SPC OS SRE : Ée : : SOUS ee Hess Er ROC o TER nés RS RS ES Se SR 2 > D 4 RAT JOURNAL DE PHYSIQUE. J O LERN À L DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE FF DE SA RES: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par J.-C. DELAMÉTHERIE, ET PAR H. M. DUCROTAY DE BLAINVILLE, Docteur en Médecine, de Paris, Professeur Adjoint à la Faculté des Sciences, et Membre de la Société Philomatique. JUILLET AN 1813. TOME LXX VII. À PARIS, Chez Madame veuve COURCIER, Imprimeur - Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57, FDAeT eléi Rs IN de pres vi na19 PU AA # if dif sea per dr he à ei Le Lee À RU am A AL 86 TO) #8 SF Ru oh sf s En JOURNAL DÉPHYSIQOUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. JUILLET AN 1813. MÉMOIRE SUR L'INFLUENCE QUE LA TEMPÉRATURE DE L'AIR EXERCE DANS LES PHÉNOMÈNES CHIMIQUES DE LA RESPIRATION. LU A L'INSTITUT, LE 11 MAI 1612. Par M. DELAROCHE. 1 à y a environ deux ans que j’eus l'honneur de lire à la Classe ua Mémoire sur la faculté qu'ont les animaux de produire du froid lorsqu'ils sont exposés à une forte chaleur. Après avoir montré que cette faculté est due uniquement à l’évaporation de la matière de la transpiration, tant cutanée que pulmonaire, je faisois cependant remarquer que, malgré la suppression de cette évaporation, l'excès de la température des animaux sur celle de l'air environnant étoit très-foible lorsque la température de 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'air étoit elle-même portée à trente-cinq ou quarante degrés cen- tigrades , indiquant ce fait comme une difhculté que présente la théorie chimique de la chaleur animale, On ne voit pas trop en effet au premier aspect, pourquoi, lorsque toute cause refri- gérante connue a cessé, la chaleur dégagée par la respiration n’éle- veroit pas autant la température desanimaux au-dessus de celle de l'air environnant , lorsque cette dernière est élevée, que lors- qu’elle est basse ; cependant pour déterminer jusqu’à quel point seroient fondés les doutes que ce fait, et d’autres analogues publiés par différentes personnes, pourroient faire élever sur la théorie de la chaleur animale; il est essentiel de déterminer si les phé- nomènes chimiques de la respiration se passent d’une mauière aussi active dans les hautes températures que dans les basses. Aussi, à la suite d’une discussion qui ‘éleva sur ce sujet dans cette assemblée après la lecture de mon Mémoire, quelques- uns des savans .célèbres qui la composent, et en particulier M. de Laplace, m'invitèrent-ils à faire des recherches sur ce sujet. M, Berthollet , avec sa bonté accoutumée, nr’oflrit de me procurer toutes les facilités que je pouvois desirer pour ces res cherches , auxquelles je me livrai en effet sur-le- champ. Ce sont les résultats que j’obtins alors, que je vais soumettre maintenant à la Classe. Si je ne l'ai pas fait plutôt, c’est parce que je comptois les rattacher à un travail général que J'ai entrepris sur la chaleur animale et sur la cause qui la produit, travail que diverses circonstances m'ont engagé à discontinuer, du moins pour le moment, Ce sujet de recherches n’est pas absolument neuf. Crawford a publié dans son ouvrage sur la chaleur animale, un petit nombre d'expériences tentées sur des cochons d'Inde » desquelles il résulteroit que l'absorption d'oxigène dans la respiration, di- minue avec une grande rapidité à mesure que la température extérieure s'élève; mais ces expériences peu nombreuses, n’ont pas été faites avec assez de soin pour mériter beaucoup de confiance, Spallanzani a prouvé pe un grand nombre d'expériences , que chez les animaux à sang froid l’activité des phénomènes chimiques de la respiration, croit avec la température de l'air environnant, Il n’a point fait, à ma connoissance , de recherches pareilles sur les animaux à sang chaud; mais il paroît avoir pensé qu’il en étoit de même pour ces animaux que pour les animaux à sang froid, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 J'ai publié en 1806, le résultat de quelques expériences que avois aites sur ce sujet, de concert avec mon ami, M. le docteur Berger. Elles m’avoient conduit à ce résultat, que si la chaleur a une influence sur l’activité des phénomènes chimiques de la respiration , cette influence a pour effet, tantôt de la diminuer , tantôt de l'augmenter; mais n'étant pas assez sûr de leur exac- titude et ne les ayant pas assez souvent répétées, je me borzzi . à les faire connoître sans en tirer de £Cäciusion positive. Toutes les expériencesdont je vaismaintenant rapporter les résul- tats(r), ont été faitesen plaçant les animaux dont je voulois exa. miner la respiration, dans des manomètres qui m’avoient été prêtés par M. Berthollet,et en examinant l’altération qw’avoitéprouvée l'air renfermé dans ces instrumens aprèsle séjour plus ou moins prolongé des animaux. Il seroit inutile de donner ici une description dé- taillée de ces manomètres, puisqu'il en existe une très-claire faite par M. Berthollet lui-même, dans le premier volume des Mé- moires de la Société d' Arcueil. Il suffira de dire que ce sont des vasesen verre à grande ouverture, fermés hermétiquement par une plaque en cuivre à vis. Cette plaque est percée de deux ouver- tures, dont l’une donne passage à un baromètre et dont l’autre porte un robinet, par le moyen duquel où peut recueillir une portion du gaz contenu dans le manomètre en la remplaçant par un volume d'eau égal, cpération que l’on peut répéter aussi souvent qu'onle desire et dans toutes les périodes de l'expérience. Un thermomètre suspendu dans le centre du manomètre , indique la température du gaz qu’il renferme, et l'élévation du mercure dans le baromètre donne le degré de pression auquel ce gaz est soumis. On peut, à l’aide de ces données, déterminer avec beaucoup de facilité si la quantité de gaz a varié pendant la durée de l'expérience. Je me suis servi pour toutes les expériences que j'ai faites sur les animaux à sang chaud , du même manomëtre que M. Ber- thollet avoit employé dans celles du même genre, qu'il a publiées dans le second volume des Mémoires de la Société d' Arcueil, -et dont le récipient étoit un ballon de verre de la capacité de 28 litres. La capacité de celui dont je me suis servi pour les om (Q) Les premieres ont été faites à Arcueil, sous les yeux et avec l’aide de M. Bérard. Quelques circonstances les ayant rendues un peu moins exactes que celles que j’ai faites par la suite, je ne rapporterai pas leurs résultats, 6 JOURNAL DE CHIMIE, DE PHYSIQUE renouilles, n’étoit que de 1,36 litre. Je placois ces manomèlres dns unechambrefroide, et après les y avoir laissésassez long-temps pour qu’ils se missent à la température de l'air environnant, J'introduisois dans leur intérieur l'animal dont je voulois examiner la respiration, et je les fermois aussitôt en laissant cependant le robinet ouvert. Deux minutes après, je fermois aussi ce ro- - binet, et j'observois dans le même instant la hauteur du mercure dans le thermomètre et dans le baromètre. Je laissois les choses dans cet état pendant une heure environ, et au bout de ce temps, après avoir examiné de nouveau la hauteur du mercure dans le baromètre et le thermomètre, je recueillois une partie du gaz que j’analysois ensuite (r); je retirois alors l’animal dont le séjour w’avoit pas été assez long pour qu’il eût souffert de l’altération du gaz. Le lendemain, ou le jour suivant, je répétois cette ex- périence, en plaçant le manomètre dans une étuve plus ou moins chauffée, et en y laissant l'animal le même espace de temps (2), je pouvois facilement, à l’aide de ces expériences comparatives que J'ai répétées sur un grand nombre d'animaux, déterminer l'in- fluence que la chaleur extérieure exerçoit dans les phénomènes chimiques de la respiration. Je consigne les résultats que j'ai obtenus dans le Tableau ci-joint. U () Je me suis servi pour ces analyses , de l’eudiomètre de Volta, en partant des données fournies par MM. de Humboldt et Gay-Lussac. Je séparois l’acide carbonique par des lavages répétés à l’eau de chaux. (2) J'ai souvent interverti l’ordre de ces expériences, commençant par celleg que je faisois dans l’étuve, Numéros ET D'HISTOIRE NATURELLE. 2 À Æ n> Oxigène ab- | Acide carbo- E 39 E 8) nentgde Analyse du gaz © (Forbé ramenéhiqueproduit, |} S. Noms F 2 | 8e ? la RAS x à Hprenon ramené à la & $e. 22 2 Nero A CE PE 76 centim. pression de”6 & ne MelleEs lenlarame 3 d e mercure, centimètr. de ® es FE EMA ENT o | © » [à la tempéra-|mercure, à la À se. RES tempéra- CH s> Ca ture de la | température |f ES ' E5. | ESS lture et à lalAZOU| € EneS © glace fon- | de la glace | 2 | animaux. NOR Re 5 |£® # [dante et à l’é-fondante et af ë E8 8 Ël primitives. L ® tat de séche- [l’état deséche-|} & 5 resse extrême./resse extrême. |} RTE 3 b,7 516[0,0415|0,0584 53 383 || Bu LI PTE EE 14, 0,9923 lo,7991/0,1516|0,0415l0, 0,0539 0,0383 : pe 60 28,2 | 1,0029 0280 1 0, 1544 RE 00544 0,0464 | 0,0355 \ TR 65,5 11,9 | 0,9904 Îo,79310,1459|0,0514l0,0641| 0,0506 0,0478 pi > 35,4 | o0,9890 027017 0, 1418 0,0541 0,062 0,05! 6 0,0437 SN 11,1 | 0,9988 [o,8015l0,1505l0,0488/0,0595| 0,0565 0,0463 5 RES 58,5 26,6 1, 0000 027950 0, 15150, 0535 bo, 05B5| 0,0513 RES ge ape] 2e] ne Pi mnbrnl co | oo — 1,ÉRE) (BR: 27% A) > 09€ ; OP 5e | 2 Cabiais.…| 68,5) 40] 0 for280lo1808/070432fe 0838 | oo | Ê > 37€ : 04 10200 ; Te | 10,7 | 0,9944 Îo,8043/0,1547l0,0354| 0,0330 6e | 2 Cabiais..| 60, | 3525 1080 Enr 1800/0450 Da MEET CRU 11,4 | 0,0944 Îo,7979l0, 1392100573 0,092 Prier 76,5 35,4 0,901 o, 7982 0, 1403 0,053 0,048 8e | 2 Cubiais..| 56,9) | 006 oranler rage ogéslorest) 004 Sosa EM) , DÉSETÉ 2 =] 2 2 ch es DST e otre 10,3 | o,9861 Îo,8039/0,1511]0,0311l0,058 0,0557 0,0289 Ca A sa! 63,0 32,7 120077 o,8101/0, 1622|0,0354| 0 047 0,03gt 020289 LAURE 6 11,4 | o,9931 Îo,8016/0,1435/0,0480l0,0665| 0,0606 0,0437 10€ | Chat DT 5,0 0.0 | o:9905 Îo,7955l0,15a1/0,0420l0,0570| 0,0493 0,0365 EUPD 12,5 | 0,9951 [0,7882/0,1704l0,0276]0,0306] 0,0283 0,020 11 Igcon 88, 24,8 | 0,9958 Îo,7952/0,1 te 0,0269| 0,0236 o,o15r 3 8,7 | o,9957 Î0,8020/0,1622,0,0315l0,0478| 0,044 0,292 ï 12€ ALT 129; 3 26,0 0,0923 07950 o, 1620|0,0353 A 0 0,040 a è [ren | 0/02) ve Paeureeobon) og | ve see) » 29€ RSI 7193 9p0 >; 2 > 0202 3 2 2,8 | 0,9938 [o,8046l0,1587l0,0205l0,0413| 0,04 0,203 14° | Pigeon... 93, 38,2 | o,9945 Îo,7924l0, 1730|0, 0282 00361 RU 0,230 3 6,3 | 1,0044 [o,8180|0,1727l0,0137l0,0373| 0,0363 0,0131 15e MSP 201,0) 27,4 09800 8282 0,0482 0,103 01618 0° 1425 0,0912 k ÉnisA à 7,6 | o0,9822 [o,7899/0,1692/0,0231l0,0408| 0,0390 0,0221 ; L2 > 2 : ? + Ü 16° | 9 Grenouill.| 150, 26,8 0,9890 Îo,8158l0,1297|0,0401l0,0803 020703 0,0353 u Il n’est pas besoin d’entrer dans aucune explication sur les quatre premières colonnes de ce Tableau. Je ferai cependant re- marquer que quoique j'aie supposé que la durée du séjour de l’animal dans le manomètre ait été la même dans toutes les expé- riences comparatives , il y a eu presque toujours de très-légères différences à cet égard; mais je les ai fait disparoître en rame- nant par le calcul, tous les effets obtenus dans un des cas, à Tome LXXV'II. JUILLET an 1613. B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ce qu'ils eussent été au bout d’un temps précisément égal à celui qu'avoit duré l’autre partie de l'expérience. La cinquième colonne indique les quantités de gaz restant à la fin de l'expérience, ramenées au volume qu’elles auroient eu sila pression barométrique et la température n’avoient pas varié pendant toute sa durée, et étoient restées les mêmes que dans le premier instant. Je prends pour unité la quantité de gaz contenue dans le manomètre dans ce premier instant, Les sixième, septième et huitième colonnes indiquent les quan- Utés de chacun des élémens du gaz contenu dans le manomètre, rapportées à la même unité; dans la neuvième, sont les nombres qui expriment les quantités d’oxigène absorbées. Le principal but de ces expériences étant d’obtenir d’une ma- mière comparative les quantités d’oxigène absorbées, et d'acide carbonique produites par les animaux renfermés dans le mano- mètre, 1l étoit essentiel de les ramener à une unité commune dans les différentes expériences. C’est ce que j’ai fait en prenant comme telle la quantité totale de chacun de ces gaz qu’eût pu contenir le manomètre s’il en eût été rempli sous la pression de 76 centimètres de mercure et à la température de la glace fondante , en les supposant préalablement desséchés. Les huitième et neuvième colonnes renferment cesquantités ainsi réduites (r). Je vais maintenant exposer les principales conclusions que l’on peut tirer des résultats dont je viens de présenter le Tableau. Si on les considère d’une manière absolue et indépendamment de leur comparaison entre eux, on verra qu'ils s’accordent assez bien avec ceux que M. Berthollet avoit obtenus des expé- riences citées plus haut. Il y a eu le plus souvent une légtre diminution du volume de l’air contenu dans le manomètre. Il est vrai que cette diminution n’a pas été constante, et qu’en général elle a été, proportionnellement à la durée de l'expérience, beaucoup plus foible que celle observée par M. Berthollet; mais cela s’explique facilement par la mauière même dont J'ai fait mes expériences. En effet, au lieu de déterminer la hauteur du thermomètre placé au centre du manomètre, à l'instant même où j'introduisois l'animal, je laissois couler un intervalle de (1) On peut voir dans la note placée à la fin de ce Mémoire, un exemple des calculs que j’ai faits pour obtenir les nombres contenus dans ce Tableau. ET D'HISTOIRE NATURELLE, rt deux minutes environ, pour donner à ce thermomètre le temps de se mettre à la température du gaz du manomètre, qui sans cela eût été en général plus chaud que lui. Dans tous les cas, il y a eu moins d’acide carbonique produit que d’oxigène absorbé. J’en ai conclu, comme M. Berthollet, qu'il y a eu production d’azote; mais il est bien possible qu’il y ait quelque erreur à cet égard, et que l'analyse du gaz ne portant que sur les portions contenues dans le haut du mano- métre, n'indiquât pas la véritable proportion de l'acide car- bonique. Si lon compare entre eux les résultats des expériences faites sur un même animal placé dans les mêmes circonstances, mais à des températures diflérentes , on verra que presque dans toutes les expériences tentées sur des animaux à sang chaud, la quantité d’oxigène absorbée a été, même indépendamment des réductions nécessaires pour amener le gaz à une même température, un peu plus grande lorsque la température étoit basse, que lorsqu'elle étoit élevée. Cette diflérence a cependant été très-peu considérable, et dans trois expériences elle a été nulle , ou même en sens inverse. Il n’en est pas de même si on a ae aux nombres corrigés de Ja température et de la pression barométrique. La différence ob- servée entre les résultats obtenus lorsque l'animal étoit exposé à une température élevée, et ceux obtenus lorsqu'il étoit à une température basse, devient plus considérable. Elle n’est nulle que dans une seule expérience, et paroît en général d'autant plus grande, que la différence de température l’est elle-même da- vantage. Elle n’a cependant jamais été de plus du tiers de la quantité totale d’oxigène absorbée, dans les basses températures. En prenant, d’une part, toutes les expériences faites à chaud, et de l’autre, toutes celles faites à froid, ce qui donne une dif- férence moyenne de température de 21° centigr., on obtient pour la quantité moyenne d’oxigène absorbée dans le premier cas, 0,04415, et pour celle absorbée dans le second, 0,05265. Le rapport de ces quantités est à peu près celui de cinq à six, et leur différence paroît bien peu considérable relativement à celle qui devoit exister entre les quantités de chaleur produites par l'animal dans les deux cas, du moins, si l’on juge de cette pro- duction par la quantité dont la température de l'animal dépassoit celle de l'air environnant. La différence entre les quantités d’acide carbonique formées à des températures différentes, est encore moins considérable. B 2 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Elle est à peu près nulle, si l'on prend les moyennes des nombres pour lesquels les réductions de température et de pression n'ont as été faites. Si l’on a égard à ceux qui ont subi ces réductions, elle est d’un dixième environ, car l’une des moyennes est 0,0347, et l’autre, 0,0382. Il convient cependant d'observer ici que les résultats relatifs à l’acide carbonique produit, m'inspirent moins de confiance que ceux relatifs à l’oxigène absorbé, soit parce que jé n’ai jamais pu répéter les analyses qui me donnoient la proportion de ce gaz, tandis que je répétois toujours deux ou trois fois celles qui me donnoient la proportion de l’oxigène, soit parce que je soupçonnois, ainsi que Je l'ai dit plus haut, que l'acide carbonique pouvoit bien se trouver en proportion moindre dans le haut de l’appareil que dans le bas, et que la température avoit quelque influence sur cette inégale répartition. On peut soupçonner que ces expériences ne donnent pas une idée précise de ce qui se passe dans la nature, et que le passage du froid au chaud, étoit trop subit pour que l’animal pût adapter la manière dont s’effectuoit sa respiration, à la nouvelle situation dans laquelle il se trouvoit. IL est possible que si son séjour dans un air chaud eût été plus prolongé, il eût fini par présenter une diminution plus marquée dans l’activité des phénomènes chimi- ques de la respiration. Quelques expériences que j'ai faites depuis celles que je viens de rapporter, tout en me portant à croire que ce soupçon est fondé jusqu’à un certain point, me donnent lieu de penser que dans aucun cas, une différence de quinze ou vingt degrés dans la température de l'air environnant, n'apporte de différences bien marquées dans Pactivité des phénomènes chez les animaux à sang froid. Mais ces expériences sont trop im- parfaites pour que je puisse les présenter ici, et pour que j'en tire des conclusions positives. Il seroit fort intéressant de faire un grand nombre de recherches de ce genre, recherches plus délicates qu’on pourroit le penser au premier aspect, Il le seroit surtout de déterminer en même temps si la production totale de chaleur, qui se fait chez les animaux, suivroit les mêmes variations que celles des quantités d’oxigène absorbées et d'acide carbonique produites dans leur respiration, ce qui demanderoit qu'on eût égard à la portion de cette chaleur enlevée par lévaporation de la matière de la transpiration. Ce seroit, je crois, le seul moyen de déterminer si l'on peut, ainsi que l'ont fait un si grand nombre de physiologistes, regarder comme une véritable objection, la constance de la température ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 15 des animaux au milieu des variations continuelles qu'éprouvent la température et même la nature du milieu ambiant. Mais ces re- cherches seroientloin d'être faciles. J’enai fait plusieurs surcesujet, et quoique j'eusse trouvé un moyen assez exact de déterminer la quantité totale de chaleur que pouvoient produire dans un temps donné les animaux exposés à diflérentes températures, j’avoue que J'aiété rebuté parles difficultés que m'a présentées ce travail; mais je ne puis m'empêcher d'exprimer ici le vœu que d’autres , plus heureux ou plus patiens que moi, veuillent bien en entreprendre un semblable, Quant aux expériences dont j'ai rapporté il y a un moment les résultats, je ne crois pas qu’on en puisse lirer des conclusions ositives , relativement à la cause de la chaleur animale , et je ne es fais pas connoître dans cette intention , mais seulement comme établissant d’une manière qui me paroît certaine, que l'éléva- tion de latempérature de l’air environnant, loin d’activer les phé- nomènes chimiques de la respiration chez les animaux à sang chaud , produit chez eux un ralentissement marqué (1), quoique peu considérable, Si l’on fait attention que la même cause produit une accélération très-grande des mouvemens inspiratoires et ex= piratoires, on en conclura qu'il n'existe point une connexion nécessaire entre la fréquence de ces mouvemens et l’activité des phénomènes chimiques de la respiration. Spallanzani a prouvé, ainsi que je l'ai dit plus haut, qu'il se passe un eflet contraire chez les animaux à sang froid. Ses expériences sur ce sujet ayant été extrêmement multipliées, je n'ai pas cru devoir en faire moi-même un grand nombre. Je me suis borné en conséquence à en tenter quelques-unes sur des grenouilles. Leurs résultats, conformes à ceux qu'a obtenus Spallanzani, prouvent que la chaleur augmente de la manière la plus marquée chez ces animaux ; l'activité de la respiration, —————————— ——— ———————— ——————"——————— "0 (1) Cette assertion semble au premier aspect, en contradiction avec un fait Curieux que Crawford a observé le premier , et que j’ai vérifié ensuite, savoir, que le sang veineux des animaux à sang chaud , exposés à une forte chaleur, prend la couleur rouge vermeille, et presque tous les caractères du sang ar- tériel: mais si on y réfléchit , on verra que ce fait prouve seulement que l’alté- ration éprouvée par le sang dans son passage au travers des vaisseaux capillaires qui établissent la communication entre les deux systèmes, est moins grande lorsque les animaux sont exposés à une forte chaleur, que lorsqu'ils sont dans une atmosphère froide, 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tant sous le rapport des phénomènes chimiques que sous celui des phénomènes mécaniques. La quantité d’oxigène absorbée lors- ue les grenouilles étoient exposées à une chaleur de 270, a été de une expérience, double, et dans l’autre, quadruple de ce qu'elle étoit lorsque la température extérieure n’alloit qu'à six ou sept degrés. Voilà donc uue différence de plus à ajouter à celles qui séparent les animaux à sas chaud, ceux du moins 3 qui ne dorment pas pendant l'hiver, d’avec les animaux à sang froid. NOTE. Pour donner une idée de la marche que j'ai suivie dans les calculs par lesquels je suis arrivé aux nombres qui expriment les résultats de mes expériences, je vais indiquer ceux que j'ai faits pour la première partie de l'expérience première. Le lapin a été introduit dans le manomètre à. , 11h20! Le robinet du manomètre a été fermé à. , . . 11 22,5 J'ai recueilli l'air respiré à, 4.1.1, . 4 ... 1220 Par conséquent cet air avoit servi à la respiration de l’animal pendant 60", car on ne peut pas supposer qu’il eût éprouvé de renouvellement sensible pendant que le robinet avoit été ouvert. La température du thermomètre au commencement de l’ex- périence étoit de 13,2. La hauteur du baromètre fixé au mano- mètre 0",7503. Le volume du gaz contenu dans le manomètre à la fin de l'expérience, étoit le même qu’au commencement , mais la pres- sion à laquelle il étoit soumis et sa température étoient diffé- rentes. Pour le ramener à ce qu'il eût été dans le cas où cette pression et cette température n’auroient pas varié, j'ai fait usage de la formule suivante, dans laquelle À exprimant le volume qu’une quantité de gaz saturée d'humidité occupe sous une pres- sionp, età une température élevée de z degrés au-dessus du terme de la glace fondante, A’ exprime le volume qu’elle occuperait sous une pression p' et à une température # ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15 tension de la vap. 3) : nbsrca [ren à la tempér. t ] X C1 +10,00875 1 LP Dr de la vap. * )] SRE EE à la tempér. # Cette formule suppose que l'air renfermé dans le manomètre étoit à l’état d'humidité extrême, ce qui ne peut s’écarter beaucoup de la réalité, car la précaution que je prenois pour renouveler cet air avant chaque expérience, en remplissant d’eau le mano- mètre, et en le vidant ensuite sans l’essuyer, faisoit qu’il restoit toujours sur les parois de cet instrument une quantité d’eau suffisante pour saturer l'air qu’il renfermoit. En faisant l'application de cette formule au cas dont il s’agit, et en prenant pour unité la quantité A , on trouve pour À’ 0,9923; par conséquent le volume du gaz contenu dans le manomètre au commencement de l'expérience, étant également désigné par l'unité, il y a eu une diminution réelle de ce gaz égale à 0,0077. L'analyse du gaz contenu dans le manomètre a donné pour 100 parties, Acide carbonique. . . . . . . . . 0,0419 Oxigène.- pures ehrateli he 1:0,1020 AZ O1E: Lente le ose ve an otre late LO; 0009 1,0000 Le volume total du gaz à la fin de lexpérience étant , en le ramenant à la température et à la pression primitives, égal à 0,9923 ; il s’ensuit que les volumes de chacun des élémens qui le formoient , en leur faisant subir la même correction, étoient Pour lacide carbonique.. . . . . . . . 0,0416 F'oxiséne tit Shane eos O; TG L'azotesns me ee te ible ele 170709 0,9923 Il y avoit dans le manomètre au commencement de l’expé- rience OMAN NES D le ele ere 400,21 AZOTE RE IIS Me elle de ele ele ee O:70 1,00 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Par conséquent il y a eu production de o,009r d'azote, et de 0,0416 d'acide carbonique et absorption de 0,0584 d’oxigène. La formule dont je viens de faire usage m’a également servi pour ramener les volumes d’oxigène absorbés et d’acide carbo- nique produits, à ce qu’ils auroient été à l’état de sécheresse extrême, à la température de la glace fondante et sous la pression de 76 centimètres de mercure. Pour cela, j'ai pris dans cette for- mule pour À, le volume de l'acide carbonique produit sous la pression de 0,7474, et à la même température de 15°,2 soit 0,0416, pour p o=,7474, pour £ 13°,2, pour p' 0,76, 1’ est devenu nul ainsi que la tension de la vapeur aqueuse à cette température (1). J’ai obtenu de cette manière 0,0383 pour À’, ou pour le volume que le gaz produit, réduit à l’état de l’extrême sécheresse, eût oceupé sous les pressions de 0,76 de mercure et à la température de la glace fondante. J’ai fait porter la même correction sur l'oxigène absorbé, ro (1) La tension de la vapeur aqueuse à la température de la glace fondante, est tellement foible que dans les calculs de ce genre on peut la considérer comme nulle sans erreur sensible. DESCRIPTION ÊT D'HISTOIRE NATURELLE, 17 DESCRIPTION GÉOLOGIQUE ET MINÉRALOGIQUE DE THUERINGER-W ALD, Par HOFF ET JACOBI; Traduit de l'Allemand par T. C. BRUUN NEERGAAR1). LA chaîne des montagnes qu’on appelle le Thueringer-Wald (forêt de Thueringue), est très-intéressante pour le géognoste. La variété des roches y est grande, elle en contient des plus anciennes que nous connoissions; on trouve en même temps à son pied presque toutes les formations modernes, de manière que souvent daus une course de quelques lieues on peut se procurer une suite intéressante de deux formations. Les parties les plus hautes du sol de Thueringer-Wald, ainsi que les sommets des montagnes les plus élevées qui le dominent, sont composées de granit, de porphyre et de schiste argileux, On ne trouve principalement le granit que du côté d'ouest, et dans tout le revers méridional de la chaine. Il est beaucoup plus rare sur le côté du nord, qui ne renferme presque que du por- phyre et quelques autres roches. On trouve la plus grande masse de granit entre Ruhl, Winterstein, Broterode, Meiningisch, Steinbach, Altenstein et Faldfische. Là, il forme des mon- tagnes entières, et occupe également les distances des montagnes et le fond des vallées; souvent on le voit au jour dans des grandes masses, entre lesquelles on distingue le Gerbenstein, montagne en forme de cône remarquable par son aspect sauvage et déchiré. On trouve le plus beau granit dans les vallées au- dessus de Ruhla; il présente un grand nombre de variétés, soit à raison du plus ou moins de finesse du grain, soit d’après les différentes proportions du quartz, du feld-spath et du mica, Tome LXXV II. JUILLET an 1813, C 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le quartz y forme souvent de petites veines et glandes qui; par-ci par-là , contiennent du fer, et qui ont donné lieu à diffé- rens essais d'exploitations qu’on a cependant abandonnées depuis. On y trouve quelquefois le quartz en grandes masses, et on l'emploie , quand il est pur, dans les manufactures de porce- laine et de bleu de Prusse. On a nouvellement commencé à ex- ploiter dans ce quartz une mine près du bourg Auhla, qui touche à Leisenberg. On trouva sur un vrai filon qui en partie est composé de quartz, de spath-fluor, de spath-pesant et de hornstein, la mine de euivre rouge, le cuivre pyriteux et la plus belle malachite. Une partie de ce filon est remarquable parce qu’il est composé de pétrosilex, dans lequel sont entre- mêlés une quantité de morceaux de granit. Le granit qu’on voit ordinairement, est entouré de couches considérables de roches graniteuses et autres : quelquefois elles sont composées de vrai gneis, quelquefois de granit sur-mé- langé, d’un granit grisâtre en grains très-fins, de granit por- phyrique, du grunstein primitif et d’autres roches d’amphibole ; et toutes ces couches sont de nouveau couvertes par du schiste micacé qui forme les plus grandes montagnes de ces contrées. On trouve une grande quantité de belles variétés de granits et de gneis, près de ##'aldischa, Steinbach , Liebenstein et Bro- terode , et une variété infinie de schistes micacés, près de Ruhla, Broterode , et entre K/eënschmalkahlen et Selingenthal. La couche de grunstein primitif se trouve tant dans les pierres gneisiques, que le schiste micacé même; on trouve aussi dans tous les deux de fortes couches de porphyre , qui se dis- tinguent bien de celui qu’on trouve en grandes masses plus à lorient. La base fondamentale du premier est composée d’une masse compacte de feld-spath, dur et passant souvent au pétro- silex. On peut observer distinctement l'apparition d’une telle couche près de Ruhla, et on en voit d’autres à Xïesling et Streifles-Koepfchen près de FFaldfisch et à Liebensteim. Toutes ces couches contiennent aussi des filons de quartz et de spath-pesant, qu’on peut observer généralement, mais parti- culièrement là où l’on a autrefois exploité des mines. Le granit avec les substances qui l’accompagnent et que nous venons de nommer, se montre partout au penchant du sud du dos principal, et le recouvre même en quelques parties, et quelquefois aussi il passe à une courte étendue sur le côté du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19 ford, comme au Grand-Weissenberg au-delà de Wintersteim ; le Troeberg, qui est composé de hornblende et feld-spath, avance dans ces contrées , et dans le Grand- Wagenberg entre Brofterode et Kabarz. Du côté de l’est de K/einschmalkaden, le schiste micacé disparoît, et on ne le retrouve plus dans d’autres parties de ces montagnes. Mais le grunstein en récom- pense, s’augmente tellement entre Kleinschmalkalden, Flohe et Tambach, qu’il forme des morceaux entiers de la montagne. On trouve ici les différens mélanges d’amphibole, feld-spath et quartz ; plusieurs ressemblent dans leur structure au granit, d’autres sont d’un grain si fin qu’ils approchent du grunstein et du basalte. Les pointes élevées du Huehnberg sont composées du premier, et on trouve des parties remarquables de mélanges plus fins sur la route de Schmalkalden à Tambach ; la route dans laquelle on voit la superbe cascade connue sous le nom de Gespring,, est de la même pierre. Près de cet endroit se perd le granit avec toutes les roches primitives, sous les grandes masses d’ancien conglomerat qui recouvrent toute la montagne : plus loin, celle-ci est couverte des -grosses couches de porphyre, et premièrement on appercoit de nouveau du granit dans les contrées de Mehlis, Zella et Suhl sur le penchant méridional de la montagne. Celui-ci est remar- quable par ses parties de mélange grossier, et principalement par l'apparition des grands cristaux de feld-spath presque com- plets, qu'elle contient par-ci par-là. Aussi y est il accompagné de différentes espèces de trapp primitif: Ainsi on trouve le granit près de Feser, Schmiedefeld, dans le Bibergrund jusque dans le Weragrund. La contrée autour de ce dernier point, est très-remarquable par la singulière structure de la roche graniteuse, parce que le granit y perd tous ses caractères et paroit passer dans dates roches qui l'avoisinent. A l’autre côté de Werragrund, il se cache tout-à-fait sous l'argile qui occupe la place de la partie orientale de Thueriger- W'ald, dans lequel est passé le schiste micacé dans la partie occi- dentale. L’argile schisteuse se montre dans le Glarbach, Enger- vesser-Schleuse et Biebergrund du côté de la Franconie, et alors dans les vallées près de Moehrenbach , et le bailliage de Gehren, du côté de Thueringue. Il est d’une couleur noirâtre- cendrée et rouge-grisâtre, et a beaucoup de rapport avec le schiste micacé. Les grandes masses des schistes argileux qui sont cauchées plus à lorient dans la montagne, semblent paroître sous G 2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’autres rapports, et nous en parlerons plus bas. Le schiste micacé dont on parle ici, forme le Burzel, haute montagne, non loin du Breitenbach et de Pless. Il contient beaucoup de quartz sous des formes diflérentes, entre lesquelles on distingue le quartz fibreux. Il paroît en grains et dans des débris, entre les feuilles schisteuses et dans de fortes couches, comme dans le schiste micacé, On fait usage de quelques-uns de ces schistes pour couvrir les toits, etonentire dans le Schwarza et Licthe- Grund, à Eicmvyand dans la montagne de Bilscheyber, près de Weisbach, Cursdorf, etc. : quelques-uns très-mélangés de quartz, servent de schistes à polir; la plus fameuse carrière est située au pied de la montagne de Huefien, entre Senheide et Séegmundsburg ; on en trouve aussi à Schlosberg près de Lauenstein. La roche primitive la plus répandue dans le Thueringer-Wald est, sans contredit, le porphyre. Il caractérise proprement le Thueringer-Wald qu'on peut, par préférence, appeler une montagne-de porphyre, et cela à compter au deux trois quarts de toute sa longueur, depuis l’ouest il occupe les plus grandes étendues de la chaîne, et forme les plus grandes montagnesetles plus hautssommets. Le porphyre présente en même temps une grande quantité d'espèces diflérentes; on peut cependant en porter les variétés àtrois classesprincipales. Porphyre feld-spathique, porphyre argileux , porphyre de grunstein. Ce qu’on appelle ordinairement porphyre-pétrosiliceux , n’est dans le Thueringer-Wald , que des partiesà base séparées dans les porphyres fedl-spathiques et argileux; dans ce dernierles parties sont souvent, sans en pouvoir distinguer l'ordre, teints d’une couleur verdâtre. On a déjà parlé du por- phyre feld spathique ; il se trouve avec les roches gneisiques et avec le schiste micacé dans les vraies contrées granitiques, et en couche autour d’eux. A la frontière de ces contrées, près des villages Schmerbach et Winterstein du duché de Gotha, commencent les grandes masses de porphyre argileux, qui se trouvent généralement le plus du côté de Thueringe, et sur le dos de la montagne. Le porphyre forme au-delà de Schmerbach, l'énorme parois du rocher Ê Meissenstein, près Wintersteir, le Treppenstein et d'autres grands groupes de rochers dans la vallée de Sembach. La grande montagne d’Inselsberg, est entièrement composée d’un porphyre argileux gris-rougeâtre , dans lequel se trouve placé du feld-spath rouge-jaunâtre, et des cristaux de quartz parfaits d’une couleur grise foncée. Au sud- ET D'HISTOIRE NATURELLE, , 24 ouest. du sommet, la paroi du rocher appelé Jnselbergstein, est composée de cette masse; et le côlé du sud en est couvert de, débris. Aucune roche ne se distingue comme celle-ci, par une quantité de hauts rochers escarpés dans des parois entières et des dents ou des fourchons séparés; presque chaque vallée . en.offre quelques-uns. Sous. ce rapport, la vallée de Laufa est est une des plus sauvages. À son ouverture est placée la grande montagne conique Uebelberg, sur la pente roide de laquelle avance une roche porphyritique nue, et dont le sommet se termine en forme de peigne (Kamm), de telles roches sont entourées d’une quantité infinie de grands et petits débris. Le porphyre est composé ici d’une masse argileuse rougeâtre avec de grands cristaux de feld-spath. Vis-ä-vis de cette montagne, est le Dattenberg et le Leuchtenburg remplis de roches d’un porphyre dont la base est formée d’une roche de grunstein ou trapp; et encore plus loin derrière dans la vallée, il forme Ja paroi du rocher de Bacrenbruch qui, avec les dents et les débris séparés qui sont placés vis-à-vis, forme une conlrée sauvage très pittoresque. La partie située derrière le fond monstrueux de la haute montagne Regenberg , le Hoeltewar près de K/eënschmal- kalden, les plus hautes montagnes près de la source de Zeëna, sont encore des montagnes de porphyre. C’est entre la source de ce ruisseau et le Æpfelstedt , où cette roche primitive devient tout-à-fait couverte de vieux conglomerat; mais elle se relève de nouveau en de plus grandes masses autour des sources d’Apfelstedt, et se prolonge de là de plus en plus dans la mon- tagne. Du côté du nord, il se montre premièrement de nouveau près de Hubenstein , à une lieue et demie de Tambach ; alors plus loin à l’est, dans la vallée admirable de Schmalwasser, dans laquelle on entre en passant par le village Déethart, et qui présente les plus belles , les plus grandes et les plus pittores- ques parties de rocher de toute la montagne, qui, pour la plus grande partie, est composée du même porphyre que nous ävons déjà observé auprès d'Uecbelberg'avec de grands cristaux de feld. spath. Tout au fond de cette vallée , à partir du dos de la mon- tagne, les rochers deviennent encore plus communs et plus grotesques, mais là, le porphyre change d'aspect. Les cristaux du feld-spath et du quartz deviennent tout-à-fait petits, et la base devient d’une couleur foncée. Le Falkenstein, qui a un extérieur imposant et pittoresque, est composé de ce porphyre, Le flanc méridional de cette chaîne de montagnes, est le A/oehs, °2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le Donnershang, le Grand-Hermansberg , le Rupberg, toutes hautes montagnes remarquables, composées de différentes variétés de porphyre. La première de ces montagnes se distingue pat ses parois et son sommet plein de rochers, ét le dernier par l'apparition du porphyre en colonnes, comme Ænschuez l'a ob- servé. Entre ces montagnes et Seinbach, Hallenberg, Mehlis, Suhl, Goldlauter, Schmiedefeld, Frauenwald, Stuezenbach, Timenau, Manebach, Gehlberg, Arlesberg, Stutzhaus et Die- thartz}, tout est porphyre: Le Schnekopf est la plus élevée de ces montagnes, et son sommet est composé d’un porphyre argileux, dont la couleur fondamentale est d’un nacre de perle grisâtre avec de petites pointes de feld-spath d’une combinaison terreuse, et d’un très-petit nombre de cristaux de quartz. Les autres plus grandes montagnes du côté septentrional, sont, le Saukopf, le Kickelhahn, le Kienberg, etc. Il n’y a pas d’exploitation de mines dans le vrai porphyre, mais seulement là où il est séparé par des roches d’une formation ancienne. Autour de la montagne de Schnekopf, dans les environs d'Oberhof, Schwannwald , etc., se trouve un porphyre vert extraordinairement beau. Le porphyre le plus important pour des travaux, ést le porphyre poreux dont la base est d’une couleur rouge clair et de nacre de perle gris, avec de petits cristaux de feld-spath et de quartz. Ces derniers sont surtout en grande quantité et forment aussi de petites druses dans les fentes. Cette variété se trouve principalement dans les environs de Schwarzwald, Oberhof, Doerrberg, Friderich- anfang, etc.; elle est employée à faire de superbes meules. On s’en sert dans tout le Thueringue , et même dans des pays éloignés. On trouve aux endroits cités, de grandes carrières exploitées dans cette roche; et comme les habitans du village de Crawinkel , dans le duché de Gotha , font le plus grand com- merce de cette pierre, alors elle est connue partout sous le nom de pierre meulière de Crawinkel. Le prie continue encore dans la montagne plus à est; cepes ant on trouve vers ces contrées encore plus de porphyre à la base trappéenne qui n’est pas aussi commune qu'à la côte occidentale. On en trouve depuis la contrée de Suh£, à Rinnberg et Dellberg, au-haut sommet d'Eisenberg, dans les vallées autour de Frauemvald, en haut, près de Schmiedefeld, et de l’autre côté d’Aroldsberg jusqu'à Masserbergen. Presque toutes les branches de côté qui sortent dans ces contrées, du dos prin- cipal de la montagne, sont couvertes de cette roche. Il est surtout ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23 puissant du côté de Thueringue, depuis le haut jusqu’au pied des montagnes entre les valiées d’Oëlze, Rischel, Moerenbach, le ohirose et Schobse; c’est là qu’on le trouve encore en plusieurs parties séparées qui, d'aucune manière, n’ont de com- munication avec ces endroits, sur les sommets de Aundsrueck, Pferdekopf et Heydelberg, dans la vallée de Sfuetzerbacher, à I/mthal, ete. A l’est d’uneligne du bailliage de Gehren, au-dessus de Mochrenbach, en passant le Richtelstab et l'Oelzegrund'jus- qu'à Masserbergen , et de là prolongeant plus loin avec la route jusqu’à Eës/eld, cesse dans la montagne la région porphyrique, et ici commence le schiste argileux. Une singulière variété de porphyre est celle qu’on appelle porphyre globuleux (kugel- porphyr); c’est un porphyre argileux à base rouge- grisâtre, avec du quartz et du feld-spath, dans lequel se trouvent de grandes et de petites cavités, dont les parois sont couvertes de druses, ou qui, dans l’intérieur, sont toutes couvertes d’une autre masse. Les cavités se trouvent de grandeurs différentes, depuis celles d’un pois jusqu’à celles d’un demi-pied de diamètre ; cependant on observe que, dans chaque contrée, ou partie de ce porphyre, les cavités sont presque de la même grandeur, ainsi on n’en trou- vera pas de grandes et de petites mêlées dans le même morceau. L'intérieur de ces cavités est toujours couvert d’une masse cal- cédonieuse pétrosiliceuse, où les parois en sont au moins cou vertes ; et sur cette couverture est ordinairement placé du quartz cristallisé, tantôt d’une couleur blanche, tantôt d’une couleur améthyste, ou rouge blanchâtre, souvent souillée par des cal- caires ferrugineux, ou couverts de fer oligiste cristallisé, ou de fer oxidé; souvent toute la cavité est remplie de terre ferrugineuse noire de fer; on trouve aussi souvent sur les cristaux de quartz, des cristaux de chaux carbonatée en forme de prisme triangulaire; tous les deux sont souvent dans de grandes boules plus grandes d’un pouce. La masse siliceuse de ces boules, qui pénètre aussi autour du porphyre, lui donne une écorce qui est plus dure que l’autre masse du porphyre, c’est pourquoi il se conserve quand l’autre se décompose et est entraîné de loin dans les ruisseaux. 11 est remarquable que toujours la partie extérieure de la couche de porphyre, sur laquelle les roches suivantes sont posées, est composée de ce orphyre en boule, et c’est pourquoi on le trouve toujours dans e voisinage de la roche amygdaloïde et les vieux conglomerats. On le voit entre Wänterstein et Ruhla, sur toute l'étendue °4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de Fridrichrode jusqu’à la caverne de Knäebreche ,-vers Klein- schnalkalden ; et plus vers l’est à la source de Zerna, contrée dans laquellé le vieux conglomerat et la roche amygdaloïde ac- compagnent toujours le porphyre et ie couvrent même sur la bauteur dela montagne ; à l’autre côté de cette couverture, on le retrouve à Todenkopfe au-delà de Georgenthal, et encore un peu plus en haut, alors au pied oriental de Schnekopf, à l'endroit appelé Goldene Bruecke. , L’amygdaloïde accompagne presque toujours le porphyre , et, comme nous l'avons déjà observé, particulièrement le porphyre en boule ; cependant on n’a pas fait assez de recherches sur son apparition. Sa basé est rappeuse ou wackeuse, en plus ou moins grande quantité ; les amandes sont dans l’amygdaloïde ordinaire , en partie composées de calcédoine et de spath-calcaire, en partie de trous ronds couverts de terre verte, de cristaux de chaux carbonatée et de quartz, où bien tout-à-fait vides. On le trouve très-beau sur la belle route au-delà de Tabazr, à Kessel- grabern près de Fridrichrode, entre Georgenthal et Alten- berg, ete, Le calcaire de transition paroît tout-à-fait manquer sur toutela moitié occidentale de la montagne; mais enrevanche ilse montre dans la partie orientale sous le schiste argileux de nouvelle for- mation (peut-être schiste de grauwakke) et le grauwakke. On observe ces couches presque toujours dans les bas-fonds, quand on traverse la chaîne de montagnes qui s'étend depuis Mengers- gereuth du côté de la Franconie, au-delàde Hammern, Steinach, Haselbach, Hasental, Spechtsbrunn, Bochbach, Graefenthal et Aeichmansdorf, jusqu’à Hoheneich du côté de Thueringue, 1] ÿ a dans celles-ci des cärrières à Suerbizgrunde près de Toes- chniz, et elles sont connues sous le nom de marbre de Schwarts- burg. Sa couleur est, pour la plupart, foncée, grise ou noirâtre, souvent tout-à-fait noire, avec des taches rougeâtres ou brun- jaunâtre, et souvent traversée de veines de calcaire blanc. Il contient des pétrifications, des trochites etaussi quelques coquilles bivalves , mais aucun vestige de corail. É Le schiste argileux de transition et le grauwakke. A ceux-ci appartient premièrement le dépôt énorme du schiste argileux noir et grisnoirâtre, qui occupe de Szeënheide jusqu'à Lehesten, toute la côte vers Thueringue de la montagne, une grande partie de la côte vers la Franconie jusqu’au-delà de Hasenthal, et qui se prolonge aux deux côtés de ces contrées jusqu’au pied extérieur de ue J [Q ET D'HISTOIRE NATURELLE. de la montagne, et est en même temps la vraie limite placée à ses plus hauts points à Szeënheide et Spechtsbrunnen. 11 en paroît encoredes parties séparées entre le grauwwacke , Sur le Fredersberg et le Geheg, dans le Tettau, etc. La vraie limite entre ce schiste et le grauwakke, est formée par la vallée de Langenauer dans le bailliage de Lauenstein, dans le pays de Bamberg. Ses cou- leurs principales sont le noir et le gris. Comme ce schiste est presque toujours mince et horizontalement schisteux , alors on s’en sert beaucoup pour des schistes tabulaires. On en trouve de grandes carrières au-delà de Sonnenberg près de la route à Feldberge , à Ehnesleite près de Forschengereuth, près Diet- hersdorf au-delà de Blankenbure, près de Ludwigstad à Don- nersberg, près de Schmiedebach au Bacrenstein et près de Zehesten. Cette dernière est la plus grande de toutes, et mérite d’être vue. On trouve une variété singulière à Feldberge, au- delà de Sonnenberg, où le schiste se casse dans de longues écailles et est très-tendre, c’est pourquoi on le travaille pour des poincons à écrire. On ne connoît nulle part d'espèce qui lui ressemble parfaitement. Non loin de cette carrière s’en trouve une autre dont le schiste est différent de toutes les deux sortes, et dont on se sert pour des pierres à aiguiser. Tout ce gîte schis- teux contient, par-ci par-là, des parties de schistes à dessiner , et d’autres des schistes pétrosiliceo-quartzeux; il y en a aussi à dif- férens endroits, qui est mêlé de pyrites et de quartz : ce dernier cependant est rare et en rognon. Le vrai grauwakke ne se trouve que sur le flanc oriental de Thucringer-WVald, et succède au schiste argileux que nous venons de décrire, avec lequel il varie souvent. Heim dans sa Descrip- tion géologique de Thueringer-Wald , pense qu’il est placé sous le schiste argileux. Nous avons observé au commencement, en parlant de ce schiste, qu’il est presque tout-à-fait placé du côté de la Franconie, et que dans les environs de Zudnigstad, Lauens- ein et Lehesten, il se tire sur les côtes de Thueringe. Toutes les vallées qui s'écoulent dans le Kranach sont composées de cette roche, qui s'étend ainsi jusqu’à la hauteur au - delà de ZLchesten et Teuschniz. La route de poste de Sonnenberg à Judenbach,yÿ passe tout-à-fait. Il paroît ordinairement en bancs qui sont séparés l’un de l’autre par des crevasses qui courent droit et qui sont de puissance difiérente , en devenant réguliè- rement toujours plus foibles, à mesure qu’il s'approche du schiste argileux, et forme un vrai schiste de graunakke. On y trouve Tome LXXV II. JUILLET an 1813. D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE aussi des parties en boules. Leur couleur est, pour la plupart, grise : cependant on en trouve de noirâtre, de blanchâtre, de rougeûtre, de jaune et de verdâtre. Leur base est la même que celle du schiste argileux : les autres parties de mélange sont composées de feld-spath quartzeux , d’une masse rougeâtre sem- blable à celle du porphyre, et de feuillets de mica d’une couleur argentine. Le quartz est le plus abondant ; il est rare que ses grains approchent de la grandeur d’une noisette ; ils sont arrondis et ont rarement des angles aigus. On voit un groupe de roches remarquable de grauwakke, près d'Oberloch, qui ressemble à un conglomerat d’ancienne formation. Le conglomerat forme de la roche morte (todt legende) rouge et grise, appelé »»a/dplatten , du grès d’ancienne formation, et des couches straliformes, est une des roches les plus importantes des Thueringer-VP'ald et de toutes la plus répandue. L’aile occiden- tale de T'hueringer-W'ald, s'élève sur unetelle base et les roches modernes stratiformes vontdroit en haut, et on trouvelà touteune masse de montagne qui en est composée. Ceci est la contrée autour d’Eisenach et IWilhelmsthal. Les hautes et roides montagnes de Wartburg, de Maedelstein , tout le Marienthal près d’Æisenach, toutes les montagnes de Mosbach, Hohe-Sonne , autour de #Füil- helmsthal jusque vers Etterwinden, Altenstein et Ruhla, sont seulement un conglomerat, et cette roche forme là d'immenses ro- chers escarpés. Entre ceux-ci, sont le Moench et la Nonne, près d’£isenach, le Verfluchte Jungferloch, \e Gehaune-Stein, le sanglot de rochers Zandgrafenloch, la grande paroi des roches à Schwarzenberg, le Wachstein au-delà de Mozbach avec sa vue charmante, et plusieurs jolies parties de rochers sont connues dans le parc près d’Æ/fenstein, et très-dignes d’être visitées. Il se tire du côté de Thueringe, auprès du pied de la mon- tagne, et monte plusieurs fois jusqu’au dos le plus élevé ; on le trouve ainsi à Breitenberg, Mittelberg el Troehberg, au-delà de Wüinterstein, plus vers lorient à Zimmerberg et Tenneberg près de Tabarz, avec des filons de spath-fluor, spath pesant et fer à Wolfssteig, près de Fridrichrode, où il ÿ a une exploi- {ation de mine de fer assez considérable. La couche devient ex- trêmement puissante près de Georgenthalet Tambach, et couvre tout le dos de la montagne au-delà de $perrhuegel jusqu’au flanc de la Franconie, vers lequel il se tire aussi au pied depuis Æ4/tens- tein jusqu’à ces contrées, et ne s'incline pas moins à quelques endroits, par exemple, à Kzéebreche près Kleinschmalkalden ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27. presque jusqu’au dos le plus élevé. Il se montre le plus puissant, où il est placé en couche au-delà de la montagne entre F£ns- terhergen, Neuen-Hause, Tambach, Dietharz, dans Leine- grund, Spiettergrund jusqu'à Schmahvassergrund, vers Hohens- tein et Falkenstein. Son sommet le plus élevé est le Sperrhuegel, au-delà duquel il se tire en descendant de la côte de la Franconie au- delà de Xernberg dans l'Ebertsgrund près Steinbach dans la Hesse. Alors il se trouve de nouveau séparé au pied de la montagne, au nord près Freidrichsanfang, au sud près Bens- hausen, Albrechts et Suhl. Il devient de nouveau très-puissant près Doerrberg sous le Schnekopf, et monte jusqu’à vers Schnee- tiegel et le Goldne-Bruecke : il continue près de la montagne jusqu’à Surmheide près IllImenau : il s'élève ici dans l’I//me- grund, et pour la seconde fois, mais dans une étendue très-étroite,. 1l incline au-delà du dos de la montagne près Sachsenstein Mordfleck, et au-delà de Go/dlauten en bas vers Sul. Il con-. tinue du côté de la Franconie dans une courte élendue dans le Scmyartzen Erlau et le Fescergrand, ou à l’ouest dans le Schleusegrund, cependant avec une forme changée comme gris- rouge-brunâtre, jusque vers Æisfeld, où il est subitement coupé, et se montre premièrement à huit lieues de là près Foeritz, et se tire au-delà de Neuhaus et Siockleim jusqu'à Xronach. Du côté de Thueringe, il se montre de même de cette forme de Langewiesen à l’orient. Les caractères extérieurs de cette couche de roche remarquable, varient à l'infini; on la trouve comme conglomerat de la grandeur de la tête jusqu’au grain le plus fin du grès, même jusqu’à la ressemblance la plus trompeuse avec le schiste, et tantôt schiste de grès, tantôt schiste argileux, ainsi que tous les passages qu’on peut imaginer entre ces deux extrêmes. Là où il paroïît distinctement comme conglomerat, il présente toujours des parties mélangées de morceaux de la roche ponte qui s'y trouvent plus près. Sa base est une pierre argi- euse de couleur rouge ou verdâtre : la pierre schisteuse est tout-à-fait composée de cette masse, quand il ne contient pas de mine de transport, il est quelquefois aussi mêlé de parties cal- caires, et alors il fait effervescence avec les acides. S’il paroît comme grès fin, alors il contient communément des feuilles de mica, et la masse argileuse y est placée en rognons. La formation de houille de Thueringer- Wald paroît distinc- tement appartenir aux couches précédentes. Il n’est pas aisé de définir où la houille commence. On la trouve en très- grand. Dr 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE désordre, la plupart, au bout supérieur des gouffres étroits et toujours réunis avec le conglomerat cité, et la pierre calcaire stratiforme, ou pierre calcaire des Alpes, que nous allons décrire. Les espèces de schistes argileux et de grès qui l’accompagnent souvent, appartiennent sans doute au premier de ces rochers, On la trouve du côté de Thueringe au Æhernen Kammer, non loin de Ruhla, avec du grès d’un grain fin et le schiste argileux qui contiennent des empreintes de fougères. 1ls sont cou- verts à T'enneberg, non loin de Tabarz, du calcaire des Alpes. Ils paroissent de nouveau près Wannebach et Ilmenau, avec des schistes impressionnés, et de même à Mordflek près de Schmuecke, plus vers lorient on ne trouve plus de houille du côté de Thue- ringe. Il y en a du côté de la Franconie dans 4/tenthal près Kleinschmalkalden, avec du schiste argileux et du même à Birkleite, non loin de Steinbach en Hesse; alors dans le Has- selbach, près du moulin de Bermbacher , à Regberge , non loin de Benhausen, près Breitenbach à la sortie de Fessergrunde , près Crock, non loin d’£isfeld, et enfin près de S/ockheim aux fron- tières de Bamberg et Meiningen, où lon fait une exploitation importante de houille. Le calcaire des Alpes dans le Thueringer-Wald , offre de très-grandes différences en variétés et en puissances. A celle-ci appartient la pierre appelée zechstein (pierre d’écot) avec le schiste marno-bitumineux, le calcaire coquillier, beaucoup de pierres puantes et le calcaire rude. Le schiste marno-bitumineux qui forme partout où il se montre la couche supérieure, et qui se fait remarquer par les minérais de cuivre et de plomb qu'il contient, par ses houilles riches en empreintes de poissons et de fougères rares, se montre premièrement au bout occidental de la montagne près Kupfersuhl; là on trouva l'empreinte re- marquable d'un squelette, qui étoit autrefois dans la collection de Spener, et qui se trouve aujourd’hui dans le Cabinet royal minéralogique de Berlin , et qu’on a reconnu pour l'empreinte d’un squelette de crocodile. On trouve, après le schiste marneux plus loin du côté de Thueringe près Mosbach, Farnrode, Seebach , Fischbach, Kabarz, Tabarz, Katterfeld, dans la vallée de Mit- tehyasser derrière Tambach, à Sperrhuegel, près d’I/menau, où on l’exploite en grand, jusque vers saalfefd. On le trouve du côté de la Franconie, près #aldfisch, Gumpelstadt, Gluecks- bruun contenant beaucoup de cuivre, à Xnëiebreche au-delà de Kleinschmalkalden, à Hohenwarte, dans Xlinggraben- près ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 Floh, à Kuhberg dans la vallée d'Ebart, à Kernberget Pirk- leit, près Goldlauter avec des rognons de cuivre et de la pyrite arsenicale. Plus vers lorient on ne trouve plus les couches du schiste marno - bilumineux. Cette couche est régulièrement couverte de zechstein , qui souvent contient des gryphites : la couche devient plus puissante, alors on le trouve ordinairement accompagné de ses autres variétés. Il est très-puissant vers le nord-ouest de la montagne : et aussi d’Æisenach vers Oherelln, Foertha, Eckartshausen, Burkarsrode, Kupfersuhl, WF'aldfisch et Sch»eina. Au dernier endroit il s'élève en masses énormes comme calcaire rude, et forme quelques montagnes ornées de groupes de rochers, dans l’un desquels se trouve la grande grotte sous Æltenstein. La pierre poreuse au-delà de G/uecks- bruun, est composée de ce calcaire. Il passe de là plus loin au-delà de Szeirbach, de Meininge, Klinge, au pied méridional de la montagne au-delà de Bayrode et Mommel, au-delà de Herge, Wallenburg et Stahberg, et devient à Seligenthal cou- vert degrès. Souvent il est placé dans cette direction, ainsi que le conglomerat , immédiatement sur des roches primitives. Il paroît dans des parties isolées à l’autre côté de Æ/oh, dans la vallée d’Eber, à Hellmers et au Komberge. Aux contrées de DolImar il passe dans une montagne qui est déjà hors de cette chaîne, et leperit Dolmarr en est composé : alors il se tire près de Férnau vers Benshausen et Albrecht, où le grès le couvre de nouveau. Il se montre encore entre Suhl et Schleusingen dans V’'Erlau, se tire au-delà de la vallée de Schleuse et forme deux mon. tagnes entre Schleusingen et Eisfeld, près de Wilhemsbrunnen et Gerhandrgereuth, et cesse tout-à-fait non loin de là, I paroît aux côtés de Thueringe avec beaucoup plus d’interruptions : il se tire là d’£ësenach vers Ebartsbergen, et forme près Seebach le très-élevé Marktberge avec de grands groupes de rochers et une caverne connue sous le nom de Backofenloch, mais qui Jusqu'à présent n’a pas été bien examinée. Les Marktberge ont une riche et belle végétation. On le voit après en partie près Kaharz, Tabarz, Zimmerberge, Schorn près Engelsbach , Katferfeld, Doerberg, Martinrode, Ilmenau, et il forme à la fin une longue étendue de Koenigssée au-delà de Quittelsdorf, Blankenburget Koeniz jusqu'à Camsdorf. Sa couleur est toujours grise, ou gris-Jaunâtre , tantôt plus claire, tantôt plus foncée, Sa texture est compacte, sa cassure écailleuse , et particulièrement dans le calcaire rude poreux ; il est souvent pénétré de bitume, 30 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et devient alors une pierre fétide. Il contient presque toujours des pétrifications, surtout le calcaire rude, qui est rempli de pe- tites coquilles bivalves; ils sont plus rares dans la pierre fétide. Ces fentes qui donnent origine aux cavernes qui se trouvent en divers endroits, sont caractéristiques à cette roche. Métaux. Il convient d’en parler en cet endroit, car il paroît que le vrai gisement métallique de Thueringer-Wald a lieu entre la pierre calcaire des Alpes et les roches primitives. Les substances mé- talliques ne se montrent dans aucune montagne stratiforme plus moderne que le zechstein , et toutes se perdent avant qu’elles ap- prochent de la montagne primitive ou n’y pénètrent pas profon- dément. Les plus grandes couches métalliques se trouvent entre la pierre calcaire des Alpes, la roche morte et la montagne primitive. Fer. C'est le métal qui appartient principalement à ces mon- tagnes ; il perce presque dans toutes les espèces de roches et couches, et paroît sans cela dans des masses toutes particulières, principalement du côté méridional. De Schweina, au - delà de Liebenstein , Bayrode, Herges et Seligenthal jusqu'à Æsbach, les couches de mine de fer accompagnent sans cesse la limite des montagnes primitives et stratiformes , et là sont placées des masses énormes dans le Mommel et Stahlberge, dans lesquelles il y a une ancienne exploitation très-importante. La mine de fer paroît principalement comme fer oxidé brun compacte, fer oxidé hématite brun , chaux carbonatée ferrifère et encore une autre espèce, et est toujours accompagnée du spath pesant. Le Szahlberg contient de beaux morceaux de cabinet decette sorte, entre lesquels on remarque le fer oxidé hématite noir en stalactite, avec des den- drites blancs et la chaux carbonatée ferrifère cristallisée. Là où la pierre calcaire s'étend vers le petit Dollmar, et est entourée de grès ; là, la mine de fer se perd, mais reparoît de nouveau près de Suhl et Albrechtswieder ; aussi trouve-t-on qu’on l’exploite là. Elle est placée près Æ/staedt, Neuhof, Gethliz etle Schleuse, entre le granit, le grunstein primitif et les montagnes strati- formes : plus loin il se perd. Du côté de Thueringe on trouve des vestiges séparés de la mine de fer et de l’ancienne exploitation dans le pays d’£isenach entre Farnrode et Thal, près Ruh}, W'interstein. L'exploitation dans le W'olfsteige près Friedri- chrode, est en pleine activité, le dépôt de mine de fer s’y trouve dans la roche morte et dans les montages primitives, et donne principalement du fer oxidé hématiteet fer oxidé brun compacte, ET D'HISTOIRE NATURELLE. ar avec du quartz et du spath pesant. On en rencontre plus loin des vestiges séparés, derrière Tanbach dans le Spittergrunde , dans le Schmalwassergrund, non loin de Falkenstein, près Schvarzwald, tous à la frontière de la roche morte (todt lie- gende), et ainsi plus loin jusqu'à Koenigssee, Blankenburg, Kamsdorf et Koeniz. Dans ces quatre derniers endroits, la mine de fer est située près du schiste argileux. Le cuivre est, après sa quantité, le second métal dans le rang de ceux qu'ofire le Thueringer-Wald. Il paroïit principalement comme pyrite, entremélé dans le schiste marno - bitumineux, qui souvent en est excessivement riche. On l’a déjà marqué, en parlant des couches qu’on exploite; aussi a-t-on déjà parlé du filon avec de belles mines de cuivre, qui s’étend près de Ruhla dans le granit. Les rognons de cuivre près Goldlanter, contiennent, pour la plupart, du cuivre gris. On trouve sur les filons de Szal- Jeld, toute sorte de mines de cuivre, et en partie d’une beauté rare. Le plomb est aussi mêlé dans le schiste argilo - bitumineux, comme plomb sulfuré, tantôt en grande, tantôt en petite quantité. Il fut autrefois d’un grand produit à l'exploitation d’J/menau, à raison de la grande quantité d’argent qu’il contenoit, :_ Ceci est aussi la seule manière dont l'argent se trouve dans le Thueringer-Wald. L'or se trouve, commeonlesait, danslessables de la Sch»arza, et d’après des observations récentes de Poïigt et de Heim, il est placé dans le quartz entre deux espèces de schistes argileux qui se touchent, et où il paroît aussi des pyrites sulfureuses et ar- senicales et un ocre ferrugineux. Le cobalt a été trouvé en quantité à différens endroits ; il se trouve principalement sur des filons qui s'étendent dans le Zech- . Stein, au travers du schiste marneux bitumineux, jusque dans la roche morte. [| se montre ainsi près de la manufacture du bleu d'azur de Gluecksbrunn , peu loin d'Æltenstein , et à Schweina au Heidelberg. L'exploitation fut ici autrefois très-considérable, mais elle est à présent épuisée. On trouve ici le plus beau cobalt gris, toute espèce de cobalt oxidé noir et le cobalt arseniaté, et fleurs de cobalt. Aussi trouve-t-on ici le bismuth et l’arsenic TE accompagnent ordinairement ce métal, le dernier, sous dif- érens rapports, est principalement beau , comme pharmacolite, chaux arseniatée, àla mine de Gluecksbrunnen. Ontrouve encore 32 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE comme matière de filon, la chaux carbonatée , le spath pesant, et particulièrement une chaux carbonatée ferrifère perlée ou braunspath, de la couleur de vert pistache cristallisé en pyra- mides à trois faces, qui forme de grands ronds et globules; et du bitume dans le spath pesant, etc. : il y a en outre, une exploitation de cobalt sur la pente méridionale de Thueringer- Wald , peu loin d’Æsbach à Komberge, du côté septentrional, dans Xesselgraben près Friedrichrode; y en avoit une autrefois près Xafterfeld, dans le duché de Gotha. On n’exploite plus à ce dernier endroit depuis nombre d'années. Enfin il se trouve aussi à Saalfeld un riche dépôt de ce métal qu'on y exploite. Le zitan paroît par-ci par-là, entremêlé principalement dans quelques variétés de cyanite et de granit. Le manganèse se trouve près d'Zlmenau dans le porphyre, à Szahlberg , etc., et on s’en sert aux verreries. Les montagnes d’alluvion qui entourent le Thueringer-Wald, dansde petitspromontoires, sont composées de chaux sulfatée, de pierre calcaire fétide, de grès et de calcaire stratiforme , et son apparition est assez connue par les ouvrages du célèbre Woigt. Le plus grand nombre de ces promontoires, surtout le plus grand, sont composés de grès. Le basalte ne se trouve que dans de certains points, qui sont déjà probablement hors de la chaîne ordinaire de la montagne. Ceux-ci sont le Pflasterkaute près Eisenach, le Stopfelskuppe près Marksuhl, le Dollmar près Kuehndorf et Steinburg près Suhl, où le basalte est en couches sur le grès ou sur le calcaire stratiforme. D'autres sortes de pierres qui se trouvent encore comme ma- tière de filon, tantôt en parties séparées, tantôt comme gîte, etc., et qui peuvent présenter quelque intérêt ou être utiles, sont : la chaux carbonatce, le spath.fluor dans le grand filon à Flusberge, au-delà de S/einbach près Katterfeld, Suhl, etc, ; de la chaux sulfatée en très-grands cristaux dans le stolle de duc Ernst près de Æeiënhardsbrunnen ; le schiste rempli d'empreintes de poissons près Gluecksbrunn, Schmerbach, Kupfersuhl, Ilmenau, et en beaucoup d autres endroits; spath pesant, peridot dans le basalte; des grenats dans quelques granits près Ziebenstein , £Lcpidolith non loin de Ruhla; amphibole (hornblende) en différentes formes ; schoerl, dans le granit près Schreina ; du jespe comme parties séparées dans certains porphyres; calcédoin , carneol, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 33 carnéol, pétrosilex et des espèces d’agate de la même manière et souvent comme gîte; beaucoup de variétés de /e/d-spath et quartz; améthyste , principalement près Broterode et dans les boules de orphyre. Les espèces de serpentine et de talc paroissent tout- à-fait manquer dans les montagnes de Thueringue. Ce court appercu des objets minéralogiques de Thueringer- Wald prouve qu’il n’est pas tout-à-fait sans intérêt pour le minéralogiste, quoiqu'il offre un champ beaucoup plus vaste et beaucoup plus instructif pour le géologue et le géognoste. Le Cabinet minéralogique de l’École des Mines, dont l’arrangement fait tant d’honneur aux connoissances de mon ami M. Tonnellier , possède une très- belle suite des roches et des minéraux de Thueringer-Wald, qu’on doit à l'in= fatigable Héron de Villefosse. Note du Traducteur.) Tome LXXVII. JUILLET an 1813 E OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES Moyennes.+20,47| î +10,63|+-19,87| RÉCAPITULA 760,26| TION. Millim. Plus grande élévation du mercure. .... 765,52 le 13 Moindreélévation du mercure......... 746,80 le 9 Plus grand degré de chaleur......... +2775 le 2 Moindre degré de chaleur...... .….. + 7,25 le 21 Nombre de jours beaux....... 17 de couverts......... JORES depluie........,...... 15 de vent..,.:.,,.% en oe) delselée LE eeeec o de tonnerre..,..,...... 5 de brouillard.......... 5 de neige---.--""-Cre OM) de eréle i IUNnnns «| THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR MÉ s e ANS RD DL BAROMETRE METRIQUE. se 2 | 1 | 5 À #1 Maximum. | Minimum. [aMini] Maximunw. | Minimum. A |r2 . MIDI, # heures. o ‘heures: o heures. mill. |, heures ill, mill. e alais. +-27,40|à 4 m. +#16,00|+27,00|à 7 m.…........ 761,28|à93s........758,02|760,32| 21,5 2[à midi +-27,75là9s. “16,50|+27,75|à96..........758,86|à4m......... 756,24175628| 21,7 3[à midi Æ22,5o[à11s. 13,25] 22,50fà 11 5... .....765,24|à 4m... ....760,68 763,78 21,0 4l23s. 19,10 à 10 +s.—+10,29|+#18,50| 9+m....... 765,oë|à 1025... ..-702,60 765.06 19,5 5là midi +18,00[à 105. +-10,25|4-18,00|à 4 m.........759,36/à 105.,.. .,.,754,28 755,84 19,7 6[à3s. +17,40 à 4m. + 9,00|416,25|à 4m......... FO LED TE See ee 750,45|751,96| 18,2 7là3s. <+21,40/44m. ++ 9,75]H19,78|à 103 s....... 752,36 {4 me... 2: 751,00|751,56| 19,0 ôlà midi +24,00/ 4m. + 9,40|+24,00{à 9m......... 753,04|à 9 3 S........ 752,40|759,82| 19,6 A ola3s. <+17,50|ù 4m. +12,00|+-16,40|à 4 m.........750,26[à 85.......... 746,80|748,08| 16,1 Aliolà midi +19,25{à 11. 411,00] Hr9,15[à 11 s.........707,52[à 4m....1...: 749,921753,36| 18,1 dlrrlà midi +-23,25 à 4m. + 9,50[+23,25|à midi. ..2.:.7509,38[à 4m. ........757,04[750,28| 18,8 dlrolh midi 25,50 àqgm. —10,00|+25,50 à 9 15........760,68|292m......: .756,841756,96| 19,2 13]a3s. +20,25|à 4m. + 9,75]419,25 à nudi,....... 765,52|à 4 m..... ....763,06|765,52| 19,6 {lr4jà midi 24,77 à 4m. +10,65|+24,77|à 4 m.........764,52là9s........ 759,22/762,70| 20,0 1l15à midi Æ20,25|à 9? s. Hr2,50[+20,25là 7 m......... 757,28|à53 m........755,20/756,00| 19,8 16|à 515. 17,25 à 4m. + 12,25|4-17,00|à 9 + s........ 761,12|à 4 m.........756,18]759,44| 19,3 17{à 3s. +18,25[à 4m. + 9,75|+16,40|à midi... ...... 761,72|à 4 m.........760,92|761,72| 16,3 18làmidi <+15,25[a4m. + 0,75|+15,25|à 4 m........ 760,00[265.......... 758,64|759,50| 17,4 19/à3s. bHi7,oo!à 4m. “+ 8,50[+15,75jà 10 Ès.......760,98|à 3s.......... 759,32|750,82| 17,3 20jà midi +16,25|à 4 m. + 8,75]+16,25|à 10m........763,88|à4m......... 761,20|762,04| 17,4 Hl2rlà midi () Dans un Mémoire sur la constitution minéralogique et géologique des envirous d'Orléans, imprimé dans cette ville en 1810, terrain ET D'HISTOIRE NATURELLE. 10€ terrain tout diflérent, éloignent naturellement l’idée d’un dépôt fait au milieu de la mer, mais rappellent plutôt celle de petits lacs isolés. Je sentois bien toutefois que ces conjectures n’auroient pas encore sufh pour faire considérer le calcaire de ces deux endroits comme d’eau douce; je m’attachai donc à y découvrir quelques corps organisés, et j’eus enfin le bonheur de trouver à Béard une masse qui contenoit des Zmnées, que je regarde comme étantle /ëmneus longiscastus. J’avouerai, à la vérité, que ce fait, qui suflit pour attester l'existence du calcaire d’eau douce à Béard, ne prouve pas absolument que le calcaire siliceux a la même origine que ce dernier, parce que la masse où j'ai trouvé des limnées ne présente pas de sil:x, quoiqu’elle soit d’ailleurs de la même nature que tout le reste du terrain. I] me paroît, cependant , qu'il y a tant de faits et d’ana- logies tirés des considérations minéralogiques, géologiques et géographiques, en faveur de l'identité de l’origine du calcaire siliceux et de celui qui contient des coquilles fluviatiles, que je ne crois pas qu'on. puisse la contester d’après lé seul fait négatif de l'absence des corps organisés dans le premier de ces terrains. ° Cette absence tient peut-être à quelques causes provenant de la nature du liquide dans lequel ce calcaire se déposoit, qui, pe la propriété qu’il avoit de dissoudre si complètement la si- ice, et de contenir une aussi forte proportion de cetle terre, n'étoit pas propre à nourrir des corps vivans; car tout nous porte à croire que les liquides de ce genre ne peuvent plus entretenir la vie des mollusques testacés; c’est ainsi, par exemple, qu’on n'a pas encore trouvé de débris de ces animaux dans les forma- tions de granite, de porphyre, et de siénite zirconienne que M. de Buch a reconnues, en Norwège, pour être postérieures au calcaire coquillier (1). + Je me permettrai de rapporter à cet égard une observation qui p'a pas un rapport très-direct avec mon sujet, mais qui mérite d'être consignée ici, dans l'intention d'engager les voyageurs etles obser- Vateurs sédentaires, à vérifier si elle est aussi générale que j'ai cru le remarquer. C’est que les gastéropodestestacées sont excessivement QG) Forez le Poyage en Norwège et en Laponie de M. de Buch, dont il y 2 un extrait dans le Journal des Mines, tome XXX. Tome LXXVII. AOÛT an 1613. 0 703 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rares sur les terrains granitiques. Je viens de parcourir à pied plus de 100 myriamètres dans les terrains primitifs du centre de la France, et quoique je m’y sois attaché à y constater l’exis- tence de ces êtres, je n’y ai pas vu de coquilles terrestres, je n’y ai même rencontré qu’un seul gastéropode fluviatile du genre limnée, Cette extrême rareté des coquilles dans les terrains pu- rement siliceux, viendroit-elle de ce que ce sol contient quelques principes nuisibles à l’existence de ces animaux, ou plutôt de ce que ces derniers auroient besoin de terre calcaire pour cons- tuire leurs coquilles? Une observalion qui appuieroit cette der- nière idée, c’est qu'on voit encore beaucoup d’hélices et de cy- clostomes dans de: lieux dont le sol est déjà granitique, mais qui sont peu éloignés du terrain calcaire; de sorte qu'on pourroit supposer que ces mollusques trouvent la chaux qui leur est né- cessaire dans le mortier des murailles, dans les pierres calcaires amenées pour la bâtisse et dans la marne employée à lamende- ment des terres. J’ai aussi remarqué que les gastéropodes aqua- tiles s’'avancent encore davantage dans le terrain granitique, lorsqu'il est traversé par des eaux qui proviennent des pays calcaires, et que ces animaux sont assez communs dans les pays de porphyre décomposé , où l’on sait que les eaux rétiennent toujours de la chaux. Il faut convenir que si cette hypothèse avoit quelque fondement, elle prouveroit que l’opinion des géo- logistes qui prétendoient que les mollusques peuvent créer la ma- tière calcaire, étoit au contraire bien peu fondée. Si nous jetons actuellement un coup -d’œil sur les différens gites du calcaire d’eau douce dans le centre de la France, nous verrons que cette formation présente une série de bassins plus ou moins considérables et plus ou moins isolés, qui s'étendent des montagnes d'Auvergne jusqu'aux plaines de Champagne et de Picardie. Ce terrain, à son origine, est resserré dans les vallées de la Loire et de l'Allier; mais cependant il est déjà très-abondant dans cette dernière, où il forme presque sans interruption le sol de la Limagne d'Auvergne et de la plaine du département de l'Allier, depuis Brioude jusqu’au-delà de Moulins. Il y pré- sente, outre certains caractères généraux à loute la formation, quelques propriétés particulières qui ne se trouvent plus dans la partie inférieure; telles sont les masses d’ëndusia, union avec des matières volcaniques , l'existence de couches imprégnées ET D'HISTOIRE NATURELLE. 103 de bitume, l'alternative du calcaire avec des couches de sables quartzeux , et, ce qui est plus remarquable, une puissance en hauteur, telle qu'il offre des couches très-élevées, et qu’on l'y trouve sous une différence de niveau de 36r mètres (1). Le calcaire d’eau douce est beaucoup moins abondant dans la partie de la vallée de la Loire supérieure, à l'embouchure de l'Allier; il n’y forme que de petits dépôts peu puissans, éloignés les uns des autres, où il participe plus souvent des pro- priétés du calcaire siliceux que du calcaire à coquilles fluviatiles proprement dit. Je n’ai point été à même d'examiner la plus grande partie de ces diflérens gîtes; mais d’après les renseigne- mens que j'ai pu recueillir (2), il y en a déjà sept de connus, savoir : trois dans le département de la Haute-Loire, à Expaly, au Puy, et à Retournad; deux dans le département de la Loire, à Sury-le.Comtat, et au nord de Roanne; enfin, deux dans le département de la Nièvre, à Béard et à Thiaux, dont il a été parlé ci-dessus. Le défaut d'observations pour la partie des bords de la Loire comprise entre Neverset Cosne, est cause que je ne puis citer aucun gite de calcaire d’eau douce dans cette contrée; mais SAnaoee ne permet presque pas de douter qu’on ne l'y trouvera aussi; l'exemple de Levet dont j'ai fait mention dans cette note, annonce même qu'à partir de la fin des montagnes granitiques , ce calcaire a pu quelquefois s'étendre au-dessus des plateaux qui bordent la vallée de la Loire. Cependant celui qu'on re- trouve à Cosne, et qui devient ensuite très-abondant tout le long du fleuve, continue, jusqu’à Gien, à être habituellement resserré dans la vallée par des collines d’ancien calcaire marin. Mais alors cette formation prend un développement prodigieux, et se prolonge presque sans interruption vers le Nord, depuis les plaines sablonneusesde la Sologne, jusqu'aux plaines crayeuses de la Champagne et de la Picardie; elle pousse en outre des lambeaux à l’ouest, au-delà de Tours et du Mans. (:) Joyezle Mémoire de M. Ramond, inséré dans le Journal des Mines, tome XXIV, pag. 241. (2) Notamment dans le Mémoire de M. Passinge ,sur la Minéralogie du dé- partement dela Loire, Journal des Mines , tome VI, pag. 813, Mémoire dont j'ai souvent été à même de vérifier l’exaclitude. O 2 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ce grand ensemble de faits, et les positions physiques et géo- logiques de ce calcaire, conduisent naturellement à quelques considérations sur la manière dont il s’est formé. Lorsque nous voyons que ce terrain atteint la hauteur de 674 mètres (1), et que cependant, bien loin de recouvrir un espace considérable, comme toutes les formations horizontales ordinaires, il ne se trouve dans ces contrées élevées, que par de petits bassins par- ticuliers ; nous sommes par cela seul conduits à l’idée qu’elle n’a pas été déposée dans une vaste mer, mais dans des lacs séparés. Si nous remarquons ensuite que ces bassins sont placés comme par échelons à la suite les uns des autres, sur un plan conti- nuellement descendant, nous admettrons bientôt une suite de lacs qui déversoient les uns dans les autres. I] semble donc qu'après la formation de la craie et des terrains plus anciens, le liquide général, c’est-à-dire la mer, a éprouvé sur le sol de la France un abaissement très-considérable : car tandis qu’il avoit recouvert auparavant les plus grandes hauteurs, nous ne connoissons pas de terrain marin postérieur à la craie, plus élevé que les collines de Laon qui ont moins de 300 mètres au dessus de la mer. Il se sera formé alors, depuis le sommet des montagnes d'Auvergne jusqu'au-delà de Paris, une série de lacs dont les eaux s’écouloient les uns dans les autres, et avoient la propriété de déposer des couches calcaires. Ces lacs étoient peu étendus dans les parties peu élevées des montagnes, mais ils couvroient une surface considérable dans les plaines des en- virons d'Orléans et de Paris, suite naturelle d’une plus grande réunion d’eau, et du peu d’élévation du sol. Ceux qui étoient les plus près de la mer, c’est-à-dire dans les environs de Paris, ont été sujets à des irruptions marines qui ont déposé des couches particulières au milieu de celles qui se formoient dans les lacs. Mais ces invasions ne se sont point étendues très-loin, ni élevées fort haut; car non-seulement elles n’ont pas atteint les contrées de la Haute-Loire, mais on n’en voit même plus de trace aux environs d'Orléans, ni sur les plateaux qui bordent les plaines de la Champagne à l’est de Meaux ; et I:3 lieux les plus élevés où MM. Cuvier et Brongniart ont vu des vestiges de ce terrain marin, postérieur aux premières formations d'eau (1) À Opme, département du Puy-de-Dôme. Voyez le Mémoire de M. Ramond , Journal des Mines , tome XXIV, pag. 241. ÊT D'HISTOIRE NATURELLE, 105 douce, n’atteignent pas 180 mètres au-dessus du niveau actuel de la mer (r). Il paroît enfin que ces lacs ont été détruits, non par une simple érosion lente des masses qui leur servoient de digue, mais par une ou plusieurs catastrophes violentes, qui ont agi sur cette partie de la surface de la terre, et ont contribué à lui donner sa forme actuelle. L'opinion que certaine partie des couches solides qui recou- vrent le globe, ont été formées dans l’eau douce plutôt que dans la mer, a été, comme toutes les idées nouvelles, sujette à beaucoup d’objections ; mais il me paroît que les contradicteurs de cette hypothèse n’ont en général considéré que quelques cantons particuliers, tels que les environs de Paris, au lieu d’em- brasser l’ensemble des faits que présente ce terrain dans le centre de la France. Ce qui m'engage à jeter un coup-d’œil sur ces objections, dont les principales se réduisent, je crois, à trois chefs principaux, 1° les alternatives de terrain marin et de terrain d’eau douce; 20 le mélange des coquilles marines et fluviatiles ; 30 la possibilité que les mêmes mollusques puissent vivre dans les deux liquides. La première me paroît la plus importante , et je la regardois comme insurmontable avant d’avoir vu les bords de la Loire et de l'Allier. Mais depuis que je me suis appercu que le terrain marin ne se trouve dans le terrain d’eau douce qu’au voisinage de la mer et dans des parties basses qui ne s’élèvent pas à la hauteur de 200 mètres, Je regarde ces alternatives comme avan- tageuses, ou plutôt comme prouvant la nécessité d'admettre l’hy- pothèse des lacs. En effet, la supposition de mouvemens de la mer, ou d'espèces de marées irrégulières de 200 mètres au-dessus de son niveau actuel, est un phénomène qui doit bien peu ré- pugner à l'imagination, pour une époque qui, par rapport à l'état actuel des choses , est si rapprochée du temps où ce liquide avoit recouvert des montagnes de plus de trois mille mètres, etau moment même où le tiers de la France étoit en proie au feu des volcans. Au contraire, dans l’hypothèse opposée, on est obligé de supposer que tous les animaux de ia mer ont péri su- bitement et ont été remplacés par une création toute nouvelle. Or, outre ce qu'il y a de répugnant dans une telle supposition, a (1) Géographie minéralogique , etc. , chapitre 3°, 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE elle est absolument contraire à ce que nous présente la série des formations, où l’on voit bien à la vérité disparoître certaines espèces à certaines époques, comme les ammonites, qui finissent avec les parties inférieures de la craie, les belemnites, qui ne s'étendent pas au-delà des dernières couches de cette formation, etc. Mais ces changemens ne sont que successifs et n’atteignent pas la totalité des êtres , car on remarque que la plupart des fossiles qui accompagnent ces espèces caractéristiques ne changent pas en même temps. Nous voyons, par exemple, les térébratules s'étendre depuis les terrains intermédiaires jusqu'à nos jours. On pourroit aussi s’étonner de ce que ce changement brusque de la nature vivante, ne se seroit opéré que dans les parties voi- sines de la mer actuelle, et n’auroit pas eu lieu dans les autres contrées, notamment en Auvergne, où le calcaire d’eau douce occupe une hauteur verticale de 381 mètres, sans le moindre indice de terrain marin. Le mélange des coquilles marines avec celles d’eau douce dans les contrées basses et voisines de la mer, comme Paris, la Pro- vence, elc., n'est qu'une suite naturelle de ces invasions de la mer, qui, au lieu de couches bien caractérisées qu’elles dépo- soient dans de certaines occasions, peuvent aussi n'avoir eu d’autre eflet, en d’autres circonstances, que d'amener des co- quilles marines au milieu du terrain d’eau douce. L’habitation des mollusques est sans contreditune considération tès-curieuse sous le rapport ‘zoologique, et qui mérite qu'on poursuive les recherches si heureusement entreprises à cet égard dans ces derniers temps. Mais cette habitation ne pourra jamais présenter une objection importante à la question géologique qui nous occupe : car actuellement qu’on a caractérisé un terrain particulier, très-difiérent des autres formations, et qu’on a re- connu que ce terrain se trouvoit toujours dans une position qui annoncoit qu'il avoit été déposé dans des lacs qui déversoient de l’un dans l’autre, nous sommes couduits par cela seul, et abstraction faite des coquilles, à admettre que ce terrain a été formé dans l’eau douce, puisqu'on sait que tous les lacs qui versent leurs eaux sont des lacs d’eau douce, du moins dans l'état actuel du globe, Si nous ajoutons à ces premières induc- lions, que la majeure partie des débris d'animaux qu’on trouve dans ces terrains , ressemblent beaucoup plus à ceux qui à présent vivent habituellement dans l’eau douceousur la terre, qu'à ceuxqui ET D'HISTOIRE NATURELLE, 107 vivent ordinairement danslamer, nous aurons la plusbelle réunion de preuves possible en faveur de l'opinion qui regarde le liquide où se déposoit cette formation, comme ayant plus de rapport avec nos eaux douces actuelles qu'avec les eaux de notre mer. On sentira aisément que ces preuves ne peuvent étre ébranlées par l’objection, qu'une partie de ces animaux auroit pu vivre également dans l’eau douce et dans l’eau salée; car si on nous apportoit le produit d’une pêche , composée d’une grande quantité de ciprins, de truites, et autres poissons d’eau douce, avec quelques saumons et même quelques pleuronectes (1), hésiterions- nous à prononcer que cette pêche a été faite dans l’eau douce ? La destruction de ces lacs par une cause violente, paroît at- testée par la disparition de leurs limites physiques, qu'on ne retrouve plus dans la plupart d’entre eux , notammert à Levet, ainsi qu’on l’a vu au commencement de cette note; mais les traces géologiques qu'ils ont laissées nous donnent quelques no- tions sur la forme physique de cette partie de la France à cette époque. On a vu que la masse principale du terrain d’eau douce s'étend presque sans interruption du sommet de la Limagne d'Auvergne jusqu'au-delà de Paris, tandis que les traces de cette formation qui se trouvent vers Tours et le Mans, ne sont que des lambeaux isolés. On sait aussi que le calcaire marin se relève à l’est de Blois et de Chartres, en s’adossant sur les terrains primitifs ou intermédiaires de la Bretagne , parmi lesquels on ne découvre plus aucun indice de calcaire secondaire. Ces faits nous portent à conclure , qu’à l’époque de la formation du calcaire d’eau douce , les bassins de la Loire et de la Seine étoient réunis ; c’est-à-dire, que les cours d’eau représentés ac- tuellement par la Loire, l’Allier, etc., continuoient leur direction vers le nord, au lieu de tourner vers l’ouest, comme ils le font actuellement au-dessus d'Orléans. Il est bien probable que la catastrophe qui a déterminé ce (1) On sait que les pleuronectes remontent souvent la Loire jusqu’à la Charité, département de la Nièvre. Ce fait m'a été confirmépar M. de Tristan, naturaliste distingué d'Orléans. On pourroit cependant observer à cet égard, que les mollusques auroient peut-être plus de difficulté que les poissons à s’ha- bituer au changement de nature du fluide ambiant, puisqu'il paroît que la dé- pendance où sont les animaux à l’égard des circonstances extérieures , diminue à mesure que le degré de perfection de ces êtres augmente, \ 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE changement de direction est aussi celle qui a détruit les limites physiques de la plupart de ces lacs. Le peu d’élévation de larèête ou petite digue qui sépare actuellement les bassins de la Loire et de la Seine, entre Briare et Orléans, conduit encore à un principe de géologie dont j'ai déjà eu souvent l’occasion de faire l'application (1); c’est-à-dire, gue ce n’est pas la seule action des eaux qui a creusé les vallées où coulent les fleuves; car si une cause violente n’avoit pas déterminé une ouverture au milieu des plateaux d’entre Tours et Nantes, les eaux eussent continué leurs cours vers le Nord , plutôt que de rebrousser chemin devant une arête très-basse pour se creuser un lit dans des plateaux beaucoup plus élevés, I (1) Notamment en parlant de la Meuse , de la Sambre (Journal des Mines, tome XXIV), du Rhône (idem, tome XX VIII), et de la rivière d’Alten en Lapouie (idem, tome XXX). CONSIDÉRATIONS ET D'HISTOIRE NATURELLE. 