ee RES SES FE JOURNAL DE PHYSIQUE ge va De 0 De # ci € FES LE Dee Ft de ' mie . 2] e. > 0 u : L ? Tor Us . ’ | re LEN g) g A É / è PAs. "% « l + JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE PÉTTDRE S AUUUTE IS: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE: Par J.-C. DELAMÉTHERIE, JANVIER AN 1816. TOME LXXXIT A PARIS? Chez Mme Ve COURCIER, Imprimeur-Libraire pour les Mathématiques et la Marine , quai des Augustins, n° 57. au Es ut TU fi HER JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. JANVIER AN 1816: DISCOURS PRÉLIMINAIRE , OU RAPPORT SUR LES PROGRÈS DES SCIENCES PENDANT L'ANNÉE 1815; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. Vousc: depuis trente et un ans, c’est-à-dire depuis le mois de mai 1785, de la rédaction de ce Journal, le premier des Journaux qui traitent des sciences naturelles , j'ai constamment cherché à lui conserver cette prééminence, Je crus, dès le commencement de lan 1786, utile pour les progrès de l'esprit bumain, de présenter au commencement de chaque année un tableau des principales découvertes qui avoient été faites l’année précédente dans chacune de ces sciences. J'y joignis un précis des nouveaux travaux en Astronomie, parce que cette science, plus qu'aucune autre, donne au phi- 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE losophe des vues saines sur la nature des é/res existans; car on ne pourroit acquérir ces vues en ne considérant que le globe terrestre et les corps qu’il contient : comme on ne sauroit con- noître l’homme, par En de si on l’envisageoit seul; et qu'on ue le comparât pas avec les autres êtres organisés. Ce tableau fait voir la marche de la science; il indique le point où elle est arrivée, et les principaux objets qui lui restent à découvrir. Chaque savant peut en conséquence diriger ses re- cherches vers quelques-uns de ces objets. Cette méthode a paru mériter les suffrages du public : elle a été accueillie, et même imitée. Mais la véracité d'un PHILALÈTHE (ami de la vérité) tel que moi, son indépendance bien connue, son inflexible impar- tialité..., ont blessé beaucoup de personnes. Les uns, par amour- propre, veulent dans les sciences s'emparer des découvertes qui ne leur appartiennent pas : les autres, mus par la cupidité (les crysophiles), considèrent les sciences comme moyens d'accaparer les places et d’accumuler de l’or, de l’or, de l’or.,.; tous ont été également mécontens. Ils m'ont exclus des places qui m’étoient dues : ils se sont emparés de mes travaux..., Ces injustices m'ont peu aflecté (x). L’ami de la vérité sait souffrir pour elle. Socrate but la ciguë plutôt que de l’abandonner. Toujours fidèle à mes principes, je vais faire un exposé vrai des progrès des sciences pendant l’année précédente, en rendant justice à chaque auteur. Des vérités importantes ont été cons- tatées. Les deux grandes découvertes de celte époque, le gal- vanisme d’un côté, et la polarisation de la lumière de l’autre , ont été enrichis de nouveaux faits. Il est de plus en plus constaté que la nouvelle théorie chi- mique esterronée , ainsi que je l’ai toujours soutenu. Cette vérité est assez généralement reconnue. L'oxigène n’est point le principe des acides. 11 contient une très-petite quantité de calorique... L'hydrogène, au contraire, contient beaucoup de calorique. (1) episode see. ....meû Tirtute me involyo, probamque Pauperiem , sine dote, quæro. Je dis avec Horace, ode xx, li b.ur, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 11 est donc probable que dans la combustion de ces deux gaz, le calorique dégagé est principalement fourni par lhy- drogène. Les substances dites é/émentaires , telles que l'iode..., ne sont pas simples. I! est très-probable, ainsi que je l'ai prouvé, que les com- motions souterraines et les explosions des volcans sont des effets de l’action galvanique que les difiérens strates du globe exercent les uns sur les autres... ee. » CR SC ANCIEN à CROP MRC PE AU LC PRET SRE Un grand nombre de faits avancés dans les sciences ne sont point suffisamment prouvés : ils sont seulement fondés sur des probabilités. J’ai tâché de déterminer ces probabilités. Je divise nos connoissances en cinq grandes classes.’ 10. Les Mathématiques. 20. L’Astronomie, ou connoissance des corps célestes, 30. L'Histoire naturelle, ou eonnoissance des corps terrestres, 4°. La Physique, ou connoissance des lois du mouvement. 50, La Chimie, ou connoissance des principes dont sont composés les corps terrestres. J'ai construit des Tables de probabilité, où une partie de ces copnoissances sont classées par approximation. Laplace a déjà soumis au calcul des probabilités plusieurs théories astronomiques. DES MATHÉMATIQUES. On vient de publier le second volume de la Mécanique ana- lytique de Lagrange. Cet ouvrage est un des plus précieux de ce grand géomètre, le rival de Newton, d’Euler. L'auteur y ramène la Mécanique à des principes généraux, sans employer aucune figure. Les lois qu'il ÿ établit, peuvent être appliquées à tous les problèmes de mécanique, même à ceux des mous vemens des corps célestes. Les astronomes en font chaque jour les plus heureuses applications. Poisson, dans un beau Mémoire sur la Distribution de la Chaleur dans les Solides, a exposé en détail les principes et la manière de parvenir à des équations différentielles, qui expriment cette distribution de la chaleur soit à l’intérieur, sojt à la surface d'un corps solide, d’une figure quelconque, 8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il a donné plusieurs autres Mémoires. Cauchy, Binet jeune, Hachette, Dupin, Chompré, Coranzé, Puissant, Ampère..... ont traité différentes questions géomé- triques. Plana a fait de savantes recherches sur les oscillations des lames élastiques. Son but a été principalement de donner l’in- tégrale de l'équation qui exprime ces oscillations. DES PROBABILITÉS. J'ai prouvé dans mes Principes de la Philosophie naturelle, imprinés en 1727, tome IT, pag. 466, que la vraie méthode d'avancer les connoissances humaines est de Jes réduire en Tables de probabilité. Je les y avois divisées en quatre classes qui formèrent quatre Tables. 3 1°, Connoissances fondées sur le sentiment. 20, Connoiïssances fondées sur la mémoire. 30. Connoissances fondées sur lanalogie. 4°. Connoissances fondées sur le témoignage des hommes. J'ai présenté l’année dernière dans ce Journal, tome LXXIX ; page 133, ces Tables dans un ordre plus étendu, et j'y ai classé une grande partie de nos connoissances dans l’état actuel de la science. Probabilité des connoïssances fondées sur le sentiment ; cette probabilité est au maximum — %. C’est la certitude , que J'ex- prime par le signe &. Probabilité des connoissances fondées sur la mémoire. Probabilité des connoissances fondées sur l’analogie. Je les ai sous divisées en trois ordres. Probabilité des fails constans de la nature, tels que les lois du mouvement.... Probabilité des faits variables de la nature, tels que la durée de la vie des hommes, des autres animaux. Probabilité des faits dits de hasard, tels que la sortie detel numéro à la loterie..., Probabilité des connoïssances fondées sur le témoignage des hommes, tels sont les faits historiques. Quelques-unes de ces probabilités sont à peu près fixes, telle est ": probabilité des lois de la pesanteur... Quelques ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9 Quelques autres probabilités ne sont déterminées que par approximation. L'ascension, par exemple, du mercure dans le baromètre indique un beau temps que par approximation. Mais la science a jusqu'ici peu de moyens d'apprécier ces approximations avec une certaine exactitude. Néanmoins j'ai tâché cette année de déterminer la proba- bilité de plusieurs faits importans, tels sont les suivans: Probabilité que le globe terrestre est dans un état habituel d'électricité — x — 99,999,998. Probabilité que l'atmosphère terrestre est également dans un état habituel d'électricité = x — 99,999,998. Probabilité que cette électricité du globe terrestre est pro- duite par l’action galvanique, que ses différens strates exercent les uns sur les autres — x = 99,999,990. Probabilité que les commotions souterraines sont produites par l’action galvanique de ces différens strates les uns sur les autres — x — 99,999,90C+ Probabilité que les volcans sont les effets de la même action galvanique assez intense pour produire incandescence et fusien — X— 99,999,900. Probabilitéque lesautresplanètes etles comètes sont également dans un état habituel d'électricité = x. Probabilité que le soleil et les étoiles doivent leur lumière et leur chaleur à la même action galvanique de leurs diflérens strates, mais. à une action très-intense = x. Probabilité que les atmosphères électriques de tous ces corps remplissent l’espace, et sont contiguës — x. Probabilité que la reproduction des êtres organisés est l’effet d'une action analogue à la cristallisation des minéraux = x = 90,000,000, - . e. L 2 Un des principaux objets des travaux actuels du philosophe, doit être de chercher à perfectionner ces Tables de probabilité, et à en déterminer, par approximation, les degrés ; le 77axt. num &, ou la certitude étant — 100,000,000. J’ai suivi ici la méthode des géomètres qui, dans les Tables des sinus, ont sup« posé le sinus total ou le rayon — 100,000,000. Laplace a déjà cherché à soumettre au calcul des probabilités, Tome LXX XII. JANVIER an 1816. B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÆ CHIMIE différens problèmes d'astronomie ; mais il n’en a point déter- miné, comme je l’ai fait, le #1axèmum. Si on suit l'exemple de ce savant géomètre, on aura bientôt des Tables étendues de probabilité, telles que je les ai indiquées ; et on sera étonné des progrès que cette méthode fera faire à l'esprit humain ; ils seront analogues à ceux que l'application du calcul à la Physique a fait faire à cette science. On doit se rappeler que j'ai également appliqué le calcul aux autres parties des sciences (Principes de la Philosophie na- turelle). J’ai exprimé par des séries, le nombre des êtres possibles. et leurs différentes qualités. J'ai fait voir, bidem, qu’on pouvoit soumettre au calcul les différens degrés de nos sentimens, tels que la grandeur d’ame ou magnanimité, ceux de la pusillanimité.... Ët enfin qu'on pouvoit soumettre au calcul les déterminations des animaux et leurs diflérens actes. Je regarde ce travail comme un que j'ai faits D'or IC FAC . CO TE: C des plus intéressans de ceux DE L’ASTRONOMIE. DES PLANËTES. Le globe terrestre est dans un état habituel d'électricité. Il est composé, ainsi que nous le verrons, de différens strates qui exercent lesuns sur lesautres de puissantes actions galvaniques. L'analogie fait conclure que la structure des autres planètes est analogue à celle de la terre, leur lumière cendrée en dépend. Cette probabilité est — x. Cette électricité des planètes explique comment la , grosse planète qu’on ins avoir existé entre Mars et Jupiter a pu être brisée pour former les quatre petites planètes, Vesta, Pallas, Cérès et Junon. On sait que Nelis a brisé par de fortes dé- charges électriques, des cylindres d'acier très épais. La probabilité que ces planètes ont des habitans est = x. DES COMÈTES. Les comètes paroissent se rapprocher des planètes. Mais leur masse paroît peu considérable. Cette probabilité est = x. ET D'HISTOIRE NATURELLE, [a 4 DU SOLEIL. Herschell a apercu à la surface du soleil des points plus lu- mineux qu’il appelle ouvertures. Ils laissent à découvert le noyau de la masse de cet astre. Ce noyau paroît opaque. Des bas-fonds, ou parties visibles de ce noyau s'élèvent sans cesse des vapeurs qui élargissent ces ouvertures et s’échappent à la surface. Il en conclut que la masse du soleil est un corps opaque entouré de fluide lumineux. Il me semble qu’on peut comparer cette observation de Hers- chell à celle qu’on a faite sur nos volcans. On aperçoit dans ë E . . x » l'intérieur de ces cratères, une lueur qui ressemble à ceile d’un métal chauflé au rouge ou au blanc : elle n’est accompagnée d'aucune scintillation. Ces observations confirment l'opinion que j'ai émise sur la nature du soleil, de le regarder comme composé d’immerses ue galvaniques toujours en activité, lesquelles donnent chaleur, umière.. » « Cette action se ralentit quelquefois. La lumière et la chaleur du soleil éprouvent des affoiblissemens comme on l’a observé, dit Lalande, à différentes époques. . À Cette manière d’envisager le soleil est plus conforme aux faits connus, que de le regarder comme un corps en combustion; car a Quelle seroit la nature de ces combustibles? , b Quelle quantité d’air pur faudroit-il pour entretenir cette combustion ? d c Il devroit y avoir une perte immense de ce combustible : d Par conséquent une dimension considérable de la masse du soleil. ; La probabilité de cette opinion, qui regarde le soleil comme composé d'immenses piles galvaniques, est = x. DES ÉTOILES. Les étoiles doivent être considérées , ainsi que le soleil, comme composées d’immenses piles galvaniques en activite. L'activité de ces piles peut être suspendue par des causes locales, comme l’est quelquefois celle de nos volcans, et repa- roître avec plus de force, comme le Vésuye, Jorullo, Monte- MNuoro..., B 2 r2 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE Cette suspension donne une explication satisfaisante de la cause du grand éclat qu’acquièrent momentanément quelques étoiles qui disparoissent ensuite , telles que la brillante de Cassiopée en 1572, qui après avoir jeté un grand éclat, disparut au bout de 16 mois sans avoir paru changer de place, la brillante du Sagittaire, en 1604, qui disparut également après avoir brillé quelque temps... Gette probabilité est = x. DES MASSES DES PLANÈTES ET DES PERTURBATIONS. Newton ayant vu que la lune tomboit sur la terre par la même force qui faisoit tomber une poire de dessus l'arbre qui ja portoit, en conclut que celte cause agissoit sur tous les corps célestes ; les planètes tomboient vers le soleil....; mais dans ses travaux il n'eut principalement égard qu’au soleil, dont la masse étoit prodigieuse par rapport à celle des planètes. Les géomètres qui l’ont suivi, particulièrement Euler, ont vu qu'il falloit avoir également égard à l’action des planètes les unes sur les autres; c’est ce qu’on appelle perturbations. Daussy vient de reprendre ce travail; il a calculé l’action de chacune des planètes les unes sur les autres. Son beau Mémoire a obtenu Île prix d'Astronomie fondé par Lalande. Bouvard a perfectionné les Tables de Jupiter et de Saturne. La masse de Saturne, ses satellites et de son anneau est, suivant Jui, égale à la 3512e partie de celle du soleil. La masse d'Uranus et de ses satellites est, suivant lui, égale à la r7,918e partie de celle du soleil. DU FLUX ET DU REFLUX DE LA MER. Laplace a fait un nouveau travail pour déterminer les causes du flux et du reflux de la mer. Des observations exactes faites au port de Brest, lui ont prouvé que les hauteurs actuelles des marées dans ce port, surpassent d’un quarante-cinquième celles fixées par les anciens observateurs. Il attribue cette augmentation principalement a un changement séculaire de l'action du soleil et de la lune sur les marées à Brest. Il a été conduit par plusieurs données, à supposer que l'ac- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 13 éroissement de l’action de la lune sur celle du soleil, est d’un dixième, ou même d’un neuvième. Il a ensuite cherché à estimer la masse de ces astres. Le rapport, dit-il, que j'ai conclu de l’ensemble des obser= vations, donne la masse de la lune égale à Æ de celle de la terre. 11 donne en secondes sexagésimales 97 pour la 7uzation. Il donne 7"5 pour la valeur de l'équation lunaire des Tables du soleil. Cette valeur suppose la parallaxe moyenne du soleil — 8"59, telle que Burchkardt l’a déterminé. Ferrère, savant astronome espagnol, a confirmé la détermi- nation de cette parallaxe par un nouveau calcul des passages de’ Vénus ex 1769. Laplace soumet au calcul des probäbilités la solution de ces différens problèmes, tel que celui de la cause des marées. DE L’'HISTOIRE NATURELLE. Les grands faits en histoire naturelle, ou dans la connoissance des corps terrestres, paroissent découverts; mais on ignore une immensité de détails intéressans, Ils sont les objets journaliers des recherches d’observateurs laborieux, qui se rectifient les uns: et les autres. ; DE LA ZOOEOGIE, DE L'HOMME. Toulouzan a donné de nouvelles considérations sur l’hommé, Il endistingue différentes races qu’il rapporte à cinq principales. 1°. La race règre, originaire des monts Lupata.. .. 2°. La race malaise, originaire du plateau d’Australesie, des montagnes de la Nouvelle-Hollande.... 30. La race américaine, originaire des Cordilières. .…. . 4°. La race mongole, originaire du grand plateau d’Asie. 5°, La race caucasique, originaire du Caucase. J’ai distingué deux principales variélés de l'espèce humaine’ (dans mes Considérations sur les Etres organisés , tome IL). La blanche, Et la règre. Leurs diflérences sont tirées de caractèrés constans. J'ai supposé que la blanche est originaire de l'Inde ou des 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Moluques, de Bornéo particulièrement où se trouve l’ourang.. ,% J'ai sous divisé cette variété en deux grandes races. La race indouse, à visage ovale, nez aquilin.. .., angle fascial de 8o à go degrés : d’où sortent les Indoux, les Malais, les Persans, les Caucasiens, les Européens... La race £artare , à visage plat, arrondi, nez écrasé..., angle fascial de 75 à 85 degrés : d’où sortent les Tartares, les Chinois, les Lapons, les Samoiïédes, les Américains... La race zègre me paroît originaire d'Afrique : on trouve une variété de l’ourang, le chimpanzé , à Angola... Cette race a l'angle fascial encore plus aigu que les Tartares, elle a également plusieurs sous-variétés, Ces deux races, la blanche et la nègre, se sont mélangées et ont produit diverses variétés de métis... DES MAMMAUX, Cette famille du règne organique doit fixer principalement l'attention de l'homme, parce qu'elle se rapproche davantage de Jui. De l’Ours gris d'Amérique, Clinton a donné des détails intéressans sur l'ours que les amé- ricains nomment ours grisâtre (grissley bear). Clarke et Lewis, dans leur expédition sur le Missouri, en ont tué un qui pesoit six cents livres. Il avoit huit pieds sept pouces de longueur. Un chasseur a dit en avoir vu un de qua torze pieds de longueur. On peut supposer, d’après ce que dit Pennant, que cette es- P PRE ; A pèce d'ours existe en Tartarie, et que c’est l'espèce que les Allemands nomment ours argenté, silber baer. On a acquis celle année quelques autres détails nouveaux sur cette famille des mammaux. DES GLANDES ODORIFÉRANTES DES MUSARAIGNES. Geoffroy Saint-Hilaire a examiné ces glandes odoriférantes. On sait, dit:l, que plusieurs mammaux carnassiers ont des glandes odorantes situées au prépuce ou à l'anus..…..; mais j'ai observé dans d’autres parties des organes à sécrétion odorante ET D'HISTOIRE NATURELLE. ED dans les musaraignes, les desmans, mes sorex et mygale. On trouve chez ces animaux des organes à sécrétion odorante sur les flancs, un peu plus près du derrière. Leur forme est ovu- laire. Ils ressemblent à des glandes. Il a également cru apercevoir chez les taupes, des organes analogues. DES POISSONS. G. Cuvier continue son travail sur les poissons, cette partie de la Zoologie si peu avancée. Il en a fait connoître plusieurs variétés. DES ANIMAUX INOSSEUX, OU INVERTÉBRÉS. Cette famille immense des animaux, qui paroît si éloignée des autres espèces, présente chaque jour de nouveaux faits aux observateurs nombreux qui s’en occupent. Je leur ai donné le nom d'iNOSsEUx, parce qu'ils n’ont point le squelette osseux qui forme le caractère principal des autres familles. Lamarck, qui les appelle invertébrés, a publié des détails ME , ppeue , intéressans sur leur organisation. Mais ce nom d’énvertébrés me paroît moins propre que celui d'énosseux, parce que la plupart de ces animaux, tels que les chenilles. . ., ont des anneaux qui font fonctions de vertèbres. DES PYROSOMES, ET DES BOTRYLLES ÉTOILÉS. Le pyrosome est une espèce d'animal de cette famille des inosseux, observé par Peron dans l'Océan du côté du câp de Bonne-Espérance. 11 se rapproche du Beroë. Lesueur en a observé une nouvelle espèce dans les mers de Nice, dont il a publié la description dans ce Journal. Lesueur et Desmarest ont donné la description d'un autre animal de cette famille, le botrylle étoilé. DE LA PHYSIOLOGIE ANIMALE. . Chiaverini a publié un essai d'analyse comparative sur les principaux caractères organiques et physiologiques de l’ér#e/li- gcnce et de l’énsiincs, 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Depuis que la raison humaine, dit-il, affranchie des présomp: tions de l'autorité, et désabusée des sophismes et des prestiges de l'imagination, a désayoué lINNÉITÉ des idées, et depuis qu’on a commencé à examiuer les ressorts mécaniques, et la progression empirique de la pensée, la Psychologie a établi avec la Médecine, l’édéologie (mot impropre) et la législation même, une communication de principes sûrs et d’utiles applications. On est revenu à cette vérité. Nihil est in intellectu quod non fuerit in sensu. Ze jugement, la réflexion, les passions, toutes les facultés de l’ame ne sont que la sensation transformée , a dit Con- dillac, rt de Penser. L'auteur recherche ensuite ce qu’il croit distinguer l'intelli- gence de l'instinct, et il dit : Le caractère organique principal de l'intelligence est le SENSORIUM, point central commun du système nerveux. Le caractère organique de l’instinct est la nullité d’un sen- SOriuIn. Les animaux céphalés (doués d’un cerveau) ont de l’intel- Jigence. Les acéphalés (c’est-à-dire les animaux sans cerveau) sont exclus de l'intelligence, et sont bornés à l’Znstinct stationnaire, par condition organique. L'intelligence ne peut être ébauchée que chez les animaux, qui commencent à offrir un système nerveux concentrique, ou cerveau. L'instinct et l'intelligence ne peuvent pas naître des idées innées. Ils ont une faculté commune, inhérente à l'organisa- tion... L'auteur croit apercevoir une transition de l'instinct à l'intelligence. J'ai développé en détail des idées analogues dans mes Coz- sidérations sur les Etres organisés. DE LA CIRCULATION DU SANG VEINEUX. Zugenbubhler a proposé de nouvelles vues sur la creulation du sang veineux. Lorsque les ventricules du cœur se sont con- tractés pour chasser le sang dans les artères, il s'y opère un vide dans la systole ; le sang des veines vient aussitôt remplir ce vide. DE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 DE LA RESPIRATION , ET DE LA CHALEUR ANIMALE. John Davy pense que la respiration ne peut être la cause de la chaleur animale, et que cette chaleur est plutôt l'effet de l’action des forces vitales. Ou sait que je soutiens la même opinion. DES VENTRILOQUES,. Le ventriloque COMTE produit des effets si surprenans et une illusion si complète, qu’il convient lui-même avoir été souvent exposé à de mauvais traitemens de la part des ignorans superstitieux. Montègre a étudié avec soin les phénomènes que produisent les ventriloques et en a recherché les causes; il les attribue à différens moyens provenans soit de la gorge, soit de la bouche. DES PANORAMAS. Les panoramas offrent une autre espèce d’ilusion très-sin- gulière. Des objets peints sur une toile, vus dans un lieu obscur, et où on observe un profond silence, paroissent prodigieusement agrandis , et produisent une illusion qu'on a peine à concevoir. DES FANTASMAGORIES. Les fantasmagories présentent encore des illusions très-sur- preuantes, dépendantes également de l'organe de la vue ; elles sont roduites par des lentilles optiques , arrangées avec art dans un ieu obscur. La lentille seule est éclairée par une lampe, comme dans la lanterne magique...; on la fait mouvoir à volonté, on l'approche, on l’éloigne...… DE L’EXISTENCE DES CORPS. Ces illusions ont donné lieu à la question suivante : Toute la vie ne seroit-elle qu’une espèce d’illusion analogue aux illusions des ventriloques, des fantasmagories et des pano- ramas? L'opinion de Berkeley, que l'existence des corps n’est qu'une illusion , auroit-elle quelque fondement ?... Il est avoué aujourd’hui que toutes les notions que nous avons sur les corps, ne sont que des sensations pour nous; des couleurs, des sons, Tome LXXXII. JANVIER an 1616, C 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des saveurs, des odeurs, différentes espèces de toucher... Nous avons dans les rêves, dans le somnambulisme..., des sensations analogues, et ces sensations ne sont point produites par des corps...; dans le délire, dans la folieles mêmes effets ontlieu..., aussi ai-je prouvé, Préncipes de la Philosophie naturelle , tome IT, pag. 24, que nous agissons comme s'il existoit des corps, sans en avoir aucune certitude. « Lorsque l’analogie me fait apercevoir des moyens qui peuvent me procurer des sensations agréables, et en éloigner de désa- gréables, dis je, je me sens nécessité à employer ces moyens. » Etant sur le bord d’un précipice, la mémoire me rappelle tout le mal que l'analogie me dit que je me ferois, si j'y tombois. Ce souvenir est pénible : je me retirerois de dessus les bords de ce précipice (c’est ce qu’on fait dans les rêves), non que j'appréhende de me faire mal, mais parce que la mémoire m'en fait souffrir un véritable si je ne me retire pas. .; je fuis éga- lement tout ce que l’analogie me dit pouvoir me causer des douleurs... Je fais au contraire tout ce que l’analogie me dit pouvoir me causer du plaisir... La mémoire sera done un motif déterminant pour me faire agir comme s'il existoit des corps, conformément à l’analogie; ais je n'ai aucune certitude que les événemens arriveront, ou sont arrivés de la manière que la mémoire ou l’analogie me le disent. Je me comporterai néanmoins comme devant être affecté à l'avenir de la manière dont ma mémoire me dit que je l’ai élé par le passé; quoique je ne sache pas si je l'ai été autrefois, et si je lai été comme je le suis aujourd’hui, ni si je le serai, et le serai encore des mêmes sentimens. Ceci suppose qu'il existe hors de moi d’autres êtres, sans cependant m'en donner aucune certitude; car dans les rêves... ou suppose également qu'il existe hors nous des êtres qui nous causent les sensations que nous éprouvons, et ils n'existent réel- lement pas... La probabilité de l’analogie, que quoique nous n’ayons aucune certitude de l'existence des corps, nous devons agir comme Sils existoient, est — 99,999,998+ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19 DE LA BOTANIQUE. Bonpland continue son beau travail sur les plantes rares qui sont cultivées dans les jardins de Nayarre et de Malmaison. IL en a donné quatre fascicules. Redouté continue son histoire des liliacées ; il en a déjà publié 78 livraisons, il n’en a plus que deux à donner pour achever son ouvrage, qui contiendra 80 livraisons, ou 480 plantes, chaque livraison étant de six plantes. La totalité de l'ouvrage fera huit volumes. Robert Brown a publié des remarques générales géographiques ct physiques sur la Botanique de la Terre australe (c’est-à-dire de la Nouvelle-Hollande, des petites îles adjacentes et de l'ile de Vandiémen). Ces contrées offrent, comme l’on sait, des animaux très-par- ticuliers, tels que les kanguros , les ornithorinques, les phasco- lomes.... Elles offrent également des plantes particulières. Brown dit que les plantes qui y sont connues, sont au nombre de 4160, dont 2900 dicotylédones, 860 unilobées et 400 acotylédones, en y comprenant les fougères. Le nombre des dicotylédones des Terres australes est done à celui des monocotylédones à peu près comme 6 à 2 : et dans les autres parties du globe il est comme 9 à 2. De la Betterave. Pajot Descharmes a donné des détails intéressans sur la bette- rave et sa culture, Il en a décrit les différentes variétés, et fait connoître celles qui donnent Ja plus grande quantité de sucre. Il a fait voir que les terrains légers conviennent mieux à cette plante. Il donne tous les détails nécessaires pour assurer un plein succès à cette culture si intéressante pour l’Europe. Chaptal a décrit les procédés qu’on emploie pour retirer le sucre de la betterave, et il a dit que ce sucre est aussi bon que celui de la canne à sucre. C 2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DE LA PHYSIOLOGIE VÉCÉTALE. Palisot de Beauvois a publié des observations sur l’arrangement . ., * co ‘4 L4 et la disposition des feuilles, sur la moelle des végétaux ligneux et sur la conversion des couches corticales en bois. Il en a tiré les conséquences suivantes : 1° La forme de l’étui médullaire varie dans les végétaux di- colylédons ligneux. Ces variétés paroissent soumises à une loi Constante, et dépendre de l’arrangement et de la disposition des . ! a = > branches ou des feuilles. fl a reconnu dans cet étui cinq formes différentes ; @ La #réangulaire dans les plantes, telles que Île laurier rose... dont les feuilles sont verticillées par trois; B La tétragone dans les arbres, tels que le tilleul, dont la spirale formée par les feuilles , est composée de quatre feuilles ; i A A © La pentagone dans les arbres, tels que le chêne, le châ- laignier..., dont la spirale est composée de cinq feuilles ; d La polygone dans les pins. .., dont les feuilles sont éparses ; e La ronde ou ovale, dans les arbres dont les feuilles sont opposées. 2°. La moelle est d'unenécessité absolue pour la conservation de la vie des végétaux dans leur jeunesse ; mais dans les vieux arbres, comme les saules qui sont privés de moelle, elle est suppléée par les rayons médullaires. 3. Les monocotylédones n’ont pas de moelle comme les di- cotylédones. Cependant Rumphius, d'Aubenton... avoient re- marqué dans le palmier et d’autres plantes, une substance ana- logue à la moelle et aux rayons médullaires. Dupetit-Thouars a surtout fait voir que quelques monocoty- Jédones, tels que le pardanus, le dracæna..., différoient beau- coup à cet égard des autres monocotylédones. Les graminées, les bambous..., oflrent à cet égard des ex- ceptions encore plus remarquables. 4°. Les nouvelles couches ligneuses sont produites par le /iber, et non, comme l’a cru Hales, par le bois précédemment formé ; comme chez les animaux, les nouvelles couches osseuses sont produites par le périoste.... « La moelle, dit l'auteur, varie par sa forme et par sa cou- ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 2x leur. On a remarqué dans celle du sureau et de plusieurs autres arbres, des filets longitudinaux coloriés en rouge ou en brun, et dont l'utilité n’est pas bien déterminée. » C’est moi qui ai le premier décrit ces vaisseaux rouges que J'ai vus dans la moelle du sureau, de l'yeble, de l'hortensia..., dans le grand travail que j'ai fait sur l’organisation végétale. « En enlevant la substance médullaire d’une branche de su reau , ai-je dit, Considérations sur les Etres organisés , t. IT, pag 454, j'y ai distingué une grande quantité de vaisseaux rouges qui forment en général une zone concentrique. Ils sont placés dans la substance médullaire, à un quart de ligne, ou même plus, de la partie ligneuse ; ils sont très-gros dans l’yeble. » Les vaisseaux rouges détachés de la partie médullaire et examinés à la loupe, paroissent demi-transparens et composés de petits nœuds, comme les vaisseaux lymphatiques des animaux, » Ils sont entièrement distincts des trachées. » Je présume qu'ils servent à la circulation de liqueurs dans celte substance médullaire, comme ceux qui sont dans les fruits. » J’ai fait voir ces vaisseaux rouges à un grand nombre de savans et à l’auteur lui-même. Je sais que Duhamel ( Physique des Arbres, tome I, p. 38) a parlé de fibres longitudinales qu'il a vues dans la moelle du sureau; elles prennent, dit-il, une couleur rousse dans les 2ran- ches anciennes...; mais ces fibres ne sont pas les vaisseaux rouges que J'ai vus, et qui se trouvent dans les plus jeunes branches... . Dans cet ouvrage de mes Considérations sur les Etres or- ganisés , J'ai décrit avec beaucoup de soin les différentes parties des végétaux , et j'ai fait voir qu'elles étoient analogues aux dif- férens tissus ou systèmes que Pinel, Bichat... ont reconnus dans les animaux. J’ai comparé la Physiologie des végétaux avec celle des ani- maux; c'est sous ces rapports que tous ceux qui ont fait des recherches sur la nature des êtres existans, ont apercu les plus grandes analogies entre les fonctions organiques des végélaux et celles des animaux. Pythagore, et surtout son disciple Empédocle, Hippocrate, Aristote, Théophraste...., parmi les anciens philosophes de la Grèce.….. 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Et parmi lesmodernes, Camerarius, Leuwenhoek, Malpighi, Grew, Gesner, Perrault, Tournefort, Linné, Jussieu... ont reconnu ces analogies entre les végétaux et les animaux, et en ont fait la base de leurs recherches. Et comme les fonctions des animaux sont plus connues que celles des végétaux, on a constamment rapporté la Physiologie végélale à la Physiologie animale. Dans mes Considérations sur les Etres organisés, j'ai suivi Ja même marche; et j'ai considéré en général ces êtres, que j'ai divisé en quinze classes. re et 2e classes. Animaux osseux à sang rouge. 3, 4, d, 6 et 7e classes. Animaux inosseux à sang blanc. 8 et ge classes. Animaux inosseux agenies ,sans organes sexuels connus. 10 et 11° classes. Végétaux agenies, sans organes sexuels connus. 12, 19, 14 et 15e classes. Végétaux avec organes sexuels con- nus, acotylédons , monocotylédons, dicotylédons, policotylédons. 1°. J'y ai fait voir qu'entre les dernières familles des animaux, les agenies, où sans organes sexuels connus, tels que les hy- dres ou polypes, les rotifères..…., Et les premières familles des végétaux, les agentes, ou sans organes sexuels connus, tels que les tremelles, les conferves..., IL y avoit les plus grands rapports, ensorte qu’on ne pouvoit à peine assigner entre eux aucuns caractères distinctifs. 20. L'organisation des végétaux a également les plus grands rapports avec celle des animaux. Ils sont composées les uns et les autres de tissus cellulaires, de membranes sereuses, de membranes 7zuqueuses, de membranes fibreuses...., de glan- des, d'organes de la respiration, de la nutrition, de la cireu- lation, des sécrétions. ., 3°. Les végétaux ont, comme les animaux, un système de forces vitales. Ils ont de l'irritabilité, de lexcitabilité.. .; quel- ques-uns ont des mouvemens très-prononcés , tels que la valis- niéra, la sensitive... D’autres ont une chaleur considérable, tels que les arums dans le temps de leur floraison... Ces forces vitales des étres organisés paroissent des effets de action galvanique, que leurs différentes parties exercent les unes sur les autres. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23 40. Les végétaux se nourrissent comme les animaux : on re- trouve chez les uns comme chez les autres, un grand nombre de liqueurs particulières produites par leurs forces vitales. 5°. Toutes ces liqueurs circulent chez les végétaux, comme elles circulent chez les animaux. Cette circulation paroît diflérenle chez les grandes espèces d’animaux qui ont un cœur, des arlères, des veines..., et chez ceux qui n’ont point de cœur, tels que les agenies,..… La circulation chez les végétaux paroît plus analogue à celle qui a lieu chez les animaux agenies. . 6°. Les végétaux respirent; mais leur respiration paroît ana- logue à celle des animaux agenies. £ 7°. Les végétaux ont des sécrétions analogues à celle des animaux; elles s’opèrent par des moyens analogues, des tissus glanduleux.,.…. 8°, Les végétaux se reproduisent comme les animaux; celte reproduction s'opère chez le plus grand nombre par des organes sexuels et des liqueurs prolifiques. Mais quelques végétaux, comme quelques animaux, les agenies, n'ont point d'organes sexuels; ils se reproduisent par LCMINES . « Chez les végétaux, comme chez les animaux, il paroît qu'il y a des généralions spontanées, 9°. Le végétal vif, sommeille et meurt comme l’animal.... Cette analogie des organes et des fonctions des végétaux avec: celles des animaux, démontre qu’ils doivent être considérés comme ne formant qu’une famille. La Physiologie végétale ne peut donc fairede progrès qu’en l'envisageant sous ces rapports. C’est sous ce point de vue que mes Considérations sur les ÆEtres organisés doivent êlre regardées comme un ouvrage pliilosophique. Lorsqu'il parut, on me dit : vous avez consi- déré les étres organisés sous leurs vrais rapports, en n’en ; ï LIRE Jormant qu'une seule famille. Dans trente à guarante ans votre opinion sera généralement admise... Mais on éloigne aujourd’hui cette vérité, ceux mêmes qui l'avoient reconnue. La vérité triomphera un jour!.., 24. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ DE LA MINÉRALOGIE. DE LA BLENDE OU ZINC SULFURÉ. Thomson a fait de nouvelles recherches sur la blende. Werner, dit-il, décrit trois sous-espèces de blende ; la jaune, la brune, la noire. Je n’ai pas encore analysé la noire; mais les deux autres m'ont donné à peu près les principes suivans : LINE SE. ele ea DS CT M OUROT SONT CA: ER He... Had. (4 FÉES ere: LTAT O0 Quart NERO ER TON Æt en soustrayant le fer et le quartz on aura ZINC SNS de Deal Se eue POP SocRo D HA Pot A SEE S Il y a trois autres mines de zinc connues sous le nom de Calarmine. Hydrate de zinc carbonaté, Carbonate de zinc anhydre, Zinc silicé. DE L'ÉTAIN DE LIMOGES, On a trouvé auprès de Limoges une mine d’élain qui rap- proche beaucoup de celle de Cornouailles, On a observé dans cet endroit des travaux considérables, qui indiquent qu’on avoit déjà essayé l'exploitation de cette mine. Il me paroît assez probable que ces travaux avoient été en- trepris par quelques minéralogistes anglais, dans le temps que ces contrées étoient soumises à l'Angleterre. Cet étain a été essayé avec succès à Paris pour l'étamage. DU MISPICKEL. Stromeyer a fait une nouvelle analyse du mispickel. Il pense que ce minéral est une combinaison binaire de fer sulfuré au maximun, uni à un alliage de fer et d’arsenic. Il y a trouvé les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25 les proportions suivantes : Arsenidh:-he.. subsides « til 42,88 Fer sos: 2e abile die ii 06.04 DOC Re heal DORE DE CS Ou bien, en adoptant que le fer s’y trouve au maximum avec le soufre : Per-sulfure de fer. , + : à « . . 39,17 Fervarsenical: lee einunse talr2460;83 DES SOUDES. Pajot Descharmes a fait voir que les soudes qu'on retire du sel marin en le décomposant par le procédé que j'ai le premier indiqué , ainsi que l’a dit Leblanc, peuvent être employées dans les arts, comme celles qu’on retire des kalis et autres plantes liltorales et marines.... Eflectivement elles sont de la même nature. DE LA CRISTALLOGRAPHIE. DES CRISTALLISATIONS RÉGULIÈRES ET CONFUSES. J'ai cherché les causes des différences que présentent ces cris- tallisations. Toutes les substances minérales sont cristallisées d’une ma- nière soit régulière, soit confuse; et le globe de la terre a été formé par une cristallisation générale des parties dont il est com- posé. J'ai développé ces vérités dans diflérens Mémoires imprimés dans ce Journal, sur les cristallisations géologiques. Les cristallisations régulières sont le résultat de la position de molécules régulières les unes à côté des autres, suivant cer- taines lois constantes. J’ai distingué trois espèces de molécules. Les molécules primitives, Les molécules élémentaires, Les molécules értégrantes. Les molécules primitives de la matière sont nnes poyoc, elles doivent être très-dures, comme la dit Newton. Les molécules élémentaires sont formées des molécules pri- milives combinées, et forment des corps dits simples , le char- bon, le soufre..., les terres, les métaux... Tome LXXXII, JANVIER an 1816. D \y 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les molécules intégrantes sont formées des molécules élé- mentaires combinées. Ainsi la molécule intégrante du calcaire est formée de chaux, d'acide carbonique et d’eau. Ces molécules intégrantes paroissent être des lames ; ellessont ou rectangulaires, comme dans la pyrite, ou rhomboïdales, comme dans le calcaire, ou triangulaires, comme dans le fluor .... ; mais les rhomboïdales peuvent être composées de triangulaires, comme dans le calcaire de Moutiers , les rectangulaires peuvent être composées de triangulaires comme dans la galène... Ainsi toutes ces molécules penvent être triangulaires, Mais les cristallisations confuses présentent d’autres phéno- mènes. Exposons les faits. Prenons le calcaire pour exemple. Le calcaire cristallisé régulièrement, présente des lames rhom- boïdales posées les unes à côté des autres, suivant certaines lois. Les calcaires cristallisés confusément , eomme les marbres dits salins, présentent des lames irrégulières, des espèces d’écailles. D'autres calcaires cristallisés confusénient , tel que le marbre de Carare, ne présentent point de lames distinctes. j Enfin les calcaires compacts ne présentent qu’un aspect terreux. Les mêmes faits s’observent dans tous les autres minéraux, les gypses, les fluors.... Les sels que l’art fait dissoudre dans l’eau et cristalliser, les corps, tels que le soufre, les métaux... que l’art fond et fait cristalliser, offrent des phénomènes analogues dans leurs cris- tallisations régulières et dans leurs cristallisations confuses. J'ai tiré de tous ces faits les conclusions suivantes: a. Dans les cristallisations régulières , le cristal est composé de lames régulières placées les unes à côté des autres, suivant cartaines lois régulières. b. Dans les cristallisations confuses, les molécules ne forment point de lames régulières : et ces molécules paroïssent placées les unes à côlé des autres d’une manitre confuse, sans suivre aucune loi régulière. | Les cristallisations régulières et les cristallisations confuses diffèrent done principalement par deux causes. Les molécules sont régulières dans les premiètes, et ne le sont pas dan: les autres. Leurs positions respectives les unes par rapport aux autres, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27 se Font dans les premières suivant des lois constantes, et dans les autres d’une manière irrégalière. Mais ces positions des molécules, les unes par rapport aux autres dans ces eristallisations confuses, présentent un fait bien digne d’attention ; elles peuvent changer sans que les corps pa- roissent altérés, Tous les corps pénétrés de chaleur, sans néanmoins entrer em fusion, sont dilatés. Leur volume, leur pesanteur, leur dureté... éprouvent des changemens considérables. La position respective de leurs molécules n’est donc plus la même. Un refroidissement plus ou moins prompt produit d’autres changemens très-remarquables, qui indiquent d’autres change- mens dans les positions respectives des molécules. L'acier, par exemple, acquiert par la trempe une grande dureté; mais il devient très-fragile. . Cependant le facies dé l’acier trempé ne paroît pas diflérer de celui de l’acier non trempé. Tous les métaux chauflés et refroidis subitement, présentent des phénomènes analogues. Le verre présente les mêmes phénomènes, La larme batavique jetée toute rouge dans l'eau froide, acquiert des qualités dif, férentes de celles du verre ordinaire, Le verre non-recuit a des qualités différentes de celles du verre recuit ; il se brise sans le toucher... J'ai conclu de ces faits, que la position des molécules des corps peut changer, que ces molécules ellesmêmes peuvent être altérées, et que ces corps acquièrent des qualités nouvelles, sans que leurs caractères extérieurs, leur facies, éprouvent de chan- gemens sensibles. Ces vues sur les cristallisations confuses des minéraux, nous ont ramené à la reproduction des êtres organisés, qui est une véritable cristallisation. DE L’AUGITE ( pyroxène), DE LA COCOLITHE, DE LA SAHLITE, DE L’ALALITE de Bonvoisin, DE LA MUSSITE de Bonvoisin, DE LA LHERZOLITE de Delamétherie, Haüy pense que ces six substances ont la même forme primitive. D 2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D'où il conclut, d’après ses principes sur les caractères cris< tallographiques, que ces six substances ne forment qu’une seule espèce, dont elles sont des variétés. J'ai fait voir que cette opinion n'est pas fondée, et que les preuves qu’il en donne ne sont point concluantes. a. Il ne prouve point que ces six substances ont la même forme. Il est constant, au contraire, que leur forme est diffé- ‘ rente. La mussite a une figure cylindroïde. La sahlite cristallise en prisme rectangulaire. Et l’augite, la cocolite, l'alalite, la lherzolite ont des formes différentes. b. Des minéraux qui ont la même forme ne sont pas de la même es; èce. L'argent sulfuré, le plomb sulfuré , le fer salfuré, .. affectent les mêmes formes, la cubique, l'octaèdre et ieurs modifications. Ce sont néanmoins des espèces diflérentes. c. Le spath calcaire, le fer spathique ou carbonaté... affectent la même forme rhomboïdale.. .; ce sont néanmoins des espèces différentes. ... La forme cristalline ne sauroit donc caractériser les espèces. Celui qui n’est que cristallographe, n’est donc point un minéralogiste. Il n’y a donc que l'analyse chimique qui, ainsi que je ne cesse de le répéter, peut faire distinguer les espèces minérales. DE LA GÉOLOGIE. Cette science a encore été enrichie cette année de plusieurs faits intéressans. Tous ces faits confirment mon opinion, que le globe ter- restre, ainsi que les autres globes, a été formé par cristalli- sation aériforme. De la formation du Noyau du Globe, et des Terrains primitifs par des Substances aériformes. Il est reconnu que les substances qui composent le globe terrestre ont élé primitivement dans un état de liquidité; elle a pu étre aériforme, ignée, ou aqueuse. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 Il est probable que le noyau du globe, et les terrains dont il est composé, ont été formés par des substances jouissant d’une liquidité aériforme , comme l’a dit Anaximène ; car celte liquidité ne paroît avoir été ni aqueuse, ni ignée, comme nous allons le prouver. Cette probabilité est = x. De la formation des Terrains primitifs de la croûte du Globe par des dissolutions et cristallisations aqueuses. Mais il paroît à peu près avoué que les terrains dont est com- posée la croûte du globe, soit les primitifs , soit les secondaires, ont été tenus dans une dissolution aqueuse. Car ces terrains sont composés de granifs, de porphyres, de gneis , de schistes micacés , de schistes argileux (thon schifler), de tales, de serpentiues, de calcaires , de gypses... Or toutes ces substances paroissent avoir été dissoutes dans les eaux, et y avoir crislallisé, Elles différent de celles de ces substances qui ont été formées ar une fusion ignée. Dans les laves porphyriques, par exemple, Fe feld-spath a un aspect vitreux : l'hornblende des laves horn- blendiques a également un facies différent... Cette probabilité est = x. Jamesson a donné de nouveaux détails sur ces terrains pri milifs. Il pense avec moi, qu’ils forment différens strates qui sont séparés les uns des autres... par des solutions particulières de continuité. De la formation des Terrains secondaires dans les Eaux des mers. On a donné le nom de secondaires aux terrains qui con- tiennent des débris d'êtres organisés, soit animaux, comme les os, les coquilles, soit végétaux, comme les bois fossiles, les tourbes, les houilles. Tous ces terrains secondaires paroissent avoir été formés dans les eaux ; car ces plantes, ces os, ces coquilles fossiles si minces, si fragiles, n'ont pu être déposés que dans des eaux. Ces eaux paroissent le plus souvent avoir été celles des mers, PATES les analogues de ces coquilles vivent aujourd’hui dans es mers. 30 JOURNAL DEÆ PHYSIQUE, DE CHIMIE On y trouve également fossiles des animaux marins, tels que des célacés, des baleines, des lamantins, des poissons marins... De la formation des Terrains secondaires dans les Eaux douces. Mais différens terrains de la croûte du globe ont été formés dans les eaux douces, dans des lacs..., comme je l'ai dit Théorie de la Terre, tome V, pag. 139. Car on trouve dans ces terrains des débris fossiles d'êtres or- ganisés, dont les analogues vivent dans les eaux douces, tels que des planorbes, des lymnées, des moules... On s’est approprié celte idée sans en nommer l’auteur. Mais on a trop accordé à cette cause : car on ne peut pas toujours conclure que des terrains ont été formés dans les eaux douces, de ce que les fossiles qui s’y trouvent sont analogues aux êtres organisés qui vivent aujourd'hui dans ces eaux douces : car nous voyons journellement que des eaux douces courantes entraînent dans les mers des débris d'êtres organisés qui vivent sur les continens. , . ; tels sont tous les os fossiles des mammaux des continens...; elles y entraînent également les fossiles des animaux d'eaux douces, tels que les crocodiles... ; les coquilles d'eaux douces. ..; des bois, des fossiles. ... . On ne peut également pas assurer que des terrains ont été formés dans les eaux des mers, parce qu’on trouve dans ces terrains des débris d'êtres organisés qui ont vécu dans les mers: car, ainsi que je l'ai dit, des lacs d'eaux douces se trouvent dans des bassins formés antérieurement dans les eaux des mers où se trouvent des débris d'animaux marins. Ces bassins sont dégradés journellement par différentes causes. Les fossiles marins qu’ils contiennent tombent dans le lac d'eaux douces..., ces effets s’observent journellement au lac de Genève. Les monts Salèves qui forment un des côtés de son bassin, contiennent beau- coup de coquilles fossiles marines, dont plusieurs tombent dans le lac, et se mélangent avec les nouvelles couches formées dans le lac. Ces probabilités sont = x. De la formation des Houilles. Cordier a donné des descriptions détaillées des immenses couches de houilles qu'on observe en France. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3x II pense que les mines de houilles de Saint-Georges: Chätelain dans l’Anjou, sont situées dans des terrains de transition. Des diflérens Strates du Globe. Jamesson a publié de nouvelles observations sur les différens strates du globe terrestre, qui confirment ce que j'en avoisdit. « La matière, dit-il, dont la partie solide du globe est formée, est de nature métallique plus ou moins oxidée (en regardant les terres comme des oxides métalliques) ; celte matière terreuse paroît avoir été formée dans un ordre déterminé et régulier, sous la forme de couches qui sont au globe entier de la terre, ce que les lamelles , dont un cristal est formé , sontà la masse du cristal lui-même. Ces couches se rencentrent sous certains angles déterminés. Sous ce point de vue on peut considérer La terre comme susceptible de CLIV AGE à la manière des cristaux. » Les plans terminateurs de ces couches ne se propagent pas toujours sur toute l'étendue de la montagne... Dans beaucou de cas ils doivent être considérés comme autant de solutions particulières de continuité , qui ont eu lieu dan$ une substance cristailisante. » Les couches verticales ont été formées de celte manière, et elles sont actuellement dans leur position primitive. » On voit que l’auteur reconnoit avec moi que le globe ter- restre a élé formé par cristallisation, soit les couches ou strates à peu près horizontales, soit celles qui approchent de la verti- cale, et qu’il y a des solutions de continuité dans l'étendue de ces strates, De la formation des Filons. Les géologues ont émis différentes opinions sur la formation des filons. « On suppose dans l’une, dit Jamesson, que presque toutes les mines se sont formées dans des crevasses ouvertes (ou fentes), qui ont été remplies de haut en bas par les matières minérales qu’elles contiennent actuellement. » Dans l’autre théorie, ces crevasses ont élé remplies de bas en haut par l’action des feux souterrains. » Je suis maintenant, dit-il, assez enclin à croire que zombre de ces crevasses sont de formation contemporaine avec Les roches qui les renferment. » 32 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les substances métalliques , surtout les ferrugineuses, doivent être très-abondantes dans l’intérieur du globe, comme le prouvent sa densité et son magnélisme...; elles y ont été déposées avec les autres minéraux... On ne peut dans ces formations supposer des fentes. J’ai prouvé, Théorie de la Terre, tome IV, pag. 116, que les filons des terrains primitifs ont été formés par cristallisation avec la masse des terrains dans lesquels ils se trouvent. Ils se sont déposés ensuite suivant les lois des aflinités, soit en grands Jilons, soit en stockvers, soit en mouches, soit en couches, soit en zéds. ..; quelques-uns de ces filons se propagent en ligne droite à plusieurs lieues, comme celui de la Guananaxuato ; d’autres se divisent en plusieurs rameaux, comme ceux du Ro- sario, de l’Encino... D'autres sont étranglés, comme celui de la Biscaina, qu’on a de la peine à distinguer dans l’espace de 400 mètres, dit Hum- boldt , et qui reparoît ensuite avec une grande puissance. Mais il est des filons de formation secondaire dans lesquels on trouve des coquilles, comme à Idria, des arbres, des pierres roulées..., comme à Pompéan en Bretagne... 2es filons secondaires forment des couches, tels que les filons de galène en Carinthie..., ou des zids comme les mines de mercure à Idria, ..…. De la hauteur des principales Montagnes du Globe. L'annuaire rédigé par le Bureau des Longitudes de France pour lan 1815, donne la hauteur des principales montagnes de la terre au-dessus du niveau des mers. Nous allons rapporter quelques-unes de ces hauteurs. Europe. Mont-Blanc dans les Alpes, la plus haute montagne de mères l'Europe, montagne granitique.. . . . . . . . . + 4779 Mont- Rose dans les Alpes RESTE OEM EN TD + Asie, Le pic au Tibet le plus élevé de l'Asie et du globe, qui es pranitique. eee Nes DNS Me RREUr. ie RS ON Ste Pic sur la frontière de la Chine et de la Russie, . . . br35 Afrique 03 ca ŒT D'HISTOIRE NATURELLE. Afrique. mètres. Pic volcanique de Teyde ou de Ténériffe aux Canaries. 3710 Montagne de Ambotismême. Madagascar.. . . . . . 3507 Amérique. Ghimborazo, Volcanique au Pérou, . . . . . . . . . 6330 Mont Saint-Elie, côte N. E. d'Amérique. . . . . . . 5513 On a observé dans les autres,globes, des montagnes beaucou plus élevées à proportion. Schroeter dit (Journal de Physique, tome XLVIIT, pag. 459) que La lune qui est 64 fois plus petite que la terre, a des mou- tagnes dont la hauteur est de plus de quatre mille toises. Vénus qui est plus petite que-la terre, paroît avoir des mon- tagnes élevées de 23,000 toises. Saturne, Jupiter doivent en avoir de bien plus élevées. Celles du soleil doivent avoir une hauteur prodigieuse. De la formation des Montagnes par cristallisation. Ces faits confirment mon opinion sur la formation des mon- agnes PAR CRISTALIISATION. On ne sauroit concevoir que des montagnes élevées de 4000 toises et de 23,000 toises..., eussent été formées par soulève. ment ou par affaissement. Il faut dire qu’elles sont le résultat de la cristallisation, comme le sont les masses de cristaux qu’on voit s’élever dans les masses cristallisées par l’art, les masses d’alun, les masses de sulfate de fer, les masses de sel marin... Ces masses cristallisées, qui onf formé nos montagnes, ont ensuite été dégradées par les pluies, les frimats. .., et ont été amenées à l’état où nous les voyons. Du Niveau des Eaux de la Méditerranée et de l2 mer Rouge. Lepère a fait avec d'aütres ingénieurs français, un travail pour l'établissement d’un canal, qui communiqueroit de la mer Rouge au Nil et à la Méditerranée. Tome LXXXII. JANVIER an 1816. E " O4. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il en résulte que les basses mers des vives eaux de la Mé- diterranée sont inférieures de huit mètres 1219 aux basses mers des vives eaux de la mer Rouge, et de q mètres 9070 aux hautes mers des vives eaux de la même mer. Ces observations confirment que le niveau des eaux de la mer Rouge est plus élevé de trente pieds environ que celui de la Méditerranée, comme on l’avoit déjà dit. Cette élévation des eanx de la mer Rouge, plus grande que celle de la. Méditerranée, provient du mouvement diurne du globe. La force centrifuge est plus considérable dans les régions équinoxiales. Les eaux des mers doivent donc y être plus élevées que dans les latitudes des zones tempérées, toutes choses égales d’ailleurs. Or l'embouchure de la mer Rouge est environ à 20 degrés de latitude plus rapprochée de la ligne équinoxiale que la Méditerranée. DES FOSSILES. L'histoire des fossiles, si intéressante pour Ia connoïissance de la formation des terrains secondaires, a été cette année en- richie de nouveaux faits. Clinton pense que les os fossiles qui se trouvent dans des cavernes en Virginie, et qui ont été décrits par Jeflerson sous le nom de #égalonix, ont pu appartenir à la grande espèce d'ours nommée ours gris, dont nous avons parlé el qui est très commune dans ces contrées. On pourra être porté à adopter cette opinion, dit Blainville, en voyant 19 Que c’est dans les lieux où ont élé trouvés les cinq ou six os de mégalonix connus à l’ouest de la Virginie, que vit au- jourd'hui l'ours gris; 29 Que ces vs de mégalonix ont été découverts dans des ca- vernes calcaires assez anaïiogues à celles où on trouve en Al- lemagne les ossemens d'ours; 3° Que la taille présumée de l'animal fossile est à peu près la même que celle de l'animal vivant; 4° Que la forme et-la grandeur des ongles se rapportent assez bien ; 5o Enfin on sera d'autant plus porté à l'admettre, que l’on sera plus convaincu que la connoïissance des animaux quadru- : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35 -pèdes mêmes, est loin d’être assez complète, pour qu’on puisse regarder comme définitivement perdues d'autres espèces que celles dont on trouve les restes dans la masse même des pierres cristallisées, comme les azoplotherium, les paleotherium. . . » C'est ce que j'ai toujours soutenu. Peut-être trouvera-t-on aussi l’analogue vivant du megatherium fossile, dans les vastes contrées du Paraguai, qui nourrissent un grand nombre d'animaux qui ne nous étoient pas connus avant les descriptions qu’en a données d’Azara..., et il n’a pu con- noître toutes celles qui y vivent. Nous avons dit dans le Déscours Préliminaire de l'année dernière , tome LXXX, pag. 41, que Brocchi, Reinier, Poli, Maratti... ont trouvé dans les différentes mers des côtes d'Italie, des coquilles, des madrépores. . .. qu’on croyoit ne plus exister, ou n’exister que dans les mers des Indes, d'Afrique et d'Amé- rique. . .. Observons, observons. ... Ces fossiles ont été déposés à diverses époques, que j'ai dis. tinguées en sept. 1e époque. On doit dire qu’elle eut lieu peu de temps après la découverte des continens. On y observe particulièrement les ammonites, les belemniles. .., mais en pelite quantité. 2e époque. Les fossiles furent plus abondans. 3e époque. Il y eut une plus grande quantité de fossiles, et de fossiles différens : Fossiles marins, Fossiles d'eaux douces, Fossiles terrestres, Houilles. 4e époque. Les mêmes en plus grande quantité. 5e époque. Les mêmes... Plus, les fossiles des cavernes. 6e époque. Les fossiles des tourbières, 7° époque. Depuis 2500 à 3000 ans, époque des fondations d'Alexandrie, de Marseille..., le niveau des eaux ne paroît pas avoir changé d’une manière sensible. Des Terrains volcaniques, ou des Terrains formés par la £ Jusion ignée. Bennet a donné des détails géologiques sur l'ile de Ténériffe, qui paroît entièrement composée de substances volcaniques. | | E 2 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il en faut dire autant de l’île de Bourbon, de l’île d'Acunha; de Pile de Sainte-Hélène, des Acores, des Canaries, de Madère... d’une partie des Antilles. .., de l'Islande. Ainsi toute l'Atlantique est parsemée de terrains volcaniques à peu près depuis le 35e degré de latitude australe, jusqu’au 70* de latitude boréale. Les terrains volcaniques sont extrêmement abondans dans les autres parties du globe, et en occupent une partie consi- dérable, De la Soufrière de la Guadeloupe. L'Herminier a donné une description de la soufrière de la Guadeloupe; elle est composée de plusieurs cavernes se com- muniquant, et dans lesquelles sont volatilisés du soufre, de l’ar- senic sulfuré rouge, diflérens gaz, le carbonique, l'hydrogène sulfuré..., de l’ammoniaque muriaté.... : Ces phénomènes indiquent qu’il y a dans ces lieux et à une certaine profondeur, des matières em combustion. ... De nouvelles commotions eurent lieu en 1811; mais elles se firent ressentir principalement à lile Saint-Vincent, qui est proche de la Guadeloupe. D'où il paroît probable qu’il y a communication souterraine entre la plupart de ces volcans des Antilles. De la formation des Terrains par une fusion ignée. Ces terrains dont nous venons de parler ont été formés par une liquidité, dissolution, ou fusion ignée ; tels sont encore ces grands courans de laves qu’on voit couler , et qui en se re- froidissant passent à l’état pierreux par une dévitrification ; ils acquièrent une grande dureté. Cette formation ne sauroit être contestée. Deux opinions principales , dit Mackensie en parlant de l’Is- Jande, divisent les géologues sur la production des laves et des substances volcaniques. Les uns, dits zeptuniens, parmi lesquels on distingue Berg- man, Werner..., regardent les laves comme les produits d’une liquidité aqueuse. . .… Les autres, appelés vulcanistes, parmi lesquels se fait re- marquer Hutton, croient que toutes ces substances ont été fondues par une fusion ignée, comme les laves qu’on voit couler. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 37 . Hutton va plus loin. Il pense que toutes les substances qui forment la masse du globe ont été primitivement dans un état de fusion par l'effet d’une chaleur dont il ne recherche pas les causes. Ces substances ainsi fondues, se sont refroidies lentement ét ont passé à l’état pierreux par dévitrification, sans ÿ faire intervenir nullement laction de l’eau. Mackensie considère particulièrement l’obsidienne et la ponce, qu'il aflirme être de formation ignée. Il ne concoit pas qu’on ait pu être d’une opinion diflérente. DU VÉSUVE. Menard de la Groye a publié de nouvelles observations qu'il a faites sur le Vésuve dans le cours des années 2813 et 1814, pendant le temps qu'il a demeuré à Naples. Il distingue deux époques célèbres de ce volcan. La première est celle de l’ancien volcan. On ne sait point l’époque de son commencement ; mais on reconnoît les vestiges de son cratère dans le grand cirque formé par les monts Somma, Ottojano et la Piedmontana.... L'époque du volcan moderne, ou Vésuve actuel, date pro- bablement de l’an 79. C’est dans cette terrible éruption que furent ensevelies , sous des monceaux de cendres, les villes de Pompey et d’Herculanum. Pline l’ancien qui voulut en appro- cher pour observer les phénomènes, y périt. Ce volcan paroît aujourd’hui plus proche de la mer que l’ancien. C’est peut-être la cause qui le rend plus actif. 11 y avoit autre- fois de longs intervalles entre ses éruptions : et même lors de la fameuse éruption de 1687, il paroît qu’il n’y en avoit paseu depuis plusieurs siècles; car à cette époque le,cratère dans lequel on pouvoit descendre, étoit rempli d’arbustes et même de grands arbres en pleine végétation ; Et aujourd’hui il y a des éruptions presque chaque année, Plusieurs autres volcans, tels que Monte-Nuovo, Jorullo.., ; présentent les mêmes phénomènes. On en doit conclure que divers volcans, dont l’action paroît suspendue, tels que les volcans éteints de France, ceux d’Alle- magne..., peuvent reparoître avec une nouvelle activité. Parmi les divers phénomènes que le Vésuve a présentés à Menard, il a principalement observé qu'il s’y dégage de grandes 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quantités d'acide muriatique. Aussi ÿ a-t'il aperçu différens mu- riales, Lels que ceux de cuivre, ceux de fer, ceux d’ammo- niaque, celui de soude, ou sel marin.... Cet acide muriatique attaque les laves. ... et lenr donne une couleur citrine analogue à celle du soufre, et même plusieurs paturalistes ont cru que c’éloit du soufre, Néanmoins le soufre s’y trouve également, ainsi que l'acide sulfureux, qui altère aussi les laves. . 11 sy dégage encore de grandes quantités d’eau. Mais on n’a parlé qu’une seule fois d’odeur bilumineuse. Ce furent Buch, Humboldt... qui s’en apercurent dans une érup- tion de 1805. J'ai supposé que cette odeur provenoit d'une portion de l’huile de pétrole que Breislak dit sourdir au milieu des eaux de la mer, à une petite distance de la base du Vésuve, Une portion de cette huile aura été absorbée avec les eaux de la mer. Des naturalistes avoient dit que les laves du Vésuve conte- noient du soufre, et en exhaloient l'odeur; mais Menard ni Breislak n'ont rien observé de semblable, La plus grande partie de ces laves du Vésuve est noïrâtre et contient beaucoup de fer, dit Menard. Elle est comme une espèce de gueuse, une espèce de pierre de fer, on de fer en pierre... C’est pourquoi j'ai donné le nom de fontiforme à ces laves, parce qu'elles ont quelques apparences communes avec la fonte. Des laves analogues se trouvent dans la plus grande partie des volcans. Ces laves coulent avec plus ou moins de rapidité ; elles perdent ensuite peu à peu leur liquidité en se refroidissant. Ce refroidissement est plus ou moins lent. On cite des laves qui ont conservé pendant plusieurs années une chaleur assez grande pour enflammer des morceaux de boïs qu’on introduisoit dans des fentes qui s’y étoient formées, Mais ce refroidissement élant devenu plus considérable, la lave passa à Pétat pierreux en se dévitrifiant. Ces dévitrifications portent différens noms : on les appelle por- celaine de Réaumur, glastein (pierre de verre), cristallite, vitrite. (Voyez le beau Mémoire de Fleuriau Bellevue sur ces objets, Journal de Physique, tome LX, pag. 409.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 39 Menard pense que la pierre que les Allemands appellent graus- #ein , est une espèce de lave dévitrifiée. Menard a cherché à pouvoir distinguer ce qui se passoit dans l'intérieur du volcan. 1l n’y a jamais vu de flamme ni de scin- tillation; il y a seulement aperçu une lueur comme celle d'un fer rouge. La flamme ne paroït que lorsque les substances, parvenues à un grand degré de chaleur, ont le contact de Pair extérieur. C’est également l'opinion de plusieurs autres savans minéra- lagistes, tels que Bertrand. DES COMMOTIONS SOUTERRAINES. Tous les faits que nous venons de rapporter, confirment les nouvelles vues fondées sur l’action galvanique, que j'ai données pour expliquer les causes qui produisent les commotions sou- terraines (Journal de Physique, tome LXXVIIT, pag. 222), et dans des Mémoires subséquens, Effectivement les tremblemens de terre paroïissent des phé- nomènes électriques ; leurs plus violentes secousses ne durent qu'un instant, souvent moins qu’une minute : ces secousses, ces commotions renversent tout, maisons, montagnes..., avec la même rapidité, que l’étincelle foudroyante renverse les petits châteaux de carton qu’on y expose...; mais ceci est prouvé de plus en plus par les circonstances qui accompagnent ces phénomènes, Nous avons vu qu’on n’a point observé d’odeur de substances bitumineuses dans les fréquentes éruptions du Vésuve. On ne cite qu’un seul fait en 1805, où Buch, Humboldt... aperçurent une odeur bitumineuse au Vésuve. Le soufre est peu abondant dans les substances rejetées par les volcans. Il n’y a que quelques exceptions. On voit dans l’intérieur des cratères des volcans, une lueur qui ressemble à celle d'un fer chanflé au rouge ou au blanc. Mais on n’y apercoit ni flamme, ni scintillation. Cette lueur paroit absolument semblable à celle qu’on ob- serve aux substances métalliques soit de platine, soit de fer…., qui communiquent les décharges d’une puissante pile positive à une pile zégative. Les flammes qu'on observe dans les éruptions volcaniques ne paroissent qu’à l'air extérieur. 49 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les éruptions des volcans sont souvent accompagnées de pluies abondantes. Les eaux des puits qui sont dans les environs de ces mon- tagnes, diminuent et disparoissent alors. Les eaux des mers, telles que celles de la baie de Naples, sont souvent absorbées. ; Cette absorption fut très-considérable dans la mer de Naples dans la fameuse éruption du Vésuve de 1631. Les éruptions du Vésuve sont accompagnées d’une grande quantité de vapeurs aqueuses qui se dégagent avec violence. Il y a également un grand dégagement de vapeurs d’acide marin. On y trouve encore du natron, Et quelquefois du sel marin non décomposé. On ne peut donc douter que les eaux, et surtout les eaux des mers, n'aient une grande influence dans les éruptions des volcans. Les mêmes phénomènes ont lieu dans les commotions sou- terraines, dans les tremblemens de terre. Les eaux y ont également une grande influence; c’est ce qu’on voit dans les commotions souterraines qui ont lieu presque tous lesans au printemps, dans les vallées qui sont à la base du Mont. Visso, celles de Pignerol, de Pelis, de Clusson, de Pô,... Dans ces commotions qui ont lieu à Pignerol, il y a toujours une forte électricité. Mais on n’y observe aucun phénomène volcanique , ni feu, ui flamme, ni odeur sulfureuse ou bitumineuse. ..…. | Les Hautes-Alpes sont également sujettes à de fréquentes et violentes commotions souterraines , particulièrement après de grandes pluies, après la fonte des neiges. .….; il n'y a aucun phé- nomène volcanique.... Les mêmes phénomènes s’observent dans les Pyrénées et autres grandes chaînes de montagnes. Enfin toutes ces commotions sont instantanées et analogues aux commotions électriques. Les détonations plus ou moins vives qui les accompagnent, sont analogues aux bruits des étincelles ou à celui du tonnerre. J'ai fait voir que ces divers phénomènes sont produits par l'action galvanique que les différentes substances, dont le globe est composé, exercent les unes sur les autres. Toutes ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47 Toutes ces substances minérales forment divers sérates pier- reux, métalliques qui ne sont pas continus, mais qui doivent être considérés comme autant de solutions particulières de con- tinuité. Les strates pierreux sont de granites, de porphyres, de gneis, de schistes micacés, de serpentines, de talcs, de schistes argi- leux, de calcaires. . .. Les strates métalliques sont différentes mines de fer, telles que la belle mine de fer de Cogne qui a jusqu’à 60 à 8o pieds de profondeur. 11 y a également des mines de cuivre, des mines de plomb, des mines d'antracite..… Ces diflérens strates soit pierreux, soit métalliques. , forment des espèces de piles galvaniques analogues à celles de Volta. Les unes sont positives, comme les métalliques, les autres sont négatives, comme les sulfureux, les bitumineux , les ma- gnésiens. Toutes ces piles ont une action continuelle. ... Cette action tient la masse du globe dans un état habituel d'électricité. C’est pourquoi les physiciens regardent le globe comme un grand magasin d'électricité. C’est un fait. . Les piles positives sont souvent séparées des piles négatives par des solutions de continuité, par des interruptions, par des fentes. ..; Et lorsque ces piles sont fortement chargées, il y a explosion, détonation , commotion.…..., comme entre les deux piles vol- taïques, chargées, l’une positivement, l’autre négativement, et qui se communiquent à petites distances. La chaleur est quelquefois assez considérable pour réduire en fusion ces masses énormes de laves, et les faire couler comme des torrens enflammés. Cette chaleur se soutient-long-temps, 25 ans, et peut-être plus dans ces laves, Je suppose qu'elle est toujours un effet de cette action galvanique qui se perpétue entre les diverses parties hétérogènes de la lave. ? Ces piles peuvent agir sans l’intermède de l’eau, ainsi que le fait la colonne électrique de Deluc, ou électrophore perpétuel, celle de Zemboni..…. Mais la présence de l’eau donne plus d’intensit éà ces phéno- Tome LXXXIIT. JANVIER an 1816, F 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mènes. J’ai rapporté les eflets prodigieux qu’a obtenu H. Davy avec la pile voltaïque del’Institution Royale de Londres, laquelle a 128,000 pouces carrés de surface. Le platine, le quartz, le sa- phir et tous les corps qui passent pour les plus apyres, y sont fondus sans flamme... ; ilsacquièrent seulement une couleur rouge, ou rouge blanc... Les éruptions volcaniques sont également déterminées le plus souvent par la présence de l'eau; elles arrivent après des pluies abondantes, après la fonte des neiges... Les eaux des puits dis- paroissent et pénètrent dans l'intérieur du volcan ; les eaux des mers sont absorbées et revomies ; les sels qu’elles contiennent donnent de l'intensité à cétte action. On sait que dans les piles voltaïques artificielles, les sels dont on charge l’eau leur donne une grande activité. Les commotions souterraines , qui ne sont accompagnées d’au- uns phénomènes volcaniques, sont également activées par la résence de l’eau. Nous avons vu que celles qui ont lieu dans les vallées de Pignerol, de Pelis..…, arrivent ordinairement après de grandes pluies, après la fonte des neiges... ; elles sont ac- compagnées de détonaiions plus ou moins fortes qui se succèdent... Il y a une électricité plus ou moins intense. Cette action galvanique des piles s’étend à diverses profondeurs lus ou moins considérables. Les foyers des volcans peuvent être également à différentes profondeurs. Elle peut avoir une intensité très-grande. Nelis avec de fortes décharges électriques a brisé des canons de fer de 18 lignes d'épaisseur. Des décharges électriques ou galvaniques, qui auroient eu lieu à l’intérieur de la grosse planète, qu’on suppose avoir existé entre Mars et Jupiter, auront done pu la briser pour former les quatre petites planètes, Pallas, Cérès, Junon et Vesta. J'ai fait voir que celte même action galvanique peut et doit avoir lieu dans les masses des soleils, des étoiles, entre les divers strates des substances dont ils sont formés. Ces substances éprouvent par cette action une assez grande chaleur pour devenir incandescentes, lumineuses... comme dans la pile de lInstitution Royale, et produire tous les phénomènes que présentent les soleils. Les observateurs disent avoir aperçu dans le soleil des masses solides, d’où part le fluide lumiueux. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 43 On peut conclure de ces faits, qu’il est possible que les divers strates du globe terrestre aient également éprouvé une chaleur assez considérable pour la rendre primitivement incandescente et lumineuse, comme l'ont supposé Descartes, Leibnitz.… Toute sa masse pouvoit être réduite en fusion, comme le sup- ie les vulcanistes, et en particulier Hutton, Fleuriau de ellevue.... Ces substances ainsi fondues auroïent passé par le refroidis- sement à l’état pierreux, par une vraie dévitrification , et auroient u devenir des granits, des porphyres, des gneis, des roches Éornblenliques, .., analogues aux laves porphyriques, hornblen- diques...; mais leur refroidissement ayant été plus lent, la dévitrification auroit été plus complète, et approcheroit plus de nos vrais porphyres et de nos roches bornblendiques... formés dans l'eau. Je ne regarde cependant pas cette opinion comme très-pro- bable ; car les laves porphyriques, les augitiques, les hornblen- diques. . .… diflèrent entièrement des porphyres, des hornblendes, des augiles. On m'a objecté que ces strates différens de substances mi- nérales, que je suppose faire fonction de piles voltaïques, ne le sauroient puisqu'ils ne sont point séparés. Ils sont tous con- tigus et font partie de la masse du globe. Je réponds que cette objection n’est que spécieuse. Je com- pare ces strates aux grands muscles de la torpille, du gymnote électrique..., toutes les parties de ces animaux paroissent con- tiguës, et cependant elles ne le sont pas, car ils sont suscep- tibles de donner de très-fortes commotions ; ils les donnent même au milieu des eaux... J'ajoute pour appuyer mon opinion, que cette supposition donne des explications satisfaisantes de tous les phénomènes que présentent les volcans. Les matières volcaniques, par exemple, sont de différentes natures. On a Des laves fontiformes, Des laves porphyriques, Des laves téphriniques, Des laves hornblendiques, Des laves augitiques, Des laves leucitiques. 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces différentes espèces de laves proviennent des différentes natures des piles fournies par les divers strates... L'action des volcans est intermittente , celle des piles voltaï- ques l’est également. Cette action des volcans est même quelquefois suspendue pen- dant une longue suite d’années , ainsi que nous l'avons vu au. Vésuve... Cette suspension s'explique facilement dans. mes prin- eipes. Je suppose que les communications entre les piles posi- tives et négalives sont interrompues moiventanément par quel ques accidens locaux : les solutions de continuité, les fentes qui séparent les strates peuvent. devenir trop: considérables, ou s'oblitérer par les commotions qui occasionneront, par exemple, la chute de quelques terrains, bouleverseront des contrées en- HIÉLES ee l Mais ces communications pourront serélablir par de nouveaux accidens analogues, et tous les phénomènes reparoîtront avec une nouvelle activité. RÉSUMÉ. Le globe terrestre doit donc être considéré, ainsi que tous les autres globes célestes, comme une masse composée primi- tivement de substances aériformes. Elles avoient sur un axe un mouvement de rotation en 23 heures 56° 4". | Elles ont cristallisé successivement d’une CRISTALLISATION AÉRIFORME, et ont formé une masse sphéroïdale à peu près réoulière , tournant sur son axe. Cette fluidité aériforme suppose un assez haut degré de chaleur dans ces substances. Le globe a conservé une partie de cette chaleur; c’est sa chaleur centrale. Elle diminue continuellement et le globe se refroidit; ce sont des faits. L'intérieur de la masse est composé de substances dites pri- mitives, les unes homogènes, telles que les quartz, feld-spath, mica, hornblende...; les autres composées de celles-ci, telles que les granits, porphyres, gneis, schistes, serpentines, cal- caires. .., substances métalliques, principalement les ferrugi- neuses.... Ces masses ferrugineuses paroissent les causes du magnétisme du globe, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35 Toutes ces substances se sont déposées suivant les lois des aflinités, et ont formé diflérens strates séparés les uns des autres. Quelques-unes de ces substances ont formé différens filons soit pierreux, soit antracitiques , soit métalliques, qui ont été dé: posés par cristallisation avec la masse des terrains qui les envi- ronnent. Ces strates ont exercé les uns sur les autres une action gal- vanique , qui étoit positive dans les strates métalliques..., et négative dans les strates sulfureux, antracitiques, magnésiens.…. C'est ja cause de l’état häbituel de, l'électricité du globe, qui est un fait. Il est demeuré entre ces masses des vides qui ont formé des cavernes plus ou moins considérables. L'eau, peu abondante dans le principe, s’est peu à peu ac- cumulée. Elle a été repoussée constamment à la surface de la masse, comme plus légère, et a formé les mers qui couvrirent le globe. De nouvelles substances se déposèrent et composèrent la croûte exlérieure du globe; elles étoient dissoutes dans ces eaux et y cristallisèrent d’une CRISTALLISATION AQUEUSE, également sui- vant les lois des aflinités. Elles formèreut différens strates séparés par des interruptions de continuité; ils exerçoient les uns sur les autres une action galvanique , les uns positive, les métalliques... , les autres né- gative, les sulfureux, les magnésiens. .…. Les solutions de continuité de ces divers strates, les positifs et les négatifs déterminoient entre eux, comme entre les piles voltaïques positives et négatives, des décharges, des commo- tions, des étincelles. Les eaux dimivuèrent peu à peu, et des terrains furent dé. couverts. Une partie des eaux se combina dans les diverses cris- tallisations minérales qui continuoient de s’opérer ; une autre partie de ces eaux s’enfouit dans les cavernes de l'intérieur du globe ; une troisième partie se précipita dans des fentes qui $'ou- vrirent à la surface du globe. Car le globe, qui a 2865 lieues de diamètre, et dont Ja chaleur intérieure est assez considérable, se refroidit continuellement. Ce refroidissement a lieu premièrement à sa surface ; il doit donc se produire à cette surface des fentes, comme il s’en produit dans les grands, glaciers. 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Quelques-unes de ces fentes ont pu être les bassins de quelques mers, de quelques lacs. Les masses cristallines de la croûte de la terre n’ont point formé de surfaces planes, ou à peu près planes, comme quel- P en ’ UNE ques géologues le supposent; mais elles se sont amoncelées cà et là, comme on l’observe dans les grandes masses salines cris- tallisées par l’art, le sel marin dans les marais salins , les grandes fs en? . Ps masses d'alun, des diflérens sulfates de fer, de cuivre... Ges masses cristallines plus ou moins considérables ont formé les différentes chaînes de MONTAGNES PRIMITIVES qui étoient dans le principe entièrement couvertes par les eaux. Ces chaines n’ont aucune direction déterminée. Au milieu de ces grandes masses cristallisées, il est demeuré des espaces vides qui ont formé des vallées, des lacs... La diminution des eaux des mers devient assez considérable pour laisser à découvert des portions étendues de la masse solide du globe; elles furent le commencement des continens. Cette diminution varie à raison des latitudes; elle fut moindre du côté de l'équateur. C'est pourquoi nous avons vu que le niveau des eaux de la mer Rouge est plus élevé que celui de la Méditerranée, plus éloignée de ce point. Les êtres organisés des continens furent produits par une gé- nération spontanée, par une cristallisation, et à différentes époques. Les mêmes espèces furent produites en différens endroits de la surface de la terre, Les parties solides des individus qui périssoient , demeuroient sur le sol, et étoient entraïînées par les eaux courantes dans les mers; elles y formoient les FOSSILES. Ces débris fossiles se mélangeoient avec les nouvelles couches minérales qui se formoient dans les eaux. Les houilles ont été formées de débris d’êtres organisés qui ont été postérieurement minéralisés. L'action galvanique a con- tribué à cette minéralisation. Ces nouveaux terrains constituèrent ce qu’on appelle £errains secondaires marins. Quelques-uns de ces terrains furent formés dans les eaux douces des lacs... et constituèrent les terrains appelés £errains de formation d'eaux douces. Les immenses couches de houille qui subsistent, les prodi- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 47 gieuses quantités de coquilles, de madrépores et autres débris d'êtres organisés , qui se présentent de toutes parts..., ne per- mettent pas de douter que toutes ces opéralions ont exigé de longues suites de siècles. Ces dépôts des fossiles ont été faits à différentes époques. L'action galvanique, qu’exercent les unes sur les autres les diverses substances minérales, causèrent des commotions soit dans les terrains primitifs, soit dans les secondaires. Lorsque cette action aura peu d'intensité, il y aura décharge, commotion, détonation , chaleur...; ce seront les simples com- motions, les tremblemens de terre..., comme dans les Alpes, les Pyrénées... Mais quand la chaleur sera assez considérable pour réduire en fusion les substances galvanisées, elles couleront sous forme de Zaves : ce seront les VOLCANS. Les volcans ont été ou sous-marins, ou sur les continens. Les foyers des volcans peuvent être à des profondeurs plus ou moins considérables, Ils peuvent être dans des terrains primitifs ou secondaires. Des causes locales peuvent produie des interruptions plus où moins longues dans les éruptions des volcans, comme cela a eu lieu au Vésuve, à Jorullo..., en interceptant les communica- tons entre les diflérens strates. ..; d’autres causes locales peuvent rétablir ces commotions, et les phénomènes volcaniques sont rétablis. Les laves cristallisent d’une CRISTALLISATION IGNÉE , mais confuse, d Ces cristallisations ignées paroissent avoir été bornées aux produits volcaniques; elles ne paroïssent pas s'être étendues à la masse du globe; car les terrains qui composent le globe sont différens des laves volcaniques ; les laves porphyriques, par exemple, différent entièrement des porphyres dits primitifs. Dans ces laves le feld-spath est à l’état vitreux, et Ê pâte a également un facies particulier. 