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DE PHYSIQUE, DE CITIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE EATND ETS ART S: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par M. H.-M. DUCROTAY ne BLAINVILLE, Docteur en Médecine de la Faculté de Paris, Professeur de Zoologie, d’Ana- tomie et de Physiologie comparées, à la Faculté des Sciences et à l'Ecole normale ; ex-Suppléant de M. Cuvier au Jardin du Roi etau Collége de France, Membre et Secrétaire de la Société Philomathique, Membre de la Société Vernérienne d'Edimbourg et de la Société d'Histoire naturelle de Dublin, etc. JUILLET 4x 1818. — TOME LXXXVIL À PARIS, $CHEZ M“ V° COURCIER, IMPRIMEUR-LIBRAIPRE, rue du Jaydinet, quartier St.-André-des-Arcs. Les i € A { e À A MT à re : Gate 18 4 x FE T.Nimer É TR AU LTET 2 RSR LR LR UE ER RUE 4: : ÿ ; al . RETRO. > TE JP CT) fï : Ep 7 REX CA MT" PAR à 4 5 a . ph ({ 1 a} ARE "4 dE A À LOU CE PE Mn Li # 1 n # À à | 1 À \ É 4 ve u de ï Pa Va Ps et LE nr A het FAT “ 4 : \ ar UOTE ECAT ME GE L Let Th Ÿ ” oi ï 0 à " 4 £ F AA FRE VMS HEIN D L'un. cn te RU PRE ur ER ECS OUT UT TIGE À GA, sito « ASE SRE Lie EC IS TER Son E 15 angl 48) 6h tbpoent ent É dits. € ta BH 4 ' 9 IL a''épaique i - = ëY l veuig RE FEU Lu > , nr Ÿ ME Cr £ ) LL 1: cn ETS / x } t% ve [M : t Ë 4 L "+ ; LUE : “ ; . 3 7 è D 11: / ; 4 % F d ] Lie E 4 SH « + y J ; . ; ? , : i ë | es 4 ai < 1 ré 4 , û + ’ r pr L F vu *13 à - » ' 3 121 1 2 »1 ; i ) \ e #4 A * À ei $ À \ LA #: 2 FE F * . | \ , d ñ [ 4 (ee qi * ? / : — : * ’ VIOL RNAE D EBTEET SOU: Er DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE, JUILLET an 1818. SUITE DES OBSERVATIONS Sur la Famille naturelle des plantes appelées Composces; Par ROBERT BROWN. TRADUITES DE L'ANGLOIS, ET ANNOTÉES PAR HENRI CASSINI. Calea. C: genre fut établi par Linné dans la 6° édition de son Ge- nera Plantarum, où il a donné le caractère naturel ; mais c’est dans la 12° édition du Systema Naturæ, 3° section de la Poly- gamie égale, que l’on trouve, pour la première fois, le caractère essentiel suivant, conservé jusqu'aujourd'hui : Beceptaculum pa- leaceum, pappus pilosus, calix imbricatus. Les espèces primitivement rapporlées au Calea, dans la se- conde édition du Species Plantarum, sont les C. Jamaicensis, op- positifolia et amellus, décrites sur les échantillons de l’herbier de la Jamaïque de Brown, que Linné avoit recu peu d'années auparavant, et qu'il avoit réuni à son propre herbier. Linné avoit originairement rapporté ces trois plantes au San- tolina (Amcænit. acad., vol. V, pag. 404), ce qui me surprend moins que la réunion qu'il en a formée depuis pour faire son “6 JOURNAL DE PUYSIQUE, DE CHIMIE genre Calea ; en effet, selon lui, deux de ces plantes sont sans aigrelte, ce qui est une erreur à l'égard de l’une des deux, et du reste, elles s'accordent avec le caractère générique du San- tolina; la lroisième, que Brown avoit rapportée avec doute au même genre , est pourvue d'une aigrette, mais elle ressemble aux autres par ses feuilles opposées. Cependant toutes ces plantes diffèrent tellement par le port de l'espèce originaire du genre Santolina, que Linné fut pro- bablement déterminé par cette considération , à les retirer de ce genre; et quoique le caractère tiré de l’aigrette ne convienne qu'au Calea Jamaicensis, il ÿ réunit les deux autres espèces, peut-être en considération du port. Remarquez que pas une de ces trois espèces primitives de Calea, ne s'accorde entièrement avec le caractère générique établi par Linné , et que réellement elles constituent trois genres tès-distincts, fondés sur des bases que Linné lui-même auroit admises, je crois. ! La première espèce (Calea Jamaicensis) est la seule qui semble S’accorder avec le caractère générique, parce qu'elle a une ai- grelte qui, vue légèrement et à l'œil nu, peut paroître simple- ment capillaire, mais qui soigneusement examinée, offre une structure très-différente , et presque particulière à ce genre. Je ne connois qu'un échantillon authentique de cette espèce, recu de Brown par Ehret, et qui se trouve maintenant dans l’herbier de sir Joseph Banks, Cet échantillon, quoiqu'incomplet, appar- üent évidemment à la même espèce que la Conyza fruticosa ciste odore, floribus pallidè purpureis, summitatibus ramulorum inst- dentibus de Sloane (ist. Jam., tome I, pag. 257, tab. 151, fig. 5), dont j'ai examiné les échantillons originaires irès-parfaits dans son herbier, conservé dans le Muséum britannique; et je me . Suis assuré que son aigrette est de la même structure que celle du Calea cordifolia de Swartz, qui a été bien décrite par ce botaniste, tandis qu'il a décrit comme différente celle du C: Janaicensis (Flor. Ind. occid., vol. HT, pag. 1528). Ces deux plantes sont les seules espèces de ce genre qui soient publiées; on doit leur conserver le nom de Calea, et on peut leur assi- gner le caracière générique suivant. } PRET Carr (Caleæ species, Linné.)Involuere imbriqué. Réceplacle paléacé. Fleurons tubuleux, uniformes, hermaphrodites. An- thères mutiques à la base. Stigmates aigus. Aïgrette paléacée, composée de rayons uninervés, marqués de stries pennées. — Arbrisseaux de l'Amérique équinoxiale , pubescens, scabres. Feuilles opposées, indivises. Capitules en corymbe, ou termi- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 naux, Où axillaires. Involucre ovoide, à folioles nerveuses, obtuses. Réceptacle convexe, à paillettes distinctes analogues aux folioles de l’involucre. Corolles jaunes -rougeätres, selon Swartz, glabres, à lanières munies de deux nervures. Achène sub-cylindracé, ou obscurément anguleux, glabre ou pubescent, muni à la base d’une callosité un peu oblique. Aigretle persis- tante, blanche, brillante, à rayons disposés sur un seul rang, subulés, indivis, denticulés supérieurement. Dans l’herbier de sir Joseph Banks, se trouvent deux plantes très-voisines des Culea, et qui n’en diffèrent que parce qu'elles ont un rayon de fleurettes femelles ligulées. Si l'on croit cette différence suflisante pour constituer un genre distinct, celui-ci peut-être nommé Caleacte. La première de ces plantes (C. ur- ticifolia), à feuilles presque ovales, aiguës, crénelées, trouvée par Houston près Véra-Crux, est le Solidago urticæfolia de Millér, qui paroît l'avoir cultivée. La seconde (C. pinnatifida), à feuilles profondément lobées ou pinnatifides, a été dernière- ment envoyce du Brésil par M. Sellow. Tsocarpha, La Calea oppositifolin, qui est la secônde espèce linnéenne de Calea, n’a que tres-peu d'ahinité avec la première. Elle pour- roit êtré rapportée au Samtolina, si l'on s’arrétoit au caractère technique de ce genre; mais elle en diffère tellement par d’autres points desa struclure, ainsi que par le port, qu’il ne peut y avoir de doute sur la nécessité de l’en séparer. C’est ce qu'on peut faire en la nommant /socarphe, et en la caractérisant comme il suit. IsocanpnA. Réceptacle conique, muni de paillettes distinctes, semblables, dont les extérieures forment l’involucre. Fleurons tubuleux, uniformes, hermaphrodites. Anihères mutiques à la base. Stigmates surmontés d'un appendice allongé, hispidule , aigu. Achène prismatique, sans aigrette, — Herbes de RE équinoxiale. Feuilles opposées, ou alternes, Imdivises. Capilules ovales, terminaux, ternés ou solitaires, Paiïllettes lancéolées. Corolles blanches. Anthères tronquées à la base. J'ai tracé ainsi le caractère générique de l’/socarpha, afin d'y comprendre le Spilanthus atriplicifolius de Linné , qui, pourtant, diffère très-notablement du Calea oppositifolia par ses feuilles alternes et ses capitules solitaires, aussi bien que par la contex- ture et la forme de ses paillettes. Je n’ai pu trouver, dans aucun des échantillons du Calea op- positifolia que j'ai examinés, l’aigrette décrite par Swartz (Obs. & JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÆ Bot., pag. 302), et composée, selon lui, de trois ou quatre arêtes lres-pelites. Salmea. La troisième espèce linnéenne de Calea, le Calea amellus ; est probablement la même plante que le Bidens scandens, décrit par Linné dans l’AÆortus chiffortianus, mais qu'il aura oublié, n'ayant pas l'échantillon dans sa collection. L’échantillon original de l'herbier de Clifford, appartenant aujourd’hui à sir Joseph Banks, est évidemment de la même espèce, et provient peut- être du même individu, qu'un autre échantillon de la collection de Miller, que M. Dryander a comparé avec le Calea amellus de l'herbier de Linné, et qu’il a trouvé semblable. Ainsi, le vrai synonyme du Calea amellus estle Bidens suffruticosus vi- zuneus, foliis oblongo-ovalis oppositis, floribus comosis de Brown (Jam., 517); tandis que Linné a cité l’Amellus ramosus, foliis remolis terminalibus, fulcris longis divaricatis du mème auteur, et en a même dérivé son nom spécifique. Cette dernière plante, au lieu d’être synonyme du Bidens scandens, doit être rapportée au Bidens nivea , ce que j'établis par les argumens suivans : 1°. la figure de l’£upatoriophalacrum scrophulariæ aquaticæ foliis oppositis de Burmann (T'hesaur. Zeylanic, tab. 42, pag. 95), cilée par Brown pour sa plante, représente bien le Bidens Ti vea, quoiqu’elle appartienne au Lavenia erecta, et diffère beau- coup e Bidens scandens ; 2. la description de Brown s'accorde très-bien sur la plupart des points avec le Bidens nivea, et nul- Jement avec le Bidèens scandens ; 3°. le Bidens nivea se trouvoit sans doute dans l’herbier de Brown, pairdne cette plante est comprise dans la Flora Jamaicensis publiée dans le 5° volume des Amænilates academicæ, et dont cet herbier a fourni les prin- Cipaux matériaux. Cependant j'observe que, dans cette Flore, on a lrès-faussement rapporté à celte espèce, la première San- toline de Brown, qui, d’après sa description, sembleroit en effet pouvoir appartenir au Bidens nipea, mais qui est probablement le Verbesina gigantea. | M. Decandolle a dernièrement établi le nouveau genre Sal- mea, Composé des Bidens scandens et hirsuta, et d’une troisième espèce que je n'ai point examinée. Cet excellent botaniste a très- justement retiré ces plantes du Bidens, et les a bien distinguées de ce genre, ainsi que du Melananthera. Cependant je m’étonne qu'il n'ait pas cru plus nécessaire de comparer le Salmea avec le SR. dont, suivant sa descripüon, il ne différeroit que par ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9 par l’involucre imbriqué. Mais, comme dans le Spilanthus, les folioles de l'involucre ne sont pas lout-a-fait égales, et sont dis- posées au moins sur. deux rangs, j'ai introduit, quelques distinc- tions additionnelles dans le caractère du nouveau genre. Sarmra. (Decandolle, Cat. Hort. Monspel., pag. 140.) Tavo- lucre imbriqué. Réceptacie conique, pourvu de- paillettes per- sistantes. Fleurons tubuleux, uniformes , hermaphrodites,, quin- quéfides. Arthères sagittées. Achène comprimé verlicalement, mur de deux arêtes. persistantes ; laplères ou, ailées,,— Arbris- seaux de l'Amérique équinoxiale, le plus souvent décombens. Feuilles opposées , indivises. Inflorescence terminale, subpani- culée, ou corymbée. Corolles blanches. Paillettes du réceptacle persistant après la chute des péricarpes. a ‘J'ai examiné, dans Fherbier de sir Joseph Banks, des échan- üllons de trois espèces de ce genre; qui diffèrent entre elles par. plusieurs caractères très-remarquables. 7 1°. Salmea scandens. (Decand.) Arètes égales, dépourvues de bordure membraneuse; stigmates notablement élargis, lingai- formes, obtus, non hispides, obscurément papillés, dénués d’ap- pendice terminal; style épaissi à la base en un bulbe hémisphé- rique tronqué. par don AE 2°. S. hirsuta. (Decand-) Arêtes,inégales; l’intérieure- plus grande, manifestement aiîlée; l’extérieure munie seulement d'un rebord étroit; stigmates aigus et étalés ; style. épaissi à la base en un bulbe ovale atténué inférieurement. 3°. S.2 curviflora. (Nob.) Elle diffère des deux précédentes par le tube de sa corolle, qui est notablement courbé en de- bors; l’arête intérieure est remplacée par une ‘aile large ‘et ob- tuse, dont le bord intériéur est droit et épaissi, et dont. le bord extérieur se prolonge inférieurement presque jusqu’à la base du péricarpe ; l’arête extérieure est ailée; outre ces deux arêtes , on observe ordinairement un ou deux pelils processus; les slig- mates sont roulés en dehors (VIH). Baccharis. ! Dans la 12° édition du Systema Naturæ, Linné a ajouté à son genre Calea, une quatrième espèce, sous le nom de Calea sco= paria; il seroit difhcile d'en trouver le motif, car cette plante ne ressemble ni par sa fructification, ni par son port, à aucun des trois genres dont le Calea fat primitivement composé ; ainsi que je l'ai établi. Cette quatrième espèce, qu'il avoit. d'abord rapportée au Chrysocoma (Amæn. acad., vol. V, pag. 404; Syse, Tome LXXXVII. JUILLET an 1818. B (10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE -Nat., éd. 10, vol. IF, pag. 1206), est reconnue maintenant pour dioïque. Browne, qui , le premier, l'a décrite et figurée, et dont j'ai examine l’un des échantillons; Linné, et même Swartz, à l'époque où il a publié ses Observationes Botanicæ , n’ont connu que l'individu mâle, qu'ils ont tous néanmoins considéré comme hérmaphrodite: ‘IL n’est pas douteux que le genre Serzilus de Gœrtner se rapporte égalernent à l’individu mäle de cette es- -pèce ; quoiqu'il ait hasardé de décrire la couleur de l'embryon, trompé probablement paf la grandeur de l'ovaire Separ ER, et par la couleur de’sa’ surface interne (S#). . Le professeur Swartz a donné depuis, des renseignemens plus salisfaisans sur le Calea scoparia, et V'a rapporté au Bac- charis (Flor. Ind. occid., vol. UT, pag. 1339), auquel il appartient invontestablement | én réduisant €e genre aux espèces dioïques d'Amérique , commé l'ont proposé Richard (Wich. Flor. Bor. Amer., vol. IT, pag. 125), et Jussieu (Ann. du Mus. d'Hist! rat., vol. VII, pag. 385). Cette limitation du genre Baccharis est très-bonne à adopter; il en résalte pourtant, qu'un nom de Dios- coride se trouve appliqué à une genre de plantes qui n'habitent que le nouveau continent. Malgré l'opinion contraire manifestée par M. de Jussieu , il y a des différences suüflisantes entre les ‘espèces de Baocharis, d’après lesquelles a été fait le caractère linnéen , ‘et le Conyza, en réduisant ce dernier genre à ses es- pèces primitives , les C. squarrosa et bifrons, et à un petit nombre d’autres ajoutées depuis; ces vrais Conyza diffèrent principale- ment des Znula, par l'extrême brièveté de leurs languettes (T'). Comme l’on n’a point encore donné jusqu'ici un caractère satisfaisant du Baccharis, tel qu'il est maintenant Hmité, je pro- pose Je suivant, qui servira à le distinguer des Graphalium ‘dioïques. Baccnaris. (Richard, Mich. Amer., vol. II, pag. 125. Jussieu, Ann. du Mus. d'Hist. nat., vol. VH, pag. 385. Molina, Ruiz et Pavon, Prodr. Flor. Peruv., 3. Baccharidis species, Linn.) In- volucre imbriqué. Réceptacle nu. Fleurons tubuleux, dioiques. Les mâles ayant les anthères exsertes, mutiques à la base; les. stigmates terminés par un appendice aigu ,‘hispidule , et l’aigrette presque pénicillée. Les fenrelles filiformes , ayant l’aigrette ca- pillaire. — Arbrisseaux de l'Amérique équinoxiale et tempérée. Fenilles alternes , rarement opposées, petites ‘ou nulles dans quelques espèces dont les rameaux sont alors pourvus d'ailes foliacées. Inflorescence terminale, quelquefois latérale, corymbée, ou fasciculée. Involuére ovoide ou oblong, composé d'écailles ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1 demi-scarieuses, à bord simple. Les mâles à aigrette cendrée. Les femelles à limbe petit, bi-tridenté, dépourvues d'étamines stériles; à aigrelte allongée (IX). - Melananthera. Willdenow, dans son édiuon du Species Plantarum, à con- servé les quatre espèces linnéefines de Calea, et en a ajouté quatre autres, dont pas une ne se rapporte à aucun des genres formés par les espèces primitives, mais qui consutuent quatre autres genres également distincls. La première de ces espèces ajoutées au Calea est, en suivant l'ordre établi par Willdenow , le Calea aspera, qu'il a adopté d’après Jacquin, dont la description et la figure sont bonnes, quoiqu'il ait mal à propos rapporté cette plante au Calea. C'est cette espèce-ci, et non, comme M. Richard l’a supposé, l'espèce voisine native de l'Amérique septentrionale, que Linné a primilivement désignée sous le nom de Bidens nivea; cela est démontré par l'échantillon de son herbier, par sa citation du, Ceratocephalus foliis cordatis s. triangularibus flore albo de Vaillant (Act. Paris. 1720, pag. 527), décrit sur un échantillon de l’herbier de Surian, et par la réunion qu'il fit ensuite à son espèce des deux plantes de Caroline, figurées dans l'Æortus el- thamensis, comme étant des variétés. Le Calea aspera diffère beaucoup du Bidens, et a très-peu d’aflinité avec aucune des espèces originaires de Calea, surtout avec le C. J'amaicensis qui a fourni le caractère. Cependant, depuis u'il a été publié dans l'ouvrage de Willdenow, il a été laissé A le genre Calea par la plupart des auteurs des. catalogues récens de jardins, tels que Desfontaines, Decandolle ,:et Aïton dans la seconde édition del’ Æortus Kewwensis; enfin Lamarck, dans ses Zllustrationes Generum, regardant sans doute cette plante comme le type du genre Calea, a copié la figure que Jacquin en avoit donnée. 1 n’est plus temps de revenir au nom d’Amellus, sous lequel Browne a le premier proposé cette plante comme genre distinct, ainsi que j'ai déjà entrepris de le prouver; car Linné a bientôt après donné ce nom générique à deux plantes très-différentes, dont l’une le conserve toujours; d’ailleurs la vraie plante de Browne a été jusqu'ici méconnue, ce qui doit en partie lui être imputé, parce qu'il a entièrement omis l'aigrette.qui est caduque. Dès 1784, le Bidens nivea fut décrit par Von Rohr, comme geure distinct, sous le nom de Melanthera; et il l'a publié, B 2 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en 1792, dans le 2° volume des Transactions de la Societe d'His- toire naturelle de Copenhague. Ce même genre a élé publié de nouveau, en 1803, par Richard, dans la Flora Boreali-Ame- ricana de Michaux, où ïl est appelé Melananthera, et où les deux espèces confondues par Linné dans son Bidens nivea, se trouvent distinguées pour la pgemière fois. Enfin Persoon , dans son Synopsis, a adopté ce genre, tel qu'il est nommé et dé- terminé dans l'ouvrage de Michaux. Von Rohr et Richard n’ont donné que le caractère naturel du genre, et le caractère essentiel tracé par Persoon n’est pas tout-à-fait satisfaisant; c’est pourquoi je propose le suivant, en adoptant le nom de Melananthera comme plus généralement recu (U”). MerananTuerA. (Richard, Mich. Amer., vol. I, pag. 106. Me- lanthera, Von Robhr, Kiobenh. Naturhist. Selskeb., pur 2 hefte x, pag. 215. Amellus, Brown, Jam. 317. Bidentis species, Linn. Caleæ species, Jacquin.) — Involucre polyphylle, sur deux rangs presqu'égaux. Réceptacle convexe , muni de paillettes foliacées. Fleurons tubuleux, uniformes, hermaphrodites. Achène turbiné, anguleux, déprimé au sommet. Aïgrette de deux à dix-huit soies scabres, distinctes, tombantes. — Herbes de F Amérique équinoxiale et tempérée, pubescentes, scabres. Feuilles opposées, indivises ou un peu lobées. Capitules terminaux, portés sur des édoncules uniflores, alongés, ternés ou géminés. Involucre fo- Éecé, Réceptacle hémisphérique garni de païllettes presque sem- blables aux folioles de l’involuere. Corolles blanches. Anthères noirätres, pourvues au sommet d’appendices blancs, mutiques à la base ; exsértes peu après l'épanouissement de la corolle puis redevenant incluses par Feffet de la contraction des filets. Stigmates terminés par un appendice aïgu, hispidule, exserts après la rétraction du tube des anthères, puis redevenant presque inclus (X). Von Rohr, dans son caractère naturel du #Welanthera, parle du nectaire, où corps glandulaire, engaïnant la base du style; c’est la plus ancienne mention qui ail été faite, à ma con- noissance , de cet organe dans les Composées, sauf que Batsch, dans son Analysis florum publié en 1790, a décrit et figuré ce même organe dans le Coreopsis tripteris. Néanmoins, c’est à M. Cassini qu'appartient le mérite d'avoir reconnu l'existence, presque universelle de l'organe dont il s’agit, dans les fleu- rettes hermaphrodites de cette grande classe. Von Robr et Richard, dans leurs caractères du Melanantheÿa. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 13 ont décrit les anthères comme étant plus courtes que la corolle, ce qui n’a lieu certainement que dans un état particulier de la fleur; aussitôt après son épanouissement, elles s'élèvent consi- déräblement, et redeviennent incluses dans un âge plus avancé. Ge fait avoit été remarqué par Jacquin (Collect. , tome IE, p. 291. Je. Rar., HI t., 583), qui attribue l'inclusion définitive des an- thères à l'alongement de la corolle. Mais l'accroissement réel de la corolle en longueur est très-foible , et insuflisant pour produire un tel effet, qui, selon moi, est dû à une contraction consi- dérahle et graduelle des filets. Cela n’est pas rare dans les Com- posées, et spécialement dans la tribu des Hélianthées, à laquelle appartient le Melananthera. Dans le Mémoire de M. Cassini sur les Étamines des Com- posées , la rétraction des anthères n’est point expressément re- marquée. Pourtant cet effet peut difficilement avoir échappé à un aussi exact observateur; et son opinion sur la cause qui le produit pourroit peut-être s’induire d’une observation qu'il a faite sur les étamines des Hélianthées, tribu dans laquelle l'effet est le plus remarquable. Il dit que les filets, au-dessous de l’arti- culation , se flétrissent aussitôt après la fécondation (Journal de Physique, tome LXXVIIL, pag. 278). On peut supposer qu'il attribue le phénomène en question à ce flétrissement, qu’il ne dit point avoir lieu daus toute autre tribu (V). Mais il me paroïl que la contraction ou le relächement des filets, qui survient après leur état primitif d'extension, est un acte vital, et non l'effet du flétrissement, qui néanmoins le suit de près. Cette contraction peut souvent être prévenue par la chute de la fleurette, lorsqu'elle a lieu, tandis que les filets sont encore dans leur élat d'extension; aussi, dans plusieurs genres de Composées, les anthères ne se retirent point, mais continuent à saillir en dehors , jusqu'a ce qu’elles tombent ayec la corolle. « D'ailleurs, celte contraction est, analogue au mouvement plus manifeste, ou à l'irritabilité des filets, remarquée , il y a long- temps, dans certaines Cinarocéphales, par Borelli et Alexandre Camerarius ( Æphemerid. Aead. nat. Curios. Gent. IX et X, -pag. 194); et plus amplement décrite dans la même tribu, par Dal Cavolo (Discorso della irritabilüà d'alcuni fiori. Fi- renze, 1764); dont les observations ont été confirmées.et étendues à d’autres subdivisions des Composées par Koelreuter (fon Ei- nigen das Geschlechtder Planzen betref}enden versuchen, 3. Forisez. pag. 125). Une semblable contraction owirritabilité du style a 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE été décrite depuis peu par M. Ker, dans certaines espèces d'Arc- totis (Bolanical Register, tome 1, pag. 34) (X). Neurolæna. La seconde espèce ajoutée par Willdenow au genre Calea ; est le C: lobata, que Linné avoit rapporté au Conyza, plutôt sans doute sur l’apparence extérieure, que d’après un examen réel de la plante dans l’herbier de Clifford; n’en ayant point d’échantillon dans son propre herbier, il a laissé subsister dans tous ses ouvrages la double erreur qu'il avoit commise, en rap- portant celte plante à la Polygamie superflue, et en lui attri- buant un réceptacle nu. Le professeur Swartz est le premier qui ait indiqué sa vraie structure, et qui , en conséquence, l’ait rapportée au genre Calea, dont le caractère est exactement concordant. Ce changement fut adopté dans la 1* édition de l’Hortus Kewensis, où le caractère générique du Calea est modifié de manière à ce que les espèces sans aigrelte puissent y être admises ; il le fut aussi par Gœrtner, qui réduit le genre Calea aux deux espèces lobata et Jamaicénsis, comme étant les seules qui s'accordent avec le caractère lin- néen. Mais comme j'ai démontré que le C.J'amaicensis, qui est l'espèce primitive du genre, a l’aigrette d’une nature très-dif- férente, il devient nécessaire de donner un nouveau nom au Calea lobata; je propose donc celui de Veurolæna, et le ca- ractère générique suivant, dans lequel j'ai introduit quelques additions nécessaires. NeEurocæna. (Calea, Gœrtn.) Involucre imbriqué, foliacé. Ré- ceptacle paléacé, planiuscule. Feurons tubuleux, uniformes, her- maphrodites. Anthères incluses, mutiques et échancrées à la base. Stigmates aigus, recourbés. Aigrette capillaire, denticulée, persistante. — Arbrisseau (Y) de l'Amérique équinoxiale, dressé. Feuilles alternes, indivises et lobées. Corymbe terminal, com- osé. Involucre ovoide, à folioles obtuses, nerveuses. Pail- ettes du réceptacle presque semblables à l’involucre. Corolles jaunes (XI). Ozothamnus. La troisième espèce ajoutée par Willdenow au genre Calea, est le Calea pinifolia, adoptée d’après le Florulæ Insularum Aus tralium cn EL de Forster. L’échantillon de cette plante, dans l’herbier de Georges Forster, maintenant réuni à la grande collection de M. Lambert, est très= ET D'HISTOIRE NATURELLE. W 15 imparfait; il est évident , néanmoins, qu'il appartient à la même espèce qu'un autre échantillon plus complet, mais innommé, recu de Forster par sir Joseph Banks, dans l'herbier duquel je l'ai examiné, et me suis assuré qu'il a le réceptacle nu, Ce ne peut donc pas être une espèce de Calea, et sans doute Forster ne Y'a rapportée à ce genre qu'à raison d'un certain degré de res- semblance avec son Calea leptophylla: D'après Ja structure de ses sligmates, de ses anthères el de son involucre, le Calea pi- nifolia appartient certainement à une tribu très-différente, et méme on auroit pu le rapporter au genre Gnraphalium, tel qu'il est maintenant établi. Mais ce grand genre mal défini, exige évidemment une réforme; et si l’on convient de là nécessité de le subdiviser, on admettra aussi, je pense, qu'il faut res- treindre le nom de Graphalium à la section qui comprend les G. luteo-album, sylvaticunr et uliginosum, et qui a pour carac- tères un réceptacle nu, un involucre connivent au sommet et de même hauteur que le capitule qui est tronqué, et composé de nombreuses fleurettes femelles filiformes à la circonférence, avec un plus petit nombre de fleurettes hermaphrodites dans le disque ; les unes et les autres produisant des graines fertiles, et ayant une aigrette sessile, capillaire, tombante. : Le Gnaphalium étant ainsi limité, on ne: peut y, rapporter le Calea pimifolia, arbrisseau à feuilles presque acéreuses, dont tous les fleurons , ou au moins la plupart, sont hermaphrodites, et dont l’aigrette persistante a ses rayons un peu épaissis dans le haut. Il semble pourtant se rapprocher davantage de lAntennaria , genre séparé du Gnaphalium par Gœærtner , mais qui, tel qu'il l'a proposé, comprend trois tribus assez différentes par le port et la structure, pour autoriser à les séparer, et, ce qui est re- marquable , dont aucune ne s'accorde entièrement avec le ca- ractère générique tracé par Geærtner. La première tribu est composée de plantes herbacées de l'Eu- rope et de l'Amérique septentrionale , à fleurons mäles et femelles séparés dans des involucres distincts et sur différens individus. On peut conserver à ce Ten le nom d’Antennaria (XI), quoi- qu'il n’exprime que la forme de l’aigrette des fleurs males. Ses espèces sont les Gnraphalium dioicum L., alpinum L., carpati- cum WValhenberg, plantagineum 1,:, et margaritaceum L: La seconde tribu, composée des Graphalium leontopodium et leontopodioides, péèut être appelée Leontopodium; elle tient lé milieu entre l'Æntennariaietle Gnaphalium , te qu’il vient d’être 16 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE limité, mais elle se distingue de l’un et de l’autre par des ca= ractères suflisans. La troisième tribu, qui n'a été trouvée que dans l'Afrique méridionale, est composée d’arbrisseaux à feuilles petites, roides , analogues à celles des Bruyères, ayant les bords courbés en dessus , la face süpérieure tomenteuse, l'inférieure convexe et presque glabre. Ces feuilles sont, dans la plupart des espèces, retournées sens dessus dessous, par l'effet d'une torsion remar- quable; caractère qui semble avoir été négligé dans toutes celles qu'on a décrites, savoir, les Gnaphalium muricatum, mucronatum et seriphioides (AA). Daus cette tribu, ou ce genre, qu’on peut nommer Metalasia, l'involucre est généralement cylindrique, et dans la plupart des espèces, pourvu d'un rayon court formé par les lames. colorées et étalées des écailles intérieures; les fleurons sont en petit nombre, et tous hérmaphrodites; les rayons de l’aigeette tombent séparément, et sont ou épaissis où plus for- tement dentés au sommet. Le Calea: pinifolia n'appartient pas même à ce genre;.quoi- qu'il ait un port presque semblable ; mais avec des feuilles dont les bords sont roulés en dessous, et dont la pubescence tomen- teuse occupe principalement la surface inférieure. Il s'accorde en ce point, comme dans les principaux caractères de la fruc- tification ; avec plusieurs arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande et de l’île de Van Diemen, au nombre desquels sont les Æupa- torium ferrugineum et rosmarinifolium, et le Chrysocoma cinerea de M. Labillardière. Dans les uns, les écailles intérieures de l'involucre sont simples, ce qui paroit avoir lieu dans le Calea pinifolia ; dans les:autres, elles forment un court rayon, comme dans les deux espèces rapportées à l'Eupatoire par M. Labillar- dière. Je suis porté à croire que loules ces espèces ne forment que deux sections d’un seul et même genre, que je nomme Ozo- thamnus, et que je distingue par le caractère suivant (BB). Ozornamnus. Involucre imbriqué, scarieux, coloré. Récep- tacle sans paillettes, glabre. Fleurons au-dessous de vingt, tu- buleux, tous hermaphrodites, ou accompagnés à la circonfé- rence d’un très-petit nombre de fleurons femelles plus étroits. Anthères incluses, munies de deux soies à la base. Stigmates à sommet obtus, presque tronqué, hispidule. Aigrette sessile, pi- leuse, quelquefois. pénicillée, persistante. — Arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande, de la Nouvelle-Zélande et de l'Afrique aus- trale ;lomenteux, ayant une odeur forte et désagréable. Feuilles éparsses, trés-entières, à! bords. le plus souvent recourbés, In- florescence ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 florescence terminale, corymbée ou ramassée. Involucres blancs ou cendrés; à écailles intérieures tanidt conformes aux exle- rieures et conniventes , tantôt en lames étalées, blanches, for mant un rayon court, obtus. Corolles jaunes. Aigrette blanche. Cussinia. La quatrième espèce ajoutée au genre Calea par Willdenow, est le Calea leptophylla de Forster, dont j'ai examiné les échantil- lons dans l’herbier de MM. Lambert. Parmi les dessins de Forster, se trouve une figure coloriée de cette plante, qui nous apprend qu'il l'avoit dabord considérée comme appartenant au Gyapha- lium. Va ensuile retirée de ce geure, probablement après l'avoir vue rapportée au Culea, dans la collection de sir Joseph Banks, par qui cette plante avoit été découverte à la Nouvelle- Zélande, dans un meilleur ou au moins un plus bel état. Quoique cette plante soit co#forme au genre Calea dans tous les points du caractère essentiel linnéen, elle en diffère notable- ment sous d’autres rapports presque aussi importans, aussi, bien que par le port; tandis que réunie à la Calea aculeata de M. La- billardière, et à plusieurs autres-espècés également indigènes de la Nouvelle-Hollande et de l'ile de Van Diemen, elle con- stitue avec elles un genre très-voisin de l'Ozsothamnus, et qui s'en distingue principalement par les paillettes de son récep- tacle (CC). Je propose de nommer ce genre Cassinia, en l'honneur de M. Henri Cassini, dont les recherches bien dirigées sur les Composées ont déja jeté beaucoup de lumière sur la struc- ture et l'économie des parties les plus importantes de la fruc- tification de cette classe difficile, et spécialement des orgaues qui m'ont fourni les caractères distincufs du Cassinta. J'ajouterai à la suite des caractères du genre, ceux des espèces qu'il comprend , et qui se distribuent en deux sections, comme dans POzothamnus; j'y ai réuni le Calea spectabilis de Labil- lardière, qui en effet s'accorde avec le caractère du genre, mais dont le port s'éloigne beaucoup de celui de toutes les autres espèces. CassrwrA. (Caleæ species, Labillardière.) Involucre imbrique, scarieux , pauciflore. Réceptacle garni de paillettes distinctes , presque semblables aux écailles intérieures de l’involucre. Fleu- rons tubuleux, tous hermaphrodites, ou accompagnés à la cir- conférence de quelques femelles très-peu nombreux et plus étroits. Anthères incluses, munies de deux soies à la base. Stigmates Tome LXXX VII. JUILLET an 1818. C 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à sommet obtus, presque tronqué, hispidule. Aigrette pileuse ou pénicillée, persistante. — Arbrisseaux. Feuilles éparses, le “plus souvent étrécies, à bords recourhés. Inflorescence termi- nale, corymbée ‘ou plus rarement paniculée. Involucres blancs ou cendrés , rarement dorés, à écailles intérieures le plus sou- vent conniventes au sommet, quelquefois étalées et formant un -rayon court, obtus. S L /nvolucre radié, les écailles intérieures étant étalées au sommet. 1°. Cassinia leptophy lla. Feuilleslinéaires-linguiformes, blanches en dessous, ainsi que les rameaux ; corymbes terminaux; In- volucres turbinés. (Calea leptophylla, Forst.; Prodr:, n° 287. Willd., Sp. PL, t. HI, p. 1706. Persoon, Sy2., t. IH, p- 406. Poiret, Encycl. Suppl, t I, p. 28.) Habite les champs sablon- neux de la Nouvelle-Zélande, près Tolaga, etc. (Banks); pres le détroit de la Reine Charlotte (J. R. ét G. Forster). Vue Sèche, dans les herbiers de Banks et de G. Forster. S Il: /nvoluère connivent. Espèces ligneuses. 2°. Cassinia denticulata. Feuilles ovales ou oblongues , aiguës, à petites dents spinuliformes , tomenteuses en dessous ; corymbes composés ; involucres hémisphériques. Habite la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, pres le port Jackson (David Burton). “Vue sèché dans l'herbier de Banks. 3°. Cassinia longifolia. Feuilles Jinéaires-lancéolées, alongées, lisses, lomenteuses en dessous; corymbes décomposés ; invo- lucres tuürbinés. Habite la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, près le port Jackson, dans les buissons. Vue vivante. °, Cassinia aurea. Feuilles linéaires -lancéo!ees,' alongées, lisses, glanduleuses en dessous; corymbes décomposes; invo- lucres ovales, à écailles dorées au sommet. Habite la côte orien- tale de la Nouvelle-Hollande, près le port Jackson, dans les bois et les buissons. Vue vivante. 5°. Cassinia aculeata. Feuilles étroitement linéaires, à bords roulés, hispidules en dessus, blanches en dessous, ainsi que les rameaux ; Corymbes composés ou décomposés, entassés; invo- lucres turbinés. (Calea aculeata , Labill., Nov.-Holl., t. HE, p.41, t. 185. Persoon, Syn., t. Il, p. 406. Poiret, Encycl. Suppl., ET D'HISTOIRE NATURELLE: 19 t. Il, p. 28). Habite l'Ile de Van-Diemen, dans les buissons et sur le bord des rivières. Vue vivante. 6°. Cassinia aflinis. Feuilles linéaires-étrécies, à bords roulés, à face supérieure hispidule, à face inférieure de la même cou- leur que la supérieure; corymbes décomposés , entassés, invo- lucres turbinés. Habite la côte orientale de la Nouvelle-Hol- lande, près le port Jackson, dans les buissons (D. G. Caley). Vue sèche. À peiné distincte du C. aculeata. 7°. Cassinia lœvis. Feuilles très-étroitement linéaires , à bords roulés, lisses en dessus, blanches et tomenteuses en dessous, ainsi que les rameaux; corymbes composés ; involucrés entassés, cylindracés. Habite la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande, dans les champs, vers la base des montagnes , près l'origine de la baie de Spencer. Vue vivante. 8. Cassinia arcuata. Feuilles très-étroitement linéaires , à bords roulés, lisses en dessus, blanches et tomenteuses en dessous, ainsi que les rameaux; panicule pyramidale; inyolueres cylin- dracés , arqués, disposés en épis. Habite la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande, dans les champs élevés, près l'origine de la baie de Spencer. Vue vivante. o°. Cassinia quinquefaria. Feuilles très: étroitement linéaires, glabres en dessus, ainsi que les rameaux ; panicule décomposée ; imvolucres turbinés, à écailles disposées sur cinq rangs longi- tudinaux. Habite la côte orientale de la Nouvelle- Hollande, près le port Jackson, dans les lieux montueux (D. G. Caley). Vue sèche. Espèce herbacee. 10°. Cassinia spectabilis. Panicule décomposée, feuilles lan- céolées, décurrentés , laineuses en dessous, ainsi que les ra- meaux. (Calea spectabilis. Labill., Noy:-Holl.pt. IL, p: 42, t 180. Persoon, Syn., t. II, p.406. Poiret, Æncyel. Suppl, t. I; p. 28). Habite la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande; je l'ai re- cueillie dans les bois et les buissons, près Mémory-Cove, le port Lincoln, etc. Découverte par M. Labillardière!dans l'ile de Van Diemen. Vue vivante. -I0nc Depuis la publication du Species Plantarum de Willdenow ;, très-peu de changemens ont été faits dans le genre Oalea. Persoon, dans son Synopsis, a exclu deux espèces : le Calea scoparia, que, d'après Swartz, il a renvoyé au Baccharis; ‘et le Calea aspera, dont il a fait, d'après Richard, une espèce de Melananthera. Lies ‘espèces ajoutées , dans’ ce même ouvrage, C 2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE au genre Calea, sont le C. cordifolia de Swartz, qui est un vrai Calea, comme je l'ai déjà remarqué ; les C, aculeata et spec- tabilis de Labillardière, qui appartiennent au genre Cassinia; enfin le C. cordata, adopté d'après Loureiro, et dont on ne connoîit rien que par la courte description qui se trouve dans la Flora Cochinchinensis; description qui est seulement suflisante pour rendre probable que cette plante n'appartient ni au Calex, tel que j'ai proposé de le circonscrire, ni à aucun des genres confondus avec lui jusqu’à présent. Dans le supplément du Dictionnaire de Botanique de l'Ency- clopédie méthodique, MM. Poiret a conservé, lle Calea, toutes les espèces attribuées à ce genre dans le Synopsis de Persoon, et de plus le Caleaaspera, que, néanmoins , il a, dans un article subséquent, rapporté avec raison au Melananthera. (La suite au Cahier prochain.) NOTES DE L'AUTEUR. (VIIL) Cette espèce de Salmea ressemble, par le caractère remarquable de ses fleureltes recourbées, aussi bien que par quelques autres, au Spt/anthus arboreus de Georges Forster (Com- ment. Gotting., tome IX, pag. 66), dont il forma d’abord son genre Laxmannia, en prenant le nectaire ou la glande épigyne pour un ovaire supère; l'ovaire véritable, quoiqu'imparfait, muni de ses deux arêtes, pour un périanthe bidenté , et rapportant ce genre ainsi faussement caractérisé à la Polygamie séparée. Lorsqu'il corrigea ces erreurs , et qu’il rapporta son Laxæmannia au Spilanthus , ne s’apercut pas qu’il n’avoit sous les yeux qu'une plante hermaphrodite imparfaite, ou màle. Je me suis assuré que le Spilanthus arboreus est vraiment dioïque, par l'examen des nombreux échantillons que sir Joseph Banks à recueillis dans l’île de Sainte-Hélène, oucette espèce forme un petit arbre appelé dans le pays White-wood. C'est le Bidens arborea, et peul-être aussi le Spilanthus tetrandrus de Ja liste . des plantes de Sainte-Hélène, rédigée par Roxburg, et jointe au Traité du général Bealson sur cette ile; le premier nom se rapportant probablement à l'individu femelle, et le second à une variété de l'individu mâle. En rétablissant le Spilanthus arboreus comme un genre sufi- samment distinct du Bidens, du Spilanthus et du Salmea , je ne ET D'HISTOIRE NATURELLE. 21 pense pas qu'il soit à propos de lui rendre le nom de Zax- mannia, que Forster ne lui avoit donné que par suite d’une erreur, qu'il a ensuite abandonné , et qu'on a depuis appliqué à un autre genre généralement adopté aujourd'hui. Je le nomme donc Pe- trobium, et je lui attribue le caractère suivant : Perromium. Involucre polyphylle, à peu près sur deux rangs; l'extérieur plus court, et composé d’un moindre nombre de folioles. Réceptacle paléacé , planiuscule. Fleurons dioïques, tu- buleux, quadrifides; les mäles pourvus d’anthères exsertes, et . de stigmates aigus, hispidules; les femelles pourvues d'étamines stériles , et de stigmates aigus , recourbés. Achène ou comprimée parallèlement, ou anguleuse; ses angles munis de deux ou trois arêles persistantes, denticulées. — Arbre de l'ile Sainte-Hélène. Feuilles opposées, indivises. Panicule terminale, fourchue et divergente. Involucre oblong. Paillettes du réceptacle presque semblables aux écailles de l'involucre. Corolles jaunâtres, à tube arqué en dehors, ce qui fait paroitre le capitule radié. Anthères des mäles noirätres, échancrées à la base, munies au sommet d'un appendice très-court, aigu; leurs loges offrant Île vestige d’une cloison longitudinale. Etamines des femelles stériles, dis- tinctes, à anthères sagittées avortées (S). (IX) J'ai observé un autre genre dioïque, à réceptacle nu, à aigrette capillaire, et dont le port est à peu près semblable à celui du Baccharis. Ce genre, que je nomme Brachylæna, ne comprend qu’une seule espèce publiée, qui est le Zaccharis nereifolia Linn. (U). . BracuyLænA. Involucre imbriqué, à écailles coriaces. Récep- tacle nu. Fleurons dioïques. Mäles à anthères exserles, munies de deux soies à la base. Femelles plus étroites, à limbe quin- quéfide , à filamens stériles, à stigmates linguiformes imberbes. Aigrette pileuse et scabre dans les deux sexes. — Arbrisseaux de l'Afrique australe, subtomenteux. Feuilles alternes, très-en- tiéres ou dentées. Inflorescence terminale, presque en grappe. Involucres ovoides, courts, à écailles ovales, d’une contexture uniforme. (X) Dans la nombreuse collection de plantes faite par mon regrettable ami, le Dr Smith, sur les côtes du Congo, se trouve un genre Syngénèse, qui, bien qu'appartenant à la Polygamie superflue, et ayant les fleurs jaunes, est sous d'autres rapports - si analogue au Melananthera , qu’on l’auroit indubitablement rap- porté à ce genre, si on ne l’eût trouvé qu'avec des graines müres. 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE Cependant, les caractères suivans prouvent qu'il en est suffisam= ment dislinct. Lirorricue. Involucre imbriqué, sur deu* rangs presqu'égaux. Réceptacle convexe, garni de paillettes foliacées , distinctes. Ca- pitule radié. Languettes femelles disposées sur un seul rang. Fleurons hermaphrodites , à stigmates terminés par un appen- dice aigu, hispidule. Achènes presque uniformes, turbinés, à aigretté sétacée, caduque. — Herbes de l'Afrique équinoxiale. Feuilles opposées, indivises. Pédoncules terminaux, ternés. In- volucres courts , foliacés. Paillettes du réceptacle carénées, ner- veuses, aiguës. Corolles jaunes. Languettes alongées, tridentées. Anthères noiratres , presque incluses, mutiques à la base. Achène obtusément tétragone. Aïgrette située sur le disque du sommet déprimé de l’achène ; courte, composée de huit à dix petites soies disposées sur un seul rang, distinctes, denticulées, ca- duques ou tombantes. — Ce genre, très-voisin du Melananthera, a aussi de l’aflinité avec l’£clipta, Linn., le Wedelia, Jacq., et le Diomedea, Cassini (Journ. de Phys., tome LXXXII, pag. 145); mais il paroît suffisamment distinct de tous. (XI) I y a deux autres genres qui, sous plusieurs rapports, s'accordent avec le caractère que je viens de donner du Veu- rolæna ; 1 est nécessaire de les indiquer. Le premier est le Carphephorus de M. Cassini (Bulletin des Sciences, 1816, p. 198), qui se distingue suffisamment en ce qu'il a les stigmates de l’Eu- patoire ou du Liatris, avec le port de ce dernier genre, de quelques espèces duquel il ne diffère que par son réceptacle garni de paillettes. Le second, non encore décrit, peut étre nommé Piptocarpha, et caractérisé comme il suit. Prprocarpua. Involucre imbriqué, turbiné, scarieux. Récep- tacle garni de paillettes distinctes. Fleurons tubuleux , uniformes, a limbe roulé en dehors. Anthères exsertes, munies de deux soies à la base. Stigmates filiformes, aigus, hispidules. Aigrette pileuse.— Arbrisseau du Brésil, très-rameux, décombent? Feuilles -alternes,, très-entières, blanches en dessous. Involucres axillaires et terminaux, fasciculés, glabres, composés d'écailles sessiles, obtusiuscules, sans nervures, et d’une contexture uniforme. Paillettes du réceptacle presque semblables aux écailles inté- rieures de l’involucre, et tombant en même temps qu'elles. Corolles glabres. Soies des anthères très-entières. Aigrette blanche, àrayons sur un seul rang. , Je n'ai point vu de graines parfaites; et comme elles tombent sans être mures , avec les écailles intérieures de l’involucre, et £T D'HISTOIRE NATURELLE. 25 que les anthères sont très-saillantes en dehors, il se peut que la plante ici décrite ne soit que l'individu mäle d'une espece ‘dioïque; en tout cas, elle w'apparlient à aucun genre publié jusqu'ici. - (XI) AnTennariA.(Antennariæ species , Gœrtner. Gnaphalii species, Linn., Juss.) Involacre imbriqué, scarieux, colore. Ré- ceptacle sans paillettes, scrobiculé. Fleurons dioiques. Miles à anthères munies de deux soies à la base, à stigmates lronqués, à aigrette pénicillée, ou épaissie au sommet. Femelles filiformes, à limbe petit, sans rudimens d’étamines, à aigretle capillaire. — Herbes vivaces, tomenteuses, blanchätres. Feuilles planes ; les adultes souvent glabriuscules en dessus; les radicales ordi- nairement plus larges. Inflorescence corymbée , rarement soli- taire. Involucre turbiné, ou quelquefois hémisphérique, com- posé d'écailles à base calycinale, et à partie supérieure colorée, blanche ou purpurescente. Corolles jaunes. Anthères demi-ex- sertes. Aïgrette des mäles blanche, opaque. Le Gnaphalium margaritaceum , que j'ai attribué à ce genre, a élé décrit pour la première fois par Clusius; selon lui, cette plante auroit été apportée d'Amérique, et inroduile dans les jardins d'Angleterre, vers la fin du XVI: siècle. Depuis, elle a toujours été très-généralement cultivée, comme plante d'ornement, dans ce pays et sur le continent de l'Europe ; et on la trouve mentionnée dans plusieurs Flores européennes, aussi bien que dans celles de l'Amérique septentrionale. Il est donc surprenant que jnsqu’ici l'on n’ait observé que l'individu mäle, qui cependant a été considéré comme hermaphrodite par tous les botauistes , excepté M. Cassini, qui, dans son premier Mémoire sur les Synanthérées (Journal de Physique, 1. LXXVI, pag. 200), soupconne que c'est une plante male, d'après l'état d’imperfection de l'ovaire. ya plusieurs années que j'ai connu quecette espèce de Grapha- lium étoit vraiment dioïque, ayant vu un échantillon de l'indi- vidu femelle dans l'herbier de sir Joseph Banks, qui l’avoit trouvé sur les bords du Rymney dans le Glamorganshire , où celte plante fut originairement observée par Lhwyd. J'ai recu depuis, plusieurs échantillons des deux sexes , de M. Bicheno, à qui j'avois fait part de ma remarque , et qui se chargea obligeamment d'ob- server les différens états de la plante, dans le même lieu, où elle paroït être réellement indigène. Je n’ai jamais pu découvrir au- cune fleurette femelle à la circonférence destapitules des individus mäles ; mais , au centre des capitules femelles, j'ai toujours trouvé 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE deux ou trois fleurettes mäles imparfaites, dont les anthères; quoique cohérentes et de la forme ordinaire, paroissoient être privées de pollen. On a également négligé de remarquer la séparation des sexes dans une plante encore plus commune de cette classe, le Ser- ratula tinctoria (Z). Tous les auteurs qui ont parlé de cette espèce, laquelle est mentionnée dans presque toutes les Flores européennes, aussi bien que dans plus d’une récente Monographie du genre, l'ont considérée comme hermaphrodite , tandis qu'elle appartient réel- lement à la Polygamie diœcie ayant ses organes sexuels par- faits séparés sur différentes plantes. L'individu hermapbrodite , parfail en apparence , mais qui, je le crois, porte très-rarement des graines fertiles , a été bien figuré par Schkubr (Botanisches Handbuch , ab. 254); et l'individu ele: dont les stigmates sont développés et ondulés d’une manière remarquable, tandis que les anthères sont évidemment imparfaites , et qui porte généralement des graines fertiles, est représenté dans PEnglish Botany (tab. 58), dans la Flora Danica (281), et probablement aussi dans le Svensk Botanik (170). Je suis redevable de la connoissance de ce fait, concernant le Serratula tinctoria, au Rév. Robert Bree de Cam- berwell, qui m'a indiqué les deux états de la plante, et qui élit alors disposé à les considérer comme deux espèces distinctes. TN RME EU RRE TES (AN LE ID) Satrtreié bone" arr lént À EU Late de NOTES DU TRADUCTEUR. (S) Dans les Bulletins de la Société Philomathique de fé- vrier 1817 et d'avril 1818, j'ai décrit, sous le nom de Ditrichum, un nouveau genre de Synanthérées immédiatement voisin du Salmea et du Petrobium, avec lesquels il doit être rangé entre le Spilanthus et le V’erbesina, dans la tribu des Hélianthées , section des Prototypes. 11 diffère du Salmea qui a le clinanthe conique, et du Petrobium dont les calathides sont unisexuelles ; son clinanthe plane le distingue du Spilanthus, et sa calathide incouronnée le distingue du f’erbesina. Voici ses caractères gé- nériques. Dirricuum. Calathide incouronnée, équaliflore, pluriflore, régulariflore, androgyniflore. Péricline supérieur aux fleurs, cy- lindracé , irrégulier, formé de squames peu nombreuses, bi- sériées, diffuses; les extérieures très - courtes , inégales, in- appliquées , les intérieures très-longues , inégales, appliquées, squamelliformes , oblongues , coriaces , à sommet foliacé, acuminé. ET D HISTOIRE NATURELLE. 25 acuminé. Clinanthe plane, garni de squamelles supérieures aux fleurs , squamiformes, terminées par un appendice subalé, mem braneux.Cypsèles comprimées bilatéraiement, obovales, glabres, muuies d'une aigrelte composée de deux longnes sqnamelluies opposees, l’une antérieure, l'autrepostérieure, filiformes , épaisses, à peine barbellulées. Corolles à tube herissé de longs poils mem- braneux. L'errear de Forster, qui a pris pour un ovaire supère, le nec- taire de ia fleur mâle du Perrobium , a été commise par Bergius, par Linué, par M. Decandolle, et par beaucoup d'autres bota- uistes, à l'égard du T'archonanthus camphoratus. C'est ce que j'ai démontre dans un Mémoire sur cet arbrisseau, lu à la Societé Philomathique, le 13 juillet 18:16, et publié dans le Balietin de cette Société, le mois suivant, ainsi que dans le Journal de Physique de mars 1817. L'observation de MN. Brown sur les anthères du Petrobium , confirme ce que j'avois avancé long-temps auparavant, dans mon secoud Mémoire. Je n’avois pu m'assurer par des obser- vations directes, que chaque loge de l’etamine des Synanthérées fut divisée en deux logettes par une cloison ; mais ayant observé cette cloison chez les Campanulacées, Lobéliacées, Dipsacées, Valérianées, Rubiacées , j’avois conciu par analogie qu’elle devoit exister chez les Synanthérées. (Journal de Physique, t. LXXVHE, pag. 275 et 283.) ! (S”) Il peut étre utile de rapporter à cette occasion une ob- servation que j'ai faite, dans l'herbier de M. de Jussieu, sur un échantillon de l’Eupatorium spicatum de Liamarck. J'ai re- connu que cet échantillon appartenoit à l'individu mäle d’une espèce dioïque, et que ses caractères génériques éloient abso- lument conformes à ceux du Baccharis. Ge prétendu Eupatoire est donc un vrai Baccharis. J'ai analysé aussi, dans le même herbier, une calathide du Sergilus scoparius de Gæœrtner, et je convieus qne ses caractères génériques ne diffèrent point ou presque point de ceux du Bac- charis. Cependant, autant que j'ai pu juger sur ceite calathide en mauvais état, il m'a paru qu’elle étoit composée de fleurs mäles centrales et de fleurs femelles marginales, ces dernières ayant la corolle ambiguëé et de fausses étamines. (£) M. Brown devoit peut-être ajouter que j'avois démontré depuis long-temps que la réunion du Baccharis et du Conyza en un seul genre éloit intolérable et monstrueuse, puisqu'ils Tome LXXXVIT, JUILLET an 1818, D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n’apparliennent pas à la même tribu naturelle, le Baccharis étant une Astérée, tandis que le Conyza est une Inulée. Comme M. Brown n’a point donné les caractères génériques des vrais Conyza, je pense qu'on sera bien aise de retrouver ici ceux que Jai proposés dans le Dictionnaire des Sciences na- turelles , tome X, pag. 305. Calathide discoide, cylindracée; disque multiflore, régula- riflore, androgyniflore; couronne uni-bisériée, tubuliflore, fe- miniflore. Péricline à peu près égal aux fleurs, cylindracé; de squames imbriquées , extradilatées, linéaires, appliquées, nul- lement scarieuses ; les extérieures surmontées d'un petit appen- dice foliacé , inappliqué. Clinanthe plane, inappendiculé. Ovaires cylindracés, stries, hispidules, munis d’un bourrelet basilaire , et d'une longue aigrette de squamellules unisériées, entre-greffées à la base, tri-droites, filiformes, subtriquètres, régulierement barbellulées. Corolles de la couronne à limbe étréci en tube, et irrégulièrement très-quadrilobé. Anthères munies de longs ap- pendices basilaires filiformes , barbus. (U) L'Opuscule de M. Brown, imprimé à Londres vers le milieu de 1817, ne m'est parvenu que le 5 septembre ; et comme je ne savois pas un mol d’anglois , et que je n’avois d'autre secours qu'un Dictionnaire, j'ai mis un temps prodigieux à le traduire. Je rappelle ces faits, parce que, dans le Bulletin de la Socieié Philomathique de septembre 1817, j'ai proposé, sous le nom d'Oligocarpha, le mème genre que M. Brown propose sous le nom de Brachylæna. Ma description ne se trouvant pas d'accord avec la sienne, je crois utile de reproduire ici les caractères ue j'attribue à ce genre, et que j'ai complétés par lobservation de l'individu mâle, depuis la publication du Bulletin de sep- tembre 18197. OucocarpirA. (Tribu des Vernoniées.) Dioïque. Calathide fe- melle équaliflore, pluriflore, ambiguiflore. Péricline inférieur aux fleurs, cylindracé ; de squames imbriquées, un peu làches, subfoliacées , striées, obtusiuscules; les extérieures subcordi- formes , les intérieures ovales. Clinanthe petit, muni d'une, deux ou trois squamelles égales aux fleurs, foliacées , linéaires-lan- céolées. Ovaire couvert de glandes et de poils, et muni d’un bourrelet basilaire; aigretle roussätre, de squamellules pluri- sériées , très-inégales, filiformes, épaisses, irrégulièrement bar- bellulées. Corolle imitant parfaitement une corolle masculine, régulière, à lobes longs, linéaires, el contenant des rudimens d'étamines avortées.