109 CONSIDÉRATIONS SUR LES, FOSSILES, Par J.-C. DELAMÉTHERIE. LE bon esprit qui dirige aujourd’hui les savans qui s’occupent de Pétude de la philosophie naturelle, les a engagés à approfondir les recherches qu’on avoit commencées sur les fossiles. Les savans en Egypte, connus dans des temps postérieurs sous le nom de prêtres, parce qu'ils vivoient en commun, et s’occupoient par= ticulièrement de la haute philosophie, qui tenoit aux idées re- ligieuses, avoient déjà fixé leur attention sur les nombreuses coquilles fossiles qui forment une portion considérable des pierres calcaires des environs de Memphis (ce sont des numismales). Je dois plusieurs échantillons de ces pierres à l'amitié des savans francais qui étoient de la dernière expédition faite en Egypte). Ces prêtres disoient à Hérodote que « Du temps de Menès toute PEgypte étoit un marais.... II » semble que tout cet espace qui est au-dessus de Memphis a » été un bras de mer. » Cette étude des fossiles a été postérieurement cultivée avec plus ou moins de succès ; mais elle a fait des progrès plus ra- pides dans ces derniers temps, comme le prouvent les Mémoires ue nous avons imprimés dans ce Journal, parce qu’on a porté plus d’attention dans ces recherches, et qu'on connoït mieux les animaux et les végétaux existans. QUADRUPÈDES FOSSILES. Cuvier a décrit 79 espèces des quadrupèdes fossiles AYANT EU SOIN DE CITER EXACTEMENT LES TRAVAUX DES SAVANS QUI L’AVOIENT PRÉCÉDÉ. Tome LXXV' II. AOÛT an 1843. 1°: 1190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il compte parmi les espèces quadrupèdes fossiles , douze espèces dont les analogues sont vivans. Les uns vivent dans les contrées où sont les fossiles, tels que le cerf, le bœuf... .; les autres dans d’autres contrées, tels que l’hippopotame...…. Seize à dix-huit autres quadrupèdes fossiles sont analogues sinon à des espèces, au moins à des genres vivans. Eufin quarante-neuf espèces de quadrupèdes fossiles qui ne paroissent point avoir d’analogues parmi les espèces vivantes. OISEAUX FOSSILES. On a trouvé des oiseaux fossiles. J'ai cité dans ma Théorie de la Terre, tome V, un oiseau fossile que j'avois vu dans un morceau de plâtre de Montmartre. Depuis cette époque on a en trouvé plusieurs; mais on n’en connoît point d’entièrement analogues. POISSONS FOSSILES. On connoît un grand nombre de poissons fossiles ; mais on n'a pas encore fait assez de recherches pour en déterminer les espèces analogues aux espèces vivantes... Il est certain qu’il en existe plusieurs. MOLLUSQUES FOSSILES:. Les mollusques fossiles, surtout ceux qui ont des coquilles, sont extrêmement nombreux. Quelques pierres en paroissent pres- que toutes composées, comme des pierres auprès de Mayence, d’autres auprès de Montrouge proche Paris... On distingue les coquilles fossiles en trois classes , les marines, les fluviatiles et les terrestres. Coguilles marines fossiles. Elles sont si nombreuses , qu’on est bien éloigné de les con- noître toutes. Dans le seul dépôt de Grignon, il y en a environ six cents espèces, dont quarante à cinquante sont analogues à des espèces vivantes. À Gourtagnon, dans les falhumières de la Touraine....., on trouve également un grand nombre de coquilles marines, dont plusieurs sont analogues à des espèces vivantes. ET D'HISTOIRE NATURELLE. ITI Au Mont-Pugnasco il y a également plusieurs coquilles ma- rines fossiles analogues aux existantes. Quelquefois l'animal est lui-même pétrifié. C’est ce qu’on ob- serve dans la belle coquille fossile sphérulite que j'ai décrite dans ce Journal, tome LXI, pag. 396. L'animal est, ainsi que la coquille, silicifié. Coquilles fluviatiles fossiles. On trouve aussi un assez grand nombre de coquilles fluviatiles fossiles, telles que Les planorbes, Les |ymnées, Lamanon en 1780 et 1782, a parlé, dans le Journal de Phy- . sique , de ces coquilles trouvées aux environs de Paris. Coupé en a parlé également dans le même Journal en 1805, tome LXI et suivans. | Coguilles terrestres fossiles. Il y a quelques coquilles terrestres fossiles: Des hélices, Des cyclostomes, On a trouvé des cyclostomes terrestres à Montmartre, Daudebart de Ferrussac compte quatre-vingt-trois espèces de coquilles fluviatiles, ou terrestres. Vingt-cinq de ces espèces, dit-il, ont leurs analogues vivans sur le sol même où l’on trouve les fossiles. Huit autres espèces ont leurs analogues vivans dans les pays étrangers, tels que l’Inde, l'Amérique... . Cinquante de ces espèces n’ont point d’analogues connus, CRUSTACÉS FOSSILES, On connoît plusieurs crustacés fossiles. Les carrières de Maestreicht présentent un crustacé qui à beaucoup de ressemblance avec Bernard l’hermite. On connoît aussi des crabes fossiles. Prz I12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MADRÉPORES FOSSILES, - Les madrépores fossiles sont très-nombreux. Donati dit que les pierres qui forment le bassin de la Mer Adriatique en sont remplies. Les observateurs citent un grand nombre de ces faits, J'ai vu auprès de Sassangi, du côté de Châlons-sur Saône, des pierres contenant de grandes quantités de madrépores pétrifés. INSECTES FOSSILES. Il n’est point de naturalistes qui ne connoissent les insectes fossiles du succin. On croit qu'ils sont à peu près analogues aux thermes d'Afrique, espèce de fourmis; mais l'analogie n’est pas entière. j :5fé VÉGÉTAUX FOSSILES. I] y a une immense quantité de végélaux fossiles; les houilles ou charbons de terre en paroissent presque entièrement composés. Bernard de Jussieu a décrit plusieurs de ces plantes fossiles qui se trouvent dans les charbons de Saint-Chaumont proche Lyon; la plupart sont exotiques; ce sont des capillaires , des ceterachs, des polypodes, des fougères... qui approchent de celles trouvées aux Indes orientales et occidentales. On trouve presque partout des arbres fossiles qui se présentent en différens états. ‘Les uns’ sônt peu: aktérés; * #n- Les autres sont terréfiés; De troisièmes sont bituminisés ; De quatrièmes sont métallisés ; De cinquièmes sont pétrifiés ; D'autres n’ont laissé que leurs empreintes, Quelques-uns de ces végétaux fossiles ont leurs analogues vivans sur le même sol ‘où ils se trouvent fossiles. D’autres ont leurs analogues vivans dans des contrées éloignées, tels que le palmier qu’on trouve aux environs de Paris, en Al- lemagne, ceux des houiilières de Saint-Chaumont...…. Enfin le grand nombre n’a point d’analogues connus. Tous ces faits recueillis sur les fossiles animaux et végétaux sont très-précieux, et on ne sauroit trop encourager les natura- listes qui s'occupent de ces recherches, surtout par rapport aux lumières qu’elles répandent sur la géologie, ou théorie de la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 113 ! terre ; mais ils doivent être très-circonspects sur les conséquences qu'ils croient pouvoir tirer de leurs observations, 19, Quelques naturalistes avoient avancé que parmi les fossiles on ne trouvoit point d’analoguesaux espèces vivantes aujourd’hui; d’où ils avoient conclu qu'il y avoit eu une catastrophe générale qui avoit détruit tous les êtres vivans à cette époque. J'ai réfuté cette erreur dans ma Théorie de la Terre; on a reconnu la vérité de mes observations, et il est avoué aujour- hui, ainsi que nous venons de le rapporter, qu'il ÿ à parmi les fossiles un assez grand nombre d’analogues aux espèces existantes. 20. Parmi ces fossiles analogues aux espèces vivautes, les uns se trouvent dans les contrées même où sont aujourd'hui les espèces vivantes. a. Nous avons vu qu'on trouve les planorbes, les lymnées fossiles dans nos contrées où vivent les planorbes, les lyminées , dans nos ruisseaux. Daudebart de Ferrussac sur 85 coquilles fos- siles fluviatiles ou terrestres, en compte 25 :qui ont leurs aua- ‘logues vivans sur le même sol. . Mais le plus grand nombre des fossiles n’ont leurs analogues vivans que dans des contrées très éloignées de celles où ils sont fossiles. d b. Des palmiers fossiles se trouvent à Paris, en Allemagne. c. La crasatelle fossile des environs de Beauvais est, suivant Lamark, analogue à la crasatelle que Peron et Lesueur ont trouvée vivante à la Nouvelle-Hollande. d. Dans le dépôt des coquilles fossiles du Mont-Pugnasco, auprès de Parme, on a trouvé 23 espèces de coquilles fossiles dont les analogues existent dans les mers des Indes, d’Afrique, d'Amérique, d'Europe... e. Les éléphans, les rhinocéros, les hippopotames, les lions, les hyènes..….. se trouvent fossiles dans la partie boréale de l'Europe..., et leurs analogues ne vivent que dans les contrées chaudes de l'Asie, de l’Afrique: J Les végétaux fossiles le plus souvent sont exotiques, comme nous venons de le voir à l'égard de ceux de Saint-Chaumont. 3°. Enfin un grand nombre de fossiles n'ont point d’analogues vivans connus, comme le prouvent les faits que nous avons rapportés, 1147 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 4°. On a dit que la nature des fossiles indiquoit toujours la nature du terrain où ils se trouvoient. a. Les coquilles fossiles marines, par exemple, indiquoient un terrain formé dans les eaux de la mer. b. Les coquilles fossiles fluviatiles indiquoient un terrain formé dans les eaux douces. J'ai prouvé. le contraire par des faits incontestables. On trouve des coquilles terrestres fossiles. Quels sont les ter- rains dont elles indiquent la formation ? Il faut donc reconnoître que ces coquilles terrestres ont été transportées par les eaux et déposées dans des terrains quelconques. On trouve, par exemple, à Montmartre et dans les environs de Paris, des cyclostomes terrestres. On trouve des hélices fossiles, des puppa...; dans plusieurs endroits : ces coquilles ont été transportées par les eaux. Il en faut dire de même des quadrupèdes fossiles qui sont en si grand nombre à Montmartre, par exemple, les anoplotherium, des palæotherium , des sarigues, des chiens. .., décrits par Cuvier. Les palmiers fossiles se trouvent également à Montmartre; ils y ont été également apportés par les eaux. Les mêmes phénomènes se présentent dans une multitude de localités. Si tous ces fossiles divers ont été apportés par les eaux à Mont- martre, et dans les autres terrains des environs de Paris. .., les mêmes causes ont pu y apporter des coquilles fluviatiles. Les lymnées, les planorbes..., et autres coquilles fluviatiles y ont pu être apportés comme les cyclostomes terrestres. On ne sauroit donc dire, avec Lamanon , que lescoquilles qu’on trouve à Montmartre et dans les environs de Paris, prouvent que ‘ces terrains ont élé formés dans les eaux douces, dans un lac. J'y aitrouvé au milieu d’un morceau de plâtre de Montmartre, ste EE à un sparre décrit dans ce Journal , tome LXVIII. J’y ai aussi trouvé un esoce. Or ces poissons sont des poissons de mer. Desmarest et Prevost.ont trouvé dans les dernières couches de plâtre les plus basses, des coquilles reconnues pour être marines, : Ces faits ont forcé de convenir que ces couches les plus ET D'HISTOIRE NATURELLE, 115 basses du plâtre ont été formées dans les eaux des mers; mais on a persisté à dire que les couches supérieures ont été faites dans les eaux douces. Mon sparre étoit dans la couche supérieure appelée haute masse. On trouve ensemble des coquilles marines et des coquilles fluviatiles, comme à Beauchamp proche Pierre-Laie..., aux en- virons de Paris. C’est un fait avéré. IL faut bien que les unes ou les autres aient été apportées par les eaux, peut-être toutes deux. Par conséquent ces coquilles ne sauroiïent prouver si ce terrain a été formé dans les eaux marines, ou dans les eaux douces. Enfin , des coquilles terrestres se trouvent avec des coquilles fluviatiles et des coquilles marines, comme dans les carrières de Beauchamp proche Pierre-Laie. Ces coquilles ne sauroient donc prouver si les terrains où elles se trouvent ont été formés dans les eaux marines ou dans les eaux douces. On doit conclure de cesfaits , que la nature des fossiles n’indique point la nature du terrain où ils se trouvent : la plupart de ces se siles ont été chariés dans les lieux où ils se trouvent, par des eaux soit des mers, soit des fleuves. J’ai prouvé dans mon Mémoire sur les courans (Journal de Physique, tome LXVIT, pag. 81), que les grands dépôts de coquilles fossiles des falhunières , de Grignon, de Courtagnon... ont été apportés par des courans qui balayoient les fonds des mers, et charioient ensemble des fossiles de différens endroits, la crasatelle, par exemple, de la Nouvelle-Hollande , la frippière , le murex tripterus, le pyrula ficus... de diflérentes mers, et en même temps des coquilles d’eau douce. Dans le dépôt du Mont-Pugnasco auprès de Parme, on trouve avec une multitude de coquilles marines des mers de l'Inde, d'Afrique, d'Amérique, d'Europe..., des os d’éléphans, de rhinocéros, de dauphins.... Il faut bien reconnoître que cet amas a élé fait par de grands courans qui ont charié des co- quilles des diverses contrées du globe, avec des os d’animaux terrestres et marins. La plus grande partie de ces coquilles est brisée, PILÉE, suivant l'expression de Coupé, 116 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais quelques-unes sont assez bien conservées, parce qu’elles ont été enveloppées, soit dans de la terre, soit dans ces détritus, ce pilé des coquilles brisées. à Dans ces amas immenses de coquilles qui sont presque toutes marines, il pourroit s’en trouver d’eau douce, ou même de terrestres, qui auroient élé antérieurement portées dans le sein des mers par les eaux courantes qui s’y versent. Lamarck a trouvé parmi les coquilles marines de Grignon, plusieurs coquilles d’eau douce. On pourroit trouver par la même raison, des dépouilles d’ani- maux et de végétaux des continens, comme on en trouve à Montmartre, au Mont. Pugnasco.... Il se peut même trouver dans des lacs d’eau douce, au milieu des amas des coquilles d'animaux qui vivent dans ces lacs, y être apportées des coquilles marines ( comme je l’ai prouvé dans ce Journal, tome LXXVI, pag. 57), par la dégradation des terrains dans lesquels sont renfermées des coquilles marines. Par conséquent, de ce qu’on trouve des coquilles fossiles d’eau douce dans un terrain, on ne peut pas conclure que ce terrain a été formé dans les eaux douces, qu'il est un terrain de for Mmalion d’eau douce. J'invite donc les naturalistes à ne plus appeler ces terrains de formation d’eau douce, d'origine d’eau douce. Il faut dire, si l'on veut être exact, terrains dans lesquels on trouve des fossiles, des coquilles d'eau douce, des coquilles Lerrestres, Je suis bien éloigné de nier qu’il y ait eu des terrains formés dans les eaux douces, soit aux environs de Paris, soit ailleurs; mais je pense qu'ils ont été formés dans des lacs d’eau douce après la retraite des mers, comme il doit s’en former tous-les jours dans les lacs de Genève et autres. (Jayez les preuves que Jen ai données dans ce Journal, tome LXXVI, pag. 57.) C’est également dans ces lacs où se sont accumulées les co- quilles marines et les coquilles fluviatiles. .., que l’on trouve mélangées ces diverses coquilles. J'ai fait voir (Théorie de la Terre, tome V, pag. 137) que dans des lacs d’eau douce, comme ceux de la Toscane, ont pu se former ces gypses, tels que ceux de Lunebourg, qui con- tiennent des spaths boraciques; puisque dans ces lagonis de la Toscane ET D'HISTOIRE NATURELLE. 117 Toscane l'acide boracique, la magnésie, la chaux...., sont abondans.... En résumant tous les faits que nous venons de rapporter, il me paroit que les conséquences qu’on en doit tirer sont : a Les eaux des mers ont couvert toute la surface du globe ; b Elles ont diminué successivement, et les êtres organisés ont paru; € Elles y ont formé des couches secondaires, ou ont été en- traînées et enfouies des dépouilles de ces êtres organisés d'ani- maux marins, fluviatiles et terrestres, ainsi que des végétaux; d Elles se sont retirées, et il y a eu des lacs formés dans les gorges des montagnes qui n’avoient point d'issues; leurs eaux marines ont été remplacées par des eaux douces..,; e De nouvelles couches ont été formées dans ces lacs ;. f Les dépouilles des animaux et végétaux qui vivoient dans les eaux de ces lacs, ont été enfouies dans ces nouvelles couches; £g Les eaux des fleuves qui se versoient dans ces lacs , y ont apporté des débris d'animaux et de végétaux qui vivoient dans ces fleuves ; k Elles y ont apporté également des débris d'animaux et de végétaux terrestres qui vivent sur les bords de ces lacs, de ces fleuves et de pays plus ou moins éloignés ; Elles ont pu y apporter des coquilles marines provenues des détritus des bords de ces lacs (tome LXXVT, pag. 57), lesquels avoient été formés dans les mers; 2 Les eaux courantes ont charié des débris d’animaux et de végétaux dans les eaux des mers, et ces débris des fossiles d’anis maux marins, fluviatiles et terrestres s’y sont mélangés; Les eaux des fleuves y en charient encore journellement. | k Les grands courans des eaux des mers ont également charié sur toute la surface du globe, et des contrées diverses les plus éloignées , différens fossiles, soit animaux, soit végétaux, des mers, des fleuves, des continens, qui se sont mélangés comme au Mont-Pugnasco, à Grignon...; Z Ils les ont accumulés quelquefois en certins endroits, comme dans les falhunières. . ., à Grignon. .., où on trouve des coquilles marines des Indes, de l'Amérique, de la Nouvelle-Hollande, d'Afrique, d'Europe. .., avec des coquilles fluviatiles ; Tome LXXV/II. AOÛT an 10139. Q 318 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE.CIIMIE m La nature des animaux et végétaux fossiles ne peut done déterminer la nature des terrains où ils se trouvent; on ne peut pas plus appeler Zerrains de formation d'eau douce, des terrains où se trouvent fossiles des coquilles d’eau douce, qu'on ne pourroit appeler #erraëns de formation terrestre, des terrains où se trouvent fossiles des coquilles ferrestres ; z Les allées et venues qu'on suppose des eaux des mers, et des eaux douces qui se seroient remplacées successivement, ne sont point prouvées, ainsi que je l’ai dit dans ce Journal, tome LXXI, pag. 386; o On doit cependant avouer qu'il est vraisemblable que la plupart de ces terrains, dits improprement de formation d'eau douce, paroissent avoir élé formés dans des lacs d’eau douce, APRÈS LA RETRAITE DES EAUX DES MERS, ainsi que je l'ai dit ibidem ; maïs il paroît difficile de supposer que les eaux des mers soient revenues plusieurs fois recouvrir les terrains formés dans les lacs d’eau douce. J’ai cru nécessaire de présenter ces Considérations dans Îles momens où l’on s'occupe avec tant de zèle et de succès, de l'étude des fossiles. On doit donc dire : T'errainsoùl’ontrouvefossiles desdépouilles d'animaux marins; Terrains où l’on trouve fossiles des dépouilles d’animaux flu- viatiles ; Terrains où l’on trouve fossiles les dépouilles d'animaux fer- restres, c'est-à-dire, qui vivent sur les continens ; Terrains où l’on trouve fossiles les débris de végétaux qui vivent sur les continens; Terrains où l'on trouve mélangés ces différens fossiles marins, Jluviatiles et terrestres. On ne sauroit dire, si on veut être exact, ferrains de forma- tion d'eau douce... L'histoire des ossiles présente plusieurs autres questions que J'ai traitées dans ma Théorie de la Terre.Je n’en parlerai pasici. + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119 MÉMOIRE SUR QUELQUES NOUVELLES ESPÈCES D'ANIMAUX MOLLUSQUES sr RADIAIRES, RECUEILLIS DANS LA MÉDITERRANÉE, PRÈS DE NICE; 1 Par M. LESURSR. Article extrait du Nouveau Bulletin des Sciences par la Société philomatique de Paris. (Juin 1818.) MM. PÉRON et LESUEUR, après une excursion de quelquesmois sur les côtes de la Méditerranée, et un court voyage au Hâvre, ont démontré jusqu’à l’évidence, par le travail qu’ils ont publié sur les méduses (1), que les recherches faites par les premiers observateurs sont fort éloignées de nous faire connoître tous les animaux marins qui peuplent nos rivages; et déjà M. Risso, de Nice, excité par ces naturalistes, a doublé pour le moins le nombre des espèces de poissons et de crustacés qu’on avoit remarquées aux environs de sa résidence. Dans ces mêmes parages, MM. Lesueur et Péron ont reconnu une très-grande quantité d'animaux dont l’existence avoit été jusqu'alors ignorée, et qui, par leurs principaux caractères, se rapportent à la classe des mollusques ou à celle des vers. Déjà quelques-uns ont été décrits par eux dans les Ærnales du Mu —_——————————————————"û# ———————— (2) Tous les dessins qui doivent accompagner ce travail sont terminés , et M. Lesueur en a déjà gravé une partie; il se propose d’en commencer tres= incessamment la publication. Q 2 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE séum d'Histoire naturelle; mais il en reste beaucoup plus à faire connoître, et c’est le but que se propose M. Lesueur. Son Mémoire se compose de deux parties bien distinctes. L’une est destinée à donner les renseignemens nécessaires pour parvenir à saisir et conserver intacts les animaux mous et gélatineux si abondans sur nos côtes, et dont la nature fugace nous a fait trop négliger l'étude. Nous nous abstiendrons de rendre compte de cette partie du Mémoire, qui mérite d’être examinée sépa- rément. L'autre partie, la seule dont nous nous occuperons, a pour objet d'annoncer la découverte des principaux animaux que MM. Péron et Lesueur ont observés, et qui appartiennent notamment auxgenres sa/pa,stephania,physsophora, pyrosoma et Hyalæa; elle comprend particulièrement la description d’un radiaire qui doit former un genre nouveau, et dont nous trans- crivons les caractères d’après M. Lesueur. : CESTE (cestum) (defiisos, mot employé par les poëtes grecs pour désigner l’une des @tintures de Vénus). Corps libre, en- zièrement gélatineux, très-alongé et comprimé; quatre côtes 1ransversales et supérieures, ciliées dans toute leur longueur; bouche supérieure, située à égale distance des extrémités. La seule espèce qu’on ait encore rencontrée est d’un blanc laiteux d’hydrophane, avec de légers reflets bleus, et ses cils soné irisés. M. Lesueur l’a nommée ceste de Vénus, cestum Veneris. De tous les vers marins connus, les beroës sont ceux qui se rapprochent le plus de celui-ci, par leur état de liberté au milieu des eaux, par l'existence d’une seule ouverture servant à-la-fois de bouche et d’anus, et qui est située à la partie supérieure de l'animal, ainsi que par la présence de longues séries de cils mobiles très-déliés, servant à l'exercice de la locomotion. En effet, si l'on retranche les deux prolongemens latéraux qui sont de chaque côté de la bouche du ceste, et si, sur les angles formés par les plans que produiroit cette section, on rapporte les cils des prolongemens soustraits, on aura, à peu de chose près, un beroë à quatre côtes ciliées, avec une bouche terminale, De même, si lon prend un beroë, et qu’on le suppose tiré laté- ralement par deux points opposés, sans lui faire perdre de sa hauteur, on reproduira un animal fort semblable au ceste. A travers la substance même du ceste, on apperçoit le sac stomacal placé au-dessous de l’ouverture de la bouche et qui se détache par sa couleur plus foncée que celle du reste du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 112$ corps : ce sac présente sur deux de ses côtés, ceux qui corres- pondent aux deux grandes faces de l'animal, une sorte de lanière qui est appliquée sur ses parois. Ces lanières, situées vers le milieu de la hauteur totale du ceste, sont contiguës à chacune: une autre partie mince et alongée qui prend naissance au bord inférieur, et qui est légérement échancrée à l'extrémité par laquelle elle se joint à sa laniere. Ces mêmes lanières sont renflées dans leur milieu , et diminuent beaucoup de grosseur à leur partie supérieure , où elles se joignent à deux filets qui ont toute l'apparence de vaisseaux, lesquels partent à droite et à gauche, pour se porter, en remontant, Jusqu'à l’arête supérieure de l'animal. Là, ces vaisseaux se bi- furquent; une de leurs brauches suit cette même arêle et sup- porte les innombrables cils qui la garnissent ; l’autre redescend Jusqu'à peu près au milieu de la hauteur du corps, et prenant aussi une direction horizontale, se porte, parallèlement à la pre- mière, dans les prolongemens latéraux, sans doute jusqu’au point où ceux-ci se terminent; mais on ne sauroit l’aflirmer , attendu que le seul individu de ce genre que MM. Péron et Lesueur aient pu examiner, avoit ces parties incomplètes, La présence de vaisseaux dans le ceste, semble léloigner de la classe des radiaires dans laquelle sa forme simple et les séries de cils dont il est pourvu l'ont fait placer. D'ailleurs, son ex- cessif alongement n’a point de pareil dans les animaux de cette même classe, qui sont tous globuleux, discoïdes où rayonnans, si l’on en excepte cependant les holothuries et les siponcles. L’'individu qui a servi à la description que nous venons de rapporter, n'étoit pas entier, ainsi que nous l'avons dit, et ce- pendant sa longueur éloit environ d'un mètre et demi; sa hau- teur de huit centimètres, et son épaisseur, d’un centimètre seulement. MM. Lesueur et Péron le trouvèrent flottant Gans les eaux de Nice, à environ quatre décimètres de. profondeur, le 12 mai 1809, lorsque là mer étoit calme, et la température de ses eaux à 14 degrés du thermomètre de Réaumur; il nageoit dans une osition horizontale, et la bouche en haut; son mouvement étoit (En et onduleux. Il est à regretter que les efforts que firent ces naturalistes pour se procurer d’autres individus de cette espèce, aient été infructueux ; mais il paroît que ces animaux, jusqu'ici inconnus pour nous, sont moius rares qu’on pourroit le penser : r 122! JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. Risso en a vu en grande quantité dans le port de Villefranche, où les pêcheurs leur donnent le nom de sabres de mer. Dans lenombre desautres découvertes qui sont dues à MM. Péron et Lesueur, nous remarquerons principalement celles qu’ils ont faites, sur le même point de nos côtes, de deux espèces nou- velles, l’une du genre pyrosome , et l’autre du genre hyale. Nous en donnerons une courte description. PYROSOME ÉLÉGANT (pyrosoma elegans). Il a plusieurs des caractères du genre pyrosome établi par Péron et Lesueur dans les Ænnales du Muséum (24° Cahier, pag. 437, pl. 72). Son corps est libre, presque conique; sa bouche est située à l’extré- inilé la plus large et est garnie d’un cercle de tubercules; l’in- térieur du corps est vide. Toute cette conformation lui est commune avec le pyrosoma. atlanticum ; mais celui-ci, beaucoup plus grand, a les tubercules qui le couvrent entièrement, très- irréguliers. par rapport à leur grosseur et à leur disposition ; tandis que le pyrosome élégant, généralement granuleux , est garni de zônes circulaires également espacées et formées par des tubercules assez gros et pyriformes; ces tubercules sont creux, et chacun d’eux est percé d’un trou qui communique avec l’intérieur de l’animal. Les zônes sont au nombre de six;, la dernière est terminale et formée seulement de quatre tuber- cules plus gros que les autres. M, Lesueux a observé une seconde ouverture à cet animal, située au centre de ces quatre tuber- cules; il la considère comme étant l'anus. On sait que cette conformation n'existe pas dans le pyrosomeatlantique, chez lequel M. Péron « n'a pu découvrir aucune trace d'ouverture, même à la loupe ( Mém. cité). » D'ailleurs ce caractère très-important, qui pourroit bien faire séparer le pyrosome élégant du genre: pyrosome, lui est commun avec une grande espèce trouvée dans la Méditerranée par le même naturaliste, et qui sera l’objet d’un: Mémoire particulier. HYALE LANCÉOLÉE (hyalæa lanceolata), On sait que le genre hyale, formé par M. de Lamarck, sur l’enomia tridentata de Forskaohl, se compose aujourd’hui de plusieurs espèces bien caractérisées, savoir : 12 l’hyale Forskaohl (H. éridentata), de la Méditerranée, avec laquelle on l’a confondu; 2° l'hyale de Péron (/1. Peroni), qui lui ressemble pour la coquille, mais dont l'animal est très- différent : celle-ci, qui est de l'Océan, a servi aux travaux anatomiques de M. Cuvier; ge lhyale pyra- ET D'HISTOIRE NATURELLE. à 323 midale (H. pyramidafa), trouvée par Lamartinière sur Ja côte nord-ouest de l'Amérique, à l'entrée de Nookta, mal figurée dans le Journal de Physique de septembre 1787, où l’on a pris vraisemblablement le dessous pour le dessus (1); 4° l’hyale cuspidate (I. cuspidata. Bosc. Hist. nat. des Cog., tome II, pag. 241, pl. 9) de l'Océan; 5° l'hyale tépiobranche de Péron, Annales ‘du Muséum, 8° année, cahier: 1 — 2, de la Médi- terranée. On peut joindre à ces espèces plusieurs autres dont l’existence est moins bien constatée, ou dont on ne possède pas de figures : ce sont, 6° l’hyale de Chemnitz (1. chemnitziana), Conchyl., tome VIIT, vignette 13, fig. F. G., qu'on a rapportée à la tri- dentée, mais qui nous paroît en différer beaucoup; 7° l’hyale caudate de Bose (H. caudata). Brown. Jam., non figurée; 8° l'hyale retuse (Æ. retusa, Bosc). Clio retusa. Linn., non figurée. Plancus représente une petite coquille, dans son traité de Conchis minüs notis, pl. 2, fig. 6, G. H. L., qui paroît avoir quelque rapport avec les hyales , et qu’on pourroit appeler H. de Plancus (H. Planci). Ce seroit une 9* espèce. M. Lesueur a trouvé à Nice une espèce nouvelle bien carac- térisée du même genre, et qu'il a nommée, 10° hyale lancéolée (Ayalea lanceolata). La coquille de celle-ci est transparente, non bombée, quadrangulaire; ses angles latéraux se relèvent un peu du côté de la face dorsale; ils sont moins aigus que l’an- térieur par lequel sort l’animal, et surtout que le postérieur qui fait la terminaison de la coquille. L’ouverture de cette coquille s'étend de Pun à l'autre des angles latéraux. La valve dorsale ne présente rien de remarquable; la ventrale est marquée d’un côté élevée et arrondie qui s'étend de l’angle antérieur au postérieur. Le corps de l’animal est vert, on le voit à travers le test, qui est transparent, les nageoires sont assez étendues, bilobées, et leur échancrure est très-profonde; le lobe antérieur est ar- (1) Avec laquelle il ne faut pas confondre l’animal décrit et figuré par Brown, Jam. , pl. 45, fig. 1 , qui doit former , peut-être , une espèce particu- lière du mème/genre. Celle-ci , de la côte Est de l’ A mérique septentrionale , a le test comme gélatineux, et paroît pourvue de deux yeux. M. Péron en avoit formé son genre CLéopore. Ann. du Mus., 8° année, et Nouveau Bulletin, tome IT , pag. 97. 124 : OURNAL,DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rondi et plus petit que le postérieur; celui-ci est légérement sinueux sur ses bords; les deux ailes sont jointes en arrière par . membrane qui n’est que la continuation de ces deux derniers obes. Enfin, M. Léman a communiqué à M. Lesueur une coquille , = Là 1 = 2 1 d’hyale qui n’a encore été décrite, ni figurée par aucun auteur: c’est la onzième espèce du genre; elle peut être appelée HYALE INFLÉCHIE (hyalæa inflexa). Elle a beaucoup de rapport avec certaines térébratules; sa face dorsale est bombée et lisse, et ses deux angles latéraux sont relevés; l'angle pos- térieur est infléchi et terminé en une pointe assez prolongée. La face ventrale est plus plane , et marquée d’une côte peu sail- lante dans son milieu. L'ouverture de la coquille est semilunaire, et se prolonge en fente de chaque côté. L'animal n’est pas connu, et l'on ignore quelle est sa patrie. OBSERV ATIONS ET D'HISTOIRE NATURELLE. 125 OBSERVATIONS SUR LA COMÈTE DE 1811, L - Par W. HERSCHEL. « r EXTRAIT Par J.-C. DELAMÉTHEÉRIE. FLAUGERGUES a déjà donné, dans ce Journal, tome LXXIIT, ag. 401, une description de cette comète, accompagnée de bre qui prouvent qu’elle ressembloit à une” nébuleuse. J’ai cru néanmoins utile de rapporter ici la nouvelle description détaillée que vient d’en donner Herschel dans les Transactions Philosophiques, et qui se trouve dans la Bibliothèque Britan- nique. Elle fournit sur la MATIÈRE NÉBULEUSE, de nouveaux faits qui sont très-précieux. Tête de la Cormnète. Herschel remarqua d’abord au milieu de la masse de lumière plus vive, qui formoit ce qu'on a appelé la zéte de la comète, un point brillant extrêmement petit, et entièrement distinct de l’atmosphère lumineuse dont il étoit entouré. Il l’examima avec son télescope de vingt pieds, son gros télescope de dix pieds, un ordinaire de même longueur, enfin un de sept pieds. Chacun de ces instrumens établit uniformément la réalité de cette ap- parence. Il appelle ce point le corps planétaire. Ce corps se confond avec son atmosphère, dans les observations faites à l’œil nu, ou avec de foibles instrumens. Il examina ce corps planétaire avec des oculaires dont les forces amplificatives étoient à peu près dans les rapports des nombres 169, 240, 300, 400 et 600. Avec l’oculaire de 600, il trouva le point lumineux environ à de seconde, Tome LXXV'II, AOÛT an 1813. R 126. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Grandeur apparente et réelle du corps planétaire. Par une moyenne entre diverses observations, l’auteur estime à 0”,775 le diamètre apparent du disque apparent de la comète: d’où il conclut sa distance à la terre à peu près de 114 millions de milles, et le diamètre du corps planétaire environ 428 milles (à peu près 140 lieues). ; Excentricité et couleur du corps planétaire. Ce corps n’occupoit pas toujours le milieu de la chevelure; il étoit plus ou moins excentrique. Sa couleur étoit rougeâtre pâle, ressemblant à celle de cer- taines petites étoiles. Degré d’illumination du corps planétaire. La comète éteit située relativement au soleil, de manière que sa phase d’illumination étoit à celle du disque plein; comme 16 à 20. L'auteur conclut que sa lumière lui étoit propre. Tête de la Comète. Il prouve que ce noyau apparent, qu’on croyoit découvrir à l'œil nu, vu avec de foibles lunettes das la tête de la comète, n'éloit qu’une illusion optique causée par une accumulation de lumière dans une portion de l'espace, dont le diamètre apparent r’étoit que d’un petit nombre de minutes; même dans le grand télescope de dix pieds avec un oculaire grossissant 110 fois la comèle observée le 10 septembre, avoit l'apparence d’une belle . NÉBULEUSE de cinq à six minutes de diamètre, dont une ou deux minutes voisines du centre avoient un lustre égal. Dans les forts instrumens l'apparence se changeoït en un point très- brillant au centre, entouré d'une lumière graduellement dé- croissante, , Couleur et excentricité de la lumière de la téte. La couleur de la tête de la comète paroît très-remarquable : sa teinte fut toujours verdâtre, ou vert-bleuâtre; et quoiqu'il ÿ eût en général une accumulation de lumière vers le centre, il sembloit que du côté du soleil il y*en avoit davantage. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 127 Grandeur de la téte. D'après un grand nombre d'observations l’auteur estime que le diamètre réel de la tète devoit être d'environ 127 mille milles. Atmosphère élastique et transparente de la tête. L'auteur a toujours vu un intervalle comparativement très- foible , ou plutôt obscur, environner la tête, et laisser évanouir tout à-fait la lumière centrale, graduellement diminuée. On ne eut expliquer cette apparence qu’en supposant que la tête de a comète étoit enveloppée d’une atmosphère élastique trans- parente. . Le 18 septembre, il eut occasion de s’assurer de cette trans- parence; car il vit dans cet espace annulaire trois étoiles très- petites et de grandeurs différentes; on peut conclure son élasticité de la forme circulaire, sous laquelle cette atmosphère paroît toujours ; car étant environnée d’une enveloppe lumineuse con- centrique, on ne peut expliquer l'égalité de distance de celle-ci à partir du centre, qu'en supposant que l'intervalle entre l’en- veloppe de la.comèté et sa tête étoit rempli d’un fluide élastique et atmosphérique. Étendue de l'atmosphère cométique. Le 6 octobre, l’espace circulaire obscur qui environnoit le centre lumineux, occupoit tout justé le champ de l’oculaire : ce qui donne quinze minutes pour son diamètre apparent. Le diamètre réel (à la distance où étoit alors la comète) étoit donc de plus 507,000 milles. Cette quantité est un 77inimum; car on n’a pas d'observation qui puisse indiquer combien cette atmos- phère s’étendoit au-delà de cette limite. Enveloppe brillante de l'atmosphère cométique. Les 9 et ro septembre, l’auteur examina la comète avec une lunette achromatique qui grossissoit 65 fois. IL vit que la tête étoit entourée en partie d’une traînée de lumière, qui étoit main- tenue à distance par un anneau intérieur obscur. D’après cette forme concentrique, il appelle erveloppe l'anneau extérieur lamineux, R 2 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE’ CHIMIE Figure, couleur et grandeur de l'enveloppe. Lorsqu'on regardoit cette enveloppe dans des lunettes qui ne grossissoient guère que 16 fois, ou dans des lunettes de nuit plus foibles encore, sa forme paroissoit à peu près circulaire, mais elle ne faisoit pas tout-à-fait la moitié du tour de la co- mête. Un peu avant d'arriver à ce demi-tour la lumière se divisoit en deux faisceaux, qui paroissoient de chaque côté de la tête. Dans les télescopes de sept, dix et vingt pieds, celte enve- loppe avoit une teinte jaune très-décidée, qui formoit un contraste frappant avec la couleur verdâtre de la tête, La distance du bord extérieur de l'enveloppe jusqu’au centre de la tête, dans la direction d’une ligne menée au soleil, étoit d’environ 4’ 30". En supposant qu’elle s’étendit latéralement jus- qu’à former un demi-cercle, son diamètre auroit été de 19 : ce qui donne plus de 643,000 milles pour le diamètre réel. Queue de la Comôte. ” Le phénomène le plus remarquable qui distingue les comètes, est ce faisceau de lumière qu’on appelle leuF gzeue. La longueur de ce faisceau est très-variable. Des causes indépendantes de ses dimensions réelles, affectent ses dimensions apparentes, et empêchent qu’on puisse obtenir à cet égard des estimations exactes. Le 2 septembre, la lune étant sur l'horizon, la comète très- basse et l'atmosphère peu transparente, l’auteur n’appercut point de queue à la comète, Le 9, elle en avoit une très-apparente de 9 à 10 degrés de longueur. Le 18, elle s’étendoit de 11 à 12 degrés. Le 6 octobre, elle étoit de 23 degrés. Le 12, elle fut estimée de 17 degrés. Le r14, de 17 <. Le 15, en l’observant avec beaucoup d’attention, et dans une atmosphère très-transparente, l’auteur la trouva de 23 + degrés, 1l pense qu’alors sa longueur devoit avoir plus de cent millions de milles, quantité qui égale à peu près la distance de la terre au soleil, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 Largeur de la Queue. Le 12 octobre, l'observation donna sa largeur réelle d’environ quiuze millions de milles. Courbure de la Queue. Les 9 et 10 septembre, la courbure de la queue étoit très- considérable. ’ Le 18, la courburede l’extrémité dela queue se présenta comme restant un peu en arrière relativement à la direction du mou- vement de la comète. Le 17 octobre, la queue paroît plus courbée. Le 2 décembre, la eourbure de la queue prend une direction opposée à celle qu’elle avoit eue jusqu'alors, c’est-à-dire, qu’elle devient convexe du côté postérieur relativement au mouvement de Ja comète. Apparence générale de la Queue. À raison de la grande longueur et de la largeur de la queue de la comète 1l l’obser va avec une lunette de nuit, dont le champ est con- sidérable, Cette queue paroissoit renfermée par deux faisceaux de lumière qui sembloient être les prolongemens de l'arc brillant, ou de l'enveloppe qui entoure la tête. Le 18 septembre, ces deux faisceaux dispersent une portion considérable de leur lumière, à mesure qu’ils s'étendent vers la queue. Enfin vers le bout on ne voit plus qu’une lumière uni- formément distribuée. Le 12 octobre, on distingue les deux faisceaux respectivement condensés dans leur cours divergent, jusqu’à l'étendue d'environ six degrés : plus loin la lumière est uniforme. Le 15,la branche précédente de la queue est longue de 70 1’, la suivante, seulement dé*4o 41’ : ce qui donne l’ensemble d’une courbure irrégulière, L’auteur rapporte avec détail ces change- mens nee 10 novembre, époque à laquelle la branche pré- édente de la bifurcation étoit longue de 5° 16/. La suivante, seulement de 30 31/. La précédente étoit plus pleine et plus large que l’autre. , Dans le cours de ces observations l’auteur donne une attention particulière à l'apparence de la rébulosité de la queue. 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le 18 septembre, dans le télescope de dix pieds, elle ressem- bloit absolument à la zébulosité laiteuse qu’on voit dans la constellation d’Orion, dans les endroits où leurs degrés de lumière étoient semblables. Le g novembre, la queue de la comète se trouvant rapprochée de la voie lactée, l'apparence de ces deux régions lumineuses parut identique dans les endroits de la voie lactée qui sont sans étoiles, * Retour de la Comète à l'apparence nébuleuse. D’après le décroissement gradué de la queue de la comète, dit l’auteur, la diminution de la lumière, et la dispersion des faisceaux latéraux , d’après l'apparence de plus en plus foible de l'atmosphère transparente , résultat de la contraction, et de la condition dispersive de l'enveloppe, j'avois lieu de supposer que tous les phénomènes cométiques encore visibles du corps plané- taire, tête, atmosphère, enveloppe et queue seroient bientôt réduits à l'apparence nébuleuse ordinaire, non par une suite du plus grand éloignement de la comète, circonstance qui n’auroit dû influer que sur le volume apparent de ses diverses parties, mais par les changemens réels et physiques que j'observois dans tout son ensemble. Disparition graduée du corps planétaire. Le 4 novembre, dans le télescope de dix pieds, oculaire de 289, on voit le disque planétaire; il est plus excentrique qu’à l’or- dinaire, Le 9, on la découvre imparfaitement avec le 169; il est plus visible avec le 240; mais la nébulosité de l'enveloppe intercepte tellement sa lumière, qu’on ne peut faire de bonnes observations. Le ro, avec le télescope de dix pieds, on a un appercu du disque et de son excentricité. L Le 13, on échoue avec tous les agpisires dans la recherche du corps planétaire, ei Disparition de la partie transparente de l'atmosphère par l'interposition de la lumière provenant de l'enveloppe CONTRACTÉE. Le 4 novembre, dans la lunette de nuit on ne distingue plus cette partie de l'atmosphère qui séparoit la tête de son enveloppe. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 13£ Dans le télescope de dix pieds, avec un grand oculaire double, l’enveloppe paroît rapprochée de la tête. Leur distance respective au sommet est au-dessous de 7' 10". Le 10, on ne peut distinguer l'enveloppe de la tête que par un petit intervalle obscur, dans lequel on apperçoit encore lat- mosphère. La distance verticale de l'enveloppe est de 4’ 46”. Le 9 décembre, lenveloppe qui avoit été réduite à un bord foiblement lumineux, paroît se renouveler contre l'attente de l'observateur; mais elle est très-foible; sa distance au centre de la tête est d’environ 4 5 minutes. , Le r4, la foible et étroite enveloppe du 9 a disparu. ÆApparences extraordinaires dans la dissolution de l'ENVELOPPE. Le 4 novembre, dans le télescope de dix pieds , l'enveloppe paroît double du côté du soleil, et elle se divise de chaque côté en trois branches. Les extérieures sont très-foibles et peu longues. | Ces apparences subissent de légères variations , et le r4 dé- cembre il ne reste plus qu’une branche extérieure foible au côté précédent. Le 15 octobre et les 5 et 10 novembre, la branche précédente est la plus longue des deux. Les 3 et 9 novembre elles sont égales. Le 13, la branche suivante a 4° 6’ de longueur , la précédente, seulement 30 31°. Le r4, elles redeviennent égales, et d'environ 3° 31/. Le 15, la précédente a 3° 31’ et la suivante 4° 6’. Le 19, elles sont égales et d’environ 4° 23. Le 2 décembre, elles sont à peu près égales et d’environ 3° r2'; elles ont perdu leur brillant, et leur couleur prend celle de la lumière dispersée. Lea et le 14, les branches sont tellement afloiblies qu’on ne peut plus donner aucune précision aux observations. , - Changement dans l'angle de direction de l' Enveloppe. Le 4 novembre, les branches partent de leur source sous une divergence plus grande. L'auteur l’attribue à une contraction 132 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de l'enveloppe du côté du soleil, mais non vers la commissure ou la racine des branches, où elle conserve la même étendue qu'auparavant. Le 18, l'angle de la courbure de l'enveloppe à son sommet, vu dans le télescope de dix pieds, est fort augmenté; mais dans la lunette de nuit la divergence ne paroît point accrue, ® Le 14 novembre, dans le télescope de dix pieds, la divergence de la Jumière, qu’on appelle toujours de l'enveloppe, quoiqu’on ne puisse plus la distinguer de la tête, est de 60 à 65°; mais dans la lunette de nuit les branches qu'on distingue à peine, sont plus rapprochées que précédemment. Progrès du raccourcissement de la queue de la Comète. Le 5 novembre, l’air étant très-clair, la queue de la comète paroît déjà fort réduite ; sa longueur ne passe pas douze degrés. Le 9, elle n’a plus que dix degrés, Le 13, dansla lunette de nuit elle paroît toute raccourcie. Le 16, à l'œil nu elle a environ sept degrés et demi. Le 19, environ 6 degrés et demi. Le 2 décembre, elle a à peine trois degrés; sa lumière est très-foible. Le 9, même longueur. Le 14, idem, mais la lumière beaucoup plus foible vers l’ex- trémité, - , Obscurité croissante entre les faisceaux qui renferment la queue. Le 4 novembre, l'obscurité voisine de la tête du côté du soleil étoit devenue plus marquée et moins mêlée de lumière diffuse. Le 5, l'obscurité de l'atmosphère est plus marquée du côté opposé au soleil, que du côté de cet astre. Le 10, obscurité considérable entre les deux branches de la queue. £ Le 14, dans la queue fort près de la tête, il y a un grand espace presque absolument dégagé de la matière diffuse. On y voit les petites étoiles de la voie lactée, comme si rien m'inter- ceptoil leur lumière. Le 19, le télescope de dix pieds. L’obscurité entre les branches est augmentée, Le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 133 : Le o décembre, l’espace contigu à la tête du côté opposé au soleil, est tout-à-fait obscur , ou , pour mieuxdire, transparent. Le 14, on voit beaucoup d'étoiles de la voie lactée dans l’in- tervalle obscur dela queue, tout auprès de la tête de la comète. Résumant tous les faits que la comète lui a présentés, l’auteur ajoute, « toutes les observations prouvent que la comète avoit une figure sphérique.» Il lui paroît aussi probable qu’elle avoit un mouvement de rotation. I] passe ensuite à des considérations sur la nature des comètes, « La propriété lumineuse spontanée, dit-il, qui peut appar- tenir à une comète, s'accroît beaucoup à mesure que la comète s'approche du soleil. On en voit la preuve dans l'expansion et la raréfaction presque inconcevables qu'éprouve la matière lu- mineuse dela comète, vers le temps deson passage au périhélie. » Tout le monde s’accorde à admettre que l’acte dela phos- phorescence indique une décomposition, dans laquelle la lumière au moins est dégagée; mais il n’est nullement improbable qu’il s'échappe en même temps, dans un degré de raréfaction si grand, plusieurs autres substances élastiques volatiles. » Ainsi puisque certainement la lumière, et probablement d’autres fluides subtils s’échappent en grande abondance pendant une période de temps considérable, avant et après l’époque à laquelle la comète s’est trouvée la plus voisine du soleil, je con- sidère le passage de ce corps au périhélie, en quelque sorte comme un acte de consolidation. » Si cette idée étoit admise , elle entraîneroit quelques consé- quences assez intéressantes. Comparons, par exemple, les phé- nomènes qui accompagnèrent la comète de 1807, avec ceux de la comète de 1811. La première à son passage au périhélie étoit à soixante-un millions de milles du soleil ; et sa queue, lorsqu’elle fut la plus longue, occupoit une étendue de neuf millions de milles. Il s’en est fallu de trente.six millions de milles que la comète actuelle à son périhélie, ne s’approchât autant du soleil, et cependant sa queue a été de quatre-vingt-onze millions de milles plus longue que l’autre, La différence de la distance des deux astres à la terre, lorsque ces mesures ont été prises, n’étoit que deux millions de milles. Tome LZXXV II, AOÛT an 1818. 5 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ne pourroit-on pas en conclure que la consolidation de la comète de 1807, lorsqu'elle arriva au périhélie, avoit déjà été’ opérée dans un degré beaucoup plus avancé que celle de la comète de 1811, par quelque approche antérieure sur notre soleil, ou vers quelqu'autre corps céleste, que nous avons lieu de croire de même nature, c’est-à-dire une des étoiles fixes. » Et ce qui rend probable la dépendance des comètes d’autres soleils que du nôtre, c’est que sur le grand nombre de ces astres qui ont été observés, nous n’en connoissons qu'un seul dont le retour soit assujétiaux calculs, et prévu avec certitude. » Puis donc, d'après l’observation, il est prouvé que l’influence du soleil sur la présente comète a été, sans aucune comparaison , plus grande que celle qu'exerca cet astre sur la comète de 1807, et puisqu'on ne peut guère attribuer la différence à quelque ac- croissement notable dans la force rayonnante du soleil, n’avons- nous pas raison de supposer que la matière de la comète actuelle n’avoit que rarement , et peut-être jamais encore, passé à quelque péribélie où elle eût éprouvé une condensation? Il s’ensuivroit que la précédente étoit en quelque sorte plus müre, où d'une date comparativement plus ancienne. » Si l'on rejette l’idée de l’âge , on pourroït avoir recours à: une autre supposition , et dire que la comète actuelle, depuis lé- poque de son premier passage au périhélie, auroit acquis une quan- tité additionnelle de matière phosphorique vague, ou émpérihéliée (si je puis la désigner ainsi), qu'elle auroit recueillie dans sa trajectoire parabolique au travers limmensité de l'espace, et en passant dans des couches étendues de nébulosité. 11 n'est point improbable qu’une petite comète qui auroit déjà quelque solidité dans son noyau, ne pût s'attacher à emporter avec elle quelque portion de cette matière phosphorescente. Je dirois même que d’après la ressemblance parfaite que j'ai observée entre un grand nombre de comètes et les nébuleuses , je regarde comme n'étant point invraisemblable l’idée ,que la matière que ces comèles con- tenoient, appartenoit originairement à une nébulosité. » Il pourroit donc arriver que quelque nébuleuse, dans laquelle celte matière est déjà parvenue à un haut degré de condensation, fût attirée près le corps céleste solaire le plus voisin, et qu'après son premier passage péribélie, sa trajectoire parabolique fût di- rigée vers quelqu'autre corps semblable, et qu’en passant suc- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 135 cessivement de l’un à l’autre, elle atteignit la région de notre soleil , où nous la verrions enfin transformée en comète. » On peut donc attribuer la splendeur de notre petite comète, ou à ce qu’elle étoit sortie depuis peu de temps de sa condition de nébuleuse, ou bien à ce qu’elle s’étoit attachée en passant une certaine quantité de matière nébuleuse, qui s’étoit trouvée voisine de sa trajectoire. Oz verroit dans la première suppo- sition l’origine possible des corps planétaires , et la seconde expliqueroit comment ces corps peuvent s’accroître et arriver pour ainsi dire à une espèce de maturité. Car si l'on admet une fois la possibilité de l'adhésion de la matière nébuleuse au corps d’une comète, qu'est-ce qui nous empêche de croire que cette circonstance peut se rencontrer plus d’une fois ? et dans le cas du mouvement parabolique, le passage d’une comète au travers de régions immenses remplies de cette matière phospho- rique, est en quelque sorte inévitable. » 136 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE APPLICATION DU CALORIQUE, QUI SE PERD DANS LES CHEMINÉES DES TISARDS DES CHAUDIÈRES D’USINES (1), A UN VENTILATEUR ET A UNE ÉTUVE, Propres aux Fabriques de Sirops, de Sucres et d'Indigos; aux Manufactures d Acide sulfurique , de Savons, de Soudes brutes et de Sel de soude; aux Fabriques de Couperoses , d'Aluns , de Potasses, de Salpétres, et à tous autres éta- blissemens où l’on évapore des liquides, et où l’on en dessèche les extraits ; Par M. C. PAJOT DES CHARMES, Ancien Inspecteur des Mines et Manufactures de France, Membre de P'Athénée des Arts, et de plusieurs Sociétés savantes, auteur du Traité du Blanchiment des Toiles, Ouvrage distingué par l'Institut national des Sciences et Arts, et proclamé par son Pré- sident, à la fête du 1e* vendémiaire an 7. AEstuat, ut clausis rapidus fornacibas ignis. 4, Geo. L À Paris, chez l’auteur, rue de la Vieille-Monnaie , n° 22, 1813. EXTRAIT. L'ART de mettre à profit tout le calorique produit par la combustion des corps, soit végétaux, soit fossiles, n’a pas encore fait beaucoup de progrès dans les manufactures à feu ; les personnes que la curiosité attire dans ces établissemens, et (1) Je ferai connoître sous peu les moyens d'employer, par des applications à des opérations particulières , le calorique qui se perd dans les cheminées des fours et fourneaux d’usines. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 137 qui sont douées d’un esprit observateur, ÿ remarquent à cet égard, et avec surprise, de grands défauts d'économie, C’est donc servir l'intérêt des entrepreneurs, et en même temps l’in- térêt public, que d'offrir les fruits de lexpérience acquise à ce sujet. J'ai été assez heureux pour me trouver en posilion de faire des essais utiles sur l'emploi du calorique qui s'échappe par les cheminées des tisards des chaudières d'usines : le ven- tilateur et l’étuve que j'annonce en sont les résultats. Les détails dans lesquels je vais entrer, feront connoître la méthode pro- gressive du perfectionnement de ces deux inventions. $. Ier. Chaudières d’évaporation. Avant de décrire le ventilateur dont il est parlé, il est à propos de donner connoïssance du système d’évaporation auquel 1] a été appliqué, comme aussi des petites précautions qu’exigent , soit la conservation des chaudières qui lui sont propres, soit le gouvernement du feu. Ce système éprouvé remplit parfaitement son but. Trois chaudières le composent pour l’ordinaire ; les noms de préparante, d'évaporante et de réduisante leur sont donnés, d’après l’action que le calorique exerce sur chacune d'elles. La préparante recoit le liquide à la sortie du dépôt ou réservoir; elle méprouve l'effet de la chaleur qu'après que celle-ci s’est plus ou moins épuisée sur les deux chaudières qui la précèdent, et qui, rapprochées l’une de l’autre, viennent se ranger, par l’extré- mité opposée à leur tisard, contre cette même préparante, dans le sens de sa longueur. Les eaux recues dans la préparante, quelle qu’en puisse être la température , servent à alimenter la chaudière dite évaporante, dont , à leur tour, les eaux nourrissent la réduisante. C’est dans cette chaudière de réduction que sont portées, jusqu’à la con- centration requise, les eaux de dissolution des diverses subs- tances salines susceptibles de donner des cristaux, lorsqu’on desire de les obtenir sous cette forme, ou bien on y réduit les mêmes eaux pour en extraire le sel sous la forme concrète. Dans le premier cas, le liquide, parvenu au degré de concentration con- venable, est versé dans des vases de rafraîchissement dits cris- 1allisoirs ; dans le second, les eaux sont réduites, avec une atlention toute particulière, à Ja conduite du feu, soit pour 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, pouvoir enlever au fur et à mesure le sel qui tombe consécu- tivement au fond de la chaudière , une fois que la pellicule qui lui est propre s’est manifestée à la surface du liquide, et qu'il faut rompre pour häter- la précipitation du sel, soit pour em- pêcher ce même sel de s'attacher au fond du vaisseau de réduc- tion. Le mouvement continuel de l’écumoire satisfait à ces deux conditions. Cet instrument est en conséquence promené succes- sivement sur chaque partie du fond de la chaudière, dans le sens de sa longueur ou largeur, et on enlève ensuite, à chacune des extrémités de la partie ainsi remuée, le sel que l’écumoire y a insensiblement ramené. Cette double opération est essen- tiellement recommandée au salinier chargé de la surveillance de ces chaudières; car sa négligence peut être très-funeste à son maître. Si le sel qui est tombé au fond de la chaudière n’est pas enlevé aussitôt , il ne tarde pas à s’y fixer et coller d'une manière tres- intime; dans cet état, si la chaudière est en plomb, elle court graud risque d'être fondue à la place même où est tombé le sel; dès ce moment, toute la liqueur est en danger de fuir et de se perdre dans la cendre du tisard. Si au contraire la chaudière est en cuivre, elle est plus ou moins altérée ou oxidée dans la partie qui se lrouve en contact avec le sel ; elle devient donc, par ce premier accident, plus susceptible d’être percée dans un second travail, et dès-lors elle court la méme chance de la perte des eaux salées soumises à la réduction. Lorsque les eaux dont on extrait le sel sous forme concrète, sont destinées à être réduites en tout ou en partie jusqu’à épui- sement de celles contenues dans leur réservoir , la dernière chau- dière de chaque reprise de leur évaporation doit être réduite à siccité. On sent d'avance avec quelle attention le feu doit être conduit et ménagé lorsque l’eau baisse de plus en plus dans la réduisante; il arrive méme que sur la fin de l'opération, la chaleur seule de la chaudière suffit pour dessécher le peu de pâte visqueuse dont le sel prend la forme dans cette circonstance, et qui est enlevée au fur et à mesure qu’elle peut être soutenue sur l’écumoire. On a soin, pour la conservation des chaudières, d'arrêter Ja réduction toutes les quarante-huit heures au moins. La conduite de cette opération , qui exige la cessalion du transvasement des eaux de l’éyaporante dans la réduisante , soit qu’on fasse cris- talliser les sels, soit qu'ils soient extraits sous forme concrete, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 139 se règle d’après la propriété des substances dissoutes de cristal- > liser à tel degré de concentration, et de se concréter à tel autre. Aussitôt la réduction finie, on doit avoir la plus grande atten- tion de laver et nettoyer chaque réduisante du système d’éva- poration dont on s’est servi. Rien de mieux, lorsqu'elle est vide ; que d'y verser de l’eau pure, dont on frolte, avec un balai un peu rude, toutes les parois de la chaudière, afin de hâter la séparation ou la dissolution du sel qui s’y est attaché; il est infiniment rare de n’y en pas trouver. Lorsqu’après cèt enlèvement de sel, on découvre sur les côtés ou le fond de la réduisante, des petits trous ou des parties dé- gradées, non percées, on y coule de la soudure, si le vaisseau est en plomb mince; si au contraire il est épais de trois, quatre ou six lignes, on remplit les trous découverts avec du plomb fondu : les bords de la partie dégradée sont au préalable chauffés convenablement avec de la braise allumée, et de suite grattés au vif et nettoyés trés-proprement. Lorsque la chaudière est en cuivre, et que son avarie permet de couler dans les trous reconnus quelques grains de soudure , on s’en occupe aussitôt le nettoiement du sel fini, en prenant les mêmes précautions que ci-dessus, pour échauffer à l'avance la partie sujette à réparation. Si la défectuosité du cuivre ne peut être réparée par des grains de soudure, il faut alors se servir de clous ou de pièces du même métal qu'on rapporte et cloue selon le besoin. Dans ce cas, on est obligé de déplacer la chaudière ; si cependant celle-ci est en plomb, et de l’épais- seur au moins de trois lignes, on se dispense de cet enlèvement, en glissant sous la partie malade, entre la chaudière et les barres de fer qui la supportent, une tôle sur laquelle on rapproche et étend , avec le marteau, les lèvres du plomb à souder, toutefois bien avivées et nettoyées, ainsi qu'il a été déjà dit. Cette juxta- position des lèvres de plomb à la tôle, et cette propreté, sont essentiellement recommandées, afin que le plomb neuf chaud qui doit remplir le vide, ne s'échappe pas dans les cendres du Usard, et qu'il s’unisse au vieux plomb, sans vide ni soufllure. Avec un peu de soin, un salinier intelligent répare lui-même ses chaudières , et économise ainsi l'argent et les momens de l'entrepreneur. Au lieu de verser de l’eau pure, ou de petites eaux salées, 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE si l'on en a, pour enlever le sel attaché aux côtés et au fond des réduisantes, des ouvriers, pour êlre plus prompts dans leur besogne, étonnent les parois de ces chaudières avec un mar- teau dont la panne est arrondie , et en frappant doucement et à petits coups redoublés autour du sel , ils parviennent à détacher plus ou moins P'oprement les croûtes qui se sont formées. . Cette méthode peut être bonne, quand on présume que le métal n’est point oxidé; mais si par malheur il se trouvait tel, il est rare que le mal ne devienne pas plus grand par une suite de cette percussion. C’est au maître de l'atelier à ordonner ; selon les cas, le concours du marteau et de l'eau, et quelquefois même du ciseau. Afin d’être plus tranquille sur les différentes soudures faites tant au plomb qu'au cuivre, il est toujours prudent de les cou- vrir soit d’un lut de blanc d'œufs délayé dans de la chaux ou de la craie tamisée, soit de farine de seigle détrempée, soit enfin du lut rouge des chaudronniers : on laisse sécher ces luts bien soigneusement avant de verser dessus de nouvelle eau à évaporer, fournie, comme il a déjà été annoncé, par l'évaporante, qui elle-même est entretenue par la préparante, et ainsi successive- ment jusqu'à ce que les eaux de même nature soient épuisées, si le besoin l'exige, Le nettoiement ou le décroûlage de la chaudière réduisante ne demande, pour l'ordinaire, pas plus d’une heure et demie à deux heures, lorsque l’ouvrier chargé de ce travail important est adroit, exercé et actif. Il ne sauroit, au surplus, être trop attentif, dans toute espèce de cas, à nettoyer au vif le fond des réduisantes : dans cette vue, il ne doit pas balancer à se servir d’une éponge ou d’un vieux linge, avec lesquels il enlève les dernières goulles d’eau, et met ainsi le métal à nu. Ce n'est qu'en s’assurant, de la manière la plus scrupuleuse, de l’état de ces chaudières, qu'on évite les dangers du feu et les pertes des liquides, L'essentiel, de la part du salinier qui réduit des eaux con: centrées, c’est de s'assurer (et l'expérience lui a bientôt donné à ce sujet le tact convenable) que son écumoire, lorsqu'il la promène sur le fond de la réduisante, en touche toujours le métal immédiatement; car aussitôt que celui-ci est engraissé par le sel, ou qu’il n’est point en contact avec le liquide, le sel qui le remplace donne lieu à une concentration de la chaleur qui, ET D'HISTOIRE NATURELLE. T4T qui, s'accumulant, ne tarde pas à oxider ou à fondre le métal, selon qu'il est de plomb ou de cuivre. Si j'ai un peu insisté sur les accidens qui ne surviennent que trop souvent aux chaudières de réduction par le peu de surveil- lance des ouvriers, c’est, d’une part, qu'ils sont presque toujours infiniment préjudiciables aux intérêts des propriétaires ou entre- preneurs d’usines , et que, de l’autre, il n'a paru trés-utile dé donner à ceux-ci connoissance des événemens qu’il importe de prévenir, et auxquels, quand ils sont arrivés, 1l leur convient de parer soit par eux-mêmes, ou par leur contre-maître, pour n'être pas exposés à un chomage plus ou moins long et nuisible, surtout quand leurs établissemens sont éloignés, aimsi qu'ils le sont presque tous, des villes principales de leur arrondissement , et par conséquent qu'ils sont privés, au moment du besoin, du secours des plombiers, chaudronniers, ou autres artisans dont l'aide et les talens leur seroient nécessaires. On saura, au reste, que si, pendant une réduction , On $€ trouvait surpris par une petite fuite de liquide, il y a quelque moÿen de l’arrêter aussitôt qu’on s’en appercoit, ou en augmen- tant le feu, si ce n’est qu’un suintement, ou si c’est un filet ou jet continu, en laissant tomber sur la place soupconnée ma- lade, un peu de cendre, de poussière fine, même du sel sec, si lon n'a pas autre chose sous la main; l’une de ces malières, traversant l'eau contenue dans la chaudière, va boucher sur- le-champ la fente ou le trou d’écoulement , en s'y introduisant. Ce remède, qui n’est toutefois qu'un palliatif, donne au moins le temps soit de terminer la réduction, si déjà elle est avancée, soit de transvaser les eaux , s’il n’est pas possible de continuer le travail sans courir un plus grand danger. Comme, sur la fin d’une réduction, la chaudière qui réduit ne sauroit plus être entretenue par celle évaporante, et que la préparante seule doit fournir le peu d’eau qu’elle contient encore, 1l convient, dans cé cas, que cette dernière chaudière recoive toute la chaleur. Ce changement s'opère à l’aide d’un registre qui ferme la communication de la réduisante à l’évaporante, et un autre registre donne accès à toute la flamme sous la pré- parante. Cette nouvelle direction n’a lieu que lorsqu'il ne reste plus qu’un pouce environ de liquide dans l’évaporante, afin d'en avoir moins à transvaser. La même opérätion ést exécutée , quand on a la même chaudière à réparer ou à renouveler. Quoique. le soin exigé pour le neltoiéement des réduisantes Tome LXXFVII. AOÛT an 1613. 4 142 JOURNAL DE PHYSIQUE , DE. CHIMIE n'ait point élé recommandé pour les évaporantes et préparantes, vu qu'elles ne doivent jamais déposer de sels, néanmoins, à chaque fin d'une reprise de réduction, il est bon de les visiter, parce qu'à la longue il peut s’y déposer des substances étrangères, ou des espèces de marcs qui, par suite, pourroient compromettre les intérêts de l'entrepreneur de l'usine. Leur nettoiement , au surplus, est commandé de rigueur, chaque fois qu’il s’agit d’éva- porer des eaux contenant des sels d’une nature différente de ceux obtenus par la réduction qui a précédé. ; On doit observer que, pour des réductions de liquides à siccité, les tuyaux de chaleur pratiqués sous les chaudières composant le système destiné, à ce genre de travail , ne doivent être dis- tribués que sous leurs fonds. Si au contraire ‘il ne falloit qu'éva- porer etamener les eaux à une concentration pour cristallisation , alors on auroit soin d'établir autour des côtés, ou calendres de ces chaudières, des tuyaux qui y conduiraient la chaleur, après qu'elle auroit produit son effet sur ces mêmes fonds. On prévoit que celte construction particulière exige une plus grande surface de terrain pour l’établissement de ces tuyaux auxiliaires. Il n’est pas nécessaire, pour obtenir les avantages qu’offre ce système de chaudières d'évaporalion, que le combustible se trouve posé sous toute la lougueur de la chaudière réduisante; la moitié seulement du côté de la partie antérieure est réservée au foyer; on évase celui ci à droite et à gauche, de telle sorte que la partie du fond de la chaudière placée dessus, soit disposée, le mieux possible, à recevoir l’action de la flamme du bois ou de la houille brûlante, et dont le calorique tend bientôt à par- courir les tuyaux sur lesquels repose l’autre moitié de cette réduisante, pour se diriger ensuite vers ceux qui recoivent l’éva- porante, et successivement vers ceux qui portent la préparante. En construisant les tuyaux pratiqués tant dessous les culs de ces chaudières, que sur leurs côtés, on doit avoir l'attention non- seulement: de,ne pas leur: donner plus de six à huit pouces de hauteur sur huit à douze pouces de largeur pour ce qui concerne les tuyaux sous les fonds, et six pouces de largeur sur huit à neuf pouces de hauteur pour les tuyaux qui doivent embrasser les pourtours ; mais encore on doit se réserver la faculté de les ramonner aisément, on autrement de les nettoyer avec un rabot. A celte fin, on laisse, à chaque tête de ces tuyaux, une ou- verture convenable et susceplible d’être fermée. à volonté, au moyen d’une ferrasse, d’un bouchon de terre cuite, ou simple- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 143 ment avec des briques, dont alors il suflit que les joints soient plaqués au-dehors d'argile à bâtir, afin que la maconnerie voisine, lors du ramonnage, ne soit pas exposée à être ébranlée, si la fermeture de ces évents étoit plus solide qu’elle n’est proposée. Les mêmes tuyaux de chaleur peuvent servir, au besoin, de récipiens pour les fuliginosités provenant de matières brülées dans les foyers des tisards, et qui sont susceptibles de s’y con- denser pendant leur circulation. J’ai eu occasion, plusieurs fois, de mettre à profit cette espèce d’appareil sublimatoire. Quelle que soit l'épaisseur des fonds des chaudières de ré- duction, tant en plomb qu’en cuivre, il est à propos de les poser sur une plate-forme composée de grilles ou barres de fer d’un pouce carré, placées les unes à côté des autres, et ne faissant, pour ainsi dire, aucun intervalle entre elles; car s’il existe un vide, ne fût-il que d’un pouce, le contact continuel de la flamme, Joint au poids du liquide, ne tarde pas à faire plier le métal ramolli plus ou moins dans cette partie non garnie de barres, et l'espèce de poche qui y est ainsi pratiquée, devient, le plus souvent, la perte des chaudières, par le sel qui y tombe ou qu'y ramène le mouvement de l’écumoire, et qui bientôt se colle au métal. On n'aura pas de peine à concevoir que cela doit être ainsi, puisque cette écumoire, promenée sur le fond des chaudières, ne peut, en passant, enlever le sel tombé dans cette poche. La dépense de ces plate-formes en grilles paroîtra peut-être, au premier coup d'œil, un peu forte; mais le fabricant s’y déci- dera volontiers, pour peu qu’il la compare à toutes celles qu’oc- casionnent la destruction des chaudières, la perte des eaux qu’elles contenoient, celle du temps, etc. Si, au lieu de placer sur le même niveau les trois chaudières de notre système d'évaporation, le terrain permet qu’elles soient élevées lune au-dessus de l'autre par degrés, jusqu’à la prépa- rante, cette position donnera une grande facilité pour le ser- vice des eaux, dont alors on pourra régler à volonté le trans- vasement, au moyen d’une chantepleure. On peut, à la vérité, suppléer par un syphon à éette vertu de position que donneroit un terrain propice; mais la chantepleure ou le robinet est bien à préférer. Ces instrumens exigent beaucoup moins d’attention, et ils économisent Le temps employé à transvaser , avec la poche ou la pelle à rebord ( en métal ou en bois), d'une chaudière à l’autre, quaud celles-ci sont sur le même niveau, et que leurs Ars 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE eaux sont basses. On sait d’ailleurs que, si ces eaux éloïent acides, on emploieroit alors soit des robinets de verre ou de plomb, soit des syphons à soupape de même matière. Au lieu d’un système d’évaporation composé de trois chau- dières, dont une seule, constamment la même, est réduisante, on peut en organiser le service, en telle sorte qu’alternativement l'évaporante fasse les fonctions de réduisante, et celle-ci à son tour soit évaporante ; mais alors il faudra un tisard sous chacune de ces deux chaudières, et la préparante recevra tout à la fois le calorique transmis par ces deux foyers. On peut encore établir ce système sur quatre chaudières, dont la réduisante seule, avec lisard , est accottée de deux éva- porantes ; ces trois chaudières, placées de front, s'appuient sur la préparante qui longe le corps de la cheminée. Ce système ne peut guère convenir qu'à des réductions d’eaux pour obtenir des sels cristallisés; le service de la réduisante seroit trop difficile pour en extraire des sels concrets, J’ai eu aussi occasion de faire exécuter ce dernier système ; mais le local, la facilité du travail, le prix du combustible et l'extension du ecommerce sont ordinairement des motifs qui invitent à adopter l’un ou l’autre de ces modes, ou à lajourner. Quel que soit le combustible dont on fasse usage, on doit veiller à ce que le courant d’air qui se porte à la grille soit vif et uniforme. On parvient à le régulariser ainsi par le moyen d’un évent pratiqué sur l'ouverture de la descente de l’escalier qui conduit au cendrier, et qui se prolonge en avant de la tête de la réduisante. Toute cette ouverture est fermée, sauf l’évent dont il, s'agit, avec de mauvaises tôles plaquées de torchis; ces tôles sont placées sur des barres de fer disposées pour leur objet, . et d’une manière assez solide pour qu’au besoin du service, l’ouvrier puisse marcher dessus en avant de la porte du tisard, et tout autour de ce même évent. Une ferrasse qui fait les fonc- tions de registre, ouvre et ferme plus ou moins l’évent mentionné, d’après le gouvernement qu’exige soit le combustible, soit l’éva- poration du liquide ; c’est aussi par cette même ouverture qu'on peut retirer les braïses du bois, ou les escarbilles de la houille qui, toutes choses égales, chaufle beaucoup mieux que le bois. Si la flamme en est moins longue, la chaleur qu’elle produit est en revanche plus intense. Afin de donner plus d'activité à la flamme de la houille, non- érnrÈne LV'2. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 seulement il faut avoir le soin de l’arroser de temps à autre et de la jeter mouillée dans le tisard , mais on doit encore verser, par intervalle, un sceau d’eau dans le cendrier. La vaporisation considérable qui se détermine sur-le-champ, produit un très- grand dégagement d’oxigène; la flamme en recoit une nouvelle énergie pendant quelques instans. Cette immersion, qui rafraîchit d'autant les parois et le sol du cendrier, contribue aussi à con- server plus frais soit l’air qui afflue à la grille par l’évent dont il a été parlé, soit celui qu'on peut y amener de dehors par un canal particulier. Cet avantage que procure le rafraîchissement du cendrier seroit plus sensible si l’on étoit à portée d'entretenir un courant d’eau sur son sol, ou au moins un bassin plein d’eau qu’on pourroit renouveler de temps en temps, et dans lequel s’éteindroient les escarbilles ou lès braises qui s’échappent à tout moment de la grille du tisard, et dont on la dégage lorsque le bien du service l'exige. C’est surtout pendant l'été, par rapport à la mol- lesse de l'air, que ces secours seroient très-utiles; car pendant l'hiver, et lorsque les nuits d’été sont fraîches, ce besoin ne se fait pas, ou beaucoup moins sentir. Peut-être ne trouvera-t-on pas déplacé d’avertir que lorsqu'on veut allumer de la houille sur une grille de tisard disposée ex- près, il faut préférer de mettre sur les copeaux ou les brindilles de bois avec lesquels on veut l’allumer, de la houille gaëillettée ; c’est ainsi qu’on nomme les morceaux de cette espèce de com: bustible, lorsqu'ils sont à peu près gros comme le poing; ils ne sont que des débris de la houille dite gaillerte, dont des pains pèsent quelquefois plus de cent à cent cinquante livres, Quand cette houille gaillettée est allumée, on la recouvre et charge tout doucement de houille brisée, appelée kouille d'usines, mais, par préférence, non mouillée pour le moment. En pro- cédant avec celte précaution, il est rare qu'un ouvrier, quoique non exercé, n’allume pas son feu. Ce même ouvrier saura encore que lorsqu'il est nécessaire d’éteindre la braise de la houille, ou la houille même, il ma autre chose à faire, sinon que de l'attirer au dehors du tisard, si elle est sur sa grille, et de la laisser tomber sur l’aire du cen- drier, en l'y éparpillant; en cet état, elle s'éteint promptement, sinon, en cas d'urgence, on verse de l’eau dessus. Il ne paroîtra pas non plus inutile de faire observer que lorsqu'on dégage les cendriers de leurs escarbilles, on doit être très-attentif, avant de 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les mettre en dépôt, à ce qu’elles soient bien éteintes , et mieux encore de les arroser soigneusement , surtout lorsqu'on les range en {as dans une cour; car elles sont susceptibles de s’enflimmer par le premier courant d’air qui les frappe, pour peu qu’elles conservent de chaleur interne, et leurs cendres rouges, dispersées par un coup de vent, peuvent produire des incendies : ces sortes d’accidens ne sont par malheur que trop fréquens. Lorsqu'on fait usage de la houille dans une fabrique, l'éco- nomie veut qu’on épluche avec attention les grosses escarbilles, qu’on a soin de rejeter sur le foyer; il est très-rare qu’elles soient entièrement dessoufrées ou converties en coak, surtout si elles sont d’une certaine grosseur, et si elles proviennent de houille grasse sujette à se gonfler par la chaleur, ou de cracher, ain&i que disent les forgerons. Les escarbilles sont en outre em- ployées avec avantage dans les cheminées des maîtres ou des contre-maîtres et des ouvriers. Il n’est pas jusqu’à leurs cendres, proprement dites, qui ne soient excellentes, soit pour les cons- tructions hydrauliques, soit pour étouffer les jones ou les grosses herbes des prés, naturellement trop humides. Comme, en général, on ne sauroit porter trop d'attention à Yéconomie du combustible , on veillera, lors de la construction des tisards, à laisser, vers la place où doit être à peu près posée la grille, plusieurs trous, soit en montant, soit en descendant, pour en recevoir les barreaux. Par ce moyen, lorsqu'il s'agira d’essayer le tirage de ces mêmes tisards, on pourra relever ou abaisser, à l'éloignement reconnu le plus convenable du fond des chaudières, et cette grille et ses supports. Afin d'augmenter non-seulement la célérité de lascension du calorique en expansion dans le tuyau de la cheminée, mais encore l'activité des ventilateurs , tant pour l’évaporation à chaud, que pour celle à froid, dont il sera parlé tout-à-l’heure, on pourra employer, avec le plus grand avantage, le moyen suivant, si la localité le permet. Au tuyau montant de la cheminée de chaque système de nos chaudières d’évaporation, sera adossé un semblable tuyau des- cendant et communiquant jusque dans le cendrier, sous la grille même du tisard, par le canal destiné, au besoin, à faire arriver du dehors de l’air frais. Ce tuyau descendant n’est, comme on voit, que le prolongement du tuyau montant; son objet est de rapporter à la grille , et comme un nouvel aliment, les fumées ET D'HISTOIRE NATURELLE. 