S BLESSE RES pr Ch Ds 2 ; L 3 : à Æ 5 : ; > es RSR > 3 = RSS RER JOURNAL DE PHYSIQUE MES ù D'HISTOIRE NATURELLE LT DE SL AG TS: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par M. H.-M. DUCROTAY pe BLAINVILLE, Docteur en Médecine de la Faculté de Paris, Professeur de Zoologie, d'Ana- tomie et de Physiologie comparées , à la Faculté des Sciences et à l'Ecole normale; ex-Suppléant de M. Cuvier au Jardin du Roi etau Collége de France, Membre de la Société Philomatique, Membre de la Société Wernérienne d'Edimbourg et de la Société d'Histoire naturelle de Dublin, etc. JANVIER an 1823. TOME XCVL. À PARIS, Chez BACHELIER, Gendre CourciEr, Successeur de M Ve Courcrer, Libraire, quai des Augustins, n° 55. dE NA RE y) 1 # D pere is rt 4 LA * 1 LA HE ja LA STU LE D ATEN ; | durs JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE, JANVIER an 1823. ANALYSE Des principaux Travaux dans les Sciences physiques , publiés dans le cours de l’année 1825; Par M. H. D. pe BLAINVILLE, Lsroms des sciences physiques pendant le cours de cette année, quelque intéressante qu’elle puisse être, ne sera malheureu- sement pas aussi remarquable par l'acquisition des faits nouveaux ou des méthodes nouvelles qu’elles ont pu faire, que par la perte irréparable qu’elles ont éprouvées dans la personne de plusieurs de leurs soutiens les plus illustres, de ces hommes qui, quoique chargés de gloire et d'années, n’en sont pas moins ‘une utilité immense aux progrès des sciences, parce que, juges intègres et désintéressés, leur exemple, le respect qu'ils ont acquis, attirent sur leurs traces de nouveaux collaborateurs, Tome XCV I. JANVIER an 1823. a y} DISCOURS PRÉLIMINAIRE. + qu'auraient pu en éloigner les succès de l'intrigue et de la mé- diocrité. Depuislong-temps, en effet, nous n’avions été témoins d'une année aussi désastreuse; c’est dans son cours que sont disparus du milieu de leurs collègues et de leurs élèves, MM. Delambre, Haüy, Berthollet, W. Herschell, H. C.Englefied, le D'. Marcet, le professeur Vince, le Dr. Parry, Clarke et plusieurs autres dont nous parlerons à la fin de ce Discours. Aucune découverte importante n’est venue compenser ou au moins adoucir ces pertes cruelles. Les sciences physiques ne sont cependant pas restées stationnaires. L'Astronomie semble avoir reçu une impulsion nouvelle par la création de la Société libre qui lui est entièrement consacrée eu Angleterre: : k LÉ Les physiciens se sont’ peut-être plus occupés de la lumière que de loute autre partie de la science qui leur est réservée, et la théorie de l’ondulation paraît gagner de plus en plus sur celle de l'émission. La belle découverte de M, Œrsted est devenue encore plus intéressante , par l'expérience thermo-électrique de M. Sc ëck, perfectionnée encore -par le premier. La Chimie organique acquiert de plus en plus de méthode et par conséquent de certitude dans les faits qu’elle présente, par la nouvelle manière de l'envisager; et nous voyons, grâce sur- tout aux travaux de MM. Chevreul ; Dumas et Prevost, Prout, etc., combien elle peut-être utile à la physiologie, qui jusqu'ici avait laissé presque sans emploi les observations incomplètes, incohé- rentes de Ja Chimie. RL La Géologie marche à pas immenses dans toutes les parties de la terre, et l'étude des corps organisés fossiles devient de jour en jour un meilleur régulateur de ces progrès réels. lé La Minéralogie semble pälir devant l'éclat de sa rivale, dont à tort peut-être, elle devient demoins en moins l'appui, du moins dans notre Europe; car en Amérique, la connaissance locale des minéraux fait tous les jours de nouveaux progrès: La science des corps organisés végétaux continue sa marche véritablement philosophique; elle lui devient:en effet d'autant plus nécessaire, que nos herbiers se sont considérablement accrus par les riches et brillantes récoltes enlevées à l'Amérique méridionale et surtout au Brésil, par M. Martius de Bavière el par M. Auguste Saint-Hilaire , notre compatriote. ? Il en est de mème de celle des corps organisés animaux; de nouveaux faits Observés, de nouvelles espèces découvertes, soit “DISCOURS PRÉLIMINAIRE. vij -dans l'Inde , parla persévérante activité de MM. Diard, Duvua- celet Leschenault, soit én Amérique par celle-de M. le D° Spix et de M. Auguste Saint-Hilaire, ete., viennent remplir les lacunes u'offrent encore la série des animaux et la science qui s'occupe de leur histoire. Des ouvrages généraux se publient en France, en Allemagne, en Italie, et grâce aux t'avsux de MM. de Cha- misso, Eysenhardts, Otto, elc:, la partie la moins avancée de la Zoologie, celle qui traite des zoophites, commence à offrir un développement plus scientifique. Enfin, les progrès des arts sont proportionnels à ceux des sciences qui les dirigent; les machines à vapeur et surtout celles à haute pression, se multiplient au point que la prudence à paru nécessiter d'en limiter l'emploi à certaines circonstances, jusqu'a ce que tout le monde, convaincu par une expérience prolongée, ne craïigne pas plus le voisinage de ces machines, qu'il ne craint beaucoup d’autres dangers, qui n’en existent pas moins, quoiqu'on ne les apercoive plus. L’éclairage par le gaz s’est également répandu, surtout à Paris, d'une manière peut-être avantageuse pour l’industrie; mais jus- qu'a un certain point inquiétante quand on vient à considérer les effets nuisibles qu’une clarté aussi vive doit avoir sur l’organe de la vision. Il n’est en effet, je crois, aucun médecin qui n'ait observé combien le nombre des maladies des yeux s’est accru, depuis que l’on a cherché à augmenter l'intensité de la lumière dans nos apparlemens, par le perfectionnement de nos lampes à double courant d'air. Il est bien à craindre que les résultats du nouveau mode d'éclairage ne soient encore plus prompls, lant on sera nécessairement porté. à en abuser, et qu'ici, comme dans tant d’autres cas de l’industrie humaine, le mieux ne soit l'ennemi .du bien. Mais je reviens à mon sujet, en continuant de suivre l’ordre que j'ai adopté dans les années précédentes. ASTRONOMIE. L'établissement d'une société libre d'astronomie en Angleterre, me paraît avoir eu, sur celle partie si belle des sciences natu- relles, l'influence que nous avions déjà présagée dans notre Discours préliminaire de l'année dernière, d’après le nom des membres qui la composent et surtout d’après la libéralité indépendante de sa constilution. Le nombre des travaux astronomiques s’est en eflet augmenté, celle année, d'une manière tout-à-fail remarquable. A. vi} DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Ainsi, outre la Connaissance des Tems publiée par le Bureau des Longitudes, avec le perfectionnement scientifique qu’il y a ajouté dans ces dernières années ; l'Annuaire de Bode, en Allemagne; les Ephémérides de Coïmbre, en Portugal; le Nautical Almanach, en Angleterre, qui sont plus ou moins rigoureusement destinés à l'usage des marins; nous voyons que M. le baron de Zach a continué sa correspondance astronomique; que M. Schumacher, célèbre astronome danois, a commencé la publication d’un autre recueil également destiné à celte science, et qu’outre la partie assez élendue que le Journal de l'institution royale et le Philo- sophical magazine consacrent toujours à l’Astronomie; la société anglaise astronomique a déjà publié le premier volume de ses Transactions. Si donc nous voulions donner un simple extrait de ces nombreux travaux, celte analyse annuelle acquerrait une étendue disproportionnelle. Nous nous bornerons donc à la cita- tion de ceux qui nous ont paru les plus importans, et nous croyons plus convenable de faire connaître les travaux que la Société d’Astronomie de Londres se propose de récompenser par des médailles en bronze, en argent ou en or qu’elle a fait frapper dans ce but. 1°, La découverte d’ane planète, satellite ou comète, ou l’obser- vation de la réapparition d’une comète ou d’une étoile qui avait disparu; 2°. Une collection plus ou moins considérable de bonnes ob- servations originales , d’éclipses de satellites de Jupiter et d'occultations d'étoiles par la lune; ainsi que des recueils d’ob- servations de ce genre bien authentiques et reduites au temps moyen d'un observatoire dont la situation soit bien connue; 3°. Des observations sur la position des étoiles fixes, propres à perfectionner et à rendre plus complets les catalogues et celles qui tendent à déterminer plus exactement les étoiles sujettes à des variations de grandeur, de couleur et de position; 4. Des observations sur les étoiles doubles, soit pour en compléter les catalogues, soit pour déterminer leur distance an- gulaire et leur angle de position ; 5°. Des observations de même sorte sur les nébuleuses ; G. Des recherches sur la réfraction près de l'horizon; surtout dans le cas où elle change, sans qu’il y ait eu de variation ther- mométrique. ou barometrique ; k 7°. Des observations sur les marées, surtout dans les lieux où elles ne sont pas influencées parle voisinage d’un continent; DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ix &. Des observations qui tendent à déterminer la véritable figure du soleil et de la terre; 9°. Des tables nouvelles des mouvemens des planètes ré- cemment découvertes , de ceux du soleil, de la lune, des autres planètes, des satellites de Jupiter; 10°. La comparaison entre les lieux des corps planétaires, ob- servés dans ce siècle dans l’un des observatoires principaux et ces lieux calculés d’après les meilleures tables dans le but du perfectionnement des tables de la lune; 11°, La recherche et la critique des observations des anciens astronomes, ainsi que la description des instrumens qu'ils ont employés; 12°. Enfin, le moyen de déterminer exactement et non à l'es- time les différences de grandeur apparente des étoiles ; un pro- cédé simple et efficace pour déterminer les ascensions droites et les déclinaisons des petites étoiles, sans avoir besoin d'éclairer le champ de la lunette ; et un moyen d’appliquer le télescope de réflexion aux observations des passages au méridien et aux ins- trumens circulaires. La plupart de ces desiderata de la société astronomique ont été sinon remplis, du moins déjà essayés, comme nous allons le voir en peu de mots. Etoiles fixes. M. AI. Jamisson a publié, en Angleterre, un nouvel Atlas céleste, comprenant une exposition systématique du ciel, dans une série de trente cartes, avec des descriptions scientifiques de ce qu’elles contiennent, des catalogues des étoiles et ce qui ne sera pas moins utile, du moins aux commencans, des exercices astronomiques dans lesquels il affecte de n’employer que le langage vulgaire. C’est dans un but beaucoup plus élevé que l’infatigable M. Bes- sel a entrepris un nouvel examen de tout le ciel, qu’il partage en zûnes. La première partie est déjà sous presse ; 1l y représente toutes les étoiles, jusqu'a celles de la neuvième grandeur. Il n’a jamais eu l’idée de compléter entièrement le plan qu'il s'est tracé; mais d’y contribuer autant que ses forces le lui permet- tront. Il est aidé dans cette vaste entreprise, par l’un de ses élèves le D' Argelander, et déjà le professeur Struve de Dorpat et le D° Walbek d’Abo lui ont proposé de se charger d’une partie du travail. M. Groby a continué de publier dans le Philosophical magazine, le travail qu’il avait commencé l’année dernière, surles véritables Tome XCVI. JANVIER an 1823, : b L' X DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ascensions droites des trente-six étoiles principales de Maske- line pour chaque jour de l’année 1822; à leur passageau méridien de Greenwich-et dont nous avons déjà parle. M. J. South a également continué la publication de ses cor- rections de l’ascension droite de trente-six étoiles principales à Greenwich, dont il avait aussi été question l’année dernière. Son travail est inséré dans les Ænnals of Philosophy. M s'y sert du catalogue publié dans le Vautical almanach, mais en faisant ob- server que cet ouvrage contient quelques erreurs qui paraissent provenir d’un changement dans le cercle mural de l'Observa- toire royal, M. Schumacher a aussi averti les astronumes que dans le Nauticalalmanach pour 1825, la place moyenne des principales éloiles est trop forte. C’est aussi ce qu’un anonyme await fait ob- server dans un article du Phil. magaz., sur les distances nord polaire des principales étoiles fixes, déduites des observations faites à l'Observatoire de Greenvich, et ce que l’astronome royal Jui-même, M.Pond a reconnu dans une lettre écrite au prési- dent de la Société royale, en expliquant d'où provenait cette erreur. Le même M. South aÿant remarqué combien les Ephémérides de l'étoile polaire, publiées par M. Baily en 1820, avaient été utiles aux astronomes, a eu l'idée de faire une table semblable pour le d de la petite ourse qui n’est pas moins importantepour l’Astronomie pratique. Elle est dans les Annals of Philosophy. Soleil, L'idée qu'ont eue dans ces dernières années plusieurs physiciens et astronomes que les taches du soleil peuvent modifier Ne tempéralures terrestres, en les diminuant suivant les uns ou en es augmentant suivaut les autres, parait avoir porté l'attention vers l'observalion de ces taches. M. Arago a publié dans les Annales de Chimie, le catalogue de celles qui ont été observées à l'Observatoire de Paris. Janvier. Point de taches sensibles. Février. Le 15, deux petites taches près du bord occidental da soleil; le 17 elles avaient disparu. Mars. Le 4 à midi, une grandé tache tres près du bord oriental; le r3, encore visible, entourée d'une pénombre, et suivie à une petite distance de cinq nouvelles taches; le 14 la grande avait disparu et quatre des cinq autres. Le 22, un groupe de taches et de facules commencent à se détacher du bord oriental. Le 23, les taches sont distincte- ment au nombre de six, dont une fort grande à deux noyaux ‘él enlourée d'une pénombre. ‘Le 23, celle pénombre est DISCOURS PRÉLIMINAIRE: x] unique et renferme-lrois noyaux disuncts;le 25, quatre. A la suite on voit un grand nombre de petites taches occupant sur le disque-un espace de 4! de degrés. Le 28, plusieurs des petites taches ont disparu. Le 28, on distingue toujours la grande, mais une seule des petites est restée. La grande se voit encore le 2 avril, mais près du bord occidental. pilods Avril. Le 3, une pelite tache, sans pénombre sensible, à une cerlaine distance du bord, oriental. Le 8, elle a dis- paru, mais il y en a un grand nombre de petites, près du centre du disque. Le 14, il n’en restait plus de traces; du 23 au 29, il y avait un groupe de petites taches. Mai. Le 30, plusieurs taches, dont l’une assez grosse, se sont montrées sur le bord oriental. Juin. Les taches du 30 mai, au nombre de cinq , élaient encore visibles le 5 juin; le 7, 1l n’y en avait plus que deux ; le 9, tout avait disparu. Juillet. Le 26 une grande tache noire entourée d'une pénom- bre au centre de l’astre; plusieurs autres pelites la suivaient; le 51, elle était divisée en deux. Août, Septembre, Octobre, et Novembre, aucune tache sensible. Décembre. Le 29, un groupe de petites taches médiocrement obscures. Planètes. Plusieurs astronomes allemands ont cru devoir cal- culer Ja place des petites planètes nouvellement découvertes, c'est-a-dire de Vesta, Pallas, Cérès et Junon, pour l’année 1822 et pour le commencement de 1823, c’est ce qu'a fait également, pour l'Angleterre , M. Groombridge dans le Phil. magaz. Comites. Cette année n’a pas été beaucoup plus riche en nou- velles comètes que l’année dernière. Le 14 mai, M. Pons (de Marlia) aperçut une comète dans la constellation du cocher; elle était de la grosseur d’une étoile de quatrième grandeur; sa marche élait au nord, et lorsqu'elle a cessé d’être visible, elle était près du d' du cocher. | Avant M. Pons, c’est-à-dire le 12 mai, M: Gambart fils, astronome adjoint de Marseille, vit probablement la même comète dans le voisinage de la seconde étoile du taureau. Elle - fut observée pour la première fois à Paris, le 18 du même mois, et les astronomes de l'Observatoire royal purent l’observer jus- qu'au commencement de juin. Elle était très petite et ne res- semblait, dans ses élémens, dit M. Nicollet qui a publié une note b.. xi} DISCOURS: PRÉLIMINAIRE. à son sujeb dans les Annales de Chimie, ni à la comète de 1202 jours , ni à aucune de celles qui ont été observées jusqu'ici. Sa distance à la terre, depuis le moment où il Ya observée pour la. première fois, s’accroissait de jour en jour; au 18 mai, elle était à peu près égale à celle du soleil, et au:51 du même mois, elle s'élevait déjà à près d'une fois et demie la même distance. Voici les élémens de l'orbite parabolique qu'un assez grand nombre d'observations lui a permis de caleuler. Passage par le périhélie, le 6 mai 1822, à 3:5'11” du malin. Distance du périhélie .........— 0,504220 Iuclinaison de l'orbite. .... OS AIO Long. du nœud ascendant, ...,—177.33.50. Loug. du périhélie sur l'orbite. ; — 192:48.45. Mouvement héliocentrique.... rétrograde, Cette même comète (1) fut apercue, pour la première fois, en Allemagne, le 20 août, lorsqu'elle était presque visible à l'œil nu. M. Le professeur Harding de Goëltingue, d’après des observa- tions faites depuis lé 21 août jusqu'au 10 octobre, en conclut les élémens paraboliques suivans, et M. Enke, de Secberg, donne les siéns comme d’une orbite elliptique. : Enke. Harding. Pass. par le périhél., 23 oct. 1822. 2*45""oct.24,99574 t. m.àSeeb. Longit. du périhélie.......... 272°28'31" 270°31'30",7 Longit. da nœud............. 92.24.50. 03.04.54.,4 Inclin.::de l'orbite. .l....62..4% 228.46. 152.39.4r.,8 Log. de la plus courte distance. 0.063358 0,545019 Encenfrigité el 2456 ban. 0001. 0b Mec ta06617808 Log. dela moïtié du grandaxe. .,....... 1,5253153 Mouvement heliocentrique ... rétrograde. M. le professeur Schumacher en réunissant ses observations à celles du D' Olbers faites en Allemagne, donne pour élémens de cette comète qui n'indique, dit-il, rien d’elliptique. Passage au périhélie, 1822, octobre.. 25,57725 à Altona. 7 3050 de Paris. Longit. du périhélie....:... 271° 53/82" ,4 Longitude du nœud ascend.. 92.58.17.,9 (1) Danse journal scientifique dont j'extrais ceci (Phil. magaz., oct., p. 322), il.est dit sans doute par erreur que cette comète fut vue pour la première fois le 13 juillet à Marlia, par M4 Pons, et le 20, du même mois à Marseille, pan M. Gambart, DISCOURS PRÉLIMINAIRE, xij De l'équinoxe moyen du 1° seplembre.. Inclinaison de l'orbite...... 52.36.51.,7 Log. de la dist. du périhélie. 0,0597808. La comète vue à Valparaiso , dans le cours de l'année der- nière et que nous n'avions fait qu'indiquer dans notre dernier Discours préliminaire a été calculée, par M. Brinkley, d'apres les observations que le capitaine Halle avait envoyées à la So- ciété royale. Cette comète qui avait élé vue par les astronomes d'Europe, avant qu'elle passät à son périhélie, resta visible à Valparaiso pendant 35 jours. Le 8 avril 1821, elle était distante de la terre de près de 2/41, la distance du soleil à la terre étant prise pour unité. Le 3 mai, jour où elle fut vue pour la dernière fois, cette distance était de 2,64. Parmi les 116 comètes du cala- logue de Delambre, dont l'orbite a été calculée , il n'y en a que trois qui passent aussi près du soleil. Celle-ci par ce caractère et par sa grande inclinaison, se rapporte à celle qui fut observée en 1593, ce qui fait présumer que c'est la même. Malgré l’avis aux astronomes sur la comète à courte période quiaété publié dans plusieurs recueils scientifiques, il ne parait pas qu'aucun observateur l'ait apercue en Europe, du moins je n'ai rien trouvé à ce sujet dans les journaux francais , anglais, allemands et italiens que j'analyse. La gazette de Sidney ou de la Nouvelle Galles du Sud, du 7 avril 1821, fait mention d’une comète visible à cette époque dans l'hémisphère sud; elle formait un triangle au sud-ouest, avec l'épaule ouest d'Orion et Aldébaran. On ignore encore si elle est nouvelle ou non. Il n’en est pas de même de celle que l'astronome de l'Observatoire établi dans ce pays, M. Rumker, a apercue le 2 juin suivant. Il paraît certain, d’après la position qu’elle devait avoir ce jour-là, que c’est bien la comète à courte période. Les observations qui embrassent Varc que la comète a parcouru du 2 au 23 juin 1822, sont au nombre de quinze. Les mouvemens en ascension droite et en déclinaison ont été respectivement 23 et 27° ; et l’on a toujours trouvé l'accord le plus satisfaisant entre le calcul et l'observation. SareuuTes. Lune. On trouvera dans le premier volume des Mémoires de la Société astronomique de Londres, les détails curieux d’une apparence lumineuse vue dans la partie obscure de la lune, donnés dans une Lettre de M. Ward au Dr Pearson, et dont nous avions déja dit quelque chose l’année dernière. Le 4 mai 1821, à 9": du soir, la luné ayant 15° d’élévation sur l’ho- rizon el 40°,16 à l’occident du soleil, le premier vit claireragnt XIV DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Aristarchus ayant lout-à-fait l'apparence d'une petite comète sur la surface de la lune ; il put apercevoir sa forme s'étendre du côté de Grimaldus, paraissant égaler en diamètre l’un des satellites de Jupiter. Continuant d'observer jusqu'a ce que la lune ne füt plus élevée que de 11°, l'apparence lumineuse s’étendit à droite et à gauche horizontalement, jusqu’à ce qu’enfin elle devint si faible 5 minutes avant 10 heures, qu'il ne fut plus possible de la distin- guer avec un télescope qui grossit environ 8o fois. Le lendemain, M. Ward ne put apercevoir le même phénomène , parce que le ciel fut nuageux à Tamworth, 6'40",8 en temps à l’ouest de Greenwich; mais M.F.Baily, dansle voisinage de Londres, l’apercut très bien comme M. Ward l'avait vu. Le surlendemain , un quart- d'heure avant 10 heures, celui-ci observa de nouveau une appa- rence lumineuse toute semblable à ce qu'il avait vu le 4, 10 mi- nutes avant qu'elle cessàt. Rapportant ensuite la description qu'Hévélius a donnée d'Aristarchus , sous le nom de »7ons por- phyrites aut ex rupe rubrä, aut sabulo, sive terrd rubicundä constare aut prorsus ärdere, sive perpetuo igne exundare. 1] fait l’observa- tion que sa couleur a beaucoup changé depuis Hévélius jusqu'au- jourd'hui; elle est singulièrement blanche quand la lune est eclai- rée par le soleil, et elle reste toujours la même, lorsque les autres parties de celle-là sont jaunes ou d’un rouge faible. Eclipses. Les observations des éclipses des satellites de Jupiter deviennent de plus en plus nombreuses. M. le colonel Beaufoy a publié celles qu'il a faites à Bushey-Heate, lat. 51°3744",5, longit. occid. en temps 120,95" pendant le cours de cette année, dans les Annals of philos. M. F. Baily, dont le zèle pour les progres de l’Astronomie pratique, parait extrêmement grand, a fait distribuer des tables de celles des éclipses des mêmes satellites, extraites de la Con- naissance des Tems pour 1828, qui seront visibles à Greenwich, en déduisant la différence des méridiens , 9/21". M. T. E. Boodich a donné dans le vol. LX, p. 329, une for- mule générale pour mesurer les progrès d’une éclipse dé lune avec un sectant ou un cercle réflecteur, méthode utile à la mer, qui avait été proposée pour la première fois, pour les éclipses de soleil, par Wales, en 1774, et que M. de Humboldt a appli; quée le premier aux éclipses de lune, mais sans que son calcu- lateur, M. Holeman, ait donné la formule qu'il a suivie. M.G. Unit d'Aberdeen a publié pag. 440 les calculs qu'il a faits d’après ceux insérés dans la Connaissance des Tems, pour de- terminer le moment où auront lieu à Aberdeen et à Greenwich, L" DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XV les éclipses solaires et lunaires de 1823. Il a fait la même chose pour l’éclipse solaire qui aura lieu le 28 ou 29 novembre de 1826. Cette méthode de rendre ainsi presque populaire le moment d’une éclipse, ne peut qu'être extrêmement utile à la science, parce qu’elle peut être observée dans un bien plus grand nombre de lieux à la fois, par des observateurs qui sans cela se seraient peut-être contentés de la regarder. C'est en recueillant les observations faites aïnsi dans beaucoup d’endroits sur l’éclipse de soleil du 7 septembre 1820, que M. Fr. Baily a pu donner une histoire fort intéressante de celte belle éclipse. Quoique nous en ayons déjà parlé, nous allons rap- porter plusieurs faits curieux qu’elle a donné lieu d'observer; il a cherché d’abord à déterminer le demi-diamètre de la lune dans le moment de conjonction et il l’établit de 14/45,2", ce qui est 6,14! plus grand que d’après les tables de Burkardt. D’après les observations de M. Dollond, il ne serait que de 14/44,4", et d'après M. Pearson, 14,44,6" avec un instrument, et de 14,44,7" ayec un aulre. Mais les observations les plus curieuses sont celles que M. Baily ou ses correspondans ont faites sur la chaleur des rayons du soleil éclipsé ; de celles qu'il a faites lui-même à Kentish-Town, lat. N., 51°55/44", long. O., 35',2 en temps de Greenwich. Il con- clut que durant les progrès de l’éclipse il n’a pu apercevoir au- cun changement dans deux thermomètres qu'il avait placés, l’un à l'air libre et l’autre attaché à la fenêtre de la pièce où ii obser- vait. M. Isaac Wiseman a obtenu des résultats bien différens à Norwich (lat. N. 52°58' et long. E. 5'10° en temps de Greenwich), le jour qui précéda l’éclipse , 1l avait attaché sur un morceau de carton quatre morceaux égaux de drap de différentes couleurs, noire, bleue, jaune el rouge, et en les mettant au foyer d'une leutille, il avait trouvé qu'il avait fallu, pour qu'ils prissent feu, les temps suivans : ; FE noie AP 09 Pesbleur. F0 0 Lefrouse,..ts- 4.18 Et) jaune. #45 10. 11 mit aussi au foyer de sa lentille’, la boule d’un thermomètre qui indiquait 66°, et en une minute un quart, il monta à g4° et il aurait été probablement plus haut, si l’on n'avait craint, en con- tinuant l'expérience, de briser l'instrument. Ce$ expériences avaient été faites à 2* après midi. XV) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Le jour suivant, environ une demi-heure après le commence- ment de l’éclipse, on répéta la première et on trouva que les dif- férens morceaux de drap prirent feu : LDelnoire etant Tre Die EE MPEG Berrouretr-" "10 eaunes es ee No; Etuue demi-heure environ avant la fin de l'éclipse, on trouva pour LE NDOIP SE ee ce Fe blem Er RTS ÉeTOULEN Te REA NÉ PET get e Mais pendant la plus grande obscurité, on ne put obtenir aucun effet. Le thermomètre, au commencement de l’éclipse, élait à 66° et vers deux heures, il tomba à G1°3, C’est vers le milieu de l’éclipse environ, que M. Wiseman assure qu'ayant exposé la boule du thermomètre au foyer de la lentille, pendant plus de 4 minutes, il n’obtint aucun effet sensible. À 2 heures un quart, il répéta l'expérience sans autre résultat. A la fin de l'échpse , le thermomètre remonta à 64°. Pendant la durée de l'éclipse, il fit aussi quelques observations sur les rayons colorés à l’aiäe d’un prisme dans une chambre obscure, et 1l vit que les rayons jaunes et bleus augmentèrent d'éclat, tandis que les rouges devinrent extrêmement faibles, au point qu'ils n'avaient pas la moitié de leur intensité ordinaire. M. Fr. Baïly ajoute, que d’après d’autres observations qui lui ont été envoyées de différens endroits, le thermomètre a baissé de 10° et même de 15. Il rapporte aussi que le pouvoir d’enflam- mer la poudre d’une lentille a été suspendue pendant 10 ou 15 mi- nutes au milieu de l'éclipse, ce qui confirme les expériences curieuses et bien dignes d’être répétées de M. Wiseman. Terre. Les moyens d'arriver à la connaissance exacte de la figure de la planete que nous habitons, se sont encore accrus dans le cours de cette année. Ainsi, M. Struve, professeur d’As- tronomie à Dorpat, a commencé les travaux nécessaires pour avoir une nouvelle mesure du méridien dans les provinces russes de la Baltique au 56° de lat. nord. M. Walbek de l’université d’Abo en Suède, doit se concerter avec lui pour obtenir une exactitude plus rigoureuse. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xvi) Cette exactitude, dans des questions aussi délicates, est de la plus grande importance, et c’est peut-être à son défaut que l’on a quelques doutes sur la mesure du méridien, faite dans le milieu du siècle dernier, par La Caille, au cap de Bonne-Espérance. M. le capitaine Everost, dans une lettre adressée à la Société astronomique de Londres, sur celte mesure, dit en effet, qu'ayant reconnu avec le plus grand soin toutes les stations de l’astro- nome francais, ainsi que le lieu où était son observatoire , il s’est assuré qu'il y avait dans plusieurs circonstances, ainsi que dans le plan général de l'opération, des causes d’erreurs qui le portent a conclure que cette mesure célèbre ne doit pas être considé- rée (a moins que d'une révision générale) comme offrant une preuve suffisante d'une inégalité dans les deux hémisphères. M. Goldingham, astronome de l'Observatoire de Madras, a, au contraire, annoncé que des observations faites dans l'Inde au moyen du pendule invariable du capitaine Kater, construit par Th. Jones, sous sa direction, se sont rapportées avec celles faites en Angleterre par le capitaine Kater, bien au-delà de ce qu'on pouvait attendre. La connaissance rigoureuse des différences entre la latitude des différentes observations étant de Ja plus absolue nécessilé pour rendre Jeurs observations comparables, les astronomes se sont beaucoup occupés de celte détermination, en employant surtout la méthode qui repose sur les observations du passage de la lune au méridien et de quelques étoiles voisines, prises aulant que pos- sible, sur le même parallele que la lune. C’est ainsi que M. Bou- vard, dans la Connaissance des Tems pour 1825, a déterminé pour la différence de latitude entre les méridiens de Paris et de Greenwich , 9/20,50”. , M. le professeur Treschel a donné dans la Biblioth.univ., t. XXI, p.3,une notice fort intéressante sur l'Observatoire de Berne, dans laquelle il établit sa latitude "57'8",68 , sa longitudeE. 5°5/52°,47, et son élévation au-dessus du niveau de la mer 1790,77#, d’où il résulte que cet observatoire a cela de particulier, qu'il est probablement le plus élevé qu’il y ait en Europe. On a aussi publié la position géographique de différens lieux à la surface de la terre ; nous nous bornerons à rapporter ici la latitude et la longitude de Madras, Bombay , et Canton, telles qu'elles sont déduites des différences trouvées par le chronomètre et les éclipses correspondantes des satellites de Jupiter, par M. 3. Goldingham , astronome de Madras. Tome XCVI. JANVIER an 1823. c Xvii] DISCOURS PRÉLIMINAIRE: Madras, long. E, de Greenw. 80° 1721" lat. N. 13° 49° 117 Bombay ; sua seules) 7254343 18.56. ». Canton ssuobcecier «ibn 418229 Un correspondant du Phil. magaz. a donné, dans le vol. LIX, pag. 130 de ce journal, la description de la methode qu'il a employée pour déterminer la hauteur de quelques points culmi- nans visibles de la station trigonométrique de Renubles-Moor, dans le comté d’Yorck, et d’après laquelle on voit qu'il y a des différences de 25 à 34 pieds entre les mesures obtenues par les méthodes barométriques et trigonométriques. Ces différences tiennent sans doute à Es erreurs dépendantes dans la première sorte, à la température, et dans la seconde à la réfraction atmosphérique ; et comme cette dernière source d’er- reurs peut avoir une grande influence sur presque toutes les ob- servalions astronomiques, il n’est pas étonnant que les astro- nomes cherchent tous les moyens possibles de l’éviter ou de la calculer. Ainsi on annonce que M. le professeur Liltrow a trouvé une méthode beaucoup plus simple que celle en usage pour la mesure des hauteurs, par le baromètre et que sans logarithmes ni tables volumineuses, les voyageurs pourront immédiatement déterminer les hauteurs des montagnes. C’est dans le but de di- minuer les erreurs provenant de la réfraction , que M. Ivory a publié l'année dernière une formule nouvelle dont nous avons parlé alors; mais comme il lui a été fait plusieurs objections et entre autres, par un anonyme dans le Journal de l’Institution royale, il y répond dans plusieurs articles du Phil. magaz. de cette année; il donne même dans le mois de février une application de ses formules à la réfraction horizontale , dans une atmosphère de température uniforme. Pour démontrer aussi que les formules publiées à ce sujet dans le Nautical almanach ne méritent pas le reproche qu’on leur a fait d’être empiriques, on fait voir dans le Journal de l'Institution royale, qu’elles donnent la faculté de déduire la densité ac- tuelle de l'air à une hauteur donnée de la table des réfractions astronomiques. Ces différens travaux ne sont malheureusement guère suscep- tibles d'extrait. Il en est à peu près de même des perfectionne- mens qu’on a proposés aux différentes méthodes d'observations astronomiques ou aux instrumens qu’elles nécessitent. La plus importante de ces premières est celle que l’on doit à M. Littrow sur la manière de déterminer la latitude d’un lieu par des obser- $ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xiX vations de l'étoile polaire, à toute heure de nuit ou de jour, et qui consiste, au lieu de l’observer à son passage au méridien, de le faire à un point quelconque de son parallele. Elle fut publiée d’abord en 1817, dans le Zeïtschrift fur Astronomie, vol. HI, p. 208, puis dans la Correspondance astronomique de M. de Zach. Les avantages de cette méthode furent bientôt sentis par les astronomes praticiens ; aussi dans l'Annuaire aslro- nomique de Bode pour 1823, M. Dirksen donne déjà une for- mule pour déduire la latitude des observations, c'est ce que fit aussi M. Horner dans la Correspondance astronomique de M. de Zach. M. Littrow trouva l’une erronée et l’autre trop compliquée, en sorte qu'ilen imagina une autre que M. F. Baily a insérée dans le Phil. magaz., vol. LIX , pag. 457. M. Puissant a aussi fait con- naîlre celte méthode dans la Connaissance des T'ems pour 1825, mais il est vrai, sur,ce que M. Littrow en avait publié dans la Correspondance astronomique ; aussi a-l-il trouvé à faire des sim- plifications considérables dans les calculs; il a de plus appliqué cette méthode à la détermination des azimutbhs terrestres. M. Fr. Baily avait également vu , de son côté (Phil. magaz., vol. LX, p.43), que celte méthode pouvait s'appliquer avec un égal avantage aux autres étoiles situées même à une plus grande dis- tance du pôle, et que le mouvement lenten hauteur rend spécia-- lement susceptibles d'observations de cette sorte. C’est ce qu'il démontre , en effet, dans une proposition générale. On trouvera répandus dans les différens recueils scientifiques publiés dans le cours de cette année, un grand nombre de travaux sur les différens instrumens d'astronomie; ainsi M. Gomportz paraît les avoir envisagés tous dans sa Théorie générale des ins- trumens astronomiques et sur les moyens de corriger les erreurs qu’ils donnent par des expressions mathématiques; M. Trégold ingénieur en ces sortes d’instrumens , a commencé à publier des observatiôns sur la flexion dont ils sont susceptibles. Il a donné aussi dans le même journal (Phil. magaz. ) ,une histoire complète du cercle répétiteur. M. Littrow a publié la description de celui qu’il emploie et qui est de M, Reichenbach, L'instrument de passage n'a pas moins occupé les astronomes; ainsi M.J. South a fourni des détails sur l’ajustement et la collima- tion de cet instrument; M.F. Baily, une méthode de le fixer exactement dans le méridien; M: L. Evans, la manière de déter- miner les intervalles de ses fils; enfin, M. Littrow a envoyé à la Société astronomique de Londres une méthode pour corriger C,. xx DISCOURS PRÉLIMINAIRE. les principales erreurs de cet instrument et qui paraît différer assez peu dans ses résultats, de celle de Delambre , Bessel, ete. Enfin le dérangement du cercle mural de l'Observatoire de Greenwich dont M. Pond rend compte dans une lettre adressée à la Société royale de Londres, et qui a occasionné des erreurs graves dans Îles tables du Nautical almanach, a dû fixer encore d'avantage l'attention des astronomes sur la disposition de celui avec lequel ils observent. M. le professeur Amici auquel la science devait déjà plusieurs inventions optiques fort intéressantes et entre autres , celle d’un télescope iconantidiptique, ou qui donne deux images à la fois, l’une droite et l’autre renversée, et celle d’un télescope achro- matique sans lentilles et avec un simple milieu réfléchissant, a publié, dans le cours de cette année, dans la Correspondance astronomique de M. de ‘Zach, la Description d’un nouveau sectant beaucoup plus complet que ceux que l’on connaissait, puisqu'il forme un arc de plus de 100°, qui diffère essentiellementen ce qu'il n’entre pas de miroirs dans sa composition, et que les ré- flexions et les réfractions sont produites par deux prismes de verre isocèles et rectangulaires. M. de Zach qui a essayé ce nouvel instru- ment en fait ressortir tous les avantages dans une note ajoutée au Mémoire de M. Amici. M. Fraunehofer, le plus célèbre constructeur d’instrumens as- tronomiques en Allemagne, aimaginé un nouveau micromètre cir- culaire,suspendu dansle foyer des télescopeset qui paraît offrir beau- coup d'avantages, d’après ce que M. Litirow en dit à M. F. Baily. M. Hardy a offert à la Société astronomique de Londres , une montre propre à indiquer les plus petites portions de temps, et en effet elle marque la ++ partie d’une seconde. M. Falion a aussi présenté à la mème Société, une nouvelle espèce de chronomètre qui, par un mécanisme particulier, marque des parties de secondes. 2 GÉOGRAPHIE. Les principaux voyages de découvertes dont on ait eu con- naissance dans le cours de cette année, sont ceux des Russes sur la côte nord-ouest d'Amérique et ceux des Anglais sur la côte nord-est du même continent. Les premiers ont, en général, mieux réussi que les seconds. Leurs vaisseaux ont pénétré dans la mer du sud jusqu’au 70° de latitude et ont découvert plu- sieurs iles qui avaient échappé aux recherches de Cook. Ils se sont DISCOURS. PRÉLIMINAIRE. XX} ascurés que les Schetiland du sud ne forment pas un continent avec la terre de Sandwich , mais un groupe considérable d'îles. Ils ont envoyé une expédition par terre dans les parties incon- nues de la Tarlarie, derrière le Thibet et dans l'intérieur du nord-ouest de l'Amérique septentrionale, En février 1821, le baron Wrangel a établi son quartier à Nishney Kolyma, pour déterminer par des observations astronomiques la position de Shalarkoi-Noss, ou du cap nord-est de l'Asie qu'il a tronvé être aux 70005 de latitude nord, c’est-à-dire beancoup plus bas que dans nos cartes. ! Poussant directement au nord sur des traînaux tirés par des chiens, il n’a pu apercevoir la terre que l’on avait, dit-on, découverte en 1762. Les vaisseaux le Golomwin'et le Baranow, envoyés pour visiter la côte nord-ouest d'Amérique en 1821 , ont été de retour dans le cours de celle année; ils ont découvert une île assez grande, qu'ils nomment Vumirack, située à 59° 54 57° de lat. N. et 193° 17 13” Jong. E. Le capit. Cochrane qui voyage à pied a atteint les monts Altaïs et les frontières de la Chine. Dans sa dernière lettre datée de juin 1821 , il était arrivé à l'embouchure de la Kolyma; il a également visité le cap nord-est de l’Asie, qu'il place un demi- degré plus ‘au nord que le baron Wrangel. L'expédition anglaise, envoyée par terre pour faire des décou- vertes dans la partie orientale du nord de l'Amérique, : a été moins heureuse; des vingt personnes qui composaient l'expédi- tion, dix ont péri; huitont succombé aux horreurs de la faim et du froid ; les deux autres ont péri de mort violente; lun, le lieu- tenant Hood fut tué d’un coup de fusil que lui tira à bout portant ‘dans son lit un sauvage, danstun acces de rage frénétique;.et celui-ci le:fut par le‘D° Richardson, pour sauver sa vie et celle de ses compagnons; illest de retour'en Angleterre avec le capitaine Franklin , chef de l'expédition. Ils ont réussi à visiter les côtes de l'Amérique septentrionale, dépuis l'embouchure de la rivière de Cuivre (eopper mine) , jusqu’au-dela de 500 milles à l’est. Ils ont trouvé l'embouchure de cette rivière à 67° 48/, ce qui est 4 degrés de moins que Hearne n'indique. Aueun point de eelte côte ne dépasse 68° 20/. La mer est couverte d’une quantité innombrable d’iles ; entre elles et la terre est-un canal ouvert de 5 à 6 milles de largeur, sur une profondeur de 10 à 40 brasses, xxi) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. MÉTÉOROLOGIL. Cette année a été fort remarquable, du moins dans l'Europe, sous le rapport. de la petite quantité de pluie, ou de la grande sécheresse et dela douceur del’hiver. C’est dans ce même hiver, le 25 décembre, qu'a eu lieu, en 1821, cet énorme abaissement du baromètre dont nous avons eu l’occasion de parler l’année derniere. M. J. Forster de Manchester, a fait la curieuse obser- vation que dans quatre jours sur sept de chaque semaine des mois de décembre 1821 et janvier 1822, la température a monté de 4 degrés, et cela depuis o heures du soir jusqu'à minuit ; il y a eu en général une grande fluctuation dans la température , comme dans la pression atmosphérique. Malgré le grand nombre d’orages qui -ont eu lieu dans le cours du même hiver, la quantité de pluie n’a pas été beaucoup plus considérable qu’à l'ordinaire, La grande douceur de cet hiver, qui.a pu être estimée par la grande quantité de plantes qui ‘ont fleuri pendant sa durée, a été surtout tout-à-fait extraordinaire dans le nord de l’Europe, au point que l'absence du froid et de la glace a été regardée comme une calamité!à Saint-Pétersbourg ; à Bereson, l’une des villes’ les plus septentrionales de la Sibérie, il a plu le 28 de dé- cembre-1821, chose qui n'avait jamais été vue par les plus an- ciens habilans. Le 2 mars 1822, la Duna était débarrassée de glace et la navigation était ouverte à Riga. On pourra voir com- bien l’état météorologique du nord de l'Europe a été-anomal cette année, en comparant ces observations avec les résultats publiés par M. Longmière;, des observations faites à l'Académie impériale de Saint-Petershourg, pendant 20 ans, de 1772 à 1792 et où l'on voit que la plus grande hauteur barométrique à 31,15, mes. angl. , a eu lieu le 23 novembre 1774, et la moindre, 28,56 en 1784. La hauteur moyenne est de 29,214. En général, le baro- mètre varie le plus, c’est-à-dire atteint son plus grand degré d’élévation et d’abaissement dans le mois de décembre. Le st grand abaissement de température a lieu en janvier. Le, 4 fé- vrier 1772, le thermomètre descendit à —39°% R.; mais la moyenne des 20 années est de — 24°;; la plus grande chaleur est en juillet; le 7 de ce mois 1788, elle fut de 26% R., et la moyenne des 20 années est de 23. « } L'Amérique méridionale a éprouvé un état météorologique contraire; en effet, le froid qui s’est fait ressentir a élé regardé DISCOURS. PRÉLIMINAIRE. Xxii} comme un phénomène extraordinaire et considéré comme une calamité redoutable par les habitans du Chili. Dans le mois de décembre 1821, il a tombé une si grande quantité de neige à Buénos-Ayres, que la communication entre celte ville et Lima a été totalement interrompue. Des tableaux exacts et détaillés que nous avons: publiés chaque mois sur les observations météorologiques faites ja l'Ob- servatoire royal de Paris , on aura pu voir que le maximum de la température à l'air libre, à l'ombre et au nord, a eu lieu le 10 juin et qu'ila été de + 33,8, et le minimum— 8,8 le 27 décembre, ce qui fait pour l'intervalle parcouru dans, l’année, 42°,6. La tem- pérature moyenne est de 12°,07; ce qui surpasse d'environ 1°,5 la température moyenne du climat de Paris, déterminée par une longue suite d'observations. Le mois d'octobre, pris isolément, ne donne la vraie moyenne qu’à 1° près; mais les observations de 9 heures du matin s’en sont tellement rapprochées (à 0°,5 au plus), que M. Arago pense que les observations de 8 heures et demie du matin peuvent former une détermination suffisamment exacte de la température moyenne de l’année. Le thermomètre de l'intérieur des caves a donné pour moyenne, 12°,096 et a varié de -5; de degré, en sorte que, par une cor- rection nécessitée par une erreur dans la graduation, M. Arago estime que la température de la terre à Paris, est de 11°,716 centigr. Les extrêmes du baromètre ont été 771",38 en décembre , et 734,68 dans le même mois, ce qui fait pour les variations de la pression atmosphérique dans l’année, 36,70. D’après le tableau des variations extrêmes du baromètre dansles douze mois de 1822, la hauteur moyenne du baromètre à 9 heures du matin a été constamment supérieure à la hauteur moyenne de 3 heures du soir el il n’y a pas eu une seule fois augmentation de pression at- mosphérique entre 3 et 9 heures du soir. L'état de l'hygromètre de Saussure, à 3 heures après midi, a été maximum, 80° en novembre; minimum, 42° en avril, et moyenne de l’année, 60°. La quantité lotale de pluie tombée à l'Observatoire, a été de 47,750 centim. dans la cour, et de 42,219 sur la plateforme, (86 pieds au-dessus), le minimum, 0,885 et 0,710 a eu lieu en avril et le maximum 0,991 et 9,226 en juin. Les plus hautes eaux de la Seine 2,50, ont été observées le e 8 janvier, et les plus basses, 0",11 le 31 septembre. La moyenne a été de 0”,752. xxIV DISCOURS PRÉLIMINAIRE, Le vent a souflé 58 fois du N., 37 du N.-E,, 22 del'E., 25 du S.-F, , 64 du S., 75 du S.-O. , 80 de l'O. et 26 du N.:0. Dans le midi de la France, les observations météorologiques m'ont pas été négligées, nous avons déjà recu de M: d'A. F., l'un de nos plus estimables correspondans, les résultats de celles qu'il a faites dans le cours de celte année. Elles offrent outre leur exaclitude un apercu des effets que les phénomènes météorolo- giques ont eu sur l'Agriculture; c’est ce qui nous détermine à les insérer ici en entier, telles qu'il vient de nous les envoyer. La comparaison de ces résultats de 1822 avec-ceux des années pré- cédentes nous a paru remarquable. t18 16 Résultat des Observations météorologiques ‘faites à Alaïs', dépar- tement du Gard, en 1822, et Notes sur la sécheresse extraor- dinaire et la haute température de cette année ; par M. A.D.F!: Mes observations météorologiques sont comparables avec celles de Paris et avec toutes les observations bien faites : je puisle dire, puisque mes instrumens ont.élé comparés ayec ceux deJ'Observa- toire royal (1), et que les savans de l’Institut, qui.s'ocçupent, , de Météorologie, ont approuvé le plan que je suis. (2). .. J'ai cru devoir néanmoins continuer, comme par le passé, à, joindre quelques détails à ma récapitulation de celles de l’année dernière et faire quelques rapprochemens entreiles résultats qu'elle présente et ceux que j'avais obtenus les années précé- dentes; {c'est d'autant plus nécessaire que l’année 1822 sera remarquable dans les annales météorologiques , par la sécheresse extraordinaire et, la température | élevée que nous. avons éprouvées. (1) Unbaromètre de Fortin que j'ai acquis cette année a été comparé avec celui de l'Observatoire royal par les: savans observateurs de cet établissement, ainsi que les thermomètres qui les accompagnent pendant le {séjour que j'ai fait à Paris. Depuis mon retour à Alais, j'observe ces instrumens comparati- vèment avec.ceux dont je me suis servi jusqu'à présent. Je donnerai plus tard une frécapitulätion générale de‘mes observations barométriques ayec de nou- velles recherches sur la hauteur absolue du mercure dans ce pays; en atten- dant, je dois prévenir qne les résultats de mon tableau de 1822 sont réduits à une température uniforme, mais que je n’y ai pas fait la correction de l'ac- tion capillaire afin qu'il füt comparable aux précédentes. (G)Voy. Annales de Chimie et de Physique, n°5 de mai 1818, décembre 1820, p. 420, juin 1822, p. 185, etc. DISCOURS PRÉLIMINAIRE: XXV L'hiver de 1821 à 1822 fut moins pluvieux que ceux des vingt années précédentes, puisque la moyenne quantité d’eau qui tombe dans celte saison à Alais est 248 millim., tandis que les mois de janvier et de février 1822 ne m'en ont donné que 15,25 qui, avec 77,45 tombés le mois de décembre précédent, font seulement 90,7 mill. Il n’y eut que 5 mill. de pluie dans le mois de mars et la moyenne quantité qui tombe dans ce mois est 62,7; aussi les puits étaient déjà fort bas, les sources coulaient à peine. Les mois d'avril et de mai paraissent assez pluvieux; l'on voit dans mon tableau qu'il tomba, en douze fois, 184,5 mill. d'eau; mais la moitié fut le produit de deux orages à un mois d'intervalle, la pluie tombe alors par lorrens, s'écoule et pénètre peu la terre. Les mois suivans, la pluie notée sur mon tableau tomba éga- lement en fortes ondées, à la suite d’orages, et ne nous procura guère plus de fraicheur. Le 18 juillet, 86 mill. d’eau tombée sur nos montagnes firent enfler tous les torrens et par conséquent le Gardon ; je fus curieux de rechercher à quelle profondeur le terrain en élait pénétré et je vérifiai qu'une terre à blé en plaine, n’avait été humectée qu’a 6 centimètres de profondeur , une autre seulement à 4. Deux orages en août qui furent accompagnés , le premier de 6,5 mill. d’eau; le second, de 13 mill. à 17 jours d'intervalle, ne pénétrèrent pas les mêmes terrains d’un centimètre; aussi à celte époque, presque toutes les sources tarirent, plusieurs vil- lages, plusieurs maisons de campagne en manquaient absolu- ment; on était obligé d'aller fort loin faire boire les bestiaux et chercher l’eau nécessaire aux besoins du ménage; pour la pre- mière fois on en vendit publiquement à Nimes et dans plusieurs communes ; de mémoire d'homme on n’avait pas éprouvé une pareille sécheresse (1). (1) Le ‘cheveu de mon hygromètre s'étant cassé accidentellement il m'a fallu en préparer et en essayer d’autres, chercher, comme Saussure le veut, le plus grand allongement et le raccourcissement dont ils étaient susceptibles dans l'humidité et la sécheresse extrêmes, qu'il nous donne les moyens d’ob- tenir; établir le rapport de ces variations avec l'échelle gravée sur l'instru- ment, etc. Ces pétites opérations n'ayant pas cette fois rempli mon attente, je n'ai pas voulu mêler des observations hygroscopiques avec des résultats exacts, et j'ai, quoiqu'à regret, supprimé les colonnes de l'hygromètre sur mon registre. Tome XCVI. JANVIER an 1823. pas: x- Li] XXV) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Les années 1805, 6, 7 et 17 avaient été les moins pluvieuses depuis que j'observe. L'année dernière le fut moins encore. L'année 1806:que j'avais trouvée jusqu’à présent la “plus sèche «différait très peu, sous ce rapport, de 1822; mais la pluie avait élé plus fréquente et mieux distribuée, s’il est permis de s'ex- primer ainsi, puisqu'il plut 57 fois de jour et 72 fois de nuit; tandis que l’année dernière, il a plu seulement 36 fois de jour et 26 fois de nuit. Il tomba 252,85 mill. d’eau dans le printemps de 1806 et les mois de février et de juin où elle fut le plus rare, m'en donnèrent 21,2 et 24 mill. J’ai noté dans mes journaux d'observations des intervalles de 52, 55 et même yn de 65 jours sans pluie; dans les années 1814, 1815 et 18:17. L'année dernière quoiqu'on ait écrit dans les journaux et répété que dans ce département, il n'avait pas plu pen- dant plusieurs mois , jepuis assurer que le plus grand intervalle sans pluie n’a été que de 34 jours (du 8 mars au 11 avril), il est vrai qu'avec mon appareil je liens compte de quelques gouttes de bruine tombées au milieu de la nuit. J'avais vu mon thermomètre aussi haut que celte année en août 1820, et même 0,5 plus haut en 1803 et 1818 ; mais il monta plus souvent etse soutint plus long-temps près de son maximum en 1822; aussi les moyennes thermométriques du mois d'août et de tout l'été de l'année dernière, sont-elles plus élevées que celles des trois années auxquelles je viens de la comparer. L'été dernier, j'ai noté plus fréquemment, dans ma colonne d'observation sur l’état de l'air, un ciel pur et un soleil ardent, ou des nuages orageux et un temps élouffé, la nuit même était chaude dans cette saison et la sécheresse extrême de l’atmosphère et de la terre rendait la cha- leur plus accablante. Les moissonneurs ne purent pas y résister el comme tant d’autres ouvriers, travaillaient de bon matin et le soir fort tard, pour compenser le temps qu'ils perdaient dans la journée. Les 14 et 25 juin 1822, le thermomètre à l'airlibre, à l'ombre, à l’abri de la réverbération du sol et des maisons, est monte à + 36°,5. Ces deux jours ont été les plus chauds de Fannée. Je n'avais vu qu'une autre fois ce thermomètre à ce point en août 1818. La température moyenne, calculée souvent sur un assez bon nombre d'observations, les 14, 15, 22, 25, 24 et 25 juin, allait de 26 à 27 degrés. J'uillel etaoû furentencore plus chauds quoique leurmaximum soit moindre que celui de juin. . Depuis que j’observe, la température moyenne de l'été n’avait * Fr. 4 DISCOURS PRÉEIMINAIRE. XXI) jamais élé aussi considérable : je trouve dans mes registres , que la moyenne de juin, juillet et août, depuis vingt ans est+ 25,15. Ces mêmes mois en 1822, donnent + 26,66 et il est assez remarquable que le mois de juin a élé celui qui s’est écarté le plus de la température moyenne (1). ‘ La température moyenne de l’année ne s’écarte eependant pas beaucoup de la moyenne conclue de toutes mes observations. Le thermomètre descenditplusieurs fois en décembre à — 3°, à — 4°, et une fois à — 5°. Il tomba cinq fois de la neige qui resta une vingtaine de jours sans se fondre, ce qui est rare dansnos plaines; nous éprouvames douze jours de gelée ou de gelée blanche dans le même mois et dix-neuf au commencement de l’année. Année moyenne , le nombre des jours couverts ou nuageux est plus grand que celui des jours sereins. Les années 1805, 18153, 1817, et l’année dernière sont les seules depuis vingt ans où j'aie trouvé le contraire. d En dernier résultat le commencement de 1822 fut peu rigoureux et lrès rarement pluvieux; les chaleurs que nous éprouvämes de bonne heure ne firent que s’accroitre en été comme la sécheresse, et ce ne fut que versla fin de l'automne que les pluies nous donnèrent un peu de fraicheur et quoique le mois de décembre commence un hiver froid et humide , le caractère météorologique de l’année dernière est une haute température et une sécheresse extraordi- paire, 1] me reste à retracer ici les effets de cette température sur nos récoltes ; je le ferai très succinctement , me proposant d’offrir comme les années précédentes, un Mémoire sur-cet'objet à la Société royale d'Agriculture. Les travaux champêtres du commencement de l’année 1822, les plantations d'arbres, la taille des vignes, les labours et la semence des mars, s'étaient faits fort à propos. La première végétation, hàätée par la température, s’annoncait (Gi) F Juin. | Juillet. Août, Eté, ——————— |] Température moyenne de 20 ans. ...,.|4-23°,48 |+26°,07 |+25,90 4950 15 de 1829. .| +95 270,25 | +97 ,75 |+96°,66 — —— Différences. ..... He 29,48 | + 19,18 [+ 1°,85 H 19,51 d,, Xxvi) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. bien, la feuillaison des müriers fut avancée comme celle des autres arbres, on mit la graine des vers à soie à couver plus tôt que de coutume, la feuille se développa plus vite, quelques agri- culteurs disaient qu’elle n'avait pas eu le temps de se nourrir et at- tribuaient à ce défaut la légèreté des cocons, ils auraient pu dire avec autant de vraisemblance, que les vers filèrent trop vite. Quoi qu’il en soit celte récolle réussit passablement partout. Il y eut très peu de foins el très peu de fourrages; les troupaux pälirent, même sur les montagnes, revinrent plus tôt, faute de nourriture et n’en trouvèrent pas davantage dans nos champs rôlis et manquèrent d’eau dans plusieurs campagnes; ils ont éprouvé beaucoup de maladies. Les blés étaient bas, les épis petits, les grains peu nourris, la récolte a été très médiocre; la paumelle et l’avoine n’ont pas rendu la semence; nous avons eu peu de paille et peu de grains. La vendange a été excellente en quantité et en qualité, mais il faut donner le vin! Nous avons eu beaucoup de fruits de toute espèce , quoiqu'il en fùt tombé considérablement avant la maturité ; en général ils onl été moins beaux ét moins gros que les autres années et se sont mal conservés, parce que la majeure partie était piquée des vers. Les pommes de terre n’ont réussi que dans les bas fonds et au bord des rivières. Les oliviers qui ont résisté à l'hiver de 1820 ne donnent encore que peu de fruits, les olives étaient attaquées par des insectes, elles n’ont rendu que peu d'huile et l’on se plaint généra- lement qu’elle est de mauvaise qualité. Il y a eu une abondante récolte de chätaignes dans les Cévennes, mais elles sont petites et il y en a beaucoup de gätées. Les marons et les espèces qui craignent la sécheresse n'ont pas réussi, les autres sont à très bas prix. ; . r Rs Ai Après ce coup d'œil sur les phénomènes atmosphériques de celte année, considérés en général, voyons ee que chacun d’eux a offert de plus remarquable. Phénomènes lumineux. Le 29 mars, à Bath, on a observé un magnifique halo, dont la vivacité augmentait vers le sommet ; le soleil dardait ses rayons avec éclat, à travers une couche de vapéurs, deux parélies brillans, colorés du côté du soleil et accompagnés de queues horizontales de 10 egrés ou plus de lon- gueur. À cela se joignait un brillant arc-en-ciel renversé, d'en viron un quart de cercle d’étendue dont le centre semblait DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXIS coïncider avec le zénith et dont le sommet était sur l'azimuth du soleil. : è Le 1% avril, au même endroit, un peu avant o heures du soir, on vit une semblable combinaison de cercles autour de Ja lune, c’est-à-dire un grand haloet un cercle complet horizontal formé parune lumière blanche passant à lravers la place apparente de la lune. : * Le 21 octobre, à Gosport, à 6*51' du soir, M. W. Burney vit an iris parfait de 80°34/ d’étendue, le sommet à 25° et dont la couleur d'argent tranchait sur un nuage noir chargé de pluie et allant au N.-K. Il avait observé un phénomène semblable le 15 octobre 1820 et le 25 août 1817, mais les arcs offraient les couleurs de l'iris. On peut encore rapporter à ce genre de phénomènes ceux que M. Longmère a observés à Toula en Russie. Dans lun il vit six aiguilles lumineuses perpendiculaires opposées deux à deux par la base; l'une beaucoup plus grande comprenait la lune elle-même dans son milieu et les deux autres en étaient distantes d'environ 0° de chaque côté. La couleur de ces élon- gations lumineuses élaient d’un jaune clair dans les deux tiers de la double aiguille qui partait de,la lune et formée par des bandes bleues perpendiculaires à ses pointes; les deux autres doubles aiguilles n'offraient que ces bandes bleues. Le temps élail au reste irès serein et très froid. Ce phénomène ne fut vu que dans la ville et l'observateur lattribue à la vapeur très légère que produisait au-dessus des maisons la chaleur qui en sorlail. L'autre phénomène à peu près semblable, consistait dans une élongation perpendiculaire d'une lunrière faiblement rouge, ak lant du soleil aux nuages et elle était due à la vapeur sortant d’une rivière coulant à un demi-mille en avant de l'observateur. Aurore boréale. Un phénomène lumineux tout différent et en effet beaucoup moins expliquable que les précédens, est celui de l'aurore boréale. Elle paraît devenir de moins en moins fréquente, du moins dans nos pays; une seule a été observée dans le cours de celte année et c’est en Ecosse entre Naire et Inverness, à 8 heures du soir, par S.G. Mackensie, Elle formait un arc de 3° à /° de largeur, et qui embrassait une étendue d'environ 68’; au dehors.on voyait des traces d’un arc encore plus large et l'intérieur était traversé, comme de coutume, par des lances lumineuses. : XXX DISCOURS PRÉLIMINAIRE, Bolides. Le nombre de ces phénomènes a été beaucoup plus considérable. $ Le 24 décembre 1821, dans le voisinage de Baltenheim et d'Altendorf, on a vu un météore igné, globuleux, de la grandeur apparente de la pleine lune et qui, après s'être dirigé du nord- est au sud-ouest, tomba sur la terre et disparut avec une explosion semblable à celle d’un coup de canon. Sa lumière était aussi forte que celle d’un vif éclair. C’est le lendemain que le mercure du baromètre descendit si bas. x Le 16 mars, environ 5 minutes après 10 heures, les habitans de la ville de Richemond (Virginie), ont remarqué un bolide extrémement brillant et gros comme un baril, se dirigeant du nord-est au sud-ouest et envoyant dans toutes les directions un grand nombre d’étincelles. Sa lumière était d’un blanc d'argent et plus vive que celle du soleil. Son explosion fit un bruit consi- dérable et il laissa, en disparaissant, une trainée de feu qui fut visible pendant quelques minutes. ” Le 9 avril, à g heures environ du soir, on a observé un météore presqu’avec les mêmes circonstances; mais il avait la forme d’une colonne de feu. On ne parle pas de sa direction. Le 12 juin, à 8 heures à peu près du soir, M. Boisgiraud a vu de Poitiers un météore qu’il a comparé à une étoile tombante ; il était dans le N.-N.-E. et le vent soufllait du S.-S.-O.; il n’a pas entendu de bruit. Il laissa une traînée lumineuse, étroite d’abord el augmentant de diamètre jusqu’à une sorte de noyau qui était la partie la plus brillante. La traînée changea de forme par degrés, devint serpentante et diminua d'intensité ; en peu de minutes, elle se divisa en deux parties qui eurent disparu dans l’espace de 10 ou 12 minules, à l’exception du nucleus. M. Gay-Lussac a rapporté, dans le t. XX, p. 395; l’observa- tion d’un autre météore lumineux serpentant, qu’il a vu le 16 août à Paris à 8 heures et demie du soir, dans la direction de l’ouest, tirant un peu sur le sud. La tête lui parut élevée d'environ 30° au- dessus del’horizon ; comme lemêmemeétéore a étéaperçu à la même heure à La Rochellé, dans la direction du N.-O., à 50 ou 35° au- dessus de l’horizon, M. Arago a estimé la hauteur verticale du météore à 60 lieues de 25 au degré. Le 11 août sur les 8 heures et demi du soir, le ciel étant presque sans nuages, les habitans de la campagne des environs de Liége ont vu tomber du ciel avec rapidité une masse de feu assez considérable pour être comparée à une charrette de paille enflam— mée, Long-temps après sa première apparition, on entendit dans DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XX} l'air comme un violent coup de tonnerre accompagné d'un roule- ment prolongé. Le r‘septembre, à 8 heures du soir, au fort royal de la Mar- tinique, un météore lumigeux d’une grandeur considérable, a été observé ; il se dirigeait de l'O. à l'E. A près plusieurs minutes d'appa- rilion , il produisit une sorte de roulement et éclata avec une vio- lente détonnation. 4érolithes. Dans les derniers météores que nous venons de ciler, on n’a pas trouvé d’aérolithes. On a été plus heureux dans deux phénomènes à peu près semblables, l’un et l’autre observés en France. : Le premier a été observé par M. Desvaux, conservateur du Muséum d'Histoire naturelle à Angers; le 3 juin à 8 heures un quart, le ciel étant pur et l’air calme, on vit, pendant plusiéurs secondes, en différens endroits et entre autres à Loudun et à Angers, villes distantes entre elles de 6 lieues, un météore bril- lant au S.-E. de cette dernière. On entendit bientôt une détonna- tion très forte à laquelle succéda un bruit comparable à une décharge de mousqueterie. Des traces lumineuses furent encore visibles et il tomba une pluie de pierres dont une pesant 8 onces futramassée dans le jardin d'Angers, à 7 pieds de distance d’une femme qui y travaillait. Comme le sol était ferme, elle n'y fit qu’un trou peu profond ; ayant été recueillie au moment de sa chute , elle n’avait aucune chaleur particulière. On voyait aisé- ment à ses faces anguleuses et ue. qu’elle provenait d’une masse plus considérable. Elle avait du reste le même aspect et la même siruclure que l’aérolithe tombée à l’Aigle en 1802. C’est l'apparition de cette aérolithe qui a donné lieu à l’obser- wation de l'étoile tombante observée à Poitiers, par M. Boisgiraud , et dont il a été parlé plus haut. À Une autre aérolithe est tombée aux environs d’Epinal, le 13 sep- tembre , à l’entrée de la forêt de Taunière, à trois quarts de lieue de la Baffe , département des Vosges. M. Parisot, professeur de Physique, en a donné l’histoire dans un rapport au préfet. Le 15 septembre,sdès 4 heures du matin, il s’éleva un orage effrayant sur l'horizon du département; les éclairs étaient d’une vivacité et d'une fréquence peu communes; les’ détonnations du tonnerre étaient brusques, peu prolongées et se répétaient à des intervalles très courts, de manière à ressembler à des coups de canon éloigné. À 7 heures, l'orage était sur la commune de la Bañfe , à 2 lieues est d'Epinal ; les habitans de la campagne entendirent , XXXI} DISCOURS PRÉLIMINAIRE. pendant 7 minules au moins, un bruit qu'ils comparent à celui qu'une voiture neuve ou mal graissée ferait en descendant avec vitesse le long d’un chemin raboteux et couvert de cailloux. Sa direction était du S.-O. au N.-O. et il était fort distinct de celui du tonnerre qui se faisait entendre en même lemps. Un culti- vateur arrivant à un quart de lieue du village, entendit alors une sorte de cliquetis , mêlé au bruit principal qu’il compare à celui d’une obuse, puis une explosion sourde et profonde, au moment où le météore frappa la terre. Il assure l'avoir vu s'éclater, mais sans que l'explosion fat accompagnée ni immédiatement précédée d'aucune apparence lumineuse. Le lieu de Pexplosion n'étant qu’à 12 pas en avant de la place où il s'était arrêté, et sur le chemin même, il vit dans le pavé un trou rond dont les parois étaient enfumées et qui contenait au fond une masse de pierre noircie à sa surface, grise en dedans, grenue, friable et dont le volume était celui d’un boulet de six. L’ayant mouillé, il trouva que sa chaleur était fort supportable. Cependant l'orage conti- nuait et Ja pluie devint très violente après la chute de l’aérolithe. M. Vauquelin en a donné l'analyse chimique, d’après l'invitation que lui a faite l'Académie des Sciences. Elle lui a paru surtout remarquable par la grande quantité de fer métallique qu’il estime à 1,42 sur 4 grammes de matière analysée , et la petite quantitéde soufre qu’elle renferme. Les nombres qu'il a trouvés sont : SiliCes ere LEE Det D TAO Fer.oxidé ss . 2. re ete 49,5T Soufren-cercetctenees-e1-101009) Oxide de chrome.......... 0,01 Oxide de nikel............ 0,02 Mépnésie ter. te nou . Chaux et potasse.......... 0,50 Lol riéenter 4,70. Nous croyons aussi devoir analyser ici l'histoire d'un phéno- mène semblable, arrivé en 1820 dans la Courlande et dont nous n'avions encore pas parlé. C'est le 1°’ juillet de cette année, entre 5 et 6 heures du soir, qu'on vit un globe de feu de la grandeur apparente de la lune, se«mouvant entement du sud au nord. Après avoir parcouru un arc de 100°, il s'éteignit et l’on entendit un bruit semblable à trois décharges successives d’une grosse pièce d'artillerie. Une pierre pesant 40 liv., tomba et s’enfonca d’un pied et demi dans le sol. Au même moment, un gros bolide tomba DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Xxxii] à 4 swerstes de distance dans le lac Kolopschen , et un corps étran- ger tomba dans la Dubna à 5 werstes, dans une direction opposée. M. de Grothus a analysé cette aréolithe et l'a trouvée composée a1nsS1': 71 : Fer PAL. di 20 NE 6 22 RE RER" BOUGER 3 SAGE AREA er 74 22 10 1 © OO © N'UrTO < Protoxide de fer. :.:.,. , Magnésie . retense ANNE. A Lande Bhrome AD 07 CHauR Rs 0 0 Manganèse...:..:.... une trace, Totalss amaretrsete106,0. Un phénomène encore plus ancien, mais peut-être plus dou- teux , est célui de la chüte d’une matière gélatineuse de l’atmo- sphère qui eut lieu le 13 août 1819, entre 8 et 9 heures du soir, à Amberst, dans le Massachussets. Elle avait, dit-on, la forme d’une vessie enflée et elle lançait une lumière vive et blanche. M. Rufus Graves, ancien profésseur de Chimie, l’examina après sa chute, sa forme était celle d’un plat de 8 pouces de diamètre sur 1 pouce d'épaisseur. Sa couleur était celle de la peau de buflle, et on remarquaït à la surface un duvet très fin. L'inté- rieur était formé par une substance pulpeuse, de la consistance du savon mou, très déliquescente, et qui répandait une odeur suffocante et nauséabonde. Après quelques minutes d’exposition à l'air, la couleur devint livide et semblable à celle du sang veineux. En continuant l'exposition pendant trois jours, il ne resta plus sûr les parois du vase qu’une très pelite quantité de poudre couleur de cendre, insipide et inodore. L’acide sulfurique con- centré dissolvit complètement la matière pulpeuse avec une vive effervescence. Mäis les acides nitrique et murialiqué n’eurent aucun effet sur elle. Eruptionsvolcaniques: La plupart des volcans, actuellement en activité, ‘paraissent avoir offert de nombreuses éruptions dans le cours de cette année , etidans la fin de l’autre. Le Vésuve a commencé à faire entendre de fortes. détonna- tons le 13 février; elles se, renouvelèrent dans la nuit du 16 au 17 etlé matin de ce dernier jour , il sortit une épaisse colonne de Tome XCFI]. JANVIER an 1823. e XXXIV DISCOURS PRÉLIMINAIRE. fumée de la montagne. Le 10, il y eut plus de cendres et de pierres; le 21, lalave fondue s’ouvrit un passage par la partie méridio- nale de la montagne ; les 23 et 24, la lave avait une vitesse d’écou- lement d'environ une toise par minute; le 24, l’activité du vol- can redoubla ; et le 25 il était calme. Jusqu'au 21 du mois d’oc- tobre, il était encore tranquille; maïs quelques minutes après midi, dans ce jour, on commenca a apercevoir de la fumée et de la lave; à 2 heures, les commotions souterraines se firent ressentir et continuèrent jusqu’à minuit; enfin, à 3 heures du ma- tin , il y eut une explosion terrible, avec des secousses toujours croissantes. Deux heures après il sortit un torrent de lave d’un mille de largeur. Le 23, les phénomènes s’accrurent encore, il y avait plus de 100 acres de terre couverte de laves; les cendres tombaient à Naples, ét les pierres tombées à Boscotre-Casa s'é- taient accumulées à la hauteur de 5 palmes. Le 26, l’éruption diminua, le 28 elle était entièrement terminée, et les habitans étaient rentrés dans leurs maisons, que la frayeur leur avait fait abandonner. Cette éruption est, dit-on, la plus terrible qui ait eu lieu depuis la destruction de Pompéïa. Le cratère a plus de 800 pieds de profondeur et est devenu inaccessible. L'Etna n’est pas non plus resté tranquille; il s’est formé sur ses flancs un cratère qui ne rejette que des matières boueuses, quelquefois en gerbes. L’argile en forme la plus grande partie ; elle est extrêmement fine et très recherchée par les potiers. Le fameux Hécla d'Islande avait commencé ses éruptions dans Ja nuit du 20 décembre de 1821. La terre trembla et le mont Œfields-Jokel, du sud-est de l’'Hécla, qui élait en repos depuis 1612, commenca à lancer du feu; la colonne devint immense, au point d’être aperçue à 74 milles de distance, et il était lancé en même temps des quantités énormes de cendres, de pierres, dont quelques-unes de 5o à 80 liv., jusqu’à la distance de 5 milles anglais. La montagne continua de brüler jusqu'au 1° de fé- vrier 1822 et de fumer jusqu'au 23, époque à laquelle la neige s'était de nouvau accumulée jusqu'aux bords du cratère. Le vol- can resta de nouveau tranquille jusqu’au 24 juin, époque à la- quelle il y eut une nouvelle éruption de cendres, encore plus forte que la première. Un courant de laves se fit jour au pied de la montagne. M. Forchhamer a donné une histoire détaillée de cette éruption volcanique dans les Annals of Philosophy, vol. WI, n. $. p. 401. On a observé à un mille et demi du mont Mellick, situé à environ 60 milles dans la direction nord-est de la tourbière (bog) DISCOURS PRÉLIMINAIRE» XXXV de Kilmaleady, dans un petit trajet de tourbière appele forest bog, une agitation singulière pendant quelques jours. La matière boueuse s'élevait en bouillonnant jusqu'a une grande hauteur, et retombait dans le bassin dont elle sortait, sans qu’il y eùt de débordement. C’est quelque chose d’analogue aux volcans boueux d'Amérique, et à l’éruption boueuse de l’Étna dont nous venons de parler. M. Dubois Aymé s’est assuré que c’est avec raison que l'on a dit que le mont Brasier dans les Alpes, jettait des flammes de temps en temps, et qu’on y entendait un bruit souterrain, et comme celte montagne contient dans Jes couches calcaires qui la forment, des pyrites, des schistes marneux, du sulfure de fer radié, des substances bitumineuses, etc., il pense que les flammes et le bruit sont produits par l'inflammation accidentelle de l'hydro- gène mis en liberté par l’action de l’eau sur ces substances, Tremblemens de terre. Le nombre de ces phénomènes a été considérable dans le cours de cette année et quelques-uns ont été suivis de grands malheurs; mais avant d’en parler, nous allons rapporter la liste de ceux ;qui ont eu lieu dans les années précé- dentes el qui n’étaient pas encore parvenus à notre connaissance. 1820. Dans celui qui a eu lieu le 20 décembre 1820 à Zante, on a remarqué un phénomène singulier, c’est que 2 ou 5 mi- nutes avant la secousse, on a vu à la distance de 2 milles du pro- montoire de Geraca, une sorte de météore brülant et nageant à la surface de la mer , et qui paraissait avoir 5 ou 6 pieds de diamètre. Ce phénomène dura 5 ou 6 minutes, Le Journal de Batavia d'avril 1821, a donné des détails ulté- rieurs sur le tremblement de terre quia eu lieu le 29 décembre 1820, sur la côte méridionale des Célèbes. 11 a produit de très grands dommages, particulièrement à Bœlakomba où la mer a plusieurs fois alternativement monté à des hauteurs prodigieuses, et des- cendu avec rapidité, détruisant toutes les plantations. 1821. Le 4 janvier, une nouvelle secousse s’est fait sentir dans le même pays. Le 7 octobre, plusieurs secousses dans une durée de 30", di- rection du sud au nord, dans le département des Vosges, à Epinal , Remiremont et Plombières. Le 22 idem au malin, à Inverary, avec un bruit semblable à celui de plusieurs voitures. | À la fin du même mois, à Cunnemara, comté de Joyec, on a entendu un grand bruit pendant quelque temps, et la terre est Ls XXxXV) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. entrée en convulsions. Bientôt une centaine d'acres de terre, entraînant avecielle les roches, les blés , les pommes de terre, a commencé à:se mouvoir, et le tout s’est précipité dans la mer et a disparu. Deux jours après ;:un autre morceau de terre très habité, dans le voisinage , a éprouvé une secousse semblable et tout a été bouleversé. MO 4 Le 25 décembre, à 8 heures et demie du soir, on a éprouvé une légère secousse a Mayence. À: 1822. Le 8 février, cinq secousses en moins de 80°, à Lans- hut en Bavière. x Le 19 idem , à 8 heures et demie du matin, une forte secousse en France et qui s’est fait sentir à Paris, Lyon, Bourg, Clermont, Genève, Chamberry,: etc. Le 23 idem, à 3 heures 35 min. après midi , une seule secousse à Belley, département de l'Ain. Le 22 mars , deux lrès fortes secousses sur les bords de la mer de Marsala en Sicile. Le même jour, un vaisseau fut jeté sur les rochers par un mouvement exträordinairé des vagues, que l'on attribue à une éruption volcanique sous-marine, ; Le 13 avril à 9 heures et demie du mälin, une très violente secousse à Comrie, dura 20 sécondes et fut accompagnée de deux grands bruits, l’un qui paraissait au-dessus de la tête et l’autre au-dessous des pieds. La sensation éprouvée par l'observateur, est comparée à celle qu'on ressent sur le pont d'un vaisseau qui dé- charge ses batteries. Le 18 mai, entre O et 10 heures du matin, une secousse à Crieff et dans ses environs assez forte pour faire sonner les son- nettes d’une maison. Le 30 idem au matin, en France, dans une’direction à peu près -perpendiculaire au méridien, magnétique ; Cognac, entre 7 et 8 heures ; Nantes, 7 heures 53, direction du nord-nord-est au sud-sud-ouest; avec un bruit semblable à celui que ferait une voi- ture pesamment chargée sur une voûte; Rennes, 7 heures bots Tours, 7 heures 35, direction est-ouest; Bourbon-Vendée, 7 heures 35’, direction nord-ouest au sud-ést; Laval, 8 heures 2', trois secousses successives et assez fortes, direction sud-est au nord-ouest: Enfin, à Paris, M. Arago attribue à cette secousse, qui n’a été assez forte que dans les trois premières villes, les mouvemens dont fut subitement agitée, à la même heure une aiguille aimantée suspendue à un fil, à l'Observatoire, pour l ob- servation des variations diurnes. | Le 16 jain, entre 4 et 4 heures et demie de l'après-midi, deux DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXX Vi} secousses très fortes à Cherbourg et dans tout l'arrondissement, Peu après on vit, au sud , dans la baie du mont Saint-Michel, un météore lumineux qui semblait s'élever et qui fat suivi d’une forte détonnation. Le 10 juillet, à 6 heures trois quarts, deux violentes secousses à Lisbonne, qui durèrent 6 à 7 secondes. Les oscillations {nrent plutôt perpendiculaires qu'horizontales. Elles furent plus fortes sur l’autre rive du Tage où les maisons voisines de la mer furent les plus endommagées. Le 29 juillet à 1 heure du matin, à Grenade, le tremblement de terre a été assez fort pour ébranler un grand nombre d’édifices et entre autres le clocher de la cathédrale. Dans la nuit du 29 au 50 les secousses se sont renouvelées. Le 1‘ août à 8 heures du soir , à la Martinique , une secousse peu considérable. Le 8 idem, à Tomsk en Sibérie , une violente secousse dirigée du nord au sud. Le 12 août, à Lalakia et dans ses environs, en Syrie, une première secousse; une suile de secousses beaucoup plus fortes eurent lieu, la première à 9 heures 20 minutes environ du soir, pendant 40 secondes ; elles avaient commencé dans la direction du nord au sud et prirent ensuite celle de l’est à l’ouest. Le même jour à peu près à la mème heure, a commence le désastreux tremblement de terre dela Syrie, que l’on a comparé à ceux qui ont désolé la Calabre et Lisbonne dans le siècle der- nier. C’est à9 heures et denrie que s’est fait ressentir la première se- cousse et elles se sont continuées presque sans interruption pendant toute la nuit. Dèsles premières les villes d'Alep, deRiba, deFhogre, d’Antioche, d'Édlip, de Darewach, d'Arménet et tous les villages circonvoisins ne firent presque plus qu’une masse de ruines : 20,000 individus, formant environ la dixième partie de la population, out péri dans ce désastre. On a senti la secousse en mer jusqu’à deux lieues de Chypre. On vit pendant la nuit et à plusieurs reprises des méléores dont la lumière égalait celle de la pleine lune. Le capitaine d'un navire francais a rapporté que deux rochers se sont montrés hors de l’eau, dans le voisinage de Chypre. D'autres villes des gouvernemens d'Alep et de Tripoli et particulièrement Antiocheet Laodicée ontaussi beaucoup souffert de ce tremblement de terre. Le 5 septembre les secousses se renouvelèrent et détruisirent le reste des édifices que les premières avaient épargnés. Le 10 à Carlstadt en Suède, un fort tremblement de terre pré- XXXVIi) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cédé d'un bruit semblable à celui du canon et accompagné de J'apparition d'un grand nombre d'étoiles filantes très vives. Le 18, le Chili éprouvait aussi un violent tremblement de terre. La terre, dit l'observateur, fut en mouvement pendant 4 minutes, absolument comme si elle eût été placée sur les eaux de la mer et l’on avait beaucoup de peine à se tenir debout. La _ ville de Valparaiso a été presque entièrement détruite. On porte le nombre des victimes à 200. La ville de San-lago a moins souffert; mais toutes les églises et un grand nombre de maisons devront être abattues. Le mème jour a 1 heure et demie du matin , à Danston, près Newcastle, sur la Tyne, une forte secousse accompagnée d’un bruil semblable à celui d’un canon éloigné. Le 29, une forte secousse à Algésiras et Cordoue. Pendant tout ce mois, les secousses continuèrent à Alep, et ce ne fut que le 9 octobre qu’elles commencèrent à cesser. Ce- pendant il paraît qu’elles n’ont cessé réellement que dans la pre- mière moitié de novembre. Le 28 novembre au matin, une assez forte secousse qui s’est fait sentir à Stutigard, Spire, Kell, Strasbourg, etc. Ombrométrie. En comparant la quantité de pluie tombée dans des lieux assez voisins, on est souvent étonné de trouver des différences tellement considérables, que les météorologistes ont dû chercher à en découvrir les causes. On sait déjà d'une manière certaine que l'élévation de lombromètre au-dessus du sol diminue cette quantité; c’est ce que l’on a pu voir dans les observations faites à l'Observatoire de Paris , et que nous avons rapportées plus haut, puisque la différence entre la quantité de pluie sur la plate-forme et dans la cour est de 5,431 centimètres; mais cela n’est pas tout-à-fait hors de doute, puisque quelques météorologues, comme celui de Kinfann’s-Castle en Angleterre,ont observé le contraire. Il était donc important d'estimer avec le plus grand soif toutesles sources d'erreurs dans ce genre de recherches, et c'est ce qu'a fait M. H. Boase, de la Société royale géologique de Cornonailles. Après avoir construit trois ombromètres parfaite- ment semblables; il les a placés, l’un au sommet d’une maison , au-dessus de toutes les cheminées environnantes, 45 pieds au- dessus du sol et 143 environ au-dessus du niveau de la mer; les deux autres furent mis sur le sol dans un jardin, à une dis- tance de 60 mètres des maisons et des arbres. Il les observa avec grand soin pendant le cours de l’année 1821; et pour somme 10- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXXIX - tale, les deux derniers donnèrent une quantité de pluie qui est à celle fournie par l’ombromètre élevé, comme 3,46,080 pouces, est à 1,50,475 ou environ, comme 3 est à 2. Cette disproportion varia cependant pour chaque mois, et il s’est assuré qu’elle est proportionnelle à la vitesse du vent, et que loute autre cause ne suffit pas pour expliquer une si énorme différence. Aussi M. Boase recommande-t-1l d’avoir le plus grand soin de noter non seu- lement la hauteur de l'ombromètre, mais encore s’il y a quelque obstacle au vent, à 100 où 200 mètres de distance; d'en faire connaître la hauteur, la largeur , la direction, etc., si l'on veut avoir des observalions exactes. La théorie de la formation de la grêle paraît encore assez loin d’être satisfaisante. Cellé qui admet que l’eau se congèle en'arri- vant dans les couches inférieures de l'atmosphère, recoit une bien forte objection de l'observation qui parait certaine ; que la grèle est fort rare dans les-régiôns arcliques ; aussi un observateur an- glais attribue-t-il sa formation à l'électricité, et il s'appuie sur ce que celle-ci est toujours très abondante pendant les ondées de grêle, comme le dénotent le tonnerre et les éclairs, et que dans les régions septentrionales , les phénomènes électriques sont aussi rares que la grêle. Malgré cette théorie, les journaux russes nous apprennent que le 27 juin 1822, à Usnaw, dans le gouvernement de Riewv, il est tombé une grêle si grosse et si dure qu’elle a tué un troupeau de ne a de 200 bêtes, et mutilé cruellement le berger et son chien. Hygrométrie. La quantité d'humidité de Fair atmosphérique s’estime le plus communément au moyen de l’hygromètre de Saussure, et ce moyen , assez simple , en a fait oublier un encore plus simple que l’on doit au D'J. Hution d'Edimbourg, et qui consisté à plongér un thermomètre dans de l’eau, l'an et l’autre à la température de l'air environnant, En exposant ensuite la boule à un eourant d'air on estime la quantité d'humidité de celui- ci, par la dépréssion du mercure. Le professeur Leslie avait déja montré que le froid produit dans cette expérience élail entière- ment’ dû à la qualité desséchante de l’atmosphère; mais M.J. Ivory, dans un Mémoire inséré dans le Phil. magaz., vol. LX, p. 81, discute de nouveau l'expérience originale du D' Hutton et dé- montre qu’elle établit complétement la condition de l'atmosphère quant à l'humidité, et que pour en éstimer la quantité, il faudra une table contenant dans une colonne le maximum de tension de la xl DISCOURS PRÉLIMINAIRE. vapeur, pour tous Jes degrés de température, et dans une autre le poids de la vapeur dans un volume donné, correspondant aux différentes tensions. On pourra donc faire des expériences hygro- métriques exactes, avec deux thermomètrés semblables. M. Cole- brooke a employé ce moyen pour déterminer l'humidité de l'air au Cap. La moyenne, le matin, est de 7° et le soir de 14. Les observations faites au Brésil, à Rio-Janeiro et jusqu’à Villa Rica, par M. Alex. Caldelengh, pendant les mois d'août, septembre et octobre, prouvent combien l'air y doit être humide, puisque l’hygromètre de Daniell y a montré pour terme moyen 65° et 6,577 grains de vapeur dans un pied cubique, ce qui est presque le double de ce que M. Daniell a trouvé en AngjJeterre. Dans la traversée de Rio-Janeiro à Spithéad, depuis le 1°° jus- qu'au 26 décembre, il n’a jamais été au-dessous de 65° et il a été jusqu'a 79°. Les nuages qui ne sont qu’un amas plus ou moins considérable de globules d’eau ou de vapeur vésiculaire, montent et descendent dans l'atmosphère; on ignore encore complètement pourquoi. M. Gay-Lussac a montré que les courans ascensionels doivent y contribuer, et M. Fresnel, que les changemens qui surviennent dans la température de l’air environnant, doivent aussi faire varier les conditions d'équilibre, et par conséquent la hauteur à laquelle le nuage peut s'élever. Barométrie. Les observations du baromètre sont extrêmement multipliées, non-seulement à cause de jeur utilité à l'Agriculture, à la navigation, et à la mesure des inégalités de la terre ; mais parce qu’on croit que rien n’est aussi facile que ce genre d'observations. Ce n’est pas cependant ce que pensent beaucoup de physiciens et entre autres M. J. Blackall qui dans un article, à ce sujet, des Ann. of Phil., établit que la colonne des observations baromé- triques dans les registres de Météorologie est celle qui est la plus défectueuse! Aussia-t-1l commencé uneisérie d'observations com- parativement faites avec un baromètre ordinaire et:un baromètre marquant lui-même, dans le but de‘déterminer la moyenne du jour naturel. on. 0! 51! M. J.F. Daniell a montré, dans le Journal de l'Inst. royale, comment , au moyen de l'hygromètre, on pouvait appliquer une correction aux mesures barométriques nécessitée par l'effet de la vapeur atmosphérique. Une série d'observations barométriques faites à Ceylan, par le colonel Wright, a montré que le baromètre éprouve quatre DISCOURS PRÉLIMINAIRE: xl; changemens périodiques dans les 24 heures, estimés un quart de pouce environ. Il est le plus haut à o heures du matin, et baisse jusqu'à 5 heures après midi, pour remonter jusqu’à 9 heures du soir, et enfin descendre de nouveau jusqu’à 3 heures après minuit. Les pluies ne l’affectent pas autant que dans les hautes latitudes; mais un vent vif de quelque force et continuité qu'il soit, fait baisser la colonne de mercure, quelquefois de trois quarts de pouce. Les différentes moussons n’ont aucun effet sur le baro- mètre. La hauteur moyenne à Colombo est de 29,9 pouces; le maximum est presque de 30,1 et le minimum 29,7. M. Alex. Caldeleugh nous apprend que la hauteur moyenne du baromètre à Janeiro, au Brésil , est de 50,275 pouces angl. Au Cap, d’après M. Colebrooke, la moyenne annuelle est de 30,19; le maximum, 30,22, et le minimum, 30,2. Nous ne nous‘arrêterons pas à recueillir les résultats des obser- vations barométriques faites dans le cours de cette année, parce -qu’elles n’offrent rien de bien particulier; mais nous allons don- ner , dans un tableau , d’après le professeur Brandes de Breslaw, l'histoire de la dépression considérable qui a eu lieu sur la fin de décembre 182r. Tome XCVI. JANVIER an 1823. f xli DISCOURS PRÉLIMINAIRE: Heure Hauteur | Dépresion DATES. du plus grand Villes. du prise abaissement. Baromètr. [au centre. Bee Aoiete Manchester. .....,. Je «| 127007 tabou minuit. .|Gosport. MN AI 0e 28,10 24 déc. à,...4 idem. 4... Londres. . ...... PI] a7 68 idem. ... . . .|New-Malton.. . ........| 27,380 LOT NT a se Le Bushey=Heat.. (2.101020 27,609 LDeppe le PER CPE 27,47 | 1,95 Bd matins 4 TOVES essaie le ete lee 28,20 | 1,46 Nr Se) noce AE le 28,63 | 1,17 : Saint-«Gall. . ...,. 6 MJENo6/ HU r/ar Avant Si se Abel à LIU R LL) le LNARORE 27,811 | 1,22 Boulogne. D Date sesgopel heroes 27,91 | 2,00 5du matins need PATIE RENAN Ar AT 28,83 | 1,45 M SE dal DT NE ob 28, 4 1,19 SITA DO UTP Aer ren UT 28,1 1,39 7h idem 14.1 Regenibourg.. ....:.... 27,58 | 1,27 Padoue. ..., CRCHENDE LES UE. 28,96 | o,g Midlebonrpe ME TER 38,05 | 1,79 ou ro" idem. . .{Zwanmbourg.. . ........ 28,05 | 1,33 Prag pue M OEM El) GE es 1,15 RS Elberteld etais 2 15 ESS Minden its ere 2885 1 *5r ae d- Une HanDyre rer et te ei 28,31 | 1,43 CPC Gottingue ENS ie cie 27,99 | 1,40 RÉTDsiCR AE ae tetes 28,25 | r,34 Gotha PIerEn RS EURsES 27,55 | »,2g9 ANTON NAN ER TE IER AS 28,81 | 1,51 Ja NN TES 28,54 ne ge be Waldenbourg. . . . . 27,2 1,1 3* après midi. . .SSilésie. fe cie E Ho rp 8 4 mat Leobschuz. . . . . .. 27,922 1, LE Cracowie PEN Te 28,08 | 1,1x Apenrade Ne FAR 28,51 Bon 6iti Ten td Erederikswarka: 0 ROUEN 28,89 | 1,60 Chrishana ele IEEE 28,60 | 1,60 OU TO. ere Dantzike etes 28,71 | 1,39 k amnmatine il ADO NS ete Mel 29,02 | 1,24 26 déc. à..../midi. . . . .... Dorpate pen UN NARRUe 28,87 | 0,97 Enrhel dle ot Pétershourg. Wii MNT 29,31 0,59 Éelston ee ANTIeNeE 27,620 28 déc, à... 10, Lunette liaticastres ts. cie I INA0) d4 Gorn wall a OR ERORE 27,8b DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xliij Ce tabléau est sans doute curieux; mais pour en tirer quelque chose de général sur le maximum et le minimum de cette grande dépression barométrique, et sur sa marche, il faudrait que toutes ces hauteurs fussent dégagées de la quantité qui appartient à l’'é- lévation du lieu où elles ont été observées. T'hermométrie. La température moyenne de l’année 1822 a surpassé, comme nous l'avons vu, la température moyenne du climat, déterminé par une longue suite d'observations, de 1,5. Aussi l'hiver de 1821 à 1822, a-t-il été très remarquable par sa grande douceur qui a permis à un assez grand nombre de plantes de fleurir une seconde fois dans l’année, ou bien avant leur époque ordinaire. Les observations de ce geure se font maintenant dans presque toutes les parties du monde. À Rio de Janeiro, la moyenne annuelle est de 73° Far. Au cap de Bonne-Espérance, elle est de 67°+ Far., le maximum 96° et le minimum estde 45°. La moyenne du mois le plus froid es 57°, et celle du plus chaud , 70°. M. Bellani de Monza , dans le Milanais, a découvert qu'il s’opère à la longue dans la position du zéro de tous les thermo- mètres à mercure, un changement qui va quelquefois à + 0,5. M. Pictet a confirmé cette observation sur six thermomètres de ce genre et l'erreur a été de = 2°,1 et 2°,2 sur des instrumens construits, il y a 15 et 20 ans. Ce changement, d’après l’observa- tion de M. Flaugergues, n’est pas toujours le même; il augmente d'année en année et il n’a pas lieu sur les thermomèlres à mer- cure non scellés, ni dans ceux à l'alcool. Quant à l’explication du fait qui est indubitable, voici celle que donne M. Flau- gergues : « Le verre.est élastique , c’est un fait connu; lorsqu'on a scellé un (thermomètre, et que le mercure, en se condensant, a laissé vide l’intérieur du tube , le verre mince de la boule, cédant à la -pression de l’atmosphère, se contracte jusqu'a ce que la force élastique qui augmente en même temps que celte contraction, fasse -equilibre à cette pression. Si les choses restaient en cet état, il n’y aurailaucun inconvénient; le pointzéro seraitseulement un peu plus élevé, que si le tube fut resté en plein air ; mais on sait que tout ressort quiresle tendu pendant long-temps perd de sa force; c’est ce qui arrive au verre de la boule du thermomètre ; sa force élas- tique diminue peu à peu par suite de la tension qu’elle éprouve, et ne peut plus, au bout de quelque temps, faire équilibre à la f- xliv DISCOURS PRÉLIMINAIRE. pression atmosphérique. Par cettenouvelle'contraction de la boules une autre petite portion de mercure passe dans le tube, ce qu! augmente en plus la différence du degré marqué par le thermo- mètre dans la glace fondante, d'avec le degré qu’il marquait dans les mêmes circonstances , lors de sa graduation. Le même effet doit se renouveler pendant un temps plus ou moins long; ce qui dépend de l'épaisseur et du degré d’élasticité du verre de la boule du thermomètre.» Pour remédier à celle nouvelle source d’erreur, M. Flau- gergues propose de ne plus construire à l’avenir que des thermo- mètres dont le tube restera ouvert et dele garantir de l'humidité, de la poussière, etc., au moyen d’une petite boule de coton carde, placé entre la monture et le bout du tube. Electricité atmosphérique. Parmi les phénomènes de ce genre, nous nous bornerons à citer celui qui a élé rapporté par M, le capilaine Bourdet, et qu'il a observé en Pologne au mois de dé- cembre 1806. L'hiver de cette année fut extrêmement doux, il n’avail pas encore tombé de neige à cette époque, les orages étaient fréquens. Un soir , à 9 heures , après une bouffée de vent extrémement forte, la nuit devint si profonde, qu’il était impos- sible aux cavaliers de voir la tête de leurs chevaux; 1l s’éleva ün coup de vent si violent que les chevaux s’arrêtèrent; mais bien- tôt l'extrémité de leurs oreilles devint lumineuse , ainsi que tous les longs poils du corps ; à l'exception de ceux de la crinière et de la queue. Toutes les extrémités métalliques de leur harnois, toutes les parties pointues des affüts de canons , brillaient comme si elles avaient été couvertes d’un essaim de vers luisans. Les moustaches de M. Bourdet et celles de plusieurs canonniers étaient également lumineuses, mais ni les cils, ni les cheveux ne l’étaient. Ce phénomène dura autant que le coup de vent, c'est-2- dire 3 ou 4 minutes. Les chevaux avaient la tête haute, les oreilles droites et agitées , les naseaux ouverts, la crinière et la queue dressées; en un mot, leur position était celle d’un animal saisi de terreur. Aussitôt que le coup de vent eut cessé , le phénomène lumineux disparut, el il tomba un déluge de pluie accompagnée de grele. M. F. Ronalds a publié dans le Journal de l’Instit. royale, le résultat de ses observations sur l'électricité atmosphérique, faites en juin et juillet 1819, surle Vésuve; à environ 500 brasses (yards) et au nord du grand cratère. L’électricité fut constamment positive, l'intensité augmenta, comme à l'ordinaire ; avec l'ascension du ; . DISCOURS PRÉLIMINAIRE: xlv soleil, excepté quand elle fut influencée par les explosions du volcan. Les variations d'intensité furent fréquentes , el accompa- gnaient quelquefois un changement de vent : quelquefois elles suivaient immédiatement les explosions du cratère, et d’autres fois celles-ci n’avaient aucune influence. Les fumeroles noires dimi- nuaient évidemment la tension, beaucoup plus fréquemment que les blanches ; cependant souvent il lui a été impossible de trouver la cause de ces variations. Magnétisme. Nous avons donné dans le discours préliminaire de l’année dernière, les principaux résultats auxquels M. le profes- seur Hanstein est parvenu sur cette partie intéressante de la Mé- téorologie. Voici le tableau de l'intensité de la force magnétique dans différentes parties du monde, que nous devons au même observateur. . Lieux. Différences. Intensité. LÉO OM OA SMAUTETe 1,0000 Mexique. naar 4210 1,9199 Paris ee der 20 08300 1,5482 Dondres 2.170,69 1,4142 Christiana........ 72,30 1,4959 Arendahl.s. 5.117249 1,4750 Peas ere 274 E : 1,494 Hare-Island....... 82,49 1,6939 Détroit de Davis... 83,08 1,6900 Baie de Bañin..... 84,25 1,6685. M. Ronalds, dans ses observatisns sur le Vésuve, n’a jamais remarqué aucuns signes extraordinaires d'oscillation de l'aiguille aimantée, comme cela était arrivé à Spallaziani. M. Arago, en comparant les déclinaisons moyennes de l'aiguille simantée, tirées du tableau des observalions faites par le colonel Beaufoy , pendant le mois de mars 1822, avec celles du méme mois 1819, a trouvé pour le rnouvement rétrograde de la pointe nord de l'aiguille, en trois ans : 1° 55”, diminution de la décli- naison , qui est confirmée par celles de quinze mille observations de l'aiguille, faites à Paris de jour et dé nuit. . xl) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. PHYSIQUE. Physique générale. Quoique la cause du phénomène des marées soit généralement regardé comme produite par l'attraction de la lune , il y a cependant encore quelques personnes qui cherchent à expliquer ce phénomène d’une autre manière. Tel est, par exemple, M. le capitaine Forman, qui, dans une nouvelle théorie à ce sujet, pense qu’il est impossible de s’en‘rendre raison sans admettre une expansion dans les particules de l’eau. M. Russel parait aussi croire que les eaux dans la marée montante , ne peu- vent être soulevées par la puissance d’attraction de la lune; mais au lieu d'admettre avec M. Forman, qu’elles sont soulevées par l'expansion de leurs propres molécules, il suppose que celte élé- valion est due à la pression en bas des eaux où la marée est mon- tante, ou, pour employer ses propres termes , par la supériorité de pesanteur de ces eaux, qui constituent le flot. La compressibilité de l’eau au degré tel que l’a trouvé Canton, à l’aide d'un moyen extrêmement ingénieux, il y a plus d'un demi-siècle , et qui cependant n’était pas encore généralement ad- mise dans les traités de physique, a été mise hors de doule par les expériences de M. le professeur Œrsted, et par celles de M. Per- kins, qui n’en sont qu’une extension. Cette compression est éva- luée entre 43 et 45 millionièmes. Dans le cours de cette année, nous nous proposons de donner la description des moyens que l'on a employés pour arriver à cette détermination, et qui ont besoin de figures. Lumière. La nouvelle mine d'expériences physiques, décou- vertes par M. Œrsted, a fait un peu négliger celle que nous devons à Malus. M. Fresnel, qui continue cependant ses recherches à ce sujet, a confirmé, par des expériences faites avec toute l'exacli- tude convenable , ce que la théorie l'avait conduit à apercevoir , que dans les cristaux doués de la double réfraction , et qui ont deux axes, sice n'est dans le spath calcaire , aucun des deux faisceaux ne suit les lois de la réfraction ordinaire, c’est-à-dire que les rayons ordinaires éprouvent des variations de vitesse ana- logues à celles des rayons extraordinaires, et que par conséquent l'explication que l’on donne pour les cristaux à un axe, n’est pas applicable aux cristaux à deux axes. Le mème physicien qui s’était assuré, dès 1819, de l'existence DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xlvij de la double réfraction dans le verre comprimé , et de la sépara- tion angulaire de la lumière en deux faisceaux distincts, quand elle le pénètre sous une incidence oblique, a rendu cette double réfraction sensible aux yeux de tout le monde, en produisant deux images avec le verre comprimé, comme on a pu le voir dansune nole que nous avons publiée. Il a aussi montré dansle Bulletin par la Société philomatique,p.19r, que le cristal de roche, dans la direction de son axe, présente une double réfraction particulière, et ilconclut des faits et des lois de l'in- terférence des rayons polariés, indépendamment de toutehypothèse sur la nature des réfractions lumineuses : 1°. Que les deux faisceaux séparés qui en proviennent, peuvent être considérés comme com- posés de deux systèmes d'ondes, polarisés à angle droit, et dis- tans d’un quart d’ondulation. Le plan de polarisation du système d'ondes en avant, élant pour un des faisceaux à droite, et pour l'autre à gauche du plan de polarisation du système d'ondes en arrière. 2°. Que les deux faisceaux ne traversent pas le cristal de roche avec la même vilesse dans le sens de son axe, et que selon Ja nature des aiguilles, elles sont parcourues plus promptement, tanlôt par le faisceau polarisé cireulairement de droite à gauche, et lanlÔt par celui qui l’est de gauche à droite, la différence de xitesse élant d’ailleurs la même dans ces deux cas. M. Prewster, qui continue aussi avec beaucoup de zèle ce genre de recherches , qu’il a déjà enrichi de faits curieux, a re- marqué un siugulier contraste de couleur sur une tourmaline dio- chrotique, dont une plaque est coupée perpendiculairement à l'axe de double réfraction, ainsi qu’à l'axe du prisme. Quand on la re- garde dans la direction de l'axe, la couleur est d’un bleu foncé brillant, et dans une direction à angle droit, la couleur est d’un rouge très pâle. M. J.F. W. Herschell, dans un Mémoire sur l’aberralion des lentilles composées, publié peu de temps avant sa mort, a pré- senté, sous une analyse générale et uniforme , la théorie générale des aberrations des surfaces sphériques , et qui fournit des résul- tats pratiques d’un calcul facile pour les artistes opticiens, dégagé de toute complication algébrique , et applicable, par le moyen des notions les plus simples, à toutes les variétés ordinaires des matériaux qu’il a à employer. Chaleur. L'emploi du calorique dans les machines à vapeurs, a nécessité d'étudier avec plus de soin, sinon sa nature, du moins les lois qu’il suit dans sa communication et dans son dé- xlvii] ‘DISCOURS PRÉLIMINAIRE. veloppement. M. Rab. Hare a cependant publié plusieurs mé- moires dans le Journal américain de M. Siliman, pour montrer que le calorique et l'électricité sont des agens collatéraux dans le galvanisme, et que la proportion en quantité du premier sur le dernier élant connue , l'étendue de la superficie opérante est en rapport avec le nombre de pièces dans lesquelles elle peut être divi- sée. Il en a déduit que la cause de la chaleur et de l'électricité, sont des fluides matériels, opinion contraire à celle de MM. Rumfor et Davy, dont il combat les argumens. M. de Laplace, dans un mémoire publié dans la Connaissance des Tems, pour 1825, sur les lois du calorique, et dont nous avons donné un extrait dans notre Journal, a montré que la quan- tité de chaleur qui se dégage d’un gaz passant sous une pression déterminée d'une plus haute à une plus basse température , est proportionnelle à la racine carrée de cette pression; ce qui donne beaucoup d'avantage aux machines à vapeurs à haute pression; celle que la vapeur produit étant proportionnelle à la chaleur contenue dans un espace donné , qui peut être considérée comme uuilé, la pression ou la tension s’accroit dans une propor- tion beaucoup plus grande que la quantité de calorique, c’est-a- dire quadruple, quand le calorique est double. Il parait cependant que le degré de la force expansive de la vapeur à de hautes températures, ne s'accorde pas entièrement avec la théorie : c’est du moins ce que dit M. P. Taylor dans une nole insérée dans le Phil. Magas.; s'étant expérimentalement beaucoup occupédece sujet, il ne se trouve pas non plus d'accord avec les personnes qui en avaient déjà fait le sujet de leurs re- cherches. Aussi a-t-1l cru devoir former une table dans laquelle il donne la force expansive de la vapeur à chaque degré de tem- pérature, depuis 212 degréFareinh., pointouù la pression atmosphé- rique lui fait équilibre , jusqu’à 250°, en estimant les forces pro- duiles par chaque augmentation de température en pouces de mercure. Nous ne placerons pas ici celte table , maïs nous croyons devoir rapporter celle dans laquelle M. Taylor compare ses résul- dats avec ceux obtenus par d’autres auteurs. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xlix Températ.|Robinson. | Wait. |Southern.| Dalton. Ure. Taylor. 220 5,8 te Eee dl 4,99 5,54 4,95 230 14,5 re RM A © ÉLIS EN Il 11,79 13,10 11,51 à 240 24,9 19 cu 0.1816567 21,70 20 250 36,8 28 3o 28,21 31,90 29,12 260 bo,8 SPEARS R 37,73 42,30 40,10 270 64,1 PL NN OE 47,85 56,30 52,50 280 75,9 ne, | 58,75 | 71,90 | 69,75 AgO MT. FEES Re: 70,12 90,15 84,50 D TELL A PORES OS OT OS got Ms ets ben 90,40 SON APE PE PBE POP | a 81,81 |-109,70 |-103,75 320. | | SEE CRUE RORTE 149,40 M. Faraday a fait connaître une nouvelle propriété de la va- peur, qui consiste à ce qu’elle peut porter la température de cer- jains corps au-dessus de Ja sienne; ce dont on peut aisément s'assurer en mettant la boule d’un thermomètre dans le courant de vapeur qui sort du tube d'une théière ou autre vase, et quand le mercure a alteint 212° Far., en jetant dessus du tartrate de potasse, du muriale d'ammoniaque, ou du nitre en poudre. La tempéralure montera immédiatement entre 230 eu 240°. Cet effet qui paraît dépendre de l'attraction de ces substances pour l'eau, est produit par loutes celles dont la solution demande, pour en- trer en ébullition , une chaleur plus élevée que le dissolvant, et il.est proportionnel à l'élévation du point d’ébullilion de la dissoz Jution. On produit le mème effet en enveloppant la boule du ther- momètre dans un morceau de flanelle ou de toile que contient la substance , et en plongeant le tout dans la vapeur. La Table sui- vante contient l'élévation de température obtenue avec un certain nombre de substances; dans la première-colonne, parle premier procédé, et dans la seconde, par le dernier. Sulfate de magnésie........... l218°Far. 214° Tartrate de potasse........,1,.1:256 230 Acide tartrique.........4..,. 226 222 Sucré! 92 20: QU LOUE. QUOU 250 223 Muriate d'ammoniaque........ 230 227 Acide citrique:..1,...:..::.,. 330 328 Natre 20e SN ET 2009 230 Nitrate de magnésie::,....... 256 256 Nitrate d'ammoniaque.......:.. 244 240 Tome XCV I. JANVIER an 1823. £ 1 DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Acétate-de potasse.....,..... 256 258 Sous-carbonate de potasse.... 258 262 Potassessrt...:.. 4e. 4: 300 efau-delx M. Pouillet a été conduit à observer aussi des phénomènes de ce genre, en faisant des expériences sur des métaux réduits en poudre, sur des oxides, et sur beaucoup d’autres composés du règne minéral. Il emploie des thermomètres assez sensibles pour indiquer facilement le centième de degré centigrade. La proposi- tion générale à laquelle il est parvenu pour les substances inor- ganiques , c’est qu’à l'instant où un liquide mouille un solide, :l y a dégagement de chaleur. Les élévations de température pour les différens corps sur lesquels il a expérimenté, sont à peu près comprises entre un quart de degré et un demi-degré centigrade, et comme l'action qui a lieu entre un solide réduit en poudre et un liquide qui le mouille, est de même nature que celle qui s'exerce entre deux corps qui adhèrent par le contact, il regarde comme très probable qu’en général il y a dégagement de chaleur quand deux corps se touchent, comme il y a développement d’é- lectricité. Un autre fait d’une grande importance, non seulenrent pour la physique des corps bruts, mais encore pour celle des corps organisés , c’est qu'à l'instant où un solide absorbe un liquide, il y a dégagement de chaleur, et ce dégagement va souvent de 6 à 7°, et quelquefois jusqu’à 10°. Des expériencesnombreuses que M. Pouillet a faites à ce sujetet du rapport qui existe entre les quantités de chaleur qui se dégagent par la simple action de mouiller et celles qui se dégagent par l’ab- Sorplion , il conclut que les liquides absorbés , ne sont pas chimi- quement combinés avec les corps qui les absorbent, et que l’action de mouiller et l'absorption , sont deux phénomènes identiques. Les sels qu'on a privés d’eau de cristallisation, ont bien, comme le corps organique, la propriété de l’absorber et de dégager de la chaleur en l’absorbant ; mais ici il y a-une véritable combinaison en proportion définie, et non une véritable absorplion: Les nouvelles expériences de M. Flaugergens sur lachaleur des rayons solaires, dont nous avons inséré la description dans le Journal , lent convaineu qu'il s’étail trompé dans ses premières recherches à ce sujet, en altribuant la diminution de la différence des températures indiquées, par le. thermomètre exposé aux rayons du soleil, et par le thermomètre. à l'ombre, lorsque l'air est agité, au mouvement. de: J'air ; 1l regarde, au con- traire , comme très probable ; que cela est dù au: mouvement et , DISCOURS PRÉLIMINAIRE. 1j au renouvellement de l'air autour de la boule du thermometre , exposé au soleil ; qui s'oppose à l'entrée’et facilite l'émission du calorique introduit par les rayons de cetastre dans la boule. Electricité. Les expériences d'électricité, telle qu’on l’envisa- geait avant la belle découverte de M. Œrsted, n’ont pas été nom- breuses dans le cours de cette année. On s’est cependant assuré que le pouvoir conducteur des eordes de paille, proposés par M. Lapostolle, n’existe réellement que quand elles sont mouil- lées ou humides; mais que lorsqu'elles sont complètement sèches, elles n'én offrent pas de trace. Nous avons rapporté la preuve de la propriété portée à un haut degré , dont jouit l'amadou, de soutirer l’electricité. Nous citerons aussi le fait observé à Genève , où le tonnerre en tombant , a traversé une plaque d’étain, placée sur le toit, près d'une cheminée, parce qu'il y a fait deux trous d’environ un pouce de diamètre, et à quatre de distance, et dont les bavures étaient dans une direction opposée, parce qu’il rappelle l'expérience de M. Van-Moll, que nous avons rapportée dans le Journal de Physique de 1627. Électro-magnétisme. Les recherches sur ce‘ sujet, si curiéux. et si intéressant, ont élé sinon peut-être plus nombreuses, mais plus importantes que l’année derniere. On trouvera dans notre Journal, l'exposé historique des découvertes faites depuis l’an- née 1821, dans cette branche de la physique , parmi lesquelles se trouvent nécessairement celles que nous devons à M. H. Davy; et qai sont détaillées dans les deux Mémoires de lui, que nous avons publiés, On pourra aussi trouver quelques faits nouveaux, propres à confirmer la théorie de M: Ampeére, dans le Mémoire de M. Vander-Heyden. M.'Ampère a eu Pavantage d’être conduit par cette mème théorie, qu'il à pu exposer mathématiquément , à faire quelques expériences nouvelles, qui en sont devenues la contre-preuve. M. Parlow a donne à la belle expérience de M. Faraday, dont il a été fait mention dans le précis historique que nous venons de citer, une extension intéressante, en employant le calorimotéur de M. Rob. Hare, des Etats-Unis. Mais les plus curieuses expériences dans ce genre de recherches qui ayent été faites dans le cours. de 1822, sont celles que us devons à MM. Herman, Sebeck et Œrsted. ! Voici en quoi consiste celle du premier, que nous avons eu l'avantage de voir répéter par M. le professeur Œrsted, pendant fe li DISCOURS: PRÉLIMINAIRE, son sejour à Paris. Si l’on prend deux morceaux de zinc de diffe- rens diamètres , lun, par exemple, de trois lignes, et l’autre de une ligne et demie, etqu’on les plonge dans un acide étendu, aussi- tôtque l’on aura établi la communication entre elles et l'extrémité du fil métallique du maltiplicateur de Schweiger, on aperce- vra un effet sensible. La plus grande plaque, dans celte expé- rience, prend la place du cuivre de l'arc galvanique, et la plus petite celle du zinc. Sil'on prend des plaques parfaitement égales, et qu’on les plonge à la fois dans le liquide acide, on n’en obtient aucun effet; maisen les plongeant l’une après Pautre, il y a ac- tion, dans laquelle la plaque immergée la dernière, agit comme le métal le moins oxidable. M. Erman , en répétant cette expérience sur l'électricité, pro- duite par le contact d'un solide simple conducteur, avec un fluide simple, primitivement due à Zamboni, s'était plaint des varia- tions qu’elle offrait. M. Œrsted, en y appliquant le multiplicateur de Schweiger, en a rendu les effets mesurables. L'expérience de M. Sebeck est encore plus nouvelle et plus in- téressante , et elle a donné lieu à la branche de phénomène , dési- gnée sous le nom de {ermo-électrique. M. Œrsted en a déjà agrandi le domaine, comme nous le verrons avec plus de détails dans le cours de celte année. Voici l'expérience originale du pre- mier de ces physiciens; si l’on prend une barre d'antimoine, d'en- viron huit pouces de longueur sur un demi-pouce d'épaisseur , et qu'on en réunisse les extrémités en y entorlillant un fil de cuivre, de manière à former une anse, et à ce qu'il y ait plusieurs tours à chaque extrémité de la barre, on n’aura qu'a chauffer l'un des bouts de celle-ci, avec une lampe à esprit de vin, et lon pro- duira des phénomènes électro-magnétiques dans toute son éten- due; l'extrémité chauffée correspond au pôle négatif d’une bat terie voltaïque, et l’autre au pôle positif (1). Magnétisme. L'étude de l'action des courans électriques sur l'aiguille aimantée , quelle que soit la cause de la mise en action, —————— (1) M. Œrsted joint les deux métaux qu'il emploie sous forme de barre avec de la soudure des ferblantiers, etil multiplie le nombre des élémens de cette nou- velle espèce de pile ; alors elle devient si sensible qu'il suffit de serrer un instant seulement entre les doigts l’espace soudé pour produire des effets très évidens sur ‘une boussole mise 4 côté de la barre. Les deux métaux qui produisent le plus d'effets sont le bismuth.et l'antimôine. Il a obtenu aussi des effets chimique et des effets galvaniques surune grenouille, mais il est vrai, sourtout pour les premiers, extrêmement faibles. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. lüj doit conduire nécessairement les physiciens à avoir ane connais- sance plus satisfaisante du magnétisme, Aussi ses phénomènes na= turels et artificiels sont-ils reconnus et analysés avec beaucoup de soin. ? De nouveaux faits ont confirmé ce que l’on savait déjà, que le tonnerre, en traversant un conducteur métallique, pourrait don- ner la vertu magnétique à des morceaux de fer qui étaient à quel- que distance du courant. C’est ce que l’on a vu dans une obser- valon rapportée dans les Annales de Chimie. M. Pœnitz , de Dresde, a, dit-on, prouvé par des expériences, qu’en battant ou écrouissant du fer, on ne produit pas en lui la verlu magnétique, mais qu'en mellant ainsi en mouvement ses particules , on lui donne la propriété de recevoir en plus grande quantité le magnétisme de la terre. Un des moyens les plus efli- caces qu’il emploie pour rendre le fer magnétique, c’est de placer une baguette de ce métal dans une position convenable, l’une des extrémités étant fixée solidement, et de la faire vibrer en tirant l’autre de son axe , et en la laissant subilement retomber. | M. P. Barlow a entrepris une série d'expériences sur l’action que les différentes espèces de fer ou d'acier, et que le fer, à diffé- rens degrés de température, exercent sur l'aiguille aimantce. Il a employé des barres de 24 pouces de longueur, sur 1 pouce + d'é- quarrisage ; il les mettait dans la direction du méridien magné- tique, sous l’angle de l'aiguille d'inclinaison et à des distances de 5 à 9 pouces d'une boussole. Voici les résultats obtenus sur les différentes sortes de fer et d'acier, à la température del’atmosphère. Fer malléable (malleable iron)..... 100 Fértfondun (case mor) A MNMELERLAS Aeïer (blis/ered) doux 72.2 ..1167 ; ED Sono om Acier (shear) doux. LL: 166 Acier (idem) trempé: .......:,.2:.7 66 Acier fondu (cast) doux.......... 74 Acier fondu (cast) trempé....... 49 Quant aux résultats qu'ont donné les expériences faites avec le le fer rouge, ils ont différé suivant que la barre était placée plus ou moinsau-dessus de la boussole, quoiqu'a une distance qui était la même (sixpouces el demi) ;aurouge blanc, il n’y eut aucune action; mais au rouge de sang, la déviation fat de 70°, lorsque la boussole était un lant soil peu au-dessous de l’extrémité de la barre ; mais élevant celle-ci de quatre pouces, au rouge blanc, point d'action, = liv : DISCOURS PRÉLIMINAIRE. au rouge de sang, une action très intense, à la manière ordinaire du fer; mais à une température intermédiaire, il y eut une action contraire qui produisit une déviation de 4; en élevant encore davantage la barre, au rouge blanc, d'abord pas d'action; l'aiguille fut ensuite repoussée de 10° > et au bout de 8 minutes, il y eut un mouvement de 81° en sens contraire. Cette action anomale qui, après la chaleur blanche, transportait l'aiguille à 15°, 20°, 50°, et même 50° de sa position naturelle, offre encore cela de singu- lier qu'elle augmentait à mesure qu'on se rapproche du centre de la barre. Pour s'assurer que ces anomalies ne dépendent pas de la chaleur seule, M. Barlow a employé des barres de cuivre, au lieu de celles de fer, et elles n'ont eu aucune action sur la boussole. M. le docteur de Sanctis, dans un mémoire inséré dans le Phil, Magaz., p. 199 , a publie des expériencés qui, comme celles du gouverneur Ellis, tendaient à prouver que le froid détruit le pouvoir magnétique des aiguilles aimantées, ou au moins les rend insensibles à l’action du fer; mais M. Brande, dans des expé- riences entreprises dans le but de vérifier ce fait, et rapportées dans le Journal de lInstitution royale, s’est assuré que des aiguilles mises dans un appareil qui produisait un froid suffisant pour glacer le mercure, et ensuite échauffées jusqu’ala température de 80° Far. élaient , dans les deux cas, également affectées par le fer magné- tique , et offraient le même nombre d’oscillations dans un temps donné, les unes que les autres. ; Nous devons à M. H. Kater, un travail beaucoup plus étendu et d'une grande importance , dans lequel il a déterminé, par de nombreuses expériences, quelle est la meilleure espèce d'acier pour faire des aiguilles de boussole, et quelle est la forme qu'il faut leur donner pour qu’elles réunissent à la force directrice la plus énergique , le moindre poids. Les principaux résultats aux- quels il est parvenu , sont les suivans : La meilleure substance pour former les aiguilles de boussole, est le ressort de montre ( clock spring); mais il faut avoir grande attention en les faisant, de les exposer le plus rarement possible à la chaleur, sans cela leur capacité pour recevoir le magnétisme, sera considérablement diminue. La meilleure forme est le rhombe aigu (pierced rhombus), dans la proportion d'environ cinq pouces de longueur, sur deux de largeur ; cette forme étant susceptible de la plus grande force directrice. Le mode le plus avantageux de tremper les aiguilles aimantées, À DISCOURS PRÉLIMINAIRE. lv est d’abord de les chauffer au rouge, etialors de les adoucir de- puis le milieu jusqu’à environ un pouce de chaque exlrémité, en les exposant à une chaleur suffisante pour produire la couleur bleue, qui commence de nouveau à disparaitre. Dans une même plaque d'acier de quelques pouces carrés seule- ment, on trouve des portions qui varient considérablement dans leur capacité à recevoir le magnétisme, quoi qu'elles n'oflreut aucune différence sous tous les autres rapports. Le pôle des aiguilles n’a aucune influence sur leur magnétisme. CHIMIE. Les essais plus ou moins heureux sur les systèmes généraux de Chimie ,paraissent avoir diminué de nombre dans le cours de cette année. Il n’en a pas été de mème des travaux spéciaux sur les dif- férentes parties de la Science, et les journaux consacrés à leur collection suflisent à peine pour les faire connaître; aussi ne pourrons-nous pas même les indiquer tous. Nous choisirons ceux qui nous paraissent les plus importans. Aucun corps simple non métallique n’a été découvert; mais M. Fyfe a prouvé que la magnésie el son carbonate jouissent, comme Ja chaux, de la singulière propriété d'être plus solubles à froid qu’à chaud. D’après ces expériences, une partie de magnésie demande, pour être dissoute, 2495 parties d’eau à la température de 60°, et 9000 à celle de l’ébullition. M. Dalton, dans un Mémoire contenant des remarques sur l'analyse des eaux minérales , inséré dans les Transactions de la Société de Manchester, a observé beaucoup de circonstances intéressantes sur les propriétés alcalines de la solution du carbo- nate de chaux. Nous devons à M. Siliman la connaissance d’une nouvelle pro- priété de la chlorine. En ÿ plongeant la main, on éprouve une chaleur qu'il estime de 90 à 100°. La Science ne s’est non plus enrichie de la découverte d’au- cune substance simple métallique. M. le D' Clarke s’est seu lement assuré que le zinc métallique contient du cadmium , ce qui n'offre rien d’extraordinaire, puisqu'il parait que loutes les blendes en renferment toujours en plus ou moins grande quantité . La classe des corps composés non acides, non métalliques ; été au contraire augmentée de plusieurs composés nouvéaux : et la composition de ceux que l'on connaissait déja, a été évaluée de manière nouvelle, kr) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Le D' Zeise a publié, dans le nouveau Recueil de Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Copenhague, les caractères des différens composésque forme avecles bases un nouvel acide auquel il donne le nom de hydro-carbo-sulfatrique ou d’hydro-xantique, et qu'on obtient en mettant une certaine quantité de sulfure de carbone dans une solution alcoolique d'un alcahi. Si l'on a em- ployé la potasse, on peut obtenir le sel qui en provient par le refroidissement, l’évaporation ou la précipitation par l’éther sul- farique. Get acide ressemble à une huile transparente, légère- ment colorée; il faut le laver avec de l’eau, jusqu’à ce qu'il ne contienne plus d'acide sulfurique. I rougit fortement le papier de tournesol. Son odeur diffère de celle du sulfure de carbone. Sa saveur est acide et astringente; il brûle en totalité, en donnant une fumée sulfurique; il est décomposé par la chaleur. Il forme, avec les alcalis des sels particuliers, et lorsqu'il y a de l’eau, ül chasse l'acide carbonique de ses combinaisons avec la potasse, lammoniaque et la baryte. Cet acide ne contient ni acide carbo- nique, ni hydrogène sulfuré ; mais il est au sulfure carbone ce que l'acide hydro-cyanique est au cyanogène. M. Sérullas a aussi découvert un nouveau composé formé diode, d'hydrogène et de carbone. On le prépare en dissolvant jusqu'à saturation de l'iode dans l'alcool ,'au moins à 30°, et en in- troduisant dans un grand tube la solution dans laquelle on met des morceaux de potassium, en agitant jusqu'a ce que la déco- loration soit complète; en étendant le liquide avec de l’eau, ïl devient aussitôt trouble et épais; de nombreux flocons viennent à la surface; d’autres tombent au fond. La matière qui les forme est de l’hydriodide de carbone. Après lavoir séparée par le filtre, on la lave dans de l’eau froide; et si lon veut l'avoir cristallisée, on la redissout dans l'alcool et on laisse l’évaporation se faire spoutanément. Pendant l’opération , le liquide devient fortement coloré , et une certaine quantité. d’hydriodide est décomposé. La formation de ce composé n’est accompagnée d'aucun dégage- ment de gaz, et le potassium prend quelquefois feu à la surface de l'alcool; il se forme en même temps de l'idiodide de potassium que l’on sépare au moyen de l'eau de l'hydriodide de carbone. Ce nouveau composé-se présente sous la forme de petites écailles perlées d’un jaune de soufre. 11 est friable et doux au toucher. Froissé entre les doigts, il exhale une odeur aroma- tique. 