—Calathide mâle équaliflore , pluriflore , sub- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27 régulariflore ou palmatiflore. Péricline très-inférieur aux fleurs, subhémisphérique ; de squames imbriquées, paucisériées, peu appliquées, subcordiformes, coriaces, striées. Clinanthe petit, plane, presque toujours muni de quelques squamelles ou ru- dimens de squamelles. Faux-ovaire subcylindracé, hispide; aï- grette irrégulière, de squamellules inégales, filiformes, épaisses, barbellulées. Corolle arquée en debors, ordinairement palmée, toujours inégalement et profondément divisée en cinq lobes oblongs ou linéaires. Anthères munies d'appendices basilaires subulés. : ; ï (U*) M. Brown paroît ignorer que le genre dont il s’agit, ayant pour type le Bidens niveade Linné, avoit été déjà propose, avant Von Robr et Richard, par Adanson, qui le nomme Uca- cou. Il est vrai que sa description présente de faux caracteres, ce qui, d'après mes principes, ne permet pas de lui attribuer la découverte du genre; mais, d'après les principes contraires généralement adoptés, et professéssurtout par M. Brown, comme on l’a vu aux articles Craspedia et Tridax, on devroit préférer au nom de Melananthera, suivant l'ordre chronologique, 1°. celui d’Amellus, 2°. celui d'Ucacou, 5°. celui de Melanthera. Je dois faire observer que les caractères attribués par Adanson à son Ucacou, et qui s'appliquent fort mal au Welananthera , s’appliquent au contraire assez bien au Lipotriche de M. Brown, décrit dans sa note X. J'ai examiné, dans l’herbier de Surian, la plante qui y est nommée Chatiakelle, ei dont Adanson a fait son genre Ucacou, et je me suis assuré que la calathide de cette plante éloit radice. (V) Mon premier Mémoire sur les Synanthérées fut critiqué principalement comme beaucoup trop long, et comme offrant des considérations favorables à un système proscrit, celui des causes finales. C’est ce qui me détermina, l’année suivante, à ne donner qu’un précis du second Mémoire, et à en élaguer ce qui effarouche la Philosophie moderne. | Dans ce second Mémoire, qui est resté inédit, j'avois parlé de la rétraction des anthères; mais je considérois ce fait tout autrement que M. Brown. Je remarquois qu’en général, chez les Synanthérées, et sur- tout chez les Carduinées, la partie libre du filet de l’étamine avoit une tendance manifeste à s’arquer en dedans; que cette tendance étoit contrariée, durant la préfleuraison, par la pres- sion du limbe de la corolle, dont l'accroissement en largeur ne s'opère que très-peu avant la fleuraison; mais que l’arqüre avoit D2 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lieu à cette dernière époque par l'effet d’une sorte de mouve- ment d’élasticité, et non point du tout par irritabilité. Appliquant ensuile ces remarques à mon système favori des causes finales, je trouvois que la courbure des filets des éta- mines faisant descendre les authères, tandis que l'accroissement du style fait monter celui-ci, ces mouvemens des deux organes sexuels en sens contraires , favorisoient merveilleusement la dé- biscence des anthères et le dépôt du pollen sur les collecteurs dont le style est muni. En approfondissant davantage ce genre de considérations, j'étois conduit à voir une liaison entre l’arqüre des filets des étamines et la forme de la corolle. Chez la plupart des Synan- thérées, la partie inférieure et indivise du limbe de la corolle devient notablement plus large que le tube, à l'époque de la fleuraison, ce qui facilite l'arqüre des filets ; cela est surtout sen- sible chez les Carduinées, où cette arqüre est très-manifeste. Mais chez les Lactucées , le limbe demeure toujours presque aussi étroit que le tube ; et c’est en partie pour lever l'obstacle opposé à l'arqüre des filets par cette étroite dimension, que le limbe des Lactucées est fendu jusqu’à sa base. Les corolles labiées des Mutisiées et des Nassauviées peuvent donner lieu à la même remarque. Tels sont les détails auxquels je m'étois livré sur la rétrac- tion des anthères, en rédigeant mon second Mémoire. Mais, dans le Précis de ce Mémoire, lu à l'Institut et publié depuis, j'ai eu grand soin de les retrancher, et je me suis borné à dire, en décrivant les étamines des Carduinées, que la partie libre des filets étoit arquée en dedans. (Journ. de Physig., 1. LXXVIE, pag. 276.) Sub nt hs X)-Dans mon cinquième Mémoire, publié dans le Journal de Physique de février 1818, mais complètement terminé dès le mois de juin 1817, j'ai parlé (pag. 129) de l'irritabilité du style des Arctotidées, comme d’une observation nouvelle et faite par moi. J'ai pu m'exprimer ainsi à l’époque de la rédaction de ce Mémoire, puisque je n’ai connu l'observation de M. Ker qu’en la lisant dans l'Opuscule de M. Brown où elle est men- tionnée. (Y) M. Brown paroît croire que son genre JVeurolæna ne comprendequ’une seule espèce, qui est le Calea lobata de Swartz. J'en ai décrit une seconde, sous le nom de Calea suriani, dans le supplément du 6° volume du Dictionn. des Sciences naturelles , pag. 33. Cette espèce nouvelle, que je crois bien distincte, devra ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 prendre le nom de Neurolæna suriant, si, comme il paroit juste, le nom de Calea est désormais consacré au genre ayant pour type le Calea Jamaicensis. é (Z) En général, les botanistes ont confondu jusqu'a présent, chez les Synanthérées, les fleurs mâles avec les fleurs herma- phrodites; désignant les fleurs mâles souvent par le nom de fleurs hermaphrodites , qui est faux, quelquefois par le nom d’hermaphrodites stériles, qui est absurde, rarement par le nom de fleurs mäles, le seul qui soit exact. De toutes les erreurs nées de celte confusion, la plus notable est sans doute celle que j'ai démontrée dans mon Mémoire sur le Tarchonanthus camphoratus déja cité dans la note S. MM. De- candolle et Desfontaines ont cru que cet arbrisseau devoit être rapporté à la famille des Thymélees, parce qu'ils ont pris le nectaire pour un oyaire supère; et celle singulière méprise a été causée par la fausse opinion qu'ils partageoient avec tous les autres botanistes , que les fleurs du T'archonanthus éloient her- maphrodites. Dans mon Mémoire sur cet arbrisseau , je remarquois que Gœrtner avoit décrit les fleurs comme hermaphrodites, à ovaire fertile ; et j'en concluois que l'espèce qu'il avoit observée, n'étoit peut-être pas la même que la mienne, qui est dioïique. Mais, depuis que j'ai observé les caractères de l'Oligocarpha ou Bra- chylæna, nouveau genre qui appartient à la mème tribu uatu- relle que le Tarchonanthus, et qui en est, selon moi, immé- diatement voisin, je ne doute plus que la plante de Gœærtner ne soit l'individu femelle du Tarchonanthus camphoratus. En effet, l'analogie est frappante entre les fleurs femelles de l'Oligocarpha et les fleurs de T'archonanthus figurées dans l'ouvrage de Gœrtner, tab. 166, fig. 12. (A) Les Metalasia de M. Brown ne sont pas les seules Sy- nanthérées dont les feuilles soient concaves et tomenteuses en dessus, convexes et glabres en dessous, et retournées sens dessus dessous par l'effet d’une torsion. J'ai observé ces singuliers ca- ractères dans quelques autres genres voisins de celui-ci, et surtout dans un nouveau genre que jai décrit sous le nom de Perotriche, dans le Bulletin de la Société Philomathique de mai 1818. (BB) Dans le Bulletin de la Société Philomathique de sep- tembre 1817, j'ai proposé, sous le nom de Petalolepis, un genre voisin du Cassinia, comprenant les Æupatoriun rosmarinifolium et ferrugineum de M. Labillardière, et caracterisé de la manière suivaute. . 30 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIX Psrarorerts. (Tribu des Inulées.) Calathide incouronnée, équa- liflore, pauciflore, régularifiore , androgyniflore. Péricline su- périeur aux fleurs, radié, subcampanulé; de squames imbri- quées , les extérieures appliquées , ovales , scarieuses , à base coriace; les intérieures radiantes, longues, largement linéaires, surmontées d'un appendice pétaloïde. Clinanthe petit, plane , in- appendiculé, Ovaire court, muni d’un bourrelet basilaire, et d'une longue aigrette de squamellules égales, unisériées, entre- greflées à la base, filiformes , barbellulées. Anthères pourvues de longs appendices basilaires. Je ne répéterai pas ici ce que j'ai dit à la note U, pour prouver qu'a l'époque où j'ai publié mon Petalolepis, je ne pouvois pas connoitre l'Ozothamnus de M. Brown, qui venoil d’être pu- blié tout récemment. Mais je ferai remarquer que l’'Ozothamnus et le Petalolepis peuvent très-bien être considérés comme deux genres suflisamment distincls, et que rien n’empèche de les conserver l’un et l’autre, ou tout au moins d'admettre le Pe- talolepis comme sous-genre de l'Ozothamnus. (CC) Je doïs me féliciter d’avoir eu , en même temps que M. Brown, des idées analogues aux siennes sur l’ancien genre Calea. Voici comment je: me suis exprimé sur ce sujet dans le Supplément du sixième volume du Dictionnaire des Sciences na- turelles, pag. 32, lequel a été publié en avril ou mai 1817. « Je crois que le genre Caleaestencore (après enavoir éliminé » le Melananthera et le Sergilus) composé d'espèces hétérogènes ; » et qu'il faudroit les examiner toutes avec soin pour le ren- » fermer dans ses véritables limites, et le diviser peut-être en » deux genres, ou plutôt en deux sous-genres, bien différens » au moins par le port, dont l’un auroît pour type le Calea » lobata (Swartz), et l’autre le Calea aculeata (Labillardière). Mais » pour opérer avec succès une pareille réforme, il faudroit avoir » loutes les espèces en nature sous les yeux. » De toutes les espèces admises par les botanistes dans le genre Calea, quelques-unes qui se rapportent au Melananthera, au Sergilus où Baccharis , au Neurolæna, etau Cassinia, sont les seules que j'aie pu observer. C’est pourquoi je me bornois à in- diquer la formation de deux nouveaux genres, ou sous-genres, ayant pour types le Calea lobata et le Calea aculeata, au même instant où M. Brown proposoit ces deux genres, sous les noms de Neurolæna et de Cassinia. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 31 MÉMOIRE SUR LES TERRAINS D'EAU DOUCE, Ainsi que sur les Animaux et les Plantes qui vivent alternativement dans les eaux douces et dans les eaux salées ; Par M. MARCEL pe SERRES. Les terrains formés dans l’eau douce, reconnus pour la pre- miere fois par Lamanon, ont pris une toute autre importance, depuis que MM. Cuvier et Bronguiart (1) ont montré que ces terrains avoient uue grande extension, et qu'ils meritoient au- tant d’être distingués par les êtres particuliers qu'ils renferment, que par la manière dont ils paroissent avoir été déposés. Ce- pendant , malgré les caractères qui distinguent ces sortes de terrains de ceux réellement formés sous les eaux marines, plu- sieurs observateurs ont révoqué en doute l'existence des pre- miers, en tant qu'ils ont été déposés dans un fluide particulier, et diffèrent du fluide unique général , dans lequel toutés les couches pierreuses ont été précipitées. Les naturalistes qui ont soutenu cette dernière opinion (MM. Faujas de Saint-Fond et Brard), l'ont fondée sur plusieurs faits, dont les conséquences ne paroissent contraires à l'existence des terrains formés d’une manière particulière dans l’eau douce, que parce qu'ils n'ont pas été rapporlés avec une grande exactitude (2). Examinons d'abord ces faits, voyons s'ils sont concluans dans l'hypothèse de MM. Faujas de Saint-Fond et Brard, ou s'ils ne seroient pas plutôt contraire à cette hypothèse. Les remarques qu'ont faites les deux observateurs que nous venons de citer, sont, les unes générales, les autres particu- Jières. Les premières tendent à prouver qu’il existe des coquilles marines au milieu des formations d’eau douce, tout comme des (1) Essai sur la Géographie minéralogique des environs de Paris. €) Annales du Muséum d'Histoire naturelle, tome XIV et XV, et Journal de Physique , tome LAXXII. 52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fossiles des terrains non salés au milieu des formations les plus décidément marines. Mais si lon y avoit fait bien attention, on se seroit aisément aperçu qu'il n'existe jamais de coquilles marines confondues el mélées avec les produits de l’eau douce, et que ce n’étoit que faute d'avoir déterminé rigoureusement ces coquilles, qu'on s’étoit mépris sur le genre de leur habitation primitive. Eu effet, ces Cérites des terrains d'eau douce, an- noncées comme des coquilles marines par excellence, ne sont que des Potamides ou des espèces de Cérites, dont l'habitation constante est dans les fleuves, ou dans des eaux qui, quelque- fois plus salées que la mer, deviennent aussi, dans d’autres cir- conslances, tout-à-fait douces, ou du moins sans une salure sen- sible au goût et à l’aréomèetre. C'est donc parce qu'il est des espèces qui peuvent exister dans des liquides dont les propriétés sont si différentes, que faute de les connoitre, et de s'être douté qu’il y avoit de ces êtres intermédiaires, qu'on a cru mal à propos rencontrer des restes d'animaux décidément marins avec des habitans des terrains non salés. Il n’est donc pas éton- nant de voir les prétendus Cérites marines mélées avec les Bulimes, les Planorbes et les Lymnées, parce que toutes ces es- pèces peuvent avoir vécu dans le seul et même fluide. En effet, le genre Ceérite, tel du moins que Bruguière l'avoit établi, se compose d'espèces marines et d’eau douce. On a distingué ces dernieres sous le nom de Potamide, et les deux genres sont encore bien plus tranchés par l’habitude des animaux qui en font partie, que par l'importance extérieure des coquilles. Ainsi les principaux caractères des Cérites marines, sont d’avoir la bouche contournée et comme plissée , tandis que toutes celles reconnues comme fluviatiles, ont une bouche entière. Ce der- nier Caractère se retrouve dans la seule Cérite citée par M. Brard, au milieu des formations d’eau douce, et pourroit être déja assez concluant, Mais il y a bien plus ; cette espèce n’a d’analogie qu'avec le Ceritium radula figuré par Lister , et rangé par lui au nombre des coquilles fluviatiles. La conclusion la plus naturelle que l’on puisse tirer de ces faits, est certainement de regarder comme fluviatiles , les Cérites trouvées avec les Lymnées et les Pla- norbes , d'autant que ce genre d'habitation leur est commun avec d’autres espèces encore vivantes, et connues depuis long- temps. Du reste, quoique toutes les Potamides connues jusqu'a présent vivent près de l'embouchure des fleuves, il se pourroit aussi que certaines espèces, comme quelques Paludines, vé- cussent dans les eaux saumâtres et même plus salées que le bassin ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55 bassin des mers. Ces espèces seroient ainsi comme nos Paludines, intermédiaires entre les espèces d’eau douce et les marines. Quant à l'observation faite par les physiciens que nous avons déjà cités, de l'existence des fossiles d'eau douce parmi les for- malions les plus décidément marines, elle est plus fondée. Eu effet, les petites coquilles ou Paludines que l’on voit dans le cal- caire de Mayence, mélées confusément avec des Moules, peuvent fort bien être considérées comme provenant des eaux douces, mais avec cette particularité, que ces Paludines sont analogues à celles qui vivent aujourd'hui, tantôt dans des étangs commu niquant avec la mer, et tantôt dans des eaux lout-à-fait douces. En effet, des deux Paludines que l’on trouve fossiles à Mayence, l’une se rapproche du Ciclostoma simile de Draparnaud , l’autre du Ciclostoma acutum du même auteur, et ces deux coquilles ont un genre d'habitation intermédiaire entre les espèces marines et celles d'eau douce. Ce qui complète l’analogie, c’est que ces deux espèces fossiles se trouvent en très-grande abondance et forment, à Weissenau, des couches extrêmement étendues. Ainsi la grande quantité de ces Paludines fossiles que l'on voit dans des couches pierreuses, est une forte présomption pour croire qu'elles ont eu le même genre d'habitation que nos petites Paludines aujourd'hui vivantes, et qu’on trouve également en nombre immense dans les étangs où elles vivent. On a peu de doutes à cet égard , lorsqu'on compare la disposition que pré- sentent ces lies dans les lieux où les eaux se Heure en se retirant , avec celle que l’on voit aux Paludines fossiles. Les Paludines aujourd'hui existantes élant analogues aux es= pèces que l’on trouve fossiles, et vivant indifféremment dans des étangs salés qui communiquent directement avec la mer, ou dans des eaux tout-à-fait douces, il est tout simple de ren- contrer celles qui ont passé à l’état fossile au milieu des Moules et d’autres coquilles marines. Si ces Paludines s’y rencontrent, c'est parce que les espèces auxquelles elles appartiennent sont, ar leur manière de vivre, intermédiaires entre les espèces tout- a-fait d'eaux douces, et celles qui ne quittent jamais le bassin des mers. C’est donc faute d’avoir connu ces êtres intermédiaires, ou, pour mieux dire, d’avoir constaté ce point de fait, qu'on s’est mépris à cet égard. Mais un fait qui a paru bien plus con+ cluant encore contre l'hypothèse d'une formation particulière opérée dans l’eau douce, c’est la présence d’un certain nombre d'Hélices fossiles, au milieu de la formation bien marine de Weissenau. Pour se rendre raison de ce mélange de coquilles Tome LXXXVII. JUILLET an 1818. E \ 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE d’eau douce au milieu des espèces marines, on n’a au’à observer ce quise passe sur nos côtes. On y verra à côté des Moules et d'autres coquilles de mer, des Hélices, des Bulimes, des Maillots, et une infinité d’autres espèces d’eau douce qui y ont été trans- ortées. Pourquoi n’en auroit-il pas été de même à l’époque où jé Moules, les Paludines et les Hélices ont passé à l'état solide avec les couches où nous les observons maintenant? On doit d'autänt plus l’admettre, qu'il n’est pas très-rare de trouver des coquilles d’eau douce au milieu des formations bien réellement marines. Mais l'inverse n’est pas également vrai; en effet, on. n'a point encore observé de véritables coquilles marines, ou de restes d'animaux de mer au milieu des couches qui appar- tiennent à une formation d'eau douce. Lorsqu'on en rencontre, ce n’est jamais que dans les points de contact des deux sortes de terrain, ou lorsque ces fossiles y ont été charriés par des causes purement locales ou accidentelles. I est done vrai de dire que si l’on a cru pouvoir opposer quelques faits à cette loi qui paroit générale, c'est parce quel’ou à pris des coquilles réellement fluviatiles pour des espèces marines, comme des es— pèces marines pour des coquilles d’eau douce. Ce que nous venons de dire ne doit pas non plus faire supposer que tous les fossiles que nous découvrons dans nos continens, aient vécu dans un seul et même fluide, soit doux, soit salé. Cette hypothèse, avancée par M. Brard, est trop con- traire à tout ce que nous connoïissons d’une manière certaine, pour pouvoir être admise. On ne peut en eflet supposer que les Hélix, les Lymnées et les Planorbes aient jamais vécu dans le même liquide que les Vénus , les Huitres et les Moules, quoique certains mollusques aient un genre de vie en quelque sorte intermédiaire entre ces deux points extrèmes. Chaque genre, ou, pour mieux dire, chaque espèce, a des habitudes constantes qui tiennent à son organisation , et dont il ne s’écarte jamais que peu à peu, et encore lorsqu'il ÿ est contraint. Aussi voit-on tous les animaux en général revenir à leurs habi- tudes primitives, du moment que rien ne s y oppose. On peut même faire cette remarque, que plus les animaux sont simples en organisation, et moins les agens extérieurs ont d'influence sur eux. Les mollusques gastéropodes en particulier l'éprouvent d'autant moins, que leur test semble les en garantir ; aussi l’ob- servation directe nous apprend-elle que généralement ces ani- maux ont des habitudes constantes etqui ne paroïssent point varier. Les remarques que l’on a faites sur certaines Hélices d'Afrique ET, D'HISTOIRE NATURELLE, 35 et du nord de l'Europe, annoncent du moins combien peu les agens extérieurs les plus opposés ont d'influence sur ces anlmaux. On a également beaucoup insisté sur ce fait singulier, que parmi les fossiles d’eau douce trouvés jusqu’à présent, on n’avoit Jamais vu des bivalves, ou des genres analogues aux Acéphales qui vivent aujourd'hui dans nos rivières et nos étangs. Celte objection étoit fondée à l’époque où on l’a présentée , parce qu'on avoit à peine observé les terrains qui appartiennent aux forma- tious d’eau douce. Mais lorsqu'on les a mieux étudiés , on a trouvé de ces bivalves, et M. Desmarest (1) a fait connoitre un petit Entomostracé qu'il a nommé Cypris faba, et qui est dans un nombre immense dans le calcaire friable d'eau douce des en- virons de Cusset, département de l'Allier. Nous-mêmes avons enfin reconnu des Cyclades fossiles du milieu des formations d’eau douce, et probablement trouvera-t-on d'autres genres à mesure que les observations se multiplieront. Peut-être aussi les coquilles bivalves fossiles d’eau douce, sont-elles plus rares que les univalves par plusieurs raisons. La première dépend de leur genre d'habitation , qui est presque toujours dans les rivières et rarement dans les mares, si ce n’est les Cyclades qui peuvent passer diflicilement à l’état fossile, à cause de la facilité avec laquelle ces coquilles se décomposent à l'air. C'est également une chose remarquable, de voir les Unio et les Anodontes, quoique plus solides que les Cyclades , se décomposer et s'altérer à l'air, avec la plus grande promptitude. Peut-être cette facile décomposition a-t-elle contribué pour beaucoup à rendre ces coquilles fossiles encore plus rares. On sait en outre que les mol- lusques gastéropodes voyagent davantage que les Acéphales, Presque lous stationnaires ou à peu près. Cette différence dans les habitudes , peut aussi avoir eu de l'influence sur la position qu'ont Prise les coquilles bivalves et univalves dans l'intérieur de nos Couches pierreuses. Ainsi les faits que l’on avoit cru si concluans contre l'exi- stence de terrains réellement formés dans l’eau douce, ne sont donc nullement contraires à ce genre de formation ;\ils s'accordent parfaitement avec lesidées générales quenousavonssur ces terrains, On peut même avancer pour aller au devant de toutes les ob- jections , que lorsque même on trouveroit des coquilles vraiment (2) Bulletin de la Société Philomathique, tome II, pag. 258, pl. 4, fig. & E 2 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE marines, et des coquilles d’eau douce mêléesconfusémentensemble, on ne pourroit pas en conclure pour cela contre l'existence d’une formation particulière de couches pierreuses opérées dans l’eau douce. Enfin , on n’a pas voulu admettre avec MM. Cuvier et Brongniart, que dans les lieux où l’on trouve les coquilles marines et d’eau douce mélées confusément, existoit l'embou- chure des fleuves, ou bien que ces lieux n’étoient que les points de contact des deux sortes de terrains. Mais dans une question de ce genre , il auroit été essentiel avant de la croire résolue , de s’assurer par l'observation directe, si l'explication d’un fait bien reconnu, donnée d’ailleurs avec doute, étoit d'accord ou non avec ce que nos côtes nous présentent. C’est aussi pour parvenir à la solution de cette question importante, que nous avons exa- miné avec soin ce qui se passoit à l'embouchure des fleuves, et éludié l’état des côtes à différentes époques, quelquefois même après des orages. Nous avons surtout porté une altention parli- culière , à déterminer exactement les espèces de coquilles et de plantes qui vivent sur les côtes de la Méditerranée et à l’em- bouchure des fleuves , ainsi que dans les élangs saumätres et les rivières qui communiquent avec cette mer. I] nous parut éga- lement important de reconnoîlre jusqu'à quelle hauteur les coquilles regardées généralement comme marines, telles que les Cérites et les Moules, peuvent remonter dans les rivières, et enfin quel est le degré de salure que les Mollusques des eaux douces peuvent supporter sans périr. Quoique nous ayons rassemblé un grand nombre d’observa- tions à cet égard, nous ne les croyons pas encore aussi étendues que l’exigeroit une question de cette importance ; il nous paroît cependant qu’elles présentent un certain degré d'intérêt, et même d'utilité, en faisant envisager celte queslion sous son vé- rilable point de vue. Remarquons d’abord qu’un assez grand nombre de causes peuvent rendre telle ou telle espèce d'êtres habitans des terrains ou des eaux salées, et lui permettre, dans d’autres circonstances, de vivre dans des terrains ou des eaux exemptes de salure. Ainst les unes se plaisent dans les terrains salés, à cause du sable qui les couvre ordinairement; alors, c’est plutôt la nature du sol qui les y attire que toute autre circonstance , tandis que les autres ne s’y trouvent qu’à raison du sel dont le sol ou les eaux sont imprégnés. Mais lorsque le degre de salure augmente trop considérablement , les plantes ou les animaux finissent par périr à un degré déterminé pour chacun d'eux. Ce terme n’est pas ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 même lrès-éloigné; car il n’est aucun animal, ni peut-êlre aûcune plante, qui résiste à une salure de &. Pour rendre cette question moins compliquée ; examinons d'abord l'influence des terrains salés sur les plantes, et voyons jusqu’à quel point celles reconnues comme maritimes ou comme marines, peuvent s'éloigner de ces sortes de terrains. Nous devons d'autant plus commencer notre examen par ces plantes maritimes et marines, que déjà M. Decandolle nous a fait part de ses propres observations, dans un Rapport très-intéressant sur un voyage botanique qu'il a exécuté dans les départemens de FOuest (1). Considérées par rapport à la nature du sol sur lequel elles vivent, les plantes peuvent être distinguées en maritimes et en marines. Les premières vivent aux bords de l’eau salée, tandis que les secondes ne peuvent croitre que dans l'eau salée elle- même. Les plantes maritimes vivent aux bords de l’eau salée par plusieurs causes , ou seulement en raison d’une de celles que nous allons désigner. Les unes y végètent à cause du sable qui s’y trouve, les autres, parce qu'elles ont leurs racines dans le terrain salé; enfin , les dernières peuvent se contenter de la petite quantité de sel qui leur arrive par l'atmosphère. Un certain nombre de plantes qui ne prospèrent que lorsqu'elles ont leurs racines dans le terrain salé , peuvent cependant continuer’ à vé- géter avec vigueur, en ne recevant d'autre sel que celui qui est fourni par l’atmosphère. De ce nombre est principalement le Polypodium marinum et certaines espèces de Lichens (2). D'après cette différence que l’on observe dans les plantes qui vivent aux bords de la mer, on voit que surtont pour celles qui ne s’y trouvent que par rapport au sable, il est fort dif- ficile de déterminer quelles sont vraiment les plantes maritimes. Cette distinction présente d’autant plus de difhcultés, qu'il en est une foule qui vivent également aux bords de la mer, et dans l’intérieur des terres. On ne peut pas en citer d’exemple plus frappant , que le Chiendent (Panicum dactylon) et V'Eryn- gtum campestre. Ces deux plantes se trouvent presque partout en France, et sont extrêmement abondantes sur les bords de la mer, Celles-ci rentrent évidemment dans la division de celles (1) Mémoires de la Société d'Agriculture du département de la Seine, t. X. (2) Le Physcia fastigiata et l Endocarpum complicatum de M. Decandolle (Flore françoise) croissent habituellement sur les rochers des bords de la mer. 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que nous avons dit n’exister au bord de la mer qu'a cause du sable qui s’y trouve. Ge qui prouve que plusieurs: causes peuvent permettre aux plantes maritimes de s’écarter des terrains salés, c’est qu'on voit les plantes essentiellement maritimes, s'éloigner de la mer à de fort grandes distances ; à lavérité, ce cas est beaucoup plus rare. On;peut cependant en citer des exemples nombreux. Ainsi, le Lagurus ovalus, ét le Salsola tragus se trouvent jusqu’à Lyon. Cette dernière s’est d'abordrencontrée à Lyon même près d'Enée, et des différens magasins de sel qui y sont en grand nombre. Ce qui est assez singulier, c’est qu'il ne croit plus guère mainte- nant que dans la verrerie de Pierre-Bénite. On pourroit se de- mander, si c'est réellement la présence de la potasse et de la soude qui y favoriseroit la végétation de cette plante. Il seroit fort curieux, pour $’en assurer, de lessiver les terrains où le Salsola tragus croît aujourd'hui, et de voir si lorsque ces deux alcalis y seroient épuisés, cette plante y prospéreroit encore. Du reste, nous m’avons pas une ‘grande confiance dans cette manière d'expliquer ce fait, quoique nous ayons vu cette opinion très-répandue dans Lyon; d'abord, parce que le Salsola tragus remonte également très-haut sur les bords de la Durance, où il n'y a point de magasin de sel; et en second lieu, parce que l'on peut faire croitre toutes les plantes maritimes dans des ter- rains où il n’exisle qu’une fort petite quantité de potasse et de soude. Le Scirpus holoschænus s'est.également montré à Vevay en Suisse, tout comme le Pin marilime entre Bergerac et Péri- gueux, et l’'Æphedra distachia à Cavaillon près d'Avignon. Le T'amarix gallica se trouve à une bien grande distance de la mer, puisqu'on le voit à Trèbes, près de Carcassonne; et enfin le Cochlearia officinalis croît et prospère sur la montagne de Neou- vielle dans les Hautes-Pyrénées, à vingt myriamètres directs de la mer, et à environ seize cents mètres au-dessus de son ni- Veau, ainsi que l'observe M. Decandoile dans le Mémoire que NOus avons déjà cité. Il nous seroit facile de rapporter d'autres Observations de ce genre, et par exemple, de faire mention du lantago gramines et de l'Atriplex rosea qu'on trouve près de Clermont en Auvergne, ainsi que de l’Euphorbia gramines et Chamæsice qui viennent aux portes de Lyon. On pourroit peut- être remarquer au sujet du premier fait, que la plupart des laves de l'Auvergne contiennent de l'acide muriatique. Pour fa- ciliter l'explication du second, quelques botanistes de Lyon ont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 59 pense que les graines des plantes maritimes qui se trouvent près de cette ville, y ont été apportées par les trains de sel. ‘Mai comme ces sortes de plantes se rencontrent , non pas seulement à Lyon, mais dans une infinité de lieux où jamais il n’est venu de train de sel, comme à Neouville dans les Pyrénées où croît le Cochlearia officinalis, cette opinion me paroïit peu -admis- sible, d'autant qu’elle n’explique nullement comment ces plantes ont pu prospérer dans les lieux où on les trouve maintenant. Il est au contraire tout naturel de rencontrer dans les terrains salés, ou dans les lieux où il y a une grande masse d’eau salée en évaporation ; les plantes qui croissent aux bords de la mer, puisqu'il y existe les élémens nécessaires à la végétation de ces plantes. C’est ainsi qu’on trouve le Poa salina dans presque toutes les salines de la France, et que le Salicornia herbacea et V'Aster trifolium croïissent avec vigueur dans les marais salés qui existent entre Yeuse et Moyenvic. De même, il n’est pas étonnant de voir des plantes maritimes dans des terrains peu salés, mais qui autrefois l’ont probablement été davantage, ces plantes ayant pu s’accoutumer par degré au changement de la nature du sol; c’est ainsi que dans le lieu dit les Salins aupres de Clermont, on trouve le Poa salina, V Atiplex hastata ei le Glaux maritima, ayec quelques autres plantes maritimes. à Quant aux plantes marines proprement dites, nous remar- querons que nous n'avons fait d'observations que sur celles de la Méditerranée, car il faut bien remarquer que toutes celles qui vivent dans l'Océan, où il y a flux et reflux, sont tout-à-fait différentes des nôtres. Ainsi, les Fudus vesiculosus, serratus que l'on avoit cru communs aux deux mers, n'existent que dans l'Océan et point dans la Méditerranée, ainsi que l’a fait remarquer M. De- candolle. De même, on a indiqué certaines plantes comme ma- rines , et qui,ne le sont nullement, telle est, par exemple, le Nayas marina. Enfin, il est un certain nombre de plantes ma- rines qui vivent dans des étangs moins salés que la mer, et qui, par conséquent, prospèrent dans des éaux dont la salure peut souvent être très-foible. Le Rüpia maritima , Ve Zanichellià palustris, certaines espèces de Chara et de Ceramium sont de ce nombre. Lorsque par une suite de l’évaporation qui a lieu dans l'été, ces étangs deviennent plus salés, alors ces plantes finissent par périr à un degré déterminé pour chacune d'elles, tout comme les animaux. Nous remarqueréns enfin, que les Algues se trouvent uuiquement dans le bassin des mers près dés côtes, et que lorsqu'on s'éloigne des côtes, elles disparoissent pèu’à äo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE peu et sont remplacées par diverses espèces de Litophytes et de Cératophytes, qui, outre le besoin de l’eau salée, exigent paÿytes, qui, e LE 16€, EXIS encore une grande profondeur dans le liquide salé. Ce que l’on observe pour les plantes et les Zoophytes, a lieu également pour les animaux, surtout pour les poissons, dont certaines É oe exigent , non-seulement dans les eaux un cer- tain degré de salure, mais encore une grande masse de liquide, quittant peu les profondeurs des mers. Quant aux plantes ma- rines, elles cessent dans toutes les profondeurs qui dépassent trente ou quarante brasses. D'après ce que nous venons d'observer, il s’ensuit que cer- taines plantes marines peuvent, dans de certaines circonstances, s'éloigner des lieux et des eaux salées; quant aux plantes pro- prement marines, elles ne s’écartent guère des bords de la mer. Leur éloignement , quelque peu considérable qu'il soit, tient toujours à ce que les courans salent plutôt le lieu où on les voit que ceux qui les avoisinent. Du reste, les plantes marines propres à la Méditerranée, ne s'étendent jamais au-delà d'un quart de lieue dans d’autres eaux que celles de la mer; ces eaux sont toujours assez salées pour ne pas être potables, et l'aréomètre n'y marque guère moins de 1,50 à 2. Cependant lorsque par diverses circonstances leur salure s’afloiblit trop, toutes ces plantes finissent peu à peu par périr. Nous terminerons ces remarques par une observation qui n’a rapport qu'aux plantes marines propres à la Méditerranée. Les côtes qui avoisinent celte mer sont peut-être plus difficiles à observer que toutes les autres, à raison des étangs saumâtres qui s’y trouvent en si grand nombre. Ces étangs communiquant souvent avec l’intérieur des terres par des bas-fonds, salent des espaces de terrain plus ou moins étendus, au point qu’on voit quelquefois assez loin des côtes, un certain nombre de plantes marines. Ces plantes pourroient fort bien tromper un obser- valeur inattentif, si l’aréomètre et le goùt de ces terrains et des eaux qui les recouvrent, ne l’averüssoient de leur nature. Le fond vaseux des étangs a toujours une grande influence sur la vigueur des plantes marines qui y croissent, en leur four- nissant un appui plus solide que le fond sablonneux des mers; il ne contribue pas peu à prolonger leur existence à mesure que la salure des eaux diminue. I] nous paroïit même que ce sol exerce une certaine influence sur les animaux marins; c’est ce que nous ferons bientôt remarquer. Les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4 Les observations que nous avons faites jusqu’à présent, sur les plantes marines et maritimes, peuvent s'appliquer également aux animaux marins, et principalement aux Mollusques. D'abord en observant avec soin les Mollusques qui habitent les terrains salés, ou pour être plus exact, les côtes de la Méditerranée, on voit, 1°. que les uns vivent indifféremment et sur les côtes et dans l’intérieur des terres; 2°. que les autres n’abandonnent presque jamais, ou du moins s’écartent fort peu des terrains salés; 3°. que certains vivent indifféremment dans les eaux de la Méditerranée et dans les eaux saumätres; 4°. enfin qu'il en est un certain nombre qui paroissent ne jamais abandonner le bassin des mers, ou du moins remontent à si peu de distance dans les rivières qui y affluent, que l’on voit qu'ils ne s'y trouvent que parce que les courans marins arrivent plutôt dans cette partie qu'ailleurs. Examinons maintenant en particulier, chacune des espèces qui appartiennent à ces quatre genres d'habitation dont nous venons de parler. Un grand nombre de Mollusques bien évi- demment propres aux terrains non salés, se trouvent cependant dans les terrains salés; de ce nombre sont les Æelix aspersa, cespitum , vermiculata, rhodostoma, variabilis, striata, ainsi que les Bulimus acutus et ventricosus. I ne faut pas croire que ces espèces y vivent accidentellement, car plusieurs d'entre elles y existent dans un nombre immense, surtout l’Æelix variabilis, rhodostoma et aspersa; aussi trouve-t-on les dépouilles de ces espèces mélées confusément avec les coquilles les plus évidem- ment marines, comme les J’énus , les Solen et les Mactra, etc. Ces faits pourront peut-être servir à expliquer la formation de ces brèches d’eau douce, qui existent dans différentes parties du globe sur le bord même de la mer, et dans lesquelles on trouve des coquilles terrestres souvent en très-grande abondance. Les brèches de Nice paroissent celles qui en contiennent le plus; du moins dans cette localité observe-t-on un grand nombre d'espèces différentes. Ces coquilles y sont pour la plupart ag- glomérées avec divers ossemens, et ont conservé presque toutes la nature intacte de leur test; elles sont même si peu altérées, qu’elles offrent encore toute la partie animale. Il n’en est pas de même de celles que l’on observe fossiles dans les brèches osseuses de Sète, de Gibraltar, de Corse et de Dalmatie, et presque toujours ces coquilles y sont à l’état pierreux. Ce qui prouve que le mélange intime des fossiles d’eau douce et de la mer P'radque pas que les êtres auxquels ces dépouilles Tome LXXXVII. JUILLET an 1818. F 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ont appartenu, ont vécu dans un seul et même liquide, c’est ce qui se passe encore sous nos yeux sur les côtes de la Médi- terranée, et principalement dans les environs de Nice (1). La mer y agissant sans cesse sur un calcaire marneux à Gryphytes et à Nautilites, qui lui sert de barrière, détache continuelle- ment du rocher ces pétrifications. Une fois qu’elle les a détachées elle les arrondit et les méle avec les coquilles marines actuel- lement vivantes , et les mollusques terrestres qui y sont entraînés par les eaux pluviales et le courant des fleuves. Ce mélange d'une nature si particulière, se dépose avec le sable, les galets et l'argile du rivage dans les creux que présentent les couches anciennes, et forme de nouveaux dépôts qui seront peut-être, pour les races futures, des sujets énigmatiques de méditation. Je le demande à ceux qui prétendent que les Planorbes et les Lymnées ont vécu autrefois dans le méme liquide que les Huiîtres et les Moules, s'ils ont jamais rien observé de plus concluant en faveur de leur opinion, que le seroit ce mélange , si on ne le voyoit s'opérer sous nos yeux, et qu'on püt avoir le moindre doute sur la manière dont il se forme. Nous verrons encore combien de faits s'opposent à ce qu’il en ait été ainsi; et pour admettre celte hypothèse, il faudroit supposer que les lois de la nature vivante éloient jadis totalement opposées à celles qu'on leur reconnoit maintenant. Quant aux Mollusques à coquilles qui n’abandonnent presque jamais les bords des côtes, ou les terrains maritimes, nous n’en Connoissons pas un grand nombre ; l'Jelix albella est peut-être la seule espèce que nous puissions en citer. Il n’en est pas de même des Mollusques qui vivent dans les eaux sau- mâlres. Les uns, ne paroissant jamais dans la mer, ont été crus totalement propres aux eaux douces. Les autres, vivant éga- lement dans les eaux saumätres, quelquefois d’un degré de sa- lure extrêmement foible et dans la mer, ont été au contraire regardés comme entièrement marins. Parmi les premiers, on peut comprendre les Paludines de Maguelonne , que Draparnaud a décrites sous le nom de Cyclostoma acutum et V Auricula myo- sotis (2). Le Cyclostoma truncatulum pourrait fort bien être dans ce cas, Car je ne suis pas éloigné de penser qu'il vit également dans la mer. On ne peut pas eependant regarder lout-à-fait (1) Journal de Physique, tome LXXVIT, septembre 1813. (2) Histoire des Mollusques de la France, pag. 40, pk 1 fig. 25. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 comme une preuve de ce fait, la présence de celte coquille au milieu des Corallines de Corse, présence observée par MM. Syon- net et Faure Biguet (1), puisqu'il est si ordinaire de trouver des coquilles d’eau douce mélées confusément avec les Corallines, les Ulves et les Fucus. Ainsi ce genre de preuve ne peut avoir aucune sorle de certitude. Les Mollusques qui vivent également dans la mer et les eaux saumâtres quelquefois peu salées, sont en grand nombre. L’es- pèce la plus commune et celle qui périt le plus tard à mesure que la salwre des eaux diminue, est le Cardium glaucum. Les Tellina planata et solida peuvent encore être comprises avec celle-ci; mais ce qui est bien plus remarquable, c’est de voir à une certaine distance de la mer, plus de 3 kilomètres et dans des étangs dont le degré de salure étoit à moins de 2°, des Vénus, par exemple le decussata de Linné, ainsi qu’une espèce voisine du Vénus gatan d'Adanson et l'Ostrea edulis de la Mé- diterranée. Ces coquilles se trouvent dans le lieu dont nous parlons, dans une telle abondance , qu’on les ramasse pour les manger. Tous ces mollusques y sont mélangés avec des Tellines, et au milieu de toutes ces espèces, vivoient des Oscabrions, des Aclinies et des Astéries. Les premiers de ces animaux, bien cerlainement marins, comme tous les Radiaires, pourroient-ils s’accoutumer peu à peu à vivre dans des eaux légèrement sau- mätres ? c'est ce que je n’oserai assurer. Du reste, ces différentes espèces n’ont point péri l'hiver dans les lieux où je les ai ob- servées , quoique d’un autre côté la salure des eaux où ils vi- voient füt beaucoup diminuée à cette époque. Il faut cependant observer qu'il est probable que si l’on voit certains Mollusques marins ne jamais abandonner le sein des mers, cela peut tenir à deux causes indépendantes de la salure des eaux, c'est-à-dire a une grande masse d'eau qui leur est nécessaire , ou bien au fond sablonneux qui convient à leurs habitudes. Ceux, au con- traire, qui n'ont pàs besoin pour exister d'une grande masse d’eau, ni d’un sol sablonneux , mais qui préfèrent un fond va seux, s'éloignent plus facilement du bassin des mers pour re- monter dans les rivières, ou plutôt pour vivre dans des mares plus ou moins saumätres. Probablement aussi ces diverses es- pèces de Mollusques périssent toutes à des degrés différens dans Ja diminution de la salure des eaux; mais pour décider ce point {1) Journal de Physique, tome LXXII, pag. 42. 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE important, mais délicat, nous avons besoin encore d'un plus grand nombre d'observations. Nous avons déjà fait remarquer qu’il existoit un certain nombre de Mollusques à coquilles , qui paroïssoient ne jamais abandonner le bassin des mers; de ce nombre sont certainement ceux qui ont besoin d’un grand volume d’eau pour vivre, et toutes les coquilles pélasgiennes sont dans celte cathégorie. Mais il en est une foule d’autres qui, quoique vivant aux bords des côtes, et se tenant constamment près du rivage, s’éloigient cependant fort peu du bassin des mers; tels sont pamexemplefdans la Mé- diterranée, les Solens comme V’agina, Ensis,.Gladius, Siliqua, Strigilatus, le Cerithium asperum de Bruguières, Mactra stul- torum, avec diverses espèces d’Arca. Certaines espèces qui s’é- loignent peu des mers, et qui périssent même dès que la salure des eaux diminue d’une manière sensible, s’en trouvent quel- quefois écartées, mais ceci n’est qu’accidentel. Les Moules sont dans ce cas avec les Lepas, et l’on peut ètre presqu’assuré de trouver toujours ces Mollusques sur les rochers mouillés par des eaux salées en communication directe avec la mer. Cet éloi- gnement de la mer est toujours fort peu considérable. Les Moules m'ont paru en effet n'être jamais à plus d’un quart de lieue de la mer , et celles que j'en aï vues les plus écartées , sont celles que l’on voit sur la jetée pratiquée à l'embouchure de l'Hérault auprès de la ville d'Agde. Du reste, ainsi que nous l’avons déjà observé , il n’est pas rare de trouver à côté de ces Moules, des coquilles d'eau douce, soit qu’elles aient été transportées dans le bassin des mers par les fleuves, soit qu’elles aient été amenées de la côte même dans un moment de grand afflux de mer qui les rejette ensuite sur le rivage. Les faits que nous venons de rapporter semblent prouver qu'il est une foule de degrés ou, si l'on veut, de circonstances qui modifient le besoin d'eau salée qu'exigent certains Mollus- ques aujourd'hui existans et regardés comme marins. Ces faits prouvent encore que la question de savoir si telle ou telle espèce est marine Ou d'eau douce, n'est pas aussi simple qu’on le croit généralement , et que mème par l'observation directe , il est des cas où il est bien difficile de prononcer avec une complète certitude. S'il est des espèces que l’on doit regarder comme marines, et qui s’éloignent cependant des eaux ou des terrains salés, celles reconnues comme d’eau douce peuvent- elles également se rapprocher des lieux ou des eaux salés? Nous avons vu qu’on rencontroit cerlains Mollusques ter- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 restres dans les terrains salés; mais je ne connois aucun exemple de Mollusque vivant ordinairement dans l’eau douce , et qui se trouve également dans une eau salée à un certain degré. A la vérité, ceux qui vivent dans des eaux saumätres, peuvent être regardés comme intermédiaires entre les Mollusques vraiment marins et les Mollusques d’eau douce. D’après ces faits, on Pourroit se demander comment il est possible de trouver. dans des couches pierreuses, des coquilles marines et d’eau douce mélangées confusément ensemble , en n’admetlant pas qu’elles s’y rencontrent parce que les lieux où on les voit étoient l'em- bouchure des fleuves; ou le point de contact des deux sortes de terrain. A cela, on peutrrépondre que les côtes de la Mé- diterranée (je ne sais s’il en est de même de celles de l'Océan) rendent assez bien raison de ce fait. Si les côtes de la. Médi- terranée qui sont au-dessus du Rhône (il en est probablement ainsi sur les côtes qui recoivent d’autres fleuves), venoient à se consolider et passer à l’état de couches pierreuses, on y trou- veroit, jointes et mélangées en bancs réguliers, qui n’indique- roient nullement des alluvions , un grand nombre de coquilles tout-à-fait marines avec d’autres d’eau douce ou terrestres. Il se pourroit que les coquilles que l’on trouve dans les brèches osseuses des côtes de la Méditerranée, eussent été refoulées dans les lieux où on les observe aujourd'hui, par une élévation mo- mentanée du niveau de cette mer. M. Rüllot , qui a observé avec beaucoup de soin la formation des brèches osseuses des environs de Nice, semble assez porté à adopter cette hypothèse. Mais ce ui pourroit paroilre encore plus singulier, ce seroit de trouver die côté des coquilles marines analogues à celles qui vivoient dans la mer voisine, tandis que certaines espèces. d’eau douce ne paroitroient point avoir leurs représentans dans les lieux où on les verroit à l'état fossile , mais seulement à une assez grande distance. C’est ainsi que dans un espace de plus de trente lieues, nous avons observé sur les côtes de la Méditerranée, les Pupa secale , bords ventricosa , dolium , doliolum, avec les Helix nemoralis, strigella, rolundata el fruticum, espèces qui vivent toutes dans des régions plus froides, et quelques-unes même seulement dans les Alpes. Ces coquilles entraînées de la Durance dans le Rhône, sont charriées jusque dans la mer, qui les re- jette ensuite sur le rivage. Elles y arrivent souvent très-intactes et sans avoir perdu leur couleur. En les rejetant sur le rivage, les ondes les mélent confu- sément avec les Solens, les Cérites, les Moules et les Cardium , ainsi qu'avec divers Mollusques d’eau douce qu'on trouve à peu 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de distance de nos côtes , tels, par exemple, que les Pupa po- lyodon , tridens , Succinea amphibia , Lymneus palustris et Pla- norbis comeus. Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que ce fait indique fort bien, comment il est possible que les Ambrettes et les Zymnees se voient quelquefois réunis à - l’état fossile, dans la même couche pierreuse , avec les Moules, les Gérites et les Vénus. Aussi MM. Cuvier et Brongniart n’ont-ils pas caractérisé les terrains d’eau douce uniquement par la pré- sence de quelques coquilles d’eau douce , mais bien par la grande prépondérance de ces productions. Nous le répétons encore, on n’a jamais observé au milieu de la formation d’eau douce, des coquilles marines, mais seulemént des coquilles d’eau douce au milieu des formations marines, ce qui s'accorde parfaitement avec les’ faits que nous venons de rapporter. Ce que nous avons dit des Mollusques, peut également s’ap- pliquer aux poissons, avec cette différence cependant, que cer- taines espèces marines remontent très-loin dans les rivières et même quelques-unes à des époques réglées. L'exemple que nous fournissent les Saumons, les Esturgeons, les Muges et les Harengs, sont trop fameux et trop connus, pour qu'il soit né- céssaire de faire autre chose que de les rappeler ici. M. de Hum- boldt en a également observé un grand nombre remonter très- avant dans les fleuves d'Amérique. Il ne paroït pas cependant que les poissons d’eau douce s’avancent beaucoup dans les ri- vières exposées aux Courans des mers ; en eflet, la plupart pé- rissent lorsqu'on les met dans des eaux saumätres. Ceux qui vivent alternativement dans l’eau douce et l’eau salée sont, pour ainsi dire, intermédiaires entre les poissons marins et ceux d’eau douce. Les mêmes accidens pourroient donc faire rencontrer dans les mêmes formations, des poissons appartenant à ces deux genres d'habitation ; mais ceci ne peut-être que beaucoup plus rare; on en a une preuve dans les diverses formations où l’on a trouvé des poissons fossiles. Il faut pourtant l'avouer, il est très-difficile de s'assurer de ce dernier fait, d’abord parce qu'il est peu de genres de poissons où il n’y ait des espèces marines et des espèces d’eau douce, et enfin parce tous les poissons fossiles trouvés jusqu'ici, paroissent généralement dif- férer par leurs caractères spécifiques , de ceux qui vivent encore aujourd’hui. Mais pour ne pas toujours généraliser dans une question du genre de celle qui nous occupe, citons quelques faits parti- culiers à l'appui de tout ce que nous avons déjà dit. (La suite au Cahier prochain.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47 NOTE ADDITIONNELLE AU MÉMOIRE SUR LE POULPE DE L'ARGONAUE ; Par H. DE BLAINVILLE. Dgpuis la rédaction de mon Mémoire sur le Poulpe de l’Ar- gonaute, dans lequel, comme on a pu le voir, j'ai cherché à démontrer que cet animal est véritablement parasite dans la co- quille où on le trouve, M. John Cranch, zoologiste de la mal- heureuse expédition anglaise du Congo , a levé tous les doutes qui pouvaient resler à ce sujet, par la découverte d’une nou- velle espèce de Poulpe parasite, dans une coquille du même genre. Mon ami, M. le Dr Leach, s’étayant , avec jusle raison, de l'opinion de l'honorable sir Jos. Banks, noble patron des sciences naturelles en Angleterre, a publié un. Mémoire sur le même sujet, dans les Z'ransactions Plulosophiques pour 1817, dans lequel il adopte la même manière de voir que moi et telle que je la lui avois communiquée dans une de mes Leltres ; dans son dernier voyage à Paris, il a eu la complaisance de confier à mes observations un individu recueilli par M. Cranch. Pour compléter mon Mémoire, je vais d’abord rapporter ce que nous devons à ce zélé voyageur, ensuite je donnerai une description détaillée de lindividu que j'ai dessiné et décrit avec soin. Voyez Cah. de juin, fig. 2A et B. Dans le golfe de Guinée on prit, au moyen d'un petit filet qui étoit toujours suspendu aux côtés du vaisseau , plusieurs individus d’une espèce de Poulpe qui nageoiïent dans une petite coquille d’Argonaulte à la surface de la mer. Le 13 juin, M, Cranch en placa deux individus bien vivans dans un vase rempli d’eau de mer; les animaux sortirent très-promptlement leurs bras, et se mirent à nager au-dessus etau-dessous de lasumface , absolument avec tous les mouvemens des Poulpes communs dans nos mers; par le moyen de leurs suçoirs ils s’attachoïent fortement à tout corps avec lequel ils pouvoient se trouver en contact; et lors- qu’ils adhéroient aux parois du vase, la coquille pouvoit être très-aisément abandonnée par les animaux. Ils avoient la faculté de se retirer entièrement dans leur coquille j'ainsi que de l’aban- donner entièrement. Un des individus mis en expérience quitta sa coquille et vécut ainsi plusieurs heures nageant autour el sans 48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE montrer la moindre inclinatiôn pour y rentrer; d’autres l'avoient abandonnée dans le moment où ils furent pris dans le filet. Du reste, ces animaux changeoïent de couleur, comme les autres espèces de Brachioceéphalés, c'est-à-dire de Sèches et de Poulpes (1). M. le Dr Leach ajoute ensuite à celte note extraile des manus- crits de M. Cranch, quelques observations sur cetteespèce de Poulpe qu'il regarde avec raison comme parfaitement distincte de toutes celles jusqu'ici connues; il la place dans le genre Ocythoë établi par M. Rafinesque, pour une espèce de Poulpe nu; mais ce zoologiste n’a eu aucunement l’idée de rapprocher du Poulpe, habitant de l’Argonaute, son Ocythoë, comme on pourroit le croire, d’après plusieurs passages du Mémoire de M. le D: Leach, et entre autres , de celui où il dit : « Sir Joseph Banks et quel- ques autres naturalistes ont toujours pensé que le Poulpe que l'on trouve dans la coquille de l’Argonaute , en est un habitant parasite ; et M. Rafinesque , que sa situation sur les bords de la Méditerranée a mis dans la plus favorable position pour étudier cet animal et pour observer ses habitudes , l’a regardé comme devant former un genre nouveau, voisin des véritables Poulpes d’Aristote#et demeurant parasitement dans une coquille. » Le fait est que M. Rafinesque, en établissant son genre Ocythoë, dans son petit ouvrage intitulé : Précis des Découvertes et des travaux somiologiques ou zoologiques et botaniques de CG. S. Ra- finesque, Palerme, 1814, ne parle en aucune manière de l’Ar- gonaute (2); mais en consultant cet ouvrage , mon Mémoire (:) C'est réellement une chose fort remarquable, et dont jusqu'ici l’on n’a pas encore essayé d'explication, que ce changement, sinon de couleur de ces espèces d'animaux, du moins de la variation continuelle dans la grandeur, la forme et l'intensité des taches de couleur purpurine, qui ornent la peau et surtout celle du dos de ces animaux ; ces taches sont continuellement en mou- vement, décroissant peu à peu jusqu'à disparoître presque entièrement, et re- naissant ensuite jusqu'à cesqu'elles aient atteint leur plus grand diamètre. On voit évidemment, à ce qu'il m'a semblé, que cela tient à un fluide coloré répandu dans des aréoles; maïs est-il en rapport avec celui qui circule dans les vaisseaux de l'animal? Cela n'est pas probable, puisque celui-ci n’est pas coloré en rouge. (R.) (2) Voici ce qu'il dit: G. Oythoë, huit anténopes (tentacules ); les deux supérieurs ailés intérieurement, à suçoirs intérieurs pédonculés, réunis par l'aile latérale, aucune membrane à la base des anténopes. O. tuberculata : ventre tuberculeux, dos lisse, anténopes de la longueur du corps, carénés extérieurement, à deux rangs de suçoirs, hwt suçoirs autour de ia bouche, , etant ET D'HISTOIRE NATURELLE. 49 étant déjà presque terminé, je crus reconnoitre que l'animal dont parle M. Rafinesque, formoit son genre Ocythoë, avoit beau- coup de rapports avec le Poulpe trouvé communément dans l’'Argonaute, et j'en conclus, comme on a pu le voir dans mon Mémoire, que puisque M. Rafinesque ne parloit en aucune ma- nière de coquille, il falloit que ce Poulpe, ou du moins une espèce fort voisine, n’en füùt pas toujours pourvu; ce qui me fournit un des argumens les plus forts que j'aie employés pour le soutien de mou opinion. Et comme en réponse à ma demande de renseignemens que m'avoit faite le D" Leach à ce sujet, je lui _exposai les raisons ‘qui me ramenoient à l'opinion que jai émise, et par conséquent la découverte d’un Poulpe nu à ten- tacules supérieurs palmés, faite par M. Rafinesque , el établie en un genre particulier, mon ami aura pu être induit en er- reur, et croire que c’étoit M. Rafinesque qui avoit eu le pre- mier l'idée de rapprocher son Ocythoë du Poulpe de l'Argonaute. Mais passons à la description de cette nouvelle espèce de Poulpe ou d'Ocythoë, que M. Leach a dédiée à M. Cranch sous le nom d’Ocythoë de Cranch; elle est représentée dans la planche du mois de juin, fig. 2, À et B, au double de sa grandeur uaturelle. Son corps a en effet à peu près un pouce de long, et deux environ en mesurant de l'extrémité du sac jusqu'à celle des tentacules les plus longs. La forme générale est évi- demment celle du Poulpe ordinaire, avec cette différence prin- cipale, et qui paroit se trouver dans toutes les espèces d'Ocy- thoë, que le corps est proportionnellement plus long que dans les Poulpes véritables, chez lesquels en effet, les tentacules sont cinq ou six fois plus longs que lui, au lieu qu'ici ils le sont à peine deux fois. Le corps proprement dit est presque globuleux, comme gibbeux , très-oblus ou arrondi à son extré- milé postérieure, et enveloppé par un sac épais , très-musculeux évidemment parsemé en dessus de très-petites taches de couleur pourpre et changeante. Ce sac est parfaitement symétrique, ainsi que toutes les autres parties du corps, les membranes des ten- tacules supérieurs exceptées, largement ouvert latéralement et en dessous ; il n’est adhérent qu’à la partie supérieure du cou. De chaque côté et un peu en dedans, on voit, comme dans tous les autres Brachiocéphalés, une petite excavation qui recoit un tubercule correspondant des parties latérales du corps. La ca- vilé branchiale est extrémement grande comme dans tous les Poulpes, et les branchies sont comme dans ces animaux. Le tube excrémentitiel, ou canal commun communiquant avec la Tome LXXXVII, JUILLET an 1818. G 50 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE cavité respiraloire, est très-considérable et dépasse beaucoup les yeux, de manière à s'étendre jusqu’au-dessous de la bouche, ce qui existe à peu près de même dans le Poulpe de l'Argo- naule conservé au Jardin du Roi; il est entièrement adhérent au-dessous de la tête également comme dans celte espèce; mais une observation faite par*M. Leach, et que je n’ai pas eu l'oc- casion de vérifier, c’est que dans le fond de ce tube, sont quatre taches oblongues, deux inférieures et latérales, et deux supé- rieures plus grandes, assez semblables à des organes propres à une sécrétion de mucus. La tète moins distincte peut-être que dans les véritables Poulpes, est pourvue latéralement d’yeux extrè- mement grands. Les tentacules dont elle est armée antérieu- rement, sont lrès-épais, la paire supérieure un peu plus que les autres, qui diminuent un peu de É supérieure à l'inferieure ; ils sont eu général assez courts, encore plus que dans le Poulpe de lArgonaute du Jardin du Roi, puisqu'ils sont assez loin d'égaler deux fois la longueur du corps, et parfaitement séparés jus- qu'à leur origine; tous sont armés dans toute la longueur de leur face interne, qui est presque tout-à-fait plate, de suçoirs nom- breux, serrés , alternés, peut-être un peu pédonculés, mais évi- demment moins que dans l'espèce du Muséum; ils sont éga- lement serrés jusqu’à la circonférence de la bouche; mais peut-être dans l’état frais, le premier de chaque rangée est-il un peu séparé comme dans l'espèce que je viens de citer. Les teuta- cules supérieurs un peu plus longs et plus forts que les autres, comme il a été dit plus haut, sont retenus dans une sorte de flexion forcée au moyen d'une membrane évidemment chargée d'un très-crand nombre de très-petits plis à la face inférieure, ce qui la rend assez épaisse et comme spongieuse, el ce qui très-probablement est dù à la force de la liqueur conservatrice. Dans l'individu qui sert à ma description, la disposition de celte membrane n’est pas tout-à-fait semblable à droite et à gauche; en effet, à l’un des tentacules supérieurs, elle ne lui est adhé- rente que par sa parlie inférieure, comme l'a très-justement fait observer M. le D' Leach; il paroït même, d'apr s ce qu'il en dit, qu'elle est sujette à beaucoup de variations dans sa po- silion comme dans sa forme, el que souvent elle diffère même sur les deux côtés du même individu. Les ventouses qui ar- ment les deux tentacules ont absolument la même forme et la même disposilion que pour les autres, tandis que dans l’espèce dont j'ai donné la description dans mon Mémoire, ils m'ont semblé beaucoup moins nombreux et par conséquent plus espacés. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55 La couleur de cette petite espèce de Poulpe paroil avoir été assez vive, non-seulement sur le corps proprement dit, qui est orné d'un grand nombre de petites taches pourpres, mais en- core sur la tête, l’entonnoir, la face interne des tentacules , et même la membrane des supérieurs. Quant à son organisalion intérieure, je n'ai pu, non plus que M. le Dr Leach, trouver de différences notables avec ce qui a lieu dans les Poulpes ordinaires. La différence des sexes est la même. De tous les individus observés, dit M. Leach, il ne s'en est trouvé qu'un seul mäle, tous les autres étoient fe- melles, et avoient un paquet d'œufs qui occupoit le fond de la coquille qu’elles habitoïent. L'une d'elles qui , d’après le même observateur, avoit déposé tous ses œufs, éloil entièrement re- tirée dans sa coquille, el son corps offroit d’un côté toutes les impressions de la surface interne de celle-ci, et les suçoirs de tous les tentacules étoient diminués de grandeur, comme si cela provenoit de cette pression. L'individu que j'ai observé, n'offroit certainement aucune trace d’avoir été contenu dans une coquille. Quant à celle-ci, je ne l'ai pas vue, mais il paroït que tous les individus ont été trouvés dans la même espèce, etque c’est celle que M. Denys de Monfort a nommée l’Argonaute évasé Argonaute patula; j'ignore au juste de quelle manière l'animal étoit disposé dans cette coquille; M. Leach n’en dit rien, et la figure qu'on en a donnée dans la relation de l'expédition à la recherche de la source du Congo, sont si peu claires, qu'il est presque impossible de s’en servir pour rien déterminer à ce sujet; c’eùt cependant été un point important à éclaircir, ainsi que de savoir au juste si celte position est constamment la même. C’est ce que les Ébéervateurs subséquens devront étudier en même temps que le mode de natation de ces animaux, ainsi contenus dans une coquille qui ne leur appartient certainement pas, et qui me paroit toujours assez difficile à concevoir. Quant à la nature des œufs qu'il est assez singulier que l’on trouve dans un grand nombre de ces coquilles, contenant un Poulpe à tentaculessupérieurspalmés, nous avons vu que M. Denys de Monfort et quelques autres zoologistes, d’après lui, ont dit avoir reconnu que le petit animal qu'ils contenoient avoil déjà sa coquille, assertion que nous n’avons pu confirmer, et que l’analogie ne nous permettoit pas d'adopter. Tout doute à ce sujet nous paroît levé par les observations de sir Everard Home sur cette matière , publiées dans les Transactions Philosophiques Pour 1817, et qui sout faites sur des individus de la mème espèce G 2 52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de Poulpe, recueillis par Cranch. Ces œufs sont, dit-il, unis entre eux par des pédoncules, absolument comme ceux du Poulpe commun, Sepja octopus ,: Linn., et leur sont entière- ment semblables sous tous les rapports (1); ils diffèrent de ceux de la Janthine, Æelix Jantina, Linn., et des autres vers testacés qui vivent dans l’eau, parce qu'ils ne sont pas contenus dans des espèces de nids chambrés, et parce qu'ils ont au contraire un jaune considérable pour servir à la nourriture du jeune animal , lorsque l’œuf est éclos. Ainsi, suivant sir Everard Home, c'est encore un caractère qui sert à prouver que cet animal ne doit réellement pas avoir de coquille; et que si on le trouve dans celle de l’Argonaute, ce ne peut être qu’accidentellement; et, ajoute-t-il, si quelques personnes ignorantes en Anatomie com- parée, ont assuré avoir vu dans des œufs trouvés dans une co- quille d'Argonaute , une coquille semblable à celle-ci, elles auront pris le jaune de l’œuf pour une coquille. : T De la mesure de Peffort journalier d’un moteur animé; Par M. HACHETTE. Euger a donné, dans les Mémoires de l'Académie de S'aint- Pétersbourg, années 1760 et 1761 (pag. 245), une formule pour exprimer l'effort de l’eau sur l’aile d'une roue à aubes. Nom- mant » et w les vitesses de l’eau et de l'aile, L la hauteur gé= nératrice de la vitesse », a° la surface de l'aile, et faisant pour abréger a*h— A, on suppose que l’effort A’ de l’eau contre l'aile CE. 90 u\? . : est exprimée par ( — !) . Comparant ces vitesses # et x à celles d’un moteur animé qui marche librement, ou qui marche en faisant un effort capable de mettre une machine en mouvement, Euler considéra la quantité À comme l'effort maximum d’un mo- QG) Sans entrer ici dans des détails nécessairement déplacés sur la structure vraiment remarquable des œufs des Sèches, je dois rapporter une observation que j'ai eu l’occasion de faire plusieurs fois sur des groupes de ces œufs nommés raisin de mer sur les côtes de la Normandie, et qui donne un nouvel exemple d'animaux exécutant toutes leurs fonctions au sortir de l’œuf, c'est que si l’on en ouvre un au moment de sa maturité et dans l’eau, la jeune Sèche en sort en jetant son encre et en cherchant à s’échapper en tous sens, ayec autant de vitesse et de facilité que les plus grands individus. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 53 teur animé, ou comme le plus grand effort de ce moteur dans l'état de repos, c’est-à-dire quand 4 — 0, auquel cas la formule A'— A (: —*) donne A’— À. Elle donne encore A'— 0, quand u = v; ainsi elle est vérifiée pour les deux limites o et de la vitesse u. M. Schulze, dans un Mémoire de l'Académie de Berlin, année 1783, a fait voir que cette formule se vérifioit par rap- port à l'homme, pour des valeurs de 4 comprises entre les limites précédentes. J'ai recherché si elle se vérifieroit de même par rapport au cheval. Les expériences faites avec le dynamomètre , ont appris que l'effort maximum d’un cheval attelé, est moyennement de 400 kilogrammes. Sa vitesse par seconde, lorsqu'il marche libre- ment au pas, est de 1,66 mètre par seconde, de 3",3 au trot, et 5,3 au galop. Ainsi l’on a A— 400; v—1",66. Ayant recueilli plusieurs observations sur la vitesse du cheval attelé à un manége, je choisirai de préférence celle que j'ai faite rue Mouffetard, n° 80, à la brasserie dite du bon Pasteur. Là, trois chevaux sont attelés au même manége, et font mou- voir des pompes qui élèvent 155 muids d’eau à la hauteur de 132 pieds. La durée du travail journalier est de 4 à 5 heures, selon que les pistons sont en bon ou mauvais état, Cette action des trois chevaux équivaut à 1784 grandes unités dynamiques (un mètre cube d'eau élevé à un mètre); ce qui donne pour chaque cheval 595 unités. Le diamètre du manége est de 6 mètres, et ils font 13 lours en 5'; la vitesse par seconde est 0”,8. Ainsi l’on a 4— 0",8, ou 8 décimètres. Substituant ces va- leurs de A, » et w dans la formule, on trouve ; A'— 100", ce qui est le lirage ordinaire des chevaux. Je ne l'ai pas me- suré directement ; mais connoissant la vitesse, le tirage et le temps du travail journalier, 4 heures, par exemple, il est facile de voir que l'effet dynamique journalier, est environ 1185 unilés, qui est réduit à l'effet utile de 595. Cette nouvelle application de la formule d'Euler, semble prouver qu’elle peut servir à cal- culer l'effort journalier d’un moteur animé, quel qu'il soit, et que le résultat se rapprochera davantage de l'expérience que pour le mouvement de l’eau qui vient frapper les ailes d’une 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rouc à aubes, quoique la formule ail été faite pour celle espèce de mouvement. En effet, prenant A’ pour la pression de l’eau sur l'aile, l'effet dynamique seroit cette pression multipliée par la vitesse u, * °’ ee "7 » x , 7 ou Au( — 5) - Différenciant cette quantité et égalant à zéro ladif- ’ . . v Q Des férentielle, on auroit u=— 3: Or, on sait par expérience , que la vitesse correspondante au maximum d'effet a une valeur plus voi- . v FN ; 5 » . sine de ; que de 35 C'estpourquoi Borda avoit supposé que lapres sionsur l'aile de Jasurface 4°, étoit a?v(v—u); ce qui donne pour l'effet av (u9 — w); égalant à zéro la différentielle de cette quantité, y 0 . . On a u — =. Suivant Smeaton, la vitesse du maximum d'effet est à très-peu près les + de la vitesse de l’eau. Que cette vitesse soit la moitié ou les 2 de celle de l’eau, la vitesse que l’eau conserve après avoir frappé les ailes de la roue, est totalement perdue pour l'effet dynamique. 11 est donc bien important, si l’on veut écono- miser la force motrice, d’assimiler les roues à aubes aux roues à augets, par le procédé nouvellement introduit en France par M. Atkins. Ce procédé consiste à faire tourner les ailes dans une portion cylindrique d'un rayon très-peu différent de celui de la roue. Ce cylindre placé à la naissance du coursier, a pour arêtes, des droites parallèles à l'axe de la roue; il se termine au plan vertical passant par cet axe, et son arète supérieure est à la hau- teur du niveau de la source. Cet exemple, joint à beaucoup d'autres que nous avons sous les yeux, fait voir que dans l’état actuel de la science des Ma- chines, l'étude et l'invention des formes qu'il convient de donner aux diverses parties d’une Machine, contribuent essentiellement aux progrès de cette science. MEMOIRE Sur la propriété que le Fer acquiert dans certaines cir- constances, de colorer le verre en bleu et deremplacer ainsi le Cobalt; | Par M. C. PAJOT DESCHARMES , Jusqu’A présent on ne connoît que le Cobalt et ses diverses préparalions , comme propres à colorer en bleu sous diverses ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55 nuances inaltérables , les verres, les émaux, les porcelaines, faïences, poteries et aussi les empois qui servent aux äppréts des batistes, linons ou autres liuges fins. On n'’exploite pas en France des mines de Cobalt. M. le cointe de Beust, avant 1989, avoit commencé l'exploitation de ce métal, près Baguères de Luchon; mais différens motifs lui firent bientôt abandonner cette entreprise. Tout le Cobalt qui se trouve dans lé commerce, soit en métal, soit en safre, smalt et azur, se lire de l'étranger, et principalement de la Suède, de l'Autriche, de la Saxe et aussi de la Hollande (x); ces diverses substances sont chères; il seroit infiniment utile à ceux de nos arts auxquels elles sont indis- pensables, que l’on püt se procurer une matière propre à les suppléer à un prix modéré. Depuis long-temps c’est une chose connue, que le Fer est susceptible de recevoir la couleur bleue, et de la communiquer en outre à certaines substances ; mais les modifications que ce métal doit subir, influent beaucoup sur le résultat qui s'obtient par la voie sèche ou par celle humide. Je ne parlerai ici prin- cipalement que du premier moyen, comme Je seul qui im- porte et soit relatif à l’objet de mes recherches. J’avois, en maintes occasions, été à même de remarquer par suile de mes travaux concernant l’art de la verrerie, que le Fer pouvoit procurer aux divers corps avec lesquels il se trouvoit allié, tantôt la couleur rouge sanguine et tantôt celle bleue qui m'intéresse. Je savois que celle-ci étoit plus fréquente qu'on ne pourroit d’abord le croire, mais il étoit difiicile de reconnoitre dans quelles circonstances particulières cette dernière couleur étoit produite. Je voyois des morceaux de picadil (2) sortir de la fosse des fours de verrerie, alimentés en bois ,avec une couleur bleue plus ou moins intense, les laitiers des fourneaux de forges (3) recevoir aussi la même teinte, (1) La Hollande tire de la Saxe tout le smal£ qu'elle met dans le com- merce après lavoir raffiné; elle en prépare annuellement pour une valeur de plusieurs millions de francs. (2) Dans les verreries alimentées avec le bois, on donne le nom depicadil à du verre tombé des pots, des cannes et des autres instrumens dans le four , où il ne tarde pas à prendre une couleur plus ou moins olive ou noire à raison des cendres, des charbons et dufer des outils dont il se trouve entaché par suite de son mélange avec ces substances. . (6) Le laitier des hauts-fournaux est une espèce de verre terreux composé d'argile et de chaux, et coloré par le fer de la mine et le charbon. 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le verre des bouteilles à vin (1) se revêtir de la mème couleur, lorsqu'elles étloient exposées long-temps au feu; le même verre se colorer tantôt en rouge, tantôt en bleu, lorsque pour le convertir en porcelaine, dite de Réaumur, je V'enveloppois d’un cément particulier, c’est-à-dire de sulfate de chaux, quand je desirois obtenir la couleur bleue (2). J'observois que les glaces vues en pile, et du côté de leur tranche, présentoient des couleurs plus ou moins bleues ou d’un vert bleuätre; je trouvois parfois la surface de quelques-unes tachées tantôt de veines bleues , tantôt de veines vertes tirant sur le bleu. Je les voyois même entièrement teintes d’une nuance fortement azurée, lorsque dans certains essais je ne me servois pour fondant que de sulfate de soude (3); celles opales ayant pour fondant le sel de soude des îles Canaries, réfletoient aussi principalement la couleur bleue; les verres à vitre et ceux en table, lorsque le sel EE A PO CE mere (1) Le verre du fond des pots des verreries à bouteilles est aussi suscep- tible de se coloreren bleu, surtout quand les pots sont chambrés, c'est-à-dire quand la fente du pot par où le verre s’écouloit, a été bouchée ayec une masse ou pelotte d’argile composée et fraiche que l'on a appliquée contre. C’est dans le fond des pots que se précipitent les parties du fer non incorporées suffisamment avec la masse vitreuse dans laquelle elle se trouve quelque temps * suspendue. En général, le verre du fond des pots des verreries est plus bleu que celui du dessus. Cette différence est remarquable, surtout dans les gla- ceries et les verreries à vitre. (2) Le sable argileux ou l'argile seule, produit aussi les mêmes veines bleues qui, pour l'ordinaire , traversent toute l'épaisseur du vase, vis-à-vis le cément, lorsque ce verre n’a que quelques lignes d'épaisseur; ces accidens sont en outre subordonnés à l'intensité et à la durée de la chaleur. (5) Une de ces glaces bleues a été soumise à l'exposition publique de l'an VI (1796) ; elle étoit accompagnée d’une autre glace de couleur olive. Ces deux glaces colorées diversement par le fer, ont été transformées en deux plateaux electriques d'environ trois pieds et demi de diamètre. J'en fis don dans le temps à M. Gautherot, qui s’est beaucoup occupé d'en comparer la vertu avec celle d’un plateau de même dimension en verre de glace ordinaire, c'est-à- dire de couleur blanche et aérienne. Ces deux plateaux furent, par la suite, soumis au four de M. Billaux, à l'effet d'ajouter encore à l'énergie de leur électricité; il seroit important de savoir dans quelles mains ils ont passé depuis le décès du physicien qui les a eues le premier en possession. Ilssont curieux , et par la différence de leur propriété électrique, et par leur composition ; celle bleue est le résultat du sulfate de soude employé comme principal fon dant, et celle couleur olive provient du muriate de soude gris, ou autrement sel de gabelle, employé commeprincipal flux. La couleur opale obtenue dans les glaces ordinaires avec le sel de la soude des iles Canaries, tient à la méthode particulière usitée dans ces îles pour la préparation de cette marchandise. de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5y de soude formoit une des parties fondantes , retenoient une teinte bleue proportionnelle à la mixtion. Les lagres (1) qui servoient our étendre ces sortes de verre, devenoient aussi d’un bleu ien prononcé aux endroits couverts, soit par le muriate de fer brun et brillant dont il sera parlé plus bas, lorsque cette substance remplacoit le crocus ou safran doré d’antimoine , soit par celui-ci que l’on a coutume de saupoudrer dessus les mêmes lagres. D'autre part, dans mes expériences de laboratoire, la soude d’Alicante prenoit la couleur bleue à l'endroit où elle étoit touchée par l'acide sulfurique. Le sulfate de fer employé à la marbrure du savon présentoit cette même couleur (fugace toute- fois) par le contact de l'acide sulfureux, la même pâte en dis- solution produisoit une semblable teinte (mais plus tenace), par l'action de l'acide sulfurique (2). La potasse du nord et le scl de soude d’Alicante non purifiés, mais fortement calcinés, re- cevoient la même nuance (3). Les dernières portions des eaux- mères du sulfate de soude traitées dans des vases de fer, ac- quéroient la même couleur, le fer lui-même devenoit d’un gros bleu , étant traité à une température d’environ cinq degrés du py- romètre de Woodgood, couleur toutefois qu’une plus forte cha- leur lui enlevoit, tandis que celle qu’il obtient, comme on le verra plus bas, dans le four à décomposition, se communique au verre éprouvant une chaleur de 160 degrés du mème pyromètre, sans paroître en être altéré. Tous ces indices me portoient à regarder l’oxigène comme jouant ici un rôle important, je le voyois dès-lors se développer dans les acides des muriates et sulfates de soude, considérés comme des agens intermédiaires propres àproduire cette couleurbleue, lorsque ces sels, dans certaines circonstances, se trouvoient en contact avec le fer, se présentant lui-mème dans une oxidation conve- nable; j'étois d'autant plus disposé à me pénétrer de cette idée, qe j'avois par devers moi la cerlitude que ce métal employé ans son état naturel, même dans l’état qui le constitue prussiate (1) Lagre est le nom que les verriers allemands souffleurs de verre à vitre façon d'Alsace et de Bohême, donnent à un manchon ordinairement plus épais et plus grand que ceux qu’il est destiné à recevoir pour être étendus dessus sa surface. (2) Jayez mon Traité du Blanchîment des fils ettoiles, pag. 119. (3) On sait que la plupart des potasses du nord contiennent plusieurs sels neutres, de même que toutes les masses salines extraites des cendres des vé- gétaux. Les soudes d'Espagne sont dans la même catégorie. Tome LXXXVII. JUILLET an 1818. H 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de fer ou bleu de Prusse, soit en forte, soit en petite dose avec l’alcali et la silice seuls, sans mélange d'aucun des sels neutres ci-dessus indiqués, ne produisoit que du verre plus ou moins olive ou noirtre. D'après ces diverses considérations, je me décidai à tenter des deux essais Isuivans : 1°. je saisis le. moment où un pot du four de fusion de la manufacture des glaces de Saint-Gobain, que je dirigeois alors, avoit recu tous ses enfournemens de ma- tüière ordinaire, et où les muriate et sulfate de soude, seuls sels neutres que Ja soude employée contenoit, étoient sur le point de cesser de s’évaporer (1) pour faire oxider un instant par la flamme et au-dessus de la surface du verre, un crochet servant à tirer des larmes d'essai; il le fut en effet à tel point, que la partie fortement chauffée tomba sur les flots du verre avec lequel, sans cel accident, je voulois seulement le mettre en contact. Ce cro- chet, comme on s'en doute bien, ne tarda pas à être dévoré ou dissous par les sels en ébullition. Ce fut l'affaire de quelques secondes. J’eus soin aussitôt de faire tréjeter (2) dans une des cuvelles placées au bas du pot, le verre qui venoit d’être gâté, afin de préserver le reste de la polée. On eut l'attention, en conséquence, d’enlever, autant que possible, le verre de la place où étoit tombé le crochet. Lorsque l'instant de couler la cuvette fut arrivé, ce ne fut pas sans une agréable surprise que je vis la glace qui provenoit de cette coulée, sortir toute bariolée de bandes bleues bien prononcées, mais sous diverses nuances. Deux morceaux de 24 pouces sur 17 de cette glace unique dans sôn . genre , infiniment précieux sous le rapport de l’art nouveau qu'ils laissent pressentir, et dont un jour elles pourront attester (1) Il paroît que dans le moment de l'apparition des fumées des matières, les muriates et sulfates de soude sont en partie décomposés , si l'on en juge par lesdiverses couleurs bleues, rouges, et autres nuances que prend alors la flanme qui sort du four , et aussi par l'odeur particulière à l'acide marin qui, dans ce moment , se faitremarquer, eten outre par la rouille dont se couvrent de suite tous les outils en fer et en ‘cuivre, le plus à portée des ouvreaux. Ces der- niers effets sont plus sensibles dans les temps bas et pluvieux ; d’un autre côté, les ardoises dont sont couvertes les halles des fours de fusion, sont aussi promp- tement dégradées, et en quelque sorte dissoutes par les fumées des sels qui s'é— chappent des pots, lors de la fonte des matières. (2) C'est ainsi qu'est nommée l’action de puiser trois fois de suite avec la même cuillier de cuivre rouge le verre d'un pot pour le verser dans les cuvettes qui l’approchent. On a l'expérience que si cet instrument faisoit plus de trois fois de suite ce service, sans être rafraichi, il courroit risque de rougir, de fondre et de donner au verre une couleur plus oumoins pourpre. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 59 l'origine , sont déposés, l'un au Conservatoire des Arts et Métiers, et l’autre dans l’une des salles de la Société d'Encou- ragement. re 2°, Le succès d'une épreuve aussi directe me conduisoit na- turellement à essayer des compositions propres à produire une masse vitreuse toute colorée en bleu, et dans une nuance égale plus ou moins vive à volonté. Voici comment je suis parvenu à atteindre cet objet de mes desirs: A un mélange de carbouate de soude, sous forme conerète et de silice, j'ai joint une quantité de sulfate de soude moindre que celle de carbonate ; de plus, une quaulilé de muriate de soude beaucoup moindre que celle du sulfate. Enfin, j'ai ajouté une quantité infiniment petite de muriale de fer sous couleur jaune mat (1). Au bout d'une heure d'exposition du creuset sur l’ouvreau du milieu du four, expo- sition faite après la cessation totale des dernières fumées des ma- üères vitrifiables enfournées dans les pots, j'ai obtenu pour re- sultat une masse de verre totalement bleue, mais vergelée de diverses teintes (2). J'ai répété plusieurs fois cette experience, et à chacune j'ai recueilli un verre semblable et entaché des mêmes accidens de couleurs, accidens que j'attribue au peu de mouvement que la matière subit dans-un vase qui ne contient ue quelques onces (3), et qui d'ailleurs , pourla fonte, n'éloit pas placé le plus avantageusement possible. Pour éloigner toute incertitude sur une opération de cette importance, il auroit fallu lui consacrer un pot tout entier, ou au moins une cuvette, mais je ne pouvois ainsi compromettre le cours d'une fabrication ré- gulière , beaucoup plus intéressante pour les propriétaires et ad+ ministrateurs d'un établissement dont les travaux m'étoient con: fiés, sans auparavant avoir recu leur consentemeñt à une expérience de ce genre. C’est en l'an VI (1796)(4), que j'ai commencé, à la glacerie (1) C'est la couleur que prend le fer du sulfate, de 0e nom, lorsque par J'intermède de ce derñier on décompose le muriate de soude à froid, et'par la voie humide. (2) J'en ai remis dans le temps un échantillon à plusieurs personnes, entre autres à M. Guyton de Morveau et à M. Darcet Gls. G) Ces creusets qui résistoient parfaitement à l’alternative du passage: brusque du chaud au froid, sans les y disposer à l'avance, étoient composés de parties égales de terre de fossé près Forges, bien épluchée, et de ciment ou de cette même terre cuite à grand feu. Ils pouvoient servir plusieurs fois même succes sivement à une quantité quelconque d'expériences semblables. (4) Dans le mois de septembre de l’année suivante, ayant reçu la visite de EH 2 60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE de Tour-la-Ville, près Cherbourg, dont je dirigeoiïs alors les lravaux, mes expériences sur cette couleur bleue obtenue du fer; Je me suis livré à leur continuation à Saint-Gobain en 1805, d'une manière en quelque sorte concluante, d'après ce que je Viens de rapporter. Depuis, j'ai eu la satisfacuon de voir se confirmer très-favorablement l'emploi des moyens que j'avois mis en œuvre pour colorer le verre en bleu par le muriate de fer, J'avois établi à Soissons en 1808, une fabrique de soude arüficielle; parmi les différens procédés que je pratiquois pour la décomposition du sel marin, je comptois ceux par le sulfate de fer et les pyrites, l'une et l'autre substances traitées à ma manière; je ferai observer ici, 1°. que les dernières portions de sulfate, mélées d’un peu de muriate desséché dans des chau- dières de fonte appropriée à la réduction des eaux sulfatées , prenoïent sur la fin de chaque cuite, une couleur bleue très- foncée; 2°. que le muriate de fer que j’obtenois après la décom- posilion du muriate de soude, étoit sous la forme d’une espèce de fécule d'un brun foncé et à facettes extrêmement brillantes ; 3. que mon four de décomposition étoit construit en briques et pavé de même; cependant le pavé étoit recouvert de plu sicurs rangées de briques l’une sur l’autre pour en couper les Joints; chaque fois qu’il falloit renouveler celui-ci, ainsi que le pourtour du bas de la voûte, je trouvois surtout sous ce der- nier des masses plus ou moins fortes de muriate de fer (1) at- laché aux briques, mais teintes, ainsi que celles-ci, en belles nuances bleues, avec la différence que “ couleur du muriate étoit infiniment brillante, à raison du poli naturel de ses paillettes semblables à celles du mica, mais infiniment plus petites, dont noûs avons déjà dit que se composoit cet oxide particulier sous sa couleur brune-noirâtre (2). En ee der- M. Vauquelin, qu'accompagnoit M. Descotils père, j’eus le plaisir de montrer à ces messieurs tous les résultats des diverses expériences dont je m'occupois: alors, et qui font en partie l'objet de ce Mémoire. (1) Il m'a semblé que je pouvois conserver le nom de muriate de fer à cet oxide bleu, attendu qu’en recevant cette couleur, il a non-seulement conservé la forme extérieure sous le rapport de ses facettes, mais aussi le poli vif et brillant qui les distingue au sortir du four de décomposition du muriate de soude. (2) Lorsque le muriate prend cette couleur, il contient en ce moment très-peu d'acide, et sa décomposition tire à sa fin; c’est alors que cet oxide ap- paroït comme une espèce de fécule plns ou moins agglomérée , et à face en quelque sorte micacée, extrêmement brillante. Sous cette forme, le fer mélé aux matières salines indiquées, ne m'a donné que du verre olive ou noirâtre plus ou moins foncé. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 6: nier etat, il est susceptible de recevoir plusieurs applications utiles et agréables. Je me propose de faire connoître plus tard toutes celles dont je me suis occupé; pour l'instant, je ne ferai mention que de l’oxide qui nous occupe sous le rapport de sa propriété colorante, Satisfait, comme on peut le croire, de trouver un oxide de celte couleur parfaitement égale et équivalente pour la nuance à celle du bleu de ciel, je n’eus rien de plus pressé que de vé- rifier si elle pouvoit se communiquer à une masse vitrifiable, composée seulement d’alcali minéral et de silice; mes desirs à cet égard furent réalisés, et j'eus le plaisir de sortir du creuset un tube de verre totalement et également coloré, dans une nuance toutefois un peu foible et proportionnée à la quantité d'oxide employé. J'ai remis depuis à des émailleurs des échan- tillons de ce tube (1), dont je conserve encore quelques restes. J'avois à cœur qu'ils en éprouvassent l’inaltérabilité au feu; cette Fra précieuse est très-recherchée dans l'emploi de ces sortes e verres pour émaux; mes émailleurs n’ont point eu du tout à se plaindre des échantillons que je leur ai remis. Ces diverses expériences que je viens de transcrire, semble- roient, ainsi qu’on peut en juger par leur résultat, mettre sur la voie de donner au verre la couleur bleue, pour ainsi dire à volonté, par le moyen du fer oxidé à un certain degré, et par conséquent sans faire usage du cobalt ni de ses prépara- tions. Tout donne même lieu de croire que si l’on se trouvoit à même de continuer des essais avec les facilités desirables pour leur exécution en grand, on ne tarderoit pas à voir réa- liser une fabrication qui intéresse essentiellement les arts qui en réclament des produits estimés, année commune, d’après les tableaux d'importation, à une valeur numéraire de douze à quinze cents mille francs , dont la France est tributaire de l’étran- ger. Si j'ai un regret, c'est de n’être pas à portée de mettre à ce travail la dernière main. Je terminerai par l’observation sui- vante : si l’on combine, soit séparément, soit conjointement les deux expériences par l’oxide jaune et par l'oxide bleu, il n’est pas douteux qu'on obtiendra un résultat qui contribuera beau- coup au perfectionnement de la méthode propre à donner au (1) Je crus devoir donner à ce verre la forme d’un tube, jpréférablement à toute autre, parce qu’en cet état il étoit plus susceptible d’être divise sans perte sensible, et qu'il se prêtoit en outre plus aisément à l’action de la flamme de la lampe d’émailleur. G2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bleu produit par le fer, l'intensité nécessaire: pour remplacer le cobalt : dans le cas du succès, il ne s’agiroit plus alors que de trouver les moyens d'obtenir l’un et l’autre oxide à volonté, et au prix le plus bas possible. Je compte les faire connoitre dans un Mémoire particulier. EEE OBSERVATIONS SUR LES CARACTÈRES DU GENRE ATRIPLEX ; Par M DUPONT. LE genre Æiriplex, qui fait partie de la famille naturelle des Chénopodées, a été placé par Linné dans la Polygamie mo- nœcie, formant le premier ordre de la 25° classe de son Sys- tème sexuel des Plantes. Ce grand botaniste attribue aux espèces de ce genre, des fleurs de deux sortes, réunies sur le même individu ; les unes hermaphrodites, pentandres, à calice 5-phylle, à fruit déprimé ; les autres femelles, à calice 2-phylle, à fruit comprimé. Tous les auteurs qui sont venus depuis Linné;.ont reproduit le caractère essentiel de ce genre, tel qu'il l’avoit établi. Il paroît que ce caractère a été adopté et répété de confiance. En eflet, le plus léger examen auroit pu faire reconnoitre qu'il est évi- demment erroné dans la plupart des espèces qui constituent ce genre; et un examen plus altentif auroit pu ensuite faire dé Couvrir qu'il n’est pas non plus applicable aux autres espèces, en plus petit nombre, auxquelles il semble convenir au premier coup-d'œil. Nous croyons pouvoir rectifier ce caractère, d’après les observations souvent répétées que nous avons faites sur plu= sieurs espèces , en les examinant avec soin aux diverses époques successives de leur fructification. Si, lorsqu'une des espèces d’Atriplex qui croissent spontané ment dans nos champs, telle que l'A. hastata, l'A. angustifo= lia, etc., est en pleine floraison, on examine les différentes fleurs dont les grappes ou épis sont composés, on en trouve de deux sortes, entre-mélées ensemble en petits fascicules. Les unes présentent un périgone 5—parti, avec cinq étamines in- serées à sa base et opposées à ses divisions, el un rudiment imparfait de pistil au centre du réceptacle; les autres offrent un périgone 2—parti, à divisions connivenles, sans étamines, ET D'HISTOIRE NÂTURELLE. 63 avec un ovaire libre, surmonté de deux styles ou de deux stig- males subulés. Quelque temps après , et lorsque la fécondation est opérée, les fleurs de la première sorte, qui n’ont pas recu d’accroissement sensible depuis leur épanouissement, se flétrissent et lombent ou restent desséchées sur la plante. Les secondes, au contraire, prennent un grand développement; leur périgone s'étend dans tous les sens; il renferme, entre ses deux divisions rhomboïdales ou sub-triangulaires étroilement conniventes, l’o- vaire accru et transformé en un fruit orbiculaire comprimé, ver- ticalement attaché au fond du réceptacle par un point de sa circonférence. Ce fruit (Cariopse Rich., Carcerule Mirb.) est formé d’un péricarpe membraneux très-mince, indéhiscent , ren- fermant une seule graine , attachée à un cordon ombilical linéaire qui nait du fond du récepiacle , et va s’insérer, en passant obli- quement entre la membrane péricarpienne et l’une des faces de la graine , à un ombilic situé latéralement sur la circonférence de celle-ci. La graine est recouverte d’un tégument propre testacé ou rarement membraneux; elle contient un embryon dicoty- lédoné , cylindracé-filiforme, correspondant à sa circonférence, courbé en anneau autour d'un périsperme farineux, et aboulis- sant à l'ombilic par ses deux extrémités. Il résulte de cette description, que les espèces auxquelles elle s'applique ont des fleurs mäles et des fleurs femelles sur le même pied, c’est-à-dire qu’elles sont monoïques, au lieu d’être poly- games, comme-on l'a dit jusqu'à présent. Celles sur lesquelles j'ai eu occasion de constater ces caractères, sont les Ætripleæ hastata, patula, littoralis, portulacoïdes , rosea, Lion., angus- üfolia, Smith, et multifida, Cat. H. Par. Si maintenant on suit la floraison et la fructification de l4. hortensis, on remarque d’abord des fleurs de deux sortes, res- pectivement semblables à celles des espèces précédentes. L’ac- croissement des fleurs femelles a lieu de la même manière que dans celles-ci, et elles présentent la même organisation dans toutes leurs parties ; seulement la forme du périgone fructifere est ovale au heu d’être rhomboïdale ou triangulaire. Mais bientôt après, parmi ces fleurs qui se sont rapidement accrues, on en voit paroitre d’autres aussi fruclifères, d’une forme différente et beaucoup plus petites; celles-ci sont composées d'un péri- gone 5—parti qui recouvre en partie un carlopse PP cpl déprimé, situé horizontalement, dont la graine est d’ailleurs en- üérement organisée comme dans les premières, sauf que son tégument propre est lestacé et bien distinct, tandis qu'il est 64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE membraneux dans les autres et très-adhérent à la membrane pé- ricarpienne , avec laquelle il semble se confondre. Comme à l’époque de la floraison on a observé des fleurs à étamines dont le périgone éloit également à cinq divisions, il paroit naturel d'attribuer à celles-ci les fruits de la seconde sorte qu'on voit se développer plus tard. Mais en y regardant de plus prés, on voit qu'il en est autrement. Les premieres fleurs sta- minifères qui paroissent sont toutes mäles: elles se montrent en même temps que les fleurs femelles à périgone 2—parti, et après l'émission du pollen elles se flétrissent ou tombent , comme nous l'avons vu pour les espèces précédentes. Alors commencent a se montrer d’autres fleurs, auparavant imperceptibles, à pé- rigone semblable à celui des fleurs mâles, munies d’un pistil bien conformé, composé d’un ovaire surmonté de deux stigmates styliformes , et dépourvues d'’étamines. Ce sont ces dernières fleurs femelles qui produisent les fruits de la seconde sorte, et non pas celles qui portent des étamines. A défaut d’un exa- men attentif, on a confondu ces deux espèces de fleurs, et de leur réunion on a composé des fleurs hermaphrodites. Il étoit facile, à la vérité, de s'y tromper. Ces fleurs ne se développent pas en même temps, et les femelles ne paroïissent qu’apres les mäles; leur périgone étant tout-à-fait semblable , et les dernières étant munies d’un rudiment de pistil, on a pu prendre suc- cessivement les unes et les autres pour des fleurs hermaphro- dites, dont l'ovaire n’étoit pas encore fécondé dans celles-ci, et dont les étamines étoient tombées dans celles-la après la fé- condation. C’est-là, sans doute, ce qui aura induit en erreur Lioné et les observateurs qui l'ont suivi. Ce grand botaniste aura ensuite établi son caractère du genre Atriplex sur cette observation inexacte del. Aortensis, étendue par analogie aux autres espèces; car sil eùt observé directement celles - ci, il auroit vu qu’elles sont évidemment monoïques. C’est en exa- minant moi-même une de ces dernières espèces, que j'ai d’abord reconnu cette seconde erreur, fondée sur une fausse analogie. Cette découverte, bien facile à faire, m'a porté à observer avee attention l'espèce qui avoit servi de type pour le caractère du genre; et je me suis assuré de la véritable nature de son sys- tème de fructification , tel que je viens de l’exposer; l’4. Aor- tensis L., V4. microsperma et V'A. nitens Willd., sont les trois seules espèces qui m’aient présenté cette disposition. D’après les observations qui précèdent, le caractère du genre Atriplex doit être rectifié de la manière suivante. ATRIPLEX. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65 Arrrprex. Monoïque. F1. males. Périgone 5—parti; 5 étamines insérées à la base du périgone et opposées à ses divisions; rudiment de pistil au centre. F1. femelles; uniformes ou de deux sortes. Dans les unes (conimunes à toutes les espèces): périgone 2—parii, prenant un accroissement considérable après la fecondation; ovaire libre, surmonté de deux stigmates sty- liformes; cariopse vertical comprimé, renferme entre Îles deux divisions conniventes du périgone. Dans les autres (propres à quelques espèces seulement) : périgone 5—parli; ovaire comme dans les précédentes; cariopse horizontal déprimé, en partie recouvert par le périgone persistant. Peut-être la réunion sur une même plante de deux sortes si différentes de fleurs d’un même sexe, réunion dont la Botanique n'offre pas, je crois, d'autre exemple aussi caractérisé, pourroit- elle sufire pour former un genre particulier des espèces d’Ætri- plex qui en sont pourvues; c'est aux botanistes à juger du plus ou moins de convenance et d'utilité de cette séparation. Quoi qu’il en soit, le caractère ainsi rectifié de l’Atriplex, en même temps qu’il fait mieux connoitre ce genre, peut encore servir à le distinguer davantage du genre Chenopodium, dont toutes les espèces que j'ai eu occasion d'examiner, au nombre d'une vingtaine , m'ont offert constamment , avec des fleurs hermaphro- dites, des fleurs femelles entre-mêlées, ordinairement plus petites et souvent 3-4—partites; ce qui tendoit à confondre ces deux genres, lorsqu'on attribuoit des fleurs polygames à l'Ætriplex, au lieu des fleurs monoïques qui le caractérisent. Tome LXXXVII, JUILLET an 1818, fl OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A compter du 1° janvier 1818, les hauteurs du Baromètre _ | THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR : 1 = = AN CD BAROMÈTRE MÉTRIQUE. |>5 = EE 5 - : ETS : £ “à MINIMUM. MAXIMUM. A MIDI. MAXIMUM. MINIMUM. A MIDI.| % = heures« heures heures* mille heures mill= mills 1[à3s +oo5o!à 4m. + 740] 18,50) àg,;s....757,63| a 6... 756,69] 757,21! 17°4 2 | à3s. —<+oo,go| à4m. —<+12,25| +22,2b] à 9 m....758,50| à 5s..... 757,40| 758,50] 18,8 8 | à5s +o/95l à 4m. 14,25] +2,50] a gs... 729,38] à 4 m....758,68| 759,07| 19,4 4 |a5s. —o4,95] à4m. “+1,00 +923,90| à 105....761,04| à 4 m....759,85! 760,75] 20,6 5 là4s. —+ob,6o| à 4m. “+15,25| +-25,00! à 9 m....769,5b| à 4 s.....761,o1| 761,q1| o1,1 6 |[à3s. <+95,6o| à 4m. —+15,00| +24,50| à 71m. ...762,30| àg s..... 760,14| 761,55] 21,6 7 là3s. —ob,7b] à 4m. +14,75] +0,19] à ga... ,759,96| à, 5 s.....758,50| 759,21) 01,7 8 |[à3s. +o4bol à 4m. +H16,00! +24,00! à 9 m..,.760,72| à 6 s...1.. 759:27| 761,50! 22,0 9 |à3s. +940 à 4m. <+H15,25| +H05,65| à 9 m....760,86| a 51s....759,67!. 760,42| 22,1 10 | à5s. o5,{o] à 4m +15,00| +925,50| à 7 m....761,17f à bs..... 759,31| 760,67] 29,1 11 là5s. 97,95) à fm. H16,25| +#+96,95| à 7 m....759,56| à 9%s....756,63| 758,25] 25,0 19 ais. Hog,4ol à 4m +H16,25|,+928,65| à 9 m....756,65) à 4s..... 755,40! 756,56] 23,8 15 à2is. —og75| à fm. +H17,50|,+928,1c) à 10 + m..705,85| à 4 Es... .794,08| 750,65] 24,0 14 | as. +o45cl à 4m. ) D D] SES ŸY EE ) » ) > © JOURNAL DE PNYSIQUE, DE CHIMIE le nôtre, de l’eau en dissolution, c’est-à-dire une certaine quantité d’eau dissoute ou suspendue, qu'il en soit saluré, sil est également échauffé de toutes parts, et si la chaleur est suflisante pour que la dissolution soit parfaite, il n’y aura encore rien de visible; mais si, par une cause quelconque, cerlaine région de ce globe fluide vient à se refroidir, il s’y formera aussitôt des nuages. .,, Dans un globe de plusieurs millions de lieues de diamètre, quelque perméabilité qu’on lui suppose, les parties les plus éloignées du soleil ne seront pas pénétrées d'une aussi grande quantité de lumière, ni, conséquemment, à en juger par ce qui se passe sur la terre, aussi échauffées que les plus voisines du bord ; d’abord à cause de l'éloignement même, et parce que plus la lumière aura de fluide à traverser pour arriver des parties antérieures aux postérieures, moins il en demeurera pour ces dernières. La partie postérieure du globe, la partie opposée au soleil, est donc celle où il doit se former le plus de vapeurs visibles ou de nuages. Ces nuages réfléchissant pendant l'obscurité d'une belle nuit, quelques-uns des rayons qu'ils reçoivent du soleil, nous paroissent lumineux ou phosphorescens. » ....-. J'appelle axe, la ligne droite qui joint le centre du soleil et celui du globe d'air; la plupart des rayons lui par- venant à peu près parallèlement à cet axe, il est clair que le long de celte ligne et aux environs, la lamière inter- ceplée par les parties antérieures, n'arrive au côté opposé qu'après avoir subi une diminution d'autant plus grande, que l'épaisseur qu'elle eût à parcourir est plus considérable, et qu’elle doit avoir rencontré vers le centre un air plus con- densé; il n’en est pas de même de la lumière qui traverse le globe dans le voisinage de son équateur. Son trajet est d’au- tant plus court, qu'elle passe plus près de la circonférence de cet équateur; 1l y a par conséquent dans ces régions, moins de lumière interceptée en avant; toute l'épaisseur y est réchauflée de part et d'autre, et il ne s'y forme pas de nuages; car de quelque manière qu'on explique la génération de la chaleur par la lumière, c’est (toutes choses égales d’ail- leurs) dans l'air où il arrive le plus de lumiere, qu'il y a le plus de chaleur produite, et c’est dans la partie la moins chaude d’un aïr saturé d'humidité, qu'il se forme le plus de nuages visibles; ce sera donc en général le Jong de l'axe postérieurement, qu'il y en aura davantage; la masse de ces vapeurs ou la queue de la comète aura donc une forme alon- ET D'HISTOIRE NATURELLE. ot gée. Une autre cause qui se joint à celle dont nous venons » d'apprécier les effets, c’est l'attraction du soleil ou les marées de cette atmosphère (cométaire), qui doivent être propor- tionnées en quelque sorte à son immense profondeur ; elle doit donc prendre une forme alongée dans le sens de la » vus (17). » ; oilà le système de M. Bénédict Prévot, sur la cause qui produit la queue des comètes; il ne paroît pas qu'il ait eu beau- coup de sectateurs , el il ne peut guère en avoir parmi les pby- siciens. Supposer des globes de 40, 60, 100 millions de lieues de diamètre pour former la queue d'une comète, qui ne peut occuper qu'une bien petite portion de ces globes, c’est prendre l'opposé de la nature, qui n’emploie que de petits moyens pour faire de grandes choses. Il ya plus; des globes aussi immenses $ ils exisloient, auroient dù souvent, lorsque les comètes descendent dans la région du soleil, envelopper Mercure, Vénus et même la terre; ombre de ces planètes auroit dû nécessairementrefroidir la partie de ces globes comélaires qui se trouvoient derriere elles par rapport au soleil ; et suivant l'hypothèse de M. Prevot, il a dû se former dans ces parties, ainsi refroidies , les mêmes nuages qu'il prétend devoir naître par le refroidissement der- rière le noyau de la comète, et y former la queue ; on auroit donc vu, dans ces circonstances, qui ont été presqu’aussi fré- quentes que l'apparition des comètes, des queues à Mercure et à Vénus, et des nuages particuliers et d'une nature insolite, flotter dans notre atmosphère, et même fort au-delà de la lune dans Ja direction de l'ombre de la terre, et rien de tout cela ne s’est vu et n’a jamais été observé, qu’elle qu’ait été la proxt- mité de la comète au soleil ou à la terre; enfin M. Prévot a raison de dire que les rayons du soleil qui traversent le globe de l'atmosphère cométaire, suivant son axe, rencontrent une plus grande épaisseur de cette atmosphère, puisque le diamètre est la plus longue de toutes les cordes ; mais la différence de longueur entre le diamètre et les cordes parallèles au diamètre , jusqu’à une assez grande distance de part et d'autre, est peu de chose; car si on prend un arc de 30°, et qu'on mène une corde parallèle au diamètre, et qui soutende par conséquent un angle de 120°, cette corde sera au diamètre, à peu près comme 87 est à 100; la diminution de la lumiere et de la cha- leur qui aura lieu en suivant celte corde, est donc à peu près la même que celle qui a lieu en suivant le diamètre, puisque ces deux trajels ne diffèrent que de tréize centièmes; il pourra M 2 02 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE donc se former des nuages, suivant l'hypothèse de M. Prévot, dans tout l’espace compris entre les cordes parallèles au diamètre, et qui soutendent des arcs de 120°; et dans cette supposition bien modérée, la longueur de cet espace étant égale à deux fois le sinus de 30°, ou au rayon, il s’ensuivroit de là que la largeur de la queue d'une comète paroît toujours égale à sa longueur, c’est-à-dire que dans l'hypothèse de M. Prévot, la figure de la queue d'une comète devroil approcher ‘beaucoup d'un carré; or, tout le monde sait que la figure de la queue des comètes est bien différente, et que leur longueur surpasse toujours de beaucoup leur largeur. I y a plus; suivant l'hypothèse de M. Prévot , la chaleur aug- mente graduellement à mesure que l’on s'éloigne de l'axe, et les nuages qui se forment dans le globe cométaire , et qui ne sont dus qu'à la diminution de la chaleur, doivent aussi dimi- nuer d'intensité graduellement, par conséquent dans cette hy- pothèse , les bords latéraux de la queue d'une comète ne peuvent être brillans et tranchés, mais ces bords doivent se fondre in- sensiblement avec le fond du ciel, tout comme l'extrémité su- périeure de la queue de la comète. Mais c’est tout l'opposé dans la nature; les bords latéraux de la queue d’une comète sont presque toujours bien tranchés, et pour l'ordinaire plus bril- lans que la parlie intermédiaire de la queue; beaucoup d’astro- nomes et d'historiens l'ont remarqué dans les comètes anciennes, et on a pu facilement l’observer dans les belles comètes des an- nées 1807 et 1811. M. Prévot a essayé d'élayer son explication de la queue des comèles, de l'effet de la marée solaire; il est le premier qui ail employé ce moyen, mais fort inutilement; en effet, d’après la théorie reçue des marées, l'atmosphère ou la matière qui forme la queue des comètes, devroit s'élever autant vers le soleil qu'à l'opposite de cet astre; par conséquent, dans ce cas, les comèles paroïtroient avoir deux queues égales et directement opposées, l’une dirigée vers le soleil et l’autre du côté opposé à cel astre; or, comme on n’a jamais vu de comètes avoir une queue dirigée vers le soleil, mais qu’au contraire leur atmo- sphère paroit déprimée vis-à-vis de cet astre (phénomène très- surprenant, attendu la forte attraction que le soleil exerce sur les comètes à leur passage au périhélie), il est évident que la queue des comètes n’est pas l'effet de la marée solaire de leur atmosphère, qui ne paroît pas même éprouver de la part du soleil, aucune impression analogue. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 95 14. Hypothèse de M. J.-C. Delamétherie. M. Delamétherie, en faisant, dans le Journal de Physique, l'extrait de l'Astronomie théorique et pratique de M. Delambre, a donné une idée de la manière dont il croit que se forme les queues des comètes. Suivant lui : « Celte queue est un effet » du mouvement de la comète dans un fluide quelconque : la » flamme d’une bougie allumée qu’on meut dans l'air avec une » certaine vitesse, forme une queue dans une direction opposée » à celle du mouvement de la bougie. Or, on reconnoit au- » jourd'hui généralement, qu'il y a un fluide quelconque daus » les espaces célestes (18). » Cette hypothèse est très-simple et paroïit bien naturelle; une seule réflexion suflira pour la dé- truire, puisque dans celte hypothèse la queue d’une comète est nécessairement dirigée du côté oppose à celui vers lequel se meut la comète; il s'ensuit que lorsqu'une comète ayant passé le périhélie, s'éloigne du soleil, sa quene devroit être dirigée vers cet aslre; or, il est de fait qu'après le passage au peri- hélie, la queue précède la comète au lieu de la suivre, ce qui détruit totalement l'hypothèse de M. Delamétherie. Je finis cet examen des hypothèses imaginées pour expliquer la formation de la queue des comètes, qui sont venues à ma connoissance. On est sans doute étonné qu'il n’y ait aucune de ces hypothèses qui soit exacte, mais on doit l'être encore plus des absurdités dans lesquelles sont tombés, sur ce sujet, les plus grands génies, et de la confiance aveugle avec laquelle on a suivi leurs systèmes erronés, sans oser se permettre de les examiner. Tel est le sort des hommes dès qu'ils quittent la voie de l'expérience, hors de laquelle il n’ÿ a plus de science, pour s’égarér dans les systèmes et les conjéctures. Pourquoi ne pas avouer notre ignorance et y rester tranquillement tant que l’ex- périence et l'observation refusent de nous éclairer; cet état, triste, à, la vérité, n'est-il pas encore bien préférable à celui de suivre des opinions erronées sur la foi d'autorités mensongères ; et ne vaudroit-il pas beaucoup mieux, au lieu de disputer sur ces questions abstruses qui troublent depuis tant de siècles la tranquillité du genre humain, sans que leur solution soit plus avancée, faire la même réponse que sur la cause de la queue des comètes, ON N'EN SAIT RIEN? 04 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE CITATIONS. (1) Conamen novi Systematis Cometarum in opera Jacobi Bernoulli. Basiliensis, tom. primus, pag. 17. (2) Traité physique et historique de l'Aurore boréale, par M. de Mairan, seconde édition, question xx11, pag. 286. (3) Zbidem, question xxu1r, pag. 290. (4) {bidem, quesuon xxv, pag. 203. | (5) L’atmosphère du soleil qui étant éclairée par les rayons de cet asitre, produit l'apparence qu’on désigne sous le nom de lumière zodiacale, à la figure d’un sphéroïde fort aplati, dont le pelit axe, vu de la terre, soutend un arc d’envirou 25 degrés; le grand axe, 70°, 80°, et quelquefois 100°, et dont le plau diamétral perpendiculaire au petit axe, fait un angle de sept degrés et demi avec le plan de l’écliptique. (6) Rosa Ursina, lib. 1v, pag. 470, art. 50. (7) An attempt to demonstrale, than all the Phænomena ia nature, may the explained by two simple active principles At- traction and repulsions, by Gowin Knist, etc. (8) Essai sur les Comètes, où l’on tâche d'expliquer les phé- nomènes qu'ofirent leurs queues, etc., par André Oliver, tra- duit de l’anglois parJ, Allamand. Amsterdam , 1777, 1 vol. in-8°, (9) Zbidem, pag. 10. (10) Journal de Physique, tome LXIX, pag. 126. (11) Essai sur les Cometes, pag: 24 et suiv. (12) Œuvyres de Mariotte, etc., tome I, pag. 151 et suiv. (15) Philosophiæ naturalis Principia mathematica, lib. 11, prop. 23, tomus II, pag. 186. : (14) Essai sur les Comèles, par André Oliver, 1° partie, ag. 52 el suiv, (15) Jbidem, pag. 6x. (16) Zbidem, pag. 21. (47) Journal de Physique , tome LXXIIT, pag. 160 et suiv. (18) Zbidem, tome LXXIX , pag. 599 et suiv. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 0 FIN DES OBSERVATIONS Sur la Famille naturelle des plantes appelées Composées ; Par ROBERT BROWN. TRADUITES DE L'ANGLOIS, ET ANNOTÉES PAR HENRI CASSINI. TROISIÈME PARTIE. Lrsrapports avec le sujet propre de cet écrit, me conduisent à décrire une plante envoyée depuis peu du Brésil, par M. Sellow, et qui appartient probablement à un genre admis jusqu’à présent parmi les Composées, quoique la plante dont il s’agit ne puisse pas être exactement rapportée à cette famille; j'ajouterai à sa description quelques observations, et je finirai par de courtes remarques sur la structure etles aflinités du Brunonïa. Je nomme Acicarpha spathulata Va plante du Brésil, que je décris de la manière suivante. Herbe annuelle ? très-glabre , rameuse, diffuse. Rameaux as- cendans, anguleux. Feuilles éparses, pétiolées, non stipulées , spathulées avec une petite pointe terminale très-courte, longues d’un pouce et demi, un peu épaisses?, glauques?, le plus sou- vent tnès-entières; les inférieures quelquefois dentées au - dela du milieu. Pétioles linéaires, à base un peu dilatée, semi-am- plexicaule; les inférieurs alongés, les supérieurs ordinairement plus courts que la feuille. Capitules solitaires, tantôt opposés aux feuilles et pédonculés, tantôt terminaux et presque sessiles, fleurissant ‘d’abord par la base, ovoides, jaunes. Involucre dis- posé sur un seul rang, foliacé, plus grand que le capitule fleuri; composé de cinq folioles inégales, spathulées, sessiles, très-entières , connées à la base. Réceptacle conique-subulé , pa- léacé. Paillettes lancéolées, mucronulées, plus manifestes entre les fleurons hermaphroaites-mäles, avortées çà et là entre les fleurons réellement hermaphrodites. Fleurons tubuleux, uni- formes, glabres. Fleurons de la circonférence disposés sur deux ou trois rangs, hermaphrodites, ayant les deux organes sexuels parfaits. Tube 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la corolle grêle, cylindracé, continu avec l'ovaire, et adhé- reut par la base avec le style, marqué de dix stries visibles à la loupe. Limbe infondibuliforme, quinquéfide, à estivation valvée; à divisions demi-lancéolées, planes, trinervées ; à ner- vures latérales rapprochées des bords, et leur étant parallèles, indivises, confluentes au sommet, tirant leur origine de ner- vures alternes bifurquées au-dessous des sinus du tube. Cinq étamines épipétales, alternes avec les divisions du limbe. Filets adhérens inférieurement avec lé tube de la corolle, libres supérieurement, paroissant insérés à la gorge de cette co- rolle, réunis en un petit tube quinquédenté , dont les som- milés sont articulées par un changement subit de tissu, et dont la base est épaissie en dedans par cinq aréoles oblongues , alternes avec les axes des filets, Anthères continues, linéaires , solidement cohérentes en leur moilié inférieure , libres en leur moitié supérieure ; à deux loges s’ouvrant longitudinalement, à valves intérieures plus étroites, chaque loge munie d'un réceptacle du pollen longitudinal, sep- tiforme ; la base des anthères divisée par une échancrure en deux petits lobes dirigés en arrière, un peu aigus, courts, pol- Jinifères ; leur sommet simple, le connectif ne se prolongeant point au-delà des loges. Pollen subglobuleux, paroissant à une forte loupe obscurément anguleux. Ovaires soudés ensemble; chacun d'eux couronné par un ca- lice divisé en cinq dents spinescentes, alternes avec les divi- sions du limbe de la corolle; un seul ovule ovoïde, pendant, auaché un peu au-dessous du sommet à un funicule un peu épais ué du sommet étréci de la cavité de l'ovaire; un cordon vasculaire s'étend depuis le point d'insertion du funicule jusqu’à l'extrémité inférieure du même côté. Style filiforme, glabre, soudé inférieurement*avec la base du tube de la corolle. Stig- male simple, obtus , hispidule. Fleurons supérieurs nombreux , hermaphrodites-mäles, un peu plus petits que les fleurons vraiment hermaphrodites, à di- visions du calice presque membraneuses; à ovaires soudés en- semble, imparfaits, le plus souvent privés d'ovule. Achènes des fleurons de la circonférence soudés ensemble; chacun d'eux couronné par le calice accru, formant cinq épines élalées, coniques-subulées , d'une substance subéreuse et roide au moyen d’un axe d’une consistance plus ferme. Graine pendante, ovoïde , acuminée au sommet, pourvue d'un lesla membraneux, et d'une membrane propre adhérente 1 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 97 à l'amande. Albumen conforme à la graine, charnu, épais, blanc. Embryon axile, subcylindracé, presque aussi long que l'albu- men, blanc, dicotyledoné. Cotylédons linéaires, oblus, à face extérieure convexe, à face intérieure plane, égalant à peiue en longueur la radicule qui est cylindracée et supérieure. Malgré la grande différence qui existe entre ma description de cette plante, et celle que M. de Jussieu a donnée de son Acicarpha tribuloïdes, je ne doute presque point que ces deux plantes n'apparliennent au même genre, quoiqu'il soit évident, d’après la description qu’on vient de lire , que l’Acicarpha spa= thulata ne peut êlre rapporté aux Composées. Le Calicera de Cavanilles, dans les graines duquel M. Corréa a trouvé un al- bumen, paroît étre très-voisin de notre plante; et un troisième enre, appartenant probablement au même groupe, est le Boopis déni par M. de Jussieu dans le même Mémoire que l’Æcicar- pha. Néanmoins, les importans caractères de l’ovule pendant et de l'embryon renversé, n’ont point encore été observés dans ces plantes, non plus que la présence de l’albumen dans les deux espèces connues de Boopis, dans l’Æcicarpha tribuloïdes, et dans lAcicarpha lanata de Lagasca (Persoon, Syn., tome Il, pag. 488 ), si toutefois ce dernier RH réellement au genre Acicarpha. Une autre question relative au genre Boopis, est de savoir si son capitule est simple, comme dans l'Acicarpha spathulata, où cela est indubitable; ou bien s’il est composé, comme semble l'indiquer la figure que M. de Jussieu a donnée du Boopis anthemoïdes, En attendant, quoique je ne connoïsse encore d'une manière certaine que la structure du seul Æcicarpha spathulata, je ris- querai de proposer ce groupe comme une famille naturelle dis- tincte, qui doit étre placée entre les Composées et les Dipsacées, quoiqu’en tout point elle se rapproche un peu davantage des Composées. Si mes conjectures sur le Calicera et le Boopis se trouvent un jour vérifiées, celle famille pourra être appelée Æalicérées; parce que le nom d’Acicarpha peut à peine être conseryé même comme générique, si l'espèce originaire s’ac- corde avec celle qui est ici décrite ; car, s’il en est ainsi, M. de Jussieu a pris les divisions du périanthe pour des paillettes du réceptacle, dérivant le nom du genre de la forme de ces pré- tendues paillettes ; et il a entièrement méconnu les vraies pail. Jettes qui, bien qu’elles n’eussent pu lui suggérer ce même nom générique, peuvent néanmoins le soutenir, si on veut le cou- Tome LXX XVII, AOÛT an 1818. N 98 JOURNAT DE PHYSIQUE, DE CHIMIE server, et s'il n’est pas encore plus convenable de le changer en celui de Æcicarpa (DD). On trouvera le même avantage à former une famille séparée du Prunonia, comme constituant un chaînon d’une égale im- portance, propre à lier les Composées avec les Goodénoviées , mais très-distinct des unes et des autres sous plusieurs rapports. Comme j'ai décrit ce genre ailleurs, et que j'ai présenté en même temps plusieurs observations sur ses principales aflinités (Prodr. Flor. Nov.