/ J- QCi JO URN A L D^HISTOIRE NATURELLE; Redige par MM. Lamarck, BRuqui^RE. Olivier , Hauy et Pelletier. TOME PREMIER. ''J.{fiAi w''i. A P A R I s; Chez les Directeurs de rimprimerie du Cerclc Social , rue du Theatre-Frangois , N". 4. 1792. L'an q,uatrieme de la Liberte. JOURNAL D'HISTOIREI NATURELLEJ N°. I. Sur VHistoire Naturelle en g^ndral. Par M. Lamarck. JLi'e tube de la nature , prise dans sa plus grande etendue , embrasse tous les etres soumis a nos observations. Mais le nombre immense de ces etres, la variete infinie quiregne entre eux, la difference des domaines qu'ils occupent dans la sphere dc Tunivers , celle des points de vue sous lesquels ils peuvent etre consideres , presentoient a Fhomme un sujct trop vaste , pour que I'esprit meme le moins borne piat en saisir I'ensemble et les details. Les savans ont done ete forces de sous-diviser la science de la nature en plusieurs branches , qu'ils se sont partagees entre eux , pour les eultiver sepa- rement, et parmi lesquelles on est convenu d'ap- peller Hhtoire Naturelle celle qui a pour objet la connoissance generale et particuliere de notre globe , et de toutes les productions qui naissscnt ou se A 2 ■ ( 4 ) • formcpt a sa surface et dans son interieur. Les autrcs objets cle ritude de la nature, auxquels cetie connoissance ne s^etend pas , appartiennent a I'as- tronomie, a la physique ct a la chiinic , que nous regardons comme une parde de cetie derniere. L'homme , place au milieu des etres , doat la consideration appartient specialement a VHistoirc JVaturelle, et lie en quelque sorte avec eux, par des rapports plus intimes et plus directs , a^^iu , dans tous les terns , fixer plus particulicrement sur eux ses regards et son attention , et chercher a les con- noitre , au moins dans la vue d'en retircr, rclativc- ment a scs besoins particuliers , tous les secours et les avantages qu'ils pouvoient lui offrir. Uetude des productions naturellcs susceptibles d'etre appro- prices a ses usages fut done pour lui , des le com- mencement , comme clle le sera toujours , un sujct d'autant plus digne de ses soins , qu'elle le met en commerce avec les ctrcs dont il est sans cesse envi- ronne , et que le crcatcur a places plus pres de lui , comme pour Tinviter a s'enrichir de leurs tributs. Or, on peut dire qu'en ce genre les decouvertes sortent d'une source toujours fecondc ct toujours inepuisable. Et combien celles doB t Thomme peut sc flatter jusqu'ici, ne lui ont-elles pas coute d'efForts , soit pour les obtenir , soit pour en transmettre la connoissance aux ages futurs j pour fixer, cntrc ( 5) cctte multitude d'ctres si varies , et quelquefois si voisins les unsides autres par leurs rapports , des limites precises qui servissent a ics distinguer nettc- ment , et fissent ressortir ceux qu il avoit le plus id'interet a ne pas confondre avec les autres , par les services qu' il etoit sur d'eu retirer ! Depuis plus de deux mille ans , que les rccherches se multiplient et se succedent sans interruption , combien la science ne laisse-t-elle pas encore a desirer , memc pour amencr les connoissancesdeja acquises au degre de perfection dont elles sont susceptibles? Les premieres recherches en Histoire Naturellc furentbornees a la consideration d'un petit nombre d'objets , dont I'lisa^e journalier que Ton en faisoit maintenoit seul la connoissance , par Ihabitude de Ics observer. Mais a mesure que les bornes de la science se tro.uverent plus reculees , I'art de classer les objets et d'en sous-diviser Tensemble , a I'aide d'une suite de caractercs gradues et heureuscment assortis entre eux , devint plus necessaire , et le premier pas que fit cet art ingenieux futsans doute le partage de tous les etres naturels en trois regnes , savoir , le regne animal , Ic rcgne vegetal ct le regnc mineral. Ces trois grandes divisions sont connues sous les noms de loologie , de Botanique et dt Miner alo git. , Les deux premieres comprennent la connoissance ( 6 ) de tous Ics etres organiques et vivans que rhomme p£ut observer, soit ceux qui , commc Ics plantes, restent attaches a la tcrre , soit ceux qui , commc Ics animaux, ont le mouvemcnt spontanea La troi- sieme a pour objet la connoissancc du globe merae que nous habitons , ainsi que tous les etres inorga- niques qui en composcnt la masse. Or, le but que Ton s'cst propose, en publiant cet ouvrage periodique, a ete d'exposer les vrais principes des sciences dont il s'agit ; d'cn donner des applications qui puissent servir a en monrrer, en meme-teras , la justesse et Futilite ; de faire con- noitre les decouvertes des naturalistes dans les differens genres , les nouveaux faits qui se seront offerts a Icurs observations ; d'expliquer meme ccs faits, a Taide de la theorie, lorsqu'ils pourront etre ramenes a des loix qui les mettcnt en rapport avec un premier fait dont ils dependent ; en un mot , de presenter le tableau de la nature aussi fidcle qu'on ait pu le former, avec le secours des connoissances acquises, et recevant sans cesse de nouveaux traits de ressemblancc entre les mains occupees a le per- fectionncr et a en remplir les vuides. (7) BOTANIQUE. Sur la nature des articles de ce Journal qui concernent la Botanique. II nous paroit maintenant tres-superflu de trailer ici de Tutilite de la botanique , et de cherchcr a faire sentir tous les avantages que pcut procurer Tetude de cette intercssante partie de riiistoire naturclle. Ce scroit vouloir ctablir ce qui est gene- ralement reconnu , et vouloir prouver au lecteur cc dont il est sans doute lui-meme bien persuade. Mais , il en faut convenir , cette science si utile quant a son objet , si intercssante a toutes sortes d^egards , et dont I'etude sur-tout est si attrayantc, lorsqu die est guidee par dcs principes convenables, cette science, dis-je , est d'une etendueenquelquc sorte immense ; etpour quiconqueose entreprendre de rapprofoiidir dans tous ses details, on peut dire que la durce de la vie la plus longue , est encore presqu'insuffisante. Cette reflexion , qui est assu- lement tres-fondee , ne seroit propre qua porter le decouragement dans Tesprit des amateurs , si les considerations suivantcs n'etoient dans le cas dc Icur rendrc la confiance qu'ils doivcnt mettre dana I'etudc de cette belle science. ( S )' En effet , quclqu'ctcndue que soit la botanique, consideree dans toutes ses parties, et quelquc consi- derable que soit la quantite des objets qu'clle em- brassc ; j ose assurer qu en I'etudiant avec un certain ordre, en se penetrant bien des vrais principes qui doivent guider dans cette etude , en disposant tou- jours methodiquement les connbissances qu'on acquicrt, et nc se laissant point dominer par des prejuges r quelqu'accredites qu'ils soient ; alors on pent esperer d'acqucrir une giande etendue dc connoissances dans cette belle panic dc Thistoirc naturelle, et de pouvoir peut-etre contribuer soi- meme a ses veritables progres. Or, pour mettrc mes lecteurs dans le cas de sc livrer avec ie plus de succes possible a Fetude dc la botanique, je me propose de distinguer constam- ment les articles que je donnerai dans cejournal , sous deux points de vue differens. 1*^. Les uns prescntes successivement, mais tou- jours sous le titre de philosophie botanique , concer- neront tantot des faits relatifs a Thistoire de la science; tantot les developpemens et la discussion de ses vrais principes ; tantot enfin la critique des mauvais points de vue mal a proposaccredites, des faux principes et des prejuges les plus repandus , qui nuisent d'une manierc evidcnte aux progres de cette belle partie de Thistoire naturelle. 2". Les ( 9 ) 2*^. Les autrcs articles seront exposes sous Ic litre d^ observations : ils offriront successivement les nouvelles decouvertes relatives a la botanique ; la description des genres nouvcaux et des nouvelles especes ; des rectifications dans les caracteres defec- tueux ou incomplets des vegetaux deja mentionnes dans les ouvrages de botanique ; en un mot , tous les nouveaux faits et les observations nouvelles qui seront dans le cas de contribuer aux progres de la science. PHILOSOPHIE BOTANIQUE. Histoire des saracteres. Les moyens que Thomrac peut employer pour distingucr les vegetaux les uns des autres , et reconnoitre ceux qu'il a deja observes , consistent a remarquer les differences essentielles que ces vegetaux offrent entr'eux , et a determiner ces differences avec une precision convenable. Or , ce sont ces differences ainsi determinees compa- rativement pour chaque vegetal connu , ou pour certains groupes de vegetaux consideres coliecti- vement , qui constituent ce que les botanistes nom- ment caracteres. Ainsi , sous cette denomination de caracteres , Ton doit done entendre les marques distinctivea qui servent a faire reconnoitre les plantes deja N". I. B k (lo) observees ; ct ces marques distiuctivcs sont la cita- tion des particulaiites ou dcs differences essendelles qui pcuvent nous aider, soit a distinguerles plantcs les unes des autrcs , soit aussi a disiinguer les divi- sions mcme que Ton a etablies panni les vegetaux connus. Mais pour decouvrir les marques distinctives dont je viens de parler, et les etablir d'une maniere solide , toutes les considerations nc sont pas egale- ment avantageuses. II en resulte que rhistoire des considerations que Ton a employees successivement pour cet objet , est vcritablement I'liistoire dcs caractcres , ce qui fait Ic sujet dc cet article. On n'a pas toujours senti Fimportance qu'il y a dc determiner avec precision les differences essen- tiellcs qui existent entre les cspeces, parmi les etres vivans. En botanique sur-tout, ou il paroit que les premieres tentatives dc I'etablissement des carac- tcres furent faites , Ton n employa dabord que les considerations les plus vagues et les moins convc- nables : et sans doute cc ne fut qua raison dii tres-petit nombre d'objets alors connus , que les mauvals moyens dont on s'est scrvi , parurcnt etre de quelque utilite. En effet, en remontant vers les tems les plus reculcs , I'histoire de la botanique nous apprcnd que les premieres plantes connues ne Tetoient gueres qu empyiiquement. Mais cependant , des qu'on en connut , meme dc cette manierc, un cer-* tain nombre , on commenca par diviser ces objets connus , et par etablir , quoique sur de mauvaises considerations, des distinctions collectives , avant les distinctions des objets particuliers. Dans les ouvrages de Theophraste et de Dios- coride, qui sont les plus anciens que nous posse- dions sur la botanique ; on n'y trouve presque rien sur la distinction particuliere des especes , mais seulement des descriptions courtes , incomplettes, ct le plus souvent tres-vagues. Neanmoins ces memes ouvrages presentent des divisions parmi les vegetaux qui y sont mentionnes. On y distingue les plantes d^apres la consideration de Icur genera- tion , de leur lieu natal , de leurs qualites propres , soit alimentaires , soit medicinales ; enfin de leur grandeur et leur consistance. Cette mauvaise maniere de diviser les vegetaux , c'est-a-dire , d'etablir parmi eux des distinctions collectives , fondees sur des considerations tout-a- fait contraires a la conservation des rapports , fut long-tcms en usage : en effet, quoique Gesner cut la gloire d'avoir pense le premier que c'etoit dans la fleur et le fruit qu il falioit puiser les considera- tions les plus propres a classer convenablementles plantes; long-tems encore apres Gesner , on fij. B 2 ( la) asage , pour Ics classifications dont il s'agit , des considerations tirees du port des plantes, de leur lieu natal , de leur consistance et leur duree , et de leurs qualites propres. Charles I'EcIuse [ Clusius ] , cet excellent bota- niste du i6*^. siecle, le premier qui nous donna des descriptions fort cxactes des parlies du port des plantes dont il traite , et d'assez bonnes figvfres ; ce botaniste , dis-je , ne divise point son histoire des plantes rares , ni son livre des plantes exoti- ques , sur des raeilleures considerations que cellcs dont je viens de parler. L''onsaitaussiqueDalec}iamp, leBouc [Tragus] , Lonicer, Dodocns [Dodonaus] etLobel, botanistes du merae siecle , ne firent point de meilleures clas" sifications des vegetaux inentionnes dans leurs ou- vrages , et qu'ils negligerent presque entierement les considerations que la fructification pouvoit leur offrir. Enfin , Cossalpin a la gloire d'avoir le premier employe dans la composition de sa methode pour classer les plantes , des caractcres tires de la consi- deration du fruit : et a ce sujet , nous avons dit aillcurs que , quoique sa methode, qui est verita- blement la premiere qu'on ait imaginee pour classer les plantes, soit sujette abeaucoup d'inconveniens ; ( i3 ) il s'cn faut cependant qu elie soil la plus mauvaisc dcs methodesdebotanique qu'on a publieesdepuis. Csesalpin a encore la gloire d'avoir le premier emprunte des catacteres de la situation de Tem- bryon dans la graine : consideration importantc dans les determinations des rapports naturels , qu'onatrop negligee jusqu'a nos jours , dont nean- moins MM. de Jussieu et Gaertner ont su tirer grand parti, et que C^esalpin employa seulement a Tegard des arbres et des arbrisscaux , qu'il distin- guoit des herbes. Depuis Caesalpin jusqu'a Tourncfcrt , les me- thodes imaginees pour classer les vegetaux porterent plus ou moins sur des parties dc la fructification ; mais aucune d'elles ne fut exempte du mauvais usage ou Ton etoit d'employer des considerations tirees du port des plantes. Ainsi , Rai et Morison , qui , dans les classifications qu ils etablirent dans Icurs ouvrages , empruntercnt beaucoup de carac- teres de la consideration du fruit , n'ont pu neail- moins s'abstcnir de distinguer les herbes des arbres, ct d'employer en outre d'auires considerations tirees des parties du port des plantes. C'cst ainsi que I'une des classes , dans la methode de Rai , a pour carac- tere la consideration des fcuilles disposees en etoilc \ folia stellata S. verticillata ] ; et que Morison, dans sa methode , a etabli une classe des herbes ( 14) grimpantes [ hcrb(e scandenf.es ] , ct une classc cics herbes culmiferes [ herba culmifer^. ] Tournefort , dans la belle methode qu'il etablit pour classer les vegetaux , methode dont Fusage n'exigeoit qne les observations les plus faciles , cc qui fit que tous les savans de TEurope I'adopterent pendant long -terns ; Tournefort , dis-je , n'auroit employe dans sa methode que des caractcres tires de la fructification [ tels que la corolle ct le fruit] , s'il eut eu le courage dc negliger cette considera- tion si regue de son terns , qui consistoit a distin- guer les hcrbes , des arbres et arbrisseaux. A cet egard , il ne profita point de Texemple que lui donnoit alors Rivin , a qui il laissa faire ce glo- rieux pas vers la perfection de la scieace , sans y participer. Maintenant encorebien despersonncs, qui n'ont point fait une etude approfondie des vegetaux , ont f//'//,f/ ,/7//,^/ //a/z/rr/A' //"/. /i.'//,fri/ .//yr\r// fA-T 2: >, . —0- '- -^ . (41 ) Suiie du Memoire sur liitilite de I etude des Insictes , rdativcment a I Agriculture tt aiix Arts. Par G. A. Olivier. Les Insectes nuisent aux Ani?naux. Tandis que TAraigtiee est sans cesse en embus- cade pour attraper la Mouche ; tandis que la Guepc cnleve TAbeiUe avcc son miel , que TAsile lui fait la guerre , que la larve d'nn Coleoptere et quel- ques Tcignes penctrent dans rinterieur des ruches , ct trouvcnt le moyen de manger la cire , d auaquer meme les larves , sans que cclles-ci puissent se "defendre ; les animaux doraestlques, de toute part molestes par un nombre prodigicux d'autres In- sectes , ne pcuvent sc garantir de Icurs aiguillons. Une -especc d'CEstre pcrcc le cuir des BceuFs les plus gras ct les plus vigourcux , et y introduit en mems-tems scs ceufs, qui eclosent bientot, et fer- ment des tumeurs assez grotscs , dans lesquclles la layve se nourrit et se developpc. Les chevaux nourrissent aussi des Insectes dans Icurs intestins : rCEstre qui les produit fait cntrcr scs oeufs par lanus, au moment ou Tanimal jette scs excremcns. Le Renne ct le Mouton en logent souvent dans Icurs narincs , et en sent quelquefois tourmentes au N^ 2. F ( 42 ) point de devenir furleux. La plupart desMouches, desTaons , THippobosquc , ct un grand nonibrcde Dipteres, incommodent bcaucoup lesBesdaux; ils les piquent, les suceiit , ei lorsqu Us sent rassasics, on voitsouvent coulcr le sang par la piquure.On a peut-etre exagere la qualite malfaisante des Carabes, connus autrefois sous Ic nomdeBuprestcs; maisil est trcs-vrai que ces Insectes , avales avec Therbe , |)cuvent occasionner auxBoeufs et auxChevaux des inflammations dangereuses. Les Chiens sont non- seulement tourmentes par les Puces , mais encore paruneespeccdeTiquequi, semblable a laSangsue, se rcmplit de leur sang , et devient d'une grosseur demesuree. Tous les animaux enfin , eleves pour partager les travaux et les plaisirs de rhomme , ou pour satisfaire son appetit, depuis leBoeufjusqu'aux j)lus petits Oiseaux de basse - cour ou de voliere, sont assieges sans relache par des ennemis communs ou particulicrs, que nous ne chercbons point a citer , parce quils sont assez connus. Car, qui ne sait pas combien tous les Oiseaux sont tourmentes par des Poux , des Ricins ou des Mittes de difFe- rentes cspeces qui les amaigrissent , et souvent se inultiplient au point de les faire languir, ct de les conduirc a la mort. Si nous passons encore dans linterienr des mai- sons , les Animaux morts et les productions aniraalcs ( 45 ) que nous voulons conserver , nous retracent des torts {]ue les Insectes seuis sont capables d'occa- sionner. Les etoffes , les plumes, les peaux les plus precieuses, tombant en lambeaux. , les plus riches GoUections d"Hlstoire Naturelle, reduitcs en pous- siere , n'attcstcnt que trop combien des etrcs si petits se font remarquer par les plus grands degats. Les Dermestes , les Anthrenes , les Piines , qucl- ques Teigncs , tels sont les ennemis interieurs que nous devons particulicrement dcnoncer. Si les cadavres de tous les animaux., si lesviandes a notre usage qui ne sont pas exactement fermees , sont bieniot couvertcs de larves , c'esi que des Mou- ches , des Dermestes , des Nicrophoros , des Bou- cliers, des Stapbylins sont accourus de toute part, et y ont deposes leursceufs. Depuis les observations ct les experiences dc Rcdi , dc Leuwenhoec , de Goedart, de Vallisnicri , etc. il n'est plus permis sans doute de croire aux generations spontanees , de regardcr les Insectes comme le resuUat de Tag- gregation accidentelle de quelques Molecules orga- niques nees du scin de la putiefaction. La larve que Ton trouve dans les viandes , dans les fro- magcs , ainsi que toutes cedes qui vivent dans la terre , qui habitcnt Tinterieur des fruits , ou qui cironnent nos meubles , doivent leur naissance a un oeuf , resultat naturel de I'accouplemcnt ct dc F 3 ( 44) la fecondation , et deviennent toutcs des InsecteS ailcs , semblables a ceux qui Ics ont produits. Les Inscctes nuisent d I Homme. Apres avoir presente un tableau rapide des ravages que ies Insectes pcuvent produire , aux depens dc tout ce que rhommc a pu s'approprier , si nous passons aux maux quils peuvcnt occasionner aux depens de sa personne meme , nous pourrions dire pcut-etrc, que, de tousles etresquisemblentvouloir faire payer cher a riiomme sa souverainete, il n'en est pas de plus constamment , de plus universclle- ment irial - faisans que Ics Insectes. En ciFet , les uns I'attaquent dans son sommeil, rempechent de dormir, et troublcnt au milieu des nuits , le rcpos necessairc pour reparer les fatigues du jour. Pour- roit-il etre tvanquille , iorsquc les Puces et Ics Punaises . lui livrcnt la guerre , et cherchent a tout prix a se repaitrc de son sang? N'a-t-il pas dans les Cousins, des enneniis non moins redoutables et plus incom- modes ? Combien les Stomoxes et les Mouches , sur-tout au midi de I'Europe , et ccs Moucherons des deux Indes , nommes Mosquites , Maringuoins , peuvent causer des sensations doulourcuses ! II en est de meme de tant d'autres Insectes , qui n'annon-r cent leur existence que par la douleur qu'ils nous fqnt eprouyer, P^rlerai-je de ccs Chenilles , c|ui I { 45 ) n'on! paS des dards a employer contre nous , mais dont les poils sont si aigus , qu'ils blessent presquc imperceptiblement , et par leur seul attouchcmcnt , commerOrtie, peuvent occasionner une indam- madon febrile >* Parlerai-je des Fourmis qui , dans certains endroits , exerccnt des piqures si sensibles? Lc dangereux aiguillon des Abeilles et des Guepes est trop connu , pour devoir en faire mention. Je passe a ces Inscctes qui se fixent sur la peau de riiomme, le tracassent , lc tourmentent, sans lui donncr aucun relache. Je mettrai a leur tete , cet Insccte qu'on se represente sous une forme si hideusc , et qui est effecuvemcnt un hote presque aussi desagreable a. voir qu'a sentlr. Annonccr lc Pou, c'est annoncer le fleau de I'enfance, et sou- vent de tous Ics ages. A mesure qu'il pique, quelles demangeaisons incommodes ne fait-il pas sup- porter ? La main survenant aux endroits qui de- mangent , y fait des plaies qui suppurent , et deviennent autant de nids propres a faire cclorrc une posterite qui se rcprodnit sans ccsse. II est un autre Insecte plus connu dans les lieux de debau- che , qui paroit ctre encore plus affecte a Tliomme , qui a quelques rapports avec le precedent, et qui chcrche a se loger dans les endroits du corps charges de poils, et plus particulicrcment a, Tentour des parlies de la generation , le Morpion , enfin , cause ( 46 ) dcs demangeaisons et dcs piqures non moins sensi- bles cc non moins incommodes que cclles du Pou. Nous pourrions citer encore la Chique ; ce petit Insectc , si connu a Cayenne et au Bresil , qui perce la peau , y penctre , et cause la gangrene et la mort , si on ne la previent par des rcmedes conve- nables, et appliques a propos. Mais n'avons-nous pas dans les Mittes, dans lesCirons, de nouveaux cnnerais caches , qui , se fravant un passage a travers Tenvcloppe de notle corps, y fixent Icur habitation , y puHulcnt sans cesse , et sont la Source