1l n’a aucune saveur à l’état solide ; mais dissous dans l'eau, il en a une manifestement sucrée. Il est décomposé à une température si peu élevée, qu'une chaleur incapable d’altérer une DISCOURS PRÉLIMINAIRE, lvij carte sur laquelle on le place, est suflisante pour produire sa dé- composition, manifestée par la volatilisation de l'iodure et le dépôt de charbon. (Ce résultat établit une différence entre ce nouveau composé et celui dont on doit ladécouverte à M. Faraday, qui ne peut être volatilisé sans altération, et qui n’est décomposé qu’à une haute température. ) L'eau en dissout très peu; il est au contraire très soluble dans l'alcool dont il est précipité par l'eau. Lorsqu'on le chauffe à la flamme de l'esprit de vin, dans une cloche, sur le mercure, il se forme de l’iodate rouge de ce métal; lefarbone est mis en liberté et un gaz se dégage, dont on n’a pu encore examiner a nature. On peut aussi obtenir ce nouveau composé, en metlant un alliage de potassium et d’antimoine dans de Palcool concentré ; car s'il y avait trop d’eau, il ne se formerait que de l'iodate de polassium. M. Silliman a fait l'observation qu’un mélange de chlore et d'hydrogène exposé aux rayons du soleil et même à la lumière diffuse, peut donner lieu à une explosion dangereuse ; il en a vu deux exemples. On a publié, dans les Annales de Chimie et de Physique, plusieurs travaux de M. Berzélius, sur les combinaisons de soufre. Dans l'un sur la composition chimique des pyrites blanches effleu- ries, il conclut que ce n’est autre chose que des particules plus ou moins complètement cristallisées de FeS{"réunies entre elles par des particules plus ou moins nombreuses de Fe S? qui sont converties par degrés aux dépens de l’air et de son humidité en Fe $; ; les pyrites perdent alors leur cohérence proportionnel- lement avec la destruction des particules cristallisées. Dans le second , sur la composition des sulfures alcalins, il a entrepris des expériences, 1°. pour détérminer si le foie de soufre formé par la voie sèche est un sulfure d'un oxide ou d’un métal, et il en conclut que c’est un sulfure de polassium dans différens degrés de sulfuration, et que malgré l’action du soufre, il ne faut qu'une très faible chaleur pour réduire, par l'hydrogène ou le carbone, la potasse en potassium; que les composés, jusqu'ici regardés comme des sulfures alcalins ou terreux , sont des combinaisons de soufre avec le radical métallique de l'alcali ou de la terre, et que lorsqu'on fait fondre du sous-carbonale de potasse avec du soufre, un quart de la potasse sert à former du sulfate de potasse, tandis que les trois autres quarts sont convertis en sulfure de potassium; 2°. pour connaîlre les différentes proportions dans les- Tome ÀCY. JANVIER an 1823. k lvij DISCOURS PRÉLIMINAIRE: uelles le potassium peut se combiner avec le soufre et avec l'hy- debate sulfuré, et il a trouvé, en variant les proportions des sul- fures qu'il regarde comme composés de2,4,6,7,8,9et10 atomes de soufreavec un atome de potassium ; 5°. enfin, pour déterminer les combinaisons d'hydrogène sulfuré avec la potasse, d’où il conclut que pour former un hydro-sulfure neutre, la potasse demande une quantité d'hydrogène sulfuré, dans laquelle lhy- drogène est double de la quantité nécessaire pour former de l’eau avec l’oxigène de la potasse, et que cet hydro-sulfure, dans l’état Ü sec, peut êlre représenté par K S + 215$. de On a publié plusieurs observations sur les combinaisons salines. M. Thomson, dans le but de déterminer la quantité d’alumine dans l’alun, a fait une nouvelle analyse de celui-ci; d’où il résulte qu'il contient sur 100,52, 8542 d'acide sulfurique, 11,0882 d'’a- lumine, 9,8562 de potasse et 46,2012 d’eau ou 4 atomes d’acide sulfurique , 35 d’alumine, 1 de potasse et 25 d’eau. M. Phillips a découvert un nouveau sulfate d'alumine composé de 40 d'acide sulfurique et de 40,83 d’alumine. Une de ses pro- priétés est que, chauffé à la température de 160 à 170° Far., il devient opaque et épais, tandis que par le refroidissement et au bout de peu de jours, il redevient clair. On Fobtient en mettant de l’alumine humide dans l'acide sulfurique étendu d’eau et en ajoutant de cel acide jusqu’à ce qu'il y en ait en excès. En filtrant, ou obtient une dissolution claire, laquelle, par l'addition d’eau, donne lieu à un précipité abondant. M. Avatole Rüiffault donne pour résultat d'analyses soignées du phosphate de soude et d’ammoniaque, 54,491 d'acide phos- phorique, 14,875 de soude, 9,000 d’ammoniaque ou 31,999 de phosphate neutre de soude, 26,377 de phosphate d'ammoniaque et 41,654 d'eau, ce qui s'accorde parfaitement avec ce qu'a dit de ce sel M. Mitescherlich dans son Mémoire sur les formes cristallines. Le sel microcosmique, d’après le même, est formé d'un atome de sous-phosphate de soude, d’un atome de sous-phosphate d’am- moniaque , comme le précédent; mais de 3 atomes d’eau au lieu de ro. Le sulfate de soude et d'ammoniaque eonsiste en 42,239 de sulfate de soude, 31,729 de sulfate d'ammoniaque et 26,032 d’eau. M. Grouvelle dans un Mémoire inséré dans les Annales de Chimie et de Physique, vol. XIX, p. 137, a déterminé les pra- DISCOURS PRÉLIMINAIRE, lix portions des substances qui entrent dans la composition des sous- nitrates de zinc, de fer, de bismuth, du sous-proto-nitrate et du sous-deuto-nitrate de mercure, ainsi que celles des nitrates aci- dulés de bismuth et de mercure. Alliages. Nous avons déja eu l’occasion de parler, dans les années dernières ,» des travaux aussi utiles que curieux de MM.J. Stodart et Faraday sur les alliages de l'acier. Depuis le mo- ment de leur première découverte qui a excité si puissamment l'intérêt, tant en France qu’à l'étranger, ces chimistes ont continué leurs travaux et ont fait des essais en grand, de manière qu'ils ont pu avancer, dans le Mémoire qu'ils ont lu à laSociétéroyale, le 21 mars 1822, et publié dans les Transactions philosophiques, qu’on a fait pour les Arts des alliages en grand qui ne le cèdent en rien, si même ils ne sont pas supérieurs aux produits oblenus en petit dans le laboratoire. Ils ont fait denouvelles combinaisons de l'acier avec le palladium, l'iridium, l’osmium et avec le chrome. Les métaux qui donnent les meilleurs alliages avec l'acier, sont l'argent, le platine, le rhodium, l'iridium et le palladium. L’étain et le cuivre paraissent ne pas améliorer du tout l'acier. Avec le titane, on n’a pu réussir à cause de l’imperfection des creusets. Avec le chrome, dans la proportion de 48 grains de ce métal sur 1600 d'acier, on observa que l’alliage qui avait un très beau da- massé, le perdit par le polissage, et qu’on le lui rendit par la chaleur seulement, sans le secours d'aucun acide. La meilleure proportion avec l'argent est de >; au-delà, l'argent reste mé- langé mécaniquement avec l'acier. Avec le platine, le rhodium, et probablement avec l’iridium et l’osmium, il se combine au contraire en loule proportion. Parties égales d’acier et de rho- dium donnent un alliage susceptible du plus beau poli et le ‘plus propre à faire des miroirs; en général, la meilleure proportion du métal qu'on allie à l'acier, pour en faire des instrumens tranchans est d'environ 55. Un fait remarquable, c’est que lorsqu'on emploie du fer pur au lieu d'acier, les alliages sont beaucoup moins sujets à l’oxidation. Ces différens alliages sont différemment attaqués par les acides; l’ordre dans lequel ils le sont moins, par l’acide sulfurique, est le suivant: l'acier, l’al. liage de chrome, d'argent, d’or, de nikel, de rhodium, d'iridium, d’osmium, de palladium et de platine. Avec l'acier, l’action de l'acie est presque imperceplible; l'alliage d'argent ne donne que très peu de gaz, ainsi que celui d'or; tous les autres en donnent en abondance; mais c’est celui de platine qui en donne k.. lx DISCOURS PRÉLIMINAIRE. le plus. La cause. de celte augmentation d'action des acides sur ces alliages, paraît être électrique, suivant M, H. Davy. Un autre phénomène intéressant que présente l’action des acidessur ces aciers, c’est qu’elle est différente, suivant qu’ils sont doux ou trempés. Ainsi, en mettant dans le même acide sulfurique affai- bli, deux morceaux d’alliage avec le platine, l’un trempé et l’autre doux, on remarquera, après quelques heures, sur le pre- mier, une couche d'une poudre carbonacée métallique noire, et sur le second, une couche sept ou huit fois plus épaisse d’une substance métallique grise, douce au toucher, et ressemblant à la ptombagine, et encore plus à la poudre obtenue par M. Daniell, en traitant la fonte par un acide. Si on la fait bouillir dans l’a- cide sulfurique ou hydro-chlorique faibles, le fer se dissout et il reste une poudre noire qui, lavée et séchée, s’enflamme dans l'air à une température de 150 à 200°, et qui brüle comme le py- rophore, avec beaucoup de fumée. C’est un composé inflammable qui se forme pendant la durée de l’action de l'acide sur l'acier par la combinaison d’une portion d'hydrogène ayec une partie du métal et le charbon. Oxides. M. Phillips, chimiste anglais, a déduit d'expériences assez nombreuses sur les acétates de cuivre que l’oxide de cuivre ou vert- de-gris, qui entre dans leur composition, est formée de 29,3 d’acide acétique, 43,5 de péroxide de cuivre, 25,2 d’eau et de 2,0 d'im- puretés pour celui de France, et de 29,62 du premier, 44,25 du second, 25,2 de la troisième, et enfin de 0,62 d’impuretés pour celui d'Angleterre. M. P. Berthier, dans un article sur les oxides de manganèse ; a confirmé la composition des trois ou quatre oxides de ce métal admis généralement, telle que MM. Berzélius et Artvedson l'avaient déterminée. Composés métalliques non acides, L'un des rédacteurs du Journal of Sciences de l'Institution royale a publié l’observa- tion que parmi les sels métalliques ou non alcalins qui peuvent agir sur le papier de Curcuma, comme les alcalis, les muriate, sulfate et acétate d’urane, ainsi que le muriate de zircone sont ceux qui le font le plus fortement. Nous devons à M. Figuier, Pharmacien, à Montpellier, l’ana- lyse de la préparation médicinale employée par le D' Chreskien, sous le nom de triple chlorure d'or et de sodium; il en résulte qu’elle est formée de 69,3 parties de chlorure d'or, de 14,1 de chlorure de sodium et de 16,6 d’eau. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. à lx} M. Caillot a décrit dans les Annales de Chimie et de Physique, tom. XIX, p. 220, un nouveau composé qu'il a découvert en mélant une solution de cyanure de mercure avec une solution d'iodure de potassium. 11 l'a obtenu sous forme de grandes plaques minces, brillantes, inaltérables à l'air, sans odeur à l’état sec, mais en enayantune des amandes amères, à l’état de dissolution, soluble dans 16 fois son poids d’eau à la température ordinaire, mais dans beaucoup moins d’eau chaude, soluble également dans 96 parties d'alcool à 34°; lorsqu'on le chauffe fortement, il se décompose et donne pour produits, du cyanogène de mercure el une vapeur d’un jaune verdätre, mélés avec du proteiodure de mercure. L’iodure de potassium qui reste fixé est noirci par un peu de carbone très finement divisé. M. Caillot regarde ce com- posé comme formé d’une proportion de cyanufe de mercure et d'une proportion d'iodure de potassium. M.J. L. Lassaigne a publié, dans le même recueil, des ex- périences sur les combinaisons du nickel avec l’oxigène, et les corps combustibles non métalliques qui doivent faire connaitre d’autant plus exactement les proportions définies dans lesquelles ce métal entre dans ces combinaisons qu'il a pu employer, le procédé que la science doit à M. Laugier, pour le purifier et pour le séparer du cobalt. D'après ces nouvelles recherches, le protoxide de nickel est formé de 20 parties d'oxigène sur 100 de métal, au lieu de 27, 28 ou 32, comme les chimistes l’admettaient jusqu'ici. Le deuloxide de 39,44 d'oxigène, c’est-à-dire d’une quantité à peu de chose près double de celle qui est dans le protoxide. Le sulfure renferme 41,3 de soufre sur 100 de métal ; le chlorure 90 de chlore; l’iodure de 32 d’iode sur 100 de nickel, Chimie végétale. Je n'ai trouvé dans aucun des recueils que j'analyse, que l’on ait découvert, dans le- cours de cette année, de nouveaux principes immédials végétaux. M. J. Gorham a cependant donné le nom de zéïne, à celle qu'il a découverte, en faisant l’aualyse des grains de maïs. Nous avons donné l'extrait de son. Mémoire, à ce sujet, dans le tome précédent du Journal de Physique. * MM. Pelletier et Cavantou ont publié dans le Journal de Pharmacie, juillet 1822, de nouvelles recherches sur la stry- chnine et sur les procédés employés pour son extraction de la noix vomique, 1°. par la magnésie, 2°. par le plomb et l'acide sulfurique, 3°. par le plomb et l'hydrogène sulfuré. Is ont toujours obtenu une substance identique; mais dans le pre- D. Ji DISCOURS PRÉLIMINAIRE. mier procédé, les cristaux provenant des lavages aqueux du pré- cipité magnésien, ne sont pas, comme ils l'avaient cru d’abord, des cristaux de strychnine, mais de brucine, substances qu'il est trés aisé de confondre entre elles, quand on {n’y fait pas une très grande attention, et qui se! trouve aussi bien us la noix de Saint-Ignace que dans la noix vomique, mais seulement en plus petite quantité. Dans le deuxième procédé, en employant l'am- moniaque concentrée au lieu de la magnésie, pour décomposer le sulfate de strychnine, ils ont fait une observation curieuse, c'est que la chaleur qui se produit est assez forte pour fondre la strychnine, qui alors est précipitée sous la forme d’une matière gluante, qui reste long-temps molle, et que cette matière mise en contact avec de d'eau, l’absorbe et qu'il en résulte un hydrate transparent et friable; alors la strychnine est beaucoup moins fusible. La brucine présente les phénomènes d'Aydration d'une manière encore plus forte, quand on la précipite de son sulfate par de lammoniaque concentrée. Elle a alors l’aspect d'huile; mais au bout de deux jours elle forme une masse spongieuse et friable. L'un des auteurs du Mémoire précédent , M. Pelletier, a pu- blié dans le cours de celte année son travail analytique sur le poivre, dans lequel il conclut que cette graine ne contient pas une nouvelle base salifiable végétale, comme le pensait M. Œrsted, mais bien une matière cristallisable insapide, à laquelle il donne le nom de piperin, et qu’en général, il y a beaucoup de rapports entre la composition du poivre commun et celle du poivre cubèbes analysé par M. Vauquelin. Nous avons déjà parlé du travail de M. Pelletier l’année dernière, Nous avons aussi publié, dans la même année, l’extrait du travail de M. le D' Yves, de New-York, sur le houblon. MM. Payen et A. Chevalier ont fait connaître cette année les résultats de leurs recherches sur le même sujet. Comme celui-ci et même comme quelque temps auparavant, M. Planche l'avait établi, ils ont montré que les trois principaux ingrédiens du hou- blon , l'huile, la résine et le principe amer, existent dans les grains jaunes brillans répandus entre les écailles calicinales des cônes et qui leur servent comme d’enveloppe. Cette matière qui, lorsqu'elle est isolée, est d’une belle couleur d’or, contient, sur 200 grains, de l’eau, une huile essentielle, de l'acide carbonique, du sous-acétate d'ammoniaque, des traces d’osmazone, des traces d'une matière grasse, de la gomme, de l'acide malique, du malate de chaux, 25 grammes de matière amère, 105 grammes DISCOURS PRÉLIMINAIRE. x} d’une résine bien caractérisée, 8 grammes de silice, des traces de carbonate, muriate et phosphate de potasse, du carbonate, du phosphate de chaux, enfin de l’oxide de fer et des traces de soufre. Ce qui fait voir que la composition du houblon est beau- coup plus compliquée qu’on ne l'aurait cru, d’après l’analyse du D: Yves; aussi M. Planche, qui a lui-même travaillé sur ce sujet, pense-1-1l que celle de MM. Payen et Chevalier est beaucoup plus exacle. M. Morin, dans l'analyse qu’il a donnée de l'écorce du quassia si- marouba (Lin.), dans le Journal de Pharmacie, parait y avoir trouvé une substance nouvelle qu’il nomme quassine, avecune matière ré- sineuse, une huile volatile, ayant l'odeur du benjoin, de l’acétate de potasse, un sel ammoniacal, de l’acide malique et des traces d'acide gallique, du malate et de l’oxalate de chaux, quelques sels minéraux, de l’oxide de fer et de la silice; enfin de l’ulmine et de la matière ligneuse. M. Henry a publié, dans le même recueil, une analyse com- parative de deux espèces de farine, désignées sous le nom, l’une de farine de blé d'Odessa, et Y'autre de farine de blé de France; la première a absorbé Go parties d’eau sur 100, tandis que l’autre n’en a absorbé que 40. Le gluten obtenu par le procédé ordinaire, pesait 36,5 frais et 12 sec pour le blé d'Odessa, et 24,5 frais et 8 sec pour celui de France. L’amidon étail au contraire en plus grande quantité dans celui-ci que dans celui-là, et la différence était comme 70 est à 66. Quand au pain fait avec l’une ou l’autre de ces farines, celui du blé de France était plus agréable, mais celui du blé d'Odessa s’est conservé plus long-temps frais. M. Bonastre a donné comme formant la raisine élemi, sub- stance provenant de l’amyris elemifera (Lin.), sur 100 parties, 60 de résine claire, soluble dans l'alcool froid , 24 d’une matière blanche, opaque, soluble dans l'alcool bouillant, 12,50 d'huile volatile, 2 de matière extractive amère et 1,50 d’impuretés. Nous trouvons aussi dans le cours de celte année, plusieurs travaux sur des acides végétaux. MM. Lecannu fils el Serbat ont démontré que l'acidité de la liqueur obtenue par la distillation des thérébinthes n’est pas due à de l’acide carbonique, comme l’avait pensé M. Moretti, mais à la présence de l'acide succinique ou au moins à la réunion simultanée de ces deux acides. M. Daniell parait avoir démontré que l'acide formé par la com- bustion de l’éther, au moyen d’un fil de platine dans la lampe sans flamme, dont nous devons la découverte à M. Faraday, Jxiv DISCOURS PRÉLIMINAIRE, et dont nous avons parlé dans les années précédentes, n’est que de l'acide’ acétique combiné avec un composé particulier de car- boue et d'hydrogène. M. Dobereiner a confirmé, par de nouvelles expériences faites avec-de l'acide sulfurique fumant, l'opinion qu'il avait avancée, il y a plusieurs années, que l’acide oxalique ne contient pas d'hy- drogène ; mais qu’il est formé de volumes égaux d’oxide de car- bone et d'acide carbonique , combinés avec une proportion d’eau essentielle à son existence; aussi se décomposé-t-il aussitôt que l'acide sulfurique famant par sa grande aflinité pour ce fluide , la lui a enlevée. M. Lassaigne a obtenu, par la distillation de l'acide citrique, un acide qu'il regarde comme nouveau et qu'il nomme pyro- citrique. Il est blanc, inodore, d’une saveur fortement acide et sous forme d’une masse composée par l’entrelacèment de très petites aiguilles. Projeté sur un corps chaud , il fond, se con- verlit en vapeurs blanches, très âcres , en laissant quelques traces de charbon. Chauffé dans une cornue, il fournit un acide oléi- forme et un liquide jaunätre, et se décompose en partie. Il est soluble dans l’eau et l'alcool. La première à la température de 10° €. en dissout un tiers de son poids. La dissolution aqueuse a un goût fortement acide; elle ne précipite ni l’eau de chaux, ni celle de baryte, ni la plus grande partie des dissolutions métal- liques, à l'exception de l’acétate de plomb et du proto-nitrate de mercure. l'acide pyro-citrique forme des sels avéc la potasse, la chaux, la baryte, le plomb; et sa capacité de saturation est presque Ja même que celle de l’acide citrique. Il parait qu'il doit être com- posé sur 100 parties de 45,27 de carbone, 45,27 d'oxigène et de 5,49 d'hydrogène. En distillant du bois en grand, M. P. Taylor a obtenu une es- pèce d’étherpyro-ligneux, dont la pesanteur spécifique estentre 830 et 000, et qui, quoique fort rapproché de l'alcool, puisqu'il est miscible à l’eau, qu'il dissout le camphre et les résines, qu'il brûle avec flamme comme lui, en diffère cependant, comme le prouve l'expérience suivante. On a versé dans ce fluide bien reclüifié, la quantité d'acide sulfurique propre à faire de l'éther avec l'alcool, et l’on a distillé le tout; mais au lieu d’éther, on à obtenu un esprit encore miscible avec l’eau, et brülant avec une flamme bleue. L’odeur était un peu altérée, et sa pesanteur spécifique diminuée. M. Vauquelin, dans des expériences sur la combinaison de l'acide acétique et de l'alcool avec les huiles volatiles , a montré DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Ixv que le premier est pur, l'huile l’absorbe entierement; mais sil contient une certaine quantité d’eau, 5 pour 100 seulement, il ÿ a une portion que l'huile ne peut absorber ; alors cette portion d'acide acélique qui ne peut se combiner avec l'huile, doit néces- sairement contenir une plus grande proportion d’eau qu'avant l'opération. On obtient les mêmes effets, quand on dissout du camphre dans l'acide nitrique et même dans l'acide acétique. L'alcool se dissout aussi dans une certaine proportion dans l'huile de térébenthine; en sorte que celle-ci peut contenir + de son volume d'alcool , sans qu’on puisse s’en apercevoir autrement que par la pesanteur spécifique. Cependant, en réitérant les lotions avec l’eau, on réussit quelquefois à enlever tout l'alcool. M. Planche conclut des expériences qu'il a consignées dans le Journ.dePharm., que le soufre dans les végétaux n’est pas combiné avec l'hydrogène, mais à l’état libre. Danslagraine de moulardeelle- même , il pense que le soufre est converti en hydrogène sulfuré pendant la distillation avec l’eau, et que dant cet état, il s’unit avet l'huile. Les plantes qui contiennent le plus de soufre, sont les fleurs de sureau, de tilleul, d'oranger ; les plantes entières de pariétaire et de mercuriale; les touffes florales d’hyssope , demé- lilot, de rhue; les graines de carvi, de cumin, de fenouil et les clous de gérofles. Chimie animale. M. Chevreul a publié ses recherches extré- mement intéressantes , sur l'inflaence que l’eau exerce sur les produits animaux dont nous avons dit quelque chose l’année der- nière. En voici les principaux résulials : Les tendons, quand ils sont desséchés, deviennent beaucoup plus déliés, perdent leur couleur blanche, leur lustre satiné, et leur flexibilité extrême ; ils acquièrent la demi-transparence de la corne, une couleur jaune bordée légèrement de rouge. Les tendons d’éléphans conservés pendant quatre ans, desséchés, repro- duisent des tendons frais, quant ils ont été quelque temps plongés dans l’eau. 100 parties d’un fort tendon d’éléphant ont été réduites, par la dessiccation à l'air, à 51,26, et dans le vide à 5o parties ; d’un tendon plus grêle du même animal, à 46,91 à l'air et à 43,36 dans le vide ; d’un fort tendon de bœuf à 52,96 et 49,61 ; d'un tendon grèle du même animal à 44,15 et 42,54; d'un tendon grèle d'hommea 43,15 à l'air et a 37:98 dans le vide. 100 parties de ces différens tendons, plongées dans l’eau, ont absorbé celui de l'éléphant, après une immersion dé 12 a 24}, 102,0 et celui qui était desséché dans le vide, après 8 jours au Tome XCVI. JANVIER an 1825. 0 Ixvj DISCOURS PRÉLIMINAIRE. moins, 147 parles; celui de bœuf dans l’air après une immersion de 12 à 24" 100,34, dans le vide, après 8 jours d'immersion, 146. Celui d'homme desséché dans l'air, après une immersion de 12 à 54", 147,87 ; desséché dans le vide, après 5 jours d’immer- sion, 271,70. Le tissu jaune élastique présente à peu près les mêmes résul- tats : 100 parties de ce tissu provenant de l'éléphant, ont été réduites, dans l'air à 52,57, et dans le vide à 50,5 ; et d'un bœuf à 52,8 et 49,8; eten 12 jours, 147,0 ou 148. Pendant une immer- sion dans l’eau de 24", ces 100 parties ont absorbé Q0,0. Le cartilage de l'oreille. 100 parties provenant d’un homme de 40 ans, après avoir été plongées dans l’eau, furent réduites dans l'air à 35,5, et dans le vide à 50,64. Ces 30,64 parties ont absorbé, au bout de 24", 66,14 d'eau , et au bout de 4 jours, 69,36, c'est-a- dire exactement ce qu’elles avaient perdu par la dessicalion. Les ligamens cartilagineux. 100 parties de ces ligamens tirés du genou d'une femme de 50 ans, après avoir été plongées dans l’eau , furent réduites à l’air à 26,41 et dans le vide à 23,2. Fibrine. 100 parties de cette substance extraite du sang arlé- riel d’une vache, se réduisirent, dans l’air, à 27,1, ét dans le vide, à 19,35. 100 parties du sang veineux d’une vache se rédui-- sirent, par la dessication dans l'air, à 52,7, et dans le vide à 21,05. Cornée. 100 parties de la cornée opaque, séchées dans le vide, après une immersion dans l’eau, de 24", devinrent 268,18, et après quatre jours, 461,28. Albumen de l'œuf. 100 parties d’albumen liquide, après avoir été coagulées, par l'exposition à l'air, se réduisirent à 15 par- ties et dans le vide à 13,65. La substance desséchce était inco- lore, demi-transparente, et elle recouvra les propriétés du blanc d'œuf cuit en absorbant de l’eau, dont cependant elle n’absorba que 68 parties après une immersion pendant quatre jours, au lieu de 86,65 qu’elle avait perdues. Du blanc d'œuf non coagulé se dessèche, sans cesser d’être transparent. Il perd dans l'air 85 pour 100, el dans le vide, 86,15. Par immersion dans l’eau, ik reprend l'aspect visqueux qu’il avait auparavant. , M. Lassaigne nous a donné les détails de l'analyse qu'il a faite d’un calcul salivaire et de la salive d’un cheval, d’après lequel on voit que celle-ci différerait assez de celle de l’homme, telle que M. Berzélius l’a publiée; elle contient en effet ‘plus d’albu- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Ixvi; mine, de carbonate de chaux et beaucoup moins de mucus, ce qui lient peut-être plus à la manière dont on s’est procuré celle substance, qu'à une différence réelle, Le calcul salivaire qui était cylindroïde, dur comme du marbre, formé de couches concentriques, sans nucleus étranger, contenait sur 100 parlies 84 de carbonate de chaux, 5 de phosphate, o de matière ani- male, 3 d'eau, ce qui, avec 1 parlie de perte représente les 100 parties : résullat qui démontre ce qu'on savait déjà, que les calculs salivaires des animaux herbivores différent beaucoup de ceux de l’homme qui ne contiennent presque que du phosphäte. de chaux avec un peu de matière animale. Un fait assez remarquable, dont on doit la découverte à M. Dochbereiner, et qui a été confirmé par M. Gay-Lussac, c’est que l'acide qui se produit, lorsqu'on chauffe un mélange d'acide tarlarique ou de crème de tartre, de l'oxide noir de manganèse et d’eau, n’est pas, comme on l'avait cru d'après un examen superficiel, de l'acide acétique, mais bien de l'acide for- mique, Le résidu de l’action de ces substances esl'un mélange de formiate et de tartrate de manganèse que l’on peut séparer par le moyen de l’eau qui dissout seulement le formiate. M, Doeberei- ner fait l’observalion que dans beaucoup de cas où l’on a soup- conné qu'il se formait de l'acide acétique, il n’est pas impossible que ce soit réellement de l'acide formique. M. Vauquelin, daus une note insérée dans les Annales de Chimie et de Physique, sur les excrémens des boas que l'on a montrés vivans à Paris, a fait voir que ce que l’on prend à tort quelquefois pour les excrémens de ces animaux, n’est aulre chose que de l'acide urique, sans aucun mélange, avec un peu d’ammoniaque et de matière animale, Quant aux véritables ex- crémens , ils n'étaient formés que de plumes peu altérées, d’os devenus très cassans et dépouillés presque entièrement de leur gélatine, ce qui prouve, ajoute M. Vauquelin., que les plumes, c'est-à-dire, le tissu corné est de toutes les matières animales la plus dificile à digérer. On a publié, dans les Ænn. of Phil., quelques essais analytiques de la toile d’araignée, d’où il résulte qu’elle contient de la chaux, de l'acide muriatique et sulfurique et du muriate d’ammoniaque, auquél est peut-être due la fumée blanche qui se produit, quand on met le feu à une toile d’araignée. MM. Prevost et Dumas, dans leur Mémoireintitulé: Recherches physiologiques et chimiques sur le Sang ;' avaïent très bien vu, comme on le savait déja, que l’albumine, exposée à l’action d'un L.. Ixvii] DISCOURS PRÉLIMINAIRE. courant galvanique, se coagule au pôle positif; mais ils avaient cherché à expliquer ce fait, en regardant la solution d’albumine telle qu’on la retire du blanc d'œuf ou du serum du sang, comme de l’albuminate de soude , et alors l’albumine serait attirée au pôle positif, comme un acide; M.J.L. Lassaigne, en purifiantl’albumine par l’action de l'alcool à 28°, par son lavage à plusieurs reprises, s’est assuré qu'’alors elle n’est pas précipitée par la pile voltaique, et que la cause de sa précipitation observée au pôle positif, est due à un des élémens du sel qu’elle contient dans son état natu- rel, et qui devenant libre par celte opération, s'y unit et la précipite de son dissolvant. “Réactifs et procédés chimiques. A serait extrêmement utile; dans beaucoup de cas, de posséder un moyen simple de distin- guer les acides les uns des autres, et que l’on püt employer sans difficulté ; il paraît que la teinture du bois de Brésil peut rem- lir ce but, du moins dans certains cas, d’après les observations de M. P. A. de Bonsdorff, sur la manière dont les acides agissent sur le papier coloré avec celte substance. Acide sulfurique. Concentré ou étendu de 3 parties d’eau, donne à l'instant une couleur rose brillante, qui, en altérant l’hu- midité de l'air, passe graduellement à l’orangé. Etendu d’un peu plus d’eau, la couleur tend au jaune, et avec 20 ou 50 parties d’eau, au bout d’une minute, la couleur d’abord jaune ou jaunätre, devient chargée et sale. Les acides nitrique et muriatique agissent de la même manière. Le gas acide sulfureux le blanchit complètement. L'acide hydriodique produit une couleur rose qui devient par degrés jaune sur les bords et tout-à-fait jaune au bout de quelques jours. Étendu d’eau, la couleur est d’abord d'un beau jaune ; mais après quelques jours, elle devient plus faible et plus rouge que Jaune. L'acide iodique donne immédiatement un jaune pale qui ne change pas. L'acide fluorique, libre ou combiné avec la silice, produit une couleur rouge claire. Etendu , la couleur est d'un beau jaune ci- tron, qui au bout d’une minule disparaît en laissant une teinte ris-verdätre qui passe ensuite au vert olive. Cet acide, à l’état de gaz, agit de même. L'acide fluoborique a lamëème manière d'agir. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. lxix L'acide boracique artificiel ou naturel de l'ile de Volcano, n’agit pas d’abord, mais peu à peu la couleur du papier pälitet se change en un blanc borde d’un peu de rouge. L’acide phosphorique et l'acide phosphatique concentrés, agissent comme l’acide sulfurique ; mais étendus d’eau, la belle couleur « . 4 GC jaune qu’ils produisent reste sans altération. L'acide hypophosphoreux donne aussi une couleur rouge qui MONA PIE 7 : Sd asse du jaune päle au blanc ; étendu d’eau, la couleur est d’un RU) > de ; > eau jaune, mais fugitif. L’acide arsénique concentré produit une couleur rose qui se q L prog : L q conserve lons-temps: étendu de 10 à 30 parties d’eau , la couleur ; F9RE 2 F nee 0 d'abord d’un beau jaune, perd son éclat en peu de minutes, et devient d’un jaune pâle. L’acide arsénieux n’a pas de réaction. L’acide acélique concentré donne instantanément une couleur jaunätre sombre, qui disparait immédiatement, et est remplacée par un violet päle, qui, vue à la lumière transmise, est d’un rouge violet foncé. Étendu d’eau, la couleur est un peu jaunâtre, même d’un rouge violet à la lumière transmise. L’acide sulfureux mélé à l'acide acétique, détruit son action; et l'acide sulfurique lui fait donner une couleur jaunätre au lieu de rouge violet. L’acide citrique concentré ou non, produit un jaune magnifique et durable. L’acide tartarique agit de mème. La couleur s’affablit et devient sale à mesure que l'acide est étendu. “ L’acide malique produit les mêmes effets. L’acide oxalique concentré donne une couleur orangée qui devient peu à peu jaune; étendu , la couleur est d’un beau jaune durable. L’acide succinique produit aussi une couleur jaunâtre qui s’af- faiblit bientôt. L'acide benzoïque n’a presqu’aucune action. Une étoffe de laine plongée dans un bain bouillant de bois de Brésil, égouttée et plongée pendant quelques minutes dans de l'acide phosphorique ou citrique étendu, ou dans un biphosphate de chaux étendu, prend une teinte d'un jaune très vif qui résiste au savonnage. On obtient les mêmes effets avec la soie , mais non avec le coton et le fil. Suivant MM. Payen et A. Chevalier, la matière colorante du xx DISCOURS PRÉLIMINAIRE. fruit du bois de Sainte-Lucie (cerasus mahaleb), est un excellent réactif pour les acides, quoiqu’inférieur au tournesol. Les mêmes chimistes ont expérimenté qu’une infusion alcoo- lique de fleurs de mauve commune (malva sylvestris), préala- blement desséchée par une chaleur d’étuve, sans le contact de la lumière, donne une teinte sensible de vert, lorsqu'on en verse dans de l’eau qui contient "=; de partie de potasse, => de carbonate de soude et d’eau de chaux. On a donné, dans le Journal de l'Institution royale, comme un moyen pour distinguer la strontiane de la baryÿte, de faire dissoudre un sel soluble de la terre qu’on veut reconnaitre dans l'eau, d'y ajouter du sulfate de soude et de filtrer; si la liqueur étant limpide et en y versant du sous-carbonate de potasse, se trouble , la terre était de la strontiane, et au contraire de la baryte, si la liqueuriéet restée claire. Nous avons publié la manière dont se sert M. Wollaston, pour reconnaître la présence de la magnésie dans une liqueur, et qui consiste à en étendre une partie sur une lame de verre; en lra- cant ensuile quelques caractères, le mot magnésie, par exemple, avec la pointe d’un tube de verre; s’il y avait de la magnésie, les caractères deviendront blancs ; mais il fallait ajouter que préala- blement on avait versé dans cette liqueur un mélange de phos- phate et de carbonate d’ammoniaque. M. James Smithson a donné, comme un moyen de reconnaître une très pelile quantité d’arsénique, de faire fondre la substance présumée avec du nitrate de potasse; la dissolütion produira alors par lelitrate d'argent, un précipité rouge de brique qui est de l'arsentate d'argent. Une seule goutte d’oxide d’arsenic dans l’eau traitée ainsi, produit une quantité appréciable de ce sel. Le même chimiste nous fournit encore un moyen de re- connaître le mércure en mettant un oxide ou un sel mercuriel sur l'or, dans une goutte d’acide marin avec un morceau d'étain ; il se produit promptement un amalgame d’or. Nous devons aussi à M. J. F. W. Herschell un moyen nou- veau pour séparer Île fer des autres mélaux, el qui parait être très exact, en même temps que très facile; il consiste à porter le fer au maximum d'oxidation, en tenant pendant quelque temps la dissolution métallique en ébullition avec l'acide nitrique et à Ja neutraliser, pendant qu’elle est encore bouillante avec du car- bonate d'ammouiaque; tout le fer, jusqu'au dernier atome, se précipite, et les autres métaux, en supposant que ce soit du manganèse, du cérium, du nickel et du cobalt, restent dans le » DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Ixxj dissolution. S'il y avait de l’urane, il ne serait pas séparé com- plètement par ce procédé; mais on y parviendrait en commen- çant par désoxider le fer et l’urane, puis en faisant passer dans leur dissolution un courant d'hydrogène sulfuré et en traitant par un carbonate terreux , le fer resterait en dissolution, et l’urane: se précipiterait. Les chimistes les plus distingués ne paraissent pas d'accord sur le point de savoir si le nitrate d'argent est précipité ou non par le chlore. M. Gay-Lussac, Ann. de Chim., tom. XVIIE, p. 270, avait dit dans une note, que le chlore pur ne peut précipiter le nitrate d'argent; l’un des rédacteurs du Journal de l'institution royale, dit au contraire qu'il ne peut pas y avoir de doute sur celle précipilation. M. le D' Taddei ( Giorn. di Fisica, IV, 12) recommande, comme un excellent procédé pour la préparation de l’éthiops mi- néral, de broyer dans un mortier, en ÿ ajoutant peu à peu de l’eau, jusqu'à ce que le tout fasse une päle homogène, une par- tie de sulfure de potasse avec lrois ou qualre parties de mercure coulant; d'ajouter ensuite de la fleur de soufre en quantité égale au mercure employé, en mélant bien; de laver ensuite et de fil- trer avec des quanlités renouvelées d’eau, jusqu’à ce que tout le sulfure alcalin soit enlevé, M. Arfwedson a publre un procédé pour préparer le lithium dont nous lui devons la découverte. Il consiste à exposer un mélange intime de triphane ou de spodumène en poudre fine et de chaux vive dans un créuset de Hesse à une très forte chaleur, à dissoudre ensuite la masse dans l'acide muriatique et à faire éva- porer jusqu'à siccité pour séparer la silice. On ajoute ensuite de l’acide rite et l’on chauffe jusqu'a ce que la plus grande partie de l'acide muriatique soit enlevée. On étend le reste d’eau et l’on sépare le sulfate de chaux du liquide, par une forte com- pression. La dissolution est ensuite digérée avec du carbonate de de chaux, dans le but de précipiter l’alumine; après quoi on filtre et on fait évaporer. Les cristaux de sulfate de lithium sont ensuite aisément séparés du sulfate de chaux restant. Ceux-là sont ensuite décomposés par l’acétate de baryte ou de plomb et l’acétate produit par la chaleur. M. Henry nous a aussi fait connaître, dans le Bulletin de Phar- macie, un nouveau procéde pour extraire la strychnine de la noix vomique. Par ce procédé, ce chimiste retire 5 à 6 grammes de strychnine d’un kilogramme de noix vomique pulvérisée. Ixxij DISCOURS PRÉLIMINAIRE. M. le professeur Olmstead, de l’université de la Nouvelles Caroline, dans les Etats-Unis , a éprouvé que les pétales de l'iris bleu fournissent un excellent réactif pour les acides et les alcalis, beaucoup plus sensible que celui que l’on fait avec toute autre in- fusion végétale. ; M. Robert Hare a également expérimenté que l'infusion de racine d’alkanet, peut être employée en placede celle de tournesol et qu’elle produit les mêmes effets, dans un ordre inverse, c’est-àa- dire qu'elle devient bleue par l’action d'un alcali, et redevient rouge par celle des acides. M. Payen a publié les conclusions auxquelles il est parvenu par suite des recherches qui constituent son Mémoire sur l’action du charbon animal dans son application au raflinage du sucre, Mémoire qui a été couronné par la Société de Pharmacie. IL conclut : 1°. Que le pouvoir décolorant des charbons en général, dépend de leur état de division; 2°. Que leur carbone seul agit sur les matières colorantes qu'il précipite en s’unissant à elles; 5°. Que dans le raflinage du sucre, l’action du carbone se porte aussi sur les matières extractives, puisqu'il favorise beaucoup sa cristallisation ; 4°. Que d’après cela l’action décolorante des charbons peut être modifiée, au point que les plus inertes deviennent les plus actifs ; 5°. Que la distinction entre les charbons animaux et végétaux est impropre, et qu'on peut y substituer celles de charbonsternes et de charbons brillans ; , 6. Que les substances étrangères au carbone dans le ehar- bon en général, et dans le charbon animal en particulier, et qui favorisent l’action décolorante, n’ont qu’une influence de: posi- tion; qu’elles servent d'auxiliaires au carbone, en isolant toutes ses parties ; è 7°. Que le charbon animal a en outre la propriété d'enlever Ja chaux en dissolution dans l’eau et dans les sirops , ce que ne eut le charbon végétal ou tout autre; 8°. Qu'à l’aide d’un instrument qu’il nomme décolorimètre , on pourra apprécier d’une manière exacte, le pouvoir décolorantde tous les charbons. M. Bussy, qui a concouru pour le même prix, et auquel le premier a été adjugé, est parvenu à des résultats fort analogues; la propriélé décolorante est inhérente au charbon; mais elle ne DISCOURS PRÉLIMINAIRE, Ixxi) devient manifeste, que lorsque celui-ci est dans certaines condi- tions physiques, parmi lesquelles la porosité et la division tiennent le premier rang; qu'aucun charbon ne jouit de celte propriété, lorsqu'il a été assez chauffé pour devenir dur et brillant; et que tous au contraire en jouissent, quand ils sont suflisamment divi- sés, non par une action mécanique, mais par l’interposition de quelques substances qui s'oppose à leur aggrégation et que la supériorité du charbon animal, comme celui du sang et de la gélatine, provient surtout de sa grande porosité. Analyses d'eaux minérales. M. Berthier a publié une ana- lyse dès eaux minérales de Saint-Nectaire, d'où il résulle que peu sont aussi riches en sels alcalins ; celles de Vichy en contiennent encore bien davantage, puisqu'elles renferment 1,0038 de car- bonate de soude anhydre, tandis que dans celles de Saint-Nec- taire, il n’y a que 0,002 du même se] Les eaux minérales du mont Dore, dont nous devons l’ana- lyse au même chimiste, contiennent aussi beaucoup de sels alca- lins; mais elles sont plus remarquables par la grande quantité de silice qu’elles renferment. L’eau la dépose dans les canaux sou- terrains par où elle passe, sous la forme de masses tuberculaires, souvent fort grandes et semblables à nos silex. M. Berzélius, pendant son séjour à Carlsbad , fut frappé de la ressemblance de la Bohème avec le département du Puy-de- Dôme; ce sont, dit-il, les mêmes buttes volcaniques , entre les- quelles sourdent les mêmes eaux minérales. Celles de Carlsbad sortent dans une vallée granitique très élroite et très profonde, entourée de toutes parts de grands amas de produits volcaniques anciens , sans trace cependant de cratères. En analysant l'eau de la source principale, nommée le Sprudel, M. Berzélius y a trouvé, ïl est vrai, en très pelite quantité, des substances que jusqu'alors on n'avait pas observées dans les eaux minérales; sa- voir du carbonate de strontiane, du fluate de chaux, du phosphate de chaux et d'alumine. Voici les nombres sur 1000 parties d'eau. Sulfate de soude..... 2,58714 Carbonate de stront.. 0,00097 Carbonate id. ....... 1,25200 Carbon. de magnésie. 0,18221 Muriate, 1d......... 1,04893 Phosphate d’alumine.. 0,00034 Carbonate de chaux.. 0,52219 Carbonäte de fer..... 0,00424 Fluate, id. ......... 0,00531 Carbon.demanganèse. destrac. Phosphate, id. ...... 0,00019 Silice........:...... 0,07504 En comparant cette analyse avec celles des eaux du Ment Dore, Tome XCVI. JANVIER an 1823. k Ixxv) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. de Saint-Nectaire, de Vichy, données par M. Berthier, et- même avec celle.des eaux de Reïkeim, donnée par M. Klaproth, on voit, dit M. Berzélius, que leur composition se ressemble comme le terrain dans lequel elles sourdent, surtout si l’on ob- serve que ce chimiste a trouvé dans l’ocre des eaux du mont Dore une quantité assez considérable d'acide phosphorique, et un peu de phosphate d'alumine. Il n’a pu cependant découvrir de trace d'acide: fluorique. La matière calcaire dont est com- posé le pont natif de Saint-Allyre, contient principalement du carbonate et du silicate de chaux; mais elle donne aussi par l'analyse des phosphates de chaux, de fer, de manganèse et d’a- lumine, sans trace ni d'acide fluorique ni de strontiane. En réfléchissant que le tuf qui se forme aux bains de Saint-Nectaire est cristallin et strié, comme celui de Carlsbad, M. Berzélius est porté à croire qu'il contient aussi du carbonate de strontiane. M. Desfosses (Journ. de Pharm., oct. 1822), après avoir recommandé comme moyen d'estimer la quantité du gaz hydro- gène sulfuré dans les eaux minérales sulfureuses , l'emploi du biacétate de cuivre, d'où résulte un sulfure de ce métal, donne comme exemple de l'exactitude de sa méthode, l'analyse des eaux sulfureuses de Guillon, auprès de Baume-les-Dames, dans le dé- partement du Doubs. Dans 6 kilogrammes de ces eaux, il a trouvé en produits fixes, 1,520 grammes de sel marin, 0,700 de carbo- nate de chaux, 0,227 de carbonate de magnésie et 0,020 de résidu insoluble et en produits gazeux, 65 centim. cub. d'hydrogène sul- furé libre, 100 d’acide carbonique et 45 d’azote. Analyses de minerais et de minéraux , et d'alliages artificiels. D'après l'analyse que M. de Bonsdorff a donné dans les Annales de Chimie, de l'argent rouge d'Andreasberg, sulfure d'argent an: timonié, il est composé sur 100 parties de. 58,94 d'argent, 22,84 d’antimoine, 16,61 de soufre, 0,30 de matières terreuses, avec une perte de 1,31, ce qui se rapproche beaucoup de l’ana- lyse donnée par Klaproth, de cétte ‘substance. Sa coristitution chimique péut donc étre représentée par 254 S°+3AgS1. M. Berthier a fait voir, dans les Annales des Mines, que le minerai de plomb argentifere t'ouvé à Chéronie, commune d'Am- bernac, département dela Charente, non loin des mines d’étain de Vauchy, dans des. roches primitives très stéaliteuses, est un mélange de galène et de plomb carbonaté, l’un et l’autre argen- tifères , miais surtout ce dernier, ce qui est ässez remarquable, DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Ixxv la galène en contenait 0,0002 et le plomb carbonaté cinq fois autant ou environ 0,0001. Celui-ci est quelquefois en amas isolés dans le quartz qui lui sert de gangue, et le plus souvent disséminé entre les feuillets de la galène qui en est comme penétrée. M.R. Phillips ayant remarque combien plusieurs chimistes, Kla- proth et Chenevix, sont peu d'accord sur la composition chimique de la mine de cuivre panachée (buntkupferz) Va soumise à un nouvel examen, d’où il résulte qu’elle est formée de 33,75 de soufre, 14,00 de fer, 61,07 de cuivre et de 0,5; ce qui, avec 0,68 de perte, représente les 100 parties analysées, et en calcu- Jant les élémens de cette substance dans l'hypothèse qu’elle est formée de 1 atome de sulfure de fer , de 2 atomes de sulfure de cuivre, on trouve 22,53 pour le soufre; 13,73 pour le fer et 62,74 pour le cuivre, Le même chimiste s’est assuré, à l’aide de M. Levy, et au moyen du goniomètre à réflexion, que la mine de cuivre jaune a pour forme cristalline, non pas le tétraèdre régulier, comme tous les minéralogistes, à l'exception de M. Mobhs, le disent depuis Romé-de-l'Isle, mais un octaèdre plus aïgu , les angles laléraux des pyramides étant chacun de 101° 52° et ceux formés par la réunion des pyramides de 126° 30/. L'analyse chimique lui donne pour la composition 35,16 de soufre, 32,20 de fer, 50,00 de cuivre , 0,50 de matières terreuses et 2,14 pour le plomb, J’arsenic et la perte ; et par la théorie, en le supposant formé de 2 atomes de protosulfure de fer et d'un atome de persulfure de cuivre , 34,78 de soufre, 30,44 de fer et 34,78 de cuivre. M. Fyfe a analysé le cuivre blanc des Chinois, alliage célèbre sous le nom de foutenage et il a trouvé qu’il est formé sur 100 parties de 40,4 de cuivre , 14,4 de cuivre, 31,6 de nickel et de 2,6 de fer. M. W.M. Keates a trouvé, par un procédé( la précipitation par le fer), qu'il propose de substituer à l’ancien qui ne Jui parait pas exact, .que moire laiton ordinaire est formé de 70,0 de cuivre et de 29,2 de zinc. M. Vauquelin a publié, dans les Annales de Chimie, l'analyse d'un minerai de fer de couleur noire, à cassure éclatante, spé- culaire, se brisant en lames micacées, peu altérable à l’aimant, dont la pesanteur spécifique.est de 5,260et qui se trouve en mor- ceaux détachés avec du fer micacé et des topazes dans le schiste chloriteux décomposé à Capro, près de Villa-Rica, dans le Brésil, Il est composé de péroxide de fer qui en fait les 72 cen- k.. Ixxv] DISCOURS PRÉLIMINAIRE. tièmes, de protoxide de fer, 28 centièmes et d’une pelite quat- tité d'acide phosphorique et de manganèse, probablement, ajoute ce célebre chimiste , comme toutes les mines de fer légè- rement altérables à l’aimant. Dans un Mémoire inséré dans les Annales des Mines, M. Ber- thier a comparé neuf variétés de minerais de manganèse ; savoir: trois de péroxide, l’un de Crettnich, près Saarbruk , l’autre de Calvéron et la dernière de l’île de Timor : une variété d'hydrate de Laveline ; trois barytiques, la première et la seconde de Roma- nèche, et la troisième de Périgueux, et enfin deux de silicate du Piémont ; l’une de Saint-Marcel, et l’autre de Pesillo. Voici les tableaux des résultats qu’il a obtenus. Manganèses péroxides: Crettnich. ‘Timor. (Calveron, Oxide rouge de manganèse. .... 0,823 o,750 0,640 Osipèrie. shui lsranémie craie 1001900 0,000 00,007 Daumas æMMOIOT2 MO OTOIMIO OUT Oxide rouge de fer............ (60,010 0,020 0,010 Gangue insoluble.............. 0,040 0,040 1,012 Carbonate de chaux. .......... ..... 0,090 0,240 Oxide de cuivre. ......,...... trace. To NAN DS 1,000 1,000 1,000 Parmi lesquels l’eau paraît être hygrométrique et les quatre der- nières substances mélangées. Hydrate de deutoxide. Cette variété qui vient de Laveline, département des Vosges, est composée de 0,762 d’oxide rouge de manganèse , de 0,055 d'oxigène , 0,078 d’eau , en partie combinée et en partie à l’état hygrométrique ; et de 0,055 d’oxide rouge de fer et de 0,050 d’ar- gile qui remplissent les cavités dont le minerai est criblé, Manganèses barytiques. 1°. De Romanèche, département de Saône-et-Loire, où il forme à la surface du sol un banc épais et très étendu, mélangé d'argile, d’oxide de fer et de chaux fluatée lamellaire violette et où il est tellement abondant, soit à l’état concrétionné ou compacte, ce qui constitue la variété dite pierre grise, soit à l’élat terreux, ce qui DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Ixxvi est la variété dite pierre brülée, beaucoup moins estimée, qu’ suffit à la consommalion de Lyon et du Midi de la France, et que mème depuis la paix, il soutient à Paris la concurrence du man- ganèse d'Allemagne ; 2°. De Périgueux (Dordogne), semblable à la variété compacte de la localité précédente. Romanèche. ‘© Périgueux. compac te. Lerreux. Oxide rouge de manganèse. 0,688 à 0,703. 0,705 0,641 Oxigène...:.......,,... 0,071 0,072 0,067 0,075 Eau seitresh 3e. 110,080! * 6,040 | 6,046! -0,070 Biryte. 2.000 Mi Dosr50%1' 0,165 110,148 : 0,046 Oxide rouge de fer....... 0,015 ..... ..... 0,068 Matières insolubles. ...... 0,026 0,020 0,056 0,100 1,000 1,000 I,000 1,000 De ces analyses, M. Berthier conclut que dans ées minerais, le manganèse est à un degré d’oxidation intermédiaire à celui du deu- toxide et à celui du péroxide, ou plutôt qu'ils renferment un mé- Jangede deutoxide et de péroxide ; que la présence de l’eau doit faire présumer que le deutoxide est combiné avec ce liquide, à l'état d'hydrate et que la baryte est combinée avec le péroxide. Silicates de manganèse de Saint-Marcel (Piémont). de Pésillo (Piémont). ’ Berthier. Berzelius. She. HU. BU RED Sesd6a 0,152 0,842 Oxide rouge de manganèse. 0,650 0,758 0,067 AIG En -e meltelase nee 100830 0,028 0,068 Oxidedeifers 2, der steee OSO12 0,041 0,028 (BEupe eee NO Dore de MTADHESIC. eee se ie ete OUT A ES os. Oxidede cobalt. :,.:..2. eu 0,008. Dans le premier, le manganèse est à l’état de deutoxide et en totalité, combiné avec la silice, sans qu'il soit possible de déter- miner avec cerlitude la composition du silicate pur. Dans le second, les seuls principes essentiels sont la silice et l'oxide de manganèse ; mais la totalité de celui-ci n’est pas com- binée avec la silice, et la base du silicate paraît être le protoxide. Le besoin que les minéralogistes éprouvent sans cesse de Exxvi) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. connnaïtre 1 composition chimique des minéraux poar déter- miner leur olassification , porte desichinmstes 1deotous les pays à ce genre derecherches,, et il n’ést pas de recueiliscientifique qui ne conlienne un nombre plus ou moins considérable d'analyses d'espèces owide variétés minérales: M. Vauquelin a analysé la pierre de loucheet un alliage matif de nickel et d’antimoine. Pierre de touche. Plusieurs échantillons d’une pesanteur spéci- fique un péu différente ont, cependant toujours donné les mêmes substances avec quelques différences dans les quantités. L'un, par exemple, dont la pesanteur spécifique était de 2,465, a été trouvé composé ainsi sur 100 parlies; humidité, 2,5; silice, 85,03 alu- mine, 2,0; ahaux, 1,03 charbon, 2,7; soufre, 0,6 ;: fer métal- lique, 3,7 xperte , 4,5. Alliage natif de nickel et d'antimoine. Minerai trouvé dans les Pyrénées, composé de petites masses de matière d'un rouge rosé, assez semblables à certains alliages de cuivre et'd’antimoine et de quelques cristaux de zinc et de plomb sulfuré disséminés sur un üarlz Calcarifere.. Il.est formé d’antimoine et de nickel à l’état Tales de cobalt également combinéavec les deux métaux pré- cédens , de sulfure de zinc et de plomb isolés, et de fer; le tout dans.une gangue quarizeuse calcarifère. Quant à la quantité de ces substances, M. Vauquelin s’est assuré sur un autre échantil- lon que celui qu'il avait d'abord analysé, qu’il y a 16 pour 100 de soufre, 0,90 d'oxide d’antimoinejaune sur 5 grammes de matière, et le plus ordinairement la même quantité d’oxide de nickel. Ancrämite ou zinc oxide vert. Ce nouveau minerai de zinc a été trouvé dans la ville d'Ancram, comté de New-York en Amé- rique , en enlevant les murs d’un ancien fourneau de mines ; aussi a-t-on quelque doute sur son origine arlificielle ou naturelle, d'autant plus que des échantillons paraissent évidemment avoir éprouvé l'action du feu. Tous forment des masses tabulaires, ayant quelquefois la structure lamellaire, et la texture granuleuse et compacte ; la couleur est vert-grisätre ou. vert olive; ils sont parfaitement opaques, plus durs que le spath calcaire et aisément réduits en poudre plus claire que la masse. Pesanteur spéci- fique, 4,924. Infusible au chalumeau,, à une grande chaleur, l'oxide de zinc se volatilise, en donnant;une couleur blanche à la flamme. M. le D'J. Torrex qui en a publié l'analyse dans le DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Ixxix vol. V, p.235 du Journal of Sciences américain, l’a trouvé ainsi composé; oxide de zinc, 95,30 ; oxide de fer, 5,50 et charbon, 1,00. Mica. Nous avons donné, dans notre Journal, l'extrait d’un grand travail de M. Peschier de Genève, sur la composition chimique des différentes variétés de mica, d'après lequel il pense qu’on ne peut refuser d'admettre comme principes essentiels consti tuans des micas, la silice, l'alumine, le fer, le titane et la potasse ou la soude. M. Henri Rose, chimiste de Berlin, qui parait aussi s'êlre occupé avec beaucoup de suite du même sujet, nie l'exis- tence de l’oxide de titane dans les variétés où M. Peschier assure positivement l'avoir trouvé en quantité notable. Son observation est dans les Annales de Physique de Gilbert. 11 y donne aussi l'analyse de la seule variété de mica dans laquelle M: Secbeck n’a reconnu qu’un seul axe de réfraction. Il est probable qu’elle pro- vient de Sibérie; mais cela n’est pas certain. Elle est formée, sur 100 parties, avec une perte de 2,82 qu'il attribue à la difficulté de séparer la magnésie de la potasse, ainsi qu’il suit: silice, 42,01; oxide dé fer, 4,93; alumine, 16,05; magnésie, 25,07; potasse, 7,55; acide fluorique , 0,68; manganèse, une trace; ce qui s’écarte d’une manière remarquable de la composition des trois variélés de mica que M. Rose avait examinées précédem- ment el qui ne contenaient pas de magnésie. Lepidolite rouge. MM. C. G. Gmelin et Wiuz ont fait con- naître que la lépidolite rouge de Rozena en Moravie, est com- posée des principes suivans: silice, 49,06; alumine, 73,61 ; magnésie , 0,408: oxide de manganèse , 1,402; oxide de fer, des traces ; acide fluorique, 3,44 ; acide phosphorique, 0,112; potasse, 4,186; lithium, 3,592; éau et perte, 4,190. Dans une analyse comparative de la lépidolite d'Utoën, les mêmes chimistes ont trouvé 1,482 pour 100 d’acide fluoriqne, et 0,7508 d’acide-phos+ phorique. Ils ont cherché cet acide dans le mica de Bradbo, près de Faklun en Suède et ne l’y ont pas trouvé. Steinheilite ou dichroite de:Orrijarri. Ce minéral se trouve dans la mine de cuivre d'Orrijarri dans la paroisse de Kisko en Finlande, accompagné de quartz ordinaire, de,tale vert, et de mine de cuivre jaune. Il a été considéré long-temps comme un quartz bleu, parce que sa couleur est d’un bleu de Prusse plus ou moins foncé , quoique très rarement blanche. Lies morceaux dont la couleur est pure et foncée, offrent très distinctement les deux couleurs bleu foncé, dans une direction, et gris clair dans l’aûtre, Jxxx DISCOURS PRÉLIMINAIRE. comme la dichroite d'Espagne ou des Indes-Orientales. Cette substance est du reste translucide, lustrée sur les cassures, dure, étincelante sous le briquet. D'après le comte de Steinheill, elle cristallise en prismes à 4, 6 et.8 côtés. Ces crislaux sont grands et en général encroûtés de talc. La pesanteur spécifique est de 2,605. Au chalumeau, la couleur pälit, et à une plus haute température, les bords minces sont fondus avec difficulté; fondue avec le borax, elle donne une matière qui a quelque ressemblance avec le fer. Par l'analyse chimique, M. de Bonsdorf l'a trouvée composée ainsi: silice, 49,95 ; alumine , 32,88; magnésie, 10,45; péroxide de fer, 5,00 ; oxide de manganèse, 0,03; matière volatile, 1,65; en calculant d’après la théorie des proportions définies et en fai- sant l'observation que d’après M. Mitscherlich, le péroxide de fer donne en se combinant, avec les corps électro-négatifs, les mêmes formes cristallines que l’alumine, M. de Bonsdorf pense que la formule de ce minéral doit être MS? + 4 (5) S. Malacolite de Tammare en Finlande. Le même chimiste a trouvé ce minéral dans une carrière de pierre calcaire aban- donnée du village de Tammare, dans la paroisse de Hvittis en Finlande. 11 est en masse considérable, accompagné de spath calcaire et de serpentine noble. Sa couleur est blanche, quelque- fois d’un blanc-verdàtre; il est translucide; son éclat est vitreux; il.est peu dur et ne donne que peu d’étincelle avec l'acier. Sa structure est lamelleuse; les angles de ses fragmens sont semblables à ceux de la malacolite ordinaire. Sa pesanteur spécifique est de 3,256 ; son analyse a donné: silice, 54,83 ; chaux, 24,76; magné- sie, 18,55; alumine , 0,28; oxide de fer, 0,99; matières volatiles, 0,32. Composition qu'il représente par cette formule CS* + MS», M.G. T. Bowen a donné, dans le Journal des Sciences amé- ricain, vol. V, p. 3/4, l'analyse d'une substance minérale trou- vée dans le voisinage de New-Haven (Connect. Am. sept.), enveloppée dans un marbre serpentin vert, et dont la composi- tion est très voisine de celle de la malacolite ; elle contient en effet : Siice, 53,12; chaux, 25,620; magnésie, 14,500 ; alumine, 1,062; protoxide de fer, 6,008 ; protoxide de manganèse, 0,598; eau , 00,468; perte , 0,620. La variété de néphrite, analysée par le même chimiste, dans le même ouvrage et trouvée à Smithfield en Amérique septen- irionale, parail aussi fort rapprochée de la népbhrite ordinaire, dont elle ne diffère extérieurement, qu’en ce qu’elle est moins dure et qu'elle est infusible au chalumeau ; dans la composition DISCOURS PRÉLIMINAIRE, | IKEx ; chimique qui est: silice, 44,688 ; magnésie, 54,651 ; Chaux, 4,250 ; älumine., 0,562; oxide de.fer, 1,747; oxide de mariganèse, une trace, et eau, 13,417; la différence esl plus considérable, sur- tout dans la grande quantité d’eau, et dans la petite quantité d’a- lumine. : Wollastonite. Nous devons encore au mème chimiste, l'ana- lyse da minéral que M. Haüy a décoré du nom du savant pby- sicièn anglais ‘où da spath en table de Parga. Sa couleur est plus ou moths blanche ; il est translacide sur ses bords; son éclat est vitreux ét médiocre; il est demi dur et ne raie le verre qu'avec diMiculté ; il se romplsous le marteau en fils très flexibles ; exposé au chalumeau, il fond sur ses bords et donne un verre translu- cide, sans couléur ét brillant; avec le borax,, il donne un vèrre transparent. Il est composé ainsi: silice, 52,58 ; Ichaux , 44345; imapnésie , 6,68; protoxide de fer , 3,13; alumire, une trace; ma- tière volatile , 0,99; perte; 06,7. En sorte que M. de Bonsdorff le considère comme un bisilicate de chaux ou CS*. J'efftrsénite. Ce minéral qui parait avoir beaucoup de |ressem- blaice avec le pyroxène, a été découvert dans Sparta (New-Jerséy; Arnér. sept.). Il est en masses lamelieuses, de Ja grosseur d'un éuf dé pigeon au plas. IL:a:pour forme primitive un prisme rhomboïdal à basé légèrement inclinée. Sa dureté tient le milieu entre celle du spath fluor et de la chaux phosphatée; sa pesanteur spécifique varie de 5,51 à 5,55; sa couleur vert olive foncé; sa cassure est lamellense. 11 fond au chalumean, en un globule de couleur foncée ; il ne donne äucun signe de maguétisme ni d’élec- tricité. D'après l'analyse que MM. Vanuxem et Keating en ont subliée dans le Journal de l’Académie des Sciences naturelles dé Philadelphie, il est composé ainsi qu’il suit : silice, 06125 ; chaux , 0,1463; protoxide de maganese, 6,1404; protoxide de fer, 0,1005. Condrodite, Maclureïte. M. Hauy, dans l'un des derniers Mé- moires qu'il a publiés sur la condrodite, dans les Annales des Mines, a regardé ces deux .minéraux comme identiques, et M. Berzélius est arrivé au même résultat. Il$ en ont aussi rap- proché la brucite et la maclurcite, sur laquelle M. H. Seybert de Philadelphie; a publié un Mémoire analytique dans le tom. V, p: 336 du Journ. des Sciences américain. D’après. l’anslyse que M. Berzélius a donnée de la condrodite, minéral découvert en Suède, et analysé d’abord par M. d'Obsson, il est composé, pour Tome XCV1. JANVIER an 1823. ul Ixxxi) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. 100 parties, silice, 58; magnésie, 54; oxide de fer, 5,1; alumine; 1,5; potasse, 0,86; manganèse, une trace; perte, 0,54; tandis que, d'après M. Seybert, sa maclureïte est formée de silice, 32,666 ; magnésie, 54,000 ; acide fluorique, 4,086; péroxide de fer, 2,335; polasse, 2,108; eau, 1,000; perte, 5,807. En sorte que pour lui, c’est une espèce chimiquement distincte , un fluosilicate de magné- sie formé d’un atome de sous-fluate de niagnésie , combiné avec trois atomes de silicate de magnésie, sa formule minéralogique étant M° /+ 5MS. Cependant ayant eu depuis l’occasion d’ana- lyser le minéral de Saëde ou la condrodite, M. Seybert y a découvert l'acide fluorique, en sorte qu’il parait maintenant que la condrodite, la brucite de Cleveland et la maclureïte sont une même espèce minérale. fl Turquoises. On a publié , dans les Annales de Chimie, tom. XIX, p- 427, l'extrait d’un travail fort intéressant de M. le professeur Fischer de Moscow, sur les turquoises. Ce travail qui a été im- primé il y a environ 10 ans dans les Mémoires de la Société impériale des naturalistes de Moscow,-et depuis avec des additions en 1816 et 1818, était peu ou point connu en France. M. Fischer partage les turquoises en deux genres: les calaïtes et les turquoises odontolithes, auxquelles il conserve la dénomination de turquoises, division qui correspond à celle établie depuis long-lemps par les jouaillers qui distinguent constamment les lurquoises de Perse ou orientales ou de vieilles roches, d'avec les turquoises de France ou autres pays, dites turquoises occidentales ou de nou- velle roche. La calaïte se trouve tanlôt en masses réniformes mamelonnées, tantôt en petites veines aplaties et disséminées au milieu d’autres substances; sa cassure est plus ou moins conchoïde, rarement inégale, un peu esquilleuse; la couleur extérieureestsouvent d'un vert-jaunâtre ou serin, ou d’un blanc-verdätre, par suite d’alté- ralion; mais celle de la cassure est ordinairement d’un beau bleu de ciel qui tire souvent au vert, quelquefois d’un bleu de smalt, et d'autres fois vert pomme ou pistache ; elle est mate; quelques variétés ont cependant un éclat gras dans la cassure; elle est opaque, très rarement un peu translucide sur les bords; elle se laisse rayer par le quartz; sa poussière est blanche ; sa pesanteur spécifique est 2,860 à 5,250. C’est en général une argile colorée par un oxide de cuivre ou par un arseniate de fer. M. Fischer distingue trois variétés de calaïte qui diffèrent l’une de l’autre par la cassure, la couleur, la pesanteur spécifique et le gissement. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Jxxxiij 19, La calaïte, proprement dite, est en masses mamelonnées de différente grosseur, d'un beau bleu céleste clair, opaque, d'une pesanteur spécifique de 2,860. Elle n’a encore été trouvée qu’aux environs de Nichabour, dans le Khorassau en Perse, et à ce qu'il paraît, dans un terrain d'alluvion. M. Jobn, qui a donné l'analyse de cette variété, l’a trouvée composée ainsi: alumine 73 ; oxide de cuivre, 4,50; oxide de fer, 4; eau, 18; plomb et perte, 0,50; ce qui se trouve en rapport avec une note manus- crile de feu M. Descotils, qui dit que les turquoises orientales sont des hydrates d’alumine colorés par le cuivre. Cependant M.Berzélius, dans son ouvrage sur l'emploi du chalumeau, regarde Ja calaïte comme étant un mélange de phosphate d'alumine avec du phosphate de chaux et de silice, coloré en vert et en bleu- verdâtre , par du carbonate et de l'hydrate de cuivre. 2°. L’agaphite, du nom de M. Agaphi qui a visité les lieux où on la trouve; ou calaïte conchoïde, à cause de sa cassure. Cette variété est d’un bleu de ciel de différentes teintes, plus vif quand elle est mouillée; elle est opaque, translucide sur les bords dans les éclats minces et de couleur foncée. Sa pesanteur spéci- fique est de 3,250. On la trouve en petites veines minces dissé- minées dans une matrice, disposée en conches horizontales de- puis 1 jusqu’à 10 lignes d'épaisseur , ou disséminée elle-même, de manière qu’il est rare de rencontrer un morceau qui aît 12 à 14 pouces de longueur et de largeur. On a aussi beaucoup de eine de trouver une turquoise pure de la grosseur d’un pois. 5°. La Jonite ou turquoise quartzeuse, vitreuse ou écaïlleuse; elle est disséminée ou en couches très minces dans un schiste siliceux noir, de couleur bleu-céleste passant au vert ; sa cassure est écailleuse ; elle raye fortement le verre , mais n’étincelle pas sous le choc du briquet. Son gissement, sa composition chimique sont inconnus. On suppose qu’elle contient de la silice. M. Fischer regarde comme appartenant à cette variété dont il n’a vu qu’un seul échantillon , des pierres bleues rapportées à Moscow par des marchands bukhares, et qui sont disséminées dans un quartz hyalin, quelquefois rose , ou formant des veines dans de la pierre à fusil , du quartz résinite ou dans un schiste argileux graphique. Quant aux turquoises odontholithes qui se dislinguent aisé ment des turquoises pierres , par leur moindre dureté, leur tissu feuilleté comme éburnée, leur dissolubilité dans les acides, et leur décoloration même dans le vinaigre, M. Fischer établit que ce sont principalement des dents fossiles plutôt que des ossemens Ixxxiv DISCOURS PRÉLIMINAIRE. qui ont été employées comme turquoises. Il en décrit dix, varié- tés. Trois de ces dents fossiles lui paraissent provenir d’une éspèce de mastodonte, une d’un animal voisin du paresseux , une du cerf, deux d'animaux carnassiers, enfin , trois provien= nent d'animaux inconnus. Les premières viennent, d'après Réau- mur, des environs de la ville de Simorre, département du Gers, ét de ceux de Castres ; d’autres ont été trouvées dans le territoire de Miask en Sibérie, et dans le gouvernement d'Olonitz ; eufin, quelques autres paraissent provenir du Nivernais , de la Silésie , de Lissa en Bohème: de la Suisse et du Cornouailles. D’après l'analyse que Bouillon - Lagrange a donnée de celte espèce de turquoises , elles sont colorées par deux centièmes de phosphate de fer ; et d'après Réaumur, leur couleur naturellement blan- châtre ou jaunätre ne se change en bleu,que lorsqu’on les chauffe. Un sulfure de molybdène tout-à-fait semblable par ses carac- ières extérieurs à celui de Saxe, trouvé près Chester, dans le comté de la Delaware, en Pensylvanie, a été analysé par M.Seybert; sa Composition est : soufre, 39,68; molybdene, 59,42; perte, 0,90. Un chromate de fer des monts Bares , près Baltimore, est composé suivant le mème, chimiste de : silice, 10,596; péroxide de fer, 36,004 ; alumine, 15,002; protoxide de chrome, 39,514 3 perte, 00,884. Un nouveau minerai de plomb dont M. Brooke donne la des- criplion dans les {nn. of Plhil., août, p. 117, ou plomb sulfaté cui- vreux est formé, de 75,4 de sulfate de plomb, et de 18,0 d'oxide de-cuiyre. ve M. P. A. de Bonsdorff a publié dans les Mémoires de l'Académie royale de Stockolm, des analyses nouvelles des minéraux de l'es- pèce amphibole, dans le-but de démontrer l’analogie de compo- sition des minéraux qui ont la même forme cristalline. 1°. Grammatlile, provenant d’une carrière de calcaire primitif à Gullojo, dans le Wemerland, cristallise sans facettes secon- daires: L’angle obtus de 124° 33! À ; incolore ; fondant aisément au chalameau avec une vive effervescence. 2°, Grammatite de fahlun formant des prismes télragones dans du talc ; couleur d’un jaune .de miel,; plus dure que les amphi- boles et en effet élincelant sous le briquet; plus dificile à fondre au chalumeau que tous les minéraux de celte espèce , mais tou- jours avec une vive effervescence. 3°. Açtinote vitreuse des! mines. de, fer, de Taberg,, dans. le DISCOURS. PRÉLIMINAIRE. Ixxxv Wemerland ; accompagné de mine de fer occidulé , de tale vert foliacé et d’un pen de spath calcaire; scapiforme droite ou courbe: passant par une lransition insensible de rayons verts d’une gran- deur considérable à des fibres fines, blanches, ayant tout-a-fait l'apparence de l'asbeste ; très fragile et ayant un éclat très vi- treux ; les stries, profondes des surfaces ne permettent pas une détermination des angles; au chalumeau , on voit dans la flamme extérieure des bujbes un peu brillantes, accompagnées d’une sorte de phosphorescence ; et dans l’intérieur le minéral se fond avec dificulté en un verre opaque. 4°. Asbeste de la Tarentaise en Savoie; blanche, flexible et élastique; au chalumeau et dans-la flamme extérieureelle présente une grande quantité de bulles incondescentes , et dans l'extérieur elle Pad tranquillement. 5°. Grammalite grise luisante , en prismes tétragones, enve- loppée dans du carbonate de chaux d’Aker au Sudermanland, accompagnée de spinelle, de mica et de paranthine compacte ; couleur gris-luisant teint de rouge ; translucide : angle obtus de 124° 54! ; au chalumeau et dans la flamme extérieure, elle devient päle et présente des boursouflures de temps en temps; dans l’ex- térieur, à une grande flamme elle fond avec une ébullition considérable: 6°. Grammatite d'un gris-brunätre foncé, trouvée à Aker, dans le même calcaire et avec les mêmes circonstances que la précé- dente, à laquelle elle ressemble tout-à-fait, si ce n’est par la couleur. On la trouve quelquefois cristallisée avec des facettes secondaires. L'angle oblique de 124° 31°. 7°. Amphibole , de la mine de fer de Normark, en Wemer- land, où elle est accompagnée de mine de fer magnétique, de chlorite d’unvert foncé et quelquefois d’apalite incolore. Couleur noire ou d'un noir-verdätre ; elle esl opaque et sa poudre verte. Réduite en poudre fine, elle est altérable à l’aimant, et après la calcination , en fragmens considérables. L’angle oblique de ses cristaux est de 124° 28 2. Elle se comporte au chalumeau comme l’actinote de Taberg. 8. Amphibole de Jogelsburg en. Welterau , dans une gangue probablement basaltique ; couleur noire où d’un noir brunätre à la lumière réfléchie ; mais d’un brun rougeätre à la lumière transmise ; translucide ; poudre couleur de rouille: cristallise en prismes. hexaëèdres avec des facettes au somme! ; l'angle oblique Ixxxv] DISCOURS PRÉLIMINAIRE. du prisme primitif étant de 124° 31/3; se comporte au chalumeau comme les variétés précédentes, mais plus fusible. 9°.- 10°. Pargasite et amphibole de Pargos. Ces minéraux ont été trouvés dans les carrières de carbonate de chaux à Pargos en Finlande , et il est remarquable que malgré leur analogie de com- position , ils ne se trouvent jamais ensemble, et on ne les a ja- mais vus passer de l’un à l’autre. La couleur de la pargasite est verte , celle de J’amphibole d’un noir parfait. On les trouve en grains et en prismes hexaèdres , ayant les facettes de l’amphibole soit primilives, soit secondaires ; mais la cristallisation de la va- riélé noire est loujours la plus complète, La variété verte est toujours plus translucide que l’autre. Toutes deux fondent au chalumeau avec une violente effervescence. ÿ En réunissant sous un seul coup d'œil l'analyse de chacune de ces substances indiquées par leur numéro, on a le tableau suivant : 2. 3: 4. 5; 6. 7- 8. | g. | 10. Silice....…. 60,31! 60,10] 59,75| 58,20] 56,24l47,21| 48,85/42,24146,26 45,69 Magnésie.. .|24,23| 24,31| 21,10 29,10] 24,15/21,86| 13,61/13,74/19,0318,79 Chaux..... 13,66] 12,73] 14,25] 15,55 12,9512,75| 10,16/12,2413,96/13,83 Alumine....| 0,26| o,42/......| 0,1 4,3213,94) 7,48/13,92/11,48/12,18 Fsotoade de pl 1,00] 3,95| 3,08] 1,00! 2,28] 18,75114,59| 3,48| 7,32 re ...[ o0,47| o,31| o211 0,26! 0,57] 1,15| 0,87] 0,36] 0,22 Acidefluor..| 0,94| o,83| o,76| 0,66| 0,78] 0,90] o,41trace.| 1,60 1,50 Eau. oe,10l o,15l......| o,14| 0,50] 0,44] 0,50|..... 0,61 Subst. mé: \ langées...{.....l......l... ele eserCrsen]et et 0,42 fossponer 100,12/100,08|100,18|59,93 100,89 97» 1019720 99,53 Les angles de ces cristaux ont été mesurés par M. Mitseherlich. M. de Bonsdorfffait observer que c'estun fait digne d'attention, que les amphiboles qui contiennent de lalumine ou celles dont la composition est la plus compliquée, se trouvent presque toujours cristallisées avec des facettes secondaires : tandis que les gram- matiles, de composition plus simple, ne présentent que des facettes , DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Exxvij primitives. Eu général, il lui semble que l’'amphibole, la gram- malite, l’actinote et l’asbeste sont formées d’une particule de bisi= hcate de chaux et de trois particules de bisilicate de magnésie, et que certaines autres bases qui contiennent même deux atomes d’oxigène, peuvent se substituer à la chaux et à la magnésie et les suppléer dans la éristallisation. La formule minéralogique peut x AR Ar cp M js donc être exprimée ainsi : CS'= 3{ FIAT M. G. Knôx, dans un Mémoire inséré dans la deuxième partie des Transactions philosophiqués de Londres, pour 1822, sur la piefte de poix de Newry, (Meswry pitchstone), pierre qui diffère de toutes celles du même genre par son odeur et sa saveur huileuse, ainsi que par sa disposition à se partager en lames minces , à se désagréger et à former des fragmens rhom- boïdaux , propose d’en former une nouvelle espèce sous le nom de Nesvrine : d'après l'analyse chimique qu'il en a faite, conipa- ralivement avec celle de la pierre de poix du Meissen, par Kla- proth, elle ne contient ni magnésie, ni manganèse comme celle-ci: mais , silice, 72,800; alumine, 11,500; chaux, 1,120; protoxide de Jer, 3,036; soude, 2,857; eau et bitume; 8,500. En sorte qu'elle semble formée de deux substances inflammables, l’une beaucoup plus volatile que l'autre , toutes deux inséparables de la pierre, excepté à une chaleur voisine du rouge blanc. . M. Thomson, en voulant préparer de l’oxide d’urane avec de Ja mine verle d’urane , a trouvé que ce minerai contient de l'acide phosphorique; ce n’est donc pas seulement des oxides: d'urane et de cuivre combinés avec de l’eau. M. Bower a analysé un tungslate de chaux, tfouvé dans l'Amé- rique; il est formé de : acide tungstique, 76,05 ; chaux, 14,56 ; silice, 2,54; oxide de fér, 1,03 ; oxide de manganèse, 0,51. Le docteur Torrey, de New-York, a donné l'analyse d'une autre substance minérale, trouvée également en Amérique, et découverte par M. E. Emmons dans une mine abandonnée d'hé- matite brune de la ville de Richmond , Massachusets. Elle forme des niasses irrégulières et stalactiteuses de 2 à 3 pouces de lon- gueur sur un ôu plus de largeur ; elle est plus dure que le spath calcaire , léoèrement translucide , et sa pesanteur spécilique est de 2,40. Elle ne fait pas effervescence avec les acides , et blan- chit au chälumeau. D'après le premier de ces auteurs, ce minéral dédié à un minéralogiste américain, sous le nom de gibsite, ne contient ni acide fluorique , ni acide phosphorique , mais a/u= mine 64,8 ; eau 34,7 sur 100 parties. Ixxxvii] DISCOURS PRÉLIMINAIRE. de Ceylan, parmi les variétés de dolomite qui sont extrémement nombreuses dans cette ile, autant que celles de granite , nous en a fait connaître uné, d’un beau blanc, supérieurement cristallisée en rhombe, aisée à séparer ; pesanteur spécifique 1,05 , el qui con- üent sur 100 parties, carbonale de magnésie, 56,0 ; carbonate de chaux, 56,9; alumine, 4,1 ; silice, 1,0 ; eau, 2,0. Le même auteur a découvert dans le même pays un carbonate de magnésie natif, d’un beau blanc, de texture terreuse et qui, sur 100 parties, contient 86 de carbonate de magnésie, 5 d'eau et 9 de silice avec quelques traces de carbonate de chaux. M. Francis Lunn en analÿsant un phosphate de cuivre, natif de Firneberg, près de Rheinbreitenbach sur le Rhin, compara- ivement avec ce qu’en avait dit Klaproth, a trouvé qu'il est formé ainsi : péroxidede cuivre, 62,847; acide phosphorique, 21,687 et eau, 15,454; ce qui confirme le doute que M. Berzelius avait eu de l’exaclitude de l'analyse de Klaproth, puisque celui-ci n'y avait pas trouvé d’eau. M. Stromeyer a publié une nouvelle analyse du spath pesant, d'après laquelle il ne paraît pas contenir de sulfate de strontiane ; du reste la proportion de la terre et de l'acide est presque Ja même que ne le sulfate de baryte artificiel. MINÉRALOGIE. Les détails assez nombreux dans lesquels nous venons d’entrer, sur les différentes substances minérales dont on a publié l'analyse dans le cours de cette anhée, nous laisseront nécessairement assez peu de chose à dire de la Minéralogie proprement dite. M.Mitscherlich a publié dans les Annales de Chimie, un second Memoire sur la relation qui existe entre la forme cristalline et les proportions chimiques. Le problème qu'il a entrepris de ré- soudre, comme nous avons déja eu l'occasion de le dire, est de savoir , si différens élémens combinés avee le même nombre d’a- tomes d’un ou de plusieurs autres élémens ; affectent la mème forme cristalline; si l'identité de forme cristalline n’est déter- minée que par le nombre des atomes, et enfin, si cette forme est indépendante de Ja nature chimique des élémens. M. Haüy, auquel la science de la Cristallographie, doit ses plus grands pro- grès, avait été conduit à cette loi générale, que la même forme cristalline, pourvu qu'elle ne soit pas une forme limite, sup- d L DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Jxxxix pose les mêmes substances réunies dans les mêmes proportions , aussi avait-il regardé la forme cristalline comme le caractère le plus essentiel des différentes espèces minérales. Mais il parait que la loi établie par M. Haüy n’est pas générale ; M. Mitscher- lich dans un premier Mémoire sur plusieurs sulfates simples et doubles semblait avoir mis en évidence que certains élémens différens , comme la magnésie, le protoxide de fer, celui de manganèse et l’oxide de zinc, combinés avec le mème nombre d’un ou de plusieurs élémens affectant la même forme ; il a vu de plus que les élémens chimiques, en général, peuvent être classés à cet égard en groupes qu’il nomme isomorphes. Ce nou- veau travail de M. Mitscherlich exécuté dans le même but sur les arseniates et les phosphates , le conduit aux mêmes conclu- sions, et il regarde comme conslant qu’une même substance composée des mêmes élémens, combinés dans les mêmes pro- portions peut affecter deux formes différentes, pourvu que des circonstances particulières exercent une influence dans l'acte de la cristallisation. En sorte que suivant Jui : la loi pour le rapport entre la composition chimique et la forme cristalline pourra être énoncée ainsi : le même nombre d’atomes combinés de la même manière produit la même forme cristalline : la même forme cri- stalline est indépendante de la nature chimique des atomes, et n'est déterminée que par leur nombre et leur position relative. Quoique cette découverte de M. Mitscherlich ait retiré à la cristallographie une partie de son importance, il n’en est pas moins intéressant de faciliter la détermination des faceltes qui mo- difient la forme primitive des cristaux : c’est ce que s’est proposé de faire M. A. Levy, dans un Mémoire inséré dans le journal d'Edimbourg , et dont la traduction, par M. Billy, est dans les Annales de Chimie. C’est une sorte de procédé orthographique dans lequel , au moyen des parallélismes qui existent fréquem- ment entre les bords d’un cristal, on peut, sans rien mesurer, déterminer une face secondaire , quand ils existent entre deux côtés de cette face et deux bords connus du eristal. M. Deuchar ayant eu par hasard l'occasion d'observer qu’une félure de verre augmente considérablement , quand on y verse de l’eau chaude , pour revenir à sa dimension primitive quand on cesse d’en verser, et qu’il en est de même-.de celle d’une vitre placée à plat sur une table, et qu’on presse et reläche alternati- vement , a pensé que l’on pourrait aussi expliquer l'existence de l'eau dans certains cristaux, en supposant que sous l'influence d’une pression ou d’une température considérable , l'eau a pu pé- Tome XCV. JANVIER an 1823. 1 771 xC | DISCOURS, PRÉLIMINAIRESs nétrer dans leurs espaces vides, par des fentes qui se seront mo mentanément développées et dont il n'existe plus de; traces depuis. que la cause qui les produisait a disparue. 1} paraît qu'il rapporte à la même cause, la pénétration de l’eau dans les bouteilles bien férmées quoique non hermétiquement , que l’on descend à une grande profondeur dans la mer. Sir Humphry Davy nous semble avoir été plus heureux dans son Mémoire sur l’état où se trouvent l’eau et les matières aéni- formes dans les cavités de certains cristaux. Ses expériences in- sliluées avec toutes les précautions convenables, ont été faites sur des cristaux de Schemnitz en Hongrie, et sur un probablement de Guanaxuato en Amérique. Aussitôt que la cavité fut ouverte, le fluide ( huile, eau ou mercure ), dans lequel le cristal était plongé, s'y précipita et le globule de gaz éprouva une contrac- tion qui le réduisit du 6°. au 10°. de son volume primitif. Le fluide contenu, examiné avec le plus grand soin, fut trouvé n’être que de l’eau presque pure avec une pelite portion de sulfates alcalins, et le gaz parut être de l'azote pur. On obtint les mêmes résultats sur les calcédoines renfermant de l’eau, qui se trouvent dans les roches balsatiques des environs de Vicence, et dont l'origine est par conséquent évidemment ignée, avec celte seule difference que l'azote était encore plus raréfié que dansle cristal de roche. M. H. Davy conclut de ces expériences, qu'il est difficile d'expliquer cet état de raréfaction où se trouve la matière aéri- forme dans les cavités du cristal de roche ou de la calcédoine, autrement qu’en supposant que ces cristaux ont élé formés à des températures supérieures à celle actuelle de la surface de la terre, et que l’eau et la silice, primitivement dans un état d’u- nion chimique, se sont séparées par l’abaissement de température, en sorte que le’fait de l'existence de l’eau dans les roches-cristal- lisées, qui a été considéré par les géologues neptuniens, comme entièrement contraire à l’idée que ces corps pussent avoir une origine ignée, pourront plutôt offrir un argument en faveur de l'opinion des volcanistes, à laquelle on l’opposait. Cette manière de voir est encore fortement-appuyée par une autre expérience faite sur un cristal de roche de La Gardette en Dauphiné, qui, dans une cavité de près d’un tiers de pouce de diamètre, ne con- tenait qu'environ + d’un liquide brun visqueux , ayant une odeur de naphte ; le reste étant parfaitement vide. Un autre cristal ve- nant du Brésil, renfermait au contraire avec de l’eau, une très pe- lite quantité de matière aériforme , et ce fluide était plus com- primé que dilaté. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. "xcj M. Ripetti de Florence à, dans son Histoire des Alpes et du marbre de Carrare, remarqué que dans celui qui appartient à trois excavations de la vallée de Ranello, on trouve souvent des espèces de géodes de cristal de roche et quelquefois de ces cris- taux tout-à-fait isolés dans la masse de marbre. Leur présence est indiquée fréquemment par le voisinage de cristaux de spath calcaire , que les ouvriers nomment /ucica ; mais ce qui est en- core plus singulier, c'est que ces géodes contiennent un liquide plus ou moins abondant, très limpide et légèrement acide. Dans une de ces cavités plus grande que de coutume, il y avait une livre et demie de ce fluide, et en outre une masse aussi grosse que le poing, transparente et qui semblait avoir tous les autres caractères du cristal de roche. Une autre fois on a trouvé une substance päteuse , élastique, susceptible de prendre toutes les formes sous les doigts, mais qui ne tarda pas à s’endurcir et à prendre toute l’apparence de la calcédoine ou de la porcelaine. Tous ces faits qui paraissent assez extraordinaires, ont été aflr- més par M. del Nero, propriétaire d’une de ces carrières, à M. Pictet qui les a rapportés dans*la Bibliothèque universelle. M. le docteur Brewster en confirmant une observation du doc- teur Fleming sur l'identité de l’albätre (calc sinter ), et en gé- néral de toutes les substances calcaires, quelle que soit leur forme, que l’eau dépose dans les cavernes, et du spath calcaire, a réussi _à en extraire des rhombes réguliers , ayant leurs angles de même valeur, que ceux des plus beaux cristaux de carbonate de chaux, là double réfraction et la force polarisante au même degré d’in- ténsité que le spath d'Islande le plus pur. Le même observateur ayant eu l’occasion de voir un très beau cristal de stilbite d'Aachen, près Altenberg, a reconnu qu'il dif- fère essentiellement de tous les minéraux que l’on a regardés comme des stilbites. 11 lui semble que c’est la substance à laquelle M. Haüy a donné le nom de duo vigesimale. L'histoire du diaspore , de ce minéral aussi rare que curieux, dont on n’a vu, à ce qu'il paraît, encore que deux échantillons a été éclaircie, mais non pas encore sur les lieux où il se trouve. M. G. B. Sowerby en ayant eu un second échantillon dans les mains, la soumis à l’examen successif de MM. Children et VW. Philip. Le premier l’a examiné au chalumeau et a trouvé qu'un morceau dont la pesanteur spécifique était de 3,305 , of- frait absolument tous les caractères qu’on avait observés sur lé chantillon expérimenté par M. le Lièvre, M. VV. Philip ayant ensuite examiné la cristallisation avec le goniomètre à réflexion, m.… . } j j xci} DISCOURS PRÉLIMINAIRE. à trouvé qu'il cristallisait en prisme doublement oblique, dont l'inclinaison de M sur T est de 65° o’, de P sur M 08° 30’ et de P sur T 101° 20/. Enfin M. Children en ayant fait l'analyse chi- mique , le regarde comme composé ainsi : alumine 76,06 ; pro- toxide de fer 7,78 ; eau 14,70; perte 1,46 ; ou peut-être mieux de 76,925 d’alumine, 7,692 de protoxide de fer et de 15,385 d’eau. On a proposé le nom de marmolite, pour une substance miné- rale trouvée dans des veines de serpentine d'Hoboken, dans le New-Jersey des Etats-Unis, avec un hydrate de magnésie par- faitement incolore, diaphane, contenant 30 pour cent ct quel- quefois amianthiforme et un marbre magnésien formé de 94 par- es de magnésie , etc. La texture de cette marmolite est foliacée, composée de lames minces et souvent parallèles, comme dans la diallage; sa couleur est d’un vert päle ou d’un gris-verdàtre ; son éclat est perlé; elle est assez tendre pour être coupée avec le couteau, et presqu’enlièrement opaque et inflexible. Sa pesanteur spécifique est de 2,470. Sur 100 parties, elle contient : magnésie, 46,0; silice, 56,0; chaux , 2,0; eau, 15,0; fer et chrome, 0,5. Ce dernier article est extrait du Journal des Sciences améri- cain de M. le professeur Séliman, qui contient beaucoup d’autres observations minéralogiques, et entre autres la découverte de plusieurs minéraux qui n'avaient pas encore été trouvés dans les Etats-Unis, comme le béril, le chrysobéril, la chlorite, le spath fluor, l’épidote, l’oxide jaune de tungstène, à l’état solide et pul- vérulent, un fer micacé d'une grande beauté, l’actinolite, le” quartz rose, l’oxide rouge de titane, le sulfate de strontiane, de plomb, etc., ainsi que de substances utiles dans les arts, comme de l’oxide de manganèse, du marbre blanc granulaire , la plom- bagine, l’hématite, etc. ( Nous dirons aussi que M. Basterot a découvert l’alumine sous- sulfatée , analogue à celle de Halle, analysée par MM. Simon et Bucholz, Stromeyer, à celle que M. Webster a découverte en 1814, à Newhaven, près Brighton, et que M. Brongniart a proposée de nommer febsterite, à la montagne de Bernon, près Epernay, département de la Marne, dans la formation de l'argile plastique et du liguite. M. Lassaigne, qui en a fait l'analyse, l'a trouvée composée ainsi : alumine, 30,70 ; acide sulfurique, 20,06; eau, 30,04; chaux sulfatée, 0,30. En comparant cette substance avec celles qui en sont voisines, M. Basterot les réunit sous le nom de W. mameloné ; il fait une variété du F7. farineux qui tapisse les fentes de l'argile à Bernon. Quant à celle que M. Henry a dé- couverte à Oldham en Angleterre, dans une mine de houille, DISCOURS PRÉLIMINAIRE: xCii} il croit devoir en faire une espèce particulière, sous le nom de WW. hydraté silicifère, à cause des deux et demi pour cent de silice qu’elle contient. Quant à l’alunite ou pierre d’alun de la Tolfa, comme c’est un sel triple (alumine sulfatée silicifère), contenant en outre une quantité. notable de potasse, il pense qu'elle doit former un genre distimct. : M. de Liéonhard a découvert, dans une dolérite du Kassen- bukel, près Heidelberg , une néphéline dont la composition chi- mique est presque semblable à celle de la néphéline du Vésuve, analysée par M. Arfyedson, avec cette différence que celui-ci a regardé comme de la soude seulement, les 20,46 parties d’al- cali qu'il a obtenues , tandis que M. Gmelin, qui a fait l'analyse de la néphéline de Kassenbukkel, regarde comme certain, que célle- ci contient 7,13 de potasse et 13,36 de soude. M. Schmilz ; d’après ce qu'en dit M. Leman, dans le Bulletin par la Soc. phil., p. 176, a trouvé que le minéral observé depuis quelques années au Kayserthul en Brisgaw, contient aussi une néphéline , comme la lave du cap di Bové, près Rome. . M. Desnoyers a découvert en France, dans le département de l'Orne, à Frenay-le-Buffard, 4 lieues au N.-N.-O. d’Argentan, ün minéral tout-à-fait semblable à celui du Vicentin et connu sous le nom de tartufolite, ou mieux, de chaux carbonatée bacil- laire, à odeur de truffes; c’est un véritable bois fossile calcaire qui se trouve dans un calcaire jaunätre ; qui parait dépendre des couches les plus inférieures de la grande formation oolithique de la Normandie, au lieu que celui du Vicenün est dans des couches que M. Brongniart rapporte à l'époque de formation du calcaire grossier du terrain parisien. GÉOLOGIE. Les travaux, dans Cetle partie des Sciences naturelles, n’ont pas élé moins nombreux dans le cours de cette année que dans les années dernières où nous avons vu celle science prendre une extension considérable. Aucunes recherches spéciales sur la Géologie des parties sep: tentrionales de l'Europe; c’est-à-dire , de la Russie, de la Suède, Norwège , Pologne, ne sont venues à notre connaissance. M. Beudant a publié, sur la constitution géologique de la Hon- grie, l'un des ouvrages les plus importars qui aient paru en Géologie, depuis fort long-temps. Le défaut d'espace nous a xciv DISCOURS PRÉLIMINAIRE. seul empèchés d'en faire connaître le plan et les principaux ré+ sultats à nos lecteurs. | à Nous avons donné, dans notre Journal, les résultats des re- cherches géologiques de M. le D' Boué sur l'Allemagne; et l'on peut d’aulant plus ajouter foi aux observations qui s'y trouvent consignées, que ce jeune géologie a eu lé grand avantage de pouvoir étudier les principes de chaque école géologique sur le théätre mème de ses observations, et par conséquent les com- parer enlre eux. ; M. de Bonnard, dans un Mémoire inséré dans les Annales des Mines, s'est éssentiellement occupé dés montagnes du Fartz. Dans sa première Notice, il en donné un aperéu topographique, en indiquant la forme et l’étendue de ce groupe dé montagnes, isolé au milieu de terrains de formation plus moderne, la direc- tion des rameaux qui partent de la montagne du Brocken, dont ils divergent comme d’un centre et qui, ‘au sud-est, semblent se continuer daus les collinés du paÿs de Mansfeld. Dans une se- conde Notice, il fait cotinaitre la nature des terrains du Hartz et examine leur ancienneté relativé et conclut que le granite du Brocken, que l’on regardait comme très ancien, ainsi que tous les terrains cristallins, sont probablement de formation contem- poraine aux autres terrains intermédiaires du Hartz. Dans les deux autrés notices, il traite des mines de plomb, d'argent et des gîtes de mineraï de fer. À Dans une lettre de M. de Buch à M. Brongniart, publiée dans notre Journal ,'sur le gissemént des couches caltaires à empreintes de poissons et sur les dolomies de la Franconïe, le premier de ces géologues nous a montré que ces schistes calcaires forment constamment les couches supérieures des montagnes et qu'ils sont séparés des couches calcaires compactes, par une masse considérable de dolomie non stratifiée; en sorte qu’elles lui sem- blent appartenir à une formation plus récente que la formation du Jura, et cependant plus ancienne que celle du Mônté Bolca, et par conséquent , qu'ils ne peuvent être rangés parmi les couchés du calcaire grossier. mn D L'Anpgleterre est toujours Ja partie de l'Europe où 165 recherchés géologiques sont les plus nombreuses. Chäque partié de sou sol est successivement analysée avec un Zzèlé ét une persévérance bien louables et qui devraient servir de modèle aux autrés nations. Parmi les Mémoires qui ont pour objet la Géologie spéciale, nous citerons celui de M. le professeur À. Sedgwick, sûr la Géo- logie de l'ile de Wight, dans lequel on trouve des détails nom- DISCOURS PRÉLIMINAIRE, xCv breux qui avaient échappé à M. Webster, dans sou beau traité sur le, même sujet, et surtout sur les différens fossiles qui se trouvent dans la formation , placées entre l’oolithe de Portland et la craie. M. J. J. Conyÿbeare a aussi ajouté quelques faits inapercus, par MM. Thomson et Horser, dans leur géologie des monts Malvern, et entre autres les caractères de deux conglomérats remarquables en rapport.avec une roche siénitique. M. Winch s’est occupé.de constater , par des recherches géo- logiques, que le Lindisform ou Holy-lsland, espèce d'ile située sur la côte du Northumberland, appartient, comme ce pays, à la formation calcaire à encrinites qui traverse l'Angleterre du voisi- nage de la T'wed au Derbyshire. Nous rapporterons ici l'épaisseur des couches qui ont été tra- versées depüis la surface du sol jusqu’à la profondeur de 270 pieds angl. , à Mildenball, dans le comté de Suffolk, dans le but d'avoir de l'eau: 1°. craie blanche commune sans silex, 55 pieds; 2. craie jaune sableuse, 5 pieds; 3°. craie grise et dure, 136 pieds; 4°. ar- gile bleue, 54 pieds; 5°. la méme, plus foncée et plus dure, 10 pieds ; 6°. sable vert avec différens fossiles, 11 pieds; 7°. ar- gile bleue, avec coquilles fossiles, 9 pieds. MM. W. Philips et S. Woods, dans un essai géologique sur le Snowdon et les contrées environnantes, dans le nord du pays de Galles, ont montré que cette contrée qu’on avait cru formée de roches primitives , l’est de roches qui ont pour base une sub- stance qui ressémble beaucoup à de la stéatite, mais qui en + diffère, parce qu’elle ne contient que peu ou point de magnésie, et qu’elles renferment beaucoup de corps organisés fossiles dont ils donnent l'énumération et la figure. M. de la Jonkaire, dans une note sur la Géologie des environs d'Anvers, insérée dans le Bulletin par la Société philomatique , ayant reconnu dans ce pays, 1°. une argile calcarifère coquillère ; 2°.uneargile grisätresableuse, sans coquilles, qu’il rapporte à la for- mation deJ’argile plastique des terrains parisiens ; 5°. un sable quartzeux rempli de grains verts, el contenant une grande quantité de coquilles qui lui paraît représenter le calcaire gros- sier parisien; 4°. enfin , au-dessous de la terre végétale, un sable sans coquilles, renfermant des galets siliceux, qui lai parait of- frir tous les. caractères de l’attérissement diluvien, conclut qu'il existe en Belgique un bassin tertiaire horné au midi par des ter- rains de craie, semblable au bassin tertiaire de la partie orientale de l’Angleterre, comme M. Prevost l'a indiqué. . La Géologie de la France n’a pas élé aussi étudiée que celle XC] DISCOURS PRÉLIMINAIRE. de l'Angleterre. Nous avons cependant püblié l'extrait d'un tra? vail de M. Bertrand-Geslin sur la formation gypseuse d'Aix, et une sorte de specimen d'un grand trävail de M. Reboul, sur la Géographie géologique des Pyrénées. M. Basterot (Bulletin par la Soc. ph., p. 188), nous a donné quelques détails sur la Géologie des environs d’Argentan, dépar- tement de l'Indre, et surtout sur la marnière où l’on a trouvé un grand nombre d’ossemens fossiles; il en résulte que ce terrain marneux, situé entre le calcaire oolithique et d’anciennes alluvions, appartient à la formalion d'argile plastique et de lignite des en- virons de Paris. Enfin, nous nous bornerons à noter que M. Meyrac a publié, dans notre Journal, une Histoire intéressante du bitume de Bas- tanne, et envisagé surtout sous les rapports d'utilité dont il peut être dans les constructions. L'Italie a été aussi étudiée, dans plusieurs poïnts deson étendue Nous avons rapporté le singulier résultat auquel est parvenu M. Marzari Pencati; savoir, que toutes les montagnes de granite, de gneiss, de micaschiste et de stéaschiste silués entre la Brenta et la Piave, appartiennent à des formations postérieures à la craie, ce qui a besoin d’être d'autant plus appuyé sur des faits incon- testables, que cela est tout-à-fait opposé aux idées encore géné- ralement reçues en Géologie. } Nous avons aussi publié, dans son entier, dans notre Journal, le Mémoire de M. Maraschini , sur la Géologie du Vicentin ; parmi les observations curieuses qu’il contient, il faut surtout noter l'existence de nombreux filons de plomb, de cuivre et de zinc dans des roches qu’il regarde comme évidemment volcaniques. Le changement du calcaire alpin dans le voisinage des filons de dolérite ou de basalte, non-seulement dans sa texture, en sorte qu'il devient un véritable marbre, mais encore dans sa compo- sition chimique, par la quantité notable de magnésie qu’il ren- ferme; le rapprochement du calcaire entremèêlé de marne feuilletée, contenait les ichthyolites si nombreux de cette localité, avec le calcaire grossier parisien, ce qui confirme la conclusion à la- quelle M. de Blainville avait été conduit par l'examen des ichthyo- lites, que ce calcaire est bien moins ancien que celui de Pappen- heim ; el enfin que, dans ce pays, les volcans ont été constamment agissans , depuis l’époque primitive jusqu'aux dernières formations calcaires. M. George Poulettscorpe, dans une lettre insérée dans le Journ. de j’Instit. royale, sur la Géologie du territoire Padouan, DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xCvij Vicebtin et Véronais, paraît ne pas être tout-h-fait d'accord avec M. Maraschini; sinon sur la cause du bouleversement de ce pays qu'il regarde aussi comme locale et dépendante d’une irrup- tion volcanique sortie du fonds de l'Océan et traversant la for- mation Calcaire qui formait le sol, mais au moins sur le calcaire bitumineux à fossiles des carrières à poissons, qu’il regarde comme une simple variété du calcaire de montagne horizontal, qui constitue toute la chaine semi-circulaire de montagnes en- iourant la plaine vénitienne. M. Breislack, dans une, lettre adressée à la Société géologique de Londres, a fourni quelques détails sur le gypse du mont Scano, Ce gypse, qui est pénétré d’une matière bitumineuse, est très remarquable, par la grande quantité de restes, végétaux qu'il contient, et parmi lesquels le professeur Moritti a reconnu les feuilles du salix caprœa, du viscum album et. de l’acer plata- noides, plantes-qui vivent encore dans le voisinage. Il est en couches horizontales , variant en épaisseur de 2 à 3 pouces à 5 ou 4 pieds et interrompues en différens. endroits par une marne schisteuse grise, avec des veines de gypse fibreux ou granulaire. Cette formation gypseuse est recouverte par un lit de marne .jaune arenacée de, 5 on G pieds d'épaisseur. L'Espagne est malheureusement jusqu'ici peut-être plus incon- nue que plusieurs contrées, de l’autre hémisphère. Nous devons cependant -quelques détails iutéressans sur la Géologie de la Sierra-Nevada, à M. Josef Rodriguez, directeur de l'Observa- toire de Madrid. Il en résulte que celte chaine plus élevée que -les Pyrénées, puisquê le pic de Veleta a 3447 mètres au-dessus _de la mer, et le Cerro de Mulhaem, :55531 - mètres, est entière- «ment composé de formations primitives d’une grande uniformité ; -On ne réconnait cependant nulle part le granite, ni le véritable gneiss; ce sont des mica-schistes qui passent au gneiss el au schiste argileux, et qui renferment des bancs subordounés d’euphotide, de quartz et de grunstein fréquens , ce qui pourrait faire croire que toute la masse de ces montagnes appartient à la formation intermédiaire ou de transition. Les strates de ces roches sont in- -clinés-en forme de tuiles , dans une direction à peu près paral- lèle à la chaine centrale qui.est perpendiculaire au méridien, et elles plongent vers le nord à la pente septentrionale , et vers le -sud à la-pente australe. Le terrain .qui entoure cette chaîne de montagnes lesL-si, élevé.que.la plate-forme de da tour de la ca- thédrale de Grenade.est.à 784". au-dessus du niveau de la mer. M. Jos. Woods nous a déjà fait connaitre quelque chose de Tome XCFI. JANVIER an 1823. n xCvii) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. la struclure géologique de la Grèce, ou mieux de l’Attique! d'où il résulte que le promontoire qu’elle forme, séparé de la Grèce par un rang de montagnes dont le point le plus élevé est de {,000 pieds environ , a pour base des roches primitives et surtout un schiste micacé et un calcaire granulaire ; au-dessus est un conglo- mérat formé de roches primitives, empâtées dans une pâte cal- caire contenant de la magnesie. Une série de roches calcaires parmi lesquelles il y a un calcaire compacte à cassure écailleuse, forme la masse et la partie supérieure des montagnes qui divise la plaine d'Athènes. Le Pyréeet le Munychium sont composés d'un calcaire magnésien tendre et à fossiles. La Géologie de l'Afrique ne me paraît pas avoir beaucoup avancé dans le cours de celte année. Il n’en est pas de même decelle de l'Inde : et surtout de celle de l'Amérique septentrionale. Les journaux anglais renferment en effet quelques détails sur la composition géognostique du sol del’Inde, depuis les plaines de l'Indostan jusqu’à des stations plus où moins élevées de l'Hymalaya ; M. John Davy a surlout fourni des dé- tails extrêmement intéressans sur }a minéralogie et la géologie de Ceylan, dans son voyage dans cette île : M. B. Fraser, dans sa descriplion des échantillons recueillis dans un voyage de plus de mille milles de Delhi à Bombay, et le journal américain des Sciences du professeur Silliman, est presque entièrement rempli de travaux de ce genre : ainsi le docteur J.S. Bigsby a donné la minéralogie et la géologie du Malbay : le professeur Amos Eaton celle des terres élevées, ( Highlands) : M. Thomas Mittal, des remarques sur les minéraux des environs de Patterson et la vallée de Sparta , dans le New-Jersey : le professeur Olmstead, un ca- talogue descriptif des roches et des minéraux de la Caroline du Nord. Tous ces travaux, n’ayant presque encore qu’un intérêt lo- cal , ne sont guères susceptibles d'extraits. Après ce simple memorandum des travaux spéciaux de géolo- gie, nous devons maintenant dire quelque chose de ceux qui constituent plus spécialement la science. Ils sont encore assez nombreux. Nous regrettons surtout, de ne pouvoir analyser les remarques géologiques que M. Thomas Weawer a insérées dans les Znn.0f Phil, vol. IV, n.s. p. 8r, et qui font surte à l'examen comparauf des formations de sédimens dans les îles Britanniques et le conti- nent, publiées dans l’année 1821 du même recueil, parce qu'il nous semble que la comparaison que ce géologue fait des diffé- rentes parties du grès rouge ancien, en Angleterre ; avec ce que DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xCIx M. Freiesleben a dit de ces formations dans la Thuringe et le ays de Mansfeld, peut contribuer beaucoup à éclairer celte par- tie difficilede la Géologie. Son but était de prouver 1°. l’identité du grès rouge ancien de Werner et de celui desiles britanniques; 2°, que la formation nommée rothe todiliegende de ce géologue, représente la serie houïllère (carboniferous) des Anglais; 5°. que dans les détails de cette série donnés en Allemagne, on voit l’ab- sence de quelque membre et des états différens d’association , de Ja même maniere qu’on le voit en Angleterre, mais jamais une inversion dans l’ordre général, Dans un Mémoire sur la desquannation des roches, M. Mac- Culloch , en cherchant à résoudre le problème, si la formation des lames dans les porphyres dépend, comme dans le cas de blocs arüficiels de trapp et de granite, de l’action de l’atmo- sphère seulement , ou si elle est la conséquence de cette action coïincidente avec un arrangement intérieur et originaire concré- tionné , arrive à cette conclusion que les argumens pour ces deux opinions se balancent complètement, et qu’il faut de nouveaux faits pour décider la question. Le même géologue, dans un Mémoire qui nous paru assez intéressant pour être traduit en entier dans notre Journal , sur les rapports qu'il y a entre l’action des volcans et certaines élé- valions qu’on remarque à la surface de la terre , a démontré que HNRE montagnes ou collines qui portent indubitablement toutes es marques d’avoir été formées dans le sein des mers, n’ont pas été mises à découvert par Ja retraite ou la diminution des eaux, mais qu’elles ont pu être soulevées par une force souterraine intérieure volcanique, comme on en a eu des exemples en Italie, dans la mer du sud et dans beaucoup d’autres endroits. Cette manière de voir pourrait donner l'explication des obser- yations indubitables de roches percées de trous par des coquil- lages lithodomes et qui sont à une élévation plus ou moins consi- dérable du niveau actuel de la mer. Telle est celle faite nouvellement par M. Brocchi, sur le mont Pellesrino, près Palerme en Sicile, d’un grand nombre de trous de modiole lthophage, jusqu’au sommet de cette montagne que les astro- nomes de Palerme pensent avoir une élévation de 1850 pieds. Jen a également vu de semblables à 30 ou 40 pieds dans la Haute-Calabre, entre. Fuscaldo et Scalca, ainsi que dans la Calabre ultérieure sur la côte de la mer ionienne. M. Brocchi est dans la manière de voir différente, que c’est là une sorte de thaz To ar DISCOURS PRÉLIMEN ATREs Jassiomètre ou le mioyen de mesurer le décroissement' successif des eaux dé la mer! d PE ADS ENT Îl serait cependant encore possible de concevoir que le décrois- sement s’est fait, non pas par un abaissement- réel, mais par un déplacement des eaux de la mer. C’est: ce que pourrait prouver l'observation curieuse faite sur la côte ‘orientale de: l'Amérique, où. la mer s’avance de plus en plus dans:les terres, dans, Ja! direction du nord au sud. On s’en estassuré au cap Mox, où la Délaware toribe dans l'Océan atlantique. On a même écrit sur, les. murs d'une maison la mesure de cet envahissement annuel depuis seize ans. Er 1804, la distance de la maison au bord de la mer était de 534 pieds ; en 1806, de 324 ; en 1807, de 294; en 1808, de 293; en 1809, de 267; en 1811, de 250; en 1812,de 254; en 1816; de 225; en. 1847, de 214; en 1818, de 204; en 1819, de 188/; en: 1820, de:180 pieds. Ainsi dans cet intervalle de temps, la mer a gagné 154 pieds. Its habilans de la côte du Brésil pa- raissent avoir fait une observation semblable, puisqu’une maiso bâtie à Ibleos, et qui était anciennement à une assez grande dis- tance de la mer, n’est plus maintenant qu’à une centaine de pas des. brisans. Mr C’est pour arriver à la résolution de ces questions que l'on étudie avec assez de soin la cause et la direction des courans dans le sein dela mer ; de même.que pour concevoir la consolidation des roches nouvelles ou remaniées qui s’y forment sous nos yeux, on est obligé d'étudier les substances qui entrent dans la compo- sition de ses eaux: C’est ainsi que M. Proust, en faisant voir qu’elles contiennent loujours une certaine quantité de mercure, et. en montrant qu'il en est de même des roches de sel qu'on trouve dans le sein de la terre, en a conclu , pour la probabilité, que celles-là ont été formées dans les eaux de l'Océan. La formation dés terrains d’eau douce , quoique beaucoup plus locale, n’en nécessite pas moins des recherches du même-genre: M. H. Davy, dans sa note sur une substance trouvée dans les eaux thermales dé Lucquéÿ, qui ést composée d’oxide de feriet de silice, dans la proportion à peü près de-4 à 3, etien véritable combinaison, la silice agissant éommié acide, a élé conduit à supposer que c’est la cause de la dissolution de l'oxide de fer dans l’eau et qu'on pourra en tirer ane explication de la manière dont l'ochre en général est produit. Nous ignorons malheureusement la nature de la pierre connue en Perse sous le nôm de marbre de T'abriz, et qui est si magni- fique, que son emploi dans la Construction’ des monumens est DISCOURS PRÉLIMINAIRE. c] réservé aux princes de la famille royale, Elle est cassante, trans- parente, quelquefois richement rayée de veines vertes et rouges, Mais nous savons, d’après M. Mortier, qu'elle se concrète en assez peu de temps dans.des, étangs d’eau stagnante, situés à Shiramun, village près du lac Ourmia en Perse, dans un lerrain qui fait entendre sous les pieds un bruil caverneux et dont l'aspect calciné ést horrible, el accompagné d’une odeur minérale:très forte qui s’exhale des étangs. Un fait de Géologie, dont l’éuologie est encore bien obscure, est celui des blocs de granite, de syénite ou de roches primitives dans le diluvium: M,N.J. Wiuch, en donnant quelques dé- tails sur:ce qu’on observe à ce sujet dans le nord-est de lArgle- terre, . demande, comment, dans l'hypothèse où les courans d'eaux diluviennes auraient eu assez de force pour entrainer ces énormes fragmens de roches à des distances, considérables, ils n'auraient pas dénude les couches du sol dans lesquelles ils sont maintenant renfermés, non-seulement dans les parties infc- rieures, mais dans les parties supérieures de la terre qui est sur les couches les plus solides, Nous terminerons cette revue géologique par une addition à ce que nous avons vu plus haut de la mesure des élévalions de la surface de la terre, que le capitaine Kotzebue ayant eu l’occa- sion de mesurer les montagnes les plus élevées des iles d'Owhyee et de Mowe dans la mer du sud, a trouvé dans la première, pour le Merino-Roa, 2482,4 toises ; pour le Merino-Kaah, 1280,7, et pour le Merino-Wororai, 1687,1; et dans la seconde, que le pic le plus élevé a 1669,1 toises au-dessus du niveau de la mer. Palæontologie. Nous. aHons maintenant passer) à. l’histoire de la Palæontologie, qu'il faut regarder comme une branche de la Géologie; en effet, lun des moyens les plus avantageux dans l'explication des -faits géologiques qui sont à notre portée , est l'étude des restes-que.les animaux et les végétaux ont laissés.sue- cessivement dans-les couches de la terne. M. Bronpgniart, l'an des naluralisies. le. plus en. état d'en sentir Fimportance, pance qu'il est à la fois zoologiste,et, géologue, considère/,ce, moyen comme tellement important, qu'il le regarde comme de pre- mière valeur, pour determiner Fépoque de formation et comme devant l'emporter sur toules les aatres différences, 3 Il n’est done pas étonnant que dans toutes les parties de la terre où se trouvent des observateurs, ils étudient et recueillent avec ci) DISCOURS PRÉLIMINAIRE, soin les fossiles; et que les recueils scientifiques consacrés à la Géologie, renferment beaucoup de travaux de ce genre. Nous avons rapporté, d’après le Journal des Sciences améri- cain, quelques détails sur des empreintes de pieds d'homme dans une sorte de calcaire de la vallée du Mississipi; en admettant, ce qui paraît probable, qu’elles ne soient pas le produit de l’art, on peut concevoir leur formation, lorsque la pierre encore molle fut mise à découvert, sans cependant les regarder comme un té- moiïgnage de l'existence de l'espèce humaine contemporaine à la formation de la pierre. Parmi les restes fossiles ayant appartenu à la classe des mam- mifères que l’on a découverts dans le cours de cette année, nous uoterons principalement , 1°. ceux de rhinocéros dont nous avons parlé dans le premier volume de cette année de notre Journal; 2°. ceux d’éléphant, d’une grande espèce de cerf ou d’élan trou- vés sur la côte orientale de Norfolk, dans un strate de 2 pieds d'épaisseur au plus, formé d’an sable rouge ferrugineux ou d'une sorte de gravier grossier cimenté par du fer, et ce qui serait plus remarquable, si le fait était hors de doute, ces restes fossiles stra- tifiées avec beaucoup de traces de végétaux, sont au-dessous de couches d'argile bleue, de terré et de sable que l’auteur rapporte à l'argile des environs de Londres el d'une puissance de 80 à 100 pieds; 5°.un tronçon de la défense d’éléphant, de 28 pouces de longueur, 20 pouces de circonférence à sa base, pesant 50 liv. environ , trouvé à Atwiek, près Horusca, dans le comté d'York, on ne dit pas dans quel terrain; 4°. et surtout la quantité vrai- mentextraordinaire de dents et d’ossemens trouvés dansune caverne calcaire, à Kirkdale, dans le comté d’York, et que M. Buckland, qui en a donné l'histoire, a rapportés à 22 espèces d'animaux, dont 7 de carnassiers, hyène, tigre, ours, renard, loup, belette et un animal inconnu de la taille d'un loup ; 4 pachydermes, éléphant, rhinocéros , bippopotame et cheval ; 4 ruminans, bœufs et 3 es- pèces de cerfs; 3 rongeurs, lapin , rat d'eau, souris; 4 oiseaux, corbeau, pigeon, alouette et une pelite espèce de canard, res- semblant à l'anas sponsor ou sarcelle d'été. Comme nous nous proposons de donner la traduction du Mémoire entier de M. Buc- kland , dans le cours de cette année , nous nous bornerons à cette . Citation. Ua fait qui n’est pas moins remarquable, est celui qui a été observé par M. de Kotzebue, dans son voyage à la mer du Sud et au détroit de Behring, d’une masse énorme de glace de plus de 100 pieds d’élévation, bien conservée, au-dessous d’un tapis DISCOURS PRÉLIMINAIRE. . ci de mousse et d'herbe qui contenait une grande quantité d'osse- mens et de dents de mammouth ou de l'éléphant fossile de Sibé- rie ; la partie de Ja masse de glace qui était exposée à l’action de l'air et du soleil, se fondait et laissait échapper les ossemens, et à peul-être est-ce à celte cause qu’il faut attribuer une très forte odeur semblable à celle de la corne brûlée, qui se faisait sentir aux environs. Latitude, 66° 13 25” N., et long. O.de Greenwich, 161° 42° 20”. Nous avons publié, dans Je Journal de Physique, un Mémoire de M. Deluc neveu, sur le gissement des ossemens fossiles de grands quadrupedes el surtout de ces éléphans de Sibérie, dans Jequel il a pour but de montrer qu'ils ont été enfouis à trois dif- férentes époques et nou pas seulement à la suite de la catastrophe qui a donné leur forme actuelle à nos continens. Nous avons aussi inséré dans notre recueil quelques détails ultérieurs sur les brèches osseuses de la Corse, par M. Bourdet, qui les assimile complètement à celles de Nice; et en eflet, il y a trouvé des ossemens d'assez grands ruminans, comme on en avait remarqué dans celles-ci. M. G.Cuvier, qui continue la publication de ses recherches sur les ossemens fossiles en général, a établi un nouveau genre de mammifères qu'il nomme anthracotherium, d'après des restes trou- vés dans les mines de charbon de terre de Cabibona, près Savone. Dans un Mémoire que j'ai lu à la Société Philomatique, et dont un extrait a été inséré dans son Bulletin, sur le singulier animal volant d’Aischtædt, que M. G. Cuvier a nommé ptérodactyle , et M. Sœmmering, ornithocéphale, j'ai discuté contradictoirement l'opinion de Coilini, adoptée par M. G.Cuvier qui en fait un reptile, et celle de M. Sæmmering qui veut que ce soit un genre de chauve- souris, el j'ai conclu que dans l’élat actuel de nos connaissances sur ce fossile remarquable, aucun caractère évident ne peut porter à en faire un mammifére; que l'existence de dents distinctes, la forme du corps, celle de la queue, des côtes, la disposition des vertèbres dorsales et lombaires, celles des différentes pièces des membres, font écarter l’idée que ce soit un animal de la classe des véritables oiseaux dont le rapprochent à forme de la tête, de la cavité cérébrale, de l'orbite, des narines, la longueur du cou, la forme des vertèbres cervicales, la longueur et Ja proportion des membres et le nombre des doigts ; que la longueur du cou, la petitesse et la forme de la queue rappellent un peu les tortues; que la longueur des màchoires , la forme et la disposi- tion des dents, celle de l'os carré, le nombre des doigts, du moins civ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. aux pieds de derrière, offrent quelques rapprochemensavec les cro- codiles; enfin, que la finesse des côtes, la fornfe de la tête et même un peu celle des dentssemblentindiquer des rapports avec quelques véritables sauriens et entre autres avec les {upinambis; en sorte que pour moi, c’est un deces chainons de la série qui lie les oi- seaux aux reptiles, encore plus que ne le font les tortues. ‘M. Pourdet nous a fait connaitre, dans le même recueil , des restes de tortues fossiles qu’il rapporte à deux espèces nouvelles l'une marine qu'il appelle celonée de Brongniart, et l’autre palu- dicole, qu'il nomme emyde de Deluc; la première a été trouvée à l'île Scheppey , dans une argile analogue à celle de Londres ; la seconde la été dans un sable calcaire et marneux qui constitue la plus grande partie du sol des montagnes subappenuines de l'As- tésan en Piémont. : Les traces que les animaux articulés extérieurement ont laissées dans le sein de la térre, sont sans doute moins nombreuses que celles qui proviennent même des mammifères: il s’en trouve cependant quelques-unes dont l'étude peut être utile à la Géolo- gie. L'ouvrage que MM. Brongniart et Desmarest ont publié sar les crustacés fossiles en est une preuve, comme on a pu le voir dans l'extrait que nous avons déja donné de la première partie due au premier de ces naturalistes; la seconde, quoique moins importante peut-être sous ce rapport, m'est pas non plus sans conséquences intéressantes , comme nous nous proposons de le montrer en terminantmnotre extrait. M. le professeur Germar de Halle nous a donné la description et la figure d'une espèce d'entomozaire, dont nous ne connais sions pas encore d'exemple à l’état fossile et qui a été trouvée presqu’entière dans une sorte de druse formée dans un morceau de schiste bitumineux des environs de Hettstadt; dans le pays de Mansfeld. M! Germar en fait une espèce de crustacé du genre idotée, sous le nom d'idotea anliquissima. Cette découverte pourra servir à résoudre la question de l’analogue des trilobites. Les restes fossiles de la classe des mollusques , beaucoup plus nombreux que ceux de touies les autres classes réunies, sont aussi d'une bien plus grande utilité à la Géologie, aussi sont-ils généralement et plus aisément étudiés. M. J. Fareÿ a continuë de publier dans le Philosoph! magaz. , fa liste alphabétique des lieux où ont été trouvées les coquilles fossiles décrites et figurées par M. James Sowerby dans le hui- tième volume de sa Conchologie nunérale, avec les circonstances géographiques et Géologiques de ces lieux et les espèces de co- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cv quilles fossiles, faisant suite aux deux listes semblables qu’il avait déjà données sur le même sujet dans le même recueil. Il en ré- sulle, dit-il, une nouvelle confirmation des principes qu'il avait établis sur la connexion des coquilles fossiles avec les couches. M. Constant Prevost , dans son Mémoire sur les grès de Bau- champ, inséré dans notre Journal, a confirmé, dans cette localité, l'existence d’un mélange de coquilles marines et de coquilles flu- viatiles. M. de la Jonkaire a trouvé un pareil mélange dans les marnes marines qui sont immédiatement supérieures aux gypses de Mont- martre. Des nodules d’un calcaire compacte ayant l'aspect de cal- caire d'eau douce et formant un lit entre deux couches de marne renfermant les petites huîtres connues sous nom d'ostrea linguatula , lui ont offert des petites paludines voisines de la pa- ludina thermalis avec des potamides. Le même naturaliste a rencontré des cérites dans un terrain argilo-sablonneux, situé au-dessous de la craie et à la partie su- périeure d’un calcaire compacte coquiller de la formation ooli- thique.Nousavonsaussirapporté à ce genre descoquillesturriculées que nous avons trouvées, M. Prevost et moi, dans les falaises de la Basse-Normandie, dans un terrain inférieur à la craie et voisin du calcaire oolithique, ainsi la présence des cérites n’est plus caractéristique du calcaire grossier des terrains parisiens. Les restes fossiles du règne végétal pourront maintenant être plus aisément utilisés en Géologie, au moyen des travaux de MM. Sternberg et Schlotheim, et surtout de celui de M. Adolphe Brongniart qui a envisagé son sujet d’une manière à peu près complète, autant du moins que la nature du sujet le permettait ; on trouve l’analyse de son Mémoire qui a été lu à l'Académie des Sciences, dans le Bulletin par la Société Phylomatique. Les con- clusions géologiques auxquelles l'examen des végétaux fossiles qu’il a pu étudier jusqu'ici l'ont conduit, sont 1°. qu’al'époque de la formation des terrains de houille et d’anthacite, la végétation était presque limitée à des végétaux monocotylédons et surtout aux monocotylédons cryplogames, tels que les fougères, les equise- tum, les lycopodes, les marsilées, etc.; mais que les trois pre- mières de ces familles renfermaient alors des espèces arbores- centes qui n’existent plus maintenant, si ce n’est pour la première ; c’est donc à tort , que les auteurs citent des restes de palmiers dans ces terrains; 2°. que l’on trouve peu de restes de végétaux dans le grand espace qui sépare ces terrains de ceux de sédiment supé- rieur et qu'ils appartiennent presque tous à des plantes marines Tome XCVI.:JANVIER an 1823. 