11 en faut dire autant des autres laves des leucitiques, des hornblendiques, des augitiques... . L'opinion de Descartes , de Leibnitz, de Buffon, de Hutton, de Fleuriau..., qui ont dit que la masse du globe a été dans un état de fusion ignée, ne paroit donc pas appuyée sur des: preuves suffisantes. L'action galvanique non interrompue entre les différentes 48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Las du globe, les phénomènes particuliers qu’elle produit, les commotions souterraines qui en sont la suite, les volcans qui en résultent. .., complètent ma doctrine sur les principaux phé- uomènes de la Théorie de La Terre. Je tâcherai de la réunir en un seul corps d'ouvrage, et de la soumettre au caleul des probabilités, comme je lai déjà essayé. Cette action galvanique du globe s'étend jusque dans le sein de l’atmosphère par la foudre ascendante et descendante ; elle a une grande influence dans les phénomènes météorologiques, dont je (âcherai un jour de donner l'explication d’après cette hypothèse. J’ai fait voir ailleurs que cette action galvanique a également une grande part dans les phénomènes chimiques. On doit done la regarder comme un des grands agens des phénomènes naturels, Mais il nous manque encore une théorie de cette action... Les mêmes phénomènes ont lieu, suivant l’analogie, dans les planètes, dans les comètes, dans les soleils. DE LA PHYSIQUE. DES ATOMES. Demonville a publié de nouvelles considérations sur les atomes. « Je suppose, dit-il, l'existence première de deux seules choses. » La matière » Et l’espace. » La matière est inerte, homogène, pleine, semblable en tout elle-même. » L'espace existe hors de la matière. » Il considère l’espace comme la puissance universelle. Il attribue par conséquent à l’espace les qualités qu’on attribue ordinairement à la force. Toulouzan, dans son Histoire de la Nature, distingue la ma- lière sous deux rapports. La matière solide qui pèse; we La matière fluide quine pèse pas, et qui a une grande activité. Elles sont les seuls élémens des corps bruts et inorganiques. Iladmet un troisième principe , le prircipe vital, qui, par sa jonction avec les deux autres, forme les corps vivans ou or- gauiques. ps Moi, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4) Moi, je regarde les premières parlies de malière comme des substances , unes, /7onades de jæyws, monos, unes , atomes de are, tome, insécable, parce qu’elles sont indivi- sibles. Chacune d’elles a une figure particulière , une force propre particulière..., ensorte qu'aucune ne ressemble à une autre sui- vant mon principe des différences , ou le principe des zindés- cernables de Leibnitz. Toutes ces parties se sont combinées et ont formé les dif- férens corps. Premièrement, les fluides éthérés, le nébuleux, le feu ou le calorique, le lumineux , l’électrique, le magnétique... Secondement, les gaz ont été produitssoit des combinaisons des fluides éthérés et de la matière première. Troisièmement , ont été produites de nouvelles combinaisons de la matière première, des fluides éthérés et des gaz; elles ont formé tous les autres corps, l’eau, le charbon, le soufre, le phosphore, les substances terreuses, alcalines et autres subs- tances métalliques. Ces parties se sont combinées par cette première force : et tous leurs états successifs sont une suite de ce premier état. Semel jussit : semper paret. DES FORCES PHYSIQUES. On a toujours désigné par le nom FORCE, le principe, quel qu'il soit, qui produit le mouvement. Quelques physiciens allemands, tels que Kant..., supposent avec Empédocle..., qu'il existe dans la nature, c'est-à-dire dans les corps existans , deux forces opposées, l’une qui attire, l’autre qui repousse, à peu près analogues à la force électrique; mais ils n'en assignent point de substratum. La force électrique, par exemple, a un substratum qui est le fluide électrique, On ne sauroit supposer évalement les deux forces d'Empédocle sans leur assigner des substratum. Je pense que chaque partie de la matière a une force propre qui ne l’abandonne jamais. ! Cette force propre est la source des forces suivantes qui pa: roissent les causes de tous les mouvemens des corps. L'impulsion, L’attraction, Tome LXXXII. JANVIER an 1616. G 5o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La répulsion , L'action électrique et galvanique, L'action magnétique. De l’Impulsion. Un corps qui recoit un choc est mis en mouvement; c’est ce qu’on appelle impulsion. Mais le premier principe de toute impulsion provient de la force propre des premières parties de matière dont nous venons de parler. De l’ Attraction. Toute attraction doit toujours être regardée comme l'effet d’une impulsion quelconque; c’est ce qu'a dit Newton lui-méne. Quam ergo attractionem appelio , fieri potest ut ea efficiatur IMPULSU, vel alié aliqué causé nobis ignotd. L’attraction, par exemple, qu’exerce un aimant est l'effet de l’action d'un fluide, le magnétique. De la Répulsion. La répulsion ne peut être également conçue que comme un effet d’une impulsion. L’électricité etle magnétisme produisent dans certaines circonstances, des répulsions ; elles sont la suite de l’action des fluides électrique et magnétique. Mais cette répulsion, comme l’atiraction, est produite par une impulsion. La chaleur, par exemple, ne dilate les corps, n’en repousse les parties, neles éloigne , que parce que le calorique qui les pénètre a une force supérieure à celle qui les rappro= choit et les tenoit unies, De l'Action galvanique. L'action galvanique est, ainsi que nous l'avons dit, un des grands agens de la nature. Nous ne rappellerons pas ici les différens phénomènes qu'elle produit dans la Physique. Cette action galvanique est également un des principaux agens dans les phénomènes chimiques. Mais nous n’avons encore aucune théorie satisfaisante pour expliquer les divers phénomènes produits par cette action gal- vanique, ET D'HISTOIRE NATURELLE, ES De l’ Action magnétique. L'action magnétique ne paroît produire d’effets que sur le fer à l’état métallique, et oxide au minimum, sur le nickel... Coulomb a cependant fait quelques expériences qui lui ont paru prouver que cette action s'étend à la plupart des corps... (Journal de Physique, tome ; Pag- )}; on connoît l'exactitude de ce célèbre physicien. Néanmoins ses expériences u'ont pas été répétées. Les causes de l’action magnétique nous sont cachées. Les expériences de Morichini, qui prouveroient que les rayons violets y ont beaucoup d'influence (Journ. de Physig.,t.LXXVI, pag. 208), n’ont pas été répétées. DU FLUIDE NÉBULEUX. Herschel continue ses observations sur le fluide nébuleux.... Il existe des nébuleuses : c’est un fait. Mais existe-t-il un fluide nébuleux, tel que le suppose Herschel ? DU FEU OÙ DU CALORIQUE. Poisson a recherché les lois suivant lesquelles la chaleur se distribue dans les solides soit à l’intérieur, soit à leur surface, quelle que soit leur forme. Il a employé toutes les ressources de la haute Géométrie, Petit et Dulong ont cherché à constater par des expériences les lois de la dilatation des solides, des liquides et des fluides élastiques à de hautes températures. Ils ont prouvé qu’à ces hautes températures la dilatation des métaux, par exemple du fer, suit une marche plus rapide que celle du thermomètre de mercure , et celui-ci une marche plus rapide que celle du ther- momètre à air. Ainsi le même degré de chaleur donne pour dif- férens instrumens, Thermomètre d’air 300. Thermomètre à mercure 310. Thermomètre métallique 820. Quant à la théorie du calorique, nous avons dit , l’année der- nière qu’on en distinguoit trois espèces, la mécanique, la chi- mique et la dynamique. G 2 2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La théorie mécanique n'admet point de fluide calorique, et explique tous les phénomènes de la chaleur par le mouvement. Cest l’opinion de Bacon, de Cavendish.... . La théorie chimique suppose un fluide calorique qui peut s unir chimiquement avec les corps, ou s’en séparer. La théorie dynamique suppose qu’il y a deux forces répandues dans la nature. Elles sont les bases de toutes les actions chi- miques et mécaniques. Ces forces sont analogues aux deux espèces d'électricité, la positive et la négative. Winteril admet ces deux forces; mais on ne peut supposer ces deux forces sans Supposer des matières à qui elles appartiendroient. La seconde opinion est aujourd'hui assez généralement ad- mise. Tous les chimistes et les physiciens supposent une matiere de la chaleur. DE LA LUMIÈRE. Rubland a fait de nouvelles expériences concernant l'influence de la lumière sur les corps terrestres. Des physiciens, Rumford, Gay-Lussac et Thenard, dit-il, ont cru que l’action de la lu- mière est analogue à celle d’une température plus ou moins élevée. Cette opinion ne lui paroît point fondée, et il le prouve en ayant exposé des corps aux difiérens rayons lumineux. Le résultat général de ses expériences a été à peu près celui-ci : Le rayon violet est désoxidant, tandis que le rayon rouge est sans eflet.... Ces phénomènes sont indépendans de la température. Vogel a donné une suite à ses expériences de l’action de la lumière sur les corps simples, et sur quelques composés chimi- ques. Il résulte, dit-il, de ces expériences : .1° Que le phosphore exposé au soleil dans du gaz ammo- miaque, ou bien dans de l’ammoniaque liquide, devient noir; 20 Qu'il se forme du gaz hydrogène phosphoré dans l’une et l’autre circonstance; 3° Que l’ammoniaque quia séjourné avec le phosphore, en con- tient une quantité considérable en dissolution ; 4° Que la poudre noire qui se forme n’est pas luisante à l'air à une température au-dessus de 25°, qu'elle n’absorbe pas l’oxigène de l'air, et qu’elle s’enflamme seulement à une température de 99° centigrades ; | ET D'HISTOIRE NATURELLE. 53 5o N'a la poudre noire ne se fond qu’à une température qui approche de celle de la chaleur rouge, et qu’elle se volatilse alors ; 6° Qu’elleest bien plusinflammable dans le gaz oxi-muriatique, que n’est le phosphore lui même ; 7° Qu'elle est une combinaison intime de phosphore et d’am- moniaque , opérée par l’action de la lumière ; 8° Que le proto-muriate de mercure délayé dans l’eau, devient noir au soleil sans qu'il se mette de l’acide muriatique à nu. La couleur noire ne disparoissant pas par l'acide nitrique , n’est donc due ni au protoxide de mercure, n1 au mercure métallique ; 9° Que le deutoxide de mercure dissous dans l’éther, se dé- compose en formant du proto-muriale ; 109 Que les muriates de fer, de cuivre, d’or, dissous dans l'éther, se décolorent bien plus promptement derrière le verre bleu que derrière le verre rouge. Ces sels, surtout les muriates de fer et de cuivre, paroissent alors à un degré inférieur d’oxi- dation ; 110 Que les matières colorantes des fleurs de coquelicot, des œillets rouges et du safran, se décomposent bien plus promp- tement derrière le verre bleu que derrière le rouge; 129 Que le phosphore enveloppé de sucre, s’acidifie aux dépens de ce dernier; en mettant son carbone à nu, il se forme dans ce cas de l'acide phosphoreux ; 130 Que plusieurs eaux de plantes distillées, celles de thym, de fenouil. .., deviennent laiteuses par le contact des rayons du soleil, sans augmenter cependant leur propriété de rougir la teinture de tournesol... On ne sauroit trop suivre ces expériences sur les propriétés de l’action des rayons du soleil. Elles confirment de plus en plus que le rayon violet a des propriétés particulières ; comme les expériences de Morichini sur leur pouvoir magnétisant l'ont annoncé. De la Polarisation de la Lumière. Cette belle découverte de Malus, de la polarisation de la Iu- mière , soit par réfraction, soit par réflexion, a engagé plusieurs physiciens à étendre ces recherches. Brewester s’en est princie 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE palement occupé. Il a examiné celte propriété de la lumière sur différens corps; d’abord sur l’agate. Un rayon de lumière, dit-il, tombant sur une plaque d’agate, étant recu après l'avoir traversée, sur une autre plaque d'agate de la même substance, dont les lames soient parallèles à celles de la première , la lumière traverse facilement la seconde; mais si les lames de la seconde sont perpendiculaires à celles de la première, la lumière sera totalement réfléchie, et l’objet cessera d’être visible. Mais un autre phénomène fort curieux est l'apparition d’une foible lumière nébuleuse à travers l’agate sans rapport avec l'image, quoique l’accompagnant toujours, et toujours placée dans une direction parallèle aux lames de l’agate. L'agate, suivant l’auteur, est composée de deux sortes de structure; l’une est formée de sillons ressemblant à la suite des chiflres 3.3.3,3..., la lumière qui les traverse est nébuleuse. La lumière, au contraire, qui passe entre ces sillons, produit une image distincte. L’analogie fait conclure à l’auteur, que les deux images pro- duites par les corps qui ont cette propriété, sont l’effet de deux structures différentes relatives à quelque axe ou ligne fixe du cristal primitif, L'auteur a cherché ensuite à déterminer cet axe. Brewester a répété sur la nacre de perle les expériences qu’il a faites sur l’agate; et il a obtenu des résultats analogues. Il les attribue également à la structure lamelleuse de cette substance. Tous ces faits prouvent que la lumière, en traversant des substances, qui sont composées de lames, éprouve des modifi- cations particulières, suivant qu’elle tombe perpendiculairement sur ces Ro ou d’une manière oblique. Malus avoit déjà observé la même chose. En plaçant, dit-il, sur la direction d’un rayon polarisé, une pile de glaces paral- lèles, et formant avec lui un angle de 35° 2’, j'avois observé ue ce rayon ne produisoit de lumière réfléchie sur aucune d'elles, et j'en avois conclu que la lumière qui auroit été ré- fléchie en employant un rayon ordinaire, traverseroit dans ce cas-ci la série des corps diaphanes. | Mais ayant fait tourner le rayon incident sur lui-même sans le changer de place, lorsqu'il eut fait un quart de circonférence, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55 il fut totalement réfléchi par l'action successive des glaces, et il cessa d’être aperçu à l’extrémité de la pile. Enfin, après une demi-révolution sur lui-même, il commença à la traverser de nouveau, Cette expérience , ajoute-t-il, présente le singulier phénomène d’un corps qui paroît tantôt diaphane, tantôt opaque, en recevant non seulement la même quantité de lumière, mais encore le même rayon et sous une même inclinaison. Biot s’est également beaucoup occupé de la polarisation de la lumière. Ces phénomènes de la polarisation de la lumière indiquent que le mouvement de ce fluide n’est pas tel qu’on le croit ordi- nairement. La lumière se polarise et se dépolarise, et par réfraction et par réflexion. Dans la réfraction ce rayon traverse des corps diaphanes : on peut supposer qu’elle ÿ subit quelque modifica- tion que nous ne pouvons pas apercevoir. Mais dans la réflexion elle change seulement de direction. DU FLUIDE ÉLECTRIQUE ET DE L'ÉLECTRICITÉ. Confiliacchi a fait sur le fluide électrique de nouvelles re- cherches qui ont confirmé qu’il est identique avec le fluide galvanique ; il le considère particulièrement dans la torpille et le gymnote électrique. Il indique l'expérience suivante pour se convaincre de l’identité des deux classes de phénomènes. « Qu'on prenne, dit-il, unegrande piletrès-active, garnie tout au long d’une peau épaisse humide, ou de telle autre enveloppe, dans le but de la faire ressembler aux organes de la torpille renfermés dans son corps; que la pile soit interrompue quelque part, mais de manière qu’on puisse supprimer à volonté les deux parties : le mieux est de la diviser en deux colonnes, qu’on place à côté l’une de l’autre, séparées par un petit intervalle. Ou met en communication avec les pôles de cette pile inter- rompue , deux longues bandes ou gros fils de métal, et on les fait plonger dans l’eau d’un vase qui ne soit pas de métal, et à la distance de quelques pouces l’un de Pautre. Qu'on plonge alors les mains dans ce vase, et qu’on le mette en contact, ou dans le voisinage des conducteurs métalliques; alors toutes les fois qu'on fermera le circuit, en supprimant l'interruption entre 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les deux colonnes de la pile au moyen d’un bon conducteur, ou bien en les mettant en contact immédiat, la personne qui a ses mains dans l’eau, éprouvera la secousse. L'auteur tire de cette expériezce, et de quelques autres, les conclusions suivantes : Le fluide éiectrique, ni dans les organes singuliers de la tor- pille et du gimnote, ni daus ceux des autres animaux, n’est nullement animalisé, ainsi que l’avoit pensé Galvani. 1] n’éprouve dans ces organes aucun changement quelconque; c’est l’élec- tricité pure et simple, qui ne diffère sous aucun rapport de celle de la bouteille de Leyde. L’électricité des bouteilles de Leyde, et encore mieux celle des grandes batteries, produit des effets considérables à cause du long-temps qu’elles mettent à perdre leur charge; il en est de même des électromoteurs. Chaque corps a un degré particulier d'électricité; les uns ont une électricité positive, les autres une électricité zégative. Berzelius a donné une Table de l'électricité des différentes substances. L'’oxigène est la substance qui a la plus grande quantité d’é- lectricité positive. Le potassium a la plus grande quantité d'électricité négative. Ces différens corps exercent donc les uns sur les autres des actions continuelles en raison de ces diverses électricités, comme on le voit dans la pile. Les physiciens ont émis trois opinions différentes sur les causes de l'électricité. 1°, Les uns ont supposé qu’il n’existoit point de fluide parti- culier qu’on pût regarder comme la cause de l'électricité. Cette électricité n’est, suivant eux, que l'effet d’un mouvement particulier des molécules des corps, analogue à celui qui produit Ja chaleur. H. Davy a adopté cette opinion. 20. D’autres physiciens supposent qu'il existe un fluide élec: {rique particulier. Ce fluide est mis en mouvement dans les corps électrisés, et produit tous les phénomènes électriques. Francklin croit qu’il y en a dans tous les corps une certaine quantité. a. Mais il s’accumule dans les corps électrisés positivement. b. ET D'MISTOIRE NATURELLE. 57 Bb. Et les corps électrisés négativement en ont un déficit. c. L'équilibre de ce fluide cherche toujours à se rétablir entre tous les corps : ce qui produit tous les phénomènes électriques. 3°. D’autres physiciens, tels que Symmer..., supposent deux fluides électriques; l’un positif, l’autre négatif. Mais cette opinion de Symmer est rejetée aujourd'hui par les plus grands physiciens. Volta me disoit : elle est contraire à 1ous les faits connus. Du Galvanisme. La Physique reconnoît aujourd’hui plusieurs manières d’élec- triser les corps : 10 Par le frottement , comme le verre, le soufre...; ce sont les corps édio-électriques ; 2° Par communication, comme les métaux...; ce sont les corps an-électriques ; 3° Par le feu ou la chaleur, comme la tourmaline...; ce sont les corps pyro-électriques ; 4° Par le contact ou la superposition, comme dans la pile de Volta; ce sont les corps sunaphto-électriques ; 5° Les corps positivo-galvaniques, tels que l’oxigène, les acides... qui passent toujours au pôle positif; 6° Les corps zégalivo-galvaniques, tels que lhydrogène, les alcalis... qui passent toujours au pôle négatif. La connoissance de l'électricité par contact est un de ces phénomènes qui est presque dû à un des hasards heureux, comme la chute de la poire observée par Newton, Galvani ayant placé par hasard des instrumens d’acier sur des parties de grenouille qu'il disséquoit, y observa des phénomènes particuliers suivant les diflérens contacts. Il répéta ces expériences , qui réussirent constamment ; c'est pourquoi On a donné son nom à celte mé- thbode d’électriser, et on l’a appelée galvanisme. Valli fut le premier qui nous répéta ces belles expériences à Paris. De la Pile de Volta. Volta ajouta beaucoup à la découverte de Galvani. Il plaça diflérens disques métalliques les uns sur les autres, en inter- posant entre eux des disques de papier ou d'éloffes humectées d’eau pure, ou encore mieux, d’eau dans laquelle il avoit fait Tome LXXXII. JANVIER an 1816. H 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dissoudre diflérens sels..., et il obtint des phénomènes élec- lriques. On a reconnu deux pôles dans la pile. En conséquence on construit deux piles qu'on place l’une à côté de l’autre. Onles fait communiquer par les pôles opposés, et on obtient les résultats les plus surprenans. Cette invention de Volta a été perfectionnée par différens physiciens. On a construit en Angleterre une pile qui a 128,000 pouces carrés de surface, dont les effets sont surprenans. La pile a produit les plus belles découvertes entre les mainsde Volta son auteur, entre celles de Schebec, de Berzelius, de Ritter, de H. Davy... J'ai fait voir que le galvanisme est la cause d’un grand nombre de phénomènes. Vues sur l'Action galvanique. J'ai donné cette année une suite à mes Jues sur l’Action galvanique ; cette action m'a paru étre la principale cause des commotions souterraines, des tremblemens de terre et des hénomènes que présentent les volcans. Elle est la cause de la décomposition de différens sulfures, tels que celui du plomb ou galène, de celui d'argent, de celui de fer. ... Cette décomposition est souvent accompagnée de chaleur et même de flamme..., comme dans l'expérience de Lémeri. De la Fermentation. Les phénomènes qui accompagnent la fermentation, sont éga- lement deseflets de l’action galvanique qu’exercent entre elles les différentes parlies des corps qui fermentent. ( 70yez mon Mémoire, Journal de Physique, tome LXXVI, pag. 460.) a Il y a décomposition des composés qui existent; b Il y a composition de nouveaux composés; c Il y a chaleur; d Il y a quelquefois inflammation, comme dans les meules de foin. De la Chaleur animale. L'action galvanique me paroît également être la cause de la chaleur des animaux. Prenons l’homme pour exemple, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 59 10. J'ai prouvé que cette chaleur ne pouvoit être l'effet de . . . -_ Q 2 à l'oxigène inspiré. a Cet oxigène a peu de calorique; à l’homme à chaque inspiration en absorbe moins d’un pouce cubique. 20, L'homme dans le sommeil a peu de chaleur : et cependant il inspire la même quantité d’oxigène que quand il nedort pas. La même chose a lieu dans les momens de repos. 3. La chaleur chez l’homme est augmentée quand il fait des mouvemens : et elle est d'autant plus grande, que ses mou- vemens sont plus violens. 4°. La chaleur d’une partie souffrante du corps, comme dans un phlegmon, un furoncle, un panaris. .., peut être très-grande, sans que celle du reste du corps soit augmentée d’une manière sensible. J’attribue ces divers effets à l’action galvanique qu'exercent entre elles les unes sur les autres les différentes parties du corps. Cette action est très-foible dans les momens de repos, et encore plus dans les temps de sommeil. Mais elle est très-considérable quand le corps est en mouve- ment, ainsi que dans des parties souflrantes. Or cette action galvanique est constamment accompagnée de chaleur, comme on le voit dans la fermentation, dans la pile... De la Pile galvanique sèche , ou Électromoteur perpétuel de Zemboni, Colonne éleotrique de Deluc. Deluc, Zemboni. .. ont construit des piles avec des disques métalliques sans interposition de l’eau. Ils avoient annoncé ces piles comme des électrophores, ou électromoteurs perpétuels ; mais J'ai reconnu que son action, loin d'être perpétuelle, diminue graduellement et cesse entièrement au bout de quelques mois. L'action des miennes n’a pas duré plus de quatre à cinq mois. Toutes ces piles qui ont été construites à Paris par Dumouez, ont donné des résuliats analogues. DU MAGNÉTISME. L'observation prouve que la déclinaison de l'aiguille augmente toujours, et que l’inclinaison au contraire diminue. 7 La déclinaison, à Paris en 1814, suivant l'Annuaire publié en 181, éloit — 229 34‘. EE 60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE En 1813 elle étoit — 220 26’. L'inclinaison à Paris, suivant le même Annuaire, étoit en 1814, le 2 décembre à midi, étoit — 680 36’. En 1810 elle éteit = 68° 50°. Les causes de ces phénomènes nous sont toujours cachées. DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. L'air atmosphérique est un fluide immense qui enveloppe le globe. Cet air a présenté cette année au physicien un grand nombre de phénomènes différens. Des Ouragans. La Jamaïque a éprouvé au mois de septembre, un ouragan tel qu'on ne se rappelle pas en avoir jamais vu. La plus grande partie de l'île a été ravagée : des pluies subites et immenses ont tout entraîné, et noyé un grand nombre de personnes, Cet ouragan de la Jamaïque, et d’autres analogues qui ont lieu quelquefois à la Guadeloupe et dans les Antilles, paroissent en partie produits par l’action galvanique. Le globe terrestre est dans un état habituel de galvanisme. L’atmosphère terrestre est dans le même état. Leur galvanisme mutuel se communique comme on le voit dans la foudre ascendante et la foudre descendante. Il y a des commotions violentes qui renversent tout. Des vents impétueux sont déchaînés. Des pluies immenses augmentent la désolation; elles sont ana- logues à celles qui accompagnent les explosions volcaniques, et qu'à Naples et au Vésuve on appelle zilo del aqua. Des Tempêétes. Les tempêtes ont été cette année très-fréquentes sur les dif- férentes mers, et ont causé de grands maux aux vaisseaux qui étoient sur mer. Les tempêtes sont moins violentes que les ouragans. Je n'oserai pas dire que l’action galvanique a toujours une influence dans la production des tempêtes; peut-être sont-elles seulement des effets des courans d’air opposés qui se choquent avec violence. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 61 DE LA MÉTÉOROLOGIE. Bouvard continue ses observations météorologiques à l'Ob- servatoire de Paris; elles ne présentent rien de nouveau cette année. Les thermomètres des caves ont toujours à peu près la même marche. DE L'EAU. L'eau présente cette année des phénomènes qui ont été l’objet des recherches des physiciens. Ils l'ont considérée sous diflérens rapports, comme Rosée, Pluie, Courans, Vapeurs, De la Rosée. Wells a fait de nouvelles observations intéressantes sur la rosée. Il a constaté que les métaux à surface brillante, exposés à un ciel clair dans une nuit calme, prennent moins de rosée x à leur surface supérieure que les autres corps solides... De la Pluie. Flaugergues a fait des observations curieuses sur les pluies qui ont lieu à Viviers; elles lui ont prouvé que depuis l’année 1778, le nombre des jours pluvieux augmente dans ces contrées. Des Vapeurs de l’Eau. On a acquis cette année de nouveaux faits sur l’action de La < 4 l’eau réduite en vapeurs. On sait que ces vapeurs ont un grande force, qu’on a em- ployée avec beaucoup d’art dans les pompes à feu. On avoit également employée pour mouvoir un chariot, On construisoit une espèce d’éolipyle rempli d’eau, dont l'ouverture étoit à la partie postérieure du chariot : on en tenoit l’eau à une très-haute température. La vapeur qui s’en dégageoit comme dans l’éolipyle, donnoit au chariot une impulsion en avant, et il marchoit avec une vitesse accélérée, 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On vient encore de faire en. Angleterre une application heu- reuse de ces vapeurs pour mouvoir des vaisseaux. Le capitaine Dodd est venu par ce moyen de Dublin à Londres, et a fait 760 milles ( 258 lieues) en 121 + heures. Il a éprouvé des coups de vent violens qui ne l'ont point arrêté : il a surmonté l’action de courans immenses qui venoient.de la profondeur de l'Océan, et il a achevé sa traversée sans aucun accident. J’ai vu l'essai de ces bateaux à vapeurs que fit sur la Seine l'américain Fulton. Le bateau alloit fort vite et tournoit avec facilité. On a déjà un grand nombre de ces bateaux à vapeurs sur différentes rivières d'Angleterre et d'Amérique aux Etats-Unis. On propose même d'en établir de semblables sur les grands fleuves d'Afrique, pour remonter ces fleuves et pénétrer dans l'intérieur de ces contrées, dont les habitans interdisent l'entrée à ces blancs, qui n’y vont, sous prétexte de commerce à la vérité, que pour les dépouiller et s'emparer de leur pays, comme ils ont déjà fait sur les côtes de la mer. Des Courans. Dans le voyage qu'a fait le capitaine Dodd de Dublin à Londres, sur un bâtiment mu par les vapeurs, il éprouva dif- férens coups de vent très-violens’, et l’action de plusieurs cou- rans. L'action de ces courans étoit immense, parce qu’ils ve- noïent des points éloignés de l'Océan. C’est pourquoi les lames sont beaacoup plus grandes sur l'Océan que sur les mers bornées, telles que la Baltique, la Méditerranée elle-même... Des courans opposés ont encore une action plus grande, comme on l’observe à l’égard des vents. Ainsi les courans de la mer qui viennent du côté de l'équateur, rencontrent dans le canal de la Manche ceux qui viennent du côté du nord, y font élever les éaux à de grandes hauteurs sur les côtes de la Bretagne. On sait qu’à Saint-Malo, les eaux #y élèvent quelquefois de quarante à cinquante pieds. Des phénomènes analogues s’observent dans tous les détroits. Ces faits donnent de nouvelles vues sur les courans. Bremontier a déjà prouvé par des expériences bien faites, que les théories des courans admises par les physiciens, étoient in- exactes. Je lai rapporté dans mon Discours de l’année dernière, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 63 pag. 56, tome de ce Journal LXXX. Bremontier a fait jeter dans la mer des pierres du poids de douze cents livres, et 1l a constalé que les courans les ont déplacées; il a constaté que l’action de ces courans s'étend jusqu’à la profondeur de soixante à quatre-vingts pieds. Les physiciens doivent multiplier les observations et les ex- périences pour arriver à des vues plus vraies sur les courans et leur action; qu'ils abandonnent les théories abstraites, et s’en rapportent aux faits..., les facts, les faits. On sait que la théorie admise sur la propagation des sons est aussi contraire aux faits. L'expérience prouve que le son parcourt en une seconde 1080 pieds ou 337 mètres, et Newton trouve par la théorie , que le son dans une seconde ne doit par- courir que 915 pieds, ou 282 mètres. RÉSUMÉ. Les premières parties dont sont composés les êtres existans, ont toujours été appelées par les physiciens afomes ; ou mo- nades. Leurs figures et toutes leurs autres qualités varient, puisque l'observation a prouvé qu’il n’y a pas deux êtres existans sem- blables, C’est ce que j'ai appelé la Loi des différences, et Leibnitz le principe des indiscernables. Chaque atome a une force propre, qu'il ne perd jamais, qui en est inséparable , ainsi que je l’ai prouvé ( Théorie de la Terre, -tome III, pag. 9). Mais cette force est ordinairement 22 nisu. Supposons deux alomes ayant à peu près deux forces égales, et se rencontrant dans des directions opposées, leurs forces se feront équilibre : elles seront 2 nisu; le tout demeurera en repos. Si un troisième atome a vient choquer ces deux ainsi réunis 6, il leur communiquera une force qu’on a appelée force d’ümpul- sion, sans rien perdre de sa force propre ; comme un ressort qui jait effort contre les obstacles qui lui sont opposés, ne perd rien. Cette force dite d'émpulsion, se partage entre ces corps en raison de leurs masses. Les attractions apparentes, les répulsions apparentes, ne sont que des impulsions réelles, ainsi que je l'ai fait voir il y a C4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE deux ans dans le Discours préliminaire, tome LXXVIII de ce Journal, pag: 59 et suivantes. Tous les mouvemens qui animent les êtres existans, soit impulsions, soit aftractions, soit répulsions, soit action gal- vanique...,sont donc des effets comuniqués par la force propre des atomes. Cette force propre ne perd rien en communiquant la force d'impulsion; mais cette force d’impulsion se perd. La force d’impulsion communiquée aux molécules, ou pre- miers composés de matière, leur imprime un mouvement gi- ratoire, ou de rotation sur elles-mêmes ; c’est ce que prouve l'observation. On voit les molécules des métaux fondus tourner avec rapidité sur elles-mêmes. Les mêmes mouvemens s’observent sur les molécules de tous les fluides... Un des effets principaux des différentes forces dont sont animés les êtres existans, est d’en faire cristalliser les diflérentes parties dans certaines circonstances données que nous avons exposées. Cette cristallisation générale a coordonné tous les éfres exis- taus, a formé l’univers, Un des autres effets que la force propre des atomes ou mo- nades produit sur elle, est le sezzèment : chaque impulsion qu'une monade recoit, non-seulement la meut, mais lui fait éprouver un sentiment. On a supposé avec quelque probabilité, que cette matière première, ces afomes, ces monades étoient la substance que des philosophes Hindoux, les Brachmanes appeloient akasch, celle que Herschel appelle la matière nébuleuse. Les notions les plus probables que nous donne l'état actuel de nos connoissances sur les êtres existans, sont donc: In principio rerum, une quantité immense de matière né- buleuse, ou akasch, existoit. Cette matière étoit composée de monades, dont chacune avait une force propre; ce sont les molécules primitives. Ces monades se sont réunies et ont formé différens centres peneipanx: ce sont les grands globes célestes, les uns lumineux, es autres non-lumineux. Ces globes ne sont point à des distances égales, maisils font différens groupes. Chaque ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65 Chaque groupe forme une nébuleuse, composée elle-même de-plusieurs millions d'étoiles... Cbaque étoile a un système planétaire. Des comètes circulent autour de ces étoiles. Peut-être quelques comètes cireulent-elles librement autour de plusieurs étoiles, et ne font point partie du système d’une seule étoile. Peut-être plusieurs étoiles ont perdu leur lumière, comme la brillante de Cassiopée, la brillante du Sagittaire. .… Notre soleil fait portion de la voie Lactée, qui est vraisem- blablement sa su Le globe terrestre a été composé, comme les autres globes, d’une portion de matière nébuleuse, ou akasch à l’état aéri- Jorme. Celte matière aériforme s’est réunie et a formé des 7nolé- cules primitives. Ces molécules primitives se sont réunies et ont formé les mo- lécules élémentaires, les fluides calorique, lumineux, électrique, maguétique...; les gaz oxigène, hydrogène, azote...; le car- bone, le soufre, le phosphore, les alcalis, les terres, les subs- tances métalliques, la fluorine, la chlorine , l’iode.... Ces molécules élémentaires se sont réunies et ont formé les molécules értégrantes , telles que le calcaire, le gypse, le fluor... Je renvoie à ce que j'ai dit ci-devant sur ces combinaisons. Le globe terrestre est dans un état habituel d'électricité : c’est un fait dont il faut chercher la cause. La cause la plus probable de cette électricité est celle que j'assigne , l’action galvanique de ces diflérens strates les uns sur les autres. Les planètes sont , suivant les analogies, composées, comme le globe terrestre, de différens strates. Ces strates se galvanisent également. Elles ont une lumière cendrée qui est un effet de cette action galvanique; cette lumière cendrée est très-sensible dans la Lune, dans Vénus. ... La Lune paroïît avoir un volcan. Les comètes paroissent peu difiérer des planètes. Le soleil et les étoiles sont, suivant les analogies, composés, comme le globe terrestre, des diverses substances qui forment différens strates. Tome LXXXII, JANVIER an 1616, I 66 JOURNAL DE-PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces strates exercent les uns sur les autres une action galva- nique beaucoup plus intense que les strates du globe terrestre. Cette action galvanique des strates du sojeil est analogue à celle de la grande pile voltaïque de lnstitution Royale, qui a une surface de 128,000 pouces carrés, dont la lueur et la chaleur sont si considérables. L’éclat et la chaleur du soleil sont des effets de cette action galvanique. Cet éclat et cette chaleur du soleil éprouvent des variations, commeon l'a observé. Lalande dit dans son Astronomie, $ 3232, qu’en 535 le soleil eut une diminution de lumière qui dura 14 mois, et en 626 la moilié du disque du soleil fut obscurcie depuis le mois d'octobre jusqu'au mois de juin... L'action galvanique des piles vollaïques éprouve également des interruptions et des variations. C’est à cette varialion d'action galvanique qu’on doit at{ribuer les phénomènes que présentent quelques étoiles. La brillante de Cas- siopée, en 1572, brilla d’un éclat très-vif pendant 16 mois, et disparut ensuite sans paroître avoir changé de place. Dans le Sagittaire, il parut en 1604 une étoile très-brillante... ; elle dis parut au bout de quelque temps. . On peut donc supposer, d’après les probabilités, que par des circonstances locales l’action galvanique de ces étoiles a éprouvé des accroissemens considérables pour quelque temps, et a ensuite beaucoup diminué. On a supposé que les quatre pelites planètes nouvellement dé- couvertes, Vesta, Junon, Cérès et Pallas sont des portions d’une grosse planète qui existoit entre Mars et Jupiter, et qui a été brisée. Nelis a brisé des cylindres d'acier par de fortes décharges électriques répétées souvent. L’analogie dit donc que cette grosse planète supposée a pu être brisée par un accroissement fe l'action galvanique de ses strates. De nouvelles analogies doivent être déduites des faits que nous venons d'exposer. C’est un fait que le globe terrestre est dans un état continuel d'électricité. Sou atmosphère est également dans un état habituel d'électricité. ET D'HISTOIRE NATURELLE. É G7 L’analogie dit que le globe’et son atmosphère sont enveloppés d’une atmosphère électrique qui s'étend à de grandes distances. L’analogie dit que tous les autres grands globes, les planètes, les comètes et les soleils doivent être également dans un état habituel d'électricité. 4 Ils sont donc pareillement environnés d’atmosphères électriques fort étendues. L’analogie dit que toutes ces atmosphères électriques de ces difiérens globes sont contiguës. L'analogie dit que le fluide électrique exerce une action qui est en raison inverse des carrés des distances. On peut donc conclure, par analogie , que le fluide électriquè est le FLUIDE GRAVIFIQUE universel qui fait peser tous les globes les uns sur les autres, et sur chaque globe, les corps qui sont à sa surface. Ce fluide électrique répandu dans l'espace, n'apporte pas plus de résistance aux mouvemens des corps célestes qui le traversent, que ne le fait le fluide lumineux. Tous ces faits peuvent être soumis, ainsi que nous l'avons vu, au calcul des probabilités. DE LA CHIMIE. La révolution commencée en Chimie ‘n’est point encore ter- minée : elle a détruit quelques erreurs; mais elle y en a substitué d’autres, telles sont les propriétés qu’elle assigne à son oxigène, qu’elle suppose être le principe générateur des acides , le prèn- cipe de la combustion, le principe de La chaleur animale... J’ai constamment combattu ces excès dans cette circonstance, comme dans toules les autres, parce que j'ai toujours pensé que la vérité étoit au milieu de ces extrêmes. Aussi le plus grand nombre des opinions que j'ai émises sur divers objets, a été assez généralement adopté, et c’est une vraie satisfaction pour un philalèthe. DE LA CHIMIE DES MINÉRAUX. DE L’AIR PUR OU DU GAZ OXIGÈNE. Ce gaz n’est point le principe générateur des acides; ainsi le nom d'oxigène est impropre. ÿ Lez 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il n'est également pas le principe de la combustion, ni celui de la chaleur animale. Mais l'action galvanique exerce sur lui une action considérable; elle le dégage de toutes ses combinaisons, et le fait passer au pôle positif de la pile. Il est positivo-galvanique. La nature de cet air n’est pas connue. On ignore s’il est com- posé ou s’il ne l’est pas; il contient au moins du calorique. DE L'AIR INFLAMMABLE, OU DU GAZ HYDROGÈNE. Ce nom d'hydrogène est impropre, puisqu’en supposant même qu'il fût un des principes de l’eau, il n’en seroit qu’un 0-19 et l'air pur un o..87. Doebereiner regarde l'air inflammable comme une substance métallique qui peut s’amalgamer avec le mercure. Berzelius avoit déjà dit que ce gaz hydrogène est une portion de l’ammonium, qu'il croit étre une substance métallique, parce que ce gaz galvanisé avec du mercure, prive ce dernier de sa fluidité. Ce gaz est celui de tous les gaz qui, après des expériences avouées, contient la plus grande quantité de calorique, savoir, 12. Il est donc probable que dans la combustion de ce gaz et de l’oxigène, il fournit la plus grande quantité du calorique qui est dégagé : Cette probabilité est = x. Ce gaz entre dans un grand nombre de combinaisons et forme des hydrures. Ce gaz dans un grand nombre de combinaisons, fait les fonc- tions de principe acidifiant, dans l'acide hydro - idiodique, l'hydro-tellure.... Pour concilier tous ces faits concernant le gaz hydrogène , il faut dire que ce gaz est une substance dont on ne connoît point encore la nature; il contient du calorique; il paroît ana- logue au soufre, à liode.... Combiné avec le soufre, l’iode..., il forme des substances analogues aux acides. Combiné avec l’oxigène , il donne flamme, chaleur... et laisse dégager l’eau qu’il contient. Combiné avec les oxides métalliques, il les revivifie en mé- taux, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 69 Combiné avec le mercure métal, il lui Ôte sa fluidité... Attendons donc de nouveaux faits sur sa nature, Le gaz inflammable retiré de la houille, et lavé en grand eau, est employé aujourd’hui à Londres, à éclairer une partie de la ville. Ce moyen coûte moitié moins que l'éclairage ordi- naire avec l'huile ou les chandelles. : On éclaire même par les mêmes moyens les grands magasins de librairie et autres. DU GAZ AZOTE. . Berzelius croit que l'azote est composé d’oxigène et d’une base inconnue, Berzelius, en soumettant à l’action de la pile voltaïque le mercure en contact avec l’ammoniaque, obtient un amalgame : d’où il conclut que l’ammoniaque a pour base une substance métallique; mais l’ammoniaque paroît composée d’hydrogèné et ni Cette substance métallique seroit donc un des principes e l'azote. tu: D'un autre côté, l'azote paroît un principe acidifiable, L’azote combiné avec l’oxigène forme l’acide nitrique, c’est pourquoi Berzelius a proposé de donner à lazote le nom de nitricum; mais il entre dans cet acide une quantité immense de calorique. L’azote combiné avec l'hydrogène et le carbone forme l'acide prussique, Gay-Lussac dans l’analyse qu’il a donnée de l’acide prussique, considère l’azote comme un corps dit simple, qui est à cet acide, ce que l'iode, par exemple, est à l'acide iodique.... Pour concilier ces opinions, il faut dire que l’azote est une substance analogue au soufre, au tellure.... Combiné avec l’oxigène , il forme un acide, le nilrique. Combiné avec l'hydrogène et le carbone, ou l'azote carboné, il forme un acide, le prussique ou hydro-cyanique. Combiné sous forme d'’ammoniaque, il forme une substance qui peut s’amalgamer avec le mercure...; on doit par consé- quent supposer cette substance être de nature métallique... Attendons de nouveaux faits pour prononcer sur' la nature de l'azote. En attendant nous dirons que nous né connoiïssons pas la nature de l'azote. 79 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La probabilité que l'azote est une substance métallique, ‘est = T. DE L'AMMONIUM. On n’a point acquis cette année de nouvelles connoïssances sur cette substance singulière. L'ammonium, ainsi nommé par Berzelius, est une substance qui se combine avec le mercure et lui ôle sa fluidité. On prend un morceau d’ammoniaque carbonatée ou murialée ; on y pratique une petite cavité dans laquelle on place une goutte de mercure bien pur; on soumet le tout à l’action d’une puis- sante pile galvanique : le mercure perd peu à peu sa fluidité et passe à l’état pâteux, comme lorsqu'il s'amalgame avec d’autres métaux. Berzelius a conclu de cette expérience, que l’ammonium est une substance métallique, parce que, dit-il, le mercure ne s'amalgame qu'avec des métaux. Mais l’ammoniaque paroît, suivant Scheele, composée d’azote et d'hydrogène. On en pourroit donc conclure que l’'ammonium seroit composé de ces deux gaz. Mais il faut attendre de nouvelles expériences pour connoître la nature de cet ammonium. DU CHARBON. Une des plus grandes découvertes dé la Chimie actuelle est d'avoir prouvé que les alcalis et les terres sont des substances analogues aux métaux, des oxides métalliques. Doebereiner ; professeur de Chimie à Jena, croit que le charbon est également une substance métallique; il pense que c’est sous cetle forme métallique que le charbon existe dans l'acier et la fonte. Cette idée est assez probable; mais il Faut attendre de nou- velles expériences. La probabilité que le charbon est une substance métallique, est —= x. Il est probable que le charbon est produit journellement. : La probabilité qu'il n’est pas une substance simple = x. Il est probable qu’il contient toujours de l'hydrogène. ET, D'HISTOIRE.NATURELLE.., - HA DU SOUFRE , DU PHOSPHORE, Le squfre et le phosphore sont également, ainsi que le char bon, considérés par Doebereiner, comme des corps analogues aux substances métalliques; mais il n’y a encore aucune expé- rience qui le prouve positivement; ce sont de simples analogies. Ii faut ation le de nouvelles expériences. La probabilité que le soufre et le phosphore sont des subs- lances métalliques, est = x. Le soufre, le phosphore paroïssent se produire journellement chez les végétaux, les crucifères..., chez les animaux, dans les œufs... La probabilité que le soufre et le phosphore ne sont pas des substances simples, est = æ. DE L’IODE. Cette substance nouvellement découverte par Courtois dans les cendres du vareck, a été regardée comme un principe élé- mentaire analogue aux charbon, au soufre...; mais j'ai prouvé qu’elle est produite journellement chez les végétaux; puisqu’on ne la trouve ni dans l’air, ni dans les terres, ni dans les eaux de la mer. L’iode combiné avec l’oxigène , forme l'acide iodique. L’iode combiné avec l'hydrogène, forme l'acide hydro-iodique, L’iode a été cette année l’objet de nouveaux travaux, Gaulthier de Claubry s'en est beaucoup occupé. Vauquelin a considéré les combinaisons de l'acide iodique, ou idiodates. La probabilité que l’iode n’est pas une substance simple, et qu’elle est produite journellement, est = x. DE LA CHLORINE , OU DU CLHORE. H. Davy regarde l’acide muriatique appelé ox/géné, comme une substance simple, et il lui a donné le nom de chlorine. Les chimistes français l’appellent chlore. Ge: chlore.combiné avec l’oxigène, forme l'acide. appelé chlo- rique, qui est l'acide muriatique sur-oxigéné, Ge chlore combiné avec le gaz hydrogène, forme un acide appelé kydro chlorique, qui est l’acide muriatique ordinaire; ses eæ 72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE combinaisons sont les hydro-chlorates, ou muriates ordinaires ; car cet acide hydro-chlorique est l'acide muriatique ordinaire. Les combinaisons de l'acide chlorique forme les chlorates. Vauquelin en a examiné plusieurs. | Mais Berzelius n’admet point ces théories; il pense que l'acide muriatique ordinaire est une substance simple. Cet acide combiné avec une portion d’oxigène , forme l'acide muriatique oxigéné, comme Berthollet l’avoit dit. L’acide muriatique paroît se former journellement chez les végétaux , tels que les calis... et chez les animaux. La probabilité que la base de cet acide, quelle qu’elle soit, est pas une substance simple, est — x. DU BDRON, OU DU BORE. x H. Davy a donné le nom de Zoron à une substance qu'il prerde comme la base de lacide boracique. es chimistes français appellent bore cette substance. L’acide boracique paroît se former dans les lacs du Thibet, dans les lagonis de Toscane; par conséquent le bore s’y forme également. La probabilité que le bore n’est pas une substance simple, est = x. DE LA FLUORINE. H. Davy a donné le nom de f/uorine a une substance qu'il croit être la base de lacide fluorique. Cette base combinée avec l’hydrogène, forme, suivant lui, l'acide fluorique, ou kydro:fluorique. Cette base peut aussi vraisemblablement se combiner avec l’oxigène : mais on ne connoît point celte combinaison. L'acide fluorique se trouve dans les dents, dans les os...; il est probable qu'il y est formé. La probabilité que la fluorine n’est pas une substance simple, est = x. DES SUBSTANCES MÉTALLIQUES. Les substances métalliques sont des corps combustibles; cette année présente plusieurs travaux intéressans sur ces substances. Ces substances paroïissent se former journellement chez les végétaux. La ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4 73 La nature de ces substances n’est pas connue; mais il me paroît probable que les substances métalliques sont composées de bases quelconques combinées avec une portion d'hydrogène: c’est également l'opinion de H. Davy. Cette probabilité est = x. Ces bases peuvent se combiner avec de plus grandes quantités d'hydrogène, comme dans le gaz hydrogène telluré..… Enfin combinées avec l’oxigène, elles forment des oxides et des acides. Cette probabilité est = x. DES SUBSTANCES ALCALINES ET DES SUBSTANCES TERREUSES, Les substances alcalines et les substances terreuses sont re- gardées aujourd’hui, avec H. Davy, comme des oxides métal- liques. 11 n’y a pas de doute pour la potasse et la soude, dont on a reliré le porassium et le sodium. Mais on n’a encore pu présenter de même les métaux des terres , le calcium, le silicium. J’ai classé dans mes Leçons de Minéralogie les pierres avec les oxides métalliques ; ainsi le quartz est un oxide de silicium, le saphir un oxide d'aluminium, la chaux vive un oxide de calcium... La probabilité que la potasse et la soude sont des oxides métalliques, est = 99,999,900. La probabilité que les terres sont des oxides métalliques, est — q4g,000,000. La probabilité que les alcalis et les terres ne sont pas des substances simples, est = zx. BES OXIDATIONS. Proust a rappelé les travaux intéressans qu’il avoit publiés sur les oxidations, et y a beaucoup ajouté. Du Cobalt. Il s’est d'abord occupé du cobalt; il dit que nous n’avons encore que deux oxides pour le cobalt, l’un à 20 et l'autre à 25. L’oxide de cobalt au maximum est noir; il contient 25 à 26 d’oxigène, et cobalt 74 à 75. Tome LXXXII. JANVIER an 1816. K. 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'oxide de cobalt au #1inimum est gris; il contient 20 à 16 d’oxigène, et cobalt 80 à 84. Quant à l’oxide verdâtre, bleu..., Proust croit qu'il est un mélange d’un des deux oxides avec quelques autres substances, principalement l’eau. L'hydrate de cobalt est d’abord bleu; il devient verdâtre en perdant une portion d’eau. Du Nickel. Proust dit que le nickel se combine avec l'oxigène en deux proportions. L'oxide majeur, ou deutoxide est noir ; il contient Nickel. eudire: sets tax trs tele vit CEST ENANERNINENET ENT 26 L'oxide mineur, ou protoxide, est gris; il contient Nickel, 2448 81, HAN NM SNA, 0:96 Oxigène.: 4. +. 24 MMS OL ER 020 Cet oxide gris verdit insensiblement à l’air et se change en carbonate. Le nickel se combine avec l’eau. L’hydrate de nickel est vert; il contient Nickel; moe ses pie ao sue di176 alien ee Ce 20 Du Mercure. Proust dit que le plus bel oxide rouge cristallin contient 92 mercure , oxigène 8; c’est l’oxide au maximum, ou deutoxide. L'oxide au rninimum, ou protoxide, contient oxigène 3.7, ou 3.15, ou même 4. L’acide muriatique convertit sur-le-champ le protoxide en mercure doux. L’acide muriatique combiné avec l’oxide majeur, ou deutoxide, forme le sublimé corrosif. Le mercure se combine avec le soufre, sous forme de sulfure. Thenard admet un grand nombre de sulfures de ce métal ; Proust n’en admet qu’un seul, le cinabre, qui contient mer- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 75 cure 85, soufre 15. Les autres substances qu’on a pu prendre pour des sulfures sont des mélanges et non des combinaisons. De l’Oxide de Zinc. Vogel a fait de nouvelles expériences sur le zinc; il conclut que l’oxide gris de zinc de Berzelius m’existe pas; il n’admet qu'un seul oxide de zinc, l’oxide blanc. Il décrit ensuite un nouveau sel de zinc, qui est un sous-sul- fate, lequel se trouve en paillettes nacrées brillantes. DES SULFURES. Le soufre se combine avec les métaux, ainsi que l’oxigène. La Chimie reconnoît donc des sulfures, comme des oxides ; elle recherche Ja nature de ces sulfures comme celle des oxides, et tâche d'en déterminer les proportions. Proust pense que les métaux ne se combinent avec le soufre qu'à leur état métallique, et non à l’état d’oxide. Cette propo- sition paroît admise de tous les chimistes, Mais dans quelles proportions s’opèrent les combinaisons des métaux avec le soufre? elles ne sont point encore déterminées. Proust a prouvé que le fer se combine avec le soufre en deux proportions, au 727aximum, comme dans la pyrite ordinaire, et au zinimum, comme dans la pyrite magnétique. Proust a examiné plus particulièrement les combinaisons du soufre avec les métaux; il a recherché s'il y a des proto-sulfures, des deuto-sulfures, des trito-sulfures... Berzelius a dit, r° qu’un métal se combine tout au plus en un aussi grand nombre de proportions avec le soufre qu’avec l’oxigène; 2° que le proto- sulfure d’un métal quelconque contient toujours deux fois autant de soufre que le protoxide de ce métal contient d’oxigèue; et qu’il en est de même du soufre des deuto-sulfures, des trito-sul- fures..., par rapport aux deuloxides, des tritoxides, Proust n’admet point ces opinions; il pense que le fer est susceptible de deux sulfurations à termes fixes; mais il ne croit point aux proportions assignées par Berzelius. Proust persiste à croire que le fer est susceptible de deux sul- furations, l’une au #2axémum , qui est la pyrite ordinaire, l’autre au 7zénimum, qui est la pyrite magnétique, KZ #6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Proust décrit avec beaucoup de détail les combinaisons da mercure ayec les acides. Le lecteur doit se rappeler ce beau travail. Il doit également se rappeler la manière savante dont à Al- maden on retire le mercure du minerai; il y a une grande économie. Au Pérou, au contraire, dans l’amalgame des mines d’or et d'argent, il y a eu des pertes immenses de mercure. Proust estime que depuis l’an 1570 jusqu’à l’année 1800, il y a eu au Pérou une perte d’environ trois millions de quintaux de mer- cure, qui se trouvent dans la rivière de Pilcomayor. On cherchera sans doute un jour à les en retirer. Proust a terminé ses recherches chimiques, dont il a enrichi ce Journal, par l’exposition de diflérens faits sur la docimas- tique des mines d’or et d’argent, DES HYDRATES. J’avois dit en 1797, dans ma Théorie de la Terre, tomeT, pag. 92, que l’eau devoit étre regardée comme un des miné- ralisateurs des métaux. Cette vérité fut adoptée par les chi- rnistes, principalement par Proust, qui donna à cette combinaison le nom d’hydrate; il en a décrit plusieurs. Il a reconnu un hydrate de cobalt qui paroît être le cobalt bleu. Il a reconnu l’hydrate de cuivre, celui du nickel... L'eau doit se trouver combinée en différentes proportions; ainsi On aura Des proto-hydrates, Des deuto-hydrates. Le gypse nous en fournit un exemple bien reconnu. Le gypse ordinaire.contient 0.22 d’eau, dont la forme est rhomboïdale ; c’est le gypse hydraté au maximum, ou deuto-hydrate. Le gypse anhydre n’en contient pas une quantité appréciable; c’est le gypse hydraté au zzinimum ou proto-hydraté. Sa forme est cubique. ET D'HISTOIRE NATURELLE, ! 77 DE LA CHIMIE DES VÉGÉTAUX. DE L’ACIDE PRUSSIQUE, OU ACIDE HYDRO-CYANIQUE, ET DU CYANOGÈNE, L’acide prussique existe dans plusieurs végétaux , les fleurs de pêcher, les amandes amères...; on lPobtient aussi par l'art; il est un poison violent. Gay-Lussac a fait un nouveau travail sur cet acide, On savoit que cet acide contient du carbone, de l'azote et de l’hydrogène, mais les qualités n’en étoient pas déterminées. Porrett disoit que cet acide contient ASRDORE. ea. ones = eee 240 PA AUIEe see he lies el ini een AO EYORONENE Se an lose mille) PT Gay-Lussac a obtenu d’autres résultats; il est, suivant lui ; composé de Carbone... .". + « + « + + « - + 44.39 AZOIE etats.) 2 DE: 7 Hydrogène. 03. 0e 0 seal d:90 Il croit avoir obtenu le radical de l’acide prussique; il ap- pelle ce radical cyanogène , cyanos, xvavos, bleu; genesis, yeeo, engendre, cyanogène qui engendre le bleu. Le cyanogène, dit-il, est un fluide élastique, permanent; son odeur , qu’il n’est point possible de définir, est extrêmement vive et pénétrante ; sa dissolution dans l’eau a une saveur très-pi- quante. Il est inflammable ; sa flamme est de couleur bleuâtre mêlée de pourpre. Ce cyanogène est, suivant lui, composé de PE ES RENE PR AR EE EME 161 Gaz carbonique, ou carboneen vapeurs. 66.4 Ce cyanogène pourroit donc être appelé azote carboné. Le cyanogène combiné ‘avec des corps simples forme des cyanures. Combiné avec les alcalis, il forme des cyanures de potasse, de soude... 78 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Combiné avec les métaux, il forme des cyanures métalliques. Le bleu de Prusse est un cyanure de fer, qui a un peu d’eau. Le cyanogène se combine avec l'hydrogène, il forme un acide qui est l'acide prussique; il l'appelle hydro-cyanique, ou. hydro-prussique. à Les prussiates sont appelés hydro-cyanates, c'est-à-dire des combinaisons de l'acide hydro-cyanique. En distillant le bleu de Prusse, dit-il, après lavoir forte- ment desséché, et en éprouvant à toutes les époques de la dis- tillation les fluides élastiques qui s’en dégagent , on y reconnoît constamment la présence de l’acide carbonique et de l'acide hydro-cyanique, mais jamais celle du cyanogène. Or si on ob- tient constamment de l'acide carbonique, de lacide hydro-cya- nique, et même de l’ammoniaque, il faut que le bleu de Prusse contienne de l’oxigène et de l'hydrogène, et alors il est naturel de supposer que c’est réellement de l’hydro-cyanate de fer. On pourroit encore supposer le bleu de Prusse, d’après les belles recherches de M. Proust sur les combinaisons de l’eau, comme un cyanure hydraté. D'une Cire artificielle , ou d’une Combinaison d’Huile et d’Acide nitrique. J'ai tenu pendant plusieurs mois de l'huile d'olives mélangée avec un acide nitrique très-foible, le résultat a été une substance analogue à la cire. Du Liége. Chevreul a fait une nouvelle analyse du liége; il l’a traité avec l’eau et l’alcool; il en a retiré de l'huile, de la résine et une substance analogue à la cire, à laquelle il a donné le nom de cerine. Cette cerine a des qualités particulières qui la rap- prochent de la cire, et l’en éloignent également. Il n'ose ce- pendant dire que cette substance soit un des principes nmédiats des végétaux. De L Inuline. L'inuline est une substance particulière découverte par Rose dans la plante nommée helenium ; il la regarde comme une substance particulière qu’on doit placer au rang des principes immédiats des végétaux. Gaultier de Claubry adopte l’opinion de Rose. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 79 Du Safran des Prés. Le safran des prés, colchicum autumnale , appelé vulgairement Zue-chien, parce qu'il est un poison violent pour ces animaux, a été examiné par John Want. Cette plante, dit-il. est la base de l’eau médicinale de Husson, qu'on prépare de la manière Suivante : Prenez deux onces de racine deco/chicum autumn ale; eoupez- les en tranches très-minces, mettez-les dans une bouteille avec quatre onces d'esprit de vin rectifié; laissez reposer jusqu’à ce que les principes de la plante aient été extraits en filtres. Cette liqueur offre un secours puissant contre la goutte. Des Éthers. Boulay a fait un nouveau travail sur les éthers, les conclu- sions qu'il tire de ses expériences nombreuses sont : 10. L’éthérification s'opère sans que l'alcool subisse d’autre changement que la perte d’une portion de son hydrogène et de son oxigène qui servent à former de Peau. 20. En admettant cette explication, également applicable aux trois acides, qui produisent les mêmes genres d’altération de l'alcool , l'éther seroit de lalcool moins de l’hydrogène et de l’oxigène , ou de l’alcool plus du charbon. 30, La formation de l'huile douce est entièrement étrangère à l’éthérification proprement dite; il suflit de varier les propor- tions d'acide et d'alcool pour obtenir constamment et isolément l’un ou l’aatre de ces deux produits. DE LA FORCE DÉCOMPOSANTE DU PRINCIPE SUCRÉ SUR LES SELS ET SUR LES OXIDES MÉTALLIQUES. Vogel a examiné la force décomposante du principe sucré sur les sels et les oxides métalliques ; il résulte de ses expériences, 1° Que la dissolution de l’acétate de cuivre est décomposée par le sucre. L’acide acétique se dégage, il se précipite du pro toxide de cuivre, et la liqueur surnageante est un proto-acélate de cuivre; 2° Que le sucre de lait, le miel, la manne et les autres 80 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE espèces de sucre, partagent jusqu'à un certain point cette propriété décomposante ; 30 Que la gomme arabique ne décompose pas le sel, et que le principe doux de Scheele, la gélatine, la graisse et la cire ne décomposent l’acétate de cuivre que d’une mamière foible et très-imparfaite ; i 4° Que le sulfate de cuivre est décomposé par le sucre ; mais qu'au lieu de protoxide, il se précipite du cuivre métallique ; que toutes les autres espèces de sucre, ainsi que la manne, agissent à peu près de la même manière sur le sulfate de cuivre; 50 Que le sucre agit également sur plusieurs autres sels mé- talliques; 6° Qu'il paroît que dans toutes ces désoxidations il se forme de l’eau aux dépens de l’oxigène du métal et de l'hydrogène du sucre. DE LA CHIMIE DES ANIMAUX. De l’Urine du Diabète sucré. Chevreuil a analysé l'urine d’un diabétique au commencement de la maladie ; en concentrant cette urine en sirop clair, et Fabandonnant à elle-même, il a obtenu la substance sucrée sous la forme de petits cristaux semblables à ceux qui se produisent dans le sirop de raisin. 11 croit que le sucre liquide des végétaux n’est point une espèce particulière, mais une combinaison d’un sucre cristalli: sable , dont l'espèce peut varier, avec un autre principe qui sur- monte la force de cohésion du premier. Des Fluides animaux. Bostock a examiné la nature des fluides animaux; les subs- lances qui lui paroissent devoir être regardées comme telles, sont : l’albumine, la gelée et la matière non coagulable du serum , qu’il appelle zzucus; mais un examen plus attentif lui a fait croire que la gelée ne devoit pas être regardée comme une partie constituante des fluides animaux. DES ET D'HISTOIRE NATURELLE. l Gr DES PROPORTIONS DANS LESQUELLES LES CORPS SE COMBINENT CHIMIQUEMENT ; OU DE LA THÉORIE ATOMIQUE: . Tous les corps se combinent chimiquement dans des propor= tions fixes; ces combinaisons sont l’objet de la Théorie atomique. Dalton est l’auteur de la Théorie atomique; il fut le premier qui essaya de rendre raison de cette fixité dans les proportions chimiques. Suivant lui, ce sont les atomes des corps qui s’unissent ensemble, Ua atome d’un corps & s'unit à un atome d’un corps b, ou avec deux, trois, quatre, etc., atomes de ce corps. L'union d'un atome de a avec un atome de à produit un composé. L’uuion d’un atome de a avec deux atomes de b produit un autre composé ; Et ainsi un atome de a avec trois, quatre, cinq... atomes du corps b..., forme d’autres combinaisons. Il faut suivre l’auteur dans les détails qu’il donne de ces dif- férentes combinaisons. Berzelius a fait des recherches d’une autre nature pour déter- miner les proportions simples et définies, dans lesquelles les parlies constituantes des substances inorganiques sont unies les unes ayec les autres; il en considère les parties constituantes: prenons pour exemple son sous-sulfate d’oxide de fer : ce sel est composé de Acide sulfurique. +4 . . 1, , . .° :20.2 / Oxide detente. 4. Lie 70.0 Il considère ensuite les principes qui composent l’acide sulfu- rique, savoir, le soufre et l’oxigène; Et ceux qui composent l’oxide de fer, savoir, le fer et l'oxi- gène... Mais j'ai fait voir l'année dernière, dans mon Discours pré- liminaire (pag. 75), combien ces recherches sont insuflisantes jusqu'ici. Les célèbres chimistes qui se livrent à ce travail, ne tiennent compte dans ces combinaisons que des corps pondérables, tels que l’oxigène, l'hydrogène, l'azote, le soufre, le charbon, les alcalis, les terres, les métaux..., et ils n’ont aucun égard aux fluides éthérés, impondérables, tels que le calorique, le lumineux, l'électrique...… Tome LXX XII. JANVIER an 1816. L 62 JOURNAL. DE PHYSIQUE, DE: COIMMIE Il est cependant reconnu que ces fluides éthérés se trouvent dans ces combinaisons, dans ces composés, et y ont une grande influence. L’acide nitrique, par exemple, contient une quantité considérable de calorique, ïl faut donc en tenir compte. Higgins a dit: Azote 1, oxigène 2, forment le gaz nitreux. Azote 1, oxigène 3, forment la vapeur nitreuse rouge. Azote +, oxigène 4, forment l'acide nitreux jaune. Azote 1, oxigène b, forment l'acide nitreux blanc. Or dans tous ces composés il doit y avoir une plus ou moins grande quantité dé calorique, dont sl ne lient aucun compte. Il y a le plus souvent de l’eau. On en doit dire autant du fluide lumineux, du fluide élec- trique.…... Ces analyses sont donc incomplètes jusqu'ici. Mais on pourra obtenir des résultats plus exacts : il faut donc les continuer. DU. PRINCIPE DE LA COMBUSTION, On avoit dit que le principe de la combustion étoit l'oxi- gène, et que la chaleur qui s’en dégagéoit venoit de cet oxigène qui laissoit dégager une partie du calorique qu'il contient en si grande abondance. J’ai combattu constamment ces erreurs, qui sont aujourd’hui reconnues de tous les chimistes. a. L'oxigène contient une très-petite quantité de calorique. Laroche et Bérard ont prouvé que l’oxigène ne contenoit que 0.88 de calorique ; | 5. Et l'hydrogène contient 12.34 de calorique. Donc dans la combustion de l'hydrogène et de l’oxigène: il doit se dégager 12 de calorique de l'hydrogène et 0.8 de l’oxigène. L’hydrogène existe danstousles corps combustibles végétaux et animaux ; c’est donc cet hydrogène qui fournit principalement le calorique qui se dégage de ces combustibles. L’analogie dit que la même chose a lieu pour les combus- übles minéraux. Cette probabilité est = x. DU PRINCIPE DE‘L'ACIDITÉ. On avoit attribué le principe de l'acidité à l’oxigène, et on pensoit que tous les corps qui contenoient de l’oxigène étoient acides. ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 83 J'ai combattu constamment cetle erreur, qui aujourd’hui est reconnue de tous les chimistes. a Les alcalis contiennent de l’oxigène; b Les terres en contiennent également; | c Les oxides métalliques en contiennent des quantités plus ou moins considérables. Or toutes ces substances ne sont point acides. F L'eau, la substance qui contient la plus grande quantité d'oxi- gène dans cette opinion ; n’est point acide, : L'hydrogène est le principe d’acidité d’autres substances qui contiennent de l'hydrogène et point d'oxigève, telles sont : L’acide prussique qui contient de l'hydrogène combiné avec l'azote carboné ; Le gaz hydrogène sulfuré; Le gaz hydrogène telluré; L’acide muriatique, ou hydro-clorique; L’acide fluorique, ou hydro-fluorique; ; ; L’acide hydro-iodique , ou l’iode combiné avec hydrogène, D'un autre côté, des corps qui contiennent de grandes quan- tités d'hydrogène, telles que les huiles. .., ne sont point acides... Le principe de l’acidité n’est donc ni dans l’oxigére, ni dans l'hydrogène. Il paroîtroit plus probable qu'il réside dans la matière de la cha- leur, dans le calorique ; ce calorique est trés-abondant dans l'acide nitrique. : Mais le calorique paroît exister également dans la chaux vive, qui n’est point acide.... ra np L'acidité ne dépend donc point d’un principe particulier... ., elle est le résultat de combinaisons de différens principes. : DES ÉLÉMENS. Une des plus grandes questions qui occupent aujourd’hui les physiciens et les chimistes, est la nature des é/émens, On à regardé ‘comme élémens, ou substances simples, un grand nombre de substances. La nouvelle Chimie en a compté plus de 50. . Les connoissances actuelles font voir qu’elle s’étoit trompée. . L'iode avoit été regardé comme une de ces substances simples ; mais j'ai fait voir qu'il se produit journellement ; il faut dire la même chose des substances suivantes: L 2 O4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le chlore, Le bore, Le charbon, Le soufre, | Le. phosphore, Les 27 substances métalliques, Les 2 alcalis, la potasse, la soude, Les 9 terres... Ces probabilités sont — x. On ne peut donc, dans l’état âctuel de nos connoissances, re- garder comme élémens, ou substances simples, que les fluides éthérés : Le feu, ou calorique, Le fluide lumineux, Le fluide électrique, Le fluide magnétique, Le fluide nébuleux. Nous ne pouvons saisir ces fluides, et leur nature nous est entièrement inconnue; mais on suppose qu’elles sont simples. Les gaz sont peut-être également des substances élémentaires simples : L'air pur, ou gaz oxigène, L'air inflammable, ou gaz hydrogène, L'air impur, ou gaz azote. Et même :il n’est pas prouvé que tous ces gaz soient des substances simples, comme nous l'avons vu à l’égard de l’hy- drogène et de l'azote, qui paroissent les principes de l’'ammonium. Attendons de nouveaux faits. DE LA NOMENCLATURE. On reconnoît de plus en plus combien est défectueuse la nouvelle nomenclature. Les noms d’oxigène , d'hydrogène, d’azote..., sont tout-à-fait impropres. Le nom d’hydro-clorique est encore donné mal à propos et trop tôt à l'acide rzuriatique, jusqu’à ceque la doctrine de H. Davy sur la chlorine soit généralement admise : et nous avons vu qu'elle ne l’est pas par, Berzelius. Ceux d’anphigène , double nature..., d'amphibole, équivoque, donnés à une pierre parfaitement cristallisée, de grammatite, de pyroxène..., ne sont pas moins ridicules, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 85 Mais les noms d'a/umine sulfatée alcaline, au lieu d’alun, d’alumine fluatée silicée, au lieu de £opaze, alumine flualée alcaline, au lieu de cryolite..:, font voir jusqu'à quel excès les prétentions de lamour-propre, etles bassesses des flatteurs, peuvent conduire. Où s’arrêtera-t-on....2? Respectons donc les noms généralement admis, lorsqu'il n’y a point de motifs raisonnables de les rejeter, tels que ceux d’alun , topaze...; ils remplissent leur objet, ils font connoître les substances qu'ils désignent... DES FORCES CHIMIQUES, OU DES AFFINITÉS. Les forces chimiques sont rapportées en général aux forces d'affinité. Ox ces forces d’aflinité paroïissent des modifications des forces physiques, dont nous avons parlé ci-devant , pag. 49, savoir, l’impulsion, l'attraction, la répulsion et l’action galva- nique, qui ont pour première cause la force propre. L'impulsion s’observe difficilement dans les phénomènes chi- miques; cependant on ne sauroit révoquer en doute son action ; elle se manifeste dans les différentes affinités des corps. Un acide, par exemple le sulfurique, versé sur du sel marin, déplace l'acide muriatique qui est volatilisé. Ces effets ne peuvent étre produits que par impulsion. On peut les concevoir de la manière fuivante : Tous les corps ont une force propre, ainsi que nous l’avons dit; les fluides animés de cette force, pénètrent, s’insinuent par une véritable impulsion dans tous les espaces vides qui se pré sentent. Supposons un monceau de sable élevé en cône ou en pyra- mide de dix pieds de hauteur, par exemple; si on verse au bas de cette pyramide une couche de cinq pieds d’eau, cette eau pénétrera dans les pores de ce sable jusqu'à la hauteur de ces cinq pieds pour se mettre en équilibre. Mais elle s’élevera encore plus haut par l’action des tuyaux capillaires : peut-être parviendra-t-elle jusqu’à la hauteur de dix pieds. è L'attraction, la répulsion et Yaction galvanique sont égale- ment les effets d’une impulsion de quelques fluides , ainsi que nous l’avons prouvé. 86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je pense que d’après ces faits on peut donner des explica- tions satisfaisantes des affinités chimiques; c’est ce que j'ai fait voir dans ma Théorie de la Terre, tome IIT, pag. 5o. « Tous les corps, ai-je dit, ont des atmosphères de divers fluides, le calorique, le fluide électrique , le fluide magnétique...; c’est par ces diverses atmosphères que tous les corps homogènes s’attirent, et les corps hétérogènes se repoussent. » Un aimant, placé au milieu d’une quantité de limaille de fer, en attire les molécules; mais si on place un autre aimant auprès de celui-ci, les pôles du même nom se repoussent, les pôles opposés s’attirent. » Deux corps électrisés positivement ou négativement , placés l’un auprès de l’autre, se repoussent; mais si lun est électrisé positivement et l’autre négativement, ils s’attirent. » Si on suppose que les atmosphères particulières qui enve- loppent chaque corps, ont également des actions positives et négatives, on céncçoit qu’ils s’attireront, ou se repousseront sui- vant leurs positions différentes. » Supposons que les molécules de l’eau, par exemple, aient des atmosphères qui s’attirent : si on place deux de ces molé- cules l’une auprès de l’autre, elles s’attireront. » Supposons que les molécules de l’eau aient des atmosphères qui repoussent les atmosphères des molécules d’huile : une goutte d’eau et une goutte d’huile placées lune à côté de l’autre, se repousseront. ; » Or tous les faits prouvent que les corps ont de semblables atmosphères qui s'attirent et se repoussent : on doit avoir surtout égard à des atmosphères du fluide électrique ou galvanique. » Francklin, et tous les physiciens conviennent que chaque corps terrestre est dans un état d'électricité ou de galvanisme soit positif, soit négatif. Nous avons vu que tous les corps sont ou positivo-galvaniques , ou négativo-galvaniques. Les corps positivo-galvaniques attirent les corps négativo-gal- vaniques; ces corps ont donc de l’affinité. Ainsi plus un corps a d'électricité, ou de galvanisme positif, plus considérable est son afinité pour un autre corps dont l'électricité ou le galvanisme est négatif. L'oxigène, les acides, par exemple, dont legalvanisme est positif, qui sont positivo-galvaniques et passent au pôle po- sif, ont beaucoup d’aflinité pour les alcalis, les métaux..., ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 qui sont négalivo- galypaniques et passent au pôle négatif. » Les corps, au contraire, qui jouissent de la même électri- cité, dont le galvanisme est semblable , n’ont point d’affinité ou peu. Ainsi les alcalis qui sont négativo-galvaniques , n’ont pas d’aflinité pour les métaux également zégativo-galvaniques… ..» Je conclus de ces faits, que l’action galvanique est la princi- pale cause des affinités chimiques. L'action des tuyaux capillaires ne doit pas être négligée dans le jeu des aflinités. Il est probable que ces principes diversement modifiés sont les vraies causes des aflinités; je le prouverai plus en détail. Gette probabilité est = x. Il ne faut pas oublier que l’action de ces forces chimiques, de ces aflinités , varie ensuite à raison de la figure des molécules des corps. Deux corps qui se touchent par des larges surfaces, s’adhèrent plus fortement que s'ils se touchent par des surfaces étroites. Deux tétraèdres, par exemple, qui se touchent par leurs faces, s'adhèrent avec plus de force que s’ils se touchent par le sommet de leurs angles solides. J’ai développé, Journal de Physique, celte vérilé, qui avoit déjà élé avancée par Bulon, Seconde Vue de lu Nature. RÉSUMÉ. En résumant les faits que je viens de rapporter, on voit que les travaux de la Chimie dans cette dernière année, confirment mes opinions et les résullats que j’avois présentés l’année der- nière , d’après les connoissances actuelles. 1°. Le prétendu oxigène ne sauroit plus être regardé comme le principe de Pacidification. a. L'eau qui dans cette théorie contient la plus grande quantité d’oxigène, n’est point acide. 8. Les alcalis, les terres qui contiennent beaucoup d’oxigène, ne sont point acides. c. Les oxides métalliques, tels que ceux de manganèse, de plomb, d’étain..., qui contiennent des quantités plus ou moins considérables d’oxigène, ne sont point acides.... - Donc l’oxigène n’est point le principe des acides. Cette probabilité est = 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2°. L'hydrogène, ou gaz inflammable, se trouve dans un grand nombre d'acides qui ne contiennent point d’oxigène, tels sont : a. L’acide prussique , ou hydro-cyanique. b. Le gaz hydrogène-sulfuré, ou hydro-sulfure. c. Le gaz hydrogène telluré, où hydro-telluré. d. La chlorine ou chlore, ou acide oxi-muriatique, qu’on re- garde aujourd’hui comme une substance simple. e. L’acide hydro-chlorique, ou chlore combiné avec l’hydro- gène, qui forme l'acide muriatique ordinaire. J. L'acide hydro-iodique, ou l’iode combiné avec l'hydrogène. g- L’acide fluorique, ou hydro-fluorique, qui est la fluorine combinée avec l'hydrogène. Mais des corps qui contiennent beaucoup d'hydrogène, tels que les huiles, ne sont pas acides. Donc l'hydrogène n’est point le principe des acides. 3°. Le calorique est en grande quantité dans l'acide nitrique. Il est donc probable qu’il se trouve également dans tous les autres acides. On pourroit donc le regarder jusqu’à un certain point, comme le principe de l'acidité; mais il paroît que ce calorique se trouve dans d’autres corps , tels que les alcalis caustiques, la chaux vive..., qui ne sont point acides... Donc le calorique n’est point le principe des acides. 4°. L’acidité n’est donc pas due à un principe particulier. Elle résulte de la combinaison de diflérens principes, dont le calorique est un des principaux. 5°. L’alcalinité n’est point également due à un principe par: ticulier. 1 Elle résulte de la combinaison de différens principes, dont le calorique paroît un des principaux. Go. L’oxigène ne peut pas être regardé comme le principe de la chaleur animale ; elle est due à l’action des forces vitales. La chaleur des végétaux est également un effet de l’action de leurs forces vitales ; c’est pourquoi cette chaleur est plus considérable dans le temps de la floraison , comme dans l’arum.…. Celte action des forces vitales est un effet de l'action gal- vanique, que les différentes parties des animaux et des végélaux exercent les unes sur les autres, comme dans la torpille... Cette ET D'HISTOIRE NATURELLE. 89 Cette action galvanique est si grande entre les parties des substances qui fermentent , que quelquelois il y a inflammation, comme dans les meules de foin... N 7°. L’oxigène n’est point le principe de la combustion...; car c’est le gaz qui contient la plus petite quantité de calo- rique, savoir, 0.8 d’après les expériences de Laroche et de Bérard. 8°. L'hydrogëne doit plutôt être regardé comme le principe de la combustion; il est le gaz qui contient la plus grande quan- tité de calorique, savoir, 12.34, suivant Laroche et Bérard. Ce gaz est reconnu dans tous les corps combustibles animaux et végétaux. Il doit également, suivant l’analogie , se trouver dans les corps combustibles minéraux, les métaux, le soufre...; l'expérience confirme ces analogies. On a retiré de l'hydrogène, du soufre, du charbon... Ilest donc probable que dans la combustion des gaz oxigène et hydrogène, la chaleur qui se dégage est due principalement à l'hydrogène. 9°. Les hydrures sont très-abondans; on a des hydrures de potasse, de chaux... 10°. L’azote ne peut être regardé comme le principe de l'acide uitrique, puisqu’un grand nombre de substances qui contiennent de l'azote, ne sont point acides. 110. L’analyse des substances végétales et animales laisse encore beaucoup à desirer. 120. L’azote se trouve dans les substances animales et dans quelques substances végétales; mais iln’en est point le principe. 130. Les substances qu’on regardoit comme des élémens indé- composés, se composent journellement. a. L'iode, ainsi que je l'ai prouvé, est composé dans les kalis et plusieurs plantes. La même chose a lieu pour à Le soufre, c Le phosphore, d Le charbon, £ Les substances métalliques, JF Les substances terreuses. Tome LXXXII. JANVIER an 1616, M 90 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces substances sont composées chez les êtres organisés. L'expérience de Vauquelin, qui ayant nourri une poule avee de lavoine, laquelle ne contient presque que de la silice, et qui dans l’analyse n’a retiré presque que de la chaux, ne laisse aucun doute à cet égard. 14°. Les oxides métalliques, les terres, les alcalis... sont des combinaisons de ces substances avec des quantités plus ou moins considérables d’oxigène; mais la Chimie n’a encore pu dé- terminer d’une manière exacte les proportions; elle a seulement reconou qu'il y a différens oxides au ménèmum, au maximum. Il ya des Protoxides, Deutoxides , Trioxides. Péroxides. D'ailleurs on a négligé plusieurs données dans ces estimations. Prenons le soufre pour exemple. On dit : l'acide sulfureux est le soufre plus une quantité x d’oxigène : l’acide sulfurique est le soufre plus une quantité plus considérable y d’oxigène; mais ces données ne sont point exactes. Le soufre contient de l'hydrogène; Les acides contiennent du calorique, tels que le nitrique; Ils contiennent de l’eau. On doit donc dire: L’acide sulfurique est le soufre moins une portion d'hydrogène, Plus une portion d’oxigène, Plus une portion de calorique, Plus une portion d’eau. 150. Ces mêmes substances, les oxides métalliques, les terres, les alcalis peuvent se-combiner avec le soufre et former des sulfures. Le soufre peut y être en plus ou moins grande quantité. On a donc des sulfures au z2énümum, au maximum. Des proto-sulfures, Des deuto-sulfures. Des persulfures. 160. Ces mêmes substances peuvent également se combiner avec l’eau et former des hydrates. L'eau peut être en plus ou moins grande quantité, et on aura Des proto-bydrates , ET D'HISTOIRE NATURELLE, gE Des deuto-hydrates, 170. La lumière paroît être un des re des corps. Nous avons vu que son action est très-considérable sur plusieurs subs- tances; mais on n’a encore pu en déterminer les proportions. 180. Il en faut dire la même chose du fluide électrique. 19°. Les agens chimiques sont les différentes forces physiques dont nous avons parlé, La force propre, L’impulsion , L’attraction, La répulsion, L'action galvanique. Toutes: ces forces sont des modifications de la force propre. 209. Mais l’action galvanique est celui de ces agens qui paroît avoir la plus grande influence dans les phénomènes chimiques. Il est probable qu’elle est la principale cause des aflinités. ele oltii le Falnel ea le ife le ie Lei" lutte llel lt eftenlienseie) Tous ces faits ne permettent pas de douter que les opérations chimiques consistent en de nouvelles combinaisons. La plupart des substances prétendues säples, sont des produits nouveaux ; elles forment de nouveaux composés en se combinant une à une, deux à deux, trois à trois, quatre à quatre... Leurs proportions varient, ainsi que nous l'avons vu pour les oxides, les sulfures, les hydrates, les acides, les alcalis.. L'objet actuel des recherches des chimistes est de chercher à déterminer ces proportions en ne négligeant aucune donnée; mais leurs travaux laissent encore beaucoup à desirer à cet égard... eMel'ivre, le . OAI CCE ET OR Si on réunit le résumé de la pag. 44 sur l'Histoire naturelle et la Géologie, celui de la pag. 63 sur la Physique, avec celui sur la Chimie, on ne verra pas sans admiration les progrès im- menses qu'ont fait ces sciences. Ces différens travaux dans la Physique, la Chimie et l’His- toire naturelle, sont bien dignes d'occuper l’activité inquiète de l’homme pensant de nos grandes sociétés... Maisdes considérations d’un plus grandintérêt doivent partager son attention. Le bonheur est le principal objet de ses recherches, comme je l'ai prouvé dans mes ouvrages philosophiques, par- ticuhèrement dans celui de l'Homme considéré moralement : M 2 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les malheurs, dont dans ces temps désastreux a été accablée l'Europe, et plus spécialement la France, doivent donc plus particulièrement fixer ses regards pour chercher les moyens de les prévenir. Les convulsions du protestantisme et de la ligue déchirèrent l'Europe et la France pendant un grand nombre d’années. La Ligue ne fut calmée que par les grands talens de Henri IV et de Sully; encore Henri succomba-t-il. Les horreurs de la fronde ne furent terminées que par le grand caractère de Louis XIV. Les fureurs de la révolution actuelle ont produit des événe- mens encore plus atroces; ils ne peuvent également être calmés que par le grand caractère de ceux qui ont le pouvoir, et par des vues plus saines de la part de tous, sur les principes de ordre social. Tous les principes de la morale ont été ébranlés, celui qui n’avoit rien a dit à celui qui avoit acquis par son travail, ..: cède moi ta place, je veux jouir du fruit de tes SuUeuTs. JE SUIS LE PLUS FORT. Je suis le plus fort : terrible principe, sur lequel Hobbes, qui vivoit à des époques analogues à celles où nous nous trou- vons, fondoit toute sa morale ! C’est la morale des tigres, des vautours... Elle conduisoit en partie les hommes avant qu'ils fussent réunis en société. Mais elle ne peut plus subsister depuis que ces sociétés sont bien organisées; leur but est de s’y soustraire. Les grandes so- ciélés d'animaux , surtout celles des singes, s’y sont même éga- lement soustraites..… Je vais rappeler quelques réflexions que je faisois l’année dernière, dans mon Discours Préliminaire, pag. 98. « Pourquoi, disois-je, la vertu est-elle presque constamment opprimée, et le crime triomphe-t-il presque toujours? c’est un fait, dont, ainsi que de tant d’autres, nous ignorons la cause. » Mais comment l’homme vertueux, ir probus, le philalèthe, quoique constamment persécutés, continuent-ils à marcher dans les sentiers de la vertu?... J’en ai cherché la cause dans mon cœur; et je l'ai trouvée, cette cause, dans les jouissances que procurent à l'homme de bien les sentimens dont il est animé; 1l jouit du bonheur des autres êtres sensibles ; il souffre de leurs ET D'HISTOIRE NATURELLE. 93 maux. Celle conjouissance et cette commisération sont le for- dement de la vertu. L’honnéte homme ne Jfüit le Lien que pour se procurer du plaisir : il ne fait pas le mal pour se Soustraire à des douleurs et se procurer des plaïsirs. TEL EST LE PRINCIPE FONDAMENTAL DE LA MORALE, ET LA BASE DE LA VERTU. « Ames vertueuses et sensibles, disois-je, nous sommes dans la route qui conduit au bonheur, ne l'abandonnons pas : » Nous jouissons en faisant le bien, et les méchans souffrent en faisant le mal; ils sont obligés de se cacher au public et à eux-mêmes : ) » [ls craignent toujours d'être atteints par l'opinion et par les lois : » Il en est peu qui au milieu de leurs jouissances n'aient des souvenirs bien amers: » Ils s’abandonnent à tous les plaisirs pour s’étourdir : or c'est s'éloigner du bonheur, parce que la satiété survient promp- tement : » Enfin Ze plus grand nombre de ces heureux scélérats est accablé par les revers les plus terribles. » Combien les événemens qui se sont passés cetle année ont donné de poids à ces réflexions! Quelles chutes plus éclatantes que celles qui ont eu lieu dans celte dernière période ! Ces hommes, et surtout ceux qui ont commis le forfait hor- rible du 2r janvier, et ont flétri la nation Francaise pour les siècles les plus reculés..., ne s’aimoient pas; car l'amour de soi cherche à se procurer un bonheur vrai pendant tout le cours de la vie.... C’est également le but de la vertu. Consolante vérité! 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOTE A INSÉRER A LA PAGE 13, LIGNE 16. CENT DIX-HUITIÈME COMÈTE. Nouvelle Comète qui a été observée dans les premiers jours du mois de mars. Son orbite a été calculée de la manière suivante: Orbite de la Comète de 1815 , par MM. DE LINDENAU, NicOrAï, BESSEL et NICOIIET. APRÈS une planète dont la découverte est due à M. Olbers, c’est le lieu de parler de la comète apercue par ce savant astro- nome, dans les premiers jours du mois de mars. Cette comète étoit petite, foible de lumière; elle n’a été vue que par les as- tronomes, Ceux de Paris, contrariés par les temps, m'ont pu mème en réunir qu'un petit nombre d'observations, desquelles cependant M. Nicollet a déduit une orbite parabolique. Les astronomes des pays étrangers, avertis plutôt et moins distraits par les circonstances, ont pu suivre la comète plus long-temps et avec plus dassiduité.. De ces observations plus nombreuses et qui embrassent un espace de temps plus considérable, ils ont déduit une orbite elliptique, et ce qu'il ya de remarquable, c'est que le grand axe de cette ellipse est moindre que celui de la planète Uranus, moindre même que celui de la comète de 1759, dont la période est de soixante-quinze à soixante-seize ans. On peut se flatter que celle-ci pourroit reparoître dans soixante-treize ans; c’est du moins ce qui résulte des calculs de plusieurs astronomes distingués qui, sans se rien communiquer, sont parvenus, chacun de leur côté, à ce résultat singulier, avec un accord assez rare dans un problème qui ne peut jamais être résolu d'une manière, je ne dirai pas sûre, mais tant soit peu probable, d’après une première apparition. Pour qu’on puisse bien juger de cet accord, nous allons mettre en regard les deux orbites elliptiques. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9ù Suivant MM. Lindenau T'emps Suivant M. Bessel, et Nicolaï. du Sceberg. temps de Paris. T'emps de périhélie 1815. Avril. 26,03857. . . .. Avril. 