de la plupart des maladies cutanees. Les qualites venimeuses de quclques Insectes ont ete plus dune fois funestes a rhomme. Mais, il est vrai , ce n'est que sous un ciel ardent que ces qualites se developpent avcc toute leur encrgie . ct se manifestent avcc danger do mort. Dans nos climats froids , et sous la zone •temperee, on voit tres-peu d'exemples qui puissent attester que Ic vcnin des Insectes soit mortel. Ce venin se com- munique d'une raaniere differente : le Scorpion Tintroduit au moyen de sa queue ; TAraignee , le Faucheur , la Scolopendre , au moyen de leurs pinccs ; la Cantharide lexhale et le fait r spirer ; ct si c!le est prise interieurement , quels deplorables effets ne peut-clle pas operer! La plupart des Insectes sent sans doute asscz (47 ) dangereux en realite, pour ne pas cherchcr par des mensonges , a. les rendre plus dangereux qu'ils nc sont. Nous ne fcrons done pas mention de tout cc qu'on a pu dire sur Ic venin des Araignees , et sur-tout de la Tarentule : I'observation a detruit ce qui n'etoit que Touvrage de Tignorance crcdule ou du charlatanisme interesse. Cependant, si nous en croyons les recits des voyageurs, la plupart des Araignees , des Faucheurs , des Scorpions , des Scolopendres et des Jules , sont dans les regions brulantcs , des Insectes tres-dangereux, et qui don- nent quelqucfois la mort a I'homme ou aux ani- mauxqui out le malheurde les toucher. Faut-il ter- miner ce sinistre tableau , en presentant ces nuees de Sautcrellcs et de Criquets , qui portent a-la-fois dans de vastes contrees habitees , la famine ei Ics maladies contagicuses ? Ncccisitc cfeludier et de connoitre les Insectes , pour trvuver le moyen de les detruirc. Apres avoir eveille la craintc et railarme sur les maux et les dangers que les Insectes. doivent faire eprouver a Thomme , nous devons maiutenant eveillcr Tattcntion et 1 indusuie , pour cbercher a, nous delivrer, ou du moins a nous gar^r^ir de? sntrepriscs de pafcils ennemis. Sans dome la (48 ) Nature , qui a limite bicn plus Tcrapire du mal que celui du bicn, qui cherche mcme a faire concourir le mal au bien , a su pourvoir elle- meme a none surete et a notre tratiquillite jusqu'a •un certain point , en bornant a un espace tres-court la vie des Insectes , en ne leur donnant la faculte d'agir qu'cn certain terns et en certains licux. Ainsi, tcl Insectc qui pourroit manger a toute heurc , est oblige d'attendre la nuit pour appaiser sa faira.; tel autre , au contraire , ne peut cherchcr sa sub-i sistance que pendant le jour , ct ne trouve ni ne consomme rien pendant la nuit. AJoutons que tous Ics pays ne sont pas egaiement favorablcs a tous les Insectes. II y en a oii certains ne peuvent pas vivre; d'autres oii ils nc peuvent que languir Dans ieur region favorite , ils ne sont point a couvert des dangers de toute especc qui les menacent eux-» mcmes. Souvent les orages , les pluics les affoiblis- sent et les font perir dans leur plus grande force;, quelquefois le ventdu nord, la gelcc les surprenncnt au milieu des chalcurs, ou mcme avantqu'ils aient cu le tems de se premunir contre les rigucuis de rhiver. Parmi les vegetaux , combien de plantes qui leur sont prejudiciables, et parmi les anirnaux, combien leur font la guerre pour s'en nourrif I Les Insectes meme ne sont-ils pas les plus redoutables ennemis des Insectes ? et si TAraignec matige la Mouclic, i (49) Mouclie, s'l riclineumon mange TAraignee, voycz aussi rHirondcllc nettoyer les granges et les grc- nicrs ; la Fauvette , les jarclins ; les Pies et les Geais les champs et les bois. Les Poissons et les Reptiles ne vivent pas moins aux depens des Insectes ; et on doit toujours reconnoitre cette sage providence, qui, a notre inscu meme, veille a la conservation de tous les etrcs , en les faisant d'autant plus con- courir a leur destruction , que leur multiplication est plus abondante et plus nuisible. Cependant , i'homme a regu de la Nature meme , la faculte d'imaginer les moyens de se garantir de toute injure , et le droit par consequent de s'en servir. Quels que soient les fleaux naturels menages centre les Insectes , ce dernier fleau lui-meme est encore bicn loin d'etre aussi detruit qu'il pourroit Tetre. Avancer que Fhomme peut par son industrie bcaucoup diminuer la somme des maux que les Insestes lui occasionnent , mais au'il a besoin de Tetude meme des Insectes , pour chercher et trouver les moyens dont son industrie peut faire usage , n'est pas unc proposition qui puisse etre suscep- tible de contradiction. Mais combien de fois n'a-t-il pas ete la dupe de I'ignorance et de la superstition qui en est une suite? Combien de fois unc confiance aveugle dans les amulettes , les talismans et les exor- cismes ne lui a-t-elle pas fait negliger I'cmploi des N°, 2. G ( 5o) inoyens plus efficaces ? S'il est des erreurs dange- i'euses , ce sont sans doute celles qui , laissant Vhomme dans une secuiiie parfaite , le plongent dans le repos et lindolcnce , et rempechent d'avoir recours aux moyens que son Industrie pouiruit lui suggerer, afm de se delivrer de ses ennemis. Un devoir sacre sans doute pour le Naturaliste , c'est de cherchcr a produire les causes naturelles capa- bles de detruire les causes surnaturelles dont la superstition profite aux depens de la confiante cre- dulite. Ainsi , on ne doit pas s'etonner si , a la Suite d'un exorcisme , on voit quelquefois , il est vrai , les Chenilles disparoitre prornptement. On ne s'apper^oit dabord des ravages et de Texistence des Insectes , que lorsquils ont deja acquis une grande partie de leur developpeinent ; et avant que la ceremonie religieuse ait ete provoquee au point tie forcer toutes les lenteurs que le rnlnistre du culte apportc ordinairement , les Chenilles touchent au moment de leur transformation , qui s'opere en effet bientot apres , et qui laisse au pouvoir de la religion , im prodige dont elle n'a pas besoin , et que la Nature revendique , comme un effet appar- tenant a la necessite de ses loix. Je ne pretends pas enlever la confiance que roii doit avoir dans des prieres adressees a TEtre Supreme , mais la saine Philoiophie nous dit , qu on ne doit chercher a ( Ol ) detruire dcs effcts physiques dans la Nature, que par d'autres effets physiques, ct ceites cet axiome est le pUis sdr. Si nous parvenons un jour a connoitre les In- sectes sous toutes les formes; si nous pouvons les suivre dans tous leurs developpemens ; si nous eiudions leur maniere de vivre et toutes leurs habi- tudes, il n'est pas douteux que nous ne soyons alors en etat de les attaquer avec beaucoup plus d'avantages. Nous ne devons pas esperer de nous delivrer pour toujours des Insectes , soit parce que leur petitesse et leur ruse les mettent a Tabri de nos recherches , soit parce que le nombre en est trop considerable, et qu'il augmente ," pour ainsi dire, a chaque instant , par la promptitude avec laquelle lis se reproduisent et se multiplient. Mais on doit esperer de trouver des moyens propres a les reduire a une moindre quantite, ou a empecher Texces de leur m.ultiplication. Presque tous les Insectes aban- donnent leurs oeufs des que la ponte est finie , mais tous paroissent choisir avec une Industrie merveil- leuse , les endroits convenables pour deposer ces oeufs a portee de la nourriture qui convient a la jeune larvc , et a Fabri du froid , des pluies , d\x soleil et de tous les ennemis qui cherchent a s'en nourrir. Les uns les couvrent d'une matiere coton- neuse, soyeusc, coriace , ou les cachent sous une G 2 ( 5= ) double enveloppe de soie ; Ics autres les placcnt dans les sillons, sous les ecorccs d'arbres, ou dans les tiges , les racines et les fruits ; quelqucs autres les enfoncent dans la tcrre; la plupart les deposent sur le rivage ou dans Ic sein des eaux. Quelqucs Araignees traincntapres elles, non-seulcment leurs oeufs , mais portent me me leurs petits , dans les premiers jours de leur naissaiice. Quelques Guepes et quelques Abeilles apportent a cote de la larve la provision necessaire a son cntier developpement; la plupart des autres, comme on sait , nourrissent leurs larves s et leur apportent de tems en terns la patec. Les larves elles-memes savent echappcr a leurs enncmis avec une adresse non raoins surpre- nante. Quelqucs Chenilles, semblables aux parties des vcgetaux sur lesquelles elles se trouvent ordi- nairement , echappent par la aux Oiseaux et autres ennerais qui cherchent a s'en nourrir; la plupart sont pretes au moindre accident a se laisser tomber, et restent suspendues par un fil ; quelqucs-unes se retirent sous une enveloppe commune ; les Pu-r naises , les Sauterelles echappent par I'agiHte dc leurs jambes , ou par le saut qu'clles executent avec promptitude, Beaucoup de larves sont cachees dans la terrc ou dans la tige , les racines, les fruits des vegetaux. I! y en a qui sont armees d'epines ou de polls, quelqucs-une? , enfin, se font un h^bit de (53) leurs cxcremens. Nous nc finirlons pas , si nous voulions rapporter tous les moyens que la Nature a donnes a ces petits animaux pour leur conser-* vation. Cependant, si les gens de la campagne savoient a leur tour employer la ruse, ils pourroient s'assurer d'un profit dont ils se voient trop souvent frustres. 11 y a des lieures dans la journee ou la plupart des larves cessent de manger, so rapprochent, ct for* ment alors des tas que Ton peut facilement ecraser. A rapproche de Fhiver , les Chenilles les plus com-- munes et les plus nombreuscs forment des nids au sommet des arbres ; il faut se liaicr de les couper avant Tarrivee du printems , et nc pas se contenter de les laisser par terrc , comme ont fait commu-» nement , mais il faut les ramasser et lesbruler, afin de detraire veritablement Icur progeniture nais- sante. Les Oiseaux font perir un grand nombre d'Insectes; les Poules, les Coqs-d'Inde , sont un moyen sur de diminucr le trop grand nombre de Sauterelles , de Criquets , qui infcstent les champs ct les prairies. Les fumigations avec Ic tabac , le soufre , Tail et autres piantes fortes et odorantes font perir les Insectes qui se trouvent sur les arbres, - La suie , la tourbe , la chaux-vive , Ic scl marin , repandus sur la terre , sont quelquefois un moyen fioprc a detruire ou eloigner les Insectes, lorsque ees matieres sont employees en assez grande quan- tite. Lemercure, I'arsenic , rorptment , le soufre , I'elleborc , le tabac peuvent servir a en tuer cer- tains. Le poivre , Ic sel, les plantes odorantes , le vinaigre , Teau-de-vie en elcignent beaucoup d'au- tres. La vapeur de soufre , Feau bouillante detrui- sent Ics guepiers ct les fourmilieres. Allumcr anssi dcs feux dans les champs pendant la nuit, c'est entraincr a leur perte beaucoup de Teignes , dc Phalcnes avec leur posLerite , bien plus redoutable encore. Les circonstances sans doutc peuvent suggerer les expediens : mais c'est a Tetude a prevon- les circonstances , et a preparer les expediens. II n'y a peut-etre aucun cas ou Tindustrie de Thomme ne puisse remedier , en tout ou en partie , aux maux que peuvent faire leslnsectes : on pent en juger par les moycns memes que le hazard plutot que la connoissance , Texperience plutot que Tindustrie , lui ont procures. Oue seroit-ce , s'il savoit mcttre de la raethode dans sesrecherches , et de Tinstructiort dans sa methode? C'est precisement ce qui lui reste encore a Taire. Car quels que soient les remedesque n.ou$ avons presentes , bien peu attaquent le mal dans sa source , et ne le dctruisent qu'accidentelle- mcnt ou dans quelqucs effets particuliers. Sans doute, pour mettie dans rartdedetruircleslnsectes. ( 55) Jine metliodc generale et digne d'un succes aussi etcndu que constant, il est neccssaire de les suivrc et de les observer dans leurs difFerens etats : car tel Insecte doit etre attaque sous la forme d'ceuf , tel autre sous celui de larve, tel autre dans son etat dc nymphe , et tel autre sous celui d'Insecte parfait. Par exemple, il est evident c|ue les Insectcs , done les oeufs sont entasses et faciles a decouvrir, peu- vent etre attaques avec plus de succes sous cette premie're forme, que ceux dontles oeufs sont isoles, irregulierement dissemines , petits et presque im- possibles a decouvrir. Les larves qui vivent en societ-e sont bien plus faciles a detruire , dans cec etat, que les larves des Insectes qui vivent dans la terre, dans la substance du bois , et (jui se dero- bent a nos regards , ou echappent a nos recherches. Les nymphes et les chrysalides a. decouvert sur les feuilles des plantes , celles cachees sous des en- vcloppes ct des coques de diverses substances , sur les tiges des vegetaux , a portee d'etre appergues , peuvent etre detruites , avec plus de facilite, que celles qui se cachent dans la terre , ou qui rcstent dans rinterieur du bois ou la larve a fait sa pte- miere habitation. Les Insectes enlin , qui sont caches sous leur premiere forme , et qui ne se montrent a decouvert que lorsqu ils sont devenus Insectcs parfaits , ne peuvent etre attaques avec (55) Succes que dans leur dernier fctat. Des details nouj conduiroienttrop loin, etildoit nous suffire d'avoir seulement laisse cntrevoir par un simple appergu general , une verite si evidente par elle-meme. B O T A N I O U E. Sui' le C A L O D E N D R U M . Tab. 3. Par M . L A M A K c K. Ce genre de plante, etabli parM. Thunberg, dans ses JYova genera plantariim , en i 78 2 , est si voisin du Dictamrius par ses rapports naturels , que peut-etre n'y auroit-il pas d inconvenient bien considerable a le supprimer, pour regarder la plante qui en est Tobjet , comme une veritable espece de Dictame. Nous avions meme pense d abord que cette plante pourroit etre la meme que le Dictamnus cnpensis du supplement de Linne fills, pag. aSs. Mais, dans ce cas , le peu de connoissances que ce dernier auteur nous donne sur sa plante manqueroit d'exactitude. En effet, il nous dit que la grappe de ses fleurs est sem- blable a celle du Dictame blanc , ce qui n'est pas, vrai pour le Calodendrum dont il s'agit ici ; ses (57) ses fleuis , au-lieu d etre en grappe simple comme celles du Dictame blanc , sonten grappe rameuse €t paniculee. D'ailleurs , le Calodendrum est un arbre , ou au moins un grand arbrisseau , dont les feuilles sont opposees ; et Linne fils , qui attribue des feuilles alternes a son Dictammts capmsis , ne dit point si sa plante est herbacee ou llgncuse. Ainsi , Ton doit presumer que le Dictamnus de Linne fils est une plante tres-difFe- rente du Calodendrum , jusqu'a ce que I'examen de son herbier ait appris quelque chose de plus positif a cet egard. Nous venons de dire que le Calodendrum est une plante tres-voisine du D-ictamnus par ses rap- ports : nous le prouverons dans I'instant , par 1 examen des parties de sa fructification , com- parees a celles du Dictamnus. Nous observerons seulement ici que ces rapports trcs-remarquables paroissentn'avoir pas ete appergus par M. Thun- berg , puisqull n'en dit pas un mot , et qu il s'occupe a comparer son Calodendrum au Cedrela et au Sauvagesia , qui n'ont avec lui ni entr'eux aucun rapport prochain. Voila ce qui resulte de Tetude de la Botanique par les systemes , et sur- toutparcelui de Linnaeus: on ne se forme aucune idee des rapports plus ou moins prochains qu^i la Nature a mis entre les vegetaux; on ne s'occupe N". 2. " H (58) que du moyen de leur appliquer une nomen- clature seche , a iaquelle souvent on n'attaclie d'autre idee que celle de la classe et de la section du svstemc dont on iait usage, (i) ^l) On seroit vraisemblablemenl plus avance dans la coanoissance des rapports naturels des plantes, et Ton auroit pour les families des determinations plus satis- faisantes , si tons les Botanistes eussent donne quelque attention a ces recherclies veritablemewt iuteressantes. ]Vlais la plupart, depnis qne Linne a commence d'ecrire, SB sent uniquement occupes de nomenclature et de clas- sifications arliitraires. On pentmeme dire qne le system© sexuel, si favorable a tons ceyx qui savent se contenter de noms , a eu une telle iuflueuce sur les Botanistes qui s'en sont servis , qn'elle a eloigne le plus grand nombre d'eHtr'eux de I'etude des rapports , et qu'elle les a habi- tues a y donner si peu d'alteution , que meme les plus celebres ont commis a cet egard les plus grandes fames dans la determination de leurs nouveanx genres^ ou dans celle des nouvelles especes qu'ils ont publies. On ne peut voir, en elFet, sans etonnement,M. Jacquin proposer pour une nonvelle espece de ckiococca, nn veri- table cestrum , une plante qu'il savoit Ini-meme avoir I'ovaire superieur, el qui consc'qnemraent ne pouvoit etre ni du genre du ckiococca , ni meme de la meme famille. M. Tluuiberg , dans sa llore dn Japon , donne pour une uouvelle espece de lycium^uue plante qui n'est pas meme dfc la famille qui comprend ce genre , mais une veritable rubiacee ( serissa. lam. ill. t. I^l.jll decrit encore, dans ie meme ouvrage , un arbrisseau qu'il donne pour un cor- (59) Rendez stevUes cinq des dix etamlnes du Die- tamniis ; elargissez un pcu Ics filamens dc ces ctamines sterilcs , de maniere a Ics {'aire paroitre commc cinq petaies etroits ( cc soiit les nectaires de M. 1 hunberg) , mais distincts des vrais petalcs ; alors vous aurez change la fleur du Dictamnus en cclle du Calodendrum , au moins selon les obser- vations qu'il nous a ete possible de faire sur I'exemplaire desseche dont nous donnons ici la figure. En effet , le calice ( Tab. 3 , fig. c. ) du Calo-' dcndrum est court, persistant, et partage comme iioiiiller, en liii attrlbiiant uu oraire siiperieur. Liiine fils, clans son supplement, cite pour synonyme du chiococca racemosa , la pandacaqui , de M. Sonnerat , qui est iine veritable apocinee (^taberncEmont^, Liniiepere, lui-meme, confond dans ses ordincs naturahs , sons le norn de Con~ tortce , plusieurs genres de la famille des Riibiacees , tels que le gardenia , le genipa. et le pcederia , avec la plupart des genres qui composent la famille des Apocius : les Rnbiacees el les Apocins n'ont cependant entr'eux que des rapports tres-eloio;nes. Enfin , raiienlion qne les Eotanistes modernes doinient anx rapports naturels des plantes , est si legere , que recemmeut M. Pallas a public comme un iiouveau cytise, une plante qui, quoique de la famille des legumineuses , n'est nullement de la section naturelle qui compr'end les cjuises , mais appartieut aux phaca. , ou plutot aux colutea de Liniie, etc. etc. Diet. vol. i, p. 449 , 450. H 2 (6o) celui du Dictame en cinq decoupures pointues,* tres-ouvertes. Les petales [Jig- d. ) sont , dans Tun et Tautre genre, lanceoles, onguicules, et irreguUerement ouverts : ils sont parsemes de points glanduleux de la meme maniere. Mais dans le dictame il y a dix etamines fertiles , et Ton sait que leurs filamens sont glanduleux ; au-lieu que dans le Calodindrum , cinq des dix etamines sont steriles ou sans antheres , et out leurs filamens elargis , membraneux , petalifor- mes , plus etroits que les petales , et charges de glandes. L'ovaire dvi Calodejidrum [Jig- g- ) est pedicelle au-dessus du calice de la meme ma- niere que celui du dictame , etlui ressemble pour la forme , ainsi que le style qu'il soutient. Quant au fruit , je ne Tai point vu : mais M. Thunberg dit que c'est une capsule ovale , 5-angulaire, a 5 sillons, 5 loges , 5 valves; et que cliaque loge contient deux semences. Le fruit du Dictammis consiste , comme on sait, en 5 capsules reunies par leur cote interieur, et chaquc capsule renferme ordinairement deux graines. On voit done que le genre Calodendrum , dont on tvouve la description dans les Nova genera lie M. Thunberg , dans le Genera plantarum de M- Schrebcr, etc. a de tres-grands rapports avec (6i) le Dictamnus , ct qu'on seroit plus fonde a I'y rapporter, commeen etantune espece, que Linne ne la ete en rapportant le Moringa au genre Gui~ landina, et bien d'autres qui ofFrent des exemples semblables. Le Calodendrum paroit meriter beaucoup d in- teret, ne fut-ce que pour la beaute de ses pani- cules dc fleurs. II forme , selon M. Thunberg, un arbre eleve , dont le tronc est cpais , et la cime toujours verte. Ses rameaux sont opposes ou ternes , divergens, cylindriques , bruns , scabres par Ics cicatrices des feuilles. Celles-ci viennent aux sommites des rameaux : elles sont opposees, petiolees , ovales, obtuses , retrecies en coin vers leur petiole , tres-entieres , glabres , vertes en dessus , un peu plus pales en-dessous, et striees par des ncrvures parallcles. Leur longueur est d'environ 3 pouces et demi , sur un pouce et demi. de largeur. Elles sont soutenues par des petioles un peu epais , courts , applatis et un peu canicules en dessus , convexes en dessous , et longs d un** ligne et demi. Les fleurs sont blanches , teintes de rose , grandes , fort belles , et disposees en panicule un peu thyrsoide et tcrminale, sur des pedon- cules legerement velus ou toraenteux. Leurs petales sont ondules, veloutes , et ont plus d'uri ( 6-0 ) pouce de longueur. Les fleurs, avant Icur epa- nouissemeut , presentent des boutons ovales- coniques , 5-angulaires. Nous presumons que la plantc dont nous venons de traiter est la meme que le Calodendrum capense de M. Thunberg; dans ce cas , c'est un arbre qui croit naturellem'ent au cap de Bonne- Esperahce. Nous ne pouvons cependant rien dire de positif sur son lieu natal , non plus que sur son espece ; le raracau que nous possedons , et dont nous donnons ici la figure ( tab. ?