149 ou parties volatiles encore susceptibles d’ignition, qui ont échappé à la combustion, et dont le calorique seroit perdu entièrement pour l’usine , sil s'exhaloit dans l’atmosphère sans avoir été soumit à une nouvelle destination. - Des registres placés aux deux trous aspirateurs de l’air chaud et de l’air froid des deux espèces d'évaporations dont il vaêtre question dans le paragraphe suivant, règlent la rapidité de ces deux courans, et le registre, disposé au-dessus de chaque chau- dière préparante dans la cheminée du tisard , règle de son côté la vîtesse de sortie des fumées des combustibles, et par con- séquent le tirage de ce tisard ; il détermine en outre l'abondance de ces mêmes fumées ramenées par le tuyau descendant de la cheminée jusque sous la grille qui doit les aspirer, ou jusqu’à la partie vide laissée en conséquence entre la porte du tisard et cette même grille sur laquelle le courant les dirige, pour étre dévorées par les corps qui s’y trouvent enflammés. On devine de reste combien cette combustion , ainsi régularisée par celte cir- culation continuelle, doit être utile sous les différens rapports auxquels son effet se rattache. Je ne dois pas oublier de faire observer qu'il est nécessaire d'élever sous chaque hotte une séparation entre chaque chau- dière évaporante et réduisante, en-telle manière que la partie solide, au-dessus de chacune d'elles, forme une-sorte de conduit à l'air y arrivant de l'atelier. Gette séparation en forme de cloison, qu'’exige l'application du ventilateur dont on va parler, se trouvé garnie d’une petite porte à coulisse dont l'ouverture facilite le passage des eaux avec la poche, surtout lors des fins des réduc» tions, et en outre si les chaudières sont placées sur le méme niveau. Le bas de cette ouverture qui est pratiquée sur les bords de la réduisante et de l’évaporante, est couvert, dans cet entre- deux, d’un seuil de plomb mince pour empêcher que la filtra- üon et la chute des eaux transvasées, et qui égouttent de la poche, n'aient lieu autre part que dans l’une ou l’autre de ces mêmes chaudières. Il est à propos d’avertir que dans le cas où l’on préféreroit de retirer le sel concret des eaux que l’on évapore, il econviendroit de placer , à huit ou dix pouces de l'extrémité de la réduisantes opposée à celle du tisard, une petite caisse de plomb supportée par un châssis de fer plat posé sur les deux bords de la même chaudière. Celte caisse, qui a huit pouces de largeur , est garnie, seulement sur trois côtés, de rebords en plomb de sept à huit 145 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pouces de hauteur ; elle est destinée à recevoir le sel enlevé par l'écumoire du salinier, et à faciliter, par la pente qui lui est donnée, l'égout des eaux que le sel renferme encore. Sa devanture est garnie d’une petite barre mobile dont les deux bouts, en forme de crochets, empêchent l’écartement des deux joues qui forment rebord; c’est sur cette barre que l’ouvrier frappe avec le manche de son écumoire pour en faire glisser le sel pâteux qui y reste attaché. Lorsque cette caisse est suflisamment pleine, on en porte le sel qui y est déposé, avec une pelle de tôle à rebord, dans une grande caisse en plomb ou en bois qui sert de dépôt provisoire, en attendant que ce sel soit porté à la sé- cherie de l’ézuve , ou bien only porte de suite s’il en est besoin, et si la sécherie elle-même , en état de le recevoir, n’est pas éloignée de l'atelier d'évaporation. Toutefois cette caisse de dépôt doit elle-même être placée en pente, afin que si le sel qui y est porté, y séjournoit quelque temps, il pât encore y égoutter le peu d’eau qu'il recéleroit, et hâter ainsi d'autant sa dessication, lorsqu'il seroit porté dans l’étuve pour y être soumis à l’action du calorique qui y est tamisé. SET V’entilateur. L'atelier dans lequel ce ventilateur a été construit, étoit rempli de chaudières dont l’ensemble composoit un grand système, formé lui-même de plusieurs systèmes particuliers d’évaporation, semblables à celui qui vient d’être décrit. Les brouillards pro- duits par les vapeurs qui s’en élevoient étoient tellement épais , surtout en hiver et dans les temps humides et bas, que l’intérieur en étoit obseurci, au point que le plus souvent les ouvriers avoient peine, non-seulement à se distinguer ou se reconnoître eux-mêmes, mais encore à surveiller leurs ouvrages. D’un autre côté, les ordures lavées et détachées de la charpente par les vapeurs qui S'y condensoient, salissoient dans leur chute soit les eaux des chaudières , soit les matières qui en étoient extraites; . elles abymoient aussi les vétemens des ouvriers, et ceux des curieux. Pour éloigner ces divers inconvéniens , je fis placer sur les chaudières une espèce de hotte en bois léger ; elle s’appuyoit par sa partie supérieure sur le corps de la cheminée des tisards de 7 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 149 de chaque système de ces chaudières, et elle enveloppoit tout le contour de celles-ci comme d'un manteau. On s'étoit réservé la faculté de l'ouvrir au niveau de leurs bords, par le moyen de volets appropriés en conséquence. A l'extrémité supérieure de cette hotte, qui, de la ligne des volets distribués autour de ces chaudières, jusqu’à cette même partie supérieure appuyée contre la cheminée, prenoit une forme pyramidale, s’élevoit un prolongement adossé au mur de la même cheminée; il facilitoit la sortie des vapeurs au dehors, en les conduisant jusqu’au- dessus du toit. Par suite de cette disposition, l'atelier fut promptement purgé e ces nuages de vapeurs, tout-à-la-fois mal saines et mal pro- Pres, qui se dirigeoient d’autant plus vite dans le tuyau extra- ducteur, que Pair environnant y avoit un plus prompt accès; ce qui avoit lieu surtout quand les volets de la hotte placés au- dessus de la gueule des tisards, étoient ouverts sous l’angle con- venable, et que ceux placés sur le côté des chaudières étoient fermés. L'espèce de courant qui s’établissoit alors, balayoit les Vapeurs avec une vitesse étonnante, À cet avantage s'en joignit un autre, dont je sentis toute l'importance ; c’est celui que présentoit cette disposition pour une plus grande évaporation des liquides, puisque je remarquai qu’en vingt-quatre heures il avoit été évaporé un quarante-huitième de la masse de l’eau contenue dans ces mêmes chaudières, en sus du produit de l’évaporation ordinaire obtenue sans cette hotte. Je fais observer ici que ce sera toujours sous ce rapport que devront étre considérées Les diverses expériences dont il va être rendu compte, et qui ont eu lieu dans des chaudières échauffées. La promptitude avec laquelle les vapeurs étoient entraiînées au dehors, ne tarda pas à me faire naître l'idée de les diriger dans le tuyau même de la cheminée des tisards des chaudières. Je prévoyois que le calorique en expansion dans ce tuyau devoit roduire l’effet d’un puissant ventilateur. Voici comment cette idée fut réalisée, Je fis percer le corps de la cheminée dans la partie la plus voisine de l'extrémité inférieure du tuyau de la hotte, conducteur de la vapeur au-dessus du toit de l'atelier, Je fis ensuite boucher ce même tuyau à peu près au niveau de l’ou- verture pratiquée à la cheminée; je fermai tous les volets dis- posés sur le pourtour des chaudières, et je n’ouvris que ceux placés au-dessus de la gueule des tisards. L’effet produit par cet appareil étoit surprenant. La rapidité du courant étoit telle, Tome LXXV II. AOÛT an 1813. V a50 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIMIE qu'uné chandelle ne pouvoit rester allumée un seul instant à Ia tête des chaudières; elle y étoit éteinte aussitôt que présentée. En considérant la vitesse avec laquelle l'air introduit sous cette hotte chassoit vers le tuyau de la cheminée les vapeurs élevées des chaudières, je m’appercçus bientôt que cette nouvelle disposition contribuoit à une augmentation d'évaporation du liquide, puisqu'en vingt - quatre heures, toutes Peel égales d’ailleurs, je trouvai qu’un trente-sixième de la masse du liquide étoit évaporé, soit par le courant d’air qu'attiroit sous la hotte le calorique en expansion dans le tuyau de ia cheminée, soit par l’action du ventilateur même sur les vapeurs, soit par le concours de ces deux moyens. Réfléchissant alors sur la propriété dont jouit un air sec, de se saturer des parties humides avec lesquelles il se trouve en contact, propriété dont effet augmente par le mouvement im- primé à ce même air, je résolus d'essayer à froid ce mode de vaporisation , en l’appliquant au système de nos chaudières placées sur des tisards, mais privées de feu pendant l'expérience. Je im'étudiai donc à produire un contact très-intime de l'air entré sous la hotte, avec la surface du liquide; pour y parvenir, voici l'expédient que j’employai. Au lieu du couvercle élevé et spacieux offert par la hotte décrite ci-dessus , jen fis poser un d'une forme aplatie, à très- peu de distance des bords de l’évaporante et de la réduisante, et sur toute leur longueur ; il se relevoit ensuite en fausse équerre vis-à-vis la cheminée ; il s’inclinoit de là vers le trou d’aspiration du ventilateur, et s’y dirigeoit en prenant une figure pyramidale, à partir de l’angle de cette fausse équerre jusqu'à cette même ouverture, Ce couvercle, très plat, étoit établi en telle sorte, qu'il ne se trouvoit depuis, et au-dessus de la tête du tisard jusqu’au corps montant en fausse équerre , que la pente reconnue indispensable pour qu’en traversant l’espace laissé entre le cou- vercle et la surface du liquide, l'air attiré fût obligé, dans son passage, de lécher, pour ainsi dire, ce même liquide, et de s’en imprégner fortement; de là il devoit suivre la direction pyra- midale de la deuxième partie de ce couverele avant de s’échapper par l'ouverture faite au corps de la cheminée , dans laquelle le calorique en expansion remplissoiticiles fonctions de ventilateur. Afin que la partie plate du couvercle donnât la facilité de réparer les chaudières ou de les renouveler au besoin, son en- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15£ semble étoit construit de manière que sa longueur se composoit de” plusieurs châssis qui se fermoient à feuillures, à Pinstar des vanlaux de portes, et qui éloient en outre susceptibles d’être enlevés au besoin. L'effet que je m'étois promis de cet appareil eut lieu tel que l'avois préjugé, et à mon grand contentement, puisque je re- connus qu'en vingt-quatre heures l’évaporation du liquide con- tenu dans les chaudières, soumis à l’action dissolvante de l'air attiré, avoit été d’un quarantième de la masse. Mais ce ré- sultat , déjà très-avantageux, le devint encore plus par l'addition d’une bascule d’agitation dont le mouvement de va ef vient renouveloit les surfaces du liquide à évaporer. Un mécanisme mu par l'eau, par le vent ou par un cheval, peut, suivant la localité, imprimer ce mouvement. Son effet, obtenu ici par le secours de la main, donne en faveur de notre évaporation à froid, un produit encore assez important, puisqu’en vingt-quatre heures il s’est montré d’un trente - deuxième de la masse à réduire. : J’ai essayé d'appliquer cette bascule d’agitation à l’évaporation du liquide contenu dans les mêmes chaudières chauflées; mais le résultat de cette expérience n’a pas élé autant remarquable que je me l’élois imaginé; il a été tout au plus d’un trentième, Il paroît que le liquide , rafraîchi par son agitation, a été d'autant retardé dans son évaporation. Je réfléchis donc de nouveau sur la propriété que possède si éminemment l'air sec de s'emparer des parties aqueuses avec lesquelles il est mis en contact, mais en considérant toutefois ce liquide évaporable en couches les plus minces possible. A cette fin, je tentai en petit ce qui est pratiqué en grand dans quelques salines de l’est de la France, et dans celles étrangères, au moyen de fagots d’épines dans certaines contrées, et de cordes dans d’autres : les unes et les autres machines censées constamment couvertes d’une simple pellicule de liquide salé, dont la partie aqueuse est dissoute de toutes parts, et continuellement par l'air atmosphérique environnant. Voici donc comment je parvins à imiter cette belle industrie de l'emploi des cordes à l’évaporation des eaux, et à régulariser P à l'évaporation des eaux, et à rég le nouveau mode que j'exécutai en lui associant l’action de mon - ques € ë EE ventilateur. Je remplacai les cordes par des brins d’osier, comme plus capables de résister aux liqueurs soit acides, soit caustiques , Vs 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et comme plus propres en outre à conserver aux surfaces éva= porantes qui en étoient composées, leur première position ver- ticale, et aussi les distänces entre elles qui leur auroient été affectées. D’un autre côté, au lieu d'élever les eaux, comme dans les salines mentionnées, pour les faire tomber ensuite sur les cordes disposées pour l’évaporation, je me servis d’un pro- cédé inverse, c’est-à-dire, que je plongeoiïs mon évaporateur dans le liquide, et le relevois ensuite, tout imbibé qu'il en étoit, pour l’exposer à l’action dissolvante de lair introduit sous le couvercle des chaudières. Cette nouvelle méthode m’ayant mis dans la nécessité de relever les couvercles placés prés de mes chaudières, j’estimai convenable de les fixer à 4 pieds et demi au-dessus des bords, afin que, lors de l'enlèvement de mon évaporateur, il pût y avoir une distance d'environ 3 pieds, susceptible d’être parcourue par le liquide s’échappant tant des brins d’osier placés à claire- voie, que des maillis fins et serrés de, même matière qui les lioient entre eux, et que l'air attiré, en se dirigeant sur les couches liquides restées sur les brins et sur les gouttes qui tom- boient de ces maillis, eût le temps de produire son effet, soit sur les gouttes mêmes pendant la durée de leur chute, soit sur les brins et la surface maillée d’osier, pendant la durée de l’élé- vation de l'instrument. Afin de donner un aperçu des avantages dépendans de cet évaporateur soumis à la ventilation produite par le calorique en expansion dans le tuyau de notre cheminée, il suffira ‘de dire, 1° que le résultat de l’expérience faite à froid, au-dessus dun bassin de huit pieds sur quatre, et contenant huit pouces de liquide, comme dans les expériences précédentes, a donné, en vingt-quatre heures, une évaporation du dix-neuvième de la masse ; 20 que la même quantité de liquide évaporée par le même moyen, dans le même vase échauffé seulement par son fond, a été réduite d’un douzième pendant la même durée de vingt-quatre heures. On remarquera que la température de la liqueur, dans le second cas, ne s'est pas élevée au-delà de 60 degrés Réaumur. En adoptant donc à la face opposée d’un corps de cheminée de chaudières évaporantes par la chaleur, un système de chau- dières semblables évaporantes à froid , d’après notre appareil de hotte et d’évaporateur, il est facile de se rendre compte à l'avance, au moins par approximation, des avantages attachés à cette — _— * ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1b3 réunion. Qui ne voit, au surplus, que, par suite de l’évapo- ration à froid, on obtiendra une première concentration du liquide, lequel, transvasé dans les chaudières évaporantes à chaud , disposées de la même manière que celles à froid , donnera son produit dans un espace de temps nécessairement très-court, comparé à celui qu’auraient exigé les méthodes ordinaires ? À ‘cette économie de temps, qui est la plus précieuse, puis- qu’elle est la source de toutes les autres, savoir, l'économie du combustible, celle des bras, etc., se joignent les avantages ré- sultans de l'application du couvercle au-dessus des chaudières, et qui consistent dans la propreté et la salubrité de l'atelier. Ces accessoires, on ne l’ignore pas, ont la plus grande influence sur la qualité des produits d’une usine. L'ouverture à pratiquer au corps de la cheminée, ne doit pas l'être indifféremment; celle qui a donné lieu au ventilateur que nous examinons ici dans tous ses détails, a été arrêtée d’après la connoissance du degré de chaleur du corps même de la che- minée à son extérieur, son épaisseur prise toutefois en consi- dération, Dans l'application dont il s’agit ici, ouverture de la cheminée a été déterminée à douze pieds du bas du tisard de la réduisante ; c’étoit la hauteur mitoyenne entre ce même tisard et l’extrémité supérieure de la cheminée au-dessus du toit. Le thermomètre selon Réaumur , placé en cet endroit, et en con- act avec le mur de la cheminée, épais de 8 pouces, indiquoit plus de 8o degrés. Le trou aspirateur du côté des chaudières évaporantes à froid adossées à la face opposée du corps de la même cheminée, étoit percé à trois pieds au-dessus de la ventouse qui se trouvoit du côté des chaudières échauffées. A ces diverses élévations, le Jeu de ces deux espèces de pompes aspirantes ne présentait aucun danger du feu, ni pour l'atelier, ni pour les hottes qui, par pré- Caution, étoient enduites d’une légère couche de plâtre, dans une longueur de 2 à 3 pieds en contre-bas. Onobservera que la force raréfiante du calorique qui s'échappe, détermine naturellement la vîtesse de Pair attiré sous la hotte et le couvercle des chaudiéres. Le produit de la vaporisation en suit donc les rapports; les autres données restant les mêmes. La longueur de la flamme du combustible doit aussi être con- sidérée. Pour chauffer les chaudières qui étoient ici mises en expérience, on faisoit usage du bois connu sous le nom de v4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE charbonnage, c’est-à-dire de celui destiné à être converti en charbons. Ce bois étoit mêlé par moitié avec celui qu’on appelle marlot dans les forêts ; c'est ordinairement la bâche, ou le bois de quartier des chantiers de Paris, coupé en deux. On brûloit aussi parfois des bourrées, espèce de fagots composés de brin- dilles ou sommités de branches d’arbres. Quoique les volets placés sur les côtés des chaudières et au- dessus de la tête des tisards aient élé annoncés devoir être à charnière, on peut néanmoins leur substituer des volets à cou- lisses. Des jalousies $eroient peut-être encore plus avantageuses, en ce qu’elles donneroient la facilité de distribuer le courant d’air d’une manière très-convenable pour la plus prompte éva- poration du liquide. J'ai essayé, à différentes reprises, d'ouvrir les volets de la hotte qui touchent le corps de la cheminée, concurremment avec ceux placés au-dessus des tisards; j'avois pensé que l’action commune des deux courans d'air introduits à la fois, auroit produit une évaporation plus considérable; mon espoir a été décu, en ce que l'air, arrivant le long du mur de la cheminée, paroissoit nuire à la célérité de celui attiré sur la ligue du tisard. Il n’est pas inutile de noter que la température ordinaire de l'atelier où l’on avoit disposé le système des chaudières éva- porantes à chaud, étoit de 15 à 20 degrés Réaumur, et celle observée dans l'atelier opposé, dans lequel étoient placées les . chaudières évaporautes à froid, se trouvoit à peu près de 25 degrés. Cette dernière température éloit produite par le calo- rique tamisé à travers le corps de la cheminée, et plus sujet à concentration dans le second local, vu qu’il étoit beaucoup moins spacieux que le premier. Je dois faire observer que, dans le cas où l’on se décideroit à retirer, sous la forme cristalline, les sels contenus dans les eaux soumises à l’évaporation, la caisse à égoutter les sels retirés sous forme concrète, doit être enlevée , afin que l’on ne soit pas gêné dans le service de notre évaporateur affecté à la réduisante. Le placement de cette caisse et de son châssis sur le travers de cette chaudière, sera disposé en conséquence, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15 8S TT. Bascule d'agitation. Cet instrument a été employé construit de deux manières: le premier modèle étoit composé d’un châssis en bois figuré en forme de marteau ; à chaque bout de sa traverse étoient fixées des roulettes, soit une seule avec épaulement et languette, soit deux réunies, dont une horizontale et une verticale, l’une et l’autre libres dans leurs chapes. Dans le premier emploi, la roulette cheminoit sur son épau- lement, et sa languette, qui l'empéchoit de dévier, entroit dans une rainure, À l'égard des deux roulettes placées dans le même corps de chape, celle verticale servoit à l'allée etvenue du châssis, et la roulette horizontale s’'opposoit à sa déviation. La queue du châssis étoit dirigée dans sa course sur un petit rouleau placé entre deux tiges qui empêchoient l’écartement du châssis. La queue de celui-ci portoit sur sa longueur quatre agitateurs , doët l’un jouoit dans la chaudière dite préparante, et les trois autres dans celle nommée réduisante ou celle évapo- rante. On a vu plus haut les fonctions propres à chacune de ces chaudières. Les doigts de-ces agitateurs peuvent être ronds ou carrés ; sous cette dernière forme, ils présentent leurs angles au liquide qu'ils doivent agiter. Leur longueur ici est d’environ six à sept pouces; ils ne doivent jamais toucher le fond des chau- dières ; ils sont disposés seulement pour imprimer un mouvement de va et vient, ou d’agitation à droite et à gauche à la surface du liquide:, qui se-met ainsi en contact avec l'air attiré par le calorique , faisant les fonctions de ventilateur, qui s'échappe continuellement par le tuyau de cheminée des tisards des chau- dières. On a soin que les doigts de l’agitateur , au lieu de garnir toute la longueur de sa traverse, fixée à la queue du châssis de la Bascule , n’en garnisse qu’une partie, c’est-à-dire, qu'un agita- teur sera garni de doigts aux deux extrémités, et le suivant seulement dans son milieu, ainsi que les autres agitateurs, en alternant. Un petit rouleau placé au-dessus de la queue du châssis, et à peu près dans le milieu de sa longueur, se trouve garni d’une 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE appendice armée d’un secteur dont la dentelure joue dans une petite crémaillère adaptée à cette queue, ou bien il est tout simplement garni à son extrémité d’une espèce de fourchette dans laquelle entre librement un tenon fixé sur la queue de ce même châssis. L’axe de ce rouleau, d’un côté, joue dans la cloison déjà mentionnéé , laquelle sépare les deux chaudières; de l’autre, il déborde la réduisante , et c’est à cette extrémité que se trouve adapté un balancier dont le mouvement alternatif de bascule fait marcher le châssis dans la direction donnée à l'appendice, qui, à son tour, fait jouer à droite et à gauche ou la crémaillère, ou la fourchette dont il a été parlé, et, par conséquent, contribue ainsi à faire agiter le liquide, et à en renouveler la surface, d’après la vitesse imprimée à ce même balancier. Le second modèle de bascule d’agitation est composé seule- ment d’une traverse en bois fixée dans le milieu de la longueur de la chaudière évaporante ou réduisante, tant sur son bord au-dessus de la ligne du tisard, que sur celui qui la sépare de Ja préparante. La longueur de cette traverse est ensuite garnie, aux places convenables, de quatre agitateurs disposés de même que ceux du premier modèle, à l’exception que dans le second 11s sont mobiles autour d’une cheville qui les assemble à la tra- verse, tandis que ceux du premier sont fixes, n’étant susceptibles d'aucun mouvement sur eux-mêmes. Un tirant lie chaque agi tateur l’un à l’autre, de telle sorte que celui qui er mou- vement le communique aussitôt à ceux qui le précèdent ou le suivent, ñ Un levier du premier genre sert à imprimer le mouvement ; une cheville qui le pénètre et qui est placée sur la traverse, à peu près vers le milieu de sa longueur, lui sert de point d’appni; il a son point de résistance plus ou moins près de l’extrémité de l'agitateur. Un doigt plus élevé, et qui est placé à l’endroit le plus convenable pour recevoir le bout du levier du côté du bras le plus court, lui en tient lieu. Au moyen de ce petit méca- nisme, le mouyement imprimé, soit à droite, soit à gauche, au grand bras de levier qui déborde la chaudière, est propagé de suite au petit bras de ce levier, et par celui-ci aux agitateurs, à l’aide des quatre tirans dont il a été parlé. Ces deux bascules d’agitation remplissent très bien leur objet, et d'autant mieux, que te moteur quel qu'il soit, agit plus vîte sur le grand bras de levier de l’une, et le balancier de l'autre. Les Ls 2: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 Les agitateurs étant dans le cas d’être enlevés, soit lors de la réduction des eaux, soit lors de la réparation des chaudières, on a toute facilité; le levier et le petit rouleau ne présentent aucun obstacle à leur dégagement, pour peu qu’on se rende compte de leur position et de leur jeu. Les agitateurs de la première bascule ne sont retenus dans leur milieu que par un boulon à vis ou ane clavette qui les fixe à la queue du châssis; les agitateurs dela seconde bascule, mobiles sur eux-mêmes dans Je milieu de leur longtieur , sont aussi facilement séparés du châssis qui les assemble, en enlevant la vis ou la clavette du boulon autour duquel ils se meuvent; leurs tirans peuvent être déplacés encore {rès-aisément, puisque l'anneau de leurs extrémités est simplement pénétré par un piton fixé à chaque bout de la branche des agitateurs. Les traverses auxquelles les uns et les autres us- tensiles s'adaptent, se trouvant ainsi dégagées, il ne se présente plus de difficulté pour les sortir de dessous la hotte, ou les re- lever et attacher à son couvercle. Dans le premier cas, il ne s'agit que d'ouvrir les volets qui se trouvent sur les côtés de chaque chaudière. Le peu de force qu'exige le mouvement à communiquer à ces bascules, laisse assez pressentir qu’au besoin, le même moteur pourroit faire mouvoir les deux instrumens de cette espèee né- cessaires au service de chaque système d’évaporation; la réunion des deux bascules seroit faite alors de manière à ce qu’elles recussent une impulsion commune, S IV. Évaporateur. Soit un châssis en bois léger de quatre pouces moins long et moins large que le bassin ou la chaudière dans lesquels 11 doit être plongé. Sur son pourtour seront fixées quatre claies d’osier blanc, dont les brins, de trois à quatre lignes de diamètre, auront en longueur quelques pouces de plus que la profondeur des vases évaporatoires. Ces brins seront éloignés lun de l’autre d’environ un pouce et demi, et maintenus dans cet écartement, soit en haut, soit en bas, par plusieurs liens d’osier : la partie supérieure sera maillée d’osier fin et serré, dans une longueur d’un pouce et demi en contre-bas; celle inférieure sera de même entrelacée avec un pareil osier, au moins dans la longueur de Tome LXXV/II. AOÛT an 1813. X +58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE six pouces en contre-haut; la partie intermédiaire restera en claire-voie. Ces quatre claies seront aussi liées avec de l’osier, sur leur quatre angles de réunion, autour du châssis ; elles ne font alors avec ce dernier qu’un seul tout. Sur les longs côtés, censés vus de champ, de ce châssis, seront pratiquées, à un pouce et demi l’une de l’autre, des en- tailles propres à recevoir chacune un des bouts de la barre d'assemblage d'autant de clayons aussi en osier, et dont les brins, de pareille grosseur que ceux déjà mentiônnés, seront écartés de même, et arrêtés haut et bas, ainsi qu’il a déjà été dit, en observant le même espace laissé en claire-voie. Afin que les clayons intérieurs au châssis conservent leur égale distance entre eux, ils y seront maintenus à leur extrémité inférieure par un ou deux brins d’osier, ou par un fil de fer enveloppé de toile, suivant la nature des”liquides à évaporer. Par cette attache, ils se trouvent faire corps avec les petites claies fixées à chaque extrémité de la longueur du châssis; ils sont en outre empêchés de sortir des entailles qui reçoivent leurs barres d'assemblage, d’un côté par l'application d’une traverse posée sur l'extrémité de ces mêmes barres; de l’autre, par de petits tourniquets posés sur chaque entaille; ce qui donne la liberté de retirer séparé- mentéchacun de ces mêmes clayons, soit pour les réparer, soit pour les renouveler. La pose des claies sur le pourtour du châssis doit être faite avec la même précaution, et de telle sorte que la partie en claire-voie ne soit ni plus haute, ni plus basse que celle des clayons assujétis en leur place. Sur chaque angle du châssis, ou à une distance de ses petits côtés, raisonnée toutefois par rapport à l'équilibre, est posé un anneau auquel est attachée une corde. Celles qui s’élèvent des deux anneaux fixés en regard sur les deux longs côtés, sont assemblées et nouées de manière à former vers le nœud, et, en prenant pour base l’entre-deux des canaux, le sommet d'un triangle plus ou moins obtus, d’après l'espace libre qui se trouve au-dessus des vaisseaux d’évaporation. De ce nœud sort une corde qui est passée sur des poulies placées convenablement, et à l'aide desquelles, et moyennant deux semblables cordes auxquelles est attaché ce châssis, on élève et abaisse ce même châssis garni de ses claies et clayons. Dans ce cas, une personne s’exerce sur chaque corde, presque toujours Fe éloignées l’une de l’autre our pouvoir être manœuvrées par le même individu. Maïs si atelier en donne la facilité, les deux cordes provenant de leur ET D'HISTOIRE NATURELLE. 150 ñœud respectif sont, à la sortie des poulies dévidées autour d’un rouleau armé d’un rochet avec son déclit, plus d’une poignée à manivelle. Ce rouleau doit être fixé à hauteur commode, soit en tête du tisard, sur la ligne commune à l’évaporante et à la réduisante, soit sur la ligne de séparation de ces deux chau- dières d’avec celle préparante. D’après cette dernière disposition, il est visible qu’un seul ouvrier peut suflire à la manœuvre du châssis, L'appareil ainsi préparé, voici la manière de s’en servir. Supposons d’abord le châssis élevé à la hauteur de quatre pieds et demi environ au-dessus du vase contenant le liquide à évaporer; si le local permet une plus grande élévation du châssis sans craindre les éclaboussures du liquide hors de ce vase, on doit la préférer. Supposons encore huit pouces de liquide dans le même vase qui est ici censé de forme quadrilatère rectangle et à fond plat, on descend, soit à la main, soit par le moyen du rouleau , le châssis garni de son armure jusqu'à ce que celle-ci touche le fond du bassin ou vaisseau d’évaporation; on relève un moment après ce châssis , à la hauteur d’où il a été descendu, et on l’y laisse s’égoutter du liquide dont la surface de ses claies et clayons s’est plus ou moins mmbibée. L'égouttage fini, on re- commence limmersion, et on relève de nouveau le châssis. Cette même manœuvre se répète successivement, soit pour l’éva- poration à froid, soit pour celle à chaud. La seule différence à l'égard des immersions faites dans des liquides échauflés, c'est d’attendre non-seulement qu’il ne tombe plus de gouttes d'eau du châssis, mais encore qu’il ne s’y montre plus de fumée a] de vapeur aqueuse. Supposons maintenant que les immersions aient été renou- velées pendant un temps donné ; ce temps expiré, on s’appercevra, 10 que l’eau qui éloit contenue dans le vase au-dessus duquel on a opéré, a diminué de hauteur, d’une manière très-sensible ; 2° que l’eau restante, si elle est salée, a acquis plusieurs degrés de concentration. On ne peut dire ni la quantité de liquide qui sera évaporée, ni le nombre de degrés de concentration qui seront acquis. Ces deux produits sont dépendans, quant à lévaporation faite à froid au- dessus de vases non échaufiés, des dimensions de ces mêmes vases, du degré qu’a la liqueur au moment où le ventilateur commence à s'exercer sur elle, de la sécheresse et de la vîtesse X 2 160 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que peut recevoir l'air ambiant, et en outre de l'attention de l’ouvrier chargé des immersions; et pour l'évaporation à chaud, non-seulement des moyens ci-dessus énoncés, mails encore du gouvernement du feu, toutes choses restant égales pour ces deux méthodes. & Il est bon d'observer que si les liquides soumis à lévaporation ne sont pas de nature acide ou corrosive, au lieu L brins d’osier dont se compose ici notre évaporateur, il paroîtroit plus avantageux qu’il fût formé avec des cordes, soit liées les unes aux autres et le plus près possible, à l'instar des cordelières de blason, soit entrelacées de distance en distance, à la manière des ouvrages de vannerie, pour empêcher qu’elles ne se pelotent* et ne se mélent dans leur service. Ces diverses ligatures, de même que celles conseillées pour les évaporateurs en osier, sont des plus utiles pour modérer la descente des liquides, et les tenir plus long-temps exposés au contact de l’air extérieur attiré par le ventilateur. 7 Un avantage particulier que donne l'emploi des cordes, c'est de conserver plus long-temps que l’osier l'eau dont elles sont ïm- préguées; leurs hélices favorisent cette conservation : à cel avan- tage les cordes en joignent un autre qui offre aussi son intérêt, celui d’être susceptible d’une longueur double au moins des brins d’osier recommandés plus haut, ou, autrement, d’une longueur double de la profondeur des vaisseaux évaporatoires, la flexibilité des cordes permettant immersion d’une plus grande surface dans la liqueur; d’où il suit, eu égard à nos chaudières et à toutes autres, une plus prompte évaporation dans le même temps. Quant aux usines dont les chaudières sont trop éloignées des corps de cheminées, ou dont la construction ne comporteroit pas, sans des dépenses extraordinaires, lapplication de notre ventilateur, rien n'empêchera, sans doute, qu’on fasse usage de notre évaporateur. L'air ambiant dans l'atelier n’exercera pas moins son action sur les surfaces des claies ou des cordes dont il sera composé. Moins borné pour son jeu que s'il éloit renfermé sous une hotte, l’ouvrier sera vraisemblablement le maître d'élever cet instrument à une hauteur beaucoup plus grande au-dessus des chaudières, et de procurer ainsi au liquide qui égouttera , plus d'espace à parcourir dans sa chute, On ne pourroit donc, d’après cet emploi, obtenir, dans le même ET D'HISTOIRE NATURELLE: 10€ temps, et toutes choses égales, qu’une plus forte et plus prompte évaporation. Au fur et à mesure que la réduction des eaux s’avance, les entrelas, soit en osier, soit en cordes, de notre évaporateur, retiennent des sels qui ne peuvent être dissous par les mêmes eaux, de plus en plus concentrées. Lorsque la réduction est finie, et que les chaudières ont été remplies d’un nouveau liquide à évaporer, il sufhit d’une première immersion plus ou moins prolongée de ces instrumens dans les nouvelles eaux, pour qu'ils soient nettoyés de toutes les substances salines dont ils peuvent se trouver encroûtés. Pour tirer tout le parti possible de notre évaporateur, soit en osier, soit en cordes, on peut en faire l’application, soit aux bassins qui servent de dépôt provisoire, soit aux réservoirs des eaux de dissolutions ou de lessives des diverses substances sa- lines, si toutefois ils sont placés de manière à pouvoir en faire usage. Quelle que soit l’évaporation résultante de l’emploi de l’un oude l’autre instrument, elle ne pourra qu’accélérer d’autant la concentration de ces liquides, lors de leur passage successif dans les diflérentes chaudières dépendantes de notre système. S V. Étuve. L’étuve dont je vais donner la description a été exécutée avec succès dans la manufacture des glaces de Saint-Gobain, et aussi à Soissons; elle avoit été destinée particulièrement à la dessication des substances salines extraites de chaudières de réduction dont ilaété parlé au paragraphe premier. La disposition de la chambre où cette étuve a été formée à Soissons, étoit telle, que les chau- dières se trouvoient placées précisément au-dessous ; ce qui mettoit à portée de profiter du calorique en excès sortant des tisards, et qui se perdoit dans le tuyau de leurs cheminées. Pour diriger ce calorique dans la chambre à étuve, j'établis, sur le carrelage, plusieurs conduits de chaleur adossés les uns aux autres, et se communiquant, par leurs extrémités ouvertes, d’une manière utile à leur objet. Un premier conduit faisant suite au tuyau de la cheminée dont l'issue au dehors étoit con- damnée à l'endroit le plus coveae par un registre, recevoit le calorique exhalé des tisards dés chaudières, et se commu 163 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CYIMIE niquoit successivement aux conduits intermédiaires jusqu’au der4 nier, qui rendoit à la même cheminée au-dessus du registre indiqué, le peu de-calorique que les divers espaces parcourus n'avoient.pas eu le temps d’absorber ni tamiser. Les registres d’entrée et de sortie servoient à gouverner la température de cette étuve, suivant les besoins. On avoit jugé à propos de la fixer entre 30 et 35° de Réaumur, d’après l’ex- périence qu’à ces degrès les substances salines, bien égouttées à l'avance, soit dans la chaudière d’où elles avoient été retirées, soit dans la caisse de dépôt provisoire, ne tardoient pas à y obtenir une dessication complète, et qu’en outre les ouvriers attachés au service de cette étuve pouvoient se livrer aux soins qu'elle exigeoit, sans être trop fatigués, pendant le peu de temps qu'ils y consacroient, à différens intervalles, soit par la chaleur humide du local, produite par l'évaporation de la petite quantité d’eau que contenoient les matières mises à sécher, soit par l'air raréfié qu’on respiroit, quand ces mêmes matières étoient parz venues à leur entière dessication, et au moment où on les re- tiroit de la sécherie. Peux ventouses pratiquées au plafond de la chambre pouvoient corriger celte atmosphère : sa modification ou son renouvellement éloil d’ailleurs facile, soit par l'ouverture totale ou partielle des fenêtres et de la porte, soit par l’ouverture des différens évents ratiqués tant aux fenêtres elles-mêmes que dans la cloison ou e mur qui leur étoit opposé, Quoiqu’ici la chambre destinée pour étuve soit placée au-dessus des chaudières, rien ne s’oppose à ce qu’elle soit établie der: rière, ou à côté d'elles, La sécherie pratiquée à Saint-Gobain étoit attenante au mur de leurs cheminées, et elle se trouvoit au même niveau, c’est-à-dire sur le sol de Patelier. La dispo- silion, dans l’un et dans l’autre cas, présente les mêmes facilités, puisque, par le fait, les conduits de Ja chaleur qu’il s’agit d'é- tablir ne présentent que des tuyaux de cheminée horizontaux, au lieu d’être verticaux, ainsi qu’ils le sont tous plus ou moins pour l'ordinaire. La seule chose qui doit décider l'entrepreneur, c’est la facilité que peut lui donner le local; car l’étuve, placée à côté et derrière les chaudières, offre non-seulement plus d’éco- nomie, puisqu'à la suite des tisards il n'y a que des conduits horizontaux à construire, mais encore que le calorique qui y arrive plus tôt, et sans se miner pendant sa route, dans des conduits verticaux, comme il arrive quand l’étuve est placée dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 163 une chambre au-dessus des chaudières , doit nécessairement pro- duire un plus prompt eflet. Il est impossible de faire connoître le bénéfice que doit pro- curer une étuve construite d'après les principes que l’on vient de poser; il tient à différentes causes susceptibles d’être plus ou moins modifiées par la localité et par le commerce des en- trepreneurs de fabriques, intéressés à add péion de ces ateliers particuliers ; il me suflira d'annoncer que l’économie résultante de la sécherie établie, soit à Saint-Gobain, soit à Soissons, Res un avantage de cinq mille francs par an sur le com- bustible. On peut construire des tuyaux de chaleur pour étuve de plu- sieurs manières, soit avec des briques, soit avec des pierres tendres ou dures, nimporte, suivant l’avantage que le pays offre à cet égard. Cependant il convient que la partie des conduits qui donne entrée au calorique soit construite en briques par ‘préférence, autant que possible, et au moins dans une longueur de deux à trois pieds. Cette précaution inspire plus de tran- quillité sur le danger du feu et aussi sous le rapport de la cal- cination de la partie du conduit attenant à la cheminée. En ce qui concerne les proportions dans lesquelles doivent être établis les conduits de chaleur, elles ne sauroient être de plus d’un pied de largeur sur dix-huit pouces de hauteur. Ceux ‘construits à Soissons étoient réglés d’après ces dimensions, et ceux construits à Saint-Gobain n’avoient que huit pouces de largeur sur douze pouces de hauteur, le tout dans œuvre. Ces diverses proportions doivent être déterminées d’après le volume de calorique que les conduits doivent recevoir, la nature des objets à sécher, la grandeur de l'emplacement de l'étuve, la commodité du service, et aussi le genre de couverture adopté pour les conduits etc. Quant à ce dernier point, la couverture, si la distance entre les petits murs de séparation des conduits est déterminée au- ‘delà de la longueur des briques ou tuiles ordinaires, alors on les couvre avec des faitières coupées dans leurs plis, sinon on compose des tuiles ou des briques tout exprès, à moins que l’on ne croie pouvoir les suppléer par des dalles en pierre dure ‘d’une épaisseur convenable. Toujours est-il bien, dans ces divers cas, que la couverture soit doublée par un second rang qui coupe les joints du premier. On veille alors à ce que les deux 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rangs pris ensemble, quel que soit leur mélange de dalles, de tuiles ou de briques, ne fassent pas trop d’épaisseur, afin que la plate-forme que leur en$emble établit, quoique les matières dont elle se compose soient peu conductrices de la chaleur, en laisse néanmoins tamiser suffisamment, et qu’elle en reste elle- même imprégnée, pour opérer comme il faut, la dessication des substances qui lui sont soumises immédiatement, ou qui sont disposées à telles hauteurs ou places avantageuses dans l'étuve. LL Ces sortes de couvertures en terre cuite ou en dalles, ne peuvent être employées toutefois qu'autant qu'une chaleur de trente degrés Réaumur est suflisante, et que la substance mise à sécher sur la plate-forme seroit susceptible d’être altérée par son contact avec une. plate-forme en métal. Si au contraire le métal ne peut être nuisible, et si, d'autre part, on a besoin d’une haute température et d’une dessication prompte, c’est le cas de faire usage de couverture en fer, à laquelle on peut com- muniquer une chaleur de cinquante à soixante degrés Réaumur. Quant à cette dernière couverture, des feuilles de tôle épaisse, ou des plaques de fonte, sont très-propres au double service auquel elles sont destinées; les plaques néanmoins sont préfé- rables, tant parce qu’elles peuvent diflicilement se tourmenter, même par une grande chaleur, que par la forte épaisseur qu’on peut leur donner, qui conserve plus long-temps le calorique qu'elles ont absorbé, par le moindre nombre des joints qu’elles présentent dans leur placement, par le peu de valeur, et aussi par la facilité qu’elles donnent au remuage des matières étendues sur elles, à raison de leur surface unie, dure et susceptible de recevoir, presque sans danger de la casse, ou d’autre dégra- dation, les chocs des ontils propres à détacher ces mêmes ma- ières que, par suite de leur humidité, la surprise de la chaleur y a pu fixer ou coller. Les étuves de cette espèce que j'ai fait construire, étoient couvertes avec des plaques de fonte; leur joint étoit fermé au- dessous par une bande de fer plat ou de tôle, enduite d’argile jaune détrempée, et sur laquelle reposoient, à demi-largeur, deux plaques rapprochées le plus près possible l’une de l’autre. C’est ainsi que l’on évitoit l’inconvénient de la solution de con- tinuité par rapport aux matières plus ou moins étendues sur la plate-forme, et qui auroient pu couler entre deux, soit par la quantité d’eau qu’elles auroïent pu encore recéler, soit par l'effet ET D'HISTOIRE NATURELLE. 165 l'effet d’une fusion aqueuse. Je n’ai pas éprouvé cet inconvénient des joints avec des couvertures en dalles que je faisois rap- procher intimement par le moyen des feuillures pratiquées à moitié de leur épaisseur. l Si l'on considère la disposition extérieure de ces sortes de couvertures en métal, et le calorique qu’elles laissent écouler abondamment, vu qu’elles en sont un bon conducteur, on ap- précie bientôt leur utilité, par l'application qu’on peut en faire à la dessication d’une infinité de substances, soit que le métal les touche immédiatement, soit qu’elles soient placées dans une partie quelconque, haute ou basse, de létuve. Le service est susceptible, comme on la vu, d’être réglé selon qu’il est né- cessaire, . Lorsqu'on envisage en outre le parti qu’on peut tirer de la disposition intérieure de ces conduits, on ne tarde pas à re- connoître, ainsi que je l'ai déjà laissé entrevoir plus haut, tout l'avantage qu’elle présente pour la circulation et le dépôt de certaines substances douées de la propriété de se sublimer et de s'attacher aux parois de ces sortes de récipiens, selon leur nature plus ou moins volatile, et qu'elles sont plus aptes à se condenser par le refroidissement insensible que produit la dé- gradation La chaleur opérée dans les mêmes conduits, depuis celui qui la recoit, jusqu'à celui qui la rend, pour ainsi dire, anéanlie. J’ai eu occasion de me servir de cette espèce d'appareil: pe plusieurs expériences de ce genre, notamment pour la fa- rication du uriate d'ammoniaque, du sulfate ammonia- cal, etc., je ferai connoître plus tard lesrésultats de mes différens essais avec le secours de ces mêmes conduits. On a vu qu'au plafond de cette étuve se trouvoient pratiquées deux ventouses par lesquelles s’échappoit l'air plus ou moins 1m- prégré des vapeurs aqueuses des matières mises à sécher; au ieu de perdre le calorique dont est imbu cet air humide, il seroit possible d’en profiter pour le service d’ateliers particuliers disposés au-dessus ou à côté de l’étuve; il est mainte circons- tance où une chaleur humide seroit nécessaire. Rien de ce qui présente un avantage quelconque ne doit être indifférent à un entrepreneur actif, intelligent, et qui calcule ; il sait, par l’ex- périence journalière, qu’il n'y a pas de petite économie à rejeter dans une fabrique; qu'il va de son intérêt, et du succès de ses spéculations bien entendues, d’essayer toute la série des res- sources que lui offrent les différentes opérations principales qui - Tome LXXVII. AOÛT an 1815, »4 x66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l’occupent, et que les accessoires, conduites avec prudence, sont suflisantes quelquefois pour l’indemniser des frais que comporte le roulis de son établissement. Quoiqu’on m’ait indiqué que-trois manières de couvrir les conduits de chaleur des étuves, savoir, avec des briques ou tuiles , avec des dalles de pierre, et avec des tôles ou des plaques de fonte, il seroit parfois convenable, selon les matières à dessé- cher, de composer les couvertures moitié en plaques de fonte ou en feuilles de tôle, et moitié en briques, carreaux, ou en dalles qui seroient posées sur les premières. On obtiendroit de cette réunion, une température mitoyenne entre celle produite par l'usage des couvertures métalliques, et celle que donne la terre cuite seule ou la dalle de pierre dure. L’entrepreneur devra donc adopter celle qu'il estimera la plus propre aux matières, sous le rapport de leur dessication prompte ou lente, et aussi sous le rapport de leur qualité, etc. Les registres et les tuyaux des cheminées dont on soutire le calorique pour l’amener dans l'étuve, doivent être disposés de manière à donner à ce même calorique une issue libre hors de l'atelier, par la voie directe des cheminées des tisards des chau dières. Cette facilité de l’y introduire ou de le porter au dehors, à volonté, pour le bien du service, peut avoir, dans plusieurs circonstances, une grande utilité, d Il est à remarquer pareillement que les passages pratiqués aux extrémités de chaque conduit, ne doivent pas être ouverts dans toute la hauteur de leurs petits murs de séparation, mais seulement dans la partie basse tenante au carrelage, en telle sorte que l’espèce de diaphragme dont cette ouverture se trouve couronnée, puisse retenir long-temps le calorique dans la partie du tuyau qu'il parcourt successivement. Afin que la chaleur soit maintenue plus égale d’un retour à l’autre, et dans tout l'espace qu'offrent les conduits, ceux-ci pourroïent même avoir une longueur décroissante, depuis leur embouchure ‘avec le tuyau de la cheminée, jusqu'à l'extrémité opposée à laquelle ils se réunissent. Leur largeur, au contraire, pourroit être crois- sante depuis le carreau de l’aire de la chambre jusqu'à leur eouverture. Si, au lieu de se borner à des tuyaux de chaleur établis sur le carrelage de l'étuve, on croyoit convenable de les prolonger soit horizontalement, soit verticalement, sur les murs de son pourtour, avant de les rattacher au corps de la cheminée, cette ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 addition ne pourroit qu’accroitre le tamisage du calorique dans l'atelier, et contribuer à l’épuiser entièrement ; cependant 1l semble qu’elle ne devroit avoir lieu, par rapport à son effet, qu’autant qu’elle seroit reconnue bien nécessaire pour dés opérations toutes particulières ; car cette disposition de tuyaux placés sur les murs du pourtour de la chambre, tend à rendre sa partie vide qui touche le plafond, toujours plus chaude que celle qui avoisine son aire, tandis que le contraire doit exister par la disposition des conduits'placés sur le carrelage. Dans les cas de cette ad- dition de tuyaux, il seroit bien non-seulement de préférer ceux horizontaux, mais encore de pratiquer, à chacun de leur retour, des diaphragmes propres à retenir le calorique dans chaque con- duit, dont en outre le rétrécissement pourroit être gradué, aiusi qu'on l’a déjà recommandé pour les tuyaux établis sous la plate-forme auxquels ceux-ci sont censés faire suite. 6 VL Tndication des fabriques et usines auxquelles notre Ventilateur etnotre Étuve peuvent être utiles. L’extraction desatières sucrantes étant aujourd’hui excitée de toutes parts, .non-seulement par le grand intérêt qu'y attache VEmpereur et Roi, mais encore par les effets de sa munificence, tout Français animé de l'amour de sa patrie, doit redoubler de zèle et d'efforts pour seconder les vues paternelles de Sa Majesté. J'ai donc pensé que l'application d'une étuve, dans le genre de celle que je viens de décrire, pourroit contribuer aux progrès de cette nouvelle industrie. J'ai encore lieu de croire que cette même étuve conviendroit parfaitement aux érzdigoteries , dont les produits, de même que les sirops et sucres, demandent une dessication graduée. Ces sortes d'usines, auxquelles Sa Majesté vient aussi d'accorder des encouragemens , ne nous importent pas moins que les sucreries , puisque le succès de ces divers établissemens doit avoir une grande influence sur la prospérité publique. L'usage de notre évaporateur , soit qu'on l’emploie seul, soit que notre ventilateur lui soit associé, me sauroit pareillement qu'être très-avantageux à ces fabriques. L'un et l’autre moÿen doivent en outre présenter le même degré d'utilité à différentes autres manufactures anciennes ou nouvelles; par exemple, aux manufactures d'acide sulfurique Y 2 168 JOURNAL DE PMYSIQUE, DE CHIMIE pour la concentration des eaux acidulées, sortant des chambres de plomb ; aux manufactures de soude brute, pour la réduction des eaux sulfatées, soit dans les ateliers où, d’après mon procédé que j'ai pratiqué le premier à Soissons, on brûle les terres sulfu- riques mélées avec le muriate de soude pour en obtenir le sulfate ou cristallisé, ou sous forme sèche , soit dans tous les autres où l'on opère suivant diverses méthodes pour en obtenir de sem- blables produits; aux manufactures de se/ de soude, afin de verser dans le commerce, sous la forme cristalline ou celle con- crète, le carbonate de soude que contient la dissolution des soudes brutes; aux diverses fabriques de sayons, pour la con- centration de leurs petites eaux, soit alcalines, soit de recuit; enfin aux fabriques de couperose, d’alun , de pofasse, de sal- pétre, et autres établissemens où lon prépare des produits chi- miques, et dans lesquels la réduction et la concentration du liquide, et la dessication des substances qui en sont extraites, sont un objet principal ou accessoire de leurs travaux. * C’est donc aux entrepreneurs éclairés sur leur véritable intérêt à calculer l'avantage que doit leur présenter l’application à leurs divers ateliers, du calorique qui se perd dans les cheminées des tisa:ds des chaudières de ieurs usines. L'expérience que j'ai ac- quise ne me permet guère de douter de l'adoption de ces deux nouveaux moyens pour {ous ceux qui, sourds aux cris des pré- jugés et de la routine, mettent l’économie au premier rang dans les objets de leur commerce. Notre ventilateur a été éprouvé en lan 1800, et notre étuve en1807, dans la manufacture des glaces de Saint-Gobain, lorsque j'en étois le directeur. Ce dernier appareil a été également soumis à l'expérience en l'an 1809, dans notre manufacture de soudes à Soissons. J'ai eu occasion, en août 1812, de conseiller l'usage de ce nouveau ventilateur à M. Grillon de Vüilleclair, directeur de la sucrerie impériale établie à Châteauroux, département de Indre. Je me plais à croire que Papplication qu'il en aura pu faire à ses travaux lui en aura démontré tous les avantages. A l'égard de mes bascules d’agitation et de mon évaporateur, j'ai appris que des instrumens analogues avoient déjà été em- ployés ou proposés dans des manufactures de sirop. J’ignore en uoi ils peuvent ressembler à ceux que je viens de décrire, ou s'ils en différent : il appartient aux entrepreneurs de les com- parer et d’en apprécier le mérite; cependant je les invite à ne prononcer qu'après avoir soumis les uns et les aux autres int trumens à l'influence de mon ventilateur. . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 169 | NOUVELLES LIFTÉRAIRES, # Description des Plantes rares que l’on cultive à Navarre et à Malmaison; par A. Bonpland. Seconde Livraison. Un cahier zz-/folio. A Paris, chez F, Schoel, Libraire, rue des Fossés-Montmartre, n° 14. Nous avons déjà fait connoître cet Ouvrage, qui est sans doute un des plus beaux qu’ait la Botanique, s’il n'est pas supérieur à tous les autres. Cette Livraison contient la description des six plantes suivantes: 10, Lobellia fulgens. Cette belle plante est du Mexique, d’où l’auteur l’a apportée en 1804. Elle est de l’orde des lobeliacées de Jussieu. 2°. Melaleuca chlorantia. Cette plante a été apportée de la Nouvelle-Hollande. Sa fleur est jaune. Elle est de l'ordre naturel des myrtes de Jussieu, 3°, Pœonia dorica. Elle croît en Sibérie. 4°. Erica grandi/lora. Elle croît au Cap de Bonne-Espérance, Elle est de l’ordre naturel des bruyères. 5°. Gompholobium furcellatum. Elle croît à la Nouvelle. Hollande. ; Elle est de l’ordre naturel des légumineuses de Jussieu. Go. Correa viridiflora. Elle croît à la Nouvelle-Hollande. On a donné à cette plante le nom du célèbre botaniste Correa. _ Elle est de l’ordre naturel des rues. Toutes ces plantes sont dessinées par Redouté avec son talent ordinaire, et gravées par Bouquet. Les descriptions sont faites par l’auteur avec la plus grande exactitude. Ÿ Ce fascicule sera bientôt suivi d’autres. Voyage pittoresque du Nord de l'Italie, par T. C. Bruun Neergaärd, Gentilhomme de la Chambre du Roï de Danemarck, Membre de diverses Sociétés savantes. Les dessins par Nauder. 179 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les gravures par Debucourt, agréé de la ci-devant Académie royale de peinture. Deux volumes 1-folio, avec 100 planches. Les voyages pittoresques ont toujours offert un grand intérêt à tous ceux qui ont vu les pays dont ils veulent donner une idée, en leur rappelant les souvenirs agréables du passé, qui ne laisse pas de nous paroître presque toujours beaucoup plus beau E - le présent. Cette sorte de voyages peut en même temps suflire pour donner une juste représentation à ceux qui n’ont pas pu trouver le temps de les parcourir. Un tel Ouvrage sur le Nord de l'Italie manquoit : il devient d'autant plus nécessaire, que beaucoup de personnes, même des artistes d’un rang distingué, ou m'ont point du tout vu cette partie si intéressante de l'Italie, ou l’ont parcourue d’une manière si rapide et si vague, qu’à peine leur en reste-t-il le souvenir, On est pressé de voir Florence, Rome et Naples; on veut voir si les descriptions ne font pas illusion, convaincu. déjà d’avance que le reste de l'Italie ne mérite pas l'attention. | J'ai visité deux fois ce pays, dans l'intention de remplir cette lacune par le Voyage Püittoresque du Nord de l'Italie, dont on présente aujourd’hui la souscription, J'y étois accompagné d’un habile dessinateur de paysages et de fabriques, M. Naudet, qui m'a fait une quantité de vues, entre lesquelles j'ai choisi, pour mon Ouvrage, celles qui sont plus en état de donner une juste idée du caractère propre à is pays: Cinq dessins , qui me manquoient, ont été faits par MM. Casas et Du Perreux. Le Foyage pütoresque du Nord de d'Italie formera 2 vol. grand in-folio, papier demi-colombier, caractère neuf saint-au- ee Le papier etles caractères sont les mêmes que ceux dont . Landon s’est servi pour les Antiquités d'Athènes. Chaque volume sera composé de8 cahiers, chacun de6 planches, et accompagné d’un texte historique et explicatif, auquel ‘on ajoütera différentes notices principalement relatives aux Beaux- Arts, à l'Agriculture et aux Manufactures. - Les deux premières Livraisons ont paru, et ont mérité l’ap- probation flaiteuse de Son Excellence le Ministre de l'intérieur. Les Livraisons suivantes paroîtront aussi promptement que possible. : } , rage On.ne paie rien en souscrivant: les Souscripteurs sont.invités à affranchir leurs lettres. L =. \ On peut voir d'avance, tous les vendredis, chez l'Auieur, s ET D'HISTOIRE NATURELLE. LL." les dessins de tout l'Ouvrage, ainsi qu’une partie des planches qui sont déjà gravées. On souscrit pour cet Ouvrage, à Paris, chez l’Æuteur, quai Voltaire, n° 17; Firmin Didot, rue Jacob, et chez les principaux Libraires de PEurope. Table analytique des Matières contenues dans les X XVIII premiers volumes du Journal des Mines , dédiée à M. le Con- seiller d’État Directeur général des Mines, par M. P. X. Les- chevin, Membre des Académies de Dijon, Turin et Besancon; des Sociétés des Sciences naturelles de Wetteravie, de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, d'Histoire naturelle et dé Minéralogie d’Iéna , des Sciences et Arts de Grenoble, Lille et Trèves, et des Sociétés d'Agriculture et de Pharmacie de Paris. Un vol. in-8o. A Paris, chez Bossange et Masson, rue de Tournon, n° 6. 1813, Les tables des articles contenus dans les grands Journaux de. viennent absolument indispensables. Celle-ci est très-bien faite. Histoire abrégée des Plantes des Pyrénées , et llinéraire des Botanistes dans ces montagnes, par M. le Chevalier Picot de Lapeyrouse. Un vol. in-8, petit-texte, près de 800 pages; avec une vue des Pyrénées. A Paris, chez Zenormand, Libraire, rue de Seine, n° 8; et à Toulouse, chez Belleguirigue, Impri- meur-Libraire, rue des Filetiers. À : " . Faute à corriger dans le dernier Cahier de juillet. Page 40, ligne r9, il faut ajouter: Cicéron a dit (Tusculan, lib. 1, S XXVI): Sin aufem est guinta quædam natura ab Aristotele primum inducta, hœc est deorum, et animorum. 17Z JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elc. ER ee et 0e a LE 2 AGE NES TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Mémoire sur quelques combinaisons de phosphore et de soufre, et quelques autres sujets de recherches chi- miques ; par sir Humphry Davy. Extraït des Tran- sactions P hilosophiques. Lu devant la Société royale, le 18 juin 1812. Pag. Tableau météorologique; par M. Bouvard. Mémoire sur les ossemens et coquilles fossiles des environs de Plaisance, Extrait du Voyage pittoresque du nord de l'Italie; par M. Bruun Néergaard. 88 Notice sur le gisement du calcaire d'eau douce dans les départemens du Cher, de l'Allier et de la Nièvre; par J.J. d'Omalius d'Halloy. 95 Considérations sur les fossiles, par J.-C. Delamétherte. 109 Mémoire sur quelques nouvelles espèces d'animaux mol- lusques et radiaires, recueillis dans la Méditerranée, CR. eo] près de Nice; par M. Lesueur. 119 Observations sur la comète de 1811, par W. Herschel. Extrait par J.-C. Delamétherie. 125 Application du calorique, qui se perd dans les che- minées des tisards des chaudières d'usines, à un ventilateur et à une étuve; par M, C. Pajot des Charmes. | 1356 Nouvelles Littéraires, 169. De l'Imprimerie de M"° Veuve COURCIER, Imprimeur - Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. à JOURNAL DEP S LOUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. SEPTEMBRE an 1813. PRÉCIS D'UNE LECON DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE ET DE BOTANIQUE, SUR LE FRUIT à Par M. MIRBEL, DE L'INSTITUT, Développement des Ovules et des Ovaires des plantes Phénogames. LE fœtus des animatix vivipares est renfermé dans deux sacs membraneux : le chorion et l’amnios, L’amnios est entouré par le chorion , et il contient une liqueur où nage le fœtus. Malpighi, trop pressé de marquer les rapports des organes des animaux et des plantes, crut reconnoiître dans le testa , dans le tegmen et dans le périsperme des parties analogues au chorion, à l’amnios et à sa liqueur; mais Ja ressemblance n’est rjen moins qu’évi. dente. Négligeons donc ces analogies incertaines, et cherchons la lumière dans l'eXamen des faits. Tome EXXV'11. SEPTEMBRE an 1013, Z 174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Avant que la fleur s’épanouisse, quand le pistil commence à se développer ; l'ovaire est rempli d’un tissu cellulaire très- délicat, qui semble être, dans tous ses points, d’une nature par- faitemeit- homogène, et dont les cellules transparentes, sont infiltrées par une liqueur limpide. A cette époque, les ovules ne paroissent pas encore. Peu après, ils se dessinent dans le tissu cellulaire. Ordinairement ce tissu se dessèche et se détruit, et les ovules sisolent les uns des autres. Ce sont de petits corps globuleux, verdâtres, lisses et luisans. Ils tiennent tous au pla- centa, tantôt immédiatement, tantôt par l'intermédiaire d’un cordon ombilical , et ils reçoivent, au point de l'ombilic, l’ex- trémité des vaisseaux conducteurs etnourriciers. On trouve sou- vent alors beaucoup plus d’ovules dans l'ovaire que l’on ne trouvera de graines dans le fruit, parce qu’il arrive fréquemment que quelques-uns d’entre eux s’emparant de toute la nourriture, en privent les autres et les font avorter (3ASMINÉES, Chêne, etc.). La substance des ovules est formée d’un tissu cellulaire continu ; la partie superficielle de ce tissu est opaque , ferme et serrée ; la partie intérieure est foible, humide et diaphane. Avant, et même quelque temps après la fécondation, les jeunes graines m’offrent rien de nouveau, si ce n’est que leur volume aug- mente, Quand la fleur est passée, c’est-à-dire, quand les éta- mines et les stigmates sont flétris, il survient des changemens ‘plus notables. Des linéamens vasculaires, premier indice non équivoque de l'existence de l'embryon, se développent dans le tissu de chaque ovule. Les cellules qui avoisinent les linéamens vasculaires se remplissent d’une substance opaque; blanchâtre ou verdâtre. Cette substance , aussi bien que les vaisseaux, gagne de proche en proche, tantôt de la circonférence au centre, tantôt du centre à la circonférence. Le tissu qu’elle pénètre et qu'elle colore est, en quelque facon, un canevas organisé sur lequel la Nature travaille à l’'ébauche du végétal. La croissance de l'embryon est comparable à celle os des animaux : les os sont d’abord cartilagineux ; des centreS d’ossification y parois- sent ; ils envoient des rayons dans tous les sens, et donnent peu à peu , aux différentes pièces du squelette, cette solidité et cette opacité qui caractérisent les os parfaits. Si tout le tissu de l’ovule entre dans la structure de l'embryon, Vembryon à lui seul constitue toute la graine, et, par con- séquent, il n’y a point de périsperme, point de tegmen, point = EE E ARS ep ET D'HISTOIRE NATURELLE. 175 de testa : la paroi de l'ovaire devient l'enveloppe séminale im- médiate ( Avicennia). Cette paroi devient encore l'enveloppe immédiate, lors même que l'embryon n’envahit point la totalité du tissu de l’ovule, si la portion de ce tissu qui reste en dehors, pénétrée par des sucs prompts à se concréler,se change toute entière en péris- perme (CONIFÈRES, Belle-de-nuit ). Mais il arrive souvent que le tissu extérieur de l’ovule forme une ou plusieurs tuniques séminales bien distinctes de la paroi de l'ovaire, ce qui n'empêche pas qu’une portion du tissu de l'ovule ne se métamorphose en périsperme (Euphorbe), et alors la graine est aussi compliquée qu’elle puisse l'être. Deux exemples particuliers feront mieux concevoir encore les circonstances les plus remarquables du développement de la graine. Dans l’intérieur de l’ovule de l’Acanthe, on ne distingue d’abord que le tissu humide et délicat dont il a été parlé plus haut ; ensuite on voit paroître un petit corps blanchâtre au centre de ce tissu. Ce corps est l'embryon qui commence à se déve- lopper. Les cotylédons se montrent sous la forme de deux lames arrondies , appliquées l’une contre l'autre, et la radicule qui leur sert de point d'union, sous celle d’un mamelon charnu. De ce mamelon partent des linéamens vasculaires qui pénètrent les cotylédons, et s'étendent, en divergeant, jusqu'à leur bord : ce sont les vaisseaux mammaires. En y faisant altention, on reconnoît que le tissu de l'embryon est continu avec le tissu diaphane qui l’environne. Cependant les vaisseaux mammaires se développent et les cotylédons grandissent dans tous les sens, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu’une légère couche de tissu cel- Julaire à leur superficie. Alors l'embryon est arrivé au terme de sa croissance , et il se détache du tissu superficiel qui devient une enveloppe séminale immédiate, c'est-à-dire un tegmen. Ainsi, dans l’Acanthe, tout le tissu cellulaire de l’ovule entre comme partie constituante du tegmen et de l'embryon; d’où il suit que l'Acanthe ne peut avoir de périsperme. | Les choses se passent d’une toute autre manière dans la Belle- de-nuit. Un ovule remplit entièrement la cavité de l'ovaire; Pembryon forme la partie la plus extérieure de cet ovule; les -cotylédons larges, minces , rejetés à la circonférence, laissent subsister au centre, une masse épaisse du tissu cellulaire; les 2 2 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ cellules de ce tissu se remplissent. d’une liqueur émulsive qui se change insensiblement en une substance amilacée, sèche et puls vérulente. Ici donc, tout le tissu de l’ovule constitue la base organique de l’embryon et du périsperme; la graine est dénuée d’enveloppe propre, et la paroi de l'ovaire devient son unique tégument. . … On n’eñt peut-être pas avancé tant d'idées systématiques. sur la nature et l’importance du périsperme et des tuniques séminales, si l’on eût bien étudié cette suite de phénomènes. Il est digne de remarque que la fécondation est aussi indis- pensable au développement dei eine qu'à celui des ovules. L'ovaire d’une fleur dont le stigmate n’a point reeu la poussière fécondante, se flétrit sans prendre d’accroissement. Au contraire, si la fécondation s'est opérée, le tissu cellulaire s'accroît, les päriélaux produisent de nombreuses ramifications , et l'ovaire acquiert bientôt des dimensions et une forme souvent très-diffé- rentes de celles qu’il avoit d’abord. Ces faits ne sont point douteux; mais est-il vrai, comme le prétendent plusieurs ob- servateurs, qu'après une fécondation adultérine , le péricarpe éprouve quelquefois des modifications particulières, et ne soif pas tel qu'il eût été si les choses se fussent passées selon la règle ordinaire de la Nature ? Faut-il admettre que les Melons qui croissent au voisinage des Courges, doivent à l’influence du pars de ces dernières, leur saveur peu agréable; et que les Oranges chiffonnées, digitées, bigarrées, que celles qui con- tiennent une seconde Orange sous une première écorce, etc. ; offrent cette structure bizarre, parce que les pistils dont elles proviennent ont été fécondés par un pollen étranger? Je n'ose décider cette question. Si l’on considère ce qui se passe dans lesani- maux et qu’on veuille raisonner par analogie, on penchera sans doute pour la négative. Cependant il faut convenir que la Nature procède souvent par des voies très-différentes ‘ae l’un et l’autre règne, et que les plus graves erreurs en physiôlogie végétale, sont nées de l'abus qu’on a fait de l'analogie. Je pense done que pour porter un Jugement définitif, de nouvelles lumières, ruits de l’expérience et de l'observation, sont indispensables. Les fonctions de l'ovaire ne se bornent pas à garantir les jeunes raines de l’action immédiate des agens extérieurs qui pourroient eur nuire. L’ovaire est une espèce de corps glanduleux ; il pré- pare dans son tissu, les sucs nutritifs nécessaires au développe- ment des ovules. L'illustre Hales a fait voir que les fruits ont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177 une transpiration marquée, quoique moins abondante que celle des feuilles. La Chimie moderne prouve que les fruits verts respirent à la manière des autres parties vertes, et que, par conséquent, ils décomposent le gaz acide carbonique et retiennei.t le carbone. Duhamel rapportequ’ayant cueilli des Noix à l’époque où l’amande n’est encore qu'un tissu transparent et mucilagireux , et les ayant abandonnées à elles-mêmes, l’amande se forma Ras bien que si les Noix eussent müûri sur l’arbre. Quand es fruits étoient tenusdans un lieu sec, l’amande étoit plus petite qu’êlle n'a coutume de l'être; mais elle acquéroit sa grosseur ordinaire dans un lieu humide, tel qu’une cave. . Comme toutes les parties de la plante sont en communica- tion, et que les fluides passent des unes dans les autres, selon le besoin, lorsque la terre est desséchée par les longues chaleurs, les fruits succulens, semblables à des réservoirs que la Nature auroit disposés sur le végétal pour les temps de disette, cèdent insensiblement aux branches, les sucs qu'ils contiennent et se vident pour entretenir la transpiration des feuilles. Dans l’Italie et la Provence, il est une époque où les Oranges suspendues à l’arbre, ne renferment que des membranes sèches ; mais quand la terre humectée fournit une sève abondante, ces fruits se rem- plissent d’un suc nouveau et plus doux. Le savant M. Dupetit- Thouars a fait cette observation curieuse qui vient à l'appui du principe, que si l’on expose comparativement à l’air des L'oE sans branches ni feuilles, et des fruits tenant encore à es branches chargées de feuilles, les premiers conserveront leur fraîcheur beaucoup plus long-temps que les autres. DU FRUIT, Ou du Péricarpe et de la graëne considérés comme parties constituantes du fruit. Le pistil fécondé, en parvenant à son dernier degré de déve- loppement, constitue le fruit. Il est composé de deux parties distinctes : la graine dont vous connoissez déjà Forganisation , et le péricarpe qui est l’ovaire accru et modifié par l'âge, Les fruits occupent nécessairement la même place que les fleurs dont ils proviennent , et toutelois, leur situation, eu égard à l’ensemble du végétal, peut être différente par suile des dé- veloppemens subséquens. Les fleurs femelles des Pins et des 170 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sapins, sont situés à l'extrémité des rameaux; il en est de même des fleurs femelles de quelques Mousses ; mais à la base des unes et des autres, il se développe des boutons à bois qui se prolongent au-dessus d’elles, ensorte qu’on voit des fruits laté- raux succèder à des fleurs terminales. . Nous pouvons dire, en théorie, qu’une fleur quelconque n’a jamais plus d’un ovaire, et que les petites boîtes distinctes ; fixées sur un même réceptacle, qui se montrent dans une foule d'espèces, ne sont que des portions d’un péricarpe unique. L’a- matomie comparée des ovaires et des fruits, dans une même famille, et l’analogie vraiment admirable qui existe presque toujours entre les fruits divisés en plusieurs parts et ceux qui sont tout d’une seule pièce, donnent le plus grand poids à cette assertion. Mais dans la pratique, nous admeitons autant de pé- ricarpes que de boîtes distinctes, dès l'instant que l’organe fe- melle paroît à la lumière; à moins que, par effet des dévelop- emens ultérieurs, les diflérentes boîtes ne s’entregreflent et ne forment plus qu’une masse , comme on le voit dansla Framboise. Les points d'attache des styles ou des stigmates, soit que ces parties subsistent ou se délruisent, marquent les sommets or- ganiques des fruits. Quand un fruit n'a qu'un sommet organique il est monocéphale (1); quand il en a plusieurs il est po/ycé- phale (2). Nous devons distinguer dans les péricarpes, les diflérens ap- endices extérieurs, tels que les ailes, la couronne, l'aigrettæ La queue, etc.; et de plus, les va/ves, les cloisons, les pla- centas , les funicules ou cordons ombilicaux, etc. Les ailes sont des crêtes minces, des lames membraneuses qui se développent à la superficie des péricarpes. Le du Frêne se prolonge à son sommet, en uneaile étroitequi a la forme d'une langue d'oiseau; celui de l’Orme s'étend latéralement en deux ailes minces et arrondies, - La couronne gs ab aux fruits qui proviennent d’ovaires soudés au calice. Elle est formée par les bords desséchés de cet organe. La Pomme, la Poire, la Grenade sont des fruits cou- ronnése QG) Du grec monos , un seul, et kephale, tête. (2) Du giecpolu, beaucoup, plusieurs, et kephalè , tête. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 179 L'aigrette a la même origine que la couronne; c’est-à-dire que ce n’est autre chose que le limbe du calice; maïs ce limbe est formé de filets grèles, alongés, nombreux, qui ressemblent à un faisceau de poils. Beaucoup de SYNANTHÉRÉES, telles que le Pissenlit, le Chardon, etc., ont des aigrettes. La queue est le style qui s’alonge et se couvre de duvet (Clématite). N Les valves sont les panneaux dont la réunion compose la plupart des péricarpes. On reconnoît qu’un péricarpe a de véri- tables valves, quand il offre, à sa superficie, des sutures, lignes symétriques, rentrantes ou saillantes, plus ou moins marquées, qui indiquent la soudure de plusieurs panneaux distincts. Presque toujours les valves de ces péricarpes se séparent nettement à l’époque de la maturité. Ce phénomène est connu sous le nom de déhiscence. Les cloisons sont les diaphragmes qui partagent la cavité intérieure du péricarpe en plusieurs loges. Elles ont différentes origines. Il y en a qu’on peut regarder comme étant des produc- tions particulières du péricarpe; mais le” plus grand nombre sont des appendices ou des expansions de quelqu’autre partie. [l arrive souvent qu’elles sont formées par les valves mêmes, dont les bords rentrent dans la cavité du péricarpe. Cela peut avoir lieu des deux manières suivantes : tantôt chaque valve se replie lon- gitudinalement sur elle-même, et rapproche ses deux bords qui se soudent lelong de l'axe du fruit, ensorte qu’elle en forme à elle seule une des loges ; tantôt chaque loge est composée de deux valves qui, partant delaxe du fruit, se recourbent en avant l’une vers l’autre ; et se réunissent par une suture longitudinale , antérieure. Tous les fruits multiloculaires polycéphales, et un grand nombre de fruits monocéphales, sont construits sur ces modèles. Les dif- férences que l’on observe dans le péricarpe, résultent uniquement du nombre des valves, de la solidité plus ou moins grande des sutures et de la consistance du tissu. À l’époque de la maturité, les loges des péricarpes à valves rentrantes, se séparent souvent les unes des autres et forment autant de coques (1), lesquelles s'ouvrent ou restent closes. Qi) Du latin coccum, mot employé par Pline pour désigner la graine d’un arbnisseau qui servoit à faire une teinture écarlate. Ce mot, en passant dans la langue des botanistes modernes , a pris une nouvelle signification. 180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le placenta (1) dont j'ai déjà parlé au sujet de l'ovaire ; est la partie de la paroi interne du péricarpe où sont fixées les graines. Vous vous rappelez que c’est dans le placenta que se rendent les vaisseaux de la plante qui portent la nourriture aux ovules, et ceux du stigmate qui servent à la fécondation. Les placentas existent nécessairement dans tous les fruits; mais ils n’y sont pastoujours apparens. Leur situation est variable suivant les espèces, En général, ils sont placés au centre , dans les fruits à valves rentrantes. L Le /unicule ou cordon ombilical est, comme vous le savez, üne portion de la substance même du placenta qui se prolonge en un filet plus ou moins long et délié, à l'extrémité duquel la graine est attachée. : Il existe peu de péricarpes dont la substance ait une consistance semblable dans toute sa masse. Souvent la partie externe est molle et succulente, tandis que la partie interne est sèche, dure et ligneuse (Pécher, Prunier, Cerisier). La première se détruit ou se détache en très-peu de temps; l’autre qui constitue la paroi interne de la cavité péricarpienne, accompagne quelquefois les graines jusqu'à la fin de la germination. Ces boîtes ligneuses qui doivent être considérées alors comme enveloppes auxiliaires des graines, reçoivent les noms de zoyaux et de nucules. - La différence entre les zoyaux et les zucules consiste en ce que les premiers sont toujours solitaires dans le fruit, et que lès autres y sont toujours multiples, Quand les noyaux ou les nucules adhèrent fortement à la pare externe et ne s’en délachent pas, même après la maturité, on y fait peu d'attention ; mais quand ces parties intérieures s’iso- lent d’elles-mêmes, et continuent à recouvrir les graines jusqu’à l'évolution de la plantule , elles fournissent des caractères qu’il inporte de rappeler dans l’histoire naturelle des espèces. Il arrive aussi dans quelques fruits, et notamment dass le Swietenia mahogoni, qu'avant la déhiscence, la, partie interne * s'isole de la partie externe et se sépare en plusieurs valves élas- tiques, qui, pressant la paroi extérieure du péricarpe comme aulant de ressorts, contribuent à en désunir les pièces. QG) Mot tiré de l’anatomig animale. Il a changé d’acception dans la langue botanique. Il doit être conservé parce qu'il est consacré par l'usage. Une ET D'HISTOIRE NATURELLE. xb£ Une élasticité semblable dans les deux valves qui composent la paroi interne de chaque coque du Sablier, occasionne la rupture soudaine et violente de ce fruit, à l'époque de sa maturi'é. . Les péricarpes distincts qui dépendent d'un même fruit sont irréguliers; mais il est aisé de voir que s'ils éloient unis les uns aux autres par la partie correspondante à l'axe du fruit, ils formeroient un#seul péricarpe régulier, Ces péricarpes distincts prennent les noms d'exostyles (1), de chorions (2), de chorio- nides (3) et de follicules (4), selon leur organisation. … Un exostyle n'a ni valves ni sutures apparentes, et, comme il provient d’un ovaire qui ne portoit point de style, il n’en montre nécessairement aucun vestige, Les chorions, les chorionides et les follicules portent tou- jours, au contraire, les vestiges du style ou du stigmate qui sur- montoit les ovaires auxquels ils doivent leur origine, et ils ont une suture postérieure, longitudinale, qui correspond à laxe du fruit. ; Les chorionides et les chorions ont en outre, presque toujours, une suture antérieure. Les premiers s'ouvrent rarement, el ils contiennent une seule graîñe. Les seconds s'ouvrent d'ordinaire à l'époque de la maturité, et ils contiennent plusieurs graines, attachéès quelquefois à un placenta qui tapisse toute la paroi interne, et plus souvent, à un placenta qui longe la suture pos- térieure. et se divise en deux branches fixées au bord des valves quand celles-ci viennent à se désunir. Les follicules diffèrent des chorions en ce qu’ils n’ont point de suture antérieure, et que leur placenta se détache en un seul filet, de la suture postérieure, Je pourrois maintenant vous parler en détail de la surface des péricarpes , du nombre de leurs loges, de leurs valves et de leurs ee de la position de ces dernières, etc.; mais ces déve- oppemens, et beaucoup d’autres, trouveront plus naturellement se place dans la Terminologie. Je passe à la classification des ruits. (:) Du grec exo, dehors et stylos, style. (2) Du grec chorion, loge, maison , etc. (5) Chorionide , diminutif de chorion. . (4) Du latin folliculus ou folliculum , balle, bourse , petit sac de cuir, etc. Tome LXXV'II. SEPTEMBRE an 1613. Aa 182 JOURNAL DE PHYSIQUE ; DE: CHIMIE Classification artificielle «des Fruits. La méthode la plus savante et la plus naturelle pour classer les fruits; seroit de les distribuer et de les nommer, en con- sidérant d'abord la structure vasculaire des péricarpes et des graities, et en n’employant que comme caractères secondaires, la succulence ou la sécheresse du tissu et la déhiscence ou l'indéhiscence des péricarpes, c’est-à-dire, la propriété qu’ils ont de s'ouvrir ou de rester clos. L'élève reconnoîtroit alors, avec une singulière satisfaction, que les fruits, dans une même fa- mille , sont le plus souvent dessinés sur un même modèle qui éprouve des modifications extérieures , mais qui conserve presque sans altéralion, ses caractères essentiels de structure interne. Malheureusement l’état actuel de la science ne permet guère encore de proposer une telle réforme, et peut-être, quand .on ‘connOîtra mieux les fruits, trouvera-t-on qu'une classification fondée sur des caractères si importans ,- mais si délicats, très- bonne sans doute pour éclairerwl” natomie et la Physiologie, ne sauroit être employée avec : ès dans la Botanique des- criptive. Se. Je dois donc renoncer, au moins pour le moment, à vous exposer les principes fondamentaux de cette classification# Toute- fois, comme celle qui a été suivie jusqu'ici, est devenue insuf- fisante, je vais m’appliquer à vous en présenter une qui se ressente en quelque chose des progrès de la science. Je divise, par la considération des fruits, tousles végétaux phé- nogames en deux grandes classes. D’un côté, jerange ceux qui ont des fruits libres ou bien des fruits adhérens au calice, lesquels ne sont masqués par aucun ‘organe étranger, et ne contractent aucune union qui les rende méconnoïssables : ce sont les végé- taux phénocarpiens (Pêcher, Pommier , etc.). De l’autre côté, je range tous les végétaux à fruits recouverts par quelque organe étranger qui les déguise pour ainsi dire, et ne permet pas de les reconnoître au premier coup-d’œil : ce sont les cryp{ocar- piens (Figuier, Pin, etc.). Je commencerai par l’examen des fruits des phénocarpiens, et je les diviserai en Ordres eten Genres , pour rendre cet exposé plus méthodique. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 103 PREMIÈRE CLASSE. FRUITS DES PHÉNOCARPIENS, Ier Ordre. FRUITS CARCÉRULAIRES. Les fruits carcérulaires n'ont qu'un péricarpe , lequel est sans suture apparente et ne s'ouvre pas. Îls sont ordinairement secs. Il y en a qui font corps avec le calice et d’autres qui en sont détachés ; la plupart n'ont qu'une loge et ne contiennent qu’une graine ; quelques-uns ont plusieurs loges et plusieurs graines. 1e Genre. LA CYPSÈLE (x). Ce fruit monocéphale, qui appar- tient à la nombreuse famille dessYNANTHÉRÉES el qui les caracté- rise très-bien, est régulier, sicen’est à sa basequi,presque toujours, est tronquée obliquement (2). H adhère au calice et il est cou- ronué par son limbe prolongé souvent en aigrettes ou en arêtes. Un pédicule à peine visible, lunit à un clinanthe environné d’un involucre. Le péricarpe eSt ligneux, membraneux ou succulent; il n’a qu’une loge et qu’une graine. La graine ne tient au péricarpe .que par le point de l’ombilic (3) qui correspond à la base du fruit. L'embryon est charnu, bilobé, dépourvu de périsperme ; ül remplit toute Ja cavité d’un tegmen membraneux; la radicule aboutit à l’ombilic, 2me Genre. LE GRAIN (4). Ce nom convient parfaitement au fruit des Céréales, et on peut l’appliquer au fruit de toutes des GRAMINÉES. Les grains sont irréguliers, monocéphales ou dicéphales; ils n’ont qu’une loge et qu'une graine. Le péricarpe (1) Du grec kupselè , alvéole , boîte. 6 (2) M. Decandolle désigne la cicatrice de la base de la cypsele détachée du clinauthe , sous le nom d’ombilic , mais il me semble que ce nom est im- ropre. = haut tire de l’obliquité de la base des cypseles, un caractère qui lui sert à former quelques genres ; mais ce caractère appartient à la plupart des cypsèles ; et d’ailleurs, comme il dépend de la forme du clinanthe et de la dis- position des fleurs, il s'ensuit que dans certaines espèces, les cypsèles du centre ont leur attache tout-à-fait basilaire, tandis que celles de la circonférence ont leur attache un peu oblique ; cela est visible dans l’Ærctium lappa: (G) Je parle ici du véritable ombilic et non de la cicatrice basilaire de la cypsèle. 4) Du mot latin granum. Aa 2 184 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE est membraneux et, pour l'ordinaire, il est collé sur le tegmen ui, lui-même , adhère forternent à un grand périsperme farineux. a graine est attachée à la base du péricarpe. L’embryon est logé dans une cavité antérieure, située vers la base de la graine. Il est unilobé; son cotylédon est grand, charnu, tourné vers le se son blastème est appliqué contre le tegmen. La gemmule est revêtue d’une piléole ; les mamelons radiculaires, sont renfermés dans des coléorhizes. 3me Genre. LE SACELLE (x). C’est un petit fruit qui est mo- nocéphale et n’adhère point au calice; son péricarpe est mem- braneux ; il n’a qu'une loge et ne contient qu’une graine nue ou revêtue d’un tegmen qui n’est qu'une simple pellicule. Je n'insiste pas sur les autres caractères de ce fruit, parce qu'ils sont très- variables. Les ATRIPLICÉES , les CYPÉRACÉES ont quelquefois des sacelles. ame Genre. L’UTRICULE (2). L'utricule ne diffère du sacelle que par sa graine qui est revêtue d’une enveloppe crustacée. Le cordon ombilical est très-visible ; embryon est bilobé, alongé et roulé en limacon, ou simplement courbé autour d’une masse farineuse qui constitue la partie principale du périsperme. I] est difficile de dire si l’enveloppe crustacée de la graine est une tunique séminale ou un na jo le premier cas, l’utricule ap- partiendroit évidemment à la section des fruits carcérulaires; dans le second cas, il devroit. être renvoyé à la section des fruits drupacés, dont il sera bientôt question. Au reste, cette difficulté, de peu d'importance en elle-même, est peut-être insoluble, puisque nous ne connoïissons aucun caractère pour distinguer nettement, dans bien des cas, les testas des noyaux et nucules, Ce qui est hors de doute, c’est que les utricules se rapprochent par des nuances insensibles, de certains fruits qui doivent prendre place parmi les drupacés. Le fruit du Réviniæ est dans ce dernier cas, et il ne difière pas essentiellement du fruit du Chenopodium qui est une utricule. Or , faites attention que le Rivinia et le Chenopodium sont deux genres qui rentrent naturellement l’un et l’autre, dans la famille des ATRIPLICÉES. ee Du latin sacellus, petit sac, sachet. 