26,00374 Longitude du périhélie. . . . 14g°.3/.28".13. . . . . , . 149.2.99.1 du Nœud. . . .. EH EE ÉCRAN 83.28.46.14 Inclinaison. 0. 1.1. HALO DO. PE A + 44.29.53.7 PARBENTTIGIFE Le ele à ee = Me © 0:92029-d40 Me 0e 0.93112771 Distance périhélie. . . . . . 1.2126878.7 18 Dee axe (ete 0e 1709704. EME EU 17.60964 RÉVOIRHOM !( LL AE é 72,584 années. : . . 73.89682 Mouvement direct, Extrait du Rapport fait à l'Institut par M. Delambre. 06 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE REDON SERIE PS CRAN REP VRP LC PNR CREER 2 LEA TEA REP SE EEE CENT EP ESELEZMNE TPOEPESSER J.-C. DELAMÉTHERIE, A MM. LES LECTEURS DU JOURNAL DE PHYSIQUE. LE Journal de Physique fut commencé en 1771 par M. l'abbé Rosier ; sous le titre d’Observations sur la Physique, l’His- toire naturelle et les Arts; mais en 1781, il entreprit son grand Dictionnaire d'Agriculture, qui eut un succès si bien mérité, et il abandonna son Journal à son neveu, M. l'abbé Mongés; celui-ci voulut être du voyage autour du monde sous M. de La Peyrouse; il confia à J.-C. Delamétherie la rédaction du Journal. Ce Journal étoit connu du public sous le nom de Journal de Physique. Le nouveau Rédacteur crut donc en 1794, devoir changer son titre et lui donner celui de Journal de Physique, de Chimie, d'Histoire naturelle et des Arts. Il a apporté à sa rédaction le plus grand soin, ensorte que ce Journal est devenu un Recueil presque complet de toutes les nouvelles con- uoissances en Physique, en Astronomie, en Chimie et en His- toire naturelle. Un Discours préliminaire, ou Rapport général des découvertes faites dans l’année précédente, est imprimé dans le Cahier de janvier. Ce Rapport donne au lecteur connoïissance des objets qui n’ont pu entrer dans les Cahiers de l’année. Le Rédacteur a l'honneur de prévenir MM. les Lecteurs, qu’il continue seul son Journal de Physique, sur le même plan qu'ils ont approuvé. Il n’y a point d’autre Journal de Physique que Je sien, qu’il fait imprimer et distribuer chez Mme Ve Courcier. NOUVELLES ET D'HISTOIRE NATURELLE, 07 NOUVELLES LITTÉRAIRES. Le Monde physique et le Monde moral, ou Lettres à Mme de ***; par À. Libes. Un vol. in-8° avec planches. A Paris, chez l’Auteur, rue de Bondi, n° 15; au Palais Royal, chez M. Simonet, galerie du Lycée, n° 154, où se trouve le dépôt des exemplaires de cet ouvrage, et chez Dentu, Delaunai, Laurent-Beaupré, etc., etc. Nous rendrons compte de cet ouvrage intéressant, Essai d’un Cours élémentaire et général des Sciences phy- siques; par F. S. Beudant, Sous- Directeur du Cabinet parti- culier de Minéralogie du Roi, Professeur de Physique en Université Royale, Membre et Correspondant de diverses So- ciétés savantes. Tout porte la marque divine dans l’univers, tout nous montre un dessin suivi, un enchainement de causes subalternes conduites ayec ordre par une cause supérieure. Fénélon. Partie Physique. Un vol. in-8°. À Paris, chez MM. Tillard, Libraires de S. M. le Roi de Prusse, rue Haute-Feuille, n° 22; Croulbois, rue des Mathu- rins, n° 27, Verdière, Libraire, quai des Augustins, n° 27. Nous rendrons compte de cet ouvrage intéressant. Tome LXXXII. JANVIER an 1816, N de ft HEnne RN 5 AE S A ESS Med Sea PU NES jé PRXETTE S'onuoctnÈe re ES Dee ee MS 2 Mige-r. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES I 2 PA LEA LES NE En ET 3 , 5 em THERMOMÈTRE EXTERIEUR BAROMÈTRE MÉTRIQUE NS = CENTIGRADE. : : 4 2 EN > Ne EN {| ST Maxemum. | Minemum. |aMinil Maximum. | Minimun. A |° 2) mupt.| “ili} heures. © | heures. o heures. mill. | heures. | 1la3s. + 675la7Èm.+ 200|+ 5,40à955........ 764,60|à 7 4 me...... ol13s + 425à75m.+ 125|+ 4,00|à 10 + m....,.766,92 49 S. =... 3lazis. + 6,90[à7 im. + 3,75/+ 6,50ofà 1035....... 762,90|à 23 S........ 761,72|761,94 A|23 SN 9»79là 115. + 3,75|+ 8,60[à7 + m....... 761,22|à 11 S... ....-756,00|756,96 Sla midi. + 7,oolà105. “+ 459|+ 7,00 ALT rene ...758,72|à 10 S .…..749,22|7568,46 6la midi. + 6,00/à 10% s.+ 3,60] + 6,00à 10 Re etioiots 745,56|à 10 3 5....... 5 7làioimæ+ 35à9s. — 1,29] + Atos Re ee 752,08|à 7 à m......:749;40|-..... 8la3s. — 5,37/à 745 —6,50|— 5,50{à 101 6....,..756,00|à 7 % M....... [à 3 s.1 = 6,75l19 m. — 7,59|— 7,10 ATOS See 759,94|à 7 5 m. 1olà 10 45.— 4,50là 73 m.— 9,79|— 6,75la10 Às.......707,04|à 75m CO 1nla3s — 2,50 75 m.— 4,75 — 3,25(à9 +5........ 769,96|à 7 m....... logis. — 1,25à74m.— 4,79|— 38,00 à9£s........770,00|à midi........ 1333S “H125A9m. — 0,25|+ 1,25 à73m........707,2612925s........ r4là midi. + 4925295 + 0,25 4,25à 103m....... 768,64|à 9S.......... 15lamidi. + 3,2528m. + 12|+ 3,25|à 8 m. ....... 763,24|à 9 S.......... 1613s. + 8,00là8m. + 5,00 oo[à 8 m........ 747,00|à 1045S..... 73739 17là3s. “+ 3,5olà1rs. 0 00 HS 20) TRS 746,20|à 8 m..... sn 18lamidi. Æ 2,25|à 8m. — 075|+ 2,25là nina ae 747,38|à 5Ès......... r9|à midi. + 3,25 àBm. + 1,00|+ 3,25|à 10 3 m...... 753, 12|à 8 m.. 751,20753,08 »olà3s. + 5,75/à8m. + 2,50|+ 5,00 à 8m.........748,64là105...... ...744,60|746,92 21la3s. + 725à8m. + 5,50 7,00 AMONSSE eee 747:40|à 9 M: ....... 745,561746,24| 9 22 là midi. + 5,5olà r04s.— 1,00[+ 5,50!à 10 35....... 754,90|à 8 m........ 747,80[750,00| 5:£ 23là midi. + 0,25 8m. — 2,25|+ 0,25 ATOME eee 757;12|à 11 S.... +. 4 oglaixs. + 5,00/à8m. — 1,00|+ 2,50|49 m.......,. 748,50/à 3 s......... o) 25à3s. + 4iolàgis. — 0,50|+ 3,60129%5S.-.....: 756,90|à 6 m. 5 26àg2s. + 2,75A8m: — 1,00|+ 1,9046 m..1..... .756,40|à 9 à S........ 3,4 27là 10m 7,golà105. + 1,25| 6,50|à 105..... ....755,03|à 9m. ....... 742,28|745,0 5, 26 à 3s. + 4,75/àf8m. — 0,904 3,25|à 104 m...... 761,00| à 9 4; 29là midi, +10,00/28m. + 8,50|10,c0|à 9+5........704,14 MOMENT 9 3ola midi. + 8,75là 9 £s. + 3,50[+ 8,75/à 9 3 S........772,12 AIMER ere 71] 31{à midi. + 5,25[à 11 &s.+ 1,950|+ 5,25là 10 5m. .... 774,361 à 117 S....... Moyennes.+ 3,52! + o,15|+ 321| 758,96| 754,2:/756,62| : RÉCAPITULATION. À Millim. Plus grande élévation du mercure. .... 774°36 le 3x Moindreélévation du mercure......... 737,36 le 16 Plus grand degré de chaleur......... -10°06 le 29 Moindre degré de chaleur......-.... — 9,79 le 10 Nombre de jours beaux....... o de couverts.........e. 31 depluie........e...... 31 de yent..or.srsesssese 31 de gelée.............. 17 | de tonnerre..... SES MCE | de brouillard.......... 31 | de neige...e.........e 6 | de gréle..-.:-.-r I Nora. Nous continuerons cette anné centièmes de millimètre, Comme eonclus de l'ensemble des observations, e àexprimer la température au degré du thermomètre ce), les observations faites à midi sont ordinairement celles qu'oM le thermomètre de correction. À la plus grande et à la plus petite élévation du baromètihl! d'où il sera aisé de déterminer la température moyen? conséquent, son élévation au-dessus du niveau de la mer, La température des caves est égalemel} 4 A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE à LE . a: ir” DÉCEMBRE 1815. k LASER SIRET TR ET SERIES TONER DEEE PERLE TEE TERRE ER ETES PRESSURE 37 Hré POINTS VARIATIONS DE CARMOS PERS 4 ENT ns di Jar LUNAIRES. +, F4 à midi. LE MATIN. 3 1| 95{S. Couvert, brouillard. | Pluie , brouillard. |Couvert. L | 94| Idem Brouillard humide. |Couvert, brouillard. Idem, br. hum. 2 3] 094 [S-SÆ. Idem. Idem. Béau ciel par interv. [4 94 |S-O. fort Taern, Idem. Idem. é b] 69 |[O. Couvert, brouillard. | dem. Pluie. É 80 |O-N-O Très-nuageux. Couvert. Idem. f 84 [N-E. Lune apogée. | Couvert. Idem. Couvert. 6] 63| Idem P.Q. agh5gs|. Tdem , brouill. Idem. Idem. p| 78| Jaem Neige, brouillard. Idem. Idem. | 67 IN-N-E Nuageux, lég. brouil.| Beau ciel. Neige abondante. dr] 80 IN-E. Nuageux, brouillard,| Zdem. Couvert. 76 |S-0. Couvert, brouillard. |Neige, brouillard. Grésil. 04 | Idem Idem. Brouillard humide, |Pluie, brouillard. dal 9215. Brouillard humide. Idem. Couvert, brouillard. @5| 91 |S-S-0. Idem. Idem, Idem. @6| 921S-O.fort. |p. La 1b.8..Couvert, brouillard. | Temps humide. Pluie. @7| 6° |0O-S-0O. Neige, brouillard. [Neige fine par interv.| Neige par interv. 8| 85 15. à Très-nuageux, br. |Couvert, brouillard. |Couvert, brouilllard. 9| 91 |0. Lune périgée. | Nuageux, brouillard.| Jde. Pluie et neige. Mol 90115. fort. Pluie, brouillard. Idem. Couvert. fil 91 |S-0O. fort. Idem, Idem. Pluie abondante. ; | #2] 9110. ‘ Très-nuageux, br. |Très-nuageux. Beau ciel. > M5] 06 |SE, D.Q.àh18/m. Nuageux, brouillard.| Couvert, brouillard, Couvert, brouillard. M4 92 15-0. ouvert, brouillard. |Très-nuageux. Petitepzuie. © 9 |0- Idem. Nuageux. Neige à 4h. 46-04 ss. Idem. # Couvert, Couvert. M7) 95 0. Pluie, brouillard. Pluie par intervalles. [Beau ciel. DO) 0615. Couvert, brouillard. |Couvert. Petite pluie. #0) 04 10. Idem. Liem. Couvert. Ho 04 IN-O. N. L.ä3h.o's. |Nuageux. Nuageux. Nuageux, ; 11, 7° |IN-E. Couvert, brouillard. JTrès-nuageux. Idem. i oy._ 57 RÉFAC APTE UULVA NT ILO!N. NPA -eree 0 INRA eee ere 5 IHÉsboncocodpnoee o | Jours dont le vent a soufflé du MN Rae : | SO CAES ETES 6 OR EC one 8 1 NO. Hiéianéon I le 14 120,109 Therm. des caves | centigrade: le 16 12°,096 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 46""30 = 1 p. 8 lig. 5 dixièmes. = SRE PRENDRE CET LE ROSE ER Atigrade , et la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire en millimètres e emploie généralement dans les déterminations des hauteurs par le baromètre, on a mis à côté fet du thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le zxaximum et le zninimum moyens, fau mois et de l'année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris, et paz exprimée en degrés centésiwaux, afin de rendre ce Tableau uniforme, e 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elc. * TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE CAHIER. Des Mathématiques. Pag. 7 De l' Astronomie. 10 De l'Histoire naturelle. 13 De la Zoologie. Ibid. De la Physiologie animale. 15 De la Botanique. 19 De la Physiologie végétale. 20 De la Minéralogie. 24 De la Cristallographie. 25 De la Géologie. 28 De la Physique. 48 De la Chimie. 67 De L1 Chimie des minéraux. Ibid, De la Chimie des végétaux. 7 De la Chimie des animaux. 80 Note à insérer à la page 15, ligne 16. 4 J.-C, Delamétherie, à MM. les Lecteurs du Journal de Physique. 96 Nowvelles littéraires. 97 Tableau météorologique; par M. Bouvard. 98 De l'imprimerie de M° Veuve COURCIER, Imprimeur - Libraire pour les Mathématiques et la Marine, quai des Augustins, n° 57. JOURNAL D) BRPP ETS. OPTUES DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. FÉVRIER AN 1816. MÉMOIRE CH SUR LES LEMNA, ou LENTILLES D'EAU, SUR LEUR FRUCTIFICATION ET SUR LA GERMINATION DE LEURS GRAINES, Lu à la Classe des Sciences Physiques et Mathématiques de l’Institut, dans sa Séance du 11 septembre 1815; Par M. PALISOT DE BEAuvoIs, Ancien Conseiller Titulaire de l'Université de France, Membre de l’Institut, de plusieurs Sociétés savantes regnicoles et étran- gères, Chevalier de la Légion-d’'Honneur, etc. , etc, LEs lentilles d’eau couvrent la surface de presque toutes les mares et celle des divers amas d'eaux, ou stagnantes, ou dont le cours est peu rapide. Ces plantes sont très-communes et connues de tout le monde; on en rencontre dans tous les pays, sous Tome LXXXII, FÉVRI ER an 1816. 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tous les climats ; les eaux chaudes ou thermales n’en sont pas exemptes (1); mais jusqu’à présent on a peu ou mal connu leurs fleurs, leux fructification et en aucune manière la ger- mination de leurs graines; ce point important a échappé aux recherches et aux tentatives des observateurs les plus zélés et les plus laborieux. Le 28 octobre dernier, j'ai annoncé à la Classe que dans mes excursions botaniques, j'avois été assez heureux pour trouver la Zemna gibba L. en fructification : que j’en avois recueilli des graines parfaitement mûres, et que Jj'étois parvenu à les faire germer; mais comme à celle époque il me restoit beaucoup d’autres observations à faire, je me bornai à cette simple com- munication et à faire parapher le dessin par un de MM. les secrétaires ; je le reproduis aujourd’hui, augmenté de quelques faits nouveaux observés depuis, et qui me permettent de donner l'histoire, autant complète que possible, de ce genre de plantes. Les graines, germées à l’époque de. cette communication, ont été conservées tout l’hiver, et jusqu'à ve moment. J’en ai suivi tous les progrès; je les ai vu se développer, fleurir, porter ‘ graines, et ces nouvelles graines ont germé à leur tour. C'est le résultat de ces diverses observations que je présente aujourd'hui à la Classe, et en quelque sorte l’histoire de ces plantes ; elle pourra servir à éclaircir quelques doutes et à fixer la vraie place que les Zemna doivent occuper, soit dans les sys- tèmes, soit dans les méthodes uaturelles, Afin de mettre plus d'ordre et plus de clarté dans l’exposition des faits, je diviserai ce Mémoire en trois paragraphes, savoir : S Ier. De la nomenclature des lentilles d’eau ; de leurs usages et de leurs propriétés. $S IT. De leur manière d'être et de croître; de leurs fleurs et de leur fructification. (1) J'ai rapporté des États-Unis d'Amérique, une espèce de lemna , fig. 95, de la planche jointe à ce Mémoire ; elle est voisine de la Zermna polyrhiza, mais elle me paroît tres-différente, 1° par sa couleur, constamment plus glauque et d’un vert moins imtense ; 2° par ses nervures moins nombreuses ; 3° par la forme des feuilles moins arrondies, et terminées par une petite pointe sallante, qui est le prolongement de la nervure principale. Elle croît dans l'Etat de Virginie à la surface des eaux chaudes dontJa température ordinaire, dans les premiers jours de mars, a fait mouter le thermomètre de Réaumur au-delà de 35°, ou 110°de Fahreneith. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 103 $ III. De la germination de leurs vie observée depuis l'origine jusqu’au parfait et entier développement des nouveaux individus. Je terminerai par un résumé servant de conclusion, et par L Là ü “ l'exposé des caractères des espèces dont le genre se compose. S Ier, De la Nomenclature des Lemna ou Lentilles d'eau; de leurs Usages et de leurs Propriétés. Théophraste, l'élève et le successeur d’Aristote, Dioscoride et leurs commentateurs parlent des lentilles d’eau qu’ils nom- ment @zxoç 0 mT Toy TEAUAT , ou lens sive lenticula palustris, Seu muscus scilicet lenticul® similis... muscus quidam viridis est minimis foliis, circinnat® rotunditate , lentis magnitudine, è quorum medio inferiore parte tenuissimæ. fibræ , capillorum instar dependunt, quasi ipsis radicum loco sunt ; et ils ajoutent, caule et fructu caret. On trouve la même définition dans Pline, dans Dodonée, Daléchamps, les deux Bauhins et dans presque tous les ouvrages des botanistes, jusqu'a Micheli. Caspard Bauhin, dans son Pinax, comprend sous la déno- mination générale, lens sive lenticula palustris, parmi les vé- ritables lentilles d’eau, des plantes très-diflérentes, telles que la lenticula palustris quadrifolia ( lemma de Théophraste) ; la denticula palustris latifolia punctata, et la lenticula palustris Ægyptiaca , dont Linné et quelques auteurs modernes ont formé les genres particuliers marfilea, salvinia et pistia. Au rapport de Morison, des auteurs anciens ont nommé les lentilles d’eau Aydrophaos , quia, dit-il, aquis vivant. Il est vraisemblable qu'il ÿ a erreur dans cette nomenclature : on devroit lire hydrophacos de @axos, lens; et non pas hydro- phaos qui signiferoit lumière d’eau, de @x0ç lumen. Tournefort comprend les lentilles d’eau dans son ouvrage sur les environs de Paris, mais il n’en fait nulle mention dans ses institutions. Micheli, que j'aurai occasion de citer plusieurs fois dans le cours de ce Mémoire, décrit plusieurs espèces de lentilles d’eau, dont il fait deux genres, Zenticula et lenticularia. O 2 ; 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CAIMIE Buxbaum en parlant de la salvinia natans, dont il donne une très-médiocre figure, la rapporte, d’après C. Bauhin, aux denticula; il la nomme hydrophace; nom qu'Halla a donné depuis aux véritables lentilles d’eau; mais cette dénomination n’a pas été adoptée. Linné, en cherchant sans doute à se rapprocher de la no- menclature de Théophraste, appelle les lentilles d'eau Zemna, et non pas lemma, comme le botaniste grec qui consacre ce nom à une autre plante que Linné désigne par marsiler; n plupart des botanistes se sont fixés à cette nomenclature de inné. Cependant M. de Jussieu a cru devoir relever cette erreur du réformateur de la botanique; il a rendu à la rarsilea de Linné le nom de /emma, consacré par Théophraste, et aux lentilles d’eau celui de Zenticula, ainsi qu'Adanson l’avoit fait avant lui; mais les ouvrages de Linné étoient si généralement suivis, ils avoient acquis une telle autorité, que ses innovations ont prévalu; on a pensé qu'il y auroit plus d’inconvéniens à adopter la nouvelle réforme proposée par Adanson et par M. de Jussieu, quelque juste qu’il pût étre de recourir aux noms donnés par les anciens. Je persiste à croire , comme je l'ai dit dans mon Essai d’Agrostographie, que pour l'avantage et les progrès de la science, il est nécessaire de fixer une époque ou point de départ, au-delà duquel il ne faut pas remonter, pour les noms génériques et spécifiques des plantes. Or je ne pense pas qu’on puisse en choisir une plus favorable que celle de la dernière édition des ouvrages de Linné; sauf à n’appliquer le principe de la restitution des noms anciens qu'aux nouveaux genres et aux nouvelles espèces proposés depuis la mort de ce grand botaniste , et auxquels il paroît convenable de conserver les noms donnés par l’auteur, qui, le premier, les a fait connoître, en exceplant toutefois les noms absolument inadmissibles, trop durs et trop barbares. Ainsi il paroît convenable de laisser aux lentilles d’eau le nom de /emna que leur avoit donné Linné, et qui est généralement adopté. . Quant aux propriétés des lentilles d’eau, elles sont aussi an- ciennement connues que les plantes elles-mêmes. On lit dans. tous les auteurs qui viennent d’être cités, tous à peu près d’ac- cord sur ce point, qu’elles servent de pâture aux oles, aux canards, aux divers oiseaux aquatiques et probablement aux poissons; que les poules même en sont très-friandes, si on les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 105 leur mêle avec du son; qu’elles sont réfrigérantes, qu’on les emploie avec succès dans tous les cas d’inflammation, et surtout contre la goutte, soit qu’on l’applique seule, soit qu’on la mé- Jlange avec de la farine d'orge, ou tout autre gruau (polenta). In aqué non fluente muscus lenticulæ similis invenitur, re- Jfrigeratoriæ nature : propter quod convenienter collectionibus, igni sacro, et podagris illènitur per se et cum polenté : glu- tinat et procidentia puerorum interanea. Diosc. Lens refrigerantis temperiei est, el adversüs podagræ dolores, ac inflammationes sedendas adhibetur. Moris. Vaillant attribue à la /emna trisulca, la propriété de dis- soudre le sang caillé à la suite de quelque chute, en la faisant infuser dans du vin blanc. Morison indique le même remède contre la jaunisse, en désignant indistinctement toutes les es- pèces de /emna. Enfin Adanson assure que les /emna, comme les racines et les baies desséchées de l’arum et du dracunculus, qu'il range dans la même famille, s'applique pour la goutte et la fracture des os; mais soit que ces propriétés soient tombées en désué- tude, soit que depuis on ait trouvé des remèdes plus efficaces, il n'est nullement fait mention des propriétés des /emna dans les Dispensaires ni dans les Pharmacopées modernes. S II. De la manière d'être et de croître des Lentilles d’eau; de leurs Fleurs er de leur Fructification. Les lentilles d’eau sont à l'extérieur d’une simplicité très-re- marquable ; privées de tiges et de rameaux, elles ne se com- posent que, suivant l’espèce, de deux, trois ou quatre feuilles qui se succèdent et meurent à mesure qu’elles sont remplacées par d’autres feuilles, soumises à leur tour aux mêmes lois. Si parfois il s’en trouve une cinquième, la plus ancienne est déjà jaune, flétrie, et ne tarde pas à se détacher. Quelquefois aussi on men voit qu’une seule séparée des autres par quelqu’ac- cident, cela n'empêche pas la plante de végéter et de produire de nouvelles feuilles, Ces feuilles portent de chaque côté, à leur base, une fissure, espèce de poche ou gousset (fig. 12, a), d'où sort une autre feuille, attachée par un onglet (fig. 20— 22, a), visible seu- 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lement dans la Zemna trisulca, où il est très-long et semblable à un pétiole. Dans plusieurs espèces les feuilles paroissent privées de nervures; mais elles en ont réellement, si on en juge par analogie : elles sont visibles dans la Zemna minor (fig. 21), et très-apparentes dans les feuilles des /emna polyrhiza (Hg. 22) et hermalis (lg. 23). Dans les espèces où elles ne paroissent pas, il est probable qu’elles sont contenues intérieurement dans la pulpe parenchymateuse, comme dans les feuilles de plusieurs plantes grasses. A la partie inférieure des feuilles, immédiatement à la base de l’onglet, on voit un ou plusieurs filamens réunis en faisceaux et terminés par un petit cornet qui se détache lorsque la plante cesse de croître (fig. 11, 12,20—22, a). Adanson assure que les racines de l’hydrocharis sont pourvues d’un semblable cornet ; j'avoue que je ne l'y ai jamais rencontré; mais M. Richard , notre confrère, en a remarqué au bout des racines des ponte- deria. On en trouve aussi aux racines de quelques commelina, et probablement de plusieurs autres plantes aquatiques auxquelles cet organe est peut-être particulier, et dont il seroit important de connoître les véritables fonctions. IL paroîtroit que les anciens, par ces mots..... /enuissimæ Jibræ quasi ipsis radicum loco sunt, ne regardoient pas ces filamens comme de vraies racines. En eflet, si on considère que les /emna surnagent constamment; que les filamens placés à la surface inférieure n’atteignent pas le fond des eaux, et ne peuvent par conséquent pomper d’autres sucs nutritifs que ceux que les feuilles elles-mêmes peuvent aspirer par leurs feuilles de l’eau qui les supporte ; que le cornet qui termine ces filamens (fig. 19 très-grossie), ne paroît pas avoir une adhérence immé- diate avec eux ; enfin qu'une espèce de /emna surnommée arhiza est entièrement privée de cet organe, on est autorisé à adopter l'opinion des anciens; mais si d’un autre côté, on pense que les racines des pontederia, de quelques commelina et proba- blement de plusieurs autres plantes qui vivent dans l’eau, sont terminées par un semblable cornet, on ne peut pas se dispenser de regarder les filamens comme de véritables racines d’un genre particulier. A une certaine époque, voisine de la canicule, les lentilles d’eau produisent des fleurs, anciennement observées par Micheli. Elles sortent de la poche ou gousset qui se trouve à la base des ‘feuilles; et sont composées, selon lui, d’une corolle d’une seule ET D'HISTOIRE NATURELLE. 107 pièce et cuculliforme : de deux étamines et d’une ovaire stérile. D’après le même auteur, la même feuille produit du côté op- posé une autre fleur sans étamines, ayant un pistil fertile, dont il ne décrit pas la forme; mais ces organes n'ayant pas été re- marqués par lui sur toutes les espèces, ces dernières, au con- taire, lui ayant paru contenir dans la substance de leurs feuilles une matière grenue qu'il a prise pour des graines, il en a cons- Utué un genre diflérent sous le nom de /enticularia. Linné et les botanistes venus après lui, d’après les observations de Micheli, et sans admettre le genre Zenticularia que l'ana- logie seule ne permettoit pas de séparer, ont placé les lentilles d'eau parmi les plantes monoïques. Des observations ultérieures ont prouvé que la Zemna trisulca, qui se distingue par un port particulier, paroît être la seule sur laquelle on n’a pas encore remarqué les mêmes organes. . Adanson classe les Zemna dans la famille des arum. Selon lui elles portent des fleurs hermaphrodites. On a lieu de s'étonner que les auteurs qui ont écrit depuis ce botaniste, n'aient pas fait quelques tentatives pour vérifier ce fait. Cet oubli est dû sans doute à la bizarrerie de l'orthographe employée par Adanson, à la multiplicité deses genres et à l'originalité des noms souvent barbares qu’il leur a donnés, ce qui rend l'usage de sa méthode tellement difficile et repoussant, qu’elle n’est pas aussi souvent consultée qu’elle mérite de l'être; de là , sans doute, le nombre d'observations importantes faites par ce botaniste et présentées depuis sa mort comme nouvelles; de là encore beaucoup de genres qu’il avoit établis ou indiqués, et qui ont été reproduits sous d’autres noms, souvent sans qu'il ait été cité. Dans la méthode de M. de Jussieu, les /emna, sous le nom de Zenticula, se trouvent rangées parmi les acotylédons, dans la famille des nayades, mais avec tant de réserve, qu'il est aisé de voir que ce savant ne les a ainsi placées qu'avec doute. Gaertner, dans le premier volume de son immortel ouvrage sur les Fruits, manifeste une toute autre opinion. Il révoque en doute les observations de Micheli sur son genre /enticula, et suivant une route opposée à celle de Linné, il attribue à toutes ces plantes le caractère de la Zenticularia de Micheli (r). (1) Lemnæ nostrates semine in perpeluum orbæ et meræ gemmiparæ plantæ sunt. Seminum scilicet loco, vivos fœtus, seu veras propagines , é medullaris substantiæ segregatis granulis formatas proferunt, easque lichenum more, 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais ce célèbre botaniste, plus empressé à rendre hommage à la vérité, qu’ardent à soutenir et à défendre ses opinions, lorsqu'il est convaincu de ses erreurs, n’a pas fait difficulté de se rendre à l'évidence, et d'admettre les observations récentes d'Ehrarth, conformes en grande partie à celles de Micheli (x). Enfin M. Wolf, dans une Dissertation sur les Zemna, dont on trouve un extrait et de bonnes figures dans le Bulletin de la Société Philomatique , n° 79, a ajouté aux observations du botaniste italien. Il a reconnu que dans chaque fleur les étamines se développent l’une après l’autre (comme on le voit fig. 15 et 15), eusorte que lorsqu'elles sont assez avancées pour être visibles toutes deux et de la même grandeur, l'anthère la plus ancienne (fig. 14, a) est ouverte et déjà vide, lorsque la plus jeune (en &) contient encore sa poussière et est sur le point de s'ouvrir. Cette particularité a fait penser à quelques bota- nistes que les fleurs des /emna portoient tantôt une seule éta- mine et tantôt deux. Selon le même M. Wolf, l’un des sexes avorte quelquefois, ce qui (joint à l'opinion de Micheli) a fait penser à Willdenow que ces plantes sont polygames. La figure que M. Wolf donne du pistil, quoique plus correcte que celle de Micheli, n’est cependant pas parfaitement exacte. Comme lui et avec Micheli, j'ai reconnu, 1° l'enveloppe de la fleur ,mais un peu diflérente cependant dans sa forme (fig. 13— 15, d); 20 deux étamines qui se développent successivement, à an- thères didymes ou scrotiformes s’ouvrant horizontalement à leur axe; je me suis assuré de plus qu’elles sont géminées et insérées d’un seul côté, sur l'ovaire, vers sa base (fig. 13— 15, e). Ces caractères importans ont été jusqu'à présent inconnus; 30 un style, mais diflérent de ce que les botanistes cités l’avoient décrit; je l'ai vu constamment gros, cylindrique, concave au sommet, ro absque ulla manifesta in cortice aperture, clancule pariunt, ut deinceps in plan- tas matribus suis simillimas, sola omnind partium suarum æquabili exten- stone, convalescant. Utrum lenticula illa italica, à Valisnerio, tam male, et à Miehelio tam artificialiter descripta, in rerum natura existat ? Aliis decidendum relinquimus , id Saltem monentes, quod character ejus genericus , verus aut fic- titius, in nostrates stirpes nullo modo quadret, et quod isto cum his nunquam debuisset misceri. Gærtn, vol. 1, pag. XIX. Q) Zn primi voluminis introductione haud lævem commisi morem, Cum lemnam plantis exsualibus ahnueraverim, sed involuntarius iste, quin plana ënvincibilis fuit error... , etc, Gærtu, vol. XI, pag. XXXI. en ET D'HISTOIRE NATURELLE. 109 en forme d'entonnoir, ou représentant assez bien le pavillon des organes désignés sous le nom de rompes de Phallope dans les antmaux (fig. 13—15,c). L'ovaire (fig. 16) est d'abord com- primé, un peu cordiforme, puis et à mesure que les semences grossissent , il s’arrondit et devient ovale (fig. 17). La capsule (fig. 17 et 18) est uniloculaire, olygosperme; re- couverte d’un péricarpe membraneux qui se déchire régulière- ment et horizontalement vers sa base (a, b). Les graines (fig. 1) sont convexes et striées au côté extérieur, lisses et comme tri- quêtres intérieurement (fig. 2), très-rapprochées les unes des autres sans aucune apparence de loge ou dissipiment , et insérées dans de très-petites cavités du réceptacle; cavités produites par la pression seule qu'elles exercent naturellement. Chacune de ces graines qui se trouvent dans une position renversée, c’est à-dire, dont le sommet couvreimmédiatement la base de l'embryon, ainsi qu'on le voit fig. 3, est terminé par un petit bouton brun qui, suivant toutes les apparences, cor- respondoit au style. D'où il résulte que l'embryon des Zemna est de l'espèce de ceux que notre confrère Richard distingue sous le nom d’enftitrope. Ces graines sont communément de 2 à 4. Micheli dit en avoir remarqué Jusqu'à six. Il ne m'est arrivé qu’une seule fois d’en compler cinq. Une seule fois aussi sur des individus de la même espèce (/emna gibba), j'en ai trouvé une seule qui pour lors se trouvoit parfaitement arrondie et striée sur toutes ses faces. Cette dernière circonstance n’est due qu'à l'avortement des trois autres graines; de même le nombre au dessus de quatre paroît être une anomalie occasionnée par un excès de végélation. Ainsi on doit donner pour caractère général aux /emna, une capsule à deux ou quatre graines suivant l'espèce; les nombres 1, 3, 5 ou 6 et plus, n'étant que le produit d’un avortement, ou l'effet d’une de ces monstruosités communes dans toutes les productions de Ja nature; et dont les causes ne peuvent pas toujours être connues, S III. De la Germination des Graines des Lemna (r). La germination des lentilles d’eau est jnsqu’ici entièrement inconnue; de là vient que les botanistes qui suivent la méthode pts (:) Les botanistes ont vu la fleur et le fruit des lemna minor et polyrhiza. Tome LXXXII. FÉVRIER an 1816, P 110 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE naturelle, ne les ont classées qu'avec doute. En eflet nous ayons vu qu'Adanson les comprend dans sa famille des arum, M. de Jussieu, parmiles acotylédones, dans sa famille des zayades, et en dernier lieu, M. R. Brown, à côté des zayades et des chara, parmi les genres qui ont de l’afinité avec les Aydro- charidées. On a déjà vu que l'embryon dans les graines de /emna est dans une position renversée ou antitrope, cetle situation se re- marque dans une graine dépouillée de son tégument (fig. 3). On voit en a, qui est le sommet de la graine, un petit bouton auquel la base de l'embryon c paroit adhérente. De c jusqu’en d, est un corps cylindrique que l’on peut regarder comme un vé- ritable périsperme. En d, se trouve le sommet de l'embryon, ou la partie de cet organe qui doit développer le cotylédon. Ce cotylédon, déjà tout formé, se voit en dehors de la gaîne ou du périsperme, dans une position horizontale et assez sem- blable à un champignon dont le chapeau est latéral. Les graines, en s'échappant de leur capsule, se précipitent au fond de l'eau. Huit ou dix jours après , leur germination commence (telle qu’on le voit fig. 4 et 5). Le sommet de l’em- bryon, ou le cotylédon, représente deux lobes, imbriqués, al- ternes, mais tellement adhérens à leur base, l’un à l’autre et sans l'entremise d'aucun corps intermédiaire, que je n’ai jamais pu les séparer sans déchirement. Lorsque ces lobes ont acquis une certaine surface (fig. 4—8), la plantule ne pouvant plus rester au foud de l’eau, monte à la superficie où elle achève son développement. C’est donc à tort qu’on a avancé, on ne sait trop d’après quelle autorilé, que les graines des lemna montent à la surface des eaux pour y germer. La plantule, parvenue à ce période de sa croissance et vue de profil (fig. 7), laisse voir (en & et en b) les enveloppes de la graine; en €, d, le cotylédon bilobé; en f, un point brunâtre qui ne se retrouve Jamais sur aucune autre feuille, et dont je ne puis encore soupconner lutilité; enfin, en e, un Quant à moi, je n'ai jamais rencontré dans celte situation que la /emmna gibba. J'outes mes observations n’ont rapport qu’à celte espèce, je les rends com- munes à tout le genre , parce que la raison et l’analogie ne permettent pas de penser autrement, jusqu'à ce que des observations ultérieures et positives eo que les espèces ne sont pas loutes organisées de même ; ce qui pour ors nécessitera la formation de nouveaux genres. ET D'HISTOIRE NATURELLE. III petit mamelon conique. Si dans cet état, où la graine est par- venue, et qu’on peut regarder comme le parfait développement de l'embryon, on cherche à séparer les enveloppes de la graine D, et les lobes c, ceux-ci se détachent sans effort et sans aucun déchirement. Ils laissent voir à leur base un mamelon cylin- drique B qui étoit contenu dans (ce que je présume êlre le pé- risperme ); une gaîne À fixée iutérieurement au bouton &, et par conséquent aux tégumens de la graine. Cette gaine A qui, avant la germination est molle et charnue, prend dans la suite plus de consistance et paroît comme cornée. Telles sont les diverses parties qui composent la graine des lemna avant et après la germination; mais à mesure que les lobes du cotylédon achèvent de se développer, le mamelon € ( fig. 7— 9} se perce à son extrémité, et, semblable à la partie inférieure du blaste dans les graminées (1), il fait jour à un filament i, £, analogue de la radicule. Ce qu'il y a de très- remarquable, ce lobe d donne naissance à un autre lobe ou feuille g, en dessous duquel on voit l’origine d’une racine À, mais privée de la gaine e. À mesure que cette feuille prend de l'accroissement, les lobes e, d jaunissent, se détachent meurent et laissent la nouvelle isolée. Mais bientôt cette dernière se garnit de chaque côté d’une autre feuille; celles-ci en pro- duisent d’autres en remplacement des plus anciennes qui périssent ; de sorte que les nouvelles plantes portent constamment deux , trois ou quatre feuilles, suivant l'espèce à laquelle elles appar- tiennent, jusqu’au moment marqué par la nature, où une fleur paroit à la place d’une feuille. Résumé et Conclusion. . I1 résulte des observations ci-dessus, Que les Zemna appartiennent à la grande famille des plantes phanérogames ; Que leurs fleurs sont hermaphrodites, composées d’une en- veloppe d’une seule pièce insérée comme les étamines à la base, mais sur l’ovaire : de deux étamines qui se développent alter- nativement, à anthères grosses, didymes et biloculaires : d’un style cylindrique ; d’un stigmate creux et évasé en forme d’en- (:) forezle Mémoire de M. Richard sur les plantes endorhizes. P 2 112 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tonnoir ; d’un ovaire comprimé, un peucordiforme, lequel devient une capsule uniloculaire, 1 — 4 sperme, se déchirant cireulai- rement à sa base; Que lembryon est renversé ou antitrope; Que les graines germent à la manière des monocotylédons, mais avec des circonslances toutes particulières et dont on ne connoît pas encore d’exemples. En effet en voyant cette germination on peut se faire les questions suivantes, que je n’entreprends pas de résoudre, mais que je soumets aux lumières des botanistes. Si, comme cela paroît très probable, les Zemna sont des plantes monocotylédones , comment se fait-il que l'embryon est partagé en deux lobes? Si plusieurs caractères les rapprochent des hydrocharidées de M. R. Brown, l'insertion de l'enveloppe de la fleur et des étamines permet-elle de les classer dans une même famille avec des plantes dont le fruit est tout-à-fait infère? Ne conviendroit-il pas mieux de les ranger dans la nouvelle famille des nymphées, ayant pour caractère principal les éla- mines insérées sur l’ovaire sans que celui-ci soit infère. Enfin, et c’est ce qu'il y a de plus remarquable encore dans cette singulière germination des /emna, les lobes que l'on peut comparer à la plumule et le mamelon radiculaire à la radicule, ces deux parties si essentielles aux autres végétaux, puisqu'elles en constituent la base sans la réunion desquelles elles ne peuvent exister, se détachent entièrement de la première feuille qu’elles ont produite; ensorteque sous ce rapport les /emna pourroient être assimilées aux plantes gemunipares, quoiqu’elles soient évidem- ment munies des deux organes sexuels et sans le concours desquels ces plantes ne peuvent se régénérer ni se multiplier. A ces observations que je crois d’un intérêt majeur pour la science, J'espérois en Joindre de semblables sur les zymphea, les potamogeton , les ceratophillum, les chara , les zanichetllia, les myriophyllum et les zayas; mais les graines de ces plantes que Je conserve dans l’eau depuis plus d’un an, n’ont pas encore germé. Quelques-unes de myriophyllum seules doivent être exceptées. Je n'y ai rien remarqué d'’extraordiuaire. Ces plantes appartiennent incontestablement aux dycotylédones parmi lesquelles elles sont rangées depuis long - temps. Quoique les autres graines se sojent conservées intactes, il ne me reste quel- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 113 qu'espoir que dans celles du zymphea lutea qui sont aussi fermes et aussi fraiches que lorsqu'elles ont été recueillies, Je les conserve toutes néanmoins, et si ma persévérance est cou- ronnée par quelque succès, je m’empresserai d’en faire part à la Classe. Le genre /emna est composé des espèces suivantes : a. Radice o. 1. LEMNA arhiza, minutissima : foliis subrotundis, obtusis, geminis, rarolernis, subtùs convexis eradicatis. In aquis pigris. B. Filamentis solitariis. 2. L. minima , /olis ellipticis obtusis, utrinque planis, basi cohærentibus, nervis inconspicuis. In aquis stagnantibus. Communiquée par M. Thuillier. 3. L. minor, precedenté sémilis, sed pauld major ; nervis foliorum oculo armalo, manifestis. In aquis stagnantibus, sœpè sequenti commista. 4. L. gibba, foliis ellipticis, obtusis, convexis, subtüs bullatis, basè cohœrentibus, nervis inconspicuis. In aquis stagnantibus. . L. trifulca , foliis ovalo-lanceolalis, in petiolum attenuatis, crucialim cohœærentibus. An? hijus generis. Sub aquis pigris, puris. y. Filamentis pluribus, fasciculatis. 6. L. polyrhiza, foliis subrotundatis ; obtusis, plants, lætevi- ridibus, basi coh@rentibus ; nervis 5— 11 manifestis sæpè furcatis. In paludibus , fossis. 7. L. thermalis nob., foliis ovato - oblongis , glaucescentibus , nervis à — 7 mantifestis, interdèm furcatis, intermedio - superante apiculatis. In Americæ borealis (Virginie) aquis thermalibus. 8. L. obcordata, foliis obcordatis, apice proliferis, az hujus generis ? In indid orientali. CS cel 10. TI. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Explication des Figures. Graine, vue du côté extérieur, dans sa position na- turelle. &. pointe du sommniet, où se trouve la base de l'embryon. La même, vue du côté intérieur, par lequel elle est triangulaire, par la compression des autres graines qui l'avoisinent..... a. son sommet. La même, dépouillée de son tégument. a. sommet; D: périsperme en forme de gaine; c. base tuberculeuse de l'embryon; d. son sommet en dehors du périsperme, disposé horizontalement comme le chapeau d’un cham- pignon et devant se développer en deux lobes. . La même, dans le premier état de germination. a. sommet de la graine; b. tégument contenant la gaîne périsper- mique et la base de l'embryon ; c., d. sommet de l'em- bryon se divisant en deux lobes. La même, dont la germination est plus avancée. à., b., c., d. comme à la figure 4. La même, encore plus avancée, au moment où elle quitte le fond des eaux pour s’y porter à la superficie. a., b., c., d, comme dessus. La même, vue de profil. à., 2., c., d. comme dessus; e. mamelon d'où doit sortir un filament ; f. point brun dont on n'a pas pu découvrir lusage, et qui ue se retrouve jamais sur les feuilles à venir. La même, dans laquelle la base de l'embryon B se trouve détachée de sa gaîne A. a., b., c., d., e. comme dessus. . La même, dont le filament z. #. est sorti du mamelone. à l'instar de la radicule de plusieurs graminées sortie de la base du blaste; g. nouvelle feuille ayant son fila- ment particulier; L. sans mamelon et privée de la tache brune. Lobes du sommet et de l'embryon, vus en dessus, imbriqués et adhérens tellement qu’on ne peut les sé- parer sans déchirement. Plante entière du /emna gibba, grossie seulement à la Frs 19. ET D'HISTOIRE NATURELLE. “x15 loupe , en fleur a. , et garnie en dessous de ses filamens à. Feuille détachée au bas de laquelle on voit la fissure en forme de poche ou de gousset ; 4. d’où doit sortir une autre feuille ou la fleur; D. son filament. Fleur avant son parfait développement ; a. première éta- mine prête à s’ouvrir; b. seconde étamine naissante , toutes deux épigynes géminées; ©. pistil; d calice membraneux transparent ; e. insertion des étamines. La même entièrement développée. a. première élamine, anthères déjà vides; à. seconde élamine, anthère prête “à s'ouvrir; e. insertion des étamines, La même que la figure 13, vue de profil; e. insertion des élamines. Ovaire, Capsule c tenant encore à la feuille à. dans la fissure D. La même séparée; a. tégument qui se déchire horizon- talement à sa base; 2., c. graines. Filament et son cornel b., très-grossis, | Feuilles dégagées de l'embryon 4.—/. des fig. 4— 10: — a., b. Voyez la figure suivante. Feuilles de la /emna minor, pour faire voir ses ner- vures. &, onglet par lequel chaque feuille est fixée dans la fissure d'une feuille plus ancienne où elle a pris naissance ; b. filament; c. jeune feuille naissante Feuilles de la /emna polyrhiza. a,, b: comme dessus. Feuilles de la /emma thermalis. nob. +16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TROISIÈME MÉMOIRE SUR LES SYNANTHÉRÉES Gi); Par HENRI CASSINI, Vice-Président au Tribunal de la Seine. ANALYSE DE LA COROLLE. Des Caractères généraux de la Corolle des Synanthérées (2). La famille des synanthérées offre des fleurs hermapbrodites , des fleurs mâles, des fleurs femelles et des fleurs neutres. Les fleurs hermaphrodites et les fleurs mâles, c’est-à-dire, les fleurs pourvues d’étamines, sont les seules dont la corolle ait con- servé ses caractères primitifs : dans les autres, le type originel de cet organe est tellement altéré qu'on ne doit y avoir aucun égard quand on veut caractériser la corolle de la famille, ou même de chacune des tribus dont elle se compose. À mes jeux, les corolles dépourvues d’étamines (femelles ou neutres) sont des monstruosités habituelles , héréditaires, qui ne peuvent fournir aucun caiaclère supérieur aux caractères génériques. Ainsi, tout mon travail n'ayant pour objet que de caractériser la famille des synanthérées et chacune de ses tribus, je ne m'occuperai, ————_—_————————_——_—_—_—_—_———— (1) Le premier Mémoire a été publié dans le Journal de Physique, t. LXX VI, février, mars, avril 1813; et le second Mémoire a élé publié dans le même Journal, tome LXXVIIL, pag. 272, avril 1814. Le troisième Mémoire, que nous publions aujourd’hui, a été lu à la pre- mière Classe de l’Institut le 19 décembre 1814. Depuis cette époque, l’auteur a terminé l'analyse de l’ovaire et de ses accessoires , qui fera la matiere d’un quatrième Mémoire. (2) J'ai observé la corolle des synanthérées dans 545 espèces appartenant à 152 genres. ( J’oyez la liste à la suite de ce Mémoire.) J'ai dessiné la corolle de 276 espèces de synanthérées. dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 117 dans ce Mémoire, que des corolles appartenant aux fleurs pourvues d'étamines. La corolle des synanthérées est du nombre de celles que les botanistes nomment très-improprement monopétales , et qu'il conviendroit de nommer, avec M. Decandolle, gamopétales. Cette corolle est, en effet, composée de cinq pétales entre- greflés par les bords en leur partie inférieure, et libres en leur parlie supérieure. Toute corolle de synanthérée, considérée dans son ensemble, offre deux parties plus ou moins distinctes l’une de lautre par la forme, par la substance et par l’ordre des développemens. L'une est le zube et l’autre le Ziëmbe. Le zube est cylindrique; sa substance est épaisse, charnue, opaque, point colorée; son tissu est fibreux extérieurement et cellulaire intérieurement ; son accroissement en largeur précède son accroissement en longueur, et s’opère avant celui du limbe; il est articulé par sa base sur le sommet de l'ovaire, entre le calice et le disque, et s’en détache spontanément après la fleu- raison. Le Zimbe est continu par sa base avec le sommet du tube; il est plus large que le tube, ordinairement campaniforme; sa substance est mince, membraneuse, demi-transparente, colorée au moins en sa partie supérieure ; son tissu est formé de cellules larges et allongées, cylindracées, alignées bout à bout , formant par leur série de longs tubes articulés ou cloisonnés, disposés verticalement et parallèlement en une seule rangée. Le limbe est indivis en sa parlie inférieure, et découpé supérieurement, par cinq (1) éncésions , en autant de Zobes très -entiers, pointus au sommet. Son accroissement en longueur précède son accrois- sement en largeur, et s'opère avant celui du tube. N'oublions pas que ces expressions de lobes, découpures, incisions, divisions, sont impropres, et que je ne les emploie que pour la commodité du langage, pour éviter de longues ph seu et aussi pour me conformer à l’usage des botanistes. Je le répète , nous devons considérer la corolle des synan- thérées comme formée de la réunion de cinq pétales. Chacun (1) Quelquefois quatre, tres-rarement trois. Tome LXX XII. FEVRIER an 1816. Q 118 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de ces pétales offre un orglet et une lame : la réunion des cinq onglets forme le zube, celle des cinq lames forme le limbe. | Je pourrois facilement établir l’analogie du tube ou de l'onglet avec le pétiole d’une feuille, et celle du limbe ou de la lame avec le disque de la même feuille. La corolle des synanthérées est munie de cinq zervures qui correspondent aux cinq incisions; elles sont simples dans le tube et dans la partie indivise du limbe; mais chacune d’elles se bifurque sous la base de l’incision à laquelle elle aboutit, et les deux branches suivent les deux bords de Pincision jusqu’à leur extrémité. C’est sans doute par l'effet de celte disposition des nervures que la bordure des lobes est épaissie et comme cartilagineuse. Les nervures de la corolle des synanthérées consistent en un épaississement cylindracé, dont laxe est souvent occupé par un vaisseau tubulé. Indépendamment des nervures marginales, ou vraies nervures, qui ne manquent jamais, on observe quelquefois des nervures médiaires, simples, que je nomme 7ervures surnuméraires ou fausses nervures; elles sont très-peu constantes, toujours plus foibles que les vraies nervures , et rarement elles s'étendent d’un bout à l’autre de la corolle. En considérant, selon notre hypothèse, la corolle des synan- thérées comme composée de cinq péffies, nous dirons que chaque pélale est muni de deux nervures très- simples qui le bordent d’un bout à l’autre des deux cô'és, et confluent par conséquent au sommet : les dix nervures simples de la corolle offrent Pape parence de cinq nervures bifurquées, parce que les pétales sont entregrefiés par les bords en leur partie inférieure. Les cinq étamines des synanthérées ont leurs pédicules greflés, par la partie inférieure, à la surface interne du tube de la co- rolle , au devant des cinq nervures. Durant la préfleuraison , les cinq lobes de la corolle sont im- médiatement rapprochés par les bords, sans se recouvrir aucu- nement. [ls s’écartent plus ou moins lors de la fleuraison, pour découvrir les organes sexuels, et sarquent ordinairement en dehors. La fleuraison d’un capitule ne s’opère que successivement de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 179 la circonférence au centre; c’est-à-dire que les corolles formant la rangée extérieure, s’épanouissent les premières, puis celles de la rangée voisine, et ainsi de suite. La corolle des synanthérées porte ordinairement des poils sur sa surface extérieure, et très - rarement sur sa surface inté- rieure (1). La distinction du tube et du limbe, la disposition des ner- vures, celle des lobes durant la préfleuraison, sont trois ca- ractères essentiels et très-remarquables de la corolle des synan- thérées, Ces trois caractères, il est vrai, sont effacés dans les corolles femelles et neutres, parce que l'avortement des étamines a causé la déformation de l'organe qui a le plus d’afhinité avec elles, et qui leur est intimement uni; mais jamais on ne les frouve en défaut dans les fleurs hermaphrodites ou mâles ; et aucune famille voisine des synanthérées ne m'a offert concurremment ces trois caractères. En effet, j'ai observé la corolle de plusieurs campanulacées , Zobéliacées , dipsacées , valérianées, rubiacées ; et voici ce que J'ai remarqué. Dans toutes ces plantes, le tube de la corolle est tantôt évi- demment nul, tantôt insuflisamment distinct du limbe. Les ner- vures sont toujours 72édiaires, jamais marginales, et par con- séquent les lobes ne sont point épaissis sur les bords. Les lobes de la corolle se recouvrent par les bords, durant la préfleuraison, dans les dipsacées et les valérianées; mais dans les campanu- lacées, les lobéliacées et les rubiacées, les lobes sont seulement rapprochés par les bords, comme dans les synanthérées. Ainsi, le caractère le plus essentiel de la corolle des synan- thérées réside dans la disposition des nervures, En combinant mes observations sur la corolle des synanthérées, avec celles que j'ai faites précédemment sur le style et le stig- mate et sur les étamines de cette même famille, je suis conduit à proposer ici une classification un peu différente de celle que j'avois présentée dans mes deux premiers Mémoires. Je divise la famille des synanthérées, ou des azdrotomes (2), (1) Dans les stevia. (2) Ændrotomes (androtomæ), c’est-à-dire , plantes à étamines qui sem- Q 2 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en dix-sept {ribus naturelles que je nomme et que je range comme il suit : 1° les /actucées, 2° les labiatiflores, 3° les carduacées , 4° les carlinées, 5° les xéranthémées , 6° les échi- nopsidées, 7° les arctotidées , 8° les calendulacées, 9° les hé- lianthées, 10° les ambrosiacées, 11° les anthémidées , 12° les inulées, 13° les astérées, 14° les sénécionces, 159 les tussi- laginées , 16° les eupatoriées, 17° les vernoniées. Une dix-huitième tribu , absolument artificielle, comprend les genres que je n'ai pu grouper naturellement. Je vais essayer de caractériser par la corolle chacune des tribus naturelles que je viens d'énumérer. PREMIÈRE TRIBU. Les Lactucées. Cette tribu , reconnue depuis long-temps par les botanistes, est incontestablement la plus naturelle et la mieux caractérisée : son caractère distinctif le plus essentiel réside dans la corolle, et consiste en ce que l’une des cinq incisions du limbe se pro- longe inférieurement jusqu’au sommet du tube, tandis que les quatre autres incisions sont infiniment plus courtes, Mais il est nécessaire de décrire complètement cette corolle, pour bien faire conuoître sa structure, et ses rapports avec les corolles des tribus voisines. La corolle des lactucées est longue et étroite. Elle est un peu arquée vers le centre du capitule, durant la préfleuraison et fortement arquée en sens contraire durant la fleuraison. Le tube est cylindrique, un peu élargi vers le haut. Le limbe est cylindracé, un peu plus large, et ordinairement beaucoup plus long que le tube. Sa base est souvent un peu urcéolée. L'incision qui regarde le centre du capitule se prolonge jus- qu’à la base, ou presque jusqu’à la base du limbe; les quatre autres incisions sont incomparablement plus courtes, et souvent irréguliérement inégales : il résulte de cette disposition que le —————_—_—_—_—_———_——_—_———]—_—_—_—_—_—_—_———— lent coupées transversalement , yers le milieu, par une articnlalion ou chan— gement subit de substance. ET D'HISTOIRE NATURELLÉ. 121 limbe, primitivement cylindracé, s’épanouit, pendant la fleu- raison, en une lame plane, linéaire. Les cinq lobes sont courts, linéaires, semi-ovales au sommet, un peu arqués en dedans, un peu concaves sur la face inté- rieure, épaissis sur le sommet de la face extérieure, par une callosité mamelonnée ou papillée. Le tissu du limbe paroît oflfir deux couches, dont l’extérieure semble fibreuse, ou composée de tubes cloisonnés, et l’intérieure grenue , ou composée de cellules rondes très-petites; le tout forme une membrane opaque, dont la couleur est ordinairement jaune, quelquefois bleue, violette, ou rouge, et dont la substance est très-délicate , se flétrissant promptement et facilement; les ner- vures sont fines et munies d’un vaisseau tubulé. La jonction du tube et du limbe est souvent garnie en dehors d'une sorte de manchette de poils. Souvent les poils sont épars sur la surface extérieure du limbe ou sur celle du tube. Certaines corolles de lactucées portent des poils fort remar- quables, que je nomme poils entregreffés, parce qu'ils pa- roissent composés de plusieurs poils articulés, inégaux, rassemblés en faisceau et soudés ensemble. La corolle des lactucées est sujette à éprouver les alternatives de la veille et du sommeil, suivant les heures du jour, ou suivant l’état de l'atmosphère, cette corolle veille en se main- tenant en état de fleuraison; elle sorzmeille en redevenant comme en préfleuraison. Toutes les corolles d’un même capitule sont égales en longueur, tant que dure la préfleuraison; mais lors de la fleuraison, elles deviennent très-inégales , celles de la circonférence s’allongeant beaucoup, et les aulres d’autant moins qu’elles sont plus près du centre. Le but de cette disposition est d'empêcher que les organes sexuels des fleurs extérieures ne soient recouverts par les corolles des fleurs intérieures. C’est aussi pour dégager les mêmes or- ganes que le limbe de la corolie a dû être fendu d’un bout à l'autre sur le côté intérieur. Dans quelques corolles de lactucées, les deux lèvres de la grande incision sont habituellement ou accidentellement entre- greflées dans la moitié inférieure; et alors on ne peut mécon- noître l’analogie évidente de la corolle des lactucées avec celle des carduacées. 122 "JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le défaut absolu d’analogie entre la corolle des lactucées et les demi-fleurons des radiées n’est pas moins évident. La corolle des lactucées, considérée surtout quant à la situa- tion et à la nature des poils, peut fournir de bons caractères génériques, sous-génériques et spécifiques; elle peut même in- diquer souvent les aflinités des genres; mais elle n’oflre point de caractères propres à diviser la tribu en sections. Il est à remarquer que, presque toujours, dans un même ca- pitule, il y a quelque dissemblance, non-seulement par la lon- gueur, mais encore par d’autres caractères, entre les corolles extérieures, intérieures et intermédiaires. Le drepania barbata en offre un exemple frappant. J’attribue ces dissemblances à une sorte de monstruosité fort légère qui affecte habituellement par excès les fleurs les plus extérieures, et par défaut les fleurs les plus intérieures; ensorte que les fleurs intermédiaires offrent seules les caractères primitifs dans toute leur pureté. DEUXIÈME TRIBU,. Les Labiatiflores. MM. Decandolle et Lagasca ont réuni en tribu une vingtaine de genres de synanthérées, ayant pour caractère commun la corolle labice. Cette tribu , à laquelle M. Decandolle donne le nom de /a- biatiflores, et M. Lagasca celui de chænantophores , est, selon eux, intermédiaire entre les lactucées et les carduacées, et suf- fisamment distincte des unes et des autres. La labiation des corolles dont il s’agit consiste en ce que deux (ou trois) des cinq incisions du limbe sont incomparablement plus profondes que les autres : d’où résulte tantôt une grande lèvre externe à quatre dents, l’interne étant réduite à un filet ; tantôt une lèvre externe oblongue à trois dents, l’interne divisée jusqu'à sa base en deux filets; tantôt enfin une lèvre externe à trois dents; intérieure à deux dents quelquefois peu sensibles. M. Decandolle fait remarquer, comme dégénérescences , le cas où la fleur centrale du capitule est régulière, tubuleuse, à cinq dents, et celui où les fleurs extérieures n’ont point de lèvre interne. Je mai pu observer aucune labiatiflore vivante ; mais M. de ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 123 Jussieu a bien voulu me permettre d'en examiner quelques-uves dans son herbier; et voici ce que j'ai remarqué sur les genres mutisia , barnadesia, perdicium , triptilium et chœtanthera. Les quatre espèces de utisia, dont j'ai analysé quelques fleurs sèches, ne m'ont oflert que des étamines absolument analogues à celles des carduacées; leurs corolles m'ont paru avoir autant d’analogie avec celles des lactucées qu'avec celles des carduacées, ce qui n’est pas étonnant, puisque les corolles des lactucées ont tant d’analogie avec celles des carduacées; enfin les styles et les stygmates m'ont semblé tantôt analogues à ceux des carduacées, tantôt analogues à ceux des lactucées, tantôt diflérens des uns et des autres. Dans le barnadesia, la corolle est absolument analogue à celle des lactucées; les étamines m’ont paru assez analogues à celles de la même tribu; mais le style et le stigmate semblent offrir une structure très-singulière que je n’ai pu bien démêler. Le perdiciurn a ses étamines analogues à celles des carduacées:, sa corolle semble avoir quelque analogie avec celle de la même tribu ; mais le style et le stigmate ne ressemblent ni à ceux des lactucées, ni à ceux des carduacées. Lechætanthera a toute l'apparence d’une lactucée. Ilappartient à cettetribu par l'ovaire et par la corolle. Les étamines paroissoient avortées ; et je n’ai point trouvé de style dans la fleur que j'ai analysée. Le triplilium a le port et les caractères extérieurs des carlinées. Il a aussi quelque analogie avec celte tribu par les étamines ét par la corolle; mais il s’en éloigne par le style et le stigmate qui ressemblent à ceux du perdicium. De toutes mes observations, il résulte que la classification des genres de cette tribu ne devra être définitivement arrêtée, que quand on aura pu constater avec certitude, sur des labia- tiflores vivantes, le sexe de chaque fleur d’un capitule, et observer tous les organes des fleurs réellement hermaphrodites , notamment leur style et leur stigmate. Alors, on reconnoïîtra probablement que plusieurs labiatiflores sont de vraies lactucées, que d’autres sont des carduacées ou des carlinées. Mais, en attendant un examen plus approfondi, il me paroît très-convenable de réunir, comme a fait M. Decan- dolle, tous ces genres en une tribu, sous le nom de labialiflores, 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et d’intercaler, comme lui, cette tribu entre celle des lactucées et celle des carduacées. Remarquons que l’on rencontre quelquefois chez les lactucées des corolles accidentellement labiées; et que presque toujours la corolle des lactucées offre une sorte de labiation. Rappelons- nous aussi les deux prétendues dégénérescences observées par M. Decandolle dans la corolle de ses labiatiflores, et nous serons bien portés à croire, 1° que la labiation de la corolle est un caractère de peu de valeur; 2° que la plupart des labiatiflores devront un jour se fondre dans les tribus entre lesquelles nous les plécous. ! TROISIÈME TRIBU. Les Carduacées. Je détache des cynarocéphales de Vaillant et de M. de Jussieu, plusieurs genres dont je forme les tribus des carlinées, des xé- ranthémées et des échinopsidées : les cynarocéphales ainsi ré- duites constituent ma tribu des carduacées , qui est parfaitement naturelle. Concevez une corolle de lactucée ayant les deux lèvres de la grande incision entregreflées dans la moitié inférieure, tandis que les quatre autres incisions se prolongeroient dans la moitié supérieure du limbe; une telle corolle ne difléreroit presque pas d’une corolle de carduacée. Cette analogie importante à constater va être démontrée par la description suivante. La corolle des carduacées est longue et étroite. Elle est un peu arquée vers le centre du capitule, durant la préfleuraison, et fortement arquée en sens contraire durant la fleuraison. Le tube est cylindrique, pentagone en dedans, cannelé en dehors. Vers l’époque de la fleuraison, il se forme, dans l'intée rieur de sa substance, cinq lacunes closes de toute part, qui règnent d'un bout à lautre entre les nervures. Le limbe est cylindracé, plus large et ordinairement moins long que le tube, Sa base urcéolée, est plus renflée du côté qui regarde le centre du capitule. Ordinairementles deux incisionsqui forment lelobeextérieur (1). (1) C'est-à-dire le lobe qui regarde la circonférence du capitule. se ET D'HISTOIRE NATURELLE. 125 se prolongent plus bas que la moitié du limbe, tandis que les {rois autres incisions n’atteignent pas jusqu'à cette moitié : de sorte que le limbe semble divisé en deux lèvres, dont l'intérieure est large, profondément quadrilobée, et l’extérieure étroite , indivise. Les cinq lobes sont longs et étroits, linéaires, semi-ovales au sommet , lequel est épaissi sur la face extérieure par une cal- losité conique. La bordure des lobes est caftilagineuse, et forme une callosité à la base extérieure de chaque incision. Les ner- vures sont iztrà-marginales, c'est-à-dire qu’elles ne sont point situées dans la bordure même , mais sur le côté intérieur de la bordure. Elles sont fines et munies d’un vaisseawtubulé contenant souvent un suc jaune qui paroît huileux ou résineux. À l’époque de la fleuraison, les lobes divergent médiocrement, et demeurent droits ou même un peu arqués en dedans. Ainsi que dans les lactucées, le tissu du limbe paroît offrir deux couches, dont l’extérieure semble fibreuse , et l’intérieure grenue : le tout forme une membrane opaque, dont la couleur est ordinairement rouge, violette, ou bleue, rarement blanche, quelquefois jaune, et dont la substance est beaucoup moins dé- licate que chez les lactucées. La corolle des carduacées est ordinairement (x) glabre, ou presque glabre , ne portant que quelques poils rares et fugaces, en forme de papilles ou de tubercules. Cette corolle n’éprouve point les alternatives de la veille et du sommeil. - Toutes les corolles.d'un même capitule sont égales en longueur, durant la préfleuraison : en fleurissant elles s’allongent beaucoup par le tube, mais également; de sorte que le capitule préfleurë a toutes ses corolles également courtes ; et que le capitule //euré a toutes ses corolles également longues. Cette description démontre, comme je l’avois annoncé, que, malgré quelques différences, il y a une analogie très-remar- quable entre la corolle des lactucées et celle des carduacées ; tellement que, pour métamorphoser une corolle de carduacée (1) La corolle du centaurea crupina est hérissée de longs poils plumeux ; celle du cent. lipii, de longs poils simples; celle du cent. centaurium ; porte une manchette de longs poils simples à la jonction du tube et du limbe. Tome LXXXII. FEVRIER an 1616. R 126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en une corolle de lactucée, il sufliroit presque de prolonger jusqu’à la base du limbe l’incision qui regarde le centre du ca- pitule , et de souder les autres incisions Jusque près du sommet. Pour ne pas trop allonger ce Mémoire, je m’abstiens d'y décrire les caractères Zrsolites que j'ai observés dans la corolle de certaines carduacées ; ils peuvent servir à caractériser les genres, les sousgenres, ou les espèces; mais ils ne sont pas propres à diviser la tribu en sections. Je fais remarquer seulement que la corolle du genre Zappæ m'a paru s'éloigner plus que toute autre de la conformation or- dinaire. QUATRIÈME TRIBU. Les Carlinées. Cette tribu se distingue assez bien de la précédente par le style, par les étamines et par la corolle. Les deux branches du style sont très -courtes et entregreflées presque jusqu’au bout; le sommet du tronc n’est ni renflé, ni entouré d’une zone de poils. Les pédicules des étamines sont parfaitement glabres, ne portant ni poils, ni papilles. La corolle diffère de celle des carduacées par les caractères suivaus : Le limbe est cylindracé, point urcéolé à sa base; il est plus long que le tube, el s’en distingue foiblement. Les cinq incisions sont à peu près également profondes. Les. lobes sont beaucoup plus courts que la partie indivise du limbe; ils sont ordinairement demi-lancéolés. La substance du limbe est, surtout en sa partie supérieure, épaisse, subcartilagineuse, coriacée ; sa couleur est blanchâtre. Toute la corolle est parfaitement glabre (1). Le cardopatum , entre autres caractères z7solites, offre une anomalie remarquable, en ce que lincision qui regarde le centre du capitule se prolonge presque jusqu’à la base du Hmbe, comme dans (es lactucées. (2) Excepté dans le surpinta, dont la corelle est toute couverte de poils soyeux. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 127 CINQUIÈME TRIBU. Les Xéranthémées. Le style des xéranthémées a de l’analogie avec celui des carlinées. Les pédicules des étamines sont glabres, comme dans les car- linées; mais ils sont libres, c’est-à-dire nullement adhérens au tube de la corolle. La corolle diffère de celle des carlinées, en ce que le tube est de couleur verte, et aussi large que le limbe, dont la base est fortement urcéolée. SIXIÈME TRIBU. Les Échinopsidées. Le style a ses deux branches libres, c’est-à-dire nullement entregreflées. Les étamines ont leurs pédicules glabres, et greflés avec la corolle jusqu’à la base des incisions du limbe. La corolle est très-droite, nullement arquée. Le limbe est plus long que le tube. Sa partie indivise est très-courte ; et ses lobes très-longs, étroits, linéaires, semi- ovales au sommet, sont coudés brusquement en dehors à quelque distance de leur base. Chaque lobe porte un petit appendice, en forme d’écaille courte denticulée, situé transversalement sur sa face intérieure , à l’endroit où il se coude, SEPTIÈME TRIBU. Les Arctotidees. La corolle des arctotidées est droite, ce qui sufhit pour la distinguer de celles des cinq premières tribus. Ses lobes ne portent point l'appendice qui caractérise la co- rolle de la sixième tribu. Ils sont allongés, étroits, linéaires, demi-lancéolés supérieu- rement ; ordinairement munis derrière le sommet d'une cailosité très -remarquable. La base des incisions est arrondie. La subs_ tance du limbe est subcartilagineuse, coriacée , demi-transpa_ R 2 ñ 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rente. En préfleuraison, la partie supérieure du limbe est plus étroite que la partie inférieure, Ces derniers caractères distinguent assez bien la corolle des arctotidées de celles de toutes les tribus suivantes. HUITIÈME TRIBU. Les Calendulacées. La corolle des calendulacées ne paroît différer essentiellement de celle des hélianthées, qui va être décrite, que par la consis- tance des lobes qui sont, comme la partie indivise du limbe, minces, membraneux , demi-transparens, point épaissis sur la face intérieure par une lame charnue ni par des papilles. Le limbe préfleuri est pyriforme, c’est-à-dire, élargi de bas en haut, et un peu étréci au-dessous de sa partie moyenne. Plusieurs calendulacées ont le limbe de la corolle sub-carti- lagineux, et muni derrière le sommet des lobes d’une callosité comme dans les arctotidées. NEUVIÈME TRIBU. Les Hélianthées. Voici les principaux caractères ordinaires de la corolle dans cette tribu. Le tube est beaucoup plus court que le limbe (1). Sa base est épaissie en forme de bourrelet. La partie indivise du limbe est cylindracée, un peu étrécie en sa partie moyenne, membraneuse, demi-transparente (2). Les lobes sont beaucoup plus courts que la partie indivise du limbe ; semi-ovales, charnus, opaques, épaissis sur la face intérieure, qui est hérissée de papilles cylindriques quelquefois très-longues (3) ; point épaissis derrière le sommet par une callosité. (@) Il est absolument nul dans le rudbeckia purpurea. (2) Sa base est souvent épaissie-charnue , surtout dans l’helianthus annuus , le rudbeckia purpurea. (3) Elles sont articulées par des cloisons transversales, et amincies en pointe à la base comme au sommet dans le agetes ; renflées en globule vers le milieu de leur longueur, dans plusieurs si/phium, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 Néervures intrà-marginales, épaisses. La couleur de la corolle est jaune foncé. Elle porte des poils coniques, articulés, et souvent des poils courts, globuleux au sommet. DIXIÈME TRIBU. Les Ambrosiacées. La corolle est ficiforme (x). Sa substance est verdâtre, herbacée, mince, membraneuse, demi-transparente, analogue à celle d’un calice. Le tube est nul, ou presque nul, ou à peine distinct du Hmbe, Les lobes sont très-courts, semi-ovales, très-peu divergens en fleuraison ; épaissis, charnus, opaques, verts. Les nervures sont intrà- marginales, vertes, charnues, épaisses (2). Les poils sont coniques , articulés; quelques-uns courts, glo- buleux au sommet. ONZIÈME TRIBU. Les Anthémidées. Caractères ordinaires. Le tube est au moins aussi long et presque aussi large que le limbe; très-irrégulier, presque difflorme, inégalement angu- leux, souvent prolongé par sa base autour du sommet de l'ovaire, Sa substance est verdâtre, très-épaisse, fongueuse ou spongieuse, lacuneuse. Le limbe est campaniforme, de couleur jaune, à nervures verdâtres. Les lobes sont presque aussi longs que la partie indivise du Jimbe; semi-ovales, très-divergens et arqués en dehors, pendant la fleuraison; épaissis sur la face intérieure qui est tapissée de papilles courtes, larges, hémisphériques ; épaissis en outre, der. rière le sommet par une callosité quelquefois énorme. Les poils, épars, en petit nombre, sur le tube et le limbe, (1) Ayant la forme d’une figue. (2) Les nervures semblent un peu rameuses dans la corolle de l’iva fru= tescens : aucune autre synanthérée ne ma offert cette anomalie. 130 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE sont des globules didymes, sessiles, ou élevés sur de gros et courts pédicelles, perpendiculaires à la surface qui les porte. DOUZIÈME TRIBU. Les Inulées. Caractères ordinaires. La corolle est longue et étroite, de couleur päle; à surface parfaitement lisse, et très-glabre partout (1), excepté sur les lobes. Sa substance est coriacée, comme parcheminée ; son tissu semble fibreux, c’est-à-dire composé de cellules très-longues et très-étroites. Les nervures sont peu manifestes, intrà-marginales. Le tube et le limbe, peu distincts l’un de l’autre, sont le plus souvent à peu près d’égales longueurs. Le limbe est pyriforme, allongé, peu élargi. 4 Les lobes, beaucoup plus courts que la partie indivise du limbe, peu divergens et peu arqués en dehors, sont demi-lan- céolés, épaissis seulement sur les bords, qui sont munis d’une arête cartilagineuse très-saillante en dehors, et se prolongeant derrière le sommet en une corne calleuse. Des poils cylindracés, terminés en globule, sont couchés ver- ticalement sur la face extérieure des lobes. TREIZIÈME TRIBU. Les Astérées. Caractères ordinaires. Le tube, plus court que le limbe, offre extérieurement cinq côtes arrondies formées par la saillie des nervures. Le limbe est, le plus souvent, sub-pyriforme; sa partie infé- rieure est quelquefois absolument conforme en tube (2). Souvent sa couleur varie, suivant l’âge, étant d’abord jaunâtre, puis rougeûtre et enfin verdâtre. Ses nervures sont cylindriques, char- nues, épaisses. Les lobes, plus courts que la partie indivise du limbe, sont semi-ovales, allongés, subacuminés, membraneux, demi-trans- 2 ——————— © Gi) La corolle n’est point glabre, dans les conyza saxatilis, rupestris , gnaphal. Leyseroides. Ne (2) Dans tous les so/idago et dans quelques antres astérées. ET D'HISTOIRE NATÜRELLE. 131 parens, bordés d’un gros bourrelet cylindrique, charnu, formé par les nervures. Les poils, souvent épars sur divers points de la corolle, oc- cupent presque toujours la partie inférieure du limbe; ils sont cylindriques, obtus, divisés en articles courts. QUATORZIÈME TRIBU. Les Sénécionées. Caractères ordinaires. La corolle est longue et étroite; entièrement glabre. Le tube et le limbe sont, le plus souvent, à peu près d’égales longueurs. Le tube est grêle, lisse. … Le limbe est pyriforme, de couleur jaune ou rouge. Sa partie inférieure est quelquefois absolument conforme au tube. Les lobes sont beaucoup plus courts que la partie indivise du limbe, semi-ovales, bordés d’un bourrelet souvent papillulé. La face extérieure de chacun d’eux est épaissie , sous le sommet, en une bosse arrondie, hérissée de courtes papilles coniques; cette bosse se prolonge inférieurement en une nervure surnu- méraire, qui tantôt s’étend jusqu’à la base de la corolle; ou au moins jusqu’à la base du limbe, et tantôt s’évanouit vers le milieu du limbe, on même dès le sommet de sa partie indivise. QUINZIÈME TRIBU. Les Tussilaginées. Dans les tussilages que j'ai observés, la corolle est glabre, très-rarement jaune; le tube et le limbe sont à peu près d'égales longueurs; le limbe est large, campaniforme, à nervures épaisses ; ses lobes sont aussi longs que sa partie indivise, élroits, semi- ovales, membraneux et demi-transparens comme la partie indivise, bordés d'un bourrelet. SEIZIÈME TRIBU. Les Eupatoriées. . La couleur du limbe n'est jamais jaune; mais quant à la forme, les corolles que j'ai observées dans cette tribu diffèrent 132 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tellement les unes des autres, que je ne puis leur assigner un seul caractère distinctif commun. DIX-SEPTIÈME TRIBU. Les Vernoniées. La corolle est rouge ou violette; son tissu est analogue à celui du limbe des carduacées. Le tube et le limbe se confondent absolument par la forme et par la substance, tellement qu’on ne peut les distinguer qu’en observant le point de libération des étamines qui détermine leur limite. Le tube, arqué en dehors, est très-élargi supérieurement , de manière que son sommet égale le limbe en largeur. Sa partie supérieure est: membraneuse et colorée, comme le limbe. Le limbe est cylindrique en sa partie indivise. Ses lobes sont longs et étroits. RÉSULTATS PRINCIPAUX , ET CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 1. Les botanistes, séduits par une apparente conformité, ont cru que les corolles des lactucées et les corolles extérieures des capitules radiés étoient absolument de la même nature; et en conséquence, ils ont donné à toutes ces corolles indistinctement, le nom de demi-fleurons très-impropre d’ailleurs, surtout à l'égard des lactucées. Cette erreur, beaucoup plus grave qu’on ne pense, a empêché les botanistes de reconnoître les caractères généraux et essen- tiellément distinctifs de la corolle des synanthérées, ainsi que les modifications que subit cet organe dans les diverses tribus naturelles de cette famille, et qui peuvent servir à les caractériser. J’ose donc regarder comme un résultat important de mon travail, le principe sur lequel il repose tout entier, et qui établit que, chez les synanthérées, toute corolle qui n’est point aecom- pagnée des élamines est une alléralion, une dégénérescence du type primitif, une sorte de monstruosité où tous les caractères essentiels sont plus ou moins effacés ou défigurés. La conséquence immédiate de ce principe, est qu’il faut ab- solument n'avoir égard qu'aux fleurs hermaphrodiles ou mâles, quand ET D'HISTOIRE NATURELLE. 133 quand on veut caractériser par la corolle la famille et ses tribus ; réservant les corolles des fleurs femelles et neutres, pour les Caractères génériques, sous-génériques et spécifiques. , Aucun fait connu en Physiologie végétale ne démontre mieux l’aflinité qui existe entre les étamines et la corolle, que cette déformation qui ne manque jamais d’avoir lieu dans la corolle des synanthérées, toutes les fois que les étamines sont avortées. II. Dés qu’on a mis à l'écart, comme étant défigurées, les corolles des fleurs femelles et neutres, on reconnoît sans peine l'uniformité de structure qui règne dans les corolles de toute la famille; et bientôt on y découvre trois caractères qu’on cher- cheroïit envain dans les fleurs dépourvues d'étamines, et qui sont d’une très-grande valeur, puisqu'ils appartiennent à toute Ja famille sans exception , et que l’un d’eux n'appartient, je crois, qu'à elle seule, En eflet, jene connois pas, hors de la famille des synanthérées, de côrolles qui aient les nervures simples marginales. Ce carac- tère, qui n’avoit pas été remarqué (1), est probablement le plus notable de tous ceux que présente la fanulle (2). La distinction du tube et du limbe n’est pas sans doute un caractère aussi exclusif que le précédent : cependant j'observe que je donne à ces deux noms une signification beaucoup plus rigoureuse qu’on n’a coutume de faire, puisque je ne les applique qu'à deux parties de la corolle qui diflèrent l’une de l’autre anatomiquement et physiologiquement, à peu près comme l’o- &glet d’un pélale d’œillet diffère de sa lame, ou comme le pé- tiole d’une feuille diflère de son disque. En ce sens, le nombre des corolles offrant un tube et un limbe bien distincts est beaucoup plus restreint qu’on ne croit. Le rapprochement marginal des lobes, en préfleuraison, est DIR dia ce net à () Dans ses Remarques générales sur la Botanique des terres australes, livre ecriten anglais, et publié à Londres en 1814, c'est-à-dire la même année dans laquelle j'ailuà l’Institut le présent Mémoire, Robert Brown indique aussi ce ca- raclère; mais je l’ayois déjà annoncé dans mon second Mémoire lu à l’Institut le 12 juillet 1815, et publié dans le Journal de Physique d’avril 1814. On lit dans ce Mémoire, qui n’a pour objet que les étamines, la phrase suivante : chaque Jleur, hermaphrodite oumäle, contient cinq étamines correspondant aux cinq nervures de la corolle, et par conséquent alternes avec ses lobes. (2) Si j'avois acquis le droit d’accréditer de nouveaux mots, je proposerois de donner aux synanthérées le nom de névramphipétales qui exprime le caractère dont il s’agit. Tome LXX XII. FÉVRIER an 1816, S 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE commun aux synanthérées et à plusieurs autres familles du règne végétal; mais les botanistes négligent d'observer ou de mentionner ce caractère, quoiqu'il soit presque toujours d'une grande valeur. Je pense que l’exacte clôture de la corolle én préfleuraison n'a pour but que de garantir l'organe mâle, car, dans les fleurs femelles, la corolle est entr’ouverte dès le premier âge, de sorte que le stigmate est découvert. III. L’enveloppe florale des synanthérées, qe j'ai nommée corolle, comme tous les botanistes, est-elle réellement une co- rolle plutôt qu’un calice? Cette question peut être sérieusement proposée, et c’est ici le lieu de la résoudre. On pourroit se persuader que cette enveloppe est un calice, en considérant 1° que très-souvent elle est unique, et que lors même qu’elle est accompagnée d’une aigrette, laigrette ne res- semble guère à un calice; 2° que, dans plusieurs synanthérées (1), la prétendue corolle des fleurs femelles est parfaitement continue avec l'ovaire; 3° que, dans les ambrosiacées , sa substance et sa £gouleur sont tout-à-fait semblables à celles d’un calice. Ces argumens me paroissent peu solides : 1° l’aigrette est bien réellement le calice, comme je le démontrerai dans un prochain Mémoire; seulement ce calice diffère beaucoup de tous les autres, et il est souvent entièrement avorté; 20 il importe peu que quelques corolles de fleurs femelles soient continues à l’ovaire, puisque toutes les corolles de fleurs hermaphrodites et mâles, les seules qui méritent notre attention, sont constamment ar- ticulées sur l'ovaire; 3° l'enveloppe florale des ambrosiacées a, il est vrai, l'apparence d’un calice ; mais, puisque dans toutes les autres tribus, la même enveloppe a les caractères d'une corolle, la force de l’analogie nous contraint de voir une co- rolle, même dans l’enveloppe caliciforme des ambrosiacées. Seu- lement cette anomalie est une nouvelle preuve que le calice et la corolle ont beaucoup d’aflinité entre eux, que la nature les confond souvent par des nuances, et qu’elle désavoue toutes les distinctions dogmatiques que les botanistes veulent envain établiy par leurs subtiles définitions, Sur ce point , comme sur presque toutes les autres questions de (1) Zinnia , sanvitallia, etc, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 135 la Botanique, l’analogie est, à mon sens, le guide le plus sûr. Or, l'analogie des Subtitle avec les campanulacées, Ê dipsacées et les valérianées ne permet pas de méconnoître la corolle dang l'enveloppe dont il s’agit, et le calice dans l’aigrette. Ajoutez que cette enveloppe est plus analogue aux étamines qu'aux feuilles, qu’elle contracte grefle avec les pédicules des étamines, qu’elle est colorée, enfin qu’elle est articulée sur lovaire. J’ai considéré la corolle des synanthérées comme composée de cinq pétales entregreflés. Je ne prétends pas pour cela que les cinq pétales aient été séparés dans l’origine, et se soient soudés depuis : c’est un fait impossible à vérifier, et que par conséquent je me garde bien d'affirmer ; mais je l’admets comme une hypothèse qui exprime exactement les analogies , et repré- sente avec fidélité les affinités naturelles. C’est ainsi (qu'on me permette cette comparaison du petit au grand) c’est ainsi, dis-Je, que les philosophes admettent l’attraction mutuelle des corps célestes, non comme un fait démontré en lui-même, mais comme une hypothèse qui représente admirablement les phénomènes observés par les astronomes. Les corps célestes se comportent .comme s'ils s’attiroient suivant certaines lois : de même une corolle dite #zonopétale s'offre à nous comme si elle avoit été riginairement composée de plusieurs pétales qui se seroient ensuite entregreffés. Le sytème de M. Decandolle, ainsi mo- difié, me semble à l'abri de toute critique. IV. Dans mes précédens Mémoires, je conservois aux synan- thérées le rang que leur avoit accordé M. de Jussieu ; à l'exemple ‘de ce grand botaniste, j'en faisois une classe divisée en trois ordres, et je subdivisois ceux-ci en sections. Des observations plus étendues, des réflexions plus müres m'ont contraint à me départir de ce système. J’ai reconnu , avec M. Decandolle, que les caractères qui constituent ce groupe naturel n’étant pas d’une - plus haute valeur que ceux ‘d’après lesquels sont formées la plupart des familles, rien n’autorisoit à élever les synanthérées au rang des classes, et qu’on devoit les considérer comme une famille qui ne l'emporte sur les autres que par le très-grand nombre de ses membres. J’ai reconnu aussi que, des trois ordres que javois admis dans cette prétendue classe, celui des lactucées étoit le seul qui fût parfaitement naturel, bien caractérisé, nettement cir- conscrit; que l’on pouvoit contester toutes ces qualités aux car- duacées, et que bien certainement les astérées n’en possédoient S z 136 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE aucune. Considérant en outre que les carduacées et les astérées pouvoient être distribuées en plusieurs groupes aussi naturels que celui des lactucées, j'ai dû me résoudre à abandonner en- tièrement le système adopté par les botanistes, et à en créer un nouveau suivant lequel la famille des synanthérées oflie une série continue de dix-sept tribus naturelles. V. Les Zactucées doivent occuper l’une des deux extrémités de la série, parce que c’est la tribu qui s'éloigne le plus de toutes les autres par une physionomie particulière, et par plusieurs ca- raclères importans, notamment par l'énorme disproportion des incisions de la corolle, L'autre extrémité de la série n'étant pas à beaucoup près aussi clairement indiquée, je place les lactucées au commencement pour procéder du connu à l'inconnu, J’ai démontré l’affinité des lactucées et des carduacées, surtout par l’analogie de leurs corolles; mais j'ai dû provisoirement les séparer par l’interposition des Zabiatiflores de M. Decandolle, quoique j'altache peu d'importance à la labiation de la corolle, et que je ne puisse porter aucun jugement sur cette tribu, avant d’avoir bien examiné des fleurs hermaphrodites en bon état Les carduacées forment une tribu parfaitement naturelle, depuis que j'en ai distrait les carlinées, les xéranthémées et les échinopsidées, pour en former trois petites tribus, dont les deux premières, quoiqu’analogues aux carduacées, s’en distinguent, Je crois, suffisamment ; la troisième, déjàreconnue par MM. Adan- son et Richard, a de l’affinité avec les précédentes ; mais les carac- tères très-extraordinaires que je crois avoir remarqués le premier dans les étamines et dans la corolle (1) de cette tribu, l’isolent de toutes les autres au milieu de la famille. y . Les erctotidées, qui se distinguent aussi par des caractères singuliers, et qui oflrent quelques points de contact avec les échinopsidées, forment une transition très-heureuse, et qui sera facilement sentie, des tribus qui précèdent à celles qui suivent, c'est-à-dire, suivant l’ancien système, des cynarocéphales aux corymbifères. La tribu des calendulacées est, je l'avoue, mal définie; mais elle est très-propre à lier les arctotidées aux hélianthées; en $in- Lerposant entre elles. 