>,fig. h.) nous ayant ete donne pour le Chionanthus zeylanica de Linnaeus , ce qui est une erreur, mais aussi ce qui nous laissc de lincertitude sur le lieu natal de notre plante. Au reste , il seroit interessant que les voyageurs Naturalistes voulussent nous envover , soit des graines, soitde jeunespieds de cet arbre : peut-etre pourroit-on le conserver en pleine tevrc dans les parties temperees ou meridionales de la France. Son utilite , qui pourroit avoir bien d'autres objets , seroit au moins de nous offrir un nouvel arbre tres-propre a la decoration des bosquets et ties grands jardins, aaaiiaasaHaStfaBHJMM.sfa-.imtt { 63) Sur la Muhlc refraction du S p A T H calcaire transparent. Par M. H a u y. Lorsque les fragmens rhomboi'daux du Spath calcaire jouissent d'une belle transparence , on leur donne le nom de Spath cClilande , parce qu'il en vient de cette isle qui sont tres-diaphanes. Tous les crystaux calcaires , quelle que soit leur forme , etant susceptibles de produire des rhom- boi'des , a Taide de la division raecanique , c'est mal-a-propos que quelques Naturalistes ont fait du Spath d'Islande une variete particuliere , en le confondant avec la forme primitive pro- duite . comme dun premier jet , en vertu de la crystallisation , ainsi qu'on Tobserve quelquefois. J'ai vu vendre , sous ce nom de Spath d'Islande, des rliomboi'des detaches d'un gros crystal a douzc triangles scalenes , qui s'etoit delite dans le sens des joints naturels de ses lames. Ces rhomboides transparens ofFrent un phe- nomene d'optique trcs-interessant , qu'Erasme Bartholin a fait connoitre le premier (i). II con- siste en ce que si Ton regardc un objet a travers (i) Experimenta crystalli Islandicce, Hastiiae, 1670. (G4) dc\iK de leurs faces opposees et paralleles , cet objet paroit double, au-lieu que le verre , 1 eau et la plupavt des corps diaphanes , ne font voir, dans le mcme cas, qu'une seule image de I'objet. La theorie de ce phenomene a exerce la sagacite d'Huyghens (i) , de Newton (2) , de la Hire (3) et de plusieurs autres savans distingues. Engage par la suite de mon travail sur les mineraux , a faire une lecture attentive des differens articles publics par ces savans , relativeraent a Tobjet dont il s'agit, j'ai trouve tant de diversites dans leurs opinions , meme sur les circonstances du phenomene , que j'ai cru devoir soumettre le .tout a un nouvel examen , et il m'a semble que ies resultats auxquels j'etois parvenu decidoient plusieurs points importans , et pouvoient d ail- leurs servir a fixer notre jugemeijt sur les diverses theories proposees par les savans qui se sont oc- cupes du meme sujet (4). Mais je me bornerai ici : 1°. a exposer les differens faits que Tonpeut (l) Traite de la lumiere. Leyde 1690, p. 48 et sui'v. (a) Optice lucis. Lausannae et GenevcC, 1740 , p. 'l^ «t suiv. (3) Mem. de I'acad. des sciences , an. 1710, p. 454 et suiv. (4) Voyez les Mem. de I'acad. des sciences, an. 2788, p. 34 et suiv. observer , ( 65 ) i^server , en general , a Taide d'un ou de deux rhomboi'dcs ; 2°. a expliquer ceux de ces faits dont la raison , pour etre saisie , n'exige que la connoissance des refractions communes. Ces deux objets offrent deja par eux-memes des details assez curieux , pour faire la matiere d un article particulier, et quant aux resultats qui conduisent a une connoissance plus approfondie du pheno- mene , je me reserve a en donner une idee dans une autre occasion. Concevons un rhomboide be ( fig. 1. ) dtSpath transparent , situe de maniere que a et n soient ses deux plus grands angles solides , c'es-a-dire , ceuxquisontcomposes de troisanglesplansobtus, de 101"^ 32' i3 "■ ( 1 ) , et que sa base inferieure bcng repose sur un papier. Supposons de plus que Ton ait marque un point d encre en p , qui coincide avec un point quelconque de la petite diagonale b n de la base inferieure. Placez votre ceil de maniere que le rayon visuel soit dans le plan baen, termine par les petites diagonales ae, bn, des bases, et par les aretes intermediaires ab , en. Si ce rayon visuel est en mcme-tems per- (I) Voyez I'essai d'une theorle sur la structure des crystBux, pag. 96, ou cet angle est determiue rigoureu- sement , d'aqres une donuee prise dans la structure d'uue variete du Spalh, N". 2. I ( 66 ) pendiculaiic sur bn , au pointy, vous verrez une premiere image tie ce point sur la direciioir cle cette raeme perpendiculaire , et une seconde qui repondra a quelque point /, situesur la diagonaie entre j& et w. Cette seconde image sera scnsible- nient plus enfoncee que T autre , au-dessous de la base a d ef^ Pour vous assurer que le rayon visuel est exac- tement dans le plan baen et a-la-fois perpendi- culaire sur bii au pointy;, vous pouvez employer la methode suivante. Tracez sur le papier le con- tour bcng (fig- 2.) de la base inferieure du ihomboide (fig. i . ) puis menez de c en »• (fig. o,) la grande diagonaie formee d'un trait a blanc, a I'aide de la pointe du compas , pour ne point embarrasser I'experience de trop de lignes visi- bles. Marquez le point p sur la direction de la petite, diagonaie , qui sera tracee pareillement a. blanc, a Texception des deux extremites ?■ b , v?i. Tracez ensuite une autre ligne qui passe par le pointy*, parallelement a la diagonaie eg, et qui soit aussi a blanc , excepte les deux extremites km, ih, que vous prolongerez a volonte au-dela des points k , i , ainsi que le represente la figure. Enfin, disposez le rhomboide , en faisant coin- cider sa base inferieure avec bcng, et placcz voire ceil de maniere que les deux images de chacune des petitcs ligncs hr, ow , se confondcnt sur une meme direction , ct que dc plus 1 image dcs limes interieures km, ih, la plus voisine de Tangle b , soit sur la direction des parties cxce- dentcs hz, iq. Au moyen de ces deux conditions', ie rayon visuel aura la position clierchee. Ouand meme la base de votre rhomboidc ne seroit pas un rhombe parfait, mais i\n parallell'o- gramme- allonge hcyt, vous reussirez toujours, en tracant les lignes citees , de maniere que I'angle obtus cht soit divise en deux exactement par la ligue dont h r cA on doivent fairepartie, et Tangle aigu hey coupe de meme en deux par la ligue menee de c vers g, puis en tfagant mz., qh, sur une direction parallele a cette seconde ligne. Si le ravon visnel s^ecarte , soit dans un sens , soit dansl'antre, de la perpendiculaire au pointy, pourvu quil reste dans ie plan bane ( fig i. )' c'est-a-dire , que les deux images de br ( fig. 2.) paroissent encore se confottclre , de meme que les deux images de. on, Tobservatenr verra les images du point y> sedeplacer, mais de maniere qu elles seront toujours sur la diagonale hn, et que la plus enfoncee se trouvera rtbujours plus rappro- chee que Tautre de Tangle n. Mais si ie rayon visuel sort du plan ban.'d , ^fig. 1.) alors les deux images dn point-^ nc I 2 (6S) seront plus sur la direction bn, m meme sur unc parallele a cette direction ; elles seront sur une ligne quifera un angle plus ou moins ouvert avec bn, erisorte cependant que limage la plus en- foncee sera toujours la plus voisine de Tangle n. On pent rendre lespece de tendance de cette seconde image vers le point n , tres-sensible au moyen de I'observation suivante. Soit bcng (fig. 3.) la raeme bas que ( fig. i.) soit j!>, nn point visible qui reponde au milieu de la diagonale bn. Placez votre ceil directement au-dessus du point jb, et faites faire au rhomboide une revolution , de maniere que sa base bcng tourne autour du pointy, comme d'un centre. Vous verrez tourner en meme-tems I'image /, qui suivra Tangle obf tus n, et a raesure que cet angle decrira la eir- conference de cercle nsbi, le point / detrira une courbe rentrante particuliere Ihr. Voici une autre experience digne d'attention , et qui est due a M. Monge , de Tacademie de$ sciences. Prenez le rhomboide ( fig. i . ) , en ap- pliquant le doigt index sur Varete ab, et le pouce sur Tarete e n , ct placez la base superieure adef tres-pres dc votre ceil, de maniere que Tune des deux images , par exemple Timage p , soit situee .derriere Tautre image /, par rapport a vous. Alors faites glisscr doucement , en dessous du rhom- ( 69 ) boide une carte , qui , restant appliquce a la base inferieure, s'avance de i vers w, jusqu'a ce qu'elle cache une des deux images. Vons verrez avec surprise, que cette image dont la carte vous de- robe la vue , nest point I'image p situee du cote par ou vient la carte , mais 1 image / qui est de votre cote. Jai dit que quand le rayon visuel etoit per- pendiculaire sur b7i au point jb, 1 image la moins enfoncee de ce point etoit sur la direction du rneme rayon visuel , c'est-a-dire qu a cet egard le point p paroissoit etre a sa vraie place. Par une suite necessaire , limage la plus enfoncee n'etoit plus alors sur la direction du rayon visuel , c'est-a-dire qua cet egard le point p paroissoit etre deplace. Or , il y a aussi une position de loeil sous laquelle 1 image la plus enfoncee se trouve dans I'alignement du rayon visuel. Cette position a lieu lorsqu'il ne sen faut que d'en- viron deux degres , que le rayon visuel ne soit parallele a I'arete a^. J'ai trouve par la tlieorie que , dans ce cas , linclinaison du rayon visuel sur la diagonale ae, prise en dessous du rhom- boide , devoit etre de 73'^ 38\ dou \\ suit que i'angle forme par ae avec le prolongcment du rayon visuel en dessous de la base adef , est de lo6^ 22*, tandis que Tangle tak est de io8^ 27'. (70) Pour mettre Toeil dans la position dont il s'agit , disposez tout comme il a ete dit ci-dessus, pour le cas ou Ton veut s'assurer que le rayon visuel est a-la-fois dans le plan ahne, et perpen- diculaire sur hn, au point j() , excepte que vous placerez votre ceil de maniere que ce ne soit pins limage des lignes km, hi ( fig. 2. ) la plus voisine de lang'e b , qui se trouve sur la meme dirccticn qee les prolongemens extcrieurs kz , iq, mais que ce soit au contraire Timage la plus eloignee de ^, ou celle qui se rapproche le plus de Tangle n. Lorsque 1 on considere les images d un point, a travers deux rhomboi'des mis en contact Tun au-dessus de I'autre , il en resulte de nouveaux phenomenes trcs-interessans. Si les deux rhom- boi'des sont disposes de nrianiere que leurs faces analogues soient paraileles , auquel cas les plans situes dans ces rhomboi'des comme le plan aenb (fig. 1. ) anront les positions respectives repre- sentees par la fig. 4 , I'oeil ne verra encore que deux images du point p, qui seront seulemenC plus ecartees Tune de Tautre que s il n y avoifi qu'un seul rhombo'ide. • Si le rhombo'ide superieur est tourne en sens contraire de I'inferieur , de maniere que le plan flVn'i' , qui appartient au premier , soit situe a I'egard du plan acnb , qui appartient au second. ( 71 ) comme on le voit fig. 5, Tceil ne verra pareiflc- ment que deux images, qui seront toujours plus voisines rune de I'autre , a mesure que Ton em- ploiera des rhomboides, dont les hauteurs appro- cheront davantage de 1 egalite , ensorte que si ces hauteurs sont absolument egales , et que de plus le point p etant sur la diagonale bn, ic rayon visuel soit dans le plan ae.nb, les deux images paroitront se confondre en une seule. Mais voici ce qu il y a de singulier dans les experiences faites parle concours des deux rhom- boides. Les choses etant dans I'etat ou le repre- ' sente la figure 4 , faites tourner doucement le rhomboi'de superieur au-dessus de Tinferieur , de inaniere qu il continue de lui rester ajjplique par une de ses bases (1). Bientot vous verrez paroitre deux nouvelles images, qui d abord seront trcs- foibles, et ensuite augmenteront peu-a-peu d'in- tensite. En meme-tems les deux premieres images s'afFoibliront par degres , et finiront par dispa- roitre , ce qui arrivera avant que le rhomboi'de superieur ait fait un quart de revolution , c'est-a- dire avant que sa base soit disposee a I'egard de (l) Les memes eiFels anroient encore lieu, quand meme les bases que nous siipposons ici se toucher, seroient se- pareespar un intervalle, pourvuqu'elles fussent paralleles ou a-peu-pies. ( 72 ) celle de I'autre rliombo'ide, comme ohik ( fig. 6.) par rapport a bcng. Passe ce terme , si vous contlnuez la revolution du rhomboi'de superieur , les memes efFets auront lieu, dans un ordre inverse, c'est-a-dire que les deux premieres images reparoitront , et que leur teinte , d'abord tres-legere , se renforcera peu-a- peu , tandis que les deux autres images diminue- ront dintensite, jusqu'a ce qu'elles deviennent nulles vers la fin de la demi-revolution du rliom- bo'ide mobile (i). Vous observerez que les quatre images sont toujours disposees aux quatre angles dun qua- drilatere dont la figure varie , a mesure que le rhomboi'de superieur change lui-meme de posi- tion , a regard du rhomboide inferieur. Je passe maintenant aux explications que j'ai promises, et qui serviront a ebaucher en quelque sorte la theorie du phenomene. Je les rendrai meme tres-elementaires , afin que ceux qui n'au- roient pas les loix des refractions commune* presentes a I'esprit , soient dispenses devoir re- (l) Tods ces differeus fails sont sujets a quelques ex- eeptions , lorsque le rayon visuel est tres-ofclique , et prend une certaiiie position. Car alors ou ne voit que deux ima- ges , dans le caa ou 1'oh devroit eu voir quatre, et reci- proquemeut. cours (73) Cours alUeurs. On salt qu'un rayon de lu- miere qui tombe perpendiculairement sur la surface d'un milieu , tel que Teau ou le verre , continue sa route dans ce milieu , sans subir au- cune inflection. Mais s'il tombe obliquement sur la surface du milieu , il se detourne de sa route , en penetrant ce milieu , de maniere qu'il paroit rompu au point ou il commence a se plonger, et que Ton appelle le point ^immersion. Soit A B C D ( fig. 7 . ) une tranche prise dans Tepaisseur d'un milieu quelconque , qui soit seu- lement plus dense que lair. Un rayon st qui tombe obliquement sur A B , se brise toujours au point d'immersion^, suivant une direction tl, en se rapprochant de la perpendiculaire ctrriy menee sur AB ,' et lorsqu'ensuite le rayon sort du milieu par le point /, que Ton nomme \t point d emergence , il se brise de nouveau , en s'ecartant de la perpendiculaire nlo , menee sur DC , que je suppose ici parallele a AB , et en prenant une direction Ip, parallele a la premiere direction st. Le rayon st s'appelle rayon incident, le rayon tl rayon rompu, ou rayon brise , et le changement de route qu'eprouve ce rayon se nomme refraction. On explique pliysiquement la refraction par Tat- traction qu'exercesur la lumiere le milieu quelle penetre, et Tobservation prouve qu'elle suit une ( 74 ) loi constante , pour cliaque espece de milieu. Voici en quoi consiste cette loi. Si Ton suppose c^ egale a im ( fig. 7 et 8. ) , et que des points c, m, on mene sur les rayons incident et rompu st, tl , les pcrpendiculaircs cr,mk ( fig. 8. ) , ces perpcndi- culaires, dont Tune cr, s'appelle le sinus del' angle d incidence ct%, et 1' autre mk,\t sinus de I' angle de refraction mtl, ont entr'elles un rapport constant, pour le meme milieu, quelle que soit I'obliquite du rayon incident. Dans la refraction du verre , par exemple , le sinus 771 k est toujours les j du sinus cr. Supposons maintenant qu'il y ait un point visible en jb ( fig. 7 . ) , et un ceil place en j. Parmi tous les rayons que le point p envoie vers le milieu ABCD, dans toutes les directions ima- ginables , il y aura un rayon pi (i) , qui , apres s'etre refracte d'abord selon it, et ensuite selon ts, arrivera a Toeil situe en s. Car c'est la meme chose de considerer un rayon comme partant du (l) Dans la realite, ce que j'appelle ici un rayon, est iin faisceaii on un cone de rayons, qui a son sommet sur le point p. Tous les rayons particuliers qui composent ce cone se refractent en meme-teriis ; rnais la loi de refrac- tion se mesure par la quantite dont I'axe du cone se plie dans le milieu. Ainsi, cet axe fait les memes functions que le rayou stlp. (75 ) point s pour arriver en p , ou commc venant du pointy; pour arriver en 5. II suit de la que Toeil verra limage du point y» suivant la direction stz prolongee du rayon qui la lui apporte , et par consequent le point y) paroitra deplace , et sera vu quelque part en i. Mais il n'arrivera jamais , dans le meme cas , que I'oeil voie deux images du point Jf. Car les choses etant toujours dans le meme etat, si Ton suppose un second rayon ( fig. g. ) , qui parte du point p, en meme-tems que le rayon pi, dans telle direction ^r que Ton voudra, ce rayon se refractera d'abord suivant lt\ en s approchant de la perpendiculaire n o\ et ensuite selon t s\ en s'ecartant de la perpendiculaire c m . Or , Tangle d'incidence y;/'o' etant evidemment plus grand que Tangle d incidence plo. Tangle de refraction ntt sera aussi plus grand que Tangle de refrac- tion nit, et par une suite necessaire les deux rayons It , It divergeront entr'eux ; et puisque par la loi de la refraction les rayons ts et ^\s' doi- vent etre paralleles a ji/ ct f I , ils divergeronji pareilleraent , et ainsi le rayon ^ ,$' sera perdu pour Tceil. II en est tout autrement , lorsque la lumiere passe de Tair dans un rhomboide de Spath cal- cairc. Soit acjib (fig. 10.) unc tranche de ctSpaih K 2 ( 76 ) prise sur le quadrilatere marque des niemes let- tres ( fig. 1 . ) Si un rayon de lumi^re tombe sui- vant st perpendiculairement sur la ligne ae, ce rayon , au point d'immersion t , se divisera en deux parties , au-lieu de rester simple , comme dans Teau , le verre , etc. L'une tide ces parties restera sur la direction du rayon incident st , comme dans le cas ordinaire, etlautre tf seczr- tera de la precedente, en se rejettant vers Tangle aigu b , c'est-a-dire qu'il" y aura une double re- fraction du meme rayon. Si le rayon incident ST tombe obliquement sur ae, il se divisera toujours en deux parties, dont I'une T L se refractera en se rapprochant de la perpendiculaire TM , suivant une loi ana- logue a celle des refractions ordinaires , et qui est telle que le sinus mk ( fig. 8. ) de Tangle de refraction est constamment les | du sinus cr d'incidehce. L'autre partie TF (fig. lo.) s'ecar- tera toujours de la precedente , en se rejettant vers Tangle b, suivant une loi particulie're , dont I'exposition n'est pas de mon objet actuel. Je dirai seulement ici que la refraction du rayon TF a cela de commun avec les refractions ordi- naires , que ce rayon , apres son emergence en F, reprend ime direction FH parallele a celle (iiA rayon incident ST. J'appelle le rayon TL (77 ) rayon ordinaire, le rayon TF rayon eCaherratlon, et la distance FL de Tun a Tautve prise sur la base inferieure du Spath, amplitude d'aberration. Les mcmes efFets auront lieu, dans le cas ou le rayon incident S'T' (fig. ii.) seroit incline en sens contraire. Sa partie ordinaire T'L se refractera suivant la loi indiquee , et le rayon d'aberration T'F' s'ecartera toujours de T' L , en se rapprochant de Tangle h. On pent observer en general la double refract tion du Spath caleaire , par une experience directc tres-facile a faire. Appliquez sur la base superieurc adej ( fig. 1. ) d'une rhombo'ide de ce Spath, une carle percee en son milieu d un trou fait avec une forte epingle. Presentez le rhomboide a la lumiere du soleil , de maniere que le dessus dc la carte soit tourne vers cet astre , et placcz en dessous du rhomboide un papier blanc , a quel- que distance de la base inferieure bcng, et pa- rallelement a cette base. Vous verrez paroitrc sur ce papier deux poinds lumineux produits par les deux refractions du rayon qui s'introduit k travers le trou de la carte. La meme experience peut se faixe aussi a la lumiere d'une bougie. Ce qui precede suffit pour faire cojicevoir la duplication dcs objets a Faide d'un seul rhom- Jjoide. Soit toujours aenb ( fig. 12.) le quadri- ( 78 ) latere pris sur les petites diagonales des bases ct les aretes intermediaires. Soit^ un point visible situeaune certaine distance en dessous duSpatk, tts la position de Toeil. Le point^ envoie vers le Spisth des rayons dans toutes les directions ima-* ginables. Parmi tous ces rayons, il y en a un , tel que p I , dont la partie It , consideree commc rayon ordinaire , apres s'etre brisee en t , par- vient a Tceil situe en s, suivant une ligne ts, parallele a. p I , comme nous I'avons explique , en parlant de la refraction ordinaire representee fig. 7. Le rayon d'aberration qui appartient au rayon incident pi (fig. 12. ) s'ecarte de la di- rection It, en se rcjettant vers Tangle aigu e, suivant ce que nous avons dit plus haut , et comme apres son emergence , qui se fait par exemple en z, il redevient parallele k pi, il est perdu pour Toeil. Maintcnant entre tous les autres rayons qui partent du point ^, il y en a un second dont la direction p 0 se rapproche tellement de la di- rection^/, que or etant le rayon ordinaire relatif a ce second rayon, la partie ou , qui est le rayon daberration, va croiser le rayon It au point /:, et apres son emergence enw, prcnd une direction us, parallele k po , et qui aboutit a loeil. Cettc supposition est toujojars possible , parce que ^ ( 79 ) coinme I'amplhude d'aberration ur a toujours une longueur sensible , on pent prendre le rayon po 3. une si petite distance de pi, et sous unc telle inclinaison, que dune part iextremite u de I'amplitude depasse le point t vers Tangles, et que, d'une autre part , le rayon emergent en « soit dirige vers le point s. Mais c'est a la theorie a determiner la distance et linclinaison dont il s'agit , par rapport a ttne incidence donnee du rayon pi. L'oeil verra done deux images du point y; , Tune suivant la direction j^ , et qui sera 1 image ordinaire , I'autrc suivant la direction su , plus rapprochee que la precedente de Tangle ob.us n , et qui sera 1 image d'aberration. Quant au rayon or, il est evident qua cause de son parallelisme avec po , apres son emergence en r, il ne peut passer par 1 oeil. On voit maintenant pourquoi, lorsqu'on in- sere une carte derriere le Spath, dans Texperience de M. Monge, I'image qui disparoit la premiere est celle qui est situee du cote du spectateur, dans la direction su, puisque le rayon ^o, d'oii provient le rayon su, est place du cote oppose, a cause du croisement des rayons ou, It, au point k. ( So ) Si le pointy etoit place immediatement sur la base b 71 , alors les parties ko, kl , devenant nulles , le point k se confondroit avec le point ^, et Tceil verroit toujours deux images de I'objet, a laide des rayons kus , kts, diriges dune ma- iiiere convenable. Tels sont les seuls developpemens du pheno-' mene que me permettent les bornes que je me suis prescrites dans cet article. Mais je ne dois pas omettre , avant de finir , que les surfaces du rhombo'ide ont un pouvoir reflechissant tres- sensible , d'ouil arrive que certains rayons partis d'un meme point visible , sont renvoyes par les faces interieures laterales , dans de telles direc- tions , qu'apres etre sortis par la base superieure , ils tendent vers 1 oeil , et multiplient les images du point visible. J'ai observe ainsi quelquefois jusqu'a six images d'un meme point, dont deux etoient produites par les refractions ordinaire et extraordinaire , et les quatre autres par la re- flection sur les faces interieures du Spath. warn ■.,y. J-'V-fi p rt l>}. 