2) Utricularius petite outre. Pline emploie ce mot pour désigner les glumes et glumelles qui recouvrent le grain en épi. Gærtner a transformé utricularius en utriculus, : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 185 bme Genre. LE THÉCIDION (1). Ce fruit qui est monocéphale, n’adhère point au calice; son péricarpe est dur et souvent crus- tacé ; il n’a qu’une loge et ne contient qu'une graine. Cette graine est reyvêtue d’un tegmen qui ne tient à a paroi du péri- carpe que par l’ombilic. Tous les autres caractères sont variables, Comme les thécidions , les utricules et les sacelles ont sou- vent la plus grande analogie dans les parties essentielles de leur structure, il arrive que la même famille offre ces diflérens fruits sans que les aflinités en soient troublées. ( F’oyez les ATRI- PLICÉES, les POLYGONÉES, les AMARANTHACÉES, etc.) Cette vérité est mise dans tout son jour par les belles analyses de Gærtner. Gme Genre. LE PTÉRIDE (2). Le péricarpe de ce fruit est aplati, coriace, et se prolonge au sommet ou sur les côtés, en une aile membraneuse (Frêne, Orme, Casuarina, etc.). Il n’y a rien de fixe dans les autres caractères, et l’on peut dire que ce genre de fruit, établi par Gærtner sous le nom de sa- mare. (3), est tout-à-fait artificiel. 7me Genre. LA CARCÉRULE (4). Sous ce nom générique, je désigne tous les fruits qui appartiennent à l’ordre des carcéru- laires et ne peuvent prendre place dans les genres précédens. Ilme Ordre. FRUITS CAPSULAIRES. Les fruits de cet ordre sont, en général, secs; ils tirent leur origine d’un seul ovaire libre ou soudé au calice; ils ont des valves et, par conséquent, des sutures; ils s’ouvrent d’ordi- naire par la désunion plus ou mois profonde de leurs valves, et jamais ils ne se divisent complètement en plusieurs tranches ou coques closes. . 1e Genre. LE LÉGUME(5) ou la GOUSSE. Un péricarpe alongé, monocéphale, irrégulier, libre ; à deux valves jointes par deux sutures , l’'uneantérieure, l’autre postérieure et contenant quelques (1) Du grec thecidion diminutif inusité de theca , boîte. (2) Du grec pteron, aile. (3) Le nom de samare ne peut être employé pour désigner un genre de fruit , attendu qu'il y a un genre de plante nommé Samara. ’ (4) Du latin carcer, prison. Carcerulus , petite prison. (5) Du latin legumen ; pois, lentille, etc. Ce mot est admis depuis long temps en Botanique. 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE graines dans une seule loge; un placenta situé le long de Îa suture postérieure , et se divisant, au moment de la déhiscence, en deux branches fixées chacune à l’une des valves, ensorte que celles-ci se partagent les graines; un testa percé d’un mi- cropyle ; un embryon bilobé; une radicule aboutissant à lom- bilic; tels sont les caractères ordinaires du fruit des LÉGUMI- NEUSES; mais il est des espèces où ces caractères s’eflacent en partie. Par exemple, le légume des Æschynomene est coupé de distance en distance par des articulations , et les articles .se désunissent Sans s'ouvrir ; le légume de la Casse reste fermé, et sa cavité est partagée par des cloisons transversales ; le légume du Detarium est également indéhiscent ; il n’a qu’une loge, qu'une graine et sa superficie est charnue, ensorte qu’il ressemble à nos ruits à noyau, ete. Quoi qu’il en soit, les légumes ne difièrent point par leurs caractères essentiels, des chorions ou des cho- rionides, et cette remarque est importante, comme vous le verrez bientôt, s 2me Genre. LA SsILIQUE (1) et la sizicuLe. Ce fruit est ré- gulier et monocéphale; son péricarpe a deux loges, deux valves et une cloison parallèle à ses valves. La cloison est bordée par deux placentas fixes qui l'entourent exactement comme feroit un châssis. Les valves sont soudées le long des placentas. Les graines sont rangées en deux séries opposées dans chaque loge; elles sont revêtues d’une tunique et n’ont point de périsperme, Leur radicule aboutit à l'aile La silique caractérise la famille des cRUCIFÈRES. Ce genre de fruit capsulaire, subit de grandes modifications, Il y a des siliques qui ne s'ouvrent pas et dont la cloison s’oblitère; d’autres qui n’ont qu'une ou deux graines, etc. Quand ce fruit est très- alongé, c'est une siligue proprement dite; mais quand il est court, et surtout quand il a une largeur notable, eu égard à sa longueur, c’est une sélicule. 3me Genre. LA PYXIDE (2). Ce fruit est monocéphale et ré- gulier ; son péricarpe n’adhère point au périanthe, ou n'y adhère que par sa moitié inférieure: Il a deux valves , l’une est inférieure et reste fixée au réceptacle ; l’autre est’ supérieure et elle se détache. Cette dernière ressemble au couvercle d’une urne ou (1) Du latin silique , cosse, gousse , enveloppe des graines. De tout temps les botanistes ont ‘employé ce mot. Silicule en est le dimunutif. (2) Du grec puxidion , petite boîte. Nom introduit par Ebrhart, . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 d'une boîte à savonnette (Mouron rouge, Plantain, Pourpier, . Lecythis, etc.). La valve fixe prend le nom d'emphore, la valve mobile celui d’opercule. : Ce. fruit ne caractérise aucune famille en particulier, et il varie soit par la nature de ses graines, soit par la position et Ja forme de son placenta, soit par le nombre de ses loges. Le petit fruit des Amaranthes s'ouvre à la façon d’une pyxide, mais l’ensemble de ses caractères le ramène parmi les utricules, et l’on ne doit pas l'en séparer. Je nomme ce fruit une ztricule Pyxidiaire pour indiquer qu’il réunit les caractères de l’utricule et de la pyxide. 4me Genre. LA CAPSULE (1). Tous les fruits capsulaires qui ne prennent point place parmi les légumes, les siliques et les pins sont des capsules. Ces fruits sont monocéphales ou po- céphales; ils ont ou n’ont point d’adhérence avec le calice; ils contiennent une ou plusieurs graines; ils ont une ou plusieurs loges; ils s'ouvrent ou restent clos. Mais de toutes les diffé- rences qu'on y observe, celles qui tiennent davantage au fond de l’organisation, et qui répandent une plus vive lumière sur la structure des fruits, résultent, sans doute, de la nature des valves, tantôt réunies par leurs bords à l’extérieur, tantôt repliées dans l’intérieur du péricarpe et y formant des cloisons qui par- tagent sa cavité en plusieurs loges. Dans ce dernier cas, chaque cloison peut être considérée comme étant composée de deux lames réunies, produites par les parties rentrantes des valves contiguës. Souvent il arrive que l’union est telle entre les deux lames , qu’elles sont indivisibles ; souvent aussi elles se dédoublent au temps de la maturité et la capsule s’ouvre par son centre, (Rhododendrum, Quinquina et autres RUBIACÉES capsulaires. ) ” Alors les loges divergentes ne diflèrent des coques, que parce qu'elles restent unies par leur base. IIIme Ordre. FRUITS SYNOCHORIONAIRES. Les fruits qui constituent ce troisième ordre, proviennent d'un seul ovaire libre ou soudé au calice. Ils sont secs, réguliers G) Du latin capsula, petite cassette, petite boîte. Ce mot est usité depuis long-temps en botanique ; mais j'en restreins beaucoup l'application. y 1 Le 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et presque toujours monocéphales. Leur péricarpe est composé de plusieurs coques rangées symétriquement autour d’un axe central, réel ou imaginaire. Ces coques , formées par les valves rentrantes, sont soudées latéralement jusqu’à la maturité; à cette époque elles se désunissent, se séparent, et, selon leur structure particulière, elles s'ouvrent ou restent closes. Vous voyez, par cette description, que les fruits synochorio- naires sont à peine distincts des capSüles à valves rentrantes dont les cloisons se dédoublent, | ser Genre. LE CRÉMOCARPE (1). Ce fruit quitire son origine d’un ovaire surmonté de deux styles, fait corps avec le calice et est souvent couronné par son limbe. Il a deux loges et deux graines. Il se divise en deux coques parfaitement closes, lesquelles restent suspendues quelque temps par leur sommet, à un axe central, grèle, presque toujours bifurqué à sa partie supérieure. Chaque coque contient une graine pendante, revêlue d’un tegmen membraneux et adhérent, et munie d’un périsperme d’une con- sistance semblable à celle de la corne. L'embryon est bilobé, trés-petit, et sa radicule aboutit à l’ombilic. Le crémocarpe est, peut-être, de tous les fruits, celui dont les caractères sont les moins altérables, Il ne se montre que dans la famille des OMBELLIFÈRES. 2me Genre. LE REGMATE (2). Ce fruit est monocéphale; il n’adhère point au calice et ilest relevé de côtes arrondies sou- vent irès-saillantes. La partie extérieure de son péricarpe forme une écorce plus ou moins molle qui se détache au temps de la maturité; la partie intérieure est une boîte ligneuse composée de plusieurs coques à deux valves chacune. La séparation des valves s'opère avec élasticité et commence toujours par la su- ture centrale. Chaque coque contient une ou deux graines de structure variable; l'embryon est bilobé, Le regmate caractérise la plupart des EUPHORBIACÉES, et il se rencontre aussi dans plusieurs espèces appartenant à d’autres familles. , 3me Genre. LE sYyNoCHORION (3). Ce genre réunit tous les (1) Du grec kremaô, suspendre, Kkremastheis , suspendu , etcarpos, fruit, (2) Du grec regma, rupture. M. Richard a nommé ce genre de fruit élate- rion, mais il existe déjà un genre de plante sous le nom d’Élateriwn, (5) Du grec sun ; ensemble, joint au mot chorion, fruits ET D'HISTOIRE NATURELLE. 139 fruits synochorionaires qui ne peuvent prendre place parmi les crémocarpes et les regmates (Mauve, Rose tremière, Caille-lait). IVme Ordre. FRUITS CHORIONAIRES. Les fruits qui constituent cet ordre, offrent toujours plusieurs Péricarpes irréguliers qui n’adhèrent point au calice et contiennent une ou plusieurs graines. Ces péricarpes sont pourvus d’une Suture postérieure. Ils ne semblent être et ne sont quelquefois évidemment que des portions irrégulières et séparées d’un ovaire régulier. Les capsules polycéphales (Nigella damascena, etc.)nous mon- tent un commencement de séparation des loges ; les fruits synocho- rionaires (Mauve, Rosetremière, Ricin , etc.) nousmontrent cette Séparation complète dans le péricarpe partagé en plusieurs coques après sa maturité; les fruits chorionaires (Pivoine , Aconit, Spirée, Asclépias, etc.) nous montrent cette séparation dès la Jeunesse même de l'organe femelle. Il y a donc une grande analogie entre les capsules à valves rentrantes, les synocho- rionaires et les chorionaires; aussi la même famille renferme- t-elle souvéht des espèces voisines où ces différens fruits existent. Voyez dans les RENONCULACÉES, la Nigelle, la Pivoine et la Renoncule ; dans les MALVACÉES, la Rose tremière et l'Hi- biscus. Parcourez les ROSACÉES, les ALISMACÉES, etc., et vous appercevrez des nuances analogues. 17 Genre. LE DOUBLE FOLLICULE (r). Ce fruit qui n’a été observé que dans la famille des APOCINÉES, est formé de deux follicules qui proviennent d’un seul pistil monocéphale. Chaque follicule a ordinairement un placenta soudé le long de sa suture, lequel se détache dans la maturité et devient libre. Les graines sont revêtues d’un tegmen et elles ont un périsperme., L’embryon est droit , bilobé, et il s'étend d’une extrémité du périsperme à l’autre; la radicule aboutit à l’ombilic. I] arrive quelquefois que le placenta, au lieu de s’isoler, comme on l’observe dans l’Asclépias, PApocin et beaucoup d’autres genres, se divise en deux branches fixes, à la marge de la valve, et ce caractère rapproche le follicule du chorion, (1) Fructus bifollicularis , Juss. Tome LXXFVII. SEPTEMBRE an 1813. Bb 190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L’analogie qui existe entre le double follicule et les capsules à deux valves longitudinales à bords rentrans , a été remarquée par M. de Jussieu qui même en a tiré celte conséquence, que dans la série des familles dicotylédones ri onopetsle le GENTIA- NÉES doivent prendre place auprès des APOCINÉES. 2me Genre. LE POLYCHORION (x). Plusieurs chorions disposés autour de l’axe imaginaire du fruit, forment un polychorion. La Spirée, la Pivoine, l’Aconit, l’Ancolie, ont des fruits de cette nature. Le nombre des chorions varie, non pas seulement par suite d’avortemens, mais encore par suite de la structure originaire des espèces. Vous concevez donc qu’un fruit peut être réduit à un seul chorion. Il y en a jusqu'à douze dans quelques Spirées; il n’y en a que cinq dans l'Ancolie; il » en a que trois et quelquefois qu’un seul dans le Pied-d’Alouette. La gousse de la plupart des LÉGUMINEUSES n'est, à bien considérer la chose, qu’un r#70onochorion, c’est-à-dire, qu'un chorion solitaire. La graine des polychorions est très-variable. 3me Genre. LE POLYCHORIONIDE (2). Les chorionides restent clos et ne renferment ordinairement qu'une grain&; les cho- rions, au contraire, sont déhiscens et contiennent plusieurs graines; c’est la seule différence qu’on observe entre ces deux genres. Un polychorionide est une réunion de plusieurs cho- rionides. De même qu'il existe des fruits monochorions, il existe des fruits monochorionides; j'aurai bientôt occasion d'en citer des exemples. gme Genre, L'ÉTAIRION (3). Vous avez vu dans les syno- chorions , des péricarpes qui se séparent en se développant. Ici, c’est l'inverse. Des péricarpes d’abord séparés s’entregreflent quand ilsviennentà müûriretils ne forment plusqu’un seul corps. Chacun de ces péricarpes en particulier, a tous les caractères des chorions ou des chorionides, si ce n’est qu’il est nécessairement pulpeux. La Framboise et la Corossol sont des étairions. * (1) Du grec polu, plusieurs , joint au mot chorion. dE - (2) Du grec polu, plusieurs , joint au mot chorionide , diminutif de chorion. (8) Du grec etaïroi, associés. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19t Vme Ordre. LES DRUPACÉS. Un seul Genre. LE DRuPE (x). Le péricarpe des drupes est composé d’un noyau interne et d’un tissu extérieur moins so- lide, sec ou succulent. C’est le seul caractère par lequel on dis- tingue cette sorte de #ruit. Le drupe peut étre régulier ou irrégulier, monocéphale ou polycéphale, adhérent au calice ous ibre; il peut avoir une ou plusieurs loges et contenir un nombre e DE très-variable , etc., par conséquent, il a souvent une analogie de structure avec des fruits très-différens entre eux. Quand un drupe a un noyau à plusieurs loges rayonnantes autour un axe central par lequel passent les conducteurs, il est ré- gulier, mais d'ordinaire ce fruit n’a qu’une loge et les conducteurs s'élèvent d’un seul côté jusqu’au sommet du noyau d’où pendent les graines. Il ésulte de ce défaut de symétrie dans la structure interne, que le drupe a presque toujours à sa superficie, un sillon, où au moins une ligne longitudinale qui aboutit à la base du style, et que son sommet géométrique n’est pas préci- sément le même que son sommet organique. Construit de cette manière, le drupe ne diffère du Chorio- nide que parce qu’il est solitaire et charnu. C’est sur ce modèle qu'est formé le fruit du Detarium et de plusieurs autres LÉGU- MINEUSES qui confinent aux ROSACÉES; et comme, dans cette dernière famille , la Pêche , l'Amande, la Prune, l’Abricot, la Cerise offrent précisément une organisation analogue, on voit que le légume et le drupe se confondent vers leurs limites, et que si, dans certains cas, l’on se décide à employer l’un de ces deux noms de préférence à l’autre, c’est parce qu’on y est déterminé par des affinités de familles, étrangères à celles qui résultent de la structure des fruits. Nous désignerons, pour faciliter les descriptions, sous le nom de drupéole, tout drupe dont le volume ne surpassera pas la grosseur d’un pois. ——_———@—Z (1) Du latin drupa , que Pline emploie pour désigner une Olive qui n’est pas encore mure. Linné a introduit ce mot dans la langue technique. PT 5 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Vime Ordre. FRUITS BACCIENS. Ils sont succulens; ils ont toujours plusieurs graines, et quel- quefois ces graines sont renfermées dans des nucules. Rien de constant dans les autres caractères. Il est peu de fruits de cet ordre qui, parle nombre et l’ar- . rangement de leurs loges, la nature de leurs cloisons et la di- rection de leurs conducteurs, ne se rattachent aux fruits cap- sulaires, synochorionaires ou chorionaires. L'état sec ou succulent du tissu fait souvent toute la différence. 1er Genre. LA POMME (1). C’est un fruit régulier, couronné par le limbe du calice auquel il adhère. Le péricarpe est charnu et il a plusieurs loges dans lesquelles sont renfermées une ou plusieurs graines. La paroi de ces loges est tantôt élastique et mince; voyez, pour exemple, la Poire et la Pomme; et tantôt elle est épaisse et ligneuse. Voyez la Nèfle. Dans ce dernier cas, chaque loge forme un nucule. Les conducteurs suivent la direction de l’axe du fruit. Les graines sont tuniquées, et elles n’ont ordinairement point de périsperme ; l'embryon est bilobé ; sa radicule correspond latéralement à l’ombilic; ses cotylédons sont grands et charnus. La Pomme est le fruit du Pommier, du Poirier, du Néflier et de quelques autres ROSACÉES. Aucune famille ne présente plus de variétés dans l’aspect de ses fruits que les ROSACÉES ; mais il est certain que le fond de l'organisation reste à peu de choses près le même. Admettons, par hypothèse, que dans la Pomme, ou mieux encore, dans le Coin, le tissu cellulaire et succulent qui est interposé entre la lame calicinale et les loges, viennent à s’évanouir, et qu'il én soit de même du tissu qui unit les loges les unes aux autres; nous aurons alors un fruit polychorionaire tout-à-fait semblable au fruit du Spiræa. Le Spiræa appartient aux ROSACÉES. Une Nèfle divisée en cinq segmens perpendiculaires à sa base et qui isoleroient ses nucules, représenteroit fort bien, quant aux traits essentiels, cinq Cerises ou cinq Prunes, disposées sy- métriquement sur un réceptacle, de façon que le sillon longitu- dinal de chacune d'elles, regardât un axe central imaginaire. () Du latin pomum , employé chez les anciens et chez les modernes pour désigner la Pomme et quelques autres fruits charnus , polyspermes. Ca + 2 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 193 : La Nèfle, la Cerise, la Prune sont des ROSACÉES. Enfin, et pour rassembler sous le même point de vue les principales nuances qui modifient les divers fruits de cette fa- mille , groupons de petites Cerises sur un même réceptacle, ét supposons que ces drupes s’entregreffent, nous aurons en grand l’image exacte d’un étairion analogue à la Framboise, autre genre de la famille des ROSACÉES. Ces idées ne doivent pas être considérées comme un simple jeu d’esprit, puisqu'il est visible que la Nature elle-même les réalise dans la série des espèces. 2me Genre. LE NUCULAINE (1). C’est le nom que l’on donne à un fruit régulier et charnu qui n’adhère point au calice et qui renferme plusieurs nucules rayonnantes. Les caractères des graines sont inconstans ; cependant l'embryon est toujours bilobé. Ce qui rend quelquefois équivoque la détermination de ce fruit, c’est la difficulté de distinguer le testa du nucule, aussi je serois d'avis de rapporter au genre dont il est question, tous les fruits . bacciens dont les graines, revêtues d’une enveloppe dure et _crustacée , sont disposées sur un seul rang et comme des rayons, autour de l’axe du péricarpe. Alors le fruit du Phytolacca et celui du Raisin seroient des nuculaines aussi bien que le fruit du Bassia. 3me Genre. LE PÉPON (2). Les vraies CUCURBITACÉES pro- duisent des pépons. Ce sont des fruits réguliers, monocéphales, qui font corps avec le calice et ont plusieurs graines. Leur pé- ricarpe est pulpeux dans l’intérieur , et revêtu à l'extérieur, d’une écorce sèche, solide, élastique. Sa cavité est divisée en plu- sieurs loges par des cloisons rayonnantes dont les bords se ter- minent par un double placenta qui porte les graines d’un et d'autre côtés; ensorte que dans chaque loge il y a deux rangs de graines appartenant à deux placentas diflérens. Quelquefois les loges sont subdivisées chacune par une cloison pulpeuse, mi- toyenne, laquelle n'a point de placenta. Les graines ont un testa qui a la consistance du cuir. Leur périsperme, quand elles en ont un, est très - mince. Leur em- bryon a deux cotylédons épais et larges, et une radicule assez Er (1) M. Richard a établi lepremier ce genre de fruit. {2) Du latin pepo , melon, Gærtner s’est servi de ce mot comme je le fais ici, 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE petite qui abontit à l’ombilic. Le tissu cellulaire du centre du pépon se détruit souvent dans la maturité, et alors les péri- carpes n'offrent plus qu’une seule loge avec des placentas saillans de la circonférence au centre ( Melon, Potiron ). que Genre. LA BAIE (1). Tous les fruits bacciens qui ne peuvent rentrer dans les genres pomme, nuculaine, ou pépon, sont des baies. Ce genre est un assemblage de fruits de nature bien diverse, On y retrouve l'appareil vasculaire de tous les fruits secs , revêtu d'une pulpe succulente; aïnsi, la baie de l_Actea est organisée comme le chorion du Pied-d’Alouette; celle de P4- tropa belladona, comme la capsule du Tabac; celle du Café, comme le synochorion du Caille-lait, etc. Vilme Ordre, FRUITS EXOSTYLAIRES. Un seul Genre. LE POLEXOSTYLE (2). C’est un fruit régulier, parlagé jusqu’à sa base, en plusieurs péricarpes acéphales, c’est- a-dire, qui n'ont point de sommet organique, ou, en d’autres termes, qui ne Ne point de styles, Ces péricarpes sont des exostyles. Ils sont secs où succulens et presque toujours unilo- culaires. Leur structure exclut toute adhérence avec le calice. Le style, au lieu de reposer sur les péricarpes, s'implante au centre du réceptacle. Les graines sont variables; l'embryon est bilobé. On peut concevoir un fruit formé par des exostyles , comme ayant un péricarpe régulier, à plusieurs loges, dont l’axe central se seroit aflaissé au point de se confondre avec le réceptacle et de laisser chaque loge en liberté. Dans certaines séries natu- relles de plantes, l’aflaissement de l’axe central s’opère par gra- dations d’une espèce à une autre, et la même fanulle comprend des fruits capsulaires, des fruits synochorionaires et des fruits exostylaires (BORRAGINÉES). Les LABIÉES, les OCHNACÉES, la Bourrache, la Buglose, la Vipérine, etc. ont des polexostyles, on (G) Du latin bacca, mot ancien, consacré dans la Botanique. (2) Du grec polu, plusieurs, joint à exostyle. PTT fe … de INSEE RS M. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 195 DEUXIÈME CLASSE. FRUITS DES CRYPTOCARPIENS. À parler vrai, on ne peut dire que les fruits des CRYPTO- CARPIENS soient essentiellement différens des fruits des PHÉ- NOCARPIENS. Aussi doit-on les classer dans les genres précédens quand on fait abstraction des enveloppes étrangères qui les re- couvrent; mais ces enveloppes leur sont si étroitement unies, qu'on les considère comme en faisant partie, et c’est pour me conformer à cette manière de voir, que j'admets les cinq genres suivans. 1e Genre. LE GLAND (x). Une cupule renferme plus ou moins complètement une ou plusieurs carcérules membraneuses, ou ligneuses, ou coriaces, couronnées par le périanthe (Chène, Hètre, Coudrier, If, Ephedra, CYCADÉES). 2me Genre. LE sYcôxE (2). Unclinanthe très-dilaté, de forme et de consistance variables, porte des fruits carcérulaires ou des drupéoles (Figuier, Æmbora,, Dorstenia). 3me Genre. LE SOROSE (3). Il est composé de plusieurs fruits rangés en épi ou en chaton, et recouvert de leurs enveloppes floréales, succulentes et entregreffées, de sorte que l'ensemble de chaque épi ou chaton représente une baie mamelonnée (Mûrier, Arbre à pain, Ananas). gme Genre. LE GALBULE (4). Un chaton court, dont les bractées, élargies à leur sommet, se joignent, deviennent pul- peuses ou ligneuses et recouvrent de petits glands dressés; des carcérules membraneuses, à une loge et une graine, renfermées chacune complètement dans une cupule en forme de pistil ; des graines sans tuniques, pendantes et pourvues d’un grand périsperme charnu ; un embryon droit, alongé en axe, deux cotylédons ou plus; une radicule aboutissant à l’ombilic : voilà les caractères très-remarquables et très-compliqués du galbule. () Du latin g/ans , fruit du Chêne, du Hêtre. Plusieurs botanistes modernes ont fait usage de ce mot pour désigner tous les fraits à cupules , et c’est dans cet esprit que je l’emploie. (2) Du grec sycon, Figue. (3) Du grec soros, amas, groupe. (4) Du latin galbulus, fruit du Cypres. 196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On peut les observer dans le Genevrier, le Cyprès, le Thuya, le Schubertia (x). 5me Genre. LE CÔNE ou le STROBILE (2). Le cône a beaucoup d’aflinité avec le galbule; il provient également d’un chaton; mais ce chaton est plus alongé et ses bractées fructifères , qui ont chacune, à leur base, une bractéole membraneuse, deviennent ligneuses et se recouvrent les unes les autres, comme les écailles d'un poisson. Le Pin, le Sapin, le Mélèze, le Cèdre portent des cônes, Il est peu de fruits qui échappent à la classification que je viens d’exposer. Ainsi que je l'ai dit d’abord, elle est tout ar- tificielle. Je sépare, en m'’attachant à des considérations secon- daires, des modes d'organisation qui ont beaucoup d’analogie ; mais comme je ne néglige pas de faire sentir ces analogies, l'élève judicieux ne verra, dans les divisions que je propose, qu'un moyen plus expéditif et plus commode d’exposer les traits caractéristiques des fruits. Je les ai divisés en ordres et en genres; j'aurois pu subdiviser les genres en espèces ; alors, j’aurois montré que souvent un seul fruit réunit en lui les caractères de plusieurs autres, et pour faire sentir ces rapports, il m’auroit sufi d'employer adjectivement mes noms d'ordres et de genres. Mais ces détails appartiennent à la Terminologie plutôt qu'à la Physiologie, et je m'abstiens d’en parler ici. (1) Le Schubertia est le Cupressus disticha de Linné. (2) Dulatin conus, pomme de Pin. Tournefort a fait usage de ce mot. Avant Jui Rivin avoit employé le mot sérobilus qui signifie la même chose, OBSERVATIONS ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES SUR LA PRESQU'ILE DE SAINT-HOSPICE, AUX ENVIRONS DE NICE, DÉPARTEMENT DES ALPES MARITIMES ; Par A. RISSO, Membre-Associé de plusieurs Académies et Sociétés savantes. Je n'ai de ces collines basses de l’Apennin que la connoissance superficielle qu'a pu m'en donner un voyage fait pour d’autres objets; mais je suis persuadé qu’elles recèlent le vrai secret des dernières opérations de la mer. CUVIER, Rech. sur les Ossem. foss. Disc. prélimin., pag. 114. OBJET. Du haut du col de Montalban, à lorient de la ville de Nice, on voit se détacher de Ja dernière chaîne des montagnes Subal- pines, qui servent de bordure septentrionale à la Méditerranée, une portion de terre, qui, se prolongeant dans la mer, se divise à son sommet en deux pointes, dont une, prenant la direction de l’est-sud est, sert à former le golfe de Saint-Hospice, et l’autre, en se courbant vers le sud-sud-ouest , fait partie de la baie de Ville-Franche. Cette presqu'île, très-intéressante pour la Géologie, recèle une immense quantité d'animaux marins fossiles que je me propose de faire connoître dans ce Mémoire; mais je vais donner aupa- ravant un appercu général de tout le canton, tel qu’il se pré- sente à l'observateur placé sur le monticule sityé au milieu de la péninsule. Aspect de la presqu'ile. Ce sommet est élevé au-dessus du niveau actuel de la mer d'environ 60 mètres ; il est connu dans le pays sous le nom de Tome. LXXV II. SEPTEMBRE an 1813. Ce t98 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de cap Ferrat, et domine la partie la plus intéressante de la presqu'ile, » Au nord, le terrain, qui tient à la grande terre, s’abaisse insensiblement à 5o mètres plus bas que le cap Ferrat; il est planté de vignes, d’oliviers et d’autres arbres fruitiers , et il s'étend assez considérablement de l’est à l’ouest, mais en s’af- faissant peu à peu du côté de la baie de Ville-Franche. Au pied de cette riche pente se fait dans un petit espace horizontal assez bien cultivé, élevé d’environ 40 mètres, le point de partage des eaux pluviales vers Pune et l’autre baies. A une médiocre distance du cap Ferrat, toujours en remon- tant vers le nord, le sol se relève, et prend la forme d’un mon- ticule isolé peu exhaussé, mais cependant plus haut que le ca Ferrat dont il coupe la vue; il est bien garni d’oliviers et de -caroubiers. Plus loin, ettoujours en avancant vers le septentrion, succède un vallon plus creux, qui, étendu de Pouest à l’est entre les deux baies de Ville-Franche et de Saint-Hospice, est borné au nord par la dernière et la plus basse chaîne ja môn- tagnes Subalpines, A l’est-nord-est de la baie de Saint-Hospice, ce vallon se termine par une agréable plaine dite du Beaulieu, élevée de six à huit mètres au-dessus du niveau de la mer, et couverte de jardins d’orangers , de cédratiers et de limoniers. A l’est, si l’on suit le contour du golfe de Saint-Hospice, on atteint toujours, sur le même plan et à la même élévation de six à huit mètres, l’anse dite de Saënt-Jean , où se fait la pêche des thons et autres espèces de scombres ; la pente de la côte qui borde cette anse est ménagée de manière à former une espèce d’amphithéâtre de l’ouest-nord-ouest par le sud au sud- sud-est. C’est à peu près du pied de ce coteau, et vers le milieu du bord oriental de la grande presqu’ile, que part dans l’est-sud- est, mais à un niveau plus bas, une pointe nommée Sainrt- Hos- pice, qui forme le côté sud de la baie du même nom. Outre Panse de Saint-Jean, il y en a une moins grande plus avant dans l’est, et on en distingue deux autres sur le bord méri- ridional; par la manière dont ces quatre criques se correspon- dent, toute la pointe vue de la crête de la hauteur prend la figure: de zigzags. Au sud du cap Ferrat s'élève du sein des eaux un plateau -passablement étendu, formé d’un calcaire compacte, rempli de ET D'HISTOIRE NATURELLE. .. 199 fissures, dans lequel croissent l'ophris jaune (ophrès lutea)), le romarin oflicinal (romarinus officinalis), et quelques myrtes rabougris. Plus au midi encore, le terrain se relève et forme un tertre isolé de la même nature, qui se prolonge vers ia baie de Ville-Franche, au point où est élabli le fanal. Du cap Ferrat on découvre aussi Antibes, Ville-Franche, Esa, la Turbie, Monaco, Menton, Ventimille, et jusqu’à la Bordi- ghiera, Un cap avancé dérobe le restant de la. côte; mais, lorsque le temps le permet, l'œil est dédommagé par la vue très-distincte de la Corse. Description de la côte de la baie de Ville-Franche. En quittant ce sommet d’un aspect si agréable, les environs vont nous intéresser sous un nouveau point. de vue. Vers lé commencement de la péninsule, du côté de la baie de Ville- Franche, dans l'endroit appelé Deux-Rubs, et sous un sol ropre à la culture, s’annoncent vers l’escarpement du bord de la mer, d'épaisses couches, tantôt perpendiculaires , tantôt hori- zontales, d’un calcaire marneux bletâtre, passant au gris-ver- dâtre par action de l'air, tendre, qui se laisse entamer facilement avec le couteau, happe foiblement à la langue, dont la cassure est terreuse , presque écailleuse , les pièces séparées à bords aigus, et l’odeur argileuse. Ce calcaire se durcit à l'air, mais en même temps se fendille et tombe en éclats. Eu approchant de la pointe sur laquelle se trouve le débris d'une ancienne batterie, cette substance devient plus dure et contient moins de parties argileuses: ses couches s’inclinent in- sensiblement, et plongent dans la mer : quelques-unes sont pleines de gryphites jaunâtres de toute grandeur et de forme variée; d’autres sont parsemées de pyrites ferrugineuses, et tra- versées en tous sens par des filets de chaux carbonatée lamel- laire d’un beau blanc , accompagnés de superbes cristaux en rhomboïdes, | Ce qui a droit de frapper vraiment l’observateur, c’est que les gryphites qui composent cet immense amas, semblent, par la manière dont elles sont régulièrement placées, être encore attachées au banc: sur lequel elles vivoient. Si on les enlève, on est étonné de trouver plusieurs de ces coquilles remplies d’une matière plussdure, plus compacte, faisant un feu très-vif au briquet, et peu d’effervescence avec les acides, très-diflérente Cc'z 20q JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du rocher de calcaire marneux auquel elles adhèrent; d’autres; au contraire, ne présentent à l’intérieur que la substance dans laquelle elles sont contenues. Au-delà de cette pointe, la mer s’avance pour former une anse qui porte le nom de grosueil. Dans le pourtour de cette anse, au milieu des. couches tourmentées de calcaire marneux qui le formoient, on trouve des espèces de filons irréguliers remplis d’une marne grisâtre, au milieu de laquelle sont des térébratules, et de gros tuyaux de vers marins qu’on ne connoît pas vivans en Europe. Une excavation faite dans cette pariie de la presqu’ile m’a fourni le sujet des observations suivantes. M. Copel, habitant de Ville-Franche, voulant se procurer de l’eau douce , fit creuser, pendant l'été de 1812, à une distance de 16 mètres de la mer actuelle, et à 20 au-dessus de son niveau, un grand puits dans lequel j'ai reconnu: 1° Un lit supérieur de terre végétale d’un mètre d'épaisseur, dans laquelle on ne trouve que des detritus des coquillages ter- restres qui vivent dans cet endroit; 29 Une couche d’argile rougeâtre mêlée de cailloux et de galets de deux mètres environ de puissance ; 3° Un amas de sable marin blanchâtre, de cinq mètres d’é- paisseur , contenant une grande quantité de corps marins, dont Jai retrouvé tous les analogues dans notre mer : voici l'énumé- ration des espèces que j'ai recueillies dans cet amas, avec Pin- dication de celles qui n’ont pas encore été décrites. MOLLUSQUES. Cône méditerranéen. C. franciscain. Porcelaine pou. E grain de blé. Volvaire grain de mil. Mitre buccinoïde. M. méditerranée: -Columbelle marchande. Nasse néritoïde. N. cordonnée. Corus medilerraneus , Lam. C. jfranciscanus, id. Cyprea pediculus, id. C. triticea, id. Volvaria milacea, id. Mitra buccinoidea , spec. nov. DM. mediterranea , id. Columbella mercatoria, Rois. Nassa neritoidea, Lam. N. turulosa , spec. nov. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 201 Pourpre hémastome. Buccin plissé. B. corniculé. E. à côtes. B. . oblong. Tonne casque. T, perdrix. Cassidaire tyrrhéniène. C. échinophore. Casque cannelé. Strombe pied de pélican. S. claviforme. Ranelle pyramidée, Murex écailleux. M. à côtes de melon. M. trompe cerclée, M. craticulé. M. grimace. M. brandaire. Fasciolaire porte-ceinture. Cérithe goumier. C. brun. C. pervers. Troque sorcière. dis muriqué. ap ondulé. Turbo méditerranéen. 1: à trois couleurs. L: zoné. ä LE varié. TL: sillonné. Rissoa treillisée. EF. aiguë. R. blanche. R. à côtes. R. oblongue. 3 R. plissée. FR. ventrue. FR. violette. Monodonte grosse lèvre. M, bouton. Purpura hemastoma, Lam. Buccinum plicatile , Freminv. B. corniculatum, Lam. B. costulfum ,S. 0. B. oblongum, sn. Dolium galea, Lam. D. perdix, id. Cassidaria thyrrhena , id. (&é echinophora, id. Cassis sulcosa, id. Strombus pes pelicani, id. S. claviformis., id. Ranella pyramidata, id. Murex squamiger , id. M. melonulus, id. DT. succinctus, 1d. DT. craticulatus ,id. D. anus ,1d. I. Zrand. zris , Lin. Fasciolaria cingulifera, Lam. Cerithiumn vulgatum, Bos. C. mnorus, 1d. C. perversum , id. Trochus magus, Rois. T.. muricatus , Bos. Ja Dr duTetiapo) s. n. Turbo mediterraneus, Frem. à tricolor, s. n. 1 zonalus,sS, n. TH: variegalus, S.n. ! & sulcatus , Ss.n. .Rissoa cancellata, Frem. sp. in. R. acufa , id. Re? hialina, id. R. costata ,1d. A. oblonga , id. R. plicata, id. R ventricosa , id. R. violacea, 4 Jonodonta labeo >» Rois. M. pharaonis , id, 202: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Phasinelle rouge. Nérite verte, Natice grêlot. Bulime tronqué. Haliotide ormier, Fissurelle treillis. Patelle vulgaire. : bleue. P. . œil de bouc. Fe portugaise. Oscabrion fasciculaire, Lucine circinaire. T'elline variée. Donace crépue. Bucarde sourdon. B. rustique. B. oblong. Mactré pellucide. Arche de Noë, A. barbue. A. lactée. A. transparente. Moule commune. M. barbue. Pétoncle velu. Lime écailleuse. Peigne varié. Fe gigantesque. ES de Saint-Jacques. P. uni. Spondyle gædérope. S. : royal. Huitre plissée. Anomie pelure d'oignon. Vénus : verruquèse. Came sessile. Phasianella rubra, s.n. Nerita viridis, Bos. Natica glaucina , Rois. Bulimus truncatus, s.n. Haliotis tuberculata, Lin. Fissurella graeca, Lam. + Patella vulgata, Lin. P. caerula, Bos. P. cypria, Lin. P. lusitanica, Bos. Chiton fascicularis, Lim Lucina circinaria , Bos. Tellina variegata, Pol. Donax irus, Lin. Cardiurm edule, Lin. rusticum , Bos. C. oblongum , id. Mactra pellucida, id. Arca Noe, Lin. A. barbata, id. A. lactea, Bos. A. pellucida,id. Mytilus aedulis, Rois. A. barbatus , id. Petonculus pilosus, id. Lima squamosa., id. Pecten varius , id. PP: mains ,id. FE Jacobaeus , id. NP: &glaber, id. Spondylus gaederopus, id. S. regius , Bos. Ostrea plicatula, Frem. Anomia ephippium , Lin. Venus verrucosa, id. Cama sessilis, Bos. CYRRHIPÈDES. Anatife lisse. Anatifa laevis, Lin. ET D'HISTOIRE NATURELLE. : 203 ANNÉLIDES. Dentale antule. Dentialium entalis, L. . Serpule vermiculaire, Serpula vermicularis, M. CRUSTACÉS, Crabe front épineux. Cancer spinifrons , Lat. Maie squinado. Maïa squinado, Fab. Pagure Bernard. Pagurus Bernardus id. RADIAIRES. Oursin comestible. Echinus esculentus, Lin. POLYPES. Corail rouge. Coralium rubrum , Lam. Oculine hérissée. Ocullina hirtella id. Astrée à cellule. Astrea favosa , id. Fascicule en touffe. Fascicula caespitosa, id. Caryophilie gobelet. Caryophilia cyathus, 14. Favosite perforée. Favosita perforata , id. On n’hésitera point à considérer ces êtres comme fossiles, si l'on fait attention que la plupart d’entre eux sont recouverts d'un sable marin, agglutinés par un ciment argileux. La couche inférieure qui les renferme , paroît être l’ancien fond de mer sur lequel vivoient plusieurs de ces animaux, puisqu'on trouve aujourd’hui les mêmes espèces dans les mêmes circonstances avec le même sable, sur plusieurs points de notre côte; ce qui nous porte à croire que la mer a séjourné pendant un temps assez considérable à ce niveau, et que ce dépôt de fossiles n’est pas accidentel; car il falloit au moins plusieurs années aux grandes espèces pour prendre tout.leur accroissement , et se multiplier en si grande abondance. La couche supérieure, au contraire, présente beaucoup'de débris de fossiles, dont les analogues ne vivent aujourd’hui que dans les moyennes et grandes profon- deurs; ce qui attesteroit dans ce dernier cas un vrai transport dans ce local par leflet des vagues desla mer, ou à la suite de quelque catastrophe, 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 4°. La formation du calcaire marneux à gryphites, d’un bleu plus foncé que celui qui est:situé sur les bords actuels de la mer, vers le commencement de la péninsule, se trouve immé- diatement au-dessous du dépôt des coquilles analogues à celles de nos côtes. La première couche de ce calcaire marneux est . irès.tendre et fort facile à enlever; les autres placées en dessous ont plus de neuf mètres d'épaisseur, elles forment un massif très-dur et très-compacte que la poudre seule peut faire sauter; on trouve dans leur milieu quelques pyrites ferrugineuses cris= tallisées, dont plusieurs , en se décomposant, ont coloré en Jaune d’ocre différens blocs de cette masse. 5o. Enfin, à dix-sept mètres environ de profondeur, jaillit une eau limpide, potable, contenant à peu près les mêmes élémens de celles que j'ai analysées dans les environs de Nice. Le niveau des eaux salées se trouve encore à trois mètres au- dessous, 1 En suivant le contour du bord de la mer l’on arrive peu après dans une anse beaucoup plus spacieuse que celle de Grosueil, et qu'on nomme Zou grand passable. Le petit sentier qu’on suit pour y arriver est bordé de lentisques (pistacia lentiscus), d’aphyllantes ( aphyllantes monspeliensis), et de chênes verts. Sur l'escarpement de la mer se manifeste le même système calcaire marneux à gryphites, contenant de gros tuyaux d’an- nelides inconnus dans la mer actuelle. C’est dans ces ‘bancs dont l'inclinaison est du sud-est à l'est, qu’on voit les dernières traces des naulilites et autres animaux perdus qu’on rencontre dans ce terrain. Les vagues agissant continuellement sur cerocher , détachent ces pétrifications , les arrondissent , les mêlent avec les coquilles marines actuelles et les dépouilles des mollusques terrestres eñtrainées par les eaux pluviales. Le tout se dépose avec le sable, les galets et l'argile du rivage dans les creux que pré- sentent les couches anciennes, et forme de nouveaux dépôts qui seront peut-être pour les races futures des sujets énigmatiques de méditation. Au-dessus de cette anse on en trouve une plus petite nommée aussi passable, vers laquelle les bateaux abordent ordinaire ment. Ici se termine le système calcaire marneux à gryphites, que nous suivons depuis le fond de la baie, et c’est là qu'il s'adosse - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205 s’adosse sur un calcaire compacte blanc à grain fin, qui forme la plus grande partie du reste de la presqu'ile, Ce calcaire , qui est la plus ancienne formation de cette butte, se relève en monticule pour former le cap Ferrat, sur lequel on a établi un cymophore. Ses couches, vers la baie de Ville- Franche, sont dirigées de l’est à l’ouest, et s’'approchent de la position horizontale, ce qui a valu à cet endroit le nom de Petra plana, Pierre plane. En continuant à s’avancer vers le sud-ouest à travers les cistes (cistus monspeliensis, et les euphorbes (euphorbia dendroides), l’on voit que le sommet de ce calcaire compacte forme des espèces d’aiguilles ou de crêtes, qui présentent un peu l'aspect des grandes masses primitives; toutes ces pointes s’abaissent in- sensiblement , et se cachent dans la mer vers le phare placé à la pointe occidentale de Ja péninsule. LS Description de la côte méridionale. De cette pointe, si l’on se dirige vers l’est, on voit setéve- lopper un grand plateau incliné sous un angle de 40 degrés environ , composé d’une pierre coquillière ou lumachelle gros sière, qui est adossée sur le calcaire compacte. Les conches in- férieures de ce dépôt ont un peu plus d’un mètre de puissance, se dirigent presque du nord au sud ; elles sont d’un blanc de chair, et fourmillent de débris de corps marins, tels que peignes, huîtres , lepas, pointes d’oursins , et divers polypiers dans le pie grand état de trituration ;néanmoins ces débris ont conservé eurs couleurs, et plusieurs d’entre eux m'ont paru être les ana- logues de quelques coquilles de nos côtes : je regarde cette lu- machelle comme formée sous les mêmes circonstances, mais à une époque antérieure à celle de la couche de sable remplie de mollusques vivans, qui a été observée dans le puits de l’anse de Grosueil, dont il a été fait mention ci-dessus. Les portions de ces couches qui sont baignées par les flots, passent au brun- rougeâtre, et renferment encore plus de fossiles; quelques-unes se trouvent traversées par des espèces de filons de brèches rou- geâtres semblables à celles du château de Nice, qui contiennent des ossemens fossiles. Les bancs supérieurs sont plus épais, blanchâtres; leurs fragmens sont brillans et sonores, ne pré- sentent aucune trace d'êtres organisés, et sont traversés en cer- Tome LXXV II. SEPTEMBRE an 1615. D d 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tains endroits par du spath calcaire en lames d’un beau blané. On trouve quelquefois des fragmens de ces lumachelles couverts de longues cannelures, qui les rendent semblables au calcaire madréporique, en place du cap Martin, décrit par M. Faujas de Saint-Fond. Après avoir traversé ce plateau, l’on arrive à la plus petite langue de terre, qui du pied du cap Ferrat s’avance en amphi- théâtre dans l’est-sud-est pour aller former la pointe de Saint- Hospice ; la différence considérable de son niveau beaucoup plus abaissé, l'aspect du sol et la disposition des couches annoncent au premier coup d'œil que cette appendice de la presqu'île est un terrain d’une formation différente de celui qu’on vient de parcourir. La petite anse que l’on remarque au commencement de cette langue de terre, est connue dans le pays sous le nom de bouyou. Le terrain qui l'entoure est un calcaire marneux, d’une couleur moins foncée que celui dont j'ai eu occasion de parler ci-dessus, et qui renferme différentes espèces d’ammonites. La bordure sud-est de cette anse est ornée d’anthyllis (arthyllis barba Jovis), de stahéline (stahelina dubia) et de pins d'Alep. Presqu'au niveau de l’eau s'étend un grand banc rempli de gryphites et de quelques ammonites à demi rongées par les vagues, et qui servent de retraite aux balanes vivant actuellement sur ces bords. Au-delà de cette anse le sol se relève insensiblement , et forme un petit promontoire qui se rattache à un autre un peu plus élevé, où il existe une chapelle dédiée à Saint -Hospice, solitaire, qui habitoit cet écueil vers le sixième siècle. Toute cette pointe est formée d’un calcaire marneux, peu différent de celui de Deux-Rubs , mais d’une couleur grisâtre ou jaunâtre, plus abondant en particules argileuses, et pénétré de gros tuyaux d'animaux marins, qui paroissent avoir vécu dans cet endroit , ainsi que leur réunion et leur position portent à le faire croire. On y voit aussi quelques pyrites, du spath calcaire blanc, et beaucoup de débris des çoquilles que les flots ont disposés en bancs horizontaux. Les dispositions que conservent les couches du calcaire mar- neux de ces deux promontoires , vers la partie meridionale, est l'horizontale : quelques-unes seulement s’'inclinent à peu près: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 vers l’ouest, du côté de l’enfoncement de l'endroit dit les Fora chettes, sur la dernière pointe qui se trouve élevée au-dessus du niveau de la mer, de 43 mètres : poche les ruines de l’ancien - fort de Saint-Hospice, que le maréchal de Berwich fit sauter au’ commencement de 1700, existe un petit ravin, qui, se dirigeant du sud au nord , traverse les couches du texrain ; il est facile de voir que ces couches, sans perdre de leur parallélisme, s’in- clinent et se brisent pour suivre la: pente de ce même ravin jusqu’à son embouchure dans la baie de Saint-Hospice. Description de la côte du golfe de Saint-Hospice. * En côtoyant cette partie de la presqu'île, que la mer du golfe de Saint-Hospice dessine en zigzag, l’on voit que tout le système qui compose ce contour est du même calcaire marneux de la baie de Ville-Franche : ses couches sont abruptes, escarpées et presque perpendiculaires à l'horizon. Elles sont coupées par une infinité de fissures qui les subdivisent en tranches, la plupart sont pleines d’une argile marneuse chloritée, renfermant des téré- bratules, des nautilites, des arches, des ammonites, etc. Vers le milieu de ce golfe se trouvent de grosses huîtres passées à l'état siliceux, rongées et détruites par les vagues de la mer, elles sont mélées avec d’autres fossiles également brisés, en parties si ténues, qu’on ne peut reconnoître à quelles espèces d'animaux ils ont pu appartenir. En approchant vers l'endroit où la péninsule se joint à la chaîne qui tient à la grande terre, tout le terrain n’est qu’un amas immense de nummuülites disposés en forme de bancs, et à peines liés par du calcaire marneux grossier , où se trouvent également des débris d’orbulites, de planulites, et des peignes qui commencent à s'approcher par leur forme, de ceux qui vivent aujourd’hui dans notre mer, Conclusions. Lorsque je cherchois à me rendre raison des phénomènes que présente celte presqu'ile , je me disois souvent, que prétendre expliquer la succession des couches qui recouvrent la surface du globe par une cause unique, ce seroit comme si l’on vouloit, Dd 2 208- JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans l'histoire des nations, attribuer à un seul personnage tont ce qui seroit arrivé sous le même nom. Je crois donc pouvoir distinguer trois époques principales dans la formation de la pres- qu'ile de Saint-Hospice, La première est celle de la déposition du calcaire compacte à grain fin, qui sert de base à tous les autres systèmes , et dans lequel on ne rencontre presque jamais des corps organisés. Ce calcaire, quoique le plus ancien, est celui qui a le moins souffert de dérangement dans sa stratification, et qui est le moins altéré par l’action de Pair. Dans [a seconde époque l'Océan change de nature, ou du moins dépose des roches différentes, et nourrit une immense quantité de corps organisés dont on ne connoît plus les ana- logues vivans, mais qui présentent une succession dans leur apparition. On trouve d’abord le calcaire marneux à gryphites; ensuite la marne chloritée qui enveloppe ce grand amas de bé- lemnites, d’ammonites, etc., et puis le calcaire grossier ren- fermant des nummulites, des peignes, des orbulites, etc. Le calcaire à gryphites qui sur nos montagnes s'élève à plus de 2000 mètres , a éprouvé de violentes catastrophes, attestées par le désordre et le bouleversement de sa stratification. Celui qui renferme les bélemnites et les nummulites, présente au contraire une stratification régulière et peu inclinée, qui annonce qu'il a été déposé par une eau calme et tranquille(xr). ÿ Enfin nous voyons dans la troisième époque les traces d’une mer qui nourrissoit des êtres semblables à ceux qui vivent ac- tuellement dans la Méditerranée, et qui semblent avoir formé deux ordres de dépôts particuliers, d'abord la lumachelle de la pointe méridionale de la presqu'ile, et ensuite l’amas de sable calcaire de Grosueil. Ces dépôts, qui par la nature de leurs coquilles, semblent se rapprocher si fort de nous, ne pourroient-ils pas appartenir aux temps historiques? En effet, les auteurs grecs nous parlent d'une époque où la Méditerranée n’étoit qu’une immense vallée (æ) On voit sur le nouveau chemin de Rome , sur le col de Montalban ;, et au château de Nice, des couches régulières de cette même marne chloritée à bélemnites. . SE PS mans + ET D'HISTOIRE NATURELLE, 209 renfermant un lac vaste et profond, uniquement nourri par les fleuves qui s’y versoient naturellement. Strabon affirme qu'ori- ginairement l’Euxin ne débouchoit pas du côté de Byzance, mais que dans la suite ses eaux réunies à celles de la mer Caspienne, firent une violente irruption par la Propontide et l’Hellespont, et se dégorgèrent dans le vallon méditerranéen. Diodore de Sicile a recueilli des notions précieuses sur la rupture des cyanées, et c’est dans ces temps reculés qu'il place le déluge de la Sa- mothrace. L’immense quantité d’eau de l'Euxin qui dégorgea par le Bosphore de Thrace et de l'Hellespont dans la Méditer- ranée, retenue du côté de Océan par listhme de Calpé, dut augmenter considérablement le niveau de cette mer, et peut l'avoir élevé à une cinquantaine de mètres au-dessus du point où nous le voyons de nos jours. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR a. a CR 1 b, = o ER EX Dal BAROMETRE MÉTRIQUE. 5 = A RS ë = | Maximum. | Minimum. |A Mror. Maximum. Minimum. : | À EE F | mpr.| # heures. © here o _| heures. mill. | heures. * mil, ill eo ras. “<+24,950/a4%m.+11,25|+-24,95|à 9 Lim... .... 64,colà rs... 7. 041763. 1 olà midi —+-25,50 à 4 d m.—+16,25|+25,50|à : ESfret. SAME Pete AO Serres es ire 24 3[à midi +-28,00|à 4? m.—+17,50|+-28,00|ù 61m. ....... 729,96|4 65. ....1.. «798,10 759,44 23,0 ala3s. +4,65 à45m.#14,79|4+24,90|à 9 m.......,.760,20[à 105... ..... 758,12 759,96 23,0 sla3s. “+245ofà1rs. +12,$0|4-24j00|à 4 5 m.......! 755 62:43. .... 2....751,88|753,64| 22,6 6[à3s. +#19,75/à4 5m. +ur,7s/ did, sal ro s2...... 759,82|à 42 m....:.! 755,24|757,30| 19,0 7là3s +21,15/445m.t+11,50 +20,65|à 105..:......762,34[à 4 km... 760,04|760,88| 20,6 sla3s. +23,25à4> m. #-10,65|+22,75|à om... ..…...… 762,20] 404: ece 760,80|761,84| 21,4 Di ola3s “igs5laros. +ro,50|+18,25|à 105.,.. ....769,18|à 3 5... .760,00|760,50| 20,6]! Mliolà3s. +21,90 à4: mi11,25/4-20,87|à 10 Ls....... 764,70|à 45m....... 763,24|764,24| 20,714 Alrilà3s. —+23,79/à 43 m.Æ11,50f+21,70à 72m... 764,92|à5ks........762,80|764,32| 20,9 Mirolà3s. <+26,50!à 44m.413,50| 425,88 à 4 ?m....... 761,80|à 54s...... ...759,761760,84, 22,0| [|13là midi 26,00! 4+ m.+415,00!4-26,00|à 10 s........763,70|à 4 5m.......760,60|762,44| 23,8 Qir4ià midi 21,90 à4+m.+11,75 +21,90|à g9m.........765,50/45 2 s........ 763,10|764,74| 22,3| dlrsia3s. <-21,75/à 42 m.+14,00|+19,00|à 43 m....... 760,60|à 6 s..........758,60|759,56| 20,9] Aliélamidi +21,25/à 4% m.+13,50|t21,25là10s..... ...-750,60[à midi....... .757,641757,64| 21,4M Blizlo3s. <21,50|à 4 £m. 410,75|+-20,75|à 9 m......... DÉC 20 OS Fete 759,10|760,04| 21,6 Hiisla 3s. —+-24,00|à 44 m.+411,00 +23,12]à 92 m....... 760,80|à 5s..........75075|760,50| 21,8 Hi 19)à 3s. H-22,60|à 5 m. 13,00! +21,75{à 10 s........ 764,68|à 5 m......... 762,28|764,08| 22,2 Hlooà 3s. “+21,75/à 5m. +-12,00|4-20,57|à 8 m......... 764,50|à65...... 2. 763,40|764,20| 21,0 Flzila3s. +20,00|à 1125.4 9,40|+19,50|à 9 ; m....... 765,80|493s......... 763,71|765,08] 20,7] Alzsla3s. +15,25/à5m,. +10,25|4+14,25|à 5 m...... ...760,72la101s........ 754,08 759,64! 19,9 d|23/à midi +15,75/à 5m. + 9,00|+19,75/à9s........:.763,90|à5m......... 754,28/759,88| 18,7 2qla3s, H1975/à5m. + 8,75|+18,75À9s........ 767,02|à 5 m........ 765,62|767,16, 19,2 D |25là midi 16,40olà 5m. + 8,25/+18,40|à 7 m......... 767,78|à 4 4 5...n...705,561767,08| 19,2] M|26|à 3 s. +H19,75là5m. “+ 9,25|+-19,00|à 10 m........ 765,72\à 5 1s........763,24|764,28| 19,0M l2zlags. +19,12là 5 m. +-10,25|+17.90|à9£m........763,90|à 5 s..........762,90|763,50| 16, D 28là midi 18,50 5m. —11,75|+#10,90|à 10 m........7602,92[à 53 5s........ 761,78|762,72| 19,1M HI2o3s. —+20,00/à 5} m.+12,50|+1960jà9%s........ 763,62] à 5 : m....... 762,20|763,28| 19,0M sola3s. 20,751 5 À m.Æ11,00|+20,00!|à 0 + m...... .765,00|à525..... ....764.08|764,64| 10,21! Alsra3s. Ho1,75!à 5m, +H10,25l-21,00 à 7? m..,....765,00/à1045........760,90|764,12 19,0 | Moyennes. +22,01| +12,15|+21,08| 762,94: 760,52|762,00 | 20, RECAPITULATION. Millim. Plus grande élévation du mercure. .,.. 767,78 le 25 Moindreélévation du mercure......... 751,68 le 5 Plus grand degré de chaleur......... 26,00 le 3 Moindre degré de chaleur........... —+ 8,25 le 25 Noté de jours beaux....... 17 de couverts....... LH38mUl de pluie........ one 8 le IVERR ER RERE celle 3: delceléereter crc -ret o dc fonnerre..:....1:#. o de brouillard ---#"#"77 3 dOMCISPr bec niceler o nererelen ere o Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cen- centièmes de millimètre, Comme les observations faites à midi sont ordinairement celles qu’on/| le thermomètre de correction. A la plus grande et à la plus ptite élévation du baromètre conclus de l'ensgmble des observations, d’où 1l sera aisé de déterminer la température moyenne conséquent, son élévation au-dessus du niveau de la mer. La température des caves est également A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS. AOUT 1813. VARIATIONS DE L'ATMOSPHERE. SHre. : POINTS |:- VENTS. Le LUNAIRES. DA nudi * LE MATIN. 72 [NO. Beau ciel, brouillard.|Très-nuageux. 72 | 1dèm. Couvert. Tdem. 7610. * Nuageux, lég. brouil.| Jdem. 70 [O-S-O. |P.Q.14hro/m.| Lrès-nuageux. Idem, 72 |S-0. Lune apogée. Jûem. Couvert. ; M 79 |O:2r Nuageux. Petite pluie par inter. 81| JTdem. Très-nuageux. Pluie fine. 76| Idem. Nuageux, Nuageux. 79 |N-O. Pluie. Couvert, 81 [N. Nuageux. Idem. 80 | Idem. : Vapeurs, léger brouil.| Légers nuages. 73| Idem. |P.L.13h6/m.|Superbe, Lien. 75 |N-O. idem. Nuageux. 67 |O. Nuageux. Idem, 77 | Idem Quelq. gout. d'eau. ‘|Couvert. 77 \N-O. = |Couvert. Très-nuageux. 71 10. Beau cel. Nuageux. 78| Idem [Nuageux , brouillard.|Très-nuageux. 76| Idem D.Q.à2h52/m. Nuageux. Nuageux. 71 N. Lune périgée. Très-nuageux, Ciel voilé. 67 |N ” là A Pre ou soumises à d’autres rayons, sans même,en excepler e violet, : _Soixante-unième. En plongeant à plusieurs reprises les mêmes äiguilles dans d’autres zones du spectre solaire, comme je l'avois fait dans celle du rayon plus réfrangible, il ne m'a jamais été possible d’observer le degré des phénomènes magnétiques , ni l'augmentation de la force magnétique acquise par ces aiguilles. Néanmoins les physiciens de Rome ont assuré les avoir trouvés du moyen d’immersions fréquentes dans le rayon violet. Soëxante-deuxième. De toutes ces expériences il résulte donc évidemment, qu'on ne peut attribuer aucune influence directe Ou indirecte aux rayons diversement réfrangibles du spectre solaire, sans même en excepter le violet, pour magnétiser les âiguilles de fer ou d’acier. Soixante-troisième. Mais relativement aux zones obscures, peut être dira-t-on que d’un côté du spectre elles avoisinent le rayon rouge, et du côté opposé le rayon violet ? Non-seulement tous les rayons du spectre solaire ont la faculté de réchaufler les corps, comme l’a prouvé Sénnébier; mais encore le plus haut degré de chaleur s’cbtient par des causes semblables, d’après Herschel, du rayontrouge à la distance d’un demi-pouce environ. À u contraire; selon Scheele, non-seulement le rayon violet réduit plus promptement que les autres rayons l’oxide d'argent; mais encore d’après les expériences de Wollaston, de Ritter et de Bockmann , c’est dans l'obscurité qui avoisine immédiatement le rayon le plus réfrangible, que s'opère le plus rapidement la désoxigénation du muriate d’argent. Par conséquent, les zones obscures limitrophes des rayons rouges et violets ont des rayons invisibles calorifiques moins réfrangibles, provenant des colorés, et du côté opposé, des rayons chimiques désoxigénés, plus ré- frangibles qui partent du même rayon violet. Pourquoi ces ban- delettes insensibles douées de diverses propriétés physiques et chimiques, ne pourroient-elles pas produire des phénomènes dans la magnétisation des aiguilles de fer et d’acier ? Soixante-quatrième. Quoique les expériences faites surla force mwaguélisante du rayon violet et du rayon rouge ne nveussent guère mieux réussi sur les rayons chimiques et calorifiques, péanmoins pour mettre la dernière main à mes recherches, j'ai dû en tenter quelques autres en plaçant aussi des aiguilles daus Tome LXXVII. SEPTEMBRE an 1813. Gg 330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les deux zones obscures latérales des extrémités du spectreso- laire. Je placai donc dans chacune d'elles , à diverses reprises, quatre aiguilles de fer et quatre d’acier, en les tenant suspendues sur la tablette de bois précitée. Je répétai sur chacune d'elles trois immersions qui ne durèrent pas moins d’une demi-heure, et je m’appliquai le plus attentivement possible à examiner si elles resteroient constamment dans la limite vers laquelle se porte, d’après les physiciens dont j'ai parlé, la plus grande action ca- lorifique ou chimique, L’immersion finie, je les plaçai sur leurs pivots; mais ni celles enlevées de la zone calorifique, ni celles retirées de la zone désoxigénante, ne donnèrent aucun signe qu'elles fussent devenues foiblement magnétiques. Soixante-cinquième. Je répétai deux autres fois la. même ex- périence sur six autres aiguilles, dont quatre de fer et deux d’acier, en les laissant, savoir une d'acier et deux defer, pen- dant plus d’une heure dans l’obscurité du côté du rayon rouge, et autant de temps dans celle du côté du rayon violet, et, dans celle ci comme dans les précédentes, rien ne me confirma la dé- couverte de Morichini. Soixante-sixième. Enfin je soumis aux mêmes expériences quelques aiguilles déjà un peu aimantées; mais elles ne me pré- sentèrent d'accroissement dans la force magnétique qu’au bout d’un long espace de temps. Je dois dire néanmoins, que la force magnétique observée depuis dans l’une des aiguilles d’acier, prise parmi celles placées dans la zone obscure limitrophe du rayon violet, fut un peu plus grande que dans les autres. Mais qui ne voit clairement que l’inconstance et la variété de ces effets est la preuve la plus évidente que les rayons chimiques et calorifiques, ainsi que les colorés, sont privés de la force qui magnétise le fer et l'acier. Soixante-septième. En réfléchissant aux résultats que j’avois obtenus de ces différentes expériences, j'imaginai que si quelaues faits, tels que ceux j'ai cités, ne pouvoient pas militer en faveur de la force magnétisante de la lumière, peut-être rentreroient- ils dans la classe nombreuse des anomalies qui modifient parfois, l'action du magnétisme terrestre, et que, comme la tourmaline, ils proviendroient de la différente température acquise par le fer et l'acier plongés pendant quelque temps dansla lumière. Parexemple, une température douce augmentant par degrés, et portée à un certain point, rend la tourmaline électrique, tandis que si elle s'élève trop rapidement, ou elle détruit les phénomènes élec- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23: triques qui ont déjà paru, ou bien elle change l'électricité po- sitive en négative, et réciproquement. Les phénomènes que pré- sentent le fer et l’acier qui s’aimantent, ne pourroient-ils pas avoir la même origine que ceux de la tourmaline, lorsqu'ils sont soumis à une température différente ? Les expériences faites sur des verges de fer chauflées à un feu ardent ,ne présenteroient-elles pas les mêmes phénomènes ? Soixante-huitième. Ces réflexions me donnèrent l’idée d'élever artificiellement et peu à peu, la température de quelques aiguilles de fer et d'acier non-magnétiques , dans les bornes que m’avoient indiquées les expériences précédentes. En conséquence, avec de la cendre et de l’eau chauflées par degrés, j'entrepris cette ex- périence en couvrant les aiguilles avec l’une et en les plongeant totalement dans l’autre. Ces tentatives furent répétées plusieurs fois, et je dois avouer que les résultats ne se montrèrent pas différens de ceux que j’avois eu occasion d'observer en exaltant, à l’aide de la lumière non-concentrée , la température des lames de fer et d'acier. Mais lorsque les aiguilles eurent été plongées dans l’eau mélangée avec de la cendre, dans la cendre elle- même , et encore dans l'huile, les unes et les autres chauflées à plus de 80° du thermomètre de Réaumur, plusieurs d’elles acquirent sensiblement la polarité qu’elles n’avoient pas, et quel- ques-unes qui étoient d’abord un peu magnétiques changèrent leurs pôles. Soëxante-neuvième. Les tables d'observations météorologiques qui se trouvent tous les mois dans le Journal de Physique et de Chimie du professeur Brugnatelli, n’ont jamais pu me mettre à même de tirer aucune conséquence certaine des circonstances météorologiques qui pourroient favoriser ou contrarier la ma- guétisation naturelle du fer ou de l'acier. Soixante-dixième. Six fois le temps fut orageux, et il tonna très-fort dans le courant des mois d'avril, de mai et de juin, pendant lesquels je fis mes expériences. Je trouvai néanmoins dans la chambre où j'opérois , que quelques aiguilles de fer étoient devenues avec le temps d’ellessmêmes magnétiques; suspendues et très-mobiles sur leurs pivots, elles ne présentèrent aucun chan- gement et n’éprouvèrent aucune commotion. Il en fut de même de six lames d'acier de 5 pouces'de long, fortement aimantées depuis long-temps, que j’exposai, dans les mêmes circonstances, à l'air dans un endroit élevé, dans des boussoles de métal cous vertes de cristal. Gg 2 232 JOURNALDE PHYSIQUE, DE CHIMIE Soixante-onzième. Puisque ces observations m’ont donné oc+ casion deparler de l'électricité, je finirai ce Mémoire.en donnant les résultats des expériences que j'ai faites pour vérifier si les rayons violets ou chimiques produisent des phénomènes élee- driques particuliers qui ne rentrent pas dans la classe de ceux que nous connoissons déjà. Soixantedouzième. J'employai pour ces expériences, un con- densateur à plateaux bien polis de métal, dont les entre-deux étoient couverts d'une couche très légère de vernis de gomme: laque. Je fis tomber à plusieurs reprises sur le plateau supérieur bien assuré, le foyer du rayon violet recuerlli de la lentille convexo-convexe , tandis que à plateau inférieur étoït en contact avec les! conducteurs métalliques. Au bout d'une heure, ou un peu moins, je n'ai point apperçu de moindie signe d'é- lectricité. Soixante-treizième. Jerépétai cesexpériences en faisant tomber la lumière sur la zone obscure contiguë au rayon violet d’une pelite lame de laïton qui, attachée au plateau supérieur, en dé- bordoit la partie inférieure; maïs ces expériences ne m'ont pas procuré la plus foible électricité. Soixante quatorzième. Je serois porté à croire que les signes d'électricité positive provenant, suivant le physicien de Rome, du rayon violet, doivent être attribués à l'électricité propre du condensateur qui, dans cette circonstance, fait les fonctions d'électrophore. Conclusion. Si la promptitude et l’assiduité que J'ai mises, non-seulement à entreprendre, mais encore à poursuivre el à conduire jusqu’au bout mes expériences et mes observations , autant sur l'influence du magnétisme terrestre, que sur celle de la lumière composée et déeomposée sur les aiguilles de fer et d’acier, peuvent leur mériter quelque confiance ; et si je me suis appliqué à prendre toutes les précautions nécessaires pour ne pas tomber dans l'erreur en cherchant la vérité, on ne m'accusera pas, sans doute, de présomption en déduisant de mes tentatives Les corollaires suivans: I. Les aiguilles de fer et d’acier, que nous regardons commu- nément comme non-aimantées, sont rarement telles; et quand cela arrive, elles peuvent d'elles-mêmes devenir: magnétiques avec le temps; c’est-à-dire, non-seulement sans employer aucun ET D'HISTOIRE NATURELLE, r 233 aimant , mais encore saus mettre directement en œuvre aucun des moyens reconnus comme efficaces pour favoriser l'influence du magnétisme terrestre , tels que la percussion, un changement de température on rapide, ou très-grand, l’arrangement, la dé- charge de lappareil électrique et d’autres circonstances sem- blables. Tout, ce que je viens de dire confirmetce que les plus célèbres physiciens ont observé depuis long-temps, observations qu'ils nous ont fidèlement transmises. Il n'est presque pas de morceau de fer ou d’acier qui ne soit soumis à l’action magné- tique du globe. Le premier indice de magnétisme naturel que donnent Je fer et l'acier, est celui de la direction ou de la po- Jarité, quoiqu’au bout d'un certain temps ils aient acquis une force magnétique telle, qu'ils peuvent encore développer d’autres phénomènes de l’aimant. Le magnétisme naturel est par lui même ordinairement foible , et ses accroissemens sont lents ; aussi faut-il du temps pour appercevoir les premiers phénomènes qu’il pro- duit, et ses progrès divers sur les diflérens morceaux de, fer ou d'acier; enfin, pour examiner toutes les circonstances qui Taccompagnent. Le fer devient plus promptement susceptible æ l’acier, du magnétisme naturel; maïs celui-ci s’aimante d’or- inaire plus foiblement que l’autre, il reste plus long - temps dans l’état magnétique qu'il a acquis. Enfin, la direction dans Jaquelle reposent ou se trouvent suspendus le fer ou l’acier, lors- qu'elle est paralléleà celle d’une bonne aiguille aimantée, agrandit, prolonge, rend plus prompte et plus forte l’action du magné- tsme terrestre. II. Les expériences que j'ai faites, non-seulement n’ont dé- montré en aucune manière, quela lumière soit douée de Ja faculté magnétisante le fer ou l’acier, ou que ses faisceaux diversement colorés, et les rayons calorifiques et chimiques qui avoisinent le, spectre solaire en soient pourvus; encore moins que l’extré- inilé du bord durayÿon violet, ou plutôt les mêmes rayons chimi- ques qui à peine la dépassent, la possèdent. Les expériences pré- citées, non-seulement ne permettent pas de dire que les rayons chimiques contiennent , ou sont eux-mêmes le fluide magnétique ; et que ce fluide arrive du soleil à la terre comme la lumière et Le calorique ; mais elles ne permettent pas encore de regarder Ja lumière composée ou décomposée comme un moyen direct d’exciter ou de fortifier la continuation du magnétisme du globe. Seulement , lorsque la lumière est fortement concentrée , elle aide indirectement le magnétisme naturel comme les autres in- 234 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE termédiaires, à l’aide desquels s'élève à plusieurs degrés et ra pidement, la température du fer et de lacier, l’élévation de la température étant accompagnée de la dilatation des corps, et conséquemment d’un changement sensible dans la position de leurs parties. IIT. Quand la force magnétique qui enveloppe le fer et l'acier est trop foible, et que les phénomènes de l’aimant sont pres- qu'insensibles , plus les anomalies se multiplient, et plus les mystères du magnétisme s’enveloppent de ténèbres. C’est pour cela que le fer doux soumis à l’acier ne marche pas plus faci- lement; c’est pour cela aussi que le magnétisme que le fer et l'acier acquièrent d’eux-mêmes, est ordinairement foible, et c'est particulièrement dans cette circonstance que la nature se montre plus que jamais bizarre, en transformant sous nos yeux, sans que nous puissions en donner la raison, les phénomènes magnétiques qu’elle avoit également produits sans nous en avertir. Si donc l’art de celui qui fait des expériences sur les recherches de la nature, est toujours difficile par lui-même, combien ne devra-t-il pas l'être encore plus pour celui qui s'occupe du ma- gnétisme, où presque tout est mystère, et où à chaque pas, eu égard à notre manière de voir, nous ne rencontrons qu'irré- gularités et contradictions? Si les opinions et les hypothèses que le célèbre Bacon nommoit de pompeuses bagatelles, nuisent d'ordinaire à l'avancement des connoissances naturelles, et sont pernicieuses pour leurs auteurs eux-mêmes, ne les abandonne- rons-nous pas entièrement, lorsque nous cherchons la cause des phénomènes magnétiques et des prodigieuses vicissitudes auxquels 1ls sont sujets? Je dis avec Musschembroeck :que ma philosophie est celle qui, rejetant toutes les hypothèses, ne donne en Physique pour constant et ratifié, que ce qui est absolument démontré; aussi, convaincu de mon insuffisance à cet égard , me suis-je borné à exposer simplement les expériences que j’ai tentées, et les faits que J'ai observés, sans me permettre de rien dire sur l’origine de la cause de ces phénomènes, que nous avons nommée avec tous les physiciens, la force ou l'influence du magnélisitme terrestre; et encore moins sur la manière dont elle agit continuellement et avec tant de variétés, ou enfin sur les rayons qui peuvent la modifier. Voici comment s’explique à la fin de sa Dissertation sur l’aimant, le physicien dé Leyde tant de fois cité : maïs comment cette grande vertu magnétique . s’est-clle formée? c’est ce qu'il est impossible de dire d'après ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 235 n0S observalions ci-dessus. Laissons donc à nos neveux le soër de tenter d’autres expériences qui, sans doute beaucoup plus satisfaisantes que les nôtres, les mettront à même de résoudre un problème inexplicable jusqu'ici. Puissé-je inspirer à plu- sieurs de ceux qui s'appliquent à l'étude de la Physique, le desir de suivre de près et d'examiner avec un œil constamment at- tentif , ces phénomènes. La nature, tantôt astucieuse, ne nous découvre quelques-unes de ses belles formes que pour nous sé. duire ; et tantôt capricieuse, elle se soustrait à nos regards pour nous capliver encore davantage. Qui sait si quelque philosophe ne parviendra pas à la surprendre, et à l’obliger de lui révéler ses secrets au moment où, se croyant en sûreté, elle s’apprétoit à le tromper, comme elle s’étoit jouée des autres? T'el est le but que je me suis proposé en publiant mes expériences ; heureux si, pour prix de ma patience et du temps que j'y ai consacré, on m'accorde de lavoir atteint ! J’ai recu de M. Morichini un second Mémoire contenant plusieurs nouvelles expériences qui confirment son opinion. Il sera imprimé dans le Cahier du mois d’octobre. M. de Fortia m'a écrit de Rome, qu’il avoit vu toutes les expériences de M. Morichini, qui avoient toujours été conformes à celles qu’il avoit an— noncées. (Note de J.-C. Delamétherie.) 236 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MEMOIRE SUR LA LIGURITE; Pan M. VIVIANT, Inspecteur et Professeur de Botanique et d'Histoire naturelle à l’Académie [mpériale de Gênes, Membre de l’Académie [m- périale des Sciences, Lettres et Arts, et de la Société d'E- mulation de la même Ville ; de l’Académie italienne; de celles de Florence, de Sienne, de Turin, de la Société des Natu- --ralistes- de Berlin, etc. ..J’APPELLERAI ligurite le minéral dont je vais donner la des- cription, nom tiré de la région (la Ligurie) où j'en ai fait la découverte. Je connois les défauts que l’on reproche aux déno- minations tirées dés localités : toutefois on peut dire en leur faveur, qu’elles continuent à être exactes, au moins jusqu’à ce que les espèces qu’elles désignent appartiennent exclusivement aux mêmes pays, et que ces espèces portent encore dans l’histoire de la science le souvenir de leur découverte lorsqu’on en a re- connu l'existence dans d’autres localités. La ligurite est une pierre d’une couleur vert-pomme, que j'ai trouvée cristallisée dans une roche talqueuse, sur le bord de la Slura, torrent qui coule au nord de l'Apennin au-dessus de Voltri, et qui partage ici le département de Gênes de celui de Montenotte. Il est très-rare de trouver la ligurite parfaitement cristallisée et en cristaux déterminables, cependant elle affecte presque constamment les formes régulières. Les cristaux isolés, quoique les petits, surtout, soient fort rapprochés ; ils ne tiennent pas fortement à leur gangue, puisqu'il est facile de les en dé- tacher, dès qu’on les à à moitié découverts : ils laissent alors teur empreinte dans la gangue, comme s'ils y avoient été moulés. Les plus gros de ces cristaux , en les supposant parfaits, ce qui ne ET D'HISTOIRE NATURELLE: 237 me m'est jamais arrivé de trouver, ne vont pas au-delà de 7 mil- limètres en largeur, et de + à peu près de cette dimension en hauteur , ce qui leur donne la forme lenticulaire. Il est assez fréquent d'en voir, moyennant une loupe, de parfaits parmi les plus petits, qui ‘annontent à l’œil nu comme des lames minces et brillantes : c’est encore parmi ces dérniers que l’on remarque plus de transparénce et d'homogénéité danis leur composition. J'ai mis le plus grand soin à déterminer la forme de ces cristaux, qui tantôt-par leur imperfection, tantôt par leur pe- ttesse, semblent se refuser aux mesures cristallographes. Mes premières observations tombèrent sur un fragment de cristal qui présentoit un angle solide formé par trois plans qui laissaient entrevoir la forme rhomboïdale ; c’étoit la seule partie de ce cristal qui étoit à découvert. Ce premier apperçcu tourna ma pensée vers le dodécaëdre à plans rhomboïdaux ; mais cette forme #iut bientôt démentie par la valeur des angles plans qui com- posoient l'angle solide, ou, ce qui revient au même, par l'in- clinaison de leurs faces : d’ailleurs, ayant découvert quelques-unes des faces adjacentes , leur rencontre avec les plans susdits me donnoit un angle trèsaigu, ce qui me fit croire que je n’avois ici qu'un cristal imparfait, et que, peut-être, les faces adjacentes que je venois de découvrir, m’étoient qu’une section dans le sens des plans d’un noyau qui m’éloit également inconnu. Pour dissiper ces doutes, il fallut retourner sur le lieu à la recherche de cette pierre sous des formes mieux prononcées, Mon voyage ne fut pas infructueux. Les cristaux que j'en rapportai, me fournirent assez de données pour déterminer cette forme, malgré les difficultés que j'eus encore à surmonter par la petitesse des cristaux et par leur imperfection. Je reconnus alors que ces cristaux, bien loin de rentrer parmi les modifications de la forme sphéroïdale , en avoient une très- aplatie et lenticulaire ; que les trois plans rhomboïdlaux que j'avois découverts dansma première observation, représentoient la moitié d'un cristal symétrique à l’autre moitié encaissée dans la gangue; c'est-à-dire, que cette forme est un prisme rhomboïdal très- aplati, dont voici les dimensions: Angle obtus de la base. .°. . , , 1049 D On see à » dede eu Le et 70 —— obtus des pans. . . . : . . . 123 ee HIDE eee Ve devait ot ot Ms où à à (ON7 Tome LXXV II. SEPTEMBRE an 1813, Hh 238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE, CHIMIE Incidence ( fig. 1) de P sur M ou de la base SUL OS PANSE ee vel abeis. «tel 1400) 19 20 SE RE 0 1 ANSE RAS 58 20 ———— de M sur le plan adjacent. , . . .« 40 x 40 L'angle formé par l’arête H de la diagonale Oblane OA nn SR UE [OZ LA ZT (1 Rapport entre la diagonale oblique OA et la diagonale ho- rizontale KE en prenant l’arête pour l'unité :# 1,23132 : 1,57602, ou comme ÿ/19 : ÿ/31 Rapport entre la grande diagonale des pans et la petite... :: 0,95432 : 1,75764. Rapport du grand axe au petit :: 2,1668 : o,58ro7. Hauteur du prisme 0,4663. Dans ces résultats il n’y a que les angles plans donnés par” le goniomètre : j'ai obtenu les autres valeurs par des calculs trigonométriques. J’ai préféré cette espèce de détermination comme susceptible de plus de précision en s'agissant de petits cristaux, par la raison que lou peut obtenir avec assez de pré- cision la mesure des angles plans, moyennant des morceaux de papier convenablement découpés et reportés, à plusieurs reprises, sur le plus grand nombre possible de ces angles, pendant que linclinaison des faces que le goniomètre saisit très-bien dans les cristaux à grandes dimensions, devient absolument douteuse dans les petits; car il n’y a nul moyen de s'assurer si l'instru- ment est porté perpendiculaire à la ligne de rencontre. J’ai sacrifié plusieurs cristaux pourreconnoître s’il falloit adopter pour le noyau primitif de cette cristallisation , une forme diffé- rente de celle que je viens de déterminer, et quelle en étoit la molécule intégrante. Mais les coupes toujours scabres et inégales que j'en ai obtenues, ne permettent pas d'apporter aucun char- gement à la forme que je viens de décrire, soit en qualité de noyau , soit comme molécule intégrante. Dans un seul cristal j'ai cru voir des traces d’une face dans le sens de la grande dia- gonale des bases, ce qui donneroit un prisme oblique triangulaire pour molécule intégrante; mais cette forme, dont d’ailleurs le règne minéral ne présente d'autre exemple que dans le mercure sulfuré, est , d’un autre côté, contredite par la forme desfragmens qui semblent affecter [a forme tétraédique, sans cependant se ET D'HISTOIRE NATURELLE. 239 montrer ni avec celte constance, ni avec cette netteté de faces nécessaire pour être adoptée dans la constitution de l’espèce. En attendant donc des observations ultérieures, ou une main lus habile pour déterminer, dans cette espèce , la forme de a molécule intégrante, on peut supposer qu’elle ne diffère pas de celle du noyau , dont j'ai donné les dimensions ; supposition qui d’ailleurs, comme l’on sait, ne change rien dans le calcul des formes secondaires. 4 … Formes secondaires. Un seul des cristaux que je possède de cette pierre , présente une forme secondaire qui provient d'un décroissement sur les deux angles obtus des bases du prisme. Mais la petitesse de ce cristal qui n’a pas plus de 5 millimètres de largeur, ne m'a pes permis de reconnoître la loi, d'après laquelle le décroïissement a lieu. La supposition de 7 — 3 me semble la plus approximative. Il est facile de concevoir que les décroissemens qui ont lieu sur ces angles, produiront deux faces triangulaires isoscèles qui in- tercepleront les bases du prisme et viendront se réunir par leur base selon une ligne qui doit coïncider { fig. 3) avec l'extrémité du plan DFHB prolongé. On concevrade même, que ces deux facès secondaires auront une étendue différente, et présenteront” une inclinaison différente pour chacune de leurs faces adjacentes. Soit( fig. 1) AA! la projection de ce cristal, et( fig. 2) MM! sa forme secondaire; l'angle formé par l’arête H et la face se- Condaire 7 est dans ce cas de 160° 53 31". Par la même arête et la face secondaire inférieure COMÉÉDOMLANEE : 0 0 ee ee ce Ut le. ce ffO000 00 > Incidence des pans MM et de la face secondaire 7. 153 16 o; desdits pans et de la face secondaire in- férieure correspondante 7’... . . . . . . . . . 56 952 —— k s GMOA !, Le symbole de ce cristal sera en conséquence Er. J’ap- pellerai cette variété Zigurite alternante par cette espèce d’al- ternation dans les dimensions des faces secondaires observées du même côté du cristal. J'ai calculé ces incidences et ces faces pour les différentes lois de décroissement depuis 2 = 1 jusqu'à 2 —4, dans l'espoir que & Hb 2 240 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHMIMIÉ ce travail ne sera pas perdu, soit dans le cas que dés nouvelles recherches augmentent le nombre de formes cristallines de cette substance, soit que des cristaux mieux prononcés nous mettent en état de choisir, parmi les lois de décroissement dont j'ai donné d’avance le résultat , celle qui se trouveroit plus d'accord avec les nouvelles observations. Caractères physiques. BLe poids spécifique de la ligurite est de 3,496. Elle n'est pas électrique ni par la chaleur, ni par le frot- tement. ; > Elle jouit de la double réfraction. Elle est souvent transparente , quelquefois à peine translucide. On voit fréquemment dans lintérieur des cristaux des gerçures qui en«troublent la transparence. Elle est rayée par l'acier, mais elle raye le verre. La cassure est raboteuse , avec éclat vitré gras. Les fragmens affectent la forme tétraédique; sa poussière est d’un blanc gris, un peu âpre sous le doigt; jetée sur les charbons ardens, elle n'est pas phosphorique. à Caractères chimiques. La ligurite nest pas attaquée par les acides à froid. Au cha- Jumeau souvent elle éclate. On peut la regarder comme infusible dans l’acception ordinaire de ce terme, puisque ce n'est que par l’action soutenue de cet instrument, que je crois avoir vu un commencement de fusion sur un fragment extrêmement mince. Mélée avec le borax, elle se fritte en une scorie d’un beau jaune de paille. Exposée pendant une heure dans un creuset de platine à un feu très-vif, elle n'a pas changé de couleur, quoiqu’au commencement elle en eût pris une rougeâtre qui s’est dissipée dans la suite; la forme des fragmens, après cette expérience, étoit intacte, et on n’y reconnoissoit aucun principe de fusion. Le poids n’avoit non plus sensiblement diminué. Différences. D’après l'énumération de ces caractères, il est facile d'indi- quer les substances avec lesquelles la-ligurite pourroit être con- Tondue, D'abord la forme d’un rhomboïde trés-aplati n'a été on ET D'HISTOIRE NATURELLE, 241 jusqu'à présent reconnue que dans l’axénite et dans la glaubé- rile : celle-ci présente des traits de ressemblance de plus dans la couleur verte, et la valeur identique des angles de la base; mais ce sont les seuls caractères que ces deux substances ont en commun : tous les autres présentent le maximum de di- vergences. L’axinite, dont une variété est verte, qui se montre sous la forme d’un rhomboïde aplati, et dont le poids spécifique et la cassure augmentent le nombre des ressemblances, pourroit ap- porter quelque équivoque dans la distinction de la ligurite; mais celle-ci est infusible, pendant que l’autre fond avec facilité et bouillonnement : la ligurite à peine raye-t-elle le verre, pendant que laxinite étincelle sous le choc du briquet. D'ailleurs il n’y a qu'une apparence de ressemblance dans les formes, qui réel. lement sont très - distinguées, surtout si l’on remonte à leur génération. Enfin d’autres caractères de ressemblance rapprochent la li- gurite à une pierre précieuse, connue sous le nom de péridot- chrysolite, et qui, d'après un passage de Pline, liv. 37, chap. 8, paroît la topaze des anciens. Ces deux pierres se ressemblent, 1° Par la couleur, quoique dans le péridot la couleur verte soit tant soit un peu plus foncée, ce qui nuit beaucoup à la transparence de cette pierre , surtout dans les péridots de Schel- kowitz en Bohême; 29° Par le poids spécifique qui est de 3,408 dans le péridot de Bohéme, et de 3,496 dans la ligurite; 3° Par leur infusibilité. La différence de ces deux pierres est'établie ; 1° Par leur forme. Le péridot a pour noyau primitif un prisme droit à bases rectangles, et ses formes secondaires dérivent de ce noyau. Les formes secondaires de la ligurite, quoiqu’elles présentent de mème l'apparence d’un prisme comprimé fini des deux côtés ar deux facettes culminantes, l'inégalité de ces faces et leur différente incidence avec les faces du noyau, laissent entrevoir la différence des lois d’après lesquelles elles se sont formées. 