-Holl., pag. 589), je me contenterai ici d’é- tablir les ressemblances et différences les plus importantes qui existent entre lui et les deux familles dont, selon moi, il se rap- proche le plus. Le Brunonia ressemble aux Goodénoyiées par l’enveloppe re- marquable du stigmate, par la structure et la connexion des anthères, par les graines dressées, et par l’estivation de la co- rolle. Il en diffère par son calice et sa corolle, tous deux dis- tincts de l'ovaire, par la disposition des vaisseaux dans la corolle, par les filets des étamines articulés au sommet, par les graines privées d’albumen, et par son inflorescence remarquable, cer- tainement compatible avec la nature de l'irrégularité propre à la corolle des Goodénoviées, mais qui peut dificilement se ren- contrer avec celle qui caractérise les Lobéliacées. (Flinders’s Voyage to Terra australis, tome IL, pag. 550.) Le Brunonia ressemble aux Composées par l'inflorescence , par l'estivation de la corolle, par la remarquable articulation , ou changement de tissu, au sommet des filets des étamines, et par la structure de l'ovaire et de la graine. Il en diffère par son Ovaire libre ou supère, par l'absence d'un disque Se laire, par l'insertion immédiatement hypogyne des filets des éta- mines, par l'enveloppe du stigmate, et par la structure vascu- laire de la corolle, dont le tube n'a que cinq nervures qui se prolongent dans le milieu des divisions, où tantôt elles se ter- minent simplement, comme il arrive fréquemment dans le Z. sericea, et lantôt comme dans le B. australis, elles se partagent au sommet en deux branches récurrentes formant des nervures latérales, ayant au premier abord la même aparence que celles des Composées, mais alteignant difficilement la base des divisions de la corolle. C'est un fait curieux, que le Brunonia diffère entièrement des Composées par la disposition des vaisseaux de la corolle, tandis que Îles deux ordres planis, atris, epidermide cinerascente tenuissimo circumductis. IH. in cor. tener. quercus emort. Elle diffère de la précédente, et par l'absence absolue d'une croûle, et par ses réceptacles plus grands ordinairement, entourés d'une espèce de pellicule cendrée qui appartient à l’épiderme de l'écorce. Obs. Cette production pourroit bien être plus convenablement placée parmi ies Hypodermes. 3. A. dispersée, A. dispersa, Cc 2 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, Op. dispersa, FI. fr,, n° 853. Op. epi,; asta, Ach. Ï. c.;,p. 258 (Secund. lite). Crusta determinata, tenuissima, membranacea , glabra, albido glaucescente nitida ; apothectis minulis variis, atris minoribus punc- tiformibus, longioribus axilissimis fléxuosis subramosis planis- SUNES immarginalis. H. in cort. tener. var. arb. C'est à tort qu'Acharius a compris celle espèce dans le genre Opégraphe, dont son facies et le caractère de ses réceplacles léloiguent entiérement. Sa croûte forme des plaques circon- scrites d'un blane glauque, quelquefois satiné ou argenté, glabre, lisse, d'une grande ténuite. Ses re ‘ceptacles fort petits, ordinai- rement disperses, planes ou à peine saillans, ont des formes varices; tantôt ils paroissent comme des points arrondis, tantôt ils s’'alongent, deviennent flexueux, et enfin offrent des courtes et minces ramifications, J'en ai observé sur l'écorce de cerisier, une modification où les réceptacles un peu plus grands , plus larges surtout, pré- sentent des di. giHatious qui le rapprochent de l4. radiata. 4 Alraqie. A. radiata, Ach.]. c., p. 144 Op. radiata, F. fr., n° 832. Crusta determinata, membranacea, tenuissima, lævigata albida nec non fumoso subolivacea ; apothectis confertis, alris, planis, multifido- radiatis, variis , AA r'UGOSLS. 1. in cort. tener. vartar. a L. Elle forme sur les jeunes éeorces des arbres, notamment du chène et da chätaignier, des taches circonscrites , très-super= ficielles, glabres, membraneuses, ordinairement blanchätres, quelquefois avec une lelule TETE Ses réceptacles sont nom bréux, rapprochés, noirs, planes, à peine ridés ou fendillés, irréauliérement Abe dans leur contour en lobules où digita= ‘tiôns qui leur donnent des formes très-varices, tantôt en des riques, tantôt en caractères hiéroglyphiques entremèlés de ré- ceptacles simples, 5. A. obscure. A. obscura, Ach. |. c., p. 146. A, radiata, \av. € hyparcha, Ach. I. c. (Sec. litt.). Crusta determinata, membranacea, tenuissima, Jfumoso-cinerea; % ET D'HISTOIRE N AMULTELE. on apotheciis confertis, minutis, nigris, depressis, puncliformibus , ova- lis, difformbusque rartter subdentalrs. Î. in cort. ten. arb. Fraxuni, æseuli ad Parisios. Lorsqu’ on observe soigneusement les diverses! modifications qui fournissent celles ei et la précédente, on est tenté: de les réunir en une seule et même espèce. Cependant V4. obscure différe de l'4. radice par la couleur cendrée el enfumée dessa croûte qui est moins luisante, el par ses réceptacles plus petits presque tous ovales ou oblongs, et. très-rarement dentelés dans leur contour, J'ai trouvé assez fréquemment cette espèce sur l'écorce lisse du frène à Versailles et du marronier à Paris, 6. A. ochracée. A. ochracea. Crusta determinata , tenuissima, membranacea, Levisata, albida: apotheciis prominulis, confertis, vartis, ste He disais, Cube mosis, ocrhaceo-fulvis, demum difformibus Honierre H. cort. var. arb. (quercus, cerast) in Gallia merid. On prendroit au premier coup-d'æil, cette espèce pour un individu détérioré du Coniocarpon cinnabarinum , FI. frs; maisen lexaminant plus allentivement , on voil que la conformation de ses réceptacles la rapprache de l'#r1h. radive. Sa croûte, d’an cendré blanchàätre, est lisse et très-mince. Les réceplacles, assez nombreux el rapprochés, sont légérement saillans, d'un roux fauve ochr ace , et variés pour leur forme: Parvenus à leur,élat de perfection, leur surface est aplatie , divisée dans son contour en digitations plus où moins rayonnantes , marquees de quelques fendillemens. On y en rencontre aussi de plus petits. simples, ovales ou oblongs et un peu convexes. Malgré la solidité,de leur sub= Stance, ils sont lavés plutôt que saupoudres d’une teinte de la même couleur qui se répaud dans leur voisinage. Dans la de ù crépitude, ils se déformeut, devicnnent dé liquese ens, SU fondent et finissent par ne laisser autre trace de leur HÉCUtN qu'une tache ochracée déprimée J'ai rencoutré cette e spece aux.en\iFons de Saint-Sever sur l'écorce du chère, du cerisier, du charme, -M. Grateloup l'a aussi trouvée aux environs de Dax. 7. À. rebordée. A. marginata. 4 \ Crusta subdeterminata } membraracea , lœvissima , cineréo-oli- “pace, subnitida ; apotheciis nigro-c sis, cruséts, chunpentibus , oblongis , longiusculisque ; simplicibus mul sfidisve > prominulis , 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE margine Spurio crustaceo incrassato albissimo obtuso limbatis; disco planiusculo lato. II. in cort. quercus Gallia meridionalis, Cette belle espèce, parfaitement caractérisée par la bordure blanche qui entoure ses grands réceptacles, ne paroît pas avoir été connue des lichénographes. Sa croûte a beaucoup d'analogie , et par sa couleur et par sa structure, avec celle de la f’errucaria nitida. Elle est unie, glabre, comme vernisée, vaguement cir- conscrite, d'une couleur cendrée, olivätre ou un peu glauque. Les réceptacles fort grands, comparativement à ceux des autres ‘espèces, d’abord niches sous la croûte, rompent cette dernière, s'élèvent au-dessus d'elle, deviennent proéminentes, et s'en- tourent d’une bordure blanche, épaisse, fournie par la substance intérieure de la croûte qui se renverse en dehors. Ils ont des formes très-variées. Il y en a d’ovales et même d'arrondis, mais Ja plupart sont SLloue ou alongés, droits ou flexueux, tantôt simples, tantôt divisés en deux ou trois rameaux. J’en observe qui sont tout-à-fait diformes, et d'autres dont les bifur- cations sont ovales, pointues. Le disque est large, plane, d'un gris d’ardoise, et quelquefois fendillé en travers, et sans bord propre apparent, J'ai rencontré assez fréquemment l'O. bordée sur l'écorce des troncs de chêne, aux environs de Saint-Sever. M. Grateloup Ta observée aux environs de Dax, et M. Léman m'en a com- muniqué un échantillon qui a été cueilli dans la Bretagne par M. Cauvin. Obs. J'en ai observé sur l'écorce du hêtre une modification produite et par l’âge de la plante et par la nature du support, dans laquelle la croûte est fendillée en écailles et les récep- tacles deformés, usés, à bords moins proéminens. Quelquefois ceux-ci s’eflacent entièrement, malgre que Île Cryptogame ne soit pas dans la décrépitude, et alors les ré- ceptacles ont un aspect qui induit facilement en erreur pour lg détermination de l'espèce, S 8. A. Dendrite, A. dendritica. Graphis dendritica, Ach. 1. e., p. 271, t. IN, f. 16, Op. dendritica, Ach. meth., p.131,t.1, f. 10. Crusta determinata, tartareo - subpulverulenta alba; apothectiis émmersis, confertis , Cœsio-prutnosis, planissimis, eleganter linearie ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 “ramosis, ramis furcatis divergentibus acuminatis, nec non sum- plicibus, crusta elevata submarginatis. JT. in cort. arb. var., quercus præsertim in Gallia merid. Celle élégante espèce, propre aux contrées méridionales , res- semble, au premier aspect, à une véritable Opégraphe, à cause de la forme linéaire de ses réceptacles. Mais ceux-ci n'ont ja- mais de bord propre, ce qui l'éloigne de ce genre. Sa croûte, ordinairement d’un beau blanc, forme des taches circonscrites, dont la surface assez unie est tantôt finement pulvérulente et tantôt presque glabre. Les réceptacles d'un gris bleuätre , très- rarement noirs, sont constamment planes, enfoncés dans la croùle qui, sapce le Jong de leurs bords, recouvre un peu ceux-ci sans cependant leur former une bordure adhérente. Très- rapprochés, souvent confondus, ils ont fréquennment une dispo- sition rayonuante, et leurs extrémités loujours pointues ont des bifurcations divergentes qui représentent des dendrites. Il n’est pas rare que parmi ces réceptacles rameux il s’en trouve de simples , ou de bifides. Quelquefois, dans le jeune âge, les cu- pules ne se dénotent que par une étroite fente pratiquée à la croûte, et ces espèces de stries donnent à celle modification une physionomie iusidieuse. Elle n’est pas rare avec ces traits sur Je tronc de l'aulre. Obs. Quoique A charius ait décrit son Graphis dendritica comme ayant des réceplacles noirs, je ne doute pas cependant que ce soit de mon 4. dendrite dontil ait voulu parler. Je observe avec celte couleur sur l'écorce lisse du fusain. 9. A. obtusangle. A. obiusangula. Crusta determinata, tartareo-subpulverulenta alba; apotheciis immersis confertis, cœæsio-pruinosis, planissimis, nunc distinctis simplicibus aut brevi-angulatis, nunc ramoso-confluentibus , con- geslo subradiosis, ramis brevissimis obtustis. H. cort. quercus in Gallia merid. Elle a sans doute beaucoup d’analogie avec la précédente, mais elle en diffère surtout et par la briéveté de ses rameaux toujours obtus, et parce que ceux-ci ne sont point bordés par Ja croûte. Cette dernière forme une tache circonscrite, blanche, mince, comme pulvérulente. Ses réceplacles tantôt simples et distincts, tantôt rameux et confluens , sont quelquefois disposés par taches rayonnantes , dont la circonférence est divisée en 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIF courtes digitations. Leur couleur est d’un gris ardoisé ou noi- râtre. J'en ai vu qui étoient si rapprochés, qu'ils ressembloient à une mosaïque. Cette Arthonie, assez rare, croit sur l'écorce du chène aux environs de Saint-Sever et de Dax, 10. À. Saupoudrée, A. pruinosa, Ach. I. c., p. 146. (Sec. litt.) Patellaria detrita, F1. fr., n° 953. (Excl. syn.) Crusta late effusa, tartarea, dura, crassiuscula, rimosa , albido cinerea , intus flavescente ; apothectis unmersis , latiusculis, planis, irregularibus | polygonis, difformibus , obscure fuscis , albido pruinosis. H. in cortice quercus annosarum. QU Sur la foi de Persoon, j'avois désigné dans ma collection celte espèce sous le nom de Zichen detritus, Hoffin., et c'est ce qui a induit en erreur Decandolle. Le Lichen figuré par Hoffmann (Plant. Lich., tab. 64, f. 1—4), s'éloigne beaucoup de l'4r- thonie saupoudrée. La croûte de celle-ci occupe souvent des espaces de plusieurs pieds carrés, sur les troncs des vieux chènes dans diverses con- trées de la France. Elle est blanchâtre , assez épaisse, dure, compacte, très-adhérente, plus ou moins fendillée à sa surface, et remarquable en ce qu’elle est entièrement d’un jaune verdàtre. Les réceptacles sont tellement de niveau avec elle, qu'il faut une attention particulière pour les distinguer malgré leur abon_ dance. T'rès-variés pour leur configuration, ils sont arrondis, anguleux , oblongs, difformes, absolument dépourvus de bord propre et recouverts d'une saupoudrure grise. Lorsque celle-ci a été enlevée ou par le frottement, ou par les progrès de l'âge, la couleur des réceptacles, qui alors se dessinent mieux , est branätre ou même roussätre. Obs. La physionomie de ce Cryplogame s'éloigne de celle des autres pero et a de l’analogie avec les Patellaires de Decandolle. L'A4rthonia lrncea, Ach., a, d'après ce que nr'écrit Acharius lui-mème, de grands rapports avec V4. saupoudrée. 11. À. épaisse. A. crassa. J Op. crassa, FI. fr., n° 846. Crusta determinalo-limitata , tumente, levigata, cohærente, al- bida aut subrufescentée; apotheciis mUNULISSUNLS inunersis, Varils? punctiformibus , ET D'MISTOIRE NATURELLE. 209 punctiformibus, subtiliter linearibus, passim interrupte calenatis, subramosis, flexuosis, disco inconspicuo. I. cort. tener. Carpini et trunc. quercus Gall. merid. Elle a une physionomie toute particulière qui ne permet pas de la confondre avec les autres espèces, et qui l'éloigne méme du genre où je la place. Sa croûte, d'an gris blanchätre où rous- sätre, forme une intumescence remarquable entourée d’une bor- dure obscure, surtout lorsque plusieurs individus sont rapprochés, ce qui s’observe très-fréquemment. Leur ensemble offre alors des bosselures irrégulières. La surface de la croûte est lisse, unie, et ce n’est qu'à l’aide d’une forte loupe qu'on peut y apercevoir quelques fendillemens très-superficiels. Les réceptacles sont d’une extrême ténuité et enfoncés dans la croûte, D'abord sous la forme de points presque imperceptibles assez analogues à ceux des ÆEndocarpes, is s’alongent ensuite, deviennent linéaires, et sont uen interrompus dans leur longueur, de manière à n’offrir que des points à la file les uns des autres, tantôt droits et tantôt flexueux , et comme rameux. Ils n’ont pas de rebord sensible. M. Thore a d'abord découvert cette curieuse espèce sur le charme aux environs de Dax; je l'ai retrouvée assez abondam- ment sur les troncs des chênes près de Saint-Sever (Landes.) Obs. L'Op. picea. Pers. (/]n Act. Wetteraw, vol. IT, p. 14) est voisine de l'Art. épaisse, comme je m'en suis assuré par l'étude de l'échantillon décrit par Persoon, et que cet auteur m'a com- muniqué. GENRE Il. Orécrarue. Opesrapha. Ach. Lich. univ., pag. 43. Réceptacles de formes variées, solides, pourvus d’un bord propre, plus ou moins saillans au-dessus de la croûte. Croûtelichénoïde , plus ou moins lépreuse ou membraneuse. Obs. Les Opégraphes se rapprochent plus immédiatement que les Arthonies, des Lichens à croûte lépreuse et à scutelles, ou des Patellaires de Decandolle. Quelques espèces, telles que FO. batarde et VO. attrayante, ont même la plus grande analogie avec ces derniers, par la configuration de leurs réceptacles. Ceux-ci forment au-dessus de la croûte une saillie souvent très- remarquable , et lorsqu'ils sont envahis par cette dernière, comme cela a lieu dans la plupart des espèces qu'Acharius a rangées dans le genre Graphis, ils ne laissent pas que d'offrir dans l’émi- nence de leurs bords, les caractères génériques qui les distinguent Tome LXXXVII. SEPTEMBRE an 1818. Dd 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des Arthonies. Ils varient depuis la forme arrondie jusqu’à la forme lineaire. Leur disque est tantôt creusé en gouttiére, tantôt en- tièrement caché par le rapprochement et la contiguité des bords, tantôt enfin plane ou convexe par l'effacement de ces derniers. Ces circonstances, dont Acharius s’est servi pour établir des divisions dans ce genre, sont fréquemment dépendantes ou de la localité, ou de l’âge de la plante, ou enfin des accidens sur- venus pendant sa végélation. Il me semble naturel de distribuer en deux sections les nom- breuses espèces d'Opégraphes, suivant que les réceptacles sont simples ou divisés. Réceptacles. simples, 1. Opégraphe à taches. Opegrapha macularis, Ach. 1. c., p. 247. Op. quercina et O. faginea, F1. fr., n°5 850, 831. O. quercina, — conglomerata, — faginea, Pers. Lichen rugosus, Hoffm. En. Lich., p. 10, tabl. 2, f. 5. Crusta una cum lirellis , maculas inæquabiles subrugosas nigras efficiente; apotheciis simplicissimis , confertis, ovatis oblongisque, disco rimæformi, demum subobliteratis. IT. in cortice fagi, ramisque juniorib, quercus. La détermination rigoureuse du genre auquel doit appartenir celle production végétale, est encore problématique pour moi, et en la conservant parmi les Opégraphes, je suis aveuglément l'exemple de tous les Lichenologistes. Elle me paroît avoir des caractères miloyens entre ce dernier genre et celui des Hystéries. Je ne vois pas distinctement une croûte proprement dite; mais voici comment se développe successivement cet obscur Crypto- game. Les réceptacles rassemblés par groupes plus ou moins considérables, sont d’abord logés sous l'épiderme de l'écorce. Mais bientôt par les progrès de leur développement , cette épi- derme se rompt. tantôt par une seule grande fente, dont la di- latation met à découvert tout un groupe de capsules, tantôt par des gercures partielles, des fendillemens dont les lambeaux simulent une croûte membraneuse. Les réceptacles petits et d'un noir mat, n'ont une forme bien déterminée que dans leur pre- mier àge. Alors on les voit ovales ou oblongs, quelquefois ar- rondis. Ils s'ouvrent ordiuairement par une fente bilabiée qui les fait ressembler à des Hystéries, mais il n’est pas rare qu'ils se fendent en trois et mème en quatre fragmens. À mesure qu'ils approchent de la dernière période de leur végétation, ils ET D'HISTOIRE NATURELLE. S11 se déforment , semblent émettre une poussière noire, ou tomber en déliquescence, et se fondre en une sorte de croûte noire homogène plus ou moins rugueuse, dont les diverses plaques deviennent confluentes. C’est dans ce dernier état qu’on l'observe fréquemment sur les troncs du hêtre. 2. O. pellicule. O. pellicula. Crusta interrupte effusa, membranacea , pelliculæformi sub- pellucida, glabra, albido flavescente; apotheciis prominulis sim plicissimis, sparsis, erumpentibus , ovato-ellipticis, disco canali- culato tandem planiusculo, margine inflexo obtusiusculo. I. in cortice læviuscula arborum cirea Lutetiam. Je n'ai trouvé dans aucune espèce de ce genre, une croûte de cette structure. C’est une membrane irrégulièrement répandue, d’un blanc jaunätre, ayant tout l’aspect d'une pellicule sèche. Vue au microscope, elle offre une structure réticulaire assez analogue à celle des feuilles de certaines mousses. Je me suis bien convaincu qu’elle n’étoit point fournie par une exfoliation de l’épiderme de l'écorce , puisque malgré sa dissémination vague, il n’y a de lirelles que là où elle existe, et qu’elle est aussi distincte par sa couleur que par son organisation, de la membrane corticale qui l'avoisine. Les réceptacles, d’abord ca- chés sous la croûte, rompent ensuite celle-ci et se montrent sous la forme de petites cupules noires, ovales ou elliptiques, munies d’un rebord obtus replié en dedans, et d’un disque tantôt resserré en gouttière, tantôt presque plane. J'ai découvert, il y a plus de douze ans, cette curieuse Opé- graphe aux environs de Paris, près de Marly, sur l’écorce lisse d'un arbre mort. 3. O. vulvelle, F1. fr., vol. VI, p. 160. O. vulvella, Ach. I. c., p. 257. O. diaphoræ, var. B spurcata, Ach. 1. c., p. 254. (Sec. litt. autor.) Crusta effusa , tenuissima , lævigata, albida aut subnulla ; apo- theciis simplicissimis (parvis) prominulis , distinctis, ovatis, oblon- gis, cymbiformibusque, disco rimæformi, concavo, demum plano, margine nunc inflexo nunc subvanescente. H. cort. popul, juglandis, quercus. (Paris , Montpellier, Saint- Sever.) Sa croûte est souvent peu apparente et vaguement répandue, Dd 2 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CILIMIE blanchätre ou grisätre. Les réceptacles, bien plus petits et moins approchés entre eux que ceux de l'O. notha, sont, les uns arrondis ou ovales, les autres oblongs , quelques-uns amincis aux deux bouts et dilatés au centre, ce qui leur donne, dans ce dernier cas, une forme naviculaire. Tantôt les bords sont repliés en dedans et contigus, de manière que le disque ne se dénote que par une fente comme dans les //ysterium , lantôt ce dernier est décidément concave avec ses bords redressés, enfin il finit par être plane, mais non convexe, circonstance qui le distingue encore de l'O. notha. La modification qu'Acharius lui-même m'a désignée sous le nom d’O. diaphora, B spurcata, a des réceptacles un peu plus déprimés , mais ne mérite pas d’être mentionnée avec un nom particulier. Je l'ai pareïllement trouvée sur Pécorce du figuier en Espagne; celle qui vient sur le noyer est remarquable par la petitesse des lirelles, leur forme en nacelle et l'absence de la croûte. Ces capsules se trouvent souvent disséminées au mi- lieu des autres espèces d'Opégraphes ou de Lichens. 4. O. batarde, FL. fr., n° 854. 2 O. notha, Ach. 1. c., p. 252: O. lichenoides. Pers. Crusta subleprosa, effusa, cinereo-albida; apothectis simplicibus (majusculis) prominulis, subrotundis, ovatis, diflormibusque, obtu- sissimis, confertis disco demum convexo tmmarginato. 1. ad arb. var. cortices. .: J'ai souvent vu cette espèce occuper, sur les vieux troncs de chène ou, d'ormeau, soit aux environs de Paris, soit dans le midi de la France, des espaces de plusieurs pieds d’étendue. Sa croûte est blanchätre ou grisètre, tantôt lépreuse, tantôt à peine sensible. Les lirelles assez grandes et souvent très-rap- prochées entre elles, sont noires, obtuses, la plupart arrondies ou ovales. Leur disque finit par être convexe , difforme et comme rugueux. J'en possède une variété qui, par sa croûte en forme de tache distincte et par ses réceptacles très-noirs, ressemble beaucoup au Lichen corticola. 5. O. bleuitre, F1. fr., n° 837. O. cæsia, Ach. I. c., p. 2534 Crusta late effusa, alba, leproso-pulverulenta; apotheciis ad- pressis, conferts, nigris cæsio-prunosis , rotundis , oblongis, pas- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 213 simque flexuosis obtusissimis; disco plano in longioribus canali- culato demum turgido convexo; margine tandem evanescente. 11. in cort. exarid. quercus. Sa croûte, assez épaisse, blanchätre et pulvérulente, n’est point circonscrile, et occupe souvent de grands espaces sur les troncs de chène, où je l'ai fréquemment observée aux environs de Paris. Ses réceptacles, un peu enfoncés dans la croûte et comme dé- primes, sont nombreux , pressés entre eux et plus ou moins saupoudrés d’une poussière grise qui leur donne une nuance bleuâtre. [ls sont tout-à-fait ronds, ou ovales, ou oblongs, mais toujours obtus. Leur disque, dans ceux qui sont peu avancés en äge, est plane ou rarement canaliculé dans les lirelles alongées; il finit par devenir convexe, et dans ce dernier cas, surtout si la saupoudrure n’existe point, on prendroit cette Opégraphe ou pourl'O. notha , ou pour une modification du Lich, corticola, Ach. 6. O. attrayante. O. illecebrosa. Crusta albissima, pulverulenta, tenui, subeffusa; apothectis scu- telliformibus rotundatis (rarissime subovatis ) amæne pruinoso- cæstis, disco plano lato, margine tenuissimo subintegro. 1. in rimis truncorum antiquorum quercus Galliæ meridionalis. Cette jolie espèce a des rapports avec l'Op. bleuâtre; mais, outre qu'elle a un facies qui la distingue facilement au premier aspect, elle diffère, 1°. par sa croûte moins étendue, plus mince et d’un blanc plus pur, assez semblable à de l’amidon; 2°. par ses lirelles moins nombreuses, rondes et jamais oblongues, d'un bleuätre plus tendre, ne devenant pas noiratres. Ces ré- ceptacles ne sont ni difformes, ni flexueux comme dans la va- riété Æmylacea de YOp. cæsia, Ac. Ts ressemblent , à s’y mé- prendre, aux scutelles de quelques Lichens. Leur bord est très-mince, entier et moins bleuätre que le disque, surtout dans leur jeunesse. 7. O. concaye. O. concava. Op. pruinata, Pers., in Act. Welteraw, vol. If, p. 14. Crusta effusa, glabra, cohærente , vix rimosa albida ; apothecris subtransversis , utrinque, altenuatis, disco concavo cæsio, mar- ge tenu. H, cort. cerasi. Persoon. 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ses lirelles sont plus grandes et moins saillantes que dans l'O. vulvelle. Leur disque, qui est creux et d’un gris bleuatre, est ordinairement dilaté dans son milieu. 8. O. grumeleuse, O. grumulosa. O. Persoonii, var. B aporea, Ach. 1. c., p. 246? O. calcaria? Ach., tb. Crusta subeffusa, tartara , crassissima , friabili , albissima , gru- mulosa; apotheciis simplicibus magnis nigro cæsus, con ertis con- fluentibus , conglomeratisve ; ovatis difformibusque , disco lato planiusceulo , marginibus tandem varie flexuoso-denticulatis, mesen- teriformibus. H. in rupib. cale. Galliæ australioris. Sa croûte forme, sur les rochers, des plaques assez étendues, souvent indéterminées, d’une substance épaisse, inégale, bosselée, grumeleuse, friable, blanche intérieurement comme de l'amidon. Les lirelles saupoudrées d’un gris bleuâtre, et souvent fort grandes, ordinairement groupées sur les bosselures de la croûte, ‘ ont des formes très-variées et insolites : tanlôt ovales, amincies par les deux bouts, tantôt oblongues et obtuses, enfin le plus fréquemment alongées , flexueuses, confluentes et tout-à-fait dif- formes. Leur disque est large , plane ou concave, et leur bord se fléchit, se replie, se contourne de tant de manières , que tantôt elles ont un aspect mésentérique , et tantôt elles ressemblent aux réceptacles des Gyrophores. Il n’est pas rare même qu'elles deviennent prolifères, par la pullulation de nouvelles lirelles sur le disque des plus anciennes. J'ai rencontré en 1806, cette singulière espèce sur les rochers calcaires verticaux de Mont-Redon, près Marseille , et à Beaucaire. 9. O. verrucaire. O. verrucarioïdes, Ach. 1. c., p. 244, æ. V’errucaria salicina, FI. fr., n° 855. Crusta subeffusa, tenui, contigua, vix rugostuscula, albido- cinerascente; apothecüs simplicissimis, confertis, prominulis, mt- nutis, subglobosis , disco punctiformi quibusdam ovatis longius- culisve, disco rimæformi. H. in cort. exarid. salicino circa Lutetiam. C’est sur les échantillons qui ont servi de type à Decandolle et à Acharius, que j'établis le signalement de cette espèce. Sa croûte n’a pas de limites bien distinctes. Elle est mince, quoique ET D'HISTOIRE NATURELLE. 215 très-apparente, d'un gris cendré ; sa surface , observée à la loupe, offre quelques inégalités à peine sensibles, et me paroit plutôt glabre que pulvérulente. Ses lirelles fort rapprochées, saillantes el très-peties, se présentent sous la forme de points noirs , ronds et ovales, dont le disque est tanlôt comme un pore central, ce quien a imposé à Decandolle, qui a cru y voir une espèce de Ver- rucaire, et tantôt en fente bilabiée. Parmi ces réceptacles, on en voit par-ci par-là qui sont alongé sel peut-être parasites. 10. O. hystérie. O. hysterioïides. Hysterium Opegraphoïdes, F1. fr., n° 829. Op. verrucarioides , d'pepega, Ac. 1. c., p. 245. (Secund. litt. auloris.) Crusta subeffusa , tenui, subnulla, cinerascente subrimosa; apo- thectis simplicissimis, subimmersis, erumpentibus , quibusdam mi- nutts punctiformibus, aliis oblongis longtusculisque confluentibus, disco rimæformi. IT. in ligno subputresce. circa Lutctiam. Celle-ci a sans doute de grands rapports avec l'O. verrucarioides, dont Acharius la regarde comme une variété; mais elle en dif- fère essentiellement par ses lirelles plus longues, souvent con- fluentes , à demi-enfoncées dans les fibres du bois qu’elles écartent pour éclore. Ce dernier trait les fait ressembler à un Æysterium, geure auquel Decandolle a mal à propos rapporté cette espèce, qui s’en distingue et par la présence d’une croûte et par ses réceptacles plus opaques, moins durs, munis de rebords plus marqués. Parmi les lirelles alongées , il s’en trouve quelques- unes plus ou moins arrondies, dont le sillon est peu apparent ou effacé. 11. O. fendillée, F1, fr., n° 847, O. rimosa. O. depressa, Ach. 1. c., p. 262. (Sec. litt.) Crusta determinata, suborbicularis, crassiuscula, glabra, læ- vigala, rimoso-areolata , albida; apotheciis simplicibus confer- tissimis, confluentibus , oblongis, longiusculisve, attenuatis, sub= Jlexuosis, crusta subimmersis , disco planiusculo, passim rimæformr. H. trunc. juglandis ad Parisios. Sa croûte lisse, glabre et blanchätre , est assez épaisse pour pouvoir se fendiller en aréoles; elle forme une plaque plus ou moins orbiculaire de 6 à 7 lignes de diamètre. Les réceptacles 2167 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE très-noirs , nombreux, fort serrés entre eux et empiélant les uns sur les autres , eccupentpresque toute l'étendue de la croûte, de manière qu’à une certaine distance leur ensemble représente une tache noire. Ils ont une disposition concentrique. Leur forme est alongée, pointue aux deux bouts. Ils sont d’abord à demi-enfoncés dans la croûte. On en voit à la circonférence quelques-uns isolés, plus petits, ovales ou en forme de points. Leur disque est ordinairement à découvert et plane, mais il n’est pas rare d'observer des lirelles avec une fente bilabiée. Cette espèce , qui croît particulièrement sur l'écorce de noyer, est très-distincte de l'O. atra. Quelquefois une fuliginosité. obs- cure se répand parmi les lirelles , et empêche de bien recon- noîlre leur forme. 12. O. rougeätre, FT. fr., n° 836. O. rubella, Pers., Ach. I. c., p. 249. Crusta late effusa ; lenut, lœvigata 5 cinereo-subrufescente; apo= theciis simplicibus prominulis, oblongis, longiusculisque, distinctis, acutiusculis; disco nunc rimæformi marginibus involutis, nunc pla- niusculo. IT. cort. trunc. pop. æscul. querc. Paris, Saint-Sever. Elle a quelques rapports avec l'O. notha dont elle diffère , surtout par la petitesse de ses lirelles, qui ne sont jamais ni rondes, ni convexes, et dont les extrémités sont eflilées. La couleur roussätre de sa croûte, la simplicité de ses réceptacles dont les bords sont souvent bien repliés en dedans, la distinguent de l'O. hébraïque. Peut-être que sa croûte emprunte sa couleur de la Zèpre odorante. J'ai du moins constaté que quand on l’hu- mecte elle répand une légère odeur de violette. Ses cupules , lorsque les bords en sont bien contractés, ont de la ressem- blance avec le Hysterium pulicare, mais elles sont bien moins saillantes, plus ternes et moins grosses que dans ce dernier. 13. O. dartreuse, F1. fr., n° 855. O. herpetica, Ac. 1. c., p. 248. (Sec. litt. autor.) Crusta nunc subeffusa', nunc determinata, tenui, æquabili, ci- nereo-fucescente vel fumosa, sub lente punctis albidis adspersa ; apotheciis simplicibus , adpresso-subimmersis, parvis, confertis, ova- us, oblongis passimque longiusculis; disco planiusculo, rarius canaliculato. H. cort. variar. arb. (querc. pop.) Paris, Saint-Sever, Dax. Le signalement que je viens de donner a été tracé et d’après les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 217 les échantillons que Decandolle a décrits dans mon Herbier, et d’après ceux qu'Acharius lui-même n'a désignés sous ce nom. J'ai vu, outre cela et étudié, dans la collection de Persoon, un individu de cette même espèce, envoyé et nomme par le lichénographe suédois. Il étoit en tout semblable aux miens. Malgré toutes ces données positives, ce n'est pas sans une cer- taine hésitation que je me décide à regarder cette Opégraphe comme. distincte de l'O. roussätre. Sa croûte, qui est mince, tantôt limitée, tantôt vaguement ré- pandue, a une couleur rembrunie tirant sur le cendré verdàtre obscur; mais je n'ai jamais observé qu'elle fùt bornée par une ligne moire comme l'avance Decandolle , sans doute d'après Acharius, qui, dans son Prodromus et son Hethodus, admettoit ce caractère, tandis qu'il ne le mentionne plus dans sa Liche- nographia universalis. Sa surface n'est pas sensiblement bour- souflée, Elle est lisse, et si quelquefois on lobserve fendillée, cela tient plutôt à l'écorce qu'a la croûte elle-même. Observée à la loupe, on y apercoit, surtout dans le voisinage des lirelles, de petits points blanchätres qui ne sont nullement parasites. Les réceptacles, loin d’être proéminens et sillonnés, sont, au con- taire, déprimés, presqu’enfoncés dans la croûte, et leurs bords sont rarement satllans. [ls sont noirs, simples, les uns ovales ou oblongs, les autres alongés, quelquefois flexueux. 14. O. pointillée. O. punctulata. Crusta effusa, tenuissima , lævigata, submembranacea, ferru- gineo-rufa, nigro punctulata; apothectis minutis subsimplicibus , anguste longiusculis, subflexuosis, distinctis, vix prominulis, disco runæformtr. II. in cort. quercus Galliæ meridionalis. Sa croûte ressemble à celle de l'O. roussätre, maïs elle en diffère , parce qu'au moyen de la loupe on découvre à sarsurface une foule de petits points noirs, saillans, convexes ; quelquefois percés d'un pore dans leur centre, comme dans les verrucaires , mais appartenant essentiellement à cette Opégraphe , et ne devant pas être considérés , je crois, comme les germes des ‘hirélles, Ces points sont moins prononcés que ceux de 1Q.. verrucaire) dont elle differe par la longueur de ses lirelles. Crles-ci, peu saillautes et moins distinctes, sont fort. étroites, nojres, siniples et marquées d’un sillon linéaire. Tome LXXXVII. SEPTEMBRE an 1818. Ee 218 JOURNAL DE PHYSIQUE s DE CHIMIE ** Réceptacles divisés. 15. O. difficile. ©. difficilis. O. rimalis, Ach. I. c., p- 260. (Sect. litt.) Crusta determinata , crassiuseula , contigua , subpulverulenta (laud membranacea) albido cinerascente: apotheciis confertis oblon- gis, longiusculisque, simplicibus, passimque bifidis, depresso-sub- unmersis, tandem confluentibus amorphis, disca rünæformi. A. in Ligno pütresc. salieis ad Parisios. Lorsque je consultai Acharius sur celte Opégraphe, de je lui envoyai un échantillon , il me répondit qu’elle ne différoit point de son ©. rimalis. Je n'ai pas cru, malgré cela, devoir adopter ce dernier nom, parce qu'il me reste des doutes sur l'identité de celte espèce avec celle décrite par cet auteur. Peut-être que l'exigaité ou l'imperfection de l'individu communiqué à celui-ci, ne la pas mis à même de saisir ses caractères. Sa croûte forme des laches plus où moins alongées, circon- scriles, d'un cendré blanchätre, dont la surface unie, sans être membraneuse, offre, dans sa jeunesse, quelques points obscurs, mis en évidence par la loupe, et qui ne sont peut-être que les germes élouffés des lirelles. CeHes-ci, à demi-enfoncées dans la croûte, noires, alongées, simples ou très-rarement bifides, rap- prochées, el souvent confondues, de manière à n'avoir plus de forme déterminée, ont un disque en rainure apparente dans celles qui ne sont pas conflueutes, el effacée dans les plus anciennes. J'ai trouvé cette espèce rare dans le creux des vieux saules. à Gentilly près Paris. 16. O. hébraïque. O. hebraïca. Lichen hebraicus, Hoffin. En. Lich., p. 15, t. I, £ 2, f. Op. signata-rimalis-diaphora, Ach. ]. c. Op. signata, FI. fr., n° 839. Crustaeffusa, tenui, albido-cinerea ; apotheciis prominulis variis, rainoribus ovatis , oblongisque; majoribus elongatis, attenuatis, 2-3 Jidisve; disco canaliculato tandem planiusculo. H. in trunc. arb. variar. J'ai acquis la certitude, par les divers échantillons de cette Opégraphe envoyés à Acharius, et par la correspondance de celur-ei, que les troisespèces de cet auteur mentionnées plus haut, devoient se réduire toutes à une seule. Sa croûte diffuse et iné- ET D'HISTOIRE NATURELLE: 219 galerment répandue, lisse ou à peine fendillée, est blanchätre, quelquefois presque nulle. Les réceptacles, d’un noir profond , bien saillans au-dessus de la croûte, sont, pour la plupart, simples, oblongs ou ovales, pointus aux deux bouts; mais il en est de bifurqués en YŸ, d'autres triangulaires assez ressemblans à un petit chapeau à trois cornes, et peut-être peu differens de ceux de l’Op. tridens, Ach.; enfin, j'en ai observé qui avoient quatre branches disposées en croix. Leur disque, souvent caché par le rapprochement des bords, ou canaliculé et concave , finit par être plane. < C'est évidemment à celte espèce et non au Graphis scripta, Ach. (Lich. univ.), qu'il faut rapporter le synonyme cité de Hoffmann. Ce dernier auteur, en parlant des lirelles, dit qu’elles sont crassæ breves, expressions qui ne sauroient convenir au dGraphis précité, dont les réceptacles sont absolument linéaires et enfoncés dans la croûte. La figure de l'iconographe allemand cadre fort bien avec l'Opégraphe que je viens de décrire, etJat vu à Lyon dans l'herbier de Latourette, que M. Gilibert a eu la complaisance de me laisser parcourir, cette espèce désignée par Hoffimann jui-même sous le nom de Lichen hebraicus. 17. O. élevée. O. elevata, F1. fr., vol. VI, p. 160. Crusta effusa, tenui, albida, subpulverulenta, æquabili;: apo- theciis crassis, elevatis, turgidis, confertissumis, subacervulatrs , ovatis , oblongis, 2-4 fidisve demum convexis, difformibus, rugosis; disco canaliculato nec non planiusculo, passim albido pruinato. I. in ramis exsiccatis juniperi Phaniceæ Galliæ australioris. Cette Opégraphe , que je rencontrai abondamment en 1806, sur les branches du genevrier phénicien à Porquerolles, l’une des iles d'Hières, est remarquable par la grosseur et la saillie de ses réceptacles. Sa croûte blanchâtre, unie, mince, quoique bien sensible , et d’un aspect pulvérulent, enveloppe les dre sans avoir des limites tranchées. Les lirelles noires ou quelquefois saupoudrées, surtout dans leur jeunesse, d’une poussière blanche ou glauque, sont nombrenses, rapprochées, el même groupées et presque confondues. Les unes tout-à-fait simples, ovales ou oblonues , les autres bifides, trifides où même à quaire angles, ont leur disque concave dans le premier âge ayec les bords renversés en dedans, ensuite plane. Elles finissent par deveuir convexes, difformes et plus où moins rugueuses, Cette espèce établit la filiation entre l'O. notha et O0. hebraica. Ee 2 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIS 18. O. roussätre, F1, fr., n° 842. O. rufescens, Pers. O. siderella, Ach. (Ex autoris sententia.) O. bullata; FI. fr. Crusta latè effusa, tenuissima, submembranacea , lævigate, obscüre rufescente; apothectis depresso-subirmersis, distinetis, lon- giusculis, semplicibus, 2-3 fidisve, flexuasis; disco planiusculo, pass vix canaliculato. I. incorticel lævigäta querous. Celle-ci se distingue parfaitement de toutes celles qui lavoi- sinent, et par la teinte roussätre de sa croûte, qui est très- mince, unie, répandue au loin sur l'écorce, et par ses lirelles nullement satllantes, déprimées, planes ou à peine munies d'un mince rebord, élroites, linéaires, flexueuses, taulôt simples, tantôt bifides où trifides. La croûte observée à la loupe, offre de très-petites ébullitions sous la forme de points blanchätres presqu'imperceplibles. Je trouve ce caractère un peu plus pro- noncé dans l'échantillon que Decandolle a décrit dans mon her- bier sous la dénomination d'O. bullata, que Persoon lui ayoit imposée au hasard. 19. O. groupée. O. acervulata. Crusta effüusa, tenuissima, lœvi, subrufescente subnulla; apo- thécits aterrimis, prominulis , nitidis linearis angustissimis apice muleifidis, in macullulas complanatas radiosas congestis, confluen- tibus ; disco canaliculato. H. cort. lœvis. truncorum quercus ad Saint-Sever. «C'est une des espèces les plus rares et les mieux caractérisées. Sa croûte est imperceptible et peut-être nulle. J'aperçois une ‘teinte’roussätre sur l'écorce. Les lirelles, d’un noir profond, proé- ®minéhtes él un peu luisantes, ont une disposilion fort remar- *quäble. Elles sont réunies par petites taches, de deux lignes au plus de diamètre, aplaties, plus ou moins arrondies, irra- diant du centre à la circonférence. Ces réceptacles fort étroits et linéaires, paroïssent se confondre au centre de ces élégantes astérisqües, mais leurs extrémités Circonférentielles sont plus distinctes ét, pour l'ordinaire, divisées en rameaux courts, très- manifestes. Leur disque,est une rainure bien enfoncée , bilabiée. “Au miliéu de ces petits groupes en rosettes, on en observe çà et là de moins parfaits formés par la réunion. et l'entrecroise- ET D'HISTOIRE NATUNELLF. 22% ment de deux ou trois lirelles. On y reconnoit loujours une disposition rayonnante. Cette jolie espèce, qui croît sur l'écorce encorelisse du chêne, eit fort différente de l'O. radiata, Pers., et de VO. dendritica , Ach. La forme, la structure de ses lirelles , la rapprochent de VO, atra. 20. O. noire, F1. fr., n° 840. ©. atra, Pers. O. denigrata, Ach. 1. c., p. 259. (Sec. lit.) O. pedonta, var. y sychnotea, ib., p. 265. (See. litt.) O. nimbosa, var. B subobliterata , ib., p. 246. (Sec. lit.) Lichen scriptus, Hoff., en. Lich., var. c. d. Crusta determinata, lævissima, tenui, æquabili, membranacea albida ; apotheciis angusto-linearibus prominulis, subnitidis, ater- rimis, flexuosis, simplicibus passimque, 2-5 fidisve, varie implexo- conferlis; disco canaliculato aut rimæforme. 1. in cort. arb. var. æ Stenocarpa.-Apotheciisangustissimis congesto-maculiformibus, O. stenocarpa, var. B hapalea, Ach. 1. c., p. 256. (Sec. litt.) O. stenocarpa , F1. fr., vol. VI, p. 170. ©. reticulata, 1b. H. in cort. exarida salicis. (Paris, Saint-Sever.) Cette Opégraphe, sujette à une foule de modifications dont les auteurs ont surcharge le catalogue desespèces et des variétés de ce genre , est reconnoissable, au premier aspect, à sa croûte mince, lisse, glabre, blanchätre, formant des taches plus ou moins distinctes, et à ses lirélles d’un beau noir pur, glabres, presque luisantes, fort étroites, linéaires , proéminentes, fort rappro- chées entre elles, différemment entrecroisées, entorlillées, sans être soudées ou confluentes. La plupart de ces lirelles sont simples, mais en y promenant la loupe, on en découvre de bifides et même de trifides. Le disque est le plus souvent.caché par le rapprochement , la contiguité des bords. Dans quelques circonstances rares, on l'observe un peu apparent, mais ce caractère est des plus inconstans, et c’est à tort qu'Acharius l'admet comme base distinctive de l'espèce. Je me suis assuré du synonyme de Hoffmann, par un échan- tillon que ce lichénographe avoit envoyé à Latourette avec cette dénomination. Acharius a décrit sous le nom de O. pedonta, y sychnotea, un individu saupoudré d’une poussière parasite verdàtre qui, en 222 JOURNAL DE PUYSIQUE, DFE CHIMIE conservant plus long-lemps l'humidité aulour des lirelles, a em- èché leurs bords de se contracter, ce qui laisse à découvert e disque. Mais avec un peu d'attention on voit que le fond de la croûte, lorsqu'il n’est pas altéré par la présence de la pous- sière en question, est lisse, blanchätre, et que les lirelles ont dans ce cas, tous les caractères de l'O. atra. J'ai observé celte modification sur l'écorce du chêne, soit aux environs de Paris, soit dans le Midi de la France. Ce même auteur a mentionné sous la variété y melania de son Op. denigrata, une modification assez commune sur les jeunes troncs du chêne, dont la croûte a une légère nuance glauque, et dont les réceptacles, d’une extrême ténuité et un peu moins saillant, ont quelquefois une disposition radiée. J'avois envoyé dans le temps à ce lichénographe, sous le nom de Op. atra, var. subablitterata , un état particulier de cette èspèce, qui paroît avoir éprouvé quelque trouble, quelque crise dans son développement. Sa croûte, dont la surface est un peu inégale, mais pas assez pour mériter l’épithète de rodulosa , par laquelle ‘il la désigne, forme, sur l'écorce lisse du frène, aux environs de Versailles, des taches blanchâtres transversales. Ses lirelles très-noires , tantôt très-petites, ce qui tient à leur imperfection, tantôt alongées, sont irrégulièrement disséminées , quelquefois confondues et difformes. Acharius en a fait la variété B de son Op. nimbosa. La variété que j'ai signalée sous le nom de Stenocarpa, est remarquable par l’étroitesse de ses lirelles, qui sont quelquefois tellement serrées et entassées , que leur ensemble représente une tache noire. D'autrefois elles sont enchevetrées comme un réseau noir sur un fond blanc, et c’est cette modification, assez fréquente sur les vieux troncs de saule, d’ormeau et de pin, que Decandolle a décrite comme une espèce, sous la dé- nomination d'O. en réseau. Nul trait vraiment spécifique ne jus- tifie l'établissement de cette variété et de sa modification en es- pèce. Cette démarcation peut être apparente sur un individu isolé, mais n'existe pas dans le fait. 21. O. des pierres. O. saxatilis, FI. fr., n° 848. ©. lithyrga, B confluens, Ach. 1. c., p. 247. Crusta, determinata, tenuissima , fere nulla, albido-cinerascente (rupicola); apothectis aterrimis, subnitidis, prominulis, longiusculis, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 simplicibus, divisisque, flexuosis, confertis passim confluentibus, disco rimæformi. ÎT. rup. cale. Galliæ australis. Elle a plusieurs traits de ressemblance avec l'O. atra, mais la nature de son support, la ténuilé de sa croûte, qui n'est pas membraneuse, et ses lirelles moins lungues el moins entrelacées , l'en distinguent suflisamment. Sa croûte forme, sur les rochers, des pliques d’un gris cendré, quelquefois avec une teinte roussätre, comme l'a fort bien ob- servé Decandolle, mais si minces, si superficielles, qu'elles échappent presqu'a la vue. Les lirelles, d’un beau noir un peu luisant, très-proëéminentes, la plupart linéaires dans leur parfait développement, tantôt simplement courbées , tantôt flexueuses, sont ordinairement siinples; mais on en rencontre qui ont un ou deux rameaux. Quelquefois elles sont distinctes les unes des autres, mais souvent elles sunt rapprochées, enfin on en ob- serve de groupées et de confluentes. J'ai trouvé cette espèce sur les roches calcaires des environs de Montpellier et de Beaucaire, et sur les pierres des murailles dans le département des Landes. 22. O. sillonnée. O. sulcata, FI. fe, vol. VI, p. 171. Crusta tenui, subeffusa, albida nunc glabra submembranaceu , nunc rugosulè subpulverulenta ; apotheciis elongato-linearibus, pro- minulis, flexuosis, simplicibus, 2-3 fidisve, disco longitudinaliter rugoso, sulcato convexiusculo. H. in cort. variar. arbor. in Gallia merid. Voila encore une espèce supérieurement caractérisée par Îles sillons ridés qui parcourent la longueur des lirelles. Sa croûte mince, blanchätre, fort adhérente, présente, quant an poli de sa surface, des différences qui tiennent sans doute à la qualité de l'écorce. Je lai observée lisse et comme membraneuse sur les rameaux du chêne et sur l'écorce du houx. Sur les troncs du chène et du chätaignier, elle forme des plaqnes plus cir- conscrites, d’un aspect un peu pulvérulent, ayant de légères inégalités exanthématiques. Quoi qu'ilen soit de ces modifications de la croûte, les réceptacles ont une forme el une structure constantes. Ils sont proéminens , alongés, linéaires, plus ou moins flexueux, tantôt simples, tantôt branchus où bifurques, presque toujours terminés en pointe. Leur disque est convexe et marqué de sillons longitudiuaux très-prouoncés, souvent 1r- 224 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » . . 2 La réguliers ou interrompus. Il n’est pas rare de les observer étranglés en travers , ou même avec une solution complète de continuité. 23. O. du cerisier, 1. fr., n° 841. O. cerasi, Pers., Ach. meth., p. 27. Graphis cerasi, Ach. lich. univ., p. 268. Crusta tenuissima , membranacea , lævigata nitidula 5 albido- glaucescente; apotheciis lineuri - angustissimis , conferlis erum- pentibus rectis, subparallelis, subsimplicibus, acununatis; disco canaliculato nec non runæformi, subpruinoso. H. transversim cort. cerasi. La direction constamment transversale de sa croûte, qui n’est qu'un mince vernis blanchätre , la rectitude de ses lirelles pa- reillement transversales, nombreuses, pressées entre elles , presque toujours simples, sont les principaux caractères qui dis- tinguent celte espèce de l'O. écrite. Je ne sais pas jusqu'à quel point peut influer sur ces Caractères, la direction circulaire des fibres de l'écorce du cerisier. Les lirelles acquièrent jusqu'à deux et trois lignes de longueur, et lorsqu'elles se réunissent en se soudant bout à bout, comme je l'ai observé plusieurs fois, elles ont alors une étendue démesurée. Leur disque est saupoudré d'un gris bleuâtre. 24. O. serpentine, F1. fr., n° 845. O. serpentina, Ach. meth., p. 29. Graphis serpentina, Ach. lich. univ., p. 260. Crusta determinata, tumidula , rugulosa, cinereo-albida, nec non albissima; apotheciis immersis, angusto linearibus, cæsio prui- nosis, confertissünis, variè implexo - flexuosis , subsimplicibus divisisque; disco canaliculato, marginibus tenuissimis aculis, tan- dem planiusculo. H. in cort. var. arb. Sa croûte, tantôt décidément blanche, tantôt grisätre ou cen- drée, souvent presqu’entièrement envahie par l'abondance des reéceplacles , forme une plaque circonscrite dont la surface glabre et plus où moins fendillée , offre de légères rugosités. Les li- relles fort nombreuses, serrées entre elles , longues et étroites, simples ou rameuses, enfoncées dans là croûte , diversement flexueuses et entrelacées, ont leur disque d'un gris bleuâtre, creusé en étroite rainure , avee des bords relevés, minces, tran-" Chaus , ordinairement moins saupoudrés que le disque , quelque- fois connivens, Dans un âge plus avancé, leur bord s’eflace, elles paroissent ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 paroissént planes et comme rebordées par la croûte qui, dans ce cas, offre une surface finement fendillée en divers sens. C’est cette modification que j'ai vue dans l'herbier de Persoon sous. le nom d'O. subtilis, et qu'Acharius a mentionnée comme une variété. Toutes celles que ce dernier auteur a décrites, ne sont que des différences dépendantes de l’âge ou de la localité. 25. O. écrite. O. scripta, Ach. meth., p. 30. Graphis scripta, Ach. lich. univ., p. 265. ©. pulverulenta et limitata, F1. fr., n° 844, 845. Crusta tenuissima, membranacea, læevigata x subnitida ; apo4 theciis lineari-angustissimis, acutis erumpentibus, simplicibus, di- visisque, disco rimæformi, marginibus conniventibus, crusta ment- branacea circumductis. H. cort. tener. var. arb. Sa croûte lisse, parfaitement glabre, membraneuse et souvent Juisante, a une telle ténuité, qu’elle est inséparable de l’épiderme de l'écorce. Elle donne à cette dernière une sorte de vernis, tantôt blanchätre, tantôt gris plombé plus ou moins enfumé et bordé d’une ligne noire, ce qui a suffi à plusieurs auteurs pour former une espèce sous le nom d’'O. Zimitata. Les lirelles longues; étroites et pointues, droites ou fléchies, simples ou bifurquées, fendent la croûte pour éclore, deviennent légèrement proémi- nentes, et tiennent souleyée cette dernière. Elles sont noires et marquées , d’une rainure profonde béante ou quelquefois plus rétrécie par la connivence des bords. La plupart des auteurs ont décrit sous le nom d'O. pulveru= lenta, une modification de celle-ci. Tome LXXXVII. SEPTEMBRE an 1818. Ff | 2 OBSERVATIONS MÉTEOROLOGIQUES TAIÎTES A compter du 1° THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR La = CENTIGRADE. 7 ? MINIMUM. MAXIMUM. A MIDI. heures Ra; 1 | àmidi. +2400| à 4 = m. +16°25| +24,00 2 | à3s. +Lo93,00! à 4 1 m.—+12,79| +92,80 8 | à515. 94,50! à 4! m. 10,50| +227 4 |à5s +07 50| à {£im. #18,25| 26,00 5 |à3s. +530,40! à4 1m. -+15,00|,+29,2b 6 | à3s. +3250| à 41m 15,25] 30,75 7 |à3s. + 29,25] à 4 km. H19,60| 498,40 8 | à3s. +-25,40| à 4 im. 15,95] +2,79 9 [à3s. +50,4|.à 42m. +7,25] +8,90 10 a4is. Lo9,75] à 45m. 17,10] Hoi, 40] à 11 | à3s. +1,50) à 4 $ m. +14,25| 20,29 12 | à3s. +93,9b| à 4 3m. +18,oc| +22,00 13 | à8s..., +260 à 4 $mr. io 5o| +21,5c 14 là3s. —Hos,ic] à 45 m. +19,50| Ho1,5c 15 [à5s, Ho1,25| a 43 Sin. 415,00 +19,60| : 16 | a8s. +91,50 à4im. 192,50 420,95 17 | à midi. +99,j0 à 4% me Hu 1,50|( +29, 96 à 18 | à midi, 25,60 à 4me1) +19,2P| 95,60 19 labs. , Ha5,75| à5m.y 13,00 15,90 20 | a8s. 17,50! à 5 m. 10,90], +16,40! à o1 | a8s. i8,oo| à5m. (+i9,50| L18,/0| à 22 | à3s. 417,55] à5m. H11,95 16,90! : 25 | à midi. +417,60| à5m... 10,80 17,60 24 là 3s. Hoi,95| à 5m. + 8,75 19,00 25 | à3s." +oi,4ol à5m. +13,50| +a1,05l 26 | à midi. . 19,40] à5m. +12,60 +19, 4° 27 | à 535: Ho0,25| à5m. -+11,50 +19, 2) 28 | à3s. 21, 7...2D% 20. 2..,24X 20.28. ..922 20-47-23 % 21.10..420 + 20. 5...94 20.32...92 + 20.b2...04 21,12...926 © 20. 7.,.29 20437 Nan 20.53. .:24 + 21.17...27 0 21.27..,.98 + On voit, par ce Tableau, que la descension et l'ascension du thermomètre ont suivi fort exactement le progrès et la diminution de l’éclipse. (2) Lettres physiques et morales sur l'Histoire de la T'erre etsur l'Homme, etc., par M. Deluc, tome Y, partie XI, lettre 142. De ET D'HISTOIRE NATURELLE 271 d'observation, marque le même degré de chaleur, que le ciel soit également serein, mais qu'il fassé un grand vent; l’obser- vateur météorologiste se fiant à l'indication de son thermomètre, regardera la température de ces deux jours comme parfaitement égale, et la notera ainsi dans son journal; mais celui qui aura élé à la campagne pendant ces deux jours, soutiendra, d'après ses sensations, qu'il a fait plus de froid le second jour que le prete et il auraraison; car il est possible que l'excès de a chaleur des rayons solaires sur la température à l'ombre, fût le premier jour de huit degrés, et le second de deux degrés seulement, en sorte qu’en plein air au soleil, on éprouvoit ce dernier jour six degrés de moins de chaleur que le premier jour, quoique la température fût la même à l'ombre (1). On pourroit peut-être soupconner que la dinunution de Ha chaleur solaire, lorsque l'air est agité, ne vient pas de ce que les rayons du soleil, dans cette circonstance, produisent moins de chaleur, mais de ceque l'air, continuellemeut renouvelé, enlève plus de calorique au thermomètre, c’est-à-dire, en d’autres termes, que l'air par son agitation, devient un meilleur conducteur du ca- lorique que lorsqu'il est en repos; mais ce soupçon paroilra bien peu fondé, si l’on fait attention que pour réduire Ja dit- férence moyenne, de 7°,95 entre les degrés marqués par le ther- momèlre exposé au soleil et le thermomètre à l'ombre, lorsque l'air est calme, à deux degrés (et même à moins) que devient celte différence lorsque le vent souflle violemment , il faudroit que le pouvoir conductif de l'air qui, dans l’état de repos, est plus de douze fois moindre que le pouvoir conductif du mer- cure, s’élevàt par le fait seul de son agitation à 5284 , ou qu'il devint 2lus de trois fois et un quart plus grand que le pouvoir conductif du mercure, c’est-à-dire quarante-une fois plus grand que le pouvoir conductif de ce même air dans l’état de repos, ce qui est absolument improbable. De plus, le vent, par son action mécanique, au lieu de faire descendre la liqueur du thermomètre, tend au contraire à la faire monter; car M. l'abbé Teinturier a découvert, en 1710 (et chacun peut le vérifier aisément), qu’en souflant avec un soufllet ordinaire contre la boule d’un thermomètre fixé contre un () Ne seroit-il pas à propos, d’après cette remarque , de joindre aux ob- servations météorologiques diurnes ordinaires , celle de la chaleur produite par les rayons du soleil sur un thermomètre exposé en plein air directement à ces rayons ? 