1^ Y^ 7 -U S^" V*.'-' ) ... ..... , •>- PI. 4 .A>/////t// 1/'///,^/ ya////('//c J'.'j.^ /i. ■,,.,,,/ ./u^.r.-/ . 'aii V-?.v, ' *?■- -^ " -■'- ( Si ) ^HlLOSOPHlE BOTANIOUE. P A R M. L A M A R C K. / Valcur des caracteres. On ne sauroit se promettre tie travaillcr avcc quelques succes aux progres de la Botanique, qu^on ne se soit fait une juste idee des caracteres qu il convient d'employer dans les diverses classifications a etablir parmi les vegetaux. Or, nous avoiis dit, dans le i^^ numero de cc Journal , que les raoyens qu'on peut employer pour distinguer les vegetaux , soit coUectivemcnt, soit separertient , consistent dans la citation des differences essentiellcs qu'offrcnt cntr'eux ces ve- getaux ou les grouppes qu on en a pu former par des rapplrochemens , a raison des ressemblances. Nous avons dit ensuite que le nom qu'on a donne ^ ces differences employees commc raoyens dis- tinctifs , sont les caracteres qui font Tobjet des rcchcrches des Naturalistes dans toutes sortcs dc determinations. Ici , nous nous proposons de faire voir que toutes les differences que Tobservation presentc dans Texa-t men des vegetaux, ne sont pas egalement bonnes a etrc employees comme caracteres; que leur valeur ou Icur importance n'est pas la meme pour toutes , ni dans tous les cas. N°. 3. L (82 ) En effet, on a vu que tous les anclens Botanistes nVvoient forme parmi les vegetaux que des classi- fications tres-defcctucuses , et surtout tres-incon- venables , parce qu'ils attachoicnt trop d'impor- tance aux caracteres que Ton pcut obtcnir de la consideration des qualitcs propres et du port des vegetaux ; et qu'ils negligeoient entiercraent ccux que la fructification leur offroit. On a vu apres cela que si , dcpuis Ca^salpin jusqu'a Linnasus , quelques unes des parties de la fructification des vegetaux furent plus employees qu'auparavantdans les classifications etablies parmi les plantes ; nean- moins elles ne le furent pas encore uniquement. Ce n'est done que depuis Linnaeus , depuis que ce celebre Naturaliste a ecrit sur la Botanique, qu'on est bien generalcment convaincu que c'est dans la fructification seulc ( i ) qu 11 faut chercher les (l) M. Tabbe de RamaUielle vieiu de presenter a I'acadeinie des sciences iin ouvrage de sa composition sur les bourgeons des arbres ; ouvrage original, qui oflre sur cette maiiere , un grand nombre d'observatioiis inte- vessautes. Le meme ouvrage presente dans une de ses parlies , une methode aaalylique , au moyen de laquelle on pourra recoiuiottrc tous les arbres dont il traite , sans avoir besoin d'examiner leur fructification. M. de Rania- tuelle sait neanmoins tres-bien que les arbres, aiusi que les autres plantes, ne doivent etre classes que d'apvo ks caracteres de lewr fructification. Mais , daus le raeme ( 83 ) caracteres propres aux meilieures classifications a etablir parmi les vegetaux. Mais parmi les diverses parties qui coinposent ce qu'on appelle la fructification dans les plantes , il est encore tres-important de remarquer celles de ces parties qui doivent obtenir la preference ; et celles -ci etant determinees , II convient de fixer le mode de leur emploi le plus avantageux a la science : c'est I'objet que nous nous propo- sons d'examiner dans cet article. Dabord il n'est nuUement douteux , comme nous Tavons dit ailleurs dans les ouvrages que nous avons publics , que la valcur plus ou moins grande dun caractere en Botanique , ne reside entierement dans la plus ou nioins grande uni- versalite d'emploi que la nature elle-meme a faite de la partie qui en est Tobjet. Or, il est cons- tant que ce sont les parties de la fructification ( lajlcur et le fruit ) qui ont re^u de la nature le plus d'universalite d'emploi, car ces parties ren- fermant les craves de la generation future , aucun vegetal n'a du en etre depourvu complettement ; au-lieu que chacune des parties du port des point de vue qii'a eu AT. Sauvnge, il doiine seulement '.m moyen facile ponr ks recomioilre siir-le-cliamp, et noix pour les classer pai'ini les aiiti'es vegetaux, L 2 (84) plantes , n'existe pas essentiellement dans toua les vegetaux. II est done evident qua raison de cette plus grande universalite d'emploi bien re- connue , les parties de la fructification ont du obtenir sur toutes les autres parties des vegetaux la preeminence decidec que les Botanistes leur accordent. Ensuite parmi les parties de la fructification meme , Tobservation nous apprend que les or-^ ganes sexuels ont beaucoup plus d'universalite d'emploi par la nature , que ces parties accessoires qui paroissent destinees seulement a favoriser les developpemens de ces organes, telles que les bractees , le calice , la corolle , les glandes , les, ecailles , les polls , les cavites melliferes de I'in- terieur dcs fleurs. Le but en effet que se propose la nature dans la fructification des vegetaux , n etant pas equivoque , Ton sent assez que les organes sexuels sont les parties veritablement essentielles de la fructification, et qu'en conse-r quence elles ont du obtenir de la nature une universalite d emploi superieure a celui de toutes les autres parties qui peuvent accompagner ces organes. Ces principes sont, a ce qu'il nous paroit^ incontestables : il en resulte que dans les grandes classifications a etablir parmi les vegetaux , ^ (85)- consideration des organes sexuels est tine des principales dont on puisse faire usage. Nous disons une des principales , parce que toute im- portante qu'elle est, neanmoins cette considera- tion nest pas la plus essentielle de toutes. En effet, dans tout Tappareil des parties de la fruc- tification , la nature n'a qu'un seul but ; c est celui de la formation de la graine , qui est le vrai gage de la conservation des especes par la repro- duction des individus qui les representent. C'est done dans la graine meme (comme etant la plus importante des parties de la fructification ) qu'il faudroit chercher les caracteres les plus solides , etpar consequent les moins variables que la fruc- tification puisse ofFrir. Mais les considerations propres a foumir ces caracteres solides ne se trouvtnt point dans la forme, ni dans les dimensions de la graine, et tencore moins dans le nornbre de graines que chaque pericarpe peut contcnir. Elles ne se trouvent pas non plus dans la nature ou la forme du pericarpe qui contient les graines : aussi nous osons assurer que toutes ces considerations, a la verite tres-utiles pour etablir des distinctions ge- neriques , ne vaudroient absolument rien dans des classifications plus generales. 11 ne reste done de consideiJition vraiment im^ ( 86 y portanteasaisir dans la graine, que les trois sui- vantes; savoir : i°. sa composition; 2°. la nature meme de la substance qui la constitue ; 3°. la situation de rembryon quelle contient. Cepen- dant , quelques solides que soient les caracteies qu'on pent retirer de ces trois considerations , il ne paroit pas convenable de les employer dans les classifications a etablir parrai les vegetaux , principalement parcc que les methodes et les systemes qui les admcttroient pour base , offri- roient dans leur usage des diflicultes multipliecst et considerables. C'est pourquoi nous croyons qu il faut reserver les caracteres tires de la con- sideration de la graine pour les determinations des families , et des rapports natuixls dans tous les cas douteux; et qu'il faut sc servir plus par- ticulierement des parties de la fleur dans les. classifications les plus convenables a la compo- sition des methodes ou systemes propres a faire connoitre les pi antes. Si , comme nons lavons dit, la graine est la partie vraiment essentielle du fruit; les organes sexuels , comrae nous Tavons aussi rcmarque , sont assurement les seules parties essentielles de la fleur. Mais nous avons vu que dans la graine on pouvoit saisir des considerations de peu d im- portance , telles que Icur forme exteiicure , leur (S7) grosseur , leur couleur , leur nombre dans ie pericarpe oudans ses loges, etc. ; considerations qu'il seroit peu convenable d'employer dans des classifications generales. Eh bien , nouspouvons dire parfaitement la meme chose des organes sexuels. Ainsi , c^uoique ces organes soient les plus et nieme Ics seuls essentiels de la fleur, its ofFrent dans leur nombre, leur reunion ou leur separation , leurs dimensions* etc. des conside- rations de si peu de valeur, que les classifications generales etablics d apres les caracteres qu'on en pent obtenir , sont presque par-tout en contra- diction avec les connoissances qu'on a des rap- ports naturels les plus generalement avoues. II resulte de cette observation que le fameux systeme de Linneeus , fonde a la verite sur les parties les plus essentielles de la fleur, parties qui, a notre avis, meritcnt d'etre preferees a la grainc meme , quoique plus esscntielle encore , il en resulte , disons-nous , que ce systeme admettant a I'egard de ces organes des conside- rations de peu dimportance , offrc de grands defauts dans la plupart de ses parlies ; et qu'il est bien moins avantageux aux vrais progres de la science qu'on ne Ic croit communeraent. C'est ce que nous nous proposons de developper dans i'un des numei'os qui vont suivre. • 188) '' OBSERVATIONS. " En general , on remarque que les especes d'uti jneme genre se ressembient , a bien des egards^ dans les particularites principales de leur port ; fct qu'elles presentent dans leur feuillage une analogic tVappante , qui fait reconnoitre leuf genre au premier, aspect. Quelquefois , malgre cela, la nature semble s'eloigner singulierement de cette sorte de regie : en efFet, elle nous ofFre dans certains cas des plantes congeneres telle- ment difFerentes entr'elles , quant a leur feuillage et leur aspect, qu'on est tente de ne pas croire aux resserablances indiquees dans les parties dd ia fructificadon de ces plantes. Ces exceptions , dont on connoit des exemples temarquables , ne sont pas neaninoins aussi com- munes qu'elles leparoissent; etily a en elFetbieia des cas ou Ton n'a cru trouver une tres-grande difference dans Ic feuillage de certaine.s plantes congeneres , que parce qu'on s'est trompe sur la nature des parties de ces plantes , qu'on a regarde comme leurs feuilles. J'ai deja , en effet , cite quelques exemples de cette erreur, qui consiste a. prendre, dans cer- taincs plantes , des petioles nuds pour les feuilles mem? (89) meme. ( Voyez dans mon Dictionnaire , voL 2 ^ p. 704, lart. Gcsse, n". 2 , Lathyrus nissolia. Lin.) J'ajouterai ici une nou\'elle prcu\'c a ce sujet, en faisant Texposition dune trcs- belle espece d^Acacie, que je nomme et caracterise de la ma- niere suivante. AcAciE oblique, t. 5. Mimosa obliqua. t. 5. A.Inerme; a petioles M. Inermis ; petiolii planes lineaires-lanceo- planis lineari-lanceolatis ies obliques nuds folii- ohliqujs nudis foliiformi^ formes, epis globuleux Inis , spicis axillaribus axillaires. globosis. Coniparez avcc leTTzz- Conf. cum mimosa mosa suaveolens.dtS) actes suaveolente act. iociet. de la soc. Linneenne. Linnan. p. 253. Lieu nat. ... L. n. Port. Arbrisseau de 5 a 6 pieds, droit, glabre en toutes ses parties. Tige cffilee , garnie de rameaux laches, verdatre , anguleuse , a angles interrompus alternativement , comme feuillee dans toute sa longueur par la forme singuiiere des petioles nuds dont eile est garnie. Rameaux droits , anguleux et feuilles comme la tige. Petioles alternes , epars , applatis , lineaires- N^ 3. M ( 9^ ) " lanccolcs, mucrones , un peu arques , obliques, non nerveux , decurrens par leur base , ressera- blans a des feuilles , et longs d'environ 4 pouces sur 2 lignes et demi de large. Grappes axillaires , plus courtes que les feuilles. Fleurs blanches, ramassees 5 a 8 ensemble , en tetes globuleuses, pedonculees. Fructification. Fleurs, les.unes males, les autres hermaphrodites melangees dans la mcme tete. Calice profondement quinquefide ; a decoupures etroites , aigues. Cinq petales ovales , pointus , ouverts , plus grands que le calice. Etamines nombreuses ( plus de i5); a filamens setaces , blancs , une fois plus longs que les petales : antheres , arrondies , didymes , jaunes. Ovaire turbine , obtus , glabre ; style setace , insere obliquement sur Tovaire ; stigmate simple. Gousse liueaire. Remarqu(s. II est certain qu'au premier aspect cet arbrisseau singulier paroit veritablement feuille, quoiqu il ne soit reellement muni que de simples petioles qui ne portent ni pinnules ni folioles quelconques. Mais on cessera de se tromper a cet egard , et de prendre ces petioles pour des feuilles , lorsqu'on saura qu'en naissant , cette plante pousse des feuilles munies alors de toutes les parties qui les constituent , et qu'ellcs sont, (91 ) veritablement composees , comme c'est le propre des especes cownues de ce genre. En efiet, les premieres feuilles de cet arbrisseau consistent chacune en une couple de pinnules ailees sans impaire, soutenues par un petiole commun ap- plati, lineaire-lanceole, etsemblable aux petioles nuds, dont la plante adulte est garnie. Chaque pinnule porte 6 ou 8 folioles ovales, obtuses , opposees par paires. Ces feuilles fletrissent, tom- bent , et par la suite la plante , en se developpant , ne pousse plus que des pttioles , comme ceia arrive au Latkyrus nissolia , ainsi qu'aux panics interieures du Pisum ochrus. L'espece di Acacie dont je traite dans cet article n'fest pas la seule de ce genre qui offre une tige garnie de petioles nvids et foliiformes. Le Mimosa simplicifolia de Linne fils ( suppl. pag. 436. ) est dans le meme cas, et a en effet beaucoup de rap- ports avec cette -espece. Mais la plante de Linne fils a ses feuilles ( ses petioles ) nervcuses, ob- tuses , et moins etroitcs ; ce qui la distingue sufRsamment de celle dont il s'agit ici. II paroit que la plante de Linne fils est la meme que le Mangium montaniim dontRuraphe ( herh.amb. vol. 5, p. 1 q3 , t. 8 1 . ) a donne une Hgute bien mediocre. II y a environ dix ans que j'ai public dans mon Die tionn aire , souslenomde Mimosa heterophilla , M 2 ' (90 f voyez Acacie hetero'phylk, n°. 28. ) une espece du meme genre, ayant encore des petioles nuds applatis tt foiiiformes : mais ses jcuncs rameaux ou ses rameaux steriles ontdes feuillesbipinnees. Je donnerai incessamment dans ce Journal , la figure de cctte belle Acncie , qui n'est encore connue que d'apres mon ouvrage. Explication di la planchc 5. [a] Fleur lierftiapliro- ( e ) Etamine. dite. (/) Pistil. {^) Fleur male. {g) Feuille primor- {c) Calice et corolle diale. vus en clessous. ( h) Rameau fleuri. [d] Un petale separe. DESCRIPTION Ifunt nouvelU espect de Cetoint. Par G. a. Olivier. Parmi Ics Inscctes que M. le Blond a envoyes dc Cayenne , a la societe d'Histoire Naturelle et a (juelqueg - uns de ses membres , nous avons I (93) remavque une Ckoine qui n'est decrite dans aucun ouvrage , et que nous n'avons vu dans aucune collection. Nous croyons devoir en donner ici la description et la figure. Cetoine grillee. Cetonia clathrata. C. Corcelet noir , rave CThorace nigra ,Jlavo de jaune ; elytres d'un lineato, elyiris fusco-pur- pourpre fonce, pointil- pureisjlavo punctatis,tab, leesde jaune,pl.6,fig.2. ^ , fig- 2. Elle se trouve a Cayenne. Habitat Cayennce. Magnitudo CcionicE chinaisis. Clypeus quadratiis , suhtridentatus. Antenna nigra , clava triphylla rufes^ cmte. Caput nigrum immaculatum. Thorax orbicn- latits niger, marginibus , lincis tribtis^trigaque laterali (ibbrtviatajlavis ; margo tamen tenuissime niger den" ticulatus. Elytra fuscO'purpureaJlavo punctata. Corpus stcbtus nigro-aneum Jerriigineo villosum. Pedes nigri , femoribus anticis , versus apicem uuidentatis. AbdO' men post ice nigrum, maculis tribus oblongis Jlavis. Ellc est a-peu-pres de la grandeur de la Cetoine chinoise. Les antennes sont noircs , avec la masse ferrugineuse triphylle. La tete est noire, sans tathes. Le chaperon est carre , presque tridente. (94) Le corcelet est noir, avec trois lignes longitudi- nales, au milieu, une autre vers les bords late- raux, et une ligne transversale , courte, laterale, d un jaune obscur. Le rebord est noir et crenele. Les elytres sont d un pourpre fonce , avec un grand nombre de petits points dun jaune blan- chatre. Le dessous du corps est dun noir bronze, convert de poils courts , ferrugineux. La partie posterieure de I'abdomen est noire et marquee de trois taches oblongues , d un jaune obscur. Les cuisses anterieures ont une petite dent vers leur extremite ; les jambes ont une petite en- taille vers leur base interne, et trois fortes dents vers leur extremite externe. . Du cabinet de la societe d'Histoire Naturelle. Sur la pesantmcr specifique des Miiieraux. Par M. H a u y. Si Tofi pese successivement dans lair clifferens corps , qui aient un meme volume , tel que celui dun pied cube ou dun pouce cube , les rapports entre les poids dc ces corps donneront cc qu'on appelle Us pesanteurs speclJiqiKS ou relatives de ces corps. Ainsi un corps a une pesantcur specifique ( 95 ) double ou triple de celle d'un autre corps , lors* qu'a vol ume egal il pese deux ou trois fois autant. Le poids dun corps depend de la quantite de matiere propre que ce corps renferme , sous un volume donne, c'est-a-dire de sadenstte, etcomme cettc derniere propriete tient elle-meme a la na- ture et a la composition des corps , il en resulte que la pesanteur specifique peut fournir un carac- tere avantageux, du moins dans un grand nombre de cas , pour la distinction des mineraux. On salt, par exemple , que le pouce cube dor pese environ douze onces et demi , et le pouce cube de cuivre , a-peu-pres cinq onces. D'apres cette connoissance , on pourra toujours s'assurer , a 1 aide du poids , si un metal est de Tor ou du cuivre , pourvu que Ton connoisse le volume du morceau. Mais les corps naturels avant tres-souvent des figures ou compliquees ou irregulieres, lestima- tion de leur volume , pour le rapporter a une mcsure donnee , seroit presquc toujours impra- ticable ou tres-defectueuse , et en pesant ces corps a la manicre ordinaire , on auroit bien leurs poids absolus , mais on ne pounoit com- parer exactement ces poids entr'eux , eu ecrarti a un volume determine, ni par consequent eva- luer leurs pesanteurs specifiques. ( 96 )■ On y parvient a Taide d'un moycn aussi simple quingenieux, dontnous allons donncr une idee> Lorsque Ion plonge dans Teau un corps sus- pendu a un fil , Teftort qu'il faut faire pour soute- nir ce corps , et I'empechtr de tomber au fonds , en supposant qu'il soit asscz pesant pour cela , nest plus egal au poids total de ce corps, Car le fluide soutientce corps en partie, et la force qu il exerce pour ie soutenir , est la meme qu il exer- ceroit sur un nouveau volume d eau , qui , a son tour, remplaceroit ce meme corps. II suit de la que le poids du corps doit se trouver dirainue d'une quantite egale au poids dun volume d eau equivalent , ou , ce qui est la meme chose , au poids du volume d'eau que ce corps a deplace. Si done on peso dabord dans I'air, et ensuitc dans I'eau, un corps specifiquement plus pesant que ce dernier fluide , la difference^ntre les deux poids , ou la perie que le corps aura faite de son poids dans I'eau , donnera le poids du volume d'eau deplace , et comme il importe peu de quelle figure ou de quel volume est le corps , puisque, dans tons les cas , le rapport entre son poids et celui du volume d'eau deplace sera le meme, on pourra toujours conclure de I'expe- rience , qu'en general tel corps pese deux fois , ti-ois fois , quatre fois , etc. autant qu'un cgal volume ( 9? ) Volume d'eau. Si Ton fait la meme operation sur un second corps , en saur.a pareillement de combien le poids de ce corps Temporte en general sur ceiui d'un pareil volume d'eau , d'ou il suit que 1 eau pourra servir de mesure commune pour comparer les pesanteurs specifiqucs des deux corps. Car si le premier, par exemple, pese deux fois, et le second quatre fois autant que 1 eau a volume egal , il est bien clalr que la pesanteur specifiquc du dernier sera le double de celle dc I'autre. La balance dont on se sert pour les experiences relatives a. ce genre de recherches , sc nommc balance hjdroslatiquc. On peuten voir Tusage dans Texcellent ouvrage deM.Brisson, de Tacademie des sciences , qui a pour titre : de la pesanteur spe- cijique des corps. Le but que je me propose ici , est de repandre la connoissance dun jjetit ins- trument tres-commode , portatif et peu dispen- dieux , imagine par M. Nickolson , et a 1 aide duquel on parviendra a des estimations de la pesanteur specifiquc , sufEsantes pour lusage ordinaire. Cet instrument , qui a du rapport avec le pese- liqueur, consiste dans un tube CD (fig. i.) dc fer blanc , ferme par ses extremites, ou il est ar- rondi en forme de segmens de sphere OCP,TDS, N^ 3. N (gS) Au sommet C de la partie superieure est fixeC une tige faite d un fil de laiton bien. droit , et dirisiee dans Ic sens de Taxc du tube. Cette tioe pcrte a son extremite une espece de petite sou- coupe ou de cuvette A dc fer blanc (i) , et elle est de plus marquee transversalement , a une certaine hauteur , qui sera indiquee plus bas , d'un trait b fait avec la lime. A la partie infe- rieure D du tube est sonde , par le milieu , un autre fil de iaiton MDN courbe en forme de fourche, et qui soutient un cone renverse EG, concave en E , a lendroit de sa base , et leste en dedans , vers son sommet G avec du plomb. Le poids de linstruraent doit etre tel, que quand on plonge celui-ci dans I'eau , pour I'abandonner ensuite a lui-meme , auquel cas le tube prend line direction verticale , ime partie de cc tube surnage. On charge ensuite la soucoupe A avec des poids , jusqu'a ce que le trait h soit dcscendu a fleur deau. Je supposerai que ki charge totale , dans ce cas , soit de 5 gros , plus 40 grains , ou ( r ) On poiirra soiider sous la cuvelle A un petit cy- lindre creux de fer blanc, de deux ou li'ois ligiies de longueur, dans lequel on fera entrcr I'extremite de Ja tige, qui, par ce moyen , se trouvera fixee plus solide- ment sous la cuvette, que si on I'y eiit soudee iinmedia- lenieut. (99 \ de 400 grains (1). L'usage de rinstrumcnt sera iimite aux, corps dont le poids n'cxcede pas cette pharfre. Pour peser specifiquement un de ces corps , on ic plongeia d'abord dans la soucoupe A, et i on ajoutera la quantite de grains necessaires , pour que le trait b descende au niveau de Teau. Supposons que le corps soit un morceau de Spatli calcaire , et qu il faille ajouier i5o grains. La difference 25 o grains , entre cette quantite et la charge totale , qui est de 400 grains, donnera le poids du Spath dans Tair. On retirera ensuite rinstrument de I'eau, en le saisissant par la tige de laiton , puis ayant place le Spath seul dans la cavite E, on replongera le tube dans Tcau, od il prendra necessaireraent une position plus elevec , ensorte que le trait b se trouvera au-dessus du niveau. Supposons que, pour I'y faire revenir , il faille ajouter gs grains' aux l5o grains qui ctoient dans la soucoupe A , on en concluva que le Sj^ath perd dans I'eau 92 grains dc son poids. Cette pertc est le poids d un volume d cau egal a (r) On sait que la iivre vant l6 oiiccs, I'oiice 8 gros, ct le c;ros 72, grains. Le j^rain se sous-divise eiisuite en demi-crraiiis ei en qiiai !s de grains. Mais en se servant de rinslrnmetit dont il s'agit ici , on fera bien de s'en ieuic aux dcmi-graius. N 2 ( 100 ) celui du Spath. Done la pesanteur specifique de Teau est a.celle du Spath , comme 92 est a 25o- Maintenant si Ton designe en general par 1 0,000 la pesanteur specifique de Teau, on aura cette proportion, 92, poids du volume d'eau deplace est a 2 5o , poids du Spath dans Tair , corame 10,000 , pesanteur- specifique de I'eau est a un quatrieme terme qui donnera la pesanteur speci- fique du Spath rappcrtee a celie de Teau, en prenant 10,000 pour mesure de comparaison. Ici ce quatrieme terme sera 27170 , avec un rcste |y , que Ton pourra negliger si Ton veut. Or, en consultant la table deM.Brisson , ou une methode dans laquelle seroit comprise rindica- tion des pesanteurs specifiques, on peut s'assurer de la conformite du resultat que Ton a obtenu , avec celui de Tautcur de la table ou de la me- thode , tous les savans qui se sont occupes de cet objet, ayant opere d'apres la supposition que la pesanteur specifique de I'eau etoit repre- sentee par un norabrc decimal, tel que 1000 ou 10,000 (]). (l) M. Brisson s'est servi d'eau distillee, a laquelle on pent substituer I'eau de pluie recue immediaiement dans \m vase bien propre , ces deux ea;ix ayant par-luut ■ eensiblement la meme naUire. De plus, il a entretenn I't^aii auiaut, qn'il a ete possible, a la temperalure de 10 degre* du ihermomeire de Kvamiiyr. ( 101 ) II est bien evident que le nombre dont il s'agit ayant servi de tcrme commun, pour comparer la pesanteur specifique de chaque mineral avec celle de Teau , la table donnera les pesanteurs specifi- ques des difFerens mineraux. Ainsi les nombres qui repondent, dans louvrage de M. Brisson , au crystal bleu appelle vulgairement Saphir d'eau, et a la gemme orlentale bleue . qu'on nomme Saphir oriental , etant 25,8 1 3 d'une part, et 89,941 de lautre , le rapport entre ces nombres fera connoitre les pesanteurs specifiques des deux. cOrps ; par ou Ton voit combien le caracterc emprunte de cette propriete seroit ici avanta- geux , pour tirer de son incertitude un naturaliste qu douterolt a laquelle des deux substances ap- partiendroit une pierre qu'on lui auroit donnec . sous le nom vague de Saphir. L instrument que nous avons decrit a cet avan-« tage . que Ton peut aisement, par son moven , peser a-la-fois plusieurs morceaux d'un memo mineral , dont cbacun , pris separement, seroit trop petit pour permettrc d'evaluer avec precision sa pesanteur specifique. Lorsque le trait b approche du niveau , il n'est pas inutile , pour donner plus de jeu a I'instru- ment, de lui imprimer une legcre impulsion de liaut en bas , de maniere a Ivii faire faive de ( 102 ) petits mouvcmens , a laide clesquc4s 11 descendc et nionte akernativcment , jusqua. ce qu il soit parvenu a Tetat de repos. Au-dessus de la cuvette A , on peut en placer une seconde de plus grand diametre, dont la couvexlte entre dans la concavite de la premiere, et qu'on soit libre d'enlever de dcssus Tinstru- ment, lorsqu'on voudra toucher aux poids pour les arranger. Je donnerai ici Ics proportions et le poids dc 1 instrument dont je me sers. Diametre OP ou TS du tube de fer blanc, .19 ligncs. Hauteur de ce tube entre les points O et T , ou se termine sa purtie cylindrique , 3 pouces 8 lignes, Diametre m?i de la base du cone, 21 lignes. Distance entre le point D et le centre du cercle qui a , pour diametre , mn , 19 lignes. Hauteur de la tige de laiton , co lignes. Distance be , 6 lig-nes ^. Diametre de la cuvette inferieure, 14 lignes. Diametre de la cuvette superieure , 22 lignes. Poids total de rinstrument, 4 onccs 6 gros 36 grains. Lorsqu'on veut porter Tinstrumcnt en voyage , on le renferme dans un etui cylindrique de fer ( io3 y blanc , asscz large et assez haut pour tenir lieu ,' au besoin, du bocal de verre que Ton emploie communeraent dans les experiences relatives a la pesanteur specifique. J'observerai, avant dc finir, que les melanges frequens des mineraux , avec des matieres etran- geres , font necessairement varier, jusqu a un certain point, la pesanteur specifique, dans les morceaux qui appartiennent a une meme subs- tance. Mais on a du moins des limites entre les- queiles se trouvent resserrees les pesanteurs de ces morceaux , et les estimations aiixquelles on parviendra, etant plus ou moins voisines de Tune ou I'autre de ces limites , suffiront souvent pour indiquer a quelle substance appartient le morceau que 1 on pesera ; pu s'il reste encore de I'equi- voque , pourront du moins coricourir vers le riieme but , avec les indications foiirnies par queUju'autre caractere , qui fera ressortir celui de la pesanteur specifique. ^Essassssxsaaa Sur line noiivdU espcce. de Mt'l-ir-f. Par]. G. Brlguiere. J'ai eu deja occasion de dire que les coquilJcs qui son-t les moins connues sont les fiuviatiles ; ( 104 ) Ce qui pcut provenir de ce que vivant cacliees,' et ordinaircment enfouies dans le sable ou dans la vase du fond des rivieres , leur recherche pre- sente plus de difficultes que ceJIe des especes terrestres ou marines , ou de ce que etant natu- rellement privecs de couleurs eclatantes, elles ont ofFert moins d'attraits a la curiosite des ama- teurs. Aussi est-il certain qu'elles sont tres-rares dans les collections, quoiqu'il paroissc d'aiileurs qu'elles ne sont pas moins abondantcs dans la Nature que les autres ; on pent du moins le con- jccturer de ce que Ton en trouve de nouvelles par-tout ou on se donne la peine d'en faire la recherche , et la sur-tout oii elle avoit ete faite avec peu d'intelligence ; voici une nouvellepreuve de ce que je viens d'avancer. M. Leblond , ancien medecin Naturaliste du Roi a Cayenne , ayant donne a la societe d'Histoire Natureile de Paris la riche collection d'objets naturels quil avoit formee pendant ses voyages (i) dans cette partie (l) M. Leblond etoit deja avantageusement conmi des savans par ses voyages dans le Perou et dans le vaste continent de rAmerique meridionale , ou il avoit ramasse les materiaux de divers memoires iuteressans, qui out ete inseres, soit dans le requeil des savans etrangers de I'academie des sciences , soit dans cciix des societes royales dq medecine »t d'agvicullure; il vieut d'acquearir du ( io5 ) ■du continent de rAmerique , et m'ayant destine les doubles qui s'y trouvoierit, ils'y est rencontre cinq coquilles fluviatiles , dont quatre sont in- connues , parmi lesquelles se trouve eelle dont je vais donner la description. Cette coquille appartient au genre de la mulete unio Reli. que jai cru devoir separer, a 1 cxemple de M. Retzius , de celui de la mye mya Linn, qui de cette maniere , independamment des autres caracteres, ne renfermera plus que des coquilles de nouveaux droits a leur tecomioissance , par le don qu'il a fait a la societe d histoire naturelle de la prf^.- ciense collection (ju'il avoit formee, eii dernier lien , dans la Gayaune , oi'i il avoit ete envoye , par legovivernemeiit , pour tenter la deconverte de i'arbre du quiuquiua. Les difFerens voyages qu'il a executes, dans cette vue, lui ont procure, outre la connoissaiice de peuples inconnus, dont il est a desirer que des circonstances favorables lui permettent de nous faire connoitre les raceurs, une ample recolte deinineranx, dont il s'est reserve la joiiis- sance , dans I'iutention d'en puhlier incessammeiit le tableau, et une collection precieuse de quadnipedes , d'oiseaux , d'insectes, de coquiJlages etdeplantes, dont il a fait horaraage a la societe d'liistoire naiurelle, a I'exceptioii des objets d"nl)les qu'il m'avoit destines, par tine predilection dont je sens t.iut le prix, et dont je rnVslioe heureux de puuvoir lui temoigner publiquemeut ma reconnoissauce. --• N^3. O ( io6 ) marines. Celle-ci est fluviatile comme toutes les especes de son genre , et eminemment distin- guee de celles qu'on connoit par les grains sail- lans, dont toute la superficie de ses valves est parsemee. si 33f' M u L E T E. U N I O. Caract. du genre. Co^MtV/e bivalve, trans- verse. Valves egales , fermees par-tout, nacrees dans rinterieur. Empreintes muscidaires , troisdans chaque valve; une sur leur bord an- terieur , deux inegales souvent reunies sur leur bord posterieur. Sommets.,so\iw tx\i carles. Charniere, 2 et3 dents articulees ; valve droiie , 2 dents: une longitadi- nale parallcle au liga- ment, laseconde courte crenelee , situee en ar- Charact. generis. Testa hivalvis ,. trans- versa. Valvular (equales, undi- que clause , intiis marga^ ritacea. Impressiones muscu- lares , tres in quadam vaU villa ; unajuxta margine^n anleriorcm , duo inxquales scepius miila prope mar~- ginem posterior an. Apices, s(cpiiis erosi. Q^xdo,daucs duo et tres articulati. Valvulae dex- tra; duo : alius longitudi^ nalis ligamento parallelus, alius crassns crenatus pone apicem situs. Valvule si-> I I ( 107 ) licre du sommet. Valve nistra: denies tres ; tinui gauche , 3 dents ; une longitudinalis inferne ca^ longitudinale , accom- pagnec en dessous d unc gouttiere parallele : 2 naliculatus : duo alii incc- qiialcs striata - crenati inegales crenelees , si- tuees en arriere du som- inet. Ligament exterieur , ccnvexe , epais. Mule IE s:renue. crassiitscidi pone apiccm siti. Ligamentum exteriusl convexwn , cra^sum. Unio granosa. Mulete, coquilletoute Unio , testa granis con' parsemec de grains sail- Jertis luidiquc obsita.Tab. lans. PI. 6,fig.3,4. 6,Jg.3,4. Descript. Hauteur , 18 lignes : largeiir, 1 pouce 5 lignes: profondeur , 6 lignes. Forme ovale , un peu elargie et obtuse en avant , arrondie en arriere. Valves peu epaisses , marquees a leur superficie de quelques stries transverscs , indiquant leurs crues successives , parsemees de graines convexes, tres-nombreux , et disposes sur Icur face ante- rieure en des series obliques. Empreintes miiscidaires , 3 dans cliaque valve ; O2 (io8) une superficielle ovale , situee vis-a-vis rextre-« mite anterieure de la dent longitudinale , deux inegales profondes reunies , situees a cote des dents crenelees. Sommeti pen saiUans profondement caries , raontrant une nacre couleur de corne. Charnierc ; valvt droite , dent anterieure longi- tudinale , finement granuleuse a sa superficie , dent posterieure courte , comprimee , crenelee , munie en dessous d'une fossette. Valve gauche, deux dents antevieuics paralleles , formant entre elles une gouttiere profonde, dents posterieures inegales , situees en arricre du sommct ; celle qui en est la plus rapprochee tres-petite , la plus eloignee epaisse, saiilantc et striee sur sa crete. Couleur d'un brun tres-fonce a Tcxterieur ; nacre des somraets cornee ; nacre de 1 interieur bleuatre , nuee de roux sur les bords. Habite dans les rivieres de laGayanne, a quel- ques lieues de distance de la mer. Explication des figures 5 et 4. de la planche 6. 3. Midete grenue de grandeur naturelle , ayant SOS valves ouvertes , ou on apperooit ses em- preintes musculaires , et les dents dc sa ch^r-i ( log ) 4. La meme , vue au dehors , pvesentant son ligament, ses sommets caries , et les grains sail- lans de sa superficie. Sur les Mines de Charhon des montagnes des Cevennes ,"' et sur la double empreinte des fougeres quon trouve dans leurs schistes. Par ]. G. Bruguiere. On trouve , dans la terre , deux sortes d'em- preintes de vegetaux , qui doivent leur origine a des causes et a des epoques bien differentes ; les unes se rencontrent communement sur les schistes c^ui accompagnent les charbons de terre , quelquefois, ct en moindre quantite , dans les mines d'ardoises , quoique situees a une grande distance des premieres, et doivent leur origine a la mcr. Elles representent des vegetaux , la plu- part inconnus , et principalement des fougeres , dont les especes analogues ne se rencontrent plus dans les memes contrees. Les autres ne sont pas rares dans les tufs qui doivent leur formation aux rivieres , et apparliennent a des vegetaux qui croissent encore sur leurs bords, oa du moins a certains d'entr eux que Ton retrouve a d'assez petites distances, (110) C'est des premieres seulement dont je dois parler ici , et dont je me propose d'expliquer un dcs principaux phenomenes, celui de la double empreinte dune seule de leurs faces, qui se pre- sente toujours de la maniere suivante. Si on fend un bloc de schiste contenant des fougeres, sur son assise horisontale , on trouve que les fou- geres , qui y sont contcnues , ofFrtnt deux pm- preintes d'une seule face de la meme feuille , dont Tune porte sa forme en relief, tandis que I'autre donne cette mcme forme en creux, exac- tement moulee sur la premiere ; mais tantot Tempreintc en relief ticnt an fcuillct superieur du schiste , et tantot a Tinferieur ; il est meme trcs- ordinaire de rencontrer, sur un bloc de schiste ainsi fendu , des fougeres en relief, et d'autres en creux, dont le feuillet oppose ofFre la contrc- empreinte exacte , et toujours dans le sens reci- proque que je viens d'indiquer. Ce fait etoit deja connu des Naturalistes , et avoit meme ete discute par Luyd , Woodward , Schcuchzer et Antoine dejussieu, dont les deux premiers ont fait connoitre les empreintes vege- tales des mines de charbon de lAngleterre , Scheuchzer celles de 1 AUem.agnc et de la Suisse, etjussieu celles de S. Chaumond, dans le Lyon- nois. De tous ces auteurs , le dernier est le seul { 111 ) t[ui aie embrasse la question sous sOn veritable point de vue , et cependant il s en faut de beau- coup que la solution qu il en a donne soit ega-« iement satisfaisante. Suivant lui , tous ces im- inenses depots de substances vegetales sont dus a des commotions momentanees dc notre globe, ou a quelqu'une des grandes revolutions qu il aura eprouvees, pendant lesquelles les mers des Indes orientales ou occidentales ayant ete pous- sees jusquen Europe , auroient depose sur son sol, toutes ces plantes etrangcres que nous y retrouvons, apres les avoir arrachees sur leur chemin. I/esprit d'observation est maintenant trop eclaire pour se contenter d une pareille theorie ; je n entreprendrai point pour cette raison dea demontrer 1 inconsequence , il suffira , je crois, de 1 avoir exposee. Ayant ete apottee de frequenter pendant quel- que terns les mifies de charbon des montagnes des Cevennes , je fus frappe , comme Jussieu Tavoit ete a S. Chaumond , de la quantite et de la variete des empreintes vegetales que ces mines contie.nnent ; je profitai de cette occasion pour en former une collection assez considera- ble , ct je visitai dans cette vue la mine royale , autrement dite dc Monthaut, la mine dite de la ( 112 ) Forest , a trols lieues d'Alais , les mines de k Gratid-Combe , celles de Champ-Cloison , du Pradel , du Mas-Dieu , de la Verrerie , de Mar- couirol , du Negre, et enfin celle de S.Jean-de- Valerisque , a qui on doit donner la preference sur toutes les autres , pour le nombre, la variete, et sur-tout la belle conservation des empreintes qu'elle renferme ; avantage qu'clle doit a la nature de ses scliistes , qui , etant moins alumi-' neux que ceux des autres mines , ne sontpas si sujets a tomber en efflorescence , quand Ms sont exposes a lair ou a 1 humidite. Quoique la plupart des memes plantes se Tetrouvent dans chacune de ces mines , il y a cependant des differences a cet egard, qui meri- tent quelque consideration , puisqu'elles peuvent gervir a proviver que leur foimation a cu lieu a des epoques difFerentes. Quelques plantes ne se trouvent que dans Tune de ces mines ; dans les autres , c'est une espece de fougere c|ui y est la plus nombreuse , ou des troncs de vegetaux re- connoissables a leur forme, qu'on ne rencontre point ailleurs. Quelques-unes rcrifcrment aussi des poissons qu'on chercheroitvainement dans les autres , et la mine de Saint-Jean-de-Valerisquc est la seule , ou on rencontre quelquefois des serpens, dontj'y ai recueilli plusieurs.echantilr , Ions tii3 ) Ions. Les coquiiles fossiles ne sont point rarea dans les schistes des mines de Bayard ; elles le sont par-tout ailleurs , quoique leur couverture ordinaire , celle qui dans le pays leur sert d'indi- cation , soit une sorte de gres mi-parti de grains quartzeux et de terre calcaire tout rempli de gry- phltes, d'huitres et d'articulationsdencrinites, que je regarde comme des productions pelagiennes. Parmi les vegetaux dont jc ramassai les echan-« tillons dans ces mines , je cherchai a recon- noitre quelques especes de ceux qui sont encore connus des botanistes , et mes peines ne furent pas entierement perdues , puisque je parvins a rassembler des echantillons non equivoques du bambou', des fragmens de feuilles de bannanier , etdes feuilles dun palmier tres-analogues a celle du dattier. Parmi tous les autres fragmens que jeposscde, un botaniste tres-exerce trouveroit sansdoute bien d'autres especes egalement recon- noissables a leurs feuilles; mais ii faut des moyens peu communs pour des recherchcs de cette nature , et ce n'est qu'avec un herbiei tres-riche, sous les yeux , et raoyennant Tattendon la plus scrupuleuse , que Ton pourra se flatter d'y par- vcnir. Les plantes que Ton peut plus aisement comparer sont les fougeres , soit a cause de la legularite que Ton observe dans leursnervures, soit N°. 3. P ^ cause de la plus grande nettete de leur empveinte dans les schistes; aussi j'en reconnus, parmi celles que je possede , trois de celles qui ont ete figurees par Jussieu dans les memoires de rAcademie, quatre dont Scheuclizer donna la figure dans son Herbarium diluvianum , ct trois seulemtnt dont je crois avoir ramasse les especes analogues dans I'isle de Madagascar , mais sur lesquelles je n'ai pas encore pris une determination positive. Je nc m'etendrai pas davantage sur cette partie de mes observations , qui trouvera un jour sa place , puis- que les ressources qui m'environnent me font es- perer de pouvoir m'en occuper utilement. Les mines de charbon des Cevenncs se present tent de plusieurs manieres; elles sont tantot plus ou moins superficielles , et tantot ellcs scrvent de base a des montagnes de cent ou de cent cin- quante toises , sous lesquelles , ou elles conser- vent leur horisontalite , ou elles s'inclinent dans ■une direction analogue a celle des couches dont les montagnes sont composees , et quelquefois dans une direction toute differente. On y ob- serve que Tepaisseur du charbon est tres-sujette a varier, quoique en general assez reguliere dans la meme couche ; on la trouve a quelques en- droits ddpuis une toise jusqu a trois, et meme quatre, tandis qu'aiiieurs elie ne va pas au-deia ( Ji5 ) de deux pieds ; mais on a toujours remarque , qu'a mesure que ies couches de charbon s'incli- nent, elles acquierent plus d'epaisseur, et que leur paitie la plus epaisse est constamment la plus profonde. Si par consequent la couclie de charbon porte sur une base concave , ce sera le pohit du centre ou on trouvera plus d'epaisseur. II est rare qu'une couche de charbon se ren- contre seule , on en trouve ordinairement deux ou trols Ies unes sur Ies autres , et meme quel- quefois davantage , qui sont separees par des schistes a empreintes vegetales , par des grez con- tenant des coquilles fossiles , ou par des ochres disposees en couches, dont I'epaisseur est tou- jours beaucoup plus considerable cjue celle du charbon , mais aussi uniforme dans ses ondu- lations. Les schistes sont toujours places en recouvre- ment au-dessus des couches de charbon ; ce lit schisteux , que les mineurs du pays nomment fisch , Icur sert de toit , et il sen trouve aussi quel- quefois des parties interposees aux couches meme? du charbon. C'est cette couche schistcuse qui est remplie d'empreintes de vegetaux, et souvent en si grande abondance , que si on en fend un bloc horisontalement, en quel endroitque le tranchant dc 1 outil porte , on est sur den rencontrer. V 2 (ii6) La couleur de ces schistes est d'un noir plus ou moins fonce , selon leur plus grande ou moindre distance des couches du charbon. Les parties du schiste qui en sont plus voisines sont noires , en pavtie combustibles, mais toujours plus denses , plus pesantes et moins luisantes que le charbon; elles deviennent dun noir plus pale tirant sur le gris-de-fer, a. mesure qu'elles s'en eloignent, et les plus eloignees sont d'un gris cendre dans quclques mines , et un peu rou- geatres dans les autres. On remarque que Tabon- dauce des empreintes est proportionnee a la noirceur du schiste , et par consequent a la dis- tance du charbon , cju'elle est considerable a sa proximite , moindre a une toise , et qu'elle dimi- nue dans la meme proportion que la couche schisteusc a acquis une plus grande epaisseur. C'est de ces circonstances qu'il etoit