9 Gx] DISGOURS/ PRÉLIMINAIRE; ou à des bois, dycotylédons. qui paraissent ÿ.avoir été trans- portés. dans la mer; 5°. que. dans les terrains de sédimens su- périeurs, on trouve une grande, variété de. végétaux fossiles, mais. qui pour la plupart paraissent apparlenir à des végétaux semblables, si. ce n’est spécifiquement, du moins générique- ment, aux, plantes qui babilent maintenant la terre et surtout les régions les plus chaudes, et qu’il n’est pas probable jqu'ils en aient été transportés, puisqu'on trouve quelquefois, et surtout dans le lignite de Cologne, des troncs de palmiers dans une position verticale. PHYTOLOGIE. L'étude des corps organisésde Lancien monde ne fait cependant pas négliger celle des créations actuellement existantes à la sur- face de la terre; et même la queslion célèbre des analogues en Géologie nécessite de plus en plus la connaissance des espèces vivantes. Parmi les travaux de botanique proprement dite , nous citerons d’abord : La Monographie des cinq genres qui constituent la tribu des lasiopétalées, dans la famille des buttnerianées,, par M. J. Gay, dans les Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle. Dans cette Monographie, M. Gay divise le genre lasiopitale, de ses prédécesseurs, en trois genres, lasiopetala, seringia et (homasia. Dans le premier, il ne laisse plus que deux espèces, le L. féru- gineux el le L. parviflore; le second est formé. avec: le Z. ar- borescens d'Ayton qui diffère des. autres, parce que son fruit est mulliple, composé de quatre carpelles. distinctes. Enfin, le troisième’renferme les espèces dont les loges des. anthères s’ou- vrent par une fente longitudinale, au lieu de deux pores, et dont les feuilles sont accampagnées de stipules et l'inflorescence est en grappe. M. Gay élablit en outre deux. genres: entièrement: nouveaux; l’un quil a dédié à M. Guichenot , de l'expédition, du capitaine Baudin, sous le nom de Guichenotia:et dans lequet l'inflorescence, les bractées, le calice, les anthères même sont comme dans le genre thomasia, mais dont l’ovaire.est triloculaireet les feuilles sont sans stipules;.et l’autre dédié au premier méde- cin de la marine, M. Kéraudren, sous.la dénomination de ke- raudrinia, se distingue des quatre premiers genres; parles troïs styles qui partent de l’oyaire et par leurs pédicules articulés: L'un et l’autre de ces deux nouveaux genres ne contiennent qu'uné seule DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cvi “espèce, le G. ledefolia etle K. ne qui sontde petits ar- brisseaux de’ la baie des Chiens- Marins, dans la Nouvelle- Hollande. Le Mémoire sur les balanophorées, famille établie par M. le professeur Richard, parmi les monocotylédons , entre les hydro- charidées et les aristolochiées, el qui est composée de plantes pa- rasites dont l’ovairé est infère, les fleurs extrémement petites, uni-sexuées , leplus souvent monoïques , très rarement dioïques, formant des espèces de chatons ou de capitules alongés, sup- portés par des tiges peu élevées mais écailleuses. Lés genres que M. Richard rapporte à cette famille sont le cynomorium de Mi- cheli; le G. heloris établi par M. Richard avec les C. caien- nense et jamaïicense décrites par Swart, dans la #lora Indiæ occi- dentalis; le Balanophora de Forster, et enfin le langsdorfie établi récemment par M. Martius, botaniste bavaroïis. Avant le travail de M. Richard, les deux genres cynomorium et baïa- nophore étaient trop mal connus pour qu'on ait pu leur assigner leur véritable place dans la série. M. Poiteau a fait connaitre aussi plus complètement le genre établi par MM. Ruiz et Pavon, sous le nom de carludovica et qu'il nomme plus simplement /udovia ; cependant d'après deux nouvelles espèces qu'il y rapporte. C’est un genre de la famille des aroïdées auquel M: Poiteau donne pour caractères d’avoir: les fleurs uni-sexuées, monoïques, disposées en un spadice cy- lindrique , environné à sa base d’une spathe polyphylle. Les fleurs males, quaternées et mélangées avec les fleurs femelles; leur calice en cône renversé, multifie au sommet et ayant les lobes disposés sur deux rangs; les étamines insérées aux parois du calice et très nombreuses; les fleurs femelles à calice tétraphyle, avec quatre filamens stériles, très longs et hypogynes , un ovaire tétragone, surmonté de quatre stigmatés obtus; une baie uni-locu- laire et polysperme renfermant un grand nombre de graines atta- chées à quatre trophospermes pariétaux. Les deux nouvelles espèces que M. Poiteau inscrit dans ce genre, ont été observées par lui à la Guyane, l’une qu’il nomme L. funifera, L. grimpante, est sarmenteuse et grimpante; l’autre; qui croît à terre, n’est pas sarmenteuse, c’est la Z. subacaulis , L. terrestre. M. le Professeur Desfontaines a aussi fait connaître deux nou- velles espèces du G. copaifera établi par Jacquin, et toutes deux de l'Amérique méridionale, M. Achille Richard qui a terminé le Mémoire dé son père, dont nous venons de parler, a eu l’occasion d'établir, sousle nom O,. vil DISCOURS PRÉLIMINAIRE. de Campderia, en l'honneur de M. Campdera, auteur d’une mo- nographie du genre rumex, un nouveau genre de broméliacées, pour deux plantes de l'Amérique méridionale rapportées l’une du Brésil, par M..de Langsdorff, et l’autre des bords de l'Oré- noque, par M. de Humbolt. L'un des caractères les plus saillans de ce genre est d’avoir constamment dix-huit étamines insérées au tube du calice. La première espèce, le C. Langsdorffü, a le tube de son calice court, tandis que la seconde, le C. tubiflora l'a long de 2 à 3 pouces. Si les propriétés qu’on attribue à une plante d’Abyssinie, de la famille des rosacées, de fournir un remède infaillible contre le tœnia, était rigoureusement avéré, le genre que M. Kunth a cru devoir en former, offrirait un double intérêt; il diffère des aigremoines par le limbe de son calice qui est double, par ses pétales extrèmement petits et par ses stigmates élargis. M. Kunth lui a donné le nom de Brayera, en l'honneur de la personne (M. Brayer) qui lui a donné les échantillons qu'il a observés et qui indiquent un petit arbuste à pédoncules rameux, velus, les feuilles alternes, les fleurs quaternées et entourées d’un involucre. M. H. Cassini qui poursuit toujours avec une rare persévé- rance le travail important qu'il a entrepris depuis long-temps sur une famille de plantes aussi nombreuse que difficile, (les synanthérées) a encore trouvé deux espèces dont il a été forcé, dans sa manière de voir, de former un genre nouveau, sous le nom de /eptinella. I appartient à la tribu naturelle des anthémi- dées et diffère du genre cotula, par les fleurs du disque mâle, au lieu d’être hermaphrodites, par les fleurs de la couronne pourvus d’une corolle manifeste et distincte de l'ovaire, par le péricline membraneux et par le clinanthe dépourvu de stipes. Il diflère du genre gymnostyles, par les fleurs de la couronne pourvues d’une corolle, par la forme des squames du péricline, par le. clinante dépourvu de fimbrilles et de stipes, et par la structure du style féminin. 1] diffère de l’hippia par ses corolles femelles articulées sur l'ovaire et ligulées, par les squames da péricline, par la corolle mäle à quatre divisions. M. Cassini dis- tingue dans ce genre deux espèces, dont la patrie est également inconnue, l’une sous le nom de Z, pinnata , et l'autre sous celui de ZL. scariosa. Nous devons au même botaniste la description de deux nou- velles espèces de plantes synanthérées l’un du genre ewpatorium et PE OS RS 4 en ne CL à tn. DISCOURS! PRÉLIMINAIRE. cix l’autre du genre buphthalmum; elle se trouve dans le Bulletin par la Société philomatique:s: M. Ch, Kunth ayanteu l’occasion de réviser les deux graminées arborescentes que MM. de Humbolt et Bompland avaient placées dans le genre bambusa, sous les noms de 2. guadius et de B. la- tifolia, s’est apercu qu'elles devaient former un genre distinct. Il en fait de même du B: baccifera, de Roxburg, ainsi que du nastus chusquea; en sorte, qu’il établit dans le genre bambusa cinq genres dont il expose les caractères dans le Journal de Phy- sique , tom. XCV, p. 148. Nous avons publié, dans notre Journal, le prodrome d’une classification des hydrophytes loculées ou des plantes marines articulées qui croissent en France et que nous devons à M. Théo- phile Bonnemaison qui s’est occupé depuis bien long-temps de l’observation de cette singulière classe de plantes. M. le D' Chevalier nous a donné un essai sur les hydrophytes lichénoïdes , que nous avons également inséré dans le Journal de Physique. En Anatomie et Physiologie végétale, nous trouvons qu'on a publié, dans le cours de cette année, plusieurs travaux im- porlans. En analysant une fleur de cirsium arvense, serratula arvensis (Lin), plante malheureusement si commune dans nos champs, M. Cassini s'est assuré que cette plante est véritablement dioïque, comme M. Robert Brown l'avait vu pour le serratula tinctoria, c’est-à-dire que toutes les ealathides sont uni-sexuelles par l'im- perfection tantôt du sexe mâle, tantôt du sexe femelle, l’un des deux seulement étant à l’état parfait sur chaque calathid M. J. Gay (Bullet., par la Soc. phil., p. 40) a fait une observa- tion contraire sur les fleurs femelles du maïs (zea mays) ; en effet, il démontre que ses épillets ne sont ni uniflores, ni femelles, d'une manière absolue, comme on l'avait cru jusqu'ici; ils ne diffèrent même essentiellement de l’épillet mâle que par l’avorte- ment complet des organes masculins, avortement qui n’est ce- pendant jamais poussé aussi loin dans l’épillet femelle que celui des organes femelles dans l’épillet mâle. D'après cette ob- servalion qui lève les difficultés qu'il pouvait y avoir dans la classification du maïs dans l’un des groupes de la famille des graminées, M. Gay , montre que c’est à la tribu des saccharrinées que ce genre apparlient. Ces observations sur l’hermaphrodisme et le diclinisme des plantes phanérogames ne prouvent-elles pas qu'elles sont toutes ex DISCOURS PRÉLIMINAIRE. originellement hermaphrodites, et que ce n’est que paravortement plus ou moins complet de l’un ou l’autre sexe, qu’elles parais- sent dioiques? et ne pourrait-on pas trouver ainsi l’explication des faits observés par Spallanzani, de plantes dioïiques femelles qui ont donné des graines fertiles sans le concours du sexe mâle ? Les deux Mémoires de M. Dutrochet sur la Physiologie des plantes, l’un sur les directions spéciales qu’affectent certaines parties des végétaux, et l’autre sur les mouvemens de la sensitive ; que nous avons eu l'avantage d'insérer dans notre Jouroal, nous paraissent avoir, pour résultat principal, de montrer que les végétaux sont encore moins différens des animaux, qu’on ne le pensait, puisque le végétal lui semble jouir d’une sensibilité orga- nique, à l’aide de laquelle il se trouve en rapports avec certains agens extérieurs, comme la lumière est la cause inconnue de pesanteur, et cela au moyen de leur substance colorante, diffuse dans leur tissu, comme la substance nerveuse l’est dans le tissu organique du polype, ce qui porte M. Dutrochet à assimiler Ja première de ces substances à l’autre. M. Théodore de Saussure a publié, dans les Annales de Chi- mie, T. XXI, p. 279, un Mémoire extrêmement intéressant sur l'action des fleurs sun l'air et sur leur chaleur propre. Il résulte des expériences faites dans la première partie, qu'a volume égal, les fleurs détruisent ordinairement plus d’oxigène que les feuilles à l'obscurité ou que le reste de la plante; car celles-là en détrui- sent plus que les tiges et que la plupart des fruits. Il n’a expé- rimenté que sur des fleurs entièrement développées et dans toute leur vigueur; la durée des expériences ou du séjour des fleurs et des féuilles sous le récipient a toujours été de 24 heures. Elles ont été faites en été, à l'abri de l’action directe du soleil à une température comprise entre 18° à 25° centigrades. En voici le tableau, dans lequel le nombre placé vis-à-vis de la fleur, indique la quantité d’oxigène qu’un centimètre cube sur un gramme de celte fleur, déduction faite des pédoncules , a dé- truite et remplacée par une égale quantité de gaz acide carbo- nique dans 200 centimètres cube d'air. DISCOURS PRÉLIMINAIRE Cxj Oxigéne, | Oxigène Noms des fleurs. consumé *” |” consumé Are) all par là fleur: (| par les feuilles. ' à, | UD UNIT cé 1:£f 8f 1 Giroflée simple, var. rouge, 6* duysoir. Sa HanaNRe (5 Al # Ofganes!sexuéls. ........1... net es 18 Girofléeldouble (idém).:1:.:...,.,...... 757 Tubéréusesnpple, q! dumatin...... A 9 re. Tubéreuse double (zdem)....... ls si 74 ; Capucine simple, 9" du matin.!..,,:...,. 8h 5! 8,3 Organessexuels. ......... REP UUR. LES 16,3 ‘ Capucine doublé (idem). ER AU Ta 7,25 Datura arbovea, 16" du maïin........... 9 . 5 Passifloraserratifoliæ, 8:-du matin........ 18,5 5,95 Carotte (ombellés de) Ékdwenird el: tn. [5858 7,3 Hibiscus speciosus, 7* du matin. ......... 8,7 ‘2: 5,1 EnbAuÉoRC ere csee se cale CALE AE Millepertuis, 8* du matin..............,.| 7,5 179 Organes séfnels #20. 271)! 91 ip Trsdi ses 8,5 à Courge (fl. mâles), 74 du matin... ,.... ,UPE8 9 6,7 (1) Etamines......., 1.519.291 [16 ! ' Courge @. fmelles) 408 TRES RENE Organes génitaux.......... ATOS Gale idem. TES TARN Se murabie an elele anus se 41e à 5 2,5 Massette (chatons mâles et femelles. 5 RAM A 98 4,25 Chatons mâles. ............... DAME 15 Chatons femelles. :.....:.,...:......... 6,2 Châtaigner CEhRQEE me 4! du EN “el ra1x Le Cobæa scandens .......,... SEP M DE DA Organes génitauxs............,....... 730 Bignonia radicans...,.......... NA 6 foisson vol. Arum maculatum...:.....,.... AL TON Le; cornet/ouspath, . 2.402. 8 - su5tenll . 2: 5 idem. La massue ou spadice. .,,:..........,., 30 idem. La partie portant les organes sexuels, ...,. 132 idem. ATUINL ATUEUNCHIOS 2. pee er eee 0 210 En totahtés2n 1100 TR, ROUNSS Fate | 19 (dent: Leconte. 910.5 TU à ......| à deson vol: Lau. cnviseteen es 25e db. us 26 fois son vol. Les organes mâles.........,.... 6 A 2e 135 idem. Les organes femelles,..,..... SUMMER D 10 idem. BR DURE es cie te MR Lee eo nine een à Les fleurs mâles............... Co Cod CE 9,? Legé épis femellemtr L 04040 220220. À | 5,2 () Une autre expérience pendant 10* a donné pour les fleurs mâles, 7,6 pour les fleurs femelles , 3,5 ; ; pour les étamines séparées de leur base, 1 17; pouriles pistils séparés del ovaire, EVE cxij DISCOURS PRÉLIMINAIRE. D'après ce tableau, on voit que les fleurs consument plus d’oxi- gène que les feuilles; les fleurs épanouies, plus que celles en bouton et que! celles qui se flétrissent ; les fleurs simples, plus que les fleurs doubles; les fleurs mâles, plus queles fleurs femelles, et les étamines |plus que le reste de la fleur. hu Quant à la seconde partie du travail de M. Th. de Saussure, c'est-à-dire à la chaleur propre des fleurs, il a soumis non-seu- lement loutes les fleurs citées plus haut, mais encore soixante autres qui, par leur forme, leur réunion, leur grandeur , leurs organes génilaux, lui paraissaient plus propres à manifester de la chaleur, et il ne l'a constatée par des expériences répétées que dans les trois genres suivans : 1°. dans les fleurs de la courge où elle monte quelquefois à un démi-degré centigrade et mème à un degré; elle paraît plus faible dans les fleurs de la femelle, dans le rapport de deux à trois; 2°. dans la bignogne de Virginie , le thermoscope nells’est jamais élevé au-delà d’un demi-degré cen- tigrade et le plus souvent il est resté au-dessous , et cependant les fleurs de bignones ne consument que très peu d’oxigène; 5°. dans la tubéreuse, la chaleur est encore moindre, 0,3 centi- grade, et surlout moins commune ; elle ne se remarque guère que sur les fleurs qui s’épanouissent les premières. M. de Saussure a oblenu deux ou trois fois des indices de cha- leur dans la giroflée semi-double des jardins, dans le jasmin d'Arabie semi-double, et dans les premières fleurs frugiferes du bananier, aussi leur chaleur lui paraît-elle douteuse. Quoique celte chaleur soit beaucoup plus grande dans les arum où elle est accompagnée d’une destruction extraordinaire de gaz oxigene, et que celte destruction semble, jusqu’à un certain point, subor- donnée soit à la température des différens arum, soit à celle des différentes parties de la même fleur, en sorte qu’on pourrait présumer que la prompte combinaison de l’oxigène avec le car- bone végétal est la cause de leur effet calorifique , cependant quand on compare l'effet des fleurs froides avec celui des fleurs qui ne sont que faiblement chaudes, on trouve que la combinai- son de l’oxigène ou la formation de l’acide carbonique, peut être seulement une cause secondaire de la chaleur. Mistriss Agnes ]bbetson a continué de publier, dansle Phil. Mag., les résultats de ses observations sur l'anatomie et la physiologie des plantes. On trouvera dans le même journal, des considéra- tions assez neuves de M. Ant. Carlisle, sur les rapporls qui existent entre les feuilles et les fruits des végétaux. M. Caldeleugh, qui a séjourné plusieurs années dans l'Amérique cn. TAC DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CXu) méridionale, a découvert la pomme de terre sauvage dans le Chili, et il en a envoyé deux racines qui ont été cultivées dans le jardin de la Société horticulturale. En comparant les plantes qui en sont provenues, on n’a pu trouver de différences entre elles et notre pomme de terre cultivée, et l’on s’est assuré que le So- lanum commersonit de Dunal, n’est réellement que le Solanum tuberosum à V’état sauvage. Nous nous bornerons, en terminant cet article, à rappeler que les Anglais surtout, publient plusieurs ouvrages de botanique, dans lesquels ils décrivent et figurent les espèces nouvelles qui leur proviennent de toutes les parties du monde; tels sont le Botanical Register qui en est au n° 05 ; le Botanical Magazine de Curtis, qui a déjà 2363 planches de publiées, le Botanical Cabinet de Loddiges , qui est moins avancé, elc. M. Pelletier de Saini-Fargeau a observé, dans le Jardin du Luxembourg, un petit champignon qu’il regarde comme devant former un genre nouveau, différent de tous ceux des gasteromyces difluens du System. Fung. de Nées; ille nomme Pecila et le carac- térise ainsi, diffluens, capillitio donata. M. Bory-Saint- Vincent a commencé la publication , en extrait, d'un grand travail qu'il a entrepris depuis long-temps sur l'Hydro- phytologie ou Botanique ‘des eaux. Il n’en a encore publié que la première famille qu’il nomme arthrodiées, qui est un dénom- brement du G. conferva de Linné, et qu'il regarde comme des êtres qui sont quelquefois végétaux, sans que l'existence de ces deux états soit jamais simultanée ; en sorte que de cette manière se lève aisément la difficulté de savoir à quelle classe on doit rapporter ces êtres dont les uns faisaient des animaux , et d’autres des végétaux. Il divise ensuite cette famille en quatre tribus , fra- gillaires ; oscillariées , conjugées , zoocarpées , parmi lesquelles il établit beaucoup de genres nouveaux. ZOOLOGIE. Les observations qui ont pour objet la distinction des animaux et la connaissance de leurs différentes fonctions, n’ont pas non plus été sans intérêt dans le cours de cette année. Nous devons à M. Gaimard, naturaliste de l'expédition du capitaine Freycinet, des observations intéressantes sur le pa- resseux, et qui servent à reclfier quelques erreurs, qui ten- daient à rendre cet animal encore plus anomal qu’il n’est Tome XCVI. JANVIER an 1823. P CxIiv DISCOURS PRÉLIMINAIRE. réellement. Ainsi l'anus est distinct à l'extérieur de la terminai- son des organes de la génération et il n’y a pas de cloaque; il est beaucoup moins lent qu’on ne le disait, puisqu’en moins de deux heures il a parcouru successivement tous les mâts d’une corvelte et qu’il nage encore avec plus d’agilité; enfin les artères des membres offrent la disposition commune aux autres mammi- fères. M. Frédéric Cuvier a continué parmi nous la publication de ses mammiferes lithographiés. C’est dans cet ouvrage qu’il a établi sous le nom de paradoxure , un genre pour des espèces de car- nassiers de l'Inde qui, outre quelques petites différences dans la forme et le nombre des dents, avec ce qui existe dans les genettes et les civettes, ont la queue longue et s’enroulant en-dessous; les doigts, au nombre de cinq, armés d'ongles demi-rétractiles à tous les membres, les pieds de derrière plantigrades, et dont l’anus west pas accompagné de la poche caractéristique des civettes et même des genettes ; à ce genre se rapportent, 1°. l’animal nommé genette de France, par Buffon (Suppl., t. VII, pl. 58), et qui porte dans l’Inde le nom de pougonné ou de marte des palmiers; c'estle ?.typus de M. F.Cuvier; 2°. le bontourong, P.albifrens , ainsi nommé, parce que son front et son museau sont presque blancs; il est de l’Inde ; 3°. le P. doré, P. aureus , d’après un indi- vidu conservé dans la liqueur et dont la patrie est inconnue. Son pelage est d’un beau fauve doré uniforme , peut-être par al- térationf. M. Desmarest croit devoir aussi, sans doute avec raison, rapporter à celle section générique, l'animal de l'Inde, dont je lui ai communiqué le dessin et qui était nommé ichneumon prehen- silis sur la peinture originale , et celui dont M. Horsfiel a formé un sous-genre, parmi les felis, sous la dénomination de priono- donte, dans le premier fascicule de ses recherches sur Java, ou- vrage qui a commencé à paraitre aussi dans le cours de cette année et qui nous fera connaître enfin la Zoologie de cette belle partie de l'archipel indien. Nous avons publié, dans notre Journal, la traduction des observations zoologiques fort intéressantes, faites par M. J. Sco- resby , dans ses nombreux voyages dans les mers du nord, et in- sérées dans son grand ouvrage sur l’histoire naturelle des régions arctiques. On y trouvera des faits nouveaux sur l'ours polaire, les phoques, les:morses, et surtout sur un assez grand nombre d’es- pèces de cétacés. ape Nous avons également donné, dans notre Journal, l’histoire du nouveau genre de rongeurs que M. A. Desmarest a nommé PRE DISCOURS PRÉLIMINAIRE: Cxv capromys, el qui provient de l'archipel américain, Il est fâcheux que l’on ne connaisse pas encore son système dentaire; mais comme M. Desmarest possède deux individus vivans de l’espèce qui a servi à l’établissement de ce genre, il sera facile de rem- lir cette lacune par la suite. La famille des cerfs avait besoin d’être étudiée de nouveau dans les caractères des espèces assez nombreuses qui la composent et dans leur répartition àla surface de la terre; c’est ce que j'ai essayé de faire dans le Mémoire que j'ai inséré à ce sujet dans le Journal de Physique et sur lequel il est inutile de revenir. L'ornithologie ne sera pas médiocrement enrichie par la col- lection de belles figures que continuent à publier MM. Temmiuck et Laugier, et qui font suite aux planches enluminées de Buffon ; et d'autant mieux qu'ils se sont déterminés, avec raison, à y ajouler un texte explicatif, ce qui rendra leur ouvrage plus scientifique. M. Swainson, dans ses Zoological illustrations, publiées en Angleterre, a aussi donné des figures d'oiseaux qui, quoique lithographiées, n’en paraissent pas moins fort bonnes. L'une des espèces les plus remarquables est celle qn'il a nommée hemipoz dius nivosus, nouvelle espèce du groupe des cailles à trois doigts ou de turnix d'Afrique qu’il caractérise ainsi : Suprà ferrugineo varius ; mento albescente ; jugulo pectoreque pallide ferrugineis, maculis albis nitidis ornalis; corpore albo; uropygio caudæque tectricibus superioribus rufis , immaculatis. Nous avons rapporté un fait observé sur des cigognes, qui prouve combien ces animaux tiennent aux lieux dans lesquels ils ont l’habitude de faire leur nid. Nous devons aussi noter que M. Geoffroy-Saint-Hilaire, en analysant l’organisation des oïseaux et en la comparant avec celle des autres animaux, les regarde comme devant être au faîte de échelle animale. L'histoire naturelle des reptiles neme semble pas avoir fait beau- coup de progrès; nous trouvons seulement, dans la Gazette royale de Bahanne , le fait que des nègres ont vu près de Sandbay, dans l'île Saint-Vincent, une grande espèce de Boa de 14 à 15 pieds de longueur sur une circonférence de 3 ou 4 pieds, espèce de serpent inconnue jusque-là dans cette île, mais très commune sur le continent voisin, ce qui porte à penser que cet animal y était venu à Ja nage. Un animal du même genre, de 14 pieds de longueur sur 11 pouces de circonférence, dans son état ordinaire , fut tué sur la côte oc- P.. Cxv) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cidentale d'Essequibo, dans la Guyanne. En l’ouvrant on trouva que son estomac distenäu au point que la circonférence du corps était de 51 pouces, contenait un crocodile tout entier, nouvel- lement avalé, et de G pieds de longueur avec une circonférence de 28 pouces. Le cou du crocodile offrait les traces d’avoir été eutortillé par le serpent et la constriction avait été si forte que ses yeux élaient sortis de leurs orbites. Mais un travail d’une toute autre importance que ceux dont nous venons de parler, est celui que M. Rusconi a publié dans le cours de cette année, sous le titre d'Æmours des Salamandres, et qui est une belle suite de ses recherches sur le Protée. Comme nous nous proposons de le faire connaître avec l'étendue qu’il mérite, nous nous bornerons en ce moment à cette seule citation. La classe des poissons a été enrichie de plusieurs espèces nou- velles des mers de l'Inde , par M. le D'Marion de Procé, et elles ont confirmé que l'ouvrage de Jean-Louis Renard sur les poissons des Moluques n’est pas aussi damnable que Linné l'avait cru. M. A. de Humboldt, à la suite d’un Mémoire sur les poissons fluviatiles de l'Amérique méridionale, dans lequel il a été puis- Samment aidé par M. Valenciennes, du Jardin du Roi, a publié des observations sur la différence de hauteur à laquelle on cesse de trouver des poissons dans la Cordillière des Andes et dans les Pyrénées d’où il résulte que cette différence est beaucoup moins grande que celle entre la ligne isotherme zéro. En effet, cette ligne est de plus de 1300 ioises plus élevée sur le dos des andes de Quito que dans la chaîne des Pyrénées, tandis qu'il n’y a que 730 loises de différence entre le point où d’après M. Ra- mond, l’on cesse de trouver des poissons dans la haute chaîne des Pyrénées (1170 toises) et celui où se fait dans les andes équa- toriales , la disparition totale des poissons (1800 ou 1900 loises), en sorte que M. de Humboldt conclut que la cessation de la vie animale dans les hautes régions, ne tient pas partout à de simples circonstances climatériques;etqueles causes quiontrestreintchaque espèce dans des limites plus ou moins élroiles, sont couvertes de ce voile impénétrable qui cache à nos yeux tout ce qui a rapport à l’origine des choses, au premier développement des étres or- ganisés. Ne pouvant prétendre à faire l'analyse de tous les travaux qui ont été publiés dans le cours de celte année sur les animaux du type des entomozoaires, je me borneraï à quelques citations. M. Swainson, dans ses Illustrations zoologiques, nous a fait REP Era. L 1 DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Cxi} connailré plusieurs espèces d’hexapodes de l'Amérique, de l'Afrique, de l’Australasie fort curieuses. M. Kirby a établi deux genres d’hémiptères de la famille des cicadaires ; l’un qu'il nomme otiocérus, est intermédiaire aux fulgores et aux delphax, et l’autre anotia fait le passage de ce dernier genre aux delphax; c’est une division des fulgores dont elle diflère par l’absence des yeux lisses. Toutes les espèces qui les constituent viennent de la Géorgie. M. Audouin a cru devoir former un genre particulier d’un petit animal parasite dont il a observé deux individus seulement conservés dans l'alcool, sur le dyptique margimal et qui, dit-il, n’a ni tête, ni yeux, ni antennes, ni thorax, ni division du corps en anneau, ni ouverture pour la respiration, ni même d’anus, quoiqu'il ait un sucCoir et des pattes au nombre de six ou de trois paires. Ce genre qu’il nomme achlysia, et qu'il place à côté des leptes, dans la tribu des acärides, ne renferme que l'espèce incomplètement observée sur le dytique dont elle tire son nom. M. Risso nous a donné des faits un peu plus consistans dans le Mémoire publié dans le Journal de Physique, sur de nouvelles espèces de crustacés de la mer de Nice. C’est un supplément à son excellent Traité sur celte partie de la Zoologie publiée il y a quelques années. On trouvera aussi dans le même journal, le résultat actuel de mes recherches sur le groupe d'animaux anomaux et si incomplè- tement connus, que Linné a réunis sous le nom générique de lernæa. M. H. Cloquet pense avoir découvert une nouvelle espèce d'ophiostome, genre de vers inteslinaux trop mal connu, pour qu'on puisse en rien dire de positif, et à plus forte-raison, sur les espèces qu’il contient. I] la distingue par la lèvre inférieure plus longue que la supérieure, et surtout par sa grandeur (9 pouc.): elle a été vomie par un habitant de la campagne. M. Cloquet propose de la nommer ©..Pontieri, du nom du médécin qui la lui a envoyée. MM. Désormeaux et H. Cloquet croient aussi devoir distinguer comme un animal et comme une espèce particulière du genre acéphalocyste, établi par M. le D' Laennec, mais qui n’est, je crois, admis par aucun zoologisle, ces masses singulières de vé- sicules aqueuses et attachées les unes aux auires par des filamens qui leur donnent l'apparence de grappe, et que l’on trouve libres dans l'intérieur de l'utérus de la femme. Leur forme leur a fait donner, LL cxvii} DISCOURS PRÉLIMINAIRE. par les médecins que je viens de citer, le nom d'acephalocystis l'ACEMmOSsa. Les différentes classes qui constituent letypedes malacozoaires ont donné lieu aussi à quelques travaux. M. de Férussac, dans le but de rattacher d’une manière ratio- nelle, la partie de l’histoire des mollusques sur laquelle il pu- blie un bel ouvrage, surtout par l'exactitude et la magnificence des figures!', à l’histoire générale de ce 1ype d'animaux a donné nn prodrôme de leur classification, dans lequel il a combiné d’une manière assez complète ses propres observations à celles des zoologistes passés et présens. On a publié, dans les 4nn. of Philosophy. une liste des co- quilles terrestres et fluviatiles des environs de Wristal, qui renferme en oulre plusieurs observations intéressantes. Celles de Miss W. insérées dans notre Journal sur les mœurs des animaux de plusieurs coquilles vivantes, sur les côtes d’Angle- terre, offriront aussi une véritable utilité à la science envisagée d'une manière rationnelle. Comme il me semblait que les géologues pouvaient commettre quelques erreurs dans la détermination des espèces de coquilles fossiles, j'ai cru devoir insister davantage peut-être, qu'on ne V'avait fait jusqu'ici, sur la différence qui existe entre la coquille des sexes différens dans les coquillages chez lesquels ils sont portés sur deux individus. J'ai aussi, dans une description anatomique de l’ampullaire, montré que ce genre dont la place n’était pas encore convenable- ment assurée dans les méthodes zoologiques, était rapproché des paludines, qu’il était pour ainsi dire intermédiaire à ce genre et à celui des natices. Parmi les travaux faits à l'étranger, nous citerons les Illustra- tions zoologiques qui renferment la figure de plusieurs belles es- pèces de coquilles, le Genera de coquilles vivantes publié par M. J. Sowerby et qui doit être regardé comme un supplément du Minéral Conchology du mème auteur qui est continué maintenant par son fils. Je dois aussi dire ici que M. Georges Sowerby, autre fils du même J. Sowerby, dans un Mémoire publié dans les Mémoires de la Societé linnéenne de Londres, sur les genres orbicule et éranie, a fait voir que la cranie dont il a observé une espèce vi- vante aux îles Orkeney appartient au même groupe que les or- bicules et que le criopus de Poli est une véritable cranie. Il a également montré que c’est à tort que j'ai regardé la coquille que DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cxix j'ai décrile sous le nom de patella anomala de Muller, comme l'analogue de la patella distorta de Montagu et du criopus de Poli, qui l’un et l’autre sont la crania personata ; maïs que c’est bien la patella anomala de Muller et le genre orbicule de M. de Lamarck; enfin il montre que le genre discina établi par le der- nier sur la même coquille que j'ai observée, est un genre à sup- primer puisque c’est l’orbicule de Norwège qui ja servi à le former. « On trouvera dans le Journal de Physique, la description d’un genre singulier de subannelidaires que M. le D' Rolando, à qui nous en devons la découverte, a nommé bonellie; ainsi que plusieurs observations de M. Lamouroux, en réponse à celle du D’, Fleming, dont nous avions parlé l’année dernière, sur les sertulaires. MM. le D', Eisenhardt et de Chamisso ont donné, dans le dernier volume des Mémoires de l’Académie des Curieux de la Nature, un Mémoire intéressant sur les animaux de la classe des mollusques et surtout sur les méduses, etc., que le dernier a observé dans sa circumnavigalion avec M. de Kotzebue. Dans l’organisation et dans les fonctions animales, je ne marré- terai pas long-temps à analyser les travaux qui sont publiés dans ce journal, comme mon tableau des tissus qui entrent dans la composition des animaux, les observations extrêmement cu- rieuses d’ostéogénie de M. Dutrochet, celles de M. de Hauch sur certaines parties de l’ostéologie des mammifères et des oi- seaux, de M. Gœrtner sur des conduits de l'appareil de la géné- ration femelle qui semblent avoir quelques rapports avec les canaux latéraux de la matrice des didelphes, et encore moins les notes que J'ai données sur l’ergot de l’ornithorhynque, sur l’ana- logue de la plaque cephalo-dorsale des rémoras ou échénéis, sur l’analogue du peigne des oiseaux dans certains reptiles et dans certains poissons, etc., parce que je dois-craindre de trop étendre ce discours préliminaire; je ne m’étendrai pas non plus, au moins en ce moment, sur le premier volume de mon traité des Ani- maux qui a paru à la fin de 1822, et qui renferme l'étude de l'enveloppe extérieure considérée comme bornant l'animal dans l'espace et lui faisant apercevoir les corps qui s’y trouvent avec le sien, parce que ce n’est peut-être pas à moi d’en parler; et cela afin de donner un peu plus de détails sur les travaux dont il n’a pas été question dans le journal. M. Geoffroy S. Hilaire, en examinant avec attention la manière dont: se combine Ja terminaison de l'appareil générateur, de Cxx DISCOURS PRÉLIMINAIRE. l'appareil urinaire et du canal intestinal, assure que chacun des produits de ces appareils a une pocbe particulière, et qu'il n'ya pas de cloaque commun. L’anus est placé profondément entre les deux sphinctes qui Jui sont propres; il s'ouvre et débouche dans la vessie urinaire et, celle-ci s'ouvre et débouche dans ce qu'il nomme /a poche de copulation. C'est sans doute celte nouvelle manière d'envisager la termi- naison des organes de la génération dans les oiseaux, et l’ana- logie qui lui a paru exister, sous ce rapport, entre eux et les monotriones, qui ont porté M. Geofiroy à admettre, d'une ma- mére positive, que ces derniers sont ovipares. On a en effet écrit de la Nouvelle-Hollande que l’on avait vu des œufs de ces animaux, La structure de leurs ovaires paraît cependant bien dif- férente de celle des ovipares. L'un des faits les plus curieux apportés à la Physiologie dans le cours de cette année, est l'existence de l’urée dans le sang, indépendante de toute secrétign rénale, mise hors de doute par MM. Prevôt et Dumas, puisqu'ils l'ont retrouvée dans des ani- maux dont les reins avaient été soustraits, comme on a pu le voir dans un de leurs Mémoires sur le sang et son action dans les phénomènes de la vie. Cinq onces de sang d’un chien qui a vecu sans reins pendant deux jours seulement leur ont fourni plus de vingt grains d’urée. MM. Vauquelin et Segalas ont confirmé ce fait qui nous semble parfaitement confirmer notre manière d'envisager l'appareil urinaire, comme un appareil dépurateur du sang. On ne trouvera pas moins d'intérêt pour la théorie de l’action de l'appareil de l'ouie dans le Mémoire d’acoustique sur les vi- brations des membranes, par M. Savary, dont un extrait a été publié dans le Bulletin par la Société philomatique. Les conclu- sions auxquelles ses expériences l’ont conduit sont les sui- vantes : 1°. La communication des vibrations par le moyen de Pair semble se faire, au moins pour les petites oscillations, suivant les mèmes lois que celles quai ont lieu dans les corps solides. 2°. Il n’est pas nécessaire de supposer, comme on l’a fait jus- w’ici, l'existence d’un mécanisme particulier pour amener con- tinuellement'la membrane du tympan à vibrer à l'unisson avec és corps qui agissent sur elle, parce qu’il est clair qu’elle se trouve toujours dans des conditions qui la rendent apte à étre influencée par un nombre quelconque de vibrations. FAR 5°. Latension de la membrane s'accroît ou diminue selon lede- DISCOURS PRÉLIMINAIRE: cxx) gré de force des’sons, pour eñ faciliter ou en modérer la per- ception; mais les effets sont en sens contraire de ceux que . Bichat avait cru devoir supposer. 4. Les vibrations de la membrane se communiquent sans alté_ ration au labyrinthe par la chaîne des ossélets, comme les vibrations des deux tables opposées d’un instrument de musique se com- muniquént par le moyen de l'ame. 5°. Les osselets de l’ouiïe ont encore pour fonction de modifier l'amplitude des parties vibrantes des organés' contenus dans le labyrinthe. 6°. Enfin , la caisse du tambour sert vraisemblablement à entre- tenir près des ouvertures du labyrinthe et de la face interne de la Membrane du tympan un air dont les propriétés physiquessont constantes. Les belles expériences de M. Bell, dont nous avons parlé Pannée dernière, et qüi semblent militer en faveur de l'opinion suc- cessivement admise et rejetée, que le système nerveux est.doué de deux propriétés distinctes , l’une pourles mouvemens et l’autre pour les sensations, devaient déterminer de nouvelles recherches pour s'assurer si celle manière de voir est plus fondée que celle qui veut que le système nerveux ne jouisse que d’une propriété unique; aussi malgré la grandé difficulté d'instituer des expériences qui donnassent des résultats évidens et hors de toute contestation , puisque les analomistes ne sont pas toujours d'accord sur l’ana- Jogie des parties qui constituent le cerveau, par exemple dans les animaux verlébrés, plusieurs personnes s’en sont elles occupées presqu’à la fois. M. Flourens paraît cependant être lephysiologiste ui a donné le plus d’étendue à ses recherches. Il résulte de l'extrait de son travail qui a été publié dans les Annales de Chimie, tom. XX p.294, que selon lui, il y a deux propriétés essentiellement distinctes dans le système nerveux, l’une d’exciter les contractions musculaires et l’autre de percevoir les impres- _ sions. En expérimentant ensuitésur chaque partie pour en constater la propriété, c’est-à-dire sur les nerfs, la moelle épinière, Ja moelle alongée, les tubercules quadrijumeaux, le cervelet et les lobes cérébraïx, il en conclut que les nerfs, la moelle épi- nière, la moelle alongée et les tubercules quadrijumeaux sont susceptibles d’exciter des contractions musculaires, et que les lobes cérébraux et le cervelet ne sont pas susceplibles d'en exciter. ; M. Magendie a aussi annoncé, dans une séance de l'Académie des Sciences dont il est membre, que si l’on coupe les racinés Tome XCVI. JANVIER an 1823. q Cxxi) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. postérieures des nerfs spinaux, on n’intercepte que le sentiment dans ces nerfs; et que si l’on coupe les racines antérieures, on n’y intercepte que le mouvement. Nous rappellerons enfin que M. Wilson Philips a publié, dans la première partie des Trans. philos. pour 1822, ses expériences sur l'influence d’un courant galvanique, comme obviant aux effets de la section de la huitième paire; d'où il résulte que action de la digestion suspendue par suite de cette section est re- prise à l’aide du courant galvanique. Avant de terminer celle analyse des travaux zoologiques qui sont venus à ma Connaissance, nous devons encore noter les dissertations de MM. C. Fischer et ’Zenttdorf sur les vers intes- tinaux et entre autres sur l’échinocoque de l'espèce humaine dont ils ont observé, et entre autres le dernier, une masse con sidérable, formée de plus de 70 individus dans le ventricule droit du cerveau d’une jeune fille, dont elle a déterminé la mort. On trouvera encore dans le Journal de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie, plusieurs observations intéressantes sur les animaux de l'Amérique septentrionale et entreautresl’établisse- ment d’un nouveau genre de mammifère rongeur, sous le nom d’iso- don,parM.Th. Say (c’estle G. capromys , Desm.); la description et la figure de plusieurs espèces de poissons, par M. Lesueur, parmi lesquelles, la plus remarquable est celle qu’il a nommée squale éléphant, sq. elephas, et qui ne paraît guere différer du squale très grand, que par la forme des dents; une très bonne dissertation du même sur les différentes espèces de calmar jusque là si mal connues; enfin, la suite de la description des coquilles univaives terrestres : et fluviatiles des Etats-Unis, par M. Thomas Say. Quoique malheureusement ces descriptions ne soient pas accom- pagnées de figures , elles ne sont pas sans intérêt; elles montrent par exemple pour résultat que les genres et les espèces qui se trouvent sur le versant oriental de l'Amérique sont les mêmes ou très rapprochés de ce qui existe sur le versant occidental de: notre Europe: APPLICATA. Le caractère évident du perfectionnement des sciences dans: Fépoque actuelle doit être et est en effet une application plus ou moins immédiate au-mieux-être de l’homme dans l'état de société; aussi indique-t-on de toutes parts des applications plus ou moins utiles de la Physique , de la Mécanique, de la Chi- | DISCOURS PRÉLIMINAIRE: cxxii] mie et de l'histoire naturelle à la Médecine, à l'Agriculture et aux usages domestiques. Ainsi, pour en citer quelques exemples : En Médecine, on a annoncé dans le Journal de Médecine pratique de Berlin, que la belladone est un excellent préservatif contre la fièvre scarlatine. M. le D' Caleb Muller a annoncé qu'il avait employé avec beaucoup de succès l’acide phosphorique dans le traitement de la jaunisse; il le donne dans une infusion théiforme, à la dose de huit pintes par jour , mais il ne dit pas en quelle quantité. M. le D' Heukend dit aussi employer depuis plusieurs aanées, avec avantage, le sous-nitrate de bismuth, à la dose de 4 grains avec quelques grains de sucre, toutes les deux heures, contre les fièvres intermittentes. M. le D° Archer recommande contre la coqueluche la vacci- nalion faite dans la 2° ou la 5° semaine de la maladie, et M. T.-J. Graham, l’eau de chaux contre les dartres. On a donné comme un remède contre la rage, l'emploi de l'acide prussique , qu’une Société de médecins de Florence , après des expériences nombreuses croit devoir administrer dans l’huile essentielle de laurier-cerise , mêlée avec une certaine quantité d'huile d'olives et que le D' Maclead a vu déterminer la sali- vation et l’ulcération des gencives. Dans les arts: M. Holliugrake a observé que l’on donne bien plus de qualité au fer et a la fonte en soumettant le métal, quand 1l est dans les moules, à une très forte pression. M. Aiïkin a publié comme un excellent moyen de préserver le fer et l'acier de la rouille, l'emploi d’une légère couche de caoutchout ou de gomme élastique. M. Parkins a rendu l’emploi de ce moyen plus facile avec de l'huile de térébenthine. On fait en Russie des ardoises artificielles qui sont, dit-on, très bonnes , légères, imperméables, incombustibles, et auxquelles on peut donner la forme et la grandeur qu’on veut; en mélant 2 parties de pâte de papier, 1 de colle, 1 de chaux, 2 de terre bolaire et de 1 d'huile de graine de lin, on fait des feuilles très minces; 5 parties de pâte de papier, 4 de colle, 4 de terre bolaire, 4 de chaux, en font des lames aussi dures que du fer; 1 partie de pâte de papier, 3 de terre bolaire, 1 d'huile d'olives, forment des lames très élastiques. En les exposant à une très grande chaleur, ces lames sont à peine altérées dans leur forme et elles sont converties en une feuille noire et très dure. On purifie l'huile de poisson la plus mauvaise, en Danemarck, ge. cxxiv DISCOURS PRÉLIMINAIRE. avec le charbon animal, au point de la rendre aussi bonne que celle de spermaceti : pour cela on méle le charbon en poudre avec l'huile, et l’on agite de temps en temps pendant deux mois; on filtre ensuite à travers des couches de charbon: La perte est estimée à 15 pour cent et le bénéfice à 40. NÉCROLOGIE. Nous avons déjà annoncé que les pertes faites par les Sciences dans le cours de cette année avaientétéconsidérables et parleurnombreet par leur importance. BERTHOLLET. Depuis la mort de Lagrange.et de Monge, l'Académie des Sciences de Paris et le monde savant en général, n'avaient pas fait de perte plus grande que celle de ce célèbre chimiste, l’un des fondateurs de la Chimie mo- derne, et dont les travanx importans ont souvent devancé les progrès successifs de la science, comme le prouve son savant ouvrage sur la statique chimique. Mais l'élévation, la noblesse de son caractère, sa bonté naturelle, la généro- sité de ses sentimens, la douceur et l’aménité de ses relations avec toutes les personnes qui s’occupaient de sciences, ont peut-être encore eu une influence plus grande que ses ouvrages mêmes pour l'avancement de la Science, ‘par le grand nombre de etienne de mérite qu'il a poussées et dirigées dans la car- rière. Quoique la force de sa constitution physique et morale dût faire espérer qu'il prolongerait encore sa carrière, M. Berthollet, parvenu par son mérite per- sonnel à l'une des premières dignités de l’état, est mort dans la soixante-qua- torzième année de son âge, le 6 novembre, à sept heures du soir, à Arcueil, près Paris. Il était né à T'elloine en Sayoie, et sa profession première était la Médecine. Haüy. Une autre perte non moins douloureuse peut-être, et non moins pré- judiciable, est celle de M. l’abbé Haüy, membre egalement de l'Académie des Sciences et professeur de Minéralogie au Jardin du Roi, mortle 1° juin, à la suite d’une fracture du col dû fémur, que cet illustre minéralogiste s'était faite en tombant dans son cabinet le 14 du mois précédent. Ses travaux sont trop ; universellement connus par leur nombre ét leur importance, pour avoir besom M d'être rappelés à la mémoire des lecteurs de ce recueil :, une seule idée, les lois qui régissent la forme et la structure dés cristaux, a fait la passion domi- nänte de toute sa vie, depuis le moment où un heureux hasard la lui suggéra, jusqu’à celni où un autre hasard, mais bien funeste, l’a enlevé à la Science. Pour elle, il étudia la Géométrie, la Physique, la Minéralogie, et tous les momens : de son existence, soustraite ainsi ätoute considération collatéralé, furentemployés !, à éclairer, à étendre cette idée, àla convertir en un corps de doctrine, et à lénseigner avec un Zèle toujours croissant, avec une clarté et une élégance que se rappelleront toujoursceux qui ont eu le bonheur de l'entendre. CLarKkE. Le D' Ed. Daniel Clarke, professeur de Minéralogie dans l'Université de Cambridge, estmort le 19 mars 1822, à l’âge de soixante-troïs ans; il était né M dans l'année 1769. Elevé au collége de Jésus, à Cambridge, où il pritses degrés, de w 1790 à 1794, il voyagea avec le lord Berwick et parcourut successivement l'Ita- talie où il séjourna assez long-temps, puis Je reste de l’Europe et une partie de l'Asie et de l'Afrique. Il recueillit danis'ses voyages une belle collection de mi- \ néraux'et de plantes, C’est en 1805 qu'il commença à donner des leçons sur la Minéralogie , dans l'Université de Cambridge où il fut nommé professeur en 1808. : t fr Pa F : PA: L 1Wiy 1x L - DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CXxY 1 flétait} Yce qu'il paraît, extrêmement remarquable par son éloquence natu- relle, ses connaissances étendues en Histoire naturelle, mais surtout en Minéra- logie, ainsi qu'en Archéologie, comme le montrent ses dissertations sur une _ statue colossäle d’Isis. Il n’a publié qu’un ouvrage de Minéralogie , intitulé : Dis- -tribution méthodique des Minéraux, imprimé en 1807. MarcerT. Le D'° Marcet, médecin et citoyen de la ville.de Genève, dans Académie -de laquelle il était professeur honoraire de Chimie ; a terminé sa carrière à Londres, le 19--octobre-1822, dans la ciiquante-deuxième-arnée de sa vie, au moment où il se disposait à retourner dans sa-patrie. Ses travaux nombreux sur Ja Chimie sont insérés dans les Transactions de la Société royale de Londres dent il était membre: les principaux sont sur la composition chi- mique des eaux de Ja mer, et son Traité sur les Calculs, ouvrage d'une réputa- tion justement fort grande , et qui démontre avec quelsoin, avec quelle exactitude ce chimiste faisait ses recherches. TRALLES. M.le professeur Tralles, de Berlin, est aussi mort à Londres, le 25 novembre 1822. Né en Suisse où il professa les Mathématiques à, Berne, il entreprit, ayec un de ses compatriotes, M. Hassler, un examen trigonométrique de la Suisse , d’abord à ses frais, et ensuite à ceux de l’état. Arrêté dans son en- treprise par la révolution françaïse, il fut bientôt envoyé à Paris, comme com- missaire étranger auprès de la commission des poids et mesures. Il passa ensuite à Berlin comme professeur de Mathématiques et d'Astronomie, place qu'il a remplie jusqu’à sa mort. Les ouvrages qu'il a publiés, ont pour obiet les Ma- thématiques et la Géodésie ; ils-sont insérés dans les Mémoires de l'Académie royale des Séiences de Berlin. ne Dicxkson. M. James Dickson de Coven-Garden , membre de la Société Lin- néenne de Londres et|yice-président de la Société horticulturale , est mort âgé de quatre-vingt-quatré ans. Né de parens pauvres en Ecosse, il vint à Londres, où il travailla quelque temps comme jardinier à Harmmersmith ; ayant eu le bonheur d’être remarqué par l'honorable sir Jos. Banks. qui l’accueillit avec sa bienveillance accoutumée et qui lui fournit tous les moyens de s'instruire dans Ja Botanique, pour laquelle il se sentait une véritable vocation, il devint bientôt un botaniste distingué ; publia plusieurs Mémoires dans les Transactions de la Société Linnéenne. Il est principalement connu par son ouvrage intitulé: Fas- ciculi quatuor plantarum er ptogamicarum Pritanniæ , Londres, 1783— 1794, dans lequel il a décrit plus de 400 plantes jusqu'alors inconsues et par-là a con- tribné à l'avancement d'une des parties les plus difficiles de la Botanique. SOwERBY. Un homme qui n’a pas vécu sans utilité poux les. sciences natu— relles et quiést mort aussi dans ke cours de cette année, le-2B octobre 1822, est M. James Sowerby des Sociétés Linnéenne et Géologique de Losdres. Peintre habile, il a été l'éditeur-etle dessinateur de la Flore-de- la Grande-Bretagne de M. J:E:Smith ; on luidoit assi l'Histoire des Champignons de l'Angleterre et plusieurs-antres ouvrâges qaitous ont poar but l'illustration de sa patrie. Das ses dix dernières années, il avait éntrepris , sous le nom de mineral Conchology, une description accompagnée de fzures de toutes les coquilles fossiles de l'A gleterre et même d'une partie de la France, Quoique cet ouvrage soit assez Join du degré de perfectiôn' dont il était susceptible , il est déjà et il deviendra ‘ &e plus en plus utile à la Géologie , d'autant plus qu'il est continué par les fils de l’auteur. : _ Nous terminerons cette Notice nécrologique , en relevant une erreur que, par inadvertance , nous ayions commise dans notre Liscours préliminaire de l’année dernière, à l'article Vécrolorie. Nous ayons mis le nom de M. le Dr Otto , au lieu de celui de M. le professeur Schweiger. C’est en effet celui-ci qui a été assassiné pendant un yoyage en Sicile. La: science Jui devait plusieurs travaux intéres- sans en Botanique, dont il était professeur à Kœnisberg, et en Zoologie; il avait continué l'Histoire des T'ortues de SchœpfF, et peu de temps avant sa mort, il venait de publier une classification des animaux sans vertèbres, aingi qu'une Histoire du corail. FIN. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITESI Dans le. mois de Décembre 1822... 19/758,72|— 0,50 84 |759,20[+ 0,50! 79 [759,354 0,10| 83 _ |A 9 HEURES MATIN. A MIDI. À 3 HEURES SOIR. | A9 HEURES SOIR. [THERMOMETRE: | Barom.| Therm. Li b Barom. | Therm. iBarom. | Therm. H Barom. | Therm. : RE PT 3o. FRÉniepe) “ao. extérieur. | 78" ao. [extérieur.| V8" ào. lextérieur: | 8 Maxi: \CNnI EE EE EE ee 11750,28|+ 5,50! 98. |749,00[+ 7,50] 93 |746,34]+ 8,5o| go 1742,49|4+ 8,0c| 96 [+ 8,50|4 3,75 21758, 19 + 3:59 97 [737,65H- 6,25 4 756,68|+ 6,00! ja 784.60 + 5,85 a + 6,25] + . | 31737,19|- 5 10| 99 [739,43|+ 6,50! 94 [741,21|+ 6,50! 8g [746,20|+ 4,00| 99 [+ 6,50|[+ 4,00 41753,24|+ 1,00/101 |752,238|+ 7,00! 95 |751,42|+ 710] 90 174777 b,oc| gg + 7,10] — 0,00 5|755,82|+ 3,75) 93 [756,114 6,60! 85 |756,31|+ 6,50 82 |751,66[+ 4,75] 9h | 6,60|+ 3,75 6|749,62|+ 5,60! 93 [750,78|+ 8,50 82 [751,75|+ 7,80! 85 [754,484 4,50! 96 [+ 8,504 4,50 71727,72|+ 2,00/101 [758,36/+ 5,60! 96 |[758,67|+ 6,25] 92 |760,16|+ 5,02] 96 H- 6,25|— 0,00 8[785,76|— 1,10l101 1766,36| 0,35] 98 |766,20|+ 1,25] 96 [787,42 — 0,25/100 | 1,25 — 2,25 0l767,12|— 1,50| 09 [766,41|— 0,75] 94 |765,83|— 0,85] 94 1765,73|— 1,35] 99 |— 0,55 — 1,85 1c767,55|— 1,09] 96 |767,92|+ 0,25] 90 |768,49|+ o,85| 93 1769,8c|— 0,25|100 |+ 0,85 — 1,75 111771,58[+ 0,50/100 |770,92|+ 1,75] 93 |770,15|+ 3,25] 91 |770,47|+ 0,50! 98 + 5,25/+ 0,25 121768,83|+ 1525) 89 1768,26|Æ 2,25] 85 |767,45|+ 3,2b| 83 |766,46|+ 0,25] 94 [+ 3,25|+ 0,25} | 131766,00[— 1,75| 99 1765,31|+ 1,50! 90 |765,17|+ 2,25] 87 |764,84— 0,75] 96 + 2,25|— 2,00] | 141763,07|— 2,40] 97 1762,87|— 0,60| 89 |762,30|— o,10| 88 M 15/y59,b2a— 7,20! 99 1758,53|— 5,50! 99 [757,75] — 2,50] go un 161761,09— 1,50! 90 [761,78] — 0,50| 87 |762,00|— 0,60| 88 |7 [in | 93 [767,61|— 0,85| 87 |767,32|— 1,50] 88 | 4 181764,58|+ 0,60! 96 1765,73|+ 5,2b| 91 |762,55H4 2,75] 96 Un: 20|761,76— 7,25! 90 |761,23|— 4,25) 81 |760,85|— 3,10| 59 82 |759,53|— 1,25| 77 85 |7506,22|— 1,75] 83 go [755,85] — 1,90| go 90 |760,08|— 5,75 g1 1756,59|— 2,60 96 1756,18|— 3,10 — 2,75] 96 [758,41] — 2,00| 96 — 0,60] 74 |784,90|— 0,60| 74 — 3,10| 78 |766,53|— 1,25] 66 211760,92/— 7,25 RT 4,25| 92 — 5,75] 95 — 0©,60| 99 85 756,48 756,00 760,58 766,35|— 4,50 766,66 — 4,60| 85 221756,98|— 5,50 23|756,63|— 4,90 2A1757,50|— 5,40 766,42 26[767,38|— 6,25 96 1766,42]— 3,75] 89 |766,20/— 1,85] 87 766,45|— 4,90] 93 27[766,48|— 7,00 95 1764,97— 4,00] 89 [764,60 — 2,g0| 88 764,48 — 6,00! 91 94 1[759,42|— o,1c| 80 |757,20|— 6,75] 72 {| 69 1750,75/+ 0,25| 66 |750,61[— 1,75] 97 1H 0,25|— 7,50 9 750,57l— 0,10] 94 1751,68[— 0,85l100 [+ 0,10[— 2,55 28/765,55|— 7,50 762,42|— 6,85! 99 |761,07|+ 2,50 5 750,90|+ 1,25 30/751.40— 5,85 NY D! | 8 1758,10 25]764,38,— : ÿ5 764,45 Zz ) 86 d750,col— 0,40 1/750,31|— 3,75 l L D NE o 1753,971+ 5,35] 98 D+ 5,15 1,5, + 4,78] 92 [755.291 +. 4,99] à 763,29|— 1,50] 94 F4 0,70 — 3,02 754,031+ 2,25; 98 |754,42 764 : TZ Cool 88 163,49 0,58 — 6,24 94 [753,94 6 } 91 75g,9b— 2,53] 85 |759,52|— 1,21] .82 |759,56/— 3,75) gr |— 1,12 2 764:34|— 2,17 51759 99|— 5,20 94 759,441 0,681 88 1759,18+ 1,58] 86 |758,90[— 0,64 94 | 1,571— 2,62} 171767,52|— 3,10 |759,451— 1,71 À TR RÉCAPITULATION,. Plus grande élévation, ..,, Déna7irmaBrleti { Moindre élévation......,..... 754""60 le 2 Plus grand degré de chaleur... + 850 le 1°° Baromètre..... Thermomètre. . { Moindre cegré de chaleur..... — 8,75 le 27 Nombre de jours beaux.. .... 22 de couverts ......., 9 de pluie ,.... ARTE 7 defyent. stef: OIL de brouillard .,..,.. 31 de gelée sn. ee 26 : de neige ......sese 1 de grêle ou grésil.... © de tonnerre. ....... Je | TELE PTT LE SSE LATE SSII s * A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS, (Ze Baromètre est réduit à la température de zéro.) QUANTITÉ ne PLUIE = tombée ÉTAT DU CIEL. | a ï aus sur le haut | 4 N'OSE PRE LE MATIN. A MIDI. LE SOIR, È E- Re | À: En "ei S.-S.-O. fo.INuageux, brouillard. |[Nuageux. Cou., bro.,pl.dep.10*. a] 7,00 5,60 ÎS. Pluie abond., brouill.| Trouble et nuageux. |Pluie fine. 3| 6,00 5,25 : Pluie fine, brouill. Couvert. Beau depuis 9/. À 4] 10,30 8,96 Légers nuages, brouil.| Jd., etbrouiilard. Pluie abondante. 5|_ 3,85 2,20 fort. Idem. Petits nuages clairs. : [Pluie dans Ia nuit. 6| o,30 © 25 Nuageux. Nuageux. Bean ciel, pluie à 41. | 7 ; ; Beau ciel, biouil., gla.lBeau ciel, brouill. Nuageux. | 8 =#: Brouillard épais, Brouillard épais. Brouillard épais 9 Idem et givre. Idem. Idem. # Idem. Iderr. Idern Couvert, brouiïll., givr.| {dem. Beau ciel Beau ciel, brouillard, [Très beau ciel. Idem Idem. Idem. Idem, Idem. Idem. Idem. Brouillard épais. Couvert, brouill.épais.|Couvert, brouillard. Couvert, brouillard. |Couvert, brouillard. dem. Idem. Idem. Idem. 1,40 o,40 Idem, Idem. Pluie fine. Idem. Idem. Beau ciel, brouillard. ! Beau ciel, lég. brouil.|Beau ciel, lég.brouill.| dem. Idem, Idem. Idem. Nuageux, brouillard. |Légers nuag., brouil. | /dem. | Idem. Beau ciel, brouillard. [Beau ciel, brouillard. Couvert, brouillard. |Couvert, brouillard. |Couvert, brouillard. ‘! Idem. Beau ciel. Beau ciel, brouillard. Beau ciel , brouillard.| dem. Idem. Nuages à l’hor.,brouil.| dem. Idem, y 1f. Beau ciel, brouillard Idem. Idem. | Idem. Idem. Idem. If . Idem. Nuageux. ouvert, brouillard, À | Couvert, brouill. Couvert. Nuages. | © Wal 27,45 22,26 Moyennes du 1*°au tr. Phases dé la Lune. | Mel 1,40 0,40 | Moyennes du 11 au 21. D.Q.le 5à o'52's. ||P.Q.leorà 2/26s. | 1 |__| Moyennes du 21 au 31. N.L.le 13à .1239/s.-||P.L. le28 à 6413 m. MM S8,75 À 22,66 | Moyennes du mois RÉCAPITULATION. NII NE ÉD El) NAN ES an 16 Es sc ab - 5 Jours dont le vent a soufflé du Sie s DAT en pes 5 SOS done © OM ere  NO +19 Je 1°, 199, 104 Thermomètre des caves { le 16, 19°104 | centigrades. , cxxviij DISCOURS PRÉLIMINAIRE: ra e nimes | TABLE DES MATIÈRES CONTENUES-DANS CE CAHIER. INTRODUCTION , p. v. ASTRONOMIE, P. Vij. — Etoiles fixés, p.ix. — Soleil, p. x.— Comètes , p. xj — Lune, p. xüij. — Eclipses , p. xiv:— Terre, p. xvj.— Jnstrumens, p. xix. GÉOGRAPHIE, P. XX. MéréoroLoctE, p. xxij. — Résultats des Observations météo- rologiques faites à Alais en 1822, par M. 4. D. F., p. xxiv. — Phénomènes luritineux, p. xxvij. — Aurore boréale, p. xxix. — Aérolithes, p. "Kxxj. —Æruptions volcaniques ; p. xxxüj.— T'remblemens de Terre, p. xxxv.— Ombrométrie, p. xxxvn]. — Hygromeétrie, p. xxxix.— Barométrie , p«xl, — Thermometrie, p.xliij.—Ælectricité atmosphérique, p.xhiv.—Magnétisme, p.xv. Puysique. Physique générale, p. xlj. — Lumière ; 1h. — Chaleur, p. xlvi. — Electriciié ,'p. V. — Elecuro-magnétisme , ib. — Magnélisme, p.lj. : ‘ Cuimie, p. lv. — Corps.simples , p. \v. — Corps composes, ib.—Sels, p. lviij.— Alinges, p. Vix. — Oxides, p. 1x. — Composés métalliques, 1b:— Chimie végétale, p. Ixi.— Chimie ahimale, p. Ixv.— Réactifs' et procédés chimiques, p. Ixvüj. — Analyses d'eaux minérales, p. \xxii] — Analyses de minerais, de minéraux et d'alliages artificiels, p. Ixxv). MrNÉRALOGIE ; p. lxxxviij —xcii. Géorocre, p. xcüj. — De l'Allemagne, p, xciv. — De l'Angle- terre, p. xCv. — De la France, p. xcvj.— De lTialie, 1b— De l'Espagne, p. xcvij.—De l'Inde, p. xcvi]. - PAtOEONTOLOGIE , p. Cj. — Mammiferes , ib.— Reptiles, p. 105. Entomozoaires , p. 104. —*%Malacozoaires ,äb. Puyrorocte, p. 106.— Botanique proprement dite ; p.cvj.— Ana- tomie et Physiologie végétales ,1p. cix. Sur la chaleur des fleurs , p. cx 4 ET lg Zoorocre, p.icxiij. — Mammiferes, ib. — Oiseaux, p. 110. — ?eptiles, ib.— Poissons, p. cx}. — Entomozoaires, 1b. — Ma- lacozoaires , p. cxtij. Anatomie et Physiologie, p.cexix. APPLICATA ,P. CXxXi]. NiécrOLOGIE. , p. CXxIV. Tableau météorologique ; p. cxxvj: pe l'Imprimerie de HUZARD-COURCIER. rue du Jardinet n° 12. , JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE, FÉVRIER an 1825. MÉMOIRE Sur Application du Calcul aux Phénomènes électro- dynamiques ; Par M. SAVARY. Ex Calculs suivans ont principalement pour objet d'étudier l’analogie qui existe entre les aimans et des assemblages de courans électriques circulaires, dont les plans sont parallèles entre eux et perpendiculaires à la ligne qui joint les centres des cercles décrits par ces courans. M. Ampère désigne un tel assemblage sous le nom de cylindre électro-dynamique quaud cette ligne est droite , et sous celui d’anneau électro-dynamique, quand c’est une circonférence de cercle. On le réalise au moyen d'un fil conduc- teur plié en hélice, puis ramené suivant l'axe de cette hélice, de manière à neutraliser l’effet longitudinal des spires, du moins à des distances un peu grandes, par rapport au rayon de ces spires , rayon que l'on supposera toujours très petit. Tome XCVI. FÉVRIER an 1823. I Leur JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les résultats généraux sont: 1°. que l’action entre un cylindre et un fil conducteur ne diffère derl’action entre, un aimant et le même fil, que par la substitution des extrémités du cylindre aux pôles magnétiques. NE < 2°, Que la même analogie et la même différence se retrouve entre l’action mutuelle de deux cylindres et celle de deux aïmans, du moins à des distances un peu grandes. 11 est vrai que l’on n’a ici pour terme de comparaison que des expériences de Coulomb sur la direction que prend, une aiguille soumise à l’action d’un barreau aimanté, expériences qui's’accordent d'autant mieux avec la loi qu'il en a déduite qu'on s'éloigne plus des pôles. Fous les calculs-sont fondés sur la formule. qu'a donnée M. Ampère pour exprimer l’action de deux élémens infiñiment petits de conducteurs voltaiques. On l’a prise dans sa forme la plus générale, contenant deux constantes dontil reste à déterminer les valeurs indépendantes de l'intensité des courans pour que la fonction qui représente celte action soit complètement connue. L'une de ces constantes, désignée par », est l’exposant de la puissance de la distance à laquelle l’action des élémens de circuits voltaïques est réciproquement proportionnelle, quand les angles qui déterminent leur position relative ne changent point. L'autre X est le rapport des actions de cessélémens,, quand la distance restant la même, on les supposé-d'abord dirigés suivant une même droite, puis tous deux dans un même plan et perpendiculaires à la droite qui les-joint. M} Ampère avait déjà obtenu une/relation entre ces deux constantes, fondée sur ce qu’un conducteur mobile autour d’un axe auquel il se termine de part et d’autre, n’éprouve, quelle que soit sa forme, aucune tendance à tourner toujours dans le même sens, par l’action d’une portion de conducteur circulaire dont le centre est dans l’axe de rotation et dont le plan est per- pendiculaire à cet axe. EE 4 M. Ampère, d’après, l’analogie entre les divers phénomènes d'attraction qui ont lieu dans la nature, avait admis que l'ex- posant » devait être égal à 2. La relation dont nous venons de parler, donne alors pour # la valeur —2. Une expérience de MM. Gay-Lussac et Welter offre un moyen direct de déterminer z et À, en fournissant éntre ces deux con- stantes une seconde relation. Cette expérience consiste en ce qu'un anneau d'acier, autour duquel on roule en hélice le fil qui sert de conducteur au courant du la pile ou à une décharge électrique, ne devient point un aimant, quoique ses particules acquièrent réel- lement l’aimantation, puisque les propriétés magnétiques se mani- festent dans ses diverses portions, dès qu’on le brise: Tant que ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3 l'anneau est entier, ces propriétés sont donc latentes ; et comme . on peut s'assurer que son action est alorsnulle sur un circuit vol- taïique de forme quelconque ; il s’en suit qu’elle l’est aussi sur un élément de circuit, quelle que soit sa direction. M. Ampère vient de faire la même expérience eu remplaçant l'anneau par un assem- blage de courans circulaires disposés comme ceux qu'il admet autour des molécules de l’acier aimanté. En égalant à zéro l’action de ce système sur un point extérieur quelconque, on obtiententre n et k, et d’une manière indépendante de toute assimilation entre les aimans et les courans électriques, une seconde relation, qui, jointe à la précédente, donne pour ces constantes les deux sys- tèmes de valeurs : mot ue) mp 1} et comme M. Ampère a prouvé par une expérience directe que k doit être négatif, le premier système est le seul admissible. La formule, ainsi déterminée, voici les principaux résultats auxquels on parvient, en supposant le rayon des cylindres élec- tro-dynamiques très petit. Je supprime, comme étrangersau but des recherches présentes, les calculs où j'avais conservé à ce rayon une grandeur quel- conque. L'action d’un cylindre sur un élément de courant peut être représentée par deux forces, chacune de ces forces étant en rat- son inverse du carré de la distance d’une des extrémités du cylindre à l’élément, proportionnelle au sinus de l'angle que fait la même distance avec la direction de l’élément, et dirigée per- pendiculairement au plan de cet angle. 1 faut remarquer, et cela s'applique également à ce qui suit, que ces deux forces n’émanent point réellement des extrémités du cylindre; que c’est seulement une manière de représenter l’action totale de ce cylindre, en regardant comme la valeur d’une force, chacun des termes dont l’ensemble forme l'intégrale définie qu exprime la résultante unique de toutes les actions élémentaires qu'il exerce sur un élément du fil conducteur. On déduit immédiatement du résultat précédent que l’action du cylindre sur un courant rectiligne indéfini se compose de deux forces , agissant en raison inverse des perpendiculaires abaissées de ses extrémités sur la direction du courant aux points où ces perpéndiculaires le rencontrent, et qui sont elles-mêmes perpen- diculaires aux plans qui passent par le courant et par chacune des 1.. 4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE extrémités du cylindre. Ce résultat, en substituant aux extrémités du cylindre les pôles d’unaimant est la loi expérimentale donnée par M. Biot dans les Annales de Chimie et de Physique, tome XV, pages 222 et 223, et dont M. Pouillet a constaté l'exactitude, en montrant qu’on peut en déduire tous les résultats de sesexpériences sur l’action mutuelle d’un aimantetd’un conduc- teur rectiligne indéfini. Lorsque l’axe du cylindre est dans un plan perpendiculaire à la direction du conducteur rectiligne indéfini , leur action mutuelle se réduit à une force unique proportionnelle à la longueur du cylindre divisée par le produit des deux perpen- diculaires abaissée de ses deux extrémités sur la direction du con- ducteur et dirigée suivant le diamètre du cercle circonscrit au triangle formé par ces trois lignes , qui passe par le point où les deux perpendiculaires rencontrent cette direction. On en déduit aussi facilement, quellé que soit la forme du conduc- teur , que si les distances de ses différens points à l'une des extré- mités d'un cylindre électro-dynamique sont tres grandes, relati- vement aux distances des mêmes points à son autre extrémité; l'action exercée sur le conducteur ne dépendra que de sa situation par rapport à cette dernière extrémité, et restera la même, quelle que soit la direction de l’axe du cylindre. Ceci suppose pourtant qu'aucun des points du conducteur n’est très voisin d’un point quelconque de la surface du cylindre. J'ai calculé l'action qu’exerce un cylindre électro-dynamique, pour faire tourner un fil conducteur mobile autour d’un axe vertical passant par l’extrémité supérieure de ce fil, dans le cas où le cylindre est très long et où son extrémité la plus voisine du con- ducteur mobile se trouve dans Faxe de rotation au niveau de l'extrémité inférieure du conducteur mobile, et j'ai trouvé que l’ac- tion, qui, d’après ce que je viens de dire, est indépendante de la diregtion de l’axe du cylindre, est alors en raison inverse du rayon du cercle décrit par cette même extrémité inférieure du conduc- teur mobile. Quand on veut déduire des forces immédiatement appliquées au fil les mouvemens du cylindre, il suflit de remarquer que les actions élémentaires de deux points quelconques étant dirigées suivant leurs distances, le système du filet du cylindre, si on les suppose liés l’un à l'autre, ne peut prendre aucun mouvement. L'action du fil sur le cylindre est donc une force égale et directe- ment opposée à celle du cylindre sur le fil. 11 faut donc supposer, quand le fil est fixe, le cylindre invariablement lié au point d'ap- plication de la force qui tend à mouvoir le fil et concevoir que ET D'HISTOIRE NATURELLE, , 5 ce point soit'indépendant.du-fil et poussé par une force égale ét directement opposée à celle dont on connaît déjà la valeur. On trouve ainsi, sans qu’il soit besoin de nouveaux calculs, que quand un.éylindre horizontal très court ne peut que tourner autour de la verticale, passant par son centre , la force avec laquelle un conducteur indéfini situé dans un plan vertical, passant par l'axe de ce petit cylindre, tend à le mouvoir est la mème, quelle que soit l'inchinaison de ce conducteur, pourvu que sa distance au centre du cylindre reste constante. Cette action est en raison inverse de lasimple distance. ‘LM, Ampère ayait observé depuis long-temps, avec M. Despretz, qu'un‘aimaut; horizontal très court situé dans l'angle et dans le plan de deux conducteurs indéfinis, l’un horizontal, l’autre ver- tical , reste en équilibre , quand il est à égale distance des deux fils et que les courans vont tous deux en s’éloignant ou en se rap- prochant du sommet de l'angle. L’aimant et le cylindre agissent donc ici d’une manière toute semblable. Si l’on suppose qu’un cylindre très court , horizontal et mobile autour de son centre, soit soumis à l’action d’un fil indéfini, situé dans un plan vertical et plié symétriquement de part et d'autre du plan horizontal qui passe par l’axe du cylindre , ce cylindre est en équilibre quand son axe est perpendiculaire au plan mené par son centre et par la direction du fil; et, lorsqu'on le fait osciller autour de cette position, la force qui l’y ramène varie en raison inverse de la distance du point de suspension au sommet de l'angle du conducteur (distance que l’on a supposée fort grande par rapport à la demi-longueur du cylindre), et proportionnelle- ment à la tangente de la moitié de l’inclinaison des branches du conducteur sur le plan horizontal. Le calcul , appliqué à l’action de deux cylindres, montre qu’elle se réduit à quaire forces, deux attractives et deux répulsives, dirigées suivant les droites qui joignent les extrémités des cylin- dres et agissant en raison inverse du carré des distances de ces extrémités. En substituant les pôles de deux aimans aux extré- mités de deux cylindres, ce résultat est la loi par laquelle Cou- lomb , comme je lai dit plus haut, a représenté les expériences qu’il avait faites sur la direction que prend une petite aiguille soumise à l’action d’un barreau aimanté. Si l’on suppose dans le globe des courans parallèles à l’équa- teur magnétique dont l'intensité aille en décroissant très rapide- ment de part et d'autre de cet équateur et dont les rayons soient assez petits relativement à celui de la terre pour qu’on puisse 6 JOURNAL DE PHYSIQUES DE CHIMIE négliger , dans le calcul , les quatrièmes puissances de leurs .rap- ports à ce dernier rayon, on déduit du résultat précédent que la pelite aïguille suspendue par son centre: à la surface de la terré, doit s’incliner sur l’horizon d’un angle dont la tangente est double de la tangente de la latitude magnétique. Telle est en effet la loi connue, sous la formée que lui a donnée M. Bowditch, loi dont les résultats s'accordent en général d'autant mieux avec les observations qu'on l’applique à des lieux plus voisins de l’équa- teur magnétique. Cette manière de calculer l’action du globe ne peut d’ailleurs donner qu’un à pen près, puisqu’on:y fait abstrac- tion des courans dont les variations diurnes de la déclinaison et de l’'inclinaison semblent devoir faire admettre l'existence très près .de la surface de la terre. P.9b.0 Action d'un courant circulaire sur un élément de courant. La formule donnée par M. Ampère, pour exprimer l’action de deux élémens de courans électriques, ds, ds’ situés à une distance r, est p—k=n dir'+# 1+R ds ds Let i exprimant les intensilés d’action des deux courans auxquels appartiennent ces élémens; je me dispenserai, pour abréger, d'é- crire dans ce qui suit, le produit #/, et je représenterai par P la 1—4—n d? tk à nd . ANA EE: 5: MR 218 4 fonction D O0 A. où kÆet 7 sont des constantes dont les sn 2 ds ds', valeurs sont les mêmes pour tous les courans et doivent être déter- minées par l'expérience. Or, M. Ampère ayant fait voir qu’une portion de courant circu- laire n’a aucune action pour faire tourner autour d’un axe per- pendiculaire à son plan et passant par son centre, un conduc- teur mobile de forme quelconque, dont les deux extrémités se trouvent dans Cet axe , et ayant prouvé que pour que l'expression analytique du moment de rotation füt ainsi nulle, indépendam- ment de la forme dela partie mobile, il fallait poser entre les constantes 4 et » la relation 7—1+2k=0,1 il faut d’abord montrer comment l'expérience que j'ai citée plus haut, ‘en four- nissant entre Æ'et 7 une nouvelle relation, détermine, les valeurs de ces deux constantes d'une manière directe. Je vais chercher l’action d’un courant circulaire sur un élément ET, D'HISTOIRE NATURELLE, 7 A d'un autre courant et je laisserai d’abord à Æ et 7 toute leur généralité. V7 | Je place l’origine des coordonnées au centre O (fig. 1) du cou- rant circulaire; je mène par celle origineun plan perpendiculaire à la direction de l’élément A du second courant, je choisis ce plan pour celui des zk et son intersection Oy avec le plan du courant circulaire pour l’axe des y: Soit p Ja À eee Ap abaissée de l'élément A sur le plau du cercle ;: TA À = q, la distance pO du pied de cette perpendiculaire sur le même plan, au centre origine des coordonnées; k a , le rayon du cercle décrit par le courant dont il s’agit de cal- culer l’action sur l'élément A ; Ë d', l'angle que le plan de ce cercle forme avec l'axe des y; Ÿ , l'angle que la droite q faitayec l'axe des y; © , un angle variable compté à partir du même axe, dans le plan du cercle; x, 7,3, les coordonnées OL, LM, MA de l'élément A du second courant ; on aura évidemment ds=ads, ds dr, p=xcos d'+ssind\, gsind = cosd— x sind, xp Cosd'—gqsin d'sind, y=qcos4, 3—psind'+ycosd sin, et la distance d'un élément du courant circulaire à l'élément A sera r=Vp° +9 + a —2aq cos (a —T). De plus, il est facile de voir que les trois composantes de la somme des actions du courant circulaire sur l'élément , sont RES d [= RE Fe à Yds= de [© ( = cos») J 7: f Pada (x + asin d'sin &) Xd = gs FES, les intégrales devant être prises depuis © = 0 jusqu’à © — 2#, c’est entre ces limites que nous supposons que sont prises toutes les intégrales des calculs suivaus. : Or, P p'—k—n dariis = — 4h “adeds ? en intégrant par parties et en négligeant les termes qui se dé- truisent aux hmites, on trouve 8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Padw 1 dir'Aod: ue his dr dr. CEE =) VS = — Gi4+1)22 221 f = do da. EE do, FRE cos CS D hp +0 cos (ow —— AA UE do fr SE cvs db, [= sin Ce du ao #5 fr De sin (o— 4) > Êl .Tde + fr =" e0s (0 — 4) = do ; mais en faisant attention qu'il n’y a que p, g, et À qui changent de valeur, quand on fait varier z dans les six équations entre CPPPETIATE d'et +, on tire des trois premières dp FR HrUgos d'cos Ÿ. Basin d ,F=cosdsin y, À — TN on a ensuite dr __aq sin(a—Ÿ) dr dr __psind#[q—acos(e—\)]Jcosdsinÿ—asin(s—) )cosdcos L Fan ARR LT FLE n __ 2 a cos d'sin Licos (o — Ÿ) —a cos d'cos Ÿ sin (& —1) r » et comme en général fr" cos” (œ—+) sin "+1 (o—1) do =0, lorsqu'on représente par », m', m°, trois nombres entiers, les expressions précédentes se réduisent à celles-ci : f- Pad (747) a g cos d'cos À FE ee 2 = ES CIE (nat q cos d' cos VE E ne £ me) SA + a cos d'cos À LE ue "= ; [= sin ee np aq EE cos d'sin ÿcos Co—Ÿ)] sin (e2Y) de DAT RL — [== cos d'sin Ÿ cos d'sin ÿcos(s —4)1 cc cos Ke V)don mais Où a 5 (&—Ÿ) do sin? (a —1) di FEREZ (n41)a PEER, ra +3 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9 pue C@—Ÿ)=si sin? (a—Ÿ)]de = (0 Ji) aq [== sin? (o—YŸ) cos cos (—Ÿ) A. É 7 pri Tes si l’on remarque d’ailleurs que la relation z— 1 +24=—0 obtenue par M. Ampere, donne 7+1—=2(1—4) =2(7+4+4) et que g cos Ÿ=—y, il vient enfin, Fat = =(1—#k)a y cosd pi CD, Pa cos(æ—Ÿ) du 1 du = À 0089 cos [= et Pasin(o—Ÿ)da , in (#—V) de _ f asin = Dei) aps f LD tacosd'sin f° 2 a. En développant sin (æ—) et cos (æ—4{) dans ces deux der- nières équations et en éliminant g et À, on entire ce + sin “du = (1 di k) ayz [EE ne do ; et \ LE sde =—(1—Àk) az (scosd—xsind) [AC == +éacoss fe On voit de suite que Z=0, c’est-à-dire que la composante di- rigée suivant l’élément attiré est nulle , ce que M. Ampère avait déjà prouvé d’une manière très simple. Les deux autres compo- santes sont X=—(1—k) a 7 (x cos d+2 sind) feez [AE = de ne E = (1—À) &py Æin{o—V) de +3 Y=(1—fa[(7°-42")co5d —xssind)] VER Sal AP ES r1+3 Quand le rayon a est assez pelit par rapport à la distance Vp°+9" du point A au centre du cercle, les intégrales L de rh 2 L: Rene peuvent ètre développées en série suivant les Tome XCFI.FÊVRIER an 1825. 2 10 JOURNAL DE:PHYSIQUE ÿ$ DÉ CHIMIE at puissances paires de er Il ne s'agira, dans ce qui suit, que FA Fe | de comparer les actions magnétiques à celles des anneaux ou des cylindres électro-dynamiques, et l’on peut, par conséquent, regarder les rayons des courans circulaires dont ils se composent comme infiniment petits et se borner au premier terme du dé- veloppement. Si pour abréger on représente, après l'intégration, la distance Vp°+g° ou Wäx+y°Æ3 par r, On aura sin? (a — ) de F CONMIMIALE TT pr pis 9 ES T jan et en comprenant æa° dans le coefficient constant dépendant de l'intensité des courans que je supprime pour abréger, __QG—R#) X=°—", ve Q—À) (r'cos d— x? cos d'—2x sin d)—7° CO8 d kcosd (1—k)pr. Ta r7+3 TT ri « « r7+3 les forces X et Y sont dirigées dans un plan perpendiculaire à l'élément attiré; X se trouve de plus dans le plan mené, par cet” élément, perpendiculairement au plan du courant circulaire; Y est parallèle à ce dernier plan. . . Determination de la constante k. MM. Gay-Lussac et Welter avaïent observé depuis long-lemps qu’un anneau d’acier soumis à l'action d’un fil conducteur roulé en hélice autour de lui, n’éxerce au dehors aucune action magné- tique. Cependant le courant électrique aimante les Particules d'acier ; car si on brise l'anneau, ses différentes portions acquie- rent aussitôt des pôles. Ses propriétés sont donc latentes quand il est entier. ù L’anneau, dans la théorie de M. Ampère, doit être considéré comme composé de séries circulaires et concentriques de molé- cules aimantées, et chaque molécule comme devant son action à un courant électrique fermé, dont le plan est perpendiculaire à la circonférence sur laquelle se trouve le centre du petit cercle décritipar ce courant. ; 11 suffit de chercher, d’après la théorie, l’action d’une de ces séries de courans circulaires, sur, un élément situé dans l’espace, d'une manière quelconque, action que l’expérience citée montre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 11 devoir être nulle, indépendamment de la direction de l'élément. Soit CC/C (fig. 2) la circonférence directrice de l'anneau, dont je suppose le plan horizontal pour fixer les idées, soit O son centre , C le centre d’un petit courant circulaire situé dans le plan verti- cal qui passe par CO, et AB la perpendiculaire abaissée de l'élément aAa' sur le plan de l’anneau. Je fais AB=—A, BO —c, le rayon de l'anneau CO = p, enfin, l'angle COB=9, et j'ai AC= VRP ++ p—2cp cos @. On peut, d’après le principe sur lequel est fondée la formule de M. Ampère, substituer à l'élément A ses projections sur trois axes rectangulaires; et considérer successivement l’action de l’anneau sur trois élémens, l’un vertical dirigé suivant AB; les deux autres horizontaux, l’un parallèle, l’autre perpendicu- laire à BO. 1°, L'élément étant vertical: le plan du courant dont le centreest en C lui est parallèle; la force Y-est dirigée parallèlement à CO ; X parallèlement à BD, perpendiculaire sur CO. Ce qui donne, suivant BO , une composante (X sin @ + Y cos® ), et perpendi- culairement à BO , une autre composante (Y sin p—X cos ). Les composantes de l’action d’une tranche comprise entre les plans COetC'Oserontdonc(Y cos? +X cos®)dp,(Y sin p—X cos®) dy. Il est d’ailleurs facile de voir que dans les valeurs de X et Y données précédemment, il faut faire d=0, y=ccos p—p, x — P ==C$sIn ®. L'action de l'anneau entier sera donc, en prenant les intégrales depuis = 0 jusqu’à ®—27, parallèlement à BO, SKsing+Y cos@)dp=— [RER ire LR T, perpendiculairement à BO, f(Xsing—X cosp)dp=+/ 2% (1 pe Nr rt n+5 Les deux termes de la seconde expression sont nuls entre les limites ; la première, à cause de la relation LE 17) sin°® d@ 97. in2© de opf + » peutsemettresous la forme— (kr 1) cp — 2) 2°. L'élément étant horizontal et parallèle à BO. d=9, 7=h, x=psn, p=csin®, l'anneau exerce une ac- de. 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tion horizontale et perpendiculaire à BO dont la valeur est SXd=(i—) ch fo, et une action dirigée verticalement qui est égale à JYdo=—k Ge singe (pr )opf ed. PTE F3 ras? 3°. L'élément étant horizontal et perpendiculaire à BO. cos d'=sing, 7y—=h, x=c—pcose, p—=csin®, la force horizontale etparallèle a BO qui émane de l'anneau est donc S'Xd&@=(1—) ch [= 0, T et la force verticale SYdp=Rk [RÉ — (1h) € fERRONES Lo, Toutes ces forces sont donc nulles à l'exception de deux qui 1n2 ont l'une et l’autrepour valeur — (An 1) cp [EEE L'expérience de MM. Gay-Lussac et Welter montre qu’elles doivent être nulles aussi bien que les autres. Il faut donc que l’on ait entre k et x la relation + 1=0 qui jointe à la relation n— 1 + 24=0 donnée par M. Ampère, fournit pour k et » ces deux systèmes de valeurs { Â=— à } et { Â=: n= 2 = — 1 admissible, puisque M. Ampère a prouvé par une expérience di- recte que À est négatif. Il est remarquable que les valeurs n=2,n——1 sont celles des exposans de la raison inverse des distances pour lesquels Pattraction d’une sphère sur un point situé hors de sa surface est la même que si toute sa masse était réunie à son centre d'inertie. Pour rendre la détermination des constantes qui entrent dans sa formule indépendante de toute assimilation entre les aimans et les courans électriques, M. Ampère a imité l'anneau d'acier en roulant en hélice une portion d’un fil conducteur revétu de soie, sur une autre portion du même fil, de manière que le cou- rant électrique de cette dernière portion détruisit l’effet des pro- jections longitudinales des spires de la première, en formant avec celte hélice un anneau circulaire composé de plusieurs tours de la même hélice, et en ayant soin que les portions res- k Le premier est le seul 22 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15 tantes du fil conducteur qui servaient à le mettre en communica- tion avec les extrémités de la pile, fussent jusqu'a une certaine distance de l'anneau entortillées ensemble, afin que leurs actions se neutralisassent complètement. M. Ampère s’est assuré que cet appareil n’exerce aucune action sur une portion mobile de con- ducteur de forme quelconque. Ce résultat est indépendant du rayon de l'anneau. Mais il suppose le rayon des spires extrème- ment petit relativement à la distance au conducteur mobile. Il est facile de voir, au moyen des expressions des forces finies X et Y données précédemment , que l'anneau, quand le rayon des cercles décrits par les courans électriques n’est pas très pelit, n’exerce encore aucune aclion sur uu élément parallèle à une tangenlte à la circonférence qui passe par les centres de ces cercles. Si l'élément est sitné daus.ur plan perpendiculaire à l'une de ces tangentes, la force n’est pas nulle, maiselle est indépendante de la direction de l'élément dans ce plan, et elle agit suivant la droite menée dans ce même plan perpendiculairement à la direction de - l'élément. Sa valeur est d’après les mêmes notations [ cos gd? pts de 3 à se r'+1 T n+3 Action d'un cylindre électro-dynamique sur un élément de courant. Dans un cylindre électro-dynamique, la ligne dont nous avons désigné la longueur par p, devient parallele à l'axe de ce cylindre, et dp représente l'épaisseur d'une des tranches infiniment minces dont on doit le regarder comme composé, g distañce de ces deux parallèles devient constante aussi bien que y qui est la plus courte distance entre l’axe du cylindre et la direction de l'élément A, on tire en outre des deux équations 7°=p°+49", x=p cos d — 4 sin d sin 4, ces valeurs rdr=pdp, dx cos ddp; or, l'action d’une tranche perpendiculaire à l'axe du cylindre se compose des forces Xdp, Ydp, et en substituant au lieu de k et » leurs valeurs, on a JE Sp — De et 2 Yadp = 9 prb 2e 3xdr F T4 tr ri r on. voit donc que si l’on prend, aulieu des forces qui représentent Vaction du cylindre, le double de ces forces, ce qui ne change rien 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à leur rapport, on pourra les exprimer ainsi 2fKdp=— + 2f per en désignant, dans ces expressions, par x’, x", y', y", r', r les valeurs de æ, y, r qui se rapportent aux deux extrémités du cylindre. Soit V l’angle que la distance r fait avec l'élément dz, t l'angle que la projection de r sur le plan xy fait avec l'axe des x, J=rsin Vsint, æ=rsin V cost, z=r cos V. à : È sin V'’ £ Si l'on conçoit deux forces, lune égale à —;— et l'autre à sin V” appliquées à l’élément dz dans des directions perpendi- RE culaires à cet élément et aux droites qui le joignent aux extré- mités de l’axe du cylindre électro-dynamique, ces forces repré- sentent toute l’action du cylindre sur l’élément. Car la somme de leurs composantes parallèles aux x est évidemment sin V'sint , sin V/sint” Ta —— Top » et la somme parallèle aux y sin V’cos# sin V’ cost” TARN ANR TT 9 expressions qui se réduisent en effet à rate 4 LA 4 ÿ HT, LT, d’après les valeurs précédentes de x et y. Eu général, de même que l'on compose l’action totale d'un aimant de la réunion des actions de chacun de ses pôles, il suf- fira, dans chaque cas de calculer séparément la portion de l’ac- tion du cylindre qui est relative à chacune de ses extrémités, et de réunir les deux résullats comme on détermine la résultante de deux forces. Chacune des deux portions de l’action du cylindre électro-dy- namique sur un élément de courant est perpendiculaire au plan mené par l'élément et l’extrémité correspondante du cylindre, proportionnelle au sinus de l'angle que fait avec cet élément la droite qui le joint à cette extrémité et‘en raison inverse du carré de la distance, ÿ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15 Si le cylindre est assez long pour que la partie de l’action rela- tive à l’extrémité du cylindre la plus éloignée de l'élément À, soit négligeable, il ne reste que le terme qui se rapporte à l’autre extrémite et dont la valeur, en supprimant les accens qui de- viennent inutiles, est ts ; valeur indépendante de la direc- 2 tion de l’axe du cylindre. La même chose ayant lieu pour tous lesélémens d’un conducteur mobile de forme quelconque, lorsque tous ses points sont à de très grandes distances de la première extrémité du cylindre, il s’en suit que l’action exercée sur le con- ducteur ne dépend alors que de la situation de l’extrémité qui en est le plus près et reste la même quelle que soit la direction de l'axe du cylindre. Mouvement de rotation d'un fil autour d'un cylindre électro- dynamique. Considérons un conducteur de forme quelconque , libre seule- ment de lourner autour d’un axe passant par une des extrémités d’un cylindre dont la longueur soit assez grande pour qu’on puisse négliger la partie de son action qui est relative à son autre extré- mité; supposons, pour fixer les idées que cet axe soit vertical et que le conducteur se termine d’une part à un point de sa direction, de l’autre au plan horizontal mené perpendiculairement au même axe par l'extrémité du cylindre. Ce cas est celui d’un conducteur de forme quelconque dont l'extrémité inférieure plonge dans dumercure ou de l’eau acidulée, quand on place au centre du mouvement un long aimant dont l’ex- trémité supérieure est au niveau de la surface du liquide, et dont l’autre extrémité est très loin du conducteur. Soit l’angle quela distance r faitavec le plan horizontal ; i l'angle dièdre compris entre le plan vertical qui contient r et le plan qui passe par la distance r et par l’élément 47, plan auquel l force sin V dz —— eulairement au plan vertical qui contient la distance r, sera sin V cos z dz 150% l’élémentdz surune perpendiculaire à la distance rsituée danse plan vertical qui contient cette distance; on a donc, sin V cos : d3=rd8 ; est perpendiculaire ; cette force décomposée perpendi. ; mais il est évident que sin V cos: dz est la projection de nr : : di : 21 = et la force élémentaire devient —3et ,sionla multiplie par sa di- stance à l'axe r cos 8, elle donneun moment=cos 8 48. Ea somme de 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ces momens prise depuis le plan horizontal jusqu’à l’axe verti cal, La ou depuis Ê=o jusqu'a0=T, est fcos 0 dà— 1; elle est donc indépendante de la forme du conducteur et la vitesse de rotation qu'il acquiert dans un temps donné par l’action du cylindre, est eu raison inverse du moment d'inertie de ce conducteur. Si l’in- ,» . A . Q . F . . tégrale, au lieu d’être prise depuis o jusqu’à —, était prise entre deux plans horizontaux quelconques, elle aurait pour valeur sin #—sin 0", et ne dépendrait que des inclinaisons sur le plan horizontal des deux droites menées de lextrémité du cylindre la plus voisine du conducteur mobile, à celles de ce conducteur. Le calcul précédent suppose de plus qu'aucune partie du conducteur mobile n’est très près d’une section quelconque du cylindre électro-dynamique. Action d'un cylindre sur une portion rectiligne du fil conducteur. Si le conducteur soumis à l’action du cylindre est rectiligne, en appelant g la perpendiculaire abaissée de l’une des extrémités du cylindre sur sa direction, sin V=é, r°—=g"#+2", on trouve inVd Z 2 VHS, / . TN pour la résultante des forces élémentaires T 5 sin V d 12 , aus , qu'on peut considérer comme exercées par celte = extrémité sur chacun des élémens du conducteur perpendi- culairement au plan qui la joint à la direction de ce con- ducteur, en désignant 7’, r”, z', 2’, les valeurs de r et de z relatives aux limites. Pour avoir le point d’application de celte résultante , il faudra connaître la somme des momens des mêmes forces élémentaires par rapport au pied de la perpendi- culaire g; on trouve aisément, pour la valeur de cette somme, i d AA Le : fe E+E. On aura ainsi une des deux portions de m l'action totale exercée par le cylindre. On obtiendrait l’autre en faisant le même calcul relativement à son autre extrémité. Comme les limites des intégrales employées dans ce calcul sont les deux extrémités du conducteur , si on le suppose indéfini dans les deux LA (4 o se : sens, On aura 7= 1,51) 6, = 0, la première portion de l’action du cylindre se réduira donc à une force égale à =, perpendiculaire au plan qui joint l’extrémité correspondante ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 du cylindre à la direction du conducteur, et passant par le pied de la perpendiculaire g , en nommant £’ la perpendiculaire abais- sée de l’autre extrémité du cylindre, on aura la séconde portion de la même action représentée par une force égale à+, perpen- diculaire au plan qui joint cette extrémité à la direction du con- ducteur, et passant par le pied de la perpendiculaire 2’, les deux forces réciproquement proportionnelles aux deux perpendiculaires g etg’, dont se compose l’action totale du cylindre sur un conduc- teur rectiligne indéfini se trouventainsicomplètement déterminées. Ce résultat appliqué à un cylindre infiniment court est la loi qu'avait proposée M. Biot (Annales de Chimie et de Physique, t.XV, P. 222 et 223), pour représenter l’action d’unemolécule magnétique sur un fil indéfini. Le même résultat appliqué à un cylindre de longueur finie devient la loi par laquelle M. Pouillet a repré- senté toutes les circonstances de l’action mutuelle d’un conduc- teur indéfini et d’un aimant, lorsqu'aux extrémités du cylindre on substitue les pôles de l’aimant. Si le cylindre est parallèle au fil conducteur, les deux forces sont égales et agissent suivant des droites parallèles dans des di- rections opposées. Il ne reste donc qu’une action pour faire tour- ner le fil et amener dans un plan perpendiculaire à l'axe du cylmdre. Equilibre d'un aimant entre deux fils conducteurs indéfinis. Je suppose un cylindre électro-dynamique très court mobile autour d'un axe vertical qui passe par son centre et soumis à l'action d’un fil conducteur situé dans le plan vertical mené par l’axe du cylindre. L'action du cylindre sur le fil se compose de deux forces perpendiculaires à ce plan et en appelant g la perpendiculaire abaissée du centre du cylindre sur la direction du fil, À la demi-longueur du cylindre, d'linclinaison du fil sur le plau horizontal, l’une de ces forces , en comprenant le numéra- teur 2 dans le coeflicient constant que je supprime pour abréger, « 1 g—À sin d°? g+Aas appliquées au fil à une distance = À cos d', de part et d’autre du pied de la perpendiculaire g. L'action du fil sur le cylindre se compose de deux forces égales aux précédentes qui leur sont directement opposées. Il faut concevoir leurs points d'application comme liés invariablement au cylindre; car si le fil était attaché Tome XCVI. FÉVRIER an 1823. 5 est représentée par l'autre par x et elles sont 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE! CHIMIE au cylindre, le système entier ne pourrait prendre aucun mouve- ment. La somme des momens des forces quitendent à faire tourner V’aimant autouf de l’axe vertical passant par son centre, est donc g sin d— xcos À gsindHacos à 22X g+asin d g—asind * g?—»#sin d” = : . 14: uns eil ANS 22 expression qui se réduit, quand on néglige =, à-——.Elleest donc en raison inverse de la distance g , et ne depend point de la direc- tion verticale, horizontale ou inclinée du conducteur. Ces. ce que M. Ampère a vérifié sur un aimant très court suspendu dans l’angle et dans le plan de deux fils conducteurs très longs, l’un horizontal, l’autre vertical. Quand les courans de ces conducteurs vont l’un et l’autre en s’éloignant ou en se rapprochant du sommet de l'angle et que les distances des deux fils au centre de laimant sont égales, l’aimant reste en équilibre, les actions qu'il éprouve sont donc alors égales et de signe contraire, comme cela doit être d’après le calcul précédent. Si le fil indéfini dans un seul sens est vertical, pour fixer les idées , et qu'il se termine au plan horizontal qui passe par l'extré- mité supérieure du cylindre, comme dans les expériences de M. Faraday, il tendra à se mouvoir autour de celte extrémité avec une vitesse qui décroit en raison inverse de la distance et qui reste la même, quelle que soit la direction du cylindre, lorsque le cylindre est très long par rapport au rayon du cercle décrit et qu'il est situé au-dessous du plan horizontal; c’est un cas particulier de ce qui a été dit sur un conducteur de forme quelconque. Il est facile de voir que dans ce cas les valeurs de z et de r à la première limite sont =, 3'=1, el à la seconde "=g, : si d z’—0, on a donc pour la valeur de la résultante f- nTe Les Ent et pourle momentde cetterésultante pris par rapport ETae ET RE USM 2 si d À à l'extrémité inférieure du fl f- te +i= 1.1] suit de la valeur de ce moment, que le point d'application de larésultante est sur Ja direction du fil à une distance de son extrémité infé- rieure égale au rayon du cercle décrit par celte extrémité." Si l’on supposelecylindrehorizontalet que l’on conserve les deux portions de l’action qu'il exerce sur le fil qui sont relatives à ses deux extrémités , on trouve les résultats auxquels M. Pouillet est ar- rivé dans ses expériences sur les aimans, à celte différence près, qu'aux extrémités du cylindre se trouvent toujours sublitués les pôles de l’aimant. En effet, le fil est sollicité par deux forces hori- ET D’HISTOERE NATURELLE, 19 Lou er: . ge. L . . zontales -, — -, perpendiculaires_aux droites qui joignent son extrémité inférieure aux deux extrémités du cylindre et récipro- quement proportionnelles aux distances mesurées par ces droites. Soient ces deux distances. AC = (fig. 3), BC—z", l'angle qu’elles forment ACB=—&«, la longueur du cylindre, AB=2À, on aura 2A= Vg'Æg"—2gpl cosa,et ;àcause que l'angle dés directions des deux forces est égal à m—x, la résultante des deux forces 1 1 2 cos JA . 1 1 22 R—. LE A7 Sn Mais— 1:09": g:.27,,ces : 5 6] PAROLE SERRE ‘trois forces sont doncentreelles comme les trois côtés g', g, 2 du triangle formé par l'axe AB du cylindre et par les deux distances AC, BC de sesextrémités au pied du fil; les forces =,—=, étant di- rigées suivant les perpendiculaires Ca, Cb aux distances AC, BC, si l'on mène par À etB, AD, BD parallèles à Ca; Éb, on aural'angle ACE — aCB— «7, ce qui donne Cb= -Ë Ca 8, CD 2 sin a 2 sin æ = V2 g— 299 cosa—= =, et par conséquent Cb : Ca 2 GDS: 8188" SPA Di9E à a Les côtés Ch, Ca du parallélo- gramme CaDb étant proportionnels aux forces qui agissent suivant ces côtés, leur résultante sera dirigée suivant CD , et comme les angles CAD, CBD sont droits, la direction de cette résultante est celle du diamètre du cercle circonscrit au triangle ABC , qui passe par le pied du fil. Il en résulte que si le cylindre ne peut que tourner autour de son centre, il sera en équilibre lorsque le pied du fil sera sur la circonférence dont l’axe du cylindre est un dia- mètre et que l’action changera de signe d’un côté à l’autre de cette circonférence. Si l’on suppose le cylindre fixe et le fil mobile, en appelant y la perpendiculaire CH et x la distance HO du milieu du cylindre au pied de celte perpendiculaire, enfin ds = j/%xLdx° l'élé- ment de la direction de la résultante R, la somme des: forces perpendiculaires à l'axeqlu cylindre sera 2 x A— T nu Foro tipo RS la somme des forces parallèles au même axe sera Mie VU REE, ro tone TRS; 5! 20 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE parce qu'on a g—= V/7° + (ax), g'= Vy* ++ x), et que . ; - sont les cosinus des angles quela résultante fait avec les x et les y. Eliminant R et ds, on trouve pour l'équation de la courbe que le fil doit décrire lorsqu'on suppose qu’a chaque instant la vi- tesse déjà acquise est détruite par un frottement ou résistance quel- conque, telle que celle du mercure, nn inférieure du r , ydy + +zx) dx dy — (ax) dx PR Le fil y est PIOnBRe, Gen 7 at Eee 7 0? dont 1 inte- grale peut être mise sous la forme y7*+(xæ—c)—=c—},c étant une constante arbitraire; cette courbe est donc un cercle dont le centre est dans le prolongement de l'axe du cylindre, puisque, dans l'équation que nous venons de trouver, V c— représente le rayon du cercle, et c la distance de son centre au point O, di- stance qui doit être plus grande que OA = À pour que la valeur de ce rayon soit réelle. Il était facile de prévoir ce résultat; car la courbe cherchée de- vant couper à angles droits toutes les circonférences qui passent par les points A et B, si l’on considère ces circonférences comme les projections stéréographiques sur le plan de la figure de tous les méridiens d’une sphère dont les pôles soient aux points A et B, toutes les projections stéréographiques des parallèles à l'équateur de la même sphère les couperont à angles droits, et seront aussi des circonférences parmi lesquelles se trouvera la courbe cherchée LMN. On en déterminera le centre E pour chaque posilion du point C, en circonscrivant un cercle au triangle ACB, et en lui menant, par le point C, une tangente dont l'intersection avec le prolongement de AB donnera le point E. Calcul des oscillations d'un cylindre soumis à l'action d'un conducteur angulaire indéfini. Je suppose un cylindre horizontal AB (fig. 4) mobile autour d'un axe vertical ah et soumis à l’action d’un conducteur DCD' indéfini de part et d'autre et plié symétriquement au-dessus et au-dessous du plan horizontal ABC. Il est évident que les deux moitiés CD, CD' exercent sur le cylindre des actions égales. 11 suffira donc de considérer celle qui est due à la partie supé- rieure. ù $ < On a vu, qu'en général, l’action du cylindre sur le fil recti- ligne, se compose de deux forces relatives à chacune de ses extré- Z — — ; etla EAN | C Tage sin Vdz miles ; leur expression commune ET ET D'HISTOIRE NATURELLE. 214 somme correspondante de momens prise par rapport au pied de L 3 HU . : sin V dz la perpendiculaire g abaissée sur la direction du fil f = RTE —Ê£HE, onaiciBC—, HC=—:, BH=g, BCD=7—V'; soient de plus aC — c et l'angle DCE —6, il viendra pour la partie de l’action du cylindre relative à l'extrémité Bentre les limites z'= sin Vdz 1 ï = ARS Ce ct =; lang; V', car g —7r" sin V”, et pour la distance du point où cette force est CHASE : . = r' sin* V” appliquée au point Hoù tombe la perpendiculaireg, HK= ="; r" cos V''etz—7r'— , =7r"(1+# cos V")—r"-+2", donc CK —BC—r". La force . tang : V° est perpendiculaire au plan qui passe passe par BC et par CD. Lorsqu'il s'agit de la réaction du fil , cette force doit être appliquée, en sens contraire de sa direction, au point K que l’on suppose invariablement lié au cylindre. Mais il est évident que si on la décompose en deux, l’une dans le plan DCE, l’autre horizontale et perpendiculaire à ce plan, la première sera détruite par l’axe fixe autour duquel le cylindre ne peut que tourner, la seconde qui produit seule le mouvement Z ne tang + V”. Car D est égal au cosinus de l'inclinai- son du plan BCD sur le plan DCE. Le moment de cette force par sp = cæ+r'cosé tang 6 AE rapport à l'axe de rotation est donc ——; * ang Vi (208 V’.On trouverait un terme semblable relatif à l’autre extrémité A du cy- lindre. La somme des momens autour de l’axe ah est donc, en nommant 7" et V!" les valeurs de r et de V qui y répondent que yrairf # Ce tang 6 a y" ec tang 6 Hess (5 + cos €) Rae Ve tang + V (5+cose ) Ene ve tang + V”. «+ Le cylindre est en équilibre quand son axe est perpendiculaire au plan CDE ; si on l’écarte très peu de cette position, il y revien- dra en oscillant de part et d'autre ; soient À la demi-longueur Aa de AB, 8 l'angle d'oscillation, on aura, en négligeant &°, est = Ve EN —2 08, COS ee cos6, M=Ve EN 0, cos VER cos6, x quand la longueur À est assez pelite pour que = soit négligeable 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les valeurs de »'’,r"", se réduisent à r"— 6, r=c+ 0, ce qui donne cos V'=cos V''= cos 6, et la somme des momens devient , 228 à — tang +6. Elle varie donc en raison inverse de la simple distance et proportionnellement à la tangente de la moitié de l’in- clinaison du conducteur sur le plan horizontal, ce qui diffère peu du résultat que M. Biot avait obtenu par expérience. Action mutuelle de deux cylindres. Soient À (fig. 5) l’une des extrémités d’un cylindre électro-dy- namique dirigé d’ailleurs d’une manière quelconque, O le centre d’un petit courant circulaire, AC et Ap deux perpendiculaires abaissées du point A, la première sur le plan de ce courant, la se- conde sur la direction du rayon OD, t #’ une tangente au point D et faisons AC—h, CO—c, OD—x, AD—7, ADI V, COD=%w, nous aurons =" +0 + a —2a'ce cos w. D'après ce que l’on a vu, la partie de l’action du cylindre relative à l'ex- sin V } : T4 da et elle est perpendicu- laire au plan AD. Je la décompose en deux, l’une suivant le rayon DO, l’autre perpendiculaire au plan du courant. Soit : l'inclinaison du plan AD£ sur celui du courant, la première force in V sinz sin V cosi SI PAR sera —;— d'do; la seconde DE a'dow. Mais sin V sin: trémilé À, sur le point D, est (4 sin ADC— À, et sin V cos = cos ADp= 22 . je dé- T r hadu 7 en deux ha'sinode T° 7 EU perpendiculaire à CO.-Les sommes de forces, pour la circon- férence entière, seront donc compose encore la première , dont la valeur devient Koies sn k ha! cos de nouvelles forces, l'une parallèle x CO, l’autre L2 « a d' ‘d perpendiculairement au plan du courant (opons 0e *2H ; À ha!:cos’ ad. parallèlement à CO rues —=C, :culai ha! sin ed. perpendiculairement à CO [ £ De “, toutes ces intégrales élant prises depuis @=0 jusqu'a w— 27; la dernière intégrale est évidemment nulle, comme l’exigeait la symétrie de la figure, qui montre de plus, ce qu’on prouverait d'ailleurs facilement, queles forces H et C sont dans le plan ACO. —ET D'HISTOIRE NATURELLE, 23 Pour déterminer le point auquel ces forces sont appliquées, je remarque que la somme de leurs momens autour d'un axe per- pendiculaire à CO et passant au point A , est 3 a' cos adw c cos &— a) (c— a cos &) ado TE + f° 1e ) NT. Quand on suppose le rayon 4’ très pelit, comme on l'a fait pour le. premier cylindre, et. comme on peut toujours le faire, lors- qu'il s’agit de comparer l’action des cylindres à celle des aimans, les intégrales deviennent, en supprimant dans les valeurs de H et de Cle facteur 74° qu’on peut supposer compris dans les coefliciens qui dépendent de l'intensité des courans et en représentant, après l'intégration , la distance AO par r, PER ECS 8H GS Em eu TT om / d , sin? odo Ré (= def )—0. La dernière expression prouve que la résultante de toutes les forces passe au point A. On peut donc considérer les forces H et C comme appliquées à ce point, Je suppose maintenant que le cercle dont le centre est O soït une section faite dans un cylindre perpendiculairement à son axe. Une tranche du cylindre, dont l'épaisseur est représentée par 4h, donne relativement au point À les forces Hdh, Cdh, el, à cause de kdh =rdr, l'action du cylindre entier est parallèlement à 4 fut [(S-M)= LE, T 3 parallèlement à c fedi= 3 F=-£$+ ST k',r! se rapportant à une extrémité du cylindre, et X", r" à l’autre. L'action du point A sur le cylindre, est donc composée de deux forces, l’une attractive, l’autre répulsive , agissant en raison inverse du carré de la distance de ce point aux exlrémilés de l’axe du cylindre et dirigées suivant les droites qui joignent ce point à Pass , » ,» 1 ces extrémités. Car ces forces étant alors représentées par et L s à . h' h" — 77; leurs composantes parallèles à le seraient par I 7) N : c c J el leurs composantes parallèles à c par — A Je n'ai considéré que la partie de l’action du premier cylindre sur le second , qui est relative à l'extrémité À. Onarriverait , relativement _ 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à l’autre extrémité, à des résultats semblables. L'action de deux cylindres, se réduit donc à quatre forces, deux attractives et deux répulsives dirigées suivant les droites qui joignent deux à deux leurs extrémités ; comme si ces points exercaient l’un sur l'autre pour s’attirer ou se repousser, une aclion variable en raison inverse du carré de la distance. Il est aisé de voir, en sui- vant la marche du calcul que ces forces sont attractives entre deux extrémités, dont l’une est à droite et l’autre à gauche des courans du cylindre auquel elle appartient, et répulsives entre deux ex- trémités qui se trouvent dans chaque cylindre, du même côté de ces courans. Si l’on substitue aux extrémités des cylindres les pôles de deux aimans , le résultat précédent est la loi même par laquelle Coulomb a représenté ses expériences sur la direction que prend une aiguille aimantée mobile soumise à l’action d’un long barreau aimanté, du moins à des distances un peu grandes des pôles. On peut déduire des formules Gécédontes la loi par laquelle MM. Biot et Bowditch ont représenté l'inclinaison de l'aiguille aimantée à la surface du globe; mais; pour pouvoir les appliquer à ce cas, il faut supposer qu’on peut se borner à considérer l’ac- tion des courans terrestres situés à des distances de son centre assez petites pour qu’on puisse négliger, dans le calcul , les puissances supérieures de leurs rayons et des distances de leurs centres à celui de la terre, supposition qu’on ne doit considérer, tout au plus, que comme une approximation plus ou moins éloignée de ce qui se passe réellement dans l'intérieur de notre globe. Soient AB (fig. 6) le cylindre fixe dont on suppose que l’action remplace celle de la terre, ab le cylindre mobile autour de son centre c qui représente l'aiguille d’inclinaison, soupposons-le situé dans le même plan que AB, et nommons À, À! les’ demi- longueurs AC, ac; r la distance Cc; r', 7", r',, r”, les distances Aa, Ab, Ba, Bé;x, y les coordonnées CH, Hc; p la perpendi- culaire abaiïssée du point C sur ab; enfin y l'angle 4DC, ce qui La £ . Fe é l | : doune = — 7 pour l'angle que formentles axes des deux cylindres La somme des momens qui tendent à faire tourner l'aiguille ab autour du centre c, est évidemment FA 1 1 1 1 NE (P+ À cos y) Gr+s)—(p—A cos y) (+2) |: or on peut regarder les distances r,', r,", r', r"', comme formées de la distance r éprouvant, par le déplacement des points « et C vers les points a, b et A, B, des variations auxquelles on pourra ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35 appliquer les règles du calcul différentiel, à cause que les lon- ueurs ab, AB, des deux cylindres sont supposées très petites, de plus comme le point e est le milieu de ab, les variations rela- tives au déplacement du point c vers « ou à seront égales et de signes contraires, je les représenterai par dret — dr, et comme le point C est aussi le milieu de AB, je nommerai Ar et — Ar, les variations relatives au déplacement du point C vers À ou B, alors 1 Æ 1 3(Ar+ dr) NU AU A 3 (Ar — dr) MARTEL AM RUT À ? LU NAÉ 3(Ar—dr) das 1 5(Ar+dr) Sn re ps A ce qui reduit à l'expression de la somme des momens à 3pAr à cos 1 p Cos y à ( Con LR ) + s Mais , lorsqu'on regarde l’action de la terre sur l'aiguille 4 comme produite par le cylindre électro-dynamique dont l'axe est AB, l'équateur magnélique-est nécessairement considéré comme une courbe plane dont le plan perpendiculaire à AB rencontre celui de la figure dans la droite. CD; l'angle DCc est la latitude relative à cet équateur ; je la nommerai /, et je désignerai par 2 l'inclinai- son de l'aiguille 42 sur le plan de l'horizon qui est perpendiculaire “ , LA « F7 « : à Ce; alors l'angle Cca=—®—1, y==—i—1l, pæreosi, et comme, d’après le signe donné à cos}}, r diminue quand le point C est porté en À, on a Ar——2 sin /; ces valeurs réduisent celle que nous venons de trouver pour la somme des momens à 4 AN [sin (14 7)—3cosisin/] —— — Cette quantité doit étre nulle quand l'aiguille .&b est dans la si- tuation où elle reste en équilibre, on a donc alors sin (+ {)=53 cos? sin /, ou tang i=2tang /. Telle est en effet la forme sous laquelle M. Bowditch a exprimé les variations générales d'inclinaison de l'aiguille aimantée, à différentes latitudes. On sait, au reste, que cette formule ne représente avec assez d'exactiltude que les observations faites dans des lieux qui ne sont pas à de très grandes distances de l'équateur magnétique. Tome XCV.I FÉVRIER an 1823, 4 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE OBSERVATIONS GÉNÉRALES Sur les lois de la distribution des Animaux sug le Globe ; Par M. MARCEL DE SERRES (1). Ir. en est de la distribution des êtres organisées sur les diverses parties du globe, comme de tous les autres phénomènes du monde physique. Au milieu du désordre apparent, qui semble paître de l'influence d’une multitude de causes locales, onrecon- naît les lois immuables de la nature, dès qu’on fixe les yeux sur une certaine étendue de pays, ou qu'on emploie une masse de faits dans laquelle sé compensent mutuellement les perturbations partielles. Sans doute, en n'envisageant les productions naturelles d'un pays que dans un_très petit espace, comme nous allons le faire, on ne peut espérer de remonter à ces lois générales et pri- mitives, quisemblent avoir fixé telle ou telle race ou telle ou telle famille d'animaux dans une région déterminée; mais du moins, à l'aide de cette étude, on peut avoir quelque idée de la distribu- tion des espèces des différentes familles d'animaux, ainsi que sur le rapport de cette distribution avec la température moyenne an- nuelle, propre à ce même climat. C’est là le but de toutes les faunes particulières ou de ces catalogues d'animaux propres à telle ou telle contrée, ou seu- lement propres à tel ou tel canton. À la vérilé, pour donner une idée exacte des productions d'un pays, il ne suflit pas de s'assurer si telle ou telle espèce y existe, mais il faut rendre compte du nombre relatif des espèces de chaque famille, de l'importance réelle de la famille, et des individus ou des espèces qui la composent. Ce dernier apercu est surtout indispensable, EEE EE RE AT OR RE QD LT EP 16 2e POGNENNSRE EE Le + (1) Ce Mémoire fait partie d’un Essai pour servir à l'histoire des animaux du midi de la France et surtout des espèces que l'on observe dans le départe- ment de l'Hérault et qui peuvent servir à caractériser la bande isotherme de 15 à 20°, dans laquelle se trouve compris ce département. (R.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27 Torsqu'il s'agit de fixer la distribution proportionnelle des espèces de végétaux de chaque famille, parce que c’est l’importance réelle de telle ou telle famille qui détermine l'aspect d’un pays, et qui, enfin, a le plus influé sur l’état social des peuples, comme sur leurs mœurs et sur le développement plus ou moins rapide des arts. Les questions que fait naître ce beau sujet d'observa- tion, ne se réduisent pas à de simples questions d'histoire natu= relle; elles se lient, ainsi que nous venons de l’observer à toute Yhistoire des hommes. Il semble que dans la distribution des corps organisés sur ce globe, les uns sont encore fixés dans les climats où ils ont été placés par suite d’une distribution originaire ou primordiale (1); d’autres, au contraire , se sont peu à peu soustrails à celle pre- mière distribution, pour aller se répandre partout où les in- fluences locales ne pouvaient arrêter leur propagatid®. Il serait sans doute d’un haut intérêt de distinguer les êtres organisés sous ce double point de vue, mais ce sujet est d’un ordre trop élevé et demanderait trop de détails pour trouver sa place ici. Qu'il nous suf- fise d'observer que cette distribution originaire des êtres organisés sur ce globe est admirable, considérée dans son ensemble comme dans ses moindres détails. Ce n’est pas sans surprise que l’on voit les plantes et les animaux les plus utiles à FPhomme être le plus généralement répandus, et pouvant par conséquent, comme l'homme lui-même, supporter les degrés les plus opposés de température, comme les pressions barométriques les plus dif- férentes, ou, en d’autres termes, les profondeurs les plus con- sidérables, comme les élévations les plus extrêmes. De même que, dans la nature inanimée, nous voyons les roches granitiques et siliceuses être les plus abondantes dans les régions du Nord, et les calcaires être les roches les plus fréquentes des régions mé- ridionales, distribution qui était nécessaire pour compenser le plus ou moins de besoin d'eau que les végétaux éprouvent dans ces deux zônes opposées; de même, parmi les végétaux, les gra- minées, les palmiers et les conifères sont les familles les plus répandues, mais encore leurs espèces paraissent les plus nom breuses et les plus essentiellement utiles dans les contrées où lhomme trouvait en même temps toutes les circonstances qui A — (1) La création a sans doute répandu dans les diverses parties de la terre des types, dont l’organisation est assortie à la condition physique de chaque localité. . 4, 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE-CNIMIE pouvaient le plus favoriser sa propagation; car si la répétition fréquente des mêmes espèces produit de la monotonie dans la nature, la rareté des espèces utiles est peu favorable à l’accrois- sement de la population. Pour bien démêler les lois de la distribution des êtres vivans, il faut d'abord reconnaitre quelles sont les stations et.les habitations propres aux différentes familles comme aux différentes espèces, s'assurer si telle famille augmente ou décroit en allant du pèle à l'équateur, ou de l'équateur au pôle, et dans quelle proportion les diverses familles sont entre elles, soit par rapport à une ré- gion déterminée, soit relativement au globe terrestre, considéré dans son ensemble. C'est ainsi que, d’après les immenses collections rassemblées dans les musées de Paris, M. de Humboldt a fait voir que l’on connaissait sftr de globe entier près de 56,000 espèces de plantes cryplogames et phanérogames, nombre qui parait à M. de Candolle bien au-dessous de la vérité (1). Aussi cet habile botaniste se demande quelle proportion du nombre réel des végétaux du globe représentent ces 56,000 es- pèces déjà acquises pour la science? Si J’on calcule, observe-til, que c’est depuis trente ans que le grand nombre a été receuilli; si l’on compare le nombre proportionnel desespèces européennes et étrangères; si, enfin, on cherche à se faire une idée de l'étendue des pays peu ou point parcourus par les botanistes et du nombre des végétaux qu’ils doivent renfermer, on arrive par ces voies diverses à ce même résultat, qu'il est probable que nous n'avons encore recueilli que la moitié des végétaux duglobe, et que par conséquent le nombre total des'espèces peut être évalué entre 110,000 et 120,000, nombre immense, qui tend à prouver ladmirable fécondité de la nature. Ainsi, les lois de la géogra- phie botanique ne sont guère établies que sur la connaissance encore incomplète d’un quart des végétaux du globe. Quant au nombre des animaux connus sur ce globe, il paraï- trait que nous connaissons environ 500 espèces de mammiferes, 4,000 oiseaux, 700 reptiles, 2,500 poissons et 44,000 insecles. D'après les recherches de M. de Humboldt, il y aurait dans l'Eu- rope seule à peu près 80 mammifères, 400 oiseaux et 5o rep- tiles; il y a par conséquent, sous cette zône tempérée boréale, cinq fois autant d'espèces d'oiseaux que de mammifères. @) Annales de Chimie, mai 1891, p. 268; Essai de Géographie botanique, par M, de Candolle , 18° vol. du Dictionnaire des Sciences naturelles, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 20 D'après le même savant, et le résultat des recherches faites ré- . cemment au Cap de Bonne-Espérance par M. Delalande, compa- rées à celles de MM. Temminck et Levaillant, il parait que dans cette partie de la zûne tempérée australe, les mammifères sont aussi aux oiseaux — 1: 4,5. Une telle concordance entre deux zùnes opposées, est assez frappante. Les oiseaux, et surlout les reptiles, augmentent beaucoup plus vers la zûne équatoriale que les mammiferes. D’après les découvertes de M. Cuvier sur les ossemens fossiles, et celles des divers observateurs qui depuis ce savant se sont oc- cupés de leur recherche, il paraîtrait que ces rapports n’ont pas été les mêmes dans tous les temps, et qu’il a disparu, dans les anciennes catastrophes de notre planète, beaucoup plus de mam- miféres que d'oiseaux. Du moins, le nombre d'espèces d'oiseaux découverts à l’état fossile estinfinimentrestreint, tandis queceluides mammifères est assez étendu et s’augmentetoujours de plusen plus, à mesure que lesobservations se multiplient. Ainsi, loin que parmi les fossiles il y ait quatre fois plus d'oiseaux que de mammifères, le nombre de premiers est bien au-dessous de celui des seconds. On peut en êlre étonné, tandis qu’on concoit fort bien la cause de la plus grande proportion des poissons fossiles comparés aux autres débris d'animaux que l’on découvre dans les entrailles de la terre. En effet, d’après la succession des êtres que nous mon- trent les fossiles, on reconnaît bientôt que les animaux terrestres ont paru les derniers, et qu'ils n’ont commencé à se propager que lorsqu'il y avait assez de terres sèches pour fournir aux besoins de leur existence. C’est donc lorsque la plus grande partie de nos continens actuels étaient au-dessous des eaux, ou si l’on veut lorsque notre planète offrait encore peu de terres sèches, que notre globe a le plus éprouvé de révolutions. Aussi, les animaux qui y ont succombé, et que nous découvrons dans les couches de la terre, appartiennent plutôt à des espèces qui vivaient dans le sein des eaux, qu'a des espèces qui avaient besoin de terres sè- ches pour exister. Les zoophytes, les mollusques et les poissons de mer remplissent, pour ainsi dire, les couches secondaires de nos conlinens, et avec une telle abondance, que, dans certaines localités, le nombre de leurs espèces s'élève souvent à plusieurs centaines,lorsqu’il ne va pas au-delà de mille. Non-seulement le nombre des espèces qui se trouve dans ces couches est considé- rable; mais, ce qui l’est bien plus, c’est celui des individus de ces espècesmarines. Chose non moinsdigne de remarque, pendant que des couches nous montrent des geures nombreux en espèces to< 50 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE talementinconnues dans lanature vivante, d’autres deces couches nous présentent des genres qui ont long-temps persisté ef qui se montrent avec les mêmes circonstances quecelles qu’ils présentent encore aujourd'hui. Tels sont Ics ammonites parmi les genres perdus , et les huîtres parmi les genres actuellement existans. Les formes de ces genres ont long-lemps persisté, puisque l’on en découvre dans de terrains d’ages extrémement différens. Mais en général les huitres y sont disposées comme elles le sont encore aujourd'hui dans le bassin des mers, c’est-à-dire, en bancs d’une étendue plus ou moins considérable | D'après ces faits, si les rapports que l’on observe entre les dif- férentes classes d'animaux qui habitent sur nos continens, ne sont pas les mêmes que ceux des animaux détruits, la même dif- férence se reproduit lorsqu'on compare les animaux marins vivans avec les espèces marines fossiles. Non-seulement les rap- ports de classe à classe ou d'ordre à ordre ne sont pas les mêmes, mais encore ceux de genre à genre ou d'espèce à espèce. Tout ce qui peut y avoir, dans certaines circonstances, de commun entre les espèces détruites et les espèces actuellement vivantes, tient à leur station, qui, quelquefois, comme nous venons de l'in- diquer pour les huîtres, ne paraît pas être différente de celle qu'elles ont actuellement. Il n’en est pas de même de l'habitation ; car on sait combien il est rare que les espèces fossiles se trouvent dans les lieux où l’on peut supposer qu’elles ont vécu. Pour mieux nous faire entendre, nous rappellerons que l’on en- tend par station la nature spéciale de la localité dans laquelle chaque espèce a coutume de se trouver, et par celui d'habitation, l'indication générale du pays où le corps vivantexistenaturellement, par suile de la distribution originaire des êtres sur ce globe. Le terme de stalion est essentiellement relalif au climat et à la nature d'un lieu donné; celui d'habitation est plus relauf aux circonstances géographiques et même géologiques. La station du chamoiïs est dans les lieux montagneux, comme celle du thon dans le bässin des mers : l'habitation de ces deux animaux est em Europe. Le lama a bien, comme le chamoiïs, pour station, les lieux montagneux, mais son habitalion est en Amérique. C'est donc à l'étude des habitations que l’on doit donner le nom de géographie zoologique où botaniqte, suivant qu’elle s'applique aux animaux ou aux plantes; tandis que l'étude des stations est, pour ainsi dire, de la Topographie, ou la connaissance de la nature et de l'espèce du sol dans lequel se trouve chaque espèce d’être. Sans remonter aux causes primordiales de la distribntion dés ET D'HISTOIRE NATURELLE. 