20, Par leur cassure. Dans le péridot la cassure est vitrée et unie ;.les fragmens sont à grandes écailles, plates, très-minces 242 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et éclatantes. La poussière, si elle nest pas portée au maximum d'atténuation , présente la forme de lamelles extrêmement fines. Dans la ligurite , la cassure , quoique d’un éclat vitré, est toujours scabre et raboteuse. Les fragmens ne sont pas écailleux, mais irrégulièrement tétraédiques. La différence tirée de ce dernier caractère me semble d’une importance majeure ; car si la forme des fragmens ne doit pas être prise pour synonyme de celle de la molécule intégrante, elle ne partage pas moins l’importance des formes cristallines; car elle ne peut être que la suite de l’ar- rangement qu'ont pris les molécules constituantes dans la for- mation d'ane espèce; et si c’est l’observation qui doit arrêter cette forme, qu'est-ce que la molécule intégrante, si ce n’est pas la forme des fragmens, régularisée par la géométrie des cristaux ? En comparant les caractères de la ligurite avec ceux des espèces minérales connues jusqu’à présent, on est assez fondé à regarder la ligurite comme une nouvelle espèce. Et quoique ces caractères ne nous instruisent pas sur la nature des élémens qui la composent, il suflit au minéralogiste de savoir que ces élémens, dans la ligurite, se sont arrangés de manière que les formes et les propriétés physiques qui résultent de cet arrange ment, ne conviennent à aucune des espèces connues. D’après ce principe, l'analyse chimique, quels qu'en soient les résultats, ne peut rien innover sur la constitution de l'espèce; mais elle devient intéressante en ce qu’elle peut nous instruire combien d'espèces différentes la nature peut composer avec les mêmes élémens, Cette considération m’a déterminé à faire l’analyse de cette substance, dans l'espoir que les imperfections que la nature du travail et le peu de éristaux de ligurite que j'avois à ma dispo- sition, auroient pu répandre dans les résultats, pourroiïeat. en- gager les analystes distingués à revenir sur cette partie de mon Mémoire , et à rectifier les fautes, si j'en ai commises, C’est dans ce but que je rendrai compte du détail des opérations que j'ai suivies, Analyse chimique de la ligurite. Pour ménager, autant que possible , le peu de cristaux trans- parens de ligurite dont je pouvois disposer, j'ai fait précéder cette partie de mon travail par les essats suivans : 1°. Cette pierre réduite en poussière impalpable, et tenue ET D'HISTOIRÉ NATURELLE. 243 en digestion pendant quelques jours, dans les acides les plus forts, ne s'est dissoute qu’en fort petite quantité. 20. Ces acides, versés sur pierre pulvérisée, n’y ont produit la moindre eflervescence. L’acide muriatique n’a donné aucune exhalaison, mais il s’est teint en jaune, et il paroît avoir blanchi davantage la partie indissoute: 30, Le prussiate de potasse pfécipite en bleu cette dissolution. 4°. L’oxalate d’ammoniaque y produit un précipité abondant, blanc , insoluble, bo. L’ammoniaque y produit un précipité jaunâtre , et la potasse caustique à chaud dissout une petite partie de ce précipité. 60. Pour y reconnoître la présence du chrome, rendue pro- bable soit par Ja couleur de la pierre, soit par son gisement au milieu des masses serpentineuses et de diallage vert, jai fondu la ligurite pulvérisée avec quatre fois son poids de nitrate de potasse , et j'ai tenu au rouge ce mélange Jusqu'à la décompo- sition de l'acide; je l'ai délayé avec beaucoup d’eau, et J'ai saturé avec un acide la solution alcaline ainsi obtenue. L’ayant énsuite essayée avec diflérentes solutions métalliques, je n'ai rien observé qui püût me faire soupconner la présence du chrome. Ces essais annoncent dans cette pierre la présence de la chaux , de l’alumine, de l’oxide de fer, et donnent lieu à croire que la partie insoluble soit, en grande partie, composée de silice, qui peut également être en combinaison soit avec lalumine, soit avec d’autres terres, ce qu'il faut reconnoître par des pro- cédés plus efficaces. On est de même autorisé à en exclure la présence du chrome, D’après ces appercus, j'ai procédé , selon les méthodes ordi- aires, à l'analyse de la ligurite. J 10. J'ai mélé 100 grains de igurite fiiément pulvérisée avec 820 grains de potasse caustique, et j'ai fait chauffer ce mélange dans un creuset d'argent jusqu’au rouge. La matière n’a pas tardé à entrer en fusion; elle a pris une fonte liquide et d’une transparence uniforme. J’ai retiré, une demi-heure après, le creuset du feu : le mélange, en se refroidissant , a pris une couleur ver- dâtre, non-seulement à sa surface, mais aussi dans l'intérieur : ilavoit acquis une dureté considérable, etetoit fortement adhérent aux parois du creuset. 2°, L'eau chaude, jetée à plusieurs reprises dans le creuset, 244 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE spi peu à peu la matière, qui perdoit aussi sa couleur verte et blanchissoit en proportion qu’elle se dissolvoit ou restoit en suspension dans le liquide. 30. L’acide muriatique versé dans ce liquide a produit sur- le: champ, avec effervescence, des gros flocons gélatineux , qu'une nouvelle addition d'acide dissolvoit encore. En même temps l'acide a attaqué la partie de laamatière restée indissoute et en suspension dans l’eau; la solution est ainsi devenue transparente, et a pris une couleur jaune. 4°. J’ai fait évaporer cette liqueur dans une capsule de por- celaine. Bientôt elle s’est prise en gelée. Je lai remuée alors continuellement jusqu’à ce qu’elle ait pris la consistance d’une pâte uniforme. J'ai délayé dans beaucoup d’eau cette pâte, la silice s’en est séparée sous la forme d’un dépôt-gélatineux fort abondant. J'ai filtré, et j'appellerai A la liqueur ainsi ob- tenue. J'ai lavé à plusieurs reprises le dépôt resté sur le filtre, jusqu’à ce que les eaux ne blanchissoient plus le nitrate d'argent. J'ai réuni à la liqueur A toutes les eaux de lavage. 5°. Le dépôt gélatineux obtenu par l'expérience précédente ; desséché et tenu au rouge dans un creuset, pesoit 45 grains. Cette substance avoit tous les caractères de la silice pure. 60. Comme la solution A étoit encore acide, on pouvoit croire qu’elle avoit pas entièrement abandonné la silice. J'ai encore ajouté une nouvelle quantité d’eau et je l'ai fait doucement chauffer. La liqueur s’est bientôt troublée, et a formé un dépôt gélatineux qui, après avoir été séché et calciné, pesoit 14 gr. C’étoit encore de la silice, mais souillée d’oxide de fer : Paction du feu, en oxidant davantage le fer, lui avoit communiqué une couleur rougeâtre, 7°. J'ai broyé ce dépôt, et je l'ai fait bouillir dans l'acide muriatique alongé. Da silice a blanchi, et la solution a pris une couleur jaune-foncée. L’ayant précipité par le prussiate de potasse , j'ai obtenu 7 gr. de bleu de Prusse, ce qui donneroit 1,19-gr. de fer métallique. Mais, comme ce métal étoit dans la pierre à l’état d’oxide, et avec toute la probabilité au 772- nimum oxidation, vu la couleur verte qu’il lui communiquoit , ainsi il faut en porter la quantité à 1,55 gr., ce qui réduira à 12,45 gr. le poids de la silice. MotalMentsilice eee Enr 57,45 ge 8°. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 245 80. Après avoir ainsi débarrassé la solution À de la silice restante, et y avoir ajouté les eaux de lavage, je l’ai décom- posée par le carbonate de potasse, et j'ai fait aussitôt bouillir la liqueur, afin de la débarrasser de l'acide carbonique qui auroit pu tenir en solution quelques substances. Le précipité abondant ainsi obtenu, avoit une couleur d’ochre. Je l'ai fait bouillir encore humide dans la potasse caustique pour en séparer l’alumine. Quoique la fonte liquide obtenue moyennant cet alcali sembloit exclure cette terre, au moins dans une proportion con- sidérable , la liqueur alcaline sur-saturée d’acide muriatique , et précipitée par le carbonate d’ammoniaque, a donné un dépôt qui, après avoir été calciné, pesoit 7,36 gr. J'ai dissous ce dépôt dans l'acide sulfurique; j'ai ajouté à la solution quelques gouttes de sulfate de potasse, et je l’ai abandonné à une évaporation spontanée. Deux jours après, la liqueur a donné des cristaux d’alun, ce qui ne laisse aucun doute sur la nature des 7,36 gr. obtenus par cette expérience. 9°. J’ai versé de l'acide sulfurique alongé sur le résidu laissé indissous par la potasse caustique. Il y a-eu une effervescence très-vive, produite par l’acide carbonique , qui s’étoit combiné à la potasse dans la suite de l'expérience précédente. L’acide sulfurique a augmenté considérablement le volume de cerésidu, et au lieu de le dissoudre, il le solidifioit, attendu que, par ce mélange, se formoit du sulfate de chaux. J’ai continué à verser de l'acide jusqu’à ce qu'il y e eût un léger excès, et j'ai fait évaporer à siccité. J’ai délayé dans l’eau la matière ainsi des- séchée, et j’ai filtré. Le sulfate de chaux resté sur le filtre après avoir été fortement rougi dans le creuset de platine, mis sur la balance encore chaud, pesoit 58,5 gr., ce qui, en adoptant les proportions établies par Bucholz et ‘l'hompson , donne 25,30 gr. de chaux. 100, La solution sulfurique obtenue par l’expérience précé- : dente, pouvoit encore contenir de la magnésie et des oxides de fer et de manganèse. J’avois d'autant plus raison d'y soupconner Ja présence de la magnésie, que la ligurite se trouve dans le sein de montagnes serpentineuses, et que c'étoit dans une roche talqueuse que j'avois trouvé celle qui étoit le sujet de cette analyse. Quant à Poxide de fer, quoiqu'une portion ait été en- traînée par le second dépôt de silice, toutefois il y avoit toute raison pour croire qu'une quamtité plus considérable seroit restée en solution dans l’acide muriatique. La présence du manganèse Tome EXXV'II, SEPTEMBRE an 1813. 3 É51 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n’avoit en sa faveur qu’une légère nuance rose communiquée au verre de borax dans les expériences préliminaires. 11°. D’après tous ces indices, j'ai alongé avec une grande quantité d’eau la solution précédente, et après y avoir ajouté un léger excès d'acide, j’y ai versé du carbonate de potasse saturé d’acide carbonique. Le précipité jaunâtre ainsi obtenu, dissous dans l’acide muriatique, et précipité par le prussiate de potasse, a donné 17 gr. de bleu de Prusse, ce qui donne 2,45 gr. de fer oxidé au 77inimum. 120. J'ai versé de l'hydro-sulfure de potasse bien saturé d’hy- drogène sulfuré dans la solution délivrée, par l'expérience précé- dente, de l’oxide de fer, il'n’y a été qu’une trace de manganèse précipité que j'évalue à + gr. 130. Une solution de potasse caustique versée dans la solution restante, a formé un léger dépôt qui, après avoir été desséché et roug1, pesoit 2,56 gr. : c’étoit de la magnésie. Ainsi la composition élémentaire de la ligurite, d’après cette analyse, est fixée en : Silice (exp. 4 tb): … « .. Br. 49, —#— (exp. 6).. «ee +. ee 22, 4h Alumine (exp..8).m + : + +... 7.00 Chanx (exp. a), 0 230 Mägnésie (exp. 13). "#25 492,50 Oxide/deder (exp. 7 et ar)... 00%, —— de manganèse (exp. 12). . » o, bo Pertes ra ne A NT ele CD LOS HPotale ler EM roo Remarques générales. La ligurite vient prendre place parmi les pierres que l’oxide de fer teint en vert, comme la thallite, l’euclase, etc. La triple combinaison de silice, alumine et chaux, carac- térise particulièrement les zéolites, famille de pierres qui pré- sentent le maximum de divergence dans leurs caractères comparés avec ceux de la ligurite. Mais on sera moins frappé de cette différence, si l’on fait attention que l’alumine et la chaux sont dans les zéolithes en proportions inverses de celles que l’on vient de reconnoître dans la Jigurite. La différence dans les formes de ET D'HISTOIRE NATURELLE. C71, 2 ces substances vient à la suite de celle des proportions, et le caractère de l’infusibilité de la ligurite, qui contraste avec la grande fusibilitédes zéolithes, rentre dans les proportionsétablies, d’après les expériences de Kirwan et de Herman, pour obtenir la ion d’un mélange d’alumine et de chaux. En passant en revue d’autres pierres dont on a des analyses bien faites, on en trouve qui présentent, dans leur composition élémentaire, une concordance d’autant plus frappante avec la ligurite, que les petites différences, dans la proportion des parties élémentaires, sont bien loin de sortir des limites des variations entre lesquelles oscille la composition de plusieurs espèces (1). Mais cette identité de principes n’est pas toujours en rapport avec les espèces qui en résultent. Il ÿ a dans l’arrangement des parties élémentaires quelque chose que la Chimie détruit par ses opérations , et c’est précisément de ces arrangemens , qui soné au règne minéral ce que l’organisation est au règne végétal, que découlent la plupart des propriétés physiques qui constituent les espèces minérales. Usages. La ligurite ne mérite pas la dernière place parmi les pierres précieuses européennes : sa couleur vert-pomme et sa transpa- rence lui donneront même la prééminence sur les péridots du Levant, si toutelois on réussit à en trouver des cristaux assez volumineux pour être travaillés. Localités ei gisemens. J'ai rencontré la première fois la ligurite dans un voyage fait sur la fin de 18r1 (2), pour des recherches d'Histoire naturelle, entre Rossilione et Campo Freddo,sur les bords de la Stura, à 233 mètres (3) au-dessus du niveau de la mer, dans un grand (1) La gahnite, comparée, par son analyse, avec la ligurite, vient tout nouvellement augmenter le nombre des espèces qui concordent par leur com— position élémentaire , et ne sont pas en rapport dans leur constitution minéra- logique. (2) M. Hippolyte Durazzo possede , depuis lors , dans sa précieuse collec tion, un échantillon de ce minéral que je lui donnai sous le nom de péridot chrysolithe du torrent de la Stura: C’étoit une dénomination qui marquoit un rapprochement entre ces deux espèc:s , et qui attendoit de nouvelles recherches. (5) L’élévation de l’Apennin de la Ligurie, depuis les sources du Tanaro Te ‘248 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE bloc d’une roche qui fait partie de celles qui constituent le noyau de ces montagnes. J'ai observé que ce bloc présentoit, dans sa composition , un passage dont cette partie de l'Apennin, qui s'élève entre la Bocchetta et le Dente, m'a fourni plusieurs exemples. Ce bloc étoit à l'extérieur encroûté d’une roche tal- queuse, tendre , à feuillets noir-verdâtres, et si minces que la cassure en devient brillante. Dans quelque endroit ces lamelles se réunissent et se lient entre elles de manière que la roche prend l’aspect fibreux. La poussière en est blanchâtre, onc- tueuse ; traitée par l'acide sulfurique, donne du sulfate de ma- nésie. Les proportions de cette terre, dans ce minéral, comme je m'en suis assuré par l’analyse, se tiennent entre les bornes des varialions assignées à la composition des roches talqueuses. On voit bien qu'on est ici sur le passage des Re ARAAES aux serpentineuses , asbestiformes et feld-spathiques, qui devien- hent dominantes dans cette partie de l’Apennin Ligurien (1). C’est dans ce passage que je trouvai la ligurite * elle disparoit dans l’intérieur du bloc, où la constitution de la roche, qui devient dure, à cassure compacte, quelquefois vitrée, et qui résente des nuances de couleur entre le vert sombre et le rouge per C’est une roche de grenat souillée d’un mélange talqueux, jusqu’à celles de la Magra, est entièrement inconnue aux naturalistes. Je compte déjà dans mon porte-feuille 7c nivellemens que j'ai pris dans cette étendue, avec des observations correspondantes faites avec des bons barometres, et calculées d’après la formule de M. de Laplace , etles corrections y apportées per Ramond. Ces résultats, qui passeront dans ma Géographie-Physique de la igurie, donnent l’explication de plusieurs phénomènes intéressans concernant Ja constitution de ce pays. (1) Je connois le Mémoire allemand tres-intéressant de M. Léopold de: Buch , Uber die Gabbro , et j'ai été infiniment flatté d’y voir citées mes Ob- servations en Ligurie à côté de éelles d’un des plus illustres géologues d’Eu- rope , et en appui de son opinion. Mais je dois avouer que ma manière de voir le passage de la serpentine à d’autres roches a un peu ici plié à son systeme. Ce n’est certainement pas le jade de Saussure, l’un des composans du granit ser pentineux décrit (pag. get 10) de mon ’oyage en Ligurie ,et cesont bien moins encore des grenats les noyaux rouges que j'avois incontestablement reconnus pour de la chaux carbonatée , colorié par le fer. D’après mes observations, la serpentine doit constituer un système de formation à part qui a ses espèces sub- ordonnées et qui peutbien être influencée par la proximité des roches feld-spathi- ques , dont la jade est une variété , sans que ce mélange, purement accidentel , indique aucun rapport de constitution entre ces roches. Que l’on remarque que M. De Buch a fondé son opinion sur le gabbro , sur des observations faites presque entièrement dans le sein de montagnes primitives. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 249 dont elle tire la couleur, et qui prouve par cela la formation contemporaine de ces roches. C’est dans des circonstances pa- reilles que j'ai trouvé ici l’allocroïte, espèce rare et d’une date récente en Minéralogie, mais qui certainement fonde sa nou- veaulé et la considération dont elle jouit encore, sur le défaut de renseignemens propres à nous éclaircir sur les circonstances prie à son gisement. J’ai sous les yeux, et ce sont encore es torrens.de Piota et de lOrba en Ligurie, qui m’en ont fourni les matériaux, de quoi prouver que l’allocroïte n’est qu’un grenat en masse, dont la formation aété influencée, soit pour sa structure soit pour sa composition, par les roches , dans É sein desquelles elle est formée. 11 y a, en Minéralogie, comme en Botanique, de ces espèces de collections que la nature désavoue ; l’on s’empresse à les regarder comme nouvelles, parce qu’on les voit isolées, et on ne les a pas étudiées dans leurs rapports avec les grandes masses auxquelles ellés appartiennent. 2bo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE OBSERV ATIONS SUR LA PLANÈTE MARS; ‘ Par M. FLAUGERGUES. J'AI fait une observation curieuse sur la planète Mars, j'ai vu avant son opposition, une tache ovale blanche, éclatante, située exactement au pôle austral de cette planète; j'ai vu cette tache continuellement diminuer par la circonférence , et enfin dispa- roître un mois après l’apparition. Je ne doute pas que ne ce soit une calotte de neige où de glace qui entouroit le pôle austral et que l’action du soleil a fondue. Le printemps avoit commencé pour la partie australe de mars, le 12 avril dernier. y | ET D'HISTOIRE NATURELLE. 254 NOUVELLE LITTÉRAIRE. Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale, publié avec l'approbation de S, Exc. le Ministre des Manufactureset du Commerce, 10° et 11€ années. Deux volumes in-4° avec planches. Paris, chez Mme Huzard, née Pallat-la- Chapelle , Imprimeur - Libraire, rue de l’Éperon Saint-André- des-Arts, no 7. L'accueil distingué que le public ne cesse de faire depuis quelques années à cet important Recueil, seroit un garant assuré de son utilité et de l'intérêt qu'il offre à toutes les classes de lecteurs, si des considérations plus majeures ne venoient se joindre à celles-ci pour en augmenter le prix aux yeux des amis de l'Industrie. L La Société d'Encouragement, qui a si puissamment contribué par ses travaux, à l'amélioration de nos Manufactures, qui fait naître et propage les découvertes vraiment utiles, excite l’ému- lation de nos artistes, guide leurs pas dans la carrière difficile des Arts, et a introduit des perfectionnemens importans dans différentes branches de fabrication, a éprouvé la puissante pro- tection du Gouvernement. Par une circulaire, que S. Exc. le Ministre des Manufactures et du Commerce a adressée aux Préfets de l'Empire , il les a invités à augmenter le nombre des Sous- cripteurs de la Société. Cet appel a été entendu de tous ceux qui s'intéressent aux progrès de l'Industrie française, et ils se sont empressés à se faire recevoir Membres de la Société, afin de contribuer, par leurs lumières, au but honorable de soninstitution. Le Bulletin dans lequel sont consignés les travaux de cette Société , et des détails sur les découvertes les plus nouvelles faites en France et dans l'Etranger, offre une lecture aussi instructive qu'agréable. Les deux volumes que nous avons sous les yeux, renferment des articles du plus haut intérêt, et dont il seroit long de donner ici lénumération; ils ne cèdent en rien, sous ce rapport, aux précédens 10 volumes, C’est donc avec confiance que nous recommandons au publie un Ouvrage qui se distingue autant par l'importance des objets qui y sont traités, que par la bonne exécution typographique et la perfection des gravures qui l’accompagnent, ! LE 252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elc. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Précis d'une leçon de Physiologie végétale et bota- nique, et sur le fruit; par M. Mirbel, Pag. 173 - Observations géologiques sur la presqu'fle de Saïnt- Hospice, aux environs de Nice, département des Alpes maritimes; par A. Risso. 197 Tableau Météorologique ; par M. Bouvard. 210 Mémoire sur la force magnétisante du bord le plus reculé du rayon violet du spectre solaire; par Pierre Con- gliachi. Extrait par E. Mazion. 212 Mémoire sur la Ligurite ; par M. V'ivianr. 236 Observations sur la planète Mars ; par M. Flaugergues. 250 Nouvelle Litiéraire. 2br De l'Imprimerie de M"° Veuve COURCIER, Imprimeur - Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. À l { | 1 | H H | i nr te cl JOURNAL 10 LA Lu à 1 Qi A 9 A D DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. — OCTOBRE AN 18153. DISCOURS SUR LA NAISSANCE ET LES PROGRÈS DE LA BOTANIQUE; Par M. MIRBEL , DE L'INSTITUT (1). “ L'HISTOIRE des progrès d’une science fait partie de cette science elle-même. Les eflorts des philosophes pour parvenir à la con- uoissance des choses, nous intéressent et nous éclairent; nous n'avons une juste idée des faits qui sont l’objet de nos recherches et des moyens que nous devons mettre en œuvre pour atteindreà de nouveaux résultats, que lorsque nous savons par quellesexpériences, par quelles observations, par quelle suite de raisonnemens, lesprit QG) Ce Discours fait partie de mes Élémens de Botanique , il vient immé= diatementapres les Considérations sur les principes fondamentaux de la Science, qui ont paru dans le Journal de Botanique de juin dernier. Tome LXXVII, OCTOBRE an 1813. Kk 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE humain est arrivé à ces importantes découvertes qui sont les bases de la science. Ce n’est pas le seul avantage que nous puisions dans l’étude de l’histoire littéraire. La connaissance des fautes de nos de- vanciers tient notre esprit en garde contre ses propres foiblesses et lui découvre à-la-fois, les routes qu’il peut suivre et celles qu'il-doit éviter. Ainsi la vérité et l'erreur mises en lumière, concourent également à nous instruire. Le temps me manque pour vous donner l’histoire complète de la Botanique. Je me bornerai à vous faire remarquer les progrès qui ont résulté des efforts de tous les observateurs, et l'esprit des doctrines vraies ou fausses, qui ont été introduites par les chefs d'écoles. En Botanique, de même que dans les autres sciences, les besoins physiques ont été nos premiers instituteurs. L’homme a voulu trouver dans les végétaux, d’abord sa nourriture, ensuite des remèdes, enfin des jouissances. Pour ne pas commettre d’er- reurs nuisibles, il s’est appliqué à retenir les caractères les plus apparens des plantes usuelles. La naïssance de la Botanique remonte donc aux premiers jours du monde. Maïs l'homme ne s’est point arrêté à des notions empiriques. Il ne lui a pas sufti de distinguer les espèces utiles dans la médecine, les arts -et l'économie domestique; il a concu le dessein de les étudier toutes, et de connoître, autant qu’il est en lui, la variété de leurs formes, le mécanisme de leur organisation et les lois de leur existence. Ce dessein est plus sensé qu’il ne paroït au vulgaire des gens du monde. Les sciences ne sont pas, comme il le croit communé- ment, de simples recueils de recettes pour les besoins et les jouissances corporelles; ce sont des séries de vérités qui plaisent aux esprits élevés, indépendamment de toute application par- üculière. La Bible, les poëmes d'Homère et les ouvrages de la sculpture antique, sont les seuls monumens qui nous offrent quelques vestiges des connaissances botaniques des plus anciens peuples dont les noms soient venus jusqu'à nous. La Botanique, de même que les autres parties de l'Histoire naturelle, s'enrichit et se perfectionne par les voyages. Le peuple Juif avoit long-temps erré sur la terre avant de se fixer en Judée. Maître de cette contrée, il étendit au loin ses relations com- merciales. Les vaisseaux de Salomon fréquentoient les rivages mt. inett.s.me ET D'HISTOIRE NATURELLE. 255 de la mer Rouge, du golfe Persique et les îles de la mer des Indes. Cependant il ne paroît pas que la Botanique ait fait de grands progrès chez cette nation grossière et superstitieuse. Les prêtres d’Isis et les Mages cultivoient toutes les sciences avec ardeur; ils les déroboiïent soigneusement aux regards de la multitude, persuadés qu'ils étoient, que des esprits éclairés ne se plient pas sans peine aux lois du despotisme. Nous ignorons jusqu'à quel point ils poussèrent leurs recherches; mais ce qui n'est pas douteux, c’est que la Grèce reeut de l'Asie et de l'Egypte, les premières netions des connoissances humaines. Les sages de la Grèce, trop pressés de connaître la Nature, en embrassèrent l’ensemble dans leurs systèmes généraux, ét crurent qu'il étoit possible de deviner les faits par les seules forces de la réflexion et du génie. La plupart disoient que les plantes sont organisées comme les animaux; qu’elles ont une ame sensible et raisonnable; qu’elles ont des desirs et des vo- lontés; qu’elles éprouvent de la douleur et du plaisir. Pythagore de Samos, quiavoitvoyagéen Égypte ets’étoit instruit par ses communications avec les prêtres d’Isis, est, selon Pline, le plus ancien des auteurs grecs qui ait donné un Traité sur les propriétés des plantes. Un disciple de ce philosophe, Empédocle d’Agrigente, vaste génie auquel on doit le système des quatre élémens, si long- temps en honneur dans les écoles, semble avoir eu des idées assez nettes sur quelques points de la Physiologie végétale, Pour lui les graines sont les œufs des plantes; les racines sont leurs tètes et leurs bouches; elles portent les deux sexes réunis sur un même individu. Comme Empédocle suivoit la doctrine de la Métempsycose, il admettoit qu’après un certain temps, les plantes deviennent des animaux, et qu’alors les sexes se séparent. Il prétendoit que les feuilles sont des organes analogues aux écailles es poissons et aux poils des quadrupèdes. Anaxagoras de Clazomène apprécia mieux les fonctions des feuilles ; il avanca qu’elles absorbent et qu’elles exhalent de l'air. Les livres d'Hippocrate, ouvrage de sept hommes qui portoient ce' nom célèbre et qui se succédèrent comme souverains Pontifes dans le temple de Coos , ne laissent entrevoir que de foibles lueurs des connoissances botaniques de ces temps reculés. Il n’est ques- tion que des plantes en usage dans la médecine; elles sont citées sans description, On les compare vaguement à des plantes com- Kite s 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE munes auxquelles il nous est impossible d'appliquer les noms mo dernes; ensorte que les détails sur Les propriétés médicinales de ces végétaux, sont absolument perdus pour nous. Cette perte est d'autant plus sensible, que les livres d'Hippocrate sont en plus haute vénération, et elle fait bien comprendre la nécessité des descriptions et de la synonimie à ceux-là même qui n’esument les sciences que par ce qu’elles ont de moins élevé. L'esprit et l'imagination ne suflisent point pour les grandes découvertes en physique; il faut encore un génie particulier d'observation que le seul Aristote, parmi les Grecs, semble avoir possédé à un degré éminent. Ce philosophe, le père de l'Histoire naturelle, vit bien que la route qu’avoient suivie ses prédécesseurs, ne pouvoit conduire à la connoissance des choses. Il renonça aux vaines hypothèses pour s'attacher à l’ex- périence et à l'observation, Dans ses recherches il fat puissam- ment favorisé par Alexandre, dont il avoit été le précepteur. Alexandre en qui la fougue des passions n’étouffa jamais l'amour de Ja vraie gloire, voulut que ses conquêtes servissent aux progrès de l'esprit humain, et qu'il subsistât d’utiles témoignages de sa puissance quand son empire ne seroit plus. Des milliers d'hommes et des sommes immenses furent mis à la disposition d’Aristote. Ainsi le plus illustre des conquérans, fut en même temps le plus zélé protecteur de l'Histoire naturelle, On sait avec quel succès Aristote écrivit l’histoire des ani- maux. Ce beau travail est parvenu jusqu’à nous ; mais les deux livres qu’il composa sur les plantes, sont perdus. Dans le moyen âge, un imposteur osa faire paroître, sous le nom de ce phi- losophe, un ouvrage intitulé : de Plantis, recueil informe d'erreurs et d’absurdités, que personne aujourd'hui n’est tenté d'attribuer à Aristote. L'idée qu’il existe dans la Nature, une progression telle, qu’en partant de la matière brute, on peut arriver jusqu'à l'homme par des nuances insensibles, ensorte que, sous le point de vue de la perfection, les êtres composent une chaîne immense dont . tous les anneaux se tiennent et se suivent; cette idée séduisante que l'expérience rejette, mais que l’imagination se plaît à réaliser, et qui, tout erronée qu'elle‘est, se présente avec un tel ca- ractère de grandeur et de simplicité, que jusqu’en ces derniers temps, elle a trouvé de zélés défenseurs parmi les plus excellens philosophes ; cette belle idée, dis-je ,est une conception d’Aristote. Et remarquez bien que si l'enchaînement des êtres ne se peut ET D'HISTOIRE NATURELLE. 257 toncilier avec l’ensemble des faits connus, on ne sauroit nier pourtant que la Nature n’enferme dans ses limites, une multi- tude de chainons qui se présentent quelquefois, aux regards du naturaliste, comme les portions d’une grande chaîne dont les anneaux auroient été rompus et désunis çà et là. Ainsi la doc- trine d’Aristote n’est fausse que parce qu’elle est trop généralisée. Il considère les plantes comme des êtres intermédiaires entre li matière brute et les animaux. Elles ne se distinguent point, dit-il, de ces derniers par l'hermaphrodisme, car dans les ani- maux d’un ordre inférieur il se trouve des espèces hermaphrodites ; elles ne s’en distinguent pas non plus par la privation d’un centre de vie, puisque certains animaux en sont également privés ; mais elles n’ont point d’excrémiens solides et les animaux en ont, Les fonctions des racines consistent à puiser la nourriture dans la terre, La fin de la végétation est la production du fruit. Voilà, en peu de mots, ce que l’histoire des animaux nous apprend des opinions d’Aristote sur les plantes. Il eut pour disciple chéri, Tyrtamus d'Érésie, qu’il surnomma Théophraste en témoignage de son éloquence toute divine. T'héo- phraste, homme d'état, orateur, philosophe, le plus ferme sou- tien de l'école Péripatéticienne, composa, à l’âge de 70 ans, deux grands ouvrages sur les plantes, et c’est de l’époque.où ils parurent que doit dater pournous, la naissance de la Botanique. Dans son histoire, dont nous possédons neuf livres, il traite séparément des plantes aquatiques, parasites, potagères, des arbres forestiers et des plantes céréales; il indique les usages“auxquels chaque végétal est propre, le pays et le lieu où il croît, sa nature ligneuse ou herbacée, etc. D’ailleurs, il ne connoît ni les genres, ni les espèces; sa nomenclature est vague, ses des- criptions sont insuffisantes; il n’a aucune idée des caractères, et parle trop souvent d’après les opinions populaires. Ses vues générales et sa physiologie, qui font le sujet de ses six livres des causes, sont supérieures à sa Botanique. 1 montre beaucoup de sagacité dans l'examen des divers ofganes extérieurs, les définit avec soin; distingue les cotylédons des feuilles; décrit les formes de ces dernières; donne des idées assez justes de leurs fonctions et de celles des racines ; expose-l’anatomie aussi bien qu’il étoit possible de le faire sans le secours de l'optique, et reconnoît même quelques-unes des différences organiques qui - séparent les palmiers des arbres à couches ligneuses. En général , 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE il incline trop à comparer la structure végétale à celle des’ani- maux ; il trouve dans les plantes, des muscles , des os, des veines, des artères; mais il ne suit en cela que lopinion de son siècle, et, certes, il est plus excusable que ceux qui, de nos jours, ont voulu renouveler cette erreur. On pourroit lui reprocher d’avoir obscurci les véritables notions sur les sexes des plantes. Les dénominations de mâle et de femelle indiquent, chez Théo- phrastes des qualités tout-à-fait étrangères à la structure et aux fonctions des organes sexuels. Les fleurs mâles du potiron: ne sont, à ses yeux, que des fleurs stériles que le cultivateur doit soigneusement retrancher, 5 Au rapport de Pline, Cratévas, Métrodore et Denis, auteurs grecs qui furent postérieurs à Théophraste, imaginèrent de joindre des figures aux descriptions des plantes; mais Pline fait peu de cas de cette invention; et, en effet, elle ne pouvoit être d’une grande utilité dans un temps où les traits caractéristiques des espèces étant inconnus, échappoient , pour la plupart, au pin- ceau de Partiste. | Les livres d’Aristote et de Théophraste furent légués par ce dernier, à Neleus, fils de Coriseus, qui les transporta dans*la Troade. Neleus en vendit une partie au roi Ptolémée Phila- delphe, et: le reste, tombé par héritage entre les mains de gens ignorans, fut caché dans des lieux hamides et se dégrada jus- qu'au temps où Apellicon de Teïos , en fit l'acquisition pour en- richir sa superbe bibliothèque d'Athènes, Cet Apellicon, grand amateur de livres, mais peu versé dans les sciences, en faisant recopier les écrits d’Aristote et de Thécphraste, et en essayant d'en remplir les lacunes, y introduisit beaucoup d'erreurs. Peu aprés, Sylla prit Athènes et s’'empara de la bibliothèque d’Apel- licon. Il permit qu’on transcrivit les ouvrages qu’elle contenoit. Ce soin fut abandonné à des hommes sans lumières. Des copies d’Aristote et de Théophraste, plus défectueuses que les premières, se répandirent dans Alexandrie et dans Rome. Les beaux jours de la Grèce étoient passés; des sophistes gou- vernoient les écoles ; l’art d’observer la Nature, découvert par le chefdes Péripatéticiens, s'étoit, pour ainsi dire, éteint avec lui. A cette époque, les rois de Pergame et d'Egypte fondoient des bibliothèques et des jardins de botanique. Les hommes versés dans les sciences se rendoient de toutes parts à Alexandrie ; ils y étoient recus avec une munificence vraiment royale. Les Ptos ET D'HISTOIRE: NATURELLE. 259 Îémées avoient acquis à grands frais, les ouvrages des poëles, des philosophes et des savans de la Grèce. Ces princes ne dédaï. gnoient pas de cultiver les sciences : plusieurs composèrent des livres. L'Egypte, à l'ombre de leur autorité .bienfaisante, s’en- richissoit par le commerce et les voyages. Tout sembloit con- courir à y favoriser les progrès de l'Histoire naturelle; mais une fausse manière de considérer cette science, rendit inutiles les efforts des savans. Ils cherchèrent dans les livres ce qui est dans la Nature, et se perdirent en de vaines discussions de mots. Long-temps Rome , toute guerrière, avoit repoussé loin d’elle les arts et les lettres; elle en recut enfin le germe des peuples qu’elle avoit vaincus. Il ne faut pas chercher des connoissances botaniques dans les livres de Caton, de Varon et de Columelle: Agriculture fut l’unique objet de leurs recherches , mais par cette raison même on y trouve quelquefois des notions exactes sur la Physiologie végétale. Un contemporain de Tibère, Pedanius Dioscoride d’Anazarbe en Cilicie, et Pline de Vérone, qui florissoit sous Néron, | traitèrent plus particulièrement de l’histoire des plantes, et quoi- que lun et l’autre soient bien au-dessous de Théophraste comme botanistes, l'autorité prodigieuse qu’ils acquirent dans le moyen âge , et la direction qu’ils imprimèrent aux esprits, les placent à juste titre, parmi les chefs d’école. Dioscoride, médecin célèbre, avoit parcouru la Grèce, l'Asie mineure, l'Italie, et ilavoit observé les plantes de ces diverses contrées. Cependant, rien n’annonce dans son ouvrage écrit en langue grecque, qu’il ait travaillé d’après ses propres recherches. Son style n’a ni la pureté ni l'élégance de celui de Théophraste; ses descriptions, quelquefois plus détaillées, ne sont pas moins défectueuses. Il lui arrive souvent aussi de n’indiquer que les noms et les propriétés, ensorte qu’on ne peut presque jamais savoir de quelle plante il parle. 11 ne connoît ni les espèces, ni les genres, ni l’art des méthodes. La division des 600 plantes dont il traite, en aromatiques, alimentaires, médicinales, vi- neuses, est un simple ordre de matières et ne mérile pas plus que celle de Théophraste, le titre de méthode que quelques auteurs leur ont donné. La principale cause de la grande répu- tation de Dioscoride dans le moyen âge, c’est qu’il fut soigneux d'indiquer les propriétés des plantes et les différens noms sous lesquels chaque ‘espèce étoit connue de son temps. 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pline, de même que Dioscoride, négligea la Nature, ne fit aucune découverte et puisa toute sa science dans les livres de ses devanciers; mais cet homme d’un génie actif, laborieux, infatigable, consacrant à des recherches savantes et à des ouvrages de littérature, les momens de loisir que lui laissoient ses charges publiques , n’ignoroit rien de ce qu’on pouvoit savoir de son temps. Son Histoire naturelle, le seul de ses écrits échappé en partie aux ravages des siècles et des Barbares, n’est que la moindre portion de ses immenses travaux. S’il ne saisit pas toujours le vrai sens des auteurs qu'il traduit, s’il recoit pêle-mêle les vé- rités et les erreurs et les transmet sans critique, s’il donne faveur à des traditions mensongères dont l’absurdité nous révolte, ik est blâmable sans doute; mais adinirons la grandeur de son plan qui n’embrasse pas de moindres limites que celles de la Nature entière, admirons l'incroyable variété de ses connoissances, l'é- légance et la noblesse de son style, les traits hardis de sa mâle éloquence , l'art merveilleux par lequel il ramène à son sujet, les plus hautes considérations de la philosophie pratique. Personne avant lui n’avoit peint la Nature avec autant de majesté ; il seroit seul encore si M. de Buffon n’eût écrit. Tout le monde sait la fin tragique de Pline. Ce grand homme commandant la flotte de Micène en l'année 79 de notre ère, voulut contempler de près une éruption du Vésuve, et périé suffoqué par les exhalaisons sulfureuses. Gallien dans le second siècle, Oribase dans le troisième, Paul d'Egine et Aetius dans le cinquième, étudièrent les vertus des végétaux, mais négligèrent totalement la partie descriptive. En résumé, les Grecs et les Romains ne distinguèrent qu’en- viron 1200 plantes qui, pour la plupart, étoient employées dans la médecine , dans les arts et dans l’économie domestique; et ils ne les distinguèrent qu’empiriquement, puisque les descrip- tions qu’ils en ont laissées, roulent presque toutes sur des carac- ières si vagues qu’ils sont insuffisans pour les faire reconnoître. Cependant l'amour des sciences s'éteignoit. Les maîtres dû monde, corrompus par leurs victoires et par leurs tyrans, ‘aban- donnoiïent à la mollesse. La philosophie vaine et frivole de la Grèce vaincue, dominoit dans les écoles de Rome victorieuse et faisoit disparoître les traces de la saine philosophie. A ces causes d’ignorance se joignit le fanatisme religieux. Les secta- teurs de J'évangile et ceux du paganisme incendioient à RL es ET D'HISTOIRE NATURELLE. s 26t. les bibliothèques, et détruisoient les monumens de la littérature sacrée et profane. Dans ces conjonctures, les Barbares se pré- cipilèrent sur l'Empire et déchirèrent ce grand corps dont les ressorts étoient usés. l'Italie ravagée par les Huns et les Vandales, devint successivement la proie des Hérules, des Ostrogoths et des Lombards: Ces peuples, nourris dans la guerre, abhorroient les sciences et les arts; ils croyoient qu’elles énervent les cou- rages et‘ils ne souffroient pas que leurs enfans les cultivassent. Le latin cessa bientôt d’être la langue vulgaire ; la population diminuä sensiblement; des pays jadis cultivés, se couvrrent de marais et de bois, et les bêtes sauvages s’y multiplièrent. Dans ces temps déplorables la Botanique eut le sort des autres sciences. Des moines, étrangers aux premières notions des Lettres, et qui pourtänt passoient pour les lumières de leurs siècles, parloient, dans un langage barbare, des plantes de Théophraste, de Dioscoride et de Pline dont ils ne comprenoient pas les écrits, et méloient à des erreufs de faits , les plus honteuses superstitions. Tel s'offrit l'occident aux regards de Charlemagne. Ce mo- narque qui eut le génie de la civilisation dans un siècle de barbarie, s’efforça vainement de rallumer le flambeau des con- noïissances humaines; après lui les ténèbres s’épaissirent: Les études cessèrent alors d'avoir un objet déterminé; les limites de toutes les sciences se confondirent dans l'ignorance générale. Tandis que le luxe et la corruption des Romains livroient l'Empire d’occident aux mains des Barbares, l’Empire d’orient attaqué, ébranlé, afloibli, se soutenoit encore et conservoit le précieux dépôt de la littérature des anciens; mais la plupart des lettrés, préoccupés des subtilités de la théologie scolastique, ue faisoient aucun efort pour agrandir le domaine des véritables sciences. L’intolérancereligieuse priva même l'Empire d’une mul- titude d'hommes éclairés. Les Nestoriens condamnés au concile d'Ephèse et bannis par Théodose le jeune, portèrent chez les Arabes, le goût des lettres grecques et latines , et fondèrent sur les rives de l’'Euphrate, des écoles où ils enseignèrent la rhéto- rique , la dialectique et la médecine. L Les Arabes, amateurs du merveilleux, passionnés pour la poésie, ennemis de toute contrainte, alliant à une imagination ardente, un fond de férocité naturelle que n’extirpa jamais la civilisation la plus raffinée, ne sembloient guères faits pour les études assidues et profondes qu’exige la culture des sciences, Tome LXXV II. OCTOBRE an 1813 AAA 263 JOURNAD DE PHYSIQUE, DE CHLMIÉ Sous les lois de Mahomet; ce peuple devenu conquérant par fai natisme, fut d'abord le fléau de la civilisation. Alexandrie sub- juguée, l'éprouva. Alexandrie, tour à tour l'asile et le tombeau des Lettres, avoit vu périr, sous le premier des Césars, la fa- meuse bibliothèque des Ptolémées; sous Aurélien, celle qu’Au- guste avoit fondée ; sous Théodose, celle des Attales qu’Antoine avoit donnée à Cléopâtre; et pour la quatrième fois, en posses- sion d’une immense collection de livres, qu’elle devoit à son amour pour la philosophie, elle ne put la soustraire à la fureur de ses nouveaux maitres : Omar fit réduire en céndre cette vo- lumineuse bibliothèque où, sans doute, se retrouvoient encore quelques vestiges des connoissances de l'antiquité, Mais ce peuple s’adoucit sous les califes de Ja race des Om- miades. Parmi ces princes se trouvèrent de grands hommes, amis des Lettres: un Almansor, un Haroun-al-Raschid, ua Almamon. Par:leurs soins Bagdad devint la ville la plus policée de la terre. Ils n'épargnèrent ni peines ni dépenses pour former des, bibliothèques ; ils firent traduire les meilleurs livres des anciéns, en langne Arabe d'après les versions syriaques des Nestoriens. Des sayans furent charoés de donner la topographie des pays conquis, et d'en décrire les productions naturelles ; de grands voyages étendirent et multipliérent les relations com- merciales; les Mathématiques, la Médecine et PHistoire natu- relle furent cullivées avec ardeur. \ ‘ Quand les Arabes eurent conquis l'Espagne, ils y firent pros- pérer les Lettres et les Arts, et leurs écoles devinrent célébres par toute la terre. Des le onzième Siècle, des Chrétiens français, italiens, allemands, anglais, alloïent ÿ puiser les principes des sciences ignorées chez eux. Ts étoient accueillis par les sectateurs de Mahomet, avec une urbañité dont A n’existoit plus de tracés daus les autres contrées de l'Europe. De retour dans leur patrie, ils donnoient des traductions des livres arabes, et s'empressoient deu répandre la doctrine. ra: Les : Arabes conservèrent leur supériorité, sinon dans Ja lit- térature, du moins dans les sciences jusque vers la fin, du XVe siècle. Mais quand cette, nation, dépouillée successivement de ses conquêles d'Europe, eut perdu Grenade, le dernier boule- vard de sa puissance, et eut été contrainte de rentrer en Alrique , elle se replongea, comme par force de nature, dañs l'ignorance sauvage dont l’avoit fait sortir momentanément le génie de quelques hommes. ET D'HISTOIRE NATURELLE. - ! 263 Quoique les Arabes aient considéré les plantes plus en mé- decins et en agriculteurs qu’en botanistes , et qu'ils n’en aïent donné que des descriptions incomplètes et fautives, leurs travaux ne furent pas tout-à-fait inutiles à la Botanique, Ils parlent de beaucoup de plantes de la Perse, des Indes, de la Chine, qui étoient ignorées des anciens. Avicenne, Serapion, Mésué, Aver- rhoës, Beithar, et quelques autres, ont rendu leurs noms cé- lèbres dans la science, Cependant la plupart tombèrent dans l'erreur commune. Admiräteurs ayeugles d’Aristote, de Théophraste, ‘de Dioscoride , de Pline, que pourtant ils ne lisoient que dans des traductions vicieuses, ils s’appliquèrent à les citer et à les commenter, ne les comprirent pas toujours, et négligéient cons- tamment l'examen des faits. En cela ils suivirent l'exemple des Nestoriens leurs maîtres, Siles croisades qui commencèrent à la fin da XIe siècle et ne finirent que vers le milieu du XIIIe, sont des preuves irrécusables de la barbarie et du fanatisme auxquels l'Europe étoit asservie, on ne sauroit douter néanmoins que ces expéditions lointaines, suggérées par le besoin du changement et par un desir inquiet de voir et de connoïtre, n'aient hâté le réveil de l'esprit humain. Le XIIe et le XIIIe siècle virent renaîtreen Ltalie, le goût des Lettres et des Beaux-Arts qui bientôt devoient faire la gloire de cette contrée. Le commerce y florissoit; on commencoit à en- treprendre des voyages de long cours, et, dans les relations qu’on en publioit, on ne négligeoit point de parler des productions végétales qui pouvoient exciter la curiosité des peuples d'Europe, Ces relations, commeil est facile de le concevoir, étoient mêlées de beaucoup d'erreurs et de mensonges. Environ ce temps, on imagina de composer des herbiers, invention heureuse, dont, sans doute, les auteurs ne sentirent pas toute l'importance, et qui fut réellement l’une des princi- pales causes des rapides progrès de la Botanique, dans les siècles qui suivirent. Cette science, depuis la décadence des Lettres jusqu’à la fin dù XIVE siècle, époque où la littérature italienne brilloit du plus pur éclat, ne fit naître, chez les Chrétiens d'Orient et d'Occident, aucun ouvrage digne de notre attention, Que nous .importent, en effet, les écrits d'un Hildegarde, d’un Platearius, d'un Myrepsic, d’un Vincent de Beauvais et de tant d’autres qui manquoient à-la-fois de science , de discernement et de goût! L1 z - 264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les plus habiles, tout-à fait étrangers à l'étude des plantes; ciloient des passages défigurés des Grecs, des Romains, des Arabes, discutoient sans but et sans fin sur les opinions con- traires, transposoient les noms , et souvent , au grand préjudice de Part médical, attribuoient à une espèce les propriétés d'une autre, - Peut-être, à la rigueur, ne connut-on pas mieux les plantes dans le XVe siècle, mais on entendit mieux les langues an- ciennes et la critique s’épura. Alors l'Italie étoit gouvernée par de sages princes qui n’estimoient rien de plus glorieux que de commander à des peuples éclairés. Ils attirèrent dans leurs Etats des Grecs d’une érudition profonde, les retinrent par leurs lar- gesses et les chargèrent d'enseigner la langue d'Homère et d’Aris- tote, Un événement qu'il étoit facile de prévoir, eontribua encore à ranimer le goût dé la littérature ancienne. Depuis long-temps les Turcs menacoient Constantinople; cette capitale de l'empire d'Orient devint enfin leur proie, et les Grecs lettrés se réfu= gièrent en Italie où déjà l'on entrevoyoit l'aurore du beau siècle de Léon X. : Le XVe siècle fat donc l'époque de l’érudition. On s’'eflorca de rétablir le texte des anciens; on en donna de bonnes traduc- tions qui furent éclaircies par de savans commentaires ; mais ces grands travaux qui eurent une si heureuse influence sur la lit- térature, ne furent pas toujours aussi favorables aux progrès de l'Histoire naturelle. George Valla, Théodore Gaza, Marcellus Vergilius, Hermolaus Barbarus et quelques autres qui tradui- sirent ou commentèrent Aristote, Théophraste, Dioscoride et Pline, s’exercèrent plus à connoître les livres que la Nature, En ce point ces savans hommes suivirent l’exemple de Pline et de Dioscoride et ils eurent eux-mêmes beaucoup d’imitateurs. Ce. pendant, s’il est vrai que l’érndition soit utile au naturaliste et qu'il ne lui soit pas permis d'ignorer ce qu'ont écrit ses prédé- cesseurs , il n’est pas moins vrai que sans l’examen et la com- paraison des êtres, il ne peut exister de science solide en His- toire naturelle. Je ne dois pas omettre que vers la fin du siècle, un certaix Cuba, médecin de Francfort, joignit des gravures en bois à 509 mauvaises descriptions de plantes, parmi lesquelles on compte quelques espèces indigènes. Cette alliance du dessin et de la botanique étoit une nouveauté chez Jes modernes; ainsi, quoique les gravures de Cuba ne soient pas moins défectueuses ET D'HISTOIRE NATURELLE. 265 que son texte, on ne sauroit lui contester le mérite de l’in- vention. Tandis que l'Italie s’enrichissoit une seconde fois des trésors littéraires de la Grèce, l'Espagne et le Portugal s’éclairoient par les voyages. Bethancourt prend possession des Canaries pour la Castille ; les Portugais reconnoissent les côtes occidentales de l'Afrique et les îles du cap Vert; Bartholomé Diaz touche au cap de Bonne-Espérance; Vasco de Gama le suit et pénètre dans les Indes; Christophe Colomb découvre le Nouveau-Monde. Ainsi le XVIe commenca sous d’heureux auspices : l'amour des chefs-d'œuvre de l'antiquité renaissoit avec la culture des langues anciennes; les princes cherchoient une gloire solide daus la protection qu’ils accordoient aux hommes de génie; des voyageurs intrépides reculoient au loin les limites du monde connu. Ce fut alors que l'Italie, d’où venoit toujours Ia lumière, fonda -des jardins de botanique. Les autres nations l’imitèrent, Vous concevez quel avantage ce fut pour l'observateur, de trouver réuni dans les étroites limites d’un jardin, des végétaux de tous les pays; de pouvoir, à chaque instant les comparer les uus aux autres; de les suivre dans leur croissance et de voix se développer leurs diflérens organes , selon l'influence de la saison et des localités. Il faut avouer que depuis Théophraste, la Botanique, loir de se perfectionner, avoit fait des pas rétrogrades. On connoissoit nominalivement un plus grand nombre de plantes, mais on avoit des idées moins nettes sur leur organisation, et l’art d’ob- server étoit perdu. C’étoit la suite des méthodes vicieuses, bien plas nuisibles, dit Malpighi, au développement des facultés in- tellectuelles, et par conséquent, aux progrès des lumières, que ne le furent jamais les ravages des Barbares. Enfin on ouvrit les yeux; on vit le mal; on chercha le remède, Les ouviages d'Othon Brunfels, de Jérôme Tragus, d'Antoine Musa: Brasavolus, de Léonard Fusch et de quelques autres, eu consultés aujourd'hui, nrontrent le retoure des esprits vers Fétude de la Nature. La plupart de ces auteurs s’élèvent avec force contre les fausses opinions de leur temps. « Notre aveugle. » respect pour les anciens, disent-ils, est un obstacle insurmon- ». table aux progrès de la Botanique. Nous ne voulons trouver: » partout , que les plantes de Théophraste, de Dioscoride et de: 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » Pline; cependant ces botanistes n’ont pas connu la centième » partie des plantes qui couvrent le globe; Théophraste n'est » jamais ‘sorti de Ja Grèce; Dioscoride, plus curieux d'exposer » les propriétés médicinales des végétaux que d’en décrire les » formes, n’a laissé, en général, que des notes incomplètes pour » le botaniste, et Pline a copié sans critique et sans discerne- » ment, les auteurs qui l'ont précédé. Nous ne pouvons appli- » quer aux plantes de l'Allemagne ou de la France, les noms » sous lesquels les anciens désignent celles de l'Italie, de la » Grèce et de l'Asie. La main du Créateur a varié, presque à » l'infini, les productions du règne végétal. Il n’y a, pour ainsi » dire, pas de place qui n'offre quelques plantes inconnues ail- » leurs. Avant d'étudiér les espèces des pays étrangers dont » nous ne voyons ordinairement que des échantillons défigurés » chez les herboristes, examinons celles qui sont propres à notre » sol. Le vrai moyen pour les connoître, c’est de parcourir les » plaines, les vallées, les montagnes. Les bibliothèques seules » sont insuffisantes pour former des botanistes. À quoi nous » mènent nos subtils raisonnemens sur fa nature et les qualités » des espèces? nous ne sommes pas même en état de les distin- » guer les unes des autres, Et quelle honte pour nous de citer » sans cesse les Arabes, eux qui n’ont su ni observer la Nature, » ni comprendre les livres des anciens dont ils ont corrompu » le texte, et qui ont rempli leurs propres écrits des erreurs les » plus grossières! »# ti Ces réflexions amencrent une heureuse révolution dans les études. De jour en jour les erreurs de critique devinrent moins fréquentes. Les plantes européennes furent examinées, décrites et gravées. Le fils d’un tonnelier de Mayence, Othon Brunfels, parut des premiers dans cette carrière. Voilà ce qui le recom- mande à la mémoire, car d’ailleurs, ses gravures en bois ne représentent que des plantes très vulgaires, souvent mal nom- méés ; et ses descriptions, réunies sans ordre, ne correspondent pas toujours à ses figures, Son ami, Jérôme Tragus d'Heydesbach, s’attacha aussi à dé- crire et à faire dessinér les plantes indigènes. 11 étoit très-érudit, mais n'ayant aucune connoissance des plantes exotiques, il les confondit quelquefois avec celles de l'Allemagne , ettomba ainsi dans des méprises que lui-même il conseilloit d'éviter. Les mo- dernes, jusqu'alors n’avoient admis que l’ordre alphabétique ; Tragus sentit combien cette distribution étoit vicieuse, il essayd ET D'HISTOIRE NATURELLE, ‘267 de rapprocher les espèces en vertu de certaines ressemblances générales, et il trouva beaucoup d’imitateurs parmi ses contémi- porains. Vous noterez donc comme un fait incontestable, que la re- cherche des rapports naturels, date de la renaissance de la Bo- tanique, et est antérieure à l’invention des méthodes artificielles. Les plarites des environs de Cologne furent examinées par Euricius Cordus, né dans la Hesse; celles de la Saxe, des foréts d'Hireynie, de la Misnie, de la Bohème, de l'Autriche, du nord de l'Italie, par Valerius son fils; celles du midi de l'Allemagne par Léonard Fuseh de Wembdingen qui publia des figures très- exactes; celles de la Ligurie, de la France, de lIilyrie, par Antoine Musa Brasavolus, noble vénitien. Aloysius Anguillara, romain d’une vaste érudition, visita l'Italie, PEsclavonie, la Corse, la Sardaigne, la Crête, Chypre et plusieurs-contrées de la Grèce; Batholomé Maranta de Vénuse, les montagnes de la Pouille, de la Calabre, et surtout Saint Jean de la Capitanate; François Calceolarius et Jean Pona, apothicaires à Véronne, le Mont Baldus ; Ferrand Imperati, apothicaire à Naples, l’ftalie et particulièrement les côtes maritimes. Ce fut lui qui soupconrna le preinier que les coraux et les madrépores appartiennent au règne animal, La Suisse fut le théâtre des recherches de Benedict Aretius, de Jean Fabricius et de Jean Fischart. Jacques Pierre Esteye,Jean Fragosi, Bernard Cienfuegos étudièrent les plantes de l'Espagne. Cologne, Strasbonrg, Bâle , Padoue et l'Angleterre furent visitées ar Guillaume Turner de Northumberland ;-la Hollande et la. Kétéique par le Frison Rambert Dodoens qui s’attacha à rap- procher les plantes par l’ensemble des caractères ; le Lyonnais et le Dauphiné, par le Normand Jacques Dalechamp, qui mourut avant d'avoir terminé une histoire générale des plantes qu'il avoit entreprise ; l'Autriche méridionale et lItalie, par Pierre André Mathiole, médecin senois, que ses savans commentaires sur Dioscoride rendirent pour lors si célèbre ; mais qui ne craignit pas de mêler à des figures très-exactes, des figures imaginaires, et qui ne put jamais supporter la critique en homme sociable et tolérant. Plusieurs de ces botanistes ne se bornèrent pas à parler des plantes indigènes, ils traitérent de toutes celles qui vinrent à eur connoissance, T'els furent Dalechamp, Dodoens, Turner. 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Parmi les botanistes célèbres du XVI£ siècle, je ne dois pas oublier non plus Joachim Camerarius de Nuremberg et son neveu Joachim Jungerman de Leipsic; Fabius Columna, na- politain, de l'illustre famille des Colonnes; Adam Zaluzian de Bohême, Jacques Théodore Tabernemontauus d'Alsace, et Mat- thias Lobel de la Belgique. Ce dernier, écrivain incorrect et dur, qui de plus, n’est pas à l'abri de tout reproche d'infidélité, se distingue néanmoins, à quelques égards, par sa science et par sa doctrine. Il parcourut la Belgique, la Hollande, l'Allemagne, les contrées septentrionales de l'Italie, la France méridionale et l'Angleterre, Ses voyages, joints à l'étude des livres, et les relations scientifiques qui s’établirent entre lui et le savant pro- vençal Pierre Péna, lui firent connoître un grand nombre de plantes tant indigènes qu’exotiques. Il entreprit, à l'exemple de Tragus et de Dodoens, de les ranger par la considération de l’ensemble des caractères, et il surpassa de beaucoup ses mo- dèles, Chez lui, les plantes monocotylédones sont, en général , séparées des plantes dicotylédones, et les espèces de plusieurs familles en groupe sont réunies avec beaucoup de sagacité. C’est, ‘assurément, tout ce qu'il étoit possible de faire à cette époque, puisqu'aujourd’hui même, où l'intelligence des caractères est portée siloin,les botanistes exercés à saisir les rapports naturels, ont encore tant de peine à former les familles par enchaînement, Zaluzian travailla à perfectionner les groupes naturels de Fucbs; mais ce qui lui donne un éclat particulier, c’est qu’il est le plus ancien des botanistes modernes qui aient parlé en termes pos sitifs, des sexes des plantes. | Pendant quela plupart des botanistes se livroïent exclusivement à l'étude des espèces indigènes, d’autres botanistes, non moins re=g commandables, voyageoient dans les contrées éloignées. Pierre Belon, un Français courageux, infatigable, parcourt la Grèce, l'Egypte, laSyrie, la Bithynie. Le prussien Melchior Guilandinus suit les traces de Belon. Jean Cortus va en Syrie, Léonard Rau- wolf, médecin d'Augsbourg, visite l'Egypte, la Palestine et lusieurs provinces occidentales de PAsie. Prosper Alpin, né à Marostica dans les états de Venise, séjourne trois années en Egypte, et donne sur la végétation de cette lerre classique, des notions plus positives que ne l’avoient fait Belon, Guilandinus et Rauwolf. Auger Cluyf, fils de Théodore Auger Cluyf, fon- dateur du jardin de Leyde, passe en Afrique et pénètre dans l'intérieur des terres. Gracias ab Orto, médecin portugais, habite trente ET D'HISTOIRE NATURELLE. 269 trente années.les Indes orientales. Christophe Acosta, autre mé- decin portugais, né en Afrique, voyage aussi dans les Indes. Un autre Acosta, jésuite espagnol, va au Pérou; Francois Her- nandez, médecin de Philippe IT, au Mexique; le hollandais Pison et l'allemand Marcgratf au Brésil. Malgré tant de travaux utiles à la Botanique, elle seroit peut- être encore restée dans l'enfance, s’il ne se fût rencontré en ces mêmes temps, des hommes d’un génie supérieur , qui tracèrent des routes plus sûres que celles que l’on avoit suivies jusqu’alors. Je veux im de Conrad Gesner , de Charles de PEcluse, d'André Cæsalpin, de Jean et Gaspard Bauhin. J'ai cru devoir négliger, l’ordre chronologique pour réunir ici, sous un seul point de vues -ces cinq hommes illustres. Ils sont, sans contredit , les premier ; naturalistes de leur siècle; on ne peut les comparer qu’entre eux leurs découvertes forment un faisceau de lumière qui éclaira les siècles suivans. Gesner, né à Zuric en 1516, de parens pauvres et obscurs, fut un homme étonnant par l’étendue de ses connoiïssances et la force de son esprit. Obligé de faire des livres pour vivre, il en composa*un très-grand nombre sur diverses matières, et tous paroîtront admirables, si lon se reporte au temps où ils furent publiés. Il entreprit, le premier, de former une collection générale d'histoire naturelle. Les Alpes, la Provence, le Dau- hiné, le Milanais lui offrirent de nombreux sujets d'observations. l y trouva surtout beaucoup de plantes inconnues. Les gravures qu'il a jointes à ses descriptions botaniques, sont supérieures à toutes celles qu’on avoit publiées jusqu’alors. Elles offrent souvent la représentation détaillée des organes de la reproduction. De tels titres suffiroient pour assurer à Gesner un se distingué parmi les savans du XVIe siècle ; mais ce qui doit le faire consi- dérer comme l’un des fondateurs de la Botanique moderne, c’est qu’il enseigna ce qu’on n’avoit pas encore nettement aperçu, qu'il existe dans le règne végétal, des groupes ou genres com- posés chacun de plusieurs espèces, réunies par les caractères semblables de la fleur et du fruit. Bientôt après que ce principe fut promulgué, les botanistes comprirent que les diverses races de plantes ont entre elles des rapports naturels, fondés sur la ressemblance ou la différence des caractères ; que les caractères les plus évidens ne sont pas toujours les plus importans; qu’il faut les étudier et les comparer tous pour assigner, autant que possible, leur subordination et leur valeur respective. Certes, Tome LXXV'ITI, OCTOBRE an 1813. Mu 270 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE voilà des vérités fondamentales ; et l'on ne sauroit nier que la distinction des espèces, l'établissement des genres et des familles, l'invention des méthodes artificielles, en un mot, le système entier de la science du botaniste, n’en soit une conséquence immédiate. Gesner est donc le promoteur de la plus mémorable et de la plus utile révolution que la Botanique ait jamais éprouvée. En 1526, naquit à Arras, Charles de l’Ecluse ou Clusius. Ses parens le destinoient à la jurisprudence ; mais son goût décidé pour la Botanique lui fit abandonner l'étude du droit. Il avoit une mémoire prodigieuse ; les langues anciennes et mo- dernes lui étoient également familières. 11 parcourut l'Espagne, le Portugal, la France, l'Angleterre, l'Allemagne et la Hongrie, et il en étudia les productions végétales avec tant d'ardeur, qu’il surpassa bientôt tous les botanistes de son temps par sa profonde connoissance des espèces indigènes. Il selivra avec un égal succès à l'examen des espèces exotiques. Après avoir dirigé pendant plusieurs années le Jardin impérial de Vienne, il se rendit à Leyde, y professa publiquement la Botanique, et, quoiqu'il fût alors accablé d’années et d’infirmités, sa passion pour l'étude des végétaux ne s’afloiblit pas; il ne cessa de travailler qu’en cessant de vivre. L'art de bien décrire les plantes étoit ignoré avant Charles de l'Ecluse. Les descriptions, tantôt étoient diffuses, obscures, entrecoupées de détails inutiles, ensorte que les caractères dis- tinctifs se perdoient au milieu d’une abondance de mots stériles ; et tantôt, elles étoient si courtes, si incomplètes, si vagues, ques convenoient également à une multitude d'espèces très- différentes les unes des autres, Charles de l’Ecluse y fit régner l'exactitude, la précision, la netteté, l'élégance, la méthode, IL ne dit rien de superflu, il n’omit rien de ce qu’il convenoit de dire, si ce n’est certains détails de la fleur et du fruit, qui r’ont été bien observés que dans le XVIIIe siècle, et c'est unique- ment sous ce dernier point de vue, que les descriptions des mo- dernes sont plus complètes que les siennes. Gesner avoit démontré l’existence des genres, et même il avoit indiqué comment on doit procéder à leur découverte; mais ce n'étoit pas assez ; le nombre des espèces connues alloit croissant de jour en jour, et l'invention de méthodes artificielles à l’aide desquelles on pût facilement retrouver dans les auteurs, les des. criptions des plantes dont on voudroit étudier les caractères, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 271 ou les propriétés, devenoit désormais indispensable. Cæsalpin, né en 1519 à Arezzo en Toscane, imagina de former des groupes d'espèces et de les subdiviser par des caractères constans , sans d'ailleurs avoir pour but de conserver les aflinités naturelles. La durée et la grandeur des plantes, la présence ou l'absence des fleurs, le nombre des cotylédons, la situation des graines dressées ou pendantes, ladhérence au péricarpe de certaines graines solitaires, Le nombre des loges des fruits et le nombre des graines qu’ils renferment , l'adhérence ou la non-adhérence du périanthe à l'ovaire, la nature de la racine bulbeuse ou chaynue, furent les caractères que ce grand naturaliste employa et combina dè diverses manières pour former ses divisions et ses subdivisions. Voilà, sans doute, le plus ancien modèle d’une méthode botanique; car il ne convient nullement, ainsi que je l'ai déjà fait observer , de décorer du titre de méthodes les ordres de matières qu’on avoit adoptés jusqu’à cette époque. À la vérité, ce modèle est défectueux. Il n’a ni la simplicité, ni l'unité qui pourroient le rendre d'une application facile ; mais il seroit injuste d'exiger de l'inventeur, une perfection que J'on trouve à peine chez les modernes. La méthode de Cæsalpin contient le germe d’une multitude d’observations et de décou- vertes qui ont illustré ses successeurs; toutefois, elle n’eut pas autant d'influence sur les esprits qu’elle méritoit d’en avoir, parce que l’auteur ne forma point de genres et négligea tout-à- fait la synonimie des espèces. ‘#Comment en effet se reconnoître au milieu de tant d'espèces “ét rapporter à chacune d'elles ce qui lui appartient, si les bo- tanistes ne prennent soin de citer exactement les auteurs origi- vaux qui ont écrit avant eux, et de rappeler les diflérens noms sous lesquels une seule et même espèce a été désignée. Sans sy- nonimie toute l'Histoire naturelle est obscure et incertaine. Au temps dont je parle, cette partie de la seience étoit bien négligée. Elle fut mise en honneur par les deux illustres frères Jean et Gaspard Baubhin,et c’est là, surtout, ce qui a rendu leurs noms recommandables. Ils étoient fils de Jean Bauhin, originaire d'Amiens, retiré à Bâle où il exercoit la médecine avec distinc- tion. Jean, l'aîné des deux frères, naquit en 1541 ; il fut dis- ciple de Fusch et ami de Gesner. Il voyagea en Suisse , en Italie, dans la Suabe, le Jura, la Gaule narbonaiïse, etc., et composa une Histoire générale des plantes, qui comprend 5266 espèces. Cet ouvrage brille par une érudition immense, une Mm 2 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE saine critique, une synonimie exacte et même par beaucoup dé rapprochemens naturels, Gaspard, né en 1560, aussi actif, aussi savant , aussi judicieux que son frère, et doué d'un génie encore plus vaste, concut le pie d’un ouvrage qui devoit renfermer l'histoire détaillée et a synonimé complète de toutes les plantes. Malheureusement la mort vint le surprendre avant qu'il eût mis fin à ce grand travail. Nous n’en possédons que la table et le premier volume; mais ces fruits de 40 années de recherches et d’observations suflisent pour la gloire de Gaspard. Le premier volame contient l'histoire des GRAMINÉES, des CYPERACÉES et des LILIACÉES. La table, célèbre sous le nom de Pinax, forme à elle seule un ouvrage immense; elle renferme la citation de 6000 espèces et la synonimie de tous les auteurs depuis Tragus. On “er marque aussi la première esquisse des genres. Matthiole, Dale- champ, Lobel, Charles de lEcluse , Jean Bauhin, avoient souvent rapproché les espèces qui leur paroissoient avoir quelques res- semblances , mais ils mavoient pas exprimé ces ressemblances en tête de chaque groupe. Gaspard Bauhin entreprit de donner des notes génériques. Il faut convenir qu’elles ne ressemblent guère à celles de T'ournefort, et moins encore à celles de Linné. Elles ne contiennent, pour l'ordinaire, que des étymologies de noms et quelques mots vagues sur les propriétés, les usages, la couleur, le port et l’habitation des plantes. D'ailleurs, les espèces qui composent chaque genre n’ont point de dénomination commune, Ainsi les idées de Gesner n’avoient pas encore beaucoupfructifié. Gaspard Bauhin voyagea en Suisse, en Italie, en Allemagne, dans le midi de la France, et il enrichit ses ouvrages de plusieursespèces inconnues avant lui. Ici se termine ce que j'avois à dire sur la botanique du XVIe siècle. Avant d'aller plus loin, arrêtez -vous un moment ; re- portez Vos regards en arrière; rappelez-vous ce qu’étoit la science au temps de Cuba; voyez ce qu’elle devint dans l’espace de cent années, et vous reconnoîtrez la puissante et prompte influence des bonnes méthodes sur les progrès de l'esprit humain. Tous les travaux botaniques du XVIe siècle ont un caractère de nouveauté; car alors il fallut tout créer; c’est pourquoi je n'ai pas autant négligé les détails que je le ferai dans la suite de ce Discours. (La suite au Cahier prochain.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 273 EXTRAIT D'UN MÉMOIRE — SUR LE RAPPORT DE LA DILATATION DE L’AIR AVEC LA CHALEUR; J * Par H. FLAUGERGUES. L’ACADÉMIE des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, avoit proposé pour sujet d’un prix , de « déterminer par des expé- » riences exactes et de cinq en cinq degrés, la variation que » subit un volume d’air atmosphérique donné, en passant d’une » température donnée à une autre sous une pression donnée, etc. » Cette célèbre Société, dans son assemblée publique du g août, a daigné couronner un Mémoire que j'ai eu l’honneur de lui adresser, et a bien voulu ajouter à cette faveur, celle de m’ad: mettre au nombre de ses associés non-résidans ; je sens que je ne dois ces distinctions qui seroient si flatteuses' si elles étoient bien méritées, qu’à son extrême indulgence : comme mon Mé- moire est d’une étendue qui ne permet guère de le livrer à l'impression, j'ai cru que ce seroit entrer dans les vues de l’Aca- démie de Rouen, et faire plaisir aux physiciens, que de publier les principaux résultats de mes expériences; c’est ce que je vais faire le plus succinctement qu’il me sera possible. Plusieurs physiciens ont tâché de déterminer la quantité dont se dilate un volume d’air donné en passant d’une température donnée à une autre; mais leurs expériences, quoique très-simples, présentent dans leurs résultats des différences assez sensibles. On peut en juger par la table suivante où J'ai renfermé les rapports entre le volume de l'air à la température de la glace fondante, et le volume du méme air, à la température de l’eau bouillante, calculés d'après les expériences que jai pu recueillir. É e 274 JOURNAL DE PHYSIQUE , DE CHIMIE Rapport des volum. NOMS OUVRAGES DES AUTEURS. à à l'eau | -* où setrouvent les expériences. la glace. |bouillant. MM. Amontons. Hauxbée. Crucquius. Mém. de l’Acad. ann, 1703, p. 200. Physico mechanical experim. , p. Transact. philosoph., n° 381, p. 4. |} Cours de Phys. expér., t. Il, p.175. Transact. philosoph. , n° 407, p. Leçons de Phys. exp., t. III, p. 251. Astron, de Lalande, t. II, p. 545. Mécan. céleste, t.IV, préf., p.XxXI.] Pirom. de M. Lambert, Berlin, 1779. Physique mécan. de Fischer, p. 88. Annales de Chimie, n° 148, p. 137. Muschembroeck. Desaguliers, Gi) {Notes Bonne. Tob. Mayer. Lambert. Dalton. Gay-Lussac. neo rene se sususs Les différences qui se trouvent dans ces rapports qui devroiïent être égaux, viennent sans doute de l'humidité de l’air employé dans ces expériences, et de celle des vaisseaux dans lesquels cet air est renfermé; on sait que l’eau réduite en vapeur occupe un espace de 1728 fois plus grand que celui qu’elle occupoit étant fluide, et dans ce nouvel état, sa dilatation est encore plus considérable que celle de l’air (2). J'ai senti cet écueil en employant pour mes expériences, de l'air parfaitement desséché au moyen du procédé décrit dans mon Mémoire sur l’évapo- ration (3); je remplissois de cet air ainsi desséché, un matras de verre de la contenance de 71 pouces cubes et demi, parfai- tement sec intérieurement ; ce matras bouché simplement avec une plaque de verre posée sur son orifice, étoit placé dans un bain d’eau d’une température connue, et il y restoit un temps suffisant pour que l'air qu’il contenoit parvint à cette tempéra- . ture; l'air dilaté par la LA s’échappoit en soulevant la plaque (1) Je soupçonne que ces deux physiciens n’ont fait en cela que copier Muchembroeck. : (2) M. de la Hire ayant rempli uneñfiole d’air, un jour que le ventétoit ouest assez humide , et qu’il, tomboit une petite pluie, cet air fut dilaté par la chaleur de l’eau bouillante, de manière à occuper 4 fois et demie plus d'espace que dans son état naturel, (Â/ém. acad., an. 1508,p. 9285.) (5) Journal de Physique , tome LXX , pag. 157. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27ä de verre; lorsqu'il n’en sortoit plus et que l’air intérieur étoit par- faitement en équilibre avec Pair extérieur, j'enlevois le matras en le tenant exactement bouché avec la plaque de verre, et je le plongeois, l'orifice tourné en- bas , dans une cuve pleine d’eau à la température de la glace fondante, entretenue à cette tem pérature au moyen d’une quantité de glace à peu près égale à celle de l’eau, et qui y étoit plongée; je bouchois le matras sous l'eau, ce qui permettoit à une certaine quantité d’eau de la cuve, de s'élever dans ce matras pour remplir la place aban- donnée par l'air condensé par le froid; lorsqu'il n’entroit plus d'eau, je bouchois de nouveau le matras en faisant glisser la plaque de verre sous son orifice, toujours plongé dans l’eau; J'avois soin , dans cette opération, de tenir le matras élevé, de manière que la surface de l’eau qui y restoit toujours suspendue, fût exactement de niveau avec la surface de l’eau de la cuve; j'enlevois ensuite le matras, et après l’avoir parfaitement essuyé, je le pesois avec le plus grand soin, et en défalquant de celte pesée le poids du matras vide, j'avois le poids de la quantité d’eau à la température de la glace fondante, qui s'étoit intro- duite dans le matras par l'effet de la condensation de l’air. Le poids de la quantité d’eau à la même température, que conte- tenoit le matras exactement plein, ayant été déterminé par des expériences antérieures , je n’avois plus à faire que la proportion suivante, La différence entre le poids de l’eau à la température de la glace fondante que contenoit le matras exactement plein, et le poids de l’eau à la même température, qui s’y étoit in- troduite par l’effet de la condensatiôn de l'air, est au poids de l'eau que contenoit le matras exactement plein, comme 106000 (volume supposé de l’air à la température de la glace fondante > est à X, volume du même air à la température qu’avoit acquise l'air du matras dans cette expérience, ce qui est le rapport demandé. Ces expériences, quoique très-simples, exigent cependant des attentions minutieuses et pénibles, soit dans leur manipulation, soit dans leur réduction : les principales sont de faire plusieurs expériences préparatoires, et seulement avec de l’eau échauffée au degré donné, avant celles dont on doit noter les résultats, afin que tont l’appareil ayant acquis le degré de chaleur qu’on desire, les opérations soient plus promptes et avec moins de perte de chaleur; et celles d'avoir constaté par des expériences précises, le degré de dilatabilité du verre dont le matras est 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fabriqué, afin de pouvoir calculer exactement le changement de capacité de ce matras aux différentes températures des eaux dans lesquelles il est successivement plongé; la capacité du matras que J'ai employé, augmentoit de 0,1786 de pouce cube, lorsque ce vaisseau passoit de la température de la glace fondante à celle de l’eau bouillante. | © Dans mes premières expériences je déterminois la chaleur ac- quise par l'air du matras, au moyen d’un petit thermomètre de mercure, construit par feu M. Paul de Genève, dont le volume étoit exactément de or,3834, et qui étoit suspendu et fixé au milieu du matras; mais comme les degrés égaux de l’échelle du thermomètre ne correspondent pas rigoureusement à des quantités parfaitement égales de chaleur, j'ai abandonné cette méthode pour employer celle des mélangés de deux quantités d’eau con- nues, dont chacune a une température également éonnue : cette méthode fut proposée pour la premiére fois, en 1694, par Charles Renaldini, professeur de Physique à Padoue, comme pouvant servir pour graduer un thermomètre (1); elle a été employée, depuis dans diflérentes vues, par MM. Taylor, Kraft, Richmand (2), Sage (3), Nollet (4) ét Delue (6). ) Soit m une quantité d’eau à la température Z, M une autre quantité d’eau à la température T, et C le degré moyen de température de ces eaux : Pau elles auront été mêlées ensemble, ES : cette formule est de M. Richman (6), qui l’a démontrée dans les Mémoires de lAcadernie de Péters- bouxg, et on peut le faire de plusieurs autres manières. Il est aisé, au moyen de cette formule, de déterminer le degré de chaleur réelle qui résulte du mélange de deux quantités d’eau connues, et dont les températures sont connues, ou les quantités d’eau à des températures données qu'il faut mêler ensemble pour produire un degré donné de chaleur. Dans mes expériences, la température de l’eau chaude étoit de 78° du thermomètre de M. Deluc, et la température de l’eau on aura C— (1) Caroli Renaldi , naturalis Philosophia Pataviæ , 1694. (2) Novi Commentarii Acad. Petrop. , tome I, pag. 152 à 173. (5) Recherches sur lès modifications de l'atmosphère ; l'an 2, p. 58 et 150. (4) Leçons de Physique ezxpér. , tome IV, pag. 512 et suiv. (6) Rech. sur les modific. de l'atmosph,, tome Il, pag. 160 et sui. (6) Novi commentari: Acad, Petrop., tom I, pag: 54. froide ET D'HISTOIRE NATURELLE: °F froide étoit la même que celle de la glace fondante, ou Zéro » EME BC m+) Novi Commentarii Acad. Petropolit., tom. [°, folio 172. (3) Mécan. céleste, par M, Laplace, tome LV, pag. 270. ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 281 + Pour déterminer les degrés de chaleur réelle auxquels je me proposois de comparer les indications du thermomètre, j'ai eu recours à la méthode des mélanges de deux portions d’eau à des températures qu'on pouvoit connoître absolument sans le secours du thermomètre, c’est-à-dire, que j'ai mélé ensemble des quantités déterminées d’eau à la température de la glace fon- dante et d'eau bouillante , le thermomètre étant à la hauteur de 28 pouces environ, le thermomètre employé dans ces expériences marquoit exactement o° dans la première, et 80° dans la seconde de ces eaux. S M. Deluc a cru que « l’eau bouillante ne pousoit être me- surée ni pesée » (1), ce Qui a fait qu'il ne mesuroit l'eau qu'il employoit dans ces expériences, que lorsqu'elle avoit cesté de bouillir , et il laissoit encore cette eau se refroidir jusqu’au 75°. C’est encore sur la foi de cette assertion que je n’ai employé dans mes expériences sur la dilatation de l'air, que de l'eau échauflée seulement à 780; mais depuis J'ai imaginé un moyen très-simple pour déterminer, par le poids, une quantité donnée d’eau bouillante. J’ai fait construire un vase cylindrique de fer blanc d’une capacité convenable. Ce vase est suspendu avec trois petites chaînes de laiton, à un des crochets du fléau d'une balance dont on a ôté un des bassins, l’autre bassin reste suspendu avecirois cordons de soie au crochet opposé, et la chape de cette ba- lance est attachée à un portant de bois ; dans cet état le vais- seau cylindrique repose sur une couronne plate de fer, portée sur trois pieds, sous laquelle on peut introduire un réchaud plein de charbons ardens. Lorsqu'on veut se servir de cet appareil, on commence par verser dans le vase cylindrique une quantité d’eau un peu plus grande que la quantité d’eau bouillante qu’on desire employer dans lexpérience : celte eau doit être fort chaude et prête à bouillir; on glisse sous la couronne plate du trépied , sur laquelle repose le vase cylindrique , un réchaud plein de charbons allumés , qu’on attise avec le vent d’un soufllet , et on place dans le bassin opposé de la balance, un poids tant soit peu plus fort que le poids nécessaire pour faire équilibre au poids du vaisseau cylindrique et au poids de la quantité d’eau bouillante qui doit rester dans ce vaisseau pour l’expé- rience projetée. Tout étant ainsi disposé, l’eau contenue dans ———— (1) Rech. sur les modific. de l’atm. , tome IT, pag. 232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le vaisseau de fer blanc, échauflée par les charbons ardens du réchaud , ne tardera pas de bouillir; en bouillant cette eau s’é- vaporera, et dès qu'elle sera diminuée par cette évaporation, au point d’être réduite à la quantité qu'on desire, le poids opposé devenant prépondérant, le bassin de la balance descendra sur un support de bois. placé au-dessous, et le vaisseau cylindrique s'élevera, Aussitôt que ce vaisseau commencera à s'élever, on retirera le réchaud et le trépied ; on versera promptement dans le vase la quantité d’eau à la température de la glace fondante nécessaire pour l'expérience (qu’on aura pesée et préparée d’a- vance); on placera le thermomètre dans le mélange, et on re- cevra le vaisseau devenu prépondérant par ces additions, dans un étui de carton double enfermé de deux feuilles qui laissent eatre elles un intervalle d’un pouce qui est rempli de charbon en poudre; on couvrira le dessus du vase et l’étui, d’un cou- vercle percé d’un trou pour laisser passer le thermomètre, et pour plus grande sûreté, on enveloppera l'appareil de quelques étoffes de laine ; il faut avoir eu soin de chautfer d'avance l’étui de carton et le thermomètre, pour qu’ils soient à peu près au degré de chaleur que doit conserver le mélange : au bout de quelques instans le thermomètre, que l’on doit choisir extrême- ment sensible, marquera la chaleur du mélange relativement à la dilatabilité du mercure; on répétera plusieurs fois chaque ex- périence, et on prendra la moyenne proportionnelle arithmétique entre les résultats. On pourroit craindre que l’eau en ébullition, continuellement soulevée par les bulles d'air et de calorique qui traversent sa masse pour venir crever à sa surface, dût moins peser sur le fond du verre qui la contient ,et par cette raison, qu’on pourroit trouver quelque mécompte dans la pesée qu’on fait de l'eau bouil- lante; mais cette crainte n'est pas dutout fondée, car la réaction ayant toujours lieu dans une direction opposée à celle de Paction, et lui étant toujours égale (1), les bulles de calorique et d’air en s’élevant, repoussent le fond du vase avec une force égale à celle avec laquelle ces bulles soulèvent l’eau, ensorle que ces efforts opposés se compensent mutuellement. 11 n’en résulle au- cune différence dans le poids de l’eau tranquille ou bouillante, ce dont on peut s'assurer par l'expérience. — ——— (1) Isaaci Newtoni Principia mathem. Philos. naturalis axiomata lextertia, tome I, pag. 23. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 263 J’ai fait un grand nombre d'expériences en suivant la méthode que je viens d'exposer. IL seroittrès-long, et de plus inutile d'en donner ici les détails, et je me bornerai à rapporter seu- lement les résultats des principales expériences. qui ont eu pour objet de mesurer les dilatations du mercure dans le thermomètre à 200, 400 et 600 de chaleur réelle; la Table suivante renferme ces résultats généraux, qui sont chacun la moyenne propor- tionuelle arithmétique entre les résultats particuliers de vingt-cinq à trente expériences, à Degrés de | Degrés marq. QUANTITÉS D'EAU MÉLANGÉES. chaleur | par le therm. réelle. de mercure. 20° 19°86 40 39,81 Les degrés marqués par le thermomètre de mercure dans ces différens mélanges d’eau froide ‘et d’eau bouillante, diffèrent très-peu, comme on voit, des degrés moyens de chaleur réelle que donne la formule, et cette différence pourroit même, sans grand inconvénient , être négligée dans les-usages ordinaires du ther- momèêlre; mais comme il est cürieux de connoître la cause de ces différences, nous chercherons une hypothèse qui puisse en rendre raison. Or, de toutes les hypothèses qu’on peut imaginer sur l’effet du calorique relativement à la dilatation des corps, il n’en est aucune qui paroisse mieux fondée, que celle de sup- poser que les dilatations du mercure dans le thermomètre, pro- duites par des augmentations successives et égales de chaleur, Sont toujours proportionnelles aux volumes du mercure, puisque nous observons que les dilatations des corps de même nature, soumis à un même degré de chaleur, sont proportionnelles aux dimensions de ces corps. D’après cette hypothèse, qui est si na- turelle , si on nomme x la chaleur réelle, y le volume de mer- cure dans le baromètre qui correspond, et qu’on suppose que la chaleur augmente par degrés égaux dx, on aura par notre hy- 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pothèse y: dy :: dy: dd, par conséquent Ù yddy = dj? ou dj°— yddy — 0. Cette équation devient intégrable en la divisant par 77, et par une première intégration, elle devient ady =ydx, équation à la logarithmique. Cette équalion étant de nouveau intégrée, on aura x OU NT (e étant le nombre dont le logarithme — 1). Pour déterminer les constantes c el &, nous remarquerons que, d’après les expé- riences de Fahrenheit (r), le volume du mercure dans le ther- . momètre à la température de la glace fondante, est au volume du mercure à la chaleur de l’eau bouillante, comme 10000 est à 10161, suivant celles du chevalier Deloigna, de l’Académie de Turin (2), comme 10000 à 10159 55337, suivant celles du père Jean-Baptiste de Saint-Martin, de ja méme Académie (3), comme 10000 à 10159 -7, et suivant les miennes, comme 10000 à 201600, avec uue traction si petite, qu'il est inutile de s’y arrêter. Nous adopterons ce dernier rapport , comme à peu près moyen entre les précédens (4): si on le divise par deux on aura’ 5000 à 5080, pour le rapport du volume du mercure dans le thermomètre à la température de la glace fondante , au volume du même fluide à la température de l’eau bouillante, chaque degré de la division en 8o parties, équivaut donc à 5553 du volume du mereure à la température de la glace fondante, et par conséquent cette division est fondée sur la nature, et A —_—_—_—————————————— — ————————— —— — ——— ———————— (1) Muschembroeck, Cours de Phys. exp., tome II, pag. 867. C2) Dissert. sur la grad. du barom. simple, Vérone, 1765, pag. () Esprit des Journaux , décembre 1790 , pag. 370 et suiv. ; (4) Cerapport n’est point celui des dilatations absolues du mercure, mais seu- lement de sa dilatation relative avec le yerre , ou de la différencedes dilatations du mercure et du verre; ce qui suffit pour le thermomètre réglé aux deux points extrêmes de la glace etde l’eau bouillante, pour le baromètre dans lequel le mer eure est libre ; on doit employer le rapport 10000 à 10185 des dilatations absolues qu’on trouve, d’après les expériences de MM. Laplace et Lavoisier (Mécan. céleste , tome IV, pag. 291); dans la recherche du premier rapport, je n’ai pas fait entrer les résultats des expériences de Halley et de Joseph Delisle , parce qu’elles ne m'ont pas paru assez exactes. n'est ET D'HISTOIRE NATURELLE. 285 west pas arbitraire comme celle en 100 parties, ou toute autre qu’on a voulu lui substituer. Prenant donc 5000 pour le volume du mercure dans le ther- momètre à la température de la glace fondante ,ce sera la valeur de y lorsque æ —o, par conséquent c — 5000. Pour trouver a, on remarquera que par la nature de la loga- rithbme, on a la proportion suivante, la différence 0,01587385 de logarithmes népériens de 5080, et de 5000 volumes du mercure à la température de la glace fondante, et à celle de l’eau bouil- lante, est à la différence 80 des abaisses 80 et o correspondante, comme r soutangente des logarithmes népériens, et à a sou- tangente de la logarithmique ou logistique thermométrique, par conséquent a— —"?.. Substituant ces valeurs dans l’équa- tion (À) , et réduisant, elle deviendra A . y = 5000. (2,7182818)" Fa ne repassant aux logarithmes, et réduisant les logarithmes népériens en Jlogarithmes ordinaires, ou de briggs, on trouvera les deux formules suivantes , qui sont très-commodes, et dans lesquelles + exprime les degrés égaux de chaleur réelle et uniforme, et y les dé correspondans marqués par le thermomètre de M. Deluc + 2000. Première formule log y — 3,6989600 Æ x (0,00008617135). Le signe + est pour les degrés au-dessus de la température de la glace fondante, et le signe — pour les degrés au-dessous de cette température. Dans le premier cas, on retranchera du nombre trouvé pour ÿ le nombre 500, et le reste sera le nombre de degrés au-dessus du zéro du thermomètre de M. Deluc, correspondant au degré donné x de la chaleur réelle, Dans le second cas, on retranchera de 5000 le nombre trouvé pour y, et le reste sera le nombre de degrés du thermomètre de M. Deluc au-dessus du zéro correspondant au degré donné de chaleur réelle, Seconde formule Ex —=(+ log y + 3,6989700 (11604,8275). Tome LZXXVII. OCTOBRE an 1813. Oo 286 JOURNAL DE PHYSIQUE, -DE CHIMIE Le signe supérieur est pour les degrés au-dessus du zéro, où de la température de la glace (1) fondante et le signe inférieur est pour les degrés au-dessous de cette température (**). Si dans:la première formule on substitue successivement pour x les nombres 20°, 400 et 60°, on trouvera pour les valeurs cor- respondantes de y (après. en, avoir retranché 5000 ) 190,88 , 390,84 et 590,88 qui différent très -peu des nombres 19,86, 390,81 et 599,87 que nous avons trouvés par l'expérience, cor respondre aux degrés 20°, 400 et 60° de chaleur réelle, ce qui confirme l'hypothèse et la théorie précédente. On peut done conclure de ce qué nous avons dit de: cette loi générale dela dilatation d'unfluide homogène, comme le mercure, par l’effet de la chaleur. Lorsque la chaleur augmente par degrés égaux , ou en pro- gression arithmétique, les dilatations correspondantes du mer- cure forment une progression géométrique. u Dans le cas particulier du thermomètre de M. Deluc, la raison de cette progression de degré en degré, est celle de... 1 à r,000190437. Cette loi que nous avons trouvée, il y a quelques années, pour être celle que suit l'évaporation spontanée relativement à la chaleur (2), et qui a lieu dans plusieurs autres eflets phy- siques, est une conséquence de cette loi générale, que Le change- ment qui arrive dans l'état d’un corps ,.est toujours relatif et proportionnel à l'état antécédent de ce corps ; et celte loi gé- nérale n’est autre chose que le principe de la raison suffisante de LEIBNITZ , exprimé d’une imauière géométrique. Dans le thermomètre d’esprit-de-vin de Réaumur, le volume de-la liqueur est 1000 à la température de la glace, fondante, 1032,5 à la température de la chaleur animale, suivant les ex- périences de MM. de Réaumur et Brisson (3). Cette dernière température répond, suivant les expériences de M. Deluc, à 29°,9 de son thermomètre (4), ou à 30°,0049, de chaleur réelle; (1) Le logarithme du coefficient est — 4,0646386907. @*) Poyez l'addition à la fin du Mémoire. (2) Journal de Physique , tome LXV, pag. 453. G) Rech. sur les modific. de l'atm. , tome IL, pag. 268. (4) Idem; art, 4535 d. ET D'HISTOIRE NATURELLE: 1287 ‘d’après ces données on trouvera pour cette espèce de fhermo- . mètre, les deux formules suivantes’ analogues à celles que nous avons donrées pour le thermomètre de M. Deluc, Première formulé, : log y = 3% +. (0,00046224). Seconde formule, Æ x —=(Ælogy 3) (2163,38). (Le logarithme du: coeflicient est — 3,8351326). Ces formules sont très-exactes pour les degrés au-dessus du zéro, du moins jusqu'à 40°, suivant la vérification que j'en ai faite ; mais pour les degrés au-dessous du zéro, le degré donné par Ja prémière formule, est toujours plus considérable que celui qui est indiqué par le thermomètre, ce qui n’est pas la faute de la formule, mais un .défautidurthermomèetre de Réaumur, dont la liqueur, suivant lobservation du célèbre M. Deluc (1), ne se contracte pas proporionnellement à l'augmentation du froid. Je soupconne.que cet eflet est produit par l’eau qui fait partie de la liqueur,,et qui a,.comme.on sait, la propriété de,se dilater en approchant du terme de la congélation, et encore plus en se glaçant. L’air possède au plus haut degré les qualités qui constituent «un fluide propre à faire un excellent thermomètre ; son ressort, ret la dilatabilité quien estla suite, est exactement proportionnel à la chaleur ::ce)ressort est parfait et inaltérable; la fluidité de l'air est permanente, et il, peut servir, par conséquent, pour mesurer tous les degrés de froid et de chaud; il doit suivre, avec plus de précision que tout autre fluide, les modifications que la chaleur cause dans l’atmosphère , surtout celles qui sont produites par l’action directe des rayons, du soleil, si différens de cette même action sur le thermomètre d'alcool et,de mer- cure : ‘aussi plusieurs phÿsiciens.(2).ont essayé de construire sur ‘différens principes, des thermomètres d’air; mais la difficulté de leur construction, et quelques attentions gènantes dans l'ob- (1) Rech. surles modific. del'atm:;tome-Il.--pag-280: : (2) Drebbel, Sanctorius , Amontons, Poleni, Nuguet, Crucquius , Lam bert, etc, Oo 2 : 288 JOURNAL DE PHYSIQUÉ,, DE CHIMIE servation, en ont fait abandonner l'usage. Celui que je vais proposer est très-facile à éonstruire; il est indépendant des va- riations de.la pression de l'atmosphère, et l'extrémité de la colonne de mercure se trouvant dans le vide, ne peut s’oxider el noircir la partie du tuyau dans laquelle elle se meut, et où l’on observe les variations dé la chaleur comme dans les autres thermomètres d'air. | D'un nouveau Thermomètre d'air. Ce nouveau thermomètre, pl. r, est composé, :1° d’un tuyau : cylindrique de verre AB, semblable à un tuyau de baromètre ordinaire, mais dont le diamètre intérieur n’est que d’environ une ligne. Ce tuyau est bouché hermétiquement en A, et ouvert au bout B; sa longueur doit être de 39 à 40 pouces; 2° d’une fiole cylindrique de verre C, à fond plat, de la hauteur de trois à quatre pouces et de deux pouces environ de diamètre, dont l'orifice est tel, que le bout B du tuyau puisse y entrer, et 39 d’une planche de sapin D, sur laquelle tout l'appareil est fixé; cette planche est évidée tout autour de la fiole qui ne re- pose que sur une pelite pointe de métal E, afin que la température ue monture ne puisse influer sur la température de l’air de a fiole. Pour construire cet instrument, on commence par verser du mercure bien purifié dans la fiole jusqu’à la hauteur de sept à huit lignes; on place la fiole dans un baïn de sable qu’on échaufle lentement jusqu’à ce que le mercure entre en ébullition; on entretient cette ébullition pendant un certain temps, et lorsqu'on juge que l'humidité que pouvoit contenir le mercure, ou qui pouvoit être attachée aux parois de la fiole, est totalement dis- sipée, on éteint le feu, on laisse refroidir le tout, et quand la fiole peut être maniée, on la retire et on la place tout de suite sous une cloche de verre pleine d’air desséché au moyen de la chaux vive, ou avec de la potasse, suivant le procédé de M. de Saussure (1); on scelle ensuite le bord de la cloche sur la plaque de métal qui la supporte, au moyen d’un cordon de cire molle qu'on étend tout autour pour interdire tout accès à l’air extérieur. On remplit de mercure bien purifié le tuyau, et l’on fait (1) Essai sur l’hygromèétrie, pag. 24 et 25. ET D'HISTOIRE NATURELLE. , 269 bouillir: le mercure dans ce tuyau, de la. même manière. que pour charger le tube d’un baromètre ordinaire. HART Pour réunir ensuite ces deux pièces; on choisit un jour où Vair soit très-sec, on sortira la Eole de, dessous la cloche, on achevera de remplir exactement, de mercure le tuyau, et on fera entrer le bout de ce tuyau dans l’orifice de la fiole, en le tenant fort incliné, afin que le mercure ne $sécoule pas : on tiendra également la fiole fort inclinée, pour que le mercure:qu’elle contient, vienne, jusqu'à l’orifice, se joindre a mercure du tuyau -(il faut avoir grand soin, dans cetté opération, qu'il nese glisse absolument aucune bulle d’air dans le tuyau); on enfonce peu à peu ce tuyau: en relevant le tout jusqu'à ee que lé, bout B -soit distant, seulement d’une ligne ou d’une ligne et demie, du fond de là -fole. Lorsque le tuyau sera bien vertical, ;on le Hixera au col de la fiole avec du mastie, dont on formera un cordon tout autour de la jonction du! tuyau avec'le col de,la fiole , ensorte que toute communication entre lair, extérieur et l'air contenu dans la fiole, soit absolument interdite, * On placera ensuite l'instrument dans une longue caisse, et dans une siluation exactement verticale, et on remplira cette caïsse de neige ou! de glace pilée, qu'on entretiendra dans un état de dégel en léchauflant de quelques degrés au-dessus de:la congé- lation, l'air environnant. Lorsque tout l'instrument aura pris exactement la température de la glace fondante, on marquera le point où la colonne de mercure s’est fixée, avec un fil qu’on nouera aufoùr dutuyauet qu’on arrêtera avec un-peu de; vernis ou d’eau! gommée; on retirera alors l’instrument de la caisse, et oùrle: fixera sur la planche à.la manière ordinaire, avec ides fils de'fer; on divisera ensuite en 1000 parties égales (qui seront chacune d'environ + de ligne), l'intervalle sur la planche entre * le point correspondant au fil et le point correspondant au niveau du mercure dans la fiole, l'instrument étant exäctement vertical: on prolongera la division de 400 parties au-dessus du fil, et l’ins- trumént sera terminé. On peut, si on veut, le vérifier en plon- geant la fiole, séulement, dans l’eau bouillante ; si on a bien opéré, la colonne de mercure doit s'élever jusqu’à 369 parties au-dessus du point où elle étoit fixée dans la glace fondante (1). (x) À cause de la dilatation de la fiole , car ce seroit 3: Jatatic à 72 parties si on ayoit égard seulement à la dilatation absolue de l'air. gi | 95 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE FA ‘Ce thermomètre a besoin ‘de trois corrections , les deux pré- mières sont relatives au changement de capacité de la fole par leffet de la chaleur, et au changement de niveau: du mercure dans la fiole, à mesure que ce fluide monte ou descend dans le tuyau; ces deux corrections qui, dans l'usage ordinaire du ther- momètre, sont ’presqu'insensibles, sont très-aisées à calculer; la prémiëre, par le rapport connu des capacités d’un vaisseau de verre à la glace et à l’eau bouillanté, qui est celui delà 1,002498; la seconde, par le rapport qui est'taussi conmu des diamètres intérieurs du tuyau, et de la fiole,. etodes carrés de ces dia- mètres. La troisième correction est celle de‘la-variation de lon- -gueur de fa éolonñe de mercure, à raison duchangement de ternpéralure ; on corrige cette variation comme dans le baromètre, ‘eL'après lindication ‘d’un: petit tlermomètre de mercure F, enfoncé là moitié dans l'épaisseur de la planche, pour marquer avec plus d’exactitude la température du mercure du tuyau. Puisque le ressort de l'air provient uniquement du calorique interposé, l'air privé de tout calorique n’auroit plus de ressort, ‘ét la colonne delmercure:suspendue! dans le tuyau ‘du'thermo- ‘mètre ‘que nôus venons de décrire ;>descendroit, dans ce cas, au niveau du mercure dela fiole; ceniveau est donc le zéro absolu - della chaleur comme du ressort, :et:la hauteur de la colonhe de mercure au-dessus de ce niveau, exprimant la force du ressort de l'air; cetté même hauteur est, par conséquent proportion- nelle à laichialeur absolue, «et devient la mesure deicette chaleur absolue, avantape ‘précieux ‘que le thermomètre d'air:a sur tous les'autres-thérmomètres qui Me ‘mesurent OL à LE oi -daitenient) que des différenéées de vhaleur. La chaleur absolue :deleaupbouillante est done à la chaleur absolue de la glace fon- dante comme 137168 à r00000, .et sion ‘fait cette proportion ::87108 : 100000 :::.80 : 2150,24r, etiqu'on infroduise ce dernier terme,pris négativement pour x dans la première formule, on trouvera 4791 pour y, ou pour le volume qu'auroit le mercure (s’il pouvoit conserver.sa fluidité jusque-là) au point du zéro absolu de la chaleur, c’est-à-dire, que dans le thermomètre de M, Deluc, dont chaque degré ré- pond-à = du volume du mercure à-la température de la glace fondante, le zéro absolu, ou la négation entière de toute chaleur, répond à 209 degrés de son échelle au-dessous de la température 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE... 297 dela glacefondante , C'est — 4700 + del’échelle de Fahrenheit ,:et 5410:7 de l'échelle de M. Delisle. ne ADDITION. (*) Ox peut prouver facilement que l'hypothèse de M. Delue conduit à des conséquences qui empéchent absolument de lad: mettre: nommons x le degré de chaleur réelle, y le degré cor- respondant du thermomètre demercure, puisque dans l'hypothèse de M. Deluc les secondes différences des degrés sont constantes, on a dddy —=o, cette équation intégrée trois fois, donne pour équation finie 6 M Sax br +, a, b, c étant des constantes qu’on déterminera par lé8 conditions que æ—0, ÿ est aussi —o, ce qui donne c— 0. Que x —80°, y est aussi — 80”, et enfin que x —40°: y (suivant les expériences de M. Deluc) — 38°,6, ce qui change l'équation précédente en celle-ci, —— - | Y = 0,000875,2x + 9,3.X, d’où l’on tire her era 0,00175 ; mais si on examine l'équation générale, on reconnoîtra aisément que æ étant positive au-dessous de zéro, y est aussi positive ; que x étant négative au-dessous de zéro, et augmentant jusqu’à la valeur — > J sera négative et augmentera jusqu’à devenir . LLMAEE 4 : FPRS 3 égale à —— qui est son maximum négatif; que si on suppose De s 2b : : que æ soit égal à——,7 deviendra — 0; et enfin si on sup- pose que æ devienne en descendant plus grande que — . ,Ÿ deviendra de nouveau positive , et augmentera jusqu’à l'infini en restant toujours positive; ensorte que dans cette hypothèse le mercure, par un grand froid, éprouveroit la même dilatation que par une grande chaleur, et en refroidissant un thermomètre, 1 292 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE on. pourroit le faire revenir à marquer les mêmes degrés ‘au dessus du zéro, qu'il marquoit dans le plus grand chaud, ce qui est absurde. L'hypothèse de M. Deluc n’est donc point ad- missible, ? (**) J'avoue que cet échafaudage de calculs pourroit être supprimé; il est très-aisé de démontrer que lorsque les diflé- rences sont proportionnelles aux grandeurs dont elles sont les différences, ces grandeurs sont en proportion continue. Decette pro- position qui est laconverse du lemme premier du 2e livre des prin- cipes (1), découle la loi que nous avons donnée sur le rapport de la dilatation du mercure avec la chaleur ; et de la règle qu'on donne dans les élémens pour insérer entre deux quantités con- nues, un nombre donné, de moyens proportionnels géométriques, on déduit facilement nos deux formules : c’est ainsi que la sin- thèse toujours plus claire et plus satisfaisante que l’analyse, est souvent beaucoup plus courte et plus facile; je l'ai expérimenté un grand nombre de fois, et c’est le sentiment du célèbre géo- mètre et rome Halley. « Methodus hœc (sinthesis scilicef) cum algebra speciosé facilitate contendit, et demonstrationum elegantié longè superare videtur. (2) » -(1) Isaaci Newtoni Principia mathem., Phil. nat., tomeIl®, pag.17. (2) Edmundus Halley ad finem præfationis in libro Apollonii de Sectione yationis, ; ; : EXTRAIT ET D'HISTOIRE NATURELLE. 293 EXTRAIT D’UNE LETTRE DE M. DE FORTIA D’URBAN, À J.-C. DELAMÉTHERIE. Rome, 13 août 1813. J’Ar recu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire au sujet des expériences de M. Morichini, Je m’empresse de vous envoyer son dernier Mémoire relatif à la force magnétique des rayons violets. J’ai assisté moi-même à toutes ses expériences, et j'en garantis l’exactitude la plus scrupuleuse.. . SECOND MÉMOIRE SUR LA FORCE MAGNÉTISANTE DU BORD EXTRÈME DU RAYON VIOLET, Lu à l’Académie des Lyncées, le 22 avril 1813, Par Dominique MORICHINI, - Professeur de Chimie à l Archygimnase de la Sapience, Médecin de la Chambre de l'Empereur et Roi, à Rome. À Rome, de l’Imprimerie de Romanis, 1823, QUoIQUE les expériences que j’ai eu l'honneur de mettre sous les yeux de cette respectable Assemblée , au mois de septembre ‘de l’année dernière, aient été, selon moi, assez multipliées et Tome LXXV'II. OCTOBRE an 1813. Pp 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE assez variées pour démontrer dans l'extrémité du bord du rayon violet, la propriété de magnétiser l'acier ; néanmoins, ainsi que J'en conviens dans mon Mémoire, elles ne n'ont pas encore paru suffisantes pour déterminer si les mêmes rayons possédoient une polarité, et dans quel rapport elle se communiquoit aux aiguilles quand son existence avoit été provoquée. D'ailleurs la véritable limite de la propriété magnétisante trouvée danse rayon violet, m'étoit pas assignée, et l'opinion que j'avois embrassée, que les rayons désoxigénans, bien plus que le rayon violet, étoient les rayons magnétisans, me sembloit mériter une discussion plus approfondie et de nouvelles expériences. L'objet de cette re- cherche m’a déterminé à tenter quelqu’essai pour découvrir jus- qu'à quel point se trouvoit cette propriété dans, les rayons lu- naires, et dans quels corps terrestres en combustion elle existoit. Il m'a donc paru nécessaire, avant tout, d'apprécier l'influence des températures atmosphériques, et de toutes les circonstances qui accompagnent ce genre d'expériences, pour ne laisser aucun doute sur l’efhicacité du pouvoir magnétisant du rayon violet ou chimique, et pour exclure la possibilité de l'attribuer à quel- qu'autre cause. Mes collaborateurs dans ces expériences, ainsi que dans les premières, ont été MM. Barlocci et Carpi, sans le zèle infati- gable desquels il m’eût été impossible, vu mes occupations, de faire tout ce qui étoit nécessaire pour rendre mes recherches moins incomplètes. M. Settele m'a également prodigué dans cette circonstance les soins les plus empressés; je saisirai donc celte occasion de leur témoigner à tous ma sincère reconnoissance. Comme mes expériences avoient été faites l’été dernier à une température toujours à 18 et 22 degrés de Réaumur, je voulus, d’après le conseilde M, Gay-Lussac, physicien célèbre et chimiste français, profiter de l'hiver rigoureux que nous avions eu, pour les répéter les 28 et 29 décembre, à la température de zéro de Réaumur. Le temps élant sec et serein, et la température de l'atmosphère à zéro de Réaumur, au commencement de l’expé- rience, J'y soumis deux aiguilles qui se magnétisèrent promp- tement et avec force, en MASON à rayon violet sur leur extré- mité vers la pointe seulement ; la première se magnélisa au bout de 30 minutes, et la seconde au bout de 45. J'imaginai que dans cette occasion il n'étoit pas nécessaire de porter l'aiguille avec l’autre extrémité dans l’autre côté du spectre, pour pro- jeler le rayon dans un sens opposé, au-dessus de la quene. comme ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295 je l’avois fait auparavant, d’après la méthode communément suivie pour aimanter avec l’aimant. J'ai opéré de la même manière sur d’autres aiguilles, dans les mois de février et de mars de cette année, et j'ai toujours obtenu des effets prompts et de la plus grande intensité. Néanmoins à l’époque de ces expériences, la température fut toujours au-dessous de 12 degrés de Réaumiur,comme on peut le voir dans le tableau des expériences. De zéro à 22 degrés de Réaumur qui, dans notre climat, sont à peu près les limites des variations de la température qui peu- vent avoir lien dans un appartement dans les deux saisons opposées , la force magnétisanté du rayon violet s’est maintenue au même degré, et la différence de température atmosphérique n'a manifesté aucune influence sur ses effets. = Dans une note additionnelle à mon premier Mémoire, J'ai dit qu’en opérant avec le rayon violet sur les aiguilles qu'on vouloit magnétiser ,#je les fixai sur leur pivot, dans une direction telle qu'elles ne 2 rapprocher de celle du méridien ma- gnétique, pour que de cette manière l'opération devint et plus prompte et plus facile. En magnétisant avec le rayon violet, Je voulus suivre à peu près la méthode dont je m'étois servi lorsque j'opérois avec l’aimant; et jai vu depuis, qu’en ajoutant à la déclinaison linclinaison, les effets devenoient et plus p'ompts et plus prononcés. Ces circonstances, cependant, ne sont pas tout-à-fait essentielles pour la réussite des expériences, et une autre direction différente de celle du méridien magné- tique donne des résultats suflisamment décisifs, résultats qui prouvent l'influence de la cause première du phénomène , je veux dire de la force magnétisante du rayon violet, Les aiguilles magnétisées au mois de février , le furent toutes sans le concours des deux circonstances indiquées. À cette considération il faut en ajouter une autre, c'est que les aiguilles non-magnétisées, quoique retenues à la même époque pendant quatre jours dans la déclinaison et linclinaison magnétiques d’une tablette, n'ac- quirent qu’une tendance foible et incertaine vers le méridien, et à peine un seul des autres caractères qui, réunis, constituent la magnétisation intense et décidée, telle que celle de aimant, et après elle celle du rayon violet, Puisque nous parlons des circonstances qui pourroient rendre problématique l'influence magnétisante du rayon violet, il en est une qui mérite la plus grande attention; c’est l'état des aiguilles avant de les soumettre aux expériences. En effet, il Pp2 296 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE peut arriver que quelques-unes en passant par les mains de Jouvrier, se trouvent plus ou moins magnétisées. Cette cause d'erreur a constamment été éloignée de mes expériences , d'après la précaution que j'ai prise d'examiner l’état des aiguilles avant de les y soumettre. Je les ai toujours mises d’avance sur leurs pivots que recevoit une tablette sur laquelle le méridien ma- gnétique étoit tracé. Lorsque leurs oscillations avoient cessé, et qu'elles étoient constantes dans une direction, diflérente dans toutes, et jamais exactement celle du méridien magnétique, tantôt je m'approchai de leur pointe, et tantôt de leurs queues, pour voir si elles avoient des attractions et des répulsions ma- guétiques, J’approchai ensuite de leur extrémité la limaille de fer, à l'effet de m'assurer si elles avoient quelqu’action sur cette substance; et lorsque je ne trouvai dans les aiguilles aucune de ces propriétés, je les soumis alors à l'expérience. Le compte que J'ai rendu de mes premières Mn os sufEsamment que je n'ai négligé aucune des précautions! nécessaires, même les plus minutieuses, et j'ai porté l'attention jusqu'à éloigner toute influence de l’aimant, ou des aiguilles précédemment ai- mantées. Non content de cela, je ne voulus pas me servir de nouveau de la limaille de fer, sur laquelle une aiguille magné- tisée dans mes expériences avoit agi, en supposant avec Wan- Swinden, que la limaille qui est attirée en grande quantité par l'extrémité d’une aiguille magnétisée, devient elle-même un très-fort aimant. Si après avoir employé toutes ces précautions, j'ai vu par la simple projection du foyer des rayons violets, les aiguilles se magnétiser complètement et fortement en 15, 25,30 minutes, et enfin, d’après l’état de l'atmosphère, en une ou deux heures au plus; il me semble alors pouvoir légitimement conclure de mes expériences, que le rayon violet, surtout à l'extrémité de son bord, jouit d'un pouvoir magnétique qui ne le cède point à celui de l’aimant ordinaire, si ce n’est qu’il faut au premier beaucoup plus de temps pour faire son. effet. Je déclare que par aiguille complètement magnétisée, j'entends une aiguille qui jouit décidément et constamment de la déclinaison magnétique du lieu, de la propriété de repousser les pôles homologues, et d'attirer les contraires d'une autre aiguille magnétisée; enfin, d'attirer en abondance la limaille de xd sinon dans ses deux, du moins dans l’un de ses pôles. Toutes ces propriétés se trou- vent à un frès-haut degré dans les aiguilles que je présente, et ET D'HISTOIRE NATURELLE. 297 qui furent magnétisées à l'extrémité du bord du rayon violet, L'inclinaison qui chez elle est toujours sensible et marquée, est la seule propriété qu’il ne m’a pas été possible de vériBer exac- tement dans toutes, par la raison que toutes n’ont pas été tra- vaillées avec l'exactitude nécessaire, pour rester dans un équilibre parfait sur leur point de suspension. C’est par la scrupuleuse attention que j'ai mise à éloigner toutes les causes d’erreur dans l'exécution de ces expériences, qu'aucun des physiciens d'Italie n’a pu obtenir les résultats que J'ai constamment obtenus avec les conditions favorables de l’at- mosphère. Les instructions que le célèbre Volta a eu la com- plaisance de me communiquer par l'intermédiaire de l’illustre président de. l’Institut italien, LRERrE FO et de M. Tambroni, m'ont fait connoître que je n’avois omis aucunes des précautions nécessaires pour garantir de l'influence du magnétisme terrestre les aiguilles soumises à l’action du rayon violet. Pour expliquer Ja différence des résultats, il est donc nécessaire de supposer quelque différence dans l'appareil, ou dans la manière de s’en servir. Cette réflexion m’a déterminé à donner ici une description exacte de l'appareil dont je me suis servi, description dont j'ai cru pouvoir me dispenser dans le compte que j'ai rengg de mes premières expériences. La lumière pénètre dans une chambre obscure par un globe de bois, le long du diamètre duquel est un trou d’un pouce neuf lignes de large. Cette ouverture se rapetisse quand on opère sur des aiguilles qui ne sont pas très-grandes , en appliquant au trou intérieur, c'est-à-dire, à celui qui regarde la chambre, un disque de carton noir ou de fer blanc, au centre duquel est un trou de 8 lignes de diamètre. Le prisme est de construc- tion anglaise, et son angle réfringent exactement de 60°. La lentille a une forme condensatrice de 784. La distance ordinaire du prisme du carré de carton pendant les expériences, est d’en- viron trois pieds de Paris. L'appareil pour soutenir laiguille, consiste en un bâton ver- tical de bois, que parcourt une lame de cuivre à laquelle est attaché un bras horizontal, également de cuivre, de la longueur d'environ un demi-pied, à l'extrémité duquel est un pivot ver- tical de cuivre ou de fer, destiné à soutenir l'aiguille. Une petite boule de cire placée à l'extrémité de ce pivot, sert à fixer l'ai- guille dans la direction qu’on veut avoir durant l'expérience. La plupart des aiguilles dont je me suis servi, pèsent chacune en- 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE viron six grains, et ont une longueur de deux pouces à deux pouces et demi. Le prisme, l’appareil pour soutenir l'aiguille, ainsi que le carton qui recoit le spectre, sont placés sur une tablette mobile, à l'effet de pouvoir suivre avec tout l'appareil en situation, le cours apparent du soleil. La distance de l'appareil qui soutient l'aiguille, au carré de carton qui recoit le spectre, n’est jamais moins de quatre, ou plus de six pouces. Le plus difficile à décrire, c’est la manière de projeter le foyer du rayon violet; elle doit être sûre, médiocrement rapide. Le rayon in; vestit non-seulement la superficie de l'aiguille, mais encore le bord , sans jamais rétrograder. " Je ne puis cependant pas convenir qu’en soumeltant à une expérience d’autres aiguilles qui, jouissant de quelques propriétés magnétiques foibles ou commencantes, après un court traitement, ne sont pas douées de toutes ces propriétés au plus haut degré, on ne puisse en déduire aucun argument en faveur de la faculté magnétisante du rayon violet. Si une aiguille qui d’elle: même a une tendance vers le méridien magnétique, je veux dire, sans attraction ni répulsion, et sans aucune influence ma gnétique, ce qui arrive souvent à celles que lon conserve pen- dant lt s avant de les soumettre à l’expérience; si, dis-je, cêtte aiguille traitée avec l’aimant, acquiert toutes les pro: priétés indiquées et daris un degré éminent, on ne dira pas qu'elle étoit aimantée par cela seul qu’elle avoit une tendance ” vers le méridien magnétique, et l’on ne niera pas qu’elle ne doive à l’aimant tout ce qui lui manquoit pour être magnétisée de manière à pouvoir armer une boussole. Si la même chose arrive au bout de 30 à 40 minutes, sur une aiguille traitée par le même procédé au foyer du rayon violet, sera-ce une raison pour refuser à celui-ci ce qu’on accorde à l’aimant? Quel autre moyen, ce dernier excepté, connoît-on qui produise des effets aussi grands et en aussi peu de temps? Ces mêmes effets 1na- gnétiques trèslents qui se manifestent dans les ferremens long- temps exposés à l'atmosphère, et par conséquent à la lumière, est-il bien prouvé qu'ils les doivent totalement au magnétisme terrestre , plutôt qu'à celui de la lumière elle-même ? Je ne m’appesantirai pas davantage sur cet objet, parce que mes expériences ont toujours été faites sur des aiguilles qui n6 possédoient aucune propriété magnétique sensible, sinon quel- quefois une tendance indécise vers le méridien magnétique , qui est le zéro de l'échelle des propriétés de celte puissance. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 Je vais rendre compte maintenant des tentatives que j'ai faites pôur découvrir sil existoit, ou non, une polarité dans les rayons violets, et. pour atteindre plus surement ce but, j'ai cru devoir, avant tout, déterminer avec l'expérience les limites de la force magnétisante de la lumière du haut en bas du spectre coloré. Pour appuyer mes premières expériences, J'avois avancé dans un autre Mémoire, qu'à l'exception du rayon violet, les autres rayons du spectre coloré ne possédoient pas sensiblement le pou- voir magnétisant. Mes tentatives qui, à cet égard, n’avoient eu d'autre objet que de comparer les autres rayons avec le violet, pouvoient et méritoient d’être répétées pendant un temps beau- coup plus long que celui que j'y avois employé jusque-là. Je commencai, en conséquence, par le rayÿon vert qui se trouve au milieu du spectre, et je passai ensuite au rayon rouge qui en occupe l’extrémité. Lorsqu'au mois de février je répétai mes expériences pour sa- tisfaire la curiosité de plusieurs savans étrangers, je fis pendant plusieurs heures, les deux expériences indiquées, sans avoir ob- servé dans les aiguillesaucun signe de magnétisation; mais comme, j'en ai pérdu Ja note, je ne l'ai point fait entrer dans le tableau abrégé que je présente de toutes les autres. J’ai donc été obligé de les répéter de nouveau, et il en résulte que l'aiguille traitée avec le rayon vert depuis le milieu jusqu’à la pointe, pendant 4 heures bo minutes, a présenté les propriétés magnétiques sui- vantes : direction lente vers le méridien magnétique, inclinaison nulle , répulsion décidée dans la pointe , très-foible dans la queue, attraction semblable dans les pôles contraires, le foyer magné- tique très-pelit à la pointe. Cette réunion de propriétés prouve une magnélisation foible et incomplète, dans un espace de temps sextuple au moins de celui nécessaire pour obtenir des efets décisifs du rayon violet, On-observera que le rayon vert étoit isolé des autres par le moyen d’un écran qui le laissoit passer seul, et qui opéroit toujours dans les parties supérieures du spectre vert qui avoisine le bleu. . Le raÿon rouge, sur lequel j’employai le même mode de pro- jection pendant six heures et demie, ne donna pas le plus léger signe de magnétisation. Je préférai alors de faire courir le foyer durayon sur aiguille placée dans son centre. L’aignille s’échauffa, se noircit, et la cire d’Espagne qui unissoit le petit chapeau de verre au-dessus de laiguille, se fondit. Retirée ensuite et refroidie, elle manifesta les propriétés suivantes : incliuaisom 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nulle ou rare, répulsion perceptible à la pointe, aucune à la queue, et point d'attraction dans les pôles contraires. Cette expérience ayant été troublée par l'intervention d’une cause étrangère, capable de produire des phénomènes magné- tiques, tels que l'électricité excitée dans une résine échaufiée ; Je crus que les signes équivoques d’une magnétisation très-foible et incomplète, qui se manifestoient dans l'aiguille pendant la circonstance indiquée, après 6 heures : de tentatives infructueuses, ne devoient pas être attribués au rayon rouge , mais bien plutôt à l'électricité excitée par la résine. Pour ne point laisser sub- sister de doute à cet égard, je me décidai à répéter l'expérience sur une aiguille privée du petit chapeau de cire d'Espagne. Cette aiguille, après avoir été soumise à l'expérience pendant sept heures et demie, n’acquit aucunes propriétés magnétiques, du moins dans un degré à pouvoir les reconnoître d’après les preuves ordinaires, Voulant donc assigner une limite expérimentale à la force magnétisante sensible de la lumière, j'ai cru qu’on pouvoit la fixer dans le rayon violet. Or dans ce rayon, vers le rayon bleu, viennent se perdre les rayons calorifiques, et il paroît que de celte manière la couleur verte dont la nature végétante s'est plu à se revêtir, a quelque rapport avec les quantités de calo- rique et de fluide magnélique qui peuvent convenir aux fonc- tions des végétaux. Quant à la limite du pouvoir magnétisant de la lumière au- dessus du rayon violet, dans la région des rayons chimiques ou désoxigénans, je n’avois à cette époque encore fait aucune recherche pour projeter ces derniers sur les aiguilles, indépen- damment du rayon violet, parce qu'il me sembloit difficile de diriger surement ces rayons invisibles sur les aiguilles; mais les expériences dont je rendrai compte tout-à-l'heure, et qui ont été faites jusqu'à deux pouces au-dessus du bord du rayon violet, démontrent qu’à cette distance la vertu magnétisante existe encore, et il est probable qu’elle se propage autant en haut qu’en bas. Maïs je crois inutile d'étendre la recherche sur les rayons ca- lorifiques qui sont au-dessous du rayon rouge, d’après les ré- sultats obtenus au-dessus de celui-ci; et d’ailleurs, parce que le calorique au moins accumulé, est plutôt un moyen démagné- tisant, comme le reconnoissent les fabricans d’aiguilles magné- ques, et comme il est facile de s’en convaincre en projetant le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 301 le foyer des rayons solaires indécomposés sur deux aiguilles , dont l’une est magnétisée et l'autre ne l’est pas. La première perdra de l'intensité de ses propriétés magnétiques, si le foyer est projelé de manière à exciter une chaleur sensible. La seconde acquerra les propriétés magnétiques d’une manière d'autant plus sensible, qu’on fera glisser le foyer avec plus de rapidité, pour empécher que l'aiguille ne s'échauffe fortement. Une aiguille que j'ai traitée de cette manière, comme on peut le voir dans le tableau des expériences , et à laquelle je consacrai deux heures pour la magnétiser à un degré médiocre, rétrogradoit toutes les fois qu’elle s’échaufloit sensiblement. J'ai dit plus haut que dans la magnétisation des aiguilles, je n'avois point fait d'expérience sur les rayons chimiques au-dessus et hors du rayon violet, parce qu'il me paroissoit difficile de projeter un foyer de rayons invisibles sur les aiguilles, sans le secours d’un rayon de lumière en état de guider le physicien. En étudiant mieux la difficulté, j'ai cru pouvoir la surmonter, ou du moins l’éluder de la manière suivante. Plus une chambre dans laquelle se font les expériences dont je parle est obscure, plus une lentille de la force de celle dont je me sers recueille toujours dans son champ autant de rayons qu’il en faut pour que le foyer où ils viennent se réunir soit pendant quelque temps visible. Connoissant déjà par l'expérience faite avec les rayons solaires et indécomposés, les effets magnétisans de leur foyer projeté sur une aiguille , je ne pouvois pas craindre que la lumière foible et en petite quantité de la chambre, que je serois obligé de réunir aux rayons chimiques, pourroit avoir une influence sensible sur leurs effets magnétisans. En tenant l’ai- guille à la distance de deux pouces du bord supérieur du rayon violet, suivant le procédé que j'avois adopté au commencement de l’expérience , et pendant cinquante minutes, aucune partie de ce rayon ne pénétra dans le champ de la lentille conden- satrice: en l’inclinant ensuite jusqu’à ce qu'une très-mince portion de lumière violette colorât le foyer très-languissant qui se pro- Jetoit sur l'aiguille, j'ai obtenu dans l’espace d’une heure et qua- rante minutes, une magnétisation complète, mais plus foible que celle que donne communément le bord du rayon violet. On peut voir dans le Tableau, les caractères magnétiques de cette aiguille, et les progrès de leur développement. Comme le ciel, de temps en temps nébuleux, étoit peu favorable à l'expérience qui n’avoit pas donné des résultats proportionnés à sa durée, Tome LXXV II. OCTOBRE an 1813. Qq 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE je voulus la répéter le 18 avril de cette année, en placant l'aiguille dans une direction opposée à celle de la première ex- périence, pour la faire encore servir à la détermination de la polarité des rayons magnétiques , dans le cas où ils l’eussent possédée, L’issue de cette expérience, dont les détails et les circonstances se trouvent inscrits dans le même Tableau, est conforme à celle de la première, et prouve suffisamment que le pouvoir magné- tisant s'étend , dans Ja région des rayons chimiques, au-dessus du rayon violet. Du résultat des deux expériences ci-dessus on peut conclure que les rayons chimiques isolés des violets, possèdent la faculté magnétisante, et que s'il étoit possible d’expérimenter sur le spectre violet, ainsi que sur les autres rayons qui le suivent , jusqu’au rayon vert, dépouillés des rayons chimiques, il seroit facile de résoudre ce problème, savoir : si le rayon chimique, seulement, ou bien si le rayon violet et ceux qui le suivent jouissent en proportion diverse de la faculté maguétisante. Peut-être obtiendroit-on cette séparation, en interposant entre les rayons réfléchis du prisme, et le carré qui en recoit le spectre, une substance diaphane, ou une solution quelconque qui retienne les rayons chimiques et laisse passer les rayons lu- mineux; mais jamais on ne pourra être assuré d’une séparation complète des uns d’avec les autres, et l’action elle-même des rayons chimiques sur la substance interposée, en aflectera la diaphanéité de manière à ne laisser espérer aucun résultat heureux d’une semblable tentative. A défaut de moyen direct, j'ai eu recours à un moyen in- direct. Bouguer a trouvé avec quelques-unes de ses expériences, que l’on peut voir dans Poptique de Smith, que la lumière de la lune dans son plein, est 300,000 fois plus foible que la lumière du soleil, Smith a déterminé par de théories gécmé- métriques qui se trouvent dans l'ouvrage précité, que la lumière de la lune n’est que 90,000 fois plus foible que celle du soleil, et il croit que la diflérence entre sa théorie et le résultat des expériences de Bouguer, vient de l'absorption de lumière qui a lieu dans la lune elle-même, absorption qui ne se calcule pas dans les démonstrations géométriques. Il a été reconnu depuis, que dans les rayons lunaires même, condensés avec les plus fortes lentilles, il ne se trouvoit aucune trace des rayons ca- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 303 lorifiques, au moins en quantité suffisante pour les rendre sen- sibles avec les thermomètres et les thermoscopes les plus délicats. Si les rayons chimiques sont eux-mêmes absorbés du corps lu- naire, comme les calorifiques, ils sont réfléchis proportionnelle- ment à la lumière : soit que l’on adopte l'opinion de Bouguer, soit que l’on embrasse celle de Smith relativement à la diffé- rence d'intensité entre la lumière du soleil et celle de la lune, on ne peut obtenir aucun effet magnétisant des rayons violets du spectre lunaire, à moins que l'expérience n'ait été prolongée pendant un espace de temps au moins 90,000 fois plus long que celui employé à obtenir cet effet dans les rayons violets du spectre solaire. Cependant douze heures de projection des rayons violets lunaires, dans différentes soirées de la pleine lune de Mars, n’ont certainement pas porté l'aiguille qui y fut soumise, à une magélisation décidée, et beaucoup moins complète; mais elles ont partagé la direction vers le méridien magnétique, et un commencement de répulsion entre sa queue et la queue d’une autre aiguille foiblement magnétisée, dont la pointe étoit attirée par Ja sienne. Ce que je viens de dire prouve que ces effets, quoique foibles, doivent être attribués plutôt aux rayons chi- miques que renvoie la lune, dans une proportion beaucoup plus grande que les violets, qu’à ces derniers, parce qu'il n’y a aucune proportion dans la différence des nombres 1 et 90,900, qui expriment la densité des rayons solaires, et celle de 1 et 24 qui expriment les temps de l'apparition des premiers signes magnétiques dans les rayons violets solaires et lunaires. Au reste, quelque cas que l’on veuille faire de. ce résultat , les expériences précédentes ne permeltent pas de recourir aux rayons cétues comme possédant seuls la rés magnétisante (1). A la suite d'expériences tentées dans le courant de l'été et pendant l'hiver, sur un grand nombre d'’aiguilles, et après quel- ques anomalies observées, dont j'ai rendu compte dans mon premier Mémoire, je me suis flatté de l'espoir de pouvoir aussi déterminer la polarité des rayons magnétisans , pour peu qu'ils en fussent doués. Pour procéder avec ordre dans cette recherche, je commençai par supposer que la polarité pouvoit se trouver . (1) I faut cons'dérer que l'expérience sur les rayons lunaires , ayant été con- tinuée pendant plusieurs soirées , le disque lunaire ne réfléchissoit pas dans toutes aussi complètement les rayons , que dans la pleine lune. Qq 2 304 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE, CHIMIE ou au-dessus ou au-dessous du bord des rayons violets, où dans ses côtés, ou enfin autour de l’axe vertical de leur spectre. En conséquence de ces hypothèses imaginées seulement pour suivre la carrière des expériences, je disposai les aiguilles dans les sept manières diflérentes que présente le Tableau ci-après. Figure 1'e, planche 2. Les aiguilles sont placées horizontale- ment, d'un côté à l’autre du spectre violet, et projetant lefoyer des rayons violets dans l’une À, du sud au nord, dans l’autre B, du nord au sud, la polarité des aiguilles s’est décidée dans le sens de la projection. | Figure 2. La même aiguille plongée d’abord dans le spectre avec la pointe vers l’axe vertical, regarde le nord A ; et la queue dans le sens opposé B. La projection du foyer partant toujours des côtés du spectre, vers l’axe au-dessus des parties immergées de l'aiguille, la polarité se décide suivant la direction de Pex- trémité.et de la projection, c’est-à-dire, la pointe au nord, la queue au sud. Figure 3. Une aiguille disposée d’abord avec la pointe au nord, comme dans À, et de là au bord sud du spectre, comme dans B, je couvre avec un écran l’autre extrémité de l'aiguille, et projetant successivement le foyer dans le sens de la pointe, l'aiguille a acquis la direction au nord avec la pointe, au sud avec la queue. Cette aiguille est une des plus complètement magnétisées et dans le plus court espace de temps : d’ailleurs Je renversement de la direction de la pointe n'arrête pas tout- à fait l'accroissement progressif des propriétés magnétiques, Cette osilion et les deux suivantes, ayant été imaginées pour les Évpo de la polarité dans les deux côtés du spectre, il étoit nécessaire de couvrir dans l'expérience son extrémité, pour em- pêcher que la lentille condensatrice ne réunît, ou du moins ne rapprochât pas dans son foyer les deux pôles au-dessous, et pour qu'elle n’en projetât qu'un seul à-la-fois. Il est inutile de dire ue dans ces expériences l’écran doit être placé entre le prisme et la lentille qui projette. Dans la figure 4 est désignée une aiguille un peu inclinée, d’abord avec la pointe vers le bord sud du spectre A, en couvrant son extrémité nord avec un écran, et en opérant ensuite en sens inverse sur le spectre et sur l'aiguille B qui se ma- gnétise, la pointe tournée au nord, et la queue au sud. La figure à offre une position d'aiguille entièrement opposée ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 305 à la précédente, tant pour sa direction que pour la projection du spectre, faite en deux sens opposés sur les extrémités op- posées. L’aiguille néanmoins se magnétise également, et avec les pôles de la précédente. Dans la figure 6 est désignée une aiguille avec la queue toujours en haut, mais avec un point de suspension, tantôt vers le bord supérieur du rayon violet A, tantôt sous la même B, pour projeter ‘le foyer d'abord de haut en bas sur la pointe, et ensuite de bas en haut sur la queue. La magnétisation fut nie et foible, quoique complète, et la pointe se dirigea vers e nord. La figure 7 fait voir la position de Paiguille, d’abord avec la pointe vers le bord supérieur du rayon violet À, l’autre extré- mité de laiguille couverte d’un écran, ensuite avec un point de suspension à ce bord, et la queue au bas de B. La projection se fit d'abord de bas en haut vers la pointe, ensuite de haut en bas vers la queue. La magnétisation fut foible et incomplète , et la pointe se dirigea au nord. Les résultats de ces expériences ne s'accordent avec aucune des trois hypothèses que j'ai établies pour la polarité des rayons magnétisans. Les effets de la première et de la seconde position sembleroient l’annoncer dans les côtés du spectre violet, ce qui est contraire à ceux obtenus dans les troisième, quatrième et cinquième. Les résultats de la sixième -et de la septième position ne se combinent pas avec la polarité supposée dans le haut et dans le bas. Enfin les phénomènes ob- servés dans les deuxième, troisième et quatrième positions, ex- cluent tout-à-fait la polarité vers l’axe vertical du spectre. Je me garderai bien d'émettre une opinion suæune question aussi délicate, à moins que des expériences nouvelles et multipliées n'administrent une masse de faits plus imposans , pour en déduire une conclusion qui éloigne jusqu'à l’ombre du doute. Peut-être -encore la polarité n’appartiendroit-elle pas aux rayons magnéti- -Sans, mais seroit une propriété qu'acquièrent le fer et l'acier saturés de fluide magnétique. Dans ce cas, l'hypothèse de deux fluides, l’austral et le boréal, seroit applicable uniquement à celui con- tenu dans les corps, et spécialement dans le fer magnétisé. On -pourroit corcevoir, que cela arrive, comme dans la saturation de la potasse liquide avec l'acide oxi- muriatique. L'’acide se divise en muriatique simple et en muriatique hyper-oxigéné , et il se forme dans le liquide deux sels distincts, le muriate simple et le muriate hyper-oxigéné de potasse. Celte comparaison 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE est hardie; mais je ne l’établis que pour faire comprendre la possibilité de la chose. Pour mieux concevoir l’incompatibilité d’une polarité quel- conque dans les rayons magnétisans, avec les expériences dont J'ai rendu compte, il suflit de comparer entre elles les méthodes les plus communes de magnétiser, et celles que j'ai suivies en projetant le foyer du rayon violet; l’une de faire glisser l'aiguille toute entière du foyer du rayon violet dans la direction nord ou sud, et l’autre, de projeter le foyer sur l'extrémité de l’ai- guille, seulement dans un sens ou vers le nord, ou vers le sud; ces deux procédés ne sont pas exactement semblables à ceux pratiqués quand on emploie laimant, où les deux pôles sont soumis au foyer du rayon violet. Lorsqu'on opère de la ma- nière énoncée dans la figure 2, du Tableau I, alors si la po- larité est supposée dans les côtés du spectre violet, la méthode de Micheli se rapprocheroit davantage des autres. Toutes les autres manières que j'ai suivies dans la projection du foyer des rayons, surtout celles énoncées dans les figures 3, 4 et 5, non- seulement ne correspondent pas avec aucune méthode connue, mais elles seroient contradictoires avec les principes reçus dans Ja communication du magnétisme terrestre. Si donc, d’après les expériences que j'ai faites, on vouloit établir une opinion sur la polarité desrayons magnétisans, il faudroit en conclure qu’elle n’existe pas dans les rayons eux-mêmes. Je conviens néanmoins que je ne regarde pas encore mes tentatives comme suflisantes pour l’en exclure ; mais elles invitent à de nouvelles recherches pour pouvoir en déterminer l'existence. J’ajouterai que dans les expériences multipliées que j'ai faites jusqu'ici sur la force magnétisante du rayon violet, j'ai constamment observé que deux circonstances contribuoient surtout à déterminer dans les aiguilles la polarité nord, L’une de ces circonstances, c’est la ‘terminaison de l'aiguille en pointe, et, toutes choses égaies, la magnétisation des aiguilles est plus facile et encore plus com- plète, quand le rayon se projette sur la pee que lorsqu'il se projette sur la queue. L'autre, c’est que l’extrémité de l'aiguille qui a été le plus long-temps tourmentée par la projection du rayon, est la plus disposée à se retourner vers le nord, ce qui peut expliquer plusieurs anomalies que j'ai observées, et dont J'ai rendu compte dans mon premier Mémoire, surtout la der- nière , lorsqu’en faisant avancer l'aiguille d’un côté à l’autre du spectre, celui-ci se projette, tantôt sur la pointe et tantôt sur la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 307 queue, pendant un espace de temps beaucoup plus long dans l’un que dans l’autre sens. Enfin j'ai cru nécessaire de faire des expériences sur les corps terrestres en combustion, pour découvrir sil s’y trouve des rayons magnétisans, comme dans la lumière directe du soleil , et celle réfléchie de la lune. C’est pour cela qu’en commençant mes expériences sur cet objet, j’ai imaginé que la lumière des corps terrestres en combustion, quelque vive qu’elle soit , ne donne jamais un spectre qui puisse se comparer tant pour la distinction que pour la vivacité desizones colorées , à celui des TaÿOns SO- laires, ni même à celui des rayons lunaires, quand la lune est à son périgée et dans son plein. Peut-être cette circonstance est- elle due à l'usage que j'ai fait d’une simple lampe d’Argand à mèche circulaire, sans verre réflecteur, et sans quelque moyen de condensation. Les bougies et les chandelles ne réussirent pas mieux que dans les expériences de la lampe alimentée avec. l'huile d'olive. Ce qui me fit bientôt connoître le peu d’espoir ue j'avois de réussir dans mes tentatives, ce fut l'exiguité e la zone violette qu'on auroit pu d’ailleurs plutôt nommer bleue que violette. La zone verte et la jaune étoient les plus grandes et les plus distinctes; les autres étoient plutôt des as- semblages de couleurs que des zones, parmi lesquelles la moins visible étoit la violette. Aussi , d’après les expériences directes pré- cédemment exposées dans ce Mémoire, je suis déterminé à croire que le rayon chimique plutôt que le violet, magnétise les aiguilles, parce que l’aflinité qui passe entre ces deux rayons, et la coïncidence de leurs régions me font présumer avec raison, qu'ils ne sont jamais séparés, et que l'intensité du rayon violet peut annoncer proportionnellement celle des rayons chimiques. Quoi qu’il en soit , il est certain que huit heures de projection du rayon violet en question, ne donnèrent à l'aiguille qui y fut soumise, pas même la tendance au méridien magnétique. Cette expérience doit être répétée avec des appareils plus eflicaces, dans la condensation de la lumière ; elle mérite en outre d’être variée sur un grand nombre de combustibles, et spécialement sur ceux qui donnent une flamme bleuâtre. Seule et isolée come je la présente, elle ne peut conduire à aucune conclusion; mais le temps ne m'a pas permis jusqu'ici de m'en occuper , ni de continuer les recherches sur l’existence des rayons élec- triques dans les rayons solaires , et sur l'identité ou la diflérence des premiers avec les magnétiques. Je sais néanmoins que l’on 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE écrit pour attaquer ou pour soutenir cette identité; mais je crois que les rapports réciproques de ces deux agens, mieux connus d’après la mémorable découverte de l'appareil électromoteut de Volta, pourront désormais conduire à quelque conséquence plus certaine. Je termine, en concluant que les nouvelles expériences que j'ai eu l'honneur d'exposer dans ce Mémoire, confirment de plus en plus l'existence d’un pouvoir magnétisant dans la lumière, principalement dans le bord extrême du rayon violet, et la pro- babilité que ce pouvoir appartient plutôt aux rayons chimiques ou désoxidans, qu’au rayon violet lui-même. Si, comme je n’en doute pas, d’autres expériences viennent à confirmer cette nouvelle propriété de la lumière, il ne faudra pas pour cela, comme quelques personnes semblent le craindre, renoncer au magnétisme terrestre. Les corps terrestres absorbe- ront des rayons solaires le fluide RE comme ils ab- sorbent la lumière et le calorique ; ils le développeront, ainsi que ces deux fluides, dans les vicissitudes perpétuelles de leurs com- positions et de leurs décompositions. Le fer sera ensuite , relati- vement au fluide magnétique, ce que sont les pyrophores pour le calorique,.et les phosphores naturels pour la lumière. EXPLICATION DES TABLEAUX. Dans les Tableaux ci-joints, j'ai adopté, pour une plus grande commodité, les abréviations suivantes: Dans la colonne intitulée, zemps de la projection, M veut dire 71atin. ’ ) soir, a — Dans la colonne : propriété magnétique acquise, C veut dire queue de l'aiguille. P ———— pointe de l'aiguille, F———— foyer magnétique, + N ——— nord. US ———— sud. é Déclin P à N déclinaison de la pointe au nord. F déb. —— foyer foible. F méd. foyer médiocre. F'aum.—— /oyer augmenté, CADRE aa — Journal de Physique, pag. 309 à 31a- _ Tableau [* —— JOURS T des expériences. |d Creriron 28 Décembre 1812. Envoyé à M. Gay-Lussac. — —_—_—_———m 29 Décembre...... ——— 26 Février 1813... Idem. OPA ÉVAER ere. sé Donné à M. Cav. T'ambrony. 1 MAIS Sa este Idem. 2OMars eee près les 15 premières minutes tous les caractères magnétiques, ensuite plus intenses, TM ANEI Sen este ——— 5 ——© — —— — — —— ER ITA PR |__irès les 45° premières tous les caractères magné- 7 Avril... T2 tiques, ensuite plus intenses, ____|___us les caractères magnétiques après les 45° aug- AVANT Re Er RER AL ame | Mes Rs Le ciel était devenu nébuleux. Sal dose ne ———|-—— ciel nébuleux et humide par intervalles et par sauts. SAAYTIL. dec : a ————— = EE Idem OPA 2-0 D | Idem. LD ANT Eee EE _ | Idem tie ANTII - eRRE. 1 Mr «il 3 ET | Idem 10 PANTIN JL TE FT DOTRANEN SN AU 1 ————— DAPAYETl A mere 1 1 PAYIS A. = —| —— Ciel nuageux. (SR nl BE SOS NLE DEEE ARTE HE | Idem. RONA VTT. 20 4° D —— CHENE ANA DIT emma, Tome LXXFII. OCT me des expériences. | de Réaumur. |Peromètre. [ER or 1812. 3°20 08 4195 26°50 og Décembre... 3,05 28. 4,05 24,20 26 Février 1813... 9,30 28. 3,00 FACE 27 Février. ....... 7,25 28. 340 h 32,85 1 Mars Hasbodonde 7,2b 28. 2,20 4,65 9 Marco -e ve 6,85 28. 3,80 43,60 21 Mars-etre-t--e TN 28. 1,35 36,00 23/Mars-- "+ 10,15 28. 2,15 31,25 2 pee et 9,1 28. 0,05 27,90 5 Avril... RUE 28. 2,05 27,55 7 Avril... Fe 11,20 res 38,00 mr Pratt te Idem Idem. Idem. 2 Avril....... Re 9,15 28. o,0b 27,90 A'Ayrileeerre cc. Ë 28. 0,50 | 28,90 PAYER EE ETS 27.10,50 47,00 10 PTE 27.11,80 44,70 TANT Re rte 28. 1,10 43,80 Ole Mbbas 28. 2,00 37,33 12 Mere Idem Idem. OMAN EE Eee ee 28. 3,95 sAUE | 14 FER 28:13,35 28,10 | 15 ANTIl se -eree 28. 8,40 82,25 | 16 AIT ere Ce 28. 2,90 28,85 18 MO 28. 1,10 29,10 Tome LXXPII. OCTOBRE an 1818. CADRE SYNOPTIQUE DES EXPÉRIENCES. Rene ne . jection. |de l'expérience. DEC Violets solaires. |Fig.2, lett. A Mioet 10 45" Fi B Idem. Idem. 3 er giä1o 30! C Idem. Idem. FRERE 1 33’ D re EU AE DUT ra 33 ir E Idem. Hit ne Mioà10.23 23° F Idem. rase Ù M 10 à 10.34! 34 mi G Idem. RE Idem. Mioà1o1 UT H Idem. Idem. Ha ITR +à10 AU I Ten LUE Fig. 3 Mgiàioi 45" L Fee Fig. 5, lett. A Mioà::1 6o° RER D ne fsentine m | im | ng4 Mises] sd N | 1m Sn Pl N Idem ie Idem Bout 120/ N PE NE NS (FÉTE À Mgià:1o 30° N Idem dé Idem BIT à1o1 bo N Idem We Idem Mgà1o? 75! N REMRRT IVTEE D Jà 104 # O NE Fig. 1, lett. A ET 249% 60° P Idem. Fig. 7, lett. À ET Ya 10; 9° P re Male ee mr ES Q | Rayons chimiques. |Fig. 2, lett. A Mio jäits 30° Q Idem. Idem. Mo: à 10.40 EIeNTE R Idem. Idem. ë gel Maà10o Propriété magnétique acquise. Toutes intenses, Idem. Idem. Idem. Idem. Très-intenses. Toutes intenses. F faible, les autres toutes intenses. Toutes intenses. Idem. Aucunes. F moyenne déclinaison, répulsion du P au P. Idem. Idem. F augmenté. Attraction de CàC, P à P, répulsion de P à P. Toutes intenses. RD ER Idem. F moyenne, attraction de P à P et de C à C, répulsion de P à P. Idem. 7 [Déclin. de Pa N. Repuls. de Ca C. Attract. de P à Cet de Pà P. F faib. Toutes les autres intenses. Idem. magnétiques , ensuite plus intenses, Journal de Physique, pag. 309 à 314: _ Tableau 1: OBSERVATIONS. Envoyé à M. Gay-Lussac. Idem. Donné à M. Cay. Tambrony. Idem. een —_—_—__——_—_——_— Dans les trois jours précédens le ciel fut tout variable. Après les 15 premières minutes tous les caraëtères Après les 45° premières tous les caractères magné- tiques, ensuite plus intenses. Tous les caractères magnétiques après les 45° aug- mentés. Le ciel était devenu nébuleux. Le ciel nébuleux et humide par intervalles et par sauts, Re Idem. Idem. Idem. Idem. eme qmbmethée th Ciel nuageux. Journal de Physique ; pag. 313 à 316. Tableau IT. JO des exfcquise- OBSERVATIONS. 1 Avril 2 Avrilrépulsions |Si la cire d'Espagne de la chape s’échaulfe, et on a les signes indiqués. 29 Mars. 30 Mars 1Fà 31 ENTRE Magnétisation incomplète et foible. 14 Avril.répulsion re. 12 Avril. 13 Avril.méridien 15 Avril, de P à P. | —— —_—_———…—…— 16 Avril. Le rayon violet de la luné, er-12h., a donné les propriétés ma- gnétiques plus décidées que le rayon rouge solaire en 5+h. 15 Avril. 16 Avril. 19 Avril. Le tems humide, avec un nuage dans l'atmosphère. RON ENG Pre, POUR CR 91 Avril. .méridien j 16 Mai... | 10 Maiï... Tome Journal de Physique ; pag. 313 à 316: CADRE SYNOPTIQUE DES EXPÉRIENCES. TableouTl eau . JOURS ‘ Th être | ù nr Lier ; À 3 = des expériences. EL de Baromètre. FE Fr Aiguille. ÉTAPE. de Sen dela _ RAR de Pr. Propriété magnétique acquise. OBSERVATIONS. pro) pro) aol 27 Mars.......... °60 28 3115 31°60 Solaires rouges. |Fig.2, lett. A| Moïàit o’ Aucune. 7 9 B 82; 9 = 9 28 Mars. ......... 11,65 28. 3,10 44,50 Idem. Idem. Idem. 90° Idem. 7 ——_—_—_—_—_———_—_— Mer 29 Mars.......... 9,15 28. 2,15 31,60 Idem. Idem. Miotàii 3o' Idem. NES DSP | EE FE CSN PR | ED 2 2 eh Mie se DANS eee 10,10 28. 1,70 36,75 Idem. Idem. M8 à 11 180’ Idem. me Fig. 1, lett. À, x z Un peu F à P; quelques répulsions [Si Ja cire d'Espagne de la chape s'échaulfe tes D AVI eee 9,15 28. 00,5 27,90 Idem. aber Ot S2à3 69 de P à P. P ue ns Pare et on NUE DEMO 9,15 28. 2,15 31,60 Verdk solaires. |Fig. 2, lett. A| Mi2à 55 45" Aucune. © ————— “| -—__—— | ———— | ——— ru | repense a GoNMars ere Lree 11,05 28-01,0D 44,15 Idem. Idem. FR n 155" Ù Idem. (Ca NE ; U F à P; repoussé de Pa P; RE, MES NC 31 Mars...”....... 9,30 28. 1,45 38,80 Idem. Idem. Mgzsàa go digé a nn Haine Magnétisation incomplète et foible. VAN ilaodbadeon 11,00 28. 3,55 28,10 Solaires indécompos. Idem. Miuià1is 120” ë de ii ds Aa TANT ec 11,00 28. 2,20 42,49 Violets lunaires, Idem. S7r1à9+ 10h Aucune. pr Vrbaocaonter 11,00 28. 3,40 28,70 Tr Idem. S7àg+ 1507 Tendance He NRC QE : x ! Direction au méridien magnétique ; E- V4. \ubootbr anse 11,50 28. 3,70 29,00 Idem. Idem. S7à10 180 ne GC PAYS eee 12,50 28. 3,20 39,60 Idem. Idem. SgiàaiM 195 Idem , et de plus attraction de P à P. Fe le rs idem. | Suiaim | 9 Tam. Le yen ils de nés ma donnés opté ar ë F > E = Fig. k Ur 10 1b0A NE Re “3 12,50 28. 3,40 32,95 Rouges HAL Re 31à4+ 60 3 Aucune. , 16MAYTII.- 11,60 28. 2,90 28,85 Idem. Idem. Srà2 60’ Idem. 19 Avril.......... 13,70 27.11,80 27,85 Idem. Idem. Idem. 6o' Idem. Le tems humide, avec un nuage dans l'atmosphère. PNA UE ne MTS ee Ha 7 Tendance indécise au méridien Pis bo cuoobont 10,50 28. 2,30 29,50 Mioä1iS go en ne méridie 16 Mate Lecue 16,25 28. 2,00 | 28,20 Idem. Idem. Mioiàa. 30! Idem. TOMMA Lecce 15,15 28. o,10 34,05 Idem. Idem. Mgtä1oi go’ Idem. NE 2 | RER At Violetsdelaflammel . . ,Mo<äio,eten | .,7 En PNR RE CROEOTT Fo Man ete ee 15,13 28. o,80 19,80 Y AE dé Fig.2, lett. A ME de43à6 a 240 Aucune, an MA Etre 15,60 28. 1,85 21,85 Idenv. Idem. Mgiàut 120 Idem. Ta Marre ree 15,0 | 28. 2,10 24,30 Idem. Idem. MB8à1o 120’ Idem, ; A Æ ; Rr 2 “Tome LXXPII. OCTOBRE an 1813. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 317 DISCOURS SUR LES MURS SATURNIENS, OU CYCLOPÉENS; Par M. DE FORTIA D'URBAN, Chevalier de la Légion-d'Honneur, de l’Académie d'Archéologie et de plusieurs autres en France, en Italie et en Abemagne. Un vol. in-8°, avec des planches. A Rome, imprimé par de Romanis. EXTRAIT par J.-C. DELAMÉTHEÉRIE. Les Grecs ont appelé murs GelppécRe. etles Romains, murs Saturniens , les murs formés de blocs énormes de pierres de figure polygone irrégulière, liés ensemble par la diversité de leurs formes, sans chaux et sans ciment : on en voit en Grèce et en Italie. M. Edouard Dodweld et M. Georges Goguet ont donné des Mémoires curieux sur cette construction. M. Petit-Radel s’en est aussi occupé.” Lauteur ‘a fait beaucoup de recherches sur ces premières constructions. Il en distingue. de plusieurs espèces. : L'homme, dit-il, réuni en société, craint les animaux féroces, Tome LXXV II. OCTOBRE an 1813. Ss 318 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et quelquefois ses semblables. II s’est fait des enceintes de pierres brutes. Ces pierres laissoient entre elles des vides: on sentit que pour éviter cet inconvénient , il falloit que ces pierres se tou- chassent exactement par leurs différens côtés; pour lors ontailla, on dressa leurs joints. Il faut donc distinguer parmi ces murs, ceux dont les pierres ont conservé leur forme naturelle, et ceux. dont les pierres., quoique restées polygonales, ont été polies dans leurs diverses surfaces. Cette première construction est celle que les premiers hommes ont dû employer pour leur défense. On voit encore des restes de ces murs primitiis à Preneste et à Cora; mais ce n’est pas celle que les anciens ont attribuée aux Cyclopes. Ces Cyclopes éloient de véritables artistes qui connoissoient l’usage du lomb, et même celui du fer. Ils employoient dans leurs murs les plus grosses pierres, mais ils leur donnoient un poli. Les premiers ouvrages des Cyclopes sont les triples murs de différenteScitadelles désignées dans des catalogues. On en compte vingt-une en Grèce, el cent huit en Italie, Les murs de Zz- cosura, la première ville bâtie dans la Grèce, en fournissent un exemple, ainsi que ceux de Tirénthe, aussi admirables, selon Pausanias, que les pyramides d'Egypte. Dans la citadelle d’Alatri, il y a une pierre de vingt mètres cubes, ou 600 pieds cubes... A Férentino il y a encore un grand nombre de ces construc- tions, failes avec des pierres énormes polygonales... C’est à ces constructions que l’auteur donne le nom de 7zurs cyclopéens, où saturniens. Au reste, en conservant, dit l’auteur, à ces murs le nom de salurniens, je ne prétends nullement que Saturneles ait inventés ; ils sont bien plus anciens que lui, et tiennent à la civilisation de la Phénicie, qui est de la plus haute antiquité, et doit peut- être elle-même son origine à celle des Chaldéens. Ce fut vrai- semblablement par des ouvriers phéniciens que furent répandues sur notre globe ces constructions colossales, qui-s’y trouvent disséminées partout. Saturne n’a doncfait queporter de Phénicie en Hespérie (Italie), l'art de l'architecture tel qu’il le connoissoit. n. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 319 Quelquefois on a donné à ces constructions le nom de gigan- Lesques : ce qui avoit fait soupconner que /a chaussée des Géans, en Irlande, étoit peut-être un de ces ouvrages : mais de pareilles chaussées se retrouvent dans la plupart des contrées volcaniques : et il est reconnu aujourd’hui de £ous les natu- ralistes, que ces chaussées sont formées de colonnes prismati- ques de pierres volcaniques, produites par là nature. Ss z OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR CENTIGRADE. BAROMÈTRE MÉTRIQUE. sunog Maximum. | Minimum. |A Mro Maximum. Minimum. À MIDI. heures. : o heures É ‘e ÿ heures. mill. | heures. mill mill. ° 1fà midi +-00,12là 5 3 m,+10,25|+20,19|à 55 m....... 758, 341AbS. 2. 4.01 .756,32|757;32| 19,d|| o[à 3s. “#20,00/à 5 3 m.+13,75|+#10,25|à 95..:.......750,22|à 5 ? m.......756,00[758,20| 19,2 3lar?s. +24,75{à 53 m.+ 9,50|4-22,75|à 7 m......... 758,76|à 3 5...... ...757,82|758,08| 20,8]| 4là midi +-23,00|À 5 x m.+12,00[+23,00|19 4 m....... 758,64|à 9 1s5..... -..750,82|758,12| 20,9|! 5[à3s. +20,56/à 935. +12,75|+19,25/à midi. . .…... 754,40|à9%s...... ...751,50|754;40| 19,614 6[à midi +1740lù 945. + 9,62|+17,40|à 9 E s........ 750,34\à 5 +m........ 744,50|748,84| 19,7] là midi +16,75|àa 55 m.+ 6,25 16,759 2s........752,10 à5£m........751,20|751,88| 16,9] Slamidi 15,25|à 55 m.+ 7,75) #15,25|à 9 s.. ...... .755,46[à 5:m....... 752,84|753,76| 18,41M olà3s. <+13,00à 53 m.+ 7,25|+r1,90/à 10 s......... 760,6olà 53 s.........756,341757,04 1olà 35. 18,50 55m. 6,25|+17,25à9s........967,64là 5? m...,...763,50[764,90 11fà3s. H18,25/à 5 Em. + 8,75|+17,25|à 10 m........ 767,94là4s......... 766,08|767,50 1o[à midi +19,75{à 55 m.+ 7,7514+19,75)à 5 m....... 764,20/à 92s........760,00|762,78 13[à midi +17,75là 2m. +ÆHr0,25|417,75|à 9 s...... ....764,28|à 2 m......... 758,8c|762,40 rglà midi Æ#16,5c[à53m.+ 7,50] +16,50[à 9 4 s........764,86[à 3 s..... °....703,00|703,26 Mirslà3s. <+18,00là 53 m.+ 5,75|417,40là 10 m....:... 766,58[à 5 2m.......765,54[766,50 Qiiclais. 7) rasmrs ET D'HISTOIRE NATURELLE. 395 uriatique composé d'hydrogène et d’une substance jusqu'ici inconnue, dans une forme possédant, comme l’oxigène et le chlorine, l'énergie électrique négative, et de là déterminée à sa surface positive , et fortement altérée par les substances mé- talliques. ° Cette opinion est beaucoup plus conforme à l’ordre général des faits chimiques et électriques , que la troisième hypothèse dont je viens de parler. . En regardant les métaux comme des composés d'hydrogène, il est néanmoins possible de concevoir que l'hydrogène peut être produit par le métal positivement électrisé , au moment où l'acide se combine avec sa base positivement électrisée; et que cet hy- drogène peut-être transféré à la surface négative; mais cette supposition en admet une infinité d’autres, et les résultats de l'électrisation de l'acide sulfurique sont analogues à la plupart des résultats de l'électrisation de l’eau et de l'acide muriatique, qui l’un et l’autre sont démontrés, d’après l'analyse et la syn- thèse, être des composés d'hydrogène ; et dans la décomposition électrique de ces corps, leur élément caractéristique est géné- ralement combiné avec la surface métallique positive. Dans un Mémoire lu à la Société de Baker en 1810, j'ai rendu compte de l'action du potassium sur la silice pure. Dans ce procédé, le potassium acquiert de l’oxigène et une substance coMbustible composée de la base de silice, ou bien la base de la silice y paroït combinée avec le potassium. En supposant le az acide fluorique silicé composé de cette base et du principe fete il est aisé d’expliquer l’action du potassium sur lui, ainsi que les phénomènes compliqués occasionnés par l’action de l’eau, des acides et de l’oxigène sur les résultats de cette action. Le potassium doit être concu comme attirant une partie du principe fluorique de la base siliceuse, où comme formant n composé triple, capable de reproduire le gaz acide fluorique Silicé, en conséquence de la combinaison d’une partie du po- tassium et de la base siliceuse avec dues a cette opinion, la cause de la perte apparente du principé fluorique dans les expériences sur l’action de l’ammoniac, sur le produit de la combustion du potassium dans le gaz acide fluorique silicé, se présente naturellement. 4 En admettant ensuite, d’après l’analogie avec le chlorine, que les différens composés fluoriques sont composés de corps inflam- Fee 2 3,6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mables unis à un principe particulier, il s'ensuit que toutes les tentatives qui ont pour but de décomposer les acides fluoriques par les substances combustibles, ne peuvent donner d’autres ré- sultats, que celui d’occasionner de nouvelles combinaisons du principe fluorique; et la seule méthode qui semble propre à obtenir ce principe pur, après qu’il a échappé Re la décom- position électrique, c’est l’action de l’oxigène ou du chlorine sur quelques-uns de ses cor:posés. Le chlorine dans certaines cir- constances, est détaché de lhydrogène par l’oxigène; et dans un grand nombre de cas l’oxigène est détaché des métaux par le chlorine, Il est done probable , selon moi, que’ dans quelques procédés, le principe fluorique peut être séparé des bases, soit par le chlorine , soit par l’oxigène. Dans le choix des composés pour des expériences de cette espèce, je fus guidé par les attractions relatives des acides fluo- rique et muriatique, du chlorine et de l’oxigène. L’argent corné et le calomel, ainsi que le muriate de potasse ne sont pas dé- composés par lacide fluorique ; mais le fluate ses ou de mercure et de potasse, se décomposent aisément par l'acide mu- riatique. J'imaginai, en conséquence , que le principe fluorique seroit également chassé des fluates secs d’argent, de mercure et de potasse, par le chlorine. Je fis quelques fluates purs d'argent et de mercure, en dis- solvant les oxides de ces métaux dans l'acide fluorique, et,je les chauflai dans de petits vases de platine. Beaucoup d'acide fluorique fut chassé dans ce procédé, que je continuai dans le cas où J’opérois sur le fluate de mercure, jusqu’à ce que lesel eût commencé à se sublimer, et dans l’expérience du fluate d'argent, jusqu’à ce qu’il devint rouge. Les sels desséchés furent introduits en petites quantités dans des retortes de verre qui furent épuisées et remplies ensuite de chlorine pur. La partie de la retorte en contact avec le sel, fut chauflée graduellement jusqu’à la rongeur. Bientôt après, une violente action eut lieu, le fluate de mercure se changea rapi- dement en sublimé$corrosif, et le fluate d'argent devint beau- coup plus lentement argent corné. En examinant les résultats, Je trouvai que dans l’un et l’autre cas il y avoit eu une absorp- ton considérable de chlorine, et une production de gaz acide fluorique silicé et de gaz oxigène. Je répétai les mêmes expériences avec les mêmes résultats, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 397 sur des fluates secs de potasse et de soude. Par l'action d’une chaleur rouge, ils se convertirent lentement en muriates avec absorption de chlorine, production d’oxigène et de gaz acide fluorique silicé, la retorte étant corrodée jusqu’au col, L’explication naturelle de ces phénomènes, c’est qu'ilyaunprin- cipeparticulier, que la matière acidifiante de Pacide fluorique com- binée avec les métaux, en est chassée par l'attraction du chlorine, et que ce principe venant en contact avec le verre, le décom- pose par son atiraction pour le silicium et le sodium, et les sépare de l’oxigène avec lesquels ils éfoient combinés. J'ai fait diflérens essais pour obtenir le principe fluorique dans un état pur. J’ai fait chauffer des fluates de potasse et de soude dans des vases de platine, dans un tube de platine joint à un vaisseau rempli de chlorine. Dans ce cas, les fluates se convertirent en muriates, avec une augmentation considérable de poids dans le vase. Le platine agit avec force dessus et le couvrit d’une poussière d’un brun-rougef're; et dans l’expé- rience où j’employai le fluate de potasse, il se forma un com- posé de fluate de platine et de muriate de potasse. Il y eut une absorption considérable de chlore, mais il ne fut pas possible de découvrir une nouvelle matière gazeuse dans le gaz qui étoit dans le tube. J’essayai d'obtenir le principe fluorique pur, en décomposant les fluates dans un tube d'argent, maïs je ne réussis pas mieux. Le chlorine et le principe fluorique agirent l’un et l’autre sur l'argent, et parvinrent à le dissoudre promptement. J’employai des tubes de verre enveloppés d’un réseau de cuprane et d’ar- gentane, sur lequel je présumois que le principe fluorique n’auroit pas d'action pour décomposer le fluate d’argent par le chlorine; mais au degré de chaleur requis pour décomposer les sels fluo- riques, les muriates furent toujours en fusion, le verre agit dessus avec violence , et le gaz acide fluorique se forma. Dans une expérience oùle fluate de potasse avoit été chauffé dans un vase et dans un tube de platine, dans lequel on avoit fait couler du muriate de potasse, pour garantir, autant que possible, l'intérieur de fraction du principe fluorique , le gaz, lorsqu'il se fut dégagé dans l’intérieur, eut une odeur particu- lière différente de celle du chlorine qui formoit certainement la plus grande proportion de la matière élastique , odeur extrè- mement désagréable; et son action sur l’air produisoit des fumées 398 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE blanches. Une portion de ce gaz jetée dans un récipient de verre, sur le mercure mis en action sur le verre, et du gaz acide fluorique silicé furent produits. Cependant en examinant le vase de platine, il se trouva corrodé, et une poussière d’un brun- rougeâtre s’éloit formée. . Dans le cours de ces expériences, je fis différens essais pour détacher l'hydrogène de l'acide fluorique liquide par l’action de l’oxigène et ‘du chlorine, Il ne se décomposa ni en passant à travers d’un tube de platine chauflé, jusqu'à la rougeur, avec le chlorine , mi distillé des sels contenant une abondance d’oxigène, ni de ceux renfermant une grande quantité de chlorine. Je distillai les fluates de mercure et de plomb avec le phos- phore et le soufre, dans l'espoir d’obtenir des composés du prin- cipe fluorique avec le phosphore et ie soufre. Dans toutes les expériences de cette espèce, une décomposition eut lieu, ainsi qu'une aclion violente sur les tubes de verre ; et il se forma des sulfures et des phosphures. Lorsque j'employai des tubes enduits de soufre, la décomposition fut moins parfaite; mais de petites quantités d’un fluide limpide se condensèrent dans une partie du tube refroidi par la glace, dans les expériences où j’employai soit le soufre##0it le phosphore. Ce fluide a l'apparence de l'acide hydro-fluorique, et s'évapore promptement en fumées blanches. Ces substances sont-elles celle qui a obtenu son hydrogène des corps inflammables , ou des composés de soufre et de phosphore avec le principe fluorique? C’est ce que je ne puis pas assurer; mais. la première opinion me paroît la plus probable. Lorsque je chautiai fortement dans l'air, du fluate de plomb et du charbon de boïs réduit en poussière 1rès-fine, le plomb se revivifia et des fumées blanches furent produites. Il est pro- bable , selon moi, que dans ce cas un composé de fluôrine et de charbon se soit formé; mais en répétant l'expérience dans un vaisseau de platine étroit, aucun changement n’eut lieu. Ce phénornène dépendoit donc évidemment de la présence de l'hy= drogène dans la vapeur de l'atmosphère, ou dans la flamme de la lampe à esprit, à l’aide de laquelle cette expérience fut faite: J'ai trouvé dans les mêmes circonstances, le muriate d’argent décomposé et l'argent produit. De la série générale des résultats que je viens d'établir, il paroît raisonnable de conclure, que dans les composés fluoriques il existe une substance.particulière possédant de fortes attractions pour les corps métalliques et pour l'hydrogène, laquelle, com ee + 7 “ee ET D'HISTOIRE NATURELLE 1 399 binée avec certains corps inflammables, forme des acides par- Uculiers, et qu’en conséquence de ses fortes affinités, et de ses agences lentement décomposantes, il est très-diflicile d'examiner dans son état pur, et que, pour ne point employer de circonlo- cutions, je désignerai, d’après M. Ampère, sous le nom de Jluorine. D’après les expériences que j'ai faites sur la composition des combinaisons fluoriques, expériences que j'ai eu l'honneur de mettre à l'instant sous les yeux de la Société, il paroît que le nombre représentant la: proportion définie dans laquelle se com- ÿue la fluorine, est de moitié moindre que celle dans laquelle lé Chlorine se combine; et que les hydrates,.en devenant fluates, perdent de leur poids; de manière que dans l’opinion générale- ment reçue de l’existence dun acide particulier dans les fluates, et de leurs composés d’oxides, avec un‘acide contenant de l'oxigène, cet acide, d’après la loi des proportions définies, en proportion de’sa. quantité de matière inflanmnable, doit renfermer plus d’oxigène que d’eau, ce qui est absolument improbable et contraire à toutes les analogies. Le docteur Wollaston a trouvé que les combinaisons fluori- ques réfléchissent foiblement la lumière, celle surtout de l'acide fluorique; ensorte que les pouvoirs réfléchissans de la fluorine seroient probablement plus foibles que ceux de toute autre substance; et la fluorine paroît être douée de pouvoirs plus for- tement acidifians et saturans que l’oxigène ou le chlorine, En suivant la théorie ci-dessus, il est aisé de voir que toutes les opinions que l’on rencontre dans les auteurs chimiques, re- Jlativement aux combinaisons fluoriques, doivent être changées ; le spath fluor et d’autres substances analogues, par exemple, doivent être regardés comme des composés binaires de métaux et de fluorine. “ . Ces, nouvelles idées donnent aussi lieu à plusieurs objets de recherche. La topaze contient le ‘principe fluorique ; maïs il faut de nouvelles expériences pour démontrer si cette pierre précieuse est un véritable fluate silicé d’alumine, ou bien un composé de bases inflammables d’alun et de silice avec le fluorine. J’ai constaté que la chrysolite n’abandonnoit pas le gaz fluo- rique silicé, lorsque l’acide sulfurique agissoit sur elle, mais qu’il se dégage simplement de l'acide fluorique pur;je n’ai pas poussé mes recherches assez loin, pour déterminer si elle contient du fluorine uni simplement à la matière inflammable, ou du fluorine et de Poxigène. | 400 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RECENT TE OR SE SN PE T0 OI IEEE CEE IEEE ET 7 PRIE TEE RENE EE NA ELEMENTS OF CHÉMICAL PHILOSOPHY, etc. C'EST-A-DIRE, ÉLÉMENS DE PHILOSOPHIE CHIMIQUE; Par Humrary DAVY, Secrétaire de la Société royale de Londres, etc. Premiere Partie. Un vol, in-8°. À Londres, chez Johnson. An 1812, EXTRAIT par J.-C. DELAMÉTHERIE. L'OBJET de la Philosophie chimique, dit l’auteur, est de connoître les phénomènes que présentent les corps, d’en dévoiler les causes, et de découvrir les lois auxquelles ils sont assujétis. Les fondemens de la Philosophie chimique sont, l'observation, : l'expérience et l’analogie, L'observation doit être accompagnée des détails les plus minutieux et les plus exacts : l’analogie se tire des faits semblables, et l'expérience doit être dirigée pour découvrir de nouveaux faits d’après ceux qui sont connus. L'auteur donne un précis des progrès de cette Philosophie chi- mique. Peu connue des anciens, elle fut cultivée avec quelques succès par les Arabes; mais elle a fait les plus grands progr& dans ces derniers temps, par les travaux des Black, Cavendisch, Bayen, Priestley et Scheele. Il a divisé son ouvrage en deux parties, dont la première partie est contenue dans le volume que nous annonçons. PREMIÈRE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4oT PREMIÈRE PARTIE. DES LOIS DES CHANGEMENS CHIMIQUES, OU DES CORPS INDÉ- COMPOSÉS ET DE LEURS COMBINAISONS PRIMAIRES. L'auteur partage cette première partie en sept grandes divisions. 