ME 22 Al 4 LEE] et 30°, et l’hygromètre tombe à 60 et ? mème 40; alors l'erreur est de+0,003et pourroit méme aller à près de 0,004, si la hauteur étoit fort petite. Au reste, dans ces cas, qui sont extrêmement rares, l'élévation de la tem- pérature suffira pour prévenir de cet excès. Nous n'avons parlé jusqu'ici que de la région inférieure de l'atmosphère ; mais à de plus grandes hauteurs, la vapeur aqueuse étant en moindre quantité, À deviendra plus petit, et le mode de correction adopté péchera encore plus en excès dans la partie chaude du jour. On y remédiera, en se servant, non-seulement pour midi, mais encore pour les Janvier... —1,7 Février... —:,5 Juin....... —0,1 z Juillet.,.,. —0,3 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE heures voisines , du coefficient 18312, qui est plus foible que ceux donnés par les divers auteurs : et je ne crois pas qu'alors l'erreur provenant de l’état hygrométrique de l'air puisse dépasser les 0,002 de la hauteur mesurée. Considérations sur la principale cause des erreurs dans les mesures barométriques. Nous avons observé que la plus grande partie des varia- tions de la méthode barométrique étoient en rapport avec celles de la température, et nous les avons en conséquence imputées au facteur dépendant des indications du thermo- mètre. Je conviens que la manière dont j'ai vu les erreurs se produire dans mes calculs, ne me laisse aucun doute à cet égard. Si on applique successivement la formule ordinaire à des observations faites sur une même hauteur , mais à diverses heures , à partir du matin , on voit le résultat augmenter graduellement à mesure que la chaleur s'accroît. La for- mule présente deux facteurs variables, la différence des Tan duues , et celui relatif à la température: je m'attendois ue le premier diminueroïit à mesure que le second devien- dédie plus grand , de manière que, toute compensation faite, le résultat füt le même: mais il n’en est pas ainsi; la dif- férence des logarithmes diminue, il est vrai, en approchant de midi, mais dans un rapport moindre que l'accroissement de l'autre facteur; de sorte que le résultat devient de plus en plus grand. Dans les circonstances où j'étois, les deux stations étoient peu distantes, la masse d'air comprise entre elles étoit en équilibre, et comme la loi entre les densités de l’air et les poids comprimans , même en pleine atmos- phère, est mise hors de tout doute par les observations de Bouguer (1) et d'autres physiciens, il me parut évident que le terme dépendant de la température étoit celui en défaut. Je pensai d'abord que la partie de ce terme expri- mant la quantité dont l'air se dilate, par degré du thermo- mètre , étoit trop grande ; mais en observant que le nombre (0,00375) , que j'employois alors, étoit encore plus foible que a —_——————p (1) Mémoires de l'Académie. tous ET D'HISTOIRE NATURELLE, 25 tous ceux adoptés par les‘autres auteurs, et que ceux-ci donnoient des résultats assez exacts; il fut évident que la quantité d'où provenoit l'erreur étoit la moyenne arithmé- tique entre la température des deux stations; et il fallut conclure qu'ellen’exprimoit pas la vraie température moyenne de la colonne d'air mesurée, et qu'elle augmentoit, en allant vers midi, dans un plus grand rapport qu’elle. Si l'on con- sidère maintenant que cette quantité est déduite d'obser- yations thermométriques faites dans la couche d'air voisine de la terre, et que c'est à la station inférieure que Les plus grandes variations dans la chaleur diurne ont lieu ; si l'on observe, en outre, que la vraie température moyenne de la colonne d'air est la température de la couche atmosphérique placée à peu près à égale distance des deux stations; on conclura encore que cette couche, et en général la partie moyenne de l'atmosphère, ne participe pas à tous les chan- gemens de température qui affectent la région inférieure. Cette conséquence du calcul est d'accord avec les prin- cipes de la physique. La réverbération des rayons solaires, les émanations des corps échauffés, l'ascension des gaz et vapeurs qui se dégagent d'un sol quelquefois brülant, etc., communiquent bientôt une grande chaleur à la masse d'air qui est en contact avec ce sol. Mais une partie de ces causes calorifiques cesse d'agir à une petite hauteur ; et l'autre ne fait ressentir que lentement et peu à peu ses effets aux couches supérieures de l'atmosphère : de sorte que celles-ci prennent une chaleur moyenne qui varie d'autant moins, dans les diverses parties du jour , et même dans les diverses saisons de l’année, qu'elles sont plus élevées. Des observations directes attestent ce fait. — Depuis long- ‘temps, on a remarqué que souvent, en hiver, la température des régions élevées de l’atmosphère diffère peu de celle des parties basses, et qu'elle est même quelquefois plus grande(1). Saussure , dans la suite des belles observations qu'il a faites prudent 17 jours, sur le Col du Géant , à 3500 mètres de auteur, n’a trouvé la variation diurne en température que de 5°; tandis que dans le méme temps elle avoit été de 14 () Deluc, Modifications de l'atmosphère, S 203. Pictet, Kirwan, Biblio< “hèque Britannique , tome XXI, pag. 350. Tome LXXI, JUILLET an 1810. D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE À Genève (1). Il n’est pas douteux qu’à la même hauteur,” €n pleine atmosphère, loin de tout corps capable de con- Server et de transmettre le calorique, cette yariationsn’eût été bien moindre. IL est même très-vraisemblable qu’à des hauteurs qu'il est donné à l'homme d'atteindre , la variation diurne est absolument nulle. Dans ces hautes régions , où l'air est pur et diaphane, les rayons d'un soleil culminant traversent ce fluide sans l’échauffer, et au milieu du jour il n’est pas pluschaud que dans la nuit. —Les couches même qui ne sont qu'à une très-petite distance de la surface de la terre ne participent pas à tous les changemens de tem- pérature quiaffectent la lame d'airimmédiatement en contact avec cette surface. M. Pictet en a donné les preuves les plus positives. Un thermomètre suspendu en pleine atmos- phère, à 24 mètres de hauteur, lui a indiqué une variation diurne de 6° (4 Réaum.) moindre que celle marquée par un thermomètre tenu à 1,6 mèt. au-dessus du sol. Au lever du soleil, et dans la nuit, ce dernier instrument marquoit 2° au-dessous de l'autre; entre 6 et 8 heuresil atteignoit la même élévation ; et au moment le plus chaud du jour, il étoit à 2 : au-dessus (2). Il suit de ces faits, que les indications thermométriques qu'on prend à la surface de la terre, ou à quelques mètres au-dessus , dans les deux stations, ne représentant point, par leur moyenne, la température de la masse d'air interceptée entre ces stations , introduisent dans la formule un élément qui péche en plus, toutes les fois que la couche d’air voisine du globe possède, par rapport aux couches supérieures, une température plus considérable que celle dépendante de la loi ordinaire du décroissement de la chaleur à mesure qu'on s'élève. Dans le cas opposé , l'élément péchera en: moins. De là vient qu’en général la méthode barométrique donne des hauteurs trop foibles en hiver, et trop fortes en été: ainsi que l’a remarqué M. Ramond. — De là vient que toutes les fois qu'il surviendra à la surface de la terre un chan- gement de température, d'un moment à l'autre, ou d'un RC QG) oyage aux Alpes, S 2051. (2) Æssai sur le feu, chap. 8. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27 jour à l’autre, on aura une erreur qui sera d'autant plus grande, que ie changement aura été plus brusque et plus considérable: —De là vient, que les heures du jour les plus chaudes donnent des résultats trop forts( par rapport à l'heure moyenne), etles heures les plus froides, des résultats trop foibles. Le moment du lever du soleil étant le plus froid du jour, et celui où le changement de température est le plus brusque, doit donner les hauteurs beaucoup trop pen et tous les observateurs ont remarqué qu'il en étoit réellement ainsi : le genéral Roy, il est vrai, loin de rejeter cette heure, la préféroit aux autres, mais c’est parce que sa for- mule donne , en général, des résultats trop considérables. Au reste, la cause de l'erreur, dans les observations du matin, avoit été entrevue par Deluc ($ 597 et 659), et a été depuis très-bien développée par M. Pictet. Si l'heure la plus chaude du jour à la surface de la terre, n'est pas celle qui présente continuellement les hauteurs les plus grandes , ou plutôt, si immédiatement après midi les hauteurs ne croissent plus aussi rapidement par rapport à la tem- rem c'est qu'alors la chaleur s'étant communiquée à a région moyenne de l'air, les indications de nos thermo- mètres sont plus en rapport avec la température de cette région ; et la formule est par conséquent moins en defaut ; (la différence des logarithmes diminue alors proportion- nellement à l'augmentation du facteur de température). Remarquons encore que, puisque les couches supérieures de l'atmosphère participent d'autant moins aux changemens de température qui ont lieu près de la terre, qu'elles sont plus élevées ; les erreurs provenant de cette cause doivent être d’autant plus grandes, toutes choses égales d’ailleurs, que les hauteurs mesurées sont plus considérables. Elles sont presque nulles dans les élévations de cent mètres et au- dessous. Mais dans ce cas, et pour peu que la distance entre les deux stations soit considérable, qu'elle excède un ou deux myriamètres, les erreurs provenant du facteur ba- rométrique , peuvent être doubles de ce qu'elles sont dans la mesure des grandes hauteurs. 25 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Des circonstances locales, uniquement particulières au lieu où sont placés les instrumens, peuvent influer sur le thermomètre , et produire une erreur dans la mesure. Par exemple, dans une de nos observations sur le Mont-Gregorio, la station supérieure étoit au-dessus d'une masse de nuages, qui, en réverbérant fortement les rayons solaires, avoit donné à l’air ambiant une chaleur bien supérieure à celle que comportoit la loi ordinaire du décroissement du calorique: le facteur de la température se trouvoit ainsi trop grand, et la hauteur conclue fut de 1725 mèt. au lieu de 1708, c'est-à-dire que l'erreur fut de 0,009. Je vais dire un moi sur le singulier phénomène qui la produisit. Le six octobre , je me mis en route, par un temps couvert, pour aller au Mont Grégorio. À 1200 mètres au-dessus de la plaine, j'entrai dans les nuages; et un peu plus haut (250 mèt.), je me vis tout-à-coup au-dessus d'eux, au milieu d'un air entièrement serein. Je m'arrêtai un instant pour jouir du plus beau spectacle que m'ait encore présenté le séjour des montagnes. J'avois à mes pieds une immense nappe de nuées sur laquelle le soleil le plus vif dardoit tous ses rayons : elle eût été d'une blancheur éblouissante, si une légère teinte d'un gris extrêmement tendre n'eüt modéré la vivacité de l'éclat. Sa surface entièrement unie présentoit l'image de la mer la plus calme: vers l'issue de la vallée d'Aoste seulement, elle étoit légérement mou- tonnée ; et en promenant les regards de ce côté, on eût cru voir d'immenses balles de .coton entassées les unes sur les autres; l'imagnation peut à peine se faire une idée de la douceur des teintes et du moelleux des contours qu'offroit ce tableau. La couche de ces nuées sembloit couvrir les plaines du Piémont et s'étendre sans interruption jusqu'aux Alpes du Dauphiné que j'avois en face, et qui s'élevant encore à une grande hauteur au-dessus d'elle bordoient admirablement, par leur aspect sévère et sombre, un fond dont elles faisoient ressortir toute la délicatesse. De loin en loin , quelques-unes des montagnes submergées par cet océan de nuages, en portant leurs cimes noires et sourcilleuses au-dessus de sa surface nacrée, rappeloient à l'esprit de tristes écueils, et présentoient un contraste merveilleux. Je continuai à u ET D'HISTOIRE NATURELLE, 29 .mônter, toujours en extase devant ce tableau ravissant : jimais je n'avois encore vu le ciel plus pur, et d'un bleu plus intense; le moindre atôme de vapeur n'en ternissoit la beauté. Je parvins au sommet vers le milieu du jour : jusqu'alors le temps avoit été parfaitement calme; mais dans ce moment il s'éleva une légère bise; cette mer si tranquille se mit en mouvement de toutes parts; la nappese déchira, ses lambeaux errérent quelques instans au milieu des airs; je les vis s'y fondre peu à peu, disparoitre successivement; et à une heure toute l’atmosphère jouissoit déjà de la sérénité que j'avois admirée dans sa région supérieure. RÉSUME. Rapprochons les résultats des observations contenues dans ce Mémoire.‘Nous les diviserons en deux classes : la première comprendra les règles du calcul pour la mesure des hauteurs; et on exposera, dañs la seconde, les erreurs auxquelles l'ap- plication de ces règles peut donner lieu. Règles. 1°. La différence de niveau entre deux stations, c'est-ä= dire, la hauteur d'un lieu sur un autre est égale à la hau= teur de l'atmosphère multipliée par la différence entre les logarithmes naturels des longueurs (ou plus exactement des poids) des colonnes barométriques observées aux deux sta- tions; l'atmosphère étant supposée conserver son poids réel, mais être partout de même densité qu'au niveau de la mer, et avoir une température égale à la température moyenne de la masse d'air comprise entre les deux stations. Afin de rendre la hauteur de l’atmosphère multiplicateur ou coefficient constant, on imagine que l’air est à © du thermomètre, et on le réduit à la température moyenne indiquée , «, à l’aide du facteur (r0,00375 à). On suppose encore que l’air est entièrement sec, et ae la pesanteur jouit; à toutes les hauteurs que nous pouvons atteindre, de la même intensité de force qu’au niveau ÉE mer et sous la latitude de 45°. On corrige successive ment l’effet de ces suppositions, 2°. La correction dépendante de l’humidité de l’air devroit s’opérer en Fe le coefficient par 1+A; A étant la diminution de densité produite, dans la portion de l’atmosphère comprise entre les deux stations, par la présence de la vapeur aqueuse. Mais comme cette quantité ne peut être dé- D: LL 50 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE terminée , dans tous les cas , à l’aide d’une règle générale , on opère la cor rection hygrométrique en portant à 0,004 le nombre (0,00375) quiexprime Ja quantité dont l’air se dilate par chaque degré du thermomètre. 3. La pesanteur peut être regardée comme diminuant en progression arithmétique à mesure qu’on s’élève dans l’athmosphère ; et d’après cela, la correction relative à cette diminution se fait en donnant à cette force la va- leur qu’elle possède réellement à une hauteur moyenne entre celle des deux stations : ce qui conduit à multiplier la différence de niveau , x, déjà trouvée pari LPS RÉ étant l’élévation de la station inférieure sur la mer, etr le rayon du globeterrestre, Cette correction s’effectue plus simplement encore en augmentant , une fois pour toutes , le coefficient de quelques unités (r). 4°. On aura égard à la variation de la pesanteur en latitude, dans la zône tempérée , en augmentant ou diminuant, selon qu’on va vers l’équateur ou vers le pôle à partir de 45°, la hauteur , x, (ou le coefficient) de la dix mil- lième partie de sa propre valeur prise autant de fois qu’il y a de degrés de différence entre 45° et la latitude des stations. Dans la zône torride, l’aug- mentation sera de 2 + millièmes : et l’on fera une diminution pareille pour la zône glaciale. Ges règles sont données par le facteur (1+-0,00284 cos 2/). 5°. Si les baromètres qui servent aux observations portent une échelle entière en laiton; comme ce métal se dilate dix fois moins que le mercure par l'action de la chaleur, on corrigera l'effet de sa dilatation en diminuant d'un dixième, ou l'indication du thermomètre fixé au baromètre, ou le nombre qui exprime de combien le mercure se dilate par degré de chaleur. 6°. Lorsque les deux stations sont assez éloignées pour devoir être regardées comme appartenant à des latitudes sen- siblement différentes en température : il faut agir comme si (1) Pour corriger l'effet de la diminution de la gravité, sur le baromètre supérieur , il faut 5 : c.21n A augmenter le coefficient de la quantité constante Er TC étant ce coefficient et #7 le module des tables. Cette correction se trouve faite d'elle-même, dansle coefficient conclu des observa- tions du Mont-Gregorio, par la manière dont on l’a réduit au niveau de la mer. 3 Ainsi, par l’effet de la ane de la gravité , le coefficient reçoit deux augmentations: l'une , relative au baromètre supérieur, est constante ; et l’autre, dépendant du poids de l'air entre les deux stations , augmente avec la hauteur mesurée. Par rapport à cette hauteur ; la pre- EN * 4 C.2M1.T £ é Ur PE mière croît proportionnellement comme elle r et la seconde comme son carré (— ): (Nouvelle addition de l Auteur.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 31 la station inférieure, qu'on suppose peu élevée surla mer, se trouvoit verticalement au-dessous de la supérieure : et par conséquent, la température observée à la station infé- rieure doit être ramenée au degré de chaleur qui avoit réel- lement lieu, au moment de l'observation, dans la nouvelle place assignée au baromètre inférieur. Lorsqu'on déterminera les différences de niveau à l’aide de moyennes d’un grand nombre d'observations , cette réduction se fera par le principe que les températures thermométriques sont sensiblement comme les carrés des cosinus des latitudes , tout étant égal d'ailleurs. 7°. La comparaison entre la mesure trigonométrique d’une montagne de 1708 mèt. de hauteur, et sa mesure baromé- trique répétée plusieurs fois à miai, nous a donné, à M. le chev. Mallet et à moi, pour coefficient réduit au niveau de la mer, et à la latitude de 45°, 5950 mètres; ou 18305 en substituant les logarithmes tabulaires aux logarithmes naturels. Si l’on fait ‘exprimer à ce coefficient la force de la pesanteur telle qu'elle est à 1200 mètres de hauteur, il devient 18312 mètres. &. D'après tout cela la formule destinée au calcul des hauteurs est. x—18312! 140,004 a. log. H—log.:—0,00008(7—T")]. = (A Si les baromètres portent une échelle de laiton, on a 0,000072 ( 7° — T”) pour dernier terme. H, T'et & expriment les indications du baromètre , du thermomètre fixé au baromètre et du thermomètre libre, à la station inférieure : 2, 7” et &' représentent les mêmes données à la station supérieure. Erreurs. Les erreurs de la méthode barométrique , c'est-à-dire celles qui résultent de l'application de la formule que nous avons établie, peuvent venir des diverses parties de cette formule qui sont, 1° le coefficient, 18312; 2° le nombre, 0,004, qui comprend l’action d//atante de la chaleur, et l’effet de t+t la vapeur aqueuse; 3° la moyenne, + , entre la tempé- 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rature des deux stations; 4° la différence des logarithmes, log. A— log. 2; 5° un terme, 0,00008 (T'— 7”), dépendant de la dilatation du mercure. À quoi on peut ajouter, 6° le facteur, 1 + IE dans le sens vertical ; 7° enfin celui, 1 + 0,00284 cos. 2 l, dé- pendant de la variation de cette même force en latitude. Indépendamment des erreurs provenant de ces diverses quantités, on a encore celles inévitables dans l'observation. J'estime l'effet de ces dernières à environ 2 mèt. plus les 0,002 de la hauteur mesurée. 1°. Les erreurs produites par le coefficient ne peuvent qu'être insensibles ou se confondre avec celles de l'obser- vation : puisque ce que nous avons dit sur sa détermination, ainsi que sur la comparaison entre les résultats de la for- mule ci-dessus, et ceux des formules de MM. Ramond, Schuckburgh et Roy, nous permet de répondre de sa vraie valeur, pour le milieu du jour, à moins de 0,002 près. 2°. Les expériences de MM. Gay-Lussac et Dalton nous garantissent que le nombre 0,00375, le pour exprimer Ta quantité dont l'air se dilate par la chaleur, ne sauroit donner lieu à aucune erreur notable. — Quant à celles qui euvent résulter de l'augmentation faite à ce nombre , en e portant à 0,004 , afin d'avoir égard à l'état hygrométrique de l’air; nous avons vu qu'elles étoient presque nulles toutes Les fois que le thermomètre et l'hygromètre se tenoient à leur élévation moyenne dans nos climats, ou à quelques degrés aux environs : dans les temps froids et les plus hu- mides, elles ne peuvent aller à — 0,002 : dans les temps chauds et secs rarement iront-elles à 0,002, et presque jamais à 0,003 de la hauteur mesurée. , relatif à la diminution de la pesanteur 3°. Mais celles qui proviennent de l'autre partie (=) du facteur de latempérature peuvent être bien plusconsidérables. . + : : : 2 Cette quantité, es , doit exprimer la vraie température moyenne de la masse d'air comprise entre le niveau des deux stations, et il en est rarement ainsi. En effet, /es couches supérieures de l'atmosphère prenent une chaleur moyenne dépendant principalement de leur élévation; et elles participent d'autant moins aux changemens de tem- pérature ; ST D'HISTOIRE NATURELLE. 33 pérature , que la couche voïsine de la terre éprouve d'heure en heure, d'un jour à l'autre, et méme. d'une saison à Pautre, qu’elles sont plus élevées ,ou plus éloignées de la terre: de sorte que les indications thermométriques, £ et #, prises près de la surface du sol (et nous ne pouvons les prendre ailleurs), ne sauroit représenter habituellement par leur moyenne, la vraie moyenne cherchée. Elles introduisent ainsi dans la formule une donnée inexacte, principale cause des anomalies de la mesure barométrique. a). Delà vient que dans un jour ordinaire, le calcul donne en général des résultats d'autant plus grands aux diverses heures du jour, que la chaleur est plus considé- rable. La température est à son terme moyen vers huit heures du matin, lorsque le soleil est en-decà de l'équateur; et, d'après nos observations et celles de M. Ramond, la formule donne les hauteurs d'environ o,o11 plus petites à cette heure qu'à midi: de sorte que pour obtenir des hau- teurs exactes à cette époque du jour, il faudroit porter le coefficient à 18500 mètres. En prenant alors les résultats de huit heures pour terme de comparaison ; l’erreur pourroit aller à 1 ou 1 + centième dans la partie la plus chaude du jour; et à r ou 2 centièmes aux momens les plus froids, surtout vers le lever du soleil. | Lorsque les hauteurs sont grandes (au-dessus de 7 à 800") et que dans le jour le baromètre n’éprouve pas de mouvemens extraordinaires , on corrige en partie l'erreur de l’heure en prenant pour observation correspondante , celle faite à midi dans la station inférieure, quel que soit d’ailleurs le moment de l’observation à la station supérieure. Cette considération , ainsi que quelques autres , nous ont porté à conserver le coefficient 18312; et à conelure qu’en faisant usage de la formule donnée , entre o heures du matin et 6 heures du soir , durant la belle saison , l'erreur provenant de l’effet de l’heure ne peut s'élever que très-rarement à plus d’un demi-centième de la hauteur mesurée. b). Si, d’un jour à l’autre, la température à la surface de la terre augmente ou diminue notablement, le résultat du calcul péchera en plus ou en moins. Nous avons vu une erreur provenant de pareille cause aller à 0,02 par l'effet d'une diminution de 8 à 9 degrés. 4. bETue la distance qui sépare les deux stations est peu considérable, les causes qui agissent sur un des baromètres, pour le faire monter et TR. exerçant également leur influence à l’autre station , le terme qui renferme le rapport entre les élévations barométriques (log. H—log. À, ou log. 7) Tome LXXI, JUILLET an 1810. E 34 JOUANAL DE VHYSIQUE, DE CHIMIE ne sauroit donner lieu à une erreur sensible. Nos observa- tions sur le Mont-Gregorio , en fournissent une preuve. Lors méme que la distance seroit de 10 et 15 myriamètres, abstraction faite des autres causes perturbatrices, l'erreur se confondra presque toujours avec celles de l'observation, ou ne s'élevera qu'à 4 ou 5 millièmes, ainsi qu'on l'a vu en comparant les observations du Saint-Bernard à celles de Turin. Mais si l'intervalle entre les stations est considérable, de 5o myr., par exemple; dès-lors, les marches des deux baromètres ne conservent plus assez exactement le paralié- lisme pour donner, dans un moment quelconque, la même différence de niveau : ainsi, en prenant pendant 50 jours la hauteur du Saint-Bernard sur Paris, nous avons eu des erreurs de 0,02. Si la distance augmente encore, et surtout si une grande chaîne de montagnes est interposée, dès-lors les variations des deux baromèires ne conservent plus entre elles le même rapport de grandeur; et les erreurs deviennent très-grandes : je les ai vues , en pareil cas , aller à 100 mètres sur 1900, c'est-à-dire aux 0,05 (=) de la hauteur : et la moitié : au moins devoit en être imputée au terme barométrique. 5°. Le nombre (%—) relatif à la dilatation du mercure ayant été déterminé à l'aide d'expériences exactes, et étant moyen entre ceux donnés par les autres auteurs, ne sauroit occa- sionner d'erreur sensible. 60. Le facteur relatif à la diminution de la pesanteur dans le sens vertical est aussi exact qu'on peut le desirer, et il ne peut donner lieu à erreur. Celle qu'on commetroit , en le négligeant , eten prenant la pesanteur telle qu'elle est au niveau de la mer, ne seroit pas de 0,001 pour les montagnes les plus élevées du globe. En donnant à cette force le degré d'intensité qu’elle a à 1200 mètres de hauteur, le calcul , jusqu’à 3000 mèt. d'élé- vation, ne sauroit être en défaut de 5 décimètres. 7°. Nos connoiïssances sur la loi que suit la pesanteur à la surface de la terre, nous garantissent l'exactitude du facteur destiné à corriger la variation de cette force à diverses la- titudes. En le négligeant , l'erreur , dans la zône tempérée, n'est que de 0,0001, par degré de différence entre 45° et la lutude:du lieu que Von considère. Résumant ce qui vient d'être dit sur les erreurs dans les mesures barométriques, on peut conclure : qu'en évitant ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35 les causes manifestes d'inexactitude, telles que les heures du matin et de la nuit, les changemens considérables de tem- érature d’un jour à l'autre, les fortes pluies, les orages, 12 localités dans lesquelles la température seroit évidemment très différente de ce qu'elle est en pleine atmosphère à la méme élévation; et en ne prenant pas les observations cor- respondantes à plus de 20 myriamètres; on peut, dis-je, conclure que les règles, établies dans ce Mémoire , donneront les hauteurs un peu considérables (au-dessus de 500 mèt.) à moins d'un centième près de leur valeur. C'est donc à un centième que mes observations portent la limite des erreurs dont la méthode barométrique est susceptible. Si l’on considère maintenant que l'on n’atteindra que trés- rarement cette limite extrême; que le plus souvent les erreurs ne seront que de quelques millièmes ; que les autres modes de mesurer les hauteurs ont aussi leurs causes d'inexactitude, qu'ils exigent en outre plus d'appareil et beaucoup plus de temps, on verra que la méthode barométrique a de bien grands avantages, et l'on sentira combien il est utile de 1 répandre et de la perfectionner. : C’est ce but d'utilité qui m'a fait entreprendre les observa- tions dont je viens de rendre compte : j'ai surtout cherché à établir , par des faits positifs, le degré de confiance qu'on devoit accorder aux résultats de cette méthode. Je suis loin de croire avoir entièrement rempli la tâche que je m'étois imposée : je sais combien mon travail est encore incomplet, et je desire seulement.qu'on y trouve quelques faits assez intéressans pour étre ajoutés à ceux dont on est déjà rede- vable aux savans illustres qui ont écrit sur cette même matière. NOTE Sur la diminution de La chaleur à mesure qu’on s'élève dans l'atmosphère. Quoique la loi, suivant laquelle la chaleur diminue dans l’atmosphere , soit un des élémens qui servent à l'établissement de la formule pour la me sure des hauteurs à l’aide du baromètre, et qu’elle ait été l’objet de mes recherches, je n’entrerai dans aucune discussion à ce sujet , et je renverrai à un Mémoire de M. Humboldt (Journal des Mines ,t. XXI), dans lequel cet illustre voyageur a traité completement cette question. Je me bornerai à donner ici le résultat de mes observalieus sur la quantité dont la tem- E 2 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pérature décroit dans le sens vertical, et je ferai ensuite quelques observations qui ont un rapport direct avec la mesure des hauteurs. s Le résultat de mes observations est indiqué dans le tableau suivant : la dernière colonne indique de combien il faut s’élever pour que le thermomètre baisse d'un degré. HAUTEURS | NOMBRE | HEURE | HAUT.PAR STATIONS. Ê D'OBSER- Ç \ MESUREES. | yArrons|DE L'OBS.| DEGRÉTHER. |} Mètres, Mètres, St.-Bernard.— Paris.| 2430 bo ‘ 12 St.-Bernard.—Turin.| 2222 51 19 138 Idem. 2292 12 134 Idem. 2999 8 161 Idem. 2222 St.-Bernard.—Aoste. | 1904 Idem. 1904 Idem. 1904 Grégorio, haut et bas, Moyenne. ..... te Dans la détermination de la moyenne , on a fait abstraction des observations de 4 heures du soir, comme ne présentant pas la même certitude que les autres, par les raisons données plus haut. D’après ce qui a été dit, dans le Mémoire, sur la différence qui existe entre la température de la couche inférieure de l’air et celle des couches supé- rieures, il est clair que la quantité dont la chaleur diminue à mesure qu’on s'élève, doit varier aux diverses heures du jour, et qu’elle doit être d'autant pe grande que l’heure est plus chaude; puisqu’alors la différence entre es indications du thermomètre aux deux extrémités d’une même hauteur sont plus considérables. C’est vers huit heures du matin, en été, que toutes les couches de l'atmosphère sont à leur moyenne température ; et par con— Séquent c’est principalement à cette époque que doivent être faites les obser- vations sur le décroissementide la chaleur. En prenant , dans le tableau ci- dessus , celle de 8 heures faite dans les circonstances les plus favorables , on aura 160 met. pour la hauteur correspondante à un degré d’abaissement dans la température. Ce résultat differe très-peu de celui que Saussure avoit obtenu de ses nombreuses observations dans les Alpes , et qui donnoit 156 mèt. par degré (100 toises par degré Réaumur, Voyages, $ 2051). Au reste, la même heure du jour présente souvent des différences très- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 57 considérabies à cet égard. Les colonnes qui expriment les différenceS entre les températures des deux stations , dans les tableaux ci-dessus (pag. 1oet1r) sont destinées à donner une idée de l’irrégularité suivant laquelle la chaleur diminue ; on y verra, assez souvent, la diminution, pour une même hauteur, augmenter de moitié et même plus d’un jour à l’autre. On a observé qu’en hiver le décroïssement se faisoit plus lentement : c’est-à-dire, qu’en général la différence entre la température des deux stations prises à différentes hauteurs étoit moindre en hiver qu’en été. Ce phénomène tient à la même cause qui rend le décroissement plus considérable aux heures du jour les plus chaudes : en hiver, la couche inférieure de l’air se trouve fort refroidie, tandis que les couches supérieures ont mieux conservé leur température moyenne. Telle est, ce me semble, l’explicalion bien simple d’un fait qui a donné lieu à plusieurs discussions parmi les physiciens. Nous avons supposé jusqu'ici que la chaleur décroit uniformément à mesure qu’on s'élève, c’est-à-dire que le décroissement se fait én progression arith= mélique ; mais il est bien loin d’être prouvé qu’il en soit réellement ainsi. M. Gay-Lussac, qui a atteint la région la plus élevée de l'atmosphère 4 laquelle l’homme soit encore parvenu, a trouvé, dans une ascension aéros— tatique, que la diminution étoit plus rapide dans la partie supérieure que dans la région inférieure (Annales de Chimie , tome LIFE, pag. 85). D'un autre côté, ce que nous avons dit sur la maniere dont la chaleur se transmet dans l’air devroit faire penser que c’est au contraire dans les parties basses que le décroissement est le plus prompt ( au moins en été): je l’aurais même conclu sans le fait cité : j'aurois été induit à cette conclusion par la com paraison des autres résultats obtenus par les observateurs, et qui semblent indiquer que plus on s’élève et plus la hauteur correspondante à un degré du thermomètre est considérable. Ainsi, nous venons de voir que pour des élévations d’environ 2000 met., cette hauteur étoit de 150 met. Les obser- vations de MM. Saussure et Ramond sur des montagnes plus élevées et dé- ourvues de neige, l’Etna et le Pic du Midi, ont donné 173. Celles que r. de Humboldt a faites en Amérique sur des hauteurs plus considérables encore lui donnent de 180 à 200 mètres; et en jetant les yeux sur le tableau qu'il a publié à ce sujet (Journal des Mines, tome XXIV), on voit qu’en général plus l'intervalle entre les deux stations est grand, et plus la hauteur correspondante à un degré est considérable. Enfin l’ascension même de M. Gay-Lussac me semble indiquer 200 mèt.,si on ne s’arrête qu'aux températures extrêmes de la colonne parcourue et qui est de 7000 mèt.: à l'extrémité supérieure , la variation diurne étoit certainement nulle ; et dans les 24 heures, la température y éloit toujours —0,5°; mais comme elle a varié à l’extrémité inférieure , il me paroît, d’après ce qui a été dit dans le Mémoire , que c’est à l'heure moyenne en temperature qu’elle devoit être prise: or, à ce moment, d’après les états météorologiques de l'Observatoire, elle seroit d'environ 25° <: à Euler et Oriani avoient admis cette plus grande rapidité de décroissement dans la partie inférieure , lorsqu'ils avoient supposé que la chaleur décroissoit en progression harmonique. D’après eux , M. Lindenau , astronome de Gotha, a admis cette même progression, et dans les grandes tables barométriques, u'il vient de publier, 1l a changé en conséquence la forme ordinaire du Fete relatif à la température ; 1l lui a ajouté un nouveau terme, et Va 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE établi ainsi qu'il suit: 1H 0,002 (4-4) —0,000004 (t—#" )*. Mais comme l'effet de cette addition est presque nul dans les hauteurs qui ne sont pas tres-grandes (ainsi à 1600 mèl. environ, où 4—#=—10, le nouveau terme n’est que 0,0004, et ne donne que 0,6 mèt. sur la hauteur, uantité bien au-dessous de l'erreur de l'observation); que d’ailleurs aucun dit positif n'établit la nouvelle loi; et que le terme additif, compliquant beaucoup le calcul, ne rend pas en exactitude ce qu'il ôte en simplicité, je crois qu’on peut le négliger. Au reste; en diflérant peut-être en ce point d'opinion avec M. Lindenau , je n’en rends pas moins justice au mérite de ces tables et à tout l'intérêt de DE ven qui les accompagne. NOTE Sur la quantité d'eau en vapeur contenue dans l'atmosphère , et sur la diminution de densité qui en résulte. (Quantité de vapeurs. )Rappelons d’abord les principes et les faits qui servent à trouver cette quantité. 19. M, Dalton a déterminé, par une suite d'expériences aussi simples que concluantes (Bibl. Brit., tome Kx ); la force élastique , @°, de la vapeur de divers fluides, à différens degrés de température , et dans un espace qui en étoit saturé: M. Laplace a représenté le résultat de ces expériences par l'ex- pression suivante g = 0,76" X 10 i x 0,015454—1 x 0,000062583 à étant la température comptée , sur le thermometre centigrade, à partir du degré auquel le fluide bout sous une pression atmosphérique de 0,76 met. (Mécan. cél. , tome IV, page 273). Le degré d’ébullition étant 100 pour l’eau, et appelant £ la température thermométrique au-dessus de 0°, On aura i=t—100, et @ =0,005123"4: X 10 X 9027071 — {2 X 0,000062583 On entend ici sous la dénomination de force élastique de la vapeur , la hau- teur à laquelle le baromètre se tiendroït dans un espace uniquement o6cupé par celte vapeur. 2°, En examinant la table que Saussure a donnée ( Æssaïs sur l'hygrométrie, S 176) de la quantité de vapeur aqueuse contenue dans un espace limité, à divers degrés de l'hygromètre , mais sous une même température; je trouve que cette quantité , étant 1 au point de saturation , diminue de 0,015 par degré de l’hygromètre , depuis le 100° ou plutôt le 98° degré jusqu'au 6o* et même au 5of; et il est rare que cet instrument descende plus bas, dans les régions inférieures de l’atmosphère. La force élastique doit suivre le même rapport, Ainsi, ® étant cette force à 1° du thermomètre et u° de l’hygromètre, on aura ®—= 9?" [1—0,015(98—u)}=9 (0,015 Um 0,47 ). ET D'HISTOIRE NATUNELLE. 39 Au-dessous de 50, on emploiera directement la table de Saussure : 7 Étant le nombre de cette table correspondant à w de l'hygr., et 11,069 exprimant la quantité ou force au point de saturation, on a m Frs 11,069 3e, A force élastique et température égales , le poids de la vapeur aqueuse est à celui de l'air sec comme 10 à 14. (Saussure, $ 288). : 4. Un mètre cube d’air sec, à o° et sous 0,76 mèt. de pression, pèse 1300 gram. Ce poids spécifique diminue de 0,00575 par degré d’élévation du thermomètre ; et est en outre proportionnel à la pression ou force élastique. De sorte qu'à & de température et @ de force, le poids d'un mètre cube d'air sec sera à . 1300 TE 1 +0,005754 0,76 Un mètre cube de vapeur aqueuse, dans les mêmes circonstances , pèsera donc 1500 ? 10 1+0,00575t 0,76 °° 14 Soit maintenant Û P = Poids de la vapeur aqueuse renfermée dans un espace vide ou plein d'air. a = cet espace, en metres cubes. 1 = indication du thermometre dans cel espace. u = indication de l’hygrormètre. On aura, d’après ce qui vient d'être dit, ra (oio1 520,47) 10 1X0,0270971—1 x 0,000062583% P = 6,959 2 — 1--0,0097 54. Au-dessous de 60 ou 50° de l'hygr., on auroit "Le Ji a X m X 10 tete, P —=0,56556 T1 0,00875€ m étant pris dans la table de Saussure déjà citée, 15: (Diminution de densité.) Lorsque de l’air et déavapeur' sont mélangés, les forces des deux fluides s’ajoutent pourfaire équilibre à la pression dedl’atmos- phère. Ainsi, si H représente cette pression etg la force élastique de la vapeur, la force de l'air contenu dans le mélange le sera par H— 9. Qu'on suppose maintenant que dans l'unité de volume, le mètre cube par exemple , les deux fluides soient séparés l’un de l’autre, et contenus dans deux espaces distincts de manière que leurs forces élastiques se fassent équilibre : l’espace occupé par l'air sec sera alors à celui occupé par la vapeur comme H—9 à @. Si on représente par 1 le poids du mètre cube d'air sec; celui de l'air, qui, po supposition , est renfermé dans l'unité de volume, sera exprimé par +; et celui de la vapeur par Fr De sorte que la différence entre le poids d’un mètre cube d'air sec, et celui d’un mètre cube du mélange ù 49 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIX, d'air et de vapeur sera i Hg 10 ®\ ,2® H 14. H 7 H° Or les poids , sous l’unite de volume , représentent les densités ; ainsi, eu appelant A la différence ou diminution de densité, on aura 1— pe a] FA Les tableaux suivans sont dressés d’apres ces formules. Ils sont destinés à donner une idée 1° de Ja quantité de vapeur contenue dans l’atmosphère, en différentes saisons et à diverses hauteurs ; 2° de la diminution de densité qui en résulte. $ P exprime le poids , en grammes , de la vapeur contenue dans un metre cube de l’atmosphere ; et A la diminution de densité, la densité de l’air sec étant 1. MOYENNES DES DOUZE MOIS À GENÈVE. A | THERM. HYCGR. | Janvier. 87 0,0017 Février. Ù 0,0018 Mars. 0,0020 Avril. | 0,0024 Mai. ) 0,0035 Juin. O,0041 Juillet. 0,0048 Août. 9,6 |! 9 | o,0048 Septembre, | 0,0040 Octobre. 8 8 0,0027 Novembre. 0,0024 Décembre. 0,0018 Moyenne de l’année. 10,12, 82 | g,o | o,002g ‘Moyenne d'AvrilenOctobre.| 14,7 | 80 | 11,3 | 0,0037 OBSERVATEURS. eT D'HISTOIRE NATURELLE. 4t OBSERVATEURS.| LIEU DE L'OBSERV. een THERM.|HYG@R. RFC T Mères. Humboldt. |Zône Torride. 5oo Idem. Idem. 1500 Idem. Idem. 2500 Idem. Idem. 3500 Idem. Idem. 4500 Idem. Idem. 5500 Gay-Lussac. l'Asc.aérostatique.| 40 Idem. Idem. 2 3000 Idem. Idem. 4000 Idem. Idem. 5000 Idem. Idem. 6009 Idem. Idem. 7000 Saussure. Genève. 400 Idem. Chamouni. 1000 Idem. 1300 Idem. Ô 1700 Idem. 1900 Idem. Mont-Breven. 2500 Idem. Chanrion. 2800 Idem. Arête du Gouté. | 3800 Idem. Mont-Blanc. 4800 Les indications du thermomètre et de l’hygrometre , dans le premier de ces tableaux , sont le résultat des observations météorologiques faites à Genève dans les dix dernières années , et imprimées dans la Bibliothèque Britannique. Pour Genève, H—0,726 met. (Produit de l’évaporation en un temps déterminé.) Les valeurs deg et, que nous venons de déterminer, conduisent à une expression trop simple et trop intéressante de la quantité de vapeurs qui s’élève dans l’atmosphère, en des temps et des circonstances déterminés , pour ne pas la donner ici. Elie com- plétera la Physique Mécanique des Vapeurs’considérées dans l'atmosphère. Des expériences faites par Dalton, avec autant de soin que d'intelligence, prouvent que la quantité d’eau, Q , qui s'évapore lorsque ce fluide est soumis à un haut degré de chaleur (de 6o à 100°), est proportionnelle à la force élastique @’ de la vapeur dans cette température : on a donc On", n étant un coeflicient constant à déterminer par l’expérience, A des températures plus basses, il faut déduire de cette force (g’), celle (@) due à la vapeur déjà contenue dans l’air ambiant: de sorte qu'on a Q —=n (g —@). D'après les mêmes expériences, l'air étant entièrement calme et le ba- romètre a 30 pouces , un vase de 6 pouces de diamètre a fourni 120 grains d cau évaporée en une minute, à l’aide d’une ébullition soigneusement ménagée. En réduisant ces poids et mesures anglaises au système métrique , on conclut que , le baromètre étant à 0,7617 mètr. , l'épaisseur de la lame d’eau évaporée, en une heure, auroit été de 25,57 millimètres. Au terme de l’ébullition, g' est Tome LXXI, JUILLET an 18r0o. F #42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE représenté par la hauteur du barom. : on a donc 25,57 = n X 0,7617; d’où n = 54 millimètres. D’après cela, Q étant l'épaisseur de la lame d’eau éva- porée en une heure, on aura Q —54 mil.(9'—c); ou Q—34 @ (1,47 —0,o15u), tant que w (l'hygrometre) est au-dessus de 50. | Le cocflicient 34 millim. est déterminé pour un air entierement calme : tout étant d’ailleurs égal , l’agitation de l’atmosphere augmente , et un grand vent peut le porter à Bo et même à 60. Pour faire une application de cette formule, je vais calculer la quantité d’eau qui doit s’évaporer, dans chacun des douze mois de l’année ; en ad- mettant l’état moyen du thermometre et de l’hygromètre , indique pour Geneve dans un des tableaux précédens. Je joins, pour terme de comparaison, la quantité d’eau évaporée à l'Observatoire de Paris, en 1689 (Acad., tome X): c'est le premier état de cette nature qui se présente à moi. A GENÈYE,| APARIS, d'après d’après le Calcul. | l'Observat. PT Mme | Mimi. Janvier. Février. Mars. Avril. Mai. Juin. Juillet. Août. Septembre. Octobre. . Noyembre. Décembre. ToTAL. ERRATA. Pages 20, lignes 6, au lieu de . Nous : Lisez ; nous 2e NS UE IC) Loue 5 Date BAL TAN). faho; {140,0 He } 35 MN ge EN Een ARTE Tatin 95* 48 MAO MERE 450 . . 14 ASTM AO aies VS | faste 6%.) , v'ader (eo Modul der de ET D'HISTOIRE NATURELLFe 42 bis, NOTE SUPPLÉMENTAIRE. Ex traitant de la correction relative à la diminution de la pesanteur dans le sens vertical (tome LXX , page 449), je n’ai point parlé , d’une maniere explicite, de l’effet de cette diminution sur les poids des colonnes baromé- triques (j'ai développé ailleurs la manière de calculer cet effet, Journal des Mines , tom. XIX, page 542). Je supplée cette omission. Fesons abstraction de toute considération étrangère , et supposons l’air à 0°. D'après la première règle des mesures par le baromètre (page 29), une hau- à H £ NE teur quelconque, x, égale c log. zrouc log. ah lorsque la gravité n’est pas la même aux deux stations , qu’elle est g à la station inférieure etg" à la station supérieure, c étant un coeflicient constant , et H ainsi que h, les élévations ba- rométriques réduites à la même température. Or sf = E g' r+a r exprimant le rayon de laterre, et a l'élévation de la station inférieure sur le niveau de la mer.’Ainsi, log. A deviendra log. F(G + =) = log. E+ log. ( +) 08.7 + NT on d+—, ; H ? ; : m représentant le module des tables etfesant log. T= d. Si on opère maintenant (1 la correction due à la diminution produite , dans la densité de l’air, par la dimi= nution de la pesanteur , correction indiquée (tome LXX , page 450), on aura (cdÿ 2 cdom , 2acd T Tr r æ = cd + —-. Le terme qui renferme & provient de l'hypothèse : qu’en s’élevant dans l’at- mosphère , la pesanteur, et par suite la densité des molécules d’air, décroît en progression arithmétique , ce qui n’est pas parfaitement exact : el comme la formule de la Mécanique céleste, calculée d’une maniere rigoureuse et exempte de pareille supposition , donne cd)ÿ' , cd.om = a+ COX jeter nous supprimerons notre quatrième terme, et prendrons , avec M. Laplace, r comme représentant ici la distance de la station inférieure au centre de la terre. Cette derniere fermule peut s’écrire ainsi : 2 d}ÿ au e=e(i+ ÿ a+ (c'd)* r c.om : Fésantc (: HET) = c'; et observant que, sans erreur sensible, peut E * 42 ter. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, * FL (La) être substitué Ve , ôn aura 17 2 zx = cd+ Ke 7 C’est la formule dont j'ai habituellement fait usage dans mon Mémoire : elle n’est absolument que celle de la Mécanique céleste mise sous une autre forme; et cette nouvelle forme, m’a dit M. Laplace lui- même, la rend plus simple pour le caleul : si cet illustre géomètre nel’a pasainsi transformée, c’est parce qu’il falloit montrer, distincts les uns des autres , tous les élémens qui entrent dans la composition, : ; c’dm J à ae Le coefficient c’ Ce CARE , qui est celui des formules ordinaires, c’est- SAR cd} ë F à-dire de celles dont la forme estx— (ca+ = ) ), ou simplement x — c}d, > étant le facteur relatif à la température, le coefficient c’, dis-je, renferme implicitement la correction nécessitéé” dans l'expression du poids de la colonne barométrique supérieure , par la diminution de la pesanteur : elle en fait en- . . c.2m0 : ; viron les 0,0025 ee —) ; et cela, quel que soit la hauteur mesurée ; pour une élévation de 1 millimètre comme de 6000 mètres, la correction, si elle se fait sur le coeflicient , l’augmente de la même quantité , 46 mètres à peu pres. On conclut deMlà, que /a grandeur de la correction, par rapport à une hauteur mesurée, est proportionnelle à cette hauteur (elle en est les 2 + millièmes). D'après ce qui vient d’être dit, le coeflicient conclu de nos observations sur le Mont-Gregorio , et qui est 18312 pour les hauteurs moyennes , et 18505 pour celles au niveau de la mer, devient 18259, si on le dépouille de tout élément relatif à la diminution de la gravité: il donne alors 10434 pour le rapport du poids de l’air à celui du mercure. Lorsque, dans mon Mémoire, j'ai dit que le coefficient 18312 mètres réduit au niveau de la mer étoit18305 , etque j'ai employé la même expression pour tout autre coefliciont ; j’ai voulu dire qu’il étoit réduit à la valeur qu’il devoit avoir, dans les formules ordinaires , pour donner exactement les plus petites hauteurs mensurables au-dessus de ce niveau : c’est ainsi que 18393 réduit au niveau de Ja mer devient 18584, puisque c’est la valeur qu’il doit avoir pour donner, tout près de ce niveau , les mêmes résultats que la formule (x— 18356 etc.) de la Mécanique céleste. Les considérations exposées dans cette Notice pouvant faire penser que c’est 3 : P o 76 Méêlre " le coefficient c, et non €’, qui a pour valeur =. —=— ,— étant le rapport du poids du mercure à celui de l’air(1) , je retire la note quiest au bas de la p. 468, tome LXX. Au reste son contenu me paroïssant problématique , lorsque je l’ai publiée , j'ai eu soin de prévenir qu’elle ne fesoit point partie du Mémoire pré- sente à l’Institut. QG) Le coefficient déduit des expériences de MM. Biot et Arago sur ces poids, ayant la valeur mentionnée, seroitalors celui que nous avons désigné par c, ilne pourroit, sans augmentation , entrer dans les formules ordinaires, et il serviroit saus modification à celle de la Mécanique céleste. { ET D'HISTOIRE NATURELLE. 43 MÉMOIRE Sur quelques Recherches dans la Philosophie chimique, particulièrement sur les Corps métalliques provenant des alkalis et des terres , et sur quelques Combinaisons d'Hydrogène ; Par HUMPHRY DAVY, Écuyer, Secrétaire de la Société Royale. Extrait des Transactions Philosophiques. ‘ MEMOIRE Sur quelques nouvelles Recherches électro-chimiques, ete. Lu dans la Séance de la Société Royale, le 16 no- vembre 1809 (1). I INTRODUETION. J'ax employé la plus grande partie du temps qui s'est écoulé depuis la dernière séance de la Société Royale, à poursuivre le cours de mes expériences sur] l'application G) LETTRE DE H. DAYY A J.-C. DELAMÉTHERIE. « Monsieur, je vous prie d'insérer dans le Journal de Physique, les Me- » moires ci-joints (celui-ci et celui qui a été imprimé dans le Cahier du » mois de mai). » Je les confie à votre amour pour la vérité et la justice. » J trust to your love of truth, and of justice. » F 2 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de l'Electricité à la Chimie, expériences dont le commen- cement et les progrès ont reçu les honneurs de l'impression dans les Transactions. : Dans ce Mémoire j'établirai les résultats comme je l'ai fait précédemment. ne qu'on trouvera qu ils conduisent à des vues et à des applications qui ne sont point étrangères aux objets lus dans les Leçons de Baker ; et quoique plusieurs d'entre eux soient encore loin de l'exactitude et de la pré- cision que je desirerois, j'ose me flatter néanmoins, qu'ils donneront des éclaircissemens sur quelques parties im- portantes et encore inconnues de la Chimie, et qu'ils con- tribueront à accélérer les progrès de la vérité philosophique. eu . Les savans étrangers reconnoissent tout mon amour pour la vérité et la justice; ils savent que j'y ai tout sacrifié. En Allemagne, en Italie, en Amérique..., on pense comme.en Angleterre. Je me suis trouvé assez heureusement constitué, grace à la bonne édu- “ation que m'ont donnée les meilleurs des parens, pour préférer la vérité et la justice à la fortune et aux honneurs. Des gens que j’avois accablés de bienfaits, ont abusé de ce caractere eonnu, et ont agi avec moi de la maniere la plus odieuse… . Je regrette moins la perte de ma fortune, quoique dans l’âge des besoins , parce que je me suis accoutumé toute ma vie, pour conserver mon indépendance , à en aveir peu de besoins, et que j'ai cherché constamment à y fournir par mon travail : et apres tout, guand il n'y a plus d'huile dans une lampe, disoit Anaxagoras à Périclès, elle s'éteint. Quant à leurs autres procédés pleins de noirceur , hélas ® je ne saurois y être insensible. Mais ma devise ne cessera pas d’être Love of truth, and of justice. Amour de la vérité et de la justice. C’est le seul honneur auquel j’aspire : c’est sous ce rapport principalement, que je souhaite que mon nom soit connu de mes contemporains et de la postérité (a). («Note de J.-C. Delamétherie,) &) Poyez une première Note dans ce Journal, tome XLT, page 394. ET D'HISTOIRS NATURELLE. 45 II. QUELQUES NOUVELLES EXPÉRIRNCES SUR LES MÉTAUX PROVENANS DES ALKALIS FIXES. Dans le Mémoire où j'ai parlé pour la première fois du potassium et du sodium, j'ai envisagé ces corps d'après nos connoissances actuelles, comme non susceptibles de décom- position, et la potasse et la soude comme des oxides mé= talliques susceptibles de décomposition et derecomposition, ainsi que les autres métaux, avec des phénomènes sem- blables (1). D'après cette époque, la plupart des expériences relatives à ce sujet, ont été répétées dans différentes parties de l'Europe. La généralité des chimistes les plus célèbres 4 témoigné n'être pas moins contente des expériences que des conséquences que j'en avois tirées; mais, comme il arrive toujours dans le moment où une science est en ac- tivité , et lorsque les objets soumis aux recherches sont now veaux, et s’éloignent de l'ordre ordinaire des faits, quelques observateurs ont donné des explications hypothétiques des faits, différentes de celles que j'ai adoptées. MM. Gay-Lussac et Thenard, ainsi que je l'ai précédem- ment observé, supposent que le potassium et le sodiunr sont des composés de potasse et de soude avec l'hydrogène. M. Ritter paroïit avoir adopté la même opinion. M. Curaudau affecte de les considérer comme des combinaisons de charbon et d'hydrogène avec les alkalis; et un observateur anglais les regarde comme composés d’oxigène et d'hydrogène. Je ne discuterai ces différentes opinions que sous leur rapport avec les expériences, sans m’amuser à critiquer des objets de pure spéculation. Dans mes deux derniers Mémoires, j'ai rendu compte de différentes expériences relatives à l’action du potassium sur l’'ammoniac, procédé dont MM. Gay-Lussac et Thenard tirent () MM. Gay-Lussacet Thenard viennent d'annoncer à l’Institut de France, qu’ils adoptent uneparie de ces conséquences de M. Davy. (Vote duRédacteur.) 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE leurs conséquences. Au moment où j écrivois ces Mémoires, je n'avois vu d'autre rapport des expériences des chimistes français, que celui qui a paru dans un des numéros du Moniteur. Comme ce n'étoit qu'une esquisse qui, selon moi, devoit étre imparfaite, je n'ai pas cru nécessaire de l'ap- profondir. J'ai lu depuis le détail de leurs recherches à cet égard , dans Le second volume des Mémoires d'Arcueïl, daté du 7 juin 1809, dont M. Berthollet a eu la bonté de me faire passer un exemplaire. Il en résulte que ces Messieurs ersistent toujours dans leur opinion précisément d'après es motifs dont j'ai déjà rendu compte. Pour mettre la Société en état de connoître cette discussion dans toutes ses parties, je vais donner le détail de leurs opérations et de leurs rai- sonnemens. Ils disent qu'après avoir chauffé le potassium dans l'am- moniac, ils ont trouvé une quantité considérable d'am- moniac absorbé et une production d'hydrogène; que le potassium se changea en une substance fusible et de couleur d'olive. En chauffant fortement cette substance, ils obtinrent de nouveau À de l’ammoniac, dont deux comme ammoniac et un comme hydrogène et nitrogène. En ajoutant un peu d'eau au résidu, ils se procurèrent les + restans, et le vase dans lequel ils avoient conduit leur opération ne leur offrit rien autre chose que de la potasse. Ils prétendent de nouveau, qu'après avoir traité une nouvelle quantité de métal avec l'ammoniac dégagé de la substance fusible, ils obtinrent une seconde fois de l'hydrogène et une absorption de l'ammoniac ; enfin ils soutiennent qu’en continuant l’opé ration, ils peuvent se procurer, d'une quantité donnée d'am- moniac,- plus que son volume d'hydrogène. Partant de ce principe, ils demandent d’où l'hydrogène eut-il provenir? On pourroit répondre qu'il provient de mod: mais, disent-ils, cela est impossible, car tout l'ammoniac est reproduit. Il faut donc alors qu'il vienne de l'eau, que l'on peut supposer exister dans l'ammoniac, ou du métal lui-même. Mais Les expériences de M. Bertholet le jeune, prouvent que l’ammoniac ne renferme point de quantité sensible d'eau. Aussi, disent-ils que le gaz hydro- gène est nécessairement produit par le métal; et comme lorsque ce gaz est séparé le métal se trouve transformé en potasse, le métal paroit n’être plus qu’une combinaison d'hydrogène et d'alkali. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 47 Il est évident que, même en supposant que ce que ces messieurs avancent est exact, on peut aisément nier leurs conséquences. Selon eux tout l’ammoniac est reproduit ; mais ils ne l’obtiennent pas sans une addition d'eau; et ils ne font mention ni de l'oxigène que cette eau donneroit au potassium, ni de l'hydrogène que celui-ci peut fournir pour reproduire l'ammoniac. Une multitude d'expériences, dont plusieurs ont été ré- pétées devant les membres de cette Société, m'a fait voir : que les résultats obtenus, en appliquant la chaleur à la substance fusible, sont absolument différens de ceux établis par les chimistes français; lorsque les opérations sont con- duites ayec exactitude et précision. Plus on prend de précautions pour mettre l’ammoniac à l'abri de l'humidité, moins cette substance se reproduit; et j'ai rarement obtenu - au plus de la quantité absorbée. Jamais je n’ai pu me procurer l'hydrogène et le nitrogène dans les proportions où ils existent dans l’ammoniac, mais j'ai toujours trouvé un excès de nitrogène. C'est ce que démontrent les procédés dont j'ai donné le détail dans le dernier Mémoire lu à l'assemblée de Baker, et dans l’Appendix qui l'accompagne ; ils prouvent égale- ment ns quantité consider able de potassium est toujours reviviñée. J'ai fait tout récemment des expériences d'après le procédé que j'ai proposé dans le dernier volume des Transactions, page 458, et les résultats en ont été des plus satisfaisans, quant à ce qui concerne la nature du potassium. J'ai fait usage d'un tube de platine d'une seule pièce qui, armé d'un robinet et d'un adapteur de cuivre joint à l'appareil au mercure, pourroit servir de retorte. Le potassium fut employé dans la quantité de 3 à 4 grains, et l'absorption de l'ammoniac conduite suivant l'usage dans une retorte de verre où il n'y avait pas d’oxides métalliques , et dans une : capsule de platine. Dans quelques-unes de ces expériences où la chaleur fut appliquée rapidement , un peu de la matière grise que j'ai décrite précédemment comme un pyrophore, s'évapora dans la distillation, et il y eut alors un déchet considérable d'hydrogène et de nitrogène dans lesrésultats de l'expérience; - 45 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mais lorsque la chaleur agissoit lentement , le déchet étoit beaucoup moins considérable ; et dans plusieurs circonstances j'ai obtenu plus des £ du potassium employé, et à peu près la totalité du nitrogène existant dans l'ammoniac qui avoit agi dessus. Je vais rendre compte d’un procédé conduit avec l'attention la plus scrupuleuse. Le baromètre étant à 30.2 pouces et le thermomètre à 54° de Fahrenheit, je fis chauffer trois grains et demi de potassium dans 12. pouces cubes d'am- moniac; 7. ». furent absorbés, et 3. 2. d'hydrogène se dé- veloppèrent. Je n’exposai pas la substance fusible à l'atmos- phère ; mais après l'avoir couverte de mercure sec, je l’introduisis immédiatement dans le tube, qui fut vide d'air avec ses adapteurs, et rempli d'hydrogène. Ils formoient ensemble - d’un pouce cube. La chaleur fut appliquée len- tement au moyen d'un feu de charbon de bois, jusqu'à ce que le tube eùt blanchi. Neuf pouces cubes de gaz se dé- gagèrent et un demi-pouce cube resta dans la retorte et dans les adapteurs. Sur les 9. pouces cubes + de pouce cube étoit de l’ammoniac ; 10 mesures du gaz permanent mélées avec 7.5 d’oxigène et agissant dessus au moyen de l'étincelle élec- trique, laissèrent un résidu de 7.5. La quantité de potassium formée put produire par son action sur l'eau, trois pouces cubes et = de gaz hydrogène. Maintenant en calculant d'après cette expérience, on trou- vera que 7.6—2.— à 7.5 d’ammoniac, par sa décomposition électrique donneront environ 15.1 de gaz permanent con- tenant 3.4 de nitrogène, et 9.7 d'hydrogène. Mais les 5.2 pouces cubes d'hydrogène développés dans la première partie de ce procédé , ont ajouté aux 5.8 développés dans la seconde partie du même procédé 9, le nitrogène dans les 8.8 pouces cubes de gaz, ou les 9—2 d'ammoniac, sera de 3 environ; et si nous estimons 5.4 d'hydrogène et 16 de nitrogène , dans les 5 restans dans la retorte, il y aura bien peu de différence dans les résultats de l'analyse de l'ammoniac par l'électricité, et celle par l'action du potassium; eten comptant sur # d'hydrogène préexistant dans le tube etdans les adapteurs, la perte d'hydrogène sera trouvée proportion- nellement plus grande que eelle de nitrogène. Dans une autre expérience où j'employai 3 grains de po- tassium de la même manière, 6.78 pouces cubes d’ammoniac se ET D'HISTOIRE NATURELLE. 49 se trouvérent absorbés, et il n'y eut que 2.48 d'hydrogène de produit. La distillation se fit, les adapteurs et le tube étant remplis d'air commun, 8 pouces cubes de gaz furent produits , et il dut rester dans les tubes et les adapteurs, la même quantité d'air résidu que dans le procédé précédem- ment décrit. Les 8 pouces cubes de gaz contenoient à peine ?: d'un pouce cube d'ammoniac, et la partie inabsorbable détonée avec l’oxigène , dans la proportion de 11 à 6 pour 100, donna us résidu de 7.5. Le baromètre étoit à 50.2, le thermomètre à 52 de Fahrenheït. Le docteur Pearson , M. Allen et M. Pepys 1 furent présens à ces opérations et voulurent bien m'aider. Maintenant 6.78—/ d'ammoniac—6.58 et cette quantité de gaz décomposé par l'électricité, donneront 11.4de gaz perma- nent composé de 2.9 de nitrogène et de8.5 d'hydrogène; mais dans cette expérience, la première opération donna 2.48 d'hydrogène, et la seconde 4.28 ; et en considérant le ni- trogène dans le gaz permanent comme 3.52, il faut déduire 8 pour l'air commun, ce qui donnera 2.62 pour le nitro- gène produit, auxquels on doit ajouter la quantité d’hydro- gène et de nitrogène existante dans les tubes et dans les adapteurs,. La quantité du potassium régénérée fut suffisante pour produire 2.9 pouces cubes d'hydrogène. Dans toutes les expériences de cette espèce, une quantité considérable de matière noire se sépara pendant le temps que le potassium qui existoit dans le tube , fut employé à agir sur l'eau. J’examinai cette substance, elle étoit dans l'état d'une belle poussière ; elle avoit l'éclat de la plombagine , et étoit un conducteur électrique. Lorsqu'elle eut été chauffée, elle pri feu à une température au-dessous de l'ignition , et après a combustion, il ne resta que du platine divisé en parcelles extrêmement petites. J'en exposai quelques-unes au feu, dans une retorte qui renfermoit du gaz oxigène. Le gaz diminua, et il y eut une petite quantité d'humidité condensée sur la partie su- périeure de la retorte , que je trouvai être de l’eau pure. Je fis deux ou trois expériences à l'effet de m’assurer de la quantité de cette substance qui s'étoit formée, et de déter- miner plus positivement sa nature. J'ai trouvé que dans Tome LXXI. JUILLET an 1810. G 50 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le procédé où 3 à 4 grains de potassium furent employés à agir sur l'ammoniac dans un vase de platine, et distillés ensuite en contact avec le platine, il se formoit toujours 3 à 4 grains de cette poussière; mais il m'a été impos- sible d'aller plus loin, soit pour déterminer sa nature, soit pour assurer que c'est le platine combiné avec une petite quantité de matière qui donne l’eau par la combus- tion dans l’oxigène. | Dans le procédé sur l’action du potassium et de l’am- moniac, où je fis usage de tubes de fer, ainsi qu'il résulte des expériences détaillées dans le dernier Mémoire lu à l'assemblée de Baker et dans son appendice, il y a toujours une perte de nitrogène , une conversion d'une portion de potassium en potasse, et une production d'hydrogène. Lorsque j'employai des tubes de cuivre, l'hydrogène se trouva en plus petite proportion que le nitrogène, et il y eut plus de potassium. Dans les expériences où je me suis servi de tubes de pla- tine,il y a eu peu ou point de perte de nitrogène , mais un déchet plus ou moins grand d’hydrogène. On demandera, sans doute, d’où ces circonstances dé- pendent-elles? Est-ce l'affinité de certains métaux pour le potassium, qui empêche celui-ci de tirer de l’oxigène de l’ammoniac? le platine et le cuivre se combineut-ils avec une petite quantité d'hydrogène, ou bien avec sa base? ou bien enfin, ya-t-1l eu quelque défaut d'exac- titude dans les procédés où le nitrogène a paru être dé- composé? Je renvoie la discussion de ces problèmes difficiles, à la partie de ce Mémoire , dans laquelle de nouvelles ex- ee jetteront un plus grand jour sur la nature de ‘ammoniac. Mon but, pour le présent, est de démontrer une partie de la Science chimique, non moins importante, et qui est comme la base de tous les raisonnemens à cet égard, je veux dire de rechercher par l'opération du potassium sur l’ammoniac sec, si ce n’est pas un corps rrétallique qui se dé- compose , mais l’alkali volatil, et que l'ydrogène produit ne provient pas du potassium , comme l'avancent les chimistes français, mais de l'ammoniac, ainsi que je l'ai toujours supposé. Le potassium, dans les expériences les plus exactes, est retrouvé; mais ni l'ammoniac, ni les élémens ne peuvent être reproduits qu’en y introduisant un nouveau corps qui contienne de l’oxigène et de l'hydrogène. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5x J'ai fait une expérience sur l'action du sodium sur l'am- moniac , avec les mêmes précautions que dans les expériences précitées, en employant une capsule et le même tube de platine. Trois = degrains de sodium absorbèrent 9.1 d’ammoniac et donnèrent environ 4.5 d’hydrogène. La substance fusible, absolument semblable à celle du potassium distillée, ne sépara pas — de l'ammoniac qui avoit disparu. J'attribue cette petite quantité à la présence de l'humidité. Le gaz ermanent produit s'élevoit à douze pouces cubes qui, par Fe détonation avec l’oxigène, se trouvèrent renfermer deux pouces environ d'hydrogène, et un pouce de nitrogène. Le sodium fut régénéré, mais un accident ne me permit pas d'en constater la quantité. En examinant avec attention les phénomènes purement visibles de l’action du sodium sur l'ammoniac, on demeurera convaincu que dans ce procédé c’est l’alkali volatil et non pas le métal qui se décompose. Comme le sodium n'agit pas avec autant de force sur l'oxigène que le potassium, et comme la soude n’absorbe pu l'eau de l'atmosphère aussi rapidement que la potasse, e sodium peut être introduit dans l'ammoniac beaucoup plus dégagé d'humidité que le potassium. Aussi, lorsqu'il est chauffé dans l’ammoniac, il n'y a point d'effervescence, ou du moins elle est à peine sensible. Sa couleur devient d’un azur brillant qui se change en verd d'olive. Il se con- vertit tranquillement et en silence dans la substance fusible qui se forme sur la surface, et qui coule alors dans la capsule; il ne donne point de fluide élastique , et il acquiert évidemment sa nouvelle forme en se combinant avec une 1. de la matière élémentaire de l’ammoniac, tandis que autre partie s'échappe en hydrogène. Je ne crois pas nécessaire de multiplier les expériences pour discuter l'opinion de M. Curaudau , qui prétend que les métaux des alkalis sont composés des alkalis purement unis au charbon. L'expérience d’après laquelle il a tiré ses conséquences, n’est pas aussi difficile à expliquer que celle dont j'ai parlé précédemment. Ce chimiste a été trompé re l'existence du charbon qui constituoit accidentellement es métaux qu'il a employés, et son erreur est beaucoup plus frappante que celle dans laquelle MM. Gay-Lussac et G 2 ba JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, Thenard sont tombés, séduits par l'humidité qui accom- pagna leurs résultats. M. Curaudau prétend que lorsque le sodium est oxidé il ya de l’acide carbonique formé, résultat que je n'ai jamais obtenu que dans le cas où le sodium étoit couvert d’une pellicule de naphte. J'ai brülé deux grains de sodium dans $ pouces cubes d'oxigène ; deux pouces cubes environ d'oxi- gène furent absorbés, et la soude se forma dans un état desécheresse, tel qu'elle ne put être liquéfiée qu'à une chaleur au-dessous de la rougeur. Cette soude durant sa solution dans l'acide muriatique, ne donna pas un atôme d'acide carbonique; trois grains de sodium furent employés à agir sur l'eau , qu’ils décomposèrent avec les phénomènes que j'ai décrits dans le Mémoire lu à l'assemblée de Baker en 1807. 6 pouces cubes environ d'hydrogène furent produits; il n’y eut ni charbon séparé, ni acide carbonique développé ou dissous dans l’eau; soit que les métaux de potasse ou de soude fussent formés par l'électricité, ou par l'action du fer rougi au feu sur les alkalis, les résultats furent les mêmes. Lorsqu'on emploie le charbon dans les expériences sur le potassium ou sur le sodium, ceux-ci en renferment d'ordinaire une portion dans la combinaison, et il paroit, d'après la méthode dont se sert M. Curaudau pour décom- oser les alkalis , que ces métaux doivent avoir été des car- Pace non de potasse et de soude, mais de potassium et de sodium. L'argument de M. Ritter pour prouver que le potassium et le sodium sont des composés d'hydrogène, c'est leur lé- géreté excessive. Cet argument, dont j'ai parlé d’avance dans mon Mémoire sur la décomposition des terres, n'est pas un de ceux auxquels il soit plus aisé de répondre. Le sodium absorbe beaucoup plus d'oxigène que le potassium, et dans l'hypothèse de l'hydrogénation , il doit contenir beaucoup plus d'hydrogène ; cependant, quoiqu'on dise que la potasse est plus légère que la soude dans la proportion de 13 à 17 à peu près, le sodium toutefois est plus pesant que le po- tassium , dans la proportion de 9 à 7 au moins. D'après la théorie que j'ai -adoptée, cette circonstance est celle qu’on devoit attendre. Le potassium ayant pour l'oxigène une plus forte affinité que le sodium , doit le con- denser davantage ; et la pesanteur spécifique plus considé- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 53 rable qui résulte de la combinaison, en est une conséquence nécessaire. M. Ritter a avancé que de toutes les substances métal- liques qu'il a employées pour obtenir du potassium avec l'électricité de Volta, le tellurium étoit la seule qui ne lui en eüt pas donné. Il cite, à cet égard, un fait extrêèmement eurieux; c'est que quand un circuit d'électricité est formé dans l'eau par le moyen .de deux surfaces de tellurium, l'oxigène est chassé à la surface positive, sans que l'hydro- gène se montre à la surface négative; mais il s'en sépare seu- lement une poussière brune qu il regarde comme un hydrure de tellurium; et, selon lui, la raison pour laquelle le tel- lurium empêche la métallisation de la potasse, c'est qu'il a une plus forte attraction pour l'hydrogène que cet alkali. Ces circonstances de l'action du tellurium sur l'eau sont si différentes de celles que présente l'action des autres métaux, qu'elles ne peuvent manquer de fixer l'attention des chimistes. J'ai fait quelques expériences sur ce sujet, ainsi que sur l'action du tellurium sur le potassium , et je trouve qu'au lieu de prouver que le potassium est un composé de potasse et d'hydrogène, elles ne peuvent que confirmer l'opinion qu'il est, comme les autres métaux, indécomposé. Lorsque le tellurium devient surface positive dans l'eau, l'oxigène s’en détache; quand ilest surface négative, l’ap- pareil de Volta étant composé de plus de 300 plaques, on voit alors un fluide pourpre s'en détacher et se répandre de lui-même à travers l'eau qui devient graduellement opaque et trouble, et dépose enfin une poussière brune. Ce fluide de pourpre est, selon moi; un composé de tellurium et d’hy- drogène dans l'eau qui, en se répandant, agit dessus par l'oxigène de l'air commun dissous dans l’eau, perd par degrés une partie de son hydrogène, et devient un hy- drure solide de tellurium. Le composé d'hydrogène et le tellurium produit à la surface négative, quand il n'est pas combiné, est gazeux à des températures ordinaires; mais quand l'acide muriatique ou l'acide sulfurique sont présens dans l’eau, il ne se dissout pas, il est chassé au dehors, et l'on peut alors le recueillir et l'examiner. J'ai opéré sur la potasse au moyen d'une surface de tel- lurium , négativement électrisée par une partie de l'immense 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE appareil de Volta tout récemment construit sur un nouveau plan dans le laboratoire de l'Institut royal. J'employai 1000 plaques doubles; la potasse étoit dans son état or- dinaire de sécheresse. L'action fut des plus violentes; il se forma une solution de tellurium avec beaucoup de chaleur, et une masse métallique semblable au nickel pour la cou- leur. Lorsque l’eau l’eut touché, elle ne s’enflamma pas, et n'entra point en effervescence, mais elle rendit l'eau d'un beau pourpre ; lorsqu'on l'eut jetée dans l'eau , elle entra dans une a ccloidu complète et teignit l’eau d'un pourpre éclatant. J’imaginai aussitôt que l'hydrogène tout entier qui dans les cas ordinaires seroit provenu de la décomposition de l’eau, s’étoit combiné dans cette circonstance avec le tellurium ; et que l'hydrogène telluré (si je puis parler ainsi) avoit formé avec le potassium oxidé , c’est-à-direla potasse ,un composé particulier soluble dans l'eau. C'est ce qui étoit effectivement arrivé; car en versant un peu d'acide mu- riatique délayé dans ce mélange, il entra dans une vio- lente effervescence et donna une odeur absolument semblable à celle de l'hydrogène sulfuré. Le tellurium métallique se Forma lorsqu'il fut venu en contact avec l'air, et je trouvai le muriate de potasse dissous dans l'eau. Il me paroît évident, d'après ce fait, que dans l’action du tellurium négativement électrisé sur la potasse, le po- tassium fut produit comme dans tous les autres cas, qu'il se combina avec le tellurium et forma un mélange parti- culier ; opinion qui fut confirmée peu après par l'action immédiate du potassium sur le tellurium. Lorsque ces métaux eurent été doucement chauffés dans une retorte de verre vert remplie de gaz hydrogène, ils se combinérent avec une grande énergie, donnèrent la chaleur et la lumière la plus vive, et composèrent un mélange de couleur de cuivre foncé, cassant, infusible à une chaleur au-dessous de la rougeur, avec une fracture cristalline. Lorsque le tellurium étoit en excès dans ce mélange, ou même dans une quantité à peu près égale à celle du potassium, il ne se développa point d'hydrogène par l’action du mélange sur l'eau; mais un composé d'hydrogène telluré et de potasse se forma; il resta dissous dans le fluide, et fut aisément décomposé par le moyen d'un acide. L'extréme affinité du tellurium et du potassium, l'un à ET D'HISTOIRE NATURELLE, 54 l'égard de l’autre, me porta à croire que la décomposition de la potasse pourroit s'effectuer aisément, en agissant en même temps sur l'oxide de tellurinm et de potasse au moyen de charbon de bois chauffé. J'éprouvai bientôt qu'il en étoit ainsi. Je mélai 100 grains environ de tellurium et 20 grains de potasse avec 12 grains de charbon de bois bien brülé, réduit en poussière, et chauffés dans une retorte de verre vert: avant que la retorte fût devenue rouge, il y eut une action violente, beaucoup d'acide carbonique se dégagea, une lumière vive parut dans la retorte où je trouvaile mélange de tellurium et de potassium. En essayant de réduire quelqu'oxide de tellurium par le charbon de bois que M.'Hatchett a eu la bonté de me donner pour ces expériences, et qui avoit été précipité par la potasse, ou par une solution dans la potasse, j'ai trouvé que, même après avoir été bien lavé, il s’y attachoit une quantité d’alkali suffisante pour produire un mélange de tellurium et de potassium ; mais dans ce mélange le potassium se trouvait en petite quantité ; il étoit d’un gris d'acier , très- fragile et beaucoup plus fusible que le tellurium. Entrer dans un détail minutieux des propriétés du composé aériforme de tellurium et d'hydrogène, ce seroit ralentir la marche de cette discussion. Je me contenterai donc de parler ici de ses agens et de ses qualités les plus remar- quables qui, comme on le verra à la fin de ce Mémoire, tendent à éclaircir plusieurs points immédiatement liés avec le sujeten question. Le composé de tellurium et d'hydrogène a beaucoup plus d'analogie avec l'hydrogène sulfuré qu'avec tout autre corps. L’odeur de ces deux substances est abso- lument la même (1). La solution aqueuse a la couleur du () Dans quelques expériences faites sur l’action du potassium et du tellu- rium dans le laboratoire de mon ami M. John George Children, écuyer, demeurant à Tumbridge, expériences où j'ai eu pour coopérateurs MM. Chil- dren, Pepys et Warburtons, l’analogie entre ces deux substances nous frappa tellement, que pendant quelque temps nous fümes portés à regarder le tellurium comme pouvant contenir du soufre qu’il n’étoit possible d’ob- tenir que par l’action de l’électricité de Volta ou par le potassium, et quelques recherches faites sur les habitudes des divers sulfures métalliques à la surface négative de la pile de Volta, nous ont confirmé dans cette opinion; car la plupart des sulfures que nous essayämes, et qui étoient des conducteurs électriques , absorbèrent l'hydrogène dans l'appareil de Volta. Néanmoins , 56 JOURNAL DE PMYSIQUE, DE CHIMIx vin clairet; mais elle devient bientôt brune, et exposée à l'air, elle dépose le tellurium. Dégagée d'une solution al- kaline par l'acide muriatique, elle agit sur le litmus humide, propriété qu'elle perd quand on l’alavée dans une petite quan- tité d'eau; mais dans ce cas l'air le décompose aussi partiel- lement dans l'eau; en sorte qu’il n’est pas aisé de dire si ce pouvoir est inhérent en lui, ou sil dépend d'une petite quantité d'acide muriatique qui y adhère. Sous d’autres rapports, il ressemble à un acide foible combiné avec l'eau et avec les alkalis. Il précipite les solutions les plus métal- liques; il est décomposé en un instant par l'acide oxi-muria- tique, en déposant une pellicule qui, métallique d’abord , se change bientôt en muriate de tellurium (1). Comme l'arsenic a une affinité pour l'hydrogène, il me parut probable, qu'étant électrisé , 1l offriroit quelques phé- nomènes analogues à ceux présentés par le tellurium dans son action sur le potassium et dans son opération sur l'eau. Ayant fait l'arsenic surface négative dans l’eau au moyen d’une partie de la nouvelle batterie composée de 600 plaques doubles, il devint d’une couleur foncée, et donna une poussière brune, et en même temps une quantité considé- rable de gaz inflammable, L'arsenic négativement éleetrisé dans une solution de potasse, donna de même de.la matière élastique; mais dans ce cas, toute la solution prit une teinte d’un brun foncé , et devint transparente. Cependant, par l’action d'un acide , elle devint trouble et déposa lentement une poussière brune. Lorsque l'arsenic fut surface négative en contact avec la potasse solide, il se forma un mélange d'arsenic et de potassium d’un gris foncé et parfaitement métallique, comme il n’etoit nullement probable que l’acide suifurique ou le soufre , en quelqu’état d’oxigénation qu’ils soient, puissent exister dans une solution métallique qui n’eût pas été manifestée par l’action des barytes , je n’osai pas me permettre de tirer cette conséquence. En effet , des recherches ulté- rieures faites dans le laboratoire de l’Institut royal, m'ont prouvé que la subs- lance dont il s’agit étoit une combinaison nouvelle et singulière. (:) D’après les résultats d’une expérience que j’ai faite, il paroît que le tellurium fortement chauffé dans de l’hydrogène sec, entçe en combinaison avec lui. Un accident ne ma pas permis de m’assurer sie composé ainsi formé est exactement le même que celui décrit dans le texie, qui ET D'HISTOIRE NATURELLE. b7 qui donna de l'hydrogène arseniuré par l'action de l'eau avec inflammation, et déposa une poussière brune (1). Lorsque le potassium et l'arsenic eurent chauffé ensemble dans le gaz hydrogène, ils se combinèrent avec une vio- lence capable de produire les phénomènes de l'inflammation, et il se forma un mélange de la même espèce que celui opéré par la batterie de Volta. Comme le tellurium et l’arsenic se combinent l'unet l'autre avec l'hydrogène, je crus que par l’action d’un mélange de potassium avec le tellurium et l’arsenic sur l'ammoniac, on pourroit obtenir quelques nouveaux phénomènes, et que probablement ce procédé donneroit une preuve plus convaincante de la décomposition de l'alkali volatil; c’est ce qui eut lieu en effet. Lorsque le mélange aisément fusible de tellurium avec le potassium en petite quantité, eut été chauffé dans l’am- moniac, la surface perdit son éclat métallique, il se forma une matière d'un brun foncé qui, exposée à l'air, donna de l'ammoniac. Le fluide élastique produit dans cette opé- ration , contenoit # de nitrogène au lieu d'être de l'hydro- gène pur , comme dans le cas de l’action du potassium seul. Le mélange d’arsenic et de potassium par son action sur l'ammoniac, produisit aussi un gaz qui étoit principalement nitrogéne; ensorte que si l’on dit que c’est le métal et non pas l'aikali volatil qui se décompose dans un procédé de cette espèce , il faut le considérer dans certains cas comme un composé de nitrogène, et dans d'autres, comme un (1) En réfléchissant sur l’expérience curieuse de Cadet, relative à la pro- duction d’un pyrophore volatil cbtenu par la distillation d’acétite, de potasse et d’oxide blanc d’arsenic, expérience consignée dans la Chimie de Fourcroy, tome VIII, pag. 197; j'ai conçu qu'il étoit probable que ce pyrophore fût un mélange volatil de potassium et d’arsenic; mais après avoir répété ce procédé , j'ai trouvé que quoique la potasse soit décomposée dans cette opé- ration , la substance volatile néanmoins n’est point un mélange de potassium; mais qu’elle contient du charbon et del’arsenic probablement avec l'hydrogène. Les gaz non-absorbables que l’eau fait sortir dans cette opération, sont particuliers. Leur odeur est intensivement fétide ; ils sont inflammables et paroissent contenir du charbon , de l’arsenic et de l'hydrogène. Sont-ce des mélanges de divers gaz, ou bien un composé simple? C’est ce qu'il ne m'a pas encore été possible de décider. Tome LXXI. JUILLET an 1810. H 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE composé d'hydrogène ; deux assertions qui sont contra= dictoires. Aucun des chimistes, que je sache, qui ont spéculé sur l’Aydrogénation imaginaïre de la potasse, n'ont mis en avant des argumens d’analyse ou de synthèse, Leurs raisonnemens ont été fondés soit sur des analogies éloignées, soit sur des expériences dans lesquelles entroient des agens qu'ils ne soupçonnoient pas. Personne, à ce que je pense , n’a en- trepris de démontrer que lorsqu'on brüle le potassium ou le sodium dans le gaz oxigène, l'eau se forme, ou que l'eau est produite quand le potassium décompose quelques acides (1); et jamais on n'a pu former du potassium en combinant l'hydrogène avec la potasse. Dans un Mémoire lu en 1807, dans l'assemblée de Baker, j'ai établi qu'ayant brülé du potassium et du sodium dans le gaz oxigène, les alkalis purs se formèrent dans un état d'extrême sécheresse ; et que 100 parties de potassium absor- bèrent 18 parties environ d'oxigène, et 100 parties de soude, environ 84 parties. Quoique dans les expériences d'où ces inductions ont été tirées, je n'aye employé les matériaux qu'en petite quantité, j'espérois cependant, à force de ré- péter le procédé, de pouvoir approcher de l'exactitude; mon attente à cet égard na point été trompée, car dans les expériences que J ai faites sur des portions considérables de potassium et de sodium obtenues par la décomposition chimique, les résultats diffèrent peu. — (1) Lorsqu’en octobre 1807, j'obtins à la surface négative dans l'appareil de Volta, une substance combustible notrâtre de l’acide boracique, je conclus que cet acide étoit probablement décompose d’apres la loi ordinaire de la décomposition électrique. En mars 1808, je conduisis plus loin mes expé- riences sur cette même substance, et je m'assurai que par la combustion elle produisoit une matiere acide. J’ai annoncé cette décomposition dans un Mémoire lu à l’Institut royal le 12 mars. Peu de temps apres je chauffai une petite quantité de potassium en contact avec l’acide boracique sec: il ne parut pas d’eau dans cette opération, et j'obtins la même substance que je n’étois procurée par l'électricité. MM. Gay-Lussac et T'henard ont éga— lement opéré sur l’acide boracique par le potassium, etils conclurent qu’ils l'ont décomposé ; mais cette conséquence ne dérive pas de leur théorie, à moins qu’ils ne prouvent que l’eau a été produite dans cette opération, ou combinée avec le borax de potasse. La conséquence juste qu’on doit tirer de ce procédé dans leur hypothèse, c’est qu’ils ont fait un hydrure d’acide boracique. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 59 Lorsque le potassium est brûlé dans des capsules de platine, dans du gaz oxigène séché à l'aide de la potasse calcinée, l'absorption d’oxigène est d'environ 5 d'un pouce cube pour chaque grain de métal consumé; et lorsque le sodium est brülé de la même manière, il y a un déchet d'un pouce cube environ pour chaque grain (1). Les alkalis ainsi formés sont seulement imparfaitement fusibles à une chaleur rouge, et ils ne donnent pas, comme les alkalis qui sont aisément fusibles , d'indication d'humidité. M. d’Arcet a fait voir par des expériences bien conduites, de la potasse et la soude, dans leur état ordinaire, ren- ermoient une portion considérable d'eau; et M. Berthollet conclut que 100 parties de potasse qui ont été conservées pendant quelque temps en fusion , contiennent 13.89 parties d'eau qui se perdent lorsque l'alkali entre en combinaison avec l'acide muriatique. Le même chimiste infère de quelques petites expériences, que le muriate de potasse qui a été rougi au feu , contient dans les 100 parties 66.66 de potasse, et 53.34 d'acide muriatique, calcul qui diffère très-peu de celui de Bucholz. Pour déterminer le rapport de la sécheresse de la potasse formée du potassium , avec celle qui a été considérée comme dégagée de la totalité, ou de la plus grande partie de son eau, dans le muriate de potasse, j'ai fait plusieurs expé- riences. J'ai essayé d'abord de convertir une certaine quantité de potassium en potasse, sur la surface de l’acide muria- tique liquide; mais dans ce cas, la chaleur fut si intense et l'hydrogène qui conservoit le potassium en solution, se dégagea avec une rapidité telle, qu'il y eut une perte considérable d'alkali: quoi qu'il en soit, même dans ces cir- constances , j'ai obtenu de 10 grains de potassium, 17.5 de muriate sec de potasse. La seule méthode que j'employai et qui me réussit parfaitement , fut de convertir lefpotassium dans le muriate de potasse, en gaz acide muriatique. Je vais donner les résultats de deux expériences faites de cette manière. 5 grains de potassium insérés dans une capsule de platine, furent employés à agir sur 17 pouces cubes oo (Gi) Les quantités de gaz données par l'opération de l’eau, sont en raison semblable. H 2 60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de gaz d'acide muriatique qui avoit été exposé au muriate de chaux; appliqué à une chaleur douce, le potassium prit feu et donna en brülant une lumière d'un beau rouge (1). La masse toute entière parut en fusion ignée. Un peu de muriate de potasse dans l'état d'une poudre blanche, se su- blima et s’amassa au sommet du vaisseau dans lequel s’étoit faite l'expérience, 14 pouces cubes environ de gaz d'acide muriatique, furent absorbés, et 5 à peu près d'hydrogène produits. L'augmentation du poids de la capsule fut de 4.5 grains environ, et rougi au feu, il ne perdit rien. La seconde expérience fut conduite avec l'attention la plus minutieuse. J'employai 8 grains de potassium; 22 grains environ de gaz d'acide muriatique furent consumés. Le po- tassium brüla avec les mêmes phénomènes brillans qui ac- compagnent l'expérience précédente; et l'augmentation du poids de la capsule fut de 6 grains !. Le muriate de potasse fut gardé pendant quelques minutes en fusion dansla capsule, jusqu’à ce qu'une fumée blanche eût commencé à s’en élever; mais il ne perdit pas dans son poids le 20° d'un grain. Après que le muriaie de potasse eut été enlevé de la capsule, qu'il eut été lavé et séché, il se trouva avoir perdu un tiers de grain environ, lequel étoit du platine dans un état métallique amalgamé avec le potassium, à l'endroit où celui-ci se trouvoit en contact avec la capsule pendant la combustion. Il n’y eut pas dans ce procédé la moindre ap- parence d’eau séparée. Un peu de muriate de potasse se sublima, il fut lavé hors de la retorte, et obtenu par l'éva- poration. Il ne pesoit pas le 8° d'un grain. Maintenant, en prenant pour bases de calcul les données de la dernière expérience, 8 grains de potassium se com- bineroient avec 1.4 grains d’oxigène , pour former 9.4 grains de potasse, 6.6—1.4—5.2, la quantité d'acide muriatique combinée avec la potasse, laquelle donneroit dans les 100 parties en muriate É potasse 35.6 d'acide , et 64.4 de potasse ; mais 35.6 d'acide muriatique, d’après l'estimation de M. Ber- thollet, demanderoient 71.1 d'alkali dans le même état de mm, (x) Ayant fait usage d’une retorte dont l’air commun avoit été épuisé , la petite quantité de cet air qui éloit restée peut ayoir contribué à la vivacité de la combustion. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 61 sécheresse où il existe dans le muriate de potasse, et 71.1—64.4—6.7 ; ensorte que la potasse prise par M. Ber- thollet , comme régulateur, contient au moins 9 pour cent lus d'eau que celle existante dans la potasse formée par a combustion du potassium dans le gaz d'acide muriatique, lequel conséquemment peut être beaucoup plus proprement regardé comme l’alkali sec (1). Après ces éclaircissemens , je me flatte que les dernières opinions que j'ai mises en avant, relativement aux métaux des alkalis, seront considérées comme exactes, et que le potassium et le sodium ne peuvent pas être regardés avec plus de raison comme composés, que toute autre substance métallique ordinaire; enfin, que la potasse et la soude, comme étant formées par la combustion des métaux, sont des oxides métalliques purs, dans lesquels on ne connoit point d'eau existante. Ces conséquences doivent être regardées comme entière- ment indépendantes des opinions hypothétiques relatives à l'existence de l'hydrogène dans les corps combustibles , ” comme un principe commun d'inflammabilité, et d'eau en- tièrement combinée, comme un constituant essentiel d'acides, d'alkalis et d’oxides. Je soumettrai à la fin de ce Mémoire cette question à un nouvel examen. Je vais considérer main- tenant la nature du métal d'ammoniac et des métaux des terres. (1) Conséquemment la potasse en fusion de M. Berthollet doit contenir à peu pres 25 pour cent d’eau. D’après mes observations je suis porté à croire que la potasse tenue JE quelques temps à une chaleur rouge, contient 16 ou 17 pour cent d’eau, en prenant pour règle la potasse formée par la combustion du polassium. (La suite au prochain Cahier). 