31 êtres sur ce globe, on reconnait que, dans une région bornée, les animaux se distribuent uniquement par les besoins que leur imposent les conditions de leur existence. Ainsi, les uns veu- lent un sol humide, d’autres des sables mobiles, d’autres des eaux profondes et salées, d’autres, enfin, des eaux douces et courantes; en sorte que l’on peut se demander si ce ne sont point ces conditions d'existence, fixées à chaque espèce, qui ont déterminé les habitations. Quoiqu'il soit probable de le penser, nous sommes loin encore de pouvoir le démontrer, tant les lois d'habitation sont compliquées , et même sujettes à éprouver des variations , lorsque des circonstances qui favorisent telle ou telle condition d'existence, viennent à se modifier par degrés. Tous les animaux sont doués de moyens de reproduction et de nu- iilion plus ou moins efficaces. Les premiers qui s’établissent par hasard dans une localité donnée, tendent, par cela même qu'ils occupent l’espace, à en exclure les plus petits; les plus vivaces remplacent ceux dontla durée est la plus courte ; etles plus féconds et les plus forts s'emparent graduellement de l’espace que pourraient occuper ceux qui se multiplient plus difficilement, ou qui peuvent opposer le moins de résistance. Ainsi, les animaux, d’après leur organisation, ont des con- ditions d'existence totalement différentes; les uns ne peuvent pas vivre là où ils ne trouvent pas une certaine quantité d’eau salée ; les autres, là où ils n’ont pas, à telle époque de l’année, telle quantité d’eau douce, ou telle intensité de lumière s0- laire, ou tel degré de température, etc. Il résulte de ce besoin de certaines circonstances, que les animaux pour lesquels elles sont nécessaires, ne peuvent point vivre ni se perpétuer dans les lieux où ils ne sauraient les rencontrer. C’est là probablement une première cause de la distribution locale des animaux. Les conditions d’existence de chaque espèce ne sont pas non plus rigoureusement fixes; elles admettent une certaine latitude entre des limites. On pourrait, pour chaque espèce, déterminer le point qui convient le mieux à sa nature, relativement au degré de chaleur, de lumière, d'humidité, etc., qu’elle doit recevoir, pour être au plus haut point de prospérité possible. Ce point une fois déterminé, on ne tarde pas à reconnaitre que chaque espèce peut s’en écarter en plus ou en moins, dans des limites quelconques. Lorsque ces limites sont très rapprochées, l'animal est plus délicat dans le sens de l'extension qu’il peut donner à son habitation primitive. Il ne peut vivre alors que dans un petit uombre de localités, et ne peut, par le même motif, nise natu- ot 2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE raliser , ni s'élever facilement; telles semblent les grandes espèces du genre chat, et les animaux que toute l’industrie de l'homme n'a pu entrainer avec lui. Lorsque ces limites sont larges, les animaux peuvent vivre dans des localités diverses, et plus aussi il est facile de les élever et de les naturaliser au loin; tels sont les animaux domestiques que l’homme a su plier tellement à ses ca- prices, que dans les uns il a obtenu des variétés qui, pour la taille, peuventdifférer comme 1 à 5, dans les dimensions linéaires, ce qui fait plus du centuple de la masse. Ces faits nous annoncent qu'il est des degrés infinis entre les espèces d'animaux , sous le rapport du pouvoir qu’elles ont de surmonter les conditions qui semblent assignées à leur existence. Il paraît, par exemple , que les animaux sauvages sont ceux qui en triomphent le moins , puisqu'ils sont retenus dans les espaces les moins étendus. On remarque même que les espèces herbi- vores, à l’état sauvage, semblent plus restreintes, que lescarnas- sières dans leur dispersion, parce que l’espèce de la nourriture se joint à la température pour les arrêter. C'est cependant les herbivores dont l’homme a le plus fait la conquête, qu'iltransporte dans les climats les plus divers, qu'il a assujettis aux régimes les plus opposés, en leurmesurant à la fois le travail et la nourriture, pour mieux montrer qu'il est le roi de la nature et l'arbitre de la destinée des animaux, qui ne peuvent échapper à son empire. On peut conclure de ces faits, et d’autres bien connus, qu'il serait trop long d'indiquer ici, que dans chaque localité, parmi les animaux qui peuvent y vivre, ceux qui y prospèrent davan- tage tendent à s'emparer de l’espace et à en exclure les espèces qui y sont plus languissantes; seconde cause de la distribution locale des animaux et de la tendance naturelle de chacun d'eux à vivre là où ils peuvent le mieuxremplir les conditions d'existence qui leur ont été assignées. On pêut facilement, de ces considérations générales, déduire l'explication d'un fait observé dèslong-temps ; savoir: qu'il existe des espèces dont on trouve le plus souvent les individus épars et solitaires, et d’autres dont les individus naissent rapprochés et comme réunis en sociétés nombreuses; ceux-ci ont dù êlre con- sidérés comme des animaux sociaux, tandis que les premiers ne peuvent être regardés que comme des animaux solitaires. Cette différence s’observe non-seulement entre les mammifères ou les animaux de l’organisation la plus élevée, mais elle est peut-être encore plus sensible à mesure.que, des oïseaux, des poissons, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 33 des reptiles et des mollusques, on descend jusqu'aux animaux ar- ticulés. Les insectes sont, de tous les êtres vivans, ceux où l’on voit le plus de véritables sociétés composées d'individus desmêmes espèces, guidées par des lois uniformes , vers un but auquel ten- dent tous les efforts, but qui n’est autre que l'avantage de chacun des membres de la societe. Si les castors nous présentent , parmi les mammifères, la plus grande perfection de l’état social des animaux, les abeilles et les fourmis ne nous offrent pas des exemples moins frappans de ce que l'instinct peut produire de plus merveilleux et de plus approché de l'inteNigence. Parmi les oiseaux , il est également quelques espèces qui volent, font leur nid, et couvent en société; tel est lani des savanes (crotophaga ani, Linnœus ), plusieurs espèces de perroquets, et dans nos pays, certaines espèces de pigeons el de passereaux. Heurêhsement pour l'homme, et peut-être par suite de son influence sur les animaux qui auraient pu lui disputer l'empire de la terre, leur sociabilité parait assez en raison inverse des moyens et de la volonté qu'ils auraient eue de lui nuire. Si les animaux du caractère le plus féroce (x) et les plus sauvages savent peu se réunir en troupes nombreuses, pour jouir en commun des avantages de leur réunion, ceux, au contraire, qui ont des mœurs paisibles, comme, par exemple, les solipèdes et les ru- minans, se rassemblent en grandes tribus el pourvoienten commun à leur subsistance , sans crainte et sans danger, n'ayant rien à re- douter les uns des autres. Si l’on cherche ensuite à reconnaître les causes qui semblent avoir déterminé le plus grand nombre d'espèces d'animaux que Jon observe dans un pays donné, comparé à une autre contrée, on verra qu'elles dépendent principalement d’un plus grand mombre de stations que présente ce même pays. En effet, plus «un pays donné présente de’stations et de sites différens, avec des températures diverses, plus il offre un grand nombre d'espèces d'animaux et même de végétaux. C’est parce que le département de l'Hérault présente une grande variété de température , comme de stations, qu'il doit réunir une grande diversité et un grand nombre de productions soit animales, soit végétales. On sent que le résultat de celte multiplicité d'espèces différentes, sur un sol A (1) On sent bien que nous entendons ici, par les animaux du caractère le plus féroce ,ceux qui, avec de puissans moyens de nuire ,'en ont la volonté, indépendamment de Jeurs besoins , qui est leur guide naturel. Tome XCV I. FÉVRIER an 1823. 5 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de peu d’eétendue, doit donner à un pays toutela variété possible, en même temps qu'il en rend l'aspect singulièrement pittoresque. Les détails dans lesquels nous entrerons, en rendant compte des di- vers animaux qui vivent sur le sol de ce département, rendront encore ce point de fait plas sensible dans ses résultatscomme dans ses conséquences. Il semble qu’il n’en est pas de même pour les espèces de la nature inorganique, car c’est dans les régions les plus froides, comme dans les lieux les plus élevés de la terre, que l'on découvre en place, sur une surface donnée , le plus d'espèces organiques différentes. Que l’on compare le nombre des espèces minérales que l’on trouve dans un lieu limité de la Suède, par exemple, avec celles que l’on rencontre dans un espace de même étendue de la France, et l’on verra combien est grande la différence. Si l’on suit cette comparaison entre les lieux montagnéüx d’une certaine élévation et les plaines qui ne sont élevées que de quelques toises au-dessus du niveau des mers, on verra combien peu les plaines offrent d'espèces minérales différentes, relativement à celles qui existent dans les montagnes qui les couronnent. La cause de cette différence tient, d’une part, à ce que les roches primordiales abondent plus dans le nord des continens qu'au sud, au moins dans les contrées bien connues du plus ancien des continens , et que les terrains primordiaux, formés en vertu d’une véritable cristallisation, sont aussi ceux qui ren- ferment le plus de roches et d'espèces chimiques différentes. Les terrains sécoudaires ont, au contraire, une simpheite et une unt- formité telles, qu’ils ne recèelent jamais qu’un petit nombre de composés chimiques. Aussi ne peut-on guère distinguer ces terrains entre eux que par la nature et l’espece des fossiles qu'ils renferment. Quant au lieux montagneux , la raison de leur plus grand nombre de roches et d'espèces minérales tient aux mêmes causes, puisque les montagnes sont d'autant plus anciennes et d'autant plus composées de roches cristallisées, que leur éléva- tion est plus considérable, ce qui revient à dire qu’elles ont un nombre d'espèces minérales différentes d'autant plus grand , qu’elles sont plus anciennes, plus élevées et plus formées de masses roduites par une véritable cristallisation. Si le nord de l’Europe, et peut-être de l'ancien continent, offre beaucoup plus de roches granitiques ou siliceuses et felds- pathiques que le midi, qui, en général, est calcaire, la cause pourrait bien ‘dépendre, ainsi que nous l'avons indiqué, de ET D'HISTOIRE NATURELLE: 85 ce qu'il fallait, dans les régions septentrionales où 1l pleut sou- vent, comme daus les lieux montagneux, des terres qui laissas- sent écouler l'eau facilement. Dans le midi, au contraire, où, comme dans la plupart des plaines, les pluies sont moins abon- dantes (1), les terres devaient, pour être fertiles, retenir l’eau avec une grande force, afin que la pelite quantité qui les arrose se conservät le plus long-temps possible. De là résulte la diffé- rence queles cultivateurs des divers pays attachent à l’idée qu'ils se font d'une bonne terre, puisque, selon les-uns, une terre, pour étre fertile, doit se laisser pénétrer facilement par l'eau et la laisser passer sans en retenir; tandis que, selon les autres, elle doit la conserver avec d’autant plus de force et de raison, que, comme elle en recoit peu, celte eau est plus nécessaire aux végétaux qui viennent s’y élablir. On peut donc conclure de ces faits que , si les pays méridio: naux offrent en général la plus grande variété possible dans Ja uature vivante, les pays septentrionaux, comme les lieux qui offrent une certaine élévation au-dessus du niveau des mers, sont ceux où la nature inorganique développe le plus sa fécon- dité. Cette diversité dans la nature, et par suite dans la structure et la disposition des roches des pays montagneux, contribue pour beaucoup à donner aux montagnes cet aspect pittoresque et im- posant, qui leur prête un charme tout particulier. La monotonie des plaines, considérée dans les effets de la nature inanimée, est, au contraire, une suite du petit nombre de roches qui s'y montrent à découvert. Au lieu de ces cimes élancées et pyra- midales qui s'élèvent avec une sorte de fierté et se dessinent avec variété sur les lons vaporeux du ciel, à peine y apercoit- on quelques mamelons de rochers élevés de quelques pieds au- dessus de leur niveau; et ces mamelons de rochers ne peuvent Jeur donner cet aspect grandiose qui frappé dans la moindre chaine de montagnes. (1) Pour prouver ce que nous avançons ici, nous rappellerons qu’à Montpel- fier , élevé d'environ 48 mètres au-dessus du niveau de Ja Méditerranée ; il tombe en résultät moyen 28 pouces 3 lignes d'eau; à Saint-Etienne-de-Valfrancesque, situé au pied des Hautes-Cévennes, à 6 lieues au nord de Montpellier, 49 pouces 1 ligne; et enfin à Saint-Jean-de-Bruel, au pied d'un des axes granitiques des Cévennes, le Saint-Guiral , d'uneélévation de 1415 mètres , dé 51 pouces 5 lign. Les exemples pris dans notre pays, démontrent assez que la quantité de pluie qui tombe annuellement est en proportion de l'élévation au-dessus du niveau des mers, du pays où on l’observe. 5. 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sas nous étendre davantage sur un sujet que nous ne pour- rions traiter acluellementavec tous les développemens qu’ilmérite- rait, reprénons la discussion des faits relatifs aux causes secon- daires de la distribution des animaux sur ce globe. Les animaux, considérés ‘sous le rapport de leur station, peuvent être, ce semble, compris dans quatre classes princi- pales (1). di Ces quatre classes se rapporteraient, 1°. aux animaux marins , qui n’abandonnent jamais le bassin des mers, où ïls se distri buent, soit dans le fond, soit dans les couches moyennes, soit dans les couches d’eau les plus supérieures, selon le degré de salure des eaux et selon le besoin de lumière et de chaleur qu'éprouvent les différentes espèces. D’autres causes influent également sur la distribution inégale des animaux dans le bassin des mers; ces causes peuvent tenir au degré habituel d’agitation des eaux, à la continuité ou l'intermittence que peut avoir leur immersion, et même à la nature et au degré de tenacité du sol. 2°, Aux animaux intermédiaires , que l’on pourrait aussi appeler maritimes , parce qu'ils vivent tour à tour dans des eaux douces, d'un certain degré de salure, dans des terrains salés et dans des gaux totalement douces, comme sur un sol qui n'offre pas de salure sensible. Les espèces les plus robustes de ces animaux intermédiaires, sont celles qui résistent le mieux aux circon- stances, qui font varier l’état des eaux ou des terrains sur les- quels elles vivent; maïs toujours est-il que ces espèces méritent bien le nom d’intermédiaires que nous leur avons donné le premier, puisqu'elles forment, pour ainsi dire, le passage des espèces des eaux salées avec celles des eaux douces. On peut borner aux classes des cétacés, des poissons, des reptiles, des mollusques, des crustacés, des insectes et des zoophytes, les animaux qui jouissent de la faculté de pouvoir vivre alternative- ment dans les eaux douces et salées. 3°. Aux animaux des eaux douces , que l’on peut distinguer en deux ordres, c’est-à-dire, ceux qui ont besoin d’eaux courantes et ceux qui se contentent d'eaux slagnantes ou même de la petite portion d'eau qui recouvre les terrains inondés. Si les (1) Voyez les Mémoires sur les terrains d’eau douce, publiés par M. Marcel de Serres, dans le tome LXX XVII du Journal de Physique, et dans le tome VI des nouveaux Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle, où cet observateur a dé- yelopé quelques-unes des questions qui se rattachent aux stations. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 37 espèces de poissons d'eau douce sont plus restreintes que celles des mers (rapports qui ont été les mêmes dans les temps d’au- trefois , ainsi que nous l’apprennent les fossiles}, il y a aussi plus de mammifères qui vivent dans ces eaux que dans celles des mers. 11 existe , en outre, un assez grand nombre de reptiles, de mol- lusques, de crustacés, d'insectes et de zoophites, qui sont parti- culiers aux eaux douces , el qui, dans l’état actuel des choses, ne paraissent jamais les abandonner. Les animaux des eaux douces fixent maintenant l'attention des géologues, parce que, incapables de traverser les bassins des mers, 115 donnent aux continens et aux grandes îles, selon la distribution géographique des espèces , un caractère particulier. Ils intéres- sent en même temps l’histoire naturelle descriptive, parce qu'ils ont élé jusqu'ici beaucoup plus négligés que les espèces des mêmes classes, qui appartiennent à l'Océan, ou qui se trouvent dans des eaux saumätres , à l'embouchure des fleuves. 4°. Aux animanx des terres sèches, que l’on peutégalementdistin- gueren plusieurs ordres; savoir: en animaux desroclers ou des lieux montagneux ; en animaux des plaines ou des déserts, parmi les- quels on peut comprendre les espèces qui vivent parliculière- ment dans les lieux sablonneux ; en animaux des forêts; et enfin en animaux- souterrains, c'est-à-dire, qui vivent presque con- tinuellement dans l’intérieur de la terre et dans les galeries qu'ils savent s’y creuser. Il ne faut pas croire que, si les animaux des terres sèches .sont peut-être aujourd'hui égaux en nombre aux animaux marins et des eaux douces, il en ait toujours été de même. Du moins, d'après ce que nous apprennent les fossiles, 1l paraît que, dans les temps d'autrefois, les animaux aquatiques étaient dans une proportion bien supérieure à celle des animaux terrestres. Nos couches secondaires sont remplies de débris des premiers, tandis que l’on y reconnait à peine quelques traces des seconds; leurs restes ne paraissent même que très tard sur celte scène de destruction. Le département de l'Hérault offrant, par sa situalion géogra- phique, ces quatre modes principaux de station, nous présente aussi les animaux qui exigent ces diverses conditions; sans doute il réunirait un moindre nombre d'espèces d'animaux, si, à ces conditions principales , ne venaient se joindre celles de la tem= pérature, de l'intensité de la lumière et d’une grande variété dans l'élévation de son sol, qui n’ont pas une moindre influence sur la propagation des diverses races d'animaux. Seulement on 35 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ue doit pas s’altendre à rencontrer, dans ce département, les espèces qui exigent un sol ombragé ou de vastes forêts, puisque notre sol est en général découvert, peu garni de grands végétaux, et que nos bois se bornent à des yeuses qui n’ont jamais assez d'élévation pour modifier d’une manière sensible et la lumière et da température. Si l'étude des stations présente des parlies vagues et peu sus- ceptibles d’appréciations rigoureuses, celle des habitations offre cette incertitude à un degré plus éminent encore. Une partie du phénomène de la distribution des animaux dans les pays divers, parait bien tenir à l'influence appréciable de la température ; mais il est encore une partie des faits qui échappe à toutes les théo- ries actuelles, parce qu’elle se lie à l’origine même des êtres organisés, C'est-à-dire, au sujet le plus obscur de la philosophie naturelle. Tous ou presque tous les animaux livrés à eux-mêmes, tendent a occuper sur le globe un espace déterminé; c’est la détermi- nation des lois d'après lesquelles se fait cette circonscription des animaux, qui constitue l'étude des habitations. Si l'on se contente de connaissances relatives aux espèces, on peut assez bien déterminer, pour chacune d’ellés, les limites en latitude, en longitude et en hauteur, qu’elle n’a pas coutume de franchir. La collection de ces faits de détail est la base de la géographie des animaux. Lorsqu'on les aura tous réunis avec exactitude, peut-être en pourra-t-on déduire des lois générales et rigoureuses; mais nous ne connaissons probablement pas la moitié des espèces du globe, à l'exception des grandes espèces; et parmi celles que nous connaissons, il en.est à peine la moitié dont l’habita- tion soit déterminée avec précision. Les généralités que l’on peut établir à cet égard sont donc provisoires; mais toul imparfaites qu'elles sont, elles ont cependant un intérêt réel, Ainsi, nousavons déjà reconnu, etc'estun desplusheaux résultats de la géographie des animaux, qu'aucun quadrupède, aucun oiseau terrestre, et à ce qu'il paraît, d’après M. Latreille, presque au- cun insecte n’est commun aux régions équaloriales des deux Mondes. M. Cuvier s’est également convaincu, par des re- cherches exactes , que cette regle s'applique même aux reptiles. Il a constaté quele vrai boa constrictor n'est proprequ’al Amérique, et que les boas de l’ancien continent appartiennent au genre Python. Quant aux régions placées hors des Tropiques, Buffon a mul- tiplié, outre mesure , le nombre des animaux communs à l'Amé- rique, à l'Europe et à l'Asie septentrionale. On s’est assuré que ET D'HISTOIRE NATURELLE, 5 le bison, le cerf et le chevreuil d'Amérique, sont, aimsi que le lapin et le rat musqué, la loutre, la musaraïgne, la taupe, ours, les chauve-souris, le morse et le putois du même con- tinent, des espèces différentes de celles d'Europe, quoique Buflon ait affirmé le contraire. Il ne reste que le glouton, le loup, l’ours blanc, le renard roux, peut-être aussi le renne et l'élan, qui n’ont point de caractères suflisans pour paraitre spécifiques. Lorsqu'on observe en général les animaux qui sont distribués sur les diverses parties du globe, on s’apercoit bientôt que les espèces ne sont plus semblables à mesure que l’on parcourt des contrées dont la latitude, la température, l'élévation du sol et l’époque de leur formation ne sont plus les mêmes. Ces diffé- rences .sont d'autant plus sensibles, que ces changemens sont notables. Si cette inégale distribution tient essentiellement à ces eauses, l’on ne doit pas être étonné que les productions des di- vers continens soient d'autant plus différentes les unes desautres, que ces continens appartiennent aux époques les plus opposées relativement à leur formation. Ainsi, les êtres organisés soit aui- maux, Soil végétaux, sont, aux deux extrèmes, comparés, dans les régions équatoriales des deux mondes, et n'offrent plus au- cun rapport de genre, lorsqu'on compare les productions de l’ancien monde avec celles du continent le plus récent, la Nou- velle-Hollande. Ici les espèces devrennent si différentes de celles qu'on découvre aïlleurs, qu'elles semblent faire partie d’une toule autre eréation, et comme échapper aux méthodes que les haluralistes s’étaient créées, pour réunir dans un système com- mun l’ensemble des êtres aujourd'hui existans sur le globe. Si, au contraire, on compare les produits des deux grands continens, dans leurs parties limitrophes, on y reconnait déjà quelque similitude, soit parce que les espèces ont pu s'étendre par une suite de la proximité des terres où elles se trouvèrent, soit parce que les agens extérieurs n'étaient point assez diffé- rens pour nuire aux conditions d'existence imposées aux diverses espèces. Celle similitude se remarque non-seulement à l’écard des animaux qui sont esclaves des circonstances extérieures, mais encore à l'égard de l'homme lui-même quien sait triom- pher, et comme les assujettir à sa volonté. On sait que l’on ob- serve les races humaines les plus différentes dans les climats les plus opposés, et que si ces races ne sont point les mêmes dans les deux grands continens , elles montrent cependant quel- ques rapports , lorsqu'on les étudie dans les points les plus rap= 40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE prochés de ces continens , comme la pointe nord-ouest de l’A- mérique et l'extrémité nord-est de l'Asie, ou les pays qui sont adjacens au détroit de Bhéring, ce détroit ne formant qu’une démarcation partielle, comme celle que produit le détroit de Gibraltar , entre l'Europe et l'Afrique. Ceci est d'autant plus remarquable, que l'homme peut vivre dans tous les climats et sous toutes les latitudes possibles, tan- dis que les animaux périssent lorsqu'on veut trop changer leurs conditions d'existence , étant esclaves descirconstances auxquelles ils ont été soumis. Aussi voit-on l'homme parcourir sans dan- ger toutes les latitudes, s'élever jusqu'aux cimes les plus hautes, descendre jusqu'aux profondeurs les plus considérables de la terre, et supporter ainsi les températures les plus opposées, comme les pressions les plus différentes. Cependant, malgré cet avantage, comme les animaux, l'homme a subi l'effet des lieux où il a été placé, et d’une seule espèce d'hommes, est provenu un cerlain nombre de races particulières, que l’on pourrait considérer comme autant d'espèces, si loutes ne se perpétuaient pas les unes avec les aulres par la génération, ce lien commun des espèces communes. L'influence de la température est donc manifeste , lorsque l’on compare la nature, le nombre etles espèces d'animaux qui vivent dans les pays divers, à différentes latitudes et à des hauteurs iné- gales. Cette influence paraît plus grande encore, lorsqu'on réflé- chit que ces élémens se compensent de manière à procurer aux individus d’une même espèce une température à peu près sem- blable, dans les localités diverses où ils peuvent se trouver. Ici se passe le même phénomène que pour les stalions ; savoir:.que les espèces délicates qui ont besoin d'une température bien déter- minée (soit quant à l'intensité , soit quant àl’époque ), m'habitent que dans un seul pays, tandis que les espèces plus robustes, qui s’accommodent de divers degrésde froid et de chaud, peuvent se rencontrer à des distances fort considérables, Ce que nous venons de dire peut s'appliquer généralement à tous les animaux terrestres ; il parait qu'il en est un peu diférem- ment des animaux aquatiques marins. La température des eaux des mers présentant de moindres diversités que celle de l’air, les animaux qui y vivent semblent être, moins que tous les autres, bornés à un climat déterminé. Nous avons cependant besoiu d'observations, pour décider jusqu’à quel point les animaux ma- rins sont moins restreints à des localités fixes que les animaux terrestres. Si cette loi peut être vraie par rapport aux animaux ET D'HISTOIRE NATURELLE. 41 qui vivent dans le bassin ‘des mers ou dans de grandes masses d’eau, il n’en est pas de même des animaux des eaux douces, ceux-ci étant encore plus restreints dans leurs habitations que les terrestres, ainsi que les détails que nous rapporterons dans la suite en donneront la preuve. Ce qui est plus démontré, c’est que le nombre des espèces diverses comme des plus grandes espèces d’un espace donné, va en augmentant à mesure qu'on avance vers les pays chauds, et en diminuant vers les pays froids. Cette loi est évidente dans les montagnes, qui ont moins d’a- nimaux à leur sommet qu’à leur base. Plusieurs autres causes, comme, par exemple, le plus grand nombre de végétaux dans les pays chauds, concourent avec la température pour produire ce résultat; aussi est-il plus clair en comparant les pays sou- mis à des latitudes diverses. Examinons maintenant si ces lois, que nous avons considérées comme générales, $e vérifient par l'examen de la manière dont les diverses classes ou familles des animaux sont distribuées sur ce globe. Pour mettre de l’ordre dans cet examen, nous suivrons Ja marche que nous adopterons plus lard, en faisant connaitre les animaux qui vivent dans le département de l'Hérault, On remarque d’abord que les mammifères sont généralement plus nombreux en genres et en espèces dans les climats chauds, que dans les régions froides. De même, les plus grandes espèces de quadrupèdes aujourd’hui existans, sont exclusivement propres aux régions les plus chaudes de lancien"continent ; telles sont les diverses espèces d’éléphant, de rhinocéros et d'hippopotame, les colosses de la nature vivante. Il n’y a guère que les grandes espèces de mammifères célacés (1), qui vivent dans les régions . les plus froides, parce que, se tenant constamment dans les eaux des mers, elles ont pu être moins bornées à des climats déter- minés. Du reste, si les plus grandes espèces ne se trouvent que dans les parties les plus chaudes de l’ancien continent et non dans celles du nouveau, cela dépend probablement de ce que le nouveau continent est généralement plus froid que l’ancien, à raison même de sa forme et des eaux qui l'entourent de toutes parts. Il en était peut-être différemment dans les temps d'autrefois, puisque les dépouilles de mastodontes , les plus grands des ani- (1) Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que les baleines, les cachalots, les dauphins et les marsouins , appartiennent à l'ordre des mammifères cétacés, Tome XCVI. FÉVRIER an 1823. 6 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE maux qui aient jamais existé sur la terre, se trouvent principa- lement en Amérique. Mais on peut supposer que nos continens n'ont pas eu toujours la même forme, et par suite leur tempé- rature peut bien ne pas avoir été la même que celle qu'ils ont aujourd'hui. Il n’est pas nécessaire pour cela d'admettre des changemens assez grands sur ce globe, pour que ces changemens aient influé ou aient été le résultat de causes qui auraient dérangé sa stabilité. En effet, comme la profondeur moyenne de la mer n’est qu'une pelite fraction de la différence des deux axes de la terre (et celle différence n’est que de 20,662 mètres), il s'en- suit que les mers pourraient se déplacer, comme il parait qu’elles ont recouvert. et abandonné le même sol à plusieurs reprises, Sans de très grandes catastrophes. On sent quel changement ce déplacement du lit des mers produirait sur la température des continens, cl peut-être celle cause a-t-elle été assez puissante pour produire tous les effets que l’on peut déduire des fossiles. Du reste, la terre paraît maintenant parvenue à l'état permanent de température qui convient à sa position dans l’espace, et rela- Uvement au soleil. En descendant ensuite dans les détails des lois d'habitation des diverses familles des mammifères, on observe d'abord que l'ordre des quadrumanes manque totalementen Europe(1),quoique les espèces de cet ordre soient fort nombreuses en Asie, en Afrique, en Amérique et dans toute l’Australasie. Si la famille des carnassiers cheiroptères a ses représentans en Europe, elle y a cependant peu d'espèces , les plus grandes étant bornées aux régions chaudes, où ces cheiroptères sont aussi abondans en espèces que diversifiés pour les genres. De même, le plus grand nombre des genres comme des espèces des carnassiers insecti- vores, soit plantigrades , soit digitigrades, appartient aux climats les plus chauds; en sorte que l’on ne doit pas être surpris que plusieurs genres, et les plus grandes espèces de cette nombreuse famille, manquent tout-à-fait à l'Europe. Quant à la famille des mammifères marsupiaux ou des animaux à bourse, famille qui offre tant de singularités dans l’économie de son organisation, elle semble en quelque sorte caractériser une toute aulre création. Aussi, est-elle comme reléguée dans les continens, qui paraissent être sortis les derniers du sein des (1) Quelques auteurs ont dit que le magot (szmia inuus, L.} se trouve à la pointe de Gibraltar , d'après Pennant (R.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 43 eaux, el avoir recu des animaux pañliculiers, différens de ceux qui existaient sur les terres sèches de l’ancien continent. C’est uniquement en Amérique el en Australasie que l’on a rencontré les mammifères marsupiaux, qui, sans la découverte des échid- nés et des ornithorinques, seraient les plus particuliers d’entre les mammiferes. Si l'Europe nous présente des rongeurs, un grand nombre de genres de cet ordre lui manque totalement. De ce nombre sont les genres échimys, hidromys, gerboise, helamys, pola- touche (1), cheiromys(2), cabiai, agouli et paca , genres dont les espèces vivent pour la plupart dans les parties les plus chaudes de l'Amérique ou de l'Asie, et quelques-unes, mais c'est la plus petite partie, en Afrique. Les édentés manquent totalement à l'Europe; quoique les genres qui appartiennent à cet ordre se trouvent en partie dans les autre parties du monde, on remarque seulement que les genres des édentés les plus paradoxes, comme les paresseux, (3) les tatous, les échidnés et les ornithorinques, se trouvent dans les continens les plus récens, comme l'Amérique etl'Austra- lasie (4). On peut appliquer aux pachydermes proboscidiens ou àtrempe, une des lois générales que nous avons déjà développées, c'est- à-dire que, comme les animaux de cette famille sont les plus grandes espèces du globe, on les voit restreintes aux parties les plus chaudes de la terre, aux contrées les plus méridionales de l'Asie et de l'Afrique. Les régions les plus tempérées, comme les coutinens les plus récens, en sont totalement privées. Les éléphans manquent à l'Europe, à l'Amérique et à l’Austra= Jasie ; ce qui prouve combien la température a eu d'influence sur Ja distribution actuelle des animaux sur le globe. En faisant re- marquer que les maslodontes, animaux qui ont appartenu à la famille des proboscidiens, 6e trouve fossiles dans les deux con- (1) Est-il certain que le polatouche ordinaire ne se trouve pas en Europe ?(R.) (2) J'ai montre depuis long-temps que ce singulier animal n'appartient pas à l'ordre des rongeurs, mais que c'est un genre de la famille des makis. (R.) (5) Les paresseux ne sont pas de véritables édentés ; ils forment un type bien distinct, plus élevé, qui ne se trouve que dans le versant oriental de l'Amérique méridionale et dont on ne connaît pas encore le représentant dans le versant opposé de l’ancien monde. (R.) LATE (4) Les pangolins qui ne sont pas moins singuliers , se trouvent dans le ver- sant occidental de l'Afrique. (R.) 6. 44 JOURNAL DE PHYSIQUE,-DE CHIMIE tinens, nous avons fait préssentir une partie des conséquences que l’on pouvait en déduire. Les lois de la distribution des pachydermes ordinaires semblent plus compliquées que celles qui sont relatives aux familles que nous avons déjà signalées. Chaque partie du monde a ses repré- sentans dans celte famille. Ainsi tandis que les genres tapir (1) et pécari ne se rencontrent qu'en Amérique, les hippopotames et les hyrax' sont bornés à l’Afrique. Mais le genre rhinocéros est commun à l'Asie et l'Afrique: ces contrées ont done cha- cune, dans ce genre remarquable, des espèces qui leur sont propres. Quant à l'Europe, elle n'offre dans cette famille que le sanglier, la souche de nos cochons domestiques, les autres es- pèces étant restreintes à l'Asie et à l'Afrique. Les solipèdes, dont le cheval fait partie, ont des représentans partout (2), cependant l'Asie en a une espèce qui lui est par- ticulière, c’est l'equus hemionus ; landis que l'Afrique nous offre le zèbre et le couagga, que l’on ne trouve pas ailleurs. La fa- mille des ruminans, une des plus nombreuses en espèces, a également des représentans dans toutes les parties du monde, en raison même de la diversité des individus qui en font partie, et de la différence de leurs habitudes ou de leurs conditions d'existence. Plusieurs genres de cette famille sont cependant bornés à certaines contrées. Ainsi, le genre lama ne se trouve qu'en Amérique, comme celui des chevrotains et des giraffes, en Asie et en Afrique, tandis que les chameaux n’habitent que les parties du monde où de vastes déserts les ont rendus néces- saires. A part l’Asie et l'Afrique, ces animaux ne se voient nulle part; et là où ils vivent, ils sont comme le seul moyen de liaison entre les pays que séparent d'immenses mers de sable. Les autres genres des ruminans offrent ailleurs qu'en Europe plus d'espèces qu’il n’y en a dans cette zôdne tempérée, remarque que l’on peut faire, surtout par rapport au genre antilope, qui n’a guère en Europe que deux espèces, le saïga et le chamois. Ces différences en moins, pour les genres et les espèces des divers ordres de mammifères qui se trouvent en Europe, com- pares à ceux qui.existent dans les autres parties da monde, de- viennent moins frappantes, lorsqu'on fait cette comparaison re- (1) Le tapir a son représentant dans l’oasse (le tapir de Sumatra), dont nous devons la découverte à MM. Diard et Duvaucel, (R.) (2) L'Europe n'a aucune espèce de ce groupe à l'état naturel et sauyage, (R.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 lativement aux genres ou aux espèces des cétacés. A l'exceplion des célacés herbivores (1), toutes les autres familles se trouvent en Europeet vérifient ce que nous avons déjà fait remarquer à l'égard de la distribution des animaux aquatiques, soit marins, soit des eaux douces. En effet, il paraît que certaines espèces de lamantins vivent dans les rivières du nouveau continent, comme dans les fleuves de l'Afrique: mais il parait aussi que les espèces des ri- vières d'Amérique diffèrent spécifiquement de celle d'Afrique. Enfin, ce qui prouve que l'Europe a moins de mammifères que les autres parties du monde, c’est que sur 500 espèces con- nues, nos contrées en offrent au plus 80, ce qui est moins du sixième de la totalité. Sur ce nombre de 80; qui est pour l'En- rope entière, ce département en offre au moins 55, ce qui est plus des deux tiers, résullat vraiment remarquable, et qui an nonce déjà combien le nombre des différentes espèces d'animaux est considérable dans ce département, par suite de la diversité des stations qu'il présente. Le résultat est encore le même, si l’on compare le nombre des oiseaux qui existent en Europe, et celui des espèces que l'on observe dans ce département. Les oïseaux particuliers à l'Europe sont, avons-nous dit, la dixième partie de ceux qui vivent sur la totalité du globe; mais les espèces propres à ce département, au lieu d’être le dixième de celles de l'Europe, sont déja les trois quarts de toutes les espèces décrites et con- nues de cette partie du monde. 1} y a donc, proportion gardée, plus d'oiseaux qui arrivent dans ce département que de mammi- fères, puisque nous n'avons que les deux tiers de la totalité des mammifères européens; les raisons de cette différence sont trop évidentes pour avoir besoin d'être énumérées. Ce département offre donc une grande quantité d'oiseaux, puisque, sur 400 espèces européennes, nous en possédons en- viron 300. Ce nombre parait considérable lorsqu'on le compare avec celui des départemens qui ne sont pas très éloignés de nous. D'après M. Mouton de Fontenille, les environs de Lyon, ou le département du Rhône, offrent environ 165 espèces différentes d'oiseaux , nombre qui est peu de moitié inférieur à celui des espèces de notre département (2). Mais les enyirons de Lyon (1) Ce sont les lamantins, qui ne sont pas de véritables cétacés, dont ils n’ont réellement aucun caractère ; aussi sont-ils fixés aux embouchures des grandes rivières , et ne traversent-ils jamais l'étendue des mers. (R.) (2) Art d'empailler les oiseaux , 2° édition, Lyon, 1802. rà 46. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n'ont point, comme les nôtres, de vastes marais, des élangs salés, ni le voisinage de la Méditerranée, ni enfin celle diver- sité de stations qui nous procure lant d'espèces différentes. Cette plus grande quantité d'oiseaux lient si fort à celle cause, que déja le nombre de ces ovipares s'élève à 252 espèces, lorsqu'on observe celles qui vivent dans les environs de Genève, proba- blement à raison de la position de cette ville, située aux bords d'un lac fort vaste et aux pieds des Alpes , la chaine de montagnes la plus élevée de l’Europe (1). Ce qui est agcez particulier. relativement aux oïscaux consi- dérés dans leur distribution générale, c’est que l'Europe, en ne possédant que la dixième partie des espèces connues ,acepen- dant des représentans dans toutes les familles, à l'exception de celle des brevipennes, qui appartient à l’ordre des échassiers. A part cette famille peu nombreuse, puisqu'elle se borne à deux espèces d’autruche et casoar, les genres d'oiseaux de l'Europe y sont si également distribués, qu’il n’est aucune famille naturelle qui n'ait de genre européen. Ceci est d'autant plus ramarquable, que nous avons vu que, sur 500 mammifères, plusieurs familles et même plusieurs ordres manquaient totalement à l'Europe; tandis que sur 4000 oiseaux, c’est-à-dire, sur huit fois plus d’es- pèces, il n’y manque qu'une seule famille, et encore cette famille est-elle bornée à quatre espèces. A Ja vérité, les familles des mammifères sont plus nombreuses, loule proportion gardée, que celle des oiseaux, par suite de ce que leurs différences in- térieures se manifestent plus complètement à l'extérieur. Tous les ordres dela troisième classe des vertébrés se trouvent en Europe, fait d'autant plus remarquable, que sur 700 espèces de reptiles, nous n’en possédons environ que 50, c'est-à-dire, la 142 partie de la totalité. C’est donc uniquement de certaines familles de reptiles dont l'Europe est privée, et par suite d’un rand nombre de genres et d’une quantité encore plus considé- rable d'espèces; sur ce nombre de 50 espèces européennes, le département de l'Hérault, dont la tempéralure moyenne annuelle s'élève jusqu’à 15°,2 du thermomètre cenligrade, possède environ une 40° d'espèces, c’est-à-dire, lès quatre einquièmes de la tola- lité. Nous devons sans doute celte grande quantité à da chaleux de notre climat; car l’on sait que, principalement, celte classe d'animaux augmente encore plus que les autres, du pôle à 7 5 l'équateur. OLA PRENONS EEE TÉL EE RÉGNER (x) Essai statistique sur le canton de Genève, par Picot; Zurich, 1817. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47 : L'ordre des chéloniens n'ayant pas été divisé, l'Europe ne manque dans cet ordre (1), dont l'homme retire le plus d'utilité , que d'un certain nombre d'espèces. Il n’en est pas de même de celui des sauriens, et les familles des crocodiliens, des iguaniens, des geckoliens, (2) des caméléoniens n'y ont aucun représen- tan!; en sorle que, sur six familles, nos régions tempérces n'en ont que quatre, et encore celle des scincoïdes n'y est repré- sentée que par le seps chalcides. On pourrait, à la vérité, y signaler le scincus officinalis, si l'on ne savait pas que celte es- pece, originaire de la Nubie, de l'Abyssinie et de l'Arabie, ne se trouve en Europe que parce qu’elle y a été apportée. Nous ferons enfin une dernière observalion à l'égard de l'ordre des sauriens, c'est que la famille des lacertiens, qui est la plus nom- breuse en Europe, y est cependant réduite à un seul genre, celui des lézards proprement dits. La premiere famille des ophidiens n’a qu'une espèce en Europe, tandis que la seconde du même ordre en offre un certain nom bre, quoique bien inférieur à celui que présentent les vrais serpens dans les régions chaudes de la terre. Mais Ja dernière famille des ophidiens nous marque entièrement; c’est dans les parties les plus méridionales du nouveau continent qu'il faut aller chercher le genre des cécilies, qui compose à Jui senl cette fa- mille. Enfin, les genres des batraciens, le dernier ordre des reptiles, se trouve tous en Europe, à l'exception des pipa et des sirènes ; qui habitent le nouveau continent. Nos contrées méri- dionales sont également privées d'un geure européen; mais les prolées qui le composent, paraissent réduits aux lacs de Ja Carniole. De même que l’on ne peut assigher aux familles des poissons des rangs aussi marqués qu’à celles des mammifères , par suite de ce qu'a mesure que l’organisation devient moïns parfaite, les caractères exlérieurs n’en donnent plus une idée aussi complète; de même on ne peut assigner à ces familles des babitations aussi fixes que celles que l'on reconnait aux mammifères. L'élément dans lequel vivent les poissons est également un obstacle pour reconnaitre toutes les latitudes où ils peuvent se rencontrer : - , ’ x , x 2 aussi est-il à présumer qu’un très grand nombre d'espèces a QG) L'Europe n’a pas de tortues molles ou de rivières ({ryonix, Geoffr.). 1] ne paraît avoir non plus de chélonées ou tortues marines, qu'accidentellement, lors- qu'elles s’égarent dans nos mers ; mais elles n’y pondent pas, (R.) (2) Il y a un gecko en Espagne et en Italie, (R.) J 45 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CNIMIE échappe el échappera encore long-temps à nos recherches. Ce que l'on peut dire de plus général à cet égard, c’est qu'il paraît que les plus grandes espèces, comme celles qui vivent en sociétés nombreuses, tels que les harengs, les morues, les lingues (1), se tiennent de préférence dans les mers les plus étendues. La Méditerranée nous offre bien quelques grandes espèces, comme le requin, qui atteint jusqu'à vingt-cinq pieds de longueur ; mais, dans ce même genre des requins, elle n’a point, comme l'Océan, cette énorme espèce de squale, qui, à cause de sa grande aille, a recu le nom de squalus maximus, et dont les dimensions surpassent trente pieds. La Méditerranée parait présenter celte particularité d’être, toute proportion gardée, plus poissonneuse que l'Océan, comme d’avoir des espèces qui lui sont propres, et que l’on ne retrouve pas ailleurs. Ce que l’on observe relativement aux poissons de la Méditerranée, se remarque également pour les poissons d’eau douce, qui, à l'exception de quelques espèces robustes, ne sont plus les mêmes lorsqu'on les étudie dans des'fleuves différens, quoique ces fleuves appartiennent aux mêmes continens. Il y a plus encore, les poissons de cerlaines eaux courantes ne sont plus les mêmes lorsqu'on les observe dans diverses parties du cours de ces eaux. Ainsi, pour donner un exemple du premier cas, nous dirons que les poissons du Danube ne sont pas les mêmes que ceux du Rhin, comme ceux du Rhône ne se trouvent pas tous dans les eaux de Ja Garonne. De mème l'Hérault, qui traverse une grande parlie de ce département , n’a déjà presque plus de truites lorsqu'il arrive à Ganges, et cette espèce dispa- rait lout-à-fait à mesure qu’il avance vers le Sud. Ainsi, à ces espèces qui veulent des eaux vives et froides, succèdent d’au- tres espèces qui, tout en exigeant une température plus élevée, peuvent vivre dans des eaux qui ont déja un certain degré de salure; en sorte que, dans le même fleuve, où vivaient primiti- vement les truites, on finit par voir diverses espèces de pleuro- nectes et même jusqu’à des moules. 3 Ainsi, les poissons qui manquent, soil aux eaux douces de YEurope, soit aux mers qui en baignent les côtes, ne forment point de famille distincte, mais seulement des genres qui n’y ont point de représentans. Les principaux de ceux dont nous n’avons point d'espèces, sont parmi les chondroptérygiens à branchies (1) Gadus molva. (Linn.) bn ET D'HISTOIRE NATURELLE. 49 fixes, les gastrobranches, les cestracions et les callorinques ; parmi les chondroptérygiens à branchies libres, les poliodons. Nous manquons également, dans l’ordre des plectognathes, des genres diodon, monacanthe, alutère, triacanthe et ostracion(:). L'ordre des lophobranches, quoique peu nombreux, offre ce- pendant deux genres qui sont bornés aux mers des Indes; ces deux genres sont les solenostomes et les pégases. Les poissons malacoptérygiens abdominaux ont également des genres que l’on ne rencontre point en Europe; tels sont principalement les serra-salmes, \es piabuques, les tetragonoptères, les myletes, les hydrocyns, les citharines, les sternoptix, les mégalopes, les thrisses, les pristigastres, les notoptères , les élops, les chirocen- tres, les érythrins, les amies, les vastrés, les lépisostées, les bichirs, les galaxies, les salanx, les demi-becs, les mormyres, les labéons , les gonorhinques , les anableps, les pæcilies, les lebias, les crprinodons , les schilbés, les shals, les pimelodes , les bagres, les agénéioses, les doras , les Hétérobranches, les plotoses, les callichtes, \es malapterures, les asprèdes, les hypostomes, et les loricaires. Ce grand nombre de genres, dont il n'existe point d'espèces en Europe, confirme ce que nous avons déjà dit au sujet de l'habitation des poissons d'eau douce. Gest, en effet, presque uniquement de poissons de ce genre que se compose l’ordre des malacoptérygiens abdominaux; et si la loi que nous avons déjà fait connaitre est exacte, on ne doit pas être surpris ue ce soit principalement dans cet ordre, qu'il y ait le plus décbhtes dont les habitations soient le plus restreintes. C’est aussi l’ordre le moins nombreux dans ce département, en raison du peu d'eaux courantes qui le parcourent; tandis qu'il abonde en espèces dans les continens arrosés par de grands fleuves ou baignés par des lacs d'une grande étendue. Oa peutaisément s’en assurer en comparant le nombre des poissons abdominaux pro- pres à une contrée, comme l'Amérique, par exemple, où de grands fleuves et des lacs considérables ferulisent et baïgnent un sol humide, avec les mêmes poissons abdominaux particuliers aux pays peu arrosés et dépourvus d’amas d'eaux douces. Il n'en est pas de même du sixième ordre des poissons ou des malacoplérygiens subbranchiens, ordre qui contient presque autant de familles que de genres. La raison de cette différence tient à la diversité d'habitation des deux ordres. Ceux-ci n’ont (x) La Méditerranée renferme deux espèces de ce genre. (R.) Tome XCFI.FÉVRIER an 1823. n 50 JOURNAL, DE,PHYSIQUE;, DE CHIMIE guère que des espèces qui vivent dans le bassin des mers, car l’on, ne peut en excepter, que la lotte commune, le :seul d'entre tous les poissons de cet, ordre, qui remonte assez avant dans les eaux douces. Aussi, peu de genres nous. manquent dans cel ordre; on ne, peut guère Citer AE genre macroure ,,et.peut+ètre celui des ophicephales, comme étrangers à nos mers. Les mêmes rap- ports.existent relativement à l'ordredes malacoptérygiens apodes, dont presque loutes les espèces, à l'exception, des anguilles, de rivière, vivent dans le, sein desmers, Les seuls genres, syxbranche, alambé , gymnote , carape, aptéronote, nons, manquent; il n'est pas inutile de faire remarquer que, sur ces cinqgenres dont,nous sommes privés, les trois derniers sont propres aux eaux doutes ou aux rivières des parties les plus chaudes du nouveau, conti- nent, pot de fait qui.est une conséquence des lois d'habitation que nous avons indiquées. Cesimèmes lois,se .vérifient: lorsqu'on observe l'habitation du second ordre des poissons {et debeaucoup la plus nombreuse division des poissons ordinaires, c'est-à-dire, des,acanthoptérygiens, ordre composé de sept familles. Presque toutes les espèces de cet ordre vivent dans Je,bassin des mers, et à l'exception des éléotris, des comephores , des ptérois, des sandres ,gdes cingles, des chabots, des macrognathes, des mastacembles, des epinoches, des osphronèmes, et dela perche commune, qui appartient à la deuxième section, de, la famile,des persèques, tous les acanthoptérygiens sont marins. On pensebien : que, dans l’ordre le plus nombreux, il doit manquer un certain nombre de genres aux mers de l’Europe;tic’est aussi ce que l’on observe. En effet, dans la première famille.ou dans celle des tœnioides, nous n’ayons point le genre. tricluurus, particulier aux mers des Indes et d'Amérique(x), ni celnides stlephoresres- treint au golfe du Mexique. Dans Ja deuxième famille , nous sommes privés des genres chnus , opistognathes,, sillago, tous des mers des Indes ou du Mexique. Les éleotris,genre.depoissons qui, vit dans les eaux douces de la Guiane.et du Sénégal, comme celui des coméphores propres aux eaux douces.duJac.Baïkal, nous manquent également; mais il est presque, inutile de faire remar- .quer que ces deux derniers genres appartiennent aux eaux non salées, et que les espèces qui.ont ,ce genre de. station ;sont infiniment plus restreintes relativement à leur habitation. (1) Ce genre est représenté par le genre lépidope de Gouan, quin’en diffère que par les petites écailles sous-thoraciques (R.) - LAS ET'D'HISTOIRE NATURELLE. 5 Certains genres de latroisiènie famille des acanthoptérygiens ou'des labroïdes ne se lrouventlpas non plus dans nos mérs d'Eu- rope; tels sont les flous, les gomphoses, ls scares et le labrax,, les premiers des mers déstIndes et des pays chauds, et le’ der- mer /propre à la mer! du Kamschatka. Enfin} dans la famille des pérsèques, nous n'avons pas non plus les genres! diacope ; pris= tipome, scolopsis, diagramme , cheilodacty le, microptère ; gram- miste | priacanthe, polyprions, soldago; stellifere, synancée et tcæntanole, ainsi que! le: genre! ptérois , qui vit dans les’ eaux douces des Moluques: Tous ces'genres font partie de la première section de la famille des persèques ; en sorte’ qu'outre ces genres, ik woustmañtyätencore, dans les’seconde! troisièmeret quatrième sections) les genres centropome, dont'la variole offre cétte par- ticularité d’être lé plus grand poisson du'Nil, enoplose, pogônias, otôhithe, ancylodon!, pércis) céphaläcanthe, lépisacanthe , platycé- phalé:, batracoïdel La ‘éinquiènié famille des acanthoptérygiens n’est pas non plus représentée en Europe, dans tous les genres qui en’ font! partie!!! Aînsi, nôus ne’ voyons pas dans nos mers des romeüs; des sélènes, dés'gals,; des argyreioses, des vomers , des ciliaires’, dés equula ; desiménés:, des trachictes , des votliers, des oligopodes des sidjans , des'acanthures , et des nasons ; genres dont les'espèces vivent, pour'la plupart, dans les mers’ des pays’ chauds, et'surtout dans la mer des Indes. Outre ces genres marins, les eaux” douces de’! l'Asie! nous offrent ‘encore’ deux genres que l’on ne relrouye ‘pas ailleürs ; ce sont les macrogna- thes et les mastacembles, que nous avons dejà signalés. La sixième famille des acanthoptérygiens a aussi des genres que l’on ne découvre point dans nos régions tempérées, el qui. comme ceux que nous venons d'indiquer, caractérisent les mers des pays chauds: On peut meltre au premier rang, parmi ces genres les chætodons, poissons très nombreux en espèces dans les mers des régions équatoriales, et signaler ensuite les 'acan- thopodes, les trichopodes , les archers, les’ kurtes , les anabas, les cœsions, les stromatées (1), les pimeleptères, les kyphoses, les plec- torÿnques, les glyphisodons, les pomacentres , les amphidions , les premnades , les temnodons , les chevaliers, les polynèmes, dont les espèces vivent également dans les mers les plus chaudes. Un genre de cette famille (2), qui habite les eaux douces de Java, d’où il a été apporté à l’île de France, où il s’est considérablement (1) La stromatée fiatole est de la Méditerranée. (R.) (2) L'osphronème. (Lacép.) 52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE propagé, nous manque également, en sorte que l'Europe est privée de presque tous les genres des acanthoptérygiens qui ont une pareïlle habitation. Ien est encore de même dans la famille des acanthoptérygiens et d’abord nous n’avons pas les fistulaires, les aulostomes et les amphisiles (1), tous genres dont les espèces habitent ou les mers d'Amérique ou celles des Indes. Telles sont les lois les plus générales que l’on peut reconnaitre dans la distribution des genres qui composent les diverses familles des poissons , lois qui indiquent que les ae comme les es- pèces de ces vertébrés, sont d'autant plus restreints, relative- ment à leur habitation, qu’ils se composent de poissons qui vi- vent uniquement dans les eaux douces. Aussi n'est-il pas rare de voir des espèces marines communes aux mers des deux hé- misphères, tandis qu'il n’y a rien de commun entre les poissons d'eau douce des divers continens. Ceux-ci sont même tellement restreints par rapport à leur habitation, que souvent un fleuve n'offre plus à son embouchure lesespèces qu’il présentait en abon- dance à sa source; fait dont nous avons rapporté un exemple pris d’un des fleuves qui traversent ce département. Quant aux lois qui sont relalives à la distribution des espèces de poissons, nous croyons avoir suppléé à ce que nous pouvons avoir omis à ce sujet, par l’'énumération détaillée des diverses espèces qui vivent dans la portion de la Méditerranée qui baigne nos côtes. (2). (La suite à un prochain numéro.) (1) Ce genre est représenté par le centrisque bécasse. (R.) (2) En général, il nous semble que l’état actuel de l'Ichthyologie on de l'Histoire naturelle des poissons de la Méditerranée, est beaucoup trop peu avancé pour que l’on puisse s’en autoriser pour décider que tel on tel groupe n’y existe pas ou y a existé et n'existe plus, ou enfin, n’y est pas représenté. Il faudrait aussi considérer que ces questions tiennent souyent à la grande subdi- vision des genres. (R.) x ET D'HISTOIRE NATURELLE. 53 LETTRE Au Rédacteur du Journal de Physique. Utrecht, ce 12 avril 1823. Mowsteur, Ex répétant l'expérience intéressante de M. Sebeck, avec un barreau d’antimoine, dont il a été fait mention dans un des der- niers numéros des Annales de Chimie et de Physique, nous sommes parvenus au résultat que non seulement l’antimoine et le cuivre, mais que plusieurs métaux hétérogènes, élant mis en contact et chauflés irrégulièrement, donnent des signes d’action galvanique , et que l’on peut reproduire avec eux tous les phéno- mènes électro-magnéliques, découverts par M. Œrsted. Je vous prie de vouloir bien insérer, dans le premier numéro de votre excellent Journal, la série d'expériences qui nous ont conduits à ce resultat; elles sont insliluées conjointement avec MM. le professeur Moll et le général-major baron Van Zuylen Van Nyevelt, gouverneur de Luxembourg, physicien très distingué. J'ai l'honneur d’être, etc. A. Van Bezx. Nous nous procurämés un barreau d’antimoine, ayant la forme d’un parallélépipède rectangle, de 2 décimètres de longueur, et de 13 millimètres carrés de section, obtenu du sulfure d’antimoine : + au moyen du nitrate et du tartrale de potasse; à l’une des extré- mités de cette barre fut attaché un fil de cuivre qui, après avoir fait plusieurs tours autour d'elle, se prolongeait à une distance de 2 centim. de la barre, dans une direction parallèle à sa lon- gueur, jusqu’à l’autre extrémité, où , après avoir fait un égal nombre de tours , il fut attaché. Cet appareil fut placé horizonta- lement dans le méridien magnétique et une boussole, entre les deux métaux , de manière à reposer sur le barreau d’antimoine, tandis que le fil de cuivre passait au dessus de l'aiguille aimantée, qui avait une longueur de 5 centimètres. Lorsque le bout de la barre d’antimoine, qui etait tourné vers 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le nord , fut rechauffé par une lampe à esprit de vin, nous obser- vämes une déclinaison occidentale de l'aiguillerde 5°. Après avoir remplacé le fil de cuivre par une mince bande de cuivre rouge, de 3 à 4 mil. de largeur, qui ne faisait que deux tours autour de l’une des extrémités', tandis qu’elle était seule- ment mise eu contact avec l’autre extrémité de la barre, nous vimes dans les mêmes ciréonstances :la déclinaison, augmentée considérablement ; elle montait déjà à 25°. : Nous primes, en dernierlieu, une bande de cuivre rouge, de même largeur que la barre, qui y fut attachée, aux extrémités, par des bandes de cuivre (fig. 1), la déclinaison ; ‘maintenant observée , fut de 68°. . Lorsque la boussole fut plicée sur la bande de cuivie (fig2), la déclinaison devint orientale d'environ 34°. La déclinaison fut encore orientale de 68°; st, au lieu de chan- ger la position de la boussole, celle-ci restant placée entreiles deux métaux , l'extrémité opposée de la barre fut rechauffée: Daus toutes ces expériences, la déviation de l'aiguille commen- çait déjà à se manifeslér aussitôt qué la lampè fut allumée sous la barre, et après avoir atfeint son maximum, elle allait bientôten décroissant, Ce qui arrivait ordinairement dès’que l'autre moitié dé la barre commençait sensiblément à se réchauffer ; et que tonte la barre avait acquis un dégré élevé de température. _,2. Pour nous assurer si la différence de températuré! était ‘la seule cause de cette déviation de l'aiguille, nous primes l’appa- reil par une de ses extrémités, dans la main chaude; en!ploh- geant l'autre dans uñ mélânge frigorifique , l'effet fut absolument identique, le cuivre présenté au-dessus de l'aiguille, produisait uté déclinaison occidentale, lorsque'!le* bout refroidi: fut tourné vers le sud. 3. Une bande de zinc, de mème largeur , attachée de la même manière à la barre d'antimoine, par des ligatures de’ zinc’, pro= duisit une déclinaison occidentale, quand la boussole fut placée entre les deux métaux, de ‘manière que le zint'pässt ‘au-dessus de l'aiguille, l'extrémité boréale de la barre’ étant'réchaufrée. Comme les déviations' furent constamment opposées” lorsqu'on changeait la situation de la boussole , où que l'on réchauffait l’exe trémuté opposée de la barre, il suffira désormais de noter le‘séns de la déclinaison, pour un cas donné. 4. Une barré d’étain étant placée sur'la' barre d’antimoine | à une distance de 2 centimètres, au moyén de petits supports ‘de cuivre, et la boussole entre les deux métaux sur l'antimoine ; la e ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5 déviation fut dbservée occidentale , lorsque l'extrémité boréale d la barre d’antimoine fut rechauffée (1). 5. Une bande mince de cuivre rouge, et une autre de zinc, de 32 centimètres de longueur et de 15 millimètres de largeur, furent recourbées en rectangle et fixées l’une sur l’autre, par les deux bouts, äu moyen de petits cloux de cuivre (fig. 3). “L’aiguille placée entre les deux métaux, sur le cuivre, mon- trait une assez forte déviation orientale, quand l'extrémité boréale de l'appareil fut réchauffée. 6.-Deux mêmes bandes de zinc et d'argent produisaient dans les mêmes circonstances une dévialion ortentale, quand la bous- sole fut placée entre les métaux, sur le zinc, el que lextremite boréale de appareil fut rechauffée. 7. Une petite barre métallique, composée d’un alliage de bis- muth, de plomb et d'étain, dans les proportions convenables pour avoir un métal très = fusible, fut pourvue d’une bande de cuivre; comme la barre d'antimoine de la première expérience , l’extré- mité boréale de cet appareil'étant réchauffée, l'aiguille de la bous- sole , placée entre les métaux, sur la barre, montrait une faible déviation orientale. De tous ces faits observés, il résulte que ces arrangemens de métaux hétérogènes , réchauffés inégalement, constituent autant d'appareils galvaniques simples, dont les pôles sont réunis par un bon conducteur , et que le sens des courans électriques qui les parcourent, dépend non-seulement des métaux qui, sont réunis, maïs aussi de l’extrémité qui est réchauffée. Cette nouvelle source d'action galvanique et magnétique, que nous venons de reconmailre, pourra devenir un jour dans ses ré- sultats du plus grand intérêt pour la physique, la condition s’en trouve partout dans la nature, et elle se raltache aux grands phé- nomènes de notre système planétaire. Dans la nouvelle carrière où nous venons d’entrer, les phéno- mènes singuliers et nouveaux se succèdent ayec rapidité, landis que les expériences-décrites, en nous ‘faisant connaître une nou- velle source inattendue d'actions galyvanique et magnétique, se liaient d’ailleurs assez bien aux faits déjà connus; les expériences suivantes, prises depuis ce temps avec MM le général Van Zuylen etle professeur Moll, semblent confondre toutes les théories des phénomènes galvaniques généralement adoptées. — ()lci, comme dans toutes les expériences suivantes, l'appareil fut placé hori. zontalement suivant la direction du méridien magnétique. 56 “JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 8. Une bande de cuivre et une de zinc, de 5 centimètres de lar- geur, furent attachées ensemble par l'un des bouts, au moyen de petits cloux de cuivre, landis que les deux autres extrémités, après êlre recourbées en bas, furent seulement réunies en les enroulant en spirale, de deux ou trois tours (fig. 4). L'extrémité recourbée, constiluant la partie australe de cet appareil, placé dans le méridien magnétique, plongeait dans un vase rempli d’eau et on placait la boussole entre les deux métaux sur le zinc; à l'instant où l’on versait de l'acide sulfurique dans l’eau, l’aiguille déviait avec force 50° vers l’occident (1). L’hydrogène développé étant allumé à la surface du liquide, la déviation de l'aiguille pa- raissait diminuer à chaque explosion de quelques degrés. Cette expérience intéressante, qui est due à M. Van Zuylen, nous donna l’idée de la possibilité de produire les phénomènes électro-magnétiques, en n’employant qu’un seul métal. Elle fat réalisée parfaitement par les expériences suivantes , qui, si je ne me trompe, offrent de nouveau un vaste champ aux recherches des physiciens. 9. Une lame de zinc, large de 5 centim., recourbée comme l'in- dique la figure cinquième, fut placée dans le méridien magné- tique, les deux bouts réunis et enroulés en spirale, constituant l'extrémité australe de l'appareil, furent plongés dans un vase d’eau et la boussole placée dans l'appareil, sur sa parlie infé- rieure (fig. 5). Au moment où l’on versait de l'acide sulfurique dans l’eau du vase, l'aiguille éprouvait une singulière agitation, comme si elle était sollicitée par différentes forces opposées, qui tendaient à la faire sortir du méridien magnétique ; dans les pre- miers instans cependant, la déclinaison fut orientale , mais après avoir ajouté une nouvelle quantité d'acide sulfurique, elle de- vint décidément occidentale, Au moment du contact de la partie plongée de l'appareil, avec une lame du même métal (zinc), nous vimes, à notre grande sur- prise, la déclinaison changer immédiatement, et devenir orientale. Quaud on touchait, au contraire, la partie plongée avec une lame de cuivre, la déclinaison occidentale augmentait considéra- blement; nous parvinmes même, de celte manière, au moyen d’un contact réitéré, à faire tourner l'aiguille entièrement sur son pivot. ’ Ë , RHONE Lorsqu’au lieu d’acide sulfurique , on versait de l'acide nitrique — (1) Avec un autre appareil plus grand la déviation fut observée de 87°, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 57 dans le vase d'eau où prete l'appareil, l'aiguille ne montrait - aucune déviation, mais une lame de cuivre , mise en contact avec Îa partie plongée, la faisait dévier vers l'occident. 10. Nous fimes construire le même appareil en cuivre rouge , el après avoir plongé ses extrémités, réunies de la même maniere dans l’eau du vase, nous y ajgutämes une forte dose d'acide ni- trique, au moment du contact'de la partie plongée avec une lame de zinc , nous observames une forte déclinaison occidentale. Lorsqu’au lieu d'acide nitrique, on ajoutait de l’acide sulfu- rique à l’eau du vase, l’aiguille déviait vers lorient , à l'instant où l’on touchait la partie immergée avec une lame de zinc. 11. Une lame de zinc, large de 5 centim., recourbée dans la direction du méridien magnétique, fut plongée par ses deux bouts séparés, constituant l'extrémité australe de l'appareil , dans un vase d’eau, à la témpérature de 64° , et la boussole fut placée sur la partie inférieure, dans le nœud que formait la lame (fig. 6) ; à l'instant où l’on ajoutait de l’acide sulfurique à l’eau du vase, la température montait à 116°, el l'aiguille déviait sensi- blement vers J’orient, mais bientôt après, latempérature du liquide étant montée à 128°, la déviation devint occidentale, et après «quelque temps l'aiguille regagnait le méridien magnétique. Un morceau de zinc mis en contact avec l'extrémité plongée 4 de l'appareil, produisait une déviation orientale , avec l'extrémité plongée d ; au contraire , une déviation occidentale de l'aiguille. — Les deux extrémités 4 et à étant réunies sous le liquide, au moyen d’une lame de zinc } l'aiguille dévian-vers l'occident. Un morceau de cuivre mis én contactavec l'extrémité plongée a de l'appareil, faisait dévier l'aiguille’ vers l'occident , avec l’ex- trémité à au contraire vers lorient. Les deux extrémités plongées a et b' étant reunies par une bande de cuivre, la déviation occi- dentale fut assez forte pour faire touruer l'aiguille tout-à-fait sur son pivot. ge 12. Une lame de zinc, de mêmes dimensions, mais dont les ‘extrémités & et à furent réunies, au moyen d’une bande de cuivre, fut placée de la même manière dans le vase, contenant de l’eau à une tempéralure de 56°, à laquelle fut ajouté de l'acide sulfurique (fig. 7). Au commencement de l'expérience, la déviation fut en- core orientale, mais elle changea bientôt et devint occidentale, la température du liquide étant montée à 92°. 15. Une bande recourbée de fer, longue de 1,5 mètres, épaisse de 2 mil., et large de 4,5 centüim., plongeait par ses extrémités : dans un vase d’eau, la boussole fut placée dans le nœud que for- Tome XCVI.FÉVRIER an 1825. 8 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mail la lame de fer sur sa partie inférieure (fig. 8), et tout l'appa- reil situé , de manière que l'aiguille prenait une direction paral- lèle à la longueur de la lame, direction qui ne différait que-fort peu du méridien magnétique, la partie plongée élait tournée vers le sud. à Au moment où l’on versait de l'acide sulfurique dans l’eau du vase, l'aiguille montrait une foridéviation orientale , d'environ 65°, qui changeait après quelques instans, et devint occidentale. Une petite aiguille aimantée, placée sur la partie supérieure du fer (fig. 8), montrait constamment une déviation opposée, en ajoutant successivement.dans le liquide, des morceaux de zinc et de cuivre, ou en y versant de l'acide nutrique , l'aiguille éprou- vait de singulières agitations, en déviant tantôt vers: l'occident, tantôt vers lorient. “te VE 14. Le même appareil plongé de la mêfne maniere dans un mélange d’eau et d'acide nitrique, la déviation de l'aiguille inté- rieure fat de 10° vers l'occident, tandis que l'aiguille extérieure ne montrait aucune déviation. Quand le contact des extrémités a el à fut établi, au moyen d'un morceau de cuivre , la déviation de l'aiguille intérieure fut occidentale, celle de l'aiguille extérieure au contraire orientale. En répétant ces dernieres expériences avec Je fer, on verra qu’elles présentent plus d'anomalies qu'aucune des autres, ce qu'il faut apparemment attribuer à l'influence puissante de ce métal sur l'aiguille, le centre d'action de la masse de fer étant diffe- remment silué pour Chaque position différente de l'aiguille. Parmi les irrégularités apparentes que montre’aiguille aiman- tée, dans loutes ces expériences, on ne saurait cependant mécon- naître un certain ordre qu’il sera intéressant d'étudier, c’est: sur- tout la déviation orientale précédant constamment la déviation définitivement occidentale, qui nous a frappés; elque nous avons rencontrée presque partout. | ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5a MEMOIRE Sur les rapports qui existent entre certaines élévations de la surface de la Terre et l’action des Volcans ; Par M. J. MAC. CULLOCH. Les personnes qui se livrent à l'étude de la Géologie, n’ont as oublié sans doute que l’un des plus grands problèmes de la Ééténée est de déterminer là nature des causes qui ont fait qué des roches, d’abord existantes dans les profondeurs de la mer, sont maintenant élevées beaucoup au-dessus de son niveau. À l'appui de ce fait lui-même, nous n’aurons pas besoin d’avoir recours aux observations de D. Ulloa qui a trouvé des coquilles à une élévation de 14,000 pieds dans les Andes, parce qu’il n’est presque pas d’endroit de la terre qui n'offre quelque chose de semblable. Deux théories distinctes ont élé proposées pour l'explication de ce fait, sans néanmoïns comprendre nécessairement tous les autres points qui ont divisé les deux principaux partisans de la Géologie. Suivant l’une, ces élévations sont dues à une disposi- tion naturelle dans le fond dela mer; les roches, avec les corps organisés qu’elles contenaïent , sont restées dans la place où elles ont été formées; suivant l’autre, le fond a éprouvé des change- mens , tândis que la mer restait en repos, Dans cette dernière hypothèse, les uns, comme Deluc, ont pensé que cé changement du fond de la mer est dü à ce qu'il reposait sur des cavernes qui se sont écroulées, et les autres, comme Hutton, ont considéré que les éffets ont été produits par une forcé souterraine qui en zélevé certaines parties; enfin, quelques-uns ont cru'qué ces deux causes ont pu avoir lieu x la fois. PPS | ‘Il ne faut pas s’imaginer que la théorie dé l'élévation de cer- taines parties dû fond de Ja mér | ou que le système connu sous le nom de Æutton, lai appartienne réellement. 1] avait été antérieu- rement proposé par Antonio Lazzaro Moro, etil a'eu plusieurs par- tisans parmi des personnes qui n'avaient jamais entendu parler de la théorie huttonienne. Il ne faut pas non plus croire qu'il est 8.. 6a JOURNAL:DE PHYSIQUE, DE CIMIMIE limité à ceux qui assignent une origine ignée à certaines roches ; car c'était aussi l'opinion de Saussure, ou de l’un des géologues qui a soutenu avec le plus dé force la théorie appelée Veptu- rüenne. Je n’aï pas l’intention d'entrer iei dans un examen critique de ces théories; mais il ne sera pas déplacé de faire observer que l'hypothèse qui s'appuie sur un enfoncement de la terre, est sin- gulièrement fautive dans toutes les clioses nécessaires pour l’ex- plication des apparences pour laquelle elle a été inventée; et qu’elle ne peut réellement cadrer avec rien de ce que nous connais- sons des lois de la nature. Les positions-anguleuses et élevées des roches stratifiées, et plus particulièrement dans les endroits où elles contiennent des fragmens considérables et puissans, ne peuvent avoir été produites: par aucun mode de déposition dans l’eau. Il en est de même de leurs fractures et de leurs brisemens. La posi- tion des coquilles de différentes espèces qu’elles renferment ne sont pas plus explicables dans Ja même manière de voir; aussi lorsqu'on observe actuellement des coquillages vivans tubuleux, ou remarque que leur:position est toujours perpendiculaire à l'horizon et par conséquent à la couche de sable dans laquelle ils habitent. Par la même raison, des-coquilles concaves vides se placent nécessairement la convexité en bas. Alors quand on trouve des strates dans une position relevée et anguleuse, ces coquilles conservent le rapport avec le plan de la couche qu’elles avaient eu, lorsqu'elles étaient sous l’eau, preuve sufñlisante du déplacement de ces roches. La même théorie, en admettant'une disparition d’eau qui doit égaler en volume au-moins la. mesure de la sphère creuse con- tenue entre la sphère qui est mesurée par le plus petit diamètre de la terre, supposant qu’elle est sphérique ,.et. par le plus grand, imagine un, Cas, qui ne peut avoir existé Conséquemment avec tout ce que nous connaissons de Chimie, d'Astronomie, sur la nature de la terre; car une telle masse d’eau n’a pu être détruite; et l’on n’a pu trouver ni imaginer de réceptacle assez grand pour la contenir: mais ilestinutile d'insister davantage sur ce sujet. Il reste donc à adopter quelque théorie dans laquelle la terre aurait éprouvé un mouvement où les roches auraient été dépla- cées, tandis que la masse générale de l'Océan aurait seulement changé de disposition en conséquence de ce mouvement. Mais comme il n’est pas dans mon inteulion d'entrer dans la totalité de la question, j'établirai seulement que l'élévation, des. couches par une force intérieure ou souterraine peut être admise, au ÉT D'HISTOLRE NATURELLE. Gi moins pour une part dans l'opération. Sa nécessité est prouvée par une variété de phénomènes que.je ne puis détailler ici. Que cette force existe, même aujourd’hui, cela est prouvé par l’élévation d'îles du fond de la mer, par l’action des volcans, chose qui est souvent arrivée, comme on en a eu la preuve en Italie, en Amé- rique et ailleurs. : A à Mais on a supposé que cette action volcanique était peu impor— tante, partielle et incapable d’être employée pour la solution. d’autres cas que ceux dans lesquels ce moyen existe, et est: bien. évidemment démontré actuellement. Le but de ce Mémoire est de montrer qu’elle produit des effets beaucoup plus grands qu’on ne se l’imagine communément, et que beaucoup des phénomènes géologiques les plus singuliers et les plus intéressans peuvent être expliqués d’une manière satisfaisante-par son moyen: Ayant de décrire les deux cas dont je me propose de faire l’exa- men, je dois cependant noter :le plus simple des volcans insu- laires,, comme servant à expliquer les phénomènes en apparence les plus compliqués. L'un des plus connus existe près de: Santo-- rini dans l’Archipel de la Grèce. La formation de cette île, . à la. suile d’une éruption sous-marine, commença en 1707;-et en moins d’un an., elle avait une circonférence de cinq milles, avec. une hauteur de 40 pieds. Il s’en forma.une plus petite à la même place, peu d'années après; et d'après Pline, Thérasia,. Automali. et Thia s’élevèrent aussi dela même manière dans les: anciens temps et dans les environs, C’est aïnsi- qu'il s’est formé, dans les temps modernes , plusieurs îles semblables, près de l'Islande, et dans les Acores; et il ne s’est encore passé que peu d'années, depuis qu’une petite ile, à laquelle.on a donné le nom de Sabrina, s’est formée dans le voisinage des premières. Des événemens sem blables paraissent.avoir eu. fréquemment lieu dans J'Océan paci- fique, et quoique quelques-unes de ces îles volcaniques soient. fort basses, elles ont quelquefois une élévation considérable. L'ile de l’Ascension paraît être encore un exemple très salis- faisant de celte nature ; quoique sa formalion actuelle ne nous soit pas aussi bien connue que dans les exemples cités ci-dessus ;. et l'ile de Sainte-Hélène ,est aussi probablement jun exemple de la même sorte. (bc d Dans quelques cas, ces iles semblent'être entiérement formées: de pierres; de:scories et probablement aussi de laves sorties de. l'ouverture volcanique au-dessous de la mer, s'élevant successi- vement: à la surface, elles se consolident en partie par leur. propre poid. en partie par le mélange de laves, Ainsi des pierres: 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ponces sont souvent trouvées flottantes sur la mer, ayant été probablement emportées, à cause de leur état boueux. Sabrina , que nous venons de citer, fut entièrement emportée de cétte ma- nière, peu de temps après sa formation, parce qu'elle n’était composée que de scories légères. Dans tous ces cas d’éruption sous-marine, on a loujours vu des flammes et de la fumée sortir de la mer; des tremblemens ‘de terre marins, si l'on peut em- ployer cette expression, ont été ressentis et l’eau échauffée jus- qu'a bouillir. ai RU TR nes * Maïs suivant Popinion de M. de Hambolt, dans plusieurs cas, ces iles sont prineïpalement formées par l'élévation de couches sous- marines ; el cette idée est confirmée par une variété de faits qu'ont offerts des îles volcaniques dans beaucoup de parties du monde, aussi bién dans les Indes-Occidentales que, sur la côte d'Afrique ; ce mode de formation est celui qui appartient aux cas que nous allons décrire, quoiqu'ils aient échappé jusqu'ici a lat- tention des géologues, quelques remarquables et intéressansqu'ils soient. On verra que leur intérêt ne se borne pas à fournir des preuves à l'élévation volcariique ou à dés conséquences impor- tantes pour la théorie de la terre qui doïît's’en suivre, mais qu'ils éclaireissent et expliquent beaucoup de points collatéraux qui ont été la source de bien de grandes dificultés en Géologie. Le pre- mier de ces cas est l’Italielet le second celui des iles de Coraux. Dans le prémier de ces pays, on-a trouvé plusieurs dépôts d’alluvion remarquables, qui, d’après ce que lon a° observé jus- qu'ici, n’ont pas été découverts ailleurs. Cependant, si là théo- rie que je vais offrir à leur sujet est exacte , il est probable qu'ils ne sont pas bornés à cetté contrée ;! mais que lorsque leur véri- table nature et leur origine seront plus généralement connues, on les rencontrera dans les autres contrées où seront les mêmes circonstances, C’est surtout ‘dans lé but d'eéxtiter l'atièntion des géologués autant que je puis, Sur un sujet aussi intéressant , que je publie ce Mémoire. ! Quant aux faits eux-mêmes, nous les devons à Brocchi qui les a décrits dans sa Concholôgiä subappennina et dans! son dernier Essai sur le sol dé Rome. Comme il s’est singulièrement trompé dans son essai pour les expliquer comme l’a fait justement observer l’analyéle de Son ouvrage dans P'Edinburg review ; Jai entrepris de suppléér à ce défaut. Mais en le faisant, j'ai fait la plus grande attention" x né potter aucuné altération aux faits tels qu'il les a rapportés , él'à n’en tirer aucune autre conclusion que celles qu'il cn n'tirées luisméme. Au contraire, je les ai pris au$si rigoureuse- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 63 ment qu'ilsles a rapportés lui-même, excepté dans un petit nombre de cas où les observations m'ont paru défeclneuses ; et je me suis seulement proposé de les amender sur les principes que lui- même a fournis. C’est un grand, abus , malheureusement trop commuu,chez une ,parlie des écrivains de Géologie, de déter- miner.Ce qu’un observateur doit avoir vu. C’est un moyen que l’on a fait servir a appuyer toutes les hypothèses, et qui rend souvent les observations inutiles; mais il n’y a pas de lois dans la Philosophie contre les essais pour faire cadrer les observations des autres avec les principes généraux, lorsque les observateurs eux-mêmes ont pu se tromper, sous ce rapport, avec l’attention que les faits soient rapportés comme ils ont été donnés. Les couches alluyiales d'Italie. ont été rangées par plusieurs personnes parmi les formations. lerliaines ou d’eau douce, et comme une simple espèce de celles qui ont été décrites dans les environs de, Paris et dans notre pays. Cette classification est évi- demment peu convenable, et il parait qu’elle est due à quelque confusion dans les observations au sujet des fossiles marins et terreslres, et parce qu’on a eu recours à une analogie, qui, eu examinan| la chose superirieliements semble suflisamment évi- dente, mais qui est inapplicable. I ya dans les faits une com- plication ‘considérable. L'alluvium, inférieur est évidemment d’origine: marine, landis que le supérieur est lerrestre; et la confusion apparente qui a produit l'erreur dans les observations en parlie par uu mélange produit occasionnellement dans des temps plus récens eL.en partie par celte singulière roche d’allavion, le tra- vertin,,a-été causée en parlie par la proximité de ces deux forma- tions, et enfin en plus grande partie encoreparles nombreuses allu- vions volcaniques ou tuffas , quiau lieu de rester dans des lieux où elles ont été vomies, ont été transportées et consolidées par les eaux. On ne doit pas cependant blämer M. Brocchi; ses observations sont au,contraire d'uu très grand prix, parce qu'elles sont géné- ralement lumineuses, complètes et bien arrangées, el qu'elles portent tous les caractères d’exaclitude. Une grande preuve de cela, c'est que: je n'ai presque jamais trouvé de lacunes où d’in- cerlitude;, quoique j'aie été privé de l'avantage de réexaminer les faits sur les lieux; tandis que l'évidence semble presque parfaite, bieu liée, quoique faite sans l’avantage d’une hypothèse exacte, comme si, avec la théorie dans les mains, que je vais exposer ici, je les eusse examinés moi-même, L’excellent géo- logue italien a eu, beaucoup de respect pour la théorie de son compatriote Lazzaro Moro; la tâche d'expliquer les faits qu'il 64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE , s'était imposée, ne pouvait pas être laissée à un autre; mais notre Science lui doit une reconnaissance que ses successeurs soit en Italie, soit ailleurs, semblent avoir reconnue à regret d'une manière tout-à-fait singulière. re Ceux qui liront ces remarques, seront sans doute surpris que le savant commentateur de la théorie huttonienne qui a joui de l'avantage d'un examen personnel des faits, n’ait pas été conduit à la même conclusion que moi, surtout en observant que cette conclusion a dù lui paraître si importante dans là manière de voir en théorie géologique. Je ne prétends pas expliquer cette omission, quoique nous puissions rappeler que les mêmes faits ne produisent pas toujours la même impression sur chacun de nous. Cette omission ne peut cependant être employée comme un argument contre la théorie que j'ai adoptée ici, presque sans vouloir le moins du monde diminuer le mérite élevé et bien rez connu de M. Playfair; chaque géologiste sait que l’exposition de son système favori, est souvent défectueux sous certains rapports bien connus, et qu'il est aussi susceptible d'objections insurmon- tables. | me F: Æn établissant les faits que j'ai puisés dans M. Brocchi, j'ai souvent été dans la nécessité de les abréger beaucoup, parce que dans un Journal consacré aux travaux originaux, il eût été peu convenable d'occuper une grande étendue avec des détails qui sont déjà connus. Il est donc préférable de renvoyer le lecteur à $on ouvrage lui-même, et toutes les personnes qui trouveront quelque intérêt à ce sujet, devront y avoir recours, surtout si elles avaient quelques soupcons sur la vérité des conclusions que j'ai essayé d'en tirer. Je dois cependant répéter que je ne me suis permis aucune liberté de changer les faits autant qu'il m'a été possible de bien déduire leur véritable nature en consultant les deux ouvrages que j'ai cités plus haut. LE . Quant aux détails géographiques sur la formation suûb-apen- nine, je suis obligé d'en référer à l'ouvrage lui-même, parce qu'ils occuperaient beaucoup trop de place et que d’ailleurs ils séraïent presque inintelligibles sans carte. Mais il faut Cependant remarquer d'une manière générale , que ce dépôt, tel qu'il a été déerit, $e trouve non-seulement dans beaucoup de bas-fonds; maïs qu'il forme une rangée de montagnes au pied des. Apennins. Parmi Jes.différens ‘endroits où il s’en ‘trouve, et que je né'‘puis tous énurérer, je citeraï le Piémont, le voisinage de Parme dansilé Pléisantin où il y en a de tels tout le long du côté séptentrional de'ée bord à Otrante , tandis que sur le côté méridional ; il bordg ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65 de la mème manière les terrains élevés, comme à Orviète, à Rome, près Terracine et ailleurs. Je dois aussi faire remarquer que la même alluvion peut être observée au près de Vicence et de Vérone et au pied des Alpes, aussi bien qu’au pied des Apen- nins; en sorte que ce nom de collines sub-apennines n’a peut-être pas été tres bien choisi. | En réunissant les faits observés par M. Brocchi, il est véritable- ment aisé de voir que presque tout le promontoire de l'Italie est plus ou moins couvert de dépôts aussi remarquables qu’intéressans ; u’il ne forme pas nécessairement des collines et qu’il manque be les endroits seulement où ces marques peuvent avoir été détruites, soit par la destraction des parties superficielles des crètes les plus élevées des montagnes fondamentales ou par des éruptions volcaniques ou tremblemens de terre, ou enfin par l'action des rivières qui ont enlevé ces dépôts ou les ont recou- verts par les autres alluviums d’origine terrestre nouvelle et ordinaire. 11 était important de généraliser ici ces faits géogra- phiques, pour lesquels notre auteur nous a fourni les matériaux. Le dépôt général d’alluvion, d’après ce que nous en dit M. Brocchi sous un terme commun, consiste en deux lits qu'il est très essentiel de distinguer où ils sont bien réguliers; parce que, comme ils sont tres confondus dans beaucoup de places, ils ont été quelquefois décrits d’une manière peu soignée, comme si cela faisait partie de leurs caractères naturels. Nous ferons voir bientôt que cette confusion résulte de causes postérieures et quelquefois récentes. Dans les lieux où il a éte décrit de cette manière lâche et générale, il a été regardé comme formé de marne, de sable, de gravier, avec des grès et des brèches acci- dentelles et contenant en outre beaucoup de fossiles marins et terrestres. Dans un sens général , ses lits peuvent être regardés comme horizontaux , Ou au moins comme très peu inclinés, et ils sont par conséquent en rapport dans leurs variations ordinaires, avec l’inclinaison des strates calcaires apennines sur lesquelles il repose. s Le lit de marne, qui est le plus inférieur, est dans quelques endroits de nature argileuse; dans d’autres argilo-calcaire; et en outre de cela, il contient souvent du mica. Comme il manque quelquefois, le lit supérieur qui est formé principalement ‘de sable et de gravier, repose alors par accident sur le calcaire solide et fondamental. Cette strate inférieure contient des substances miné- rales différentes, comme de la chaux sulfatée, de la strontiane et.de la barÿte, du silex, des cristaux de quartz, des pyrites, Tome XCVI. FÉVRIER an 1823. 9 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du fer limoneux', du soufre et du bitume. Il en sort aussi des sources salées, -et quelquefois des sources d'eaux thermales et d'hydrogène sulfuré; phénomènes qui proviennent probable- ment du voisinage des matériaux volcaniques ou de volcans. Pour décrire plus particulièrement le lit supérieur, je dirai qu’il consiste en sable siliceux ou silicéo-calcaire et en gravier, contenant souvent du mica et de l'ocre jaune, tandis que dans quelques endroits , comme à Saint-Marin et à Volterra, il com- mence à former un grès solide ; il ne couvre pas partout le lit de marne, puisque celui-ci manque quelquefois, comme il vient d’être dit. On peut ajouter que ce dépôt est quelquefois accompagné de brèches partielles consistant en fragmens de roches anciennes et contenant accidentellement des coquilles. Si nous prenons ces deux lits à la fois, comme Brocchi l’a fait quelquefois, parce qu’il n’a pas senti l’importance de cette distinc- tion, nous verrons que les fossiles qu’ils contiennent mon- trent une grande différence d'origine. Ils comprennent des corps marins, poissons ou coquilles; mais ils sont bien plus com: muns dans la marne que dans le sable, tandis que des étendues considérables de ces alluviums n’en contiennent pas du tout.On dit que les coquilles sont quelquefois semblables dans les deux lits; mais il est très important de faire remarquer que dans les endroits où elles sont.en abondance, on les a trouvées réunies en familles ; preuve qu’elles n’ont pas été transportées, et qu’elles sont encore aux lieux où elles ont vécu. er Il faut maintenant remarquer que l’on admet que plusieurs deces animaux existent encore dans les mers qui baignent actuellement l'Italie , et que d’autres sont exotiques ou au moins inconnues. Ainsil’on a introduit une nouvelle source d’obscurité dans ce sujet, qu'il sera important de détruire. Cependant, comme je ne puis entrer ici dans de grands détails à ce sujet, je me contenterai de parler du Monte-Bolca, comme d’un des exemples les plus évidens d'observations et de raisonnemens erronés. Dans celle montagne, les poissons ont été trouvés dans un schiste argileux qui fait partie du lit marin le plus inférieur des collines appelées par Brocchi sub-apennines. Cette substance L’exisle pas en couches continues, mais en masses distinctes et détachées, au milieu de matériaux séparés ( /ooser) ; la forme de ces animaux a été bien conservée, surtout dans les masses les plus dures. La matière animale qui est endurcie et mêlée avec la terre qui la contient, est de couleur brune, et de plus, quelquefois assez, dure pour sortir de-la pierre et pour pouvoir en êlre sépa- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 67 rée. Cette partie est fragile et luisante, ressemblant en quelque sorte à de la colle; mais les os sont quelquefois convertis en spath calcaire. 6 uant aux espèces, Volta, avec des connaissances lrès impar= faites d’Ichthyologie, a entrepris de donner des noms à cent cinq espèces, et il a rempli cette tâche d’une manière très incorrecte. Outre cela , prévenu en faveur de quelques révolutions merveil- leuses et mystérieuses de notre globe, et comme tant d’autres géologues, préférant une solution impossible à une évidente, il a rapporté ses espèces imaginaires à des habitations et à des pays différens. Ainsi il commence par établir sept poissons d’eau douce, comme s’il n’avait pas créé assez de difficultés sans cela, au lieu que M. de Blainville, avec une connaissance exacte du sujet, a montré qu'il n’y a pas une espèce d’eau douce et que toutes sont marines. On ne peut suspecter son témoignage d'aucun but, puisqu'il n’a pas de théorie géologique à soutenir, et qu'il a lui- même commis une erreur semblable en parlant des poissons pétrifiés d'Œningen. Pour le reste, Volta décide, se trompant souvent aussi bien dans les genres, comme dans les espèces, que vingt-sept sont des poissons d'Europe et trente-neuf d'Asie, que trois appartiennent aux côtes d'Afrique, dix-huit à l'Amérique méridionale et onze à l'Amérique du nord. M. de Blainville doute, avec beaucoup de raison, de cette détermination, sous le rapport ichthyologique , et il ne peut y avoir d'hésitalion en disant que cela est impossible sous le rapport géologique. Si la théorie sur l'Italie que j'ai à proposer est vraie, tous ces poissons existent encore dans la Méditerrannée, ou y ont existé ; car il peut y avoir des poissons perdus, comme il y a des animaux terrestres dans ce cas. Conformément à cela, il est remarquable que presque tous ceux qui sont assez parfaitement conservés, pour qu’il n’y aït pas de doute sur leurs caractères, sont des poissons actuels de la Méditerranée. Plusieurs fossiles sont si imparfaits qu’il est impossible de rien décider, et M, de Blaville, qui ne manquait nullement de bonne volonté dans l'établissement des espèces el des genres, sans parler des frag- mens imparfaits, a déjà réduit les cent cinq espèces de Volta à quatre-vingt-dix, et il est évident qu’une grande partie, même de ce nombre, n’est établie quesur des conjectures très hazardées. Mais en voila assez sur le Monte-Bolca. Outre ces fossiles marins les plus communs, on y a trouvé des ossemens de baleines et de dauphins, et même des squelettes entiers d'animaux de ces genres ont été découverts à uneélévation 9. 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de 1200 pieds au-dessus de la mer. Il est en outre à remarquer que ces os de baleines étaient incrustés de coquilles d’huîtres, et qu'ils étaient cependant dans un parfait état de conservation; preuve qu’ils n’ont pas élé transportés d’une grande distance et de plus que ces alluviums ne sont pas de transport. Les fossiles d'animaux terrestres ont été trouvés, en général, peu de pieds au-dessous de la surface du sol , et sont parconsé- quent communément dans le sable et le gravier ou dans les lits supérieurs ; mais comme ils manquent quelquefois, on en a aussi trouvé dans la marne. Ce sont des ossemens d'hippopotames, d’éléphans, de rhinocéros, de mastodontes, d’aurochs, d’élans , ainsi que des bois de cerfs; à quoi il faut ajouter des restes de végétaux, consistant en troncs et fragmens d'arbres, de feuilles peu altérées, des coquilles d’eau douce et enfin des fragmens de traverlin ou de roches d’eau douce, des incrustations calcaires végétales, semblables à celles que nous voyons se former tous les jours dans les lieux où coulent des eaux , contenant une disso- lutior de carbonate de chaux. Outre ces deux couches remarquables, on en trouve encore eu Italie quelques-unes de superficielles, dont plusieurs sont par- uiculières à cette contrée, tandis que l’une est commune à tous les pays. Celle-ci est l’alluvium ordinaire des rivières, comme celui du Pô et de l'Adige au nord des Apennins et celui du Tibre au sud. Les couckes qui lui sont particulières sont formées par la roche calcaire d’eau douce, nommée travertino:, les matières iufacées poreuses de même nature et les tufas volcaniques. La plaine de Sarteano , les maremmes de Toscane, la solfatare et les environs de Rome offrent des exemples de ces sortes de strates. Les substances calcaires contiennent quelquefois des coquilles et des végétaux d’eau douce; et il s’en trouve aussi quelquefois dans les tufas volcaniques. } De tout cela, il est résulté une confusion qui a beaucoup em- brouillé le sujet et qui mérite d’être éclaircie. Dans son dernier ouvrage sur Rome, Brocchi a donné, sur certaines circonstances, des détails qui ont commencé cet éclaireissement, et il sera aisé de montrer qu’il n’y a pas de difficulté à expliquer le tout, et à simplifier les faits, seulement en les rapprochant et en les com- parant. ; La principale confusion, dans cette partie, consiste dans le transport des substances volcaniques, et dans leur cimentation, par le moyen des eaux calcarifères qui coulent des Apennins. En conséquence de cela, elles contiennent quelquefois des substances ET D'HISTOIRE NATURELLE. 69 dont la présence, sans cela, serait inconcevable, comme des coquilles terrestres et fluviatiles. De la même manière, elles al- ternent. ou du moins elles sont mélées plus ou moins irrégulie- rement avec le travertin et les alluviums peu adhérens des ri- vières ; enfin, il s’en trouve dans des lieux éloignés de volcans récens , et même où l’on n’en soupconne pas d'anciens. Il est aisé de se faire une idée des erreurs qui ont dù provenir du défaut de connaissance de la nature réelle de ces apparences. Lorsqu’ainsi une opinion de leur dérangement inintelligible fut une fois adoptée, on supposa beaucoup plus de confusion qu’il n’en existe réellement dans des lieux où une légère attention au- rait suffi pour lever toutes ces diflicultés imaginaires. Comme M. Brocchi a d’abord procédé d’une théorie particulière, il y a quelque doute qu’il ait trouvé toute chose aisée, et qu'il l'ait rendue également à ses lecteurs. D'après cet auteur, on trouve quelquefois des coquilles sem- blables dans les deux couches d’alluviums:; mais il est en énéral admis que les plus évidemment marines se trouvent du les deux. Cependant, on dit en même temps, et d’une ma- nière beaucoup plus décidée, que celles-ci sont beaucoup plasnom- breuses dans la couche marneuse que dans le lit arénacé, et que ces coquilles y sont en familles comme elles vivent dans la mer. On a aussi remarqué que les coquilles marines ne paraissent pas avoir été: transportées; et enfin que les fossiles terrestres se trouvent généralement à un pelit nombre de pieds au-dessous de la surface et dans les couches supérieures, quoiae lorsque celles-ci manquent , ce sont les inférieures qui les contiennent. Pour prouver, comme je lai entrepris, que les strates inférieures ou marneuses sont un dépôt marin, et que les supérieures sont terrestres, il est nécessaire d’essayer de réconcilier ces anomalies, ainsi que celles qui consistent dans le mélange des tufas volca- niques et des substances d’alluvium. L'absence complète des fossiles ne demande pas d'explication. Lorsque le dépôt terrestre manque, les substances organiques que l’on peut y trouver, doivent nécessairement paraitre appar- tenir à la couche marine ou inférieure, quoiqu’elles puissent être légèrement ou purement superficiellement couvertes. Quoique trouvées un peu plus profondément, il n’est pas difficile d’en- tendre comment cela a pu avoir lieu, de même que comment les fossiles marins peuvent se rencontrer par occasion dans les alluviums supérieurs. Les révolutions de la surface provenant principalement des transports partiels des rivières, ont dù néces- 70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sairement engendrer beaucoup de confusion de cette sorte et capables, même aux yeux d’un bon observateur, de le tromper dans ses conclusions, à moins d’être averti par avance de se gar- der des apparences qui, même dans ce cas, sont souvent difliciles à distinguer. Des marques accidentelles de transport peuvent être aisément aperçues sur un espace considérable, et où les princi- paux faits seraient de différente nature ; et ceux-ci forme- raient une sorte de mesure pour le tout, et conduiraient natu- rellement à négliger de semblables variations trop petites pour paraître intéressantes. Mais les géologues , accoutumés à l'obser-. vation, sont trop suffisamment avertis de la facilité avec laquelle on commet des erreurs de cette sorte (particulièrement lorsqu'on manque de théorie à l’aide de laquelle on puisse distinguer ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas), pour ne pas être surpris à la vue d’une conduite de cette nature , même dans un géologue comme M. Brocchi. Comme je ne puis cependant prolonger trop loin cet examen, je me bornerai à rapporter deux circonstances de plus qui pour- ront prouver aisément la cause des erreurs sur les alluviums d'Italie. Il est loin d’être certain que les deux lits qui les com- posent puissent être distingués partout, par leur nature seule, indépendamment des fossiles qu’ils contiennent. Une couche sa- blouneuse peut, dans quelques endroits, avoir formé le fond de la mer, aussi bien qu'une couche vaseuse ou marneuse. Ainsi l'aliluvium marin peut être aisément confondu avec un dépôt terrestre; des lits de matières alluviales, n’admettant pas cette séparation qui marque si généralement les différentes couches solides , même re la nature des deux lits en contact est la même. Cela est suffisamment évident. C’est aussi une chose de notoriété irrécusable , que les éruptions volcaniques et les trem- blemens de terre ont produit une grande confusion, même à des époques récentes, dans beaucoup de parties de l'Italie, et quand on considère le grand nombre des anciens volcans dans ce pays, soixante cratères dans une étendue aussi petite, nous ne Craignons pas d'errer en y trouvant des causes suflisantes pour avoir pro- duit des renversemens, des anomalies dans l’aspect des strates superficielles. En critiquant les remarques du géologue italien, ce n’est cer- tainement pas pour diminuer rien de leur mérite, ni pour renver- ser les faits qu'il nous a fournis, lorsqu'ils sont ainsi rectifiés d'après des principes connus et évidens. Le point de vue que je propose ici, pour les bien comprendre, est amplement confirmé ET DHISTOIRE NATURELLE, FT 4 par le plus grand nombre de faits qui sont rapportés dans cet ouvrage et au moyen desquels la distinction des deux couches, l'une contenant des fossiles marins et l’autre des fossiles terresires, est prouvée par lui-même. Il n'y a pas le moindre doute que si toutes les circonstances locales , dans chaque cas observé sur une si grande étendue de pays, l'avaient élé par cet auteur, on n'aurait pas eu besoin de l’explication actuelle, et que le point qu'il est dans mon but de prouver n'aurait pas été mis en discussion. Ce point est que l'Italie en général est couverte par une strate marine, sur laquelle des restes fossiles sont renfermés dans un lit d’alluvion, en place et entier, et qu'au-dessus de celui-ci il y a une couche terrestre qui contient des restes d'animaux terrestres analogues à ceux que l’on a trouvés dans beaucoup d’autres en- droits de l'Europe. Il reste maintenant à expliquer cet état de choses, ou à donner une théorie des dépôts alluviaux d'Italie. Cette théorie, si elle est exacle, doit être applicable à tous les cas semblables d’alluviums marins trouvés au-dessus du niveau de la mer, de même qu'a ceux qui pourront être découverts par la suite en d’autres lieux; alors cela nous fournira une nouvelle clef pour la solution d'une cer- taine classe de phénomènes géologiques, pour lesquels aucune autre branche des théories générales ne donne une explication suffisante. Il est important de faire observer combien celtethéorie partielle se déduit rigoureusement de la théorie générale qui ad- met pour la cause de l'élévation des couches une force souter- raine, et combien l’épreuve d’une théorie est bonne lorsqu'elle nous donne aussi les moyens d'expliquer les apparences qui ne pouvaient pas avoir élé prévues, quand elle a été formée. Si Lazzaro Moro avait eu une idée plus grande et plus exacte des circonstances au milieu desquelles il vivait, l'explication que nous allons donner eût été inutile. En étudiant les causes de la position actuelle des roches solides contenant des corps organisés fossiles, nous devons nous efforcer seulement de les assigner d’une manière générale et par analogie, parce qu’elles n’ont pas laissé de preuves positives collatérales de leur action. Cela peut probablement être attribué en grande partie à l’époque extrêmement reculée à laquelle elle a eu lieu, et aux changemens auxquels la surface de la terre a été exposée depuis ce temps. Dans le cas actuel, cependant, nous voyons les germes de ces strates, tout-à-fait sous-marines, exposés avant leur consolidation, et présentant probablement les apparences qu’elles offrent, seulement parce qu’elles sont d’une date plus 72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE récente. En même temps, au lieu d’être forcé de rechercher des causes par une route analogique, nous les trouvons danslanature volcanique générale de la contrée que nous examinons, tandis que dans d’autres lieux, nous pouvons presque apercevoir la véritable cause elle-même en action. En difiérens endroits et en Italie tout particulièrement, on a observé que le niveau relatif de la mer et de la terre est sujet à changer et qu'il ÿ a eu dans les temps passés des altérations fré- quentes. Quant aux preuves de ces changemens et à leur nature, je suis obligé de renvoyer à Breislack et à d’autres géologues qui ont observé le sujet avec grand soin et cela pour ne pas alonger ce Mémoire par de simples répétitions. Le cas présent doit être considéré connne un des plus tranchés de cette sorte, en consé- quence duquel le niveau de la mer , ainsi qne les alluviums non con- solidés , ont été soulevés au-dessus dela surface de l’eau, de manière à devenir une terre sèche. Alors il est aisé de se rendre compte de la présencedes restes d'animaux marins, ainsi que de leur existence dans cet état singulier de disposition tranquille qui a été décrit. Il est également aisé de s'expliquer le voisinage des fossiles marins et terrestres, ainsi que des alluviums qui les renferment les, uns et les autres. Quel que soient la cause ou les causes qui out produit les alluviums terrestres qui se rencontrent sur tout leglobe, ils paraissent avoir été déposés, dans le plus grand nombre des cas, sur la roche nue..Dans le cas que nous examinons, ils ont été établis sur un alluvium précédent de caractère différent, et, autant que nous le pouvons juger d’après l’imperfection de nos observations actuelles, probablement unique. L'interposition ap- parente des deux classes de corps organisés fossiles vient delà. Si cette interposition est jamais assez grande pour devenir un mélange ou une alternation véritable, j'ai déjà montré comment cela pouvait être expliqué par une variété de circonstances, con- sistant en changemens et en dépôts plus récens, et dans l’imper- fection des observations, dont la portée réelle et la valeur ne doivent pas être anticipées. Mais il sera convenable aussi de dire ici, que d’autres causes d’une nature plus générale auraient pu avoir produit les mêmes effets sans nuire en aucune manière à Ja théorie que nous proposons. On pense que beaucoup des alluviums terrestres ont été produits par des courans diluviens; et il est impossible, si cela est vrai, que cela ait pu avoir lieu sans avoir troublé l’alluvium précédent. Alors le mélange des différentes espèces de fossiles ET D'HISTOIRE NATURELLE, 75 a dû se produire, même dans le cas'où il ne sérait pas possible de les attribuer à l’action moderne dés rivières. | Quoiqu'on n’ait rapporté aucune preuve réelle d’altérnance dans ces alluviums, et comme on ne peut réellement en trou- ver, il est également aisé de voir qu’il faut la un évènéèment reposant sur le même principe que celui qui a produit lalter- nance des dépôts marins et d’eau doucé dansle bassin de Paris, ou dans les aatrés formations tertiaires. Il est égalentent aisé de comprendre comment! dans ww ea$ semblable, un esprit non préparé tunexameu convenable des apparences, a pu être conduit a confondre ensemble dés choses de rature différente, ét ainsi à jeter des doutes et à meltre de la’ confusion dans un sujet qui, examiné convenablement, ne présenté aucune difficulté réellé. , Il suit de ce que noûsvenons de voir, que l'élévation du $ol de | Fltalie, quiest l’origine'de ces phénomènes, doit étre ättribuée aux mêmes causes, qui maintenant ou il ÿ a péu dé témps, opé- rent où ôn!} opéré pour produire dé petits changéméns' sur le niveau rélatif de la mer et de la terre, et céla en élevant celle- ci. Ces causes sont én rapport avec lés tremblemens de terre et les volcans, ou sont dépendantes de l’action volcanique. Elles sont les‘mêmes qué’ cellés’ qui ont soulevé île de Säntôrino du fond de l'Océan ; ét qui 6nt produit lé phénomènes dés iles dé Coraux que nous allons bientôt décrire brièvement. Dans cette discription, nous trouverons dé nouvelles préuves ét de nouvelles confirmations de notre manière devoir. De quelle daté sont ces événemens”? Ils sont antérieurs à toute époque historique, même à celle du déluge général ; si l'on juge avec raison qu'aucun al- l'aviunr terréstre n’a hs déposé à ceué Époque. Si he cir ébristänte seiblable venait à avoir lieu àprésent ; il est éViden que la'strate allavialé sôüsmarine avet tous les fossiles qu'elle envelopperait dévrait présenter la mênre apparence que la partie mferieure des couches’ de lltalie; et que les squelettes des céta- cés pourraient se trouyer à une élévation de 1200 pieds au-dessus du’ niveau de la mer, ce qui serait moins surprenant que de ne pas'en trouver du tout. Ce fait particulier est cependant important, cômme montrant l'étendue verticale de cette élévation, de même que la Géographie des fossiles marins démontre celle de son étendue superficielle, A défant de renseignemensi plus complets, nous allons employer ceux que M. Brocchi donne pour les limites extrémes dans les deux sens; ainsi nous pouvons estimer ce‘ qu'était l’Italié avant Tome XCPI. FÉVRIER an 1823. 10 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les changemens et combien d'eux ont été la conséquence d'une élévation volcanique plus récente que leschangemens de lamême nature qui ont causé et déterminé la distribution générale actuelle de la terre. | La hauteur la plus grande dés Apennins est, dit-on, d'environ 9,000 pieds, et dans cette suppositiou, toute la chaîne de cette hauteur à celle de 1200, doit avoir formé une crête au-dessus du niveau de la mer. Je n’essayerai pas d'étendre ces conjectures aux Alpes, le lecteur pouvant aisément ÿ suppléer, si cela lui paraît convenable. Il est, probable qu'à l'époque à laquelle l'Ita- lie moderne a été produite, la totalité de la chaîne centrale for- mait une élévation libre de la hauteur de 1200 pieds au moins et sur une étendue en superficie d'Otrante à l’une des extrémités de la contrée jusqu’au Piémont, et d’un pied des Alpes en général ‘à celui de l’autre côté; puisque les environs de Vicence ét de Vérone offrent les mêmes apparences. On peut concevoir, si l’on veut, qu'il n’y avait d’aussi élevé pi ce qui est recouvert par l’alluvium sous-marin; cela ne pro- uirait encore aucune différence dans la vue générale, puisque la force qui était suflisante pour soulever une si grande partie de l'Italie, a pu aisément mouvoirle tout. C’est une circonstance qe l'on peut facilement prouver en :examinant la stralification es Apenuins d'une manière convenable. Si celle supposition ést juste, on doit en.effet trouver qnelques. dislocations, quelque disconlinuité dans l’ordre de stratificalion , et je dois ici recom- mander aux géologues qui en ont la commodité, l'étude des cir- constances intéressantes de différentes sortes que l’on doit, pour ainsi dire, attendre en, Italie, d'après la mauière de considérer. la nature de'ce pays, telle qu'elle, vient d’être donnée..S’il était Couvenable d'accumulér des, conjectures, on, pourraitsupposer que toule la contrée, même jusqu'aux parties les plus. élevées es Apennins furent soulevées à la même période de dessous J'Océan dans lequel nous savons que le calcaire de leurs flancs fut formé. S'il en a été ainsi, l'absence (de l’alluyium marin sur les parties les plus élevées, pourrait, ètre expliquée par les mêmes principes que l’on peut appliquer aux dénudations de la surface de la terre dans tout le globe. Quoiïque ces phénomènes soient tout-à-fait locaux, et quoiqu'à cause de cela même ils n'offrent pas un aussi grant, degré d'intérêt réel que les grandes élévations des continens et des chaines de montagnes énormes d'Amérique ou d'Asie, ils pré- sentent cependant un caractère beaucoup plus vif à cause de la nie ent ET D'HISTOIRE NATURELLE. 75 grande facilité avec laquelle on peut réunir les causes et les ef- fets et en concevoir la nature d’une manière plus palpable et plus évidente, parce que nous pouvons encore voir aujourd’hui l’as- socialion d’une cause active existante, avec des effets que l’on ne peut mettre en doute. Nous regardons beaucoup plus froide- ment les autres phénomènes, quoique sur une échelle plus vaste, à travers le laps d’un nombre de siècles incalculable et tel- lement éloignés qu'ils ne peuvent exciter en nous aucun intérêt personnel, en même temps qu'ils sont tellement moins évidens, que nous sommes beaucoup plus portés au doute qu’à l’admis- sion de conclusions qui sont accompagnées par desconséquences qui révollent un peu notre propre expérience. En contémplant les autres, nous redoutons l'insécurité de la terre sur laquelle nous reposons, et dans chaque tremblement de terre nous rap- pellant ce qui a eu lieu une fois, nous pouvons craindre qu'elle ne soit encore engloutie dans les profondeurs de l'Océan. Avant de terminer l'examen de ce sujet, il est nécessaire de rappeler au lecteur une circonstance collatérale qui non-seule- ment est intéressante en elle-même, mais qui confirme fortement les vues de la cause de ces apparences dont il a été parlé tout à l'heure; c’est de la soudaineté ou de la rapidité de l'action qui a produit ces événemens importans, que je veux parler. Cela se peut conclure de l'état parfaitement conservé de plusieurs des coquilles et des squelettes mentionnés plus haut; mais cela est encore mieux prouvé par la conservation de la matière animale des ligamens des coquilles bivalves, et par celle des poissons de Monte-Bolca dont il a été déja question, Un exemple remar- quable, maintenant dans la collecüon du Jardin du Roi à Paris, et autrefois appariénant au comte Gazzola, démontre d’une manière bien singulière, la rapidité de la catastrophe qui a pro- ! duit ces changemens; on y voit en effel un poisson qui paraît avoir élé saisi Où arrêté dans le moment où il en avalait un autre (1). Inesera pas inutilenon plus de faire observerici, que la condition des poissons fossiles d'Islande semble jeter une grande lumière (1) Ce fait qui serait sans doute fort simple, repose sur une illusion déter- minée par la position d'un squelette de poisson qui s’est trouvé saisi par la pierre, la gueule fortement ouverte , {én:même temps. qu'un autre qui était au-dessous sur un autre plan. Il en résulte que celui-ci semble être dans la gueule du premier; mais il me paraît certain, par l'examen de la pierre, que l'idée de M. Favjas, rapportée par M. Mac Gulloch, est erronée. (R.) 10. 76 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sur le dépôt remarquable de Monte-Bolca. On les trouve dans Ja baie de Patrik-Fiord enveloppés dans une vase ou argile en- durcie, et l’on dit même qu’il s’en produit tous les jours. Le poisson, dans l’état vivant, ou peut être immédiatement après la mort semble avoir été d’abord arrêté dans une vase molle qui s’est ensuite attachée à lui par le moyen de la matière animale qu'il a fournie et qui s’est mêlée avec cette substance; tandis que les parties dures, comme les os et les écailles, sont restées sans éprouver de changemens. Ainsi le noyau qui contient le poisson a d’abord été produit et est resté enveloppé dans la matière envi- ronnante. . Je puis maintenant terminer cette partie de mon sujet , de même que celle qui contient la poursuite du même mode de raison- nement sur un établissement différent des faits. Cependant je ne J'abandonnerai pas entièrement sans indiquer aux géologues la nécessité. d'examiner toutes les localités analogues à l'Italie, puis- que les mêmes circonstances touchant les alluviems peuvent exister dans beaucoup d’autres endroits. Cette partie du sujet a été jusqu'ici entièrement négligée; quoique les régions et les phé- nomènes volcaniques soient bien loin d’avoir été sans observa- teurs. Le cas présent offre un exemple bien évident pour mon- trer la nécessité des théories préliminaires et des vues générales. Saus un guide de celte sorte, ces apparences obscures peuvent aisément continuer à être mal saisies, de manière à nous priver des preuves les plus complètes, les plus claires sur les change= mens qui ont eu lieu à la surface de la terre et sur leurs causes. Il est à peine nécessaire d'indiquer leslieu x où l’on peut observer de semblables phénomènes; cependant je puis nommer comme les plus accessibles, et comme présentant les exemples les plus satis- faisans d'élévation volcanique, les Acores et les autres îles volca- niques de la côte d'Afrique, ainsi que les îles Saint-Hélène, de l'As- cension et peut êlre Owhyhée. Les géologues doivent donc avoir continuellement présent à la mémoire, que comme toutes les terres supra-marines, Ont élé probablement élevées par quelque cause, du fond de la mer, il doit y avoir des alluviums sous-marins au- dessous d’alluviums terrestres, dans plusieurs contrées qui ne montrent aucune trace de nature ou d’une origine volcaniques. L'importance générale de cette remarque doit être très évidente. Il est toult-à-fait possible que cela soit la cause de plusieurs des apparences que présentent les restes fossiles et les alluviums de différente origine et qui ont été la cause de beaucoup de diflicultés ET D'HISTOIRE NATURELLE. 77 pour les observateurs. Il faut se rappeler, que quoiqu’on puisse supposer que loule la terre ait élé soulevée de dessous la mer, il ne s'ensuit pas nécessairement que cela soit un événement simple. Il est beaucoup plus probable qu’il a été successif et que les mêmes causes ont agi pendant une longue série de siècles. En sorte qu'il peut y avoir eu une chaîne d’intervalles en temps, en réunissant les catastrophes les plus éloignées de cette na- ture avec celle de Pltalie et même celle-ci avec les der- nières formations des îles volcaniques. Parmi quelques-unes de celles-ci, au moins nous pouvons nous attendre de trouver des apparences analogues à celles qui ont été discutées dans ce Mémoire; comme il est impossible de concevoir une élévation de roches qui ne füt pas accompagnée aussi de celle d’une masse de matériaux sous-marins non consolidés. Je n’insisterai cepen- dant pas sur celle idée, parce que je ne connais en ce moment qu’une observation posilive qui puisse servir à l’appuyer. Seule- men! les géologistes doivent voir qu’ils se sont peul-être trop hätés en bornant les causes des alluviums aux opérations diluviennes, ou à ces actions encore plus lentes qui forment la partie la plus considérable des théories de la terre les plus connues. (La suite dans un de nos Cahiers prochains.) OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES Dans le- mois de Janvier 1822 _ [A 9 HEURES MATIN. © = # | Barom.| Therm. al , pa ‘ ho. |extérieur. 11753,10— 0,55, 2/755,74|— 1,25 3]757,02+ 3,10 4]754,00| 2,75 5|752,57|+ 8,75 6[757,80|+ 2,50 7175924 + 1:75 81761,17|+ 1,60 9/75774|— 1,60 1c|752,77|— 3,85 t|11/752,68|— 6,60 19/752,84|— 9,70 131749,89— 9,55 14[750,56|-—14,50 15[/39,641+ 1,25 1116/744,79[— 4:99 1774404 — 1,79 181745,64— 3,00 {l19|743,59— 6,50 201750,42— 5,25 Ul011753,35— 4,75 29/75,81|— 3,25 11231750,65|— 8,25 11241748,94 1|25/751,25 Gare 6129743, 14 É|30|747,70 1F2 756,37 + 5,00 + 3,75 — 0,75 26[753,26|+ 3,00 271702,02 28|751,25|+ 6,90 + 8,00 + 9,10 _5/749,47|+ 1,24) 98 |748, 790,931 — 1,90 97 750,574 1,19 95 + 1,10! Hygr. ——"#——_———"." | __—…—_—"| — | ———— | — | — |__| ——— | | —— 101 100 100 A MIDI. Therm. extérieur. Barom. à o. 753,14|+ 1,50|100 755,46 797,32 752,97 755,55 + 6,25|100 757:47 729,52 760,71 756,56 751,79}; 752,22 751,60 749,54 750,09|— 8,00 740,8b|+ 1,60 744,22)+ 0,55 748,85|+ i,00 745,33|+ 0,25 743,52 AS 4,40 750,64|— 5,40 753,72|— 3,60! 755,28|— 92,35 748,81] — 5,75 730,01|— 2,25 750,02|+ 1,79 725,344 4,50| 99 751,26|+ 2,69! 99 750,2c|+ 9,75|101 745,16|+11,10,100 748,05|+10,50| 94 794,844 7791101 755,814 3,24] 95. 745,97|— 3,27| 87 A 3 HEURES SOIR. iBarom. | Therm. à o. extérieur, 753,05|+ 1,75/100 755,28 485) 94 756,38|+ 7,90! 91 752,89| + 4,40) 95 723,35|+ 5,60! 99 757,92|+ 6,75] 90 729,87|+ 4,50 761,4b|+ 2,60 755,21|— 1,75 751,64|— 0,50 752,57 ra 4,bo 791,14 RS 7,20 749,:2b|— 8,00 749:57|— 7,78 742,64|+ 0,25 743,47 TRE 0,35 745,58|— 0,75 ] 742,78 0,60 9 747,42 TT 4,2 780,b5|— 3,75 754,42|— 2,85 794:95|— 2,50 747,12|— 3,10 750,g91|— 2,60 748,07|+ 1,35|100 750,80|+ 3,00| 96 749,60|+ 8,oo/101 1749,26+ 9,4c|101 17b2,54|4-12,00| 95 1747,83 +10,00| 94 "783,78 + 9,2bl101 755,65)+4 3,b1 747,28] — 5,60] 88 749,02] + 4,40] gb Hygr: [744,54 — 2,00 É À 9 HEURES SOIR. THERMOMETRE. 755,79|+ 1,00/100 755,59 4 75] 91 752,944 4,25] 99 755,40|+ 8,75|100 758,12 + 2,50 760,55|+ 2,10 759,85 0,90 754,27|— 3,85 95 751,95|— 2,50 792,4 LE 7,49 750,81[— 9,00 749,86|—11,75 746,36 — 8,50 743,141 — 4,25 743,32|— 8,40 745,61|— 1,50 748,97|— 6,00 751,25 — 6,75 75,18 — 4,50 8 755,17[— 4,5ol 90 753,03|— 5,00! 96 748851 1,90! g7 5 + 1,75l100 + 7,25l101 + 6.75l1o1 + 8,50l100 (TE 5,5ol100 Bo + 2,21] 97 6,05| 92 85|+ 2,11| 97 748,944 3,60] 95 750,641+ 1,47 92 729,70 un 0,55 g5 HF 1,80 — 2,74 RÉCAPITULATION, : : Plus grande élévation......... 761""46 le 8 Pepe { More didatons à 733""75 le 31 Ther | Plus grand degré de chaleur.... +-12°00 le 29 JETMOMETE: - | Moindre degré de chaleur... —14,60 le 14 Nombre de jours beaux...... 9 de couverts ........ 22 delnluie ee ERE 6 defvent ere 31 de brouillard ..... OL deMpeléer seen 20 deneipe-: tease 5 de grêle ou grésil.... o Ho de tonnerre...... Hygr. Dore ETES Maxim. | Minim. QT = N o Ce re) = o a Oo — 7,00 —10,25 — 8,00 —11,75| — 7,79|—14,60 + 1,60[— 2,75 + 0,50 — 5,50 + 1,00|— 5,40 + 0,50|— 3,50 — 4,25|— 6,50 — 5,40 — 6,75 9 |— 3,85— 5,60 —.2,55|— 4,50 — 2,75|— 8,79 — 2,25] — 5,00 LH 1,85|— 2,25 + 4,50ol+ 1,75 + 8,00|+ 0,50 12,00! + 7,00 —+10,50o| + 5,50 80+ 7,50 100 | 9,25|+ 4,50 + 4,00 0,13 — 3,18 — 7,24 + 4,57|— 1,10 | 1| A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS, (Le Ar omètre est réthaitaà a sa tempéralune des zéro. 19) = Jovanrrrr LE ne PLUIE = tombée ë dans | Sur Je haut VENTS. Si 6 A es LE MATIN. À MIDI. LE SOIR, Ha mille mill. | 1 Se Couy., brouïl]., neige.|Couvert, brouillard. [Très nuageux, brouill. 2 S.—E. Nuageux. Nuageux. Nuageux: 3 S.-S.-E. Couvert. Tien. Idem. 41 3,50 2,75 E. Idem. Couvert. Pluie abondante. 5 S.-S.-0. [Couvert, brouillard. Idem. Couvert. 6 S.-S.-E, Idem. Nuageux. Idem. 7 S.-E. Nuageux, brouillard. |: /dem. | {dem, brouill. 8 E.-N.-E, Couvert, brouillard. [Couvert. Couvert. 9 E.-S.-E. Idem. Idem. Nuageux, brouillard. 10 E'-SE. Idem Idem. Beau ciel, brouillard, ! 11 E:-N,-E. : Ciel trouble. Nuageux. jouvert. 12 N:-E. Beau ciel Très nuageux. Idem. | 13 N.-N.-E. [Couvert Couvert, neige. Idem. 14 S,-S.-E. [Beau ciel. Beau ciel. Neige fine. 15 S.-S,-0. . [Quelques éclaircis. |Très nuageux. Couvert, brouillard. 16 O: Couvert, brouillard. |Couvert, brouillard. Idem. 17 0. Idem. Id:,neigeparinterv.|: dem. 18 0. ° Idem. Nuageux, brouillard. | {dem, neige. 19 N.-0O. Idem et givre. Couvert, brouill,: épais. Couvert, brouillard. 20 S.-E. Couv., brouill., givre.