esscntiel de faire connoitre que depend Texplication du phe- nomene dont je recherche la cause ; elle tientala formation meme des mines de charbon, et cette formation une fois expliquee , il ne me sera pas , je pense , difficile d'cn montrer la principale cause. Les mines de charbon , quoique formees de substances vegetales, doivent leur origine a la mer. G'cst lorsque les lieux , ou on les rencontre (117) maintcnant, etoient couverts par ses eaux , que ces amas prodigieux de substances vegetales s'y sont amonceles , et cette operation de la nature qui etonne I'imagination , loin de dependre de quelque commotion extraordinaire du globe , paroit au contraire n'etre que le resultat du terns , dun ordrc existant , et sur-tout celui de la lenteur. Les circonstanccs qu'on observe dans ces mines, telles que Ihorisontaiite des couches , soit du charbon , soit des matieres intermediaires , les coquilles de mer renfermees dans les gres qui les accompagnent , les poissons confondus dans les couches du schiste avec des jDlantes, et quelquefois avec des empreintes de serpent, ne permettent pas de douter que tous ces depots n'aient ete formees , quand les lieux on on les trouve aujourd'hui etoient recoviverts par les eaux de la mer. Les montagnes a couches cal- caires , contenant aussi des coquillages marins , par lesquelles quelques-unes de ces mines sont recouvertes, et auxquelles on ne compte pas moins de cent ou cent-cinquante toises d'elcva- tion au-dessus des couches de charbon , prouvent qu'a cette epoque la mer dominoit ces hauteurs , ct que les depots qui les ont formees s'y precipi- toient a une tres-grande prgfondeur. Mais 1 im- . ( 118) mensite de substances vegetales qu'il a fallu pour former ces mines, fait bien naitre d autres idees; d'abord celle dune succession trcs-longue , qui est elle-meme demontree par 1 alternation des couches de charbon , par celle des schistes , et sur-tout par une plus grande abondance d em- preintes vegetales a la proximite du chaibon qu a. quelques pieds de distance, est la premiere qui sepresente; on cherche ensuite quel est 1 endroit d'ou tant de vegetaux sont venus, quand 1 Europe entiere ctoit couveite presqu en totalite par les eaux de la mer , et quand la place qu elle oc- cupe maintenant ne devoit laisser appercevoir de tout ce qui y existeque iessommites desAlpes et celles des Pyrennees , qui auroient du y pa- roitre comme autant de petitcs isles au milieu de 1 Ocean. Scheuchzer a connu des mines de cliarbon sur les alpes , a plus de mille toises d elevation au- dessus du niveau de la mer ; celles des mon- tages des Sevennes sont situees a plus de cent toises au-dessus de son niveau ; 1 une d'entre elles , ceile de Saint-Jean-de-Valerisque supporte une montagne de pres de cent toises de hauteur, qui presente , a sa sommite , des couches de pierre calcaire , ne renfermant que des coquil- lages peiagiens. D'apres cette evaiuatioii , que ( ^19 ) je ne presente pns c(>mme rigoureuse , mais seu- lement connne approximative , on ne pourra disconvenir que 1 Europe eniiere ne fut cachee sous les eaux , quand les mines des Cevennes commencerent a se former, et que ccpendant les substances vegetales -quon y retrouve en si grande abondance , ne dussent y etrc apportees d une assez petite distance, pour que lesfeuilles de fougere , celles de bambou avec leurs tiges, etsurtout les feuiiles de bannanier dune consis- tence moins fibreuse que celle des premieres , dont on y retrouve les empreintes, y soient parvenues aussi entieres qrx'elles le sont , et pas plus endom- magees qu on pourroit les supposer, si elles eussentete enfouies etmoulees la ou elles avoient vegete. L'horisontalite des couches qui renferment ces empreintes, celles des empreintes dans Tinterieur des couches sont des preuves demonstratives de 1 immersion des vegetaux, a qui elles appar- tiennent , dans un liquide ; la difference de pesan- teur des couches schistcuscs oii elles sont conte- nues , relativement a celles clu charbon beaucoup plus legeres , etablissent avec utie force irrecu- sable la succession qui a eu lieu pendant la for- mation des unes et des autres, comme leur epais- seur , leur alternation , et sur-tout I'abondance f 120 ) ou la rarete des empreintes, selon leur differetit degre de proximite du cliarbon , attestent la longue durec des causes a qui elles doivent leur origine ; Loin d'attribuer, avec Antoine de Jussieu , IcL formation de ces depots immenses de vegetaux a, quelque violente commotion de notre globe , tout me retrace au contraire , dans la composi- tion de ces mines, Timage de Tordre et les traces de la lenteur. Tout depose que ces vegetaux ont vecu a une epoque quelconque , a des petits eloignemens du sol qui les recele , et que la terre sur laquelle ils ont vecu etoit aussi elevee alors, relativement a la mer, que le sol de TEurope Test aujourd'hui au-dessus de son niveavx actuel; si on compare les empreintes des mines de charbon avec celles que Ion retrouve journellement dans les concVetions tooheuses des rivieres , on en gaisira facilement les difierences ; celles-ci sont presque toujours pcUotonees, groupees les unes sur les autres dans tous les sens , tres-rarement entieres , et plus rarement encore horisontales , et cependant ces elFets , qu'on seroit tente d'at- tribuer a des causes tres-actives , ne dependent que du scul courant de leurs eaux. La suite au numero suivant. /"./ A-,/.///}'-,/'-/ t/^r>f //■/// f/ //7//,tances qu ils presentent meritent d etre detaillees , parce qu'elles confirment ce que j'ai deja avance. Ils consistent en deux morceaux de schiste de la grandeur de la paume de la main , dontun des cotes est charge de cinq ou sixfeuilles do lougere , couchees les unes sur les autres , peu adliercntcs, reduites en charbon , et disposees de maniere que la plus extericurc presente le dos et les fructifications qui s'y trouvent, avcc autant de nettete que les plantes dessechees que Ion conserve dans les herbiers. Aucune matiere schis- teuse ne s'etant introduite entrc ces feuilies, elles ont ete simplement reduites en charbon , sans avoir eprouve aucun changcment bicn sensible dans leur forme , ni sans dilferer beaucoup de celles qui sont adherentes aux schistes. Je crois avoir rendu rexplication dc la for- ,mation des mines dc charbon assez vraiscmblablc pour repondre a beaucoup de difficultes; j'ai ex- plique par la meme hypothese la singularite frappante des deux empreintes dun scul cote de la meme feuille de fougere , j y ai trouve la cause de Texcessive rarete de leur face chargce de fructifications , et je crois aussi avoir suffi- $amment prouve que ce qu'on avoit considere M ( i3i ) jusqu'ar.njourd'liul,commeutte deccsemprclntes en relief, est en etfet la substance mcme de la fcuiile dans I'etat charbonneux. Sur uncnoiivelle Coquille du genre de tANOpONTitE. Par J. G. Bruguiere. Le genre de la Moule comprend , dans la me- thode de Linne, des coquilies si csscntiellement differentes , que , sur vingt espcces , dont cct autcur a parle , il ne s'en trouve en eiTct que onze qui doivent lui appavtenir ; les autres ren- trent dans le genre de IHuitn , daus ceux de VHyronde ou de la Cardite , et deux d'entr'elles r appartiennent au genre de \ AnodontiLe, dont jc vais donner la description. Outre ces deux coquilies , dont Linne a jiarle , et qu il a designees dansses oiiVrages sous les noms do. Mytilus-cygneui, et dc Myiilus-anaiinus, '] en connois encore sept autres especes , inde- pcndamment de celle dont je parlerai , qui , pour la plupart, n'ont pas etc encore decrites. Le genre de YAnodontitc prend son nom de la tharniere des coquilies qu il renferme, laqucllc est nue et sans dents , et par consequent tres- R 2 ( i32 ) difFercnie de celle des autres coquilles dc la sec-^ tion des bivalves regulieres. II difFere de celui de la Moide , non-seulemcnt par cette circons- tance , qui nest applicable qua peu d'especes de ce dernier genre , mais aussi par la forme de Icur coquille , qui est plus iongue que large dans I'a. Motile, et fixee par un byssus , tandis que celle de V AnodontiU est plus large que Iongue , et libre .^ans tous les cas. II en differe sur-tout par le nombre de ses attaches musculaires , qui , ne passant jamais celui de deux dans la Moule , se trouve constamment ici de trois dans chaquc valve , sans compter c[uelques legers enfoncemens qu'on apper^oit dans la cavite de leurs sommets, qui peuvent aussi fournir de nouvelles attaches a I'ariimalde quelqucs cspeces, mais qui ne sont pas visibles dans les autres. Ce dernier caractere merite consideration; il lui est, a la verite , commun avec Ic genre de la Mulcte, mais line se rencontre jamais dansaucune coquille bivalve marine , et peut ainsi servir a constater Torigine fluviatile des coquilles ou on le rencontre. On ne doit pas cependant en con- clure c[ue toutes les coquilles bivalves fluviatiles portent trois attaches musculaires, car il cxiste encore un genre non decrit et egalement distinct 4c eeux de la Mulcie et de VAnodontile, dont les ( i33) foquilles n'ont que deux attaches, et qui cepen- daiiL ne vivent que dans les eaux douces. Si la meilleure methode de conchyliologie doit etre ceile qui poiteia egalcmejit §ur les animaux; des coquiiiages et sur leur envelpppe testacee , on peut en conclure , avec quelque vraisera- blance , que jusqu a ce que la connoissance des vers soit assez avancee pour entreprendre ce travail avec succes, ii faut au moins considerer dans les coquilles celles de leurs parties qui offrent le plus de rapports avec la structure de leurs ani^ ynaux , ou du moins avec quelque partie notable de leur organisation , parmi lesquelles il n est point douteux que les attaches musculaires ne doivent tenir le premier rang. Si Linne eut eu egard a cette partie esscntielle de la coquille , il n'auroit pas introduit dans le genre de \?l Moule , des Hultres et des Hyrondcs , qui nont qu'une attache dans chaque valve , des Cardites qui en ont deux , et des Anodontites qui en ont trois ; il auroit enfin distingue les Anomies des Terebrutules par ce seul caractere , independamment de ceux que la forme regulierc ou irreguliere de leur co- quille, et celie de leur cliarniere lui auroit encore fourni. Ces reflexions ne seront point inutiles a ceux qui s'attachent au perfectionneraent des methodes, (i34) ct qui n'ignorent pas que c'est de la ligueur dc leurs principes que depend leur atilite , comme c'est sur rexactitude de leur application que sont fondees toutes les autres connoissances qui en derivent. Anodontite. An odontites. Caract, du 2"enre. CoguilU , bivalve, trans- verse, reguliere , libre. Valves, egales , inequi- laterales , fermant par- tout, nacrees dans 1 in- terieur. Attaches musculaires , 3 dans chaque valve ; une pres de leur bord ante- rieur , deux inegalcs , reunies ou distantes , pres de leur bord pas- te rieur. Sommcls , toujours ca- ries. Charniere , sans dents ni ca;nneltjre. Lig Par M. H a u y. I.a fecondite des loix auxquelles est soumise la crystallisation ne se montre nuUe part plus sensiblcment que dans la production des Spaihs calcairei. Au milieu de ce grand nombre de polye- dres divers qu'elle fait sortir de la combinaison des molecules de cette substance , et dont quel- ques-uns n'ont aucun rapport apparent, comme le rhomboide dune part , et le prisme hexaedie de Tautre , elle nous offre la forme rhombo'idale elle-meme , avec des dimensions respectives et des mesurcs d' angles tres-differentes , et le con- traste qui existe entre les deux polyedres que je viens de citer , a peut-ctre quelque chose de jnoins singuiier , que cette diversite d'angles, jcelativemcnta jiueforme que la nature sembieroit { 149 ) devoir toujours reproduire d'apres le meme type , en elaborant les memes elemens. On connoissoit deja trois rhombo'ides differens parmi les Spaihs calcaires ; savoir , le rhombo'ide obtus ( De risle , crystal, torn, i, pag. 497, cspece 1 . ) ; le rhombo'ide tres-obtus ( Ibid. p. 5o\, var. 2. ) , et le rhombo'ide aigu ( Ihid. pag. 260 , var. 12, Spath calcaire muriatique.) (1). Le savant que nous citons ici avoit trouve tantde difliculte, pourramener, d'apres sa methode , la forme de ce dernier rhomboide a celle du premier , que , dans son tableau lithologique , n°. II (2) , il les met Tune et Tautre au rang des formes qu'il appelle primitives , attribuaint ainsi deux de ces formes a une meme espece de mineral. La ma- niere dont il faut s'y prendre , pour diviser le rhombo'ide tres-obtus et le rhombo'ide aigu dans le sens de leurs joints naturels , et en extrairela forme primitive commune a tous les crystaux calcaires , se trouve exposee dans Tessai dune theorie sur la structure des crystaux , p. 77 et 1 08 , ainsi que les loix de decroissemens tres-simples , d'ou dependent les formes de ces crystaux. (l) Les fig. I , 2, et3 represenient ces trois rhoniboides en prorjection verticals. (1) Ce tableau se trouve a la fin de I'ouvrage, qni a pour litre : des caract^res exterieurs des minirauxt ( i5o) ^ Jai reconau en i 788 un quatricme rhomboi'cle dtSpath calcairc, dont j ai parle dans un memoire lu la meme annee a 1 academic des sciences , sur une methode de calcul analytique pour resoudre generalement tous les problemes relatifs a la theorie du rhombo'ide. M. Macie, de la societe royale de Londres, qui n avoit aucune connois- sance de ce memoire , m'ecrivit, I'annee derniere , qu'il avoit observe , parmi des crystaux trouves dans le Derbischire , un Spath calcaire rhomboi'dal, dont laxc etoit beaucoup plus allonge que celui du rhombo'ide aiciu ordinaire. II m envoya les valeurs de ses angles mesures mecaniquement, et qui etoient a-pcu-pres les memes que ceux aaxquels m'avoit conduit le calcul theorique , et il m'indiquoit de plus la loi de decroissement a laquelle ilpresumoit que la structure de ce rhom- boide devoit etre soumise , et cette loi se trouvoit etre aussi la meme que j'avois determinee, d'apres la theorie, dans Ic memoire cite. Je dois dire, au teste, que je n ai pas encore trouve ce rhom- bo'ide complet. Sa forme etoit modifiee par des facettes lineaires , dont j Indiquerai plus bas la position. Mais le caractere de la forme rhom- bo'idale dominoit, en general, dans les crystaux , et c est a ce seul caractere que je vais d abord m attacher. { i5i ) Cette vatiete , que j'appelle Sp^lh calcaire rhorri- Icidal trcs-algu , est rcpresenfee fig. 4, ayant ses deux soinmets, c"est-a-dire les deux angles soUdes formes de trois angles plans cgaux , situes en a et en m. Chacun des deux angles plans aigus dag^ djg, de Tune quelconque adfg, des faces, a pour mesure 45*^ 84' 22", ce qui donne pour Tangle obtus adf ou agf , i5/^^ 25' 28". L'in- clinaison respective de deux quelconques adfg, ahng, des faces d'un merne sommet , est de 65'* 41' 2", d'ou il suit que adfg est inclinee sur Jgnm de 114^ 18' 58". Ces mesures s'accordent avec celles que donnent les observations faites sur les crystaux dont les faces sont planes eh bien prononcees. Pour trouver le noyau de forme primitive reri- ferme dans le rhombo'ide tres-aigu , on dirigersi d'abord le plan coupant sur Tune quelcoiiquc=^ adfg des faces , de maniere que la section passe Jiar la diagonale dg, ou par une parallele a cette diagonale, etqu'elle soit inclinee d'environ 149*^, sur le plan du triangle dfg. 1-a veritable mesure de cette inclinaison est 149^^ 2' 11". En repetant cette operation sur les cinq autves faces , et en continuant de diviser toujours parallelement aux premieres coupes, jusqu'a ce que tous les plans du crystal secondaire ayant disparu,.on aura 1^ •( l52 ) tliomboide obtus represente fig. i . J'ajouterai Icl^' en faveur dc ceux «jui ont deja connoissance de la theoiie sur la structure des crystaux , dont je me propose de donner bientot dans cc Journal line exposition raisonnee , la plus elementaire et la plus claire qu'il me sera possible , que le rhom- boide tres-aigu resulte d'un decroissement par trois rangees dc molecules integrantes , sur les angles BCD, ABG, ADE , GFE , etc. ( fig. i . ). opposes a ceux qui sont contigus aux sommets A , L , de la forme primitive. Les crystaux de cette variete que j'ai observes etoient demi-transparens, et dune couleur grise. Lalongueur de leur axe , prise de a en m (fig. 4.), yarioit depuis deux lignes jusqu a un pouce et au-dela. M. Beaurin a, dans sa collection , un b-eau grouppe de ces crystaux. ,c En comparant les dimensions respectlves et les angles des quatre rhomboi'des de Spath cal- caire, j'ai trouve, cntreles formes de ces crystaux, des rapports qui mont paru dignes d'attention. Supposons, pour plus de simplicite, que dans les quatre rhomboi'des, les diagonalesBD (fig. 1), MN (fig. 2.) , RY (fig. 3.) , et dg (fig. 4.) . soient egales entr'elles ( 1). Dans cette hypothese, I'autre (l) II est facile de se rcpresenter ces diagonales que je n^i point fait tracer, pour ne pas alierer I'aspect de la forin^ rhomboidale. diagonal? V ^; nx" PI. cS ,/i>///y/t// ,////4iij]in-i. •Hclite. d'ouvrages sicr VHistoire J\''atiirelle , publm en Allcmagne. Par M. \V I l l e m e t. Catalogus plantarum hcrii hotanici Carohxuhani ^ iecitndum systtmatis vegcrabilhim Caroli a, Linne t fditioncm decimam quartam. *', '"C^atalogue des planfesdu jardin botaiiique d^ ( 1^7 ) Carlsruhe , suivant la [quatorzleme edition du systeme des vegetaux de Charles de Linne. A Carlsruhe, chez; Macklot , et se trouve a Strasr bourg, chez Amand Koenig, Libraire. 1791. m-8° de 60 pages, prix i5 sols. Cette enumeration alphabetique Linneenne ofFre 3i i2g plantes , tant exotiques qu'indigenes , qui appartiennent au Prince de Bade. EUes sont cultivees par J. M. Schwevckert, jardinier au- lique , extremement instruit. Les plantes mar- quees d'une asterisque , sont cellcs qui ne se trouvent pas decritcs dans le systeme dc Linne. Parmi ces dernieres du jardin botanique de ce Margrave, nous remarquons I'Erable a feuilles laciniees, le Maronnier d'Indc jaune , TAnacarde orientale, Ics andromedes axillaires, a. feuilles de myrthe , pilulifer, la Boheravc elevee , TAne- monc a petales fendus , le Ciste de la Nouvclle- Espagne , le Cypres de Portugal, la Deiphinette intermediaire , laViperine fastucuse , laBruyere brunatre , le Figuier vcrdatrc , le Genet ctale, a hameqon , les Geranions rutilans et a feuilles ovalcs , le. Millcpertuis etale, IHissope a bra- ctees , rindigotier blanchatre, la Lavande spe- cieuse , la Mauve lanceolee et celle deStittinger , le Meurier a feuilles dechiquetees , lOnagre rose, le Syringa pubescent , le Polljch champetre , le§ ( '^8 ) Peupliers grecs a feuilles en cceuret angulalre de la Caroline , les Sauges formoses et a feuilles de tilleul, la Scrophulaire nouvelle de Lima, le bois dc Fer noiratrc , le Silene couche , Lys du Cap , le Tilleul blanc , la Viorne a feuilles de poirier , et laZinne raulatre. Moldcnhauer tentamen in historiam plantarum Tlieophrasti. Essai sur Ihistoire des plantes de Theophraste. A Hambourg, et se trouve , a Strasbourg, chez Amand Koenig , Libraire. 