5 4: f0'£ QUE CR al ) 9 110 OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES THERMOMETRE EXTÉRIEUR | BAROMÈTRE MÉTR IQUE CENTIGRADE, PR. > CC NE OU CCC NN A Mint. Maximum. | Minimum. Maximum. | Minimum. "LNI ‘NUAHIL heures» © | heures. à 3Es. b+294là 4 m. à3s. bHz2r,1|à 4 m. à3s. b+17,0|à 4 m. à3s. +19,5]à 4 m. à 3s. —+}+20,o/à 4 m.. à3s. +15,6[à4 m. à3s. —16,2|à 4 m. à3+s b+H22,5|à4m. à 3+s. —+2),5|à 4 m. heures. | +10,4là midi —+20,2|à midi +16,5|à 1025 mille mill. .....703,64|764,50 765,62|à 1035 76181 763 62 » 763,52|à 3 s 762,72|762,82 +16,5|à 7 : m. 704 629 ane ..763,26|763,96 T0) 2 A TA eee se OAI 2 |A AS SU .763,08|763,92 2 | AN MN ER 763,50|à 10 +5. 761,70|763,42 Æ17,7|à7 m.........761,54là 35 761,00|761,20 +-21,5|à 7 m .758,54|760:46 +-26,5|à 4 m à Se... °754,32/[757504 mill. | heures. 764,50|à 3 5... 4 à midi à ar 26,0 à3£m. Mirrlags. diras s. —+26,0|1 3 i im. +19,9|à 9 is... —+21,3|à midi... .s...751,68|75264 ....752,52|75520 (rt Gén Ne 759,261760:62 13lho ts. à r4|à midi 210 +22,4|à 3 2m........ 760,50|à3 5....,......740, 59,48 5] +10,2/à 9is.,....,.766,50[1 3:m....,.. Eve és +00,6[17m......... ...... .762,30|765,60 +17,9|à3 2 m.... 757,56|759;20 ........755,80|756,60 758,90|760;72 +....701,921702:40 762,50|763;54 +......765,20|76672 Din ad UE 766,40|767:04 Su... . .765,00|766:96 5là 9 STE ll16la 3 s., Lirrlass. 18 à 55. 19/à midi Aloo!à 35. 21|à midi 22|à midi #25,2là 10 s..,...:, —24,0là 10 5....,... +23,5|à 105 +-26,5|à 105 767;4 —+-20,2/à 7 m........ 767,82|à +-24,6|à 4 m 764,5o|[à 105 761,96|763,22 +28,2|à 7m 762,36|à 35 761,04|761:72 + 28,4|à 7 m... ......760,76|à 11 5... .....758,96|760,00 —21,5/à midi... .... .758,72|à 3 8. ...7....758,00|758:72 —25,0|à 9 £s........759,42|à 3 £ m. ...... 758,90|759;12 —-30,5là 10 s....,...761,30[à 35..,..... .-759,50/760,16 +24,5|à 7: m...., ..703,82|à 3 2Se.e4+ + +702,61|763,L6 49 DO DU ox WW COUR m VIA 5 ju pin timpe OA le D b 12 © DIET CI 5 [e] 1 CO no our midi à midi HA HALLE 2 D“ D- fr D- S- A L- D- D Go Go O0 Co Co CR Co Co Co opnPinploninolme(s © 0e tn & GN D RD ÈS. RECAPITULATION, Millim, Maximum moyen du mercure... .. Minimum moyen du mercure..... Elévation moyenne à midi.... Maximum moyen de chaleur Minimum moyen de chaleur Armidiis es PEN eee Nombre de jours beaux. de couverts de pluie... ...... DEVENIR ele eme toieloisse < © ———— A ————— ———————————_—_—— "> ot mme Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cem\ centièmes de millimètres. Comme les observations faites à midi sont ordinaireement celles qu’on le thermomètre de correction. A la plus grande et à Ja plus petite élévation du baromètre conclus de l'ensemble des observations, d'où il sera aisé de déterminer la température moyenne conséquent ,,s0n élévation au-dessus du niveau de la mer. La températuredes caves cst également we. Jours dont le vent a soufflé du RÉCAPITUL \ Therm. des caves le 1 9°,662 = le 16 9°,662 ATION. À L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS. JUIN 1810. de. POINTS YARIATIONS DE L'ATMOSPHÈRE. E VENTS. F1 LUNAIRES. D: LE MATIN. LE SOIR. 1l 56 |N-E. Vapeurs à l'horizon. |Beau ciel. Superbe. 21 52 Idem. N.L.à4 b47/m.|Pctits nuages à l’est. Idem. Quelques nuages. 3] 55| Jdem. Couvert. Très-nuageux. Superbe. 4l 63| Idem. Juelq. nuag. à l'hor. [Nuageux. Très-nuageux. 5] 57| dem) |Lune apogée. [Ciel vapereux. Quelques nuages. Quelques nuages. 6| 631N. Couvert. Couvert. Idem. 7| 75| Idem. Idem. Très-nuageux. Pet. nuag. à lhor. ë| 71| dem. Lég. nuag., à l’hor. |Superbe. Superbe. g| 72 |S-E. Idem. Nuaseux. Couv.,éclairsde chal. Arol 72/S 0. P.Q.àa8h31/m. Nuageux. 1a., ton., pet. pluie.| Couvert, 11| 68 |N-O. Couvert. Très-nuageux. Ciel sans nuages. 12] 6610. Nuages à l'horizon. Idem. Petits nuages à l'ho:, 13| 68 |[S-0. Couv., brouill. Couvert. Couvert. 14] 62| Idem. Vapeurs à l'hor. Nuageux. Beau ciel. 15] 61 NE. Superbe. 1d-m. Quilques nuages. 16| 6o|N. Vapeurs à l'horizon. Liem. Beau ciel. 17| 68 [N-E. P.L.A8h28/m.| Superbe. Quelques nuages. Idem. 18| 6410. L. périgée. Idem. Nuageux. Nuag. autour del'ho. 19| 63| Idem. Nuageux, brouil. Idem. Idem. 20| 64| Idem. Petits nuages. Petits nuages au nord.|[Nuaseux, : 21| 72| Idem. Couvert. Couvert. Pctitsnuages au nord. |# 22| "71 [N-O. Equi.ascen.D. |. /dem. Très-nuageux. Nuageux, pluie à 4h. 23| 61 |N-E. Q.à10h56.! Frouble, léger nuag. |Superbe. Superbe. 24| 63| Idewu Ciel vapereux. Idem, Idem. 29| 62]N.N-E. Petits nuages à l'hor. [Nuageux. Quelques nuages. 26| 63|N-0O. Troulle et nuageux. | Légerement couvert. [Nuageux. 27| 64| Idem: Idem. Idem. Idem. 26| 71 |S. Idem , brouillard. |Couvert. Idem. 29| 641|S-O. Très-nuageux,brouil.| Nuageux. Pluie, ton. à6 h. 3o| 63 |N-O. Troub. etnuag., br. [Petits nuages blancs.|Beau cicl, COR M H OO 0x ügrade , et la hautcur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire en millimètres et Dre généralement dans les déterminations des hauteurs par le baromètre; on a mis à côté etdu thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le maximum et le minimum mojens, du mois et de l'année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris, et pax exprimée en degrés centésimaux , aa de rendre ce Tableau uniforme, | G4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ANALYSE DE LA LAUMONITE (1); Par M. VOGEL. ere Ox sait que nous devons la découverte de ce minéral 4 M. Gillet-Laumont, membre du Conseil des Mines. Ce savant l’a trouvé dans la mine de plomb de Huelgoet en Bretagne, où il tapissoit les parois des filons. ' Quoique cette substance ait les caractères essentiels de la mésotype, Werner en a fait une espèce particulière à laquelle il donna le nom de /aumonite, comme l'hommage rendu à M. Gillet-Laumont (2). La laumonite se froid au chalumeau sans bouillonnement et se convertit en une masse solide brillante, d'un aspect nacré. La laumonite se dissout à froid et avec effervescence dans l'acide nitrique de 1,285 , et dans l'acide muriatique de 1,145. La dissolution se prend presque sur le champ en masse gélatineuse transparente. Le fossile qui a été préalablement fondu, ne se dissout plus dans ces acides avec la même facilité. L'’acide sulfurique ne dissout pas la laumonite sans le secours de la chaleur ; mais l’effervescence a également lieu. Après avoir chauffé légérement, il reste une gélatine blanche opaque. J'ai exposé 100 grains de laumonite dans un creuset de platine pendant 2 heures à une chaleur rouge d’un fourneau de réverbère. Il resta un bouton blanc fondu en émail, qui étoit devenu tellement dur, qu'il rayoit fortement le verre; (Gi) Zeolite efflorescente d'Haüy. Mesotype laumonite. (2) J'ai employé pour l'analyse, la laumonite en poudre blanche farineuse, dont je suis redevable à la bonté de M, Delamétherie. il ET D'HISTOIRE NATURELLE, 65 il ne pesoit que 8o grains, le fossile avoit donc perdu 20 grains de matière volatile. Analyse par le moyen de l'acide nitrique. J'ai introduit dans un flacon à deux tubulures muni d’un tube recourbé qui plongeait dans un vase rempli d’eau de baryte, 100 grains de laumonite. Par un tube en S j'y ai versé successivement une once d'acide nitrique , et j'ai chauffé légérement vers la fin de l'opération. L'eau de baryte s’étoit beaucoup troublée; j'ai séparé le précipité, et après l'avoir lavé et suffisamment chauffé pour en volatiliser l'hu- midité, il m'est resté 13 grains de carbonate de baryte (1). La dissolution des 100 grains de laumonite a été délayée . dans l'eau et mise en évaporation à une douce chaleur. La matière évaporée à siccité, a été traitée par l'eau jusqu'à ce que celle-ci en sortitinsipide. La masse restante étant desséchée et calcinée présentoit 49 grains de silice. La liqueur filtrée fut sursaturée par l'ammoniaque; le précipité, lavé et calciné, a offert 22 grains d’alumine. Le liquide dont l'alumine vient d'être séparée par l’am- moniaque , a été précipité par la potasse. Le précipité rougi a laissé 9 grains de chaux qui ne contenoit pas de magnésie. J'ai traité la laumonite par la potasse et ensuîte par l'acide muriatique, comme on opèreordinairement pour les minéraux insolubles dans les acides, par ce moyen j'ai obtenu les terres à peu de chose près , dans les mêmes proportions. Il résulte de cette analyse, que la laumonite est com= posée de SCO re El REMOTE 49 PAST CE NES ER NET EE Chaux. Een STD 10 enioti er tb 9 Acide carbonique, 72100. Mtalnte te A2) :6D ARR ee TE Ce drone 2e Have 60 (1) Le carbonate de baryte étant compose de 80 de baryte et de 20 d'acide, la quantité de carbonate obtenue doit représenter 2 = grains d'acide carbonique. Tome LXXZ, JUILLET an 1810. T 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DESCHIMIE = NOTICE DE NOUVELLES EXPÉRIENCES GALV ANIQUES DE M. DAV Y. Ox écrit de Londres en date du 25 juin: « M. Davy donna l’autre jouràl’Institution Royale, uneleçon des plusbrillantes, - où la batterie de 2000 plaques fut mise en action pour la première fois. Il fit, pendant cette leçon , quelques expé- riencesnouvelles. L’iridium se fondit avec facilité. Le charbon dans le vide, se volatilisa. L'on crut d'abord qu'un gaz jeTeAeST se formoit, mais ce n'étoit qu'une volatilisation, e charbon, tel quel, se trouva sublimé sur les parois du récipient. L’argile pure entra en fusion sur plusieurs points de sa surface, etc. » s ET D'HISTOIRE NATURELLE, 67 J.-P. DESSAIGNES. A J.-C. DELAMÉTHERIE, Sur la Propriété phosphorescente rendue par l'électricité à des corps qui l'avoient perdue. Vendôme , 12 juin 1810, Vous savez qu'après avoir dépouillé de leur propriétélumi- neuse tous les corps phosphorescens, je la leur ai redonnée en les électrisant. Comme je me suis borné à diré dans mon Mé- moire,quejemanioissoigneusementmespoudresaussitôtaprès leur électrisation, et que j'ai passé sous silencequelques autres précautions que j'avois prises avant celle-là, je crains que cette circonstance ne fasse croire que la propriété de luire leur a été communiquée à mon insu par le contact des mains. Je dois donc faire observer, pour établir le fait dans toute son exactitude , quele fluate de chaux etl'adulaire en poudre, rendus préalablement inphosphorescens, ont été d'abord électrisés suivant ma première méthode, qui consiste à mettre les poudres dans une petite jarre de verre, revêtue d’une feuille de métal en dehors et nôn garnie en dedans, et à faire plonger dans le tas de poudre une pointe de métal conductrice du fluide électrique ; que je les ai versées, sans y toucher, sur une cuiller de fer obscurément chaude, en les faisant couler de la jarre sur le support chaud : elles y ont toutes été très-lumineuses. J'ai réitéré depuis la même expérience, et j'en ai obtenu le même résultat. Après avoir bien constaté le fait de cette manière, et craignant que cette phosphorescence ne füt due au fluide électrique libre accumulé autour de chaque molécule ter- reuse, je cherchai à remettre les poudres dans leur état naturel d'électricité, en les étalant sur une plaque de métal, ou sur ma main; mais j eus en même temps la précaution de traïter de la même manière une portion de ces mêmes poudres non électrisées que j'avois mises en réserve; celles T2 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui avoient été électrisées continuèrent à luire sur un support chaud, tandis que les poudres non électrisées furent in- phosphorescentes. J'ai négligé tous ces détails dans mon Mémoire, parce que je crus alors que cela devenoit inutile, et que l’on sen- tiroit aisément que si, après avoir prouvé que tous les corps insolubles ne peuvent point reprendre la propriété de luire, soit en les maniant, soit en les humectant, les mêmes corps néanmoins deviennent phosphorescens lors- qu'ils ont été électrisés : l'on ne peut attribuer cette pro- priété acquise qu’à la circonstance de l’électrisation. En réfléchissant depuis sur ce singulier phénomène, j'ai conçu que l'on pouvoit supposer, avec quelque fondement , que l'électricité, en traversant l'air pour ariver à la poudre, désorganise cet air et détermine la fixation de quelqu'un de ses principes, lumineux par lui-même ou capable de donner la propriété de luire , dans les molécules terreuses. Pour écarter cette difficulté, j'ai pris un tube de baro- mètre dont l’une des extrémités a été scellée à la lampe, après avoir eu soin d'y faire passer un fil de platine que j'ai soudé avec le verre même en fusion. Ce fil avoit 54 mil- limètres de longueur dans l'intérieur du tube, et tout autant en dehors. J'ai fait chauffer le tube pour en chasser toute l'humidité , et j'y ai introduit de l’adulaire en poudre rendue inphosphorescente. Je l'ai rempli ensuite de mercure que j'ai fait bouillir soigneusement dans le tube pour le purger d'air; après quoi je l'ai renversé dans un réservoir plein de mercure. J'ai fait tomber, par le moyen de petites secousses, la poudre d’adulaire qui s’étoit tassée en haut du tube : celle-ci s'est trouvée alors distante de l'extrémité du fil de platine de 138 millimètres. L'appareil ainsi disposé et placé dans l'obscurité, j'ai fait passer dans l'intérieur du tube et à travers la poudre, les décharges d’une bouteille de Leyde. A la première explosion l'espace vide du tube s'est rempli d'une belle lumière; mais après la décharge, la poudre n'a répandu aucune lueur phosphorique; elle a commencé à luire à la deuxième explosion, mais d’une manière si foible , qu'elle étoit à peine perceptible ; à la troisième elle a pris une phosphorescence sensible, et à la quatrième elle s’est trouvée à son #aximum ET D'HISTOIRE NATURELLE. 69 d'intensité : dès ce moment les explosions suivantes ne lui ont procuré aucun accroissement soit dans la vivacité de la lumière, soit dans la durée. La portion du tube qui restoit lumineuse après la décharge, me paroissant excéder de beaucoup la longueur de la poudre contenue dans le tube, j'ai marqué avec mes doigts les limites du cylindre lumineux, et j'ai fait approcher une lumière. Quelle a été ma surprise en voyant que cette lueur ne commençoit à paroitre qu’à l'extrémité du fil de platine , qu'elle continuoit en descendant le long de la por- tion vide du tube, et se terminoit à 4 ou 6 millimètres dans l'intérieur de la poudre ; toutes les parois de la por- tion vide du tube, depuis son sommet jusqu’au tas de poudre, étoient enduites de molécules d’adulaire, et c'étoit celles-ci qui répandoient une lueur permanente lorsque le fluide électrique les avoit touchées en traversant l’intérieur du tube : seulement la poussière qui étoit au-dessus de l'extrémité du fil de platine restoit constamment obscure, quoique la lumière de la décharge s’épanouit à chaque fois dans tout l'espace vide; ce qui prouve que l'impression lumineuse ne suffit pas pour exciter la phosphorescence dans un corps, et qu’il faut encore que celui-ci soit pourvu d’un fluide Blumineux. Cela prouve, en outre, que la poudre a besoin, our reprendre sa propriété phosphorique, d’étre exposée We au courant électrique, et d'en être pour ainsi dire pénétrée. J'ignorois encore pourquoi tout le tas de poudre n'étoit pas lumineux après le choc: en examinant {a chose avec plus d'attention, je me suis apperçu qu'indépendamment de la portion supérieure de la poudre , il y avoit d'un seul côté du tube, et le longdela poudre en descendant, une suite de points très-lumineux. Je les ai marqués avec les doigts pour les examiner à la lumière : j'ai trouvé qu'ils corres- pondoient au-dessus et au-dessous de plusieurs globules de mercure qui étoient appliqués contre les parois et mélés dans cet endroit avec la poudre. Ces parcelles métalliques, en dirigeant le courant électrique de ce côté là, empéchoient que les molécules terreuses ne fussent imprégnées de fluide électrique autre part que dans les solutions de continuité : elles faisoient donc la fonction d'un conducteur interrompu, et garantissoient de l'influence électrique toute la poudre en- 70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, vironnante, sauf les portions qui faisoient suite à ce con- ducteur. Il résulte de ces expériences que les matières rendues in- hosphorescentes ne reprennent la propriété de luire, sous lé choc électrique, que lorsqu'elles ont été traversées direc- tement par le courant, encore cela n'a-t-il lieu qu'a la deuxième ou à la troisième explosion, il ne me restoit plus qu'à voir si, dans l’électrisation elles avoient repris la propriété de luire par élévation de température. Pour écarter plus surement toute cause d'incertitude, j'ai cherché à chauffer cette poudre électrisée, dans le tube lui-même, sans vider le mercure. J'ai fait rougir pour cela un fort anneau de fer, dans lequel j'ai fait passer le tube: au bout de quelques secondes, j'ai apperçu dans l'obscurité la portion vide du tube toute lumineuse; j'ai descendu l'anneau de fer vis-à-vis le tas de poudre; malgré une calé- faction continuée, je n’ai pu faire luire que la portion supé- rieure du tas , et ces divers points de la poudre qui avoient paru lumineux sous le choc électrique. Je pense que cette expérience que j'ai faite avec beaucoup de soin, me dispense de toutes réflexions, et justifie plei- nement le fait établi dans mon premier Mémoire : que l'é- lectricité redonne la phosphorescence aux corps qui l'onc® perdue. DESSAIGNES. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 71 MÉMOIRE MM. GAY-LUSSAC ET THENARD, Qui reconnoissent que le Potassiurn et le Sodium ne passent à l'état d'alkali que par l'absorption de l’oxigène, et qu'ils sont des êtres simples et non point des hydrures. Moniteur , 4 juillet. MM. Gax-Lussac et Thenard ont fait sur le potassium et le sodium de nouvelles recherches qu’ils ont communiquées à la Classe des Sciences mathématiques et physiques de l'Institut, les 4 et 25 juin dernier. D'abord ils se sont attachés à déterminer la quantité d'oxi- gène que ces deux métaux absorbent dans diverses circons- tances; et ils ont vu, 1° qu’en brülant le potassium dans du gaz oxigène à l'aide de la chaleur, ce métal en absorbe près de trois fois autant que pour passer à l’état de potasse ; 2° que le sodium traité descette manière, en absorbe seu- lement une fois et demie autant que pour passer à l’état de soude; 3° que dans ces expériences on peut substituer l’air atmosphérique au gaz oxigène sans en changer les ré- sultats; 4° qu’au contraire on les fait varier en faisant varier la température; qu’à la vérité l’absorption de l'oxigène par le potassium est presqu'’aussi grande à froid qu'à chaud, mais qu'à froid elle est presque nulle par le sodium. Ensuite examinant ces nouveaux oxides de potassium et de sodium , MM. Gay-Lussac et Thenard ont bientôt reconnu qu'ils sont doués de propriétés nombreuses et remarquables. Leur poids est égal à celui du métal employé et de l’oxi- gène absorbé ; la couleur en est jaune-orangé; ils sont Fu- sibles à une température modérée; mis en contact avec l'eau, on en retire subitement de la potasse ou de la soude 72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et beaucoup de gaz oxigène. À une température élevée, ils sont décomposés et ramenés à l'état alcalin par presque tous les corps combustibles. Plusieurs de ces décompositions ont même lieu avec une vive lumiere; telle est surtout celle de l’oxide de potassium par le phosphore , le charbon cal- ciné, le soufre, l'hydrogène phosphuré et sulfuré, l’arsenic, l'étain, le zinc, le cuivre, la sciure de bois, la résine, et les matières animales : telle est aussi celle de l’oxide de sodium par le phosphore. Ces oxides présentent également avec quelques gaz acides des phénomènes dignes d'attention. On observe qu'avec le gaz acide carbonique, il en résulte un carbonatealcalin etun dégagement de gaz oxigène ; qu'avec le gaz sulfureux et l'oxide de potassium , on obtient un sul- fate et de l'oxigène, et qu'avec ce gaz et l'oxide de sodium on obtient seulement beaucoup de sulfate et un peu de sul- fure; qu'il ne se dégage pas la plus légère trace d'humidité dans aucun cas, et que le poids des produits qu'on obtient, correspond précisément à celui de l'oxide employé et de l'acide absorbé. Or , comme dans la combustion du potassium et du sodium il ne se dégage rien, ou qu'il ne se forme aucun produit volatil, on voit que si ces métaux sont des hydrures , il faut nécessairement que les sulfates et carbo- nates de potasse et de soude, et sans doute, tous les sels qui ont pour base ces deux alkalis, contiennent autant d'eau que l'hydrogène de ces hydrures peut en former en se combinant avec l’oxigène, et qu'ils la conservent à très-haute température; ce qui est possible, mais ce que rien ne prouve jusqu'ici. S'il en étoit ainsi, il en résulteroit encore que la potasse et ia soude contiendroient bien plus d'eau que n'y en ont admis MM. Darcet et Berthollet; car non-seulement ces alkalis contiendroient l'eau qu'on en dégage en les combinant avec les acides, mais aussi celle que le sel formé pourroit retenir. Il étoit utile de déterminer directement la première de ces deux quantités d’eau; c'est ce qu'ont fait MM. Gay-Lussac et Thenard. Pour cela, ils ont converti en alkali, peu à peu et au moyen d'un air humide, plusieurs grammes de potassium et de sodium, et l'ont saturé avec de l'acide sulfurique étendu d’eau ; d'une autre part, s'étant servis du même acide pour saturer de la potasse et de la soude pures et poussées au rouge, et ayant tenu compte dans toutes les saturations de l'acide employé ainsi que du métal ou de l'alkali aussi employé, il EY D'HISTOIRE NATURELLE. 73 il leur à été facile d’en tirer la conséquence qu'ils cherchoient. Ils ont trouvé ainsi que 100 parties de potasse contiennent 20 parties d'eau, et que 100 de soude en contiennent 24, en supposant que le potassium et le sodium soient des êtres simples. Ils ont même vérifié cette quantité d'eau pour la soude en eu traitant sur le mercure dans une cloche recourbée une quantité donnée par une quantité également donnée de gaz acide carbonique sec. La soude étoit placée dans un petit disque de platine , et abandonnoit tant d'eau au moment où on élevoit la température , que cette eau ruisseloit abon- damment sur les parois de la cloche. On peut même par ce moyen, ou par le gaz acide sulfureux, rendre l'eau sensible dans deux milligrammes de soude ou de potasse. Le potassium et le sodium ayant, ainsi qu'on l'a rapporté précédemment, la propriété d'absorber plus d’oxigène qu'ils n'en exigent pour passer à l'état d'alkali, MM. Gay-Lussac et Thenard ont été conduits à essayer si la potasse et la soude ne seroient point susceptibles d’absorber elles-mêmes l'oxigène à l’aide d'une chaleur rouge. C'est en effet ce qui a lieu, soit qu'on fasse l'expérience dans le platine, dans l'argent et même dans des creusets de terre; et c'est ce qu'on rend évident en traitant après l'opération ces alkalis par l’eau, car alors il s'en dégage du gaz oxigène. Le nitre donne également par la calcination, un alkali d'où l'eaw peut dégager une certaine quantité de gaz, et sans doute que sous ce rapport le nitrate de soude ressemble au nitrate e potasse. Enfin la barite elle-mème provenant du nitrate de barite ou d’un mélange de carbonate de barite et de noir de fumée, calcinés au plus grand feu de forge , absorbe à l’aide d'une foible chaleur beaucoup de gaz oxigène, et acquiert par ce moyen la propriété d'absorber ensuite beau- coup de gaz hydrogène avec un dégagement de lumière très- sensible , et de se transformer enbarite fusible. Tous ces faits réunis font pencher MM. Gay-Lussac et Thenard pour l'hy- pothèse, qui consiste à regarder le potassium et le sodium comme des corps simples. Au reste MM. Gay-Lussac et Thenard se proposent de publier incessamment etavec détails, et de discuter en même temps le grand nombre d'obserya- tions nouvelles qu'ils ont eu occasion de faire à ce sujet. Tome LXXI, JUILLET an 1810. K F4. JOURNAL DE LHYSIQUE, DE CHIMIE OBSERVATIONS Sur ce qui est dit dans le Rapport pour les prix décennaux, page 33, au sujet de la Décomposition du Sel marin pour en obtenir la Soude ; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. L'ANCIEN Gouvernement français avoit proposé un prix de douze mille francs qui seroit adjugé par l’Académie des Sciences, à l’auteur du meilleur Mémoire sur cette décom- position. On y étoit parvenu par des procédés particuliers, mais on n’avoit trouvé aucun procédé pour l'extraire en grand. J'exposai dans mon Discours préliminaire inséré dans ce Journal pour l'année 1789 (tome XXXIV), tout ce qu'on savoit à cet égard, et j ajoutai, page 44: « Il ÿ a une manière de faire cette décomposition qui » seroit très-sure, mais elle seroit peut-être trop chère. » Ce seroit dans des appareils convenables, de verser de » l'acide vitriolique sur le sel marin. L'acide marin se dé- » gageroit, et passeroit dans des ballons. Le résidu seroit » du vitriol de natron ou sel de glauber. On décomposeroit » ensuite ce vitriol de natron en le calcinant avec du charbon. » L'acide vitriolique se dégageroit sous forme d'acide sul- » fureux, et le natron demeureroit pur : on le dissoudroit » dans l’eau, filtreroit et feroit cristalliser; mais il y auroit » plusieurs opérations à faire, le sel marin, l'acide vitrio- » lique et Le charbon à acheter. Il est vrai qu’en s'établissant » sur les bords de la mer, le sel marin ne coûteroit presque » rien. On pourroit, d'un autre côté, ne pas perdre l'acide » sulfureux pour le reconvertir en acide vitriolique. Ce seroit » en chauffant le vitriol de natron et le charbon dans des » vaisseaux fermés, par exemple , dans des cornues dont ET D'HISTOIRE NATURFLLE. 75 » le col aboutiroit dans de grandes chambres semblables » à celles où on brüle le soufre.... » Peut-être l'acide vitriolique ne seroit-il pas tout changé » en 2cide sulfureux, et qu’une portion le seroit en soufre, » ce qui formercit un hépar (ou sulfure de soude), cet hépar » pourroit , à la vérité, être décomposé par l'acide acéteux » ou tout autre acide végétal, et on obtiendroit l’alkali pur; » mais ces acides végétaux seroient dispendieux. » elles sont nos connoissances actuelles sur la décom- » position du sel marin. Son utilité multiplie les recherches, » et il n'est pas douteux que dans peu de temps on l'ob- » tiendra en grand, et que le procédé sera public. » Et effectivement Leblanc qui s'occupoit depuis long temps de cet objet, vint me trouver et me demanda des éclaircis- semens à cet égard. | « Le citoyen Lamétherie, dit-il, t. L de ce Journal, ann. 1794, » page 468, inséra vers l'année 1755, je crois (c’est en 1789), » dans le Journal.de Physique, ‘des observations sur la » décomposition du sulfate de soude par l'incinération avec » le charbon. Il ne doutoit pas que de nouvelles expériences » procurassent un jour le moyen de décomposer complè- » tement ce sulfate appelé se/ de glauber. Je m'attachar à » cette idée, et l'addition du carbonate de chaux remplit » parfaitement mon objet. J'en prévins Lamétherie , c'étort » à ses observations que je devois ce prernier succés, puts- » qu’elles avoïent fourni l'occasion de mon dernier travail. » Fourcroy et Vauquelin firent un Rapport sur cet objet. Leblanc s'associa Dizé à ses travaux. Voyez tous ces détails dans une Lettre que Dizé m'a fait l'honneur de m'écrire à cet égard au mois d'avril de cette année (tome LXX de ce Journal, page 291). On retrouve encore les mêmes détails à peu près, dans un Rapport sur les divers moyens d'extraïre avec avantage, le sel de soude du sel marin, par Lelièvre, Pelletier, Darcet et Giroud (Journal de Physique, tome IT, juillet 1794, page 118, ou tome XLV de la Collection générale). On prend cent parties de sulfate de soude, cent parties de craie de Meudon et cinquante parties de charbon: on met le tout dans des fourneaux de réverbère : (une planche page 160) indique la construction de ces fourneaux... K 2 76 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les faits que nous venons de rapporter prouvent que Leblanc et Dizé, dans la décomposition du sel marin, faisoient trois opérations principales. 1°. Ils décomposoient le sel marin par l'acide sulfurique, ainsi que je l'avois indiqué à Leblanc. 2°, Ils décomposoient ce sulfate de soude en le chauffant avec de la poussière de charbon, ainsi que je l'avois éga- lement dit. _ 3°. Mais au lieu d'employer l'acide acéteux comme je l’avois dit, pour décomposer la petite portion d'hépar, ou desul- fure qui reste, ils substituèrent la craie de Meudon. C'est donc Leblanc et Dizé qui ont les premiers obtenu la soude en grand par la décomposition du sel marin. Leur établissement étoit à Saint-Denis, au méme lieu où d’autres savans en ont rétabli un semblable postérieurement. Leblane et Dizé obtinrent alors un brevet d'invention pour 15 années, lequel constate juridiquement leurs travaux et leurs procédés. Je n'entends point faire ici de réclamations pour la part que je puis avoir dans les moyens d'obtenir la soude en grand, je les abandonne aux amis de la vérité... Mais le malheureux Leblanc, réduit à la dernière détresse, se brüla la cervelle, tandis que d'autres accumulent places sur places... Sa famille infortunée, sa femme et ses enfans ne subsistent que par des moyens pénibles. Dizé doit également jouir de ses droitss. On sait que ma devise a toujours été et sera toujours. AMOUR DE LA VÉRITÉ ET DE LA JUSTICE. NOTICE DE NOUVELLES EXPÉRIENCES DE HUMPHRY DAVY. Des lettres reçues de Londres, en date du 18 juillet, apprennent ce qui suit: « M. Davÿ vient de découvrir une singulière substance. Si l’on brûle du phosphore dans le gazoxi-muria- tique , on obtient un sublimé jaunâtre dont on ne connoit pas parfaitement la nature; mais si après cette combustion on introduit dans un récipient ou dans une cornue du gaz ammoniacah, on obtient une substance blanche, friable, insipide, insoluble , et qu'on prendroit pour une zerre si elle ne brûloit pas au chalumeau et n’étoit pas décomposée par la potasse à une chaleur rouge, M. Davy travaille avec ardeur sur l'acide muriatique. Il regarde cet acide comme ua composé de ce que nous appelons acide oxi-muriatique et d'hydrogène, Mais qu'est-ce que Pacide oxismuriatique? c’est sur quoi il n’a pas ençore prononcé, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 77 NOUVELLES LITTÉRAIRES. Annales de l'Agriculture françaïse, contenant des Ob- servations et des Mémoires sur toutes les parties de l’Agri- culture, rédigées par M. Tessier, Membre de l’Institut, de la Légion d'Honneur , de la Société d'Agriculture du département de la Seine, etc. Année 1809, 4 vol. in-8° de 1698 pages, figures et tableaux, prix 18 fr. À Paris , chez Mad. Æuzard, Imprimeur-Libraire, rue de l'Eperon Saint-André-des-Arts, n° 7. On trouve dans ces quatre volumes des Mémoires et des Rapports sur l'Agriculture des départemens, sur le per- fsctionnement de la Charrue, des instructions sur l'Education des troupeaux, sur les Moyens de suppléer le Sucre dans l'Economie domestique , sur le Lavage et le Dégraissage des Laines, sur la Culture du Coton, sur la Culture de la Vigne, sur les Plantations, sur les Baux à cheptel, les Programmes des prix décernés et proposés par la Société d'Agriculture du département de la Seine, par celle d'En- couragement de l’industrie nationale, sur un Concours pour les observations vétérinaires et un tableau par mois du prix des grains dans tout l'Empire. Cet Ouvrage est à sa onzième année. La Souscription pour l'année ou 12 numéros, est de 25 fr. franc de port pour toute la France. On souscrit à la même adresse que ci-dessus. Il s’est fait en France, une heureuse révolution en faveur de l'Agriculture. Les bonnes méthodes se répandent, les erreurs sedétruisent. Des gens sages etinstruits vont chercher dans les champs un bonheur qu'ils ne trouvent plus dans les villes. Des livres bien faits sur l'Agriculture leur sont nécessaires. Les Annales d'Agriculture leur fournissent le fruit de l'expérience des cultivateurs éclairés. Instruction pour les Bergers et pour les Propriétaires des troupeaux, avec d'autres Ouvrages sur les Moutons et sur les Laines, par Daubenton : publiée par ordre du Gouverz 78 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nement avec des notes, par /.-B, Huzard, de l’Institut de France, etc. Quatrième édition augmentée. Un vol. in-8° de 560 pages et 23 planches, dont une pour la castration des béliers, qui ne se trouve point dans les autres éditions. À Paris, 1810,chez Mad. Æuzard, Imprimeur- Libraire , rue de l'Eperon , n° 7. Prix, 7 fr. et 9 fr. franc de port par la Poste. Cet Ouvrage qui eut un si grand succès, a encore été augmenté dans cette nouvelle édition. D'ailleurs l'éducation des moutons, et particulièrement des mérinos, est devenue d'un intérêt plus général. La nouvelle publication de cette Instruction est donc un vrai service rendu à la société. Traité complet d'Agriculture théorique et pratique sur les Abeilles, par M. Féburier de la Société d'Agriculture de Seine et Oise, Correspondant de celle de Paris et l'un des Collaborateurs du Cours d'Agriculture théorique et pra- rique de Déterville. Un vol. in-8° de 468 pages, figures. A Paris, 1810, chez Mad. Æuzard, Imprimeur-Libraire, rue de l’Eperon, n° 7; à Versailles, chez l'Auteur, dans le petit parc, avenue Saint-Antoine, grille du Dragon. Prix, 4 fr. et 5 fr. 5o cent. franc de port par la Poste. Cet Ouvrage, approuvé dans la Séance de l'Institut de France du 12 janvier 1810, contient l'Histoire naturelle des Abeilles , la Culture de ces insectes applicable à toutes les espèces de Ruches et à toutes les températures de la France, la comparaison des Méthodes et des Ruches adoptées jusqu’à ce jour avec celles proposées par l’Auteur; enfin, l’état des connoissances des Grecs et des Romains et celles des peuples modernes dans le XVII° siècle, sur les Abeilles. On ne sauroit rendre trop vulgaires les bonnes Méthodes pour l'éducation de cet insecte précieux. L'Art d'empailler les Oiseaux, contenant des principes nouveaux et surs pour leur conserver leurs formes etleurs at- titudes naturelles , avec la méthode de les classer d’après le système de Linné; par MM. Penon, ancien Professeur de l'Ecole Vétérinaire de Paris, Directeur adjoint et premier Professeur de celle de Lyon, Membre de plusieurs Sociétés d'Agriculture, etc., et Mouton Fontenille, Membre de la ET D'HISTOIRE NATURELLE, 79 Société d’Encouragement , de l'Athénée et de plusieurs So- ciétés d'Agriculture. Seconde édition, ornée de 5 planches en taille-douce, un vol. in-4°. Prix, 4 fr. À Lyon, chea sa Veuve, à l'Ecole Vétérinaire ; à Paris , chez Mad. Æuzard, Imprimeur-Libraire, rue de l’'Eperon, n° 7. L'art d'empailler les Oiseaux avec soin est précieux pour les collections d'histoire naturelle. Ie et Ile Cahiers de g6 pages rn-12 de la Correspondance sur la Conservation et l Amélioration des Animaux Do= mestiques : Observations nouvelles sur les Moyens les plus avantageux de les employer, de les entretenir en santé, de les multiplier , de perfectionner leurs Races, de les traiter dans leurs Maladies; en un mot, d'en tirer le parti le plus utile aux Propriétaires et à la Société. Avec les Applications les plus directes à l'Agriculture, au Commerce, à la Ca- valerie , aux Manéges, aux Haras et à l'Economie Domesti- que; recueillies et publiées par M. Fromage de Feugré, Vétérinaire en Chef de la Gendarmerie de la Garde de S. M. l'Empereur et Roi, Membre de la Légion d'Honneur, ancien Professeur de l'Ecole Vétérinaire d’Alfort. Ces deux Cahiers contiennent, entre autres articles : Fragmensde Végèce, sur la Médecine des Animaux, extraits et traduits du latin, par le Rédacteur. — Sur la Fièvre des Chevaux, extrait des Vétérinaires Grecs; par le même. — Observations de M. Girard, sur l'Esquinancie du Cheval, la Fluxion aux Yeux, la Fourbure, les Parotides. — Paralysie et Fièvre bilieuse dans des Chevaux; par M. Damoiseau. — Jument paralysée , guérie au moyen du Galvanisme; par M. Preau.— Sur le Charbon, l'Avortement, les Tics, dans le Cheval ; par M Rigor. —-Epingle trouvée implantée dans le cœur d'une Vache; par M. Barrier père. — Renversement de la Matrice des Vaches et des Jumens ; par M. d'Orfeuille. — Sur quelques Vers des Moutons; par le Rédacteur.— De la Clopée des Moutons; par M. Chenu.—Tournis des Bètes à laine, guéri par M. Zonard. — Est-il possible de faire pro- duire aux animaux des Mäles ou des Femelles , selon qu'on préfère l'un à l'autre?—Manière de faire prendre le Vert aux animaux; par M. Fromage de Feugré. Le Prix de la Souscription pour l’année, est de huit fr. pour les douze Cahiers , que l'on recevra franc de port par la Poste, dans tousles Départemens, A Paris, chez Æ. Buisson, Libraire, rue Gilles-Cœur, n° 10. 80 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIM1e L'éducation des Animaux Domestiques si soignée en An- gleterre, a été jusqu'ici assez négligée en France. Cet Ouvrage ne peut manquer d'intéresser les véritables amis des champs. VII: et VIIIS Cahiers de la troisième Souscription , ou XXXIC et XXXIIe de la Collection des /nnales des Voyages, de la Géographie et de l'Histoire, publiées par M. Malte- Brun. Ces Cahiers contiennent la Carte des îles de Mada- gascar, de Bonaparte, de France, de Comore, ete., avec les articles suivans : Apperçu des relations sur l'ile de Madagascar, antérieures à 1807, par le Rédacteur; — Idée de la côte occidentale de Madagascar, désignée par les Noirs sous le nom de Mé- nabé, par M. Du Maine, habitant de l'Ile-de-France ; — Notes sur la baie de Saint-Augustin, par M. Capmartin, de l'Ile-de-France ; — Remarques faites pendant un voyage par le détroit de Magellan ; — Extrait d'un voyage dans la ci-devant Picardie , fait en 1599, par M. Laïr; — Notice sur Aracan, par le major Robert ; — Analyse de deux Mémoires espagnols sur les ruines de Talavera, par M. Depping;— Voyage fait au pays d’Ancaye dans l'ile de Madagascar, en 1790, par M. Du Muine; — Mémoire sur Ophir, par M. Seerzen ; et les articles du Bulletin. Chaque mois, depuis le 1° septembre 1807, il paroitun Cahier de cet Ouvrage, de 128 ou 144 pages in-8°, accom- pagné d’une Estampe ou d'une Carte Géographique, souvent coloriée. La première et la deuxième Souscription ( formant 8 vol. avec 24 Cartes et Gravures ) sont complètes, et coûtent cha- cune 27 fr. pour Paris, et 35 fr. par la Poste franches de port. Les Personnes qui souscrivent en même temps pour les re, 2e et 3° Souscriptions, payent la 1€ et la 2° 5 fr. de moins chacune. Le prix de l'Abonnement pour la troisième Souscription est de 24 fr. pour Paris, pour 12 Cahiers. Pour les Dé- partemens, le prix est de 5o fr. pour 12 Cahiers, rendus francsde port par la Poste. En papier vélin le prix est double, L'argentet la lettre d'avis doivent étreaz//ranchrs et adressés à Fr. Buisson , Libraire-Editeur, rue Gilles-Cœur , n° 10, à Paris. Les faits sont la base de nos connoiïssances : c'est une vérité ET D'HISTOIRE NATURELLE. 81 vérité reconnue. Or on trouve beaucoup de faits dans les Voyages. C'est pourquoi leur lecture intéresse tout le monde. Les Annales des Voyages montrent un intérêt particulier, parce que l'Auteur y fait un choix raisonné des faits. Analyse chimique de la Lumière, et nouvelle Théorie des Phénomènes magnétiques, électriques et galvaniques , par 2. Willain, avec planches. La nature est soumise à des lois invariables que l’homme doit chercher à approfondir, saus ce but à quoi sert la Physique? Un vol. in-8°. A Paris, chez Mrgneret, Imprimeur, rue du Dragon, faubourg Saint-Germain, n° 20. Une analyse chimique de la Lumière est sans doute une chose difficile. Il faut voir dans l'Ouvrage même la manière dont l'Auteur y a procédé. Œuvres complètes de Tissot, Docteur et Professeur en Médecine, Médecin de Sa Majesté Britannique , Membre de la Société Royale de Londres, de l’Académie de Bäle, etc. , etc. Nouvelle édition revue, précédée d'un Précis historique sur la vie de l’Auteur, et accompagnée de Notes par M. J. NV. Hallé, Docteur et Professeur en Médecine, de l'Ecole de Paris, Médecin ordinaire de Sa Majesté l'Empereur et Roi, Membre de la Légion d'Honneur, de l'Institut de France, etc. Cinquième volume. A Paris, chez Allut, Imprimeur-Libraire, rue de l’Ecole-de-Médecine, n° 6, vis-à-vis Saint-Côme. Cette édition est publiée pour venir au secours d’une partie de la famille de cet homme célèbre; par P. 4, Tissor. On connoît tout le mérite de cet Ouvrage. - Précis historique et pratique sur les Maladies de la Peau; par M. Alibert, Médecin de l'Hôpital Saint-Louis et du Lycée Napoléon, Membre de la Société de la Faculté de Médecine de Paris, de l'Académie Joséphine de Vienne, de l'Académie de Médecine de Madrid , etc. Tome premier. Un vol. in-8° broché, prix 7 fr. et 8 fr. 5o cent franc de port par la Poste, de l'Imprimerie de Doublet. À Paris, chez Charles Barroïs, Libraire, place du Carrousel, n° 26, 3810. Ce Précis des Maladies de la Peau a été accueilli avee Tome LXXI, JUILLET 3810. L 82 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHIMIE empressement du public. Cette nouvelle édition est enrichie de beaucoup d’Observations. Nous les ferons connoitre plus particulièrement. Recueil d'Observations sur le Croup, Extraites de Staar, de Æomm , de Bard et de tous les auteurs qui forment la Collection de Michaelis, traduites de l'anglais et du latin par #. Ruette, Docteur en Médecine, Médecin de Bienfai- sance , Membre de l'Académie de Médecine de Paris, de la Société Médicale d'Emulation, de celle de Médecine pra- tique , Membre Correspondant de la Société Royale de Got- tingue. Un vol. in-8°. Prix, 3 fr. et 4 fr. franc de port. À Paris, chez A/lut, Imprimeur-Libraire de la Société médicale d'Emulation , rue de l’Ecole-de- Médecine, n° 6, vis-à-vis Saint-Côme, 1810. Ce Recueil, dit le traducteur , comprend les Observations de la plupart des médecins étrangers, qui se sont spécialement occupés du croup. Si on veut y Joindre celles de Rosen, de Cullen et de quelques autres praticiens dont nous avons des traductions , ainsi que celles qui sont consignées dans nos Journaux, ou dans les Ouvrages des médecins français, tels que MM. Pinel, Portal et Desessartz. on aura à peu près tout ce que les modernes ont écrit d’intéressant sur cette maladie. Seconde année. Juillet 1810. Nouvelle Bibliothèque ger- manique de Médecine et de Chirurgie, contenant | Extrait analytique des meilleurs Ouvrages allemands sur l'Art de guérir, un choix d'Observations pratiques des Médecins et Chirurgiens les plus renommés de l Allemagne, les nouvelles Decouvertes qui s’y font en Médecine et en Chirurgie, et les Morceaux les plus intéressans qui se publient dans les Journaux de Médecine de ce pays; par F. Gallot, D. M. Numéro XIX. A Paris, chez Æ//ut, Imprimeur-Libraire, rue de 1 Ecole-de-Médecine, n° 6, vis-à-vis Saint-Côme; et à Neue : châtel en Suisse, chez le Rédacteur. La. nouvelle Bibliothèque germanique de Médecine et de Chirurgie paroît tous les mois par Numéros de 5 à 7 feuilles. Trois Numéros forment un volume d'environ :00 pages. Le prix de l'Abonnement, pour l'année, est de 14 fr. à Paris et à Neuchatel en Suisse, et de 18 fr. (port payé} pour les Départemens. Les deux Bureaux de ce Journal sont : à Paris, chez M. AZ/ue, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 Imprimeur-Libraire , rue de l’Ecole-de- Médecine, n° 6; et à Neuchatel en Suisse, chez le docteur Gallot, Rédacteur. On peut aussi s'abonner chez les principaux Libraires de la France et de l'Etranger. Les Auteurs et Libraires qui voudroient faire annoncer leurs Ouvrages , en adresseront un exemplaire à l'un des deux Bureaux ci-dessus. L'annonce sera faite avec exactitude. On peut encore se procurer aux mêmes adresses les quatre volumes de l’année 1808, brochés. Des Erreurs des Préjugés répandus dans la Société; par T. B, Salgues; avec cette Epigraphe: Benè adhibita ratio cernit quid optimum sit ;] Neglecta , multis implicatur erroribus. Cic. T'uscul. Un volume in-8° de plus de 550 pages. Prix, 6 fr. broché et 7 fr. 75 cent. franc de port par la Poste, en papier vélin le prix est double. À Paris, chez F. Buisson, Libraire , rue Gilles-Cœur, n° 10. On sent tout ce que peut fournir un pareil sujet. Lettres à Sophie sur la Physique, la Chimie et l'Histoire naturelle; par Louis- Aimé Martin, avec des notes par M. Patrin, de l'Institut. Prenez et dirigez un miroir , dit Piaton , vous reproduirez la terre , les mers , le cel : le monde comme une ombre légère passera devant vos yeux. Mon Ouvrage est ce miroir. Introduction. Deux vol. in-80. À Paris, chez A. Nicolle, rue de Seine, n° 12, hôtel de la Rochefoucaud. Cet Ouvrage mélé de prose et de vers, présente un tableau de quelques-unes de nos connoissances sur la Physique, la Chimie et l'Histoire naturelle , entre-mélé de vers galans à Sophie. Patrin y a ajouté à la fin du second volume, des notes sur les Volcans , les Aurores boréales, l’origine des Sources thermales et autres , les Etoiles qui filent, la Rosée.... On connoit déjà ses idées, 84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etC« TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Suite du Mémorre sur la Mesure des hauteurs à l'arde du baromètre; par M. d'Aubuisson, Ingénieur des Mines. Pag. Note sur la diminution de la Chaleur à mesure qu'on s'élève dans l'atmosphère; par le méme. Note sur laquantité d'eau en vapeur contenue dans l'at- mosphère , sur la diminution de densité qui en résulte, et sur le produit de l'évaporation en temps déterminé ; par le méme. Mémoire sur quelques Recherches dans la Philosophie chimique, particulièrement sur les Corps métalliques provenant des alkalis et des terres, et sur quelques Combinaisons d'Hydrogène ; par Humphry Davy. Tableau météorologique; par M. Bouvard. Analyse de la Laumonite; par M. Vogel. Notice de nouvelles Expériences Galvaniques ; par M. Davy. J.-P. Dessaignes à J.-C. Delamétherte, sur la Propriété phosphorescente rendue par l'électricité à des corps qui l’avoient perdue. Mémoire de MM. Gayÿ-Lussac et Thenard, qui recon- noissent que le potassium et le sodium ne passent à l’état d'alkali que par l'absorption de l'oxigène, et qu'ils sont des étres simples et non point des kydrures. Observation sur ce qui est dit dans le Rapport pour les prix décennaux , page 33, au sujet de la décomposttion du Sel marin pouren obtenir lasoude; par J.-C. Dela- méthertie. Notice de nouvelles expériences de H. Davy. Nouvelles littéraires. [él 7x 77 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. AOÛT ax 1810. Û SUITE DU MÉMOIRE Sur quelques nouvelles Recherches électro-chimiques, etc. ; Par HUMPHRY DAVY, Ecuyer, etc. Lu dans la Séance de la Société Royale, le 16 novembre. TILL EXPÉRIENCES SUR LE NITROGÈNE, L'AMMONIAC ET SUR L'AMAL= GAME PROYENANT DE L'AMMONIAC: Uxe des propositions que j'ai avancées lorsque je discufois les phénomènes singuliers produits par l'action du potassium sur l'ammoniac, c'est que le nitrogène peut être composé d'oxigène et d'hydrogène, ou d'eau. Je donnerai, dans cette section , le détail d'un grand nombre d'expériences pénibles, et de procédés aussi minutieux que fastidieux que j'ai conduits dans l'espoir de résoudre ce Tome LÂXXI. AOUT an 1850. M _-86- JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIim:£ problème. Mes résultats ont été négatifs pour la plupart. Je vais néanmoins les exposer dans le plus grand détail, convaincu qu'ils éclairciront quelques points de discussion, et qu'ils pourront empécher d'autres chimistes de poursuivre les mêmes recherches qui semblent, au premier coup d'œil, devoir conduire au but qu’on s’étoit proposé. On a souvent prétendu que la formation du nitrogène avoit lieu dans plusieurs procédés où aucune de ces com- binaisons connues n'avoit point de rapport. Il n’est pas . nécessaire d'entrer ici dans la discussion des opinions émises par les chimistes allemands sur l'origine du nitrogène produit pendant le passage de l'eau à travers des tubes rougis au feu, ou des spéculations de Girtanner , fondées sur ces données et sur d'autres non moins erronées. La découverte de Priestley sur le passage des gaz à travers des tubes de terre rougis au feu, les recherches exactes de Berthollet et les expériences de Bowdillon-Lagrange ont complètement résolu ce problème. > Un des cas les plus frappans dans lequel le nitrogène a été supposé paroître sans la présence d'aucune autre ma- tière que l’eau, qui a pu être regardée comme un de ses élémens, c'est dans la décomposition et la recomposition de l'eats par l'électricité. Pour m’assurer si le nitrogène pou- voit être produit de cette manière, j'ai construit un appareil au moyen duquel l'électricité de Volta peut agir sur une certaine quantité d'eau, de manière à produire de l'oxigène et du nitrogène très-promptement , appareil dans lequel ces az fussent détonés, sans que l’eau demeurät exposée à AP et que ce fluide ne fût en contact qu'avec le platine, le mercure et le verre. Les fils destinés à com- léter l'appareil de Volta et le circuit d'électricité ordinaire, Fes hermétiquement renfermés dans le tube. J'employai 500 doubles plaques de lacombinaison de Volta, avec une acti- vité telle, que le huitième environ d’un pouce cube de ces gaz mélangés , fut produit chaque jour de 20 à 30 fois. L'eau em- ployée dans cette expérience étoit d'un demi-pouce eube en- viron. Je l’avois purgée d’air avec le plusgrand soin, à l'aidede la pompe à air et en la faisant bouillir; je l'introduisis dans le tube, et la mis à l'abri de l’atmosphire, tandis qu'elle étoit chaude. Après la première détonation de l’oxigène et de l'hydrogène, qui faisoient ensemble le huitième environ 16% ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 d'un pouce cube, il y eut un résidu du 40° environ du vo- lume de ces gaz. Je trouvai après chaque détonation, que ce résidu avoit augmenté, et au bout de 50 détonations, à peu près, il s’élevoit à plus d'un quart du volume de l'eau, c'est-à-dire à ; de pouce cube. Examiné avec le gaz nitreux , il ne renfermoit point d'oxigène ; 6 mesures mé- langées avec 3 mesures d'oxigène, se réduisirent à 5; ensorte qu'il consistoit en 2.6 d'hydrogène , et 5.4 d’un gaz ayant les caractères du nitrogène. Cette expérience sembloit favoriser l'opinion du nitrogène provenant de l'eau pure dans ces procédés électriques ; mais quoique les fils de platine fussent hermétiquement scellés dans le tube, j'imaginai qu'il étoit possible qu’au moment de l'explosion par la décharge électrique, les expansions et les contractions soudaines occasionnassent quelque communication momentanée avec l'air extérieur à travers l'ouverture. Je me décidai, en conséquence, à faire les ex- pieces de manière à ce que l’air atmosphérique füt tota- ement exclu. C’est ce que j’obtins aisément en plongeant l'appareil tout entier dans l'huile, à l'exception des parties supérieures des fils communicateurs, et en conduisant le procédé comme auparavant. Le résidu , dans cette expérience, ne me parut pas avoir augmenté aussi promptement que dans la précédente. Je la continuai pendant environ deux mois. Après 540 explosions, le gaz permanent égaloit <# d'un pouce cube. Je l'examinai avec beaucoup d'attention; six mesures de ce résidu, détonés ayec 3 mesures d’oxigène, donnèrent une diminution moindre d'une mesure ; résultat qui semble démontrer que le nitrogène n’est pas formé pen- dant la composition et la recomposition de l’eau, et que le gaz qui reste est hydrogène. Quant au gaz résidu en excès, il est aisé de l’attribuer à une légère oxidation du platine. Les belles expériences de M. Cavendish sur la déflagration des mélanges d'oxigène, d'hydrogène et de nitrogène , mènent directement à conclure que l'acide nitreux qui est engendré quelquefois dans les expériences sur la production de l'eau, doit son origine au nitrogène mélé avec l'oxigène et l’hy- drogène , et qu'il ne provient jamais de ces deux gaz seuls. Dans un Mémoire que j'ai lu , en 1806, dans l'assemblée de Baker , j'ai avancé plusieurs faits qui semblent démontrer que l'acide nitreux qui paroit dans différens procédés où M 2 88 JOUANAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'on emploie l'appareil de Volta pour électriser l’eau, ne peut avoir lieu sans la présence du zitrogène. Quoique dans ces expériences j'aie pris toutes les précautions nécessaires pour me mettre en garde contre les causes de méprise; quoique je ne voie pas comment jai pu tomber dans quelqu'erreur, je trouve néanmoins qu on a répété de nouveau l'assertion , que deux acides et deux alkalis peuvent être produits par l'eau pure. L'énergie avec laquelle l'immense appareil de Volta, récemment construit à l'Institut Royal, agit sur l'eau, m'a mis à même de décider cette question bien plus surement que je ne pouvois le faire auparavant. J'ai trouvé dernièrement, dans une expérience où l'eau pure fut électrisée dans deux cônes d'or placés dans du gaz hy- drogène , qu'il ne s'étoit formé ni acide nitreux, ni alkali. Peut-être dira-t-on que dans ce cas la présence de l'hy- drogène dissous dans l'eau empêche l'acide nitreux de pa- roître. J'ai fait en conséquence deux séries d'expériences, l'une dans une jarre remplie de gaz oxigène, et l'autre dans un appareil où le verre, l'eau, le mercure et les fils de platine seuls étoient présens. Dans la première série, je fis usage de 1000 plaques doubles; les deux cônes étoient de platine et contenoient chacun le 12° environ d'un pouce cube; je les unis ensemble au moyen de fils d’asbeste. Dans ces expériences , lorsque les batteries furent en pleine activité, la chaleur fut telle, et les gaz se dégagèrent avec une si grande rapidité, que plus de la moitié de l'eau se perdit dans l'espace de peu de mi- nutes. En employant une charge plus foible, je conduisis ce procédé quelques heures , et quelquefois même deux et trois jours. Dans les circonstances où j employai de l’eau lentement distillée, et où le récipient fut rempli d’oxigène pur provenant d'oxi-muriate de potasse, il ne se montra dans les cônes aucun acide ni aucun alkali. Lors même que le nitrogène étoit présent, les indices de la production de la matière acide et alkaline furent extrêmement foibles; néanmoins lorsqu'on touchoit l'asbeste avec des mains qui n'étoient pas lavées, ou lorsqu'on introduisoit la plus petite parcelle de matière neutro-saline , il se faisoit une séparation immédiate d'acideet d'alkali, aux points de contact de l'as- besteavecle platinequ’on pouvoitappercevoiravecles épreuves usitées, Dans la seconde série d'expériences, l'oxigène et l'hydro- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 89 gène produits par l’eau , furent recueillis sous le mercure, etles deux portions d’eau communiquèrent directement 1 une avec l’autre. Dans plusieurs expériences faites de cette ma- nière, avec une combinaison de 500 plaques et continuées pendant quelques jours , j'ai toujours trouvé l'alkali fixe séparé dans le verre négativement électrisé, et une petite quantité d’acide que le lithmus pouvoit simplement faire appercevoir dans le verre positivement électrisé. Cet acide rendoit terne le nitrate d’argent; sa présence est-elle due aux ordures qui doivent se former en distillation avec le mercure, ou à l'acide muriatique existant dans le verre ? C’est ce que je ne saurois dire; mais comme le sel parfaitement sec n'est point décomposé par la silice, il me semble de même , que l’acide muriatique dans son état d'aridité , peut exister en combinaison dans le verre. J'ai fait différentes expériences sur l'ignition et la fusion du platine par l’électricité de Volta dans des mélanges de vapeur d’eau et de gaz oxigène. J'ai cru qu'il étoit possible que si l'eau pouvoit être combinée avec plus d'oxigéne, cette chaleur, la plus intense que nous puissions lui com- muniquer, produisit cet effet. Lorsque l'oxigène fut mélangé avec le nitrogène, l'acide nitreux se forma; mais quand il se composoit des dernières porno d'oxi-muriate de potasse, il ne donnoit pas les plus légers indices d’un sem- blable résultat. L'eau en vapeur fut passée à travers l'oxide de manganèse rougi au feu, dans un tube de porcelaine verni, dont le calibre avoit à peu près un pouce de diamètre. Il se forma, dans ce cas, une solution d'acide nitreux assez forte pour être d'une aigreur désagréable au goût, et qui dissolvoit aisément le cuivre. Je répétai plusieurs fois cette expérience , précisément avec ies mêmes résultats quand Je diamètre du tube étoit grand. Lorsque j'ai employé l'oxide rouge du plomb au lieu d oxide de manganèse, je n'ai obtenu aucun acide; mais n'ayant fait d'expérience sur cette substance qu'une seule fois et dans un petit tube, je ne puis tirer aucune conséquence de cette différence. Dans le dernier Mémoire que j'ai lu à l'assemblée de Baker, j ai établi qu'en voulant obtenir de l'ammoniac d'un mélangé de charbon de bois chauffé par l'action de l'eau, 90 JOURNAL DE PIIYSIQUE, DE CHIMIE, de la manière indiquée par le docteur Woodhouse, je ne réussis pas dans cette expérience où le mélange se refroidit en contact avec l'hydrogène. J'ai fait depuis un grand nombre d'expériences semblables. En général, lorsque le mélange n'avoit point été exposé à l'air, il n'existoit que peu ou point d'indices de production d’alkali volatil ; mais ce résultat n'est pas assez constant pour être tout-à-fait satisfaisant; et il n'est pas possible d'obtenir uniformément les mêmes circonstances dans cette simple forme de l'expérience. J'ai fait un appareil au moyen duquel les phénomènes de ce procédé peuvent être beaucoup plus rigoureusement observés. ‘Je fis rougir de la potasse pure et du charbon de bois, dans la proportion d'un sur quatre, dans un tube de fer garni de robinets et joint à l'appareil pneumatique, de manière à ce que ce mélange püt se refroidir en contact avec le gaz produit durant l'opération ; et que l'eau épuisée d'air, pût agir sur le mélange refroidi , et ensuite en étre distillée. Je ne donnerai ici que les résultats généraux de ces opérations que j ai conduites pendant environ deux mois, en prenant toutes les précautions possibles pour empêcher l'interposition du nitrogène de l’atmosphère. Dans tous les cas où l'eau se trouvoit en contact avec le mélange de charbon de bois et de potasse , lorsqu'il étoit parfaitement refroidi, et après que l'eau en eut été distillée par une chaleur douce, j'ai trouvé qu'il gardoit en solution des petites quantités d’ammoniac. Lorsque l'opération eut été répétée sur le même mélange mis au feu une seconde fois, la proportion diminua; dans une troisième opération , la diminution étoit sensible, et dans une quatrième, on pouvoit simplement l'appercevoir. Le même mélange, néanmoins, en ajoutant une nouvelle quantité de potasse, obtint de nouveau le pouvoir de produire de l'ammoniac dans deux ou trois opérations successives ; et lorsque le mélange eut cessé de produire de l'ammoniac, il fut impossible de lui rendre cette faculté, en lelaissantrefroiïdiren contact avec l’air. J'obtins de l’ammoniac dans une expérience où l'action de l'eau sur le mélange donna plus de 200 pouces cubes de gaz, et lorsqu'il n’y avoit plus que les dernières portions du mélange qui fussent en contact avec l'eau pendant le refroidissement; j'ai néanmoins trouvé dans une expérience comparative, que l’ammoniac étoit produit en bien plus ET D'HISTOIRE NATURELLE. g1 grande quantité , lorsqu'un mélange se refroidissoit en contact avec l’atmosphère , que lorsqu'il étoit refroidi en contact avec le gaz développé dans l'opération. Je vais maintenant tirer quelques conséquences de ces L . procédés. IL paroît , d’après quelques expériences de M. Ber- thollet, que le nitrogène s'attache fortement au charbon de bois. Les circonstances d'après lesquelles l'ammoniac cesse d’être produit après un certain nombre d'opérations, et où sa quantité est beaucoup plus grande lorsque le nitrogène est présent, militent peut-être contre l'opinion, que dans ce procédé le nitrogène est composé ; mais jusqu'à ce que l’on ait comparé les poids des substances produites dans ces opé- rations , il n'est pas possible de prononcer sur cette question d’une manière bien exacte. Les expériences du docteur Priestley sur la production du nitrogène pendant la congélation de l'eau , ont porté ce philosophe à imaginer ou que l'eau étoit susceptible d'être convertie en nitrogène , ou bien qu'elle contenoit beaucoup plus de nitrogëne qu on ne lui en suppose communément. J'ai répété plusieurs fois ce procédé : une quantité d'eau de neige d'un pouce un quart cube environ, que j'avois fait bouillir et versée sur du mercure tandis qu'elle étoit chaude, se changea en glace , et dégela dans 16 opérations successives. Le gaz fut produit; mais après les trois ou quatre pre- mières fois qu'elle eut gelé, il n’ÿ eut pas une augmen- tation considérable dans le volume: à la fin de cette ex- périence j'obtins environ le 50° d’un pouce cube, qui se trouva être de l'air commun. Quatre pouces cubes d'eau environ provenant de neige fondue, furent convertis en glace et dégelèrent quatre fois de suite dans un cône de fer travaillé. A la fin du quatrième procédé, le volume de gaz se montoit au 20° environ du volume de l'eau; ilcontenoit à peu près Æ d’oxigène, ; d'hy- drogène et & de nitrogène. M. Kirwan a observé que lofsque le gaz nitreux et l'hydro= gène sulfuré étoient conservés en contact pendant quelque temps, il s'opéroit une grande diminution dans le volume, que le gaz nitreux se changeoït en oxide nitreux , et que le soufre qui étoit déposé avoit une odeur d'ammoniac. J'ai répété plusieurs fois cette expérience en 1808, avec les mêmes résultats, et j'ai trouvé que la diminution du volume de 02 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ces gaz. lorsqu'ils étoient mélés en proportions égales , étoit moindre d'un quart, ce qui sembloit être de l’oxide nitreux. En réfléchissant sur ce phénomène , j'ai vu qu'il étoit possible de l'étudier jusque dans ses plus petits détails. L'hydrogène sulfuré, ainsi qu'il paroît d’après des expé- riences faites par moi précédemment , et d'après quelques circonstances dont je rendrai compte à la fin de ce Mémoire, renferme un volume d'hydrogène égal au sien propre; mais un volume d'hydrogène exige que la moitié de son volume d'oxigène se convertisse en eau; et le gaz nitreux contient à peu près la moitié de son volume d'oxigène, de manière qu'en supposant la totalité de l'hydrogène employée à ab- sorber l'oxigène du gaz nitreux, le nitrogène seul doit être formé et non l'oxide nitreux ; ou bien, si la totalité de ce gaz est de l'oxide nitreux, il contiendra tout le nitrogène du gaz nitreux , sans rien laisser pour fournir de l'ammoniac. J'ai mélé ensemble cinq pouces cubes de gaz nitreux et cinq d'hydrogène sulfuré sur du mercure , le baromètre étant à 29.5 pouces et le thermomètre à 51° 6 de Fahrenheit. Douze heures s’écoulérent avant que j'eusse apperçu du changement; il se forma alors un précipité blanc, et une liqueur d'un jaune foncé commença à paroître en gouttes dans l'intérieur de la jarre , et le volume de ce gaz diminua promptement; au bout de deux jours la diminution cessa; le volume devint stationnaire. Le baromètre étoit à 30.45 pouces et le ther- momètre à 52° de Fahrenheit, lorsqu'il s'éleva à 2.3. Ce gaz renfermoit les ? environ d’oxide nitreux; le quart restant étoit inflammable. Je fis une expérience à l'effet de déter- miner la nature de la liqueur d’un jaune foncé existante dans la jarre. Je vis qu’elle étoit de la même nature que la liqueur fumante de Boyle, c'est-à-dire d’hydro-sulfure et d'ammoniac, avec du soufre en grand excés. Dans cette expérience , il n'y eut évidemment point de formation d'hydrogène; et ces changemens compliqués fini- rent par donner deux nouveaux ES: savoir , de ni- trogène et d'hydrogène. L'oxfènc et le soufre combinés en formoient un , et une partie du nitrogène et l'hydrogène devenant plus condensés formoit l’autre. Après avoir établi les résultats de la recherche sur la roduction de l'acide nitreux et de l’ammoniac dans dif- érens procédés chimiques , je vais rendre compte de quelques expériences ET D'NISTOIRE NATURELLE, 93 expériences que j'ai faites pour décomposer le nitrogène par des agens qui , selon moi, devoient agir en même temps sur l'oxigène et sur la base du nitrogène. Le potassium, ainsi que je l'ai précédemment avancé, se sublime avec le ni- trogène , sans l’altérer, ou sans éprouver lui-même de chan- gement; mais je crus quil étoit possible que le cas fût différent, si cet agent puissant agissoit sur le nitrogène à l’aide d'une chaleur intense et de la force décomposante de l'électricité de Volta. J'ai fait un appareil au moyen duquel le circuit de Volta pouvoit être complété en gaz nitrogène comprimé par le mer- cure à l'aide de potassium et de platine. Le potassium dans la quantité d'environ deux ou trois grains, fut placé dans une coupe de platine, et pouvoit, par le contact d’un fil de platine, entrer en fusion et se sublimer dans ce gaz. La quantité de nitrogène fut communément d'un pouce cube environ. La batterie employée dans ces expériences étoit toujours en pleine activité, et composée d’un millier de peine doubles. Les phénomènes furent extrêmement bril- ans. Aussitôt que le contact avec le potassium eut lieu, il parut toujours une lumière si intense, que l’œil pouvoit à peine en soutenir l'éclat. Le platine devint bientôt d’une chaleur blanche, le potassium s'éleva en vapeur ; en éloi- gnant davantage la coupe du fil, l'électricité passa à travers la vapeur du potassium et donna une flamme des plus bril- lantes d'un pouce un quart à un pouce et demi de long. La vapeur parut se combiner avec le platine qui s'en dé- gagea en petits globules dans un état de fusion semblable, en apparence, à celle produite par la combustion du fer dans le gaz oxigène. Dans toutes les expériences de cette espèce , l'hydrogène fut produit, et dans quelques-unes d'elles il y eut une perte de nitrogène. Je fus porté d’abord à conclure que le nitrogène se décomposoit dans ce procédé; mais j'ai trouvé que plus le potassium étoit introduit dégagé d’une croûte de potasse qui donnoit de l'eau, et par conséquent de l'hy- drogène dans cette expérience, moins ce gaz se développoit ; et dans une circonstance où je pris les plus grandes pré- cautions, sa quantité n'égala pas le 8° du volume du gaz, et la quantité de nitrogène perdu ne fut nullement sensible. La plus grande quantité de nitrogène qui ait disparu Tome LXXI, AOÛT an 1810. N 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans quelqu'expérience que j'aie faite , étoit d'un 11° de celle employée; mais dans ce cas, la croûte de potasse étoit con- sidérable, et un volume d'hydrogène à peu près égal au uart du volume du nitrogène fut produit. On ne peut pas que le nitrogène n'est pas décomposé dans cette opé- ration; mais il paroît beaucoup plus vraisemblable que cette légère perteest dueà sa combinaison avecl'hydrogène naissant, et. sa séparation d'avec le potassium dans la forme de su- blimé pyrophorique gris, que j'ai toujours trouvé quand le potassium est électrisé et converti en vapeur dans l'am- moniac. Le phosphure de chaux, dans son état ordinaire , est un conducteur électrique , et lorsqu'il ne fait point de communi- cation entre les fils de la grande batterie, il jette en brülant une lumière des plus intenses. Je les fis chauffer jusqu’à la blancheur dans le gaz nitrogène, il en sortit un gaz hy- drogène légérement phosphuré ; mais le nitrogène ne fut 28 altéré. L'appareil étoit semblable à celui employé pour e potassium. Comme la plupart des composés connus pour contenir de l'hydrogène se décomposent aisément par le gaz acide oxi-muriatique , je fis passer un mélange de nitrogène et de gaz acide oxi-muriatique à travers un tube de porce- laine. Les produits furent reçus dans un appareil pneu- matique placé sur l'eau. Il y eut une petite pertedenitrogène; mais la plus grande partie vintau-dessus extrêmement chargée, et comme je trouvai l'acide nitro-muriatique dissous dans l'eau, je ne puis tirer de ce procédé aucune conséquence relativement à la décomposition du nitrogène. La teneur générale de ces expériences ne peut pas être regardée comme donnant beaucoup de force au soupçon que j'ai formé de la décomposition du nitrogène par la distillation de la substance couleur d'olive provenant du potassium et de l'ammoniac dans des tubes de fer. En réfléchissant sur les phénomènes qui ont lieu dans cette opération, je crois pouyoir rendre raison de la perte du nitrogène, sans qu'il ait rien pris de ce qui a été converti dans la matière nouvelle. Quoique les tubes de fer dont j'ai fait usage eussent été nettoyés avec le plus grand soin, ilest possible néanmoins qu’une petite quantité d'oxide se soit attachée aux parties qui n'étoient pas parfaitement polies. s ET D'HISTOIRE NATURELLE. 05 L'oxigène de cet oxide au commencement du procédé de distillation a pu former l'eau avec l'hydrogène sorti de la substance fusible, laquelle étant condensée dans la partie supérieure du tube, aura été mise de nouveau en action vers la fin de l'opération , en occasionnant la formation, peutètre même l'absorption de quelqu’ammoniac, et con- séquemment une perte de nitrogène et la production d'un accroissement de quantité d'hydrogène. Dans l'espoir de décider cette question , j'ai fait une expérience dans un tube de fer dont la surface interne avoit été parfaitement nettoyée. Je mis six grains de potassium dans une capsule de fer , à peu près treize pouces cubes d'ammoniac furent absorbés et six environ de nitrogène produits. Treize pouces cubes de gaz se développèrent dans la première opération. Ils conte- noient à peu près un pouce cube d’'ammoniac etde nitrogène, et 8 d'hydrogène. La portion de gaz que donna la seconde opération , s'élevoit à 3.6 pouces cubes, renfermant 2.5 d’hy- drogène et 1.1 de nitrogène. Le potassium produit dans cette opération suffit pour produire 3.1 pouces cubes d'hydrogène. Comme le fer, dans ces expériences, avoit été chauffé 4 une blancheur intense, et avoit dü nécessairement s'amollir; il est possible , en réfléchissant sur les nouvelles expériences de M. Hassenfratz (1), que la perte d’une aussi grande quan- tité de potassium dépende de l'union intime de ce corps avec le fer, et de sa pénétration dans la substance du tube. A l'appui de cette opinion vient une autre expérience de la même espèce, dans laquelle la chaleur s'éleva au degré de blancheur, et où le tube tomba en morceaux quand il fut refroidi. En examinant sa partie inférieure, j y trouvai use pellicule extrêmement fine de potasse qui, autant que je puis en juger, pesoit à peine un grain. J'introduisis les morceaux du tube dans une jarre renversée dans l'eau, et, au bout de deux jours environ, je trouvai une production de 2.3 pouces cubes d'hydrogène. Dans les expériences détaillées à la page 53 du dernier volume des Transactions, une perte de nitrogène et une production d'hydrogène eurent lieu dans un cas ou le résidu provenant d’une portion de la substance fusible qui avoit {1) Journal des Mines, avril 1808, page 275. N 2. À 96 JOURNAL DA PHYSIQUE, DE CHIMIE été exposée à une chaleur rouge, fut distillé dans un tube de platine ; mais dans ce cas le résidu avoit été couvert de naphte, et il est possible que l’ammoniac ait été régénéré par l'hydrogène provenant $e la naphte et absorbé par ce fluide ; il se peut aussi qu'une partie de l'hydrogène pro- vienne de la décomposion de la naphte; et dans plusieurs expériences où la substance fusible fut brülée toute entière, je n'ai point trouvé de perte de nitrogène. De plus, dans le procédé où la substance fusible est distillée avec une nouvelle quantité de potassium, lorsqu'il se trouve un excès considérable d'hydrogène et un déchet de nitrogène, il est possible d’en attribuer la cause à la plus grande quantité d'humidité que la substance fusible doit absorber de l'air pendant le temps employé à attacher le potassium à la capsule, et aussi à l'humidité attachée à la croûte de potasse qui se forme toujours sur le potassium durant son exposition à l'air. Telles sont, selon moi, es plus fortes objections que l'on puisse faire contre la manière d'expliquer les phéno- mènes en supposant le nitrogène décomposé dans cette opé- ration ; mais on ne peut pas les regarder comme concluantes dans une question aussi obscure et aussi compliquée, et il est très-aisé de soutenir le contraire. Quoique j'aie déjà mis sous les yeux de la Société un grand nombre d'expériences sur la décomposition de l'am- moniac, je ne craindrai cependant pas d'entrer ici dans le détail de quelques opérations ultérieures conduites d’après les nouvelles idées adoptées sur ce sujet. J'ai conclu de la perte du poids qui a lieu dans l’analyse électrique de l’ammoniac, que l’eau ou l'oxigène étoient probablement séparés dans cette opération; mais j'avois prévu les objections qui pourroient être opposées à cette manière d'expliquer ce phénomène. L'expérience de produire de l'ammoniac un amalgame capable de régénérer l'alkali volatil en apparence par l'oxi- dation , confirma l'opinion où j'étois de l'existence de l'oxi- gène dans cette substance, en même temps qu’elle me fit soupçonner que des deux gaz séparés par l'électricité , l’un, ou peut-être tous les deux, pourroient contenir la matière métallique unie à l'oxigène: et les résultats de la distillation de la substance fusible provenant de potassium etd'ammoniac, à ET D'HISTOIRE NATURELLE. Ù7 malgré les objections que j'ai faites , peuvent être également expliqués, d'après une supposition semblable. J'ai fait un grand nombre d'expériences sur la décompo- sition de quantités considérables d'ammoniac, soit avec l’é- lectricité de Volta, soit avec l'électricité ordinaire. Je me suis servi d’un appareil où il n'y avoit de présens quele gaz, les métaux pour conduire l'électricité et le verre. L'ammoniac fut introduitau moyen d'un robinet purgé de l'air commun, dans un globe qui avoit été épuisé après avoir été rempli deux ou trois fois d'ammoniac. Le gaz dont fis je usage étoit absolument pur; la décomposition s'opéra sans aucune pose sibilité de changement dans le volume de la matière élas- tique; l'appareil étoit tel , que le gaz put être exposé à un mélange glacial : je pesai le tout avant et après l’expérience. Mon but , en conservant le mème volume pendant la dé- composition, étoit de produire la condensation de quelque vapeur aqueuse qui , si elle se forme en petite quantité dans l'opération (d’après la théorie de la diffusion mécanique de la vapeur dans les gaz), doit , dans le cas ordinaire de décomposition, sous la pression ordinaire, être dans une quantité du double à peu près dans l'hydrogène et le nitrogène que dans l’ammoniac. J'ai trouvé dans toutes les expériences , qu'il n'y avoit ni diminution dans les poids de l’appareil, ni de déposition d'humidité avant et après l'électrisation ; mais les fils étoiert d’un terne uniforme ; et dans une expérience où je me servis de surface de cuivre, il se forma sur le métal une petite quantité de matière olivâtre; néanmoins, quoique dans ce cas 8 pouces cubes environ d’ammoniac eussent été décom- posés , le poids de la matière oxidée étoit si petit qu’à peine pouvoit-on le soupçonner. Un mélange glacial de muriate de chaux ou de glace que j'employai, et qui fit baisser la température à 15°, ne donna qu'une bien foible indication d'addition d'humidité hygrométrique. Dans ces expériences l’augmentation du gaz fut unifor- mément (cinq parties comprises) de 100 à 185, et l'hydro- gène étoit au nitrogène dans les proportions de 73, 74 à 27, 26, après avoir fait les corrections convenables et pris les précautions que j'ai rapportées plus haut (1). (1) Transactions Philosophiques 1809, page 456, M. Berthollet le jeune, dans le second volume des Mémoires d'Arcueil , a donné un Mémoire sur la 98 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE En prenant les estimations communes de la pesanteur spécifique de l'ammoniac, de l'hydrogèneet du nitrogène, les conclusions que j'ai avancées dans mon Mémoire lu , en 1807, dans l'assemblée de Baker, se trouveroient appuyéés par ces nouvelles expériences ; mais comme l'humidité et l'oxigène visiblement séparés, ne peuvent pas être regardés comme formant + ou -: du poids de l'ammoniac, je me suis dé- terminé à rechercher avec encore plus de précision que je ne l'avois fait jusques-là, les pesanteurs spécifiques des gaz considérés dans leur état sec; c'est ceque j'ai pu faire au moyen de la délicate balance de l'Institut royal. Je fis sécher du nitrogène. de l'hydrogène et de l'ammoniac, en les laissant long-temps exposés sur la potasse , après quoi je Les pesai avec le plus grand soin. Leurs pesanteurs relati- vement spécifiques, se trouvèrent être, le baromètre 30.5 po. ; le thermomètre à 51° de Fahrenheit. Pour le nitrogène les 100 pouces cubes.... 29.8 srim. Peur l'hydrogène ditto................... 2.27 Pour l'ammonmaeterelre cc. cher ct O4 Maintenant, en calculant d’après ces données , on trouvera que dans la décomposition de 100 d'ammoniac, même en pre- décomposition de l’'ammoniac, où il examine mon opinion relativement à l’oxi- gène séparé dans la décomposition électrique de l’ammoniac qu’il suppose que j'évalue à 20 pour cent, et où il réfute en même temps quelques expériences qu’il lui a plu de n’attribuer sur la décomposition du charbon de bois et du fer Re l’'ammoniac. Ses argumens et ses faits à cet égard , me paroissent tres-con- cluans ; mais comme je n’ai jamais émis une opinion telle , que d'avancer que 20 parties d’oxigene furentséparées dans cette expérience, comme je n’ai jamais imaginé des résultats tels, que la combustion du charbon de bois et du fer dans l'ammoniac; enfin, comme je n’ai jamais publié rien qui soit susceptible d’une interprétation semblable, je ne m’amuserai point ici à réfuter cette partie de son Mémoire. Les expériences de cet habile chimiste sur la décomposition di- recte de l’'ammoniac , paroissent avoir été conduites avec le plus grand soin, à l'exception du mercure qu'il n’a pas fait bouillir; ce qui l’a mis dans le cas, selon moi, de porter plus haut l'augmentation du volume. Au reste, dans toutes les expériences soignées de cette.espèce , on doit plutôt s’attendre à une dinu- nution qu’à une augmentation depoids. Le volume peut être exactement doublé, et il est possible que le nitrogene soit à l'hydrogène comme un à trois; mais ni les expériences multipliées du docteur Henry, ni celles que j’ai faites moi- même, n’établissent ce fait; c’est une de ces conséquences hypothétiqueS que Von peut tirer, mais qu’on ne doit pas regarder comme un fait posili£. 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 09 nant les plus grandes proportions de gaz développés , il y a un déchet de (1), et si l'on prend la plus petite pro- portion , le déchet sera de > environ. Ces résultats et ces calculs s'accordent avec ceux que j'ai donnés précédemment , et ayec ceux du docteur Henry. Les faits tout récemment découverts dans la Chimie, re- lativement aux modifications importantes que les corps peuvent subir par des additions ou des soustractions légères d’une nouvelle matière, doivent nous empècher de prononcer légérement sur la nature du procédé de la décomposition électrique de l'ammoniac. . Il est possible que la petite quantité d'oxigène qui paroît s'être séparée, ne soit pas accidentelle, mais un résultat de la décomposition; et si l'hydrogène et le nitrogène sont deux oxides de la méme base, la possibilité de la produc- tion de différentes proportions d'eau dans diverses opéra- tions, peut expliquer les variations observées dans quelques cas, dans leurs proportions relatives. Après tout, l'opinion que l’ammoniac est décomposé dans l'hydrogène et le ni- trogène seuls, par l'électricité, et que le déchet du poids n'est pas plus considérable que celui auquel on doit s'at- tendre dans un procédé d’une espèce aussi délicate, est, selon moi, ce qu'on peut alléguer de mieux en faveur de ce sujet. Mais , demandera-t-on, si l'ammoniac est susceptible de décomposition dans le nitrogène et dans l'hydrogène, quelle est la nature de la matière existante dans l’'amalgame d'am- moniac? quelle est la base métallique de l'aikali volatil? Ces questions sont intimement liées avec tout le système de la Chimie : et avec les instrumens que nous employons aujourd'hui dans les expériences, je crains bien qu'il ne soit pas aisé d'y répondre. J'ai avancé dans mon premier Mémoire sur l’amalgame provenant de l'ammoniac , que dans toutes les circonstances ordinaires de sa production , il semble conserver une certaine (1) 100 d’ammoniac au taux de 185 , donneront 136.0 d'hydrogène pesant 3.1 grains, et 49.1 de nitrogène pesant 14.953 grains ; mais 18.4—17.4—1 au taux de 140 , donneront 133 d'hydrogène pesant 3.01 et 47 de nitrogene pesant 14 e118.4—17=1.4. 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quantité d'eau qui y est adhérente , quantité qu'on peut re- garder comme suffisante pour oxider le métal et reproduire l'ammoniac. ec" J'ai fait différentes expériences dans l'espoir de l'obtenir : de l'ammoniac dans un état sec, mais toujours sans succès, Les amalgames de potassium, de sodium ou de barium n'ont jamais pu le convertir en gaz ammoniacal, et lorsqu'ils ont été chauffés avec le muriate d’ammoniac, à moins que le sel ne füt humide, il n’ÿ a point eu de métallisation de l'alkali. J'ai agi sur l'ammoniac avec différens amalgames métal- liques négativement électrisés , tels que les amalgames d'or et d'argent , l’amalgame de zinc, et l'amalgame liquide de bismuth et de plomb ; mais dans tous ces cas, l’effet a été moins sensible que lorsque j'ai employé le mercure tout pur.” En exposant le mercure à un froid de 20° de Fahrenheit dans un tube resserré, je suis parvenu à obtenir un amal- game dans un état beaucoup plus solide; cependant il se décomposa à peu près aussi rapidement que l'amalgame ordinaire; mais donna beaucoup plus de matière gazeuse ; et dans une circonstance, j'en ai obtenu une quantité à peu près égale à six fois son volume. Cet amalgame qui, selon moi, peut être beaucoup plus dégagé de l'humidité adhérente, est celui de potassium, de mercure et d'ammoniac dans un état solide, comme je l'ai dit dans mon premier Mémoire : il se décompose lente- ment, même en contact avec l’eau, et lorsqu'il a été bien nettoyé en passant au papier brouillard, il supporte une chaleur considérable sans la moindre altération. J'ai fait en dernier lieu, différentes expériences pour en distiller de l’ammoniac, mais sans succès. Lorsqu'il est fortement chaufté dans un tube de verre vert rempli de gaz hydrogène, il se fait toujours une régénération partielle d'ammoniac, mais avec cet ammoniac il se forme aussi de - à < d'hy- drogène. Comme il ne paroit pas possible d'obtenir un amalgame dans un état uniforme, à cause de l'humidité qui s'yattache, il n’est pas aisé de dire quelle seroit l’exacte proportion entre l'hydrogène et l'ammoniac produits, s'il n'y avoit pas plus d’eau produite qu'il n’y en auroit de décomposée en oxidant la base. Mais dans les expériences que j'ai pu faire avec ET D'HISTOIRE NATURELLE. 101 avec le plus de soin, cette proportion est d'un à deux; et dans les circonstances où jai pris toutes les précautions nécessaires, elle est en moins, et dans les circonstances ordinaires, elle est souvent en plus. Si ce résultat est exact, il s'ensuivroit alors que l’ammoniac, en le supposant un oxide, doit contenir environ 48 pour cent d'oxigène, ce qui, comme on le verra plus bas, s’accorderoit avec les rapports des attractions de cet alkali pour les acides et ceux des autres bases salsifiables (1). Si l'on suppose l'hydrogène un corps simple, et le ni- trogène un oxide ; alors, d'après l'hypothèse établie ci-dessus, le nitrogène renfermera environ 48 d'oxigène et 34 de base; mais si l'on adopte l'opinion que l'hydrogène et le nitrogène sont deux oxides du même métal , la quantité d'oxigène existante dans le nitrogène doit étre supposée moindre. Ces idées sont celles qui se présentent les premières dans l'hypothèse antiphlogistique de la nature des substances métalliques ; mais si l’on examine les faits relatifs à l'am- moniac, indépendamment des autres phénomènes généraux de la Chimie , peut-être les expliquera-t-on plus aisément, en adoptant le nitrogène comme une base qui devient alkaline lorsqu elle se combine avec une portion d'hydrogène , et mé- tallique quand elle se combine avec une plus grande portion. La solution de la question relative à la quantité de ma- tière ajoutée au mercure dans la formation de cet amal- game, dépend de cette discussion. En effet, si on adopte l'opinion phlogistique, cet amalgame doit être supposé con- tenir deux fois plus de matière que dans l'hypothèse de QG) Dans l’air commun mème, cet alkali développe de l'hydrogène et de l'ammoniac , à peu près dans ces proportions, et dans une expérience que j'ai faite dernierement , il m’a paru qu’il n’y avoit pas d'absorption d’oxigène pro venant de l’atmosphere. Cette circonstance me pareît favoriser l’opinion anti- phlogistique de la métallisation de l’alkali volatil. En effet, si l'hydrogène est supposé provenir du mercure, et non de la décomposition de l’eau adhérente à l’'amalgame, on conçoit qu’étant dans l’état naissant, il doit absorber rapidee ment l’oxigene. Dans mes premières expériences sur l’amalgame, trouvant que l'air commun auquel il avoit été exposé , donnoit avec le gaz nitreux, une di- minution moiudre qu'auparavant , j'ai conclu naturellement que l’oxigène avoit été absorbe ; mais cette différence peut venir au moins en partie du mélange d'hydrogène. L’amalgame absorbe-t-il dans quelques cas le gaz oxigène ? C'est une question que je renvoie à un examen ultérieur, Tome LXXI, AOÛT an 1810. 0 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l’oxigénation. Dans le dernier Mémoire que j'ai lu à l’as- semblée de Baker, j'ai évalué cette proportion à —1= ; mais c'est la moindre quantité que l'on puisse prendre, le mercure étant supposé ne donner qu'une fois et demie son volume d’ammoniac. Si la proportion établie plus haut est regardée comme la base du calcul, proportion qui est le maximum de ce que j'ai obtenu , l’amalgame contien- droit environ -= de nouvelle matière dans l'opinion anti- phlogistique, et + dans l'opinion du phlogistique. Comme j'aurai occasion de revenir sur ce sujet et de le discuter plus amplement, je terminerai cette section en établissant que’, quoique les expériences sur la composition et la décomposition du nitrogène, sur lesquelles je me suis long-temps étendu dans les pages précédentes aient été né- gatives en premier aperçu , elles peuvent néanmoins être susceptibles d'applications utiles. Il ne paroît pas impos- sible que le passage de la vapeur sur la manganèse brü- lante, soit applicable à la manufacture d'acide nitreux; et j'ai tout lieu de croire que l'ignition du charbon de bois et de la potasse, ainsi que leur exposition à l'eau, peusal s'appliquer avantageusement à la production de ‘alkali volatil dans les pays où le chauffage est à bon compte. IV. SUR LES MÉTAUX DES TERRES. J'ai fait un grand nombre d'expériences dans l'espoir d'ob- tenir les mêmes preuves distinctes de la décomposition des terres communes, que celles qu’on se procure à l’aide des procédés électro-chimiques sur les alkalis et les terres alkalines. J'ai trouvé qu'un fil de fer chauffé jusqu’à la blancheur par le pouvoir de 1000 plaques doubles, étoit négativement électrisé, et tomboit en fusion en contact soit avec la silice, l’alumine ou la g/ucine légérement humectées et placées dans le gaz hydrogène. Le fer devient cassant, plus blane, et donne par la solution dans les acides, une terre de la même espèce que celle qui a été employée dans l'expérience. J'ai fait passer du potassium en vapeur à travers chacune de ces terres, chauffées jusqu’à la blancheur dans un tube ET D'HISTOIRE NAŒURELLE. 103 de platine. Les résultats furent remarquables et méritent peut-être que j'en donne le détail. Lorsque j'employai la silice dans la proportion de dix grains sur quatre de potassium, aucun gaz ne se développa, excepté l'air commun du tube mêlé d'un peu de gaz in- flammable, que l'on pourroit attribuer à l'humidité exis- tante dans la croûte d'alkali formée sur le potassium. Ce dernier (1) fut entièrement détruit, et il se forma dans la partie inférieure du tube du verre avec un excès d'alkali. Ce verre réduit en poussière donna des taches obscures qui avoient un caractère foiblement métallique, à peu près semblable à celui du protoxide de fer. Le mélange ayant été mis dans l'eau, il n'y eut qu’une légère effervescence; mais quand j'eus ajouté à l'eau de l'acide muriatique, des globules de gaz se dégagèrent lentement , effet qui dura pendant une heure environ. Aussi ai-je tout lieu de croire que la silice a été ou entièrement ou partiellement désoxi- génée, et qu'il s'est reproduit lentement par l’action de l’eau aidée de la légère attraction de cet acide pour la terre. Lorsque le potassium étoit dans la quantité de six grains et la silice de quatre grains, une partie du résultat s'en- flamma spontanément, comme si on l'avoit fait sortir du tube, quoique celui-ci fût absolument froid, et laissât comme résultat de sa combustion, de l’alkali et de la silice. La partie qui ne s'enflamma pas ressembloit, pour le caractère, à la matière que j'ai déjà décrite; elle ne put pas agir sur l'eau, mais elle entra en effervescence avec l'acide muriatique. Le potassium en agissant sur l’alumine et la glucine, pro- duisit beaucoup plus d'hydrogène qu'on ne peut en attribuer à l'humidité existante dans la croûte de potasse; d’où il paroît probable que , même après l'ignition , l'eau s'attacha à ces terres. 