|Couv., brouill. givre. Idem. 21 E. Idem. Idem. Idem. 22 E. Idem. Couvert, brouillard. | dem. 23 E. Nuageux, brouillard. | dem. Neige, brouillard. 24] N.-E. Couvert, brouillard. Idem. Coavert, brouillard. 25| 11,00 |10,30 ÎLE. Idem. Pluie, brouillard. |Pluie, brouillard. 26| 11,20 | 10,50 |S.-O. Idem. Couvert, brouillard. [Pluie abond. , brouill. 27| 3,00 0,45 |S.-O. Pluie fine , brouill. |Pluie, brouillard. Couvert. 28 S. Couvert, brouil. épais: Couvert, brouillard, Idem. 29| 6,40 5,20 S.-O, fort. | Pluie avant le jour. Quelques éclaircis. Nuageux 30| 2,00 1,40 5.-O. Nuageux, brouillard. |[Nuageux. Couvert. . 31 | S.-E. Plue, brouillard. Pluie, brouill. Plurefine, brouillard. 1105540 2,75 Moyennes du 1° au 11. Phases de la Lune. 7 2 Moyennes du 11 au 21.| D.Q.le 4à 4/20 m. Re LS le2oà 2 g’m. _5| 33,60 __29,85 | Moyennes du 21 au 51. N:L.le12à g* 3'm.]P.L.le26 à Bi20's, MEAT 32,60 | Moyennes du mois, a AD: RÉCAPITULATION. INR EL TRUE NE neeeneece 2 1DÉBOE LOC 9 Jours dont le vent a soufflé du po ANR de : M Sens etes 4 ONCE LEE 3 INFOS ere o & le 1°, 129,102 4 Thermomètre des caves { le 16, eco centigrades. 80 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, €lC. RE | NOTE Sur un tremblement de terre et une éruption volcanique à Java. Le 27 décembre, à Java, on a ressenti une secousse de trem- blement de terre qui s’est renouvelée dix-huit fois en trente heures. En même temps, on a entendu un bruit souterrain dans la montagne de Merapic qui commença à lancer des pierres. Le 29, à une heure du matin, il y a eu une éruption pendant laquelle la moitié de la montagne était entourée de torrens de lave et de colonnes de feu, tandis qu'une forte pluie de sable et de petites pierres couvrait les environs. Le village a été détruit; quinze personnes ont péri. La montagne de Brano a aussi fait entendre un très fort bruit souterrain el commença à lancer une cendre fine et noirâtre que l’on apercevait à une distance considérable. MM. les Souscripteurs sont prévenus que les mois de Janvier et de Mars paraîtront dans le courant de Juin. Enrata pour le Mémoire de M. Savary. Page 7, ligne 5 au lieu de y, lisez z 13, 5 en rémontant, 2X, lisez 2Xdp LA ‘ 18, 9.en remontant, — _ lisez _ | 19; 2 en-remontant , papa li r à l'axe, lisez perpendiculaire Je 20, 3 9—= VY +(a+zx), g’ =Vy+G—x) MISE el 9=VY +0 —2),g =VY+O ES) 21 5 en remontant, qui y répondent, /sez qui répondent au point A, 25 3 Aa; Ab, Ba, Ba lisez An, Ab, Ba, B j of: 1 1 G(Ar+Hdr) . 1 1 3(Ar+d Ibid. 19, FACE 7 Ÿ lisez = nn x 1 6007) f,; 1 1 , 3(Ar—dr) Ibid. 20, Re eos APT EU 7 ER De l’Imprimerie de HUZARD-COURCIER , rue du Jardinet n° 12. +R Prorier 1823, 72 NW Journal de Physique . | fevrier 1823, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. MARS an 1823. OBSERVATIONS GÉNÉRALES Sur les lois de la distribution des Animaux sur le Globe; Par M. MARCEL DE SERRES. (FIN) Noôve voici arrivés à là deuxième grande division du règne animal, c’est-à-dire, à ces animaux qui, n'ayant point de sque- lette articulé, proprement dit, ni de canal vertébral, ont recu le nom d’invertébrés, par opposition à celui de vertébrés donné aux premiers. La première section de cette grande division, dont nous nous occuperons , sont les mollusques divisés en plusieurs classes, mais formant deux sections artificielles faciles à saisir, selon qu’ils sont nus ou qu'ils sont couverts d’une coquille, sous laquelle ces animaux peuvent se contracter. Les mollusques ont des habitations assez variées par suite de leur diversité de station, diversité qui dépend en grande partie de ce que les uns respirent l'air élastique, tandis que les autres inspirent l’eau douce ou l'eau Tome XCF I. MARS an 1825. Ir | 82 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE salée. Ainsi, d'après ce mode de respiration, cerlains d’entre ces animaux ont besoin de terres sèches pour exister, ce sont les mollusques terrestres; d’autres d’eau douce pour vivre el se propager; d'autres enfin d’eau salée, et peut-être même d'une grande masse d’eau, pour jouir de toute la plénitude de leur existence. Ê Si l’on étudie les lois les plus générales de ces diverses sta- tions , l’on reconnaît bientôt que les mollusques terrestres sont, dans leurs habitations, les plus bornés à un espace déterminé, et que le nombre de leurs espèces, comme des individus des diverses espèces , esl en raison directe de l'élévation de la tem- pérature et de la quantité des végélaux différens qui couvrent un espace donné. Les montagnes, soit par une suile du dé- croissement du calorique, qui est une conséquence de leur élé- vation, soit parce que les végélaux y diminuent en nombre comme en variétés, ont une moindre quantité de mollusques terrestres et même des eaux douces que les plaines, et surtout que les plaines fertiles et d'une chaleur modérée; car si les: bas-fonds sont stériles ou desséchés par une chaleur excessive, alors ils deviennént, comme les montagnes élevées, presque dépourvus de mollusques. Il parait encore que les mollusques souliennent moins que d’autres invertébrés, comme les insectes, par exemple, une grande diminution dans la pression baromé- trique, ou un décroissement trop sensible dans le calorique ; du moins n’en trouve-t-on pas à des hauteurs aussi considérables que celles auxquelles on observe encore des insectes. M. Hum- boldt a apercu, à une élévation de 3,000 toises, des mouches et des sphinx volant sur le Chimborazzo, et j'ai observe des üpules sur la cime du Glockner, c’est-à-dire, à bien près de 2,000: toises. Il paraît que, sous nos latitudes, il y a peu de mollus- ques au-dessus de 1,000 Lojses, si toutefois 1} en existe à cette élévation. Cependant les neiges perpétuelles ne commencent sous une Jatilude de 45° qu'à 1,500 ou 1,400 loises; en sorte que les montagnes qui alleignent celte élévation ont encore, au-dessus de 1,000 Loises, un espace de 300. à 400 laises, sur lequel peuvent s'établir les végétaux. H semble également qu'il n'est aucun mollusque terrestre, et peut-élre même d’eau, douce, qui soil commun au divers comi- nens(1). Du moins, les espèces recueillies jusqu'à présent en Amé- (1) Bes différentes entre les espèces de lymnées, de paludines de FAmérique, septentrionale et celles de l'Europe paraissent bien peu considérables. (&. “ ÊT D'HISTOIRE NATURÉLLE. 83 rique Et dans Ja Nouvelle-Hollande, ne peuvent étre confondues avec celles qui leur sont le plus analogues ét qui habitent l'an- cien continent. Il y a plus, la plapart des mollusques qui ont ces dèux genres dé stations, différent encore spécifiquement lorsque les pays où ils font leur séjour, ayant identité de tèm- péraïure, sont séparés ‘entre eux, n'importe les différences én latitude, par des barrières naturelles, intérrompant les com- Muticatious de ces animaux ôù les rendant très difficiles, telles que des mers, dés chaines de montagnes très élevées, de vastés déserts. Ainsi, lorsqu'on passe du Roussillon en Espagne, où voitaux helix r'hodostoma, aspersa et vermiculata sutceder, après avoir franchi les Pyrénées , les Aelix punctatissima, hispanica et guälteriana, éspèces qui nous manquent entièrement, Îl en est de même lorsqu'on passe de France en Piémert par le col de Tende, et probablement ce changement brusque, très sensible pour les espèces terrestres, l’est égalentent pour les espèces des éaux douces (1). Ce que l'on peut observer dé plus général au sujet des mol- lusques d’eau douce, c’est qu'ils sont plus restreïnts dans leurs habitations que les espèces marines, et d’autant plus, que leurs espèces sont moins robustes, C'est-à-dire, peuvent le moins ré- sister aux différences de témpérature et de nature du liquide dans lequel ils sont plongés. 11 paraît encore que les plus grandes espèces se trouvent aniquement dans les eaux les plus profondes et les plus abondantes, les petites étant , pour ainsi dire, bornées aux eaux dont Île cours est peu rapide et la profondeur peu con- sidérable. De mêmé, toutes choses égales d’ailleurs, plus la température d’un, pays est élevée, plus les espèces qu’il présente sont d’une grande taille, ét cé que nous observons relativement aux mollusques peut également s'entendre des autres animaux. 11 se pourrait même que l'intensité de la lumière et de la durée du calorique eussent une influence marquée sur le développez ment du tissu muqueux êt des couleurs de ces animaux , comme (1) Ce changement brusque existe-t-il même pour les espèces terrestres ? N'a-t-on pas observé au tontraire bien souvent qu'une espèce passe à une autre d'une manière insensible , quand'on se porte du nord au sud ou vice vers&, de manière à ce que ces deux espèces prétendues ne se trouvent nulle part à la Fois ? Quant aux espèces aquatiques, ce changement ‘brusque me semble encore plus inadmissible et elles prouyent encore mieux le passage d’un grand nombre d'espèces prétendues les unes dans les autres. (R.) 11. 84 . JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE elles en ont sur celles des insectes. Il semble du moins que plus on s’avance vers les régions équinoxiales et plus on ren- contre des espèces remarquables par l’éclat et la vivacité du co- loris, comme par leur taille, les éminences et les inégalités de leur corps ou de leur enveloppe. A la vérité, il existe un grand nombre d’exceptions à cet égard ; car, pour ne citer que les pays limitrophes de la Méditerranée, nous ferons remarquer que les contrées méridionales de la France et de l'Espagne offrent des hélices terrestres entièrement blanches comme les helix candidis- sima ; gualtertana , de même que l'Égypte nous en présente une foule, parmi lesquelles nous ne citerons que l’helix cariosa. Si ces plus vives couleurs tiennent à une plus grande intensité dans la lumière, il est assez remarquable que les effets de la lu- mière ne soient pas sensibles sur les espèces d’eau douce, tan- dis qu'ils sont si frappans sur celles qui habitent le bassin des mers. On voit les premières, quoique habitant des eaux peu pro- ‘fondes, et pouvant par cela même éprouver plus directement l'influence de la lumiere, être presque toutes d’une couleur uni- forme, d’un brun verdätre, plus ou moins sombre, sans que les températures les plus diverses modifient celte uniformité de co- loris. Les mollusques marins, soit nus, soit à coquilles, ont, au contraire , des couleurs d'autant plus vives et d'autant plus variées, que ces animaux vivent dans les mers les plus chaudes ou se rapprochent des mers équatoriales ; 1] en est de même de leur stature , qui paraît sensiblement augmenter du pôle à l'équateur. Du reste, les lois que nous avons développées à l'égard des poissons de mer, peuvent également s'appliquer aux mollusques marins. Examinons maintenant comment les genres des diverses classes de mollusques sont distribués sur ce globe, et voyons quels sont ceux qui manquent à l'Europe. Nous n’entrerons dans aucun dé- tail relatif aux espèces, l’énumération détaillée que nous en fe- rons , devant suppléer à cette omission. Nous observerons d’abord que, dans la première classe des mollusques ou des céphalopodes, l'Europe ne présente point de nautiles , à l'exception peut-être d'espèces microscopiques, tandis ue les principales de ce genre, comme le rautilius pompilius, sont de la plus grande taille et bornées aux mers des Indes. Cette remarque est d'autant plus essentielle à faire, que l'on dé- couvre en Europe une grande quantité de nautiles fossiles de taille grande et médiocre, et de formes plus variées que les espèces de nos mers actuelles. Aussi ce genre des nauliles est-il ET D'HISTOIRE NATURELLE. 85 un de ceux où il y a le plus d'espèces détruites(1), les formes de ce genre ayant long-temps persisté sur ce globe. Les nautiles sont donc Je seul genre des céphalopodes qui manque à l’Europe, la plus grande partie de ceux qui appartien- nent à celle classe ne se trouvant qu’à l'état fossile, et consti- tuant une partie des bancs coquilliers qui abondent dans les térrains secondaires; mais la plupart d’entre eux ne paraissent avoir nulle part de représentans dans la nature vivante. Parmi les pléropodes, la seconde classe des mollusques, il manque peu de genres à l'Europe; à peine peut-on citer les cléodores et les cymbulies (2)‘de Péron, qui semblent ne point se trouver dans nos mers. I] n’en est pas de même des gastéro- podes; mais cette classe est une des plus nombreuses des mol- Jusques, et n'offre pas moins de sept ordres principaux: Celui des nudibranches nous présente les genres policère et tergipes, qui fréquentent peu nos mers, ainsi que les phyllidies et di- phyllidies, parmi les inférobranches. Ces derniers paraissent même reslreints aux mers des Indes, comme les notarches de l’ordre des tectibranches, seul genre de cet ordre qui. nous manque. On voit, d’après cet apercu, que le nombre des genres dont nous sommes privés dans ces différens ordres, n'est pas très considérable, en raison même des stations des es- pèces qui en font parlie, espèces qui vivent toutes dans les bassins des mers. Il n’en est pas également des gastéropodes pulmonés, ceux-ci ayant des stations assez différentes; ainsi, parmi les pulmonés terrestres, nous n'avons pas les genres parmacelle, scarabe, agathines, (3) et parmi les aquatiques, les onchidies, les melampes , les tornatelles (4) et les pyramidelles, c’est-à-dire un peu plus du tiers du nombre total des genres connus. Quant à ceux qui nous manquent dans l’ordre des gastéro- podes pectinibranches, qui forme sans comparaison la tribu la plus nombreuse, puisqu'il comprend presque tous les mollus- ques à coquilles univalves en spirale, el plusicurs à coquilles (1) Ce que dit ici M. M. de Serres, des nautiles, est plus vrai pour les ammonites. (R.) (2) La cymbulie est certainement de la Méditerranée. (8) Le bulime aignille est une véritable agathine. (4) Les mélampes et les tornatelles ne sont pas plus où moins aquatiques que les scarabes et tous ces prétendus génres ne sont que de véritables auricules, dont la France méridionale possède plusieurs petites espèces (R.) ‘86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE simplemenñt coniques: les genres dont nous sommes privés ne sont pas non plus en grande quantilé; à peine peut-on citer, sur une foule de genres admis depuis peu de temps, les del-. phinules, les vermets d'Adänsôn , les cadrans, les ampullaires , les mélanres , les mitres, lès éburnes, les harpes , lès heaumes, les ränelles, les ovules, Yes turbinelles et les sigarets, là plupart vi- vant däns les bassins des mers; car, à l'éxception des genres ampullaire et nélanie, dont les espèces vivent dans les eaux douces dés pays chauds, ceux qui ont ce même genre de station ont deS réprésentans parmi nous. En effet, 11 n'y a pas jusqu’au genre phasianelle, dont les espèces vivent principalement dans la mér des Indés, qui ne soit représenté en Europe par la petite espèce que Linnœ@us avait décrite sous le nom de turbo pullus. Enfin, dans l’ordre des scutibranches, nous n'observons point dans nô5 mers, ni dans nos éaux douces les genres padolle, sto- male, näavicelle et carinatre. Si, ‘outre les grandes espèces de ce derhier genre qui viennent de la mer des [ndes, on en trouvé de petites dans la Méditerranée, il paraît du moins qu’elles sont bornéës à la portion deéette mer qui avoisine les côtes d'Afrique; telle ést la carinarre fragile (1) décrite par M. Bory-St-Vincent, dans son voyagé aux îles africaines ; l’ordre des cyclobranches est si peu nombreux, que nos mers ne sont point privées des deux seuls genres qui le composent. Nous voici maintenant arrivés à la quatrième classe des mol- lusques où dés acéphales, classe divisée en deux ordres, dont le premier, les teslacés, est sans comparaison le plus nombreux, puisqu'il comprend toutes les coquilles bivalvesét quelquesgenres de multivalves. Parmi les genres nombreux de cet ordre, nous n'avons point les Aowlèrtes , les placunes , les plicatules, les mar- teaux , es pernes, les crenatules , les nucules (2), les trigonies , les tridacres , les Aippopes, Yes corbeilles, les loripédes , (3) les lu cines (5), les capses, Yes corbules, les analines , les glycimères, les panopes el les fistulanes, On pourrait encore y comprendre les tarets, puisque les espèces de ce genre né se trouvent dans (1) La carinaire a été trouvée, par MM. Péron et Lesueur en France, sur les côtes de la Méditerranée. (R.) . Me (2) La nucule existe très probablement dans la Méditerranée, comme sur le reste des côtes de France. (R.) : aaNLE à (3) Nous avons également ce genre; il est même établi sur une espèce de la Méditerranée. (R.) s ds : (4) y a plusieurs espèces de lucines dans la Méditerranée. (R.) ET D'HISTOIRE NATURELLE, 87 nos mers que parce qu'elles y ont été apportées de la zône tor- ride, D'après l’énumération que nous venons de faire, on voit que, parmi les mollusques acéphales, il nous manque environ le tiers des genres connus, proporlion: que nous avons égale- ment signalée en parlant des espèces exotiques des pulmonés terrestres. Î Quant au deuxième ordre des acéphales qui renferment les mollusques acéphales dépourvus de coquilles, leurs genres étant tous marins, ont aussi lous des représentans dans nos mers. Il n'en est pas de même de la cinquième classe des mollusques, ou des mollusques brachiopodes , qui , sur trois genres dont elle est composée, en a deux qui n'ont point d'espèces dans nosmers, tels que les lingules et les térébratules (1). Ba sixième et dernière classé des mollusques, qui est consaërée aux cirrhopodes, et qui n’a que deux genres, les anatifes et les glands de mer, offre presque autant d'espèces dans les mers de l'Europe que dans celles des autres contrées. £ Nous voici arrivés à la troisième grande division du règne ani- mal, c’est-à dire, aux animaux articulés, la plus nombreuse en genres, en espèces, et peut-élre en individus. Cette grande di- vision des animaux ne parait même surpassée, si réellement elle l'est sous ce dernier rapport, que! par Les zoophites et certaines espèces de poissons et de mollusques! Ou sait quelle est l’im= mense fécondité des premiers dans les mers des pays chauds : on les y voit en effet élever, avec une promptilude sans exemple, des récifs au-dessus du niveau des-mers, et ces récifs devenir des îles bientôt habilées par un monde nouveau. Certaines es- pèces de poissons et de mollusques, quoique loin d'offrir une pa- reille fécondité, me laissent pas que d’être très remarquables sous ce rapport: ce que lon sait sur la propagation des poissons et des mollusques qui vivent réunis en-grandes lroupes, est fait pour étonner. Cette grande force de reproduction, qui multiplie comme à l'infini les espèces qui en sont douées, semble pourtant plus bornée à un petit nombre d'espèces, chez les poissons et les mollusques, qu'elle ne l’est chez les insectes. Ici, toute propors tion gardée, celte force de reproductüon parait plus généralement répartie et restreinte à un moindre nombre d'espèces. Aussi le grand nombre des individus des insectes d'une même espèce, (1) La Méditerranée renferme plusieurs espèces de ce genre, et entre autres la plus commune, la térébratule vitrée. (R.) 85 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE estil un des faits les plus particuliers de cette classe intéressante d'animaux, et des plus propres à surprendre, surtout lorsqu'on observe ce nombre chez les insectes des contrées méridionales, où le développement de ces animaux est si rapide et si surpre- nant. Pour meltre de l'ordre dans les lois de la distribution des ani- maux arliculés, nous étudierons successivement celles qui se rapportent aux différentes classes de ces animaux. Et d’abord, quant à la première ou à celle des annelides, les seuls des inverté- brés qui aïent le sang rouge, on remarque que presque tous vivent dans l’eau: les vers de terre ou lombrics font seuls excep- ton à ce genre de station, qui est général pour celte classe d’a- nimaux. À la vérité, certains genres vivent dans les eaux salées, et c’est le plus grand nombre; tandis que les autres, au con- taire, n’habitent que les eaux douces. Ceux-ci ont tous des re- présentans en Europe; s’il paraît ne point nous manquer de genre d'annelides qui aient ce mode de station, il est possible que le peu d'attention que l’on a donné jusqu’à présent à ces ani- maux qui ne frappent point les regards, en soit la cause. Quoi qu'il en soit, nous ne sommes privés, en Europe, que des genres penicillus, siliquaria, eunice, spio (1) et amphinome, dont les es- pèces vivent toutes dans le bassin des mers, et sont, pour la plupart, de la mer des Indes, Dans nos méthodes naturelles (2) on fait succéder aux annelides, les crustacés, animaux dont les mers sont encore le genre de station le plus général; car on n’observe qu’un petit nombre de ces animaux sur les terres sèches ou dans des eaux non salées. Les espèces qui fréquentent les eaux douces sont non-seulement en fort petit nombre, mais leur volume et leur taille sont de beaucoup inférieurs à ceux des espèces marines. Ce n’est que dans le bassin des mers que les crustacés, les mollusques , les poissons et les zoophytes prennent tout leur développement, et arrivent aux extrêmes des dimensions qu’ils peuvent acquérir. De même, les mammifères terrestres ne parviennent à leur plus haute sta- ture, que dans les lieux les plus chauds de la terre, où la nature semble avoir une surabondance de force et de vigueur. Tout ce que nous pouvons dire de plus général sur les ha- (1) Ce genre est établi sur des animaux des mers du nord de l'Eu- xope. (R.) (2) Il est évident que cela est cependant fort peu naturel. (R.) ET D'HISTOIRE NATURELLE) | 89 bitations des crustacés, est que ces-animaux ayant, à l'exception d’un petit nombre d'espèces terrestres , les mêmes genres de sta- tions que les poissons, sont distribués sur ce globe d’après les mêmes lois. Ainsi, nous ayons vu que la Méditerranée offrait un cer- tain nombre d’espèces de poissons; qui lui paraissait particulier, fait que l’on observe également par rapport aux crustacés, comme le prouvent le phronina sedentaria; leucosia mediterranea, nucleus ; dorippe lanata; homola barbata; calappa granulata et tant d’autres que nousindiquerons plus tard. Les genres /eucosia et dorippe ont cela de remarquable: c’est que leurs autres espèces sont reléguées dansles mers des Indes et non pas ailleurs; tandis que le dromia rum- phii est commun à ces mers et à la Méditerranée. On peut ajouter à ces genres, dont certaines espèces sont propres à la Méditerranée, ceux des portunus, cancer, grapsa,goneplax, eriphies, pinnotheres, atelecy lus, inachus,emerita, pagurus;porcellana, galatea , seyllarus, palinurus, astacus ; processa, penœus, crangon , palæmon, squilla, typhis, anceus, cymothoa , sphæroma , idotes ; ligia, sans y com- prendre ceux dont les espèces vivent dans les eaux douces, ou habitent la terre-ferme. On remarque, à l'égard de certaines es- pèces de ces genres d'eaux douces , qu’elles semblent se trouver à la fois dans le midi de l'Europe et dans le levant; tel est le potamophiles fluviatilis. Mais comme ce serait presque une ex- ception aux lois d'habitation des animaux qui ont ce genre de stations, nous avons besoin de nouvelles observations pour re- garder ces faits comme entièrement établis. Quant aux espèces des crustacés terrestres , elles ne sont jamais identiques dans les divers continens. On les voit même différer , lorsque les pays où elles font leur séjour, qasique ayant une température moyenne à peu près égale, sont séparés entre eux par des barrières natu- relles difliciles à franchir. La cause en est sans doute à ce que ces animaux n'ont pas pu sortir des limites quileur avaient été primitivement assignées, et qu'ils se trouvent encore placés sui- vant leur distribution primordiale : nous reviendrons, du reste, sur ces lois intéressantes , en traitant de l’habitation desinsectes. 1 ne faut pas croire que les genres de crustacés marins, que nous venons d'indiquer, soient exclusivement propres à la Mé- diterranée ; plusieurs lui sont communs avec les autres mers de l'Europe. Sans les citer tous, nous signalerons les cancer, les ina- chus, les galathea, es pagurus , les astacus, les scyllarus, et les cymothoa. De mème d’autres genres particuliers aux mers de l'Europe, comme les corystes et les lithodes , ne paraissent point être communs à la Méditerranée; du moins nous ne les y avons Tome XCFI. FÉVRIER an 1823. 12 90 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE point observés. Par contre les hépates et les hippes n’ont encore été trouvés’ que dans l'Océan américain, comme les limules (1), uniquement sur les côtes de la Chine et des Moluques et les plagusies, les orithies , les macutes, les ranines, les albunées, et les thalassines, dans les mers des Indes orientales. Il paraît encore que les ocypodes ne se trouvent que dans les mers des pays chauds; tandis que le genre remipède esl particulier aux côtes de la Nouvelle-Hollande, où vivent les plus grandes espèces de grapses, dont plusieurs nous, viennent cependant de l'Amérique méridionale. ” Pour plus de simplicité, nous étudierons simultanément les lois d'habitation des deux dernières classes des animaux arti- culés, c’est-à-dire, des arachnides et des insectes; classes qui n'offrent de différence, sous le rapport de leurs habitations, que celles qui dépendent de leurs modes de stations. Les arachnides doivent êlre restées beaucoup plus que les insectes dans leur patrie originaire, puisqu'elles ont moins de moyens de franchir les obstacles qui s'opposent à leur transmigration, les organes du vol leur ayant été entièrement refusés. Ce n’est également que le plus petit nombre de ces arachnides qui ne soit pas borné aux terres sèches pour toute habitation; ce nombre est si restreint, que l’on ne peut guère citer que les trois genres de la famille des pycnogomides , comme ayant les eaux de la mer pour station. Tous les autres, sans exception, vivent à terre sur les plantes, au bas des arbres, ou sur les plantes elles-mêmes, ou enfin se cachent sous le sol ou sous les mousses qui le couvrent. Aïnsi, à part les particularités qui dépendent de ce mode de station qui leur est commune avec la plupart des insectes, les lois d'ha- bitation applicables à ces derniers animaux, le sont aussi aux arachnides. On peut donc, sans risquer de commettre des erreurs, les assimiler aux insectes, sous le rapport de leur distribution générale sur ce globe: c’est aussi ce que nous allons faire. La température, avons-nous déjà observé, est, à part la dis- tribution originaire des animaux sur la terre, la cause quia eu le-plus d'influence sur le nombre, la grandeur, la diversité des espèces d'animaux et des individus qui en font partie, comme elle-en a sur la végétation. Elle ne doit pas cependant être trop élevée pour produire ce double effet. Si une chaleur forte et (1): 1ly ades limules sur le versant oriental de la mer du nord en Amé- rique, (R:) f ET D'HISTOIRE NATURELLE, 91 soutenue est nécessaire à la propagation des animaux, comme elle l’est à celle des végétaux, elle ne doit pas cependant être excessive, car alors elle l’arrête et la détruit. C’est aussi la raison pour laquelle la circonscription géographique des animaux , n’est point uniquement donnée par la connaissance des lignes qui nous indiquent les températures moyennes des différentes contrées de la terre, Seulement la détermination de ces lignes d’égale tempé- ralure moyenne annuelle, ou deces lignes isothermes, a le grand avantage de nous permettre de classer les climats, et par suite les productions qu'ils présentent. La température, considérée dans ces effets par rapport aux animaux, n’est pas une cause simple, puisqu’elle se complique né- cessairement de la forme et de la disposition du sol, de son élé- vation, des chaînes de montagnes qui le parcourent, des grands cours d'eaux qui l’arrosent, sansmême y comprendre l'influence qu'exerce sur elle le bassin des mers, parce que cette influence constante ne peut être comptée comme une des causes pertur- batrices qui modifient la température sans aucune régularité. On concoit aisément que si, sous une témmpérature moyenne de 15à 20°, el sous la latitude de 45°, il existe des montagnes qui aient une élévation de 1,500 toises, une partie de ces montagnes sera totalement dépourvue de corps vivans, puisquele décroissement du calorique, qui sera la suite de leur élévation, y aura rendu les neiges et les glaces éternelles. On concoit encore pourquoi, lorsque des pays n’ont point la même configuration physique, ni les mêmes végétaux higneux, ils n’ont pas toujours les mêmes genres d'animaux, quoique leur température moyenne ne soit pas très différente. En effet, ceux qui veulent un sol humide, ombragé et couvert de vastes forêts, ne peuvent se plaire sur un sol découvert, aride et desséché, comme ceux qui ne vivent que dans des lieux escarpés et montagneux, ne peuvent trouver, dans l’uniformité du sol des plaines , de quoi satisfaire leurs gouts et les besoins de leur existence. Nous ferons encore remarquer que de même que, pour esti- mer les effets de la température sur les êtres vivans, il ne suflit pas d’avoir égard à la température moyenne annuelle, mais qu’il faut encore tenir compte du nombre des jours auxquels elle parvient à un certain terme; de même, dis-je, il ne faut pas croire que les effets de la température sur la distribution des êtres or- ganisés soient nuls, parce que telle espèce qui se trouve dans le nord au niveau des mers, se rencontre ensuite sous d’autres latitudes à des élévations plus ou moins considérables. Si le pa- 12. 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pilio apollo, si commun dans les jardins d’'Upsal, en Suède, ne se prend dans les montagnes des Cevennes, qui avoisinent le département de FHérault, qu'à 600 ou 700 1oises au-dessus du niveau de la Méditerranée, c’est que celte élévation a donné à ces montagnes la température qui convient à cetle espèce. C’est ainsi que, par suite des mêmes causes, l’on trouve en Laponie, au niveau du sol, les animaux, comme les plantes, qui ne vi- vent ou ne croissent sur les Alpes qu'a plus de 1,000 toises d’'élévation. La température a une influence si marquée sur sur le dévelop- pement des animaux, et surtout celui des articulés, principale- ment des insectes, que l’on voit les pays les plus féconds en espèces différentes d'animaux et même en individus, être aussi ceux où l'intensité de la chaleur et de la lumière produit la végélation la plus riche et la plus variée. Cet effet est toujours sensible, lors même que dans une contrée, dont la tempéra- ture atteint un certain terme, il existerait une chaine de mon- tagnes assez élevée, parce que, si les êtres vivans y diminuent par degrés et finissent par y disparaitre toul-à-fait, celte cause locale n'empêche pas les effets de la chaleur de se faire res- sentir sur toutes les parties du sol qui ne participent point à cette plus grande élévation. Si l'on ne peut révoquer en doute l'influence de la tempéra- ture sur la propagation des animaux en général et des articulés en particulier, on peut se demander si celle de la constitution physique ou de la nature minéralogique du sol, n’en exerce pas également soit sur le nombre, soit sur la diversité des espèces. uant à cette dernière circonstance, il me paraît difficile de l’'admettre, puisque, considérée d’une manière absolue , elle est contestable pour les plantes, et qu’elle doit l'être beaucoup plus encore pour les animaux, même pour les articulés, dont les larves et un certain nombre d'espèces vivent sur les plantes elles-mêmes. M. Latreille a bien cru, et l’on sait de quel poids est son opinion en pareille matière (1), que le papilio cleopatra, plusieurs dasytes, les licines, quelques lamies,ne se trouvaient que dans les terrains calcaires, ce qui semblerait indiquer, selon lui, l'influence de la nature minéralogique du sol; mais il est facile de reconnailre pourquoi ces espèces et tant d’autres que nous (1) Mémoire sur la Géographie générale des Insectes dans les nouveaux Mé- moires.d'Histoire naturelle , tome III, p. 42. ET D'HISTOIRE NATURELLE: 93 pourrions énumérer , ne paraissent habiter que les sols calcaires. D'abord l'on voit ces espèces disparaitre lorsque les calcaires s’é- lèvent à un certain point au-dessus du niveau des mers, et déjà on ne les trouve plus à 200 Loises au-dessus de ce niveau. Les espèces que nous venons de citer, comme les papilio eupheno, medesicaste ; geometra plumistarta ; zigæna occitanica, qui habitent les mêmes terrains que le papilio cleopatra, ne s’y montrent pas, parce qu’à celte hauteur elles ne trouvent plus la température qui leur convient. Si donc on ne les a observés principalement que dans les lieux d’une nature calcaire, c'est parce que ces es- pèces ne se rencontrent que dans les parties peu élevées du midi de l'Europe, comme ce département, par exemple, et que l’on n’y voit uniquement que des raches calcaires. On aurait d’ailleurs bien de la peine à concevoir, quelle in- fluence la composition chimique du sol pourrait exercer sur les insectes, qui certainement ne s'en nourrissent point. On voitbien des larves de coléoptères se gorger de terreau; mais il leur im- porte peu que ce terreau soil composé de sable granitique ou de sable calcaire. Ce qui leur est essentiel, c’est d'y trouver les débris des végétaux qu’elles y recherchent, et qu’elles savent très bien séparer des terres dont ces débris sont mélés. C’estaussi dans les tannées que ces larves abondent, parce qu’elles y trou- vent en quantité les substances animales et végétales nécessaires à leur entretien, et non point parce que ces tannées sont mélées de sables siliceux ou de sables calcaires. Il en est également des insectes, qui vivent dans l'intérieur de la terre. Les demeures ou les trous qu'ils y creusent, n’ont d'autre but que de mettre à couvert les débris de végétaux ou d'animaux dont ils font leur nourriture, ou de mettre en réserve les provisions qui doivent servir à nourrir leur postérité future. Tout ce que ces mœurs indiquent, c’est que les espèces qui vivent dans l’intérieur de laterre doivent rechercher les sols qui n’exigent pas trop d’efforis pour être faconnés en cylindres, en cavités plus ou moins spacieuses, et qui enfin se laissent facilement ap- proprier, suivant les formes qu’exigent leurs demeures souter- raines. Aussi voyons nous les hÿménoptères qui creusent des trous dans la terre pour leurs besoins ou ceux de leur postérité, rechercher avec soïn tes lieux sablonneux, et choisir encore de préférence ceux en pente qui sont les plus exposés aux rayons du soleil, parce qu'ils savent qu'ils parviendront facilement à les percer à l’aide de leurs mandibules acérées. De même, les taupes-grillons (acheta gryllo-talpa) ne vont point s'amuser à 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE labourer les terres fortes et compactes de nos campagnes, pour y loger leur famille; c’est dans les terres meubles de nos jardins qu'ils exercent leur industrie, et développent les moyens que leur instinct leur suggère pour la conservation de leur race. Ils s'y tiennent uniquement, et cela dans les jardins de toute la France, comme à ce qu'il paraît dans une grande partie de l'E- gypte (1), sans égard à la nature chimique de la terre, où ils doivent élever leur famille, parce que cette nature leur est tout- à-fait indifférente, lorsqu'elle n’est point liée à celle de la dis- position physique du sol, ni à sa dureté, ni à ses mélanges ace cidentels. On pourrait cependant présumer que la nature minéralogique du sol a du moins quelque influence sur les insectes qui vivent sur les plantes, si cette influence est sensible sur les plantes elles- mêmes. En considérant les faits dans leur plus grande généralité, on ne peut guère la nier entièrement. En effet, les terrains schisteu x paraissent avoir des espèces que l’on ne voit point sur les sols cal- caires etréciproquement les terrains calcaires, des espèces qui vien- nentpeu danslesterresschisteuses; telssontleschätaigniers, leseigle pour celles-ci, et les yeuses,les buis et le blé pourles calcaires. Mais comme il n’y a encore rien d'absolu à cet égard, on retrouve, dans les terres calcaires , les végétaux propres aux sols schisteux, loutes les fois qu’elles ont la disposition en feuillets et en couches minces, qui est générale aux derniers de ces terrains. Or, si l'influence que paraît exercer la nature chimique du sol sur les végétaux , üent à celle de la disposition physique de ce même sol, à plus forte raison doit-elle être bornée à cette disposition, par rapport aux insectes, qui, encore moins que les végétaux, peuvent y trouver quelque substance alimentaire. La terre sert seulement de support aux végétaux; ils choi- sissent celle qui est disposée en rochers, en couches fissiles ou en particules peu adhérentes les unes aux autres, comme les sables, selon que, d’après la forme et la disposition de leurs racines, ils ont besoin d’un sol fixe ou mouvant, ou d’un sol qui ne se laisse pénétrer que par intervalle et par interstices plus ou moins réguliers. De même, les insectes ne recherchent, dans un (1) Nous avons du moins reçu d'Egypte des taupes-grillons , qui paraissent ne point différer de ceux qui vivent dans nos jardins, et comme les notes jointes à ces envois indiquaient les mêmes habitudes , nous avons dû considérer les taupes- grillons comme ayant partout où ils se rencontrent et les mêmes mœurs et la mème manière de vivre, fait que l’on aurait pu prévoir à priori. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 95 terrain quelconque, que les qualités qui leur permettent d'y construire facilement leurs nids, ou d'y déposer la nourriture qui doit leur servir dans les temps où la terre, dépouillée de toute verdure, ne pourrait plus leur en fournir, ni pour eux- mêmes, ni pour leur postérité. Aussi, en résumé, parait-il que, si la nature minéralogique du sol a quelque influence sur l'habi- tation , ou pour mieux dire sur les stations des insectes, celte in- fluence n’est sensible qu’autant qu’elle se lie à l'élévation du sol, ainsi qu'a sa disposition physique ou à sa configuration , ou enfin, si l’on veut, à son exposition. Nous avons, à la vérité, annoncé, avant l'excellent Mémoire de M. Latreille, sur la Géographie générale des insectes, que ceslaines espèces, telles que les scarites pyracmon; cursor ; carabus arenartus ; pimelia bipunctata; phaleria pellucens ; ægialia globosa et ateuchus semipunctatus , ne se trouvaient guère que sur les plages salées, et s’éloignaient peu des côtes de la Méditerranée; mais nous avons observé en mémetemps que ces insectes se rencon- traient moins sur les plages maritimes, à cause du sel dont ces terrains sont imprégnés , que par suite de la disposition sablon- neuse quiest particulière à cesmêmes terrains(r). Aussi voit-on cer- taines de ces espèces, ainsique les cicindèles maritimes et les larves des myrmeléons, qui habitent les mêmes plages salées, s’en écarter, lorsqu'elles trouvent ailleurs le sol sablonneux qui pa- rait leur convenir, pourvu toutefois que la température reste Ja même. De même, l’ateuchus sacer que l'on ne rencontre en grand nombre que sur les plages maritimes, et qui caractérise si bien les contrées méridionales de l'Europe, se voit également parlout où les terrains sablonneux ont une certaine étendue avec la température qui convient à cette espèce. ! Il paraît donc que la nature minéralogique du sol n’a pas une influence marquée sur l'habitation des animaux en général, ni sur célle des articulés en particulier. Si le sol offre à cet égard quelque influence, elle ne dépend probablement que de sa dis- position; c’est-à-dire, selon qu’il est tenace ou mouvant, sec ou humide, couvert ou desséché, et enfin de son élévation. A la vérité, celte dernière cause se lie avec celle de la température et de la nature minéralogique du sol; car il n’est que trop connu que toutes les roches n'arrivent pas au même degré d’élévation. () Mémoire sur les animaux et les plantes qui vivent alternativement dans les eaux douces et les eaux salées. Journal de Phys. ,t. LXXXVIT, juillet 1818, 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais ne sait-on pas aussi que les calcaires primitifs n’ont point les mêmes espèces de plantes que les calcaires secondaires, même les plus anciens, et par suite que l’on n’y découvre pas les mêmes insectes; celte diversité, soit des plantes, soit des insectes , ne peut dépendre de la constitution minéralogique du sol, puisqu'elle est semblable dans les deux cas, mais seulement de ce que la disposition et la température qu'il présente ont éprouvé des changemens notables. Pour en citer un exemple frappant, nous signalerons celui que nous offrent les insectes qui vivent sur le buis et sur l’yeuse; comme ces végétaux, ils’sont extrêmement abondans dans les terrains calcaires du moyen äge, et disparaissent avec eux dès que l’on arrive aux calcaires pri- mordiaux, et même de transition. Il semble évident que, si les uns el les autres cessent de s’y rencontrer, ce ne peut être que parce que la disposition du sol a changé en même temps que sa température, Ce changement tient si fort à ces deux causes, que lorsqu'on cherche à reconnaitre les points de la France septentrionale, où les espèces méridionales se montrent pour la première fois, on trouve que c’est toujours dans des lieux peu élevés, sablon- neux et arides que ces espèces commencent à paraître. Elles s’y rencontrent, parce que, dans des lieux pareils, la chaleur secon- centre, et la température s'élève assez pour que Jes animaux, comme les plantes méridionales les plus robustes, puissent s’y établir, C’est, au contraire, dans des lieux ombragés, humides et élevés ;qu'il faut chercher, dans le midi, les espèces qui se plaisent dans le nord et qui s’y trouvent en grand nombre; car il faut bien remarquer que l’on ne doit pas juger de l'habitation habituelle d’une espèce, par quelques individus épars que l’on peut rencontrer, mais bien par le nombre de ces individus qui existent sur une surface limitée, En effet, nous voyons que c’est dans les plaines basses ou les collines abritées de la France septentrionale, que la vigne commence à prospérer; et avec elle on découvre, pour la pre- mière fois, des insectes qui annoncent que la température s’est adoucie, tels que l’ateuchus flagellatus ; le mylabris cichorit; la mantis religiosa; le cicada hæmatodes, et l'ascalaphus italicus, espèces toutes fort communes dans le midi de la France. On observe encore que, lorsqu'on arrive dans les terrains sablon- neux des environs de Fontainebleau et d'Orléans, des espèces encore plus méridionales, telles que le phasma rossii; le mantis pagana; le sphinx celerio, commencent à paraitre ; celles-ci sont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 97 comme Jes avant-courreurs des espèces qui signalent les con- trées où croissent spontanément les yeuses, les arhousiers, les grenadiers et les oliviers. C’est dans ces contrées vraiment méridionalés. que l’on voit uniquement les mygala cœmentaria ; les scorpio europœus, occitanicus et les insectes connus sous les noms de cicada plebeia, orni et violacea ; de zonitis ; de brachy- cerus ; d’akis ; de scaurus; de termes ; d’ateuchus sacer, et semi= punctatus ; de scarites gigas, et cursor; de cebrio; d'onitis; de papilio jasius , et medesicaste ; de sphinx nerii, et livornica ; de stygia australis, et tant d’autres espèces que nous signalerons plus tard. Si on s’avance encore plus vers le sud de la France, des espèces plus décidément méridionales succedent à celles-ci ; dans les lieux où les agave croïssent simultanément avec les oli- viers, l’on découvre les carabus arragonensis et costatus, avec un nouveau cebrio découvert par M, de Serres, et nommé par lui australis, ainsi que d’autres espèces non moins Caractéristiques d’une température plus élevée que celles où l’on observe les premières. Si maintenant on recherche, dans ces mêmes contrées méri- dionales de la France, les espèces qui semblent particulières au nord du même pays, l’on verra qu'on en découvre un certain nombre ou dans les lieux un peu élevés, ou dans les lieux frais, ombrages et humides. C’est ainsi que nous trouvons, dans les prairies ombragées de ce département, les carabus violaceus , cyaneus, hortensis ; Vateuchus Schæfferi ; les melolontha squamosa et farinosa ; les trichius nobilis et fasciatus ; les papilio aglaja et adippe; et dans les lieux'élevés, les espèces des genres melandrya; b'cus; rhagium; prionus; pyrochroa; sinodendron; atopa; lu- canus , propres à la France septentrionale, vivant avec les chry- somela gloriosa, fastuosa, et les papilio cleo, cæcilia, lucina, et l’hesperia virga-auren. Ces faits annoncent donc que la température et la disposition du sol ont une influence marquée sur le développement et l’ha- bitation des diverses espèces d'animaux articulés, comme elles en ont sur le nombre et la nature des végétaux, Si les lieux où la vigne commence à prospérer, ne le doivent qu’à la seule in- fluence de leur température moyenne, nul doute qu'il en soit de même pour ceux où croît l'olivier, qui caractérise à lui seul les contrées méridionales de la France, et qui disparait entière- ment toutes les fois que, par des causes locales quelconques, la température moyenne s'abaisse un peu au-dessous de 15° du thermomètre centigrade, Avec cet arbre précieux l’on voit éga= Tome XCF'I. MARS an 1823. 13 98: JOURNAL DE) PHYSIQUEG DE CHMIMYE lement disparaître les scorpions les :mantes les’ cigdles; les grandes espèces de locustes (1) et demiyrmeléon, tels que les myrmeéleon libelluloides et occitanicum, qui sont aussi des isignes indicateurs certains des climats méridionaux. Enfin, dés espèces encore plus australes paraissent avec la culture des agave et des aloe ; mais dans toutes les parties de la France, où cette culture né peut réussir, l’on ne trouve plus les espècés australes qui les accompagnent, comme les autres le sont de la vigne ét de l'olivier. L'on peut se demander si l’inflaence de la température se fait également réssentir sur les espèces aquatiques. IL semble que celles de ces espèces qui vivent ailleurs qu’auprès des sources, éprouvent de même l'influence de la température, quoique ce- pendant dans des degrés moindrès que les terrestres. Le nombre des insectes aquatiques propres soit à la France méridionale, soit à la France septentrionalé, paraît, touté proportion gardée, bien inférieur au rapport que l’on observe entre lés espèces ter- restres propres aux deux régions (2). Aussi les lois que nous avons vu s’appliquér à l’habridtion des mollusques et des crus- tacés des eaux doucés, semblent égalérient conveñir à l’habi- tation dés insectès aquatiques. Nous férons, du réste, rémar- quer qu’il n’existe présque pas d'insecte, propremént dit, qui habite les eaux salées, et par conséquent à uné grande profon- deur; en sorte qu'ils ressentent aisément l'influence de la chaleur et de la lumière. Quoique les insectes aquatiques habitent en gé- néral des eaux peu profondes, l’affaiblissement de la lumière qui en résulte est sensible sur le développement de leur tissu mu- qüéux, puisqu'on leur voit le plus généralement des couleurs uniformes et sombres, comme chez les insectes qui vivent dans l'intérieur de la terre. C'est uniquement chéz lés especés qui voltigent sans cesse dans les airs, comme ces brillans oiseaux, dont ils rappellent les mœurs et la structure, que l’on voit se développer l'éclat et la variété des couleurs les plus brillantes. Ce coloris prend une variété d'autant plus grande, que ces ani- maux habitent des contrées, telles que les régions équinoxiales, () Particulièrement les /ocusta gigantea et brevipennis de M. Marcel de Serres. (2) M. Latreille rapporte un fait assez curieux, qui en est une preuves c'est que le dytiscus griseus , qui vit dans les eaux de ce département, comme dans celles de la Proyence et'du Piémont, n’est pas étranger au Bengale. ET D'HISTOIRE NATURELLE 99 où la lumière, comme la température, prennent un plus grand degré d'intensité. | Nous terminerons ici ce que nous avons à observer sur l’ha- bitation des arachnides et des insectes; si nous ne nous étendons as d'avantage sur celte classe d'animaux, c’est que le travail ke M. Latreille, que nous avons déjà cité, nous a laissé peu de choses à dire sur ce sujet intéressant. Nous osons aussi nous flatter que, placé dans des circonstances moins, favorables que celles ou s’est trouvé cet habile observateur, on jugera ce tra- vail avec quelque indulgence; car il serait plus digne de son objet, s’il nous avait été possible de l’entreprendre avec des ma- tériaux moins incomplets que ceux que nous avons eu en notre pouvoir. Un autre plus habile et plus heureux fera mieux sans doute; mais du moins nous aurons frayé la route à ceux qui désirent, comme nous, perfectionner l'histoire naturelle de leur Li 58 Le Si la température a une influence marquée sur l'habitation et le développement des animaux anticulés, cette influence parait encore plus frappante sur la propagation de la plupart des ani- maux qui font partie de la quatrième division du règne animal, c’est-à-dire, des animaux rayonnés. Il semble que c’est unique- . ment dans les mers les plus: chaudes que les polypes à polypiers ont fixé leur séjour. C’est là seulement que ces animaux se pro- pagent avec-une si grande rapidité, que, dans peu d'années, les bancs pierreux qu'ils produisent s’entrelacent en rochers, en récifs , s’élevent bientôt jusqu'a fleur d’eau, ferment l'entrée des ports, et tendent des piéges terribles aux navigateurs. Souvent ces écueils s’agrandissent tellement, que la mer, en y jetant du sable et du limon; en élève la surface bien au-dessus de son niveau, et en forme des îles , qu'uneriche végétation vient successivement vivifier. : Nos mers, et entr'autres la Méditerranée, offrent bien un cer- tain nombre d’espèces de polypes à polypiers; mais ces espèces n’y forment ni des îles, ni des écueils , parce qu’elles n’y sont ja- mais en assez grande quantité pour produire des dépôts pierreux d’une certaine importance. Tout se borne, pour nos espèces à quelques dépôts partiels, qui n’ont ni continuité,niparconséquent. une étendue un peu considérable, D'ailleurs, les lithophytes de nos, mers n'élant pas des mêmes espèces que ceux des mers de le zône'‘torride, n1 des mers du Sud , n’ont peut-être pas le pou- voir de produire ou. de sécréler une aussi grande quantité de matière Calcaire , qui est la base de tous les polypiers, 1 Ze 100 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE Les animaux rayonnés ont, du reste, les stations les plus diverses ; nous venons de voir que les polypes à polypiers habi- taient'le sein des mers, et principalement celles dont les eaux avaient la température la plus élevée. Cette station est également commune à la première classe des zoophites, les échinodermes, comme elle l’est à la troisième les acalèphes, soit fixes (1), soit libres (2). Cependant un ordre entier des polypes, les polypes nus, nommé ainsi à.raison de ce qu’ils ne sont re- vêlus d'aucune enveloppe dure, et qu’ils ne produisent pas non plus, dans l’intérieur de leur réunion, un axe de substance ligneuse, charnue ou cornée, ont un genre de station to- talement différent. C’est, non dans les eaux salées qu’il faut en chercher les genres et les espèces, mais uniquement dans les eaux douces, et surlout dans celles dont le cours est peu rapide. Aussi ces animaux sont-ils encore peu connus, soit par une suite de leur petitesse, soit à cause de leur station; et nous sommesà peu près réduits aux espèces que l’on découvre dans les eaux dor- mantes des régions tempérées de l’Europe. Nous ne pouvons donc rien dire de général sur leur habitation, puisque nous ne connaissons que les espèces de nos climats. Quant à la deuxième classe des zoophytes ou les intestinaux, toutes les espèces qui la composent ne pouvant se propager que dans l’intérieur du corps des autres animaux, ils’ensuit que leurs habitations doivent suivre celles de ces animaux eux-mêmes. À la vérilé, cerlaines espèces paraissent propres aux pays chauds, et n’at- taquer les animaux sur lesquels ils vivent, que dans ces latitudes, C’est ainsi que le filaria medinensis ne se développe sousla peau de Fhomme que dans les latitudes les plus chaudes. D'autres fois la même espèce de ver intestinal se trouve : dans les animaux les plus différens, et peut vivre ainsi dans les climats les plus oppo- sés, tel estl’ascaride lombrical, que l’on rencontre, sans différence sensible , dans Fhomme } le cheval, l’ane ,le zebre (3), l'hémione, le bœuf et le cochon. D’autres fois les mêmes espèces attaquent des animaux des classes les plus différentesg comme , par exem- ple, les festucuires, que l’on observe dans beaucoup d’oiseaux (1) Les actinies. (2) Les méduses. : (5) Nous ferons remarquer que le zèbre ne se frouve qu'en Afrique, et l'hé- mione en Asie. L'homme at-il transporté avec lui l'ascaride lombrical ;et'at-il été la cause que ce zoophyte attaque aujourd'hui des animaux de pays aussi différens ? j1 ‘ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 101 et de poissons; les sérigées, dans plusieurs quadrupèdes et dans diverses espèces d'oiseaux ; en sorle que la même espèce de z00- phites est transportée dans les airs avec loiseau sur lequel elle vit, ou descend dans les profondeurs des mers avec les poissons qu’elle ronge. Il n’y avait guère que des espèces parasites qui pouvaient avoir des stalions aussi différentes, et ce n’est point la particularité la moins remarquable que nous présentent les animaux les plus anomaux de ceux qui existent. Enfin, la dernière classe des zoophytes et de tout le règne ani- mal, se compose des êtres les plus petits de la nature, et si petits même, qu'ils n’ont pu éfre distingués que depuis que le mi- croscope nous a dévoilé, en quelque sorte, un monde nouveau. Ces animaux imperceptibles ont toutes sortes de station; les uns se développent sur les terres sèches, d’autres dans les eaux douces, d’autres dans des acides, d’autres, enfin, dans les matières en fermentation ; en sorte que l’on ne peul rien dire de bien général sur leurs habitations. Le nombre de ceux que nous connaissons est d’ailleurs trop peu considérable pour pouvoir rien généraliser à leur égard, quoiqu'il soit infiniment probable que le monde imperceptible des animaux microscopiques est tout aussi peuplé et tout aussi merveilleux que celui qui s'offre à nos regards. Ici nous terminerons l’esquisse de la distribution géographique des animaux, que nous avons cru devoir tracer, pour fairesentir l'intérèt que peuvent présenter les catalogues des animaux qui vivent daus une région déterminée. Quelqu’incomplète que soit celle esquisse, puisse-t-elle inspirer un véritable intérêt pour les études zoologiques, et nous donner les moyens de perfectionner le catalogue des animaux de ce département, que nous sommes forcés de considérer comme une ébauche bien imparfaite de ce qu'it devrait être, pour avoir l'utilité d’une bonne faune du midi de la France! 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE Sur les rapports qui existent entre certaines élévations de la surface de la Terre et l’action des Volcans; Par M. J. MAC. CULLOCH. (FIN). Jr vais procéder maintenant à l'examen du cas des îles de co- raux, comme offrant les mêmes preuves de l'élévation de strates sous-marines par l’action de la force volcanique. Ces phénomènes, qui paraissent avoir eu lieu à des époques extrêmement éloignées, - servent à lier la catastrophe qui a produit l'Italie telle qu’elle est aujourd’hui , avec ceux qui dans le temps de Pline ont formé les iles volcaniques de la Grèce, et avec ceux plus récens, qui dans noire temps ont produit les nouvelles îles de l'Islande et les ÂAcores. La production des îles de corail qui sont répandues dans tout le grand Océan Pacifique, qui rendent dangereuse la navigation de l’Archipel indien, et qui par leur accroissement journalier, dé- truisent celle de la Mer-Rouge, est-un phénomène complètement distinct de lous ceux qui sont l’objet des recherches géologiques. Par l’action tranquille et presque insensible des plus petits animaux de la création, il se prépare journellemeut sous l'Océan les fonde- mens de nouvelles terres, et comme dans le cas des autres for- mations sous-marines, ces opérations ne sont pas limitées aux germes de continens et d’iles futurs et distans et seulement des- tinés à l'habitation de races dans un avenir très éloigné et pure- ment possible. En conséquence de l'instinct de ces animaux , ac- compagné de plusieurs autres causes que nous allons décrire maintenant , les roches qu’ils forment , {s'élèvent au-dessus de la mer sans qu'il y ait besoin de ces actions qui ont soulevé les autres strates sous-marines du fond de la mer. Ainsi se font des additions journalières à la surface habitable de la terre, et des îles s'élèveut graduellement dans le sein de l'Océan, augmentant + + ET:D'HISTOIRE NATURELLE. 103 le domaine de l’homme et promettant-d’unir les continens les plus éloignés dans les liens d’un mutuel concours. C’est pourquoi indépendamment de ce que plusieurs de ces iles nous fournissent la preuvede forces soulevantesagissantavecl'action volcanique sous la surface de la terre, le simple fait lui-même forme une branche intéressante et nécessaire des recherches géo- logiques et d'autant plus, que jusqu'ici elle a été complètement négligée par les géologues. Il ne peut pas être moins intéres- sant d'étudier la formation de ces masses immenses de roches calcaires , par les animaux vivans que par l'accumulation des dé- pouilles de ceux qui sont morts ; et même sous beaucoup de rap- ports, il y a réellement plus d'intérêt, non moins à cause du jour que cela jette sur les anciennes roches calcaires de notre globe, qu'à cause que leur nature tangible évidente, dans des cas ana- logues, nous offre un point de comparaison et que l’on y voit combien la faiblesse apparente des agens peut cependant pro- duire les effets les plus importans. Sous le rapport de tous les restes organiques fossiles, le prin- cipal intéret se tire des relations avec les espèces actuellement existantes, et des effets qu'ils ont eus sur la structure de la terre, Nous sommes surpris de l'accumulation immense de coquilles qui forment les slrates secondaires, ou qui, s’ils ne les produisent pas actuellement, contribuent le plus à la formation de leur masse, ainsi qu’à leur nature chimique; et en les examinant, nous ne pouvons faire autrement que d’être frappés d'étonnement en voyant les immenses augmentations que la croûte solide de notre globe a recu du travail d'animaux, qui, en construisant seule- ment leur propre habitation, ont avec le temps formé des mon- tagnes, comme nous pouvons dire justement, lorsque nous examinons les strates énormes dontils forment les parties consti- tuantes principales. Cependant ces choses ne font pas encore sur nous toute l'im- pression qu'elles devaient faire, parce qu’en voyant les roches comme nousle faisons |, mêlées avec d’autres et abandonnées de- puis long-temps par la mer et par leurs premiers habilans, et maintenant entièrement privées de tout indice de vie, excepté aux yeux des géplogues, de toute indication de leur origine primi- üve, nous sommes portés à les omettre, el à penser que la surface de la terre a dù être presque la même que si ces animaux n'a- vaient jamais existé ou s'ils étaient restés au fond de l'Océan où ils ont reçu la vie et sont morts. Mais lorsque nous étudions leurs 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE actions dans ses progrès, lorsque nous suivons avec les yeux les accroissemens que la terre acquiert actuellement par le travail des animaux sous-marins, nous prenons une tout autre idée de leur importance ; et en mesurant la formation journalière et l’aug- mentation des iles de corail, nous devenons plus sensibles à l'importance de celte race d'êtres, et aux immenses changemens que toutes ces tribus d'animaux marins doivent avoir produits sur la nature chimique, comme sur la structure et la disposition des couches les plus superficielles et les plus récentes. Quant à l’action des coquillages, nous savons qu'ils forment actuellement. des strates immenses sous les eaux, absolument comme ils l’ont dû faire dans les temps les plus anciens, et avant qu'ils aient pu produire les roches que nous voyons maintenant au-dessus du niveau de l'Océan. Qu'elles aient été destinées à s'élever au-dessus de la mer lorsque cela a eu lieu, nous ne pouvons pas mème le conjecturer, quoique d’après les raisons d'analogie déduites des événemens passés , nous puissions le re- garder Comme probable, quelqu'impossible qu’il nous soit d’as- signer de quelle manière cet événement a pu avoir lieu; peut- ètre arrivera-l-il que de nouvelles strates calcaires se trouveront à la surface de quelque terre future, et les restes fossiles de ces jours seront où sont les espèces vivantes des nôtres. Mais lorsque nous examinons les opérations des animaux de coraux, nous trouvons dans eux ce qu'il nous était impossible d'apercevoir dans ceux des coquilles. Pour ceux-ci, ce n’est que par l'observation et l'analogie que nous pouvons conclure que les masses immenses de nos strates calcaires actuelles ont été ainsi produites. Nous transportons du fond de la mer les opéra- tions que nous savons avoir lieu tous les jours; et en raisonnant là-dessus, nous remontons aux temps où nos calcaires étaient dans leur époque de formation, et où ils se préparaient à devenir une terre sèche, soit par leur propre élévation, soit par la retraite des eaux, comme les géologistes l’ont admis ou prouvé jusqu'ici. Mais il y a une chaîne complète et parfaite entre ces deux choses, du moins dans le cas des couches marines. Cela est différent dans celui des couches terrestres ou d’eau douce, parce que nous pouvons suivre l'accroissement dans le dépôt magneux d'un lac, jusqu’à ce qu'il atteigne le niveau de l’eau, de manière que l’ex- clusion graduelle de celle-ci tend à préparer une terre sèche ; opéra- tion dont chaque pays, et surlout nos régions montagneuses, fournissent des preuves journalières dans les dépôts marneux, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 105 Couverts par le sol et la tourbe qué l’on trouve dans les terres élevées ( high land) de YEcosse. Dans les formations de coraux, cette chaine même dans les strates marines est tout-à-fait remplie. Telle est la nature de ces animaux dans ce cas, qu’au lieu d'établir leurs manufactures, si l’on peut employer ce terme, dans les profondeurs de l'Océan, comme le font les coquillages, et de cacher leurs travaux dans des lieux inaccessibles à l'homme, leur tendance est de monter à la surface de la mer. Alors les immenses strates qu'ils produisent sont portées à la lumière , même durant la durée de leur vie et la nôtre, et nous observons des roches qui peuvent être considé- rées à la fois comme fossiles et comme vivantes. Lorsqu'une fois les animaux ont abandonné leurs habitations, lorsqu'ils ont atteint, comme ils le doivent, au-dessus de la surface de l’eau et même assez loin dans la terre sèche, dans des îles d’üne grande éten- due, ces masses calcaires doivent être considérées comme des productions fossiles, comme beaucoup d’autres strates de même substance. ‘ Il paraît que chaque corail, de quelqu’espèce qu'il soit, a une structure calcaire solide, un peu ressemblante à un végétal dans ses progrès en général et Vaccroïissement de ses parties, habitées par un grand nombre d'animaux semblables, qui sont précisé- ment les mêmes pour chaque individu de corail, mais qui dif- fèrent dans chaque espèce. Chacun de ces coraux peut étre consi- déré comme une colonie, les habitans étant disposés dans de petites cellules, dans lesquelles ils résident et travaillent à l’opération d'étendre leur habitation. Dans cette opération, quoique chacun semble agir indépendamment dans l'acte de produire sa propre cellule ou dans l’extension de son propre voisinage immédiat, le tout est réglé par une sorte de principe mystérieux commun, ‘par lequel tous concourent à la production d’une structure qui semblerait plutôt avoir été dirigée par une seule intelligence. Nous ne voyons rien de vérilablement analogue dans le reste de la créa- tion animale, excepté dans le cas des insectes sociables, qui ‘construisent une habitation commune pour les produits de la génération, comme les fourmis et les abeilles. Parmi ceux-ci, il y a possibilité d'une communication personnelle, ce qui est prouvé par les recherches exactes de plusieurs naturalistes. Il ne peut y avoir rien de semblable/parmi les animaux coralligènes, parce que chacun d’eux est fixé ét enraciné à sa cellule dont il fait partie. On peut réellement considérer que tous ces individus de Tome XCVI. MARS an 1823, 14 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ja colonie font partie de la structure de la: masse qu'ils habitent, absolument comme les fleurs le font dans uné plante. Celte analogie est fortement appuyée par l'observation du geure vorlicelle, animal mou, incapable de se construire une habitation, comme lé corail, mais ayant plusieurs analogies très évidentes avec lui. La vorticellé simple est indépendante et nage eu liberté , ne ressemblant pas mal en même temps à une fleur ou à un bourgeon épanoui , paraissant composée d’un corps res- semblant à un calice, pourvu de tentacules qui ont été comparés aux élamines ou aux pétales. Mais si nous allons au-delà de la vorticelle la plus simple, nous trouvons une espèce qui est fixée d’une maniere irrévocable, par un pédicule de fibres animales à l'endroit où elle a été produite, ou qui n’a que la possibilité de se mouvoir dans l’eau dans des limites très peu étendues. Dans son accroissement ultérieur, deux individus sont ‘unis sur la même üge, etenfin, on entrouveune ou plusieurs espèces dans lesquelles une simple tige produit denombreusesramifications , dontchacune est terminée par un animal caliciforme, ou par une fleur, si nous pouvons parler ainsi, Dans ce cas, chaque animal cst parfaite- ment indépendant, quoique tous,dépendent du tout, en sorte que s’il n’y avait pas de preuve que c’est un être de nature animale, on pourrait le prendre pour un végétal. De quelle manière cette dé- pendance mutuelle et cette coopération de plusieurs animaux pour produire une struclure commune, a-t-elle lieu ? c’est ce quenous ne pouvons conjeclurer; mais l’on peut imaginer, si nous ne connaissions pas la vorticelle simple et indépendante, que la partie rameuse est elle-même ur animal et que les fleurs ou les vorticelles simples ne sont que ses parties. L'ensemble présente une singulière analogie avec les végétaux, chez lesquels toutes les feuilles et les fleurs conspirent ensemble dans la production et la propagation de toute la plante; en sorte qu'il nous doit être per- mis de conclure qu'il y a là une gradation parfaïte d’un règne de la nature à l’autre, Cela explique la dépendance des animaux du corail dans la co- lonie qu'ils forment, autant du moins: qu'une difficulté peut en expliquer une autre. La seule différence existe dans Ja dureté ou la mollesse de l'habitation ou de, l'arbre, s’il, est permis de parler ainsi. Dans la vorticelle, elle est d’une matière animale molle , tandis que dans le; corail, c’est d’ane substance pierreuse ou osseuse ; et ici il y a même une autre analogie entre les coraux et les végétaux qui, comme les charas et les corallines , s'encroû- ET D'HISTOIRE NÂTURELLE. 107 tent eux-mêmes de terre calcaire, ou comme les prèles (equise- um) secrètent une écore siliceuse. Pour prendre l’habitant des madrépores comme un exemple de l’animal lui-même, il faut le considérer comme formé de Ja co- quille, d'une tête, d'un centre ou d’une bouche et de pieds ou de bras; ceux-ci sont très nombreux et sont divisés ou fendus à l'extrémité, de manière à ce qu'ils entonrent le corps de l’ani- mal sous la forme d’un cercle. Chacun de ces pieds ou bras em- brasse un lamelle de l'étoile du madrépore, en sorte qu'il sert à la fois à la construction de la coquille et à y fixer l’animal. Le pédicule ou la partie simple de chaque bras paraît être de nature musculeuse et est fixé dans un tube cylindrique , qui est propre- ment le corps de l'animal. Dans ce tube est un corps stelliforme que l’on regarde comme la tête, et qui est très mobile, tandis que les rayons semblent être les tentacules avec lesquels l’animal prend sa nourriture. On ne connait pas encore toutes les espèces de coraux qui entrent dans la composition des bancs de cette nature; mais plusieurs genres et un petit nombre d'espèces le sont assez com- plètement. Les principaux sont les madrépores de différentes sortes; des millépores , parmi lesquels se trouve le M. carulex, le tubipore musique, une caryophyllie, un distichopore et une coraline ; des astrées, des oursins et d’autres animaux vivans et mourans sur les bancs de coraux, ajoutent à la masse de la ma- tière calcaire, mais sans réellement devoir être compris parmi ceux qui la construisent. On trouve aussi souvent dans les trous, dans les excavations des coraux, des holothuries , et d’autres vers mous ; mais c’est à lort que ces animaux ont été regardés comme apparlenans aux coraux par des observateurs inexacts. Ce serait entrer tout-à-fait dans le champ de la géographie que d'essayer de décrire et même d’énumérer les différentes îles ou roches qui doivent leur existence au travail des vers coralligènes. Les récits de beaucoup de navigateurs, comme Cook, Kotzebue, Flinders, etc. pourront être consultés par ceux des lecteurs qui désirent de plus grands détails à ce sujet; car je craindrais de dépasser les bornes d'un Mémoire, si j'en donnais beaucoup. Je me bornerai donc à uue simple notice sur un petit nombre des exemples les plus remarquables. Presque toutes les iles qui se trouvent au sud de l'équateur, entre la Nouvelle-Hollande et la côte occidentale de l'Amérique, doivent leur origine en tout ou en très grande partie à ces ani- maux. Toutes ces mers et beaucoup d’autres abondent en roches 14 108 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE de coraux, éten récifs, quijsont encore dans un accroïssement rapide et journalier , et sont probablement destinés à s'élever quelque jour au-dessus du niveau de l’eau , à devenir d'abord le siége de la végétation et par la suite des temps, la demeure de l'honime ; et peut être énfin, à ne produire rien moins qu’un con- tinent dans cet immense océan. Oùtré plusieurs autres endroits, les récifs de même nature abondent particulièremént entre la Nouvelle- Hollande, la Nou- velle-Calédonie, et la Nouvelle-Guinée; et l’on sait très bien qu'il en existe de semblables en grande quantité dans les mers de l’ar- chipel indien , comme à Chagos, Juan-de-Nova, Cosmoledo , l'Assomption, les Cocos, Amirante et les îles Laccadives et Mal- dives. Ils sont aussi fréquens sur Ja côte orientale du golfe de la Floride ; et il est bien connu qu'ils forment un empêchement qui s'accroît tous les jours à la navigation dans la Mer-Rouge. L'extension de ces coraux et de ces îles est un objet de grand intérêt et de Surprise , lorsqu'on considère la faiblesse apparente des moyens par lesquels ils sont produits et la petitesse des agens. Un exemple ou deux sufhront ici. Tongataboo, décrit par Cook, sous ce nom de rauvais augure ; est une île ovale, irrégulière , de vihgt lieues de circonférence, tandis que son élévation au- dessus du niveau de la mer, n’est que de dix pieds. Les sondages, au moyen desquels on pourrait évaluer l'épaisseur de ce banc de roche n’ont pas été fournis ; maïs l’on sait très bien qu'il s'étend dans toute celte mer, en sorte qu'il ne peut pas être estimé à moins de cent brasses; toute cette île offre donc une structure énorme de calcaire organique. Maïs la masse la plus considérable de cette nature, est celle qui forme le grand réeif de Ja côte Est de la Nouvelle-Hollande, tel qu'il a eté décrit par le capitaine Flinders et qui s'étend sans interruption dans une longueur de 550 milles ; en formant avec plusieurs autres qui en sont plus ou moins séparés, une ligne presque continue de 1000 milles ou plus en longueur, avec une largeur variable de 20 à 50 milles. Auprès d’une montagne calcaire comme celle-ci, les Appennins eux-mêmes sont presque petits en comparaison ; et qu’une masse aussi énorme ait élé produite par des moyéns aussi Imsignifians , c’est un juste sujet d’admiration pour un ésprit philosophique, et d’étonnement pour ceux qui n’ont pas considéré le pouvoir indéfini de l'unité dans une addition sans fin. Quoiqu'on ne puisse assurer quelle est la plus grande profon- deur de ces montagnes sous-marines, elles ont été sondées à 200 brasses et plus. Il n’est pas rare chez les navigateurs, de dire ET D'HISTOIRE NATURELLE. 109 qu'ils sont sur des profondeurs qui ne peuvent étré sondées ; mode d'expression vague parmiles marins, car il est bien connu que le plomb de la sonde peut atteindre, sans difliculté, même jusqu'à 1000 brasses. Les récifs ou les iles que forment les roches sont quelquefois disposées en rangées ou en lignes plus ou moins étroites ; d’autres fois elles s’accumulent en groupes; et il n’est pas rare qu’elles forment un cercle ou un ovale; cette dernière disposition, Sur une grande ou une petite échelle, ayant une influence manifeste sur la forme et la nature de l'ile future. On a imaginé que la production de ces iles doit être très ra- pide; mais il y a beaucoup d'incertitude sur cette partie du sujet, etil y a même beaucoup de raison de penser qu'on a un peu exagéré à ce sujet. Ces mers, à cause de leur étendue, ne peuvent être entièrement connues; et il est presqu'impossible que le nombre infini de récifs qui y existent aient pu être bien noté : et s’il en est ainsi, Ce sera toujours une excuse pour l’inexactitude d’une carte, ou comme dans le cas de l’Alceste, pour une recon- naissance erronée, que d’assurer qu'une nouvelle roche a été trouvée dans un endroit où on en avait observé une ancienne. ” En examinant les sondages des mers dans lesquelles sont ces iles, et en comparant leurs positions, ainsi que les plans des récifs , on voitqu’ellessont en grändépartiedéterminées par la forme desterres sous marines et qu'elles sont placées au sommet des montagnes ou sur les parties les plus élevées du fond. Lorsqu’elles forment des lignes’ étroites el tourbes, le côté de la construction sous-marine exposé au vent, ou celuiquiest exposé à l’action de la mer, s'élève presque verticalement à la manière d’un mur; lorsque c’est à une exposition contraire, elles se disposent en pente graduelle, de manière à ce que la profondeur de l’eau dépend de la direction , quand elles ont dépassé sa surface. On a supposé qu'il y a là quelque but pour effectuer une chose qu'un accident peut avoir entière- ment déterminée ; et que l'intention de l'animal , en construisant ainsi sous le vent, était de se procurer un abri pour continuer son travail au côté opposé. Quoi qu'il en soit de cette supposi- tion, c’est celle manière abrute dont ces îles ou récifs sortent de la mer qui les rend si dangereux pour les vaisseaux, puisque, après un sondage très profond , ils peuvent en un moment se trouver sur le rivage, el presque sans aucun indice. Lorsque les groupes sont circulaires , ils offrent quelques par- ticularités, soit en eux-mêmes, soit dans les résullals, qui ont besoin d’être notées. On observe d'abord un nombre plus ou moins considérable de roches séparées ou d'iles, formant une 110 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE chaine, qui deviennent graduellement unies en différens endroits, de manière à nous offrir l’idée qu’elles seront réunies quelque jour. ‘Éout autour et au-dehors, l'eau est profonde et les coupes verlicales; mais en dedans, on trouve des bas-fonds en différens endroits, de maniere à donner l’idée d’une grande plate-forme, entourée par des bords élevés avec une dépression dans le milieu, Dans les petits cercles, lorsqu'ils sont complets, les récifs repré- sentent un bassin circulaire; ce bassin continue à être salé et forme un réceptacle pour l’eau de la mer pendant quelque temps, durant lequel il continue à devenir graduellement plus profond, à mesure que les animaux périssent, et l'opération du remplissage vient à cesser; il en résulte ainsi un lac d’eau douce et il se forme de ces réceptacles si connus dans toutes les iles de ces mers. De quelque grandeur que le cercle puisse être, mais parlicu- lièrement quand il est fort grand, les îlés commencent d’abord à se réunir par le côté extérieur du récif, tandis qu’en dedans, les parties saillantes, les bancs ou roches sont mêmes séparés en différens endroits. Les bords ou digues exposés au vent, sous la protection desquels toute la masse s’est étendue, sont produits par des fragmens de coraux. Aussitôt qu’ils sont arrivés à,la surface de la plus grande élévation des marées, ils cessent de s’accroitre davantage, parce que les animaux ne peuvent vivre hors de l'eau. Mais à la basse mer, le récif est un moment au-dessus de l’eau, Alors la force des vagues agit sur les parties supérieures, les brise et porte les fragmens en avant où ils se réunissenl; tandis que les animaux, qui travaillent encore en dehors sur le côté opposé au vent, élèvent toujours de nouveaux matériaux destinés au même but. Ainsi un banc de matière morte, ou de fragmens et de sable produits par le brisement des coraux, se forme sur le sommet de la roche vivante, et se cimente par le pouvoir dissol- vant de l’eau sur le carbonate de chaux. De cette manière il s’élève au-dessus du niveau des hautes montagnes, et s'arrange, se polit par l'action continuelle du flot qui a lieu , jusqu'a ce qu'il soit élevé même au-delà de la portée de la mer. Le sable el les fragmens se consolident avec le temps, de manière à ressembler aux roches calcaires de la Guadeloupe, des Bermudes , de Bahama et des autres îles de l'Amérique; et des fragmens de ces roches, formant de grands blocs de pierre, sont fréquemmentélevés sur les rivages et quelquefois beaucoup plus loin, jusqu’à ce qu’une grande éten- due de surface devienne ainsi consolidée à l’aide de plus de sable et de fragmens , et quelquefois aussi par des coquilles en masse so- lide de sol. Comme la même chose a lieu dans les parties inléz 2, BP D'HISTOARE NATURELLE. | Fri rieures,-où.se trouverit les bancs iqui, s'avancent, tous finissent à la longue par se réunir. C'est jainsi que des îles de toutes les grandeurs peuvent se former avec le temps. Accidentellement les lacs mentionnés plus haut, sont aussi remplis par l'accroissement et la décomposition des végélaux , et deviennent d’abord des lieux marécageux., puis à la longue des terres sèches. Si ce n’était pas aujourd'hui une sorte de mode dans la physique, de passer sous silence toute ,considéralion des causes finales, je pourrais faire remarquer ici Celle singulière disposilion, par laquelle l’eau douce s’accumule pour les habitans éventuels des îles , qui à cause du manque nécessaire de source ou d’autres moyens supplémen- taires , n'auraient jamais pu être le sejour de l’homme; prévoyance dont le but est de commencer la population de ces nouvelles régions. facts Le reste de l’opéralion ne :consisle plus qu'à couvrir ces îles d'un sol végétal ou de végétation; c’est là l'ouvrage du temps qui est encore plus rapide .qu'on ne devrait attendre. La première partie est faite par le, sable que la terre produit par la destruction des coraux, et par les, plantes marines qui y prennent racines et y végètent. Les oiseaux de mer, en cherchant une place pour s'établir, ajoutent quelque chose, et à la longue, les semences de différentes plantes flottant à la surface de l'Océan, s’y arrêtent eticommencent à végéter, lorsqu’un,sol convenable a été formé. Parmi ces plantes, les plus évidentes sont les genres Scævola, Pandanus, Cerbera, Morinda, Hernandia et autres, qui com- mencent à croître sur les bords des bancs, lorsque leurs graines ontélé arrêtées, et qui à. la longue finissent par recouvrir le tout. Enfin, l'homme arrive, et l'ile forme une partie du monde babité. Ut oc Il est évident que les iles formées sur ces principes , ne peuvent avoir une grande élévation au-dessus du niveau de l’eau, et par conséquent, celles qui sont entièrement plates, ont à peine une élévation de cinq à six pieds au-dessus du niveau des plus hautes eaux. Mais, comme quelques-unes sont évidemment plus élevées, il est nécessaire d'avoir recours a quelque nouveau principe , pour rendre :comple de ce fait: Ge principe,est l'action d’une force d'élévalion souterraine qui forme le principal objet de ce Mé- moire, et par le moyen de laquelle, les phénomènes des iles de coraux se trouvent en counexion ayec ceux des alluvious italiennes. HS lotte e « ROUES , .… Tongataboo, déja mentionné ;,a 10 pieds d'élévation au-dessus du niveau des haules mers, ce] qui est une élévalion plus grande 112 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que celle qui peut être produite par l’action de mer , en suppo- sant que lout cet espace ne soit formé que de fragmens tels que nous les avons décrits, et non de coraux parfaits qui ne peuvent s'élever eux-mêmes à une si grande grande hauteur au-dessus de la mer. Mais le capitame Cook a observé dans plusieurs îles, que lés coraux, avec tous leurs caractères aussi parfaits que lorsqu'ils sont vivans, se trouvent à des élévalions de 100 pieds et plus au-dessus de l'Océan. Or, il ést certain que la mér n’a jamais pu s’abaisser d’une aussi grande quantité, ou plulôt qu’elle n’a jamais atteint à 100 pieds au-dessus de son niveau actuel, en sorte qu’il faut en conclure que cette ile a été soulevée. Quoique certains géologues théoriciens pourraient préférer d'imaginer ce dernier moyen, il y a encore des preuves suffisantes de l'élévation du sol sous-marin. 11 n’est pas difficile d'indiquer les causes auxquelles cela est dù, et qui ont déterminé dans le fond de l'Océan les changemens nécessaires pour la production de ces résullats ; et l'on verra, que cela a dépendu de l’action du pouvoir volcanique. Nous ne serons pas embarrassés pour découvrir l'existence ac- tuelle de cette cause dans beaucoup d’endroits, maisles îles sui- vantes noùs fourniront autant que d'autres des preuves aussi con venables que satisfaisantes. En prenant les deux iles de Tongataboo el d'Ecooa , on trouve qu’elles forment le premierchainon de cette chaîne et l’une d'elles est surtout importante , à cause de la proximité de deux bandes de corail. Ecooa est séparée de la première par une distance de 20 milles seulement. Cette île consiste en une montagne d’une élévation considérable, quoique malheureusement cette éléva- tion ne soit pas donnée dans le récit de Cook. Cette ‘omission n’est cependant d'aucune importance pour notre sujet, parce que la circonstance principale est que des coraux ont été observés à 300 pieds au-dessus du niveau de la mer, et qu’ils se continuent presque jusqu’à son sommet. Le sol au-dessus du corail est dit- on formé par un grès tendre, jaune , et par une argile rougeûtre. La position de ces coraux esl ici très propre et plus encore que dans les exemples précédens, à montrer l’existence nécessaire d’une force qui les a soulevés à cette hauteur au-dessus du niveau de la mér. De la proximité de ces deux iles, il est également pro- bable que toutes deux ont été soulevées par la même force ét en même temps, ét-que la puissance principale s’est exercée sous Ecooa, tandis que l'ile de Tongataboo, beaucoup plus basse, ne fut soulevée qu’à une hauteur incomparablement plus petite, parce qu’elle se trouvait sur les limites où cessait la force éléva- ET D'HISTOIRE NATURELLE: 113 trice et expansive. Aucune autre cause n’est proportionnelle à la production de ces effets, et il est évident que l’action qui pro- duit le plus grand, est aussi capable de rendre compte du plus petit. Maintenant, quoiqu’on ait dit qu'il n’existe aucun volcan dans Ecooa, et qu’ainsi on ne puisse avoir recours à celle cause, il suffira de montrer que les volcans ont, dans d’autres cas, dans cette mer, produit une action semblable, de telle manière, que les coraux s'élèvent sur les côtés des montagnes volcaniques; prouvant, dans ce cas, ce qui peut être inféré justement dans les autres, que non-seulement ils sont capables de produire les effets requis, mais que dans ces exemples, ils les ont produits. La force cependant qui a exercé son action, de manière à reje- ter entièrement de la matière volcanique, peut très bien être conçue n'avoir produit qu’un effet beaucoup moindre que celui qui était suffisant, comme dans Je cas de tremblement de terre, pour altérer le niveau des terrains sous-marins. Il est possible que l’action volcanique ait eu lieu sous Ecooa elle-même, la nature du sommet de cette montagne n’ayant pas été décrite par Cook. Dans d’autres occasions, il a négligé de noter ces roches volcaniques que nous savons aujourd'hui exister ; et en effet, c’est là un sujet qui.excite assez peu l'attention des marins. Mais que cela soitou non, l'existence d’un volcan dans ce groupe d'iles est certaine. Toofooa en contient un qui brüle encore, et celte île n’est qu’à 70 milles de distance de Tongata- boo. La petite île de Kao, à environ 5 milles de Toofooa, et qu’on dit avoir une forme longue, est probablement aussi de la même nalure. Il y a donc de bonnes raisons de croire qu’une force volcanique a agi dans une grande étendue de cette partie de l'Océan Paci- fique. Dans les atlas de Cook, plus de cent cinquante îles sont réunies sous le nom d’fles des Amis, et il y en a 75 de mon- tueuses. Otabeite, dans la même mer, a aussi cette forme, ainsi que Bolobola et Eimeo. Quoique ce célèbre navigateur n'ait pas parlé de roches volcaniques parmi ces îles, ‘il est maintenant bien connu qu’il en existe dans. beaucoup d’endroits et qu'il y a trois volcans brülans, même parmi les îles des Amis, Pour confirmer encore cette manière de voir, l'ile d'Eap , qui se trouve à l’ouest des iles Carolines’, est le siége d'une puissance volcanique. D'après Kotzebue , les tremblemens de terre y sont fréquens et violens. Il a remarqué de plus, que lorsque Ulea tremble, tous les récifs de coraux des environs sont secoués. Dans Tome ÀCVI. MARS an 1823. 15 114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la partie septentrionale de la mer Pacifique, on a aussi trouvé des roches de corail à l'île d'Owhyhée et au-dessus de la mer ; et dans celle île, Mouna Roa et probablement tout le reste de ce groupe élevé de montagnes sont formés de roches volcaniques. Ces faits me semblent compléter l'évidence d'ane manière qui doit satisfaire tout homme qui raisonne, que ce sont là les causes qui ont soulevé, même les plus basses de ces îles, au-dessus du niveau de l'Océan. Il ne sera donc pas nécessaire de s'étendre davantage sur une question aussi claire. Mais l'élévation des îles volcaniques dans d’autres mers, dônt il a été fait mention au com- mencement de ce Mémoire, sert à éclaircir et à confirmer ces raisonnemens. Ces phénomènes que nous avons détaillés dans la première partie de ce travail, confirment, en même temps, qu'ils recoivent des éclaïrcissemens de ceux que nous venons de décrire. De la même manière, le changement dans le niveau de Ja terre voisine de beaucoup de volcans terrestres bien connus qui ont été accompagnés par des tremblemens de terre, pour- ront aussi sérvir a élablir la vérité de cette explication et à don- ner un nouvel appui à une conclusion trop évidente pour en avoir besoin. En terminant ces remarques sur les îles de corail, il ne sera pas sans intérêt de faire observer que l’on remarque des apparences analogues dans les îles volcaniques de la côte d'Afrique. On a trouvé au-dessus de ces roches qui sont le produit du feu du calcaire secondaire conténant des fossiles marins encore élevés au-dessus du niveau de l'Océan. Si l'élévation de ces strates, considérée d’une manière abstraile, ne peut étre regardée comme ne prouvant rien de plus que ce que l’on peut déduire des apparences analogues que l’on a pu observer dans toutes les autres parties du monde, il faut se rappeler qu'il y a là actuelle- ment non-seulement unè Cause active el évidente, suffisante pour les élever du fond de la mer , mais que l’action actuelle de cette puissance dans des cas analogues, est prouvée par les phéno- mènes des îles dont nous parlons maintenant. Tant qu’on s’ar- rète à la question d’antiquité relative seulement, il y a certaine- ment des différences dans les résultats et même dans les apparences actuelles; mais la force de l'argument général qu'on en déduit réste inattaquable. Comme il n'entre pas dans mon sujet d'étendre ces consé- quences à tous les dérangemens, à toutes les élévations des couches du globe, je laïsserai les faits précédens produire sur lés géologistes l'impression qu'ils permettront, suivant leur ŒT D'HISTOIRE NATURELLE, 115 manière de voir et leurs préjugés. Mais il reste une question de chimie sur la génération des iles de corail, qui est extrémement obscure, mais qui est aussi très intéressante, non-seulement parce qu’elle a rapport à la production ou à la collection de ces énormes masses de lerre calcaire, mais encore parce qu’elle porte sur la formation des calcaires ordinairement stratifiés. Il n’y a d'abord aucune preuve de probabilité que la chaux soit le produit d'une action animale, comme cela a été supposé par plusieurs personnes. Les découvertes récentes sur là nature des terres, doivent avoir résolu complètement cette question. Quelques dificultés que l’on trouve dans celte supposition, il est probable qu’elle est produite dans ce cas, par la décomposilion des sels calcaires de l'Océan, et quoique nous puissions choisir de prévoir une ua es où cel effet doit cesser, nous devons nous contenter pour le moment de rester dans celte idée que c’est là sa véritable origine, sans nous enquérir d’ailleurs quelle provision, s’il en est, a été faite pour son renouvellement perpétuel. Mais il est suflisant, pour notre but actuel , d'admettre que les énormes masses de malière calcaire, dans le cas où nous sommes, sont certainement produites par l’action seule des animaux des coraux. Si la masse de Tongataboo et de ce grand récif de la Nouvelle-Hollande, peut être estimée par leur étendue ét leur épaisseur, comme nous l'avons fait plus haut; on verra aisément qu'elle peut être équivalente aux plus grânds dépôts de calcaire secondaire que nous connaissons. Le dernier peut souffrir la comparaison, même avec les grandes chaînes du Jura ou des Apennins. La supposition des géologues, que les calcaires se- condaires ont été produits par les animaux dont ils contiennent les coquilles, est par conséquent bien loin d'êlre aussi absurde qu’on Va quelquefois supposé. Il n’est certainement pas nécessaire d'ad- mettre que tous les calcaires ont eu la même origine; maïs lors- que nous nous rappelons que ces roches abondent parmi les strates secondaires, tandis qu’elles sont comparativement fort rares parmi les primitives, leur quantité diminuant en propor- tion que nous nous éloignons de cette époque où' la terre était inbabitée , nous observons un fait qui ne peut être vu avec indif- férence, 15. 116 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE Sur les espèces du genre Cazmar (/oligo, Lamarck ) ; Par M. H. D. DE BLAINVILLE. Cerre subdivision générique parfaitement indiquée par Aris- toleet par les zoologistes de la renaissance des leltres, a été établie dans le genre sepia de Linnæus par M. de Lamarck, et auoptée depuis par presque tous les zoologistes français et étrangers pour les espèces de brachiocéphalés qui, étant pourvues, comme les véritables sèches, de quatre paires d'appendices tentaculaires entourant la bouche et d'une paire de longs tenlacules, ont le corps plus ou moins cylindrique, contenantdans le dos une pièce subcartilagineuse en forme d'épée, et accompagné vers l’extré- mité postérieure seulement d’une paire de nageoires latérales. Les auteurs grecs appelaientces animaux revos; les latins, /oligo, lollius. : | Le mot calmar, employé par les modernes pour désigner ce genre, vient par contraction de calamar, vieux mot français, dérivé de calamarium, qui, dans Ja basse latinité, signifiait une écritoire porlative , renfermant de l’encre , des plames et un ca- nif. On l’a donné à ces animaux; parce que leur corps a un peu la forme cylindrique de ces espèces d'écritaires, et qu'il contient dans le das une sorte de plume et de l'encre dans son in- térieur. L'organisation des calmars est presque semblable à celle des sèches : leur corps est cependant ordinairement plus alongé, pussqne cylindrique, un peu appointi en arrière; la tête est éga- ement cylindrique; les appendices tentaculaires et brachiaux qui l’accompagnent à droite el à gauche en se portant en avant, sont plus longs que dans les sèches, mais à peu près dans la même disposition et dans la même proportion enire eux; les nageoires qui bordent le corps à sa partie postérieure, sont en général beaucoup moins longues que dans celles-ci, mais aussi plus Jarges; enfin le tube subcéphalique est en général plus petit. ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 117 Le sac qui enveloppe le corps de ces animaux a ses parois musculaires fort épaisses, et cela presque autant en-dessus qu’en- dessous; la peau qui le recouvre est toujours fort mince; mais ce qu’elle offre de remarquable, c’est qu’elle est colorée de taches rouges, irrégulières, et qui sont dans un mouvement continuel de dilatation et de resserrement, ou de diastole et de systole: elles sont plus nombreuses en-dessus qu’en-dessous. Les yeux sont ronds, plus petits peut-être que dans les sèches, mais tout-a-fait composés de même: dans un certain nombre d'espèces, ils sont libres, dans une sorte de cavité orbitaire, dont le bord est échancré à sa partie antérieure. ; L’oreille a la même structure que dans les sèches, L'appareil de la locomotion est aussi presque semblable à ce qui existe dans les sèches. Nous avons cependant déjà fait ob- server que le sac est en général plus musculeux et plus épais, surtout en-dessus. Le corps protecteur qu'il contient est en effet beaucoup plus grèle, plus mince et entièrement gélatineux ; de forme variable dans chaque espèce, ou mieux dans chaque petit groupe, il ressemble le plus ordinairement à une lame d'épée, ou bien à une plume, en ce qu'il a une sorte d’axe ou de tige plus épaisse, de chaque côté de laquelle se développe une iame plus ou moins mince; son exlrémité antérieure saille plus ou moins dans la ligne moyenne du dos au-dessus du cou. La plaque cartilagineuse qui protége le cerveau, les yeux, et qui sert d'appui aux appendices céphaliques, a à peu de chose près la même forme que dans les sèches. Ces appendices ont aussi à peu pres la même forme, la mème structure et la même proportion; ils sont évidemment partagés en deux faisceaux latéraux de quatre chacun; le supérieur est ordinairement le plus petit; les trois autres vont en augmentant jusqu’à l’inférieur, qui est le plus gros et le plus long; ils sont garuis , dans toute la longueur de leur face interne, d’une double série de sucoirs semblables à ceux des sèches. Quant aux tenta- cules pédonculés, leur origine, leur position et leur structure ne different presque en rien de ce qui existe dans ces dernières; ils sont évidemment contractiles dans tous leurs points, et par con- séquent susceplibles de raccourcissement et d'allongement à des degrés très différens; ils peuvent êlre entièrement cachés dans uue sorte de poche qui est entre la racine des deux paires infé- rieures de tentacules. Les sucoirs dont ils sont garnis à l’extré- milé, sont cependant plus souvent disposés en forme de grifles, 118 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par la dentelure du cercle corné qui les borde, ou quelquefois par son remplacement par un seul grand crochet. La paire de nageoires, qui termine plus ou moins le corps, diffère de celle des sèches plus par la forme que par la structure: quelquefois elle est complétement marginale, comme dans celles- ci; mais il arrive aussi que son origine soit assez avancée sur sur le dos: quant à la forme, elle est bien distinctive des es- pèces. ‘ L'appareil de la digestion commence toujours par une paire de dents en forme de bec de perroquet et se mouvant vertica- lement à l’aide d’une masse musculaire qui les entoure à leur racine , el qui se compose de muscles diducteurs, supérieurs et inférieurs, et surtout de muscles circulaires ou constricteurs, qui en font la plus grande partie. Au-dessus de la plaque linguale, qui est armée de très petites dents formant plusieurs rangées, et dont celles-du milieu sont tricuspides, sort un œsophage étroit: après avoir traversé l'anneau cartilagineux du cartilage céphalique, il pénètre dans le thorax, accompagné à droite et à gauche par une assez forte glande salivaire; très en arrière il se renfle en un premier estomac membraneux, fort grand, formant un grand cul-de-sac postérieur; tout près de son origine est une sorte de petit gésier, puis un pelit cœcum recourbé, d'où sort ensuite l'intestio proprement dit: celui-ci est assez grèle, d'un même calibre dans toute son étendue; il se dirige d’arrière en avant, et se porte vers la partie antérieure de l’abdomen, où il s'ouvre par uu orifice situé dans la ligne médiane, presque au bord an- térieur du sac. Le foie est placé le long de l'œsophage; il est fort alongé; il verse la bile dans le premier estomac, tout près du cardia, par un seul orifice fort grand. Les appareils de la circulation et de la respiration sont tout-à- fait semblables à ce qui existe dans leshrachiocéphalés en général, et surtout dans les sèches ; toutes les veines de l’enveloppe sen- sible et locomotrice se réunissent successivement dans un gros tronc, loul-à-fait inférieur, qui suit presque la ligne médiane de l'abdomen, et qui, parvenu vers le milieu de sa longueur envi- ron, se subdivise en deux branches considérables. Chacune d’el- les, après avoir recu un rameau considérable provenant des par- ties postérieures, se porte à la racine de la branchie correspon- dante, où, avant de se changer en artère branchiale, elle serenfle de manière à simuler une oreillette ou un organe d’impulsion ; mais les paroïs de ces renflemens ne sont pas plus épaisses que celles de la veine, et les espèces de cloisons imparfaites qui én ET D'HMISTOIRE NATURELLE. 119 traversent la cavité, m'ont paru celluleuses. Il n'ÿ a que ce ren- flement qui soit pourvu de ces corps spongieux qui hérissent les deux branches de la veine-cave dans les poulpes et même dans les sèches ; et c’est probablement le corps que Monro a désigné comme un ventricule. Au-delà de ce renflement, l'artère bran- chiale suit le bord de la branchie, et se subdivise en autant de lobes, de lames et de lobules ou de lamelles, que celle-ci en presente. Les branchies, comme dans tout ce groupe, sont parfaitement paires et symétriques : situées profondément dans le sac, à la paroi interne duquel elles adhèrent, elles se portent obliquement d'arrière en avant, vers le bord de celui-ci, mais sans jamais en sortir: leur forme est triangulaire, mais très alongée ; elles sont adhérentes à leur base et tout le long de leur bord externe, et elles sont formées de lobesetde lobules , comme à l'ordinaire. Comme dans tout le groupe des brachiocéphalés, chaque branchie est accompagnée, dans toute la longueur de son bord adhérent, par une masse blanchätre, de structure glanduleuse, mais qui parait n'avoir aucun Canal excréteur, on en ignore complètement Pusage. : Les veines branchiales, qui se sont formées de la réunion suc- cessive des veinules des lames branchiales, suivent le bord in- terne de la branchie, en allant du sommet à la base ; parvenues en cet endroit, elles se renflent en une véritable oreillette à co- lonnes charnues intérieures. De ces oreillettes naît ensuite un canal artériel, quelquefois très court ou presque nul, qui se porte de déhors en dedans et d’arrière en avant dans le ven- tricule; celui-ci est à peu près au milieu de la cavité abdomi- nale, au-dessous de tous les viscères : il n’est pas contenu dans un péricarde, ni dans une cavité particulière. Sa forme est ovale, pointue, en avant comme en arrière: de son extrémité posté- rieure nait une pelile artère aorte qui distribue ses ramifications à l'organe sécréteur de l'appareil générateur et à la partie pos- térieure du sac. Mais la véritable artère aorte sort de la partie antérieure du ventricule : après avoir fourni une branche au foie, à l'estomac, elle se dirige en avant, en suivant l’sophage, et, arrivée à la tête, elle se divise en autant de branches qu'il y a de tentacules ou de bras. La vessie à encre, qui peut être regardée comme l'organe de dépuralion urinaire , esi située dans le calmar, comme dans la sèche, c’est-à-dire, appliquée à la parlie antérieure de l'or- gane sécréleur de la généralion; son canal accompagne le rec- 120 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE tum et s'ouvre à son bord. L’humeur qu'elle fournit est très noire. Les organes de la génération ne diffèrent presque en rien de ce qu'ils sont dans les sèches; aussi les deux sexes sont portés par des individus différens. L'appareil du sexe femelle consiste en un ovaire situé dans la partie postérieure de la cavité viscé- rale, d'où sort un oviducte assez court, qui, après avoir traversé une sorte de grosse glande placée sur son trajet, s'ouvre à l’ex- térieur par un orifice percé à l'extrémité d’un tube assez long, situé sur le côté gauche de l'anus. L'appareil mâle est plus compliqué; car, outre le testicule proprement dit et le canal déférent qui en sort, il s’y joint une vessie, une sorte de prostate, et même une espèce d'appendice excitateur. C’est dans cette vessie que Needham a découvert ces singuliers petits corps filiformes, nageant en quantité innombra- ble dans le fluide dont elle est remplie. Ces corps, que je n'ai pas encore pu examiner moi-même, sont cylindriques, vermi- formes, arrondis à une extrémité, qui est libre, et pointus à l’autre : c’est par celle-ci qu'ils sont attachés à l’aide d’un fila- ment les uns avec les autres. Chacun d'eux est composé d’un étui double, transparent et élastique, plus mince à son extré- mité antérieure, qui forme une espèce de valvule s’ouvrant en dedans. L'intérieur est rempli, 1°. au fond, d’une substance spongieuse qui tend à sortir de l’état de compression où elle se trouve, et qui paraît imbibée de liqueur séminale ; 2°. au-dessus, d'une sorte de barillet qui recoit une espèce de piston; 5°., enfin, tout le reste de l'intérieur est rempli par un petit filet contourné - en spirale, et semblable à un ressort à boudin. Ces corps que Needham a nommés des pompes séminales, semblent se former dans le fluide séminal et à mesure que l'approche du frai a lieu, en sorle que, peu de temps.avant, on trouve que toule la vessie est entièrement remplie de ces petits corps, dont la partie spon- gieuse a absorbé la matière séminale. Aussitôt qu'ils sortent, du corps de l’animal et qu'ils sont mis dans l’eau ou dans l'air, le ressort fait effort contre l’opercule; il monte, suivi du piston et du barillet, et tout le corps spongieux , cessant d'être comprimé, s'élance, au dehors, devenu beaucoup plus gros et cinq fois plus long qu'il n’était: cependant le piston se sépare du barillet, et le fluide séminal qui était dans le corps spongieux s'écoule par le barillet, pendant que le corps spongieux s’agite et se contourne enotoussens, L ) Le-produit de la génération femelle est unemasse d'œufsovales, ) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 6 121 très considérable, et disposée par séries autour d’un axeen forme de corde, la masse cylindrique acquiert quelquefois trois pieds de longueur sur deux de diamètre. Bohadsch, qui en a observé une de cette dimension, ayant compté le nombre des séries et celui des œufs dans chacune d'elles, a trouvé qu’elle contenait 30,760 œufs : ils sont d'abord de couleur jaune; mais ensuite ils deviennent limpides, puis bleus. Les calmars paraissent avoir la sensibilité générale et particu- lière encore plus développée que les sèches et les poulpes; leur vue paraît surlout être très fine. Leur activité musculaire n'est pas moins grande; ils se meuvent en effet avec la plus grande rapidité dans les eaux de la mer, qu'ils ne quittent jamais, si ce n’est quand ils en sont chassés par une impulsion un peu trop forte, comme les poissons volans. Pour cela, ils emploient les nageoires dont leur sac est pourvu, ou bien les contractions du sac lui-même en chassent l’eau qu'il contient; mais dans ce dernier cas ils reculent avec une grande célérité, Dans leur mouvement de translation générale ils tiennent leurs appendices lentaculaires sans aucun mouvement, et serrés en pointe les uns contre les autres au devant de la tête, et jamais je n'ai vu qu'ils eussent les appendices brachiaux développés. Ilsemble qu'ils n écartent el ne meuvent les premiers que pour retenir leur proie, et les seconds que pour l’atteindre de plus loin, et surtout pour Saftacher aux corps marins dans les tempêtes el les grands cou- rans. Ils habitent, à ce qu'il paraît, surtout la haute mer, et meurent, très peu de minutes après. qu'ils ont été tirés de l’eau, dans une sorte de convulsion. On ne peut même les conserver vivans dans un vase rempli d’eau de mer, que lorsqu'il est tréi grand et que l’eau est très fréquemment renouvelée. {ls poursui- vent leur proie de vive force : elle consiste principalement en crustacés el en poissons ; ils la saisissent avec leurs tentacules, la retiennent à l’aide des ventouses, souvent garnies de crochets qui 1:s arment, et la brisent, la mächent jusqu'a un certain point avec leurs mächoires. Nous ignorons complétement la durée de la vie des calmars, et si leur accroissement est rapide; nous n'avons pas beaucoup plus de notions un peu certaines surla manièredont le sexe mäle agit sur le sexe femelle, Les deux individus diffè- rent un Peu dans la taille, la femelle étant un peu plus petite que le mâle; aussi le cartilage dorsal est-il toujours plus étroit dans l'un que dans l’autre. Y a-t-il un accouplement entre les deux individus? Belon le dit, mais cela ne paraît pas probable : il l'est davantage de supposer que, comme dans les poissons, les Tome XCF I. MARS an 1823. YO 122 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE œufs rejetés par la femelle sont arrosés à l’extérieur par lasemence du mäle. Le singulier mécanisme des tubes contenant la liqueur séminale est peut-être destiné à cela. Le fœtus contenu dans l'œuf subit son développement absolument comme celui de la sèche : d'abord imperceptible dans le fluide qui remplit l'œuf, On y'voit ensuite une sorte de masse vitelline; puis le jeune animal, qui.se montre dans un point, s’accroil peu à peu, en paraissant embrasser cette masse avec ses longs tentaculés : ils existent en effet quelque temps avant que les autres paraissent. Enfin, près de sortir, le jeune calmar ne diffère que très peu de ce qu’il sera par la suite; son dos est déjà tacheté de rouge. . Les calmars sont employés presque partout à la nourriture de l'homme, et surtout en Grèce; c’est un mets assez fade : les pécheurs les emploient aussi comme appâts en les fendant en lames. On trouve des calmars dans toutes les mers, et même en grande abondance à d’assez petites distances des rivages; il se pourrait cependant que certaines espèces, formant de petits groupes distincts, n’apparlinssént qu’à certaines contrées. Mal- heureusement l'étude des espèces est extrémement peu avancée, et l'on peut même dire qu'avant le travail que M. Le Sueur a fait sur les espèces des côtes de l'Amérique septentrionale, a peine y en avait-il trois ou quatre qui fussent bien caractérisées. Les considérations dont on peut tirer les meilleurs caractères, sont, 1°. la forme et la proportion du corps ou du sac, et surtout du cartilage qui le solidifie; 2°. la forme et la proportion des nageoires; 3°. la forme ét la proportion des appendices tenta- culaires et brachiaux, et de la partie cornée de leurs ventouses : enfin, on peut avoir aussi égard à la couleur, ou mieux à la grandeur, à la forme des taches et à la forme du bord antérieur du sac. D'après l'examen des vingt espèces que j'ai pu étudier d'une manière suflisante dans les collections de Paris, il est aisé de voir que ce genre, que l’on ne peut séparer réellement des sèches que par la nature du corps protecteur, carlilagineux dans le premier et calcaire dans celles-ci, établit un passage presque insensible entre les poulpes et les sèches, surtout il existe, comme cela est probable, un animal brachiocéphalé qui, sans appendices tentaculairesbrachiaux, auraitcependant desnageoires, et n'aurait point de pièce dorsale, comme le loligopside de M. de Lamarck. En effet, dans les premières espèces de calmars, lä'pièce dorsale est à peine visible; le corps n'est pas plas long ET D'HISTOIRE NATURELLE, 123 que les tentacules, et les nageoires sont extrémement petites. Dans les dernières, au contraire, la pièce dorsale est aussi évi- dente, aussi grande que dans les sèches; le corps a tout-à-fait la même forme, ainsi que les nageoires. Aussi les zoologistes, qui se plaisent dans la subdivision infinie des genres, croiront- ils devoir faire des coupes génériques des subdivisions que nous allons établir. A. Espèces dont le corps est court, plus ou moins globuleux, soutenu dans le dos par un filet cartilagineux extrèmement mince, et pourvu de pelites nageoires arrondies, subpédiculées de chaque côté; le bord antérieur du sac adhérent en-dessus ; les tentacules assez longs; l’anneau corné desventouses simple. (Les Sériores, G. Sepiola , Leach.) La C. Sériore; L. sepiola, Rondelet, Aquat. Trèspetite espèce de calmar, d'un à deux pouce de longueur en totalité, dont le corps, un peu semblable à celui de certains poulpes, est couvert d’un très grand nombre de petites taches rondes pourpres. Cette espèce existe dans lamer Océane et dansla Méditerranée: je ne l’ai jamais vue dans la Manche. B. Espèces dont le corps est un peu plus alongé, plus ou moins ovalaire, pourvu de nageoires arrondies, aliformes, pédoncu- lées et attachées de chaque côté de la ligne médiane dorsale, de maniere à se toucher; tous les autres caractères comme dans la section précédente. (Les Crancnies, G. Cranchia, Leach.) Le C. pe Craxcu; L. Cranchii, Leach, Voyage au Congo, append., pl.r et Journ, de phys., tom. LXXXVI, pl. de juin, fig. 6. Le corps ovale, couvert de petits tubercules. Cette espèce, que je n’ai pas vue, a élé découverte par Cranch lors de l’expédition des Anglais au Congo, dans les mers occiden- tales de l'Afrique. Le C.usse; L. lœvis, Cranchia lævis, Leach, L. c., fig. 7. Le corps entièrement lisse, du reste tout-à-fait semblable à la pre- cédente, à Cette espèce , qui provient aussi des mers d'Afrique, ne me paraît pas différer de la précédente; la présence des tubercules pourrait indiquer une différence de sexe. Le C. carnioPrÈre; L. cardioptera , Peron. Petite espèce, d’un pouce de long, dont le corps, ovale, est soutenu dans le dos 16. 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par une lame cartilagineuse de la forme de celle des calmars communs, et qui a uue seule nageoire médiane, symétrique, attachée en avant par un pédicule assez large, et écharrcrée ‘dans le milieu de son bord postérieur, qui depasse l'extrémité du corps. J'ai vu, dans la collection du Muséum, un individu de cette espèce, rapporté par MM. Peron et Le Sueur de l’expédition du capitaine Baudin, je la crois figurée dans l’atlas de ce voyage Le C. pe Lracu; L. Leachit, Leachia cyelura, Le Sueur, Journ. des Sciences nat. de Philad., tom. I, pag. 89. Corps conique, de trois pouces de longueur, terminé par une queue d'un pouce, et par une nageoire circulaire qui l'embrasse d’une maniète serrée; la têtepetite;les yeux grands, proéminens; quatre pairés de teutacules seulement dans la proportion ordinaire : cou- leur générale des tentacules et des parties supérieures de la tête d’un bleu clair ; le corps et la queue parsemés de points rouges et ornés de taches irrégulières d’un rouge plus foncé ,avec des hignes courtes, transverses, noires; deux grandes taches sub-ovales, d’un brun clair sur le milieu du dos, avec une noire en avant et une rouge en arrière. Cette espèce ne m'est connue que par la description qu’en a donnée M. Le Sueur dans le journal cité, et cette description a été faite sur un dessin coloré de Petit, et non pas sur l'animal lui-même, qui fut trouvé dans les mers du cap de Bonne-spe- rance. C’est celte circonstance qui me permet de douter que cet animal n'ait eu que les quatre paires de tentacules ordinaires; il me paraît probable que les tentacules brachiaux n'étaient pas sortis de leur cavité lorsque le dessinateur en fit le portrait. LeC. pe Peron; L. Peronit, Loligo parvula, Per.,not. mss.; Loli- gopsis Peronii, le calmaret de Peron, Lamk. Corps petit (six centimètres), gélatineux, translucide, d’un bleuätre opalin, ponc- tué ; les nageoires latérales et triangulaires; huit tentacules, plus courts et presque capillaires. Cette espèce, dont on doit la découverte à MM. Peron et Le Sueur, a été trouvée nageant au milieu des fucus dans les mers australes, vers la terre d'Endracht. J'en aï vu un petit dessin que m'a envoyé M. Le Sueur, et ma description est la traduction d’une note manuscrite de Peron lui-même, que je dois à son ami. La forme des nageoires n’est nullement particulière: les tenta- cules sont, au contraire de cé quiest dit dans la nole caractéris- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 135 tique, plus longs que le corps; ils semblent égaux. Il n’y a pas de traces ni dans la note, ni dans le dessin, de tentacules bra- chiaux, et c'est sans doute ce qui a porté M. de Lamarck à faire de cette espète un genre particulier, sous le nom de Loligopsis, calmaret; mais nous pouvons faire ici la même observation que pour la précédente: ces tentacules n’ont-ils pas échappé au des- sinateur? Ce qui me porte à le croire, c’est que Peron avait rapporté celle espèce au sepia sepiola, ou à la sépiole de Linné. Ces deux dernières espèces n'appartiennent peut-être pas à cette section: il faudrait les voir en nature pour s'en assu- rer, C. Espèces dont le corps est plus alongé, les nageoires de forme un peu variable, le dos pourvu d’un cartilage plus ou moins étroit, et dont les ventouses des tentacules, simples ou pédon- culées, sont remplacées en partie par des griffes ou crochets alongés. (Les C. À cRIFFES, G. onychotheutis, Lichtenst. G. onychta (Le Sueur). Cette section pourrait bien être artificielle, etlesespèces qu’elle contient devoir être réparties dans les deux suivantes. M. Lich- tenstein en a fait un genre dans l’Isis de M. Ocken, pour 1818, et M. Le Sueur dans l’ouvrages cité. Le C. rerrure: L. leptura, Leach, L. c. Le corps médiocrement alongé , sub-cylindrique, terminé subitement en pointe et pourvu de nageoires triangulaires attachées sur le milieu du dos, et ne se prolongeant pas jusqu’à sa pointe. Les tentacules ordinaires assez longs, garnis dans toute leur longueur d'ongles crochus; les tentacules brachiaux armés, à l'extrémité, d’un seul rang d’on- gles pédiculés. Le corps et la face externe des lentacules lisses, et avec un pelit nombre de tubercules disposésenligneslongitudi- nales interrompues. Cetle espèce, qui habite les mers de l’Afrique occidentale , ne n'est connue que par la phrase caractéristique du D'. Leach, et par la figure malheureusement incomplète qu’il y a jointe: elle a été trouvée par M. Cranch. Le G. pr Banks; Z. Banksi, Leach., L. c. Corps assez peu alongé, sub-cylindrique;fterminé en arrière par une sorte de queue subitement recourbée, et pourvu de nageoires triangulaires pres- que réunies et formant un rhombe sur le dos, comme dans l'espèce précédente; les suçoirs antérieurs des longs bras rem- 126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE placés par des ongles, tous les autres simples et en! ventouses: couleur de chair päle, jaunàtre en arrière, parsemée très irrégu- lièrement de taches noirâtres, teintes de pourpre.en dehors et en dessus. Des mèmes mers que la précédente, dont elle nedoit peut-être pas être distinguée. Le C. ne Smira; Z. Smithit, Leach, L. c. Le corps conforme comme dans le C. lepture; mais la partie postérieure s’amincit graduellement, et les nageoires, qui sont chacune triangulaire, sont plus latérales, attachées plus en arrière, au point qu’elles vont jusqu'à l’extrémité de la queue; les ongles des tentacules. pédonculés sont pourvusinférieurement d'unemembrane ; le corps et les bras sont tuberculeux extérieurement; les tubercules sont pourpres, avec les bords blancs et disposés en lignes longitu- dinales. C’est encore une espèce dont je ne connais qu'une assez mau- vaise figure, donnée dans l'ouvrage cité, sans aucune des- cription. Elle vient des mêmes mers que les précédentes. Le C. De Fasricrus; L. Fabricit; Onychoteuthis Fabricii, Lich- tenst. Le corps cylindrique fort long (neuf pouces de long sur un pouce trois lignes de large), lisse, subulé en arrière; les tentacules prismaliques , assez épais; les bras beaucoup pluslongs, garnis dans leur partie élargie, outre beaucoup de petits suçoirs, de deux beaucoup plus grands, .oblongs, courbés et armés d’un long aiguillon recourbé. Cette espèce, qui probablement est distincte, a été décrite longuement, et cependant fort incomplétement, par Fabricius, dans la Faune du Groenland. Elle se trouve dans les mers de ce pays. Gomme Fabriciusy rapporte la loligo maxima de Jonston, il est probable qu’elle appartient, pour la forme des nageoires et du cartilage, aux Calmars plumes. Le C. pe Bercrus; L Bergüi; Onychoteuthis Bergit, Lichtenst, jsis. 1818, 9°. cah., tab. 19. Le corps alongé, cylindro-conique, pourvu de nageoires triangulaires fort grandes , et dont la forme est intermédiaire à celle des deux groupes de calmars flèches ét des calmars plumes; le bord antérieur du sac presque uni; les appendices tentaculaires pointus, mais courts et assez épais; la première paire très pelile; la seconde bien plus longue et presque égale à la troisième, qui a une membrane dorsale; la quatrième un peu plus courte que la seconde; les tentacules brachiaux ET D'HISTOIRE NATURELLE. 127 courts, épais; la paume peu élargie, armée d’un petit groupe arrondi de ventouses fort pelites à sa base, et dans le reste de son étendue d’un double rang de crochets. Cette espèce, évidemment rapprochée de celle que f’ai nom- mée calmar à griffes, a été décrite et figurée par M. Lichtens- tein d’après deux individus de la collection du malheureux Ber- gius, mort de.consomplion au cap de Bonne-Espérance. D'après une note du Journal de son voyage, ces deux calmars furent trouvés, en Mars 1810, à cent mulles al’ouest du Cap, l’un sur le pont et l’autre dans les hunes d’un vaisseau , à trente pieds au- dessus du niveau de la mer. Il est extrèmement probable qu'il faut rapporter à cette es- pèce, celle que M. Le Sueur a nommée Onychia angulata. L. c. dont il avait donné d’abord pl. IX, fig. 4, une figure incom- plète, d'après un dessin de Petit de l’expédition du cap Baudin, et qu'il a remplacée par une beaucoup meilleure faite. par lui- même, d’après un individu recueilli par M. Hodge, pendant son voyage de l'Inde aux Etats-Unis. Elle vient en eflet aussi des en- virous du Cap. Le C. À crirres pe cmAT; L. felina. (Bv.) Le corps peualonge, subcylindrique ; le bord antérieur du sac avec une pointemédiane, obluse, et de lacoupé obliquement'; les nageoires grandes, larges, à peu près triangulaires; le bord antérieur convexe, la base oc- cupant environ la moitié de la longueur duc; le cartilage dorsal triquètre, plus épais en avant qu’en arrière, où il se termine par une petite partie plus renflée, et qui se recourbe subitement; les appendices tentaculaires longs, grèles, cirreux sans mem- brane décurrente, augmentant de la première paire àla quatrième, et tous garnis de ventouses {rès pelites ; les appendices brachiaux plus longs que le corps; la paume courte, étroite et pourvue à son talon d'un petit groupe de sucoirs globuleux , et dans le reste de son étendue, d’un double rang de longs crochets en forme d'ha- mecon : couleur d’un gris noirälre, comme grésillée, mais non tachetée comme dans les autres espèces. J'ai vu un seul individu de cette espèce dans la collection du Muséum ; il avait été rapporté de la baïe des Chiens marins, dans la Nouvelle-Hollande, par les naturalistes de l'expédition du capi- taine Freycinet. LeC.nes Caraïses; L. Caraibæa; Onychia Caraibæa, Le Sueur, L. ce. pl.IX, fig. 1—2. Le corps assez court, cylindrique en avant, poinlu en arrière et terminé par une nageoire transverse dont 128 JOURNAL DE PHYSIQUE» DE CHIMIE chaque partie estsubtriangulaire, à angle-externe arrondi ; le bord du manteau à trois pointes assez marquées ; la pièce dorsale est presque comme dans les calmars communs, en forme de lance et _plus large en arrière; les appendices tentaculaires sont assez longs et dans la proportion ordinaire entre eux, ceux de la paire infe- rieure et la troisième sont garnis d'une membrane décurrente. Les appendices brachiaux sont médiocres ; les suçoirs des tenta- cules sont sur deux rangs et simples ; les bras ont à la fois de ces suçoirs elsur deux rangs, des crochets cornés cachés chacun dans une sorte de sac. La couleur varie du bleu au pourpre. Cette espèce, qui est fort petite, puisque le corps proprement dit, n’a qu'un pouce el trois pouces, avec les bras étendus, sur six lignes de diamètre, a été découverte par M. Le Sueur parmi les fucus, dans le golfe du Mexique. Le C. oxcuicuré; L, unguiculata, Gmel., d'après Molina, Hist. nat. du Chili. Le corps sans queue; les bras armés d’un double rang d'ongles pointus, que l'animal peut retirer à volonté dansune sorte de fourreau. Gette espèce, qui n’est établie que sur le peu qu’en dit Molina, se trouve sur la côte du Chili dans la mer du Sud. Cet auteur ajoute qu’elle est d'un goût délicat, et qu’on la trouve rare- rent. Il existe dans la collection du collége deschirurgiens de Londres, un bras de calmar dnt les sucoirs sont remplacés par des cro- chets extrèmement forts et libres. Sa grandeur fait présumer une espèce de calmar d'une taille considérable. D. Espèces dont Je corps est très alongé, cylindrique; le sac à bord antérieur presque droit, pourvu en arrière de nageoires terminales, triangulaires, très larges; la pièce dorsale assez étroite et plus large en avant; les appendices tentaculaires en général courts ;lerebord palpébralbien distinct, avec une échan- crure antérieure; toutes les ventouses plus ou moins globu- leuses (Les C. FLÈCHES.) Le C. sAciTTÉ; L. sagittata, Lamck.; var. b, Enc. méth., pl. 77, 1 et 2. Le corps de cette espèce est cylindrique, fort alongé, d'un bleu rougeätre en dessus, et d’un blanc argenté ou nacré sur les parties latérales et inférieures; les nageoires sont très larges, mais leur longueur n’est que le tiers de la longueur du sac; le tube sous-céphalique est enfoncé dans une excavation bien formée, ET D'HISTOIRE NATURELLE: 129 J'ai vu de cette espèce un grand nombre d'individus dans la collection du Muséum, mais on en ignore la patrie; je la crois des mers des Antilles : elle est bien véritablement distincte de la suivante, qui est la variété a du calmar sagitté de M. deLamarck, comme je m'en suis assuré par une comparaison exacle, Le C. Très crAND; L. maxima, Bv.;le Calm. sagitté, var. 4, Lamck.; Seba, Mus., 3, tab. 4, fig. 1, 2. Le corpsépais,oblons; les nageoires fort larges et égales en longueur à la moitié de celle du sac; les appendices tentaculaires de même forme et pro- portion entre eux que dans l'espèce précédente; mais en général plus longs, surtout les brachiaux, et pourvus de membranes dé- currentes plus étroites ; le cercle corné des ventouses garni de dents très fortes, espacées, dans toute la circonférence de celles des bras et au bord antérieur seulement de celles des tentacules: couleur générale rougeätre ou couleur de chair, produite par le grand nombre de très petits points rouges qui couvrent tout le corps en-dessus comme en-dessous. J'ai vu dans la collection du Muséum un individu bien con- servé de cette belle espèce, et qui a deux pieds quatre pouces de longueur depuis l'extrémité des longs bras jusqu’à celle du corps. Elle provient très probablement de la collection du Stathouder et des mers de l'archipel indien ; mais cela n’est pas certain. Le C. DE BarTram; L. Bartramii, Le Sueur, loc.