1e division. Il y traite des propriétés générales de la matière et des lois des changemens chimiques. 11e division. Il y traite des phénomènes que présente le fluide lumineux , lequel il appelle matière rayonnante ou éthéree. itte division. Cette division comprend les substances ermpy- réales, ou ignées, indécomposées, qui entretiennent la combustion, et leurs combinaisons les unes avec les autres, telles que l’oxi- * . gène, le chlorine. IVe division. Cette division comprend les substances indé- ‘composées inflammables, ou acidifères non-métalliques, et léurs combinaisons binaires avec l’oxigène , ou le chlorine, ou les unes avec les autres , telles que l'hydrogène, l'azote , le soufre... ve division. Cette division comprend les substances inflam- mables métalliques, ou les métaux, et leurs combinaisons avec les autres corps indécomposés, ou les uns avec les autres. vis division. Cette division comprend quelques substances dont la nature n’est pas connue, telles que l’acide fluorique, l'amalgame d’ammoniaque. VIIe division. Cette division comprend les analogies qu'il y a entre les substances indécomposées, et leurs rapports entre elles. PREMIÈRE DIVISION. DU POUVOIR ET DES PROPRIÉTÉS DE LA MATIÈRE, ET DES LOIS GÉNÉRALES DES CHANGEMENS CHIMIQUES. L’auteur considère la matière sous sept différens rapports. De la Forme. 10. À l'état de solides. Les solides composent la plus grande partie de la masse du globe; ils varient par leur densité, leur dureté, leurs couleurs. ... Tome LXXV' IT. NOVEMBRE an 1813. Ff£f 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 20, A l’état de fluides. Leurs molécules paroïissent sphériques; elles sont très-mobiles, ont différentes densités. ... 30. A l’état gazeux ou de fluides élastiques, comme l’air at- mosphérique, et les diflérens gaz. 4°. À l’état de fluide éthéré, telles sont la chaleur rayonnante, la lumière... De la Gravilation. Un corps élevé dans l'atmosphère tombe rapidement à la surface de la terre; c’est æœ qu’on appelle gravitation. Cette gravitation est en raison inverse des carrés des distances. De la Cohésion. Deux particules de mercure misesen contact, s'unissent promp- tement, et ne forment bientôt qu’un seul globule; c’est la force de. cohésion. Plusieurs philosophes supposent que la force d’attraction , en général, est produite par une matière jusqu'ici inconnue, qui pousse les corps les uns vers les autres. Cette force paroît la même que celle qui agit sur les grands globes célestes... De la Chaleur ou Répulsion calorifique. La substance, qui produit sur nos sens la sensation de la chaleur, cause sur les autres corps une expansion plus ou moins considérable. L'esprit de vin renfermé dans un tube gradué, indique les différens degrés de chaleur. Le verre se dilate moins par la chaleur que les métaux. 100,000 parties de verre, du degré dela glace à celui de l’eau bouillante, éprouvent une expansion — 100,083. 100,000 de platine dans les mêmes circonstances éprouvent une expansion — 100,087. L'or, lantimoine, le fer, l'acier, le bismuth, le cuivre, le cuivre Jaune, l'argent, l’élain, le zinc fondu, le zinc forgé, éprouvent des expansions dans l’ordre suivant : 100,094: 100,108. 100,111. 100,112. 100,120. 100,139. 100,270. 100,169. 100,298. 100,287. 100,290, 100,308, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 100,000 parties de mercure chauffées au degré de l’eau bouil- lante, éprouvent une expansion — 101,835. 100 parties d’air du degré de la glace à celui de l’eau bouil- lante, éprouvent, suivant MM. Dalton et Gay-Lussac, une ex- pansion — 137.b. L'arrraciion chimique, et les Lois des combinaisons ou décompositions. L'huile d'olives et l'eau agitées ensemble ne s'unissent point, mais se séparent par une force de répulsion, en raison de leur densité; elles ne se combinent point et n’ont aucune aflinité, ou ont une répulsion. La même huile, au contraire, agitée avec uné solution aqueuse de potasse, s’y combine. La solution de potasse et l'huile ont donc de l'attraction l’une pour l’autre et de l’aflinité. C’est en vertu de ces affinités et de ces répulsions , que s’opèrent toutes les combinaisons et les décompositions. L’' Attraction , ou Répulsion électriques , et leur relation avec les chângemens chimiques. L'auteur traite d’abord de l'électricité vitrée et de l’électricité résineuse, Il paroît adopter l'opinion de Franklin, sur l’unité du fluide électrique. Mais il s'attache particulièrement à l'électricité par contact, l'électricité galvanique, l'électricité par la pile voltaïque; on sait que c’est par ce moyen qu'il est parvenu à décomposer la potasse, la soude , et différentes terres. Il en a retiré de loxigène et des substances métalliques. Ces belles expériences ont étonné tous les chimistes. Plusieurs, dans les premiers momens, ontrévoqué en doute leur exactitude; mais elle a été généralement reconnue, et on regarde aujour- d’hui la potasse, la soude et les terres, comme des oxides mé- talliques.... Il décrit avec soin la manière de construireles piles voltaïques. Hiffez 404 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De l'Analyse et de la Synthèse, et des circonstances aux- quelles on doit avoir égard dans ces opérations, ou de L’arrangement et décomposition des corps. Par l’analyse on décompose les corps en leurs principes cons- tituans; : Et par la synthèse on les recompose en unissant de nouveau ces principes séparés. Ainsi la potasse soumise par l'analyse à l'action de la pile voltaïque, est décomposée en potassium et en oxigène; Et en recombinant par la synthèse le potassium et loxigène, on obtient la potasse dans son premier état. On distingue, dit l’auteur, les corps en composés et indé- composés. Les corps composés varient par les principes dont ils sont formés, deux, trois... sont combinés. Les corps indécomposés sont appelés sémplés, où élémens. IL est possible qu'ils soient également composés; mais on les regarde comme simples, jusqu’à ce qu’on soit parvenu à les dé- composer par des expériences claires et faites exactement, et à en retirer plusieurs principes. : : DEUXIÈME DIVISION. DE LA MATIÈRE RAYONNANTE OU ÉTHÉRÉE. L'auteur entend sous le nom de 7ratière rayonnante ou éthérée, la matière de la lumière, et il parle de ses principales. propriétés. j Des effets de la Matière rayÿonnante pour produire les phénomènes de La vision. L'auteur rapporte les divers phénomènes que présente la matière lumineuse, a Les observations de Rôemer, confirmées par celles de Bradley, prouvent que son mouvement est successif, et qu’elle n'arrive du soleil à la terre qu'environ en huit minutes. b La lumière en traversant les corps diaphanes, présente dif férens phénomènes; elle éprouve une double réfraction au travers ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 405 de certains corps. Il parle des belles expériences de Malus, sur sa polarisation, c La lumière en passant à travers un prisme, est séparée en divers rayons colorés. Newton a expliqué la coloration des corps, en faisant voir que les corps réfléchissent quelques-uns de ces rayons, et en absorbent d’autres. Des opérations de la Matière rayonnante pour produire la chaleur. Herschel a découvert, en 1800, que les divers rayons du spectre solaire tombant surun thermomètre, y produisoient diffé- rens degrés dechaleur. L'auteur rapporte en détail ces expériences. Des effets de La Matière rayonnante pour produire les changemens chimiques. Les rayons de lumière en tombant sur les corps, y produisent divers changemens, l'argent corné, ou muriaté de blanc, devient gris. . . De la nature, du mouvement ef des qualités de la Matière rayonnante. Deux hypothèses ont été inventées pour expliquer les prin- cipaux phénomènes de la matière rayonnante. Dans la première, on les suppose les effets de l’ondulation d’un fluide répandu dans l’espace. Cette opinion a été adoptée par Hooke, Huyghens et Euler. Dans la seconde hypothèse, on suppose que la lumière est une émission de particules du corps lumineux. Cette opinion a été admise par Newion et toute son école. TROISIÈME DIVISION. DES SUBSTANCES EMPYRÉAIES (IGNÉES) INDÉCOMPOSÉES, OU DES SUBSTANCES INDÉCOMPOSÉES QUI ENTRETIENNENT LA COMBUSTION, ET DE LEURS COMBINAISONS LES UNES AVEC LES AUTRES. L'auteur renferme sous ce nom deux substances seulement , le gaz oxigène et le chlorine, ou gaz oxi-muriatique (il faut ajouter le fluorine). = 406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Du Gaz oxigène. Le gaz oxigène fut découvert au mois d’août 1774, par le docteur Priestley. I] le retira en distillant de la manganèse avec l'acide vitriolique. ; On peut aussi le retirer de plusieurs autres oxides métalliques, particulièrement de ceux de mercure. Le nitie en fournit également à la distillation. Le gaz oxigène se distingue des autres gaz par plusieurs pro- priétés importantes. 1°. Il est le seul qui entretient la combustion des corps. 29. Une portion de ce gaz se combine avec les corps com- bustibles, dans la formation des acides, des oxides. ….. 3°. Il est nécessaire à la respiration des animaux, et une partie est convertie en acide carbonique. 4°. Il est une partie constituante de l’air atmosphérique. L'oxigène doit être posée. regardé d) ter retier e comme une substance . + indécom- Du Chlorine, ou Gaz oxi-muriatique. Cette substance élastique fut découverte par Scheele, en 1774; il Pobtint en distillant de la manganèse, du sel commun, ou muriate de soude et de l’hüile de vitriol. L'auteur lui a donné le nom de chlorine à cause de sa cou- leur jaune. à é Le chlorine, ou gaz oxi-muriatique, ne contient point d’oxi- gène. Mais cette substance, combinée avec l'hydrogène, forme l'acide muriatique; elle fait donc ici la fonction d’oxigène, c'est- à-dire que, combinée avec, une substance inflammable, elle forme un acide. La nature du chlorine n’est pas connue; il faut la classer avec les substances z2décomposées. De la Fluorine. Il faut ajouter la fluorine aux deux principes précédens. La fluorine est, suivant l’âuteur, une substance analogue au . L4 a * Y = chlorine. (Foyez le Mémoiré de l’auteur dans ce Cahier.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 La fluorine combinée avec l'hydrogène, forme l’acide fluo- rique. La nature de la fluorine n’est pas connue, Il faut la classer avec les substances Z2décomposées. QUATRIÈME DIVISION. DES SUBSTANCES INDÉCOMPOSÉES INFLAMMABLES OU ACI- DIFÈRES NON-MÉTALLIQUES, ET DE LEURS COMBINAISONS BINAIRES AVEC L'OXIGÈNE, OU LE CHLORINE, OU LES UNES AVEC LES AUTRES. Les corps inflammables doivent être divisés en deux grandes classes, les métaux et les substances non-métalliques. Ces derniers sont au nombre de six, l'hydrogène, Pazote, le soufre , le phosphore, le charbon et le boracium ou borôn (base de l’acide boracique). Du Gaz hydrogène. Ce gaz fut examiné sous sa forme pure en 1766 , par M, Ca- vendisch. L'auteur en décrit toutes les propriétés connues, Ce gaz combiné avec l’oxigène forme l’eau. Ce gaz combiné avec le chlorine forme, dit l’auteur, le gaz acide muriatique. : Il faut ajouter que , combiné avec la fluorine, il forme l'acide fluorique. ; Berzelius le suppose un oxide métallique. Mais l’auteur le regarde comme un corps indécomposé. Du Gaz azote, ou Gaz nilrogène. Ce gaz fut découvert en 1772, par le docteur Rutherford; il l’obtint en enlevant l’oxigène à l'air atmosphérique. L'auteur en décrit les propriétés connues. Ce gaz est classé par l’auteur, avec les substances inflam- mables, parce qu’en se combinant, comme celles-ci, avec l’oxi- ène , il forme un acide, le nitrique. L'azote et l’hydrogène forment l’ammoniaque , ou alcali volatil. Berzeliussuppose quel’azote est une espèce d’oxide métallique. 408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il est regardé par l’auteur comme un corps irdécomposé. Du Soufre. Le soufre se trouve pur dans plusieurs endroits , maïs on peut aussi l'obtenir en distillant des pyrites. Il se combine avec l’oxigène , et forme l'acide sulfurique. Combiné avec l'hydrogène, il forme le gaz hydrogène sulfuré, qui a les qualités des acides. L'auteur, qui ne prononce que d’après des expériences précises, classe le soufre parmi les corps édécomposés; mais il ajoute qu’il regarde comme probable qu'il contient de l'hydrogène, 30 parties de soufre contiennent 6 d’hydrogène. } Du Phosphore. Le phosphore fut découvert par Brandt, en 1669. Combiné avec l’oxigène, il forme l'acide phosphorique. Combiné avec l’hydrogène, il forme l’hydrure de phosphore, ou hydro-phosphuré. L'auteur classe le phosphore parmi les corps indécomposés. Mais il ajoute qu'il est probable qu’il contient de l'hydrogène: 20 parties de phosphore sont composées de 16 d’une base inconnue et de 4 d'hydrogène. Du Charbon et du Diamant. Par charbon on entend une substance noire inflammable; on lobtient pur en versant de l'huile ou de lesprit-de-vin dans un tube chauffé au rouge. Le charbon se combine avec l’oxigène, et produit de l'acide carbonique. Le charbôn se combine avec lhydrogène, et forme un hydrure de charbon. ; Lé diamant paroît de la même nature que le charbon. M. La- voisier a obtenu de l'acide carbonique en brûlant le charbon. MM. Tennant, Allen et Pepys ont obtenu du diamant la même quantité d’acidé carbonique , que d’un poids égal de charbon. La plombagine ou plomb noir contient aussi du charbon, avec uue portion de fer. L’anthracite 10 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 40% L’anthracite contient également du charbon. L’auteur classe le charbon parmi les corps indécomposés ; mais il ajoute qu’il est probable qu’il contient de l'hydrogène , et que ses principes sont 7.4 d’une base inconnue et de 4 d’hydrogène. Du Boron, ou base de l’ Acide boracique. L'auteur a donné le nom de 4oron à la base de l'acide bo- racique. Ce fut en octobre 1807 qu'il se procura le boron; il décomposa en mars 1808, l'acide boracique avec le potassium par l'électricité. MM. Gayÿ-Lussac et Thenard, en juin 1808 , exposérent à une grande chaleur, l'acide boracique et le potassium, dit-il, mais ils ne décrivirent les propriétés du boron que vers le milieu de novembre. Le boron est opaque, de couleur olive, infusible et pas vo- RCE Exposé à une grande chaleur, avec le contact de l’air il brûle et forme de l'acide boracique. , Il reste beaucoup de choses à découvrir sur la nature et les propriétés du boron et ses combinaisons. Il est probable qu'il se combine avec le chlorine; mais il ne paroît exercer aucune action sur les substances inflammables, excepté le soufre. La nature du boron rest pas connue. L'auteur le regarde comme un corps Zzdécompose. CINQUIÈME DIVISION. DES MÉTAUX, DE LEURS COMBINAISONS PRIMAIRES AVEC LES AUTRES CORPS INDÉCOMPOSÉS , ET LES UNS AVEC LES AUTRES. | Les mélaux sont en grand nombre, et occupent une place importante parmi les autres corps de la nature; leurs principales qualités sont assez connues. L’auteur en compte 38 : r Le potassium, 2 Le sodium, 3 Le barium, 4Le strontium, 5Le calcium, GLe magnesium, Tome LXXV'II. NOVEMBRE an 16183. G: (ep) ge 410 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 7 L’aluminum, 8 Le glucinum, 9 Le zirconum, 10 Le silicum, 11 L'ittrium, 12 Le manganesium, 13 Le zinc, ou zircum, 14 L’étain, ou sanrium, 15 Le fer, ou ferrum, 16 Le plomb, ou plumbum, 17 L’antimoine, ou antimonium, 18 Le bismuth, ou #ismuthum, 19 Le tellure, ou ze/lurium, 20 Le cobalt, ou cobaltum, 21 Le cuivre, ou cuprum, 22 Le nickel, ou #éccolum, 23 L’urare, ou wranium, 24 L’osmium, 25 Le tungstène, ou £ungstenum, 26 Le titane, ou Zfanium, 27 Le colombium, 26 Le cerium, 29 Le palladium, 30 L'iridium, 3r Le rhodium, 32 Le mercure, ou r2ercuréum, 33 L’argent, ou argentum, 34 L'or, ou aurum , 35 Le platine, ou platinum, 36 L’arsenic, ou arsenicum, 37 Le molybden, ou m10lybdenum, 38 Le chrome, ou chromium. Nous avons rapporté ailleurs les belles expériences de l’auteur et des autres chimistes, pour convertiren métal la potasse, la soude et les différentes espèces de terre. Il décrit les différentes propriétés de chacune des substances métalliques. Nous ne pouvons le suivre dans tous ces détails. ‘ L'auteur classe tous les métaux avec les substances z7décom- posées. Mais il regarde comme probable qu'ils contiennent de l'hy- drogène. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 41 Ils sont formés d’une base inconnue et d’une portion d’hy- drogène. Quant à l’ammonium, il le classe aujourd'hui parmi les substances Z2décomposées. Mais il regarde comme probable qu'il est formé d'azote et d'hydrogène : ce dernier y est en plus grande quantité. SIXIÈME DIVISION. DE QUELQUES SUBSTANCES DONT LA NATURE N’EST PAS CONNUE, OU N’EST PAS CERTAINEMENT CONNUE. L'auteur place dans.cette division deux substances seulement, l'acide fluorique et l’amalgame d’ammoniaque. De l’Acide fluorique. L’acide fluorique se retire du spath fluor réduit en poussière et distillé avec l'huile volatile. L'auteur a fait sur cet acide de nouvelles recherches qui sont imprimées dans ce Cahier. Il croit que le principe fluorique est une substance particu- lière, dont la nature est encore inconnue, il est analogue au chlorine , et il lui a donné le nom de fluorine. Il classe la fluorine parmi les corps indécomposés. Cette subs- tance combinée avee l'hydrogène forme l'acide fluorique. La composition de cet acide est donc analogue à celle de l'acide muriatique; c’est une base inconnue combinée avec l'hy- drogène. Il faut le regarder comme une substance z2décomposce. De l'amalgame d’Ammoniaque. Un globule de mercure placé dans un petit creux fait dans un morceau de muriate ou de carbonate d’ammoniaque, et soumis à une électricité négative par un appareil voltaïque de cent plaques avec des fils de platine ,, perd peu à peu sa fluidité et à : x 3 acquiert une consistance semblable à celle du beurre. Cet amal- game a fous les caractères des métaux. Mis dans l'eau, il ÿ a 3 s , : : Se D effervescence, il se dégage de l'hydrogène, il y a odeur d’am- moniaque. Ggg 2 412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'auteur croit que cet amalgame contient du mercure, de l'hydrogène et de l’azote. Cette expérience curieuse a été faite premièrement par M. Zee- beck de Jena, et par MM. Hissinger et Berzelius de Stockholm, dans l'année 1808. Ces chimistes ont tâché de retirer de Faleali ammoniacal, une substance métallique, comme. l’auteur en avoit retiré des alcalis, de la potasse et de la soude. On a émis différentes opinions sur cette expérience. M. Ber- zelius suppose que l’ammoniaque consiste dans un métal parti- culier qu'il:nomme ammonëum. Le mercure dans cette expé- rience, dit-il, s’est amalgamé : or ïl ne,s’amalgame qu'avec des substances métalliques. L’ammoniaque est donc, ajoute-t-il, un oxide d'ammonium, c'est-à dire, de l’ammonium plus de l’oxigène. L'auteur, toujours sage dans ses opinions, n’a encore osé prononcer sur cet arzmoniurm. Il se propose de faire à cet égard de nouvelles, expériences. -SEPTIÈME DIVISION. DES ANALOGIES ENTRE LES SUBSTANCES INDÉCOMPOSÉES, CONSIDÉRATIONS SUR LEUR NATURE, SUR LE MODE DE LES SÉPARER, ET SUR LES RAPPORTS DE LEURS COMPOSÉS. L'auteur n’admet comme prouvé, que ce qui est démontré par des expériences décisives, et classe parmi les choses pro- bables , les autres apperçus, tels que les suivans : Les substances indécomposées ont beaucoup d’analogies les unes avec les autres. Les corps métalliques ont particulièrement de grands rapports entre eux. L'argent et le palladium, l’antimoine et le tellure ont un grand nombre de qualités communes ; mais le potassium et le platine, si on en excepte l'éclat, la couleur et le pouvoir d’être conducteur de l'électricité, diffèrent beaucoup. Le potassium, le sodium, le barium ont des rapports. Le barium se rapproche du manganèse, du zinc, du fer, de Pétain et de l’antimoine. Le:platine a de analogie avec l'or, l'argent et le palladium. Le palladium en a avec l’étain, le zine, le fer et le manganèse. L’arsenic et le chrome diffèrent beaucoup des autres métaux sais ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 par leurs propriétés de devenir acides en se combinant avec l’oxigène. Les corps inflammables non- métalliques ont aussi d’autres analogies. | Le soufre et le phosphore en ont plusieurs. Le charbon et le boron ont quelques relations entre eux, et se rapprochent des métaux. , . L'azote se rapproche des corps combustibles, et forme comme eux un acide, le nitrique, en se combinant avec l'oxigène; ila L . . o . de l’analogie avec le charbon, et ne peut s'unir avec le chlorine. Le chlorine et l’oxigène différent beaucoup des corps inflam- mables. Le soufre et le chlorine ont de commun de former des acides en se combinant avec l’oxigène. . Lé - . On ne connoît point encore la nature de tous ces corps; mais il paroît probable, dit l’auteur, que tous les corps inflammables contiennent de l'hydrogène. D'après les faits connus sur la nature de l’amaigame d’ammo- “piaque, on peut supposer qu'il est composé d'hydrogène, d'azote et de mercure. Si on a égard à la composition des métaux, et si on suppose que tousies corps inflammables difièrent par leurs combinaisons de l'hydrogène avec quelqu’autre principe inconnu, on pourra trouver tous les phénomènes qu’ils présentent, en har- monie avec les proportions que donne la théorie. L'ammonium , ou le métal d’ammoniaque, peut être supposé contenir 8 d'hydrogène et 26 d’azote. L’azote uni avec l’oxigène peut être supposé contenir une cer- taine quantité d'hydrogène : et en examinant sa constitution, on peut supposer qu’il contient 10 d'hydrogène et 16 d’une base inconnue que Berzelius a supposée métallique. L’ammonium, dans cette hypothèse de la composition de l'azote, seroit composé de 16 d’une base inconnue supposée métallique, et de 16 d'hydrogène. Le potassium peut être supposé contenir 69 d’une base in- connue métallique, et de 6 d'hydrogène. Le sodium peut étre supposé contenir 82 d’une base inconnue métallique, et de 6 d’hydrogène. L'étain, 110 parties, peut être supposé contenir 106 d'une base inconnue, et de 4 d’hydrogène. 414 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'argent, 205 parties, peut être supposé contenir 203 d’une base inconnue, et de 2 d'hydrogène. . Le soufre, 30 parties, peut être supposé contenir 24 d’une base inconnue, et de 6 d'hydrogène. Le phosphore; 20 parties, peut être supposé contenir 4 d’hy- drogène et 16 de base inconnue. Le charbon peut être supposé contenir 4 d'hydrogène et de 7.4 de base inconnue. : « Il n’est pas nécessaire de supposer que ces estimiations soient parfaitement exactes; car dans un livre élémentaire on n’entre pas dans d’aussi grands détails. Il est probable que les métaux et les autres corps inflammables diffèrent entre eux par les différentes proportions de l'hydrogène et de la base inconnue. L'auteur n’envisage toutes ces données que comme de simples probabilités. La nature des corps, dit-il, paroît dépendre de diflérens ar- rangemens des parties de matière : ce qui a fait croire à de grands physiciens, Hooke, Newton, Boscowich, que les corps pouvoient se changer les uns dans les autres, comme l’avoient prétendu les alchimistes, et ceux qui cherchoient la pierre phi- losophale ; mais cette opinion n’est point fondée. : Nous extrairons encore ailleurs plusieurs articles de cet ou- vrage intéressant. , On y reconnoît partout l'exactitude des expériences du vrai scrutateur de la nature : sa profonde sagacité à en tenter de nouvelles qui lui ont fait découvrir le potassium, le sodium...; le chlorine , la fluorine..., et sa sagesse qui ne regarde comme vrai que ce.qui est constaté par des faits positifs, et met dans la classe des probabilités ce qui n’est appuyé que sur les analogies. Dans les entretiens que j'ai eu le plaisir d’avoir avec lui, il m'a dit que dans une nouvelle édition il donneroit de l'extension à quelques-unes de ses vues, et qu'il en restreindroit quelques autres. Je m'empresserai de faire connoître les unes et les autres à nos lecteurs. Nous devons encore à l’auteur un autre ouvrage important, intitulé: ELEMENTS OF AGRICULTURAL CHEMISTRY, etc.,c’est-à dire , \ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 Élémens de Chimie agricole en un cours de leçons pour le département d'Agriculture, par sir Humphry Davy. Un vol. 1n-4°. À Londres. - Nous en rendrons compte incessamment., L'auteur y fait l'ap- plication la plus heureuse de la Chimie à l'Agriculture. mm NOUVELLES LITTÉRAIRES. . Mémoëre sur les Couleurs de l’Iris produites par la réfrac- tion de la lumière, présenté à la première Classe de l’Institut, le 1er juin 1812; (MM. Biot et Arago nommés Commissaires- Rapporteurs.) Et Examen des bäses-des doctrines de M:.Henry Brougham, de Newton, de Gauthier, et de M. Marat, sur la Lumière et les Couleurs ;.pat Ch: Bourgeois, Peintre. Un vol. in-8°.. À. Paris, chez Tester et Comp.,rue Hautefeuille, no 13; Mme Ve Courcier, quai des Aügustins,n° 57; Treutélet urttz, rue de Lille, n° 17. . L'auteur a employé pour discuter ces doctrines sur les couleurs, la seule voie qui puisse écläirer celle de lexpérience: Il faut les lire dans son ouvrage. Démonstration des Causes des Phénomènes électriques, ou Théorie de lElectricité prouvée par l'expérience ; par Z. Léonelli. Un vol. in-8°. 1813. A Strasbourg, chez F. G. Le- vrault, Imprimeur-Libraire; à Paris, chez Foucault, quai des Augustins, n° 17. L'auteur pense avec Franklin, Volta..., qu’on peut expliquer tous les phénomènes électriques par l'hypothèse d’un seul fluide. 11 croit que le feu électrique a la plus grande analogie avec le feu commun. Instruction pour traiter, sans attelles, les Fractures des extrémités, principalement celles qui sont compliquées, et celles du col du fémur, d'après la méthode inventée par M. Sauter; avec la description de nouveaux instrumens pour la ligature des polypes. Traduction libre de l'allemand , faite par le Docteur Mayor, Chirurgien de l'Hospice cantonal , Membre du grand Conseil et du Conseil de Santé du Canton de Vaud. Un vol. in 8°, À Paris, chez J. J. Paschoud, Libraire, rue Mazarine, n° 22; et à Genève, chez le même, Imprimeur-Libraire. 1813. Cet ouvrage mérite toute l'attention des Gens de l'Art. 416 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elc. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Suite des Considérations sur les fossiles ; par J.-C. De- lamétherte. Pag. 345 Mémoire sur la chaleur de la surface des corps; par M. Ruhland, de Munich. 367 Tableau Météorologique ; par M. Bouvard. 378 Second Mémoire sur la distribution de l'électricité à Za surface des corps conducteurs. Lu à l'Institut, le 6 septembre 1815; par M. Poisson. Extraït. 580 Mémoire sur quelques expériences et observations sur les substances produites dans différens procédés chi- miques; par sir Humphry Davy. Lu devant la Société royale de Londres, le 8 juillet 1813. Extrait des Tran- sactions Philosophiques. 387 Elements of chemical Philosophy, etc., c'est-à-dire, Elémens de Philosophie chimique ; par Humphry Davy. Extrait par J.-C. Delamétherie. 400 Nouvelles Litiéraires, 417 De l’Imprimerie de M"° Veuve COURCIER, Imprimeur - Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57, OCEAN ASE: D: PAYS LOU E, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. DÉCEMBRE an 1813. SUITE DU DISCOURS SUR LA NAISSANCE ET LES PROGRÈS DE LA BOTANIQUE; Par M. MIRBEL, DE L'INSTITUT. Le XVIIe siècle ne fut pas aussi favorable aux sciences, dans son commencement, que l’avoit été le XVIe. L'Europe étoit déchirée par des guerres continuelles ; les Princes appliqués aux intérêts de leur politique , ne songeoient guère à encourager ‘les arts de la paix; mais dans la dernière moitié de ce siècle, le goût de l’Histoire naturelle se réveilla; un grand nombre d'hommes d’un esprit supérieur, se livrèrent à la Botanique, et plusieurs entreprirent des voyages longs et périlleux, dans l'unique dessein d'examiner les plantes étrangères, Paul Hermann de Hale en Saxe, va ‘au cap de Bonne-Espé- rance et à Ceylan. Il étonne les botanistes par la quantité pro- Tome LXXVII. DÉCEMBRE an 1813. Hhh 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE digieuse de plantes remarquables qu’il leur fait connoïtre, ef publie à son retour, une méthode très-savante ,ymais beaucoup trop compliquée: | ; Le hollandais Rhecd, gouverneur du Malabar, fait décrire et dessiner beaucoup d'espèces curieuses. Rumphe, autre hol- landais, consul à Amboine ;: travaille avec Zèele et succès sur les‘plantes des îles Moluques. Quelques espèces de Madagascar figurent dans une histoire de cette île, composée par le com- mandant français, Flacourt; André Cleyer, de Cassel, par- court la Chine et le Japon. Peu après Engelbert Kæœmpler, westphalien très-lettré et d’un courage à toute épreuve, visite la Perse, l'Arabie heureuse, les états du Grand-Mogol , Ceylan, le Bengale, Sumatra, Java, Siam, le Japonet le cap de Bonne- Espérance, Wheler voyage en Grèce et dans l'Asie mineure. Guillaume Scherard, consul anglais, fait connoître les plantes des environs de Smyrne. ! En ce même temps, le Nouveau-Monde excitoit aussi la cu- riosité des botanistes. Le chevalier Hans-Sloane, qui fut depuis président de la Société royale de Londres, recueilloit les plantes de la Jamaïque; son compatriote, Jean Banister, celles de la Virginie; un autre anglais, Guillaume Vernon, et David Kriège, un saxon, celles du Maryland; deux francais , Surian et le père Plumier, religieux minime, celles de Saint-Domingue. Ce dernier, habile mathématicien, grand botaniste, va trois fois au Nouveau-Monde, dessine et décrit plus d'espèces qu'aucun autre voyageur, et meurt près de Cadix, en 1706 , au moment de traverser les mers pour la quatrième fois. Un demi-siècle auparavant étoit mort ignoré, Joachim Jung, de Lubec, professeur à Helmstadt. Ce fut un homme d'un esprit net el profond, ainsi que le prouve son Zsagoge phytos- copia , qui ne fut imprimé qu’en 1679, Ce naturaliste examina avec une rare perspicacité, les diverses modifications des organes, et surtout des étamines et des pistils, et jugea en sage méta- physicien, qu’il seroit impossible de perfectionner la Botanique tant qu’on négligeroit de bien déterminer les espèces , et d'établir les genres, les ordres et les classes sur des bases invariables. Il traita savamment des caractères et de la terminologie , essaya de réduire en axiomes les principes de la Botanique, et laissa de précieux matériaux que Linné a su mettre en œuvre. Pour obtenir une place éminente parmi les maîtres de la science, il ET D'HISTOIRE NATURELLE. ! 419 n’a manqué à Joachim Jung, que de paroïtre sur un plus grand théâtre et de pouvoir propager sa doctrine. Environ trente ou quarante ans après, l’écossais Robert Mo- rison , l'anglais Jean Rai et le francais Pierre Magnol, s’appli- quèrent à trouver et à développer, chacun selon l'étendue de ses lumières et Je caractère de son génie, les rapports naturels qui unissent les espèces, Morison donna une Histoire des plantes, dans laquelle il traite de 3505 espèces qu’il distribue par tableau , d’après les ressem- blances qu’il observe entre elles. Les caractères dont il fait usage sont, la substance, la durée, le port des végétaux, leurs pro- priétés lactescentes, la nature des fruits, le nombre des pétales, l'aigrette des calices ; mais il ne combine point ces caractères, il les isole et les emploie séparément , d’où il suit que les plantes qu'il rapproche, n’ont quelquefois d'autre ressemblance que celle qui est exprimée dans le titre du tableau. Néanmoins, on doit dire à la louange de Morison, qu'il est le premier qui ait annoncé positivement le dessein de prendre les affinités bo- taniques pour règle de classification. Cet auteur, dans ses re- cherches particulières sur les OMBELLIFÈRES, nous offre aussi le plus ancien modèle d'une monographie, c’est-à-dire, d’un travail complet sur un seul groupe de plantes. Avec le temps les monographies se multiplièrent et furent très-utiles. Le nombre des plantes des jardins'et des herbiers est devenu si considérable, qu'il a bien fallu renoncer à les étudier toutes quand on a voulu se livrer à des recherches approfondies. Rai étoit pénétré de cette importante vérité, que tous les ca- ractères doivent concourir à la formation des groupes; mais ce savant homme connoissoit mieux les livres que les plantes, aussi son ouvrage pèche souvent par l'exécution. Il essaya d'établir une. méthode naturelle. Les 18,655 espèces ou variétés dont il parle, sont rapprochées en considération de leur durée, de leur consistance, de l'absence ou de la présence de la fleur, de l’ab- sence ou de la présence de la corolle, du nombre des pétales, de l’adhérence ou de la non-adhérence du périanthe à l'ovaire, de l’inflorescence, de la disposition des feuilles, de la nature du péricarpe, du nombre des graines, de celui des cotylédons et de quelques autres caractères encore. Morison n'avoit cherché que des affinités ; Raï avoit voulu découvrir la méthode naturelle; Magnol tenta de former des Hhh 2 420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE familles sans se mettre en peine des rapports qui. pourroient exister entre elles. Suivant lui, un caractère isolé ne suflit pas pour rapprocher les espèces; toutes les parties doivent entrer en considération dans la formation des groupes; les caractères pré- dominans varient dans les différentes familles ; ils varient quel- quefois aussi par nuances insensibles, dans une même famille, de sorte que les espèces qui la composent s’enchaînent plutôt qu'elles ne se groupent, et que l’on sent les affinités sans pouvoir les exprimer. Ces idées sont très-Judicieuses; mais dès le pre- mier pas Magnol se montre incapable d’en faire l’application, A l’exemple de ses prédécesseurs, il range d’un côté les herbes, et de l’autre, les arbres et les arbrisseaux , et rompt ainsi, d’un trait de plume, une multitude de rapports naturels. Il considère ensuite la nature de la racine, de la tige, du fruit et de la raine, l'absence ou la présence des feuilles et de la corolle, a forme de celle-ci, monopétale ou polypétale, papilionacée, cru- ciforme, campanulée, labiée, la disposition des fleurs isolées ou bien réunies dans un involucre. Ces caractères diversement combinés, lui donnent le moyen de former des associations qu'il qualifie très-improprement, pour la plupart, du nom de J'arnilles. Sans contredit Raï et Magnol donnèrent la preuve d’un profond jugement, en reconnoissant que du concours de tous les carac- tères résultent les associations naturelles; mais comment seroient- ils parvenus à mettre cette doctrine en pratique, puisqu'ils igno: roient, de même que leurs contemporains, les faits les plus imporlans de l’organisation végétale ? Pendant que ces botanistes cherchoïent à rapprocher les plantes en vertu des affinités, Auguste Quirinus Rivin, professeur à Leipsic, imaginoit une méthode artificielle, dans laquelle les herbes et les arbres étoient associés et groupés ensemble. Si l'on fait attention que personne jusque-là n’avoit senli la nécessité de cette réunion que réprouvoient également l'habitude et le préjugé, on saura quelque gré à Rivin de l'avoir opérée. L'ab- sence ou la présence des fleurs, leur disposition, le nombre des pièces de la corolle, sa forme régulière ou irrégulière, lui four- nirent les motifs deses classes, dans lesquelles il ne s’atiacha nul- lement à conserver les rapports naturels. Cette méthode , moins remarquable par l’artifice de «sa composition que par son ex- trème simplicité, fut tout-à-fait éclipsée par celle que publia quatre ans après, Joseph Pitton de Tournefort , l’un des hommes ET D'HISTOIRE NATURELLE. 42r les plus éclairés de "son siècle, et le plus grand naturaliste que la France ait produit jusqu'à Bernard de Jussieu. Tournéfort naquit à Aix en Provence, le 5 juin 1656, Son penchant pour la Botanique se déclara de bone heure. Très. jeune encore, il parcourut la Provence, le Larguedoc, le Dau- hiné, les Alpes, les Pyrénées, la Catalogne. Appelé à Paris à l'âge de 27 ans, par M. Fagon, premier médecin de Louis- le-Grand, 1l fut nommé professeur au Jardin royal des Plantes. Ce fut pour lui un nouveau motif d'accroître ses connoissances botaniques. Il voyagea en Espagne, en Portugal, en Hollande, en Angleterre. Le roi l'ayant envoyé en 1700 dans le Levant, il visita la Grèce, les îles de l’Archipel, les bords de la mer Noire et poussa jusqu'aux frontières de la Perse. Il revint à Paris en 1702. Un accident le priva de la vie à l’âge de 53 ans, lorsqu'il travailloit à perfectionner ses ouvrages, Ce naturaliste célèbre éloit homme d'esprit et de goût; il avoit beaucoup de sagacité, un solide jugement et des connoïssances variées : cela paroît dans tous ses écrits. Ses descriplions de plantes sont par- faites. Il sépare nettement, en général, les variétés des espèces, ét fait voir qu’il est des caracfères inconstans par leur nature, qu'on ne sauroit employer pour distinguer les races. Tous les botanistes, depuis Gesner, groupoient les plantes qui leur paroissoient avoir beaucoup de rapports dans les organes de la fructification, et ils en formoient des genres; maïs ils n’avoient pas encore imaginé l’art d’abstraire les caractères gé- nériques ; aussi régnoit-il une grande incertitude touchant les limites de ces groupes. Morison , Raï et Rivin avoient travaillé sans succès à les rendre plus rigoureuses, Après eux, Tournefort le tenta et réussit. Convaincu de l'excellence de la doctrine de Gesner, il déclare que les caractères. de la fleur et du fruit lemportent sur tous les autres; mais il reconnoît en même temps, que lorsque les espèces , réunies par lés caractères de la “ructification, différent sensiblement par ceux de la végétation, on peut encore employer ces derniers avec avantage pour établir les genres. Ce précepte, très-utile quand on l’applique avec dis- cernement , très-nuisible quand on en fait abus, attaqué par Linné, défendu par Adanson, adopté par Antoine Laurent de Jussieu, semble avoir prévalu dans les écoles modernes. Les descriptions génériques de Tournefort ne sont pas à Vabri de Ja critique. On remarque qu’elles sont écrites dans un langage trop vague, qu’elles ne présentent quelquefois que la 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moindre partie des caractères distinctifs, æt que souvent elles seroient insuffisantes sans les admirables figures d’Aubriet. Toute- fois il seroit injuste de dire, avec Linné, que le peintre a mieux connu la nature que le botaniste. En ces temps où la Terminologie n'étoit point créée, il étoit impossible d’exposer briévement les traits génériques ; or, la précision est indispensable dans l'exposé des caractères. T'ournefort, qui ne l’ignoroit pas, abrégea son texte par des omissions volontaires, et jugea que les figures suppléeroient aux paroles. S'il n’eût aperçu dans les espèces que ce qu’il a exprimé dans son discours, comment seroit-il parvenu à établir cette longue suite de genres où ses successeurs n’ont trouvé presque rien à reprendre? Quoi qu'il en soit, ce vague dans les expressions, ces omissions dans les caractères , sont des défauts très-réels. Sans doute, en Histoire naturelle , il est nécessaire , il est indispensable même, de parler aux yeux, mais il faut plus encore parler à l'esprit, car il importe que fa connoissance des choses soit plus rationnelle qu'empirique. L'invention d’une méthode artificielle fondée sur la durée et la consistance des végétaux, l'absence ou la présence des fleurs, l'inflorescence, le nombre, la composition, la forme des pé- rianthes et la nature du fruit, ne fit pas moins d'honneur à Tournefort que l'établissement des genres. A la vérilé on re- trouve dans ses prédécesseurs, les élémens de sa méthode. Raï, Christophe Knaut, Magnol, Rivin avoient déjà examiné scru- puleusement toutes les modifications de la corolle; mais Tour- nefort sut employer ces caractères avec plus d'art; il les combina de manière à laisser subsister un grand nombre de groupes naturels , et l’on doit avouer que personne , avant et depuis lui, n’a concilié avec autant d’habileté et de bonheur, les avantages des affinités organiques et ceux de la méthode artificielle, 11 donna le premier modèle régulier d’un tableau synoptique où les genres composent des ordres, où les ordres composent des classes ; et il déclara que les lois de ces associations devoient être les mêmes que celles des ‘associations d’espèces, dans la” la formation des genres; d’où il suit que les caractères de la fleur et du fruit sont préférables à tous les autres pour l'éta-: blissement des classes et des ordres. L'assentiment général des botanistes a confirmé cette décision. Lorsque la méthode de Tournefort parut, elle eut un succès prodigieux, Dix mille cent quarante-six espèces rapportées à six cent quatre-vingt-dix-huit genres; les genres, les ordres et les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 423 classes établis sur des caractères comparatifs; une gradation, une sorte de hiérarchie dans les caractères ; des rapprochemens souvent très-naturels, amenés à l’aide d'un ingénieux artifice ; toute celte belle ordonnance, si neuve, si lumineuse et si sa- vante, entraîna les suffrages. Le plus grand botaniste de l'An- gleterre , Raï, dont la simplicité et la modestie égaloient le mérite, fut des premiers à rendre hommage au botaniste français, en adoptant ses genres. Cependant la gloire de Tournefort ne put le soustraire aux coups de l’envie. Un de ses élèves, Sébastien Vaillant, homme habile, mais jaloux et passionné ; critiqua sa méthode avec autant d'injustice que d’amertume. Il ’attachaà prouver qu’elle ne se plie pas toujours aux analogies, et cela est incontestable; mais qui ne voit que le but de Tournefort , ainsi que. celui de la plupart des méthodistes, fut moins de conserver les aflinités naturelles, que de présenter les espèces dans un ordre favorable à l'étude? Cette méthode ne pouvoit être d’une application universelle ; les nouvelles découvertes l'ont rendue tout-à-fait insuffisante. Un tort de son ingénieux auteur, fut de conserver, contre sa propre conviction , l’ancienne division des végétaux en herbacés et ligneux. Si, à l’imitation de Rivin, Tournelort se fût élevé au-dessus du préjugé, sa classification eût été sans doute plus commode et plus naturelle. Elle présente encore un autre défaut qui la rend quelquefois d’une application diflicile. Les limites -des classes et des ordres s’eflacent et les groupes voisins se con- fondent. Où placer, par exemple, la ligne de démarcation entre lesfleurs ca paniformes et infondibuliformes, entre les fleurs infondibuliformes , hipocratériformes et rotacées? Mais ce dé- aut étoit inévitable, parce qu’il résulte des modifications in- sensibles des formes de la corolle. Quoi qu'il en :soit, la répu- -tation de Tournefort, comme méthodiste, est encore la seule qui puisse balancer celles de Linné. Vers ce temps, Leuwenhoek, Grew, Malpighi, Camerarius font revivre l Anatomie et la Physiologie végétales, tombées dans l'oubli depuis Théophraste, et remplacent par de solides dé- couvertes, les aperçus douteux et les opinions mal assises de cet ancien philosophe. Alors le microscope, invention récente, éclairoit des mystères de la Nature, qu’on n’eût jamais pénétrés sans le secours de cet instrument. Leuvwenhoek , Grew, Mal- pigbi l’emploient pour étudier la structure interne des végétaux. Ils décrivent avec précision l'écorce, le bois, la moëlle, les 424 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE insertions ; reconnoissent l'existence des celluleset des trachées, et entrevoient les vaisseaux propres, les lacunes et même les vaisseaux poreux. Payons un juste tribut d'admiration à ces créateurs de l’Anatomie végétale, mais qu’un respect exagéré ne nous ferme pas les yeux sur les imperfections de leur travail. Ils ne s'accordent ni sur les faits ni sur les conséquences qu’il en faut déduire; chacun varie dans sa propre doctrine; tous mélent beaucoup d'erreurs à de grandes vérités, et leurs obser- vations incerlaines restent éparses et sans liaison. Grew. et Malpighi décrivirent soigneusement les étamines, Grew considérant la structure compliquée de ces organes , leurs androphores, leurs anthères , leur pollen, jugea, par suite de la tendance de son siècle à expliquer l'existence des choses par les causes finales , que les étamines devoient remplir des fonctions très-importantes; mais il me semble, en lisant la traduction française que le Vasseur a publiée de l'anatomie des plantes, que l'habile observateur anglais ne passa pas outre. De son côté, Malpighi montra l’analogie des ovaires des animaux avec ceux des végétaux, et poussa mème la comparaison au-delà de ses limites naturelles ; car tout préocéupé qu'il étoit de ses grandes découvertes sur la formation et le développement du fœtus dans les animaux, il lui parut que Ja graine ofiroit des phénomènes tout semblables, et il introduisit dans la Botanique, la langue de l'Anatomie animale; de là, les expressions de cordon om- bilical , de placenta, de chorion, d’amnios, etc. Néanmoins, rien ne prouve que Malpighi ait admis la fécondation dans les plantes, 11 est certain que les anciens n’ignoroient pas ce phénomène. Empédocle, Aristote, Théophraste, Pline et quelques poëtes en font mention; maisils n’en eurent que des notions incomplètes, et elles se perdirent pour long-temps dans le naufrage des con- noissances humaines. Un poëme latin composé dans le XVe siècle, par Jovianus Pontanus , précepteur d’Alphonse, roi de Naples, est le premier ouvrage moderne où il est question du sexe des plantes. Pontanus chante les amours de deux dattiers végétant à 15 lieues l’un de l’autre. Le mâle étoit à Brinde, la femelle étoit dans les bois d'Otrante. La distance ne fut pas un obstacle à la fécondation, dès que les deux palmiers, élevant leurs têtes au-dessus des arbres qui ls environnoient, purent se voir, pour parler avec le poëte, Zaluzian, ET D'HISTOIRE NATURELLE. ! 425 _Zalazian, botaniste de la fin du XVe siècle, dont il a été fait mention précédemment, dit que la plupart des espèces sont: androgynes, mais qu’il en est quelques-unes dont les sexes sont séparés sur deux individus, et il rappelle à ce sujet, un passage de Piine, relatif à la fécondation du dattier. Jean Bauhin, dans le milieu du XVIIe siècle, cite les expressions de Zaluzian. Enfin 49 ans après, un professeur de Tubinge, Rudolph Jacob Ca- merarius , distingue nettement les organes de la génération, et prouve, par des expériences rigoureuses sur le Mûrier, Le Maïs et la Mercuriale, que les graines restent infécondes quand on s'oppose, par un moyen quelconque, à l’action des étamines sur les pistils. Ce savant, qui d’ailleurs n’est connu que par un petit nombre de Mémoires insérés dans les Actes de l’Académie des curieux de la Nature, est donc, chez les modernes, le véritable auteur de la découverte du sexe des plantes; car lhon- neur d’une découverte n'appartient pas tant à celui qui l’a soup- çonnée , ou même qui l’a entrevue, qu’à celui qui l’a démontrée et mise dans tout son jour. C’est une vérité que l'ingratitude et l'envie affectent trop souvent de méconnoître. Pendant que Camerarius enseignoit les fonctions des étamines; Tournefort, abusé par des expériences insuffisantes, soutenoit que ces organes ne sont que des canaux excréloires , et Réaumur, au commencement du XVIIIe siècle , penchoit encore pour cette doctrine, Ce fut alors que Geoffroy, apothicaire à Paris, soumit les organes sexuels à de nouvelles observations. 11 examrna| les formes variées du pollen, observé déjà par Grew et par Mal- pighi; il indiqua le canal excrétoire et le micropyle; mais il s'imagina que le pollen n’étoit autre chose que de petits germes! lesquels s’introduisant par ces conduits, jusque dans les ovules, s’y développoient sous la forme d’embryons; hypothèse que les recherches des anatomistes ont rendue insoutenable, Peu après l'élève et le critique de Tournefort , Sébastien Vaillant, auteur d’un: excellent ouvrage sur les plantes des environs de Paris, exposa le phénomène de la fécondation dans ses lecons publi- ques, décrivit l'explosion des anthères, et fit voir que les fleu- rons et les demi- fleurons des SYNANTHÉRÉES, encore qu'ils soient formés sur le type d’une fleur hermaphrodite, sont quel- quefois mâles ou femelles, ou même neutres par l'avortement des pistils oudes étamines, ou: des. étamines et des pistils tout ensemble. La marche de la sève étoitinconnue des anciens. Théophrastè Tome LXXV II. DÉCEMBRE an 1813, lii 426 JOURNAL. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE savoit que les racines et les feuilles font les fonctions de bouches apirantes, mais une fois: la sève introduite dans l'arbre, ik ignoroit quelle route elle suit. Perrault qui se fit remarquer par la diversité de ses connoïssances et par l'originalité de ses vues, prétendit , en 1667, que les plantes ont des vaisseaux seiublables aux artères et aux veines, et que la sève passant des uns dans les autres, circule comme le sang. Maxiotte et Lahire adopièrent cetle opinion, Lahire crut, avec Tournefort , que les vaisseaux sont garnis de valvules qui s'opposent au retour des fluides, IE chercha dans la capillarité du tissu , la force motrice des mouve- mens sémeux. L'opinion de la circulation fut attaquée Yivement dès sa nais- sance, par le docteur Tonge, anglais. Peu ensuite, les français Duclos, Dodart et Magnol la combattirent aussi. Magnol, pour découvrir ‘la route de la sève, imagine de faire aspirer une liqueur colorée à une tubéreuse: Des observations peu con- cluantes le portent à publier qu’une partie dela sève monte par Ja moëlle et est employée à développer les fruits. Dodart admet deux sèves, l’une qui descend des feuilles vers les racines, l’autre qui monte des racines vers les-feuilles : sèves aussi distinctes par leur nature et leur destination , que par leur origine et leur marche, Avant cela, Rai et Willougby avoient montré qu'au moyen d’une incision faite au tronc d’un arbre, la sève peut s'échapper par les plaies supérieure et inférieure, et le docteur Tonge avoit cherché à établir par ka voie de l'ex- périence et du raisonnement, qu'il n’y a pas, à proprement dire, de sève descendante ; que la ‘sève montante s'élève à travers les couches ligneuses , et rétrograde quelquefois dans les eon- duits qui ont servi à son ascension par une rechute comparable, sous quelques rapports, à celle de l’eau d'un alambic. C’est l'expression dont il se sert. Les choses en étoient là.en 1727, quand Halle publia sa Sta- tique des Végétaux. Cet iustre Anglais , l’un des fondateurs de Ja Chimie pneumatique et de la Physique expérimentale, caleula par des moyens très-ingénieux, la rapidité de la marche de la sève, la force aspirante des racines et des feuilles, les rapports nécessaires entre l’absorption et la transpiralion; prouva lin- fluence des causes extérieures sur ces phénomènes; reconnut le mouvement de la sève du centre:à la circonférence, et détruisit de fond en comble, le système de la circulation dans les vé- gétaux, à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 427 : Quelque temps auparavant, Grew avoit indiqué l’analopié des cotylédons et des feuilles; Dodart avoit constaté la ten- dance naturelle de la radicule vers le centre de l4 terre, et de la plamule vers le ciel, et Lahire avoit inutilement tenté d’ex- pliquer cette tendance par la chute des fluides et l'ascension des vapeurs. Malgré les soins pénibles des dernières années de son règne et les chagrins poignans d’une ambition décue, Louis XIV, toujours sensible à la gloire, ne cessoit d'encourager les Arts, les Lettres et les Sciences. La Botanique ne fut point oubliée. A Ja fin du XVIIe siècle, Surian et Plumier avoient été en- voyés aux Antilles; en 1700, Tournefort partit pour le Levant; en 1703, Augustin Lippi pour l'Ethiopie; en 1708, le père Feuillée pour le Pérou. L'’anglais Marc Catesby, peu d'années après, visite la Vir- ‘ginie, é Géorgie, la Floride, les îles de Bahama, et publie à son retour en Europe, un ouvrage d’une magnificence jusqu'alors inconnue dans l'Histoire naturelle. Vers cette époque, Messer- chmid, né à Dantzick, entreprenoit un voyage long et pénible. Il _employa huit ans, à parcourir les bords de l’Oby et de lIrtz, la Daourie et -les monts Uraliens. En ces temps, la Russie , encore barbare, étoit gouvernée parle Czar Pierre Ier. Ce despote considérant les avantages infinis dela civilisation, se résolut à l’introduire dans ses Etats; il fit venir de toutes parts des artistes et des savans, fonda des bibliothè- ques, des académies, des écoles , des établissemens pour l’'His- toire naturelle. Par ses ordres, le botaniste saxon., J. Christian Buxbaume, partit à la suite du comte Romanzow, ambassadeur de Russie auprès de la Porte Ottomane, et visita les rives du Pont-Euxin, l’Asie mineure et l'Arménie. Anne Iwanowna poursuivit en femme supérieure, le dessein de Pierre-le-Grand. Des historiens, des géographes, des natu- ralistes furent envoyés dans toutes les parties de l'Empire. Hein- zelmann parcourut la. Tartarie; Gerber, les bords du Tanaïs et du Volga; Gmelin, les diverses contrées de la Sibérie, Etienne Krachenniunikow , le Kamtchatka; Steller se réunit à Béering qui naviguoit dans le détroit du Nord et pénétra jusqu'en Amérique. té ” Tandis que les Russes dirigés, ou plutôt entraînés par leurs Czars, s’élevoient avec une rapidité inouie, au rang des peuples liiz 426 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE civilisés, ces derniers ne perdoient rien de Jeur jardeur. pour les sciences. L'amour de la Botanique; décide presqu’en même temps trois Français à passer dans le Nouveau-Monde. Le mé- decin de Prat et Granger. s'embarquent pour l'Amérique sep- tentrionale ; celui-ci, en 1733, celui-là, en 1734 ; et Joseph de Jussieu, frère du célèbre Bernard, accompagne en 1735, les académiciens que Louis XV envoyoit au Pérou pour mesurer un degré du méridien. Depuis Tournefort le nombre des plantes connues s’étoit pro- digieusement accru; de grands voyages avoient été entrepris dans le seul dessein d'avancer la Botanique. Les découvertes nouvelles mettoient sans cesse en défaut, la méthode ingénieuse, mais insuffisante du naturaliste français. La méthode de Rivin Jlaissoit encore bien plus à desirer. Le hollandais Boerhaave, grand médecin, botaniste moins célèbre , avoit publié en 1710, une méthode artificielle où se retrouvoient combinées, les idées de Rai, d'Hermann et de Tournefort. Cette classification em- barrassée n’eut point de vogue, malgré le nom de son auteur, Deux allémands, Chrétien Knaüt, en 1716, et Henri-Bernard Ruppius, en 1718, avoient reproduit sous une nouvelle forme, la méthode de Rivin et ne l’avoient rendue ni plus eommode, ni plus générale. L’italien Pontedera, en 1720, avoit essayé de erfectionner celle de Tournefort, et n’avoit fait réellement que a compliquer. | Les caractères génériques indiqués par Tournefort, man- quoient de précision, Les botanistes qui avoient écrit après lui, n'avoient pas été plus sévères dans l'établissement des nouveaux genres. On n’étoit point d'accord sur ce qu’on devoit nommer espèces et variétés. Les noms des espèces se composoient des noms génériques et de quelques épithètes placées à la suite, ce qui répondoit à nos phrases spécifiques; mais ces noms, pris dans les anciens auteurs, ou calqués sur les modèles qu'ils avoient laissés, indiquant le lieu natal des plantes, la couleur de leurs périanthes, leurs odeurs et quelques autres caractères aussi variables, étoient trop longs pour appeler les espèces et trop vagues pour les faire reconnoître. La mémoire la plus ferme ne pouvoit retenir tant de mots souvent rudes et barbares. Les ‘communications entre les botanistes devenoïent de jour en jour plus difhciles. Le synonimie étoit presque totalement né- gligée. Joïgnez que la langue de la: Botanique: n’existoit pas encore, ensorte que chacun décrivoit les plantes à sa mode, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 429 désignant les organes et leurs diverses formes, par les expressions qui leur paroissoient les plus convenables. Quoi qu'il en soit, ces temps-là ne manquoient pas de grands botanistes , et sans rappeler ceux que j'ai déjà cités, et beaucoup d’autres qui jouissent d’une juste célébrité, je me contenterai dedire que l’allemand Jacques Dillen , le suisse Jean Scheuchzer et le florentin Pierre Antoine Micheli parurent immédiatement après Tournefort. 1 Tous trois eurent cette sagacité, cette patience et cet esprit de méthode qui conduisent toujours à de beaux résultats dans es sciences d'observation. Les divers ouvrages que Dillen a publiés , sontexcellens; mais son Histoire des MOUSSES mérite une mention particulière, On n'a jamais donné de dessins et de de descriptions plus exacts. L’esprit s'étonne qu’un travail si difficile ait été porté d’abord à ce haut degré de perfection. L’Agrostographie ,ou l'Histoire des GRAMINÉES de Scheuchzer, ne le céderoit point en mérite à l'Histoire des MOUSSES, si l’auteur eût donné les figures entières des plantes dont il traite, et s'il eût fait ressortir davantage, dans ses descriptions, les caractères distinctifs des espèces. Les recherches de Micheli sur les CHAM- .PIGNONS, sont comparables à celles de Dillen sur les MouSssEs,. Cet éloge dispense de tout autre. A mesure que les observateurs enrichissoient la science, le besoin d’une réforme générale se faisoit sentir davantage. L’en- treprise étoit grande et hasardeuse; elle ne pouvoit être con- duite que par une seule tête. Ce n’étoit pas assez que le ré- Formateur, homme d'esprit et de talent, fût capable de se livrer avec persévérance à des recherches pénibles, il falloit encore qu'il pût saisir l’ensemble de la science, aussi bien que ses moindres détails; qu’il eût à-la-fois , la conception la plus vaste, l'intelligence la plus nette, la mémoire Ja plus heu- reuse; qu'il sût ramener une métaphysique profonde à des ex- pressions simples et claires; qu’il entrainât la multitude par ses brillans aperçus; qu’il persuadât les esprits supérieurs par sa solide raison; et cela même n’eût pas suffi, si ce* naturaliste, peu confiant dans ses forces, eût fléchi sous l'autorité de ses prédécesseurs, et craint les préventions de ses contemporains : absolu dans ses principes, il devoit les dicter en maître et braver les préjugés et l'envie qui s’efforceroient d’arrêter les progrès de sa doctrine. Charles Linné, un suédois pauvre et sans appui, né en 1707, au village de Rashalt en Smoland, parut tout-à-coup 430 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avec ce rare assemblage de qualités éminentes, et surmonta bientôt, par l’ascendant de son génie, les obstacles que lui opposèrent la fortune et les hommes. Le réformateur embrassa dans son plan toutes les parties de l'Histoire naturelle. Il n’est pas de mon sujet de vous dire ce qu'il fit en Zoologie et en Minéralogie : je ne marrêterai un moment que sur ses travaux en Botanique. Il créa la langue de la science, il la rendit aussi rigoureuse qu’elle pouvoit l'être. Chaque organe fut défini avec précision et reçut un nom propre ; chaque modification importante fut désignée par une épithète particulière. Dès-lors les comparaisons devinrent faciles et l’on put rechercher les moindres détails sans courir le risque de s’é- garer et de tout confondre. Avec cet instrument Linné entreprit de reconstruire la science entière. Il put rendre dans son langage ‘énergique et pittoresque , les caractères génériques que Tournefort n'avoit exprimés que par ses dessins. Ces caractères furent ex- posés dans un nouvel ordre et sous un nouveau jour. Chaque espèce prit, outre le nom du genre auquel elle appartenoit, un nom spécifique simple et significatif, rappelant, pour lordi- naire, quelques particularités distinctives de cette espèce. Les phrases qui avoient servi jusqu'alors de noms spécifiques, chan- gèrent de forme et dedestination. Elles offrirentsous un seul point de vue, les caractères les plus saillans de chaque espèce, et servirent de moyen de comparaison entre les diverses espèces d’un même genre. Les descriptions recurent aussi des amélio- rations sensibles; elles furent rédigées dans un seul et même esprit, et présentèrent une suite de portraits, d'autant plus re- connoissables, qu’il fut plus aisé d’en*faire contraster les parties correspondantes. Linné réunit dans un livre excellent, les prin- cipes fondamentaux de sa doctrine, qui devint en peu d'années, celle de tous les botauistes. Mais ce qui multiplia prodigieusement le nombre de ses sec- tateurs, fut la méthode artificielle suivant laquelle il distribua les genres, et qu’il désigna sous le nom de Système sexuel, Personne n’avoit encore fondé de méthode sur les organes de la génération. Camerarius et Burkard en avoient eu l'idée, Camerarius s’étoit borné à indiquer trois coupes principales résultant de l'union et de la séparation des sexes, Burkard avoit jugé que l’on pouvoit employer avec succès le nombre et la proportion des étamines, et il avoit indiqué plusieurs des classes que Linné a établies depuis. On trouve aussi dans le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 431 travail de Vaillant sur les SYNANTHÉRÉES , le principe fonda- mental des ordres qui divisent cette grande classe dans le système sexuel; mais cela ne détruit point la gloire de Linné qui sut développer et généraliser en homme supérieur, des idées trop incomplètes ou trop vagues pour qu’on en eût conservé le souvenir. D'ailleurs, il se rencontre dans sa méthode, plusieurs choses qu lui appartiennent en propre. Il remarqua le premier les dif- érentes Insertions des étamines, et fit un bel usage de ces ca- raclères pour diviser en deux classes, les plantes hermaphro- dites dont les étamines libres passent le nombre douze. L'union des étamines par les filets avoit déjà été observée, mais l'emploi qu’en fit Linné est neuf et original. Enfin, ce qui établit incon- testablement ses droits comme inventeur, est l’art admirable avec lequel il a combiné les diverses parties de sa méthode, et l'application immédiate qu’il en a faite à tous les végétaux connus. Le raisonnement, aussi bien que l'expérience, prouve qu’en Histoire naturelle il ne peut exister de méihode parfaite; le système sexuel a donc ses imperfections. Linné part de ce principe, que toutes les plañtes ont des organes males et femelles; or, 1l paroït qu'il y a des plantes agames : voilà, par conséquent, des espèces qui n’ont pas de place dans le système, ou qui n'y rentrent qu’en vertu d’une hypothèse pour le moins très dou- teuse. Une grande partie des genres est classée par le nombre des étamines, ce qui fait supposer que toutes les espèces com- prises dans un même genre, ont un nombre égal d’étamines, et cependant nous voyons qu'il y a des exceptions. L’union des étamines par les filets est plus ou moins complète :- cela donne matière à des doutes et rend quelquefois la classification pro- blématique. La séparation des sexes résulte souvent de l'avor- tement de l’un des deux organes sexuels; des circonstances accidentelles peuvent déterminer cet avortement ; il n’est pas rare qu’il se manifeste dans certaines espèces associées, par d’excellens caractères génériques, à d’autres espèces constamment hermaphrodites, d’où il suit que l’union ou la séparation des sexes ne conduit pas toujours surement à la classe que l’on cherche. Les subdivisions des classes, c’est-à-dire les ordres, présentent de même quelques imperfections. Mais pour bien apprécier le système sexuel, il faut le con- sidérer dans son ensemble. 1] plaît, il intéresse, ilsinstruit tout- à-la-fois. Les caractères qu’il met en évidence piquent vivement 432 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la curiosité, parce qu'ils appartiennent à des organes d’où dé- pendent les phénomènes les plus mystérieux et les plus impor- tans de la vie. L'esprit saisit sans fatigue et comme d’un regard, toutes les parties de cette vaste composition; on se croit bo- taniste sitôt qu’on en concoit bien la savante ordonnance, et, de fait, on commence à l'être. S’il se rencontre des exceptions qui peuvent induire en erreur, elles ne sont pas nombréuses, ét pour tout dire enfin, nulle méthode artificielle n’est aussi sûre, aussi facile , aussi générale, aussi attrayante. Linné n’ignoroit pas que.les méthodes artificielles, ne rap- prochant les plantes qu’en vertu de la ressemblance d’un petit nombre de caractères, n’en pouvoient donner qu’une idée in- complète; mais il croyoit qu’elles étoient indispensables pour guider le botaniste. C’étoit, suivant lui, le fil d'Ariane qui em- pêche qu’on ne es dans les détours du labyrinthe. Du reste, il mettoit fort au-dessus de tout arrangement systématique, les rapprochemens qui résultent de la concordance d’un grand nombre de caractères. Il disoitique la méthode naturelle étoit le but vers lequel on devoit tendre incessamment, Il travailla toute sa vie à grouper les plantes suivant les lois des affinités, et dans ses entretiens particuliers, il développoit à ses élèves chéris, cette belle partie de sa doctrine. J Ce naturaliste ne se montra pas moins habile quand il fallut descendre aux détails de la science. Il avoit voyagé en Laponie: la Flore qu’il publia de cette contrée byperboréenne est un parfait modele en son genre. - Il contribua aux progrès de la Physiologie, soit par de nou- velles recherches, soit en développant ce que ses prédécesseurs n’avoient fait qu’entrevoir. Quelques observations éparses offroient de vagues notions sur le sommeil des plantes, Garcias, dans son voyage aux Grandes-Indes, avoit noté que le tamarin tient ses folioles inclinées pendant la nuit. Le père Labat, durant son séjour aux Antilles, avoit fait la même remarque sur une mul- titude de plantes à feuilles composées , et il attribuoït cette dis- osition à la fraîcheur des nuits des tropiques. Linné examina et décrivit avec soin les circonstances particulières du phéno- mène ; mais quoique son travail soit parfait à beaucoup d’égards, on peut y apercevoir quelques taches. Linné, selon sa coutume (je ne dois pas vous laisser ignorer ce qu'il ÿ eut de foible en lui), exagéfa un peu la vérité, négligea les exceptions. et crut pouvoir démontrer l’absolue nécessité des faits par la doctrine séduisante, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 433 séduisante, mais trompeuse, des causes finales. Telle fut la pente de son génie. Ses dissertations sur le sommeil des fleurs, sur la dissémination des graiges, sur les noces des plantes, sur les espèces hybrides, etc., D uénitseit matière à de semblables cri- tiques. Il n’est pas jusqu’à son Gerera, chef-d’œuvre de sagacité et de précision, où l’on ne trouve souvent la preuve de sa trop grande propension à généralisér les faits particuliers. Combien de caractères qu’il propose comme le lien commun de plusieurs espèces , n'existent effectivement que dans une seule! Linné n’est donc pas à l'abri de tout reproche; mais je dirai pour son excuse, que ses défauts mêmes tenoient à certaines qualités supérieures sans lesquelles il n’eût jamais eu la gloire d’être le réformateur de la science. -Animé d’une imagination vive et brillante, il put répandre tout-à-coup des vérités qui, sous la plume d’un écrivain froid, n’eussent fait que d’insensibles progrès. IL sut donner à ses pensées un tour si original et si piquant, qu’une simple lec- ture les grave pour toujours dans la mémoire. Plusieurs décou- vertes capitales, faites par les botanistes qui l’ont précédé, ne sont devenues vulgaires que lorsqu'il les a reproduites dans ses écrits; et, par exemple, l'existence des sexes dans les fleurs, ne fut universellement admise comme un fait incontestable, qu'après qu’il eut exposé et développé lui-même, le phénomène de la fécondation des plantes. Le monde ne savoit ce qu’il devoit admirer davantage de la multiplicité, de la nouveauté ou de la profondeur des vues de l’Aristote du Nord. Son école devint la lumière de l'Europe ; de toute part on s’y portoit en foule; il y gouvernoit despoti- quement les esprits.comme jadis les philosophes de la Grèce; ses disciples ne concevoient pas de plus grand honneur, que de travailler à propager sa doctrine; aucun, même après lui, n'osa songer à se frayer des routes nouvelles, et ses détracteurs ‘caril en eut ) furent bientôt réduits au silence. Parmi les hommes - Qui l’ont censuré avec le moins de ménagement , on compte #deux illustres français, Adanson et Buffon. Buffon entroit dans la carrière; il n’avoit pas encore cette maturité de jugement que acquit avec les années; il ne pénétra pas d’abord l’esprit es méthodes de Linné; il voulut raisonner sur la Botanique qu'il n’entendoit point, et ses raisonnemens portent à faux, tant il est vrai qu’en toute chose, et surtout en Histoire naturelle, le génie ne peut suppléer à la connoissance des faits. On ne sauroit dire qu'Adanson manquât du côté de l'instruction; mais Tome LXXVII. DÉCEMBRE an 1813. Kkk 434 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le desir de se singulariser, et peut-être un sentiment de ses forces qui lui rendoit insupportable la gloire immense de Linné, ne le laissérent pas libre de porter un jugement impartial sur les heureuses innovations de ce profond botaniste. Jamais l’ardeur pour les sciences naturelles n’avoit été portée aussi loin. Les Suédois donnoient l'exemple. Cette nation voyoit avec orgueil qu’elle possédoit le Prince des naturalistes. Les Académies, les Sociétés savantes, les particuliers firent de grands sacrifices, et, vers ‘le milieu du XVIIIe siècle, ‘sx botanistes suédois partirent presque en même temps, pour diflérens points de la terre. Kalm se rend en Pensilvanie et parcourt pendant trois ans, l'Amérique septentrionale ; Hasselquist visite l'Egypte, la Palestine, l'Asie mineure; Lœfling passe dans l’Amérique méridionale ét Ternstrom en Asie; Toréa habite trois années le Malabar; Osbeck va à Java, en Chine et à l’île de l'Ascen- sion. Hassélquist, Lœfling et Ternstrom nerevirent point l'Eu- rope. Le premier mourut à Smyrne, le second sur les bords de l'Orénoque, le dernier dans l’île de Pul-Condor. En ces temps, Adanson parcouroit le Sénégal, les Canaries et les Acores; le père d'Incarville faisoit passer à Bernard de Jussieu des plantes et des graines de la Chine; Aublet qui, peu ensuite, visita si utilement pour la Botanique, la Guyare et Saint-Domingue, abordoit à l'Ile-de-France, et M. Jacqum, l'un des botanistes modernes qui ont le plus enrichi la science par la découverte de nouvelles espèces , rassembloit aux Antilles, un nombre prodigieux de plantes pour le magnifique jardin de Schæœnbroun. Alors la méthode linnéenne prévaloit; la plupart des-botanistes Padoptoient dans leurs ouvrages. Cependant quelques-uns es- sayoient de combiner les divers caractères, de manière à former des groupes naturels. Adrien Van Royen se distingua par ses recherches. Le Catalogue des plantes du jardin de Leyde qu'il publia en 1740, offre des aperçus neufs. Il est le premier qui ait divisé toutes les plantes phénogames, soit herbacées, soit ligneuses, en deux groupes caractérisés par le nombre des co- tylédons, et qui ait fait usage, pour la classification, du nombre des étamines comparé à celui des pétales. Le suisse Albrecht de Haller, contemporain de Royen, em- ploya aussi ce dernier caractère; mais 1l ne distingua pas les monocotylédons des dicotylédons, quoiqu'il recherchât curieu- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 435 sement les affinités. Haller développa une singulière force de tête dans tout ce qu'il entreprit. Il brilla comme poëte , poli- tique, anatomiste, physiologiste, médecin, botaniste. Son His- toire des plantes de la Suisse est un chef-d'œuvre d’érudition et d'observation. Je ne finirois pas si je voulois citer tous les botanistes qui se dis. tinguèrent à cette époque mémorable. Je me contenterai donc de rappeler ceux qui ont ouvert des routes nouvelles. Le seul naturaliste qui auroit pu balancer la réputation de Linné, étoit le respectable Bernard de Jussieu, si étonnant par l’étendue de ses connoissances, la pénétration de son esprit et la solidité de son jugement. Mais Bernard de Jussieu se livroit aux recherches les plus pénibles sans aucun desir de gloire. L'amour de la vérité suflisoit pour exciter et entretenir son zèle. Il ne céloit ses découvertes à personne. Peu lui importoit qu'un autre en recueillît l'honneur, si elles se répandoient et servoient aux progrès des scieñces. Beaucoup de nos contemporains ont connu ce sage; ils disent que l’on ne vit jamais réunies en un autre homme, tant de candeur et tant de lumière. Bernard ne publia qu'un petit nombre de Mémoires; il fit connoître les élamines de la pilulaire et du lemma; il examina après Grew et Malpighi, la forme des grains du pollen; il. vit ces corpuscules éclater sur l’eau et lancer la liqueur sémi- nale. Il démontra ce qu'Imperati avoit soupçonné, et ce que Peyssonnel avoit affirmé sans preuves suflisantes , que les ma- drépores doivent être transférés du règne végétal dans le règne animal. Comme le jugement étoit ce qui dominoit en lui, il s’appliqua spécialement à la recherche des rapports naturels, et fit plus à lui seul, pour avancer cette partie de la Botanique, que tous ses prédécesseurs ensemble. Le jardin de Trianon fut planté par ses soins. Il y groupa les plantes par familles et y dis- tribua les familles d’après une méthode fondée sur l'absence, la pré- sence et le nombre des cotylédons, et sur l'insertion des étamines, Les élémens de cette méthode n'étoient point neufs; Royen, ainsi qu'on vient de le voir, s’étoit servi des cotylédons dans le même esprit, et Jean Théophile Gleditsch de Leipsic, dix ans avant Bernard de Jussieu, avoit imaginé de prendre l'in- serlion des étamines pour principal caractère de classification, mais Bernard de Jussieu, après avoir fait concourir tous les ca- ractères à la formation des familles, disposoit ces groupes dans un ordre méthodique, et cela étoit une nouveauté. Il croyoit qu’il Kkk 2 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE existoit une affinité naturelle entre les différentes familles, de même qu'entre les diflérens genres. Il admettoit une certaine subordination dans les caractères, et un enchaînement de rapports tels, qu’il lui sembloit possible de classer les plantes selon les lois d'une méthode aussi claire, aussi simple que nos méthodes artificielles, et qui auroit en outre cet avantage sur ces der- nières , que loin de rompre les affinités, elle n’en seroit que l’ex- pression la plus nette et la plus précise. La découverte de cette méthode étoit le but de ses recherches. Soit que ce but fût réel ou qu'il (ât imaginaire, les efforts qu’il faisoit pour l’atteindre le conduisoient par une voie directe, à la connoïissance des rap- ports naturels, qui font de la Botanique, une science vraiment digne des méditations du philosophe. Ainsi Bernard de Jussieu s’avançoit à pas sûrs. Sans doute, sa méthode, considérée en elle-même, n'est pas moins artificielle que toutes celles que l’on avoit proposées jusqu'alors; de plus, elle est d’une application très-difficile et elle donne lieu à une foule d’exceptions ; mais il est visible que c’est un hors-d’œuvre que l’on peut supprimer sans toucher aux familles, et cela seul sufliroit pour prouver le profond bon sens de l’auteur. Bernard de Jussieu n’a rien publié sur les familles. Nous ignorerions quelle part il a prise dans ce travail, si M. Antoine- Laurent de Jussieu ne nous eût rendus juges des travaux de son oncle. M. Antoine-Laurent u’a point renoncé à la méthode de Bernard, mais il l’a combinée avec celle de Rivin, et par ce moyen, il en a singulièrement facilité l'étude. IL s'occupe sans relâche de perfectionner les familles naturelles, et il pougsuit cetle entreprise avec tant de succès, que les contemporains de- vancant le jugement de la postérité, reconnoissent en lui le légitime successeur du chef de l'Ecole française. Ce fut en 1759 que Bernard de Jussieu disposa le jardin de Trianon : ce fut en 1763 qu'Adanson publia ses familles des plantes. Si l’on rapproche ces dates, si l’on considère qu’Adanson avoit de continuelles communications avec Bernard, que ce dernier ne faisoit point mystère de sa doctrine, qu’il étoit le promoteur, et si j'ose dire, l’ame de presque tous les grands travaux que les naturalistes francais entreprirent alors, on jugera de quelle utilité ses conseils furent pour Adanson. Quoi qu'il en soit, Adanson n’étoit pas un homme d’une trempe commune; il avoit une profonde connoissance des livres et des Laos ET D'HISTOIRE NATURELLE. 437 choëes ; il possédoit au plus haut degré, cette aptitude à bien voir et ce génie de comparaison qui font les grands naturalistes; mais un amour-propre immodéré, des préventions injustes, et Vambition non moins puérile que bizarre, de paroître extraor- dinaire en quoi que ce fût, obscurcirent un peu ses précieuses qualités. Adanson reconnut que chaque famille a, suivant son expres- sion, un génie et des mœurs qui lui sont propres ; c’est-à-dire, en d’autres termes, et comme l’avoit très-bien jugé Magnol, que les mêmes caractères n’ont pas une. égale importance dans les divers groupes naturels, ensorte que la subordination générale des caractères ne doit être adoptée qu'avec restriction. El fit consister la méthode naturelle daus la formation des familles et dans leur disposition en ue série ou gradalion fondée sur tous. les rapports possibles de ressemblance, et il insista for- tement sur les avantages de cette classification qui, à l’entendre, ue renfermoit rien de systématique. Mais la gradation qu'il admet est-elle donc autre chose qu’un système?.... Si l’on examine le règne végétal, on voit que souvent les mêmes plantes, selon le jour sous lequel on les considère ,*se rapprochent ou s’éloignent par une multitude de points; qu’il n'existe pas de chaîne principale, mais de nombreux chaînons qui se ramifient, se croisent , reviennent sur eux-mêmes, forment un lacis inex- tricable, et qu’enfin, quelle que soit la direction que l’on suive, on ne trouve jamais cette série continue dont nous parle Adansorr, Magnol et Linné s’étoient bornés à désigner sous des titres différens, les familles qu'ils avoient formées; Adanson fit plus, il exposa avec beaucoup de netteté et de discernement, en tête de chacune d'elles , les caractères qui la distinguent des autres. Il imagina aussi de placer les caractères des genres en colonne, de facon qu'on pût en faire promptement la comparaison, … La Physiologie s’enrichissoit tous les jours par les observations de Guettard et de Duhamel, deux français, amis de Bernard de Jussieu. Guettard décrivit avec une exactitude scrupuleuse, les diverses formes des excroissances cellulaires de l’épiderme auxquelles on a donné le nom de poils et de glandes. Duhamel entreprit un travail beaucoup plus vaste. Il composa un Traité de Physiologie, ouvrage qui contient une foule de belles ob- servations. Il prouva par des expériences très-ingénieuses, que l'aubier se transforme en bois. Il ne se décida pas sur l’origine et les fonctions du liber , mais les expériences qu'il fit pour 438 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE éclaircir ce point de doctrine, ont contribué à y porter la Iu= mière, Grew avoit déjà reconnu l'existence du cambium; Du- bamel distingua parfaitement ce chyle où plutôt ce sang vé- gttal, de la sève et des sucs propces. Hales avoit établi par induction , que la sève des arbres dicotylédons, a un mouvement du centre à la circonférence; Duhamel rendit palpable, pour. ainsi dire, cette vérité importante. L’irritabilité et le sommeil des feuilles attirèrent aussi son attention, cependant il m’épuisa. pas la matière, et l’on sait avec quel succès M. Decandolle l’a reprise tout récemment. Il est fâcheux que la base de la Physiologie, l'Anatomie, soit si défectueuse dans l’ouvrage de Duhamel, et qu’on n'y apercoive presque jamais les rapports nécessaires qui existent entre l’organisation et les fonctions. Je ne pense pas que le père Serrabat, un jésuite de Bordeaux, qui précéda Duhamel de vingt ans environ, et l'allemand Hedwig qui parut trente ans plus tard, aient mieux servi l’Anatomie végétale en reproduisant, sous de nouvelles couleurs, les systèmes’ de Malpighi, de Perrault, de Lahire, touchant la circulation et la respiration dans les végétaux. Mais l'allemand Reichel, qui écrivit en même temps que Duhamel, me semble avoir fait une découverte intéressante en prouvant que les injections co- lorées, s'élèvent par les trachées. Peu ensuite, Charles Bonnet, de Genève, confirma les résultats des expériences de Reichel, et de plus, il démontra ce que Théophraste avoit annoncé et ce dont personne ne doutoit depuis long-temps, que les feuilles ont la propriété d’aspirer l’humidité de même que les racines, Les expéditions lointaines fournissoient sans cesse de nouveaux matériaux aux naturalistes. En 1761, le danois Nieburh accom- pagné de Forskal, élève de Linné, parcourut l'Orient, l'Egypte et l'Arabie, Six ans après, notre célèbre navigateur, Bougain- ville, part pour faire le tour du Monde, et Commerson s’em- barque avec lui. Ce botaniste visite les côtes du Brésil, Buenos- Ayres, les terres Magellaniques, la Nouvelle - Angleterre, les îles d'Otaïti, de Bourno, de Java, de Roderic, Maurice, Bourbon, Madagascar. | Cinq_ voyages qui n’eurent pas tous une égale importance pour la Botanique, mais qui tous, cependant, contribuèrent à 1ses progrès, furent commencés en l’année 1768. J'entends les voyages de Pallas, de Sonnerat, de Kænig, de Bruce et de Cook, dont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439 je vais vous rappeler en peu de mots, les principales circons- lances. 7 Catherine IT marchoit d'un pas ferme sur les traces des Czars ses prédécesseurs ; avide de puissance et de gloire, elle travail- loit à civiliser son empire en même temps qu'elle en reculoit les limites. Elle chargea le prussien Pallas, savant si remarquable par l'étendue et la diversité de ses connoïssances, de visiter et de décrire les vastes contrées qui s'étendent depuis Tobolsk jusqu'à la mer Caspienne. Six années furent consacrées à cette grande entreprise. Alors un français, M. Sonnerat, naturaliste infatigable , com- mencçoit ses utiles recherches. Il emploie cinq années à parcourir l'Ile-de-France, l’'Ile-de-Bourbon, Madagascar, les Philippines, les Moluques, la Nouvelle-Guinée; reparoït en France un instant, s’embarque de nouveau pour les Indes; visite Ceylan, les côtes de Malabar, de Coromandel et la Chine; revient encore en France, y rédige ses voyages et repart une troisième fois pour les Indes. Le courlandais Kœnig, élève de Linné, voyagea aussi dans les Indes. Il visita Ceylan les côtes de Malabar, de Coromandel et Siam. Les côles de la mer Rouge, la Haute - Egypte, la Nubie, l’Abissinie, furent le théâtre des recherches de Bruce. Mais le voyage le plus considérable de cette époque est, sans ” aucune comparaison, celui du capitaine Cook. Ce fameux na- vigateur fut accompagné par deux botanistes, M. Solander, élève de Linné , et le chevalier Joseph Banks, homme digne de tous nos respects par le noble usage qu'il a su faire de son immense fortune. Cook revint en Angleterre en 1771 et repartit en 1772. Les deux Forster, père et fils, et Sparmann se joigni- rent à lui pour cette expédition qui se termina en 1778. Tout le monde sait les résultats des deux voyages de Cook. Des pays neufs furent visités depuis le Kamtchatka jusqu’au détroit de Magellan, et l'Europe, jusqu'alors incertaine, ne douta plus qu’il existât vers le pôle Antartique,, une autre partie du monde peuplée d'animaux et de végétaux tout différens de ceux de l’ancien et du nouveau continent, Ce ne fut cependant qu'après que le capitaine pa eût fondé une colonie à la Nouvelle-Hollande, que les naturalistes européens furent à portée d’en étudier les productions. Parmi les botanistes voyageurs qui portérent le flambeau de 440 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'observation dans ces contrées lointaines, on doit surtout dis- tinguer notre savant et courageux compatriote, M. de la Billar- dière , qui s'étoit fait connoître si avantageusement dès 1789, par ses intéressantes recherches sur les plantes de la Syrie. Cet habile naturaliste accompagna M. d'Entrecasteaux dans son voyage à la recherche de la Peyrouse, Il vit Ténériffe, le cap de Bonne- Espérance, la Nouvelle-Hollande, Amboine, la Nouvelle-Zélande et les îles de la mer du Sud. Douze ans après, l'anglais Robert Brown, observateur plein de sagacité, parut dans ces mêmes contrées, et la Botanique retire aujourd’hui de grands avantages de ses recherches. Quelques années avant le voyage de M. de la Billardière, un danois, Martin WValh, deux français, MM. Desfontaines et Poiret parcouroïent les côtes de la Barbarie; deux espagnols, MM. Ruiz et Pavon et le français Dombey s’étoient embarqués -pour le Pérou; un autre francais, l'intrépide André Michaud, visitoit la Perse; un autre français, M. Palissot de Beauvois pé- nétroit dans les royaumes d'Oware et du Bénin situés sur la côte occidentale de l'Afrique; un suédois, M. Swartz, examinoïit la Jamaïque et les iles voisines. À peine revenu de la Perse, Michaud part pour New-Yorck; il parcourt pendant dix ans, l'Amérique septentrionale, depuis le tropique jusqu’à la baie d'Hudson, revient en France, s’embarque bientôt après pour la Nouvelle-Hollande, mais arrivé à l’Ile-de- France, il se décide à passer à Madagascar où il termine sa vie Jaborieuse. Son fils, aussi zélé que lui, poursuit ses utiles recherches dans l'Amérique septentrionale. M. du Petit-Thouars, un français, aborde à l'ile de Tristan d’Acugna, au cap de Bonne-Espérance, à l'Ile-de-France, à Madagascar, à l’Ile-de-Bourbon. M. Ledru , autre français, va à T'énériffe, à la Trinité, aux Antilles danoises, à Saint-Thomas, à Portorico, à Sainte-Croix. M. Delisle, au nombre des naturalistes de la grande expédition d'Egypte, visite cette terre célèbre que n’avoient point épuisée les Belon, les Proper Alpin, les Forskal. M. de Humboldt, un prussien, accompagné de M. Bonplarnd, un français, parcourt pendant cinq ans les provinces de Véné- suéla , la Nouvelle-Grenade, le Pérou, la Nouvelle-Espagne , et se montre en toute rencontre, l’un des voyageurs les plus in- trépides et les plus éclairés qui furent jamais. 