2 2 —— — —— ———————— — QG) Les résultats de cette expérience sont contraires à l'opinion , que le po- tassium est un composé d'hydrogène et de potasse , ou sa base. En effet, si la chose est ainsi, on peuts'attendre que l'hydrogène sera dégagé par l'attraction de l’alkali pour la silice. Dans mes premières expériences sur cette combinai- son, j'ai opéré dans un appareil uni à l’eau , et j'ai trouvé que le potassium donnoit autant d'hydrogène que s’il eût agi sur l'eau. Dans ce cas , le métal dé- composa rapidement la vapeur de l’eau qui doit avoir élé constamment remplacée. O 2 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, Les résultats de l’action du potassium furent des sube- tances pyrophoriques d'un gris foncé, qui brülérent en jetant des étincelles brillantes(1), et laissèrent après elles del’alkali et de laterre; elles siffloient avec force lorsqu'elles tomboient sur l’eau , qu’elles décomposoient avec une grande violence. J'examinai ces produits dans deux expériences , l'une sur l'alumine et l’autre sur la glucine, en introduisant la naphte dans le tube de platine pour empécher la combustion. Les masses étoient extrémement friables, et présentoient des parcelles métalliques qui devinrent aussi molles que le po- tassium; mais elles étoient si petites qu'il me fut impossible de les séparer pour les examiner dans tout leur détail. Elles se fondirent quand j'eus fait bouillir la naphite. Une partie du potassium dans ces expériences , a été employée à décomposer les terres où elle est entrée en combinaison avec elles, ce qui est invraisemblable, contraire à l'analogie, et opposé à quelques expériences dont je vais incessamment rendre compte. En supposant que les métaux des terres sont produits dans les expériences de cette espèce, je devois m'attendre qu'ils pourroient s'allier avec les métaux ordinaires , aussi bien qu'avec le potassium. Le mercure étoit la seule subs- tance dont je pouvois faire surement l'essai dans un tube de platine. Dans tous les cas où le potassium étoit en excès, j'ai obtenu des amalgames en introduisant le mercure tandis que le tube étoit chaud; mais le métal alkalin imprima les caractères à cet amalgame , et quoique dans le cas de glucine et d'alumine, une matière blanche se séparât pendant l'action de l'acide muriatique extrêmement faible sur l'amal- game ; néanmoins je ne pouvois pas être entièrement sa- tisfait de voir qu'il existât quelqu'un des métaux de ces terres en combinaison triple. Des mélanges de terre avecle potassium, fortementchauffés, en contact avec des fils de fer, et couverts de fils de fer dans un creuset d'argile, donnèrent des résultats beaucoup plus distincts, soit que j'employasse la silice, l'alumine ou la Gi) Le pyrophore d’alun que j'ai supposé , dans mon dernier Mémoire lu à l'assemblée de Baker , être un composé de potassium , de soufre et de charbon de bois , contient probablement aussi cette substance. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 105 glucine, il se trouva toujours une masse en fusion dans le centre du creuset, et cette masse avoit parfaitement les caractères métalliques. Elle étoit, dans tous les cas, plus blanche et plus dure que le fer. Dans une expérience où j'em- ployai la silice, je la brisai sous le marteau et elle offrit un tissu cristallin. Les alliages d'alumine et de glucine furent imparfaitement malléables. Chacun donna, par sa solution dans les acides , évaporation et traitement avec les réactifs de l'oxide de fer, de l’alkali etfdes quantités assez considérables de la terre employée dans l'expérience. Quoiqu'il m'ait été impossible d'obtenir des preuves dé- cisives d’un amalgame provenant de métaux de terres com- munes, j ai néanmoins réussi en opérantdela même manière, à faire des amalgames de terres alkalines. En faisant passer le potassium à travers la chaux et la magnésie, et en introduisant alors du mercure , j'ai obtenu des amalgames solides composés de potassium, du métal de la terre employée et de mercure. L'amalgame de magnésie étoit aisément privé de son po- tassium par l’action de l'eau. Il parut alors comme une masse solide blanche qui , exposée à l'air , se couvrit d'une poussière blanche et sèche; quand j'eus agi dessus avec un foible acide muriatique, elle donna du gaz hydrogène en grande quantité ,et produisit une solution de magnésie. D'après les opérations faites de cette manière, j'ai tout lieu de croire qu'il seroit possible d'obtenir des terres al- kalines des quantités de métaux suffisantes pour déterminer leur nature et leurs façons d'agir, ainsi que les quantités d'oxigène qu'elles absorbent, et par la solution des alliages qui renferment les métaux des terres communes, il paroît robable qu'on je également préciser les proportions de a matière métallique existante dans ces corps. D'après une hypothèse que j'ai précédemmentcommuniquée à la société , savoir : que le pouvoir de l'attraction chimique et l’action électrique , peuvent étre des exhibitions diffé- rentes de la même propriété de matière, et que l'oxigène, ainsi que les corps inflammables, sont en relations d’attrac- tion qui correspondent à la fonction d’être respectivement négatifs et positifs, il s’ensuivroit quelesattractions des acides pour les bases salifiables seroient en raison inverse de la quantité d’oxigène qu'ils renferment, et en supposant que le pouvoir d'attraction puisse être mesuré par la quantité 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de base qu’un acide dissous, il seroit facile de calculer leg quantités d'oxigène et de matière métallique, d'après les quantités d'acide et de base dans un sel neutre. En partant de ce principe, j ai avancé, en 1808, que les barytes devoient contenir moins d'oxigène que toutes les terres, et que l’ordre, ainsi que la quantité de la matière inflammable doivent être la strontite, la potasse, la soude, la chaux, et ainsi de suite ; enfin , que la silice doit renfermer une plus grande quantité d'oxigène que toutes les autres terres. D'après Les analyses les plus exactes , la baryte peut con- tenir environ 90.5 de métal pour cent, la strontite 86, la chaux 73.5, la magnésie 66. Les mêmes proportions résulteront de l'application de l'ingénieuse supposition de M. Dalton (1), savoir : que la proportion d'oxigène est la même dans tous les protoxides, et que la quantité d'acide est la même dans tous les sels neutres , c'est-à-dire que chaque sel neutre est composé d'une particule de métal, d'une d'oxigène et d'une d'acide. (x) Le principe que j'ai établi de l’aflinité d’un acide pour une base salifiable en raison inverse de la quantité d’oxigèene qu’elle contient , quoique fondé sur la comparaison des relations électriques des terres , avec leurs affinités chimiques, dans ses applications numériques , doit être considéré simplement comme une conséquence de la loi des proportions générales, établie par M. Dalton; ce chi- miste m'a , il est vrai, communiqué, au printemps de 1808, une série de propor- tions pour les alkalis et les terres alkalines, proportions qui, dans le cas des alkalis , ne sont pas absolument éloignées de ce dont je me suis assuré par des expériences directes. Le principe de M. Gay-Lussac (en le supposant juste), que la quantité d’acide dans les sels métalliques, est directement comme la quantité d’oxigène , peut être fondé sur la loi de M. Dalton, quoique cet ingénieux chi- miste établisse qu'il l’a adoptée par des considérations différentes. Suivant M. Dalton, il existe dans tous les protoxides la même proportion d’oxigène, comme dans tous les sels neutres il existe la même proportion d’acide; et de nouvelles proportions d’oxigène et d'acide sont toujours multiples de ces pro- portions ; en sorte que si un protoxide en devenant deutoxide, prend plus d’acide , il sera au moins d’une quantité double , et dans ce cas l’oxigène sera comme l'acide, La loi de M. Dalton s’applique même aux cas auxquels le prin- cipe de M. Gay-Lussac ne peut pas s'appliquer, savoir : qu’un deutoxide peut se combiner avéc une simple quantité d'acide, ou un protoxide avec une double quantité. Ainsi dans l’oxisulfate insoluble de fer parfaitement formé, comme le prouvent quelques expériences que j'ai faites en dernier lieu, il est probable qu’il n’y a qu’une seule proportion d’acide , et dans le supertartrite de potasse il existe une quantité simple d’oxigène , et une double quantité d’acide. La loi de M. Dalton peut elle s’appliquer à tous les cas? C’est une question que je n’en- ireprendrai pas de discuter ici. . ET D'HISTOIRE NATURELLE, 107 Nous avons des expériences assez exactes sur la quantité d'acide requis pour dissoudre l’alumine , la glucine et la silice; mais d’après l'estimation de Ritcher relativement à la composition du phosphate d'alun, cette substance paroi- troit contenir environ 66 pour cent de matière métallique. M. Berzelius (1) dans une lettre que j'ai reçue de lui il y a quelques mois, établit qu'en faisant une analyse de fer coulé , il trouva qu’il contenoit le métal de la silice, et que ce métal oxidé prit la moitié à peu près de son poids d'oxigène. À Si la composition de l'ammoniac peut être prise pour base de calculs d'après le principe ci-dessus posé, il doit con- tenir 53 de matière métallique et 47 environ d’oxigène (2); ce qui se rapporte à peu près avec la quantité d'hydrogène et d'ammoniac provenant de cet amalgame. Quoique d'habiles chimistes considèrent les terres et les oxides métalliques comme appartenans à la mème classe de corps, et les terres comme des substances qu'ils n'ont pas trouvé moyen de combiner avec le phlogistique , et quoique Lavoisier insiste sur cette analogie avec sa sagacité ordinaire, cependant les alkalis, les terres et les oxides ont été géné- ralement regardés comme des classes naturellement séparées. On a avancé que les terres n'étoient pas séparées par les triples prussiates ou par les solutions de noix de galle , et que les alkalis , ainsi que les terres alkalines , étoient distingués par leur solubilité dans l’eau; mais si des caractères sem- blables devoient être pris pour base d'une classification dis- tincte , les métaux ordinaires doivent être rangés en plusieurs divisions différentes; et plus on approfondira cesujet, plus on trouvera distinctes les relations générales de toutes les subs- tances métalliques. Les alkalis et les terres alkalines se combi- (1) Cet habile chimiste m’apprend dans la même lettre, qu’il est parvenu à décomposer les terres en les chauffant fortement avec le fer et le charbon de bois. (2) J’ai pris les proportions de ces volumes dans le Mémoire vraiment intéressant de M. Gay-Lussac, sur les combinaisons des corps gazeux, Mé« moires d'Arcueil, tome Il, page 213, et les poids d’après ma propre esti- mation, sont pour 100 pouces cubes de gaz acide muriatique de 39 grains, à une température et à une pression moyennes. Ce poids est à peu près le même que celui donné par MM, Gay-Lussac et Thenard, 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nentavecl'acide prussiqueet forment descomposés dedifférens degrés de solubilité ; les solutions de baryte, comme l’ont dé- montré le docteur Henry et M. Guyton, précipitent le triple prussiate de potasse. Le pouvoir de combinaison est général ; mais les composés formés sont solubles à différens degrés dans l’eau. Ce cas a de l’analogie avec les solutions de noix de galle qui, comme je l'ai avancé dans un Mémoire imprimé dans les Transactions philosophiques de 1805, sont préci- pitées par presque toutes les solutions neutro-salines, et forment des composés plus ou moins solubles dans l’eau, plus ou moins colorés, et différemment colorés avec toutes les bases salifiables. Il est inutile d’insister ici sur les combinaisons des alkalis et des terres avec l'huile pour faire du savon. Parmi les savons de terre, quelques-uns sont également insolubles avec les savons métalliques. L'oxide d'étain et les autres oxides qui abondent en nitrogène, approchent à peu près dans leurs caractères généraux, de la zircone, de la silice et de l'alumine , sous les rapports d'amalgamation et d'al- liage : comment se fait-il que les métaux des alkalis appro- chent de la classe des métaux oxidables les plus légers ? Il n’est pas nécessaire, je pense, d'entrer dans un plus long détail sur ces analogies ; je terminerai donc cette section par quelques remarques sur les alliages des métaux des terres communes. Il est probable que ces alliages peuvent être formés dans plusieurs opérations métallurgiques , et que leurs petites quantités peuvent influer matériellement sur les propriétés du composé dans lequel elles existent. Dans la conversion du fer coulé en fer malléable, par le moyen des soufflets, il se sépare une quantité considé- rable de verre ou laitier qui, d'après un examen assez su- perficiel que j'en ai pu faire, est principalement composé de silice, d’alumine et de chaux vitrihñés avec l’oxide de fer, Le fer coulé de tel canton, refroidi, sera court, tandis que celui de tel autre canton sera court étant chaud ; mais la combinaison des deux dans de justes proportions, donnera un excellent fer. Cette circonstance n'est-elle pas due aux différens métaux des terres qu'ils contiennent, et dans l’al- liage composé peuvent étre plus oxidables que dans les alliages simples, se séparent plus aisément par la combustion ? Selon ET D'HISTOIRE NATURELLP. 109 ‘Selon M. Berzelius, le silicium durcit le cuivre. Dans quelques expériences que j'ai faites sur l'action du potassium et du fer sur la silice, le fer, ainsi que je l'ai dit plus haut, devint blanc, dur et cassant; maïs il ne me parutpas plus oxidable. Des recherches sur ce sujet méritent, selon moi, d'être continuées; elles pourroient en effet contribuer à perfectionner nos manufactures les plus importantes, et procurer de nouveaux instrumens pour.les arts utiles. V. QUELQUES CONSIDÉRATIONS DE THÉORIE ÉCLAIREIES PAR NE NOUVEAUX FAITS, L'hydrogène est le corps qui se combine avec la plus grande proportion d’oxigène , et cependant il se forme avec celui-ci un composé neutre. Dans l'hypothèse de la force électrique, il se montreroit bien plus sensiblement positif qu'aucune autre substance; c’est pourquoi s'il est un oxide, il n’est pas vraisemblable qu'il puisse être privé d'oxigène par de simples attractions chimiques. Le faitest qu'il formeune subs- tance approchant d’un acide dans sa nature lorsqu'il est combiné avec une substance métallique , le tellurium est contraire à l'opinion que c'est un métal gazeux , et peut-être à celle qu'il est simple, ou qu'il existe dans sa forme com- mune dans l'amalgame d'ammonium. Les phénomènes que présente l'hydrogène sulfuré sont de la même espèce et conduisent aux mêmes conséquences. Le gaz acide muriatique, comme je l'ai démontré, et comme l’ont prouvé depuis les expériences de MM. Gay- Lussac et Thenard, est un composé d’un corps inconnu dans un état séparé et d'eau. Je pense que l'eau ne peut être décomposée à moins qu'il ne se forme une nouvelle combinaison; ainsi elle ne change pas par le charbon de bois chauffé dans le gaz à l'aide de l'électricité de Volta; mais tous les métaux la décomposent et, dans ces cas, l'hy- drogène est extrait de la même manière qu'un métal est précipité par un autre, l'oxigène se trouvant dans le nouveau composé, Ce fait paroïit, au premier coup d'œil, venir à l'appui de l'opinion de ceux qui prétendent que l'hydrogène est une substance simple ; mais le même raisonnement peut s'appliquer à un protoxide, comme un métal; et dans le Tome LXXI, AOÛT an 1810. E 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cas de l'acide nitro-muriatique, lorsque l'acide nitreux est décomposé pour former un muriate métallique, le corps dégagé (le gaz nitreux), ainsi qu’il est reconnu , se trouve dans un état sensible d'oxigénation. Il est à peu près démontré par la nature de la substance fusible qui provient de l'ammoniac, que le nitrogène n'est point un métal dans la forme de gaz, et en supposant même qu'on ne doive pas s'en rapporter aux expériences détaillées dans ce Mémoire, l'analogie générale de la Chimie nous porteroit à le regarder comme un composé. Si l’on parvenoit à démontrer par la suite que l’hydrogène est un protoxide d'ammoniac, l’ammoniac un deutoxide , et le nitrogène un trioxide (1) du même métal, la théorie de la Chimie seroit parvenue à une heureuse simplicité, et se trouveroit en harmonie avec tous les nouveaux faits. Les bases purement inflammables seroient des métaux ca- pables de s’allier les uns avec les autres, et de se combiner avec les protoxides. Quelques-unes de ces bases seroient re- connues seulement en combinaison pourètre celles du soufre, du phosphore , des acides boracique , fluorique et muria- tique (2); mais Îles rapports de leurs composés porteroient (1) Plusieurs de nos lecteurs pouvant ignorer la signification de protoxide, deutoxide, trioxide...., j'ai cru utile d’en donner ici la signification d’après Thomson, Système de Chimie , tome I, page 164; traduction française. « Comme il est absolument nécessaire cependant, dit-il, de pouvoir dis- tinguer l’un de l’autre avec la plus grande précision, les différens oxides du même métal, et que la nomenclature chimique actuelle est en défaut à cet égard , je les désignerai jusqu’à ce qu’on propose une meilleure méthode en faisant précéder le mot oxide de la premiere syllabe des noms ordinaires grecs. Aïnsi le protoxide d’un métal seroit ce métal combiné avec l’oxigène au minimum, ou le premier oxide que ce métal est susceptible de former. Le deutoxide sera le second oxide d’un métal, ou le métal combiné avec deux doses d’oxigene. On appelleroit de même trioxide, tetoxide, pentoxide, hectoxide , etc., les 5°, 4°, 5°, 6°, oxides ; et enfin quand un métal sera com= biné avec autant d’oxigene que possible , le composé formé sera nommé peroxide, et cette dénomination dénotera l’oxidation complète du métal. » ( Note du Rédacteur.) (2) L’électrisation du soufre et du phosphore prouve qu’ils contiennent de l'hydrogène combiné. Les phénomènes produits par l’action du potassiam sur eux dans mes premières expériences, m'ont porté à croire qu'ils ren- fermoient de l’oxigene , quoique j'aie avancé dans l’appendix de mon Mémoire lu dans la dernière assemblée de Baker ,que ces effets pouyoient être expliqués ET D'HISTOIRE NATURELLE. 11T à faire soupçonner leur état métallique. Les bases salifiables peuvent être considérées soit comme protoxides , soit comme deutoxides , soit comme trioxides; et les rapports généraux de la matière salifiable avec la matière acide , peuvent être appuyées sur leurs rapports avec l'oxigène , ou sur l’état par- ticulier de leur force électrique. Le système antiphlogistique repose nécessairement tout entier sur une semblable théorie; mais en considérant les faits sous d’autres points de vue, on trouvera des solutions qui, si elles ne sont pas aussi simples , peuvent expliquer les phénomènes au moins aussi facilement. Si l'hydrogène , d’après une hypothèse à laquelle j'ai sou- vent renvoyé, est considéré comme le principe qui donne de l'inflammabilité, et comme la cause de la métailisation, nous ne mettrons plus alors dans la classe des substances simples que l’oxigène , l'hydrogène et les bases inconnues; les métaux et les corps inflammables seront des composés de ces bases avec l'hydrogène; les terres, les alkalis fixes, les oxides métalliques et les acides communs , des composés de la même base avec l’eau. Les plus forts argumens en faveur de cette assertion qui se présentent à moi pour le présent, et qui viennent à l'appui de ceux que j'ai avancés précédemment, sont, 1° les pro- priétés qui semblent inhérentes à certains corps, et qui sont d’après une supposition différente. La vivacité de l’ignition dans ce procédé, me parut une preuve convaincante de leur oxigène, jusqu’à ce que j’eusse reconnu que des phénomènes semblables étoient produits par la combinaison de l’arsenic et du tellurium avec le potassium. Dans quelques expériences que j'ai faites en dernier lieu sur l’action du potassium sur le soufre et le phosphore , ainsi que sur l’hydrogène sulfuré et sur le soufre phosphuré, j'ai trouvé que les phénomènes différoient beaucoup suivant les circonstances qui accompagnent l'expérience, et quelquefois j’ai obtenu du potassium , après l'avoir exposé à l’action de certains corps, un volume plus considérable de gaz qu’il n’en auroit donné tout seul. Je continue ces expériences , que j'espère mettre incessamment sous les yeux de la Société. L'opinion de l’existence de l’oxigène dans le soufre et le phosphore , est cependant encore appuyée par dif- férentes analogies. Un argument qui milite en sa faveur, c’est qu’ils ne sont point conducteurs d'électricité. Jai trouvé que le potassium et le sodium, chauffés dans l'hydrogène mêlé avec une petite quantite d’air atmosphérique, absorboient Voxigene et l'hydrogène, et devenoient des corps inflammables , non-conduc- teurs analogues aux substances huileuses et résineuses. pe 112 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ou développées ou cachées suivant la nature de leurs combi- paisons. Ainsi le soufre, lorsqu'il est dissous {dans l'eau en combinaison soit avec l'hydrogène, soit avec l'oxigène, manifeste uniformément des propriétés acides; et la même quantité de soufre, soit en combinaison avec l'hydrogène, soit dans sa forme simple, ou en combinaison avec une proporjion d’oxigène, ou avec une proportion double, d'après es expériences que j'ai faites, semblent se combiner avec la même quantité d’alkali. Le tellurium, soit dans l'état d’oxide ou d’hydrure, paroît avoir la même tendance de combinaison avec l'alkali; enfin les métaux alkalins et les bases acidifiables agissent avec la plus grande énergie les uns sur les autres. 2°, Les substances métalliques sont revivifiées avec facilité dans les cas où l'hydrogène est présent. Je mis deux fils de platine positivement et négativement électrisés par 500 plaques doubles de 6 pouces , dans de la litarge en fusion. Il y eut au côté positif une effervescence, et une matière noire se sépara du côté négatif, mais sans aucune production de plomb, quoiqu'au moment où j’employois la litharge humectée d'eau ou une solution de plomb, ce métal se formäât rapidement. La différence du pouvoir conducteur peut être supposée produire quelque différence d’effet ; cette expérience milite néanmoins en faveur de l'opinion qui admet la présence de l'hydrogène comme essentielle à la production de ce métal. 3°. L’oxigène et l'hydrogène sont des corps qui, dans tous les cas , semblent se neutraliser l’un l'autre; aussi, dans les produits de combustion doit-on s'attendre que les forces naturelles de ces bases se développeront d'une manière beau- coup plus distincte; c'est ce qui arrive dans le cas dont il s’agit; et dans l'acide oximuriatique l'énergie acide paroîit être affoiblie par l’oxigène et rétablie par l'addition d'hy- drogène. Dans l’action du potassium et du sodium sur l'ammoniac, quoique la quantité d'hydrogène développée dans mes ex- périences, ne soit pas exactement la même que celle pro- duite par leur action sur l’eau, il est probable néanmoins, qu'on doit en attribuer la cause à un défaut dans le pro- , L.2 ET D LISTOIRE NATURELLE. 119 cédé (1); et en supposant que le potassium et le sodium fassent sortir de l'ammoniac et de l’eau , la même quantité d'hydrogène , cette circonstance, au premier coup d'œil, peut être regardée comme favorable à l'opinion qu'ils con- tiennent de l'hydrogène, ce qui, dans les circonstances ordinaires de combinaison, repousseroit la matière de la même espèce; mais ceci est une considération superficielle dont on ne peut tirer aucune conséquence. En eflet, en adoptant l'opinion que dans les composés qui contiennent une matière gazeuse, et peut-être dans les composés en général , les élémens sont combinés dans des proportions uniformes ; alors toutes les fois que les corps reconnus pour contenir de l'hydrogène , sont décomposés par un métal, les quantités d'hydrogène doivent être les mêmes ou mul- tiples l'une de l’autre. Ainsi, dans la décomposition de l'am- moniac par le potassium et le sodium, deux parties d'hy- drogène et une de nitrogène restent en combinaison, et une d'hydrogène s'échappe; et dans l’action de l'eau sur le potassium pour former la potasse, la même quantité d'hydrogène doit être expulsée. D'après mon analyse (2) de (1) Il paroiït qu’il y a toujours la même proportion entre la quantité d’am- moniac qui disparoît, et la quantité d'hydrogène qui se développe ; c’est-à- dire, quand les métaux des alkalis agissent sur l’ammoniac (en supposant ce corps composé de trois parties d'hydrogène et d’une de nitrogène), deux d’'hy- drogène et une de nitrogène restent en combinaison , et une d'hydrogène se dégage. L’on peut encore ajouter comme un fort argument en faveur de la théorie des proportions définies, que la quantité des métaux des alkalis et du nitrogene dans les résultats fusibles, est dans les mêmes proportions que celles où ils existent dans les nitrates alkalins. (2) Cette composition peut être déduite des expériences contenues dans le dernier Mémoire lu à l’assemblée de Baker, expériences qui prouvent qu’elle renferme un volume d'hydrogène égal au sien propre. Si l’on peut prendre sa pesanteur spécifique pour 50 grains sur 100 pouces cubes , elle sera alors composée de 2.27 d'hydrogène et de 27.73 de soufre. Lorsque dans des ex- périences faites avec soin, l'hydrogène sulfuré est décomposé par l’électricité ordinaire, il y a une légère diminutuon de volume , et le soufre précipité prend une teinte blanchâtre, et renferme probablement une petite quantité d’hydro= gène ; mais lorsque le soufre est décomposé par les étincelles de Volta, le soufre est précipité dans sa forme ordinaire, et il n’y a point alors de changement de volume ; dans ce dernier cas, le soufre est probablement ignifié au moment de sa production. Dans quelques expériences que j’ai faites dernièrement dans le laboratoire de l’Institut royal , sur l’hydrogene arseniuré et phosphuré , j'ai trouvé que lorsque ces gaz étoient décomposés par l’électricité, il n’y avoit point de changement dans leurs volumes ; mais ni l’arsenic, ni le phosphore 114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, l'hydrogène sulfuré , il paroitroitque le potassium en formant une combinaison avec cette substance , il se dégage del'hydro- gène, et on en aura à peu près la même quantité que celle qu'on obtiendroit de l'eau. Si l’analyse de M. Proust et de M. Hatchett peut être prise pour base d’un calcul, le fer en attirant le soufre de Perdre sulfuré perdra la même proportion d'hydrogène que durant sa solution dans l’acide sulfurique délayé ; et en prenant la loi de proportion de M. Dalton, le cas sera le même relativement aux autres métaux ; enfin, si l'on admet comme un principe, que les métaux sont des composés d'hydrogène, parce qu'en agissant sur différentes combinaisons qui contiennent de l'hydrogène, ils produisent l'évaluation de proportions égales de ce gaz, il sera aisé alors de prouver que presque toute espèce de matière est renfermée dans une autre. La même quantité de potasse en agissant soit sur le muriate, le sulfate ou le nitrate de magnésie, précipitera des quantités égales de magnésie ; mais il seroit absurde d’en conclure que la po- tasse renferme la magnésie comme un de ses élémens ; le pouvoir de repousser une espèce de matière ou d'en attirer une autre , doit être également défini et dépendre des mêmes circonstances. Le potassium, le sodium, le fer, le mercure et tous les métaux sur lesquels j'ai fait des expériences, en agissant sur le gaz acide muriatique, développent la même quantité d'hydrogène et forment tous des muriates secs; ensorte qu’une théorie quelconque de métallisation applicable à la potasse et à la soude, peut s’appliquer également aux oxides mé- talliques ordinaires. Si nous admettons que l'eau existante dans la potasse se forme dans le gaz acide muriatique, LE TURN EE De 0 SE MR ein PEU LR Ve re PE es ne parurent rentrer dans leur état ordinaire ; le phophore étoit d’une couleur sombre etl’arsenic ressembloit à une poussière brune; l’un et l’autre étoient sans doute des hydrures, ce qui est confirmé par l’action du potassium sur l’hydro- gene arseniuré et phosphuré. Lorsque le métal est en trop petite quamtité pour pouvoir décomposer la totalité de ces gaz, il y a toujours une expansion de vo lume , de maniere que l’hydrogène arseniuré et phosphuré, à volumes égaux, contiennent plus d'hydrogène que l'hydrogène sulfuré, c’est-à-dire une feis ou deux fois autant, D’après quelques expériences faites sur les poids de l’hy- drogène phosphuré et arseniuré , il paroîtroit que 100 pouces cubes du premier pèsent environ 10 grains à la température et à la pression moyennes , et 100 du second environ 15 grains. £ET D'HISTOIRE NATURELLE. 115 nous admettons également son existence dans les oxides de fer et de mercure produits dans des opérations semblables. La solution de la question générale relative à la présence de l'hydrogène dans tous les corps inflammables , dépendroit, sans contredit, de la décision relative à la nature de l'amal- game provenant de l'ammoniac; et dans une matière aussi importante, il ne faut pas se hâter de prononcer. La dif- ficulté de trouver quelque multiple de la quantité d'oxi- gène qui peut être supposée exister dans l'hydrogène , au moyen de laquelie on puisse expliquer la composition de nitrogène provenant de la même base, combat sans contredit ce sujet au premier apperçu. Ajoutons que l'explication phlo- gistique d’après laquelle le métal d’ammoniac est purement un composé d'hydrogène et de nitrogène, ou qu’une subs- «tance qui est métallique peut être composée de substances UÆ ne sont pas métalliques de leur nature, est également opposée à la teneur générale des principes adoptés en chimie. Je ne me permettrai aucune autre discussion pour le pré- sent; une hypothèse ne peut avoir d'autre mérite que celui de conduire à de nouvelles expériences, et dans la nouvelle carrière des recherches électro-chimiques , les objets n’ont pas encore été assez examinés pour que l’on puisse pro- noncer sur leur nature et sur leurs relations , ou pour établir à leur égard une théorie générale et permanente. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES M CR MOD NE" MT QUE 2 LT A PA AR PTT AL D OO UMA NN TAUPE > VAL MIA AUS TA HET Vi La La 408 ho à Van Sie 2 j «| THERMOMETRE EXTERIEUR BAROMÈTRE MÉTRIQUE. k Ël | o CENTIGRADE. = 22] D NN EE | 5 | Maximum. | Minimum. |a Mar. Maximum. | Minimum. A [F2 mipi.| #| heures. o | heures. 0 heures. mill. | heures. mill. ill. xlà nudi +-20,6/à 5 + m. +13,5] +29,6[à 34 m....... 763,20|à 9 £s.........758,12[760,06 alà rom. +24olà 34m. 17,0] +29,p[à midi... ..... 758,20|à 9 &m.......756,086|758,20 3[a midi +25,0[à 3 à m. 414,2] +25,o[à 3 :m........ 756,00! 94 s.....,.° 749:661753,50 4là midi +20,2[à 35m. -Hi2,7| +2o,2là 1075... .... 752,04|à 3 + m....... 749,32|749,72 5lamidi <+e2o,2fà 4m. 13,2] +20,2|à 10 È s.......750,50|à 4 m........ 759,84|757,20 6à3s. H25,5là 4m. <+13,2| +25,olà midi........ 760,É0|à 4m... 759 80|760,80 7làamidi +27,9|à 83 m. 414,5) H27,0|à 7 5........ 761,80 91s........ 759,00|761,16 8lämidi “H26,9|à 10 +5. +146] +#26,9|à 1055....... 758,94|à midi. ....... 754,72|754,72 glà3s. bH22,2/92%s. +147) +H21.0/à midi......,..761,70|à 925........ 759,20|761,70 1olà midi “#+-24,7là gim. “H11,9] +24,7|[a 4 m.....,.. 758,c4là 9Ës........754,92|757,48 linlazis. —26,2{à 4m. +155] +27,6|à 4 m.... .... FOTO DNS eu lois e 746,16|749,60 tola3s. +245|à 4m. ro] H2d,7là 92s........ 754,98|à 4m ..... ... 750,281553,34; r3là midi “H25,4là 4m. 16,2) +25, 4lh 10 £5....... 755,78 là 4m... ......754,381755,02 14ja3s. “2204948. 14,0] +21,5|à9;s.........759,02 ANNE À 27 0 757,00|758,04 r5là7m. “ +23 FER 00 STORE GET 13 50 SIQUÈRE ST laauus à ST Us AMEN A NT TE 18 5o ATSenICet nn des eue al due et HODLE RE mac lee » MR ra se Moon ET 70 Analyse du graugultiger cristallisé de Zilla à Clausthal. CO LR A RENE A REA PRO CE L 37 5o à AURONT PEOPLE 3 Antimoinest. sue. MR NA ane MER 29 (SR ARR RER al 6 50 SOLÉT OS RS RAR EE NT 21 5o Pertes: RS EN = 19150 GET EE Le NN de MMA re ao) 50 ArPeRte ee Deus ere 2325 ANTOINE ie inc HPÉOEE CE + 27 Er ee ee COR EE sus eu DOUFrE. es nanas BAD AIT TE H OC E 26 50 Perte: HD ED DRE DEEE CÉASEE".. 1 75 Analyse du graugultiger en masse du Pérou dans le filon dit du Purgatorio, apporté par Humboldt. APS OT ES db de latalers ben c code ‘ MIO 25 Guiyre eme au Haba ce Je 0e 27 Jatimoine.. die Snuer De CODE 23 6o Fer sesue Die DOMD 0 de da 0e 0 nn ACTE 7 Plomb..... CEE RARE LITE: ANSE 22 PPT SOuFre AN AESONEE Eee ER 27 75 Rértés. ROUE ee 2 75 ET D'HISTOIRE NATURELLE, 135 Analyse du minérai d’antimoine et de plomb de Segen à Clausthal. Plombier eeepc SE 06 26 sas 72100 DAAITRMIOTE nee tale eee Gens la te cles C2 19 75 DH du On CRE PAPE AE MATE A ET 11 79 RE SO MR M RTE ee 5 DOTE Lies aie ue tie tetes e Ode 18 Pertbsest, ANT RE Sn CSS A RE 3 Analyse d'une mine d'antimoine et'de plomb d'Andreas- kreuz, à Saint-Andreasberg. TOME R LEE A este de Mines 34 50 rpent etes arr crecireee cet 2 25 OPA TN OR ET MERE EE 16 25 ANT O DCS ee ee ni ersttae sels 16 Er -mh dant vob sex Mn dune due 13 75 Spulrete ss E.-paurtenu Cr bE RU is ht 13 5o SLICE ets de eines GR CUNS cle Min ete eo à 2 65o OS RE RTE. AAA RARE 1 25 Analyse d'une mine d'antimoine et de plomb de Navslo en Cornouailles. Plomb: sex SRE REA Li de ae 3 vaine, 2e OO A OS EE 28 5o Cnivrerra Met ns. de crade in 13 50 SOC Ne RAS as Miele om ee SI Ve 16 Bent Ve rs corhaven lu tis I Pertes es LI ME etat fo 2 STE SR NS PR Te elles 47 24 COAARE DD CPE SN SERRE PE POI © 34 66 SORA ie soute caen ie Ne ct ele Lt 12 58 Bent tnt. 1 Loue ie 5 52 136 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Analyse d'un météorolite de Mexico. Proust a analysé un météorolite de la province de Chaca Gualamba, envoyé par Rubin de Celis, et y avoit trouvé du fer natif et du nickel métallique. Humboldt a apporté un météorolite de la province de Durango au Mexique, et j'en ai retiré, PELÉRATIES SERRE er CS 96 75 Nickel'métallique. 6... ne 3 25 Analyse du fer UE la mine de fer de Saint-Jean auprès de Groffkansdor£f en Saxe. Her NN MeNTT MEN ET Per g2 50 102 Vo) «ul ONE SE D ER DE DT PR M 6 Covre ner ns ess re SRE 1 6o On a l'exemple d’une masse de fer tombée dans l'Inde, voyez Journal de Physique, tome LVI, page 305. Analyse du fer spathique de Dankerode , dans le pays de Halberstadt. Fer oxidulé noir. .. : .. . . . .. .< + 57 50 Manganèse oxidé . ..- . . .. : . ... 3 50 Lerrescaleaise. tas. nur 1 25 Acide: carbonique. . . : . . « . à. +. 36 Analyse du fer spathique de Baireuth. Fer oxidulé-noir: : . : 45... 7. . "58 Manpanèse oxidé. : 1.72 ANA NET NE 4 25 Manet NRA ERENTEO 0 75 RAR er SR Ne CN Miele ere à o 00 Aéide carbonique... .%. 4. #2#.heifee 35 Analyse de la terre ferrugineuse bleue d'Eckartzberg (1). Fér:oxiqulé...t4 vtr ‘ 47 50 Acide phosphorique... 2 OS Re ay ju qe 20 (2) Bleu de Prusse natif. R, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 137 Analyse du Wiesenerzes , mine de fer des prairies. Feroxidéioiceet CELL 6 HE 66 Manganèse oxidé.”. . . : :: . . .« . .. r 5o Acide phosphorique. . . .. . .. . .. RAR ENS ENS docrie SAS ee NZ IE OO RES MO CR PME à 53 SUCRE OIERONE FLE AIS NT 29 Alumine.®.". 120 SE OTÉ IE PSE NAN 6 50 Mansanèse Ox1dé:L. 1-1 0-20 CCR 1 Rata eu let 02e Cd ES Re MEME NA 14 6o Analyse du fer grenu chromaté de Styrie. Chrome oxidé. 1 M Nate MES UE Feroxidés ets fus se SAS STE 33 APRLIITE SE SN NU RENE UE AMAR EA ti0 6 DiiCE: el 1 LENS TR RQ PRES) 2 Perte par le grillage. .: : , . : . . :!% 2 Analyse du manganèse noir de Klapperud en Dalecarlie. Manganèse oxidé. . Res nee LI 60 Silices ts ans TES pe EEE 25 Bates L' MTeTe Pels,dr dc 13 Analyse du cererite Bastnaes en Suède. Gernumioxidé. USM UM UE 54 50 ESA DE RE PR EC MN ETS Tee à =. 2400 ÉénOXdE,. eeN OEMENTMERSS 3 5o Chattes SOMARSEPE ERET Eee ne LPS LENOIR RE NL RTS Ls (1) Dictionnaire de Beurard, fex pisiforme , fer oxidé globuliforme. 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Analyse d'une opale couleur de feu, du Mexique. Cette espèce d'opale a été apportée par Humboldt de Zi- mapan au Pérou; et l'analyse a donné, SUICES Ne PR RS Norte eee asie 44 50 A'luinine: eee Celle ee celte 47 50 Lerroxidé. st te Vols CRI o 50 Acide fluorique. «+... 7 Analyse de la topaze de Saxe. Silice si ute lene ele es) e7ratje Vetfertartemeise 355 Aluimine tee lee ee choisie neue 59 Acide fluorique. . . : . . . «+. - + Re Fer oxidé, une trace. Perte rats eee PNTIIeE . 1 Analyse du zoisite cristallisé. Gicen As NS GA, REdae en: fP AR AmmiInes = ce lee elle che TU 29 Chaux mel Se Lee ait le one EE Perroxidés Meuse eieieicichegetele 5 Analyse de l’augite (blattrigen ) lamelleux dela Carniole. See ne ele der eme NEO Maghésie. : . : . . . . « « . Ne: 0 12 Bo Chaux. ASP Te Ne el e e.ie ANGetantaue 2er DS 010 15 Ne 7 29 Fer oxidé.. . . . PNR ER à de lele 16 25 Kali (potasse). ..... RP ENT ET D'HISTOIRE NATURELLE. 159 Analyse de l’augite (schlackiger) scoriforme de Sicile. Scene ne Le Ste tes ONE Abe shoes eue Mr. 1206} 00 8e Cole EEE EEE 10079 Chaux. AE IMUMEBULRSIE UN D CMÈTO Magnésie: 4: 0.1. VON MORTANE 1 76 LP ABRIS CNT LEE COUR E PTT LAUTI 50 Manganèse , une trace. Analyse de l'appatit(muschlichen) concoïide du Zillerthal, cu Spargelstein. Chaus- NRC Men se 109070 Acide phosphorique . ......... 46 25 Anaïyse du braunspath en barres (stanglichen ) de Mexico. Ce minéral apporté par Humboldt de Valensiana de Gua- naxuato au Mexique, a donné, Phautcarbonatée AMIVOIR LR 51 5o DAonésie CAFDORATÉE... 2 eee ne + ee 02 Ferntcarbonatéent Mere RER enSE 7 50 Manganèse carbonaté. . .... ie PAU Ne DUC tenu le ne Ale el NES 5 Analyse de la dolomie du Saint-Gothard. Chaux carbonalée =. MER 32 Magnésié carbonatée. . .. .,...... 46 5o IPÉTIORITE. Mt 2) te ets TAN UT, US o 60 Manpanése oxides "ne ML Lcrets o 25 MESrier Aer : VOLEUR DORE o 75 Analyse de la dolomie des Apennins. Cette dolomie décomposée de Castelamare, a donné, Chatienthonatée, …. 7, : .e 0e 0e 59 Magnésie carhonatée. , . ... . ,.. . 40 50 Perte Tamer Lt es" y: male ee de tie o 50 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI= Une dolomie en masse, a donné, Chaux carbonatée. 1.4.1... 65 Magnésie carbonatée. . . . . . . ... 3 Une dolomie de la Carniole, a donné, Chaux carbonatée. . . . ,.,....... 62 Magnésie carbonatée. . . . . . PETER Fer'oxidé,. 0. ue SU Alone tee 20 © Analyse de l'anhydrite bleue de Sulz sur le Neckre dit #u- riacite. Chanre MEN CE DENET 42 Acide sulfurique. ;:h.15. ut... 57 Fer: OxXIUÉ HN NP EM EE IRC RE oO 10 SABICES he Mans Ne let ce SAC o 25 Pesanteur spécifique, 2.940. Analyse de l'anhydritecompacte de Bochnia , vulgairement pierre de trippes. Chaux ter SEC 10 PME 42 Acide sulfurique. Len Ne 56 50 Natron muriaté (sel marin). . . ... Oo 25 Analyse de l'anhydrite de Hall dans le Tyrol. Choeur S ns » ENS ee aie 5 4176 Acide sulfurique: . . ./..14 44 050 Natron muriaté. .. .. RP et NE Analyse du bitter-spath de Hall dans le Tyrol. Chaux carbonatée.. ., . ee + + +. + 68 Magnésie carbonatée. . ........ 25 5a Fer carbonaté. . . . . . Mie à dote 2 DER PP EC CON ED LES IS AT RTS Argile mélangée. . . . . . . . . .. Ge” (La suite au prochain Cahier). ET D'HISTOIRE NATURELLPF, 7 ESSAI SUR L'ART DE FABRIQUER LE SUCRE DE RAISIN; Par M. FOUCQUES. s Ce Mémoire se trouve chez l’Æuteur , hôtel de Bretonvilliers, ile Saint-Louis. La fabrication du sirop de raisin est si essentiellement liée à celle du sucre qui y est contenu, que nous croyons devoir tracer, avant tout, les moyens d'obtenir ce sirop dans l'espace de temps le plus court et avec le plus d'éco- nomie possible. Nous remarquerons d'abord , que la moscouade qu'on se ropose d'en extraire, sortira en général d'autant plus lanche et plus facile à raffiner, que les sirops seront eux- mêmes moins foncés en couleur; en conséquence on com- mencera par appliquer au moût l'opération qui se pratique - dans quelques vignobles du Midi, à l'effet d'en arrêter la fermentation , et qu'on appelle ordinairement soufrage ou mutage. La pratique d’imprégner le moût d'acide sulfureux, a, comme on sait, pour objet d'empêcher ce changement, parce qu'il ne tarderoit pas à diminuer la quantité de ses élémens sucrés; mais dans le nouvel art qui va nous oc- cuper , elle en a un autre qui ne lui est pas moins essentiel; c'est celui d'altérer profondément l’un des principes du moût que la Chimie qualifie d’extractif, ou d'affoiblir en lui cette disposition qu'il a constamment à passer du blanc au jaune et même à une couleur de racine plus ou moins obscure, selon qu'il est demeuré plus ou moins long-temps exposé à l'action de l'air, ou, si l’on veut , à cette influence encore Tome LXXI, AOÛT an 1810. di 343 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE peu connue qu'il exerce également sur les sucs de canne, de pomme, de coing, de verjus, de limon et d’autres. Outre les deux avantages que nous venons de mentionner, le soufrage a , en troisième lieu, celui de faciliter rapidement la subsidence d'une foule de parties glutineuses et féculentes qui épaississent le moût et en font une sorte de liqueur visqueuse, émulsive, que le repos et la filtration ne réus- sissent pas même à clarifier complètement : le suc de raisin une fois débarrassé de ses fèces, son principe extractif dé- naturé au point de n'avoir que peu ou rien à craindre de l’air, et ses parties sucrantes solidement garanties des at« teintes de la fermentation, on passe immédiatement à la préparation des sirops. Du Soufrage. Nous ne nous appesantirons point sur les détails du sou- frage , parce qu’ils sont connus, même dans le Nord de la France, où il nest pas de tonnelier qui ne soit au fait de cette pratique; souvent on les appelle pour soutrer des etits vins blancs, dont la durée n attendroit pas toujours e moment de leur consommation, si l'on ne prenoit soin d'arrêter à temps une continuation de mouvement qui tend à les détériorer ; ainsi nous nous bornerons à recommander, comme une condition absolument indispensable, 1° de soufrer le moût jusqu'à trois fois pendant trois jours con- sécutifs; 2° de le soutirer chaque fois de dessus la lie que chaque tonne a déposée dans l'intervalle des soufrages; et enfin, de ranger dans le cellier les pièces bien bondées, pour le moment où il s'agira de procéder à la séparation des acides; rassembler ensuite toutes ces lies eten séparer le clair, sont des points qui ne nous arréterons pas nom plus, parce que chacun saura bien comment y procéder. De la Saturation. On place sur l’embouchure d’une grande chaudière un grand panier plat: on l'y soutient avec deux bâtons qui la traversent d’un bout à l'autre; on garnit ensuite ce panier d'une toile claire, puis on y verse le moût soufré; cette précaution a pour objet de retenir quelques grenailles de soufre qui ont coulé des mèches dans le fond des tonneaux, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 143 et qu'il convient d'’écarter, autant pour ménager le métal des chaudières, que pour éviter la formation d'un sulfure qui pourroit communiquer au sirop une saveur désagréable. La chaudière étant pleine, on enlève le panier et on met le feu au fourneau : aussitôt que le moût est tiède à y tenir difficilement la main, on procède à la saturation des acides de la manière suivante. On projette à poignée environ la valeur de sept à huit livres de cendres lessivées par pièce d'environ deux cent quarante bouteilles, on agite avec un bâton, afin de mettre partout le principe saturant en contact avec ceux qui doivent en être saturés, et cela aussi long-temps que dure l'effer- vescence qui en est l’effet; on continue de la même manière jusqu'à ce que son mouvement soit fini. D'abord il est aisé de juger que les liqueurs en sont au point desirable, quand on leur trouve un goût fade et doucereux, toujours bien différent de celui de sucre du suc de raisin; puis on finit par s'en assurer en mélant sur une assiette de faïence, à une goutte de sirop de violettes, une ou deux gouttes de liqueur claire: si leur mélange tire au rouge, le moût n'est pas encore saturé; mais s'il reste d’un jaune verdâtre, on peut assurer que la saturation est terminée; alors, pour plus de sûreté, on l’agite encore un instant avec une petite poignée de cendres de plus. Le choix des cendres a paru assez indifférent jusqu’à ce jour, cependant nous ne dissimulerons point que, comme il yena 4 contiennent de la magnésie en assez grande quantité, il seroit bien essentiel de fixer, au moins pour chaque vignoble de la France, celle qui devroit, sous ce rapport, mériter la préférence; il seroit, par exemple, bien avantageux aux vignobles, que les cendres du sarment qu'ils ont toujours sous la main, pussent convenir à cet objet; mais c'est un point que les chimistes résoudront aussitôt, sans doute, qu'on leur en fera la demande; en attendant il est aisé de juger que la magnésie, dont le tartrite est plus soluble que celui de chaux , ne pourroit qu ajouter de nouvelles difficultés à la dépuration du sirop: c'est déjà bien assez d'avoir affaire à l’un des deux et même encore à des sulfites ou sels sufureux. La craie de Meudon satisfait également bien et promp- ment au besoin de la saturation, mais elle ne se trouve pas T'2 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CMIMIY partout, et dans certaines provinces; par conséquent, son transport ajouteroit beaucoup à son prix. La poudre de marbre y convientégalement bien, en l'employant en quantité double ou triple suivant la qualité des raisins. Cependant elle sera de même toujours plus chère que les deux autres terres; elle sature proprement, si je puis m'exprimer ainsi, mais elle a l'inconvénient d être assez paresseuse dans ses effets. Beaucoup de pierres calcaires tendres, comme le tuf, le moëllon et autres, réduites en poudre, pourront aussi s’ap- proprier à cetravail, pourvu d’ailleurs qu'elles necontiennent pas de la magnésie ou des oxides, au moins en quantité notable; car, quant à un peu de sable ou d'argile que ces pierres pourroient avoir avec elles, nous ne présumons pas qu'il y eùt aucun inconvénient grave à en redouter ; au reste il nya, comme nous l'avons insinué , aucune pro= vince de France où un homme, tant soit peu instruit en Chimie , ne puisse fixer sur ce point le choix qui conviendra le mieux à chaque localité; enfin il y a aussi sur le meilleur mode de saturation plusieurs apperçus qui méritent d’être indiqués : nous remettons à en parler à la fin de cette Ins- truction. Nous ajouterons encore que l'épreuve du lait,n'est pas aussi propre que nous l’avions pensé, à faire découvrir si la liqueur est à son vrai point de saturation. Voici pourquoi: M. Proust a découvert que le sucre liquide que l’on sépare du sucre cristallisable, jouit éminemment de la propriété de couper le lait, quelque saturé qu'il ait été préalablement d’ailleurs ; alors on ne peut plus compter sur ce moyen. Cette observation explique aussi pourquoi les sirops de raisin dont on assaisonne du lait chaud ou du café à la erême, coupent ces liqueurs aussitôtqu’on veut les porter au bouillon, Cet inconvénient exclut done leur emploi du riz au lait, des crêmes au lait et aux œufs, comme ils s'excluent d'eux- mêmes du thé et du café dont ils masquent l’arôme. Disons enfin qu’une goutte de vinaigre fort ou de tout autre acide, versée dans une cuiller, sur un peu de l’écume qui s'élève après la saturation à chaud, indique, par l'effervescence, qu'il y a excès de matière saturante , et par conséquent que la’ saturation est complète, et comme dans un grand éta- blissement il faut tirer parti de tout, il est à croire que les écumes chargées de substances nourrissantes, pourront ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 convenir à la nourriture de quelques animaux; c'est un parti qu’à Saint-Domingue le sucrier sait tirer des siennes, malgré la chaux qu’elles contiennent en assez grande dose, Dépuration. Les liqueurs saturées et troubles encore, se transvasent immédiatement dans des cuviers appropriés et le moins éloignés des fourneaux qu’il est possible. On laisse le tout en repos l'espace de douze à quinze heures, afin que la dépuration puisse s’établir sans trouble : la chaudière se nettoie ensuite et se remplit aussitôt de moût saturé et clair; on y verse, pour chaque pièce de moùt, deux livres de sérosité de sang de bœuf récente et fouettée avec quatre onces de moût saturé; on établit un feu vif, l’écume s élève à la surface du liquide et on l'enlève avec l'écumoire; lors- qu'elle diminue d'intensité on retire le feu du fourneau et on transvase le moût dans les bassins d'évaporation ; ce qui en reste dans la chaudière est déposé dans des cuviers en lieu frais, et mieux encore dans des tuyaux de fer blanc, ou dans des serpentins en étain plongés dans une cuve d’eau froide. On allume grand feu sous les bassines et on écume encore jusquà ce que le moût soit au bouillon. Lorsqu’après une évaporation rapide on l'a conduit àmarquer 24 à 25 degrés à l'aréomètre des sirops , on diminue le feu, pus on agite vigoureusement avec l’écumoire jusqu'à ce qu'on ‘ait porté à 32 ou 53 degrés bouillant ; plus les sirops seront blancs, avons nous déjà dit, plus aussi les moscouades seront belles; mais pout arriver à ce résultat, il est in- dispensable de conduire l’évaporation du moût avec toute la célérité possible : voilà ce que nous ne cesserons de recommander. En procédant à la cuite du sirop avec les attentions dont nous venons de parler, l'ouvrier ordinairement chargé de la conduite de trois bassines, est bien moins exposé à outra- passer un point de concentration auquel il est si essentiel de s'arrêter, si l’on ne veut point s'exposer aux risques de caraméliser des sirops; et comme d’un autre côté il est tout aussi important de les confectionner le plutôt possible, il est indispensable de Les transvaser des bassines dans un grand serpentin en étain, ou dans des tuyaux de fer blanc ou de cuivre étamé plongés dans des tonneaux remplis d’eau 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, froide, ou dans une eau courante, s’il s'en trouve à portéa de l'établissement ; car il faut bien se persuader ceci : c’est qu'une chaleur prolongée semble activer l'action de l'air et contribuer avec lui à augmenter la couleur des sirops; de là sans doute l’extrême variété des nuances qu'on a pu remarquer dans les diverses remises qui nous sont parvenues à Paris , de plusieurs points de l'Empire. La condition la plus importante au succès de cette opé- ration fondamentale du sucre de raisin, est celle de cuire à-la-fois des quantités de sirop qui puissent se dépécher dans le courant de deux heures au plus : il faut donc, pour cela, que les bassines d'évaporation soient carrées, larges, peu profondes, plates du fond et bien horizontalement as- sises sur chaque ouverture de fourneau , afin que les cercles de la chaleur environnante ne frappent pas inégalement, des côtés découverts de sirop plus fortement que les autres, ce qui amèneroit des rôtissages partiels, dont il est aisé de pressentir l'inconvénient, De la Moscouade. Les sirops refroidis, comme il a été dit ci-dessus, se conservent dans des tonneaux échaudés, comme cela se proies pour le vin dans le cours de la vendange; on es y garde 256 à 30 jours, après quoi on les dispose à la cristallisation : à cet effet on les verse dans des terrines de grès ou autres de la plus grande dimension, vernissées ou non, selon l'usage des cantons où on se trouve; on les couvre avec des toiles d'un tissu peu serré, pour les garantir de la poussière et des insectes. En cet état on les place dans un lieu sec et exposé au nord; peu à peu les cristaux, ordinairement grenus comme de la coriandre, se déposent, ils s'entassent , ils augmentent successivement et finissent par devenir une masse continue assez compa- rable à une éponge dont les pores seroient remplis d'un liquide qui n’a plus autant de disposition à se condenser. Arrivé à ce point on versera toutes ces masses sur des toiles claires, tendues à l'embouchure de cuviers placés dans le même lieu; là, elles s'égouttent tranquillement en plus ou moins de temps, selon le plus ou le moins de liquidité du sirop et des vides qu'elles ont conservés. Ensuite on en ET D'HISTOIRE NATURELLF. 147 remplit des sacs de toile un peu claire, mais forte, dont l'entrée s’étrangle avec une ficelle. Nous ne dissimulerons pas ici que de larges cuviers con- viendroient infiniment mieux à l'œuvre de la cristallisation, que des vaisseaux de terre , toujours petits, difficiles à ma- nœuvyrer sans perte, et par conséquent toujours dispendieux ; mais c'est ainsi que nous avons opéré nous-mêmes pour obtenir les premières 400 livres de sucre de raisin qu'on ait hasardé de fairé jusqu'à ce jour , et dont Son Excellence Monseigneur le Ministre de l'Intérieur a jugé à propos de se faire rendre compte par des commissaires nommés par lui le 25 mars dernier. Des cuviers ont aussi contre eux un coulage plus facile qu'on ne croiroit, le goût de bois, les moisissures, l’aigrissage des douves, etc. : n’en concluons pas pourtant que nous Îles proscrivons , car nous ne pré- sentons ici que les rudimens premiers d'un art absolument nouveau, d'une branche d'industrie qui sort à peine des mains du chimiste qui en a jeté les fondemens, et sur les manipulations de laquelle nous nous bornons à tracer in- génument nos premiers apperçus; si l’activité manufacturière adopte aujourd'hui cette inestimable découverte , c’est parce qu un Gouvernement , aussi paternel que prévoyant, | encou- rage efficacement ; c'est que son objet est de nous faire jouir au plutôt d'une production de notre territoire, qui nous achemine au grand bienfait de l'indépendance que son auguste Chef prépare à notre âge. Les manipulations de ce nouvel art, répéterons-nous, sont au premier point de leur départ, par rapport à ceux qui le cultiveront après nous; il leur reste donc aussi à marcher vers leur perfectionnement à travers cette longue carrière de tentatives, de sacrifices et d'efforts réunis qui ont amené l'art du sucrier , du bou- langer , du confiseur , du fabricant d’acides, d’alkalis, etc. ; en un mot, de tous ceux que l’Europe possède aujourd hui dans leur plus haut degré de simplification et d'économie. De la constance , et loin de nous surtout le préjugé meurtrier de ceux qui, n'ayant jamais connu le besoin, dédaignent ce nouveau produit d'un fruit qu'ils ne dédaignent jamais, et qui découragent , par une lâche censzare, les efforts que l'on fait pour donner du sucre à la mère de famille souf- frante ou pauvre, à laquelle ils n’en donnent pas. Avant de passer à un autre article, il faut prévenir que 548 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ la toile des sacs doit avoir reçu un demi-blanc au moins, et que toutes en général doivent avoir été préalablement grillées comme les basins et les piqnés, afin de les débar- rasser d'un duvet que les concrétions sucrées emporteroient avec elles en se desséchant ; ce duvet, qui n'est pas en lui-même un inconvénient majeur, se trouveroit pourtant dans les liqueurs qu'on assaisonneroit avec la cassonade , et. ne préviendroit pas agréablement l'œil du consommateur. Sur la table d'un pressoir lavé soigneusement et même à la lessive, si l’on craignoit qu'il n'eût absorbé quelques restes des acides du raisin; sur ce fond, dis je, on arrange avec ordre tous les sacs, on les presse doucement d’abord, puis avec plus de force , et davantage enfin, jusqu à ce qu'on voye qu'ils ne laissent plus rien échapper de leurs côtés. L'intervalle de quelques pouces laissés entre eux, joint à l'inclinaison du pressoir, amène tous les sirops d'égouttage à un point, d'où ils se rendent ensuite dans un cuvier. Ces manipulations ne doivent jamais durer plus de deux à trois jours, parce qu’autrement la moscouade éprouveroit les commencemens d'une espèce de fermentation que je ne connois pas bien, mais dont le moindre mouvement lui communiqueroit, à coup sûr, un goût de chiffon mélé d'aigrelet, qui obligeroit à des reprises de trayail aussi pé- nibles que dispendieuses. Quant aux sirops, s'ils venoient à partager cette altération, on y remédieroit encore assez aisément en les repassant à chaud sur un peu de craie; mais le mieux sera toujours de s'en mettre à l'abri par une expédition bien entendue du travail ,et de la propreté. Les sacs se rincent deux fois dans l’eau, on en réunit les lavages aux sirops d'écoulement du pressoir , et on les cla- rifie ensemble avec une couple de blancs d'œufs sur environ vingt livres. La clarification terminée , on pousse à 28 degrés le sirop bouillant, puis on y jette environ 4 onces de braise récente pulvérisée de la grosseur des grains d'orge, séparée de son poussier et lavée dans une passoire. Après cinq à six minutes d'ébullition, on verse le tout dans une chausse de laine à longs poils, on repasse encore la colature deux fois de suite dans la chausse, et l’on obtient à la fin un sirop bien clarifié, débarrassé, même en grande partie, de l'arrière-gout dont le sirop de raisin de première cuite est Justement accusé. Premier ET D'HISTOIRE NATURELLES 149 Premier Raffinage. - Tandis que des ouvriers suivent ce travail, d'autres s'oc- cupent , la bêche à la main, de diviser les pains de mos- couade sur une table. Ils arrosent ensuite cette première cassonade avec un peu d'eau qu'on y éparpille le plus éga- lement qu'il est possible, cette eau n'a pour objet que d'hu- mecter les restes de sirop qui engomment le sucre ; trop d'eau auroit donc l'inconvénient de passer le but, en mettant ce sirop à même de dissoudre du sucre; c'est à quoi il faut prendre garde. Cela fait, on le renferme, comme auparavant, dans les sacs pour les soumettre de nouveau à la presse, au sortir de là on obtient une première cassonade, jaune encore, mais qui seroit déjà propre à suppléer celle de canne de la même nuance, sielle ne se trouvoit mélée avec une quantité plus ou moins considérable de tartrite de chaux, dont il est indispensable de la débarrasser. Deuxième Ra/ffinage. Pour séparer le tartrite de la moscouade de premier raf- finage, on la fait dissoudre à la chaleur d’un bain de va- peurs , avec une quantité d'eau suffisante pour que le sirop étant chaud, marque 22 degrés à l'aréomètre; lorsqu il est refroidi , on le verse dans des tonneaux d'un diamètre étroit, déposés dans le lieu le plus froid de l'établissement. Le tartrite se précipite peu à peu au fond du tonneau; douze à quinze heures après on soutire la portion de sirop éclaircies au moyen de quelques trous placés les uns au-dessus des autres, ensuite on le verse dans des bassines d'évaporation posées sur des bains de vapeurs appropriés. Lorsqu'il est chaud on y met quelques blancs d'œufs battus, et ensuite du charbon préparé, dans la proportion indiquée ci-dessus; on agite le moût avec l'écumoire pendant six minutes ; on le passe trois fois de suite par la chausse de laine; après cela on le remet dans les bassines et on le fait évaporer jusqu'à ce qu'il marque 33 degrés à l'aréomètre; alors on le transvase dans des terrines de la plus grande dimension. On procède ensuite, comme il suit, à la filtration du sé- diment visqueux qui s'est précipité au fond du tonneau. On fixe une toile sur l'ouverture d'un cuvier, on pose Tome LXXI, AOÛT an 1810. Y 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dessus une feuille de papier gris lavée, et par-dessus ces deux filtres, une autre toile; on verse sur ce triple filtre le sédiment mêlé avec moitié d’eau; lorsque l'on n’apperçoit plus de liquide sur la toile, on le soutire, on le clarifie et on l’évapore de la manière décrite ci-dessus. L'extraction du tartrite peut encore se faire d'une manière plus expéditive et plus facile; on place sur un feu vifune bassine, dans laquelle on a mis de la moscouade avec la quantité d'eau indiquée. La matière sucrée se dissout, bientôt l’écume s'élève à la surface , on l’enlève, on ajoute aussitôt la mousse de quelques blancs d'œufs, on agite le sirop , il se forme encore de l'écume que l’on enlève avec l'écumoire ; après cela on met dans la bassine du charbon préparé , dans une proportion double de celle indiquée ci- dessus ; les dernières portions de tartrite et de fécule se combinent avec le charbon, on l’enlève avec l'écumoire et on passe à la chausse le liquide bouillant, trois fois de suite; on nettoye la bassine, on y verse le sirop filtré et on continue l'évaporation au bain de vapeurs, jusqu'à ce qu'il marque 53 degrés à l'aréomètre. La séparation du tartrite est la seule manipulation du raffinage qui présente quelques difficultés: cependant elle est indispensable. Si quelque fabricant avoit l'intention de se soustraire à l'embarras et au retard qu'elle occasionne, je l'avertis qu'il sera puni tôt ou tard de sa négligence ou de sa cupidité ; la présence de ce sel, dans le sucre de raisin, fera tourner les mets au lait qu'on en aura as- saisonnés, sa fabrique sera signalée dans le commerce et ses produits ne trouveront plus d'acheteurs. Les sirops du second raffinage cristallisent en deux ou trois jours; on divise les cristaux avec des spatules de bois et on les étend sur des elaies garnies de toile. Lorsqu'ils sont à demi secs, on continue de les diviser davantage, soit entre des cy- lindres de bois, soit dans des mortiers avec des pilons de bois mus par l’eau ou par un manége à cheval; enfin, lorsque ce produit est sec on le passe au tamis de fil de fer ou au crible, il en résulte une cassonade plus belle que la précédente , propre à tous les usages auxquels on pourroit employer celle de canne de même nuance, et bonne, en un mot, à circuler dans le commerce avec avantage. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 151 Cassonade blanche. Cette seconde cassonade n’est point encore au degré de blancheur où l'on peut desirer de l'avoir. Elle retient des restes de sirop , que de nouvelles cristallisations ou le lavage à l'esprit de vin parviendroient sans doute à lui enlever; mais il est un moyen mécanique de l'en débarrasser, que nous avons jugé préférable , parce qu'il nous a paru réunir l'é- conomie du temps et du combustible, l'avantage enfin de conduire directement au but que nous desirions atteindre; le voici : On étend sur la table du pressoir une toile légérement humide ; on la couvre d'une couche mince de cassonade, que l’on recouvre d'une autre toile humide, sur laquelle on met une autre couche de cassonade, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la table ne puisse plus contenir de matière ; après quoi on fait agir la presse: alors le sirop, soutiré par l'humidité des toiles, s'y précipite comme en autant de tuyaux capillaires, et laisse le sucre blanchi d'autant et presque sec. C'est en répétant cette manipulation une seconde et troisième fois, si l'on veut, que nous sommes parvenus à porter les cassonades de raisin à un degré de blancheur qui ne diffère pas du sucre en poudre: inutile- ment nous avons varié le terrage pour parvenir à un but dans lequel M. Proust confesse avoir échoué, ainsi que beau- coup d’autres ; nul doute qu'il ne faille laver les cassonades de raisin comme celles de la canne même, quand elles retiennent encore des parties colorantes; mais du moyen que nous présentons , à celui qu'on suit dans les raffineries, il y a cette différence, qu’au lieu d'attendre la stillation de l'eau qui doit emporter ces parties colorantes, nous at- tirons cette même eau par une espèce d'absorption ou de sucion purement mécanique. En rinçant les toiles, on en retire des eaux sucrées qui donnent, à 33 degrés de l'aréomètre, des sirops capables de restituer par cristallisation , tout le sucre qu'elles avoient pu dérober par le travail. 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sucre en pain. Lorsque la cassonade est parvenue à ce degré de blancheur, on peut la mettre en pain de deux manières, que voici : Si au sortir de la dernière manipulation , et par con- séquent encore un peu humide , on comprime la cassonade dans une forme à sucre revétue intérieurement d’un morceau de toile taillé sur elle, la cassonade y prend de la consis- tance, il ne s’agit plus que de l'en retirer et de laisser le pain se dessécher et s’endurcir à l'air, couvert d'une feuille de papier gris, et jamais à l'étuve. La deuxième manière consiste à faire fondre la cassonade dans la quantité d'eau qui lui est à peu près nécessaire pour se changer en un sirop de 53 degrés. Lorsque le lendemain, ou deux jours après, le sucre est plus d'à moitié cristallisé, on verse la masse dans une forme revêtue de sa toile, où elle achève de se concréter. Ce procédé est un peu plus long que l'autre, mais aussi il a un avantage, c'est celui de donner des pains où le grain, propre à ce sucre, est mieux conservé, par conséquent plus apparent. Nous dirons cependant que, moins soluble que celui de canne, le sucre de raisin en cassonade conviendra toujours mieux à l'as- saisonnement de tous les breuvages extemporanésqui, comme le café, le thé, les boissons tirées des fruits , le laitage et autres, exigent de la célérité dans leur préparation et leur service. “Nous devons aussi observer que si on fait sécher le sucre de raisin à l'air par un temps chaud, il se colore à sa surface, comme l’intérieur d’une pomme partagée en deux parties. Si au contraire on l'expose lorsque le thermomètre est à la gelée, il sèche sans se colorer. Dans l'été on fera sécher la cassonade sous la presse entre des toiles parfaitement sèches : du sucre de raisin fondu avec de l'eau dans une bassine, à la chaleur d'un bain de vapeurs , se colore infi- niment peu, lorsque le sirop est porté à 33 degrés et mis de suite à cristalliser dans des terrines; le feu nu au con- traire colore ce sirop ainsi que le sucre qui en provient; il faudra donc toujours faire évaporer le sirop de sucre de raisin au bain de vapeurs. Pour établir cet appareil en grand, on soude ensemble ET D'HISTOIRE NATURELLE, 195 deux planches de cuivre par leur côté étroit, on en relève les bords et on corne les quatre angles à quatre pouces de hauteur. On construit un fourneau ayant les mêmes dimensions que cette grande bassine ; on établit, au mulieu de ce carré long une chaudière en fonte (n° 150)que l'on remplit d'eau; on couvre la surface supérieure du fourneau avec des ai- grettes de chanvre , telles qu'elles sortent de la mâche, ou avec de la paille menue; on pose ensuite la bassine sur ce lit d'aigrettes, on la remplit au quart de matière sucrée , avec la quantité d'eau suffisante, et l'on finit de la manière indiquée ci-dessus. Nous devons encore ajouter que si l'on se sert de cet appareil pour évaporer le moût saturé et clarifié, on obtiendra un sirop moins coloré que par la ré- duction au feu nu; il présente aussi le très-grand avantage d'empécher la concrétion du tartrite calcaire qui se précipite au fond des bassines pendant la cuisson, et que l'on a infiniment de peine à enlever, lorsqu'on évapore au feu nu. Nous avons dit au commencement de cet Essai qu'il y avoit dans la saturation du moût quelque point à discuter relativement au moyen d’y procéder. Celui qui suit, par exemple, pourroit convenir assez bien aux propriétaires, qui, ne visant point au sucre, se contenteroient de tirer du raisin le sirop le plus économique et le plus expéditif, Il paroïît certain, d'après les essais que M. Proust à en- trepris sur ceux des environs de Paris, que ne contenant jamais , dans les bonnes années , assez d'acides pour saturer plus d'unelivre et demie de craie par quintal ; cette quantité, à la rigueur, suffiroit pour completter la saturation de cent livres de mouùt ; l’on peut donc, d'après cela, et à limitation de personnes à qui nous l'avons fait pratiquer, fouler la vendange saupoudrée d'une livre et demie de craie par quintal de raisin; alors la saturation et l'effervescence se passent sous les pieds du fouleur , le moût tombe dans la cuve, dépose l'excès de craie, et se trouve par là dans le cas d'entrer de suite en chaudière. Le moût traité de cette manière se trouve imprégné d'un volume assez considérable d'acide carbonique, lequel sert d'intermède à la dissolution d'une quantité de craie excé- dante à la saturation, cet excès a un avantage: il garantit à ceux qui craignent de manquer la saturation, que leur 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIS moût y est bien incontestablement arrivé. Eten elfet , aussitôt qu'on le pousse à l'ébullition, il s'en élève uneécume blanche, volumineuse, dont le goût décidé n’est autre que celui de l'acide qui fait mousser le champagne , le cidre et la bierre; puis la liqueur dépose une poudre blanche, qui n’est autre chose que de la craie très-elfervescente: on na donc point à craindre que le moût retienne aucun reste d’acide non saturé. A quel point conviendroit-il actuellement de sonfrer'le moût qui auroit été saturé dès le pressoir? Voilà ce qu'on ne sauroit dire avant l'expérience; ce moût contenant, comme nous venons de le voir, une certaine quantité de craie, ilest hors de doute que l'acide sulfureux prendroit la place de l'acide carbonique, et transformeroit la craie en un sel terreux peu soluble, qu'on appelle sulfite de chaux; ce sulfite seroit-il assez considérable pour faire craindre de ne pouvoir s’en débarrasser par l'écumage ? voilà encore ce que l'expérience nous apprendra. Les chimistes nous feront connoître si cette marche seroit plus expéditive que l’autre x qui consiste à ne saturer qu'après avoir soufré. Le vesou ou suc de canne contient, d'après le travail de M. Proust, peu d’acides, maïs en revanche , d'abondantes fécules. Néanmoins entre le pressoir et la cuite, le sucrier ne met aucun intervalle; à l'aide de la chaux, qu'il ad- ministre avec un tact admirable, il parvient, sans filtration ni subsidence , à se débarrasser de tous les principes qui sont étrangers au sucre; il les combine avec elle, sans jamais, ou rarement, outre-passer la mesure, et il les enlève par l'écumage qui abrège singulièrement les manipulations : à quel point cet heureux tour de main seroit-il applicable äu vesou du raisin? D'après tous les faits qui résultent de mes expériences, je crois pouvoir annoncer, 19 Que quatre cent cinquante livres de moût extrait du raisin blanc de vigne dans son état de maturité, donnent de cent à cent vingt-cinq livres de sirop à 52 degrés bouil- lant, dans lequel se forment d'eux-mêmes des cristaux qui . pèsent 72 à 75 livres après avoir été égouttés; 2° Que ces cristaux, après une forte expression, ne pèsent plus que 6o livres; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 155 5° Que si l’on soumet ceux-ci au raffinage, il en provient 5o livres de belle cassonade; 4° Que si on la raffine ensuite jusqu'à ce qu’elle soit blanche comme le sucre d'Orléans, on peut la mettre en pain dans les formes, alors elle ne pèse plus que de 28 à 5o livres, selon qu'on aura opéré avec plus ou moins d'exactitude ; 5° Que, parvenu à ce point, le sucre de raisin est assez consistant pour supporter le transport et les mouvemens du commerce ; 6° Enfin, qu'on recueille encore une quantité de sirops qui rendront beaucoup de sucre de diverses nuances, par des traitemens subséquens , ou qui s’emploieront, avec beau- coup de bénéfice, dans tous les ratafñas de fruits, comme cassis, brou de noix, groseille, quatre fruits, etc., etenfin, dans un assez grand nombre de confitures de ménage. J'ai décrit avec candeur ce que j'ai vu sur cet objet : puissent des hommes plus éclairés que moi, sen occuper à leur tour et nous faire connoitre des routes plus faciles et plus abrégées, pour nous apprendre à tirer le meilleur parti d'une découverte aussi précieuse pour la France ! Au mois de septembre 1808, nous avons saturé de cette manière 5 pièces de moût de raisin blanc , dans un vignoble situé à deux lieues de Blois. Après 12 heures de repos, le moût a été saturé pour en séparer le tartrite qui s'étoit précipité. Il a encore été soutiré trois fois pendant le mois qui a suivi le foulage Chaque fois il avoit laissé précipiter une très-légère quantité de tartrite. Cinq mois après on en a présenté au commissionnaire d'Orléans , qui connoit le mieux les vins de ce canton : après l'avoir goûté, il a proposé au propriétaire de lui céder, tous les ans, le produit de sa récolte au prix de 46 liv. la pièce. Ce même vin, fait suivant l'ancien usage, s'est toujours vendu sur les lieux de 20 à 24 liv., et 30oliv. au plus, rendu à Orléans. Au- jourd'hui ce vin est encore en pièces, sa fermentation est à son point de perfection. Cette expérience peut donc servir à prouver contre les assertions de Bullion, et de quelques autres qui l'ont copié, que la fermentation vineuse peut s'établir dans le moût sans le concours du tartre, et que 196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la légère quantité de fécule que l'on ne peut en séparer, est plus que suffisante pour produire cet effet. La précipitation sinon absolue en grande partie, ou tout au moins de cet excès de sels acides dont les années plu- vieuses surchargent nos vins blancs , ne sera pas un des moindres avantages que l’oenologie aura obtenus des lu- mières de la Chimie. Ajouter dans ces mêmes années du moût cuit au moût qui va fermenter, est une pratique an- cienne que les auteurs modernes n'ont cessé de nous re- commander dans tout le siècle dernier; mais ils n'ont pas remarqué que les peuples Orientaux et ceux du Midi l'ont abandonnée partout pour y substituer, et avec bien plus de raison , la séparation des acides par le plâtre, la chaux, la cendre, etc. Pourroit-on en effet, méconnoitre que pour un peu de matière sucrée , que le moût concentré porteroit dans le vin, il le surchargeroit en même temps de toute cette masse d'acides qui font du vin cuit dans ces mêmes années, une confiture äpre et charbonnée , et pour tout dire en un mot, une drogue détestable à tous égards ? Mais si après s'être débarrassé, par une application bien entendue, des absorbans et du tartre, et de l'acide tar- tareux , qui ne sont surement pas les élémens d’un bon vin, on y ajoute du moût d'abord blanchi par le soufrage, puis saturé et concentré ; si, en un mot, on ajoute le sucre de raisin au suc du raisin, fait-on autre chose qu’améliorer une partie de sa récolte aux dépens de l'autre? En sacri- fier une pour enrichir l’autre d’un principe qui leur est commun, c'est là, je crois, consulter le tempérament des choses, et asseoir leur perfectionnement sur les vrais prin- cipes. Ajoute qui voudra du miel au produit de sa ven- dange pour arriver, d’après le précepte de Virgile, au et bacchi durum domitura saporem : mais toujours est-il certain que nous autres modernes , nous ne nous accom- moderions pas plus de l'arme du miel dans nos vins, que de celui du sirop de raisin dans notre thé, notre café, dans nos glaces et nos confitures, La mélasse elle - même n’a pu s'y employer, même dans les temps de son plus bas prix, également à cause de ce parfum singulier que nous aimons à trouver dans le rhum, mais qui fait toujours des yins decanneet des sirops communs, une boisson extrêmement fastidieuse, Dans ET D'HISTOIRE NATURELLE, 157 Dans la même année , j'ai ajouté du sirop de raisin à quelques espèces de moût de la récolte; et pour masquer un peu les vices de saveur et de nuance que cesirop, qui n'étoit pas du premier choix, devoit nécessairement y porter, j'y ai mélé aussi quelques onces d'un alcohol parfumé avec un peu d'iris , de gérofle, d'anis et de coriandre. Aujourd’hui que ce vin a deux ans, et que la fermentation ne peut plus y rien ajouter, il a tellement gagné le caractère d'un vin étranger, et surtout du Xerès sec, que M. le sénateur Chaptal a jugé qu'il ne vaudroit pas moins de 24 à 30 sous dans le commerce , c'est-à-dire cinq à six fois sa valeur rimitive. Une autorité semblable suffira, j'espère, à nos ce pour leur faire entrevoir toute l'étendue des avan- tages que les vins les plus médiocres obtiendront un jour de pareils moyens d'amélioration. Le vin dont je parle, ne fut point saturé, aussi a-t-il de ce côté, un défaut qui est bien propre à faire ressortir aux yeux des propriétaires, le désavantage d'un amendement qui n'a pas été précédé par la saturation des acides. Quant à celle-ci, il y a aussi, pour y réussir, une époque de la vendange qu il faut bien observer: je crois devoir renvoyer pour cela au Traité du sucre de M. Proust, qui, le premier , nous a donné les vrais principes de cette amélioration. Tome LXXI, AOÛT an 1810. X «58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE É 0 2 NOUVELLES LITTÉRAIRES. Dictionnaire de Chimie, par M. H. Klaproth, Docteur en Philosophie , Conseiller au Collége suprême de Santé, Professeur de Chimie, Membre de l’Académie des Sciences de Berlin, Associé étranger de l’Institut de France et de plusieurs autres Académies et Sociétés savantes; Et F. Wolff, Docteur en Philosophie, Professeur au Gymnase de Joachimstadt. Traduit de l'allemand, avec des notes, par £. J. B. Bouillon- Lagrange, Docteur en Médecine, Professeur au Lycée Na- poléon et à l'Ecole de Pharmacie, Membre du Jury d'ins- truction de l'Ecole impériale vétérinaire d’Alfort, de plusieurs Sociétés savantes , françaises et étrangères. Et par Æ. A. Vogel, Pharmacien de l'Ecole de Paris, Préparateur général à la même école, Conservateur du Ca- binet de Physique au Lycée Napoléon et Membre de plusieurs Société savantes. Avec le portrait du célèbre Klaproth. Tome premier de À à CAL. A Paris, chez ÆXlostermann fils, Libraire-Editeur des ‘Annales de Chimie, rue du Jardinet, n° 13, quartier Saint- André-des Arts, 1810. « Les auteurs dans une courte préface exposent les motifs qui les ont engagés à publier ce Dictionnaire. » Les changemens, disent-ils, qui arrivent dans les Sciences fondées sur l'expérience, en raison des faits multipliés qui se succèdent, font une loi de revoir de temps en temps les faits qui les ont précédés, et de classer les nouvelles découvertes. » Le Dictionnaire de Macquer, avec les intéressantes ad- ditions de Leonhardi, a été, pour les chimistes allemands, infiniment précieux. Si on le compare maintenant aux Ouvrages qui ont paru depuis en Angleterre ou en France, ET D'HISTOIRE NATURELLE , x59 ‘excepté l'Encyclopédie méthodique , qui n'est point achevée, on reconnoitra que, malgré un espace d'environ seize ans, le Dictionnaire de Macquer, traduit par Léonhardi, mérite encore la préférence. » Les auteurs de ce nouveau Dictionnaire ont eu pour but de faire un Ouvrage qui tint le milieu entre une trop grande prolixité et une trop grande briéveté. On sait que l'une et l’autre nuit souvent à l'instruction. » Si l'on vouloit faire mention de tous les faits peu im- portans , l’'Ouvrage deviendroit trop volumineux , et en même temps trop dispendieux. Par cela même il perdroit son utilité. Les, auteurs sont cependant loin de prétendre avoir suivi ce précepte de Quintilien : qguantüm satis, quantüm opus. ; » On trouvera peut-être des articles qui auroient été sus- ceptibles d'être resserrés , et d’autres plus développés; mais c'est le sort de toute entreprise humaine, d'être plus ou moins vicieuse et incomplète. » On publiera tousles trois ans un volume de supplément, qui contiendra les nouvelles déconvertes qui auroient été faites depuis la publication de ce Dictionnaire, ainsi que les modifications qui pourroient exiger certains articles.» Cet exposé fait voir quel a été le but des auteurs. Le nom de Klaproth, ce digne successeur des Margraf, des Scheele..., suffit sans doute pour recommander cet Ouvrage. Wolff est digne d'être son collaborateur. Nous ne pouvons mieux faire connoître cet Ouvrage qu'en copiant ce qu'en ont dit les traducteurs. « Le Dictionnaire de Chimie de MM. Klaproth et Wolff, disent-ils, nous a paru mériter d'étre connu en France, nous espérons que eeux qui se livrent à l'étude de la Chimie accueilleront favorablement la traduction de cet Ouvrage. On peut le considérer comme la collection de tout ce qui a été fait de remarquable en Chimie depuis l'origine de cette science. Les auteurs en ont suivi les progrès, et son histoire s'étend jusqu'aux dernières découvertes qu'on y a faites. Les Arts, qui sont du domaine de cette science, y sont décrits de la manière la plus détaillée. On y trouve tout ce qui peut intéresser la Minéralogie, et la partie chi- mique relative à la Pharmacie, » X 2 *60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIY Les Notes qu'ont ajouté les traducteurs, sont pour faire connoître les faits et les expériences nouvelles publiés depuis l'impression de l’'Ouvrage en allemand. Nous ferons connoitre plus particulièrement quelques ar- ticles de cet intéressant Ouvrage. Traité de Minéralogie , première partie , renfermant l’in- troduction à la Minéralogie en général, la théorie de la cristallisation, l'étude de la chaux carbonatée proprement dite, et de l’arragonite, avec application du calcul cristal- lographique à la détermination des formes cristallines de ces deux substances; par M. le comte de Bournon, Membre de la Société royale de Londres et de celle de Linné, de la Société Géologique de la même ville, et de celle Werne- rienne d'Edimbourg. Deux vol. in-4°, avec un troisième volume de figures , également in-4°. Nous ferons connoître plus pr nbenenent ce nouveau Traité de Minéralogie, que les talens de son auteur re- commandent suffisamment. Annales de Mathématiques pures et appliquées , par MM. J. D. Gerpgonneet J. E. Thomas Lavernède, Professeurs au Lycée de Nismes, Membres de la Société libre de Sciences et Arts du département du Gard. Tome premier, n° Ï, juillet 1810. Un Cahier in-4° de quatre feuilles d'impression. A Nismesj, de l’Imprimerie de la veuve Belle. A compter du 1° juillet de la présente année 1810, disent les auteurs , ces Annales paroîtront régulièrement tous les mois. Le prix de l'Abonnement annuel est de 18 fr. pour Nismes, 21 fr. franc de port pour toute l'étendue de l'Empire, et 24 fr. pour l'Etranger. Traité des Asclépiades , particulièrement de celle de Syrie; précédé de quelques observations sur la culture du Coton en France; par ©. 8. Sonnint, Membre de plusieurs Aca- démies et Sociétés savantes de France et de l'Etranger. In-8° de 150 pages’, avec deux Planches format in-4°, gravées en taille-douce et coloriées. Prix, 3 fr. broché, et 3 fr. 5o cent. franc de port par la Poste. À Paris, chez F. Buisson , rue Git-le-Cœur, n° 10. ET D'HISTOIRE NATURELLE: 16» La graine de cette Asclépiade fournit une très - bonne ouate. L'auteur fait voir combien la culture de cette plante pourroit être avantageuse. Histoire philosophique des Progrès de la Physique, par A. Libes. L'Histoire du Monde sans l'Histoire des Sciences est comme la statue de Polyphème, sans œil. Le Chancelier Bacon. Deux vol. in-8°; A Paris, chez l’Auteur , rue Mélée, n° 45. Courcier , Imprimeur-Libraire, quai des Augustins, n° 57. Michaud, frère, rue des Bons-Enfans, n° 34. Et à la Haye, chez /mmerseel et Compagnie, Libraires, 1810. Cette histoire de la Physique ne peut qu'intéresser ceux qui s'occupent de cette belle Science. On en rendra un compte détaillé. Le Ménage, ou l'Emploi des Fruits dans l'Economie domestique; procédés à l’usage de la mère de famille; Ou- vrage destiné à rendre usuelles les différentes préparations des Fruits, à mettre à profit leur propre matière sucrée, et à en obtenir à peu de frais tout ce qu'ils peuvent donner à l'Economie domestique , tels que Sirops, Compotes, Con- fitures, Gelées, Vins, Vins de liqueurs, Ratafias, etc. Par A.-A. Cadet-de-V'aux. Un vol. in-12 de plus de 300 pages, caractère de philo sophie, avec une gravure. Prix, 3 fr., et 3fr. 55 c. franc de port. À Paris, chez D. Colas, Imprimeur-Libraire, rue du Vieux-Colombier, n° 26, faubourg Saint-Germain. La plupart des productions de la terre, et principalement les fruits, n'offrent à l'homme qu’une jouissance passa- gère; mais rien de plus facile, d’après les procédés indiqués par l’auteur du Ménage ou de l’Emplor des Frurts! de l'Éco- nomie domestique, que l'art de conserver ces dons fugitifs de la nature, et de multiplier les ressources qu'ils procurent au ménage. Après avoir distingué quatre sortes de maturité et indiqué le moyen de les reconnoitre, de les opérer ou même de les accélérer, l'Auteur examine les différentes propriétés des Fruits relativement à l'Economie animale. Ce n’est point ici de la médecine, mais de l'hygiène, c’est-à-dire des prin- 162 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cipes qui intéressent la santé , et ne peuvent être étrangers aux classes libérales de la société. Parmi les moyens usités pour conserver les fruits, la des- sication tient le premier rang , et les méthodes les plus fa- vorables pour l’opérer, sont exposées avec les divers avantages que les localités permettent d'en tirer. On expose ensuite la manière d'en faire des confitures, des compotes, des sirops....; succèdent les procédés pour en faire des liqueurs Spiritueuses. Mémoire sur la fabrication du Sirop et du Sucre de Raisin, par Poutet, Pharmacien de Marseille. Varios usus meditando extudit artes. Pensée de Vircie, liv. Î des Géorgiques , vers 133. Un vol. in-8°. A Marseille, chez Mossy , Imprimeur - Li- braire à la Cannebiëère, 1810. Dans un instant où tout le monde s'occupe du Sucre de Raisin, on lira avec plaisir ce Mémoire. Annales des Sciences et des Arts, contenant les Analyses de tous les travaux relatifs aux Sciences mathématiques, physiques, naturelles et médicales; aux Arts mécaniques et chimiques; à l'Agriculture, à l'Economie rurale et do- mestique, à l'Art vétérinaire, etc.; et présentant ainsi le Tableau complet des acquisitions et des progrès qu'ont faits les Sciences et les Arts, les Manufactures et l'Industrie, depuis le commencement du 10° siècle; avec l'indication des Prix décernés et proposés par les Académies et Sociétés savantes, la Nécrologie des Savans les plus connus, et la Notice bibliographique des Ouvrages publiés dans l’année. Par MM. Dubois-Maïsonneuve et Jacquelin- Dubuisson , Membres de plusieurs Académies et Sociétés savantes. Année 1808. Première Partie. Un vol. in-8° de près de 450 pages. Prix, 7 fr., et 9 fr. 25 c. franc de port. À Paris, chez D. Colas, Imprimeur-Libraire, rue du Vieux-Colombier , n° 26, faubourg Saint-Germain. 1809. » ? 6 9 Les Annales des Sciences et des Arts auroient laissé beau- coup à desirer, si elles n’avoient pris date à une époque qui, en changeant la situation politique de | Empire Fran- Çais, a imprimé un nouveau caractère et une nouvelle di- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 163 rection à l'instruction publique et aux travaux des Savans. Nous avons cru indispensable de faire remonter ces Annales jusqu'à l’année 1800. — Chaque année formera un volume de 500 pages. Les huit volumes qui composent la Col- lection jusques et compris l'année 1807 se sont succédés ra- pidement. Le prix de chaque volume est de 6 fr., et de 7 fr. 75 e. franc de port par la Poste, Les personnes qui se sont fait inscrire pour la Collection entière des Annales, n'ont payé, indépendamment du port, chaque volume que 5 fr. au lieu de 6.— La Souscription a été ouverte jusqu'au 1e octobre 1809. Les personnes qui n'ont point souscrit à cette époque paieront chaque volume 6 fr , et 7 fr. 75 c. franc de port. On ne demanderien d'avance; les personnes inscrites ne payent qu'en retirant les volumes. Le Bureau des Annales est chez D. Colas, Imprimeur- Libraire, Editeur du Journal d'Economie rurale et domes- tique, ou Bibliothèque des Propriétaires ruraux, et du Bulletin de Pharmacie, rue du Vieux-Colombier, n° 26. L'abondancedes matières recueillies pendant l’année : 808, nous a obligés de dépasser, pour cette fois seulement , les bornes que nous nous étions prescrites. Les /nnales de cette année mers deux parties, dont la première en un un volume de 750 pages. — Les Souscripteurs ne paieront que 6 au lieu de 7. Ces Annales sont déjà connues avantageusement et ce nouveau volume n'intéressera pas moins que les premiers, 164 SOURNAÂAL DE PHYSIQUE, ME CHIMIE, etc. Lo À LA B LE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Suite du Mémoire sur quelques nouvelles Recherches électro-chimiques, etc; par Humphry Davy, lu à la Séance de la Société royale, le 16 novembre. Pag. Tableau météorologique; par M. Bouvard. Description des Serres qui se trouvent dans les jardins de Schônbrunn près de Vienne, et détails sur le Mé- lange des terres et sur la Culture pratiquée dans les jardins de Schônbrunn et de l Université; par Marcel de Serres. Recherches chimiques sur les Minéraux, par Martin Henri Klaproth. Essai sur l'Art de fabriquer le Sucre de raisin; par M. Foucques. Nouvelles Littéraires. 