4 D (1) L’ovaire , que je décrirai-dans mon prochain Mémoire , offre aussi des particularités Wres-remarquables chez les échinopsidées. © ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 " Les Aélianthées constituent la tribu la plus nombreuse de la famille : c'est une des plus naturelles, et elle est assez bien, ca- ractérisée , quoique.ses caractères soient sujets à des modifica- tions, des variations, des anomalies, qui procureront sans doute le moyen de la subdiviser en seclions, Les anthémidées devroient suivre immédiatement les hélian- thées; mais les ambrosiacées ne peuvent être placées plus con- venablement qu'entre ces deux tribus. Dans mon précédent lémoire, j’avois aflirmé que ces plantes étoient des:synanthérées, et non des urlicées : mes nouvelles observations: me confirment dans celte opinion, et me démontrent même que l'opinion con- traire n’est pas soutenable. La tribu des anthémidées est très-solidement établie, «et elle admet sans difliculté certains genres dont la classification pouvoit paroître embarrassante. Les inulées et les sénécionées semblent avoir des droits égaux à suivre immédiatement les anthémidées. J'ai donné la préfé- retce aux inulées, parce que les sénécionées n’ont paru pouvoir être avantageusement placées deux degrés plus bas, entre les astérées el les tussilaginées. Mais j'aurois pu les placer aussi bien. entre les anthémidées et les inulées. Les astérées, qui accompagnent nécessairement les inulées, sont donc suivies des séaécionées, tribu peu nombreuse, mais très-nalurelle comme les précédentes. Puis viennent successive- ment les sussilaginées, les eupatoriées; et enfin les vernonices. Cestrois dernières tribus , qui terminent la série, sont enchainées dans un ordre assez satisfaisant ; mais J'avoue qu’elles sont bien ‘foiblement caractérisées, et par conséquent mal circonscrites.. ‘Ces défauts viennent peut-être de ce que je n'ai pu observer: qu’un très-petit nombre de plantes appañtenant à ces trois tribus, VI. M. Mirbél a distingué, avec raison , deux sortes de fa- milles, les familles en groupe elles familles par enchafne- ment. Jé'ébhçois qüe cés dérmèrés puissent étre parfaitement représentées par. une série linéaire simple et droite, telle que celle dont je viens de fairel’exposé. Mais n'est-il pas évident que les familles'en groupes’, comme celle des synanthérées, ne peuvent $e prêter à un pareil arrangement, sans êlre plus ou moins déformées?Malheureusement nos discours parlés ou écrits, ne pouvant S'adrésser qu'au sens de l’ouïe, doivent nécessaire- ment conformer leur invariable disposition à la nature de ce sens, qui ne laisse parvenir à notre eutendement les idées qu'une à Cd 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une et dans un ordre successif. Ainsi, quel que soit notre zèle our la méthode naturelle, il faut renoncer à introduire jamais dans nos livres autre chose qu’une série linéaire simple et droite. Mais il serait possible de rectifier les vices de cette disposition ; en imitant les géographes, qui forcés dans leurs livres de décrire les diverses régions du globe dans un ordre successi nécessai- rement arbitraire ; joignent à leurs discours des cartes ou figures qui rétablissent les choses dans leur ordre naturel. Le sens de la vue est en effet le seul qui puisse nous faire embrasser à-la- fois tous les rapports de situation respective. La figure, qui nous offre les choses dans leur ordre naturel, ne peut analyser leurs rapports ; et le discours, ce merveilleux instrument d'analyse ; ne peut suivre rigoureusement l'ordre naturel. En véunissant 1e discours et la figure, ils s'aideront mutuellement, et les natura- listes pourront enfin exprimer tout ce qu'ils auront découvert sur les aflinités. Ces considérations ne sont pas déplacées ici; car elles m'ont été suggérées par le desir de ranger mes dix-sept tribus dans un ordre tellement naturel , qu'il fût à l'abri de toute critique. Je ne pouvois nie dissimuler ‘un vice choquant dans Ja série en ligne droite, dont j'ai présenté ie tableau : c’est que des tribus liées centre elles’ par des rapports d'atlinité nombreux et importans, se trouvoient sitwées précisément aux deux extré- mités opposées. Cependant itétoit impossible d'intervertir ordre que j’avois établi , sans rompre un enchaînement qui me sem- bloit bien solide. Pour concilier la conservation de cet enchaï- nement avec le rapprochement des tribus dont il s'agit, il ny avoit qu'un moÿen ; c'étoit de convertir [a sériedroite en Une série circulaire. C'est ce que jai fait; et il en résulle que les vernoniées et Les eupatoriées se trouvent rapprochées des lactucées et des carduacées, sans que les autres rapports précédemment éta- blis soient aucunement troublés par ce nouveat rapprochement: VII. La plupart des tribus sont caractérisées tout-à-la-fois et par le style et le stigmate, et par les étamines, et par Ja corolle. Mais la valeur relative des caractères fournis par CES trois OT- ganes n'est pas Ja même -dans toutes les. tribus, de sorte. que les unes sont mieux caractérisées par Ja corolle, d’autres Par les étamines, d'autres par le style et le stigmate. (C’est une nou- velle preuve qu'en botanique l'évaluation des caractères ne peut être. établie rationnellement , et qu'il est même impossible d'en énéraliser l'évaluation empyrique- Les zoologistes sont plus beu- eux, parce qu'ils copnoissent trés-bien les fonctions de tous BT D'HISTOIRE NATURELLE, 139 les organes, et par conséquent leur importance dans l’économie añimale, et l'influence de telle ou telle modification, Si j'en juge par mes observations sur la corolle des synanthérées, il n'y a guère lieu d'espérer, pour les botanistes, un pareil avan- tage. En effet, l’un des principaux caractères fournis par la co- rolle, pour définir la plupart des tribus, est pris de la structure et de la situation de ses poils. On ne se seroit jamais avisé à priori de mettre les poils au premier rang, et on ne tentera pas d'expliquer, par les lois de la Physiologie, l'importance des modifications de cet organe. C’est ici Le lieu de noter que les poils de la corolle carac- térisent aussi fort bien les genres dans la tribu des lactucées. On a vu, dans ce Mémoire, la structure bizarre des poils de la corolle dans beaucoup de synanthérées. J'e rappellerai seule- ment ici les poils que j'ai nommés ertregreffés.Je m'étonne qu’on ne les ait pas remarqués, car ils mériloient de l'être, et ils sont très-communs sur l’ovaire, comme on le verra dans mon prochain Mémoire. VIII. Tandis que les poils nous donnent d’excellens carac- ères, d’autres parties qui semblent infiniment plus importantes sont sujettes à de graves anomalies, qui, dans les cas où elles ont lieu, rendent équivoques et incertains les caractères fournis par ces organes. Ainsi, la distinction du tube et du Jimbe, caractère intimement lié avec celui de la libération des étamines, offre de très-grandes difficultés chez plusieurs hélianthées, as- térées et sénécionées, où la partie inférieure du limbe se con- Fond avec le tube : ces diflicultés ne peuvent être résolues que par le secours de l’analogie, qui, quoi qu’on en dise , est, selon moi, un guide indispensable en Botanique. IX. Si pourtant des botanistes trop rigoureux ne veulent point admettre ces inductions tirées par analogie, et qui, je l'avoue, sont peu d'accord avec le témoignage des sens, mon système de classification n’en sera pas ébranlé; seulement les caractères de mes tribus seront sujets à quelques exceptions de plus. Mais J'ai démontré, dans mes précédens Mémoires, que le botaniste qui s'attache exclusivement à la méthode naturelle, doit n’avoir égard qu'aux caractères ordinaires, et faire abstraction des ca- ractères Zrsolites. Je le répète, il faut absolument renoncer à former des groupes naturels de végétaux, si l’on exige qu'ils soient fondés sur des caractères non sujets à exception. Les crucifères forment une association généralement reconnue, et r40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que personne ne s’avise de contester, parce qu’en effet elle est évidente; cependant presque tous les caractères de cette famille offrent dé graves exceptions. On y trouve des feuilles opposées, des calices persistans, des corolles nulles, desétamines au nombre de quatre ou de deux; le style est tantôt très-manifeste , tantôt nul; quelques siliques sont indéhiscentes, d'autres sont privées de cloisons; enfin la structure ordinaire du fruit est tellement modifiée dans quelques genres, qu’elle ÿ devient méconnoissable. On rejetteroit également presque tous les caractères des légu- imineuses et des rosacées, si l’on refusoit d’admettre ceux qui sont sujets à exception. N'oublions donc jamais que les associations naturelles devant être fondées sur l’ezsemble des caractères, qui ne sauroit être absolument le même dans les différentes espèces, ou les diflérens genres, les exceptions résultant des caractèresinsolitesn'infirment point ces associations, pourvu qu’il reste un nombre suflisant de caractères ordinaires pris dans les autres organes. ) IL suit de ce principe que si, dans une classification artifi- cielle, il faut toujours sacrifier les affinités à la rigueur des caractères ; dans une classification naturelle, au contraire, il faut toujours sacrifier la rigueur des caractères aux affinités. Et, en effet,.:le but d’une classification naturelle n’est point de faciliter la recherche des noms des plantes, ce à quoi eile est très-im- propre, mais de faire connoître toutes leurs affinités. Si elle représente exactement ces affinités, son but est atteint, et elle est aussi parfaite qu’elle peut l'être. I semble que tous les végétaux dont se compose un groupe naturel , aient été, dans l’origine, conformés sur un même type, quant aux parties principales; et qu’ensuite, chez plusieurs de ces végétaux, la conformation primitive ait été plus ou moins modifiée, altérée , effacée. 11 faut remonter à ces caractères pri- anitifs, à travers les modifications qui les déguisent, et nous ne pouvons y parvenir qu'en distinguant , par de nombreuses obser- vations, les caractères ordinaires des caractères zsolites. La plupart des groupes naturels du règne végétal comprennent; sur leurs limites, des plantes que la force de l’analogie, déter- minée par l’ensemble des caractères, ne permet pas d’en exclure, mais qui cependant offrent des anomalies qui démentent un ou plusieurs des caractères propres au groupe. Les caractères de çes groupes ne peuvent donc pas étre rigoureux ou exempts d’exceptions ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 141 d'exceptions : ainsi l’on ne doit prétendre qu'à tracer les ca- ractères ordinaires, c’est-à-dire les caractères du centre du groupe, presque toujours inapplicables en plusieurs points à la circonfé- rence, qui tend à se confondre avec les limites des groupes voisins. Cette considération démontre que, si la classification naturelle peut et doit être rigoureusement exacte dans la création des groupes, dans leur composition, leur disposition, et leur coordination, elle ne peut l'être dans l'expression de leurs ca- ractères, ni par conséquent dans la démarcation de leurs limites. Puisque les caractères propres des groupes naturels sont fournis par leur centre, et non par leurs limites, l’affinilé entre deux groupes doit être déterminée par l’analogie de l'ensemble, et non par certaines espèces de lun et de l’autre groupes, dont souvent la très-grande similitude semble indiquer qu’elles font transition, et que par conséquent les deux groupes se touchent en ce point. Mais des rapprochemens fondés sur des considé= rations si particulières courent risque d'être forcés , arbitraires, peu solides. Ce sont les masses qu'il faut comparer, et non les parties détachées. Les caractères sont d’autant plus. tranchés, que les êtres entre lesquels ils établissent une distinction ont ensemble moins d’analogies. De là vient que, dans les classifications artificielles, les caractères peuvent et doivent être tres-saillans. Le contraire a nécessairement lieu dans une classification naturelle, dont tout l’objet est de rapprocher les êtres à raison de leurs ana- logies. Donc reprocher à une classification naturelle qu’elle ne donne pour caractères que des nuances indécises, c’est se plaindre de sa perfection. Dans une famille aussi naturelle que celle des synanthérées, les caractères des tribus ne peuvent consister qu’en des nuances très-délicates, trés-difficiles à saisir, très-susceptibles de se con- fondre, de s’altérer, ou de disparoître, quipeuvent sembler trop minutieuses, et qui néanmoins ne doivent pas être négligées, puisqu'il dérive de la nature même des choses qu'il est impos- sible de trouver mieux. X.. J’ai insisté trop longuement peut-être sur ces considérations générales qui retracent la théorie des classifications naturelles ; mais cette digression m'a paru nécessaire, parce qu’elle répond aux principales objections qui ont été faites contre mon travail. On m'a encore reproché la multiplicité des caractères que j'admets, et la prolixité de l'exposition de ces caractères. Tome LXXXII. FÉVRIER an 1816, L * 142 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je ne sais si je m'abuse, mais il me semble que la multi- plicité des caractères émanés de tous les organes, enrichit et féconde la science, la rend plus curieuse, plus intéressante, moins monolone et moins sèche, fait conuoître enfin une foule de particularités qui peuvent être utilement employées dans les recherches des botanistes, et ÿ trouver une applicalion importante. J'ai démontré que, dans une classification naturelle, les ca- ractères ne peuvent être fort souvent que des nuances indécises. Où m'accordera que de pareils caractères, qui d’ailleurs doivent êlre accumulés pour se soutenir mutuellement , ne sauroient être brièvement exprimés. Mais, quand même les divisions d’une classification naturelle pourroient être suffisamment définies par l'énoncé d’un seul caractère très-concis, devroil-on pour cela se dispenser d'exposer les autres caractères? Non, sans doute, car la Botanique est la science des végélaux, et l’art de les distinguer les uns des autres n’est qu’une partie de la Botanique. Sans doute, on doit, en tout genre d’écrits, viser à Ja brie- velé; mais il est deux sortes de brièvetés, l’une absolue, l’autre relative. La première n’a pas grand mérite, et est fort dange- reuse, car elle consiste le plus souvent à omettre ce qu'il im- porte de faire connoître, et elle est ainsi très-propre à arrêter le progrès des connoissances. Cette brièveté est l'apanage des clas- sifications artificielles, qui se bornent à énoncer un seul carac- tère. La brièveté relative, au contraire, consiste à tout dire, en employant le moins de mots qu’il est possible, Cette briè- velé, qui ne se mesure pas par le nombre des mots, des lignes, des pages, mais par celui des choses, appartient à la méthode naturelle, que M. Cuvier a si bien définie, en disant que c’est la science elle-même réduite à sa plus simple expression. XJ. Cependant, quelle que soit ma juste prédilection pour la méthode naturelle, je suis loin de mépriser les classifications artificielles, M At volontiers qu’elles sont utiles, indis. peusables peut-être, dans la pratique ordinaire de la Botanique. Cela est vrai surtout à l'égard des synanthérées. La classifieation naturelle que je propose ne sera pas négligée, j'ose le croire, par ceux qui se livrent à l'étude approfondie des affinités; mais elle est beaucoup trop difficile, trop compliquée, trop indécise, pour être commodément employée dans l'usage habituel. Il faut donc, pour cet objet, une classification artihicielle ; et celle qui est fondée 1° sur la corolle semi-floseuleuse, flosculeuse ou radiée, 20 sur le réceptacle nu ou paléacé, 3° sur le fruit nu ET D'HISTOIRE NATURELLE. 143 ou aigrefté, est sans doute la meilleure, parce qu’elle est la plus simple et la plus facile. XII. Ayant été forcé, par la nature de mes recherches, de décrire en détail toutes les parties de la fleur de chaque espèce de synanthérées, j'ai rencontré beaucoup d'espèces dont il con- viendroit de former des genres autres que ceux dans lesquels elles sont comprises par les botanistes. Mais, comme mon travail n’a pour objet que l'établissement des tribus, et non celui des genres, je me suis abstenu de ces innovations toutes les fois qu’elles n’étoient pas exigées impérieusement par ma classifica- tion; en conséquence, je me suis borné à faire six genres nou- veaux, pour éviter que le même nom générique se trouvât répélé dans plusieurs tribus. Ces nouveaux genres prouvent combien les affinités naturelles ont été jusqu'ici méconnues par les botanistes dans la famille des synanthérées, puisqu'ils réunissoiènt quelquefois dans un même genre des espèces appartenant à des tribus différentes. LISTE DES CENT CINQUANTE-DEUX GENRES DE SYNANTHÉRÉES, Dont j'ai observé la Corolle (a). I. LACTUCÉES. AÆndryala. Barkausia. Catananche. Chon- drilla. Cichorium. Crepis. Drepania. Geropogon. Helmintia. Hieracium. Hyoseris. Hypochæris. Lactuca. Lampsana. Leon- todon. Picridium. Picris. Podospermum. Prenanthes. Rhaga- diolus. Scolymus. Scorzonera. Seriola. Sonchus, Taraxacum. Thrincia. Tragopogon. Urospermum. Zacintha. II. LABrATIFLORES. Barnadesia. Chætanthera. Mutisia. Per- dicium. Tripuilium. III. CarpuAcées. Carduncellus. Carduus. Carthamus. Cen- EEE (a) Dans cette liste, les genres sont distribués en tribus , suivant ma clas- sification ; mais, dans chaque tribu les genres sont rangés par ordre alpha- bétique , en attendant que je les dispose méthodiquement. J'ai distingué par des caraclères romains les genres dont la classification est encore douteuse. ER 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE taurea. Cinara. Cirsium. Galactites. Lappa. Onopordum. Ser- ratula. Stæhelina chamæpeuce. Zoëgea. IV. CARLINÉES. Alfredia, Æ.-C. (a). Atractylis. Cardopa- tum. Carlina. Carlowizia. Turpinia (b). V. XÉRANTHÊMÉES. Xeranthemum, Gœrtn. VI. ECHINOPSsIDÉES. Echinops. ; VII. ARCTOTIDÉES. Arciotheca. Arctotis. Gorterëa. VIII. CALENDULACÉES. Calendula. Osteospermum. IX. HÉLIANTHÉES. Acmella. Alcina. Balbisia. Baliimora. “Bidens. Cephalophora. Ceratocephalus. Coreopsis. Cosmus. Dahlia. Diomedea, H.-C.(c). Dysodium. Eclipta. Encelia. Flo- restina , H.-C.(d). Galinsoga. Helenium. Helianthus. Heliopsis. Heterospermum. Madia. Melananthera. Parthenium. Polyni- nia. Rudbeckia. Sanvitallia. Schkuhria. Sclerocarpus. Sieges- beckia. Silphium. Spilanthus. Synedrella. Tagetes. V'erbesina. Ximenesia. Zaluzania. Zinnia. X. AMBROSIACÉES. Ambrosia. Franseria. Iva. Xanthiurn. XI. ANTHÉMIDÉES. Achillea. Anacyclus. Anthemis. Arte- misia. thanasia. Balsamita. Chrysanthemum. Cotula. Diotis. Grangea. Gyÿmnostyles.Matricaria. Santolina.Sphæranthus (e). T'anaceturn. XIT. INULÉES. Buphtalmum. Carpesium. Conyza. Filago. Gnaphalium. Helichrysum. Jasonia, H.-C, (f). Inula. Mi- cropus. XIIT. ASTÉRÉES. ÆAgathæa, H.-C. (g). Aster. Aurelie; H.-C. (h). Baccharis. Bellis. Bellium. Boltonia. Chrysocoma- Erigeron. Grindelia. Psiadia. Solidago. XIV. SÉNÉCIONÉES. Cacalia. Cineraria. Othonna. Senecio. XV. TussiLAGINÉES. Tussilago. XVI. EuPATORIÉES. Ageratum. Eupatorium. Kuhnia (o). Liatris (Æ). Piqueria. Srevia. XVII. VERNONIÉES. Ethulia conyzoides, H.-P. Fernonia. _ XVIII. SYNANTHÉRÉES NON-CLASSÉES, Doronicum (/). Klei- ia porophyllum (1). Lagasca (2). [ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 NOTES SUR LA LISTE PRÉCÉDENTE. (a) Je nomme a/fredia le cnicus cernuus L., qui me paroît devoir constituer un genre de la tribu des carlinées. (2) M. dé Jussieu m'a fait voir, dans son herbier, une synan- thérée nommée turpénia laurifolia, dont le style paroît terminé en une masse glabre, ovale, conique-obtuse supérieurement. Sauf cette anomalie, la {urpinia se rapporte assez bien à la tribu des carlinées. (c) Le buphtalmum frutescens L. a tous les caractères d’une hélianthée, tandis que les vrais Lwphtalmum sont des inulées. Le nouveau genre que je propose sous le nom de domedea, et qui peut-être se confond avec l’heliopsis, pers., comprendra les faux buphtalimum ayant les caractères des hélianthées. (d) La stevia pedata, Willd., ayant tous les caractères d’une hélianthée, ne peut continuer à faire partie du genre séevia qui est de la tribu des eupatoriées. C’est pourquoi j'en fais un genre, sous le nom de /lorestina , lequel diffère peu du schkuhria. (e) Le sphæranthus indicus, que j'ai observé, me paroît, malgré ses anomalies, avoir assez d’analogie avec le genre gr'angea , pour être classé avec doute dans la tribu des an- thémidées. (S) Les erigeron fœtidum H. P.et Zongifolium H. P., ayant les caractères des inulées, j’en fais un genre que je nomme jasonia , et qui se confond peut-être avec les cozyza. (g) Le nouveau genre que je propose, sous le nom d'agafhæe, est la cézeraria amelloides L., qui ne peut être une cineraria, puisqu'elle a tous les caractères de la tribu des astérées ; et qui, ayant l’involucre simple et les feuilles opposées , ne doit pas élre incorporée dans le genre aster déjà beaucoup trop nombreux, (2) L’inula glutinosa v’est point une véritable z7ula, puis- qu’elle a les caractères des astérées. J’en fais le genre aurelia, voisin du grindelia, et caractérisé par la nature de l’aigrette. (&) La kuhnia rosmarinifolia , que j'ai observée, quoiqu’évi- demment analogue aux eupatoriées, surtout aux s/evia, en diffère 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE essentiellement par son style, dont les bourrelets stigmatiques se prolongent jusqu’au sommet des branches. (#) Les liatris ont le style et le stigmate des eupatoriées, et la corolle des vernoniées. Leurs étamines sont assez analogues & celles des eupatoriées. (2) Le doronicum a de l’analogie avec les anthémidées. (7) La Kleinia porophyllum a l'apparence d’une sénécionée : mais son style, ses étamines, sa corolle n’offrent presque aucun caractère de cette tribu. (a) La Zagasca est très -remarquable en ce que l'ovaire de chaque fleur est engaîné dans un étui complet absolument analogue à celui des dipsacées. Cette singulière synanthérée a le style et le stigmate des vernoniées; ses étamines sont sem= blables à celles de la balbisia, qui est une hélianthée; sa corolle est analogue à celle des séepia qui sont des eupatoriées. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 147 CS RAPPORT Sur un Abime ouvert dans la plaine de Boucoiran , arron- dissement d’Alais, département du Gard ; Par M. D'HOMBRES FIRMAS. LE 3 de ce mois, le sieur Jean Batte, cultivateur de Bou- coiran, labouroit une terre qu’il possède entre ce village et le Gardon, dans une plaine de plus d’un kilomètre de largeur. Tout à coup la terre s’enfonça deux pas devant lui, précisément sous l’une de ses mules, qui en tombant entraîna la seconde et sa charrue, et il se trouva sur le bord d’une sorte de puits de 3 mètres de diamètre et de 5 à 6 mètres de profondeur. Malgré la surprise et l’eflroi qu'il dut éprouver , il eut le cou- rage d’y descendre, aidé de quelques paysans attirés par ses cris; mais leurs efforts pour ea sortir les mules furent inutiles, elles s’enfoncèrent au contraire davantage en se débattant , et bientôt elles furent étouflées el enterrées sous le gravier. Les travaux faits deux jours après pour retirer ces bêtes qu’on écorcha et dont on prit les fers, ont comblé à moitié ce trou qui n'avoit pas plus de trois mètres lorsque je fus le visiter. Le terrain au-dessous de cinq décimètres de terre végétale, légère et sablonneuse, est tout de sable et de gravier, et il paroît que toute la plaine de Boucoiran est ainsi formée par les atté- rissemens du Gardon qui la traverse. On m’a fait voir un endroit encore un peu enfoncé, où vingt- cinq ans auparavant il s'étoit formé un pareil abîme plus large et plus profond. Ce dernier étoit beaucoup plus près du vil- lage, l’autre où sont enterrées les mules du sieur Batte, en est à environ 400 mètres; et c’est Jà tout ce qui paroïît exlraor- dinaire ; car si de pareils événemens, au lieu d’arriver dans la plaine, avoient lieu sur la montagne calcaire el pleine de cre- 148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vasses au pied de laquelle Boucoiran est bâti, ils seroient bien moins étonnans. Une caverne intérieure dont la voûte se seroit écroulée sous le poids du terrain supérieur, sufliroit pour en rendre raison. C’est ainsi qu'on a vu, il y a quinze mois, près de la Rouvière, dans la commune de Malbos, une partie de terre assez étendue, complantée d’un gros chêne et d’autres arbres, s'abimer avec fracas et se noyer au fond d’un gouflre qu'on estima 18 mêtres de profondeur. On en parla moins que de l'abime ouvert à Boucoiran, quoique celui-ci soit bien moins considérable et qu'on puisse. expliquer de la même manière. Les plus basses couches du gravier reposent indubitablement sur des bancs de roche de la même nature que les montagnes voisines, l’eau qui dans les inondations couvre cette plaine et l’abreuve, peut filtrer dans les crevasses qu’il doit y avoir au- dessous, délayer la terre qui les remplit, et c’est ici, comme à la Rouvière, un vide intérieur en partie comblé par les terres supérieures , quelle que soit la première origine et les causes qui out déterminé la rupture de ses parois. Alais, noyembre 1815, MÉMOIRE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 149 MÉMOIRE GÉOGNOSTIQUE SUR BEAULIEU DANS LE DÉPARTEMENT DES BOUCHES-DU-RHONF; D'OU RÉSULTENT : Une nouvelle Démonstration de la grande analogie des Trapps secondaires avec les Terrains volcaniques, et la Présomption que ces Trapps ne sont que des produits de volcans sous-marins; Par F. J.-B. MENARD D ca GROYE. Zu à Ja Classe des Sciences Physiques et Mathématiques de l’Institut de France, les 6 et 13 novembre 1815. INTRODUCTION. Depuis long-temps déjà, je me suis aperçu que la grande division qui subsiste entre les géologues dits, d’une part zep- tunistes, et de l’autre ulcanistes où plutonistes ; lient surtout à ce que ni les uns ni les autres ne connoissent suffisamment les objets de la question. On doit remarquer que ceux du premier parti sont en général Allemands, ceux du second Italiens, et qui, pas plus les uns que les autres, n'ont fait les voyages et les études nécessaires pour discuter cette question avec solidité et profondeur. Les Allemands, n'ayant chez eux que ces terrains équivoques qu'ils nomment flœfz-trapp, s'obstinent à croire que les autres pays où l’on parle de volcans, sont, excepté les bouches ac- tuellement ignivomes, dans le même cas que le leur; ils se figurent ltalie comme remplie de trapps et de basaltes, tandis qu'il »y en a presque que sur la lisière, le long des Alpes, au nord du Tome LXXXII. FÉVRIER an 1816. 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pô. De leur côté les Italiens, dont une partie de la péninsule est recouverte de produits évidemment volcaniques, sont enclins à rapporter tout aux volcans, et pensent que la Saxe et les autres contrées où l’on dit que se trouvent des trapps, n’offrent réellement que des laves rompues et altérées peut-êlre à raison d’une antiquité très-reculée. Certes, rien n’est plus propre à les entretenir dans cette idée, que de voir des Allemands qui ne font qu’arriver à Naples, appliquer sans scrupule le nom de basalte à la lave lithoïde du Vésuve lui-même ainsi qu'à toutes celles de P'Etat Romain. — Jamais ces deux partis ne pourront bien s'entendre qu'ilsn’aient voyagé, réciproquement, les Italiens en Allemagne, et les Allemands en Italie. _ La France a des volcans éteints qui ne sont plus contestés; les trapps secondaires y sont rares, mais enfin on y en trouve. C'est donc parmi les Français aussi qu'on doit chercher des hommes qui soient bien instruits et imipartiaux. Nous voyons en effet que nos géologues les plus habiles dans cette partie, Dolomieu, Faujas, etc,, ne se sont prononcés exclusivement ni pour le neptunisme, ni pour le vulcanisme; el quoiqu'en gé- néral ils aient penché pour ce dernier , iis n’ont point LA à considérer la majeure partie des f/æ1z-trapp comme des for- mations douteuses ou même absolument neptuniennes, — Depuis: Dolomieu, cependant , il n’est aucun naturaliste français, que je sache, qui ait visité, ou du moins suffisamment étudié des volcans brûlans, aucun qui ait pénétré assez avant en Italie, ou qui s’y soit arrêté le temps nécessaire, Peu d’ailleurs con- noissent des terrains de trapps secondaires bien caractérisés. J'ai ce double avantage; et c’a été pour me le procurer, que j'ai parcouru toute la portion d’Italie incontestablement volca- nique, comme j'avois visité précédemment l'Auvergne, le Velay et le Vivarais. J’avois vu aussi une partie des volcans éleints, vrais ou prétendus, du midi de la France; j'ai examiné ceux du nord, qui ne sont point équivoques. D'autre part, je suis allé à Oberstein et à Kirn, à Laach, Andernach, etc. J'ai vu une partie des basaltes du Rhin; j'ai même pénétreen Allemagne, et quoique je ne me sois pas avancé jusque dans la Saxe, je pense connoitre assez déjà de terrains trappéens. Enfin, je me crois dans le nombre fort petit, chose singulière, des natura- listes qui ont pu acquérir les données indispensables pour juger dans le procès fameux dont il s’agit;. et je ne crains pas ce" S ET D'HISTOIRE NATURELLE. oc d'avancer que du moins mon opinion, ou plutôt mes remarques sur ce sujet ne sauroient être indifférentes. Dans celles que je vais présenter ici, je n'ai point pour but de résoudre précisément cette question ; je la regarde toujours comme on ne peut plus délicate et difficile; je me proposerois plutôt de faire sentir aux neptunistes et aux vulcanistes qu'ils ne doivent pas prononcer comme ils le font, et surtout qu’il convient de part et d'autre d'être extrêmement attentif aux objections. Comme il sera toujours hasardeux et sujet à contestation de comparer des objets éloignés, j'avois, dans ma pensée, à chercher un exemple, seul, parmi les terrains divers que je connois, soit volcaniques présumés, soit trappéens douteux , celui qui présenteroit le plus de chances pour lun et l’autre parti; je n’en ai point trouvé, et je crois qu'il est diflicile d'en trouver un meilleur que Beaulieu en Provence. C’est une formation de trapp secondaire aussi bien caractérisée, aussi com= plète même qu’il y en ait, et que pourtant des géologues qui reconnoissoient les trapps n’ont presque point hésité à regarder comme volcanique. M. Grosson, secrétaire de l'Académie des Sciences de Mar- seille, fit, au mois d'août 1772, et publia en 1776, la décou- verte du volcan éteint de Beaulieu, autrement dit de la Tre- varesse. Cette annonce est consignée dans le Journal de Phy- sique, tome VIII, pag. 228 — 232. — M. de Joinville, en Janvier 1788, visita ce vo/can, et dans un Mémoire inséré au tome XXXIII, pag. 24 — 36 du même Journal, il en donna la description, très-bonne encore à présent, avec une pelite carte topographique. — L’illustre de Saussure a consacré le.chapitre 27° du tome III (in-4°) de ses précieux voyages dans les Alpes, à la relation d’une excursion qu'il avoit faite à Beaulieu, quel- ques mois avant M. de Joinwille,en mai 1787. Il est fâcheux qu'il ne s’y soit pas arrêté davantage, et qu'on ait plusieurs inexactitudes à lui reprocher. — M. Faujas a publié aussi, dans le tome VIII des Ænnales du Muséum d'Histoire naturelle, son Voyage géologique au volcan éteint de Beaulieu, fait en septembre 1805. — Enfin, comme M. Faujas dit qu'il fut ac- campagné dans cette excursion par le comte J. Marzari-Pencati de Vicence, lequel s’en retouruoit alors dans son pays après avoir passé du temps à Paris où il s’étoit occupé principalement de Minéralogie et de Géologie, j'ai pensé que je trouverois une AYACx 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cinquième notice, de quelque étendue, et où il pourroît y avoir des aperçus nouveaux, dans l'ouvrage que ce savant italien a publié précisément sur son voyage depuis Paris jusqu'à Gênes, en passant par le midi de la France, ouvrage qui a pour titre: Corsa pe’l Bacino del Rodano, etc. ( Vicence, 1806. 8° 1 vol.) M. Marzari y parle effectivement de Beaulieu (pag. 139), et commence par dire de son côté qu'il fit celle course avec M. Faujas. Mais tout l’article, compris en une seule page et où l'on n'apercoit que la communication des remarques et des idées du savant français, ne mérite ni d'être cilé ni même recherché. On sera surpris sans doute, de me voir reprendre, ainsi pour la cinquième fois, un sujet qui doit avoir été si bien traité ; mais j'ose dire qu'hormis un trait où Saussure ($ 1525) dit qu'il doute beaucoup que les basaltes de Beaulieu soient vol- caniques, les naturalistes célèbres qui m'ont précédé dans ce lieu, ont lrop vu, Pobjet dont il s’agit, d’apres la prévention qui leur étoit inspirée par les premiers observateurs, et qu’ils n’en ont pas:parlé de manière à satisfaire les neptunistes de bonne foi. [ls ont considéré cet objet sous un aspect seulement, tandis qu'il en a deux et qu'il doit être étudié avec la plus grande impartialité possible. Lei, où des Italiens et des Français, toujours prompts à juger, n'auront vu qu'un sol volcanique, des Alle mands et des Auglais ne verroient qu'un terrain.de trapp se- condaire. La solution est enfin douteuse au point qu'on pourroit presque dire qu’elle est ad libitum; c'étoit précisément le cas: qu'il nous convenoit de trouver. sil Ce fut au commencement de l’année 16808 que j'entrepris, à mon tour, de visiter Beaulieu. L’exactitnde et la sincérité dont je fais profession, m’obligent à donner ici quelques décla- rations. Jen'avois, à cette époque, point encore voyagé en Ltalie ni en Allemagne, je n’avois vu que les volcans éteints du milieu de la France, et je ne connoissois d’autres terrains de trapp secondaire, qué ceux qui se trouvent entremèêlés parmi ces vol- cans. Je n'étois donc pas, alors, suffisamment instruit moi-même, et quoique j'eusse bien senti, déjà, toutes les objections que les neptunistes trouvent à faire dans le Mont-Dore , le Cantal,etc., je n’'étois peut-être pas encore dans une disposition d’esprit aussi impartiale qu’il convient. Si je recommencois aujourd’hui le voyage de Beaulieu, j'y verrois sûrement plusieurs choses qui m'ont échappé, et je me rectifierois sur d’autres que j'aurai mal ET D'HISTOIRE NATURELLE. 153 vues. Mais enfin, en repassant dernièrement les notes que je pris sur les lieux, pied-à-pied, selon ma coutume, et avec toute l'attention dont je suis capable, en revoyant surtout les morceaux nombreux que j'eus soin de recueillir, en rassemblant d’ailleurs les faits principaux et bien décrits par mes précurseurs, et comparant le tout avec les résultats d'observations faites dans d’autres pays qui présentent des faits analogues, je me suis rassuré dans la confiance que ce que je pourrois publier à ce sujet auroit son utilité. Je me suis flatté même qu'après un nouveau voyage à Beaulieu , il ne me seroit guère possible d'en rendre un compte plus satisfaisant. J'aurois bien voulu, pour me guider dans mon excursion, relire du moins, avant de partir, le chapitre de Saussure et le Mémoire de M. Faujas; mais n'ayant pu me procurer ni l’un ni l’autre, je me trouvai à peu près abandonné à mes propres moyens, et sil faut ledire, je n’en fus, à la réflexion, pas trop fâché : je porte peu de livres en voyage par la crainte que j'ai de me laisser trop prévenir ou influencer , et parce que je prélère l'espoir de voir mieux, à la certitude de tout revoir (1). Ce n’a été que long -temps après que j'ai pu comparer mon Journal avec ce qu'ont écrit les divers naturalistes qui n'ont précédé à Beaulieu, — Je ne fus cependant pas privé de tout secours dans cette excursion. À Aix d’où je partois, ainsi que tous ces naturalistes, j'avois fait des connoissances fort agréables, MM. d’Albertas fils, qui s’occupoient alors de Minéralogie avec beaucoup d’ardeur et de succès, voulurent bien prendre la peine de me donner par écrit une note des principales substances qu’ils avoient recueillies à Beaulieu, avec l’indication de la marche à tenir pour en rencontrer de semblables. M. de Beaulieu, fils, le même qui avoit rendu de si bons services à MM. Faujas et (1) C’est assez ma manière, enfin, de recommencer l’examen de chaque lieu, comme si personne n’y était venu avant moi. Aussi me réservé-je un grand plaisir, celui de vérifier par après jusqu’à quel point les observations que j'ai pu faire coïncident avec celles qui avoient été faites par les autres. Cette méthode tenue à rigueur et en se bornant là, auroit des inconvéniens, je l'avoue , qui sont de s’exposer à des répétitions inutiles sur des points bien: observés, de ne pas établir de base sûre pour la critique, et surtout de né pas bien contribuer à compléter et étendre les recherches autant qu'il est possible. Pour y remédier, il faut, après avoir fait un premier examen par soi-même, en recommencer un second avec ses auteurs, et c’est aussi ce que j'ai fait, généralement, quand j'en ai eu le loisir. 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Marzari, eut l’obligeance de me dire qu’il auroit voulu me servir de -guide aussi, sans quelques affaires qui le retenoient à la ville. Il m'auroit donné du moins une lettre pour les gens de la maison, sielle n'eût été inutile, en ce que ces gens ne savoient pas lire. II dut donc se borner à me déterminer dans le choix de la route que j'avois à suivre. J’allai, suivant son indication, par Cabannes, ce qui est le plus court, et je revins par le chemin de Rognes, qui avoit, au contraire, servi pour aller, à MM. de Saussure et de Faujas. Ici, je supposerai que j'allai aussi par ce chemin comme par l’autre et je ne parlerai point du retour, non plus que d’un prolongement que je donnai à mon excursion par-delà de Beaulieu. Je vais, pour la commodité de ceux qui voudront faire encore cette course et afin qu'ils puissent être entièrement dispensés de porter un autre Mémoire quecelui-ci ,commencer par donnerun itinéraire succint d'Aix à Beaulieu, lequel étant débarrassé des observations étrangères au but, présente cependant les grands traits de l’ensemble environnant et les remarques nécessaires pour se reconnoitre dans ce trajet dont la longueur est d’environ trois lieues, avec peu d'occasions de s'informer. Ttinéraire d'Aix à Beaulieu. Partant donc de la ville d'Aix, on prend le chemin de Rognes qui est un bourg situé vers la Durance, entre les petites villes de Lambesc et de Pertuis. Ce chemin se présente en face de la e Saint-Sauveur, il passe devant le bizarre mausolée de oseph Sec, puis le long de l'hôpital, et monte, droit au nord, la côte, peu roide mais longue, qu’on appelle Montée des Capucins. On ne parvient au haut de cette colline qu'après s'être renfoncé dans la partie supérieure d’une espèce de vallon, large, assez rapide et qui tourne vers le bas; puis, après avoir passé dans une coupure profonde au travers des couches pierreuses. La route est commune jusque-là pour aller aux villages du Puy-Ricard et du Puy-Sainte-Reparade. On trouve peu aprés une fourche où elle se partage. Ici, je m'écartai du chemin de mes prédécesseurs et devant passer par Cabannes, comme j'ai dit, Je pris à droite. à On descend d’abord au travers d'un vallon peu profond mais très-large, et rempli d’amandiers, dans le fond duquel on passe, sur un pont de pierre de 6 petites arches, un ruisseau qui doit ET D'HISTOIRE NATURELLE. 155 être la Touloubre peu au-dessous de son origine ; après quoi, ayant en vue sur sa gauche, à peu de distance, le château de Puy: Ricard, très-apparent encore quoique tout en ruines, on commence à monter une autre longue et haute colline qui est ce qu'on appelle la montagne de la Trevarèse ou Travaresse. Chemin faisant, un nouvel embranchement se présente; c’est la gauche alors qu'il faut prendre, quittant ainsi la route du Puyÿ-Sainte-Reparade, et laisser sur sa droite un moulin à vent qu'on a aperçu depuis long-temps. Arrivé tout sur la hauteur, on découvre la Durance, avec la tour ruinée du Puy-Sainte-Reparade qui présente une espèce de pyramide aiguë située sur un pic élevé en decà, dans le fond de la vallée, et dont la forme conique , l’isolément pres- qu'absolu , la structure toute par couches horizontales, les plan: tations disposées en gradins, produisent un aspect aussi singulier que pittoresque. On est alors à plus de 60 toises au-dessus de Beaulieu, où il n'y a plus qu'à redescendre. J On ne tarde pas à passer près de la maison de Cabannes que l'on tourne en suivant ses avenues, et celle de Beaulieu, ac- compagnée de son petit bois de haute fuiaie situé par derrière, s'offre à moins d'un quart de lieue au-delà, en continuant de descendre tout à bas et toujours dans la direction du nord. . Si l’on a continué de suivre le grand chemin de Rognes, au lieu d’avoir Puy-Ricard à sa gauche, c’est sur la droite qu'on le laisse alors, comme dit Saussure, et ce n’est qu'après avoir Poursuivi ce chemin durant trois quarts d'heure encore, qu'on entre, à main droite, dans un autre, moins large, mais plus facile, selon M. Faujas, et qui conduit à Best. M. de Saussure a pris ce lieu pour un hameau et l’a nommé Brest; M. Faujas le reprend en disant que c’est une simple maison de campagne et qu’il faut écrire Bés; cela n’est pas bien important. + Le chemin que je tins à mon retour est encore différent, et situé en decà sans doute ou plus à l’est, puisque je ne passai oint à Best (du moins ne m’en suis-je pas souvenu), et que jeus à franchir la Trevarèse, comme en allant par Cabannes, ce qui paroît n'avoir pas lieu dans la route de MM. de Saussure et Faujas. Ce chemin, encore assez bon, mène par une montée oblique à gauche, longue et sans interruption, au travers des rocailles arides , jusqu'à une espèce de col qui est le point le plus bas de la sommité, mais où pourtant on jouit d’une belle vue; en se retournant, on découvre particulièrement, outre les montagnes, le grand étang marin, 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Dans tout le trajet, depuis Aix, on ne voit, soit par le chemin de Cabannes, soit par celui-ci, qu'un terrain triste et aride en général, principalement sur ces collines des Capucins et de la Mrevarèse, terrain tout calcaire, d’abord formé par couches qui sont le plus souvent inclinées, minces et même schisteuses, avec quelques empreintes de coquillages fossiles parmi lesquels j'ai signalé des cérites, etc., et des silex bruns stratiformes ; puis, en grande partie du moins, compact et blanchâtre. — Toutes les montagnes qu'on découvre, au loin comme auprès, et La avant comme en arrière, ou sur les côtés, Monteguesse et la grande chaîse de Notre-Dame-des-Anges, autrement dite de l£toële avec le Pilon-du-Roë, etc., jusqu'aux Aupics ; la mon- tagne de la 7Zctoire et partie des Basses-Alpes , le Leberon et le Mont-Ventoux, etc.; tout le pays enfin, dans une étendue presqu’indéfinie, paroît de la même nature et uniquement cal- caire, à l'exception du petit canton de Beaulieu qui se fait remarquer par sa couleur noirâtre telle qu'il ressemble, suivant l'expression de Grosson, à un immense atelier de forges. En poursuivant depuis le col dont j'ai parlé, le chemin par où l’on descend à ce canton n’est plus qu'un sentier. Ce revers de la Trevarèse ne présente d'abord, comme de l’autre côté, que le sol calcaire et stérile; mais sur le pied mème de cette montagne et encore assez haut, commence à paroître le terrain volcanique vrai ou supposé, qui fait l’objet de notre course. « Best est sur un sol fertile, dit M. Faujas, planté de beaux » arbres et embelli par la culture la mieux soignée. Lorsqu'on , est au bout d’une belle plantation de müriers qui sert d’avenue » à la maison, il faut détourner à droite et entrer dans un » chemin commode, mais un peu tortueux qui mène au château » de Beaulieu. » C'est près de Best, en arrivant de ce côté, ue commence à se montrer aussi le terrain volcanique, d’après MM. de Saussure et Faujas, comme je le rapporterai ailleurs. En venant par Cabannes, c'est également près de cette inaison, qu’on voit paroître Îles premiers débris de basalte , qui bientôt couvrent tous les champs. Cependant, je m'empresse de mener mon lecteur se reposer quelques momens et disposer ses esprits, dans l'habitation char- mante et hospitalière qui occupe le milieu ou à peu près de ce singulier terrain. Sie ET D'HISTOIRE NATURELLE. 157 Site de Beaulieu et ses agrémens. Beaulieu mérite bien, par lui-même, son nom et les éloges que lui ont donnés les voyageurs célèbres qui l'ont visité; quoique d’ailleurs on doive convenir qu’il gagne beaucoup par le contraste de sa fraicheur et de sa verdure avec l’aridité et la rudesse des sites environnans; çontrasle qui feroit ressortir avec avantage des agrémens même fort ordinaires. C’est comme un oasis, une solitude dont les dehors sont très-bornés. Au lieu de ce qu’on s’attendoit peut-être à trouver: un château placé superbement ;; comme la plupart de ceux du pays, sur une éminence remar- quable et qui commande les environs, annoncé au loin par de larges avenues, entouré d’un parc et défendu par de fortes murailles, demandant enfin de grandes descriptions et de pom- peux éloges ; on ne voit qu'une maison , simplement belle, et retirée modestement, mais délicieusement, dans un fond tapissé de prairies qu'avive un fort ruisseau , le même, je pense, qui va arroser Lambesc. Ce ruisseau, retenu un instant au haut d’un large tapis de verdure qui fait face à la maison du côté du midi, remplit un grand bassin en carré long où il montre toute la pureté de ses eaux. Sur le bas de la pente, au nord-ouest de la maison, s'élance le bois de haute futaie célébré par Saussure, peu considérable en étendue, mais formé de très-beaux arbres et qui procurent un ombrage épais et une fraîcheur qu'on ne connoit guère dans le reste de la Provence. Deux jolis colombiers en forme de tourelles rondes et qui sont bien peuplés de pigeons, récréent les alentours du château, dont la riante facade offre, sur deux étages , 8 croisées aux grands côtés et 5 aux petits. S'il est un lieu fait pour échaufler lPimagination en même temps que propre à la rêverie, c’est bien celui-ci. Le cœur y peut former de doux rapprochemens, et le génie y trouve un sujet de profondes et vastes réflexions. Ce lieu, si paisible au- jourd'hui, fut peut-être le théâtre des phénomènes terribles d’un volean ; et si l’on n’admet pas cela , c’est à des catastrophes encore plus étonnantes qu’il faut avoir recours pour expliquer ce qui se voit ici. Constitution physique du sol environnant. Le terrain de tous les environs, même les plus rapprochés de l'habitation , est très-inégal et comme bouleversé. Je ne veux Tome LXXXII. FÉVRIER an 1916. X 158 JOURN-AL. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pas reparler de ces montagnes ou parties plus élevées et éloignées qui paroissent uniquement calcaires, comme je. l'ai dit, et sans rapport avec le système particulier auquel nous devons nous restreindre maintenant; mais de plusieurs monticules et tertres qui se trouvent compris dans l’étendue des matières hétérogènes et présumées volcaniques. Malgré leur irrégularité, on peut pourtant apercevoir que ces montuosités ont entre elles quelque æoordonnance et des rapports de forme, qu’elles sont toutes allongées, qu’elles se ramifient du moins les unes avec les autres, ou se suivent quand elles ne sont pas parallèles; qu’enfin, il y a, conformément à la pente du sol, une direction générale du sud-est au nord-ouest ou même de l’est à l’ouest. On pourroit présumer déjà que ce sont des coulées de lave, ou mieux, des restes de coulées ruinées et rompues ; et j'en ai remarqué, sur toutes, une entre Cabannes et Beaulieu, où elle se présente presque tout-à-fait transversalement et descendant vers l’enfoncement à droite. Mais il se peut aussi, (et cela semble du moins pour l’'amygdaloïde qui, comme je le dirai, est la roche régnante immédiatement autour du château et dans une étendue indéfinie vers l’ouest ), qu'une partie de ces inégalités aient été produites, non par des coulées proprement dites, mais par des espèces d'épanchemens plus larges, d’une nature difiérente, et proba- blement boueux. — Quoi qu'il en soit, on s'assure, dès ces premiers aperçus, que s’il y a eu un cratère, une source quel- conque d’où ces matières aient flué, ce devoit être fort au- dessus de la maison de Beaulieu et vers le nord-est de Cabannes où se trouvent aussi les éminences les plus remarquables. Mais il ne faut pas aller si vite en conjectures; voyons les observations. Saussure a trouvé la cour du château de Beaulieu, élevée de 90 toises au-dessus du sol de la ville d'Aix, et celle-ci de 104. loises au-dessus de la mer ( fin du chapitre). M. de Joinville donnoit au terrain volcanique de Beaulieu 2200 toises de long sur 600 à 700 de large avec une forme ovale. Je ne sais comment M. Marzari a pu réduire cette longueur à 5oo loises, quoiqu'il ajoute le correctif ezséron. PREMIÈRE PARTIE. Côté de L'Est, La grande masse , le corps proprement dit du système, soit trappéen, soit volcanique, de Beaulieu, paroît exister dans les’ ET D'HISTOIRE NATURELLE, 159 buttes basaltiques qui se voient sur ce côté et qui font le partage des eaux entre la Touloubre et La Durance. Au dessus de la maison et vers le haut du beau bassin que j'ai signalé, on trouve, tournant à gauche, un ruisseau par lequel on peut se diriger vers ces buttes au nord-est de Cabannes. _ Le ravin où coule ce ruisseau est tout compris dans le ba- salte qui nous offre d’abord des boules obscurément formées çà et là. SECTION PREMIÈRE. Est précis. Je commençai par monter sur la butte la plus élevée. Elle est située à l’est et à un quart de lieue environ du château de Beaulieu.— Comme c’étoit vers le milieu du jour, par un temps chaud et magnifique , je n''arrétai d'abord à considérer l'étendue de pays qu’on aperçoit de cette hauteur. Les regards se portent vers le nord-est, sur une belle portion qui s’y découvre du vaste bassin de la Durance; de l’autre côté de ce grand torrent l’ho- rizon est borné en première ligne , par la masse allongée haute et nue du Zeberon , au-dessus de laquelle s'élèvent dans le lointain les cimes neigées du mont F’entoux et des Alpes de Digne. En descendant sur ce revers, on peut assez bien reconnoître la ‘direction , générale du moins, des coulées de lave, en sup- posant que c’en soient de véritables. Celle, si ce n’en est qu'une, qui part ou qui se prolonge depuis ce sommet de la grande butte, en gagnant du côté de Rognes, est assez naturelle à imaginer et même probable. On y voit successivement, dans cette direclion, deux ou trois éminences contiguës, abaissées les unes au-dessous des autres comme de grandes ondulations et toutes chargées de basalte, en rochers, et en place certai- nement. Il ne faut pas, à cet égard, s’en laisser imposer par les fragmenset les masses ,en apparence détachées, qui se trouvent en grand nombre à la surface; il est aisé de reconnoître que parmi ces masses il y en a beaucoup d’adhérentes encore au fond du sol. Quelques personnes pourroient même trouver superflue la re-- marque de ces fragmens détachés; elle ne l’est pas pourtant; elle me semble au contraire importante. C’est une chose qui m'a frappé, dans tous les endroits de Beaulieu où se trouve le Dante que le grand nombre des débris de cette pierre, X 2 160 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On sait que c’est un caractère des montagnes trappéennés. Voilà donc un premier rapport à établir entre Beaulieu et les terrains de trapp secondaire mieux connus. Toutes ces masses basaltiques entr’ouvertes et détachées ne sont, je pense, que l’eflet des fendillemens produits par une condensation précipitée, ainsi “on le voit à la surface des coulées volcaniques avérées. — ue tendance à se décomposer en boules, que manifeste aussi dans beaucoup d’endroits, et comme nous l'avons déjà vu, le basalte de Beaulieu, est un second rapport avec les trapps. En avançant nous allons en trouver bien d’autres et qui seront moins obscurs. Lä grande butte, que nous n'avons pas encore quittée, est également couverte de basalte, soit en débris, soit en petits rochers ; et au sommet même on ne trouve rien autre chose. M. de Joinville paroît m'avoir pas reconnu ce basalte pour ce qu'il est; il ne lui én donne point le nom, il l'appelle sinr- plement lave compacte, et même il dit (pag. 30, en bas) qu'il n’y a pas de basalte à Beaulieu; ce dont Saussure a eu raison de le reprendre. Mais c'est que M. de Joinville n’appli- quoit, comme beaucoup d’autres alors, ce nom de Pasalte, qu'à la pierre prismatique; et dans ce cas il se trouvoit d'autant plus éloigné de reconnoître du basalte à Beaulieu, qu'il fait la remarque très-importante que celte pléire ROIëe est ici formée par couches. Je dois, sur un pareil fait, rapporter les propres termes de Pauteur : « On arrive enfin, dit=1l, sur les couches de laves; » c’est à la partie est de la colline qu'on commence à les voir. » Elles sont composées de lave compacte, et ont depuis six pouces » jusqu'à deux pieds d'épaisseur; leur direction est du sud-est » au nord-ouest sur une inclinaison de 6 degrés. En contournant » la colline, on s’apercoit que cette direction change pour prendre > insensiblement celle de lest à l’ouest. Parvenu au nord, on » ne peut plus distinguer de couches; tout est là dans l’état de » bouleversement et les laves n’y sont plus compactes ni d'un » grain uniforme comme les précédentes. ....... (pag. 26). » Voilà, je pense une raison puissante pour reconnoître ici le Jlælz trapp: k Ailleurs (n° r du Catalogue des matières volcaniques de la Trevarèse), Joinville dit que cette lave compacte est placée immédiatement sur les argiles (du no 5) qui se trouvent eu place près de Cabannes. Rapport de plus avec les flælx-trapp. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 161 11 est à remarquer que la très-majeure partie de ces fragmens basaltiques contiennent beaucoup de points blancs épars ou dis- ‘Séminés, comme de petites taches qui se rendent sensibles sur- tout à l'extérieur par l'effet de l'opacité complète que leur fait prendre alors sans doute une espèce d’effleurissement. La subs- tance qui forme ces points me parut d’abord être de la chaux carbonatée, vu qu’elle ressemble parfaitement à de la chaux carbonatée véritable que j'avois déjà remarquée dans une autre sorte de basalte dont il sera question plus loin; et je m’assurois d'autant plus dans cette idée que Saussure (S 1525, à la p. 322) dit, qu’on voit aussi dans les basaltes de Beaulieu quelques points et quelques taches blanches qui se dissolvent avec effervescence dans les acides ; mais ayant voulu dernièrement répéter cette épreuve sur l'échantillon que j'avois rapporté, j'ai trouvé que ces points blancs dont il est parsemé, ne font aucune efferves- cence, et que d’ailleurs ils sont difliciles à rayer avec la pointe d'acier. C’est donc là bien probablement ce que Joinville (no z du Catalogue susdit) avoit appelé Zave porphyritique. « La pâte » en est Ja même, dit-il, que celle de la précédente (le basalte ordi- uaire), mais elle est parsemée de quelques taches blanches, » dont plusieurs sont rhomboïdales et ne différent des feld-spaths » qui sont dans les porphyres que par leur tissu serré , uni et » terne, tandis que dans ces roches primitives le feld-spath est » lamelleux et luisant..... » Cet état des taches blanches, à lexception de la figure rhomboïdale que je n'y ai pas remarquée, est parfaitement conforme à ce que j'ai vu, et je pense que ce ne sont point des cristaux, mais des portions épurées de la base même du basalte, ce qui fait que je n’appellerois pas ce basalte, porphyritique, mais seulement et au plus porphyroïde, Du reste Joinville reprend : « Cette lave est attirable à l’aimant, » se décompose de la même manière que la précédente (la ba- saltique), et se trouve placée pêle - méle avec la suivante (la gramtique). » : 1280 Ici procédons pas à pas. Ces derniers mots de Joinville nous annoncent un objet aussi rare qu’intéressant et qui va nous retenir long-temps dans la descente que nous allons commencer du côté de la Durance. Comme cette observation est la plus importante qui se trouve à faire sur Beaulieu, et que c'est celle qui n’a déterminé principalement à entreprendre ce Mémoire, on voudra bien me permettre de la rapporter avec tous les détails que je crois nécessaires el dont je vais au reste emprunter la majeure parlie de mes habiles prédécesseurs, 162 &OURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE En visitant ainsi la pente de la butte, depuis son sommet jusqu’à une certaine distance, à droite et à gauche, toujours au regard de la Durance, je commencai à apercevoir des dif férences assez sensibles dans la texture et même dans le ton de couleur de toutes ces pierres basaltiques, et que je ne pou- vois néanmoins cesser de regarder comme appartenant à une même espèce. Tandis que celles du sommet m'ofiroient le ba- salte ordinaire et parfait, comme je l'ai dit, d’autres présentoient des variélés grenues ou même lamellaires plutôt que compactes, brillantes à proportion et moins noires que brunâtres. Si je n'eusse vu d’abord que les plus disparates, j’aurois douté de leur identité spécifique et que tout cela pût être réellement du basalte , au lieu que par les nuances intermédiaires, j’étois tou- jours amené, sans hésiter même, à la conviction de cette identité. Enfin, de proche en proche, et par des passages bien ménagés, à ce qu'il me sembla du moins, je vis s’enchaîner dans cette série trapéenne, et formant comme le terme opposé au basalte Je plus absolu, une roche si diflérente en apparence que, malgré le iémoignage de mes yeux, j'aurois pu conserver encore des doutes sur la vérité de ce rapprochement, s'il n'étoit confirmé par l'autorité du grand géognoste M. Werner. Cette roche est ce qu’il a appelé grunstein secondaire (1), dans la persuasion où il étoit que ce n'éloit en eflet qu’une répétition secondaire du grunstein primitif qui est un assemblage de feld-spath et d’amphibole cristallisés confusément et entrelacés. Mais le gruns- tein secondaire prétendu, celui de Beaulieu du moins, est, comme nous l’allons voir, composé de pyroxène, uni au feld:spath, en place d’amphibole; avec des grains de péridot qu'on ne voit pas non plus dans les trapps primitifs, et des particules de fer oxidulé qui ne sont pas sensibles à la vue simple, mais qui exercent une action très-marquée sur le barreau aimanté, Ce magnétisme, la tendance singulière et caractéristique pour se décomposer en boules testacées, qu’il montre aussi d’une manière (1) M. d’Aubuisson dans son Mémoire sur les basaltes de la Saxe (p. 59—65 ou $ 30 ; et pag. 137, dans le courant de la note6), prouve bien l’identité de gette roche avec le basalte, quoiqu'il se soit d’ailleurs fort mal-à-propos étayé du témoignage de Dolomieu et de Desmarets sur le basalte antique qui ne peut être regardé tout au plus que comme un grunstein primitif. Les variétés intermédiaires du basalte au grunstein sont ce que M, Faujas nomme proprement {rapp. On voit à Beaulieu des trapps absolument semblables à ceux de Martenstein , de Kirn, etc. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 163 non équivoque, etc. confirment parfaitement la nature basal- tique de ce faux grunstein, qu’on peut appeler ainsi basalte grenu et basalie cristallin, quoiqu'il se montre ici à plus gros élémens peut-être que partout ailleurs et qu'il ait tout-à-fait l'apparence granitoïile. Ce granitoïde secondaire est rare dans la nature et à peine connu parmi nous. M. Faujas, un des minéralogistes francais qui aient le plus voyagé , et celui du moins qui a vu le plus de trapps, dit ne l'avoir jamais rencontré qu’une seule fois ailleurs qu'à Beaulieu, et c’étoit précisément sur le Mont Meisner dans le pays de Hesse-Cassel où il est cité par les Allemands. Encore ce Français n’a-t-il reconnu cette roche ni ici ni là pour ce qu'elle est aux yeux des Allemands. IL dit que celle du Meisner qui d’ailleurs est un peu plus striée et beaucoup plus: poreuse (Essais de Géologie, tome IT, 2° partie, pag. 642), a sa base incontestablement vitrifiée, tandis que le feld-spath n’y a éprouvé qu’une foible altération; il pense que celle base peut êlre une tourmaline mise en fusion; et sur ces principes, il la classe même parmi les verres volcaniques et les obsidiennes (classification systématique des produits volcaniques au tome V des Annales du Muséum d'Histoire naturelle, pag. 325); ïl compare à la roche de Hesse une espère de porphyre recueilli sur notre Mont-d'Or, par le comte Marzari, qui, dans son voyage ( Corsa pel Bacino del Rodano, etc., pag. 139) rappelle aussi, d'après M. Faujas sans doute, les mêmes comparaisons, quoique pour son compte d’ailleurs il pense que le grunstein de Beaulieu peut n'être qu’un tuff. Ces rapprochemens donneroient Leu de douter de Ja réalité de lanalogie entre la roche du Meisner et celle de Beaulieu, si l’on ne voyoit que le schorl qui existe dans celle-ci a été pris aussi pour de la tourmaline (voyez Marzari); mais dans tous les cas, la nôtre est pour le moinsaussisürement que l’autre, grunsiein secondaire de Werner, — Le grunstein du Mleisner ne se trouve, d’après M. Faujas, qu’en gros blocs arrondis et isolés, au-dessus d’autres laves ter- reuses, sur le plateau le plus élevé de la montagne. M. d’Au- buisson ne l'indique guère mieux (Mérm. basalt, Saxe , note 6, Notice sur le Wont-Meisner). Nous allons voir qu’à Beaulieu cette roche curieuse existe continuement, et en place, dans une grande étendue. M. Faujas a cru en avoir fait la découverte, mais il s’est trompé; car, d’abord elle a été très-bien vue par M. de Joinville, 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE C’est ‘ce que cet observateur attentif et exact appelle Zave granilique (au n° 3 de son Catalogue): « Les matières qui la composent, dit-il, sont le feld-spath, » le schorl et le mica, peut-être aussi le quartz, mais il n'y » paroît point distinctement, » Je n'ai pas vu le mica, quoique MM. d’Albertas m'’eussent dit aussi qu'il se trouvoit dans cette roche. Joinville après avoir énoncé plus loin que ce mica est noir et luisant et qu'il laisse apercevoir sa figure hexagone, ajoute lui-même que ce pourroit étre des lamelles de schorl. Ce mélange en offre de telles en effet, très-singulières et disposées souvent d’une manière remarquable, soit parallèlement, soit en sens divers. Notre auteur ne parle d’une quatrième substance, le quartz, que d'après le rapport qu'il croyoit être entre cette roche et le vrai granil; mais nous pouvons substituer au quartz qui n'existe sûrement pas en effet, le péridot granuliforme dont la cassure et l’éclat vitreux ont quelqu'analogie. Ce péridot paroît même si abondant au premier coup d'œil, qu'on diroit que c'est lui qui fait la base de la roche; mais en y regardant mieux, on voit que ce n’est qu'une illusion résultante de ce que Je feld-spath, qui est d’ailleursaussi, demi-transparent et brillant , a été, par loxidation du fer probablement, en partie teint d’une assez belle couleur de topaze. Joinville continue : « Toutes » ces matières.... ne présentent aucun signe de vitrification. » Ce qui aura pu tromper MM. Faujas et Marzari, c’est que le pyroxène montre ici le plus souvent une cassure conchoïde, lisse et Juisante qui le fait ressembler parfaitement à de l’ob- : sidienne, et mieux encore à du bitume solide. Il paroît aussi en grains plutôt que cristallisé et se rapproche ainsi de la variété qu'on avoit nommée coccolithe (1).— Joinville continue encore : « La roche entière a l'aspect d’un granit.... légèrement percillé » de petites cavités tortueuses qui différent par là des cellules » rondes et unies des laves poreuses. » Cette observation est juste et bien exprimée ; l’auteur auroit dû pourtant y ajouter, ce que J'ai vu, que le percillement n’a lieu que lorsque la roche est plus ou moins allérée; ce qui est au reste le cas le plus (1) Je pense que c’est un pareil accident de pyroxène qui a été observé et signalé plusieurs fois dans le basalte du mont Heu/enbers à 8 myriamètres, par l’est, de Freyberg (Mémoire sur les basaltes de la Saxe , par J.-F.d’Aubuisson, pag. 40 — 41); et aussi dans celui du mont Zichtewalde ; à 5 myriamètres au sud-sud-cst de la même ville (idem. , ibid. , pag. 29). ordinaire ET D'HISTOIRE NATURELLE. 165 ordinaire, et qu'il paroît provenir de la destruction d’une des substances, le péridot, peut-être. — Notre auteur reprend plus bin : « Les feld-spaths sont cristallisés le plus souvent en ai- » guilles qui forment des prismes quadrangulaires. Lorsqu'une » des faces est dégagée, elle présente une troncature oblique » et donne le cristal décrit dans la Cristallographie (de Romé- de Lisle), pag. 459, tome II, et représenté par la figure 83, A , » pl. rtr, Ces feld spaths sont aussi cristallisés en lames rhombor- » dales très-mincés; ils sont tous blancs. Les schorls sont presque » tous gris, très-peu noirs. Ils sont tous (/ous, c’est sûrement beaucoup trop dire) cristallisés en aiguilles prismatiques à six » pans, et lorsqu'on en peut distinguer le sommet, on voit qu’il » est terminé par une pyramide dièdre. Ils appartiennent à la » variété 6, pag. 389, tome IT de la Cristallographie. » Ajoutez pl. 1v, fig. 99. Ce seroit l'amphibole équi-différent de M. Haüy (Trait. Min. tome LIL, pag. 61, et pl. 1V, fig. 134), d’après la Synonymie qu’en doune M. Haüy lui-même. L’amphibole quoique moins répandu dans les terrains volcaniques qu'on ne le croit communément , n’y est pourtant pas étranger, et il n’y a rien d'impossible à ce qu’il s’en trouve aussi dans le grunstein même de Beaulieu ; cependant je soupconne fort que M. de Joinville a pu commettre ici une erreur facile, et je crois plus volontiers à sa seconde version sur les schorls dont il s’agit, lorsqu'il ajoute : « Peut-être y en a-t-il aussi de la variété 9, pag. 399; mais ils » ne sont pas assez déterminés pour pouvoir les y placer. » Cette variété 9 est le pyroxène que M. Haüy a nommé #riunitaire (Trait. Min., tome II, pag. 84 et fig. 147), et qu'on sait être trèssabondant, comme le dit Romé-de-Lisle, parmi les matières volcaniques, au Vésuve et à l’Etna, ainsi que dans l'Auvergne et le Vivarais. . Puisque la roche granitoïde ainsi constituée par le pyroxène au lieu de l'amphibole, passe parfaitement au trapp proprement dit, et celui-ci au basalte, il est bien présumable que ce trapp et ce basalte sont dans le même cas de composition (r). (1) C’est aussi ce qui résulte du Mémoire lu dernièrement à l’Institut, par M. Cordier, touchant la composition des laves et des pierres analogues. D’après le même Mémoire, et d’ailleurs cela se voit souvent à l’évidence, les roches que M. Werner appelle trapps primitifs, et peut-être aussi ceux de transition , Sont pourtant constitués par l’amphibole véritablement. Si ceux-ci doivent retenir le nom de trapp, les flætz-trapps , qui sont d’une autre espèce, ne peuvent donc plus leur être assimilés, ni être considérés comme de yrais Tome LXXXII, FÉVRIER an 1816; di 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Saussure n’avoit vu qu'un fragment du grunstein de Beaulieu ; et errant à ce qu'il paroïit. Il est bon néanmoins de rapporter ce qu'il en dit , c’est au 1528: | « Le morceau le plus remarquable, l’unique dans son- genre » que j'aie trouvé parmi les laves poreuses de Beaulieu, est un » assemblage de cristaux liés par une espèce de pâle grise et » argileuse. Ces cristaux sont blancs, brillans, opaques, et leur » tissu paroît lamelleux; leur forme est celle d’un prisme qua- » drangulaire rectangle à angles vifs et à côtés égaux. Ces prismes » sont trèsallongés et leur côté n’a guère que demi-ligne de » largeur, tandis que la longueur est 15 à 16 fois aussi grande, » Chacun est coupé à son extrémité par un plan un peu oblique » à son axe. Ces cristaux sont groupés et entrelacés entre eux » dans toutes les directions imaginables et sont beaucoup plus » abondans que la pâte qui les lie. 1ls se fondent, comme le » feld-spath bien pur, en un verre parfaitement transparent, » sans couleur et parsemé de quelques bulles, — La pâte grise » attire l'aiguille aimantée, même avant sa calcination, et le feu: » la change en un émail noir. Les cellules de cette espèce de » lave ne sont pas très-nombreuses; les plus grandes ont 3 à 4 » lignes de diamètre, et souvent les extrémités isolées des cristaux. » sont saillantes dans leurs cavités. » Voyons maintenant la description de M. Faujas: « Gette roche, dans sonétat solide et sain, a, dit-il, une forte » adhésion, et ses cassures offrent une substance pierreuse , com » pacte, d’un brun rougeâtre, mélangée de linéamens et de » points noirs, et de lames de fer oligiste dont quelques-unes ee trapps , du moins minéralogiquement parlant, Le seroient-ils mieux géo- gnostiquement? Non sans doute; et alors qu’en fera-t-on?.....,.. Il est aisé de l’imaginer. La découverte du pyrexèene hors des terrains volcaniques est encore si récente, ces pyroxènes primilifs sont encore si rares, ils sont si différens de ceux des volcans, et les terrains où ils se trouvent sont si étrangers aux trapps secondaires et aux volcans, qu’on peut bien en faire abstraction pour établir, qu’en général du moins , la présence du pyroxène vulgaire ou noirâtre et vert obscur (l’augit des Allemands), ee schorl qui ne manque jamais et qui abonde dans tous les voleans-brülans ou éteints avérés, ce sehorl des volcans enfin, comme on l’appeloit autrefois, devient un indice sûr, un caractère pour reconnoître les terrains volcaniques. Le nom de pyroxène étant impropre dès- lors, pourroit être remplacé avantageusement , sous ce rapport, par celui de vulcanite qu’on a déjà proposé, ou par tout autre qui exprimeroit aussi bien, que cette pierre estspécialement attachée aux volcans, et que c’est à elle enfin qu'on a l'obligation , si l’on peut dire ainsi , de reconnoitre partout les produits de ce grand et profond travail de la nature. t ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 » ont des faces luisantes de quatre lignes de largeur sur cinq » de longueur. (Ces lames, d’après cela, devroient être pres- qu'aussi remarquables que celles du Mont-Dore ou même du Stromboli; mais elles sont loin d’avoir un éclat pareil, et il semble que ce ne soit que du pyroxène laminaire comme Va cru Joinville. Saussure et M. Marzari n’en ont pas dit un seul mot; MM. d'Albertas , de Beaulieu , et de Fonscolombe ne m’en parlèrent point non plus.) M. Faujas continue : « Ces lames sont » minces, font mouvoir le barreau aimanté d’une manière très- » sensible ( cet aimant enlève même une partie des fragmens qu'on en détache}, et lorsqu'on se sert des petites aiguilles » foibles de l'appareil de M. Haüy , l’on reconnoît que ces lames » de fer micacé ont deux pôles comme de vrais aimans. Le » feld-spalh qui entre comme principe constituant dans cette » singulière roche, est de deux couleurs ; l'un blanchâtre, l'autre » rougeâtre; cette dernière couleur tient à l’oxidation du fer..., » le feld-spath est très-fusible au chalumeau , il estun peu fritté..» (Voyage géologique à Beaulieu, pag. 11.) M. Marzari dit égale- ment, et d’après M. Faujas peut-être, que ce feld-spath est fritté. M. Faujas est revenu depuis à un nouvel examen de la roche en question; c’est dans la seconde partie du tome IT de ses Essais de Géologie, partie-qui est toute entière consacrée aux volcans, et dont l’auteur a fait aussi tirer quelques exemplaires séparément sous le titre de Système Minéralogique des Volcans, ou nouvelle Classification de leurs produits (Paris, 1609, in-8°, fig. ). Pour ne rien laisser à desirer sur un sujet si inté- ressant et si peu connu, je vais encore extraire cet article qui se trouve aux pag. 642 — 644 du tome II que j'ai cité d’abord, Ou 242 — 244 du volume séparé. « En visitant en 2805 le volcan éteint de Beaulieu....., j'y » reconnus une grande et belle coulée de lave si abondante en » fer lamelleux (fer oligiste), mélangé de fer octaèdre atti- » rable (fer oxidulé), qu'on le voyoit briller de toute part » lorsque le soleil frappoit dessus; le fond de la lave est com- » posé d’une substance minérale d’un blanc jaunâtre demi- » transparente, disposée en grains (ces grains sont probable- ment en partie le péridot dont j'ai parlé) entrelacés parmi » des cristdux informes (c'est le feld-spath ) de la même » substance, striée dans quelques parties. Si l’on observe les » cassures fraîches de cette lave avec la loupe, on y distingue » quelques pores ronds ou oblongs qui paroiïssent être le résultat 2 168 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » de l’action du feu. Le fer attirable se trouve abondamment » disséminé entre les grains et les cristaux fibreux de cette sin- » gulière lave qui en est tellement surchargée qu’elle en paroît » noire à une certaine distance.... J’avois, au premier abord » considéré la base de cette roche volcanisée , inconnue jus- » qu’alors, comme composée de feld-spath granuleux , de feld- » spath écailleux et feld-spath strié; mais en ÿ regardant de plus » près, je reconnus que sa structure ne cadroit point avec » celle de cette substance pierreuse, et que sa pesanteur, abs- » traction faite de celle du fer, différoit considérablement de » celle des feld-spaths. Ce fut donc pour m'assurer, d’une ma- » nière bien positive, de ses principes constituans , que Je priai » M. Vauquelin de vouloir bien se charger de faire l'analyse » de cette substance minérale dont j’avois rapporté'de fort beaux » échantillons. Ce célèbre chimiste eut la complaisance de me » dire qu’il se chargeroit avec d'autant plus de plaisir de ce travail, » que la composition de cette roche volcanisée lui paroissoit , » ainsi qu'à moi, très-remarquable. ....» Enfin M. Faujas rap- porte la conclusion de cette analyse qui lui fut remise par M. Vauquelin en novembre 1807 ,et que je vais transcrire aussi. & D’après les résultats de mes Essais (dit M. Vauquelin), il -» est évident que la substance minérale recueillie par M. Faujas » sur le volcan éteint de Beaulieu, contient : 1° de la silice, » 20 de l’alumine, 30 de la chaux, 4° du fer, bo du titane, » 6° quelques traces de manganèse ; — Que le titane s’y trouve » dans deux élats de combinaison; l’un avec le fer, formant » le #itane ferruginé où menacanite des minéralogistes, l’autre » avec de la chaux, de la silice et un peu de fer, formant le » titane silicéo calcaire ferrifère. » » L'analyse chimique s'applique mal aux roches et aux minéraux mélangés, puisqu'elle ne fait point connoître les espèces qui composent ces agrégats, ni distinguer les substances qui ne sont qu’accidentelles dans ces mélanges ; et celle-ci, toute bien faite qu’elle soit , n’apprend rien encore sur la pierre, feld-spath ou non, qui faisoit l’objet du doute de M. Faujas, rien non plus sur le péridot, sur le pyroxène ou amphibole, etc. ; cependant en constatant l'existence du fer titané dans le grunstein de Beau- lieu , cette analyse nous instruit d’un fait qui a la plus grande importance , depuis que ce. minérai est devenu, d’après les belles recherches de M. Cordier , un moyen pour reconnoîlre les terrains sûrement volcaniques. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 169 SECTION DEUXIÈME. De l'Est vers le Nord. Nous n'avons pas fini sur le grunstein. Je ne trouvai d’abord cette roche que sur la pente orientale de la grande butte et peu au-dessous de son sommet, en petites pièces séparées ou débris épars et qui étoient seulement assez fréquens ; mais en descendant ensuite vers le nord-ouest, je la vis en place sous forme de ne amas continus, bien suivis et qui me parurent une véritable coulée, portant même des marques très-sensibles de fusion ou du moins de frittement. Je ne comprends pas du reste coni- ment M. Marzari a pu dire qu’elle forme un grand lit sur le calcaire et sous le courant basaltique, qu’elle occupe ainsi la même place que le tuff stratiforme au coiron, et qu’en consé- quence elle lui a paru pouvoir n'être aussi qu’un tuff. Il s’en sera laissé imposer sur ce que cette roche, étant sujette à une altération très-forte et très-ordinaire, prend à l'extérieur une apparence terreuse, qu’elle devient friable et graveleuse , et se réduit enfin en une espèce de sable. Mais je préfère invoquer ici de nouveau le témoignage des autres savans qui ont visité ce lieu. « Une chose singulière etremarquable (dit M.Faujas, p.11—12 » de son voyage), dans la partie supérieure du talus qui offre » un vaste parement solide et si Re qu'on a de la peine à » se tenir dessus, c’est que toute cette partie, qui est nue, » offre une mosaïque à grands compartimens où il semble qu’on » ait dessiné une multitude de cercles placés les uns dens les » autres comme autant de sphères, et quelquefois de grands paral- » lélipipèdes rangés sur le même plan. Ces espèces de dessins, » trés-prononcés, sont produits par l’oxidation ou rouille du » fer qui entre en grande proportion dans la constitution de » cette. singulière roche porphyritique..... On est embarrassé » de savoir pourquoi cette oxidation du fer est tracée en com- » partimens aussi réguliers et en linéamens qui ont une marche » aussi particulière...» + .. Sous ce talus dont la pierre constitue un grand massif de xoche solide, M. Faujas en signale d'abord (pag. 10) un autre où la même pierre est devenue friable et sablonneuse. « Cette » base est formée de diverses couches, je dirois presque de » diverses coulées, qui ont depuis deux pieds jusqu’à cinq d’é- ». paisseur, de la substance porphyritique devenue friable et 170 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » décomposée, que les eaux des pluies détachent et entraînent » dans un sentier qui est au bas; c’est là le magasin du sable » feld-spathique , des paillettes de fer micacé , etc., qu’on trouve. » dans ce sentier. Toute cette partie décomposée peut avoir 15 » pieds d’élévation moyenne, sur une largeur de 60 pieds...» Joinville avoit déjà très-bien observé cette décomposilion,, comme on en peut juger par le passage qui suit, extrait du n° 3 de son Catalogue : « Cette lave se décompose de deux » manières différentes; dans la première, elle forme des boules » à couches concentriques qu’on effeuille facilement avec les » doigts. À la suite de cette décomposition, elles tombent en » grains et forment un sable..... Dans la seconde, c’est moins » une décomposition qu'une altération : les parties de cette » lave, qui sont exposées à l'air, présentent à nu des cristaux » de feld-spath, des micas et des schorls qui se coupent dans » tous les sens, se soutiennent les uns les autres et le plus souvent » s'appuient pa leurs deux bases sur ie massif de la pierre. La » substance dans laquelle ils sont formés est apparemment sus- » ceptible d'être altérée par l’air et délayée ensuite par les eaux » des pluies qui en l’emportant laissent les cristaux à nu...» Au-dessous de cette coulée granitoïlle, dans le petit sentier étroit et profond , dit M. Faujas, qui existe entre les éminences, on trouve ramassé le sable qui provient de sa décomposition: « Ce sable noirâtre, mélangé de petites paillettes brillantes » qu'on prendroit, si l’on n’y regardoit pas de près, pour du > mica noir, mais qui coutient une multitude de petites lames » de fer spéculaire brillant, fer oligiste de M. Haüy, qui s’at- » tachent fortement au barreau aimanté, fixa mon attention, » Ilest composé de très-petits fragmens granuleux de feld-spath » blanchâtre, un peu fritté et de feld-spath eoloré en brun ét » en rougeâtre par l’oxide de fer. On y trouve aussi de petits » grains noirs d'apparence vitreuse et ressemblant à des molé- » cules d’obsidienne, mais qui en différent en ce qu’ils sont pres- » qu'aussi fortement attirables à l'aimant que s'ils étoient du » fer pur. d’avois observé dans le volean de Chenavari prés de » Roche-Maure, département de l’Ardéche , au milieu des laves » compactes les plus dures, ainsi que dans quelques laves semi- » poreuses, des grains ferrugineux qui ont le même aspect ét » qui sont aussi fortement attirables; ils ont peu de transpa- » rence, ce qui leur donne un aspect vitreux. Je ne saurois » mieux les comparer qu'à certaines cristallisations de fer qu’on ET D'HISTOIRE NATURÈLLE. 171 trouve sublimées dans les scories de quelques raflineries d'acier, » telles que celles de Rive, département de l'Isère, où j'ai re- » cueilli de petits cristaux semblables parmi lesquels il y ea » avoit d’octaèdres; le fer du sable de Beaulieu est en grains » vitreux au lieu d’être en cristaux, voilà la seule différence. » C’est un mode d'être particulier du fer dans quelques cir- » constances, qui tient à l’action particulière de la sublimation. » (Pag. 9— 10.) Depuis, M. Faujas a reconnu ce fer vitreux, pour une variélé de fer titané. (Voyez le Système minéralogique des Volcans, qui forme la seconde partie du tome II de ses Essais de Géologie, pag. 645—646 et 648— 649.) Quant à moi qui n’y ai pas regardé de si près, J'ai observé seulement, dans les sables de Beaulieu , de petites particules ferrugineuses tout-à-fait informes et qui, quand on les a enlevées par le moyen du barreau aimanté, ne semblentque comme une poudreà mettresur l'écriture. Tout en bas coule, de gauche à droite, un ruisseau, dont le fond , de sable fin, se trouve tout noirei de ces particules de fer que les eaux des pluies y entraînent, comme elles les amassent cà et là par places dans les petits ravins et enfoncemens du sentier. . Comme je ne suis pas allé plus loin dans le nord-est de Beau- lieu, je vais suppléer par ce qu’en dit M. Faujas ( pag. 12— 13). « En continuant à suivre la direction circulaire du volcan » de Beaulieu, l’on arrive dans une espèce d’enfoncement, tou= » jours au milieu des laves plus ou moins compactes, parmi » lesquelles on trouve du péridot en assez gros noyaux, dont » quelques-uns sont brillans et à grains très-sains, tandis que » d’autres sont en partie altérés et un peu ochreux. » On descend immédiatement après dans une espèce de ravine (je pense que cette ravine est celle dont j'ai parlé au commen- cement de cette partie, comme étant le chemin que j’avois tenu pour me rendre aux buttes basaltiques) qui a mis à découvert » un beau courant de lave compacte basallique, au milieu duquel » on voit sortir une multitude de grosses boules de la même » substance, rapprochées les unes des autres et qui forment une » saëllie très-remarquable. Ce courant de lave compacte s’est » fait jour au milieu d’un £uffa formé de laves en décompo- » sition et comme terreuses. Les laves sphéroïdes dont il est » question sont comme enveloppées de divers feuillets épais de » la même lave compacte qui fait mouvoir le barreau aimanté » et contiennent quelques fragmens de pyroxène. 172 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » Immédiatement après la coulée qui renferme les laves en » boules, on en trouve une seconde où la lave compacte a une » tendance à se déliter en espèces de feuillets plats; cette lave » contient du péridot tantôt intact tantôt altéré. On y trouve » aussi du pyroxène fortement chauflé et presque fondu. Quel- ques parties de ge courant ont aussi des globules blancs qu’on » peut considérer comme une lave amygdaloïde à grains cal- » caires, (N'est-ce pas ce basalte porphyroïde dont jai parlé au baut de la pag. 161 ) J'y ai recueilli quelques fragmens d’obsi- » dienne. M. de Beaulieu fils m'en donna un échantillon re- » marquable par sa belle vitrification. » (Et cette obsidienne, n'est-elle pas encore du pyroxèue ou de l’amphibole à cassure conchoïde et luisante, comme je l'ai dit à la pag. 164 et comme J'en parlerai plus loin, pag. 176.) SECTION TROISIÈME. De L'Est vers le Sud. Je reviens à mon ruisseau ferrifère. Je le suivis pour rega- gner d’abord le nord-est des buttes du côté de la Durance. J’ai fait aussi ce trajet depuis le haut de la grande butte directe- ment et sans descendre sur son flanc. Ce ruisseau m'amena, en tournant un peu à droite, sur le bord d’un assez grand vallon qui descend, de vers la droite de Ca- bannes, transversalement à la Durance. Là, le ruisseau se perd presque subitement et forme même une cascade, lorsqu'il a assez d'eau pour cela, en tombant dans un grand ravin. Je passai d’abord de l’autre côté et je continuai de m’avancer , beaucoup même , le long du vallon, pour bien reconnoître la limite des matières trappéennes. Tout est calcaire sur ce côté gauche. Je revins ensuite à la droite et commencai à descendre sur le vallon, afin de tourner toutes les buttes à mi-côte de la pente jusqu'à Cabannes. C’est cette masse que Joinville a figurée sous le nom de colline volcanique, mais qu’il a mal placée, ce me semble , à l'égard de la maison de Beaulieu. Le trajet est assez long et un peu pénible, à cause des ravins multipliés qu’il faut traverser et dont il y en a plusieurs de fort rands. Je FA lis cependant tout entier et deux fois, à deux hau- teurs différentes. M. Faujas estime l'élévation de l’escarpement au-dessus de Ja Durance à plus de 5oo pieds, Il ET D'HISTOIRE NATURELL. 17 IL n'offrit d'abord l’observation générale et importante que toute la base du mont que couronnent les buttes basaltiques, est du calcaire, ordinaire, sans mélange, formé par couches, et que le terrain trappéen ne descend, même au plus, qu’à moitié de la hauteur. — Joinville, et son témoignage a de l’au- _ forité, paroît croire cependant que le trapp plonge sous le cal- caire , et même il parle de trois ou quatre rochers calcaires , situés dans cet intervalle de la butte basaltique à Cabannes, lesquels sont appuyés immédiatement sur le terrain volcanique. « 11 suffit, dit-il, de jeter un coup d’œil sur ces rochers pour » s’apercevoir qu'ils ont fait partie d’un grand banc emporté par » un violent courant d’eau (pag. 25, au bas). » Quoi qu'il en soit, « le calcaire qui sert de base aux laves; » dit M. Faujas, ést tantôt d’un gris plus ou moins foncé , » très-dur dans quelques parties , plus tendre et comme marneux » dans d’autres. La couleur varie aussi et passe au blanc un » peu jaunâtre. » (Là dessus je puis ajouter que j'ai remarqué aussi sur cette pente, plusieurs fragmens d’une belle chaux car- bonatée semi-compacte, jaune, etc.) M. Faujas continue : « On » trouve dans ce calcaire quelques corps marins pétrifiés, mal » conservés, tels que des vis et des strombes. On y voit aussi, » dans certaines parties et par places, quelques morceaux où » le calcaire est mélangé de parties siliceuses, ce que Saussure » a appelé si/icicalce....» « La lave qui est au-dessus du cafcaire dont il s’agit, poursuit » le même ohtéateur: forme plusieurs coulées de tuffa volca- » nique qui reposent immédiatement sur ce calcaire et qui ne » l'ont point altéré, ce qui devoit être puisque ces tufflas sont » des produits volcaniques boueux dans la formation desquels » l’eau de la mer paroît être entrée en concours avec le feu. » Ces diverses couches de tuffas ont, dans quelques parties, » 8 à ro pieds d'épaisseur et même davantage dans d'autres. » Elles sont surmontées d’autres couches ou coulées de rèches » volcaniques foymées d'une multitude de fragmens anguleux » de laves compactes et de laves poreuses, liées par un ciment » qui provient de laves pulvérulentes plus ou moins décomposées » et dont la couleur varie en raison des divers degrés d’oxida- » tion qu’elles ont éprouvés. De grandes et épaisses coulées de » laves compactes basaltiques , dans lesquelles on observe » quelques noyaux de péridot, sont au.dessus des bréches, et » s'élèvent à la hauteur d'environ 5o pieds; de mauière que Tome LXXXII. FEVRIER an 1816. Z 174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » l’ensemble des divers dépôts de laves, formés en tuffa, en » brèche, ou en lave compacte basaltique qui repose sur le haut » de l’escarpementcalcaire, peut être considéré comme un massif » volcanique d'environ 6o pieds de hauteur dans cette partie. » (Pag. 8 — 9.) Depuis la cascade, je vis régner, en grand amas continu, ces. brèches volcaniques signalées par M. Faujas. Pour les neptunistes ce seroit un 44ff basaltique. MM. d'Albertas me l’avoient in- diqué sous le nom de 4uff volcanique; mais le tuff volcanique, proprement dit, et tel que je l’ai vu dans les environs de Naples et de Rome, est diflérent, et c’est plutôt à l'argile ou wacke terreuse située au-dessous de cette brèche, qu'il convient d’ap- pliquer le nom de 44ff comme l'a fait M. Faujas. La brèche elle-même ressemble assez aux peperino de l'Etat romain pour que je croie pouvoir l’appeler ainsi. Ce peperin de Beaulieu, remarquable par son aspect, en partie à gros et partie à petits grains, communément grisâtre et quel- quefois rougeâtre, friable le plus souvent, et dans lequel on retrouve encore la tendance commune des matières trappéennes et volcaniques pour former des boules testacées, ce peperin, dis-je, est aussi fort intéressant à étudier dans sa composition. Joinville (qui en a fait le n° 6 de son Catalogue) le nomme argile-pouding (pag. 31), « Argile parsemée de petits galets » calcaires. Elle forme, dit-il, un banc de soixante pieds d’é- » paisseur, qui surmonte les argiles du n° 5 (il sera question à la fin de cette section, de ces argiles qui sont sans doute ce que M. Faujas a appelé zuffas), mais elle est bien différente. » C’est une argile imparfaite, ou pour mieux dire, c’est une » matière volcanique qui n’a pas encore atteint le dernier degré » de décomposition. Elle est divisible par l’eau, sans s’y im- » biber, sans s’y délayer. En la concassant légèrement et en la » Javant après, on en enlève tous les petits galets calcaires qu’elle » contient. » (La même singularité s’observe dans le tufla des carrières de Monte-Verde près de Rome, lequel tufla a été pris d'abord pour une wake par M. Léopold de Buch.) Join- ville ajoute, avec beaucoup de vraisemblance : « Il paroît que » c’est une déjection de cendres volcaniques qui se sont décom- » posées en partie et qui ont été ensuite remuées par les eaux _» de la mer, lesquelles y ont porté et mélé ces galets calcaires (Je crois même y avoir vu des fragmens de coquilles). On y » trouve des morceaux de bois changés en charbon munéral. » ET D'HISTOIRE NATURELLE. 