5 IL seroit possible d'étendre beaucoup cette liste des voyageurs de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 44r de Ja fin du dernier siècle et du commencement de celui-ci; mais les limites que j’ai dû me prescrire, ne me laissent pas libre d'entrer dans de longs détails sur l’époque où nous vivons, et Je vais terminer ce Discours en indiquant en peu de mots, quelques-unes des découvertes récentes el l'esprit qui anime les botanistes modernes. Anciennement, l’irlandais Robert Boyle, génie créateur, avoit trouvé par l’expérience, que les végétaux ne vivent pas aux dépens des substances terreuses qui Le servent d'appui; mais la Chimie du temps ne répandoit aucune lumière sur l’origine des principes constituans de ces corps organisés. Aujourd'hui nous savons par les travaux successifs des Lavoisier, des Priest, ley, des Ingenhous, des Sennebier , des Théodore de Saussure, que les plantes se nourrissent de carbone, d'hydrogène, d’oxi- gène et d’azote ; que ces élémens, les seuls qui paroissent in- dispensables à leur composition, leur sont fournis par le gaz acide carbonique, l’eau et l'air atmosphérique qu’elles ont la propriété de décomposer. Ù L'action des gaz sur les végétaux vivans, a été appréciée avec une rigueur étonnante, par M. Théodore de Saussure, et il a porté cette partie de la Did à un degré d’évidence dont elle ne paroissoit guère susceptible. ” Je vous ai dit quelle vogue Linné sut donner à la décou- verte des sexes des plantes. La foule, entraînée par l’autorité de ce philosophe, chercha et crut trouver des étamines et des pistils Jusque dans les dernières classes du règne végétal. Déjà même avant Linné, Micheli avoit avancé que les champignons ont des sexes. Cette opinion a été renouvelée de nos jours. Les botanistes modernes ont décrit avec une scrupuleuse exactitude, dans les ALGUES, les cONFERVES, les FOUGÈRES, les LycoPo- DIACÉES, des parties qu'il leur a plu de nomimer des organes sexuels, et ces parties n’ont presque jamais été les mêmes pour les différens observateurs. Aucun d'eux n’a pu tirer son opinion du rang des simples hypothèses. 11 faut bien croire qu'Hedwig a été plus heureux dans son travail sur les MOUSSES, puisque la plupart des botanistes ont adopté sa théorie. La doctrine de Bernard de Jussieu ne fut goûtée d'abord que par un petit nombre d’esprits solides et réfléchis, qui ne se dissimu- loient pas que l'étude exclusive de la méthode linnéenne, par cela même qu’elle étoit plus attrayante, abusoit les botanistes et les détournoit du véritable but de la science. Cette opinion Tome LXXVII. DÉCEMBRE an 1813. Lil 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à laquelle j'oserois dire que Linné lui-même eût accédé s’il eût vécu vingt ans plus tard, mais que la plupart de ses sec- tateurs ne voulurent jamais recevoir , se répandit insensiblement dans l'Ecole francaise; on réunit en familles les plantes des jardins de botanique et les échantillons des herbiers; des professeurs habiles exposèrent en public les caractères des groupes naturels; la vraie philosophie de la science commença à s’introduire dans tous les livres. - C’étoit alors que l’éloquent et malheureux Rousseau cherchoit an remède contre les infirmités de sa raison ; il crut l'avoir trouvé dans l'étude des plantes. Le Philosophia bojanica de Linné devint sa lecture favorite , et il suivit les herborisations de Bernard de Jussieu. Pénétré de respect pour ces deux grands naturalistes, il fut des premiers à reconnoître que bien qu'ils eussent pris des routes différentes, leur but étoit le même. Tout le monde a lu ces Lettres admirables, où le philosophe de Genève expose avec cette grâce de style qui n'appartient qu’à lui, les caractères distinctifs des principales familles de nos climats. On sent à chaque mot, qu'il a pénétré le véritable esprit des méthodes artificielies. . Les imperfections inhérentes à ce genre de classification furent tout-à fait dévoilées, quand M. Antoine-Laurent de Jussieu vint à publier son Genera plantarum. Ce précieux ouvrage fit voir combien l'étude des rapports naturels est préférable à celle des systèmes, quelque ingénieux qu'ils puissent étre. Vous aurez peine à croire que Cæsalpin eut des connoïissances plus approfondies sur l'organisation des graines, que tous ses prédécesseurs jusqu’à Linné inclusivement ; toutefois, c'est ce que nous apprend l'Histoire littéraire de la Botanique. La com- paraison des graines des différentes espèces fournit, ainsi que Bernard de Jussieu l’avoit reconnu, d’excellens caractères pour la formation des familles. M. Antoine-Laurent de Jussieu le prouvoit par nombre d'exemples , au moment même où Gærtner, un allemand modeste , ignoré, après quarante années passées dans le silence, faisoit paroître son Traité sur les fruits et les graines, ouvrage le plus riche en observations neuves qu'aucun botaniste ait encore publiées. Cet observateur infatigable a Jaissé dans son fils, un digne continuateur de ses travaux. Toutes les recherches concouroient à démontrer la solidité des principes de Bernard de Jussieu, M. Desfontaines, de retour ET D'HISTOIRE NATURELLE. 433 en France après un voyage de deux ans sur les côtes de la Barbarie, publia cetté découverte fondamentale , que les MoNo- COTYLÉDONS ne diflèrent pas moins des DICOTYLÉDONS, par Ja structure de leur tige que par la forme de leur embryon, et confirma ainsi la division des végétaux phénogames en deux grandes classes naturelles. x Dès ce temps, cet habile botaniste professoit au Jardin des Plantes de Paris, la Physiologie végétale, qui étoit négligée dans les autres Ecoles de l’Europe, et qui, par cette raison, ne faisoit que de foibles progrès, quoique tous les bons esprits en sentissent l'importance. Enfin M. de Lamark donnoit dans l'Encyclopédie l'Histoire générale des plantes, décrivoit une multitude d’espèces inconnues à Linné, publioit une Flore francaise, et se montroit également ingénieux, soit qu'il inventât des procédés pour arriver à la connoissance des noms spécifiques, soit qu'il s’appliquât à découvrir les rapports naturels qui unissent les genres. Ce fut par les soins de ces botanistes et de leurs élèves, que la doctrine de Bernard de Jussieu s'établit en France. Elle eut bientôt aussi de nombreux sectateurs en Espagne et en Angle- terre. La Suède, le Danemarck, l'Allemagne ne l’accueillirent pas avec la même faveur. On ne devoit guère espérer que les disciples de Linné renonceroient tout-à-coup à son système; mais on pouvoit croire que ces naturalistes, imbus des sages principes consignés dans le Philosophia botanica , sauroijent employer, à lexemple de leur maître, la méthode artificielle sans négliger l’étude des rapports naturels; et pourtant, si l'on excepte le Tableau des affinités par Batsch, ouvrage dont la conception est très-heureuse, mais qui pèche trop souvent par l'exécution, il n’a rien été publié dans ces contrées qui n’an- nonce des vues purement systématiques. On s’en étonnera pour peu que l’on considère la foule des savans botanistes qui ont illustré la Suède, le Danemark et l'Allemagne dans ces derniers temps : un Wahl, un Wildenow, un Swartz, un Schrader et tant d’autres! Aujourd’hui, malgré les révolutions politiques qui tourmentent l'Europe, telle est [a noble et puissante impulsion de lesprit humain, que toutes les sciences sont cultivées avec une ardeur incroyable. Le botaniste ne se borne plus, comme autrefois, à l'examen superficiel des végétaux; il s’est créé une science nou- Lil 2 444 JOURNAL DE PHYSIQUE, -DE CHIMIE _velle, L'expérience lui a prouvé, contre les premières impressions et contre É préjugés qui en sont la suite, que les caractères les meilleurs pour éloigner ou rapprocher les espèces, ne se trouvent point toujours dans les organes les plus apparens; il examine, il compare, il décrit donc les moindres détails de l'organisation. C’est par ce travail, minutieux en apparence, u'il élève insensiblement la Botanique au rang des autres branches d l'Histoire naturelle. Cette’ assertion peut vous paroître basardée ; mais la connoissance des faits et la réflexion vous en feront sentir la justesse. Une erreur commune aux gens du monde et dont vous devez vous garantir, c’est, de croire qu’on est en état de juger le but et les moyens d’une sciénce sans en avoir faif une étude particulière. L'examen des détails, les recherches approfondies, les expé- riences délicates sont surtout nécessaires pour avancer la Phy- siologie végétale. L'anatomie qui en est la base, ne s’éclaire que par l'observation micrôscopique. Chaque jour voit paroître quel- ques travaux neufs sur l’organisation des plantes; la Chimie végé- tale contribue aussi aux perfectionnement de la Physiologie; enfin, le cultivateur commence à y chercher les principes fondamentaux de l'Agriculture. En suivant les progrès de l'esprit humain dans l'étude de la Botanique, on voit qu’il s’est avancé, comme dans les autres sciences , à la faveur des routes nouvelles frayées par quelques hommes célèbres, dont les noms suffisent pour rappeler les diffé- rentes phases heureuses ou malheureuses , de cette belle partie de l'Histoire naturelle. Ainsi nous remarqnaps: Théophraste, ou {a naissance de la Botanique : es fonctions des organes et leurs caractères sont presque ignorés; les espèces sont confondues ; nulle idée des genres et des méthodes; tout se borne à des notions empiriques ; Dioscoride et Pline, ou l’éude des livres substituée à celle de la Nature : Immédiatement après Théophraste, toutes les Ecoles s'égarent dans cette fausse route qui n’est abandonnée qu’à la renaissance des Let(res; Brunfels, Fusch, Tragus, etc...., ou l'observation et la com- paraison directes des faits : On revient à la Nature et la science s'élève sur des bases plus solides que dans les premiers temps; Gesner, ou Les fondemens de toute bonne classification : La fleur et le fruit sont reconnus pour les parties qui offrent les caractères les plus importans; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 445 Clusius, ou l’art de bien décrire les plantes : Les descrip- lions précises et méthodiques s'étendent à toutes les parties et deviennent comparatives ; Cæsalpin, ou l'introduction de la première méthode : Jus- qu'à lui on-avoit ignoré l'art de rapprocher ou d’éloignerles espèces par la considération de. certaines ressemblances ou différences organiques, et de conduire l'élève par voie d’induction, à la connoissance des faits ; Les Bauhin, ou /es modèles d'une bonne synonimie : On ap- prend äwapporter à chaque espèce tout ce que les auteurs en ont dit, quels que soient les noms qu'il leur ait plu de lui donner; Camerarius, ou {a connoissance des sexes : L’analogie des étamines et des pistils avec les organes mâles et femelles des animaux, est démontrée par l’expérience ; . Tournefort, ou l'établissement d'une méthode régulière : Les espèces forment des genres, les genres des ordres, les ordres des classes, et l’on arrive par une analyse sûre et facile, à la décou- verte dunom et des caractères de la plante qu’on veut connoître ; Leuwenhoek , Malpighi, Grew, Hales, ou /a naissance de l'Anatomieet de la Physiologie végétales : Les organes internes sont décrits et la Physiologié dévoile les mystères de la végétation; Linné, ou l'invention d’une langue philosophique : Tout est nommé; défini et classé selon lestrègles d’une métaphysique supérieure ; dis TEE Bernard de Jussieu, ou l’établissement. des familles natu- relles : Les plantes sont rapprochées ou éloignées par la con- sidération de l’ensemble des caractères, et la découverte de la méthode naturelle est proposée comme le but principal de la science. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES j Re : 1 Ÿ à 5 à THERMOMÊÈTRE EXTERIEUR BAROMÈTRE MÉTRIQUE. > E 5 CENTIGRADE. 8 2 2 | A me ——| 5 À “| Maximum. | Minimun. [a Mur Maxrmum. | Minimum. A [TZ MIDI. heures. k o heures. 59 heures. mill. | heures. ill mill. o 1là midi +4-10,62/à9 s. + 3,75|+r0,62/à05........2.740,56[À 7 me... ..... 742,28 745,10| 11,6 2là 3s. ++10,00 à 7m. —:0,62|+ 875/à midi... .....756,28 [92 S.........750,50|756,28| 11,3 3R3s. + 9,75 94s. + 6,504 9,50|à 9 4 s........ 762,42|à 7 m.....r ...748,60|754,30| 10,7 4là3s. + 9:25 7m. + 3,50o[+ 912là9s...... 7/00 20[A 07.0 ae eee 767,52|768,60| 11,3 £a 3s +'7o0ù7m, + 0,75|+ 4,75[à 84 m....... 769,38|à 105,....:,.. 764,66:768,32| 10,0 6[à 3s. + 6,90/6m. — 0,50! 4,124 8 m..,,....760,58à02s...:...757,72|759:42| 9,6 | 7là3s. “10,257 m, + 2,004 9,co/à65....,,.... 758,00 /à 7m. ....:754/80|755,12| 0,1 [à 345. +14,50là 7 m. ÆH10,00|+15,50|à 9 1s........753,50[à 3 £s.......:750,82|752,48] 11,2 , glaio;m+14,00à09%s. Æro,25|+r12,00[à 9 £s....,...757,44l4 6; m.,..... 753,64|755,50| 12,3 £ of 38. “#14,12]à 73 m.bro;oo|+-19,10|à 7 £m........ 758,24|à 35...:1....705,24|757,20| 113,7 Miina3s. “+io25à93%s. + 7,50o|[+ 9,65|à91s...:,.,.,.761,10/à 74 m....,..756,80|758,68| 11,5 BliolèSs. <+11,75/à4 m. + 7,50 +11,50là 7 m....... 760,24|à 10 5.. ......753,28|758,30, 11,3 Pmliglass. + 8,40! 985. + 3,25] + 7,75là ro m...... 749,74là 7 km.......749,20|740,64| 10,7 j|rgjàa midi + 6,507 £ m.+ o,50[+:6,50|à5 35....,...751,29à7+m....... 749,76[751,00| 10,0 1ofà midi + 8,70à7im.+ 3,75|4 8,75|à94s........749,90|à 75 m...... .742,80|743,32| 0,9 Hlioà midi + 7,51/à 105... 3,754 7,51[à 35.,....,..749,60fà 75m... .746,80|749sc0| 9,6 17 àa75m.+ 9,00/à 102s.+ 2,75] 5,25[a10+s.......740,00 à 7 me....... 739,30|742:96| 0,9 dl16 à midi + 6,007} m:+ 2,00[+ 6,00|à105.....,...753,12/à 7im....... 750,441751;268| 6,1 : 196: s. 10,50!à 7 im. 3,50|+ 8,00!à93s...... ...755,50|à 3 Sean 7538 754:82| 8,9 H|20/à midi <12,75)a9s. —,9,50|+12,72[à9 s........,. 760,66|à 7 + m....... 7958,72|759;76| 9,8 2rfàa midi +11,79/à7 Em. 8.50 +7r1,75|à 10 m...... 760,42/à 11 s.........759,12]760,04| 10,2 dz2là midi + 9,25|à10 55.4 8,004 9,25/à10+s:,.:... 759:76|à 72 mets enr 759‘12|759,30l 9,6 H|23/à midi + 7,4ofû1os. +6,25 7,40[à 104 m.:....759,84|à 35...... ...790,641759,52| 9,4 blaqghà 3s. + 77olairs. + 4,25|+ 5ooà 10+m...... 760,36|à72m....... 59,40|760,20| 8, 25/à3s. + 6,75là 9£s. + 4,25 6,5olà102m.......760,50|à à s..... .... 789 80 760,30] 8,4 A |26|à midi + 3,75 75m. 1,75] 3,75|à09 3 m.,...2 759,80|265...::.,.. 799,34|759;72| 6,7 M|27là3s. + 3oofà 75m,— 0,87 2,29|à 10+M..6...-700,40/2 91% S.++.5...700,58[750,70| 7,1 loola ds. + 179à75+m,— 1,754 1,50[à 7 4 m....... 754,48|à 38... ... ...753,22/754;04| 6,2 Ë 29|à midi ++ 1,/75à93s. — 1,75] + 1,75/À97S........750,40 175 m..: ... .755,52]756,50| 5,4 ie 25. + 0,50 7im.— 5,25|— 0,25|à 7+m....... 757,92|à 9 1 5........ 748,64|754,86| 3,5 M | Moyennes. + 6,96] + 3,78|+ 7,62| 757,911 __ 755,07[790,94| RECAPITULATIO N. Millim, Plus grande élévation du mercure. .... 769,38 le 5 Moindreélévation du mercure......... 745,00 le 17 Plus grand degré de chaleur,........ +12,75 le 20 Moindre degré de chaleur. .... Dot 0 — 5,25 le 39 Nombre de jours beaux....... 18 de couverts......,.. 120 de pluie. ..... HOridabr LE ENS DES POSE 30 depelée et rerre 0 de tonnerre.......: Me 1Q de brouillard.,......... 21 dEMCICE ER RER CREER I MONT EAST HONTE I Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cen- centièmes de millimètre. Comme les observations faites à midi sont ordinairement celles qu'on le thermomètre de correction. À la plus grande et à la plus petite élévation du baromètre conclus de l’ensemble des observations, d’où il sera aisé de déternier la température moyenne conséquent, sou élévation au-dessus du niveau de la mer. La température des caves est également “ me ‘sunog 1| 64 2] 64 3| 63 4] 85 5| &1 6| 76 71 91 (o) 92 e de 11| 66 12] 90 13] 85 14| 69 19 4 16 ë 17| 60 18] 61 19] 96 20] 9ù 21| 92 22| 69 23 ë 24] 80 25] 76 26| 68 27| 62 26] 59 a 60 30| 60 Moy. 02 A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS. NOVEMBRE 1813. POINTS . LUNAIRES. LE MATIN. A, MI D I. 0. P.Q.àrtb7/m.| Nuageux. Nuageux. Beau ciel, N-0. Idem , brouillard. |Petits nuages. Pluie. INè Pluie abondante. Lrèsnuageux. Pluie par intervalles, N-O. Nuageux, brouillard.| Quelques nuages. Très-nuageux. N. Brouillard épais. Beau ciel, broullard.|Nuageux. N-E. Petits nuages, brouil.| Idem, + Iacm. 0, Pluie, léger brouill. |Nuageux. Pluie. S-O. fort. |P.L.Ar1oh32/m| Pluie abondante. Pluie. Idem. Idem. |Lunepérigée, | Pluie fine. Pluie par intervalles. [Nuageux S. Idem, léger br. Idem , Jéger br. Couvert. S-0. Pluie. Pluie fine. Beau ciel. Idem Couvert. Couvert. Très-nuageux. ; Petite pluie, brouill. Idem. Beau ciel. Idem. Nuageux, br., gel. bl.|Couvert, brouillard. [Nuageux. S-0. D.Q.rah10m.| Pluie, léger brouill. |Très-nuageux , grêle.|Petite pluie. O. Couvert. Très-nuageux. Idem. O. fort. Pluie par intervalles. | Pluie par intervalles. [Pluie et neige. O-S-0. Nuageux, glace. Idem. Couvert. S-O. Couvert, brouillard. | Idem. Pluie. O. Idem ; temps hum.|Couvert, léger br, |Couvert. S-E. Couvert, brouillard. Taem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. E. N.L.àoh7m.| Jdem. Idem. Idem. N-E. Lune apogée.| Zdem. Idem. Nuageux. Idem Idem. Nuageux. Couvert. Idem. Lier. Couvert. Idem. Idem. Beau ciel, brouillard! Beau ciel. Beau ciel. Idem. , Idem. Idem Nuageux par inlerv. Idem, Idem. Très-nuageux. Superbe. ES-E. Idem, Légères vapeurs. Couvert. RÉ CAPITULATI ON. INA ee tecmeoeru2 INDI DESERT DerdeÉle CET ÉPÉT ES CEE HeNR 2 Jours dont le vent a soufflé du Re PETER = SO cure 5 (Cia 2 EM) NES Botte GORE: * Therm. des caves le 1° 122,098 | le 16 12°,098 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 40"*70= 1 pouces6 lig. tigrade , et la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire en millimètres et emploie généralement dans les déterminations des hauteurs par le baromètre, on a mis à côté et du thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le r2aximurn et le minimum moyens, du mois et de l’année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris et par exprimée en degrés centésimaux, afin de rendre ce Tableau uniforme, 448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE QUELQUES OBSERVATIONS ULTÉRIEURES SUR UNE NOUVELLE SUBSTANCE DÉTONANTE, EXTRAITES D’UNE LETTRE A L'HONORABLE SIR JOSEPH BANKS, Par Sir Humpary DAVY, EXTRAIT des Transactions Philosophiques. Lues devant la Société royale, le 1er juillet, Mox cHER MoNSsiEUR, Dans une Lettre que vous avez bien voulu communiquer à la Société royale, je vous ai rendu compte de nouveaux faits relatifs à un nouveau composé détonant. J’ai l'honneur aujour d'hui de vous faire part de quelques autres qui ont rapport au même sujet. Je reçus au mois d'avril un double de la Lettre dans laquelle cette découverte étoit annoncée. Elle contenoit un appendix où l’on trouvoit décrite la méthode à suivre pour la préparer, M. Ampère, mon correspondant, dit, dans cette Lettre, que l’auteur l'a obtenue en faisant passer un mélange d’azote et de chlorine à travers des solutions aqueuses de sulfate, ou de muriate d’'ammoniac. D’après cela, il est clair que la substance découverte en France, est la même que celle qui a occasionné mon accident. L’azote ne peut pas être nécessaire, puisqu'on obtient le résultat par l'exposition du chlorine pur à tous les sels ammoniacs communs, Depuis que j’ai recouvré l’usage de mes yeux, j'ai fait quelques expériences sur ce composé. Il est probable que plusieurs d’elles ont été tentées auparavant en France ; mais comme aucun des Journaux étrangers que nous avors recus jusqu'ici ne parlent des recherches de M. Dulong sur cette sübstance et que d’ailleurs il existe quelque doute et quelque diflérence d’opinion sur sa nature ES ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 nature relativement à sa composition, j'ai cru que des détails sur sa nature et ses propriétés ne seroient pas tout-à-fait dénués d'intérêt. ‘ Je me flatte d’avoir déterminé sa pesanteur spécifique avec précision, en comparant son poids à 61° de Fabrenheit , avec celui d’un volume égal d’eau. 8,6 grains de ce composé, dégagés avec soin de la solution saline dans pi ue ils avoient élé pro- duits, remplirent un espace égal à celui occupé par 5,2 grains d’eau; par conséquent sa pesanteur spécifique est 1,653. Lorsque le composé est artificiellement refroidi, soit dans l'eau , soit dans une solution de nitrate d’ammoniac, le fluide environnant se congèle à une température un peu au-dessous de 40° de Fahrenheit; ce qui paroît provenir de ce qu'il se change en une solution de chlorine : en eflet, comme je l'ai avancé dans un Mémoire publié dans les Transactions Philo- sophiques, la solution saturée de chlorine dans l’eau se gèle aisément. La congélation du fluide en contact avec le nouveau composé, me conduisit, lorsque j'opérai dessus en très-petites quantités, à supposer qu'il pourroit devenir aisément solide en le refroidissant; mais en faisant des expériences sur lui sans le contact de l’eau, j'ai trouvé qu’exposé à un mélange de glace et de muriate de chaux, il ne se gèle pas. Ce composé disparoît graduellement dans l’eau en produisant de l’azote, l’eau devient acide, elle a le goût et l’odeur d’une foible solution d’acide nitro-muriatique. | Ce composé, lorsqu'il est introduit dans une solution con- centrée d'acide muriatique, se résout promptement de lui-même en gaz, en donnant beaucoup plus que son propre poids de ‘Fluide élastique qui est du chlorine pur; et la solution évaporée donne du muriate d’ammonmiac. Dans l'acide nitrique concentré, il donna de l'azote. Dans l’acide sulfurique délayé, il offrit un mélange d’azote et d’oxigène. Il détona dans de fortes solutions d’ammoniac, et produisit de l’azote dans de foibles solutions. : Dans le sulfurane, le phosphoraneet]le carbure desoufre, il s'y unit, ou bien il tomba en solution, sans aucune violence d'action; et s’est dissous dans une solution modérément forte d’acide fluo- æique et lui donnoit le pouvoir d’agir sur l'argent. Tome LXXVP1II. DÉCEMBRE an 1813. Mmm 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Exposé au mercure pur hors du contact de l’eau, les résultats étoient une poussière blanche et de l'azote. La première expérience que je fis après mon accident, pour déterminer la composition de la substance détonante, fut de l'élever en vapeur dans des vaisseaux vides de l'air atmosphé- rique totalement ou en partie, et alors de la décomposer à l'aide de la chaleur; mais dans les expériences de cette espèce, quoique toute la substance se fût réduite par expansion en ma- tière élastique, néanmoins le vaisseau se brisa souvent par la force de l'explosion, et plusieurs fois de fortes détonations eurent lieu durant le temps qu'on faisoit le vide, probablement à cause du contact de la vapeur de la substance avec l'huile employée dans la pompe. Dans la seule expérience où je pus examiner les produits de l’ex- -plosion de la substance dans un vaisseau fermé, ïl ne se forma ni eau, ni acide muriatique, il y eut production de chlorine et d'azote; mais il me fut impossible d'asseoir une opinion exacle, relativement aux proportions de la matière gazeuse qui se développa, une quantité inconnue d’air commun ayant dû rester daus le vaisseau, mélangée avec la vapeur. L'action du mercure sur le composé, parut offrir un mode plus exact et moins dangereux, d'obtenir son analyse; mais en introduisant deux grains de cette substance sous un tube de verre rempli de mercure et renversé, une violente détonation qui eut lieu, me blessa légérement à la tête et aux mains, accident qui auroit eu pour moi des suites plus fâcheuses, sans une espèce de masque de verre Pa garantit mon visage et mes yeux, précaution indispensable dans toutes les expériences que l’on fait sur ce composé. En l’employant en plus petites quantités, et en faisant usage de mercure nouvellement distillé, jai obtenu des résuhtats sans aucune action violente; et quoiqu'il soit probable que quelque circonstance accidentelle puisse avoir occasionné l'explosion des deux grains, néanmoins dans les expériences subséquentes, j'ai cru qu’il étoit de la prudence de n’employer que des quantités telles, qu’en cas de détonation elles ne pussent occasionner aucun accident fâcheux. Dans l'expérience la plus exacte que j'aie faite, Z d’un grain du composé, par son action sur le mercure, donnèrent une quantité du gaz azote qui remplit un espace égal aux 49 grains d'eau. Je ramassai la poussière blanche qui s’étoit formée ET D'HISTOIRE NATURELLE. 451 dans cette opération et dans d’autres de la même espèce ; et jeles exposai à la chaleur. Elle se sublima sans éprouver la moindre altération et sans donner aucune matière élastique ou fluide; ce qui paroît prouver que le composé ne contient ni de lhy- drogène, ni de l’oxigène. La substance sublimée eut les propriétés d’un mélange de sublimé corrosif et de calomel. En calculant les résultats de cette expérience, on doit con- clure que le composé renferme 57 d’azote sur 6.43 de chlorine en poids, ou 19 à 81 en volume ; mais celte quantité d'azote est probablement moindre que la véritable proportion, car il a dû y avoir quelque perte dans l’évaporation, pendant le temps où le composé a été transféré, et il est possible qu’une petite quantité de cette substance se soit attachée au mercure qui n'étoit pas immédiatement dans le tube. La décomposition dans ce procédé est très-simple, et lon doit supposer qu’elle dépend de l'attraction du mercure pour le chlorine , en conséquence de laquelle l'azote est dégagé. Au reste, si le résultat ne démontre pas strictement les proportions du chlorine et de l'azote dans le composé, il semble du moins indiquer que ces substances sont ses seules parties constituantes. Comme le muriate d’ammoniac et de chlorine sont les seuls produits résultans de son action sur, la solution d’acide muria- tique, il semble raisonnable d'en conclure, que cette action dépend de la décomposition d’une partie de l'acide muriatique, per l'attraction de l’azote du nouveau composé pour l'hydro- gène, à l'effet de former l’ammoniac qui, au moment de sa production, se combine avec une autre portion de l'acide, le chlorine des deux composés étant dégagé, Par conséquent la quantité de chlorine formée d’une certaine quantité du composé, une fois connue, il est aisé de déterminer la composition du composé. En eflet, l’ammoniac étant formé de trois volumes d'hydrogène et d’un volume d'azote, et l'acide muriatique, d’un volume d'hydrogène et d’un volume de chlorine, il est évident que pour trois volumes de chlorine développés par la décomposition de l'acide muriatique, un volume d'azote doit être détaché du composé; et le poids du chlorine dans le composé, doit être moindre que le poids de la quantité entière du chlorine, produite par une portion qui est l’azote dans le composé comme 295 à 2295, si l'on considère les pesanteurs relatives des deux gaz, comme 2,627 et 1. Mm m 2 CE JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Deux grains du composé à la température de 62° de Fah- renheith, et sous une pression de l'atmosphère égale à celle de 30,1 pouces du mercure, exposés à une forte solution d'acide murialique, dans un appareil convenable, donnèrent 3,91 pouces cubes de chlorine. Dans une autre expérience, un grain du composé donna 1,025 pouces cubes de chlorine. Dans une troisième expérience, un grain produisit seulement 1,92 pouces cubes. Dans les deux dernières expériences le composé agissoit beaucoup plus lentement et le gaz produit exposé à une surface plus grande de solution d’acide muriatique; et l'apparence d’une proportion relative plus petite de chlorine, doit étre attribuée à l'absorption par l'acide liquide d’une plus grande proportion de ce gaz. En exposant au chlorine la solution concentrée d’acide muiialique, j'ai trouvé qu’elle absorboit bientôt à peu près son volume de ce gaz. J'ai essayé de faire disparoître la cause de l’erreur dans l’expé- rieace, en employant l'acide muriatique liquide qui contenoit ou qui avoit absorbé du chlorine en solution. Maïs dans ce cas, la promptitude de l’action du composé sur l'acide diminua beaucoup, et comme il ne fut pas facile d'obtenir le point de saturation ab- solue de l'acide avec le chlorine , une petite quantité du gaz fut absorbée dans l’état naissant , durant sa lente production; et dans la plupart des expériences que j'ai faites de cette manière , j'ai obtenu moins de chlorine d’un poids donné du composé, qu'en opérant sur la solution pure d’acide muriatique. L’acide muriatique liquide soit concentré , soit délayé, dans son état pur m’affecte pas la couleur de la solution sulfurique del’indigo, mais elle est immédiatement détruite par des solutions qui renferment du chlorine dissous dans ces mêmes solutions. La quantité de solution d'indigo privée de couleur par une quantité donnée de solution de chlorine, est directement comme la proportion de chlorine qu’elle renferme ; et je trouve que la même quantité de chlorine dissoute dans une grande ou une p°tite quantité de solution d’acide muriatique , détruit la couleur de la même quantité de liqueur bleue. Il fut aisé dans cette circonstance, de trouver une méthode de déterminer la quantité précise de chlorine produite dans la solution d'acide muriatique, d’une quantité donnée du com- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 453 posé, savoir : en comparant le pouvoir d’une quantité donnée d'acide muriatique contenant une quantité connue de chlorine pour détruire la couleur des solutions d'indigo, avec celui de l'acide muriatique dans lequel le composé a produit du chlorine. Je fis deux expériences : dans la première, un graia du com- posé fut exposé sur Üne large surface, sous un tube renversé, dans six pouces cubes environ de solution d'acide muriatique, et le chlorine absorbé par lagitation aussitôt qu'il eut été formé, L’acide ainsi traité, détruisit la couleur de sept pouces cubes d’une solution sulfurique délayée d’indigo. J’ai trouvé, après plu- sieurs essais comparalifs, que le même effet étoit également produit dans une autre portion égale de la même solution, par 2,2 pouces cubes de chlorine dissous dans la même quantité d'acide muriatique. Dans la seconde expérience 1,3 pouces cubes se développèrent dans la forme gazeuse, le thermomètre étant à 58° et le baro- mètre à 30,33, et par l’épfeuve de la solution d’indigo, j'ai trouvé que 7%. d’un pouce cube restoient dissous dans l'acide. . Maintenant, en prenant le terme moyen de ces deux expé- riences, il paroïit que 1,61 grains de chlorine sont produits dans la solution d'acide muriatique, par l’action d'un grain du com- posé, et en calculant d’après les données qui viennent d’être exposées, le composé doit renfermer en poids 91 de chlorine et 9 d'azote, ce qui en volume, sera à peu près de 19 à 30; esti- mation qui diffère bien peu de celle obtenue par laction du mercure sur Le composé. On peut conclure avec raison, que le principe de la combi- naison du corps gazeux en volume défini , imaginé par M. Gay- Lussac, s'applique strictement à ce composé, et qu’il consiste réellement en quatre volumes de chlorine sur un d'azote, et que les volumes coïncident exactement aussi avec les lois des proportions définies; enfin que le composé détonant peut être regardé comme un composé d’une proportion d’azote 26, et de quatre proportions de chlorine 268. - J’ai tenté une expérience comparative sur les proportions dans le composé, en estimant la quantité d’azote par lui pro- duite dans la décomposition de l’ammonjiac; mais j'ai trouvé qu'avec ce procédé il éloit impossible d'obtenir une analyse. En effet, l'eau parut se décomposer en même temps que l’aru- 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moniac, et l'acide nitrique se forma; en conséquence la quantité d’azote développée fut beaucoup moindre qu’elle n’auroit été, en supposant l'ammoniac décomposé, par la simple attraction du chlorine pour l'hydrogène. : Les résultats de l'analyse du nouveau composé sont intéressans pour plusieurs raisons, Ils font voir, ce qui paroissoit probable d’après d’autres faits, . qu'il »’y a point de loi stricte d’analogie qui règle la combi- naison de la même substance avec différentes substances. Comme trois portions d'hydrogène se combinent avec une d'azote, et une d'hydrogène avec une de chlorine, j'ai présumé qu'il étoit probable que le nouveau composé contint trois proportions de chlorine sur une d’azote, ce qui n’est pas le cas. Ce composé est le premier exemple connu d’une proportion d'une substance s’unissant à quatre proportions d’une autre subs- lance, sans aucun composé intermédiaire d’un et 1,ret2,etr, et 3; et ce fait doit nous rendre très-circonspects, lorsque nous adoptons des idées hypothétiques sur la composition des corps, d’après les rapports des quantités dans lesquelles ils se combinent. Ceux qui prétendent qu’il doit exister une proportion d’oxigène dans l’azote, parce qu’il doit y avoir six proportions dans l’acide nitrique au lieu de cinq qui en proviennent par l'analyse, sou- tiendront avec autant de raison, que le chlorine doit renfer- mer une quantité d'azote multiple de celle existante dans le composé, Il peut être utile de faire voir qu’il est aisé de baser plusieurs hypothèses sur les mêmes principes, hypothèses qui doivent éga- lement être incertaines. Des idées de cette nature peuvent être bonnes à guider dans ses recherches, le chimiste qui pratique; mais le philosophe évite avec soin de les présenter avecassurance, et de les confondre avec les résultats appuyés sur des faits. Le composé de chlorine et d’azote s'accorde avec les composés de la même substance, dans lesquels entrent le soufre, le phos- hore et les métaux, en ce qu’il n’est point un conducteur d'électricité. Ces composés sont également décomposables par la chaleur, quoiqu'ils exigent l’électricité de Volta. Le soufre se combine seulement dans une proportion avec le chlorine. De là l’action du sulfurane, ou de la liqueur mu- riatique du docteur Thomson sur l'eau, ressemble à celle dy ET D'HISTOIRE NATURELLE. 455 nouveau composé, en ce qu’il n’est point un simple phénomène d’une décomposition double. Il seranécessaire ensuite de donner un nom à ce nouveau corps ; azotane est celui sous lequel jele désignerois, d’après mes idées sur son analogie, relativement aux autres substances qui renferment du chlorine; mais imparfaite et fluctuante comme l’est encore la nomenclature chimique, je ne n’empresserai pas d’adopter aucun terme nouveau, surtout pour l’appliquer à une substance que je n’ai point découverte. . Je suis, # L Monsieur, avec la considération la plus distinguée, votre, etc., Humpxry DAVY, 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LETTRE SUR LA NOUVELLE SUBSTANCE DÉCOUVERTE rar M. COURTOIS DANS LE SEL DE VAREC, À M. LE CHEVALIER CUVIER, PAR Sir Humpary DAVY. Paris, le 11 décembre 1815. MONSIEUR, Je vous ai dit, il y a 8 jours, que je n’avois pu découvrir l'acide muriatique dans aucun des produits de la nouvelle subs- tance découverte par M. Courtois dans le seZ de varec, et que je regardois l'acide qu'y a fait naître le phosphore dans les ex- périences de MM. Désormes et Clément, comme un composé de cette nouvelle substance et d'hydrogène, et la substance elle- même, comme un corps nouveau jusqu'à présent indécomposé et appartenant à la classe des substances qui ont été nommées acidifiantes ou entretenant la combustion. Vous m'avez fait l'honneur de me demander communication de mes idées par écrit. Plusieurs chimistes s’occupant aujourd'hui de cet objet, ilest probable qu’une partie de mes conclusions auront été éga- lement trouvées par eux, et principalement par M. Gay-Lussac, dont la sagacité et l’habileté doivent nous faire espérer une histoire complète de cette substance; mais puisque vous pensez qu'une comparaison de différentes vues et d'expériences, faites d’après différens plans, pourroit répandre plus de lumières dans un champ de recherches si nouveau et s1 intéressant, je vous communiquerai mes résultats généraux. Je vous ai parlé de la combustion du potassium dans cette substance, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 457 substance, quand elle est sous forme gazeuse, laquelle se fait avec une belle flamme bleue. Je me suis assuré que le produit de cette combustion n’est qu'un composé binaire de deux ma- tières , et qu'aucun gaz ne se manifeste dans l’opération. Lorsque le potassium est soumis à l’action du gaz acide produit par la substance distillée avec le phosphore, il n’y brûle point comme dans le gaz acide muriatique, mais il le décompose et donne le même résultat que lorsque la substance elle-même agit sur le potassium, et il reste une partie en volume d’hydrogène pour deux parties de gaz acide employé. D’autres métaux chauffés dans le gaz, offrent des phénomènes semblables, et même le mercure agit sur lui à froid, ensorte qu'on ne peut le garder long-temps sur cette substance. Dans tous ces cas Le produit est un composé du métal et de la subs- tance, et il se Le de l'hydrogène. j _Le gaz acide paroît s'unir en volume égal avec le gaz ammo- niacal, et montre une grande attraction pour l’eau. Je ne puis douter que l'humidité adhérente à la substance ne soit la principale cause de la production du gaz acide lors de son action sur le phosphore; à proportion qu'elle est délivrée de l'humidité, elle donne moins de gaz; mais je n’ai pu en em- pêcher entièrement la formation. Je suis disposé à a DER cette impossibilité à un peu d'hydrogène qu’il y a dans le phosphore, et que la pile voltaïque y démontre, ainsi que je m'en suis assuré dans d’autres expériences. J’ai examiné avec grand soin les combinaisons de la subs- tance, dans la vue de déterminer si l’on ne pourroit en retirer ni gaz chlorine, ni gaz muriatique; mais je n’en ai obtenu aucun. Les précipités que les solutions de la substance ou de son gaz acide produisent dans le nitrate d’argent, ne sont que des combinaisons de cette substance et d'argent; dont on peut la retirer sans altération, et je les ai unis directement , en laissant passer du gaz violet sur de l'argent chauffé au rouge ; il se com- bine ainsi avec l'argent et forme un corps entièrement semblable aux susdits précipités. De même que je n'ai pu découvrir de chlorine ou gaz oxi- muriatique dans la substance, je n’ai pu y découvrir non plus - aucun oxigène. J'ai exposé plusieurs de ses combinaisons mé- talliques et sa combinaison phosphorique à l'ammoniac pur: Tome LXXV1I. DÉCEMBRE an 1813. Nan 428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE elle s’est combinée rapidement avec ces composés par la clias leur; mais la sublimation n’a produit ni oxides, ni eorps oxidés, Sa combinaison avec l'étain a les propriétés d’un acide, et s’unit sans décomposition avec les alcalis. Sa combinaison avec le fer qui, lorsqu'elle est dissoute dans l'eau, donne un précipité d’oxide de fer par l'ammoniac, n’en donne point quand elle est sèche et traitée par du gaz ammo: niac sec. MM. Désormes et Clément ont établi que l’oxigène n’a point d'action sur elle; j'ai trouvé qu’elle n’en éprouve point, même quand on la projette sur lhyperoxi muriatique de potasse chauflé au rouge. Elle se combine rapidement avec le chlorine ou gaz oxi-mu- riatique, et forme avec lui un solide cristallisé jaune, très-fu- sible et très-volatil, et qui, lorsqu’on le dissout dans l’eau, donne un acide qui rougit d’abord les bleus végétaux et les détruit ensuite, comme le chlorine oxigéné, ou euchlorine. À cet égard, aussi bien que par la nature des composés qu’elle forme avec les métaux, cette substance ressemble à l’exigène. Elle lui ressemble également, en ce que Le chlorine la chasse de ses combinaisons. Quand on chauffe les combinaisons de la nouvelle substance avec l'argent, le potassium, le plomb et le mercure, dans le chlorine on voit paroître le gaz violet; mais il se combine bientôt avec le chlorine en excès, et l’on obtient un chloride du métal. Sous quelques autres rapports, elle ressemble au chlorine ; par exemple, elle forme de même un acide avec l'hydrogène, et n’agit point sur le carbone; elle ressemble aussi au chlorine en ce que l’oxigène la chasse du phosphore. Quand on fait passer sa combinaison avec le phosphore en vapeur, par un tube chauflé au rouge avec de l’oxigène, il se produit de l’acide phosphorique, et le gaz violet reparoît. Un autre rapport avec le chlorine, c’est qu’en agissant sue Jes alcalis fixes, elle forme dans la même solution des combi- naisons binaires et des combinaisons triples. L’oxigène de l’alcali se combine tout entier avec une portion de la substance pour donner un composé fernaire, qui est peu soluble, et qui se _—— ET D'HISTOIRE NATURELLE, 459 précipite en cristaux, et il se forme en même temps un com- posé binaire du métal de l’alcali et de la substance, qui reste dissout. J’ai examiné les composés ternaires que j'ai obtenus de tous les alcalis fixes soumis aux mêmes expériences, nommément ceux de potasse, de soude et de baryte, et j'en ai retiré, en les chauf- fant, une grande quantité d’oxigène; le résidu est lé composé de là nouvelle substance et du métal. Ces sels détonent avec le charbon et d'autres corps combus- tibles; ils n’abandonnent pas leur oxigène aussi rapidement que les suroxi -mufiates, et on pourra probablement les employer comme le nitre. MM. Désormes et Clément ont décrit la poudre détonante que la nouvelle substance mp par Pammoniac. Je la regarde comme un composé de la nouvelle substance et d’azote; car quand la substance agit sur l’'ammoniac , il se produit un sel contenant de l’ammoniac et du nouvel acide, lequel con- âiste en hydrogène combiné avec la substance, et que l’on obtient, par l’évaporation; l’azote ne se manifeste point; ce qui doit faire penser qu’il est resté dans la poudre noire, Lorsqu'on fait détoner cette poudre dans un tube de verre en partie privé d'air, on obtient la nouvelle substance et un gaz qui n’entretient point la flamme, — Ce composé fulminant résultant de lunion de l'azote à la nouvelle substance, nous montre une nouvelle analogie avec le chlorine. J’ai fait quelques expériences pour démontrer la proportion définie dans laquelle la nouvelle substance se combine. Avec le potassium et le sodium, cette proportion paroît beaucoup plus que double de celle du chlorine , et considérant l’oxigène 15 et le chlorine 67, elle est entre 160 et 170. Cette proportion et son état solide expliquent suffisamment pourquoi elle donne si peu de chaleur et si rarement de la lu- mière lorsqu'elle se combine. En considérant sa couleur, son éclat, et son poids, on pourroit la regarder comme un métal: mais son énergie chimique la classe avec l’oxigène, le chlorine, la fluorine; elle n’est point conductrice de l'électricité, et son énergie est négative par rapport aux métaux, mais positive par rapport au chlorine; car j'ai trouvé, en électrisant la solution aqueuse de l’acide composé Nuuz —— à60. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de chlorine et de cette substance, qu’elle se porte vers la surface négative, tandis que dans ses combinaisons alcalines elle se porte vers la surface positive. J’ai essayé de la décomposer en l’exposant à l’état gazeux dans un petit tube, à l’action de la pile de Volta par un fila- ment de charbon qui devient chauffé jusqu’au rouge durant l'opération. Il se forme dans le commencement un peu d’acide, mais cette formation cesse bientôt, et quand le charbon a été chauffé au rouge, la substance n’a éprouvé aucune altération. Je suis, Monsieur, avec une haute considération, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, Humrxry DAVY. o ET D'HISTOIRE NATURELLE. 46r EEE a LETTRE DE M. FLAUGERGUES A J.-C. DELAMÉTHERIE, SUR UNE OBSERVATION DE LA COMÈTE DE 1817, FAITE DANS LA CAPITALE DES COSAQUES. À Viviers, le 6 novembre 1813. MONSIEUR, J’ai cru que le fait suivant, qui n’a pas d’exemple, pourroit vous paroître assez intéressant, et que vous jugeriez que l’an- nonce pourroit faire assez de plaisir aux astronomes pour être rendu public. Il s’agit d’une troisième réapparition de la belle comète de 1817, qui a échappé à tous les astronomes de l'Europe, qui ne croyoient pas à sa possibilité. Voici le fait. » » > » >» » p)] » « La comète découverte à Viviers le 25 mars 18171, qui disparut à la fin de mai pour reparoître avec tant d’éclat à la fin d'août, et qui fut ne jusqu’au milieu du mois de janvier 1812, a reparu encore une troisième fois après une seconde conjonction avec le soleil. Cette comète a été vue et observée dix-neuf fois depuis le 19 juillet jusqu'au 5 août r812,à Novi-Tcherkasks, capitale des Cosaques du Don, ar M. Wisniewsky, astronome de l’Académie impériale de EE Pate honte. alors en voyage et en mission pour le Cau- case. C’est M. Fuss, secrétaire de la même Académie et gendre de l’immortel Euler, qui l’a appris aux astronomes. Une comète observée pendant 17 mois, et à trois réapparitions successives, est un fait inoui dans les fastes de l’Astronomie. On travaille à calculer l’orbite e//iptique de cette comète, pour prédire son retour. Aucune n'a présenté pour cela autant d'avantages: mais le résultat de ces calculs sera toujours bien incertain, puisque la masse de cette comète étant absolument connue, on ne peut calculer les perturbations qu’elle éprouve de la part des planètes qui cependant peuvent changer prodigieu- sement cette orbite, etc. » 462 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LETTRE DE M. pe NELIS, A J.-C, DELAMÉTHERIE, SUR L'ACTION ÉLECTRIQUE. Malines, le 30 octobre 1813. MoNSsIEUR, Tous les métaux que j’ai soumis depuis-huit ans à l’action électrique, m'ont d’abord présenté une ténacité différente des tables, comme je l’ai remarqué dans ma première Lettre, tome LXT, pag. 46, de votre Journal; maïs comme je soup+ connois , dès-lors, que le fluide en passant par les pores de ces substances, N exercoit une action oxidante, Je n'ai pu le prouver que depuis l’année dernière; car, jusqu'aux expériences sur les carrés de fer et d'argent, l’on pouvoit me dire que la destruction du fond des cylindres provenoit de l'expansion. En eflet, les parois latérales n’étoient jamais assez fortes pour résister à l'action qui se développe au moment que le fluide gazitie là larelle entourée d’eau ou d’huile d'olive. Mais lorsque 28 lignes du meilleur fer, après avoir été soumises à 200 explosions, ont un fond de 5 lignes détruit, et que cette destruction étoit, dans sa plus grande largeur, de 3 lignes de diamètre, peut-on douter de la seconde action, quand elle a été opérée sans la moindre expansion latérale ? À Le carré d’argent, au contraire, a recu une dilatation éton- nante et a résisté à l’oxidation; ce qui confirme les expériences de M. Van Marum, car le fond s’étoit élevé de près de 3 lignes, et lexcavation étoit d’environ 18 lignes dans sa plus grande dimension latérale, et pourtant le fond présentoit encore une épaisseur de près de 3 lignes. Comme la comparaison de tous les métaux soumis à cette action seroit trop fastidieuse , j'ai imaginé un appareil propre à en soumettre plusieurs à-la-fois, dont je joins ici le dessin , Jigure première, pl. are, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 456 Elle présente deux tables : sur l’une est placée la grande bat- terie, représentée ici par trois bouteilles À, dont lune a une tige qui réunit toutes les armures intérieures, La seconde a trois plaques de plomb B, qui sont séparées d'environ deux pouces. Deux tiges de cuivre C, soudées sur la plaque et terminées à bouton, sont courbées pour pouvoir étre mises en contact avec les aiguilles d’acier D, où sont attachées les lamelles de plomb. (Voyez pl. 2, juin 1806, et planche de la figure qui représente l'action du fluide qui sort d’un-carreau saupoudré, et l'aiguille et la lamelle AB, mars 1810.) Les deux cylindres E, posés sur les seconde et troisième plaques, forment le cercle métallique par la bande de plomb F qui unit la der- nière plaque B au plomb, sur lequel repose la grande batterie, lorsqu'on pose un bout de lexcitateur à manche de verre et que l’on porte l’autre contre la tige de la batterie A. Pour éviter l’élancement des aiguilles et de la vapeur de l'huile, on pose sur les plaques une caisse de bois, en prenant la précaution de ne pas couvrir entièrement la première plaque, pour pouvoir y poser l’excitateur. Si l’on veut soumettre à-la-fois plus de deux métaux, on mul- tiplie les plaques à volonté, et si l’on fait l'expérience avec un seul carré, ou cylindre, l’on enlève la première plaque, et le cylindre ou carré se pose sur la seconde. Je ne crois pas avoir remarqué dans les Lettres précédentes, que toutes les personnes qui ont des batteries de 8 à 10 pieds d'armure, et même deux à trois bouteilles, peuvent vérifier, soit avecle plomb ou l’étain , la force expansive qui se développe dans cette expérience; car M. Dagonau, dont je parle dans ma Lettre (février 1806, pag. 154), a déchiré un petit cylindre de plomb laminé et bien soudé, avec environ 3 pieds d’armure. Pour obtenir, avec cette petite quantité de fluide, la gazification métallique, il a pris une fine bande de papier argenté de faux argent, l’a collée contre le dos d’une plume, fixée ensuite avec un fil de lin contre l'aiguille du côté de la dorure, et par le seul intermède de l’eau, il est parvenu, par un certain nombre d'actions de cette petite batterie, à déchirer le métal, comme 100 pieds déchirent plusieurs lignes de fer. Que ne doit-on pas attendre d’une force telle que celle de la batterie du Musée d'Haarlem, si M. Van-Marum vouloit y soumettre des masses métalliques ? à64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si ces expériences lendent à prouver deux actions distinctes qu’exerce le fluide électrique par la détonation de la bouteille de Leyde, il me semble (en combinant l'expérience qui fait objet de ma Lettre insérée dans le Journal de mai r808, avec celle du mois de septembre de la même année, par laquelle j'ai obtenu le transfert de M. Day, au moyen de deux gros fils métal- liques insérés dans un tube rempli aux - d’eau) que le seul courant, qui agit dans la charge de la bouteille de Leyde, est encore plus évidemment démontré par ces deux faits; d'autant plus, que linterception des traces que laisse le fluideen traversant les pores d’un carreau non garni, pressé seulement par deux ai- guilles, concourt à cette preuve. Comme l'appareil est assez com- pliqué, j'en joins ici le dessin, et j'ose me flatter, Monsieur, que vous voudrez bien le publier avec cette Lettre, de mème qu'un précis de toutes mes Lettres que vous avez eu la com- plaisance d'insérer dans votre excellent Journal, depuis douze ans. J'y joindrai celles que je me propose de tenter pendant la bonne saison que les premières gelées vont nous donner pour les expériences électriques , qui ne réussissent bien que pendant l'hiver; je tâcherai d’en former un ensemble propre à jeter du jour sur cette matière fugace, qui ressemblant au Protée de la Fable, nous échappe sans cesse lorsqu'on croit l'avoir saisie. Fig. 2. À est une petite bouteille qui par mon appareil à grande roue, est un disque qui n’a pas 32 pouces, détone à chaque seconde, au moyen de la tringle recourbée à bouton bien arrondi. Cette tringle placée vis-à-vis du bouton à tige de la bouteille, est vissée dans la plaque de cuivre qui sert de support bien isolé par la colonne de verre D. Les tuyaux C, d'environ 10 à 12 lignes de diamètre et longs de 3 pieds, con- tiennent chacun deux gros fils d’argent tournés en spirale, qui se présentent leurs pointes à une ou deux lignes de distance. Fermés hermétiquement avec des bouchons de liége entourés de cire d'Espagne, ils sont remplis d’eau aux +. Les fils sortent de quelques lignes des bouchons avec des pointes bien etfilées. Je rends ces fils d’égale longueur ; mais le dessin les représente différemment, pour que l’arrangement et la distance ne soient as cachés par le support à colonne de verre. Ces colonnes sont d’une hauteur inégale, pour que le premier tuyau puisse présenter la pointe métallique presqu’à contact du bouton de la plus longue tringle recourbée, qui doit recevoir le fluide du disque par l'autre pointe, qui se place devant le premier conducteur, tandis que ET D'HISTOIRE NATURELLE. 465 que le second tuyau doit d’un côté être en communication avec la plaque de cuivre sur laquelle repose la petite bouteille, et de l'autre par la chaîne E, qui s’aitache avec un peu de cire à la pointe opposée pour éconduire le fluide des parois négatives au sol. Faites agir le disque pendant quatre à cinq heures : les produits métalliques que le fluide abandonne à la sortie du pape fil pour passer dans l'autre, se seront portés à travers ’eau sur la surface du second fil, tant dans le tuyau qui charge la bouteille , que dans celui qui éconduit le fluide vers le sol: détachez alors la chaîne de celui-ci, tournez le tuyau et placez la pointe du fil enduit conte la plaque, après avoir attaché la chaîne à la pointe qui recevoit, pendant la première expérience, le fluide de la plaque. On tourne de même les fils du tube, qui transmettent la charge du disque au bouton de la petite bou- teille, et l'on verra que le transfert se fera également dans les deux tubes. Par conséquent il y a un seul courant, que M. Francklin, s'il vivoit, expliqueroit par le dépouillement, sans pénétration du fluide à travers les pores de la bouteille , explication qui me paroît répugner à toutes les lois de la Physique; tandis qu'on la trouve dans l'attraction moléculaire, modifiée par la loi gé- nérale des masses, que M. Berthollet a si heureusement appliquée à la Chimie. J'ose espérer qu’en combinant trois ou quatre faits, que je crois avoir eu le bonheur de trouver depuis vingt ans que je m'occupe des recherches électriques, avec ceux découverts par les autres physiciens , ilsen naîtra une théorie électrique fondée sur la loi générale de la nature qui préside à l'attraction céleste et terrestre. Tome LXXVII. DÉCEMBRE an 1813. Ovo 406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOTE SUR UNE NOUVELLE SUBSTANCE OBTENUE DES CENDRES DE VAREC. LL $ EXTRAIT du Moniteur. CourTois, salpêtrier à Paris, en lessivant des cendres de’ varec, observa dans les eaux un résidu cristallisé irréguliè- rement. MM. Désormes et Clément ont fait différentes expé- riences pour en connoître la nature. Sa propriété la plus remarquable est de donner une vapeur violette superbe, par l’action d’une douce chaleur; à la tempé- rature ordinaire elle a l'aspect d’un métal; vers le 7o° degré elle se fond, et presqu’aussitôt elle s’élève en vapeur violette. La chaleur rouge, l’oxigène et le charbon n’ont aucune action sur elle. L’hydrogène en change la nature; il se produit de l'acide muriatique aussi bien que par I8 phosphore. Elle attaque directement les métaux et se combine avec eux sans efferves- cence; elle s’unit également aux oxides et forme des combinai- sons presque toutes solubles dans l’eau. Avec l’'ammoniaque elle produit une poudre fulminante intactile. On continue les recherches commencées sur cette matière nouvelle, et on sera probablement bientôt fixé sur sa nature. M. Gay-Lussac s’est aussi occupé, d’après l’invitation de M. Clément son ami, de la nouvelle substance découverte par M. Courtois. Nous nous bornerons à présenter ici les pringipaux résultats qu’il a déjà obtenus: La nouvelle substance à laquelle on pourroit donner le nom d’iode, possède à un haut degré les propriétés électriques de l’'oxigène et de l'acide muriatique oxigéné. Quand elle a été purifiée au moyen de la potasse et de la distillation, elle est ET D'HISTOIRE NATURELLE. 467 fafusible à la température de Peau bouillante, et jouit à peu prés de la même volatilité que ce liquide ; traitée par tous les moyens chimiques elle n'offre aucune trace d'acide muriatique. … L’iode se combine avec presque tous les métaux; mais comme il est solide, il ne paroît pas dégager dans ses combinaisons autant de chaleur que l’acide muriatique oxigéné, avec lequel il à dans ses propriétés générales beaucoup de ressemblance. Pour donner même d'avance une idée de ses rapports avec les autres corps, nous le comparerons à cet acide en lui appliquant aussi les deux hypothèses qu'on a faites sur sa nature, et nous ajouterons qu’en se combinant avec l'hydrogène, il forme un acide particulier très-puissant qu’on peut obtenir à l’état gazeux, qui est extrêmement soluble dans l’eau, et qui est à l'iode ce que l'acide muriatique est à l’acide muriatique oxigéné ou chlore. L'action du phosphore sur l’iode fournissant le moyen d'obtenir le nouvel acide dans ses deux états gazeux et liquide: c'est par elle que nous commencerons. À Si l’on fait agir ensemble le phosphore et l'iode, l’un et l’autre parfaitement desséchés, on obtient une matière d’une couleur rouge-brune, et il ne se dégage aucun gaz ; si lon hu- mecte cette matière, elle donne aussitôt des fumées abondantes très-acides, et il se forme en même temps de l'acide phospho- reux. On obtient facilement le nouvel acide à l’état gazeux, en employant l’iode un peu humide; il y a alors assez d’éau pour concourir à sa formation , mais point assez pour le con- denser. Enfin si l’on combine le phosphore et l’iode sous l’eau, il ne se dégage qu'un peu de gaz hydrogène sous-phosphuré, et l’eau devient très-acide : si la nouvelle substance est en excès, le liquide est fortement coloré en rouge-brun; il est, au con- traire, incolore, si c’est le phosphore qui domine. Il reste or- dinairement une masse colorée en rouge qui refuse de se dissoudre dans l’eau , et dans laquelle on trouve du phosphore et de liode ; néanmoins leur proportion peut être telle que l’on n’obtienne point de résidu , et que le liquide soit limpide comme l’eau. Si l’on soumet à la distillation la liqueur acide, l’eau com- mence par se dégager, et le nouvel acide ne passe dans le récipient que lorsque le liquide dans la cornue est très- concentré ; il reste enfin dans celle-ci de l'acide phosphoreux pur, qui donne bientôt en abondance du gaz hydrogène phosphuré. Ainsi lorsque le phosphore et l’iode sont secs, 1l se forme une combinaison ana- logue à celle de l'acide muriatique oxigéné avec le phosphore; Ooo 2 468 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et lorsqu'ils sont humides, il se produit le même phénomène qu'avec la liqueur de phosphore que l’on jette dans l’eau ; pen- dant donc que l’oxigène de celle-ci forme avec le phosphore de l'acide phosphoreux, son hydrogène se combine avec l'iode pour former le nouvel acide. Voici maintenant les caractères de cet acide : à l'état gazeux il est incolore, à peu près odorant comme le gaz muriatique, fumant au contact de l’air, rapidement absorbable par l'eau, donnant avec le gaz muriatique oxigéné une belle vapeur pourpre et s’altérant promptement sur le mercure : il forme avec ce métal une substance jaune-verdâtre, semblable à celle que lon obtient directement avec le mercure et la vapeur de l’iode, et il produit du gaz hydrogène égal en volume à la moitié du gaz acide. Quelques minutes d’agitation suflisent pour le décomposer entièr rement. Le fer, le zinc produisent un effet analogue, Cet acide à l’état liquide, obtenu en dissolvant le gaz dans l'eau, forme, comme on l'a dit plus hant , un liquide très-dense, peu volatil; il décompose rapidement les carbonates, dissout le fer et le zinc avec dégagement de gaz hydrogène; mais il n'at- taque point le mercure même à chaud , ce qui prouve qu'il a une forte affinité pour l’eau. Il forme avec la baryte un sel so- luble , et il donne, avec le sublimé corrosif, un précipité rouge soluble dans un excès d'acide. Lorsqu'on y verse quelques gouttes d'acide muriatique oxigéné, la nouvelle substance est à l'instant régénérée : chauffé avec l’oxide noir de manganèse, le minimum et l’oxide puce de plomb, il se dégage de l'iode et les oxides sont réduits à l’état où ils sont en général solubles dans les acides. L’oxide rouge de mercure ne produit point d’iode , et l'on peut conclure que tous les oxides qui font passer l'acide muriatique à l’état d'acide muriatique oxigéné, feront aussi passer en partie le nouvel acide à l’état d’iode. Enfin, cet acide dissous dans l'eau et soumis à l'action de la pile, paroît au pôle positif à l’état d’iode. Une fois engagé dans une combinaison il n’est pas facile de l'en séparer. L’acide sulfurique, par exemple, mis en contact avec la combinaison dusmnouvel acide et de la potasse, donne de l’acide sulfureux et la nouvelle substance se dégage; l'acide nitrique donne de l'acide nitreux. Si l’on emploie les acides phosphorique et borique, secs ou dissous dans l'eau, ils n'opérent aucune décomposition. Il est aisé maintenant de concevoir ce qui arrive lorsqu'on. met l'iode en contact avec les autres corps, . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 469 Avec l'hydrogène, à une température basse ou élevée, on obtient le nouvel acide; mais il n’est pas ordinairement pur, parce qu’il a la propriété de dissoudre une grande quantité d’iode, qu'il défend contre l’action de l'hydrogène. L'hydrogène sulfuré décolore promptement l’iode et le fait passer à l’état d’acide en déposant beaucoup de soufre; il pro- duit encore le même effet lorsque la nouvelle substance est en combinaison avec les alcalis, formant des dissolutions brunes ou incolores. 11 est à remarquer que lorsqu'on précipite par le gaz hydrogène sulfuré une dissolution d’iode dans l’éther ou dans alcool, il ne se dépose pas sensiblement de soufre. L’acide sulfureux convertit promptement l'iode en acide, en passant lui-même à l’état d’acide sulfurique. L’acidé phosphoreux et les sulfites-sulfurés donnent aussi naissance au nouvel acide, On peut conclure de là que dans les soudes de varec où il y a beaucoup de uilfites sulfurés, la nouvelle substance est à l'état d'acide; elle ne se manifeste même dans les eaux mères de ces soudes que lorsque les sulfites sulfurés sont détruits, L’iode n’est point altéré par le charbon et l'acide sulfureux, parce que ces substances ne peuvent lui fournir d'hydrogène pour passer à l’état d'acide; il ne décompose pas l’eau à une température basse ou élevée; il décolore l’indigo et est chassé de ses combinaisons par les acides minéraux et même par l'acide acétique; il se combine avec la plupart des métaux sans dé- gagement d'aucun gaz. Lorsqu'on fait quelques - unes de ces combinaisons sous l’eau, par exemple celle avec le zinc, ïl ne se dégage rien : la liqueur, d’abord fortement colorée, devient bientôt aussi limpide que de l’eau : les alcalis en précipitent une matière qui a tous les caractères de l’oxide de zinc, mais qui retient cependant un peu du nouvel acide : l’eau a encore été décomposée, et il s’est produit de l’oxide de zinc et le nouvel acide. Cette combinaison, comme toutes celles qui con- tiennent le nouvel acide, donnent de l'acide sulfureux quand on la traite par l'acide sulfurique. Dix-huit grammes d’iode dis- solvent à peu près trois grammes et demi de zinc; d’où on peut conclure que le rapport en poids de l’oxigène à l’iode est celui de r à 20 ou de 15 à 300. Avec l'acide muriatique oxigéné, il forme un composé jaune orangé, cristallin, volatil, déliquescent et paraissant exister avec deux proportions différentes. L'iode forme, comme on sait, une poudre fulminante avec 466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et lorsqu'ils sont humides, il se produit le même phénomène qu'avec la liqueur de phosphore que l’on jette dans l’eau ; pen- dant donc que l'oxigène de celle-ci forme avec le phosphore de l'acide phosphoreux, son hydrogène se combine avec l’iode pour former le nouvel acide. Voici maintenant les caractères de cet acide : à l’état gazeux il est incolore, à peu près odorant comme le gaz muriatique, fumant au contact de l’air, rapidement absorbable par l'eau, donnant avec le gaz muriatique oxigéné une belle vapeur pourpre et s’altérant promptement sur le mercure : il forme avec ce métal une substance jaune-verdâtre, semblable à celle que l’on obtient directement avec le mercure et la vapeur de l’iode, et il produit du gaz hydrogène égal en volume à la moitié du gaz acide, Quelques minutes d’agitation suflisent pour le décomposer entièr rement. Le fer, le zinc produisent un effet analogue, ) Cet acide à l’état liquide, obtenu en dissolvant le gaz dans l’eau, forme, comme on l'a dit plus haut , un liquide très-dense; peu volatil; il décompose rapidement les carbonates, dissout le fer et le zinc avec dégagement de gaz hydrogène; mais il n’at- taque point le mercure même à chaud , ce qui prouve qu'il a une forte aflinité pour l’eau. 11 forme avec la baryte un sel so- luble, et il donne, avec le sublimé corrosif, un précipité rouge soluble dans un excès d’acide. Lorsqu'on y verse quelques gouttes d'acide muriatique oxigéné, la nouvelle substance est à l'instant régénérée : chauffé avec l’oxide noir de manganèse, le minimum et l’oxide puce de plomb, il se dégage de l’iode et les oxides sont réduits à l’état où ils sont en général solubles dans les acides. L’oxide rouge de mercure ne produit point d’iode , et l'on peut conclure que tous les oxides qui font passer l'acide muriatique à l’état d'acide muriatique oxigéné, feront aussi passer en partie le nouvel acide à l’état diode. Enfin, cet acide dissous dans l'eau et soumis à l'action de la pile, paroît au pôle positif à l’état d’iode. Une fois engagé dans une combinaison il n’est pas facile de l'en séparer. L’acide sulfurique, par exemple, mis en contact avec la combinaison dusnouvel acide et de la potasse, donne de l’acide sulfureux et la nouvelle substance se dégage; l'acide nitrique donne de l'acide nitreux. Si l’on emploie les acides phosphorique et borique, secs ou dissous dans l’eau, ils n'opèrent aucune décomposition. Il est aisé maintenant de concevoir ce qui arrive lorsqu'on, met l’iode en contact avec les autres corps. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 469 Avec l'hydrogène, à une température basse ou élevée, on obtient le nouvel acide; mais il n’est pas ordinairement pur, parce qu’il a la propriété de dissoudre une grande quantité d’iode, qu’il défend contre l’action de l'hydrogène. L'hydrogène sulfuré décolore promptement l’iode et le fait passer à l'état d'acide en déposant beaucoup de soufre; il pro- duit encore le même effet lorsque la nouvelle substance est en combinaison avec les alcalis, formant des dissolutions brunes ou incolores. 11 est à remarquer que lorsqu'on précipite par le gaz hydrogène sulfuré une dissolution d’iode dans l’éther ou dans Falcool, il ne se dépose pas sensiblement de soufre. L’acide sulfureux convertit promptement l'iode en acide, en passant lui-même à l’état d’acide sulfurique. L’acidé phosphoreux et les sulfites-sulfurés donnent aussi naissance au nouvel acide, On peut conclure de là que dans les soudes de varec où il y a beaucoup de Sulfites sulfurés, la nouvelle substance est à ’état d'acide; elle ne se manifeste même dans les eaux mères de ces soudes que lorsque les sulfites sulfurés sont détruits, L’iode n’est point altéré par le charbon et l’acide sulfureux, parce que ces substances ne peuvent lui fournir d'hydrogène pour passer à l’état d'acide; il ne décompose pas l’eau à une température basse ou élevée; il décolore l’indigo et est chassé de ses combinaisons par les acides minéraux et même par l'acide acétique; il se combine avec la plupart des métaux sans dé- gagement d'aucun gaz. Lorsqu'on fait quelques - unes de ces combinaisons sous l'eau, par exemple celle avec le zinc, ïl ne se dégage rien : la liqueur, d’abord fortement colorée, devient bientôt aussi limpide que de leau : les alcalis en précipitent une matière qui a tous les caractères de l’oxide de zinc, mais qui retient cependant un peu du nouvel acide : l’eau a encore été décomposée, et il s’est produit de l’oxide de zinc et le nouvel acide. Cette combinaison, comme toutes celles qui con- tiennent le nouvel acide, donnent de l'acide sulfureux quand on la traite par l'acide sulfurique. Dix-huit grammes d’iode dis- solvent à peu près trois grammes et demi de zinc; d’où on peut conclure que le rapport en poids de l’oxigène à l’iode est celui de 1 à 20 ou de 15 à 300. Avec l'acide muriatique oxigéné, il forme un composé jaune orangé, cristallin, volatil, déliquescent et paraissant exister avec deux proportions différentes. L’iode forme, gomme on sait, une poudre fulminante avec #70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lammoniaque ; mais la théorie en est très-simple, en considérant que l’iode a une grande tendance à se combiner avec l’hydrogène. D’après cet exposé, .on ne peut s'empêcher de comparer liode au chlore, et le nouvel acide à l'acide muriatique. Il est aussi bien remarquable que l'hydrogène soit constamment nécessaire pour faire passer l’iode à l’état d’acide. Il semble que cette subs- tance joue dans la nature, pour une certaine classe de corps, le mê me rôle que l’oxigène pour une autre. Tous les phénomènes dont on vient de parler peuvent s'expliquer en supposant que l'iode est un élément, et qu'il forme un acide en se combinant avec l'hydrogène ; ou bien que ce dernier acide est un composé d’eau et d’une base inconnue, et que l’iode est cette même base unie à l’oxigène. La première hypothèse nous paroît, d’après les faits précédens, plus probable que l’autre, et elle sert en même temps à donner plus de vraisemblance à celle dans laquelle on considère l’acide muriatique oxigéné commé un corps simple. En l’adoptant, le nom qui conviendroit au nouvel acide seroit celui d'acide hydriodique, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 471 ADDITION À MES CONSIDÉRATIONS SUR LES FOSSILES; PAR J.-C. DELAMÉTHERIE. L’IMPORTANCE des Considérations sur les Fossiles, m’en- gage à rapporter ici des faits intéressans que je n’ai qu’indiqués, et qui sont contenus dans un Mémoire de Poiret sur les tourbes pyriteuses du département de l’Aisne, du côté de Soissons. (Journal de Physique, tome LI, pag. 292.) J’ai supposé ces faits connus lorsque j’ai dit (Cahier de novembre, pag. 363, ligne première) : . « Elles (les eaux marines dans des invasions des mers , comme celles qui ont souvent lieu sur les côtes de Hollande) pourront y séjourner, et former de nouveaux dépôts marins sur les terrains d’eau douce.» Mais je crois nécessaire de les rapporter ici. Poiret décrit d’abord les lieux et le sol sur lequel repose cette tourbe. Du Sol et d’un banc de Coquilles fluviatiles dans les couches inférieures. Le sol, dit-il, est en général marécageux et limoneux. J’ai observé que les couches zrférieures de la tourbe qu’on exploite proche Soissons, étoient séparées des couches supérieures par un lit d'environ un décimètre de marne limoneuse... remplie d’un grand nombre de coquilles fluviatiles, la plupart en frag- mens , parmi lesquelles j'ai trouvé quelques espèces bien entières, et dont les analogues sont vivantes dans nos étangs et nos ri- vières, telles que, Helix cornea. Linn. Le grand planorbe à spirales rondes. Geotf. Helix palustris. Linn. Bulime des marais. Brug. Helix vivipara. Linn. La vivipare à bandes. Geoff. 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Couches marneuses. . Immédiatement au dessus de ces coquilles on rencontre d'autres lits plus ou moins considérables de marnes..., quelquefois des Lits entiers de charbons fossiles, très-légers, feuilletés.. .. Bancs supérieurs d'Huirres et de Coguilles marines. Les couches supérieures qui recouvrent celles de la tourbe... sont remplies d'un grand nombre de coquilles marines, isolées, réunies par groupes, ou même disposées par bancs réguliers, d'huîtres, de visses, de cérites, de buccins, de vénus, de nérites, etc, , la plupart fracturées et en fragmens. Ces mêmes coquilles serencontrent aussi, mais en bien moins grande quantité dans les couches supérieures de la tourbe, jamais dans les in- férieures, ni au-dessous; elles y sont souvent pyritisées et réunies dans un tuf marneux, Substances particulières qu'on rencontre dans ces couches de tourbe et de marne. a Des bois fossiles, des troncs d’arbres entiers sans écorce , b Des bois pétrifiés, c Du succin, d Des os d'animaux en fragmens. Un peu plus loin, du côté de Beaurieux, l’auteur dit (zidem, pag. 208) qu'il a trouvé dans les couches de tourbes, des coquilles pyriteuses, fracturées, qui lui ont paru bivalves, et appartenir aux fellines, aux moules et aux m1yes, qui habitent nos ri- vières et nos élangs....... QE: Tous ces faits, qu’il faut lire dans le Mémoire même, prou- vent: 1° Que les couches inférieures de ces terrains ont été des marais, comme ceux de Hollande, remplis de tourbe. 2°, Cette tourbe a été souvent pyritisée.... er 30, Il s’y trouve une grande quantité de coquilles /Zuviatiles analogues à celles de nos rivières, de nos étangs. 4°. Une invasion de la mer y est venue, comme il arrive en Hollande, et y à déposé une multitude de coquilles arènes, dans de nouvelles couches marines. bo, Ces éaux ont séjourné plus ou moins de temps et se sont ensuite retirées, comme il arrive en Hollande. … ADDITION ET D'HISTOIRE NATURELLE, 473 ADDITION À L'EXTRAIT DES ÉBÉMENS DE PHILOSOPHIE CHIMIQUE, SUR L’ÉLECTRICITÉ, LE CALORIQUE, Erc.; Par Sir Humpary DAV Y. ON dit, pag. 403, que l'auteur paroît adopter l’opinion de Francklin sur Punité du fluide électrique. 1/ faut dire : l'auteur n'adopte aucune hypothèse sur la cause de l'électricité. Il penche à croire qu'elle peut dépendre des mêmes pouvoirs attractifs qui produisent les combinaisons chimiques. Il pense également qu'il n’y a point de fluide calorifique, et qu’on peut expliquer tous les phénomènes de la chaleur, en sup- posant que les molécules des corps se trouvent dans un état con- tinuel de vibrations. Il admet le système de l'émission pour la lumière. Quant à l’ammonium de Berzelius, Y'auteur ne connoît point un tel corps, mais il rapporte deux hypothèses pour expliquer l'amalgame produit de l’'ammoniac par le potassium et le mercure. Quant à l'hydrogène dans les corps combustibles, il en a parlé dans un chapitre distinct sur les hypothèses qu'on peut former, et auxquelles il n’attache aucune importance. Il veut dire seulement, que de la même manière que des chimistes célèbres déterminent la quantité d'oxigène dans le chlorine et l'azote , on peut déterminer la quantité d'hydrogène dans des corps combustibles; mais il ne croiroit pas qu'il existe ni oxigène dans le chlorine et l'azote, ni hydrogène dans les métaux, jusqu’à ce qu’on ait fait une expérience, par laquelle on retire ces principes, de substances qui n’en contiennent pas elles-mêmes. Tome LXXVII. DÉCEMBRE an 1813. Ppp 474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ? Corrections à faire dans le Mémoire de M. Davy, Cahier de novembre. Pag.387, lig. 11, devant la Société de Backer, lisez, devant 390, 39r, 392, 393, 394; 399; ts la Société royale. 4, volatil hors, /isez, volatil sans. 20, 32, 3, supposé, lisez, est supposé composé. après hypothèse, ajoutez, qui auroit été pro- bablement imaginée par les chimistes phlogis- ticiens, s'ils avoient connu les faits. retranchez jusqu’à la ligne 12, et substiluez, on trouvera qu'il est facile de donner des ex- plications des faits par toutes ces hypothèses; mais de nouvelles expériences peuvent seule- ment déterminer quelle est la vraie. Je viens, dit l’auteur, de faire quelques expériences qui donnent beaucoup plus de probabilité à la se- conde. base inflammable, Zisez, inflammables. ne milite pas davantage, lisez, n’est pas. de deux à un, ajoutez, en volume. tels que celui-ci, ajoutez, c’est-à-dire. expériences, ajoutez , au bout de quelques heures. crysolite, lisez, cryolite. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 472 NOUVELLE LITTÉRAIRE. Élémens de Philosophie chimique, par M. le Chevalier Hum- phry Davy, Docteur en Droit, Secrétaire de la Société royale de Londres, Professeur de Chimie, Membre de plusieurs Aca- démies ; traduit de l'anglais par J. B:Wan-Mons, Correspondant des Instituts de Ffänce et de Hollande, avec des Additions in- tercalées au texte par le traducteur. Tome 1er, in-8° de 42 feuilles et demie, et 12 gravures. A Paris, chez Gabriel Dufour, Libraire, rue des Mathurins- Saint-Jacques, n° 7. Ce_volume ne contient que les quatre premitres divisions de l'Ouvrage de M. Davy. Les trois autres divisions formeront le second volume. Le traducteur a intercalé des Notes plus volumineuses que le texte lui-même. Il y développe ses principes en Chimie. Nous les ferons connoître plus particulièrement. Ppp2 476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE PR SP RSR EE eee TE I RS TEE TABLE DIS MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. lance détonante, extraites d'une lettre à l'honorable sir Joseph Banks, par sir Humphry Davy. Des Trans- actions philosophiques. Lues desant la Société royale, le ver Juillet. 448 Lettre sur la nouvelle substance découverte par M. Cour- rois dans le sel de varec, à M. le chevalier Cuvier, par M. le chevalier Humphry Davy. ) 456 Lettre de M. Flaugeroues à J.-C. Delamétherte, sur une observation de la Comète de 1811, faite dans la capitale des Cosaques. ) 461 Lettre de M. de Nelis, à J.-C. Delamétherie , sur l'action électrique. Note sur une nouvelle substance obtenue des cendres 462 de varec. Extrait du Moniteur. ; 466 Addition à mes Considérations sur Les fossiles; par J.-C. Delamétherte. 47: ‘Addition à l'extrait des Élémens de philosophie chi- mique , sur l'électricité, le calorique, etc.; par Hum- phry Davy. 473 Nouvelle Littéraire. 475 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 477 TABLE GÉNÉRALE DES, MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. HISTOIRE NATURELLE. Description géologiqueet minéralogique de Thueringer- Wald, par Hoff et Jacobi ; traduit de l'allemand par T. ©. Bruun Neergaard. a Extrait d'un Rapport lu en août 1812, à la Société phi- lomatique de Paris; par A. G. Desmarest, sur un Mémoire de M. Daudebard de Ferrussac, intitulé : Considérations générales sur les fossiles des terrains d'eau douce. Mémotre surles ossemens et coquilles fossiles des environs de Plaisance. Extrait du Voyage pittoresque du nord de l'Italie ; par M. Bruun Neercaard. Notice sur le gisement du calcaire d'eau douce dans les départemens du Cher, de l Allier et de la Nièvre; par J..J. d'Omalius de Halloy. Considérations sur les fossiles ; pxr J.-C. Delamétherte. S'urte. Suite. Mémoïre sur quelques nonvelles espèces d'animaux mol- lusques et radiaïres, recueillis dans la Méditerranée , près de Nice; par M. Lesueur. Observations géologiques sur la presqu'fle de Saïnt- Hospice, aux environs de Nice, département des Alpes maritimes; par A. Risso. Mémoire sur la Ligurite ; par M. Viviant. D scours sur la naïssance et les progrès de la Botanique; par M. Mirbel, Suite. ÆAdditions à mes Considérations sur les Fossiles; par J.-C, Delamétherie. J 27 88 05 109 322 478 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE PHYSIQUE. Suite des Vues sur l'action galvanique ; par J.-C. De= lamétherte. Pas, 536 Tableau météorologique; par M. Bouvard. Juin. 34 Juillet. 86 Août. 210 Septembre. 320 Octobre. 378 Novembre. 446 Observations sur la comète de 1811 ; par WW. Herschel. Extrait par J.-C. Delamétherte. À “Æpplication du calorique, qui se perd dans Les che- minées des tisards des chaudières d'usines, à un ventilateur et à une étuve; par M..C. Pajot. des Charmes. 136 Précis d'une lecon de Physiologie végétale et bota- nique, et sur le fruit; par 1 Mirbel. 173 Mémoire sur La force magnétisante du bord le plus reculé du rayon violet du spectre solaire; par Pierre Con- Jigliachi. Extrait par E. Mazion. . 212 Observation sur la planète Mars ; par, M. Flaugergues.. 250 Extrait d'un Mémoire sur le rapport de la dilatation -de l’air avec la chaleur; par H. Flaugergues. ‘273 Extrait d'une lettre de M. de Fortia d’'Urban, à J.-C. Delamétherie. 293 Second Mémoire sur la force magnétisante du bord extréme durayon violet. Lu à l'Académie des Lyncées, le 22 avril 1813; par Dominique Morichini. Ibid. Discours sur les murs saturniens ou cyclopéens; par M. de Fortia d'Urban. Extrait par J.-C, Delamé- therie. 317 Extrait d'une lettre de M. Dessaignes, à J.-C. De- lamétherte , sur la phosphorescence des gazcomprimés. 326 Histoire philosophique des progrès de la Physique ; par A Libes. Extrait par J.-C. Delaméthertie. 538 Histoire abrégée des plantes des Pyrénées , et itinéraire des botanistes dans ces montagnes; par M. Picot la Peyrouse. Extrait par J.-C. Delaméthertie. 341 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 Mémoire sur la chaleur de la surface des corps; par M. Ruhland, de Munich. Pag. 367 Second Mémoire sur la distribution de l'électricité à La surface des corps conducteurs. Lu à l'Institut, le 6 septembre 5; par M. Poisson. Extrait. 380 Lettre de M. Flaugergues à J.-C. Delamétherie, sur une observation de la comète de 1811, faite dans la capitale des Cosaques. 461 Lettre de M. de Nelis sur l'action galvanique. 462 CHIMIE. LL Mémoire sur l'influence que la température de l'air exerce dans les phénomènes chimiques de la respira- tion. Lu à l'Institut, le 11 mai 1812. par M. De- Zaroche. 5 Mémoire sur un nouveau composé détonant; par sir Humphry Davy. Extrait d'une lettre adressée à l'ho- norable sir Joseph Banks. Londres 1815. Lu devant la Société royale, le 5 novembre 1812. 53 ÆExtrait d'une lettre de M. lan-Mons, sur la nature ‘ de l'acide sulfurique: Description des moyens et procédés employés à Paris, par M. Bonmatin,pour extraire le sucre de betterave. 47 Mémoire sur quelques combinaisons de phosphore et de soufre, et quelques autres sujets de recherches chi- miques; par sir Humphry Davy. Extrait des Trans- actions Philosophiques, Lu devant la Société royale, le 18 juin 1812. DT Mémoire sur quelques expériences el observations sur / les substances produites dans différens procédés chi- miques; par sir Humphry Davy. Lu devant la Socrété royale de Londres, le 8 juillet 1815. Extrait des Trans- actions Philosophiques. 387 Elements of chemical Philosophy, etc., c'est-à-dire, Elémens de Philosophie chimique ; par Humphry Davy. Extrait par J.-C. Delamétherie. 400 Quelques observations ultérieures sur une nouvelle subs- tance détonante, extraites d’une lettre à l'honorable sir Joseph Banks, par sir Humphry Davy. Des Trans- actions philosophiques. Lues devant la Société royale, de 1°" juillet. 443 48a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE: CHIMIE , elc. Lettre sur la nouvelle substance découverte par M. Cour- rois dans le sel de varec, à M. le chevalier Cuviers par M. le chevalier Humphry Davy. Pag. 456 Note sur une nouvelle substance obtenue des cendres de varec. Extrait du Moniteur. 466 Addition à l'extrait des Elémens de philosophie chi- mique, sur l'électricité, le calorique, ete.; par Hum- phry Davy. 474 169, 201, 543, 416, 479 Nouvelles littéraires. A MM. les Souscripteurs pu JOURNAL DE PHYSIQUE. M. Vous êtes averti que votre Abonnement expire. avec le présent Cahier. Le prix de la Souscription est toujours, pour Paris, de 27 fr. par an, et de 15 fr. pour siX MOIS; Et pour les Départemens, 33 fr, par an, et 18 fr. pour six mois. On s’abonne à Paris, chez Madame veuve Courcier, Imprimeur-Libraire, quai des Augustins, n° 57. 11 faut affranchir les lettres et l'envoi de l'argent. De l'imprimerie de M° Veuve COURCIER, Imprimeur - Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. hu 7 ER RESON TR PROS RS ET PIS TS SIP ES ARS, re ER PL SIT