85 116 118 130 147 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURÉLLÉ. SEPTEMBRE ax 1810. DESCRIPTION D'UN GONIOMETRE A RÉFLEXION; Par Wizutam Hype WOLLASTON, M. D. Secrétaire de la Société Royale, extraite des Transactions Philosophiques. Londres 1809; Lu devant la Société Royale, le 8 juin 1809. D'arrës les progrès qu'a faits la Cristallographie depuis ces dernières années, il est aisé aujourd'hui de connoître une grande quantité des substances minérales, lorsqu'on parvient à s'assurer des dimensions des angles sur Murs formes extérieures, ou de la position relative de leurs sur- faces que présente La fracture; mais quoique les modifi- Tome LXZXI, SEPTEMBRE an 1810. Y 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cations des tétrahédres, des cubes, et des autres solides réguliers auxquels le secours de la géométrie peut s'appliquer exactement , aient été déterminées avec la plus grande précision ; nous avons cependant souvent sujet de regretter que les instrumens dont nous nous servons pour mesurer les angles des cristaux, ne soient point égaiement exacts; et qu’en appliquant le goniomètre aux petits cristaux dont le rayon en contact avec la surface, est nécessairement très- court, les mesures mêmes prises d'une main sure, se trouvent presque toujours trop éloignées de la vérité pour nous aider à déterminer l'espèce à laquelle une substance appartient. Je viens de trouver un moyen de remédier à ce défaut, moyen avec lequel on peut, dans presque tous les cas, mesurer l'inclinaison des surfaces avec toute l'exactitude communément nécessaire, et à l’aide duquel, lorsque les surfaces sont suffisamment polies pour réfléchir une image distincte d'objets éloignés, la position de faces d'un 5o* de pouce de large, se détermine avec autant de précision que celles des plus grands cristaux. A cet effet, le rayon de lumière , réfléchi de la surface, s'emploie comme rayon au lieu de la surface elle-même ; et conséquemment pour un rayon d'un 50° de pouce, l’on peut substituer la distance de l'œil du cristal qui seroit naturellement de douze à quinze pouces environ ; ou pour une plus grande exactitude encore, par un second procédé substituer la distance d'objets vus à cent verges et plus de nous. | L'instrument dont je me sers est composé d'un cercle gradué sur le bord , et monté'sur un axe horizontal supporté par un pilier qui est debout. Cet axe étant percé, offre un passage à un axe plus petit qui le traverse, et auquel un cristal de grandeur médiocre peut s'attacher au moyen d'un morceau de cire, par le bord, ou l'intersection de ses surfaces horizontalement et parallèlement à l’axe de mouvement. On place d'abord le cristal de manière qu’en tournant l'axe plus petit, chacune des deux surfaces dont on veut mesurer l'inclinaison , réfléchisse la même lumière à l'œil, Les cercle est alors placé à o, ou à 180o°, au moyen d'un index attaché au pilier qui le supporte. On tourne ensuite Le petit axe jusqu'à ce que la surface ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 la plus éloignée réfléchisse la lumière d'une chandelle, ow de tout autre objet que l’œil peut définir; et enfin l'œil restant toujours fixé à la même place, le cercle se tourne par le moyen de l'axe plus grand, jusqu'à ce que la seconde surface réfléchisse la même lumière. Cette seconde surface se trouve ainsi dans la même position où étoit la première. L'angle au travers duquel le cercle a été mis en mouvement supplée dans le fait à l'inclinaison de ces surfaces; mais comme les sraduations marquées sur son bord sont nombrées dans un ordre inverse, l'angle se voit exactement par le moyen de l'index, sans qu'il soit besoin de calcul. On peut observer qu'il n’est pas nécessaire d'avoir une fracture uniformément polie pour l'application de l'instru- ment à la structure de substances feuilletées. En effet, du moment où toutes les petites portions d'une surface endom= magée qui sont parallèles à une autre surface, quoique n'étant pas sur le même plan, réfléchissent la même lumière, l'angle d'une fracture irrégulière peut être déterminé aussi bien à peu près, que lorsque les fragmens réfléchissans sont sur le même plan. Avec cette manière de prendre la mesure d’un angle, lorsque l'œil et la chandelle sont seulement à une distance de dix à douze pouces, la parallaxe peut occasionner une petite erreur , si l'intersection des plans ou le bord du cristal ne se trouve pas exactement sur la même ligne que l'axe de mouvement (1); mais cette erreur est même alors insen= sible lorsqu'on place le cristal avec toute l'attention néces- saire; et lorsque les surfaces sont suffisamment polies pour réfléchir une image distincte des objets, on peut obvier à toute erreur provenant de la même source en employant une autre manière de se servir de cet instrument. A cet effet, si l'œil se trouve à un pouce de distance de la substance réfléchissante , l'image réfléchie de quelque cheminée éloignée, peut la présenter au-dessous de sa véri= (1) J’observerai que dans le temps où je me $ervois de cet instrument ; M. Sowerby crut devoir aussi l’employer; mais ayant voulu essayer de fixer la position de l’œil, il n’a pas réussi dans son expérience. En effet, lorsque la ligne visuelle est déterminée par un point de connexion avec l’appareil, le rayon employé se trouve borné par là à l’etendue de l’instrument, et l'erreur provenant de la parallaxe augmente évidemment. y 3 168 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE table place , et en tournant le petit axe, elle paroîtra cor- respondre avec le fond de la maison, ou avec quelqu’autre ligne horizontale éloignée. Dans cette position, la surface coupe exactement en deux l'angle que la hauteur de la maison soutend à l'œil, ou plutôt à la surface réfléchissante. En tournant alors le cercle entier et le cristal tout ensemble, l'autre surface , quoique petite, peut être exactement amenée dans la même position, et l’angle des surfaces se mesurer ainsi avec un degré de précision qu'on n'avoit point jusqu'ici osé se promettre de la goniométrie. L'exactitude de cet instrument est telle, qu’un cercle de moyennes dimensions , auquel on adapteroit un verzier , rectifieroit probablement plusieurs observations antérieures. J'ai déjà eu occasion de remarquer l'exemple d'une erreur qui a lieu relativement au carbonate ordinaire de chaux. Je me pis à le citer, parce que cette substance sera vraisembla- lement employée ,comme la pierre de touche de l’exactitude de ce goniomètre , par quelques-uns de ceux qui n'en sont pas convaincus d'après une idée claire des principes de la construction. L’inclinaison des surfaces d'un cristal primitif de carbonate de chaux est estimée, avec une grande apparence de pré- cision, être de 104° 28° 40", résultat tiré par la simple raison de la position supposée de son axe à un angle de 45° avec chacune des surfaces, et d'autres circonstances d'har- monie apparente. Cependant, quoiqu'il y ait une forte pré- somption pour croire que cet angle qui mesuré, approche de 45°, soit tel actuellement, il doit néanmoins être dans le fait d'environ 45° 20”; car je trouve que l’inclinaison de ces surfaces, de l’un à l'autre, est à peu près de 105", comme Huygens l'a‘déterminé; et puisquela mesure de l’angle superficiel déterminée par sir Isaac Newton, s'accorde avec la détermination de Huygens, son évidence peut être con- sidérée comme une confirmation ultérieure du même ré- sultat; car on doit présumer que ce savant n'auroit pas adopté les mesures des autres, sans les avoir examinées avec le plus grand soin. Explication de la Planche ci-jornte, a. B est le cercle principal du goniomètre gradué sur son bord. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 169 C. C. L'axe du cercle. D. Roue qui fait tourner le cercle. : £. E. Petit axe pour tourner le cristal sans faire mouvoir le cercle. Æ. Roue sur le petit axe. G. Plaque de cuivre soutenue par le pilier et graduée, comme un vernier, de cinq minutes en cinq minutes. H. L'extrémité d'un petit ressort au moyen duquel le cercle s'arrête à 180°, sans craindre qu'il en indique un autre. J.J. et X.X. Ce sont deux centres de motion, l’un hori- zontal et l’autre vertical pour ajuster la position d'un cristal. L'un tourne par le moyen d'une poignée L, et l’autre à l'aide d'une roue. Le cristal étant attaché au point 2, par unie tête de vis, dans le centre de tous les mouvemens , avec une de ses surfaces parallèles, autant que possible, à la roue #1. On le rendra parallèle à l’axe , en tournant la poignée Z,, jusqu’à ce que l'image réfléchie d'une ligne horizontale se montre horizontale. Au moyen de la roue F, la seconde surface se ramène alors dans la position de la première , et si l'image réfléchie de cette surface ne se trouve pas horizontale, on la rend telle en tournant la roue 77; et comme ce mouvement est parallèle à la première surface, il ne peut pas déranger l'ajustement précédent. - OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES | D EDGE 6 A + RUE PMU À A A D + A QE 2 ML TIR LAN A LE _ | THERMOMETRE EXTERIEUR B c à s RE Se AROMETRE METRIQUE. [25 > CN nn 5 | Maximum. | Minzmum|aMiptr. Maximum. | Minimum. A |" mpi.| #1 heures- o heures. ° heures. mill. | heures. mill mill. HI la mdi +20,5/a 4 2m: +140) Æ2»,5là 10 Es... ....759,5olà 4: m..... .-754,82|757,8 20,9 L 2là midi ,+22,6/à 45m. + 9,2] 20,6 7 Em. ...... 760 ,401à 4 > M.:..... 759,62 760,30 21,1 3là3s. b+23,9 à 45m +142 +29,5/à nudi. ....... 758,48[à g9s.......... 750,28 758,48 21,5 j alèsis +an7{à 1025. +:4,5] +21,5|à 4£m....... 754,10 a31s........751,48|752, 76 20,8] 5[à midi 22,0|à 4 : m. +11,9 +22,0 à midi........ 755,04|à 4+m.......759,50 755,04 2027 6la3s. —H20,9là 4 Em. +r2,4] +20,0|à 9 :s........ 757,52|à 4+ me... 755,30 756,80 20,7 slèmidi <+25,0à45m. +122 +#25,0|à 4 + m.:...... 756,461à 625........ 752,64 754,84 21.4 bla midi +22,0f[à 1055. “1450 +22,C|à 1055S....... 757,04|à 4 + Mm.......753,10 753220 20,0 | gla3s. “197143 m. +129] +19, [à gis........ 753,20|à 4% 1m....... 758,72|761,68| 20,0M rolà3s +21,0/14Èm. +14,4| #18, |à4im........ 761,60[293s........ 756,82|759,74| 19,2 nrlà3s. 20,0 45m. 11,7] +20,ofà 1135....... 757,40là 8 m........ 754,78|[755,02| 10,0 polàSs. —s0,5[1 45 m. 11,5] +20,o[à midi.......,760,62/à10%5...,,..757,22/760,62| 20 0 13là midi <+z2r,1faros. 12,0] +21 rfà1os......... 760,04|à 7 m........ 753,72|756,44| 10,9l 14235. +-23,5|à 42 m. io] +23 o|à 44 m....... 760,32|à 10 5 s.......7€4,98|750,10| 19,6! 15là midi “<196là11s. <+126| +419,6|à 4+1im........752,04 ANAL SALUE 750,30 750,38 10,2]\ 16là midi +Hiv2lagis. Ærr,5] H18,2[à9Ès........ 755,75\à 43 m.......750,24|751,68| 19,0]k 17là3s. +15,5à 45m. +106 +16,2|à 94s........ 761,44|à 4+m........756,40|756,13| 19,1 18à3s. —+18,5là4im. + 80] +18,2là1055....... 766,64|à 44 m...... .-763,70|765,80| 19,1]4 19]à midi +H209|à 4 + m. + 8,2] +20,9 h7£m........766,68)à44m....... 765,961766,51| 19,5|4 ooià midi +-2c,6|à 4 H m. Æ15,ol -20,6|à midi........ 767,00|à 35... .....766,36|767,00| 19,9l4 2rlamidi —<21,4|à 5m. “10,2 +21,4[à 8 m........ 766,7o|à 9 s........ .764,54|766,36| 21,0Î! 22la3s. +23, 5m. “r1,7| +23,0/à 5 m........ 763,20 AU OS. eee 760,00|762,40| 21,0]h 23là3s. H25,2là 5m. +11, 25 1[à925s........760,52]A 5m ........ 759,76 760,10! 21,7 24lamidi +26,715m. 14,7] +26,7/40 m........761,12 d9%S.........760,04|760,40| 22,4 25larks, —+20,0à5m. 14,5] +28,5|[à 8 m.........760,44là To s........ 759,30|760,26| 23,2 26|à midi “H29,51à 5m. “+15,0| +29,5|à103s....... 760,81|à 35.......... 759,06|759,32| 23,0! 27là3s. <+23,7à5m. +16,0| +23,olà 1045........ 762,52|à 5 m. .......761,08/761,80| 23,0|! 8la3s. -+22,611 5m. <16,0| +21,2là midi........763,40|à 5 m...….....761,86|768,40| 20,5]! 20la3s. “H22,4là5m. +13,5| +209 ATIMIA Re ess ce 762,58|à 9 : s........ 761,50,762,58| 21,6 3olx midi æ+27,olà5 m. +13,9| +27,0|à 8 m........ 760,82|à 9 S.........759,46 760,16| 22,71 31lar£s. +20,5fà5m. +14,51 Ho9,2là 8 m......... 759,12là à s. ........757,941798,70 4 RECAPITULATION. Millim, Maximum moyen du mercure..... 760,14 Minimum moyen du mercure..... 75777 Elévation moyenne à midi.... 727,959 Maximum moyen de chaleur..... + 22,6 Minimum moyen dechaleur...... + 12,6 Amie reel none ceree + 22,2 Nombre de jours beaux....... 15 de couverts........... 16 depluie............... 12 GleNrSbeue 00010000 28 de gelée.............. o de fonnerre........... 2 ; de brouillard.......... 12 de nelPer Re. -e ete ae o de grêle............. o OR Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cen- © centièmes de millimètres. Comme les observations faites à midi sont ordinaireement celles qu’on le thermomètre de correction. À la plus grande et à la plus petite élévation du baromètre conclus de l'ensemble des observations, d'où il sera aisé de déterminer la température moyenne conséquent , son élévation au dessus du niveau de la mer. La température des caves cst également À L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS. AOUT 1810. .l à POINTS VARIATIONS DE LATMOSPHERE. LUNAIRES. a |à midi LE MATIN. 75 |[O-N-O. Couvert pluie. Nuageux. Nuageux. 74 |O. Superbe , brouillard. [Quelques nuages. Trouble et nuageux. 76 |S O. Couvert. Troubie ctnuageux: |Pluie, tonnerre. 79 Idem. Equi. des. Pluie finc. Couvert. a Quelques nuages. 75| Idem. Nuag. autour delho. Beaucoup d’éclaircis.| Pluie très-foite à 6 D. 75 |O. Nuageux. Frès-nuageux. Petits nuages. 74 |S-SO. Idem. Couvert. Forie averse, tonner. 78 |S-0. P.Q àyh30/s.| dem. Nuageux. À demi couvert. 8o |[O. Item, pet. pluie. [Quelques éclaircis. |Très-nuageux. 89 [S-O. Couvert. Pluie fine parinterv. |Couvert. 74| Idem. Pluie continuelle. Nuageux. Nuageux. 75 |O. Vapeurs à l'hor. Neue éclaircis. Lég. nuag. en lames. 76 |S S-O. L. périgée. | Très-nuageux. uageux, Beau ciel. 75| Idem. P.L.hgh55s.| dem. Quelques éclaircis. Nuageux. 83 |S-O. Couvert. Couv., pluie parinter.|Izem.quelq.go.d'eau. 76 |O. Idem. Idem. Couvert. 74 [Calme. Equi. ascen. Idem, Couvert, Nuageux, 67 |N. Vapeurs à l’horizon. |[Nuageux. Légères vapeurs, 75 |[N-O. Item. Ider:. Couvert, 83 |N. Couv., pluie fine, bro.| Très-nuageux. Quelques nuages. 74 |[N-E. D.Q.0h52'm.| Beau ciel , léger bro. | Petits nuages blancs. [Superbe. ; 73 |E. Id. forte rosée. Idem. Idem. 71 | Idem. Idem. Superbe. Idern. 2 |S-E. Iderrre Petits nuages. Idem. 72 |Calme. Idem. Idem. Idem. 73 |S-E. Lane apogée. | Jdem. Superbe. Nuageux. 78 |N-O. Couv., brouill. Nuageux. Idem. 81 IN. Idem. Couvert. Quelques nuages. 82 |N-E. Idem. Nua;eux. Ciel sans nuages. 77 |Calme. N.L.à rh44/m. Trouble et nuag, bro.| Trouble et nuageux. [Très-nuageux. 79 [S-E. Equ. descend, Ciel vapereux. Petits nuages légers. | Idem. éclairs de chal. RÉCAPITULATION. Ne re A 00 NÉS anomac ser 2 1er foncooo dde so 2 Jours dont le vent a soufflé du A DIU 3 SOU. 2 F8 27 0 000 lg (OstnbeeroEdne die 5 N°07 FRS TU 6 Co e le 1° 129,079 Therm. des caves le 16 12°,076 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 25""30— 11 lig. 5 dixièmes. VE PS7 9 PPT PRE TE CPE PE TEE tigrade , et la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire en millimètres et emploie généralement dans les déterminations des hauteurs par lé baromètre; on a mis à côté et du thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le z2axèmum et le minimum mojÿens, du mois et de l'année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris, ct pag exprimée en degrés ceptésimaux , afin de rendre ce Tableau uniforme, », 172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SUITE A MES MÉMOIRES SUR LES CRISTALLISATIONS GÉOLOGIQUES ; Par J.-C. DELAMÉTHERIE (1). Tous les travaux de la philosophie naturelle tendent à nous faire connoître la nature des différens principes dont est composé le globe terrestre, les diverses substances qu'ils y ont formées, et à découvrir le mode dont elles se sont arrangées dans la masse de la terre. Ces principes sont de trois natures différentes, les fluides éthérés , les fluides gazeux et les corps solides. On connoît aujourd’hui plusieurs fluides éthérés, 1° le feu ou fluide igné ; 2° le fluide lumineux; 5° le fluide électrique ou galvanique; 4 le fluide magnétique ; 5° le fluide gravifique. Ces fluides paroissent appartenir, non-seulement à notre globe, mais à l'univers entier. Les substances suivantes paroissent appartenir plus par- ticulièrement au globe terrestre. Trois fluides aériformes, 1° le gaz oxigène , 2° le gaz hydrogène, 3° le gaz azote. Trois substances inflammables dites simples, 1° le car- bone , 2° le soufre, 3° le phosphore. Vingt-sept substances métalliques, 1° le platine, 2° le pal- ladium, 3° le rhodium, 4° l'osmium, 5° l'iridium, 6° l'or, 1) Poyezsles autres dans ce Journal, D 7° l'argent ET D'HISTOIRE NATURELLE. 173 #° l'argent, S° le mercure, 9° le cuivre, 10° le fer, 11° le plomb, 12° l'étain, 13° le zinc, 14° l'antimoine, 15° le bismuth, 16° l'arsenic, 17° le cobalt, 18° le nickel, 10° le manganèse, 20° le tungstène, 21° le molybdène, 22° l'urane, 23° le titane , 24° le chrôme, 25° le tellure, 26° le tantale. Wol- laston croit que le colombium est la même chose que le tantale, 27° ià cerium. Neuf terres qui paroissent de nature métallique, 1° la silice , 2° l'alumine , 3° la magnésie, 4° la chaux, 5° la baryte , 6° la strontiane, 7° la circone, 8° la glucine, g° la gadoline ou yttria. : Deux alkalis qui sont de nature métallique, 1° la potasse, 2° la soude. La base de l'acide boracique qui paroit métallique, c’est le boracium. Deux bases inconnues d'acides, 1° celle de l’acide mu- riatique , 2° celle de l'acide fluorique. Chacune de ces substances peut-elle être regardée comme un être simple? ou doit-on dire qu'elle est composée? On sait que les opinions sont partagées à cet égard. Mais dans tous les systèmes on convient qu'elles ont été formées des premières parties de la matière, qui sont par conséquent beaucoup plus subtiles. Il faut concevoir que toutes ces substances, qui ont formé le globe , étoient fluides et réunies vers un centre commun d'attraction ; elles avoient déjà un mouvement de rotation sur un axe en 23 h. 66’ 4”, pour que le globe pût acquérir la figure sphéroïdale , à mesure que les combinaisons s’opé- roient, et passoient à l'état concret; car toutes ces com- binaisons ne se sont opérées que successivement , et le globe a été formé , et n’a acquis son volume et sa consistance que dans un temps plus ou moins long qui nous sera toujours inconnu, Ces combinaisons n'ont pu s’opérer qu’autant que chacune des substances dont est formé É globe, étoit libre d’obéir aux lois des affinités; mais un principe auquel on n'a peut- être pas donné assez d'attention , peut jeter beaucoup de jour sur la manière dont ces combinaisons ont eu lieu. Les corps sont beaucoup plus susceptibles de se combiner, lorsqu'ils sont réduits en petites molécules, pour ainsi dire Tome ZLXXI. SEPTEMBRE au 1810. Z 174. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ÉLÉMENTAIRES, que lorsqu'ils sont en masses plus con stdérables. Cette vérité n'a pas échappé à la sagacité de Priestley, lorsqu'il a parlé des gaz. Ils se combinent, dit-il, avec une grande facilité, lorsqu'ils sont à l'état naissant, c'est-à-dire au premier moment de leur dégagement, lorsqu'ils sont réduits à de très-petites molécules, à leurs molécules élé- mentaires. Cette opinion de Priestley est confirmée par ur grand nombre de faits, et elle est admise généralement aujourd'hui. 1°. On suppose aujourd'hui que l'hydrogène à l'état naïs- sant , même à une température très-basse, rencontrant l’oxi- gène ; il y a dégagement ou production d'eau. Mais ce dégagement n'a pas lieu en mélangeant seule- ment ces deux gaz, lorsqu'il y a quelque temps qu'ils sont formés , à moins que la température ne soit assez élevée pour produire combustion. 2°. L'hydrogène et l'azote se rencontrant au moment de leur état naïssant, forment de l'ammoniaque, comme on le voit dans plusieurs occasions. a. De la limaille de fer exposée sur du gaz nitreux; il y a production d'ammoniaque. L'hydrogène dégagé de la limaille se combine au moment de son état naissant avee l'azote du gaz nitreux. &. L'hydrogène et l'azote qui se dégagent des matières animales en putréfaction , ou chauffées à une haute tem- érature, se combinent à leur éfat naissant et forment de ee Mais l'hydrogène et l’azote pris séparément et mélangés quelque temps après leur formation, ne produisent point d'ammoniaque. 3°. L'hydrogène et le carbone se rencontrant au moment de leur é£at naissant , se combinent et forment de l'huile, a. Lorsqu'on dissout la fonte de fer dans l'acide muria- tique, ou l’acide sulfurique, il y a constamment production d'huile, dit Proust. (Journal de Physique, tome XLIX, page 155), c'est que l'hydrogène, dans l’état naissant, se combine avec une portion de charbon de la fonte également à l'état naissant. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 575 Mais le charbon et l'hydrogène mélangés long-temps après leur formation, ne produisent point d'huile. 4°. Le charbon qui dans son état naïssant rencontre de l'oxigène, forme de l'acide carbonique, comme on le voit dans la respiration des animaux. Mais le charbon formé et mélangé avec l’oxigène, ne forme d'acide carbonique qu’à la température de la chaleur rouge, celle de la combustion. 5°. Le charbon etle fer dans les fontes de fer en grand, sont volatilisés, et produisent du carbure de fer ou plom- bagine, parce que leurs molécules réduites à leur état élé- mentaire ou zarssant, se combinent facilement. Cette combinaison n’a pas lieu dans d'autres circonstances. 6°. Le gaz hydrogène sulfuré laisse dégager du soufre qui, se combinant à son état naissant avec l’oxigène, forme de l'acide sulfurique , lequel , absorbant une plus grande quantité d'oxigène, passe à l'état d'acide sulfurique. Le soufre en masse ne se combine avec l'oxigène pour former l'acide sulfurique, qu'à une haute température, celle de la combustion. 7°.Le phosphore présente les mêmes phénomènes. Lorsqu'il se dégage du gaz hydrogène phosphuré , il se combine à son état naïssant avec l'oxigène, et forme de l'acide phospho- rique. Mais le phosphore en masse ne se combine avec l'oxi- gène pour former l'acide phosporique , qu'au moment de la combustion. 80. Les molécules des métaux à leur état naissant, peuvent aussi se combiner avec l'oxigène, et forment des oxides, des acides... Mais les métaux en masse ne s’y combinent point. 9. Les molécules des métaux à leur état naïssant, peuvent également se combiner avec de l'hydrogène et former des gaz particuliers. a. L'arsenic se combine avec l'hydrogène, et forme un gaz hydrogène arseniuré, lequel contient une quantité assez considérable d'arsenic métailique | à peu près un huitième, suivant Stromayer] (1). (1) Journal de Physique, tome LXVIIT, page 147. 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cependant l'arsenic réduit en limaille la plus fine, et exposé sur du gaz hydrogène, ne s’y combine point. 10°, La silice exposée à une haute température est dis- soute par les alkalis, comme dans le verre. Lorsque l’alkali domine, c'est-à-dire qu’il y en a deux ou trois parties contre une de silice, le verre devient déliquescent (c'est la liqueur des cailloux ); en versant dans cette liqueur un acide, il se combine avec l’alkali, et la silice est précipitée; mais si on ajoute un excès d'acide, il se combine aussitôt avec cette silice à l'état naissant, et elle est dissoute par cet acide. Cette dissolution n’a pas lieu, si on n’ajoute cet excès d'acide que quelques instans après que la silice a été pré- cipitée. Elle se réunit au fond du vase, et se présente sous forme d’une poussière terreuse , âpre au toucher : ce qui fait présumer que ses molécules ont déjà contracté de l’adhé- rence entre elles. L’alumine offre à peu près les mêmes phénomènes. Si dans le moment qu'on la précipite de l’alun par un alkali, on ajoute une portion d'acide, l’alumine est dissoute par cet acide, parce qu’elle se trouve à son écat naissant. Mais si on laisse reposer quelque temps cette alumine preripitée de l'alun , elle sera attaquée beaucoup plus dif- cilement par les acides. 11° La FustoN des corps par la chaleur produit des phé- nomènes analogues à ceux que nous venons d'exposer; leurs molécules sont, par l'action du calorique, séparées les unes des autres, etréduites comme à leur éfat naïssant. La masse devient liquide, et chaque molécule, à son é£at naïssant, se réunit à d'autres molécules dans le mêmeétat; elles forment des masses qui cristallisent ou sous forme régulière, ou sous forme confuse. On ne peut concevoir la fusion d'une substance métal- lique , d’une substance sulfureuse..., parexemple, qu'autant que l'action du calorique en sépare les molécules : autre- ment ce ne seroit qu'une masse qui ne fondroit point et ne cristalliseroit pas, Les terres, ou prises séparément, ou unies plusieurs en- semble, peuvent être également soumises à l'activité du feu, Si la chaleur n’est pas assez considérable, on n’aura ET D'HISTOIRE NATURELLE: 177 qu'une espèce de fritte qui ne s'agglutine pas; mais si la chaleur a plus d'intensité, il y a fusion. Les molécules de ces substances sont séparées; réduites à leur éfat naissant, elles se combinent etcristallisent., C'est ainsi que sont formées les pierres volcaniques qui ont été réduites en fusion. 120, La SuscimATion des corps par la chaleur opère encore les mêmes effets par la même cause. Les molécules sublimées sont séparées les unes des autres par l'activité du calorique. Elles se trouvent comme à leur état naïssant : alors elles s'unissent, se combinent et cristallisent. Les molécules du soufre sublimé cristallisent sous forme de fleurs de soufre. Celles de phosphore également sublimées cristallisent. L'or, l'argent sont sublimés au foyer du miroir ardent et cristallisent. Les sulfures de mercure, d'arsenic..... sont également sublimés et cristallisent. Quelques terres, telles que la silice, sont même sublimées et cristallisent en filets, comme l’a prouvé Vauquelin (1). Quelques substances minérales sont produites par subli- mation, telles que la rubine d'arsenic, le fer spéculaire volcanique... Il seroit inutile de multiplier les exemples pour prouver une vérité qu’on ne sauroit plus révoquer en doute. Des substances , qui ne sauroient se combiner à leur état or- dinaire, se combinent facilement , lorsque leurs molécules sont réduites à l’éfat naïssant par quelque cause que ce soit. Mais ne pourroit-on pas supposer que plusieurs combi- naisons primitives des parties premières de matière n'ont pas produit ces substances , dites élémentaires dans leur état de pureté, mais les ont produites déjà combinées entre elles : ainsi, au lieu de produire du carbone pur, elles l'auront produit combiné, par exemple, avec l’oxigène sous forme d'acide carbonique : le soufre, le phosphore, le bore, les métaux...., au lieu d'avoir été produits purs l’auroient été également combinés, par exemple, avec l'oxigène sous forme d'acides sulfurique , phosphorique, boracique, mé- tallique..... A ————— © —————— "2 2 —— — (1) Annales du Muséum, 7° année, page 239, cahier LXXIV. 178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La chose sans doute a été très-possible; mais pour suivre la filiation des idées, il vaut mieux supposer que ces com- binaisons ne se sont opérées que postérieurement, et que dans le principe il n'a été formé que ce qu'on nomme les subs- tances s/mples. Leurs molécules étoient à l'état élémentaire, c'est-à-dire que chaque molécule particulière ne contenoit qu'une partie unique de la substance simple. Une partie de soufre ne contenoit qu’une molécule de soufre, une partie de charbon ne contenoit qu'une molécule de charbon....: mais suivons l'ordre de ces combinaisons. Chacune des molécules de ces diverses substances élé- mentaires, rencontrant des molécules de ces substances à leur état naissant , se combinèrent ensemble et formèrent des masses de substances homogènes. Des molécules de soufre, par exemple, rencontrant d’autres molécules de soufre, s'unirent ensemble et formèrent des masses de soufre. C'est ce qu'on observe à la solfatare et dans la plupart des volcans. Le soufre y est volatilisé par la chaleur en petites molécules, et on les voit se réunir et cristalliser sous ses yeux dans les fentes des fumaroles , et former des masses plus ou moins considérables. Les substances métalliques sont volatilisées de la même manière , et forment souvent des masses cristallisées. Le fer volcanique spéculaire est sublimé par les feux souterrains et cristallise très-régulièrement en cristaux assez gros. L'or , l’argent..., exposés au foyer du miroir ardent, sont sublimés. La silice peut être également sublimée, Chacune des molécules de ces substances élémentaires put également se combiner avec des molécules d'autres substances, qui ont de l’affinité avec elles. Il en résultoit de nouveaux composés. ‘Des molécules de soufre, par exemple à leur état naïssant, rencontrant des molécules d'oxigène, s'y combinoient et formoient des oxides de soufre, ou des acides soit sulfu- reux , soit sulfuriques. Ces mêmes molécules de soufre à leur é{at naissant, rencontrant des molécules de potasse, de soude, de baryte, de strontiane, de chaux, d’arsenic, de mercure...., égale- ET D'HISTOIRE NAPURELLE, 179 ment à l'état naïssant, se combinent avec elles , et forment différens sulfures alkalins, terreux, métalliques... On en doit dire autant du phosphore, du charbon....: si leurs molécules à l’état naïssant rencontrèrent de l'oxi- gène, des alkalis, des terres, des métaux..., elles s'y com- binèrent également et formèrent des acides , des phosphures, des carbures. Ces diverses combinaisons primitives et cristallisations s'opéroient primitivement dans des espaces que nous ap- pelons improprement vides, parce qu'il n'y avoit que les premiers élémens de matière; mais il n’y avoit ni air, ni eau , puisque ces deux dernières substances n'existoient pas, ou nétoient qu'en très-petite quantité. Des faits certains nous prouvent qu'effectivement ces combinaisons peuvent avoir lieu dans des espaces où il n’y a que des fluides très-rarefiés; car lorsqu'on fait sublimer, par exemple, l'acide boracique , l'ammoniaque, le cinabre...., on est obligé de chauffer les vases assez fortement. Ils ne con- tiennent donc plus que des fluides extrêmement raréfés, Ces combinaisons et cristallisations peuvent également avoir lieu dans l'air atmosphérique. Du gaz ammoniacal, par exemple, répandu dans l'air, rencontrant du gaz acide muriatique, se combine avec lui sous forme de nuage blanc et cristallise.... Enfin ces mêmes combinaisons et cristallisations s'opérent encore, lorsque ces molécules sont tenues à l’état naissant dans l'eau ou tout autre liquide qui leur laisse! la liberté d'agir et d'obéir aux: lois des affinités. La baryÿte et la strontiane présentent des exemples bien frappans de la cristallisation des substances simples dans l'eau. Chacune de ces terres étant à l’état de pureté, et leurs molécules à l'état naïssant, mises dans un flacon plein d'eau bouillante et bien fermé , se réunissent , se combinent. li se forme des cristaux de ces terres au fond du vase. Les alkalis fixes, la potasse et la soude, si solubles dans l’eau, n’y peuvent cristalliser, parce qu'ils ont une trop grande affinité avec elle. Mais si on ajoute de l'alcool dans cette dissolution , la cristallisation s'opère , parce que l'eau, ayant plus d'affinité avec l’alcool qu'avec les alkalis, aban- donne ceux-ci et laisse la faculté de cristalliser à leurs molécules qui se trouvent à l'écat naissant. 180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, La silice est soluble en partie dans l'eau , car dans le verre déliquescent elle y fait une gelée transparente. Un acide la dissout dans cet instant; mais quelques momens après elle ne peut plus s’y dissoudre. Il est donc probable que cette terre à son é£at naïssant, n'a pas assez d’affinité avec l'eau pour pouvoir s'y dissoudre entièrement. Ses molécules à cet état sont solubles dans les acides dans les premiers instans ; mais aussitôt elles se com- binent en partie, et cessent d'être à leur état naïssant, ce qui les empêche de pouvoir être attaquées par ces acides. Ilen faut dire autant de l’alumine : lorsqu'on la précipite par un alkali d'une dissolution d’alun étendue d'eau, on voit l'alumine y nager comme une substance floconeuse et demi-transparente. Si on fait évaporer cette eau, on obtient l’alumine desséchée et conservant sa demi-transparence. Elle est attaquée avec force par les acides dans les premiers momens : mais quelque temps après elle l’est avec beaucoup lus de difficulté; c’est que ses molécules sont réduites à Péces naissant dans les premiers momens. La glucine et la circone présentent à peu près les mêmes phénomènes que l’alumine. La gadoline n'est pas assez connue. La chaux et la magnésie se dissolvent entièrement dans l'eau ; mais on n’a pu les y faire cristalliser, sans doute parce qu’ainsi que les alkalis elles ont trop d'affinité avec elle. On y pourra parvenir soit par l'alcool, soit par tout autre moyen analogue. Les substances métalliques peuvent aussi, dans certaines circonstances, cristalliser dans l’eau. Huit parties de bismuth, cinq de plomb et trois d'étain font un alliage découvert par Darcet: il fond et reste liquide à la température de l'eau bouillante ; c’est-à-dire que cet alliage formé par la fusion, et mis dans l'eau bouillante, fond et coule au fond du vase (1), il y cristallise par un refroidissement lent. Or nous avons vu que les métaux fondus ne peuvent cristalliser en se refroidissant que parce que leurs molécules réduites à leur écat naissant par la fusion, peuvent se rapprocher et se combiner. {1) Système des Connoissances chimiques, tome VI, page 83. Le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 187 Le phosphore cristallise également dans l’eau bouillante. Le soufre à l'état fluide, mis dans l'eau, n'a pas encore été amené à cristalliser. « Mais le soufre qui a été chauffé » à un certain degré, devient épais comme syrupeux, et con- » serve après avoir été coulé dans l'eau froide, une mollesse » qui le rend précieux pour les empreintes de cachet (1). » Tous ces faits prouvent qu'il suffit, pour que les diverses substances, dites élémentaires , cristallisent dans l'eau ainsi que dansl'air , ou dans le vide, que leurs molécules soient ré- duites à l’état naïssant, de manière qu'elles jouissent d'une assez grande liberté pour obéir aux lois des affinités. Ces principes bien constatés , nous allons examiner la ma- nière dont on peut supposer que les substances, dites élé- mentaires, se sont combinées, soit dans le vide, soit dans l'air, soit dans l’eau, pour former notre globe. Il ne faut pas oublier que ces combinaisons se sont opérées à diffé- rentes époques, et que la masse entière du globe ne siest formée et consolidée que successivement. Elle n’a acquis son volume et sa consistance que dans un espace de temps assea Jong dont nous ignorons la durée. Dans le principe ces combinaisons se sont opérées dans une espèce de vide et ensuite dans l'air, et ont formé la presque-totalité de la masse du globe. Postérieurement elles ont eu lieu dans l'eau. C'est dans leur sein que paroissent être formés les terrains primitifs de la croûte du globe, et les terrains secondaires. Des couches minérales déposées dans le sein des eaux; peuvent y avoir été formées de deux manières: 1°. Les unes ont éprouvé une dissolution et ont cristallisé plus ou moins régulièrement; telles sont les couches de marbre cristallisé , comme celui de Carare , les gypses.... 2°, Les autres couches n’ont point éprouvé de dissolution, mais une simple suspension. Les environs de Paris présentent deux couches très-régulières d'argile qui n'ont pas été dans un état de dissolution; la première est située au-dessus de la craie, et se trouve mélangée avec des sables. On y trouve quelques cristaux réguliers de sélénite et du bois passant à l'état de jayet. (1) Système des Connoissances chimiques , tome I, page 198. Tome LXXI, SEPTEMBRE an 1810. A a 182 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La seconde couche d'argile est au-dessus des plâtres ; elle contient aussi des cristaux réguliers de sélénite et des masses en rognons de strontiane sulfatée. Ces couches argileuses n'ont été que suspendues dans les eaux; mais leur état permettoit à la sélénite et au sulfate de strontiane de cristalliser. Il y a également aux environs de Paris, des couches de sables très-régulières, comme à Ménilmontant et ailleurs : elles contiennent beaucoup de coquilles marines. Ces sables n'ont été tenus dans les eaux de la mer que dans un état de suspension , et n'ont point été dans un état de dissolution. De pareils phénomènes se présentent sur toute la surface du globe: et il n’est pas douteux qu'un grand nombre de ses couches n'aient été tenues dans les eaux que dans un état de suspension. : Des Combinaisons des Fluides éthérés. Les cinq fluides éthérés, le feu ou calorique, le fluide lumineux, le fluide électrique, le fluide galvanique, le fluide magnétique et le fluide gravifique étoient primitivement ( 72 principio rerurm) à l'état élastique. Il s’en est combiné vrai- semblablement une partie pour former les corps terrestres dont le globe est composé. Tous les physiciens admettent des combinaisons du feu ou calorique dans les différens corps. Plusieurs faits paroissent ne laisser aucun doute que le fluide lumineux n'entre dans un certain nombre de com- binaisons. Les expériences sur les compositions des corps par le moyen de la pile voltaique, prouvent que le fluide électrique ou galvanique devient un des principes de ces corps et s'y combine. Quant au fluide magnétique et au fluide gravifique, nous n'avons aucun fait qui prouve qu'ils se combinent. Cependant il est assez vraisemblable que le fluide magnétique, parti- culièrement, entre dans des combinaisons. Ce sont les combinaisons de ces fluides qui rendent au- jourd'hui l'étude de la Physiqte et l'analyse des corps si difficiles , parce qu'on n’a aucun moyen de saisir ces fluides. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 155 Des Combinaisons de l'Oxigène, de l'Hydrogène et de l'Az0te. Ces trois gaz entrent ou séparément, ou ensemble dans un grand nombre de combinaisons. L'oxigène se trouve dans la plupart des acides, dans les corps sucrés, dans les huiles....; et, suivant Davy, dans les alkalis, dans les terres.... L'oxigène et l’azote combinés par le moyen de l'étincelle électrique, entrent dans l'acide nitrique. L'hydrogène et l'azote entrent dans l'ammoniaque. Votiolole ele bel eyes tar Ce) ve ele ele, pl'et'e ele) tetes telle) lente .è 1 Ces différens gaz se réunirent en masses à mesure qu'ils se formoient, et formèrent l'atmosphère. T'ous les autres corps, lesoufre, le phosphore, lecharbon, les métaux, les alkalis, les terres..... ont été formés, ou primitivement par les combinaisons premières des parties élémentaires de la matière, ou secondairement par les com- binaisons des fluides éthérés et des fluides gazeux. Les ex- périences de Davy, qui pense que l'ammoniaque, composé d'hydrogène et d'azote ou nitrogène, peut se convertir en ammonium ou substance métallique, donne beaucoup de poids à cette dernière opinion. Des Combinaisons de l'Oxigène et de l'Hydrogène, et de la production de l'Eau. L'oxigène et l'hydrogène se rencontrant à l'état naïssant (in principio rerum), ont produit l’eau (soit qu'il y eût véritable formation, soit qu’il n’y eùt que dégagement). Mais cette eau ne fut, comme les autres élémens, pro- duite que successivement et peu à peu. La grande légéreté de l'hydrogène relativement à l'oxigène , rendoit difficile leur rencontre, et par conséquent leur combinaison. Les premières portions d'eau demeurèrent suspendues dans l'atmosphère: et ce ne fut que lorsque l'air atmosphérique ne put plus les soutenir, qu'il s'en précipita une partie vers le noyau principal où s'’accumuloient toutes les parties solides qui se formoient. À a 2 184 JOURNAL DE PIYSIQUE, DE CHIMIE Enfin la formation de l'eau augmentant, elle se réunit en masse autour du principal noyau d'attraction qui attiroit àaun centre unique les substances élémentaires , et leurs com- binaisons qui formoient le globe; elle enveloppa toutes ces substances, et enfin couvrit, à des époques postérieures, toute la surface du globe sous le nom de ner ou d'océan. La lenteur des combinaisons de l'oxigène et de l'hydrogène doit faire présumer que les eaux ne furent assez abondantes pour prendre le nom de mer, que lorsque la plus grande partie des autres combinaisons fut achevée, et eut formé la presque-totalité de la masse du globe. On peut done supposer que la plus grande partie de ces combinaisons primitives s'opéra dans le vide, c'est-à-dire dans des espaces où il n'y avoit que le$ premiers élémens de la matière, et ensuite dans l'air atmosphérique , et qu’un très-petit nombre des substances des terrains primitifs a été opéré dans l'eau à des époques très-postérieures. De la formation et de la cristallisation du Soufre des Lerrains primilifs. Les molécules de soufre formées in princtpio rerum soit par la combinaison des premières parties de matière, soit ar celle des Huides éthérés et gazeux, se sont réunies à eur état naïissant par les lois des affinités, et ont formé des masses plus ou moins considérables de cette substance. Cette réunion, qui s’étoit d'abord opérée dans un espace sansair, a eu lieu également dans l’air atmosphérique après sa formation : elle y a produit les mêmes phénomènes; savoir, des masses plus ou moins considérables de soufre, comme on le voit à la solfatare et ailleurs. Mais il est arrivé souvent que des molécules élémentaires de soufre à l’état naissant ont rencontré des molécules d'autres substances également à l'état naïssant ,aveclesquelles elles avoient de l’affinité ; elles se sont alors combinées ensemble. a. Des molécules de soufre à leur ézat naïssant ayant rencontré, par exemple, des molécules d'oxigène, se seront combinées avec elles, et il y eut production d'acides soit sulfureux, soit sulfurique, soit d'oxide sulfureux. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 155 Ces acides rencontrant des substances terreuses ou mé- talliques, produisirent des sulfites ou des sulfates terreux ou métalliques. On irouve un-grand nombre de ces sels dans les terrains primitifs. b. Des molécules de soufre à l'état naïssant , rencontrant également à l'état naissant des molécules d'autres substances, avec lesquelles ellés ont de l'affinité, se combinerent avec elles et formèrent des suifures Avec les alkalis des sulfures alkalins. Avec les terres des sulfures terreux. Avec les substances métalliques des sulfures métalliques, tels que ceux d'argent, de cuivre, de fer, de plomb, de zinc, d’antimoine.... Avec le charbon des sulfures charbonneux, tel est celui que Klaproth a trouvé dans un schiste bitumineux du Frienvalde (1). Mais le soufre et ses combinaisons ont pu étre également produits dans le sein des eaux à mesure qu'elles se sont accumulées à la surface du globe; car on trouve dans les terrains primitifs de la croûte du globe, formés dans les eaux , différens sulfures et même du soufre en nature, comme à Moutiers. Recherchons comment se sont opérés ces phé- nomènes. Je pense que les parties premières de matière , ou les mo- lécules des fluides éthérés et des gaz, qui dans les commen- cemens se sont combinés soit dans le vide, soit dans l'air, pour former le soufre , peuvent également se combiner dans l'eau; car ces parties sont si subtiles , qu’elles pénètrent l’eau avec la plus grande facilité. Rien ne sauroit donc empêcher que leurs combinaisons s’y opèrent. Il s'en forme même encore journellement dans des marais fangeux couverts d’eau croupissante, dans les cloaques, chez les végétaux et chez les animaux....:c'est ce que paroissent prouver tous les faits. Mais ce soufre, qui se trouve dans les terrains primitifs de la croûte du globe formés dans les eaux, quel que soit son origine, a été tenu en suspension , ou en solution par (1) Recherches chimiques , par Klaprotb , tome IV. 186 . JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ces eaux pour y cristalliser et se combiner. Ses molécules à l'état naïssanl étoient chariées par les eaux, se rappro- choient comme dans l'air, à la solfatare, se combinoient et cristallisoient. Dans quelques autres circonstances elles ont pu être tenues dans les eaux sous forme de sulfure, ou de gaz hydrogène sulfuré. De la formation et de la cristallisation du Phosphore des terrains primitifs. On n'a pas encore trouvé le phosphore pur dans le règne minéral ; mais l’acide phosphorique existe dans les terrains primitifs, dans l'appatit, par exemple, dans les métaux phosphatés...., ce qui prouve qu’il y a eu production de phosphore dans ces terrains. Le phosphore a donc été formé primitivement comme les autres substances élémentaires, soit par la combinaison des parties premières de matière, soit par celle des fluides éthérés et gazeux; sa formation s'est opérée successivement à dif- férentes époques. Ses molécules à l'écat naïssant se rencontrant entre elles se sont unies, et ont formé d’abord dans le vide, et ensuite dans l'air, des masses plus ou moins considérables de phos- phore. Ces mêmes moléeules à leur état naissant, rencontrant des molécules d'autres substances avec lesquelles elles ont de l'affinité, également à l'état naissant, s'y sont combinées et ont donné de nouveaux composés. a. Avec l'hydrogène elles ont formé le gaz hydrogène phosphuré ; à Avec l'oxigène elles ont formé l'acide phosphorique; c Avec les alkalis, les terres, les métaux..., elles ont formé des phosphures. d. L'acide phosphorique rencontrant des substances avec lesquelles il a de l'affinité, a formé des phosphates alkalins ou terreux, tels que les appatits, ou métalliques, tels que les phosphates de plomb, de fer. Le phosphore que nous pouvons supposer avoir été pri- mutivement produit dans le vide, ensuite dans l’air, a pu ET D'HISTOIRE NATURELLE. 187 également être formé dans l’eau comme le soufre. Lorsque dans la distillation du phosphore, on le fait passer dans l'eau chaude, et qu'on le laisse refroidir lentement, on le trouve cristallisé en ociaèdre, comme l'a observé Pelletier, Cette cristallisation suppose que ces molécules à l’état naïs- sant ont pu obéir aux lois des affinités dans l’eau. De la formation et de la cristallisation du Charbon ou Antracite des terrains primitifs. Le charbon ou antracite, a été formé primitivement , nr principio rerum, comme les-autres substances élémentaires, soit par la combinaison des parties premières de matière, soit par celle des fluides éthérés et gazeux. Sa quantité a dü être très-considérable, comme on en peut juger par la quantité prodigieuse d'acide carbonique qui existe. Ses molécules élémentaires se rencontrant à leur état naissant, se sont combinées entre elles soit dans le vide, soit dans l'air, et ont formé des masses d'antracite , comme les molécules de soufre réunies ont formé des masses de soufre. Ces mêmes molécules à leur état naissant, rencontrant à l'état naissant des molécules d'autres substances avec lesquelles elles ont de l'affinité , se sont combinées avec elles soit dans le vide, soit dans l'air, ce qui a donné de nouveaux composés. a. Ainsi les molécules de charbon à leur état naïssant, rencontrant de l’oxigène, ont formé de l’acide carbonique si abondant dans les terrains primitifs. Cependant la Chimie ne peut produire l'acide carbonique qu en combinant à la chaleur rouge le charbon avec l’oxigène. Mais l'acide carbonique est produit journellement à une chaleur bien inférieure , et même souvent à une température très-basse ; car l’oxigène inspiré par les animaux est converti en partie en acide carbonique , et cependant la température la plus élevée du corps des animaux qui est celle des oiseaux, ne va pas à 40°; elle est bien inférieure dans les autres espèces, particulièrement dans celles qu’on appelle à sang froid. On doit donc supposer que cette combinaison n’a lieu que parce que le charbon qui se dégage principalement 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du sang noir de la veine pulmonaire, et qui traverse la membrane des bronches , est alors dans un état de division prodigieuse, comme à son état naissant, et il se combine facilement avec l'oxigène. b. Les molécules de charbon à l'état naïssant ayant ren- contré de l'hydrogène , ont formé du gaz hydrogène carburé. c. Les molécules de charbon dans un grand état de di- vision, comme à leur é/at naissant, peuvent se combiner avec les métaux et former du carbure de fer ou plombagine, comme en le voit dans les fontes de fer en grand. d. Les molécules de charbon dans un grand état de di- vision peuvent se combiner avec le fer d'une autre manière. Pour convertir le fer en acier, on met dans une petite caisse des barreaux de fer doux avec des substances animales, et on expose la caisse à un certain degré de chaleur. Les matières animales sont converties en charbon; ses molécules à l'état naissant pénètrent les barreaux de fer incandescens, se combinent avec ce fer et le convertissent en acier. e. Le charbon peut encore se combiner avec le soufre et former un sulfure charbonneux. Le charbon et ses combinaisons ont pu être également produits dans le sein des eaux, à mesure qu’elles se sont accumulées à la surface du globe; car les parties qui dans les commencemens se sont combinées soit dans le vide, soit dans l'air pour former le charbon, peuvent également se combiner dans l’eau. Ces combinaisons se seront opérées comme dans celles du soufre et du phosphore. De la formation et de la cristallisation des Substances métalliques des terrains primitifs. Ces substances ont été formées primitivement, 72 principro rerum, comme les autres substances élémentaires, par la combinaison des parties premières de la matière, ou celles des fluides éthérés et gazeux. Ces combinaisons se sont opérées successivement et à diverses époques. Les molécules métalliques à leur é/at naissant étoient susceptibles de se combiner entre elles comme celles du soufre, du phosphore, de l'antracite...., dans le vide et dans l'air. Des ET D'HISTOIRE NATURELLE, 189 * Des molécules d'or sublimées par la chaleur du miroir ardent , et réduites à l’état naissant, rencontrant d'autres molécules d'or ,se réunissent et forment des masses d'or natif. L'argent offre le même phénomène. Le fer spéculaire volcanique sublimé par la chaleur des volcans, forme des cristaux d'un assez gros volume; ses mo- lécules sont réduites à l’état naïssant par l'activité de la chaleur, et se combinent. Toutes ces cristallisations s'opèrent dans un air trés- raréfié. Les molécules de ces métaux réduites à leur état naissant, peuvent obéir aux lois des affinités, Les métaux peuvent également cristalliser dans l'eau, comme nous l’avons vu dans l'alliage de Darcet. Je pense donc que les métaux ont pu être formés dans le sein des eaux, à mesure qu'elles se sont accumulées, comme elles l’ont été primitivement dans le vide et dans l'air. Plusieurs faits paroissent même prouver qu'ils’en forme encore journellement, principalement chez les végétaux et les animaux. L'analyse en retire d'assez grandes quantités de fer, de manganèse... De la formation et de la cristallisation des Métaux natifs. Les métaux ont été formés à l’état natif; il est donc vraiï- semblable qu'il en existe une grande partie sous cet état dans l’intérieur du globe. Les phénomènes du magnétisme indiquent que le fer, particulièrement, y doit être à l'état natif et en grande quantité. Ces métaux natifs ont été produits primitivement dans le vide, et ensuite dans l'air. Mais postérieurement il y en a eu de produits dans l'eau; ear dans les terrains primitifs de la croûte du globe on trouve différens métaux à l'état natif, tels que l'or, l'argent, le latine, le mercure, le cuivre, l’antimoine, le bismuth, ’arsenic, le tellure...; ces métaux y sont en petites masses, lesquelles sont le plus souvent mélangées avec des masses qui paroissent le produit d’une dissolution et d’une eris- tallisation dans les eaux. L'or natifest le plus souvent cristallisé au milieu du quartz. J'ai des morceaux d'argent natif du Pérou, cristallisé en Tome LXXI, SEPTEMBRE an 1810. Bb 190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE barbe de plume au milieu d’un quartz gris qui en a pris l'empreinte, Il faut donc supposer que la cristallisation de l'argent et celle du quartz se sont opérées dans le même moment. Le cuivre natif de Sibérie cristallise au milieu du calcaire. De la formation et de la cristallisation des Métaux naërfs alliés. Les métaux natifs sont rarement purs; ils sont le plus souvent alliés ensemble. a. Les mines d'or natif qui paroissent les plus pures, contiennent presque toujours une portion d'argent. b. L'argent natif se trouve combiné ou allié avec l'or, avec l'arsenic.... Avec le mercure dans l’amalgame d'argent natif. Avec le cuivre, l'arsenic , le plomb, l'antimoine , le fer.…., dans les différentes espèces de mines de cuivre gris ou falhers. Avec l’antimoine dans les mines d’argent antimonial. c. Le fer natif est allié à l'arsenic dans le mispickel , ou fer arsenical. d. L'antimoine natif est allié à l’arsenic dans l’antimoine arsenical. e. L’arsenie natif est allié avec un très-grand nombre de substances métalliques également à l’état natif. f. Le tellure natif est allié avec l'or, le plomb, le fer, Là els sie ua els icletene te eee inten »/sHemele re, en a seller ee}; Les molécules de ces divers métaux natifs se sont réunies à leur état naïssant, elles se sont combinées et ont formé à différentés époques, ces masses de métaux natifs alliés, comme se sont formées les masses de soufre, d’antraeite….. Ces opérations ont d’abord eu lieu dans le vide, puis dans l'air, et troisièmement dans l'eau. De la formation et de la cristallisation des Substances métalliques à l'état d'oxides. Les molécules des substances métalliques à l'état naïssant, rencontrant des molécules d’oxigène à l'état naissant, se sont combinées avec elles, et ont formé des oxides. Ces premières combinaisons s’opérèrent d'abord dans le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 191 vide, ou dans le sein de l'atmosphère, et en dernier lieu dans l’eau. La Chimie ne peut produire les oxides métalliques qu’à une température suffisante pour brüler les métaux. Elle les oxide encore en les dissolvant dans les acides, ce qui les surcharge d'oxigène. L'action galvanique que les métaux exercent les uns sur les autres, lorsqu'ils sont en contact, les oxide encore plus puissamment à une température très-basse. Mais plusieurs métaux sont oxidés continuellement à la température ordinaire. Le cuivre, le fer, le plomb, l’étain, le zinc , l'antimoine bien décapés, se ternissent promptement lorsqu'ils sont exposés à l'air atmosphérique, c'est-à-dire, que l'air les oxide. Ces oxidations peuvent également s’opérer dans l’eau. De la limaille d'acier ou de fer mise dans l’eau, s’y oxide avec dégagement d'air inflammable. Il est même quelques oxides métalliques, tels que ceux d'arsenic, de cuivre..., qui sont solubles dans l'eau. De la formation et de la cristallisation des Substances métalliques à l'élat d'acides. Mais ces mêmes substances métalliques purent passer à l'état d'acides métalliques, si elles absorbèrent une assez grande quantité d'oxigène. L’arsenic, le molybdène, le tungstène, le chrome et le colombium se trouvent à l'état d'acides dans les arseniates de cuivre, de fer, de cobalt..., dans les mo- lybdates de plomb , dans les tungstates ferrugineux et cal- caires, dans les chromates de plomb et de fer , et dans les colombates de fer....; ces acides métalliques ont pu être formés par les mêmes moyens que l’ont été les acides sul- furique, carbonique. On peut donc supposer que les molécules des métaux susceptibles d’acidification, ont à leur état naïssant, ren- contré des molécules d'oxigène à leur état naïssant, et se sont combinées avec elles en assez grande quantitéspour être converties en acides. Ce phénomène a eu lieu d'abord dans le vide , ensuite dans l'air, et postérieurement dans l'eau. Bb 2 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De la formation et de la cristallisation des Substances métalliques sulfurées, phosphurées, carburées. On rencontre dans les terrains primitifs un grand nombre de substances métalliques combinées avec le soufre et for- mant des sulfures, tels que ceux d'argent, de cuivre, de fer, de plomb, de zinc, de mercure...: on peut mémedire, en général, qu'il est peu de métaux qui ne puissent être minéralisés par le soufre. Lephosphore peut également minéraliser des métaux. L’art a opéré ces combinaisons. Quelques métaux sont minéralisés par le charbon , comme le fer dans la plombagine. Les molécules de ces métaux étant à leur éfat naïssant; auront rencontré des molécules de soufre à leur état naïs- sant, elles s'y sont combinées et ont formé ces sulfures. Les sulfures de mercure ou cinabre faits par l’art, sont pre par la même cause. La chaleur volatilise les mo- écules de ces deux substances; elles sont réduites comme à leur état naïssant et se combinent avec facilité. Il en faut dire autant des sulfures d’arsenic, ou rubines produits dans les volcans, comme au Vésuve. Les phosphures métalliques , s’il en existe, auroient été produits par les mêmes causes. Ce sont encore les mêmes moyens qui produisent les earbures métalliques. On voit journellement dans les fontes de fer en grand, se former de la plombagine. Ces carbures ne sont formés que parce que les molécules de fer et de charbon , réduites par la chaleur à l'état aériforme, sont comme à leur état naïssant , et se combinent facilement. Ces combinaisons se sont faites d’abord dans le vide, et ensuite dans l'air. Les mêmes combinaisons, ou sulfures, phosphures et carbures , peuvent être produites dans l'eau. Nous en avons une preuve dans Îles sulfures de plomb, dans ceux de fer, qui se forment dans les terrains secondaires. Oo» ET D'HISTOIRE NATUKHELLE, 195 De la formation et cristallisation des Substances métalliques combinées avec des acides. Des molécules métalliques à l'état naïssant, rencontrant dans le vide ou dans l'air, des molécules d'acides également à l'état naïssant, se combinèrent avec elles et formèrent des sels neutres métalliques. La Minéralogie connoît un assez grand nombre de ces sels dans les terrains primitifs. Les carbonates de plomb, de fer, de zinc.... Les sulfates de cuivre, de fer, de zinc... Les phosphates de plomb, de fer... Les muriates d'argent, de mercure, de plomb... Les arseniates de cuivre, de fer, de cobalt. Les molybdates de plomb... Les tungstates de fer... Les chromates de plomb, de fer... Les colombates de fer... Ces mêmes combinaisons des substances métalliques avec les acides, purent postérieurement s’opérer dans les eaux. DE LA FORMATION ET DE LA CRISTALLISATION DES ALKALIS FIXES DES TERRAINS PRIMITIS, Les alkalis sont des substances métalloïdes, comme l’a prouvé Davy, en les soumettant à l'action de la pile vol- taïque. Il pense que ces substances métalloïdes passent à l'état d'alkalis en absorbant l'oxigène, c'est-à-dire que les alkalis sont des oxides. On doit supposer que le potassium et le sodium ont été formés primitivement comme les autres substances élémen- taires, par des combinaisons particulières des premières parties de matière, ou des fluides éthérés et gazeux. Ces substances métalloïdes se sont combinées à leur état naïssant soit entre elles, soit avec les autres substances élémentaires dans le vide, ou dans l'air, comme l'ont fait les autres substances métalliques. Combinées avec l'oxigène , elles ont formé la potasse et la soude. Ces alkalis ont pu être également formés dans l'eau, non à l'état de potassium ou de sodium, parce que ces 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, substances métalloïdes s'enflamment au contact de l’eau, mais à l'état de potasse et de soude, Ils se forment journellement chez les végétaux , chez les animaux et dans les nitrières. DE LA FORMATION ET DE LA CRISTALLISATION DES TERRES E'T DES PIERRES DES TERRAINS PRIMITIFS. Les substances pierreuses forment la majeure partie du globe. Leur formation et leur cristallisation intéressent donc plus le géologue que celle d'aucuneautre substance minérale. Les pierres sont formées de différentes terres soit pures, soit combinées entre elles ou avec d’autres substances. Davy a prouvé que ces terres sont des substances métal- loïdes analogues à celles des alkalis On peut donc sup- poser que ces terres ont été formées à peu près de la même manière que les autres métaux et les alkalis. Ces terres furent donc formées primitivement, /n principio rerum , comme toutes les autres substances dites élémen- taires, ou par les combinaisons des premières parties de la matière, ou par celles des divers fluides éthérés et gazeux. Cette production se fit successivement et à différentes épo- ques, d'abord dans le vide, et ensuite dans l'air, et pos- térieurement dans l’eau. Leurs molécules à l'état naissant se combinèrent facilement. Lorsque des molécules d'une terre à l'état naïssant ren- contrèrent d'autres molécules semblables, également à l'écas naissant , elles s'unirent et formèrent une pierre composée uniquement de cette terre. De la formation et de la cristallisation des Pierres qui ne contiennent qu'une terre pure. Quelques pierres paroissent ne contenir qu'une terre pure. Les quartz paroissent formés de silice pure. Les saphirs paroissent formés d'alumine pure. On doit donc supposer que les molécules de silice se ren- contrant à leur état naïssant, se sont combinées entre elles, et ont formé ces quartz. Des molécules d'alumine serencontrant à leur éfatnaissant, se sont combinées et ont formé des saphirs. Re Lee" eee lea Ter enle le aloNeems 20771070) 0e 6 "SLAM TENEMAN EN CICTEe ET D'HISTOIRE NATURELLE, 195 Ces combinaisons, qui d'abord se sont opérées dans le vide, ensuite dans l'air, ont eu lieu postérieurement dans les eaux. De la formation et de lu cristallisation des Pierres contenant plusieurs terres, et quelquefots des alkalissans aucun acide. Cette classe de pierres est très-nombreuse; elle renferme les feld-spaths, les grenats, les zéolites, les smeictites, les circons , les émeraudes.... Plusieurs terres se rencontrant à leur état naissant, se sont combinées par les lois des affinités, de la même ma- nière que nous avons vu que cela a eu lieu pour les métaux natifs alliés. Elles ont formé ces différentes pierres , les grenats, ies émeraudes , les circons... Quelquefois des molécules d'alkalis à leur é£at naissant, se sont combinées à quelques-unes de ces terres, et ont formé les feld-spaths, les stilbites, les stéatites... Ces combinaisons se sont opérées successivement, d’abord dans le vide, dans l’air, et ensuite dans l’eau. De la formation et de la cristallisation des Pierres qui ne contiennent qu'une terre et un acide. Ces pierres doivent être regardées comme des vrais sels neutres pierreux : tels sont, le calcaire, le gypse , le fluor, l'appatit, le tungstate , les barytites, les strontianites... Des molécules d'une terre à l'é/at naïssant, et des molécules d'acides également à l'état naïssant, s'étant rencontrées, se sont combinées et ont formé ces espèces de pierres. La chaux, par exemple ; combinée avec l'acide carbonique, a formé le calcaire... Ces combinaisons ont pu s'opérer dans le vide , dans l'air et dans l’eau. De la formation et de la cristallisation des Pierres composées de plusieurs terres, et d'un ou plusieurs acides. Quelques pierres, telles que la topase..., sont composées de plusieurs terres et d'un ou plusieurs acides. 196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI£ Plusieurs terres à leur état naïssant, et des acides à leur état naïssant , se sont combinés et ont formé ces pierres. Ces combinaisons ont pu s'opérer dans le vide, dans l'air et dans l’eau. De la formation et de la cristallisation des Pierres agrégées, grantis, porphyres... Ces pierres sont formées de plusieurs pierres, ou cris- tallisées ensemble , ou noyées dans une pâte , ou agglutinées. On doit concevoir que leurs formation et cristallisation se sont opérées comme celles des autres pierres. On a un exemple de la cristallisation agrégée de plusieurs pierres , dans celle de plusieurs sels, tels que le nitre, le sel marin..., qu’on fait cristalliser ensemble. Ou chacun de ces sels cristallise à part distinctement. Ou celui qui exige le plus d’eau de cristallisation , comme le sel marin, cristallise distinctement, noyé dans la masse du nitre comme dans une pâte. De la formation des cristaux particuliers réguliers au milieu de masses cristallisées confusément. On rencontre fréquemment des cristaux réguliers au milieu de masses cristallisées confusément. Les schistes micacés, les schistes primitifs, les chlorites schieffer ou schisteux..., contiennent des grenats , des tourmalines , du fer oxidé..., cristallisés tous régulièrement. Les dolomies contiennent des cristaux réguliers de tremolite... | Il faut supposer que les parties élémentaires de ces cristaux étoient, dans leur état naïssant, disséminés dans la masse, et qu'elles se sont réunies et combinées, dans l'instant que la masse étoit encore fluide. La même chose a lieu dans les terrains secondaires. Le boracite, par exemple, cristallise régulièrement au milieu des gypses cristallisés confusément. Il faut donc que les élé- mens du boracite, savoir, l'acide boracique, la magnésie, la chaux..., fussent épars au milieu du gypse et qu'ils se soient réunis, avant que celui-ci eût acquis de la con- sistance. La plus grande partie des substances des terrains primitifs de la [ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 de la croûte du globe, paroit avoir été tenue dans un état de dissolution au sein des eaux. Mais un très-grand nombre de ces mêmes substances n'y a été tenu que dans un état de suspension, tels que les schistes primitifs, thon-schieffer , leschlorites-schieffer. . . DE LA FORMATION ET DE LA CRISTALLISATION DES SUBSTANCES MINÉRALES QUI COMPOSENT LES TERRAINS SECONDAIRES. Les terrains primitifs étant presqu’entièrement formés, la masse des eaux diminua à la surface du globe. Les continens commencèrent à se découvrir. Les êtres organisés des continens parurent. Leurs débris furent entrainés dans le sein des mers par les eaux courantes. Ils se mélangèrent avec les nouvelles couches minérales qui se formoient dans le sein des eaux. Ce fut l'origine des terrains secondaïres, qui furent déposés constamment par couches et toujours au sein des eaux. Enfin le niveau de l'océan s'est abaissé successivement au point où nous le voyons aujourd’hui. Ces terrains secondaires contiennent une partie des terres, des pierres, des métaux et des autres substances que nous avons observés dans les terrains primitifs; mais la chaux, ou terre calcaire combinéeavec d'autressubstances, y domine. Toutes ces substances des terrains secondaires y sont-elles apportées des terrains primitifs, soit qu’elles soient un résidu des cristallisations primitives? ou un produit de la décom- position des substances des terrains primitifs? . Doit-on dire, au contraire, qu'elles ont été formées pos- térieurement, savoir, à l'époque de ces cristallisations se- condaires, soit qu'elles aient été produites par les mêmes combinaisons des parties qui les ont formées dans les terrains primitifs, soit qu’elles aientété produites par d’autres moyens, comme dans les nitrières, soit qu’elles aient été produites chez lesétrés organisés, par l’action de leurs forces vitales? Nous avons déjà exposé que les opinions des savans sont partagées à cet égard. Ceux qui regardent ces substances comme élémentaires Tome LXXI. SEPTEMBRE an 1810, Ce 198 - JOURNAL DE PNYSIQUE, DE CNIMIE et né se formant plus, soutiennent qu’elles ont été apportées des terrains primitifs dans les terrains secondaires. D'autres soutiennent qu'elles sont de nouvelle formation, parcequeles mêmescausesquilesontproduites primitivement, peuvent encore les produire. Les deux opinions me paroissent également fondées. Il ne me paroit pâs douteux que plusieurs de ces substances viennent des terrains primitifs , soit qu’elles soient un des résidus des cristallisations primitives , soit qu'elles soient des débris des détritus de ces térrains. Mais il ne me paroit pas moins probable qu'une partie des substances des terrains secondaires est de nouvelle for- mation. a. Les mêmes causes qui les ont produits primitivement, les ont produits à des époques postérieures. ; b. Il y a beaucoup de probabilité que dans les nitrières il y a nouvelle formation de magnésie et peut-être d'autres terres, de la soude, de la potasse... a c. On trouve chez les êtres organisés un grand nombre de substances, dont une partie est vraisemblablement de nouvelle formation : 1° Du charbon; 2° Du soutre; 3° Du phosphore, ou acide phosphorique. 4° Plusieurs substances métalliques, telles que le fer, le manganèse. 5°. Les acides fluorique, muriatique. 6°. Les alkalis de la potasse et de la soude. 7°. Plusieurs terres, la chaux, la magnésie, l'alumine, la silice. Mais quelle qu'ait été l’origine de ces substances desterrains secondaires? les faits prouvent qu'elles ont été tenues en suspension; où en dissolution dans les eaux pour former ces terrains. 10. Plusieurs ont été tenues en dissolution, comme celles qui ont formé les couches du marbre, du gypse... 2°. Mais d'autres n’ont été tenues qu’en suspension , telles sont les différentes couches d'argile. Dans les environs de Parisil ya deux grandes couches d'argile : l’une située im- eue 6e © © se 7e + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 199 médiatement au-dessus des craies, et l'autre au-dessus des couches de plâtre. Elles n’ont été tenues qu en suspension. Cet état de suspension de ces diverses substances est ab- solument mécanique. Des eaux très-agitées , comme celles des fleuves, gonflées par les pluies, charient des argiles et autres terres qu'elles tiennent en suspension; mais lorsque ce mouvement tumultueux cesse, elles laissent déposer ces terres, et ce dépôt se fait par couches. Quant à celles de ces substances qui ont été tenues dans un état de dissolution , il faut supposer que leurs molécules étoient réduites à l’écat naissant, et qu'alors elles se com- binoient soit entre eiles, soit avec d'autres substances, comme cela a eu lieu primitivement dans la formation des terrains primitifs. De la formation et cristallisation des Couches sulfureuses des terrains secondaires. On trouve dans des terrains secondaires, comme dans le duché d'Urbin à Cesène enltalie, au val de Mazzara en Sicile, à Conilla en Espagne..., quelques couches de soufre peu con- sidérables. Elles offrent quelquefois des cristaux réguliers ; mais elles sont le plus souvent cristallisées d'une manière confuse. Ce soufre de terrains secondaires y a-t-il été apporté de terrains primitifs? ou est-il un produit nouveau? ‘ Les chimistes qui regardent le soufre comme un corps élémentaire qui ne se forme plus, disent qu’il a été apporté des terrains primitifs. Mais ceux qui pensent qu'il se forme journellement du soufre chez les végétaux, chez les animaux et ailleurs, con- viennent qu'une partie de ce soufre des terrains secondaires paroît être un produit nouveau, et ayoir été formé à ces dernières époques par les mêmes moyens qu'il l'a été pri- mitivement. . J'adopte les deux opinions, et je crois qu'une partie du soufre des terrains secondaires y a été apportée des terrains primitifs , et que l’autre est d'une formation nouvelle. Mais comment ce soufre, quelle que soit son origine , a-t-il pu former ces couches sulfureuses secondaires dans l'eau ? Ge 2 2006 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHEFMIE Car elles se trouvent avec d'autres couches qui ont été en- tièrement dissoutes, ou suspendues dans l'eau. Il me paroît vraisemblable que les molécules de soufre étoient réduites à leur état élémentaire , à leur éfat naissant. Elles ont pu obéir aux lois des affinités, se combiner et former des masses de soufre semblables à celles de première formation. Il sera arrivé souvent que ces molécules de soufre à l'état naïssant , auront rencontré de l'hydrogène , et auront formé du gaz hydrogène sulfuré, lequel est soluble dans les eaux. D'autres fois ces molécules de soufre à l’état naïtssant, auront rencontré des terres, des substances métalliques..., et'auront formé des sulfures également solubles dans l’eau. Ces gaz hydrogène sulfurés et ces sulfures auront souvent laissé déposer leur soufre au sein des eaux, et il se sera mélangé avec les autres couches. C'est ce qu’on voit arriver dans les fontaines d'eaux thermales, ou de gaz hydrogène sulfuré. De la formation des Tourbes. On trouve dans les terrains secondaires une grande quantité de tourbes. On les voit se former journellement des débris de végétaux, principalement de plantes aquatiques. De la formation des Houïlles ou Charbons des terrains secondaires. Les houilles ou charbons de terre sont trés-abondans dans les terrains secondaires. Ils y forment des couches immenses qui s'étendent dans toute une contrée. Quelques - unes, telles que celle de Whithe-Haven dans le duché de Cum- berland, visitées par Franklin, sont à des profondeurs pro digieuses, à huit ou neuf cents brasses au-dessous du niveau de l’océan. D’autres sont à de grandes hauteurs au-dessus de ce niveau , telles que celles de Santa Fe de Bogota... ; Ces houilles sont en géneral composées d'une partie con- sidérable de charbon, d'une portion d'huile , de quelques portions de diverses terres, d'oxide de fer... \ Une partie de ces substances peut provenir de quelques mines d'antracite des terrains primiufs , qui auroient été ET D'HISTOIRE NATURELLE. 20 L entraînées par les eaux dans les terrains secondaires; mais la plus grande partie provient des débris des êtres organisés, principalement des végétaux, commele prouve cettequantité considérable d'huile qui est contenue dans les houilles, tandis qu’on n'en retire jamais de l’antracite. Mais ; suivant plusieurs chimistes , ce charbon, ces terres n'ont pu être formés chez les êtres organisés ; ils auroient donc toujours été apportés des terrains primitifs. D'autres chimistes, au contraire, prétendent que cecharbon, ces terres, ces fers oxidés.... sont produits par les forces vitales chez les êtres organisés. J'admets les deux opinions , et je pense qu'une partie de ces substances provient eftectivement des terrains pri- mitifs; mais je crois que la plus grande partie est de nou- velle formation, puisqu'on retire de l'huile, de l’ammo- viaque de ces houilles, tandis qu'on n'en retire point de l'antracite. D'ailleurs toutes ces houilles, surtout leur toit et leur mur, sont remplis d'impressions de végétaux et d'animaux. Mais comment ces substances auront-elles pu former ces couches de houille si multipliées dans de certains cantons, si abondantes et si profondes? Dans la montagne de Saint- Gilles, près Liége, on connoït déjà soixante et une couches de houille superposées. La plus profonde est à quatre mille pieds liégeois, ou environ onze cents mètres. Ces couches alternent avec des couches calcaires , des couches argileuses. Nous avons vu dans la formation de l’antracite des terrains primitifs, que ses molécules réduites à leur état élémentaire, à leur étac naïssant, ont pu se réunir et se combiner suivant les lois des affinités; elles ont donc formé des masses plus ou moins considérables d'antracite qu'on retrouve dans ces terrains. Mais la formation des grandes couches de houille est dif- férente ; elle a de l’analogie avec celle des couches calcaires, gypseuses...; il faut donc absolument reconnoître que ces houilles ont été tenues en suspension ou en dissolution par les eaux. C’est ce que prouvent les faits suivans: a. On y observe plusieurs impressions de plantes et même d'animaux parfaitement conservées. b. Elles forment des couches d'une grande étendue et RO? JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE très-régulières , dont quelques-unes sont souvent très-minces. c. Leur tissu est uniforme et a presque une apparence résineuse. Or des amas de bois fossiles ne présentent aucun de ces caractères. Il faut done absolument reconnoitre que les substances végétales-ou animales dont sont composées ces houilles, ont été décomposées en partie, et tenues à un état péteuæ ou liquide, dans le sein des eaux pour y former ces couches de houille. Nous ne rechercherons pas les causes qui ont pu donner cet état pâteux ou fluide aux substances animales ou vé- gétales fossiles. Nous nous en tiendrons aux faits. Or il constaté par les faits que, 1°. Il existe des quantités considérables de tourbes. 2°. Les amas de bois fossiles entassés irrégulièrement, et ne formant point de couches, sontencore plus considérables, 3°. Ces bois deviennent noirs et se décomposent plus ou moins dans l'intérieur de la terre. 4°. Quelques-uns passent à l'état de jayet et sont assez altérés pour qu'on n’y apperçoive plus les fibres du bois; ils ont une cassure résineuse, et en brülant donnent l'odeur bitumineuse. 5°. De grandes quantités d'huiles minérales, de pissaphalte, de poix..., sont volatilisées en différens endroits, comme en Italie, à Gabian, en Auvergne , en Perse, en Judée... 6°. Les houilles sont par couches plus ou moins épaisses, quelquefois très-minces, et déposées suivant les affinités, alternativement avec des couches calcaires, argileuses... 7°. Des bois fossiles n’auroient pu former ces couches. 8. 11 faut donc supposer que ces couches ont été formées par des huiles minérales, des pissaphaltes. g°. Ces huiles , ces pissaphaltes... ont été mélangées avec des terres, des oxides de’ fer..., et ont formé, dans le sein des eaux, des couches bitumineuses. 10°. Il n’est pas nécessaire de supposer que ces huiles, ces pissaphaltes... aient été tenues dans un état de disso- lution dans les eaux : il suffit qu'elles y aient été dans un état dé suspension comme les couches argileuses. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 20 Ce n'est pas ici le lieu de donner plus de développement à ces idées. De la formation et cristallisation des métaux minéralisés des terrains secondaires. Les substances métalliques qui se trouvent dans les terrains secondaires, n’y sont jamais à l'état natif; elles se présentent le plus souvent sous forme d’oxides, ou sous forme de sul- fares. Il faut rechercher les moyens qui les ont formés et les ont fait cristalliser. Les opinions des chimistes sont partagées sur la formation des substances métalliques des terrains secondaires , comme sur celle du soufre, du charbon.... Ceux qui regardent les métaux comme des substances simples qui ne se forment plus, disent que les métaux des terrains secondaires y ont été apportés des terrains primitifs. D’autres, au contraire, pensent qu'il se forme journelle- ment des substances métalliques par le moyen des mêmes combinaisons qui les ont formées primitivement. J'adopte les deux opinions. Il ne me paroît pas douteux que des substances métalliques n'aient été apportées des terrains primitifs dans les terrains secondaires. Mais il me paroît également sûr qu'il se forme journel- lement des substances métalliques, principalement chez les êtres orgänisés. La Chimie enretire des quantités prodigieuses de fer, de manganèse... IL faut maintenant rechercher comment ces substances métalliques ont pu être déposées dans les terrains secondaires. On ne les trouve ordinairement que sous deux formes principales, Ou oxidées , Ou sulfurées.... Celles de ces substances qui sont dans les terrains secon- daires à l’état d'oxides, y ont été le plus souvent chariées par les eaux. Ce sont principalement les minés de fer: ce métai dans la décomposition des substances des êtres orga- nisés, se combine et passe à l'état d’oxide. Celui qui peut étre apporté des terrains primitifs est également oxidé. Ces oxides ferrugineux sé mélangent avec les différentes terres, 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIR et sont chariés sous cette forme pour former les fers limo- neux, Quant aux sulfures métalliques, on rencontre dans les terrains secondaires, principalement ceux de fer, deplomb.. . Les fers sulfurés, par exemple, sont extrémement abon- dans dans les argiles, dans les tourbes , dans les houilles.. .: les faits suivans peuvent nous donner quelques notions sur leur formation. Le fer est extrémementabondant dans toutes ces substances. L'acide sulfurique s'y trouve également. Cet acide a été primitivement du soufre. Les molécules de ce soufre à l'état naïssant, se sont combinées avec celles da fer également à l’état naïssant, et ont formé ces sulfures e fer. On trouve également des galènes, ou plomb sulfuré cris- tallisé, au milieu des calcaires secondaires coquilliers (1): il faut supposer que - Ce soufre a été produit ou apporté des terrains primitifs; ses molécules étoient à l'écat naissant. Le plomb a été également apporté des terrains primitifs. Au moins aucun fait ne prouve qu'il y en ait de formation secondaire ; ses molécules étoient aussi à l’état naïssant. Ces molécules de soufre et de plomb se sont combinées et ont formé ces sulfures. De la formation et cristallisation des Pierres des terrains secondaires. Les pierres forment la plus grande partie des terrains secondaires. Leur formation présente d'assez grandes dif- ficultés. Les chimistes qui regardent les terres comme dessubstances élémentaires qui ne se forment plus, sont obligés de dire que les terres des terrains secondaires ont été toutes ap- portées des terrains primitifs. Ceux qui sont d’une opinion contraire , prétendent qu'il (1) Comme à Bleyberg en Carinthie, à Oyé et autres endroits du Cha- rolois ( Théorie de la Terre, tome V, page 50). se forme ET D'HISTOIRE NATURELLE. 203 se forme journellement des terres, soit chez les êtres or- ganisés, soit ailleurs. J'adopte les deux opinions: Il ne me paroît pas douteux que les détritus des terrains primitifs n'apportentune grande quantité de différentesterres dans les terrains secondaires. Les résidus des cristallisations des terrains primitifs con- tiennent également des quantités de ces différentes terres. Mais il me paroit également certain qu'il se produit jour- nellement beaucoup de diverses terres chez les êtres organisés. La Chimie retire, 1°. La silice en grande quantité de plusieurs végétaux, principalement des graminées; elle cristallise sous forme de petitscaillouxnomméstabasker, dansles nœudsdu bambou, sous forme de toile dans les nœuds de l’arundo sativa, le roseau commun. Il se trouve aussi un peu de silice chez les animaux. 2°, L'alumine se trouve en petite quantité chez les ani- maux et les végétaux. 3°. La magnésie se trouve en petite quantité chez certains végétaux : elle est plus abondante chez quelques animaux. 4. La chaux se trouve dans la plupart des végétaux , sous forme de malates, de citrates calcaires. Mais elle est extrêmement abondante chez la plus grande partie des animaux ; elle fait la base des os des animaux osseux. Les coquilles des mollusques, les coraux, les madrépores où sont logés les polypes..., sont entièrement formés de chaux combinée avec l'acide carbonique. Or ces coraux, ces madrépores, ces coquilles... sont reproduits par ces animaux dans une quantité immense dans le sein des mers. 5°. Le fer oxidé est aussi très-abondant chez les végétaux et chez les animaux, surtout dans leur sang. 6°. On y trouve aussi du manganèse; Peut-être de l'or... 7°. La potasse et la soude y sont également en grande quantité. 11 paroît que dans les nitrières, dans les terres, dans les sables..., il se PURE également, & de la potasse, à di la soude, c de la magnésie...., d de l'acide muriatique, Tome LXXI. SEPTEMBRE an 1810. D d 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE e de l’acide nitrique...., puisqu'on y trouve du nitre, du sel marin.... Tous ces faits ne permettent pas de douter qu'une partie de ces diverses substances dont sont composés les terrains secondaires , sont des produits nouveaux. De la formation et de la cristallisation des Silex, des Calcédoines, des Pissites, des Quartz..., des terrains secondaires. Les silex, les calcédoines, les pissites, ou pechstein, les ménilites , les molarites, ou pierres meulières..., sont en assez grande quantité dans les terrains secondaires. On y trouve même du quartz cristallisé, comme à Neuilli proche Paris. Or toutes ces substances sont composées de silice à peu près pure. On sait que la silice est en grande quantité dans tous les terrains secondaires, au milieu des craies, des marnes, des schistes, des argiles.... Je pense donc que cette silice y est dans son état de pureté; ses molécules sont réduites à l'état élémentaire, et comme à leur étut naissant, elles peuvent se réunir et cristalliser comme nous l’avons vu dans les terrains primitifs. Sa cris- tallisation s'est ici opérée dans l’eau, parce que cette silice a été chariée par les eaux qui traversent toutes ces masses. L'eau les a seulement mises en contact ; elles se sont pour lors réunies par leur force d’affinité, et ont cristallisé soit sous forme de silice, de calcédoine, de ménilite...., soit sous forme de quartz. Il seroit possible que la silice eût été dissoute quelquefois en partie dans l’eau, comme nous le voyons lorsqu'elle est précipitée du verre déliquescent par un acide. C'est ainsi que paroissent se former les dépôts siliceux de geyer. De la formation et de la cristallisation des Schistes des serrains secondaires et des Argiles. Une partie assez considérable des terrains secondaires est formée de schistes de différentes natures, d'ardoise , decouches argileuses.... ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 . Ces schistes sont composés de 50 à 60 de silice, de 20 à 30 d'alumine, de chaux, de maguésie, d'oxide de fer, de potasse, de charbon... Nous avons vu que toutes ces substances se combinent dans les terrains primitifs et y cristallisent. Ce même phé- nomène a lieu dans les terrains secondaires. Les molécules de la silice étant à leur état élémentaire, à leur étai naïssant, sont chariées par les eaux; elles se réunissent par les lois des affinités, et acquièrent une grande consistance, comme nous avons vu dans les quartz, dans les silex... Mais si elles rencontrent d'autres terres également à leur état naissant , elles s'uniront, se combineront avec celles-ci. Ce mélange des autres terres, la chaux, la magnésie, l'alu- mine, le fer, la potasse , le charbon, empéche que la silice ne uisse acquérir la dureté qu'elle a dans les quartz, dans Je silex..., et qu'elle affecte une forme régulière. Les couches argileuses n’ont même point de consistance. Toutes ces couches argileuses, et peut-être même une portion de couches schisteuses, n'ont été tenues qu'en sus- ension, et non point dans un état de dissolution dans e sein des eaux. De la formation et de la cristallisation des Calcaïres, des Gypses, des Appatits, des Fluors... des terrains secondaires. La chaux seule ne forme jamais de substances pierreuses, parce que son affinité avec l'eau est trop considérable. C’est par la même raison que les muriates et les nitrates cal- SEM ne cristallisent également pas dans les grandes masses eau. Mais la chaux se combinant avec divers acides, cristallise et formela presque-totalité des pierres des terrains secondaires. Celle de ces combinaisons qui paroit la plus abondante, est avec l'acide carbonique. Le calcaire (ou chaux carbonatée) formela plus grandepartie des pierres des terrains secondaires. Nous ne répéterons pas ce que nous avons dit sur l’origine de cette quantité immense de chaux. Une partie paroît pro- venir des terrains primitifs; mais la plus grande partie est D d a 208 JOURNAL DE PRYSIQUE, DE CHIMIE -&n produit nouveau. La chaux se trouve chez tous les vé- étaux et les animaux. Les mollusques à coquilles, les po- Docs logés dans les coraux, les madrépores... en produisent des quantités immenses. Mais quelle que soit l'origine de cette chaux, il faut sup- poser qu'elle étoit primitivement pure, ses parties réduites à l'état naissant étoient très-solubles dans l’eau. Cette chaux pure n’a pu y cristalliser. Mais lorsque cette eau chargée de chaux rencontroit dif- férens acides, elle se combinoit avec eux et formoit des sels pierreux qui cristallisoient. La chaux combinée avec l'acide carbonique forme le cal- caire qui est si abondant dans ces terrains. Il se présente sous plusieurs formes. a. Albâtre, b Marbre, c Calcaire compacte, d Calcaire porreux, tuf calcaire, e Craie, Brie) eo lerietien Bt m1 ele leellel et idee loNete. relire etes el iMen cs : à La chaux combinée avec l'acide sulfurique forme les gypses. Combinée avec l'acide sulfurique, elle forme les appatits, comme ceux de l'Estramadure. Combinée avec l'acide sulfurique , elle forme les fluors, tels que ceux qu'on vient de trouver aux environs de Paris. Combinée avec les acides muriatique et nitrique ; elle forme des muriates et des nitrates calcaires qui cristallisent difficilement à cause de leur trop grande affinité avec l'eau. Combinée avec l'acide boracique , elle forme les borates calcaires. Ces divers acides ont été formés par les causes dont nous venons de parler. : Ces diverses pierres, formées avec la chaux, contiennent le plus souvent une quantité plus ou moins considérable des autres terres , telles que la silice, l’alumine, la magnésie, le fer oxidé...: aussitrouve-t-on rarement purs, du calcaire, du gypse, de l’appatit..…. Toutes ces cristallisations se sont opérées le plus-souvent dans les grandes eaux de l’océan agité. C'est-ce que prouvent les quantités considérables de sable, de coquilles, d'osse- mens..., qui sont souvent mélangés avec elles ; mais cette ET D'HISTOLRE NATURELLE. 200 agitation des eaux n'étoit pas ordinairement asses considé- rable pour réduire en poussière tous les fossiles, comme cela a eu lieu dans les falhunières de la Touraine... La plupart de ces substances paroïissent avoir été tenues ar les eaux dans un véritable état de dissolution, comme Fe prouve leur cristallisation. De la formation et de la cristallisation des Strontianites des terrains secondaires. On trouve aux environs de Paris, dans la couche supé- rieure d'argile , une assez grande quantité de sulfate de stron- tiane cristallisée en masses irrégulières arrondies, et mélangé le plus souvent de calcaire. La strontiane sulfatée se trouve également au val de Mazzara en Sicile, cristallisée en beaux cristaux réguliers. L'origine de cette strontiane est assez difficile à assigner. Aucun fait ne prouve qu’elle soit de formation nouvelle: on ne la trouve ni dans les végétaux , ni chez les animaux... Il faut donc supposer qu'elle a été apportée des terrains primitifs, dans lesquels elle est cependant assez rare. Quant à l'acide sulfurique qui y est combiné , sa formation doit étre attribuée à la méme cause que celui qui se trouve dans les argiles. Ce sulfate de strontiane des environs de Paris, étoit dissous dans la masse argileuse qui avoit une liquidité boueuse , s'il est permis de se servir de cette expression, et il s’est réuni par la loi des affinités, comme le gypse pur , ou sélénite qu'on trouve cristallisée dans ces mêmes argiles. DE LA FORMATION ET DE LA CRISTALLISATION DES SUBSTANCES VOLEANIQUES, Il est constant que les substances volcaniques ont été réduites en fusion par l'activité des feux souterrains. On les voit couler comme des torrens enflammés; et en se re- froidissant, elles acquièrent ordinairement la contexture pierreuse. Quelques-unes se présentent sous forme de frittes, de scories , de ponces.... Ou ne peut donc douter que la formation de ces subs- tances ne soit due à une liquidité ignée. Leurs molécules 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE réduites à l'état élémentaire, à leur état naïssant , se sont réunies et combinées. Leur refroidissement lent, et la com- ression leur ont fait affecter la contexture pierreuse qu’elles ont. DE LA FORMATION ET DE LA CRISTALLISATION DES SUBSTANCES PSEUDO-VOLCANIQUES. On appelle substances pseudo-volcaniques , des substances qui ont été fondues et calcinées par l’action de charbons enflammés , telles que celles de la Bouiche en Auvergne. La formation de ces substances est donc la même que celle des substances volcaniques. DE LA FORMATION ET DE LA CRISTALLISATION DES MÉTÉOROLITES. Nous avons encore peu de connoissances sur la nature, la formation et la cristallisation de ces substances; mais l'opinion qui me paroit la plus vraisemblable, est que les principes qui composent ces substances étoient primitivement à l'état aériforme , comme à leur état naissant, soutenues par du gaz inflammable. Ce gaz a été enflammé par une cause quelconque, probablement une étincelle électrique. Tous ces principes se sont réunis et ont formé ces météo- rolites. Nous avons vu que /a sublimation en réduisant les molécules des corps à leur état naissant, les fait cristalliser, soit confusément, soit régulièrement. Je ne donnerai pas ici plus d'étendue à ces réflexions; ce sera l'objet d'un autre travail. ÊT D HISTOIRE NABURÈLLE, 211 HISTOIRE PHILOSGPHIQUE DES PROGRÉS DE LA PHYSIQUE; PAR. A. LIBES. Deux vol. in-8°. À Paris, chez l’Auteur, rue Mélée, n° 45; Courcier, Imprimeur-Libraire , quai des Augustins, n° 57; Michaud, frères, rue des Bons-Enfans, n° 34; et à la Haye, chez 1mmerzel et Compagnie, Libraires. EXTRAIT par J. C. DELAMÉTHERIE. Au point où sont arrivées les sciences, on aime à remonter à leur première origine, et à en suivre les progrès successifs. On doit se représenter les premiers hommes comme sont encore les hordes des peuples sauvages. Les habitans, par exemple, de la Nouvelle-Hollande, de la terre de Diémen, ou même les paysans ou cultivateurs de nos montagnes éloignées des grandes villes. Leur occupation unique étoit de pourvoir à leurs besoins premiers, c'est-à-dire se pro- curer les moyens de subsistance. Ils cherchèrent ensuite à se garantir des intempéries des saisons soit par des vétemens, soit par des habitations. Les habitans de la terre de Diémen, nous disent Péron et le Sueur, ne savent pas même se construire de mauvaises cabanes, et sont presque tout nus. Mais à mesure que les grandes sociétés se formèrent, il se trouva des hommes méditatifs, qui raisonnèrent sur les phénomènes qu'ils observoient journellement... Telle fut la première origine des sciences. Ces premiers essais furent suivis avec plus ou moins de persévérance suivant les circonstances. Ces esprits pensans se communiquèrent leurs travaux...; enfin ils se réunirent souvent et formèrent des associations 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE particulières qui travailloient en commun : tels ont été ces hommes qu'on appelle mal-à-propos jongleurs chez toutes les nations civilisées. Tous les grands peuples de l'antiquité, les Hindoux, les Brames , les Chaldéens, les Egyptiens.... nous présentent de ces réunions d'hommes instruits qui paroiïssent avoir eu des connoissances assez étendues sur les principaux phéno- mènes de la nature; mais ils ne communiquoient point au public leurs travaux. Nous pouvons neanmoins juger de leur degré d'instruction, par ce qu'ils nous ont laissé sur l'As- tronomie. Ils connoissoient les mouvemens du soleil, de la lune, des étoiles..., ce qui suppose des connoissances étendues en Géométrie, la connoissance des quarts de cercle et autres instrumens indispensables pour avoir pu- faire des observations nécessaires pour parvenir à de pareils résultats. Ils avoient tous des systèmes généraux de Cosmogonie.... Or ils n'ont pu arriver à ces connoissances , sans en avoir acquis une multitude d'autres qui leur étoient encore plus nécessaires , telles que l’agriculture, l'arpentage, l'architec- ture, l'art de conduire les eaux, d'en diriger le cours, de faire des étoffes , de se soulager lorsqu'ils étoient malades... On ne sauroit donc douter que tous ces grands peuples ne fussent très-instruits;, mais ensuite écrasés sous le des- potisme , ils ont tout perdu et ne nous ont rien transmis. L'historien de la Physique est donc obligé de chercher la première origine de cette science chez des peuples plus modernes, tels que les Grecs et les différentes nations qui leur ont succédé. C'est ce qu'a fait l’auteur de l'Ouvrage que nous annonçons. Cet Ouvrage, dit-il, est divisé en quatre livres. Dans le premier j'examine l’état de la Physique depuis son origine jusqu'à Descartes. Le second eonsidère ce qu'elle devint depuis Descartes jusqu'à Newton. Dans letroisième, je suis la marche de la Physique depuis Newton jusqu'à la naissance de la Physique pneumatique. Enfin le quatrième a pour objet les progrès de la science depuis la naissance de la Chimie pneumatique jusqu'à nos jours. IL trouve chez les Egyptiens et les Chaldéens les premiers élémens ET D'HISTOIRE NATURELLE. 