175 Même chose dans le peperino de Rome, dans les brèches pon- ceuses du Mont-Dore et du Cantal, dans le trass d’Ander- nach, ete. Même chose d’ailleurs dans les tuffs basaltiques , d’après les auteurs allemands. On aperçoit aussi dans ce peperin de Beaulieu, des fragmens de plusieurs substances analogues à celles qui se trouvent dans celui de Rome et dans tous les tuffs volcaniques, savoir du basalte, du péridot granuliforme en masse et altéré, du pyroxène, du mica? etc. dont nous allons avoir occasion tout-à-l’heure de parler un peu plus en détail. — C’est sans doute encore de la même roche en décomposition que proviennent les substances semblables qu’on recueille détachées dans les ravins d'au-dessous, et auxquelles il faut ajouter, d’après la note de MM. d’Albertas, le péridot avec grenats. La même note dit d’ailleurs que, dans un des ravins , 1l se trouve , en rognons dans le tuff volcanique, de la terre verte avec indication d’aragonite. ” J’aurois voulu visiter tous ces ravins; car quoiqu'ils soient compris, en majeure partie du moins, dans le calcaire, on y pourroit rencontrer quelques substances encore plus particulières et telles que celles qu’on ramasse également dans les ravins du Vésuve; mais il m’auroit fallu trop de temps pour cela. Je me contentai donc d'examiner ce qui se trouve vers l'extrémité de cette tournée. En y arrivant, et dès qu’on est à la vue de Cabannes, on reconnoît facilement un champ qui quoique cultivé se montre tout parsemé de mica noir éparpillé. Ce mica, parfaitement caractérisé, est en lames sensiblement hexagonales , assez grandes, et brillantes, lesquelles ont conservé souvent une certaine épaisseur et peuvent se sous.diviser encore lorsqu'on les presse avec quelqu’eflort ; ce qui porte à croire qu'elles, ont pu faire partie de cristaux élevés. Sans être abon- dantes pourtant, ces lames sont assez fréquentes. Sur le même champ, pareillement épars, et non moins fré- quens, se trouvent aussi des amphiboles (1). Leur volume est assez inégal et quelques-uns peuvent être qualifiés de gros. Ces amphi- a ————_—_—_—_———————————————————_—— —…——…—…— —…—"——— ——— —————…— (1) Ces amphiboles ont été pris par plusieurs personnes , et par moi-même , pour des pyroxènes; mais l’angle qu’on peut mesurer avec assez d’exactitude sur beaucoup de leurs fractures, se trouve constamment de 125 degrés environ, de même que dans ceux du Puy-de-Corent. Ils sont également aisés à fondre; ils ont aussi plus d’éclat qu’on n’en voit pour l’ordinaire dans les pyroxènes , et leurs surfaces polies paroïssent absolument noires, 2 2 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE boles ont généralement des formes émoussées et arrondies avec des surfaces lisses et luisantes qui font juger qu'ils ont été. ou roulés ou fondus. Comme j'en avois vu, et en abondance, de tout semblables, sur le Puy-de-Coran en Auvergne, où la plupart sont encore à moitié engagés dans des scories très.fraiches , je m’élois pas disposé d’abord à admettre qu'ils eussent pu prendre cette apparence par une autre cause, que celle qu'indique Join- ville, c’est-à-dire uniquement par fusion; cependant en. y pensant de nouveau et considérant qu'il y a plusieurs indices que la mer ait battu ce parage pendant long-temps, je ne suis plus éloigné de regarder cesamphiboles comme ayant été aussi vraiment roulés et usés par le frottement. Voici au reste ce qu’en dit Joinville (c’est le n° 8 de son Catalogue) : « Schorts noirs volcaniques. Us sont, ainsi que les micas, » répandus sur la surface du terrain , auprès de Cabaunes. » Quelques-uns laissent apercevoir la forme d’un prisme à 6 » pans ferminé par une pyramide dièdre. [ Foyez la Cristal- » lographie (de Romé-de-Lisle) , tome IT, pag. 389, var. 6.1] » (C'est, comme je l’ai déjà remarqué, l'amphibole équi-différent de M. Haüy. Romé-de-Lisle dit que ces cristaux, d’un noir luisant, attirables à l’aimant, rares et inconnus jusqu'alors, se trouvent en grand nombre parmi les produits volcaniques de la Carboneira près du ch de Gates en Espagne.) « Ce qu’il y » a surtout de remarquable, reprend Joinville, c’est qu’ils sont » tous recouverts d’une croûte vitreuse. Les angles des prismes » en sont arrondis, et quelquefois le schorl est entièrement changé » en verre noir volcanique qui conserve pourtant intérieurement ». un tissu lamelleux. » Si cet auteur y eût fait plus d'attention encore, il auroit pu faire valoir, comme quelque chose de très- spécieux, pour son opinion, qu'outre ce tissu lamelleux, on voit souvent une cassure compacte, conchoïde, lisse et luisante, et à petites parties, ou granuleuse, qui, comme je l'ai déjà dit (pag. 164 de ce Mémoire), imite parlaitement celle du bitume solide. J’ai une masse de cet amphibole de Beaulieu, grosse comme un œuf de poule, qui ne présente de tous côtés que des aspéritésirrégulières avec de petites faces conchoïdes unies, noires et brillantes qui font qu’au premier coup d'œil, et sil n’étoit permis de la soulever ni de la tâter, on pourroit prendre cette substance pour toute autre chose que ce qu’elle est en effet et probablement du moins pour de lobsidienne. J’avois trouvé aussi un morceau à peu près semblable sur le Puy-de-Corent. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177 Joinville dit encore : « Tous ces schorls donnent en les frot- » tant, l'odeur de corne brûlée , et scintillent sous le briquet. » La masse dont je viens de parler produit aussi très-bien cet eflet, quoique d'ailleurs elle ait peine à rayer le verre. Quelques uns de ces amphiboles présentent des cavités irré- gulières à parois unies, et des trous ressemblans à des piqûres de vers avec des cannelures ou stries qui annoncent que ce sont des impressions. En les examinant attentivement j'ai retrouvé en effet dans plusieurs de ces vides, des tronçons adhérens de prismes hexaëdres légèrement translucides, d’un éclat médiocre et un peu gros quoique vitreux, d’une nuance grisâtre , ou blan- châtre sale tirant au pourpré, et qui enfin ont très-bien l’ap- parence d’émeraude-béril, de topaze-pycnite ou de chaux phos- phatée. On doit penser aussi à la nepheline. La rareté de cette substance et la petitesse des cristaux ne m'a pas permis d’en faire tous les essais desirables. Je me suis assuré cependant qu’elle a de la peine à rayer le verre et qu’elle s’égrise elle-même plutôt que d'y mordre. En lasoumettant à l’épreuve du chalumeau, je mai pu venir à bout de la fondre; et enfin, d’après diverses expériences comparalives , comme d’après plusieurs rapprochemens , je me suis assuré à peu près que c’est de la chaux phosphatée. MM. d’Albertas m’avoient noté qu’on rencontroit encore dans le champ dont il s’agit, et dans les ravins au-dessous, des grenats ferrugineux, les uns fort rares , assez gros et amorphes, des autres petits , d’un rouge clair et disséminés dans la terre. J’en trouvai effectivement, de ces dernmiers,un, seulet bien petit, mais d’un beau rouge transparent et parfaitement reconnoissable, ce qui me suffit pour m'avoir point de doute sur les autres. Je n’avois pas le temps de faire de plus longues recherches, non plus que de m'occuper de tous les détails. Cependant, je trouvai là encore une chose à laquelle je ne m'attendois pas et qui me fit plaisir, Ce fut un opercule de co- quillage marin, parfaitement entier et seulement décoloré. Si, comme on ne peut guère le supposer, cette pièce n’a pas élé transportée ultérieurement et par accident, c’est un fait de plus: pour appuyer la présomption que la mer couvroit ce lieu dans le temps même où le volcan, vrai ou faux, y déposoit ses matières; et qui sait si cet opercule n’a pas été vomi par ce volcan, aussi bien que toutes ces substances, les micas,amphiboles, grenats, elc., qu'il est si étrange de voir ici, à la surface du terrain, péle- +70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mêle avec des débris de calcaire secondaire, tandis qu’elles ont appartenu sans doute au sol le plus profond?!.... De là, je m'avancai vers une petite fontaine qui se trouve au sud du champ, arrosant des prairies situées sur la pente au- dessous. L’eau de cette fontaine à laquelle je m'arrétarun mo- ment pour me rafraîchir, me parut fort bonne et sans aucune saveur minérale. — En avancant encore, je redescendis pour gagner la pente au-dessous el à gauche de Cabannes. Les amphiboles existent sans interruption à ce qu’il paroît, depuis le champ d’au-delà de la fontaine, et, d’après la note de MM. d’Albertas, ils ne cessent que passé la maison de Cabannes; mais ce ne fut qu'ici que je recommencai à trouver le mica , et ce mica n'étoit plus épars, en général du moins, mais bien, compris dans une roche qui mérite encore une at- tention particulière, Au premier aspect, on la prendroit pour le basalte ordinaire, et c’est aussi ce que je fis avec d’autant plus de confiance que je croyois y voir du pyroxène et même du péridot altéré; mais jy voyois aussi du mica très-apparent, ce qui est au moins fort rare dans le basalte. M. Brochant, dans son Traité de Miné- ralogie , composé d’après les auteurs allemands, dit, à l’article des flætz-érapp ou traps secondaires (pag, 606 du tome IT): que la wake tient comme le milieu entre l’argile et le basalte, qu’elle ne contient ni olivine ni augite , maës des cristaux de hornblende basaltique, et surtout du mica noër hexagonal, qui la caractérise particulièrement et la distingue du basalte qui n'en contient que très-rarement. Quand cette phrase auroit été failé tout exprès pour la roche dont je parle, elle ne pourroit s’y appliquer mieux, car c’est précisément de l’amphibole et du mica noir hexagonal que contient cette roche; et cela m’ayant engagé à en examiner la pâte de nouveau, j’ai reconnu que cette pâte est aussi un peu moins dure que le basalte, qu’elle a un aspect tant soit peu terreux, et surtout qu’elle paroït sujette à se décomposer assez facilement, Enfin je l'ai regardée comme un trapp intermédiaire au basalte et à la wake, ce qui fait que je la nomme wake basaltique. Un autre trait qui peut contribuer à en assurer la distinction, c'est qu'il y a souvent, mélangées, et intimement comprises dans son intérieur, des parties très= sensibles d’une substance compacte blanc grisâtre qu’on prendroit pour être la même qui constitue cette sorte de porphyre basaltique ‘dont j'ai parlé dans la première section (pag. 161), mais que ET D'HISTOIRE NATURELLE. 179 son effervescence bien marquée au contact d’un acide, décèle pour être de véritable chaux carbonatée. Ce n’est pas que le franc basalte ne soit sujet à contenir aussi des parties calcaires (1); 1l y en a des exemples à Beaulieu même à ce qu’il paroît (d’après Saussure, $ 1525, pag. 322), mais enfin je crois que cela est pu rare, — Comment expliquer cependant cette réunion singu- ière de matières primitives, mica, péridot, et d’autres proba- blement, avec une 7natière secondaire, le caleaire compact, au sein d'une zatière dont on veut douter qu’elle soit vo/canique!…. Pensons donc que c’est ici comme au Mont-Albano près de Rome, aux champs Phlégréens , etc., l'effet d’une véritable érup- tion souterraine. : La wacke basaltique devient de plus en plus sensible et remarquable, à ce qu’il me parut, à mesure qu’on s'avance davan- tage au-dessous de Cabannes, et j’en vis des morceaux d’un gros volume et d’un très-bel effet. Le mica y est assez abon- dant, et comme il s’en détache facilement une partie, on ne peut guère douter que ce ne soit d’une semblable roche que soient provenues ces lamelles qu’on trouve éparses dans le champ dont j'ai parlé, d'autant mieux encore que c’est absolument la même variété. Il faut probablement en dire autant des fragmens d’amphibole, À l’est et au-dessous de la maison de Cabannes, on a pratiqué, dans le flanc même de la colline, de beaux ouvrages de macon- nerie en pierres de taille pour procurer un peu d’eau à un jardin, encore fort petit, alors que je le vis, mais qui devoit sûre- ment êtreagrandi. Au reste , je crois ne pouvoir mieux faire que de rapporter ici ce que dit l’exact Joinville qui a examiné mieux qu'aucun autre, sans que je m'en excepte, et très-bien décrit, les environs de Cabannes. « Cabannes est bâti sur un banc de » marne qui contient des peignes, des cames fossiles et quelques » petits morceaux de bois pétrifié. En quittant la maison pour » aller à la colline volcanique, on suit encore la marne, l'espace » de quelques toises; mais on se trouve aussitôt, sans avoir QG) Forez d’abord l’article Basalte dans la Minéralogie de M. Brochant. — M. Daubuisson a observé de petits grains de chaux carbonatée dans le basalte d’Altenberg en Saxe ( Mém. Besalt. Saxe, pag. 37). — MM. Faujas et Saussure en ont reconnu des parties plus considérables dans celui de Roche- maure, ou environs, en Vivarais (Saussure , Ç 1611); —et lecélebre Wernerena vu une si grande quantité dans le basalte de Carlsbad en Bohème, que l’on s’en sert pour faire de la chaux (d’Aubuisson, loc. cit. , pag. 85 — 86).— etc 180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » changé de niveau, sur un banc composé d’argile et de petits » galets calcaires qui forment un pouding qu’on a pris pour » de la pozzolane, parce qu’il s'y rencontre des fragmens de » laves (c’est le tuff basaltique ou peperin dont il a été question plus haut). Je regarde l'argile qui empâte les galets comme » le produit de la décomposition des cendres volcaniques. On » distingue ce banc, en descendant la colline vers le sud-est jus- » qu’à 60 pieds environ en hauteur perpendiculaire. M. d'Etienne, » conseiller au parlement et propriétaire de Cabannes, y a fait » percer des galeries latérales à la profondeur de 48 pieds pour » se procurer de l’eau d'arrosage. Les ouvriers y out trouvé » des morceaux de bois changés en charbons fossiles. » (MM. d’Al- bertas ont recueilli dans les amas de terres remuées par ces lra- vaux, des grenats imperceptibles, de petits cristaux d’idocrase , et quelquefois du péridot avec grenats.) « Au-dessous (continue Joinville) est un autre banc d’argile » coloré tantôt en rouge, tantôt en jaune, tantôt en terre d’om- » bre, et mêlé de quelques schorls noirs si décomposés qu’ils » se frittent sous les doigts à mesure qu’on veut les enlever, » Après cela on ne rencontre plus que des matières calcaires » où marneuses qui recouvrent ces argiles volcaniques. » (Voilà encore un exemple de superposition du calcaire aux matières lrappéennes, qui mérite beaucoup d'attention.) Comme j'ai, ainsi que de Saussure, le regret de n’avoir pas fait assez d'attention à ces argiles, et que cela forme un objet im- portant dans la théorie des trapps secondaires, je vais rapporter ce qu’en dit encore ailleurs de Joinville. — N° 5 (du Cata- Jogue des matières volcaniques de la Trevaresse). « Argiles vol- » caniques de plusieurs couleurs. Elles forment des bancs du » côté de Cabannes à 60 pieds au-dessous de la surface du » terrain; elles paroissent avoir été rejetées dans le même état » où on les voit aujourd'hui...., Elles sont parsemées de micas » jaunes et blancs qui n’ont subi aucune altération. J'y ai trouvé » aussi, mais en petit nombre, quelques fragmens de schorls » noirs friables. » Et ailleurs (au n° 1 oùil est question du ba- salte), « Cette lave est placée immédiatemment sur les argiles » n° 5. Elles prennent dans leur décomposition la forme pris- » matique et la sphérique. Les prismes qui en résultent sont » toujours fort irréguliers et représentent dans leurs configura- » tions les fragmens d’une argile sèche qu’on briseroit. On n’y » yoit point de forme basaltique..., » A ces derniers traits on peuf ET D'HISTOIRE NATURELLE. 18r peut recomnoître une wake terreuse; et l’on peut reconnoitre aussi un tuffla volcanique, comme l’a fait M. Faujas. De la maison de Cabannes à celle de Beaulieu. Reprenons enfin le chemin de Cabannes à Beaulieu. C'est celui par où nous sommes arrivés depuis Aix; et l'on est maître de commencer toute la description par cet article. À 200 pas environ de la maison de Cabannes, je fus tout à coup arrêté par la rencontre de débris de basalte parfaitement caractérisé. Je pus croire d'abord que ces fragmens avoient été apportés là d’assez loin pour garnir le chemin de l'avenue, et cela étoit d'autant plus probable qu’en m’écartant de côté et d'autre, à travers les champs, je n’y voyois encore rien de semblable. Mais à peine eus-je fait quelques pas de plus en avant , que je dus renoncer à cette idée. Au bout de l'avenue, qui n'est pas bien longue, en suivant toujours le chemin de charrette qui tourne alors subitement à gauche pour aller prendre le bout d’une autre allée parallèle à cette avenue où retournant à droite on continue de descendre directement vers Beaulieu, dans ce coude, dis-je, je vis les débris basaltiques se multiplier à tel point qu'il n’y avoit plus lieu de douter que ce ne fût la nature elle-même qui les avoit ainsi répandus. On voit bien sous le côté gauche de l’allée, latérale et non plantée, un petit mur de soutènement qui est presqu'entièrement construit avec ces pierres; on en peut bien remarquer un grand tas allongé qui se trouve formé de main d'homme dans le tournant du chemin; mais quand on voit aussi que les champs sont alors, et dans une étendue qui semble indéfinie, jonchés entièrement de ces débris, ce dont Saussure aussi fut frappé ($ 1525), on ne voudra pas cerlainement supposer que ce soient les hommes, qui d’ailleurs, dans une contrée si rude n’ont jamais pu faire d’établissement considérable, que ce soient les hommes qui aient pu ni voulu rompre tant de pierres, les transporter et les disperser de cette manière pour aucun motif, Ils ont dû plutôt travailler à les ramasser , soit pour s’en servir, comme onle voit dans ce mur, soit pour en débarrasser les champs, comme on peut l’imaginer sur ce grand tas dont je parlois tout-à-l’heure. Et attendu qu'on ne découvre là pourtant aucune colline ni rocher d’où ces nom- breux fragmens aient pu tomber ni se détacher, il devient assez probable que ce soit par la violence d’une éruption volcanique, Tome LXXXII, FÉVRIER an 1816. A3 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ou par le travail des flots de la mer, qu’ils aient été transportés et éparpillés ainsi. Ce qui pourroit appuyer la dernière hypo- thèse, c’est que j'ai remarqué aussi, d’abord du moins, que ces fragmens sont généralement arrondis; mais la tendance à se décomposer en boules peut également les avoir amenés à cet état Ils sont aussi, rubigineux à l'extérieur, et Saussure dit : « Dans tous ces fragmens, les surfaces qui ont été exposées aux » injures de l'air, sont d’un brun qui tire sur le gris; leur aspect » est ferreux et sans aucun éclat. Les cassures ou félures qui » mont pas été exposées au contact immédiat de l'air sont » couverles d’une espèce d’efflorescence jaunâtre qui ressemble » à un lichen, mais c'est une substance vraiment minérale, » qui vue à la loupe, paroît brillante et transparente, mais sans » forme régulière visible. Elle ne fait point d’elfervescence » avec les acides, et au chalumeau, elle se fond au premier » coup de feu , en un verre jaune doré, transparent el un peu » bulleux.» (S 1525.) Le même observateur rapporte « qu’il trouva des fragmens » où l’on voyoit des indices de formes régulières ; l’une entre » autres étoit une portion de prisine triangulaire rectangle, » l’autre montroit des couches concentriques , et ce n'étoit » point, ajoute t-il, de ces boules formées par la décomposition » des laves, dont parle M. de Joinville dans son Mémoire, » sous le n° 10. Celle-ci est une pierre noire, compacte, dure, » nullement décomposée, parfaitement semblable aux boules -» vraiment basaltiques de l'Auvergne et du Vivarais. .. (ibidem, » suprà).» Je n'entends pas trop cette distinction, je n'ai vu eu Auvergne et en Vivarais, comme ici, de boules basaltiques saines et dures que comme noyaux de boules plus grosses dont tout l'extérieur présente des couches concentriques qui sont tou- jours dans un élat de décomposition plus ou moins évidente. Notre auteur reprend ensuite : « La cassure fraîche des ba- » salles est d'un noir foncé qui tire sur le bleu, écailleuse et » brillante par places quand on la voit au soleil. Elle se raye » en gris, et exhale après le souflle une odeur argileuse. Cette » pierre est pesante; la flamme du chalumeau la fond aisément » en un verre noir et brillant. Elle agit fortement sur l'aiguille » aimantée, surlout les morceaux qui ont une forme régulière. » En examinaut et cassant aussi bon nombre de ces morceaux de basalte, J'y reconnoissois le péridot granuliforme ou o/i- vêne (WV.), tout comme dans ceux d'Auvergue, également d'un ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 jaune verdâtre lorsqu'il est sain, et prenant par altération une couleur rouge opaque de cire à cacheter, pareillement fréquent , et en masses ou amas qui atteigneut jusqu’au volume des deux pongs ou même plus. Depuis qu'on est arrivé parmi ces basaltes, on ne voit plus en avançant, et de quelque côté qu'on se retourne, que des débris trappéens mélés à peine encore de quelques fragmens calcaires. Dans le nombre de ces débris commencent à se faire remarquer des morceaux d’une roche amygdaloïde dont on voit paroître bientôt après de grands amas en place et continus qui nous ramènent au château et s'étendent fort au-delà dans l'ouest où nous allons passer. (La suite au Cahier prochain.) Corrections à faire. 1°. À la page 162, ligne 25, au lieu de cette phrase : maïs le grunstein se- condaire. .. ., lisez : mais le grunstein secondäire prétendu est, comme l'ont fait voir MM. d’Aubuisson et Cordier, composé de pyroxène uni au feld-spath en place d’amphibole, avec des grains de péridot qu’on ne voit pas non plus dans les trapps primitifs, des lames plus ou moins apparentes de fer oligiste et des particules de fer oxidulé titanifère qui ne sont pas sensibles à la vue simple... 2°. À la page 164, ligne 5, au lieu de ces phrases : Je n’ai point vu le mica..... etc., lisez : Je n’ai pas vu de mica, quoique MM. d’Albertas m’eussent dit aussi qu’il s’en trouvoit dans cette roche. Joinville aprés avoir énoncé plus loin que ce mica est noir et luisant et qu’il laisse apercevoir sa figure hexagone , ajoute que ce pourroit être des lamelles de schorl. Il y a des lames en effet, nombreuses , singulières et disposées souvent d’une manière re- marquable, soit parallèlement soit en sens divers , mais qui ne sont ni de mica ni de schorl. C’est du fer oligiste , ainsi que l’a reconnu M. Faujas et comme je le rapporterai plus loin. Quant à une quatrième substance que Joinville pense devoir être du quartz, il est clair qu’il n’en parle que d’après le rapport qu’il croyoit exister entre la roche dont il s’agit et le vrai granit; mais nous pouvons substituerà ce quartz, qui ne se trouve sûrement pas en effet , le péridot granu— liforme dont la cassure et l’éclat vitreux ont quelqu’analogie avec la cassure et l'éclat du quartz. Ce péridot. .... OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES 1 Jupe F . à » : ï k ee = THERMOMETRE EXTÉRIEUR BAROMÈTRE MÉTRIQUE. > € = CENTIGRADE. : RATS 4 se | 5 À “| Maxsmum. | Minimum. |a Mini. Maximum. | Minimum. A |T3 mipr.| # heures. © | heures. ° heures. mill. | heures. mäll, mill. e 1làa midi. + 1,95là 10s.— 2,25|+ 1,25/[à 8 m. ....... 771,90là 1015....... 768,38|770,80| 5,5 2{à 425. — 0,50[à8m. — 4,25|— 1,50|à 8 m........ 764,60! 10È5....... 761,42|763,42| 3,8 3la3is. — 0,00|à7$m.— , 75|— 0,60|à 9 s..... +....7064,80|à 7 à m....... 761,32|761 64| 3,4 4là midi. + 2,2$là10s. — 2,25/+ 2,29|à 10 5 m....,.7690|à Io s. .......760,20 769,50] 3,7 5làmidi. + 4,25|à72m. + 2,00|+# 4,25|à 9 m........765,24là 3s......... .76460|765,20| 3,6 6 5s. + 7oo/à74m.+ 3,10|+ 5,00 74 m........762,50|à 11 4s........754,60|758,96| 4.5 7là midi. + 6,00 11s. + 3,00|+ 6,00/à 11 s........759,72|à 7 3m. ...... 754;70|756,68| 6, Slarrs. + 7,5olà 72m.—+ 275|+ 5,50[à 7 4 m....... 759.06|à 11 5...... ...790,80|756,36| 4,9 g|à 104 m+H10,00|à 9 £s. + 6,50|+ 9,g0fà 5 s......... 752%10|à72m....... 746,00|750,40| 4,9 dliolà1o im 8,75/a5s. + 5,50|+ 8,10/à55s........,751,40|à 7 2m....... 747,04|748:92| 7,0 11[à 101 mæ+4-11,90|à 10 2 s.+ 6 25|+r0,25|à 10 2s....,.. 743,00[à 10 + m...... 739,60|799,66| 8,2 12{à midi. + 6,60|à 435. + 4,795] + 6,60 105m.......751,06!à 10 1s...... .743,80|750,80| 7,8 Lisp midi. + 9,75là9s. + 1,70] + 9,75/à 9s.......... 740,32|à 35..........732,1»|733,06| 76 lrad3s. + 375là1rs. — o,5c|+ 3,75la115.... .... 747,30|à7 = m....... 741,32|743;46| 5,5 15là midi. + 5,75là7 1m. Æ 1,50|+ 5,95là7 rm........ 747,36|à 5 s..........742,40|745,38| 6,0 16|à midi. + 5,25/a91s. Æ 1,25/2 5,25à 72 m....... JA 207 lDese ne 752,20|756,40| 6,5 17)à midi, H10,00|à 6 s. + 2,50|+10,00|à 9 +s........757,60|à midi........740,28|749 268| 8,0 dliôla3s. + 5,50/à 75 m.— 0,75/+ 2,25/à 6 s......... 753,380|481s........756,12/757;50| 5,4 B|rolà midi. + 2,10/[à7£m.— 1,25|+ 2,10|à 105 m...... 7D7,00 AO E SEL 752,30|754,84| 6,1 Fioolà midi. + 3,oo/à 835. — o,o0|+ 3,o0|à 107 m...... 725,241 40256... -ee 746,35|748;40| 4,9 B|zilà midi. + 4,007 =m.+ 1,15|+ 4,colà 7 zim....... 749,92|à midi........743,08|74306| 4,4! A22/à midi. + 6,75 72m. 3,254 6,75à105......... 743,20 à 7 2 m.....,.745,40|745768| 5, B|23/à midi. + Gcolàgs. + 275|+ 6.00! à 10 Sp ON AOL IA ere ee eee 743,60|745:18| 5,3 a 124) à midi. Æ 5,25là02s. + 1254 525\à 10 :m...... 740: HAINE SANT RS 736,20|738;28| 5,1 25|à midi. + 6,75là 105. + 2,50|Æ 6,75là75m....... 740,66|à 71 m....... 734,78|73674| 5,6 D|26/à midi. + 6,75/à7 3m. + 1,25|+ 6,75à 105.......,. 737,54|à 7 + m.....,.730,70|741:96| 5,5 27|à midi. + 4,75|à7 Lin. H 2,00|[+ 4,75là105........ .751,68|à 7 + m...... 747:00|748:44| 5; 28|à midi. + 1,10 1058, — 1,25|— 1,10/à 105. ....... 763,56|à7 2 im.......756,70|750:04| 4,2 S|2ola midi. — 1,10} 7 Em.— 475|— 1,10 à9s........ ..766,70|à°7 Lim... 1! 765,741768:50| 46] | Hisolà3 s — 2,507 Lm.— 760 — 3,75|à midi........ 770,10|à 7 + m....... 769,22\770,00| 2,9 A|S1là 35. — o,00/171m.— B.o0|+ 2,007 1 m....... 768,24 {airoise RER 762,3c|766,68| 28 Moyennes. + 4,66! + o,50|+ 4,30 751,62] 754,96/753,01| 5,3 RÉECAPITULATION. Millim. Plus grande élévation du mercure. .... 771°%50 le 7 Moindreélévation du mercure......... 732,12 le 13 Plus grand degré de chaleur........., 11% le 14 Moindre degré de chaleur............ — bo le 31 Nombre de jours beaux....... 4 de Couverts... 2 De DlIE” crier -t 14 eVeNt- eee lee JI depclée re eereeecae 13 de tonnerre........... o de brouillard.......... 25 dEDCIDE eee 2 desréler here ccceee 2 À Lo 5 ee noi D Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cen* centièmes de millimètre. Comme les observations faites à midi sont ordinairement celle qu’on le thermomètre de correction. À la plus grande et à la plus petite élévation du baromètre conclus de l'ensemble des observations, d'où 1l sera aisé de déterminer la température moyenne conséquent, son élévation au-dessus du niveau de la mer. La température des caves est également À L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS. JANVIER 1816. VARIATIONS DE L'ATMOSPHÈRE. s|Hyc. POINTS a VENTS. _— PR a LUNAIRES. UE LE MATIN. LE SOIR. 73 |N-E. Nuageux, brouillard, Nuageux. Beau ciel. 73 | Idem. LO GI QUR Ch M Ve) a C D Beau ciel , brouillard.|Beau ciel , léger br. |Très-nuageux. Nuageux, lég. brouil.|Couvert, brouillard. | Neige. Lune apogée. (Couvert, brouillard. | Légérement couvert.| Beau ciel. Idem. Couvert. Nuageux. 95 |S-0 Idem. Idem. Pluie. 63 |N-O. P.Q. à0h565. Nuageux, brouillard.|Très-nuageux. Couvert. g1 [SO Couvert, brouillard. |Couvert. Pluie. 93 |O. Couvert. Très-nuageux. Couvert. 10] 9o| Idem, Idem. Pluie grési. Pluie parintervalles, 11] 93| Idem Pluie. Pluie. Idem. 12| 77 | dem Couvert, Nuageux. Pluie, brouillard. Pluie abondante. Pluie par intervalles. Couvért, brouill. , gl.|Couvert. Pluie par intervalles. Beau ciel. 15| O91| Idem P.L.arha8’s.|Couvert, brouillard. [Nuageux. Pluie , abondante. 16| 89 |S-O. Lune périgé. |Nuageux. Légers nuages. Petite pluie. 17| 99 |S. tr.-fort Pluie, Pluie. Pluie. 16] 66 |S. Beau ciel. Couvert, lég. brouil. |Couvert. 19] 67 |S-E. Nuageux, lég. brouil.INuageux. Idem. 20! 69 |S. Couvert, brouillard. [Quelques éclaircis. Idem. 21| 94 /|S-S-E, D.Q.àa8b175.| Idem, neige à 11 h.|Couvert. Quelques éclaircis. 22), 99 |S. Couvert, brouillard. | Pluie, brouillard. Couvert. 23] 92| Idem Idem. Couvert. Nuageux. 24| 99 |S-E. Idem, br. hum. |Puie. Idem. 20 91 |S-O. Pluie; lég. brouillard.|Quelques éclaircis. Idem. 26] 94| Idem Couvert, br., gel. bl. Couvert. Petite pluie. 27| 93 |0O. Couvert, brouillard. | Idem. Gréle et pluie. 26| 95 |N. Idem. Très-nuageux. Beau cicl, 29| 7o|N-E NL.àgh.o‘m. Beau ciel, brouillard.| Beau ciel, Idem. Jo| 65!E, Idem. Idem. Idem. 31| 7o| Idem, Idem. Idem. Iaem. Moy._ 57 RECAPITULATION. IN re een Ro dDoc M: : NES SiUrer 3 | DM TR AE 2 Jours dont le vent a soufilé du AT AS à SON NET. É ODSCNErE So Se de Q 7 NO ns LA TD le 1*° 12°,102 Therm. des caves | centigradez le 16 12°,084 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 49""00 = 1 p. 9 lig. 7 dixièmes. tigrade , et la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire en millimètres et emploie généralement dans les déterminations des hauteurs par le baromètre, on a mis à côté et du thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le zzaximum et le 7inimum moyens, du mois et de l’année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris, et paz exprimée ep degrés centésimaux , afin de rendre ce Tableau uniforme, 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EI EE I PE SCIE LE MONDE PHYSIQUE ET LE MONDE MORAL, OÙ LETTRES À M" D **; Par A. LIBES. Un vol. in-8. À Paris , chez l’Auteur, rue de Bondi, n° 15; au Palais Royal, chez MM. Simonet, galerie du Lycée, n° 154, Delaunay, Dentu, Laurent- Beaupré, Barba. EXTRAAT. IL n’est point de vérité physique, dit l’auteur, qu’on ne puisse rendre sensible par une image, ou du moins qu’on ne puisse exprimer par un langage vulgaire, généralement intelhigible, Tout ce qui dans les sciences naturelles intéresse le plus grand nombre, peut donc lui devenir accessible. Il suflit de les dé- barasser de quelques mots techniques, et surtout de cet appareil géométrique qui eflraie la multitude. Fontenelle forma et exécuta ce projet dans un temps où, semblables aux prêtres d'Egypte, quelques hommes consacrés paï goût à l’étude des sciences physiques, en conservoient encore mystérieusement le dépôt. Les gens du monde ne prenoient aucune part à leurs progrès. Le Livre de Fontenelle eut un grand succès. Il le méritoif ; soit par les agrémens du style, soit par les digressions ingé- nieuses dont il sut l'embellir; mais aujourd’hui ce succès ne seroit plus le même, Les sciences physiques ont depuis cette époque fait des progrès surprenans, Les tourbillons de Descartes, soutenus par Fontenelle, ne peuvent plus être admis en Physique... I falloit donc pour remplir le but de Fontenelle suivre la marche de l'esprit humain et présenter les nouvelles découvertes. M. Libes s’est chargé de ce travail. Son ouvrage, divisé en deux parties, est composé d'une suite de Lettres qu’il suppose ET D'HISTOIRE NATURELLE. 187 avoir écrites à une dame ***.... Dans la première partie il lui rappelle les principales lois de la Physique, sans avoir recours à la Géométrie; c’est une exposition du Monde physique. La seconde partie embrasse le Monde moral ; c’est une suite de tableaux où il expose les mœurs, avec les grands changemens qu'une longue révolution y a fait naître. Les révolutions servent, dit-il, à développer les caractères; souvent elles montrent le même homme dans diflérentes posi- tions qui facilitent à Pobservateur le moyen de l’apercevoir. Enfin, ajoute-t-il, je compare le monde physique au monde moral, après avoir étudié leur mécanisme; et je parviens à lier ces deux mondes par des rapports entre les lois qui les gou- vernent. Cet exposé fait voir tout l'intérêt dont cet ouvrage doit être, particulièrement pour ceux à qui leurs occupations ne permettent pas de se livrer entièrement à l'étude des sciences. Le titre de Lettres à une Dame indique assez que le but de l'auteur a: élé principalement d’instruire et d'amuser cette classe de lec- teurs, et 1l l'a parfaitement rempli. 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. EEE ——— | TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER Mémotre sur les Lemna, ou Lentilles d'eau, sur leur fructification et sur la germination de leurs graines; par M. Palisot de Beauvois. 101 Troisième Mémotre sur les Synanthérées ; par M. Henri Cassini. 116 Rapport sur un abime ouvert dans la plaine de Bou- coiïran, arrondissement d'Alais, département du Gard; par M. d'Hombres Firmas. 147 Mémoire géognostique sur Beaulieu dans le départe- ment des Bouches-du-Rhône ; d'où résulte : une nou- velle démonstration de la grande analogie des trapps secondaires avec les terrains volcaniques, et la pré- somption que ces trapps ne sont que des produïts de volcans sous-marins; par F.-I.-B, Menard de la Groye. 149 Tableau météorologique; par M. Bouvard. 184 Le monde physique et le monde moral, ou Lettres à M": de ***; par A. Libes. 386 De l’Imprimerie de M"° Veuve COURCIER, Imprimeur + Libraire pour les Mathématiques et la Marine, quai des Augustins, n° 57. F. Ple File 072 JOURNAL D ELPATY SI OU E, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. MARS AN 1816. EXTRAIT D’ANALYSE DES TRA De la Classe des Sciences Mathématiques et Physiques de l’Institution Royale de France, pendant l’an 1815; Par M. DELAMBRE, Secrétaire perpétuel. Découverte de deux sortes de Double Réfraction, attractive et répulsive, par M. Brot. LORSQU'UN rayon de lumière pénètre dans un cristal dont la forme primitive n'est ni l’octaèdre régulier, ni le cube, on observe en général qu’il se divise en deux faisceaux inégalement réfractés. L'un, que l’on nomme /e faisceau ordinaire, suit la loi de réfraction découverte par Descartes, et qui est commune à tous les corps cristallisés ou non cristallisés ; l’autre suit une loi différente et plus compliquée, on le nomme /e faisceau extraordinaire. Huyghens a déterminé cette dernière loi, par observation, dans le carbonate de chaux rhomboïdal, vulgairement appelé spath d’Islande , et il l’a exprimée par une construction aussi Tome LXXXII. MARS an 1010. Bb —_ 190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ingénieuse qu’exacte, En combinant ce fait avec les principes généraux de la Mécanique , M. Laplace en a déduit l'expression générale de la vitesse des particules lumineuses qui eomposent le faisceau extraordinaire. Cette expression indique qu’elles sont séparées par une force émanée de laxe du cristal, et qui, dans le spath d'fslande , se trouve être répulsive. On croyoit généralement qu'il en étoit ainsi dans tous les cristaux doués de la double réfraction; mais de nouvelles ex- périences de M. Biot lui ot fait découvrir que dans un grand nombre le rayon extraordinaire est altiré vers l’axe, au lieu d'en être repoussé, de sorte que sous le rapport de cette pro priété, les cristaux doivent être partagés en deux classes, l’une, que M. Biot nomme à double réfraction attractive, l'autre, à double réfraction répulsive. Le spath d'Islande fait partie de cette dernière; le cristal de roche est compris dans l’autre. Du reste, M. Biot croit que la force, soit attractive, soit répulsive, émane toujours de l’axe du cristal et suit toujours les mêmes lois, de sorte que les for- mules de M. Laplace sy appliquent toujours. Des recherches précédentes avoient déjà conduit M. Biot à reconnoiître une opposition singulière dans la nature des impressions que divers eristaux exercent sur la lumière, en la polarisant (voyez la notice de 1814) ; il avoit exprimé cette oppo- sition par les termes de polarisation quartzeuse et de polari- sation bérillée , d’après les noms des substances qui la lui avoient d’abord offerte. A présent il trouve que tous les cristaux, doués de la polarisation quartzeuse , sont attractifs, et que tous ceux qui exercent la polarisation bérillée sont répulsifs. Le spath d'Islande est dans ce dernier cas. Ces résultats montrent qu'il existe dans l’action des cristaux sur la lumière, la même opposition de force qu’on a déjà re- connue das plusieurs autres actions naturelles, comme les deux magnétismes et les deux électricités. C’est à quoi conduisent éga- lement les autres observations que M. Biot a déjà publiées sur les oscillations et les relations des particules lumineuses. Détermination des Lois suivant lesquelles la lumière se polarise à la surface des métaux, par M. Bior. Lorsque Malus eut découvert la polarisation que la lumière éprouve en se réfléchissant à la surface des corps diaphanes, ET D'HISTOIRE NATURELLE. T9 il. reconnut aussi que ce phénomène ne se produisoit pas, au moins de la même manière, à la surface des métaux. M. Biot, dans son ouvrage sur la lumière, montra depuis qu’il s'opère en général deux sortes de réflexions à la surface des corps colorés : l'une, qui paroît avoir lieu hors du corps, agit indistinctement sur toutes les molécules lumineuses, et produit un rayon blanc, si la lumière incidente est blanche; l’autre, plus intérieure, agit seulement sur les molécules lumineuses qui composent la teinte propre du corps. La première, sous une certaine incidence, polarise en grande partie la lumière dans le sens du plan de réflexion, à la manière des corps diaphanes; la seconde ns produit point cet effet, ou au moins ne le produit qu'avec une intensité beaucoup moindre. De sorte que si l’on dispose une glace de manière qu'elle transmette ou qu’elle absorbe la première espèce de lumière, elle réfléchira l’autre, et lon pourra voir le corps avec sa couleur propre, sans aucun mélange de blancheur étrangère. En employant ce procédé, M. Biot croyoit alors que la portion de lumière dont ces couleurs se composent, sortoit des corps avec une polarisation tout-à-fait conluse, M. Arago montra qu’une portion fort considérable sortoit de tous côtés, polarisée parallèlement à la surface du corps, et perpendiculairement au plan d’émergence. M. Brewster, en faisant réfléchir plusieurs fois sur des lames d’argent ou d’or, un trait de lumière déjà polarisé, observa que cette lumière se modifioit de manière qu'en l'analysant avec un prisme de spath d'Islande, elle se divisoit en deux faisceaux colorés diflérem- ment. M. Biot s’'empressa de vérifier cette observation remar- quable, et pour mieux distinguer la nature des teintes, 1l fit tomber sur les lames un trait de lumière blanche des nuées, préalablement polarisé sur un verre noir. Alors, en variant les incidences des rayons sur les lames, il lui fut facile de recon- noître que les teintes dans lesquelles le faisceau réfléchi se di- visoit, étoient précisément celle des anneaux colorés réfléchis et transmis, qui ont été observés par Newton, et que sous ce rapport, autant que pour le sens de la polarisation, ces phéno- mènes suivoient absolument les lois de la polarisation mobile qui servent dans les lames minces crisiallisées. 1] communiqua cette analogie à la Classe, le 27 mars dernier, en lui rendant compte de la nouvelle découverte de M. Brewster. A cette époque les communications avec l'Angleterre furent interrompues, et MM. Biot et Brewster , qui jusque-là s’'étoient Bb 2 192% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mutuellement communiqué les résultats de leurs recherches , continuèrent à travailler chacun de leur côté sans pouvoir eor- respondre. M. Biot s’est convaincu, par des observations mul- tipliées, que l’argent et les autres métaux modifient la lumière qu'ils réfléchissent, exactement comme les ciisiaux doués de la double réfraction modifient celles qu'ils réfractent; le nombre des réflexions successives répondant à des épaisseurs plus où moins grandes du cristal. Les phénomènes observés par M. Biot se trouvoient difiérens, au moins en apparence, de ceux qui lui étoient annoncés par M. Brewster. Le savant physicien d'Edimbourg avoit décrit d'abord les teintes des images réfléchies, comme se succédant par de simples allernatives de la plus grande à la moindre ré- frangibilité; aw lieu que M. Biot y reconnoissoit évidemment toute la série des anneaux réfléchis et trausmis; M. Brewster indiquoit ces teintes comme polarisées, lune dans le plan de réflexion , l’autre dans le plan perpendiculaire; M. Biot les trouvoit polarisées à distances égales de ce plan, l’une dans le sens de la polarisation primitive et autre du côté opposé, con- formément à la théorie des oscillations; d’où il s’ensuivoit aussi qu'une seule réflexion sur l’argent ne devoit imprimer à la lu- mière nalurelle aucune polarisation déterminée. M. Brewster, en continuant ses recherches, avoit complété ses premiers aperçus; il étoit parvenu à des conséquences en partie semblables à celles que contenoit la dernière lettre qu'il avoit recue de M. Biot, et conformes à la loi de la polarisation mobile, au moins pour les réflexions paires, ainsi que l'indiquoit cette même lettre. Mais M. Biot, ne pouvant avoir aucune connoissance de ce qui se faisoit à Edimbourg, et inquiet de l’apparente contra- diction qu'il voyoit entreses expériences et celles de M. Brewster, en parla à M. Arago, qui l’assura avoir observé que la lumière réfléchie par l'argent, comme par les autres corps métalliques, éprouve toujours une polarisation partielle fort sensible , suivant le plan d'incidence, et lui confia une pièce d’argeut poli qui jouissoit en effet de cette propriété. Les nouvelles expériences faites avec cette pièce paroissoient conformes aux indications de M. Brewster, et contraires à ce que M. Biot avoit précé- demment observé lui-même ; il s’attacha donc à chercher ce qu'il pouvoit y avoir de différent dans les élémens des deux obser- vations, il soupconna que la nature diflérente du poli pouvoit avoir quelque influence sur le mode de polarisation exercée pax + ET D'HISTOIRE NATURELLE. : +93 les lames métalliques. C’est en effet ce que l'expérience a par- faitement confirmé. On peut donner le poli à un métal par le marteau ou par le frottement. Le premier procédé, appliqué à l'argent, lui donne une grande blancheur, mais les images sont toujours un peu onduleuses et comme émoussées sur leurs bords. Dans la réflexion abondante de lumière qui s'opère, on ne reconnoît pas le poli vif et brillant des miroirs. Par l’autre procédé on obtient des images plus nettes et plus vives et la réflexion a toute l'apparence spéculaire. - Par une propriété bien remarquable, ces deux natures de poli n'agissent pas de la même manière sur la lumière incidente. 11 n’est pas ici question de la quantité plus ou moins considérable que les surfaces en réfléchissent, mais du mode même par lequel elles agissent sur les molécules lumineuses et du sens suivant lequel elles les polarisent. : Quand la surface a reçu le poli spéculaire elle produit, par la réflexion régulière, deux eflets distincts. Elle imprime d’abord à une partie de la lumière incidente la polarisation mobile autour du plan d’incidence, c’est-à-dire, qu’elle fait osciller les molécules lumineuses de part et d’autre de ce plan, de même qu’une lame cristallisée peu épaisse, ou dont la force polarisante est foible, les fait osciller de part et d'autre de la section prin- cipale; et, dans un cas comme dans l’autre, les teintes passent par toute la série des anneaux réfléchis et transmis de Newton. Mais en outre, la surface métallique imprime, à une portion blanche de la lumière incidente, la polarisation fixe dans le plan d'incidence, de même qu’une lame cristallisée épaisse ou dont la force polarisante est énergique , donne à la Jumière qui la traverse la polarisation fixe dans deux sens rectangulaires ; et de même que dans tous les corps cristallisés, M. Biot a fait voir que les molécules lumineuses passent progressivement de la polarisation mobile à la polarisation fixe, lorsqu'elles ont pénétré à une certaine profondeur, de même dans chaque ré- flexion, entre deux lames métalliques, on observe qu’une partie de Ja lumière qui avoit subi la polarisation mobile dans les ré- flexions précédentes, prend la polarisation fixe qu’elle ne peut plus ensuite jamais quitter, si les lames réfiéchissantes sont pa- rallèles; de sorte qu’en ce cas, après un nombre de réflexions plus ou moins considérable, selon la nature du métal et celle du poli qu’on lui a donné , on doit trouver, et on trouve en eflet, 194 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE presque toute la lumière polarisée fixément suivant le plan de réflexion. Dans la réflexion sur l’acier et probablement sur les autres métaux qui prennent un poli spéculaire très-vif, la por- tion de lumière blanche qui est ainsi enlevée à la polarisation mobile, est incomparablement la plus forte; de sorte que le phénomène des couleurs que la polarisation mobile peut seule produire, devient insensible, ou ne peut être aperçu que dans certaines posilions particulières que la théorie peut indiquer; aussi M. Biot est-il parvenu à l’observer d’une manière non dou- teuse, même sur l'acier le plus poli. Lorsqu'on emploie des lames d’argent qui ont recu le poli spéculaire, la portion de la lumière qui prend la polarisation fixe à chaque réflexion, est encore fort considérable ; mais elle est cependant beaucoup moindre que sur les deux métaux cités; par une compensation nécessaire, la portion qui prend la pola: risation mobile est plus grande et le phénomène des teintes devient plus beau et plus facile à observer. Mais le sens de polarisation du faisceau blanc étant précisément intermédiaire entre ceux des faisceaux colorés, il en résulte qu’il se méle encore avec eux dans la réfraction opérée par le rhomboïde; et ce n’est qu’en les réfractant dans des directions particulières, indiquées par la théorie, que l’on peut mettre la loi de leurs teintes dans une entière évidence. Cette dificulté disparoît presqu’entièrement daus les lames d’argent poli au marteau. Alors la portion de lumière, qui prend la polarisation fixe à chaque réflexion, devient extrêmement foible, comparativement à celle qui con- serve la polarisation mobile, du moins lorsqu'on ne présente pas les lames aux rayons incidens sous une extrême obliquité; car on sait que, dans ce cas, toutes les surfaces planes, même celles que lon a dépolies à dessein, prennent le poli spéculaire. Aussi en évitant les grandes inclinaisons, et se bornant à des ré- flexions peu nombreuses, les lois de polarisation mobile se laissent seules apercevoir, et les teintes des faisceaux, que rien r’altére, se développent avec la plus grande régularité selon la série des anneaux de Newton. Nous avons suivi pas à pas dans cet extrait, l’auteur du Mémoire. Nous avons rapporté de ses expériences et de ses ex- plications ce qui peut être utile aux physiciens qui voudront constater des phénomènes si nouveaux et si curieux, et nous renverrons à l'ouvrage même pour les preuves de détail des diverses assertions que nous avons rapportées. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 199 Phénomènes de Polarisation successive, observés dans des fluides homogènes, par: M. Biot. Les recherches entreprises par M. Biot exigeoient qu'il miît des lames cristallisées dans diflérens fluides, afin d’y faire pé- nétrer les rayons très-obliquement à leurs surfaces, et ces expé- riences l'ont conduit à la découverte d’un phénomène d'autant plus remarquable, qu'il paroît tenir uniquement à l’action indi- viduelle des particules des corps sur la lumière, sans aucun rap- port quelconque avec leur état d’agrégation. Ce phénomène est analogue à celui qu'on observe dans les plaques de cristal de roche, quand on y {ransmet les rayons lumineux parallèlement à l'axe de cristallisation. Dans ce cas, la force qui produit la double réfraction et la polarisation régu- lière est devenue nulle, puisqu'elle émane de l’axe du cristal; mais on voit alors se développer d’autres forces, que les pre- mières eflaçoient quand elles étoient plus énergiques, et qui, devenant seules actives, modifient les molécules lumineuses d'une facon toute particulière. Le caractère propre à ce genre de forces est, qu'au lieu de faire osciller les axes de polarisa- tion des particules lumineuses, comme les autres forces polari- santes, elles semblent leur imprimer autour de laxe du cristal un mouvement de rotation continu, plus rapide pour les mo- lécules violettes que pour les bleues, pour les bleues que pour les vertes, et ainsi de suite dans l’ordre inverse de la réfrangi- bilité. L'influence de ces forces ne se borne pas à des change- mens de position dans les particules lumineuses, mais elle leur communique encore de véritables propriétés physiques, sem- blables à des aimantations permanentes dont la nature et l’in- tensité modifient les mouvemens qu’elles prennent ensuite quand on leur fait traverser d’autres cristaux. Ces modifications et ces propriétés sont bien différentes de celles que possèdent les molécules polarisées par la seule ré- flexion, et M. Biot vient de les découvrir dans une substance d’une fluidité parfaite, dans l'huile de térébenthine la plus pure. L'appareil avec lequel il en a fait la première observation étoit un tuyau d’environ trois centimètres de longueur, dont les deux bouts étoient fermés par des plaques de verre, afin = 196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de contenir les divers fluides où il plongeoïit les lames crisal- lisées qu'il vouloit étudier, En employant de cette manière l'huile de térébenthine, il s’aperçut que le rayon polarisé, transmis à travers l'appareil, présentoit des traces excessivement foibles à la vérité, mais pourtant reconnoissables, de dépolarisation ; le faisceau extraordinaire étoit d’un bleu sombre presque im perceptible. Alors, en faisant tourner de droite à gauche le prisme rhomboïdal achromatisé qui sert pour analyser la lumière transmise, on vit que ce faisceau extraordinaire alloit conti- nuellement en diminuant d'intensité ; sans changer de couleur, jusqu’à devenir sensiblement nul dans un azimut d'environ 12°; et comme les molécules qui avoient subi primitivement la ré- fraction ordinaire n’avoient point cessé d'y céder dans cet inter- valle, le rayon paroissoit polarisé ordinairement tout entier dans cet azimut. En tournant le rhomboïde davantage, il se formoit de nouveau un rayon extraordinaire {rès-foible; mais au lieu d’être bleu, il étoit d’abord rouge jaunâtre. Ces caractères, tout légers qu'ils étoient , étoient cependant précis, et montroient une identité parfaite entre ce genre de phénomènes et celui que présentent les plaques de cristal de roche perpendiculaires à l’axe. M. Biot savoit que dans ces dernières le développement des couleurs augmente à mesure qu’elles deviennent plus épaisses, et que l'amplitude du méirimum du faisceau extraordinaire est proportionnelle à leur épaisseur ; il n'hésite donc pas à conclure que l'accroissement d'épaisseur dans la masse de térébenthine auroit des conséquences analogues. M. Fortin voulut bien lui construire très-promptement un autre appareil, long de seize centimètres; et l'ayant rempli d’huile de térébenthine très-pure, il vit en effet se développer les plus belles couleurs quand il la fit traverser par un rayon polarisé, La nature des teintes dans chaque azimut, leur marche, et les lois de leur succession furent identiquement les mêmes que celles qu'il a décrites dans nos Mémoires de 1812, et qui étoient produites par une plaque de cristal de roche de 2,095, d’où l’on voit que cette action dans l'huile est environ quatre-vingts fois plus foible que dans le cristal. M. Biot eroit que c’est le premier exemple de phénomènes de polarisation successive, produits dans l’intérieur d’un fluide parfaitement homogène , où l’on ne peut supposer aucun ar- rangement régulier de particules, On a vu, par l'exemple du cristal ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 cristal de roche, que les forces qui le produisent sont distinctes de celles que développe la cristallisation. 11 n'en est pas de même des phénomènes de polarisation, qui dépendent des forces attractives et répulsives émanées d’un axe : celles-là ne peuvent exister dans un liquide. Aussi, en enfermant de l'huile de térébenthine dans un prisme de verre creux, d'un angle réfringent considérable, mais dont l’épaisseur m’excédoil guère un centimètre, non-seulement on ny a point observé de double réfraction, mais à cause de la petitesse de l'épaisseur , on n'ya plus apercu de vestiges sensibles de dépo- larisation. L'auteur se propose d'essayer si d’autres fluides présenteront des propriétes analogues. Il sait déjà que l’eau, l'huile de poisson, l'ammoniaque, n'en offrent pas de traces sensibles à des épais- seurs beaucoup plus considérables que celle où la térébenthine les fait voir complètement. Mais d’autres liquides jouissent de propriélés analogues. L'huile essentielle de laurier fait tourner la lumière de droite à gauche, comme la térébenthine. L'huile essentielle de citron, au contraire, et la dissolution du camphre dans l'alcool, la font tourner de gauche à droite. Ainsi l’on - retrouve dans les fluides l'opposition déjà connue entre les ac- tions de ce genre dans des plaques de cristal de roche, tout- à-fait semblables par les caractères extérieurs. Si l'on prend deux liquides qui fassent ainsi tourner la lumière en sens con- _traires, qu’on évalue par l'expérience l'intensité absolue de leur action individuelle, et qu'on les mêle dans des rapports de vo- lume inverses de ces intensités, on produit des mélanges neutres. On obtient ce résultat, par exemple , en mêlant une partie, en volume, d'huile de térébenthine pure, avec trois parties de dissolution de camphre dans l'alcool à 40°. Mais il faut élever la température de l'appareil, parce que ce mélange n’est trans- parent que lorsqu'il est chaud. Le camphre seul dissous à froid, dans l'huile de térébenthine, diminue sa force rotatoire, mais .il ne s’y dissout pas alors en quantité suflisante pour le neutra- liser. (Cette Notice a été lue à l’Institut, les 23 et3o octobre 1815.) Sur une nouvelle espèce d'anneaux colorés qui s’observent dans les plaques de spath d'Islande, taillées perpendicu- lairement à l’axe de cristallisation, par M. B1oT, 20 n0- vembre 1815. Les phénomènes de polarisation que les cristaux doués de a Tome LXXXII. MARS an 1816. Ce 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE double réfraction produisent sur les rayons lumineux qui les traversent, dépendent d’une force polarisante principale, qui émane de leur axe, et dont l'influence sur le temps des oscil- lations est proportionnelle au carré du sinus de l’angle formé par l'axe du cristal avec la direction du rayon réfracté. D’après cela , si l’on taille dans un cristal quelconque une plaque à faces parallèles, perpendiculaire à l'axe, et qu'on place l'œil sur le prolongement de cette ligne, les différens rayons qui parvien- dront à l'œil à travers la plaque , formeront, avec l’axe, différens angles; et ils éprouveront des forces polarisantes diverses, d'au- tant plus puissantes qu'ils lui deviendront plus obliques;et chacune de ces forces s’exercera dans le plan mené par laxe et par le rayon réfracté. T1 suit de là que si le cône lumineux qui parvient à l'œil est composé de rayons blancs, tous polarisés dans un seul sens, qui sera, si lon veut, vertical, chacun de ces rayons se résoudra en deux teintes dont la couleur et la direction de polarisation peuvent être déterminées, en général, par la théorie de la polarisation mobile, quand on connoît l’obliquité du rayon sur l'axe et l'épaisseur de la plaque cristallisée. Iei la seule raison de symétrie fait voir que ces effets doivent être les mêmes tout autour de laxe, à égales distances, de sorte que “chaque teinte doit former un anneau concentrique avec lui. C’est là en effet ce qu’on observe quand on analyse la lumière transmise au moyen d’un prisme achromatique de spath d’Is- lande, ou par la réflexion sur une glace, afin de séparer dans chaque rayon, la portion qui a conservé sa polarisation primitive de celle qui l’a perdue. Le système de ces dernières forme des anneaux exactement pareils à ceux que Newton a observés dans les lames minces d'eau et d'air comprises entre deux objectifs sphériques , et les carrés de leurs diamètres sont exactement proportionnels aux nombres assignés par Newton, pour les mêmes teintes, dans la ‘Table des anneaux colorés. Mais le système des anneaux formés dans le spath, a de plus cette particularité, u'il est divisé en quatre quadrans, par les quatre branches d'une grande croix noire qui, à mesure qu'elle s'éloigne de l'axe, vont en s’étalant comme les queues des comètes, et dont la direction est parallèle et perpendiculaire au plan primitif de polarisation du rayon incident. En effet, 1l est facile de voir que les rayons compris dans ces deux plans ne perdent point leur polarisation primitive en traversant la plaque cristallisée, et c’est pourquoile prisme de spath , ou Le verre réfi ecteur quisert ET D'HISTOIRE NATURELLE. 199 à analyser la lumière transmise, les exclut du système d’anneaux que nous considérons ; ceux-ci étant seulement composés des teintes qui ont perdu leur polarisation primitive. L’évasement des branches de À croix est encore une conséquence de la même théorie, et l’on en déduit également l’ordre des couleurs des anneaux, la proportion de leur diamètre, et jusqu’à la grandeur absolue, d'après la seule connoissance de l'épaisseur de la plaque et de la distance de l’œil à laquelle on veut mesurer les dimen- sions des anneaux, et les résultats ainsi obtenus ont une exac- titude égale à celle des observations mêmes. La formule qui les exprime montre que, pour chaque cristal, les grandeurs des anneaux sont réciproques aux racines carrées des épaisseurs des plaques, ainsi que M. Biot l’a vérifié. Pour des cristaux de di- verses natures , cette grandeur doit varier encore réciproquement à la racine carrée de leur intensité d’action; c’est du moins ce : DS us la théorie qui a fait découvrir la cause de ces anneaux ans les plaques de spath d'Islande; cette théorie nous montre qu'ils doivent se produire de même, quoique à des épaisseurs inégales dans tous les cristaux, qui n’ont de force polarisante que celle qui émane de leur axe, et qui est liée à la double réfraction. Cétte réserve est indispensable, car les masses cris- tallisées sur lesquelles on opère ne sont jamais que des groupes de cristaux parfaits et infiniment petits, agglutinés les uns aux autres, et le mode suivant lequel cette jonction s'opère développe souvent des forces polarisantes indépendantes de leur nature intime. C’est ainsi que les morceaux de chaux sulfatée les plus purs sont toujours des assemblages de lames, et les plus belles aiguilles de béril ne sont que des assemblages d’aiguilles plus: fines agglutinées les unes aux autres ; aussi la chaux sulfatée exerce-t-elle des forces polarisantes particulières dans le sens de ses lames, et le béril dans le sens de ses joints. Ces cristaux et tous ceux qui sont affectés de circonstances analogues ne peuvent pas offrir les phénomènes expliqués plus haut pour un cristal pur, les variations de la force polarisante autour de l’axe étant sensiblement modifiées par les forces dépendantes de la struc- ture , lesquelles lui deviennent comparables. Ces particularités qui varient, sans aucune loi, d’un cristal à un autre, ne peuvent se tirer que de l’expérience même, et jamais on ne pourra les astreindre à aucune théorie. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES SRMEROTE LEE EXT TAT2 THERMOMËÈTRE EXTÉRIEUR Moyennes + 5,06! —_—_———_—— me — o0,86|+ 4,10] 750,906! RÉCAPITULATION. / Millim, Plus grande élévation du mercure. .... 77c°54 le 14 Moindreélévation du mercure......... 729 2J1le 7 Plus grand degré de chaleur......... +10°35 le 25 Moindre degré dé chaleur......:.... —10,75 le 11 ombre de jours beaux...... . 12 delcouverts Peer 17 de pluie.....-......... 6 desvent: cer ---0.ce 29 de gelée EP ECEREEE 15 de-tonnerre:......:.11 o de brouillard.......... 29 denerve-e-tetrcecreres 5 deler ele NN 3 BAROMÈTRE MÉTRIQUE. 755,07[757,07| 4,3 & CENTIGRADE. = | CR “| Maximum. | Minimum. |a Mini. Maximum. | Minimum. UE heures. © | heures. o heures. mill. | heures. mill, mill. ras. — 1,5olà7im:— 8,50|— 2,60|à71m....... 759,00|à 10 + 5:...... 755,60|758,30 2là midi. + 5,10|à7+m.— 0,50|+ 5,10olà 71 m....... 753,00|à 10 5. ....... 749,92[752,12 3là midi. + 7,00 75 m.+ 3,40| + 7.o0là 9 & s........751,60[à 7 41m....... 749,76|751,12 4la midi. + 6,00/à 7 ;m.+ 3,29|+ 6,007 + m......,.750,06|à 10; S......- 747,40|748,90 5h3s + 7,60oà72m.+ 2,50|+ 6,90|à 10 m....... 747,681 9 5.........: 749,92|747,36 élh3s. + o,25à11s. + 6,29|+ 8,00/à71m......, 39 64/4118... ..-724,26|709,16 7là3 simon il a plus ou moins de particules de calorique. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 327 C'est un résultat nécessaire de la constitution du calorique ; car, quelle que soit la direction du rayon émis OU réfléchi, il yen aun qui suit celte route, et que le corps intercepte. 4. Il suit de là, ro que, dans un lieu de température uni- forme, un réflecteur de forme quelconque n’aflecte point le thermomètre soumis à son influence; 2° que, s’il réfléchit des rayons émanés d’un corps plus ou moins chaud que le lieu où il est placé, il affectera, en plus ou en moins respectivement, le thermomètre exposé à son influence. IT. L'application de ces principes aux objections de détail n'offre aucune difficulté. Prenons pour exemples les deux premières objections proposées dans la New Edinburgh Encyclopædia. Première. Un corps chaud, dit-on, devroit se refroidir moins vile devant un grand corps froid, que devant un petit. L’objectant oublie que chacun des rayons qu'envoie le corps froid ne fait que remplacer un rayon que ce corps intercepte. Ce rayon intercepté, étant plus chaud que celui qui le remplace, il est bien facile de voir que plus il y aura de pareils rem- placemens ou, en d’autres termes, plus le corps sera grand et plus il y aura de refroidissement. Seconde. 1] s'agit de deux corps froids de différentes surfaces, lune noircie , l’autre métallique. On prétend que la noircie devroit moins refroidir le corps exposé à son rayonnement, puisqu'elle rayonne davantage. Ici, l’objectant n’a pas pensé à la partie du calorique rayon nant que ces corps envoient par réflexion. Cette partie là m'est point changée par le changement de température du corps. Elle subsisle toute entière ; il n’y a de diminué que la partie émise. Par une même diminution de température intérieure, celui des corps dont l'émission est la plus grande (la surface noircie) doit rayonner moins ; celui au contraire qui est meilleur réflecteur (la surface mélallique) doit rayonner plus; ce qui est bien cor- forme à l'expérience, C’est ce qui se trouve exposé dans l'ouvrage indiqué ci-dessus : Du Calorique rayonnant, $ 121. Un moyen commode de juger cet eflet, est de prendre un cas extrême. Supposons que le Corps soit un réflecteur parfait : en ce cas, le refroïdissement de ce corps ne changeroit rien à 322 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE son rayonnement; le thermomètre qu’on y exposeroit n’en seroit point aflecté. En effet , avant le refroidissement la température étant uniforme, le corps rayonnoit par réflexion , précisément comme rayonnoient (de manière ou d'autre) tous les corps du même local; et puisqu'il est supposé réflecteur parfait, il ne faisoit aucune émission. Tout subsiste de même après le refroi- dissement. Il paroît donc que, pour prévenir ou réfuter les objections de cette nature, il ne faut que bien connoître”la théorie contre laquelle elles sont proposées. Ceux qui, avant d’avoir suflisam- ment examiné cette théorie, ont été frappés des objections; en particulier, les physiciens célèbres, qui leur ont donné du poids en les consignant dans leurs ouvrages, trouveront probablement juste et utile d’y consigner aussi les réponses, si elles leur sem- blent, comme à moi, pleinement satisfaisantes. IV. Il est sans doute fort utile que les objections qui naissent dans l'esprit des physiciens sur une théorie probable, soient exposées avec quelque détail et mises sous les yeux de ceux qui s'occupent de cette théorie, Il en résulte une discussion qui doit tourner au profit de la vérité. C’est donc toujours avec une sorte de reconuoissance , que je rencontre de telles objections contre la théorie de l'équilibre mobile; comme aussi j'éprouve une sorte de peine, lorsque je rencontre de simples indications de quelques diflicultés, sans qu’il me soit possible de deviner en quoi elles consistent, On perd le temps à les chercher; on court risque de sy tromper; et il peut aisément arriver qu’en croyant délier le nœud , on s'attache à une recherche inutile et sans objet, J’ai donné, dans mon Calorique rayonnant , un exemple de cette espèce de doute (S 93, note). ° Plus régmment, j’ai été jeté dans une incertitude pareille, à la lecture d’une note qui se trouve à la pag. 105 de l’ex- cellent Traité du docteur W.C. WELLs on des ( sur la Rosée). Peu d'ouvrages m'ont autant intéressé ; peu, je crois, attestent davantage le génie de l'observation et l'amour de la vérité. Je n'ai donc pu être indiflérent au jugement d’un auteur si dis- üngué, sur une explication liée à la théorie de l’équilibre mobile et que je regarde encore comme solide. Voici en entier la note à laquelle je. fais allusion : « Je m'étois une fois proposé de » joindre ici une explication de quelques curieuses observations » de M. PREVOST de Montauban, sur la rosée (qui ont été ET D'HISTOIRE NATURELLE. 323 # publiées d'abord par lui-même, dans le 44° numéro des Æn- » nales de Chimie; et ensuite par M. PREvOsT de Genève, » dans son Essai sur le Calorique rayonnant); mais la crainte » d'être long m’a fait abandonner ce dessein. Je dirai cepen- 5 dant que si, à ce qui est aujourd'hui généralement connu » sur les différentes manières dont la chaleur se propage d’un » corps à un autre, on joint les deux circonstances suivantes ; » que les substances, avant d'attirer la rosée, deviennent plus » froides que l'air; et que les métaux brillans, quand ïls sont » exposés la nuit à un ciel serein, arrivent, plus aisément que » d’autres corps, à un degré de froid plus grand que celui dé » l'air; tous les phénomènes observés par M. PREVOST peuvent » être facilement expliqués. » Le docteur WELLS ayant eu sous les yeux mon Traité du Calorique rayonnant, dont il a adopté les principes, n’a pu manquer de lire l'explication que j’y donne des curieux phéno- mènes observés par mon parent, explication que ce physicien a pleinement adoptée. Puis donc que, dans la note que je viens: de citer, cet auteur parle de Pexplication de ces phénomènes comme étant encore à trouver, il paroît que la mienne ne l'a: pas satisfait. Il m'est impossible de deviner ce qu'il lui reproche ; et c’est dans le but de l'apprendre et d’engager l'attention des: physiciens sur cet objet, que j’en fais quelque mention ici. Ce qui m'embarrasse le plus en tout ceci, c’est que mon exphcation est précisément fondée sur les mêmes principes sur lesquels Pauteur annonce que doit être fondée la sienne. Quoique ce sujet soit connu et exposé dans des ouvrages à la portée de tous les physiciens, j'espère que l’on me pardonnera d’en dire” un mot de plus. Le phénomène est celui-ci : deux masses d'air, d'inégale tem: pérature, étant séparées l’une de l’autre par une lame de verre, si l’on applique une feuille métallique sur une des faces de la lame de verre, la face opposée de cette lame attire ou repousse l'humidité, selon que l’armure est du côté chaud ou du côté froid. L’explication consiste à faire envisager le verre, ainsi armé où revêtu d’un côté, comme un poële destiné à sécher; et le métal comme un écran. Si l'écran est placé du côté chaud, le poële se refroidit, et l'humidité s’accumule sur le verre nu du côté froid. Si l'écran est du côté froid, il empêche la chaleur de se dissiper après avoir traversé le verre, et par conséquent 324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le poële se réchauffe et l'humidité disparoît sur le verre dw côté chaud. Je fonde cette explication sur la propriété du métal de ré- fléchir le calorique sept ou huit fois plus que le verre. Si l'on donne quelque attention à ce sujet, on verra que les principes de cette explication ne différent en rien de ceux que pose le docteur WELLSs ; mais sans doute il les emploie autre- ment que moi, el je suis véritablement impatient de connoitre en quoi consiste celte différence (r). V. Je n'ai plus rien à dire sur l’objet principal de ce Mé- moire, qui éloit de ramener à des principes très- simples la réponse à quelques objections faites à la théorie de l'équilibre mobile. Mais je saisirai cette occasion de faire une remarque sur une suite d'expériences qui se rapportent à cette théorie, et qui ont été consignées dans un Mémoire de M. RuHLAND ;, inséré au Journal de Physique de novembre 1813. Une partie de ces expériences prouve, d’une manière directe, l'équilibre mobile du calorique dans l’état de température uniforme : c’est l’auteur lui-même qui le fait remarquer. En effet, ces expériences font voir que l’évaporation (ou sublimation) du camphre, opérée par le rayonnement de différens corps, se proportionne à la plus ou moins grande disposition de ces corps à rayonner, lors même que la température est uniforme, ou, en d’autres termes, lors même que l'équilibre du calorique a lieu. Il faut donc que, même dans cet état d'équilibre, il y ait rayonnement. Cette expérience directe semble confirmer, d’une manière satisfaisante, les nombreux argumens en faveur de la théorie de l'équilibre mobile, Dureste, le Mémoirede M. RUHLAND contient plusieurs autres faits intéressans, et qui me semblent bien découler des lois géné- rales du calorique. Par exemple, le noir de fumée, qui, commeon sait, est un des corps dont le rayonnement est le plus consi- dérable, sublime le camphre très-rapidement ; mais si on met sous (2) le noir de fumée une plaque métallique, la sublimation en est tout-à-coup retardée. Le calorique des couches inférieures est intercepté par cet écran. (1) Foyez à la fin la note A. (2) Dans la traduction anglaise, le mot over (sur) a pris ici la place du mot under (sous), apparemment par quelque inadvertance de l’imprimeur ou du il DR PR. NE CE EE C2 . s * | Max:munm. | Minimum. |A Mir. Maximum. | Blinimum. A 8 y mipi.| | heures* o | heures. o heures. LIN Éeures A ill. . ads. + 68,75 53 m.— 0,60|+ 7,69 à 53 Hagen ..761,40jà 9 + S........ 753,60 Fondé 8, | afà 35. +10,60[à 5 m.+ 0,50|+ 8,90/à 5: m....... 754,00|à 35..........751,70|753,18| 8,41 has +0935à5m— 0754 7751045... 755,18/à 5 :m.....….. 7517675290] 8,40 al 35. 12,25 à 5+m.— 0,40 10,50 à 10 + M... e TA, 30 0 Ne el/eise 756,42 757,14 9 | 5è4s 16,50 à 55m. + 1,75|+14,00|à 61 m....... 757,32 à9 Se atteiets 752,24 755,68 10,8] | 6|à midie +17,90|à 5 7 Me + 4,25] + 17:90 à CDPEEREEEE 749,22/à 1045....... 745,40|748,26| 11,6[M 7la 35. +1 1,40|à 10 45. + 3,75|+ 925|à 5 m......... 742,42[à 10 5 s....... 74c,20|742,36| 10,7): E| 65 55. -13,00|à 5 ; m. + 3,50 +10,75|à 9 Meressisee 900,70 ALT See --0 0-1 734,82|796,30 do à3s. b+12,50|à 10 4s.+ 4,35|+10,90à 10 5 s....... 737,54[à 53 m....... 734,20|734,80 î 10|à midi. 412,95 453 Me 9,75|#12,90|à 9 s..........745,20 àS4m........ 739,12|741,02 Mlrnfèss. +11,60 à 1144 6.25|+1r,o0à 11 $5....... 720,54{[à 7 m.........744,22/745,76| 10,4/}l: Mirolà midi. 414,60 à53m. + 5,00|+14,60o/à 9 s........ +.753,64 À D Morse... 751,64|753,22| 10,9]Ml: EUR 35. + 7:90 19 xs. + 2,75|+ 6,25|à midi . nense.798;7O[ A9 3 Se... 752,02|753,70 S) MI 5 4 midi. + 7,00|à 10 45.— 0,50 + 7,00/à5+m...... +749,20 à 6 + Se.oce. + .746,04|746,36 NI IE Aro là 102 m+ 5,85]à 54 me, 3,25|+ 5,75|à 10 5........ 793,80|à 5 7 Me..s.s.701,00|793, 10 f D l16à midi. Æ11,25/à 54m. — 0,50 11,25 à9 M be tetes 753,00|à II + S....... 749,10|752,00 I Dlzlè midi. +15,25/à 5m. — 1,10] 415,254 1 m... .....748,70[à 52 5........746,70|747:56 ' FO 35... +17,26[à 5m. + 6,75|+15,50 à midi........750,32|à 5 m.........748,70|790,92 l JEU midi. Æ12,89|4 11 s. + 4,00 Hr1,85là1r s...... -..702,26à03m....... 750,30|756,42 l ER +-14,00|4 5m. + 0,25 +-12,85|à 7 m.........703,76|à 11 S......... 756,74|762,22 lzrlà 105mro,25|à 5m, + 7,79 +17,00 à 5 m........753,40o/à 10 ?s........752,90|792,80 ll22 à 35. +19,00| à Sim 25) 1070 AOIMe-e- ss 702 O0 A Selle star 751,44|791,80 ko Al2343s. +-22,50[25 m. +11,50 21,60 à9 RAA Er 753,76 à 5 La EU Die 752,34|753,14 h] si 2qlà 35. 21,75/à 5 m. —Æir,85/<+21,40|à 17 See... 792,90[A 5 See... 751,50|752,00 L Hl25à3s. <+-19,85/4 118. —13,00[+18,65 à II S......... 756,32|à minuit......752,44|753,94 hi 1126/à midi. +-20,40 à43m.+ 8,75|+20,40 à TO Me - 00 758,22|à minuit. ..... 756,44|758,00 pl 27/5 3s. +-19,60|à 4 À m.+4-10,00 +18,75 à ONE EEE 757,66 à D25.........799,70|790,90 bn 28lÀ midi. H22,00|à 4 & m.+10,50|+22,00 4 9 m....... -796,24|à 11 2S....... 752,33|755,60 nl 29|à 10 m. +-22,90|à 42m. +10,10 +21,25à Aimerchese 751,48|à 10%5....... 749,00|750,50 UL n|30{à midi. +29,00|à 4i m. 10,85 ARTS eg ano c 750;,72|à 4 im....... 748,00|746,80 Ko 752,66] 749,35[749,23| 12,0 + 4,92] +1409| 4 Moyennes.+14,65| RÉCAPITULATION. Millim. Plus grande élévation du mercure. .... 763°76 le 20 Moindreélévation du mercure......... 734,20 le 9 Plus grand degré de chaleur......... +-22°90 le 29 Moindre degré de chaleur........... — 3,25 le 15 Nombre de jours beaux....... 20 de couverts.........s. 10 depluie.......sse....e 9 : de Vent 2550 280000 000 30 de gelée........... D5= 6 de tonnerre.........s (o) de brouillard. ......... 15 de neige...o........... I de grêle....-...... 2 2 = RE RENE & D à DR RSR RENE RES SRERESSEREE E = Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cent centièmes de snillimètre, Gomme les observations faites à midi sont ordinairement celle qu’on le thermomètre de correction. À la plus grande et à la plus petite élévation du baromètre conclus de l'ensemble des observations, d'où il sera aisé de déterminer la température moyenne conséquent , son élévation au-dessus du niveau de la mer.La température des caves est égalemenl| | | | Î A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS. AVRIL 1816. RE ARS EEE... — EL: POINTS | VARIATIONS/DE L'ATMOSPHÈRE. |} YG. Ë a VENTS. men | À EN LUNAIRES. L u |à midi. LE MATIN. A MIDI. LE SOIR. 1| 57/E. Beau ciel, brouillard. Rte, Beau ciel. | 58| Idem. Nuageux, leg. br., gl. 1dem. Idem. 3l 56| Iaem. Légères vapeurs, gl. |Légers nuages. Idem, 4| 55 idem. Beau ciel, brouillard. Beau ciel. Idem. 5] 54 |S-E. P.Q.à4h32s.| /dem. : Légers nuages. Nuageux. 6 56 |O. Nuageux, bronillard.| À cemi-couveit,. Très-nuageux. 7| 56 Idem. Petitepzuie, lrès-nuageux. laem 8| 64 |S-0. Couvert. Couvert, Pluie. ol 79 |[S-E. Taem, Xger br. Idem. Beau ciel. 10| 63 |S. fort. Lune périgée. Couvert, lég. brouil.| dem. Idem, pl. à 4h. 11l 86 |S. |Pluie, brouillard, Peute pluie. Pluie ce7 à 9 h. 12] 54 [O-N-O, P.L.à6h.52/m Nuageux, brouillard.| Très-nuageux. Couvert. 13] 77 |IN-0O. Couvert, Couvert. Pluie. 14] 60 |S. Id., brouil. neige. Idem. Neige abondante. 15] 60 |O. Beau ciel , léger br. |Couvert, grésil, Couvert. 16}: 50 |S O. Nuageux, broullard.| Nuageux. Beau ciel. 17| 215. Beau ciel, leger br. [Couvert. Pluie. 18] 67 |S-O. Couvert, brouillard. |Très-nuageux. Très-nuageux. 19] 65 |N-0. D.Q.39h48/m.! Frès-nuageux. Ldem. Beau «ici. 20] 46/|E. Beau ciel, br., gel. bl.| Beau ciel. Nuageux. 2111 7x |S., l'rèsnuageux. Pluie. Pluie par intervalles. | 22] 74| Tien. Lune apogée. Pette pluie. Pluie par intervalles. (Couvert, pluie à 5 h.|£ 23| 53 |S-E, Nuageux, lég. brouil.| Nuageux. Petite pluie. Ë 24| 53 |E. Nuageux. Ligèies vapeurs. Beau ciel, éclairs. 25] 51 |N-E. Beau ciel. Nuageux. Beau ciel, pl.à 5h. gr.| 8 26| 43| Idem, Idem. Très-nuageux. Irès-nuageux. 27| 49/E.-N-E. JÎNLarh.40's.Nuageux. Idem. Nuageux. 28| 46/|E. Beau ciel. Nuageux. Tiès-nuageux. 29] 40/S. Nuageux, lég. brouil.|Quelques éclaircis. |Quelq. éclaircis, éc!.l# 3o| 66 |0. Couvert. Idem. Quelq. gouttes d'eau. Moy. 9) R'E CA PA TU EL ANT TION. ee 22 INis spot ses eee | © INSERT EE noce En rocédodiueenee 8 Jours dont le vent a soufflé du de RATE PE Eee ÉHDoboedoaicédaene 6) O DB Gocadtiocé 6. NOM RUES SE le”1° 720002 ; Therm. des caves centigrades. le 16 12°,093 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 12""80— 5 lig. 7 dixièmes. “tigrade , ct la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire en millimètres et emploie généralement dans les déterminations des hauteurs par le baromètre, on a mis à côté el du thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le #72aximum et le minimum moyens, du moïs et de l'année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris, -et pag exprimée en degrés centésimaux, afin de rendre ce Tableau uniforme. ñ 360 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE Relatif à l’Influence de la Température des Pressions mé- caniques et du Principe humide sur la Génération du Pouvoir électrique, et sur la Nature négative ou positive de l’Electricité ; Par J. P. DESSAIGNES. J'EssAYOIS en 18rr, de faire quelques recherches sur la gé- nération du pouvoir électrique, lorsque je m’apercus pour la première fois, que la température exerce sur ce pouvoir une plus grande influence que celle qu’on lui a supposée jusqu'ici, et que c’est à elle principalement que l’on doit attribuer les changemens de nature, que l'électricité du verre éprouve dans toutes les saisons lorsqu'on le plonge dans le mercure. Mais alors tous les phénomènes relatifs à ces deux faits, s'offrirent à moi avec une telle confusion et des contradictions en apparence si inconciliables, que malgré mes eflorts je ne pus en déméler la filiation, ni en apercevoir nettement leur correspondance avec les variations de la cause qui les produit. Ces premiers efforts eurent néanmoins pour moi l'avantage de me faire pressentir que, malgré la difficulté de l’entreprise, j'en viendrois à bout, si je pouvois les étudier à loisir et pour ainsi dire un à un. Je résolus donc de m'occuper exclusivement de cette recherche; mais provisoirement je crus devoir m'en assurer la propriété, en faisant part à l'Institut de mes premiers résultats, et en les consignant dans le Journal de Physique. Je présente aujourd’hui ce travail avec quelque confiance, parce qu'il est le fruit de cinq années de recherches faites avec soin. J'espère qu'on y trouvera des observations exactes et des faits nouveaux, qui me paroissent intéresser essentiellement la théorie de l’électricité. Pour bien assurer mes pas dans une pareille recherche, j'ai pensé ET D'HISTOIRE NATURELLE. 361 pensé que je devois m'attacher d'abord à bien constater les phénomènes et à procéder ensuite à l'investigation de leurs causes par la double épreuve de l'observation et de l'expérience. Ce Mémoire sera donc divisé en trois parties : la description des phénomènes, les observations et les expériences directes. PREMIÈRE PARTIE. PHÉNOMÈNES. Parmi toutes les manières de produire l'électricité qui sont en usage, J'ai choisi de préférence celle qui consiste à plonger une tige de verre ou tout autre corps électrique dans le mercure, comme plus capable de se prêter à toutes les modifications que je pourrois avoir besoin de faire subir aux deux corps frotiés. Il y a trois manières de rendre électrique une tige de verre avec le mercure, qui ne sont que trois divers modes de pression. La première consiste à la mettre en contact avec la surface du mercure : dans la seconde, on la plonge doucement dans ce liquide et on l’en retire de même : la troisième a lieu en lim- mergeant brusquement et en la retirant de la même maniere. Je désignerai par suite ces trois sortes d'électrisation sous les noms de contact, d'immersion et de choc. dJ’ai constaté la nature de l'électricité par deux méthodes éga- lement sûres : 1° en présentant la tige électrisée à un électromèlre préalablement chargé d’une électricité opposée; 2° en projetant sur la tige un mélange de minium et de soufre à l’aide d’un petit soufflet, L'on a souvent besoin de plonger la tige dans le mercure plusieurs fois de suite, et il est nécessaire alors d’éteindre à chaque fois l’électricité précédemment acquise. On y parvient aisément en mettant dans le vase qui contient le mercure un fil de fer communiquant au réservoir. Il est inutile de faire observer que le mercure est toujours d'une électricité opposée à celle de la tige qu’on y plonge. Seu- lement je ferai remarquer que lorsque celle-ci sort du mercure à moitié positive et à moitié négative, comme cela a lieu souvent, ce métal se trouve alors sans électricité; que lorsqu’au contraire l'une des deux électricités domine plus que l’autre sur la tige, celle du mereure est d’une nature opposée à l'électricité qui est dominante sur la tige. Tome LXXXII. MAI an 1616. Aaa 362 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il est nécessaire que le mercure qui doit servir à ces sortes d'expériences soit pur et sans mélange avec d’autres métaux. La grosseur de la‘ tige la plus convenable, est celle d’un bâton x de cire à cacheter ordinaire. Premier Phénomène. Lorsqu'on plonge une tige de verre dans du mercure, ou qu’on la met seulement en contact avec lui, souvent on la trouve électrique par immersion, par choc et par contact : souvent elle l'est par immersion et par choc et nullement par contact : souvent au contraire elle l’est par contact et par immersion et non par choc. Quelquefois elle n’est électrique que par contact : d’autres fois que par choc: très-souvent enfin elle se trouve inexcitable de toutes manières. Le pouvoir électrique naissant est susceptible de se dévelepper de deux manières différentes; tout d’un coup ou graduellement. Dans le premier cas, la tige se trouve à l'instant méme élec- trique, par contact, par immersion et par choc. Dans le second Cas, tantôt on la voit devenir excitable par choc, puis succes- sivement par immersion et par contact, ou s’arrêter au premier où aux deux premiers de ces trois modes : tantôt au contraire elle commence à l'être par contact, puis successivement par choc et immersion , ou elle s'arrête au premier ou aux deux-premiers de ces trois modes. On remarque encore dans l'immersion que parfois elle com- mence à être électrique par le haut de la partie immergée avant que de l’être par le bas, parfois au contraire elle commence par le bas et finit par le haut. La tige après être devenue électrique est sujette à redevenir inexcitable : or, elle le devient tout-à-la-fois ou par degrés. Dans le premier cas, la tige se trouve à l'instant même inexci- table des trois manières : dans le second cas, tantôt elle com- mence à l'être par contact , avant que de le paroître par immersion et par choc, puis successivement elle le devient de ces deux ma- nières : tantôt au contraire, elle commence à l'être par immer- Sion, puis successivement par choc et en dernier lieu par contact. Ainsi la marche de son affoiblissement est inverse à celle de son développement, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 363 Second Phénomène. L'électricité qu’acquiert la tige de verre dans le mercure, n'est pas toujours de même nature. D'un jour à l’autre, quel- quelois dans la même heure, et même en un instant elle passe du positif au négatif, ou inversement, et sous ce rapport elle présente encore des effets bien opposés. 1°. Souvent on la trouve négative par choc, par immersion et par contact : souvent au contraire elle est positive de ces trois manières. ‘ 29, Tantôt elle est positive par contact et négative par im- mersion et par choc, ou positive par contact et immersion et négalive par choc : tantôt au contraire, elle est négalive par contact, et positive par immersion et par choc, ou négative par contact et immersion, et positive par choc, 30, Parfois elle paroît dans l'immersion positive par le haut de la partie immergée et négative par le bas : parfois au con- traire, elle se trouve négative en haut et positive en bas. Ces deux électricités sont toujours séparées l’une de l’autre, par une portion de la tige non-électrisée, une espèce de nœud inter- médiaire. 4°. Dans certaines circonstances elle n’est positive que par contact ou par choc et inexcitable des deux autres manières : dans d'autres circonstances, au contraire, elle est négative par contact ou par choc et inexcitable des deux autres manières. 5e. Enfin, quelquefois la tige sort du mercure positive à la première immersion et négative aux suivantes : quelquefois, au contraire , elle sort négative à la première immersion et positive aux suivantes, sans qu'on puisse apercevoir aucune cause sen- sible de ce changement. ” Troisième Phénomène. Lorsque l'électricité veut changer de nature, si ce changement se fait par gradation, comme cela arrive assez souvent, l’on voit la tige devenir peu à peu moins électrique dans l’immer- sion, puis cesser de l'être tantôt par le haut, d’abord et suc- cessivement par le bas, tantôt par le bas, d’abord et succes- sivement par le haut : quelque temps après, ellereparoît électrique progressivement et de la même manière; mais son électricité Aaa 2 364 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a changé de nature. Cet élat neutre et intermédiaire qui précède ainsi dans l'immersion le passage d’une électricité à une autre de nature diflérente, ne manque jamais d’avoir lieu dans toutes les circonstances où ce changement veut s’opérer. Quatrième Phénomène. Lorsque le pouvoir électrique se développe lentement et par degrés, si l'on fait attention à ce développement, on ne tarde Pas à s’apercevoir qu'il a trois et même quatre manières de se développer sous le rapport de la nature de l'électricité; mais la dernière arrive très-rarement. 1°. L’électricité naissante peroît d'abord négative et à proportion que les deux pouvoirs se dé- veloppent, ensuite elle augmente d'intensité sans changer de nature. 20, Elle débute souvent, au contraire, par l'état positif, et à proportion que les deux pouvoirs se développent , la tige devient successivement inexcitable et négative et elle s'arrête définitivement à cet état-là. 30. Elle débute quelquefois encore par l'état négatif; mais à mesure que les deux pouvoirs se dé- veloppent, on voit la tige devenir successivement inexcitable, positive, inexcitable et négative, et elle s’arrête là définitivement. © 4°. TI m'est arrivé quelquefois de voir la tige paroître en hiver très-foiblement positive ; puis, à mesure que les pouvoirs se dé- veloppent, devenir successivement inexcitable, négative, inexci- table, positive, inexcitable et définitivement négative. On n’observe point ces divers passages d’une électricité à une autre dans le développement brusque des pouvoirs : la tige passe tout de suite à l’état négatif et y persévère. . On remarque ces mêmes passages d’une électricité à une autre dans l'afloiblissement graduel des pouvoirs. Cinquième Phénomène. Quand le pouvoir électrique ne fait que de naître, ou qu’il est sur le point de disparoître, souvent on trouve la tige foi. blement électrique par immersion lente, et inexcitable par une immersion forte : quelquefois même une seule immersion vive suflit pour la rendre irrévocablement inexcitable ; souvent, au contraire, une ou plusieurs immersions vives ne font qu'accroitre son pouvoir au lieu de l’éteindre. C’est dans cette circonstance que, lorsque la tige est inexcitable, on fait renaître son pouvoir par quelques immersions brusques. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 6 Sixième Phénomène. La tige peut être inexcitable dans le mercure par le seul af foiblissement de l’un des deux pouvoirs. C’est pour cela que, lorsqu'elle sort de ce liquide sans électricité, tantôt le verre conserve encore la propriété de s’électriser par frottement sur laine, tantôt c’est le mercure seul qui la possède : quelquefois ils sont très-foiblement électriques sur laine l’un et l’autre, quoi- qu'inexcitables Pun par l’autre : d’autres fois enfin ils ne sont excitables ni l’un ni l’autre dans le mercure et par frottement sur laine. Les deux pouvoirs sont alors dans le plus grand degré d’affoiblissement. Septième Phénomène. La laine et la soie, le coton, le papier et la cire à cacheter sont sujets aux mêmes variations que le verre, si ce n'est que les quatre premières substances changent moins fréquemment d'électricité. Il est bien remarquable que le soufre sort presque toujours positif du mercure dans toutes les saisons, Huitième Phénomène. Quand le mercure est impur, c’est-à-dire qu'il tient en dis- solution un autre métal en suffisante quantité pour y perdre de sa fluidité, le verre en sort toujours positif, quelle que soit son immersion et dans tous les temps. - Tels sont les divers phénomènes électriques que le verre plongé dans le mercure offre à l'observateur attentif, Hl s’agit à présent de déterminer les circonstances qui le rendent suscepuble de tant de variations. SECONDE PARTIE. OBSERVATIONS. L'atmosphère est continuellement modifiée par les variations de la température, de la pesanteur de l'air et du principe hu- mide. Or il paroît constant, d’après l'observation, que c’est à Pinfluence de ces trois sortes de modifications de Pair que l’on doit attribuer toutés les variations auxquelles je viens de faire voir que le pouvoir électrique est assujéti. 366 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Première Observation. Si on laisse reposer sur le marbre d'une commode des bâtons de cire à cacheter, de soufre, d'’ambre ou de verre et que tous les matins on les enlève doucement pour les présenter à une aiguille électrométrique, on les trouve sans électricité, tant que l'air n’est pas refroidissant, ou lors même qu’il réchauffe les corps euvironnans. Ils sont au contraire spontanément électriques toutes les fois qu’il survient dans la nuit ou pendant le jour, ua refroidissement un peu considérable. On peut obtenir le même eflet à volonté en chauffant de quelques degrés de la cire à cacheter, par exemple, et en l’ap- pliquant ensuite pendant quelques inslans sur un marbre, ou mieux encore, sur la surface du mercure. Je w’ai jamais pu réussir à rendre électrique le verre ou la cire à cacheter, par la seule impression de la chaleur, et sans leur faire toucher un corps conducteur, d’une température plus basse que la leur. Seulement j'ai remarqué que lorsqu'on a chauflé la cire, elle est si disposée à devenir électrique, qu'il suflit pour cela du plus léger contact de la main. De la cire à cacheter, à la température libre , mise en contact avec du mercure ou du marbre refroidi artificiellement, devient de même spontanément électrique. On n’obtient aucune élec- tricité en mettant en contact de la cire à la température libre sur un marbre ou sur du mercure chaud. Ainsi, pour que les variations de la température puissent pro- duire spontanément dé l'électricité, il faut deux conditions es= sentielles : contact entre deux corps hétérogènes, et transmission du mouvement calorifique du corps indéférent dans celui qui ne l’est pas, ou qui l’est moins. Deuxième Observation. 19, Lorsque le pouvoir électrique est éteint par un temps chaud et humide, et que le verre refuse de s’électriser dans le mercure et par frottement sur la laine , il persévère dans cette inertie toute la journée et les jours suivans malgré les progrès de la chaleur diurne , tant que l’air ne devient pas refroidissant, ou que, sil le devient pendant la nuit, il ne perd de sa tem- pérature que ce qu’il en avoit acquis la veille par la chaleur du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 367 jour. Si l'air au contraire vient à se refroidir dans la nuit très-lentement et par degrés, de manière qu'il y ait entre le mènämum de la chaleur de la veille et celui du lendemain, une diflérence en moins de 40 à bo° ou au-delà, on trouve bien encore alors tous les matins la tige de verre inexcitable dans le mercure et par frottement sur laine; mais à mesure que la chaleur diurne fait des progrès, on la voit paroître d’abord foi- blement électrique par simple contact avec le mercure et non autrement, puis successivement par choc et par immersion en commencant par son extrémité supérieure, et elle augmente ensuite progressivement d'intensité jusqu'à trois heures après midi ; dès ce moment elle commence à s’afloiblir, et de plus en plus perdant de sa force à mesure que la température baisse, elle finit par n'être plus excitable, d’abord par immersion et par choc, el en dernier lieu par contact. La tige se comporte de la même manière les jours suivans tant que ce temps-là dure. 11 est à remarquer que lélectricité devient d’autant plus intense par les progrès de la chaleur, que la fraîcheur de la nuit a éié plus considérable. Un refroidissement lent et modéré de l'atmosphère ne pro- cure donc réellement aucune tension au pouvoir électrique; mais il lui donne de l'aptitude à en acquérir par l'influence de la chaleur diurne. 20. Le pouvoir électrique étant toujours inexcitable , si l’at- mosphère vient à se refroidir brusquement par un vent de nord ou de nord-ouest, la tige à l’instant même se trouve électrique dans le mercure, par choc, par immersion et par contact, et son intensité est d'autant plus forte que le vent est plus froid et le changement de température plus rapide. Dans cette cir- constance, J'ai vu l'électricité extrèmement énergique, lors même que l’hygrometre étoit à 95°. Lorsqu'un vent froid se lève dans l'atmosphère, souvent il commence par un foible degré et se développe ensuile progres- sivement. Dans ce cas, la tige paroît d’abord électrique par choc dans le mercure avant que de l’être des deux autres manières ; puis successivement elle le devient par immersion, et par contact en dernier lieu. Lorsque le refroidissement ne s'opère qu'à un degré foible ou modéré, la tige ne devient électrique que par choc, ou par choc et immersion, et nullement par contact, L'on voit encore le pouvoir électrique naître et se développer par un refroidissement graduel, dans un temps calme, tel qu'il 263 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a lieu particulièrement dans les nuits de l'automne ou du prin= temps; mais il faut pour cela qu'il y ait an moins entre le minimum de la chaleur de la veille et celui du lendemain à la même heure, une diflérence de température en moins de 10° à 120, et surtout que l’abaissement de la température se fasse rapidement dans la matinée : encore l'électricité est-elle toujours beaucoup moins forte que celle que l'on obtient par un vent froid, En novembre 1815, la température moyenne ayant été pendant le jour à + 15° cent. et mes tiges de verre inexcilables, le thermomètre descendit dans la nuit à o°, quoique l'air fût très-calme : le lendemain je trouvai mes tiges bien électriques au premier frottement. Quelques jours après, sous un ciel éga- lement pur et calme , la température moyenne étant +30 cent., le thermomètre descendit à —20 : malgré cela les tiges furent aussi inexcitables le lendemain que la veille. Aussi le pouvoir électrique reste inexcitable quand le refroi- dissement de l'atmosphère se fait par des accroissemens insen- sibles : il acquiert au contraire plus où moins de tension lorsqu'il a lieu par une progression plus ou moins rapide. Le pouvoir électrique une fois développé continue à se ma- nifester jour et nuit, tant que le froid recoit de nouveaux ac- croissemens et que les corps marchent au refroidissement, Mais si la chaleur vient à succéder au froid, comme elle peut arriver brusquement par un vent chaud du sud, ou lentement et par degrés par un changement d’état dans l'air peu sensible dans ses progrès alors, la tige devient dans le premier cas tout d'un coup inexcitable par contact, par immersion et par choc; dans le second cas, au contraire , elle paroît d’abord inexcitable par contact avant que de l’être des deux autres manières, puis successivement elle le devient par immersion et par choc en der- mer lieu. L’afloiblissement du pouvoir est d'autant plus long à s’opérer, que l'élévation de la témpérature se fait plus len- tement : voilà pourquoi la tige reste quelquefois long - temps plus où moins électrique par immersion et par choc, ou seule- ment par choc. Quand la tension électrique est forte, il faut ordinairement pour l’anéantir une élévation subite ou successive de la température de 8 à 100 cent.: il en faut beaucoup moins quand le froid qui a précédé ce changement n’a pas été consi= dérable. Il est remarquable que le pouvoir électrique qui naît par l'influence du froid, commence à paroïître par le choc et finisse par ET D'HISTOIRE NATURELLE. 369 par le contact, et qu’en s’afloiblissant il commence à disparoître par le contact et finisse par le choc, tandis qu’il suit une marche inverse lorsqu'il naît par l'influence de la chaleur et qu'il s’af- foiblit par celle du froid. 30. Le pouvoir électrique plus ou moins développé par l'effet du froid, est sujet à éprouver diverses variations par les progrès de la chaleur diurne : r° lorsque le 72aæèmum de cette chaleur ne va pas au-delà de 15 à 20° cent., l'électricité de la tige, quel que soit son degré de force, augmente progressivement d'intensité depuis le lever du soleil jusqu’à 3 heures après midi, elle s’afloiblit ensuite sur le soir à mesure que la température baisse, et se retrouve sur le soir au même degré que le matin. 20. Si le maximum de la chaleur diurne s'élève à H 25° cent. ou au-delà, malgré un vent frais du nord, alors l’électricité, après avoir pris de laccroissement dans la matinée, s’afloiblit beaucoup de midi à 3 heures, et finit souvent par disparoîtres entièrement; mais sur le soir on la voit renaître plus ou moins promplement, suivant les progrès du refroidissement. 3°. Quel- quefois l'électricité après avoir pris de l’accroissement, conserve dans la journée ce degré d'intensité malgré les progrès de la chaleur diurne, et ne paroît pas sensiblement s’affoiblir; mais le pouvoir n’en a pas moins perdu de sa force, malgré qu'il jouisse de la même tension. En effet : on remarque qu'il suflit alors de frotter fortement une seule fois la tige sur de la laine, ou de la plonger brusquement dans le mercure pour la rendre inexcitable aux immersions suivantes. Cela n’a pas lieu lorsque le pouvoir n’a pas été affoibli : la tige, au contraire, est d'autant plus électrique que l'immersion dans le mercure est plus vive. Le pouvoir électrique peut donc, sous l'influence de la chaleur diurne, diminuer réellement de force, tout en conservant le même degré de tension sous une même pression, 4°. Le pouvoir électrique après s'être bien développé par le refroidissement rapide de l'atmosphère, est sujet à s’affoiblir et à s'éteindre par l'influence même du froid, lorsqu'il devient stationnaire et continu. J'ai vu fréquemment en hiver la tige fortement électrique à la première impression du froid, le de- venir moins de jour en jour sous ce même degré de froid et finir par se trouver inexcitable. Elle persévère alors dans cette inertie toute la journée lorsque la température est stationnaire , ou qu’elle n’augmente dans le jour que de 2° cent. : dans le cas contraire, on la voit devenir électrique dans la matinée, Tome LXXXII. MAI an 1616. . Bbb 370 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE puis augmenter d'intensité jusqu'à 3 heures après midi, s’affoiblir ensuite sur le soir , et se trouver inexcitable à 8 ou 9 heures. Je dois observer que lorsque le pouvoir est très-afloibli par le froid, une élévation subite de la température de Patmosphère d’un degré seulement, suflit alors pour l’éteindre entièrement, Le 14 décembre 1812, le thermomètre extérieur étant à — Go cent, par un vent du nord calme, sous un ciel sans nuages, le verre et la cire à cacheter furent assez foiblement électriques pendant tout le jour : sur le soir à 7 heures, le thermomètre étant monté subitement d’un degré, la cire cessa à l'instant d’être électrique, et le verre nele fut presque plus. 00. Lorsque le pouvoir électrique est éteint par l'élévation de la température moyenne de l'air, il reste insensible comme je l'ai dit, à l'impression de la chaleur diurne, tant que les nuits ne sont pas fraîches, ou que la température moyenne ne “s'élève pas au-delà de 5 à 6° cent. Lorsqu’au contraire elle monte successivement de 15 à 25° cent. par suite d’un beau temps calme, le pouvoir électrique est susceptible de devenir excitable par les progrès de la chaleur diurne, et l’on trouve alors la tige inexcitable tous les matins, plus ou moins élec- rique de midi à trois heures, pius foiblement sur le soir, et inexcilable dans la nuit. Ainsi, le pouvoir électrique peut naître et se développer directement par l'influence de la chaleur, et sans y être disposé par un refroidissement préalable ; mais alors l'électricité est toujours foible et tardive à se manifester. Go. Je dois enfin faire remarquer que le pouvoir électrique, qui doit sa naissance immédiatement ou médiatement à la chaleur, différe essentiellement de celui qu'a fait naître le froid, en ce que celui-ci, quand il est naissant, ne se manifeste que par une forte pression, et quand il est sur le point de s’éteindre, celte même pression le fait disparoître tout-à-fait : tandis que pour le premier, il ne se manifeste en naissant que par une légère pression, et qu'une forte immersion le fait renaître quand il ne fait que de disparoître. Il résulte de cette observation, que le froid fait naître et développe le pouvoir électrique, ou le dispose à être développé par la chaleur : que ce même froid continu lafloiblit et le fait disparoître lorsque la chaleur du jour n’augmente pas assez pour s’y opposer. La chaleur fait naître et développe également le pouvoir électrique; et elle augmente, affoiblit ou détruit, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 371 suivant son degré, celui qui doit son développement à l’action du froid. Si un certain degré de chaleur détruit la tension qu'a fait naître le froid, à son tour le froid détruit celle qu’a fait naître la chaleur. Ne doit-on pas en conclure que ces deux ten- sions sont diflérentes l’une de l'autre, et qu’elles sont l'effet de deux mouvemens opposés de la puissance électrique? Troisième Observation. Le pouvoir électrique du mercure est soumis, comme celui du verre, aux diverses influences du froid et de la chaleur; mais l’un et l’autre n’en recoivent pas également l'impression. 1°. En hiver, lorsque le pouvoir électrique vient à naître par un refroidissement graduel et que l’hygromètre est à 80°, ou un peu au-dessus, le mercure et en général tous les métaux sont les premiers à paroître électriques par frottement sur laine, au premier souffle d’un vent froid : ce n’est que long-temps après eux que le verre commence à le devenir, et lorsqu'il l’est foi- blement sur la laine, les métaux sont déjà assez fortement élec- triques au plus léger frottement. On remarque la même diflé- rence dans ledéveloppementde ces deux sortes de pouvoir lorsqu'ils viennent à naître le matin pat Is progrès de la chaleur diurne. Il n’en est pas de même sous un refroidissement rapide. Le verre et les métaux reprennent alors leur pouvoir en même temps: seulement on observe que l'électricité des métaux a toujours Hope On elenent plus d’intensité que celle du verre à égalité e fr ottement. Cela est très-sensible en employant un disque d'or, d'argent ou de platine. Lorsque les pouvoirs viennent à s’affoiblir graduellement dans cette saison, soit par une élévation lente et successive de la tem- péralure , soit par le froid devenu stationnaire et continu, celui du verre est toujours le premier à perdre de sa tension. Quand la tige en effet n’est déjà plus que foiblement électrique par frottement sur laine, les métaux le sont encore beaucoup CL on la trouve profondément inexcitable lorsque ceux-c1 sont encore foiblement électriques. On remarque la même différence dans J'afHfoiblissement de ces deux sortes de pouvoir, lorsqu’ayant été développés par la chaleur diurne, ils perdent de leur tension sur le soir par l’abaissement de la température. Il n’en est pas de même lorsque l'air se réchauffe promptement et tout d’un coup. Le verre et les métaux perdent alors leur pouvoir en Bbb 2 372 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE même femps : seulement on observe que le premier est toujours plus profondément inexcitäble que les derniers. 20. En été les choses se passent difléremment. Lorsque la température moyenne de l'air est à 20° cent. et l’hygromètre à 80°, ou un peu au-dessous, le verre alors est toujours plus prompt que les métaux à reprendre son pouvoir, sous l'influence d’un vent graduellement refroidissant : et lorsque les pouvoirs sont développés, l’intensité électrique du verre est supérieure à celle des métaux. Le 4 août 1812, les métaux p’éloient pas excitables, tandis que le verre l'étoit : sur le soir le vent devint un peu plus frais,.£t malgré cela les métaux resièrent inexci- tables. J'ouvris alors mes croisées : à l'instant même ils parurent électriques au prefniet'frottement. On remarque encore la méme différence dans le développement des pouvoirs, lorsqu'ils naissent pa Finfluence de la chaleur diurne. Il n'en est pas de même orsque le refroidissement de l’atmosphère s'opère rapidement; les deux pouvoirs se développent alors en même temps. Seule- ment lélectricité du verre a toujours plus d'intensité que celle des métaux. Lorsque les pouvoirs développés par un vent froid viennent à S'afloiblir dans cette saison jy une diminution graduelle du vent, ou par les progrès de la #haïeur diurne , celui des métaux est le premier à s’afloiblir et à devenir inexeitable. Le 25 juin 1612, par un vent d’est fort et frais, la température étant à + 20° cent. à 9 heures du matin et l'hygromèlre à 75°, tous les corps étoient bien électriques par frottement. A m'li les métaux se trou- vérent inexcitables, et le verre plus électiique que le matin. On remarque la même différence dans l’afoïbiftsement de ces deux sortes de pouvoir, lorsqu’après avoir été développés par la chaleur, ils diminuent de tension sur le soir par l'abaissement de la tem- pérature. Il n’en est pas de même, lorsque le refroidissement cesse tout d'un coup, et qu'un vent chaud succède au vent froid. Le verre et les mélaux perdent alors et en même temps leur pouvoir : seulement ces derniers sont plus profondément inex- citables que le premier. Il résulte de cette observation, que les métaux ont plus de force expansive en hiver qu’en été; tandis que Le verre au con- lraire en a plus en été qu’en hiver. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 873 SI Quatrième Observation. L'influence de l'air sec ou humide sur le pouvoir électrique est trop bien reconnue des savans pour chercher à l'établir ; mais il me semble qu’on lui a accordé une puissance trop étendue en la regardant comme la cause unique des variations de ce pouvoir. Les observations suivantes conduisent du moins à ürer celte conclusion. 1°. Le pouvoir électrique peut naître etse développer dansunair très-humide, pourvu qu'il soit refroidissant, Le r0octobre 1672, le temps étoit calme dans la journée, le thermomètre à 4200 ent. et l'hygromètre à 90° : le verre, la cire à cacheter et le soufre n'éloient pas excitables par frottement. Sur le soir, à 7 heures, le baromètre ayant baissé considérablement, une forte tempête se leva : le thermomètre descendit rapidement de bo° cent. et l'hygromètre monta à 95° dans ma chambre : je trouvai alors le verre, la cire et le soufre extrémement électriques au plus léger frottement. 29. Sous un même degré de refroidissement la tige est pres- qu'une fois plus électrique dans un temps sec que dans un temps humide. Sous un refroidissement de 1 à 2° cent., la tige reste inexcitable lorsque l'hygromètre est à go° et au-dessus : elle le devient foiblement lorsqu'il est à 80° : elle l’est assez fortement lorsqu'il est à 75° ou au-dessous. Ainsi un air humide au-dessus de 90°, nuit au développement du pouvoir électrique: au-dessous de 750 il le favorise : à 8oc il est sans influence. Ce pouvoir est à son plus haut point de tension lorsqu'une grande sécheresse se trouve réunie à un grand refroidissement, Cela est si frappant, que celte circonstance de temps n’a échappé à personne. 30. Un air humide ne nuit pas seulement au développement du pouvoir électrique, il concourt encore avec la chaleur à l'afloiblissement lorsqu'il est développé. J'ai vu en été, par un temps sec et un vent fort, le pouvoir électrique résister à l’im- pression de la chaleur diurne tant que l'hygromètre $est trouvé à 759, el s’'éteindre au contraire tout d’un coup lorsqu'il est venu à monter rapidement à 84°. En général le pouvoir électrique résiste d'autant moins à impression de la chaleur, que l'air est plus humide. Un air chaud et humide est encore la circonstance du temps la moins favorable à l’excitation électrique. 374 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 4°. Le pouvoir électrique est susceptible de naître et de se développer par l'influence seule d’un air qui marche rapidement au sec, et malgré l’influence opposée de la chaleur : en voici un exemple frappant. Le 3 octobre 1812, l'air étoit calme, le thermomètre à 210 cent. à 10 heures du matin et l’hygromètre à 91° : mes tiges de verre étoient inexcilables, Quelque temps après, le thermomètre étant descendu rapidement à 720, je les trouvai assez électriques au premier frottement , et elles persé- vérent dans cet état jusqu’au soir. À 6 heures, l'hygromètre remonta rapidement : je trouvai Pélectricité des tiges singuliè- rement afloiblie. Dix minutes après, l’hygromètre étant parvenu à 840, je ne pus obtenir aucun signe d'électricité. Pendant tout ce temps, le thermomètre resta stationnaire. Cette influence de l'air sec sur le pouvoir électrique est nulle où presque nulle lorsque la température est très-élevée. Les 24, 25 et 26 juillet 1811, par un vent de nord-estet sous un ciel pur , le thermomètre fut tous les matins à 25° cent. et s’éleva dans le jour à 270 cent. Mes tiges furent inexcitables pendant tout le temps, quoique l’hygromètre n’eût cessé d’être au- dessous de 800, En général l'influence de l'air sec sur le pouvoir élec- irique, n’est bien sensible, quand il agit isolément, que lorsque l'hygromètre marche rapidement au sec, et que Ja température moyenue n'est pas très-élevée. 5°. Le pouvoir électrique du verre est beaucoup plus sensible que celui des métaux à l’impression de l'humidité. C’est pour cela, que dans les temps très-humides le pouvoir du verre est dans toutes les saisons le plus lent à se développer et le plus prompt à s’éteindre. S'il est donc vrai que l'humidité nuit au développement du pouvoir, et que la sécheresse le favorise, il n’est pas moins cons- tant que ce pouvoir peut se développer dans un air humide et rester inexcitable dans un air sec. Cinquième Observation. L'on doit bien présumer que les pressions atmosphériques ne sont pas sans exercer une certaine influence sur le pouvoir élec- trique. IL est vrai qu’il est très-diflicile de voir et de déméêler nettement leur action de celle des autres causes, soit lorsqu'elles concourent avec elles, soit lorsqu'elles leur sont opposées, parce que la marche agnuelle de leurs variations a trop peu d’étendue; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 375 mais ce qui échappe à l'observation peut être démontré par des expériences directes, et c'est ce que j'ai fait dans un Mémoire précédent. Je me bornerai à en rappeler le principal résultat. Lorsque le pouvoir électrique est naturellement développé, il augmente sensiblement de tension dans un air raréfié jusqu’à un certain point : un plus grand degré de raréfaction l'affloiblit et l’éteint. Lorsque le pouvoir est développé, il augmente de même de tension dans un air condensé jusqu’à un certain point : un plus grand degré de condensation l'afloiblit et le fait dis- paroître. Quand ce pouvoir est naturellement inexcitable, on le fait renaître également dans un air raréfié ou condensé ; mais son développement toujours est foible dans les deux cas, et d'autant plus foible que la température de l'air est plus élevée. Ces influences sont précisément celles que le froid et la chaleur exercent sur le pouvoir électrique. Ces diverses actions de la température ne sont donc autre chose que des pressions diminuées ou augmentées : diminuées lorsque la température baisse, et augmentées lorsqu'elle se rehausse. Sixième Observation. Lorsque le pouvoir électrique est inexcitable, si l’on approche de la surface du mercure une tige de verre grosse comme un bâton de soufre, de manière à ne toucher ce liquide que-par un point, et sans exercer la moindre pression, elle w’y acquiert aucune électricité, quelque prolongés ou multipliés que soient les contacts. Quand le pouvoir , au contraire, est bien développé, elle y devient électrique du premier coup, et avant que d'être arrivée, pour ainsi dire, au contact sensible. Dans la même circonstance, la cire à cacheter et le soufre surtout, sont encore plus excitables que le verre, de cette manière. Un simple contact a donc le pouvoir de faire naître un principè d'action : ce principe ne peut être que l'attraction des deux corps pour le fluide l’un de l’autre. Il faut donc admettre trois sortes d'actions capables de produire l'effet électrique : action physique, qui est le changement de température : action mé- canique, qui est le frottement ou une pression : action chi- mique , qui est l'attraction. Ces trois sortes d’action, n'étant en définitif que des pressions, peuvent se réduire à une seule. 370 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE IT faut donc dire généralement que l'excitation électrique est le résultat d’une pression, Septième Observation. Il s’agit à présent de faire connoître la correspondance des changemens de nature de l'électricité du verre plongé dans le mercure , avec l'inégalité de tension que les variations de la tem- pérature et du principe humide procurent au pouvoir électrique du verre et à celui du mercure. 19. Dans toutes les saisons, toutes les fois que le refroidis- sement de l'atmosphère s'opère rapidement, et avec un certain degré d'intensité, la tige qui y étoit auparavant inexcitable dans le mercure, s’y trouve à l'instant même négative par choc, par immersion et par contact, et plus ou moins fortement suivant le degré du refroidissement. Dans cette circonstance le verre et les métaux sont à peu près aussi électriques les uns que les autres par frottement sur laine. ; Si les pouvoirs se développent graduellement par l'effet de la chaleur diurne ou par un refroidissement progressif, on remarque au printemps, que la tige inexcitable auparavant dans le mer- cure, y débute par l'état négatif dans les temps qui ne sont pas humides, et qu’elle commence à l'être dans l'immersion par sa partie supérieure : son intensité électrique augmente ensuite à mesure que les pouvoirs se développent sans que l'électricité change de nature, Dans les temps humides de cette saison, la tige débute au contraire par l’état positif, et ellecommence à être électrique dans l'immersion par sa partie supérieure : à proportion ensuite que les pouvoirs se développent, elle devient successivement inex- citable et négative par le haut quoiqu'encore positive par le bas. Quelque temps après elle paroît toute négative, et elle persévère dans cet état, lorsque les pouvoirs sont développés par le froid: lorsqu'ils le sont au contraire par les progrès de la chaleur diurne, elle devient sur le soir successivement inexcitable positive en commencant par le bas, et définitivement inexcitable. Il est à remarquer que dans ces temps humides on trouve la tige plus tardive à paroître électrique par frottement sur laine que les métaux, et plus prompte qu'eux à s’afloiblir par l'abaissement de la température, lorsque les pouvoirs ont été développés par ja chaleur. En été, la tige inexcitable débute encore par l'état négatif | comme ET D'HISTOIRE NATURELLE. 277 comme au printemps, dans les temps qui ne sont pas humides, et lorsque la température moyenne de l'air n’est pas éler ée. Quand la température est à + 25° cent. ou au-delà, souvent la tige en reprenant du pouvoir par les moyens indiqués , débute par l’état positif, malgré que l'hygromètre ne soit qu'à 609; mais cette élec- tricilé commence par le bas de la tige. À mesure que les pouvoirs se développent , on la voit ensuite devenir successivement inex- citable et négative, d’abord par le haut, puis par le bas, et elle persévère dans cet état toute la journée, ou tant que le temps ne change pas, lorsque c’est au froid qu’elle doit son développement : si elle en est au contraire redevable à la chaleur, elle devient sur le soir successivement inexcitable, positive et définitivement inexcitable. Dans cette circonstance, si avant que les pouvoirs soient développés, on examine comparativement le degré d’excitabilité du verre et des métaux par frottement sur laine, on trouve qu’ils sont tous encore un peu excitables , mais que le verre l’est plus que les métaux. Quelquefois on trouve les. métaux entièrement inexcitables par frottement sur laine , tandis que le verre l’est encore foiblement : cela a lieu dans les plus fortes chaleurs, sous un ciel pur et calme. Si les pouvoirs viennent à se développer graduellement dans cette circonstance de temps, la tige en devenant électrique dans le mercure, débute d abord par l’état négatif en commencant par le bas, puis suc- cessivement elle passe à l’état positif en commencant encore per le bas, et elle redevient négative en commencant par le aut. La tige est donc susceptible en été de prendre successi- vement trois états électriques. Dans les temps humides de l'été, l'électricité naissante de la tige est foujours positive et elle commence par son extrémité supérieure. En automne, la tige se comporte en tout comme au printemps. En hiver, lorsque la température moyenne est à + 50° cent. ou au-dessous, et que les pouvoirs sont inexcitables lun par l'autre dans les temps qui ne sont pas humides, la tige, en re- prenant du pouvoir, commence toujours par être positive dans le mercure, en commencant par le haut, puis elle devient suc- Cessivement inexcitabie et négative en commençant également par sa partie supérieure. On remarque que dans celte circons- tance , les métaux sont plus prompts à paroître électriques par frottement sur laine que le verre. Lorsque les pouvoirs ont été développés par la chaleur du jour, la tige reparoît sur le soir, positive , et finit par redevenir inexcitable. Dans les temps humides Tome LXX XII. MAI an 1816, Ccc 378 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de cette saison, et lorsque les deux pouvoirs sont inexcitables un par l’autre, tantôt on trouve les métaux encore foiblement électriques par frottement sur laine, et le verre inexcitable , tantôt les métaux plus fortement électriques sur laine et le verre plus profondément inexcitable. Dans le premier cas, la tige en reprenant du pouvoir paroît d’abord négative dans le mercure en commencant par sa partie inférieure, puis successivement elle’ devient inexcitable, positive inexcitable et négative. Dans le second cas} la tige est d’abord inexcitable par immersion et foibleinent positive par choc à son extrémité inférieures: peu à peu ensuite on la voit devenir successivement négative, positive et définitivement négative; bien entendu que chacun de ces états est toujours précédé d’une inexcitabilité préalable. Ces divers changemens s’opèrent quelquefois dans moins d’une heure, lorsque le temps se refroidit sur le soir. Il est peut-être inutile de dire que lorsque dans les deux cas les pouvoirs ont été dé- veloppés par la chaleur du jour, la tige redevient positive à Proportion que la température baisse dans la soirée, puis elle repasse par tous les autres états suivant le degré du refroidis- sement de la nuit. Ainsi, la tige est susceptible en hiver de prendre successivement quatre états électriques bien distincts. | Lorsque la tige sort fortement négative du mercure en hiver par un refroidissement progressif de l'atmosphère, si le froid devient stationnaire et continu, le pouvoir électrique du verre devient de jour en jour moins excitable par frottement sur laine, tandis que celui des métaux se conserve à peu près au même degré. Dans cette circonstance, la tige qui la veille étoit né- gative, se trouve le lendemain matin positive : de midi à trois heures elle devient négative, et sur le soir elle redevient posi- tive. Un ou deux jours après on la trouve négative le matin: dans le cours de la journée elle devient successivement positive, inexcitable et négative, suivant les progrès de la chaleur diurne, ou l’élévation de température de l'appartement qui est chauffé : sur le soir ensuite et pendant la nuit elle redevient successive- ment positive, inexcitable et négative comme au matin. Un ou deux jours après elle est inexcitable tous les matins, ou très- foiblement positive, et elle reste inexcitable dans le jour, sila température de l'air ne s'élève pas au-delà de 1 à 2° cent.: dans le cas contraire, elle se développe de la manière déjà indiquée. 2°. Le pouvoir électrique après être parvenu dans les deux L' ET D'HISTOIRE NATURELLE. 379 corps à son maximum de tension par l'influence du froid, est sujet à s’afloiblir ou à s’'éteindre par le retour de la chaleur. L’électiicité peut encore changer de nature suivant la manière dont s'opère cet affoiblissement. . D'abord l’affoiblissement des pouvoirs peut avoir lieu par une élévation subite de la temp“rature de l'air dans un temps froid et humide, où par le prompt retour de l'humidité dans un temps sec et froid. Dans ces deux circonstances, la tige dans toutes les saisons se trouve à l'instant sans électricité par con- tact, par immersion et par choc, et elle ne cesse d’être négative que pour étre inexcitable. Le verre et les métaux ne sont plus alors électriques par frottement sur laine. Si le temps vient à se radoucir lentement et par degrés, et que l’hygromètre soit à go® ou au-dessus, la tige qui sortoit auparavant toute négative , devient dans toutes les saisons, d’abord positive par contact et négative par immersion et par choc, puis inexcitable par contact, positive par immersion et négative par choc, ensuite inexcitable par contact et par immersion et négative par choc, enfin inexcitable de toutes manières. Le verre alors n’est plus excitable par frot- tement sur laine, tandis que les métaux le sont encore. En été, même au printemps et en automne , lorsque les pou- voirs sont bien développés par un vent du nord et que l’'hygro- mètre est à 750 ou au-dessous, si la chaleur diurne est consi- dérable, l’on trouve de midi à trois heures le verre beaucoup plus électrique par frottement sur laine que le matin, tandis que les métaux ne le sont plus autant. La. tige, qui étoit né gative des trois manières dans le mercure, ne-se trouve plus alors que négative par contact et immersion et positive par choc, suivant le degré d’afloiblissement du pouvoir du mercure. Sur le soir ensuite, ou dans la nuit lorsque le temps s’est ra- fraîchi, elleredevient toute négative comme au matin. En hiver, par un vent du nord également sec, si l’on ouvre brusquement la croisée de l’appartement pour frapper le verre et le mercure d'un coup de vent froid, la tige qui étoit auparavant négative de toutes manières, ne sort plus du mercure que positive par contact, par immersion et par choc, ou positive par contact et immersion et négative par choc. Dans ce moment les métaux se trouvent plus fortement électriques par frottement sur laine, et le verre plus foiblement qu'auparavant. En fermant la croisée, la tige redevient négative comme précédemment. En été, même au printemps et en automne, si la chaleur Cec 2 / 350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE diurne est considérable, lorsque l'hygromètre est à 80, les métaux sont très-foiblement électriques par frottement sur laine, ou inex- citables de midi à trois heures , tandis que le verre ne se trouve qu'un peu moins électrique ‘que le matin. Dans cette cireons- tance, la tige, qui étoit toute négative , paroît d'abord négative par contact, positive par immersion et négative par choc : quelque temps après on la voit positive par contact, inexcitable par immersion et négative par choc, ensuite inexcitable par contact et par immersion et négative par choc, enfin inexcitable de toutes manières. Sur le soir ou dans la nuit, à mesure que le temps se rafraichit, elle redevient électrique et repasse en re- montant, par tous les états qu’elle a parcourus en descendant. En hiver, par un vent froid et sec, si le temps vient à se ra- doucir graduellement, la tige, qui étoit toute négative dans le mercure, paroît d’abord positive par contact et négative par 1m- mersion et par choc, puis inexcitable par contact, positive par immersion et négative par choc, ensuite, inexcitable-par contact et immersion et négative par choc, enfin inexcitable de toutes manières, Alors la tige se trouve inexcitable par frottement sur laine, tandis que les métaux sont encore électriques de cette manière. En été, et même au printemps et en automne, si Ja chaleur diurne est considérable, lorsque l'hygromètre est à 85°, on trouve de midi à trois heures le verre ei les métaux aussi foiblement électriques les uns que les autres, ou également inexcitables par frottement sur laine. Dans ces deux cas, la tige devient de plus en plus foiblement électrique, et dans le second cas, elle ne cesse d’être négative que pour devenir inexcitable. En hiver, lorsqu'une élévation graduelle de la température a lieu et que l'hygromètre est à 85°, la tige de négative qu'elle étoit, com- mence toujours par étre positive avant que de devenir inexcitable. 3°. Je crois devoir revenir sur quelques détails des faits pré- cédens qui méritent une attention particulière. En hiver, où le pouvoir électrique du verre est toujours en naissant plus foible que celui du mercure, l'électricité de la tige commence par étre positive lorsque le pouvoir du mercure est un peu plus fort que celui du verre, négative, lorsqu'il l'est dans un plus grand rapport, et de nouveau positive lorsqu'il l'est proportionnellement davantage. En été, au contraire, où le pouvoir électrique du verre est toujours en naissant plus ou moins supérieur à celui du mercure dans les temps qui ne sont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 381 pas humides, l'électricité naissante de la tige est successivement négative, positive et négative, suivant le degré de foiblesse re- lative du pouvoir du mercure. Ainsi Pélectricité naissante du pouvoir le plus foible est successivement positive, négative, po- sitive suivant les degrés de son afloiblissement, et celle du pouvoir le plus fort, négative, positive, négative. Lorsqu’en été l'électricité de la tige se trouve en naissant au second état négatif, elle repasse par les états antécédens à mesure que les pouvoirs se développent, et, parvenue au premier état négalif, elle y reste quel que soit le degré de développement des pouvoirs : si elle débute par l’état positif, elle remonte au premier élal négatif et elle s’arrète là : si elle débute par le premier état négatif, elle augmente d'intensité sans changer de nature, En hiver, lorsque l'électricité de la tige se trouve en naissant au second état positif, elle passe de même par tous les états antécédens, négatif, positif, à mesure que Îles pouvoirs se développent, et elle parvient même au premier état négatif de l'été, lorsqu'elle jouit de tout son pouvoir : si elle débute par ‘état négatif, elle remonte au premier état positif et parvient encore au premier état négatif de l'été : enfin, si elle débute par le premier état positif, elle passe en se développant à l'état négatif de l’été et elle s'arrête là. De manière que quel que soit le point de départ de l'électricité naissante de la tige, elle parvient en tout temps au premier état négatif de lété, lorsque les deux pouvoirs sont complètement développés. Le pouvoir électrique du verre est done toujours alors supérieur à celui du mercure : l'électricité négative seroit donc aussi le partage de celui des deux pouvoirs qui est supérieur à l'autre ? En été, le second état négatif et le positif qui le précède, com- mencent toujours à naître par le bas de la tige et finissent par le haut, tandis que le premier état négalif commence toujours par le baut et finit par le bas. En hiver, le second état positif et négatif qui vient après, commencent encore par le bas et finissent par le haut, tandis que le premier élat positif commence par le haut et finit par le bas. Il en est de méme quand la tige passe du premier état positif de lhiver au premier état négalifde l'été. Ç VUE En été, lorsque la tige veut changer d'électricité soit par le développement des pouvoirs, soit par leur afloiblissement, elle sort toujours du mercure, négative en haut et positive en bas. En hiver, au contraire, lorsqu'elle passe du second état positif 382 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE au négatif, ou du négatif au premier état positif, elle sort toujours du mercure, positive en haut et négative en bas. Lorsque du premier élat positif elle veut s'élever au premier état négatif de l'été, elle sort alors, comme en été, négativeen haut et positive en bas; mais en descendant de cet état négatifau premier état po- sitif dans l’afloiblissement de son pouvoir, elle se trouve tou- Jours positive en haut et négative en bas. C'est dans ces divers passages d’une électricité à une autre de näture différente, que l’on remarque un état neutre et in- termédiaire , qui précède chaque changement de nature, et dans lequel la tige devient et reste inexcitable plus ou moins de temps, avant que de reparoître électrique. Cet état neutre commence d'abord par l’une des extrémités de la tige, suivant le bout par lequel l'électricité veut commencer à changer : peu à peu il s’élend pour faire place à la nouvelle électricité qui le suit de près et vient former entre celle-ci et l’ancienne qui sub- siste encore au bout opposé, une espèce de nœud qui les sépare lune de l’autre. La nouvelle électricité s'étend ensuite à son tour et pousse devant elle ce nœud qui, resserrant de plus en plus l'ancienne électricité, finit par la chasser entiérement et s’em- parer de sa place. Quelque temps après le nœud lui-même dis- paroît et la nouvelle électricité occupe alors toute la longueur immergée de la tige, Chaque état électrique est renfermé entre deux états inexci- tables. Pour arriver de l’un à l’autre, l'électricité après s’être manilestée, augmente progressivement d'intensité jusqu’au milieu de cet intervalle, puis elle décroit de la même manière et finit par disparoître. Quand le développement du pouvoir électrique se fait par saut, on n’observe point cet accroissement ni ce dé- croissement d'électricité : elle passe alors de suite du positif au négatif ou du négatif au positif, sans devenir préalablement excitable. L'on a vu que lorsque les deux pouvoirs sont développés ; celui du verre est supérieur en force à celui du mercure, et que l'électricité du premier est négative, conséquemment celle du second positive. Si le pouvoir électrique du verre vient à s’af- foiblir graduellement, on voit la tige sortir du mercure.de plus en plus foiblement négative, puis non électrique et quelque temps après positive. Le mercure est alors négatif; les deux corps se trouvent avoir échangé leur électricité. N’est-1l pas. évident que la puissance la plus foible devient ici par l’afloi- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 383 blissement de la plus forte, successivement moins foible, égale et supérieure à celle-ci? Si le pouvoir électrique du mercure vient au contraire à s’afloiblir, la tige en devient d’abord plus fortement négative; mais à mesure que l’affoiblissement aug- mente, on la voit ensuite diminuer d'intensité, puis sortir non électrique, et quelque temps après positive. Le mercure est alors négatif. Cet état positif de la tige, qui a lieu dans deux circonstances si opposées, ne peut être encore ici que le résultat de lafloiblissement que son pouvoir éprouve dans l'immersion, puisqu'au lieu de devenir plus fortement négative par l’eflet d’une supériorité de force croissante, elle perd de plus en plus de son intensité, et qu’elle ne parvient à être positive, qu'après avoir préalablement passé, comme ci-dessus, par un état d’é- quilibre. Il faut donc supposer que dans la pression mutuelle des deux pouvoirs, lorsque celui du verre a une trop grande supériorité sur lautre, il devient le plus foible par l’excès même de sa force, en ce sens qu’il acquiert une trop grande expansion par la foible résistance du pouvoir opposé, et que celui-ci aug mente de force en se resserrant davantage. Dans cette hypothèse, l’on concoit aisément, comment, lorsque le pouvoir du mercure vient encore s’afloiblir dans un plus grand rapport, la tige, après avoir été positive, peut redevenir négative. En résumant cette observation, l’on peut &ire 19 que le verre et le mercure sont souvent inexcitables l’un par l’autre et par frottement sur laine, on l'un des deux encore élec- rique sur laine, quoique inexcitable par l’autre; 2° que l’élec- lricité naissante du verre dans le mercure est tantôt négative, tantôt positive : qu’elle est susceptible ensuite de changer de nature dans le développement des pouvoirs et d’en changer de nouveau dans leur affoiblissement. Ces diverses modifications électriques ne sont-elles pas évidemment les eflets de deux puis- sances qui luttent entre elles avec des forces inégalement va- riables ? L’inexcitabilité absolue paroît annoncer une perte de ressort ou un défaut de tension dans l’un des deux pouvoirs, ou dans l’un et l’autre. L’électricité naissante du verre est né- gative lorsque son pouvoir se trouve supérieur à celui du mercure, ou qu'il Le devient dans l'immersion par le résultat de la pression mutuelle des deux pouvoirs. Elle est positive dans le cas con- taire. L’électricité change de nature lorsque la puissance qui est naturellement supérieure , diminue de foree et devient infé- rieure ;, ou que l'inférieure en augmente et devient supérieure, 384 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE c'est-à-dire généralement quand le rapport des forces devient inverse. Enfin l'inexcitabilité qui précède tous les changemens de nature de l'électricité paroît être l'effet d’un équilibre mo- mentané des forces. Huitlième Observation. D Le verre n’est pas seul soumis à ces variations ; la laine et la soie, le papier et le coton, la cire à cacheter et le-soufre y sont aussi assujettis, mais avec des diflérences qui méritent d’être connues. 10. Lorsque la laine, la soie, le papier et le coton roulés en cylindre et plongés dans le mercure deviennent électriques, ils commencent à létre par le bas du cylindre et finissent par le haut. Cela a lieu dans tous les temps et dans toutes les saisons. En cessant d’être électriques, ils commencent par le haut et finissent par le bas. La cire à cacheter suit la marche du verre sous ce rapport. Le soufre devient presque toujours électrique en commencant par le haut. 20. La laine sort négative du mercure dans toutes les saisons lorsque le temps n’est pas humide, et son électricité naissante ou développée est toujours de même nature. Lorsque le temps se radoucit dans les jours froids et humides, ou lorsqu'il devient humide en été, la laine sort toujours positive du mercure, ét cet état commence encore par le bas du cylindre. La soie, le papier et le coton suivent.la même marche : la première subs- lance est moins sensible que la laine à l'humidité, et sous ce rapport elle n’est pas aussi prompte à changer d’état électrique. 30, La cire à cacheter éprouve les mêmes changemens d’é- Jectricité que le verre dans toutes les saisons et dans les temps qui ne sont pas humides. La seule différence que l’on remarque, c’est qu’en tout temps elle est plus Le que le verre à changer d'état dans le développement graduel des pouvoirs, et plus tar- dive dans l’affoiblissement. 4°. Le soufre sort positif du mercure dans tous les temps, ét son électricité commence toujours par le haut. Cependant je l'ai vu négatif en hiver, lorsqu’après l'avoir laissé dans une chambre froide, je le reportois chez moi pour l’immerger dans du mercure moins froid que lui; mais cet état ne se manifeste qu'aux deux ou trois premières immersions. Aux suivantes il devient ET D'HISTOIRE NATURELLE. 30b devient positif, et dès-lors son électricité ne change plus de nature, Ces différences prouvent, ce me semble, que le pouvoir élec- tique de la laine, de la soie, du papier et du coton, naissant ou développé, est supérieur dans toutes les saisons, à celui du mercure, soit lorsque son électricité est négative, ou qu’elle est positive ; que celui du soufre, au contraire, lui est toujours inférieur; que celui de la cire à cacheter est à peu près comme celui du verre, tantôt supérieur , tantôt inférieur à celui du mercure en naissant, et toujours supérieur lorsqu'il est développé. Neuvième Observation. Les changemens de nature de l’électricité ne sont pas parti- culiers au frottement produit par le mercure. Ils s’observent encore dans le frottement sur laine. f Le 16 juillet 1812, par un vent d’ouest calme, le thermomètre étant , à midi, à + 230 cent. et l’hygromètre à 85° cent., tous les corps furent dans la matinée inexcitables dans le mercure et par frottement sur laine. A trois heures après midi, un vent frais s'étant levé, je fus bien étonné de trouver ma tige de verre négative par un frottement léger sur la manche de mon habit, et constamment négative sous ce même frottement. En continuant à frotter un peu plus fort, elle devint ensuite successivement inexcitable et positive, et dès ce moment elle ne reparut plus négative même sous un frottement léger. J’essayai alors de la même manière le soufre et la cire à cacheter qui se trouvèrent, au contraire, constamment positifs sous un frottement léger, et devinrent successivement inexcitables et négatifs par quelques frottemens un peu plus forts. Depuis cette première observation, j'ai fréquemment vu dans cet état la cire à cacheter et le soufre dans les jours chauds d'été et par un vent frais. Il est plus rare d’y voir le verre dans cette saison; mais en hiver, dans les temps froids et humides, je l’ai souvent trouvé négatif tous les matins aux premiers frot- temens sur la manche de mon habit. Le soufre et la cire à cacheter se trouvent, au contraire, positifs dans cette même circonstance, Lorsque les pouvoirs sont bien développés, le verre est toujours positif et les autres toujours négatifs sous un frot- tement léger ou fort. Tome LXXXII, MAI an 1016, Ddd 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On doit être surpris de voir ici le verre devenir négatif et le soufre ou la cire positifs. Mais il faut se rappeler que dans la pression mutuelle de deux pouvoirs électriques, la puissance la plus foible devient positive, puis négative et de nouveau positive, suivat le degré de foiblesse relative de son pouvoir: or le pouvoir électrique du verre est inférieur à celui de la laine , puisque, frotté avec celle-ci, il devient ordinairement po- sitif, ei celui du soufre ou de la cire l’est encore davantage, puisqu'il est naturellement plus foible que celui du verre. Dans la circonstance actuelle , où ces pouvoirs se trouvent plus foibles que de coutume, le verre qui est ordinairement au premier état électrique, doit done passer au second état, etconséquemment le soufre et la cire descendre au troisième. ; (La suite au Cahier prochain.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 387 MÉMOIRE SUR LA RÉDUCTION DES DEGRÉS DE CHALEUR Indiqués par les Échelles des Thermomètres de Deluc et de Fahrenheit, aux degrés d’une Echelle qui désigneroit des différences égales de chaleur ; PAR HoNoRé FLAUGERGUES. Daxs un Mémoire sur le rapport de la dilatation de l’aîr avec la chaleur que M. Delamétherie, ce célèbre ami de la vérité et de La justice, a bien voulu insérer dans le Journal de Physique (1), j'ai prouvé que si les degrés égaux du ther- momètre de mercure n’expriment pas des diflérences égales de chaleur , ainsi que plusieurs physiciens l’avoient déjà reconnu, cela ne vient pas d'une qualité particulière de ce fluide, mais c'est une conséquence nécessaire de la manière générale dont les corps sont dilatés par l'admission du calorique, j'en ai déduit une loi très-simple que l'expérience a confirmée, qui est celle que « lorsque la chaleur augmente par degrés égaux, ou en » progression arithmétique, les dilatations correspondantes du » mercure dans le thermomètre suivent une progression géomé- » trique. » J’ai répété depuis ces expériences qui ont eu le même succès ; je ne les rapporterai pas ici en détail, puisque ce ne seroit presque qu’une répétition de ce qu’on a vu dans le Mémoire cité, et je me bornerai seulement ici à ajouter les résultats de deux de ces expériences , à ceux qui sont rapportés dans la Table insérée dans le Journal de Physique (2). (Gi) Tome LXXVII , pag. 273. (2) Idem , pag. 283. Ddd 2 368 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Degrés de chaleur |Degr. marqué par le réelle du mélange.| therm. de Deluc. Quantités d’eau froide et chaude mélangées. Deux parties d’eau à la température de Ta glace fondante et une partie d’eau bouillante ises au poids........ 5 26°54 53,20 Ces résultats, ainsi que ceux rapportés dans le Mémoire, sont les moyens proportionnels arithmétiques entre les résultats par- ticuliers très-peu différens entre eux, d'une trentaine d'expériences. Suivant la théorie, les degrés que devoit marquer le thermomètre, étoient 260,52 et 530,19. D’après la loi que je viens d’exposer , j'ai donné dans le Mémoire cité des formules très-simples pour réduire les degrés du ther- momètre de M. Deluc à ceux d'une échelle dont les degrés ex- primeroient des différences égales de chaleur, c’est-à-dire à Péchelle d’un thermomètre équidifférentiel , tel que l’avoit conçu M. Lesage de Genève (r), ainsi que pour réduire les degrés de ce thermomètre équidifférentiel à ceux du thermomètre de M. Deluc. Le calcul de ces formules est très-simple, mais comme des Tables calculées d’après ces formules sont d'un usage encore plus commode, j'ai cru faire une chose utile pour les physiciens, que de donner ici. des Tables de réduction pour le thermomètre de M. Deluc, que j'ai calculées avec le plus grand soin d’après les formules citées. QG) Recherches sur les Modifications de l’Aimosphère, par M. Deluc, t. Il, pag. 98, in-8°. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 38q Table pour réduire les degrés du Thermomètre de M. Deluc aux degrés de l'échelle d'un Thermomètre équidifférentiel. Degr. à gr. 3 gr. n ais he Degrés du DEL Degrés du DE Degrés du Deer. dul Degrés du de Thermom. de | Lhermom. dE Thermom. 2 hermom. M. Deluc.l éduidif. |. Delucl équidif. |[M.Deluel équidif. |[M.Delue équidiff. — 200 | — 20°207r 6o 6°044 32° 32°153 58° 58012 — 12 — 19,189 , OT 33 33,154 59 59, 12 — 1 — 19,197 5 4:08 34 34,155 60 60,119 — 1 — 17,165 9 9,06 39 35,156 6x 61,115 — 1 — 10,153 10 ! 10,06: 36 36,117 G2 G2,111 — 15 | — 15,142 11 11,07 3 37,158 63 63,106 — 14 | — 14,131 12 12,081 3 36,159 6% 64,107 — 1 — 15,120 13 13,087 39 39,159 65 65,096 — 12 | — 12,110 14 14,092 o 40,159 66 66,091 — Ir | — 11,100 19 15,097 Le 1,159 67 67,086 — 10 | — re 16 16,102 2 2,1 63 68087 EE 9 — 9,080 1 17,107 3 3,129 69 69,075 = — 8,070 1 15,111 4 1,158 70 70,069 —179 | — 7,060 39 19,145 > 45,157 7x 71,0 — 6 | — G,oïr 20 20,119 6 6,156 72 72,057 — 5 |— 5,042 21 21,12 7 a 93 73,051 — 4 — pos 22 22, 127 8 ! ,122 74 741044 = ME CT ANNE ) 23,131 9 9,190 75 75,037 at 02,016) Penn 24,134 0 50, 148 76 76,030 — 1 | —.31,008 | à 25,137 5x 51,146 7 77023 o 0,000 26 26,140 | 52 52,144 10e 58,01 + 1 | + 1,008 27 27,143 53 53,142 79 79,008 2 2,016 25 28,14 54 | 54,140 $0 60,000 3 3,023 29 29,147 55 HE 7 4 4,030 30 30,149 56 56,134 5 5,037 31 31,151 | 57 57,131 Table pour réduire les degrés du Thermomètre équidifférentrel aux degrés du Thermomètre de M. Deluc. | ! Degr. du | Degrés du ||Degr.du| Degrés du |[Degr. du] Degrés du [Derr. du Degrés du Therm. | Therm. de || Therm. | Therm. de | Therm. | Therm. de || Therm. | Therm. de équidiff. |. M. Deluc. || équidiff.| M. Deluc. |léquidiff. | M. Deluc. | équidif.| M. Deluc. l 2008 G2°894 21,87. 4 63,509 64,904 65,909 66,914 67,919 68,925 69,931 70:97 91,945 72,949 73,996 74,963 72970 765977 77984 75,992 50,000 390 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cette seconde Table ne contient que les degrés de o à 8o°, les autres seroient inutiles, cette Table ne pouvant guère servir que pour vérifier par des expériences, la loi que nous avons donnée de la dilatation du mercure dans le thermomètre; mais la première Table devroit être employée par tous les physiciens qui s'occupent d'observations météorologiques ou d'expériences sur la chaleur. Il seroit à desirer qu'on ne publiât aucune observa- tion thermométrique sans lavoir préalablement réduite à l'échelle du thermomètre éguidifférentiel ; la diflérence avec celle du thermomètre de M. Deluc, n’est pas à la vérité bien considé- rable; mais comme cette correction ajoute un degré de perfection qu’il est très-aisé de procurer, on ne doit pas le négliger. J'ai calculé les Tables précédentes pour le thermomètre de M. Deluc, parce que cet instrument a élé véritablement per- fectionné par ce célèbre physicien, et qu’on n’y a rien ajouté depuis la publication de l'excellent ouvrage des Recherches sur les Modifications de l’ Atmosphère. M. Christin de l’Académie de Lyon, croyant avoir trouvé que le volume du mercure à la tempé- rature de la glace fondante, étoit à son volume à la température de l’eau bouillante, comme 66 à 67, ou comme 6600 à 6700, proposa de diviser l’espace fondamental en r00 parties ; cette division fut adoptée en Suède par Celsius, et ensuite en France par la Commission des poids et mesures; mais cetle division en 100 degrés ne présentant absolument aucun avantage, il me paroît qu'il vaut beaucoup mieux conserver l’ancienne division de 80 degrés, adoptée par une très-grande majorité, et qui a l'avantage de rappeler à notre souvenir deux physiciens bien chers aux minéralogistes, Réaumur et Deluc. Pour éviter même toute équivoque, je voudrois qu’on ne se servit que du seul et véritable thermomètre de M. Deluc, tel qu'il l'a défini (x), c’est-à-dire le thermomètre de mercure dans lequel l'intervalle fondamental entre le point de la glace fon- dante et le point de la température de l’eau bouillante, le ba- romètre à la tas de 27 pouces est divisé en 80 parties égales, à quoi il faut ajouter que le baromètre auquel on rapporte cette hauteur, est le baromètre à siphon dans lequel l'effet de la ca- Pillarité est détruit, et que le mercure du baromètre doit être supposé à la température de dix degrés du thermomètre de ne Deluc, suivant la réduction que ce céièbre physicien avoit choisie. J'avoue qu’il auroit été bien plus commode que M. Deluc () Recherches sur les Modifications de l'Atmosphère , tome IT, p. 290. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 391 eût adopté la hauteur de 28 pouces au lieu de celle de 27 pouces, qui a rarement lieu dans les endroits peu élevés au-dessus du niveau de la mer : aussi la plupart des physiciens et des cons- tructeurs d’instrumens , déterminent le point de la chaleur de l'eau bouillante dans leurs thermomètres , lorsque la hauteur du mercure dans le baromètre, corrigée de l'effet de la capillarité, est de 28 pouces, en supposant encore que le mercure du ba- rouètre est à la tempériture de la glace fondante, de sorte que dans le fait il existe déjà deux instrumens différens confondus et désignés par le même nom de 2hermomètre de M. Deluc; pour éviter cette équivoque, j'inviterai les physiciens, tout en employant pour régler leurs thermomètres la chaleur de l’eau bouillante sous une pression de 28 pouces, de corriger cette détermination et de la ramener à la chaleur sous une pression de 27 pouces, en suivant la méthode indiquée par M. Deluc lui-même (1). Donc l'application est fort aisée dans la pratique, car d'aprés l'expérience de M. Deluc, et en corrigeant sa régle qe n'est pas exacte, une colonne de mercure de la longueur e 286 pouces à la température de la glace fondante, acquiert la longueur de 28 p. 0!,78 à la température de 10° : et à la cha- leur de l’eau bouillante, d’après les expériences et la règle de M. Deluc, sous une pression de 28 p. 01,78, est de 800,84 ; il faut donc abaisser le point de l’eau bouillante de 0°,84, dont on peut déterminer la valeur au moyen de la proportion indiquée dans l’ouvrage cité : ou bien dans la rédaction des observations, il faut augmenter les degrés observés dans le rapport de 8000 à 8064, ce qui est très-aisé au moyen d’une table qu’on calculera d’avance pour tous les degrés de ce thermomètre. Le plus grand avantage que puissent avoir les choses arbitraires et de pure convention, est celui d’être adoptées par le plus grand nombre : rien à mon avis ne pourra jamais balancer l'avantage de la division du cercle en 360v, d'avoir été généralement adoptée par tous les peuples (la Chine exceptée) et dans tous les temps; c’est sans doute par cette considération que les Anglais, cette nation si sage et si éclairée, conserve encore pour le thermomètre la ridicule division de Fahrenheit. Il seroit bien à desirer qu’on y substituât léchelle de Deluc; mais comme on a fait beaucoup d'observations précieuses avec le thermomètre de Fahrenheit, et qu’on en fait encore tous les jours, j’ai pensé qu’on verroit avec plaisir une Table de réduction des degrés de son échelle à ceux d'un thermomètre équidifférentiel, qui auroit le même système = —— a PU p Ense e QG) Recherches sur les Modifications de l Atmosphère , tomelV , pag. 147+ 392 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de graduation. Le point commun aux déux thermomètres de Fahrenheit et de Deluc, est celui de l'eau bouillante. Fahrenheit est le premier qui s'est apercu en 1724, que ce degré de chaleur nétoit pas toujours le même et varioit suivant la hauteur du baromètre, et il avoit soin de consulter cet instrument avant de marquer le point de l’eau bouillante sur ces thermoméètres (1). J’ignore la hauteur qu'il avoit choisie pour faire cette opération à l’écard du point o, ou du commencement de son échelle; il le déterminoit en placant son thermomètre dans un mélange de glace et de sel ammoniac; mais d'après les renseignemens que J ai pris, les artistes anglais ne suivent plus depuis long-temps celte méthode, et ils règlent leur thermomètre, comme M. Deluc, à la glace fondante et à la chaleur de l’eau bouillante sous une Pression de 27 pouces, ensorte que le thermomètre de Fahrenheït m'est plus dans le fond qu'un thermomètre de M. Deluc; mais dan, lequel l'espace fondamental est divisé en 180 parties égales au lieu de 80, et les deux points extrêmes sont cotés 32 et 212. D'après cela, il est fort aisé de trouver une formule pour ré- duire les degrés du thermomètre de Fahrenheit à ceux de l’é- chelle d’un thermomètre équidiflérentiel, qui auroit le même système de graduation. Si on nomme y le degré donné du ther- momètre de Fahrenheit, et x le degré correspondant du ther- momètre équidiflérentiel, puisque la différence en degrés du thermomètre de Fahrenheit, entre le point de la glace fondante el le point de l'eau bouillante, est de 1800, et que le rapport des volumes du mercure à ces deux températures, est, comme 5ooo X 180 COCA pour le volume du mercure à la température de la glace fon- dante : par conséquent 11430 exprime le volume du mercure à la température de l’eau bouillante, et 11218 le même volume au point o, le tout en degrés de l'échelle de Fahrenheit, La dif- férence des logarithmes de 11430 et de 11250, est 0,0068937080 qui, divisée par 180, donne 0,0000382984 ; on aura donc en opé- rant comme nous l'avons fait pour le thermomètre de M. Deluc, log (11218 + y) = (4,0511525224) + (x — 32) (0,0000382g4), d'où l’on tire æ — [(log (11218 Æ y) — 4,0511525224)] ( 26110,75137 ) (*) + 32: nous l'avons vu, celui de 5000 à 5080, on aura — 11250 (1) Philos. trans. abrig VI, 2 p. 18. Boërhaave , Chemicæ elem, , t, X, p.171 (”) Le logarithme du coeflicient est 4,4168193695, Table ET D'HISTOIRE NATURELLE. 399 Table pour réduire les d exrés du Thermomètre de Fah 1 j équidifférentiels de heart Res nn De EE GR EG OL De me D D Degrés du Degrés ||Degr. du g er Therm.del équidif. de || Ther: de| ; Degrés [Der Qu) Degrés |Disr Qu) Degrés Fabren- y Tales quidiff. de Labr équidiff. de Ter. de équidiff. de Es aleur, heit, chaleur. Perl chaleur. HAE chaleur. nrareenquees | . cil. — 100 | — 100414 Go 6 cREsgle) ele els — — 8, 91 48 116 | 104 DE 16 RU — 7 |— 73 49 Lo: 13 4 | 08358 1601 | /160/208 srl 63 49 49:12 1 109,345 161 | 161,209 st É € 535 Br HS ce 106,346 162 162,286 PRIE 434 | 5 Ba, 142 108 nr 6 re ZE | à | 58 | eo | moe | 16 VOL 220 — 2 | — 2,323 54 54 154 de RER ie PAUEUE Sat — 11,912 55 BA 160 11 TE 0 Er ° 0,301 56 - 56, 166 De 119,353 16 1082 + 1 + 0,710 57 DATE 113 113 354 ne : 5 2 raas || 465$ 58 1e SN ete) ER EP tE 3 2,731 59 Bo! 183 118 118 358 ne os 4 3,741 || Go Go, 188 116 | 116356 RP 5: g72 61 61,194 11 Tr" 356 173 c ET 6 762 62 Éric 118 11838 173 | 173,292 rs 6,773 | 63 Eee el Re Eee a UE pass | 6j étais VI a, Antae: 357 NE 9 3793 65 Gh2215 121 HE 126 no 10 9,803 66 66, 220 122 Ta 38 2 M 11 10,813 6 67,225 123 123 35 2 mas 12 12,823 6 68,229 124 ME J 1 1 12,832 69 69,234 ee 14/35 : ee 14 13,842 70 FREE 26 . "É Ée Se 15 14,851 9x 20213 : no LE En 16 19,007 72 22 218 12 NES en ARE 27 16,870 73 Lise 12 : 355 5 M D 16 17,880 || 74 74,256 130 | 130:354 MS 29 RE 7 55,260 131 131353 _ HA = 7 76,265 à 132,353 18, 1882 164 22 21,916 7 TB;ara 13 HER 189 Es 23 22,925 79 70,276 13 134340 A 1m 24 23,933 || 60 80, 280 138 | 136,348 Les 29 24,9/2 8 81,284 13 1 Retirer 26 | aug a | geo | 36 |asésis | 106 un «| 26,059 || 53 er 139 | 139:344 1024] 14 x 3 5 1907 84 84 an 139 199,244 199 195,121 | Gal NS) Di) du 30 20,084 || 86 86,300 12 143 340 "7 [nee 0, 992 É 42,35€ 198 | 195,102 | bel nu | nul dll) 33 33,008 || 89 | ‘89:30 MIS 2 2001120 CES 3 34,016 90 d 3 ; 6 Re Re ie 3 ou se Ce se 146,331 202 202,07 36 266311] ie DR ete DD Re NA 3 37,039 || 93 03 32 AN ET 2 Le 3 3 oi Ph RE 149 149,324 A 205,053 5 | ot à | Sas | de | ane | 20 | anis 4 06 d D 328 151 151,320 207 Re L 1,068 9 97 330 LA EI ges 206,031 3 2,075 || 9 98,332 AE NES 3 3/0$a # 09: 334 Te 194,311 210 210,01 j'le leulé lé] | DES a: c1 0, 45,096 | 101 101,338 | 157 157,302 pi DE of: P (1) Pour calculer cette Table avec précision , il faut employer les loga- Tome LXXXII, MAI an 1816. Eee 394 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il ÿ a encore une autre graduation de thermomètre qui à élé quelque temps en usage, c’est celle qui fut imaginée par le célèbre astronome Joseph Delisle; cette graduation commence au degré de chaleur de l’eau bouillante, et les degrés numérotés en descendant expriment des 10000€$ du volume relatif du mer- cure et du verre à ce degré de chaleur. Pour déterminer ces degrés, M. Delisle employoit une méthode ingénieuse (1), mais qui ne peut que diflicilement donner des résultats exacts, à cause des erreurs presqu’inévitables dans la pesée de si petites portions de mercure: aussi cette méthode fut bientôt abandonnée et l’on préféra d'employer un second terme fondamental, celui de la glace fondante; et fondé sur des expériences peu exactes sur la dilatation du mercure dans les vases de verre, on divisoit en 150 parties égales l'intervalle fondamental, qu’il auroit été bien plus exact de diviser en 160. L’échelle de ce thermomètre est la plus simple. de toutes : mais sa marche n’est pas natu- relle , les degrés augmentant à mesure que la chaleur décroit; cet instrument est plutôt un psycomètre (2), un instrument à mesurer le froid, qu'un thermomètre. Comme celte graduation n'est presque plus d'usage, il suflira de donner jei une formule au moyen de laquelle on pourra réduire en degrés équidiflé- rentiels de la même graduation, les observations faites avec le thermomètre de M. Delisle, qui pourront paroître intéressantes. Pour trouver cette formule, on cherchera d’abord He nombres: qui soient entre eux comme 5000 est à boëo, et dont la dif- férence soit 150; ees deux nombres sont 9375 et 9525 (ces nombres expriment en parties de l'échelle du thermomètie de Delisle, les volumes du mercure à la température de la glace et à celle de l’eau bouillante); on retranchera de 9525, le degré donné ÿ du thermomètre de M. Delisle; on divisera par 150 la différence des logarithmes de 9525 et 9375, et en opérant comme nous avons fait, on trouvera l'équation log (9525 — y) = 3,9788649843 — x (0,0000459580533), rithmes à dix décimales , tels que ceux des grandes Tables d’Adrien Ulacq, ow celles du Thesaurus logarithmorum completus de Wega, Leipsiæ 1704. (1) Connoissance des Mouvemens célestes, année 1764 , pag. 208. C2} De duxos froid et de werpoy mesure, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 399 d’où l’on tire æ = [3,9788649843 — log (9525 —y)] (21758,972143 ) (*). Mais il vaudroit beaucoup mieux réduire les degrés des ther- mètres de Delisle et de Fahrenheiït, aux degrés de l'échelle cor- rigée ou équidifférentielle de chaleur du thermomètre de Deluc, la seule qui, au moins pour le présent, semble devoir ètre admise par les physiciens. Le moyen le plus facile et le plus court pour cela, est de réduire d’abord les degrés donnés du thermomètre de Fahrenheit, ou de celui de Delisle, en degrés de l'échelle ordinaire de Deluc, au moyen des équations sui- vantes dans lesquelles D désigne les degrés du thermomètre de Deluc, F et L les degrés correspondans des thermomèlres de Fahrenheit et de Delisle. 4(F—3)=D . 8 —#L— D. Ayant D ou les degrés du thermomètre de Deluc, corres- pondans aux degrés donnés des thermomètres de Fabrenheit ou de Delisle, on les réduira en degrés équidifférentiels de chaleur au moyen de la Table première. On voit assez par ce qui précède, que c’est un défaut général de tous les thermomètres de quelque fluide qu’ils soient remplis, d’avoir une marche croissante relativement à la chaleur: la raison de cet effet est dans la nature de la dilatation qui, à mesure que la chaleur augmente, a lieu, non-seulement dans le volume primitif de la liqueur, maïs encore dans l’accroissement de ce volume produit par la chaleur. Soit A le volume de la liqueur dans le thermomètre à un degré donné de chaleur C : supposons que cette chaleur augmente d’une quantité c, et que par Peffet de ce degré de chaleur c le volume de la liqueur augmente d’une quantité a, on aura À a pour le volume de la liqueur cor- respondant à la chaleur C + c. Supposons actuellement que la chaleur augmente d’un autre degré égal de chaleur c et devienne C + c, ce nouveau degré de chaleur agissant sur le volume de liqueur À, produira une dilatation — a, et agissant sur la partie a de la liqueur dilatée par le premier degré de chaleur c, il y produira une dilatation que nous nommerons b; donc le volume (*) Le logarithme du coeflicient du second terme de cette équation est... .. 453376383702. Eee 2 396 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dé la liqueur du thermomètre par l’action de la chaleur C 42€; deviendra À + 2a + b, au lieu d’être simplement A +24, c’est-à-dire proportionnel à la chaleur. Si l’on suppose de même que la chaleur augmenté d'un autre degré égal c et devienne C + 3c, ce nouveau degré de chaleur agissant sur le volume À, produira une dilatation — a, agissant sur le volume 2; il produira une dilatation — 24, et agissant sur le volume b; il produira une dilatation que nous nommerons d; ensorte que le volume total de la liqueur du thermomètre au degré de chaleur C + 3c, sera égal à A + 3a + 2b + d, au lieu d'être simplement A 3a, comme il seroit s’il étoit simplement pro- portionnel à la chaleur, ou que l'accroissement de chaleur n'eût agi que sur le volume A, et ainsi de suite; d’où l’on voit clairement que la dilatation étant exactement proportionnelle à la chaleur, les degrés du thermomètre correspondans à des degrés égaux de chaleur, doivent néanmoins aller toujours en croissant. Plusieurs physiciens ont cru que cette marche eroissante: de la dilatation du mercure relativement à la chaleur, venoit de ce que le calorique trouvoit plus de facilité à écarter les parti- cules de ce fluide à proportion qu’il étoit plus dilaté.-« Les mo- » lécules des corps, disent-ils, sont soumises à l’action de deux » forces, celle de l’aflinité ou de la cohésion qui tend à les » réunir à la force expansive du calorique qui tend à les écarter; » l’affinité diminuant à mesure que la distance entre les mo- » lécules augmente, il s’ensuit que plus les corps sont dilatés, » plus le calorique a de facilité pour s'introduire entre ces mo- » lécules et les écarter davantage. » Quelque plausible que pa- roisse ce raisonnement, il n’est pas exact, et on peut prouver par l'expérience suivante , que l'accroissement de la dilatation est exactement et seulement proportionnel à l'accroissement de la chaleur. J'ai pris un tube de verre blare scellé par un bout, et j'ai fixé sur le fond de ce tube, avec un peu de mastie fait avec la céruse et le vernis au karabé concentré, la base d’un cylindre de laiton, de manière que laxe de ce cylindre coïncidât avec l'axe du tube; ce cylindre de laiton étoit ereux, fabriqué avec des feuilles de ce: métal laminé exactement soudées ensemble, de manière qu'il ne pouvoit rien eutrer ni sortir de l’intérieur de ce cylindre, l’espace que laissoïent entre eux le tube de verre et le cylindre de laiton, étant destiné à contenir du mercure; ET D'HISTOIRE NATURELLE: 397 ce cylindre étoit enduit d’une légère couche de vernis de laque, dit vernis anglais, afin d'empêcher l’adhérence et la corrosion du mercure, et le bout ouvert du tube pouvoit être bouché avec une plaque circulaire de verre exactement plane. Les dimensions du cylindre de laiton avoient été déterminées de manière que l'extension de ce cylindre par la chaleur, fût égale à l'extension du tube de verre par le même degré de chaleur , et par conséquent , que l’espace compris entre la surface intérieure du tube de verre et la surface extérieure du cylindre de laiton (égal à la différence de leur capacité), eût toujours la même contenance et renfermât, dans tous les cas, un même volume de mercure; le tube de verre étoit parfaitement cÿlin- drique, et son diamètre pris intérieurement, est de 41,2 et sa bauteur de 511,9, ces dimensions prises à la température de la glace fondante ; d’où l’on trouve (en supposant le rapport du dia- mètre à la circonférence le même que celui de 113 à 355) que la capacité de ce tube à la température de la glace fondante, étoit de 71gjlis-cub.,045. Suivant les expériences de M. Smeaton (1), confirmées par celles de MM. Lavoisier et Laplace, et admises par tous les phy- siciens, le verre blanc se dilate en passant de la température de la glace fondante à celle de l’eau bouillante dans le rapport de 1000000 à 1000833: si on augmente d’après ce rapport les dimensions du tube, on trouvera que le diamètre de ce tube chauffé à la température de l’eau bouillante, devient égal à 41,2035 et sa hauteur à 511,9400, ce qui doune 720lis- ab. 700 pour la ca- pacité de ce tube à la température de l’eau bouillante, Le diamètre du cylindre de laiton est de 31,4, et j'avois rendu sa hauteur exactement égale à 331,06, ces dimensions prises à la température de la glace fondante , ce qui donne pour la so- lidité de ce cylindre à cette température 3oolis-cub.,1 58, Suivant les expériences de M. Smeaton (2), le laiton en assant de la température de la glace fondante à celle de Peau bouillante, se dilate dans le rapport de 1000000 à 1001933 : si on calcule d’après ce rapport les dimensions de ce cyiindre à la température de l’eau bouillante, on aura pour le diamètre 31,40657 et pour la hauteur 33!,1239, ce qui donne pour la QG) Philosophical Transactions 1768 , pag. 325. (2) :Zdem, loco citato, 398 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE solidité de ce cylindre de laiton à la température de l’eau bouil- lante, 30118: cub. 902, Actuellement, si on retranchede rs: cb.045, capacité dutube à la température de la glace fondante, 3001,158, solidité du cy- lindre de laiton à la même température, il restera 418/i8-cub.887 pour la capacité de l’espace compris entre la surface intérieure du tube de verre, la surface de la plaque de verre qui bouchoïit son ouverture et la surface extérieure du cylindre de laiton, le tout à la température de la glace fondante. Pareillement, si onretranche de 72clis. cub. 700, capacité du tube à la température de l’eau bouillante, la quantité de 3o1/is-cub.,902, capacité du cylindre de laiton à la même température, il restera 41ëlie. cub. 888 pour la capacité de l’espace compris entre la surface intérieure du tube, la plaque obturatrice et la sur- face extérieure du cylindre de laiton, lorsque ces trois corps sont à la température de l’eau bouillante. Cette capacité ne diffère ainsi de la capacité du même espace à la température de la glace fondante, que d’un millième de ligne cube, quantité presqu'insensible et qui ne peut influer sur le résultat des ex- périences dont nous allons donner le détail, puisqu’une ligne de mercure pesant environ trois grains, un cube de mercure d'un dixième de ligne de celle qui fait le millième d’une ligne cube, ne peut peser qu'environ + de grain, quantité bien inférieure à celle que ma balance peut faire apercevoir lorsque chaque bassin est chargé d’un poids d'environ trois onces, comme dans les expériences suivantes. Tout étant ainsi disposé, jai rempli de mercure très-pur, que j’avois fait bouillir quelque temps auparavant, l’espace que lais- soient entre elles la surface intérieure du tube de verre et la surface extérieure du cylindre de laiton : j'ai fait sortir l'air qui se trouvoit collé à ces'surfaces, en faisant chauffer ce tube et le tournant sur lui-même. La pression produite par la force centrifuge et le frottement du mercure, détache la couche d’air dont les parois peuvent être tapissées, et cet air poussé en haut par l’excès de pesanteur spécifique du mercure, gagne l'ouverture du tube et s'échappe :une partie du mercure sortaussi du tube ;mais pourem- pêcher qu’elle fût perdue en tombant par terre, j'ai lié au bout du tube un petit sac de peau, ce sac recoit le mercure qui sort du tube, et on l’y fait rentrer ensuite lorsque tout Pair est ex- pulsé, après quoi on Ôte ce sac qui gènerait pour les expériences, ; Le tube plein de mercure élant ainsi bien purgé d'air, je l'ai ET D'HISTOIRE NATURELLE. 399 placé dans un vase plein de glace pilée fondante, enfoncé jusqu’à deux lignes de son ouverture, qui éloit couverte avec la plaque de verre : à mesure que le mercure s’est condensé, j'ai ajouté de ce mélal dans le tube jusqu’à ce que l’appareil étant exactement à la température de la glace fondante, ce tube fût exactement plein de mercure, ce dont je me suis assuré au moyen de la plaque de verre, le mercure y étant parfaitement adhérent dans toùle son étendue , par la précaution que j'avois prise de tenir quelque temps auparavant cette plaque dans du mercure bouillant afin de détacher la couche adhérente à cette plaque. Ayant ensuite retiré le tube de la glace et l'ayant parfaitement essuyé et séché, je l'ai pesé avec grand soin, et j'ai trouvé que ce tube garni intérieurement du cylindre de laiton et plein de mercure à la température de la glace fondante, pesoit 1523 grains. J’ai placé ensuite le tube avec les précautions ordinaires, dans un verre plein d’eau de pluie qu’on entretenoit bouillante , le mercure-s’est dilaté et une partie est sortie du tube en soulevant la plaque de verre. Lorsque l'appareil a eu acquis exactement la chaleur de l’eau bouillante, et qu’il ne sortoit plus de mercure, J'ai retiré le tube, je l’ai exactement essuyé et séché, je l’ai pesé e nouveau et il ne pesoit plus que 15008,4, ce qui donne 226,6 pour la quantité de mercure qui est sortie du tube par sa dila- tation en passant de la température de la glace fondante à celle de l’eau bouillante. L'appareil étant refroidi, j’ai achevé de le remplir avec du mercure, je lai placé de nouveau dans le vase plein de glace pilée fondante ; refroidi à cette température et exactement plein de mercure, il pesoit, comme la première fois, 1523 grains. J’ai transporté cet appareil dans un bain composé de parties égales prises au poids d’eau bouillante et d’eau à la température de la glace fondante, qui avoit par conséquent 400 de chaleur réelle; J'ai laissé ce tube assez long-temps dans ce ‘bain pour qu'il en prit la température; mais comme l'immersion de ce tube plein de mercure froid avoit refroidi le bain, je l'ai transporté dans un autre bain semblable, et même dans un troisième pour qu'il prit exactement la température de 40° de chaleur réelle. Le mer- cure ayant cessé de se dilater et de s'échapper du tube, j'ai pesé l'appareil parfaitement essuyé et séché, il a pesé 15116,3, ce qui donne 116,3 pour le poids de la quantité de mercure qui est sorti du tube par sa dilatation, en passant de la température de la glace fondante à la température de 40° de chaleur réelle. 400 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE J'ai réchauflé le tube qui s'éloit un peu refroidi pendant la pesée, pour lui faire reprendre la température de 4ov, je l'ai placé alors dans un vaisseau plein d’eau bouillante; le mercure s’est dilaté et une partie est sortie du tube en soulevant la plaque de verre; lorsqu'il n’est plus sorti de mercure et que celui qui éloit resté dans le tube avoit acquis exactement la température de l’eau bouillante, j'ai retiré le tube, je lai essuyé et pesé exactement, il pesoit, comme la première fois, 15oc8,4, ce qui annoncoit qu'il éloit sorti 118,3 de mercure par la di- latation qu'il avoit subie en passant de la température de 40° de chaleur réelle à celle de 800 : cette quantité est égale à celle qui, dans l'expérience précédente, étoit sortie du tube à raison de la dilatation du mercure, en passant de la température de o°, ou de la glace fondante , à celle de 40° de chaleur réelle. Ces quantités sont le résultat moyen de plusieurs expériences faites toutes avec le plus grand soin; ces expériences sont assez délicates, et on doit s'attendre en les répétant, que les premières tentalives réussiront rarement bien; quelque soin qu’on ait pris, il peut rester encore quelque bulle d’air cachée entre les parois du tube et du cylindre ; mais par les alternatives du chaud et du froid, elles se détachent et sortent du tube, alors les résultats des expériences deviennent d’une exactitude rigoureuse. Pour conserver au tube une situation verticale pendant la pesée, J'ai placé dans un des bassins de la balance, un petit disque de bois percé au centre d’un trou pour recevoir le bout fermé du tube, et portant un fil de fer dont l'extrémité supé- rieure courbée en anneau, embrasse le tube vers le milieu de sa hauteur. Les quantités de mercure sorties de l'instrument, étant dans le rapport de un à deux, tout de méme que les différences 40 à 80° de la chaleur des bains où cet instrument a été plongé après l'avoir tiré de la glace fondante; il est évident que les dilatations d’un volume constant de mercure sont exactement proportionnelles à la chaleur, et ne suivent pas la progression croissante de la marche des dilatations du mercure dans le ther- momètre, laquelle progression croissante ne vient, ainsi que nous l'avons remarqué, que de ce que la chaleur agit non-seulement sur le volume primitif du mercure contenu dans cet instrument, mais encore sur l'accroissement de ce volume primitif produit par la chaleur. Puisque les dilatations du mercure sont simplement propor- tionnelles ET D'HISTOIRE NATURELLE, 407 \ portionnelles à la chaleur et n’augmentent pas au-delà de cette proportion, à raison de la dilatation ou de l’écartement des parties de ce fluide; il est clair, en suivant le raisonnement que nous avons fait plus haut, qu'on a les proportions A:a::ALa:a+b:: AL2a+b:a+z2b+ d::etc..., c’est-à-dire que les volumes du mercure dans le thermomètre à diflérens degrés de chaleur sont proportionnels à leurs diflé- rences, et par conséquent, d’après le lemme premier du second livre des principes (1), ces volumes sont en progression géo- métrique, d’où s'ensuit la loi que nous avons donnée dans le Mémoire cité, savoir : « que lorsque la chaleur augmente par » degrés égaux, ou en progression arithmétique , les dilatations » correspondantes du mercure dans le thermomètre, augmentent » en progression géométrique, » laquelle loi se trouve ainsi prouvée d’une manière directe. Au reste, je ne prétends point que cette loi soit absolument générale : les gradations physiques ne peuvent, comme des pro- gressions géométriques, s'étendre à l'infini en montant et en descendant ; dans le cas présent , les dilatations du mercure dont sl s’agit ont des bornes naturelles dans l’ébullition et dans la congélation de ce métal ; je n’oserai pas même pousser Pappli- cation de la loi précédente jusqu’à ces termes, et il est prudent de s'arrêter un peu en avant, parce qu'il est très-probable que bien des causes particulières relatives à des changemens d'état, tels qu’un fluide devienne solide ou se résolve en vapeurs, peuvent devenir sensibles avant que ces changemens d’état aient absolu ment lieu; mais je crois cependant qu’on peut en toute sûreté, faire usage de la règle précédente depuis 20° au-dessous du zéro Jusqu'à 160 ou 180 au-dessus. Je n'ai encore vu dans aucun ouvrage de Physique, qu’on eût pensé à faire des vases de compensation, ou dont la capacité ne pût varier par l'effet de la chaleur; il paroît cependant que ces vases pourroient être très-utiles et presque indispensables dans les procédés de la Chimie pneumatique , où l’on ne peut mesurer les gaz que par leur volume; peut-être mème que celte idée pourroit être adoptée par le gouvernement pour avoir au moins des étalons, (1) Zsaaci Newtoni, Princip. math. Philosophiæ naturalis, t.. XI, fol. 17. Tome LXXXII. MAI an 1816, Fff 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pour les mesures de capacité, qui eussent rigoureusement la même contenance dans toutes les saisons, Dans mes expériences sur le rapport de la dilatabilité de l'air avec la chaleur, dont les résultats sont rapportés dans le Journal de Physique (1), j'ai tenu compte, comme de raison, de Ja dilatation du vase de verre dont je me suis servi pour ces expériences, l'usage des vases de compensation dispensant d’avoir égard à celte considération, et présentant par conséquent plus de sûreté, J'ai répété ces expériences avec un vase d’une capaéité constante dont voici la description: Ce vase est un bocal de verre blane qui a la forme de deux cylindres bien réguliers, dont l'un forme le corps du vase et l’autre le goulot ou le col. Le premier cylindre a quatre pouces de diamètre intérieurement et six pouces huit lignes de hauteur ; le second a trois pouces deux lignes de diamètre intérieurement et deux pouces de hauteur; ces dimensions prises à la tempé- rature de la glace fondante, ce qui donne 183218 lignes cubes por la capacité du premier eylindre , 27219 lignes cubes pour capacité du second, et par conséquent 210437 lignes cubes pour la contenance totale du bocal; sur le fond de ce bocal en dedans, est fixé perpendiculairement un cylindre creux de plomb laminé exactement bouché, dont la hauteur est de cinq pouces et le diamètre de trois pouces, ce qui donne pour la solidité extérieure de ce cylindre 61073 lignes cubes : en retranchant cette solidité de la capacité totale du bocal , il restera 149364 lignes cubes ou 86 pouces cubes, et 756 lignes cubes pour la capacité de l'espace contenu entre la surface intérieure du bocab, celle d’une lame circulaire de verre dont on bouche son ou- verture, et la surface extérieure du cylindre de plomb, ou pour la contenance du vase de compensation formé par la réunion de ces trois corps. Si on suppose actuellement que ce vase de compensation soit échauffé au degré de température de l’eau bouillante, puisque d’après les expériences de M. Smeaton, le verre blanc se dilate dans le rapport de 1000000 à 1000833 ; la capeité du bocal à la température de l’eau bouillante, doit augmenter en raison triple de ce rapport, c’est-à-dire que cette capacité devient dans RE 2 À PT () Tome LXXVIE , pag. 275. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 ce cas de 210963 lignes cubes : par la même raison, le plomb se dilatant suivant les expériences de plusieurs physiciens (1), en passant de la température de la glace fondante à celle de l'eau bouillante dans le rapport de 1000000 à 1002867, la so- lidité extérieure du cylindre de plomb, échaufté à cette dernière température, augmentant dans la raison triplée de ce rapport, deviendra égal à 61599 lignes cubes qui , retranchées de 210963 lignes cubes, capacité du bocal à ce même degré de chaleur, il restera 149364 lignes cubes pour la capacité réelle du vase, ou pour l’espace que laissent entre elles la surface interne du bocal , celle de la plaque de verre qui bouche son ouverture et la surface externe du cylindre de plomb, c’est-à-dire le même nombre de lignes cubes que nous avons trouvé pour cette ca- pacilé lorsque ces corps étoient à la température de la glace fondante : cette capacité est donc la même dans ces deux états, et lon peut supposer sans crainte d'erreur sensible, qu’elle est aussi la même dans les degrés de chaleur intermédiaires; car quoique la marche des dilatations du verre et du plomb ne soit peut-être pas rigoureusement la même, du moins la différence ne peut être que très-légère , et attendu la petitesse absolue des dilatations, cette diflérence (si elle existe) ne peut produire que des aberrations du second ordre, et par conséquent insensibles, ensorte que la capacité réelle de ce vase de compensalion reste toujours sensiblement la même. Le poids de tout l'instrument est de 2 liv. 12 onc. 2 gros 45 gr. poids de marc : jaurois pu choisir le bocal plus grand; mais alors assemblage de ce bocal et du cylindre de plomb nécessaire pour compenser l'effet de la chaleur, auroit été beaucoup plus pesant, ce qui auroit nui à la mobilité de la balance. Il auroit été bien plus parfait, si au lieu d'un cylindre de plomb j'eusse pu me procurer un cylindre formé avec des feuilles de zinc laminé. Le zinc pèse la moitié moins que le plomb et il se dilate davantage par la chaleur : ainsi le vase de compensation dans ce cas, auroit beaucoup moins pesé et auroit néanmoins conservé plus de capacité réelle. (1) Physique mécanique de Fischer, pag. 87. Fff z 404 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TABLE des rapports des dilatations de l'air à différens degrés de chaleur réelle observés dans les expériences faites avec le vase de compensation décrit ct- dessus (le volume de l'air à la température de la glace fondante pris pour l'unité). Rapport moy. du volume Rapport moyen calculé} Degrés Nombre de Pair à la tempéra- nee bte que la de chaleur des ture de la glace Fond. dilatation de Pair est! Différences. rcelle, expériences! au vol del’airdilatéau| proportionnelle à la degré de chal. réelle. chaleur réelle. : 1,04640 ; ed — 0,0000 1,00308 Q —- 0,0001 1,13940 + 0,00003 : 1, 1887 — 0,00018 1,23234 — 0,00046 —- 0,00024 + 6: 00036 0,00000 Les différences entre les rapports du volume de l'air à la température de la glace fondante, avec les volumes de l’air dilaté par les diflérens degrés de chaleur réelle contenus dans la première colonne, et les mêmes rapports calculés daris l’hypo- thèse que la dilatation de l'air est proportionnelle à la chaleur, et que le volume de l’air à la température de l’eau bouillante est au volume du même air à la température de la glace fon- dante comme 1,37174 à 1 ; ces différences, dis-je, étant très-peu considérables et de diflérens signes, elles doivent être considérées comme étant le produit des petites erreurs qui se glissent na- turellement dans toute manipulation un peu compliquée; ainsi les résultats de ces dernières expériences confirment /a loi que nous avions déduite des précédentes , savoir : « que La dilatation » de l’air est proportionnelle à la chaleur. » + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 405 LETTRE DE M. DE NELIS A J.-C. DELAMÉTHERIE, SUR LES PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES. Malines, le 12 avril 1816, MONSIEUR, En répétant la plupart de mes expériences, que vous avez bien voulu insérer dans votie Journal depuis environ onze ans, pour en former un précis, qui tendra à expliquer tous le: phé- nomènes électriques par les affinités électives qui agissent sans cesse sur tous les corps de la nature, j'ai eu le plaisir de trouver la confirmation des expériences de M. Lugt, dont je parle dans mon Æssai sur les Attractions électriques (Journal de no- yembre 1806 et celui du mois de mai 1807). Ces expériences furent publiées en hollandais en 1802 à Rotterdam. Comme je n’avois point encore saisi le cours du fluide par la poudre de lyco- pode, ou d’amidon bien sèche et fine, au défaut de la premiére, et ensuite par les tringles d’argent entourées d’eau, je croyois à la théorie, admise alors par tous les physiciens, sous la dénomi- nation d'électricité vitrée et résineuse, comme on peut le voir dans les Mémoires cités. Cela fit que je tâchai de me rendre raison des expériences suivantes par de fausses déductions , et que J'ai lardé si long-temps à traduire pour vous lés envoyer. Je commencerai par la description de son appareil, dont l'iso- lement me paroiît très-parfait, pour vérifier les conséquences qu'il en tiroit, et que presque toutes les expériences galvaniques ét électriques faites depuis, tendent à confirmer. Traduction littérale de la description de l’ Appareil. Les frottoirs sont soutenus horizontalement sur deux colonnes de verre BB2 ,pl. r , terminées pardeux boules de cuivre au moyen desquelles on peut établir uné communication avec tel corps qu'on trouvera convenir; du centre supérieur de la boule sort: 406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une tringle de cuivre bien arrondie, courbée telle qu’on la voit en C; par ce moyen les frottoirs isolés du sol communiquent parfaitement de quatre côtés. Le disque est soutenu par une colonne de verre B3, terminée par une boule de bois de six pouces de diamètre, au centre de laquelle passe la tige de verre sur laquelle tourne le disque au moyen de la manivelle qui y.est cimentée : par cet arrange- ment, la rosette de bois de buis bien cimentée que l’on voit entre les deux frottoirs, soutient assez le verre pour le faire tourner sans danger. La quatrième colonne Br, soutient le conducteur de cuivre A dont les pointes se trouvent devant la surface, en formant quatre triangles avec les frotioirs, et au moyen des boules de cuivre, l'on établit à volonté, comme aux frottoirs, des communications avec tel corps que l'on voudra soumettre à l'expérience. Je commencerai par les deux premières expériences, par les: uelles l’auteur démontre que le sol n’agit point avec cet appareil ds la charge d’une bouteille de Leyde, et que la production du fluide est aussi énergique dans son isolement parfait, que lors- qu'on communique les frottoirs avec le sol, Expérience première. Vissez un gros fil de cuivre, terminé à bouton bien arrondi entre les deux boules de cuivre du conducteur À , et un second fil entre celles des frottoirs, tels que vous les voyez dessinés EE ver. Les boutons des fils doivent pouvoir se toucher et s'éloigner. L’on cherche en tournant le disque, de les éloigner à la distance requise pour obtenir la plus forte étincelle. Dans cet état, donnez au moyen d’une chaîne, qu’on attache entre les boutons de cuivre des frottoirs, communication avec le sol ; vous obtiendrez presqu'à chaque instant des étincelles entre les boutons EE rer. Si au moyen d’une montre à secondes vous comptez le nombre dans un temps donné, vous détachez ensuite la chaîne qui communique les frattoirs au sol, vous obtiendrez le même nombre d’étincelles dans le même temps. L'auteur en conclut que ce n'est pas le sol qui, dans les ap- pareils non isolés, attire le fluide; mais que la plus forte attrac- tion se fait par le disque même, pour réparer la perte faite du fluide dégagé par la friction. Attraction qui dans l'appareil nou ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 isolé agit insensiblement par le bois de la table, ef celui qui sert de soutien au disque, etc. La seconde preuve qu’il donne de sa déduction, me paroît encore plus convaincante : il enlève les deux fils à bouton de l'expérience précédente, que j'ai marqués sur la gravure EE 1er. Placez sur un isoloir de verre une petite bouteille de Leyde, dont lParmure intérieure communique à un fil de cuivre re- courbé et terminé à bouton ; un pareil fil recourbé communique à larmure extérieure et présente son bouton au premier. Après avoir trouvé la distance requise pour obtenir la détonation, à chaque saturation de la petite bouteille, vissez les deux gros fils à bouton entre les deux boules du conducteur et des frottoirs, tels que vous les voyez dessinés; de sorte que le bouton du fit en communication avec le conducteur, touche au fl recourbé qui communique avec l’armure intérieure et l’autre avec l’ex- térieure. Si vous communiquez les frottoirs comme dans la première expérience avec le sol, comptez les détonations que vous ob- tiendrez par minute : après cela, enlevez la chaîne et vous obtiendrez le même nombre dans l’état de l'isolement le plus parfait. l’auteur en tire les mêmes déductions que de l’expé- rience premiére, Voici le fait, qu’un vrai hasard m’a fait observer : je soumis de nouveau du silex entre deux fils entourés d’huile d'olive, pour voir si le courant prolongé ne le décomposeroit point : c’étoit sur un isoloir à la hauteur de ma grande batterie. Au lieu de placer un fil conducteur contre le petit appareil, je voulois en même temps charger ma batterie; après quelques tours du disque, jé m'apercus que l’électromètre ne sélevoit point et trouvait une chaine attachée au métal qui unissoit les bouteilles. Le basard voulut, qu’en voulant enlever la chaîne, je touchai de l'autre main au bois de l’appareil si près du coussin inférieur, que je senlis un picotement fort vif. L'idée me vint que c'étoit l'attraction de de Lugt. Pour vérifier mes soupçons, je pris un fil d’or, que je fixai d’un côté contre la plaque de cuivre de ce coussin , et de l’autre côté je l’attachai sur un petit morceau de verre contre une aiguille qui passoit de quelques lignes le petit carreau pour que la pointe puisse se placer contre la table couverte de plomb de la batterie. En l'approchant à la distance d’une Hgne, on voit continuellement l'aiguille briller du fluide 408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE électrique, qu’elle rapporte au disque qui agit de même que la pile galvanique et les électrophores, comme l’auteur de ces belles expériences l'a prouvé dans une note, pag. 11 de la pre- mière partie imprimée à Rotterdam, chez J. Hofhout et fils, 1802. Je ne vous envoie la traduction de ces expériences, que pour vous annoncer que la théorie qui en résulte , doit vous faire le même plaisir qu'à moi; parce qu’elle confirme tout ce que vous avez répété si souvent dans vos excellens écrits depuis plus de trente ans. Permettez que je vous exprime ici la reconnoissance que Je vous dois, parce que c’est dans le Journal de Physique, que vous rédigez avec l’impartialité d’un vrai ami de la vérité, que j'ai puisé le goût de la Physique expérimentale, au retour de l'Université, précisément au moment que feu M. Rozier publia ses premiers Journaux. D Dm OBSERVATION SUR LES FEUILLES DU CARDAMINE PRATENSIS; Par M. HENRI CASSINI. Lue à la Société Philomatique, le 27 avril 1816. Ex Histoire naturelle, et surtout en Botanique, il n’y a rien de rigoureux ni d’absolu; toutes les définitions , toutes les règles se trouvent tôtou tard démenties par des exceptions qui deviennent d'autant plus nombreuses, qu’on apporte plus de soin à lPobser- vation des détails. C’est une vérité dont nous ne saurions trop nous pénétrer, pour nous mettre en garde contre toute propo- sition générale , qu'on voudroit nous faire admettre sans aucune restriction. M. Richard , dont on connoît l'esprit d’exactitude et le génie observateur, n'hésite pas à déclarer formellement, dans son Dictionnaire, que c’est par erreur qu'on a prétendu que cer- taines feuilles étoient susceptibles de radication. Mon obset- vation ET D'HISTOIRE NATURELLE. 409 vation sur les feuilles du cardamine pratensis, prouvera que c’est M.Richard qui est ici dans l'erreur. Je ne crois pas que le fait dont je vais rendre compte soit connu; et il me paroît assez curieux pour être communiqué à la Société. Le cresson des prés est une plante fort élégante, de la famille des crucifères, dont les fleurs purpurines, assez grandes, mais délicates et fugaces , décorent agréablement presque toutes hos prairies dans les mois d'avril et de mai. Elle croît aussi danses bois humides, et c’est là que j'ai observé le petit phénomène dont il s’agit. Le collet de la racine et la tige sont garnis de feuilles ailées avec une impaire, c’est-à-dire composées de plusieurs folioles dis- posées sur les deux côtés et à l'extrémité du pétiole commun. A la base de la page supérieure de chacune des folioles, j'aire- marqué un petit tubercule charnu, hémisphérique, ressemblant à une glande. Ces tubercules sont ordinairement plus apparens sur les feuilles du collet de la racine et du bas de la tige, que sur les feuilles d'en haut; ils sont aussi plus apparens sur les folioles supérieures que sur les folioles inférieures de la même feuille. J'ai vu ces tubercules se convertir en bourgeons, quand les circonstances étoient favorables à leur développement. Cette conversion ne s'opère le plus souvent que sur la foliole terminale des feuilles radicales. Le tubercule qui est à la base de cette foliole se métamorphosoit presque toujours, dans les individus dont je parle, en un vrai bourgeon, qui poussoit par en haut des feuilles et une tige, et par en bas des racines, J’ai même observé, sur la page supérieure d’une foliole de feuille radicale, un tubercule situé non à la base, mais au milieu du disque, lequel tubercule s’étoit converti en un long filet tout semblable à une racine. Souvent les folioles des feuilles radicales se détachent de leur pétiole commun; puis chacune d’elles prend racine en terre par son tubercule. Voilà donc un exemple bien constaté de radication naturelle et habituelle des feuilles. Je le crois unique jusqu'ici, quoique jen’ignore pas que certaines fougères s’enracinent par leurs feuilles : mais les feuilles des fougères sont-elles de véritables feuilles ? Elles sont au moins d’une nature bien différente de celle des feuilles des plantes parfaites. Les tubercules que j'ai décrits doivent être considérés comme Tome LXXXII, MAI an 1816. Geg 410 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE des bulbilles assez analogues à celles qui naïssent dans l’aisselle des feuilles de la dentaire bulbifère, espèce de plante appartenant à un genre tout voisin des cardamine. Plusieurs autres végétaux portent de semblables organes destinés à concourir avec la gé- nération sexuelle à la multiplication de l’espèce, ou à suppléer à son défaut. Mais, si l'on excepte les fougères, dont les feuilles, je le répète, mériteroient un autre nom, les bulbilles n’avoient été observées que sur les racines, ou sur la tige, dans l’aisselle des feuilles ou des branches, à la place des fleurs ou dans les ovaires. Je soupçonne que la radication des feuilles de notre cardamine, donnant lieu à une sigulière méprise, aura contribué à la confusion : qui règne chez la plupart des auteurs entre les deux espèces pratensis et amara. En effet, on attribue généralement au cardamine amara des stolons, dont le cardamäine pratensis seroit dépourvu. Des bo- tanistes ont pu prendre pour stolons les feuilles radicales de cette dernière plante, quand le pétiole commun s’enracine vers l’ex- témité, après que les folioles latérales se sont détachées. J'y ai élé trompé moi même, avant d’avoir reconnu la radication des feuilles. Ainsi, pour certains botanistes, la même plante aura été car- damine amara où cardamine pratensis, selon qu’elle leur aura présenté des pétioles enracinés, ou des feuilles radicales com- plètement libres. Remarquez que la radication des feuilles est assez rare, et ne paroît avoir lieu que dans les bois; ce qui s’ac- corde bien avec les indications données sur les habitations res- pectives des deux espèces. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Essai sur le Gaz azote atmosphérique considéré dans ses rap- pass avec l'existence des animaux , lu à la première Classe de Institut de France, le 31 octobre 18145 par Thomas Dagourner ; suivi du Rapport des Commissaires nommés par l'Insli{ut. Per nutritionem augetur corpus aimalis vebconservatur : porro ut sit nutritio requi- ritur suppellex partium organicarüm. Guil, DAGOUMER PHILOS., t. V, p. 487. Ca tn. V7 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4T1 Un vol. in-8°. À Paris, chez Latour, Libraire au Palais Royal, 2e cour; Delaunay, Libraire, Galerie de Boïs; Pélissier, Libraire, 1re cour. EXTRAIT. « L'air, dit l’auteur, considéré comme aliment, ne paroît pas moins nécessaire à la vie, qu'il ne l'est comme prin- cipe de la respiration : en d’autres termes, le gaz azote de l'air atmosphérique paroît servir à l’existence animale autant que le gaz oxigène. TRAtx ! » Hippocrate, qui ne sépara jamais les causes des animaux de celle de l’homme, observa que l’air pur étoit pour eux d’une nécessité commune, Mais il reconnut dans ce fluide un principe paticulier qui entretient leur existence. Il le nomma pabulum vitæ, l’aliment de la vie. Quelle est la nature de ce principe ? quelle est celle de l’air lui-même? Hippocrate l'ignora, il crut, avec toute l'antiquité, que ce fluide dans son état de pureté étoit un étre simple, formé de parties homogènes. » Mais la Chimie moderne a démontré qu’il étoit un composé, formé principalement de gaz azote et d’oxigène. » L'auteur a dirigé ses recherches sur les rapports qu'a le gaz azote avec l'existence des animaux. De l’aveu des chimistes, dit-il, l'azote est la substance qui caractérise les matières animales. .. On doit donc regarder comme indispensable l’intervention du gaz azote dans l'existence des animaux... Il développe avec sagacité les effets de cette inter- vention. Le gaz azote se trouve également dans quelques végétaux. Son travail ne peut qu’ajouter aux connoissances qu'on avoit déjà cet égard. Correspondance sur l’Ecole Polytechnique, à l'usage des Elèves de cette Ecole; par M. Hachette, l’un des Professeurs. N° 3 du troisième volume. Brochure in 8° (18:16). 11 a paru jusqu’à ce jour dix-huit numéros, ou trois volumes de cet ouvrage, qui renferme un grand nombre de Mémoires curieux sur les Sciences physiques et mathématiques. On vend séparément chaque volume et même chaque numéro. Supplément à la seconde Edition de La Théorie des Nombres; par M. Legendre, Membre de l’Académie Royale des Sciences. Brochure in-40. (Janvier 1816.) Ces deux ouvrages se trouvent à Paris, chez Mme Ve Courcier, Tmprimeur - Libraire pour les Mathématiques, la Marine, les Sciences et les Arts, quai des Augustins, n° 7. 412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE etc. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Expériences sur la décomposition mutuelle des acides et du gaz hydrogène sulfuré ; par M. Vogel. Pag. 329 De l'influence que l’avortement des élamines paroït avoir sur les Périanthes ; par M. Henri Cassinr. 335 Mémoire sur la montagne de sel gemme de Cardonne en Espagne; par P. Louis Cordier. 343 Tableau météorologique; par M. Bouvard. 358 Mémoire relatif à l'influence de la température des pressions mécaniques et du principe hurnide sur la gé- nération du pouvotr électrique et sur la nature néga- rive ou positive de l'électricité; par J. P. Dessaignes. 360 Mémotre sur la réduction des degrés de chaleur indiqués par les échelles des thermomètres de Deluc et de Fah- renheit, aux degrés d'une échelle qui désigneroit des différences égales de chaleur; par Honoré Flausergues. 387 Zettre de M. de Nelis à J.-C. Delamétherie , sur les phénomènes électriques. 405 Observation sur les feuilles du cardamine pratensis; par M. Henri Cassini 408 Nouvelles littéraires. 410 Journal de Physique, 2772977178 À, Conducteur de 677) : k. WOUCIUL SUT une Hi à PB 2 eux fotos aprre NN [a CAR: \ Lrnunees à boules Pa Le demi cercle’ d B 5 Zyt une colonne de disque [12 manche de Grave Par Ambroise Tar dieu, Quai de UT Cle N° Sy - En Se ee + Journal pc ma et 7 CN : À, Conducteur de cmvre/tzrmire Z/ GTOSSES boules k | VOULU une’ colonne de Verre. P1. BP 2 Zeu Û frottoirs appiijes sur des colonnes de Verre lernynees à boules de CuDre qu vont rues per Le dem cercle de cuivre. © B 5 Ziré une’ colonne” de/Verre gui soukhent l'Axe du dique. a manche de Verre) . ç 7 brave par Ambroise Tardieu, Quai de la Valle N°59. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 413 SUITE AU MÉMOIRE Relatif à l’Influence de la Température des Pressions mé- caniques, et du Principe humide, sur la Génération du Pouvoir électrique, et sur la Nature négative ou positive de l’Electricité ; Par J. P. DESSAIGNES. TROISIÈME PARTIE. EXPÉRIENCES DIRECTES. Iz ne suffit pas d’avoir pour ainsi dire épié par la voie de l’observation, la marche de la nature dans la production de l'électricité; il falloit encore, pour me garantir de toute erreur, en confirmer les résultats par des expériences directes. C’est ce que j'ai fait de la manière suivante. Premier Fait. 1°. Lorsqu’en hiver, un vent du nord vif et piquant règne dans l'atmosphère, si, après avoir examiné l'intensité électrique qu'acquiert une tige de verre dans du mercure à la température libre de l'appartement, on la plonge dans du mercure exposé à l’air extérieur que je suppose à o°, et que de suite on lap- proche d’une aiguille électrométrique, elle en sort quatre fois plus électrique que du premier mercure. On obtient le même effet en présentant seulement à l’air du dehors, le mercure qui est dans l'appartement eten y plongeant en même temps la tige. La première impression d’un froid vif suffit donc au pouvoir électrique du mercure pour acquérir un accroissement de tension. Quand la tige est naturellement inexcitable dans le mercure, elle est susceptible d’y devenir électrique en frappant subitement de froid ce métal. En février 1814, le thermomètre extérieur Tome LXXXII. MAI an 1616. Hbhh At4. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Etant à — 30 cent., et celui de ma chambre à + 5o cent., la lige sortoit du mercure sans électricité. Je présentai ce liquide à un courant d'air froid, et à l'instant même j'y plongeai la üge : elle en sortit bien électrique. Je rentrai alors le mercure dans l'appartement en y plongeant de nouveau la tige : elle sy trouva inexcilable comme auparavant. J’ai souvent répété cette expérience dans des circonstances de temps pareilles, et toujours avec le même succés. Je dois prévenir qu'une différence de 2 ou 30 cent. de température du dehors au dedans, ne suffit pas pour faire naître le pouvoir électrique. 2°. Si l’on présente de la même manière au courant d’un vent froid la tige, lorsque son pouvoir est développé, et qu’en la rentrant dans l'appartement on la plonge dans le mercure, elle n'en sort pas plus électrique qu'auparavant ;. elle l’est même plus foiblement, lorsqu'on la laisse quelques instans exposée au froid. Cependant elle est susceptible de prendre un accroisse- ment de pouvoir par une seule immersion dans du mercure froid. Le 16 janvier 1815, par un veut du nord-est très-froid , le ther- momèétre extérieur étant à — 1° cent. et l’intérieur à + 8° cent., la tige de verre enfoncée promptement dans du mercure qui étoit au dehors, et au sortir de là, plongée de suite dans du mercure à la température de l'appartement, s’est trouvée beaucoup plus électrique à la première immersion qu’elle ne l’étoit aupa- ravant dans ce même mercure, Il faut donc au verre, pour ac- quérir un accroissement de pouvoir, une impression de froid plus forte et plus rapide qu'au mercure. Lorsque la tige est naturellement inexcitable dans le mercure, si on la refroidit graduellement avec-de l’éther, ce qu'on peut faire en l’enveloppant d’une bande de papier à filtrer mouillée d'éther, que l’on enlève après l’évaporation, et qu’on la plonge ensuite dans du mercure à la température libre de l'appartement, souvent elle en sort foiblement électrique, en hiver, lorsque l'air n’est pas froid, et alors elle redevient inexcitable quand elle a repris la température libre : souvent encore elle reste inexcitable lorsque la température de l’air extérieur est basse, malgré trois ou quatre refroidissemens consécutifs; mais alors, si on la laisse revenir à la température libre, on la trouve une heure après plus où moins fortement électrique, suivant lin- tensité du refroidissement, et-elle persévère dans cet état pen- dant fonte la journée, tandis que d’autres tiges qui n’ont pas été refroidies restent toujours inexcitables. Ainsi, un refroidis- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 sement lent et gradué ne développe que foiblement, ou point du tout, le pouvoir électrique, mais il le dispose à prendre de la tension sous l'influence de la chaleur. 30. Tous les métaux manifestent en hiver la même propriété que le mercure : le soufre vient immédiatement après : le premier souffle d’un vent froid suffit pour les rendre excitables sur laine où pour accroître leur tension, La laine, la soie, le papier, le coton et la cire à cacheter se comportent au contraire comme le verre. 4°. En été, les mélaux et le soufre sont moins sensibles qu'en hiver à l'impression du froid, tandis que le verre et les autres corps le sont davantage dans les temps qui ne sont pas humides. Un ou deux refroidissemens avec de l'éther suflisent pour rendre électrique le verre, lorsqu'il est inexcitable dans cette saison : les métaux au contraire s’y refusent, quoiqu'ils soient toujours assez prompts à devenir électriques par un re- froidissement subit de l’air. Il est donc constant qu’un refroidissement rapide et par saut, fait naîlre et développe le pouvoir électrique, tandis qu’un re- froidissement lent et gradué en augmente la force expansive sans accroître sa tension, Cette influence n’est pas la même pour tous : elle est même variable pour chacun d'eux, en raison des saisons ou de la température moyenne de l'air. Deuxième Fait. 1°. Si l’on plonge, en hiver, une tige de verre dans du mer- cure à 0°, elle en sort, à la première immersion, beaucoup plus électrique que du mercure à la température libre de l’apparte- ment : si on continue ensuite à l’immerger dans le mercure froid, à mesure qu’elle se refroïdit elle y devient de plus en plus moins électrique , et finit par n’y être plus excitable. On a beau alors continuer à la refroidir au-dessous de o° et jusqu’à — 18° cent., son pouvoir ne reparoît plus : elle refuse égale- ment de sélectriser par frottement sur laine, ainsi que dans le mercure froid ou chaud à quelque degré que ce soit. Si on laisse la tige revenir à la température libre, et que de temps en temps on Ja plonge dans du mercure à cette même température, on la voit redevenir électrique aussitôt qu’elle est un peu au- dessus de oc, et augmenter ensuite d’intensité jusqu’à ce qu’elle ait repris entièrement la température de la chambre. Il est bien Hhh 2 416 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE remarquable qu’alors elle se trouve bien plus électrique dans le mercure qu'elle ne l’étoit avant le refroidissement : celui-ci lui a donc procuré un surcroît de pouvoir. Lorsque la tension électrique est considérable, la tige ne s'éteint dans du mercure à o°, qu'après un séjour de 60": il ne lui en faut que 30 lorsque la tension est moins forte. Elle devient inexcitable dans du mercure à — 18° cent. à la seconde im- mersion, ou dans une seconde de temps, quelle que soit son intensité électrique. Dans du mercure à + 5o° cent. elle ne S'y éteint qu’au bout de quelques minutes, quaud le pouvoir n’est pas fort : dans le cas contraire, elle n’y devient inexcitable qu’au bout de deux heures au moins. Encore en sort-elle souvent foiblement électrique par une immersion douce ; mais alors une seule immersion vive l’éteint pour toujours. Une tige bien éteinte dans du mercure à 4 5° cent., est susceptible de devenir électrique dans du mercure à — 10° cent., seulement à la pre- mière immersion : lorsqu'elle est au contraire refroidie jusqu’à oo, elle est inexcitable à toutes les températures inférieures à ce degré. Lorsque le pouvoir électrique est développé par l'influence de la chaleur, la tige s'éteint également dans du mercure froid, mais avec quelques différences assez remarquables. 1°. La tige, loin de devenir plus électrique à la première immersion dans du mercure froid comme précédemment , l’est beaucoup moins ue dans du mercure à la température libre. 20. Elle n’a besoin pour s’'éteindre que de se refroidir de quelques degrés au-dessous de sa tempéralure, que je suppose à 35° ou 18° cent. 3. Lors- qu'elle est éteinte elle ne reprend plus son pouvoir en reprenant son premier degré de température ; ou ce n’est que long-temps après, et toujours son électricité est plus foible qu'avant l’ex- périence. Ainsi le pouvoir électrique est d'autant plus difficile à éteindre par un froid artificiel, qu’il est plus fortement développé par le refroidissement de l'atmosphère, et il ne résiste point à l’action du froid, lorsqu'il est développé par la chaleur diurne. 2°. La laine, la soie, le papier, le coton, l’ambre, la cire à cacheter et le soufre sont susceptibles, comme le verre, de perdre leur pouvoir dans du mercure froid ; mais ils résistent plus que lui à l’action du froid. Le 24 janvier 1814, par un vent du nord-est froid , la laine n’a cessé d’être électrique dans du mercure à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 417 — 59 cent., qu'après vingt immersions et un séjour de 30" à chaque fois dans le mercure, c’est-à-dire au bout de 10° de re- froidissement : il n’a fallu que 8 à la soie, 75" à la cire à ca- cheter, 30! au soufre, et 15°” au verre. La laine ne sauroit s'éteindre dans du mercure à o°, ni même à — 3° cent. : tous les autres corps sont susceptibles de devenir inexcitables dans du mercure à g°; mais lorsque le verre s’y éteint en 30”, il en faut 60! au soufre, 90” à la cire à cacheter, 5’ à l’ambre, ro’ au coton, 15° au papier, et go à la soie. Le verre, la cire à cacheter , l’ambre et le soufre commencent à être inexcitables dans le mercure froid par le bas de la tige et finissent par le haut : la soie, la laine, etc. cessent au con- traire d’être électriques par le haut, avant que de ne plus l’être par le bas. Si on laisse séjourner la laine , le papier et la soie dans du mercure à une température un peu au-dessus du degré néces- saire à leur prompte extinclion, comme à o°, par exemple, pour le papier et la soie, et à — 30 cent. pour la laine, on les trouve pendant long-temps foiblement électriques à chaque fois qu’on les sort du mercure après un temps de repos, et inexcitables ensuite dans toutes les immersions suivantes qui se font sans repos. Ils sont encore inexcitables lorsqu'on les agite dans le mercure avant que de les sortir. J'ai vu quelquefois la laine esciller ncnant plus d’une heure avant que de s’éteindre. 30, Le pouvoir électrique du mercure résiste encore plus que celui de la laine à l’action débilitante du froid. Si l'on met un vase plein de mercure dans un mélange frigorifique capable de produire un froid constant de 5 à 6° cent., et qu'on y plonge une tige de verre de temps en temps et par intervalles assez longs après chaque immersion, pour qu’elle puisse conserver la température de l’air environnant, on la voit sortir d’abord très-électrique aux premières immersions, et cela dure demi-heure au moins; quelque temps après elle y devient sensiblement moins électrique, et cet affloiblissement augmente ensuite de plus en plus : enfin, au bout d’une heure elle n’y est plus électrique. Cependant cette même tige ne cesse de l’être dans du mercure à la température libre. On a beau chauffer la tige et la plonger toute chaude dans du mercure froid, elle n'en sort pas plus électrique, quoiqu’elle le soit beaucoup dans un autre mercure non refroidi. Dans les jours de forte tension la tige ne peut sortir sans: 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE électricité du mercure froid, que lorsque celui-ci est à 10 où 129 cent., et qu'il a été exposé à ce degré de froid pendant une demi-heure au moins. L'on a besoin de pousser plus loin le refroidissement du mercure pour une tige grosse comme un bâton de soufre, que pour celle qui est de la grosseur d’un bâton de cire à cacheter. Dans les fortes tensions, lorsque du mercure à — 10° cent. n’est plus excitable pour le verre, il l’est encore un peu pour la cire à cacheter et le soufre, et beaucoup pour la laine et la soie. Dans les foibles tensions où le mercure tenu à oc devient inexcitable pour le verre, si l’on veut qu’il le soit pour les autres substances , il faut le refroidir à peu près jusqu’à — 30 cent. pour la cire à cacheter et le soufre : à — ro° cent. pour la soie et à — 150 cent. pour la laine. Une fois que le mercure est devenu inexcitable, il persévère dans cet état tant que le même degré de froid se soutient ; mais :l ne tarde pas à reprendre du pouvoir aussitôt que la tem- péralure du milieu refroidissant vient à remonter, ou que l’on retire le mercure du mélange frigorifique. Ce que je viens de dire du mercure ne lui est pas particulier. Tous les métaux partagent avec lui cette propriété : il en est même qui sont plus difficiles que lui en hiver à perdre par le froid leur pouvoir électrique. 4°. Les choses se passent différemment en été. Lorsque dans cette saison le pouvoir électrique est bien développé par le re- froidissement de l’atmosphère, il suffit souvent de mouiller une seule fois d’éther, un disque de cuivre ou d'argent, et de le laisser sécher, pour lui faire perdre tout son pouvoir. Dans les fortes tensions d'hiver, au contraire, deux refroidissemens pareils n'ont fait qu'accroître ce pouvoir : il a fallu lui en faire subir quatre de suite pour l’éteindre entièrement. En hiver, Jai toujours fait disparoître le pouvoir électrique du verre en mouillant une seule fois d’éther ma tige enveloppée d’une bande de papier à filtrer ; tandis qu’en été je n’ai pu la rendre inexcitable par frot- tement qu'après deux refroidissemens pareils. 11 résulte de ce fait, qu’un certain degré de froid affoiblit et détruit le pouvoir électrique de tous les corps. Ce degré n’est pas le même pour tous, et il est variable pour chacun d’eux en raison des saisons, ou du développement naturel de leurs pouvoirs. En hiver, ce sont les métaux, et en été les autres corps qui résistent le plus long-temps à l’action du froid. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 419 Troisième Fait. Ces diverses impressions du froid ne modifient pas seulement la tension du pouvoir électrique : elles changent encore la nature de l'électricité. 10. Dans un jour de forte tension, et lorsque la tige est bien négative dans du mercure à la température de la chambre, st Jon fait refroidir graduellement un second vase plein de mer- cure jusqu’à o°, et qu’à chaque degré d’abaissement de sa tem- pérature on y plonge la tige de verre que lon a soin de con- server à la température du lieu, elle y devient d'abord d'autant plus fortement négative, que le mercure est plus froid. Si l’on maintient ensuite ce mercure à o° pendant plus ou moins de temps, et que l’on continue à y plonger la tige, elle en sort de plus en plus moins négative et enfin inexcitable, sans que son électricité change de nature. En laissant alors revenir à la température libre le mercure et la tige, celle-ci y reparoît de plus en plus électrique et toujours négative. Latige ne change pas non plus d'électricité, et reste négative lorsqu'on fait refroidir en même temps et par degrés égaux la tige et le mercure; ce qui peut se faire en mettant la tige dans un vase plein de mercure , et en exposant le tout à l’air ex- térieur que je suppose à o°. Dans cette circonstance elle meurt négative en refroidissant , et elle reparoît encore négative lorsque le tout rentré dans l'appartement, areprisla températureintérieure. Si au lieu de refroidir les deux corps à-la-fois, ou seulement le mercure, l’on conserve celui-ci à la température de la chambre, et qu’à son tour on refroidisse la tige seule, en la plongeant dans du mercure à o°, et après chaque immersion en la re- plongeant dans le mercure à la température de l'appartement, on la voit sortir de celui-ci d’abord moins négative, puis inex- citable, quelque temps après positive et définitivement inexci- table. En la laissant ensuite revenir à la température de l'air environnant, elle reparoïît successivement positive, inexcilable et négative et même plus négative qu'auparavant. L'électricité de la tige est donc toujours négative, tant qu’on n’afoiblit que le pouvoir du mercure, ou tous les deux à-la-fois : elle devient au contraire positive en affoiblissant celui du verre. 2°. Lorsque la tige est fortement négative par un vent du 420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nord vif et piquant, et dans un temps où le thermomètre ex- térieur est à — 8° cent. , si l’on expose à l'air ex'érieur une tige de verre grosse commeun bâton de soufre, et qu'on ait soin de l’apporter dans la chambre, de minute en minute , pour la plonger à chaque fois dans du mercure à la température de l'air de la chambre, que je suppose à + 10 ou 12° cent., elle en sort d’abord de plus en plus moins négative, puis inexcitable : quelque temps après, elle paroît positive, puis de nouveau inexcitable : bientôt elle reparoît foiblement négative, puis encore inexcitable : enfin elle redevient très-foiblement positive, et immédiatement après, inexcitable pour toujours. On a beau alors la laisser plus long-temps exposée au froid et la soumettre même à un froid artificiel plus considérable, elle ne reparoît plus électrique dans le mercure. Si on lui laisse alors reprendre la température du dedans, et qu’on la plonge de nouveau et de temps en temps dans le mercure , qui est toujours à la température de la chambre, on la voit redevenir successivement positive, inexcitable, néga- tive, inexcitable, positive, inexcitable, et définitivement négative et plus négative qu’elle n’étoit avant l'expérience. On obtient le même résultat en refroidissant la tige avec de l'éther, ou dans du mercure à — 8° cent. Seulement il est im- possible de l’une et de l’autre manière , d’apercevoir nettement les changemens d’électricité dans l'acte durefroidissement , parce que dans la première on ne peut pas examiner la tige à chaque degré d’abaissement de sa température, et que dans la seconde elle se refroidit trop rapidement. Ce n'est que lorsqu’eile revient à la température libre que l’on peut bien les observer. Lorsque la tige devient électrique en se réchauffant, l’élec- tricité commence par le bas de la tige pour les deux premiers états, et par le haut pour les deux autres. En se refroidissant, sa marche est inverse pour chacun de ces états. Chaque état électrique a un accroissement et un décroissement , et se trouve séparé du précédent et du suivant par un état intermédiaire inélectrique. L’intensité électrique va toujours en diminuant, à mesure que le pouvoir s'afloiblit, de manière que quelle que soit la nature de l'électricité, le premier état est plus fort que le second, le second plus que le troisième, et celui-ci plus que le dernier. Lorsque la température de la tige se rehausse et que le pouvoir renaît, c'est le contraire. On remarque enfin dans chaque changement d'électricité, que, comme l'état électrique, qui vient succéder à un autre, commence toujours par l’une des extrémités ET D'HISTOIRE NATURELLE. 421 extrémités de la tige, c’est alors qu'on voit celle-ci sortir du € , 7 SION = Ü mercure, animée de deux électricités contraires que sépare une espèce de nœud inélectrique. Pour faire manifester ces différens états électriques à la tige, on a besoin de baisser d'autant plus sa température, que la tension naturelle de son pouvoir est plus énergique. Il y a plus: la tige n'est pas susceptible d’éprouver deux fois de suite ces changemens, lorsqu'on ne la soumet qu'au même degré de froid. Le 16 janvier 1815, par un vent de nord-est froid , le thermo- mèlre extérieur étant à — 1° et l'hygromètre à 820, je ne suis parvenu à rendre la tige successivement inexcitable el positive dans du mercure à + 8° cent., de négative qu’elle étoit aupa- ravant, qu’en l'immergeant plusieurs fois dans du mercure à — 1°, et avec un séjour de 60” à chaque fois. Lorsqu'elle n’a plus été excitable, je l'ai laissé revenir à la température libre, après quoi j'ai essayé de la refroidir une seconde fois dans le mercure à — 10 : l’état négatif a bien disparu, mais il n’a pas été possible de la faire reparoître positive, sans l’exposer à un plus grand degré de froid. La force qui s'oppose à l'expansion du fluide, est donc alors plus considérable qu'au premier re- froidissement. 30. Jusqu'ici, j'ai supposé la tige naturellement négative dans le mercure, mais souvent elle y est positive. Dans cette circons- tance, si on la plonge une seule Pis dans du mercure à o°, elle en sort toute négative, et, ce qui est remarquable , elle se trouve également négative dans le mercure à la température libre. En la laissant en repos elle ne tarde pas à redevenir positive dans le mercure non refroidi; mais on peut lui redonner la propriété d'y reparoître négative par une nouvelle immersion dans le mercure froid. La tige acquiert donc ici, par l'impression du froid, un surcroît de pouvoir que réprime ensuite la tempé- rature de l'air environnant, Si l’on continue les immersions al- ternativement dans l’un et l’autre mercure, la tige sort toujours négative du mercure froid jusqu'à ce qu’elle y devienne inexci- table , tandis que dans l’autre elle y paroît successivement moins négative, inexcitable, positive et définitivement inexcitable. En la laissant revenir à la température libre, elle reparoît ensuite négative dans le mercure froid, et dans l’autre successivement positive , inexcitable, négative, et, ce qui est à remarquer, elle n’y repasse plus à son premier état positif. 4°. La tige peut être naturellement inexcitable dans le mercure, Tome LXXXII. MAI an 1816. li 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et elle peut l’être par l'effet d’un froid continu et stationnaire en hiver, ou en tout temps par l'élévation de la température de l'air. Dans le premier cas : on a beau la refroidir avec de l'éther à plusieurs reprises, elle ne paroît acquérir aucune pro- priété électrique , car elle reste inexcitable dans le mercure , soit dans son refroidissement, soit en se réchauflant ; mais quelque temps après on la trouve plus ou moins fortement négative. Dans le second cas : lorsque le verre et le mercure sont éga- lement inexcitables par frottement sur laine, la tige devient né- gative au premier ou au second refroidissement avec de l’éther ; elle y devient au contraire positive lorsque le mercure est encore électrique sur laine, tandis que le verre ne l’est plus. Dans ces deux circonstances, un refroidissement plus fort la rend inexcitable ; mais à mesure qu’elle se réchauffe, elle reprend ‘état électrique qu’elle avoit manifesté en se refroidissant, et successivement elle redevient inexcitable comme auparavant, lorsqu'elle est revenue à la température libre. 50. La cire à cacheter éprouve les mêmes changemens d’élee- tricité que le verre dans le refroidissement. Le soufre qui, dans son état de force, est toujours positif dans le mercure, y devient successivement négatif, inexcitable, très-foiblement positif et inexcitable, lorsqu'on le- refroidit à 5 ou 6° cent. au-dessous de oo. La laine et la soie, qui dans leur état de force sont toujours négatives dansle mercure, y deviennent , en refroidissant, positives et ne vont pas au-delà ; encore faut-il, pour elles, pousser le refroidissement-plus loin que pour le verre. 6°. L'électricité produite par le frottement d'un corps idio- électrique sur une étoffe de laine, est susceptible de changer de nature également , lorsqu'on refroidit la substance frottée. J'ai laissé refroidir une grosse tige de verre dans du mercure à — 10° cent. dans un temps où elle étoit fortement positive par frottement sur laine. Après l'en: avoir retirée, je l'ai frottée ‘de temps en temps sur la manche de mon habit, à mesure qu’elle se réchaufloit. Elle s'est trouvée inexcitable aux premiers frottemens ; quelque temps après elle a paru négative et assez fortement; au ‘bout de quelques minutes elle est redevenue inexcitable; enfin elle s'est montrée positive et constamment positive. Le soufre et la cire traités de même, ont paru au con- traire positifs , puis inexcitables et négatifs comme à l'ordinaire, lorsqu'ils ont eu repris la température libre, Quand la tempé- rature de latmosphère est à — 5 ou 6° cent., on peut obtenir ET D'HISTOIRE NATURELLE. 423 les mêmes résultats en exposant ces substances à l'air extérieur. Il résulte de ce fait, que lorsque les pouvoirs sont développés, celui de la tige est naturellement supérieur à celui du mercure ; que l’état négatif est le partage du pouvoir le plus fort, puis- qu’en affoiblissant le pouvoir de la tige on la fait devenir po- sitive ; que si, en l’affoiblissant davantage elle redevient négative, puis de nouveau positive par un plus grand degré de foiblesse, l'état négatif qu'elle reprend alors ne peut venir que de ce que la puissance la plus forte, au moment de la pression mutuelle des deux pouvoirs , devient la plus foible par l’excès même de sa force, en se détendant sur l’autre. Quatrième Fait. La chaleur artificielle produit sur le pouvoir électrique des effets analogues à ceux du froid. 1°. Si l’on chauffe graduellement une tige de verre lorsqu'elle est naturellement très-électrique, et qu'à chaque degré de chaleur acquis on la plonge dans du mercure à la température libre, elle y devient d'autant plus fortement électrique, que sa tem- pérature est plus élevée au-dessus de celle du mercure. À +75 cent. son électricité est dix fois plus forte qu’avant d’être chautlée : à ce même degré elle l’est encore plus dans du mercure à 0° que dans du mercure à + 120 cent. La tige en se refroidissant revient ensuite peu à peu à son premier état. En chauffant les deux corps à-la-fois et par degrés égaux, l’in- tensité électrique augmente encore proportionnellement à lélé- vation de température; mais à chaque degré elle n’est pas à beaucoup près aussi forte que lorsqu'on ne chauffe que la tige. Il n’en est pas de même quand on chauffe le mercure seul et que la tige reste à la température libre. Celle-ci, au contraire, sort alors du mercure d'autant plus foiblement électrique, que la température de ce liquide est plus élevée au-dessus de la sienne ; bien entendu que cet effet n’a lieu qu'aux deux ou trois premières immersions; car, si l’on continue à l’y plonger, elle y devient de plus en plus électrique à mesure qu’elle s’y échauffe. Son électricité néanmoins est de beaucoup inférieure à celle qu’elle acquiert au sortir de là dans du mercure froid. En laissant refroidir le verre et le mercure, l'électricité diminue ensuite progressivement de manière à se trouver sur la fin moins forte qu'avant l'expérience. ii 2 424 JOURNAL'DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il y à lieu d’être étonné que le verre chaud soit si électrique dans le mercure froid, et que le verre froid le soit si peu dans Je mercure chaud. Mais il faut faire attention, que si dans le conflit de deux forces opposées l’une est naturellement supérieure à l’autre, l'effet produit doit augmenter lorsque la force supé- rieure augmente, et diminuer, au contraire, lorsque c’est l’in- férieure qui prend de l'accroissement. 2°. Lorsque la tige est inexcitable dans le mercure, elle y devient promptement électrique en la chauffant, et son intensité augmente proportionnellement à l'élévation de sa température: En la laissant refroidir elle redevient ensuite inexcitable comme auparavant. La même chose a lieu lorsqu'on chauffe en même temps le verre et le mercure; seulement l'électricité ne com- mence à naître qu’à un degré de chaleur un peu plus élevé. En ne chauffant que le mercure, la tige, à la vérité, est bien encore susceptible d’y devenir électrique à la première immersion ; mais il faut pour cela que la température soit plus élevée que dans les deux cas précédens, et malgré cela, l'électricité qu’elle y acquiert est toujours foible et presque sans accroissement. Frappé de cette inégalité d’action de la chaleur, quand elle rayonne du verre dans le mercure ou du mercure dans le verre, J'ai été curieux de déterminer d’une manière précise, le degré de chaleur nécessaire dans les deux cas pour faire naître le pouvoir électrique. ‘ Dans celte vue, toutes les fois que J'ai trouvé le verre et fe mercure inexcitables entre eux et par frottement sur laine, j'ai cherché à susciter leur vertu électrique, en chauffant très-dou- cement et par degrés insensibles tantôt la tige, tantôt le mer- cure, et j'ai eu chaque fois l'attention de bien observer le degré où elle commence à naître dans les deux cas. J’ai constaté qu’en chauffant la tige seule, souvent elle n'a besoin que d’un degré de plus quele mercure pour y devenir électrique, souvent de deux , quelquefois de quatre, et d'autres fois enfin de &°, suivant le degré d’inexcitabilité; que dans les mêmes circonstances, en ne chauffant au contraire que le mercure, il faut à celui-ci, 4, 8, 16 et 329 cent. de plus qu’à la tige, pour qu’elle en sorte électrique à la première immersion. En chauffant les deux corps à la-fois, il ne faut que la moitié des degrés précédens, 2, 4, 8 et 16° cent. Le pouvoir électrique du mercure, pour agir sur celui du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 verre, a donc besoin de quatre fois plus de force tendante qu'il n’en faut au pouvoir électrique du verre pour agir sur celui du mercure. Le pouvoir électrique du verre est donc à celui du mercure, comme 2 : I. 3°. La cire à cacheter et le soufre, la laine et la soie, chauflés et plongés dans du mercure froid, ou laissés à la température libre et plongés dans du mercure chaud , se comportent en tout comme le verre. On remarque seulement que lorsque ces subs- tances sont inexcitables dans le mercure, les deux premières ont besoin d’être un peu plus chaudes que le verre pour exciter le pouvoir électrique du mercure, et qu’à son tour celui-ci n’a pas besoin d’être aussi chaud que pour le verre pour exciter leur pouvoir, tandis que le contraire a lieu dans les deux cas pour la laine et la soie. Le pouvoir électrique de la cire à caeheter et du soufre, est donc inférieur à celui du verre, et le pouvoir du verre l’est à celui de la laine et de la soie, Cinquième Fait. Lorsque les pouvoirs sont bien développés, une grosse lige de verre, que l’on chauffe graduellement et que l’on plonge dans - du mercure à la température libre, y devient de plus en plus électrique jusqu’à roc° cent. en hiver : au-delà de ce degré son pouvoir s’afloiblit, et quelle que soit sa tension naturelle , elle s’y trouve inexcitable à 210° cent. environ ou 166° de Réaumur. On n’a pas besoin d’une aussi haute température en été. Lors- qu’elle est ainsi inexcitable, si on la laisse refroidir, elle ne tarde pas à redevenir électrique, et à reprendre à peu près son premier degré d’intensilé. Si dans les mêmes circonstances l’on chauffe à son tour graduellement le mercure, et qu’à chaque degré on y plonge la tige à la température libre, elle en sort de plus moins électrique et elle s'y trouve en hiver inexcitable, lorsque ce liquide est à 1oo° cent, : il en faut au moins 125° cent. en été. Je suppose dans cette expérience, que l’on conserve toujours la tige à la température libre, et qu’on ne fasse à chaque fois qu’une seule immersion : car si l’on continue les immersions, elle devient élec- trique aussitôt qu’elle commence à s’'échauffer, puis elle augmente d'intensité jusqu’à ce qu’elle soit parvenue au degré de chaleur du mercure, elle s’afloiblit graduellement en refroidissant, et elle se trouve à la fin moins électrique qu'auparavant. 426 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE En général, moins les pouvoirs ont de tension, moins il faut élever la température du verre ou du mercure pour les rendre iuexcitables l’un par l’autre. C’est pour cela qu’une tige chaude à 100° cent, environ, sort inexcitable du mercure à — 18° cent., tandis qu’elle est encore fortement électrique dans du mercure à o°. C’est encore pour cela que lorsque la tige à la température libre de -H 12° cent. n’est plus excitable dans du mercure à + 100° cent., cette même tige à + 2b° cent. continue à y êlre électrique. Il faut remarquer , 1° que lorsque la tige chaude à 2r0° cent. est inexcitable dans du mercure à + 12° cent., elle l’est aussi dans du mercure à toutes les températures inférieures à la pré- cédente, comme à o° el — 16° cent. ; tandis qu’elle ne cesse d’être électrique dans du mercure à + 60° cent. et au-dessus ; 2° que lorsque le mercure est à 175° de chaleur, la tige en sort inexcitable à la première immersion, quelle que soit sa tem- pérature, pourvu qu’elle soit inférieure à celle du mercure; tandis qu’une tige chaude à 180° cent. ou au-dessus, ne cesse d’y être électrique. L’inexcitabilité qui a lieu dans ces deux cir- constances , n’est donc pas le résultat de la destruction de l’un des deux pouvoirs par la chaleur, mais bien celui d’un équilibre momentané entre les deux forces qui se pressent. Quand on ne* chauffe quele mercure, c’est le pouvoir le plus foible qui, re- cevant seul un accroissement de tension, parvient successive- ment au degré du plus fort : quand on ne chauffe que la tige, c’est le pouvoir le plus fort qui, prenant seul de l'accroissement et acquérant par là une plus grande supériorité de force, refoule de plus en plus le pouvoir le plus foible et se détend lui-même à proportion; ce qui l’afloiblit en fortifiant l’autre d’autant, et le ramène enfin à une égalité de tension. 2°, Jusqu'ici je n'ai considéré la chaleur que comme une force tendante, au moyen de laquelle on peut à volonté se menter le ressort de l’un des deux pouvoirs, et changer ainsi le rapport des forces ; mais elle possède encore, comme le froid, la propriété de débiliter le pouvoir. En hiver, dans les jours de forte tension, si l’on chauffe une tige de verre jusqu'à la faire rougir, et qu'après lavoir tenue à ce degré de chaleur plus ou moins de temps, on la laisse refroidir et revenir à la température libre, elle ne se trouve plus excitable dans le mercure, ou elle ne l’est que très- foiblement. On peut obtenir le même résultat en été, en ne la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 427 chauffant qu'à 210° cent. environ et en la maïintenanta ce degré pendant quelque temps. 11 n’est pas possible en hiver d’affoiblir ainsi le pouvoir électrique du mercure, parce qu’on nepeut pas élever sa température au-delà de 175° cent.; mais en été, il suffit de le chauffer un instant jusqu’à 75° cent. pour le trouver, après son refroidissement , moins excitable qu'auparavant. Il est cependant un moyen d’afloiblir le pouvoir par un foible degré de chaleur dans les jours même où il est bien développé. Si l’on expose pendant plusieurs heures un vase plein de mer- cure au froid de l'atmosphère, lorsque l’air extérieur est à o°, par un vent refroidissant, et que par intervalles on y plonge une tige de verre, elle ne cesse d'en sortir électrique pendant tout le temps : seulement son électricité est moins forte sur la fin qu'au commencement. Si l’on reporte alors le mercure dans l'appartement clos, dont la température soit à + 8 ou 10° cent. et qu'on y replonge la tige, on est bien surpris de la trouver inexcitable sous toutes sortes d’immersions. En remettant le mer- cure à la croisée, il reprend subitement son pouvoir et il le perd de nouveau en le rentrant. Il ne faut donc que £° cent. de tem- pérature pour éteindre le pouvoir du mercure lorsqu'il est afloibli. Si l’on fait refroidir une tige de verre jusqu’à o° ou au-dessous, dans les temps où elle est naturellement très-électrique, et qu’on l'approche ensuite brusquement du feu pour élever sa tempé- rature à + 6o° cent. environ, on la trouve inexcitable dans le mercure, lorsqu'elle est revenue à la température libre, ou si elle est encore foiblement électrique, son électricité a changé de nature ; ce qui prouve que son pouvoir n’est plus dans le même rapport de force avec celui du mercure. Cet afloiblissement n’a pas lieu , lorsqu’après avoir refroidi la tige jusqu’à o°, on la laisse revenir d'elle même à la température libre sans la chauffer: elle se trouve alors au contraire plus fortement électrique qu’au- paravant. Lorsque le pouvoir est naturellement très-afloibli, soit par un froid continu, soit par l’élévation de la température de air, ïl west arrivé souvent de rendre la tige de verre ou la cire à cacheter inexcitables dans le mercure, en ne faisant que les ap- procher du feu, ou en les plongeant une seule fois brusquement dans le mercure, Si la tige est naturellement inexcilable, et qu'on la fasse 428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE chauffer à + 75° cent., puis refroidir, elle se retrouve inexcitable comme auparavant; mais il lui faut alors un moindre degré de chaleur pour lui redonner la propriété électrique. Si on la chauffe une seconde fois plus fortement et plus long-temps, et qu’on la refroidisse ensuite, elle est alors plus profondément inexcitable qu'avant la première caléfaction ; car elle est plus tardive à re- prendre du pouvoir sous l'influence de la chaleur, et l'électricité qu’elle acquiert à chaque degré est moins forte qu'auparavant. 30. Tout ce que j'ai dit du verre dans ce cinquième fait, est commun à la cire à cacheter et au soufre, à la laine et à la soie, si ce n’est que le pouvoir électrique des deux premières substances est plus facile, et celui des deux dernières plus diflicile à être réprimé par la chaleur que le pouvoir du verre. Ainsi, l’on peut dire que si le premier effet de la chaleur est de tendre le ressort du pouvoir électrique, le second effet sub- séquent est d’en réprimer la force expansive, en le rapprochant de plus en plus du centre d'activité de Pattraction, et cet effet se produit avec d’autant plus de facilité que le fluide est plus rare. La chaleur agit donc sur le pouvoir électrique dans le sens de l'attraction, en s’opposant à son expansion, et le froid dans le sens de la force expansive en en favorisant le développement. Sixième Fait. Ces diverses impressions de la chaleur ne modifient pas seu- lement la tension du pouvoir électrique : elles changent encore la nature de l'électricité. 1°. Supposons d’abord les deux pouvoirs complètement déve= loppés et le verre fortement négatif dans le mercure. Si l’on élève en même temps et par degrés égaux la température du verre et celle du mercure, et que de temps en temps on plonge la tige dans celui-ci, son électricité augmente progressivement d'intensité sans changer de nature. En laissant ensuite refroidir les deux corps, cette intensité diminue proportionnellement à l’abaissement de la température, et la nature de l'électricité reste encore inaltérable. Si l’on chauffe graduellement la tige seule jusqu'à 100° cent. et qu’on la plonge par intervalles dans du mercure à la tempé- rature libre, elle y devient de plus en plus électrique et plus fortement négative à. chaque degré de chaleur que dans le cas précédent, Lorsqu'on la laïsse refroidir , son électricité s’affoiblit ensuile ET D'HISTOIRE NATURELLE. 429 ensüite et revient à son premier point; mais elle reste négative. Si l’on chauffe à son tour graduellement le mercure seul, jusqu'à 100° cent., et que de 10 en 10 degrés d'élévation de sa température, on y plonge la tige à la température libre, elle en sort au contraire, à la première immersion, de plus en plus moins négative, puis successivement inexcitable et positive en commencant par le haut. En été, dans les mêmes circonstances de développement, il faut chaufler le mercure jusqu’à 4 125° cent. pour produire ce changement d'électricité. Je dois prévenir qu’il ne faut faire qu'une seule immersion à chaque fois, et avoir soin de donner à la tige le temps de reprendre la tempé- rature libre, avant que de l’y plonger de nouveau; car en con- ünuant de suite les immersions, la tige, après avoir paru positive aux deux premières, devient successivement inexcitable et néga- üve, comme avant l'expérience, et dès-lors son électricité ne change plus de nature. Ainsi la tige reste négative tant que le pouvoir électrique du verre, qui est naturellement supérieur à celui du mercure, con- serve sa supériorité, et elle devient au contraire successivement inexcitable et positive, lorsque le pouvoir du mercure, en aug- mentant seul de force, devient progressivement égal et supérieur à celui du verre. 20. Lorsque la tige chauffée jusqu’à 100° cent. est fortement négative dans du mercure froid , si l’on continue à la chaufler, son état négatif y diminue peu à peu; à 210° cent. environ, elle y devient imexcitable en hiver ; au-delà de ce degré elle en sort positive en commencant par le bas : en poussant plus loin le degré de chaleur, elle redevient inexcitable et ne reparoît plus électrique. En été, après être devenue positive, elle passe une seconde fois à l’état négatif, et on n’a pas besoin de la chaufler aussi fort qu’en hiver. En la laissant refroidir elle reparoît po= sitive, puis successivement inexcitable et négative comme au- paravant. Lorsque la tige sort positive du mercure chaud à 100° cent. à la première immersion, si l’on continue à chauffer celui-ci et que l’on conserve toujours la tige à la température libre, elle y est inexcitable et toujours inexcitable jusqu’au degré de son ébullition. Le mercure chauflé à 175*° cent. n’a donc pas assez de force pour faire passer la tige à un second état électrique, et lon ne sauroit lui en donner davantage. Mais s’il n’est plus possible d'accroître sa force par la chaleur, on peut l’augmenter Tome LXXXII. MAI an 1616, Kkk 430 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE relativement en afloiblissant celle du verre par le refroidissement, et alors on voit la üge devenir successivement négative, inex- citable et positive. Ainsi, en augmentant le pouvoir du verre, la tige paroît daus le mercure successivement négative, positive et négalive; et en augmentant celui du mercure, ou, ce qui revient au même , en affoiblissant le pouvoir du verre, la tigé paroît an contraire successivement positive, négative et positive. La tige devient donc également positive dans le mercure, soit lorsque son pouvoir est réellement plus foible que celui du mercure, soit lorsqu’il a sur celui-ci une trop grande supériorité : seulement Pélectricilé commence dans le premier cas par le haut de la tige, et dans le second cas par le bas, Puisque ce dernier état positif est précédé, comme le premier, d’un équilibre momentané des forces, il ne peut être que l'effet d’un nouvel affoiblissement sur venu au pouvoir du verre dans lPimmersion, par sa trop grande expansion contre celui du mercure, et par le refoulement subsé- quent de celui-ci. L'état positif seroit donc le partage du pou- voir le plus foible, ou de celui qui le devient par le résultat de la pression. 39, La tige passe successivement dans le cours de l’année par tous les états que je viens de faire connoître, et en devenant électrique elle débute par l’un ou l’autre de ces états, suivant la situation respective des forces au moment de leur dévelop- pement, C'est en hiver que son électricité naissante paroît suc- cessivement positive , négative et positive, parce que son pouvoir est inférieur plus ou moins à celui du mercure : en été, elle est successivement négative, positive et négative, parce que son pouvoir est plus où moins supérieur à celui du mercure. 19, Lorsque l'électricité naissante de la tige dans le mercure débute en hiver par le premier état positif, elle y devient inex- cilable, puis négative en la chauffant de quelques degrés, et en refroidissant elle revient à son premier état, Quand elle débute par l’état négatif, elle y devient successivement inexcitable, po- sitive, inexcitable et négative à mesure qu’on la chauñle : en refroidissant elle revient ensuite à son premier point de départ. Quand elle débute par le second état positif, on la fait dévenir, en la chauffant, successivement négative, inexcitable, positive, inexcitable et négative. Quel que soit l'état électrique naissant de la tige en hiver, ps ET D'HISTOIRE NATURELLE, 431 elle sort du mercure chaud à 60° cent., ou au-dessus, presque toujours inexcitable à la première immersion, puis à mesure qu’elle s'y échaufle elle y devient électrique et change une ou plusieurs fois d'électricité, suivant l'état électrique dans lequel elle étoit au moment du développement. 2°. Lorsque l'électricité naissante de la tige dans le mercure débute en été par le premier état négatif, elle y devient suc- cessivement positive, inexcitable et négative lorsqu'on la chauffe; et en refroidissant elle revient à son premier état. Quand elle débute par l’état positif, elle y devient négative en la chauffant; et elle ne va pas au-delà : en refroidissant elle revient à son premier point de départ. Quand elle débute par le second état négatif, elle y devient inexcitable à force de la chaufler, mais elle ne change pas d'électricité. Lorsque l’état électrique naissant de la tige est négatif en été, elle sort toujours positive du mercure chaud à 60° cent., à la première immersion, elle y devient négative en s’y échaufant. Lorsqu'elle est naturellement positive, elle sort négative du mer- cure chaud , et elle reste dans cet état en s’y échauffant, jusqu’à la fin du refroidissement, où elle reparoît très-foiblement positive. Ainsi, en développant les pouvoirs, l'électricité de la tige change une, deux ou trois fois de nature, suivant l’état respectif des forces au moment du développement ; et dans tous les cas elle finit toujours par être négative lorsque les pouvoirs sont éga- lement développés. 3°. Souvent les deux pouvoirs sont inexcitables entre eux et à différens degrés. 1°. On les trouve inexcitables l’un par l’autre , quoiqu’encore foiblement électriques l’un et l’autre par frottement sur laine. Dans cette circonstance, si l’on chaufle en même temps et par degrés égaux, le verre et le mercure, en les mettant l’un dans l'autre auprès du feu, la tige devient toujours négative dans le mercure, et elle ne change pas de nalure en augmentant d’in- tensité. Si on ne chauffe que la tige seule elle débute encore par l'état négatif; mais en continuant à la chauffer , elle devient en été successivement positive, inexcitable et négative, et l’on n’a pas besoin pour cela d'élever sa température au-delà de 600 cent. En hiver, on ne peut que la faire passer à l’état positif, encore faut-il la faire chaufler jusqu'à 2r0° cent. La tige en refroidissant repasse par tous les états qu’elle a parcourus en se Kkk 2 432 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE développant , et redevient inexcitable comme auparavant. Si l'on ne chauffe que le mercure, elle y débute au contraire par l’état positif, puis à mesure qu’elle s’y échauffe elle y devient succes- sivement inexcitable et négative, et elle persévère dans cet état jusqu'à la fin du refroidissement où elle redevient in- excitable. 2°, Souvent, lorsque les pouvoirs sont inexcitables entre eux, Fun d’eux est foiblement électrique par frottement sur laine , tandis que l’autre est sans puissance. En hiver, c’est le verre qur est dans ce dernier état, et en été, le mercure. Dans cette cir- constance, si l’on chaufle en même temps et par degrés égaux le verre et le mercure, la tige devient dans le mercure succes- sivement positive, inexcitable’ et négative. Il en est de mêm lorsqu'on ne chaufle que le verre seul. Cela a également lieu- en hiver et en éié : la seule différence, est qu'en été l’état positif commence par le bas de la tige, et en hiver par le haut, L'on sait d'avance ce qui doit arriver lorsqu'elle se refroidit ; je ne le répéterai plus. Cette même tige froide dans du mercure chaud à 60° cent., en sort toujours négative en élé, à la pre- mièré immersion et aux suivantes : seulement elle devient po- sitive foiblement sur la fin du refroidissement , et quelques instans après, inexcitable. En hiver, elle en sort le plus souvent inex« cilable à la première immersion, quelquefois néanmoins négative ; mais, à mesure qu’elle s’y échauffe elle y devient successivement positive, inexcitable et négative jusqu’à ia fin du refroidissement où elle redevient inexcilable. à 3°, Lorsque les deux pouvoirs sont inexcitables entre eux, Von trouve quelquefois l’un des deux assez fortement électrique par frottement sur laine, tandis que l’autre est absolument sans puissance. En hiver, c’est le verre qui est dans ce dernier cas, et en été, le mercure. Dans cette circonstance, si l’on chauffe graduellement la tige et qu’on la plonge dans le mercure froid, elle y devient en hiver successivement négative, inexcitable , posilive, inexcitable et négative. En été, elle devient négative, et son électricité ne change plus ensuite de nature. Cette même tige froide dans du mercure chaud à 6oc cent.,.y paroît en hiver le plus souvent inexcitable à la première immersion, quelquefois néanmoins très-foiblement positive : en s’y échauffant elle devient ensuite successivement négative, positive ‘et définitivement né- gative jusqu’à la fin du refroidissement, où elle redevient inex- citable. En été, elle y est toujours positive à la première 1m - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 433 mersion, et elle y devient négative en s’y échauffant : sur la fin du refroidissement elle reparoît foiblement positive, avant que de redevenir inexcitable. 4°. Enfin, les deux pouvoirs se trouvent quelquefois l'un et ’autre sans puissance, et tout-à-fait inexcitables par frottement sur laine. Dans cette circonstance, si l'on chaufle la tige, elle devient dans toutes les saisons négative dans le mercure froid, et son électricité ne change pas de nature. Cette tige froide dans du mercure chaud à 60° cent., en sort en hiver inexcitable à la première immersion, puis négative aux suivantes: dans du mercure à 40° cent., après avoir paru inexcitable à la première immersion elle devient positive en s'y échauflant, et elle persévère dans cet élat jusqu’à la fin. En été, dans du mercure à roc° cent. elle en sort positive à la première immersion, négative aux deux ou trois suivantes, et positive ensuite jusqu'à la fin du refroidissement. Dans du mercure à 5o ou 6c° cent., elle est négative aux deux ou trois premières immersions, puis positive aux suivantes jusqu à la fin du refroidissement où elle redevient inexcitable. Si l’on a fait altention à ce quatrième article, l’on a dû vox que l'électricité de la tige naît négative lorsque le pouvoir du verre est un peu supérieur à celui du mercure, positive lorsqu'il l'est davantage, et de nouveau négative lorsqu'il l’est encore dans un plus grand rapport; que lorsque le pouvoir du mercure est au contraire un peu supérieur à celui du verre, l'électricité de la tige naît positive, négative, lorsqu'il Pest davantage, et de nouveau positive, lorsqu'il l’est dansun plus grand rapport encore. A mestre que les pouvoirsse développent, ellechange ensuiteune, deux ou trois fois d'électricité suivant l’état respectif des forces au moment du développement, et jusqu’à ce qu'elles soient re- venues dans leur rapport naturel. Dans tous les cas, et quel qu’ait été son point de départ, l’électricité de la tige finit toujours par _êlre négative, lorsque les pouvoirs sont également développés. bo. J'ai fait voir jusqu'ici, tous les changemens d'électricité qui peuvent avoir lieu, lorsque la chaleur agit comme force ten- .dante sur l’un ou sur l’autre des pouvoirs ; ou sur tous les deux à-lafois.: Voyons ceux qu’elle produit lorsqu'elle affoiblit Pan des pouvoirs. 2 ‘ . En hiver, si l’on afloiblit par la chaleur le potivcir électrique de la: tige, de:l’uñe:des manières déjà indiquées, elle devient -posilive dans:le mercure, lorsqu'elle est naturellement négative: ÿ 434 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lorsqu'elle y est naturellement positive, elle devient inexcitable ou plus foiblement positive qu'auparavant. Si l’on affoiblit au contraire le pouvoir électrique du mercure, elle s’y trouve plus négative qu'auparavant, lorsqu'elle est naturellement négative, et elle y devient négative, lorsqu'elle est naturellement positive. En été, lorsqu'elle est négative, elle y devient positive, et négative lorsqu'elle est naturellement positive, en afloiblissant son pouvoir. Les mêmes changemens ont lieu lorsqu'on affoiblit le pouvoir du mercure: Il résulte généralement de ces faits que les différens états élec- triques du verre dans le mercure, sont les divers effets de deux puissances dont les forces sont variables et changent entre elles fréquemment de rapport. Dans la pression mutuelle des deux pouvoirs, c’est celui qui se trouve ie plus fort au moment de leur réaction qui est toujours négatif, et le plus foible qui est positif, On augmente l'intensité électrique en affoiblissant jusqu’à un certain point le pouvoir le plus loible, ou en augmentant de même le pouvoir le plus fort, parce que dans ces deux cas on augmente le rapport des forces : on diminue au contraire l'intensité électrique en afloiblissant le pouvoir le plus fort, ou en augmentant le plus foible, parce que dans ces deux cas on diminue le rapport des forces. Les deux pouvoirs sont inexci- tables l’un par l’autre, quand les forces sont entre elles dans un rapport d'égalité, ou en équilibre. Enfin l'électricité change de nature quand le rapport des forces devient inverse, c’est-à-dire quand le pouvoir le plus foible devient supérieur au plus fort. Septième Fait. L’'électricité du verre est encore susceptible de changer de na- ture par la seule influence d’une action mécanique. J'ai fait voir dans un précédent Mémoire, que le pouvoir élec- rique croît et se développe dans un air raréfié ou comprimé jusqu'à un certain point; qu’il s’affoiblit et disparoît au contraire dans ce même air raréfié ou condensé, lorsqu'il l’est à un plus haut degré. Il ne me reste done plus qu'à faire connoître l’in- fluence de la pression et de l'expansion sur le changement de nature de l'électricité. 1°. Je suppose l'électricité du verre ou de la cire à cachetex positive par simple contact avec le mercure, ce qui est très- fréquent. Si l’on prend pour mieux faire l'expérience, un gros ET D'HISTOIRE NATURELLE. 435 bâton de cire à cacheter, dont l’une des extrémités soit un peu convexe et polie, et que l’on frappe d’un petit coup la surface du mercure avec le bout de ce bâton, la cire y devient moins positive que par un simple contact : une percussion un peu plus forte la rend inexcitable : un choc plus fort encore la fait de- venir négative, et d’autant plus fortement que la percussion est plus vive. En graduant ainsi les chocs, on peut rendre à son gré, et tant que l'on veut, la cire successivement positive, inexcitable et négalive. 20. Si l’on plonge une tige de verre dans deux vases pleins de mercure, dont lun soit très-conique et l’autre bien évasé, de manière qu'une égale immersion de la tige dans les deux vases, fasse élever le mercure au-dessus de son niveau à une plus grande hauteur dans le premier que dans le second, elle sort négative de l’un et l’autre vase, lorsque les pouvoirs sont bien développés. Quand le pouvoir du verre commence à s’af- foiblir en hiver, la tige sort positive du vase évasé et négative du vase conique : en été, au contraire, quand le pouvoir du mercure s’afloiblit, elle sort négative du vase évasé et positive du conique. Si l’on prend deux tiges d’inégale grosseur, l’une comme un bâton de soufre et l’autre comme un bâton de cire à cacheter, et qu'on les plonge dans un même vase plein de mercure, elles en sortent également négatives, lorsque les pouvoirs sont bien développés. Quand celui du verre vient à s’afloiblir en hiver, la petite tige en sort positive, et la grosse, négative; en été, quand Je pouvoir du mercure s’afloiblit, la grosse, au contraire, en sort positive et la petite, négative. Dans les mêmes circonstances de développement, une même tige de verre dans un même vase de mercure, sort en hiver positive par une immersion douce, et négative par uneimmersion vive : le contraire a lieu en été, Dans les deux premières expériences les immersions ayant été faites lentement, ne peuvent différer entre elles que par une élévalion du niveau du mercure plus ou moins grande : or une plus grande élévation de ce niveau produit une plus forte pression sur les pouvoirs. Un accroissement de pression suflit donc pour changer la nature de l'électricité quand l'un des pouvoirs est un peu affoibli. 3. Lorsque la tige est naturellement inexcitable dans lemercure,. 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE si on la presse fortement dans toute sa longueur, dans une ser- viette pliée en plusieurs doubles, et qu'après l'avoir ainsi serrée pendant quelque temps, on la plonge dans le mercure, elle y devient électrique et d’autant plus fortement qu’on l’a pressée davantage et plus long-temps. Lorsque la tige sort naturellement positive du mercure, elle y devient négative en la pressant ainsi, et lorsqu'elle y est naturellement négative elle sy trouve plus négative après cette opération. La tige conserve ensuite, pendant quelque temps, ce nouveau degré de tension; mais en la laissant eu repos, elle revient à son état naturel plus où moins promp- tement. Une pression mécanique fait donc naître et développer le pouvoir électrique. En le resserrant ainsi, on le rapproche de son centre d’attraction : il augmente alors de tension, parce que son expansion diminue. 4°. Si au lieu de presser la tige on ne fait que l’envelopper de ce linge plié en plusieurs doubles, et qu'en l'y tenant ap- JedR on l'en retire doucement comme d’un fourreau pour a plonger de suite dans le mercure, un ou deux frottemens Aus suffisent pour la rendre positive, lorsqu'elle est naturel- lement négative, et elle devient plus foiblement positive ou inexcitable, lorsqu'elle est naturellement positive. Lorsque la tige est ainsi affoiblie, souvent elle revient d’ellemême à son état naturel, en la laissant en repos : souvent aussi elle n’y revient plus. Dans ce dernier cas, on l'y ramène en la pressant dans un linge. Il y a donc ici de la part du fluide un mouvement opposé à celui qui a lieu dans la pression, puisque le pouvoir électrique perd de sa tension au lieu d’en acquérir. 11 semble que l'attraction du linge pour le fluide du verre retienne un instant celui-ci, et lui procure par là une plus grande expansion. 5°. Lorsqu'une grosse tige est bien négative dans le mercure, si on lui fait une forte ligature avec du cordonnet plat, depuis son extrémité supérieure jusqu'à 5o ou 60 millimètres au-dessus de son bord inférieur, et qu'on la plonge ainsi dans le mercure, la portion nue de la tige en sort d’abord très-foiblement négative, quelque temps après inexcitable, et enfin plus ou moins foible- ment positive. En défaisant la ligature toute la tige se retrouve négalive dans le mercure. Lorsque la tige est naturellement po- suve, elle devient inexcitable avec la Jigature et elle persévère dans unit ET D'HISTOIRE NATURELLE. 437 dans cet état, tant qu’elle reste ficelée. Quelquefois la tige, après être dégagée de ses liens, ne revient pas à son état naturel; mais on peut l’y ramener et la rendre négative fortement en la pressant pendant quelque temps dans toute sa longueur. Dans cette circonstance où elle est devenue négative par une pression totale, il est très-aisé de la faire devenir positive par une ligature partielle. Lorsqu'on lie la partie inférieure de la tige, SE qui est au-dessus devient également positive, ou inexcitable suivant l'état naturel où elle se trouve. que les pouvoirs sont bien développés, il est très-diflicile de la faire passer à l’état positif en l’élreignant ainsi sur une partie de sa longueur; mais elle devient toujours inexcitable, et elle se trouve fortement négative aussitôt qu’on la délie, Il suit de ce fait singulier, qu’en pressant le fluide de la tige sur une partie quelconque de sa longueur, celui du reste de la tige qui n’est pas soumis à la pression, se dilate et perd de son ressort à mesure qu'il acquiert de l'expansion. 6°. Dans les jours de forte tension, si on enfonce une tige dans le mercure et qu’on la laisse sous cette pression pendant long-temps, elle y devient à la longue très-foiblement négative; mais son électricité ne change pas de nature, et son pouvoir ne s’y éteint pas. Lorsque les pouvoirs sont peu fortement développés, la tige naturellement négative, sort du mercure inexcitable après un séjour d’une minute : après un second repos pareil au premier, elle y devient positive; un troisième repos la rend inexcitable pour toujours. Quelquefois néanmoins elle reprend son pouvoir en la laissant à l’air libre, Le pouvoir électrique peut donc s’af foiblir et disparoître sous une pression continue. Il résulte des faits précédens, que l'effet constant de la pression, lorsqu’elle n’est pas continue, est d'augmenter la force du pouvoir, et celui de l'expansion, de l’affoiblir. Huitième Fait. Il n’est pas possible d'observer les phénomènes de l'électricité sans s’apercevoir du singulier pouvoir que possède l'humidité d’énerver et d’éteindre la vertu électrique; mais il n’est pas aussi aisé d’en déterminer l’action. Je me bornerai à faire connoître deux faits intéressans qui pourront peut-être répandre quelque lumière sur cet objet. 1°. Supposons la tige fortement négative dans un temps sec Tome LXXXII. MAI an 1810. Lil 438 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et froid par immersion dans le mercure. Si on y applique la main une ou deux fois, lorsqu'elle est en transpiration, et qu’on la plonge ensuite dans le mercure, elle en sort positive et cons- tamment positive. On obtient le même effet en la plongeant dans l'eau, et en la séchant ensuite promptement dans un linge, sans étendre l'humidité sur les points de la surface qui Pont repoussée. Si on la mouille complètement en étendant avec les doigts l'hu- midité sur tous les points de sa surface, et qu'après l’avoir séchée de nouveau on la plonge dans le mercure, elle en sort inexcitable de toutes manières; mais à mesure que le principe humide se dissipe, elle reparoîtsuccessivement positive, inexcitable et négative comme elle étoit avant l'expérience. Je pouvois présumer que ces changemens de nature de l’élec- tricité sont dus au changement de température que l’eau produit sur le verre en s’évaporant. Je me suis convaincu du contraire par l'expérience suivante. Une tige de verre pressée dans un linge bien chaud et plongée de suite dans du mercure, en sort plus négative qu'auparavant. Si l’on humecte ce linge chaud et qu’on y presse de nouveau la tige, elle ne sort plus alors du mercure que positive, et elle s” trouve inexcitable, lorsqu’après avoir étendu et appliqué l'humidité sur tous les points de sa surface ,on la sèche dans un linge chaud. Lorsque la tige est ainsi inexcitable par l'humidité, si on la mouille d’éther, on la trouve après l’évaporation, positive dans le mercure, et quelque temps après, négative comme auparavant. 2°, Si l’on roule en cylindre un morceau d’étoffe de laine, et qu’on le plonge dans le mercure dans un temps froid et peu humide, 1l en sort fortement négatif : si on l’approche ensuite du feu , et qu’après l'avoir chauflé rapidement jusqu’à 36 ou 40° cent., on le replonge dans le mercure, il en sort sans électricité. En le laissant refroidir il redevient négatif et plus fortement qu’il ne l’étoit avant l'expérience. Si au lieu de chauffer cette étoffe de laine brusquement, :on élève lentement et graduellement sa température, on la voit devenir dans le mercure, d’abord moins négative, puis inexcitable, ensuite positive et définitivement inex- citable. En la laissant refroidir elle repasse par l’état positif et redevient plus ‘fortement négative qu'auparavant. Lorsqu'on chauffe l’étoffe assez long-temps pour lui faire perdre cette petite quantité d’eau constitutive qu’elle possède toujours, elle est alors électrique dans le mercure à tous les degrés de chaleur auxquels on l'élève, et elle l’est encore davantage après son refroidissement. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439 Il est donc constant que l'humidité qu’on applique sur un corps hygrométrique, ou que l’on attire à sa surface en l’échauffant, affoiblit son pouvoir électrique par son adhésion propre aux points de cette surface, et on pas par le changement de température qu’elle peut y produire en s’évaporant. Lorsque tous les points de la surface sont atteints par l'humidité, le corps est inexci- table : lorsqu'une partie n’en est pas atteinte, ceux-ci conservent tout leur pouvoir; mais ils ne résistent plus autant à la pression, parce qu’ils ne sont plus soutenus par les points qui sont humectés. CONCLUSION. Tous ces faits me semblent inconciliables avec la théorie des deux fluides : en n’en admettant qu’un ils me paroissent au con- traire s'expliquer naturellement. 