-cit., pl. VIT, Le corps cylindrique, presque comme dans le C. sagillé; mais les tentacules pédonculés beaucoup plus longs: couleur générale d’un bleu violet, passant au pourpre sur le dos, la tête et la queue; une bande étroite jaunätre le long de chaque côté; les flancs d’un bleu päle;le dessous blanc; des points bruns répandus partout, surtout en-dessus. Cette espèce, dont nous devons la connaissance à M. Le Sueur, a beaucoup de rapports avec le calmar sagitté, Le C. De BarTrnc; ZL. Bartlingit, Le Sueur, Lot. cit., fig. 1 et 2. Le corps sub-conique, avec une nageoire large et mince à son extrémité ; le cartilage très comprimé à $a base, un peu dilaté vers son milieu et pointu à l’extrémité postérieure; les appen- dices tentaculaires très comprimés, ayant leur bord interne très étroit et sans membrane latérale, si ce n’est la paire inférieure, qui est la plus longue; les sucoirs hémisphériques très petits, et paraissant sur un seul rang; couleur d’un brun noirätre, couvert de petits points bruns rougeûtres. Tome XCVI. MARS an 1823. 17 «130 JOURNAL DE PHYSIQUE ,:DE CHIMIE C’est encore une nouvelle espèce, découverte par M.Le Sueur dans le Gulf Stream en Amérique. Le C.nr Broncnrarr; L. Brongnartii(Bv.). Le corps cylin- drique médiocrement alongé ; trois espèces de fossettes séparées par des crêtes longitudinales, assez saïllantes , de chaque côté de l'occiput; un cartilage trachélien assez court et plus large enavant ; les appendices tentaculaires coniques, généralement assez longs, assez forts, moins inégaux que dans beaucoup d'espèces ; bord antérieur du cercle corné des ventouses des tentacules divisé en 5 à 6 dents etentier dans celles du bras: la couleur d’un blanc rougeàtre, parsemé d’un petit nombre de très petites taches plus foncées. J'ai vu deux individus de cette espèce, l’un dans la collection de M. Brongniart, et l’autre dans celle du Muséum, malheureu- sement sans que leur patrie soit certaine; 1l parait cependant que ce pourrait être la Méditerranée, et alors ce serait la seule espèce de ce groupe que je connaitrais dans nos mers d'Europe. Le C. rromreur; L. illecebrosa , Le Sueur, Loc. cit. Le corps étroit, assez court, cylindrique en avant, pointu en arrière; les nageoires, rapprochées à leur origine et terminées én pointes, forment à elles deux un rhombe; le cartilage est très ‘étroit au milieu, dilaté aux extrémités, et terminé en arrière en un cône creux; les tentacules sont presque égaux et assez longs; les bras sont étroits et dilatés à l'extrémité: la couleur est vive etsuperbe; élle passe d’un rouge vif au bleu clair sur le dos, latète, les ap- pendices , la queue et les nageoires, avec des points plus foncés de la même couleur. ‘ Cette espèce, dont nous devons la connäaissance à M. Le Sueur, a été trouvée par lui à Bay-Sandy, dans les mers de l'Amérique, où elle est employée comme appât par les pêcheurs , sous le nom de squid. Elle offre cela de remarquable que, par la forme de ses nageoires, elle appartient à la section suivante, tandis que celle du cartilage dorsal la place dans celle des calmars sagittés. E. Espèces dont le corps, généralement moins alongé, est co- nique, pourvu de nageoires latérales triangulaires, mais qui forment par leur réunion un rhombe; le cartilage dorsal beaucoup plus grand, penniforme, pointu en avant, el très dilaté en arrière; le rebord palpébral mon distinct, sans échancrure antérieure; le bord du sac, libre, et offrant trois pointes, dont la médiane dorsale, beaucoup plus longue, est formée par l'extrémité antérieure du cartilage; les tenta- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 131 cules ordinaires comme dans le groupe précédent, mais sans membranes latérales; les tentacules pédonculés fort longs; les ventouses à anneau corné, entier ou dentelé. (Les C. PLUMES OU ORDINAIRES. ) ! Le C. commun; Z, vulgaris, List., Anatom., tab. o, fig. r. Corps cylindro-conique ; les nageoires rhomboïdales assez larges, atteignant presque l'extrémité du corps, et n’occupant que les deux tiers de sa longueur totale; le cercle corné dés ventouses denticulé dans presque toute la circonférence: couleur générale blanche, variée, sur le dos surtout, de trèspetites taches rougeätres fort nombreuses. C'est cette espèce qui paraît le plus généralement répandue dans toutes les mers d'Europe, depuis celles de la Norwège jusque dans la Méditerranée; du moins je n’ai trouvé aucune différence entre les individus trouvés dans la Manche, l'Océan et la Méditerranée. Elle atteint une assez grande taille. C'est elle qui a fait le sujet des observations anatomiques de Lister, Needham, Monro, etc. C’est le grand calmar de Rondelet: il est probable que c’est aussi le lollius de Belon. Cependant cet auteur ajoute à une description comparative avec son lolipo, prise évidemment d’Aristote, une note caractéristique dont celui- cine parle pas , et qui en ferait une espèce nouvelle, c’estqueles suçoirs sont armés de trois aiguillons osseux, robustes, cequi a porté M. Lichtenstein à en faire une espèce de son genre Ony- choteuthis. Aristote dit de son grand calmar, qu’il y en a de cinq coudées ; environ cinq pieds six pouces. Le C. susuré: L. subulata, Lamk.; le casseron de Rondel., Aquat. Le corps subcylindrique, terminé en arrière par une assez Jongue pointe caudale que n’accompagnent pas les nageoires, qui sont aussi plus étroites et plus avancées que dans le calmar com- mun ; le cartilage paraît en outre être différent de celui de cette espèce, en ce qu'il a trois nervures, et est plus également pointu à ses extrémités, Cette espèce, dont je crois avoir trouvé plusieurs individus dans la collection du Muséum, rapportés des Martigues par M. Delalande, a été distinguée par M. de Lamarck d’après Ron- delet. 11 paraît qu’elle reste toujours petite. Elle vient de la Méditerranée. Le C. so1r; L. pulchra, By. Corps cylindrique, pourvu de na- geoires plus longues et plus larges même que dans le calmar commun (leur longueur est en effet à celle du corps comme A7 132 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1: 2, landis que dans celui-ci la proportion est de 2 : 3): cou- leur beaucoup plus vive, variée de taches grandes, rondes et d’un rouge brun. J'ai vu de cette jolie espèce deux individus de trois pouces de long: 1l5 provenaient de l'embouchure de la Loire. Elle se distingue très bien du calmar commun, dont j'ai vu desindividus de toutes les tailles. Le C. ne Praz; L. Pealii, Le Sueur, Loc. cit. pl. 8. Le corps cylindro-conique, accompagné dans la moitié de sa longueur ‘par une nageoire semi-rhomboïdale, longue, et qui se prolonge jusqu’à la pointe; le cercle corné des appendices tentaculaires garni à son bord supérieur de six dents, outre le cercle intérieur; tout le reste absolument semblable au calmar commun. : Cette espèce, qui paraît au moins fort rapprochée de celle qui se trouve ordinairement dans nos mers, a été établie par M. Le Sueur. Elle paraît provenir des côtes des États-Unis. Le C. ou Brésir; L. Brasiliensis, Bv. Le corps médiocrement alongé; les nageoires rhomboïdales, arrondies ,moins longues que Ja moitié du corps; le cartilage dorsal , plus mousse en avant, ce qu’indique la moindre saillie de la ligne médiane du sac, est aussi beaucoup moins large dans sa partie penniforme que dans le C. de Peal: il a trois nervures; le tubercule cartilagineux, cervical, étroit et fort long; le bord corné des ventouses armé de dents pointues, espacées dans sa moilié antérieure aux appendices bra- chiaux, et entier aux tentaculaires. La couleur générale est un fond blanchätre, piqueté de très petites taches ovales rouges. Cette espèce est évidemment rapprochée de la précédente, mais elle en diffère par plusieurs points. Je n’en ai vu qu’un individu, rapporté du Brésil par M. Lalande, dans la collection du Muséum. Le C. pe Prér; L. Plei, Bv. Corps très alongé, fort étroit, cylindrique; les nageoires formant à elles deux un ovale, tant les angles du rhombe sont émoussés; la saillie médiane dorsale du sac très grande; le cartilage dorsal en lame d'épée très alongée; les tentacules très petits, très courts, dans la forme et la propor- tion de ceux du calmar commun; les tentacules brachiaux égalant les deux tiers de la longueur totale du corps; les ventouses glo- buleuses ou campanuliformes, à bord corné entier: couleur générale blanchätre, avec des taches rouges, ovales, médiocres sur le milieu du dos et les nageoires. ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 155 Cette jolie espèce existe dans la collection du Muséum d’his- toire naturelle. Elle lui a été envoyée des mers dela Martinique par M. Plée. Le C. paow; L. pavo, Le Sueur, Loc. cit. Corps très alongé, cylindrico-conique ou en long cornet; le cartilage dorsal très étroit, dilaté en feuille de mirthe en arrière; les appendices tentaculaires très courts, armés de ventouses, dont le cercle corné est oblique, mais non denté ; les appendices brachiaux inconnus. La couleur est rougeàlre, variée agréablement sur le dos delarges taches d’un brun carmin foncé. Cette espèce, dont la longueur du sac est de 10 pouces, a été observée par M. Le Sueur , à Sandybay en Amérique, mais mal- heureusement dans un état incomplet. La grosseur de ses yeux et la forme des nageoires et de son sac la rendent fort remarquable, Le C. court; Z. brevis, Bv. Le corps court, ovale, alongé, un peu déprimé, arrondi en arrière, et pourvu de chaque côté d'une nageoire semi- circulaire formant avec celle du côté opposé un ovale dont le grand diamètre est transversal; les trois pointes du bord antérieur du sac presque égales; la tête petite, cylindrique; les appendices tentaculaires de forme et de proportion ordinaire; la troisième paire la plus épaisse; la qua= trième la plus longue, et bordée d'une membrane au côté ex- terne ; les appendices brachiaux plus longs que le corps; la paume petite et garnie de ventouses assez pelites ; leur bord corné den- ticulé en tubercules dans toute sa circonférence: couleur gé- nérale blanchätre, parsemée d’un grand nombre de taches rondes, rougeàtres el assez réguliérement espacées. J'ai vu deux individus de cette espèce dans la collection du Muséum; l’une venait du Brésil, et l’autre des rivages de la Caroline, F. Espèces, dont le corps est ovale, déprimé, et dont la na- geoire, fort étroite, s'étend de chaque côté de l'extrémité antérieure à la postérieure: tous les autres, caractères sont ceux de la division précédente. ( Les C. sècues.) Le C. sècue; L. sepioidea, Bv. Le corps court, ovale, res- semblant tout-à-fait à celui d'une sèche, contenant dans le dos une pièce carlilagineuse extrêmement large, mais de la forme à peu près de celle des calmars-plumes; une nagevire très alongée et plus large au milieu qu'aux deux extrémités; une membrane verticale en arrière de l'œil; les appendices tentaculaires assez longs et dans la proportion ordinaire; les appendices brachiaux 154 JOURNAL, DE PHYSIQUE» DE:CHIMIE très forls, presque aussi longs que le corps; les véntouses en général petites, globuleuses; le bord corné subdenticulé dans toute sa circonférence: couleur générale blanchätre, parsemée de petites taches rouges plus ou moins ovales, un peu plus grandes et plus espacées en-dessous, plus petites, plus serrées en-dessus , et surlout dans la ligne dorsale, qui parait d’une seule teinte rouge-brun. Cette belle -espèce, qui a six à sept pouces de longueur sur quatre à cinq pouces de largeur, vient des mers dela Martinique ;, d'où elle a été envoyée au Muséum: d'histoire naturelle par M. Plée. J'en ai vu deux individus, l’un beaucoup plus petit que l'autre: elle fait évidemmentile passage aux-sèches. Je vais terminer cet. article par quelques, observations sur les espèces de calmars indiquées par les. auteurs, mais d’unemanière beaucoup trop légère pour qu’on puisse les caractériser. Molina, dans son Histoire naturelle du Chili, définit à sa ma- ñière celles qui existent sur les rivages de ce pays dans la mer du Sud. Quoiqu'il soit probable que ce sont des espèces nouvelles, il est impossible de l’assurer, et surtout de les faire entrer d’une manière Cerlaine dans Je catalogue. La première est sa Sèche on- guiculée, Sepia unguiculata, dont il a déjà été parlé plus haut: Est-ce bien un calmar? Le caractère de, corpore ecaudato pourrait ème en faire douter, si les sucoirs n’élaient pas onguiculés. La seconde est la sèche à six pieds, $. Aexapus, qui serait bien sin- gulière, S'il était vrai que le corps, qu'il dit de la grosseur du doigt indicateur et d’un demi-pied de long environ, fût fracturé en quatre ou cinq articulations qui décroissent en grosseur vers la queue, et qu’en la touchant avec la main nue, on éprouvâtune sorte de commotion électrique. Il ajoute que la tête est difforme, et qu’elle est pourvue de deux antennes ou trompes, et de six pattes ordinairement ramassées et avec des sucoirs, comme les autres sèches, mais si pelits qu'ils sont difficiles, à apercevoir. Ce qui prouve cependant que éet animal si bizarre , et probablement décrit de souvenirs incomplets, appartient à cette famille, c’est qu'il rend une liqueur noire, commelessèches. Enfin, la troisième espèce de Molina estsa S. tunicata, dont tout le corps, outre la peau ordinaire, est renfermé dans. une autre enveloppe noire, pellueide:; ét pourvu-en arrière-de deux petites ailes sémi-circu- Jaires, qui partent des deux côtés de la queue comme dans le 3 sepiola de Linné,: Elle esttrès grande , puisqu'il dit lui avoir ss “apporté qu'il y en: avait qui 1pesaient cent cinquante ivres. Fm +11 ÆTD'HPSDOIRE (N ATURETLÉS ! 455 M. Rafinesque Schmaltz, dans un de ses ouvrages surl'’histoire naturelle-de-la Sicile, mdique aussi plusieurs espèces decalmars, auxquelles il impose des dénominations nouvelles; mais il se borne à cela; il les nomme Z. lanceolata, odogadium et tolarus. Hs CPV TL M. Denys Monfort, dans son Histoire naturelle des mollus- ques céphalopodes de Buffon (édit. de Sonini), avait donné le nom de C. saveLOoT à là variété a du C. sagitté de M. de La- marck; celui de C. rARPON à la variété D de la même espèce. J'i- gnore ce que c’est que son €. du BrésiL : quant auf Calmar rrow- CONNÉ du même auteur, il'est plus que probable que c’est la sè- che à six pieds de Molina. Je dirai aussi un mot des observations de Peron surles animaux du groupe des brachiocéphalés ou céphalopodes. D'après les nôtes manuscrites que M. Le Sueur, son ami, a mises à ma disposilion, on voit que, dans les mers de la Nouvelle-Hollande, il existe beaucoup de sèches, dont il a trouvé fréquemment les coquilles sur le rivage, quoiqu'il n’ait jamais observe l'animal en- tier, et beaucoup de poulpes, dont il caractérise, malheureuse- ment trop légèrement, quelques espèces, comme on le verra dans üun Mémoire sur les Poulpes; mais il ne parle d'aucune autre espèce de calmar, que de la petite espèce que nous avons décrite sous le nom de calmar de Peron, le calmaret de M. de Lamarck. Enfin je terminerai par l’observation que jusqu'ici nous ne connaissons aucune espèce des mers de l'Inde, et que.cependant élles ‘en doivent nécessairement renfermer. Il en est de même de celles de la mer du Sud; car ce que dit Molina est trop incomplet pour qu’on püisse s’en sérvir. Celles de l'Amérique septentrionale ét méridionale sont celles que nous counaissons le niieux. Les éspèces de l'Europe ne sont peut-être pas aussi bien connues, surtout celles qui habitent la Méditerranée. Nous commencons à avoir plus de connaissance des calmars qui habitent les mers occidentales d'Afrique , grâce à l'expédition des anglais au Congo. En effet, M. le docteur Leach nous en a indiqué plusieurs de cette localité; maïs il paraît que ces mers en recélent encore d’autres, et mème d'assez singulières, du moins si j'en puis juger d’après des dessins manuscrits du dessinateur de l'expédition, que j'ai eus à ma disposition, Ils sont malheureusement trop grossiérs pour qu'on puisse, à leur simple vue, caractériser les espèces qu'ils représentent. } 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE Sur de nouvelles Teintures et de nouveaux Papiers réactifs; Par M. C, PAJOT DES CHARMES. Dspuis un certain nombre d'années, je me sers avec avan- tage de deux teintures végétales particulières, très propres à in- diquer la présence des acides et des-alcalis ; je les considère comme nouvelles, parce que je ne les ai vues mentionnées nulle part; elles sont extraites par compression : la première de la pel- licule rougeätre, ou rouge-violette qui recouvre la racine connue ordinairement sous Je nom de petite rave, et en botanique sous la dénomination de raphanus sativus oblongus ; la deuxième, de la peau du petit radis rouge, raphanus vulgaris. Je m’occuperaid’abord de la première. Voici le moyen, aussi simple que prompt et économique, de se procurer celle teinture, qu’on peut employer directement sous la forme liquide, ou après qu’elle a été étendue et séchée sur un papier: il ne s’agit, pour cela, que d’enleyer la peau colorée qui enveloppe la racine de la petite rave, en la raclant avec la lame d’un couteau. Comme ces ratissures ne tardent pas à prendre une couleur bleue, et que celle-ci s’altère promptement, on doit se hâter de l’extraire ; à ceteffet, ces raclures qui n’ont besoin d'autre eau que de celle de leur végétation, sont mises dans un linge clair et lié en forme de nouet où elles sont pressées de manière à en exprimer tout le suc, qui se rencontre sous une teinte bleue transparente. En cet état, et sans être filtré, il peut servir à la reconnaissance des acides et alcalis : toutefois et attendu que la couleur bleue est susceptible d’être bientôt changée en celle violette par l'effet de l'air, il devient urgent pour conserver à ce suc la double propriété qui le distingue, ou d'en former un sirop à l'instar de celui de violette ou d'en imprégner un papier, soit à l'aide d'un pinceau, soit par immersion, soit enfin, ce qui est encore plus prompt, par la pression du nouet en contact avec le ET D'HISTOIRE NATURELLE, 137 papier, et que l'on applique successivement sur toute la surface de cet excipient. Lorsqu'il est sec, la couche de teinture dont il se trouve couvert, et que l’on n’est pas obligé de répéter pour en augmenter l'intensité, apparait sous la nuance d’un beau bleu de ciel, franc, pur et désormais inaltérable , c'est-à-dire, conser- vant la teinte qui lui est propre , sans offrir aucune tendance au violet, ainsi qu'il.arrive au papier teint avec le tournesol, etc. Une botte ja ces peliles raves, qui coûte à Paris de 5 à 10 cent., selon la saison, fournit par les ratissures de leurs pellicules, assez de suc pour celorer deux feuilles de papier dit couronne ordi- naire. La teinture qui nous occupe est extrêmement sensible à l’ac- tion des acides et des alcalis. Touchée par la première substance, elle devient rouge aussitôt; à peine mise en contact avec la seconde, elle prend la couleur verte; l’une et l’autre couleurs sont fortement prononcées , même par des acides ou alcalis très affaiblis. La toile, tout comme le papier, recoit et conserve cette tein- ture bleue; la craie lavée et l’alumine pure jouissent aussi de cette propriété. Le suc que fournit la peau rouge du radis désigné plus haut, est moins facile à exprimer qe celui contenu dans la pellicule qui recouvre la petite rave ; il est à propos de recourir au mor- tier de verre. Le suc obtenu par la pression du nouet est légère- ment rosé; il devient d’un rouge foncé par le contact d’un léger acide, et il se montre d'un beau vert, s’il est touché par un alcali, même très affaibli. On peut s’en servir, soit en liqueur, soit étendu et séché sur un papier quelconque, comme celui par la petite rave, en bandes étroites, pour en obtenir un plus long service, Au changement de couleur près, qui est propre au suc du radis, ainsi qu'il vient d’être expliqué , lout ce qui a été dit pour fixer la teinture de la petite rave, est applicable à celle fournie par le radis rouge : j'observerai néanmoins que le suc obtenu de cette dernière racine est moins abondant que celui extrait de la pre- mière. J'ai pensé que la connaissance de ces deux teintures pourrait être utile; qu'au besoin elle serait appréciée; que dans certaines circonstances et certaines localités, ces deux nouveaux réactifs végétaux seraient substitués d'autant plus facilement à ceux com- munement en usage, et dont on se trouverait privé, qu'on peut se procurer partout et en toute saison les plantes dont ils sont extrait; que de plus leur concours dans les analyses doit con- Tome XCVI. MARS an 1823. 18 1358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lribuer à asseoir le jugement des chimistes sur le caractère acide ou alcalin de certaines parties çonstiluantes des corps qu'ils examinent. DESCRIPTION. Du Pont naturel de l'Ardèche; Par L. À. D. F. Ox entreprend de longs voyages, on fait des courses pénibles, on s'expose à tous les dangers pour augmenter ses connaissances et quelquefois seulement pour salisfaire sa curiosité. Loin de blà- mer ce goût, j'avoue au contraire qu'il a été le mien; mais j'ai tâché de ne pas mériter le reproche qu’on fait avec raison à quelques amateurs, de vouloir tout connaître dans les pays étran- gers el de négliger ce qu’il y a d'intéressant dans leur propre pays. À la vérité je serais moins excusable qu’un autre, car peu de contrées offrent autant que celle que j'habite, d'objets dignes de fixer l'attention des curieux. Dans le département de l'Ardèche, sur la riviere qui lui donne son nom, à vingt kilomètres environ de son embouchure, on voit un pont naturel comparable à ce fameux pont de Virginie, qu’on appelle Rocky-Bridge, que M. le marquis de Chastellux nous a fait connaitre (1). Le pont de rocher de l'Ardèche est indiqué sur toutes les cartes sous le nom de pont d'Are (2)et même comme pont naturel sur celle de Cassini; mais nulle part je ne l'ai trouvé décrit ni figuré; il n’en est fait mention dans aucun ouvrage de Géographie ou de Statistique. Je lai visité bien des fois en parcourant nos Cé- vennes, et toujours je l’ai contemplé avec un nouveau plaisir; jy ai conduit quelques étrangers qui ont admiré sa structure; j'en ai entretenu diverses personnes ge s'intéressent à ces sortes de curiosités naturelles, et je cède à leurs invitations en le dé- (1) Voyages dans l’Amérique septentrionale, tomell. (2) Il est ainsi noté sur l'ancienne carte des Cévennes publiée par N. de Fer, en 1705, et sur toutes les cartes de France assez détaillées. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 159 crivant, Je vais essayer d'expliquer sa formation, puisqu’un autre plus habile ne l’a pas entrepris avant moi. ; Ce n’est qu’un faible ruisseau qui coule sous Rocky-Bridge; l'Ardèche au contraire recoit beaucoup de petites rivières dans le pays montagneux qu'elle traverse ; et quoique son cours ne soit pas très considérable, elle est navigable depuis le Rhône jusqu’au- dessus du pont d'Arc. En suivant le cours de l’eau et en arrivant au pont du côté du vallon , son effet est admirable. Une montagne à pic se présente en face; au milieu est une arche immense qui, d’un peu loin, pa- rait régulière, et à peu près à plein ceintre. Les culées, le dessous de la voûte, ne sont pas unis, tant s’en faut, mais ils conservent une sorte de symétrie réellément étonnante; le massif énorme qui la charge est coupé perpendiculairement, et son sommet, cré- nelé:, st couronné d'arbres. Du côté d’aval l'aspect est différent, mais le paysage n’en est pas moins très pittoresque, si l’on se place de manière à voir la campagne à travers la montagne. Autour de l’arcade et au-dessus, cette montagne est boisée : elle a conservé la forme qu’elle avait avant que cette ouverture fût faite. On peut monter par un des côtés jusqu’à la hauteur de l'arche, la traverser et descendre sur l’autre rive; mais ce n’est pas sans difhicultés que l’on gravit sur le sommet; la pente est très escarpée depuis l’arête de la voûte jusqu'a la crête du côté opposé, qui est d’aplomb sur la ri- vière; il faut grimper les rocs, s’accrocher aux buissons, aux branches des arbres, et oublier qu’un faux pas vous précipiterait dans l’eau de plus de soixante mètres de hauteur. Il serait sans doute facile d'utiliser ce pont et d'y faire passer la route de Barjac à Villeneuve de Berg (1): ce serait d'autant plus avantageux, qu’on est obligé de traverser la rivière un peu plus haut au moyen d’un bac, et que, dans les crues d'eau, les communications sur ce point, entre le département du Gard et celui de l'Ardèche, se trouvent interrompues. Il suflirait, pour rendré ce pont praticable, de bâtir un mur du côté d'aval, et de combler et d’aplanir l'intervalle qu’il y aurait entfe ce parapet et celui du bord opposé, que je voudrais tailler dans le roc mène, afin que, de ce côté, il n’y eùt aucune maçonnerie, qu’il restät, comme le dessous dela voûte ou zrtrados, l'ouvrage de la nature ét du temps. | (1) J'ai’enténdn dire que feu M. de la Chadenéde !'än£ién syndic: da Viva- ais ;lavait conigu'ce projet, que la révolution fit échonér commetant d’aufrés. 18. 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. le marquis de Chastellux ne s’était proposé d'abord que de faire connaître le pont naturel d'Amérique par sa description , les plans et les mesures de M. de Turpin; il le regardait comme une merveille et comme la chose dont il était le plus difficile de se rendre raison; mais ensuiteles observations nombreuses sur le travail extraordinaire des eaux, dont ses voyages lui fournirent tant d'exemples, et l'opinion de M. de Buffon qu'il consulla, lui firent attribuer la formation de ce pont au ruisseau qui passe dessous, el qui a creusé également les ravins profonds dans lesquels il coule. C’est de la même manière que je tâcherai d'expliquer la forma- tion du pont d'Arc. Que ceux qui ne connaîtraïent le Vivarais que par la description que M. Faujas de Saint-Fond a faite de ses volcans éteints, ne supposent pas ici quelques traces de l’action des feux souterrains; lout est calcaire aux environs, et le pont d'Arc, quoique ancien, est d’une date beaucoup plus récente queles dernières éruptions qui ont eu lieu dans d’autres parties de cette province. L’Ardèche est bordée, à droite, par une chaîne de rochers coupés à pic, parce qu’elle en a peu à peu cavé les bancs infé- rieurs; que ceux qui leur étaient superposés cessant d’être sou- tenus , se sont écroulés successivement, et ont été entrainés par les eaux. A l'endroit où se trouve le pont naturel, la montagne formait un avancement à angle droit, et dans l’origine la rivière en faisait le tour, comme elle serpente, encore un peu plus bas, autour d’une autre colline. Les eaux agissaient nécessairement avec force contre ce premier coude qui semblait barrer leur cours direct; la petite rivière d’Ibie, dont le confluent est presque vis- a-vis cet angle, contribuait à y pousser le courant. La montagne fut minée, ses flancs se déchirèrent, tombèrent; elle fut taillée verticalement bien plus vite que celles qui longent la rivière. En supposant qu’il y eùt quelque caverne à la hauteur des eaux, elles devaient s’y engoufirer, la remplir, l'agrandir; et l'on concoit qu'elles se percèrent enfin un passage à travers le rocher, en roulant avec elles tous les débris qu’elles en déta- chèrent, et qu'à la longue elles formèrent l’arche telle que nous la voyons aujourd'hui. Ce n’est point ici une hypothèse; l’ancien lit existe encore autour de la montagne, et il n’y a pas long-temps qu'il.est en culture, ainsi qu'on peut en juger d’après la hauteur et la na- ture du terrain et l’âge des arbres qu’on y a plantés. La mon- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 141 tagne dans laquelle est découpée l'arche est très caverneuse comme toutes celles des environs; deux maisons du hameau de Saint-Martin-d'Arc, sont des groltes au-devant desquelles on a bäti seulement une facade; à peu de distance, est un gouffre effrayant, qui descend directement jusqu’à l’eau; de tous côtés, on rencontre des cavernes plus ou moins spacieuses, et ce n’est pas gratuitement que j'ai supposé qu'il pouvait y en avoir à Ja portée des eaux, puisqu'on en voit plusieurs dans les culées du pont. Les unes, assez larges, forment des réservoirs où l’on peut entrer en bateau; d’autres en dessus ou au-dessous du niveau de l’eau, pénètrent en divers sens, et j'ai vu la rivière grossie s’engouffrer dans quelques-unes, jaillir par d’autres en écumant. J'ai visité, à 235 kil. vers le S.-0. du pont, un trou au milieu d’une petite vallée appellée la Goulo (gueule), dans lequel se précipitent quatre petils ruisseaux et toutes les eaux pluviales qui, par des souterrains, se rendent de là dans l'Ardèche. La formation du pont d'Arc m'a paru toute simple; aussi je n'ai pas prétendu résoudre un problème de la nature, en l’ex- pliquant, et j'ose croire que mon opinion sera parlagée par les personnes qui savent apprécier l’action des eaux. Comparaison du pont d'Arc et du pont de Virginie. Pont d'Arc, Pont de Virginie. Longueur de la voùte.........,,., 2535 mBri, .., 90 Hauteur sous le ceintre............ 33,50 103..........150 L Largeur au niveau de l’eau......... 55,00 169 Et 302 aval... 54 Epaiss. du massifquel'archesupporte. 32,00 98: ‘boae 49 Avalcs 87 Du sommet du rocher au fond de l’eau. 65,00 200 nd 187 Hauteur moyenne des eaux.....,.. 5,oo 151 OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES Dans le mois de Fevrier 1822, A 3 HEURES SOIR. } A 9 HEURES SOIR. |THERMOMETRE. | Biom. Therm. 1 Barom. | Therm. à o. extérieur. Barom. | Thérm. ho. extérieur. ÿ Î29,421+ 9,60! 99 1728,21|+ 9,10] 94 1725,5al+ 6,25l100 |+ 9,60 6,10 722,544 8,90| 89 |722,57|+ 9,50! 87 |724,85/+ 4,00! 99 [+ 9,50|+ 4,20 SAN RER Mygr.! Maxim. | Minim. 8 734,15 + 9,25 Le 1759,00|+ 4,75| 95 1H 9,254 3,25 747,324 5:79 3 1746,10 + 5,90] 96 |+ 7,c0-+ 0,60 702,544 9,79 782,81|4 8,50! 78 175,054 0,75| go + 5,50|[— 1,00 743,75|+ 0:75 743,79|+ 3,25| 98 [743,494 3,ocl100 [+ 3,25|+ 0,25 740,28|+ 11,79 759,74H11,c0| gi .[740,51|+ 7,o0/100 |H-11,75|+ 6,25 751,46|+ 7,50| 75 |752,58|+ 2,50| 95 [+ 7,50 + 2,50 75,05|+ 5,90! 86 [753,914 4,00! 97 [+ 6,504 9 53 10752,61|+ 7,09! 97 17506514 8,60! gi 1745,60|+ 9,75] 98 1745,25[411,25/100 |411,25+ 5,75 11/750,9414 11,26) 98 51,78 +11,85| 89 |701,67 11,75] go {750,824 9,50! 98 11,85 + 9,50 19/746,85|+ 8,80| 94 1745,73l+12,10| 85 1745,12| 412,00] 85 1747,29|+ 7,50] 96 |H+12,10/+ 5,00 12[791,93/+ 5,75] 95 703,041 + 9.72] 78 |73,55|+ 9,50 93.1753,071H 5,0c| 94 | 9,75|4+ 5,00 14/750,17|+ 6,20] 94 750,23|+ ,8,10 88 174977|+ 8,10| 85 |750,6c+ 4,00! 99 [+ 8,104 3,75 15|/54,261+ 2,50/100 1754,16|4 5,40 do |724,73|+-3,25| 97 [757,06|+ 2,50/100 5,40[— 0,95 16[758,73+ 1,25/100 |759,08|+ 3,10] 96 {758,924 3,75] 92 |760,211+ 1,75] go | 3,104 0,60 19/761,58|— 1,00! g1 |760,67|— 0,60! 88. 1759,80|— 0,50] 85 [759,26 1,00| go |— 0,50 — 1,00 181756,98[+ 0,90! g1 1755,51|+ 4,40! 85 175410 4,25! 82 1740,15 4 2,25| 8g | 4,40] — 0,25 191741,45|+ Ones 1742,46|+ 8,72] 88 744,254 7,50| 85 |750,13|+ 3,50] 97 |+ 8,7b|+ 3,50 20/754,901+ 3,90! 96 1706,541+ 5,50|° 88 757,08|+ 7,85] 76 [758,864 0,50! 96 |+ 7,85|+ 0,50 011755,86/+ 3,95| 99 1753,18[4 6,29).98 |750,68|+ 7,75] og |760,00|+ 8,75l100 + 8,754 1,75 20/753,75+ 7,79! 99 |752,70|4+ 10,35] 98 1751,10| 10,00] 86 [|754,721+- 3,75| 95 |+10,4c|+ 3,75 28|757,31|4 6,79 Fa 755,984 10,10] 87 |754,09|+ 9,75] 86 [748,45 7,10] 94 [10,10] + 4,co 2 759:98/+ 7,50! 89 Î751,5a10,25] 76 |751,971+ 9,75] 70 [754,614 6,50! 92 H-10,25|+ 5,50 25[754,88+ 400! 96 |752,57|+ 7,25] 90 |746,88|+ 6,50! 98 744,081+ 5,50! 8g [+ 7,254 1,75 26[740,03|+ 4,75] Bo 1755,23°+ 6,25) 95 [752,77 7:50| 82 ,1756,08+ 5,00! 95 | 7,5c)+ 2,25 27733,22 + 5,00! gb |738,20|+ 7,56] 88 |754,55 4 5,70] 97 738,384 1,75] 93 [+ 8,oc|+ 1,79 28|744,48|4 3,59] 90 29 30 31 1742,711+ 4,48 95 1742,52H- 7,08] 90 [741,90[+ 7,67] 87 [742,52 746,45\+ 5,85 82 [748,854 1,50! 98 [+ 6,00|+ 1,50 + 4,74] 97 + 7.914 2,92 2[750,76[+ 4,66! 96 |752,90]+ 6,86! 89 [752,90|+ 6,72] 85 |752,741+ 3,55| 94 + ACIER 2,67 _3/748,81|+ 5,08] 94 |747,55+ 7,99] 88 |749,081+ 7,611 84 |746,90! 4,75) 95 | STE 2,84 747,781+ 4 741 95 747,591 7,311 89 f747,961+ 7,33] 85 (747,524 4,04, 9b [+ + 2,81] RÉCAPITULATION. s Plus grande élévation......... 61""38 le 1 rer { Me élévation............ anmn$4 le £ Fr re { Plus grand degré de chaleur.... +12°10 le 12 ** À Moindre degré de chaleur..... — 1,00 le 5 Nombre de jours beaux...... de couverts ........ 22 de) pluie..." 20 de fventitreuet ces 28 de brouillard ....... 25 de gelée ........... 7 de neige..,........ 1 de gréle ou grésil.... 2 de tonnerre. ........ o EEE mme À ‘A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS, £ (Le Baromètre est réduit à la température de zéro.) | jouanrrre PLU) ÉTAT DU a. = tombée a VENTS. Ro D m ne sur Je baut Near DT LE MATIN. A MIDI. LE SOIR, 1 5260 SEE Couv.,brouil.,tr.hum. Couvert,tempstr.hum.| Pluie par intervalle. | 2 Couvert, brouillard, |Ciel trouble et nuag. [Quelques éclaircis. 23] 2,10 2,15 Couvert, bronil, ép. |Couv:, pluie à 10f. Pluie par intervalle. 4| 1,70 1,66 Nuageux, brouill., gl.INuageux. Idem. 115 Beau ciel, lég. brouil.|Couv., lég. brouill. [Couvert. 6| 9,00 8,00 Brouillard épais. Pluie continuelle. Idem. 17| 1,20 EN Couvert, lég. brouill. |Mrouble et nuageux. | Pluie fine par interval. | 8 Nuageux. - Nuageux, Nuageux. gl 2,30 2,25 Idem. Idem. PL, parint.,gresils à 3*. 10] 1,50 1,20 Couvert , leg. brouill.| Pluie fine. Idem. 2 Lis 9: 10 ©,10 Couy. très humide, Id., par intervalle. |Très couvert. “hiol 1,20 1,20 Nuageux, brouillard. Nuageux, Pluie à 4}. | 131 0,40 0,35 Couvert, lég. brouill. |: Idem, pluie à 8°}. [Nuageux. 14] 0,55 0,80 Pluie fine. Couvert. Idem. 15] 4,75 4,00 Nuag. brouillard. Idem. Pluie par intervalle. 6 F Brouil. épais, gelée bl.|Couvert, brouillard. Couvert, brouillard. 17 Couvert, brouillard. Idem. Idem. 18 Idem. Quelques éclaircis. [Neige fine. 19| 12,50 | 10,c0 Pluie. Idem, gresils. Plute,gresilparinterv. | 90 Couvert, lég. brouill.|Trèsnuag., pluieà 9*.| Très beau ciel. 21] 4,55 3,65 Pluie fine, brouillard.|Couvert, pluie par int.| Pluie. 32] o,80 0,70 Couv., lég. brouillard.|Couvert. PI, à 6*, beau après. 23] 7,00 6,00 Couvert. Idem. Forte averse à 8%. 24 » Quelques éclaircis. ‘|Très nueg. Nuageux. 25| 6,00 6,00 Nuageux, brouillard.|Couvert, rouill. Pluie par intervalle. 26 ,00 3,00 Idem. Pluie continuelle. Couvert. 27| 3,30 3,00 Pluie, brouillard, Pluie par intervalle. Nuageux. 28] o,70 0,50 Couvert, brouillard, Quelques éclaircis.…. |Plure. 29 30 | j31 1| 19,40 17,81 Moyennes du 1**au 11. Phases de la Lune. 2] 19,30 | 15,95 Moyennes du 11 au 21. D.Q.le 24101445. |IP. Q.le18à r1#11m. 3| 26,35 | 22,85 Moyennes du 21 au 28. ____IN.Lilerrà 3t14's. |ÎP. L.leo5 à 516’ m. D | 65,05 | 55,61 Moyennes du mois. RÉCAPITULATION. Net Tone) NET Sr o En. AE à Jours dont le vent a soufflé du tre NS NUE D Derasdente ere 7 ORNE 8 NEO ne 1 lé 17, 12°,098 | ètre des caves { MENT ES + Thermomètre des le 16, 12°0 LEEDS LE 72 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elc. EXPÉRIENCES Sur les changemens qui ont lieu dans les principes fixes de lŒuf, pendant l’incubation ; Par W. PROUT. De ses expériences, rapportées en détail dans la 2e partie des Transactions philosophiques pour 1822, l’auteur conclut : 1°. Que le poids relatif des principes constituans de différens œufs varie considérablement ; 2°. Qu'un œuf perd environ un sixième de son poids pendant l'incubation , quantité qui monte à huit fois plus qu'il ne perd dans le mème temps, dans les circonstances ordinaires. 3°. Que dans les derniers temps de l’incubation, il se fait un échange de principes entre le jaune et une portion de l’albumen ; que cet échange est borné, de la part du jaune, dans une petite quantilé de sa matière huileuse, que l’on trouve mêlée avec l’al- bamen; que cette partie de l’albumen éprouve quelques change- mens remarquables et est convertie en une substance analogue, par son aspect ainsi que par quelques-unes de ses propriétés , au caillot du lait; enfin, qu’une certaine quantité de la portion aqueuse et saline de l’albumen se trouve mêlée avec le jaune, qui parait aussi avoir augmenté d’étendue ; 4°. Qu'à mesure que l’incubation s’avance, les parties salines et aqueuses abandonnent tout-à-fait le jaune, qui est ainsi réduit à son volume originel; que dans la dernière semaine de l’incubation, il ya encore une plus grande diminution dansle poids: la plus grande partie du phosphore disparaît, et on le trouve converti en acide phosphorique combiné avec la chaux dans l’animal et constilüant pete elenfin, que cette chaux n'existe pas originairement dans l'œuf récent, mais qu’elle provient de quelque source incon- nue pendant la durée de l’incubation. De l'Imprimerie de HUZARD-COURCIER , rue du Jardinet n° 12. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. AVRIL an 1823. RAPPORT DE M. LE BARON FOURRIER, Secrétaire de l'Académie des Sciences , Sur les progrès des Sciences physico-mathématiques, lu dans la séance publique de l’Institut royal de France, le jeudi 24 avril. Mes: L'Académie des sciences a formé le dessein de vous exposer chaque année, dans la séance générale, les progrès les plus ré- cens des connaissances qui sont l’objet de ses recherches. Nous présentons aujourd’hui une partie de ce rapport. Celle qui con- cerne les sciences naturelles sera donnée dans la prochaine séance Tome XCVI. AVRIL an 1823. 19 146 3 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE générale. On continuera ainsi , et alternativement pourles sciences mathématiques et pour les sciences physiques, à vous présenter l’état sommaire des travaux de l’Académie dans lé cours de deux années consécutives. Il n’y aura donc aucune découverte prin- cipale et aucune application importante, qui ne vous soient publiquement annoncées dans cette suite de tableaux annuels. Ils ne eompréndront pas seulement les découvertes qui auront été faites en France, mais encore celles qui nous seront connues par nos correspondances avec toutes les Académies de l’Europe. On pourra se rappeler un jour, et consulter avec quelque intérêt, cette histoire contemporaine et rapide des plus heureux efforts de l'esprit humain: Un ordre constant et admirable présidée à tous les effets natu- rels. La lumière, la gravité, la chaleur, l'électricité, le magnétisme, exercent leur action suivant des lois immuables que l'homme peut découvrir par une étude attentive et persévérante, La connais- sance de ces principes est l’objet de toutes les sciences po- silives. La Physique s’est enrichie depuis le commencement de ce siècle, de découvertes capitales : l’optique, la théorie de la cha- leur, l'électricité, ont été rapidement perfectionnées. Ce mouve- ment imprimé à la physique générale ne s’est point ralenti dans le court intervalle de temps qué nous considérons ici. Avant d'exposer ses derniers progrès, nous devons indiquer les ou- vrages qui ont pour but de propager et de faciliter l'étude des sciences. Les théories mathémaliques 6nt toujours joui de cet avantage, que plusieurs traités élémentaires ont été écrits par les plus grands géomètres. On doit à Newton les Principes de l’arithmé- tique universelle; à Euler, les Elémens d'algèbre; à M. Legendre, un Traité de géométrie. Cet ouvrage, dont on vient de publier la 12°. édition, continue de se répandre en France et dans tous les pays où les sciences sont honorées. M. Lacroix a publié de nouveau ses Elémens de l’analyse des probabilités, science importante et encore peu connue, née d’une pensée de Pascal, élevée en Angleterre au rang des connais- sances dont la société retire des avantages immédiats, et qui a recu parmi nous un, accroissement immense de l’auteur de la Théorie analytique des probabilités, en sorte qu’elle doit à la France son origine et ses progrès les plus éclatans. L'ensemble récieux des trailés que M. Lacroix a publiés, comprend toute l'étendue de l'analyse mathématique. Il a joint à l'ouvrage dont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 147 nous parlons, des remarques importantes sur les caissesd’épargue, les assurances ,les placemens viagers, les tontines. Ces remarques ont pour objetdedistinguer les établissemens honorables etutiles, de ceux que la raison et l’expérience ont justément condamnés. On a réimprimé le Traité de statique de M. Pomsot. Cet ou- vrage a cela de remarquable, que l’auteur a découvert des prin- cipes nouveaux dans une des théories les plus anciennement connues , inventée par Archimède et perfectionnée, par Galilée. MM. Poisson et Cauchy ont entrepris des recherches d’ana- lyse dont nous ne pourrions point ici exposer les résultats: nous #jouterons seulement que leurs travaux ont perfectionné lapartie des sciences mathématiques qui s'applique le plus directement à l'étude des phénomènes naturels, Les premiers théorèmes de l'optique avaient été découverts par Descartes, Huygens et Newion. Gette/science a pris un nouvel essor vers le commencement du siècle; elle doit ses pro- grès récens en France à MM. Malus, Arago, Biot et Fresnel, et en Angleterre a MM. Wollasion, Young et Brewster. La lumière se transmet avec une vitesse immense à toutes les parties de l’univers. Elle parcourt d'un mouvement uniforme environ soixante et dix mille heues dans l'intervalle d'une se- conde; elle se réfléchit à la surface des corps; une partie de ses rayons pénètre les substances diaphanes; elle se décompose en rayons colorés homogènes | inégalement réfrangibles. Lorsqu'un rayon de lumière traverse certains cristaux, il se partage en deux faisceaux distincts : c’est ce qui constitue la double réfraction. La loi de ce phénomène a été déduite des observations par Huygens, et. M. de Laplace l’a ramenée aux principes généraux de la mécanique rationnelle. Chacun des deux rayons réfractés acquiert dans l'intérieur du milieu cristallisé , uue disposition spéciale que l'on a désignée, sous le nom de polarisation, et.qui a un rapport singulier et constant ayec la siluation des élémens des cristaux. Gette propriété devient ma- manifeste lorsqu'un rayon polarisé tombe obliquement sur la surface d’un corps diaphape qui en réfléchit. une partie; , car les effets de la réflexion et de la transmission sont très différens, et en quelque sorte opposés, selon que la surface se présente au rayon de différens côtes. M. Malus a étudié ce genre de phénomènes avec une persé- vérance admirable; et ce sont ses nombreuses et ingénieuses découvertes, et les expériences de MM. Wollaston et Young, 19 148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui ont imprimé un nouveau mouvement à l'optique, el ont dé- terminé ses derniers progrès. | On doit à M. Arago la découverte de la polarisation colorée. Ses recherches, qui ont perfectionné toutes les autres parties de l'optique, ont un caractère remarquable en ce qu’elles donnent à cette science des instrumens nouveaux, qui reproduisent et per- pétuent l'utilité des expériences. C’est ainsi que, par l'observation des phénomènes de la polarisation colorée, 1l a pu comparer les rayons qui partent des bords du disque apparent du soleil, à ceux qu'envoie le centre de cet astre. Il est de même des effets de la diffraction, dont M. Arago déduit un nouveau procédé, pour mesurer, avec une extrême précision, les moindres différences de force réfringente des corps, ou des substances aériformes. L’optique n’a rien acquis de plus ingénieux et de plus important. MM. Biot et Brewster ont beaucoup contribué à enrichir cette science de mesures précises, de faits nouveaux, et d’un grand nombre d'observations. M. Fresnel à cultivé, dans ces dernières années, toutes les branches de l'optique avec un succès éclatant. Il a détermine les lois mathématiques des phénomènes les plus composés, et tous les résultats de son analyse sont exactement conformes aux ob- servations. Ces franges, alternativement brillantes ou obscures, qui accompagnent les ombres des corps, les anneaux colorés que produit la lumière dans les lames très minces, les couleurs que la lumière polarisée développe en traversant les lames des cris- taux, deviennent ainsi des conséquences nécessaires et évidentes d'une même théorie. Lorsque deux rayons sortis d’une source commune se réunis- sent au même point d’une surface, les deux effets de lumière ne s'ajoutent pas toujours; ils peuvent se détruire mutuellement. Ainsi la réunion de-deux rayons lumineux peut produire l’ob- scurité, ce quiarrive en effet dansun grand nombre d'expériences. C'est dans les résullats de ce genre que consiste le principe des interférences, que nous regardons comme la notion la plus étendue et la plus féconde de cette optique nouvelle. On en peut trouver l’origine dans les expériences de Grimaldi, qui ont précédé l'optique de Newton, ou dans les recherches de Hook ; mais on le doit surtout à M. Th. Young, qui l’a démontré et introduit dans l'étude des phénomènes d'optique. Nous devons ajouter que ce principe n’est pas borné aux pro- priétés optiques. M. Arago a prouvé que dans le cas où l'effet ET D'HISTOIRE NATURELLzL. 149 du concours des deux rayons est nul, l’action chimique de la lumière disparaît aussi. Les recherches les plus recentes de M. Fresnel ont pour ob- jet l'expression mathématique des lois de la double réfraction dans tous les cristaux , celle de la quantité de lumière réfléchie par les corps transparens sous les diverses incidences, enfin un genre de polarisation très différente de celle que l’on a considérée jus- qu'ici, et dont les caractères ne sont ni moins généraux ni moins Cconstans. Une des applications les plus récentes de l'étude des propriétés de la lumière, est celle que l’on fait aujourd'hui en France dans l'établissement des phares dioptriques. Nous appelons ainsi ceux où la lumière du foyer n’est point réfléchie, mais transmise par des lentilles de verre qui rendent les rayons parallèles. La flamme se trouve placée au centre du système de huit len- tilles semblables, et le système entier tourne sur son axe, en sorte que tous les points de l'horizon sont successivement éclai- res. La lumière parait alternativement plus vive et plus foible ; celle intermittence d'éclat, d’affoiblissemens ou de disparition, diversifie et signale les feux. M. Fresnel est parvenu à former des lentilles de grandes dimensions, en les composant de plu- sieurs parties, el il supprime toutes les épaisseurs qui ne pour- raient que contribuer à la déperdition de la lumière; disposition remarquable, que Buffon a employée le premier. Il était nécessaire surlout de placer au foyer une lumiere extrèmement vive. MM. Arago et Fresnel ont inventé pour cela une lampe à flammes concentriques, dont la lumière équivaut peut-être à celle de 150 bougies. Les dernières expériences ont prouvé que ces phares, mème dans des temps assez peu favo- rables, sont facilement aperçus à plus de huit lieues de distance. Tel est l'éclat des feux , que, mème avantla fin du jour, ils ont pu être employés comme signaux dans une opération géodési- que due à MM. Arago et Matthieu, et a MM. Kater et Colby de la Société royale de Londres. On voyait ces signaux avec une lu- nette, à plus de seize lieues, une heure ayant le coucher du soleil ; et une heure après le coucher, on les distinguait aisément à la vue simple, à celte même distance. Les découvertes qui ont été faites réceminent dans les théories de l'électricité et du magnétisme, doivent leur origine aux expé- riences mémorables de M.Oersted, de l’Académie de Copenhague. Des recherches entreprises depuis long-temps, et ses considéra- tions sur l'identité des causes de l'électricité et du magnétisme, 150 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE lui ont donné lieu d'observer que le fil conducteur qui joint les deux extrémités de l'appareil électrique de Volta, exerce une action très sensible sur ja direction detoiecille aimantée, et il a reconnu tous les caractères généraux de ce phénomène. L’A- cadémie des sciences de Paris, en apprenant cette observation capitale, a décerné à M. Oersted un de ses grands prix an- nuels. Elle jugeait alors que cette découverte deviendrait la source d'une théorie physique et mathématique féconde en résultats nouveaux, et ses vues ont été bientôt confirmées dans le sein même de l'Académie. M. Arago a ajouté le premier un fait très remarquable à ceux que le célèbre physicien danois nous avait appris. Il a vu que ce même conducteur qui transmet le courant électrique, attire le fer et lui communique les propriétés de l’aimant, et que cet effet cesse aussitôt que le courant est interrompu. M, Ampère a recherché avec le soin le plus attentif et le plus ingénieux, les lois générales des actions dynamiques du conduc- teur et des aimans. Îl a reconnu qu'il existe entre les conducteurs uue action mutuelle attractive on répulsive, selon certaines con- dilions, découverte importante dont il déduit l'explication d’un grand nombre de faits. Quant à l’action des corps aimantés, M. Ampère l'attribue à la présence d’une multitude de circuits électriques formés autour de chaque molécule de ces corps. Si l'on ne peut point affirmer l'existence de ces courans, il est du moins incontestable que l’on reproduit d'une manière frappante les propriétés magnétiques, lorsqu'on donne au conducteur la figure d’une hélice dont les spires sont très multipliées. Cette considération fait connaîlre clairement quels effets doivent résul- ter de l’action du magnétisme terrestre combinée avec celle des conducteurs. Elle explique un fait tres remarquable que M, Fa- raday a observé le premier, et qui consiste dans le mouvement continuel d’une portion du conducteur autour d'un aimant. L'ex- plication même a servi à compléter cette ingénieuse expérience; elle a suggéré le moyen de faire tourner l’aimant autour de son axe, et de produire le mouvement continu entre les seuls con- ducteurs, ou par l’action du magnétisme terrestre. L'auteur de cette théorie, M. Ampère, a déduit des observations l'expression mathématique de la force qui agit entre les élémens des con- ducteurs, et il ramène ainsi à un seul principe les effets les plus composés de l’action des conducteurset du magnétisme terrestre. Nous regrettons que les bornes de ce rapport ne nous permet- tent point d’exposer les résultats des belles expériences de sir ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1 H. Davy sur la mesure de la propriété conductrice dont jouissent divers métaux traversés par des courans électriques. Nous au- rions désiré aussi pouvoir appeler l'attention sur le procédé employé par M. Schweiger pour multiplier et rendre manifestes les effets d'une force électro-motrice presque insensible. M. Biot et M. Pouillet ont déterminé par des procédés exacts et précis les lois mathématiques de l’action des conducteurs sur les aimans. M. Savary et M. de Monferrant ont fait d’heureuses applications du calcul intégral à la mesure des effets électro-dy- namiques, et ils ont déduit de la loi proposée par M. Ampere, des résultats conformes aux expériences de Coulomb et à celles que l'on vient de citer. Enfin, des expériences récentes dues à M. Seebeck de l'Aca- démie de Berlin, nous apprennent que le contact de métaux dif- férens et l’inégalité des températures, suffisent pour occasionner des effets magnétiques très sensibles. La succession alternative de deux métaux retenus à des températures inégales accroit les effets de ce genre, et pour ainsi dire les multiplie indéfiniment. M. Oerstéd vient de reconnaître des propriétés remarquables de ces actions , qu'il nomme thermo-électrique. Quelque räpide et imparfait que soit cet exposé, 1l laisse apercevoir touté l’élendue de ces nouvelles théories. Une relation aussi manifeste entre des phénomènes que l’on pouvait regarder comme étant d’une nature différente, nous avertit qu'ils ont une origine commune, et nous fail entrevoir la cause du magnétisme terrestre et de ses rapports avec les aurores boréales. La seule diversité des matières mises en contact et la différence des tem- pératures déterminant des effets magnétiques très intenses, :l serait pour ainsi dire impossible qu'on n’observät pas de tels effets dans l'enveloppe solide du globe terrestre; et l'on voit en même temps quelle peut être sur Îles phénomènes magnétiques l'influence des variations diurnes ou annuelles de la chaleur pro- duite par les rayons solaires. En publiant la Mécanique céleste, ouvrage immortel qui sera cité dans tous les âges comme un des plus grands monumens que les sciencés aient produits, l’auteur avait annoncé le dessein d'écrire l’histoire sommaire des découvertes mathématiques re- latives au système du Monde. Les sciences et la littérature vien- nent d'acquérir la première partie dé cetiehistoire:on y remarque, comme dans la Notice des progrès de l’Astronomie, celte précision élégante qui naît d’une étude immeuse et de la profondeur des pensées. 152 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE La première partie du cinquième volume a pour objet les recherches mathématiques sur la figure de la Terre, question importante et très difficile, aujourd'hui complètement résolue, et qui rappelle des noms illustres, tels que ceux de Newton, de Clairaut, Maclaurin , Legendre, Lagrange, et Laplace. En traitant de l’action mutuelle des sphères, l’auteur examine les conditions de la statique moléculaire des fluides aériformes. Cette recherche est entièrement nouvelle. L'analyse de M. de Laplace explique les deux lois connues de la statique des gaz. L'une de ces lois porte le nom de Mariolte, qui l’a découverte; on est redevable de la seconde à MM. Gay-Lussac et Dalton. Cette même Analyse fait connaître très distinctement les con- ditions qui déterminent la solidité, l’état liquide, la conversion en vapeurs, et un élat en quelque sorte intermédiaire de vapeurs très comprimées, qui n’élait point connu avant les expériences irès remarquables de M. le Baron Cagniard de k Tour. La même théorie donne la mesure exacte de la vitesse du son dans l'air, question plus ancienne, qni n'avait pu être qu'im- parfaitement résolue, parce qu’on n'avait pas encore observé l'é- lévation de température due à la compression de air. Les académiciens français avaient fait, en 1738, des expériences propres à mesurer cette vitesse; le Bureau des longitudes les a renouvellées dans le mois de juin dernier, avec toute la préci- sion que comportent aujourd'hui les recherches physiques. On a trouvé que la vitesse du son dans l'air, à la température de 10°, diffère tres peu de 174 toises par seconde. On doit surtout l’exactitude de ces nouvelles observations, à l'excellence des instrumens de MM. Breguet. Personne n’ignore combien leurs découvertes ont perfectionné la mesure du temps, et les avantages qu’en ont retirés la physique, la géographie et la navigation. Ces dernières expériences sur la vitesse du son ne seront pas moins mémorables que celles de 1758. Pour faire apprécier le degré d'intérêt de ces observations, il suflit de dire qu’elles ont été proposées et exécutées par plusieurs membres du Bureau des Longitudes, et qu'ils ont eu pour coopérateurs M. Alexandre de Humboldt dont le nom, à jamais célèbre, est associé à toutes les branches de la philosophie naturelle, et M. Gay-Lussac, auteur de découvertes capitales sur les propriétés de l’air et des gaz. (La suite à un prochain numéro.) - ET D'HISTOIRE NATURELLE, : ‘| 154 9 | ll ESSAI Sur la véritable structure du Cerveau de l’homme et des animaux, et sur les fonctions du Système nerveux; Par LOUIS ROLANDO, Professeur de Médecine dans l'Université de Sassari, 1809 (1). (EXTRAIT.) Dans une préface et une introduction de quelques pages, M. Rolandoappreud à ses lecteurs que pénétré de la nécessité et de l'utilité quäl y a de réunir l’art d'observer les changemens que des causes nuisibles peuvent si fréquemment déterminer dans la machine humaine, à celui de produire artificiellement, dans des ani- maux, des allérations également surprenantes, et que, s'étant apercu TR CT TTL. TT IUT TT TAPER An ee areas (1) Nous avons balancé longtemps si nous publierions un extrait de cet ouvrage de M. le professeur Rolando, parce qu il ne nous est parvenu que plusieurs années après sa publication , et qu'il était probable qu il serait connu d’un grand nombre de personnes. Mais comme nous avons vu qu'au contraire il était à peu près inconnu à celles mêmes qui $e ‘sont le plus occupées du même genre de recherches dans ces derniers temps, ce qui tient peut-être au lieu où il a été imprimé, nous croyons devoir en donner un extrait étendu, où Yon puisse apprécier Ja théorie proposée par l'anteur , ainsi que les faits ana- tomiques et.les expériences sur lesquels il 1 établit. Nous my joindrons aucune note critique. Les’ lecteurs au courant de la matière verront aisément que la par- tie anatomique , doi entreprise dans une bonne direction, est très incom- nléts, même à l'époque où elle fut publiée. Quant aux expériences , ‘elles offrent, dans leur institution et dans leurs résultats, les nombreux inconvéniens ue des expériences sur les différentes parties de l’encépbale ont toujours of- Ée et offriront toujours, _ce-qui par conséquent rejaillit sur la théorie, Au sujet de ces expériences , nous dirons que depuis l'époque où le système de M. Gall a paru, plusieurs personnes en ont entrepris de semblables, et même que nous possédons en manuscrit le détail de celles que M. le comte de Laura- guais a faites avec M. Spursheim. Nous pourrons les publier dans'un de nos cahiers prochains. Tome XCVI, AVRIL an 1823. 20 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CMIMIE combien l'on peut retirer de conséquences utiles pour la science; de l'espèce de pierre de touche que fournissent-les observations, ila cru ne pas abandonner cette manière de cultiver la Médecine, à laquelle il avoue qu’il doit d’avoir en partie fait connaître et dévoilé les propriétés inconnues et les causes dont dépend la vie, etc. (1). Il a entrepris, pour l’objet de ses occupations, un sujet qui a toujours été regardé comme inaccessible aux forces de l'esprit humain, c’est-à-dire de développer la structure intime du cerveau , et de déterminer par des expériences, les fonctions de chacune de ses parties. Ce n’est pas qu’il méconnüt les im- menses travaux des Santorini, des Haller, des Viq-d’Azir et des Soëmmering ; mais il lui semble que ces célèbres anatomistes n’ont étudié Fencéphale que superficiellement, sans entrer dans l'étude de sa structure, et que d’ailleurs ils ne l’ont envisagé que dans l’homme, ce qui a dù les empècher de pouvoir arriver à une théorie de ses fonctions. Au moment où il entreprit ce genre de recherches, il avoue cependant qu’il connaissait ce qu’ilnomme la singulière théorie de M. Gall sur le même sujet, et qui lui paraît insuflisanté, imaginaire, ou pour le moins plus ingénieuse qué vraie, surtout pour la distribution qu'il fait ‘des’ différentes facultés intellectuelles aux différentes parties de l'encéphale, I ajoüte que la réfutation de la doctrine superficielle de M. Gall, par le professeur Malacarne, contiendra de nouveaux faits pro- pres à éclairer ce sujet, qu'il a entrepris de traiter. Quant à lui, il se propose aussi de démontrer avec combien peu defondement on a donné une certaine importance aux opinions du Dr Gall, après avoir exposé les différentes observations et les nombreuses expériences qu'il a faites sur l’encéphale, et en avoir exposé les conséquences qui s’en déduisent naturellement sur l'usage de ses différentes parties. L'ouvrage de M. Rolando se compose donc de quatre parties, Dans la première, il traite de la structure du cerveau et de ses principales parties dans l'homme et les animaux; la seconde est consacrée aux expériences; la troisième contient la théorie de ses fonctions, et enfin, la quatrième renferme la refutation du sys- ième de MM. Gall et Spursheim. (1) A ce sujet M. le D' Rolando cite une dissertation qu'il avait pnbliée au- paravant sous le titre de Memoria sulle cause di cui dipende la vita , etc. que nous ne connaissons malheureusement pas. 4) Là ETS D/HISTOIRE! NA TURELTE,U O! 155 La A a VA \ () SA: [ft ot etio2 Ji 1121} pe Description du cerveau ide l'homme: | 1( (LSRES 9 38) 920440897099 X19 291 Dfis y 291cuil 2€ ) Le peu d'étendue: de cet opuscule ne lui: pérmettarit pas de donner la description minulticuse des-parties-externes du cerveau, de-ses, enveloppes, elé,;. M. Rolando' passe de suite à celle de sa Structure inteñne.iis «0 onto) à vo rs nBiyé Après que le, cerveau est retiré duscräne; si on le-regarde par sa-base, on remirques)gutre l'origiñe des nérfs cérébraux, du pont:de varole.et dela moelle alongée!, que deux faisceaux de substance médullairé qui,sortent de: dessous la protubérance an- nulaire ou du ont, de varole, se portent en avant, un peu en divergeant, et vont former les,deux grands hémisphères du cerveau. Pour se faire une-idée de celle avance, il faut, suivant la direction: de Fun-de ses faisceaux..de fibres meédüullaires , enlever 20, 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE médullaire distincte sous le nom de centre de Vicussens, con- courent à la formation du corps calleux, dans lequel se distin- uent les fibres venant des deux côtés opposés. Il est cependant difficile de dire’si les fibres médullaires d'un hémisphère se por- tent. dans l’autre, comme cela est probable; mais il est certain qu'une parlie de’celles-ci descendent parallèlement pour former le septum lucidum, composé, comme on sait, de deux lames minces, lesquelles’ après s'être de nouveau écartées ; s'épa- nouissent sur les déux proéminences faites par:la sübstance cen- drée, et connues sous le nom de corps striés. Ces filamens, qui concourent à former la partie postérieure du corps calleux, se replient eh‘partie au-dessqus et vont former la voûte à trois piliers, tandis que d’autres, conlournées d'une manière singu- lière, composent Ja partie’ médullaire” distinguée sous le nom de’pilier postérieur dé la voûte. Les fibres ensüite qui se diri- gent à la‘partië/ postérieure, sont celles qui, rétéurnant à l’entour d'une portion del ldisabstanceééndrée , serventàlx formation des cornes d'Ammou et des partiès voisines. 3 149 | Ainsi les hémisphères du cerveau sont composés de fibres nombreuses qui:se montrent dans les pédoñcules; lesquels, en considérant cétorgané dans sa situation naturelle, s’élëvent eb traversent une portion dé substance cendrée 6vale distitisuée sous-lenom decorps'striés , ét qui, en'se répändant dans la pulpe médullaire; vont formerle corps calleux , la voute à troispiliers ; le’ septum lucidunÿ,'dont sort de tous côtés l'expansion très mince qui couvre: les corps: striés ; tandis qu’une partie de ses fibres, en se recourbant eñ arrière, formé: les deux piliéré delà voûte,’ les: uorvesd'Aimonl etlälquené des corps caännelés. Il n'ylaaucundouté qu'il n'existe pas de corps striés propre- ment: dits, él ence sens onpeul affirmer que les couches op- tiqûes sont dans le mêèmé cas, ‘ét que: éé5-préërminènces sont formées par l'entrelacement et le passage dés fibres supérieures des pédoncules du cerveau, des fibres qui semblent venir des hémisphères et avoir des relations avec les tubércules quadri- jumeaux, et des autres fibres qui se portent dans une direction transversale x cellé-cr, montent au-déssus, el'comme ue mem- brane, $e répandent à la ‘superficie des couches optiques dans une dirécion’ de dedans'enfdehors, ét se réunissént- ensuite en un cordôn afrondi, qti, entourant les pédoncules, s’unit à celui du côté opposé ; ce qüi formé l’entrecroisement des nerfs optiques. M. ‘Rolando a suivi la commissure antérieure jusqu'aux fibres qui coflécurent à la formation du nerf olfactif, et elle semble ne ET D'HISTOIRE NATURELLE. 155 former ou donner l’origine à la racine interne de ce nerf. Cet arc médullaire serait-il destiné, ajoute-t-l, à établir la commu- nicalion entre les deux nerfs olfactifs? la commissure postérieure remplirait-elle le même usage pour les couches optiques? Les ventricules antérieurs, aussi bien que le troisième, le quatrième et le cinquième, résultent des différentescirconvolutions que font les fibres médullaires et de l'apparition mutuelle des par- es gauches et droites de toute la masse cérébrale; d’où il semble à M. Rolando qu'ils ne peuvent servir aux différentes fonctions qu’on leur a attribuées. I lui paraît plus dificile d'expliquer la structure de la glande pinéale, et des tubercules quadrijumeaux, qui sont situés pré- cisément au-dessus de l'endroit dans lequel parait exister le con- cours des filamens, provenant, tant de la substance médullaire des hémisphères , que des pédoncules du cervelét. Ceux-ci sont for- més d'un grand nombre de filamens très fins de substance mé- dullaire et cendrée, en sorte que leur couleur n’est ni aussi blan- che que celle-la , ni aussi obscure que celle-ci Je ne me suis pas arrêté, ajoute M. Rolando, sur ia substance corticale ou cendrée, qui outre, son ulilité pour la nutrition des fibres médullairés, sert encore à les éloiguer entre elles, peut-être afin qu’elles puissent mieux exercer leur mouvement. Après avoir ainsi exposé la structure du cerveau de l’homme, d'une manière qui paraitra sans doute fort incomplète, quoique évidemment dans la nouvelle direction que nous devons à MM. Gall et Spursheim, M. Rolando se borne à dire, dans ) Les cultivateurs de Semipalatinsk sont d'avis que la meilleure manière de battre le grain de ces trois espèces de froment, est celle qui a lieu avec les chevaux. Ils m'ont assuré qu'avec le fléau il est très'diflicile de séparer tous les grains des épis, tandis que par 174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Fautre méthode; iln’en reste-pas:un grain ; elle est en outre, plus facile , plus simple;-plus prompte ei moins coûteuse. Ne pouvant entièrement admettre cette opinion, il me sera permis de faire observer que le manque de-bras, la cherté de la main-d'œuvre:et la paresse, pour'ainsi dire-innée;, des: peuples de l'Asie pourraient très bien être la raison principale dé leur-préfé- rence dans lc battage de l'emploi des chevaux à celui du fléau, Aussi tout cultivateur a toujours un bon nombre de chevaux, tandis que celui de ses domestiques est très limité. La manière de mondre les: trois espèces de froment est différente de celle qui se pratique en Russie, où l’on est obligé de laver le grain avant de le moudre, autrement la farine serait de couleur noirâtre: La farine de ces fromens est desa nature blanche, et sur- tout celle da blé chinois; mais pour la rendre encore plus belle, ils lavent d'abord le grain , ils le triturent légèrement dans un mor- üer, puis ils le vannent. Pendant l'hiver ils le triturent sur la glace ou dans la neige, ce qui rend encore la farine plus belle. La farine du blé chinois est d’une blancheur éclatante et presque argentée, celle du blé calmouck tend un peu davantage au jau- "uätre, celle du blé rouge est comme celle du blé ordinaire, La farine du blé chinois est excellente pour faire toutes sortes de pâtes; mais si on l’emploie seule pour faire le pain, celui-ci n'est pas meilleur : c’est pourquoi les habitans de Sémipalatinsk préfèrent le pain fait avec le mélinge de partiés égales de ces deux espèces de blé. re Les eaux les plus légères sont toujours lès meilleures pour la pauification; en général celles des puits, des sources, des fon- taines sont préférables à celles des rivières qui contiennent toui jours quelques substances hétérogènes! Malgré cela, les habitans de Semipalatinsk sont forcés de'sé servir des eaux de l’Hrtisch ;'et je puis assurer que C'est avéc un résultat fort avantageux. è La méthode générale pour faire le pain est de pétrir la farine avec dé l’eau chaude’ au point dé pouvoir’en supportet la chaleur avec la main; ki farine du blé chinois 4 au contraire besoin d'être pétrie avec dé l'eau’ froide ou de Pésubouillante! Plusieurs habi- tans de Semipalatinsk m'ont assuré que la première méthode; cest: àä-dire avec l'eau froide , était préférable à l'autre. 0.20 1 Il me reste à dire quelque chose sur les limites que la nature a mises à la culturé de ces trois éspècés-de froment dans les.pro- vinces. dela Sibérié que j'ai pareourues! :: lo RIT Il semble quelés environside la forteresse de Semipalatinsk;e4 particulièrement le district nommé |Belagatohe,, sont lé cenise de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 175 cette culture, et que deux extrémités , l’une dans la partie orien- tale à la redoute de Pianoyarskoi , s'étend à 100 verstes environ, et l’autre, à l'occident, s’alonge jusqu’à Lebeigéa, à 209 verstes de Semipalatinsk. Je serais assez disposé à croire que la cessation de cette culture dans la partie orientale, est due à l'élévation du pays, ce qui est la raison de beaucoup de variations dans l’atmo- sphère. La preuve de cela est que depuis laredoute de Pianoyarskoi, le chemin devient plus inégal, les contreforts de la chaîne des monts Altaïs commencent à se montrer, et les trois espèces de froment ne peuvent plus atteindre leur maturité à cause de la froi- dure du climat. Il semblera singulier qu’à la redoute de Baraschkofskoï, à 4r verstes au plus de Pianoyarskoi, on recueille les meilleurs melons de toute la ligne de l'Irstisch, el que le tabac qu’on y récolte se vend 3 ou 4 roubles plus cher que celui des autres redoutes, quoi- que la culture des trois fromens y soit impossible. Mais pour faire cesser toute espèce de merveille, il sufira de savoir que la situa- tion de ces lieux est certainement plus élevée que celle de la for- teresse de Ustkamenogorskoi, qui se trouve dans une plaine à 61 versles à l’orient de la redoute, et qui, d’après les observations de M. Pansner, a une élévation de 667 pieds par.au-dessus du niveau de la mer. La limite occidentale de la culture des trois espèces de froment est due, à ce qu'il me semble, à la nature du sol; cependant à Lebeageï, les terres ne sont plus susceptibles de labour. MÉMOIRE Sur l’organisation d’une espèce de Mollusque nu de la famille des Limacinés ; Par M. H. D, DE BLAINVILLE. J’ar décrit et figuré, Journal de Physique, tome LXXX V, p. 457, comme devant former un genre distinct dans la famille des lima- cinés, ordre des pulmobranches , un animal mollusque que j'ai observé conservé dans l'esprit de vin, dans la collection du Mu- Tome XCFI. AVRIL an 1823. 23 1796 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE -séum britannique, et dont je n'ai pu faire l'anatomie, parce qu'il n'y en avait qu'un individu. Les caractères qne j'ai assignés à ce genre, auquel j'ai donné le nom de VÉRONICELLE, sont les sui- vans : Corps très alongé, étroit, entièrement lisse ; le manteau en forme de large bouclier débordant le pied de toutes parts, conte- nant en arrière une masse cretacée ; rudiment de coquille, et for- mant en avant une sorte d'avance ou de capuchon sous lequel peut se cacher la tête : celle-ci pourvue de deux paires de lentacules, dont les postérieures portent les yeux au sommet ; les organes de la respiration situés à la partie postérieure du corps et formés par une cavilé pulmonaire dont l'ouverture arrondie est située presque tout-à-fait à l'extrémité du rebord qui sépare le manteau du pied; l'anus à la même place; la terminaison des organes de la géné- ration à droite, celle de l'appareil mäle à la racine du tentacule droit, celle de l'appareil femelle à la moitié environ du côté droit. En donnant la description de ce mollusque, dont la patrie m'était inconnue, j'aperçus aisément qu’il devait avoir beaucoup de rapports avec l'espèce dont Buchanan avait fait le type du geure onchidie, et auquel il me semblait qu'on avait à lort rap- porté une belle espèce marine rapportée de l'Ile-de-France par MM. Peron et Le Sueur; mais comme Buchanan disait positi- vement que son onchidie a les deux sexes séparés, ce qui me parait aujourd'hui bien douteux, je crus devoir ne pas rapporter le mollusque que j'avais observé, au genre onchidie. J'avais aussi aisément aperçu que ce mollusque avait beaucoup de ressem- blance avec une grande espèce de limace figurée par Sloane dans son Histoire de la Jamaïque; mais il n'était à peu près impossible de rien assurer, parce que cette figure était trop gros- sière , et n’élait pas accompagnée d’une description. Depuis ce temps, M. de Férussac a recu du Brésil plusieurs in- dividus d’une belle espèce de limacinés qui me semble avoir la plus grande analogie avec celle que j'ai décrite sous le nom de véronicelle ; et grace au présent qu’il m'a fait d’un des plus grands, j'ai pu en faire une anatomie détaillée, qu'il a bien voulu intro- duire, avec de belles figures, dans son grand ouvrage sur les mollusques terrestres et fluviatiles. En attendant qu’elle puisse être publiée, je vais en faire connaître les principaux points, et par là confirmer ou rectifier ce que j'avais établi d'après la simple inspection du mollusque du Muséum britannique. Le corps de lanimal est fort alongé, étroit, et probablement irès contractile ; il est appointi aux deux extrémités ; le dos, qui ET D'HISTOIRE NATURELLE, 177 est parfaitement lisse et un peu bombé vers le milieu, se joint au pied ou à la face ventrale, par un plan oblique ; en sorte qu’il y a de-chaque côté une sorte de carène étendue d’une extrémité à l’autre. La face inférieure est extrêmement plane, et formée par le pied. Ce piéd, qui.est coupé carément en avant, et qui est échan- cré pour la place de la masse buccale, se termine eñ arrière par une parlie mince, pointue, qui dépasse évidemment le bouclier formé par le manteau, tandis que dans la véronicelle de Lieach, c'est celui-ci qui dépasse beaucoup le pied. Dans l’une comme dans l’autre le manteau ou l'enveloppe dermoïde forme un grand bouclier lisse, épais, qui, dans sa partie antérieure, se prolonge au-dessus de la tête comme une espèce de capuchon sous lequel celle-ci peut se mettre à l'abri. Dans l'espèce du Brésil, ce man- teau est à peine séparé, dans sa ligne de jonction avec le pied, autrement que par un sillon très étroit qui règne d’une extrémité à l’autre ; et comme il a été déjà dit, on trouve sur les flancs une large surface qui est dirigée obliquement du bord du bouclier ou du manteau à celui du pied. Cette surface est tout-à-fait inférieure dans la véronicelle de Leach, d’où il résulte qué le bord du man- teau est formé en angle beaucoup plus aigu , tandis que dans celle du Brésil, ce n’est qu'une carène. Cette différence tiendrait-elle au mode de conservation ? Dans cette dernière espèce, le bouclier est également libre à son extrémité; mais il est assez loin de dé- passer le pied, et il forme, au-dessus et en avant de sa pointe, un petit appendice cachant une espèce de cavité ; tandis que dans la véronicelle de Leach, c’est l'extrémité du bouclier qui dépasse d’une manière très notable celle du pied. Sous l’espèce de capuchon que le manteau ou bouclier forme en avant, on trouve la tête conformée à peu près comme dans la plupart des limaces proprement dites, pouvant sans doute en sortir en s’alongeant. Elle est pourvue de deux paires de tenta- cules : la premiére ou la supérieure est la plus longue et la plus forte; chacun d'eux est äfpeu près cylindrique, un peu déprimé, ce- pendant, et offre un grand nombre de plis transverses qui le rendent comme articulé. Cette disposition prouve ce que nous confirme- rons plus loin, qu'ils sont seulement contractiles et non rétrac- tiles à la manière de ceux des limaces; ils portent cependant à leur extrémité une surface lisse à la partie supérieure de laquelle est un point noir ou œil , comme il y en a dans les limaces. L'autre paire de tentacules ou les véritables , sont plus courts mais plus déprimés ; ils sont surtout élargis à leur extrémité, et divisés en deux lobes dont l’externe est un peu plus court que l’interne, La 23., 178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bouche est un trou rond à bords plissés, que l’on n’apercoit que dificilement, lorsque l’animal est contracté. Au côte externe de la base des tentacules droits, on trouve un orifice qui est celui par lequel sort l'organe excitateur mâle; du même côté, elavant la fin de sa première moitié, dans l4 surface qui réunit le bouclier au pied ,se voit un autre orifice à bords plissés en étoile : c’est la terminaison de l'appareil femelle de la génération. Eufin, le dernier orifice que l’on voit à la surface de ce mollusque est beaucoup plus grand, arrondi, à bords non plissés ; il est situé à droite, sous la partie postérieure et libre du bouclier ou manteau : c’est la terminaison d’un tube commun à l'appareil de a respiration et au canal intestinal. Eu étudiant plus profondément l’organisation de ce mollusque, on trouve que la peau ou derme qui forme le bouclier ou man- teau, offre la même structure que celle des limaces; elle me semble cependant devoir être moins muqueuse, et en eflet, elle est lisse dans toute son étendue. Je n’ai trouvé aucune trace de coquille dans l’intérieur de son tissu. Le pied, dont la structure est sensiblement la même et où l’on voit mieux la distinction des fibres musculaires , est aussi plus épais dans toute son étendue Les tentacules antérieurs , ainsi que les postérieurs, sont for- més comme à l'ordinaire, d’une enveloppe cutanée, soutenue ou doublée à l’intérieur par deux plans de fibres musculaires, les unes annulaires, immédiatement sous la peau ; et les autres longitudi- nales, ne se portant pas au-delà de la racine de chaque tentacule, et se terminant successivement dans toute la longueur de l'organe. C’est entre ces derniers que passe le filet nerveux qui se rend à la peau du tentacule, pour la première paire, et à l'organe de la vision pour la seconde. D'après la brièveté des fibres longitudi- pales, et de ce qu’elles ne pénètrent pas dans la cavité viscérale, pour aller, sous forme d’un muscle distinet , s’attacher à la cloi- sou diaphragmatique ou à la columelle, comme cela a lieu dans les limaces et les hélices, il est évident que ces organes ne sont pas rétractiles à l’intérieur, comme chez ces derniers animaux, mais seulement contractiles, ainsi que nous lavions déjà dit, seulement d’après l'inspection extérieure de ces teutacules; aussi dans l’état de conservalion alcoolique, je ne les ai jamais vus rétractés, comme cela se voit au contraire presque toujours dans les limacinés. Je n'ai pas fait l'anatomie de l'œil ou du point noir qui se trouve porté à l'extrémité des tentacules postérieurs ; j'ai seulement re- marqué qu'il est fort sensible et qu'il est à la face dorsale d'une *ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 179 sorte de petit reuflement aplati et lisse qui termine les tentacules, et non pas à sa pointe: ce n’est qu'au-dela de ce renflement que commencent les plis transversaux du reste de cet organe. Je n’ai rienàajouter à ce que je viensde diresur l'enveloppe exté- rieure, pour décrire l'appareil de la locomotion; il y a peu ou point de muscles distincts outre ceux dont nous allons parler en trai- tant de l'appareil de la mastication et de l'organe excitateur mäle. Nous rappelerons seulement que le pied est assez épais et qu’on y distingue assez bien des fibres transverses et des fibres longitudi- nales. Nous noterons aussi qu’en avaut, sous là masse buccale, il y a une pièce médiane subcarrée, distincte du pied, et de la- quelle part en arrière, par deux branches en Y, une sorte de tube à parois musculaires, et qui va se terminer à l'extrémité de la langue ; en sorte qu’on peut considérer cet organe comme la terminaison de celle-ci qui s'est recourbée en avant et en bas. L'appareil digestifa beaucoup de rapports avec ce qui a lieu dans les véritables limaces; ainsi la bouche, qui forme un orifice ar- rondi, est pourvue à son bord supérieur, d’un petit peigne den- taire. La cavité buccale qui suit est assez considérable, ses parois, assez épaisses, sont formées par deux couches de fibres muscu- laires, les unes transverses et les autres longitudinales; mais elle est en outre portée en avant par des muscles spéciaux: les pre- miers , qui sont plus courts, viennent du pourtour de la lèvre ou de l’orifice buecal, pour se terminer à la masse; les autres, plus longs et plus épais, forment deux paires, l’uue supérieure, l’autre latérale, qui, de la peau qui recouvre la tête, se portent aux par- ties supérieures et latérales de la masse buccale. Une autre paire plus en dehors, s'attache à la partie antérieure du pied, et va, non à la masse buccale elle-même, mais à la peau du front ou à la lèvre supérieure. Ils doivent aussi faciliter Îa sortie de la bouche en tirant en arrière la dent. On trouve aussi à la partie inférieure de la cavité buccale, une sorte de renflement lingual qui se prolonge un peu en dessous et er arrière du pharynx, presque jusqu'au cerveau ; sa surface supé- rieure et interne est pourvue de lrès petites pointes acérées. Enfin, en dessus eten arrière, se trouve la terminaison des glandes salivaires. Ces organes forment, de chaque côté, une espèce de grappe composée de grains glanduleux ; les canaux excréteurs, successivement réunis , se terminent enfin par un capal qui s’ouvre dans le pharynx, à peu près comme dans les limaces:; mais en outre on voit se joindre à chaque canal, un organe ou filet creux qui traverse l'anneau œsophagien , et qui se prolonge jusque sur la panse stomacale, où il semble finir à rien. 180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE A la partie supérieure de cette cavité buccale ou de ce pharynx, commence l’œsophage, d'abord fort étroit, pour traverser l’an- neau nerveux œsaphagien. Il se renfle bientôt pour former une longue dilatation stomacale cylindrique fort considérable , qui se dirige d’arrière en avant vers la partie postérieure de la cavité vis- cérale. Arrivée dans celte partie, elle se renfle de nouveau, en produisant un cul-de-sac assez développé de la partie antérieure, duquel naît l'intestin, de manière à ce que le pylore est fort rap- proché du cardia. C’est dans leur écartement que vient se terminer un canal hé- palique lrès gros, qui a successivement recu les canaux excréteurs secondaires et tertiaires des différens lobes du foie. Ces lobes, dont le plus considérable est celui qui occupe toute la partie pos- térieure de la cavité viscérale , accompagnent l'intestin propre- ment dit, dans toute son étendue. Ils forment, par leur réunion, une masse considérable, dans laquelle celui-ci fait ses circonvolutions. La structure de ce foie est du reste tout-à-fait semblable à ce qui existe dans une limace: ce sont de petits grains réunis en lobules dont les canaux excréteurs, successivement réunis, sortent enfin de la masse commune, pour ne plus former que sept ou huit gros vaisseaux, dont la réunion successive forme enfin le canal hépatique. L'intestin, d’un calibre assez gros, quoique beaucoup moindre que celui de la première dilatation stomacale, nait à droite, puis se porte fortement en avantdumême côté, forme ensuiteune courbure en arrière, pour se porter de nouveau en avant, el se terminer, après une nouvelle courbure, en arrière et en dehors, un peu au- dela de la terminaison de l'organe femelle dans un canal com- mun à l'appareil de la sécrétion urinaire et à celui de la respi- ration, et dont nous allons parler tout à l'heure avec plus de détails. La composilion anatomique de tout ce canal intestinal est, du reste, ce qu’elle est ordinairement; sa membrane interne vers l'anus ou la terminaison de l'intestin, fait un assez grand nombre de plis longitudinaux. L'appareil que nous regardons comme analogue de celui de la dépuration urinaire, se trouve, comme dans lous les mollusques, en connexion intime avec la tin du canal intestinal et avec l’ap- pareil de la respiration : c’est ce qu’on appelle quelquefois le sac calcaire, le sac de la glu, etc. Dans le mollusque dont il est question dans ce Mémoire, il est fort considérable ; il est réelle- ment compris, non pas dans la cavité viscérale générale, mais dans celle de la respiration, qui est séparée de celle-là par une ET D'HISTOIRE NATURELLE. 181 sorte de cloison diaphragmatique dont il va être question. L'or- gane secréteur est ovale aplatt, très grand, collé sous la cloison disphragmatique, au bord inférieur de l'organe pulmonaire. Il m'a paru compose de granulalions, mais je n'ai pas vu qu’elles donnassent naissance à de pelils canaux excréteurs; on lrouve seulement que la poche qui enveloppe cet organe, se termine en arrière par une fente ou sillon borné par deux lèvres, dont l’une est un peu plus longue que l'autre, et qui s'ouvrent dans le canal commun, bien au-delà de l'anus, et tout près de l’orifice parti- culier de la cavité pulmonaire. L’organe de la respiration est, comme dans tous les mollusques qui respirent l'air en nature, compris dans une cavité particulière, séparée de la grande cavité viscérale par une sorte de cloison dia- phragmatique, composée de fibres musculaires transverses, sépa- rées du manteau ou de l'enveloppe dermoïde; et par conséquent elle est comme creusée dans cette enveloppe. Cette poche est ovalaire, et dirigée d'avant en arrière, par où elle diffère beau- coup de ce qui a lieu dans les limaces; mais ce en quoi elle dif- fère encore plus de ce qui se voit dans ces animaux, c'est qu’elle est située tout-à-fait au côté droit de l'animal, dont elle occupe le tiers moyen. Celle cavité, tapissée comme à l'ordinaire par les ramificalions vasculaires, veineuses et artérielles, se termine enarrière par un canal ou lube compris également dans le derme, qui s'ouvre dans un canal commun. Ce canal, qui sert, par conséquent, à la sortie des matières fécales et urinaires ainsi qu’à l'entrée de l'air pour la respiration, continue son trajet entre deux lames de la peau, en se dirigeant d'avant en arrière, et va s'ouvrir à l'extérieur par le grand orifice que nous avons décrit, à la partie lout-àa-fait postérieure du côté droit , sous la petite saïllie du manteau ou da bouclier. Je n’ai pu suivre la disposition du système circulatoire rentrant ou veineux; mais il n’est pas probable qu'il offre aucune différence un peu noiable avec ce qui existe dans les genres de la même fa- mille, Ce que je sais, c’est que toutes les veines de l'enveloppe musculo-dermoïde arrivent à l'organe respiraloire par un gros tronc, qui se réunit à un autre peut-être encore plus considérable provenant de la réunion des veines des viscères, et à la partie anté- rieure da poumon. Le tronc pulmonaire qui en résulte, appliqué et presque confondu avec la veine pulmouaire, et qui en sort, se dirige en arrière et se subdivise suecessivement, non pas peut-être en formant exactement un véritable réseau , mais des espèces de petites lames qui tombent sur un axe central. Les veines pulmo- 182 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE naires, qui en naissent à peu près de même, se réunissent en un gros tronc, qui se dirige d'arrière en avant, et s'ouvre dans le cœur, Cet organe, silué dans une loge particulière de la peau à peu près comme le poumon l'est dans la sienne , est situé au côté droit de l'animal, immédiatement au-devant de la cavité respiratoire; il est formé d'une oreillette unique comme divisée en deux par une bride cellulaire : elle recoit le sang du poumon, comme il vient d'être dit, et le chasse dans le ventricule par une ouverture en fente dont les bords forment une sorte de valvule. Le ventricule conique saïlle un peu dans la grande cavité viscérale et se change peu à peu en artère aorle. Celle-ci, parvenue à la masse des vis- céres , se subdivise de suite en deux troncs, l’un, antérieur , qui se porte en avant sous les viscères el qui se partage en deux bran- ches : l’antérieure, qui est la continuation du tronc, va dans la ligne médiane inférieure se distribuer à la masse buccale et à tous les organes qui s'y trouvent; la branche postérieure de l'aorte antérieure se place dans la ligne médiane du pied et fournit successivement à droite et à gauche des rameaux et des ramus- cules, jusqu’à ce que, parvenue à l'extrémité postérieure, elle soit épuisée. L'autre tronc, qui sort de l'aorte et qui est l’analogue du trépied cœliaque ou l'artère viscérale, fournit d’abord un rameau qui va aux lobes antérieurs du foie. Ce tronc principal, parvenu au canal intestinal, se subdivise en deux rameaux, dont l’un va à différens autres lobes du même organe, tandis que l’autre, après avoir fourni les artères de l'estomac, va se répandre dans le lobe postérieur du foie et dans l’ovaire qui s’y trouve compris. Au premier estomac, ainsi qu'aux organes de la génération, c’est-à-dire à l'oviducte et au testicule, l'appareil de la généra- tion se trouve, comme dans tous les mollusques de ce groupe, divisé en deux sexes, et ces deux sexes sont portés par le même individu. Le sexe femelle se compose 1°. d’un ovaire; 2°. d'un premier oviducte; 5°. d’un second oviducte, que l’on nomme quelquefois matrice , el enfin d’une bourse terminale. L'ovaire , assez peu considérable, globuleux, est situé à la partie antérieure du lobe postérieur du foie, dans une sorte d'excava- tion que lui forment ses lobules: les grains dont il est composé sont assez gros, È De cet ovaire naît, comme de coutume, c’est-à-dire par des espèces de radicules, le premier oviducte; il est très grêle, fili- forme ej blanc ; il se porte d’arrière en avant, côtoie le testicule, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 fait un grand nombre de replis serrés en se renflant un peu, sem- ble pénétrer dans le testicule, autour duquelil s’enroule, ets’ouvre bientôt dans la seconde partie de l’oviducte, qui occupe la partie antérieure et gauche de la cavité viscérale. Cette partie a un tout autre aspect; son diamètre ou calibre est beaucoup plus grand; ses paroïs sont plus opalines, moins opa- ques : elles étaient en outre remplies d’une quantité énorme de matière albumineuse, qui, en absorbant l’eau dans laquelle l’ani- mal a été disséqué, s’est considérablement gonflée. Cette partie de l'oviducte forme un assez grand nombre de boursouflures et de replis, dont le dernier, devenu droit, se porte transversalement de gauche à droite , passe sousla masse des viscères, et s'ouvre par l'orifice que nous avons décrit au côté droit, dans l'espace qui sé- pare le bouclier du pied. Vers sa terminaison, les parois de l'ovi- ducte ont une épaisseur et une résistance presque cartilagineuses, Tout pres de l’endroit de sa terminaison, se voit une sorte de bourse ou de poche ovalaire dont le cou, très court, s'ouvre à la marge de l'orifice de l’oviducte, par un fort petit trou. Cette poche, dont la membrane intérieure présente un grand nombre de plis ou d’anfractuosités, a, du reste, ses parois fort minces el très blanches. Cette membrane, fraisée intérieurement, recoit un ra- meau du canal déférent, dont nous allons parler tout-à-l'heure. L’appareil mâle se compose, 1°. d’un testicule, 2°. d’une sorte d'épidydyme, 3°. du canal déférent, 4°. d’un organe excitateur, et 5°. d'une masse de vésicules ou de cæcums. Le testicule forme une masse assez considérable, et un peu aplatie, composée d'espèces de plaques réunies à leur côté interne, et occupant la partie inférieure et moyenne de la masse viscérale. Il m'a paru que sa partie antérieure, celle qui est en connexion avec la seconde partie de l’oviducte, différait un peu de la posté- rieure, du moins quant à l'apparence granuleuse plus prononcée; c'est en effet de la postérieure que l’on pouvait voir d’une ma- nière plus évidente, et par un grand nombre de racines accompa- gnées par Îles ramifications artérielles , naïtre le canal déférent. Ce canal, d’un diamètre fort peu considérable, se dirige d’abord d’arrière en avant. Parvenu à l'angle que fait la partie droite de l'oviducte, quand elle sort de la masse de ses circonvolutions avec celte masse elle-même, le canal déférent se renfle en une as- sez pelite vésicule qui s’y ouvre à angle droit; il continue ensuite son trajet en se portant, comme et avec la lerminaison de l’ovi- ducte, à laquelle il adhère, jusqu’à la bourse terminale, et là il se bifurque. La bifurcation postérieure la plus courte pénètre dans Tome XCVI, AVRIL an 1823. 24 184. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cette bourse, et s’y termine, landis que la branche antérieure se porte en avant et surle côté droit , s’insinue bientôt dans les fibres musculaires de l'enveloppe cutanée ; et parvenue à l’extrémité an- térieure à la séparation du pied et du bouclier , elle rentre dans la cavité viscérale en se recourbant en arrière. Après avoir passé sous la racine de la poche de l'organe excitateur et étre arrivé vers le côté droit de la masse buccale, le canal déférent se pelotonne en formant beaucoup de circonvolutions irrégulières ; et de a, pre- nant un aspect musculaire à fibres annulaires, il augmente peu à peu de diamètre, jusqu’à ce qu’il se termine à la base où à l'ex- trémité postérieure de l’organe excitateur, Cet organe est situé à la partie antérieure du côté droit de la cavité viscérale, enveloppé par la deuxième partie de l’oviducte : il est contenu dans une poche ovalaire à paroïs assez minces et dont nous avons signalé l'ouverture au côté droit de la racine des tentacules. Cette poche est tirée en arrière par un-petit muscle qui prend son origine au bord antérieur de la cloison diaphrag- matique. En ouvrant cette poche, on trouve une antre gaîne plus épaisse , musculeuse, qui en renferme une troisième de même nature, dans laquelle se trouve un corps étroit, alongé, blanc, qui est adhérent par tout son côté inférieur. C’est dans la poche qui renferme ce petit corps, que s'ouvre le canal déférent, par un orifice évident ; en sorte qu'il faut croire que dans ces ani- maux, l'organe excitateur est terminé par une sorle de renfle- ment ovoïde percé à ses extrémités, et qui peut sortir de la gaine qui le renferme, par la contraction de ses parois. A la partie antérieure de la poche qui renferme cet organe; tout près ‘de l’orifice extérieur , se termine, par une ouverlure conique, un faisceau considérable d’appendices aveugles ou de petits cæœcums cylindriques alongés, dont le canal est fort étroit, et qui se réunissent d’abord en plusieurs petits faisceaux qui s'ou- vrent successivement dans le canal commun. C’est ce que quel- ques auteurs ont nommé quelquefois vésicules séminales, on ne sait trop pourquot. Le système nerveux qu'il nous reste à examiner n'offre rien de bien différent de ce qui existe dans les autres mollusques de la même famille. Le cerveau ou la partie centrale forme toujours une sorte d'anneau que traverse l’œsophage, et qui par conséquent doit changer de place suivant que la masse buccale est tirée en avant ou en arrière. Cet anneau est composé de deux ganglions fort sérrésdechaque côté et communiquant entre eux par deux commis- sures , l’une supérieure et l’autre inférieure. La première paire de ET D'HISTOIRE NATURELLE» 185 nerfs qui en naît en dessus est la plus grosse; elle se dirige en avant en se détournant en dehors , pénètre dans le tentacule ocu- laire , et là se renfle en un petit ganolion qui se trouve placé immé- diatement derrière l’œil. Lesecond faisceau nait plus en dessous que le précédent et se divise presque aussitôt en plusieurs filets, dont le premier va à la première paire de tentacules, et les autres au pourtour des lèvres. Le troisième naît encore plus enarrière, et, parmi les filets qu'il fournit, il en est un qui va à la langue, et le reste à la partie antérieure de la face inférieure du tronc. C’est aussi de cette partie du côté droit que sortle nerf qui va à l'appareil de la respiration. Enfin le quatrième faisceau, composé de trois ou quatre gros nerfs ,naîl Lout-à-fait en arrière, près de la commissure inférieure, et se porte à toute l'enveloppe cutanée: il ÿ en a sur- tout un cordon qui accompagne l'artère aorte abdominale dans toute son étendue, et qui fournit de nombreux filets à mesure qu'il se porte en arrière. Je n'ai pas vu le ganglion viscéral, mais celui de l'appareil de la génération est très évident ; il est situé sur la gaine de l'organe excilateur, proche de la terminaison d’appendices aveugles; il envoie un filet de communication à la partie centrale ou cerveau, et fournit différens petits filets qui remontent le long de la gaine. D'après celte description extérieure et intérieure de ce mollus- que, il est évident qu'il doit former un genre distinct, puisqu'il offre un ensemble de caractères qui ne permellent certainement pas d’en faire une espèce d’un genre connu. Je ne pense pas que lon puisse essayer de le rapprocher des onchidies, en prenant pour type de ce genre l’onchidie de Péron, qui en diffère par la forme générale du corps, la nature de l'enveloppe ou du manteau, le nombre et la forme des tentacules, la position des yeux, la place de l'appareil de la respiration , son mode de communication avec le fluide extérieur et même peut-être sa nature, la place et le mode de terminaison de l'anus, la structure de l'appareil digestif, et même la disposition des organes de la génération, quoiqu'il y ait quelque rapport à cause du grand éloignement de la termi- naison des deux appareils; différences qui sont assez considéra- bles, du moins dans notre manière de voir, pour que ces animaux ne puissent pas même appartenir à la même famille. IL est donc certain que c’est dans celle des limacinés que nous devrons trouver plus de rapprochemens ; et en effet, il est évident que cet animal a quelque chose des limaces dans Ja forme générale du corps, dans la nature de l'enveloppe dermoïde, en-dessous comme en-dessus; car on voit que le bouclier des limaces s’est 24. 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ici assez agrandi pour couvrir presque lout le corps de l'animal. Le nombre des tentacules est aussi le même; la paire postérieure porte également les yeux ; l'organe de la respiration est évidem- ment de la même nature; enfin l'appareil digestif est sensiblement le même, et n'offre pas ce gésier qui existe dans l’onchidie de Péron. Quant aux organes de la génération, s'il y a des diffé- rences évidentes, avec ce qui a lieu dans les limaces, elles sont cependant encore moindres qu'avec celui-là. Mais cependant, comme ces différences ne sont pas les seules, et qu'il y en a dans la forme et l'étendue du bouclier , dans la forme etla nature des tentacules, dans la place et le mode de communi- cation avec l'air extérieur de l'organe de la respiration, dans le singulier mode de terminaison du canal intestinal et dans sa con- fusion complette avec l’orifice pulmonaire , dans la grande sépa- ration de la terminaison des appareils des deux sexes et même dans la structure de cesappareils, il serait bien difficile de faire de notre mollusque une espèce de limace. Il reste maintenant à savoir si ce ne serait réellement pas une espèce congénère de l'animal que Buchanan a nommé onchidium t'phæ, et peut-être mieux de celui dont nous avons fait le G. véro- nicelle, qui n’en diffère peut-être pas beaucoup. Quant au pre- mier, nous voyons évidemment des rapports dans la forme des tentacules, que Buchanan dit être comme palmés dans la forme gé- nérale du corps, dans la position des orifices ; mais comme il assure que l'animal qu’il a décrit n’est pas hermaphrodite , ce qui, ilest vrai, me parait assez douteux, que son corps est couvert de tubercules , et comme surtout sa description est très incomplète, il ne nous est pas possible de rien assurer (1). Pour l'animal qui a servi à l'établissement du genre véronicelle, il nous paraît que les rapprochemens sont beaucoup plus évi- (1) En 1800, j'ai observé un mollusque nu qui avait été envoyé de Pondi- chéry, par M. Leschenault, sous un nom indien qui veut dire sanwsue, et comme trouvé dans l’eau. Si c’est bien certainement le même animal que celui que Buchanan a nommé onchidium typhæ, ce qui me paraît assez peu probable , car tout son corps était lisse, il est certain que c’est une espèce de mon genre véronicelle. Alors ce genre devrait être détruit et le nom d'onchr- die lui être rendu ; maïs comme M. G. Cuvier a beaucoup illustré l'animal découvert par Péron à l'Ile-de-France, dans l'anatomie détaillée qu'il en a donnée , on croira peut-être plus convenable de conserver le nom d’onchidie au genre que doit former l’animal de Péron, et de transporter dans mon genre véronicelle l'espèce de limace observée par Buchanan, d’autant plus que sa description , très incomplète, aurait été la cause de mon erreur. +: ET D'HISTOIRE NATURELLE, 187 dens; je ne me rappelle cependant pas avoir remarqué que les tentacules inférieurs fussent comme palmés, fait qui a pu m'é- chapper. Il est certain que la forme générale est assez la même, quoique le bouclier déborde tout-à-fait le pied dans le mollusque que j'ai observé en Angleterre, ce qui paraît n'avoir pas lieu dans celui du Brésil ; mais cela tient peut-être au mode de conservation. Du reste, la position des orifices me semble être sensiblement la même, quoique dans le premier, la terminaison de l'organe femelle soit plus reculée que dans le second. Enfin si j'ai apercu la trace d’un rudiment de coquille dans l'individu du Muséum britannique, l'absence de ce caractère a trop peu d'importance pour mériter que l'animal que nous venons de décrire doive former un nouveau genre. On peut cependant concevoir que d'autres zoologistes , en partant de principes différens, croient devoir faire une petite coupe générique d’un animal qui, pour nous , est encore un de ces chainons de la série animale qui, en la confirmant de plus en plus, rendent aussi de plus en plus difficile sa division en sections bien tranchées. M. de Ferussac paraît en effet se proposer de faire de ce mollusque un genre sous le nom de vaginule , dénomi- nation qu’il sera sans doute obligé de changer ; car ce nom a été déjà employé par M. de Lamarck pour un genre de coquilles. NOTICE Sur un gissement de Strontiane sulfatée dans la mon- tagne du Wessenstein , près de Soleure (Suisse) ; Par M. BOURDET DE LA RIVÈVRE, Géologue-V'oyageur, etc. (Eu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le 19 dé- cembre 1822). Quoique a Suisse soit depuis Jong-temps explorée sous le rapport de ses minéraux, elle offr: encore chaque jour, sinon des espèces nouvelles, du moins des variétés à ajouter aux substances connues, ou des gissemens nouveaux de substances quin’y avaient pas élé découvertes. De ce nombre est la strontiane sulfatée, qui 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s'y présente déjà à Arau, sous forme laminaire bleuätre; à Bex, sous celle de cristaux bleuâtres et translucides, offrant les va- riétés dodécaëdres, épointés , etc., et dans la chaine du Weissens- tein, située à trois lieues au N.-O. de Soleure, et qui fait le sujet de cette notice. L'auteur de cette découverte est M.'le lieutenant - colonel Dufour, qui eut la bonté de m’en donner deux échantillons bien caractérisés. Les montagnes du Weissenstein sont composées d’un calcaire compact, fin, blanchàtre ou jaunâtre, dont la partie supérieure est un calcaire coquillier grossier, mêlé de marne et de grès argileux , et accompagné de débris de coquilles marines. C’est dans la partie de la montagne appelée le Weiïssenstein antérieur, que ce minéral se trouve en filons renfermés dans un grès argileux. La strontiane sulfatée du Weissenstein repose sur un grès argileux friable, qui en est lui-même parsemé. La pesanteur spécifique d’un cristal que je suis parvenu à déta- cher est de 3,6. Elle raie la chaux carbonatée, et est rayé par la chaux fluatée. Sa structure est lamelleuse; les lames sont faciles à séparer par la division mécanique , et soni parallèles aux faces d’un prisme droit à bases rhombes dont les angles sont de 104°,48' et de TOR En faisant mouvoir les fragmens à une vive lumière, on aper- çoit des joints silués parallèlement aux plans qui passent par les diagonales des bases. Sa couleur est bleuätre, translucide; elle jouit de la double réfraction, ce que l’on peut observer en remplaçant l'angle obtus de la base du prisme par une facette oblique et regardant a travers cette facette et la base opposée. Sa forme cristalline est celle que M. Haüy a nommée sous- sextuple. Touchée avec l'acide nitrique , elle fait une courte et vive ef- fervescence. Chauffée au chalumeau, elle colore le dard de la flamme en rouge ; Calcinée et mise sur la langue, elle produit un goût amer et acide, qui devient plus sensible en l'humectant après la calci- nation, et la baryte en laisse un d'œufs pourris. Parmi les caractères d'élimination qui existent entre la baryte et la strontiane sulfatée , qui ont beaucoup d’analogie entre elles, ET D'HISTOIRE NATURELLE, » 189 le plus marqué se tire des incidences des faces latérales de la forme primitive, qui, dans la baryte sulfatée, sont de 101°1 et de 78°, et dans la strontiane sulfatée, de 104° et 75°. La pesanteur spécifique de la strontiane sulfatée est plus faible que celle de la baryte, quoiqu'il y ait des individus où cette différence FOIL BERSARE nulle. La strontiane sulfatée çst aussi un peu plus tendre. Il reste encore les différences qui tiennent aux caractères ex- térieurs de ces deux minéraux: je veux parler de la couleur bleue, que l’on croyait particulière à la s'rontiane sulfatée, et qui s’estmontrée depuis dans les cristaux de baryte. Il en «est de même pour les formes secondaires, qui, dans la baryte sulfatée, sem- blent faites à limitation d’une partie de celles de la strontiane sulfatée ; elles résultent des mêmes décroissemens, ‘et en consé- quence portent les mêmes noms: la seule difference qui soit saillante et fixée sans retour entre ces deux substances, est celle qui pro- vient de la mesure des angles primitifs, qui sont facilement ap- préciables au goniomètre ; car cette différence est d'environ 3°2. Il résulte donc, d’après ces données, que le minéral cristallin trouvé au Weissenstein, est une stronliane sulfatée , ce que l’ana- lyse a facilement déterminé. Quant aux relations géologiques de la strontiane et de la baryte sulfatée, on sait que ces deux substances n’ont point de rang parmi celles qui constituent par elles-mêmes des roches; que la pre- mière diffère de la deuxième à plusieurs égards, par son existence géologique ; qu’elle entre comme partie composante dans l’espèce deroche nommée par M. Haüy, xérasite ; qu’elle s’associe à des sub- slances de seconde formation qui sont au nombre des roches proprement dites; qu’elle alterne avec des bancs de chaux sul- fatée, comme en Sicile, à Bex et à Montmartre, où elle se trouve engagée dans une marne qui sépare des bancs de chaux sulfatée; que dans d’autres endroils l'argile lui sert de gangue, comme celle de Bristol. A Toul, elle forme des couches minces dans l'argile glaise ; à Fassa, à Arau et à Bang , en Bavière, c’esi dans une pierre marneuse qu'on la trouve; à Bougival, près Paris, elle accompagne la chaux carbonatée compacte; à Meudon, elle se présente sur le quartz-agate pyromaque engagé dans la craie. Tandis que la baryte sulfatée a toujours été rencontrée dans les terrains primitifs de transition et secondaires, comme dans le grauile de Wiltichen en Hongrie, elle accompagne l’antimoine sulfuré; à Servoz en Sayoie, le cuivre gris; à Pesag, le plomb 190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sulfuré ; à Konsberg, l'argent natif; et dans le Palatinat, le mer- cure sulfuré. | . M le professeur Brongniart a de plus observé, relativement à leurs gissemens en général, que la baryte sulfatée se présente en filons, et se trouvé dans les terrains inférieurs au calcaire du Jura, ou terrain de sédiment moyen, et ne s'élève que très rarement au-dessus ; tandis que la strontiane sulfatée ne s'est pas encore rencontrée au-dessus du calcaire coquillier, même couche inférieure du calcaire de sédiment moyen, ou supérieure du calcaire de sédiment inférieur, mais qu'elle s'élève dans les cou- ches les plus nouvelles ou terrain de sédiment supérieur; ce que confirme sa présence dans le terrain gypseux à ossemens des environs de Paris : d’où il parait que la baryte sulfatée appartient ae à des terrains plus anciens que ceux qui renferment a strontiane sulfatée. NOTICE NÉCROLOGIQUE Sur À. E.M. Haver (1), naturaliste-voyageur du gouverne- ment français , mort à Madagascar le 1° juillet 1820; Par A. L. MARQUIS ; Docteur-Médecin, Professeur de Botanique au Jardin des Plantes de Rouen, Correspondant de la Societé Linnéenne de Paris. La mémoire de l'homme laborieux qui, dans le cours d’une longue et paisible carrière, s’est efforcé constamment de reculer les limites dela science, ne doit pas manquer d’un juste tribut d'eloges ; mais le nom du jeune savant moissonné au milieu de ses premiers efforts, qui n’a eu le temps de se distinguer que par son zèle, mé- rite, sans doute, aussi quelque place dans le souvenir des amis de l'instruction; il la mérite surtout, et il inspire un intérèt ———_—_—————————————— (1) Cette Notice a été adressée à la Société Linnéenne de Paris, et lue à une de ses séances particulières. ET D'HISTOIRÉ NATURELLE. 1O1 bien plus vif, si, martyr de la science, il n’a dù qu’à son ardeur pour elle une fin misérable et prématurée. Né à Rouen en 1795, Armand-Ltienne-Maurice Havet se fit remarquer de bonne heure par une vivacité d'esprit, une étendue de mémoire et une avidité d'apprendre, qui semblaient lui pro- mettre des succès dans la carrière des sciences. Après ses hu- manités, il se destina à la médecine: l'étude de la botanique eut pour lui un attrait particulier , et ce goût décida de son sort. Il se distingua au cours de botanique, au Jardin des Plantes de Rouen, par une ardeur extraordinaire pour cette science. Seul dans cette ville, que n’habitait plus alors $a famille, il passait souvent les journées entières à étudier les plantes dans le jardin, ou à herboriser dans les campagnes. Un goût si prononcé n’éleignit cependant pas en lui le désir d'apprendre d’autres choses utiles. Il m'avait engagé, à l'entrée d’un hiver, à l'aider dans l'étude de l’anglais et de l'italien; il venait alors, presque tous les soirs, arranger des plantes avec moi. Une heure environ donnée, chaque jour, à la suite de notre travail ordinaire, à la traduction d'ouvrages écrits dans ces deux langues, suflit pour le mettre en état d'entendre assez facilement, au bout de quelques mois,-les poëmes de Pope, le Tasse, et même le Dante. S’étant rendu à Paris pour y continuer ses études médicales, son amour pour la Botanique ne fit que s’accroitre. Il y joignit bientôt l’'Entomologie , et prit des connaissances générales d'His- toire naturelle, sans négliger pourtant la Médecine, et surtout VAnatomie, à laquelle 1l se livra particulièrement. Doué d’une activité et d’une facilité égales à son ardeur de s’instruire, il faisait en mème temps un cours abrégé de botanique pour les élèves de l'Ecole de Médecine qui voulaient acquérir promple- ment sur cette science des notions suflisantes pour le but auquel ils tendaient. Au milieu de tout cela, il trouvait encore le temps de s'occuper de l'éducation de son jeune frère, qu'il avait fait venir auprès de lui, et auquel il donnait des soins vraiment pa- ternels. Tant de zèle, tant d'amour pour l'étude, lui avaient déjà mérité l'intérêt, l'attachement de plusieurs hommes distingués dans les sciences. A la suite d’un concours où il se montra avec le plus grand avantage , Havet fut enfin, le 14 mai 1819, nommé naturaliste- voyageur du gouvernement. Le but de tous ses désirs était de- puis long-temps de se trouver à portée de satisfaire sa passion Tome XCV I. AVRIL an 1823. 25 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de voir et de recueillir des choses nouvelles. Le peu de connais- sances posilives qu’on possède sur la vaste étendue de Mada- gascar, lui fit souhaiter d’être spécialement chargé d'observer cette ile. Avant de partir, il obtint, au mois d'août 1819, le litre de docteur en médecine de Paris. L’hygiène des voyageurs dans les régions équatoriales fait le sujet de sa thèse. Il avait précédemment rédigé pour le Dictionnaire des Sciences médicales quelques articles relatifs surtout à la matière médicale, et fait un petit ouvrage intitulé : Ze Moniteur médical ; dont le but n'est pas sans utilité. Il ne s’occupa plus, de ce moment, qu'a s’instruire de lout ce qu'ont fait connaitre les voyageurs qui l’avaient précédé, sur Madagascar, ses productions et ses habitans; qu’à se tracer un: lan de recherches, el à se procurer tout ce qui pouvait les faciliter. Il prit même d'avance quelque teinture de la langue madecasse. Muni d'instructions , de recommandations, de secours de toute espèce, animé par les conseils et les encouragemens des savans du premier ordre, Havet s’embarqua le 27 janvier 1820, à Ro- chefort, sur la gabarre du Roi {a Panthère. N s’emblait s'éloigner de la France sous les auspices les plus favorables, Il avait obtenu d'emmener avec lui, comme aïde-naluraliste, son jeune frère, M. Nicole Havet. Le mème navire portait un autre jeune naluraliste, M. Godefroy, également accompagné de son frère, et qui, par une singulière conformité d’infortunes, a trouvé à Manille une fin plus déplorable encore que celle de Havet à Madagascar. ; Le caractère peu sociable de quelques-uns des marins sous l'influence desquels ils se trouvaient , etdes vexations multipliées, rendirent la traversée peu agréable pour les jeunes savans. Ils en furent un peu dédommagés par l'accueil flatteur qu'ils recurent à Palme, l'une des Canaries, où l’équipage relàcha, et où ils pu- rent faire plusieurs herborisations. A Bourbon, où ils arrivèrent après une autre reläche dequinze jours au cap de Bonne-Espérance, la mission de Havet prit un caractère plus important que lui-même ne le croyait en partant de France. Il fut chargé par le baron Milius commandant de cette ile, de se rendre comme envoyé extraordinaire, auprès de Ra- dama, l'un des principaux souverains de Madagascar, et de lui porter des présens. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 193 Le 8 juin, Havet aborda à Madagascar, dans la rade de Ta- matave. Pendant huit jours qu’il y resta, il eut l’occasion de faire amitié avec Jean René, chef ou roi de cette partiede la côte, dont il recut différens services. Plein d’impatience de remplir la mission qui lui était confiée, il se hâte de faire ses préparatifs, et dès le 16 il se met en marche pour Emyrne, lieu ordinaire de la résidence de Radama, à cent vingt lieues de Tamatave. La pelile caravane se composait, outre les deux frères, de M. Henri Senec , habitantde Tamatave,inter- prète, et de quarante-cinq marmites , ou noirs, destinés à porter les bagages. Pendant huit jours la troupe continue à s'avancer à petites journées, logeant ordinairement chez les chefs ou les princi- paux habitans des villages, et trouvant partout une franche hos- pitalité. Dans cette marche, Havet tient soigneusement noted es plantes et autres productions de tout genre qui s'offrent à ses yeux, des usages économiques auxquels on les emploie, ou des propriétés qu'on leur attribue dans le pays, des coutumes remar- quables, des traits de mœurs dont il est témoin, ou qu'il peut apprendre de ses compagnons de voyage. I trace la disposition. topographique de divers lieux : son frère fait plusieurs dessins d'hommes, d'animaux, de plantes, de sites, Il n’était guère pos— sible de recueillir plus d'observations, plus de faits curieux, dans un voyage d’une semaine seulement. Quelques traits que je vais emprunter du journal de notre voyageur ne paraitront peut-être pas déplacés. La plupart de ses observations sont relatives aux plantes ren- contrées sur sa route. Mais ces plantes n'ayant pu être conser- vées, et n'étant ordinairement désignées que par leurs noms madecasses, ou incomplètement décrites, il est à peu près im possible de tirer un parti utile de ces notes. Je remarque, en les parcourant, que parmi les propriétés de ces plantes indiquées par les naturels, beaucoup sont purement superstitieuses. De ces végétaux, les uns chassent les esprits, d’autres concilient l'amour; il en est qu'il suffit d’enfouir en terre auprès d’un village, pour le préserver de l'attaque des en- nemis, Nulle part l’usage des amulettes de toute espèce ne paraît plus en vogue que parmi les Madecasses : par tout l'ignorance enfante la superstition. Havet avait eu deux fois l’occasion d'observer sur des enfans, le pian , qui n’est pas rare dans celte île. Le fruit du voa-vontac 20 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE est le principal remède qu’emploient les naturels contre celte maladie. On assura aux voyageurs que ceux qui en ont élé par- faitement guéris donnent souventnaissance à desenfans qui en sont affectés. ; E La pratique de la vaccine est assez répandue parmi les Ma- decasses, qui ont montré beaucoup d'empressement à profiter de ce préservatif. Les pays voisins de la côte sont cependant encore à peu près les seuls qui jouissent des avantages de la décou- verte de Jenner. L'un des premiers jours de sa marche, Havet eut occasion d'’al- ler rendre une visite au chef du village d'Yvondrou, Fish, père de Bérora, l’un des deux jeunes Madecasses amenés à Paris en 1819, par M. Sylvain Roux. Havet, qui avait beaucoup vu ces deux enfans avant son départ, s'était chargé de donner à Fish des nouvelles de son fils, et s’imaginait naturellement qu'il aurait grand plaisir à en recevoir. Il trouva ce vieux chef, dont la per- sonne et la case offraient la mème saleté, le même désordre, occupé à faire disposer sur un affüt une mauvaise pièce de canon de six. Sa femme, beaucoup plus jeune et fort jolie, donnait la preuve qu'a tous les degrés de civilisation ont lieu des unions bizarres et mal assorties. A la grande surprise de notre voyageur, le mari et la femme montrèrent la plus grande indifférence sur le sort de leur fils. Une coutume de cette contrée semblerait pourtant indiquer qu’on yÿ attache un grand prix à la paternité. Le père s'y désigne souvent par le nom de son fils, comme autrefois, dans la Grèce héroïque, le fils par celui du père. Fish estainsiappelé Rahi-n1i-Berora, le père de Berora, comme Achille le fils de Pélée. En offrant des alimens à un étranger, les Madecasses, pour l'assurer qu'il ne court aucun risque, ont ordinairement soin d’y goùüler eux-mêmes. Cette coulume ne donne-t-elle pas Heu de croire que, malgré leur hospitalité, des crimes assez fréquens peu- vent motiver la défiance. Parmi ces hommes, si éloignés de notre civilisation, les mœurs ne sont cependant pas beaucoup plus pures qu’au milieu du luxe effréné et de la corruption de nos grandes cités. Le voyageur qui s'arrête dans un village y est souvent abordé par des vieilles qui lui offrent de le conduire vers des jeunes filles complai- santes. A la vue d’un lieu élevé qui s'apercevait de la pyrogue où il était alors, Havet fut surpris d'entendre tout à coup.ses mar- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 195 mites ou noirs se répandre en: propos obscènes. Il apprit que sur celte pointe appelée Toupian, élait le tombeau d'une femme du même nom, célèbre par ses débauches, qui avait désiré qu'on l’enterrât sur cette élévation, près d’un passage fré- uenté, et que ses restes y fussent salués, par tous les voyageurs, dns le langage grossier qui lai avait plu pendant sa vie. Les Madecasses craindraiént un mauvais voyage s'ils manquaient à remplir le vœu de T'oupian. fl <ç Chez les Madecasses, aussi-bien que chez nous, quoiqu'ils n'aient ni avocats ni procureurs, on peul:se-ruiner en chicanes. Leur esprit querelleur, processif, se peint dans la plupart des histoires qu'ils se plaisent à conter, et qui roulent assez ordi- naïrement sur des fails de ce genre. À Vauboise, réside une femme appelée Suanta, et affectant de s’habiller en homme, qui s’est fait une réputalion dans la contrée par ses interminables eontestalions avec tout ce qui l'approche. Elle a ruiné, par celle manie, plusieurs familles et ellemême, Ce que n’eüt pas fait notre police, si perfectionnée, un roi madecasse, Jean-Réné, a chassé de ses états cette femme dangereuse. Voici sur Radama-Lahe-Manzaca, roi des Ovas, vers lequel Havet était envoyé, quelques détails qui lui furent communi- qués par son interprèle et par plusieurs autres des habitans du pays qui l’accompagnaient. Dian-Nampouine, père de Radama, avait quatre fils de diffé- rentes femmes. Ramavoulaë, l’ainé, chéri du peuple, dont le roi était peu aimé, entreprit de le détrôner. Rahoudou-y-Merne, l’une des femmes de Dian-Nampouine, et alors sa favorite, entra dans ce complot. Instruit à temps de la conjuration, le roi con- voque un grand conseil. La, il demande par deux fois à son fils s’il est coupable, promeltant de lui faire gràce s’il s’accuse fran- chement lui-même. Le prince .et la favorite, confondus, avouent leur crime. À peine ont-ils fait cet aveu, que, sur un simple signe du roi, les bourreaux, qui l’accompagnaient, s'emparent d'eux et les mettent à mort. D’autres complices furent punis de même. Ce fut environ trois moïs après cette exécution, que Dian- Nampouine désigna Radama pour son successeur. : ; Lénanbare et Ramboudoulahé, frères de Radama , lui avaient, par leur valeur, rendu d’importans services à la guerre. Jaloux de l'amour que la nation leur portait, on l’accusa de les avoir fait tuer en secret 196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE A la mort de son père, Radama fit observer le deuil àtout son peuple pendant trois ans. La privation de l'usage du tabac, la défense de chanter et de’jouer des instrumens , de la danse , etde toute espèce de jeux; pour les femmes la défense de se baigner, de porter/le canzou, l'obligation de se couper les cheveux, sont les principales circonstances de ce deuil. Quel souverain d'Eu- rope oserail donner un pareil ordre. et pourrait espérer d'être obéi? Si le despotisme est le moins parfait des gouvernemens , il en est le plus simple ; il paraît donc assez naturel que ce soit chez les peuples les:moins civilisés qu’on le trouve dans toute sa force. Les habitans d'Emirne doivent à Radama d'utiles précautions contre les incendies. Par cette ordonnance de police madecasse, il n’est permis à aucun étranger de toucher au feu d'une case, ou d'en transporter d'un lieu dans un autre. Les habilans mêmes ne peuvent transporter du feu que dans un pot de terre. Si un étran- ger est surpris portant du feu, c’est le maitre de la case où il l’a pris qui est puni. Voulant engager, par son exemple, ses sujets à profiter du bienfait de la vaccine, Radama s'est fait vacciner lui-même par M. Brown, député vers lui parles anglais. Dépuis huït jours nos voyageurs et leurtroupe marchaïent pleins d'ardeur et de confiance. Le 23, ils se trouvaient à Manambou, à cinquante lieues de Tamatave. Ce jour-là, M. Nicole est pris de la fièvre. Le lendemain Havet lui-même, après une courte herborisation, revient pâle, défait, inquiet. Bientôt se déclare une fièvre violente, accompagnée de vomissemens. Un sang noir est mélé aux malières qu'il rejette. Il s'efforce néanmoins de cacher son état, et veut absolument continuer sa roule. Au pre- mier village où l'on s'arrête, il est si mal, qu'il devient impossi- ble d'aller plus loin. Il se décide alors, trop promptement peut- être, à rétrograder vers Tamatave, où il trouvera plus de secours. Quelques jours de repos étaient probablement le plus nécessaire de tous. On ne croit pouvoir tropse hâter de se rapprocher de la côte. On force la marche; les noirs, qui portent les malades et les bagages, murmurent. 