213 élémens de la Physique dans les diverses observations as- troncmiques qu'ils nous ont transmises, Plusieurs habitans de la Grèce, parmi lesquels on dis- tingue Thalès et Pythagore , franchirent les mers pour aller s'instruire chez ces anciens peuples , des mystères de la na- ture. À leur retour ils fondèrent deux célèbres écoles ; Thalès en établit une à Milet en Tonie, et Pythagore une autre à Crotone en Italie. Ecole de Thales. Thalès, originaire de Phénicie par ses parens, mais né à Milet 639 ans environ avant J.-C., fut s'instruire en Egypte, d'où il rapporta en Grèce plusieurs connoissances astro- nomiques précieuses. On lui doit, dit l'auteur, d'avoir divisé le ciel en cinq zônes , d’avoir mesuré avec assez d'exactitude le diamètre apparent du soleil, d’avoir écrit sur les équinoxes d'une manière lumineuse : il dévoila la véritable cause des phases de la lune, sut prédire, le premier des Grecs, les éclipses du soleil.... On sent que n'ayant ni Observatoire, ni les instrumens nécessaires..., il tenoit toutes ses connoissances des Egyptiens; et s’il prédit la fameuse éclipse qui arriva pendant une bataille entre les Lydiens et les Mèdes, et leur causa une telle frayeur qu'ils mirent bas les armes, dit Hérodote, ce ne put être que par des tables du soleil et de la lune , que lui avoient fournies les prêtres d'Egypte ou de Chaldée...: il connut la propriété magnétique de l’aimant, la propriété électrique de l’ambre jaune succin ou électron , et da lyncuriom , qu’on croitétre notre tourmaline. Thalès eut pour successeurs, Anaximandre, Anaximène , Anaxagoras, enfin Archelaus. Tous ces hommes avoient de l'esprit, mais faisoient peu d'expériences. Aussi ont-ils peu avancé la Physique. Archelaüs transporta l’école de Milet à Athènes. Il eut la gloire de former Socrate, qui se livra plus particulière- ment à la philosophie morale. De l'école de Socrate sortit Platon, le premier philosophe de l'antiquité, suivant Cicéron: sans abandonner la morale de Socrate, il y réunit les connoissances physiques, et on gait que sa doctrine a régné un grand nombre de siècles, Tome LXXI, SEPTEMBRE an 1810. Ee 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE A Platon succéda Aristote, moins éloquent que son maître, mais plus grand physicien. Alexandre lui fit passer de l’orient plusieurs faits intéressans, dont il tira le plus grand parti, particulièrement pour l'histoire des animaux, La doc- trine d’Aristote a régné presque despotiquement dans les écoles jusqu'à Descartes. IL croyoit que la terre étoit im- mobile, et que le soleil et tous les astres tournoient au- tour d'elle. Quelques autres hommes célèbres , PERSO RE RRInEs Téophraste, illustrèrent encore cette école. De l'Ecole de Pythagore. Pythagore, né à Samos, voyagea comme Thalès : il par- courut la Phénicie , la Perse , l'Egypte , et y puisa, auprès des prêtres, des connoissances précieuses: ï se retira à Crotone en Italie, où il fonda une célèbre école en phi- losophie. Il enseignoit la sphéricité de la terre et des autres astres, l'existence des antipodes , l'immobilité du soleil , la véri- table cause des éclipses, la clarté réfléchie de la lune, et la ressemblance de ce satellite avec la terre. Il reconnut que l'étoile qu'on appeloit du matin et du soir, étoit la même, la planète Vénus. Plutarque lui fait honneur de la décou- verte de l'obliquité de l’écliptique, quoiqu'il paroisse avouer que Thalès en avoit déjà eu connoissance.... Pythagore avoit puisé toutes sés connoissances auprès des Egyptiens, des Chaldéens.... A Pythagore succédèrent , Xénophane, Héraclite, Parmé- nide, Empédocle. De l'école de Pythagore sortirent Zénon , Leucipe, Démo- crite, Epicure, qui fondèrent une autre école célèbre , celle des atomes et du vide. Les atomes, selon eux, se sont réunis et ont formé le monde. Démocrite disoit que le globe terrestre, très-petit et très= léger à l'époque de son origine, étoit errant et comme flottant dans l’immensité de l'espace, Il s’est fixé ensuite, parce qu'il a acquis, par Le laps de temps, plus de volume et plus de masse. Architas inventa la poulie et la vis. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 015 Les Ptolémées attirèrent les philosophes à Alexandrie. Euclide y professoit les Mathématiques avec distinction. Archimède voyagea en Egypte : il y entendit les leçons d'Euclide ; il s’'adonna particulièrement à la mécanique, et on connoit les progrès qu'il y fit. Il inventa la vis sans fin pour dessécher les marais, son miroir brülant.... Eratostène, Aristarque.…. illustrèrent l'école d'Alexandrie. Ils profitèrent des travaux des anciens prêtres, et observant eux-mêmes, ils firent faire des progrès considérables à l'As- tronomie. Enfin Hipparque paroit : il étoit né à Nice en Bythinie, 140 ansenviron avant J.-C. Il fixa l’année à 365 jours 5 heures 55 minutes 12 secondes. Il détermina l'obliquité de l’écliptique. Il calcula la distance du soleil à la terre , et l'estima de douzecents rayons terrestres, et la parailaxe horizontale de 3°. Il estima la distance moyenne de la lune à la terre, de 59 rayons terrestres. Ctesibius succéda à Hipparque. Il s’occupa principalement de mécanique ; il perfectionna le c/epsydre , espèce d'horloge connue de la plus haute antiquité en Asie, en Chine, en Egypte et ensuite en Grèce: elle étoit composée de deux cônes renversés , dont l'un étoit solide et l’autre étoit creux et percé d'un trou au sommet. Ces deux cônes étoient fa- çonnés avec tant de ressemblance , qu'en les mettant l'un dans l’autre, ils se joignoient parfaitement. Le cône creux avoit des dimensions telles , qu'étant rempli d'eau il se vidoit entièrement pendant la durée du plus court jour d'hiver. Sa longueur étoit divisée en douze parties et l'abais- sement de l'eau marquoit les heures. Héron perfectionna encore cet instrument, Architas, Archiméde , Ctesibius et Héron me paroissent, dit l'auteur, devoir partager la gloire d’avoir créé la mé- canique ; mais les grandes machines des Anciens , leur bélier, leurs catapultes, leurs vaisseaux, leur grande architecture , les obélisques…. supposent nécessairement qu'ils avoient des connoiïssances étendues en mécanique. ssidonius apperçut les lois de la réfraction. La philosophie passa ensuite à Pome. Lucrèce, Sénèque, Pline s'y distinguèrent. Sénèque enseigna que les comètes étoient des astres semblables aux planètes; il paroit avoir Ee 2 216 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE aussi connu le prisme...; mais tout s'anéantit sous le des- potisme dans les siècles suivans. Ptolémée parut en Egypte avec éclat. Son Almageste est un des ouvrages les plus précieux de l'antiquité. Il aban- donna le vrai système du monde enseigné par Pythagore ; il supposa que la terre étoit immobile, et que tous les astres tournoient autour d'elle. La science languit jusqu’à l'invasion des Arabes. En 814 la calife Almamon fit de grands efforts pour la ranimer. Albatenius, né en 880, fit plusieurs travaux importans en Astronomie. Il construisit des tables du soleil qui ont eu une grande célébrité. Alhasen travailla beaucoup sur l'optique. Les Arabes d'Espagne cultivèrent aussi avec succès les sciences. Alphonse X, roi de Castille , s'en occupa lui-même. L'Allemagne vit naître Albert-le-Grand vers le milieu du treizième siècle; mais il s'occupa peu de Physique. C'est à cette époque que la vraie Physique commença à renaître. Roger Bacon, né en Angleterre en 1214, se distingua par de vastes connoissances. Il proposa au pape Clément IV, la correction du calendrier, qui ne fut exécutée que sous Grégoire XIII. On lui attribue la découverte de la poudre à canon. L'invention des lunettes date de quelques années après Bacon. On l’attribue à un cordelier de Pise, nommé.//exandre de Spina. La boussole paroit avoir été connue en Chine dès la plus haute antiquité; mais en Europe ce fut en 1302 qu'un nommé Flaviogioia, né au bourg de Melphy dans le royaume de Naples, la perfectionna. La prise de Constantinople en 1452, en chassa tous les gens de lettres, quise réfugièrent la plupart en Italie; mais ils s'y occupèrent particulièrement de littérature. Cepen- dant ils firent quelques traductions d'ouvrages de sciences. La doctrine d'Aristote fut enseignée dans toutes les écoles. Ramus, professeur au Collége de France à Paris, commença à l’attaquer; mais il fut condamné. Le chancelier Bacon, en Angleterre, travailla utilement pour la science. Walther, né en 1450, appliqua les horloges à la mesure ET D'HISTOIRE NATURELLE, 217 du temps dans les observations astronomiques, au lieu des clepsydres. Eufin parut Copernic, né à Thorn en 1475, il fit voir l'in- suffisance du système de Ptolémée universellement adopté, et prouva que la terre tournoit autour du soleil, ainsi que toutes les planètes. Tycho-Brahé, néen 1546, à Knud-Sturpe en Danemarck, se livra entièrement aux observations astronomiques à Ura- nibourg, et en laissa un recueil immense. Il supposa la terre immobile; mais le soleil dans sa révolution entrainoit avec lui les planètes. Porta fit des observations intéressantes en optique. L'arc-en-ciel étoit exclusivement attribué à la réflexion des rayons solaires, lorsqu'au onzième siècle Vitellion an- nonça l'influence de la réfraction dans ce phénomène. En 1571,Flectcher, de Breslau, tâchadel'expliquer par une double réfraction et une réflexion ; mais ce fut Antonio de Dominis, né en 1551, archevêque de Spalatro , qui en donna la vé- ritable explication. Cette explication ne reçut sa dernière perfectionqu’entre les mains de Descartes et de Newton. Gilbert, né à Colchester en Angleterre, fitun grand'travail sur le magnétisme et l'électricité. C'est à lui que sont dus les premiers travaux sur l'électricité, qui ensuite a fait de si grands progrès. Descartes, né à la Haye, en Tourraine, le 51 mars 1596 et mort à Stockolm en 1650, fit la plus heureuse révolution en Physique. Armé de son doute raisonné, il secoua le jougdes- potique de Platon, d’Aristote...; il détruisit l'axiome des écoles : Ze maître l'a dit: et il ne reconnut plus d'autre autorité dans les sciences naturelles, que des faits fondés sur l'expérience et l'observation. Son vaste génie chercha à expliquer la formation de l'univers , et il crut trouver, dans l’action des tourbillons, l'explication des principaux phénomènes de la nature...: mais une de ses vues les plus utiles, fut l'application de la Géométrie à la Physique. On peut reprocher à Descartes de n'avoir pas assez, dans ses grands travaux, consulté l'expérience : et /a Physique ne Jera jamaïs de vrais progrès que par l'expérience et l'ob- servation, comme nous l'allons voir entre les mains des physiciens dont il nous reste à parler. 218 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nos sens sont très-bornés : on a donc cherché a y suppléer par des machines plus ou moins ingénieuses, et c'est à ces machines que la Physique doit ses plus grands progrès. Le télescope fut inventé en Hollande, par Jacques Metius. D'autres en attribuent l'invention à Zacharie Jans, lunettier de Middelbourg , de troisième, à Jean Lapprey, lunettier de la même ville. Le microscope fut également inventé en Hollande. On en attribue communément l'invention à Drebbel, né à Alcmaer en Hollande en 1572. D'autres veulent qu'il ait été inventé par ce même Zacharie Jans dont nous venons de parler.’ Le thermomètre Fut inventé par Drebbel. On connoit l'influence qu'ont eue ces trois instrumens sur les progrès de la Physique. Galilée, né à Pise le 15 février 1564, se livra tout entier à l'observation et à l'expérience , et la Physique lui doit immensément. Le télescope lui fit découvrir que la lune étoit un corps semblable à la terre. IL vit que la voie lactée étoit composée d’une multitude d'étoiles , ainsi que l'avoit soupçonné Démocrite. Enfin , le 7 janvier 1810 , il découvrit les quatre satellites de Jupiter ; il apperçut les phases de Vénus et les taches du soleil. Il paroît qu’il avoit aussi vu l'anneau de Saturne... Toutes ces observations le confirmoient de plus en plus dans l'opinion que la terre tournoit autour du soleil im- mobile. Cette opinion le fit traduire au tribunal de l'Inqui- sition à Rome, et il fut obligé de se rétracter. Galilée découvrit la loi que suivent les corps pesans dans leur chute, les lois des vibrations des pendules à raison de leur longueur... Ces faits prouvent que Galilée est un des physiciens qui a le plus hâté les progrès de cette belle science. Kepler , né le :7 décembre 1571, à Viel dans le duché de Wirtemberg, rendoit à la Physique, en Allemagne, les mêmes services que Descartes en France et Galilée en Italie. Parmi ses nombreuses découvertes on remarque particulièrement la fameuse loi sur les mouvemens des planètes. Les temps de leurs révolutions sont entreeux comme les racines carrées des cubes de leurs distances, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 219 Torricelli démontre la pesanteur de l'air et construit le baromètre. Pascal, Gassendi, Mersenne..., enrichissent la Physique de plusieurs faits. Otto de Guérike invente la machine pneumatique ; il introduit ‘dans sa machine purgée d'air , des corps sonores. On n'entend plus les sons : donc l’air est le véhicule des sons. Il introduit dans la même machine privée d’air, des ani- maux qui yexpirent aussitôt : donc l’air est nécessaire à la vie des animaux. Il reconnoît également la nécessité de l'air dans la com- bustion des corps. Une bougie allumée, introduite sous une cloche pleine d'air et renversée sur l’eau, la bougie s'éteint et l’air remonte dans la cloche. Il constate que l'air a été vicié et qu'il y en a eu un dixième d'absorbé. Ces expériences, qui ont fait tantde bruit dans ces derniers temps, et que tout le monde vouloit s'attribuer, étoient donc connues d'Otto de Guérike, dit l'auteur. Il enrichit encore la Physique de plusieurs expériences intéressantes sur l'électricité. Des physiciens sages se réunirent à Florence, sous le nom d'Académie del Cimento; ils se livrèrent particulièrement à l'expérience, eten firent de très-intéressantes. Boyle paroît en Angleterre, et se livre également à l'ex- périence, et avec le plus grand succès. Mais Huyghens , né à la Haye en Hollande, le 14 avril 1629, se distingue bientôt parmi ses contemporains, par son pro- fond génie. Il développe la théorie du pendule , apperçue par Galilée. Il s'occupe ensuite avec le plus grand succès des lois du mouvement, et principalement de la théorie des forces centrales. En Astronomie, il découvrit un des satellites de Saturne ; et constata l'existence de l'anneau , qui avoit été apperçu par Galilée. I fit les plus beaux travaux en optique, et inventa le micromètre. 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On peut dire que Kepler et Huyghens ont préparé les grands travaux de Newton. Dominique Cassini, né le 8 juin 1625, dans le comté de Nice, fut digne de marcher à côté de si grands maitres. Il constata la forme elliptique de Jupiter et son aplatisse- ment; il découvrit quatre nouveaux satellites de Saturne et apperçut la lumière zodiacale.... On voit que ; Les quatre satellites de Jupiter ont été découverts par Galilée. Un des satellites de Saturne a été découvert par Huyghens, qui constata l'existence de l'anneau déjà apperçu par Galilée; quatre des autres satellites de Saturne ont été dé- couverts par Cassini (1). Louis XIV, ou plutôt Colbert, humilié que dans toutes ces grandes découvertes que faisoient les savans des dif- férentes contrées de l'Europe, les Français y avoient une si petite part, chercha envaïn à naturaliser la science en France, en y attirant, par des bienfaits , Dominique Cassini, d'Italie; Huyghens, de Hollande; Roëmer , de Danemarck; mais il ze parvint qu'à y fatre fleurir les Belles-Lettres, genre qui apparemment est plus approprié au caractère français, comme il le fut plus chez les Grecs, que les sciences exactes. Il établit des Académies dont il espéra CR LE mais qui produisirent des effets très-opposés. L'intrigue etl’amour des places et de l'argent y dominèrent bientôt plus que celui de la vérité. Quelques chefs ambitieux s'y emparèrent facilement de l'opinion parmi des collègues sans caractère, pour y établir leur réputation éphémère, et en éloignèrent constamment les sincères amis de la vérité, jaloux de leur (G) Deux autres satellites de Saturne ont été découverts par Herschel. La planète de Herschel a été découverte le 18 mars 1781, par cet astronome, ainsi que ses six satellites ; quelque temps après , il a aussi constaté que l’anneau étoit double. Cérès a été découverte à Palerme, par Piazzi le 1° janvier 1801, Pallas a été découverte à Bremen, par Olbers le 28 mars 1802. Junon a été découverte à Lilienthal, en août 1804, par Harding. Vesta a été découverte le 29 mars 1807, à Bremen, par Olbers. indépendance ; ET D'HISTOIRE NATURELLE, 227 Tndépendance , qui vouloient avoir leur opinion, et ne recon- noissoient pas cette humiliante domination, tels que Romé de Lisle..., pour ne recevoir que ceux qui s’y soumettoient. Roëmer constata par l'observation du premier satellite de Jupiter, que la lumière emploie environ sept à huit minutes pour venir du soleil à la terre. Mariotte et quelques autres firent quelques expériences intéressantes. Ici se terminent les deux premiers volumes de l'Histoire de la Physique par l’auteur. On voit combien ils sont intéressans. Dans les volumes suivans il donnera l'histoire de la Phy- sique depuis Newton jusqu'à nos jours. On y verra briller les Newton, les Leibnitz, les Bernoulli, les Euler , les Haller, les Linné , les Scheele , les Bergmann, les Priestley, les Cavendish, les Herschel , les Lagrange , les Franklin, les Montgolfer, les Galvani, les Volta, les Davy...., et la science s'élever entre leurs mains à une hauteur qu'on n'auroit jamais osé soupçonner, Espérons que sa marche ne se ralentira point. Tome LX XI, SEPTEMBRE an 1810, Ff 222 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TRAITÉE DE MINÉRALOGIE, PREMIÈRE PARTIE, Renfermant l'Introduction à la Minéralogie en général, la Théorie de la cristallisation , l’étude de la Chaux carbonatée proprement dite, et de l’Arragonite, avec l'application du Calcul cristallographique à la détermination des formes cristallines de ces deux substances ; Par M, le Comte ne BOURNON, de la Société Royale de Londres, etc., etc. EXTRAIT par J. C. DELAMETHERIE. L'auTEur divise l’ensemble des substances minérales en huit classes ou divisions principales : 1°. Les pierres simples, ou composées d'une seule terre. 2°. Les pierres composées, ou dans lesquelles se rencon- trent plusieurs terres différentes. 5°. Le diamant, que je ne puis encore, dit-il, malgré les expériences faites à son égard, assimiler au charbon, mais qui se trouve seul dans sa classe, ne pouvant non plus être assimilé à aucune des substances minérales. 4°. Les pierres agrégées, ou roches. 5°. Les pierres d'origine ignée. 6°. Les sels proprement dits. 7°. Les substances inflammables non métalliques. 8. Enfin les substances métalliques. La première de ces divisions porte le nom d'ordre. Cette classe en contient trois. ET D'HISTOIRE NATURFLLE:. 223 a Le premier de ces ordres renferme les pierres dues à 1 combinaison d'une seule terre avec un seul acide, ou pierres simples acidifères. Le second, celles dans lesquelles la Chimie n’a encore reconnu qu'une seule terre, sans pouvoir y appercevoir aucun acide modificateur quelconque , ou pierres simples sans aucun acide reconnu. - Le troisième renferme les pierres dues à la combinaison d'une seule terre jointe à un alkali et à un seul acide, ou pierres simples acidifères alkalines. Dans le premier de ces ordres la terre forme la division de genre, et l’acide qui les modifie détermine les espèces. Lorsque d’ailleurs les caractères spécifiques essentiels ne viennent pas démontrer que sous la combinaison de la même terre et du méme acide , plusieurs espèces se trouvent ren- fermées; fait qui existe, par exemple, dans la chaux car- bonatée : ce qui m'a forcé à n’y regarder l'acide que comme désignant une espèce générale ou de famille, que des causes dont nous ne pouvons encore déterminer la nature, divise en espèces particulières ou proprement dites. Les variétés ensuite sont tirées des différens aspects sous lesquels se présentent les espèces , aspects qui proviennent des diffé- rentes circonstances qui ont présidé à leur formation, ainsi que des divers mélanges qui sont venus s'introduire dans leurs subStances. Le second ordrene renferme que deux genres qui sont encore déterminés par les deux terres, quartzeuse et argileuse. N'y existant aucun acide modificateur dans les pierres qui ap- partiennent à cet ordre , l'espèce y est extrêmement difficile à déterminer. Cette difficulté est même d'autant plus grande dans le premier de ces deux genres , celui de la terre quart- zeuse, que des trois espèces dans lesquelles j'ai cru devoir les diviser, deux, celles qui appartiennent à la calcédoine et à la substance dont l'opale est une altération , sont privées du caractère de la cristallisation ; mais à son défaut tous les autres caractères minéralogiques, ainsi que les diverses observations auxquelles la nature conduit à l'égard de ces deux substances, me paroissent venir fortement à l'appui de la division que j'en ai faite, comme espèce du genre de la terre quartzeuse. Le troisième ordre ne renferme aussi que deux genres Ff2 224 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, connus. La terre et l'alkali y forment le genre , et l'espèce y est de même déterminée par l’acide. « Je renvoie la division de toutes les autres classes au tableau de classification qui suivra de près la publication de cet Ouvrage, » L'auteur passe ensuite à la détermination de l'espèce en minéralogie. « Qu'est-ce que l'espèce en minéralogie, dit-il, et par quoi est-elle déterminée? Je ne pourrois répondre à cette question d’une manière ni plus juste, ni plus pré- cise que ne l’a fait M. l'abbé Haüy, en définissant l'espèce, une réunion de molécules intégrantes toutes semblables entre elles, et composées chacune des mémes élémens com- binés\entre eux dans les mémes proportions. » J'ai démontré que cette définition est inexacte, puisque dans le plus grand nombre des espèces minérales admises par M. Haüy, il n'a pu y déterminer de molécules intégrantes. L'auteur passe ensuite aux caractères de l'espèce. Lorsque, dit-il, les substances minérales sont dans le plus grand état de perfection, la réunion simple de ces trois caractères, la cristallisation, la pesanteur et la dureté, sont toujours suffisans à la distinction des espèces, et c'est ce qu’avoit déjà apperçu le célèbre Romé de Lisle, père de la cristal- lographie ; mais il ne néglige point les autres caractères, tels que la cassure, la réfraction, l'électricité, la couleur, la phosphorescence, le chatoyement, le magnétisme , le hap- pement à la langue... L'auteur vient ensuite à l'examen de la chaux carbonatée, dont il distingue deux espèces. L'une à cassure lamelleuse (spath calcaire). L'autre à cassure vitreuse (arragonite). DE LA CHAUX CARBONATÉE À CASSURE LAMPLLEUSE. Caractères essentiels. Cristal primitif rhomboïde obtus, ayant 101° 32’ et 78° 28 pour mesure de ses plans rhombes. Ce cristal se divise avec facilité parallèlement à chacun de ses plans rhombes. Molécule intégrante. Prisme trièdre à bases inclinées, ses bords longitudinauxse rencontrent entre eux sous deux angles ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 aigus de 37° 45’, et sous un angle obtus de 104° 29". Les angles d'incidence des faces terminales sur les bords obtus, sont de 108° 26’ et de 71° 54°. Cassure lamelleuse. Caractères physiques. Pesanteur spécifique, 27.17. Dureté. Rayé par le cuivre jaune employé communément en Angleterre à la facture des instrumens de physique, et le rayant à son tour , mais avec moins de facilité. Réfraction double. Electricité par le frottement. Nulle. Le rhomboïde de 101° 32’ et de 78° 25’, avoit été primitive- ment considéré commeétant la forme dela molécule intégrante de la chaux carbonatée, dit l’auteur; mais des observations postérieures et très-multipliées m'ont fait connoître, ilya quelques années, que c'étoit une erreur. En effet, en outre du clivage parallèlement aux faces de son rhomboïde primitif, la chaux carbonatée en permet un autre, quoique cependant avec beaucoup plus de difficulté, suivant une direction parallèle à un plan qui passeroit par la grande diagonale de deux des plans opposés de ce rhomboïde, et par ceux de ses bords qui sont adjacens à ces deux diagonales. Les plans produits par ce nouveau clivage ont un lustre aussi brillant, et souvent même davantage, que celui des plans produits par le clivage parallèle aux faces. Il existe donc, suivant cette même direction, un joint naturel entre les molécules de la cristallisation ; et ce nouveau joint par lequel le rhomboïde se divise en deux moitiés exactes , suivant les grandes diagonales de deux de ses plans opposés et les bords qui lui sont adjacens, indique, pour forme de la molécule cristalline intégrante, une de ces deux moitiés. La forme de cette molécule est donc un prisme trièdre à bases inclinées, dans lequel les côtés se rencontrent entre eux sous deux bords de 37° 45° et sous un troisième de 104° 29, et dont les faces terminales font, à leur rencontre avec le bord: obtus du prisme, un angle de 108° 26° d'un côté, et de 71° 34° de l'autre. Le rhomboïde primitif montre une variété dans laquelle toutes ses faces sont régulièrement arrondies, et qu'on peut 226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE désigner: sous le nom de d'amantiforme , parce que les faces du diamant sont également assez souvent arrondies. On doit être surpris de tous les détails qui concernent la cristallisation de la chaux carbonatée , et peut-être même en sera-t-on effrayé. 616 variétés de formes parfaitement distinctes, et appartenant à 59 modifications différentes. Nous allons donner un apperçu de ces modifications. MODIFICATIONS PRISMATIQUES. PREMIÈRE MODIFICATION. Prisme le long des bords de la base. Prisme hexaèdre en remplacement des bords de la base du rhomboïde primitif. Telle est la variété prismée de M. l'abbé Hauy. SECONDE MODIFICATION. Prisme aux angles saillans de la base. Prisme hexaëdre en remplacement des angles saillans de la base du rhomboïde. Telle est la variété zmzrable de M. l'abbé Hauy. TROISIÈME MODIFICATION. Remplacement du sommet du rhomboïde primitif par un plan perpendiculaire à l'axe. Tel est le 2asé de M. l’abbé Hauy. MODIFICATIONS RHOMBOIDALES. QUATRIÈME MODIFICATION. Rhomboiïdes obtus. Rhomboïdes obtus, de 114° 19 et 65° 4. Tel est l’équiaæe de M. l'abbé Haüy, et toutes les variétés qui en dérivent. CINQUIÈME MODIFICATION NON CITÉE. FRhomboïde très-obtus, de 117° 56° ct G2° 4”. ET D'HISTOIRE NATURELLE, SIXIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Rhomboïde obtus}, de 113° et 67°. SEPTIÈME MODIFICATION. Rhomboïde obtus, de 107° 3 et 72° 57. HUITIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Rhomboïde très-obtus, de 118° 34 et Gr° 26. NEUVIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Rhomboïde peu obtus', de 95° 28 et 84° 32. RHOMBOIDES AIGUS. DIXIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Rhomboïde de 65° 28 et 114° 32’. ONZIÈME MODIFICATION. Rhomboïde aigu, de 45° 54 er 134° 26. C'est le contrastant de M. l'abbé Hauy. DOUZIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Rhomboïde aïgu , de 40° 26° et 139° 34°. TREIZIÈME MODIFICATION. R'omboïde très-aigu , de 15° et 165°. Tel est le contracté de M. l'abbé Haüy. QUATORZIÈME MODIFICATION. Rhomboïde très-peu aigu, de 87° 42° et 92° 18’. C'est le cuboïde de Macie et de M. l'abbé Haüy. QUINZIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Rhomboïde aigu, de 84° 26° er 95° 34. SEXAÈME MODIFICATION NON CITÉE. Rhomboïde aigu , de 81° 19° et 98° 41°. 272 228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIF DIX-SEPTIÈME MODIFICATION. Rhomboïde aïgu, de 75° 51° et 104° 29. C'est l'inverse de M. l'abbé Haüy. Ù DIX-HUITIÈME MODIFICATION NON CITÉE. . Romboiïde aigu , de 70° 18° et 109° 42°. DIX-NEUVIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Rhomboïde aigu , de 61° 12/ et 115° 48. VINGTIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Rhomboïde aigu, de 55° 54 et 124 26°. YINGT=UNIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Rromboïde aigu , de 50° 54 et 129° 6°. VINGT-DEUXIÈME MODIFICATION. Rhomboïde très-aigu de 37° 31° et 142° 29/. C'est le mixte de M, l'abbé Hauy. VINGT-TROISIÈME MODIFICATION, Rhomboïde entièrement aigu, de 14° 6" et 165° 54. C'est le dilaté de M. Hauy. MODIFICATIONS PYRAMIDALES. Des modifications qui dérivent, comme le métastatique, de deux pyramides hexaëdres à plans triangulaires scalènes joints base à base en forme de zig-zag, donnent tous nais- sance à des dodécaëdres qui sont soit obtus, soit aigus, parce que les sommets des deux pyramides sont remplacés par trois faces nouvelles. DODÉCAËDRES PYRAMIDAUX OBTUS,. VINGT-QUATRIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal obtus, de 134° 28’. YINGT-CINQUIÈME ET D'HISTOIRE NATURELLE 29 VINGT-CINQUIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal obtus , de 126° 51°. YINGT-SIXIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal obtus, de 124° 56°. VINGT-SEPTIÈME MODIFICATION. Dodécaëdre pyramidal obtus, de 121° 26. Le soustractif, le surcomposé de M. l'abbé Haüy en sont des variétés. VINGT-HUITIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal obtus, de 118° 26’. VINGT-NEUVIÈME MODIFICATION NON CITÉEe Dodécaëèdre pyramidal obtus , de x17° 25. TRENTIÈME MODIFICATION. Dodécaèdre pyramidal obtus , de 115° 17. C'est le drsjoint de M. l’abbé Haüy. TRENTE-UNIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal obtus , de 100° 21°. TRENTE-DEUXIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaëdre pyramidal obtus, de 101° 6. TRENTE-TROISIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaëèdre pyramidal obtus, de 95’. DODÉCAËDRES PYRAMIDAUX AIGUS. TRENTE-QUATRIÈME MODIFICATION. Dodécaèdre pyramidal aigu, de 88° 57. C'est le bigéminé de M. l'abbé Hauy. Tome LXXI. SEPTEMBRE an 1810. G£g 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TRENTE-CINQUIÈME MODIFICATION. Dodécaèdre pyramidal aigu, de 78° 40. C'est l'escendant de M. l’abbé Hauy. TRENTE SIXIÈME MODIFICATION. Dodécaèdre pyramidal aigu, de 48° 22°. C’est le nécastatique de M. l'abbé Hauy. “ 'FRENTE-SEPTIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaëdre pyramidal aigu, de 40° 14!. TRENTE-HUITIÈME MODIFICATION NON CITÉE, Dodécaëdre pyramidal, de 37° 5. TRENTE-NEUVIÈME MOPIFICA TION. Dodécaëèdre pyramidal, de 29° 58. Le sexduodécimal, le zonaire, le quintiforme de M. l'abbé Haüy en sont des variétés. QUARANTIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaëdre pyramidal aigu, de 26° 34. QUARANTE-UNIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaëdre pyramidal, de 15° 58’. QUARANTE-DEUXIÈME MODIFICATION NON CITÉE, Dodécaëdre pyramidal aigu, de 67° 5. QUARANTE-TROISIÈME MODIFICATION NON CITÉE: Dodécaèdre pyramidal aigu, de 62° 56‘. QUARANTE-QUATRIÈME MODIFICATION. NON. CITÉE, Dodécaèdre pyramidal aigu, de 61° 47’. QUARANTE-CINQUIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal aigu, de 56° 30. ET D'HISTOIRE NATURELLE, QUARANTE-SIXIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal aigu, de 49° 56. QUARANTE-SEPTIÈME MODIFICATION NON CITÉE: Dodécaèdre pyramidal aigu, de 45° 2’. QUARANTE-IHUITIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal aigu, de 44° 30”. QUARANTE-HUITIÈME MODIFICATION bis. Dodécaèdre pyramidal aigu, de 41° 13°. Paradoxal, délotique, complexe, de M. l'abbé Hauy. QUARANTE-NEUVIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal aigu, de 39° g'. CINQUANTIÈME MODIFICATION. Dodécaèdre pyramidal aigu , de 25° 25". C'est l'acutangle de M. Haüy. CINQUANTE-UNIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal très-aigu, de 14° 30’. CINQUANTE-DEUXIÈME MODIFICATION NON CITÉE: Dodécaèdre pyramidal aigu, de 18° 26’. CINQUANTE-TKOISIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal aigu, de 16° 35°. CINQUANTE-QUATRIÈME MODIFICATION NON CITÉEe Dodécaèdre pyramidal très-aigu, de 14° 4. CINQUANTE-CINQUIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Dodécaèdre pyramidal aigu, de 34 12. Gga 29x 232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIZ MODIFICATION PRISMATIQUE DODÉCAËDRE. CINQUANTE-SIXIÈME MODIFICATION NON CITÉE. Prisme dodécaèdre fait aux angles saillans de la base. L'auteur cite encore trois autres modifications de la chaux carbonatée ; d'après M. l'abbé Haüy , le numérique , le trihexaëèdre, le rétrograde; ce qui fait en tout 59 modi- fications principales de cette substance, dont les variétés sont de 616. Il existe donc, dit-il, dans ce moment, de connues dans la chaux carbonatée, 59 modifications , c’est-à-dire 59 recu- lemens différens des LAMESs de la cristallisation par rangées de molécules soit aux bords, soit aux angles du rhomboïde primitif, CHAUX CARBONATÉE, DEUXIÈME ESPÈCE DE FAMILLE. CHAUX CARBONATÉE À CASSURE VITRENSE. ARRAGONITE. Ærragonite, Werner et Hauy. Chaux carbonalée dure. Toloïte, Esmark. Stungelkalk, Schumacher. Cristal primitif. Prisme tétraëdre rhomboïdal dontles plans se rencontrent entre eux sous deux angles de 117° 2’, et sous deux angles de 62° 58’. Les faces terminales ou bases de ce prisme sont des plans rhombes dont les angles ont pour mesure celles qui viennent d’étre données pour la rencontre des plans du prisme entre eux. La grande dia- gonale de ces plans est à la petite, dans le rapport de 8 à 4.9. Molécule intégrante. Rien jusqu'ici n'a pu me conduire à la détermination de la forme de la molécule intégrante de cette substance. Cassure. L’arragonite se clive, quoique avec beaucoup de difficukté, parallèlement aux plans d'un prisme tétraèdre rhomboïdal droit, son cnisraz Pnimirir (M. Hauy suppose que la forme primitive de l’arragonite est un octaèdre, dans son dernier Ouvrage, Tableau comparatif, page 130 lig. 9). Mais on ne peut en aucune manière parvenir à cliver celte ET D'HISTOIRE NATURELLE, 233 substance parallélement aux faces terminales de ce même prisme. Sa cassure est inégale et vitreuse: dans les cristaux, dans lesquels la cristallisation a éprouvé quelque gêne, on parvient quelquefois à distinguer une texture lamelleuse sur les côtés de leurs prismes. Pesanteur spécifique, 29,20. Dureté. L'arragonite raye avec facilité la chaux fluatée; quelquefois elle raye même le verre. Réfraction double. Haüy. Electricité par le frottement. Aucune. Analyse. Chaux 56, acide carbonique 44, comme dans la chaux carbonatée ordinaire; mais l’auteur présume que l'introduction d'un troisième principe qui nous est encore inconnu, occasionne la grande différence qui existe entre ces deux substances. L'arragonite présente différentes formes. L'auteur en décrit neuf modifications. De la Nomenclature. € Il Faut, dans l'état actuel de la Minéralogie, dit l’auteur, tome I, page 137. se pénétrer intimement d'une idée que je crois aussi fortement appuyée sur la justice que sur la raison , qui est, que le nom donné à une substance par la première personne qui l'a observée et l’a fait connoitre, est pour elle zne propriété que nulle autre n'a le droit de lui ôter, à moins que ce nom n'eüt déjà été donné à une autre substance, ou ne portät sur des propriétés communes à plusieurs, ou enfin sur des propriétés fausses qui seroient dans le cas d'induire en erreur. Peu d'époques ont plus été dans le cas de mériter des reproches à cet égard , que’eelle actuelle. La plus grande partie des noms anciens, sous lesquels les substances minérales étoient connues, ont été remplacés -par d'autres, et cela sans raisons suffisantes , et sans qu'aucune méthode ait dirigé la marche de la nou- velle nomenclature par laquelle on les remplacçoit. Il en est résulté, et il en résultera bien davantage par la suite, des discussions interminables sur la véritable nature de la subs- tance à laquelle tel ou tel auteur a donné tel ou tel nom. Il en résulte aussi le grand désavantage pour nos neveux et pour nous , de rendre par l'oubli des anciens noms, les travaux de nos ancêtres inutiles pour nous , et tous les jours 254 JOURNAL DE PMYSIQUE, DE CHIMIE; nous nous appercevons qu'il y auroit de notre part um amour« propre déplacé , de croire qu'aucune de leurs observations ne puisse nous être utile. » Un auteur s'étant une fois permis ce changement dans la nomenclature, et cela sans aucun but d'utilité parfaitement démontrée, IL EST $I SÉDUISANT DÊTRE LE CRÉATEUR DE QUELQUE CHOSE, Que Ceux qui viennent ensuite, ayant es- sentiellement le même droit, imitent son exemple. Si l'on ajoute à l'immensité des noms différens que cette cause nous a déjà donnés pour les memes substances, ceux qui ont été donnés en outre à différentes de leurs simples variétés , par suite du degré de confiance trop absolue portée à des caractères indéterminés , légers , variables et nulle- ment essentiels à la nature de la substance, on verra dans quelle HORRIBLE CONFUSION nous sommes menacés de nous trouver un jour. L'espèce de minéral connu autrefois sous le nom de schorl vert, va nous servir d'exemple à ce sujet. Cette substance a d'abord été nommée tAallite par M. Dela- métherie, et ensuite épidote par M. l'abbé Hauüy. Suivant les différentes variétés qu'elle présente, elle a aussi été nommée delphinite et schorl aigue-marine par Saussure, akanticone par d'Andrada, pistacite par M. Werner, korza par M. Karsten, glassartiger stralhsteïn par les Allemands, lassy actinolite par M. Kirwan, et arandalite par les Suédois. Voilà done , si je n'en ai oublié aucun, onze noms dif- férens donnés à une seule substance. Combien devient con- sidérable par là la place que les simples synonimies doivent nécessairement occuper dans un Traité de Minéralogie. » La thallite me servira de même à placer ici une ob- servation qui fera sentir, en outre de l'inconvénient du changement de nom dans les substances , le peu de justice qui a présidé à ce changement, par l'émperfection méme des noms par lesquels la plupart des anciennes dénomi- nations ont été remplacées (1). Du moment où on a com- (i) C’est ce qu'il est facile de prouver, L’andréolite est appelée harmotome , c’est-à-dire qui se divise sur les jointures. Le cyanite a été appelé disthène, c'est-à-dire qui a deux forces. Qu'est-ce ui indique ces deux forces? : L'émeraudine a été appelée dioptase, c’est-à-dire vistble du travers. ET D'HISTOIRE NATURELLSE, 255 mencé à s’appercevoir que sows le nom de scor/ étoient comprises un grand nombre de substances de nature essen- tiellement différente; le schorl vert a été une des premières u'on en ait séparées : et, autant que ma mémoire peut me ournir , cette séparation a été sous le nom du shallite, faite pour la première fois par M. Delamétherie (1). On a reproché à ce nom tiré du grec, et dont l'étymologie est /eurllage vert, de porter sur une couleur qui n'étoit pas constante, puisqu'on trouvoit des thallites jaunes et des thallites grises (2), et on l'a remplacé par un autre aussi dérivé du grec épidote , dont l’étymologie est qui a reçu un accroissement; mais l'expression du premier de ces deux noms peut être plus convenablement adoptée à la substance que l'on a dessein L’oisanite a été appelé anatase, c’est-à-dire étendue en hauteur , sans doute parce qu’il cristallise en octaëdre alongé ; mais le soufre et d’autres substances forment des octaèdres aussi alongés. L’yanolite a été appelé axinite , c’est-à-dire corps aminci en forme de tranchant de hache, Le leucite estappelé amphygène, c’est-à-dire qué a une double origine, am phygène signifie de deux natures. La Minéralogie ni la Physique ne con- noissent point de substances de deux natures. C’est un terme que la Théologie chrétienne à consacré à rÉsus. Il ne doit pas être employé à d’autres usages. La ceylanite a été appelée pléonaste , c’est-à-dire qui surabonde. La vésuvienne est appelée idocrase , c’est-à-dire figure mixte. La figure de cette substance est aussi prononcée que celle d’aucune autre; elle se présente toujours bien cristallisée. L’hornblende est appelée amphibole, c’est-à-dire équivoque , ambigu. Cer- tainement cette pierre n’est pas plus équivoque ou ambigué qu’une autre. L’augite est appelé pyroxène, c’est-à-dire hôte ou étranger au domaine du feu. Cette étymologie est singulière. La mine defer de l’île d'Elbeest appeléeoligiste , c’est-à-dire-peu abondant en métal , et c’est une des plus riches mines de fer que nons connoissions. Il seroit inutile de multiplier les exemples. ss. nn nn sn ss nn sn ss mem sn ee ss (Note de J.-C. Delameétherie.) (1) C’est moi qui, le premier, ai dit que les substances connues sous le nom général de schorl, constituoient plusieurs espèces minérales distinctes, et en conséquence je leur donnai à chacune un nom particulier (Théorie de la Terre, tome I[, page 316 et suiv.) (Note de J.-C. Delamétherie.) @) Il y a des roses blanches, des roses jaunes, des roses ponceau; il ÿ & des lilas blancs... La couleur rose , la couleur lilas:... n’ont-elles: pas toujours la même acception dans.le langage ordinaire ? (NotedeJ;,=C, Delamétherie.) 236 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de désigner par elle, que celle du second. La couleur do- minante de la thallite est verte; celle jaune même, sous laquelle on la trouve, est verdâtre , et celle grise, ést fort rare. D'ailleurs il n'est pas un minéralogiste qui ne sache aujourd'hui que la couleur est un caractère très-variable dans les pierres, et que si le mot grec tallite lui présente, au moment où il le prononce, l'idée de la couleur verte, il ne rapporte à l’instant cette expression à la simple couleur dominante dans cette substance. Cenom thallite étoit, d'après mon opinion, une propriété pour l'auteur, et comme il ne présentoit rien qui püt induire en erreur, cette propriété ae pouvort pas lui étre enlevée. » » Le nom d'éprdote , par lequel celui de tAallite a été remplacé, et dont l'étymologie (qui a recu un accroissement) porte sur ce que la forme à laquelle conduit son clivage apparent, est, d'après l'observation de M. l’abbé Hauy, un prisme tétraëdre rhomboïdal, dont les bases sont non des rhombes, ainsi que cela est le plus ordinaire dans les prismes droits, mais des parallélogrames rhomboïdaux, ayant deux de leurs côtés opposés plus grands que les deux autres , est-il aussi exempt du reproche de pouvoir induire en erreur ? c'est ce que nous allons examiner. Nous obser- verons d’abord , que tout cristal étant un accroissement soit de sa molécule intégrante, soit de son cristal primitif, la distinction indiquée ne peut porter que sur l’un ou l’autre de ces accroissemens; mais dans le cas où elle reposeroit sur un fait commun à tous les cristaux , ou elle indiqueroit que la molécule ou le cristai primitif de la substance , après avoir été formé, et avant de servir de base à la formation d'aucun des autres cristaux , auroit reçu un accroissement qui en auroit altéré les dimensions, ce qui seroit bien certainement une idée fausse. En second lieu, ce nom étant une expression caractéristique, il sembleroit , d'après cela , que le caractère qu’il a dessein d'exprimer , ne devroit se rencontrer que dans la seule substance qu’il sert à désigner, et ne se montrer dans aucune autre : car alors il pourroit convenir aussi parfaitement à la dernière, et ne seroit plus qu’un adjectif de qualité et non un nom propre. Or c'est précisément ce qui arrive à l'égard de cette substance, plusieurs autres étant dans le même cas , ainsi que M. l’abbé Hauyl’a reconnu à l’égard dela chaux sulfatée et del'axinite. » Ces réflexions deM. de Bournon sont parfaitement exactes. On ET D'HISTOIRS NATURELLE, 237 On doit respecter un nom qui est généralement adopté, excepté dans les cas dont il a parlé; et la plupart des nouveaux noms inventés par M. l'abbé Hauy, sans autre motif que celui de faire dire: om inventé par M. l'abbé Haüy, sont mauvais, ainsi qu’on vient de le voir. « Sous le nom de srémolite, continue M. de Bournon, le minéralogiste se représentoit une substance dont il con- noissoit les caractères et l'aspect, et dont l’étymologie du nom indique que celle observée et nommée pour la première fois, avoit été trouvée au mont Saint-Gothard dans la vallée de Tremola. Ce nom a été changé en celui de grammatite, qui veut dire marqué d'une ligne, parce que quelques-uns des cristaux de cette substance présentent soit sur leurs faces rhombes terminales; soit sur leurs cassures qui les représentent , une ligne transversale. Ce fait est vrai sur quelques-uns de ces cristaux; mais il s'en faut de beaucoup qu'il se laisse appercevoir sur tous. Cette dénomination porte donc sur un caractère accidentel. Si on vouloit s’en tenir à ces caractères, on seroit obligé d'exclure des trémolites le plus grand nombrede ces cristaux (1)... Les dénominations établies sur Ja couleur, rappellent celle la plus habituelle que montre la substance. C'est ainsi que dans la thallite la presque-totalité des morceaux qui lui appartiennent sont verts, qu'ils sont bleus dans la cyanite, blancs dans la leu- cite, etc., etc. ; celles tirées des localités rappellent com- munément les endroits d'où sont sortis les premiers morceaux de la substance, lorsqu'elle a été observée pour la première fois ; celles enfin établies sur des noms propres d'hommes, donnent à l'auteur l’occasion de consacrer par là son amitié, son estime, ou sa reconnoissance: mais, ainsi que je l'ai dit, il faut user de cette nomenclature sobrement. » (à) Mais, dit M. l'abbé Haüy, je veux exclure les noms qui indiquent les localités. Je lui demanderai pourquoi a-t-il conservé les noms de stron- tiane , d’arragonite , de pinite...? La véritable raison , c’est qu’il veut qu’on dise : M. l'abbé Haüy a changé la nomenclature de la Minéralogie, I reconnoît lui-même que la plupart de ses noms ne Valent rien; car, quand on le presse un peu, il répond : £h bien, supposez que mon étymologie ne soit pas bonne , mais admettez mon nom comme iNSIGNIFIANT. Mais pourquoi changer le nom ancien , lui répond-on? regardez-le aussi comme insignifiant. Mais la raison tacite est pour qu’on dise; c'est M. l'abbé Haüy qui a inventé ce nom. Tome LXXI, SEPTEMBRE an 1810. Hh 238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'auteur blâme encore, et avec raison, la manie que l'on a de vouloir réunir en une seule espèce plusieurs subs- tances minérales qui font des espèces très-distinctes, telles ue l’augite (qu'on veut appeler pyroxène), la cocolite, la sahlite, l'alaliteet la mussite : l’hornblende et la tremolite …. : c'est encore pour que l'on dise : c'est M. l'abbé Haüy qui a fait cette réunion, Il se fonde sur gsque rapports qu'il trouve dans la cristallisation ; mais l’or, l'argent, le cuivre affectent la même cristallisation. En fera-t-il une seule espèce? N'est-ce pas augmenter cette HORRIBLE CONFUSION dont nous parle l'auteur? et qui améneroit la décadence de la science , si les savans étrangers , auxquels se réunissent quelques Français amis de la vérité, n'y opposoient un obstacle. De la Molécule intégrante. Nous venons de voir que l’auteur ne regarde point la molécule intégrante de la chaux carbonatée, comme un rhomboïde égal au cristal primitif. Il pense que cette mo- lécule est wn prisme trièdre à bases inclinées. = Il pense également, que la molécule intégrante de la galène ou plomb sulfuré, est un tétraèdre et non point un cube, tome II, page 396. « De toutes les substances, dit-il, qui ont été reconnues pour avoir le cube pour cristal primitif , il n’en existe certainement aucune dans laquelle cette forme soit considérée avec plus de confiance, comme étant en même temps celle de sa 7r70lécule inté- grante, que le plomb sulfuré ou galène. Certe forme est cependant totalement étrangère à celle de cette molécule. La démonstration de cette intéressante vérité m'a été offerte à différentes fois, par des morceaux de galène dans lesquels leurs fragmens cubiques sont fortement striés suivant les directions de toutes les diagonales de leurs plans. Ces frag- mens se cassent parallèlement à ces mêmes diagonales, quoiqu'avec une difficulté considérable. La cassure a le même éclat et le même poli que celle faite dans le sens des plans du cube. Le cube, cristal primitif du plomb sulfuré, a donc des joints naturels dont la direction est celle des diagonales de ses plans, et les sections qui pas- seroient par ces joints, la partageroient en vingt-quatre : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 239 tétraëdres égaux et semblables , qui indiqueroient, je pense, la forme de ses molécules intégrantes. » On voit done, ajoute-t-il (page 596, tome Il), qu'il nous reste encore beaucoup de choses à acquérir en Cris- tallographie , et que même /es véritables formes des molé- cules intégrantes sont encore à déterminer dans le plus grand nombre des substances minérales: je ne crois pas qu'auune des molécules intésrantes de ces substances ap- Pparlienne soit au RHEMBOÏDE, s0/4 à l'OCTAËÈDRE, soif même Gu CUBE (1); j'ai beaucoup de raisons de penser que la forme de ces molécules, bornée par le moins de lignes pos- sible , appartient soit au prisme , soit à la pyramide trièdre, et que cette forme ne varie que par le nombre immense des rapports diftérens qui peuvent exister entre les angles et les côtés de ce prisme, Peut-être même une observation plus directement dirigée vers cet objet, viendra-t-elle nous apprendre un jour que cette forme n'est qu'une, celle de la pyramide trièdre. Je le soupçonne fortement. » Il y a long-temps que j'ai exprimé la méme opinion (Manuel du Minéralogiste imprimé en 1792, tome in page 547). « Je pense, disois-je, que les cristaux des minéraux sont composés de lames (2), c'est-à-dire de solides dont l'épaisseur est peu considérable relativement à leur longueur et à leur largeur. Ces lames me paroissent pouvoir se réduire à trois formes principales qui donnent tous les solides possibles. La lame triangulaire. La lame rectangulaire. La lame rhomboïdale, ou obliquangulaire. Mais chaque lame rectangulaire, ou obliquangulaire peut être composée de deux ou quatre lames triangulaires, en les divisant suivant une , ou suivantles deux diagonales , ensorte 2? (1) Des-lors tous les calculs faits en Cristallographie sur la supposition de molécules rhomboïdales, octaèdres, cubiques..., ne peuvent donner les lois de la nature, mais seulement des résultats hypothétiques. ( Note de J.-C. Delamétherie.) (2) C'est la manière de s'exprimer du plus grand nombre des minéralogistes , qui regardent les cristaux comme formés de lames. C’est également celle de M. de Bournon. Il distingue la chaux carbonatée à cassure lamellcuse. I] dit ailleurs : Les différentes lames de la cristallisation, Hk 2 240: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'en dernière analyse toutes les lames pourrotent se rap- porter à la triangulaire. Ces lames triangulaires superposées formeront un prisme trièdre, si elles ont toutes les mêmes longueur et largeur. Mais si cette longueur et largeur diminuent et font une retraite, ces molécules triangulaires feront une pyramide trièdre. L'opinion opposée a été soutenue par une puissante cabale, qui cherche moins la vérité, quà plaire à un maitre, dont le but unique paroit être de satisfaire son amour- propre. 27 est si séduisant d'étre créateur de quelque chose , dit Bournon, et lorsquon a commencé il n'y a plus de limites.... Je vais en citer un exemple bien frappant. Bon- voisin avoit nommé a/alrte, mussite , de nouveaux minéraux qu’il avoit observés dans les vallées d'Æ4/a, de Mussa. M. l'abbé Haüy , à son ordinaire , changea aussitôt ces noms, et donna à ces substances, dont il ne fit qu’une seule espèce, le nom de diopside qui signifie double aspect (Journal des Mines, tome XX, page 72): je réclamai contre cette réunion et contre ce nom. On neut pas honte de me répondre: mais tout le monde admet l'un et l'autre. Comment cela est-il possible, répliqué-je, puisqu'il n'y a pas huit jours qu'on l’a proposé? c’est qu’on partoit du principe de Pythagore: LE MAITRE L'A Dit. M. l'abbé Haüy l'avoit proposé : tout le monde devoit donc l’adopter. Je croyois, répondois-je , que Descartes avoit détruit pour tous les amis dela vérité, ce faux principe, qui avoit eu de si tristes résultats, en faisant adopter aveuglément la doctrine d’Aristote , dont les partisans disoient également: /e maître l'a dit. Les sciences ne se relevèrent que lorsque Descartes eût rendu à la raison tous ses droits. Veut-on nous ramener à l’époque où la science étoit avant Descartes? Espérons que les savans étrangers, auxquels se réuniront quelques Français amis de la vérité, s'y opposeront. Nous venons d'en avoir un autre exemple bien remar- quable au sujet des prétendus Lydrures des alkalis. On les a admis en France , et on les a rejetés avecla même légéreté, sur la foi des maîtres , sans aucun examen des raisons pour ou contre une de ces deux opinions. Les maîtres l'ont dit, cela suffit. On se permettoit même des propos trèés-déplacés contre les travaux de Davy. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 41 Que faire contre des coalitions semblables qui opposent toutes sortes d'obstacles aux amis de la vérité...? Il faut tout attendre du temps et des savans étrangers, pour faire triompher cette vérité : aussi avons-nous vu que c’est princi- palement aux étrangers que les sciences doivent leurs progrès. L'extrait que nous venons de donner de l’Ouvrage de M. de Bournon, fait voir combien il doit intéresser les amis de la vérité; mais que la coalition dont je viens de parler ne manquera pas de le décrier , même sans l'avoir lu. DESCRIPTION ANATOMIQUE DU SQUALUS MAXIMUS DE LINNÉE, Qui, par la forme de son estomac, établit un passage entre les Poissons Cartilagineux et les Céracées. Lue à la Société Royale de Londres, le 11 mai 1809; Par M. E. HOME. EXTRAIT par H. DE BLAINVILLE , D.-M. P. Professeur d'Anatomie. Le poisson d'après lequel la Description suivante a été faite, fut pris la nuit du 13 novembre 1808, embarrassé dans des filets à pêcher le hareng à mi-canal au large de la côte de Hastings : amené à terre le lendemain, il fut dessiné et disséqué sur les lieux par M. Chift, conservateur du Museum Huntérien , qu'y envoya M. Home, et il apporta à Londres les pièces qui font le principal sujet de cette Notice. C'étoit un mâle de 3o pieds 6 pouces de long depuis l'extrémité du museau jusqu’à la terminaison de la queue, 242 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE et d'environ 9 pieds depuis le sommet de la premiére na= geoire dorsale jusqu'à la ligne moyenne du ventre. La peau en général épaisse et très-forte, étoit d'un bleu sale, ou d'ardoise claire en dessus, rude, comme une lime neuve quand on passoit la main de la queue à la tête, et douce comme du satin (satined) quand on le faisoit dans une direction contraire. Sous le ventre elle étoit d'un blanc sale. La bouche avoit environ 6 pieds d'un angle à l'autre de l'ouverture : il y avoit 6 rangées de dents vers le milieu de chaque côté de l'une et l'autre machoire; mais dans les autres endroits elles étoient beaucoup moins nombreuses ; toutes étoient petites , rondes, coniques, très pointues et dirigées en arrière. Les narines étoient ouvertes à l'extrémité de la lèvre su- périeure. Les yeux très-petits offroient une pupille parfaitement ronde. Versle milieu de l'espace qui sépare les yeux de la première ouverture branchiale étoit de chaque côté, l'orifice d'un canal qui communique avec la bouche (les évents). Les ouvertures branchiales étoient au nombre de cinq de chaque côté. Les nageoires pectorales étoient placées dans le milieu de l'espace qui sépare les nageoires pectorales des nageoires anales (ventrales ). La nageoire dorsale postérieure étoit petite et située dans le milieu de l'espace compris entre la nageoire anale et l'origine de la queue. Les nageoires anales ( ventrales ) étoient attachées par leur côté supérieur et s’étendoient , dans la moitié environ de leur longueur, au bord inférieur d'un long corps particulier et propre au mâle. Toutes les nageoires avoient leur bord antérieur arrondi et épais, et elles diminuoient graduellement d'épaisseur jusqu'à leur bord postérieur qui étoit dentelé en quelques endroits. Les organes extérieurs du mâle, auxquels M. Home donne le nom de crampons (hold) à cause de l’usage qu'on les suppose peut-être de retenir les fémelles dans le moment ET D'HISTOIRE NATURELLE. 243 de la copulation, formoient , comme à l'ordinaire , deux corps alongés situés de chaque côté de l'anus ; ils étoient arrondis à leur surface inférieure, recouverts d’une peau extrêmement mince et lisse; à la supérieure, ils étoient luisans comme de la soie, et l'on y remarquoit un sillon profond dans lequel étoit contenu un appendice osseux, robuste, aplati et tranchant, de 6 pouces de long, susceptible de se mouvoir au moyen d'une articulation, et débordantla peau d'un pouce et demie comme une espèce d'éperon. A la racine de la queue se trouvoit un sillon profond, que M. Home compare à celui qui résulteroit de l'action d'une corde fortement serrée autourdecette partie leneffet,cemoyen pouyoit avoir été employé pour hisser à bord ou pour amener à terre un si volumineux animal] (1): et de chaque côté étoit une carène rugueuse prolongée depuis le sillon jusqu’en arrière de la seconde nageoire dorsale. La queue , que l'on peut regarder comme commençant en arrière du sillon, étoit verticale : son lobe supérieur étoit très-long et très-étroit, et son bord postérieur étoit dentelé, comme si, ajoute M. Home, il avoit été ancien- nement rongé par de petits poissons. Quant aux proportions des parties entre elles , M. Home renvoie, avec raison, à la figure qui paroit avoir été faite avec soin. M. Home entre ensuite dans des détails anatomiques fort intéressans , mais dont la plupart étant déjà connus peuvent être passés sous silence ; nous allons cependant en noter les plus remarquables. Le squelette ne peut étre regardé comme ossifié, le crâne, la mâchoire supérieure et inférieure , les vertèbres sont les parties qui contiennent davantage de matière osseuse. Le crâne , et par conséquent le cerveau , est très-petit et proportionnellement davantage que dans les autres poissons, . QG) Ou plutôt; car il seroit difficile de penser que M. Chift n’eût pas dis- unguë si ce sillon provenoit d’une cause mécanique , qui d’ailleurs auroit agi dans toute la circonférence de la queue, ce que n’indique nullement la fieure, ou plutôt, dis-je, est-ce une fossette analogue à celle que l’on remarque à la base de la queue du sg. glaucus de Linnée , et de plusieurs espèces con- fondues sous le nom de cacherias. 244 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et par conséquent infiniment moindre que dans la famille des cétacées, La cavité conique dontchaque vertèbreest creusée en avant et en arrière, étoit assez grande pour contenir trois pintes de liquide. Toutes les vertèbres étoient réunies entre elles au moyen d’un fort ligament élastique qui règne depuis la tête jusqu'à la queue, et dont M. Home se réserve de traiter dans un Mémoire ad hoc. Il trouve dans la cein- ture cartilagineuse antérieure les analogues du sternum et de l'omoplate des quadrupèdes. La demi-ceinture cartilägineuse postérieure lui offre éga- lement un bassin imparfaitement formé. Les pièces de l'organe extérieur des mäles ou crampons correspondent en nombre et pour l'apparence générale, au fémur, au tibia et à 5 des orteils. Le cœur , dans un si volumineux animal, n'étoit pas plus gros que celui d'un jeune bœuf. Outre les 3 valvules qui se trouvent à l'orifice de l'artère pulmonaire, on trouve auprès, et à une courte distance l'une de l’autre, trois groupes composés chacun de trois valvules attachées par des cordes tendineuses aux parois de l'artère. L'œsophage d'un pied de long , étoit garni dans toute sa longueur de papilles coniques, d'autant plus saillantes dans l’intérieur, qu'elles se rapprochoient davantage de l'estomac. L'estomac fut trouvé rempli de plusieurs seaux de petits cailloux, d'une grande quantité de mucus et d'une petite portion de substance. Outre les portions pylorique et car- diaque comme dans les autres squales, il y avoit une cavité globuleuse , communicant avec la portion pylorique par une très-petite ouverture, et par une autre située du même côté avec le canal intestinal; et c’est dela présence de ce second estomac que M. Home tire sa comparaison avec les cétacées qui ont un estomac fort complexe , comme on le voit dans le dauphin , par exemple. Le conduit cystique s'introduisoit dans le duodénum juste- ment au-dessus de la valvule spirale , et y faisoit une saillie fort remarquable sous forme de mamelon. Après ce duodénum venoit, comme dans tous les autres squales disséqués jusqu'ici, ce que M. Home appelle zncesein valvulaïre, c'est-à-dire cette portion dans laquelle la mem- brane ET D'HISTOIRE NATURELLE. 245 brane intérieure ou muqueuse, forme non plus de simples valvules conniventes séparées comme dans l’homme; mais un repli continu en spirale, et qu’on ne sauroit mieux comparer qu'à une vis d'Archimède. Après cela venoit le rectum qui avoit deux pieds de long. En arrière du rectum étoit attaché lächement à l'épine , un sac ovale à parois fort épaisses, réticulé intérieurement, con- tenant un fluide glaireux de couleur foncée , duquel partoit un long canal étroit qui alloit s'ouvrir dans le rectum. M. Home fait observer à ce sujet, que cette espèce de vessie est commune à toute la tribu des squales, mais que ses Hsages ne sont point encore connus. La rate, le pancréas et le foie n'offroient rien de plus remarquable que ce qu'ils sont dans les autres espèces de ce genre. On tira trois muids d'huile du dernier , et commeon observa une espèce de cordon composé de deux vaisseaux hépa- tiques passant immédiatement du foie au duodenum,M. Home en conclut l'absence de la vésicule biliaire ; les vaisseaux biliaires étoient d'un calibre assez considérable pour recevoir le bras d’un homme. Les reins étendus dans toute la longueur de l'abdomen de, chaque côté de l'épine, étoient longs et étroits, les ure- tères qui régnoient le long de leur bord interne, se ter- minoient dans une cavité ovaleséparée en deux par une cloison imparfaite située dans les environs de l'anus, et regardée comme pouvant être l’analogue de la vessie urinaire. Les canaux déférens à leur partie postérieure et droite, étoient assez larges pour permettre l'introduction du bras jusqu'à l'épaule : chacun se terminoit par un petit orilice contracté dans la vessie urinaire. Celle-ci dans le mâle, s’ouvroit à l'extérieur par un appendice infundibuliforme qui constitue le pénis, suivant M. Home. De chaque côté de l'anus près de la racine du pénis , étoit une ouverture oblique communicant librement avec la cavité abdominale , au reste comme dans la grande famille des raies et des squales. Après cettedescription, dont je viens de donner une analyse assez étendue , M. Home conclut que le squalus maximus paroit, sous beaucoup de rapports, semblable aux autres Tome LXXI, SEPTEMBRE an 1810. x 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE squales, mais qu'il en diffère essentiellement par la forme de l'estomac, et que, sous ce rapport, il fait le passage entre ceux ci et les cétacées, et que probablement il se nourrit de la même espèce d’alimens que ces derniers. J'ajouterai à ce sujet l’observation de Pennant, qui a eu l’occasion d'observer un grandnombre d'individus d'une espèce de grand squale confondu sous le nom de maximus, et qui dit qu'ils se nourrissent de fucus et autres plantes marines. M. Home termine son Mémoire en faisant mention de deux autres squales d’une grande dimension, qui furent pris dans le même temps après avoir échoué sur lés côtes d'Angleterre, l’un le 5 janvier 1809, en Cornouailles, et il fut constaté par la comparaison qui en fut faite avec le dessin de celui que décrit M. Home , qu'il étoit de la même espèce : c'étoit un mâle de 51 pieds de long. L'autre fut jeté à terre le 7 octobre 1800, dans une des iles Orkeney; mais malheureusement il ne fut observé que fort tard et dans un état de putréfaction fort avancée ; cependant on fit faire des dépositions juridiques de la part des personnes qui avoient vu ce poisson; elles furent recueillies et en- voyées à M. Banks , avec. un dessin fort incorrect fait de mémoire de ce quon a vu ou cru voir à une époque où il ne restoit presque plus que la colonne vertébräle, C'est d'après les pièces que M. Home a eues dans les mains, que ce savant anatomiste a été porté à conclure que ce Poisson étoit aussi un fort grand squale. Nous nous per- mettrons, en donnant la traduction de cette partie du Mé- moire de M. Home dans le cahier suivant , d'émettre quelques doutes à ce sujet. Il resteroit à déterminer pourquoi ces grands poissons, que nous ne voyons dans nos mers qu'à la suite de saisons long temps et fortement orageuses, comme le fait observer M. Home, ont été si rarement pris et pas plus souvent que la baleine : c'est au célèbre et respectable doyen des sciences naturelles, M. Banks, président de la Société royale de Londres, que nous devons une solution très- satisfaisante de cette difficulté. La baleine ou le cétacée en général, quand il fait une longue traversée , descend dans le fond de la mer; mais il est bientôt obligé de venir à la surface pour respirer, ce qui permet aux pécheurs de ET D'HISTOIRE NATURELLE, 247 le suivre et de le harponner; mais les grands squales res- pirant l'eau comme tous les poissons, n’ont aucune occa- sion de revenir à la surface, et continuant toujours sur la même ligne , ne peuvent étre apperçus que très-rarement. On a pu voir par la Description détaillée du squale vu par M. Home, et qu'il rapporte au sq. maximus de Linnée, qu'il doit cependant en différer considérablement, puisqu'il a des évens et point de nageoires de l'anus : avant d'avoir lu son Mémoire, dont je dois la communication à la bien- yeillance dont m’honore M. le professeur Duméril, j'avois déjà quelques doutes que sous le nom de squalus maximus dentibus conicts non serratis, on confondoit plusieurs espèces réellement distinctes; je remontai à la source et je me con- firmai bientôt dans cette opinion: c’est ce qui a donné lieu à la Note ci-jointe , lue à la Société Philomatique le 25 du mois d'août dernier. | Ii2 248 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOTE SUR PLUSIEURS ESPÈCES DE SQUALE, CONFONDUES SOUS LE NOM DE SQUALUS MAXIMUS DE LINNÉE. Lue à la Société Philomatique, le 25 août 1810; Par Henry pe BLAINVILLE, D. M. P. Prof. d'Anatomie, C'rsTr un fait assez remarquable dans l’histoire de la Zoologie, que ce soient presque toujours les plus grandes ou les plus singulières espèces d'animaux dans chaque classe, que les naturalistes aient distinguées le plus tard et d'une manière moins précise de leurs congénères plus ou moins nombreux; il semble que leur imagination saisie tout-à- coup et employée toute entière pour se représenter un animal d’une masse un peu considérable, ou qui offrequelque particularité peu commune, ne puisse descendre ensuite aux détails , et oublie, pour ainsi dire, les parties qui doivent fournir les caractères spécifiques. C'est ainsi qu'avant les recherches du célèbre Camper, on ne connoissoit, ou pour parler d’une manière plus juste, on ne distinguoit qu'une seule espèce de rhinocéros : il en étoit de même de l’éléphant et surtout du crocodile, avant que la savante critique de MM. les professeurs Schneider et Cuvier, éclairée par les principes solides de l'anatomie comparée, n'eût prouvé que dans ce dernier genre , auquel on ne rapportoit que trois espèces, il en existoit cependant au moins douze bien distinctes. Il est assez facile de trouver la raison de ce fait singulier, du moins pour les voyageurs, naturalistes ou non ; en effet, la facilité qu'ils éprouvent à la première vue, de déterminer % ET D'HISTOIRE NATURELLE, 249 le nom d’un grand animal, au moyen de la taille ou de quelque caractère tranché qui le sépare de tous les autres, le peu de temps qu'ils le voient le plus ordinairement, le défaut souvent absolu d'objets de comparaison, et quelquefois de connoissances positives , tout semble les excuser de ne pas descendre à étudier scrupuleusement chaque caractère extérieur, et à rapporter vaguement à une espèce connue, l'animal qu'ils ont maintenant sous les yeux; mais pour les naturalistes, proprement dits et sédentaires, qui ont bien tout le temps et même le plus souvent les ressources nécessaires pour faire leurs recherches; la difficulté de trouver réunis dans les collections, les animaux de grande taille , et le défaut de descriptions bien complètes des voyageurs, ne sont peut-être pas les seules ni les principales causes de la confusion de plusieurs espèces réellement distinctes sous un même nom; et l’on pourroit y ajouter, ce me semble, celle provenant de ce que l'on se contente le plus ordi- nairement pour distinguer un animal d'un autre plus ow moins voisin, de la phrase linnéenne, sans faire attention que cette phrase n'est exclusivement caractéristique d'une espèce, que parmi celles alors connues , qu'elle ne l’est par conséquent que d'une manière relative , et que pour qu'elle le fût définitivement , il faudroit que tous les animaux existans fussent connus ; mais alors la phrase seroit si longue que ce seroit une véritable description. C’est même, pour le dire en passant , ce qui, dans les éditions subséquentes du Systema Naturæ, nécessitera , non seulement de donner des phrases distinctes des espèces nouvelles, mais même de changer les ‘anciennes. Zinnée paroît avoir senti l'abus qui urroit résulter d'un emploi trop strict de son système, et ila tâché d'y remédier, en ajoutant pour chaque espèce, une description plus ou moins abrégée; mais soit que quel- quefois elle soit incomplète, soit paresse de la part des na- turalistes et défaut de principes de philosophie zoologique, il est arrivé assez fréquemment, que pour déterminer si une espèce d'animal que l’on avoit sous les yeux étoit nouvelle, on s'est contenté de la comparer avec les espèces inscrites, et si l'on a trouvé qu'elle avoit les caractères systématiques de l’une d'elles, on en a conclu qu’elle devoit lui être rapportée, quoique cependant elle en füt réellement dis- tincte. C'est ce dont nous aurions plusieurs exemples à citer dans l'histoire des raies à laquelle je travaille avec M. Prevost, 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et ce qui sera, je crois, prouvé dans cétte Note sur les espèces de squales , confondues sous le nom de squalus maximus de Linnée, c'est-à-dire de sg. pinna anal, nullo foramine Lemporum , dentibus conicis non Serratis, ‘ La plupart des anciens auteurs qui ont parlé d'une ma- nière plus où moins directe d'Histoire naturelle, entraînés, à ce qu'il paroïit, par les opinions populaires encore exis- tantes de nos jours, confondirent toutes les grandes espèces de squales, ou chiens de mér jet de poistons en général avec les cétacées, le volume servant , jusqu’à un certain point, de caractère de famille, comme le séjour en avoit servi pour les classes; ainsi nous voyons les auteurs des livres juifs et de la Mythologie grecque , donner le nom de celte à un animal qu'ils supposent avoir avalé et conservé pendant 3 jours dans son estomac , l’un de leurs prophètes où de leurs héros, et qui ne pouvoit être, .suivant l'opinion de la plupart des modernes, fondées sur l'observation anato- mique , qu'une epèce de grand squale et non pas une baleine. Oppien et AËlien qui sans doute ont suivi quelqu'auteur plus ancien, divisent la famille des chiens de mer (galei) en trois genres , dont le premier contenant les plus grandes espèces , est rangé parmi les cete, et habite la haute mer; . Dioscoride, Galien, Athénée, Paul d’Egine, Varron em- ploient de même le nom de cete pour désigner les poissons qui parviennent à de très-grandes dimensions, comme l'es- turgeon, le thon, le xiphias et surtout les chiens de mer; et cependant déjà les anatomistes qui ne se bornent pas aux simples apparences, avoient séparé les cétacées de tous les chiens de mer; ainsi Aristote restreint le nom de cete aux animaux marins vivipares, quoiqu'on ne sait pas trop pourquoi il y place la tortue. L'auteur anonyme du Traité sur la Respiration, inséré parmi les Œuvres de Galien ; les distingue d’une manière encore plus nette, et depuis la renaissance des Lettres , tous les naturalistes éclairés par une meilleure anatomie, sont d'accord pour donner exclusivement le nom de ccte, cétacée, aux animaux marins pisciformes respirans par des poumons et vivipares, et de ga/ei ou de chiens de mer à de vrais poissons cartilagineux arrondis, que depuis Ærledi on nonrme squales. Malgré cette presqu'unanimité des anciens auteurs à con- fondre les grands chiens de mer parmi les cete, il ne paroit ET D'HISTOIRE NATURELLE, 251 pas cependant qu'ils conmussent les très-grandes espèces reléguées dans les mers du Nord, et que nous croyons con- . fondues aujourd'hui sous le nom de sqyualus maximus de Linnée, Le plus grand dont ils eurent connoissance , fut, à ce qu'il paroiît, le /amia qui probablement est une des espèces maintenant confondues sous le nom de requin ou de sg. cacharias de Linnée. Les premiers auteurs qui dans les temps modernes s'occupèrent d'Icthyologie et même d'Histoire naturelle en général, comme £elon, Rondelet, S'alviant, Aldovrande, Fab-Columna, furent méridionaux et observèrent les poissons de la mer Méditerranée seulement à peu près comme les anciens, etne purent, en général, connoître que les mêmes animaux appartenanñs au g. squale: aussi ne trouvons-nous rien dans leurs écrits sur le sg. maxim. Cependant Belon, en parlant du cacharias, dit que parmi les Norwégiens, il y en ade si grands, qu’on les nomme Perkfish ou poissons-montagne , et il est probable qu'il est ici question d'un sq. très-grand. Quoi qu'il en soit, les sciences naturelles se dirigeant du midi au nord, furent: bientôt cultivées avec beaucoup de succès en Angleterre, par les Willughby, Ray, Charleton, Caius ,etc.; et cepen- dant ils n'eurent pas l’occasion de faire connoître d'espèces nouvelles dans le g. Squale, et surtout dans la division -Qui nous occupe. Vers le milieu du 18° siècle parut le plus célèbre des icthyologistes systématiques, P._Artedi, il compulsa avec plus ou moins de sagacité tous les auteurs qui se sont oc- cupés de poissons, et surtout #7%/lughby qui l’avoit fait lui- même et quil semble suivre presqu'exclusivement; et d'après leurs descriptions il donna , pour chaque espèce , une phrase qu'il crut caractéristique ou exclusive, quoiqu’elle ne le soit souvent pas, même pour les espèces connues de sou temps. Lesqualus maximus n'étant pasencore décrit, quoique déjà quelques auteurs du nord en eussent probablement parlé, il ne se trouve point inséré dans son Ouvrage. Linnée dans les 9 premières éditions de son Systema Naturæ , ne fit pour ainsi dire, quant aux espèces de pois- sons, que copier l'Ouvrage de son ami, dont il avoit été l'éditeur, et il ne changea d'abord rien autre chose, si ce nest qu'au numéro employé par Artèdi, pour désigner les espèces , il substitua un nom spécifique, et cependant, d'après 252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la juste observation de M. Duméril, par une sorte d'in- justice remarquable, la vaste renommée de Linnée a pour ainsi dire étouffé le nom d’Artèdi qui souvent n’est pas cité ou ne l'est qu'en seconde ligne. Quoi qu'il en soit , ce dernier n'ayant pas connu le squalus maximus, Linnée ne put l'inserire dans son vaste catalogue. Ce fut dans l'intervalle de la 11° à la 12° édition du Systema naturæ, que Gunner fit connoiître, pour la pre- mière fois et d'une manière positive , une très-grande espèce de chien de mer commun dans les mers de Norwège , sous le nom de squalus maximus, il en donna une description assez complète en langue danoïse et une figure passable dans les Mémoires de l'Académie de Drontheim. C'est d'après cette description que L'innéeintroduisit cette espèce de squale dans la 12€ édition de son Systema naturæ, en lui donnant pour phrase caractéristique , sg. cum pinna anali, foramine nullo temporum, dentibus conteis non serratis, pinna dorsali anteriore majore. De ces quatre caractères, le premier est bon, le second est douteux, car dans la traduction que ‘Walbaumes donne de Gunner à l’article du squalusrmaximus, il dit qu'il ya de très-petits évens ; le troisième est le seul auquel on a fait depuis attention, et le quatrième se re- trouvant dans presque toutes les espèces de squales, ap- partenant aux galei, ne devoit pas étre donné comme caractéristique. Othon Fabricius, élève de Zinnée , paroît avoir également vu une espèce de squale très-grand et dans la faune du Groënland ; il le caractérise par la phrase du Systema na- turæ , sq. dentibus conïicis, non serratis, p'nna dorsali an- teriore maÿjore, et renvoie à la description de Gunner et à sa figure quil dit être assez bonne, d'où nous pouvons inférer que c’est la même espèce qu'il a observée. Pennaut est le troisième naturaliste, du moins à ma connoissance, qui ait vu et décrit le squalus maximus ; car je ne puis compter Pontoppidan , Strôm qui parlent bien de ces grandes espèces de squales que l’on rencontre dans les mers du nord, mais dont les descriptions sont tout- à-fait nulles , ou tellement incomplètes, qu'il est impossible d'en faire aucun usage; mais le zoologiste anglais eut l'oc- casion de voir un assez grand nombre d'individus mâles et femelles de cette espèce. La description qu'il en donna dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 253 dans la Zoologie britannique , quoiqu’assez incomplète, suffit cependant avec la figure asssez mauvaise qu'il y a jointe pour reconnoitre que l'individu qu'il a décrit, appartenoit à la même espèce que celui de Gunner; il paroit cependant -que Pennant a oublié les évents ; si toutefois il est bien certain qu'il yen a dans celle de Gunner, ce que la figure n'indique en aucune manière. Tous les auteurs qui sont venus depuis, par la plus grande facilité qu'ils avoient d'entendre Pennant que Gunner, à cause de la langue peu connue dans laquelle ce dernier a écrit, se sont bornés à copier la description du premier. Ainsi Broussoner, auquel nous devons une excellente monographie du genre Squale, inséré dans les Mémoïres de l'Académie des Sciences pour 1780, n'ayant pas eu l’occasion de voir cette espèce, le caractérise d'après Pen- nant : Squale avec une nageoïre anale sans trous des tempes, les dents coniques etsans dentelures. Bloch, dans sa grande Ærstoitre naturelle des Poïssons, n’en parle en aucune manière , comme au reste il fait pour tous les poissons qu'il n'a pas vus; mais dans son Système Tcthyologique qui a paru après sa mort par les soins de M. Schneider, il ie note seulement parmi les espèces fora- minibus temporum nullis, pinné anali prœsente, et lui donne pour phrase distincte : Squalus dentibus conïcis, non serratis: pinn& dorsali medi@ inter pectorales et ven- trales : mensura (autpinn. subcaud.) medtié inter ventrales et analem. Caractères dont le premier, seul tiré de la forme des dents, étoit propre, à ce que l’on croyoit alors, à cette espèce, les autres étant communs à plusieurs. Gmelin, dans son édition du Syssema naturæ, n'a fait que copier et traduire Broussonet; il en est de même de Daubenton dans l'Encyclopédie méthodique. Bonnatere, dans les planches de cette même Encyclopédie, a voulu changer les caractères donnés par ses prédécesseurs ; mais il n’a pas été heureux ; Ainsi il le définit un sq. avec une nageoire anale, sans trous destempes , le museau pointu, une saillie en forme de carene de chaque côté de la queue; la, seconde nageoire du dos située en avant de celle de l'anus, caractères qui certainement ne suffiroient pas pour distinguer cette espèce du squale nez ou cornubicus, puisqu'on a oublié l'essentiel, qui est la forme des dents. Tome LXXI, SEPTEMBRE an 1810. Kk 254 JOURNAL DE PHY5IQUE, DE CHIMIE, WF albaum, dans ses notes ajoutées au Genera Priscium d'Ærtèdi, paroit avoir senti, le premier, que l’on confondoit sous le mème nom de Squalus maximus, plusieurs espèces, ou du moïns il traite sous le n° 24 de celle de Pennant, et sous le n° 25 de celle de Gunner; mais il se contente de rapporter la description de ces deux auteurs, sans carac- tériser d'une manière distincte ces deux grands poissons. M. de Lacépède , dans son Histoire générale des Poissons, paroit également n'en parler que d'après Pennant , quoique cependant il ait eu l'occasion d’en voir une peau desséchée que l'on montroit au public à Paris en 1788 : il est donc probable, d’après la confiance que l’on doit à l'observateur, que c’étoit la même espèce jusqu'alors décrite. M. Schaw , dans sa Zoologie générale, après avoir trans- crit ce que dit Pennant de cette espèce, et même copié la figure quil en donne sous le nom de busking shark female, sans faire attention que cet auteur dit avoir vu également des mäles , et qu'il ne parle d’aucunes différences, rapporte à cette même espèce la figure d’un autre squale de grande taille et qui en diffère totalement, ainsi que de celui de Gunner, par la forme singulière des ouvertures branchiales, la couleur et les rugosités profondes de la peau: quoique d’après la figure (car il n’en donne pas de description) il ait de même de très-petites dents coniques, une nageoire de l'anus et point d'évents. Il change ainsi la phrase caractéristique, sg. plumbeo fuscescente, subtus albicante, dentibus parvulrs , subulatis, numerosis, phrase qui est encore faite d’après la description de Pennant , car elle ne peut convenir au squale dont il donne la figure qui est entièrement noir. Enfin , tout dernièrement M. Everard Home, célèbre anato- miste anglais, dans les Transact. Philosoph. pour l'an 1809, vient de faire connnoître avec beaucoup de détails, dans une excellente description accompagnée d'une bonne figure, un autre grand squale qu'il rapporte aussi squalus maximus, quoiqu'il n'appartienne pas même au même sous-genre, puisqu'il a des évents et point de nageoire à l’anus, etc. Cette même année 1809, on montra à Paris sous le nom de Pélerin du nord, la dépouille d’un grand squale qui avoit été tué à 7 lieues en mer par le travers de Dieppe, le 5 mars 1808 , suivant une petite note que m'a bien voulu communiquer le fils de M. Rousseau , chef des travaux d'ana- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 255 tomie comparée du jardin des Plantes, et qui eut occasion de le voir à peine mort. Tous les naturalistes, au premier abord, en ne considérant que la forme des dents , le rapportèrent au squalus maximus de Linnée : je le vis et le décrivis dans le temps; mais depuis, MM. les Professeurs Administrateurs du Muséum d'Histoire naturelle, en ont fait l'acquisition pour l'ornement des galeries du Muséum , et l'ont fait monter avec beaucoup de soin par M. Lalande, sous les yeux de M. le professeur Duméril. Nous avons donc pu, d'après l'obligeante permission de ce dernier, l’étudier avec plus d'avantäges, et nous pensons qu'il se rapproche beaucoup de celui dont Shaw n'a donné qu'une figure, c’est-à-dire par la forme des ouvertures branchiales qui sont réellement remarquables par l’absence de toute espèce d'évents, la couleur et l'aspect rugeux et fendillé de la peau; mais qu'il en diffère un peu parce qu'il n'a pas de nageoire anale, à moins que peut-être dans la préparation grossière et préli- maire quil avoit subie ayant d’arriver au Muséum, cette nageoire n'eùt été enlevée , ce que cependant une recherche exacte ne permetguère de penseretce que nousontconfirméles croquis malheureusement trop peu détaillés, faits sur l'animal encore frais, par M. Manuel Rousseau. A peu près dans le même temps il arriva à Paris deux autres squales de grande taille et également pour être montrés au public; mais l'un ayant été mal monté par l’empailleur, a donné lieu à un procès à la suite duquel il a été détruit, et l'autre a éga- ment disparu sans qu'on sache où il est ; ensorte que nous n'avons pu nous assurer s'ils se rapportent à un de ceux déjà décrits, ce qu'il eût été fort avantageux de constater (1). Quoi qu'il en soit, une étude approfondie des caractères constans ou variables dans le genre Rareet Squale à l'histoire desquels nous travaillons M. Prévostet moi, et que nousaurons bientôt l'honneur de soumettre au jugement de la Société, nous porte à.penser que sous le nom de Squalus maximus de Linnée , é’est:à-dire S'qualus dentibus conicis, pinné dor- sali anteriore majore , trois espèces bien distinctes, sice nest quatre, sont confondues. Nous proposons donc de supprimer (1) Cependant nous avons appris de M. le professeur Cuvier, qui fut ap- pelé par le Tribunal pour éclairer le jugement, que le premier étoit de la mème espèce que celui auquel nous donnons le nom de pélerin. | Kk a 256 SOURNAZ DE PHYSIQUE, DE CHIMI®S le nom spécifique de maximus , lequel n'étant que relatif, ne peut être que mauvais, puisqu'en effet on sait qu'une espèce de requin parvient, à ce qu'il paroît, à une aussi grande taille, et que d'ailleurs plusieurs espèces à dents coniques le mériteroient aussi bien l'une que l'autre, et de substituer pour chacune le nom de l'auteur qui l'a le premier décrit. Nous devons cependant avertir, avant que de donner les caractères distinctifs des espèces que nous croyons con- fondues sous le nom de Squalus maximus, que n'ayant pas eu l’occasion de voir plusieurs individus de chacune, il seroit fort possible que nous ayons commis quelqu’erreur; mais au moins, et cest le but principal de cette Note, nous aurons averti les naturalistes de se tenir sur leurs gardes , et leurs observations ultérieures confirmeront ou détruiront ce que nous n'établissons ici qu'avec quelque doute. Tr Esrèce. Squalus Gunnerianus, Squale de Gunner. 1°. Syualus dentibus concis, minutis, numerosis , non serralis. 2°, Inspiraculis nullrs? 3°. Aperturis branchialibus aut exspiraculis sub MaAgnise . °, Corporet blævi à plumb En [Tà 4. Corporeimmenso , sublævi, suprà plumbeo , infrà albido. 5°. Pinné anal. G. Caudà ad basim utrinque carinatd. Le type de cette espèce est, comme son nom l'indique, le S'yuale vu par Gunner. Act. nidros., tome II, page 53, t. 2. Nous y rapportons celui vu par Pennant; mais en sup- posant que le premier n’auroit point d'évents, car alors ce seroit une espèce caractérisée par La peau presque lisse, grise en dessus, blanche en dessous. La privation des évents. Le peu de grandeur proportionnelle des ouvertures bran- chiales. La présence d’une nageoire anale, Et dont celui de Pennant ne différoit que par l'absence des évents. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 257 TT° Esrèce. Squalus pelegrinus (nob.), Squale pélerin. - Squal. 1°. Dentibus conicis, minutis, numerosis, non sers Tralis. 2. Insptraculis nullis. 5°. Aperturis branchialibus aut exsprraculis im- mensis suprà ac ?nfrà prolongatis, inæqualibus; membran@ branchiostesä molli, laxissimé : 4°. Corpore immenso , ubique nigro; cute asperà pro- Jundè rugosà, elephantind. 5°. Pinn anali nulla. Le type de cette espèce bien distincte , est l'individu con- servé au Muséum, dont nous donnons une figure autrait, pl. IL fig. 1, et dont nous réservons la description détaillée our notre Monographie des Squales : nous y rapporterons l'individu figuré par Shaw, sous le nom de Syualus maximus mâle (Baskins shark male), tome V, part. 2 page 527 de la Zoologie générale , mais avec quelque doute à cause de la nageoire anale indiquée dans la figure; du reste tous les autres caractères se correspondent parfaitement; cependant nous devons ajouter que si M. Saw avoit joint à la figure une description qui nous eût garanti la fidélité du dessinateur, nous aurions été fort tenté de la regarder comme une espèce distincte de notre Pelegrinus, tant nous nous sommes assurés de la constance de certains caractères, en apparence peu importans, dans la famille des Squales. III: Esrèce. Squalus Homianus , le Squale de Home. Squalus. 1°. Dentibus conicis minutis, numerosis, non ser- TELIS. - 2°. Inspiraculis ad oculos. 