272 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE supportimmobile, on faitmonterlaliqueur d'un degréou d'un degré et demi (1). J'ai pareillement observé avec deux thermomètres dont la marche éloit parfaitement la même, et que j'avois fixés à une petite distance contre les deux faces d’un disque de bois porté sur un pied, et placé en plein air à l'ombre , de manière qu'un de ces thermomètres füt directement exposé au vent, qui étoit très-fort, et l’autre abrité du vent par un disque, j'ai observé, dis-je, que le thermomètre exposé au vent, éloit toujours un peu plus élevé que celui qui étoit à l'abri du vent; cette as- cension du thermomètre par le vent, n’a rien de surprenant, non plus que celle observée par l'abbé Teinturier, car c’est évidemment la suite de la compression de l'air contre la boule du thermomètre, et cet effet représente très en petit celui du briquet pneumatique, Ÿ J'ai vérifié encore d'une manière directe, que l'air par son agilation ne devient pas un meilleur conducteur du calorique que lorsqu'il est en repos. Pour cela, j'ai échauffé par lappli- cation des mains, les boules des deux thermomètrès fixés contre le disque de chaque côté, jusqu'à ce que la liqueur fut élevée dans chacun , de quinze degrés au-dessus de la température de l'air commune aux deux thermomètres; ayant retiré les mains en même temps, j'ai observé que la liqueur de ces deux ther- momètres, dont lun, comme il a été dit, étoit exposé au vent et l’autre à l'abri, est descendue de dix degrés dans chacun dans le même espace de temps. D'après ces considérations , il est évident (quelque surprenant que cela puisse paroître) que c’est par une modification parti- culière que l'agitation de l'air occasionne dans l’action des rayons du soleil productive de la chaleur, que ces rayons ne produisent pas autant de chaleur lorsque l'air est en mouvement que lorsque ce fluide est en repos; à l'égard de la cause de cet effet singulier , je n’ai pas fait encore assez d'expériences pour me permeltre seulement de la soupconner. (1) Mémoires de l’Académie des Sciences , année 1710, pe NOUVEAU ET D'HISTOIRE NATURELLE. 273 NOUVEAU CATALOGUE Des chutes de Pierres et de Fér, de Poussière ou de Sub1 stances molles, sèches ou humides, suivant lordre chronologique; Par E. F. F. CHLADNI, NN. B. J'ai réuni dans ce nouveau Catalogue , autant qu’il m'a été possible, les chutes constatées de pierres et de fer; les dates sont corrigées d’après les meilleures notices que j'ai pu obtenir. Les évènemens qui, à ce qu'il paroit, n’étoient que des chutes de grêle, sont relranchés, et dans quelques autres le signe (?) exprime l'incertitude. Je réserve les citations plus exactes, comme aussi les détails des évènemens et les consé- quences, pour un ouvrage sur cet objet auquel je travaille main- tenant. Les chutes de poussière, et en général de substances molles, sèches ou humides, termineront ce Catalogue, S L Cuures pe Pierres ET DE FER (1). I. Avant le commencent de notre ëre: À. Celles que l’on peut rapporter à peu près à une époque. 21478 ans avant notre ère, en Crète, la pierre de foudre dont Mälchus parle , probablement regardée comme symbole de Cy- bèle. Chronique de Paros, lign. 18 et 19. nv (La pluie de pierres rapportée par J'osué, n’étoit peut-étre qu'une gréle.) 1200. Pierres conservées à Onhomenos. Pausanias, 21168. Une masse pe rer sur le Mont Ida en Crète. Chronique de Paros, ligne 22. ? 705 ou 704. L'Ancyle, PROBABLEMENT UNE MASSE DE FER, à peu près de là même forme que celles du Gap et d'Agram. Plutarque. 654. Pierres sur le Mort Alban. Lis, 1, 30. 644. En Chine, De Guignes. (1) Les chutes de fer sont indiquées en petites capitales. Tome LXXXVII. OCTOBRE an 1818. Mm 274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ 465. À Ægopotamos. Plutarque, Pline et autres. Une pierre près de Thèbes. Scholiaste de Pindare. 211. En Chine. De Guignes et Hist. génér. de la Chine. 205 ou 206. Pierres ignées. Plutarque, Fab. Max. c. 2. 192. En Chine. De Guignes. 176. Une pierre dans le lac de Mars. Liv. xrr, 3. 90 ou 80. Lateribus coctis pluit. Pline et Jul. Obs. 89. Eu Chine. De Guignes. 56 ou 52. FER spoNciEux en Lucanie, Pline. 2? 46. Pierres à Acilla. Cesar. 38, 29, 22, 19, 12, 9, 6. Chutes de pierres en Chine. De Guignes. B. Pierres dont l'époque de la chute ne peut pas étre déterminée. La mère des dieux tombée à Pessinus. L'Elagabal, à Emisa en Syrie. La pierre conservée à Abydos, et celle à Cassandria. Pline. 2? La pierre noire et encore une autre dans la Caaba de la Mecque. ?Peut-être la pierre conservée dans le siége de couronnement des rois d'Angleterre. Il. Après le commencement de notre ère. Une pierre dans le pays des Vocontins. Pline. L'an 452, rois grandes pierres en Thrace. Cedrenus et Mar- cellinus. VI: siècle. Pierres sur le Mont Liban, et près Emisa en Syrie. Damascius. ? 57o (à peu près). Pierres près Beuder en Arabie. Le Coran, VIL, 16, et CV, 5 et 4, et les Commentateurs. ? 648. Une pierre ignée à Constantinople. Quelques chroniques. 852, en juillet ou août. Une pierre dans le Tabaristan. De Sacy et Quatremère. 856, en décembre. Cinq pierres en Égypte. Les mêmes. 897. À Ahmed-Dad. Quatremère. Suivant le Chron. Syr.; en 802. die Une pierre à Augsbourg (pas en Italie). 4/6. Stad. et autres. 998. Pierres à Magdebourg. Cosmas et Spangenberg. 1009. Un peu de temps après, masse De FER dans le Djordjan. ‘Avicennes. (On a estropié le nom en Zurgea'et Cordova.) 1021, entre le 24 juillet et le 21 août. Pierres en Afrique. De Sacy. s ET D'HISTOIRE NATURELLE, 275 1112. Pierres ou rer près Aquileja. F’alvasor. 1155 ou 1136. Une pierre à Oldisleben. Spangenberg et autres. 1164. A la fête de Pantecôte, Fer en Misnie. Geog. Fabricius. 1249, 26 juillet. Pierres à Quedlinbourg, etc. Spangenberg et Rivander. ?XII° siècle. Une pierre à Wurzbourg. Schotti, phys. cur. Entre 1251 et 1563. Pierres à Welixoi-Ussing en Russie. ‘Ann. de Gilbert, tome XXXV. 21280. Une pierre à Alexandrie en Égypte. De Sacr. 1304, 1* octobre. Pierres à Friedland ou Friedberg. Kaanz et Spangenberg. 1528, 9 janvier. Dans le Mortahiah et Dakhaliah. Quatremère. 21568. Dans le pays d'Oldembourg UNE masse pe FER. Siebrand Meyer. 1579, 26 mai. À Minde en Hanovre. Zerbecius. 21438. Picrres spongieuses à Roa. Proust. ? Une pierre près Lucerne. Cysat. 1491, 22 mars. Pierre près de Crema, Simoneta. 1492, 7 novembre. À Ensisheim. 1496, 26 ou 28 janvier. Pierres à Cesena, etc. Buriel et Sabellicus, 1511, vers le milieu de septembre. Grande chute de pierres à Créma. Giovanni del Prato et autres. 1520, en mai. Pierres en Arragon. Diego de Sayas. 21540, 28 avril. Une pierre dans le Limousin. Bonav. de St. ‘Amable. 1540 à 1550. Masse DE FER dans la forêt de Naunhof. #/binus Meisnische Bergchronik (c'est-à-dire, Chronique des Mines de Misnie). — Fer en Piémont. Mercati et Scaliger. 1552, 19 mai. Pierres en Thuringe. Spangenberg. 1559. Pierres à Miskolz en Hongrie. Sthuanfi. 1561, 17 mai. À Torgau et Eilenbourg (exprimé par Arcem Julian). Gesner et de Boot. (La relation d’une chute, 1564, entre Malines et Bruxelles ; ne paroit être qu’une plaisanterie.) 1580, 27 mai. Pierres près Gottingue. Bange. 1581, 26 juillet. Pierre en Thuringe. Binhard, Oleartus. p. 1585 , 9 janvier. À Castrovillari. Casto, Mercati et Imperat, 1583, 2 mars. En Piémont. Wercati. 1596, 1* mars. Pierres à Crevalcose. Mitarelli. Mu 2 276 SouRNAL DË PHYSIQUE; DE CHIMIE + Dans le même siècle (pas 1605), une pierre dans le royaume de Valence. Cæsius et les Jesuites de Coimbra. 1618, en août. Grande chute de pierres en Stirie. Fundgnce- bender Orients (Mines de l'Orient), par M. de Stammes. 1618. Masse mérarriqur en Bohème. Kronland. 1621, 17 avril. Masse pe FER près Lahore. Jehan Guir. 1622, 10 janvier. Pierre en Devonshire. Rumph. 1628, 9 avril. Près Hatford en Berkshire. Gentlem. Magaz, 1634, 27 octobre. Pierres en Charollois. Morinus. 21635, 7 juillet. Pierre à Calce. F'alisnieri. 1656, 6 mars. en Silesie. Lucas et Cluverius. 1637 (pas 1627), 29 novembre. En Provence. Gassendi. 1642, 4 août. En Suffolk. Gentlem. Magaz. 21643 ou 1644. Pierres en mer. Wuofbrain. 1647, 18 février. Une pierre près Fwicxau. Schmid. 1647, en août. Pierres en Westphalie, Ann. de Gilbert. Entre 1647 et 1654. Une masse en mer. #illmann. 1650, 6 août. Une pierre à Dordrecht. Senguesd. 1654, 30 mars. Pierres dans l’île de Fune. Bartholinus. À Varsovie, une grande pierre. Petr. Borellus. A Milan, une petite pierre qui a tué un Franciscain. Museums Septalianum. (La relation de pierres tombées en 1667 à Schiras, paroit fa- buleuse.) 1668, 19 ou 21 juin. Grande chute de pierres à Véronne. Valisnieri, Montanan, Fr. Carli. 1671, 27 février. Pierres en Suabe. Ænnales de Gilbert, tome XXXIIT. 1674, 6 octobre. Pierres près Glaris. Scheuchzer. ?Entre 1675 et 1677. Pierre près Copinsha. Wallace et Gent- lem. Magaz., juillet 1806. 1677, 28 mai. Pierres à Ermendorf, qui probablement con- tenoient du cuivre. Misi, nat. cur.,-1677, app. 1680, 18 mai. Pierres à Londres. King. 1697,:13 janvier. Près Sienne. Soldant d'après Gabrieli. 1698, 19 mai. Pierre à Walhing. Scheuchzer. 1706, 7 Juin. Pierre à Larisse. Paul Lucus. 1722, 5 juin. Pierres près Schefilas en Freisinge. Mer- chelbeck. 1725, 22 juin. À Plescowitz. Rost et Stepling. (La prétendue chute de métal, 17931, à Lessay, n’éloit qu'une phosphorescence électrique des gouttes de pluie, car dom Stalley - * ET D'HISTOIRE NATURELLE. 277 ne dit pas : il tomboit des gouttes de métal embrasé et fondu, mais, il tomboit comme des gouttes, elc. 1727, 22 juillet. Chute près de Lilaschitz en Bohème. Ste- ling. À 1558, 18 août. Près Carpentras. Castillon. 1740, 25 octobre. Pierres à Rasgrad. Annales de Gilbert , tome L. 1740 à 1741, en hiver. Une grande pierre en Groenland. gede. Va743. Pierres à Liboschitz. Stepling. (Peut-être le même que 1723.) 1750, 1° octobre. Pierre près Coutances (1). Huard et Lalande. 1751, 26 mai. Fer à Stradschina, prés Apam. 1753, 3 juillet. Pierres à Tabor. Stepling et Mayer. 1755, en septembre. A Laponas. Lalande et Richard. 1755, en juillet. Pierre en Calabre. Domin. Tata. 1766, en Juillet. A Alboreto. Troilr. 21766, 15 août. A Novellara. Zroili. (Peut-être une pierre fondue par la foudre.) 1768, 13 sepiembre. Pierre à Lucé. Mém. de l'Acad. Une pierre à Aire. Mém. de L Acad. 1768, 20 novembre. Pierre à Maurkirchen. Imhof. 1773, 17 novembre. Pierre à Séna en Arragon. Proust. 1775, 19 septembre. Près Rodach en Cobourg. Annales de Gilbert, tome XXIII. 1775 ou 1776. Pierres à Obruteza en Volhynie, Annales de Gilbert, tome XXXI. 1776 ou 1777, en janvier ou février. Près Fabbriano. Sofani et Æmoretti. * 1779. Pierres à Pettiswood en Irlande. Gentlém. Magaz. 1780, 1*° avril. Près Beeston en Angleterre. Lloyds Eve- ming Post, 1782. Pierre près Turin. Tata et Amoretti, M RE ge ER ARS ES, RL ne ECO + 0 5e) (1). On m'a reproché une fausse citation quand j'ai nommé un mercure (quel- conque), comme garant d'une chute qui n'a pas eu lieu, près Constance. Mais je n'ai pas cité le Mercure de France, ne sachant pas même qu'il existoit déjà dans ce temps-là. L'erreur a été causée par So/dani qui dit : Jl mercurio di 1751 parla di una pietra caduta presso Costanza. Or, il y avoit des mercures dans cinq différens pays, et Costanza ne signifie pas ordinairement Coutances , mais CPE Dans les Annales de Gilbert tome L,, pag: 258, j'ai ajouté, quel mercure 278 1785, 1787, Ann. de 17905 1791; 1791; 1794; 1795, 1799; 1796, Gilbert, 1796, 1708, 1708, 1801. 1802, octobre 1803, 1803, 1803, 1805, 1804, 1804. 1805, Gilbert, 1805, 1806, 1806, 1807, 1807, 1808, 1808, 1808, 21809, Medical 1810, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIX 19 février. Pierres à Eichstaedt. Pickel et Stalz. 1 octobre. Dans la province de Charkow en Russie, Gilbert, tome XXXI, 24 juillet. Grande chute à Barbotan, etc. 17 mai. Pierres à Cassel-Berardenga. Soldani. 20 octobre, À Menabilly en Cornwallis. Xing. 16 juin. Aux environs de Sienne. 13 avril. A Ceylan. Le Beck. 15 décembre. Pierre en Yorkshire. 4 janvier. Près Belaja Ferkwa en Russie. 4nnales de tome XXXV. 19 février. En Portugal. Soulhery, 8 ou 12 mars. À Sales. De Drée, etc, 19 décembre. Pierres au Bengale. Hoivard, Valentia, p; Sur l'ile des Tonneliers, Bory de Saint-Vincent. ce septembre, Pierres en Ecosse. Monthly Magasin, 1802. 26 avril. Pierres aux environs de l’Aigle. 4 juillet. À East-Norton. Phil. Mag. et Bibl, Brut, 8 octobre. Une pierre près d'Apt. 13 décembre. Près Eggenfelde. Zmhof. 5 avril. Près Glasgow, Phil. Mag. et Bibl. Brit. --1807. À Dordrecht. /’an Beek-Calkoen. 25. mars. Pierres à Doroninsk en Sibérie. Annales de tom. XXIX et XXXI. en juin. Pierres à Constantinople. Kougas-Ingigian, 15 mars. A Alais. 17 mai. Pierre en Hantshire. Monthly Mag. 13 mars. Près Fimochin en Russie. 4nn. de Gilbert, 14 décembre. Pierres près Weston en Connecticut. 19 avril. À Borgo San-Donino. Guidotti et Sgagnont, 22 mai. Près Stannern en Moravie. 3 septembre. À Lissa en Bohême. De Schreibers, 17 juin. En mer près de l'Amérique septentrionale, reposit. et Bibl. Brit. 50 janvier. Dans Caswell en Amérique. Phil. Mag. et Med. reposit. 1810, en juillet. Une grande pierre à Shabad dans l'Inde. Le mé'téore 2810, 1811, a causé de grands dégats. Phil. Mag., tome XXX VII. 23 novembre. Pierres à Charsonville, près d'Orléans. 12—13% mars. Une pierre dans la province de Pobtawa en Russie. Ann. de Gilbert, tome XXXVII, fT D'HISTOIRE NATURELLE, ‘279 1811, 8 juillet. Pierres à Berlanguillas. 1812, 10 avril. Près Toulouse. 1812, 15 avril. Une pierre à Erxleben. Ænnales de Gilbert, tom. XL et XLI. 1812, 5 août. À Chantonay. Brochant. 1813, 14 mars. Pierres à Cutro en Calabre, du temps d’une grande chute de poussière rouge. Bibl. Brit., octobre 1815. 1813, 10 septembre. Pierres près Limerick en Irlande. PAil. Mag. et Gentlem. Mag. 1814, 3 février. Pierre près Bacharut en Russie. Ænn. de : Gilbert, lome L. 1814, 5 septembre. Pierre près Agen. 1814, 5 novembre. Dans Doab aux Indes. Puil. Mag... Bibl. PBrit., Journal of Sciences. 1815, 3 octobre. À Chassigny, près de Langres. Pistollet. 1816. Pierre À Glastonbury en Sommersesthire. Phil. Mug. 21817, entre le 2 et le 3 mai. Probablement des masses sont tombées dans la mer Baltique, parce qu'après l'apparition d'un grand météore à Gothenbourg, elc., on a vu à Odensée des- cendre lrès-rapidement une pluie de feu en S-E., d'après les Journaux danois. 1815, 15 février. Une grande pierre paroît être tombée à Li- moges , dans un jardin situé au sud de la ville, parce qu'après l'explosion d'un grand météore, une partie tombée a fait une excavalion dans la terre d’un volume égal à celui d’une grande futaille. Gazette de France et Journal du Commerce, du 25 février 1818. Il auroit fallu, et il faut encore, déterrer la masse tombée. II. Masses de fer auxquelles on peut attribuer une origine méléorique. Les masses de fer probablement météoriques, se distinguent par la présence du nickel , par leur tissu, par leur malléabilité et par leur gisement isolé, Ces masses sont : ; A. Spongieuses ou cellulaires, où les cavités sont remplies d’une substance pierreuse semblable au péridot. La masse trouvée par Pallas en Sibérie, dont les Tartares connoissoient l'origine météorique. ?Un morceau trouvé entre Eibenstoch et Johanngeorgenstadt. Un morceau dans le cabinet impérial de Vienne, peut-être de la Norwège. | 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Une petite masse pesant quelques livres , qui se trouve main- tenant à Gotha. | B. (1) Solides où le fer consiste en rhomboïdes ou en oc- taèdres, composés de couches ou feuilles parallèles. La seule chute connue de ce genre est celle à Agram en 1751! Quelques autres masses semblables ont été trouvées. Sur la rive droite du Sénégal. Compagnon, Forster, Golberry. Au cap de Bonne-Espérance. Fan Marum et de Dankelmann. Au Mexique dans diflérens endroits, Sonneschmidt, de Hum- boldt et Gazeta de Mexico, tom. I et V, Au Brésil, dans la province de Bahia. Mornay et Wollaston. Dans la juridiction de San-lago del Estero. Rubin de Celis. A Elbogen en Bohème. Ann. de Gilbert, tom. XLII et XLIV. Près de Lénarto en Hongrie. {nn. de Gilbert, tome XLIX. Quelques masses sont d'une origine problématique; parce qu’elles ne contiennent pas de nickel, et parce que le tissu n’est pas comme dans les précédentes. ? Une masse trouvée près de la rivière Rouge et envoyée de la Nouvelle-Orléans à New-York. Journal des Mines, 1812. Une masse à Aix-la-Chapelle(pas à Aken, d’après Monheim) qui contient de l’arsenic. Ann. de Gilbert, tome XLVIHH, etc. Une masse trouvée dans le Milanois sur la colline de Brianza, dont j'ai publié la notice dans les 4an. de Gilbert, tome L, pag. 275. La masse trouvée à Groskamsdorf, contenant , d'après Kla- proth, un peu de plomb et de cuivre. Il paroît qu'on l’a fondue, et que les morceaux conservés à Freiberg et à Dresde, ne sont que de l'acier fondu qu'on a substitué à cette masse. $ IL Chutes de Poussière ou de Substances molles, sèches ou humides. Tout ce qu'on a observé dans ces chutes, nous fait présumer qu’elles ne diffèrent pas essentiellement des chutes de pierres. Quelquefois des chutes de poussière ont élé accumpagnées d'une chute de pierres, comme aussi d'un méléore de feu, et la pous- sière paroît contenir à peu près les mêmes substances que les pierres météoriques. Il paroît qu'il n'y a d'autre différence que dans la plus où moins grande rapidité avec laquelle ces amas de matière chaotique dispersée dans l’espace de l'univers , ar- (1) Une masse sous le payé d’Aken, près Magdebourg. Zoebe. rivent XT D'HISTOIRE NATURELLE 2B1 rivent dans notre atmosphère, de manière que ces Substances subissent un plus ou moins grand changement par la chaleur que la compression de l'air développe. Probablement dans la poussière rouge et noire, l'oxide de fer est la principale ma- tière colorante, et dans la poussière noire on trouvera sans doute aussi du carbone. Je regarde les pierres noires et tres- friables tombées à Alais en 1806, comme faisant le passage de la poussière noire aux météorolithes ordinaires , la chaleur n'ayant pas été suffisante pour brüler le carbone et pour fondre les autres substances. ' AUS L'an 472 de notre ère (suivant la Chronologie de Calvisius, Plaifair, etc.), 5 ou 6 novembre, grande chute de poussière noire (probablement aux environs de Constantinople) ; le ciel sembloit brüler. Procope et Marcellin Y'ont attribuée au Vésuve. Menœa, Menolog. Græc. Jonaras, Cedrenus, T'heophanes. 652. À Constantinople, pluie de poussière rouge. T'heophanes, Cedrenus, Mathieu Eretz. ‘ ; 743. Un météore et poussière dans différens endroits. Théo- phanes. | eo Au milieu du IX° siècle. Poussière rouge et matière Sem blable au sang coagulé. Continuat. du Georg. Monachus, Kaz- svini, Elmazen. 929. À Bagdad, rougeur du ciel et chute de sable rouge. Quatremtre. 1056. En Arménie, neige rouge. Matth. Eretz. 1110. En Arménie, dans la province de Vaspouragan, chute d'un corps enflammé dans le lac de Van, en hiver, dans une nuit obscure. L'eau devint de couleur de sang, et la terre étoit fendue dans différens endroits (probablement pas des pierres tombées). Matthieu Eretz (Notices et extraits de la Biblioth., tome IX ). 1416. Pluie rouge en Bohème. Spangenberg. ? Dans le même siècle, à Lucerne , chute d’une pierre et d’une masse comme du sang coagulé, avee apparition d'un dragon igné (ou météore de feu). Cysat. 1501. Pluie de sang dans différens endroits, suivant quelques chroniques. ) 1548, 6 novembre. (Probablement en Thuringe.) Chute d'un globe de feu avec beaucoup de fracas, où l’on a trouvé une substance Re semblable au sang coagulé. Spangenberg. 1560 , jour de Pentecôte. Pluie rouge à Emden et à Louvain, etc. Æromond. Tome LXXXVII. OCTOBRE an 1818. Na 282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1560, 24 décembre. A Lillebonne , météore de feu et plaie rouge. ÎNatalis Comes, 1586, 3 décembre, À Verde (en Hanovre), chute de beau- coup de matière rouge et noirätre, dont des planches ont été brülées, avec éclairs et tonnerre (météore de feu et fracas ). Manuscrit de Salomon , sénateur à Brême. 159t. A Orléans , àla Madeleine , pluie de sang. Lemaire.(Ln.) 1618, en août. Chute de pierres, météore de feu et pluie de sang en Stürie, De Hammer. 1657, 6 décembre. Chute de beaucoup de poussière noire dans Je golfe de Volo eten Syrie. Phil. Transact., L 1, p. 377. 1658. Pluie ronge à Tournay. 1045, 25 où 24 janvier. A Bois-le-Duc. 1640, 6 octobre. Pluie rouge à Bruxelles. Xronland et en- delinus. À 1689. Poussière rouge à Venise, etc. V’alisnieri. 1711, D et 6 mai. Pluie à Orsion en Suède. Act. lu, Succiæ, 1731. 1718, 24 mars. Chute d’un globe de feu dans l'ile de Léthy aux Indes où l’on a trouvé une matière gélatineuse. Barcherrutz. 1719. Chute de sable dans la mer Atlantique (lat. sept 45°, longit. 322° 45") avec un météore lumineux. Mém. de l Acad. des -Saiences\, 4710, hist, pag. 25. Il auroit fallu examiner ce sable avec plus d'attention. 1744. Pluie rouge à Saint-Pierre d'Aréna, près de Génes. Richard. 1755, 20 octobre. Sur l'ile de Getland , une des Orcades, es noire qui n’étoit pas venue de l’Hécla. Phil. Transact,, vol. TE: 1755; 13 novembre. Rougeur du ciel et pluie ronge dans dif- férens pays. Nov. Act. Nat. Cur., tome Il. 1765, 9 octobre. Pluie rouge à Clève, à Utrecht, etc. Mer- “eurio historico y politico (de Madrid), octobre 1764. 1765, 14 novembre. Pluie rouge en Picardie. Richard. 1781. En Sicile. Poussière blanche qui n’étoit pas volcanique. Gioeni, Philos. Transact., tome LXXH, App., pag: 1. 1796, 8 mars. On a trouvé après la chute d'un globle de feu en Lusace, uie matière visqueuse (1): nn. de Gilbert , tome LV, pag. (x) J'en possède une petite portion dont la consistance , la couleur et l'odeur xessemblent à un vernis brunâtre fort desséché, Je crois qu’elle consiste surtout ET D'HISTOIRE NATURELLE. 283 1803, 5 et 6 mars. En Italie. Chute de poussière rouge, sèche et humide, Opuscoli Scelti, tome XXH; Journ. de Phys., avril 1804. 1815, 13 et 14 mars. En Calabre, Toscane et Frioul. Grande chute de poussière rouge et neige rouge, avec beaucoup de bruit; en même temps lombèrent des pierres à Cutro en Ca- labre. Bibl. Brit., octobre 1813 et avril 1814. Annals of Philo- sophy, 1818, pag. 466. Sémentint a trouvé dans la poussière, silice, 55; alumine, 154; chaux, 114; fer, 1423; chrome, 1 ; carbone, 9. La perte étoit 15. Il paroït qu'il n’a pas cherché la magnésie et le nickel. 1814, 3 et 4 juillet. Grande chute de poussière noire en Canada, avec apparition de fen. L’évènement étoit très-sem- blabe à celui de 472. Tilloch’s Phil. Mag., vol. XELV, p. 91. 1814, 5 novembre, On a trouvé dans le Doab aux Indes, chaque pierre tombée dans un petit amas de poussière. Plul. Mag., Bibl. Brit. 1815. Vers la fin de septembre, la mer au sud des Indes étoit couverte de poussière à une lrès-grande étendue, probablement à la suite d’une pareille chute. Phil. Mag., juillet 1816, p. 75. SUR UNÉ ANOMALIE REMARQUABLE DU MODE DE FÉCONDATION DANS LA CAMPANULE A FEUILLES RONDES; Par M. HENRI CASSINI. Devoirs que Linné a confirmé par d'ingénieuses éxpériences, et accrédilé par l'autorité de son nom, l’ancienne découverte des sexes dans les végétaux, presque tous les botanistes ont admise comme ane lot solidement etablie et exempte d'excep- tions, au moins dans les plantes dites Phanérogames; et il a été fait peu de recherches sur les anomalies qu’elle pouvoit pré- senter dans cette classe immense. | en soufre et carbone. Guiton-Morveau et Blumenbach. en ayoient aussi nne portion. Nn 2 284 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On sait pourtant que Spallanzani a fait, sur plusieurs plantes Phanérogames, des expériences, desquelles il fait résulter que, parmi ces plantes, les unes ont besoin du concours des sexes pour être fécondes , tandis que les aulres peuvent s’en dis- penser. M. Desvaux va bien plus loin, car il nie absolument l'existence des sexes dans le règne végétal. L'opinion de ce dernier ne me semble pas soutenable; et celle de Spallanzani, quoiqu’infiniment plus sage, n’est peut- être pas suflisimment démontrée. Il seroit à desirer que de nouvelles expériences fussent faites avec tous les soins qu’elles exigent, pour résoudre complètement cet important problème. De simples observations sur les anomalies du mode de fécon- dation , dans plusieurs plantes phanérogames, contribueroïient aussi à éclaircir la question, et feroient au moins connoîlre des particularités fort curieuses. . L'observation que j'ai l'honneur de soumettre à Ja Société (1), naura peut-être pas cet avantage, parce qu'elle est isolée. Je regrelle que mes occupations ne m'aient pas laissé le temps de vérifier sur d’autres espèces de Campanules, et sur d’autres genres de Campanulacées, si le fait que j'ai remarqué dans la Campanula rotundifolia, se répétoit ou non chez les plantes analogues ; ou s’il y étoit modifié de manière à offrir l'explication de l’anomalie que je vais décrire. Le style de la Campanule, très-analogue à celui des Lac- tucées, consiste en une tige cylindrique, divisée supérieurement en trois branches prismatiques , à trois faces, et arrondies au sommet ; chaque branche offre une face extérieure convexe , violette, hérissée, ainsi que la partie supérieure de la tige, de longs poils caducs , et deux faces intérieures planes, blanchätres, couvertes de papilles stigmatiques très-apparentes, très- dis- tinctes, en forme de filets cylindriques, transparens, perpen- diculaires au plan qui les porte, et très-serrés les uns près des autres. Si l’on observe l’état des organes sexuels, avant l’époque où la corolle, doit s'épanouir, on reconnoit que les trois branches du style sont rapprochées en un faisceau; qu'elles sont étror- tement unies et presque cohérentes par leurs faces intérieures, sur lesquelles les papilles stigmatiques sont déjà manifestes ; QG) Ce Mémoire a été lu à la Société Philomathique, le 16 mai 1818; et le 25 mai, M. Aubert du Petit-Thouars a présente sur le même sujet d’autres ob- acrvations par lesquelles il prétend expliquer l'anomalie dont il s’agit. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 585 et que les tinq anthères forment, par leur rapprochement, une sorle de tube qui engaine exactement le faisceau des branches du style, ainsi que la partie supérieure de la tige, qui est he- rissée de poils comme les branches. Un peu plus tard, mais toujours avant l'épanouissement de la corolle, les anthères s'ouvrent sur leur face intérieure; au moment de leur déhiscence, elles semblent devenir cohérentes par l'effet d’une sorte d'agglulination peu solide et peu durable; en même temps, tout le pollen des cinq anthères s'attache à la surface hérissée de poils, des branches du style et de la partie supérieure de sa tige, de manière que cette surface se trouve entièrement couverte d'une couche très-épaisse de pollen. Bientôt après, la corolle s'épanouit; en cet instant, les an- thères déjà vides se courbent, se séparent, se roulent, aban- donnant la couche épaisse de pollen, qui adhère fortement à la surface hispide du style, et qui y persiste très-long-temps. Enfin, lorsque la fleur est très-avancée en âge, la couche de pollen se détache et disparoit, en même temps que les poils qui la retenoient, et dont il ne reste d’autres vesliges sur Île style que de petites aspérités. C'est alors seulement que les trois branches du style, qui depuis l'épanouissement de la co- rolle n’étoient presque plus cohérentes, s'écartent lune de l'autre, divergent, se courbent en dehors, se roulent en spirale, et étalent les papilles qui constituent le stigmate. Si je me suis bien fait comprendre dans la description des organes sexuels et de leur disposition respective aux différentes époques, on concoil qu'a aucun instant 1l n’a pu s'établir une communication directe entre le stigmate et le pollen. Comment donc s'opère la fécondation dans la plante dont il s’agit? On peut essayer de répondre à cette question , en proposant quatre bypothèses différentes. s4pt D'abord on peut croire que le vrai stigmate n'est pas con- stitué, comme je le suppose, par les papilles qui tapissent les faces intérieures des I-ranches du style, mais bien par les poils dont leur face extérieure est hérissée. Cette solution me semble inadmissible : l’analogie du style des Campanules avec celui des Lactucées, prouve suflisamment que, dans les Campanules, les papilles sont le stigmate, et que les poils sont ce que j'ai nommé les collecteurs, dont la fonction est de recueillir le pollen. D'ail- leurs tous les caractères que présentent les papilles dont il s'agit, déterminent leur nature d’une manière si peu équivoque, quau- 286 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cun botaniste exercé à ces sortes d'observations ne pourra hé- siter à y reconnoitre le vrai stigmate, Une autre manière d’expliquer le fait, seroit de dire que dans la plante en question, les fleurs qui s’'épanouissent les premières sont fécondées par le pollen des fleurs qui s’épanouissent plus tard. Mais cette explication n’est pas meilleure que la précédente, car dès avant la fleuraison, les fleurs deviennent pendantes, et elles ne se redressent plus, de sorte que le pollen qui tombe d'une fleur ne peut jamais s'introduire dans une autre fleur, et alleindre son stigmate qui se trouve garanti de ce contact par la corolle en forme de cloche renversée. En troisième lieu, on pourra, en adoptant le système de Spal- Janzani, supposer-que notre Campanule est du nombre des plantes phanérogames, dont l'organe femelle peut-être fécond sans le concours de l'organe mäle. Je ne rejette pas entière- nent cette solution; mais il me semble qu'on ne doit june l'admettre que dans les cas où il est absolument impossible d'en trouver une autre. Une dernière hypothèse, à laquelle je donne la préférence, est que la fécondation peut quelquefois s'opérer par la com- municalion du pollen avec une partie quelconque du style, et sans qu'il soit nécessaire que cette communication s’élablisse par le stigmate. Cette opinion est conforme à une idée de Spal- lanzani et de Bonnet, qui croyoient qu’on pourroit tenter de féconder le pistil, en faisant toucher le pollen, soit à la surface non sligmatique du style, soit même aux pétales, aux feuilles, aux racines. Malgré tout le respect dû à Bonnet et à Spallanzani, je me permeltrai de dire que la fécondation sexuelle sur les racines, les feuilles ou les pétales, me paroïît une absurdité. Mais il n’est pas également absurde, selon moi, de présumer que la fécondation peut quelquefois s'opérer à la surface d'une partie quelconque du style, presqu'aussi facilement qu'à la surface du stigmate lui-même. in effet, le style et son stigmate sont, en général, com- posés l'un et l’autre, d’un tissu cellulaire presque homogène et continu dans toutes ses parties; le sligmate, qui occupe une partie déterminée de la surface du style, ne diffère ordinaire- ment du reste de celte surface , que parce que les cellules qui le constituent sont plus développées, plus dilatées, et formées de membranes plus tendres, plus poreuses, plus pénétrables ; de sorte que l'introduction du fluide spermatique dans l'intérieur du tissu, est plus facile sur cette partie de la surface du style ET D'HISTOIRE NATURELLE. 587 que sur toute autre. Mais il n’y a de différence que du plus au moins; et si lon considère que l'homogénéité du tissu végétal permet très-souvent qu’une partie remplisse les fonctions d'une autre, et que la continuité de ce tissu facilite à l'intérieur la communication des fluides en divers sens, on concevra qu'il n'est pas impossible que, chez certaines plantes, les cellules de la surface non stigmatique du style soient perméables au fluide spermatique, et que ce fluide introduit ainsi par une voie in- solite dans l’intérieur du style, parvienne indirectement aux con- duits destinés à charrier ce fluide du stigmate aux ovules. SUR LE CADMIUM. LETTRE DU PROFESSEUR STROMEYER AU DOCTEUR SCHW EIGER. Gottingue, le 26 avril 1818. Vous avez eu la bonté de m'envoyer, et j'ai recu hier le dernier cahier de votre excellent Journal, lequel, parmi plu- sieurs découvertes et recherches intéressantes, nous annonce un nouveau métal trouvé par M. Berzelius ; c'est pour moi un devoir de vous communiquer, pour votre Journal, la découverte que j'ai faite d’un autre nouveau métal, dans le courant de cet hiver. Pendant l'automne dernier , en ma qualité d'Inspecteur gé- néral des Pharmacies du royaume, je visitois celles de la prin- cipaulé d'Hildesheim ; je ne trouvai dans la plupart d'entre elles, au lieu de zmc proprement dit, que l’oxide de zinc car- bonaté, lequel avoit été tiré presque totalement en cet état, des fabriques chimiques de Salzgïtter. Cet oxide de zinc car- bonaté avoit une couleur d’un blanc éblouissant; mais quand on le faisoit rougir , il prenoit une teinte jaunâtre, ou qui lour- noit au jaune orange, quoiqu'il n'offrit aucune trace sensible de fer ou dé plomb. En continuant ma tournée , j'eus occasion de visiter cette fa- brique de produits chimiques, d’où venoit cet oxide de zinc carbonaté; comme je marquois mon étonnement de ce qu'on y vendoit du zinc carbonaté au lieu de zinc oxidé, M. Jost, 288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui dirige les travaux chimico-pharmaceutiques de cette fa brique, me répondit qu'ils le faisoient ainsi, parce que leur Zinc Carbonaté prenoit loujours une teinte jaunâtre, quand on le faisoit rougir, et que d’après cela, le zinc oxidé préparé de cette manière, passoit pour contenir du fer, malgré le soin qu'ils avoient de purifier le zinc auparavant pour en séparer le fer, et quoiqu'ensuite ils ne pussent découvrir un atome de fer dans le zinc carbonique qu'ils en retiroient. Cette circonstance me donna occasion d'examiner cet oxide de Zinc avec plus d’exactitude, et je trouvaï, non sans une grande surprise, que celte couleur si singulière provenoit du mélange d'un oxide métallique tout particulier, auquel on n’avoit point fait attention jusqu'alors. Je réussis, par une opération très- simple, à le séparer de l’oxide de zinc et même à en réduire le métal parfaitement. Au reste, j'ai trouvé aussi ce même corps dans la T'uthie et dans différens autres oxides de zinc; et, comme on devoit s'y attendre, il s’est pareillement rencontré dans le zinc mélallique même; cependant il est contenu en très-pelite quantité dans toutes ces substances, et ce qu'on y découvre, s'élève à peine d'un millième à un centième. : Les propriétés par lesquelles ce nouveau métal se distingue, sont les suivantes : il a une couleur d’un blanc clair qui tire un peu sur le gris, et qui approche beaucoup de celle du platine. Il a un éclat métallique très-vif, et il prend un très- beau poli. Son grain est parfaitement serré et sa cassure non unie, I possède aussi une pesanteur spécifique assez considérable, elle est égale à 8,75, quand il a été fondu. En outre, il est très- ductile, et il se laisse aplatir en feuilles très-minces, sans se casser, cela tant à chaud qu’à froid. 1] paroit de même avoir une cohésion assez grande et surpasser beaucoup l’étain sous ce rapport. I] appartient aux métaux qui sont aisément fusibles ; il fond même avant d'être rouge, et on peut en opérer la fu- sion, en le tenant sur la flamme d’une lampe à esprit-de-vin avec un fil de fer chauffé jusqu'au rouge naissant, Il est pa- reillement très-volatil, et il se transforme en vapeurs même à une température quine paroit pas s'élever beaucoup au-dessus de celle à laquelle le mercure se volatlise. Cette vapeur se con- dense en goultes aussi facilement que celle du mercure; cesgouttes, par l'aspect de leur surface, présentent une disposition évidente pour cristalliser. Ce métal est permanent à l'air; mais si on le chauffe, il brüle très-facilement, et se change en un oxide coloré en jaune, qui ET D'HISTOIRE NATURELLE: 289 qui se sublime en très-grande partie sous la forme d'une fumée eu vapeur jaune brunätre. Les corps qui s'y trouvent exposés, se recouvrent d'an dépôt de couleur jaune. Fait-on cette expé- rience à la flamme d’un chalumeau, il se couvre pareillement d'une couche colorée en jaune tirant sur le brun. Au reste, ce métal ne répand, en brülant, aucune odeur sensible; il se dissout facilement dans l’acide nitrique, avec dégagement de vapeurs nitreuses. Les acides sulfurique et muriatique (hydro- chlorique) l’attaquent aussi et le dissolvent, en abandonnant du gaz hydrogèue. Cependant l’action de ces acides sur ce métal, ne s'exerce que très-lentement. Ces dissolutions sout toutes in- colores et ne sont point précipitées par l’eau. Ce métal paroïit ne former qu’une seule combinaison avec l’oxi- gène, L'oxide qui en provient a une couleur jauue verdàtre qui, par une forte chaleur rouge, prend une teinte jaure orange, et devient presque brunâtre, si l’on prolonge plus long-temps cette chaleur rouge. Comme l’oxide orangé et l’oxide brunätre sont dissous par les acides sans dégagement de gaz aussi bien que l'oxide jaune verdätre, et qu'ils forment avec eux des dis- solutions qui ne sont point différentes de celles de cet oxide jaune verdàtre, ces changemens de couleur ne paroiïssent dé- pendre que de l'état d'aggrégalion, et non pas avoir leur prin- cipe dans une différence d'oxigénation. Au reste, cet oxide est iout-à-fait réfractaire au feu , et on ne peut en opérer la fusion, même en le chauffant jusqu'au blanc dans un creuset de pla= tine, garni de son couvercle, à la lampe du Dr Marcet. On le réduit très-facilement en le chauffant jusqu’au rouge avec du charbon ou avec des substances qui contiennent du charbon, et la réduction a lieu même au rouge naïssant. Il ne communique point de couleur au borax; il ne se dissout point dans les al- calis fixes, mais il ést attaqué un peu par l’ammoniaque. Il se comporte avec les acides comme une base salifiable, Les sels qu'il forme sont presque tous colorés'en blanc. Ceux qui ont lieu avec les acides sulfurique, nitrique, muriatique et acé= tique cristallisent aisément et sont très-solubles; au contraire, ceux qui se font avec les acides phosphorique, carbonique et oxalique sont insolubles. Il est précipité des dissolutions des premiers acides, en blanc, par les alcalis fixes, sans que ce précipité se dissolve de nouveau par un excès du précipitantsz au contraire, il est bien d’abord précipité en blanc par l'am- moniaque, mais il est redissous par cet alcali, si l’on en met en excès. Les alcalis fixes carbonatés le précipitent en blane Tome LXXXV II. OCTOBRE an 1818. Oo 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à l'état de carbonate, sans le redissoudre si on les emploie avec excès. Le carbonate d'ammoniaque qui le précipite aussi comme un carbonate, le redissout en très-grande partie, si l'on ajoute une quantité considérable de ce précipitant. Cependant si l'on expose le liquide à l'air, le carbonate déjà dissous ne tarde pas à se précipiter de nouveau presqu'en totalité, en sorte qu'on peut se servir avec avantage du carbonate d'ammoniaque pour en séparer un resfe de zinc ou de cuivre qui pourroil encore s’y trouver. ; Ce métal est précipité de ses dissolutions acides, en blanc, par la lessive du sang (blutlangensaliz), et en jaune par l'acide hydro-sulfurique, ainsi que par les hydro-sulfates. Ce dernier précipité qui, desséché, possède une belle couleur jaune orange, est pareil à son mélange avec le sulfure d’or, el comme celui-ci est un hydro-sulfate. A cause de sa couleur, et de la maniere dont il se comporte, ce même précipité, faute d’une attention convenable , peut être confondu avec l’orpiment; mais il en diffère déja par la propriété d’être plus pulvérulent, et surtout par sa manière d’être au chalumeau et par sa grande solubilité dans les acides, en donnant lieu à une forte effervescence de gaz hydrogène sulfuré. A en juger d’après quelques essais, cette combinaison de l'acide hydro-sulfurique avec l’oxide du nouveau métal, peut devenir tres-utile pour la peinture, soit à l'eau, soit à l'huile; elle fournit un jaune qui couvre 1rès-bien, est durable et sous le rapport de la beauté, ne paroil pas inférieur au chrome. Au‘surplus, ce métal dissous dans les acides , est réductible parle zinc; en ce cas, il se sépare sous forme de dendrites. Au contraire, il précipite, à l’état de régule, le cuivre, le plomb, l'argent et l'or dissous dans l'acide nitrique ou dans l'acide muriatique.! ri : Je n'ai pu encore examiner suffisamment les combinaisons de ee métal avec le soufre, le phosphore, l’iode et les autres métaux; cependant il paroit s'unir très-facilement avec plusieurs de ces substances ; par exemple, on peut très-bien le fondre avec le platine, et il forme avec le mercure un amalgame solide et cristallisé. Je n'ai point réussi à le combiner avec le cuivre. - Telles sont les expériences que j'ai faites jusqu'à présent sur ce métal; quoiqu’elles soient encore imparfaités, je ne me fais aucun scrupule de regarder ce métal comme réellement nou- veau, et comme. différent essentiéllement de tous les autres. Comme je l'ai d'abord trouvé dans l'oxide de zinc, je prends ET D'HISTOIRE NATURELLE. 291 de là occasion de le nommer Cadmium. (Autrefois le nom de cadmiz étoit un des noms plus ou moins singuliers qu'on donnoit à l’oxide de zinc. Voyez Macquer.) A cause de la très-petite quantité dans laquelle le Cadmium se rencontre dans l’oxide de zinc et dans le zinc métallique, soumis à mes recherches, j'ai élé jusqu'a présent hors d'état de. faire des expériences sur la proportion quantitative de ses com- binaisons, sur la forme de ses cristallisations salines, sur l'action de ses oxides et de ses sels dans l’organisation animale, etc.; car la totalité de ce corps, mise à ma disposition dans les re- cherches auxquelles je me suis livré jusqu’à ce jour, s’est élevée à peine à trois grammes. Je me félicite donc de pouvoir vous mander* que, grâce à M. l'administrateur Hermann de Scho- nabeck , et à M. le Dr Roloff de Magdebourg, conseiller et médecin du Gouvernement, lesquels, comme vous devez l’avoir entendu dire de votre côté, ont remarqué aussi ce métal, j'ai eu occasion de poursuivre ultérieurement mes recherches sur ce même corps. - Commé on visitoit, il y a quelque temps, les pharmacies de Magdebourg, on confisqua dans plusieurs pharmacies , comme contenant de l’arsenic, un oxide de zinc provenant de la pré- paration du zinc en Silésie , et tiré de la fabrique de M. Her- mann de Schonebeck ; on en agit ainsi, parce ne cet oxide dissous dans les acides , présentoit avec l'acide hÿdro-sulfurique un précipité jaune, qu'on prenoit pour de l’orpiment véritable, sur la foi du réacuf chimique employé à ‘cet effet. Comme cette chose ne pouvoit demeurer indifférente à M. Hermann pour la répulation de sa fabrique, d'autant plus que M. 1e Dr Roloff, qui avoit pris part aux visiles des pharmacies, avoit déjà écrit la-dessus à M. le conseiller d'Etat Hufeland, à Berlin ; lequel avoit consigné celle nouvelle dans le Cahier de février, dé sou Journal de Médecine pratique, M. Hermann, dis-je, soumit cet oxide de zinc à une analyse rigoureuse; mais i] n° trouva point d’arsenic. Il pria, d'apres cela , M. le Dr Roloff de répéter encore une fois les expériences avec cet oxide; ce que fit ce savant avec tout l’empressement imaginable. 1] se con- vainquit en même temps que le précipité pris d'abord par lui pour de véritable orpiment n'en étoit nullement, mais qu'il venoit d'un autre métal qui sembloit se confondre avec l’ar- senic, tandis qu'il éloit probablement nouveau. Cependant pour oblenir une conviction entière à cet égard, ces deux Messieurs se sont adressés à moi, et m'ont fail ces jours derniers un -Oo 2 202 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE envoi de cet oxide de zinc de Silésie, aussi bien qué de ce précipité confondu avec l’orpiment, et du métal qu'ils en ont retiré , le lout avec prière de soumettre ces substances à une analyse exacte, et d'examiner si elles contenoient quelque atome d’arsenic. Déjà, d’après les circonstances alléguées, je conjeclurois que cet oxide de zinc silésien contenoit aussi le métal que j'avois découvert, et que comme il donnoit avec l'acide hydro-sulfu- rique un précipité pareil, en couleur, à l'orpiment, il étoit Cause qu'ou avoit regardé cet oxide de zinc comme contenant de l’arsenic. Quélques essais entrepris à celle occasion ont plei- nement ;confirmé ces conjectures. Je viens de mettre M. Her- mann pärfaitement au courant de tout cela, etje ne manquerai pas d'en instruire aussi M. le Dr Roloff, dont je n'ai recu la lettre qu'avant-hier. : Comme cet oxide de zinc silésien contient une beaucoup plus grande quantité de Cadmium, que l’oxide soumis à mes re- cherches, et que, suivant les expériences de M. Hermann, ce -qu'il en renferme peut monter à trois pour cent, j'espère , d'après cela, avoir occasion de me procurer, une quantité suflisante -de ce! métal, et, par ce: moyen, êlre en élat de :fournir une analyse complète sur cet objet. J'ai en conséquence prié M: Her- mann de vouloir bien m'envoyer pour cela par la poste, une quantité suflisante de cet oxide. x: (Foyes aussi 59 Cahier 1818, Annales de Chimie de Gilbert, et Cahier-de juin 1818 du Museum d'Hermbstaedt.) OBSERVATIONS Sur la Germination des graines de Raphanus et d’autres Crucifères ; Par M. Hevn CASSINI (1). On, sait que M. Richard, dans un opuscule tres-remarquable intitulé Analyse du Fruit ,'a voulu substituer à la fameuse di- vision des végétaux sexifères en Monocotylédons et Dicotylédons, QG) Ce Mémoire a été lu à la Société Philomathique ; le 18 juillet 1818. L ET D'HISTOIRE NATURELLE. 293 une autre division tout-à-fait semblable quant à la composition des deux groupes, mais très-différente quant aux dénominations el aux Caractères qui leur sont attribués. Dans le système de M. Richard, les monocotylédons sont nommés Ændorhizes, et au lieu d’être caractérises par la pré- sence d'un seul cotylédon, ils le sont par la radicule, qui dans la germination, rompt son écorce, et se produit au dehors pour former la racine de la jeune plante. Au contraire, chez les Exorhizes, qui correspondent aux Di- colylédons , la radicule en croissant forme la racine de la plante, sans crever son écorce, qui croit en mème temps qu’elle, et continue à l’envelopper. Cette innovation :rr lieu à une discussion très-animée entre M. Richard et M. Mirbel. Celui-ci soutint que la nouvelle di- vision des végétaux sexifères en Endorhizes et Exorhizes, que proposoit M. Richard, contrarioit souvent les rapports naturels; qu’elle étoit, sous ce point de vue, beaucoup plus fautive que l'ancienne division en Monacotylédons et Dicotylédons; que d’ailleurs il s’en falloit bien qu'elle füt aussi commode dans la pratique, et qu’enfin elle n’étoit point féconde en résultats im- porlans, comme la savante division fondée sur l’organisation interne des tiges. - M. Decandolle n'a pas non plus adopté les dénominations d'Endorhizes et d'Exorhizes, et 1l a proposé celles d'Endogènes et d'Exogènes, qui expriment des caractères très-différens. Tou- tefois il ne rejette pas entièrement les caractères donnés par M. Richard, mais il ne les adnret que comme auxiliaires ou secondaires. Cette manière de voir est assurément la plus sage. Dans l’é- numération des caractères plus on moins constans qui distinguent en général les deux grandes classes des végétaux sexifères, on auroit tort d'omettre ceux qui sont dus aux recherches de M. Richard; mais on seroit encore plus répréhensible de les mettre au premier rang, et de leur accorder sur les caractères ancieanemeut établis ; une: prééminence qui ne leur appartient réellement point. Eu effet, il est maintenant bien connu que la Capucine, le Gui et le Zoranthus sont Endorhizes , quoique Dicotylédons, tandis que le Dattier, et beaucoup d’autres Monocotylédons , sont Exorbizes. L'objet de ce Mémaire est de faire connoître quelques autres excepuons à la loi trop généralisée par M. Richard. L'un des 294 | JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE exemples de Dicotylédons endorhizes que je vais présenter, est tellement manifeste , et s'offre si habituellement à tous les yeux, que j'ai peine à comprendre qu'il n'ait pas encorc été re- connu. Il n’est personne peul-êlre qui n'ait remarqué sur les raves et radis que l’on sert sur nos tables , deux appendices en forme de rubans, qui rampent sur deux côtés opposés de cette ra- cine, depnis son sommet jusques vers son milieu. Il éloit bien facile de deviner que ces appendices étoient les restes d’une coléorhize qui s’étoit ouverte en deux valves; et que par con- séquent le Raphanus salivus étoit endorhize, quoique Dicoty- lédon. Mais je voulus m’en assurer en observant la germination des graines de cette plante, et les premiers développemens de la plantule. Je semai donc des graines de petit Radis rose, et lorsque la germination eut fait des progrès notables, je déterrai une arlie des plantules qui avoient déjà près de deux pouces de ong. À celle époque, je n’aperçus encore aucune trace des deux appendices ; mais j'observai qu'a une cerlaine distance de l'origine des cotylédons, il y avoit une sorte d’articulation ou de nœud, c’est-à-dire une transition brusque, ou changement subit, quoique très-léger, de substance, et quelquefois de gros- seur, de forme, de direction, de coloration. Je pus juger dès- lors que la partie comprise entre les cotylédons et cette sorte d'articulalion, étoit un caudex descendant, lequel formeroil en grossissant celte lubérosité arrondie et charnue qui est l’un de nos alimens; que ce caudex se dépouilleroit en même temps de bas en haut de son écorce, dont l’accroissement seroit beau- coup plus lent que celui de la partie qu’elle recouvre; et que cette écorce divisée en deux lanières longitlinales, demeu- reroit fixée au sommet du caudex, et formeroit ainsi les deux appendices rubannaires qu'on doit considérer comme une coléo- rhize bivalve. Mes coujectures n’ont pas tardé à se vérifier. Au bout d'uu certain temps, les plantules que j'avois laissées croître étant devenues suflisamment grandes, je les déterrai, et je fis les remarques suivantes, Plusieurs individus, dont le caudex avoit un peu grossi vers sa parlie moyenne seulement, offroient une coleorhize bivalve, ui couvroit tout le caudex, c'est-à-dire toute la partie com- à ï ; : } Ê prise entre Jes cotylédons et les vraies racines; les deux valves ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295 de celte coléorhize correspondoient exaëlement aux deux co- tylédons, et n’étoient séparées que vers le milieu de la hau- teur du caudex, seul point où il avoit grossi. La coeléorhize éloit encore indivise et adhérente au caudex vers le haut et vers Je bas, et il étoit clair qu’elle x'étoit que l'écorce même de ce caudex.. Chez d’autres individus , dont le caudex n’avoit point da tout grossi, la coléorhize ne s’étoit détachée spontanément et divisée en deux valves , qu'à la base du caudex, ou à la naïssance des racines ; plus haut, la coléorhize éloit mdivise, et adhérente au caudex comme une écorce; néanmoins comme son adhérence étoit foible , je l'ai facilement détachée avec un instrument. J'ai reconnu que la racine principale ou pivotante , et les racines secondaires ou latérales, étoient sorties de cette coléorhize. Enfin, chez tous les individus dont le caudex avoit en gros- sissant pris la forme ordinaire au Radis, la coléorhize étoit presque entièrement détachée du caudex , et divisée jusqu’au sommet en deux valves ou lanières toujours exactement corres- pondantes aux cotylédons , ce qui est très-remarquable. Après avoir fait ces observations sur le Radis ordinaire, ainsi que sur la Rave qui n'en est qu'une variété, j'ai voulu con- noïlre si la même chose avoit lieu sur le Radis noir, que M. Mérat sépare avec raison du précédent, pour -en faire une espèce dislincte sous le nom de fiaphanus niger. ‘ Les graines de celte plante que j'ai semées, m'ont donné des plantules que j'ai laissées croître pendant un assez long-temps, après lequel j'ai reconnu qu'il y avoit, comme dans l'espèce précédente, une sorte d’arliculation à l'extrémité inférieure du caudex; mais que la coléorhize, quoique très-manifeste, ne s’ou- vroit et ne se délachoit qu'à celte extrémilé inférieure seule- ment: Je n'ai pas suivi plus long-temps la croissance de mes Radis noirs; cependant je soupconne que dans celle espèce, la décorticalion ne s'opère pas au-dessus de la base du caudex, et je suppose que l'écorce de ce caudex se prête au prodigieux grossissement qu'il éprouve , de manière qu’elle n’est point forcée de s'ouvrir ni de se détacher, et qu’elle continue toujours à le couvrir et à lui adbérer. Le Raphanus raphanistrum, dont plusieurs botanistes font un pr particulier, m'a offert aussi constamment une coléorhize bivalve semblable à celle du Radis ordinaire et située de même, c'est-à-dire que les deux lanières correspondoient aux deux co- 206 JOURNAL DEA PHYSIQUE, DE CHIMIE. , tylédons, et qu’elles ‘étoient séparées l’une de l’autre jusqu'au sommet du caudex; mais ces lanières étoient restées adhérentes au caudex dans toute leur étenduc. be J'ai observé à peu près la même chose sur quelques indi- vidus de Sinapis arvensis et de Sinapis alba. J'ai cru aussi apercevoir des vestiges d’une coléorhize sur le caudex du Chou. - Quand la Giroflée de Mahon est déjà grande et près de fleurir, on reconnoil presque toujours, sur la partie analogue au caudex du Raphanus, à quelque distance au-dessous des cotylédons , les traces plus ou moins manifestes d’une décortication ordi- nairement incomplète et unilatérale. f Le Cresson alénois parvenu au même âge, ne semble offrir ancune apparence de coléorhize. Cependant je suis tenté d'y admettre une décorlication insensible, manifestée par la pre- sence de lambeaux filamenteux d’épiderme à demi-pourri, que j'ai remarqués sur lé caudex. Le résultat de toutes ces observations est, 1°. que le Æa- phanus sativus, quoique Dicotylédon, est évidemment endo- rhize, et constamment pourvu d'une coléorhize bivalve; 2°. que celte coléorhize n’est autre chose que l'écorce même du caudex, laquelle ne se continue point sur les racines proprement dites, mais_s’arrête et s'ouvre à la base du caudex, et se détache ensuile depuis cette base jusqu'au sommet, en se divisant en déux lanières longitudinales très-régulières , et qui correspondent constamment aux deux cotylédons; 3°. que plusieurs autres Crucifères plus ou moins voisines de la précédente, sont aussi endorhizes ou coléorhizées , mais d’une manière moins mani- feste , moins constante et moins régulière ; 4°. qu'il y a des Cru- ciferes qui ne sont point endorhizes au moins sensiblement. Il faut bien en conclure que les caractères proposés par M. Richard pour la division primaire des végétaux sexiferes, sont beaucoup moins importans qu'il ne l'a prétendu. THE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 Lo mn mn Com gén THE ZOOLOGICAL MISCELLANY, #rc., C'EST-A-DIRE, MÉLANGES DE ZOOLOGIE, Ou Description d’espèces nouvelles et intéressantes d’Animaux ; Par M. Wircram Errorp LEACH, D.M., Membre de la Société royale de Londres, de la Société Linnéenne, de la Société Philomathique de Paris, etc. , Avec des Figures coloriées d'après nature, par R. P. NODDER , vol. III. Le D: Shaw, l'un des Conservateurs du Muséum Britannique; publia pendant un assez grand nombre d'années, sous le même titre, un ouvrage fort ulile par la grande quantité d'espèces nouvelles d'animaux qu’il ÿ fait conuoître, mais malheureusement, plutôt par les figures que par ses descriptions, qui sont autant superficielles que possible. Il les décrivit les unes après les autres, à mesure qu'il les trouvoit dans les collections de Londres. M. le Dr Leach en succédant à Shaw dans sa place au Muséum Britannique, s’est proposé de continuer aussi son ouvrage, en faisant connoître aux zoologistes les espèces d'animaux nou- velles où mal connues, que sa posilion extrêmement heureuse le met à portée d'observer. Dans les deux premiers volumes qu'il a publiés, il a absolument suivi le même plan que son prédécesseur; mais daus le troisième , dont nous nous proposons de donner ici un extrait, il ne s’est pas borné à cela, et dans un assez grand nombre de cas, il a publié des Monographies, et surtout dans le type des Entomozoaires dont il s’est spécia- lement occupé jusqu'ici. Ainsi je passerai presque sous silence les articles qui ont trait aux animaux vertébrés, puisqu'il na s'agit que de deux espèces européennes du genre ARE des caractères du genre Ælanus , oiseau fort rapproché des Milans; d'une note sur une variété du Cormoran ordinaire, qui avoit la racine de lamandibule , une partie du cou et des cuisses, blanches, couleurs qu'il a perdues au bout de deux ans de captivité; d'une Tome LXXXV II. OCTOBRE an 1818. Pp 208 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CIIMIE autre nole sur les caractères el la variété de la Vipère com mune, à laquelle il rapporte , comme l'avoit fait précédemment M. Breton, le C. chersea, aspis, prester de Linnæus, Cœruleus de Schepp. ( Trans. Linh. Soc. 7, 56), et rufescens ou rufus des collections d'Angleterre ; d'une notice sur le Crapaud géant, dont Pennant a donné l’histoire dans son Voyage aux îles Hébrides, et qui n’est qu'une variété du Crapaud commun; enfin d’un très-court article et d’une bonne figure sur le genre Leptocé- phale de Gronovius. Mais je donnerai plus de détails sur les ar- ticles qui ont rapport aux Entomozoaires, ou A. articulés, et surtout aux Décapodes, ou Crustacés, partie de la Zoologie jusqu'ici assez négligée, et dans laquelle M. Leach jouit dejà d'une réputation européenne. Dans son article sur le genre Matuta des auteurs modernes, genre de Décapodes macroures qui estessentiellementremarquable par les longues pointes dont le corcelet est armé de chaque côté, et par laplatissement considérable des paires de pieds posté- rieures, Ce qui fail supposer que ce sont des animaux fort bons nageurs, comme nos Ltrilles, après avoir donné d'une manière complète les caractères de ce genre, il en décrit quatre espèces nouvelles, dont deux sont des preuves de la générosité ordinaire de M. de Lamarck, car elles proviennent de la col- lection du Muséum. Ces qualre espèces sont : 1°. ML. lunaris, Lank., Leach, Zool. miscell., tab. 127, fig. 3-5, dont le disque du têt a six tubercules sur trois lignes, deux à la première, trois à la seconde et une à la troisième; les deux médiaires les plus grands ; les mains tuberculeuses en dessus et en dehors; le pouce a une ligne élevée, polie, striée très-fine- ment en travers; enfin, le dernier article des troisième et qua- trième paires de pattes a une double carène. Elle est très-commune sur les rivages de l'Ile-de-France. 