1°. Tous les corps sont pénétrés d’un fluide éminemment ex- passif, auquel ils sont intimement unis par ure force attractive, et qui forme autour d’eux une espèce d’atmosphère. Tous les corps n’ont pas une égale attraction pour ce fluide: la quantité que chacun d’eux en possède est donc proportion nelle à sa force attractive. Sous ce rapport, la laine et en gé- néral le poil des animaux paroissent , parmi les corps idio-élec- triques, occuper Le premier rang , et le soufre le dernier. Tous les corps seroient susceptibles d'attirer à eux et de con- denser une plus grande quantité de ce fluide, si la force expansive ne s’y opposoit. Ces deux forces sont donc en équilibre entre elles dans tous les corps, et cet équilibre seroit constant si rien ne venoit le troubler. “ Toutes les parties du fluide qui composent l'atmosphère de chaque corps, ne possèdent pas le même degré de force expansive ; celles qui sont le plus près du centre d'attraction en ont moins que les autres. En vertu de sa force expansive, ce fluide tend sans cesse à s'écarter ; mais sans cesse 1l est réprimé par la force attractive. L'air atmosphérique la seconde dans ses efforts, par son poids, par sa température et par son principe humide. Ces trois sortes d'action ne sont en réalité que divers modes de pression et doivent être considérés comme les auxiliaires de l'attraction. Quel que soit le degré de la pression extérieure, lorsqu'elle devient constante, le fluide expansif de tous les corpstend toujours LU2 440 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à se mettre en équilibre de tension avec celui de l'air environnant: Cet équilibre existe donc également entre eux, et c’est alors que le frottement ne produit aucun effet électrique. Cette pression extérieure est variable d'un jour à l’autre et suivant les saisons; elle est susceptible de diminuer ou de s’ac- croître. 20. Quand la pression extérieure vient à diminuer, la force expansive augmente et le fluide acquiert de D LU PL mais ces deux effets ne se produisent pas toujours dans le même rapport. Lorsque la pression extérieure diminue lentement et par degrés, l'expansion du fluide augmente dans le même rapport que sa force expansive. Alors le fluide de tous les corps ne recoit aucun accroissement de tension, et l'équilibre général n’est pas rompu ; seulement le fluide est plus disposé qu'auparavant à prendre de la tension par un accroissement de pression. Lorsque la pression extérieure diminue rapidement et par sauts, la force expansive augmente dans un plus grand rapport que son expansion, parce que plus il y a de fluide qui tend à se dégager des liens de l'attraction, plus celle-ci oppose de résistance à l'expansion totale du fluide. Alors le fluide se tend et prend du ressort. Cet accroissement de tension est toujours proportionnel à la diminution de la pression; cette tension n’est pas la même pour tous les corps, parce qu’ils n’ont pas une égale quantité de fluide expansif, ni une même force pour le retenir. L'équilibre général est donc alors rompu , et Le frottement est susceptible de produire l'effet électrique. Lorsque la pression extérieure, après avoir diminué, devient stationnaire et se maintient au même degré, la force expansive n’augmente plus, mais l’expansion continue d’avoir lieu dans tous les corps jusqu’à ce que leur fluide se soit mis en équilibre de tension avec celui de l'air environnant. Alors la tension diminue et le pouvoir électrique s’affoiblit. La tension du fluide ne diminue pas dans le même rapport dans tous les corps, parce qu’ils n’ont pas une égale force at- tractive pour s'opposer à son expansion; mais ils parviennent tous, tôt ou tard, à se mettre en équilibre de tension avec le fluide environnant, et alors ils sont inexcitables l’un par l’autre, parce qu’ils jouissent tous d’un foible et même degré de tension. Puisque les forces ne sont pas égales dans tous les corps, et ET D'HISTOIRE NATURELLE. d4i qu'elles se développent aussi ou s’affoiblissent inégalement, il s'ensuit que dans leur développement, ainsi que dans leur affoi- blissement , elles doivent fréquemment changer de rapport entre elles, et conséquemment l'électricité changer de nature. 30. La pression extérieure, après avoir diminué, peut s’ac- croitre plus ou moins graduellement. Dans ce cas l'expansion diminue et le plus souvent la force expansive aussi; mais l’une et l’autre ne diminuent pas toujours dans le même rapport. Si l'expansion diminue sans que la force expansive s’affoiblisse, ce qui a lieu par un accroissement lent de la pression, alors la tension du fluide augmente proportionnellement à la diminution de l’expansion. Cette tension augmente encore lorsque l'expansion diminue dans un plus grand rapport que la force expansive. Si la force expansive diminue dans le même rapport que l’ex- pansion, la tension reste la même sans s’accroître ni s’affoiblir. Seulement elle est plus disposée qu'auparavant à céder à une pression mécanique un peu forte. Si la force expansive diminue dans un plus grand rapport que l'expansion, la tension du fluide s’affoiblit progressivement, Le fluide de tous les corps ne perd pas également de sa tension sous une même pression extérieure, parce que la force expansive n’est pas la même pour tous, ni pour chacun d’eux dans les différentes saisons, et qu’ils opposent à la pression une inégale résistance. Dans cet affoiblissement inégal des pouvoirs les forces changent souvent de rapport entre elles, et alors l’électricité change encore de nature. Lorsque la pression extérieure, après s'être accrue, devient stationnaire et continue , le fluide de tous les corps, quelle que soit sa force expansive, finit, tôt ou tard, par céder à la force comprimante et se mettre en équilibre de tension avec le fluide environnant. C’est alors que tous les corps se trouvent inexci- tables l’un par l'autre, parce que leurs pouvoirs sont également afloiblis et au même degré de tension. Souvent la pression extérieure est forte et se développe rapi- dement. Dans ce cas, la force expansive s’afloiblit en même temps et dans le même rapport dans tous les corps, et ils deviennent promptement inexcitables l’un par l’autre. 4°. Deux corps homogènes sont inélectrisables l’un par l’autre, 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE parce que leurs pouvoirs étant soumis aux mêmes lois d’accrois- sement et de décroïssement, ils sont toujours entre eux en équi- libre de tension, même sous la pression du frottement. Deux corps hétérogènes frottés l’un contre l’autre dans un temps où leurs forces sont égales, exercent encore l’un sur l’autre une égale pression, et l’équilibre subsiste toujours. , Lorsque les forces de deux corps hétérogènes commencent à se développer, comme leur accroissement ne se fait pas dans Je même rapport, elles sont naturellement inégales. Dans cette circonstance, si on frotteles deux corps ensemble, leurs pouvoirs se pressent d'abord et setendent mutuellement ; puis ils réagissent lun sur l’autre, mais avec des forces inégales. Le plus fort l'em- porte sur le plus foible, qui se laisse repousser et lui permet d’ap- procher de son centre d'attraction. Une portion du fluide de la uissance supérieure est alors attirée par le corps de la puissance a plus foible, et retenue par lui au moment même de la sépa- ration des deux corps. De cette manière, la puissance la plus forte se trouve, après le frottement, dépouillée d’une partie de son fluide, et la plus foible pourvue d’une quantité surabon- dante. C’est ainsi que le pouvoir le plus fort devient négatif et le plus foible positif, Les choses se passent ainsi tant que les forces ne différent pas de beaucoup entre elles, et qu’elles peuvent se tendre mutuel- lement. Il en est autrement, lorsque l’une d'elles est dans un grand rapport de supériorité avec l'autre. La plus forte d'abord refoule la plus foible sans en être refoulée : celle-ci augmente de tension et se met en équilibre avec la première. Le fluide de la puissance la plus forte se trouvant plus rapproché ‘du centre d'attraction de la plus foible , en est attiré plus fortement, il refoule de nouveau la puissance la plus foible, qui en recoit un plus grand degré de tension, tandis que la plus forte se détend et s’affoiblit d'autant. La plus foible devient ainsi supé- rieure à la plus forte; elle se constitue par sa réaction dans l’état négatif, et la plus forte se trouve alors positive. L'effet électrique est donc le résultat dé la réaction de deux puissances élastiques qui se pressent l’une contre l’autre avec des forces inégales. Quel que soit l’état naturel des forces, l’é- lectricité négative est donc toujours le partage de celle qui se trouve supérieure à l'autre au moment. de la réaction des deux pouvoirs, et l'électricité positive, celui de la plus foible. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 443 5o, La pression mécanique n’est pas la seule cause excitatrice de Pélectricité. Elle peut encore naître au simple contact de deux corps hétérogènes par le seul mouvement de leur tempéra- ture, lorsque son équilibre est rompu, ou par celui que pro- duisent leurs forces attractives, lorsqu'elles sont un peu éner- giques ; mais ces diverses actions ne sont en définitif que des pressions. 60. Enfin les forces vitales sont soumises, comme le pouvoir électrique, aux mêmes lois d’accroissement et de décroissement sous l'influence du poids, de la température et du principe hu- mide de l'atmosphère. N’auroient-elles pas une origine commune avec celui-ci? 444 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Er OBSERVATIONS SUR LA FILIATION DES ANIMAUX, DEPUIS LE POLYPE JUSQU'’AU SINGE; Par M. DE BARBANÇOIS, pu DÉPARTEMENT DE L'INDRE, Depuis long-temps les naturalistes ont soupçonné que tous les animaux devoient leur origine à un développement successif d’un premier étre organisé : mais aucun, que je sache, n’avoit cherché à créer à ce sujet un système aussi bien fondé que celui présenté par M. Lamarck en 1809, dans sa Phélosophie zoologique ; c’est donc sur ses traces que j’ai cru devoir présenter quelques observations à l’appui de ce système, qui admet en principe que la matière a d’abord formé, comme elle forme tous les Jours avec les seules propriétés affectées à la nature, des êtres organisés qui ont les premières conditions de l’animalité, tels qu’on le voit dans les infusoires et les polypes, sans qu’on ait besoin de supposer que la nature ait pour les corps vivans, des lois particulières opposées à celles qui régissent les corps privés de la vie. Cette filiation paroîtra d’abord , au premier aperçu, extrême- ment difhicile à reconnoître; mais qui peut mettre un terme au développement des effets des propriétés de la matière, lorsqu'ils ne sont pas bornés par le temps? qui peut fixer le moment où la terre a commencé à admettre sur sa surface des êtres orga- nisés? tout ne prouve-t-il pas l’excessive antiquité de son existence et de l’époque où sa surface étoit toute couverte par les eaux ? Il est évident, d’après les expériences journalières, : la nature produit chaquejour spontanément des animalcules infusoires ; ces animaux qui sont au premier degré de l’échelle des êtres orga- nisés, n’ont point de tube digestif, ils vivent par l’absorption des liquides dans lesquels ils se trouvent ; cependant, quelle que soit la simplicité de leur organisation, on est obligé de leur supposer un ET D'HISTOIRE NATURELLE. 44h un système nerveux, c’est-à-dire des molécules nerveuses se correspondant par des filets nerveux pour servir à la conduite d'un fluide subtil, sans l'existence duquel on ne peut expliquer la cause de l'extrême irritabilité de la fibre de ces animaux. Il est aisé de concevoir que les animalcules infusoires ont pu acquérir avec le temps un tube digestif, d’abord sans anus, et alors ils auront produit les polypes et les méduses, ou les polypes auront produit les méduses qui sont aussi sans anus, si même la nature n’a pas produit directement ces animaux de la même manière qu’elle a produit les infusoires ; mais les polypes se sont divisés en deux branches, les nus et les cellulaires, et ces derniers s'étant renfermés dans des cellules calcaires, ils n’ont pu par cetle raison faire acquérir un autre développement à leurs organes. Les méduses jouent un grand rôle parmi les êtres organisés, tout porte à croire qu’elles sont un des premiers types de la matière organique animale, et qu’elles ont été la souche de tous les animaux après les polypes; mais on ne peut admettre dans la filiation des méduses aux poissons, l’intercalation des insectes et autres animaux à moelle nerveuse noueuse, dont l’organisation paroït trop décidée et le système nerveux trop différent de celui des mollusques, pour avoir jamais pu se prêter aux changemens nécessaires à celte intercalation ; bien plus, je crois qu'il est impossible de ne pas reconnoître les diverses filiations séparées et très-courtes, entre les méduses et les animaux ayant une moelle longitudinale nerveuse noueuse, et, ce qui est digne de remarque, c'est que ces diverses branches se terminent toutes par des espèces que l’abondance d’une sécrétion calcaire naturelle à ces êtres (et déjà très-manifestée dans Les polypes cellulaires ou polypiers) a revêtues d’une enveloppe coriace, ou crustacée, ou ca caire ; d’où il résulte qu’on pourroit admettre en principe, que tous les animaux qui se sont revêtus de ces enveloppes, n'ont pas été susceptibles de développemens ultérieurs. Ainsi je regarde que les méduses ou radiaires malacodermes, ont produit séparément, 1° les radiaires échinodermes; 29 les insectes sans ailes qui ont à leur tour produit les crustacés avec lesquels ils ont les plus grands rapports; 3° les larves d’insectes qui ont produit à leur tour les insectes ailés à peau coriace ou écailleuse ; 4° les annelides nus qui ressemblent sous tant de rapports à beaucoup de larves d’insectes, lesquels ont produit les annelides conchilifères : or tous ces animaux sont venus Tome LXXXII. MAI an 16016, Mur 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lerminer leur développement ultérieur dans des espèces à enve- loppe plus ou moins calcaire, tandis qu’il n’en est pas de même des autres animaux produits par les méduses. Il paroît constant que les mollusques, à raison de leur subs- tance gélalineuse absolument semblable, dans un grand nombre, à celle des méduses, entre autres les mammaires , les biphores et les ascidiens , et à raison de leur existence dans les mêmes eaux que les méduses avec lesquelles ils sont souvent mêlés, doivent leur origine directement à ces animaux; mais les mollusques acéphalés s'étant trouvés abonder davantage en sécrétion cal- caire, ont été se perdre dans les mollusques acéphialés conchi- lifères, lesquels ont terminé la filiation de cette branche; tandis que les céphalés s'étant trouvés moins abondäns de cette sécré- tion, se sont divisés en deux branches, l’une qui a produit les céphalés conchilifères dont les coquilles sont cependant moivs pénétrées du principe calcaire que celle des acéphalés et s’y est terminée; l’autre qui a produit les sèches qu'on peut regarder, d’après leurs formes, comme le type des premiers poissons car- tilagineux ostéodermes, les ovoïdes et les sphéroïdes. Par cette marche le système nerveux des mollusques se trouve être la suite de leur organisation primitive, et l’on west pas obligé de forcer les moyens de filiation pour intercaler les an- nelides, à plus forte raison les insectes et les crustacés entre les méduses et les sèches; intercalation d'autant plus difficile à admettre, que le système nerveux de ces animaux est peut-être plus différent de celui des mollusques, que celui des mollusques ue l’est de celui des vertébrés. Cette première filiation admise entre les infusoires et les ovoïdes, ou sphéroïdes, c’est-à-dire entre le premier degré des invertébrés par l’intercalation seule des méduses et des mollus- ques céphalés; alors il reste à prouver la suite de cette filiation pour arriver de ces poissons cartilagineux à tous les autres animaux. De même que les méduses jouent un grand rôle dans la filiation des animaux invertébrés, les poissons cartilagineux, et surtout les ostéodermes, jouent un grand rôle dans la filiation des vertébrés, et paroissent la souche primitive de tous les animaux vertébrés dont les différentes branches , de même que dans les invertébrés, se sont arrêtées aussitôt qu’elles ont produit des espèces revêtues de peau coriace, ou écailleuse, ou calcaire; ainsi l’ostracion ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447 peut être regardée comme la souche des cheloniens, ou tortues, ou reptiles à enveloppe osseuse, qui n’auront point eu par cette raison de développement ultérieur. Les tétrodons et diodons, comme la souche des poissons cartilagineux jugulaires, thoracins et abdominaux qui ne sont pas de la famille des squales, entre autres les lophies et les ballistes qui auront été la souche des poissons osseux des mêmes ordres, c’est-à-dire de tous les poissons osseux non apodes ou non serpentiformes, lesquels poissons étant presque tous enveloppés d’une peau écailleuse, n’ont point eu de développement ultérieur. Les ovoïdes transportées dans des eaux douces auront pu être la souche des têtards, et ensuite des grenouilles et des sala- mandres qui auront produit les sauriens ou lézards écailleux qui sont restés les derniers de cette branche. Les syngnathes auront été la souche des pétromysons et des lamproies, lesquels ont produit d’une part , les poissons osseux apodes, ou serpentiformes et les squales, On voit en effet que, sous bien des rapports, les pétromysons ont pu être la souche de ces animaux qui, en apparence, sont assez diflérens; et ensuite ces poissons osseux serpeatiformes auront produit les ophidiens qui, tous revêtus d’une peau écailleuse, seront restés sans dé- yeloppement ultérieur, D'ailleurs il est possible que quelques ophidiens aient eu pour souche les sauriens , quoiqu'il soit présu- mable que d’après que leur cœur a une oreillette aomineles pois- sons, les ophidiens ont eu pour souche les poissons ophictes. Les squales provenus des pétromysons et des lamproies, avec lesquels ils ont beaucoup de rapport, auront été la souche des cétacés dentifères; car leur forme, leur énorme grosseur, leur peau sans écailles, leur mode d'accouplement et de géné- ration, leurs évens, leurs dents, leur voracité les rapprochent tellement des cétacés dentiferes, qu’il n’est à cet égard aucuns poissons qui puissent leur étre comparés, et ces cétacés auront produit non-seulement les célacés édentés ou baleines qui, à raison de leur énorme grosseur, n’ont pas eu de développement ultérieur, mais encore les mammifères amphibies, lesquels auront servi de souche aux pachidermes, et d’abord aux hippopotames avec lesquels ils ont les plus grandes analogies. Les pachidermes auront à la suite des temps produit les ruminans et les solipèdes qui , à raison de la conformation de leurs pieds, ne paroïssent avoir éprouvé aucun perfectionnement; mais antérieurement à l'existence de ces animaux, ils auront produit les onguiculés Mmnm 2 448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE édentés avec lesquels ils paroissent avoir plus de rapport. Unepartie de ces édentés, en raison de la nature et des habitudes auxquelles cette conformation les astreint, auront éprouvé de singuliers changemens, et ils seront probablement devenus la souche des monotrèmes et des oiseaux aquatiques, et auront cependant, par un développement plus naturel, produit les rongeurs. Cette attribution donnée aux pachidermes et aux édentés, d'avoir été la souche de tous les animaux à sang chaud, paroît d’autant plus fondée, qu’ils sont parmi ces animaux ceux dont on trouve le plus grand nombre de squelettes fossiles présentant soit sous le rapport du nombre (voyez les amas immenses des os fossiles des pachidermes qui se trouvent dans la mer Glaciale), soit sous le rapport de la profondeur des lieux où ils sont dé- posés (voyez les relations à cet égard), des preuves authentiques de la plus haute antiquité. Les édentés auront produit les pédimanes, les carnivores et les plantigrades; or dans ces trois ordres les plantigrades étant ceux qui approcbent le plus des makis ou lemuriens, ils auront été la souche de ces animaux et aussi des chéroptères qui, aux membranes près, se rapprochent beaucoup des /emuriens. Les lemuriens auront été la souche des szrges, parmi lesquels on remarque l’orang de l'Inde et l’orang del’Afrique qui paroïssent. former deux souches séparées. Voyez la plaache ci-jointe. » f | | L | . LCR. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 LETTRE DE M. DELEZENNES A J.-C. DELAMÉTHERIE, SUR LA CIRCULATION DU FLUIDE ÉLECTRIQUE. MOoNSsIEUR, Le fluide électrique se forme et circule avec tant de régu- larité et de rapidité dans les piles voltaïques humides, et au contraire avec tant de lenteur et d'irrégularité dans les piles sèches , surtout lorsqu'elles sont fatiguées, qu’en répétant avec celles-ci les belles expériences de M. Erman , insérées au t. LXIV de votre Journal, je m’attendois à rencontrer dans cette espèce de vérification, des difiérences notables entre les résultats de ce savant et les miens, et même entre ceux-ci. C’est effectivement ce qui est arrivé. J’exposerai les faits, Monsieur, dans le sens où ils se sont le plus souvent présentés. Ils ne peuvent porter aucune atteinte à ceux qu'a observés M. Erman, et si je hasarde de les rattacher à une cause unique, qu'ils s'accordent à indiquer, je ne prélends point qu’on doive s’arrêler à mon opinion par- ticulière. Je souhaite seulement que mesexpériencesen provoquent d’autres mieux suivies et plus propres à éclairer la question. J'ai formé une batterie de deux piles sèches d’égale force, cha- cune de 2016 paires, étain et oxide de manganèse (voyez ma Lettre du mois d'avril), isolées et communiquant par leurs bases. La distance des pôles vitré et résineux, ou positif et négatif, est de 33 centimètres. Chaque pôle communique avec un élec: tromètre dont les pailles pesantes s’écartent de 20 millimètres. C’est avec cette batterie que j'ai fait les expériences suivantes. J’ai fait rougir à blanc et laissé refroidir un tuyau de pipe de 34 centimètres de longueur : dans cet état de sécheresse ex- trême il isole parfaitement le fluide électrique vitré ou résineux. Posé bout à bout sur les bords des armures de cuivre qui ter- rinent les piles sèches, il prend à ses extrémités une tension électrique moins forte, mais de même nature que celle du pôle 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE correspondant : celte tension va ensuite en diminuant jusqu’au milieu du tuyau où elle est absolument nulle, À mesure que le tuyau s'empare de l'humidité de Pair, les électromètres des pôles baissent ,et le point neutre s’avance vers le pôle vitré ou positif; et lorsqu’avec le temps il s’est saturé d'humidité, Pécart des pailles dans lélectromètre du pôle résineux n’est plus que de 7 à 8 millimètres. Cet écart est de 5 millimètres au pôle vitré, Dans toute sa longueur le tuyau est à l’état résineux ; mais sa tension va en diminuant jusqu’au point de contact avec l'armure vitrée, Ce tuyau , retourné bout pour bout, présente ab- solument le même phénomène, et ce phénomène constant ne change pas non plus quand on emploie un tuyau quelconque pris dans son état ordinaire. Un tuyau de pipe essuyé après avoir été plongé dans l'eau, ne ferme pas complètement le cercle galvanique , quoiqu’ii soit conducteur. Posé bout à bout sur les pôles, 1l fait tomber les électromètres à 4 millimètres ; mais l’électricité est résineuse aux deux pôles. Elle s'étend sur. toute la pile vitrée. (Je désigne ainsi celle qui est toute entière à l’état vitré quand les deux pôles de la batterie sont isolés et libres.) On ne trouve quel- quefois le point neutre qu’auprès de la base de cette pile vitrée. À mesure que le tuyau perd dans l'air son excès d'humidité, le neutre retourne vers le pôle vitré, et il finit par se placer précisément au point de contact. Dans cet état, je touche Pun des pôles, l’autre s'élève de suite à une tension un peu moindre que celle d’une seule pile. Afin de m'assurer si les phénomènes observés n'étoient point dus à une différence dans la force des piles, j'ai répété les ex- périences précédentes avec la même batterie, mais en retournant chaque pile. Rien n’a changé. J'ai essuyé et fait sécher un tube capillaire de verre commun, et je l'ai posé bout à bout sur les pôles. Les électromètres sont restés à leur maximum de divergence et le point neutre s’est placé au milieu du tube. À deux millimètres à droite où à gauche du point neutre la tension électrique est extrême. Ce tube lé- gérement humecté présente les mêmes phénomènes que le tuyau de pipe imbibé d’eau ; seulement, comme il se sèche beaucoup plus vite, le point neutre tarde moins à venir se placer au point de contact du tube avec le pôle vitré, et un instant après 1l est revenu au milieu du tube. Uu autre tube de verre, sec et couvert de poussière , manifeste ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45t l'électricité résineuse, mais décroissante dans toute son étendue Jusqu'au point de contact avec l'armure du pôle vitré, tandis que l'électromètre de ce pôle marque une très-forte électricité vitrée. J'ai répété les expériences précédentes avec des cylindres de bois, avec des bandes de papier, de peau, de baleine.,..etc., avec des fils de chanvre, de lin, de coton et desoie, j’aiobtenu les mêmes résultats légèrement modifiés par la nature des substances: ” Des pôles de la batterie partent deux fils de cuivre qui entrent de 3 à 4 millimètres dans les extrémités d’un prisme de savon blanc, tel qu’on le irouve dans le commerce. Ce prisme a 6 centimètues de longueur et il est bon conducteur de l'électricité. Les fils, Le savon, le pôle vitré et les deux tiers de la pile vitrée sont à l’état résineux. L’électromètre du pôle vitré s'écarte de 3 millimètres par une électricité résineuse. La même électricité écarte les pailles du pôle résineux de 5 à 6 millimètres, Un pareil prisme de savon lentement desséchié au four et encore chaud, mais solide, n’enlève rien d’un électrométre chargé de fluide électrique. Il ne change rien non plus aux électromètres des pôles de la batterie; mais si l’on mouille tant soit peu le point de contact, il devient un conducteur parfait. Dans le conflit des pôles , le savon desséché ofire le même phénomène que le tuyau de pipe à l'état naturel : tout le prisme marque une électricité résineuse, à 8 millimètres d’écartement et jusqu’au point où il esf touché par le fil partant du pôle vitré. Ce fil près du point où il touche le savon, montre uneélectricité vitrée à 8 millimètres de divergence. À mesure que le savon se re- froidit et qu'il s’imbibe de l'humidité de l'air, les électromètres baissent ; celui du pôle vitré descend plus rapidement que celui du pôle résineux; il tombe à zéro et passe à l’état résineux. Déjà le savon est redeveou un bon conducteur, et en une demi- heure il ferme complètement le cercle galvanique. Il paroît certain que l’eau est l’unique cause des effets que je viens de décrire, et toute la conséquence qu’on peut en tirer, c’est que ce liquide conduit mieux l'électricité vitrée que l'é-- lectricité résineuse. Uné petite lampe pleine d’alcool et garnie d’une mèche d’a- miaute, est déposée sur un électromètre. Tandis que l’alcool brûle, j'écarte les pailles à l'aide d’un bâton de laque; maïs en une demi-seconde ellesretombent à leur direction naturelle, quelle que soit l'espèce d'électricité qui les fait diverger. Elles tombent tout-à-coup si on plonge un conducteur dans la flamme. 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La même lampe allumée est isolée sur un gâteau de résine de 4 centimètres d’épaisseur. Je fais pénétrer dans la flamme le fil métallique du pôle de l’une de mes deux piles isolées et séparées. Aussitôt lélectromètre du pôle baisse, mais lentement. En présentant, à quelques centimètres au-dessus de la flamme, la tige courbée d’un électromètre, on recueille l'électricité que dissipe cette flamme. Si je plonge un conducteur dans la flamme isolée, ou si je touche la lampe, l'électricité est éteinte sur-le- champ. La flamme isolée ne fait point baisser l’électromètre du pôle quand on touche la base de la pile; preuve que l'électri- cité renaît plus vite dans la pile sèche qu’elle ne se perd par la flamme. On recueille encore l'électricité par le procédé que je viens d'indiquer. Il suflit, dans le cas actuel, de présenter la tige courbée à plus d’un mètre de hauteur au-dessus de la flamme. À un demi-mètre l’électromètre se charge trés-vite et très-fort. Quand la lampe ainsi que la base de la pile communiquent avec le sol, l’électromètre du pôle descend assez vite; mais il reste écarté de 2 à 3 millimètres. Enfin si la pile n’est point isolée, et si l’on plonge un conducteur dans la flamme isolée, l’élec- tromètre du pôle tombe tout-à-coup à zéro. La lampe déposée sur l’armure polaire de la pile vitrée isolée, fait baisser lentement l’électromètre du pôle de cette pile jusqu’à zéro. Dans la même épreuve, l’électromètre de la pile résineuse descend un peu plus lentement et s'arrête à un millimètre. Il faat toucher la lampe ou la flamme pour qu’il tombe à zéro: Ainsi la flamme de l'alcool dissipe plus rapidement lélectricité vitrée que la résineuse. Les fils qui partent des pôles de la batterie des deux piles, ont leurs extrémités à à millimètres de distance. Je les réunis ar la flamme isolée de l'alcool, à l’instant les électromètres po- bis tombent, celui du pôle vitré à zéro, et celui du pôle résineux à 4 millimètres. Celui-ci ne descend à zéro que lorsqu'on touche la flamme, et il remonte à 2 millimètres si l’on ne touche que la lampe de cuivre. Tandis que la flamme isolée de l'alcool complète le cercle gal- vanique, si les bases des piles isolées cessent de communiquer, et si l'on touche l’une d'elles, l'électricité du sommet de la pile dont on touche la base se répand sur les fils polaires, la flamme, les éleciromètres , et sur l’autre pile entière, Au moment où l’on rétablit la communication des bases, l’électromètre du pôle ET D'HISTOIRE NATURELLE. 453 pôle vitré retombe à zéro, et celui du pôle résineux se soutient à 4 ou à millimètres. Si un moment après on relire la flamme, les deux électromètres remontent spontanément à leur 2aximuim. La flamme du suif, celle de l'huile ou de l'éther se con- duit à peu près comme celle de lalcool. Celles du camphre, du succin et de l'essence de térébenthine se conduisent aussi à peu près comme celle de l'alcool; mais elles présentent ce sin- gulier phénomène, observé par M. Erman, qu’au pôle résineux 11 se forme une herborisation charbonneuse, une large houppe composée de petits rameaux infiniment multipliés et qui, par la force ascendante de la flamme, se réunissent en une branche principale haute de 4 centimètres, et de laquelle partent 5 ou 6 autres branches d’un centimètre de longueur et de plus d’un millimètre d'épaisseur. Quand ces dernières flammes sont portées sur le fil du pôle résineux ; elles conservent leur forme naturelle, si près même qu'on les approche du fil vitré; mais quand on les porte sur celui-ci et qu’on les approche à 2 millimètres de Pautre fil, elles en sont attirées, elles s’élargissent, se jettent sur leur filet s'y étendent de 2 à 3 millimètres. La flamme isolée du phosphore dissipe lentement l'électricité à l’un quelconque des pôles d’une pile isolée. Si la pile west point isolée, l’électromètre du pôle reste au maximum. Dans le conflit des pôles de la batterie, les électromètres restent ouverts de 4 à 5 millimètres. Un conducteur plongé dans la flamme les fait baisser de 2 millimètres, La flamme du soufre fondu se comporte à peu près comme celle du phosphore, si ce n’est que dans le conflit, les électro- mètres des pôles restent presque à leur r7aximum. Les phénomènes que présente la flamme des combustibles con - tenant de l'hydrogène, ont tant d’analogie avec ceux qu'ofirent les substances humectées, qu'on est naturellement porté à leur soupconner une cause commune. Ce qui vient à l'appui de cette idée, c’est qu'on ne peut guère douter de la présence de l’eau dans la flimme de ces combustibles. La flamme est ici le spectacle de la combustion des molécules du gaz hydrogène qui se dé- gagent-des corps par la chaleur. Or lPunion de l'hydrogène à l’oxigène donne naissance à l’eau , et cette eau, quoiqu'en vapeur et disséminée dans la flamme où elle se forme, assimile cette flamme à un corps légèrement humecté, et lui donne la propriété Tome LXXXII. MAI an 1616, Non 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de conduire le fluide vitré, mieux qu’elle ne conduit le fluide résineux. Cette explication est encore appuyée par l'expérience suivante, Je réunis les fils polaires par la flamme d’une allumette ; à l’ins- tant l’électromètre du pôle vitré tombe à zéro, celui du pôle résineux se soutient à 2 ou 3 millimètres; mais si la réunion des fils se fait par le bois très-sec de cette allumette, les élec- tromètres restent près de leur maxémum de divergence. En répétant plusieurs fois avec le savon desséché , l’expérience que j'ai rapportée plus haut, j'ai rencontré deux anomalies sin- gulières dont je vais, Monsieur, vous donner le détail. J’ai enfoncé avec célérité les fils polaires dans les bouts d’un prisme de savon desséché, chaud, presque mou, et que je tenois par le milieu entre le pouce et l'index. J’ai de suite touché la tige métallique qui joint les bases des piles isolées. A l'instant les électromètres des pôles sont montés au #1aximum, et les deux moitiés du prisme ont pris des états électriques opposés. Le point neulre étoit précisément au milieu. En touchant l’un des pôles de la batterie, l’électromètre de l’autre pôle montoit immédia- tement au maximum, ce qui sembloit indiquer que le savon isoloit parfaitement les deux électricités. Cependant en prenant de nouveau le prisme par son milieu, l’électromètre du pôle résineux est tombé roide à zéro, et celui du pôle vitré est monté au maximum. J'ai alors touché la communication des bases, et le point neutre s'est encore placé au milieu du prisme. Pour m’assurer par un autre moyen si ce prisme encore chaud isoloit exclusivement le fluide vitré, j'ai de suite supprimé la commu- nication des bases; mais en 3 secondes les électromètres des pôles sont tombés à zéro. J’ai alors rétabli la communication; mais déjà le savon s’imprégnoit d'humidité : les électromètres ne se sont point relevés à leur hauteur primitive, et le point neutre s'avancoit déjà vers le pôle vitré; six minutes après, les deux électromètres ne s’écartoient que de 4 millimètres. Ils ont con- tinué à descendre ensemble, et en 30 minutes ils sont tombés à Zéro. Une autre fois, je tenois par son milieu le mème prisme trèse chaud et presqu’entièrement mou. Chaque extrémité présentée au sommet de l’une ou de l’autre pile isolée, se montroit par- faitement idio-électrique : je pris alors le savon par un bout et je touchai de l’autre bout le sommet d’une pile ; rien ne changea ; mais en présentant le prisme par son milieu, l'électromètre tomba ET D'HISTOIRE NATURELLE. 455 immédiatement à zéro. Ainsi en 3 ou 4 secondes que dura le contact de mes doigts avec le savon brûlant, celui-ci absorba avec tant d’avidité l’eau de transpiration, qu’il devint un excellent conducteur. En reprenant ensuite le savon par son milieu, il étoit toujours isolant par l’extrémité que je n’avois point encore touchée , et conducteur par l’autre extrémité. J’enfoncai de suite dans cette dernière le fil polaire vitré, et le fil polaire résineux dans l’autre extrémité, et, tout tenant le savon par son milieu, je touchai la tige qui joint les bases des piles. L’électromètre du pôle vitré resta à zéro, et celui du pôle résineux s’éleva à 12 millimètres. Alors je laissai libre le savon et je touchai la communication des bases. A l'instant les électromètres des pôles s’écartèrent chacun de 8 millimètres. Ce fait me fit soupçonner que déjà l’humidité acquise s’étoit également répartie dans tout le prisme; mais il n’en étoit rien; car en touchant de nouveau le milieu du prisme, l’électromètre du pôle vitré tomba à zéro, et celui du pôle résineux s’éleva à 6 millimètres. Celui-ci continua de même à descendre jusqu’au moment où le savon fut devenu un conducteur parfait. J'ai l'honneur de vous saluer, Monsieur, Avec une parfaite considération, DELEZENNES. Nnn 2 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES | Moyennes + 17,33! RE C'AP'T T'U'L 'ANT'E ON: Millim. Plus grande élévation du mercure. .... 764°64 le 26 Moindreélévation du mercure......... 741,86 le 11 Plus grand degré de chaleur......... +24°40 le 17 Moindre degré E de chaleur........... + 2,00 le 13 Nombre de jours beaux....... 15 dESCOUVETES- = 18 de pluie... .-.." Hobeons 18 HAE bc amatie Jde Job 31 de zeléc.. Hodd-cudobone I de HONDETTE.. ce e 3 de brouillard. ......... 7 delnerse Eeertererece o defsnéleR ere ere 4 Fe EI LITRES ; 5 5| THERMOMETRE EXTERIEUR | BAROMÈTRE MÉTRIQUE. |>£ = CENTIGRADE. F =? CR. CS CS o 8 * | Maximum. | Minimum. |A Mi. Maximum. | Minimun. Lait MIDI.| à ‘heurese o ÉCER heures. mill. | heures« mill mil. ° ras “+17,40/à4m.+ 8,50 +#15,25|à 10 : m...... 753,60|à 4 ? m....... 752,36|753,54| 16,2 à midi. H16,10|à 4 à m. + 575 +18,10/à 10+5.......750,44|à 45 m.......753,40|754,80| 16,3 314 midi. +-16,90 [PETES 5,00 Hg 7se......, 768,828 44 n....:..761,70|763,82| 15,9 4là3s. “-13,olà10 s. +11,10|+412,40/à midi MATE 764,36|à 4 im....... 762,84|764,38| 14,0 5là4s “#+13,25là 44 jm. + 7,701 + 11,85/ d4$mMe...... 762,50|à 45.......... 757,30|760,10| 14,4 6là6s. “Hit 2 à44m.+ 9,25|+10,50/à LPS 4 ..-:761,10 à4% Me De 757:36|758,60| 14,9 7lè2 s. +17,75/à45 m. + 6,00|+16,10|à 9 Mecs... 765,6olà 10 s......... 750,74|759,70| 14; ëlà midi. +16,40/1 9 is +0, 25|4-16,40/à 43 m.......754, 728 494 RES. 746,541752,60| 15,1 | 9425. “11,7 à 10 Ès.+ 6,50/+4-10,50/à 10 25......,.752,64|à 4 + m....... 744,50|749,34| 13,6 M|roli 9 m. +1275 143 on. + So +10,75/à 4 3 m....... 753,00|à 4 s.. ..744,00[749,06| 13,0 dirrlàgm. 10,75 4945: + 5,60|[ + 9,00! 9+ ses 747,08|à 10 M. ...... * 1740 86[742:48| 12,6 rolà midi. 11,25 11048. 2 ,5o]+11,75 APR dent 748,64/à 7 m. en... .743,70|745,04| 12,6 Air 3s. 12,5 qe Lin. 2,0-|H10,50là —o s: ....... 754,00 AIM ele lle agro 791:22| 12,0 14là 235. +14,87|142m.+ 3,50|1#18,75/à9 5... ....... 758,22|à 4+ m....... 756,14|758:14| 12,6 Mlrola 15, See Ain + 9,25|+17,20/à midi. 7 IRÈNE à 105.........797,42/798:06) 14,0 lila 5s. +222 14 : in, +1:0,oc|+21,colà 7 m. = 00/0014 One. cet 753,30|755,38| 15,6 Alislirs. 244 is in, +13,25[+2 4o0/à 6 m.. eee 752,22|à 5% S........750,00|751,60| 16,9 llioli3s. ibôcliios. + 0 75l+-17,50a10s......... 752,50|à 44 Me... 749,90/751,22| 16,2 yl2ks. 16,25 han + 62 |+r5oolä 105. ....... 754,o0|à 44 m........752,50[758,64| 15,4 c:3s. +20,901 4 Em. 66c|+18,75|à g9m......... 754,84 |à 615-3220. 2 793,74 754 52| 16,0 1[à4s. “+22,60l142+im. + 10,7: +20,gofà 1 m So 0s ar 7HA14|A61S--teercte 751,30|752:92| 17,2 198. 21,00] 1 4£m. H13,75] 421,60 ag m As cestee 751,92/à 4 % S More e 750,841751,66| 17,3 Hl:3li2s io5clirios. 14,50 ser ete NAT 754,60|à 4 7 m....... 751 ,66/753,24 16,8 Dlzali 135. +16,40 [à 2 m.r2,75]+17,60fà 9 à s........ 756,36|à 4£m....n... 754.641755,42 16,7 d|:5/1 10 m:+20,25là 41. +116. pool ir. ...758,60[à 42 m.......756,60|757,68| 16,9 HI26/13s. Bla 2 2 s. +15,50/ù 4m. + 9:75 + 1475) à8m........ .759,cO| ao rs... 757542 758.70 16,0 Ml ilhgis. 18,60 4m. +rr,ool15,50.à minuit... ... 7b7,08là 5 L s........ 755,40:755,06| 16,3 + 8,48:571| 750,83] 53,66[755,55] 15,4 Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la ter mpérat ture au degré du thermomètre cen- centièmes de millimètre. Comine les observations faites à à mudi sont ordinairement celles qu’on le thermomètre de correction. À la plus grande et à la plus petite élévation du baromètre conclus de l'ensemble des observations, d'où : il sera aisé de déterminer la température moyenre conséquent , son élévation au-dessus du niveau de la mer, La température des caves est également À L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARTS. MAI 1816. s'y POINTS a VENTS. _ à |. LUNAIRES. u [à midi. LE MATIN. | 1| 67/0: Très-nuageux. Très-nuageux. Nuageux. 2| 56 |N-0. Idem , léger br, Quelques éclaircis: |PZuie à 4 h. Ë 3] 590. Nuageux. l'rès-nuageux, Couv., quel. g. d'eau. | à 4] 85 | ‘Idem, Couvert. Trèscouvert, Couvert, Ë 5| &o |S-O. P.Q.àoh18m.|Ciel trouble et nuag, | Pie fine. Taern. 6| 78 |O. Nuageux. Couvert. Idem. 7| 58 |. Term. Idem. TFrès-nuageux. Très-nuageux. 8| 49|S O. Lune périgée. |[Couvert. Idem. Pluie abondante. 9! 83 |[O. fort. Pluie par intervalles, | Pluie par intervalles. | Pluie , grésil à 5, 10] 68 |S-O. fort. À Nuageux. Pluie continuelle. Pluie. 11| ëo| dem. |P.L.A5h.275.| Trèsnuageux, Idem. Couvert. 12] 56 |O. Pluie à 5 h. Quelq. gouttes d'eau. INuag., grésil à 6h, |£ 13| 73 |O-S-O. Nuageux, gelée bl. Idem. Quelq. gouttes d’eau. |Ë 14] 55 |[S-O. Beau ciel. Couvert. Pluie. 15| 61 Iaüem. Pluie, brouillard. Idem. Couvert. 16] 53 |S-E. Légers nuages, br. |Pctitsnuages. Très-nuageux. 17] 591E. Couvert, lég. brouil. [Nuageux, Tdem. 16] 51 |N-E. Couvert. Ier. Couvert. 19] 68| Idem. |D.Q.8h4ÿm.|Très-nuageux. Idem. Beau ciel. 20| 62| Idem. |Lune apogée. [Nuageux. Beau ciel. Idem 21| 61| Idem. Très-nuageux. Nuageux. Pluie, tonnerre. 22! 69| Idem. Quelq. éclaircis, br. [Petite pluie. Idem. 23] 87 | Idem. T'rès-couvert, pl. àgh.|Couveït, Pluie. 24| 76| Idem. Couvert, brouillard, | Idem. Pluie à 3 h. 25| 84 [N-0. Item, brouil. épais.| Pluie, tonnerre. Nuageux. 26| 52/|\ Idem. Nuageux. Nuageux. Beau ciel. 27| 53 |S-O. N.Là3h.15m Couvert, Couvert. Pluie, 26| 50 |[N-E. Nuageux, Idem. Couvert. 29] 50 |N. Couvert. Nuageux. Pluie. 30| 78 [O-N-O Pluie. Pluie par intervalles. [Couvert. 31) 73 [NO. Couvert. Couvert. Nuageux. Moy. 07 AS AS Jours dont le vent a soufflé du Therm. des caves Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 38""o2 — 1 p. 4 lig. 8 dixièmes. le 1° 129,093 le 16 12°,093 RÉCAPFTULATION | centigrades. ROIOmHHOM T2 tigrade , et la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire en millimètres et emploie généralement dans les déterminations des hauteurs par le baromètre, on a mis à côté et du thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le #2aximurr et le minimum moyens ; du mois et de l'année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observgtoire de Paris, ct pas exprimée en degrés centésimaux, afin de rendre ce Tableau uniorme, 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RAPPORT Fait à la troisième Classe de l’Institut Royale de France, d’un Mémoire du général Andreossy, sur l’Irruption des Eaux du Pont-Euxin dans la Méditerranée, Le 22 décembre 1815, et à la quatrième Classe le 23 dumême mois; Par M. BARBIÉ pu BOCAGE, MEMBRE DE LA TROISIÈME CLASSE. MESssIEURSs, J'ai eu l'honneur de vous lire un Mémoire du général comte Andreossy, sur l’irruption des eaux du Pont-Euxin dans la Mé- diterranée , dans lequel ce Général cherchoiït à prouver que cette irruption, si elle a eu lieu, ne pouvoit être que très-ancienne, et antérieure même aux temps historiques. Je ne sais s'il est parvenu à son but; mais il est résulté de ses recherches sur les lieux, que la Géologie de l'entrée du Bosphore de Thrace, du côté de la mer Noire, nous est très-connue (r), et qu’en com- binant les faits qu’il a rassemblés, avec ceux donnés par quelques autres voyageurs, on peut résoudre la question. Je me félicite d’avoir engagé le Général à étudier un fait qui, de quelque manière qu’on le décide, demandoit des observa- tions, des connoissances, des dépenses, et une liberté de visiter le pays, qui dépendoit beaucoup du rang qu'il occupoit. Ces recherches, qui n’avoient d’abord pour but que d’examiner com- ment les eaux du Pont-Euxin ou de la mer Noire, avoient pu se jeter dans la Méditerranée, menèrent le Général plus loin. (1) Le Général a déposé au Cabinet Royal des Mines, rue d’Enfer , tous les échantillons qu’il avoit recueillis dans ses recherches, et qui proviennent, pour la plus grande partie, des terrains trappéens bouleverses. Il a aussi dans son JR fa be \PP ; ï ns porte-feuille dix à douze vues de ces mêmes terrains , et des dessins coloriés des roches et des substances qui les composent. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 La reconnoissance du terrain lui fit entrevoir le sujet d’un plus grand travail, qui se rapprochant davantage de son goût et de ses études , lui donna la clef du système des eaux qui abreuvent la grande ville de Constantinople. On sait que Byzance, heureusement placée pour le commerce, devint assez promptement une ville considérable : mieux située que Chalcédoine sa voisine, bâtie avant elle, Byzance l’éclipsa bientôt, et les avantages qu’elle retira de sa position, firent donner à la première le nom de Fille des Aveugles; comme si ses fondateurs avoient été jugés tels pour n'avoir pas su choisir un si bel emplacement qu’ils avoient sous leurs yeux. Cependant si la ville de Byzance étoit heureusement située pour le com- merce, elle n’avoit pas tous les avantages qui étoient nécessaires pour la commodité de ses habitans. Elle manquoit d’eau potable, parce qu’il n’y avoit point de sources dans son emplacement. Quand la ville de Constantinople ,avec beaucoup plus détendue, prit l'emplacement de Byzance, le besoin d’eau se fit encore plus sentir. Constantin-le-Grand et ses successeurs, en construisant cette ville, firent rassembler toutes les sources voisines; ils firent faire de grandes citernes pour réunir les eaux et pour les dis- tribuer aux différentes fontaines et aux diflérens bains qui étoient en grand nombre dans Constantinople. Ils firent élever des aqueducs, et c’est, sans doute, en grande partie à eux que l’on doit ceux que l’on voit encore existans. Les Turcs en ont bien fait élever quelques-uns, dit-on, mais en général ils ne font qu’entretenir ce que les Empereurs grecs ont construit, et même ils en laissent périr une partie. À C'étoit ce système général des eaux qui abreuvent Constan- tinople, que le Général se proposoit de reconnoître. Pour cet effet, aidé de quatre officiers du Génie et de l’Artillerie qu'il avoit avec lui, il parcourut tous les environs de cette grande ville, et leva tout le terrain que vous voyez exprimé sur cette carte du Bosphore de Thrace et des environs. I s’appuya d’abord sur le travail qui avoit été fait sur le canal même par M. Kaufler, suivant les ordres de M. le comte de Choiseul-Goutlier, notre confrère, lorsqu'il étoit ambassadeur à Constantinople, travail assujéti à des observations astronomiques; et sur celui qui avoit été fait à l'entrée du canal de la mer Noire par M. Laflitte- Clavé. De là il s’étendit dans l’intérieur du pays , remonta tous les vallons qui sont aux environs de Constantinople, suivit tous les ganaux, soit qu'ils fussent souterrains, soit qu’ils fussent soutenus. 460 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par des aqueducs sur arcades, visita toutes Les prises d'eau, ef parcourut le pays dans tous les sens. Il:en est résulté la belle carte que vous voyez, et c’est une conquête faite pour la science. Le Général a également reconnu les environs du canal de la mer Noire, sur la côte d'Asie; il en a exprimé le dessin avec la même vérité; et il y a joint les îles des Princes et la côte d'Asie correspondante qui paroissent , pour la première fois, levés avec exactitude et figurés avec soin. Le Général ne s’est pas contenté d'exprimer la figure du terrain, d’après les règles ordinaires du dessin; il en a soumis la topographie à des mesures baroméiriques, et à des nivellemens artiels; ces déterminations sont en assez grand nombre, ensorte que l’on pourroit facilement construire un relief des environs de Constantinople et des bords du Bosphore jusqu’à la mer Noire. Ainsi, après avoir représenté en projection les terrains voisins de Constantinople et du Bosphore, le Général a fait prendre les vues des objets les plus intéressans qui s’y trouvent, et il n'y en a pas une qui mexprime ou un ouvrage d'art, ou un mo- nument d'utilité publique, ou une fabrique tenant aux usages du PE: ‘ En visitant les prises d’eau et leurs conduits, il a fait faire des plans et des élévations des bends, ou digues qui retiennent les eaux peu au-dessous de l'origine des vallons, pour en former des réservoirs, des aqueducs qui donnent passage à ces eaux, des taksins, chambres où se trouvent les cuvettes qui les distribuent à la ville, dans des proportions déterminées, et par des méthodes assez sûres ; des souterazi ou pyramides hydrauliques qui peuvent suppléer avec avantage ses ponts-aqueducs, genre d'ouvrage d'une exécution très-simple et peu dispendieuse, qui sert au dégagement de l'air, par conséquent de ventouse naturelle, qui sert en outre à donner un grand mouvement à l’eau, et à procurer une four- niture constante au réservoir de distribution. Le Général a mesuré les conduits en plomb qui passent par ces machines hy- drauliques, et il a pu parvenir à savoir la quantité d’eau qui est amenée tous les jours à Constantinople, et qui est nécessaire à la consommation de ses habitans dans les 24 heures. Il a même lu à ce sujet, un Mémoire fort intéressant à la première Classe de l’Institut. Les souterazi en usage dans l’empire Ottoman, paroissent aussi être employés en Espagne; ils sont postérieurs au règue de Constantin , et peut-être doit-on aux Maures cette invention, dont on n’a pas encore pu déterminer l’époque. Parmi ET D'HISTOIRE NATURELLE. 461 Parmi les dessins qui intéressent notre Classe, on doit mettre au premier rang ceux qui représentent les aquedues, et ensuite ceux qui donnent le plan et l’élévation de plusieurs citernes dans l'enceinte même de Constantinople. Ces citernes qui étoient tiès- grandes, sont aujourd'hui toutes à sec; il n’y en a qu’une seule, celle de Yéré-Batan-Séraï qui conserve son ancienne destination; elle sert encore à tenir des eaux en réserve pour les temps de sécheresse. Les principales de ces citernes desséchées sont entre autres celle appelée 4ix-ye-bio-direk ou des mille et une colonnes, quoiqu’elle n’en renferme pas un aussi grand nombre. Elle est eu éloignée de l’Hippodrome, et aujourd’hui on y dévide de a soie. Du temps de Pierre Gyllins elle étoit encore pleine d’eau. Une autre de 24 colonnes, qui en est voisine , a été remar- quée pour la première fois par le Général. Elle n’étoit point connue des Européens. Une autre très-grande se trouve près de la mosquée de l'Ecuyer (Tmrahor- Djamici): ces citernes sont terminées par des voûtes en calotte sphérique, ou en arêtes; placées sous le sol de Constantinople, elles en supportent les maisons qui leur correspondent, Les voûtes sont soutenues par des colonnes qui sont des débris de monumens antiques. Plusieurs de ces colonnes s'étant trouvées trop courtes, on a racheté la hauteur qu’il failoit leur donner en plaçant pour base deux cha- piteaux en opposition. On reconnoît à des signes gravés sur nombre de ces colonnes , que les citernes voûlées ont été cons- truites sous le christianisme. La citerne de Yéré-Batan-Séraï, ou du Palais affaissé, qui est la seule, comme nous lavons déjà dit, qui conserve de l’eau, est, sans nul doute, la plus considérable de Constantinople. On croit qu’elle s'étend jusqu’à Sainte-Sophie, et au bureau du Desterdar, place de l'Hippodrome, +. y a une citerne particulière dans le sérail pour le service du arem. Il existe dans Constantinople une autre espèce de citernes ; ce sont celles à ciel ouvert. Vastes bassins sans couverture, d’une forme carrée ou oblongue, elles sont en assez grand nombre, et toutes à sec. Le Général a donné le dessin d’une de ces citernes qui est située près de la mosquée de Sultan Sélim. On appelle ces sortes de citernes Tchoukour bostan, ou Jardin enfoncé, parce qu’on y a mis en culture la terre provenant des sédimens que les eaux ont laissés sur leur fond ; dans quelques-unes même, on a construit des maisons et de petites mosquées. Tome LXX XII. MAI an 1816. Ooo 462 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Outre les citernes, le Général a pris le plan des murs de Cons< tantinople du côté de terre, qui sont encore en assez bon état, quoique entretenus avec peu de soin, parce que leur première construction a été faite avec solidité. Ces. murs consistent en une double enceinte, à tours carrées, avec des crévaux dans le haut, genre de fortification en usage avant l'invention de la oudre à canon, et que l’on retrouve presque partout dans le vert On a fait suivre à cette double enceinte les bords de deux ravins qui tombent , l'un sur Eïoub, et l’autre arrive à la Propontide; les têtes des deux ravins sont jointes par un fossé: le tracé de cette partie de l'enceinte de Constantinople ne pouvoit pas être mieux entendu. Dans l’intérieur de la ville, le Général a fait dessiner avec plus de précision qu’on ne l’avoit encore fait , la colonne brûlée, la colonne de Marcien (1), l’obélisque égyptien de la place de l’'Hippodrome avec les hiéroglyphes et les bas-reliefs de son pié- destal qui est du Bas-Empire, La colonne de serpens de bronze entrelacés, voisine de cet obélisque, que l’on croit avoir été apportée de Delphes; l'entrée de la citerne de Yéré-Batan-Séraï, qui présente un lableau d’un bel effet; les bains d'hommes et de femmes, qui sont de grandes et belles constructions ; un tombeau de vert-antique, qu’on dit être celui de Constantin, l’église grecque de Saint-Jean Studius près des sept Tours; la porte dorée dans l’intérieur de ce fort ; une vue extérieure de la partie des sept Tours qui touche à la Propontide; la porte d'Andri- nople; et en dehors, l’aïasma, ou fontaine sacrée de Basouksi ; les eaux douces, au fond du port, séjour du Grand-Seigneur au commencement du printemps; à Eïoub, le tombeau de Soliman- le-Magnifique, rotonde d’un beau style; dans les faubourgs au- delà du port, le grand Champ des morts où il a fait réunir les cippes de toutes les conditions de la vie; la fontaine et la place de Top-Hana ; la tour de Galata et une des portes de ce faubourg qui sont des ouvrages des Génois ; des hauteurs de Gaara, en descendant à l’échelle des morts, une vue de la partie de Cons- tantinople où se trouve l’aqueduc de Valens qui joint la troisième à la quatrième colline; à l’entrée de la Propontide, la Tour de La Fille appelée par les Européens la Tour de Léandre. Sur la côte QG) Le Général a rapporté le dessin de la colonne du sérail qui paroît appar- tenir au temps de T'héodose, ds bles mtheé ET D'HISTOIRE NATURELLE. 463 d'Asie, le Funal de la pointe de Chalcédoine ; la fontaine de Scutari et une partie de cette ville ; dans le Bosphore , les châteaux d'Europe et d’Asie ; la fontaine de Yoc-Sou, construite par lin- fortuné Sultan Selim ; les citernes anciennes de T'chiboucli, depuis long-temps abandonnées; les ports de Stenia et de Therapia; l'entrée de la vallée de Suttanié; celle de la vallée du Grand- Seigneur ; ve dessins de fontaines antiques dans cette vallée; l'aiusma de Kiretch-Bournou; le village de Buyuk-Déré. Dans le canal de la mer Noire, la montagne du Géant et ce même canal vu de Therapia; un ancien château des Génois, au-dessus d’Anadoubou-Kavak ; Buguk-Liman où commencent ses terrains trappéens ; le fanal d'Asie, à l'entrée de la mer Noire : la grotte de Kabacos; le cap basaltique d’Youm- Bournou ; le fort et le cap de Riva ; les cyanées d'Europe; le fanal d'Europe; le fort de Kila avec les souterazi qui ’abreuvent. En remontant dans les terres , le bend et l’aqueduc de Baktché-Keuï;, Belgrade , an- Cienne résidence d'été des Ministres européens; Pyrgos et les deux grands aquedues qui fournissent à Constantinople ; l’aquedue coudé; un de ces aqueducs d’une très-belle construction; et eufin L e . . . l'aqueduc dit de Justinien, ouvrage imposant par sa masse el par son... its Vous avez déjà vu, Messieurs, le dessin de l'autel qui se trouve sur les cyanées d'Europe, et qui a été pris faussement, par bien des voyageurs, pour une colonne. Il est ici comparé à deux autres autels, dont l’un est celui trouvé par Tournelort dans la petite Délos, et l’autre existe dans le palais de France à Péra. Les dessins de ces autels sont faits avec beaucoup de soin. Ils sont absolument identiques pour la forme. À tout cela le Général a joint les dessins de beaucoup d’autres objets trouvés en différens endroits dans la Grèce et dans l'Asie- Mineure, et plusieurs de ces objets n’ont pas moins d'intérêt que ceux de Constantinople. Une vue particulière représente un bain voûté à l’oriental; une autre donne le tableau de la visite faite à l'Aga d'Athènes, par les trois artistes qui ont dé- couvert les Marbecs d'Egine, et ce dessin est fait par M. Ling, un de ces artistes lui-même. D’autres dessins représentent des bas-reliefs trouvés à Santorin, d’autres, des bas-reliefs aux en- virons d’Ilium dans la Troade , et d’autres enfin aux environs de Brousse et de Cyzique. Un plan particulier nous donne la figure de l’église à Nicée, dans laquelle s’est tenu le premier concile œcuménique ; un autre dessin représente la colonne Oo 2 464 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'Augora mieux figurée que ne l’a fait Tournefort, et deux autres plans donnent ceux d’une mosquée et d'un tombeau à Sultanié en Perse. Enfin trois autres dessins représentent de etités figures et des vases apportés d'Egypte , de Syrie et de a Grèce. Joignez à cela quelques inscriptions, dont une parti- culièrement assez importante , vous a été soumise; et de plus, la communication d’un petit globe céleste en arabe, trouvé dans les sables à Sinope, sur lequel M. le baron de Sacy, notre con- frère, vous a fait un intéressant rapport. Les travaux du Général consistent particulièrement dans la reconnoiïssance des lieux et des monumens dans la ville et aux environs de Constantinople; il nous a fait connoître avec soin la géologie de l'entrée du canal de la mer Noire. Il a relevé et dessiné tous les monumens qui amènent les eaux à Constantinople, tous les aqueducs, tous les réservoirs, dont le plus grand nombre est dû aux Empereurs grecs. Il a examiné toutes les citernes de la ville, qui sont des monumens antiques; il a fait dessiner toutes les colonnes antiques ou obélisques qui existent encore, et il'a poussé ses recherches jusqu'aux îles des Princes qui n’avoient point encore été décrites avec assez de soin. La topographie qu’il nous a donnée s'étend, d’un côté, dans l’espace de 14 petites lieues environ, et de l’autre, dans celle de 9 lieues. Ce travail a été fait dans le cours de deux années (les années 1813 et 1814), aidé de quatre personnes, et l’on peut dire que le temps a été bien employé. Il ne falloit pas moins que le zèle et l’activité du Général, qui a tout visité par lui-même, qui a partagé les courses et les fatigues pour terminer un aussi grand travail en si peu de temps. Nous aurons donc actuellement une connoïissance plus exacte du territoire de Cons- tantinople et de tous les monumens qui s’y trouvent, si le Général réunit en corps d'ouvrage, comme nous avons lieu de l’espérer, les nombreux détails qu’il a recueillis, durant trente mois de séjour, sur un sol qui, malgré les recherches auxquelles il avoit donné lieu, prêtoit encore beaucoup à de nouvelles observations. A UT ET D'HISTOIRE NATURELLE. 465 DE LA MATIÈRE PREMIÈRE DES LAV ES; Par J. Axpré DELUC, rics DE G. A. D. Genève, 26 avril 1816. PRESQUE tous les naturalistes qui se sont occupés des volcans, ont cherché la matière première des laves dans des roches sem- blables à celles qui composent nos montagnes. Ainsi ils ont donné les noms de granitiques, porphyriques , feld-spathiques , pétrosiliceuses et cornéennes , à des laves qu’ils supposoient être composées des roches d’où ces noms sont dérivés, qui étoient fondues par les feux souterrains. Cette opinion est encore celle de M. Menard de la Groye, dans ses Observations sur le Vésuve, publiées dans ce Journal en 1815 (1); car il appelle toujours roches ou pierres la matière primitive des laves, et quoiqu'il dise qu’elles sont probablement izconnues (2), il présume que ce sont des espèces de grunstein, de cornéennes ou de pétro- silex (3), parce qu’on trouve sur les flancs du Vésuve, des mor- ceaux de roches qui sont des espèces de cornéennes ou de pé- trosilex brunâtres , verdâtres ou gris foncé, qui se fondent assez facilement. M. Menard dit en mème temps, que c’est un fait certain que les volcans atteignent à une très-grande profondeur; que le Vésuve traverse diverses roches micacées, du granite même ou l'équivalent. Il reconnoît donc que le foyer des volcans est au- dessous des roches micacées et du granite, et qu’à plus forte raison , il est au-dessous des pétrosilex qui sont superposés aux schistes et aux granites. Il faudroit donc supposer que l’on trouve pcs (1) Observations sur l’état du Vésuve en 1815 et 1814, pag. 42, 43, 57—60;, publiées dans le Journal de Physique de 1815. (2) Ibid. , pag: 43 et 86, (5) Ibid. , pag. 58. 466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE encore des roches cornéennes et pétrosiliceuses au-dessous du granite, ce qui est contraire à l’ordre successif reconnu parmi les roches. Si parmi les fragmens de roches non-altérées, rejetés par la bouche des volcans, on ne rencontroit que des pétrosilex et des cornéennes, on pourroit croire que ces roches ont appartenu à la matière première des daves ; mais on en rencontre de toutes espèces, telles que des roches micacées, talqueuses, du granite, du marbre blanc, etc. Ces fragmens appartiennent donc tous aux diverses couches minérales au travers desquelles les feux souterrains se sont ouvert des passages ou cheminées. Aucune de ces couches n'a servi de matière première aux laves: la source de celles-ci est beaucoup au-dessous de toutes les couches qui composent la croûte stratiforme de notre globe. : Quand on ne trouveroit que des roches cornéennes et pélro- siliceuses parmi les fragmens rejetés par le Vésuve, cela ne suf- firoit pas pour prouver qu’elles ont servi de base aux laves : il faudroit, outre cela , que les laves en renfermassent elles-mêmes des fragmeus intacts ou plus ou moins altérés par le feu, c’est- à-dire ayant éprouvé différens degrés de fusion et toujours faisant corps avec la lave. Mais ce n’est pas ce qu'on observe; tous les fragmens cités ont toujours été trouvés isolés ou errans sur les flancs du volcan; aucun d’eux, par conséquent, ne peut être considéré comme la matière que nous cherchons. Aïnsi la question n'est plus de savoir dans quelle espèce de roche les feux sou- terrains prennent les matières qu'ils fondent, mais si ces matières sont une roche quelconque. Je réponds qu’aucuns des phénomènes des laves n'indiquent que ce soit une roche; ils nous conduisent au contraire à sup fs que c’est une boue liquide et aqueuse : c'éloit opinion de eu mon père (1), comme on le verra par le paragraphe suivant de ses Observations sur les corps cristallisés renfermés dans les laves (2). « Nous voyous, dit-il, que pour réduire en fusion » les roches et les minéraux, il faut les briser en très- petites » parcelles ; cependant il n’y a ni pilons ni bocards dans les (1) Guillaume Antoine Deluc , auteur de plusieurs Mémoires d'Histoire na- turelle publiés en divers Journaux! pendant les années 1799— 1807. (2) Biblioth. Britann., numéro de juin 1806, pag. 185. Journ. des Mines , nor; TS ET D'HISTOIRE NATURELLE. 467 » couches où les laves prennent leur naissance; et les feux vol- » caniques ne peuvent pas, mieux que ceux de nos fourneaux, » fondre des roches en grandes masses. [1 faut que ces couches » soient dans un état pulvérulent et vaseux pour pouvoir être » fondues, » J’ajouterai, il faut que la base des laves soit une boue aqueuse pour que les fermentations ou les mouvemenis intestins qui exigent la liquidité, puissent avoir lieu : car comment concevoir que ces mouvemens puissent s’opérer dans des roches solides ? où trouver dans aucune des roches qui nous sont connues, le fer, l’eau, lammoniac, le sel marin si abondans dans les déjections vol- caniques ? et cependant il faut que la base des laves contienne ces ingrédiens, outre les terres en poudre, telles que la silice et l’alumine. M. Delac dit dans ses Nouvelles Observations sur les Folcans et sur leurs Laves (1): « C’est du sein même des laves, étant » en fusion daus l'intérieur du volcan, que partent toutes les » explosions. Elles renferment dans cet état de fusion, toutes » les matières qui produisent les fermentations et le dégagement » des fluides expansibles, » M. Menard a fait les mêmes observations : il dit (2) que la lave quoiqu’en fusion, contient de l’eau en abondance qui se manifeste par une fumée aqueuse continuelle pendant son in- candescence; qu’elle contient aussi les vapeurs acides et les su- blimations ; qu’elle porte avec elle tous Les principes des éma- nations volcaniques ; qu’il y a en elle tout ce qui fait le volcan. Ainsi donc la basé ou la matière première des laves est un mélange d’eau, de sel marin, de sel ammoniaque, de fer , de soufre, de silice, d’alumine, etc. ; le tout dans l’état de poudre ou de dissolution. C’est dans cette boue que sont contenus les pyroxènes, les amphigènes, les lamelles de feld-spath, le péridot, le sable ferrugineux souvent octaèdre , ete. Ces petits corpscristal- lisés furent formés à une époque plus ou moins reculée. Et lorsque la boue ou vase qui les contient éprouve une fusion ignée (3), QG) Biblioth. Britann., numéro d’août 1804, pag. 346. (2) Pag. 83 de ses Observations sur l’état du Vésuve, etc. (6) M. Menard de la Groye, lui-même, appelle la lave une espece de boue ignée qui se comporte comme une boue plutôl que comme un courant de ma- tère fondue , pag. 45 de ses Observations sur le Vésuve. 468 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ces petits corps y restent enveloppés sans être ni fondus ni dé- saturés, parce que la chaleur n’est pas assez intense pour produire cet effet. On peut se représenter cette boue comme les roches qui ren- ferment le grenat dodécaëdre, la pyrite dodécaëdre, le fer oc- taèdre, etc., avant qu’elles se fussent consolidées et qu’elles fussent devenues des roches dures ; car il est évident que ces roches ont été une fois dans un état de liquidité aqueuse, et c’est l’état dans lequel sont restées les substances qui renferment les leucites, les pyroxènes, le péridot , le sable ferrugineux, etc. ; elles ne sont point consolidées, mais elles sont toujours restées dans un état de poudre. | C’est ce que prouvent encoreles petits corps cristallisés lancés isolément par les volcans. Ainsi le Vésuve et l’Etna lancent sou- vent une multitude de pyroxènes isolés. Les leucites isolées sont si abondantes dans les environs de Rome, qu’on peut dire quela route de Rome à Frascati en est couverte ; les pluies les entraînent et les rassemblent en immense quantité dans les fossés du grand chemin. On présume que ces leucites ou amphigènes sont sorties comme une grêle de l’ancien volcan nommé Monte-Cavo ou Monte- Albano. Le Vésuve a souvent rejeté de ces grêles de leucites accompagnées de pyroxènes. Comment concevoir ces grêles, si ces petits cristaux avoient été renfermés dans une roche dure ? Pourquoi ne sont-ils jamais renfermés dans aucun des fragmens intacts des roches lancés par le volcan? Concluons donc que ces petits cristaux sont éga- lement isolés dans l’intérieur de la terre, et mélés avec les poudres qui servent de base aux laves. Dolomieu , rapporte M. Menard (r}), avoit fini par penser que les volcans pouvoient atteindre à une profondeur où l’intérieur du globe seroit encore fluide. Il entendoit sans doute une f/ui- dité aqueuse. Cette idée ne place point le foyer des volcans à une ézorme profondeur, comme le pense M. Menard: car à en juger d’après toutes les roches dures qui nous sont connues, leur réunion ne peut pas produire une épaisseur ézorme. Puisque passé le granite on n’a aucune raison de supposer qu’il y ait encore des roches proprement dites, ce n’est probablement plus que des matières désunies. (1) Jbid. , pag. 80. Tant UN ET D'HISTOIRE NATURELLE. 469 Tant qu’on a cherché la matière première des laves dans les fragmens de roches dures rejetés par les volcans, on n’a rien trouvé de satisfaisant. N’a-t-on jamais songé à la rechercher plutôt dans les éruptions boueuses, dans ces matières qui n’ont point été fondues par les feux souterrains, et qu'on peut sup- poser venir des mêmes profondeurs que les laves, et qui devoient être composées des mêmes principes ? Ainsi , par exemple, l'analyse de la matière de l’éruption boueuse qui eut lieu au Tunguragua en 1797, a donné, sur 100 parties, 46 de silice. 12 d’oxide de fer, 7 alumine. 6 chaux. 26 matières animales (r). Ce résultat, excepté les matières animales qui peuvent être en partie de l’ammoniac, doit se rapprocher assez de celui que donne l'analyse des laves. Je ferai encore ici la même question que faisoit M. Deluc dans un de ses Mémoires (2). « Ne pourroit-on pas voir dans » le sable ferrugineux qui se trouve en abondance sur le bord » de la mer près de Naples et dans les environs de Rome , » des échantillons de l'espèce de couches pulvérulentes d’où » partent les laves ? » Il se trouva une variété de sable ferrugineux dans le lit du. torrent d’eau qui sortit de la bouche de l’Etna en 1755. Ce sable avoit été recueilli par Dolomieu (3). Le sable ferrugineux des volcans, ou fer oxidulé titanifère, ne provient point, comme M, Cordier le croit, du lavage des ter- rains volcaniques; c’est une des substances rejetées par les volcans sans avoir été altérées par leurs feux. Ii se trouve en abondance dans le voisinage d’un grand nombre de volcans brülans ou éteints. Dans File de Ténérifle, il forme des bans considérables sur la côte orientale (4). À Saint-Pierre de la Martinique, ce (1) Second Mémoire de M. L. Cordier, Journal des Mines, tome XXIII, ag. 72. (2) Nouv, Observ. sur les Volcans, etc., Biblioth. Britann., août 1804, ag. 348. : (5) Journal des Mines, tome XXI, pag: 259. Recherches sur différens Pro- duits volcaniques , par M. P. Louis Cordier. (4) Ibid. , pag. 252. Tome LXXXII. MAI an 1816. Ppo £ 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sable couvre une plage qui est bordée de laves. Dans les pro- fondes ravines qui sillonnent la base ces volcans du Pérou du côté de l’ouest, on voit, dit M. Bouguer , beaucoup de ce sable noïx qui est attiré par l’aimant : il a été vomi par les volcans comme les autres matières (1). Voilà donc une substance que l’on pourroït regarder comme une des matières premières des laves. Elle entre dans leur com- position, lorsque sa fusion est favorisée par la présence de la soude et de la potasse qui se trouvent dans presque toutes les laves. Ces alcalis en sont les fondans ainsi que le soufre. Je crois avoir suffisamment montré que la base des laves ne peut pas être une roche, quel que soit le nom qu’on lui donne, mais que ce sont des poudres ou des grains;-en général, des matières désunies composées de fer, de soufre, d’ammoniac et de différentes terres : et lorsque les eaux de la mer contenant le muriate de soude, viennent à s'introduire en abondance dans ce mélange, elles y causent un mouvement intestin, une fermen- tation qui dégage le fluide calorifique, et produit l’incandescence: par la décomposition de ce dernier. Comment a-t-on pu concevoir le mouvement intestin dans des roches solides! Quand nous voulons le produire, ne rédui- sons-nous pas en poudre les ingrédiens avant d'ajouter l’eau? quand nous voulons fondre un minéral, ne le réduisons - nous pas aussi en poudre ou en petits fragmens? Je rappellerai ici les principes de Géologie posés par M. Delue l'aîné (2); ils pourront nous servir à comprendre l’état des ma- tières qui sont au-dessous de la croûte stratiforme de notre globe, et qui servent de base aux produits des déjections volcaniques. M. Deluc suppose qu'après la première addition de lumière aux autres élémens de la terre, avant que le soleil l’éclairât de ses rayons, il se forma à sa surface un liquide dense, qui étoit un mélange confus de tous les élémens, et qui pénétra la terre jusqu’à une certaine profondeur , le restant n'étant composé que de pulyicules sans cohérence. Toutes les substances qui com- posent nos couches minérales, prirent naissance par des combi- naisons chimiques dans ce liquide aqueux et primordial. La (1) Académie des Sciences , année 1744 ne 270. (2) Lettres sur l'Histoire physique de la Ferre , adressées à M. le professeur Blumenbach, etc. Paris 1798, pag. 102— 124. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47t première précipitation de substance qui eut lieu, furent des molécules solides qui, s’accumulant sur la masse des pulvicules, formèrent une couche fort épaisse d’une sorte de vase mélée de liquide, tandis que la masse supérieure du liquide restant, contenoit encoretoutesles substances pondérables de nos couches, ainsi que la masse de la mer actuelle. Alors commenca une longue suite d'opérations par lesquelles ce liquide changea successive- ment d'état. Le premier résultat de celte suite de combinaisons fut la précipitation simultanée des différens cristaux du granite qui se réunirent par les afhnités d’agrégation. Ces premières précipitations formèrent tout autour du globe une croûte très- épaisse composée de couches de granite. Ces couches et leurs analogues furent déposées sur le grand amas de vase mélée de liquide. Il y eut ensuite d’autres précipitations qui formèrent des couches de nature différente superposées aux premières. Telle est en abrégé la manière dont M. Deluc l'aîné se repré- sente l'enveloppe de notre globe, Elle a nn trés-grand rapport avec celle à laquelle nous avons été conduits par la recherche de l'état des matières qui servent de base aux produits des vol- cans. C’est dans cette vase formée de molécules solides, mêlée de liquide, et sur laquelle reposent les premières couches de granite, que les foyers de tous les volcans ont leur siége. C’est dans celte vase qu’à l’époque de la formation des roches primitives, se formèrent les petits cristaux isolés de nature et de formes si différentes, qui sont si souvent renfermés dans les laves et dans les autres déjections volcaniques. Cette vase doit s'être depuis long-temps desséchée par linfiltration de l’eau dans l’in- térieur de la terre, et sans l'addition des eaux de la mer qui viennent de temps en temps sy mêler, les éruptions volcaniques ne pourrojent pas avoir lieu. Ppp 2 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TABLEAU DE L'ARCHITECTURE NAVALE MILITAIRE, AUX DIX-HUITIÈME ET DIX-NEUVIEME SIÈCLES ; Par M. DUPIN. RAPPORT FAIT A L'INSTITUT DE FRANCE. Nous avons été nommés par la Classe, MM. de Laplace ; Beautemps-Beaupré et moi, pour examiner un ouvrage de M. Dupin, correspondant de l’Institut, ayant pour titre : Tableau de l'Architecture navale militaire, aux dix - huitième et diz- . neuvième siècles. M. Dupin , avantageusement connu de la Classe, lui a soumis dans une de ses précédentes séances, un ouvrage en manuscrit sur l'Architecture navale, divisé en deux parties et devant être composé de quatre volumes in-4°, et d’un volume de planches grand atlas. L'auteur n'a entretenu la Classe que de la première partie, s'étant réservé de lui soumettre par la suite la seconde partie, où il se propose de traiter l'Architecture comparée des diverses espèces des bâtimens de guerre. Le travail de la première partie est divisé en deux sections principales, savoir, a Struciure et la Construction. Par la structure, l’auteur entend la combinaison, l’arrange- ment et la forme de chacun des élémens qui constituent la coque du vaisseau, ainsi que tout son gréement et son armement complet. Par la construction du vaisseau, il entend les moyens em- ployés pour préparer, travailler et assembler tous les matériaux qui concourent à la formation complète de l'édifice. En à EE Se ET D'HISTOIRE NATURELLE. 473 M. Dupin a pris pour type de ses descriptions le vaisseau l'Océan, de 118 canons, qui a été construit dans le port de Brest en l’année 1786. C’est le premier vaisseau de celte grandeur qui ait été construit et qui a réuni toutes les qualités nautiques à un degré supérieur. M. Dupin considère le vaisseau dans ce qu’il appelle la s/ruc- zure, sous trois points de vue, 1° comme un édifice flottant et mobile; 20 comme une machine militaire; 3° comme une habi- tation où les hommes et leurs subsistances doivent être placés. Il entre dans des développemens très-étendus sur chacune de ces subdivisions, et surtout sur ce qui a rapport à l’arrimage dans la cale, qui influe si puissamment sur les qualités-du vais- seau à la mer. L'auteur traite ensuite de la construction du vaisseau propre- ment dite, c’est-à-dire, de tous les objets qui entrent dans la composition de la coque et du gréement en général et surtout de la mâture;il détaille avec ordre et précision tous les moyens de pratique employés pour réunir toutes ces différentes matières, afin d'en composer un corps solide ; il passe ensuite à la description du calfatage, du percage et du doublage de la partie submergée, en y employant du bois ou du cuivre, . Ces diflérens détails ont dû amener nécessairement à décrire les procédés en usage dans les ports pour établir le vaisseau sur un chantier, soit dans une forme ou bassin à sec, soit sur un plan incliné situé sur les bords de la mer. L'auteur indique les diverses opérations, ainsi que les manœuvres à exécuter pour retirer le vaisseau de la forme, ou pour le conduire à la mer, en le faisant glisser sur le plan du chantier par le moyen d’un berceau dont il donne la description, M. Dupin ne s’est point éloigné, dans tout le cours de son: ouvrage, de tout ce qui avoit été précédemment décrit par différens auteurs sur la charpente et le gréement du vaisseau; mais il a inséré dans son ouvrage divers articles intéressans puisés dans les Mémoires qu’il a précédemment soumis à la Classe, et principalement dans ceux qui traitent de la force, de l’élasticité et de la flexibilité des bois. Ce Tableau d'Architecture navale présente une espèce d’ency- clopédie de construction qui pourra être utile aux marins et aux jeunes ingénieurs-constructeurs ; et afin de procurer aux uns et aux autres plus de facilité dans la recherche des objets 474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE relatifs à l’art qu'ils professent, l’auteur à cru devoir diviser son travail en deux sections absolument distinctes. Vos Commissaires, Messieurs, ne peuvent présenter à la Classe qu'une analyse d’un ouvrage aussi étendu; mais ils se plaisent à rendre justice au zèle et aux talens de M. Dupin, et ils pensent que ce jeune auteur mérite les éloges et les encouragemens de la Classe; et comme un travail de ce genre ne se trouve pas dans la Collection des Arts et Métiers (commencée par l’ancienne Académie des Sciences et continuée par l’Institut), vos Commis- saires ont l'honneur de vous proposer d'y faire réunir le Tableau de l'Architecture navale militaire, aux dix-huitième et dix- neuvième siècles, dès que l’auteur aura terminé son ouvrage. Signé par les Commissaires : LAPLACE, BEAUTEMPS-BEAUPRÉ , SANÉ , Rapporteur. La Classe approuve le Rapport et en adopte les conclusions, dans sa Séance du lundi 15 Janvier 1816. Certifié conforme à l’originel, le Secrétaire perpétuel S" 7 P Pl ? Chevalier DELAMBRE. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 475 LES ROSES, PAL IC REDOUTE. PROSPECTUS. LA culture du Rosier est devenue, depuis plusieurs années, un sujet d'étude pour un grand nombre de Naturalistes et d'Ama- teurs distingués ; on peut même dire, avec vérité, qu’il n’existe pas aujourd'hui de jardins où l’on ne rencontre des collections de Roses plus ou moins complètes; et cette belle fleur, qui réunit tant de charmes dans sa forme, dans sa couleur et dans son parfum, est maintenant un objet de mode, et, pour ainsi dire, populaire. Lorsque les Roses étoient moins recherchées, la culture du Rosier se bornoit à un petit nombre d’espèces; encore ces ar- bustes n’étoient-ils généralement employés que comme massifs dans les jardins d'agrément. Mais, aujourd’hui , nos richesses se sont tellement accrues en raison de la facilité avec laquelle on peut multiplier le Rosier par la greffe ou par les boutures, que ce beau genre se trouve cultivé dans tous les pays. Dans ces circonstances, il manquoit à la France une collection de toutes les espèces de Roses connues, et de leurs variétés les plus remarquables, peintes d’après nature. Telle est la collection à laquelle je travaille depuis long-temps, et que j’annonce au-- jourd’'hui. Je me suis eflorcé d'offrir au Public, dans cet Ouvrage, le même degré de perfection que celui que j'ai cherché à donner à mes Liliacées , colleclion qu’il a daigné accueillir avec tant d’indulgence : toutefois en faisant observer que mon intention west pas de présenter une histoire naturelle de la Rose, mais seulement des portraits ressemblans de chaque espèce, et tels 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'on puisse, avec certitude, reconnoître l'individu vivant, en le comparant avec la gravure. Chaque Rose sera représentée (ainsi que son fruit, dès qu’il sera connu) dans une seule .planche gravée et coloriée avec fidélité : elle sera accompagnée d’une description sommaire dans laquelle j’indiquerai leurs diflérens noms, selon la désignation que leur ont donnée les Botanistes, ou qu’elles ont recue dans les jardins des amateurs les plus célèbres. Les planches paroîtront sans ordre; à cet égard, je laisse aux Amateurs le soin de classer eux-mêmes les Roses, selon le système qui leur paroîtra le plus naturel. Cet Ouvrage, de format grand in-4°, sur papier vélin , dit 20m de Jésus, sera distribué par Livraisons successives au nombre de vingt. Chaque Livraison sera composée de six planches soi- gneusement coloriées et accompagnées d’un texte imprimé chez FrrMmIN Dipor. TABLE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 477 TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE CAHIER. Suite au Mémoïre relatif à l'influence de la tempé- rature des pressions mécaniques et du principe hu- mide sur la génération du pouvoir électrique, et sur {a nature négative ou positive de l'électricité; par J. P. Dessaignes. Pag. 413 Observations sur La filiation des animaux, depuis le polype jusqu’au singe; par M. de Barbancçois. 444 Lettre de M. Delezennes à J.-C. Delamétherie, sur la circulation du fluide électrique. 419 Tableau météorologique; par M. Bouvard. 456 Rapport fait à la troisième Classe de l'Institut royal de France, d'un Mémoire du général Andreossy, sur l’irruption des eaux du Pont-Euxin dans la Méditer- ranée ; par M. Barbié du Bocage. 458 De la matière première des laves ; par J. André Deluc, Jfils de G. À. D. Tableau de l’architeture navale militaire, aux dix- huitième et dir-nenvième srècles; par M, Dupin. Rapport fait à l'Institut de France 472 Les roses, par P. J, Redouté, 475 Tome LXXXII. MAI an 1816. Qqq 475 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. HISTOIRE NATURELLE. Discours préliminaire, ou rapport sur les progrès des sciences pendant l'année 1815; par J.-C. Delamé- therte. Pag. Mémoire sur les Lemna, ou Lentilles d'eau, sur leur fructification et sur la germination de leurs graines ; par M. Palisot de Beauvois. Troisième Mémorre sur les Synanthérées ; par M. Henri Cassini. Rapport sur un abime ouvert dans la plaine de Bou- coiran, arrondissement d'Alais, département du Gard; par M. d'Hombres Firmas. Mémoire géognostique sur Beaulieu dans le départe- ment des Bouches-du-Rhône , d'où résulte : une nou- velle démonstration de la grande analogie des trapps secondaires avec les torraïns volcaniques, et la pré- somption que ces Lrapps ne sonc que des proWuries de volcans sous-marins; par F.-J.-B, Menard de la Groye. Surte. Mémoire sur les substances minérales, dites en masse, qui servent de base aux roches volcaniques; par M. E. Cordier. De l'influence que l'avortement des élamines paroft avoir sur les Périanthes; par M. Henri Cassint. Mémoire sur la montagne de sel gemme de Cardonne en Espagne; par P. Louis Cordier. Observation sur les feuilles du cardamine pratensis; par M. Henri Cassinr. Observations sur la filiation des animaux, depuis Le polype jusqu'au singe; par M. de Barbançois. ET D'HISTOIRE NATURELLE. Rapport fait à la troisième Classe de l'Institut royal de France, d'un Mémoire du général Andreossy, sur L'irruption des eaux du Pont-Euxin dans la Méditer- ranée; par M. Barbié du Bocage. Pag. De la matière première des laves; par J. André Deluc, filsda G.,4..D: Les roses, par P. J. Redouté. PHYSIQUE. Cent dix-huitième comète. Observations météorologiques faites à l'Observatoire royal de Paris, par M. Bouvard. Décembre 1815. Janvier 1816. Février. Mars. Avril. Mar. Ze monde physique et le monde moral, ou Lettres à M": de ***; par A. Libes. Extrait d'analyse des travaux de la Classe des Sciences Mathématiques et Physiques de l’Institut Royal de France, pendant l'an 1815; par M. Delambre, con- tenant un précis des travaux de M. Biot sur la Pota- risation. Essai d'un Cours élémentaire et général des Sciences Physiques. Partie Physique. Par F. S. Beudant. Lettre de M. Delezennes à M. J.-C. Delamétherte, sur la distribution du fluide électrique dans la pile de Volta. Des Méthodes classiques et naturelles appliquées à la géographie physique. Premier Mémoire. Par M. Tou- louzan de Saint-Martin. Cinquième suite de l'essai sur les tables des degrés de certitudeet deprobabilité des connorssances humaines; par J.-C. Delamétherie. Quelquesremarques sur la théorie de l'équilibre mobile du calorique rayonnantet sur certaines difficultés élevées contre cette théorie; par M. Prevost. Nouvelle comète découverte par M. Pons. Mémoire relatif à l'influence de la température des A 479 243 313 326 480 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elc: . pressions mécaniques et du principe humide sur la gé- nération du pouvoir électrique et sur la nature néga- rive ou positive de l'électricité; par J. P. Dessaignes. 560 Suite. 113 Mémoire sur la réduction des degrés de chaleur indiqués par les échelles des thermomètres de Deluc et de Fah- renheit, aux degrés d'une échelle qui désigneroit des différences égales de chaleur; par Honoré Flaugergues. 587 Lettre de M. de Nelis à J.-C. Delaméthertre , sur les phénomènes électriques. 405 Lettre de M. Delezennes à J.-C. Delaméthertie, sur la circulation du fluide électrique. 449 Tableau de l’architecture navale militaire aux dix- huitième et dix-neuvième siècles; par M. Dupin. Rapport fait à l'Institut de France. 472 CHIMIE. Mémoire sur l’action des acides sur les sels nommés communément hyper-oxi-muriates, sur les gaz qu'ils produisent; par Sir Humphry Davy. 202 Quelques expériences sur un composé solide d'iodine et d'oxigène, et sur les agences chimiques; par Sir ITumphry Davy. 207 Sur la nature de l'acide murtatique. Lettre de M. Ber- zelius à M. Marcet, traduite de l'allemand.: 306 Expériences sur la décomposition mutuelle des acides et du gaz hydrogène sulfuré; par M, Vogel. 329 Nouvelles littéraires. 075 2078 527, 410 De l’Imprimerie de M° Veuve COURCIER, Imprimeur.libraire, pour les Mathématiques et la Marine, quai des Augustins, n° 57. f Rod dotée Le HOTTE 2 Let à 4 Je Phés. © 16. $ + L'nfusorres « € ec @ Ponge TD 71 7 2 . 4 Mollsques Annelites Larves Actes. Insectes sans Aadiares 3 Acéphalés rcls és Cnr aies . echnodermes transparenés - on Aadeures [ £ À peat corrce Asphalés — Amélites Fer | LÉ A rip n” av. conchulfères. ayant la peau pl ure el corrace k Meter ou ecallerure . 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