3°. Aperturis branchialibus aut exspiraculis mag- nis, ferè œqualibus: omnino lateralibus. 4. Corpore imimenso, suprà sub cœruleo rnfré albido : cute sub lævr. 5°. Pinné anali nulla. 6°. Foved ad basim caudæP Cette espèce nous semble solidement établie d'après l'ex- cellente description de M. Home ; elle se distingue en effet de la première , par la présence des évents et l'absence de la nageoire anale, et de la seconde, par la présence des 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE évents également, par la forme des ouvertures branchiales et par la peau presque lisse. M. Cloquet, élève en Médecine, a bien voulu me remettre une petite note d'après laquelle il auroit vu un individu de cette même espèce, que l'on montroit au public à Rouen en 1808, à la foire dite du Pardon. . Explication des Figures de la Planche. Figure [°. Figure réduite aux ?, d'après la planche insérée à la suite du Mémoire de M. Home, 7ransac- rions Philosophiques pour 1809, + pouce pour pied, dans laquelle on doit remarquer, a. La présence des évents. &. Les ouvertures branchiales se terminant inférieu- rement au niveau de la racine de la nageoire pectorale , et supérieurement dépassant sensi- blement le niveau de l'œil. c. La première nageoire dorsale située beaucoup plus près des nageoïres pectorales que des ven- trales. d. L'excavation ou sillon situé à la racine du bord supérieur de la nageoire caudale. e. La carène. f. La seconde nageoire dorsale. 9. Les nageoires ventrales ou abdominales, appelées anales par M. Home. L. Les organes extérieurs du mâle, que M. Home nomme 2rappins, Ou crampons, en anglais Lold. N° IL Figure faite d'après l'individu empaillé et con- servé au Muésum d'Histoire naturelle. a. Un quart de pouce par pied; on devra y remarquer; b. Les ouvertures branchiales dessinant des espèces de grandes S, dont l'antérieure , beaucoup plus grande, se réunit presque sur le milieu du dos , à celle du côté opposé, passe sous la gorge où elle se rapproche encore davantagede la ligne médiane. La postérieure beaucoup plus petite et ne passant pas en dessous. c. Première nageoire dorsale beaucoup plus rap- prochée des nageoires ventrales que des pec: torales. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 259 N° III. Figure réduite à +, d'après celle insérée dans le tome fil, plan. 2t., des Mémoires de Drontheim, en Norwège, par Gunner, dans laquelle doit étre * essentiellement remarquée , a. La petitesse comparative des ouvertures bran- chiales, leurs proportions entre elles. 2. La présence d’une nageoire anale. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Dictionnaire de Chimie, par MM. M. H. Klaprotk, Docteur en Philosophie, Conseiller au Conseil suprême de santé, Professeur de Chimie , Membre de l’Académie des Sciences de Berlin, Associé étranger de l’Institut de France et de plusieurs Académies et Sociétés savantes; Et F. Wolff, Docteur en Philosophie, Professeur au gy mnase de Joachimsthal. Traduit de l'allemand, avec des Notes par Æ. J. B. Bouillon- Lagrange, et par H. A. Vogel, tome second. CAM—H. À Paris, chez Klostermann, fils, Libraire-Editeur des Annales de Chimie, rue du Jardinet , n° 13, quartier Saint- André-des-A res. Ge second volume n'est pas moins intéressant quele premiet dont nous avons parlé dans un des Cahiers précédens. L'article HurLE renferme toutes les notions qu’on à sur ces substances. L'article Gaz doit être particulièrement consulté. « Vanhelmont, disent les auteurs, a employé le premier le mot gaz pour désigner la vapeur qui se dégage du liquide de la fermentation vineuse. IL fit voir que cette vapeur avoit le même effet sur l’économie animale, que celle de la grotte du chien. » Vanhelmont distingua plusieurs fluides élastiques qu'il nomma gaz sylvestre, flammeum, pingue , sentosum... Il reconnut que ces gaz n'étoient pas à l’état fluide élastique dans les liqueurs, mais qu'ils avoient une plus grande densité. 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » Tout gaz consisteen une base dilatée par le calorique, jusqu'à constituer un fluide élastique. » Outre Vanhelmont, on doit citer Mayou, Boyle, Rey, Hales, et Black qui ont le mérite d’avoir examiné les gaz, jusqu'à l’époque où Priestley publia ses Recherches. Le 1% août 1774 doit étre regardé comme le jour où la cuimiE PNEUMATIQUE PRIT NAISSANCE.... C'est à cette époque que Priestley découvrit le gaz déphlogistiqué. Scheele , Lavoisier et autres ont contribué à étendre la découverte de Priestley. » C'est donc à Priestley qu'est due la naissance de la Chimie pneumatique. Outre la découverte du gaz déphlogistiqué, il a découvert tous les autres gaz, et dans ses immenses travaux, toujours vrai, jamais systématique ni exclusif, trop riche de son fonds pour chercher à s'emparer de ceux des autres, il a publié une multitude de faits nouveaux qui ont répandu le plus grand joursur cette question intéressante. Nous regrettons de ne pouvoir citer un plus grand nombre d'articles ; mais on sait tout ce que la Chimie doit au célèbre ‘Klaproth , un des plus grands chimistes qui ait existé. Zoonomie, ou Lois de la Wie organique, par Erasme Darwin, Docteur en Médecine , Membre de la Société Royale de Londres, Auteur du Jardin botanique, de la Phyto- loge , etc.; Traduit de l'anglais sur la troisième édition, et augmenté d'Observations et de Notes, par Joseph-François Kluyskens , Professeur de Chirurgie à l'Ecole élémentaire de Médecine, et Chirurgien en chef des Hôpitaux civils de Gand, Membre Correspondant de la Société de l'Ecole de Médecine de Paris et de plusieurs Sociétés savantes. Tome premier in-8°. A Gand, chez P. F. de Goessin de Verhaeghe, rue Haute- Porte, n° 229. 1810. Nous ferons connoître plus particulièrement cet Ouvrage intéressant. Traité d Equitation, par de Montfaucon de Rogles, Ecuyer ordinaire de la petite Ecurie du Roi, Commandant l’équi- page de feu Monseigneur le Dauphin. Nouvelle Edition d'après celle du Louvre. Paris, de l'Imprimerie de Madame Huzard, 1810. Un vol. in-8°. L'utilité des chevaux, dit l’auteur , est trop généralement reconnue , pour que j'entreprenne d'en faire l'éloge. Si la nature ET D'HISTOIRE NATURELLE, 261 nature les donne, l'art peut en les développant les perfec- tionner. C'est l'objet des Traités’ d'Equitation. Celui-ci a reçu un accueil favorable du public. Tome second du Précis de la Géographie universelle, on Description de toutes les parties du Monde, sur un plan nouveau, d'après les grandes divisions naturelles du Globe; précédée de l'Histoire et de la Théorie générale de la Géo- graphie, etc.; par M. Malte-Brun. Cinq forts volumes in-8°, imprimés en grand format, sur beaux caractères neufs de Philosophie , et papier superfin d'Auvergne ; avec un Atlas de 24 Cartes géographiques coloriées, format 7-folio ; ces Cartes, dirigées par l’Auteur, sont dessinées par MM. Lapre et Porrson, gravées par d'habiles Artistes, et coloriées avec grand soin. Ce tome II°, de G70o pages in-8°, comprend la Téorre générale de la Géographie Mathématique, Physique et Politique, et des Tableaux synoptiques, analytiques et élé- mnentaires, avec 4 Planches gravées en taille-douce. Prix, 8 francs broché, pris à Paris, et 10 fr. 25 cent. franc de port par la poste. Le tome I‘: et l'Atlas coûtent 30 francs, pris à Paris, dont 6 francs à valoir sur le dernier Volume, et 32 fr. 5o cent. franc de port. Le prix de l’Ouvrage complet (en cinq forts volumes in-8° avec Atlas de 24 Cartes coloriées) est fixé à 52 francs. En papier Vélin le prix est double. Les tomes IIT et IV seront publiés ensemble et sous peu. On ne vend séparément aucune partie de cet Ouvrage. À Paris, chez F. Buisson, Libraire-Editeur, rue Git-le- Cœur , n° 10. On a/ffranchit l'argent et la lettre d'avis. Nous avons déjà fait connoître le premier volume de cet intéressant Ouvrage. Nous donnerons un extrait détaillé de ce volume. ; î Histoire des Wahabis , depuis leur origine jusqu à la fin de 1809, par L. A***, Membre de la Légion-d Honneur. Un vol. in-8° de 230 pages ; imprimé par Crapelet. Prix, pour Paris, 2 fr. 6o cent., et franc de port par la poste , 5 francs. e chez Crapart, Libraire, rue et hôtel Serpente, n° 10, IL est bien digne de l'observation du philosophe, que ces petites hordes Arabes, si pauvres, si misérables, aient donné naissance aux cultes religieux les plus répandus. Les Wahabis Tome L. ÀXI. SEPTEMBRE an 1810. LI 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE. CHIMIE sont une nouvelle secte du Mahométisme, qui s'annonce avec toute l'énergie des novateurs. Elle occupe déjà la plus grande partie de l'Arabie. On ne peut prévoir quels seront ses progrès. L'auteur pense qu'ils peuvent s'étendre très-loin. . Il est remarquable que dès les commencemens cette secte a deux chefs, l’un spirituel, l'autre qui commande à la force armée. Cette Histoire doit intéresser le philosophe qui observe les grands mouvemens de cette pauvre espèce humaine, si digne de mépris et jouet perpétuel des intrigans et des scélérats. Traité complet des Epoux l'un envers l'autre et à l'égard de leurs enfans, de la Puissance maritale et paternelle, de la Mrnorité et des Tutelles, conforme à la Législation nouvelle, à ses Motifs publiés par les Législateurs eux-mêmes, et à la Jurisprudence suprême des Arrêts de la Cour de Cassation ; par 4. G. Daubanton, auteur du Traïté pra- tique des Conventions avec Formules de tous les Actes qu'on peut passer sous seing-privé. Un vol. in-8° de 688 pages, carac- tères de Petit-Romain, avec beaucoup de Notes en Petit-T'exte, Prix, 6 francs pour Paris, et franc de port par la poste , 8 francs. A Paris, chez Crapart, Libraire, rue et hôtel Serpente , n° 16. Le titre de cet Ouvrage le recommande assez. Annales des Sciences et des Arts, contenant les analyses de tous les travaux relatifs aux sciences Mathématiques, Physiques, Naturelles et Médicales, aux Arts Mécaniques et Chimiques, à l'Agriculture , à l'Economie rurale et do- mestique, à l'Art Vétérinaire, et présentant ainsi le Tableau complet des acquisitions et des progrès qu'ont faits les Sciences et les Arts, les Manufactures et l'Industrie depuis le com- mencement du 19° siècle; par MM. Duboïis-Maïsonneuve et Jacquelin Dubuisson, Membres de plusieurs Académies et Sociétés savantes. Année 1809, Première partie, un vol. in-5°, caractères de Philosophie. — Prix, 5 fr. 50 c., et 7 fr. franc de port par la poste. La seconde partie, dont l'impression est très- avancée, sera incessamment publiée. L'année 1808 , formant 2 vol. in-8° de 750 pages, se vend à raison de 7 fr. chaque volume, et 9 fr. /ranc.de port par la poste. La collection des 3 volumes, 19 fr. 6o c. prise à Paris, et 29 fr. envoyée par la poste. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 263 A Paris, chez D. Colas, Imprimeur-Libraire, rue du Vieux- Colombier, n° 26. L'accueil du public et l'honorable suffrage des Savans ont justifié l'utilité de cette entreprise , à laquelle ont applaudi tous ceux qui prennent aux Sciences et aux Arts l'intérêt qu'ils doivent inspirer chez une nation qui les cultive avec autant de gloire que la France. En effet , on a pu facilement prévoir les succès d'un Recueil où l'on trouve rassemblés en un même cadre, et dans un ordre méthodique, cette multitude ‘de faits, d'expériences et de mémoires dispersés dans des ouvrages qu'il est difficile et dispendieux de se procurer, ou qui, déposés dans le sein des Académies et Sociétés savantes, parviennent rarement à la connoissance des personnes intéressées à les consulter ; d'un ouvrage qui, pour me servir des termes employés dans le rapport fait à la Société médicale d'émulation, « présente l'inappréciable avantage de répandre, d'exhumer , en quelque sorte, une infinité de travaux utiles et intéressans qui sont consignés dans les Recueils des Académies et des Sociétés savantes, et qui sont généralement très-peu connus, parce qu'il est fort difficile de se le procurer. » Les Annales des Sciences et des Arts, contenant les ana- lyses succinctes de tout ce qui a été fait ou publié dans l'année, tant en France qu'à l'étranger , ont done l'avan- tage de procurer, à peu de frais, aux amateurs des sciences et des arts, les moyens faciles d'en suivre exactement la marche et les progrès; aux manufacturiers et aux artistes, la connoissance des découvertesetinventions dont ils peuvent faire l'application à des procédés nouveaux ou à l’amélio- ration de ceux déjà usités; aux savans, une grande économie de temps, en exposant sous un même point de vue toutes les matières susceptibles d'étendre et d'éclairer les sujets de leur étude et de leurs méditations; au philosophe, l'his- toire des connoissances humaines , leur accroissement et leur perfectionnement ; aux gens du monde enfin, des notions exactes sur des sujets qu’il n'est plus permis d'ignorer depuis que l'instruction publique a reçu une heureuse extension. Ce Recueil ayant beaucoup d’analogie avec un ouvrage fort estimé , connu sous le nom de Co//ection académique , ne laisse plus à regretter la discontinuation de cette pré- cieuse collection à laquelle ont travaillé d'illustres savans, 264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, Etc. et dont il seroit à desirer de voir remplir la lacune (1). Convaincus queles sciences deviennent d'autant plus dignes de notre intérêt et de notre estime, qu'elles Énrniséee des moyens plus efficaces pour satisfaire nos besoins et aug. menter nos jouissances , les Rédacteurs n'ont pas cru devoir isoler la pratique, de la théorie. S'ils recueillent avec soin les productions admirables du génie qui crée et invente, s'ils ex- posent avec précision les travaux du savant qui dirige et per- fectionne , ils ne mettent pas moins d'importance à indiquer les applications qu’en fait l’industrie qui utilise et exécute. À la fin de chaque volume des /nnales on trouve l'indication des Prix décernés et proposés par les Académies et les Sociétés savantes, la Nécrologie des savans morts dans l’âännée , ainsi que la notice bibliographique et méthodique des ouvrages de sciences qui ont paru dans le cours de chaque année. (1) L'éditeur des Ærnales a annoncé ce projet dans le Prospectus publié en 1808. Ce iravail ést déja très-avancé ; il comprend la période de temps écoulée depuis que la collectiox ar Le a été interrompue jusqu'a l’époque où les Ænnales prennent date (Janvier 1808). Les nombreuses recherches auxquelles les Rédacteurs sont obligés de se livrer, ne permettent pas encore de fixer Le temps auquel cét Ouvrage paroîtra. —___— TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Description d'un Goniomètre à réflexion ; par William Hyde Wollaston, extraite des Translations Philoso- phiques. Londres, 1809. Lu devant la Soctété Royale, le 8 juin 1809. "SR" Pas 165 Tableau météorologique; par M. Bouvard. 170 Suite à mes Mémoires sur les Cristallisations Géolo- giques; par J.-C. Delamétherie. 172 Histoire philosophique des progrès de la Physique; par A. Libes. Extrait par J.-C. Delaméthertre. 211 Traité de Minéralogie ; par Bournon. Extrait par J.-C. Delamétherre. 222 Description anatomique du Squalus maximus de Linnée qui, par la forme de son estomac , établit un passage entre les poissons Cartilagineux et les Cétacées. Lu à la Société royale de Londres, le 11 mai 1809; par AI. Home. Extrait par M. de Blainville. 241 Nouvelles Littéraires. 259 N°1. Squalus Homianus. ke L le Squale. de Home. N°: « Squalas Peorimus. le Squale Pderm. ——— ON" 5. Squalus Gumerianus . le Squale de Gummer.. \ F Tr s : Un SO WU * | Journal de Physique “Sep! Y;1: Squalns Homianus. v: ë le Squale de Home , | NS JOURNAL DR PE Y SI QU E, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE, OCTOBRE Ax 1810. MÉMOIRE SUR LA CONSERVATION DES DIVERSES ESPÈCES D'ANIMAUX DANS L'ALCOOL ; Par MM. PÉRON rr LESUEUR. ARE ISERE RIRE RSR ÆEt labor ingenium miseris dedit.... Mani]. Astron. De toutes les difficultés que le zoologiste-voyageur puisse éprouver dansses travaux , il n'en est point de plus grandes que celles qui tiennent à la conservation des animaux dans l'alcool. Les difficultés deviennent bien plus impérieuses encore à bord des navires, où le défaut de place ne permet guère d'embarquer au départ, les objets nécessaires, et où Tome LXZXI, OCTOBRE an 1810. Mm 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tout concourt à rendre les moyens de conservation plus bornés et plus précaires. . Toutes les difficultés qu'il est possible de concevoir en ce genre, n'ayant cessé de peser sur nous pendant notre long voyage, il nous a fallu de bonne heure simplifier les mé- thodes connues, en créer de nouvelles, et suppléer par l'industrie, par la constance , à tout ce qui nous manquoit de ressources réelles; exposer ces procédés nouveaux, dire ce qu'une longue et pénible expérience nous a successive- ment appris sur la conservation des diverses espèces d’ani- maux, tel est le but que nous nous proposons ici: l'intérêt du sujet doit racheter suffisamment, ce nous semble, l'ari- dité des détails, etsans doute on nous les pardonnera d'autant plus aisément, que la science ne possède encore aucun ou- vrage qui puisse les suppléer. Du reste, nos propres succès nous sont de sûrs garans de ceux que nous aurons préparés à nos successeurs. (A) Des diverses espèces de Vases propres aux collections zoologiques. Lors de ma nomination à l'une des places de zoologiste de l'expédition de découvertes, toutes les fournitures né- cessaires aux travaux des naturalistes se trouvoient déjà terminées; et cependant on n'y avoit compris ni vases d’au- cune espèce, ni alcool, ni rien de ce qui pouvoit servir aux collections dont il s'agit; toutes nos réclamations auprès du chef de l'expédition ayant été sans succès, ce fut M. de Fourcroy, alors directeur du Muséum, qui m'autorisa à acheter, en son nom, les 200 bocaux de verre qui furent embarqués au Hävre ; mais, peu de temps après notre départ, une de nos ancres ayant rompu ses amarres, roula sur la caisse qui contenoit ces flacons, et en brisa 127. (Fases de boïs.) Réduits dès-lors aux expédiens, nous essayämes, M. Lesueur et moi, à faire usage des vases de bois ; mais indépendamment de la difficulté d'en trouver un assez grand nombre‘qui pussent convenir à notre objet, nous ne tardämes pas à reconnoitre : 1° Que l'alcool, en contractant une couleur trop forte dans ces vases , détruisoit celle de nos animaux, et les faisoit noijrcir ; ET D'HISTOIRE NATURPLLE. 263 2° Que les mêmes matières qui contribuent à développer ° la putréfaction de l’eau dans les barriques , sembloient agir de-là même manière sur les substances animales ; il nous parut du moins extrémement difficile d'en prévenir l'alté- ration au milieu des climats chauds où nous nous trouvions; 5° Avec quelque soin que nous puissions fermer les vases dont il s'agit, il ne nous fut jamais possible d'empêcher l'évaporation de l'alcool, et pour en arrêter les suites fà- cheuses, il falloit souvent visiter nos caisses, déballer nos flacons, et les remplir de nouvel alcool, ce qui nous causoit à-la-fois une grande perte de temps et d’alcool; 4° Enfin les soins les plus vigilans ne suffisoient pas tou- jours pour prévenir le coulage, et nous perdimes par ce dernier accident plusieurs objets précieux. De cette première partie de nos expériences nous croyons donc devoir conclure : que les vases de bois sont, ez général, peu propres aux collections zoologiques ; qu’ils ne peuvent guères être employés que dans un petit nombre de cas, tels que celui, par exemple, où il s’agiroit de conserver de grands animaux, pour lesquels on auroit d'ailleurs beaucoup d'alcool à sacrifier. ( l’ases de terre.) Après les vases de bois, nous eùmes recours aux diverses espèces de poteries de terre que nous pûmes nous procurer dans chacun des lieux où nous séjour- nâmes ; mais la cherté excessive de ces vases, qui provenoient presque tous de la Chine ou de l'Europe, nous rendit toujours cette dernière ressource assez précaire; elle nous manqua même tout à-fait à Timor, où nous fümes réduits à nous servir de poteries non-vernissées que les habitans fabriquent eux-mêmes, et qu'ils emploient à divers usages domestiques. Pour remédier à la porosité de ces vases qui laissoient transsuder l'alcool, nous employämes d'abord le brai gras des marins; mais l’alcool, en agissant sur la résine qui forme la base de cette préparation , ne tardoit pas à détruire nos enduits. Nous nous servimes avec plus de succès du suif mélangé avec l'huile, dont nous remplissions tous les pores du vase , en lechauffant légérement, et en le frottant ensuite à l'intérieur avec un morceau de gros drap imprégné du mélange dont il s’agit. (Vases de verre.) Indépendamment de la cherté des vases de terre dans les pays lointains, de la difficulté d’en réunir M m 2 : 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE un assez grand nombre qui par leurs formes et leurs pro: portions pussent convenir aux collections zoologiques, la pesanteur de ces vases et leur défaut de transparence suf- fisoient seuls pour justifier la préférence qu'on accorde aux vases de verre; mais tous les vases de ce genre ne sont pas indifféremment propres aux besoins du zoologiste-voyageur, et sous le rapport de la matière, comme sous ceux de la forme, des dimensions, des proportions, etc. Il est des soins utiles à prendre et dont il convient de parler ici. 1°. Les vases de verre blanc, qui sont toujours fort chers, le deviennent bien davantage encore ; alors ‘pour les avoir assez solides, on les commande plus épais et plus forts. 2°. Veut on par économie, se contenter de bocaux ordi- naires? Ces vases si précieux pour les Musées et pour les collections d’apparat, sont généralement si fragiles quand ils sont d'un certain volume, qu'il devient presqu impos- sible de ne pas en perdre un très-grand nombre au milieu des embarras d'une longue navigation et des changemens qui se succèdent dans l'arrimage des navires; il en est de mème lorsqu'il s'agit de transporter à de grandes distances, les caisses qui contiennent de tels vases. %. Sous le double rapport de l'économie et de la solidité, les vases de vérre noir nous paroissent devoir mériter la préférence, et nous n'hésitons pas à les regarder comme devant étre ceux dont la provision du zoologiste-navigateur doit essentiellement se composer. 4. De quelque matière qu'ils soient d'ailleurs , les vases dont nous parlons doivent être de forme carrée, à fond plat, à bouche ronde avec un simple rebord ou bourrelet, sans aucun col proprement dit. En alliant ces diverses con- ditions, on réunira, selon nous, la solidité des vases à la facilité de l'arrimage ; on diminuera l’espace qu'ils doivent occuper dans les caisses; on pourra surtout obtenir-une fermeture plus exacte, et nous verrons bientôt de quelle importance cette dernière considération peut être. 5. Sous le rapport des proportions absolues ou relatives, il est aisé de concevoir que les vases zoologiques doivent varier suivant la nature des animaux qu'ils sont destinés à recevoir; plus courts et plus larges pour les mammifères, ils seront plus alongés pour les poissons, plus alongés encore ET D'HISTOIRE NATURELLE, 209 pour les reptiles; er général il conviendra d'en avoir de cinq à six proportions différentes. 6°. Les mêmes raisonnemens doivent être appliqués à la capacité de ces vases; on peut dire seulement, en général, qu'ils ne doivent pas excéder celle de cinq à six ou huit pintes au plus, parce qu'au-delà de cette dernière propor- tion, les vases de verre seroient trop fragiles. C'est alors quil convient de recourir aux vaisseaux de terre ou de bois, malgré tous les inconvéniens que nous venons de leur re- procher, et qui doivent les faire proscrire pour les cas or- dinaires. 7°. À l'égard des plus petits bocaux (ceux d’un demi- verre, d'un quart de verre , ou même au-dessous), on ne sauroit jamais trop en avoir dans les voyages de long cours; ils sont propres à tout, ils sont d'un emploi facile, d’un arrimage et d une conservation plus faciles encore, il faut les embarquer par milliers, et comme dans ces dernières dimensions il est aisé de s'en procurer de très-solides en verre blanc, c'est en verre blanc qu'il faut les prendre. B. Fermeture des vases, Cependant il ne suffit pas au zoologiste-voyageur d’avoir à sa disposition les vases les plus solides et les plus com- modes, il faut encore pouvoir les fermer bien hermétique- ment, et cette opération, si simple en apparence, ne laisse pas que d'offrir beaucoup de difficultés réelles, soit pour le choix des couvercles, soit pour la manière de les fixer. (Méthode du Muséum.) Dans la grande collection du Muséum, ainsi que dans celles des galeries anatomiques de M. Cuvier, on se sert ordinairement de plateaux de verre, qu'on maintient en place avec du mastic de vitrier, ou bien de la cire grasse rouge ou verte; quelquefois on applique par dessus le tout une pièce de parchemin mouillé. (Ses inconvéniens.) Telle étoit la méthode qui m'avoit été indiquée au Muséum, lors de mon départ d'Europe, et j avois embarqué à cet effet, des disques de verre, de la cire grasse et du parchemin : mais bientôt nous recon- nümes , à notre grand embarras, que cette méthode de fermeture étoit rigoureusement impraticable à bord des vaisseaux ; nous apprimes , en éffet, par une triste expérience, 270 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1° Que les disques de verre qu'on nous avoit fournis étoient généralement trop faibles pour nos grands flacons. 2°, Le poli du verre ne permettant pas à la cire grasse de s’appliquer d’une manière assez intense à sa surface, quelque soin que nous puissions prendre. il suffisoit du plus petit roulis pour faire sauter nos couvercles, ou du moins pour leur donner du jour; dans l'un et l’autre cas l'alcool ne tardoit pas à se perdre par l'effet réuni de t é- vaporation et de l'agitation continuelle que le mouvement du navire entretenoit à l'intérieur des vases. 5°. Le mastic des vitres que nous substituâmes à la cire molle, ne nous parut pas valoir mieux que cette dernière substance; si le mastic, en effet, adhère mieux au verre, ce n’est que dans son état de dessicalion parfaite qu'il peut offrir cet avantage; or cette dessication, qui exige tou- jours beaucoup de temps à terre, peut être regardée comme réellement impossible en pleine mer. 4. Mais supposons cette dessication parfaite, et il est en effet possible de l'obtenir quelquefois pendant le temps des relâches à terre, le naturaliste n'en sera guère plus avancé, car , dans ce dernier cas, le verre des plateaux étant trop loible pour résister à la force de l'évaporation que les grandes chaleurs déterminent à l’intérieur des vases, ces plateaux manquent rarement de se fendre, et d'entrainer par suite de leur rupture, ia perte des objets qu'ils devoient garantir : si cet effet a souvent lieu dans les galeries du Muséum , combien ne doit-il 5as être plus fréquent à bord des navires , où l'agitation concourt avec la chaleur excessive des climats équatoriaux, à développer cette évaporation, et à la rendre beaucoup plus considérable que dans nos régions tempérées? Be. Nous avons remarqué, d’ailleurs, que le mastic dont il s'agit étoit susceptible , à bord des navires, d’une alté- ration particulière ; continuellement battu par un alcool dont la température est rarement au dessous de 25° du ther- momètre de Réaumur , on le voit insensiblement jaunir, rancir et devenir assez friable pour ne pouvoir plus que très-imparfaitement remplir les fonctions auxquelles il avoit été destiné d'abord. 6°. A l'égard du parchemin qui nous avoit été indiqué comme dernier moyen de conservation , il ne put, pas plus ET D'HISTOIRE NATURELLE. 271 que les autres, résister aux diverses causes d'altération qui nous pressoient de toute part; l'humidité excessive , jointe à la chaleur qui régnoit dans la cale du vaisseau (1) où nos caisses se trouvoient déposées , ne tardoient pas à faire moisir le parchemin , et à le réduire en une sorte de putrilage. (Nouveau systéme de fermeture.) Tous les moyens de conservation qui nous avoient été prescrits en Europe se trouvant ainsi en défaut, il fallut créer nn nouveau système de fermeture, et nos efforts réussirent au-delà de nos es- pérances : il ne s’agissoit pas seulement en effet de prévenir le mélange et l'évaporation ; il falloit imaginer des moyens de fermeture tels, que dans quelque position que les caisses pussent être, il fût en quelque sorte impossible à nos vases de perdre leur liqueur. Souvent, en effet, les matelots, en changeant l'arrimage de la cale, sans s'inquiéter des résultats de leur négligence, ou de leur précipitation, avoient renversé nos caisses tantôt sur un côté, tantôt sur l'autre ; quelquefois même, ils les ayoient tournées sens dessus dessous, et des pertes funestes avoient été la suite de chacune des erreurs qu’ils avoient commises en ce genre. D'un autre côté, vouloir exiger plus de soins de la part de ces hommes, nous paroissoit être une chose à peu près impossible; il falloit, nous le répétons, trouver un remède direct à ce mal, et nous le trouvämes. ( Bouchons de liége.) D'abord nous substituämes les bou- chons de liége aux disques de verre ; cette modification avan- tageuse n’étoit cependant rien en comparaison du lut dont nous avions besoin ; il falloit que la composition en füt simple et peu dispendieuse, que nous en eussions tous les matériaux sousla main, qu'il fût d'un emploi facile et prompt, que la dessication en füt instantanée , qu'il püt difficile- ment étre attaqué par l'alcool , qu'il eùt assez de force pour pouvoir (supporter non-seulement le poids du liquide et des animaux contenus dans chaque flacon, mais encore résister à leur double choc au milieu des plus forts roulis et des plus violentes tempêtes; un tel lut devoit encore adhérer fortement à la surface polie du verre, s'insinuer dans tous les (1) Foyez le Mémoire surles Applications utiles de la Météorologie à l'Hy— giène navale ; par M. Peéron. (Bull. des Scienc. Médic., avril 1808, pag. 30.) 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE poresduliége, de manière à faire corpsaveclui;il devoitenfin, même dans les couchesles moins épaisses, être peu friable et cassant. {Nouveau Mastic.) Tel étoit le mastic dont nous avions besoin; tel est celui que nous imaginâmes , et dont nous allons indiquer sommairement la recette et la composition. æ. Résine ordinaire , ou brai sec des marins, ocre rouge, l'oxide rouge de fer, cire jaune, huile de térébenthine; Et suivant que vous voudrez rendre votre lut plus ou moins tas, ajoutez aussi plus ou moins de résine et d'oxide de fe ou d'huile de térébenthine et de cire; faites fondre d'abord la cire et la résine, ajoutez ensuite l'ocre rouge, en remuant le tout avec une spatule de bois ; lorsque le mélange aura bien bouilli pendant un quart d'heure, versez l'huile de térébenthine, mélez et laissez continuer l'ébul- lition pendant huit à dix minutes. Pour prévenir l’inflammation de tant de substances com- bustibles, inflammation qui pourroit avoir les suites les plus graves à bord d’un navire, il est nécessaire, 1° De se servir d'un vase dont la capacité soit au moins triple ou quadruple de celle qui seroit rigoureusement suf- fisante pour la quantité de lut qu’on veut préparer. 20, Ce vase doit être pourvu d'un manche, afin qu'on puisse le retirer facilement et promptement de dessus le feu , toutes les fois que la matière en ébullition se soulève, se bour- souffle et menace de franchir les bords. 3. 11 faut éviter surtout de soumettre le vase à l’action immédiate de la flamme, l'huile de térébenthine qui se trouve en évaporation , ne pouvant guère manquer alors de prendre feu; dans tous les cas possibles, il convient de ne pas perdre un instant la liqueur de vue, et de la remuer souvent avec une spatule. 4° Quesi, malgré toutes ces précautions, il arrivoit pour- tant que le mélange vint à s'enflammer, alors il suffiroit pour éteindre le feu, de couvrir le vase avec un plateau de cuivre, de fer blanc, de tole, on même avec un simple morceau de planche ; un tel plateau devra donc se trouver toujours sous la main du naturaliste pendant l'opération dont il s'agit, ' Fien ET D'HISTOIRE NATURELLE. 275 Rien de plus facile à déterminer que la qualité du lut; il suffit, pour cela, d’en prendre de temps à autre quelques gouttes avec une spatule, de les laisser tomber et refroidir sur une assiette ou sur tout autre corps froid , et d'essayer ensuite quel est son véritable degré de force, de ténacité, de mollesse, etc.; suivant le résultat de l’épreuve, on ajoute au mélange, tel ou tel ingrédient convenable. L’habitude de ces tâtonnemens nous les avoit rendus faciles, et il étoit rare qu'ils ne nous conduisissent pas à obtenir dans nos préparations tel degré de force que nous desirions : nous ayouerons, pourtant, qu'ileüt peut-être mieux valu déterminer préalablement les doses respectives de chaque substance ; mais ce que nous n'aurions pu faire nous-mêmes qu'avec beaucoup de peine et d'embarras , peut être aisément exécuté par quiconque aura sous la main les petits moyens nécessaires pour ces expériences; il nous suffit d'exposer les principaux détails de nos propres opérations, bien assurés d'avance qu'il est facile avec plus de temps, et dans d’autres circonstances , de faire beaucoup mieux que nous. Le mastic dont il s'agit, et que nous croyons devoir désigner sous le nom de //rhocolle, à cause de son extrême solidité, a quelque rapport, ainsi que nous l’avons appris depuis peu, avec le mastic dont se servent les graveurs pour faire certaines empreintes, et qui se compose de parties égales de résine et de sable fin. Ce ciment des graveurs dont M. Laugier a bien voulu nous procurer plusieurs échan- tillons, est d'une dureté prodigieuse, mais il nous paroit avoir plusieurs inconvéniens très-graves qui ne lui permet- troient pas de servir aux mêmes usages que le nôtre. 1°, Par la nature des principes qui le constituent, il est nécessairement trop sec et trop fragile pour pouvoir être employé avec succès en couches de peu d'épaisseur. 2°. Le sable qui entre pour moitié dans sa composition, en rend le grain trop grossier ; il ne sauroit assez aisément pénétrer tous les pores du liège, et s'imprimer dans toutes ses fissures. 3°. La résine qui forme la seconde moitié de ce mastic, ne se trouvant en quelque sorte défendue par aucun corps gras ou métallique contre l’action de l'alcool, ne sauroit manquer d'être bientôt altérée par lui. Tome LXXI, OCTOBRE an 1810. Nn 274 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHIMIE 4°. Il n’en est pas ainsi du lithocolle, et sous ce dernier rapport, comme sous les deux précédens , il nous paroît offrir d'incontestables avantages aux zoologistes; en effet, l'oxide rouge que nous y faisons entrer, peut ètre aussi fin qu'on ie desire , et, suivant les proportions qu'on veut admettre entre les quatre substances qui le composent, on peut lui donner à volonté , tel degré de force, de dureté, de mollesse, de fluidité qu’on desire : enfin, soit que ce dernier avantage provienne de l'huile de térébenthine ou de la cire, soit qu'il faille le rapporter à l'oxide de fer, ou qu’il résulte lutôt du mélange mème de ces ingrédiens, et des com- Éinatohe diverses qui peuvent s’opérer entre eux, le lithocolle nous a toujours paru peu susceptible d'être attaqué par l'alcool, et nous ne connoiïssons aucune autre préparation qui réunisse ce dernier avantage à ceux qui le distinguent d'ailleurs. (Emploi du mastic.) L'emploi du lithocolle offre encore plus de facilité que sa composition; après avoir ajusté sur chaque bocal le bouchon de liége qui doit le fermer, on le frotte avec un linge bien sec pour enlever l'humidité, uis avec un petit bâton, à l'extrémité duquel on a préa- lablement adapté un morceau de vieux linge, de manière à former une espèce de pinceau, on prend le lithocolle bouillant, ou presque bouillant , et on l'applique sur toute l'étendue du bouchon de liége et du rebord du bocal, et l'on renouvelle cette application autant de fois qu’on le juge nécessaire ou convenable. Souvent la matière en péné- trant dans les fissures du liége, vaporise quelques gouttes d'alcool qui traversent la couche du mastic,et viennent crever à sa surface; Dans ce cas, il convient de diriger parti- culièrement un peu de lithocolle sur ces espèces de crevässes, et cette attention suffit ordinairement pour prévenir le dé- gagement ultérieur de l’alcool; dans le cas contraire, nous Jaissions refroidir le bocal, et en revenant bientôt après avec quelques gouttes de lut bien chaud, nous parvenions aisément à consommer l'oblitération des crevasses dont il s'agit. A l'égard des petits bocaux , nous employions un procédé plus expéditif et plus sûr encore que celui que je viens de décrire ; après les avoir bien bouchés avec du liége, nous les plongions par leur extrémité supérieure dans le vase ET D'H4&STOIRE NATURELLE, 275 qui contenoit le lithocolle, et en les retirant précipitam- ment pour ne leur pas laisser Le temps de Au restoient couverts d'une couche très-mince et très-égale : en répétant cette immersion , et en la faisant toujours très- courte , on peut arriver à rendre l'épaisseur de la couche du ciment aussi épaisse , aussi solide qu'on peut le desirer. Sans doute des bocaux fermés avec tant de précautions, offriroient déjà, dans les cas ordinaires, une solidité suffi- sante pour rassurer le naturaliste le plus vigilant et le plus inquiet; mais toutes les chances les plus défavorables doivent être prévenues à bord des vaisseaux , et notre propre expé- rience ne nous a que trop appris qu'elles étoient suscep- tibles de se réaliser toutes; le zoologiste-navigateur ne sau- roit donc se reposer encore sur les divers moyens que nous venons d'indiquer; il en est d'autres qui doivent completter l'ensemble de cette première partie de ses soins corserva- teurs; je veux parler de la couverture et du ficelage des bocaux. (Enveloppes extérieures.) Nous venons de voir que le par- chemin ne sauroit convenir à cet usage; nous le remplaçämes d'abord par une toile simple aussi bien tendue qu'il étoit possible de le faire, et maintenue autour du collet des flacons par plusieurs tours d'une forte ficelle. A la toile simple nous substituâmes par la suite d'autres toiles que nous trempions tantôt dans l’huile, tantôt dans du brai gras rendu plus liquide par l'addition d'an corps huileux : cette dernière espèce de couverture nous a paru préférable aux deux autres; outre qu'elle résiste parfaitement à l’hu- midité , le brai gras, en adhérant lui-même aux bouchons et au mastic, ajoute encore à la solidité de la fermeture. (Ficelage.) À toutes ces précautions nous en ajoutions une dernière , qui est surtout nécessaire pour les plus grands bocaux; elle consistoit à soutenir nos bouchons par une grosse ficelle qui, en se rattachant au pourtour du collet des vases, formoit une espèce de croix au centre de chaque couvercle. Sans doute les divers moyens que nous venons d'exposer sont minutieux, mais l'habitude en rend la pratique aussi prompte que facile, et les avantages que le zoologiste en retire, Le dédommagent bien amplement des soins qu'ils exi- gent ; en effet les bocaux préparés de cette manière peuvent impunément être renversés sur eux-mêmes; ils résisteront Nn 2 76 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2 à toutes les secousses de la tempête; ils supporteront sans eine les trajets les plus longs; sur de tels vases l’effet de a chaleur sera, sinon tout-à-fait insensible, du moins peu considérable, et l'évaporation, le fléau redoutable du col- lecteur dans les régions équatoriales, ne sauroit plus lui causer que de foibles dommages. C'est en usant de ces diverses pré- cautions et de plusieurs autres qu’il nous reste à faire con- noître, que nous sommes parvenus nous-mêmes , au milieu des circonstances les plus désastreuses , à préparer ces belles et nombreuses collectionsalcooliques dont nous ayonsenrichi la science et la patrie. C. Des diverses espèces de Liqueurs propres à conserver les Animaux. (Liqueurs conservatrices.) Après s'être assuré des vases nécessaires à ses travaux, et de la manière de les clorre le plus solidement possible, le premier soin du zoologiste- navigateur doit se porter sur les liqueurs dont il a besoin. (Dissolution du muriate sur-oxigéné de mercure.) On a beaucoup vanté, dans ces derniers temps , la dissolution du muriate sur-oxigéné de mercure. Nous ignorons jusqu'à quel point elle pourroit justifier les éloges qu'on en a faits; nous n'avons jamais eu recours à ce moyen dan- gereux, et si l'on en excepte un très-petit nombre de cas dif- ficiles à prévoir, nous ne pensons pas que la liqueur dont il s’agit puisse jamais être d'une grande ressource pour un naturaliste placé dans les circonstances difficiles où nous nous trouvions nous-mêmes. Où prendre, en effet, cette épouvantable quantité de sublimé corrosif qui deviendroit nécessaire pour remplir plusieurs centaines de vases, pour immerger plusieurs milliers d'animaux de toutes les classes? Comment échapper aux accidens funestes que la plus légère absorption de ce sel mercuriel entraîne à sa suite, alors que la préparation des animaux exige que le naturaliste ait sans cesse les mains plongées dans la liqueur dont il fait usage ? Comment prévenir les exanthèmes que de telles lotions ne manqueroient pas d’exciter? et cette foule d'autres accidens qui peuvent être la suite de la plus légère méprise; comment les éviter an milieu de tant d'hommes qui se trouvent pressés dans un si petit espace ? Nous ne parlerons Ph ET D'HISTOIRE NATURELLE. 277 pas des idées criminelles que cette profusion de liqueurs empoisonnées peut faire naître, et qui suffiroientseules pour alarmer les marins les mieux prévoyans ; les inconvéniens directs du sublimé nous paroissent plus que suffisans pour le faire à jamais proscrire de la liste des moyens généraux de conservation zoologique (1). (Solution de sulfate d'alumine.) La solution de sulfate d'alumine qu'on a pareillement préconisée naguères, pour n'être pas aussi dangereuse que celle dont nous venons de parler, ne paroît pas devoir être beaucoup plus utile; nous n'avons pas été dans le cas, il est vrai, de pouvoir juger nous-mêmes de l'efficacité de ce moyen, mais M. de Laroche qui en a voulu tenter l'usage, a perdu la plupart des animaux qu'il avoit préparés de cette manière. (Solution de muriate de soude.) L'eau surchargée de muriate de soude , que quelques personnes avoient aussi re- commandée , ne nous a pas fourni des résultats plus satis- faisans ; tous les objets que le manque absolu de liqueur alcoolique nous força de préparer de cette manière sur l'ile King, se trouvèrent complètement pourris au bout de quelques semaines. (Muriate de soude.) L'emploi du muriate de soude méme ne nous fut pas tout-à-fait aussi désavantageux; sur huit bocaux nous n'en perdimes que quatre ; ce moyen d'ailleurs a le désavantage de détruire les couleurs ; malgré cet in- convénient , la facilité avec laquelle on conserve dans leksel, les harengs , les anchoiïs, les sardines, etc.; la facilité non moins grande avec laquelle de très-grosses pièces de cochon, de bœuf, etc., résistent, par le seul secours du muriate de soude, à la décomposition putride, tout nous assure que l'em- loi de cette substance pourroit, dans certains cas, devenir très-utile au naturaliste. C'est par elle qu'il seroit possible peut-être de conserver de très-grandes peaux d'animaux, qui demanderoient trop de temps et trop de préservatif arsenical pour être préparées à bord des navires, par les moyens or- dinaires; on en peut dire autant de plusieurs animaux qui Gi) M. Duméril a bien voulu nous dire aussi, que la dissolution de muriate sur-oxigéné de mercure avoit l'inconvénient de ternir les vases de verre dans lesquels on conservoit les animaux. 278 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par leur grosseur exigeroient trop d'alcool. Sans doute les salaisons sont difficiles à faire au milieu des régions h4- lantes des tropiques ; mais avec les précautions que nous allons indiquer , Cook est parvenu à en obtenir de très- bonnes à Taïti ; l'amiral Dentrecasteaux n'a pas eu moins de succès à Amboine, et plusieurs des îles du grand Océan équinoxial fournissent maintenant d'abondantes provisions de ce genre à la colonie anglaise du port Jackson. Les récautions dont il s'agit, sont, entre autres, 1° de choisir pe heures les moins chaudes du jour et même de la nuit, pour procéder aux salaisons ; 2° de ne saler que des ani- maux bien frais; 5° d'employer une proportion de sel plus forte que dans les climats tempérés ; 4° de se servir de vases proportionneilement très-grands ; et c’est dans de telles circonstances que les tonneaux de bois pourroient surtout être utiles; 5° il est nécessaire, enfin, de visiter souvent les vases, et d'apporter le plus grand soin à les tenir bien pleins de sel et de saumure. ( Huile.) IL est des objets trop mous ou trop délicats pour pouvoir être impunément enterrés dans le sel; ce fut pour ceux-là, qu'à défaut d'alcool , nous employämes quel- quefois l'huile d'olive; ce moyen, excessivement précaire, a suffi pourtant à la conservation de quelques petits mollusques. (Winaigre préparé.) Le vinaigre nous réussit encore mieux, et s’il n'eùt pas été, pour ainsidire, plus rare à bord que les liqueurs alcooliques mêmes, c'eût été pour nous une res- source véritablement précieuse: afin d'ajouter à la force naturelle du vinaigre, nous le saturions d'abord de muriate de soude, puis nous le laissions digérer pendant plusieurs jours sur une forte proportion de poivre et de piment très- âcre; le vinaigre ainsi préparé, soutenu d'ailleurs par les divers procédés dont il sera bientôt question, a rarement trompé notre attente. (Liquetirs alcooliques.) Mais de tous ces moyens, il faut l'avouer , il n’en est aucun qui puisse disputer d'avantages avec les liqueurs alcooliques; elles seules peuvent, dams tous les temps et dans toutes les circonstances , suffire aux besoins du collecteur, et lui présenter une garantie suffi- sante; pour s'en procurer donc, ilne doit épargner ni soins, ni dépenses; jamais il ne doit marcher sans en traîner d'abon- dantes provisions à sa suite. Pour nous , qui tant de fois ET D'HISTOIRE NATURELLE, 279 eùmes à gémir de la disette criminelle à laquelle un mi- sérable chef nous avoit réduits, nous pouvons le dire avec une sorte d'orgueil; jamais aucune espèce de sacrifice ne nous coûta pour arriver au but honorable qui nous étoit prescrit; argent, vêtemens, objets de toute nature, tout fut employé pour avoir de l'alcool; souvent nos amis nous ouvrirent leur bourse; quelquefois il fallut contracter des emprunts onéreux.... Au port Jackson, nous payämes du rum jusqu à 6 francs la pinte;} le commis aux vivres de notre vaisseau nous fournit une grande quantité d’arrack au prix de trois francs Ja bouteille (1); et lorsqu'enfin toute espèce de ressource vint à nous manquer, alors nous vimes avec une douce émotion la plupart de nos collègues et de nos officiers, renoncer en notre faveur à la foible portion d'arrack qui leur tenoit lieu de vin. ..; abandon généreux , et d'autant plus digne d'éloges , que les naturalites qui nous ont devancé dans la carrière des navigations lointaines, avoient eu da- vantage à se plaindre des officiers militaires de la marine. Des hqueurs fortes, obtenues au prix de tant de sacrifices et de dévouement , ne pouvoient être employées ayec trop d'économie, et l'on va voir que nous ne négligeämes rien de ce qui pouvoit, en développant, en secondant l’action des liqueurs alcooliques, diminuer leur consommation, Aux diverses époques de notre voyage, nous eùmes suc- cessivement occasion d'employer le rack ou l'eau-de vie de riz, l'arrack ou le tafia, le rum, l’eau-de vie ordinaire, et quelquefois seulement l’esprit-de-vin ; toutes ces liqueurs, à l'exception de la dernière (2), nous ont paru, à force. et à transparence égales, pouvoirétreindifféremment employées pour la conservation des animaux; les observations qui sui- vent leur sont donc également applicables. 1°. Les liqueurs alcooliques, toutes choses égales d'ail- (1) Toutes ces diverses dépenses, etbeaucoup d’autres que nous n’avons cessé de faire pour nos collections, ne nous ont pasété jusqu’à ce jour remboursées par le Gouvernement. ... Mais l'estime publique , mais la reconnoissance de tous les amis des sciences en ont été le noble et doux salaire. (2) Le rum paroît aussi, à cause des parties résineuses qu’il contient, être plus particulièrement propre à la conservation des animaux ; mais la couleur plus ou moins brune qui distingue cette derniere liqueur , estun inconvénient assez grave , pour qu’on doive lui préférer toute autre liqueur alcoolique. 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, leurs, sont d'autant plus favorables aux collections zoolo- giques, qu’elles sont plus incolores. 2. Elles conservent d'autant plus surement les animaux, qu'elles sont plus fortes ; e£ vice versa. 5°. Par contre, elles altèrent d'autant plus profondément, et d'autant plus promptement la couleur des animaux et leurs formes , qu’elles sont plus fortes; e£ vice versa. 4. Toutes ces différentes propriétés sont communes à l'alcool pur, avec cette différence , que son action est beau. coup plus prompte et plus funeste. 5°. Ramené par son mélange avec l'eau à un degré plus foible, l'esprit-de-vin sembleroitencore avoir sur les couleurs animales une action plus désavantageuse que les autres liqueurs alcooliques d'une force égale ; c'est du moinsce que nous avons éprouvé nous-mêmes plusieurs fois depuis notre retour, en substituant à l'ancienne eau-de-vie ou à l’ancien taña de nos bocaux, un esprit-de-vin réduitau même degré aréométrique que la liqueur qu'il devoit remplacer (1). 6°. D'après ces diverses considérations, le naturaliste doit sApTee surlout à pouvoir employer les liqueurs alcoo- liques les plus foibles possible. En général, et en supposant le concours des divers moyens accessoires dont il sera bientôt question, nous nous sommes assurés qu'il suffiroit, pour la plupart des animaux, de se servir, suivant les espèces, d'une liqueur de 16 à 22°; nous n'en n’avons même jamais eu de plus forte à notre disposition. 7°. Il faut s'abstenir , autant que possible, de l’alcool pur, et réserver cette dernière ressource pour les animaux les plus grands et les plus difficiles à conserver ; pour ceux-là surtout dont la couleur et la forme sont le moins susceptibles de s’altérer ; tels sont entre autres les mammifères, les grands reptiles, etc. 8”. Nous sommes même parvenus dans des cas de ce genre, à remplacer l'alcool qui nous manquoit, par l'addition (1) Il convient de faire observer toutefois, que l'alcool dont il s’agit, et qui nous étoit fourni des magasins du Muséum, provenoit le plus souvent de Ja distillation d’anciennes liqueurs alcooliques qui avoient déjà servi au même xsage , et conseryoient ordinairement un reste de mauvaise odeur, du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 28r du camphre à la liqueur alcoolique dont nous nous servions habituellement. A cet effet nous mettions bouillir dans un verre de cette liqueur telle quantité de camphre que nous jugions convenable à notre objet; aussitôt la disso- lution faite, nous retirions le mélange de dessus le feu, et après l'avoir laissé refroidir quelques instans, nous l'ajoutions au reste de la liqueur qui devoit conserver nos animaux. 9°. Ce moyen d'augmenter la vertu conservatrice des li- queurs alcooliques, sans ajouter à leur force aréométrique, nous a surtout été précieux pour les reptiles qui, dans les payschauds, sont susceptibles de se putréfier avec une promp- titude désespérante. De tous les expédiens auxquels la nécessité la plus im- périeuse nous força de recourir, celui-ci nous parut être un des plus efficaces (1); il est d'autres moyens de seconder l’action de l'alcool qui, pour être moins directs, n’en sont pas moins puissans ; nous voulons parler de ceux qui tiennent à la préparation même des animaux qu'on se propose de conserver , et à leur disposition dans les vases. L C. De Ja Préparation des Animaux et de la manïère de les disposer dans les vases. Envain le zoologiste-navigateur seroit pourvu des meilleurs vases, envain il seroit sûr de leur fermeture et de la qualité _des liqueurs dont il feroit usage; il pourroit encore éprouver les pertes les plus fâcheuses; s'il n'apportoit de nouveaux soins et une sollicitude nouvelle au placement de ces ani- maux dans leurs vases. Plusieurs moyens ont été mis en usage; nous allons en indiquer les inconvéniens ou les ayantages. (Immersion.) Le plus simple et le plus expéditif de ces moyens, est l'mersion ; elle consiste à plonger les ani- — {1) Suivant M. Duméril, l’eau-de-vie camphrée a l'inconvénient de com- muniquer une odeur excessivement désagréable aux substances animales et particulierement à leurs viscères ; nous ignorons jusqu’à quel point des ani- maux préparés par les moyens qui nous sont propres, seroient susceptibles de cette espèce d'infection. Tome LXXI. OCTOBRE an 1810. Oo 282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, maux dans l'alcool, et à les abandonner à leur propre poids. Ce procédé, à l'exception des cas où les animaux se trouvent dans un certain rapport de forme et de pro- portion avec les vases, nous paroit devoir être rejeté pour les raisons suivantes : 1°. Les mucosités plus ou moins abondantes qui adhèrent à la surface de l'animal, les alimens qu'il porte dans l'es- tomac, les excrémens qui remplissent le canal intestinal, sont autant de causes puissantes de corruption, dont aueune ne se trouve prévenue par l'immersion. 20, Les reptiles , les poissons anguilliformes et la plupart des autres animaux tendent à se précipiter au fond du vase; étrangers dès-lors à la plus grande partie de l'alcool, ils crou- pissent ensevelis sous les mucosités qui salissent les couleurs, ramollissent les chairs ,et ne tardent guère, par la prompte altération dont elles sont susceptibles , à entraîner celle des animaux même. (Enveloppes.) Pour remédier à un inconvénient aussi grave, quelques naturalistes ont imaginé de coudre ces animaux dans une espèce de chemise de toile ou de parchemin; mais cette dernière précaution ne sert qu'à rendre le mal plus grave. En effet, les mucosités dont il s'agit, au lieu de se ré- pandre plus ou moins librement à l’intérieur du vase, restent sous la chemise immédiatement appliquées à la surface de Yanimal ; elles s’y coagulent en une espèce de vernis obscur et noirâtre qui détruit les couleurs ; d'un autre côté, l'a- nimal lui-même, devenu en quelque sorte inaccessible à l'al- cool sous cette double enveloppe de parchemin et de crasse, ne se trouve plus assez immédiatement soumis à l'action de cette précieuse liqueur, et ne sauroit tarder long-temps à se détruire. Nous n’hésitons donc pas à proscrire ce moyen, malgré l'autorité du préparateur habile qui, à l’article taxidermie du Dictionnaire d'Histoire naturelle de Déter- ville, a cru devoirlerecommander aux naturalistes-voyageurs. ( Stratification.) Il en est de même de la sératification ; elle peut être simple ou composée ; dans le premier cas, les diverses couches d'animaux se succèdent sans aucune autre substance intermédiaire; ainsi, les harengs, les an- choix , les sardines, etc. , se trouvent disposés dans les vases. de bois ou de verre qui les contiennent; dans le second cas, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 283 au contraire, les diverses couches d'animaux sont séparées sur un lit de coton, de laine, de crin , d’étoupes ou detoute autre substance analogue. Ce dernier système, quoique moins vicieux que le premier, a cependant aussi la plupart des inconvéniens qui lui sont propres , et dont il nous suffira d'indiquer ici les plus ordinaires. Cette réunion nombreuse d'animaux dans un méme vase, tend toujours plus ou moins à en amener l'altération , et cette altération est si prompte et si facile à se développer -dans les pays chauds, que le plus grand embarras du z00- logiste est de pouvoir en écarter toutes les sources : or il n'en est point de plus actives et de plus funestes, que l'entassement des animaux dans un même vase; il suffit, d’ailleurs, qu’un seul d'entre eux vienne à se décomposer, pour entrainer la perte de tous les autres? De quel excès d'imprudence ne seroit donc pas coupable le naturaliste qui oseroit, pour la plus grande partie de ses collections , em- ployer des tonneaux de 40 à 60 pintes, et les remplir, comme le recommande le même ouvrage que je viens de citer, de couches alternatives d'animaux et d'étoupes , de manière à ce que les énormes vases dont il s'agit, soient aux deux ciers remplis d'animaux , sur un tiers seulement d'étoupes ou de coton (1)? Certes, le préparateur habile qui recom- mande un tel procédé pour les voyages de long cours, a été trompé dans ce cas, pat le desir d’être utile aux voyageurs, et de simplifier leurs opérations (2). La stratification mérite d'ailleurs la plupart des reproches que nous venons de faire à l'immersion et aux enveloppes; ainsi, les mucosités qui se détachent de tant d'animaux, QG) Dictionnaire d’ Histoire naturelle, tome XXI, page 552. ‘ (2) M. Dufrêne , dont nous voulons parler, a bien voulu nous dire de vive voix; qu’en indiquant l’usage des barriques dont il s’agit, il avoit supposé que le naturaliste eût de grands animaux à conserver ; mais comme nos objections ne portent pas sur la grandeur des vases { voyez l’article des Vases de bois), mais bien sur le nombre des animaux, sur leur disposition , il est aisé de con- cevoir , que plus ils seront gros , et plus les inconyéniens dont nous nous plai- guons seront graves et difficiles à éviter. D'ailleurs M. Dufréne ne dit absolu ment rien de la grosseur des animaux qu’il recommande de faire entrer dans les barriques , et la supposition même d’un volume tant soit peu considérable, ae sauroits’accorder avec l'existence des diverses couches dont parle l’auteur. O0 2 ‘ 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne pouvant se précipiter au fond des vases, restent con- centrées entre les diverses couches , adhèrent à la surface des objets , salissent ou détruisent les couleurs et deviennent bientôt après le ferment d’une altération funeste, et d'une décomposition générale. La stratification partage encore l'inconvénient très-grave de ne pas permettre à l'alcool de circuler assez librement dans les vases, et de s'opposer ainsi aux mouvemens des surfaces qui doivent, en multipliant les contacts, favoriser l'action de la totalité de la liqueur. Elle se complique enfin de tous les désavantages que nous avons cru devoir reprocher aux vases de bois, et de ceux aussi d'une très-mauvaise fermeture (1). Tous les moyens que nous venons d'indiquer, ne nous paroissant pas susceptibles d’assurer assez bien la conser- vation de nos animaux, il nous fallut encore imaginer de nouveaux procédés, et nous eùmes le bonheur d'arriver à ce but. (Lotions.) Notre premier soin, avant de plonger aucun animal dans l'alcool, étoit d'abord de le laver avec de l'eau, du vinaigre, du tafa simple ou camphré, suivant qu'il nous paroissoit plus important, ou plus difficile à conserver; une petite brosse de crin nous servoit à frotter doucement les animaux, et détacher toutes les mucosités qui pouvoient adhérer à leur surface. Les liqueurs fortes employées à ce premier lavage étoient passées à travers un linge, et mises en réserve pour des objets moins pré- 4 cieux ou plus faciles à garder. Après avoir ainsi bien nettoyé nos animaux, nous les plongions dans l'alcool; mais au lieu de cette simple im- mersion dont nous avons parlé, nous avions ordinairement (1) « On fera pratiquer , dit M. Dufrêne, à l’un des fonds ou pres de la » bonde , une espèce de seus-pape taillée en biseau , à peu pres de sixsur quatre » pouces d’ouverture..... que l’on refermera bien hermétiquement , pour que » la liqueur ne s’évapore pas. » Ce dernier précepte , sans doute est fort sage, maïs la difliculté est précisément de pouvoir Rec. bien hermetiquement cette ouverture de six pouces de longueur; de pouvoir empêcher l’évaporation de l’al- &ool, au milieu des climats brülans de l'équateur, et M. Dufrène ne donne aucun moyen de résoudre cette grande dificulté. ET V'HISTOIRE NATURELLE, 285 recours à quelques moyens accessoires qui méritent d'être imdiqués. (Suspension.) 1°. Toutes les fois que par la forme des objets, leurs rapports de proportion avec les vases, etc., nous pouvions craindre que ces objets ne se précipitassent au fond des bocaux , nous employions la suspension totale ou partielle. La PM totale consistoit à faire flotter le corps entier de l’animal, ou des animaux , au milieu de la liqueur alcoolique; elle s'appliquoit à un seul individu ou à plusieurs à la fois. Dans le premier cas, nous attachions, par divers petits moyens qu'il est facile de concevoir et de varier suivant les circonstances, un morceau de liége dans telle partie du corps de l'animal qui nous paroissoit la plus convenable à notre objet, et en diminuant ou augmentant insensible- ment cette plaque légère , nous parvenions bientôt à soutenir l’animal dont il s’agit, et à le faire flotter entre deux eaux. Dans le second cas, c’est-à-dire lorsqu'il s’agissoit de sus- pendre plusieurs individus dans le même vase; ou bien nous employions pour chacun d'eux le procédé que je viens de décrire, ou bien nous nous servions d’un disque de liége plus ou moins grand , plus ou moins épais, au pourtour duquel nous rattachions, soit par un fil, soit par une longue épingle, soit enfin par quelqu'autre moyen analogue, tous les animaux que nous voulions réunir dans le même vase. Cette méthode convient surtout aux petits poissons , aux batraciens, etc. Il est d'autres espèces qui, par leur forme ou leur lon- gueur, ne sauroient être suspendues en entier dans des vases ordinaires , qui tendent à s’affaisser sur elles-mêmes, à se précipiter au fond des bocaux, et à se réunir en masses plus ou moins susceptibles d’altération et de pourriture ; tels sont les ophidiens , la plupart des poissons de la famille des murênes et autres genres analogues; ce fut pour ces derniers animaux que nous imaginâmes les anneaux élas- tiques de liége. (Anneaux élastiques.) Lors donc que nous avions un reptile de 3 à 4 pieds de longueur ou plus , au lieu de l'aban- donner à son propre poids, nous commencions par lui 286 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE faire décrire une première circonvolution au fond du vases prenant alors un morceau de liége plus ou moins volumineux, nous le découpions en une espèce de lame spirale qui venant, par son élasticité naturelle, à se resserrer autour du corps de l'animal, tendoit à le relever et à le soutenir. Après une seconde révolution du reptile sur lui-même, un anneau semblable venoit l'embrasser de nouveau, puis un 5°, puis un 4°, suivant que la longueur de l'individu nous paroissoit l'exiger. Ainsi rangé dans un vase , le plus grand reptile en occupoit également toutes les parties, il étoit également bien baigné par l'alcool, il se trouvoit dans un contact immédiat avec toutes les parties de cette liqueur; on eût dit un reptile naturellement enroulé sur lui-même. Le dernier moyen est encore un de ceux que nous croyons devoir le plus recommander aux naturalistes ; aussi simple dans son principe, que facile dans son exécution, il est exempt de tous les vices que nous avons cru devoir reprocher à l'immersion , et il a l’avantage de s'appliquer aux animaux mêmes dont la conservation présente le plus d'embarras et de difficulté. (Ponction, Eventration.) D'autres espèces exigeoient, par leur grosseur ou par le développement de leurs organes intérieurs, des précautions d'un autre genre; tels sont, par exemple, la plupart des mammifères , les oiseaux, plusieurs poissons, etc., sur de tels animaux nous pratiquâmes avec succès la ponction abdominale et même l'éventration. Dans le premier cas, une ou plusieurs petites ouvertures permettoient à l'alcool de s’introduire à l'intérieur du bas- ventre; dans le second cas , après avoir incisé les tégumens abdominaux , nous ouvrions le péritoine , et donnions ainsi les moyens à la liqueur d'arriver jusqu'aux viscères les plus profonds, de les baigner immédiatement , et de s'op- poser à l'altération dont ces organes sont plus particuliè- rement susceptibles. (Eviscération.) Quelquefois nous nous sommes trouvés réduits à la triste nécessité de l'éviscération. Après avoir ouvert le ventre, nous détachions les viscères, et suivant la pénurie plus ou moins grande à laquelle nous nous trou- vions réduits, ou l'importance même de ces viscères, nous les rejettions ou les conservions dans des bocaux particuliers. Quelqu'efficaces que ces deux derniers moyens puissent ET D'HISTOIRE NATURELLE, 287 être , ils ont des inconvéniens si graves , que ce doit toujours être une sorte de malñeur pour le zoolopiste, que de se trouver réduit au point d'en faire usage. Ce fut pour nous soustraire à de telles extrémités, que nous recourümes aux injections dont il nous reste maintenant à parler. (njections.) Après le mucus qui couvre la plupart des animaux marins, ce qui contribue le plus activement à développer leur altération , ce sont les restes d'alimens qu ils peuvent avoir dans l’estomac , et par-dessus tout encore les excrémens qui remplissent le canal intestinal au mo- ment où on les confie à l'alcool. Nous venons de dire par uels moyens aussi simples qu’efficaces nous étions parvenus à les débarrasser du mucus; les injections nous ont paru remplir les deux autres conditions dont il s’agit, avec plus d'avantage encore. Voici la manière dont nous avions cou- tume de les pratiquer. Pour évacuer les matières contenues dans l'œsophage et l'estomac, il falloit diriger des injections par la bouche des animaux ; il en falloit faire d'autres par l'anus pour dé- barrasser le canal intestinal. A cet effet, nous nous servions d'une petite seringue de la contenance d'un demi-verre environ (1), à laquelle nous pouvions adapter, suivant les circonstances, des canules plus grosses ou plus petites, plus longues ou plus courtes ; quelques-uns de ces tubes étoient boutonnés à leur pointe afin de ménager , dans certains cas , les parties au milieu desquelles ils devoient étre enfoncés. Nos premières injections se faisoient d’abord avec de l’eau simple ; après en avoir bien rempli nos animaux, il nous suffisoit de les comprimer légérement pour entrainer au dehors toutes les substances qui se trouvoient accumulées dans les diverses parties du canal alimentaire. L'abondance quelquefois extraordinaire de ces matières, la puanteur excessive qu'elles exhaloient, n'annonçoient que trop la fu- neste influence qu’elles devoient excercer sur les animaux mêmes. A ces lotions aqueuses succédoit une première injection (1) Cette petite seringue a toujours suffi à nos besoins; mais il est aisé de concevoir que pour les grands animaux il deviendroit nécessaire d’en avoir de lus fortes, et rien n'empêche le zoologiste-navigateur d’en porter avec Jui plusieurs de différens calibres. 288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE alcoolique, dont le but étoit de completter le dégagement des matières étrangères : l'alcool employé à ce lavage in- térieur , étoit mis en réserve comme celui du lavage extérieur pour les échinodermes, les crustacées , etc. Ces opérations préliminaires étant ainsi terminées, nous procédions à l'injection définitive et générale de l'individu : après l’avoir complettement rempli d'alcool , en l'injectant alternativement par la bouche et l'anus, nous le placions dans le vase qui lui étoit destiné, et nous l'y suspendions en tout ou en partie, seul, ou conjointement avec d'autres individus, suivant les circonstances et d’après les procédés que nous venons de décrire. ; Les injections dont il s’agit nous paroissent être un des plus précieux moyens conservateursque la science zoologique puisse jamais avoir; d'une exécution facile et prompte, elles peuvent convenir à la plupart des espèces d'animaux; elles remédient à tous les inconvéniens des autres méthodes; non-seulement, en effet, ce procédé nouveau exclut les deux causes de putréfaction les plus générales etles plus actives, mais encore il fortifie tous ces organes intérieurs et profonds qui, dans tout autre système, restent inaccessibles à l'alcool, et qui cependant, par leur volume, leur composition, leur mollesse et leur position même, ont une tendance plus forte à la décomposition putride. D'ailleurs ces injections peuvent se faire , au besoin, avec de l'alcool pur, sans qu'on puisse craindre alors d'altérer les couleurs; on peut y employer l'eau-de-vie camphrée; on peut les faire avec l'éven- tration, avec la perforation des tégumens abdominaux, et ne laisser ainsi aucun point de l'animal qui se trouve immédiatement en contact avec l’alcool et qui ne soit de toute part abreuvé par le fluide. (Résurmé.) Qu'on ajoute à de tels moyens, les lotions générales alcooliques, le nettoiement soigné que nous avons prescrit, la suspension totale ou partielle, la fermeture rigoureuse, le bon choix des vases, etc. , et l'on conviendra sans doute que nous avons touché de bien près à la solution du problème suivant: Une espèce d'animal étant donnée, la conserver, au milieu des pays chauds, et parmi les embarras d'une longue na- vigation, le plus surement, le plus parfaitement possible, avec la plus petite quantité possible d'une liqueur alcoolique le moins forte possible, MEMOIRE ET D'HISTOIRE NATURELLE, 259 MEMOIRE sur à LA CAUSE DU REFROIDISSEMENT : QU'ON OBSERVE CHEZ LES ANIMAUX EXPOSÉS A UNE FORTE CHALEUR. Par Françors DELAROCHE, Docteur en Médecine, Lu à la Séance de la première Classe de l'Institut, du 6 novembre 1809. L'ÉcoxomtE animale nous présente des phénomènes qui différant par leur nature, de ceux que nous offrent les corps inorganiques, se refusent à toute explication tirée du ré- sultat ordinaire des lois physiques ; elle nous en présente d'autres , au contraire, qui ressemblent plus ou moins à des effets physiques connus , et qui paroissent dériver des mêmes lois. Quelques a M >ilest vrai, frappés deserreurs qu'a si souvent fait commettre la manie de vouloir tout attribuer à des causes mécaniques, ne veulent admettre aucune explication de ce genre dans l'économie animale. Ils pensent que les phénomènes , essentiellement liés à l'exer- cice de la vie, doivent dépendre des lois qui la régissent et non des lois physiques qui ont, avec les premières, bien peu de rapports apparens et qui leur semblent très-souvent opposées; mais cette opinion n'est-elle pas fondée plutôt sur le raisonnement que sur l'expérience, et de ce que quelques-uns des phénomènes de la vie paroïssent en con- tradiction avec les lois auxquelles sont soumis les corps inanimés, faut-il en conclure que tous sont dans le même Tome LXXI. OCTOBRE an 1810. Pp 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE c15? Ce raisonnement, vicieux en lui-même, seroit en con- tradiction avec l'expérience. Qui peut, en effet , méconnoitre l'influence des causes physiques dans plusieurs des phéno- mènes de l’économie animale, tels, par exemple, que la vision distincte qui dépend essentiellement de la réfrin- gence des humeurs de l'œil , et que le mécanisme des mou- vemens de nos membres dans lesquels nos os agissent comme des leviers , nos tendons comme des cordes, ete. ? Il est vrai que les causes physiques ne suffisent pas seules pour pro- duire ces résultats, et que les causes vitales y concourent pour beaucoup (1); mais l'influence des premières n’en est pas moins évidente. En général, on peut dire qu'il n'est presqu'aucun phénomène de l'économie animale, qui ne soit dû aux unes et aux autres. Tantôt ce sont les causes physiques dont l'influence est la plus grande; tantôt ce sont les causes vitales; souvent il est bien difficile de dé- terminer avec quelque précision , ce qui appartient aux premières et ce qui appartient aux secondes. Il est cependant très-important d'arriver à ce but , et les recherches qui peu- vent y conduire doivent étre mises au rang des plus im- portantes que l'on puisse faire en physiologie. Si nous pou- vons espérer d'acquérir une fois des notions précises sur les forces vitales et sur les différences qui les séparent des forces physiques , ce sera en observant ce qui leur appartient en propre dans l'exercice de la vie, et non en se bornant à leur attribuer vaguement tous les phénomènes que nous présentent les corps organisés. L'un de ces phénomènes dans lesquels il est le plus facile de faire une pareille distinction, est, à ce qui me semble , celui que présentent les animaux exposés à une forte chaleur. Tout le monde sait qu'ils prennent alors une température fort inférieure à celle du milieu ambiant. Il y a près d'un demi-siècle que l’on a reconnu dans Îles (1) Quand je parle des causes et des lois vitales , je n’entends point affirmer qu’elles soient réellement différentes et indépendantes des lois générales qui régissent les corps bruts; elles en sont peut-être de simples modifications ; mais je crois que dans l’état actuel de la science, on est obligé des les admettre, si l’on veut acquérir des idées un peu précises sur la manière dont s’exécutent les diverses fonctions des corps organisés. Nous sommes encore loin de l’époque où l’on pourra rapporter aux lois physiques, plusieurs des phénomènes que pré- sentent ces corps. ET D'HISTOIRE NATUMELLE. 291 animaux cette faculté remarquable, et depuis elle a donné lieu à plusieurs recherches , et particulièrement à celles que firent en commun MM. Banks, Fordyce, Blagden et quelques autres savans; mais l'on n'a point encore de notions précises sur sa cause que les uns ont cru trouver dans le refroidissement produit par l'évaporation de la matière de la transpiration, que d’autres, au contraire , ont pensé devoir être la même que celle de la chaleur animale, soit qu'ils crussent connoitre cette dernière, soit qu'ils la regardassent comme étant encore inconnue. Ce sont quelques considé- rations sur cette question, qui feront le sujet de ce Mémoire; mais avant tout, je rappellerai une observation que j'ai faite il y a quelques années (1), c'est qu’on se forme une idée très-exagérée du phénomène qui nous occupe, lors- qu'on croit que la faculté de produire du froid est aussi développée chez les animaux que celle de produire de la chaleur. Je crois avoir prouvé que cette opinion où l'on est généralement depuis la publication des expériences de MM. Fordyce et Blagden , est tout-à-fait erronée; en effet, dans de nombreuses expériences, faites en commun avec mon ami M. le docteur Berger, j'ai vu constamment que la température des animaux exposés à une chaleur de plus de 35 ou 40 degrés centigrades, s'élevoit d’une manière très-marquée, sans cependant devenir égale à celle du milieu ambiant J'ai vu souvent que cette élévation de température alloit jusqu'à six ou sept degrés, et je me suis même assuré que lorsque la chaleur extérieure est très-considérable, cet accroissement de température n'a d'autre borne que la mort de l’animal, qui en est la suite nécessaire. Je m étois assuré dans ces expériences, de la température des animaux, par un moyen qui ne peut laisser aucun doute sur son exacti- tude, c'est-à-dire à l'aide d'un thermomètre dont le réservoir, très-petit, étoit introduit profondément dans leur intestin rectum : j'ai également reconnu chez l’homme, au moyen d'un thermomètre introduit dans la bouche, une pareille élévation de température , j'en ai même vu une très-marquée dans un cas où la tête ne pouvoit y participer qu’à l'aide 1) Dans ma Dissertation inaugurale ayant pour titre : Expériences sur les effets qu'une forte chaleur produit dans l’économie animale (Collection des Thèses de l'Ecole de Médecine de Paris, année 1806 , n° 11). Pp 2 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la circulation; c'étoit celui d'une personne placée dans une boîte pleine de vapeurs chaudes, mais ayant sa tête à l'air libre. Il résulte de ces faits, que la faculté de produire du froid est beaucoup plus restreinte qu’on ne le croit communément, mais non quelle soit imaginaire. Trop de faits attestent maintenant son existence , pour qu'on puisse la révoquer en doute ; il est donc intéressant d'en déterminer la cause. C'est ce que je vais essayer de faire. J'ai dit plus haut que quelques personnes croyoient que cette cause devoit être la même que celle de la chaleur animale ; elles se fondoient sur les résultats des expériences de MM. Blagden et Fordyce, d’après lesquelles il semble que l’on puisse conclure, que les animaux se maintiennent à une température constante, quelle que soit la chaleur du milieu ambiant, et que par conséquent la faculté de produire du froid est aussi développée chez eux que celle de produire de la chaleur. En effet, s’il en étoit ainsi, il paroîtroit naturel de ne voir dans cette constance de tem- pérature, qu'un seul et même phénomène dérivant d'une cause unique; mais le fait n'étant pas exact, ainsi que je viens de le montrer, on peut croire que la conclusion ne l’est pas davantage. Il est une observation qui fortifie beaucoup cette dernière opinion. C'est que, chez les animaux à sang froid , la faculté de se maintenir à une température inférieure à celle du milieu où ils sont plongés, lorsque celle-ci est élevée, est autant ou plus développée que chez les animaux à sang chaud ; tandis que si cette faculté tenoit à la même cause que celle qui produit la chaleur animale, elle devroit être presque nulle chez les animaux de cet ordre. J'ai montré, en effet, par plusieurs observations dans le Mémoire que jai déjà cité, la vérité de cette assertion. L'expérience sui- vante faite en dernier lieu, suffiroit, à ce qu'il me paroit, pour la mettre hors de doute. J'ai exposé dans une étuve , à une température moyenne de 45 degrés (de l'échelle centigrade) , un lapin dont la température propre étoit, avant l'expérience, de 39,7°. Après un séjour de 1 h. 40’, il avoit acquis une température de 43,8. Une grenouille exposée dans la même étuve à une chaleur pareille , a acquis, au bout d'une heure, une tem- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 293 pérature propre de 26,7°, qu’elle a conservée pendant le reste de son séjour dans l'étuve, c’est-à-dire pendant demi-heure. La température propre d’une autre grenouille exposée à une chaleur moyenne de 46,2°, s'est élevée à 28°, terme auquel elle est devenue stationnaire. Les sayans, qui n’ont pas jugé qu’il y eüt une connexion nécessaire entre la cause de la chaleur animale et celle du froid qui se développe quelquefois chez les animaux, ont cru pouvoir attribuer cette dernière à l’évaporation qui se fait, soit à la surface du corps, soit dans l'intérieur des poumons, comparant ainsi le phénomène qui nous occupe avec le refroidissement qu’éprouvent les corps inorganiques dont la surface est humide; mais cet ingénieux rapproche- ment que l'on doit à Frankelin, est-il bien juste? les seules expériences qui eussent été faites jusqu à ces derniers temps dans le but de résoudre cette question, c'est-à-dire celles de M. Blagden et de ses collaborateurs d’un côté, celles de M. Crawford de l’autre, sembloient indiquer qu'il ne l’étoit pas. Celles que j'avois faites moi-même il y a quelques années, et dont j'ai rendu compte dans le Mémoire précédemment cité, m’avoient porté au contraire, à partager l’opinion de Franklin , mais ne m'avoient pas permis de me former, à cet égard, une opinion prononcée. J'en ai tenté depuis de nouvelles qui, en confirmant les résultats que j'avois pré- cédemment obtenus, me paroissent propres à lever tous les doutes qu'on pourroit conserver sur ce sujet. Je vais en énoncer les résultats en les faisant précéder par un court résumé de celles que j'avois déjà publiées. Ces dernières avoient principalement pour but de déterminer de quelle valeur est l’objection que l’on fait assez généralement à la théorie de Franklin , en disant que le refroidissement produit ée l'évaporation , n'est nullement suffisant pour expliquer a différence qu'on observe entre la température des animaux exposés à une forte chaleur et celle du milieu ambiant. IL suffiroit, pour décider s'il en étoit ainsi, d'examiner com- parativement l'influence de la chaleur sur la température des animaux et sur celle de corps bruts, dont la surface entière fût humectée. A cet effet j'ai exposé à la fois, et à côté les uns des autres, dans une étuve, divers animaux, ’ 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des alcarrazas (1) pleins d'eau, et des éponges humides. En faisant cette expérience que j'ai plusieurs Hois répétée, j'ai constamment observé que les alcarrazas et les éponges, soit que je les introduisisse froids dans l'étuve, soit que je les eusse préalablement chautffés, prenoient une tem- pérature inférieure à celle qu'acquéroient les animaux à sang chaud, mais qu'ils se mettoient à peu près à la même température que les animaux à sang froid (2). On peut done conclure de ces résultats, que l'évaporation suffit pour produire un refroidissement autant ou plus marqué que celui qu'on observe sur les animaux, et l'on peut présumer, en conséquence, qu'elle est la cause de ce dernier phénomène. On auroit tort, cependant, de regarder cette dernière con- séquence comme une suite nécessaire de la proposition qui la précède. Il ne suffit pas qu'une chose puisse être, pour qu'on ait droit de conclure qu'elle est réellement ; aussi, lorsque je publiai ces résultats, je ne prétendis point décider (1) Ces alcarrazas sont des vases en terre poreuse qui laissent suinter peu à peu l’eau qu'ils renferment, de telle maniere que leur surface est constam- mént humide. On s’en sert en Espagne et dans plusieurs autres contrées méri- dionales pour rafraichir l’eau. (2) Pour que l'expérience eût été entièrement exacte, il auroit fallu déter- miner la température finale qu’auroient acquise soit les animaux , soit les corps bruts , lorsque la chaleur auroit eu sur eux son entier effet. C’est ce qu’il m’a été diflicile de faire pour les animaux à sang chaud ; une chaleur prolongée les fatigant beaucoup , je me suis borné à approcher de ee terme. J’ai attendu, pour l’ordinaire, que les corps bruts l’eussent atteint , ce qui étoit beaucoup plus facile, parce que j’avois soin, préalablement à l'expérience , d’élever leur température à peu près au point où elle devoit se mettre par suite de leur expo- sition dans l’étuve. Je présenterai ici le résultat de deux expériences du même genre, tentées en dernier lieu. J'ai renfermé dans un même panier en les séparant seulement par une cloison à claire-voie , un lapin et un alcarraza plemn d’eau. Je les ai exposés dans une étuve , dont la température moyenne pendant la durée de l’expérience, a été de 45°. La tempéralure propre du lapin au moment de son introduction dans l’étuve , étoit de 39,7°; celle de l’alcarraza de 35° environ ; celle du lapin s’est élevée graduellement jusqu’à 43,8; celle de l’alcarraza, au contraire , s’est abaissée jusqu’à 51,4°, terme où elle a paru rester stationnaire. : Dans la seconde expérience, j'ai exposé dans la même étuve à une tempéra- ture moyenne de 36,5, deux petites éponges et une grenouille. Cette derniere, qui étoit placée entre les deux éponges, a acquis, au bout d’une heure, la tem— pérature stationnaire de 28.2 , l'éponge de gauche, celle de 27,9, etl’épenge de droite, celle de 27,6°. ET D'HISTOIRE NATURELLE. - 29% que l'évaporation étoit la véritable cause du phénomène qui nous occupe. Je me bornai à présenter cette opinion comme plausible. Je crois pouvoir maintenant donner des preuves directes de sa justesse. Si l’évaporation est la seule cause qui détermine le re- froidissement des animaux exposés à une forte chaleur, il est évident qu’en la supprimant soit à la surface du corps, soit dans l'intérieur des poumons, on s’opposera à ce re- froidissement, et que les animaux devront acquérir une température égale ou supérieure à celle du milieu dans lequel ils seront plongés. Si l'on n'obtient pas ce résultat, c'est une preuve directe de l'insuffisance de cette cause ; si au contraire le moyen par lequel on supprime l'éva- peser étant tel, que l'exercice des autres fonctions de ‘animal ne soit pas troublé, on observe la cessation du phénomène dont nous cherchons à nous rendre compte; on en pourra conclure , avee non moins de fondement, que c'est à l'évaporation qu'il est dù. | Cette manière de déterminer quelle est l'influence de l'évaporation dans ce phénomène, s’est présentée naturel- lement à l'esprit de ceux qui ont fait des recherches sur ce sujet. On a tenté dans ce but quelques expériences, mais elles ont été peu concluantes et peu nombreuses. L'une est de M. Fordyce. Ce savant ayant fait arriver des vapeurs aqueuses abondantes dans une étuve, il crut re- marquer que la chaleur en devenoit plus incommode, mais que sa température propre n’en restoit pas moins presque stationnaire. Il est à remarquer que le temps qu’il passa dans cette étuve fut trop court pour réchauffer, d'une ma- nière bien sensible, une masse aussi considérable que le corps humain. On ne peut donc tirer aucune conclusion positive de cette expérience. On n'en peut pas tirer davan- tage de celle dans laquelle Crawford chercha à déterminer l'influence d'un bain chaud sur la température d’un chien, le moyen par lequel il mesura cette température , étoit très-peu exact, et d’ailleurs l’effet de l’eau étoit seulement de supprimer l'évaporation cutanée, mais non l'évaporation pulmonaire. Les expériences du même genre, que ce savant a tentées sur des grenouilles, animaux dans lesquels l'éva- poration qui se fait dans les poumons doit étre peu con- sidérable , seroient plus concluantes, si les résultats qu'il 296 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a annoncés étoient d'accord avec l'observation ; mais je me suis assuré qu'il n en étoit point ainsi. Des expériences mul- tipliées et laites avec soin , m'ont prouvé que les grenouilles se mettoient constamment en équilibre de température avec l'eau dans laquelle elles étoient plongées, quelle que Füt la chaleur de cette dernière, et qu'il n'y avoit à cet égard aucune différence entre les grenouilles mortes et les gre- nouilles vivantes (1). Telles sont les expériences qui, à ma connoissance, ont été tentées pour déterminer ce qui arriveroit lorsque | homme ou les animaux seroient exposés à une forte chaleur, sans quil püt se faire d'évaporation à la surface de leur corps, Il est évident qu'elles sont insuffisantes. Il étoit donc inté- ressant d'en tenter de nouvelles : c’est ce que j'ai cherché à faire. J'ai eu recours pour cela, au moyen employé par M. For- dyce, mais avec cette différence, qu'au lieu de tenter ces expériences sur l'homme, je les ai faites sur des animaux de petite taille, afin que leur masse püt être plus promp- tement réchauffée. Il est très-propre en effet à remplir les conditions demandées, car il est facile de voir que si l’on place des animaux dans un air chargé de vapeurs, il ne pourra se faire aucune évaporation du fluide exhalé soit à la surface de leur corps, soit dans l’intérieur de leurs poumons, et que cependant l'exercice de leurs fonctions pourra continuer à se faire aussi librement que dans un air sec. L'appareil dont je me suis servi, me permettoit de dis- tribuer assez uniformément les vapeurs dans tout l’espace oc- cupé par lesanimaux, et d'en régler à mon gré les quantités.(2) J'y ai introduit successivement des animaux à sang chaud de diverses espèces et des grenouilles ; je les y ai exposés à divers degrés de chaleur; j ai examiné avec soin leur tem- pérature propre, soit avant, soitaprès l’expérience, au moyen d’un thermomètre introduit dans leur intestin rectum, ou QG) Zoyez mon Mémoire sur les effets que produit une forte chaleur dans l’économie animale, page 54 et suivantes. (2) On se fera facilement une idée de cetappareil, si l’on suppose une caisse haute d’un mètre environ , sur une largeur de 5 décimelres et une profondeur de 4 décimètres, partagée en deux chambres par une cloison horizontale à claire- voie , située à peu près aux deux tiers de sa hauteur. Sur une des faces de EUT D'HISTOIRE NATURELLE. 297 enfoncé profondément dans leur œsophage. Les résultats que j'ai obtenus sont exposés dans le tableau suivant (3). de cette caisse est une porte qui s’ouvre dans la chambre supérieure. Une claie en osier, circulaire et verticale , placée dans cette dernière chambre, et forme une seconde enceinte un peu plus petite que la chambre elle-même, y S’ouyrant par une porte qui est placée en face de celle de la caisse. C’est dans cette enceinte que se placent les animaux. Un thermometre dont le tube est tres-long et le réservoir fort petit, fixé à demeure au milieu de cette enceinte, mais ayant sa graduation en Fos de la boîte, indique sa température. Il est garanti des coups que pourroient lui donner les animaux, par un étui en osier à claire-voie. La vapeur se développe dans une petite chaudiere de fer blanc, d’où elle est conduite dans l'intérieur de la eaisse par un tuyau coudé qui s'ouvre dans le milieu de sa paroi inférieure. Une planche carrée d’un décimètre de côté située un peu au-dessus de cette paroi , rompt le courant de la vapeur et la force à se distribuer assez uniformément dans tout l'appareil. Vers la partie inférieure du tuyau de communication , est un robinet construit de telle manière que suivant le sens dans lequel on en tourne la clef, la vapeur peut passer par une ouver- ture latérale ou par le tuyau lui-même, ou par tous les deux à la fois. Cette disposition permet.de modifier à volonté la quantité de vapeurs que reçoit l’ap- pareil , et par suite, sa température. Cela est d’autant plus facile, que par le moyen d’un mécanisme fort simple , on peut faire tourner à sa volonté la clef du robinet, sans perdre de vue le thermomètre qui indique la température de la boîte. Cette clef porte en effet, un levier assez long, des extrémités duquel partent deux ficelles qui vont se fixer aux extrémités correspondantes d’un se- cond levier de même longueur. Ce dernier levier tourne sur un pivot fixé à la caisse dans le voisinage du thermomètre , et ne peut se mouvoir sans faire exe- cuter des mouvemens pareils à celui qui tient à la clef. (6) J’avois fait il y a quelque temps des expériences semblables, et les avois consignées dans un Mémoire lu à la Société Philomatique ,, mais n’étant pas suffisamment satisfait de leur exactitude, j’avois renoncé à publier ce Mémoire dont j'ai seulement donné un extrait abrégé danse Bulletin de la Société Phi- lomatique. Tome LXXI, OCTOBRE an 1810. Q q 298 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHIMIE TABLEAU Des résultats obtenus en exposant à une chaleur humide, des Animaux divers, dans le but de déterminer l'influence de cette chaleur sur leur température (1). Durée du sé-| Temp. moyenne| Température de] Température de jour dans la|de Aie pen-[l’animal après son |l’animal avaut son boîte pleine dedant la durée de exposition à la va-|exposition à la va-|À vapeurs expri-|l’expérience expri-|peur, exprimée en pos exprimée en |} mée en minu-|méeendegrésdel’é-|degrés de l’échelle|degrés de l'échelle |£ tes. chelle en 100 part. |diviséeen 100part.