1791. ni-S". M. Moldenhauer, dejaavantagcusement connu par une excellente disssertation sur les vaisseaux des plantes , fait parcitre aujourdhui plusieurs passages de Theophras,te , eclaircis par des ob- servations tres-exactes. II en a , independamment de ceux-ci , retabli d'autres , dont le sens etoit impenetrable. Exposition abregee De la theorie sur la structure des Cr'ystaux. Par M. H a u y. I,es dlfFerens articles relatifs a la crvstallisation que je me propose de publier , dans ce journal , ( i5U a mesureque robservation amenerade nouveaux faits , me donneront lieu de faire connoitre aussi dc nouvelles appllcatiotis de la theorie que j'ai publiee , il y a quelques annees , sur les loix aux- quels est soumise la structure des crystaux (i). J'ai cru , en consequence , qu il ne seroit pas inutile de preparer ici , en quelque sorte , ces applications, et de mettre , ceux qu'elles pour-' roient interesser , sur la voie pour les bien con- cevoir , en reprenant la suite des principes sur lesquels est fondee la theorie dont il s'agit. Les recherches successives que j'ai faites pour etendre et pericctionner cette theorie, I'ontele- vee a un degre de generalite, dont je ne Tavois pas crue d'abord susceptible , mais qui ne peut etrebien saisi. qu'a Taide du calcul analytique (2). Outre le meritc qua Tanalyse denvelopper , dans une seule formule, les solutions d'une mul- titude de problemes difFerens , elle peut seule imprimer a la theorie le caractere de la certitude , en parvenant a des resultats parfaitement dac-. cord avec ceux que donne 1 observation. Malgre ces considerations , j'ai cru devoir preferer ici (l) Essai d'une theorie sur la structure des crystaux. Paris , 1784. (a) Voyez les Mem. de I'Ac. des Sc. an, 1790. ( '^8 ) une exposition raisonnee de cette meme theorie: i et me borner a donner une idee des loix qui lui servent de base , en rendant sensibles les effets de ces loix par des constructions faciles a saisir ; c'est-a-dire , par des figures accompagness d'ex- plications propres a faire concevoir Tarrangcment respectif des petits solides qui concourent a former un meme crystal. C'est cet arranoement que j'appelle structure ^ par opposition au terme d' organisation , qui exprime le mecanisme beau- coup plus compose que presente Tinterieur des animaux et des plantes. Si cette marche est beau- coup moins directe ,■ moins expeditive et moins rigoureuse , si elle exige que Tattention se fixe sur des details que le calcul franchit , pour aller rapidement a son but , elle a du-moins cet avan- tage, que I'esprit parson moyen apper^oit mieux les rapports qui lient entr'elles les difTerentes par- ties de Tensemble qu il considere , et se rend plus aisement compte a lui-meme des connoissances auquelles il est parvenu (i). (l) Je me propose de reunir les avautages des deux melhodes dans un ouvrage particulier, ou j'essaierai de presenter la raiueralogie sous tous les points de vue qui peuvent coucourir h. en faire une veriiable science. La suite au numiro suivant. \ (161) Suite de tExpoiition ahregk de la theorie stir la structure des Crptaux. Par M. H a u y. L Division rnecanique des crystaux. On sait qu'une meme substance minerale est susceptible de plusieurs formes diverges toutes bien determinees , et dont quelques-lines ne pre- sentent , au premier aspect, aucun point com- mun qui paroisse indiquer leur rapprochement. Si Ion compare , par exemple, le Spath calcaire en prisme hexaedre rcgulieravec Ic rhombo'ide (l) du meme Spath , dent le grand angle plan est d'environ 101^^, on sera tente de croire d'abord que chacune de ces deux formes est entierement etrangere a Tegard de Tautre. Mais ce point de reunion qui echappe, lorsqu'oft se borne a la consideration de la forme exterieure , devient sensible des qu'on penetre dans le raeca- nismc intime de la structure Car si Ion essaic d'entamer le prisme hexaedre , en suivant les (i) J'appelle rhombo'ide \xn solidetermine parsix rhombef egaux et semblablts, W. 5. X ( i62 ) joints naturels cles lames qui le composent, on parviendra a. en extraire un rhonibo'ide entiere- ment semblable a celui dont nous avons parle. Supposons que abef[ii\. g, fig. i. ) rcpresente ce piisme. On trouvera que , parmi ies six arelcs 2 71, nc , cb , etc. de la base superieure , il y en a trois qui se pretent a la division mecanique. Soit in une dc ces deniicres aretes. La division se fcra suivant un plan psut, incline de 4^^^ tant sur la base ahcnih, que sur le pan inef. Les deux aretes he , ah , admettront des divisions analogues a la precedente , sans qu il soit pos- sible, d'en operer de semblables sur les trois aretes intermediaires c?i, ab , ih. Ce sera tout ie contraire par rapport a la base inferieure gfedrk. Car les aretes de cctte base qui admettront des divisions , seront opposees aux aretes non divisibles de Tautre base ; ^c'cst- a-dire que ce seront les aretes de , gf, k r. Le plan lg)>v represcnte la section faite sur cette derniere arete. On aura done six plans mis a decouvert par les sections , et si Ton continue dc diviser toujours parallelement a ces sections, jusqu'a ce que toutes les faces du prisme hcxae- dre aient disparu , on arrivera au rhomboide , qui est comnie le noyau de ce prisme. Tout autre crystal calcaire , divise mecaniquc- ( i63) Aient, donnera le memc resultat ; il ne s'agit que de trouver le sens des coupes qui conduisent au rhombo'idc centiul. Par exeinple, pour extraire ce rhombo'ide du Spath calcaire , nomme vulgai- rement leiiticulaire , et qui est lui-meme un rhom- bo'ide beaucoup plus obtus , ayant son grand angle plan de i 14^^ iS' 56" , on partita des deux sommets , en faisant passer Ics sections sur les petites diagonales des faces (1). S'il s'agit , au contraire, du Spath rhombo'idal a scramcts aigus, on dirigera les plans coupans paralle'cment aux aretes contigues aux sommets, et de maniere que chacun deux soit egalement incline sur les deux faces qu il coupcra (2). Si Ion pvend un crystal d'une autre nature, tcl qu'un cube de Spath fluor, Ic noyau aura une forme difFercnte. Ce sera, dans Ic cas present, un octaedre , auqucl on parviendra , en abattant les huit angles solides du cube (3). Le Spath pesant produira, pour noyau , un prisme droit a bases rhombes (4) , le Feld-Spath un paralleli- ])ipede obliquangle , mais non rhombo'idal (o), (i) Essai d'lme tlitorie, etc. pag. 7S. (a) Ibib. pag. 109. (3) IbiJ. pag. 52. (4) Ibid. p.Tg. III. (5) Mem. de Tacacl. des sciences , an. 1784, pag. 273. X 2 ( i64) I'apatite ou le berll un prisme droit hexaedre , le Spath adamantin un rhombo'ide un peu aigu , la blende un dodecaedre a plans rhombes , le fer de risle-d'Elbe un cube , etc. et chacune de ces formes sera constante , relativement a I'espece entiere , ensorte que ses angles ne subiront aucune variation qui soit apreciable , et que, si Ton essaic de diviser le crystal dans tout autre sens , on ne pourra plus saisir aucun joint : on n'obtiendra que des fragmens indetermines ; on brisera en un mot plutot que de diviser. Ces solides inscrits chacun dans tous les crys- taux d'une meme espece , doivent etre regardes comme les veritables formes primitives dont toutes les autres formes dependent, J'avoue que tous les jnineraux ne sont pas susceptiblcs d etre divises mecaniqucment. H y en a cependant un beau- -coup plus grand nombre qui s'y pretent que je ne I'avois pense d'abord , et quant aux crystaux qui se sont montres rebelles jusqu ici aux efforts que j ai faits pour y trouver des joints naturels , j ai remarque que leur surface striee dans un certain sens , ou meme le rapport de leurs diffe- rentes formes , parmi ceux qui appartiennent a Une meme substance , offroient souvent des indices d? leur structure , et qu'en raisonnant d'apres Taqalogie aveg d'ftutres crystaux divisibles , on ( 165 ) pouvoit determiner cette stimcturc , au moins avec une grande vraiscmblauce. J'appelle formes secondaires toutes celles qui different de la forme primitive : nous verrons dans la suite que le nombre de ces formes a une limite que la theorie pent determiner , d apres les loix auxquelles est soumise la structure des crvstaux. Le solide de forme primitive que Ton obtient, a Taide de Toperation que nous avons exposee, peut etre sous-divise parallelement a ses diffe- rcntes faces. Toute la matiere enveloppante est' pareillement divisible par des sections paralleles aux faces dc la forme primitive. II suit de la que les parties detachees , a I'aide de toutes ces sec- tions, sont similaires, etne different que parleur volume, qui va en diminuant, a mesure que Ton pousse la division plus loin. II en faut excepter celles qui avoisinent les faces du solide secon- daire. Car ces faces n'etant point paralleles a celles de la forme primitive , les fragraens, qui ont une de leurs facettes prise dans ces memes faces , ne peuvent ressembler entierement a ceux que Ton detaclie vers le milieu du crystal. Par exemple , les fragmens du prisrae hexaedre , fig. i, dont les facettes exterieiires font partie des bases ou &^i pans , n'ont point a cet egard la mcrae figuie { if56 ) que ceux qui sont situes plus pres du centre , et clont toutes les faccttes sont parallelesaux coupes psut, Iqyv , etc. Mais la theorie, ainsi que nous le dirons , fait disparoitre rembanas qui nait , au premier ■at)ord , de cette diversitc , et reduit . tout a Tunite de fi2;ure. Or , la division du crystal en petits solides similaires a un terme , passe lequel on arriveroit a des particules si petites , qu'on ne pourroit plus les diviser , sans les analyser, c'est-a-dire , sans detruire la nature de la substance. Je m'arrcte a ce tcrme , ct je donne a ccs corpuscules que nous isolerions, sinosorganes ctnosinstrumens etoient assez, delicats , le noni de molecules integrantes. II est tres - probable que ces molecules sont les \ -memes qui etoient suspendues dans le fluidc oiT s'est operee la crystallisation. Au reste , elles seront tout ce qu on voudra. Toujours est-il vrai de dire, qu'a Taide de ces molecules , la theorie ramene a des loix simples les dillerentcs meta- morphoses des crystaux ,etparvient a des re- sultats qui representent exactemcnt ceux de la nature ,cequi est Tuniquc but auquel je me sols propose d'atteindre. Lorsque le noyau est un parallelipipede , c'est- a-dire un solide qui a six faces paralieks deux a deux, commc le cube, le rhomboidc , etc. et que ( i67 ) ce soUde nadmet point d'autres di\'isions que celles qui sc font dans ic sens de scs faces, il est clair que les molecules qui rcsultent de la sous- division , tant du novau que de la matiere enve- loppante, sont semblables a ce noyau. Dans les autrcs cas, la forme des molecules difFere de celle du noyau. II y a aussi des crystaux ciui rendent, a 1 aide de la division mecanique, des particules de diverses figures , comblnees enire elics dans toute Tetendue de ces crystaux. J exposerai dans la suite mcs conjectures sur la maniere dc rcsoudrc la difficulte que presentent ccs espdces de struc- tures mixtcs , et Ton verra d'ailieurs que cettc d'ifficulte ne touclie point au fonds de la theorie. IP. Division. Loix de dccroissenunt. La forme primitive et celle des molecules inte- grantes etant determinees , d apres la dissection des crystaux, ii falloit chercher les loix suivaut lesquelles ces molecules etoient combinees , pour produire autour de la lorme primitive ces espcces d'enveloppes terminecs si regulierement , et d ou resultoicnt des polyedres si differens entr eux , quoiqu'originaircs d une mcme substance. Or, tcl est le mecanisme de la structure soumise a ces loix , que toutes les parties du crystal secon- daire sur-ajoutees au noyau , sont formecs dc ( '68 ) lames qui decroissent regulierement par cles sou9- tractions d'une ou plusieurs rangees de molecules integrarites , ensorte que la theorle determine le nombre de ces rangees , et par une suite neces- saife , la forme exacte du crystal secondaire. Pour donner une idee de ces loix, je choisirai d'abord un exemple tres-simple et tres-elemen- taire. Concevons que EP (fig. 2.) represente un dodecaedre dont les faces soient des rhombes egaux et semblables , et que ce dodecaedre soit une forme secondaire qui ait un cube pour noyau ou pour forme primitive. On jugera aisement de la position de ce cube par Tinspection de la fig. 3, ou Ton voit que les petites diagonales DC , CG, GF, FD de quatre faces du dodecaedre reunies autour d'un meme angle solide L forraent un quarre CDFG. Or , il y a six angles solides com- poses de quatre plans , savoir les angles L, O , E, N, R, P ( fig. 2. ) , et par consequent si Ton fait passer des sections par les petites diagonales des faces qui concourent a la formation de ces angles solides, on mettra successivement a de- couvert six quarres , qui seront les faces du cube primitif , et dont trois sont representes figure 3 , savoir CDFG , ABCD , BCGH. Ce cube seroit evidemment un assemblage de molecules integrantes cubiques , et il faudroit que ( i6c, ) que ciiacune des pyramides , telle que LDCGF (fig. 3.) , quireposent sur ses faces, futelle-meme composee de cubes egaux enti'eux, et accux qui formeroient le noyau. Pour mieux faire concevoir comment cela peut avoir lieu , je vals indiquer le moyen d'executer un dodecaedre factice , en employant un certain nombre de petits cubes , dont I'assortiment soit une imitation de celui des molecules employees par la nature a la formation du dodecaedre que nous considerons ici. Soit ABGF ( fig. 4. ) un cube compose de 729 petits cubes egaux entr'eux, auquel cas chaque face du cube total renfermera 81 quarres , g sur chaque cote, lesquels seront les faces exterieures d'autant de cubes partiels representatifs des ino- lecules. Le cube dont il s'agit sera le noyau du dodecaedre que nous nous proposons de cons- truire. Sur Tune des faces , telle que ABCD , de ce cube , appliquons une lame quarree cornposec de cubes egaux a ceux qui forment le noyau , mais qui ait , vers chaque bord, une rangee de cubes de moins que si elle etoit de niveau avec les faces adjacentes BCGH, DCGF, etc. c'est-a- dire que cette lame ne sera composee que de 49 cubes, 7 sur chaque cote, ensorte que si sa base N^ 5. Y ( '70) inferleure est ongj (fig. 5), cette base tombcra cxactement sur le quarre marque des memes lettres , fig. 4. Au-dessus de cette premiere lame , plagons-en une seconde , composee de 25 cubes , cinq sur chaque cote, ensorte que si Impu (fig. 6.) repre- sente sa base inferieure , cette base se trouve situee precisement au-dessus du quarre designe par les memes lettres ( fig. 4. ) Appliquons de racme une troisieme lame sur la seconde , mais c|ui ne renferme que 9 cubes , trois sur chaque cote, de maniere que vxyr ( fig. 7. ) etant sa base inferieure, cette base re- ponde au quarre marque des memes lettres ( fig. 4) ; enfin sur le quarre r du milieu , dans la lame pre- cedente, posons le petit cube r [ fig. 8.) , qui re- presente la derniere lame. II est aise de voir que , par cette operation , nous aurons forme au-dessus de la face ABCD ( fig. 4. ) une pyramide quadrangulaire , dont cette meme face sera la base , et qui aura le cube r ( fig. 8. ) pour sotnmet. Si nous faisons la meme operation sur les cinq autres faces du cube (fig. 4.) , nous aurons en tout six pyramides quadrangu- laires , qui reposeront sur les six faces du noyau qu'elles envelopperont de toutes parts. Mais i:omme les differentes assises , ou les lames qvii ( t7t ) composent ces pyramidcs , se depasscnt mutuel* lement dune certaine quantite , ainsi qu'on le voit fig. 9 on Ics parties elcvees au-dessus des plans BCD, BCG , representent les deux pyra- mides qui rcposent sur les faces ABCD , BCGH ( fig. 4.) , les faces des pyramides ne formeront pas des plans continus ; ellcs seront alternative- ment rentrantes et saillantes , et imiteront en quelque sorte un escalier a quatre faces, Imaginons maintenant que le noyau soil com- pose d'un nombre incomparablement plus grand de cubes presqu'imperceptibles, et que les lames appliquees sur scs differentes faces, que j'appei- lerai desormals lama de superposition , aiilent de meme en diminuant vers leurs quatre bords, par des soustractions dune rangee de cubes egaux a ceux du noyau , le nombre de ces lames se trou- vera aussi sans comparaison plus grand que dans Ihypothcse precedente ; en meme-tems les can- nelures quelles formeront , par les ixntrees et saillics alternatives de leurs bords, seront a peine sen'sibles , et Ton peut meme supposer les cubes composans si petits , que ces cannelures devien- nent nulles pour nos sens , et que les faces des pyramides paroissent parfaitement unies. Maintenant DCBE ( fig. g. ) etant la pyramide qui repose sur la face ABCD ( fig. 4. ) , et CBOG Y 2 ( 172 ) (fig. 9.) la pyramide appliquee sur la face voisine BCGH ( fig. 4. ) , si Ton considere que tont est uniforme depujs E jusqu'en O , ( fig- 9- ) ^^^^^ la maniere dontles bords des lames de superpo-r sition se depasseut mutuellement , on concevra que la face CEB de la premiere pyramide doit se trouver exactement sur le merae plan que la face COB de la pyramide adjacente, ensorte que I'assemblage de ces deux faces formera un rhombe ECOB. Or nous avions, pour les six pyramidcs, vingt-quatre triangles semblables a CEB , qui , par consequent , se reduiront a douze rhombes , d'ou resultera un dodecaeclre semblable a celui qui est represente ( fig. 2 et 3. ) , et ainsi le pro- bleme est resolu. Le cube , avant d'arriver a la forme du dode- caedre , passe par une multitude de modifications intermediaires, dontlune est representee fig. 10. On y voit que les quarres paeo , klqu , mtits, etc. repondent aux quarres ABCD , DCGF, CBHG , etc. ( fig. 3. ) et formcnt les bases superieures d autant de pyramides iricomplettes , par le defaut des lames qui devoient les terminer. Les rhombes EDLC , ECOB, ect. (fig. a.) par une suite ne- tessaire se reduisent a de simples hexagones (leC IkT) , epBnmC , etc, et la surface du crystal sepond^ire ^st ^omposee de douze de ces hex.a- ( '73 ) gones ct de six quarres. Ce cas est celul du Borate magnesio-calcaire (Spath boracique ) , abstraction faite de quelques facettesquiremplacentles angles solides , et qui tiennent a une autre loi de decrois:? seraent, dont nous parlerons dans la suite. Si le decroissement des lames de superposition s'etoit fait suivantune loi plusrapide ; par exemple, si chaque lame avoit eu, sur son contour, deux , trois , ou quatre rangees de cubes de moins que la lame inferieure , les pyramides produites autour du noyau , par ce decroissement, etant plus sur- baissees, et leurs faces adjacentesnepouvantplus etre de niveau, la surface du solide secondaire auroit ete composee de 24 triangles isoceles, tou5 inclines les utis sur les autres. Supposons maintenant que les decroissemens aient lieu en memc-tcms de deux manieres diffe- rentcs; c'est-a-dire, par des soustractions de deux rangees parallelement aux bords AB et CD (fig. 4.) , et dune seuie rangee parallelement aux bords AD et BC. Supposons de plus que chaque lame n'ayant que I'epaisseur dun petit cube du cote de AB et de CD, ait au contraire une epaisseur double du cote de AD et de BG. La figure 11 represente cctte disposition, relati- vement aux decroissemens qui ont DC et BG [fig. 4.) pour lignes de depart. Dans cette hypo- (174) these , il est cla'ir qu'a cause du decrolssement plus rapide en partant de DC ou AB, que de BC ou AD, les faces produites en vertu du pre- mier, s'inclineront davantage sur le plan ABCD, tandis que les faces produites par le second, r^s- teront, pour ainsi dire, en arriere, en sorte que la pyramide ne sera plus tcrrainee par un cube unique E ( fig. g ) , qui , a cause de son extreme petitesse, paroit n'etre qu'un point, mais par la ran gee de cubes MNST (fig. ii.) , laquelle, en supposant aussi ces cubes presque infiniment petits , offrira I'apparence dune simple arrete. Par une suite necessaire , la pyramide aura pour faces deux trapezes , teller que DMNG resultant du premier decrolssement , et deux triangles isoceles tels que CNB , qui seront TefFet du second decrolssement (i). Concevons de plus que , par rapport aux lames de superposition qui s'elevent sur la face BCGH. (fig. 4.) , les decroissemens suivent les memes loix, mais par des directions croisees , de ma- niere que le plus rapide des deux ait lieu en allant de BC ou de GH vers le sommet de la pyramide , et le plus lent en allant de CG ou de (l) Icilaface qui repond a ABCD (fig. 4.) 2,$ cpiari-es sur chaqiie cote, comtne on le voit dans Ja figure II , et roil poiirra aussi imiter artificielleinent la slruct.ure dela pYi-amide dout il s'agit, en se reliant sur I'ordre el le nombre des cubes represeutes par la meme figure. {'75) BH vers le meme sommet. La pyramlde qui resultera de ces decroisemens , sera placee en sens oppose de celle qui repose sur ABCD , et aura la situation indiquee fig. 1 4 , ou Ion voit que 1 arete KLqui termine lapyramide, au-lieu d'etre paral- lele a CD , comme I'arete MN (fig. 11 et 12), est au contralre parallcle a BC. Enfin on concevra ce qu il y auroit a. faire , pour que la pyramids qui reposera sur DCGF (fig. 4.) , soit tournee comme le represcnte la fig. i3, et ait son arete terminale PR parallele a CG (fig. 4.), Je ne dis rien des pyramides qui reposeront sur les trois autres faces du cube , parce qu il est evident que chacune de ces pyramides doit etre tournee comme celle qui s'eleve sur la face opposee. Or comme les decroissemens qui donnent le triangle CNB (fig. 1 2) , font continuite avec ceux dou resulte le trapeze CBKL (fig. 14.) , ces deujC figures serontsurun meme plan, et formerontun pentagone CNBKL (fig. i5.). Par la meme raison , le triangle DPC (fig. i3.) sera de niveau avec le trapeze DMNC (fig. 12.] , et, en raison- nant de la meme maniere des autres pyramides , on concevra que les six pyramides ayant pour faces en total douze trapezes et douze triangles, la surface du solide secondairc sera composee de douze pentagones , qui repondront aux douze rliombes dc la fig. 2 , avec cetts difference quils (176) aiiront d'autres inclinaisons. Cc solide est repre- Sente seul (fig. i6.) , et avec son noyau cubique (fig. 17), on Ton voit comment il faudroit s'y prendre pour extraire ce noyau. Par exemple , si vous faites une section qui passe par les points D, C, G, F, vous detacherez la pyramide qui repose sur iaface DCGF du tioyau, laquelle sera mise a decouvert par cette section^, On trouve parmi les crystaux qui appartiennent soit au sulfure de fer ( la pyrite rriartiale ) soit a Farseniate de Cobalt (la mine de cobalt arseni- cale deTunaberg ) , un dodecaedre dont les faces Sont des pentagones egaux et semblables , et dont le noyau est un cube situe comme nous venons de le dire. Mais il y a une infinite de dodecaedres possibles, qui auroient tous pour faces des pen- tagones egaux et semblables, et dlfFereroiejit entr'eux par les inclinaisons respectives de leurs faces. Parmi tous ces dodecaedres, celui dont la structure seroit soumise aux loix qui vicnnent d'etre exposees, donne 127'* 56' 8" , pour la va- leur de Tinclinaison de deux quelconques DPRFS, CPRGL (fig. 16.) de ses faces, sur Farete de jonction PR, ainsi qu'on le demontre aisement par le calcul (ij. Or quoiqu'on ne puisse se ( I ) Voyez les Mem. de I'Ac. des Sc. an. 1785. flatter ( 177 ) flatter d'atteindre a la precision des secondes , ni meme a celle des minutes, en mesurant le meme angle sur la pyrite dodecaedre , cette mesure prise avec toute I'attcntion possible, approche si visi- blement du resultat donne par le calcul , qu'on. doit regarder ce resultat corame la veritable limite de Tapproximation trouvee a Faide de I'instru- ment , et conclure que la theorie est parvenue k line precision rigoureus'e. Ce que je dis ici a lieu egalement pour tous les autres resultats de la, theorie , compares a ceux du calcul , et il est visible que si cette theorie etoit fausse , die conduiroit a des ecarts que Tinstrument ne manqueroit pas de rendre sensibles , par les grandes differences qu'il donneroit enire les angles calcules et les angles mesures. M. Verner et M. Rome de Tlsle ont confondu le dodecaedre de la pyrite avec le dodecaedre, regulier de la geometric, dans lequel chaque pentagone a tous ses cotes egaux , et tous ses angles pareillement egaux(i). Si ces deux mine- ralogistes celebres eussent mis plus de geometric dans leur maniere de considerer les crystaux, ils auroient apper^u une distinction tres-marquee entre ces deux dodecaedres , puisque le regulier (l) Traite des caract. des fossiles , pag. 184. Voyea aussi la Crystal de M, del'I&le, t. ^ > p. 231 et 2.33. N^ 5. 