1] faut en augmenter le nombre. Havet est sans connaissance, el peut à peine prendre de l’eau de riz. On s’'embarque sur des pyrognes pour traverser les lacs Noscivé et Noscibé, descendre une rivière qui, après trente lieues de cours, se jette à la mer, afin d'arriver plus vite, et plus d’une fois on est sur le point de chavirer, ET-D'HISTOIRE NATURELLE. , 197 Tamatave n’est plus qu’à quinze lieues de distance ,, quand. le vént s'élève; l'agitation des arbres du rivage, les nuages noirs dont le ciel s’enveloppe, tout annonce le mauvais temps. Bientôt la pluie tombe par torrens; un violent orage éclate. Couché dans .son cadre, au milieu de la pyrogue, Havet, mourant ne peut être mis à l'abri de la pluie. En vain son frère, très-malade lui- mème, s’est dépouillé de sa redingotte pour l'en couvrir: il baigne dans l’eau. L’arack et la pitié doublent les forces des, noirs qui ramenl; on arrive enfin de nuit à Y vondrou. Là on essaie de sécher le malheureux Havet auprès du feu d'une case, où du moins il est à l'abri. Les pyrogues qui portent les effets n'étant point encore arrivées, on ne peut le changer. LL ne peut plus rien avaler. Son frère, accablé de fatigue et lourmenté par la fièvre, et M. Henri, l'interprète, après lui ayoir prodigué tous les soins qui sont en leur pouvoir, saccombent l’un après l’autre à un sommeil involontaire. Vers deux heures du matin, M. Nicole se réveille et se lève avec une peine extrême. Il cherche le foyer éteint, au travers des noirs couchés çà et la dans chambre, et qui dorment profon- dément, A la lueur de quelques broussailles qu’il a rallumées,, il s’approche du lit de Havet: ses yeux sont fixes, sa bouche est evtr'ouverte, son cœur ne bat plus, son corps conserve à peine un reste de chaleur... Aux cris de M. Nicole, qui tombe évanoui, M. Henri et les noirs se lèvent précipitamment, et le déplorable spectacle des deux jeunes frères, l’un déjà sans vie, l'autre privé de sentiment, tire des larmes de tous les yeux. ù À peine revenu à lui-même, M. Nicole, , malgré ses instances pour demeurer anprès des restes du. frère, qu'il chérissail et res- pectait comme un père, est transporté, à| Tamatave par les soins de M. Henri. Les noirs, qui marchent avec toute la vitesse dont ils sont capables, chantent suivant leur usage, pour s’animer, et les paroles qu'ils improvisent sur un air lugubre : vaza mate, vaza mazar, «Je blanc est mort, l’autre blanc est malade, » ne sont pas propres à soulager l'angoisse de celui qu'ils por- tent (1). Le corps du pauvre Havet, apporté à Tamatave, y fut, le lendemain 2 juillet, enterré avec tout l'appareil qu’il est possible (1) Tous les détails de ce récit, jusqu'aux moindres circonstances, sont fidèlement tirés des notes fournies par M. Nicole. 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de déployer dans ce pays. Jean Réné, roi du bas de la côte, ses chefs, le consul francais et les: traitans, une foule de peuple, et les femmes, échevélées ét poussant, suivant la coutume des Madecasses, des cris douloureux, assistèrent à cette funèbre cé- rémonie , pendant laquelle le bruit du canon relentissait de cinq en cinq minules. M. Nicole se trouvait alors au lit dans le plus grand danger. Ce ne fut qu'après deux mois de maladié qu'il put aller sur la tombe de son frère lui payer le tribut des larmes les mienx méritées. Avec des troncs d'arbres enfoncés en terre, il lui fit construire un monument surmonté d’une croix de quinze pieds de haut. Une pierre porte cette inscription : « Ici repose Amand-Etienne-Maurice Havet D. M. P., natu- » raliste-voyageur du gouvernement francais. Il fut victime de » son zèle, et sera regretté de tous ceux qui l'ont connu. — » Ce monument lui a été érigé par son frère, qui l’accompagnait » en qualité d’aide-naturaliste. » Le gouverneur de Bourbon s’est empressé de fournir à M. Nicole les moyens de repasser dans cette île, et de là en France. Cette courte notice suflira, je n’en doute pas, pour faire par- tager à ceux qui daigneront la lire le sentiment pénible et les regrels que j'éprouvais moi-même en tracant le tableau de la fin si triste d’un jeune voyageur dont le savoir varié et le zèle infatigable donnaient les plus belles espérances. J'avais guidé ses premiers pas dans l'étude de l’histoire naturelle. 11 m'était cher à plus d'un titre. J'ai cru que c'était à moi de rappeler sa mémoire, d’ho- norer d’une modeste couronne la tombe qui couvre ses restes dans une terre lointaine et sauvage, qu'il venait explorer au pro- fit de la science, où il n’a vécu que peu de jours, où pourtant il s'était déjà fait des amis qui l’ont sincèrement pleuré, ET D'HISTOIRE NAÂTURELLF. 199 NOTE Sur les première expériences thermo -électriques de M. Sesgece, et sur celles de MM. Brsren et Fourier. Dans notre discours préliminaire de cette année, et dans le rapport sur les progrès des sciences en 1822, par M. Fourier, il a été question d’une nouvelle série d'expériences sur les actions électro-magnétiques qui se développent quand on trouble l’équi- libre de la temnérature. Comme c’est à M. Seebeck qu'est due l’expé- rience capitale, et mère de toutes celles de la même nature, nous croyons convenable de la rapporter ici telle que M. Œrsted l’a publiée dans une note des Annales de Chimie, et comme nous la lui avons entendu exposer et vu répéter. M. Seebeck, memb rede l'Académie de Berlin, a découvert qu’on peutétabliruncireuitélectrique dans les méiaux, sans l’interposition d'aucun liquide. On établit le courant dans ce circuit en y trou- blant l'équilibre de température. L’appareil pour faire voir cette action, est fort simple; on peut le composer de deux arcs de métaux différens, par exemple, de cuivre et de bismuth soudés ensemble aux deux bouts en sorte qu’ils fassent en tout un cercle. Il n’est pas même nécessaire que les pièces métalliques aient la forme d’un arc ou que leur réunion ait celle d’un cercle ; il suffit que les deux métaux forment ensemble un circuit, c’est-à-dire un anneau continu d'une figure quelconque. Pour établir le courant, on chauffe l'anneau à l’un des deux en- droits où se touchent les deux métaux. Si le circuit est composé de cuivre et de bismuth, lélectricité positive prendra, dans la partie qui n’est pas échauffée, la direction du cuivre vers le bis- muth; mais si le circuit est composé de cuivre et d’antimoine, la direction du courant, dans la partie non-échauffée , ira de l’anti- moine vers le cuivre. On ne peut découvrir ces courans électriques que par l'aiguille aimantée, sur laquelle ils exercent une in- fluence très sensible. Il faudra sans doute désormais distinguer celte nouvelle classe de circuits électriques par une dénomination significative, et comme telle je propose l’expression de circuits Tome XCVI. AVRIL an 1823. 26 200 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE thermo-électriques où peut-être thermélectriques , en même temps qu'on pourrait distinguer le circuit galvanique par le nom de circuit hydro-électrique. Tout le monde connait la série qu’on a formée des conducteurs en les rangeant par rapport à leur action hydro-électrique. On peut de même ranger les corps en série d’après leur action thermo- électrique. Cette série est bien éloignée decoïncider aveclasériehy- dro-électrique. Le bismuth et l’antimoine forment les deux extré- mité de celle-là, tandis qu'ils sont placés assez loin des extrémités de celle-ci; l'argent, au contraire , qui est à l’extrémité négative de celle-ci, est bien éloigné des limites de celle-là. En un mot, chacune de ces deux séries paraît avoir un principe d'arrangement particulier. M. Seebeck est aussi parvenu à exciter un courant thermo-élec- trique dans un seul métal ; mais cela ne réussit qu'avec des métaux quiontune texture cristalline bien sensible, en sorte queles diverses parties d’un cristal paraissent jouer alors le rôle de différens mé- taux. Deux morceaux d'acier, l’un doux et l'autre trempé, con- slituentaussiensemble un cercuitthermo-électrique, etil y a encore d’autres cas analogues où une différence de cohésion donne lieu à un courant; mais, en comparant eutre eux divers mélaux dans la série, on voit facilement que ce n’est pas la cohésion qui déter- mine le courant thermo-électrique; car les métaux les plus différens par rapport à leur cohésion, se trouvent rapprochés dans cette série, et ceux dont les cohésions sont le moins inégales s’y trou- vent souvent assez éloignés. Le volume des Mémoires de l'Académie de Berlin qui va pa- raitre, nous fera connaître dans tous leurs détails les expériences, aussi nombreuses que variées, dont M. Œrsted n’a donné qu'un aperçu tres rapide. On y trouvera, dit-il, de plus des recherches sur l'effet des alcalis et des acides dans le circuit, qui établiront encore une difference plus marquée entre les actions thermo-électriques et hydro-électriques. M. Séebeck ne cesse pas de poursuivre ses iravaux importans, qui finiront sans doute par établir entre ces deux ordres de phénomènes une liaison intime, quoiqu'il ait com- mencé par nous en faire voir seulement les différences. MM. Oersted et Fourier ont, depuis, poursuivi les recherches de M. Séebeck, en examinant si les effets thermo-électriques peuvent être agrandis par la répétition alternative de barreaux de différentes matières. Ils ont formé le circuit d'abord de trois ET D'HISTOIRE NATURELLE. 201 barreaux de bismuth, et de trois autres d’antimoine, soudés alter- nativement ensemble de maniere à former un hexagone, et en- suite de 22 barreaux de chacun de ces métaux et beaucoup plus épais que ceux de l'hexagone, et ils se sont convaincus que chaque élément contribue à leffet total, soit que, pour rompre l’équi- libre, ils aient élevé la température d’une ou de plusieurs sou- dures alternatives, soit en les refroidissant au moyen de la glace. Ils ont obtenu un effet encore plus grand, dans lequel la déviation de l'aiguille fut de 60°, en combinant l’action de la glace avec celle de la flamme, c’est-à-dire en chauffant la moitié du nombre des soudures et en refroidissant l’autre moitié. En général, ils ont vu que la déviation de l'aiguille augmente avec le nombre des élémens quand la longueur du circuit reste la même, mais qu’elles deviennent plus faibles à mesure que la longueur augmente ; en sorle que pour avoir des circuits complexes capables de produire un très. grand effet, il faudra employer des élémens très courts. En rétablissant la communication entre les deux extrémités du circuit, interrompue dans un point au moyen d’un fil de cuivre d’un décimètre de longueur et d’un millimètre de diamètre, trem- pant dans des petites coupes de mercure soudées aux extrémités du circuit, les effets furent les mêmes. Un fil de plus d’un mètre de longueur transmettait encore le courant; mais un fil de platine d’un demi-millimètre sur quatre décimètres de longueur, n’a fait dévier l'aiguille que d’un degré. Avec une languette de papier mouillée d'une solution saturée de soude, il n’y pas eu d'effet appréciable, En établissant la communication avec le multiplicateur élec- tro-magnétique de Schweiger, l'effet est appréciable, mais très faible, plus que celui produit avec une pièce de cuivre et d’ar- gent ayant de l’eau pour conducteur liquide; ce qui a conduit MM. Œrsted et Fourier à conclure que le circuit thermo-élec- trique contient les forces électriques en quantité beaucoup plus grande qu'aucun circuit hydro-électrique de grandeur égale, tandis qu'au contraire, l'intensité des forces dans ce dernier circuit, est beaucoup plus forte que dans l’autre. Quoique le circuit électro-magnétique complexe produise des effets si grands, que, même en prenant entre les doigts une des soudures seulement, comme nous l'avons vu expérimenter par M. Œrsted, il y ait une déviation sensible sur l'aiguille, il est ce- pendant beaucoup moindre que la somme des effets isolés que pourraient produire les mêmes élémens employés à former des 26. 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE circuits simples; et quelque fort qu'il soit, il ne produit ni action chimique évidente ni ignition sensible. Cette quantité d'électricité, incomparablement plus grande que celle qu’on pouvait tirer d’au- cun aulre appareil qu’on ait inventé jusqu'ici, fait présumer à MM. Œrsted et Fourier que si , à l’aide Le circuits hydro-élec- tiques , on a décomposé successivement l’eau, les acides, les al- calis, il n’est pas hors de vraisemblance qu’on parviendra par le nouveau, à décomposer les métaux mêmes, et à compléter ainsi le grand changement qu'a commencé dans la Chimie la pile de Volta. ( Anu. de Chim. , tom. XXII, p. 375.) NOTICE * < Sur un nouvel instrument propre à mesurer la com- pression de l’eau ; Par M. le Prof, ŒRSTED. Nous avons rapporté les premiers les résultats obtenus par M. le professeur Œrsted, sur la compression de l'eau, il y a deux ans (F'oyez tome XCIL); mais nous ne connaissions pas l'appareil au moyen duquel il la produisait. Au commencement de cette an- née, M. Œrsted est venu à Paris, et nous avons vu fonctionner Finstrument qu'il emploie. Cet instrument est extrémement simple. Il se compose d’un cylindre de cristal , rempli d’eau bien purgée d'air, et dont l'extrémité supérieure est pourvue d'un couvercle de cuivre, à trayers lequel passe une vis terminée par un petit piston de cuivre à sa partie inférieure, qui presse sur la surface du liquide. Dans le cylindre est une petite bouteille à cou capillaire , terminée par un petit entonnoir, remplie de la mèêmie eau que le cylindre, et ayant à sa partie supérieure ou- verte, une pelite colonne e mercure, qui, le tube ayant son orifice capillaire, reste à celte place sans tomber dans le tube, et sert à la fois d’index et de piston. Supposant maintenant que Veau soit pressée dans le cylindre en vissant un peu le piston, Ja pression se fera sentir aussi bien à l'extrémité ouverte du tube qu’à l'extérieur de la bouteille; en sorte que la pression \ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 203 étantiégale à l'extérieur et à l’intérieur, il ne pourra avoir ni con- traction, ni expansion de ses parois : l’état du mercure au-dessus de l’eau dans le tube de verre , indiquera donc immédiatement la compression. Pour en mesurer exactement la quantité, on a, préala- blement soigneusementestimé la capacité de la bouteille et du tube, en pesant la quantité de mercure qu’ils peuvent contenir. L'pres- sion exercée par Ja vis sur l’eau, est estimée par un autre tube bien calibré, rempli d’air, également contenu dans le cylindre, et qu'on place a côté du tuyau capillaire de la bouteille, sur une échelle qui sert à mesurer à la fois le volume de l’air et Ja po- sition de la colonne de mercure. C’est ainsi que M. Œrsted, à Ja suite d’un grand nombre d’essais, depuis des pressions de £ jusqu'à 6 atmosphères, a obtenu pour résultat, que la compres- sion de l’eau est en raison des forces comprimantes, et que la compression moyenne est de #5 pour chaque atmosphère, ce qui s'accorde fort bien avec les expériences de Canton, qui avait trouvé 0,000044, ou un millionième de moins pour une pression égale à une atmosphère. Les expériences de M. Parkins, faites avec plasieurs centaines d'atmosphères, donnent 0,000048 pour chaque atmosphère, différence”assez considérable, qui tient peut-être, à ce que suppose M. Œrsted, à la compression de la substance même des parois extrèmement épaisses du tube mé- tallique dans lequel il opère. Es ts | - |A o HEURES MATIN. A MIDI. A 3 HEURES SOIR. | À 9 HEURES SOIR. FTHERMOMETREE)| / Barom.| Therm. Barom. | Therm. |. Barom.| Therm. H Barom. | Therm. à 4 Fe Hygr. Ta gr. ë à i ini ào. |extérieur,| à 0: Jextérieur.| 78 ‘à o. [extérieur.| *? ào. (extérieur. Maxim. | Minim. fl | 756,71l+ 5,02| 80 [759,454 2,5c| : 761,06|+ 7, 75) 72 |760,7|+ 5,00! 83 792, 65|+ 9,60, go |749,88+ 9,25) 96 747,59 7:79] 79 |745,68- 5,75) 95 745,884 5,85, 91 |747,c0l+ 3,4c| 96 750,21|+ 2,75 87 [751,00|— 1,25| 96 798,92|+ 5,10) 75 |751,66|+ 2,25|100 740,96|+ 4,00 87 1737 45 + 2,79 99 797,674 510] 97 |744,24[+ 2,75] 88 755; 12|+- 8.95 71 ]7b1,61|+ 3,00/100 794, gros 74 \756,18|+ 5,00! 95 760,89|+ 8 179 68 1762,48|4+ 5,00| go 795, 88|+ 9,75] 73 |754,51|+ 4,75] 88 764 47 9,50| 80 1764,95|+ 2,25] 88 764,09|+-10,60| 69. 1764,88 80 76458 + 6,50] 71 1765,67 79 750,324 9,75] 68 [759,28 99 752,79|+ 9,40] 86 [749,52 96 750;72- 6,05| 67 |755,42 go 753,42/+ 6,00! 69 |749,92: 97 744,02|+ 9,7b| 98 |745,44 99 749,36|+15,00| 82 |745,58 98 | 751,17|+12,50 724514 2 + 3,75 759,96|+15,25 ce do +#15,95|+ 4, & 560,86|+ 8,50] q2 [759,5 + 8,75|+ D,78l| 766,47/+19,25| 86 756,6 19,95 5dll! l 756,41|+11,00| 8q 11,79 756,14 755,72 s H 66 +16,75 55,8 ) és 5 724,4 8 7 a Oo a 747; 744. TRE Co) 8 8 Ë ®) 7 A ENS O OR O © QE )1O OL OO otb _ O° © UrxO © O0 01® © GUTO © ®} D O0 OUR 010 + ere 0 © GI &1b Oo GO UTO o 0 Pb 10 9 pb & OtU1 0 O O U1O © WO O0 © © SrOIO O GO A % Q b un 0 A UE & 0 0 a © SN © CO nr ot © D = — UrO1R OO EI O 00 0 09 00 — 00 OJ OÙ C0 CHOISI A CARCAN OMS] OI Oo © O D En me AE o e nt di cer 02] + 1 + 44 de + +- + > 20| + + 614 + + 314 + + 9 + 9 + + Q 757,27 2 (756, 83,+18,75 62 + 18,75 758,68 ; j752 22.168,85] 67 4 + 18,89 762,561+15,40| 71 762, 34 +15,75 68 | ( 5 13,75 - Dabrolt 6,15 © 748, 42 +- 5 572 #3 3,34] « CT ÿ+- 6,74] 759,58|+ 7,97| 72 738,99 + 8,96| 75 17: 90 j+ 8,70 75,24 +15,72 754,76|+15,49| 78 755,44 83) g1 |+153,77 754,511 8,95 540514 916 79 1795,79l# 5,891 92 FH 9,741 RÉCAPITU LATION. Plus grande élévation 765""5o le 16 | Moindre élévation 759""85 le 9 Plus grand degré de chaleur... in 885 le 30 * | Moindre degré de chaleur... Nombre de jouræbeaux de couverts de pluie Le) DO nn mn in cr FH HET DD r Jo HA OIN Oo LL mA = el ll foi e Baromètre Thermomètre. de neige .. de grêle ou grésil . de tonnerre. . ...... 5 % L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS, re Baromètre est HAE a Ge Re dE zéro.) dans sunor mille 0,9 1,00 1,55 0,20 Oo CON OUR OI D | 24,40 al 6,50 5 7:75 | 38,65 sen | la Cour. te PLUIE tombee sur ke haut de l'Obser- valuire. mille m0 TON OS ne an OO OT N O0 00 O [e] 29,15 VENTS. (Sarre lo. Moyennes du 1‘ au 11. Moyennes du 11 au 21. Moyennes du 21 au 31. “Couvert; lé! brauill.|C ÉTAT DU CIEL. LE MATIN. | À MIDI. Couvert, brouillard. pRE Te éclaircis. Nuapg. brouillard. Nuageux. Plue, lég. brouill. |Couvert, pluie à 1*. Pluie fire. Nuageux. Couv., lés. brouillard. | ee Pluie Poe et neige. Nuageux, brouillard. |Couvert. Idem. Pluie. ouvert. Nuageux, brouill., gl. | Nuageux. Nuageux. Idem. Plue , brouillard. Iden. Couvert; brouill. ép. | lrès nuag. brouill. Nuageux, brouillard. Nuageux, brouil'ard.|Nuageux. Idem , gelée blanch [Nuageux. Nuageux, brouillard. |Couvert. Couvert, brouillard. |Nuageux. Idem. Couv., lég. brouill. Couvert, pluie à 9". |Queléclaire.n.à11À Nuageux , brouillard. [Nuageux. Pluie. Couvert, brouillard. | Pure abondante. Idem. Pluie. Très nuag., plure. Nuageux. Nuageux, brouillard,/INuageux. Couvert. Convert, brouil. Quelques éclaircis. Idem. Idem. Couvert, brouill. Couveft, brouillard. | Idem. Idem. Nuageux. { Brouillard épais. Idem. Idem. | Nuageux, brouill. Petits nuag. à l’horiz.|Beau ciel, f Idem. Légers nuages. Idem. | Idem. Nuageux. Nuageux. | Couvert. Idem. Idem. | | N.L L.lei2à 643 Moyennes du mois. RÉCAPITULATION. Tdèrs gresils à 10}. Gresils par iat., neige. Phases de la Lune. D.Q.le 4à 6:55’ ‘8. GE L. le26 à 5%51'3. INC ue LB 3 NsBiste27- Herr SANT: Jours dont le vent a soufilé du Nes Dent 4 SDF: 4 DST 8 PES EE ET Ue AMLS, : à le rt, r2°,0g2 ] Thermomètre des caves { le 16, 19° 099 d, centigrades. ÿ SN PR SN nr 7 ARE _— : aa Do APE DS MEA CS EE 2 LE SOIR, Nuageux. | Couvert. | Idem. Id., plure parinterv. | Neige, b. ciel à gi Neige äbondante, pl | Pluie et neige. Couvert, pluie. | Pluie abs adante. Très nuageux. Idem. Couvert. Beau ciel. Couvert. Idem, pluie à 8". Pluie. 2.[Neige et gresils, lerga 6l27's. | 10 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. ——_——© NOTE Sur les Vins tournés ; Par M. BRETON, Professeur de Chimie à la Faculté des Sciences. Les vins sont sujets à une décomposition à laquelle les culti- valeurs donnent le nom de tournure, quand elle est encore peu avancée. Leur matière colorante devient violette ou presque noire, et se sépare du liquide qui la tenait en dissolution : Je vin prend alors une odeur et une saveur désagréables, et cesse d'être transparent; l’écume qu'il forme en l’agitant n’est plus rouge. L'analyse démontre qu'il s'est formé du sous carbonate de potasse aux dépens de la crème de tartre et de la matière co- Jorante contenues naturellement dans le vin. Si l’on vient à ajouter un peu d'acide tartrique à ce liquide décomposé, sur-le-champ l'acide s'empare de la potase ; 1l se dégage de l'acide carbonique, et le vin reprend sa couleur et sa saveur naturelles. Le tartrate acide de potasse se dépose au fond du vase, et le vin peut, dans cet état, être conservé aussi long- temps que s'il n’eût jamais élé altéré. L'expérience faite sur plusieurs centaines d’hectolitres de vin tourné , a démontré qu'il fallait une demi-once d'acide tartrique pour chaque hectolitre de vin, quantité que l'on doit un peu augmenter quand la décomposition est plus avancée. ; Ce moyen ne convient qu'a des vins tournés depuis moins d’un an. De l'imprimerie de HUZARD-COURCIER ; rue du Jardinet n° 192. LE Fr" PL Û Pare E er m ER ni dl 1 UE UM D Ji Coms | pe À \ À SL HE D es (s Va. = ca AN = = Litk:de C. Malapean-. Lurnal cle/Lhuscpue Ex Ne; LÉ ee ci M Ha all na EN E él TT LL jl) al ui ii) is nn De | a Se è \ x sé \\ NX Ce FA | ue id és CA LSQ au ANR = = =. = | Le ne mes RE TS sr 1 M & _ mé. ancisnne. Lté:ct C. Malapeau… JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE, MAI an 1823. MÉMOIRE Sur les genres A/elanthera, Chylodia et Blainvillea; Par M. Henr: CASSINI. L: genre Melanthera, publié par Von Robhr, en 1792, appar- tient à l’ordre des Synanthérées , à notre tribu naturelle des Hé- lianthées, et à la section des Hélianthées-prototypes , danslaquelle il est immédiatement voisin des genres Blainvillea et Lipotriche. Voici les caractères génériques du Melanthera tels que nous les avons observés sur des individus vivans du Melanthera urti- cæfolia. Calathide incouronnée, équalifiore, mulüflore, régulariflore, androgyniflore. Péricline inférieur aux fleurs, d'abord convexe ou turbiné, puis plan; formé de squames irrégulièrement bisé- riées, à peu près égales , appliquées, ovales, foliacées ou subco- Tome XCVI. MAI an 1823. 27 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE riaces. Clinanthe convexe, garni de squamelles inférieures aux fleurs, embrassantes, oblongues-lancéolées, presque spinescentes au sommet. Fruits plus ou moins comprimés bilatéralement, sublétragones, élargis et épaissis de bas en haut, glabres, lisses, tronqués au sommet, à troncature en losange, trés large, plane, hispide ; aréole apicilaire, petite, orbiculaire, occupant le centre de la troncature; aigrette interrompue, irrégulière, composée d'environ cinq à dix squamellules inégales, filiformes, courtes, épaisses, roides, blanches , barbellulées, se détachant facilement, et paraissant articulées par la base sur un rebord très court, épais, charnu, vert, dentelé, qui simule un bourrelet apicilaire ou une très petite aigrelte sitéphanoïde. Corolles blanches, à dix nervures, à lube court et glabre, à limbe hérissé de poils, à cinq divisions hérissées de papilles sur leur face supérieure. An- thères à loges noirätres, à appendice apicilaire blanc. Nectaire tubulé. Nous distinguons trois espèces de Melanthera. MÉLANTHÈRE À FEUILLES D'ORTIE: Melanthera urticæfolia, H. Cass. ; Melananthera Linnæi, Kunth, nov. gen. et Sp. Pl. tom.IV, pag. 199 (édit. in-4°.); Melananthera deltoidea, Rich. et Mich. FT. bor. amer. tom. IT, pag. 107; Pers. Syn. PI. pars 2, pag. 305; Calea aspera, Jacq. Collect. ad bot. Spect. vol. I, pag. 290, n° 230; Æcon. PL, rar. vol. IL, tab. 583; Wäilld. ; Desfont.; Decand. ; Aïton; Lam.; Bidens nivea, Swartz, Obs. bot. pag. 296; Bidentis niveæ varietas prima, Lion. Sp. PI. édit. 3, pag. 1167; An? Amellus, P. Brown, Æist. of Jam. pag. 317; Bidens scabra, flore niveo, foliourticæ, Di. Hort. eltham. pag. 55, tab. 47, fig. 55, n° 3. C’est une plante herbacée, dont la tige, haute d'environ trois pieds, est dressée, rameuse, subtétragone, slriée, scabre; ses feuilles sont opposées, pétiolées, ovales, acuminces, dentées en scie, triphnervées, scabres surtout en dessous, un peu pubes- centes, d’un vert cendré; les calathides , larges de six à neuf li- gnes, sont solitaires au sommel de longs pédoncules nus, ordi- nairement ternés à l'extrémité de la tige et des rameaux ; les co- rolles sont blanches. Nous avons fait cette description spécifique, et celle des caractères génériques, sur des individus vivans, cul- tivés au Jardin du Roi, où ils fleurissaient aumois d’août. Swartz, qui parait avoir bien observé cette plante, dit qu'elle est vivace par sa racine, et qu'elle habite la Jamaïque australe, où on la trouve près des bords de la mer, ainsi que sur les terrains élevés, cultivés ou couvertsde gazon. Elle serait annuelle , selon M. Kunth; ET D'HISTOIRE NATURELLE) 209 mais Jacquin a remarqué, sur des individus cultivés en Europe dans la serre chaude, que celte espèce était tantôt annuelle et tantôt vivace. M. Link, dans son Ænumeratio plantarum horti berolinensis, dit que les fleurs sont jaunes, ce qui est une erreur manifeste. MÉLANTHÈRE A FEUILLES EN VIOLON : Melanthera panduriformis, HI. Cass.; Melanantheræ hastatæ varietas, Rich. et Mich. F4. bor. Amer. lom. 2, pag. 107; Pers. Syn. PL., pars 2, pag. 305; Bidentis iveæ varietas tertia, Linn. Sp. PL. edit. 5, pag. 1167; Bidens scabra, flore niveo , folio panduræformi , Dill. Hort. eltham. pag. 54, tab. 46, fig. 54. Une racine vivace produit plusieurs tiges droites, simples, hautes de plus de quatre pieds, roïdes, scabres , munies de quatre côtes longitudinales; les feuilles sont opposées, étalées, assez grandes, péliolées, oblongues-lancéolées, ridées, scabres, acuminées au sommet, dentées en scie sur les bords, étrécies des deux côtés vers le milieu de leur longueur, ce qui produit deux lobes vers la base; chaque tige se divise au sommet en quelques rameaux et pédoncules terminés par de belles calathides assez grandes, subglobuleuses , imitant celles de certaines sca- bieuses. Les corolles, d’abord un peu rougeätres, deviennent en- suite très blanches; les anthères sont exsertes et noires; les squa- mes du péricline sont roides et vertes; les squamelles duclinanthe sont cuspidées; les fruits ont une aigrette de deux squamellules. Cette plante, que nous n'avons point vue, et que nous décrivons d’après Dillen, a été observée par ce botaniste sur des individus vivans , provenant de graines envoyées de la Caroline, etcultivés en Angleterre, où ils fleurissaient en octobre. MÉLANTHÈRE À FEUILLES TRILOBÉES: WMelanthera trilobata, H. Cass.; Melanantheræ hastatævarietas, Rich. etMich. F1. bor. Amer., tom. Il, pag. 107; Pers. Syn. PL, pars 2, pag. 504; Bidentis nivec varietas secunda , Linn. Sp. PL, edit. 3, pag: 1167; Bidens scabra , flore niveo, folio trilobato, Dill. Æort. eltham. pag. 55, tab. 47, fig. 55. La racine est vivace; les tiges s'élèvent un peu plus haut que celles de l'espèce précédente; les feuilles sont pétiolées, très profondément divisées en troisgrands lobes dentés en scie, le terminal plus long , lancéole, les deux latéraux ordi- nairement ovales; les calathides sont subglobuleuses, belles, assez grandes, composées de fleurs blanches; les anthères sont noires, mais incluses et non apparentes exlérieurement'; les stig- matophores sont plus grèles que dans la précédente espèce, dont celle-ci ne diffère essentiellement que par la figure des feuilles. 27. 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Dillen, dont nous empruntons la description, faite sur des indi- vidus vivans cultivés en Angleterre, et provenant de graines en- voyées de la Caroline, remarque que cette espèce fleurit un mois plus tard quela précédente, et qu’elle parait être plussensible au froid. Ce botaniste est le premier qui ait fait connaître les trois es- pèces dont se compose aujourd’hui le genre Welanthera. I a com- plètement décrit et figure, en 1752, dans l’Æortus elthamensis , la seconde et la troisième espèces : quant à la première, il s’est contenté de dire qu’elle ressemblait aux deux autres par sa tige, ses calathides, et l’aspérité de sa surface, mais qu’elle en diflé- rait beaucoup par ses feuilles, semblables à celles de l’ortie commune, et dont il a donné la figure. Suivant lui, l’aigrette de ces plantes n’est composée que de deux squamellules, et c’est pourquoi il les a rapportées au genre Bidens. Linné a réuni, en 1753, dans la première édition du Species ‘plantarum, sous le nom de Bidens nivea, les trois espèces de Melanthera , qu’il a considérées comme trois variétés d’une seule et même espece; et il a cité, comme synonyme de la première, le Ceratocephalus foliis cordatis seu triangularibus , flore albo de Vaillant. Patrice Brown a proposé, en 1756, dans son Histoire civile et naturelle de la Jamaïque , un genre 4mellus , ayant pour carac- tères : le péricline imbriqué, campanulé, étalé, à squames pres- que égales; la calathide incouronnée, régulariflore; les fruits oblongs, anguleux; le clinanthe squamellifere. L’unique espèce attribuée à ce genre par l’auteur, est une plante rameuse, à feuilles ovales, dentées, à calathides termmiuales, solitaires, portées sur de longs pédoncules divergens. Brown cite comme synonyme de son Æmellus, une plante de Jean Burmann, qui est lAdenostemma viscosa; et Linné cite la plante de Brown comme synonyme de son Calea Amellus. Mais M. Robert Brown prétend que le Calea Amellus de Linné est le Salmea scandens de M. Decandolle, et que l’Æmellus de Patrice Brown est le Melanthera urticæfolia , dont il n’a point remarqué l’aigrette parce qu’elle est caduque. Si cette dernière synonymie, qui est très vraisemblable, pouvait être mise tout-àa-fait hors de doute, il s'ensuivrait que Browne serait le premier auteur du genre Melanthera; maïs il ne l'aurait pas suflisamment caractérisé, et d’ailleurs le nom d’Æmellus ayant été consacré par Linné à un autre genre, ne peut plus être restilué à celui-ci. Adanson, en 1765, dans ses familles des plantes , a proposé ET D'HISTOIRE NATURELLE. o1t un genre Ucacou, caractérisé ainsi : feuilles opposées, entières ; plusieurs calathides axillaires et solitaires terminales; ‘péricline de cinq à sept squames unisériées, larges ; clinanthe garni de squamelles larges; aigrette de deux à lrois soies persistantes; calathide radiée, à disque de fleurs hermaphrodites quinquéden- tées, à couronne de fleurs femelles tridentées. L'auteur rapporte à son genre Ucacou, les Bidens nodiflora et nivea de Linné, le genre Ceratocephalus de Vaillant, les figures de l’Æortus eltha- mensis représentant les trois espèces de Melanthera, et les noms vulgaires d’AÆrekepa , de Chatiakella, d'Herbe aux malingres. Jacquin a tracé, en 1788, dans le second volume de ses Collectanea, la première description exacte et complette de la Melanthera urticæfolia , qu’il a nommée Calea aspera ; et vers le même tems, il a donné une bonne figure de cette plante, dans ses Zcones plantarum rariorum. Swartz, en 1791, dans ses Observationes botanicæ, a donné une nouvelle description exacte et complète de la #elanthera urticæfolia ; à laquelle il a conservé le nom de Pidens nivea. M. Robert Brown nous apprend que , dès 1784, la plante dont nous venons de parler avait été décrile par Von Rohr, comme genre distinct, sous le nom de Me/anthera; mais il parait qu'il n’a publié ce genre qu'en 1792, dans le second volume des Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Copenhague. Le genre Melanthera de Von Rokr a élé reproduit en 1803, sous le nom de Melananthera, par Richard et Michaux, dans la Flora boreali-americana. On y trouve une description très com- plète des caractères du genre, et l'indication de deux espèces dont la première, nommée par ces botanistes Melananthera has. tala, correspond à nos Melanthera panduriformis et trilobata; et la seconde, nommée par eux Melananthera delloidea, corres- pond à notre Melanthera urticæfolia. M. Robert Brown, en 1817, dans ses Observations sur les Composées, a décrit de nouveau les caractères du genre Melan- thera, et il a présenté quelques remarques intéressantes sur ce genre, ainsi que la description d’un autre genre voisin de celui- ci, et nommé par l’auteur Lipotriche. Dans la traduction que nous avons faite de l’opuscule de M. Brown, nous avons inséré lanote suivante sur l’article concernant le Melanthera. « M. Brown paraît ignorer que le genre dont il s’agit, ayant » pour type le Bidens nivea de Linné, avait été déja proposé, » avant Von Robr et Richard, par Adanson, qui le nomme » Ucacou. A est vrai que sa description présente de faux carac- CL JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE » tères, ce qui, d’après mes principes, ne permet pas de lui » attribuer la découverte du genre; mais, d’après les principes » contraires généralement adoptés, et professés surtout par » M. Brown, comme on l’a vu aux articles Craspedia et Tridax, » on devrait préférer au nom de Melananthera, suivant l’ordre » chronologique, 1°. celui d'Amellus , 2°. celui d'Ucacou, 5°. celui » de Melanthera. Jedois faire observer que les caractères attribués » par Adanson à son Ucacou, et qui s'appliquent fort mal au » Melananthera , s'appliquent au contraire assez bien au Zipotriche » de M. Brown, décrit dans sa note X. J'ai examiné, dans l’her- » bier de Surian, la plante qui y est nommée Chatiakelle, et » dont Adanson a fait son genre Ucacou, et je me suis assuré » que la calathide de cette plante était radiée. » ( Journal de Phy- sique de juillet 1818, page 27.) Dansl'articleL,rrorr1cue du Dictionnaire desSciences naturelles, après avoir rappellé la note précédente, nous ajoution$: « Depuis » cette époque, nous avons reconnu que le genre Ucacou d'Adan- » son était fort exactement caractérisé et très distinct du Melan- » theraet du Lipotriche, comme nous le démontrerons bientôt dans » notre article MÉLanTuèRE. Le genre d’Adanson doit donc être » conservé, mais en modifiant un peu son nom qui est trop » barbare: c’est pourquoi nous proposons de le nommer » Ucacea. » Depuis la rédaction de cet article LrrorricnE, nous noussom- mes livré à de nouvelles recherches sur la synonymie du genre Ucacou, et nous croyons être enfin parvenu à l’éclaircir parfaite- ment. Il est. maintenant bien démontré pour nous que le genre Ucacou ou Ukakou d'Adanson a pour type la F’erbesina nodiflora de Linné, et que par conséquent il correspond principalement au genre Synedrella de Gœærtner , mais qu'Adansona compris dans ce même genre la Cotula spilanthus de Linné, la Chylodia sar= mentosa de Richard, le Bidens nodiflora de Linné, et les trois espèces de Melanthera ; d'où il suit que le genre Ucacou d’Adan- son étant un mélange confus de cinq genres différens, doit être définitivement rejete. Dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de r720(p.327), l'Aucacou de l'herbier de Surian est cité par Vaillant comme synonyme de son Ceratocephalus nodiflorus coronæ solis foliis minoribus. Nous avons examiné, dans l’herbierde Surian , la plante indiquée par Vaillant, et nous avons reconnu avec certitude que cette plante était la 7’erbesina nodiflora de Linné , ou Synedrella nodiflora de Gœrtner. Cela est conforme à la synonymie de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 213 Dillen, qui, dans l’Æortus elthamensis ( pag. 54), cite V Jucacou de Surian, et le Ceratocephalus nodiflorus coronæ solis foliis minoribus de Vaillant, comme synonymes de son Bidens nodi- Jlora folio tetrahit , qui est bien le Synedrella de Goœrtner, L’Arckepa, indiqué dans la table d’Adanson (tom. II, p.615) comme appartenant à son genre Ukakou, est cité par Vaillant dans la synonymie de son Ceratocephalus foliis lanceolatis serra- tis sapore fervido ; et nous avons vérifié dans l’herbier de Surian que cette plante était la Cotula spilanthus de Linné, qui est le Spilanthes urens de Jacquin. . La Chatiakelle , ou l'herbe aux malingres , appartient encore au genre Ukakou, d'après la table d'Adanson, et elle est citée par Vaillant comme synonyme de son Ceratocephalus foliis cordatis seu triangularibus flore albo. Dillen avait indiqué.avec doute la plante de Vaillant comme synonyme de la Melanthera panduri- Jformis ; mais Linné a rapporté la même plante à la Melanthera urticæfolia, et cette dernière synonymie est généralementadmise, notamment par Richard et M. KR. Brown. Elle est cependant très fausse; car le catalogue manuscrit de Vaillant, que nous avons consulté, renvoie au n° 232 de l’herbier de Surian, et l’échantillon qui porte ce numéro est la Chylodia sarmentosa de Richard, ou ’erbesina oppositiflora de Poiret, dont les carac- tères génériques sont fort différens de ceux des Melanthera. . La table d’Adanson rapporte enfin au genre Ukakou les troi- sième et seplième espèces de Bidens de la première édition du Species plantarum de Linné: l’une est le Bidens nodiflora, qui d'après la figure de Dillen, appartient bien réellement au genre PBidens ; l'autre est le Bidens nivea, qui comprend les trois es- pèces de Melanthera. I n'est pas douteux que les elanthera étaient compris par Adanson dans son genre Ucacou, puisqu’à la page 151, il cite les planches 46 et 47 de l’Æortus elthamensis ; mais 1] nous paraît vraisemblable que ce botaniste, en indiquant le Bidens nodiflora de Linné, qui est le Bidens nodiflora bru- nellæfolio de Dillen, avait l'intention d'indiquer le Pidens no- diflorafolio tetrahit de Dillen, qui est l’Æucacou de Surian, le Ferbesina nodiflora de Linné, et le Syredrella de Gœrtner. La Chatiakelle de Yherbier de Surian porte, dans cet herbier, le nom de CAylodia sarmentosa, écrit au crayon de la main de Richard. Un échantillon de la même plante, recueilli à laGuyane, et donné par Richard, en 1791, se trouve dans l’herbier de M. de Jussieu, où il porte aussi le nom de Chylodia sarmentosa, avec celte note: Wedelioides ; calyx imbricatus, semina baccata. Enfin , 214 . JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE un autre échantillon de la même plante, recueilli à Cayenne par M. Martin , se trouve dans l’herbier de M. Desfontaines, où il porte le nom de ’erbesina oppositiflora, sous lequel M. Poiret l'a décrit dans le tome VII (pag. 460) du Dictionnaire de Bo- tanique de l'Encyclopédie méthodique. Comme le genre Chylodia de Richard n’a jamais été publié, nous croyons devoir décrire ici ses caractères tels que nous les avons observés sur deux échan- tillons de l'herbier de Surian, numérotés 232 et 604, et sur les échantillons des herbiers de MM. de Jussieu et Desfontaines, Cuyronra ou CnarrakezLA.Calathide radiée : disquemultiflore, régulariflore, androgyniflore: Couronne unisériée, liguliflore, neutriflore. Péricline inférieur aux fleurs du disque, formé de squames subbisériées à peu près égales, appliquées, oblongues, ovales ou lancéolées, coriaces-foliacées, à sommet inappliqué, foliacé. Clinanthe planiuscule, garni de squamelles inférieures aux _fleurs, embrassantes, oblongues-lancéolées, acuminées et presque spinescentes au sommet. À leurs du disque : Ovaire court, tétragone, glabre, surmonté d’une aigrette stéphanoïde très courte, très épaisse, à bord presque entier, sinué, ou un peu denticulé. Corolle jaune, à cinq divisions. Anthères noirâtres. Fleurs de la couronne: Ovaire semblable à celui des fleurs du disque, mais privé de style et parconséquent stérile. Corolle jaune, àtube court, à languette longue, un peu étroite, bidentée au sommet. Ce genre appartient indubitablement à notre section des Hé- lianthées-Rudbeckiées. Son premier nom, dérivé sans doute du mot grec XuAoc qui signifie suc, et la petite note caractéristique inscrite dans l’herbier de M. de Jussieu, témoignent que le pé- ricarpe est succulent comme une baie; mais nous avons quelque peine à le croire, parce que l’ovaire, observé durant la fleuraison ou peu de temps après, ne nous a pas offert le plus léger indice de cet état succulent et bacciforme, qui s'annonce ordinairement par quelque signe reconnaissable avant la maturité, Cependant, comme nous n'avons vu que des échantillons secs el sans fruits murs, nous devons suspendre notre jugement sur ce point. Le Clibadium d'Allamand, et le Wulffia de Necker, qui est la Co- reopsis baccata de Linné fils, ont aussi des fruits succulents et bacciformes , et ces deux plantes habitent la même contrée que le Chylodia. Quant au Clibadium, quoiqu'il soit jusqu’à présent fort peu connu, on ne peut pas supposer qu’il y ait identité entre luietle Chylodia ; mais le Chylodia et le Wulffia pourraient bien être de la même espèce, ou lout au moins du même genre. Tou- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 215 téfois, ces deux plantes n'étant pas encore suffisamment connues, il nous parait prudent de conserver provisoirement le Wulffia et le Chylodia, en les considérant comme deux genres immédiate- ment voisins, jusqu'à ce que des observations exactes et com- plètes autorisent enfin à les réunir avec une pleine confiance sous le titre de #ulffia qui est plus ancien. Le genre Gymnolomia de M. Kunth devra peut-être aussi étresupprimé , c’est-à-dire, réuni, comme le Chylodia, au Wulffia; mais il serait téméraire d'opérer celte réunion, avant d’avoir observé, sur des individus vivans, les fruits mürs des trois genres dont il s’agit. Remarquez que le nom de Chylodia pourrait subsister, quoique M. Brown aitdonné à un autre genre le nom de Chilodia , dérivé sans doute du mot grec XeNoç, qui signifie lèvre. Ces deux noms, qui semblent se confondre, comme [ceux d’Æedera et d'OEdera , sont réellement bien distincts comme eux, par leur étymologie, par leur or- thographe, et même par la prononciation chez d’autres peuples que nous. Si cependant on jugeait que les deux noms se ressem- blent trop, nous proposerions celui de Chatiakella pour le genre de Richard. On doit s'étonner que le Chylodia ayant les fleurs jaunes, et l’aigrette stéphanoïde, très courte, presque entière, soit le Ceratocephalus foliis cordatis seu triangularibus flore albo de Vaillant; mais ce botaniste a pu se tromper snr la couleur des fleurs, en observant un échantillon sec, et la plante en ques- tion peut être une de celles qu'il a rapportées à ses genres, sans vérifier les caractères génériques, el en ne consultant que les apparences extérieures. Il est évident que la phrase de Vaillant s'accorde infiniment mieux avec les caractères de la Melanthera urticæfolia qu'avec ceux de la CAylodia sarmentosa ; et cependant la synonymie que nous substituons à celle qui était précédem- ment admise, ne peut guères être considérée comme douteuse, puisqu'elle est fondée sur une indication manuscrite et non équivoque, donnée par Vaillant lui même. Avant d'avoir suffi- samment étudié la plante de Surian, nous avions déja remarqué que sa calathide était radiée, et que ses corolles étaient jaunes; c'est pourquoi, dans nos notes sur les observations de M. Brown, nous avons dit que le genre Lipotriche de ce botaniste nous sem- blait correspondre assez bien à l’Ucacou d'Adanson, en suppo- sant que celui-ci eût pour type la Chatiakelle de Surian. Quelque tems après , nous observâmes une plante très voisine des Melanthera et Lipotriche , et dont les caractères génériques se trouvèrent exactement conformes à ceux qui sont attribués par Adanson à son UÜcacou. Imaginant, en conséquence, que Tome XCVI. MAI an 18253. ‘ 28 2#6 JOURNAL DE PHYSIQUES; DE CHIMIE noire. plante, avait servi de type au genre d'Adanson, nous:avons. dit, dans l’article Lisorntoux du, Dictionnaire, des, Sciences, na- turelles, que l’Ucacou était un, genre forl exactement caractérisé, très distinct de tout autre, et qui devait être conservé. en le nom-, mant Ucacea. Mais aujourd'hui qu'il est démontré que. c’est la V’erbesina nodiflora de Linné, ou Synedrella de Goœrtner!, qui est, le vrai type de l'Ucacou, il s'ensuit que la conformité des ça. raclères génériques de notre plante avec ceux de. l’Ucacou n'est qu'apparente et fortuite ; car assurément notre, plante.n’est point congénère du Synedrella. Elle constitue un genre, que le celè- bre naturaliste, M. de Blainville, nous. a permis de lui dédien,,. el que,nous décrivons de la manière suivante. BcainvucreA. Calathide subcylindracée, discoïde. Disque.mul- tiflore, régulariflore, androgyniflore. Couronne, unisériée, in= terrompue, pauciflore, ambiguiflore, féminiflore. Péricline égal, aux fleurs, subcylindracé, irrégulier, formé de squames, uui-bi- sériées : les extérieures, ordinairement au, nombre. de, cinq. ou, six, plus grandes, égales, larges, ovales-oblongues, obtuses, subfoliacées, plurinervées, appliquées, à sommet foliacé, inap-, pliqué; les intérieures plus courtes, squamelliformes. Clinanthe. petit, planiuscule, garni de squamelles un peu inférieures. aux fleurs, embrassantes, concaves., larges, plurinervées, submem- braneuses, à sommet tronqué, irrégulièrement denté, Fruits ex- térieurs. oblongs, épaissis. de, bas en haut, triquètres, glabriuse. cules, hispidules. sur les. angles, tronqués au, sommet; le milieu de la troncature portant, un col tnès court, très gros, dont, l’a- réole apicilaire est entourée d’une aigrelte de; trois squamellules égales, persistantes , très adhérentes , continues au col,, épaisses, roides, fortes, subtriquètres , subulées, vertes, hérissées, de, lon- gues, barbellules, piliformes. Fruits intérieurs très comprimés, bilatéralement, obovales-oblongs, élargis. de bas en haut, ayant. un col court, épais, né du milieu de la troncature, et une, al grelle composée ordinairement de deux squamellules, quelque- fois de trois ou. de, quatre. Anthères. noires, Corolles, blanches: celles, du disque, au nombre d'environ dix-huit ou vingt, à cinq divisions courtes; celles de la couronne, au nombre de. deux à six, égales à celles du disque, privées de fausses-élamines, à tube surmonté d'un limbe court, large, non radiant, liguliforme, élargi de bas en haut, trilobé,au sommet, fendu profondément sur la face intérieure. Blainvillea rhomboidea , H. Cass. Plante herbacée;, haute d’en-- viron trois. pieds, et demi, Tige. dressée, rameuse, épaisse, cylin- ET D'HISTOIRE NATURELLE) 217 drique, striée, velue. Feuilles supérieures alternes; les autres opposées, inégales, grandes, pétiolées, d’un vert cendré, velues sur Îles deux faces, à limbe triplinervé, réticulé en dessous, rhomboïdal, sublancéolé, décurrent sur la partie supérieure du péliole, inégalement et grossièrement denté en scie, presque en- tier sur les bords de la partie inférieure. Calathides longues de trois lignes et demie, portées sur des pédoncules gréles, longs de huit à neuf lisnes, axillaires et terminaux, rapprochés, ordinairement ternés au sommet de la tige, des branches et dés rameaux. Nous avons fait cette description spécifique, ‘et celle des ca- ractères génériques, sur des individus vivans, Cullivés au Jardin ‘du Roi, où ils fleurissent vers le milieu du moïs de septembre, “et où ils sont faussement nommés Bidens nivea. La plante que Dumont-Courset a décrite dans le Botaniste cultivateur (tom. IV, pag. 240, 2° édit.), sous ce même nom de Bidens nivea, et qu’il a cru être la Melananthera hastata de Michaux et de Per- soon , ‘est probablement notre Blainvillea rhomboïdea, quoiqu'il lui ait attribué des feuilles presque hastées et des calathides globuleuses. Notre genre Blainvillea parait être voisin du V’erbésina, et il est intermédiaire entre les deux genres Melanthera ét Lipotriche. 11 diffère du Melanthera par la forme subcylindracée de la cala- thide, par la présence d’une couronne féminiflore, par le péri- cline égal aux fleurs et subeylindracé, par le clinanthe planius- cule, garni de squamelles larges, submembraneuses , tronquées äu sommet, par les fruits sarmontés d’un col, par l'aigrette per sislante, fortement adhérente, et même parfaitement continue avec le col du fruit, dont elle est inséparable, et par la brièveté des divisions de la corolle. Le genre Plainvillea ne diffère pas moins du Zipotriche, dont la calathide est longuement radiée, le péricline court, le clinanthe convexe, garni de squamelles ai- guës, les fruits privés de col, l’aigrette caduque, les corolles jaunes. ‘ Von Robr doit certainement être considéré comme le véritable auteur du genre Melanthera. C’est donc fort injustement que les botanistes ont coutume de préférer le nom générique employé par Richard. Vainement prétendraït-on, pour exenser cette in- justice, que le nom de Melananthera est plus régulier que celui de Melanthera. Dioscoride et Pline, qui apparemment connais saïent la langue grecque aussi bien que les botanistes modernes, n'étaient pas si scrüpuleux; car ils disaient Melunthium, Melan- 28... 218 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE themon, Melampelon, au lieu de Melananthium, Melananthemon, et Melanampelon. | At Dillen étant le fondateur des trois espèces qui composent le genre Melanthera, et deux de ces trois espèces ayant été, selon nous, mal à propos réunies en une seule par Richard, il nous a paru convenable de donner aux trois plantes, desnomsspécifiques calqués sur les phrases caractéristiques fort exactes de l’ancien auteur. Le nom d’hastata, sous lequel Richard avait confondu la seconde et la troisième espèce, ne pouvait guères être con- sérvé en les distinguant. Quant à la première espèce, M. Kunth a déja pris la même licence que nous, en se permettant de changer le nom de deltoidea, que Richard avait imposé à cette plante; car il est hors de doute que la Melananthera Linnæi de M. Kunth est absolument identique avec la WMelananñthera delltor- dea de Richard, quoique celui-ci lut ait attribué des squamelles obtuses (paleis receptaculi obtusis), ce qui est une erreur mani- feste, un lapsus calami, ou peut-être mème une simple faute d’im- pression, puisque Richard cite Swartz et Jacquin, qui disent po- sitivement le contraire. Au reste, Linné ayant confondu , sous le nom de Bidens nivea , les trois espèces anciennement établies par Dillen, on ne voit pas pourquoi l’une d'elles mériterait de por- ter le nom de Melananthera Linnæi, qui ne convient pas plus à celle-là qu'aux deux autres. + M. Brown remarque que Von Rohr, dans sa description des caractères du Melanthera, parle du nectaire engainant la base du style ; et que c’est la plus ancienne mention qui ait été faite, a sa connaissance, de cet organe dans les Synanthérées, sauf que Batsch, dans son Analysis Florum , publiée en 1790, a déeril et figuré ce même organe dans le Coreopsis tripleris.« Néanmoins, » ajoute M. Brown, c’est à M. Cassini qu'appartient le mérite » d’avoir reconnu l'existence presque universelle de lorganedont » il s’agit dans les fleurettes hermaphrodites de cette grande » classe. » (Voyez le Journal de Physique de juillet 1818, p. 12.) Cet aveu d’un botaniste peu disposé à favoriser nos prétentions, est d'autant plus précieux pour nous, que feu M. Richard, qui sans doule n'avait pas pris la peine de lire tous nos écrits sur les Synanñthérées, et notamment notre premier Mémoire (Journ. de Phys. tom. LXXVI, pag. 107, 257, 260.), n’a pas craint d'af- firmer, dans son Mémoire sur les Calycérées, que nous n'avions apercu le nectaire que dans un bien petitnombre de Synanthérées. Suivant Dillen, les anthères sont exsertes dans la Melanthera panduriformis , el incluses dans la Melanthera trilobata ; et selon £T-D'HISTOIRE NATURELLE. 219 Jacquin, elles sont d’abord exsertes, puis incluses, chez la Mélanthera urticæfolia ; mais Von Robr et Richard semblent assi- gner au geure Melanthera, des anthères constamment incluses. M. Brown admet l'observation de Jacquin et la rend commune à tout le genre Melanthera, ainsi qu'a d’autres Sÿnanthérées, et nolamment aux Hélianthées, ét il attribue l’effet dont il s’agit à une contraction considérable et graduelle des filets, laquelle résullérait d'un acte vital analogue aux mouvemens d'irritabilité. Nous proposons une autre explication qui paraitra peut être plus vraisemblable, Si l’on observe une fleur de Meläanthera non encore épanouie, mais tout près de s'épanouir, on remarque que le sommet du tube anthéral atteint le sommet de la corolle, et que le sommet des stigmatophores atteint le sommet du tube anthéral. Dès l'ins- tant où la corolle s’épanouit, ses cinq divisions s’étalent en s’ar- quant en dehors, landis que, le tube-anthéral reste dans le même état que ci-devant, c'estsa-dire, dréssé, d’où il suit qu'il parait s'élever au dessus de la corolle. Dans ce premier moment de la fleuraison, le tube anthéral, loin de pouvoir s'abaisser, est né- céssairement aussi élevé qu'il peut l'être; car ses cinq appen- dices apicilaires convergens, rapprochés et presque collés par les bords, couvrent le sommet des sfigmatophores, etsont pous- sés par eux de bas en haut parceque ile style tend à s’allonger. Mais après que les appendices apicilaires du tube antheral ont été écarles par les stigmalophores qui les traversent pour s'élever au- dessus d'eux, le tube anthéral doit commenger à descendre; par- ce que les deux stigmalophores divergent en s’arquant en dehors, et repoussent par conséquent vers le bas le tube dans lequel ils étaient engainés. Ainsi, les anthères des Melanfhera et de beau- coup d’autres synanthérées, doivent nécessairement être d'abord exsertes, puis incluses; et1l n’est pas bésoin, pour expliquér ce fait, de recourir à la contraction des filets, ni de supposer des mouvemens d'irritabilité. Cependant , deux circonstancesque nous avons observées, el qüi sont exposées dans le Journal de Physique de juillet 1818 (pag. 13 et'27), peuvent contribuër à l'inéluston des anthères qui succède à leur exsertion : l’une est que la pañtie supérieure hbre du filet del'étamine paraït avoir en général chëz les Synanthérées, une tendance plus'ou moins forte à‘s’arquer en dedans , non par irritabilité, maïs, par élasticité ; l’autre sl que, dans beaucoup de Synamthérées, notamment chez les Hélian- thées,,: la partie supérieure libre du filet de l'étamine se flétrit aussitôt après la fécondation, et avaut l’article añthérifère. 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le genre Melanthera se rapporte à la Sÿngénésie polygamie ‘égale de Linné, et aux Corymbifères de M. de Jussieu. Dans notre classification , il fait partie des Hélianthées-Prototypes, ce qui l'éloigne des Bidens'et des Calea avec lesquels on l'avait con- fondu; car les Bidens sont des Hélianthées Coréopsidées, et les vrais Calea sont des Hélianthées-Heéléniées. ) Le nom de Melanthera, composé de deux mots grecs, qui si- gnifient Ænthères noires, pourrait s'appliquer assez bien à beau- ‘coup :d'Hélianthées tet même | autres Synanthérées: mais il convient particulièrement au genre dont il s'agit, parce- que dla blancheur de la:corolle rend plus remarquable la couleur moirètre des anthères. HISTOIRE D'une réunion de dents et d'os fossiles d'Eléphans, de Rhinocéros , d’Hippopotames, d'Ours , de Tigres, d'Hyènes, et de seize autres espèces de Mammifères, découverts, en 1821; dans une caverne à Kirkdale, dans lecomté d’York ; avecune comparaison des cavernes analogues qui ont été trouvées dans différentes parties de PAngleterre ft du continent; Par M. WILLIAM BUCKLAND, Professeur de Minéralogie. et de Géologie dans l'Université d'Oxford, ete. Ayanr été déterminé, dans Je mois de décembre dernier, à visiter le comté d'York, dansl'intention d'étudier lescirconstances de la caverne de Kirkdale, auprès de Kixby-Moorside, à environ 25 milles N.-N.-E. de la ville d'York, et dans laquelle avait été découverte, l'été d'aüparavant, une réunion singulière de dents et d'os fossiles, je demande-la. permission d'exposer à la Société royaleles,résultats de mes recherches surce cas, aussi intéressant que nouvean, el d en utier, quelques conclusions générales im- portantes qui, $/en déduisent, ; ! FT D'HISTOLRE NATURE D LE4 221 Les faits que j'ai recueillis me semblent calculés pour:jeter une lumière importante sur l’état de notre planète à une période an- térieure, à la dernière grande révolution qui ait agi sur sa sur- face, etje puis ajouter qu'ils fournissent un des-chainons les plus complets et les plus satisfaisans, d’une évidence circonstancielle consistante., que j'aie Jamais rencontrés dans le cours de mes re- cherches geologiques. Comme j'aurai fréquemment! l'occasion d'eniployer le mot di- luvium, il pourra être nécessaire delprévenir que je lapplique äice dépôt étendu et général de gravier superficiel qui senible avoir été produit par la dernière grande convulsion quia affecté notre: planète, et que, quant aux preuves apportées par les géologues; de: celte convulsion, je suis entièrement: d'accord , sous ce point de vue, avec M Cuvier, en la considérant comme fournissant une évidence irrécusable d’une inondation récente! ét passagère: Je suis donc parfaitement justifié en appliquant l’épithète de diluviale aux résultats de cette grande convulsion, d'anté-diluviale à l'état de choses qui l’a immédiatement précédée, et de post-diluviale ow d'alluviale, à celui qui l'a suivie el qui s’est continué jusqu’au temps présent. En détaillant ces observations, jeme propose d'abord de donner uñe courte histoire de la position géologique des rélations de la rache dans laquelle la caverne est creusée, puis une descripliow de- cette caverne elle-même, après quoi j’enlrerai dans ce qui fait la partie la plus importante de ce Mémoire, en faisant une énuméralion complète des restes d'animaux qui en ontiété exhu- més et en’ décrivant les phénomènes remarquables qu'ils offrent. Je passerai ensuite aux conclusions générales qu'on en peut infé- rér. Je concluerai part une ‘histoire comparative abrégée. des dépôts analogues d'animaux qui ont été observés dans d'autres lieux de ce pays et du continent. Kirkdale est situé à environ 25 milles N.-N:E: de la ville d'York, entre Helmsley et Kirby-Moorside, auprès du point où la base orientale des monts Hamkleton, regardant vers Scarborough, s'enfonce dans la vallée de Pickering, et'à l'extrémité méridionale: du district montagneux connu par le nom de: £arsten et de Cleveland-Moorlands. Le substratam de la vallée de Pickering est une masse d'argile bleue stratifiée, identique à celle qui, à Oxford et à Weimouth, repose sur un calcaire semblable à celui de Kirkdale , et qui: contientdes lits sabordonnés de sÆale bitumineux änflammable, comme celui de Kinuridge dans le comté de Dorset. Sa limite 222 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE méridionale est formée par les monts Howardian et par l’escarpe- ment élevé de craie qui termine le Wolds auprès de Scarborough. Sa Jimite septentrionale est composée par un lil de calcaire s’é- tendant 30 milles à l’est, depuis les monts Hambleton, près d'Helmsley, jusqu’à la mer à Scarborough, et variant en largeur de 4 à 7 milles, Ce calcaire est entrecoupé par une succession de vallées profondes et parallèles (appelées ici dales), dans les- quelles coulent des marais; au sud, dans la vallée de Pickering , les rivièrés suivantes , savoir, le Rye , le Rical, le Hodge-Beek, le Dove, le Seven-Beek et le Costa. Leurs eaux réunies tombent dans le Derwent au-dessus de New-Malton, et leur seul débouché est par une gorge profonde, étendue presque depuis cette ville jusqu’à Kirkam; et dans leur retenue, elles peuvent convertir à la fois toute la vallée de Pickering en un immense lac. Avant le creusement de celle-ci, 1l est probable que ce lac existait réelle- ment, ayant son bord septentrional presque le long de la cein- ture du calcaire que nous avons décrit plus haut, et à une assez petité distance de l'ouverture de la caverne à Kirkdale. La position de cette caverne est à l’extrémité méridionale et la plus basse de l’un de ces vallons (dale, celui du Rical-Beek), au point où il tombé dans la vallée de Pickering, à la distance en- viron d'une stade ( furelong) de l'église de Kirkdale, et auprès du sommet du flanc gauche de la vallée, tout près du grand chemin. Ce flanc s'incline vers la rivière, en faisant un angle de 25°,,et la hauteur du sommet du bord au-dessus du niveau de l'eau est d'environ 120 pieds. La roche dans laquelle la caverne est creusée, doit être rap- portée à cette partie de la formation oolithique qui dans le sud de l'Angleterre est connue sous le nom d’oolithe d'Oxford ou de coral-rag. Ses fossiles sont identiques avec ceux des carrières de Heddington, près d'Oxford; mais sa substance est plus dure, plus compacte et plus entremélée de matière siliceuse , formant des concrétions irrégulières, des lits des nodules, de cailloux dans le calcaire, et quelquefois pénétrant entièrement les fossiles ma- dréporiques. Les lits les plus compacts de ce calcaire ressemblent au calcaire alpin le plus récent de Meillerie et d’Aigle en Suisse, et ils alternent avec ceux de texture oolithique plus grossiers, en lesquels ils passent graduellement. Ces deux variétés sont stratifiées en lits d’un à quatre pieds d'épaisseur. La caverne est située dans un des lits compactes, qui se trouve entre deux antres de la variété. oolithique plus grossière. La couleur de celle-ci varie du jaune-clair au bleu, tandis que les lits compactes sont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 223 d’un gris foncé passant au noir; ils sont extrèmement feides et pleins de madrépores et de baguettes de l’oursin cidaris, Les parties compactes de cet oolithe partagent la propriété commune du calcaire compacte de tous les âges et de toutes les formations, qui est d'être percé par, des trous irréguliers el par des cavernes qui les traversent dans toutes les directions. La cause de ces cavi- tés n’a jamais été expliquée d’une manière salisfaisante ; mais cette question, qui est l’une des plus grandes difficultés de la Géologie, est entièrement étrangère au but que j'ai en ce mo- ment de ne chercher rien au-delà que d'établir qu'elles n’ont été produites, ni élargies, ni diminuées par la présence des animaux dont nous y trouvons les ossemens. L’abondance de ces cavernes dans le calcaire des environs de Kirkdale est évident, d’aprèsle fait de l’engouffrement de plusieurs des rivières que nous avons énumérées plus haut, dansle cours de leur passage à travers lui depuis les marais orientaux jusqu'a la vallée de Pickering, et il est important de faire observer que l'élévation de la caverne de Kirkdale au-dessus du lit du Hodge- Beek excédant 100 pieds, exclut la possibilité d’attribuer le sedi- ment vaseux que nous allons voir qu’elle contient à aucun flux terreux ou à une crue extraordinaire des eaux de celte rivière ou de toute autre qui aurait pu exister. Ce n’est que dans l’été de 1821 que l'existence de ces fossiles animaux ou de la caverne qui les contient a été soupconnée. À cette époque, en continuant les travaux d’une grande carrière, le long du sommet du rivage dont il a été parlé plus haut, les ouvriers ouvrirent accidentellement un trou alongé ou une caverne fermée à l’extérieur par des débris et remplie d'herbes et de broussailles. Comme ces débris furent enlevés avant qu'aucune personne in- struite les eût examinés, on ne sait pas s'ils étaient formés de ravier diluvial, de cailloux rouiés., ou si c’étaient simplement des bris qui élaient tombés des parties les plus tendres des couches qui étaient au-dessus. Cependant les ouvriers qui les enlevèrent et quelques personnes qui les virent, m'ont assuré qu'ils étaient composés de gravier et de sable. Dans l’intérieur de la caverne, il n’y avait pas un seul caillou roulé, ni un os, ni un fragment d'os qui porlassent la moindre marque d’avoir été roulés par l’ac- tion de l’eau. Un petit nombre de morceaux de calcaire et de concrétions arrondies, de cailloux, qui étaient lombés du plafond et des côtés, furent les seuls fragmens de roches que l’on trouvät, à l'exception des stalactites. On a enlevé environ 30 pieds de l'extrémité extérieure de la Tome XCVI. MAI an 1825. 29 224 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE caverne , et son entrée offre à présent un trou dans la face per- pendiculaire de la carrière, qui a un peu moins de 5 pieds carrés, de manière à ce qu'un homme peut seulement y entrer sur ses mains et ses genoux. Après cela, la caverne s’élargit et se rétré- cit irrégulièrement depuis 2 pieds jusqu’à 7 pieds en largeur et en hauteur, diminuant cependant à mesure qu’elle avance dans V'intérieur de la montagne. Elle est à environ 15 ou 20 pieds au- dessous du champ environnant, dont la surface est presque hori- zontale, et parallèle à la stratification du calcaire, et au fond de la caverne. Sa direction moyenne est S.-S.-E., mais déviant de la ligne droite par plusieurs zig-zags à droite el à gauche. Sa plus grande longueur est de 150 à 200 pieds. Dans son intérieur, elle se divise en différens petits passages dont on ne connaît pas l’éten-- due. Dans son cours, elle est coupée par quelques fissures verti- cales, dont une est eourbe et revient de nouveau vers la caverne ; une autre n’a pu être suivie jusqu’à sa terminaison, landis que l'extrémité extérieure d'une troisième’est probablement formée par une crevasse ou fissurre qu'on aperçoit à la surface de la carrière, et qui la ferme en haut avant qu’elle ne quitte la masse du calcaire. En enlevant le sédiment et les stalactictes qui ob- struent encore les petits passages, on pourra sans doute les rendre praticables et par conséquent avancer davantage. Les fragmens à moitié corrodés de madrépores, de pointes d’oursins, les bords cariés de calcaire et les nodules de silex qui saïllent le long des côtés et du plafond de la caverne, ainsi que les petits sions, les fosselles qui couvrent la plus grande partie de son intérieur, montrent qu’il y a eu un temps où les dimensions de celte caverne étaient moindres qu'a present, quoiqu'on ne puisse trouver par quelle cause celle augmentation a pu avoir lieu. Il y a deux ou trois endroits où il est possible de se tenir debout et ce sont ceux où la caverne est coupée par des intersections. La fin de celles-ci se continue ouverte jusqu’à ce que sa hauteur ne soit plus que de quelques pieds, où elle se ferme graduellement, et se termine dans la masse du calcaire. Elles sont tapissées par une couche épaisse de stalactites, et n’offrent, du reste, aucun défaut ou fente sur les côtés. Le sol et le plafond, à quelques mètres de l'entrée, sont composés de strates horizontales de cal- caire, et elles n’offrent aucune trace d'interruption par la moindre fissure, fracture ou par des fragmens de roches de quelque sorte que ce soit; mais plus loin, le plafond et les côtés deviennent irrégulièrement arqués, el présentent un aspect lrès rugueux, très racailleux, parce qu'ils sont hérissés par des masses pendantes LA ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 de silex et de stalactite. Le fond de la caverne se voit seulement auprès de l’entrée; et ses irrégularités, quoique petites en appa- rences, ont été remplies presque jusqu'au niveau de la surface, par l'introduction d’un lit de vase ou de sédiment dont je vais maintenant faire l’histoire , ainsi que celle des stalactites. Le fait mentionné plus haut, de l’engouffrement ou de la perte du Rical-Beek et des autres rivières adjacentes, lorsqu'elles croisent le calcaire, montrant qu'il contient beaucoup de ca- vernes semblables à celles de Kirkdale, rend très probable que l’on pourra découvrir de semblables dépôts d’ossemens dans le même voisinage; mais un accident seul peut produire celte découverte, parce qu’il est probable que les ouvertures de ces cavernes sont cachées sous le gravier et le sable diluvien ou sous le détritus post-diluvien; en sorte qu'il n’y a qu’une coupe acci- dentelle par quelques opérations de même sorte, qui puisse con- duire à la connaissance de leur existence; et dans ce cas, nous voyons aussi une raison pour quoi on a découvert, jusqu'ici, un si petit nombre de ces cavernes, quoiqu'il soit probable qu'il en existe beaucoup de pareilles. Dans tous les cas, les ossemens qu’on y trouve ne sont jamais minéralisés, mais seulement dans l’état d'os des tombeaux ou incrus- tés par la stalactite ; ils n’ont aucune connexion avec la roche elle-même, que celle qui a pu provenir d’un accident lorsqu'ils ont élé logés dans ses cavités à une période fort éloignée de leur formation et de la consolidation des strates dans lesquelles sont ces cavités. En entrant dans la caverne de Kirkdale, la première chose qu'on observe est un sédiment de limon couvrant entièrement tout le sol, et dont l'épaisseur moyenne est d'environ un pied, et par conséquent, cachant la roche sous-posée ou le sol actuel de la caverne. Aucune partie de ce limon n’a été trouvée atta- chée ni aux côtés ni au plafond; il n’y a non plus aucune trace de son adhésion aux côtés et aux parties supérieures des fissures transversales , et aucune chose qui puisse suggérer l’idée que ce limon est entré par ces fissures. La surface de ce sédiment, lorsqu'on est entré pour la première fois dans la caverne, était presque lisse et horizontale, excepté dans les endroits ou sa régu- larité a été détruite par l’accumulation des stalagmites au-dessus de lui, ou dérangée par la chute des gouttes d’eau. Sa substance est argileuse , légèrement grasse, micacée, et composée de particules si fines, qu’elles ont pu aisément être suspendues dans une eau boueuse et mélée avec beaucoup de matière calcaire qui 29. 226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE semble être provenue ‘en partie de l'égoût du toit, et en partie des os brisés. Au-delà de ce limon, en avançant un peu dans la caverne, on voit que letoitet les côtés sont recouverts partiellement par une couche de stalactite, qui est plus épaisse dans les parties où il y a des fissures transverses, mais qui est beaucoup plus mince aux endroits où la roche est compacte et sans fissures. Ainsi, c’est un point de ressemblance avec les autres cavernes; mais en se dis- posant en bas à la surfacé du limon, la couche de Stalactite se réfléchit à angle droit sur les côtés de la caverne, et forme au- dessus du limon une sorte de croûte, presque comme la glace à la surface de l'eau où la crème sur un vase de lait. L’épaisseur et la quantité de cette croûte varie comme celle qui tapisse le plafond et les côtés, étant plus abondante et couvrant le limon entièrement où il y a beaucoup de stalactites sur les côtés, et plus mince dans Jes endroits où le toit n'en a que peu. Dans plusieurs endroits, ‘elles manquent même tout-à-fait au plafond comme à la surface du limon ou du ‘sol sous-jacent. On a dé- truit une grande partie de cette croûte en creusant le limon pour én extraire les ossemens; il en réslé cependant encore dans quel- ques endroits, le long des côtés; et dans un où deux où elle était très épaisse, elle formait , au moment où j'ai visité la caverne, un pontcontinu surle limon, et passait d'un côté à l’autre. Dans la partie extérieure de la caverne, il y'a une masse de cette espèce dé croûte qui a été accumiulée assez pour obstruer le passage de manière que personne ne pourra y entrer jusqu’à ce qu'elle ait été ‘enlevée. Ges incrustations horizontales ont été formées par l'eau qui, sortie des côtés, était forcée de se poñter latéralement aussitôt qu’elle venait en contact avec le limon ; dans d'autres endroits où elle tombait en gouttes da toit ou duiplafond, il en est résulté des accumulations stalagmitiques, dont quelques-ures sont très grandes ; maisordinairementeelles ont la grandeur'et la forme d’une mammelle de vache, nom que les ouvriers léur donnent. Il n’y a jamais d’alternance de limon et de stalactites, maïs seulement un dépôt partiel de celui-là sur le sol au-dessous de celles ci; et c'est surtout dans la partie inférieure -du sédiment décrit plus haut et dans la matière stalagmiteuse placée au-dessous, que les fos- siles ontété trouvés : leur substance nè contient pas de terre noire où de mélange de matière animale, à l’exception d'une infinité de particules d'os non décomposés. Dans toute l'étendue dela caverne, omm'a trouvé qu’un Lrès petit nombre de grands ossemens dans un état de conservation passable ; beaucoup sont cassés en petits frag- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 227 mens anguleux , dont la plus grande partie sont séparés dans le Himon, landis que d’autres sont entièrement ou partiellement enveloppés par la stalactique; quelques-uns de ceux-ci sont unis avec des masses de fragmens encore plus petits et cimentés par de la stalactite, de manière qu'ils forment une brèche osseuse, dont je possède des échantillons. L'effet du limon dans la conservation des os est vraiment très remarquable; plusieurs qui ont été séparés long-temps avant leur introduction dans cette substance, étaient à différens degrés de décomposition; mais même dans ceux-ci, les progrès ultérieurs semblent avoir été arrêtés par elle , et dans le plus grand nombre, il n'y a aucun changement dans leur forme, et presque aucun dans leur susbtance. J'ai trouvé, en plongeant des fragmens de ces os dans un acide jusqu’à ce que le phosphate et le carbonate de chaux fussent enlevés, que presque toute la substance géla- tineuse avait été conservée, On trouve des exemples semblables de l’action conservatrice du limon sur la côte d'Essex, près Wal- ton, et à Lawlord, près Rugby, dans le comté de Warwick. Ici , les os des mêmes espèces d’éléphans, de rhinocéros et d'autres ani- maux diluviens, se trouvent dans un état de fraîcheur et de con- servation presque égal à celui des os fossiles de Kirkdale, et cela par la même cause, c’est-à-dire, parce qu'ils ont été dé- fendus contre l’action de l’ar atmosphérique ou de l’eau par la matrice argileuse dans laquelle ils ont été laïssés ensevelis, tandis que des ossemens semblables qui ont été le mème es- peace de temps dans le sable ou le gravier diluvien, ayant été exposés à la filtration continuelle des eaux, ont perdu leur com- pacité, leur force et une grande partie de leur gélatine ; en sorte qu’ils tombent souvent en pièces au moindre aitouchement; c’est ce qui se voit très bien où il y'a des lits d'argile et de sable alternans entre eux, dans la même carrière, comme à Lawford. Les ouvriers , lors de la première découverte des os de la ca- verne’de Kirkdale , supposèrent qu'ils avaient appartenu à des bestiaux morts par suile d'une épizootie qui avait eu lieu dans ce district il y a quelques années; aussi les négligèrent-ils pendant quelque temps , et ils les laissaient sur la route avec la pierre. Hs furent à la longue observés par M. Harrisson , médecin de Kirby- Moorside et ils furent recueillis et dispersés parmi un si grand nombre d'individus, qu'il ‘est probable que presque tous les échantillons furent perdus en peu de tems, à l'exception de ceux qui purent être déposés dans les collections publiques. Par la libéralité de l'évêqne d'Oxford , auquel je dois aussi la première information de la découverte de la caverne et par celle de M. C. 228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Duncombe et de M"° Charlotte Duncombe, de Duncombe-Park; une série presque complète de dents de tous ces animaux a élé offerte au Muséum d'Oxford. Une collection encore meilleure de dents et d’ossemens, dans la possession de M. J. Gibson de Stralford en Essex, aux recherches duquel nous devons la conser- valion d'échantillons d’une grande importance, a été présentée par lui à nos collections publiques de Londres. M. W. Salmond, depuis que j'ai visité la caverne de Kirkdale, en décembre der- nier, s’est occupé, avec beaucoup de zèle et d'activité, de me- surer et d'explorer de nouvelles ramifications de la caverne, et de faire une grande collection de dents et d’ossemens dont, à ce que j'ai entendu dire, il se proposé aussi d'enrichir les cabi- nets publics de la métropole. Je lui dois le plan de cette caverne et de ses ramifications. M. Clift, ayant dessiné les plus beaux échantillons de M. Gibson, pour la nouvelle édition du grand ouvrage de M. Cuvier sur les ossemens fossiles, Miss Morland a bien voulu en faire des copies pour moi. J’en dois encore d’autres au pinceau de miss Duncombe. Le rév. George Young et M. Bird de Whitby, dans leur Histoire géologique de la côte du comte d'York, ont aussi fait graver quelques-unes des dents qui élaient en leur possession. Il paraît que les dents et les os, qui ont été trouvés dans la la caverne de Kirkdale peuvent être rapportés aux 22 espèces suivantes d'animaux. Sept carnivores , savoir : l’hyène, le tigre, l’ours , le loup, le renard, la belette et un animal inconnu de la grandeur du loup (Probablement le glouton. R.) ; Quatre pachydermes : l'éléphant, le rhinocéros, l'hippopotame, et le cheval; Quatre ruminans : le bœuf et trois espèces de cerfs; Trois rongeurs: le lapin, le rat d’eau et la souris ; Quatre oiseaux : le corbeau, le pigeon, l’alouette et une petite espèce de canard, ressemblant à l’unas sponsor ou sarcelle d'été, Le fond de la caverne, au premier moment où l’on enleva le limon, futtrouvé couvert, comme le chenil d’un chien, d’un bout à l’autre, de centaines de dents et d’os, ou mieux de fragmens d'os broyés et brisés de tous les animaux que nous venons d’énu- mérer. Îl y en avait une plus grande quantité près de son ou- verlure, seulement parce que le sol, dans cette partie, était plus étendu. Ceux des plus grands animaux, comme d’éléphant, de rhinocéros, etc,, furent trouvés dans un aussi grand espace que les autres, et même dans les plus petits et les plus reculés en- foncemens. Presque aucun de ces os n’étail entier, à l’exception ET D'HISTOIRE NATURELLE. 229 de l’ästragale et des autres petits os durs et solides du carpe ou du tarse et des doigts. Sur quelques-uns de ces ossemens, on a pu voir des enfoncemens qui, appliqués les uns sur les autres , Paraissaient avoir exactement la forme des dents canines de l’hyène dont lesrestes se trouvent aussi dansla mème caverne. Les os de cet animal ont cependant aussi été brisés, et paraissent avoir été rongés comme ceux de tous les autres. Des monceaux de petits éclats et de fragmens anguleux d'os, mélés avec des dents de toutes les espèces d'animaux énumérés plus haut, existent dans le fond de de la caverne, et quelquefvis ils adhèrent entre eux, au moyen de la stalactite | ce qui forme, comme nous l'avons dit plus haut, une brèche osseuse. Quelques fragmens isolés sont aussi entière- mentou parliellement enveloppés de stalactite à l’intérieur comme à l'extérieur. On n’a pu trouver un crâne entier, et il est si rare de rencontrer un grand os, de quelque espèce que ce soit, qui n’ait pas été plus ou moins brisé, qu’il n’y a pas d'espoir de pouvoir obtenir des matériaux suflisans pour établir un squelette ; les os des mächoïires, même ceux d'hyènes, sont brisés comme le reste, et pour lous les animaux, le nombre de dents et d’os so- lides du carpe et du tarse, est plus de vingt fois plus grand qu'il ne faudrait pour correspondre à celui des individus dont on trouve d’autres ossemens mêlés avec eux. Les fragmens de mächoires ne sont pas communs, Le plus grand nombre de ceux que j'ai vus, appartiennent au cerf, à la hyène, au rat d’eau, et portent encore des dents. Dans toutes ces màchoires, les dents comme les os sont dans un égal état par- fait de conservation, ce qui montre que leur fracture a été l'effet de la violence et non d’une décomposition naturelle. Je n’ai vu que 20 morceaux de mächoires de cerfs, et environ 40 d’hyèneset autant de rats. Le sort ordinaire de ces mächoires, comme celui des autres ossemens , parait avoir été d’être brisés en morceaux. Le plus grand nombre des dents sont celles d’hyènes et de ru minans. M. Gibbson seul a recueilli plus de 500 canines d’hyènes, ce qui indique au moins 75 individus, et elles sont dans la même proportion dans les autres collections. Les seuls restes que l’on ait pu rapporter au tigre, sont deux grandes canines, de quatre pouces de longueur, et une dent molaire dépassant en grosseur celle du plus grand tigre du Bengale. 11 y a une seule défense d'ours qui ressemble exactement à celle de l’ours fossile des cavernes de lAHemagne et que M. Cuvier suppose avoir été aussi grand qu’un cheval. Il ÿ a beaucoup de dents de loups et de: renards, et d'autres qui ont appartenu à un auimal que je ne 230 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE connais pas. Il semble avoir été très rapproché du loup, mais ses dents sont plus grèêles et moins fortes, On trouve aussi un petit nombre de mächoires et de dents qui ont appartenu à la belette. Les dents des animaux pachydermes les plus grands ne sont pas abondantes. J'ai la connaissance d’environ dix molaires d’élé- phans, mais pas de défenses ; et comme un très petit nombre de ces dents a plus de trois pouces de diamètre longitudinal, elles doivent avoir appartenu à de très jeunes individus. Je n'ai vu que six molaires d'Hippopotame et quelques fragmens de ses dents canines et incisives ; plusieurs sont au pouvoir de M.'Thorpe, d'York. Les dents de rhinocéros ne sont pas aussi rares. J'en ai vu 40 ou 50, et quelques-unes étaient extrêmement grandes et provenaient, par conséquent, d'individus très ägés. J’a entendu parler de deux ou trois dents de cheval seulement. Il y a au moins trois espèces de dents de cerf, la plus petite étant presque de la grandeur et de la forme de celles du chevreuil, les plus grandes étant de Ja taille de celles de l'élan moderne, mais dif- férentes de forme, et enfin, les moyennes se rapprochant des dents d'un grand cerf ou du red-deer. Je ne me suis pas assuré combien d'espèces de bœufs ont laissé de leurs restes dans cette Caverue, mais il me parait qu'il y en a au moins deux : mais les dents qui s’y trouvent peut-être en plus grande abondance sont celles du rat d’eau; en effet, dans presque tous les échantillons de brèche osseuse, que j'ai vus et recueillis moi-même, il y a des fragmens brisés des os de ce petit animal mêlés avec et adhérens aux fragmens de tous les os les plus grands. On peut supposer que ces rals étaient très abondans sur les bords du lac que j'ai montré avoir existé probablement à cette époque dans ce voisinage. Il y a aussi quelques dents et ossemens de lapins et de souris. Outre les dents et les os que nous venons de citer, la caverne contient aussi des restes de bois d’au moins deux espèces de cerfs. L'un ressemble aux bois du cerf commun, la circonférence de la base ayant 9 pouces ?, ce qui est précisément celle de nos plus grands cerfs. Un second échantillon n’a que 7 pouces ?, au même endroit, et tous deux ont deux andouillers qui naissent tout près de la base. Dans une espèce plus petite, l’andouiller le plus inférieur est à 5 pouces + au-dessus de la base, dont la circonférence est de 8 pouces. Aucun de ces bois n’a été trouvé eptier, mais seulement en fragmens, et il paraissent avoir élé mis en pièces comme les autres os; leur extrémité la plus infé- rieure paraît être celle -qui a le plus échappé à la destruction , et ET D'HISTOIRE NATURELLE. 231 c’est un fait curieux, que cette-parlie de tous les bois que j'ai vus provenant de celle caverne, montrent, par l’état arrondi de la base, qu'ils sont tombés par absorption ou nécrose, qu’ils sont tombés naturellement de la tête sur laquelle ils étaient implantés, et qu'ils n’en ont pas été séparés par violence. Il doit déjà paraître probable, d'après les faits que nous venons de rapporter, particulièrement d’après l’état de comminulion et d'apparence de rongement des os, que la caverne de Kirk- dale a été, pendant une longue suite d'années, habitée comme repaire par des hyènes, et qu’elles y ont dévoré les corps des autres animaux dont les restes se trouvent mélés aujourd'hui indistinctement avec les leurs; et cette conjecture est rendue presque certaine par la découverte que j'ai faite de plusieurs petites balles d’excrément solide calcaire, d’un animal qui mange des os, et semblables à la substance connue dans l’ancienne matière médicale sous le nom d'album grecum. Leur forme extérieure est celle d'une sphère irrégulièrement comprimée, comme dans les excrémens de mouton, et d’une grosseur variable d’un demi- pouce à un pouce de diamètre; leur couleur est d’un blanc-jau- nâtre ;-leur fracture , ordinairement terreuse et compacte, sem- blable à de la stéatite, est quelquefois granuleuse : lorsqu'elle est compacte , elle est parsemée de petites cavités celluleuses. Au premier coup d'œil, les gardiens de la ménagerie d'Exeter-Change recounurent celte substance comme ressemblante de forme et de facies aux fécès de l’hyène tachetée ou du Cap, qu’ils ont très bien vue se nourrir d’os plus que toutes les autres"bètes com- mises à leurs soins. Le D' Wollaston, en faisant l’analyse de cette substance , a trouvé qu’elle est composée des ingrediens que l’on devait attendre de matières fécales provenantes d'os, c’est-à-dire -de phosphate de chaux, de carbonate de chaux et d’une très petite proportion de phosphate triple d’ammoniaque et de magnésie. Elle ne contenait plus de matière animale, et sa nature, originai- rement terreuse et voisine de celle des os, explique son état de conservalion parfaite. Je ne vois pas qu'il soit possible d'ajouter de preuves plus évidentes aux faits énumérés plus haut, pour montrer que les hyènes habitaient cette, caverne, et que ce furent elles qui y ras- semblèrent.les dents.et les os des autres animaux qui y ont été trouvés'; il sera cependant utile de considérer, dans cette par- tie de nos recherches, quelles sont les habitudes de nos hyenes vivantes ,.et comment elles peuvent éclairer le faiten question. Les hyènes- vivantes, dontion ne connait que trois espèces, Tome XCVI. MAI an 1823, 30 239 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE toutes plus pelites et différentes de l'espèce fossile, habitent exclusivement les climats chauds. E’espèce la plus sauvage, ou l'hyène rayée, abonde dans l’Abyssinie , la Nubie et les parties adjacentes de l'Afrique et de PAste. La moins féroce , ou l'hyène tachetée, se trouve au cap de Bonne-Espérance , et elle se nourrit spécialement de charogne. Sous le rapport du squelette, celle-ci se rapproche davantage de l'espèce fossile que celle-là. M. Cuvier ajoute aux deux espèces communes d'hyènes, l’hyène rouge, mais qui est tres rare. L'organisation de ces antmauxles place dans un groupe intermé- diaire à la tribu des chats et à celle des chiens ; nese nourrissant pas exclusivement, comme la première, de proie vivante, maïs comme la dernière, de chair en putréfaction et d'os : teur goût pour cette nourrilure porle ces animaux à suivre les armées et à déterrer les cadavres de l'espèce humaine. Ellés habitent des trous qu'elles creusent dans la terre, ou des creux de rochers; elles sont d'un caractère hardi et tenace, au point d’attaquer des animaux plus forts qu’elles et même de repousser le lion. Leur habitude de déterrer les cadavres humains, de les entrainer dans leur re- paire et d’accumuler autour, des ossemens de toutes sortes d’ani- maux, est ainsi décrite par Busbeck, lorsqu'il parle da mode de sépulture des Turcs dans la Natolie, et de leur habitude de placer de grosses pierres sur la tombe, pour la défendre de la voracité des hyènes. Jyæna, regionibus tis satis frequens , sepul- chra effodit , extrahitque cadavera, portatque ad suam speluncam: juxtà quam videre est ingentenr cumulum ossium humanorum ; ve- terianariorumt et reliquorum omne genus animaliune ( Busbeck , Epist. 1, leg. turc.). Brown, dans son Voyage au Darfour, dé- erit la maniere dont les hyènes s'emparent de leur proie, dans les termes suivans : « Elles vont en troupes de six, huit et sou- vent davantage, dans les villages, à la nuit, et elles enlèvent tout ce qui leur semble capable d'être mangé. Elles tuent les chiens et les troupeaux, même dans Penclos des maisons, et ne manquent jamais de se rassembler où un chameau ou lout autre animal mort a été déposé. En unissant leurs efforts, elles len- traînent quelquefois à de prodigieuses distances ». Sparmann et Pennaut rapportent qu’une hÿène seule est capable d'enlever un homme vivant ou une femme, dans le voisinage du Cap. La force des mâchoires de cel animal est st grande, qu’en attaquant un chien il commence par lui couper une patte d’un seul morceau. La disposition de ses dents pour celte opération se voitsuflisamment à la première inspection, etelle a depuislong- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 233 temps attiré l'attention des naturalistes; et avec celte force des dents et des mächoires marche concurrèemment la puissance des Muscles du cou, qui est si grande que , dans les temps anciens, on a cru que cet animal avait le cou formé par une seule ver- tèbre. Les hyènes vivent, pendant le jour, dans leurs cavernes, el apercoivent très bien leur proie pendant la nuit; aussi ont- elles de grands yeux proéminens, disposés, comme ceux des rats et des souris, pour voir dans l'obscurité. Pour des animaux de celle espèce, nos cavernes de Kirkdale devaient offrir un sejour convenable, et toutes les circonstances que nous y avons trou- vées sont parfaitement en harmonie avec les habitudes des hyènes. Il paraît, d'après les recherches de M. Cuvier, que l'hyène fossile était près d’un tiers plus grande que l'individu le plus fort des espèces vivantes, c’est-à-dire que l'hyène rayée ou d'Abyssinie; mais dans la forme de ses dents, elle ressemblait presque complètement à celle du Cap. Son museau étail aussi plus court et plus fort que dans ces deux espèces, et par con- séquent sa morsuré plus puissante. La longueur de lhÿène vi- vante la plus grande est de 5 pieds 9 pouces. L'’hyène fossile a été trouvée, dans le continent, dans deux positions différentes, qui se sont rencontrées également dans le comté d’York; et en comparant les mächoires et les dents de celle qui provient de ce comté, avec celles que M. Cuvier a fait graver dans ses Recherches sur les ossemens fossiles, je les trouve absolument identiques. Les deux positions sont les ca- vernes el le gravier diluvien. 1°. Eu Franconie, un petit nombre d’os d’hyènes a été trouvé avec une énorme quantilé.d'ossemens d'ours, dans les cavernes de Gaylenreuth. 2°. À Muggendorff, dans une caverne semblable. 3°. À Buaman , de même. 4. À Fouvent, près Gray, dans le département du Doubs, on a trouve des os d’hyènes mêlés avec des os d’éléphant et de cheval, dans une fissure de roche calcaire qui,' de même qu’à Kirkdale, a été découverte par accident, en creusant la roche dans un jardin, 5°. À Canstat, dans la vallée du Necker, dans l’année 1700, on a observé des os d'hyènes mélés avec des os d'éléphant, de rhinocéros, de cheval, et des cailloux roulés dans une masse d'argile jaunätre. 6°. Entre Hahldorf et Reiterburck , à la surface des montagnes 30.. 3354 JOURNAL DE PHYSIQUE, DEUCHIMIE qui bordent lévallée d'Fichstadt, en Bavière, ces restes étaient eñsevelis dans une couche de sables 1: : ac De ces cas, les quatre premiers paraissent avoir ressemblé à. celui de Kirkdale, où les os sont dans une caverne; les deux autres sont des dépôts diluviens semblables aux couches de gra- vier superficiel de l'Angleterre, dans lesquelles on a trouvé des: restes de tous les autres animaux si ce n’est d’hyène. J'ai fait observer, quand j'ai parlé de la caverne de Kikdale, que les ossemens d’hÿènes sont encore plus brisés que ceux des animaux qui leur ont servi de proie; d’où l’on doit conclure que les cadavres d'hyènes mêmes ont été dévorés'par les survie vantes. Il est diflicile de décider positivement si ce fait a dépendu de l'habitude que peuvent avoir les hyènes, dans l’état de nature, de se dévorer lés unes les autres, ou de l'extrémité à laquelle celles de la caverne ont pu être poussées! par une faim dévo— raute. Gependant M. Brown, loc. cit., assure qu'on lui a rapporté que lorsqu'un individu d’une troupe d’hyènes a été blessé, toutes les autres se jettent sur lui et le dévorents.en sorte qu'il semble extrêmement probable que les restes déchirés d’hyènes, qui sont dispersés et également brisés. avec les ossemens des autres ani- maux, dans la caverne de Kirkdale, ont été réduits à cet état par les individus de Ja même espèce qui ont survécu. . La grande quantité de dents d’hyènes portant des: indices d'un âge très avancé, plusieurs étant usées jusqu'a leur alvéole et la plupart ayant perdu la partie supérieure de leur couronne et ayant des racines très grandes, porte à penser qu'il en mou- rut dans la caverne de très vieilles; el si nous comparons l’état des 6$ lacérés qui lés accompagner avec celui des’ dents usées: de manière à n'avoir plus qué leurs racines, malgré leur force prodigieuse, nous trouverons dans celles-ciles instrumens à l’aide desquels ceux-là ont été brisés. Un grand nombre d’autres dents paraissent avoir appartenu à de jeunes hyènes; car les canines ne sont pas développées, et les pointes et les bords de la couronne n’ont pas été usés. Je possède un fragment de mâchoire d’une hyène qui est more si jéune, que la secondé dentition n’a:pas eu lieu, mais se trouve dans lé moment de sa formalion à l'in- térieur de la mâchoire. D'autres sont dans différens dégrés vers leur maturité, et leur proportion est trop grande pour qu'on puisse les attribuer’ à/dès animaüx quiseraïent morts dans un äge prématuré, par accident où maladie. 1} semble plus probable, ét cette idée est confirmée par l'observation de M. Brown rap- portée ci-dessus’, ainst que par celle que lesos d'hyènes de la ÉD D'HISTOIRE. NATURELLE. 235 taverne ont été, mächés et:brisés en pièces comme ceux des autres animaux qui s’y trouvent, que les jeunes ont élé luées et dévorées parles individus. plus ägés et plus forts de leur espèce. Mais outre la preuve que ces dents fournissent pour montrer que ces.animaux sont morts à différentes époques de la vie, elles offrent, d'autres marques. qu'elles ont passe par différens degrés de dégradation ; provenans de la, differençe dans le temps qu'elles ont été exposées au fond, de la! cayerne, ayant d'être :enterrées dans le sédiment vaseux , qui, depuis son introduction, les a préservées de toute décomposition ultérieure. Celle observation s'applique également à-tous les os d'hyènes et des autres animaux. Je possède des morceaux d'os et. des dents qui sont assez dé- composés pour tomber en pièces au moindre contact; ils ont été sans doute fort long-temps sans enveloppe protectrice dans le fond! de la caverne. D'autres, ençore plus anciens, ont sans doute entièrement disparu, mais la plus grande partie des dents et des os sont dans un état parfait de conservation, et plusieurs milliers ont été recuéillis et enlevés depuis que la caverne a été découverte. Dans tous les cas, le degré de décomposition des dents et des os auxquels elles. sont attachées est le même. Dans plusieurs des os et des dents les mieux conservés, il s'offre une circonstance curieuse qui, ayant que je visitasse Kirkdale, m'avait convaincu de, l’existence d’une caverne , c’est une surface polie et usée à une profondeur considérable , et d'un côté seulement. Plusieurs frägmens étroits des plus grands os ont un seul côté.entier , ou les bords , fracturés d’un côté, sont froltés et complètément lisses, landis que l’autre cùté est tranchant et bien entier, de la même manière que la partie supérieure des pierres qui servent à paver les rues est arrondie et polie, tan- dis: que d'inférieuré conserve. sa forme première et les angles qu’elle avait quand on les a employées. Cela ne peut être expli- qué qu'en rapportant la destruction partielle des os solides au frottement opéré par le passage continuel des hyènes sur la par- tie supérieure des cssemens qui reposaient sur le fond de la caverne. Dans plusieurs des os les plus petits-et les plas cour- bés, particulièrement sur ceux de la mâchoire inférieure, la sur- face convexe est seulement celle qui a été usée et pole, tandis que les bords et le côté concave n'ont souffert aucun change- nient par la destruction , ce qui peut admettre la même expli- cation ; car la courbure de l'os a dû lui permettre de rester d’une manière ferme, dans celle, seule position aussi long-temps que la surface concave fat la plus élevée. La pression sur les deux 2356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE extrémités a dû causer l’abaissement et jeter le côté convexe en haut; et cela étant, la pression continue a été cause que les deux extrémités se sont enfouies dans la substance molle qui pouvait être au-dessous, et ainsi a donné à ces ossemens une posilion fixe. Telle a dù être la manière par laquelle je suppose que les morceaux courbes ont reçu non-seulement le polissage de leur côlé convexe seulement, mais ont été exposés à un frottement si considérable, que dans quelques cas, plus d’un quart de l'épaisseur entière de l'os etune quantité proportionnelle du côté extérieur des racines et du corps des dengs, ont élé entièrement détruits. Je ne puis imaginer d’autres causes qu’an attouchement réitéré des pieds et de la peau des hyènes vivantes, par lequel ce polissement et cette usure ont pu être produits (1); car le procédé du roulis par l'eau aurait fait de ces os, des espèces de galets , ou au moins aurail brisé les bords des dents et les pointes délicates des extrémités fracturées des os, qui sont au contraire inlactes et aiguës. j J'ai déjà établi que le plus grand nombre de dents ( celles d'hyènes exceplées) appartiennent à des animaux ruminans, d'où l’on peut inférer qu'ils servaient de proie habituelle aux hyènes. Je dois ajouter qu'un très petit nombre de ces dents porte des traces d’âge avancé, ce qui fait voir que les animaux auxquels elles ont appartenu ont péri dans la force de l’äge et de mort violente, Comme les bois des espèces de cerfs paraissent êlre tombés par nécrose, il est probable que les hyènes les ont trouvés ainsi séparés, et qu'ils les ont emportés dans leur ca- verne dans le but de les manger; et en effet, pour des animaux qui se nourrissent d'os, le tissu spongieux des bois de cerf n’était pas à rejeter. J’ai trouvé un fragment de l’un de ces bois dans un recoin si petit de la caverne, qu’il n’aurait jamais pu y êlre introduit que détaché et après sa séparation de la tête, et près de là était une molaire d’éléphant. Je n'ai pas trouvé de restes de cornes de bœufs , et peut-être n’y en avait-il pas; car ——— (1) J'ai appris, d'un officier dans l'Inde, que passant dans la retraite d'un tigre pendant l'absence de l'animal , il en examina lintérieur, et trouva dans le milieu une grande pierre où il se reposait habituellement et qui était lisse et polie par le frottement de son corps, On peut yoir la même chose sur les mar- ches et les antels de marbre, et même surles statues métalliques, dans les lieux où elles sont l'objet d’un pélerinage considérable; elle sont souvent profondé- ment usées , et polies par les genoux et même par les Jèvres des pélerins, à un degré , tel que sans l'expérience. nous aurions rejeté le fait. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 237 la portion osseuse de leur axe étant d'une nature fort poreuse, fort spongieuse, aura dû être mangée par les hyènes , tandis que la partie cornée ou l’enveloppe étant de la même composition que les cheveux et les ongles, n'aura pas échappé long-temps à la décomposition : par la même raison que la corne du rhino- céros, qui n’est qu'une masse solide de fibres cornées analogues a des poils, n’a jamais élé trouvée fossile, dans les lils de gra- vier, avec les os de cet animal. Je n’en ai pas rencontré non dans plus la caverne de Kirkdale, On n'a dit que les cornes de mouton que l’on répand à la surface de la terre pour l'amander, sont entièrement consumées dans l’espace de dix ou douze ans. La matière calcaire des os étant fort voisine des roches calcaires, est la seule portion du corps des animaux que l'on trouve à l'état fossile, à moins qu'il n’ail élé conservé comme celui de l’élé- phant de Sibérie, de la même espèce perdue que celui de Kirk- dale, gelé dans une masse de glace, ou enseveli dans la tourbe, L'extrême abondance de dents de rats d’eau a aussi été déjà indiquée, et quoique l'idée d'hyènes se nourrissant de rats d’eau puisse paraître ridicule, elle ne répugne cependant pas à l’appé- tit omnivore de ces animaux; car il n’y a pas plus de dispro- tion dans la grandeur de cet animal et dans celle de sa proie, qu'entre celle des loups et des renards que le capitaine Parry présume se nourrir entièrement de souris pendant les longs h1- vers de l'ile Melville. Nos plus grands chiens mangent des rats et des souris ; les Jacals se nourrissent aussi accidentellementde ces petits animaux , et les chiens et les renardis le font de grenouilles. 1] est donc probable que ni la pelitesse ni le séjour aquatique des rats ne les auront mis à l'abri de la voracité des byènes. Elles ont pu aussi accidentellement manger des souris, des be- lettes, des lapins, des renards, des loups et des oiseaux ; en mächant le corps de ces petits animaux avec leurs dents épaisses et coniques , plusieurs de leurs os et des fragmers d'os auront pu s'échapper au-delà de leurs lèvres et tomber sur le sol. La présence des os d'oiseaux peut être expliquée par la pro- babilité que les hyénes ayant trouve quelques-uns de ces animaux morts ; les auront emportés, comme c’est leur coutume, dans leur caverne, pour les manger ; et le fait que quatre des cinq seuls os que j'ai vus dans la eaverne de Kirkdale sont des cubi- tus, peut provenir de la position des plumes qui s'y attachent et de Ja petite quantité de substance charnue qui existe à l’extré- mité de l'aile des oiseaux, la première circonstance apportant un obstacle et la seconde peu de tentation à l'animal, pour les dé- 538 JOURNAL DE PMYSIQUE, DE CHIMIE vorer. Deux de ces cinq os ici mentionnés ressemblent ‘exacte ment par la grandeur, la forme, la position des pointes à la base des plumes, au cubitus d’un corbeau; un troïsième approche au- tant que possible du ramier d'Espagne, qui est une des espèces les plus grandes de cette famille; un quatrième est le cubitus droit d’une alouette, et le cinquième l’apophyse coracoiïde du scapulum droit d'une pelite espèce de canard ressemblant à la sarcellé d'été ou à Onas sponsor de Lianæus (1). Quant aux ours ét aux tigres, leurs restes fossiles sont ex- trèmement rares; et comme les dents qui ont été trouvées in- diquent des individus d’une taille égale à celle du grand ours des cavernes de l'Allemagne et du plus grand tigre du Bengale, il est plus probable que les hyènes en ayant trouvé les cadavres, les auront entraînés dans leur repaire, que ces animaux aient habité avec elles la même caverne. Il est cependant digne d'ob- servation que tous ‘ces animaux habitaient à la fois le comté d'York avant le déluge. Quant à des animaux aussi pelits et fouisseurs, comme les souris, les belettes et peut-être les lapins et les renards, il est possible que plusieurs d’entre éux se’soient glissés dans la ca- verne par des crevasses que nous ne Connaissons pas, et qu'ils y soient morts par lobstruction de son ouverture : dans ce cas, leurs os ont dû être trouvés à la surface de la vase, ayant qu’on Jes eût déterrés ; mais comme on n’a pas fait à temps des ob- servations sur ce point, il restera indécis jusqu'a ce que la dé- couverte d’une nouvelle caverne donne occasion à un examen plus attentif. Cette incertitude, cependant, ne s'applique à au- -cune des espèces perdues , ni à aucun des grands animaux dont l'habitude n'est pas de se creuser un terrier, ni mème à celles des petites espèces, comme Île rat d’eau , dont les fragmens d'os etles dents ont été trouvés ensevelis dans la stalagmite antédilu- vienne qui a tapissé l'extérieur et l’intérieur d'os appartenans à des hyènes'ouù à d’autres espèces perdues qui, sans aucun doute, habitaient cette cavérne avant l'introduction de la vase. Il se peut aussi que ce soit depuis que la caverne a été accessible aux renards ét aux belettes, que quelques oiseaux y auront été introduits par (1) Je dois ces détails ostéologiques, sur les os de la caverne de Kirkdale, à l'examen soigné fait par M. Brooks, dans ,sa magnifique collection de sque- ettes. M. Clift m'a aussi aidé beaucoup dans mes Visites au Collége des Chirur- giens ;pource sujet: SET D'HISTOIRE NATURELLE. ‘239 eux. L’évidence de’cela repose cependant sur un fait nôn sufli- samment éclairci: sâvoir si les os eh question ont étéenveloppés, comme ceux des animaux éteints, dans là vase elle-même, ou s'ils reposaient sur 4 Surface. L'état de l’un des os dé Corbeau, qui coùlient de la’ stalagmite dans sa cavité centrale, semble in- diquer une très hatite antiquité, et l'ouvriér qui entra le premier “dans la! caverné, m'a'assütré qu'il n'avait jamais vu un seul os, de quelque espèce qu'il füt, à la surface, et qui ne füt pas enfermé ‘dans la substance même de la vase. or re Comme les animaux ruminans sont la nourriture ordinaire des carnassiers, il n’y a rien de surprenant que l’on trouve de leurs restes en si grande abondance dans la caverne; mais il n'est pas'aussi aisé d'expliquer par quel moyen les os et les dents d’éléphant, de rhinocéros , et d'hippopotame y out été amenés. D'une part, la caverne est si étroile dans ses dimensions géné- rales (n’excédant, pas souvent trois pieds en diamètre), qu'il est impossible que des animaux vivans de cette espèce aient pu y trouver une entrée, ou que leur cadavre tout entier ait pu ÿ être entraîné par les eaux, d'autant plus que si cela avait eu lieu, ils auraïent été probablement mélés avec des cailloux roulés, et roulés eux-mêmes par le frottement, ce qu'ils ne sont pas; d'autre part, il est tout-à-fait hors des habitudes des hyènes de faire leur proie de grands pachydermes, si ce n’est peut-être quand ils sontjeunes. Aucune autre solution de la difficulté ne se présente à moi, que de supposer que les ossémens en question sont ceux d'individus qui sont morts naturéllement; car quoiqu'une hyène ne puisse jamais avoir la force de tuer un éléphant ou un rhi- nocéros vivant, non plus que d’entrainer le cadavre entier d’un de ces animaux morts, elle a très bien pu en entraîner un mor- ceau, ou mème en réunissant ses efforts à ceux de plusieurs in- dividus de son espèce, des parties plus considérables, et les introduire dans les coins les plus reculés de son repaire. Si l'on me demande comment il se fait que parmi les restes . de plusieurs centaines d'animaux , on n’a lrouvé le squelette entier d'aucune espèce, je trouverai une réponse-convenable dans les mœurs et l'habitude connues des hyènes, de dévorer les os de leur proie; et les fragmens mächés d’un côté, l'album grœcum de l’autre, fournissent une double preuve que ces animaux ont suivi complètement leur penchant. L'exception des dents et des nombreux petits os des articulations des extrémités qui sont restés intacis comme ayant élé trop durs et trop solides pour per- meltre qu'ils fussent màâchés, est entièrement conséquente avec Tome XCVI. MAI an 1823. 31 740 JOURNAL,DE PHYSIQUE, DE-CHIMIE celte sglution (1). Une autre demande qu'on pourra me faire serait pourquoi on pe trouve pas au moins. le squelette entier d'une ou plusieurs hyènes qui sont mortes les dernières, et qui n'ont pas laissé de survivantes pour les deyorer. Nous trouvons une réponse salisfaisante à celle question dans la circonstance que les derniers individus ont été détruits probablement par les eaux diluviennes. Dans leur accroissement, il n’y avait plus au- cune hyène dans la caverne; elles s’en étaient sans doute élan- cées et avaient fui vers les montagnes, pour se sauver de la des- truction , et une fois qu’elles les auront abandonnées, il n’y aura plus eu de possibilité pour elles d'y revenir des lieux plus élevés. La découverte de leurs os dans le gravier diluvien de lAlle- magne, de même que dans les cavernes de ce pays, prouve qu’elles ont péri de même sur le continent. La même circon- stance pourra aussi donner la raison pour laquelle on n’a pas trouvé d’ossemens au dehors de la caverne de Kirkdale comme Busbeck en à décrit aux environs de celles de l’Anatolie ; car tout ce qui se trouvait reposer sur la surface du sol antédiluvien a dû avoir été balayé et dispersé par la violence des eaux du déluge, et il n’y a pas de raison pour croire que les hyènes , ni aucun autre animal, eussent habité la caverne à aucune des époques sub- séquentes à celle catastrophe. { Quoique la preuve évidente que celle caverne a été habitée comme telle par une succession de généralions de hyènes, paraisse assez directe, il sera peut être convenable d'examiner les autres hypothèses qu’on pourrait faire, pour expliquer cet amas d'os qui y ont été trouvés. ati : 1°. On peut dire que les différens animaux y sont entrés volon- tairement pour y mourir:ou pour y trouver un refuge ‘contre quelque couvulsion générale ; mais le diamètre de la caverne, comme il a déjà été observé, comparé avec le volume d’un élé- phant ou d’un rhinocéros, rend celle supposition impossible pour des animaux si gros; et quant aux plus petits, nous ne pouvons imaginer les circonstances qui auraient pu réunir spontanément (1) Sans chercher le moins du monde à infirmer l'opinion de M. Buckland sur Ja cause qui a déterminé la singulière accumulatiôn d'os qu'il décrit, il novs semble qu'il s'appuie un peu trop sur ce fait de la conservation parfaite d’un si grand nombre de petits os; car ce sont au contraire, dans le squelette des ani- maux, surtout des jeunes, ceux qui sont les plus tendres, qui contiennent le plus de matière animale et que les animaux ossifragues , comme les chiens , com- mencent presque toujours à mangtr. (R.) ET D'HISTOIRE NATURELLE: 2/41 des animaux de mœurs aussi différentes que des hyèenes, des tigres, des ours, des loups, des renards, des chevaux, des bœufs, des lapins , des rats d’eau, des souris, des belettes et des oiseaux. 2°. On peut supposer que ces ossemens ont élé entraînés dans la caverne par les eaux d’une inondation. S'il en eut été ainsi, ou les cadavres flottèrent entiers ou les os furent seulement en- trainés après leur séparation de la chair : dans le premier cas, les grands cadavres, comme nous venons de le dire, n'auraient pas pu y entrer du tout, et des plus petits la caverne n'aurait pu en contenir un nombre suflisant pour correspondre à la ving- tième partie des dents et des os qui s'y trouvent; en outre, ces os n’auraient pas élé brisés en pièces, ou dans différens degres de destruction. S'ils avaient élé entrainés par une succession d'inondations, on aurait dù avoir une suite de couches de sedi- ment ou de stalactite, et la caverne aurait duü être remplie par la troisième ou la quatrième répétition d’une opération semblable à celle qui a Sehd ie la seule couche de vase qu’on y remarque. Dans l’autre hypothèse, suivant laquelle ils auraient été entrainés après leur séparation des chairs, ils auraient dü aussi être mélan- ges de gravier, ou au moins un peu roulés à leur passage, et il reslerail encore à expliquer par quels moyens ils auraient été brisés en, pièces, et la disproportion qui existe entre le nombre des dents et celle des os. Ils n’ont pu y tomber par des fissures, car elles sont toutes fermées dans la substance de la roche et ne vont pas jusqu’à la surface. La troisième et dernière hypothèse qui se présente à mon esprit, est que ces os ont été traînés pour la nourriture des hyènes qui ont surpris leur proie dans le voisinage immédiat de leur repaire; et comme ces animaux n’ont pas pu l'y trainer d’une très grande distance, il s'ensuit que les animaux dont elles se nourrissaient, ont tous vécu et sont morts non loin de la place où leurs restes ont été trouvés. L'accumulation de ces ossemens paraît alors avoir été le résultat d'une longue succession d'années, puisque tous les animaux qui les ont laissés étaient natifs de ce pays. La dispersion générale d'os semblables au milieu du gravier diluvien des latitudes élevées ou d’une grande partie de l’héntisphère septéntrional, montre que la période dans laquelle ces animaux habitaient notre pays a dû précéder immédiatement l’époque de la formation de ce gravier, et qu’ils ont péri par les mêmes eaux qui l'ont produit. M. Cu- vier s’est de plus assuré que l'éléphant, le rhinocéros, l'hippopo- tame fossiles constituent des espèces inconnues ; et comme il n’y SL, * 242 JOURNAL.DE. PHYSIQUE», DE, CHIMIE a aucune prenne qu'ils, aient] vécu, dans, nos [contrées à une époque, subséquente à; la formation du diluvium, nous|pouvohs conclure que,la période à laquelle les os ontété introduits|dans la caverne de Kirkdale est antérieure au déluge; et même srces espèces se fussent rétablies elles-mêmes dans la partie septentrio- nales du globe depuis le déluge, il est probable que leurs-restes auraient élé trouvés, comme ceux des bœufs, des chevaux, des cerfs, des chiens, etc., conservés dans les accumulations post- diluviennes de gravier, de sable, d'argile, de, vase.et de tourbe, que l’on. peut rapporter à des causes, encore en action, et qui par un examen soigné de leurs rapports avec,la contrée adjacente, peuvent êlre aisément, distingués, de ceux ‘qui.ont une origine diluvienne., cfa tS : } | Les dents et les, fragmens, d'os. que, nous .venons de décrire paraissent avoir long-temps. été irrégulièremént épars sur le sol de la caverne, el s'êwe accumulés, continuellement jusqu’à l'introduction du sédiment dans lequelils sont actuellement enve- loppés, et à Ja protection duquel ils doivent état de conserva- tion parfaite: qu'ils ont. Ceux qui. sont restés long-temps à dé- couvert dans le fond. de la caverne, ont éprouvérune destruc= tion proportionnelle au temps de, leur exposition. D'autres qui n'y;sont restés qu'un.très pelit espace, de temps avant l'introduc- tion, dela vase diluvienne ont été préservés, presque -entière- ment de tout commencement ide décomposition. 29119 Ainsi les phénomènes que présente cetle\caverne semblent pou: voir être. rapportés à la période où. notre planète; était habitée, ayant la dernièrerinondation de la terre ; pan-dessanimaux iter= restres ayant une ressemblance générale avec. ceux, quir existent actuellement ; mais la violence:de eelte/terrible convulsionta dé truit si complètementiet remodelé la forme de sa, surface! anté- diluvienne, que c’est seulement dans les cavernes qu’elle a été protégée contre ses ravages, et qu nous pouvons -espérer. de trouver des preuves tranquilles des événemens de la période qui l'a précédée immédiatement. Les,os déjà décrits et les stalag- mites formées, avant l'introduction de la vase diluvienne:sônt ce que je considère comme:les produits de la période:en question. Il était certainement probable, avant la découverte de: cette ca- verne, d'après l'abondance dans: laquelle on:trouve les restes d’espèces semblables,dans les couches du gravier superficiel, qui ne peut avoir qu'une origine diluvienne , que.ces animaux furent des babitans antédiluviens de ce pays» mais la preuve était impar- faite, commel a .été déja dit, s1ls :n'avaienb pas été amenés 1 ÉT D'HISTOIRE NATURELLE: 243 flottans dans les eaux de latitudes plus chaudes. Mais les faits développés dans le charnier des forêts antédiluviennes du comté d’York montrent qu’il ya eu une longue succession d'années pen- dant laquelle ces animaux ont été la proie de hyènes qui, comme celles-ci mêmes, ont dù avoir habité ces régions de la terre ; et c’estdans les débris diluviens de latitudes semblables, que des osséemens pareils ont été trouvés ‘ensevelis dans l’état:hrisé, sur uve grande! parlie de l'Europe septentrionale, aussi-bien qu’en Amérique et en Sibérie. La catastrophe, qui a produit ce gra- vier, paraît avoir élé le dernier événement qui a agi d’uné manière générale pour modifier la surface de. la ‘terre; et le petit nombre de changemens locaux:et partiels qui Jui ont suc+ cédé, comme la formation de déltas, dé térrasses, de -tuffas, d’alluvions de torrens et de tourbes, tout conspire!à faire voir.que Fépoque de leur commencement a été subséquente: à celle-où le diluvium fut formé (x). (1) Ila' été dit, en décrivant la sitnation de la caverne de Kirkdale et en la comparant avec le fait qu'elle contient les restes de grands et de petits animaux aquatiques, qu'il y avait probablement un lac dans cette partie du pays, à l'époque où ils l’habitaient ; et cette hypothèse est rendue probable par la forme et la disposition des montagnes qui entourent encre la vallée de Pike- ring. Retenues au sud, à l'ouest, au nord-ouest et au nord par les montagnes élevées des Woods , Howardiennes , d'Hambleton et des Moorlands orientales, les eaux de cette vallée devaient couler, on à l’ouest, à Filey-Bay; ou dans les terres vers York; et telle est l'élévation supérieure des couches le long: de’ la côte, que les sources. de'la Derwent, sortant presque -toutes près de la mer, proche Scarborough et Filey, sont forcées de retourner au sud-ouest, 5o milles dans les terres, en s’éloignant de la net, ayant de tomber dans l'Ouse , qui finalement les porte, en tournant encore à l’oùést, dans l'Hum- ber. La seule issue par laquelle‘le dégorgement puisse avoir lieu lest la gorge de New-Matton; et quoiqu'il ne soit pas possible d'assurer précisément qu’elle était l'étendue de ce lac antédiluvien, ou combien des bas districts constituant maintenant la vallée de Pickering a pu être excavé par les.mêmes eaux dilu= viennes, qui ont produit la gorge , il est évident que sans l'existence dé cette gorge, une grande partie du district dans lequel elle se trouve serait restée sous les eaux: et il est également évident qne la formation de cette gorge peut être rapportée à l’action de la dénudation diluvienne, dont les ravages n’ont peut- être pas laissé une seule partie de-la-surfaee antédiluvienne de toute la terre sans être retournée et remodelée de manière à avoir perdu toutes les traces de la figure exacte qu'elle pouvait avoir avant l’action du déluge. Il est probable que les lacs méditerranéens étaient beaucoup plas nombreux qu'ils ne sont actuellement , avant l’excavation de plusieurs des gorges par les= quelles nos rivières modernes vont à Ja mer; et cela est en rapport avec l’exi- stence fréquente de restes d’hippopotanres dans le gravier dilüvien de l'Angle- terre de différentes parties de l'Europe. Il n’est pas invraisemblablet que 244 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il est curieux, au plus haut degré, d'observer que quatre des genres d'animaux dont les os ont été trouvés épars dans les ré- gions tempérées et même polaires de l'hémisphère septentrional, n'existent maintenant que dans le climat des tropiques, et sur- tout au sud de l'équateur , et que le seul pays dans lequel l’élé- phant, le rhinocéros , l'hippopotame et l'hyène soient actuelle- ment réunis, est l'Afrique méridionale. Dansle voisinage immédiat du Cap de Bonne-Espérance, ils vivent encore actuellement tous ensemble, et ils ont vécu anciennement dans l'Angleterre, tandis que l’hippopotame est maintenant confiné exclusivement à l'Afrique, et que l'éléphant , le rhinocéros et l’hyène sont aussi répandus sur tout le continent de l'Asie. Tels sont les principaux faits que j'ai observés dans l’intérieur de la caverne de Kirkdale, et telles sont les conclusions prin- cipales qui m'ont semblé pouvoir en être déduites. Je ne sau- rais regreter assez de n'avoir pas assisté à la première ouverture, pour m'assurer de l'état exact dans lequel elle était avant qu’au- cune partie de la surface du dépôt vaseux n’eüt été touchée. Dans une autre partie de son Mémoire, M. Buckland compare les faits observés à Kirkdale avec ceux analogues qui ont été vus dans d’autres contrées de l'Angleterre et du continent. Nous en donnerons la traduction dans notre cahier prochain. Explication des Figures. 1. Ouverture de la caverné dans la face d'une carrière, près du sommet d’une montagne basse. 2. Coupe de la caverne avant que la couche de vase endur- cie n’eüt été enlevée; a, couche de vase couvrant le sol dans l'épaisseur d’un pied et contenant les os; ?, stalagmite incrustant quelques-uns des os, et formée avant l'introduction de la vase; c, stalagmite formée depuis cette introduction; d, stalagmite isolée ; ee, stalactites. 5. Plan de la caverne et de ses ramifications. Ed dans l’époque antédiluvienne, l'Angleterre était réunie au continent, et que l’ex- cayation du canal profond du Pas-de-Calais et d'une portion considérable de cette partie de l'Océan d'Allemagne qui est entre la côte orientale de l'Angleterre et les embouchures de l’Elbe et du Rhin, ont pu être l'effet de la dénudation dilu- vienne. La profondeur moyenne de tout ce trajet d’eau, est estimée à moins de 30 brasses, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 245 4. Mächoire inférieure de l’hyène du Cap, à son côté externe. 5. Màächoire inférieure de l’hyène fossille de Kirkdale, étant près d’un tiers plus grande. 6. Face interne de la même. EXAMEN Du Sang et de son action dans les divers phénomènes de la Vie; Par J. L. PREVOST , M. D., et J. A. DUMAS, Elève en Pharmacie, Membre de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève (1). L'OBsERVATION microscopique du sang nous a prouvé, comme nous l'avons exposé précédemment, que ce liquide pendant la vie n’était autre chose que du sérum tenant en suspension de petits corpuscules réguliers et insolubles. Nous avons vu que ceux-ci se trouvaient constamment composés d’un sphéroïde central incolore, et d’une espèce de sac membraneux coloré en rouge, entourant le sphéroïde, dont il se sépare aisément après la mort. Le corps central est blanc, transparent, d'une forme sphérique dans les animaux à particules circulaires, de forme ovoide dans ceux à particules elliptiques. Son diamètre est constant dans les premiers, mais il varie très sensiblement dans les seconds. Il ma- nifeste d’ailleurs toujours une grande propension à former des aggrégats ou des rangées en manière de chapelet. La partie colorée paraît être une espèce de gelée facile à diviser, mais insoluble dans l’eau, dont elle peut toujours se séparer par le repos. Rlle est transparente aussi, mais beaucoup moins que le corpuscule du centre, et les fragmens qui résul- (1) Le premier Mémoire de MM. Dumas et Prevost sur ce sujet important, est inséré Enie XCIV, p.194; un second l’est tome XCV , p.212; mais par une inadvyertance , il a été imprimé avant le second, qui est celui-ci, et qui par conséquent doit être lu immédiatement après le premier. (R.) 246 JOURNAL DE PIYSIQUE, DE CHIMIE tent de sa division ne sont pas susceptibles d'aggrégation régu- lière. Il résulte des propriétés de ces deux substances , que lorsqu'on a tiré du sang et qu'on l’a abandonné à lui-même, il arrive divers phénomènes très singuliers en apparence et pourtant faciles à concevoir. En effet, l'attraction qui maintient la substance rouge fixée autour des globules blancs ayantcessé en même temps que le mouvement du liquide, ceux-ci peuvent obéir à la force qui tend à les réunir, et former un réseau dans les mailles duquel se trouve renfermée la matière colorante libérée el une grande quantité de particules échappées à cette décomposition sponta- née. Cette masse, connue sous le nom de caillot, laisse trans- suder peu-à-peu, comme au travers d’un filtre serré, le liquide qu'elle avait emprisonhé dans l'instant de sa solidification, et s'affaisse en raison de son poids. Elle ne subit d’ailleurs aucun autre changement lant qu’on n'apporte aucune altération à sa texture; mais, si on la déchire et qu’on la soumette à l’action d'un courant d’eau pure, celle-ci s'empare de la matière colo- raute libérée et des particules intactes, tandis que l’aggrégat, formé par les globules blancs, reste sur le linge ou le tamis sous la forme de filamens dans lesquels le microscope retrouve l'aspect et la structure de Ja fibre musculaire, que les chimistes connaissent sous le nom expressif de fibrine. Telle est la manière dont s'opère la distribution des matériaux du sang; et nous avons répélé nos observalions à tant de reprises | depuis deux années, que nous ne conservons pas le moindre doute à cet égard. Elle explique parfaitement l’inutilité des ten- tatives faites pour isoler la matière colorante, et donne presque la certitude qu’on ne pourra jamais y parvenir. Trois subtances animales doivent donc fixer notre attention dans l’étude chimique du ‘sang : ce sont, l’albumine du sérum, le globule blanc, et la matière colorante, qui enveloppe celui-ci. Nous allons les étudier successivement, et nous le ferons bien plus dans l'intention de réduire leurs caractères chimiques à des termes généraux que dans l'espoir de leur trouver des pro- priétés nouvelles. M. Berzélius ,dans sesrecherches, aussi exactes que savantes, n’a rien laissé à faire à cet égard. Le blanc d'œuf et le sérum du sang nous offrent tous les deux l’albumine en grande abondance et dans un état de pureté presque complète. Lorsqu'on désire en avoir de très pure, il convient peut-être de préférer le sérum de bœuf ou de mouton, ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 247 au blanc d'œuf, qui renferme toujours quelques légers flocons -membraneux différens de l’albumine. La coagulation de ce singulier corps à l’aide de la chaleur est un phénomène tellement caractéristique, et la cause en est si difficile à saisir, que nous avons cru devoir, faute de mieux, préciser toutes les circonstances qui l’accompagnent. On a placé sur une lampe à esprit de vin une capsule remplie d’eau dans laquelle plongeaient un tube contenant du blanc d'œuf et un thermomètre dont le réservoir cylindrique occupait toute la pro- fondeur du bain. A 60° C. Le blanc d'œuf était encore clair et limpide. 