|en 100 parties. SOuannnN ANIMAUX. *SAONAIUGAXA sap a — 17 Lapin. 38,7 42,4, 49,0 1 Lapin. : 38,7 43 39,6 1° Lapin. 40,7 43,6 49, 2° Lapin. 38,7 42,9 39,6 2° Lapin. 58,7 42,7 49, 2 Lapin. 49,7 43,1 39,7 Le] 15 en © ® (ei ® Cabiai. 3707 42,7 39,0 Cabiai. 38,7 42,9 39, Cabiai. | 49,7 43,5 39, Cabiai. 49,7 44,2 38,4 Pigeon. 37,7 43,8 42,5 Pigeon. 40,7 45 41,9 Pigeon. 2 41,9 46,9 41,8 1'e Grenouille. 25,6 26, 2° Grenouille. 27,2 27,8 (x) Je présenterai ici diverses remarques relatives aux observations indiquées dans ce T'ableau. Outre les expériences "dont on voit ici les résultats , j’en ai fait beaucoup d’autres sur l’exactitude desquelles je ne puis pas également compter. Leurs résultats ont cependant été toujours analogues à ceux qui sont consignés dans le Tableau. Quelques précautions que j'aie prises pour éviter qu’il en fût ainsi, il y a ET D'HISTOIRE NATURELLE, 209 On peut voir facilement ,en parcourant ce tableau, que * la température des animaux à sang chaud s'est constam- ment élevée de deux ou trois degrés au moins, au-dessus de l'air humide dans lequel ils étoient plongés. Il en résulte évidemment, que la faculté de produire du froid a été anéantie chez eux, et que, par conséquent, cette faculté dépend essentiellement de l'évaporation.- Il est vrai que la chaleur à laquelle ces animaux fureñt exposés dans nos expériences , ne dépassa pas de deux degrés la température qui leur est naiurelle, et que l'on pourroit supposer que dans les hautes températures, la faculté de produire du froid se seroit développée chez eux ; mais cette objection aux conclusionsque jeviens d'énoncers'évanouira, sil’on fait atten- tion que la mort auroit su:vi nécessairement chez cesanimaux, l'exposition un peu prolongée à une chaleur humide plus considerable que celle à l’action de laquelle je les ai soumis, et que par conséquent cette faculté eùt été éteinte chez eux. toujours eu quelques variations dans la température de l'appareil pendant la durée de l'expérience. Ces variations n’éloient, en général , que d’un degré; elles alloient quelquefois, mais pendant des temps tres-courts, jusqu’à trois degrés. Lorsqu'un même animal m’a servi à plusieurs expériences , j’ai toujours mis un intervalle de 24 heures au moinsentre chacune d’elles. Les divers thermomètres dont je me suis servi, n’ayant pas une marche uni- forme , j’aiexaminé cette marche avecsoin, et j'ai dressé, pour chacun d’eux, une échelle particulière de réduction , au moyen de laquelle j’ai ramené à une échelle commune les différens résultats fournis par l’observation. Quoique j'aie employé en indiquant ces résultats les dixièmes de degré, jene prétends pasavoir toujours mis cette exactitude dans l’observation , maïs j’ai mieux aimé les ex- primer que de commettre des erreurs volontaires. Les erreurs que j'ai pu com- mettre involontairement, n’ont, au reste, jamais élé à plus d’un quart de degré. La température d’un animal, avant son introduction dans l'appareil, m'a souvent présente de légères différences, dont je n’ai pu déterminer la cause. Il n’étoit pas facile de déterminer la température des grenouilles immédiate ment au sortir de la boîte , et sans qu’elle püt être influencée par le contact des mains et de l’air extérieur. Pour y parvenir , je liais l'animal à une espece de chariot fait éxprès , et je lui placois un thermomètre dont le réservoir éloit tres-pelit , à demeure dans la bouche ow plutôt dans l'estomac. En ouvrant la boîte je n’avois qu’à retirer rapidement le chariot et examiner le degré indiqué par le thermometre. Les animaux soumis à ces expériences, ont été plus ou moins fatigués. Lorsque la chaleur a été plus forte ils ont paru mourans à la fin de l’expérience. Le cabiai est mort à la suite de l'expérience n° 10. Qgq 2 300 . JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE En effet, quelque foible que semble être la chaleur qu'ils supportèrent dans ces expériences, ils en furent toujours plus ou moins fatigués, et dans les cas où elle fut la plus considérable, ils parurent mourans au moment où je les retirai de l'appareil. Le cabiai, quoique très-vigoureux le matin, mourut dans la soirée qui suivit l'expérience n° 10. J'ai également vu périr un lapin et un pigeon à la suite d'expériences semblables, dont les résultats ne sont pas in- diqués dans le tableau. On se demandera peut-être pourquoi la température de ces animaux ne s'est-elle pas mis simplement en équilibre avec celle du fluide ambiant, et s’est-elle élevée de quelques degrés plus haut? La réponse à cette question est bien simple. L'exercice de leurs fonctions n'ayant point été troublé, la cause, quelle qu'elle soit, qui produit la chaleur animale, avoit dù continuer à agir chez eux et déterminer cette élé- vation de température. Ce qu'il est plus difficile de com- prendre, c’est pourquoi cette élévation n'a pas été plus considérable? pourquoi la même cause qui dans les tem- pératures basses maintient les animaux à 20, 40 et même 8o degrés au-dessus de la température du milieu ambiant, ne l'élève-t-elle plus que de 3 ou 4 degrés lorsqu'ils sont exposés à la chaleur (1)? On ne pourra résoudre cette dif- ficulté que lorsqu'on aura répondu d’une manière complète à cette question importante et si souvent débattue : Quelle est la cause de la chaleur animale? question qui, ainsi qu'on peut le voir par les faits que j'ai rapportés, n'est point essentiellement liée avec celle qui fait le sujet de ce Mémoire. Chez les grenouilles, et je pense qu’il en seroit de même chez les autres animaux à sang froid, la différence entre la température propre et celle du milieu ambiant, a été beaucoup moins marquée que chez les animaux à sang chaud, (1) De nouvelles recherches que j'ai faites depuis le moment où ce Mémoire a été lu à l’Institut, et que je ne tarderai pas à faire connoître, me portent à croire que dans les expériences dont je viens de rendre compte, l’évapo- ration n’étoit pas entierement supprimée ; mais ces résultats même n’infir- ment en aucune mauière les conclusions que j'énonce ici , ils:tendent plutôt à les confirmer. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 3o1 comme l’on devoit naturellement s'y attendre. Cela m'a donné lieu, cependant, de faire une remarque assez curieuse, mais qui demanderoit à être confirmée par des expériences souvent répétées, savoir, que la chaleur propre de ces animaux, ou l'excès de leur température sur celle du milieu ambiant, est aussi considérable lorsqu'ils sont exposés à la chaleur, que lorsqu'ils sont exposés au froid. Elle sembleroit indi- quer que la cause de cette chaleur propre n’est pas la même que chez les animaux à sang chaud. Il résulte de tout ce qui précède, que le développement de froid, qui se manifeste chez les animaux exposés à une forte chaleur, doit être rangé parmi les phénomènes dont la cause ést essentiellement physique. On ne peut cependant méconnoître dans celui-ci , l'influence des causes vitales qui, ainsi que je l’ai annoncé au commencement de ce Mémoire, concourent avecles causes physiques, à la production de pres- que tous les phénomènes qui sont le résultat de l'organisation. En effet, pour que l'évaporation qui détermine cette pro- duction de froid puisse avoir lieu , il faut que la surface du corps et celle des parois des cellules pulmonaires soient constamment humectées. Or la comparaison avec les corps inorganiques , tels que ceux qui ont servi à mes expériences, cesse ici d’être exacte. Les parois de ceux-ci sont humectées dre une simple transsudation. Chez les animaux , elles ne e sont que par suite de la transpiration, phénomène très- compliqué et dépendant nécessairement de l’état d’action du système des vaisseaux capillaires. Chez les premiers, il suffit que les parois commencent à se dessécher pour qu’elles tirent de l'intérieur une nouvelle dose d'humidité; chez les derniers , au contraire , il faut que la transpiration acquière une nouvelle activité lorsque la chaleur devient plus consi- dérable, et cela ne peut avoir lieu que par une augmen- tation d’énergie dans le système exhalant , et peut-être même dans tout le système circulatoire. Il est à remarquer que cette augmentation d'activité de la transpiration, du moins à la surface du corps, est plus considérable que cela n'est nécessaire pour fournir à l’accroissement de l'évaporation. De là provient la sueur qui, dans le plus grand nombre de cas, n'est autre chose que l'excédant du fluide transpiré sur celui qu'enlève l'évaporation. Je terminerai ce Mémoire en énonçant la proposition sui- 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vante , Que je crois pouvoir avancer comme une conséquence nécessaire des observations qu'il renferme. Le développement de froid qui se manifeste chez les animaux exposés à une forte chaleur, est le résultat de l'évaporation de la matière de la transpiration, laquelle , en raison de l'augmentation d'action du système exhalant, est d'autant plus considé- rable que la chaleur extérieure est plus forte. Il est donc à la fois le résultat et des causes physiques et des causes vitales. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fic. Ire Vue générale de l'appareil. AA. La boîte à vapeurs. BB. Le fourneau. CC. La chaudière. aa. L'ouverture de la boite fermée par une porte à coulisse. b. Le thermomètre. cec. Le tuyau de communication entre la chaudière et la boîte. dd. Le levier fixé à la caisse. ee. Le levier fixé à la clef du robinet. ë, Le tuyau destiné à l'introduction de l'eau dans la chaudière. Frc. II. L'intérieur de la moitié postérieure de la boîte que l'on suppose partagée par un plan vertical. cc. Portion de tuyau de communication entre la chaudière et l'appareil. 21. La moitié postérieure du panier circulaire. 11. La planche destinée à rompre le courant de vapeurs. mm. La moitié postérieure de l’étui du thermomètre. nn. La cloison transversale en osier. F1G. IL. Coupe longitudinale du robinet. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 304 MÉMOIRE SUR UN MARBRE REMARQUABLE PAR QUELQUES CARACTÈRES PARTICULIERS, QUE J'AI DÉSIGNÉ SOUS LE NOM DE MARBRE GREC MAGNESIEN. LU A L'INSTITUT , LE 28 MARS 1810, Par M. DE CUBIERES /’afné, Correspondant de l'Institut, Membre de plusieurs Sociétés savantes de France et de plu- sieurs Académies étrangères. L’AMoUR de l'Histoire naturelle qui embellit et rend utiles les voyages, et qui porte l’ardeur de la curiosité , comme celle des découvertes , dans l’ame de celui qui se livre à cette science, a, indépendamment de l’agriculture , constamment guidé mes pas dans tous les lieux que j’ai parcourus. Lorsqu’en l’an 9 je fis mon dernier voyage d'Italie, comme Commissaire des arts (1), étant à méditer sur les causes mysté- 0 OR (1) En l’an9 je fus, par M. Chaptal , alors ministre de l’intérieur , nommé, conjointementavec M. Dufourny , Commissaire des arts en Italie pour la resti- tution des objets d’arts, fixée par Le traité de Campo-Formio. Le 304 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rieuses qui ont plongé dans la mer et ensuite retiré de ses eaux une portion du sol de la côte de Baya, je fixai toute mon attention sur les ruines du temple de Jupiter Sérapis (1). Là, au milieu de ces décombres amoncelés, composés d’in- nombrables fragmens de marbres de toute espèce, il s’en présenta un remarquable à mes yeux par des caractères qui me parurent le distinguer de tous les autres. C'est de ce marbre exposé aux regards de la Classe, que je vais avoir l’honneur de l’entretenir, et d'appeler son attention sur sa description et l'analyse chimique que j'ose lui en présenter. Caractères physiques de ce Marbre. Sa pesanteur spécifique est de..... 2-862 Il est d’une blancheur éclatante. Il est translucide même à une assez grande épaisseur. Sa fracture est à bords aigus et à fragmens irréguliers. Son grain offre de grandes et nombreuses lames brillantes de forme rhomboïdale, et ces lames sont tellement multipliées et tellement apparentes dans ce marbre, que quandil a recu le poli, il ressemble à une belle avanturine blanche. Bien plus dur que tous les autres marbres, il résiste davan- tage aux efforts du marteau, au frottement de la lime, et raye même un peu le verre. Il ne fait qu’une légère effervescence avec l'acide nitrique , qui le dissout très-lentement, lors même que ce marbre est réduit en poudre. Ce fut au retour de ma mission , que M. Chaptal-me donna , avec une grâce eLune obligeance extrêmes, unegrande preuve de sa bienveillance etde l'intérêt qu’il me portoit. Je saisis, avec empressement , cette occasion de lui en témoi- gner ostensiblement ma reconnoissance , et je desire qu’il ait autant de plaisir à en recevoir l'expression , que j'en ressens moi-même à laluioffrir. (1) On sait que l'immersion du temple de Jupiter Sérapis, qui se trouve aujourd’hui à plus de 30 toises des bords de la mer , a été l’objet d’une foule de dissertations dont les solutions sont peu satisfaisantes. Je crois, d’après toutes les observations que j’ai faites sur les lieux, avoir jeté quelques lumières sur ce phénomène géologique, qu’il doit être attribué en partie au mouvement vol- canique-souterram , qui en 1428 donna naissance en:48 heures, à la montagne voisine ide ce temple , qui futmommée Monte Novo , et qui a 3milles de circon- férence sur 400 toises d’élévation. Le "1 ET D'HISTOIRE NATURELLE. ss 305 Le choc du briquet en fait jaillir des étincelles, Le frottement d’un corps dur en dégage des traces phospho- riques. E La simple percussion perpendiculaire d’un corps métallique, provoque en lui une émanation lumineuse , qui apparoît sous la forme d’une étincelle scintillante et rapide (1). Sous le rapport électrique il est mauvais conducteur , et n’isole qu’imparfaitement. Ce marbre est un de ceux qui recoit le plus beau poli; il est aussi le plus difficile à travailler, par la résistance qu’il oppose au ciseau du sculpteur. Voilà le signalement physique, ou, pour mieux dire, la des-. cription exacte de cette pierre, dans laquelle déjà vous avez pu appercevoir une partie des caractères qui la différencient des autres marbres , comme, par exemple , de ne faire qu’une légère effervescence avec l’acide nitrique, de donner des traces phos- phoriques par le frottement, de faire jaillir des étincelles sous le coup de marteau , et de laisser échapper encore de semblables étincelles par une simple collision. D'après sa grande lucidité on est tenté de présumer que c’est de cette espèce de marbre que Néron fit, dans sa jeunesse, construire un temple sans fenêtres, érigé à Harpocrate , dont l’intérieur n’étoit éclairé qu'à la faveur de la transparence des murs. Jour mystérieux et doux, qui devoit ajouter encore au respect religieux que l’on portoit à ce Dieu du silence (2). Analyse chimique. Voulant faire l’analyse chimique de cette pierre avec une précision irréprochable et une rigoureuse exactitude, j'ai préféré a mon laboratoire, celui du Conseildes Mines, où J'ai trouvé tous les objets nécessaires à cette opération, et surtout lesutiles avis de M. Descotils. (1) Pour bien distinguer cette étincelle, il faut placer la pierre à la hauteur etsur la ligne horizontale de l’œil ; alors , chaque fois que l’on frappera le mar- bre avec un corps dur , on verra bien distinctement , dans l’instant du heurt, jaillirune étincelle du point de contact qui aura lieu entre les deux substances. Je crois inutile de dire que cette expérience doit être faite dans un lieu tres- obscur. (2) On doit présumer que ce temple étoit construit ayec de grandes tables de marbre posées de champ. Tome LXXI. OCTOBRE an 1810. Rr 506 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI= Dix grammes de cette substance , après avoir été pulvérisés et parfaitement chauffés, pendant une heure, dans un creuset de platine ont perdu 4 grammes 73 centigrammesde leur poids, ce qui, sur 100 parties, donne 47.3 de perte. Cinq autres grammes ont été introduits dans me fiole qui con- tenoit de l’acide muriatique affoibli. Le poids de cette fiole, rem- plie d’acide, étoit de 70 grammes , et de 75 par l'addition de la matière. Après la dissolution, qui s’est opérée lentement et qui a été complète, la fiole, pesée de nouveau , avoit perdu 2 grammes 36 centigrammes de son poids, Cette perte, due au dégagement de l’acide carbonique , porte la proportion de ce principe dansla pierre soumise à l’expérience, aux 47 centièmes 2 millièmes; résultat qui coïncide avec celui de la première expérience. " Nous avons cherché, dans cette dissolution , la présence de l’acide sulfurique à l’aide du muriate de baryte, mais il ne s’est fait aucun précipité sensible, Nous avons de même cherché l’acide muriatique dans une dissolution de 5 grammes de cette pierre opérée par l'acide ni- trique pur. Le nitrate d’argent n’a nullement altéré la trans- parence de la liqueur. Dans une autre dissolution opérée , sur une égale quantité, par l’acide muriatique, on a versé quelques gouttes de prussiate de potasse : il s’est formé un très-léger précipité bleu et la liqueur est restée un peu louche. Ce résultat indique la présence d’un peu de fer et de manganèse ; mais le précipité a été si foible que nous n’avons pu apprécier par la balance, les quantités de ces deux métaux. La proportion de manganèse est en effet si foible , que 5 gram- mes de cette pierre chauffée avec de la potasse caustique , dans un creuset d'argent, n’ont pas même verdi l’alkali. Pour savoir si la substance, dont il est ici question, con- tenoit de la magnésie, comme le faisoit soupconner la lenteur de l’effervescence qu’occasionnoient les acides, nous en avons dis- sous une quantité déterminée dans l’acide muriatique , jusqu’à ce que l'acide fût à peu près saturé. On a divisé alors la dis- solution en deux portions. Dans l’une, nous avons versé de l’am- moniaque qui y à formé un précipité abondant. Dans l’autre, on a ajouté un grand excès d’acide, et l’on y a versé ensuite une très-grande quantité d’ammoniaque qui n’a nullement troublé ET D'HISTOIRE NATURELLE. 307 la liqueur. Cette différente manière d'azir de l’ammoniaque, selon les proportions d'acide, a co:firmé nos premières con- jectures, et nous nous sommes occupés de déterminer les pro- portions des parties constituantes par la méthole suivante. Après avoir dissous, par l'acide ñitrique , 5 grammes de cette substance, on a versé de l'acide sulfurique dais la dissolution; on a saturé avec l’ammoniaque et l’on a évaporé à siccité, Le résidu de l’évaporation a été chauffé an ronge dans un creuset de platine jusqu'à ce qu'il ne se dégageât plus de vapeurs. La matière a été ensuite traitée avec une très-petite quantité d’eau. La portion non dissoute a été chauffée au ronge dans un creuset de platine. Après le refroidissement son poids s’est trouvé de 3 grammes 58 centigrammes, ce qui donne, à très-peu de chose près, 30 centièmes de chaux dans cette substance. La dissolution a été mélangée avec uu peu d’oxa'ate d’am- moniaque, qui n’y a fait qu'un très-foible précipité. On ra sé- paré par le filtre qui a été brûlé, et son poids s’est trouvé, en défalquant celui des cend:es, d'un centigramme au plus. On a ensuite évaporé à siccité la dissolution fitrée . et l'on a chauffé au rouge dans un creuset de platine, le résidu qu’elle a laissé, ce résidn, après son refroidissement, a été pesé, son poids étoit de 3 grammes 1 centigramme , ce qui, en supposant 19 pour cent de base dans le sulfate de magnésie cristallisé, donne 22 par cent de magnésie dans cette pierre. D'après cette analyse nous devons établir les proportions des parties constituantes de cette substance de la manière suivante; savoir: Acide carbonique. . . ..... .+ 47.2- Chaux. 24. SR M 0 180 DiAenenes, +15 MEN MEN 0 23 TOTALe 8 0 © + o 99.2 Nous avons de plus trouvé dans cette pierre, de légères traces de fer et de manganèse, mais en si petites quantités qu'il nous a été impossible de les soumettre au calcul. Nous pouvons, en outre, assurer qu’elle ne contient pas un atome de silice, ce qui, dans le cas contraire, suffiroit pour expliquer le jaillissement des étin- celles que cette pierre donne sous le briquet. Si l’on observe que les parties constituantes et quelques tarac- Rr>2 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tères de cette substance la rapprochent de la dolomie , on voudra bien remarquer aussi qu’elle en diffère essentiellement par son grain, par la grandeur et l'éclat de ses paillettes, par son homo- généité , par l’agrégation de ses parties, par sa pesanteur spéci- fique, sa dureté et par le beau poli qu’elle recoit. Les dolomies, au contraire , et particulièrement la blanche, contiennent ordinairement du mica, du quartz et des substances métalliques. L’incohérence des grains de la dolomie fait qu’elle se pulvérise facilement sous les doigts, et que par conséquent ele n’est nullement susceptible de recevoir le poli (1). Enfin, quoique ces deux minéraux soient à peu près camposés des mêmes parties constituantes, ces parties s’y trouvent com- binées dans des proportions différentes, ce qui détruit la simi- litude qui paroîtroit exister entre ces deux substances: chose qu'il est facile de vérifier par la comparaison de l’analyse chimique de la dolomie faite par Klaproth, avec celle que nous donnons du marbre qui est sous vos yeux. Je puis avec d’égales autorités nier la ressemblance qu’il paroît y avoir entre ce marbre et la pierre qui fut découverte autrefois dans le Tyrol, par Dolomieu , et dont ce savant naturaliste donna la description dans le temps. Cette pierre n’est pas non plus ce marbre de Pares, dont les Mironsetles Micciades se servirent pour créer leurs chefs-d’œuvres de sculpture. Indépendamment des différences qui se trouvent dans les parties constituantes de ces deux marbres, j’observerai que le marbre de Paros n’est point transparent, que sa couleur blanche se détruit et prend, par le laps detemps, une teinte jaunâtre très-sensible; teinte que les antiquaires nomment patine du temps , et que quelques brocanteurs et quelques sculpteurs de Rome ont trouvé le moyen d’imiter pour imprimer sur les ou- vrages modernes, aux yeux des amateurs peu exercés, le cachet du beau siècle de Périclès. Je ne crois pas qu'on puisse non plus le confondre avec le marbre que les Athéniens tiroient du Mont-Pentiliset qu'ils nommoient "sarbre pentilique. Ce dernier, quoiqu'un peu semblable en apparence, au marbre de Paros , en diffère, (1) M. de Saussure , fils, a parlé d’un marbre qui m'a paru avoir quelque apport avec celui-ci, ET D'HISTOIRE NATURELLE, - 309 ainsi quedu nôtre , par la finesse de son grain, par sa mollesse, par ses parties constituantes et par les zones verdätres qu’il présente et qui sont dues à une portion de serpentine qu'il contient (1). C'est parmi les antiques débris du temple de Jupiter Sérapis, un des plus élégans, des plus riches, des plus beaux monu- mens que la Grèce ait produits, et dont les restes , tels qu'on les voit encore aujourd'hui, sont dignes de fixer l'attention des architectes, des historiens , des antiquaires et des natu- ralistes, que j'ai trouvé l'échantillon que j'ai l'honneur de vous présenter sous le n° I. Encouragé par cette petite découverte, je poursuivis mes recherches avec une nouvelle ardeur, et à force de faire remuer et de remuer moi-même les nombreux fragmens de ces marbres de toute espèce qui avoient servi au revétement du temple, je découvris, dans une chambre que je présumai avoir servi de purificatoire aux prêtres de Jupiter , une tablette du même marbre qui avoit reçu un très-beau poli et que je vous résente telle que je l’aitrouvée, m'étant permis seulement de 1 faire laver avec de l’eau de savon: cette tablette, qui paroit n'avoir rien perdu ni de son lustre, ni de son éclat, ni de sa blancheur , nous offre le double intérêt d’un échantillon d'histoire naturelle et d’un objet d'antiquité. Vous le voyez ici sous le n° 2. Les nombreux monumens antiques qui avoisinent Pouzolle et la côte de Baya, ayant presque tous été dépouillés de leurs marbres, ne m'en offrirent aucun de l'espèce dont il est ici question. Mais revenu à Rome, un torse mutilé de statue grecque qui étoit du même marbre, s’'offrit à mes recherches : je l’acquis à l'instant et j'en fis former des socles dont un vous est présenté sous le n° 3(2). - A É Qi) J'ai mis sous les yeux de la Classe, des échantillons de dolomie, du marbre de Paros , du marbre Pentilique , de plusieurs autres marbres grecs et même du marbre de Carare à côté du marbre grec Magnésien, pour servir de point de comparaison , et pour faire mieux sentir la différence qu’il y a entre ceux-là et le mien. (1) J’ai reconnu dans le Musée du Vatican et dans celui de Napoléon-le- Grand, plusieurs statues du même marbre. A l’époque de mon dernier voyage en Italie , ce marbre étoit confondu par les sculpteurs et les statuaires, avec tous les autres marbres grecs , et l’artiste 310 JOUANAE DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Enfin, que cette substance pierreuse soit une nouvelle es+ pèce ou une variété de dolomie ou de marbre primitif, j'ai entrepris de la décrire et de l'analyser, bien persuadé qu'elle ne l'a pas encore été. Et considérant le lieu où je l'ai trouvte, l'emploi que les Grecs en faisoient, etles parties constituantes de magnésie et de chaux carbonatée qui la composent, j'aicru devoir la désigner sous le nom de Marbre grec magnésien. Les anciens ont, avec raison, Fhprors ce marbre dans la composition de leurs monumens. En vffet, un calcaire aussi dur et sur lequel les acides produisent une action si lente, doit résister davantage à l'effet du temps; ce qui prouve com- bien les Grecs , nos maitres dans la plus grande partie des arts, étoient attentifs et recherchés dans le choix des matières qui devoient transmettre à la postérité les noms de leurs grands hommes et de leurs divinités. P. S. J'ai fait hommage à l'Institut, d'un bel échantillon de mon Marbre grec magnésien, qu'ila bien voulu accepter pour être placé an Musée d'Histoire naturelle. or auquel j’achetai le torse dont j'ai parlé, et auquel je fis connaître ce que ce marbre avoit de particulier, m'offrit de me rendre mon argent, en reconnois- sance, disoit-il, de l'instruction que je lui avois donnée sur une matière qui faisoit constamment l’objet de son art et de son travail. ET D'HISSOIRE NATURELLE: 311 _ PRECIS DE LA GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE, Ou Description de toutes les parties du Monde, sur un Plan nouveau, d'après les grandes divisions naturelles du Globe, etc. ; Par M. MALTE-BRUN. Tome second. Théorie générale de la Géographie, à Paris, chez Fr. Buisson, Libraire-Editeur. rue Git-[e-Cœur, n° 10. EXTRAIT par J. C. DELAMÉTHERIE. Nous avons rendu compte, tome LXX de ce Journal, page 509, du premier volume de cet Ouvrageintéressant. Ce second volume traite de la Géographie physique. « Nous avons suivi, dit l’auteur, à travers les siècles, les progrès de la Géographie. Nous nous arrêtons pour retracer l'en- semble des connoissances actuelles. Les vérités générales précéderont les faits partiels. Nous apprendrons à connoitre notre planète comme un corps céleste géométrique et phy- sique , avant que d’étudier les diverses contrées qui en cou- vrent la surface. » La forme sphérique de la terre est le premier principe de toute géographie physique. Les premiers observateurs remarquèrent que le soleil, leur premier guide, occupoit dans l'hémisphère céleste, une place opposée à certaines étoiles qui, chaque nuit, brilloient constamment au-dessus de leurs têtes, pendant que d’autres disparoissoient et re- venoient tour-à-tour. Leurs regards se fixèrent sur l'école polaire. ]s remarquèrent dans les cieux ce point qui, seul immobile, semble servir de pivot, ou selon l'expression 312 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE grecque, de péle au mouvement apparent des corps célestes. Ils tracèrent une ligne méridienne , une ligne droite dans la direction du soleil à l'étoile polaire. Et toute imparfaite qu'a dù être cette première opération, elle leur suffisoit pour marquer à peu près les quatre coins du monde... Ces pre- mières observations conduisirent à regarder la terre comme un globe. Différens philosophes anciens, tels que Eudoxus, Archi- mède, Possidonius , Erastosthène..., cherchèrent à mesurer un degré du méridien pour connoître la grosseur du globe; mais ces mesures étoient inexactes. Ce n'est que dans ces derniers temps quon y est parvenu avec la plus grande RTE PREASRE précision. On construisit des globes de carton pour représenter le globe de la terre, ensuite pour simplifier, on fit de simples cartes géographiques. On divisa la terre en continens et en mers. L'auteur divise les mers de la manière suivante: 1° Océan austral , ou mer glaciale du sud. Ses limites sont du cap Horn au cap de Bonne-Espérance, à la terre de Diémen et revenant au cap Horn. 2°, Océan oriental, ou mer pacifique qui se sous-divise. a. Le grand Archipel, ou la partiecomprise entre la Nou- velle-Zélande au sud , les îles Marquesas à l’est, l'ile Formosa au nord, le détroit de Malaca à l’ouest. b. L'Océan occidental du nord. Entre l'Asie et l'Amérique septentrionale, les méditerranées du Japon et du Kamt- chatka, et la mer de Behring en font partie. c. L'Océan oriental du sud depuis les îles du grand Ar- chipel jusqu'à l'Amérique méridionale. 5°. Océan indien, avec ses divers golfes. Les limites dé- signées ci-dessus, indiquent ce qui reste pour cette section. Les golfes d'Arabie, de Perse et du Bengale en font partie. 4°. Océan occidental, qui se sous-divise. a. Océan septentrional. Sa frontière du sud est formée par le Pas-de-Calais , la Grande-Bretagne, les îles de Féroër et l'Islande. Les Méditerranées septentrionales de l'Europe , ainsi que la mer glaciale du nord, en sont des branches. 8 D b. Océan ET D'HISTOIRE NATURELLE, 313 b. Océan atlantique, depuis la frontière précédente jus- qu'eux deux pointes rapprochées du Bresil et de la Guinée. Ses branches sont , la Méditerranée et ses golfes ; — le golfe du Mexique; — les baies de Baffins et de Hudson, ou mers des Esquimaux. k c. Océan éthiopien, entre le Brésil et l’Afrique jusqu’à l'alignement du cap Horn et du cap de Bonne-Espérance. Les mers sont beaucoup plus étendues dans l'hémisphère austral et les continens dans l’hémisphère boréal, ce qui sembleroit devoir influer sur l'équilibre des deux hémisphères; mais, selon l'opinion généralement admise aujourd'hui, la partie des terres qui s'élève au-dessus de la surface des mers, est si peu de chose en proportion de limmensité du globe , que l’effet de leur distribution inégale sur l'équi- hbre du globe doit étre nul, ou du moins insensible. Il seroit d'ailleurs possible que les mers vers le pôle du sud, fussent moins profondes que dans l'hémisphère boréal , et qu'ainsi les couches de terre sous-marines du sud contreba- lançassent les couches plus élevées du nord. Les deux continens offrent un trait de ressemblance dans la direction de leurs péninsules; elles sont presque toutes tournées au midi; tel est le cas de l'Amérique méridionale, de la Californie, d’Alaschka , du Groenland, de l'Arcadie, de la Floride, de la Scandinavie, de l'Italie, de la Grèce, de l'Arabie, de l’Inde, de la Corée, du Kamtchatka, de l'Afrique. Deux péninsules notables, l'Iutan et le Jutland tournées au nord, ne consistent qu'en plaines et terres d'alluvion. L'auteur considère ensuite les substances qui composent le globe , les pierres , les métaux, les houilles..., les roches, les substances volcaniques..., et les débris fossiles des êtres organisés, végétaux et animaux. 11 examine de même les eaux, les mers, leurs courans..., l'atmosphère, les météores, les vents, la température des divers climats. L'auteur jette un coup d'œil général sur les divers SYS= tèmes géologiques qu’on a imaginés pour expliquer les phé- nomènes que présente la théorie de la terre. Ils se rapportent Tome LXXI.OCTOBRE an 1810. Ss S14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à deux bases, l'une adoptée par les 7’ulcanistes , l'autre préférée par les Neptuniens. Les premiers disent : la terre fut, au commencement ; dans une fusion ignée; elle s’est refroidie, elle n'a été cou- verte des eaux que dans la suite. Les formes qui lui don- nèrent sa figure actuelle, furent l'air et le calorique, ou le feu. Les terres ont été soulevées par une force intérieure. Les bouleversemens ont été occasionnés par des éruptions volcaniques. Les terrains de transport ont été formés par les débris des terrains supérieurs. Les neptuniens assurent que la terre se trouvoit dans une dissolution. aquatique et froide, du moins jusqu'à une certaine profondeur. Les corps solides se formèrent par des- séchement, par précipitation, par cristallisation... L'Océan ancien s’est retiré ou a disparu. Les terres se sont boule- versées, en s'affaissant par leur propre poids Les terrains tertiaires se sont formés dans le sein des eaux. Ces idées plus ou moins développées et approfondies, diversement nuancées et mélées, contiennent la base de toutes les théories de la terre, recueillies par le savant Delamétherie. Franklin proposa une autre opinion; il supposa , d'après Anaximène , que non-seulement toutes les substances ter- restres, mais même toute la matière en général, avoit existé comme un gaz aériforme élastique, confusément répandu dans les espaces célestes. La gravitation commença à se faire sentir; les molécules gazeuses furent attirées vers des centres. Il se forma des globes d'air. Ceci supposé, ïl est facile de concevoir tout le reste du système de Franklin. Toutes les substances se laissent réduire à l’état aériforme : donc, con- clut Franklin , elles ont-toutes pu naître par la condensation de l'air. Ainsi a dù se former la croûte extérieure du globe qui dans ce système n'est qu'une mince enveloppe solide autour d’un vaste fluide élastique. Les mouvemens de cet air central produiroient, comme on voit, sans difficulté les tremblemens de terre. Enfin l’auteur propose lui-même uneautrehypothèse. «Aprés avoir suivi, dit-il, la Géologie jusqu’au milieu des régions éthé- rées, que nous reste-t-il à faire? augmenterons-nous le nombre des systèmes, en cherchant à démontrer que la terre étoit ET D'HISTOIRE NATURELLE: 315 jadis entourée d’un anneau comme Saturne, et que cette voûte céleste en s'écroulant donna naissance au globe? IL vaut mieux revenir à la marche purement descriptive de la Géographie physique, Îa seule méthode vraiment scien- tifique et instructive. » L'auteur considère ensuite la distribution géographique des êtres organisés sur la surface du globe. D'abord, ceile des végétaux, celle des animaux, etenhn celle de l'homme. . Cet exposé du travail de l'auteur fait voir combien il est intéressant. [es w D 5sunog heures. 11à35s. 2là 1 +S. JJarrs- 4|à mudi 5là3s. 61à 35. mà 31s: ü|à 3 5e g[à 3 Se 1|10|à midi Mirrla3s. 12|à midi dli3là3s. Alr4làags. 1o|à3+s. 161à35. 17là midi 18là22%s. 4 19à ds: 20! à 35. 21|à 25. 22 1123143 s. 24\à midi AI25|à 35. 26|à 3 s. 27|à midi 212011 midi 29|à 5 s. 5 de GIE Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cen- LS - : | à Se ne Cane ; centièmes de nullimètres. Comme les observations faites à midi sont ordinairement celles qu'on le thermomètre de correction. A la plus grande et à la plus petite élévation du baromètre conclus de l'ensemble des observations, d’où 1l sera aisé de conséquent, son élévation au-dessus du niveau de la mer, La température des caves est également THERM CENTIGRADE. Ro A Maximum. | Mivruum. |A Mini. Maxrmum. | Mivimuu. 22à2%s. D. "4 OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES BAROMÈTRE MÉTRIQUE. PE ‘’IQIN “LNI "NUIHE A MIDI. o | heures © heures mill. | heures* mill. | H20,4là 5m. +15,7| +#29,1/à9s.......... 759,10|à 5m. .…....-7597,721758,46| +30,7{à 5 m. +16,2] +30,2|à midi........ TA 022 Se etes ser 728,821759,682| 29,5[à 5m. 17,2] +29,0|à 8 m......... 750 SAIATOIS. ee nele 753,791757,76 H21,5là gs. 15,7] H+21,5|à 9 +s..,..... 756 ,44{à 53m....... 754,0017 54,32 +10,5|à 55 m.rr,4l H18,11à 915. .......76,30|à 5 5 m........ 759,10]760,74 21, 5là 5 Em. Æ 9,7| H+20olà 10 5....,...,764 14là 5Tm........ 761,60|762,02 20,6|à 5 Em. Æ14,5! 4920,51à 6 m........ 767,04|à 9 +5........ 765,341767,00 +23 2{à 4 Em. +100! +21,5|à 8 m........ Li t)E M ONCE 761,5C|762,16 —25,5{à 51m. 410,2! +4-23,1[à8 m........762,16|à 115........760,00|761,66 04,2 9 s Hib,o| +-24,2/à 9 s......... 76o,29|à 3 s..... ....798,92|750,04 —20,ofà 5 Em. +13,7| +19,5|à 54m. ...... 759,22/à 9 3 s........ 752,38|757,54 +i8,ofà 55m. <+rr6| H16,ofà 11 s........756,06la73 m....... 749,581750,64 —+20,2là 5£m. 12,1] +16,5|à 115......... 762,54là 55m....... 798,18|760,00 —Hoo,7/à 51m. +io;2| +19,9là 9 s...:..... 765,78|à 5+m....... 763,20|764,5x Hiy,ofh1is. —<+14,1| +16,2|à 8 m. Benson ed 763,52|765,09 —2o,olà 51m. +12,5| —r9,4|à 8 m...... ...762,24/[ 1075. 761,40|761,84 +23,7[à 5 Em. 11,6] -+28,7|à 8 m........ FORSO|AOS. cree 759,90|760,Ë0 Æ25,o[à 5 £ m.-H+16,2| +24,o|à midi........ 760, 14là 5 ? m..... -759,00|760,14| 21,0 9s. 16,5] +20,7là 9 s. ........ 762,19|À 55 m....... 761,30,761,78! L242là 53m. 13,1] H21,2là 8 m........ 762,36|à3 s...… 761,21|762,23 23,2là 55m. 13,2] +L21,4/là midi........762,22 454 m...... .76Y,38|762,22 H25,2là 5 ? m. 13,5] -22,5|à 8 m........ 761,32/à 34 s........759,306|760,72 +18,7/à 5 2m. 13,5] +18,4[à midi........760,99|à 54 m....... 760,00|760,99 —+o1,olà 6m. —io,2| +21,olà9s.......... 761,00|à 6 m......... 760,00|760,50 +18,9là6m. “+Hr2,1| +18,7[à8m.........760,98|à 105.........759,26|760,54 —+23,2là 6m. +130] Hz21,olà midi........ 759,042 61m......... 759,12|759,94 —+22,0|1 6m. “ carbonate neutre de potasse, nous donna du carbonate de chaux qui , parfaitement desséché , pesa 4,245 grammes juste. 8. La liqueur restante, dépourvue de toute chaux, fut évaporée; de cette manière elle donna, lors du refroidis- sement, des cristaux de sulfate de magnésie, lesquels , dé- composés avec le restant de la liqueur non cristallisée, en faisant bouillir le tout assez long-temps avec du carbonate neutre de potasse , nous offrirent du carbonate de magnésie, lequel , bien lavé et fortement desséché, pesa 1,095 grammes. Ce carbonate ensuite calciné, ne fut nullement attaqué ni par la potasse caustique, ni par le carbonate d'ammo- niaque, ce qui, joint à sa facile dissolution dans les acides carbonique, muriatique et sulfurique, nous convainquit que ce ne fut que du carbonate de magnésie exempt de tout autre carbonate terreux. Résultat de l'analyse chimique (1). Donc, d’après cette analyse, 100 parties du résidu de l'éva- poration de nos eaux, parfaitement desséché , contiennent: Sous-carbonate de soude, . . . . . . . 135,533 Muriate de soude. . . . . « . . . . . .« 79,820 Sulfate- de soudesist.16 1e 2 016,55 Carbonate de chaux... ........ 3,242 Carbonate de magnésie. . . . . . . . . 1,095 Sierre ad re Ken if en RE 100,000 (2) En (1) Cette analyse, comme nous l’avons déja observé, fut faite du résidu de l’évaporation de l’eau minérale de la source principale. Une autre analyse faite des principes fixes de l’eau minérale de la source située à l'hôtel, dit Bain de la Rose, nous offrit à peu près le même résultat. (2) Contre toute attente nous n’eùmes point de perte à la fin de notre analyse. Nous pensons que la parfaite siccité du résidu y employé , l'extrême précision des calculs de Klaproth , ainsi que le soin que nous mimes nous-mêmes dans tout le travail, produisirent ce résultat. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4ot Ou, ce qui revient au même, un kilogramme d'eau minérale contient : Carbonate de soude. ... . . . . 0,5444 grammes. Muriate de soude. . . . . . . 2,9697 » Sulfate de soude. . . . . . . .- 0,2637 » Carbonate de chaux. . . . . . 0,1504 » Carbonate de magnésie. . . . 0,0440 » lige- seine « as là Moie «+ 10,0705 » Gaz sulfuré. .......,... 28,5410 pouces cubes. Gaz acide carbonique. ... . . 18,o6go zdem. Nous observons ici que n’ayant pu (comme d'ailleurs per- sonne ne le peut) d'aucune manière bien déterminer la quantité des gaz contenus dans nos eaux, vu qu'il est abso- lument impossible de mettre ces eaux dans un vase quel- conque, sans perdre la plus grande portion des gaz, nous avons , quant à leur mesure, adopté l'évaluation faite par les chimistes qui ont traité nos eaux avant nous. Nous remarquons encore que, quoique plusieurs auteurs disent ayoir trouvé dans le résidu de nos eaux thermales une résine , nous n'avons cependant découvert rien de pareil par aucun de nos essais; car ayant même traité à part, pour plus de sureté, 60 grammes de résidu à la fois, par l'alcool de 40 degrés, cet alcool ne nous a donné par l'éva- poration , outre des traces de soude caustique et de muriate de soude, aucun résidu. D'après cela il est probable que ce ne sont que les eaux sulfureuses , minéralisées par le gaz hydrogène sulfuré, qui contiennent cette résine, et que celles, qui le sont par un gaz sulfuré analogue au nôtre, en sont tout-à-fait exemptes. Examen chimique des gaz contenus dans nos eaux thermales. Outre le gaz acide carbonique , qu’on y reconnoît par le procédé ordinaire , on y trouve un gaz sulfuré, dont l'odeur se rapproche de celle du gaz hydrogène sulfuré, mais qui en diffère essentiellement par ses propriétés. Pour en découvrir la nature, nous en séparâmes l'acide carbonique par l’eau de chaux , et en commençämes l'examen de la manière suivante : Tome LXXI, NOVEMBRE an 1810, FFE 2 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1°, Nous en remplimes à plusieurs reprises une cloche, our savoir s'il est inflammable. Cette cloche renversée à fair , nous y äpprochâmes une chandelle allumée, et il n’y eut point dinflammation. >, Nous introduisimes la chandelle allumée dans le gaz en question, et elle s'éteignit sur-le-champ. 3°. Nous plongeämes deux moineaux égaux en âge et en force , l'un dans ce gaz-ci, et l'autre dans du gaz hydrogène sulfuré. Ils moururent tous les deux de suite; cependant celui exposé au nouveau gaz, vécut une à deuxsecondes de plus que celui qui fut en contact avec le gaz hydrogène sulfuré. 4. Nous mimes de ce gaz dans les dissolutions métalliques. Par ce moyen, quelques-unes furent précipitées, tandis que d’autres ne furent nullement attaquées. — Furent précipitées les suivantes, savoir : le muriate d’or, en brun grisätre ; le nitrate d’argent , en beau brun-marron; le nitrate de cuivre, en brun grisâtre; l’acétite de plomb, en brun grisâtre d'un brillant métallique , changé ensuite en gris noirâtre; le mu- riate suroxigéné de mercure, en beau blanc; le muriate d'antimoine, en jaune d'orange; et enfin le nitrate de bis- muth, en rouge brunâtre. — Restèrent inattaquées les sui- vantes : le muriate de platine, le muriate défer, le muriate d'étain, le muriate de manganèse, le muriate de cobalt, le sulfate de zinc, le nitrate de nickel, le nitrate de chrôme, le nitrate d'urane et enfin le nitrate de titane. 5°. Nous en introduisimes un pouce cube avec deux pouces de gaz oxigène pur, retiré de l'oxide rouge de mercure, dans une cloche graduée , remplie d'eau distillée, placée sur l'ap- pareil hydro-pneumatique (1). Quelques jours après, le vo fume du mélange commença à diminuer, et du papier teint par le tournesol et mouillé, placé au milieu des gaz, sembla se changer en rouge; mais six semaines après, lorsque le volume du mélange eut diminué d'un demi-pouce cube, il s'étoit forméde l'acide sulfureux, et toute la couleur du papier avoit disparu. 6°. Parties égales en volume de ce gaz et de gaz hydrogène furent méêlées ensemble dans une cloche graduée comme (:) Nous n'o$âmes pas nous servir de l’appareil hydrargyro-pneumatique, à& sause de l':ction du mercure sur ce gaz. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 précédemment, et placée sur le même appareil; ces gaz, après avoir été plusieurs semaines en contact mutuel, navoient pas diminué de volume; et la non-action du mé- lange sur les acides sulfureux, nitreux et arsenique, nous démontroit enfin qu’il n’y eut pas formation de gaz hydro- gène sulfuré, et que par conséquent le radical du gaz en question doit avoir plus d'attraction pour le soufre que n'en a l'hydrogène (à). Nous traitâmes : 7°. Parties épales en volume de ce gaz et de gaz azotecomme dans la 6° expérience ; ces gaz-là n’eurent point d'action l’un sur l’autre et le volume resta le même. 8°. Parties égales en volume de ce gaz et de gaz nitreux comme dans les 6° et 7° expériences ; ñ ne se forma aucun précipité et le volume ne changea pas. Cette expérience-ci prouveroit déjà ou que ces deux gaz ont absolument la même base (dans ce cas ils ne pourroient par cela seul se décomposer), ou qu'enfin l'attraction des parties constituantes réunies de l’un de ces gaz seul, ou des deux gaz à la fois, l'emporte sur celle que pourroient avoir une ou toutes les parties cons- tituantes d'un de ces gaz pour une ou toutes Les parties consti- tuantes de l’autre. 9°. Parties égales en volume de ce gaz et de gaz acide carbonique comme dans les expériences 6,7et8, mais l’eau distillée, tant dans la cloche que dans l’appareil , étant tenue toujours presque bouillante (2). Ces gaz, quoiqu'ayant été plusieurs heures en contact mutuel, ne subirent point de changement; car l'acide carbonique séparé par l'eau de chaux, le gaz en question n'avoit changé ni de nature, mi de quantité. (1) Cette expérience nous fait croire que dans les eaux sulfureuses de Moffat et de Harrogate, dans lesquelles des chimistes anglais disent avoir trouvé le gaz azote pur et le gaz hydrogène sulfuré ensemble, contiennent ou le gaz hy- drogène sulfuré et azote sulfuré en même temps, ou enfin les gaz azote sulfuré et hydrogène pur. : 4 ; (2) Ce ne fut que pour empécher l'absorption du gaz acide carbonique par l'eau, que nous dûmes employer l’eau presque bouillante, car le gaz en ques— tion, quoiqu’ayant la plus forte attraction pour l’eau, à laquelle uni on ne le peut en chasser que par l’ébullition , n’est cependant plus absorbé, au moins pas d’une mauière sensible, lorsqu'il en est une fois séparé. Fffe 404 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 10°. Parties égales en volume de ce gaz et de gaz acide muriatique oxigéné comme dans l’expérience 9, c'est-à-dire l'eau de l'appareil et de la cloche étant presque bouillante. Ces gaz s'attaquèrent mutuellement, le volume diminua, il n'y eut point de précipité de soufre formé, mais l’eau de la cloche versée dans une dissolution de muriate de baryte, y donna un précipité très-abondant. Le gaz restant, lavé à prupebrs reprises par l’eau distillée froide, bouillie avant ‘expérience , pour en chasser tout air atmosphérique ou acide carbonique qu'il pouvoit accidentellement contenir, nous présenta les propriétés suivantes : a. Il fut incolore et permanent. b. Il eut une odeur fade comme animale. c. Il éteignit les bougies allumées, etasphyxia les animaux. d. Mélangé avec le gaz oxigène, il ne s’enflamma ni par l'étincelleélectrique, ni par l'approche d'un corps enflammé. e. Il ne devint pas rutilant par le contact du gaz oxigène. JS: I ne fut absorbé ni par les acides, ni par les alkalis. &- Il n'altéra en aucune manière les couleurs végétales quelconques. h. Quoiqu’ayant traversé plusieurs fois de suite l’eau, il en absorba si peu, qu'exposé à du muriate de chaux ré- cemment calciné, celui-ci n’en fut pas sensiblement humecté. Il suit de ces expériences, que ce gaz ne fut et ne put être autre que du gaz azote pur. 11°. Une partie de ce gaz fut introduite dans une petite eloche remplie d'acide nitreux ; la liqueur resta claire, il ne se forma aucun précipité. La même expérience répétée avec les acides sulfureux et arsenique en dissolution , nous offrit toujours le même résultat. 12°. Une partie de ce gaz fut introduite de la même manière que dans l’expérience 11, dans une cloche remplie d'acide nitrique concentré pur. La liqueur se troubla sur-le-champ, et il se forma un précipité de soufre, qui cependant ne tarda pas à disparoïtre, vu qu'il se changea en acide sul- furique. L'acide employé à l’expérience , versé dans une dis- solution de nitrate de baryte , y forma un précipité abondant. Ayant fait passer le gaz restant (mélange de gaz nitreux, résultant de la décomposition d’une partie de l’acide ni- trique employé , par le soufre acidifié du gaz en question, et de gaz azote, résultant de celle du gaz en question méme) ET D'HISTOIRE NATURELLE, 405 dans une cloche remplie d'acide muriatique oxigéné récem- ment préparé, nous changeämes le gaz nitreux en acide nitreux. Le reste du gaz lavé plusieurs fois par l’eau dis- tillée froide, dont l'air et l'acide carbonique qu'il pouvoit accidentellement contenir, fut chassé avant l'expérience par l'ébullition, ne fut, comme lors de la 10° expérience, que du gaz azote pur. Résultat de l'examen chimique du gaz sulfuré contenu dans nos eaux. — Sa nature et ses propriétés. Il suit de ces expériences, que le gaz en question est, comme l’a aussi trouvé Gimbernat (1), du gaz azote sulfuré, auquel on doit attribuer les caractères suivans: 1°. D'avoir une odeur semblable en quelque sorte à celle du gaz hydrogène sulfuré , mais de ne pas être si fétide. 2°, De ne pas être inflammable. 3°. D'’éteindre les corps enflammés. 4°. D'asphyxier les animaux, mais pas avec autant de rapidité que le gaz hydrogène sulfuré. 5. De précipiter plusieurs dissolutions métalliques, et de ne pas agir sur d'autres. 6°. D’être décomposé par le gaz oxigène, lequel en change le soufre en acide sulfureux. 7°. De ne pas être décomposé par les gaz hydrogène, azote, nitreux et acide carbonique. 8. D'être décomposé par le gaz acide muriatique oxigéné, qui en transforme le soufre en acide sulfurique. g. D'être décomposé par les acides nitreux , sulfureux et arsenique. 100. D'être décomposé par l'acide nitrique concentré, qui en sépare du soufre , lequel en décomposant à son tour une autre partie d'acide nitrique, se transforme bientôt en acide sulfurique. 11°. D’avoir une si forte attraction pour l’eau, qu'on ne peut en chasser les dernières portions que par une forte ébullition , lesquelles cependant une fois séparées, n’en semblent plus étre absorbées. (1) Voyez nouveau Journal de Chimie de Gehlen, iome V, 1° cahier, et Annales de Chimie, volume LXII, page 185. 406 JOURNAL DE PHYSIQUÆ, DE CHIMIE Quelques-unes de ces propriétés furent aussi trouvées par Gimbernat (1), mais il n'a décrit aucune des expériences par lesquelles il les avoit découvertes; d'autres ne furent nullement mentionnées par lui. Observation fournie par la sixième propriété du gaz azote sulfuré. On nous demandera probablement, comment se fait-il que le soufre se précipite de ce gaz en contact avec l'air dans des endroits où les vapeurs sulfureuses sont renfermées ? Nous répondrons à cela , que ce ne peut nullement être l'air atmosphérique, ni les petites quantités d'autres gaz y con- tenus accidentellement , qui en sont la cause , vù que ces gaz mis en contact immédiat avec le gaz azote sulfuré, n'en pré- cipitent absolument rien. Ce n'est donc que par la dimi- nution de température qu'une partie du soufre, que le gaz azote sulfuré ne tint suspendu qu'à l’aide de son calorique libre , s’en précipite (2) sans que Le gaz en change de nature; et le gaz azote sulfuré, tel qu’il sort du sein de la terreetavant qu'il ait déposé Le soufre excédant à sa composition , ne nous paroiît enfin n'être qu'un composé, qu'on pourroit nommer sulfure d'azote sulfuré gazeuæ, et qui ne devient du gaz azote sulfuré, qu'après avoir déposé, par le refroidissement, le soufre non combiné avec lui. ‘Annonce d'un procédé par lequel M. Westrumb dit avoir ob- enu un gaz sulfuré analogue à celui dégagé de noseaux.— Expériences faites à ce sujet. M. Westrumb, célèbre chimiste de Hameln, annonce avoir obtenu, en faisant passer du gaz hydrogène sulfuré à travers un lait de chaux (de la chaux délayée) et en PS (1) Poyez les deux Journaux cités plus haut. (2) Le célebre Fourcroy avoit déjà trouvé dans une espèce de gaz azote sulfuré , fait artificiellement, la propriété de déposer du soufre par le refroi- dissement; mais comme la partié de soufre qui y reste après cette précipi— tation, est infiniment petite, on peut bien admettre qu’on ne connait pas encore la préparation du vrai gaz azote sulfuré. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 407 recueillant le gaz nonabsorbé dans des cloches remplies d’eau distillée bouillante, placée sur l'appareil hydro-pneumatique, un gaz analogue à celui qui se dégage de nos eaux thermales. « Ce gaz n’est, selon M. Westrumb (1), pas inflammable, » ila une foible odeur de soufre, il ne réagit pas comme » le gaz hydrogène sulfuré , et il lui paroït enfin que ce » soit un acide particulier. Cet acide (continue encore M. Wes- » trumb dans son Manuel du Pharmacien) se combine avec » l'ammoniaque en un sel neutre sans odeur, lequel, ce » qui paroît remarquable, exhale une odeur insupportable » à mesure qu'on le dessèche.Ce sulfure ammoniacal, quoique contenant du soufre, ne réagit pourtant pas avant l'éva- poration , comme tel, sur les dissolutions métalliques , et ce qui paroit étonnant et en contradiction avec les théorèmes des oxidistes, on peut à l'instant mettre à nu de ce sel » neutre, du soufre subsiantiel, en faisant passer le gaz » acide muriatique oxigéné à travers sa dissolution. » Sans vouloir contredire les expériences de M. Westrumb, chimiste à j titre célèbre, nous nous bornerons à com- muniquer les nôtres, ainsi que les résultats qu'elles nous offrirent constamment. 10. Nous fimes passer une grande quantité de gaz hydro- gène sulfuré à travers trois grands flacons €e Woulff, remplis de lait de chaux concentré, pendant deux jours de suite; jusqu'alors presque tout le gaz fut absorbé , il ne s’en dégagea que de temps en temps quelques builes. 2°, Nous fimes cesser le dégagement de gaz hydrogène sulfuré, et une heure plus tard, lorsque nous crûmes que tout le gaz absorbable devoit être absorbé par la chaux, nous échauffimes successivement les trois flacons de Woulff jusqu'à l’ébullition, en commençant par le premier. De cette manière tout le gaz non absorbé se rassembla dans le dernier flacon, et de là dans les cloches remplies d'eau distillée presque bouillante, placée sur l'appareil hydro- pneumatique. L'air atmosphérique des flacons et du tube passé, nous examinämes ce gaz, et lui trouvämes les pro- priétés suivantes : mm, (x) Voyez Journal de Gehlen , tome V, 1° cahier, Annales de Chimie = vel. LXIT, page 185, et la troisième édition de son ouvrageintitulé : Her buch der Apothekerkunst , ou Manuel du Pharmacien , vol. IL, p. 285 et 286. 408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Résultat de ces expériences et propriétés du gaz obtenu par le procédé de M. W/estrumb. 1°. Il est inflammable comme le gaz hydrogène sulfuré. 2°, IL a une odeur infiniment plus forte et désagréable que les gaz azote sulfuré et hydrogène sulfuré, et analogue, en quelque sorte, à celle qu'exhale à l'air une combustion de soufre et de phosphore. 3°, Il n'agit pas sur les dissolutions métalliques. 4. T1 a une si forte attraction pour l’eau, qu'on ne peut l'en séparer que par l’ébullition. 50. Il exhale une odeur insupportable , analogue à celle que dégage à l'air le sulfure d'ammoniaque hydrogéné, si on le fait passer à travers l'ammoniaque caustique liquide concentré. 6°. On n'a point de résidu, lorsqu'on évapore l'ammo- niaque, à travers lequel ce gaz a passé, filme quand on n'y emploie qu'une légèrechaleur ; mais pendant toute cette évaporation , il s'exhale une odeur insupportable, analogue à celle de l'expérience 5. Conclusion tirée du résultat de ces expériences. Ces expériences, quoique répétées plusieurs fois , et à des temps différens, nous donnèrent toujours le même résultat; mais n'ayant pu par aucun moyen nous procurer le sulfure concret dont parle M. Westrumb, nous ne pümes non plus nous servir de sa dissolution pour répéter l'expérience qu'a faite M. Westrumb, en y introduisant le gaz acide muria- tique oxigéné. Quoi qu'il en soit, ce gaz-ci diffère essentiellement des gaz azote sulfuré et hydrogène sulfuré, et si même M. Wes- trumb se fût trompé dans la détermination de quelques-unes des propriétés du nouveau gaz, obtenu par le procédé annoncé par lui, on en doit pourtant à lui seul la découverte, ainsi que l'observation de sa différence d'avec le gaz hydrogène sulfuré. IL seroit à desirer que les chimistes s'occupassent incessamment à l’envi de l'examen ultérieur de ce gaz, ce qui nous fut impossible pour le moment, vu que la déter- mination ET D'HISTOIRE NATURELLE, 409 mination exacte de la nature:et des propriétés du nouveau gaz dégagé de nos eaux, demandoit tant de temps et detravail, que nous ne pûmes plus penser à d'autres essais chimiques. Description d'un composé salin, formé aux parots des bains par le contact des vapeurs sulfureuses. C'est en hiver surtout qu'on voit naître ce sublimé salin, Son aspect est analogue au givre, et il contient, selon Kortum, du carbonate, muriate et sulfate de soude, ainsi que des traces d’un sel à base de chaux (r). Exposé d'un autre composé salin, formé dans les canaux qui conduisent aux bains l'eau minérale de la source. Ce composé est , comme l’a aussitrouvé Kortum, du sulfate de chaux cristallisé (2). On en trouve aussi au-dessus de la surface des sources dans les lieux où les vapeurs sulfu- reuses communiquant quelque part avec l'air atmosphérique, sont renfermées. C'est pour la plupart aux briques, etsurtout à l'endroit de leur jonction , qu'il s'attache, et c'est à ce sulfate cristallin qu adhère le sublimé précieux, le soufre qu'on s'en procuroit en si grande quantité avant le com- mencement de la réparation de nos bains. Théorie sur la formation de nos eaux thermales. Ce n'est que pour plus d'ordre que nous mettons ce pa- ragraphe à la fin des essais chimiques. Car, comment ha- sarderions-nous de donner une théorie sur un des procédés les plus compliqués dans la nature, opéré dans les plus profondes entrailles de la terre , dont l'Etre suprême a (peut- être) voulu à jamais nous cacher l'origine et la cause, tandis (1) Nous ne pümes en faire l'analyse pour le moment, vu qu’en été on n’en trouve nulle part. (2) C’est ici le soufre , précipité par le refroidissement du sulfure d'azote sulfuré gazeux, qui, change en acide sulfurique par l’oxigene de l’air at- mosphérique, se combine ayec la chaux du sel calcaire contenu dans nos eaux en sulfate. Tome LXXI, NOVEMBRE an 1810. Ggg 410 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'aucun savant n’a même pu jusqu’à ce jour préparer le gaz azote sulfuré, objet principal d’une théorie pareille ! Ce n’est qu'après avoir découvert la méthode de produire artificiellement ce gaz, qu'on pourra par analogie consulter la nature sur le mode d'action qu'elle emploie dans sa pré- paration, et même cette découverte (la plus importante de toutes) supposée faite, qui sera en état de nous rendre compte de la formation des autres substances qui font parties consti- tuantes de nos eaux sulfureuses. Si le procédé annoncé par le célèbre Westrumb s'était vérifié par nos expériences, et si de même il était constant que le gaz azote, comme plusieurs observations propres nous le font soupçonner , et même les dernières expériences du savant Davy nous le semblent présager , füt composé d'oxi- gène, nous n'aurions plus le moindre embarras d'expliquer la formation du gaz azote sulfuré; car dans cette supposi- tion on n'auroit qu'à admettre que le gaz hydrogène sul- furé s'empare , en traversant l'oxide de calcium ou quelque sel à base de cet oxide (la chaux ou quelque sel calcaire) d’une partie de son oxigène , et se change par là en azote sulfuré, qui en dissolvant à l'aide de la chaleur une plus grande quantité de soufre, donne naissance au sulfure d'azote sulfuré gazeux mentionné plus haut. ET D'HISTOIRE NATUMKELLE, 41v eee rm vrrememenl SUITE DES ANALYSES DES MINÉRAUX, PAR KLAPROTH. Tome quatrième (1). Axazyse de la terre verte de Vérone au Mont-Baldo. SOS ES PA EE ARR RER ER 01e PINS 53 L Er 0 PROG MMA ARBRE ue RCE 28 SURESNES RAA Een de 2 Salh(potasse),......: 43,21 10 : DEN PEAR RM ETAT EE PEPLCRE 6 Silice PH SRE SET OS a Lion SKI 51 5o Fer:oxidé. : : : : 3-3 OR TIME EEE 20 5o Magnésie. um: : 103 4 | 199 2AUeS 1 6o Kali (potas). .....::::. . 18 au, sos ee à à ee 8 SRG BAS Lie rte Le Le leLie: tete ee EMS MAN e LENS CURE Alumine. … :,. -sain2.chb.sbaf. 12 NU H FT QAR RUN COTES RE ER EN PRE ET DMHTRENTES M Eee ee tele tu TEE Ua ele 2 5o FM APR PCR LEURS 17 Natron (soude) avec un soupçon dekali CPAMROTASSE). 2 ie à pe ete +. 4 5o Eau EU CIS OO PDA OROAOPORCAC) se. 9 () foyez le Cahier d'août, 412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Analyse de l'alaunstein (aluminite) de la Tolfa. Silice: ; RME Se MOTS Alumine ne Es COMENT PSE 19 Acide sulfurique. . . . . . . .. .. 146 50 Kali (potasse). . . 1. ...... SAUNA À DES Os LIN LE EMA] EG Arai à ae Le 3 Analyse de l’aluminite de Hongrie. Gilice trente MEN METE Nid: 0225 Aluimine ee teste 17 6o Acide sulfurique. . . . . . .. . . . .. 12 50 Kali(potasse). . ... ..... ARANEE PERL LOT ALTO IOT OS LM ini ras latin Le tabl lo el 10 0) Analyse du schiste alumineux terreux de Freinwalde, 1000 parties ont donné: SOTERE: Meet ses) feet a112D 00 Gharbon ee NE UC CN EC TOIELE ‘. 196 50 Alumines CARMEN Re Le er 160 SICE AR Ho eee t le te EU . . 400 Fer oxidé noir, avec une trace de man- ganèse. . » . « ARR ROMA MEN EN CUITE 64 Fer sulfaté (eisen vitriol). . . ... .,.. 18 Gypse. ss se ares | 15 Magnésie. , , . « . . « . 2 Kali ( potasse) sulfaté. . . . . . . . .. 15 ” Kali (potasse) muriaté. .. .. .. .., 5 ENORME MON SRE Om ee 107 60 Analyse du jade de Suisse. L'hémanite de Delamétherie:, szussurite de Saussure. Silicen ans mg DSi neue te sb 19249 Alumime:.OPQUOENIN AEnE CREME 5). RUES Chaux." 25 645 7 ACORemOT Le 10 5o Magnésie. . ... .. 3 75 Benoxidie RARE 9 700 CRIE 6 50 Natron (soude). . , 4, « » « p or » + 9 90 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 413 Analyse du lazulite de Krieglack en Styrie. AMENER Us UE 7I DICO EME lie els à Le oo 1e eile 14 ETES: HMS" 5 Hart 1e MST EPP 3 Fer Oxides he cl et SA 2 o 75 Ral{porasse) "ele". 0 o 25 Eau: ce. DD MOMIE Tata à 5 Analyse du moya de Quito, apporté par Humboldt. Cent grains de moya ont donné: FL TMC EL Gaz acide carbonique... . . .. . ... 2 25 Gaz hydiopène 2 SR... 14 5o Eauet ammoniaque avec de l'huile em- PYCÉRMMATIQUE. + « see ee 2 ee ne 11 GhANDON AISNE TS EU ENS DATE. Mere eete 5 25 RICO ele TA er MINS a das à à 2 46 50 Alumine MCE IEEE tee 20100 CAD AU R EAN DETTE SR 0 M6. bo FéTAOXIAEs Re RE ME les re gs 6 21 Natron (soude). , .. . . . +... . + - 2 50 Analyse du guano des iles. de la côte du Pérou apporté par Humboldt. On suppose que ce guano est le résidu des excrémens des oiseaux qui s'amoncèlent dans ces îles, L'analyse a donné à Klaproth, Acide urique ammoniacal . ....; 16 Chaux phosphatée. , :....::.... 10 Chaux oxalatée. . . , . .. > PORT S 12 75 STAGES et is cer ies 4 Natron (soude) muriaté........,. o 50 Sablemelanpé |... TN RSSE 28 Eau avec nn résidu animal et perte, . . 26 75 414 JOURNAL DE PMYSIQUE, DE CHIMIE Analyse du klebschieffer de Ménilmontant ou polierschister: DULICE EME ENS 7e le elle ee Te 1102200 GHaUX: MNT. MON E UE 8 TRACE D da NO 7 ONE 4 Gharbon Met, 1 NES" o 75 UE 0: 01 ENORME ter o bo EE BE tot dE Men STE AECISRPNRES 24e) el 128) 20 Eau ‘et gaz dégagés. MES UUS es + ONU aa, Analyse des grenats vert-olive de Sibérie. See are. SUR et ESA RAIN 44 Cao 6 ira étre de dl à LIN eee GE ONE Te 33 5o Alumine te Sail Miele REO TO Felroxidé Nine Rte te 12 Manganèse oxidé , une trace. : MErtE sus een aie ele ent A AIENNEETl 3502 Analyse de la calcédoine verte de l'Olympe BtFs de Prussa dans l’Asie mineure. Silice. . « .:..4.. ER TON 75 Fer oxides & ve tn tee + 8 © 5 "eu o 5o Alumine.:.:.-... + + 5 256 De ren o 25 Ha: i4e date e Blois iepéte mel teu re te aie ure PNUD at 59 Allumines tes eee te eue ele SU 14 bo Femoxidé.hiils bis one trot 6 Chaux. dcr CR aALe 25 Magnésie. , . . . .. . dia & antee MO120 Natron (soude) MR ALPINE MORE 0. 1 DARMEON D 15 Pen FI E 2 CN CEE OCT LOIR 8 50 Analyse de la terre à foulon d'Angleterre. ST TE EE EP RANS 2 1 2 ou cent < Alumines UNE ES AS ESTO HeTLORIE: 40 see lool le este +: ojje 00 9 79 Magnésie eue APRES. 1 25 Cha RDA de + Loue tele o 6o BSeltnarin NON: re TION PAU Lee NE à NEUTRE 24 Kali (potasse) une rrace. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 Analyse de la terre à foulon rouge de Silésie. Siicesries merite M ratesls à à CR Dee UNS 48 Bi ADMIN E 4 ÉEEE aele LiDnherr de Le de 15 5o Magnésie. 4800... 4 56: 1 bo Fer OX RME Le RO ele ee ee de 6 50 Mansanesenornidé. elite... o 5o FAP ER RAA AR 20150 Sel marin , une trace. Analyse de la terre de Sinope du Pont, de Pline, apportée par M. Hawhins, de la Natolie. Cette terre, suivant Pline, donnoit la couleur rouge. SiliCe RM Ne ne RATER Su 0 32 Nbre Hu AMEN ESPOr 26 50 PéTonide Lei o ea lic eUs ne c Lee Ro Le 21 Del TATIANA DS eee ein MMA RTE 1 50 LATE GORE HSE RAA RNE 17 Analyse du tinkal, borax cristallisé, Acide -boraciques ii. M AM IR t 37 Natron. (soude)... 57. 7.282374, nt 14 5o Eau de cristallisation....... EUR TES 47 Analyse de la datholite. . DIRCE Lu ete rate ete te et PE AE NE à :.- 56 50 CAES SRE A dr AAA et Ja se 2 SA EL 355 50 Beide boraciqueg: : Let à MU 24 EL SR RE SEE AE OR DEN se 4 Fer et manganèse, une trace. Analyse du fluor. ChAURÉE ALES SEE EN UE . 67 75 Acide fluorique......, AREA JS no Fer oxidé, une trace. 416 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. Analyse de la terre phosphorescente de Marmarosch. Pelletier l'avoit analysée. Klaproth dans une nouvelle analyse en a retiré, Atide phosphorique.........,.,,...., 32 25 AcidéMROrIQUEM 2e Le : : POUPEE 2 50 APT EL To DT ST RE O Uu Lo 47 SC ARARMAN SR ARTE ON GENRE o 5o Gr Cratlésstbon db 0e boT 0 100 OPA o 75 1BEtbtO 0 APOODOE DBIO Sonic bot 500: ab anote 1 Quartz mélangé..... sen AR Qi « 22150 {La suite au prochain Cahier). TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. J.-P. Dessaignes, à J.-C. Delamétherie , sur quelques phénomènes de phosphorescence par insolation. Pag. 353 Tableau météorologique; par M. Bouvard. 362 Extrait d'une Lettre de M. de Bournon, à M. B..., sur quelques. points de Cristallographie. 364, Voyage d'Alexandre de Humboldt et Aimé Bompland. Troisième partie. Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne. Cinquième livraison. 366 Suite à mes Mémoires sur les Cristallisations géologr- ques , formations des terrains secondaires; par J.-C. Delamétherre. : 383 Analyse des Eaux sulfureuses d'Aix-la- Chapelle ; par G. Reurnont. Extrait par J.-C. Delamétherte. 393 Suite des Analyses des Minéraux , par Klaprotk. ATX JOURNAL DE RATS L-Q-U:FS DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. DÉCEMBRE ax 1810. DES AFFINITÉS CHIMIQUES; PAR J.-C. DELAMÉTHERIE. Deux opinions principales divisent aujourd'hui les sayvans sur les principes généraux de la Chimie. Les philosophes de la plus haute antiquité observèrent que certains corps s’attiroient et d'autres paroissoient avoir une force opposée ou de répulsion. Ainsi deux molécules d'huile placées l'une à côté de l’autre, s'attirent et se réunissent , tandis qu'une molécule d’huile et une molécule d'eau placées dans les mèmes circonstances s'éloignent. Empédocle disoit que l’uni- vers étoit coordonné par deux forces, dont l'une étoit l'amour qiores, et l'autre la discorde vaxos (1). (:) Hæc autem illi (Empedocli) visa sunt ac placita elementa Esse quatuor , ignem , aquam , aerem , terram, amicitiamque Qué copulentur , et discordiam qué dissideant Nonnurmquam connectit amor simul omnia , rursus Nonnumquam sejurcta jubet, contentio ferri. Diocex. LAERT. in vità Empedoclis. Tome LXXI. DÉCEMBRE an 1810. Hhh FA 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces deux forces ont été désignées postérieurement par les mots d’a/finité, ou attraction, et de répulsion. « Quand » on observe la grande expansion des fluides élastiques, dit » Newton, on ne peut en expliquer la cause qu'en suppo- » sant entre leurs particules une puissance repoussarile Qui » les écarte les unes des autres (Optic. XXXI, page 566 . » Et sur ce pied là, la nature se trouvera très-simple et » très-conforme à elle-même, produisant tous les grands mou- » vemens des corps célestes par l'attraction d'une pesanteur » réciproque entre ces corps, et presque tous les petits mou- » vemens de ses particules, par quelques autres puissances » attractives et repoussantes , Qui sont réciproques entre ces » particules (ibid. page 568). » Les chimistes modernes avoient cherché à apprécier ces forces, et avoient construit des tables pour exprimer Îles différens degrés d'affinité des corps les uns pour les autres. Geoffroy a, je crois, donné la première. L'acide vitriolique (sulfurique) y étoit placé le premier, comme-ayant une affinité prépondérante avec les alkalis, les terres... Venoient ensuite l'acide nitreux (nitrique), l'acide marin (muriatique).... Ces tables ont présenté un si grand nombre d'anomalies qu'on n'en fait plus d'usage. Mais quelle est la cause de ces forces d'affinité et de ré- pulsion? quelles en sont les lois? Quelques savans ont supposé que la force d'affinité est en raison des masses, ou des quantités des substances qui agissent les unes sur les autres. Telle matière, qui n'agiroit point sur une autre, si elle ne lui étoit présentée qu'en cer- tainé quantité, exerce sur elle de l’action, quandeelle devient plus abondante. : Newtcn prouva que tous les corps célestes agissoient les uns sur les autres, et s’attirorent en raison directe des masses et de l'inverse des carrés des distances. Il admit la même attraction entre les particules des corps terrestres. En parlañt de la dureté de ces corps’, il dit : « J'aime mieux conclure de la cohésion des corps, que leurs-particules s’attirent mu- tuellement par une force qui , dans le contact immédiat, est extrémement puissante, qui, à de petites distances, produit les opérations chimiques mentionnées ci-dessus, et qui, à. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 419 de fort grandes distances des particules des corps, n’agit point, du moins par des effets sensibles. » (Opéique, ques- tion XXXI, page 555.) Mais on supposa que cette attraction entre les corps terrestres à petites distances, pouvoit être en raison des cubes, ou d'autres puissances de ces distances. 11 supposoit même des puissances repoussantes, ainsi que nous venons de leivoir. D'autres physiciens, tels que Buffon , n'ont pas admis ces dernières parties de la doctrine de Newton, et ont cherché à prouver que ces attractions particulières dans les petites distances, suivoient également,.la loi générale de l'attraction dans les grandes distances, etqu'elles agissoient pareillement en raison directe des masses et de l'inverse des carrés des distances. Les puissances repoussantes admises par Newton, sont aussi , suivant Buffon, des.effets des mèmes attractions; mais la figure des corps a, suivant lui, La plus grande in- fluence dans ces attractions particulières. 5 « Les lois d'affinités, dit Buffon (Seconde vue de la Nature, page 16, éditionin-12, tome XXVI), par lesquelles les parties constituantes de ces différentes substances se séparent lés unes des autres pour se réunrr entre elles, et former des matières homogènes , sont les, mêmes que la loi générale par laquelle tous les corps célestes agissent les uns sur les autres;elles s'exercent également, et dans les mêmes rapports des masses et des distances. Un globule d'eau, de sable, ou de métal, agit sur un autre globule, comme le globe de la terre agit sur celui de la lune ; et si jusqu'à ce jour l'on a rezardé ces lois d'a/finité comme différentes de celles de la pesanteur , c'est faute de les avoir bien conçues, bien saisies ; c'est faute d'avoir embrassé cet objet dans toute son étendue. La figure quidans les corps céiestes ne fait rien, ou presque rien à la Loi de l’action des uns sur les autres, parce -que la distance est très-grande, fait au contraire presque tout, lorsque la distance est très-petite ou nulle. Si la lune et la terre, au lieu d'unefigure sphérique, avoient toutes deux celle d'un cylindre court, et dun diamètre égal à celui de leurs sphères, la loi de leur action réciproque, ne seroit pas sensiblement altérée par cette .différence de figure, parce que la distance de toutes les parties de la lune à celles de la terre, n’auroit aussi que très-peu varié : mais si ces mêmes globes devenoient des cylindres très-étendus , et voisins l'ux de l'autre, la loi! de l'action réciproque de ces deux corps Hhh 3 420 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE, paroîtroit fort différente, parce que la distance de chacune de leurs parties entre elles, et relativement aux parties de l’autre , auroit prodigieusement changé. Ainsi dès que la figure entre comme élément dans la distance, la loi parott varier, quoiqu'au fond elle soit toujours la méme. » D'après ce principe, l'esprit humain peut encore faire un pas, et pénétrer plus avant dans le sein de la nature. Nous ignorons quelle est la figure des parties constituantes des corps; l'eau, l'air, la terre, les métaux, toutes les matières homogènes sont certainement composées de parties élémentaires semblables entre elles, mais dont la forme est inconnue. Nos neveux pourront, à l’aide du calcul, s'ouvrir ce nouveau champ de connoissances, et savoir à peu près de quelle figure sont les élémens des corps. Ils partiront du principe que nous venons d'établir, ils le prendront pour base. » Toute matière s'attire en raison inverse du carré de la distance, et cette lor générale ne paroît varier dans les attractions particulières, que par l'effet de la figure des parties constituantes de chaque substance , parce que cette figure entre comme élément dans la distance. » Lorsqu'ils auront donc acquis par des expériences réi- térées , la connoissance de la loi d'attraction d’une substance particulière, ils pourront trouver par le calcul la figure de ses parties constituantes. Pour se faire mieux sentir, supposons, par exemple, qu'en mettant du vif-argent sur un plan parfaitement poli, on reconnoisse par des expériences que ce métal fluide s'attire toujours en raison inverse du cube de la distance, il faudra chercher par des règles de fausse position , quelle est la figure qui donne cette expres- sion; et cette figure sera celle des parties constituantes du vif-argent. Si l'on trouvoit par ces expériences que ce métal s'attire en raison inverse du carré de la distance, il seroit démontré que ses parties constituantes sont sphériques, puis- que la sphère est la seule figure qui donne cette loi, et qu'à quelque distance que l'on place des globes, la loi de leur attraction est toujours la même. » Newton a bien soupçonné que les affinités chimiques, qui ne sont autre chose que les attractions particulières dont nous venons de parler, se faisoient par des lois assez sem- blables à celles de la gravitation ; mais il ne paroït pas avoir vu que toutes ces lois particulières n'étoient que de simples modifications de la loi générale , et qu’elles n’en paroissoient ET D'HISTOIRE NATURELLE. 421 différentes que parce qu'à une très-petite distance la figure des atômes qui s'attirent fait autant et plus que la masse pour l'expression de la lof, cette figure entrant alors pour beaucoup dans l'élément de la distance. » C'est cependant à cette théorie que tient la connoissance intime de la composition des corps bruts. Le fond de toute matière est le mème, la masse et le volume, c’est-à-dire la forme seroit aussi la même, si la figure des parties cons- tituantes étoit semblable. Une substance homogène ne peut différer d'une autre, qu'autant que la figure de ses parties primitives est différente. Celle dont toutes les molécules sont sphériques doit être spécifiquement plus légère qu'une autre, dont les molécules seroient cubiques , parce que les pre- mières ne pouvant se toucher que par des points, laissent des intervalles égaux (1) à l’espace qu'elles remplissent, tandis que les parties supposées cubiques peuvent se réunir toutes sans laisser le moindre intervalle, et former par conséquent une matière une fois plus pesante que la première ; et quoique les figures puissent varier à l'infini, il paroit qu'il n'en existe pas autant dans la nature, que l'esprit pourroit en concevoir ; car elle a fixé les limites de la pesanteur et de la légéreté. L'or (il faut dire le platine) et l'air (il faut dire les vapeurs) sont les deux extrêmes de toute densité. Toutes les unes admises exécutées par la nature, sont donc comprises entre ces deux termes, et toutes celles qui auroient pu produire des substances plus pesantes ou plus légères ont été rejetées. » Au reste , lorsque je parle des figures employées par la nature, je n’entends pas qu'elles soient nécessairement , ni même exactement semblables aux figures géométriques qui existent dans notre entendement. C'est par supposition que nous les faisons régulières, et par abstraction que nous les supposons simples. Il n’y a peut-être ni cubes exacts, ni sphères parfaites dans l'univers ; mais comme rien n'existe sans forme, et que selon la diversité des substances, les figures de leurs élémens sont différentes, il y en a nécessairement qui approchent de lasphère, ou du cube, et de toutesles autres figures régulières que nous avons imaginées. Le précis, (:) Le Sage de Genève a démontré que dans un espace rempli de mo— lécules sphériques, comme de boulets de canon empilés, le plem seroit 27 etle vide 20 , ou plusexactement le plein seroit 65204 et le vide seroit 48,280. 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, l'absolu , l’abstrait qui se présentent si souvent à notre esprit, ne peuvent se trouver dans le réel, parce que tout y est relatif, tout s'y fait par nuances, tout s'y combine par 2pproxi- mation; de même lorsque j'ai parlé d’une substance qui seroit entièrement pleine, parce qu'elle seroit composée de parties cubiques , et d’une autre substance qui ne seroit qu'à moitié pleine, parce que toutes ses parties constituantes seroient sphériques, je ne l'ai dit que par comparaison, et je n'ai pas prétendu que ces substances existassent dans la réalité ; car l’on voit par l'expérience des corps transparens , tels que le verre , qui ne laisse pas que d'être dense et pesant, que la quantité de matière y est très-petite en comparaison des intervalles, et l'on peut démontrer quel'or, quiest la matière la plus dense, contient beaucoup plus de vide que de plein. » On reconnoit dans ces vues le génie de Buffon, surtout si on se reporte à l'époque , en 1766, où il écrivoit ceci, qu'on avoit encore peu travaillé sur la Cristallographie, et que Bergman n'avoit pas développé la théorie des molé- cules des cristaux. Buffon a dit tout ce qu'on peut dire pour faire rentrer les lois des affinités chimiques dans celles de l'attraction générale, en ayant égard à la figure des molécules cons- tituantes des corps, bien plus qu à leurs masses. Il est évident ue si onsuppose plusieurs molécules tétraèdres, parexemple, e même masse, se combiner pour former différens corps, que les unes se réunissent par les arêtes ou bords de leurs surfaces (comme on l’a supposé par la formation de l'octaèdre - du fluor et autres; voyez la Letire de Bournon à cet égard, dans le Cahier précédent), et que dans d'autres corps ces molécules tétraëdres se réunissent par leurs faces triangu- laires...; elles exerceront les unes sur les autres , des attrac- tions différentes, et par conséquent les affinités de ces mo- lécules les unes pour les autres, ne seront plus les mêmes, quand même on supposeroit d'ailleurs tout égal entre ces molécules, la 71asse, le volume... Car dans ces petits corps, ou molécules, l'attraction n’a de force qu’au point de contact, ou à peu près, à cause de l'attraction prépondérante du globe terrestre. Ce n'est donc pas la masse de ces molécules, ou leur quantité de matière, qui seroit la -vause principale de la force de lenrs affinités, mais plutot leurs juxta-positions différentes sur leurs angles solides, sur leurs arêtes, ou sur leurs faces, parce que ET D'HISTOIRE NATURELLE. 423 les centres de la masse de deux de ces molécules sont alors plus ou moins éloignés, et quoique cette masse soit sup- posée la même dans ces deux molécules, leur attraction sera bien différente si elles se touchent par les extrémités de deux de leurs angles solides, ou par leurs faces triangulaires. Tous ces faits prouvent que les affinités chimiques sont des effets de la loi générale de l'attraction qui s'opère entre tous les corps, en raison directe des masses et de l'inverse des carrés des distances ; mais dans Jes corps terrestres l'at- traction particulière n'a une certaine force que dans le point de contact, ou à peu près, à cause de l'attraction prépon- dérante de la masse du globe. La figure des molécules de ces corps, et leur juxta-position sur les angles solides, ou sur les arètes , ou sur leurs faces , auront donc la plus grande influence sur ces attractions particulières, ou affinités en rapprochant ou éloignant, les uns des autres, les centres de masse de ces molecules. Cette influence sera plus grande que celle de la masse mème de la molécule, D’après ces faits nous dirons que l'affinité élective d'un corps À pour un autre B, plus grande que celle du méme corps À pour une troisième C, dépend de ce que les molé= cules de ce corps À touchent celles du second B pur de plus grandes surfaces que celles du corps C. Ainsi la potasse n'a de plus grandes affinités avec l'acide sulfurique, qu'avec lesacides nitrique, Mmuriatique, acéteux..., que parce que les molé- cules de la potasse touchent les molécules de l'acide sulfu= rique par de plus grandes surfaces que celles de ces autres acides. Ce qui rapproche davantage les centres de masse des molécules de la potasseet de l’acide sulfurique , et dé- termine entre ellesune attraction plus puissante, une affinité élective prépondérante. Quant à la force de discorde d Empédocles, et aux pré- tendues puissances repoussantes dont parle Newton , elles sont également les effets de l'attraction, mais de l'attraction des molécules d'un autre corps, qui s'introduit dans le pre- mier, plus puissante que celles des molécules de celui-ci, Ainsi le feu ou calorique, par exemple, met en fusion la plupart des autres corps, les réduit en vapeurs..., parce que ses molécules (du calorique) qui pénètrent ceux-ci, ont entre elles une attraction prépondérante à celle que les mo- lécules des autres corps oni entre elles , lesquelles paroissent alors se repousser par une force particulière (repoussante). OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES ee] 4 TT » 2 5 AN e a D BAROMETRE METRIQUE. "5 Ê TT 5 S | Maximum. | Minimum. |A Mur. Maximum. | Minimum. = F2 MIDI.| heures- F o |heures. + ° n ge heures se EE qe ST UE o -| 1fà23s. 10,0|à 7 m. 2,2 AT e eau: « FHDIBSOl APTE Sense H 3,0 8) 2Jamdi +65h7m. + 1,5] + 6,5à92s........ 753;00|à 7m..." HE To 32 94 3Järom. + 61/à7m. + 9,7| + 3,5[à midi... ..... 793,70|à 10 +S...4/...702,94|753,70| 7,9 ga midi + 5,247m. + 2,61 + 5,2]à7 m........ 750,84|à midi... +749:24|749,24| 8,6 5 à3 SN 707 SE AE 06 à 7 Ce" 749,60|à 9 3 S...... ..747:90|749,46| 8,7 6là35s Hi, 7m. + 6,3] +ro,7là7 m.........743,82{à 10 s......... 740,50|743,00| 10,0 7là3s. + 8,7h10;is. + 3,5] + 8,olà 10125. ......741,50[17 m........ 736,49|733,50| 10,5 8là midi +11,4{à 75 m. + 4,5] +rr,4là1os....... 748,70|à 7 + m....... 741,00|741,32| 10,5 olà midi + 8,5fà 7 £m. + 3,2] + 8,5|4 7 Em.......… 749,98|à 3 s..... ....746,30|747,70| 9,1 Bliolägom. “Æ+137là10%s. + 6,7| +13,6[à 7x m.......730,72|à 9 m........ 734,20|735,84| 12,2 firrlà midi <10,2|à 7 5m. + 6,0] +ro,2là ro :s....... 744,62|à 73m... ..706,84[741,36| 10,6 doom. +72h3s + 4,9] + 6,6à107s....... 792,04|à 7 3M........744,70|746,50| 9,6 Dlislass. Hé7hiois. + 2,2] + 6,6/10$s....... 764,12|à7+m...... .-798,80|761,89| 9,8 Nirala3s. + 47/à 7 2m. + o,0| + 4,5|à 7Em.......768,10|1 95......:... 756,48|762,12| 6,4 É\rolà midi <+15,ofà 7 : m. +ro,jo| +15,ol13 s..... .....752,52là 113 S.......750,00!752,44| 10,8 Nirélamidi <15,7/à9is. “+H12,4| H15,7[à midi....,.,.,74840là9£5s........ 747,50|743,40| 12,7 Dlr7la midi +12,5|à 10 35. + 7,2] Æ12,5à 10 Es.......701,64là7£m........748,50|750,21| 12,5 18 à midi <+13,5 à 1os. + 8,7| +13,5/a midi........ 753,22|à 75 m........752,50|753,22| 12,0 rolà midi 129472 m. + 7,4] H12,5|à 9 m.........752,34là 11 s........751,30{752,10, 11,3 Alooà3s. +13,8à7im. +10,1| H13,0[à7 + m....... 750;76|à 105:........ 748,34|750,19| 11,3 i21là3s. +14,4là 71m. — 9,7| Lr3,9là 101s....... 751,00|à midi........ 747:14|747,14| 11,7 Hizzlamidi +12,2/à 10 #5. + 5,9] 12,2 10£s....... 759,64|à 7 : m,....... 752,86[756,60| 13,2 23|à 35. +ÆH1r,olà 7 2m. + 4,5| Hi0,5|à 7: m........ 759,00À9+5........756,60|756,62| 11,9 24[à35s. “Hio,2là 7: m.+ 3,0] + 8,ofà 7im....... 700,25 MPIIS Eee ei « 751,80|754,20| 10,8 AI25là3s. + 9,0à 7 =m. + 3,6] Æ 8,olämidi........ 752,06|à 10+5.......749,52/752,06| 9,8 2635... + 9,427 £m. + 5,7] Æ 8,olà 7 + m.3...... 746,92|à 3 S........: 742,30|743,56| 0,5 27|à midi +10,2/à 62m. + 5,5] Lio,2|à 71m. ...... 739,92|à 3 S.......... 734,16|737,07| 10,2 20|à8s. “ro,4là 75m. + 7,0] + 9,9là midi........ 759,91|à92s........ 737,33|740,91| 11,2 29/à midi +10,5à95s. + 5,0] H10,5|à 9 £s........741,33|à 7 i m..... .739,241740,60| 10,5 EE 3s. + 79la1os. + 4,0] + 7,6là 105........ -755,94 À HAGTbobonce 741,52]744,32| 12,3 Moyennes. +10,2| + 5,2| + 9,9l 750,60| 746,32|750,18| — RECAPITULATI ON. Millim. Plus grande élévation du mercure. .... 764,12 le 13 Moinde élévation du mercure......... 734,16 le 27 Plus grand degré de chaleur... co. + 15,7 le 16 Moindire degré de chaleur......... .. + 7,8 le 14 Nombre de jours beaux....... 8 e COUVErIS.........e. 22 depluie............... 18 deyeñt.-s.--e.csee 29 degeléensnt..... 00e 2 de tonnerre......... se NE de brouillard. ......... 12 HeMere rt. --.-----0t o GE GO BOSS See I Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cen- M centièmes de millimètres. Gomme les observations faites à midi sont ordinairement celles qu’on le thermomètre de correction. A la plus grande et à la plus petite élévation du barpmètre M conclus de l'ensemble des observations, à'où il sera aisé de éterminer la température moyenne M conséquent, son élévation au-deessus du pivau de la mer. La température des caves est égalemen£ \ A L'OBSERVATOIRE IMPERIAL DE PARIS. : NOVEMBRE 1810. GEEZS VARIATIONS DE LATMOSPHÈRE. s |Hyc. POINTS a VENTS. | EEE LUNAIRES. le 7: LE MATIN. 1] 92 |S. Couvert. Quelques éclaircis. |PZuie fine. SNS PANNE L. périgé. [Trouble et nuageux. [Couvert. Idem. 3| 64 [N-E. Couvert. Idem. Couvert. 4| 92| Idem. |P.Q.a5h7m.|/dem brouil. humide.|Zdem. br. bumide. |/2em , pluie fine. 5| 93 |[O. Jde. Idem. Couvert. 6| 991S. Petite pluie. Couvert, petite pluie.| Nuageux. É 7| 65 |S. fort. Pluie. Idem, Légers nuages au sud. | 8| 689 |[S-O. fort. |Equi.ascen. |Nuageux. Pluie, grêle, tonnerre.| Nuageux. 9] 93 |Calme. ouv.,brouil., pluie. |Couv., brouill. Pluie. 10| 92|S-S-O.t.-fo. Couv. pluie parinterv.|Très-nuageux. Idem. 11| 66]|0. P.L.à6h38/m.\ dem. Idem. Nuageux, 12] 88 |N-N-O. ouy, brouil. humide.|Couvert, br. humide. [Couvert. 13| 8o|N-E. Couv., brouillard. Nuageux. Superbe. 14| 72|S-E. Idem. gelée a glace. |Légérement couvert. [Couvert , neige. 15| 96 |S-O. Couvert, pluie, Couvert. Idem. plnie: 16| 94| Idem Ciel vapereux. Idem , par intervalle. [Couvert. : Ë 17| 651 Idem. Lune apogée. Couvert, Très-nuageux. Superbe, pet. pl.à5h.|£ 18| 90| dem Idem. Idem. Quelques nuages. 19] 93| Idem. D.Q.26h18/m-| der. Couvert, Pluie abondante. 20| 95 |E-SE. Iiern, br. épais hum.|/4., brouil. pluie. Pluie fine de 48h. 21| 031S. Quelq. éclaircis . br. Que éclaireis, |Giel vapereux. 22| 811S-O. Equi. des. Nuageux. Nuageux, Superbe. 23| 86 |S-E. Petits nuages, brouil.|Beau ciel. Idem. 2 co | Idem Couv., brouil. épais. [Ciel vapeureux, br. |Couvert. 25] 911{|S. Trouble, bro. épais. |Couvert. Idem. 26 95 SE: N.L.à7h53/s. Couvert 4 brouillard, | Pluie abondante. Idem. 27| 93 Idem. Couvert, petite pluie. Couvert, pluie parint.|Beau ciel. 26| 69 |[S. très-fort Couvert. Nuageux. Pluie abondante. 29| 90 |S-O, fort. Pluie par interv. Très-couv.,pl.parint.|Superbe. 3o| 69 |S-0. Nuageux. Beauciel, quelq.nuag.| Légérement couvert. Jours dont le vent a soufflé du RÉCAPIT U.L.ATI ON. le 1°* 120,076 le 16 12°,080 Therm. des caves Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 54""14=— 2 p. o lig. 1 dixièmes. tigrade , et la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire en millimètres et emploie généralement dans les déterminations des hauteurs par le baromètre;on a mis à côté ctdu thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le zz2aximum et le minimum moyens, du mois et de l’année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris et par exprimée en degrés centésimaux , afin de rendre ce Tableau uniforme. lii . 426 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RECHERCHES GÉOLOGIQUES; PAR UNE SOCIÉTÉ ÉTABLIE A LONDRES. INTRODUCTION. LA Géologie est une science qui comprend nos connois- sances sur les systèmes de la formation de notre terre sur l’arrangement de ses parties solides , fluides et aériformes, leurs actions mutuelles et les lois de leurs changemens. Sous ce point-de-vue , elle est nécessairement liée avec un grand nombre de branches de l'Histoire naturelle; mais elle dépend plus particulièrement encore de la Minéralogie qui distingne les espèces descorps inorganisés , et dela Chimie qui recherche la nature intime de la matière etses propriétés cachées. La Géologie prise dans toute son acception est consé- quemment une science sublime et difficile ; mais heureu- ment pour ses progrès elle est susceptible d'être divisée en beaucoup de départemens différens, dont plusieurs peuvent être agrandis à l'aide de la simple observation. La connoissance des combinaisons générales et en grand de la nature, doit se puiser dans une multitude de preuves minutieuses et particulières ; et d'après ce principe, le plus léger indice qui a rapport à la structure de la terre, doit être regardé comme étant de quelqu’importance. — Pour ré- duire la géologie à un système, il faut y consacrer tout son tempsetavoir une connoissance de presque toutes les branches de la science générale et expérimentale ; c'est un travail dont les philosophes seuls sont capables ; mais les faits nécessaires pour arriver à ce but, peuvent être recueillis par des per- sonnes livrées à toute espèce d'occupations , les recherches principales n'exigeant qu’un peu d'observation et un mé- Le exact. Le mineur, l'arpenteur, le marchand de charbon de terre, le maitre de forge, et jusqu’au voyageur, ont chacun dans leur partie toutes les facilités possibles de faire des observations géologiques; et , soit qu'elles se rapportent aux ET D'HISTOIRE NATURELLE. 