2°. La M. de Péron, M. Peronit. Leach, Zool. nuscell., tab. 127, fig. 1-2. Le tèt a le même nombre de tubercules disposés de même; mais les deux antérieurs sont presque nuls. Les mains égale- ment tuberculeuses en dessus, sont épineuses à leur bord; le pouce est simple, et des troisième et quatrième paires de pieds, le premier article de celle-ci n’a qu’une carène. 3°. La M. de Lesueur, A7. Lesueurii. Leach, Zool. miscell., p. 14. Le disque du têt a quatre tubercules, trois en avant, un plus gros en arrière. Les mains et la troisième et la quatrième paires ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 299 de pieds comme dans l’espèce précédente. Le pouce avec une ligne élevée, polie, très-fortement rayée transversalement. Des mers de l’Australasie. 4. La M. de Bancks, M. Bancksiü. Leach, Zool. miscell., tome III, pag. 14. Le tét a six tubercules égaux deux, trois, un; les mains comme dans les deux espèces précédentes ; la ligne élevée et lisse du pouce rayée foiblement seulement au sommet ; le premier ar- ticle des troisième et quatrième paires de pieds bicaréné en dessus , la carène postérieure dans ceux-ci à peine visible. Il paroït qu'on ignore sa patrie. L'article suivant est consacré à l'établissement d'un genre nouveau dans la famille des Décapodes macroures oxyrhynques. M. Leach le désigne sous le nom de Micippa. Son caractère principal me paroîl consister dans la manière dont le tét, tou- jours tuberculé ou un peu épineux comme dans tout ce petit groupe, paroit comme tronqué antérieurement par l'inflexion subite du rostre qui est alongé et sub-carré. M. de Lamarck fait des deux espèces que M. Leach range dans ce genre, autant d'espèce de Maia. L'une est le Maia crustata que M. Leach nomme ÂMicippa crustata, Zool. miscell., tom. IE, tab. 128, et à laquelle il donne pour caractère spécifique, d'avoir le têt et les orbites épineux ; des épines ainsi rangées Ho trois,un, quatre et six sur le dos. Le rosire très-courtement échancré et épineux de chaque côté, tandis que la seconde, qu'il appelle M. phy- lira, Cancer phylira de Herbst, tab. 58, fig. 4, a son tèt irré- gulièrement épineux sur les côtés; les mains glabres, et le rostre fendu comme däns la première, et pourvu de chaque côté d’une épine recourbée. Elle vient de la mer des Indes. Le IX° article de l’ouvrage que nous analysons , est consacré à une Monographie des genres et des espèces de la famille des Leucosidées, genre Leucosis de Fabricius que M. Leach, pour faciliter sans doute la connoïissance des espèces, quoiqu’assez peu nombreuses, subdivise en dix genres, formant quatre sous- familles, etc., qu'il nomme Swrps. Ce groupe de Décapodes amacroures est composé d'espèces remarquables par leur peti- tesse , la dureté, la convexité et l’état ordinairement lisse de leur tèt, qui est plus éténdu en travers qu’en longueur, la pe- titesse des yeux et des antennes extérieures, placées à leur angle interne , par la foiblesse de leurs pattes propres à marcher, et dont la première est en pince, et enfin par la forme ge- Pp 2 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nérale de leur queue très-étroile dans le mâle, et au côntrair® - fort large et arrondie dans la femelle. C'est de la forme générale du têt et de la proportion de la première paire de pattes, que M. Leach tire les caractères de ses quatre sous-familles, ou sérps. PAS Sous-Fam. 1. La première, qui a le tétrhomboïdal, la première paire de pattes déprimée et beaucoup plus grande que les autres , en même temps que les doigts défléchis, ne contient que deux genres : 1°. Ebalia, et 2». Nursia, qui ont l'un et l'autre le têt prolongé en avant; mais le premier a les côtés entiers, les doigts sub-défléchis , les branches externes du dernier appen- dice buccal linéaire, et le dernier article de l'abdomen du màle pourvu à sa base d'une apophyse dentiforme, tandis que le second a les côtés du têt dentelés, les doigts très-défléchis } la branche externe du dernier appendice buccal dilaté, et enfin l'apophyse dentiforme du dernier article de l'abdomen du mäle est près de sa pointe. Le genre Ebalia ne contient que trois espèces : 1°. F. pen- nantit ,,2°. E. Cranchii, 3°. F. Bryerii, qui toutes les trois ont été figurées et décrites par M. le Dr Leach, dans son Histoire naturelle des Crustacés d'Angleterre. Le genre Vursia n'en contient qu'une provenant des mers des Iudes , et dédiée à M. Hardwick sous le nom de N. Hardsvickii. La seconde sous-famille a son tét rond ou globuleux, la paire de pieds antérieure beaucoup plus grosse que les autres, dont les ongles et l'avant dernier article sont comprimés. Les genres qu’elle comprend sont les suivans. Leucosia, dont le front se prolonge en une sorte de pointe plus longue que le bouclier, les côtés profondément canaliculés au-dessus des pieds antérieurs. La branche interne du dernier appendice buccal s’appointissant peu à peu, et l’externe linéaire et plus large. Ce genre ainsi circonscrit , ne contient plus que deux espèces, L. craniolaris , Cancer craniolaris de Herbst, et 2°. L. urania, Cancer urania, Herbst. Phylira , dont le tét'arrondi, déprimé avec un front un peu prolongé, mais plus court que le bouclier; la branche interne du dernier appendice buccal appointie, l’externe très-large et ovale ; il ne contient également que deux espèces toutes connues précédemment sous le nom de Leucosia scabriuscula et de L. glo- bosa dans Fabricius. Persephona. Le tèt est comme dans le genre précédent; le ET D'HISTOIRE NATURELLE. Soi front est un peu alongé , mais n’est pas plus long que le bouclier; les deux branches du dernier appendice buccal sont appointies graduellement, le sommet de l'externe étant très-obtus. Les trois espèces qui constituent ce genre paroissent enlieë- rement nouvelles. Les deux premières, assez peu différentes , ont le tèt également granuleux et très-épineux, recourbé en arrière; mais l’une, dédiée à M. Latreille sous le nom de Latreillii, a les angles antérieurs du tét dilatés peu à peu, tandis que dans l'autre, désignée sous le nom de P. Lamarcki, ces dilatations sont sub - anguleuses. La première a en outre ses bras tuber- culeux, tandis que la seconde les a seulement granuleux. Quant à la troisième espèce, le P. LicAtensteinii, le têt un peu aplati, a ses angles antérieurs prolongés brusquement en tubercule. Les trois épines postérieures sont à peine recourbées, et les bras sont couverts de tubercules scabreux , ou comme décomposés. 11 paroit que M. Leach ignore entièrement la patrie de ces trois espèces ; il suppose cependant qu'il se pourroit que le Leu- eosia mediterranea de Lichenstein appartint à ce genre. La troisième sous-famille a le têt oval ou globuleux, avec le front un peu prolongé; la première paire de pieds à pinces filiformes, très-alongées, un peu plus grosses que les autres; les doigts sub-filiformes. Le genre Myra, qui a le tét ovale, la branche externe du dernier appendice buccal, saillante et arquée au côté externe, ne contient qu'une seule espèce , le Leucosia fugax de Fa- bricius, etc. Le genre Zlia n'en contient également qu'une, le Zeucosia nucleus de Fabricius. Il a pour caractère, d'avoir le têt sub= globuleux, la branche externe du dernier appendice buccal se rétrécissant peu à peu jusqu'au sommet, qui est arrondi. Le genre Arcania a le têt globuleux, maïs très -epineux, la branche externe de l’appendice buccal postérieur , linéaire, tronquée et échancrée à son bord interne au sommet , et l’ex- terne peu à peu acuminé. Il est établi sur le Zeucosia erinaceus de Fabricius, qui est le Cancer erinaceus, Herbst, 1, 158, tab. 20, fig. 3. ; Enfin le dernier genre de cette sous-famille, le geure 2phis, qui a pour Caractères un tét sub-rhomboïdal , pourvu de chaque côté d’une épine alongée, et la branche externe du dernier ap- pendice buccal se rétrécissant peu à peu vers le sommet, ne renferme également qu'une seule ‘espèce , le Zeucosia septem- 302 JOURNAL DE PUYSIQUE:, DE CHIMIF spinosa de Fabricius , Cancer 7 spinosus, Herbst, 1, 256, tab. 20; fig. 112. La quatrième sous-famille, qui ne contient qu'un seul genre Jxa, se distingue, parce que son tèt est transversalement pro- Jongé, en une sorte de cylindre de chique côté; du reste, les pieds sont également filiformes, la première paire à peine plus grande que les autres, et les doigts sont filiformes. Des deux espèces qui conslitnent ce genre, l’une est déjà connue, c’est le Leucosia cylindrus de Fabricius, dont M. le D° Leach donné une figure, tab. 129, fig. 1, sous le nom d’/xa canaliculata, Quant à la secoude, Z. inermis, même planche, fig. 2, elle est nouvelle et se distingue aisément, parce que les prolongemens. latéraux ne sont pas terminés par une pointe, comme dans la première, et qu'en outre elle a en arrière deux tubercules for- tement granulés, Dans son X€ article, M. le D' Leach donne les caractères très-détaillés du genre T'halassina établi par M. Latreille, mais qu'il paroît maintenant confondre avec le genre Cebia. Et en effet, les deux genres ont également les pieds antérieurs ter- ,Minés par une sorte de rudiment de pince; mais dans les Thalas- sina Yabdomen est fort long et fort étroit, et les appendices doubles de son avant dernier article, sont extrêmement grèles et élroils, ce qui fait supposer que les animaux de ce genre doivent nager difficilement, et peut-être pas du tout ; en sorle que le caractère joint à Ja figure assez anomalé de ces animaux, nous paroissent bien suffisans pour l'établissement d’un genre distinct, puisque d’une. modification visible dans l’organisa- tion , il en résulte des mœurs et habitudes différentes; quoi- qu’il en soit, M. Leach donne une excellente figure, pl. 130, d'un individu mäle de la seule espèce qu'il possède, le 7%, scorpionides, Cancer astacus anomalus de Herbst; ét 1l ajoute qu'il a dans ses porte-feuilles, le dessin d’une autre espèce également de l'Inde, et que lui a donné le col. Hardwicke. Le XIe article est consacré à l'établissement d'un génre en- tièrement nouveau, pour une seule espèce de Décapode ma- croure de la famille des Salicoques, c'est-à-dire dans laquelle le second article de l'abdomen élargi à ses extrémités, imbrique fortement le premier et le troisième, Les caractères principaux de ce genre, que M. Leach nomme Atya, consistent essentiel- lement dans la forme tout-à-fait singulière des deux premières paires de pattes, qui sont les plus petites, égales, avec l’avant-der- nier article très: court, et le dernier partage longitudinalement en ET. D'HISTOIRE, NATURELLE, 303 deux parties égales et pourvues de longues soies ; la troisième paire, la plus grande, est inégale et terminée par un ongle très-court. Les deux autres. paires, plus petites , en ont un me- diocre. M. Leach ne connoît encore dans ce genre, qu'une seule espèce, dont la patrie est inconnue; c'est l’4. rude, S. sçabra, pl. 151; son roslre caréné est divisé en trois dents, dont la mé- diaire est longue; les trois pairesde pieds postérieurs sonl scabres, (La suite au Cahier prochain.) TT NOUVELLES SCIENTIFIQUES. PHYSIQUE. Sur la Compression de l'Eau, par M. le professeur ŒRrSTED. Je me suis occupé dans ces derniers temps, dit le professeur Œrsted dans une Lettre écrite, le 28 avril 1818, au D'Schweiger, de la compression de l'Eau. L'ouvrage de ‘Zimmermann sur ce sujet, est rempli d'erreurs de calculs fort singulières; mais lorsqu'on les corrige, on trouve entre les résultats des expé- riences, beaucoup plus d'harmonie qu'on ne l’avoit cru. J'en ai cependant fait de toutes nouvelles sur ce sujet, des- quelles il résulte que la compression de l’eau est properlion- nelle aux forces comprimantes, comme Canton l'afirme, appuyé sur des expériences peu nombreuses, et ce que contredisent celles de Zimmermann , du moins d’après les résultats admis jusqu'ici, J'ai trouvé que la compression , telle que Canton l'admet, est presque trois fois trop petite, Ce qui esl remar- quablé , c’est que, d’après M. de Laplace, la vitesse du son dans l’eau peut être calculée de cette compression. D'après les résultats de Canton sur la base de ses calculs, on voit que le son conserve dans l’eau une vitesse qui approche de celle qui a lieu dans les métaux ; d’après mes résultats, elle seroit trois fois moindre. J'ai encore travaillé sur un autre sujet important, savoir, sur la compression de l’eäu par une pression plus forte que celle-de l'atmosphère et exactement mesurée. Sans trop de vanilé, je me crois assez assuré qu'a 14° Réaumur, elle doit tomber entre 0,00012 et 0,00014. (Journ. fur Chim. und Phrys., von Schweiger, band. 21, hest. 3.) 304 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sur la température des mines de Cornouailles ; parM.TnomaAs LÉan. M. Léan fut requis en 1815, par un Membre de la Société géologique de Cornouailles, de faire quelques observations sur la température de l'air dans la mine de Wheal Abraham. Cette mine est creusée à la profondeur de 200 fathoms (366 mètres), et produit beaucoup de minérai de cuivre. La veine dans laquelle on trouve le cuivre (sulfure de cuivre), contient quelquefois une petite quantité d’étain, de zinc, de plomb, de fer. Les minerais métalliques sont en couches dans le qnartz et le feld-spath. Ce fut le 9 de juin qu'il fit les premières observations. Elles furent faites dans un puits traversé par un courant d'air ascendant qui vient de la mine. Le thermomètre 23° centigrades au soleil et 15° à l'ombre. Voici ce qu'il marqua dans la mine à différentes profondeurs : À 3 fathoms ( 5",487)le thermomètre setintà 18°+ OEM DCE HART OR CT EC PES ve Gior 40 pe ou LUE 1 20E ( ) : Here 20 : Des roll et ea m203 2201 ue ic ES Véranda enr he 298 FAO ER (230 SR Mn amie - see Er lie ObN au 2 2 ol Potro a ar Cette dernière profondeur étoit alors le fond de la mine. Dans les différentes stations où il se placa avec le thermo- mètre, un courant d’eau traverse la veine et est conduit aux pompes. En y plongeant le thermomètre, voici quelle fut la température observée : ° À 183": 20° dans le réservoir où l'eau de ce niveau est mélée avec celle du fond de la mine. 185.,.17,7 dans le courant qui sort à ce niveau. 205...18,3 idem. 219...20 idem. ' 256...25 dans le courant qui sort à ce niveau, d’une veine 3 riche en cuivre. 293...23,3 idem. 329...23,3 idem. 348..,23,3 idem, M, £T D'HISTOIRE NATURELLE. 305 M. Léan se disposa ensuite à déterminer la température dans Îes endroits de la mine où les ouvriers éloient à travailler ; c'est à une distance de 15 à 30 fathoms (274 à 55 mètres), de tout courant d'air ou de tous puits servant à l'exploitation. Voici les résultats obtenus : À 165% 23°3, veine sèche, mais riche en minerai. 10 De AIN 201.4422,2, ————— 210-209 ————— 238...23,5, 256:..24,4, 27444025,5, ————— 293...20,6, ————— LANDE mais pauvre. idem. idem. idem. idem. idem. riche en cuivre et en autres minerais. mais pauvre. 329...25,5, beaucoup d’eau tombant en gouttes du toit de l'ouvrage, et sorlant des autres parties de la veine qui est riche en minerai de cuivre. Il répéta ses expériences le 13 décembre 18:15, et eut les resultats suivans : A la surface, en plein air.. . . . . 10° A - 5" au-dessous de la surface. . . 11,1 LATE MO DANCE UNE 366 a haute température de l’eau zine, septembre 1818.) io OP 27. MA ITIROSE NET PS 2 BL ER YA) SU E AT + + + 19 ci 10 Em.) .44 PT Fr fe rame RARE OUT 2N EAU. NS AS > 1182833 AE EDIT dr 02e LS JE RaSS SAC SE . . . 25,5, ce qui éloit la plus à cet instant. (Philosophical Maga- Tome LXXXVII. OCTOBRE an 1818, Qq 306 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE CHIMIE. Lettre de M. J.-B. Virxon au Rédacteur du Journal de Physique, sur le Lithium, le Carbonite neutre d Ether , le Sirium , la préei- pitation ce à l'état métallique de l'Etain et du Plomb, l’Alun de Soude, l'Indigo, etc. Monsieur, Vous saurez qu’en Allemagne comme en Angleterre, on a réduit le Lithium par le moyen de la pile; c’est un vrai métal d’alcali blanc, éclatant et pas tout-à-fait aussi persistant que le Sodium, car il brûle aussitôt qu’il est souslrait à l'influence de la pile. L’amalgame de Lithium décompose aussitôt l’eau. Le muriate de Lithium, quoique cristallisable , est aussi dé liquescent à l'air que le muriate de chaux; converti en chlorure par l’expulsion de l'eau, il échange au feu le chlore contre de l'oxigène, et reste démuriaté. Le nitrate de Lithium se décompose au feu avec les mêmes phénomènes que le nitrate de potasse. M. Banhof en distillant, à quelques reprises, de l’alcool sur de l’acide oxalique effleuri ,.a substitué une portion d’éther, 36,5, à une portion d'eau. Le carbonite neutre d’éther qui est ainsi obtenu , est sous forme d'huile ; et lorsqu'on le sature de gaz ammoniacal, il est converti en une poudre blanche, insoluble dans l’eau , et qui se laisse sublimer sans altération, lorsqu'elle est exempte d'humidité. Cependant , l’éther oxalique lui-même, étant traité au feu, avec de l’eau, laisse échapper l'alçool et se régénère en acide oxalique; une proportion d'acide carboneux, 54,5, ou 21 d'acide carbonique et 15,5 d'oxide de carbone , et une proportion d’éther, 22,5, ou 14 de carbone hydrogéné, et 8,5 d'eau, sont ses principes constituans. Le Sirium est toujours considéré comme un mélal particulier, H n'est réductible qu’en alliage avec un autre métal, et surtout avec l’arsenic. Ses oxides sont blancs, ne s’altèrent pas à l'air, et souliennent, sans se fondre , une chaleur de 150o° de Wedg- wood. Ses sels sont également blancs. Les dissolutions de Sirium, sont précipitées en blanc par le prussiate de potasse, en blanchâtre par l’infusion de noix de galle, et en noir par l'hydrogène sulfuré; ce dernier précipité se dissout aisément dans les acides. M. Fischer a fait de très-jolies expériences sur la précipi- tation réciproque et à l’état métallique, de l’étain et du plomb. De ET D'HISTOIRE NATURELLE. 307 l'acélate acidule de l’un de ces métaux, est en partie décomposé ar l’autre. L'étain ne précipite le plomb qu’en partie, mais fe plomb précipite entièrement l’étain. Lorsque les acctates sont neutres, il n'y a point d'action; cependant pour l’étain, l’action continue à l'etat neutre lorsqu'elle a commencé à l'état acidule. Le plomb décompose le muriate d’étain et s’oxidule avec rapi- dité; mais le même sel et oxide n’en est que lentement attaqué, malgré laflinité si supérieure de l’oxidule d’un métal sur son oxide. La cause de cet effet est exposée dans mes Principes; un mélange de Jlimaille d’étain et de plomb, est dissous dans les deux métaux par le vinaigre; un alliage des deux mêmes mélaux ne l'est pas. Cet alliage n’est dissous que dans l'étain, par l'acide muriatique. M. Zellner a découvert un sulfate de soude et d’alumine qui cristallise très-bien , s’eflleurit légèrement à l'air et se dissout dans le double de son poids d’eau froide; il l'appelle lun de Soude. Ce sel consiste en une demi-proportion, 16,5, d'alu- mine; une troisième proportion, 0,85, de soude, et une pro- portion 37,5 d'acide sulfurique, dont, par conséquent, deux sixièmes proportions sont en excès ; puis six proportions, 5,1 d’eau, Bucholz, que la science vient de perdre, sans rien connoitre du travail de vos chimistes , a trouvé dans l'ipécacuanha, les mémes principes qu'eux, Léopold Gmelin trouve que le procédé le plus expéditif de se procurer de l'hydrogène sulfuré, est de le degager j ce qu'il appelle Sulfure de Magnésie, et qui probablement est de l'oxi- sulfure , au moyen d'un acide. Il se procure le sulfure en traitant J'oxide de manganèse désuroxidé au feu, avec un quart de son poids de soufre, et un sixième de charbon, dans un creuset, jusqu'a l'ignition ; il reste une masse brune, verdätre. L’oxide de manganèse et l’oxidule de fer semblent avoir assez d'énergie pour que leurs oxisulfures se partagent par l’eau, en hydro- sulfure et sulfite sulfuré. M. Sertucrner a trouvé que les acides énergiques acidifient les combustibles les plus indifférens, et que les acides ainsi pro- duits, se salifient tres-bien avec les oxides. C’est ainsi, dit-il, d l'acide sulfurique forme avec l'alcool, trois acides différens e celle espèce, et qui par la chaux sont conversibles en sels; M. Sertuerner peut avoir pris le sous-sulfate d’éther pour un acide particulier. Doebereiner s’est assuré que l'indigo , dans son état de grande pureté, consiste en carbone et en azote, dans le rapport du charbon Qq 2 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE animal (36 du premier combustible et 15,5 du second) avec dé l'hydrogène et de l'oxigène, dans des proportions qu'il n’a pas encore déterminées. Lorsque l’indigo est traité avec l’oxidule de fer, la chaux et l’eau, 1l n’abandonne point d'oxigène, mais reprend de l'hydrogène et forme un hydracide que M. Doebe- reiner nomme acide isatinique, hydrogène indigore , acide hydro- indigoique. Cet acide est incolore et se trouve combiné avec la chaux dans la cuve d'indigo, dont la matière colorante passe si aisément au bleu, à l'air, par la perte de l'hydrogène. Grotthus a publié un très-beau travail sur l’acide sulfochya- zique de Porret, dont je pourrai vous donner une traduction. Il a trouvé que cet acide, qu'il appelle Ænthrazothionique, con- siste en une proportion 6 de carbone, une proportion 15,35 d'azote, trois proportions 4,5 de soufre, et trois proportions 3 d'hydrogène. L'acide hydro-cyanique y échange, par conséquent, une proporlion de carbone contre trois proportions de soufre et deux proportions d'hydrogène, et il contient les élémens de trois proportions 48 d'hydrogène sulfuré, comme d’une pro- portion 1,5 d'ammoniaque. Le premier gaz seroit uni à une proportion 19,5 d'azote carboné, et le second à une propor- tion 51 de soufre carboné. Get acide colore en rouge foncé l'oxide de fer. L’Anthrazothionate de potasse se forme en gros cristaux prismatiques blancs. Agréez ma parfaite estime. Louvain, 17 septembre 1818. J.-B. Vircon. Sur la combinaison de l'Alcool au moyen de la lampe sans Jlamme, par Joun Darrow. En considérant le phènomène de la lampe sans flamme qui continue la combustion de l’Alcool, au moyen d'un fil de pla- tine roulé en spirale, M. Dalton fut frappé de l’idée qu'on pour- roit desirer de savoir si les produits de cette combustion sont les mêmes que ceux de la combustion ordinaire. Il étoit dis- posé à penser qu’une combustion imparfaile ou une demi-com- bustion du charbon, en étoit peut-être le résultat, et que si une masse d’air isolée étoit soumise à celle opération, on y trou- veroit plutôt de l’oxide de carbone que de l'acide carbonique. Il suggéra, il y a environ trois mois, cette conjecture au D: Henri, et ils ont fait brüler immédiatement cette lampe sous une cloche de verre. Après en avoir extrait une portion de l'air, ils furent bientôt convaincus, par les réactifs ordi- uaires , qu'il contenoit de l’acide carbonique. Peu de jours après, La £T D'HISTOIRE NATURELLE. 509 en répétant l’expérience, dans la vue de trouver si l'oxide de carbone étoit mêlé avec cet acide, on fit brüler la lampe sous une cloche de verre de 120 pouces cubiques, jusqu’à ce que le fil cessät de paroiître rouge dans l'obscurité; alors on rem- plit un flacon de l'air de la cloche, pour l'examiner; on n'eut pas plutôt enlevé la cloche, que le fil redevint rouge comme auparavant; Ce qui montroit que la combustion n’avoit pas cessé. En examinant l’air sur le mercure, à la manière ordinaire, on trouva qu'il contenoit 14+ pour cent d’oxigène , et environ quatre pour cent d'acide carbonique; mais on ne put découvrir un atome d’acide carbonique de plus, en enflammant le résidu avec un mélange d'hydrogène et d’oxigène. Ainsi la conjecture par rapport à la production de l’oxide de carbone, ne fut pas confirmée par l’expérience. Cette espèce de combustion paroissoit plutôt supérieure qu’inférieure en énergie à la combustion ordinaire, puisque l’oxigène se trouvoit : beaucoup plus diminué qu'il ne l’auroit été par la combustion ordinaire prolongée jusqu’à extinction. Afin d'examiner ce dernier point plus complètement , M. Dalton laissa brüler la lampe avec flamme sous la même cloche remplie d'air atmosphérique , jusqu’à ce qu’elle s’éteignit spontanément, Le gaz restant se trouva composé de 16% pour cent d'oxigènge et de trois d'acide carbonique. On ralluma de nouveau la lampe sans flamme sous la même cloche et dans les mêmes circon- stances; elle s’éteignit au bout de 40 minutes; le résidu de l'air ayant élé analysé, on n'y trouva que 8 pour cent d’oxigène, avec presque la même quantité d'acide carbonique. M. Dalton dit avoir trouvé fréquemment dans des occasions précédentes, que la combustion de l'huile, de la cire, du suif, etc., diminuoit l'oxigène presqu'au même degré, avant que la com- bustion cessàt , savoir, de 4, 5 ou 6 pour cent, l’oxigène mon- tant à 21 pour cent au commencement. Voila donc , selon lui, un fait très-singulier et très-remarquable, c'est que cette espèce de combustion sergit capable de diminuer l’oxigène d’une si grande quantité, ou bien de s’entretenir dans des circonstances où la combustiou ordinaire cesse entièrement. (Annals of Phi- losophy, oct. 1818.) ZOOLOGIE. Sur le Poison des poissons; par le D' Diksow. Extrait d'un Mémoire lu à la Société Linnéenne , en Angleterre, le 7 et le 21 avril 1818. Le Dr Dikson entend par le Poison des poissons, non les conr 310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE séquences sérieuses et quelquefois fatales, qui accompagnent les blessures faites par les aiguillons de la Raie ou par ceux des autres espèces de poisson, mais les accidens qu'on éprouve pour avoir mangé cerlains poissons ou certaines parlies de pois- son. Les journaux de plusieurs voyages nous offrent des exemples de personnes qui, pour avoir mangé certain poisson, ont été plus ou moins dangereusement malades, ont eu le corps gonflé et la peau couverte d’éruptions irritantes. Souvent la qualité mal- faisante semble résider dans une partie du poisson en parti- culier, spécialement dans le foie et dans les intestins, comme il paroït résulter de ce que parmi l'équipage d'un vaisseau, il n’y a eu d'incommodés que ceux qui ont mangé de ces parties, C’est une observation commune, que tout poisson esl une nour- riture plus saine et plus agreable avant d’avoir frayé qu'après; le poisson, dans le premier cas, étant plein de santé et de vi- gucur, tandis que dans le second , il est malade, maigri, et que Ja fibre musculaire en devient molle d'une manière remarquable, La différence entre ces deux états qui, dans les climats tem- pérés de l'Europe, ne va guère qu'a rendre moins savoureux le poisson considéré comme objet d'aliment, est souvent cause, sous Îles tropiques, que la même espèce devient un aliment sain dans un cas et un aliment dangereux dans un autre. De plus, on observe que certaines espèces, spécialement aux Indes occidentales , sont saines pendant la même saison , dans certaines siluations , et sont tout le contraire dans d’autres. Ainsi, on assure que tous les poissons, sur les côtes des Barbades, sont une nourriture saine, même ceux qui, le long des côtes des autres Îles, sont dangereux à manger. On cite des exemples d’un vais- seau qui, un jour, tomba au milieu d’une multitude de pois- sons parfaitement bons à manger et qui, le lendemain, arriva au milieu d'une autre troupe de poissons de la même espèce, lesquels se trouvèrent capables d'empoisonner. Il n’est pas très-aise de déterminer la cause de ces différences. Le moyen ordinaire parmi les marins pour savoir s’il y a sûreté ou risque à manger d’un poisson suspect ou inconnu, c'est de mettre une piece d'argent dans le vase où l’on fait cuivre le poisson; si l'argent acquiert une couleur de cuivre, le poisson est considéré comme malfaisant; sa couleur de cuivre ou plutôt de bronze, développée en cette circonstance a été probable- ment la raison pour laquelle la saveur du poisson dans cet état, a été attribuée au cuivre, dont on supposoit que le poisson s'éloit infecté, en cherchant sa nourrilure sur des rivages con- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 5t1 tenant des mines de cuivre; mais la décoloration de l'argent est probablement due à l'hydrogène sulfuré , et c’est un fait bien connu, que les écoulemens d'une mine de cuivre sont si par- ticulièrement préjudiciables au poisson, que plusieurs lacs qui en étoient d'abord pourvus abondamment, en ont été entière- ment dépeuplés par cette même circonstance. Des poisons vé- gélaux avalés par les poissons dont la voracité ne distingue rien, ont élé considérés comme la cause de la qualité malfaisante de leur chair, et le Dr Dickson, tout bien examiné, est porté à adopter celte opinion. (Ænnals of Philosophy, juin, 1818.) Sur le Serpent de la mer de l'Amérique du nord. Une Lettre de New-York, du 11 septembre, a apporté à Londres la nouvelle que le fameux Serpent américaiu , dont nous avons eu deja plusieurs fois l’occasion d'entretenir nos lecteurs, a été pris. C'est le capitaine Rich, dit la Lettre, qui l'a tué et qui l'a apporté à Boston. Suivant quelques journaux, ce Capitaine assure que c’est bien le même animal qu’il avoit déja harponné, la blessure qu'il lui fit à cette époque n'étant pas encore guérie ; et quoiqu'il lui parüt alors qu'il avoit 70 pieds de long, il se trouve qu'il n’en a plus que 10 sur 7 de cir- conférence. Mais d'après un autre recit , l'animal pris par le ca- pilaine Rich, n’est pas du tout celui qu'il avoit poursuivi et at- teint d'un coup de harpon, mais simplement une pelite Baleine à bosse, B. gibbosa: en sorte que cet immense animal dont les journaux américains nous parlent si longuement, et d’une manière si extraordinaire depuis près de deux ans, pourroit bien n'être autre chose qu’une colonne de jeunes Baleines à bosses, dont on n’auroit aperçu au-dessus du nivau de la mer, que leélévation qui dans cette espèce remplace la nageoire dor- sale. C’estce que nous ne larderons pas sans doute àsavoir, M. Le- sueur nous ayant annoncé qu'il se propose d'éclaircir ce point, comme il l’a déja fait pour le Scoliophis , qu'il a montré n'être qu’un individu monstrueux par ecolent d'une espèce de Serpent du pays. EE PRIX PROPOSÉ Par l’Académie royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, pour les années 1819, 1820, 1821. Pour 1819, la mème question qu’elle avoit proposée pour 1816; \ 312 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elc. déterminer les effets produits sur un cours d’eau par la con- struction d’un barrage moins élevé que les bords de son lit, et donner des formules qui expriment ces effets, etc. La valeur du prix, 1000 fr. Pour 1820 : Quel a été l’état des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts, depuis le commencement du VII‘ siècle jusqu’à la fin du XVIII, dans les contrées méridionales de la France. La valeur du prix, 5oo fr. Enfin, elle propose pour sujet du prix qu’elle doit adjuger en 1821, les questions suivantes sur la stratification ou division en couches de masses minérales, ou systèmes de masses miné- rales, dont l’ensemble constitue la partie solide du globe ter- reslre qui nous est connue. 1°. Faire connoître les circonstances particulières que la stra- tification de chaque sorte de masses minérales peut présenter, tant sous le rapport de la forme des couches, que sous celui de leur direction et de leur inclinaison. 2°. Déterminer les lois , soit générales , soit particulières, aux: quelles la stratification des masses minérales peut être soumise; celte détermination doit être basée sur des faits positifs et bien conslatés. 3°. Indiquer, d’après les principes généralement admis en Physique et en Histoire naturelle, la cause de la stralfication et de ses lois. L'Académie prévient que cette dernière demande n’est qu’ac- cessoire, et que la question mise au concours est la détermi- nation des lois de la straclification. La valeur du prix est de 5oo fr. Les ouvrages, écrits en françois ou en laün, doivent être en- voyés, avec les formalités d'usage, à M, le baron Picot de la Peyrouse, Secrétaire perpétuel de l’Académie, et ils ne seront reçus que jusqu’au 1° mai de chacune des années pour lesquelles le concours est ouvert. ERBATUM, Pag. 237, lig. 4, (fig. 1, pl. II), lisez (fig, 1; pl. 1). De l'Imprimerie de M: V° COURCIER , rue du Jardinet, n° 12, TE de Phur . Octob° 148. PL I MESURE DES ANGLES DES CRISTAUX. Lig.2. WE. Porareae. Jef ël lu, tie er N 4 pe oi ont de: Lrprique, celobre 188 . : c VE) JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. NOVEMBRE an 1818. RECHERCHES SUR LA MESURE DES TEMPÉRATURES ET SUR LES LOIS DE LA COMMUNICATION DE LA CHALEUR; Par MM. DULONG #er PETIT (1). INTRODUCTION. Dès l'origine de la Physique expérimentale, on a senti que, parmi tous les effets produits par la chaleur, les variations qu’éprouvent les corps dans leur volume devoient être préférées à tous les autres phénomènes dus à la mème cause, pour mesurer ses vicissitudes naturelles ou artificielles. Toutefois il y avoit loin de cè premier apercu aux connoissances nécessaires pour assujétir la construction des thermomètres à des procédés in- variables qui pussent rendre leurs indications comparables entre elles. Mais le fréquent emploi de ces instrumens, et l'utilité des (1) Ce Mémoire a obtenu le prix de Physique décerné par l'Académie des Sciences, dans sa séance publique du 16 mars 1818. Tome LXXXVII. NOVEMBRE an 1818. Rr 314 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE données qu’ils fournissent , ayant ramené souvent l'attention des physiciens sur toutes les circonstances qui péuvent modifier leur marche, toutes les particularités de leur construction ont été étudiées avec tant de soin et d’une manière si détaillée, qu'il ne reste presque plus rien à desirer sur cet objet. Il étoit indispensable, sans doute, d'apporter, dans les obser- valions thermométriques, une grande précision ; mais cela ne suflit pas pour conduire à une connoissance approfondie de la théorie de la chaleur. On pourroit, à la vérité, rapporter la marche de tous les phénomènes à une échelle arbitraire de tem- pérature, et chercher des formules empiriques qui représentent exactement les observations ; mais on ne peutespérer de découvrir les propriétés les plus générales, ou, si l’on veut, les lois les plus simples de la chaleur, que lorsqu'on aura confronté les thermometres construits avec des substances prises dans les trois états dont la matière est susceptible, et lorsqu'on aura déterminé les rapports qui existent entre les indications de ces instrumens et les quantités de chaleur ajoutées ou soustraites pour produire des variations déterminées de température. Quoique ce sujet de recherche ait dû naturellement se pré- senter à l'esprit de presque tous les physiciens, on doit con- venir qu'il n’a pas encore été traité avec tout le soin et tout le développement que son importance exige. Les essais de Deluc et de Crawford n'embrassent qu'une étendue trop limitée de l'échelle thermométrique , pour qu’il soit permis d'en déduire aucune conséquence générale. C’est, au reste , un défaut commun à presque tous les travaux relatifs à la théorie de la chaleur, et qui est devenu la source de tant d'inductions erronées. On conçoit facilemeut, en effet, que des phénomènes assujétis à des lois fort différentes , peuvent avoir une marche en apparence identique dans un certain intervalle de température, et que, si l'on se contente de les observer entre les limites où leur di- vergence est presque insensible, on sera porté à attribuer leurs foibles écarts aux erreurs d'observation, et l'on manquera des donnéesnécessaires pour remonter à leur véritable cause. Plusieurs fois, dans le cours de ce Mémoire, on aura l’occasion de sentir la justesse de cette réflexion. M. Dalton, en considérant la même question sous un point de vue beaucoup plus élevé, a essayé d'établir des lois géné- rales applicables à la mesure de loutes les températures. Ces lois, il faut en convenir, forment un ensemble imposant par leur régularité et leur simplicité. Malheureusement cet habile ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315 physicien s’est trop empressé de généraliser des aperçus fort ingénieux, il est vrai, mais qui ne reposoient que sur des éva- luations incertaines. Aussi n'est-il presque aucune de ses asser- tions qui ne se trouve contredite par les résultats des recherches que nous allons faire connoitre. ta Ces recherches ont pour objet principal les lois du refroidis- sement des corps plongés dans un fluide élastique d'une nature, d'une densité et d’une température quelconques. Avant de nous livrer à l'étude de cette classe de phénomenes , il étoit indis- pensable de suppléer d'abord au défaut complet de notions exactes sur la mesure des températures élevées. C’est donc par l'examen de celte question accessoire, mais d’un haut intérêt par elle- même, que nous ayons commencé notre travail : C'est aussi par-là que nous en commencerons l’exposilion. Ce Mémoire se composera ainsi de deux parties très-distinctes : l'une aura pour objet tout ce qui est relatif à la mesure des températures ; la deuxième comprendra les lois genérales du re- froidissement, PREMIÈRE PARTIE. DE LA MESURE DES TEMPÉRATURES. S'il existoit un corps dont les dilatations fussent soumises à une loi assez régulière et assez simple pour que les additions successives de quantités égales de chaleur y produisissent con- stamment un même accroissement de volume, ce corps réu- niroit toutes les qualités que les physiciens ont crues nécessaires et suffisantes pour constituer un thermomètre parfait. Un tel instrument pourroit cependant ne pas offrir tous les avantages qu'il paroîit d'abord promettre. En effet, s'il arrivoit, par exemple, que le calorique spécifique de toutes les autres substances, rapporté à ce thermomètre, fût variable et inéga- lement variable dans chacune d'elles, il est bien évident que l'on ne pourroit rien conclure, à& priori, des indications de cet instrument relativement aux quantités de chaleur acquises ou perdues par une variation déterminée de température. On voit donc que le premier pas à faire dans cette recherche doit être de constater si les capacités d’un grand nombre de corps, prises avee une même échelle , varient de la même ma- nière; et si les dilatations des substances qui diffèrent le plus par leur nature sont soumises aux mêmes lois. Cette dernière comparaison, par laquelle nous commencerons, étant susceptible d'une plus grande exactitude que la première, nous lui avons Rire LA 3516 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE donné beaucoup plus d'extension , et nous croyons n'avoir rien négligé de ce qui pouvoit contribuer à l'exactitude des résultats. De la dilatation des Gaz. Quand on a simplement pour but d'établir une comparaison générale entre les dilatations de tous les corps, la substance thermométrique à laquelle on rapporte toutes les mesures, peut être prise d’une manière arbitraire. La construction plus facile et l'usage plus commode du thermomètre à mercure, nous ont déterminés à l’employer dans presque toutes nos expériences. La comparaison de ce thermomètre avec le thermomètre à air, a été faite depuis long-temps par M. Gay-Lussac, entre les limites de la glace fondante et de l’eau bouillante. Il résulte des expériences de ce célèbre physicien, que la marche des deux instrumens ne présente pas de divergence sensible dans cet in- tervalle de température. M. Dalton pense, au contraire, que le thermomètre à mer- cure seroit en avance de 1° environ sur le thermomètre à air, vers le milieu de l'échelle où l'écart devroit évidemment être le plus grand , puisque les deux instrumens s'accordent à 0° et à 100°. On voit, d’après cela, que s’il existe réellement une diffé- rence entre les dilatabilités du mercure et de l'air, elle doit être très-foible entre les limites de la glace fondante et de l’eau bouillante. Nous avons d’abord poursuivi cette cor#paraison dans les tem- pératures inférieures. Par une première expérience faite à — 20°, nous avons encore trouvé une identité parfaite entre les indi- cations des deux instrumens; et, par un grand nombre d’ob- servalions faites de — 50° à — 36°, nous avons remarqué des dif- férences légères, mais tantôt positives et tantôt négatives, de manière que la moyenne de toutes les mesures prises simul- tanément sur les deux instrumens, se trouve être la même pour chacun d’eux (1). Ainsi, dans une étendue de plus de 130’, 1) Afin de faire jnger du peu d'écart des déterminations partielles, nons- Le 5 P Abe ie P ? rapportons ici quelques-unes de celles qui ont été prises entre — 36° et —30o°. THERMOMÈTRE THERMOMÈTRE À AIR CORRIGÉ à mercure. de la dilatation du verre. — 56°,29 — 36°,18 DIT] 34 72 ET 34 »84 ÈT D'HISTOIRE NATÜRELLÉ. 317 l'écart des deux échelles que nous comparons est assez foible pour se confondre avec les erreurs d'observations. Rien n’est plus facile que ce genre d'expériences , tant qu'on ne va pas au-delà du point d’ébullition de l’eau; mais lorsqu'on veut suivre cet examen dans les températures élevées, on ren- contre d'assez grandes difficultés qui obligent d’avoir recours à des procédés plus longs et plus compliqués. Ceux que nous avons adoptés et que nous allons décrire, nous paroissent com- porter toute la précision dont les recherches de cette nature sont susceptibles. Notre appareil se compose d’une cuve rectangulaire de cuiyre rouge, de sept décimètres de longueur, d'un décimètre de largeur et d’un décimètre de profondeur. Cette cuve porte sur ‘une de ses petites faces latérales deux douilles, dont l’une sert à introduire dans une situation horizontale un thermomètre à mercure, et dont l’autre retient l'extrémité ouverte d’un tube qu’on place horizontalement à la même hauteur que le ther- momètre. Ce tube est parfaitement desséché et contient de l'air pareillement sec. La cuve repose sur un fourneau construit de manière qu'il puisse chauffer également de toutes parts : on la remplit d’une huile fixe, qui peut, comme on le sait, supporter une température de plus de trois cents degrés sans bouillir. Le tube qui renferme l'air, se termine, du côté de la douille, par un tube court et d'un diamètre très-petit qui sort en partie de la cuve. La quantité d'air contenu dans la portion extérieure de ce tube, et qui ne participe pas à l’échauffement du reste, est tout-àa-fait négligeable : nous nous sommes assurés qu’elle n’excédoit jamais un demi-millième de la masse totale, et nous avions d'ailleurs la précaution de l’échauffer pendant chaque ex- périence , afin d’atténuer l'erreur qui pouvoit en résulter. La cuve est fermée par un couvercle percé de plusieurs ou- vertures : les unes sont traversées par des thermomètres ver- ticaux qui servent à indiquer si les différentes parties de la — 33°,31 — 33°,40 — 32 ,27 — 32 ,13 — 31,63 — 31,54 — 31 ,26 — 31 ,04 — 30 ,46 — 30 ,5q — 29 ,68 — 29 ,64 Moyenne —— 32°,452 Moyenne —— 32°,420 318 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE masse liquide sont à la même température ; les autres portent des tiges armées de volans, dont la rotation produit dans le liquide une agitation assez vive qui a pour objet d'établir l'uni- formilé de température, Voici maintenant la marche qu'on a suivie dans chaque ex- périence : on échauffoit d’abord la cuve jusqu’à une température peu distante de celle qu’on vouloit atteindre, et l’on fermoit alors touies les ouvertures du fourneau. La chaleur tendant à se mettre en équilibre dans tout l'appareil, la température de l'huile s éle- voil encore de quelques degrés, et parvenoit bientôt à son maximun , où elle devenoit quelque temps stationnaire, et par conséquent facile à mesurer avec précision. Elle étoit alors in- diquée par le thermomètre horizontal, qu'on avoit soin d’en- foncer assez avant dans l'huile pour que toute la colonne de mercure y plongeät : au même instant, on fermoit au chalu- meau la pointe eflilée de la partie extérieure du tube à air, et Jon notoit la hauteur barométrique. Cela fait, on retiroit le tube et on le ‘lransportoit dans une chambre séparée dont la tempe- rature étoit à peu près invariable; on le placoit verticalement, el de manière que sa pointe plongeàt dans un bain de mercure parfaitemient sec. En cassant cette pointe, le mercure remontoit jusqu’à ce que l'équilibre füt établi avec la pression extérieure : on laissoit alors le tube dans cette situation pendant un temps suf- fisant pour qu'il prit exactement la température de la chambre, qu'indiquoit ua thermomètre très-sensible suspendu à peu de distance. Lorsque cet équilibre de température s’étoit produit , on mesuroit, à l’aide d’une échelle verticale armée d'un vernier, la hauteur de la colonne souleyée dans le tube. On observoit en même temps la hauteur barométrique, et la différence de ces hauteurs faisoit connoître l’élasticité de l'air froid : on re- tiroit alors le tube en prenant toutes les précautions nécessaires pour y relenir le mercure dont se composoit la colonne qui avoit été soulevée. On pesoit le tube et le mercure qu'il con- tenoil; on pesoit ensuite ce même tube successivement vide et enlièrement plein de mercure; retranchant du résultat de cette dernière pesée ceux des deux premières, on avoit les poids de deux volumes de mercure égaux, l’un au volume de l'air chaud, l'autre au volume de l'air froid; et de ces poids on concluoit les volumes eux-mêmes, qu'on ramenoit ensuite à ce qu'ils au- roient été sous la même pression , puisqu'on connoissoit l’élas- ticité de l'air froid qui avoit été mesurée comme nous l'avons ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 519 indiqué, ét celle de l'air chaud, qui étoit égale à la pression de l'atmosphère à l'instant où l'on avoit fermé le tube (r). Afin de faire mieux apprécier le degré de confiance que mé- ritent les résultats auxquels nous avons été conduits, il ne sera pas inutile de donner quelques détails relatifs aux précautions que nous ayons prises dans chaque expérience. L’un des plus grands obstacles que l’on rencontre dans ce genie de recherches, provient de la difficulté d’établir une unt- ormilé parfaite de température dans une grande masse liquide de deux ou trois cents degrés plus chaude que l'air ambiant. Cette condition peut être rigoureusement satisfaite, lorsque la température à laquelle on opère est, par exemple, celle de l'ébul- lition du liquide qu'on emploie; car alors cette température est nécessairement fixe; mais dans tout autre cas, la marche plus ou moinsrapide de l’échauffement ou du refroidissement des divers points de la masse, s'oppose à ce que l'uniformité nécessaire ait lieu. Cependant nous croyons que la disposition de notre ap- pareil remédie en grande partie à ce genre d’inconvénient; et cela tient, d'une part, à ce que la cuve de cuivre étant enfoncée dans le fourneau, compose avec lui une masse assez considérable qui se refroidit lentement, surtout lorsqu'elle est près de son maximum de température; et, en second lieu, à ce que le liquide étant continuellement agité, la chaleur doit s'y distribuer plus également. Au reste, pour lever tous les doutes que l'on auroit pu conserver à cet égard, nous avons plongé dans celle cuve D (1) Toutes les expériences faites d’après la méthode que nous venons d'in- diquer , ont été calculées au moyen de la formule suivante : Appelant P le poids de la masse de mercure dont le volume est égal à celui de l'air chaud ; Ê la température de cet air, comptée sur le thermomètre à mercure ; H son élasticité; P’, T°, H' les quantités analogues pour l'air froid. Désignons par V ce que devient un volume d'air, égal à l’unité, à la tem- pérature o°, et qui se dilate sans changer de pression jusqu'à la température dE et représentant enfin par d la dilatation moyenne du verre entre T° et T°, on a 2 PHO1 + d(T —T)] (G + 0,003575 T”). GE PH 7 on conclut facilement de là qu'un thermomètre à air, dont les indications se roient corrigées de la dilatation du verre, marqueroit pour une température E du thermomètre à mercure , un nombre de degrés égal à PH P'x 11 C1 + d(T —"1)](66,67 + T') — 266,67. 520 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE deux thermomètres situés horizontalement à la même hauteur; et, en opérant d’ailleurs comme dans nos expériences ordinaires , DOUS n'avons jamais observé plus de deux ou trois dixièmes-de degré d'écart entre les deux instrumens. . Du reste, en supposant même que tousles points de la couche liquide qui environne le tube à air, ne fussent pas exactement à la même température, l'erreur ne seroit pas aussi grande qu'on pourroit le croire d’abord; car, par suite de la disposition de l'appareil, la boule du thermomètre répond à peu près au milieu de la longueur du tube, et, par conséquent, cet instru- ment doit, dans tous les cas, indiquer une température peu éloignée de la moyenne de celles des différentes parties du tube. C’est même cette considération qui nous a délerminés à prendre un tube cylindrique, de préférence à tout autre vase de forme différente. Nous rappellerons de plus, à l’occasion de ce que nous venons de dire, la nécessité où l’on est, pour connoître les véritables indications du thermomètre, de l’enfoncer dans le liquide de manière que la colonne de mercure y plonge entièrement. Cette précaution , qui paroït minulieuse dans les basses températures, ne doit pas être omise lorsqu'il s’agit de températures élevées; car alors la colonne de mercure contenue dans la tige, éprouve un accroissement de longueur très-sen- éible, Ainsi nous avons remarqué qu’à la température de 300°, par exemple, il y avoit souvent plus de 12° de différence entre les indications d'un même thermomètre, selon que l'instrument tout entier, ou la boule seulement, plongeoit dans le liquide. On pourroit, à la vérité, d’après la connoissance de la dila- tation du mercure, estimer l'erreur _que l’on commet en ne plongeant le thermomètre qu’en partie; mais l'impossibilité de juger exactement la température de la tige, entraïinant dans des erreurs d'autant plus graves que la correction porte sur des nombres plus grands, il nous a toujours paru préférable de placer les thermomètres horizontalement. Quoique les expériences exécutées selon le procédé que nous venons de décrire, aient loujours offert un accord remarquable dans leurs résultats, nous avons cherché à les vérifier d’une autre manière. Dans ces nouvelles expériences, on s’est servi d’un tube à air d’une beaucoup plus grande capacité que dans les premières, et placé de la même manière; seulement le tube très-étroit qui Jui étoit soudé se recourboit à sa sortie de la cuve, et se pro- longeoit verticalement dans une longueur d'environ cinq dé- cimètres : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 527 eïmètres; on chauffoit en prenant toutes les précautions dont nous avons parlé; et lorsqu'on avoit atteint la température sta- ‘tionnaire, et qu’ou avoit noté la hauteur barométrique , on por- toit sous l'extrémité inférieure du tube vertical une capsule pleine de mercure bien sec; on laissoit refroidir le tube jusqu'à ce que l'huile eût à peu près repris la température de l'air : pendant toute la durée de ce refroidissement, le mercure montoit dans le tube vertical, et ne s’arrétoit que lorsque l'air intérieur étoit complètement refroidi. La force élastique de cet air étoit alors égale à la pression extérieure de l'atmosphère, diminuée de la hauteur de la colonne soulevée; celle de l'air chaud étoit égale à la hauteur barométrique observée à l'instant où la température éloil stationnaire ; on pouvoit donc calculer, au moyen de la loi de Mariotte, quelle auroit été la dilatation de l'air s’il eùt tour jours conservé la même élasticité. Pour rendre ce procédé complètement exact, il a fallu d’abord tenir compte de la dépression capillaire que le mercure éprouve dans le tube très-étroit où il s'élève; cette dépression avoit été mesurée d'avance, et l'on avoit eu soin de faire choix d'un tube assez bien calibré pour qu'elle ne variàt pas sen- siblement. En second lieu, le volume de l'air ne restoit pas exacte- ment le même; la portion comprise dans le tube vertical ren- troit en partie dans le grand lube, à mesure que la colonne de mercure s’élevoit, et cette portion d'air ne changeoïit pas sensiblement de température. Nous avons dû calculer l'influence de ces deux causes, et faire subir à nos observations la cor- rection qui y étoit relative. Cette correction, qui dépend du rapport de la capacité du grand tube à celle du petit, se déduit d’ailleurs d’un calcul trop simple, pour qu’il soit nécessaire de l'indiquer (1). (:) Nous nous bornerons encore à rapporter la formule qui a servi à calculer ces nouvelles expériences. H y représente la hauteur du baromètre extérieur qui sert à mesurer la force élastique de l'air chaud; T la température de cet air, indiquée par le thermomètre à mercure; T’ celle de l'air froid ; H’ la hauteur de la colonne soulevée après le refroidissement, cette hauteur étant corrigée de la dépression capillaire; A la hauteur totale du tube vertical; r le rapport entre la capacité de ce tube et celle du grand tube horizontal; d la dilatation moyenne du verre entre T'° et T°; V désigne encore ce que devient un volume d'air égal à Funité à la température o°, et se dilatant , sans changer de pression, jusqu’à le Tome LXXXVII. NOVEMBRE an 1818. Ss 322 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Non-seulement les expériences faites d’après ce nouveau pro- cédé ont confirmé tous les résultats que le premier nous avoit fournis, mais elles nous ont encore appris que la loi de Mariotte se vérifie à toutes les températures , en sorte que les changemens d’élasticité que la chaleur produit dans un gaz dont le volume reste constant, sont assujélis aux mêmes lois que les change- mens de volume de ce fluide, quand sa pression ne varie pas. Nous allons maintenant rapporter les déterminations moyennes déduites d’un très-grand nombre d'expériences faites par chacune des deux méthodes. Ces déterminations se trouvent rassemblées dans le tableau suivant, qui comprend l'échelle complète du mercure depuis sa congélation jusqu’à son ébullition, c’est-à-dire, un intervalle d'environ quatre cents degrés, TABLEAU N° I. RENE RTE OR RE CT EE VS EE TS QUE NP ONE TUE ISLE EVE TROIE AREAS GC LP RENE EEE ETES EL PERTE LÉ PNEUS DE (des indi Se EE NS à air indiquées par le thermomètre d’une ) | A cor rés AAA à mercure. même masse d’air. ” du verre. En APR AE PTT PSTEUT ER CHERE ———— | — — — —— - —— — 36° | 0,8650 — 36°. © 1,0000 a 100 1,3750 100 150 1,5576 148,70 200 1,7589 197,05 250 1,9189 | 245,05 : 300 | 2,0976 292,70 Ébullition du mercure 560 | 2,5125 | 350,00 Les nombres contenus dans la seconde et la troisième co- lonne, ont été corrigés de la dilatation du verre, que nous ferons bientôt connoître (1). température T° :ona y DS DES: DORE (1H 0,00575.1). —H(s ne — —"# on en conclut aussi qu'à Ja température T° du thermomètre à mercure, le thermomètre à air, corrigé de la dilatation du verre, indiqueroit- un nombre de degrés égal à ; H D(T — T”)] ‘266,67 + T” nee = A — 266,67. (= #)(: +) 7H (1) La crainte de donner à ce Mémoire une trop grande étendue, ne nous ET D'HISTOIRE NATURELLE: 323 Il existe une très-grande discordance entre les nombres in- diqués par divers physiciens , pour le point d’ébullition du mer- cure sur sa propre échelle. Gela vient en partie du soin plus ou moins grand que chaque observateur a mis dans la con- struction de ses instrumens, et surtout de l’inexactitude de la correction qu'on est obligé de faire pour la partie de Ja tige qui n'est pas plongée dans le liquide. Le moyen dont nous avons fait usage et qui nous a fourni le résultat rapporté dans le tableau précédent, dispense de cette correction. Au lieu de mesurer immédiatement l'augmentation de volame d’une masse constante de matière , comme on le fait dans les thermomètres ordinaires , nous avons déterminé la perte de poids qu'épreuve une masse de mercure capable de remplir un vase de verre à o°, lorsque ce vase est complètement submergé dans le mer- cure bouillant. Connoissant d’ailleurs la dilatation apparente du mercure dans le verre pour les 100 premiers degrés, on peut, par un Calcul très-simple, trouver la température correspon- dante sur le thermomètre à mercure dont la tige seroit à Ja méme température que la boule (1). Pour empêcher le liquide contenu dans le vase d'entrer en ébullition, on avoit eu la précaution de le terminer par un tube vertical très-étroit, de 6 centimètres de longueur. La colonne liquide qu’il contenoit ne faisoit pas la dix-millième partie de la masse totale; mais par la pression qu'elle exercoit dans l’intérieur du vase, elle s’opposoit com- plètement à la formation des vapeurs, Il est presque. inutile de dire qu'on avoit pris toutes les précautions nécessaires pour ex- pulser complètement la moindre trace d'air ou d’hunudité. La température correspondante du thermomètre à air a été calculée par un moyen analogue à celui que nous avons con- slamment employé dans nos expériences sur la dilatation des gaz. Le nombre rapporté dans le tableau précédent, est la moyenne de quatre résultats qui ne diffèrent pas entre eux d’un degré. D'après la belle observation de M. Gay-Lussac, que tous les permet pas d'entrer dans les détails relatifs à chaque expérience particulière. Nous nous contenterons donc , dans l'exposition de notre travail, de faire con- noître les résultats définitifs, en supprimant les déterminations partielles et les calculs intermédiaires qui y conduisent. (1) Soit P le poids du mercure qui remplit le vase à o°; p le poids de la portion de ce liquide qui sort du vase quand on le porte de 0° à {°; on a Ss 2 524 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fluides élastiques se dilatent précisément de la même quaniité entre o° et 100°, il étoit bien probable que la même uniformité s’observeroit dans les températures élevées ; el que les nombres rapportés précédemment pour l'air conviendroient à tous les gaz; cependant, pour ne rien laisser d’incertain dans une matière aussi importante, nous avons fait une expérience sur le gaz hydrogène, qui, comme l’on sait, diffère le plus des autres dans quelques-unes de ses propriétés physiques. Le résultat s’est trouvé compris entre les extrêmes de ceux que nous avions obtenus pour l'air (1). On peut donc établir en principe que tous les gaz se dilatent absolument de la même manière et de la même quantité pour des changemens égaux de température. Les déterminations que nous venons de rapporter sufliroient, s'il ne s’agissoit que de connoître le volume d’un gaz à une température quelconque comptée sur le thermomètre à mercure, ou réciproquement ; mais le but que nous nous étions proposé, de comparer la marche des dilatations du mercure et de l'air, ne se lrouve pas encore complètementatteint. En effet , tous lesther- momèlres à liquides n’indiquent que la différence d'expansion du fluide et du vase qui le contient; or, ces différences ne penses être proportionnelles aux expansions absolues de ce iquide , que dans le seul cas où les accroissemens de volume des deux corps suivroient idenliquement la même loi. Si, par exemple, la matière de l'enveloppe se dilatoit suivant une loi moins rapide que le fluide qu’elle renferme , il est évident que Ja marche du thermomètre paroitroit croissante, lors même que celle du liquide seroit uniforme. Dans le cas contraire, il s’éta- bliroit une compensation partielle et inégale, qui troubleroit en- core l'exactitude des comparaisons. Il étoit donc indispensable de chercher à connoiïtre les variations que subissent , dans les températures élevées, les dilatations absolues de l’un des deux corps qui entrent dans la construction du thermomètre à mercure. Lorsque l’on considère toutes les difficultés inhérentes à la mesure de l’expansion des solides, quand on ne dépasse même pas le terme de l’eau bouillante, on est effrayé des obstacles bien autrement multipliés qui accompagneroïient indubitablement cette même détermination dans les hautes températures. Après (1) Le volume de l'hydrogène étoit 1 à zéro, nous l’avons trouvé égal à 2,1003, à la température de 30° sur le thermomètre à mercure. Les valeurs extrêmes du volume occupé par l'air dans les mêmes circonstances sont 2,0948 Æi 2,1027. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 325 un mûr examen de toutes les ressources expérimentales que lon pouvoit espérer de trouver, l'incertitude d’un succès tel que nous le desirions, et l'énorme complication des appareils qu’il auroit fallu employer , nous ont déterminés pour la mesure directe des dilatations absolues du mercure. C’est l'objet du cha- -pitre suivant. De la Dilatation absolue du Mercure. La connoissance de la dilatation absolue du mercure est de- venue d’une nécessité indispensable, depuis que l’on a senti la possibilité de mesurer exactement les hauteurs par le moyen du baromètre. Cette donnée n’est pas moins utile dans un grand nombre d'expériences physiques : aussi est-il bien peu de dé- terminations de ce genre qui aient douné lieu à tant de re- cherches; mais, malgré toutes les précautions que les observa- teurs ont dù prendre pour apporter, dans cette mesure, l'exaç= titude dont ils sentoient toute l'importance, on trouve peu d'exemples d’une plus grande discordance dans les résultats : en voici quelques-uns. Dilatations absolues du Mercure. De 0° à 100°. Dalton sad ee Deluere el es LEE Lord Charles Cavendisb, + !| Le général Roy. . . . . + Shuckburgh. . . + : .- 5; | Lalande et Delisle.. . .: = 57 Laplace et Lavoisier (1). . # | Dom. Casbois,, . . . . Haellstroem.. + : . - «+ => | La plupart de ces déterminations ont été calculées, en ajou- tant à la dilatation apparente du mercure dans le verre, la di- latation propre de ce dernier; et comme on a été pendant long- (1) Cette détermination dont on fait usage en France depuis plusieurs années, est généralement attribuée à MM. Lavoisier et Laplace. Nous nous étions bien aperçus qu’elle ne s'accorde point avec le nombre que Lavoisier rapporte dans ses Mémoires, tome I, pag. 310, pour la dilatation apparente du mercure dans le verre; mais nous avions pensé qu’elle resultoit d'un travail postérieur et inédit. Depuis la rédaction de notre Mémoire, rous avons appris que ces il lustres savans n'ont point entrepris de nouvelles expériences sur cet objet, mais quil s’est glissé une erreur dans le calcul des 6bseryations; de sorte que le véritable coefficient déduit de leurs mesures est 2 au lieu de —2— ; il s'éloigne alors très-peu de celui que nous rapportons à Ja fin de ce chapitre, Cet accord est une nouvelle garantie de l'exactitude de nos observations, 526 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE temps dans une grande incertitude sur cette dilatation , les résultats précédens devoient nécessairement s’en ressentir. Deluc, Gasbois et le général Roy, ont essaye de mesurer di- rectement la dilatation réelle du mercure par l’alongement de la colonne barométrique , produit par une variation connue de température. Les résultats obtenus par ce procédé sont beaucoup plus inexacts encore. Il seroit facile d'en assigner les raisons, en discutant les méthodes employées par chacun dés physiciens que nous venons de citer; mais pour cela il faudroit entrer dans des détails qui pourroient devenir fastidieux : d’ailleurs, les travaux que nous venons de rappeler ne sont relatifs qu'à des températures au-dessous de +00°; et c'est précisément au- delà de ce terme que nous avions besoin de connoître la di- latation réelle du mercure. Il devenoit donc nécessaire d’avoir recours à de nouveaux procédés : celui que nous allons faire connoître nous paroit susceptible de toute la précision desirable. Il est fondé sur ce principe incontestable d'hydrostatique, que lorsque deux masses liquides communiquent entre elles par un tube latéral, les hauteurs verticales de leurs surfaces sont pré cisément en raison inverse de leurs densités. Si donc on pouvoit parvenir à mesurer exactement les hauteurs de deux colonnes de mercure contenues dans les branches d'un siphon de verre renversé, en en supposant l’une entourée de glace fondante, par exemple, tandis que l’autre seroit portée à une température quelconque bien connue, on en déduiroit facilement les dila- tations cherchées. En effet, si À et L! désignent les hauteurs verticales de ces deux colonnes produisant des pressions égales aux températures t et l', on devra avoir, en appelant d et d' les densités corres- pondantes , kd= h'd'; or, d et d' sont en raison inverse des volumes v et s’ qu'occu- peroit une même masse du liquide, en la portant successive- ment aux températures £# et {'; on a donc / if p —=V % H d'où l'on tire enfin, pour le coeflicient moyen de la dilatation entre & et £”°, h—h . hÇE —t) ÈŸ D'HISTOIRE NATURELLE. 327 Tout se réduit donc à la mesure exacte des tempéralures et des hauteurs des colonnes; et il est presque inutile de dire qu'on obtient ainsi la dilatation absolue du liquide, puisque la forme des vases n'influant en rien sur Ja pression des liquides qui y sont contenus, leurs dilatations ne peuvent pas l’affecter da- vautage. Boyle est le premier qui ait indiqué l'usage qu'on pourroit faire de ce principe pour comparer entre elles les densités des liquides. Plusieurs physiciens ont pensé depuis à l'appliquer à la mesure des dilatations, et il est probable que cette mé- thode très-rigoureuse seroit d'un emploi facile dans les basses tempéralures; mais quand on veut la mettre en pratique pour les températures de 500° et au-delà, elle ne laisse pas d'être très-laborieuse. Afin de rendre plus elaire l'explication de l'appareil que nous avons employé, nous en avons dessiné une perspective (pl. 1, fig. 1), dans laquelle on ne voit que les pièces essentielles, le reste pouvant être facilement suppléé. Le tube recourbé qui contient le mercure se compose de deux branches verticales AB et AB, communiquant ensemble par un tube horizontal BB’ exactement dressé, et conservant, dans toute son étendue, la même épaisseur de verre et le même diamètre intérieur. On avoit eu soin de constater par un essai préliminaire , que la pression se transmettoit sans aucun obstacle d’une des colonnes à l’autre par le tube horizontal, et que le frottement du mercure contre ses parois n’empêchoit pas le niveau de se rétablir lorsque l'équilibre avoit été troublé. Chacune des deux branches verticales est formée, ainsi qu’on le voit sur la figure, par l'assemblage de deux tubes de calibres très-différens soudés l’un à l’autre. En donnant au tube infé- rieur un petit diamètre, on diminue beaucoup la masse totale du mercure; et en le terminant par un tube plus large , on se garantit de l'erreur que pourroit occasionner l’inégalite de l'effet capillaire due à la différence de température des deux colonnes. Le tube horizontal repose, dans toute sa longueur, sur une forte barre de fer MN, en forme de T, qui est elle-même ap- puyée solidement par ses trois pieds sur une table de bois très- épaisse. La face supérieure de la barre a été dressée avec soin, »? ayant une valeur qui change avec la nature de gaz et avec les dimensions du corps. Les valeurs de € sont, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 435 comme nous l'avons trouvé, 0,45 pour l'air, 0,38 pour l’hy- drogène, 0,517 pour l'acide carbonique, et 0,501 pour le gaz oléfiant. Les valeurs de #» dépendent, ainsi que nous l'avons dit, des dimensions du corps et de la nature du gaz. Pour notre thermomètre, 7» est égal à 0,00919 dans l'air, à 0,0318 dans l'hydrogène , à 00,0887 dans l’acide carbonique, et à0,01227 dans le gaz oléfiant. (Ces valeurs de #2 supposent p exprimé en mètres, et £ en degrés centigrades.) On pourroit, à l’aide de la valeur précédente de V, calculer les rapports des pouvoirs refroidissans des différens gaz pour chaque pression. Ainsi, en prenant pour unité le pouvoir refroidissant de l'air, et supposant la pression —0",76, on a, pour le pouvoir refroidissant de l'hydrogène , 3,45; et pour celui de l'acide carbonique, 0,965. Ces nombres changeroient avec l’élasticité supposée aux trois gaz; c’est ce que MM. Leslie et Dalton n’ont pas apercu, et ce qu'on déduit aisément de notre formule : néanmoins leurs déterminations s’éloignent peu de celle que nous venons de Calculer pour la pression 0",76. Nous reviendrons plus tard sur cet accord accidentel entre leurs expériences et les nôtres. La simplicité de Ja loi générale que nous venons de faire connoître nous faisant vivement desirer de la vérifier sur des températures plus élevées que celles auxquelles il nous avoit été possible d'atteindre dans les expériences précédentes, nous y sommes parvenus par un procédé très-simple dont l'idée est due à M. Leslie. Lorsque notre thermomètre à surface vitreuse se refroidit dans l'air libre, da vitesse totale de ce refroidissement est la somme des vitesses dues séparément au contact de Fair et au rayonnement. En désignant celles-ci par v et v', la vitesse totale est v—+v'. Si le thermomètre est argenté, la vitesse v, due à l'air, reste la même pour une même température, et v’ se réduit 4 2,707 8 du verre et de l'argent est 5,707. La vitesse lotale de refroi- Va v . . 5 703» Puisque le rapport constant des pouvoirs rayonnans . “ » V dissement du thermomètre argenté est donc v + NS De h, 43 il est aisé de conclure que, pour connoitre, à loutes les tem- pératures, les pertes de chaleur produites par le contact de l'air, al suffit de déterminer les vitesses totales de refroidisse- ment de notre thermomètre, d’abord en lui conservant sa surface naturelle, puis en la recouvrant d'une feuille d'argent; ces vi- tesses étant représentées par a et par d, on aura li à 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a=v+v" pat ri tuat k 5,707? 5,707 X b— a Here." Appliquons celte formule aux résultats contenus dans le 1a+ bleau suivant: = VITESSES TOTÂLES de refroidissement du thermomètre VITESSES TOTÂLES de refroidissement du thermomètre EXCÈS de température du thermomètre, VALEURS DE #. vitreux. argenté. | 260° 24°42 10°96 | 810 240 21,12 9,82 7,4 220 17,92 8,59 6,61 200 15,30 727 5,92 180 É 15,04 6,57 5,19 160 |! ro,7o 5,59 4,50 140 8,79 4,61 3,73 120 6,82 3,80 3,11 100 5,57 3,06 2,53 80 4,15 2,82 1,93 La seconde et la troisième colonne contiennent les vitesses totales de refroidissement des thermomètres à surface vitreuse et à surface argentée, pour les excès de température compris dans la première colonne. La dernière renferme les valeurs cor- respoudantes de », déduites de la formule ci-dessus, c’est-à-dire, les pertes de chaleur que le contact seul de l'air fait éprouver à chacun de ces thermomètres : or, d’après ce qui précède, la loi que suivent les pertes de chaleur provenant de cette cause est exprimée par l'équation : _— 1,233 CAEN 0 » dans laquelle ? doit être déterminé dans chaque cas particulier. Pour celui que nous considérons , 2—0,00857. Si l’on substitue successivement à la place de £ tous les nombres de 20 en 2o, depuis 80 jusqu'à 260, on trouve pour » des valeurs corres- pondantes qui différent peu de celles qui ont été déduites de lexpérience. C’est ce que l’on peut voir en comparant les nomlres correspondans de la deuxième ‘et de la troisième co- lonne du tableau suivant : ET D'HISTOIRE NATURELLE, 437 VALEURS DE déduites de l'observation. | VALEURS CALCULÉES DE #. EXCÈS DE TEMPÉRATURE. — a — 260° 8°10 8°14 240 7,41 , 38 220 6,6x 6,63 300 5,92 5,87 180 5,19 5,17 160 4,50 4,47 140 3,73 3,79 120 3,14 5,14 100 | 2,53 2,0 80 1,93 1,90 Ainsi, la loi que nous avons annoncée comme représentant les pertes de chaleur occasionnées par le contact de l'air, se trouve confirmée , en étendant les observations à de plus grands excès de température. Les résultats rapportés précédemment peu- vent encore nous fournir le moyen de vérifier la loi du refroi- dissement dans le vide; il suffit pour cela de retrancher des vitesses lotales de refroidissement dans l'air libre celles qui sont dues au seul contact de l’air, c’est-à-dire, les valeurs succes= sives de ». Les restes seront évidemment les vitesses du refroi- dissement produit par le rayonnement, ou, ce qui revient au même, celles qui auroient lieu dans le vide. Nous rapportons ci-dessous les nombres ainsi déterminés pour le thermomètre à boule nue, en y joignant les vitesses calculées d'après la loi du refroidissement dans le vide. On sait que ces vitesses y sont exprimées par m (a'— 1); 1 représentant l'excès de température du corps, #7 un coefñicient constant qu'on doit déterminer dans chaque cas, et qui est ici égal à 2,61; et enfin, a désignant l’exposant 1,0077, commun à tous les corps. 438 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE CET PERD CE EEE TETE APTE EEE RE CR CESR TS ANE SRE SET EE NES VITESSES de refroidissement dans le vide MANENSES 2XGÈS DE TEMPÉRATURE. déduites de l’observation de refroidissement dans le vide dans l’air libre. par le calcul. 260° 16°52 16°40 249 13,71 13,71 220 11,91 11,40 200 9,38 9,42 180 7,85 Pi 160 6,20 6.25 140 5,02 4,99 120 3,93 3,92 100 3,04 2,99 £o 2,22 2,20 On voit, par l'exemple que nous venons de donner, qu'on peut, par des observations immédiates de refroidissement dans l'air, évaluer séparément les pertes de chaleur dues au contact du fluide et au rayonnement, et qu’il faut, pour cela, observer le refroidissement du même corps pour deux états différens de sa surface; mais ce mode de calcul repose, d’une part, sur la supposition que la quantité de chaleur enlevée par l'air est in- dépendante de la nature de la surface du corps; et, en second lieu, sur ce principe, que les corps de nature différente conservent, à toutes les températures, le même rapport entre leurs pouvoirs rayonnans. Ces deux propositions sont rigoureuses; mais elles ne pouvoient être constatées que par des expériences directes, comme celles que nous avons rapportées précédemment, et quoique M. Leslie les ait adoptées dans l'usage qu'il a fait du principe que nous venons d'exposer, ses résultats n’en sont pas moins inexacts, parce qu'il a toujours calculé les vitesses de refroidissement d’après Ja loi de Newton. Les lois relatives à chacun des deux effets qui concourent au refroidissement d'un corps plongé dans un fluide, étant sé- parément établies , il suflit de les rassembler pour en déduire la loi du refroidissement total. La vitesse v de ce refroidissement pour un excès 4 de tem- pérature, sera done exprimée par la formule m (a — 1) + nt. Les quantités a et b seront, pour tous les corps et dans tous les fluides, égales, la première à 1,0077, et la seconde ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439 à 1,233. Le coeflicient » dépendra de la grandeur et de la nalure de la surface, ainsi que de la température absolue de l'enceinte. Le coeflicient 2, indépendant de cette température absolue, ainsi que de la nature de la surface du corps, va- riera avec l'élasücité et l'espèce de gaz dans lequel le corps sera plongé ; et ces variations suivront les lois que nous ayons pré- cédemment établies. Cette formule nous montre d’abord, comme nous l'avons an- noncé au commencement de ce Mémoire, que la loi du refroi- dissement dans les fluides élastiques change avec la nature de la surface du corps. En effet, lorsque ce changement a lieu, les quantités 4, b et » conservent leurs valeurs; mais le coef- ficient »# varie proportionnellement au pouvoir rayonnant de la surface. Si l’on représente sa nouvelle valeur par #1, la vi- esse du refroidissement deviendra mr (a — 1) +; quanlité qui ne reste pas proportionnelle à m (a — 1) + nt}, lorsque # change. Examinons maintenant comment varie le rapport de ces deux vitesses, et supposons, pour fixer les idées, que m» soit plus grand que »', c'est-à-dire qu'il se rapporte au corps dont le rayonnement est le plus intense. On pourra d’abord s'assurer aisément, à l’aide des règles du calcul différentiel, que la fraction m (a — 1) + ni mi (a'— 1) +nt . m “ devient égale à 7» Soit qu'on fasse {— 0 où £—. Si l’on suppose £ très-petit, la quantité a— 1 se réduit à t.log. a, et le rapport précédent devient, en divisant par £ log. a; HD OT 0S) EE Sous cette forme, il est évident que le rapport doit diminuer à mesure que { augmente, © élant plus grand que 1; mais, après avoir diminué, ce rapport augmentera, puisqu'il doit re- prendre à l'infini la valeur qu'il a lorsque 4 0. De là, il est 440 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE facile de conclure ce principe , que nous avions établi au com- mencement de ce Mémoire, et qui revient à dire que, lorsque l'on compare les lois du refroidissement dans deux corps de surface différente, la loi est plus rapide dans les basses tem- pératures pour le corps qui rayonne le moins, et moius rapide, au contraire, dans les températures élevéés. C'est ce qu'on peut aisément vérifier sur le tableau suivant, dans lequel on a inscrit les vitesses de refroidissement du ther- momètre nu et du thermomètre argenté, ainsi que les rapports entre ces vitesses. CAPES A TETE CS PERTE ALP DIRE RE DE SA LT A EE NES PSE CN CE SRE EME VITESSES VITESSES EXCÈS de refroidissement | de refroidissement RADORE de température du thermomètre du thermomètre ; des thermomètres. Mol nes à boule argentée, entre ces vitesses. 260° 24249 10°96 2,23 240 21,12 | ,82 | 2,15 220 17,92 8/59 | 2,09 200 15,50 7,57 2,02 180 13,04 6,57 | 18 0 160 10,70 5,5g 1,91 140 8,75 | 4,61 | 160 120 6,82 3,80 1,80 100 5,56 | 3,06 | 1,81 80 4,15 2,52 1,78 6o 2,86 1,60 | 1,79 4o 1,74 0,96 1,81 20 0,77 o,42 1,85 10 0,57 | 0,19 | 1,90 La seule inspection des nombres inscrits dans la dernière colonne coufirme pleinement le fait énoncé plus haut. On voit aussi les rapports des vitesses de refroidissement des deux thermomètres rester à très-peu près les mêmes pour les excès de température compris entre 40° et 120°. Celle circonstance, qui résulte évidemment de ce que les rapports dont il s’agit augmentent après avoir diminué, a probablement contribué à persuader à M. Dalton que la loi du refroidissement dans l'air devoit étre la même pour tous les corps. Si l’on poussoit plus loin ces séries, on trouveroit que le rapport des vitesses de refroidissement, qui est déja égal à 2,25 pour un excès de température de 260°, croit rapidement à mesure que cet excès augmente ; et qu'il se rapproche de plus en plus du nombre 5,707 qui ET D'HISTOIRE NATURELLE. 44: qui en est la limite, puisque telle est la valeur de la fraction m 4 , = pour le cas du verre comparé à l'argent. Cet examen nous offre une nouvelle preuve de la nécessité indispensable d’em- brasser, dans l'étude de certains phénomènes de la chaleur, un très-grand intervalle de température; et il rend parfaitement raison des circonstances qui ont conduit M. Leslie à des ré- sultats si différens de ceux que nous venons dénoncer. En effet, ce célèbre physicien, partant d'observations faites à de basses températures, a pensé que le rapport dont il vient d’être question continueroit toujours à diminuer, et qu'il fiuiroit par devenir presque égal à l'unité; en sorte que, selon lui, les pertes to- tales de chaleur, dans les hautes températures, seroient à peu près indépendanles de l’état des surfaces. Au reste, les lois que M. Leslie a proposées, celles qui l'ont été, soit par M. Dalton, soit, très-antérieurement, par Martine, peuvent toutes être ré- futées par un seul argument; car toutes ces lois font unique- ment dépendre la vitesse du refroidissement, de l'excès de tem- pérature du corps sur celle du milieu environnant, tandis que l'expérience prouve que, toutes choses égales d'ailleurs, cette vitesse change d’une manière très-notable avec la température du fluide qui entoure le corps. Il est donc inutile d'entrer dans aucune discussion à ce sujet; car, en admettant que les lois imaginées par les physiciens que nous venons de citer représentent les résultats de l'expérience dans les limites où elles ont été déterminées, il est certain, par tout ce qui précède, qu’en les étendant hors de ces li- miles, On arriveroit à des résultats fort éloignés de la vérité. On peut, par des considérations analogues à celles dont nous avons fait précédemment usage, déterminer de quelle manière la loi du refroidissement total change, pour un même corps, avec la nature et la densité des gaz. La vilesse totale du refroidissement est exprimée par m (a — 1) +nt. Si l'on considère un autre gaz, ou le même gaz sous une autre densité , la vitesse de refroidissement sera, pour le même corps , m (a —13)+ nt; car le coeflicient » est le seul qui, dans ce cas, doive changer. En comparant ces deux expressions, on trouvera que leur Tome LXXXVII. DÉCEMBRE an 1818. Kkk 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rapport devient égal à l’unité, soit qu’on fasse t—0 ou {= ; ainsi les vitesses totales de refroidissement, dans des gaz dif- férens , s’approchent de l'égalité pour des températures très- élevées , tandis que, dans la partie intermédiaire de l'échelle, ces vitesses peuvent être très-différentes. Ce résultat suflit pour faire sentir toute l’inexactitude des procédés dont M. Dalton et M. Leslie se sont servis pour comparer les perles de chaleur produites par le contact de plusieurs fluides élastiques; car ces procédés sont fondés sur la supposilion que les vitesses totales de refroidissement dans des gaz différens, conservent le même rapport à toutes les températures (1); mais, par une circonstance tres-singulière et sur laquelle il est inutile d'insister , la tempé- rature particulière'à laquelle ils ont opéré rend très-foible l'erreur dont il s’agit; aussi leurs déterminations sont-elles, ainsi que nous l'avons dit plus haut, assez approchées, en les restrei- guant toutefois aux circonstances dans lesquelles elles ont été faites. La nécessité d'évaluer séparément l'influence de chacune des causes qui modifient le progrès du refroidissement d’un corps, ne nous ayant pas permis de rapprocher les unes des autres les lois diverses auxquelles nous sommes parvenus, nous avons pensé qu'une récapitulation sommaire seroit d'autant plus utile, qu'on pourroit y rétablir l’ordre naturel que la description des expériences et la discussion des résultats ont souvent forcé d'in- terrompre. En distingant, comme nous l'avons fait, les pertes de chaleur dues séparément au contact des fluides et au rayonnement, on reconnoit bientôt que chacun de ces deux effets est assujéti à des lois particulières. Ces lois doivent exprimer les relations qui existent entre la température du corps el la vitesse de son refroidissement , pour toutes les circonstances dans lesquelles il peut se trouver. Il faut se rappeler que par vitesse de refroi- dissement, nous entendons toujours le nombre de degrés dont la température du corps s’abaisseroit pendant un intervalle de temps infiniment petit et constant. (1) Dans ses ingénieuses recherches sur la flamme (Transactions Philoso- phiques, 1817; Annales de Physique et de Chimie, tome III), M. Davy exa- mine aussi le pouvoir refroidissant d'un certain nombre de gaz; mais la méthode expérimentale dont ce célèbre chimiste a fait usage n'est propre qu'à faire distinguer les divers degrés de développement de cette propriété; ce qui suflisoit , au reste, pour le but qu'il se proposoit; mais elle ne sauroit conduire à la connoissance du rapport de ces pouvoirs. ET D'HISTOIRE NATUKELLE: 443 Première Loi. Si l'on pouvoit observer le refroidissement d’un corps placé dans un espace vide terminé par une enceinte absolu- ment dépourvue de chaleur ou privée de la faculté de rayonuer, les vitesses de refroidissement décroitroient en progression géo métrique , lorsque les températures diminueroient en progression arithmétique. Deuxième Loi. Pour une même température de l'enceinte vide dans laquelle un corps est placé, ses vitesses de refroi- dissement , pour des excès de température en progression arith- métique, décroissent comme les termes d'une progression géo- métrique diminués d'un nombre constant. Le rapport de cette progression géométrique est le même pour tous les corps, et égal à 1,0077. Troisième Loi. La vitesse de refroidissement dans le vide, pour un même excès de température, croit en progression géo- métrique, la température de l'enceinte croissant en progression arithmétique. Le rapport de la progression est encore 1,0077 pour tous les corps. Quatrième Loi. La vitesse du refroidissement , due au seul contact d'un gaz , est entièrement indépendante de la nature de la surface des corps. Cinquième Loi. La vitesse de refroidissement due au seul con- tact d'un fluide varie en progression géométrique, l'excès de température variant lui-même en progression géométrique. Si le rapport de celte seconde progression est 2, celui de la pre- mière est 2,55, quelle que soit la nature du gaz et sa force élastique. Cette loi peut encore s'énoncer en disant que la quantité de chaleur enlevée par un gaz est, dans tous les cas, proportion- nelle à l'excès dela température du corpsélevé à la puissance 1,233. Sixième Loi. Le pouvoir refroidissant d'un fluide élastique diminue en progression géométrique, lorsque sa tension diminue elle-même en progression géométrique. Si le rapport de cette seconde progression est 2 , le rapport de la première est 1,366 pour l'air, 1,501 pour l'hydrogène, 1,431 pour l'acide carbonique, 1,415 pour le gaz oléfiant. On peut encore présenter cette loi de la manière suivante : Le pouvoir refroidissant d'un gaz est, toutes choses égales d’ailleurs, proportionnel à une certaine puissance de la pression. L’exposant de celte puissance qui dépend de la nature du gaz est 0,45 pour l'air, 0,315 pour l'hydrogène, 0,517 pour l'acide carbonique, 0,501 pour le gaz oléfiant. Kkk 2 444 JOURNALDE PHYSIQUE, DE CHIMIE Septième Loi. Le pouvoir refroidissant d’un gaz varie avec sa température de telle manière que, si ce gaz peut se dilater et qu'il conserve toujours la même force élastique, le pouvoir re- froidissant se trouvera autant diminué par la raréfaction du gaz qu'il est augmenté par son échauffement ; en sorte qu'il ne dépend en définitif que de sa tension. On voit, par l'énoncé de chacune de ces propositions, que la loi totale du refroidissement, qui se composeroit de toutes les lois précedentes, doit être très-compliquée; aussi n’essayons- nous pas de la traduire en langage ordinaire. Nous l'avons donnée dans le courant du Mémoire, sous une forme mathématique qui permet d'en discuter toutes les conséquences. Nous nous contenterons de remarquer que c’est sans doute à l'extrême complication de cette loi, considérée dans son ensemble, qu'il faut attribuer le peu de succès des tentatives faites jusqu’à ce jour pour la découvrir. On ne pouvoit évidemment y parvenir qu'en étudiant à part chacune des causes qui contribuent à l'effet total. RÉVISION DE LA FAMILLE DES BIGNONIACÉES; Par Cuarces KUNTH, Lue à la Societé Plilomathique, le 22 août 1816. IL existe parmi les plantes un certain nombre de genres sur la vraie classification desquels les botanistes ont encore des doutes, quoiqu’ils connoissent depuis long-temps l'organisation de leurs fleurs et de leurs fruits. Cette imperfection apparente de la méthode naturelle a souvent donne lieu aux reproches que Jui adressent si injustement ses antagonistes, tandis que nous devons l’attribuer à l’état actuel de nos connoissances. Nous sommes encore loin d’avoir découvert toutes les plantes qui peuvent ou lier les genres dont je parle, avec ceux qui sont bien classés, ou former peut-être avec les premiers des familles particulières. Cette imperfection doit aussi devenir plus apparente encore, parce qu'on circonscrit souvent avec trop de rigueur , les familles naturelles, en donnant plus de valeur qu'il ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 445 ne faut à certains caractères secondaires. Mais quand on aura ap- précié la valeur de tous les caractères, qu’on aura abandonné cet esprit de système si nuisible aux progres de la Botanique, et qu'on aura exploré toute la végétation du globe, on ne trouvera plus de lacunes, plus de genres isolés , et on reconnoitra tout entier cet admirable enchainement, dont la contemplation fait un des principaux charmes de la science. Les familles des plantes à corolle monopétale irrégulière, of- frent, outre la difliculté de l'étude de leurs genres nombreux et souvent mal caractérisés, plusieurs exemples de genres en apparence isolés. Ayant étudié ces familles d’une manière parti- culière, je comptois d'abord réunir mes observations dans un seul travail, mais des occupations plus urgentes m'ont forcé à me restreindre, pour le moment, à la seule famille des Bi- gnoniacées. M. de Jussieu a tracé le premier avec cette sagacité et ce jugement profond qui caractérise tous ses travaux, les limites de cette belle famille. Il n’auroit peut-être rien laissé à desirer, s’il n’avoit pas lui-même élevé des doutes sur la véritable affi- nité de quelques-uns de leurs genres. Aussi le caractère qu'il a donné et la manière dont il a décrit les fruits du Sesamum, du Tourretia et du Martynia, me font croire qu’alors il n’ad- meltoit pas encore, dans cette famille, un fruit à plus de deuxloges. Un célèbre botaniste, M. Robert Brown, regardant également ce caractère comme essentiel, et ne le trouvant pas dans la troisième section de M. de Jussieu, l’a exciu de la famille des Bignones. Sans parler de la classification des autres genres de cette section, il en éloigne seulement le Pedalium pour en former conjointement avec le Josephinia, une famille particulière sous le nom des Pédalinées. Un fruit à plusieurs loges qui ne s'ouvre point, et dont les loges renferment une ou deux graines, la forme et la direction de ces graines distinguent, selon lui, les Pédalinées des Bignoniacées ; il les croit mème plus rapprochées des Verbenacées et des Myoporinées. Je doute que cette Sépa- ration soit admissible sans rompre des rapports naturels, je crois platôt que les genres Sesamum, Martynia et Craniolaria doivent former, conjointement avec les Pédalinées de M. Brown, une section de la famille de Bignoniacées. Examinons d’abord séparément chacun des caractères que M. Brown attribue à sa nouvelle famille. Sans m'arréêter à l’or- ganisation du calice, de la corolle et des étamines, qui ne pré= sentent aucune différence remarquable , je passe à l'examen du 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMire fruit. Le nombre des loges est dans le genre Josephinia de quatre à huit, dans le genre Pedalium, seulement de deux. Le fruit du premier de ces genres renferme une graine dans cheque loge, celui du second en renferme deux. Dans l'un et l’autre, le fruit est une drupe sèche qui ne s'ouvre point. Le Martynia et le Craniolarta offrent la même structure dans leur fruit, à l'exception du nombre double des graines. Mais comme on admet dejà une et deux graines dans le même groupe, je ne crois pas qu'il y ait une raison d’en éloigner des plantes qui n'offrent d’autres différences essentielles qu’un plus grand nombre de graines. Quant au genre Sesamum, il présente au premier aspect plusieurs caractères qui paroissent s’opposer à sa réunion avec les quatre genres dont je viens de faire mention. Le fruit n’est plus ici une drupe, mais une capsule à quatre loges qui s'ouvre par deux valves. Il y a ensuite dans chaque loge un grand nombre de graines, dont la structure est la même que dans les autres genres. La même raison qui nous a fait rejeter le caractère tiré du nombre de graines dans le Martynia et le Craniolaria, nous engage également à ne lui donner aucune importance dans le cas présent. La nature du péricarpe ne nous paroît pas plus importante. Nous avons déjà trop d'exemples de plantes à capsule, à drupe et à baie dans la même famille peur hésiter un moment à donner sa véritable place à une plante qui offre ce caractère pour seule différence. Après avoir prouvé que les genres Sesamum , Martynia, Cra- niolaria, Pedalium et Josephinia appartiennent à un seul etmème groupe, que je désigne sous le nom des Sésamées, il me reste encore à démontrer que ces plantes doivent être rendues aux Bignoniacées el en former une section particulière. La seule différence consiste dans Ja structure du fruit, et particulièrement dans celle des graines. Elles sont entourées d’une membrane mince en forme d’aile dans les vraies Bignoniacées, et elles en sont dépourvues dans les Sésamées. Dans l'un et l’autre de ces groupes nous rencontrons un fruit à deux et quatre loges, mais le Cobæa offre dans le premier le seul exemple connu d'un fruit triloculaire, raison de plus pour attacher moins de prix au nombre des loges. Ici, comme dans plusieurs autres fa- milles, la direction des graines varie à l'infini, et elle ne peut pas même servir pour caractériser les deux sections naturelles. La famille des Bignoniacées, telle que nous lavons circon- scrite, a de nombreux rapports avec plusieurs autres familles, et surtout avec les Scrophularinées et les Pédiculaires réunies ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447 inconvenablement dans une seule famille. Elle offre aussi beaucoup d'affinités avec les Polémoniacées , les Gentianées,les Acanthacées, les Apocynées et les Verbenacées. Cette dernière ressemblance se rapportant principalement au port, est souvent si grande, qu'on seroit tenté de prendre certaines espèces de Bignones, quand elles n’ont point de fruit, pour des espèces de Vitex. Je termine ici mes observations préliminaires, et je vais es- sayer de tracer les caractères distinctifs de cette famille et des genres qui la composent. BIGNONIACEÆ. CALYX monophyllus , subcampanulatus aut spathaceus (77 Spathodia et Craniolaria), corolla multo brevior, persistens aut deciduus. Limbus rarius integerrimus (in Bignontüs nonnullis ), sæpissime magis minusve profunde quinquedivisus ( guinque- dentatus in T'ecoma , Bignonia, Oroxylo et Jacaranda; quinque- Jidus in Incarvillea, Eccremocarpo et Martynia; quinquepartitus in Platycarpo , Cobæa, Sesamo, Josephinia et Pedalio), irregu- laris, interdum bipartitus (47 Catalpa) aut bilabiatus (12 T'our- relia), rarissime duplex (ir7 Amphilophio). COROLLA monopetala, hypogyna, campanulata, infundibu- liformis aut tubulosa, decidua. Tubus brevis, calycem vix su- perans , rarissime elongatus (ir Craniolaria). Faux magna, ven- tricosa. Palatum interdum maculatum. Limbus in plurimis quinque- aut interdum quadridivisus, lobis aut laciniis duobus, rarius unico (ir Catalpa), superioribus , tribus inferioribus, sub- æqualibus aut inferiorum medio majore (in Sesamo , Cranio- laria ; Josephinia et Pedalio); in nonnullis (in Amphilophio et T'ourretia) bifido-bilabiatus , labio superiore bidentato, subga- leato , inferiore tridentalo, superiorem subæquente (ir Amphi- .lophio) aut minima et dentiformi (4n T'ourretia). PRÆFLORATIO im- bricativa. STAMINA aut quatuor, didynama, absque vel sæpissime ad- jecto rudimento quinti, rarius quintum perfectum (17 Oroxylo); aut duo fertilia et duo (i7 Martyniæ specte ) vel tria (1n Catalpa) sterilia ; aut quinque, æqualia (in Platycarpo et Cobæa), (tubo) corollæ inserla, cum ejus lobis alternantia, inclusa. FILAMENTA filiformia, basi magis minusve dilatata. Anrurrx biloculares ; lo- culis medio longitudinaliter dehiscentibus; sæpissime bilobe ; lobis apice tantum cohærentibus ibique summo filamento in- serüs, insertione æqualibus; rarius basi duntaxat bilobæ (ir Co- bœa et Josephinia) aut indivisæ et dorso aflixæ (in Sesamo, Ec- 448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cremocarpo et Platycarpo). Porren forma varia; granulis lenti- cularibus aut sæpissime globosis vel oblongis et sulcato-trigonis. PISTILLUM. Ovarium disco hypogyuo impositum, liberum , lineare, oblongum aut ovatum, sæpe biloculare, rarius uni- (?) (ir Eccremocarpo), wi- (in Cobæa), quadri- (in Spathodia , Tour- retia, Sesamo, Martynia et Craniolarta), sex- aut octoloculare (1) (in Josephinia); ovula sæpissime complura in quolibet loculo, rarius pauca (&2 Martynia et Craniolaria), duo (in Pedalio) aut unicum (in Josephinia). SryLus terminalis, simplex, stamina longitudine subæquans. Sricma sæpissime bilamellatum, raris- sime trifidum (ir Cobæa), quadrifidum (in Josephinia) autsimplex et uncinatum (22 T'ourretia). FRUCTUS.Pericarerumin plerisque capsulare, valvulis duabus aut rarius tribus (2 Cobæa) dehiscens; in nonnullis (ir Mar- tynia, Craniolaria , Joseplunia et Pedalio) drupaceum ; sæpis- sime bi-, interdum uni- (?) (ër Eccremocarpo), li (in Cobæa), quadri- (ir Spathodia, Tourretia, Sesamo, Martynia et Cranio- laria), sex- aut octoloculare (in Josephinia); inerme vel spinis (in Pedulio) aut echinis (ir Josephinta et Tourretia) armalum , interdum in rostrum desinens (22 Martynia et Crantolaria). Dis- sepimentum valvulis contrarium aut is parallelum, sæpe demum liberum. Loculi in plerisque (17 Bignomaceis veris, excepto Pla- ty carpo eLin Sesamo) poly-,in nonnuilisoligo- (ir Martynia et Cra- ._niolaria), di- (in Pedalio et Platycarpo) aut monospermi (ir Jo- sephinia). SEMINA seriata aul superposila, circumdala membrana ad Jatera in alas excurrente (ix Bignoniaceis veris) aut aptera (22 Sesameis), sæpissime transversa, interdum obliqua (in Cobæa), erecta (ix Sesamo et Josephinia) aut pendula [i2 Pedalio, Tour- retia (?), Martynia (?) et Craniolaria (?)]. Epispermium (membrana propria seminis) duplex, ulrumque tenue ; exterius sæpissime (in Bignontaceis veris) margine membranaceo-alatum;interius (Æn- dospermium?) exteriori plerumque arcte adhærens. Emsryo rectus, semini conformis , magis minusve compressus. COTYLEDONES foliaceæ , carnosæ. Rapicura ad hilum spectans. PLumura in- conspicua. HABITUS. Arbores aut frutices plerique scandentes et cirrosi, QG) Dans les ovaires à 4, 6 ou 8 loges, les cloisons qui se trouvent entre les deux loges principales, quoïqu’elles atteignent la cloison transversale, n’y sont pas fixées d'une manière intime; on doit plutôt les considérer comme de fausses cloisons. On découvre dans les ovaires biloculaires (comme dans le genre Bi- guonia) à la place de ces cloisons un sillon saillant. rarius ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 rarius herbæ. Folia opposita, interdum terna aut alterna , sim- plicia, conjugata, ternata, digilata, simpliciter aut composite imparipinuala , rarissime pinnalifida, paucis exceptis integerrima. Stipulæ sæpissime nullæ, duæ petiolares in Spathodiis nonnullis. Inflorescentia sæpius terminalis, interdum axillaris aut alaris, rarius oppositifolia, paniculata aut spicata, bracteata, nonnun- quam flores solitarn. PATRIA et DISTRIBUTIO GEOGRAPHICA. Species omnes hucusque notæ crescunt inter tropicos utriusque hemisphærit aut in régione limilropha. Ex 117 speciebus (adjectis nostris) proveniunt in hemisphærio occidentali. . . 93 (=) in America meridionali inque insulis Antillarum. . . 88 in Virginia, Carolina et Florida. . . . . . . . « 5 in hemisphærio orientali.. . . 24(—=;) inbindia onentalite dec de eo da EE te E1O NN DINAN EMIAPONIA- = NN ND e 4 ina Vadacascatia qe Lie AE. 2e UE D 0 ie (NO MSeneRanDie ere Pete ee EEE 1e ad promontorium Bonæ-Spei. . . . . . « + . + 7 ineNoya- Hollandais Leur nel penis AUS Inter genera hujus familiæ sunt peculiaria Incarvillea Chinæ, Pedalium et Sesamum Indiæ orientali, Amphilophium, ‘Four- retia, Jacaranda , Eccremocarpus, Cobæa, Platycarpum et Cra- niolaria Americæ, Josephinia Novæ-Hollandicæ. CONSPECTUS GENERUM. Secrio L. PBicnonwr1cex rErx. Semina membranaceo-alala. 1. Ivcarvirtea, Juss. Calyx quinquefidus. Corolla tubo brevi; fauce infundibuliformi-campanulata ; limbo quinquelobo, bila- biato. Stamina quatuor, didynama (absque rudimeuto quinti ?). Stigma bilamellatam. Capsule siliquæformis , bilocularis, bivalvis; dissepimentum valvis contrarium (?). Semnina biseriata (?), im- bricata, alata, pendula (ex Browu). Herba (Chinensis). Folia alterna, bipinnatifida. Flores termi- nales, laxe spicati, purpurei. 2. CaTarpra, Juss. Calyx bipartitus. Corolla tubo brevi; fauce ventricoso-campanulata ; limbo quadrilobo, bilabiato, Stamina quinque ; duo fertilia, tria castrata. Sigma bilamellatum. Capsula siliquæformis, bilocularis, bivalvis; dissepimentum valvis con- Tome LXXXV1I1. DÉCEMBRE an 1818. Lil 450 JOURNAL DE PUYSIQUE, DE CHIMIE trarium. Semina biseriata, imbricata, alata, transversa, utraque extremitate pilosa. Arbores foliis simplicibus, ternis ; floribus paniculatis, albis; fauce punctata. 5. Trcoma, Juss. Calyx campanulatus, quinquedentatus. Co- rolla tubo brevi; fauce campanulata ; limbo quinquelobo, bila- biato. Stamina quatuor, didynama, cum rudimento quinti. Stigma bilamellatum. Capsula siliquæformis , bilocularis; dissepimentum valvis contrarium. Sernina biseriata, imbricata , alata , transversa. Arbores aut rarius frutices. Folia opposita , digitata aut sæpius imparipinnata, Flores terminales , panieulati, flavi aut incarnali. 4. Bicnonra, Juss. [Bignoniæ species, Linn. (1)]. Calyx campanulatus, quinquedentatus aut interdum integerrimus. Co- rollz tubo brevi; fauce campanulata ; limbo quinquelobo, bila- biato. Stamina quatuor , didynama, cum rudimento quinti. Sigma bilamellatum. Capsula siliquæformis , bilocularis ; dissepimentum valvis parallelum. Serina biseriata , imbricata, membranaceo- alata , transversa. Arbores aut frutices sæpissime scandentes et cirrosi. Folia Opposila, simplicia, Conjugala, ternala, digitata autpinnata. Flores axillares et terminales, sæpius paniculati. Corollæ albæ, flavæ , aurautiacæ , purpureæ, violaceæ aut roses. 5. OroxyLum, Ventenat (2). Calyx campanulatus, subdentatus. Corolla ivregularis; fauce ventricosa; limbo quinquelobo. Sta- mina quinque, fertilia, intermedium brevius, Sigma bilamel- latum. Capsula sitiquæformis, bilocularis; dissepimentum valvis parallelum. Semina membranaceo-alata. Arbor monticola. Folia opposita , impari- bi- ant tripinnata. Racemi terminales, elongati, bracteati. Flores secundi. (Cha- ract. gen. ex Ventenat.) 6. SparmonrA, Beauv. R. Brown. Ca/yx spathaceus, hinc fissus , inde dentalus aut integerrimus. Corolla subinfundibuli- formis; limbo quinquefido, inæquali. Stamina quatuor, didy- nama, cum quinto slerili. Sigma bilamellatum. Capsula sili- quæformis , falcata | pseudoquadrilocularis ; dissepimentum contrarium ,suberosum (ex Brown). Serina membranaceo-alata(?), transversa (?). Frutices aut arbores, Folia opposita, rarius alterna, conju- (1) Bignonia echinata Jacq. est probabiliter generis distincti. (2) Decas gen. noy. ET D'MISTOIRE NATURELTE. 451 gata, imparipinnata aut interdum simplicia. Flores subpaniculati, aurantiaci, flavi aut violacei. ts 7. AmpniLormium, nobis. Calyx campanulatus ; limbo duplici; exteriore laxo, undalato-crispo ; interiore bilabiato ; labiis sub- integris. Corolla subcoriacea; tubo brevi; fauce magna, ven- tricosa, antice sulcato-compressa; limbo bilabiato; labio superiore majore, galeato, bidentato ; inferiore recto , tridentato, supe- riorem subæquante. Stamina quatuor , didynama, cum rudimento quinti. Sigma bilamellatum. Capsula ovata, sublignea, bilo- cularis, bivalvis. Semina imbricata, membranaceo-alata, trans- versa (?). Frutices (Americani) scandentes, cirrosi. Folia opposita, con- jugata. Flores paniculati, rosei aut rubri. 8. Jacaranna, Juss. Calyx campanulalus, quinquedentalus. Corolla tubo brevi; fauce infundibuliformi-campanulata ; limbo quinquefido, bilabiato. Stamina quatuor, didyuama , cum ru- dimento quinti. Sigma bilamellatum. Capsula suborbicularis , lignea, compressa, bilocularis, bivalvis; dissepimentum valvis contrariis adnatum. Semina seriata , imbricata, membranaceo- alata, transversa. Arbores (Americanæ) excelsæ, facie mimosæ. Folia opposita, paripinuata, pinnis imparipinnalis. Flores axillares et terminales, paniculau, violacei. 9. Prarycarrum, Bonpl. Calyx quinquepartitus, æqualis. Co- rolla tubo brevi; fauce infundibuliformi; limbo quinquefdo, subæquali. Stamina quinque, æqualia. Stigma bilamellatum. Cap- sula didyma, lignea (?), compressa, bilocularis, bivalvis; dis- sepimentum valyis contrarium iisque adnatum; loculi dispermi. Semina membranaceo-alata. Arbor (Americæ meridionalis). Folia opposita, simplicia, in- tegra. Paniculæ terminales. 10. Eccremocarpus, Ruiz. et Pav. Calyx magnus, laxus, quinque-, iuterdum quadrifidus. Corolla tubulosa; limbo quinque- fido , reflexo, inæquali. Stamina quatuor, didynama, cum ru- dimento quinti. Ségma bilobum. Capsula ovata, subletragona, unilocularis (?), bivalvis ; receptacula duo, medio valvis adnata(1). Semina imbricata, membranaceo-alata. Suffrutices ( Americæ meridionalis ) scandentes. Folia oppo- (1) Ex Ruiz et Payon. An capsula rectius bilocularis; dissepimento valvis contrario, adnato ? LI] 2 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHEMIF sila, composile pinnala, apice cirrosa. Pedunculi oppositifohi, multiflori. Corollæ flavidæ (semper ?). 11. ConÆa, Cavan. Calyxæ magnus, quinquepartitus; laciniis orbiculatis, Corolla campanulata ; tubo brevi; limbo quinquelobo, subæquali. Stamina quinque, æqualia. Sigma trifidum. Capsula oblonga , trigona, calyce persistente tecta, trilocularis, trivalvis ; dissepimentum triquetrum , angulis valvis oppositis. Semina bi- seriala, imbricata, membranaceo-alata, obliqua. Radicula in- ferne spectans. Frutex (Americanus)scandens. Folia opposila, paripinnata, cir- rosa. Pedunculi axillares, solitarti, umiflori. 12. T'ourrerra, Domb., Juss. (Dombeya, L'Herit.). Calyx bi- labiatus; labio superiore integro, inferiore apice dilatato, cre- pato, interne dente instructo. Corolla tubulosa; limbo bilabiato ; labio superiore maximo , galeato ; inferiore minimo, dentiformi, truncato. Stamnina quatuor , didynama. Sigma acutum, subunci- natum. Capsula oblonga, compressa , uncinalo-spinosa, Coriaceo- lignea, quadrilocularis, bivalvis; dissepimentum valvis paral- lelum, per dissepimentum transversum valvis medio adnatum. Semina uniseriata, membranaceo - alata, pendula (?). Radicula supera. Herba (Americana) repens et scandens , dichotoma. Folia op- posita, geminalo-lernata, cirrosa. Flores spicati, alares, bracteali. Secrio IL Srsamezx. Semina aptera. Folia simplicia. 15. Sesamum, Linn. Calyx quinquepartitus; lacinia superiore minore. Corolla tubo brevi; fauce campanulata ; limbo quinque- fido, bilabiato ; lacinia inferiore longiore. Stamina quatuor, di- dynama, cum rudimento quinti. Sugma bilamellatum, Capsula lineari-oblonga, compresso-tetragona, quadrilocularis, septicido- bivalvis; dissepimentum valvis contrarium, bipartibile. Serina complura, uuiseriata, subimbricata, obovata, compressiuscula, dptera, erecla. Herbæ. Folia opposita aut alterna. Flores axillares , solitark. Pedunculi biglandulosi, bibracteati. Corollæ albæ, pallide roseæ aut lutecæ. 14. MarrynrA, Linn. Calyx quinquefidus, subæqualis. Co- rolla subcampanulata ; limbo quinquelobo, inæquali. Stamina quatuor, didynama, sæpius omnia fertilia, rarius duo castrala ; rudimentum quinti. Stgma bilamellatum. Drupa oblonga, bi- cornis; nuce lignosa, quadriloculari ; loculis oligospermis. Semns evala, compressiuscula , pendula? Radicula supera. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 453 Herbæ. Folia opposita aut alterna. Flores spicati, axillares aut terminales. 15. CranrozarrA, Linn. Calyx campanulatus, spathæfor- mis, hinc fissus. Corolla tubo longissimo ; fauce campanulata ; limbo bilabiato ; labio superiore bi-, inferiore trifido ; lobo medio latiore. Stamina quatuor, didynama, cum rudimento quinli. Stigma bilamellatum. Drupa ovata, acuta; nuce lignosa, apice breviter bicorni, quadriloculari. Semina in quolibet loculo quatuor aut sæpe solitaria, ovala, compressiuscula, aptera. Herba (Americana) villoso-viscosissima , dichotoma. Folia op- posila, quinquelobata. Flores alares , racemosi. Corolla candida, fauce picta. 16. Josepmnia, Ventenat, R.Brown. Calyx quinquepartitus, subæqualis. Corolla tubo brevi; limbo campanulato, quinquelobo, patente ; lacinia inferiore longiore. Stamina quatuor, didynama , cum rudimento quinti. Stigma quadrifidum. Drupa exsucca , subglobosa, echinata , 6-8-locularis ; loculis geminatim approxi- malis, monospermis. Semina erecta. Radicula infera. : Herbæ (Novæ-Hollandiæ) diffuse. Folia opposita, integra. Flores axillares, bibracteati, purpurascentes. (Character gene- ricus ex R. Brown, Prodr. pag. 519.) 317. Pepauum, Linn. Calyx quinquepartitus, subæqualis. Co- rolla tubo brevi; fauce campanulata ; limbo quinquelobo , inæ- quali. Starnina quatuor, subdidynama , cum rudimento quinli. Sugma bilidum. Drupa exsucca , lignea , ovala , telragona, qua drispinosa, bilocularis; loculis dispermis. Serrina superposila, pendula, oblonga, compressiuscula , aptera. Radicula supera. . Herbæ trichotomæ. Folia opposita. Flores axillares , subso- litarii, bibracteati. . Ce sont les 17 genres connus, que je crois appartenir à la famille des Bignoniacées. Je ne connois le Tripinnaria de Lou- reiro et le Millingtonia de Linné, que par la courte description de ces auteurs; c’est pourquoi je n'ose pas encore prononcer sur leur véritable affinité. Mais d’après une note de M. Brown, le second de ces genres paroïit très-voisin du Bignonia. Le Sessea de MM. Ruiz et Pavon, et le Gelsemium de M. de Jussieu, que quelques botanistes ont rangés parmi les Bignoniacées, en Gifiérent essentiellement , surtout par l’organisation de leurs graines, Nous croyons que le premier tient le milieu entre les Solanées et les Polémoniacées, et qu'on doit, à l'exemple de M. de Jussieu, placer le second à la fin des Apocynées. Il me reste encore à parler du genre Crescentia, mis par M. de 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Jussieu, avec doute, à la fin des Solanées. La grande ressem- blance des fleurs du Calebassier avec celles des Bignonia, et la circonstance qu'on trouve dans trois espèces (Crescentia pinnata, Jacq., Crescentia aculeata et alata, nobis) des feuilles composées, me font croire que ce genre doit être classé près des Bigno- niacées. Mais comme je n’ai pas pu me procurer des ovaires ou des fruits de ces plantes, il reste encore à vérifier si leur structure répond à ce rapprochement. M. Richard, qui a exa- miné le fruit de cette plante, lui trouve plutôt des aflinités avec les Beslerées (1). Mais je suis persuadé toutefois qu'en se dé- cidant pour cette dernière opinion, on doit placer le Crescentia entre les Beslerées et les Bignoniacées. 11 est probable que le T'anæcium de M. Sywartz fait également partie de la famille des Bignoniacées. Mais quoique je lui trouve une grande ressem- blance avéc le Crescentia et surtout avec le Craniolaria, je n’ose rien décider jusqu'a ce que j'aie eu occasion d'examiner en nalure les deux espèces de ce geure. Observation. Depuis la publication de ce Mémoire, nous avons trouvé quele genre Aragoa, qui paroîtra dans le troisième volume des Vova genera et species plantarum æquinoctialium*), et que nous croyions d’abord appartenir à une autre famille , doit ètre rap- proché des Bignoniacées, quoique plusieurs caractères paroissent s'opposer à ce qu'il soit définitivement réuni à cette dernière famille. *) Ar4coa. Calyx tetra- aut pentaphyllus. Corolla hypocra- teriformis ; limbo quadripartito, patente, regulari. Stamina qua- tuor, summo tubo inserta, æqualia, exserta. Ovarium ovatum, disco bypogyno impositum. Stylus unicus. Sigma subgloboso-obtusum. ce calyce persistente cincia, bilocularis, quadrivalvis; lo- cuhs telraspermis. Serina bina superposita, peltata, membraua reticulata involuta et alata. Û Frutices ramosissimi. Folia octofariam imbricata, carnosa, in- tegerrima. Flores axillares , solitarii, subsessiles, albi. © —————_—_——_]_——_—_—_—_——_———— re (1) Il met dans cette famille les Orobanches. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 455 SE NOTICE Sur le parti utile que l’on pourroit tirer de divers Oxides ferrugineux ; Par M. C. PAJOT DESCHARMES. Les savans chimistes qui se sont occupés de l'analyse des substances salines, nous ont appris que le sulfate de fer con- tenoit environ 23 pour cent d'oxide; les entrepreneurs qui décomposent le muriate de soude à l'aide de ce sulfate , re- tirent dès-lors , par suite de leurs opérations, cette quantité de métal, à la vérité, sous une forme pulvérulente. Ce résidu, qui ne tarde pas à embarrasser par -sa surabondance, n’a point, que je sache, trouvé jusqu'ici d'emploi dans les arls. Ayant eu occasion d’en avoir sous ma main une parlie considérable, j'ai cherché à l'utiliser. Les travaux auxquels je me suis livré dans ce but, en 1810, n’ont pas été infruclueux ; on va tout à l'heure être en état d’en juger. Toutefois, avant de donner connoissance du résultat de mes essais, je crois qu'il convient d'indiquer les qualités de cette substance dans son élat naturel, afin qu'on puisse les comparer avec celles que lui procure le traitement que je lui fais subir. Quel que soit letemps que dans son état d'oxide, celte matière reste exposée soit à l'air sec ou humide, soit à l’action d’une chaleur rouge cerise, elle conserve son brillant métallique, ainsi que la couleur brune ou violacée qui lui est propre; elle n’est point altirable à l’aimant, ni dissoluble par l'acide sulfurique; elle ne convient point en outre aux feux pyrotechniques ni aux arüficiers. Les divers Traités de Chimie annoncent bien la possibilité de réduire les oxides métalliques par les corps gras, résineux et aussi par le charbon, mais ils ne donnent pas la méthode à suivre; et si des expériences directes en grand ont été faites à ce sujet, les résultats en sont restés inconnus, ou point suf- fisamment expliqués et détaillés; c’est peut-être à ce défaut que l’on doit attribuer l'inapplication, en fabrique, de l’un ou de l’autre mode de réduction. Quoi qu'il en soit, voici celui dont j'ai fait usage. ds \ 456 JOURNAL DE PINYSIQUE, DE CHIMIE Dans des pots ou creuses d'argile grise, et tournés en facon de cylindres hauts de 10 pouces sur 6 pouces dans œuvre, je disposois sur environ 8 à o lignes d'épaisseur , un lit de poudre de charbon de chêne, passé préalablement au tamis de crin, et légèrement humecté. Je posois sur ce lit, un plateau en bois d'un pouce d'épaisseur sur 4 pouces + de diamètre, et je pla- COIS avec pression sur son pourtour une semblable poudre de charbon, Avant d'enlever ce plateau, je l’appuyois foiblément sur cette poudre, afin que, comprimée, elle pût se soutenir d'elle-même, lorsque le plateau éloit Ôté ; je remplissoit alors le vide qu'il laissoit , par notre oxide ferragineux un peu humecté à l'avance, et provenant de la décomposition du muriate de soude par le sulfate de fer; Je meltois dessus un nouveau lit de charbon, qui lui-même étoit surmonté d'une nouvelle couche d'oxide, et ainsi de suite, je stratifiois jusqu'a ce que le pot füt plein, en ayant l'attention de finir par un lit de charbon qui éloit recouvert par un plateau en terre cuite, à rebord en- trant dans le creuset, et dont la jointure avec le dernier étoit soigneusement lutée avec de la terre à four mélée de fiente de cheval. Comme il importoit d'obtenir la conversion que j'avois en vue, avec Îe moins de frais possible, le fourneau dont je me sulS servi, et qui étoit placé à dessein sous une espèce de hotte de cheminée particulière, se composoit tout simplement de barres de fer d'un pouce carré formant grille, et espacées l’une de l’autre de 5 à 4 pouces. Les quatre faces de ce fourneau, autour duquel on circuloit, et dont la grille de fond étoit élevée de 15 pouces au-dessus du sol, étoient formées de quatre grilles semblables , laissant entre elles un espace vide d'environ 15 pouces de profondeur, sur 6 pieds de longueur et 4 pieds de largeur. Le combustible destiné à alimenter ce fourneau ne consistoit qu'en des espèces de galettes ou de mottes informes , d'environ 5 à 6 pouces carrés sur un pouce + à 2 pouces d'épaisseur, et fabriquées ou avec des cendres pyriteuses, ou vitrioliques bien effleurées et légèrement humectées d’eau pour pouvoir les façonner, ou avec les mêmes cendres arrosées d'une dissolution concentrée de muriate de soude ; dans l’un et l’autre cas dé- lerminé par la nature des travaux de l'usine , la consistance né- cessaire à ces sortes de galettes pour leur transport, leur mou- vement et placement, étoit obtenu naturellement en moins de 24 heures. Les creusels éloient posés sur un bout de brique porté ET D'HISTOIRE NATURELLE. 457 porté dessus la grille de fond, et rangés à la distance de 4 à 5 pouces l’un de l’autre, de telle sorte qu'on pouvoit placer peurs mottes entre deux, de même qu'entre les creusets et e tour des grilles de faces. Ces creusets, bien assis et enve- loppés de galettes dans toute leur hauteur , en étoient aussi re= couverts de 9 à 10 pouces. S’agissoit-il de mettre le feu au fourneau , c’étoit chose très-facile , 1l ne falloit pour cela qu’al- lumer des brindilles de fagots, ou quelques copeaux disposés à cet effet sur l’âtre ; bientôt le feu se communiquoit aux galettes inférieures, et de proche en proche le feu devenoit général; il étoit alors abandonné à lui-même. Sa durée, sous le rapport de fa flamme, pouvoit être de 3 heures + ou 4 heures. Afin de ne pas perdre le calorique qui s’échappoit par la surface supérieure du fourneau, je plaçois dessus au besoin, une chaudière susceptible d'être enlevée à volonté, et dans laquelle s’évaporoient des eaux sulfatées (1). Les creusets refroidis et délutés, on trouvoit entre chaque lit de charbon , un tourteau métallique bien aggloméré et bril- lant dans les rayures produites avec un instrument acéré. Quel- quefois lorsque le feu n’avoit pas été assez vif, le centre de ces tourteaux étoit légèrement agglutiné et sous forme pulvé- rulente noire. Alors cette matière éloit renfournée, et le résultat de la nouvelle exposition à l'influence de la chaleur donnoit des galettes métalliques , à l’instar de celles sorties de prime abord. Sous cette forme cette substance éloit attirable à l’aimant, elle s’oxidoit à un air humide, et elle se laissoit dissoudre par l'acide sulfurique. Il est à observer que mes creusets composés de moitié argile grasse de Picardie, et moitié de la même argile cuite, pouvoient être employés à un très-grand nombre de fournées, et que la même poudre de charbon pouvoit aussi servir plu- sieurs fois. Afin de m’assurer si cette espèce de plaque ferrugineuse étoit susceptible de remplacer la ferraille que l’on est obligé de plon- ger dans les chaudières où l’on réduit les eaux qui ont lessivé les terres pyriteuses, pour achever la combinaison de l'acide qui s’y trouve non saturé, lorsqu'on les concentre pour la cris- tallisation des sulfates, j'en ai adressé à des fabricans de ces sels. Ces masses métalliques ont très-bien produit l'effet desiré, QG) Dans un Mémoire particulier, je me propose de faire connoître l’avan tage que présente la décomposition du muriate de soude par les pyrites ou le” terres pyriteuses. Tome LXXXVII. DÉCEMBRE an 1818. Mmm 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et elles ont suppléé parfaitement au fer jeté dans les bains des chaudières qui se trouvent dans le cas mentionné. Il est à remarquer que la quantité nécessaire de ferraille con sacrée à la saturation des eaux dans une fabrique de couperose tant soit peu achalandée, et qui travaille avec des pyrites où des terres sulfuriques , est souvent très-considérable. Il est rare que l'achat annuel ne s’en élève pas à 5 ou 6 mille francs. J'ai pensé que la communication des résultals qui viennent d’être transcrits, ne pouvoit qu'inspirer de l'intérêt, puisqu'elle tend, 1°. à faire rentrer dans la fabrication du sulfate de fer. la matière qui, après avoir servi à la décomposition du mu- riate de soude, se présente sous une forme qui la fait mettre au rebut; 2°, à procurer un emploi analogue à celui qui a été indiqué, aux ocres jaune et rouge précipitées dans les’ diverses opérations des manufactures de couperose. Les amas de ces sub- Slances qui encombrent plusieurs établissemens, et qui sont au- jourd'hui perdues, recevroient ainsi une valeur et une utilité précieuses. Je présume même qu’en poursuivant ce travail d’une manière raisonnée et économique, il seroit possible de donner à ces matières, qui deviendroient en quelque sorte des mines locales, une disposition métallique sous telle ou telle forme, après en avoir soumis les produits à des opérations ultérieures faites dans ce but. Avant de terminer celte Notice, je ferai observer que l’oxide particulier sorti de la décomposition du muriate de soude par le sulfate de fer, est susceptible , dans son état naturel et bril- lant, de plusieurs emplois. J’en ai fait l'application, 1°. à la pein- ture en bâtiment et à celle des carosses ou équipages. Les objets qui en éloient couverts, étant vus au soleil, présentoient un effet singulier par le châloiement que produisoit sa réflexion; 2°. à la peinture à la colle sur papier pour appartement. Si la couche de couleur dans laquelle entre notre oxide , est glacée, elle offre alors un coup-d'œil très- agréable; son jeu, en cet élat, tient beaucoup du jeu de l’aventurine. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 é GENERA ET SPECIES PLANTARUM, Quæ aut novæ sunt, aut nondim rectè cognoscuniur ; Auctore MARIANO LAGASCA. Matriti, 1516. Quorqur cet Opuscule du savant botaniste espagnol porte la date de 1816, il n'est connu en France que tout récemment ;, ce qui nous a empêché de l’annoncer plutôt. Les bolanistes y trouveront les descriptions d'un grand nombre d'espèces nouvelles, et de vingt-six genres nouveaux, avec de bonnes figures de deux de ces genres, le Cevallia et le Fer- dinanda. Ms remarqueront surtout le Cevallia, que l’auteur rap- porte à la famille des Borraginées, quoiqu'il aït le port d’un Æchinops, l'ovaire adhérent au calice, les étamines périgynes, et point de corolle. Cette plante, recueillie par Née à la Nou- velle-Espagne , est très-singulière. La famille des Synanthérées offre, dans cet Opuscule, quatorze nouveaux genres. Nous profitons de celte occasion pour rappeler la belle Dis- serlation du même auteur sur les Chénantophores, très-rare en France jusqu'a présent, et dont M. Dafour, ami de M. Lagasca, vient de recevoir- plusieurs exemplaires, ainsi que de l'Opuscule que nous annonçons. Amm 2 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A compter du 1% janvier 1818, Les hauteurs du Baromètre . = 2 THERMOMETRE EXTERIEUR BAROMÈTRE MÉTRIQUE. ë mn = CENTIGRADE. 2 Ë : Se Si MINIMUM. MAXIMUM. À MIDI. MAXIMUM. F3 Nr heures= heurese heures* mille 1 | àmidi. H1460| àgis. + 875] +14,60] àgis....758,94 145 2 |à3s. +4,40] à 7m. + 9,25] H14,00| à gm....758,27 13,6 8 | à midi. 14,00! à 1os. + 7,25] H14,00| à 9 m. ...754,98| à 14,1 4 |à3s +5,50 à7m + 4,75] 15,50] à 7m....748,74 1 4 14,5 5 | à3s. “+iy,oo à7m. “+u1,10] H16,10| à 9 m....742,60 à 9s.....799,91| 741,D2| 15,0 6|à5s. +15,75| àgss. <+10,40| +15,00| à 9 35....748,50| à 7 &m...741,82| 744,29) 14,1 7 |à5s. +2,92) à 7 5m. + 4,90! 11,75] à 95s....7b4,54| à 75m...790,98| 7b2,19| 14,6 8 | à midi. +19,50| à 7 Em. + 5,75] 412,60 à 105....75b,19) à 77 m...754,97| 754,98 15,8 9 [à3s. “+Hi1,00| à 7 im. + 6,75] H10,85| à gs..... 756,79 à 73m...709,62 756,18 13,0 10 | à5s. —+ur,io| à 7 Em. + 6,25] +10,60| à 10 3m..756,50| à42s....75b,39] 766,10] 13,5 111 à93s. —+io,85| à 7im. + 8,00| + 9,60) à 105m..754,89 à 25....7b5,36| 754,63] 12,0 12 | à3s. 13,00! à 7 4m. + 5,00! 11,50 à gm....750,49| à $s.....749,02| 749,77 15,2 13 à midi. 13,95] à7 £m. + 7,50] +13,75 à 105....751,D9) à 7 3 m...720,02| 790,44| 12,9 14 | à5s. Hib,1o| à7 4m. + 6,75] +14,10| à 10m, ..7b5,96| à 8 5... 752,91| 753,b0| 14,2 19 là midi. +9,50] à71s. —Æ 8,75] 12,50! à9s....754,54 à7 3 m...751,62 752,55] 14,6 16 làgs. +H14,00! à 71m. + 8,75] +12,75| à 71 m...755,59 àgs..... 760,18] 751,29] 12,7 17 à midi. 19,75] à10s5. + 9,25] 12,75] à 105....758,50| à 7 : m...7b2,58| 754,79] 14,6 18 | aämidi. 19,75] àgis. + 7,25] +1,75] à gis....761,20| à 7 1 m...759,58| 760,82] 15,1 19 fà5s. + 9,50 à7im. + 5,50] + 6,50] à 101m..761,33| à 105....757,98| 760,76| 12,4 20 las. + 7,75] àg+s. + 2,75] + 7,10] à7 2m...755,19| à 9: s...751,09| 753,81] 11,8 21 là5s. + 515] à7 1m. + 0,55] + 4,95] à 912s....749,49| à midi... .748,09| 748,09] 10,2 29 | à3s. + 5,75| à7!m. — 0,10] + 4,25] à midi....7b1,05 à7z m...7b0,8b| 751,53 8,9 28 là3s. —io,75| à10s. + 6,25] 10,90] à 10 s....753,5g| à 72 m...750,64| 751,75] 10,0 24 l'ämidi. 413,50] à 71m. + 9,10] H14,50| à g1s....758,41| à 7+m...751,79| 702,77] 11,5 25 | à3s. + 8,50! à 72m. + 6,75] + 7,90] à gs... 765,25] à 7:m...763,0b| 764,09! 10,7 26 | à53s. +10,75| à 7 °m. + 7,25] + 9,bol à 105....768,16 à7am 766,00! 767,12] 10,6 27 | à14s. 19,60] à 6$m. + 9,00] +12,00! à105.....769,9b| à 7 ?m...769,54 769,52 10,9 28 | à3s. 19,75] à 7 5 m. + 9,25| H11,50| à g m....770,09| à 105... 768,34| 769,40] 11,6 29 | àmidi. + g,5o| à1os. + 5,90] + 9,50! à 10 m...768,58| à 105....767,02| 768,07| 11,1 50 | àmidi. + 4,60| àgs. + 92,00| H 4,60] à 101m..766,92| àg ss... 764,87| 766,18] 9,5 Moyennes. 11,77 —+ 6,61 Hirio! 757,05 754,601 755,781 12,6 EE, RECAPITULATION. Milïm. Plus grande élévation du mercure. .... 770°09 le 28 Moindre élévation du mereure........ 739,91 le 5 & Plus grand degré de chaleur.......... 1700 le B Moiïndre degré de chaleur........... — 0,10 le 21 Nombre de jours beaux........ 12 de couverts, ....,.,.. 18 dOPPIRIE rene date 9 de vent... DST oo 30 dergelée: cs octets 3 de tonnerre.....,.... C4 de brouillard......... 30 JEMEPE A eee lseie o GOT ENS OEEEER 0 A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS, sont réduites à la température de zéro du Thermomètre. NOFEMBRE 1818. SE POINTS VARIATIONS DE L'ATMOSPHERT. S VENTS. ; LE DEP EE 9 LP COU e [à midi. LUNAIRES. LE MATIN. A MIDI ÉE Fo — —— qe nn 1 | 77 lO. [Lune périgée. Couv., br., pl. av. le j: Très-nuageux. Beau ciel, 2 | go |S. Couvert, brouil. épais.|Couvert, brouillard. |Couvert. 3 | 97 | Idem Couvert, brouillard. |Très-nuageux. Nuageux. 4| 731 Idem Nuageux, brouillard. [Nuageux. Couvert. 5 | 67 |S.-E. P.Q.àgh33m.| dem. Idem. Idem, pl. à 4. 6 | 86 |S.-O. Couvert, brouillard. |Couvert. Couvert. 7 | 77| Idem Nuageux, brouillard. |Beau ciel, brouillard. [Beau ciel, brouillard 8 | 73 |O. Couvert, brouillard. [Nuageux, brouillard. [Quelques éclaircis, 9 87 IN.-O. Idem. Couvert, brouillard. |Couvert, 10 | 82 [E-.S.-E. Nuageux, brouillard. |Nuageux, brouillard. | J4em. 11 97 |S.-E. Pluie , brouillard. Pluie, brouillard. Nuageux, brouillard. 12 | 79 [E.-S.E. |P.L.ioh59s.[Nuageux, brouillard. Nuageux. Nuageux. 13 | go |S.E. Idem. Couvert, brouillard. |P/ure à ok. 14 | 87 |S.-O. Idem. Nuagéux. Pluiïe dans la nuit. 15 | 72 |[O. Pluie, av. le jour, br.| Idem. Très-nuageux. 16 | 97 |S.-O. Lune apogée. | Pluie abondante. Pluie par intervalles. | Pluie par intervalles, 17 65 IN.-O. Nuageux. Nuageux. Couvert. 18 77 | Idem Idem, brouillard. |Couvert, brouillard. |Beau ciel. 19 88 |S.—E. Brouil. épais et humid.|Beau ciel, brouillard.| dem. 20 | 7o |E. Beau ciel ,légerbrouil.| dem. Idem. 21 76 | Idem D:Q:à2h35m.| /dem. Légers nuages. Idem. 22 | 84 [N.-E. Couvert, brouillard. |Couvert, bruoillard, |Brouill épais. et hum. 23 | 96 |S. Nuageux, brouillard, | dem. Couvert , br. humide, 24 | go | Idem. Petite pluie , brouill. | dem. Idem. 25 96 |O. foible. Brouill. épais. et hum.|Brouill. épais et hum, Idem. 26 | 91 |S.-O. Petite pluie, brouill. |Couvert, brouillard. [Couvert par intervall. 27 | 93 |O. foible. Couvert , brouillard. Idem. Quelques éclaircis. 28 | 96 | Idem. [N.L.ï4h25m| dem. Idem. Couvert, brouillard. 29 88 |[S.-O.. {Lune périgée. | Jdem. Idem. Beau ciel. 30 | 97 |S.-S.-0. Idem, brouil. épais.| dem. Idem. 31 Moyen 83 : RECAPITULATION. NEC LLraute o IN DT ES LE Et. Fe nie 4 Jours dont le vent a soufflé du ce RE ae 4 SO se. sante D OL NS TETE 6.,; NO SECTE 6 le 1°, 19°,086 Eau de pluie tombée $ Thermomètre des caves le 16, 12°,086 dans la cour....... 59"%,95 — 1 p. 5 lig. sur l'Observatoire. | centigrades. RD ro 0 ÉEEEEE———_——_—]—]———.—.—.————#2 ep RE em 462 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE OBSERVATIONS Sur les Combinaisons qui dépendent des Affinités foibles; Par M. BERZELIUS. EXTRAIT du VIE volume des Afhandlinger i Fysik, Kemi och Mineralogi, publiés par une Société de Sayans Suédois. Stockholm, 1818. M. Berzeuus fait voir que les substances douées d'affinités chimiques foibles, se combinent das des rapports beaucoup plus variés que les plus fortes, qui par leurs aflinités sont tou- Jours ramenées aux rapports les plus simples et à des combi- naisons qui se forment de préférence. C’est pour cette raison que, par exemple, la silice produit un si graad nombre de si- liciates à différens degrés de saturation , et des siliciates doubles et triples, qui fort souvent n’ont puiai d’analogues dans la classe des autres sels. Dans les siliciates doubles, il arrive fort souvent que dans l'un des siliciates la base est plus saturée de silice ue dans l’autre, comme, par exemple, dans la mésotype où la silice du siliciate de soude contient trois fois l’oxigène de la soude, tandis que dans'le siliciate d'alumine, la silice et l’alumine en contiennent la même quantité, c’est-à-dire que cette pierre est composée d'un tri-siliciate de soude et de siliciate d’alumine. Jusqu'ici les sels doubles produits dans nos laboratoires, n'ont point présenté quelque exemple de celte sorte de combinaison, qui ail pu constater la justesse de.ces idées sur la composition de plusieurs minéraux. M. Berzelius a cru que ces exémples ne devoient point être cherchés parmi les sulfates, nitrates, elc., c'est-à-dire parmi les combinaisons qui dépendent d’aflinités fortes. Il les a plutôt cherchés dans la classe des carbonates et des hy- drates, qui, par la foiblesse de leurs affinités, se rapprochent des siliciates. Il vient de trouver que si l’on verse une solution de sulfate où de muriate de maynésie dans une solution de bi-carbonate de potasse, il se forme, après quelques jours, des cristaux réguliers dans le liquide. Ces cristaux sont un sel double, qui, d'apres. l'analyse que M. Berzelius vient de donner, est composé: d’une molécule de bi-carbonate de potasse combinée avec deux dé carbonate de magnésie, el avec 18 molécules ET D'HISTOIRE NATURELLE. 463 d'eau. D’après les formules dont se sert M. Berzelius pour ex- primer les compositions chimiques, et dont nous avons donné quelques idées dans le tome LXXX VIE, là composition de ce sel double peut être représentée par KC‘aq°+ 5MnC?A45. Cette éom- posilion fait donc voir que des sels, à différens degrés de’ sa- luration, peuvent s’unir, et justifie par conséquent les idées qu'on s’étoit formées de la composition de plusieurs siliciates doubles. Pour donner à l'analyse présentée la plus grande exactitude possible, M. Berzelius a examiné de nouveau la composition de la magnésie, en la déterminant d’après l'analyse du sulfate de cette terre. Il à trouvé que 100 parties d'acide sulfurique se combinent avec 51,55 parties de magnésie, et que par con- séquent celte terre contient 58,708 pour cent d'oxigèene , ce qui se rapproche de ses anciennes analyses qui avoient donné 38,8 pour cent. , Ensuite il a examiné la composition du carbonate de ma= gnésie. crislallisé,, qui se, laisse exprimer par la formule... MnC: + GAg. Il examine ensuite la composition de la magnésie blanche des pharmaciens. Il prouve qu’elle n’est point une combinaison stable, et qu’elle varie en proportions d’après les circonstances dans lesquelles elle a été préparée. M. Berzelius a tàché de la ramener à un point fixe ; 1l trouve qu'il y a un sel, mais que Sa composition ne se laisse point comprendre alors, si l'on ne veut point admettre qu'elle peut ètre composée d'un Eydrate combiné avec le carbonate. Dans ce cas, l'acide carbonique contient deux fois l'oxigène de la base dans le carbonate , et dans Yhydrate l'eau contient huit fois loxigène de la base. La formule qui représente la composition de la magnésie blanche, est 3Mn C*+MAg%. Cette combinaison est done de la même nature que le cuivre bleu, que M. Berzelius, dans son Mé- moire sur le Système chimique de Minéralogie, a prouvé être composé de carbonate et d'hydrate d’oxide de cuivre. M. Berzelius examine ensuite la composition du carbonate de zinc artificiel, qu’il trouve être la même que celle du carbonate de zinc terreux de Carinthie, analysé par M. Smithson, lequel, de son côté, l’avoit déja regardé comme une combinaison dé carbonate et d’hydrate de zinc. La formule qui représente sa composition est, d’après M. Berzelins, 32rl+7ZnAgf. M. Berzelius finit son Mémoire par. des expériences sur la 464 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nature des précipités qui se forment dans le sulfate et le mu- riale de magnésie , par l'addition d'ammoniaque caustique , et qui, tous les deux, ont un aspect entièrement différent. Le pré- cipité du premier contient 1,6 pour 100 d'acide sulfurique, qu'aucune lixiviation ne lui peut enlever, et celui du dernier contient de même environ 1 pour 100 d'acide muriatique. Ces petites quantités appartiennent donc d’une manière bien réelle, à la composition de ces précipités, quoiqu'il soit fort difficile de se former une.idée d’une telle combinaison: « Ces recherches, ajoute M. Berzelius, nous indiquent l'existence d’une espèce de combinaisons que jusqu'ici on n’avoit point remarquée, Ou à laquelle on n’avoit point donné assez d'attention. Il est cependant clair que, les aflinités d'où dépend cette espèce de combi- paison , doivent avoir joué un rôle dans la formation de la partie solide du globe, et que leur étude peut devenir extrêmement utile, pour ne pas dire indispensable, dans l'examen des sub- slances: minérales. » EC SUR LES OXIDES DE MANGANÈSE ; Par M. Aucusre ARSVEDSON. Extrait du même Ouvrage que les Observations précédentes. M. Arsvepson voulut examiner un oxide noir de Manganèse, qui se distinguoit par une forme cristalline très-prononcée , et qui dérivoit d'une mine de Manganèse à Undenais en Wes- tragothie. Il trouva que cet oxide de Manganèse donnoit de l’eau au lieu d’oxigène , et que ce n’étoit qu'à une très-forte chaleur qu’on pouvoil en reurer une très-pelite quantité de ce gaz. Il obunt Oxide de Manganèse brun. . . . . 86,47 annee Eee ee D AA F1.1110;08 Gaz oxipele:. PEER DENT UT Pour déterminer la constitution de ce minéral, il falloit con- noître la composition de l'oxide brun. Par une suite d'expé- riences dont il seroil trop long de donner ici l'exposition, il le trouva composé de Manpanèse! A isl.1f. cet) 72:784 Oxinène pr SM. 0e Nam at Il ET D'HISTOIRE NATURELLE. 465 Il vérifia ensuite que la composition de l’oxidule de Manganèse et de son oxide noir, telle que M. Berzelius l'avoit donnée dans un Mémoire publié il y a long-temps , étoit exacte. Mais cet oxide, qui est entre les deux, n’est dans aucun rapport mul- tiple, quant à sou oxigène, avec ces deux oxides. M. Arfvedson le compara alors à la combinaison des deux oxides de fer que M. Berzelius avoit nommés oxidum ferroso- Jerricum , et dans laquelle l’oxide rouge contient trois fois autant d’oxigène et deux fois autant de radical que l'oxide noir. Il trouva sa composition d'accord avec cette idée, puisque le calcul fondé sur elle donne 27,25 pour 100 d’oxigène , et l'analyse en avoit donné 27,216 pour 100. M. Arfvedson nomme cet oxide dans la nomenclature latine oxidum manganoso - MangAriCUM . En appliquant ensuite les résultats de ces recherches à l’analyse de l’oxide hydraté, il s'ensuit que les 86,41 parties d'oxide brun combinées avec les 3,51 parties d’oxigène font l'oxide de ma- ngauèse noir, et que l'eau obtenue a été combinée avec cet oxide. M. Arfvedson fait voir que l’oxigène de l’eau est 3 de celui de l'oxide, c’est-à-dire que ce dernier contient trois fois autant d'oxigène que l’eau avec laquelle il se trouve combiné. M. Arfvedson examina ensuite l'oxide de manganèse nalif (le peroxide), dont on se sert en général pour la préparation du gaz oxigène. Il trouva sa composition telle, que si dans l'hy- drate de l'oxide on ôte l'hydrogène de l’eau, il en reste le per- oxide. 11 suit donc de ces expériences, que l'espèce minérale considérée comme le peroxide de manganèse, contient en effet deux différentes combinaisons , qui se ressemblent beaucoup quant à leur aspect. L'une est l'hydrate de l'oxide, qui donne une poudre brune, plus ou moins claire, et qui, chauflée dans un bout de tube de baromètre, donue beaucoup d’eau , et l'autre est le peroxide, dont la poudre est noire, et qui ne donne point d'eau qu'autant qu'il est mélangé de l’hydrate. Il est clair que cette distinction est essentielle pour ceux qui se servent du peroxide de manganèse pour la préparation des li- quides à blanchir, puisque le peroxide leur fournit trois fois autant de gaz oxi-muriatique que l'hydrate de l'oxide, en em« ployant la mème quantité d’acide sulfurique et de sel marin. Tome LXXXV1II. DÉCEMBRE an 1818. Nnn 466 JOURNAL DE PHYSIQUE ,; DE CHIMIE APN EEE RER LEO» Siculorum Plantarum centuriæ I, II. In-4°, fis. Auctore ANT. Bivona-BEernarpi. Palerme, 1806, et seq. Ejusdem Monographia delle Tolpide. Zn-folio, fig. italicè et latine. Palerme, 1800. Ejusdem Stirpium rariorum minus que cognitorum in S'icilia sponte Provententium descriptiones; Manipuli 1— III. In-4°, cum fig. Palerme, 1815— 1816. La Sicile se trouve, par sa position géographique, très-fa- vorablement placée pour la végétation ; aussi le botaniste ne sauroit manquer d'être satisfait de ses recherches. En effet, elle offre, indépendamment des espèces de plantes qui lui sont propres, un grand nombre de celles qui croissent sur les diverses côtes baignées par la Méditerranée. Cependant, malgré cet avantage, nous connoissons peu les plantes de la Sicile, et la richesse végétale de cette île est seulement entrevue par les ouvrages que Cupani, Boccone et Bonanni publièrent il y a un siècle environ. Quel motif pour enflammer le zèle de celui qui, par goût, s’est consacré à l'étude de la Botanique, et l'exciter à concourir à nous faire connoîlre les plantes d’une île aussi célèbre. M. Bivona-Bernardi semble s'être imposé cette tâche, et nous ne saurions trop l’encourager dans une entreprise aussi ulile à la science. Il est assez remarquable que depuis Cupani, et les auteurs ses contemporains jusqu'à M. Bivona, aucun na- turaliste n’ait entrepris un pareil travail. Les Centuries des Plantes siciliennes, par M. Bivona-Ber- nardi font connoître des espèces nouvelles et inconnues jusqu'ici aux botanistes. L'auteur fait voir que Cupani et les autres phy- tologues siciliens, sont loin d’avoir décrit toutes les plantes de la Sicile. Il démontre que beaucoup de celles indiquées par ces auteurs, ont élé rejelées des Specres on confondues avec d’autres, sans doute, parce que leurs descriptions ou leurs fi- gures éloient inexactes. M. Bivona-Bernardi ajoute à chaque espèce, une synonymie convenable, et il donne une description des espèces nouvelles. Les figures représentent ces espèces ou celles anciennement connues, mais mal figurées , ou même non figurées jusqu'ici. Les trois Fascicules des Plantes rares de la Silice sont ré- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 467 digés dans le même esprit; ils sont plus propres que les Cen- turies à démontrer la quantilé de végétaux nouveaux que la Silice présente. f La Monographie du genre T'olpis, est un ouvrage de M. Bi- vona-Bernardi qui appartient à la fois à la Flore sicilienne et à la Botanique en général. L'auteur décrit einq espèces, dont une, le T'olpis quadriaristata, doit être considérée comme nou- velle, bien que Cupani et Bonanni l’aient mentionnée ; mais elle avoit été negligée par les botanistes. Ces divers ouvrages doivent être accueillis favorablement par tous ceux qui s'occupent de cette belle branche de l'Histoire naturelle, la Botanique, et ils ne manqueront pas d’être satisfaits des peines et des soins que M. Bivona-Bernardi se donne pour concourir à l'avancement d’une science qui fait les délices de ceux qui la cultivent; ils encourageront ce naturaliste instruit à continuer des travaux qui ne peuvent tourner qu'à sa gloire. C'est surtout pour la continuation des Centuries des Plantes si- ciliennes, qu'on doit faire des vœux; elle amènera nécessai— rement une Flore complète de la Sicile, ouvrage qui manque totalement, et qui est d'autant plus à desirer, que les ouvrages de Cupani ne sont point complets, et qu’ils ne sont pas rédigés dans cet esprit méthodique que le grand Linnæus sut introduire si heureusement en Histoire naturelle, et qui assure les pas de ceux mêmes qui osent le critiquer. RSR ESRI CERCLE PEIEST DEN INTEL MEURT EEE PT DIN LTE DT REP EL LT EE REEE TETE PLESEES ETES TRAITÉ SUR LES CHAMPIGNONS CGMESTIBLES, Contenant l'indication des espèces nuisibles ; précédé d'une intro- duction à l'Histoire des Champignons , avec quatre planches coloriees ; Par C. N. PERSOON. Paris , chez Belin-Leprieur , Libraire, quai des Augustins , n°55. In-8°, 1818. (EXTRAIT...) La plupart des ouvrages qui traitent des Champignons, ont pour but d'augmenter la masse de nos connoissauces en Botanique, d'occuper et d'instruire les botanistes et les amateurs de plantes, et de leur procurer ainsi quelques jouis- sances d'esprit, souvent la seule récompense de leurs tra- vaux et de leurs sacrifices. Voici une sorte d'ouvrage d’appli- Nan 2 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, PE CHIMIE calion desliné pour ceux qui font des Champignons un usage plus substantiel, mais qui aussi leur devient souvent funeste, s'ils n’ont pas assez de connoïissance pour distinguer les espèces alimentaires d'avec celles qui sont délétères; et sous ce point de vue, les livres des naturalistes sont évidemment plus mé- ritoires , s'ils parviennent, en répandant l'instruction, à con- server la santé et la vie de leurs concitoyens. Dans ce Traité sont décrites avec exactitude, 95 espèces de Champignons, plus où moins comestibles, dont quelques- unes sont tout-à-fait nouvelles, appartenant à 12 genres. A la fin de chaque description, et sous une rubrique particulière, sont aussi signalées comparativement, les espèces nuisibles que l'on pourroit confondre avec les bonnes, soit par la couleur, soit par la forme. Les meilleures figures de tous ces Champi- gnons , leurs noms botaniques et les noms vulgaires, qui pa- roissent extrêmement variés suivant les localités, sont aussi in diqués. Les moyens de conserver les Champignons et de les préparer pour la cuisine n'ont pas même été oubliés, et avec raison, puisque l'expérience nous apprend qu’une espèce assai- sonnée d’une certaine manière, perd une qualité un peu nui- sible qu’elle auroit eu apprètée d’une autre façon; ainsi, en gé- néral, une légère macération dans le vinaigre, paroit enlever la qualité nuisible des espèces les plus délétères. On trouvera également indiqués dans cet ouvrage, les remèdes à opposer aux accidens occasionnés par les espèces vénéneuses, si l’on ne peut avoir de suite les secours des médecins, lesquels, au reste, on ne doit point négliger de consulter. Le plus eflicace est, d’après les observations à ce sujet, l'emploi d'un éméto-cathartique , même huit ou dix heures après l’ingestion des Champignons délétères, leur action étant très-lente , ainsi que leur digestion. La première partie, ou l'introduction de cet ouvrage, est pu- rement théorique, et contient une analyse concise, mais bien Suflisante, de l’histoire naturelle des Champignons; un excellent aperçu de leur classification, contenant, à ce qu’il nous a semblé, un grand nombre de remarques nouvelles, fruits des recherches de l’auteur, qui, comme le savent sans doute nos lecteurs, s’est Spécialement attaché à cette partie de la Botanique, sur laquelle il a publié un ouvrage classique il y a quelques années , et qui, étant allemand, est bien au courant de tout ce qui s’est fait de plus récent sur cette matière en Allemagne où l'on s’en oc- cupe beaucoup; en sorte que comme les espèces vulgaires ou curieuses, el même nouvelles, de presque tous les genres de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 409 ce singulier groupe de corps organisés, dans lequel il nous paroit qu'on réunit des choses bien disparates , ÿ sont aussi traitées , il est vrai d’une manière succincte ; ce livre, sous un petit volume, peut en même temps servir comme un manuel extrème- ment utile, à ceux qui ne regardent ces productions que sous les rap- ports scientifiques, en les mettant au courant de l’état dela science, ainsi qu'à ceux qui les envisagent d’une maniere évidemment plus utile, mais aussi souvent plus dangereuse, et cela en leur indiquant avec soin, non-seulement les caractères des espèces hpnnes, innocentes, ou plus ou moins délétères, mais encore les différences qu’elles offrent suivent leur âge, ce qui étoit fort important; les lieux où elles se trouvent, et enfin l’accom- modement ou le remède qui leur convient. D'après cela, il nous sembleroit fort utile, pour tirer tout le parti possible de cet ouvrage, dont le peuple ne peut immédiatement faire usage, comme le fait justement observer l’auteur, que les autorités locales, les maires, les curés, etc. , en fissent une application aux espèces de leur canton, en employant les noms vulgaires, ou mieux, locaux, dans une très-courte instruction aflichée à _la porte des églises et dans les marchés. Les accidens qui ar- rivent chaque année dans les campagnes, en deviendroïent sans doute moins nombreux. == SUR LES RÉSULTATS DE L'EXPÉDITION ANGLOISE AU NORD. LE principal but de cette expédition, dont nous avons déja cu l’occasion de parler, et qui consistoit à chercher de nouveau un passage au nord-ouest de l'Océan atlantique dans l'Océan pacifique du nord, et par conséquent d'aller aux Indes sans doubler le cap de Bonne-Espérance , est entièrement manqué. Les deux vaisseaux commandés par le capitaine Buchan , qui devoient s'élever plus au nord à l’est, n’ont pas dépassé le 80° de latitude, et sont revenus les premiers dans les ports d’An- gleterre, et les deux autres, sous le commandement du capi- taine Ross, qui étoient chargés d'explorer la baie de Baflin, sont également de retour depuis le mois de novembre , sans avoir perdu un seul homme. Mais cette expédition est bien loin d’avoir été perdue pour les Sciences; en effet, outre les dé- 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE terminations SORTE des points principaux de toute cette grande baie de Baflin, faites avec le plus grand soin par le ca- pilaine Ross, qui lui permettent d'assurer qu'il n'existe pas de pas- sage entre l'Océan atlantique et l'Océan pacifique, parle détroit de Davis, ou la baie de Baffin, qui est toute entourée de terres élevées, Ja Physique et l'Histoire naturelle auront à recueillir plusieurs faits intéressans. Ainsi le capitaine Ross a déjà publié quelques- unes des observations qu'il a faites sur l'inclinaison et la décli- naison boréales de l'aiguille aimantée, où l’on trouve une incli! paison de 84° 25/, c’est-à-dire de 2° 16! plus forte que la plis grande observée par le capitaine Phips, et une déclinaison bo- réale de 87° à 75° 5’ de latitude et 62° 12/ de longitude occidentalé, tandis que la plus forte connue n’avoit pas dépassé 45°. Le même capitaine a découvert au fond de la baie de Baffin, entre le 76° et le 77° de latitude, une nation tout-à-fait sans relations avec le reste de l'espèce humaine; d’après les renseignemens qu'il a pu prendre à l’aide d’eskimaux qu'il avoit à bord, et qui n’entendoient, il est vrai, que fort difficilement sa langue, ce peuple n’a jamais goûté des fruits de la terre , etson unique nourriture consiste en poissons et en huile de baleine. Il n’a, dit-on , aucune idée de l’Etre suprême ni d’un état à venir, et n'a jamais vu d’ennemis; il se regarde comme le maître de la terre, dans la persuasion , il est vrai, où il est, qu'au-delà de son pays il n’y a que des glaces. La figure, le langage et les mœurs mêmes de ce peuple, paroissent se rapprocher des Kamts- chatkadales de l'extrémité de l'Asie. Ils se servent en effet de traineaux tirés par des chiens , ils se vêtissent de peaux; il paroît cependant qu'ils connoissent le fer, car on leur a trouvé des couteaux ; les harpons dont ils se servent pour atteindre les petites baleines, sont faits de dents de narwbal; ils n’avoient aucune idée du bois, au point qu'un de ces naturels monté sur le pont du vaisseau, voulut soulever un mat comme s’il avoit été sans pesanteur. À l’arrivée des vaisseaux anglois, leur curiosité fut considérablement stimulée; ils regardoient, disent les re- lations, les vaisseaux comme de grands oiseaux de proie, ve- nant de la June pour les dévorer. Lorsqu'on leur fit entendre que les anglois venoient du sud, ils répondirent que cela étoit impossible, parce que de ce côlé tout étoit couvert de glace, etc. Mais, outre ces observations sur cette nouvelle peuplade, M. le Dr Leach vient de publier un apercu des richesses z00- logiques déposées au Muséum britannique. Parmi les mammifères, nous citerons, 1°. une nouvelle va- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4gi riété de chien que M. Leach dit approcher du loup sous certains caractères extérieurs et par la voix, etqui manque de pouce aux pieds de derrière (1); 2°. le renard arctique qui n'exbale pomt la mauvaise odeur du renard commun, et vit sur la côte du Spitzherg ; 3°. une espèce de lièvre qui, suivant M. Leach, paroït former une espèce probablement distincte du £epus va- riabilis de Pailas, et certainement du lièvre blanc de Brisson. Elle est de la taille du lièvre commun, et de couleur blanche. . Le dos et le sommet de la tête sont saupoudrés de poils d’un brun noirâtre, annelés de blanc; les côtés du cou sont couverts de poils de la même couleur, entremélés de blanc. L’extrémité des oreilles est noire, avec quelques poils blancs, et sur les côtés, ceux-ci sont beaucoup plus nombreux. Elle a été tuée sur la côte ouest de la baie de Baflin au 74° de latitude; 4°. enfin le renne venant de la côte du Spitzherg; et comme l'individu tué avoit ses bois à l’état de refait, on a fait l'observation que les poils qui les recouvrent sont beaucoup plus longs que sur les individus domestiques. . Parmi les oiseaux déposés au Muséum britannique, nous citerons 1°. Falco smirillus, 2°. Vitiflora ænante, 5°. Emberiza nivalis , 4. Hæmatopus ostralegus , 5°. Pelidna alpina, 6°. Tringa islandica, 7°. Lobipes hyperboræus, 8°. Rallus sericeus , 9°. Uria francsii , nouvelle espèce de Guillemot dont M. Leach a lu la description à la Société linnéenne; 10°. Grylle scapularis, x1°. Mer- gulus melanoleucos, 12. Fratercula glacialis, nouvelle espèce dont la description a été également communiquée à la Société () Voici ce que nous avons observé sur l'individu femelle envoyé vivant par M. le D° Leach au Muséum d'Histoire naturelle. L'aspect général et surtout celui du poil et des dents, indiquent un individu âgé ; sa taille et sa physionomie générale sont celles de la variété de chien que nous nommons chien-loup; en effet, le museau est tout-à-fait semblable, en ce que la mâchoire inférieure semble se terminer obliquement par la longueur de la symphyse; la tête a la meme Forme ; les yeux, médiocres, ont la pupille ronde ; les oreilles sont droites , médiocres et ovales; la queue est forte, un peu excayée en dessus, très chargée de poils, surtout inférieurement ; l'animal la tient presque horizon- talement, cependant un peu de côté. Les membres sont ass2z greles; il n'y a en effet aux pieds postérieurs, aucune trace de l'ergot ou du pouce que l’on trouve dans beaucoup de chiens domestiques. Tout le poil est long, presque vertical et de couleur d’un blanc sale , avec de grandes taches d'un brun noir, assez irrégulières. Il n’aboie nullement, il se laisse approcher, et même caresser aisément, mais ne donne aucun signe de joie par le mou- vement de sa queue , même aux personnes chargées de le nourrir. Cette variété me semble évidemment être la souche de notre chien loup. 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE linnéenne par M. Leach; 13°. Procellaria glacialis, 14°. Larus churneus, 15°. L. rissa, 16°. L. canus, 17°. et 18°. deux grandes espèces de Zarus non déterminées, 19°. L. sabini, nouvelle espèce sur laquelle M. Sabine a lu un Mémoire à la Société linnéenne , et qui doit ,suivant M. Leach, former un genre inter- médiaire aux genres Larus et Sterna; 20°. Sterna hirundo, 21°. Ster- a cepphus, 22. Catarracta fusca, 23°. Somateria ,mol- éssima. EE NOUVELLES SCIENTIFIQUES. GÉOLOGIE. Sur la Fille petrifiée d'Afrique. Plusieurs ouvrages de compilation, et même sur les pétri- fications, parlent encore d'après le 7iumvirat de Barbarie, par le père Pascal Canto, Paris, 1657, et surtout d’après le Voyage de Paul Lucas, fait en 1714, dans la Turquie, l'Asie, la Syrie, la Palestine et l'Egypte, 5 vol. in-12, d’une prétendue ville pétrifiée avec ses habitans, qui existe dans l’intérieur de l'Afrique septentrionale. M. le capitaine W. H. Smith, au servie de l’Au- gleterre, s'étant trouvé à Zeptis Magna, occupé à faire des fouilles , en prit l’occasion de pénétrer plus avant et de faire des recherches sur cette fameuse merveille, dont les Arabes et les Turcs parlent comme d’une chose certaine. Après être arrivé à Ghirrza, lieu où l’on disoit qu’elle existoit, il n’apercut que quelques misérables maisons de construction fort moderne. Il vit cependant dans un ravin sur la pente d’une colline , quelques tombeaux du plus mauvais goût, des ornemens avec des co- lonnes sans proportion , avec des chapiteaux extrémement lourds, construits sans aucune règle d'architecture, aucune division d’ar- chitraves, de frises, de corniches ; l’entablement surchargé de figures grossières et grotesques, représentant en bas-reliefs des guerriers , des chasseurs, des chameaux, des chevaux et d’autres animaux, plutôt éraillés que sculptés dans la pierre. Les pié- destaux éloient sans socles ; l'espace entre la base et la corniche étoit rempli d’arabesques les plus baroques. L’oubli de toute pudeur étoit remarquable dans plusieurs figures. Vers le sud-est, au milieu d'un vallou inculte et désert, re- paire ET D'HISTOIRE NATURELLE. 473 prise d’une quantité considérable: d’antilopes et d’autruches, . Smith vit un obélisque d’une proportion lourde, entouré de cinq tombeaux dans le goùt de ceux dont il vient d’être parlé, sur lesquels il ne remarqua que trois inscriptions malheureu- sement indéchiffrables, ces tombeaux ayant élé ouverts et bou- leversés probablement pour y chercher des lrésors. Comme ces restes d’une grossière architecture sont très-près de la route de Fezzan, les voyageurs, venus de l'intérieur de l'Afrique, et passant par ces lieux, les auront sans doute beau- Coupadmirés, n'ayant jamais rien vu de semblable. Arrivés à Tri- poli, ils auront encore exagéré ce qu'ils avoient vu ; etles relations embellies par une imagination ardente et nourrie par l’histoire tragique de Nardoun, en firent à la fin une ville pétrifiée, qui avoit acquis avec le temps une telle célébrité, qu'elle fixa non-seulement l'attention de toute l'Europe, au point qu’en 1730 M. de Maurepas proposa à M. de Lacondamine d'aller en faire pour ainsi dire la vérification, mais qu’elle trouva en Afrique une croyance si générale, qu'on fait à ce lieu une espece de pélerinage. Les caravanes qui passent, s’y arrêtent, et les pé- erins gravent sur la pierre des sentences, des prières pour le repos des âmes. de ces pauvres malheureux Moslems pétriliés: Les piédestanx sont tout couverts de ces inscriplions. (Extrait de la Correspondance astronomique du baron de Zach, 1° Cahier, août 1818.) : ZOOLOGIE. Sur un T'apir découvert en Asie. Dans la séance, du 7 décembre dernier de l’Académie des Sciences, M. G. Cuvier, d'après une lettre et une figure qui lui ont été envoyées par M. Diard, jeune observateur qui voyage actuellement dans l'Inde, a annoncé qu'il exisie une espèce de Tapir dans la partie méridionale de l’Inde. L'individu observé par M. Diard, et d’après lequel la figure qu'il a envoyée a été faite , étoit vivant dans Ja mévagerie du lord Moira, à Galcuta ; il paroït être encore jeune, et ne différer, de l'espèce d'Amé- riqüé, SOus aucun rapport, si ce n'est pour la couleur, qui est d'un brun noir sur tout l’avant-train et les membres pos- térieurs , le torse, la croupe et le bord des oreilles étant blancs. IL a été pris par des habitans de Sumatra, et vendu comme un animal qui leur étoit inconnu, à un capitaine anglois, par lequel il est parvenu au lord. M. Diard, ajoute qu'il a vu éga- Jlement.à Calcuta, le crâne ou la tête, osseuse d’un individu Tome LXXXVII. DÉCEMBRE an 1818. Ooo Er» 474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE adulte, n’offrant, sous le rapport dentaire, aucune différence avec le Tapir d'Amérique, Ce qu'il n'a Cependant jugé que d’après les figures données par M. Cuvier, dans son ouvrage Sur les OSsemens fossiles des animaux quadrupèdes. Le lord Mira, sachant qué ce crâne provenoit de la presqu’ile de Ma- lacca, a eu la complaisance de prendre des renseignemens au- près du commandant anglois dans ce pays, et il lui a eté répondu, de cet animal est aussi Commun dans les forêts de la presqu'ile e Malacca , où on le chasse, que les Rhinocéros et les! Éléphans, et que les vieux individus sotit d’un gris noirâtre, et les parties blanches d’un gris sale. En sorte que s'il étoit vrai que celte espèce d'animal quadrapède ne différat pas de l'espèce d’Ame- rique, ce qui paroïît fort probable, d’après la proportion dés parties données par le dessin, et surtout d’après la similitude du système dentaire , annoncé par M. Diard, et sur lequel il faut avouer qu'il est assez diflicile de se tromper, tant il est simple dans ce genre, la grande et belle loi établie par Buffon Sur la différence au moins spécifique des animaux des contrées chaudes des deux continens, se trouveroit fortement infirmée, et par conséquent il seroit déjà moins étonnant de trouver fossiles en Europe, avec des Rhinocéros où des Eléphans, des restes dé Tapir, si toutefois on doit regarder comme ayant appartenu à des animaux de ce genre, les o$semens fossiles qu’on leur a attribués. Mais si l’on fait l'observation que quoique nous n« connoissions pas encore Sûmatra et surtout Malacca, d’une ma- nière complète sous le rapport zoologique; 1l.est cependant assez dificile de croire qu’un si gros animal, et qu’on. dit y être si commun, ait échappé à d'Obsonyillé, à Marsden, etc.; qu'il n’en existe aucune trace dans les collections de la Compagnie des Indes, du moins à Londres; que cet, animal porte une livrée dans son jeune âge, et qu'il a également le: bord des oreilles blänc; enfin, que les navigateurs , et surtout les espagnols, ont souvent ainsi trausporté d'un pays dans un autre, des animaux dont la propagation pouvoit être utile, ét que le Tapir, bon à manger, est un animal presque doméstique en Amérique ; D Aue 2e JU on ne se hâtera pas trop d'ajouter'foi à cette singulière décqu= verte, et on en attendra la confirmation. NÉCROLOGIE. Sur la mort d'Horremann. md 1 Le Nos lecteurs se rappellent sans doute avec reconnoissance ; + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 475 la mémoire de Frédéric Hornemann, natif de Hildesheim, dans la Basse-Saxe , à 6 lieues de Hanovre, et qui, après avoir fait d'excellentes études à l'Université de Goettingue, fut envoyé en 1797, par la Société africaine de Londres, pour faire des découvertes dans l’intérieur de l'Afrique. A des connoïssances vastes et variées, il joignoil un, courage extraordinaire, el tous les avantages d'une coustitution athlétique ; il étoit parvenu à parler l'arabe d’une manière si parfaite, qu'on ne le distinguoit pas d’un natif du pays. Les résultats de ses premiers travaux ont été publiés à Londres, dans les #frican Researches or Proceedings of the association for promoting the Discoversy of the interior parts of Africa(x), etdans plusieurs volumes de la Correspondance astronomique et géographique du baron de Zach, publiés à Gotha en Allemagne, depuis l'année 1798. On savoit bien que mal- heureusement il avoit succombé dans son entreprise hiardie, mais on ignoroit les détails de sa mort, que M. le capitaine W. H. Smith vient de faire connoitre dans ‘une Lieltre a M. le baron de Zach. Ayant séjourné quelque temps à la cour du dey de Tripoli, M. le capitaine Smith eut l'occasion d'y faire connoïssance avec le bey de feszan, homme de beaucoup de bon sens, qui venoit d'arriver de Mourzook. Entre autres communications fort intéres- santes surl'intérieur de l'Afrique, il luiraconta qu'il avoit voyagé, il y avoit environ 16 ans, avec Hornemann et son compagnon (2). D’après son récit, ils vouloient retourner de Tripoli à Fezzan, dans le dessein de pénétrer du côté du midi jusqu’au Niger, et de pousser ensuite sur cette rivière jusqu'a Tombucloo; mais Hornemann fut attaqué d’une fièvre, pour avoir bu imprudem- ment, apres une journée extrêmement fagante, de l'eau croupie en trop grande quantité. Il mourut bientôt après, et fut enterré à Aucalus. Son compagnon continua son voyage , mais il tomba malade à Æousca, où il s'arrêta dans la maison d'un négociant de Tripoli; ayant voulu se remettre, en voyage, avant d'être parfailement rétabli, il eut une rechute ei mourut à T'ombuctoo. M. Smith ajoute qu'il a appris par le Paska, que tous les D (1) Nous en avons une bonne traduction, sous le titre de Voyage de F. Horne- mann dans l'Afrique séptentrionale, etc., suivi d'éclaircissemens sur la Géo- graphie de l'Afrique, par Rennel , augmenté de sayantes notes par M. Langlès. Paris, 1813. (R.) ’ (2) Probablement Joseph Frendenbong, l'allemand mahométan qu'Horne- mann avoit pris à son service comme interprète. (R) Ooo 2 476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE effets de Hornemann, consistant en livres, manuscrits, instru= mens, hardes et plusieurs grandes lettres scellées, etc., avoient été envoyés par le dey de l'ezzan à Tripoli, pour être déposés au Consulat britannique, en sorte que nous devons avoir l’espé- rance qué les travaux de ce voyageur courageux ne seront pas perdus pour les sciences. (Extrait de la Correspondance astrono— mique du baron de Zach, 1° Cahier, août 1818.) Sur une Nouvelle Comte. Dans notre dernier Cahier, nous avons annoncé que M. Pons de Marseille avoit trouvé une Comète dans la constellation de Pégase, le 26 novembre 1811. Deux jours après, le même ob- servateur en apereut une autre dans la constellation de l'Hydre. D'après les observations de M. Blanpain, cette nouvelle Comète étoit le 30 novembre à 17* 37' de temps moyen, compté de midi, par 179° 58/ d’ascension droite, et 50° 17’ de déclinaison australe, Le 1° décembre, à 17" 57’ de temps moyen, l'ascension droite ‘étoit de 180° 39/, et la déclinaison 28°47': Cette] comète s’apercevoit Lrès-aisément avec une lunette de nuit; sa nébulosité étoit blanchätre , assez arrondie, et d'environ cinq à six minutes de diamètre; le noyau étoit très-confus ; son mouvement en dé- clinaison Ja transportoit vers le. nord. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. ASTRONOMIE. Fin de l'examen critique des Hypothèses imaginées pour eX= pliquer l'apparence connue sous le nom de queue ou che- velure des Comètes; par H. Flaugergues. Pag. 81 Sur la figure de la Terre , et la loi de la pesanteur à sa surface; par M. de Laplace. 136 Sur deux nouvelles Comètes; par M. Pons. 391 et 476 MÉTÉOROLOGIE, Sur une nouvelle chute dAérolithe. 228 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 477 Nouveau catalogue des chutes de Pierre et de Fer, de Pous- sière ou de Substances molles, sèches ou humides, suivant l'ordre chronologique; par E. F. F. Chladni. Pag. 275 Tableaux météorologiques; par M. Bouvard. 67 , 116, 226, 254, 330, 460 PHYSIQUE. Sur la Pesanteur spécifique des cristaux ; par M. Daniell. 75 Mémoire sur la Chaleur produite par les rayons du Soleil et sur l'influence du vent sur cette Chaleur; par H. Flaugergues. 256 Sur la Compression de l'Eau, par M. Le professeur OErsted, 503 Sur la température des mines de Cornouailles ; par M. Thomas Léan. 304 Recherches sur la Mesure des Températures et sur les Lois de la communication de la chaleur; par MM. Dulong et Paiit. 513, 393 De la mesure de l'effort journalier d'un moteur animé ; par M. Hachette. 5a CHIMIE. Sur la condition nécessaire pour l'inflammation des gaz; par M. Th. de Grothuss. 77 Sur lacide purpuriaue ; par le D' Prout. Sur la combinaison de l'Oxigène avec quelques Æcides; par M. Thenard. J Observations de M. Thenard sur les Combinaisons nouvelles entre lOxigène et diverses Substances. 385 Sur un nouvel Alcali vegetal. 157 Sur deux nouveaux oxides de Strontiane et de Caicium. 158 Sur les Oxides de Mercure. Ibid. Sur le Platine fondu; par M. Prechtel. 157 Sur le Cadmium. Lettre du professeur Stromeyer au D’ Schweiger. 287 Lettre de M. J.-B. Villon au Rédacteur du Journal de Phy- sique, sur le Lithium, le Carbonite neutre d'Ether , le Si- rium, la précipitation réciproque à l'état métallique de l'Etain et du Plomb, l'Alun de Soude, l'Indigo, etc. 306 Sur la combinaison de l'Alcool au moyen de la lampe sans flamme; par John Dalton. 308 Sur la fausse Angusture, Angustura pseudo-ferruginea ; par MM. Pelletier et Caventou. 391 478 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ÎVotice sur le parti utile que lon pourroit tirer de divers Oxides ferrugineux ; par M. Pajot Descharmes. Pag. 455 Observations sur les Combinaisons qui dépendent des Affinités Joibles; par M. Berzelius. 462 Sur les Oxides de Manganèse ; par M. Auguste Arfvedson. 464 MINÉRALOGIE rr GÉOLOGIE. Observations sur la mesure des angles des cristaux; par M. Haüy. 253 Annonces de deux nouvelles espèces minérales et de gissemens nouveaux de deux espèces connues. 159 Analyse de Minéraux; par M. le comte Dunin Borkowsky. 382 Mémoire sur les terrains d'eau douce , ainsi que sur les Ani- maux et les Plantes qui vivent alternativement dans les eaux douces et dans les eaux salées; par M. Marcelle de Serres. SALTO, TO Rapport fait à la Société royale des Sciences, Lettres, Arts et Agriculture de Nancy, sur les éboulemens qui ont eu lieu à Norroy, près de Pont-à-Mousson, département de la Meurthe; par M. de Haldat. 352 Notes sur les monts Himälä, par M. Fraser, lues à la So- cité Géologique (en Angleterre), le 20 février 1818, et ac- compagnées d'échantillons minéralogiques. 228 Sur la découverte d'un grand, fleuve dans la baie de Van- Diémen, au nord de la Nouvelle-Hollande. 392 Sur la Ville pétrifiée d'Afrique. 472 . BOTANIQUE. Sur l'espèce de circulation de la Charagne, Chara fœtida, par M. Gazzi, et sur sa composition chimique , par MM. Che- valier et Lassaigne. 230 Sur une anomalie remarquable du mode de Fécondation dans la campanule à feuilles rondes; par M. H. Cassini. 283 Observations sur la Germination des. graines de Raphanus et d'autres Cruciferes; par le même. 202 Fin des Observations sur la Famille naturelle des plantes appelées Composées, par Robert Brown; traduites de l'an- glois, et annotées par H. Cassini. 92199 Note sur plusieurs espèces nouvelles de Rosiers des environs de Paris, et sur une nouvelle Methode de décrire les es- pèces du genre Rosa; par M. Léman. 358 Révision du genre Opégraphe de la Flore françoise, et ob- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 479 * servalions critiques sur les espèces de ce genre; par Léon Dufour. Pag. 200 Eclaircissemens sur plusieurs points d'Histoire naturelle; par J. N. Vallot. 141 Révision de la famille des Bignoniacées; par Charles Kunth. 444 Genera et Species Plantarum , quæ aut novæ sunt, aut nondüm reclé cognoscuntur; Autore Mariano Lacasca. (Extrait) 459 Traité sur les Champignons comestibles, contenant l'indication des espèces nuisibles ; précédé d'une introduction à l'his- toire des Champignons; par C. N. Persoon. (Extrait) 467 Observations sur les caractèresdu genre Atiplex; par M. Du- pont. 62 ZOOLOGIE. Sur plusieurs Animaux de L Amérique septentrionale, et entre autres sur le Rupicapra americana, l’Antilope americana, le Cervus major ou Wapiti, etc.; par M. Georges Ord. 146 Notice sur un Cétacé du genre Dauphin, échoué près Saint- Pol-de-Léon; par M. de Freminville. 71 Note sur le Stylephorus chordatus de Shaw ; par H. de Blainville. 63 Monographie de la Couleuvre couresse des Antilles, Coluber cursor de Lacépède; par le chef d'escadron Moreau de Jonnès. ATOS Sur le Serpent de mer de l'Amérique du nord. 317 Note additionnelle au Mémoire sur le Poulpe et l'Argonaute; par H. de Blainville. 47 Mémoire sur quelques Gastéropodes nouveaux , nudibranches et tectibranches , observés dans la mer de Nice ; par Risso. 368 Lettre de M. Delorme, D. M. P., à M. Girard, sur le Ver de Guinée, Filaria medinensis. 155 Sur les Mammifères sujets à la Léthargie périodique; par le professeur G. Mangili. 160 Recherches anatomiques sur les Scolies et sur quelques In- sectes hyÿménoptères; par Léon Dufour. 178 Sur le Poison des poissons; par le D' Dikson. Extrait d'un Mémoire lu à la Société Linnéenne , le 7 et le21 avril 1818. 309 The Zoological miscellany, etc., c’est-a-dire, Mélanges de Zoologie, ou Description despèces nouvelles et inté- ressantes d'Animaux; par M. William Elford Leach. (Extrait) 297» 377 Sur un Tapir découvert en Asie. 473 480 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, lc: Sur les résultats de l'Expédition angloise au nord. Pag. 468 ARTS. Mémoire sur la propriété que le Fer acquiert dans certaines circonstances , de colorer le verre en bleu et de remplacer ainsi le Cobalt; par M. C. Pajot Descharmes. 54 Recherches expérimentales sur les Chaux de construction, les Bétons et les Mortiers ordinaires ; par L. Vicat. Extrait par M. Gaultier de Claubrr. 189 NÉCROLOGIE, Sur la mort d'Hornemann. . 74 Prix des Sociétés savantes. 160, Sir AVIS A MM. LES SOUSCRIPTEURS. MM. les Abonnés au Journal de Physique, dont l'Abonnement expire ayec le présent Cahier, sont invités à le faire renouveler de suite, afin de ne pas éprouver d'interruption dans l'envoi de ce Journal. Le prix de l'abonnement est toujours de 27 fr. par an pour Paris, 35 fr. pour les Départemens, et 39 fr. pour l'étranger; et pour six mois, 15 fr. pour Paris, 18 fr. pour les Départemens, et 21 fr. pour l'étranger, ledit Journal rendu franc de port par la Poste de mois en mois. Les leitres et envois d'argent pour les Abonremens doivent être adressés, francs de port par la Poste, à Mm° V®° Courcier, Imprimeur-Libraire pour les Sciences, rue du Jardinet, à Paris. On trouve à la même adresse des Collections complètes, des volumes et même des cabiers séparés dudit Journal. Le prix de chacun des volumes qui ont paru depuis le tome 5o jusqu’à ce jour, est de 18 fr. pris à Paris ; ceux anté- rieurs ne coutent que 12 fr. : Tout ce qui a rapport à la rédaction dudit Journal, doit être adressé, franc de port, à M. de Blainyille, principal Rédacteur , rue Jacob, n° 5, à Paris. PEAMESS De l'imprimerie de Me V° COURCIER,, rue du Jardinet, n° 12. dei à vu ï an TEL F: \ | 4 Je À k PA ln Tu CAT Jet L LUI 1 il ( CM « 1 : & Le l ) LI A = = " L Le Ja SUR | js | L De) AE Le EN LRU FLO | PS EE \ FE | Ar A à COR d ë 5 1 NS Wp Le) 1 CELA Dan el dt} A } 1 Eu l PP LUPES N sur Me one (Re vi EU NN CINE : ; vi t | : : : , f KA | : AR (a ) 0 LUS 1 On. if 1° T'en | 1 \ Î L Ù LU "0 k ME 25 pal : 4 10 A hi ri A h ir : | 1e VON UN LA Nate l U ( L ELEC 1 ' l ri 0 1! L " (ps al L € 1 4 L ‘f À Re RS mm HZ SET RSS DENT CODE