63° Une teinte opale s’est manifestée à la partie inférieure du tube. 65% Cette même partie élait déjà solide, tandis que la por- tion supérieure conservait sa fluidité. 70° La teinte opale se montre à la partie supérieure. 75 La solidification est complète. D'où il suit que cette coagulation s'opère aulour de 70° G. Une fois coagulée, l’albumine, vue au microscope, présente les mêmes globules blancs dont nous avons déjà fait si souvent mention, Aucune des circonstances de ce phénomène ne nous porte à en soupconner la cause; et sans nous arrêler aux opinions de Four- croy et de Schéele, manifestement erronées, nous ne parlerons ici que de celle émise par M. Thénard dans son Traité de Chi- mie. Il attribue cette solidification à la force de cohésion des molécules de l’albumine, et il la compare à celle qui s'opère dans certaines circonstances de chimie minérale. Il est possible que cela soit vrai tout comme il est possible que la soude caus- tique nécessaire à la dissolution de l’albumine passe à l’état de carbonate par la décomposition d’une petite partie de la matière animale et devienne! incapable de tenir l’albumine dissoute. Il est tellement dificile de s'assurer par expérience de la réalité de l'ane ou l’autre de ces opinions, que nous ne nous y arrêterons pas d'avantage. Heureusement, lesæutres propriétés de l’albumine se laissent expliquer avec plus de facilité par une idée très simple que M. Thompson a mise en avant le premier. En effet, l'action de la pile nous démontre clairement l’état de combinaison qui existe entre l'albumine et la soudé, et beaucoup d’autres expériences très connues des chimistes prouvent que ce corps peut aussi se combiner avec les oxides métalliques, Les composés qu’on obtient Tome X CV1I. MAI an 1823. 52 248 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en précipitant ün sel métallique par le blanc d'œuf ou le sérum, offrent uue nature complexe, que les expériences de M. Peschier- ñous ont bien fait connaître, Une portion del’acide du sel accom- pagne l’oxide dans cette précipitation, et nous nous sommes as- surés que’tout loxide n’est pas en combinaison avec la matière animale; car la soude de l’albumine décompose une partie du sel, indépendamment de la présence de ce dernier corps. Ces inconvéniens disparaissent lorsqu'on met en présence les deux substances à l’état naissant, et la combinaison qui s'opère est un albuminate pur et simple, comme nous le démontrerons ailleurs. Ges circonstances se trouvent réunies en coagulant par Ja pile au moyen de conducteurs de nature oxidable, Avec ceux de cuivre, on obtient une combinaison d'un vert d’eau tant qu'elle est hydratée, mais qui passe au vert turquoise lorsqu’eile est sèche. Nous avons trouve qu’elle contenait des quantités assez fixes d'eau, d’oxide de cuivre et d’albumine. Avec ceux de fer, il se forme un composé vert-bleuätre très abondant, au- quel le contact de l'air communique une teinte rouge jaune, qui n’a pourtant pas de rapport avec celle de la matière colorante du sang. Ces deux composés sont insolubles comme celui formé par l’oxide de cuivre. Il est inutile d’ajouter que le premier contient le protoxide, et le second le péroxide de fer, et qu'ils en renferment tous les deux des quantités passablement irré- gulières. < ‘ ) La coagulation de l’albumine au moyen de l'esprit de vin est due à l’affinité de ce véhicule pour la soude caustique. C’est le moyen que nous croyons le plus convenable pour obtenir l'al- buimine à l'état de pureté; et l’on voit en l'étudiant sous. celte forme qu’elle ne diffère en rien de la fibrine, par l’action que les divers réactifs exercent sur elle, Quant à la différence de composition signalée par MM. Gay-bussac et Thénard dans leurs recherches physico-chimiques, elle est due évidemment à ce qu'ils n’ont pas tenu compte de Facide carbonique relenu par la soude qui existe*dans le blane d'œuf. Comme nous tra- vaillons en ce moment à l’analise de ces substances au moyen du péroxide du cuivre, nous renvoyons à un prochain Mémoire pour de plus amples détails. | Enfin, l’action des acides sur l’albumine rentre sous le même point de vue, quoiqu'il y ait deux genres d'action à distinguer, 1°. la saturation de la soude, 2°. l'action de l'acide sur l’älbumine. La première cause explique la précipitation du blanc d'œuf par la plupart des acides, la seconde permet de concevoir pourquoi ET D'HISTOIRE NATURELLE. 249 les acides phosphorique et acélique font exception à cetle règle. En effet, ces deux agens dissolvent ou au mons réduisent en gelée la fibrine elle-même, et sont bien éloignés, par conséquent de pouvoir la précipiter de ses solutions alcalines. La malière colorante du sang a fixé l’attention de tant de chi- mistes célèbres, qu'ils en auraient épuisé depuis long-temps l'his- toire s'ils n'avaient été induits en erreur par une circonstance physique, extrêmement simple. Elle se divise extraordinairement dans l’eau et passe même au travers des filtres ; mais, au moyen du microscope on en découvre aisément les fragmens, et par le repos ils se précipitent sous la forme d’un dépôt rouge assez dense. Cette propriété de colorer l’eau sans troubler sa transpa- rence a fait croire aux chimistes que l’eau pouvait dissoudre cette substance, et ils ont soumis la liqueur rouge à l'aclion des réactifs, dont les effets n’ont jamais été satisfaisans. Sans autre discussion nous allons rapporter les expériences qui nous semblent les plus propres à fixer l'opinion sur sa nalure. 1°. Brülée dans un creuset ouvert, elle présente des phéno- mènes fort bien décrits par M. Berzélius, et laisse une quantité considérable de cendres rouges, plus ou moins riches en péro- xide de fer suivant la nature du sans employé. 2°. Traitée par l'acide nitrique bouillant de manière x dé- truire toute la matière animale, elle laisse un liquide clair et incolore, dans lequel quelques gouttes de prussiate d’ammo- niaque forment un abondant précipité bleu. 3°. Dissoute au moyen de la potasse caustique, et la dissolution bouillie avec du prussiate d'ammoniaque, on oblient une liqueur brune, dans laquelle l'addition d’une quantité d'acide oxalique suffisante pour saturer la potasse, détermine un précipité d’un vert-bleuätre très décidé, et qui n’est autre chose que de l’al- bumine colorée par du bleu de Prusse, Il est légitime de conclure que la matiere colorante du sang est formée d’une substance animale en combinaison avec le péroxide de fer. Si l’on s'en tenait aux expériences faites jus- ques à ce jour ; on péurrait croire que celte malière est de l'al- bumine; mais comme on n’a jamais opéré que sur un mélange confus dematière rouge, de globules blancs et d’albumine du sé- rum ; nous sommes loin de regarder la question comme décidée, [Nous avons (opéré, dans les expériences susmentionnées, sur le caillot.de bœuf desséché, La réflexion fait comprendre que tous les procédés indiqués dans les divers Mémoires de MM. Berzé- 32,. 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lius, Brande et Vauquelin pour isoler la! matière colorante, sont plus on moins illusuires. En réfléchissant aux propriétés des diverses matières animales que le sang renferme, on voit que leur évaluation est beaucoup plus aisée qu’on ne l’a supposé jusqu'ici. En effet, le sang après sa sortie du vaisseau se sépare en deux parties, le caillot et le sérum. Le premier se compose de la totalité des particules, et d'une quantité de sérum plus ou moins considérable d’après l'espace de temps pendant lequel on l’a laissé reposer; mais, dans aucun cas, il ne renferme d'autre substance, si ce n’est toutefois dans certaines affections morbides que nous n’exami- nerons-point ici. Comme il est très-facile de soumettre le sérum à une analyse exacte, il ne l’est pas moins de corriger l'erreur que son mélange introduit dans les résultats de l’analise du caillot. C'est en opérant de cette manière que nous avons fait plusieurs analyses dont les détails vont être exposés. Mammifères. Callitriche. On a tiré le sang de la veine basilique; on a sé- paré le sérum et le caillot, qu'on a desséchés à l'étuve jusqu’à- ce qu’ils pussent être pulverisés. Voici nos résultats. 13468 Sang total, 908 Eau. 10,75 Caillot humide. 92 Albumine et sels solubles. 2,80 id. sec. 1000 Sérum. 2,48 Sérum. 7760 Eau. CO: 29/ T0. SEE: 1461 Particules. 779 Albumineetsels solubles. 10000 Sang. L'animal qui nous avait fourni le sang semblait bien portant au moment où nous l'avons pris, mais étant mort quelque temps après, d’une manière accidentelle, il parut atteint d’un ramollis- sement des os. M. le D'. Mayor, qui voulut bien s'occuper de sa dissection pour le Musée, nous a fail part de cette observation, u'il nous a semblé indispensable de prendre en considération. Pendant sa vie, l'animal n’offrait pourtant aucun signe d'indis- position; il était vif et gai, maängeait et buvait bien. C’est du moins ce que M. le D'. Maunoir, à l’obligeance duquel nous le devions, a observé pendant quelque temps, et ce que nous avons pu vérifier nous-mêmes pendant trois mois au moins. ÊT D'HISTOIRE NATURELLE, 25 Homme sain. Nous n'avons pu nous procurer que du sang veineux, et nous l’avons pris ordinairement aux petites veines du bras. Moyenne de plusieurs analyses. 7839 Eau. 00 Eau. 1292 Particules. ; 100 Albumine et sels solubles. 869 Albamine ét sels solubles. PE EUR Derir Re nt oo Sérum. * 10000 Sang. # Nous ayons fait quelques analyses de sang malade, que nous ne rapporlerons pas ici, pour qu'on ne nous croie pas tentés d'en tirer des conclusions thérapeutiques prématurées. Mais, afin de donner une idée des différences que notre mode d’ana- lyse permet d’apercevoir, nous ferons connaître les resultats obtenus en prenant le sang de la veine-porte sur le cadavre d’un supplicié, sain et en pleine digestion au moment de la mort. 8014 Eau. 900 Eau. 1142 Particules. 100 Albumine et sels solubles. 844 Albumine et sels solubles. 1000 Sérum. 10000 Sang. Cochon d'Inde. Le sang soumis à l'analyse a toujours été tiré d’une des jugulaires. Moyenne: 7848 Eau. 900 Eau. 1280 Particules. 100 Albumine, etc. 872 Albumime, ete. 1000 Sérum. 10000 Sang. Chien. Tiré d’une des jugulaires. Moyenne. 8107 Eau. 26 Eau. 1238 Particules. 74 Albumine, etc. 655 Albumine, etc. 1000 Sérum. . 10000 Sang. Chat. On a fait plusieurs analyses du sang de cet animal, soit à l’état sain, soit après l'avoir soumis à diverses opérations. Nous ne rapporterons ici que la moyenne de l’état sain. 252 JOURNAL DE PHYSIQUE,.DE CHIMIE 7953 Eau. 904 Eau. 1204 Particules. 96 Albumine, etc. 843 Albumine, etc. 1000 Sérum. 10000 Sang. Chèvre. Sang liré d’une saphène. Dans cet animal, le sang veineux est presque rose comme de sang artériel des autre espèces. Cela tient à ce que la couleur est beaucoup moins a tense, soit à l’état artériel , soit à l’état veineux. 8146 Eau. 907 Eau. 1020 Particules. 93 Albumine, etc.” 834 Albumine, etc. 1000 Sérum. 10000 Sang. Veau. Mélange de sang artériel et veineux pris à la boucherie au moment où on saignail les animaux, 8260 Eau. go1 Eau. 912 Particules. ” 99 Albumine, etc. 828 Albumine, etc. 1000 Sérum. 10000 Sang. “4 Lapin. Sang pris à l’une des jugulaires. Moyenne. 8379 Eau, 891 Eau. 938 Particules. 109 Albumine, etc. 633 Albumine, etc. 1000 Sérum. : 10000 Sang. LE Cheval. C'est du sang veineux sain que M. Prevost, vétéri- naire distingué de cette ville, à bien voulu nous remettre. Moyenne. 8:83 Eau. go1 Eau. 920 Particules. 99 Albumine, etc. 897 Albumine, etc, 1000 Sang. 10000 Sang. OISEAUX. = Pigeon. Sang de la jugulaire. Résultat moyen de plusieurs opérations très peu différentes entre elles. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 253 7974 Eau. ‘9045 Eau. 1557 Particules. ‘ 55 Albumine, etc. 469 Albumine, etc. 1000 Sérum. 10000 Sang. Canard. Sang de la jugulaire. Moyenne de plusieurs ana- lyses. 7652 Eau. 901 Eau. 1501 Particules. 99 Albumine, etc. 847 Albumine, etc. 1000 Sérum. 10000 Sang. Poule.Sang de la jugulaire. Moyenne. 7799 Eau. 925 Eau. 1571 Particules. 75 Albumine, etc. 650 Albumine , etc. 1000 Sérum. 10000 Sang. Corbeau. L'individu qui nous a fourni le sang était très jeune. Ilest mort le lendemain delasaignée, et sans doute parl’effet de cette opération. 1466 Particules. 034 Eau. 564 Albumine, etc. 66 Albumine, etc. 7970 Eau. 1000 Sérum. 10000 Sang. Héron. L'animal qui nous a fourni le sang avait eu l'aile droite cassée d’un coup de feu. Depuis plusieurs jours il refusait toute nourriture. On l’a saigné à mort en ouvrant une des jugulaires. On n’a pu faire qu’une seule analyse. 8082 Eau. 32 Eau. 1326 Particules. 68 Albumine, etc. 592 Albumiue , etc. 1000 Sérum. , 10000 Sang. ANIMAUX À SANG FROID. Truite. On a fait plusieurs analyses du sang de cet animal, et les résultats diffèrent peu les uns des autres. On le prenait sur un 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE individu très frais, et on ne le considérait comme bon qu’autant qu'il était encore fluide. Ordinairement il se coagulait dans le courant de la journée. Moyenne. . 8657 Eau. 923 Eau. 638 Particules. 77 Albumine, etc. 725 Albumine et sels. . 1000 Sérum. 10000 Sang. Le résidu du sérum était fortement coloré en brun, quoique la dessication eût été faite à 20° dans le vide, au moyen de l'acide sulfurique concentré; il exalait, ainsi que celui du caillot, une odeur de poisson très persistante. Lote. (Gadus Lota.) On a choisi quelques uns de cespoissons, qu’on apporte vivans au marché de celte ville, et on les a saignés en coupant les branchies en travers. La moyenne de plusieurs analyses faites à différentes époques, en présentant des résultats assez concordans, donne: 8862 Eau. 931 Eau. 431 Particules. 69 Albumine, etc. 657 Albumine, etc. 1000 Sérum. 10000 Sang. Grenouille. On a saigné plusieurs de ces animaux vers la fin de l'hiver, et on a soumis à l'analyse le sang. mélangé qu’on a obtenu. 8846 Eau. 5o Eau. 690 Particules. 5o Albumine, etc. 664 Albumine, etc. 1000 Sérum. 10000 Sang. Tortue terrestre. (Testudo terrestris.) Le sang analysé provenait d'un individu saigné à mort, de la jugulaire, vers la fin de l'hiver. Il ne différait pas pour l’aspect de celui d’un oiseau, tantlecaillot était volumineux. L’animal n’avait bu ni mangé depuis cinq mois. Sa température était exactement celle de l'air ambiant. Sa respi- ration ne se répélait que trois fois par minute, et l’autopsie nous a montré un canal intestinal parfaitement vide, à quelques pa- quels de vers près. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 258 7688 Eau. 904 Eau. 1506 Particules. 96 Albumine, etc. 806 Albumine. 1000 Sérum. 10000 Sang. Anguille commune. M. Hewson avait avancé que les globules de cet animal étaient circulaires. Nous regrettions depuis long- temps de ne pouvoir vérifier cette assertion, lorsque nous avons su que des marchands avaient apporté des anguilles en vie qu’ils avaient prises dans’ quelque lac de la partie de la Suisse qui nous avoisine. Nous nous sommes empressés de nous en procurer, et nous avons vu que lesparticules de leursang étaient elliptiques. 0"%,01223 grand diamètre. 0"",00866 petit id. Pour faire l’ana- iyse de ce liquide, on a ouvert l'aorte un peu au-dessus du bulbe et on l’a recueilli soigneusement. L'animal n’est mort que long- temps après l'opération. La couleur du sérum était verdètre et Je caillot s’est formé lentement. 8460 Eau. 9000 Eau. 940 Albumine, etc. 100 Albumine, etc. 600 Particules. 1000 Sérum. 10000 Sang. Le point de vue auquel nous nous sommes principalement altachés dans ces analyses, établit une grande différence entre nos travaux et ceux de M. Marcet et de M. Berzélius, qui ont fait les premiers l’analyse du sérum avec exactitude. Nous avons eu très souvent le plaisir de confirmer les résultats qu’ils ont pu- bliés l’un et l’autre; et si nous ne donnons pas ici le détail des sels que contiennent ces liquides dans les divers sangs que nous avons examinés, €’est que nous nous proposons d'y revenir dans un Mémoire particulier, dans lequel nous voulons sur-tout mettre en évidence les variations du péroxide de fer d’un animal à l’autre. Comme cette étude doit être faite sur des quantités assez considérables , et que l’autre , au contraire, pouvait s’opérer en petit, nous sommes forcés de recommencer à nouveaux frais. Il suffit de jeter un coup-d'œil sur ces résultats pour gassurer qu'il est impossible d’en tirer des conclusions générâles relative- ment à la composition du sérum. Ce liquide varie dans le même animal, et encore plus d’un animal à l’autre, sans qu'il soit possible de lier ce caractère avec l’état physiologique de l'indi- vidu. Mais il n’en est pas de même des particules; et dans le Tome XCVI. MAI an 1823. 33 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE plus grand nombre des cas, leur quantité présente une certaine relation avec la chaleur développée par l’action vitale. C’est ce que le tableau suivant met assez bien en évidence. Nous y avons réuni le poids des particules dans mille parties de sang, a tem- pérature habituelle du rectum , le nombre des battemens du cœur par minute, enfin le nombre des inspirations dans le mêmetemps. Il manque, pour compléter nos connaissances sur ce sujet, le rapport du poids total du sang en circulation au poids de l’ani- mal. Nous nous occupons de cetteévaluation difficile, peu exacte, mais iudispensable à l’application des faits exposés ici. POIDS NOM à POULS |RESPIRATION des particules |'Fempérature de normal normale pour moyenne. L'ANIMAL. 1000 de sang. par minute. | par minute. PIFEON es sieste 1557 42 C. 136 34 Ronle ste ee ‘ 1571 41,5 140 RS SE Canard titre 1501 42,5 110 at Corbeau. ...... 1466 » » n Héron encane 1326 41 200: 2a Singe... % 1461 55,5 go 30 Homme....... rie 39 72 18 Cochon d'Inde. 1280 38 | 140 36 GEhient 41... .5 1238 87,4 go 28 Gate pe 1204 38,5 100 24 Chevre: 1e. 4.1. | 1020 39,2 84 24 Veame de g12 » : ” » ANT Abe 938 38 | 120 36 Cheval ee g20 36,8 56 16 Mouton........ 900 38 ; » ” Mriten et. sie. 638 n » » LieCGad lot gr Leledumi) , : Grenouille... | 6go u set , 3, Tortue.am...... 1506 Icelle de Fair. | Anguille. ...*. A 600 | » | »” | »” 11 était naturel qu'après avoir reconnu l’existence de la oi que nous venons dénoncer, nous nous occupassions des varialions que le principe actif du sang devait subir sous diverses circon- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 257 stances physiologiques. Nos vues se sont tournées dès ce moment sur l’examen comparatif du sang artériel et veineux. Mais nous avons éprouvé des dificultés auxquelles nous étions peu prépa- rés. En effet, comme. on ne se procure qu'avec peine du sang arlériel sur des animaux de prix, nous nous étions d’abord con- tentés de celui du chat, mais nous avons été déconcertés par l'irrégularité des résultats que nous oblenions. Nous trouvions des augmentations et des diminutions dans le poids des particules, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre; et quelquefois, pour accroître la bizarrerie de ces données, il nous arrivait de ne ren- contrer aucune différence entre les deux sangs. Enfin nous étant aperçus que le premier tiré se trouvait presque toujours le plus riche en particules, nous avons commencé à soupconner la cause de nos incertitudes. Lorsqu'on saigne un petit animal d’une quantité notable, les veines absorbent avec rapidité, aux dépens du reste du système, une dose de liquide proportionnelle et peut- être équivalente à celle que la masse en circulation a perdue ; d'où il suit que la masse des particules parait diminuer dans une quantité donnée de sang. 1° Exp. On a pris un chat robuste qui avait déjà été saigné pour un autre objet et on lui a tiré 11 grammes de sang veineux, dont l'analyse a fourni: 8259 Eau. 04 Eau. 862 Particules. 96 Albumine , etc. 879 Albumine, etc. 1000 Sérum 10000 Sang. La quantité de particules était bien au-dessous de la moyenne, Ja circulation était plus rapide, la température avait baissé d’un degré, la respiration conservait son état normal. Le lendemain on a tiré de nouveau douze grammes de sang artériel, dont voici l'analyse. 8235 Eau. 900 Eau. re 856 Particules, 100 Albumine, etc. 909 Albumine , etc. 1000 Sérum. met 10000 Sang. pre 2 Exp. Un chat robuste, bien portant, est saigné fortement de la carotide. Analyse. 33.. 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 7938 Eau. 900 Eau. 1184 Particules. 100 Albumine, elc. 878 Albumine, etc. 1000 Sérum. 10000 Sang. Deux minutes après on le saigne de h jugulaire externe. 8092 Eau. 916 Eau. 1163 Particules. 84 Albumine, etc. 745 Albumine, etc. 1000 Sérum. 10000 Sang. On laisse de nouveau s'écouler cinq minutes , et on tire du sang, de la jugulaire. 8293 Eau. 915 Eau. 995 Particules. 85 Albumine, elc. 772 Albumine, etc. 1000 Sérum 10000 Sang. Ces deux expériences ne laissent aacun doute sur la rapidité de cette absorption, en même temps qu'elles indiquent la route àäsuivre pour éviter l'erreur qui en résulte. L’absorption veineuse est donc un phénomène bien constaté, et dont l’action , dans bean- coup de cas pathologiques, peut trouver son explication, soit dans les belles expériences de M. Magendie, soit dans les nôtres. Celles-ci présentent sur-tout un intérêt très vif en ce qu’elles s'appliquent directement aux indications de la saignée dans les. cas où il s'agit de favoriser une absorption. On peut, à leur aide, concevoir aisément le bénéfice de celte pratique dans cer- tains cas d’hydropisie, etc. Mais revenons-en à nos sangs arlériel et veineux. Îl était probable qu’une petite saignée pratiquée sur un animal fort ne produirait qu’un effet insensible, et nous nous sommes déterminés à opérer sur le mouton. Voici nos resultats. Sang artériel tiré de la carotide. 8293 Lau. 915 Eau. 935 Particules. 85 Albumine, etc. 772 Albumine, ete. 1000 Sérum. 10000 Sang. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 259 Sang veineux tiré de la jugulaire. ; 8564 Eau. Sérum identique. 861 Particules. k 775 Albumine, etc. 10000 Sang. Ceux du chien et ceux du chat offrent des différences dans le même sens. 10000 de sang artériel contiennent ordinairement 100 de globules en sus du sang veineux, Quelquefois les sérams sont les mêmes, quelquefois ils offrent de légères différences, dans lesquelles on ne voit rien de fixe. Nous avons toujours eu soin, dans ces analyses, d'extraire le sang veineux avant le sang artériel, afin que l'absorption veineuse, si elle avait lieu, ne fût pas en faveur du rapport dont nous signalons ici l'existence. En résumant les résultats de notre travail, on voit: 1°. Que le sang artériel renferme plus de particules que le sang veineux ; 2°. Que les oiseaux sont les animaux dont le sang est le plus riche en particules ; 5°. Que les mammifères viennent ensuite, et qu'il semblerait que les carnivores en ont plus que les herbivores; 4. Que les animaux à sang froid sont ceux qui en possèdent le moins. Enfin , on acquiert encore une preuve directe de l'absorption veineuse après la saignée. Nous nous servirons même de ce principe pour expliquer l’anomalie de notre hèron. En effet, il avait perdu beaucoup de sang, il n'avait pris aucune nourriture depuis plusieurs jours, et il semble légitime de conclure de ces deux circonstances, que la masse des particules ayant, diminué d'un côté et n'ayant pas élé remplacée de l’autre, elle a dû rester en dessous de la moyenne. L’anomalie apparente de la tortue s'explique avec Ia même facilité, La vie est presque suspendue chez cet animal pendant Fhiver, en sorte qu'il détruit beaucoup moins de particules, Ce- pendant il est impossible qu'il ne perde pas d’eau, soit par Ja respiralion, soit par la transpiration, soit enfin par les urines, dont Pexerétion se continue avec abondance et régularité. Donc, etc. Lorsque M. Berzélius publia ses savantes recherches sur. la chimie animale, il n’osa émettre aucune idée propre à lier les vésullats qu'il avait oblenus, el cependant on voit clairement 260 JOURNAL DE PIYSIQUE, DE CHIMIE par les réflexions dont il a parsemé ses divers écrits, qu'il était tenté de rapporter à une force électrique la production des phénomènes sécrétoires. Nous aurions, certes, imilé sa prudente réserve, si nous n'élions encouragés par l'exemple de l’un des professeurs les plus distingués de notre Académie, dont la dis- sertation sur ce sujet a paru généralement approuvée des phy- siologistes, et en particulier de ceux qui se sont occupés de l'é- tude du galvanisme. Qu'il nous soit permis toutefois de statuer ici d'une manière bien positive sur le point de vue sous lequel nous envigageons une théorie qui ne peut être encore fondée que sur des probabilités plus ou moins rapprochées. Il est convenable, dans les sciences d'observation, de se munir d’une hypothèse qui puisse diriger dans la combinaison des ex- périences déjà connues, et aa moyen de laquelle on soit fondé à en tenter de nouvelles. Mais d’ailleurs , tant que tous les phéno- mènes connus ne se laissent pas expliquer par la supposition théo- rique proposée, il serait insensé de s’y attacher d’une manière exclusive, et de la considérer comme l'expression exacte dé la vérité. Nous désirons vivement que toutes les personnes que nos recherches peuvent intérésser soient bien convaincues de notre imparlialité dans lexploration des propriétés des corps vivans, et de la franchise avec laquelle nous ferons connaître tous nos résultats, quel que soit leur accord avec les idées que nous allons exposer. % pr al Depuis long-temps on soupéonne que lacidité et l’alkalinite constantes de Certaines sécrétions sont des indices de polarités antagonistes dans ces fonctions, et plusieurs savans ont eu l’oc- éasion de le faire remarquer en diverses circonstances. Mais per- soune n’a paru soupconner encore un lien entre ces observa- tion et l’explication que M. de La Rive vient de proposer pour la chaleur animale à l’occasion des expériences de M. Chossat. Voici le fond de nos idées. Nous espérons qu'elles seront re- cues avec quelque indulgence et qu’elles appelleront sur cet ob- $cure sujet une critique salutaire. Nous considérons chaque par- ticule du sang commé üne paire galvanique en état de tension. Les vaisseaux sanguins sont pénétrés en certains endroits par les netfs; et c'est au moyen de ceux:ci que s'établit le courant galvanique. ; Cu : : Le principe électro-moteur étant donné, il ne paraît pas diffi- cile de l'appliquer à la formation des liquides sécrétés. Toutes nos obsérvalions sont d'accord avec cette hypothèse; et, si nous ET D'HISTOIRE NATURELLE. 261 p'entrons ici dans aucun détail, c’est que nous nous proposons d'étudier l’une après l’autre ces diverses fonctions, et que la publication de nos travaux ne saurait larder davantage. Nous con- sidérons la surface circulante de chaque organe sécréteur comme douée d’une polarité constante en vertu de laquelle les produits de la sécrétion sont formés et isolés. Et si l'on se rappelle que les mucuset les produits non globuleux sont généralement alka- lins; que, d’un autre côté le lait, le pus très sain, le éhyme, et les muscles, sont globuleux et acides, on reconnaïtra Ja plus grande analogie entre leur formation et celle des deux corps que nous obtenons dans l'expérience galvanique sur l’albumine, Si le passage du fluide au travers des cordons nerveux pro- duit l'évolution de chaleur qu’on observe dans les animaux, le foyer de chaleur doit se trouver répandu dans tous les organes, et non point concentré sur un seul point. Cependant, comme il est certains organes dont les fonctions exigent une activité con- tmuelle , nous devons trouver dans leur voisinage une source de chaleur supérieure à celle des autres parties du corps. Précisons celte idée, afin de la rendre plus claire. Les organes du mouvement n’ont, dans l'état ordinaire, que des saccades de communicalion nerveuse ; aussi voyons-nous que la production de chaleur est très éloignée d’être en raison de leur déve- loppement. Ceux qui servent aux diverses sécrétions présentent, au con- traire, une activité douce et uniforme, qui doit développer une quantité considérable de calorique. L'appareil digestif, qui exige le concours de tant d’actions sécrétoires, semble diriger tous les phénomènes calorifiques dans un animal sain. La comparaison des diverses classes montre suffisamment que Factivité de ces organes est d'accord avec la chaleur produite, et les faits observés par M. Chossat donnent un grand poids à cette opinion. En effet, il attribue au grand-sympathique le premier rôle dans V’évolu- tion du calorique, et personne n’ignore que ce système de nerfs semble présider d’une manière exclusive aux fonctions des organes sécréteursrenfermés dâns l'abdomen. Il voit aussi dans lespneumo- gastriques un foyer de chaleur assez puissant, ce qui ne doit point étonner quand on songe à la part active que celte paire prend à la digestion dans l'estomac. On se rappelle que la des- truction des moyens de communication entre le plexus solaire et le cerveau lui a toujours offert une marche accélérée vers le refroidissement cadavérique. Il est tout naturel qu'en abolissant le travail sécrétoire des organes auxquels il se distribue, on fasse 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE disparaitre en méme temps l’évolution de calorique qui en est la conséquence. On demandera sans doute si nous n'avons jamais obtenu la manifestation de ce courant dont nous supposons l'existence, et bien des gens n’hésiteront pas à le nier jusqu’à-ce que nous soyons paryenus à la mettre en évidence. Tous nos essais ont été complètement inutiles, et nous espérons trouver la solution du problème en étudiant la marche que nous devons suivre, non point a priori, mais dans l’arrangement de l'appareil circulatoire des organes sécréteurs eux-mêmes. Mais s'il nous manque des preuves directes, il ne nous sera pas difficile d’énumérer ici quelques moyens de conviction, col- latéraux il est vrai, mais pourtant d’un certain poids. En effet, supposons avec Lagrange et beaucoup d’autres, que larespiration consiste à saturer le sang de gaz oxigène qui se transforme en gaz carbonique dans le ‘cours de la circulalion , etnousconcevons sans difliculté tous les phénomènes que cette fonction offre aux observateurs. Nous verrons dans le sang artériel une pile montée avec un liquide énergique dont l’activité se détruira, ou du moins dimi- nuera beaucoup, dès l'instant que l'élément positif aura consumé tout l’oxigène en contact avec lui. Nous ne serons donc pas surpris qu’il existe un rapport assez constant entre la quantité de chaleur produite et la masse des particules en circulation, car sans leur présence les cordons ner- veux ne seraïent d'aucun effet, elc. ! Qu'il nous soit permis de nous arrêter, car nous désirons faire connaître ce point de vue sans sortir du domaine de l'expérience, Nous demandons pour toute grâce à ceux qui s’intéresseront à nos travaux d'attendre avec patience les développemens succes- sifs que nous ne tarderons pas à publier, et de ne pas trop se hâter dans leurs conclusions pour ou contre nosidées, s'ils veulent éviter l'erreur. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 263 NOTE Sur une espèce de Crocodile vu vivant en janvier 1825 ; Par M. H. DE BLAINVILLE. Cr animal, assez peu agile à cause de la température fort basse de l'hiver, était maintenu dans une couche d'eau à peine assez épaisse pour le recouvrir, et dont on entretenail la chaleur à 10 ou 12° au-dessus de zéro, en y versant de temps en temps une certaine quantité d’eau chaude. Il se remuait peu spontanément, et se laissait flatter, surtout sous Ja gorge, avec un certain plaisir. Son gardien le rendait plus docile en le sifflant. Il n’était cependant nullement méchant; j'ai pu lui ouvrir la gueule*et y mettre la main: il cherchait à en empêcher, mais sans chercher le moins du monde à mordre, et même sans trop d’impatience. Sa gueule étant ouverte, on voyait le mouvement de la plaque de la langue pour la déglutition ; celle-la était de couleur jaune, avec quelques rides transverses. Le palais et la plaque linguale se touchaient en arrière, sans qu’on pat voir l’ouverture de l’æsophage ni celle du larynx. Ses essais de natation étaient tout-à-faitsemblables à ce qu'offrent les tortues, et surtout les salamandres, et se faisaient à l’aide des pattes qui battaient alternalivement et diagonalement l'eau; il 7 avait aussi un mouvement latéral du tronc et surtout de la queue. Au reste, je n’ai pu juger que des essais que l’animal faisait pour uager ; l'épaisseur de l’eau, et surtout les dimensions de la caisse n’elaient pas suffisantes pour qu’il pût nager complètement. Les gardiens m'ont dit que dans les temps chauds ils le lais_ saient aller dans la chambre, et qu’alors il marchait fort bien tout autour, en se tenant Âssez élevé sur ses pattes Pour que le ventre ne touchàt pas à terre. Ce Crocodile se tenait un peu obliquement dans l’eau, de manière que, sans effort musculaire aucun, le bout de son mu- seau où sont percées les narines, était un peu hors du fluide ; il restait ainsi des heures entières sans faire le moindre mouve- ment, que lorsqu'on l’excilait. Tome XCVI. MAI an 1823. 54 264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les orifices des narines, dont la forme est en croissant et qui sont ouvertes dans un bourrelet fibro musculaire situé à la par- tie supérieure de l'extrémité du museau, étaient complètement fermés dans l’état de repos; de temps en temps, mais fort rare- ment, on les voyait s’entrouvrir par l'ouverture du tampon postérieur. Ce mouvement m'a paru isochrone avec la res- piralion. La respiration était extrèmement lente et irrégulière ; j'ai quel- quefois compté plus de quarante minutes sans en avoir aucun signe, et d’autres fois moitié moins. Le mécanisme parait ne pas être le même que dans les sauriens véritables, mais plutôt se rapprocher, jusqu'à un certain point, de ce qui a lieu dans les lortues; du moins, c’est loujours vers la partie postérieure des flancs, peu avant les membres pelviens, que j'ai pu voir un mouvement de contraction très sensible des paroïs de l’abdomen ; je n’ai cependant pas remarqué qu'il y eùt de mouvement sous la gorge, pas plus que dans le thorax. La vue m'a paru assez bonne; l'iris était grisätre; la pupille ordinairement rhomboïdale, le grand diametre, vertical. Elle se contracte souvent, sans qu'il y ait aucun changement dans l'intensité de la lumière, et alors la contraction se fait en tout sens, de manière à loujours conserver sa forme. La troisième paupière est très grande, son bord seul est opaque: l'animal, quand il avait été excité, la passait souvent devant le globe de l'œil, absolument comme les. oiseaux, quoique peut-être, plus lentement. Dans son état d’immobilité le plushabituel, cet animal teuait souvent ses paupières entièrement et long-lemps fermées ; les mouvemens de l'un des yeux étaient constamment semblables et isochrones pour l'autre. Les oreilles élaient, comme les narines, si complètementfer- mées à l’aide de l’opercule qui recouvre l'ouverture du timpan, qu’il était diflicile d'en apercevoir même la fente; j'ai vu cependant quelquefois l'oreille s'ouvrir, par le soulèvement de l’operculé ou lèvre supérieure. 1. Les mächoires se joignent: de manière que les dents de, l’une et de l’autre s’entre-croisent, et.elles sont complètement visibles à l'extérieur, si ce n’est à leur pointe; elles,ont uue certaine demi-transparence où -tramslucidité, et sont cannelées; les cro- cheis antérieurs de la mächowe inférieure et la septième dent latérale sont visibles en dessus; les premières traversent des trous correspondans de Ja mâchoire supérieure. Les bords des machoires ne sont donc pas pourvus de lèvres, ne L: A4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 265 \ LL : . . . ® let pas même d’un bourrelet labia! ; mais la peau qui les recouvre ‘st parsemée d’un très grand nombre de trous ou de poresronds, q'on ne voit pas ailleurs. ——HLa peau de ce crocodile m'a paru beaucoup plus molle, plus flexible queje ne pensais ; il n’y a que les plaques cervicales et dorsales qui soient réellement dures. Get individu avait cependant cinq pieds'et demi de longueur, etysix pieds quand il s’allongeait complètement. Ses gardiens disaient qu'il n'avait que deux ans et demi, et que depuis six mois il avait augmenté de moitié, ce qui est plus que douteux; ils ajoutaient qu'ayant été pris tout jeune en Egypte, il y a été élevé jusqu'a deux ans, époque à laquelle il a été apporté en Angleterre, d’où il est venu ensuite sur le continent. Il n'avait pas mangé depuis le 2 novembre, ce qui faisait un peu plus de deux mois , au, jour où je l’ai observé. On le nourrit de cœur de bœuf et d’entrailles d'animaux. | On le laisse habituellement dans une grande caisse, avec la- quelle on la transporte. : Je n'ai pu déterminer son sexe, ni voir les glandes de la mà- choire inférieure. =. Sa température m'a paru être celle de l’eau dans laquelle il était plongé. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES Dans le mois de Avril 1823. EE A o HEURES MATIN. A 3 HEURES SOIR. À 9 HEURES SOIR. ÎITHERMOMETRE. : Therm. Barom. | Theim. extérieur. Barom. Therm:.: extérieur. "SHaog L Barom. à 0. ho. |extrieur. lygr: à o. Hygr.] Maxim. | Minim. 5q|+414,10 15,00 9]+-10,10 + 8,2 + 9:75 +11,10 + 7,50 131756,51|+ 5,75 141757,65/+ 8,40 15l:/63,39/+ 8,40 + 8,50 2|+ 8,00 + 6,75 + 10,00 12,50 —+-14,40 +10,60 +-10,25 15,25 11,10 + 8,oc H|241742,10 25|757,35 261750,53 Hl27[752,92 + 8,50 5 +10,49| 96 5414 10,72 ge 757,88| 11,40 5 12,50! « H10,25| 8 82 88 78 761,68| 416,90 753,56 418,50 757,20|+12,00 746,55| 411,25 >4|+11,00|,, 8 1742,51|+10,60 84 170,491 +1,60 81 [747,15 14,40 85 |747,80|+10,50 64 |727,06/+12,10 61 759,25 10,00 79 1758,55|+11,00 84 1759,05|+ 8,10 78 1757,19|+11,75 765,71|4+10,75 78 |764,97|+11,25 3]+16,25 +13,02 + 9,00 + 9:25 + 192,85 +14,75 3] 419,50 50|+12,25 55,+19,60 +11,75 11,00 69 {761,35| 412,00 79 SRE 84 [750,15 80 [757,31 15,02 +11,03 +11,00| 84 +13,52| 73 [755,68 »75| 69. +15,46| 73 ]755,541415,11| 70 |753,60|+ 8, 760,59|+15,35| 85 751,74|+20,00| 65 756,45 ao] 68 745,25 4-11,10! 96 756,00|+15,75| 78 742,89|+12,00| 68 750,00|+14,75 745,51 +16,75 748,85|+12,50 7b6,85|+13,10 757,86|-11,40 757,67|+12,10 758,24|+ 9,10 757,06 +15,40 763,85|+ 8,50 76 |763,40 13,50 758,34|+16,50 746,90|+412,10 757,544 7:40 756,68|+10,25 74577 +14,50 749,69|+14,10 742,44|+12,25 745,96|+12,25 765.09 +14,75 748,68| 420,60 755,62|+ 7,50 757,82 vs 59 57 79 69 89 go 80 69 |760,98|+14,00 64 io Etc 57 75 [749,21 +14,16| 71 72 [757,75 +11,42| 69 13,75] 69 709,44|4+11,50| 98 725,85|+ 7,b0| g4 754794 7,00] 94 742,20|410,25|100 754,81|+ 8,25 745,85|+ 450 74999] 410,25 745,21| 410,25 7b1,44|+ 9,50 758,50|+ 7,25 758,73|+ 6,80 758,17|+ 6,75 758,18|4 6,00 758,93|+ 8,5c 765,541+ 6,25 762,51|+ 9,75 755,57|+15,50 745,79 6,75 749,04 5,50 729» 18 De 3,75 ) |755,13|+ 7,90 74784 +10,25| 741,04|+ 7,25 pa | 6,50 754,084 9,75 749,97|+ 11,50 92 758,45|+ 7,00 758,09|+ 9,50 764,58|+ 8,10 765,37|+ 9,75 749,b8|+ 8,63 726,73|+ 7,35 95 95 82 85 87 65 70 87 83 86 86 go 87 7è 85 74 70 g1 98 8 36 ji 73 78 55 17,00 + 9,40 -20,00|+ 6,25 12,254 4,50 +11,25|+ 7,795 +#15,75|+ 8,25 +12,00|+ 4,25 —+15,00|+ 0,25 H16.75|+ 7,00 +12,50l+ 5,00 18,104 4,50 +11,40|+ 3,00 12,104 3,25 + 9,10[+ 2,25 +H15,40|+ 4,60 Ha0,75|+ 5,00 —13,5c|+ 2,50 H16,50|+10,00 13,00! 6,75 11,004 3,00 10,254 1,95 34,50 — 1,25 14,754 2,50 +15,5ol+ 6,50 Hi9,25/+ 6,50 14,75|+ 2,00|| +20,60l+ 7,50 1,75|+ 6,75]! +14,75|+ 5,00 —+14,00|+ 4,00 +12,50|+ 5,00 14,564 5,72 +12,10|+ 4,24 74470 8,75) 85 [1454 04 24| 86 |H13,66[+ 4,50 RÉCAPITULATION. Plus grande élévation......... Moindre élévation............ f Plus grand degré de chaleur... | Moindre degré de chaleur... Nombre de jours beaux...... 15 de couverts ........ 6 de pluie ..... SAISONS) CE VENT Me tereitare 30 13 de gelée 2 de neige ..,........ © de grêle ou grésil.... 2 de tonnerre. ,....... © ÉD 766""47 le %o 734""81 le 5 b20°60 le 26 — 1,25 le a1 Baromètre..... { Thermomètre. . A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS, (Le Baromètre est réduit à la température de zéro.) = DEEE LQUANTITE »e PLUIE a tombée ÉTAT DU CIEL. PEinCaon | OS LE MATIN. A MIDI. LE SOIR, 1 De re. O.-S.-O. |Couvert, brouillard. Couvert. Nuageux. 2 S. ; Beeu ciel, brouill..ép.|Nuageux. Couvert. 3] 4,48 3,05 O.-S.-O. [Nuageux Idem. Pluie. 4 8,75 7,50 S.-O.fort. |Plure fine : Pluie. Idem. 5] 4,00 5,76. |S.-O. fort. |Pluie, brouillard. :|Couvert, ET Pluie par intervalle. 6] 2,10 2,00 |S.-0, Pluie. Quelques éclaircis. Idem. 7 S. Nuag. brouill., gel. bl.INuageux. Couvert. 8 N.-E. fort. [Nuageux. Idem. Nuageux. 9 N.-E. fort Idem. Couvert. Beau cie]. 10 NÉE. Légers nuages. Beau ciel. Idem. 11 N.-E. Beau ciel, brouillard.| dem: Idem. 12 N.-E. Très beau ciel. Idem. Idem. 13 N.-N.-E Nuageux, brouill. Couvert. Couvert. 14 N.-E. Nuageux Nuageux. Idem. 15 N. Couvert Très nuageux. Idem. 16| 0,80 0,75 |O. Nuageux, brouillard.|Ciel trouble. Pluie. 17 O. Couvert, brouillard. |Couvert. Couvert. 18 0. Couvert, pluie à7". |Quelques éclaircis. Nuageux, gresil à 106. 19 O.-N.-0 Nuageux. Nuag., fort av. de gres.[Nuageux. 20| 1,59 1,20 N.-O. Pluie. Nuageux. Très beau ciel. o1 S.-S.-0 Nuageux, brouillard. Idem. Légers nuages, 22 - S. Idem. Idem. Couvert. 23| 15,95 13,95 |S:-O. Pluie. Quelques éclaircis. : |Pluie abond. par int. 24| 0,50 | 0,45, IN. Idem. Plue par interva'le. [Beau ciel. 25 S. JBeau ciel, lég. brouil. [Petits nuages blancs. |[Couvert. 26 S. Nuag. brouillard, Ciel voilé. Id., q. g. d’eau à 6#, 27 N.-E. Couvert. Couv., lég: brouill. Nuageux. 28 N.-E. Idem. [éouver Beau ciel, 2q N. Nuageux. Idem. Idem. 30 pe fort. [Beau ciel. Beau ciel. Idem. ô1 1 as pr . | Moyennes du 1° au 11. Phases de la Lune. 2] 2,30 b, Moyenges du 11 au 21, D.Q.le 3à 3%10/s. IIP. Q.le18à o'50! _3 16,45 et Mons du 21 au 30. hs] DHQ lerià 6m. Le. Ru | 37,08 | 32,66 Moyennes du mois. RÉCAPITULATION. Nelteneess cou # INSEE. ec 9 Eee ass o Jours dont le vent a soufflé du de RALES 6 SOLE 4 OS ee se NO eue NA Thermomètre des caves { “ É De } centigrades. P.L.le25à 7 g'm. 268 + ‘/JounNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE À Wok Ne MNNSE LE UT DATE a Sur les_sons excités_par le gaz hydrogène ; te :. Par M. JOHN LESLIE. 2 * | 4 } . é € Il est bien connu que l'intensité du son est diminuée par la raréfaction du milieu dans lequel il est produit. On devait donc s'attendre que Je son produit dans le gaz hydrogène serait plus fmble que celui qui,’ dans les mêmes circonstances, aurait lieu dans l'air atmosphérique ; mais la différence est présentement béaucoup plus grande. ‘Une petite pièce d’horlogerie, au moyen de laquelle une cloche est frappée chaque demi-minule, étant placée dans le réservoir dune pompe pneumatique, on produisit une raréfaction suc- -cessive ; et après qu’on ent raréfié l'air cent fois ,on introduisit dù gaz hydrogène. Alors le son , au lieu d’être augmenté, était au moins aussi faible que dans un air atmosphérique d'une ex- tréme rareté et décidément beaucoup plus faiblé que lorsqu'il est formé dans un air de la même densité ou raréfié dix fois. Le fait le plus remarquable est que le mélange de gaz hydro- ‘’#ène avec de l'ait atmosphérique, a une influence marquée pour Ydoucir ou étouffer les sons. Si l’on enlève la moitié du volume de Fair atmosphérique, et qu'on remplace le vide formé par du gaz hydrogène , le son deviendra à peine susceptible d'être en- tendu. : - Ces faits, pense M. Leslie, dépendent en partie de la ténuité du gaz hydrogène, et en partie de la rapidité avec laquelle les pulsations du son sont transmises à travers le milieu très élastique. La vitesse de la célérité de la transmission du son, à travers air commun, est la même pôur chaque degré de raréfaction ; mais dans le gaz hydrogène, elle est plus de lois fois plus prompte: La cloche frappe donc un milieu qui est à la fois rare et fugace ; un plus petit nembre de particules sont frappées, et elles s’'échappent plutôt à Vaction du choc. Pour produire des ondulations. semblables à celles qui sont excitées dans l'air at- mosphérique, on pour causer des réciprocités égales dans les ondes 219 , TE DHMISTDOIRE NATU À ELLE. t 269 sonores, 1l faudrait, que d'impulsion:eût le carré della rvilèsse ou dix fois: plus grande:que d'air commun.’ S$i cette manière de votr est! juste, on doit s'attendre que l’intensiié ‘du son est diminuée cent fois, ou dans une raison composée de sa lénuité et du carré de la vitesse avec laquelle il transmet les impressions vibratoïres. Lorsqu'on mêle du gaz hydrogène avec de l'air :ommuw’, il est probable qu'il n’y a ‘pas-une combinaison lintime , et que les immpressions, pulsatoirés se dissipent avant quelle sonme soit completement formé. (Transactions of the Cambridge Philos:soc) CRE RE one inborg stop Au Rédacteur du Journal de Physique. des Monsieur, f , s Permettez-moi de vous adresser l'obsérvations:suivantel, avec les réflexions qu’elle ma suggérées. l'on | Les veines'et taches blanebes-de certains-marbres, et notam- ment de ceux à fond noit ou rouge, sont; avec de temps, su- jettes à sortir de leur espèce d’alvéole, et par:couséquent à s'éle- ver au-dessus de l’un ou l’autre fond, quelque bien: dressée: et nivelée qu’en ait été la surface , avec celle de céémêémeseines On remarque surtout cet exhaussement aux veines ou taches blanches dont sont parsemés les fonds noirâtres ou blanchâtres du marbre connu sous le nom de Sainte- Aimé, dont on fait plus communé- ment les tables qui garnissent des ‘salles des maréhands cafe- tiers ou limonadiers Après quelques ‘années de service, onis’a- perçoit que cette : différence de niveau est parfois d'un quart de! ligne au-dessus: de larsunface: du fond'eoloné: Un examen attentif de ce phénomène a donné lieu” aux réflexions que je sousseammunique:l01 5h quosursd 1pe SnormrAonport 1e M 1°. Cettesorie de là veine qu tâche blanchelhors! dela’ partie colonée qui l'enveloppe, ne peut-elle pas être envisagée ‘éünime un effet de l’action des liqueurs plus ou moins chaudes renver- sées fréquemment sur ces tables, et qui successivement, quoi- que d’une manière peu sensible, sont parvenues, d’une part, à -se filmer dans les fissures existantes entre la partie colorée et celle blanche, et d'autre ‘part, à produire, par une suite de leur 2r0 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elc. dilatation sous,ces taches ou veines blanches, le soulèvement qui est signalé ici? Peut-être il ne serait pas impossible de se rendre compte de ce fait, en sciant des veines ou taches dans toute leur épaisseur, et en reconnaissant si le vide formé sous elles est égal en hauteur à celle de leur débordement au-dessus du ni- veau de la partie colorée qui leur sert de chaton. 2°. Cet effet ne démontrerait-il pas que les veines on taches blanches dont il s’agit, non-seulement ne font point corps avec la partie du marbre coloré dont elles ont rempli les vides formés par sa retraite, mais encore que ce remplissage de matière unique et blanche a pu avoir lieu par stillation des corps superposés. 3°. La couleur métallique des parties de ces marbres qui en sont imprégnées ne peut-elle pas, par une suite de l'attraction qu’elle produit sur la matière qu’elle enveloppe, être considérée comme un obstacle naturel à la fusion de la veine blanche à la veine colorée, soit qu’on regarde la première comme ayant rem- pli, par stillation, les vides dont il a été parlé, soit, au con- traire, qu'on considère toute la masse blanche qui compose le marbre, comme ayant été plus ou moins en contact ou mêlée avec la couleur métallique qui s'y est insinuée, n'importe à quelle époque ? Si vous croyez que cette observation, et les réflexions qu’elle fait naître, soient susceptibles d'appeler l'attention de vos lec- teurs, veuillez, je vous prie, leur donner place dans votre in- téressant recueil. fai l'honneur d’être, etc. C. Pasor pes CHARMES. Observation du Rédacteur. Le fait rapporté par M. Pajot des Charmes, et qui est hors de doute, c’est-à-dire, l'élévation des veines blanches au-dessus du fond coloré, dans les tables de marbre de Sainte-Anne , qui servent depuis long-temps dans nos cafés, ne peut-il pas être expliqué beaucoup plus simple- ment par la différence de dureté de ces deux parties, comme cela se voit si fréquemment sur beaucoup de roches , au contact de l'air, et sur lesquelles ce contact produit en grand l'effet que les liqueurs, et surtout le torchon des garcons de café, produisent sur, ces tables ? De l'Imprimerie de HU ZARD-COURCIER , rue du Jardinet ; n° 19, en > ” “ Loir de Lucy lsrrt . TRE «1 4 D À ! JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. JUIN an 1823. OBSERVATIONS Sur plusieurs Serpens du genre PITHox, vivans à Paris dans les mois de janvier et février 1823 ; Par M. H. D. DE BLAINVILLE. Communiquées verbalement à la Société Philomatique , le 18 février. Css serpens élaient au nombre de quatre; les deux plusgrands, que le propriétaire nomme des Boas constricteurs de Java , étaient évidemment de l'espèce que les zoologistes désignent sousle nom de Pithon améthyste; c’est l’Ular-Sawa; ou la grande couleuvre des iles de la Sonde , espèce qui parvient à plus de trente pieds, et dont Seba a donné de bonnes figures. L'un des deux petits était appelé par le propriétaire le Rock, ou le Boa du Bengale; c'est une espèce xoisine de la précédente, Tome XCVI. JUIN an 1823. 35 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quoique sa couleur füt très différente, plutôt, il est vrai, dans la teinte générale que dans la disposition des taches. Je la crois également connue et même figurée dans l'ouvrage de Russel. Le troisième, enfin, parait une espèce nouvelle; il était surtout remarquable, parce que les bords de la lèvre supérieure étaient creusés de chaque côlé d’une séric de larges fossettes où Ja peau était molle, ce qui a lieu d’une manière plus ou moins marquée danscertains Boas, et même dans les Pithons ordinaires. Le propriétaire des serpens, ou mieux les gardiens, le disaient d'Afrique, ce qui me paraît douteux; ie supposerais plus volon- üers qu'il provient de l'Inde. Ils le nommaient Boa brodé d'Afrique. Sur le Pithonde Java. On ne pet mieux comparer cet animal qu'a une énorme couleuvre; son corps était nerveux, surtout le long de la colonne vertébrale, à peu près cylindrique; la lon- gueur totale étant de huit pieds environ, mesurée, il est vrai, quand l'animal était à peu près en repos; cependant, quelque extension qu'il puisse prendre lorsqu'il s'étend pour ramper, il ne paraît pas probable que la lonsueur püt jamais atleindre à quatorze pieds, comme le disaient les gardiens. Dans celte lou- gueur, la lêle avait trois pouces seulement, et la queue, qui était obtuse, non prenante, à peine un pied. Le diamètre du corps dans sa partie la plus large, c’est-à-dire vers la jonction du pre- nier liers au second, était de trois pouces six lignes; il dimi- nuait insensiblement vers la queue, où il n’était que de deux pouces, et vers la tête où le cou n'avait que le mème diamètre; la tête était fort petite comparativement, puisqu'elle n'avait que deux pouces six lignes de large. La peau qui revêt ces animaux offrait un certain aspect luisant, comme ciré, qui donnait aux couleurs un éclat tout-à-fait re- marquable, surtout sur un des deux individus qui venait de changer d’épiderme peu de jours auparavant ; sur l’autre ,cescou- leurs étaient plus ternes. Je n’ai pu y remarquer de pores, et elle ne n'a paru rejeter ni matière grasse ni matière odorante. Les écailles qui la recouvrent en dessus et sur les côtés étaient ovales, ou mieux losangiques avec les angles abattus, sans trace de ca- rène, disposées par rangées longitudinales, s’imbriquant un peu vers la pointe, et de manière à ce que les rangs se touchaient par leurs bords, du moins dans l’état ordinaire. Sous le cou et le ventre étaient de véritables plaques également losangiques, mais transversales, assez larges, quoique sensiblement moins que dans les couleuvres; celle qui recouvrait l'anus était demi-circu- » JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 27 laire ou operculiforme. Au-delà, le dessous de la queue étui: garni de doubles plaques de même forme, mais de moitié plus petites. À la fin elles m'ont paru simples, ce qui est certain pour la dernière, qui entoure l'extrémité de la queue. Celles qui re- couvraient la tête étaient fort petites, presque au niveau des yeux; en avant elles étaient plus grandes: celles qui bordaient les lèvres étaient aussi assez grandes et carrées; elles n’offraient pas d’excavation de manière à former des gouttières longitudinales, comme dans certains Boas; et entre les antérieures les espaces nus dont nous parlerons dans une des petites espèces étaient fort peu considérables, mais ils existaient réellement. La langue avait tout-a-fait la forme de celle d’une couleuvre, elle était couverte d'une peau d’un brun noirâtre; il en sortait environ un pouce et demi quand l'animal la dardait, dont les deux tiers postérieurs étaient un peu comprimés, letiers antérieur bifurqué. Les orifices extérieurs des narines étaient à peu près latéraux, subterminaux, de forme ovalaire, un peu courbés en dedans, percés dans une grande écaille, etimmobilesoune changeant pas de forme. Les yeux, médiocres, étaient ronds et assez saïllans. Sous la conjonctive dont l’épiderme est très épais, parfaitement transpa- rent, plus mince que celui qui recouvre le reste de la peau (ce qu’on voyait très bien sur la dépouille), l'œil a des mouvemens peu considérables d’abduction et d'adduction vers l'angle interne; l'iris était d’un gris doré, bordé d’or pur dans la circonférence de la pupille, qui était noire : ordinairement ovale, elle présen- tait dans sa contraction une forme plus étroite, un peu courbe, mais arrondie à ses deux extrémités. On n'apercevait, comme dans tous les autres véritables ser- pens, aucune trace extérieure de l'appareil de l'ouie. Le corps en totalité n'offrait pas la disposition qu’on remar- que dans les serpens grimpeurs, ou les véritables Boas, c’est- àa-dire que la ligne ventrale n’était pas plus courte que la ligne dorsale, et par conséquent pouvait s’élendre sur un plan; il en était de même de la queue, qui n’était par conséquent pas pre- nante. Les crochets ou appendices qui accompagnent l’anus dans les Pithons, comme dans les Boas, étaient coniques, noirätres, com- plètement rentrés dans une excavalion située de chaque côté de l'anus , un peu avant le bord de son écaille operculaire. Les appendices formant chaque mächoire, et surtout ceux de 35 274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'inférieure , offraient dans la ligne médiane des traces évidentes de leur grande facilité d'extension. La bouche, très fendue , était bordée par des espèces delevres, qui empèchaient complètement de voir les dents; à la partie anté- rieure et médiane était un pelit espace triangulaire formé par la disposition des lèvres et des màchoires par où sortait la langue, sans que les mâchoires fissent le moindre mouvement d’é- cartement. Les dents, que je n’ai pu qu'entrevoir, étaient évidemment assez petites, Lrès aiguës, et dirigées en arrière. Ces animaux, quoique au milieu d'un hiver assez rigoureux, puisque le thermomètre extérieur était à — 8°, étaient cependant assez vifs, surtout celui qui venait deperdresonépiderme, grâces à la chaleur arüficielle dans laquelle on lesentretenait. A cet effet, ils étaient placés dans une grande cage de fil de fer, dont le fond, formé par une plaque métallique, était appliqué sur une baignoire dans laquelle on mettait de temps en temps de l'eau bouillante. Sur la plaque ainsi échauffée était une couverture de laine, qui servait de matelas aux serpens, el ils élaient encore recouverts par une autre couverture, quand ils ne devaient pas être exposés aux regards des curieux; de celte manière la chaleur de ces animaux, et surtout celle de leur ventre, dépassait souvent trente degrés. Aussitôt qu'on enlevait leur couverture, on les voyait enroulés en plusieurs cercles. la queue au milieu, et la lète en dehors et plus où moins élevée; ils cherchaient bientôt à ramper le long des parois de leurs cages, à la manière des couleuvres, et en dar- dant leur langue plusou moins fréquemment, suivant qu’ils étaient plus ou moins irrilés. Leur sensibilité en général semblait cependant assez obluse: on pouvait les toucher sans qu’ils parussent sentir le contact, et sans-qu'il y eût la moindre chose à craindre; mais si l’on ap- puyait un peu, la peau, alors frémissait et se contractait, en for- mant des espèces d’ondulations très fines. On pouvait toucher la conjonctive, sans que l'animal parüt le sentir, et fit le moindre mouvement pour l’éviter. Il n’en était pas de même de l'orifice des narines, ni des intervalles nus des écailles des lèvres, ou fossettes latérales; il ne m'a cependant pas paru que la sensibilité de ces dernières parties füt très con- sidérable. On les nourrissait d'animaux vivans, et surtout de dindes et de poules. Je ne me suis pas trouvé au moment même où l’un ET D'HISTOIRE NATURELLE. 275 des gros serpens a avalé sa proie; mais j'ai vu l'un des petits attaquer un lapin, évidemment beaucoup trop gros pour qu'il püt être dégluti. Le serpent, irrilé par la vue de l'animal qu'on lui présentait par la tête, le regardait fixement, puis se jetait brusquement sur lui en ouvrant fortement la gueule, en refer- mant les mächoires armées de dents sur le museau du lapin, de manière quelquefois à le faire crier; il donnait un mouvement de torsion à son cou et à la partie antérieure de son corps, de manière à s’enrouler obliquement autour de celui du malheureux animal qu’il quittait ensuite. Les grands serpens agissaient de même, d’après ce que m'ont dit les gardiens; mais c’est ce que je ne puis assurer. J’en ai observé un qui avait mangé la veille (1 février) trois poules; c'était celui dont l’épiderme venait de tomber, et qui évidemment élait plus actif. Peu de temps au- paravant (le 21 janvier), le même individu avait avalé deux poules, ce qui prouve que la digestion de ces animaux n’est pas aussi lente qu’on le pensait, ce qui tient peut-être, il est vrai, à la chaleur artificielle dans laquelle on les maintenait. Dans celui que j'ai observé, les poules avalées formaient trois masses peu distinctes, siluces environ au liers antérieur de la longueur totale; le diamètre du corps dans l'endroit le plus renflé , était de cinq pouces et au-delà; la peau était fortement distendue, et les rangées d’écailles bien distinctes, et écartées entre elles d'au moins deux lignes. Le serpent était dans un état de torpeur où d'engourdissement un peu plus considérable que l'autre, mais la différence ne m'a pas paru aussi grande que je m'y atlendais; il cherchait cependant moins à ramper. On a pu voir sur lui, d’une manière évidente, que la masse alimentaire marchait peu à peu d'avant en arrière, par l'élasticité du canal alimentaire et du derme lui-même, et diminuait peu à peu de volume. Quand, enfin , il ne restait plus que les plumes et les os, elles étaient rejetées en masse, agglutinées plus ou moins entre elles par une substance d’un blanc jaunàtre; cette substance, quelquefois sous forme de bouillie plus où moins épaisse, et d’autres fois sous celle d’une masse concrète, d’un aspect cré- tacé, mais toujours assez molle ,aune odeurévidemmenturinaire, quand elle a été un peu échauffée. M. Vauquelin, qui en a fait l'analyse chimique , a trouvé que celle matière n’est autre chose que de l'acide urique, sans autre mélange qu'un peu d'ammo- niaque, de potasse, de chaux ; combinés avec cet acide, et un peu de matière animale. Quelques grammes de cette matière bouillis avec de l’eau, lui ont en effel communiqué une acidité très 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE marquée: traitée par la potasse, elle s’est dissoute entièremen t à l'exception de quelques légers flocons de matière animale qui n’en font pas la meilleure partie. Pendant cette dissolution, une légère odeur d’ammoniaque s’est développée. Traitée par l’acide nitrique, elle adonnéimmédiatement du purpurate d’ammoniaque. Cinq grammes de cette matière brûlés dans un creuset de platine, ont fourni un résidu alcalin, qui, saturé par l'acide nitrique, a produit 30 centigrammes de nitrate de potasse, mêlés d’une petite quantité de nitrate de chaux. J'ai vu plusieurs fois ces serpens rejeter par l'anus un fluide urinaire assez considérable, et même le lancer à quelque distance: il était composé d’une grande quantité de matiere évidemment fluide, transparente, et d'un peu de la malière blanche dont il vient d’être question, mais à l’état extrèmement mou, ou mieux presque liquide. La respiration de ces animaux est fort lente, et du reste se fait, comme dans les couleuvres, par la contraction des côtes dans le second quart de la longueur totale du corps. J'ai remarqué que ce mouvement était isochrone avec un renflement assez considé - rable de la gorge. Voilà toutce que j'ai observé sur les deux grands Pithons, dont j'ignore le sexe. J'ai beaucoup moins examiné les deux petits individus, parce qu'on les tenait habituellement renfermés dansuneboîte au milieu d’une couverture de laine, et placée au coin du poële. L'un d'eux, ou le petit Pithon du Bengale, était très agile, ires actif, beaucoup plus que les autres ; il pouvait très bien, en s’attachant par l’extrémité de son corps ou par la queue, tenir le reste en l'air. Les gardiens le disaient beaucoup plus méchant ; ils paraissaient le craindre encore davantage, et, en effet, c'était lui seul qu'ils employaient pour faire voir aux curieux comment ces animaux altaquent leur proie; l'un d'eux en avait même été mordu, mais la morsure n’avait été suivie d'aucun accident facheux; cellesqu'il faisait au malheureux lapin sujet d'expériences répétées, élaient également sans conséquences, puisque c'élait toujours le même qu'ils employaient. L'autre petit serpent, dit Boa brodé, ne na offert rien de re- marquable que la grandeur proportionnelle des fossettes labiales ; elles étaient au nombre de trois de chaque côté, situées entre l'écaille médiane et la seconde, et entre celle-ci et la troisième; la forme de chacune était un peu différente, leur profondeur était assez peu considérable, et la peau qui les tapisse évidemment ET D'HISTOIRE NATURELLE. 277 nue, molle et de couleur jaune; la sensibilité de la peau en cet endroit paraissait être assez grande, c’est-à-dire que quand on essayait d’y toucher avec un corps pointu, l'animal se relirait assez promptement, à peu près comme lorsqu'on touchait au berd des narines; mais il m'est arrivé d’y toucher sans aperce- voir une plus grande sensibilité qu'ailleurs. On ignore tout-àa-fait quel peut être l'usage de ces fosseltes, qui me paraissent avoir quelque analogie avec l'espèce de larmier des trigonocéphales ou des serpens à sonnetles (1). Peut-êlre, en effet, recoivent-elles plus de filets nerveux que les autres parties de la peau. J'ajouterai que j'ai observé trois animaux parasites sur les grands Pithons : 1° un ver intestinal de la famille des tænias, et 2° deux jolies espèces d’acarides implantées dans la peau. J'en pourrai parler dans une autre nole. MONOGRAPHIE Du Genre Arzysre (Æplysia, Lin. ); Par M. H. D. pe BLAINVILLE, QuecquEs auteurs anciens et la plupart des auteurs modernes de la rénaissance des lettres, ont employé le nom de Zévre marin pour désigner des animaux mollusques fort gros, qui se trouvent assez communément sur nos côtes de l'Océan et de la Méditerranée, où le peuple le leur a encore conservé, et que les auteurs systématiques appellentaujourd'huiLArrYs1Es ou mieux Aprystes, d'après Apulée. Linné les désigne dans les huit ou neuf premières éditions de son Systema naturæ , sous la déno- miuation de lernæa; aussi esl-ce sous ce nom que Bohadsch a donné une Anatomie aussi détaillée qu’exacte de l’une des espèces les plus communes, dans son Traité sur quelques animaux ma- rins. Plus tard, c'est-à-dire, dans sa dixième édition, Linné en fit une espèce de thétys; enfin, dans la dernière édition, Gmelin () M. Valenciennes , aide-naturaliste au Muséum , pense qu’il y a quelque rapport entre ces organes et les moustaches des chañs, 278 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a préféré le nom d'aplysia, mot composé du grec, qui veut dire qu'on ne peut laver, et qui a été adopté par plusieurs zoologistes modernes, entre autres par M.G. Cuvier; tandis que d’autres, par une raison assez diflicile à concevoir , comme Braguières , MM. Bosc, de Lamarck, etc., ont employé la dénomination de laplysia , laplysie. Ce genre d'animaux, comme il sera possible de le juger, d'après ce que nous allons dire de leur organisation, appartient à l’ordre des monopleurobranches, section des herma- phrodites’, dans la classe des malacozozires céphalophores. M. G: Cuvier, qui a publié une Anatomie nouvelle de ces animaux, en fait le genre principal de sa famille des tectibranches dans l’ordre des gastéropodes; pour M. de Lamarck, c’est le type d’une petite famille, les laplysiens, de la division des gastéropodes, Les ca- ractères du genre de mollusques que forment les laplysies peu- vent être exprimés ainsi : Corps épais, charnu, ovale, pourvu en dessous d'un pied ovale assez mince, d'un appendice membra- neux natatoire de chaque côté, et en dessus et en arrière, d’une sorte de bouclier operculaire soutenu par une pièce membrano- calcaire , recouvrant une seule grande branche située sur le côté droit; deux paires de tentacwles fendus et auriformes, l’une labiale et l’autre cccipitale ; les yeux sessiles en avant de celle-ci; l'anus très reculé et à l'extrémité postérieure de ja fente branchiale; les orifices du double appareil de la génération très distans et communiquant entre eux par un sillon extérieur. D’après ces caractères, il est évident que c’est un genre extrêmement voisin des dolabelles, dont il ne difière guère que par la forme du bou- clier qui recouvre les branchies, et par celle de l'ouverture de Ja cavité branchiale. Le corps des aplysies est ordinairement ovale et fort épais; mais dans la marche de l’animal, il s’alonge et s’aplatit; dans l'état de grande contraction , il ressemble à une masse charnue assez informe. Dans l'extension, la partie qui joint la tète à l’ab- domen , s’alonge beaucoup et simule une espèce de cou;ilenest de même de la postérieure qui forme une pelite queue par l’ex- tension du pied. La peau qui enveloppe le corps des aplysies est comme géla- tineuse, du moins en dehors; car à l'intérieur, elle est toujours iapissée par une couche de fibres musculaires dirigées dans tous les sens. À l'extérieur , elle est quelquefois parsemée, sur les appendices surtout , d'espèces de petits tubercules arrondis, très saillans, dans l’état de vie, mais qui disparaissent, à ce qu'il parait, presque complètement après la mort. Bohadsch ET D'HISTOIRE NATURELLE. 279 dit qu’il en sort une sorte d'humeur blanchätre. Le même auteur ajoute que les aplysies rejettent de toutes les parties de Ja peau une quantité cousidérable d'une humeur limpide , aqueuse, quand elles sont abandonnées complètement à elles-mêmes, et qui est beaucoup plus épaisse, glaireuse, filante, quand elles se contractent par irrilalion surtout. Dans l’épaisseur du bouclier dorsal, on trouve une véritable coquille libre, si ce n’est à un endroit où s'attache une sorte de muscle de la columelle. Cette coquille est en grande partie membraneuse, et transpa- rente, On trouve cependant que quelquefois elle est solidifiée, en dessous, par une couche calcaire fort mince, et qui ne s'étend pas jusqu'aux bords. Sa forme est très aplatie, plus ou moins ovale, le bord gauche etant plus long que le droit, qui offre à sa parlie postérieure une échancrure plus ou moins large qui se termine au sommet. Celui-ci assez peu évident, l’est cependant assez pour indiquer que l’enroulement de la spire est normal, ou de gauche à droite. Cette coquille, quoique fort miuce, laisse tres bien voir les stries d'accroissement transverses et longitudi- nales. Sa couleur est d’un blanc jaunàâtre, du moins en dehors, brun en dedans, la partie calcaire est un peu nacrée; Bohadsch y a même observé des rudimens de perles sur un individu. Les deux paires de tentacules, dont la tête est pourvue, sont très dissemblables et très protéiformes ; les antérieurs ou labiaux, forment une espèce de crête dirigée verticalement et qui borde de chaque côté l’orifice buccal; ils sont plus épais dans leur bord supérieur. Les postérieurs sont les véritables tentacules ; ils sont coniques, assez courts et fendus , plus ou moins profondément, à leur bord externe et antérieur. Les yeux sont lout-a-fait sessiles et situés au fond d’un petit en- foncement place au milieu de l'espace qui sépare les deux paires de tentacules. Les aplysies, dont loule la peau est extrêmement contractile, se meuveni assez peu en rampant; aussi le derme qui forme la par- tie inférieure du corps, est-il assez peu plus épais qu’en d’autres endroits. Le pied est cependant bien circonscrit, plus large en avant, rétréci en arrière, et l’on voit des faisceaux musculaires longitudinaux, comme dans les vrais gastéropodes. La petitesse du pied de ces mollusques est compensée par le développement de deux larges expansions musculo-cutanées qui se portent sur les parties latérales du corps, depuis le cou jus- qu’à la queue, à la partie supérieure de laquelle elles se réunissent plus ou moins entre elles. Celle du côté droit m'a toujours paru Tome XCVI. JUIN an 1823. RT 36 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moins large que celle du côté gauche. On y remarque des -fais- ceaux musculaires trausverses, assez considérables «et en outre la structure ordinaire des autres parties de l'enveloppe. L’appäreil de la digestion diffère assez peu de ce qu'il.est dans les aatres mollusques hermaphrodites ; la bouche située au milieu de la racine des’tentacules labiaux est formée par un orifice très grand, à plis convergens , mais cependant à peurprès vertical. Flle’conduit dans une cavité buccale ‘assez étroite, mais qui est entourée de muscles puissans ; ‘ce qu'ils offrent :de plus singu- lier, c’est qu'une couche des fibres 'transverses «est'de couleur rouge, tandis que les ‘autres sont blanches. C'est dn moins ce que dit Bohadsch de l’éspèce qu'il a disséquée’toute fraiche sur les bords de la mer. A ’la parlie supérieure dela icavité est un follicule médian , ‘memibraneux , ‘enveloppé de vaisseaux cet contenant une humeur blanche, salée et un peu-épaisse..Bo- hadsch en fait une glande salivaire ; tandis qu'ilregarde comme de simples ligamens , deux longs filamens' bruns qui , de chaque côté de la masse buccale, se portent en arrière , de long du:canal intestinal, jusqu’au second estomac où ils finissent à rien. Sont- ce les véritables glandes salivaires, comme le «pense M. Cuvier ? A la partie inférieure de la cavité buccale est la masse linguale ; c’est une pelite saillie ovale ou cordiforme , partagée en deux par un sillon longitudinal, et dont la'sarface est garnie de très pelités dents cornées dirigées en arrière. L'oœsophage qui naît de la partie supérieure de la-masse buc- cale, est assez long ét fort mince; ‘il se renfle bientôt en un prémiér estomac longitudinal , ou en une ‘espèce ‘de jabot con- sidérable et dont les parois sont très peu épaisses. Vient «ensuite une sorte de gésier, ou un second estomac court, de la même grosseur à peu près que le jabot, mais dont les parois formées de fibres annulaires, sont extrêmement épaisses. Lia membrane qui le tapisse intérieurement est sub-cartilagineuse , et .elle :est armée de douze à quinze petits corps cartilagineux, tétraèdres, croissant par couches comme les coquilles, ‘et :assez peu :adhé- rens à la membrane. On peut regarder comme un troisième estomac une autre partie peu distincte à l'extérieur ,:et.qui à l'inté- rieur est garnie d'unezône de petits crochets-dirigés-en 1avant ou vers le gésier. Le canal intestinal qui suit la série des estomacs ;:est d'un dia- mètre beaucoup moins considérable que le lear ; il formed'abord une sorte de duodénam distinct. C’est -dans‘cette partie, que,le foie qui est fort volumineux et partagé en un grandmombre de lobes, verse la bile par plusieurs poresibiliaires , au moins quatre ET D'HISTOIRE NATUREÆLLE. 281 ou cinq. Le reste du canal intestinal est assez peu complique ; il fait trois circonvolulions enveloppées par les lobes du foie .et il se rend à lanus, que nous avons dit plus haut, être situé à la partie postérieure de la cavité branchiale, sous une espèce d’élangisse- ment membraneux qui lermine le bord operculaire , au delà de a pièce calaire. Le système circulatoire est aussi à peu près disposé comme dans les autres mollusques gastéropodes. Les ramifications vei- neuses qui rapportent tout le sang des diverses parties du corps, ét celles qui proviennent du foie et de tous les autres viscères, et qui offrent cela de remarquable que leurs parois sont percées d'ouvertures ovales assez grandes, du moins dans l’état de mort et béantes dans la cavité abdominale, aboutissent dans deux gros troncs qui inlerceptent entre eux une espèce de triangle fibreux situé à la racine de la branchie. Ceux-ci sont évidemment entourés de fibres musculaires appartenant à l'enveloppe cuta- née, Leur point de réunion, en arrière du triangle, forme une sorte d'oreillette ou de ventricule pulmonaire, d’où sort l'artère de ce nom. Celle-ci se porte ensuite d’arrière en avant, lout le long de la racine de la branchie et se subdivise dans les rami- fications de celle-ci. Les branchies sont attachées de chaque côté d’une sorte de diaphragme ou cloison triangulaire qui se porte hori- zontalement du bord antérieur de la cavité à son bord posté- rieur ; c’est sur les deux faces de cette cloison que sont appli- quées les lames branchiales qui sont triangulaires et groupées deux à deux. Chacune d’elles est composée, comme à l'ordinaire, de lamelles ou plis parallèles , disposés obliquement et décroissant de la base au sommet. L'ensemble de ces deux branchies ados- sés forme une masse fortement recourbée , la concavité en ar- rière , dont une pointe est en dedans, et dont l’autre peut dépas- ser en dehors le bouclier operculaire et saillir plus ou moins en arrière. Des lamelles branchiales naissent des veinules , qui s’ouvrent successivement dans une grosse veine qui suil le bord d'attache de la branchie et se termine dans l'oreillette du cœur situé à Ja partie postérieure du ventricule., Le cœur lui-même est piriforme ; il est contenu dans une cavité particulière plus grande que lui. Da cœur naît, en se recourbant , une aorte fort considérable, qui après une sorte de renflement bulbeux est garnie de chaque côté de crètes vésiculeuses fort singulières et dont l'usage est inconnu ; après quoi elle se porte en avant, fournit des rameaux 36. 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui se recourbent en arrière, le long du premier ventricule et se termine en se subdivisant aux différentes parties de la tête. Une autre branche aortique postérieure avait fourni des rameaux au foie , aux testicules , etc. L'appareil de la dépuration urinaire ne diffère pas non plus beaucoup de ce qu'il est dans les animaux de la même classe ; il est cependant dans une connexion moins immédiate avec la \erminaison du caual intestinal. I’organe sécréteur forme une Petite masse réniforme située à droite, au milieu environ de l'espace qui sépare l’anus de la vulve; il est composé d’un très grand nombre de follicules piriformes, dont le fond regarde la face externe de l'organe et dont le sommet intérieur se prolonge en un pelit canal excréteur. C’est de la réunion de tous ces petits canaux particuliers que résulte le canal excréteur commun ; il est fort court , s’ouvre par un orifice arrondi, à peu près à la mème place. L’humeur que cette glande fournit est blanchätre et parait être vénéneuse d'après Bohadsch. Quant aux organes de la génération, les deux sexes sont dis- lincis, mais réunis sur le même individu. L'ovaire est tout-à-fait à la partie postérieure de la cavité vis- cérale ; il est subglobuleux. Il en naît un oviducte très replié qui s’élargit d’abord, pour se rétrécir ensuite, quand il vienten connexion avec le canal déférent de l'appareil mâle. Celui-ci est composé de plusieurs tours d'un corps glandu- leux, entièrement formé de vaisseaux extrénrement fins, tous parallèles entre eux et qui aboutissent dans un canal commun ou défèrent, qui fait le tour du testicule. Il y a une espèce d'épidydyme dont le canal se réunit à celui de l'ovaire. Au point de leur réunion, est une petite vésicule formée par une membrane extrêmement mince qui s'ouvre par un Canal plus gros et court. Bohadsch dit qu’elle est remplie d’une quantité innombrable de petits corps bruns, oblongs, nageant dans une liqueur verdàtre. Le canal commun fait ensuite quelques flexuosités sur la vessie el s'ouvre à l'extérieur par un petit orifice arrondi, situé à droite, presque au bord antérieur de l'ouverture branchiale. De là , il part un sillon extérieur bordé par deux lèvres cuta- nées assez saillantes, et qui, prolongé le long du côté droit du cou, se lermine à la racine de l'organe excilateur. Celui-ci est formé par une masse épaisse, conlractile , assez alongée, amincie x son extrémilé antérieure et creusée dans toute sa longueur par uu sillon extérieur. Il sort par un orifice approprié, immédiate ET D'HISTOIRE NATURELLE, 283 ment au côté externe de la racine du tentacule Jabial du côté droit , d'une sorte de gaine formée par une membrane muscu- laire épaisse, glabre en dehors, en partie lisse, el en partie gra- nulaire et glanduleuse en dedans, et qui a, à sa base, deux muscles rétracteurs assez courts, mais épais qui viennent des parties laté- rales du cou. Ce pénis, dont la couleur générale est brune, si ce n’est à l'extrémité qui est d'un beau jaune, a offert à Bohadsch un phénomène bien remarquable; c’est que, après la mort de l’ani- mal, quand le cœur n'avait plus aucun mouvement, non plus qu’au- cune autre partie du corps , le pénis en conservait encore. Bien plus, arraché de l'animal mort, il se contractait au contact d’un corps quelconque. Le cerveau des aplysies se compose de quatre petits lobules rougeätres, enveloppés de tissu cellulaire blanchätre. Il en part deux filets qui vont se réunir à un ganglion placé sur la bouche, deux autres filets qui vont aux glanglions sous-æsophagiens, et enfin, un autre inférieur qui se porte au ganglion abdominal. Celui-ci est fort gros et fort évident. C’est de ces différens gan- glions que sortent les nerfs qui vont animer les parties el qui sont toujours proportionels à leur développement. Les aplysies ont à peu près les mêmes habitudes, les mêmes mœurs que les autres mollusques. Leur sensibilité de toucher est exquise. Nous ne savons rien sur leur faculté d’odorer; il est probable que lur goût est assez développé; leur vision doit être plus obtuse. Elles rampent assez lentement sur les corps sous-marins à Ja manière des limaces et à l’aide du disque ab- dominal; mais elles nagent fort bien, surtout les véritables aplysies, à l’aide des appendices locomoteurs ou des espèces de nageoires dont leurs flancs sont pourvus, à peu près sans doute, comme le font les bulles et les bullées, c’est-à-dire le dos en bas et le pied en haut. Dans l’état de repos, elles relèvent sur le dos les expansions latérales, de manière àen être enveloppées comme dans les deux pans d’un manteau. Leur nourriture consiste, sui- vant Ja plupart des auteurs , en thalassiophytes ou plantes marines. Bobadseh dit cependant qu’elles mangent de petits mollusques, et M. Bose, des pelits crustacés. Ce sont des animaux litioraux, c'est-à-dire, qui se tiennent sur les rivages et surtout sur ceux qui sont rocaïlleux. Quelques auteurs disent qu’elles recherchent les lieux vaseux , ce qui me paraît peu probable. On ne sait rien de leur mode d'accouplement; il est cependant fort probable, comme l'a fait observer Bohadsch, que pour se réunir, les deux. individus doivent se placer tête à queue, afin que les sexes dif 284 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CITIMIE féréns se correspondént. Je n’ai trouvé, dans aucun auteur venu jusqu'ici a ma connaissance jaucundétailsur le produit dela généra- tion des aplysiés. Ces animaux, malgré qu'ils forment une massé charnue sou- vent assez considérable, ne sont pas employés à la nourriture de l’éspèce humaine, et cela, à ce qu'il parait, surtout à cause de l'odeur extrèmement fetide qu'ils répandent:On ne peut même doutér, d'apres ce que dit Bohadsch de l’aplysie dépilante, que l'humeur qui sort des tubercules de la peau et surtout de l'organe de dépuration uriñaïré, ne soit assez fétide pour déterminer des nausées et même le vomissement. L'auteur que nous venons de citer regarde la matière de l’organe dépurateur comme véné- neuse ; et en effet, toutes les foïs qu’il avait observé attentivement ces animaux vivans ; les mains et les joues lui enflèrent; mais il n'ose affirmer si cet effet a été nroduit par une simple exhalation de l'humeur vériénéuse, où bien par un contact immédiat. Ce qu'il assure c’est que quelques poils de sa barbe tomberent, après qu'il eùt touché volontairement son menton avec le doigt hu- meclé de l’humeur blanche, Aussi Bohadsch , convaincu par ces expériences, parait fort porté à croire tout ce que plusieurs an- ciens auteurs, et entre autres Dioscoride et Ætus, ont rapporté sur les qualités extrêmement malfaisantes de l’aplysie, et il lui semble mème peu douteux que l’hameur qu’elle produit puisse empoisonner; et ce que quelques historiens ont dit que Domi- tien et Neron s’en servaient en effet comme poison, et que c’est ainsi que Titus a péri, lui paraît également probable. Les aplysies paraissent ne pas se trouver dans les mers de la zone boréale, ni en Europe, ni en Amérique. On en trouve sur nos côtes de l'Océan et surtout sur le littoral de la Méditer- ranée. Je n’en ai pas encore vu qui auraient élé rapportées de FAmérique. Dans l'Inde, il semble que les aplysies véritablessoient représentées par les dolabelles qui en sont, il est vrai, fort voi- sines, ce qui me fait supposer que ce sont aussi des dolabelles qui existent sur les côtes du Brésil, ect. Les espèces d’aplysies ont été jusqu'ici fort mal déterminées; les caractères qui peuvent servir à fournir des moyens pour les distinguer, me paraissent devoir être tirés de la proportion, de l'origine et de la términaison postérieuré dés expansions latéra- les, de la forme et peut-être de la nature du rudiment de co- quille ét du bouclier operculaire de la cavité branchiale, enfin, il paraît que la considération de la couleur peut aussi fournir quelques caractères spécifiques assez bons, quoique moins im- 4 : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 185 portans que les précédens. En,ayant égard à ces considérations, «on voit.que les espèces d'aplysies peuvent être parlagées en deux sections , aussi distinctes entre,elles, qneles dolabelles le sont réel- lement des aplysies, et qui paraissent eneffet jouir de propriétés diflérentes; je nommerai -les unes les aplysies ordinaires, et les autres les aplysies vénéneuses. A. Les aplysies ordinaires ou natatrices. Elles ontle: corps, en général , plus alongé, plus limaciforme, ‘surtoutien arrière, à cause dela prolongalion pointue du pied; des expansions latérales sont très grandes, la gauche plus que la droite, ,et sont presque séparées l’une de l’aulre en arrière au- dessus de, celui-ci, en .sorte qu’elles peuvent s’abaisser de chaque côlé de l'animal ,dans sa locomotion, recouvrir complètement le bouclier dans le repos; enfin, celui-ci est plus grand et est pourvu, en avant el enarrière, d’une sorte d'oreille arrondie. Les espèces de cette section nagent très bien à l’aide de leurs expansions latérales ; elles n’ont rien de vireux ni dans l’odeur, ni dans l’action de l'humeur qu'elles rejettent. L’A. commune, À. vulgaris. D'un brun presque noir uniforme sur toutes les parties du corps. Le lobe gauche du manteau beau- coup plus large que l’autre; quoique la plus commune des es- pèces de ce genre, du moins sur nos,côtes de l'Océan, je ne la crois pas indiquée par les auteurs. Elle atteint une grande taille. J’en ai vu des individus qui avaient près de 5 pouces de long. Il se pourrait que ce füt celle que M. G. Cuvier a nommée A: cuamEau, 4. Camelus, figurée dans les Ann. du Mus., t., p., pl., et dont il ne parle plus dans son règne animal. C’est très probablement la seconde espèce de lièvre marin de Ron- delet,. L'A. FASCIÉE, 4. fasciata, Gel. , d’après M.Poiret, Voyage en Barbarie, tome!Il, page 2; toute noire, les ,tentacules, la bouche et les expansions latérales bordées d’un liseré rouge carmin; de la grandeur, de la précédente, puisque M. Poiret dit que quand les lobes de son manteau étaient étendus, elle aurait eu peine à entrer dans son chapeau. Elle a été vue sur les côtes de la Barbarie. L'A. maRGINÉE, 4. marginata.: (BV .),, corps.ellipsoïde , ,du- 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moins dans l’état de contraction ; les expansions latérales aussi longues que dans les espèces précédentes, mais beaucoup plus étroites. Couleur générale d’un blanc jaunâtre parsemée de quel- ques taches rondes, rares, ocellées, d’un brun noirätre, le bord supérieur des expansions orné d’une série de taches carrées, ré- gulières et alternativement brunes et blanchätres, J'ai vu de cette espèce plusieurs individus de deux à trois pouces de long dans la Collection du Collége des Chirurgiens à Londres. On en ignorait la patrie. L'A. marsrée, /.marmorata (BV.); le corps ovale à peu près de la grosseur de celui de la précédente, le pied assez épais, les lobes du manteau assez largement réunis en arrière, mais ne bridant pas le bouclier; les tentacules labiaux sont cependant plus cylin- driques ; l'oreille postérieure du bouclier formant un tube bien évident; la coquille ovale alongée ; couleur générale d’un brun noirätre, marbrée ‘surtout sur le bord des appendices natatoires, de taches irrégulieres d’un blanc verdàtre. Cette espèce se trouve dans la mer océane; j'en ai vu, dans la col- lection de M. Brongniart, un individu qui venait de Bayonne; MM. Adoïphe Brongniart et Andouin en ont rapporté deux au- tres des côtes de La Rochelle. Ces derniers avaient fort bien distingué celte espèce des aplysies commune el dépilante qu'ils ont aussi trouvées dans la même localité. Elle est d’abord toujours plus petite, el ensuite dans l’état frais, les lobes du man- teau sont couverts d'une grande quantité de petits tubercules sphé- riques qui disparaissent dans l’état de conservation. B. Espèces dont le corps est moins alongé, comme tronqué obliquement à sa parlie postérieure ; le pied plus large, plus ob- jus en arrière; les lobes du manteau beaucoup plus courts ; plus étroits, réunis largement derrière le bouclier, qu'ils entourent d'une manière serrée; le lobe droit un peu plus grand que Île gauche; le bouclier plus pointu en avant, sans auricule antérieur, le postérieur se repliant en canal de Ja cavité branchiale; la co- quille plus ou moins à découvert au milieu du dos. (Les aplysies dépilantes. ) L'A.périLAnTE, 4.depilans, Linn., Gmel., Lernœa,Bohadsch.; la première espèce de lièvre marin de Rondelet. Le corps lisse, de couleur d'un brun rougeätre, uniforme, quelquefois presque rouge. , à ; ; C’est celte espèce qui a fait le sujet des excellentes observa- ET D'HISTOIRE NATURELLE! 287 tions de Bohadsch; elle se trouve communément dans la mer Mé- diterranée et sur les côtés de l'Océan. L'A. PonCTuÉE , 4. punctata, G. Cuv., Ann.du Mus. , 1. If, p. 295, pl. 1, f. 2. Le corps est orné de pelites taches. pâles, arrondies sur un fond noir pourpré.. … Gelte espèce qui n’est peut-être qu’une variété dela précédente, a été lrouvée sur les bords de la Méditerranée, pres de Mar- seille. L’A. unicorore, À. unicolor, BV. Le corps épais, gibbeux; de couleur uniforme, blanc roussâtre ; les lobes du manteau én- tourant d’une manière assez serrée le bouclier, qui est plus an- térieur que dans les autres espèces, et dont la coquille est mieux formée, plus large, plus arrondie et surtout beaucoup plus bom- bée. J'ai vu de celte espèce qui paraît n'avoir guère que dix-huit à vingt lignes de longueur, plusieurs individus dans la collec- tion de M. Brongniart ; un venait de Bayonne et les, autres ide Toulon. La forme de sa coquille la distingue très bien. L’A. cmAcine, À. limacina , BV. Corps limaciforme, plat et large en dessous, convexe en dessus , et qu’on ne saurait mieux comparer qu’a celui de la testacelle; le pied, par conséquent, fort large, débordant; les branchies sans opercule ou bouclier, maïs à découvert dans l’excavation formé par les deux lobes du man- leau qui sont courts, serrés, de manière à offrir une fente laté- rale par où entre l’eau dans la cavité branchiale. Couleur toute blanche. Cette espèce qui atteint à peine la longueur d’un pouce et qui pourrait fort bien être le type d'un nouveau genres m'a paru du reste offrir tous les autres caractères des aplysies./Les tentacules labiaux sont cependant plus cylindriques: J’en ai vu cinq à six individus de la même taille dans la collection de M. Brongniart qui les avait rapportés de Toulon. L’A. BLANCHE, À. alba, G. Cuv., Ann. du Mus., loc. cit, fig. 5, me parait aussi appartenir à celte section. Elle est toute blanche, comme l'indique son nom; mais cela ne dépen- drait-il pas de l’état de conservation prolongée dans l’esprit-de- vin. L’A. verte, 4. auridis, Bosc., Hist. Nat. des Vers et Nouv. Dict. d'Hist. Nat. pl. V, fig. 23. Les lobes du manteau de couleur verte finement ponctués de rouge et toujours repliés en-dessus. Tome XCVI. JUIN an 1825. 37 288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. Bosc ajoute que ce mollusque n'a que deux tentacules, et cependant il décrit deux membranes transversales à latète et deux tentacules auriformes en arrière. Le dos n’a pas de pièce cartila- gineuse , les yeux sont en arrière des tentacules. Toutes ces différences porteraient à penser que cet animal n’est pas une véritable aplysie. Aussi M. Bosc dit-il qu'il lie ce genre à celui des doris. La description et la figure sont trop in- complètes pour qu'on puisse rien décider. Cette espèce a été trouvée dans la baie de Charleston, Amérique septentrionale. A1. faut plus certainement ajouter aux espèces,de ce genre, mais je n'oserais dire à quelle section, les quatre espèces décrites par M,.Risso , dans le tome XGVII , p. 374 du Journal de physique, savoir: -L'AwnicoLoRE, A.unicolor, qui pourraitbien n'être autrechose que celle que nous avons dénommée ainsi, ce que fait présumer la saillie assez considérable de ja coquille. L’A. 80RDÉE DE NOIR , A. nigro-marginata. LA. ÉTorrée, A4. stellata. L’A. sAUNE , 4. lutea. Explication des Figures. fig. .1. L'aplysie ordinaire de l'Océan; fig. 2, sa coquille. « 118. L'aplysie marbrée de l'Océan ; fig. 4, sa coquille. 5, L’aplysie marginée. :16. L’aplysie dépilante de l'Océan; fig. 7, sa coquille. 8. L’aplysie dépilante de la Méditerranée; les lobes du «310 manteau abaissés par force. 9. L’aplysie unicolore; fig. 10, sa coquille. Toutes ces figures sont grandes comme nature! 10. L’aplysie limacine, double de la grandeur naturelle. lÉT D'HISTOIRE NATURÉLLE. 289 RAPPORT DE M. LE BARON FOURRIER, Secrétaire de l'Académie des Sciences , Sur les progrès des Sciences physico-mathématiques , lu dans la séance publique de l'Institut royal de France, le jeudi 24 avril. . Ç(FIN.) Noës ne rappellerons point ici les travaux qui s’aceomplissent chaque année dans l'Observatoire royal de Paris,nileseollections précieuses où l’on publie ces observations. Toutes les personnes qui s'intéressent aux progrès des sciences connaissent l’objet: et l'étendue de ces travaux. Parmi ceux dont la date est la plus ré- cente, nous aurions cité les T'ables de Jupiter, Saturne, et Ura- nus, dues à M. Bouvard, et que tous les astronomes ont adoptées. On a observé, pendant l'année 1822, l'apparition de quatre comètes ; la première a éte découverte, par M. Gambard à Mark seille, et deux autres par M. Pons. Pour l’un de ces astres on-n/a eu que deux observations, en sorle que les élémens de l'orbite n’ont pu être calculés. On. a déterminé ces élémens pour:les deux autres comètes. Ils different beaucoup de ceux qui appar- tiennent aux comètes précédentes.. Ainsi ce sont des astres mou: veaux, ou du moins différens de lous ceux dont le counsaétébien observe. ; 29Ù IL n’en est pas de même dé la quatrième comète, vue en 1822 ; elle est évidemment celle de 1785, 1795, 1805, 1819. La du- rée de sa révolution aulour du soleil est.de douze cent deux jours. fyiipier Le retour de eet astre est un évènement astronomique. du, plus grand intérêt. Son peu d'éclat, et li lumière,crépaseuhiire n’ont point permis. de: l'abserver en Europe;; et l’on n'avait pas. lété plus heureux, à l'Observatoire; du, cap de Bonnie-Espéranee: Mais des 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cette comète vient d'être reconnue dans le pays dela terre le plus éloigné de l’Europe, la Nouvelle-Hollande. L'astronome de Observatoire de Paramatta, le plus récent des établissemens de ce genre, a observé celte comète pendant tout le mois de juin 1822, et dans des positions très voisines de celles qui avaient été calculées. On doit la fondation de ce nouvel Observatoire à M. le général Brisbane, correspondant de l'Académie des sciences, gouverneur de la Nouvelle-Galles méridionale, qui cultive l’as- tronomie et les sciences naturelles, et s'intéresse vivement à leurs progrès. La comète de 1759, qui a été l’objet des recherches de deux savans célèbres, Halley et Clairaut, était jusqu'ici le seul astre de ce genre dont la révolution elliptique füt connue avec uue en- tière certitude: mais la période qui fixe son retour est de soi- xante et seize ans environ. La comète dont nous venons de par- ler, et dont M. Enke a calculé les élémens elliptiques, offre cet avantage qu’elle peut être observée dix fois en trente-trois ans. L’ellipse allongée qu’elle décrit est comprise dans l’intérieur de: notre système solaire. Sa moindre distance au soleil est en- viron trois fois plus pelite que celle de la terre, et sa plus grande(distance équivaut à douze fois la plus petite. Cette comète est peut-être destinée à nous procurer des con- naissances nouvelles sur la nature singulière de ces astres qui ont très peu de masse, et semblent consister seulement en .va- peurs condensées; ils ne causent dans notre système planétaire aucune perturbation sensible: mais ils en subissent eux-mêmes de-très considérables. Leur cours ne pourrait être fixé, si la masse change graduellement, ou se sépare, ou se dissipe; toute- fois, aussi long-temps que cette masse subsiste, ces astres sont assujettis aux lois connues de la gravité, en sorte qu'il n'ÿen a aucun dont l'observation n'offre une nouvelle preuve de la vérité des principes de l'astronomie moderne, Au nombre des applications importantes des théories mécani- ques, nous avons à ciler un procédé nouveau extrêmement in- génieux dù à M. de Prony, et qui sert a mesurer l'effet dyna- mique des machines de rotation; le Mémoire de M. Girard sur la force de résistance ‘des enveloppes cylindriques, et l'ouvrage très remarquable que le même auteur vient de publier etquicon- cerne à la ‘fois l'hydraulique, la connaissance du régime des fleuves, le commerce et l’industrie. Les bornes que nous avons dùü prescrireà ce Rapport nous per- mettent à peine d'énumérer ‘une suile de questions mécaniques ET D'HISTOIRE NATURELLE. 201 ou physiques qui intéresssent la société civile et sur lesquelles le gouvernement a consulté l'Académie des sciences. Elle s’est empressée de seconder ses vues, et s’honorera toujours des obli- galions de ce genre qui lui seraient imposées. La première de ces questions est relative à l'usage public des voilures; il s'agissait de prévenir les accidens qui pourraient survenir à raison du défaut de stabilité, soit que ces accidens ré- sultent d'une construction défectueuse , ou de la distribution im- prudente des objets transportés, ou de la vitesse excessive, ou enfin de la disposition même de la route. Les autres questions concernent : La construction des paratonnerres. Les procédés aréométriques qu'il faut employer pour mesurer avec une grande précision la pesanteur spécifique des liquides. Enfin, l’usage des machines mues par la force de la vapeur, el les garanties les plus propres à prévenir des explosions funestes. Toutes ces questions ont été examinées par des commissions spéciales, et soumises ensuite à une discussion irès allentive. Le Rapport sur l'emploi des aréomètres a été fait par M. Arago. M. Gay--Lussac a rédigé l'instruction relative à la construction des paratonnerres. On doit à M. Dupin les trois Rapports qui concernent la sta- bilité des voitures, l'usage des bateaux à vapeur, et celui des machines à feu. Dans le même temps qu'il s’occupait de la rédac- tion de ces Rapports, M. Dupin continuait de publier ses Meé- moires mathématiques, et son ouvrage qui a pour. objet de décrire les arts et les établissemens nautiques, militaires, et industriels de la Grande-Bretagne. L'auteur a lrouvé dans l'opinion des géo- mètres , celle de plusieurs écrivains très distingués, et les hono- rables suffrages des étrangers, une récompense digne de ses efforts. Nous avons indiqué les résultats principaux que les sciences exactes viennent d'acquérir dans un intervalle de temps assez court. On voit assez par cet exposé que les théories ne peuvent faire. aucun progrès considérable sans que les applications se multiplient. Les sciences, même les plus abstraites, deviennent inopinément d'une utilité immédiate et sensible, et se prêtent aux usages les plus vulgaires. C’est un théorème d’Archimède qui sert de fondement à ces mesures aréométriques nécessaires à l'administration ‘et aux particuliers. La presse hydraulique, qui sert aujourd'hui à tous les arts, dont la force immense rapproche 292 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ou divise, réduit à lear moindre volume les matières transpor- tées, fait pénétrer les couleurs dans l’épaisseur des tissus réunis , en un mot qui est devénue en Angleterre d'un usage presque uni- versel; cet instrument, dis-je, est un corollaire de stalique pro- posé par Pascal. Ainsi les sciences, dont le premier caractère est sans doute d'élever et d'éclairer l'esprit, semblent aussi nous avoir été données pour suppleer à notre faiblesse et à l'imperfec- tion des sens. Je vois partout l'homme s'emparer des forces de la nature, et poursuivre sa plus noble conquête. Il dispose à son gré du poids et des mouvemens de l'air et des eaux; il fait ser- vir à ses desseins l’élasticité de la vapeur. ou plutôt celle du feu lui-même, qui pénètre et anime l'univers, cause perpétuelle et infinie de puissance et d'action; et cet empire sur les élémens et les forces naturellés n'est-il pas un des principaux attributs de la raison humaine, et le témoignage le plus éclatant de la subli- mile de sa source ? Au rang des grandes applications des sciences mathématiques, on doit placer celles qui appartiennent en France à des branches principales du service public. L'établissement destiné à réanir tous les documens qui inté- ressent la marine, doit à MM. de Rosili et de Rossel une nou- velle activité, et cet ordre constant et précis qu'exigent l'extrême variété et importance des résultats; l’on a connu dans ces cir- constances ous les avantages que procurent à l'administration une expérience consommée, la sagesse des vues , et les lumièresde la théorie. L'analyse et la discussion de ces documens, et les méthodes hydrographiques qui servent à l'exploration des côtes, ont été erfectionnées par MM. Buache et Beautems-Beaupré. Ces mé- thodes ont recu un degré de perfection que lon pouvait à peine espérer; on a employé de nouvelles sondes, on a reconnu et décrit avec des détails innombrables la configuration des térrés, la position des écueils et des bas-fonds; en un mot, tout ce qui peut rendre la navigation facile, et devenir une cause de danger, ou une cause de salut. | Ces travaux s'étendent chaque année à de nouvelles parties des côtes de l'Océau. Ils confirment la juste réputation, et, nous pouvons le. dire sans blesser la vérité, la prééminence de l’école hydrographique française. Nos vaisseaux ont porté ces recher- ches savantes sur tout le littoral de la Méditerranée, dans la Mer- Noire, aux côtes occidentales de l'Afrique, à celles du Brésil, aux mers les plus lointaines. Le dépôt général de la marine ET D'HISTOIRE NATURELLE, 203 rassemble lous les résultats de ces expéditions. La France ne re- noncera jamais à cet ancien et noble usage, fondé par ses monar- ques et ses hommes d'Etat, celui de recueillir et de publier à grands frais les découvertes maritimes dont la connaissance in- téresse tous les peuples. En rappelant des 1ravaux si nécessaires à la navigation, pour- rions-nous ne pas faire remarquer combien ces nombreuses ap- plicaions de la géométrie sphérique retireraient d'avantages des grandes tables logarithmiques françaises dont on est redevable à M. de Prony? Deux gouyernemens puissans et éclairés ont annon- cé le dessein de concourir à la publication de cet ouvrage, qui surpasse beaucoup en exactitude et en étendue tout ce que nous possédions jusqu'ici. Les sciences attendent cette publication comme un nouveau bienfait: Lesgrandes opérations géodésiques que l’on exécute en France, ont aussi pour objet de procurer des connaissances nécessaires à l'administration de l’Etat. Nous regrettons que les bornes de ce discours ne nous permeltent point d'exposer l’origine et les pro- grès successifs de cette vaste entreprise, que plusieurs nations ont imilée. Déjà les lignes principales sont déterminées avec une précision rigoureuse qui semblait n’appartenir qu'aux observations astronomiques. Ainsi se prépare une carte générale de la France, fondée dans toutes ses parlies sur un ensemble de mesures trigonométriques, seul moyen de coordonner et de vérifier les mesures cadastrales. Une commission spéciale que le Gouvernement a établie et que préside un membre de l’Académie des sciences; dirige ce beau travail, dont les résultats formeront une des propriétés les plus précienses qu’une nalion puisse acquérir. Ces recherches intéressent vivement les sciences mathémati- ues, parce qu'elles concourent à la détermination exacte de la igure de la terre. Tous Jes Gouvernemens éclairés se sont réunis pour favoriser les travaux qui ont pour objet de procurer cette connaissance. On continue celte année dansl’Indostan une grande opération de ce genre, que le Gouvernement britannique a con- fiée à M. le colonel Lambton, correspondant de l Académie des sciences. Cet excellent observateur vient de nous transmettre les résultats qu'il a obtenus; il en déduit l'élément principal du Sys- tème métrique français; et trouve sensiblement la même valeur que celle qui a été délerminée dans nos climats. 11 en est de même de l'aplatissement du globe, on de l'excès du diamètre de l'équateur sur l'axe qui passe par les pôles. De la comparaison 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des mesures faites dans l'Inde et dans l'Europe, on conclut que cet excès est égal à la trois cent dixième partie de l’axe polaire, quantité extrêmement peu différente de celle qui était précédem- ment connue; et ce qui doit être regardé comme un des résultats les plus admirables des théories modernes, cette même valeur de l’aplatissement du globe terrestre se déduit encore de la seule observation des irrégularités du mouvement lunaire. Les opérations géodésiques de la France se rattachent à loules celles que l’on a entreprises en Angleterre, dans le royaume des Pays-Bas, le Hanovre, le Danemark, la Bavière, l'Autriche, la Suisse, la haute Italie. Les ingénieurs les plus habiles de ces con- trées, ou les géographes français eux-mêmes, y ont exécuté des opérations qui se lient avec les nôtres, et forment un immense réseau de triangles. Une même science a étendu son empire et sa possession paisible sur la plus grande partie de l'Europe. Dans le même temps que l’on s’appliquait en France à ces grands travaux, et que l’on explorait avec tant de soin les côtes des mers voisines, une expédilion savante parcourait l’autre hémisphère. M. le capitaine Louis de Freycinet recueillait les in- nombrables résultats d’un voyage déjà célèbre. Un officier de la marine française sorli de la première école mathématique de l'Europe, M. Marestier, étudiait dans l'Amérique septentrionale une industrie nouvelle et puissante si nécessaire à ce vasle con- ünent, et qui est devenue en peu d'années un des principaux élémens de la fortune publique. De jeunes voyageurs, MM. Cail- liaud et Letorzec, formés par les lecons de nos astronomes, munis des instrumens el des méthodes de l'Observatoire de Paris pénétraient dans l'Afrique orientale à plus de cinq cents lieues de la limite de l'Egypte et de la Nubie; ils décrivaient les monu- mens anciens, et déterminaient par l'observation du ciel une multitade de positions géographiques entièrement ignorées. Nous avons .dù nous borner ici, Messieurs, à vous entretenir des pro- rès de la géographie astronomique ; mais nous ne pouvons ou- on que dans le mème temps et presque dans les mêmes con- trées, d'autres Français, MM. Huyot et Gau, se livraient à des travaux difficiles qui ont enrichi l'architecture, les arts, et la science des-antiquités. Si nous considérons sous un aspect plus étendu tous les titres de la gloire littéraire, quel spectacle, Messieurs, s'offre à notre pensée! La France brille aujourd’hui de l'éclat immortel des beaux-arts ; elle éclaire tout le domaine des plus hautes sciences, et. chaque année elle en recule les limites. Elle cultive comme ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295 également précieuses et nécessaires au bonheur des peuples, toutes les études littéraires; celles qui recueillent les lecons de l'histoire, et posent ainsi les fondemens de l'expérience du genre humain, ou celles qui fixent le langage, éternisent et consacrent le souvenir des grandes vertus, peignent les passions, les mœurs, et la nature entière, ou reproduisent ces modèles sublimes d’une antique éloquence qui inspira tant de résolutions généreuses. Il appartient à notre patrie de posséder, et de transmeltre aux âges futurs ce vaste ensemble des connaissances humaines. Heu- reux et mémorable concours, dont cette séance même est le continuel témoignage, source pure d’une gloire durable que nulle autre re peut égaler; puisse la France conserver à jamais le sang élevé qu’elle occupe aujourd’hui! quelle jouisse des bien- faits des arts, et les répande sur toutes les nations! ADDITION AU MÉMOIRE DE M. SAVARY. Inséré dans le Cahier du mois de février 1823, du Journal de Physique. Dans le Mémoire qu’on vient de lire, je n’avais pour but , en m’occupant de l’action d’un anneau aimante sur un élément de cou- rant électrique, que de montrer l’accord des résultats de la formule de M. Ampère qui servait de base à mes calculs, avec l'expérience connue de MM. Gay-Lussac et Welter, 11 me suflisait donc alors de calculer les composantes de celte action suivant trois axes rectangulaires et pour toute l'étendue de la circonférence, et de faire voir que ces composantes sont nulles quelle que soit la direction de l'élément de courant. J'avais de plus, ce qui est toujours permis, d'après les principes mêmes d’où M. Ampère a déduit sa formule, substitué à cet élément, pour simplifier le calcul, ses projections sur les trois axes rectangulaires. Je re- marquerai, en passant, que j'avais omis dans les formules des pages 11 et 12, le rayon de la surface annulaire, par lequel doit être multiplié l'angle infiniment petit dp, en sorte que toutes les Tome XCVI. JUIN an 1823. 38 296 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE expressions doivent être multipliées elles-mêmes par ce rayon . que je continuerai d'appeler p; cette omission, faite pour abréser les calculs, ne changeait d'ailleurs évidemment rien aux résultats qu'il s'agissait d'obtenir. Je me propose, dans cette note, de calculer l’action d'une portion de surface annulaire sur un élément de courant dirigé dans l’espace d'une manière quelconque. Soit CCC" (fig. 7) la portion d’anneau circulaire dont je suppose le centre en Oet le plan horizontal :soit AOB un plan vertical pas- sant par lecentreO etpar lemilieu d’un élément decourant ds dont la direction est Am. Soit Ar la projection de Am sur le plan AOB. Soient H' et H les projections des extrémités C’ et C" sur le même plan. situ J'appelle Rds la résultante des actions de toutes les particules de la portion d’anneau sur l'élément ds; A, B, C les angles que fait la direction de cette résultante avec l'horizontale -OB,-une horizontale perpendiculaire à OB et la verticale AB; enfina, 6,7 les angles que fait avec les mêmes droites A», direction de l’éle- ment ds. Cela posé, si l'on substitue à cet élément trois autres élémens ds cos æ, ds cos 6, ds cos y qui en soient les projections sur les trois axes, la sommé des forces parallèles à un même axe et agissant sur chacun de ces élémens, sera la force qui agit sur l'élément ds lui-même, parallèlement au mème axe. En se reportant aux formules et aux notations de la page 15, substituant pour les constantes À et z leurs valeurs, et faisant atten- ce sin gd@ sing__ cos ddp Gcesin°edé FTITITN F PREU-iE TS St ARE , tion que dr — ; Ce qui donne d on lrouvera sin gdp |, 1ecosy sin ? Toro TUE te r° ; ro Si 1 fsinpdp 3 f(c—ecosp)sin 2%] 3 f” odp RcosB= —gcos y[ L/PRRE — ie fEERDRR — 3 échcos « 20 1 fsingdg 3 fc—ecos)sin pd? 1 cos æ sin @ R cos C—=e cos 6 [ 2 RS [RER LE Ses R cos A — 2 ech cos6 On peut remarquer que la force R étant la résultante des ac- tions d’un système de circuits fermés sur un élément de courant doit, ainsi que M. Ampère l'a prouvé, être perpendiculaire à la direction de cèt élément. Eu effet, il resulte des expressions pré- cédentes que l’on a ET D'HISTOIRE NATURELLE. 297 cos À cos # + cos B cos 6 + cos CG cos y — 0. Faisons c— pcos@—xet psin ®= y, en représentant par des leltres accentuées ce que ces quantités deviennent aux Jimites , c'est-à-dire en faisant BH'—x', BH”—2", C'H'— 7", C'H'=}y", AC'= 7, AC!— 7", on trouvera facilement / 2 " kh h 4 | 2R cos A=(—X%)cosy— a) cosé , h h f (4 ” 2R cos B (5) cos a—(—5%) cosy, 2R cos C (5%) cos E—(5—) cos @. Je décompose la résultante R en deux forces R’ et R’; telles qu’en nommant À’, B’, C',et A", B", C”, les angles inconnus que leurs directions font avec les axes, les deux sortes de termes de ces valeurs de 2R cos A, 2RcosB, 2RcosC, soient produits respectivement par ces deux forces décomposées suivant les mêmes droites que leur résultante , en sorte qu’on ait, pour la première, par exemple, f A _Yy'cosy—hcos6 …, ,__hcosæ—x" cosy …, 29 DR COS — 7 —, 2R CB — 75 —",2R cos C— À ce qui donne a e "y cosy—h cos 6) +(hcosaæ— x cos y)? (2 cos£—ycos «), ou 2R= TV (a cos æ+y cos C+hcosy); et comme il est évident qu’en appelant V'l’angle que fait la direc- tion de l'élément avec la droite menée de cet élément à l’une des extrémités de la portion d’anneau, on a a’ cos a+ cos6+ hcos y = 7 cos V’, il en résulte simplement és 2R' = (1). me (1) I suit de cette valeur, que le double 2Rds de Ja résultante a pour valeur in Vd. me, etcomme on a :sin Vds=—r'd8 , en nommant d8 l'angle infiniment petit formé par les lignes menées, de l’extrémité de la portion d’anneau que l'on considère, aux deux extrémités de l'élément, cette valeur prend la forme très simple Tr 38.. æ'0056—y" cos L 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cette force est d’ailleurs perpendiculaire au plan des deux droites qui comprennent l'angle V”, car cette valeur de 2R donne y'cos y — hcos6 h cos a — x’ cos y cos A!'=—= RS y — = << r'sin V’ » cos B r sin V'’ 7 "4 2e A ; x’ cos $— y’ cos æ cos — —— ST + os C r'sin V 2 d'où il suit qu'on a, 1°. cos A’ cos «& + cos B' cos 6 + cos C'cosy — 0; et qu’ainsi la direction de la force est perpendiculaire à la droite AM ; ! 4 hi os = cos A'+2 cos B'+ 5 cos C'=0; ce qui prouve que cette direction est aussi perpendiculaire à AC’, : PRET NE : : : puisque =, 2 > 7 sont les trois cosinus des angles que la droite AC' forme avec les directions perpendiculaires entre elles sui- vant lesquelles nous avons décomposé les forces R, R', R". On arriverait à des résultats pareils relativement à la force R". Les intensités et les directions des forces R’, R" ne dépendent donc que de la position des points extrêmes C', C”, et nullement de la courbure de l’anneau ou de la position de son centre. Elles sont donc les mêmes, quand ce centre est à l'infini. C’est le cas d’un cylindre électro-dynamique terminé aux points C’ et C”, et telles étaient en effet les valeurs des forces don- nées précédemment pour le cas d’un cylindre électro-dynamique rectiligne. De plus, puisque sans changer l’action on peut remplacer une portion quelconque d’anneau circulaire par une autre portion d’un anneau également circulaire, mais d’un rayon différent et situé dansunautre plan, pourvu qu’elle se termine aux mêmes points, ce qui vient d’être dit d’une portion d’anneau ayant un cercle pour directrice, est vrai d’un cylindre électro-dynamique dont l’axe est plié suivant une courbe quelconque à simple ou double courbure. On peut dire, en résumant ces différens résultats, que l'action qu’un cylindre électro -dynamique plié ainsi suivant une courbe uelconque exerce sur un élément de courant électrique, ne dépend que de la direction de cet élément et de la position des extrémités du cylindre, et nullement de la forme de la courbe. Cetteaction peut être représentée par deux forces dont chacuneagit en raison inversé du carré de la distance de l’élément à l’une des ET D'HISTOIRE NATURELLE. 299 extrémités du cylindre, proportionnellement au sinus de l'angle formé par la direction de l'élément et de la droite menée de cet élément à cette même extrémité et dans une directiou perpendi- culaire au plan de ces deux droites. Ces résultats sont conformes à des expériences de M. de Ja Borne rapportées dans les Annales de Chimie et de Physique, tome XVI, pages 194 et195, et par lesquelles il s’est assuré que l'action d'un fil d'acier aimanté et plié en hélice est en tout sem- blable à celle d’une portion rectiligne du même fil allant d’une de ses extrémités à l’autre. Onen conclut aisément que quandonréunitles deux extrémités de l'axe d'un cylindre électro-dynamique, quelle que soit d’ailleurs la courbe suivant laquelle cet axe est plié, l’action devientnulle. Il en est ainsi d’un aimant dont on réunit les deux bouts, ce qui s’ac- corde avec les expériences de M. de la Borne que nous venons de citer, et dans lesquelles l’action exercée par le fil d'acier aimante est devenue sensiblement nulle quand M. de la Borne a formé avec son hélice aimantée un contour fermé, en en réunissant les deux extrémités ; on conçoit bien d’ailleurs que cette action ne doit être exactement nulle, que quand il n'y a point de so- lution de continuité dans le fil d'acier plié suivant une courbe fermée quelconque. ; En combinant les résultats précédens avec ceux qui sont rela- üfs à l’action de deux cylindres électro-dynamiques, il en résulte que si l’on plie suivant une courbe quelconque les axes de deux cylindres, leur action mutuelle se compose toujours de quatre forces dirigées suivant les lignes qui joignent deux à deux leurs extrémités et agissant en raison inverse du carré des distances de ces extrémités. Dans ces calculs comme dans ceux du Mémoïre précédent, J'ai regardé comme extrêmement pelit le rayon des cylindres électro-dynamiques. M. Ampère, après s’èlre assuré , par des expériences précises, que l’on pouvait, sans changer l’action exercée par une portion quelconque de circuit voltaïque , la remplacer par une autre por- tion du même circuit terminée aux mêmes extrémités , en a con- clu que l’action d’un élément de courant électrique était égale à la résultante des actions exercées par ses projections, soit sur un plan et une droite perpendiculaire à ce plan, soit sur trois plans coordonnés, et il en a déduit l'expression de cette action en fonction des angles qui déterminent la direction de'cet élément (voyez ce qu’il a inséré sur ce sujet dans son Recueil d’obser« 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vations électro-dynamiques, page 212 et suiv.). Il suit, des calculs précédens,, que la même propriété appartient à une portion de cylindre = RACE 22 dont l’axe est plié suivant une courbe quelconque ; on peut donc en tirer la même conclusion relative- ment à l’action exercée par un élément de cylindre, et les expres- sions de cette action sur un élément de courant ou sur un autre élément de cylindre, doivent par conséquent s’obtenir sous une forme seniblable en fonclion des angles qui déterminent la di- rection de l'élément du premier cylindre électro - dynamique. Voici un moyen facile de trouver ces expressions en partant des calculs précédens. Soient ds l'élément du courant électrique, ds' l'élément du cy- Jindre , ds'cose'et ds’ sin e les deux projections de ce dernier, l’une sur le plan qui passe par sou milieu et par l’élément de cou- rant , et l’autre sur une droite perpendiculaire à ce plan : la pre- mière donnera deux forces directement opposées perpendiculaires au plan qui contient ds et ds'cos €. J'appelle à et u les angles que fait avec les deux élémens ds et ds’ cos 4 la ligne qui les joint ; la résultante ou différence des deux forces dont je nvies de parler, sin & Ur r 1 est ——— dsds'cose, et l’on a évidemment ds’ cos € da © snu dr LEA dséose ra 20 dsicosie WE ? 5 sin u — 9sin & COS) COSe coter culmine la Enr Per Sr L'élément de cylindre ds'sin « donne au contraire deux forces égales à ë — T et symétriquement placées de part et d’autre du plan qui contient ds et ds’ cos e; leurs directions font avec ce plan : 1 ds'sin , des angles dont le cosinus — EE, leur résultante est donc sine sin & , ss ds ds!. Soit maintenant 6 l’angle que fait ds':avec la droite qui le joint à ds, et y l'angle des plans qui couliennent cette droite et qui passent l’un par ds, l'autre par ds', on aura sinucose—sinGcosy, Cosucose—cos6, sine=—sinésiny; l’action de l'élément de cylindre ds’ sur l’élément de courant ds se compose donc de deux forces, l’une est dirigée suivant leur ET D'HISTOIRE NATURELLE. 501 distance commune et a pour valeur sinæsinC sin N'ES *ds ds’, l’autre est perpendiculaire au plan qui passe par celte distance et par ds, elle est égale à cos & sin 6 cosy — 2sin aco8é y. AT rm Je passe à ce qui regarde deux élémens de cylindre ds, ds'; je décompose ds’ en deux, ds! coseet ds'sine, l’un dans le plan qui passe par ds, l’autre perpendiculaire à ce plan. Le premier donne quatre forces, en raison inverse du carré des distances ; je les dé- compose suivant ds et perpendiculairement à ds (1). J'aurai amsi à l’une des extrémités de ds , suivant sa direction , la force d cos æ i ds'cose, et, perpendiculairement à cette direction, la ds cose di? æ " T° 3 5» Fons n force -—— ds’ cose; il est d’ailleurs évident que ds” cos £ da sin u dr dt. . — = —, 77 ——=cosu. Les forces précédentes devien- ds" cos e r ds'cose nent ainsi, cos (4 u) — 3cos & cosu suivant ds, ds'cose, : . x sin (æ Hu) — 3 sin & cos u ! perpendiculairement à ds, DCE) PE CRE 7 coge; L'élément ds’ sin € donnerait , pour la même extrémité de ds, ’ 1 . » . PRES deux forces égales —, l’une attractive, l'autre répulsive, symétri- quement placées de part et d’autre du plan qui passe pardset de co £, . . ] n et formant avec ce plan des angles qui ont pour sinus =="; ONE TEL Ê CR ds’ si leur résultante perpendiculaire à ce plan est donc = On aurait les forces appliquées, suivant les mêmes directions, “ L , LA . . LA LA à l’autre extrémité de ds, en ajoutant aux expressions précédentes . (1) æ et u sont tonjours les angles que font ds et ds'cose avec la ligne qui les joint, 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DF CHIMIE leurs différentielles par rapport à ds. Ces forces sont de signe contraire aux premieres ; elles s'ajoutent donc à celles - ci pour faire tourner ds autour de son milieu; ce qui donne deux sommes de momens, l’une dans le plan passant par ds et ds’ cos € et égale à sin (a + u) — 3 sin & cos u Ce a ds ds"cose, l’autre perpendiculaire à ce plan et qui a pour valeur sine Eds ds'. E La première expression est celle qui m'avait donné la loi d’incli- naison de l'aiguille aimantée. En appelant 6 l’angle que fait ds' avec la droite qui le joint à ds, et 7 l'angle des plans qui , contenant cette droite , passent l’un par ds, l’autre par ds’, on a, comme précédemment, sinucose—siné cosy, cosucose—cosG, sine=sinésiny; les expressions précedentes deviennent donc, cos æ sin6 cos y — 2 sin & cos 6 l’une PT CU ds ds’, sin 6 sin et l’autre Te se Enfin, les forces qui sont appliquées au centre de l’élement ds deviennent d cos (4 + u) —3cosa cosu F . 112 —— T cos e ds ds', suivant cet élément , 1 sin (a+ u)— 5 sin # cos u on Er cos eds ds', perpendiculairement à l'élément dans le plan où sont situés ds et ds’ cose, d L r = , . - 4 LA DA L] et —;sine dsds', perpendiculairement à l'élément et au même plan. Mais on a sue, da __sine du _ sin à do Oo re node res “ET D HISTOIRE NATURELLE. 903 ce qui donne, en substituant pour w et £ leurs valeurs en 6 et 7, les trois expressions 3cos$ ,2 = [re sæsinésin” (1+cos Ts ds ER Core LLECIL AN Re sinY JL ds'. rt Tr r ERRAT A pour le Mémoire précédent. Page 7, ligne 5, l'axe des y, lisez : l'axe des z Page 9, ligne 19, (sin *w—\), lisez : sin°(w—\) sin “gd. Page vr, ligne 25, [T4 Gb [RES , sin “d lisez : — [SE — (1— ke r(