427 métaux , aux roches, aux terres, au charbon d'un district, ou bien aux formes extérieures des montagnes , aux directions des rivières, elles méritent d'être notées. C'est pour faciliter et diriger en quelque sorte cette re- cherche générale, que les membres de la Société Géologique ont recueilli de différentes sources , et réuni ensemble les recherches ci-jointes; et comme des remarques isolées et une information locale ne peuvent étre d'aucune utilité, à moins qu'on neles conserve ayec soin etqu'on neles classe, elle a Formé le projet d'offrir au public le répertoire de tous les faits qui peuvent lui être communiqués. Le but prin- cipal de cette association est de donner les moyens de cen- traliser cette espèce de connoissances; persuadéeque les travaux et les talens de plusieurs personnes ainsi réunies et s’entrai- dant mutuellement, pourront obtenir aisément plusieurs objets importans ; que les cartes minéralogiquesdes districts, si défectueuses aujourd'hui, pourront être perfectionnées ; que la nomenclature de la science pourra se corriger gra- duellement par le choix de termes plus expressifs et plus généraux ; qu'on pourra comparer les opinions théoriques avec les formes que la nature présente; et enfin obtenir un fonds d'instruction pratique applicable aux objets d'utilité publique. La Soeiété s'adresse spécialement à ses concitoyens ; aussi ne terminera-t-elle pas cette introduction sans leur faire observer la facilité extraordinaire qu’ils ont de s'instruire dans la Géologie sans sortir de leur île, et l'intérêt parti- culier que ses habitans doivent attacher à de pareilles re- cherches. Jamais un aussi petit espace n’a offert une plus grande surface de terre que l'art et la nature ont enrichie. Aucun pays n'est plus riche en productions minéralogiques de la nature de celles qui sont les plus essentielles pour nos manufactures et pour les arts utiles ; ajoutons que les circonstances actuelles nous invitent plus que jamais à re- chercher et à employer toutes nos richesses natives et in- térieures. 428 JOURNAL PE PHYSIQUE, DE CHIMIE, RECHERCHES GÉOLOGIQUES I. Concernant les montagnes et les collines. Sont-elles solitaires, ou en groupes , ou forment-elles une chaine? Lieux solitaires. Quelle est leur figure générale, telle que conique, pyra- midale, etc., et plus particulièrement celle de leurs sommets? Leur élévation au-dessus de leur base et au-dessus du niveau de la mer? La longueur, la largeur et la forme générale d'une section horizontale passant à travers la base , ou le terre-plein , et la pointe de circonférence entre lesquels est le grand diamètre ? Le degré de pente de tous les côtés, relativement à la plaine adjacente. S'ils présentent de quelque côté des faces raboteuses et escarpées, et quels points de la circonférence leur sont opposés ? Si des précipices s'étendent jusqu'au pied de la montagne, ou s'il se trouve au fond des bancs ébbniésée de morceaux détachés ? Si la surface est unie ou raboteuse?—sèche, ou maré- cageuse ? . À quelle hauteur s'élève la végétation ? et quelles sont les plantes qui dominent dans les différentes parties de la montée ? Les sources , les courans, les lacs, les creux et les cavernes? S'il se trouve sur la surface quelques blocs de pierre dé- tachés, différens de ceux dont la montagne est composée ? Addition aux recherches précédentes. Si les montagnes sont en groupe ? Les montagnes qui composent ce groupe sont-elles à peu près de la même hauteur ? Quelles sont les plus élevées? celles du centre, ou celles extérieures ? Si elles forment une chaîne ? Les contours de cette chaine? ET D'HISTOIRE NATURELLE, 429 Son point le plus élevé? Sa longueur ? Si elle est droite ou courbe, et si elle‘s’étend entre quelques points de la circonférence? Si quelques élévations latérales sortent de la principale chaine? TT. Concernant les vallées. Leurs limites géographiques ? Leur longueur, largeur et profondeur? Sont-elles tantôt resserrées, et tantôt dilatées ? ou bienleurs côtés conservent-ils un parallélisme uniforme? Le fond ou le plancher en est-il uni ou raboteux? à peu près de niveau ou très-incliné? s’il est incliné, l’est-il régu- lièrement ou par interruption, et dans quelle direction? Les échancrures qui forment leurs côtés sont-elles douces et unies ou bien raboteuses et précipitées ? Les côtés opposés sont-ils composés de la même espèce de roche? et correspondent-ils dans l’inclinaison de leurs lits ou couches? Y a-t-il sur leurs côtés des dépôts d’eau et des cailloux arrondis? ceux-ci sont-ils détachés ou réunis? et à quelle hau- teur les trouve-t-on? Les morceaux détachés dont le fond est couvert, sont-ils anguleux ou arrondis? de la même espèce de roche qui com- pose les côtés de la vallée, ou bien sont-ils différens ? Quelle est la description du roc solide, ou de la base sur laquelle reposent ces vallées ? Sont-elles ouvertes ou fermées à une seule de leurs extré- mités, ou bien aux deux? Existe-t-il quelques vallées latérales secondaires dans celle principale, et leur jonction présente-t-elle quelques circons- tances remarquables. Des courans d’eau coulent-ils dans ces vallées ou les tra- Yersent-ils? et dans quelle direction? 430 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE III. Concernant Les Plaines. Leur forme et leur étendue avec la nature, la hauteur et l'apparence générale des collines ou des montagnes qui peu- vent les borner? Le degré et la direction de leur inclinaison ou de leur échancrure ? La nature et le caractère des différens sols qui les couvrent? Si elles sont sèches ou abondantes en sources et en eaux stagnantes ? Si elles sont traversées par des ruisseaux, et dans quelle direction ils coulent? Si les lits de cailloux roulés , en supposant qu’il en existe, sont composés de minéraux semblables à ceux qui forment les montagnes environnantes. Si en y creusant des puits, des canaux, des bassins et des carrières, ou en y jetant des fondations , on n'a pas eu oc- casion d'examiner les couches de terre subjacentes; et quels sont les résultats de ces observations? IV. Concernant les Rivières. Leur source, leur embouchure? La direction et la longueur de leur cours, et si elles sont les mêmes aujourd’hui qu'autrefois ? Leur largeur, leur profondeur et leur rapidité? A quoi peut on évaluer leur descente ou leur chute? est- elle uniforme ou interrompue? À quoi se monte leur crue,ou leur décroissement périodique? La couleur, la température etles propriétés de l'eau ? Si dans quelqu'endroit elle coule sous terre? Si elles coulent dans la même direction que les couches de terre , ou bien les croisent-elles? et quel angle forment- elles alors? La nature de leur lit, si c'est du roc, de la vase, du sable ou du gravier? si les cailloux sont du même roc que celui de la contrée adjacente. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 431 V. Concernant les Lacs, les Sources et les Purts. 1. Les Lacs. L'étendue, la profondeur, la température et les autres propriétés de l'eau? Les périodes et le montant de leur crue, et de leur décrois- sement annuel le plus élevé. S'ils sont entretenus par des sources ou des courans, et s'il en sort quelques ruisseaux? De quoi leur bassin est-il composé? Existe-t-il quelques indices qui montrent que leur étendue d'autrefois est différente de celle qu'ils ont aujourd'hui? et ce changement paroit il avoir été graduel ou subit? Y at-il des bas-fonds de gravier, ou des iles dans les parties où les courans s'y jettent, et ces îles augmentent- elles chaque année? 2. Les Sources. Les propriétés chimiques et physiques de l'eau, la nature de ce qu’elle dépose ? c La quantité d'eau qui en sort dans un temps donné, et à quel degré le temps sec ou humide influe sur elle? L'espèce du roc d'où l'eau sort? 3. Les Puits. Leur profondeur? Le nombre, l'épaisseur et l'espèce des couches que l’on a percées en les creusant , ainsi que l'ordre de leur position ? Si tous les puits d'un canton tirent leur eau de la mème couche de terre? Si lorsque l'eau coule pour la première fois , elle sort avec rapidité et accompagnée de sable? Si l’eau est sujette à une crue ou à un décroissement pé- riodique ? VI. Concernant les Rivages et les Côtes. Si le rivageest plat, et jusqu'où il s'étend? d’où proviennent .les cailloux et le sable? viennent-ils de rochers adjacens, 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ou bien sont-ils amenés par les rivières, ou déposés par la mer? en quelle quantité , et quelle est leur description ? Si la côte est rapide, la forme et l'élévation des rochers avec la nature et la disposition des roches qui les composent? VIT. Concernant la Mer. Sa profondeur, son flux et reflux, les courans, les pas: sages , la nature de son fond. A quelle hauteur elle s'élève? Quels effets elle a produits sur les rocs adjacens ? Si quelque chose indique qu'elle ait eu autrefois un niveau différent ? VIII. Concernant les Rochers. Leur contour horizontal? Sont-ils séparés les uns des autres par des mêmes bandes d'argile, ou d'autres substances étrangères, ou faiblement, ou fortement attachés ensemble? Lorsque deux rochers d'espèce différente se trouvent en contact, observe-t-on quelque différence dans la couleur, la dureté, etc. , entre les surfaces adjacentes, et les autres parties du même rocher? Lorsqu'un rocher se termine à la surface de la terre, laisse- t-il quelques traces en forme de gravier, etc.? reparoit-il après une pareille interruption, et quel est la nature de la subs- tance qui intervient? Quelle est la forme de leurs extrémités quand on les a cassés ? Observe-t-on quelques rochers qui se terminent constam- ment ensemble, et qui sont-ils? S1 stratifié. Sa stratification est-elle distincte ou non? Quel est le nombre et l'épaisseur des couches, et l'ordre de leur position ? Alternent-elles ET D'HISTOIRE NATURELLE. 433 Alternent-elles, ou reviennent-elles à des intervalles ré- guliers ? “ | ? Sont-elles droites ou tortueuses? conservent-elles partout leur parallélisme, ou bien sont-elles cunéiformes ? Lorsqu'elles sont verticales, quels sont les points de cir- conférence opposés à leurs côtés , et quels sont ceux opposés à leurs bords? Quel est le montant de l'angle qu’elles forment avec l’ho- rizon? est-il le même dans toute leur étendue? A quel point de la circonférence déclinent-elles? Lorsqu'il existe plusieurs couches de la même espèce qui reposent l’une sur l'autre, différent-elles en épaisseur et en solidité? Lorsqu'il se rencontre des veines et des crevasses, lescouches sont-elles abaissées, élevées, contournées ou altérées de toute autre manière? La forme extérieure de la montagne cor:espond-elle à la position des couches? Si la couche renferme des parcelles larges et épaisses, telles que le mica , sont-elles toutes dans la même direction? Nota. En examinant les couches , il faut bien prendre garde de n'être point trompé par la distance on la perspective, ou en prenant les fentes pour la straüfication, ou en confondant les couches avec les couches dans leur position naturelle ; surtout ne point oublier qu’avant de déterminer avec certitude l’inclinaison d’une couche, il est nécessaire de la considérer sous deux de ses côtés adjacens. S'ils ne sont point stratifiés. Sont-ils en concrétions amorphes , à colonnes, ou globu- leuses ? Se fendent-ils avec la méme facilité dans toutes les di- rections , ou bien ont-ils ce que l'on appelle un grain? Ont-ils beaucoup de fentes, et quelle est la direction et l'étendue de ces fentes? EXC LI Concernant les Matières des rochers. Sont-ils composés d'une ou de plusieurs substances mi- nérales ? Dans le dernier cas , quelle est celle qui porte sur l'autre? Sont-ils composés de parties cimentées ensemble, ou ces arties tiennent-elles l’une à l’autre sans aucun ciment? Tome LXXI. DÉCEMBRE an 1810. Kkk 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIP Sont-ilsgraineux ,schisteux, porphyritiques ,'amygdaloïdes, où composés de quelques-unes de ces substances? si c'est de la brèche, renferment-ils des nœuds, grands ou petits, entiers ou brisés, etc.? Renferment-ils des morceaux d’autres roches, et quelle est leur description? est-ce du sable, des coquillages , des coraux , des traces de végétaux ou toute autre substance qui paroisse appartenir à une formatien différente ? Renferment -ils des nœuds creux, et de quelle manière sont-ils couverts? Y a-t-il quelque marque à laquelle on puisse distinguer les substances trouvées dans une couche de substances sem- blables trouvées dans une autre, ou au moyen de laquelle ce que l’on a appelé couches primaires, puisse être dis- tingué des couches secondaires et des couches de transition ? Quels sont les minéraux qui se trouvent généralement en accompagner d’autres ? Comment plusieurs espèces sont-elles affectées par l’action combinée de l'air et de l'humidité , ou si d'immenses frag- mens ont été entrainés par les torrens , quel est le progrès de la décomposition des roches connues, et y a-t-1l quelque réagrégation ? Quelles sont les formes caractéristiques de .chaque espèce de rochers, en montagnes? En blocs détachés? Comment sont-elles affectées par la mousse qui les couvre? Quelles sont les plantes dont l'absence ou la présence in- dique la nature du sol? Par quelles dénominations locales différentes roches, et à quels objets Ÿ appliquer? eut-on distinguer les » économie peut-on les X. Concernant Les Veines. Sont-elles de la même matière que la roche dans laquelle elles se trouvent, ou de quelque roche contiguë? Quelle est leur direction relativement au point de la cir- conférence, et l'inclinaison des couches adjacentes? RUE verticales, horizontales ou inclinées et sous quel angle ? Quelles sont leurs dimensions? ET D'HISTOIRE NATURELLE. 455 Sont-elles à peu près de la même épaisseur à différentes profondeurs ? se terminent-elles en coin à la pointe ou à l'ex- trémité de la veine? Leur cours longitudinal est-il droit ou courbe ? Est-il d'une largeur uniforme ; ou bien s’agrandit-il, ou diminue-t-il ? Forme-t-il des ramifications , et dans quelle direction? Les branches se réunissent-elles ? Dans quel ordre les minéraux dont la veine est composée, sont-ils arrangés? Existe-t-il parmi elles quelques fragmens d'autres roches, quelques cailloux, quelques restes de corps organisés? Lorsqu'une veine se trouve en contact avec une espèce de roche différente de celle où on l'a observée d’abord , cette veine est-elle tranchée brusquement, élevée, abaissée, mise de côté, ou bien ses minéraux sont-ils altérés ? Si une veine est coupée, ou changée par l'interposition d’une couche ou d’une masse de Fedher , reparoit-elle ou recouvre-t-elle sa direction de l'autre côté du corps interposé? Estelle coupée ou changée sans aucune cause apparente? Les veines voisines sont-elles composées des mêmes ma- tériaux ? Les veines composées des mêmes matériaux ont-elles la même direction ? Dans quelle proportion les différentes veines que l'on rencontre dans une roche, s'y trouvent-elles? Coulent-elles parallèlement l'une avec l'autre? Tendent-elles vers un centre commun? Se croisent-elles l’une l’autre, et quels phénomènes cette circonstance offre-t-elle? Quelle est la nature de leur mur, de leurs côtés et de leur toit? Les veines paroissent-elles avoir produit quelque chan- gement sur la partie adjacente de la roche qui les renferme, comme de la durcir, de troubler la régularité de sa stra- tification, etc.? Peut-on les suivre dans des lits formés des mêmes matériaux qu'elles? Kkk 2 436 JOUBNAL DE PHYSIQUE, DE CRIMIE XI. Concernant les restes des corps organisés. A quelle classe et à quelle espèce appartiennent-ils? Suivent-ils la direction des couches où ils se trouvent? Certaines coquilles affectent-elles des couches particulières? Quels changemens éprouvent-ils ? sont-ce des végétaux com- primés ,carbonisés, bituminisés , silicifiés ou amalgamés avec les pepites en tout ou en partie? les coquilles conservent- elles leur émail? les os leur acide phosphorique? Les coquilles ou tous autres corps organisés, paroissent-ils perforés ou mangés par les vers? Quelle est la nature de la roche, ou du lit dans lequel on les trouve? Les os sont-ils disposés totalement par échelons? ceux des différens animaux se trouvent:ils confondus ensemble ? Les coquilles sont-elles usées, brisées, broyées, ou chassées de leur position naturelle ? différentes cspèces sont-elles en- iremélées confusément ? j Ce mélange s'étend-il non-seulement aux espèces et aux Familles, mais même aux classes? c'est-à-dire les restes de poissons et de coquilles de mer sont-ils accompagnés de restes d'animaux terrestres et de végétaux? T'rouve-t-on aujourd’hui quelqu'espèce vivante analogue ou connue pour avoir exisié autrefois dans leur voisinage ou ailleurs? Parmi les différens restes organisés, peut-on observer quel. ques vestiges de l'existence de l'homme? ET D'HISTOIRE NATURELLE. 457 SUITE DES ANALYSES DES MINERAUX, PAR KLAPROTH. Tome quatrième. me 2 d'un nouveau minéral combustible de la Prusse orientale. Mille grains ont donné par la distillation, pou eue. Gaz acide carbonique... . . . . . . 130 Gaz hydrogène carburé. .. . . . . . 320 Huile empyreumatique. . . . . . . . Dose: Carbonate d'ammoniaque... . . . . 26 50 AN -tub ee O US EUR ATEN IS LAINE 385 5o Le résidu étoit composé de Chekbensuwa 90 Suite CREME ON ne Era SEC Met 2e Het % RU NT PO, 45 50 Fernoxidéem es ue" ARRET 14 5o Alumines fente Sas ee PPT 0 Chaux phosphatée. . . . : . . . .. 14 Chaurpsullatée ta 20 Lis ere 3 Analysed'une eau minérale deRiepoldsadansle Furstemberg. Cent vingt-huit onces ont donné, GE Soude sulfatée sèche. . . . . . . . . 93 Quosistallisée. "0.2 221 5o £'%:- Soude muriatée sèche. .. . . . . . . 5 Soude carbonatée sèche. .:. . . . . 2 Ou cristallisée. .. . . . . - 5 D eim. Chaux: carbonatée. .. .. .:.:.-+. - Nr OT Magnésie carbonatée. 2 Fenoxidé EL. 1.020 CC HONTE Silice. DOS. ni ER 3% 2 = 5 «5 Cubes Acide carbonique. . . . . 332 ous: cube - SBzrainss 438 JOURNAL DE PIYSIQUE, DE CHIMIE SUITE DES RECHERCHES CHIMIQUES SUR LES MINÉCRAUX; Par Marrix-Hexrt KLAPROTH, Docteur en Philosophie, etc. Cinquième volume. EXTRAIT. Ce cinquième volume du célèbre chimiste de‘ Berlin, est dédié à Alexandre Humboldt, il contient l'analyse d'un grand nombre de minéraux; je vais en donner un extrait. Pour éviter la confusion qu’un amour-propre peu réfléchi introduit aujourd'hui dans la nomenclature des minéraux, je conserverai les noms de l'auteur , en leur appliquant ceux qui sont plus usités en France. Lorsque ces derniers noms auront été rappelés par l’auteur, je l’indiquerai par la lettre A. Lorsque je les rappellerai, je l’indiquerai par la lettre R. Analyse du tantalite (1). MerredulFantale rs PmmanEnEn ns 88 Fer oxidulé. : : 44 ec al 10 Manganèse oxidé. . . . . . . . . . . 2 Alumine. SORT 0e ne F :3,8855N59 SLTICE = bber M Me 0 57 U U E TS 45 Fes oxidé, tetes ses o 5o Kali, ou potasse, une trace. (1) Tantale oxidé , ferro-manganésifere de Haüy (A). {2) Cyanite. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439 Analyse du feld-spath vitreux de Drachenfels dit Sanidin(i). Silice. . . Alumine. Ber oxide RPM LE, }. 4-4 Kali, ou pot4sfi- pubs ve a .ne Perte mue c:V=e tele Ne lreltle Le te. sai e le +) Ste = nee tros ele “ollele ne / else stef je te fo) elles rise Merde "tte MN. sjniseldetihoide ue te/ts Lo eEs s Le 6 ele! 7 en sMiel et en a ot usnte De ...% #. e1 fre pts sl 'pliplle, re) es fetes Fer oxidé SES" Kali (ou potasse)s ati. litre sb Eau PP PR en nt de Lil, dir Ctiar © Le a Porta D'ROPLNMONÉOEC PE PERS NC ENCRNONS UM SAT Manpanéseoxidé.:4 122.4 tata Kali (ou potasse).. . . . . (1) Qui se trouve dans jes basaltes , laves , etc. (2) Pierre de lard, avec laquelle les Chinois font leurs pagodes. {3) Pierre savoneuse , espèce de stéatite. / 440 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE * Analyse de l'halbopale grise de Moravie. Silices PA ENST AR 85 Afumanes Ro st EN eNe 3 Héc'ox idée autee la 4 MAN EPRNE 1 79 Charbon enr 0 ane APRES I Eau un peu ammoniacale. . . . . . 8 Huile bitumineuse. .. . , . . . . . o 33 Analyse du bronzite. GC P END Denis Reese CE LT RENTE 60 Masse TNT ENT MCE 27 5o Per oxide ir 0 ou Me eee NEC MO} 00 Eau 0e let LC io TE . o 50 Gilicess, RMI PA EIRE, 54 25 Nlarnesie. |: 0e. Reese 14 Aluminescus c'e eue eut CRUE 2 25 Ghaux ik 10.0 VU NT ee 1 5o Her oxide. 222 avec ren et +0 + 1e 24 50 À DE TES RO UMA LT QT RS ENS Re 1 1 Manganèse oxidé , une trace. Analyse du zoisit. Silice. LUS tt a ie DPI 44 Alaimine- 21. 0.0: AREA ECTS PE 32 CRaAURS LUS e deonte QU AT INA 20 FT OXIUE 20 0 honte PE VAE IE et 2 5o Manganèse oxidé, une trace. Analyse du natrolit. SR CE LL A CR" el RE Lt ARR à Le 48 Atumires re CUP SERRE RAT 24 25 Fer'oxidé.1- LM RMS. 1 79 Natron (soude). .. . . + . . . ‘10:00 dE RES RE a cs ie € 9 D SO PE ET 0 LE AU EEE CEE CET CN ESS CEE (1) Labradorische hornblende de Werner. Analyse ET D'HISTOIRE NATURELLE, Analyse du pycnit. Aline: CONNECTE Herroxidé NONARRREAQUT, 2 em 4: Acide fluorniquedet.... . + . » «+ IRAUTSEMANENT CORRONTASEUn) MMagnesien RL ire lens ENT Ie Kali(potasse te. ASE ER Perte parie prillage. "4 0" 27, Analyse du mica commun de Zinwalde. SO e Ted SU e ee ie IN EMA As PURE ; AUMIDES AQU NE DR EEE ROOMS CNe MRe Manpanéseoxidé. .: : "1 NUM Ralporase)s. TARN URL ART Analyse du mica ou verre de Moscovie. NMammesie FR SEEN CNT EEE Salt (potasse). "0 ARR RREUE Déchet par le grillage. . . . . . . . Analyse du mica noir de Sibérie. IMARREMER. 2 CCC CRE ÉODAOXIUEER. 2. de ei ee ic Ne Manganeéseloxidé.... #10 Ka (poeme... 2 LAN UN Déchet par le grillage. . . . . , ,, Tome LXXI. DÉCEMBRE an 1810. 4x 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Analyse de la staurolite (1) noire. MGR. 6: 67 OR ER Shan 67e) Autre ARTE Le Le ee Ne 41 Her ONE NU Lu, MN RO MAS TSI MEN Men ce ONMNENISe o 50 Manpanésetoxidés 1. +... . . 140" o 50 Analyse de la staurolite rouge (2) du Saint-Gothard. SAGR ve: te 2 2 UT à TOMATE COPAIN ue 27 Altmine. 2% L'or rrete PP 2) FeL ion: tt lienretote nicra ie el IS) Manganèse oxidé... . . . « « + . . . © 25 Analyse du rubellite (3) de Roschna, qui se trouve avec la lépidolite. SUCER eo eee. 45 5o ATLMINEN he Une lee Tee 42 25 Manganèse oxidé. . . « . . + « + « . . . 1 6o ha ME Me Paie Lo + NO UTO Natron (soude }s.. 7.04 "AN u JA Fantasio UE LS MES Aer Hate) Rene certes RE lee le CON M ODNITIEN TRS Analyse de la pierre calcaire bleue du Vésuve. Ghana suce us bai ete nette RUE 58 Acide earhenique, . . , . . : 11). 28 50 Eaurammoniacales -252.0.15 20 CCM x Magnésie. « .. . . . RUE Ca NOTE Oo hote une el 0020 CHATbON ER CINE SAN à 2e LOI 20 SUCER ETC eee Ce EE 1 25 (1) Staurolite de Delamétherie R. (2) Granatite R. (5) Rubellite de Kirwan. Daouritede Delametherie. Tourmalinede Haüy (R). ET D'HISTOIRE NATURELLE: 443 Analyse du magnésite (1) de Styrie. Patonette.s "0. ORNE 0, AS Acidelcarbonique el): : ae. ro UE AE EUEMRMAIRRE 5 0 RSS ON re EU Analyse du gurofian (2). Chaux carbonatée. . . . 1... «1. . 17060 Magnésie carbonatée. ; 2, Ju L . 29 60 Analyse de la wavelite de Barnstapel dans le Dévonshire. ALAN er te dolares a Un Met GRTE 50 Fer oxide sr ads dorés serre o 50 2 DEEE TRS SRE RO ME REA 28 Analyse de la wavelite de Hualgayoc dans l'Amérique méridionale, apportée par Humboldt. Aluminests ss diet LR RS UCS SAGE MEL AI MALE M'ous NRA TO Ferexidéri em menerelenente ler ci 2 1 DE NOIRS OMR PEUR RES MON tele eu RES 20 DO La wavelite paroïit donc être un hydrate d'alumine. Analyse du Gubhr siliceux de l'Ile de France. LI UE CREUSE EEE Alone Er NTI PAU Sie M PAL OO Eerroxdéetaetsmeuee MAUR 4 EU AE Te 2 DENT ROLE RE D ENS PRE MERE ET Lens, Analyse d'un miñéral vert qui a l'apparence d'un grés de Spessart. Silice. . PE CCE Eu Su de PRE . /85 23 PARUTION OUR EN ERNINER 1 Fetes... Ur PONS Dog nr : Pau ele 7 © er FO ROUES (1) Magnésie carbonatée. (2) Gurofian de Karsten, Nom tiré du lieu où se trouve cette substance. LI1 2 444 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Analyse de l'hépatite d'Andrarum. Baryte salée. . . . NN MUeNeS Chaux SnlMee te. , . AIO Fer Gui ne . . . Gels s HAD AURAIENT EME... RIRE I Es Cha DORE. 4 Le. CRE No So Perte, compris l’eau etle soufre. ... 2 25 Analyse de la botryolite (1). DUREE NS Sr iele EE 156 Chan ee RE VPN .. 39 50 Acide boracique. ..,. . … . . + - . AE MA:50 ANCIENNE er Ole o cheb ee ce ra. BAUME DÉS: OU Ouooe ae 6 50 Analyse du kirkon de Circars dans les Indes orientales. Pesanteur 4.8. Terre circonienne. . . . . . . .. 00004, 50 LEURS oO TE RER M PNR PAR PA EN 32 5o Feroxidés AMI APT PP COTE 1 6o Analyse du grenat rouge de Groenland. Silice:t 0 ÉOROEO ERE T BTe 0 MEN A0 Alumine. 5 15 50 Magnésie. 50 8 5o Chaux, 4 5/9 ai me RO VND 17010: Fer oxidé.. : . .. ra Sel TOR 29 60 Manganèse oxidé. . . . ... , . . : ... | © 50 Analyse du kannelstein. Silice eds . . : 1198080 AGE NOM DOTE TONE 5 | EHESS 31 25 ATOMINE SU MSN SRE RPM L' :er 2 Le 21 20 Feciomidénenar Ve MEN" AE GI50 PERLE ee Un 0 UNE NME LL EURE 2 25 er ES RESTE Pet CO Cu US MERE (1) Voyez-en la description par le comte Dunin Borkouski, Journal de Physique, tome LXIX , page 159 (R). / [nd ET D'HISTOIRE NATURELLE. 445 Analyse du schorl commun d'Eibenstock (tourmaline opa- que et noire de Hauy). SAGE Cotes Rte Ds CR NC RRRUONTD Aoman eMEMRRM ET.e L RIETE50 Magnésie. . ,... ie... .. o 25 er badulé men). 212, AIN 2 1 Kali (potasse). . . ste ARE 6 Manganèse oxidé, une trace. Analyse du schorl commun de Spessart (tourmaline opaque et noire de Hauy). Silee MT Pere te mere eee Cd 00 Alumune ue Ce cl CE 31 WMagnésie M ne DR 0 | © 1 25 Kertondule OUI PME TE RE . 23 5o Kali/(petasse) eee lan 6 50 Manganèse oxidé , re trace. Analyse de l’hornblende commune de Nora (amphibole la- mellaire de Haüy). 2 SICE Meter Plate Eee le tone een .NAz Allummime tnt de ere is Re et 12 CRUE PET NE NOR AT SA MÉRMANE MARÉES SL HS loue chere sie ei 12 08 Fer oxidulé. . . . . .. rte etre do Mamsanese ne EN Qi se 25 FAURE CCE SE + . o 75 Kali (potasse) we Puce Analyse de l'hornblende basaltique du pays de Fulda (am- phibole crystallisée surcomposée Haüy) qui se trouve dans les matières basaltiques volcaniques. RICE: à ete quelles Vaucdont le Pelle ME L 47 AMAR ES: LE EN ANNEE TE 1406 (ie AM CT EE NS Magnésie. . . .. EAP RS Don LS ME DE 2 eco 0 OR LE EE 1e ENS. Dos A Ces o 50 46 JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE } Analyse de l'augite commun noir du Rhorgebirge en Franconie. SHLTCE RTS NON à à « Chaux. AE +, | dd ET D ct don Alumine. 5181 6 CNE ST Fer Su DR ERONRTRE Manganèse oxidé. .. . Mer. Fan Er : : Kali (potasse ) , une ‘trace. Analyse de l’augite commun verd (1). SAIER net Ve mai Re Mots Mapabsie 260060 ne Chan De RAIN se 42 Alumines elec EN Fenioxidé--er 0 : Manganèse oxidé, wne trace. EAU SN RTE APP ET 52 14 12 75 5 75 12 25 o 25 o 25 12 50 5 50 1 Analyse de l’augite noir cristallisé de Frascati. Siiee it 4 ve one dt fe male Pa Chase. lille Ta tetes Mavnésie.ci a ie, Alumine.t st titi LR Ferloxidésttri. ln: tiers Manganèse onde eu Kali (potasse), une trace. Analyse de la mélanite. SIC s 77 0 SUN AA SERIE Chatte NIET MERS ERREUR Alumine:sts dite Re in Fer oxidémoirs Wii leu Manganèse oxidé. . . , . . (Co C’est ce que j'avais appelé virescite, Théorie de la Terre , tome Il, page 321 (R). 48 24 35 50 32 5o 9 24 25 Oo 40 -ET D'HISTOIRE NATURELLE. Analyse de la gadolinite de Bornholm. Terre yttria. . . . Sierre NE EN ex Fer oxidulé Rene EL. RU EP Ne, ne à Manganèse oxidé, une trace. Analyse de l'élaeolithe (1). rar MARRANT REIMS Alumine. . DT see CAUSE NME Pen oxides ML ULNRe : Kalr/(potasse):0:$ 20: > 70 au. L 2 L2 L2 LA L L2 . L . LA Analyse de l’appatit en masse de Uto. Chaux phosphatée. . . . . Chaux carbonatée... . . . DUTECE es Ne eee at Le le Perte par le grillage... . . . . Manganèse oxidé, une trace. Analyse du brandschiéfer (ou schiste bitumineux) de Wo- logda. Deux cents grains ont donné, Gaz hydrogène sulfuré. * . Huile empyreumatique. . . . . Huile épaisse comme de la poix. . Eau ammoniacale. .,. : Charbon. . DUREEL à 2 0 0% Almine. ." : 7. Chaux. . Magnésie.. . . . . . Fer Ode... - + 80 Pouces cubess 30 ET ARS + 5 £TainSe 4 20 87 50 6 50 10 50 (1) Fettstein de Werner, pierre grasse. Voyez sa description par M. le comte Dunin Borkowski , Journal de Physique , tome EXIX, pag. 159 {R). 443 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Analyse de l’eau de la mer morte. Pesanteur spécifique, 1.245. Magnésie muriatée. . . . . . . “ . 24 20 Ghaux mumatées en eve - SM CARTON GO Natron (soude) muriaté. . . . . . . 7 8o Fa ee ls 2e OO Analyse du vitriol de zinc cristallisé du Rammelsberg. .Zinc oxidé. . . Mo AE eu USE #27 00 Manpganèse UE le MTL - NACRE Acide sulfurique 1.1.2 An ler RNA EE (PRE OT) Analyse dn rothgultigers (argent rouge). be les NON M co ee LE 5 5) ANDUDOIN EH ee SE LS TT ARTO) SOUÉRE SE tee re NN dt ET Oxigène... AE SEE ce 4 Analyse du plomb EEE fibreux arsenié d'Auvergne y: Plombroxidéf rte ee NE 6 Acide phosphorique. bte ME ER Acide arsenical. HS EI ATEN Acide muriatique. DES NE LRU EAN MINE MEME RENNES RSR DÉS Pertes hou ep Nr NUE Rent 5 Analyse de l'iserin (2). Eerociduléte 2 MENT Litameromidé MALE PES EN ee Analyse du fer titané en grains. Fer omdulé LMMEMIERN RE 1-00 00 HitANC OEM NS PNR. 14 Manpanése ronde 20000... 100 50 (x) De Rosier près Pontgibaud. (2) Fer titane. Analyse ET D'HISTOIRE NATURELLE» 449 Analyse du fer magnétique en sable de Pouzzol. Eér oxidulé.,, RUE à à de à Analyse du pécherz ferrugineux de Freyberg, ou fer pi- ciforme. Fertoxidé ER RN SERA ES Ne O7 Acide sulfurique. . + . . ... . ._. 8 ATEN ets D AUS ae UT nn « 26 Analyse du fer eisen-gluss volcanique cristallisé en octaëdre. Pesanteur spécifique 3.88. Feroxdulé HE TAROEIESSIRELE + 0166 DCE: Ne eee lee MU de Le PARU . 29 50 Alunnnes te 2e Met ee Ur ie 4 Keali (pptasse). 46, 21 o 25 Analyse de la pyrite d'étain (1). ue) CAVE M UT Ne ERNEST" LE ETAT ln intense, frolfial RUE 26 50 ] Feranieu te Nos IRAN ET EURE 12 COTÉES NES ei les so ges MORE Se CT 0O Analyse du nickel natif de Johan Georgenstadt. Pyrite capillaire (2) de Georgenstadt, Nickel. x + Arsenic. Cobalt. EU | Analyse du realgar, se DOMEPE TS 2 eee MC RAR SE ENT 31 (1) Etain sulfuré R. ë (2) Haarkies. Tome LXXI. DÉCEMBRE an 1810. Mmw 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIM1E ‘ Analyse de l’orpiment., Arsenic métal. “574205 x 0 E 62 DOULÉrE 1 EU et er S Analyse du sphène de Salzbourg. Titarelotidénr Ma |. PERS: 46 SIC EST ES Vei) OP OMIER RS. ne à 36 CHARS RS TS A | 16 Eau., SR 0 D PEINE 1 Analyse d’un météorstein (1) de Lyssa en Bohème, tombé le 3 septembre 1808. Fer. mer SNS MTS et or fete EN TSNENE S 29 NACRO PR EEE Ne N TC o 5o NaANnpANESE Ne ASIE IEEE o 25 SL DEP CRAN PER OUEN AE D 45 INTARNÉSTE Ne re MR CURE 22 ATARI SN NENENEN EEE NS En 120 | Le ARR EN EENSRES a eo CNIL ANSE Es o 50 SOHLT "BR DEETÉ: 2: cite ete ee ee 3 50 Météorolite tombé dans le gouvernement de Smolenko, le 13 mars 1807. Rene SN EE Ge INLCR EL HAE NPA UNS 1e ee EPS 0 40 UC EM ERREURS AREA SES AE 2 A CA 38 MagnEmie sn à . 0 NN 14 25 FU tootiaose DM M RON SUES RE n | CI EEE NES MRC OP PHASE ENT SECOSCEL 0: AN 0 75 For omdes 2.25 N MP TN TIENNE STE . 25 Soufre, manganèse et perte. . . . . . 3 RER n een nee nmneenne | (x) Météorolite R. + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 451 Météorolite tombé le 22 mai 1808 auprés de Stoner en Moravie. SINGER co of ou tit 4O0N20 AÉRNINC. CORRE ee. se TA4.00 GRAUS ERP Te 0 ne )00 MANS Cet in c'es 2 Fer netrT. à FAR ES. Perte y compris le soufre et le manga- AT = = lan e PEN ei LOL. AUTRE DES SUBSTANCES DITES SIMPLES ou ÉLÉMENTAIRESSs Par J.-C. DELAMÉTHERIE. Un des problèmes les plus intéressans, que la Chimie ait à résoudre dans ce moment, est de savoir si les subs- tances dites élémentaires , le charbon , le soufre , le phos- phore, les terres, les métaux, la potasse, la soude, l'acide muriatique..., sont des êtres simples 207 composés , comme le prétendent plusieurs chimistes, ou si ce sont des êtres Cor1poses. Ceux qui soutiennent la première opinion disent : « Nous regardons comme êtres simples non composés, toutes les substances que nous ne pouvons pas résoudre en d'autres principes par l'analyse chimique. Or jusqu'ici nous n'avons pu, par l'analyse, résoudre en d’autres HRRS le charbon, le soufre, le phosphore, les métaux, Îes terres..; donc ils sont des êtres simples pour nous. » Ce raisonnement suppose que l'analyse chimique est assez avancée pour décomposer tous les corps composés. Ce qui n'est ; à à San , pas prouvé. Avant Scheele on ignoroit les principes de l’am- M m m 2 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moniaque (1). On pourra donc aussi parvenir à décomposer la potisse, la soude, l'acide muriatique... Une expérience de Davy, rapportée dans le Cahier précédent, prouve qu'il est des corps composés que l'on ne peut plus décomposer. « J'ai fait, dit ce célèbre chimiste, une quantité consi- dérable de composé solide d'acide oxi-muriatique et de phos- phore par la combustion ( page 528 du Cahier d'octobre de ce Journal 1810) et saturé d'ammoniac, en les chauffant dans un récipient convenable rempli de gaz ammoniac, sur lequel il agissoit avec une grande énergie en produisant beaucoup de chaleur. Ils donnèrent une poussière d’un blanc opaque. En supposant que cette substance fût composée de muriates et de phosphates d'ammoniac , comme le muriate d'ammoniac est très-volatil , et comme l'ammoniac est chassé de l'acide phosphorique par une chaleur au dessous de la rougeur, j ai imaginé qu'en chauffant le produit obtenu, je pourrois me procurer de l'acide phosphorique: j'intro- duisis, en conséquence, un peu de cette poussière dans un verre verd que je chauffai jusqu'à la rougeur , et à l'abri du contact de l'air, par le moyen d'une lampe à esprit ; mais je trouvai, à ma grande surprie, qu'elle n'étoit point du tout ni volatile, ni décomposable à ce degré de chaleur , et qu'elle ne donnoit aucune matière gazeuse. » La circonstance , qu'une substance principalement com- posée d'acide oxi-muriatique et d’ammoniac pourroit résister à la décomposition ou au changement dans une température aussi élevée, m'engagea à donner une attention toute par- ticulière aux propriétés de ce nouveau corps. » Il n’a ni goût , ni odeur, il ne paroît point soluble... » Et il ajoute, rbiderm , page 341, - « Qu'un corps principalement composé d’acide oxi-muria- tique et d'ammoniac, deux substances généralement regardées comme ne pouvant exister ensemble, soit d’une décompo- sition si difficile que les agens de la chimie puissent à peine les effleurer, c'est un phénomène d'une espèce absolument nouvelle. Trois corps, dont deux sont des gaz permanens et l'autre considérablement volatil, forment, dans cette ex- @) L'ammoniaque est un composé d'hydrogène et d’azote. Scheele a re- connu le premier sa composition, disent Klaproth et Wolf, Dictionnaire de Chimie, à l'article Ammoniaque, ET: D'HISTOIRE NATURELLE. 453 périence, une substance qui n'est ni fusible, ni volatile à une chaleur blanche. On ne s’attendroit pas à trouver l'ammoniac fixé à une température semblable; mais qu'il restät fixé en combinaison avec l'acide oxi-muriatique, c'est ce qui auroit paru incroyable d’après toutes les anaïogies existantes de la Chimie. Les expériences sur lesquelles re- posent ces conclusions, sont néanmoins uniformes dans leurs résultats, et il est aisé de les répéter ; elles semblent dé- montrer que cette proposition chimique commune , d'après laquelle on prétend que la complexité de composition est uniformément liée avec la facilité de décomposition, n'est pas bien fondée. Le composé d’acide oxi-muriatique d'am- moniac et de phosphore ressemble, dans ces caractères chimiques généraux, à un oxide comme le silex, ou comme celui du colombium, etil est également réfractaire lorsqu'on le traite avec les réactifs ordinaires, à moins d'employer les effets de la combustion , ou l'action de la potasse en fusion : sa nature ne peut être découverte par aucune des méthodes d'analyse usitées. >» En raisonnant d’après ces circonstances , plusieurs subs- tances regardées jusqu ici comme élémentaires, ne penvent- elles pas être réduites à desformes simples de matière? Une attraction intense, et un équilibre d'attraction ne peuvent- ils pas donner à un composé renfermant plusieurs principes Constituans, ce caractère réfractaire généralement attribué à l'unité de constitution, et à la nature homogène de ses parties? » Puisque des corps composés peuvent ne pas être décom- posés par les moyens que l'art possède aujourd hui, on ne sauroit donc conclure que le charbon, le soufre, le phos- phore, les alkalis, les terres, les métaux et autres subs- tances dites é/émentarres, ne sont pas composés , parce que l'art n’a encore pu parvenir à les décomposer, Il faut donc chercher un autre moyen pour arriver à la solution du problème dont nous parlons. Recourons à l'ob- servation et à l'expérience. Nous voyons qu il se produit journellement dans différentes opérations de la nature, plusieurs de ces corps qu'on appelle simples. On prend, par exemple, des terres qu'on lessive avee soin pour les dépouiller de toutes substances salines. On en cons- truit des petits tas pour les exposer à la nitrification. Au bout de quelques mois on les lessive de nouveau, La lessive 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE évaporée on obtient du nitre, du sel marin, ou muriate de soude..., c’est-à-dire de la potasse, de la soude, de l'acide nitrique, de l'acide muriatique.... Ces substances n’ont pu être apportées dans la nitrière, ni par l'air atmosphérique, ni par la pluie..., puisqu'on ne les a jamais retirées ni de l'air, ni de la pluie...; donc elles sont des produits nouveaux. On convient que l'acide nitrique est de formation nouvelle ; il en faut dire autant de la potasse, de la soude, de l'acide muriatique... Des végétaux élevés dans de l’eau distillée, ou dans des terres parfaitement lessivées..., donnent à l'analyse, des sels, des terres, des métaux... D'un autre côté, nous avons vu que Davy a converti par l'action de la pile voltaïque, l’ammoniaque composé d'hydrogène et de nitrogène (et peut-être d'oxigène , suivant lui), en substance métalloïde, l’ammonium. La nature ne peut-elle pas combiner ces mêmes gaz, ce fluide galvanique..., dans les nitrières, dans les végétaux, et les convertir en substances métalliques, en terres, en potasse, en soude..., comme elle convertit en ammonium cés mêmes principes contenus dans l’'ammoniac? c'est ce qu'on doit conclure de ces faits. Ces terres, ces alkalis, sont des substances métalliques comme l'ammonium. En résumant ces observations il est prouvé que, 1°. IlLest des corps composés, tels que la poudre blanche qu'a formé Davy en combinant l'acide oxi-muriatique, le phosphore et l’'ammoniac, qui ne se décomposent plus. Donc on ne peut pas conclure que le charbon, le soufre, le phosphore, la potasse, la soude, les terres , les métaux..., sont des êtres simples no composés , de ce qu'on n’a pas encore pu les décomposer par l'art. 2°. D'un autre côté on trouve journellement ces êtres pré- tendus simples, dans des substances où ils n'existoient pas auparavant. 3°. IL est donc extrêmement probable, s’il n'est pas dé- montré, que ces substances dites élémentaires, le soufre, le charbon, qu’on a appeléesétres simples, se composent journel- lement par de nouvelles combinaisons des fluides aériformes, des fluides éthérés... qui par conséquent seroient les seuls êtres simples. C'est ce que j'ai constamment soutenu. PO ET D'HISTOIRE NATURELLE, A55 MÉMOIRE SUR LE MUTAGE DU SUC DE RAISIN. Extrait d'une Lettre écrite de Noyon, à M. le Sénateur BERTHOLLET , le 22 septembre dernier; Par M. PROUST. MoxsiIEUR;, Ceux qui eurent les premiers la pensée de soufrer le suc de râisin , avant de le convertir en sirop, n'avoient qu’un but, c'étoit d’en arrêter la fermentation , afin de se ménager par là le temps de le saturer à leur aise. Ce procédé, ils ne l’in- venièrent pas, car il est en usage dans leur pays; mais tout en soufrant, ou mutant, selon l'expression consacrée, ils firent, sans y penser, ressortir de cette application deux avantages infiniment précieux pour l’extraction du sucre de raisin, l’objet capital de nos expériences aujourd’hui. Je veux parler ici, de la destination d’une substance, encore peu connue, qui obscurcit les sirops à mesure qu’ils se concentrent; puis de la facilité surprenante que cette espèce de blanchiment donne au sucre pour se séparer des sirops, En effet, je n’eus pas plutôt vu les premières remises qui en vinrent à Paris , que je restai convaincu de ces deux heureux résultats. Ces sirops étoient à peine colorés; ils arrivoient , et déjà ils étoient chargés de cristaux : que pouvoit-on desirer de plus encourageant? Mais en découvrant pour la première fois, de quelle importance le mutage alloit être pour disposer les sirops à donner d'emblée de la cassonade blanche et exempte de saveurs étrangères, je vis à l'instant qu’il falloit penser à ré- gulariser cette opération; je sentis qu’il deveuoit indispensable 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la débarrasser des incertitudes auxquelles elle est abandonnée dans nos provinces, pour l’approprier définitivément au travail du sucrier. Par exemple, Monsieur, pourroit-il être indifférent à un raffineur de sucre de raisin, de recevoir indistinctement des sirops mulés, peu, beaucoup, ou avec excès? vous ne le pen- serez sûrement point; et c’est pourtant Jà ce qu'il aura lieu de craindre , si le mufage continue de se pratiquer avec aussi peu d'attention qu’on l’a fait jnsqu’à ce jour, c’est-à-dire, s’il continue d'être une opération sans règle , un emploi de subs- tances sans poids ni mesure. C’est effectivement parce que les fabricans n’ont procédé qu’à tâtonsdans tout ce qu’ils ont essayé sur ce point, qu'ils nous ont adressé des sirops tantôt bons, tantôt passables, ou tout-à-fait mauvais. Mais disons à leur décharge, que cela ne pouvoit guère être autrément. Pour s’éclairer là-dessus , il leur auroit fallu des principes, et où les auroient-ils pris? L'emploi que dans quelques provinces on fait de l’acide sul- fureux pour arrêter le progrès de la fermentation des vins déjà faits, n'est point assujetti à des règles bien rigoureuses, et cela n’est pas nécessaire, parce que la dépense de ett acide se réduit, comme on sait, à peu de chose: par exemple, on répartit une pièce de moût entre cent tonnes de vin, et cela suffit amplement à l’objet qu’on se propose. Ici, aucun excès n'est à craindre pour le vin auquel on administre ce préservatif. Mais dans l’art nouveau qui s'élève en France, le mutage du moñt est une opération qui va devenir d’une toute autre im- portance. Le mutage est pour l'extraction de notre sucre, un procédé fondamental, et qui réclame , plus que tont le reste, l’assistance de la Chimie : il la réclame, premièrement, parce que cette opèration accélère, comme nous l'avons dit, la cris- tallisation du sucre; et secondement, parce que de son exé- cution bien ou mal conduite, dépendra, ou une économie con- sidérable, ou une perte alarmante de temps, de produits et de main-d'œuvre. Mais, dira-t-on, le mutage appliqué selon la méthode de nos provinces, n’a rien de si pénible, ni même de si dis- pendieux. J’en conviendrai, répondrai-je, toutes les fois qu’il s’agira de l'appliquer à deux ou trois pièces seulement , et avec lesquelles on peut ensuite soufrer à son aise trois ou quatre cents tonnes de vin; mais s’il étoit question de muter à fond, et même ET D'HISTOIRE NATURELLF. | 457 et même avec encore plus d'intensité que les deux ou trois pièces dont nous venons de parler, jusqu’à huit cents pièces, jusqu’à deux mille, et même infiniment au-delà , comme en effet, cela va devenir indispensable à quiconque voudra fonder une grande fabrique , si pour surcroît d'embarras, il falloit de plus se traîner sur l’interminable routine de ceux qui nous l’ont léguée, comme aussi des faiseurs de sirop qui l’adoptent ; le mutage, reprendrai-je , pourroit-il manquer d'effrayer les fabricans à venir, par la perspective d’une des corvées les plus redou- tables que l’on puisse craindre de rencontrer dans une grande entreprise ? Afin que vous puissiez , Monsieur, asseoir un jugement po- sitif sur le mutage ancien, mis en parallèle avec celui que je vais proposer d’y substituer, vous me permettrez, s’il vous plaît, de retracer ici avec quelque détail, le premier, ou bien celui-là même que nous avons prescrit dans l’Instruction qui a été formée pour le sucre de raisin. D'abord , nous supposerons qu’un journalier peut conduire à lui seul la combustion des mèches soufrées dans un tonneau, avec l’agitation qu’il faut imprimer ensuite à ce même tonneau, dans l’intervalle des combustions. Prenons maintenant compte du temps qu’il devra y mettre. Premièrement , il faut à ce tonneau trois combus- tions alternatives de deux à trois mèches, cela demande trois quarts d'heure. 2°. Pour agiter ou dissoudre dans le moût la vapeur de ces trois combustions, il faut encore trois quarts d'heure. 3°. À ces six quarts d’heure, ajoutons-en deux autres pour aller prendre à la cuve les huit à neuf seaux de moût dont il a besoin pour faire quatre remplissages qui alternent avec les trois combustions ; voilà donc déjà deux heures d’un travail qui, aux yeux de ceux qui l’ont vu faire, ne laisse surement pas notre journalier respirer un moment. 4. Après un jour de repos, nouvelle corvée : il faut soufrer un second tonneau pour recevoir le produit du premier que l'on va tirer au clair; cela fait, il faut mettre en place, et le premier , et le second qui reste avec les lies. Celles-ci, il faut encore penser à les mettre à l’égouttage, tout cela pren- dra-t-il moins d’une heure ? non certainement : voilà donc trois heures employées à muter, quoi ? une seule pièce de vin!et Dieu sait si en aussi pen de temps, notre journalier pourra suffire à toutes ces manipulations. Tome LXXI, DÉCEMBRE an 1810. Nan 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 5°. Ajoutons maintenant à tout ce tracas, les pertes de moût qu'on ne peut éviter durant le transport, durant l’entonnage et Lors de l’agitation des pièces. Ajoutons de plus, l'encombrement du local par le nombre et le déplacement continuel de ces mêmes pièces, ensuite l’égouttage laborieux et long des lies, puis la surveillance que ces travaux demandent, puis, enfin, les abus qui se glissent partout pour accroître les pertes , et vous acheverez de reconnoître, Monsieur, que le mutage tel que “nous l’avons proposé, tel que le décrit Chaptal dans son Art de faire Le Vin, ne sera jamais, pour le fabricant de sucre de raisin, qu'une chaine accablante de soins, de dépenses et d’embarras. La perspective, en vérité, n’est pas encourageante. Que dirai-je de la combustion en elle même? {oujours in- quiétante pour le propriétaire qui voit très-bien, s’il est tant soit peu instruit eo Chimie, que pour un pouce de gaz sulfu- reux, il y en à neuf qui ne sont qu'une vapeur de soufre inu- tilement dépensés, toujours incertaine dans son résultat, puis- qu'aucun signe ne se présente là pour lui donner la mesure de ce qu’il veut faire; il portera aussi toujours son mutage au-delà de ce qui seroit nécessaire, dans la crainte de man- quer une opération qu’il sait être non moins essentielle au blanchiment de son sucre qu’à la vente de ses sirops : en un mot, on peut parier qu’i flottera toujours entre deux grandes inquiétudes : l’une, de ne pas muter suffisamment, et l’autre, de voir consumer en pure perte des mèches dont l’ingrédient principal a son prix. Si l’on compare actuellement le-procédé qu’a publié M. La- roche de Bergerac avec le nôtre, eh bien , notre mutage n’est qu’un jeu, c'est une bagatelle en comparaison de celui qu'il propose. Ce dernier exige effectivement deux opérations qui assujettissent chacune à 24 heures de repos avant le tirage au clair, et trois même, si l’on craint que deux n’y suf- fisent pas; et tout ce travail, pourquoi? pour une pièce de moüt...; que sera-ce donc, s’il faut en muter deux mille ? Encore une fois, quelle perspective? et où est le vigneron qui, n'ayant tiré de sa vendange que deux à trois pièces , aura le courage de les muter, lui qui chaque année voit ce même produit ne l’assujettir à rien pour se changer en vin? Non, si l'art ne vient à son secours, ill ne mulera point, il ne s’em- pressera pas de concourir au but du Gouvernement, parce qu'il ne sera pas de son intérêt de ie faire. Du sirop, dira-t-il, ET D'HISTOÏRE NATURELLE. 259 le temps est trop précieux pour moi, et d’ailleurs, quel com- missionnaire viendra me l’acheter s'il n’est pas blanc? que faisoient nos pères? du vin, eh bien, contentons-nous d’en faire aussi. Dès le moment où je vis paroître le raisin , je fis confidence à M. Fouques, du mutage que j'avais en vue , et l’engageai à s’approvisionner de bonne heure de ce qui lui seroit néces- saire pour me seconder de son côté , car je desirois qu'il fût aussi le premier à en essayer la pratique en grand; mais la préci- Pitation de son départ ne lui laissa pas le temps de préparer, comme il en avoit le desir, du sulfite de chaux dont il avoit déjà fait l’essai dans d’autres circonstances pour un blanchi- ment particulier, en conséquence je pris le parti d'en com- mencer l’essai moi-même sur le moût du raisin qu’on appelle* ici de la Madelaine, et m'en occupai-dans les premiers jours de septembre. Le résultat a tellement correspondu à ce que la théorie promettoit, que je crois devoir vous en faire part, Monsieur, afin que si vous jugez qu’il en soit temps encore, vous veuillez bien vous charger de le communiquer aux prin- cipaux fabricans qui correspondent avec nous sur le sucre de raisin. + La saison des vendanges, à la vérité, me paroît bien pro- chaine, celles du Midi surtout , pour qu’ils puissent en profiter cette année, mais une fois prévenus, chacun aura le temps d'y réfléchir, de se livrer même à quelques essais , et surtout de se convaincre, par sa propre expérience , des avantages infinis que ce nouveau mutage doit avoir sur l'ancien; mais avant de vous exposer les bases de mon trayail, je retracerai d’abord les améliorations fondamentales que le fabricant peut dès ce moment se promettre de ma méthode. Ellesseront , 1° De muter le moût à un degré invariable, double, triple, quadruple, etc.; 2° De muter cent ou cent vingt pièces de moût à l’heure; : 5° De n'avoir ni à tirer au clair, ni à craindre la réaction des lies, ni à déplacer les pièces; 4° De réduire ce travail à ce que le propriétaire puisse le pratiquer lui-même, et sans qu’on parvienne à découvrir le degré de mutage qu’il croira devoir adopter dans sa fabrique; 5° De mettre le laboureur à même d'envoyer de son hameau des sirops égaux en beauté et en valeur par conséquent à ceux de tont le reste de l’Empire; Nnn 2 460 JOURNAL DE?PHYSIQUE, DE-:CHIMIE 6° De procurer aux fabricans de sucre de raisin, le moyen de demander à leurs correspondans des sirops soufrés à tel ou tel degré, comme dans le commerce des eaux-de-vie l’on de- mande du trois—six, de la preuve de Hollande, etc.; 7° De fournir à tous les cultivateurs de France, un pro- cédé on une recette uniforme qui leur donne la facilité de se concilier avec les fabriques, en ne leur envoyant désormais que des sirops d'une qualité constante, et des sirops indistinc- tement tirés des raisins blancs ou de ceux qui sont colorés. Je passe actuellement aux expériences. J’ai préféré un moût légérement coloré, pour que l'œil découvrit plus aisément les changemens de nuance qui y surviendroient. Ce moût, pas- sablement sucré, marquoit huit degrés au pèse-liqueur de Beaumé. C'est à l'amitié de M. Henry, chef de la pharmacie centrale, que je dois le sulfite de chaux dont je fis usage; il fut préparé dans son laboratoire avec la chaux et le gaz tirés de l’acide sulfurique par de la poudre de charbon. 10. Huit onces de sulfite de chaux jetées dans cent livres de moût, le décolorèrent complètement, et il se trouva muet ou arrêté dans sa fermentation. 2°. Quatre onces de sulfite dans cent livres de moût, même résultat. 5°. Deux onces de sulfite dans cent livres, dem. 4°. Une once de sulfite dans cent livres, zdem. 50, Demi-once de sulfite dans cent livres, zdem. 6°. Deux gros de sulfite dans cent livres, idem. 7°. Un flacon de moût pur fut placé à côté des six autres pour servir de comparaison, et tous les sept dans le même appartement, De ces sept flacons, les cinq premiers n’ont pas changé depuis le 4 septembre jusqu’au 20, et depuis ce moment jusqu’au 30 novembre où je complète ces observations : nos 5 flacons sont toujours dans le même état; de sorte qu'aujourd'hui, après tout à l'heure trois mois , ils donnent, comme au premier jour, leurs 8 degrés au pèse-liqueur; ce qui est bien la démons- tration la plus complète de l’inertie dans laquelle ils sont de- meurés. Et en effet, c’est toujours du moût frais, transparent et sucré; seulement on#remarque un arrière- goût de sulfite dans les trois premiers flacons ; mais il n’est sensible ni dan, le quatrième, ni dans le cinquième, c'est-à-dire dans ceux qui ont été mutés à une once et demi-once de sulfite. / ET D'HISTOIRE NATURELLE. ACT Les fécnles qui sont au fond du moût blanchirent un peu par le mutage, et elles n’ont pas montré la plus légère dispo- sition à changer. Imprégnées d'acide sulfureux , comme le jus qui les couvre, comment fermenteroient-elles? Il ne sera donc point pressant de séparer les lies dans ce nouveau genre de mutage ; c’est par conséquent un travail qui devra n’occuper qu’au moment où il s'agira de tirer le moût au clair pour le porter à la chaudière. Le n° 7, où le moût pur fermenta rondement et comme à l'ordinaire. Le n° 6, où celui qui n’avoit que deux gros de sulfite au quintal, ne commença au contraire à fermenter que 10 à 11 jours plus tard, et même si languissamment, qu’il fallut en quelque sorte l’y contraindre en l’approchant quelquefois du feu: à la fin sa fermentation se termina, et alors il se trouva, comme le flacon de moût pur, amené de 8 degrés à un, ou un et demi au pèse-liqueur. Ce résultat n’a, comme on voit, rien de commun avec le mutage qui nous occupe; néanmoins il mérite d’être remarqué, en ce qu'il y'a des cas où il peut devenir utile; tels sont, par exemple, ceux où l’on auroit intérêt de garder pendant quelque temps, ou si l'on veut, d'envoyer au loin du moût dans lequel la faculté de fermenter n’auroit pas été détruite. Je crois, en effet, que le moût muté à la légère , si l’on peut dire ainsi, pourroit se con server plus d'un mois sans souffrir aucun changement majeur. Mais occupons-nous maintenant du n° 5, ou de celui qui n’a reçu que quatre gros de sulfite au quintal, c’est-à-dire un trois -mille-deux-centièmes. Ce moût préparé à cette dose, est aussi complètement muet qu’on peut le desirer, car toute dis- position à fermenter:y est parfaitement éteinte, et aucune tem- pérature n’a pu la lui rendre; c'est en un mot, le moût muté au plus bas degré , et par cela même aussi, le plus économique que l'on puisse desirer. Ce que nous fixons ici, n’empêchera pas, foutelois, de rechercher si les portions inférieures de trois groset demi et trois gros ne pourroient pas sufhire au même objet. Conséquemment à ces résultats, toutes les fois qu’on voudra muter une pièce de cent cinquante pintes ou de cinq cents livres, tout le travail se réduira à jeter un paquet de deux onces et demie de sulfite dans un tonneau plein et de l’agiter un instant avec un baguette , afin qu'il puisse se distribuer dans toute la masse du liquide. Enfin, nous avons dit au commencement , qu’une personne pourroit à elle seule muter cent vingt pièces 462 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par heure. Une heure contient cent vingt demi-minufes. Cer- ‘tainement il ne faudra pas trente secondes pour administrer à chaque tonne de moût sa dose de mutage; et comme selon l'évaluation de V'auquelin, cent parties de sulfite en contiennent quarante-huit d'acide sulfureux, il est clair que celui que l’acide tartareux du suc de raisin dégage et dissémine dans cette masse; équivaut à neuf gros trois cinquièmes , pris au point de con- densation où il se trouve dans le sulfite. L'époque des saturages arrivée, l’on appliquera, comme à l'ordinaire, le carbonate de chaux; car on sent bien que si l’on mute un quintal de moût avec quatre gros de sulfite; ce ne seroit pas avec les deux gros de chaux qui lui servent de base que l’on parviendroit à saturer. Voilà, je crois, Monsieur, desrésultats assez positifs, des données plus que suffisantes pourque les fabricans puissent choisir, ou dans les cinq proportions, ou celles qui leur sont intermédiaires, lemu- tage qui conviendra à leurs vues; enles adoptant ils verront l’art nouveau du sucre de raisin marcher rapidement à la lumière de la science qui l’a découvert. Sans donte ils ne craindront point de muter à six gros ou même à une once au quintal, pour assurer la beauté des pre- mières récoltes de cassonnade ; comme aussi de s’arrêter un peu au-dessous, quand il s’agira de fournir des sirops propres à l'usage des particuliers : seulement , dans les années d'une maturité plus complète que celle d’où nous sortons , ou dans des localités plus favorables , il faudra peut-être augmenter de quelque chose le sulfite, à raison de ce que le raisin pourrait contenir plus de ce principe dont l’acide sulfureux neutralise l'influence : au reste , quelques essais faits chaque année , peu de jours avant la récolte , apprendront bien vite aux propriétaires s’ils doivent ajouter ou retrancher du sulfite, et d’ailleurs il y aura encore celte ressource : c’est que, si au moment de tirer le moût au clair on craignoit qu’il ne donnât pas du sirop assez blanc, l’on pourroit jeter dans la chaudière quelques grains de sulfite une minute ou deux avant l'instant d'y mettre la craie, car l’action de l'acide tartareux sur le sulfite est si prompte, que l’effet du blanchiment se produit en un clin d'œil. Une mère de famille veut-elle faire son sirop elle-même, elle jettera d’abord 18, 24 ou 56 grains de sulfite dans cent onces de moût déjà placées sur le feu, et un instant avant la saturation, elle l'y agitera la valeur d’une seconde; ce légexz ET D'HISTOIRE NATURELLE. 463 intervalle sufñira pour amener la blancheur; ensuite elle y ajoutera une once de craie délayée. Quelle que soit la verdeur de son räisin, un centième de craie en assurera toujours pleinement la saturation. C’est un point que j'ai eu occasion de reconnoître fréquemment. Ainsi, toute addition au-delà devient inutile. Cela fait, elle donnera quelques bouillons au mélange , puis le ver- sera dans un vaisseau de tegre pour reposer jusqu’au lendemain ; et comme le moût saturé et muté ne fermente plus, elle pourra le garder ainsi pendant 7 ou 8 jours au frais. Le repos que je recommande, me paroiît essentiel; car , outre qu’il évite un filtrage, il favorise encere singulièrement la séparation des sels terreux. Ceux-ci, en effet, cristallisent autour du vaisseau et contribuent à augmenter par là le dépôt. Le jour suivant on tire au elair pour fouetter avec deux blancs d'œufs, pour passer au blañchet, cuire, etc. L'emploi du sulfite fait naître une particularité sur laquelle je dois prévenir , afin dépargner une alarme à bien des per- sonnes. C’est un ton verdâitre qui colore le moût et devient plus sensible après le dépôt des fèces. On pourroit craindre que cette couleur ne provint des vaisseaux de cuivre, mais non, elle a une origine, toute différente : elle est l'effet d'une très-petite quantité de sulfure de fer excessivement tenue et divisée. L'oxide rouge que contient la craie s’unit à un peu de soufre et fait naître cette nuance que la clarification par le blanc d'œuf dissipe ou emporte avec les écumes. Les sirops que j'ai faits avec le moût muté des trois premiers flacons , sont parfaitement beaux; l’arrière-goût de soufre n’y est pourtant pas tellement étranger qu'on n’en puisse découvrir quelque chose dans les liqueurs qui en ont été sucrées, au lieu qu’on n’en retrouve aucune trace dans les derniers, ou dans ceux qui ont eté préparés avec une once et une demi-once de sulfite. Le moût de ce dernier essai, ne me parut point d’abord aussi blanc que les autres, je craignois pour lui; ce- pendant son sirop se trouva tout aussi beau. De sorte que je regarde cette proportion, qui est, ou à bien peu près, le mc- nimum du mutage, comme, celle qui méritera d'être préférée dans les ménages où l'on voudra travailler par soi-même, L'action de l’acide sulfureux sur le principe extractif qui colore le moût et le suc de beaucoup d'autres fruits exposés à l'air, ou pendant leur cuisson, n’en arrête les effets que pour un temps, puisque les siropsreprennent beaucoup de couleur 464 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE) aubout d'une année, surtout s'ils ne sont point garantis de l’action de l’air. L'’acide sulfureux ne détruit donc pas ce prin- cipe aussi aisément qu’on le croiroit. Quant au goût désagréable que les sirops communiquent aux boissons délicates , comme le thé, le café, l’orgeat, le laitage, les glaces, et en général à tous les mélanges qui n’ont pas par eux-mêmes une saveur tranchante où'un aromat assez développé pour le déguiser, nous ne savons pas encore positivement si ce goût-là dépend exclusivement du même principe, ou trop oxidé , ou devenu trop âcre par la concentration ; mais ce qu’il y a de bien certain, c’est que l’acide sulfureux qui blanchit si bien ce dernier, n’en affaiblit nullement la mauvaise saveur, car elle reparoît malencontreusement partout, soit qu’on ait évaporé avec beaucoup de ménagement , soit qu'on ait muté ou non muté les sirops. Aussi les avons-nous vus s'évader assez piteu- sement des épreuves les plus solemnelles sans que tous les ressorts d’un intérêt actif et vigilant aient pu les soutenir à la hauteur de la renommée qu’on leur avoit arrangée ; et commede pareilles chutes amènent infalliblement des préventions que l’on pousse aussi trop loin, voilà qu’aujourd’hui nos sirops ne se maintiennent pas même au second rang dans l’opinion des meilleures gens: tristeseffets de la ridicule exagération qui nous les avoit annoncés comme devant remplacer le sucre dans tous ses usages! Pour nous, Monsieur, qui sommes très-étrangers aux motifs qui les ont indiscrètement placés trop haut, ou ravalés trop bas, nous dirons avec impartialité : que Les sirops du raisin n’en étant pas le sucré, il ne falloit pas leur demander des services qui n’appartiennent exclusivement qu’à ce sucre, et qu’il a en effet rendu dans les épreuves authentiques dont vous avez été témoin. Par exemple, bien des personnes ignorent que si nous perdions tout-à-coup l’art qui extrait du sirop de canne ce sucre qui fait nos délices, si nous nous trouvions réduits un beau matin à n’user que de ce sirop-/à , nos opulens se dégoüteroient tout aussi vite de l’employer dans leur café, qu'ils le feroient du sirop de raisin si on les forcoit au régime de ce dernier. Voilà la parité d’après laquelle il auroit toujours fallu juger ce dernier; je crois l’avoir bien établie dans mon Traité du Sucre de raisin. Mais en attendant que le bienfait de ce sucre paroisse parmi nous, nous necesserons de le dire: si le sirop le mieux fait ne peut réellement répondre à notre attente pour le café , pour les glaces et pour tous ces frivoles bonbons dont ne dépendirent jamais ET D'HISTOIRE NATURELLE. 465 jamais ni la santé, ni le bonheur de nos aïeux, il n’en sera pas moins infiniment précieux pour un g#amdhnombre de mé- langes du second ordre, où l’expérienc@dé"dé;à deux années n’a cessé de le trouver agréable, sain et économique; telles sont les confitures du plus grand nombre de nos fruits, les liqueurs par infusion , ou les ratafias pour lesquels les liquoristes l’enlèvent actuellement partout , pour l'édulcoration des mé- dicamens du pauvre ,_ pour les laitages quand on ne les chauffe pas à bouillir, et-enfin dans une multitude d’autres menus emplois pour bien des ménagés. Je reviens à mon objet. Enfin si l’acide sulfureux a la puissance de susperdre la fer- mentation, il nous reste à découvrir aussi le réactif antago- niste qui posséderoit celle de neutraliser son action, ou de restituer au moût la faculté @e fermenter. Ce moyen réaliseroit les idées de Glauber, et plus surement, sans doute, que cèux qu’il proposa pour cet objet. Alors encore les peuples du nord se procureroient le moût muté de nos meilleurs crus, et ils auroient le plaisir de faire fermenter nos vins sous leurs yeux ; cette idée, nous pouvons même, plus que jamais, compter de la voir se réaliser un jour; mais il faudroit, dès ce moment, en accélérer l’époque par des recherces sur la fermentation que nous sommes encore infiniment éloignés de connoître à fond. Le sulfite de chaux obtiendra du temps des applications non moins heureuses que celle que je propose aujourd’hui, et surtout lorsque la connoissance des services qu’il peut rendre , aura passé les mers; par exemple, avec quelques gros de sulfite ne pourroit-on pas mettre le moût de la canne, ceux de l’érable du Canada, du palmier et autres , à l'abri de ces fermentations brusques qui surprennent fréquemment les planteurs et qui leur occasionnent de si grandes pertes quand ils tardent à porter ces sucs à la chaudière? Toutefois, je dois prévenir ici que ceux qui ne portent pas naturellement un acide abondant , ou assez actif pour dégager l’acide sulfureux du sulfite, ne réus- sissent pas à se muter. On pourra se flatter encore d’appliquer utilement cet in- grédient préservateur à la concentration du suc de citron qui, malgré la cuite qu’on lui fait subir , ne soutient point les cha- leurs de la ligne , dans les voyages maritimes. M. Henry m'a assuré qu’il espérait bien tirer parti du sulfite, pour prolonger la durée des sucs de coing ; d'orange , de bigarade , de gre- Tome L.XXI. DÉCEMBRE an 1810. O 00 466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nade, ou autres que les pharmaciens ne peuvent se procurer frais en toutes saisons (1). S'il eñt été possiblé de muter le moût que l’on a saturé d’a- vance en foulant au pressoir le raisin avec la craie, on aurait encore rendu un service bien important aux fabricans. C’eût été leur épargner d’un seul conp deux grandes opérations, le mutage et la saturation. Mais je n’ai pu y réussir , ni avec le sulfite, ni avec l’acide sulfureux. Je trouve dans un très-bon Mémoire donné sur le sucre de raisin et ses sirops , par M. Poutet de Marseille, qu'il en avoit aussi tenté l'expérience, et sans succès. Je ne pense pas, néanmoins, qu’il faille désespérer de réussir à combiner ces deux procédés. Les fabricans en sentiront tout le prix, et il est fort à desirer qu'on résolve encore cette difficulté en leur faveur. Tel est, Monsieur, le mutage que l’on peut , je crois, offrir aux fabricans de sucre de raisin, à la place de l’ancien. Le sulfite est une substance qui se trouvera partout et à très-bon marché, aussitôt que les manufactures de produits chimiques sauront qu’il est utile am commerce d’en avoir; le vigneron en apprendra promptement l'usage, et il lui sera aussi aisé de s'en procurer, qu'il est facile de trouver chaque jour du savon, de la soude , du soufre, etc. Quant aux personnes qui ont quelque teinture de chimie, elles seront certainement les premières à l’adopter et à le pro- pager autour d'elles, parce qu’elles ne tarderont point à recon- noître qu’un procédé aussi simple et aussi économique, ne peut que diminuer beaucoup le travail du sucre de raisin , en même temps qu’il assurera l’uniformité dans les envois des sirops, que les fabriques seront dans le cas de faire venir des divers départemens de l’Empire. QG) M. Henry m’écrivit à Noyon: Mes élèves , témoins du succès que j'ai obtenu avec le sulfite, n’ont pas gardé le silence que vous m'aviez recom- mandé. L’un d’eux en a fait part à M. Chaptal, qui le savoit déjà, un autre à M. Boulay, qui ne le savoit pas, etc. M. Boulay a effectivement annoncé dans un Mémoire, le résultat tres saüsfaisant qu’il avoit obtenu de l'emploi du sulfite. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 467 RÉPONSE DE M. LE SENATEUR BERTHOLLET,, 8 octobre 1810. MoxsIEUR, Aussitôt que j'ai eu recu communication de votre intéres- sant procédé, je me suis empressé d’adresser une circulaire aux fabricans qui , d'après l'indication de Chaptal , s'occupoient prin- cipalement de votre sucre; mais j'ai vu par leur réponse que je vous communiquerai, qu’ils n’ont pu en profiter cette année; pour moi, je m’en suis servi dans quelques expériences, et il m'a paru remplir parfaitement l'objet que vous vous êtes pro- posé ; j'ai même remarqué qu’en mettant le sulfite dans le moût sans employer de chaleur , il réussiroit également bien, ce qui en rendra l’usage encore plus facile. Je desire ardemment que le succès apprenne promptement combien est grand le service que vous avez rendu à la France dans les circonstances où nous nous trouvons, et suis; elc. Au moment où je ferme ce travail, je recois de M. Berthollet la lettre suivante : * MoNSsIiEUR; Je vous avoue que j'ai vu avec surprise que M. Parmentier annonçoit dans le dernier numéro des Annales, qu'il avoit trouvé que le sulfite de chaux étoit propre à muter le vin. Vous pouvez citer mon témoignage, et je pourrai vous com- muniquer les réponses que j'ai reçues sur la communication de votre procédé. Chaptal en est un autre témoin. Le temps est trop mauvais pour vous engager à Venir à Arcueil, agréez etc. BERTHOLLET. Voilà done, me suis-je dit, comment M. Parmentier, de l’Ins- titut de France, fait des découvertes : celui-là même qui dit dans la préface de sa troisième édition. des Sirops, page 8 : Je n'en suis pas réduit , heureusement, à chercher à enlever à per- sonne son patrimoine ! Je laisse M. Parmentier à ses propres réflexions: puissent-elles enfin le faire ressouvenir, que, dans l'affaire du sucre de raisin, c’est pour la quatrième fois que nous le voyons mettre son num à des travaux qui ne lui ap- partiennent pas. Ooo 2 468 JOURNAL DE PMYSIQUE, DE CHIMIE, om LETTRE DE M***, SUR QUELQUES OXIDATIONS MÉTALLIQUES PAR L'ÉLECTRICITÉ. Monsieur, Vous savez que j'ai placé de longues tringles d'argent d'environ deux lignes d'épaisseur, dans les tuyaux de verre qui me servent, depuis nombre d'années, comme premiers conducteurs : ces tringles reçoivent, au moyen de trois ou quatre aiguilles, le fluide du disque, le transmettent à travers une ligne d’eau à un second fil de la même épaisseur qui n'a environ qu'un demi-pied de longueur. Tous les deux, coupés au ciseau, se présentent tout leur diamètre, de sorte que le fluide passe sans étincelle. A la lecture des derniers Mémoires de M. Davy, l'idée me vint d'engager M. Stoffels de vouloir examiner l’eau d'un de ces tuyaux, par tous les réactifs qui peuvent faire con- noitre la présence des alkalis et des acides. Il ne trouva rien d'étranger dans l'eau , qu'un peu de matière noire qui, par la chaleur blanche, donna quelques étincelles qui an- nonçoient du carbone : le reste étoit de l’oxide. Il ne s'étoit point formé de gaz; car, malgré qu’en ouvrant le premier bouchon nous entendimes un foible sifflement, nous l'at- tribuâmes à la dilatation de l'air par la chaleur, car le tuyau fut rempli au mois de février dernier, lorsque la tem- pérature de la chambre étoit à 8 degrés de Réaumur, tandis qu'en l'ouvrant il marquoit 16. Le grand fil avoit conservé tout son brillant métallique, excepté qu'à environ deux ‘pouces de son extrémité il com- mence à prendre couleur, et que vers l'extrémité il semble corrodé. Le second fil, au contraire, est non-seulement en- iouré de vapeurs fuligineuses, mais d'oxide d'argent. Pour que vous en jugiez vous-même , et que vous puissiez le montrer à vos amis, je vous envoie le tuyau tel qu'il a servi. I ne s'agit que d’y mettre de l'eau à un pouce près et le fermer ET D'HISTOIRE NATURELLE. 469 avec de la cire d'Espagne. Un bout du tuyau a été emporté en enlevant la cire; mais au moyen du second bouchon on peut exclure l'air. Le carbone qui s'étoit mélé à l'oxide précipité, vient probablement des bouchons noircis par la chaleur de la cire. Je desire qu’on veuille répéter l'expérience par 1e galvanisme : je ne doute point qu’on n'obtienne les mêmes résultats. En proportionnant l'épaisseur des fils d’ar- gent pour le nouvel appareil de deux mille plaques de M. Davy, je crois qu'elle devroit être de cinq à six lignes; car M. Bru- gnatelli eut toutes les surfaces de ses fils conducteurs at- taquées par son petit appareil. (7’oyez son Mémoire inséré dans votre Journal, tome LXII, page .)Ses plaquesn’étoient que de trois à quatre pouces, et de 100 à 200 plaques. Aucun métal ne résistoit pourtant point à l'oxidation lorsqu'il em- ployoit des fils très-minces. C'est, d'après mes déductions, l'oxide du fil positif conducteur qui, au lieu de se porter au travers des alkalis et des terres vers le fil appelé négatif, S'unit et forme le métalloïde. C’est ainsi que l'ammoniac forme avec l'or, l'argent et le mercure, ces substances si adnflammables. Le temps confirmera ou fera évanouir cette assertion. fñ 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LETTRE DE M. BIGOT DE MOROSE, A J.-C. DELAMÉTHERIE, ANNONCÇANT LA CHUTE DE TROIS MÉTÉOROLITES AUPRÈS D'ORLÉANS. : Nous venons d'étretémoins d'un de ces phénomènes devenus communs depuis que les savans se sont donné la peine d’en constater la réalité. Le 23 novembre 1810, à une heure et demie après-midi, il est tombé perpendiculairement dans la commune de Char- souville, canton de Meung, département du Loiret, trois pierres atmosphériques. Leur chute a été accompagnée d’une suite de détonations qui l'a précédée et a duré plusieurs mi- nutes. Le bruit des explosions , au nombre de trois ou quatre, suivi d'un roulement produit par les échos, a été entendu aussi fortement à Orléans qu’au lieu de la chute. On dit même qu'il a été aussi fort à Montargis , à Salbri, à Vierzon et à Blois; dans tous ces lieux il paroït avoir causé quelques inquiétudes et avoir été attribué à l'explosion d'un magasin à poudre. On en peut conclure que l'explosion s'est faite à une grande hauteur incommensurable par rapport aux distances dans-le cercle desquelles elle a été entendue. Les pierres sont tombées dans moins d’une demi-lieue d’étendue: Leur chute a eu lieu perpendiculairement, sans lumière ni globe de feu apparent. L'une de ces pierres est tombée à Mortelle, et il paroïit qu’elle n’a pas été retrouvée. Les deux autres sont tombées, l'une à Villerai, etl’autre au Moulin brülé. L'une pesoit envi- ron vingt livres, elle avoit fait en terre un trou de la grandeur justement nécessaire dans une direction verticale, en faisant ET D'HISTOIRE NAFURELLESs AL jaillir la terre à huit à dix pieds de hauteur. La pierre en fut retirée une demi-heure après, étant encore assez chaude pour être retenue avec peine dans les mains; elle répandoit une forte odeur de poudre à canon, qu’elle a conservée jusqu'à son parfait refro die ent La seconde pierre avoit formé un trou semblable, éga- lement vertical, à trois pieds de profondeur. Son poids étoit de quarante livres: elle n’a été retirée que dix-huit heures après sa chute et étoit sans chaleur. Ces pierres étoient informes , irrégulièrement arrondies sur tous les angles; elles contiennent un peu plus de globules ferrugineux que celles tombées à l'Aigle en Normandie. Ces ‘globules sont aussi un peu plus gros; la couleur de la pierre fraîchement cassée est un peu plus claire ; elle s'oxide promp- tement, elle est fort pesante et assez dure pour rayer Île verre ; elle se casse difficilement, et sa cassure estirrégulière, à grains très-fins. Sa croûte extérieure a un quart de ligne d'épaisseur; sa couleur est d'un noir grisâtre. La pierre est traverséé par quelques lignes noires, irrégu- lières et très-marquées , d'une demi ligne à deux 2 AE d'é- paisseur , qui la traversent indistinctement dans tousles sens, d’une manière analogue aux veines de certaines roches. Ce fait ne sembleroit-il pas indiquer qu’elles étoient préexis- tantes à leur chute, qu'elles ont été formées à la manière des roches , et ne se sont pas formées dans l'atmosphère ? Le jour où cette chute de pierres a eu lieu, étoit singu- lièrement calme et serein; le soleil brilloit comme dans une des plus belles journées d'automne , et aucuns nuages ne pa- roissoient à l'horizon... | 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOTE SUR LA HAUTEUR DE QUELQUES MONTAGNES DU THIBET. On trouve dans un Mémoire sur l'origine et les progrès des découvertes faites en Asie par J. Pinkerton, traduit de l'anglais par M. Dupuy, avec des notes critiques par M. Walc- kenaer, la note suivante sur la hauteur de quelques mon- tagnes du Thibet. Le colonel Crawford a mesuré plusieurs montagnes ‘de cette contrée (du Thibet}, et a trouvé que le sommet de la plus haute surpasse les Andes, puisqu'il s'élève à 25,000 pieds (anglais) au-dessus du niveau de la mer (le pied anglais est de onze pouces français). C’est environ 5000 pieds plus que le Chimboraço, qui a passé jusqu'ici pour la mon- tagne la plus élevée du globe. ARS ESRI RFA AE EG EEE PE I RER EAN RARE CERF ARE UP EETLEEE TEINTE PRNEE VO SNRNNTELSRR ER ERRATA. Cahier de novembre précédent, page. 384, ligne 31. Des- marets et Prevost ont cru observer des coquilles fluviatiles, Lisez : coquillés marines. C'est ce qui est dit zhidem, page 591, ligne 20. Page 588, ibidem, ligne 50. On trouve à Soyancourt des ananchites... On m'a fait observer que ce sont des cly- peastres. Ainsi il faut suprimer ces quatre lignes. NOUVELLES ET D'HISTOIRE NATURELLE. 473 NOUVELLES LITTÉRAIRES. DESCRIPTION DE L'ÉGYPTE, Ou Recueil des Observations et des Recherches qui ont été faites en Egypte pendant l'expédition de l'armée Française, Publié par les ordres de S. M. Naroréon-LEe-GRAND, L'ÉGyrre a été l’objet de plusieurs descriptions et d'un grand nombre d'ouvrages. Cependant l'on n’avoit pu sen procurer jusqu'à ces derniers temps ,une connoissance exacte et complète. Il falloit un événement extraordinaire, une circonstance aussi favorable ‘que la présence d'une armée victorieuse , pour donner aux observateurs les moyens d'é- tudier l'Egypte avec le soin qu'elle mérite. Ce pays, que visitèrent les plus illustres philosophes de l'antiquité, fut la source où les Grecs puisèrent les principes des lois, des arts et des sciences. Mais sous les Grecs , et même sous les Romains, il n'étoit pas encore permis à des étrangers de pénétrer dans l'intérieur des temples. Abandonnés suc- cessivement par l'effet des révolutions politiques etreligieuses, ces monumens n'en étoient pas devenus plus accessibles aux voyageurs Européens, sur tout depuis l'établissement de la religion Mahométane. Décrire, dessiner et mesurer les anciens édifices dont l'Egypte est pour ainsi dire couverte; observer et réunir toutes les productions naturelles, former une carte exacte et détaillée du pays; recueillir et transporter en Europe des fragmens antiques ; étudier le sol , le climat et la géo- graphie physique; enfin rassembler tous les résultats qui intéressent l'histoire de la société , celle des sciences et celle Tome LX XI. DÉCEMBRE an 1810. Ppp 474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des arts : une telle entreprise exigeoit le concours d'un grand nombre d'observateurs, tous animés des mêmes vues et guidés par un génie supérieur, né pour accomplir les plus grands desseins , en triomphant de tous les obstacles. Le Héros qui avoit conçu l'idée d'associer à ses triomphes tous les talens et toutés les lumières, a voulu ra$sembler ces divers travaux dans un commun ouvrage, dont on s’est occupé sans relâche depuis la fin de l'expédition d'Egypte, et dont on publie aujourd’hui la première partie. Cet ouvrage est principalement destiné à faire connoître les faits relatifs à l’état physique de l'Egypte, et ceux qui concernent l'histoire civile, la géographie, les sciences et les arts. On y trouvera , 1° les temples, les palais, les tom- beaux, tous les anciens monumens del Egypte, mesurés avec précision; une suite de vues pittoresques représentant les monumens dans leur état actuel; des plans topographiques de tous les sites des anciennes villes; enfin une collection de manuscrits Egyptiens , de monumens d'astronomie, de peintures qui retracent les scènes de la vie civile , de sculp- tures historiques et de bas-reliefs chargés d’hiéroglyphes ; 2° Les principaux édifices modernes , et tout ce qu'il y a d'important à savoir sur l’état actuel de l'Egypte; 3° La description de toutes les espèces d'animaux, de vé- gétaux ou de minéraux inconnues ou imparfaitement décrites. L'ouvrage est donc divisé en trois parties, savoir, AnTi- QUITÉS , ETAT MODERNE , HiSTOIRE NATUR&LLE. La conquête de l'Egypte par les Arabes , est l'époque qui sépare ici l'an- tiquité de l'état moderne. : Les antiquités fournissent quatre cent vingt planches , dis- tribuées en cinq volumes ; l’état moderne, cent soixante-dix planches en deux volumes, l'histoire naturelle, deux cent cin- quante planches en deuxvolumes. Lenombretotal des planches est de huitcent quarante, formant neufvolumes , non compris l’atlas géographique en cinquante feuilles, qui forme une section séparée. Six cent cinquante de ces planches sont déjà gravées. Le format ordinaire des planches est grand atlas , et la hauteur du papier est de 70 centimètres et demi, sur une largeur de 54 centimètres (26 ”“" sur 20.) Le format double a 108 centimètres de longueur (40 "“*), et le plus grand ET D'HISTOIRE NATURELLE. 479 format en a 135 (507%), Ces trois formats étant de mème hauteur, n'en composent qu'un seul, quand les gravures sont ployées. Quelques antres planches ont 114 centimètres sur 81 (427% sur 30.) L'ouvrage renferme cent planches au- dessus du format ordinaire. On placera en tête de l'Ouvrage un frontispice gravé. Le texte se compose, 1° d'une Préface historique et de l'Explication des planches, formant un dixième volume du même format que les gravures; 2° De plusieurs volumes de Descriptions d'antiquités, et de Mémoires distribués entrois parties comme les planches. Ces volumes sont de format i1-folio moyen. L'ouvrage sera publié en trois Livraisons, dont chacune renfermera plusieurs volumes de planches et de Mémoires d'AÆntiquités, d'Etat moderne et d'Histoire naturelle. La première Livraison paroît en ce moment. Le prix total, de l'Ouvrage en papier fin , est de 3,600 fr. , et en papier vélin, de 5,400 fr. On souscrit à Paris, au bureau de la Commission chargée de diriger la vente de l'Ouvrage : s'adresser au concierge du palais de l'Institut; E Et chez de Bure père et fils, Libraires à Paris, rue Ser- ente, n° 9; et T'illiard frères, Libraires à Paris , rue Haute- euille, n° 22. Quelques Idées nouvelles sur le Système de l'Univers, par Guillaume-Antoïne Maréchal , ancien élève géographe. Ante mare, et terras et quod tegit omnia cœlum , Ovin. Un vol. in-8. À Paris , de l'Imprimerie de Drdot jeune; Et se vend à Paris, chez les frères C/ément, rue de l'Echelle, n° 6. L'auteur se propose de donner une explication de la gravi- tation générale fondée sur les lois de la mécanique. Il faut voir dans l’Ouvrage même , les raisons sur lesquelles il ap- puie son opinion; il place dans un globe creux et rempli d’eau, plusieurs petits solides, il imprime à ce globe, par un mécanisme particulier, un double mouvement de rota- tion , et les petits solides vont se rendre au centre, et non point à l'axe comme dans les machines ordinaires. Ppp2 476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Voyage d'Alexandre Humboldt et Aimé Bonpland. Troisième Partie. Essai politique sur le royaume de la Nouvelle Espagne, quatrième Livraison. Cette Livraison contient les pages XLIX à XCII de l'In- troduction, et les pages 349 à 425 du texte; elle est ac- compagnée d’une partie de l'Atlas contenant la planche 1e en deux feuilles. À Paris, chez F. Schoell, Libraire, rue des Fossés-Saint- Germain-l' Auxerrois, n° 29; et à T'ubinge, chez J.-G. Cotin. Et se trouve aussi à Paris, chez Dufour, rue des Mathurins, n° 7; Et à Strasbourg, chez F.-G. Levrault. Nous rendrons compte de cet Ouvrage dont on connoit tout l'intérêt. TAvBelrE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Des affinités chimiques; par J.-C. Delamétherie. VPag. 417 Tableau météorologique; par M. Bouvard. 424 Suite des Analyses des minéraux ; par Xlaproth. Suite des Recherches chimiques sur les Minéraux ; par Martin-Henri Klaproth. Des Substances dites simples ou élémentaires ; par J.-C. Delamétherie. 451 Mémoire sur le Mutage du Suc de raisin. Extrait d’une Lettre écrite de Noyon, à M. le sénateur Berthollet, le 22 septembre dernier; par M. Proust. 455 Lettre de M***, sur quelques Oxidations métalliques par l'électricité. Letire de M. Bigot de Morose, à J.-C. Delamétherite, annonçant la chute de. trois Météorolites auprès d Or- léans. 470 Note sur la hauteur de quelques Montagnes du Thibet. 472 Nowelles Littéraires. 473 ET D'HISTOIRE NATURELLE 477 EST PSN ET ER PTIT EPL PAR VAE © LIRE EME EPETSTETP NI RER PTE SIREN ce 25) TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. HISTOIRE NATURELLE. Zaumonite analysé; par M. Vogel. Pag. 64 Description des Serres qui se trouvent dans les jardins . de Schônbrunn près de Vienne, et détails sur le Mé- lange des terres et sur la Culture pratiquée dans les jardins de Schôonbrunn et de l Université; par Marcel de Serres. Essai sur l'Art de fabriquer le Sucre de raïsin; par M. Foucques. Traité de Minéralogie ; par Bournon. Extrait par J.-C. Delamétherte. Description anatomique du Squalus maximus de Linnée qui par la forme de son estomac établit un passage entre les poissons cartilagineux et les Cétacées. Lu à la Société royale de Londres, le 11 mai 1500; par M. Home. Extrait par M. de Blainville. Mémoire sur la Conservation des diverses espèces d'Ani- maux dans l'alcool ; par MM. Péron et Lesueur. 265 Mémoire sir un Marbre remarquable par quelques carac- cères particuliers, que j ai désigné sous le nom de Marbre grec magnésien Lu àl'Institue, le 28 mars 1810; par M. de Cubière l'atré. Précis de la Géographie universelle, ou Description de routes les parties du Monde, sur un plan nouveau, d'après les grandes divisions naturelles du Globe, etc.; par M. Malte-Brun. Extrait, par J.-C. Delamétherie. 3 Extrait d'une Lettre de M.de Bournon, à M. Berger, sur quelques points de Cristallographie. Voyage d'Alexandrede Humboldt et Aimé Bompland. Troisième partie. Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne. Cinquième livraison. 366 241 ” 302 478 JOURNAL PE PHYSIQUE, DE CniMIe PHYSIQUE. Suite du Mémoire sur la Mesure des hauteurs à l'arïde du baromètre; par M. d'Aubuisson, Ingénieur des Mines. Pag205 Note sur la diminution de la Chaleur à mesure qu'on s'élève dans l'atmosphère ; par le méme. 55 Note sur laquantité d'eau en vapeur contenue dans l'at- mosphère, sur la diminution de densité qui en résulte, et sur le produit de l'évaporation en temps déterminé; par le même. 38 Tableau météorologique; par M. Bouvard. Juin. 62 Jurllet. 116 Août. 170 Septembre. 316 Octobre. 362 Novembre. 424 J.-P. Dessaignes à J.-C. Delamétherte, sur la Propriété phosphorescente rendue par l'électricité à des corps qui l’'avoient perdue. Description d'un Goniomètre à réflexion; par William Hyde Wollaston, extraite des Translations Philoso- phiques. Londres, 1809. Lu devant la Société Royale, le 8 juin 1800. 165 Suite à mes Mémoires sur les Cristallisations Géolo- giques ; par J.-C. Delamétherie. 172 Suite. 385 Histoire philosophique des progrès de la Physique; par Æ. Libes. Extrait par J.-C. Delamétherte. 211 Mémoire sur la Cause du Refroidissement qu’on observe chez les animaux exposés à une forte chaleur; par François Delaroche. Lu à la Séance de la première Classe de l'Institut, le 6 novembre 1809. 239 De la Zoonomie, ou Lois de la vie organique; par Erasme Darwin ; traduit de l'anglais, par Jos.-Franç. Kluyskens. (Extrait par J.-C. Delamétherte.) 318 J.-P. Dessaignes, à J.-C. Delamétherie, sur quelques phénomènes de Phosphorescence par insolation. 353 Société géologique établie à Londres. Base de ses Lravaux, 426 ET D'HISTOIRE NATURELLE, 479 Lettre de M***, sur quelques oxidations métalliques par l'électricité. Pag. 468 CHIMIE. Mémoire sur quelques Recherches dans la Philosophie chimique, particulièrement sur les Corps métalliques provenant des alkalis et des terres, et sur quelques Combinaisons d'Hydrogène ; par Humphry Davy. 43 Notice de quelques Expériences Galvaniques ; par Humphry Davy. 66 Mémoire de MM. Gay-Lussac et Thenard, qui recon- noissent que le potassium et le sodium ne passent à l'état d'alkali que par l'absorption de l'oxisène, et qu'ils sont des étres simples et non point des hydrures. Observation sur ce qui est dit dans le Rapport pour les Prix décennaux, page 33, au sujet de la décomposition du Sel marin pouren obtenir lasoude; par J.-C. Dela- métherte. ri Notice de nouvelles expériences de H. Davy. 76 Suite du Mémoire sur quelques nouvelles Recherches électro-chimiques, etc; par Humphry Davy; lu à la Séance de la Société royale, le 16 novembre. 85 Recherches chimiques sur les Minéraux, par Martin Henri Xlaproth. 130 Suite. as: Suite. 3 Recherches sur l' Acide oxi-muriatique, sa nature et ses combinaisons, et sur les élémens de l' Acide muria- tique, avec quelques expériences faites sur le Soufre et le Phosphore dans le laboratoïre de l'Institut royal ; par Humphry Davy. Lues devant la Société royale, le 12 juiller 1810. 326 Du Gaz azote sulfuré. 349 Analyse des Eaux sulfureuses d'Aix-la-Chapelle ; par G. Reumont, Docteur en Médecine, etc.; et J.-P.-J. E Monheim, Pharmacien à Aix-la-Chapelle. Extrait par J.-C. Delamétherte. 393 Nouvelles littéraires. 77: 198, 259, #49 , 473 Des Substances dites élémentaires ; par J.-C. Delamé- there. no: Des Affinités chimiques ; par J.-C. Delamétherte A17 71 e 480 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. A MM. les Souscripteurs pu JOURNAL DE PHYSIQUE. M. Vous êtes averti que votre Abonnement expire avec le présent Cahier. Le prix de la Souscription est toujours, pour Paris, de 27 fr. par an, et de 15 fr. pour six MOIS ; Et pour les Départemens, 33 fr. par an, et 18 fr. pour six mois. On s’abonne à Paris, chez Courcier, Imprimeur- Libraire, quai des Augustins, n° 57. Il faut affranchir les lettres et l'envoi de l'argent, | ÿ pal ï hu : 1 { Err Er FH A7 Line P , py é LA dl 114 l ' 4 (l L % [e l Le" , Ÿ : LI ‘ | x 4 on « 4 vu om RS RSR ST