2. ( 178 ) ne donne que 116^ 33' 54" pour rinclinaison respective de ses pentagones, ce qui fait une dif- ference d'environ 11^ ^ avec la valeur indiquee plus haut. II y amieux, c'est qu'aucune loi de decroissement n'est susceptible de produire le dodecaedre regulier, quelque compose qu on Timagine, ainsi que je Tai demontre ailleurs (1), relativement a un noyau cubique , et que je puis le demontrer aujourd'liui generalement pour un noyau d'une forme quelconque. On peut juger, d'apres ces details , combicn Tusage du calcul est important, soit pour garantir la verite de la theorie , soit pour tracer les bornes qui circons- crivent la marche de la crystallisation. Nous avons done deja deux especes de dode- caedrcs , Tun a faces rhombcs , i'autre a faces pentagonales , produits sur un noyau cubique , en vertu de deux loix simples et regulieres de decroissement, parallelement aux aretes du noyau. On pcut construire , en faisant varier ces loix de diverses autres raanieres, une multitude . de nouveaux polyedres qui auront le meme noyau. Les decroissemens paralleles aux bords des lames de superposition , tels que nous les avons (i). Mem, de TAc. des Sc, au, 1785 , pag. aij. ( »79 ) considercs jusqu'ici , ne suffisent pas pour expli- quer toutes les transformations des crystaux. L'observation Indique qu'il se fait aussi des decroissemens paraileles aux diagonales. C'estce qu il faut exposer avec un certain detail. Soit ABCD (fig. 18), la surface superieure oa inferieure dune lame coraposee de petits cubes, dont les bases sont representees par les quarres qui sousdivisent le quarre total. Si Ion considere la suite des cubes auxquels appartiennent les quarres a, b , c , d , e,f, g, h , { , 'A est evident que tous ces cubes seront sur la diagonale menee de A en C , et qu'ils formeront unc meme file (fig. ig.) , laquelle ne differera de la file des cubes a , 71 , q , r', s' , t' , u' , z , x (fig. 18.), qui est dans le sens du bord AD, qu'en ce que , dans la premiere, les cubes ne se touchent que par une dc leurs aretes, au-lieu que, dans la se- conde , ils se touchent par une de leurs faces. On observera de meme, dans toute Tetendue de la lame , des files de cubes paraileles a la diago- nale , et dont Tune est indiquee par la suite des lettres q , v, k , u, x , y, z, une autre par celle des lettres n , t , I , m , p , 0 , r, s , et ainsi des autres. On peut done concevoir que les lames de super- position, au-lieu de se depasser mutuellement d'une ou plusieurs rangees de cubes, paralleie- Z2 (i8o) ment a Farete , se depassent au contraire paral- lelement a la diagonale, et Ton construira de meme, autour d'un noyau cubique , des soiides de diverses figures, en pla^ant successivemeiit au-dessus des difFerentes faces de ce noyau , des lames qui s'eleveront en formes de pyramides , et qui subiront i espece de decroissement que nous venons d'indiquer. Les faces de ces soiides ne serontpassimplementsillunnees par des stries, coramc lorsque les lames decroissent vers les aretes. EUes seront herissees d'une infinite de saillies formees par les pointes' exterieures des cubes composans , ce qui est une suite necessaire de la figure continuement anguleuse qu'ofFrent les bords des lames de superposition. Mais toutes ces .pointes etant situees de niveau , on peut supposcr d'ailleurs les cubes si petits , que les faces du solide paroissent former autant de plans lisses et continus. Rendons tout ceci sensible par un exemple. Soit propose de construire autour du cube ABGF (fig. 2 0.) , considere comme noyau , un solide secondaire, dans lequel les lames de superposi- tion decroissent de tous les cotes , par une simple rangee de cubes, mais parallelement aux diago- nals. Soit ABCD (fig. 21) , la base superieure du noyau, sous-divisee en 81 petits quarres qui ( iSi ) representent les faces extcrieures d'autant de mo-i lecules. Ce que nous dirons relativcment a cette base pourra s appllquer aux cinq autres faces du cube. La fig. 2 2 rcpresente la surface superieure de la premiere lame de superposition , qui doit etre placee au-dessus de ABCD (fig. 21.) , de manieve que le point a reponde au point a, le point h' au point h , le point c' au point c, et le points!' au points. On voit d'abord, par cette disposition, ciue les quarrcs Aa , B^, Cc, Dd (fig. 21.) restent a vuide, ce qui met en execution la loi de decroissemenfindiquee. On voit de plus que les rebords QV , ON, IL , GF (fig. 22.) cle- passcnt dune rangee les rebords AB , AD, CD, BC (fig. 20) , ce qui est necessaire , pour que le novau soil enveloppe vers ces memes bords. Car on concevra, avec un pen d'attention , que si cela n'etoit pas, c'est-a-dire , si les bords de la larne representee (fig. 22) ainsi que des suivantes, coincidoient avec les lignes ST, EZ, YX, M U , auquel cas ils seroient de niveau avec AD, AB, CD, BC (fig. 21) , il se formeroit des angles rentrans vers les parties analogues du crystal. Ainsi , dans les lames appiiquees sur ABCD (fig. 20) , tous les bords qui repondroient ^ CD, seroient de niveau avec CDFG , dont ils ( lS2 ) formeroient le prolongement , et dans les lames appliquees sur DCFG, tous les bords analogues a. la meme arete CD servient de niveau avec ABCD , d'ou resulteroit necessairement un angle rentraiu oppose a Tangle saillant que ferment les deux faces ABCD ct CDFG. Or, les angles ren- trans paroissent exclus par les loix qui determi- nent la formation des crystaux simples. Le solide s accroitra done dans les parties auxquellts le decroissement ne setend pas. Mais comme ce decroissementsufHtseul pour determiner la forme du crystal secondaire, on pent faire abstraction de toutesles autres variations qui n'intervienncnt que subsidiairement , excepte lorsqu'on veut , comme dans le cas present , construire artificiel- lement un solide r^prescntatif d un crystal , et se rendre compte a soi-meme de tous les details relatifs a la structure dece crystal. La surface superieure de la seconde lame sera semblabie a A'G'L' K' (fig. 23), et il faudra placer cette lame au-dessus de la precedence , de maniere que les points a", b" , c" , d" repondcnt aux points a' , b', c', d' (fig. 22) , ce qui laisse a vuide Ics quarres qui ont leurs angles exterieurs situes en O, S , E, O, V, 'r,M, G, etc. et continue d'effec- tuer le decroissement par unc rangee. On veil encore ici que le soiide s'accroit successivement ( i83 ) verslesbnrds analogues a A B , B C , CD, AD (fig. 2 1.) , puisqu'entre A' etL', par cxemple , (fig. 23) il y a tieize quarres , au-lieii qu il n'y en a que onze entre QV et LI (fig. 22.). Mais comme Icffet du decroissement resserre de plu3 en plus la surface des lames, dans le sens des diagonales, il nest plus besoin que d ajouter vers les bords non decroissans un seul cube desi- gne par A', G', L' ou K' (fig. 28 ) , au-lieu des cinq qui terminent la lame precedente , le long deslignes QV, GF, LI , ON (fig. 22.) Les grandes faces des lames de superposition qui , jusqu'alors etoicnt des octogones QVGFI LNO (fig, 22.) etant parvenues a la figure du cjuarre A'G'L'K' (fig. 23) (1), decroitront, passe ce terme , de tousles cotes a-la-fois, ensorte que la lame suivante aura, pour sa grande face supe- lieure, le quarre B' M' I' S' (fig. 24), moindre dune rangee dans tous les sens que le quarre A'G'L'K' ( fig. 23 ) : on dir.posera ce quarre au- dessus du precedent, de maniere que les points t',f', g', k' (fig. 24.) repondent aux points c , f, g, k (fig. 23.) (i) Dans le cas present, cette figure a lieu des la se- conde lame de superposition. En prenant un noyau com.-. pose d'un plus errand nombre de molecules, il est dvi.deut c^u'on auroit une Unjite plus rsculee. ( i84 ) Les fig. 20, 26, 27 et 28 represcntentlesquatrc lames qui doivent s'elever successivement au- dessus dc la precedente , avec cette condition que Ics lettres semblables se correspondent comme ci - dessus. La derniere lame se reduira a un simple cube designe par i' (fig. 29. ) , et qui doit reposer sur celui qu'indique la meme Icttre (fig. 28.) II suit de tout ce qui vient d'etre dit , que les lames de superposition appliquees sur la base ABCD (fig. 20 et 21) , produiscnt, par I'ensemble de leurs bords decroissans , quatre faces qui, en partant des points A, B, C, D, s'inclinent les unes vers les autrcs en forme de sommet pyra- midal. Remarquons maintenant que les bords dont il s'ao-it, ont des longueurs qui commencent par augmenter, comme on peut en juger par Tins- pection des fig. 22 et sS, puis vont en diminuant ainsi qu onen jugera d'apres les figures suivantes. II resulte de-la que les figures des faces produites par ces memes bords augmentent d'abord elles memes , et diminuent ensuite en largeur , de sorte qu'elles deviennent des quadrilateres. On volt (fig. 3o) un de ces qnadrilateres , dans lequel lano-le inferieur C se confond avec Tangle G (fig. 20} du noyau , et la diagonale LQ represente Je { iS5) Ic bord L'G' de la lame A'G'L'K' ( fig. 28 ) , qui. est la plus etendue dans le sens de ce meme bord. Et comme le nombre des lames de superpositioft qui produisent le triangle LCQ (fig. 3o) est moindre que celui des lames d'ou resulte le triangle LZG, puisqu'il n'y a ici qu'une seule lame qui precede la lame A'G'L'K' ( fig. sS ) , tandis qu'il y en a 6 qui la suivent jusquau cube z (fig. 29) inclu- sivement, le triangle LZQ (fig. 3o ) compose de Ja somme des bords de ces dernieres lames , aura beaucoup plus de hauteur que le triangle infe- i-ieur LCQ , ainsi que Texprime la figure. La surface du solide secondaire sera done formee de 24 quadrilateres, disposes trois a trois autour de chaque angle solide du noyau. Mais tn consequence du decroissement par une rangee , les trois quadrilateres qui appartiennent a chaque angle solide, tel que C ( fig. 20 ) se irouveronc sur un meme plan , et formeront un triangle equilateral ZIN ( fig. 3i ).,Donc Ics vingt-quatre quadrilateres produiront huit triangles equilate- raux , dont Tun est rcpresente ( fig. 82 ) de ma- niere a faire juger , au simple coup-dceil, de I'assortiment des cubes qui concourent a le for- iner, et le solide secondaire sera un octaedre regulier. On voit ( fig. 33 ) cet octaedre dans lequel le noyau cubique est engage, ensorte que N^ 5, A a ( i86 ) cliacun des ses angles solides C, D, F, G , etc. repond au centre dun des triangles IZN , IPN, PIS, SIZ , etc. de I'octacdre. On concoit que, pour extraire cc noyau , il faudroit diviser loc- taedre sur ses huit angles solides, par des sec- tions paralleies aux aretes opposees. Par exemple la section faite sur i'angle Z doit etre parallele nux aretes IS, IN , TN , TS, d ou resultera un quarre qui sera situe lui-menie parallelement a. la base superieure ABCD du noyau , et qui se confondra avec cette base , lorsque les sections auront fait disparoitre entierement les faces de Toctaedre. Cette structure est ccUc du sulfure de plomb { la galene ) octaedre , et du muriate de soude ( le sel marin ) de la memc forme, (i) La suite au manero siiivant. IMWMtJMM^yWiWjmBB Exposition d\in noiivcau genre de plante nomine D RA ptr E s. Par M. Lamarck. Parmi les plantes rarcs que Commerson a dc- couvertcs dans son voyage autour du monde , on (ij Voye2 I'essai d'dne theorie, etc. pog. 60 etsuiv. ( 1^7 ) doit particulierement remarqucr cclle dont nous allons donner la description ct la figure. EUe iuteresse par son elegance , et sur-tout par les particularites de sa fructification , qui presenterit les caracteres d un nouveau genre , que nous rcgardons comme tres-voisin des Dais par ses rapports. Cette plante fut aussi rccueillie dans son lieu natal par M. Ic chevalier Bancks , presi- dent de la societe royale de Londres , dans le voyage qu ii fit avec le capitaine Cook po'.ir des recherches d Histoire Naturelle. Get illustre Naturaliste ayant reconnii dans la plante dont nous traitons ici les caracteres d'un nouveau genre, lui donna le nom'de Drapctes, nom que nous croyons devoir conserver : mais les obser- vations de M. Bancks sur cet objet , et sur bien d autresnon moins interessans dont on lui devra ladecouverte , ne sontpas encore publiees. Tous les Botanistcs en desirent la publication avec la plus vive impatience. Au reste , d apres Texamen d un excmplaire de cette plante , provcnant dc 1 licrbier de M. Bancks, et envoye a M. de Jussieu; exemplaire en tout semblable a ceux dc 1 herbier de Commerson , que M. de Jussieu a bien voulu nous preter, ainsi qu'un dessin de la meme plante, ne raon- A a 3 f iS8 ) trant que les parties de son port ; voici les car^c-* teres que nous assignons a ce nouveau genre. 4-andrie; i-gynie, D R A P E T. Caract. essent. Fl. ramassees en fais- ceau. Cal. O. cor. in- fundibuliforme : a limbe 4-fide. Recept. pedicel- les ,• barbus. 1. sem, couverte. Caract. not. Fleurs ramassees en faisceau : a recept. pro- pres pedicelies , fascicu- les , pileux , barbus. Cal. O. Cor. Monopetale , in- fundibuliforme, pileuse en dehors. Tube cylin- drace , insensiblement dilate sup, limbe 4-fide , presque regulier : a dec. pblongues , obtuses , barbues, 4-andria ; i-gynia. Dratetes. Charact. essent. FL aggregato -fascicu- lati. Cal. 0. cor. infundi- hulijormis : limbo A^-fido. Receptacula pedicellata , barhata. Sem. 1 . tectum, Charact. nat. Flores aggregato- fas" ciculaii : receptaculis pro" priis pedicellatis ^jascicU" latis piloso-barhatis, Cal. O. Cor. Monopetala , in- fundihuliformis , extuspi^ losa. Tubus cylindraeeus t superne sensim dilatatus, Ihnbus^-Jidus, suba/jualts; laciniis oblongis oblusii If ar balls.. { iSg ) Z/(3m.Quatrefilamcns, Stam. Filamenta qua- Eetaces, plus longs que tuor, ictacea, corolla Ion- la cor. attaches au tube, giora , tuboimerta, Antk» Anth. ovales-arrondies. ovato-subrotunda. Pist. Ovaire ( supe- Pist. Germen ( supe-* rieur ? ) adherent a la rum? ] basi corolU adfja- base de la coroUe. Style turn. Stylus simplex , co^ simple , plus court que rolla brevior. Stigma,. . » la cor. Stigmate. ... Peric. O. Peric. O. Scm. Une scule , ovale , Sem. Unicum , ovatum , acuniinee sup. couverte superne acuminalwn , bast par la base persistante corolla persisiente ledum. de la corolle. D R A p E T musco'i'de. Dkapetes muscosus, PI. 10. Tab. 10. Se trouve au Magellan. Habilal in Magellania, Descript. Habilusimilis Passerince S- Gnidiee. CauUs filijormes , cespitosi, erectiS.basi decumbenles,?)S.^-' pollicares , ramosi , superne foliosi , inferne sitbniidi , cicatricibus nolati. Folia decussatim opposita, ovata , oblusa , bast altenuala , scssilia , sesqui-lineam longa , dorso apiceque piloso-barbala. Flores perparvi , lermi- nales. Fasciculi sessiles, foliis supremis bast obvallati. ( 190 ) Elle ressemble par son port a unc Passerine ou a une Gnidienne. Ses tiges sent filiformes , en toufFe , droites ou couchees a leur base , longues dc 3 ou 4 pouces , rameuses, feuillees superieu- rement, nucs dans leur parde inferieure avec les cicatrices des feuilles tombees. Les feuilles sont opposees en croix , ovales , obtuses , retrecies vers leur base, sessiles, longues d'une ligne et demi, barbues sur le dos ct au sommet. Les fleurs sont terrainales , fort petites. Leurs faisceaux sont sessiles , environnes a la base par les feuilles superieures. Les receptacles abondamraentpileux etbarbus, indiquent les rapports du Dropet avec ks Dais. Dans le systeme sexuel de Linnseus, ce genre devra etre place pres du Struihiola. iMMiiiM^ if.i^miMj tmim mmnsv Sur le Phyllachne. Par le menie, MM. Fcrster, au retour du voyage cjuils fnent avec le capitaine Cook , publiereiu dans lan ou- VY'dgc, mihnie Charjicleres ^cnerum plantarum , etc. Les caracteres d'un genre particulier auquet its (190 ont donnc le nom de Phyllachne ( Forst. gen. n". 58); et ils ont nomme Phyllachne uliginosa Tespece qui Icur a fourni les cavacteres de ce nouveau genre; mais ils ne nous ont rien appris sur le port de ce Phyllachne. Linne fils , a qui cette plantc fut communiquee , en donna la des- cription dans son SuppUintntum plantarum , etc. pag. 412. Ainsi , quoique les caractercs du Phyl^ lachne uliginosa soient maintenant connus par les ouvrages que nous venons de citer, comme per- Sonne n'en a encore donne la figure , nous crovons faire plaisir a nos lecteurs, et contribuer en cela aux progres de la science , en publiant ici une figure de cettc jolie plante , dapres un exem- plaire de 1 herbier de Commcrson, et un dessiii que M. de Jussieu a fait faire , et qu'il a bien voulu nous communiquer, Descript. Tres -petite plante, ayant I'aspect dune mousse, et venant en touffe presque a la maniere du Polvtric commun. Ses ti^es sont Ion- guesdun pouce ct demi, nombreuses, ramassees en faisceau dense, proliferes, rameuses, et cou^ vertes dans toute leur longueur de feuilles embri- quees, dont les superieures seulement sont vertes, tandis que les autres sont roussatres. Les feuilles sont petites , ovales-lanceolees , aigues , droites , concaves ou en gouttiere , cartilagineuses et ( i§2 ) comme denticulees sur les bords. Les fleurs soiit blanches , sessiles , terminales. Voyez dans le Sappl. de Linne fils ( pag. 62 ) Texposition du caractere essentielet du caracter^ | naturel du genre dont il s'agit. Le PhyllacJme uliginosa croit naturellement au Magellan, dans les lieux marecageux ethumidesi Ilsemble avoir quelques rapport avec ieM?iiarum, quoiqu'il en soit tres-distingue par ses caracteres. Commerson , qui le premier a fait la decouverte de cette plante, lui avoit donne le nom de Stibas : et M. dejussieu observe ( dans son Genera plan- faruin , pag. 422 ) , que Commerson a vu quel- qnefois la coroUe de son Stibas a 6 ou 7 divisions. Explication dcs figures de la planche 10. PI. 10. fig. 1, Drapetes muscosus. a. Plante de grandeur naturelle. b. Ombelle de fleurs grossie. c. Fleur separee , considerablcment grossie. d. Receptacle commun partage en re- ceptacles partiels velus. Pi. 10. fig. 2. Phyllachne uliginosa. a. Fleur separee , tres-grossie. b. Plante entiere , de grandeur na- turelle, Exam en { i93 ) Examen chimique des Cendres hleues , (I precede pour les preparer. Par M. Pelletier. L'on ne connoit point en France , la maniere de preparer les Cendres bleues , elles y ont cc- pendant ete preparees autrefois, d'apres ce qu'en disent plusieurs autcurs , ce sont maintenant les Anglois qui nous les fournisssnt, je ne puis eva- luer leur consommation, mais je sais qu'elle est tres-considerable ; les papetiers et les peintres en font un grand emploi : ces considerations m'ont engage a en faire I'analyse , et a chercher le moyen de les preparer; c'estce travail que j'offre aujour^ d'hui au public; je vais , avant tout, exposer les connoissanccs que Ton nous a transmis sur leur nature. Lemery , en parlant de la Cendre bleue , dit que c'est une composition bleue , ou pierre broyee qui nous vient de Pologne. Pomet nous dit de meme que la Cendre bleue est une composition que noustirons d'Angleterre ou de Rouen , ou elle est apportee par les Sue- dois , Hambourgeois et Danois : la plus grandc partie , dit encore Pomet , nous vient de Dantzic N°. 5. Bb ( 194) eii Pologne, et 11 ajoute qu'il n'a pu savoir cc q\lt c'etoit que la Cendre bleue , mais qu'on lui avoit assure que c'etoit une composition, ct qu'il s'en faisoit a Rouen. Lon ne doute point aujourd'liui que les Cen- dres bleues ne soient un produit de lait; lou gait aussi (dune maniere cependant assez vague) que ceux qui en Angletenc les preparent, sent des personnes qui ailment les matieres dor ct d'argent. L'on connoit encore un bleu natif , qui, etant broyc, donne une couleur bien supe- rieure aux Cendrcs bleues les plus belles. Ce bleu est la mine de cuivre designee sous les noms dc JBleu de montagne , Crystaux dazur, et Cryso- colle bleue ; je parleral de la nature de ccs subs- tances , qui, comme on le verra , different pen des Cendres bleues , mais ellcs se trouvent en trop petite quantite dans ie seln dc la lerre, et Ic plus ordinairement melangees de Malachite ou de Verd de montagne , pour que Ton puisse songcr a les substituer aux Cendres bleues. Les anciens ont eu connoissance du Bleu de cuivre natif, et du meme Bleu factice ou Cendres bleues; Eiicdius en parle dans son ouvrage, ayant pour titre : De Re metallica , imprime en i^iy. Telles sent nos connoissances actuelles sur les Cendres bleues; auxquelles je joindrai Topinion ( '9'^ ) dc M. de Morveau . sur ce qui constku'i la difFc- lence entre les mines de cuivre , appellees , Verd de montagne et Bleu de montagne ; ce cliymistc a imprinie un memoire parmi ceux de I'academie dc Dijon , annee 1782, dans lequcl il considere le Bleu de montagne , comme une chaux de cuivie retenant plus de phlogistique , quicrleVerd de montagne; a cette epoque , ce celebrechy- miste s'exprimoit ainsi ; mais s il ecrivoit dujour- d'hui sur le meme sujet , il developpcroit scs idees d'une autre maniere , et vraisemblable- ment comrae je vais le faire , d'apres la sevie des experiences que j ai tentees sur des substances analogues. Je vais maintenant entrer dans Ic detail de Tanalyse des Cendres bleues ; j'indiquerai en- suite le procede d'apres lequel je suis parvenu a les preparer , c est particulierement le but de ce memoire, que je terminerai par quelques consi- derations generales sur le Bleu et Verd de mon- tagne , ainsi que sur les Cendres bleues. Analyse des Cendres bleues. § A. I.es acidcs nitrique et muriadque dissolvent avec effervescence et en totalite les Cendres bleues, ils en separcnt de I'acide car- boniquc que 1 on pent reeiieillir. Bb a ( 196 ) J'ai aussi traite six cents grains dc Cendres bleues avec Tacide sulfurique ; TefFervcscence a etc telle , que le melange seroit sorti du matras , si je ny eusse pris garde; la dissolution n'etoit pasparfaitement claire , je Tai evaporee a siccite, et j'ai ensuite traite le residu avec de Teau dis- tilleje a froid; par ce moyen , je suis parvenu a en separer une substance insoluble blanche , dont la plus grande partie etoit soyeuse : je lai reconnue pour de la selenite ou sulfate de chaux : -sqn poids etoit de i32 grains, ce qui repond a environ 7 grains de chaux pure par 100 grains de Cendres bleues ; j'ai er;suite evapore la liqueur de pes lavages ; elles ont fourni du sulfate de cuivre , dont le poids s'est troi^ve de deux onces €t dcmi-gros, Cette quantite repond a3oo grains de cuivre pur; ce qui est environ 5o par ioq grains de Cendres bleues. > II y a dans le commerce diverscs qualites dc Cendres bleues , et toutes fournissent avec I'acide sulfurique du sulfate de chaux et du sulfate de cuivre , mais non pas dans les rapports que je viens d'indiquer : j en ai trouve quim'ont fourni du sulfate de chaux dans des proportions dou- bles , et consequemment , moins de sulfate de cuivre : ces qualites de Cendres bleues contien- fient done jusqu'a 14 parties de gh^ux pure par ( 197 ) quintal , aussi etoieni-elles d'une couleur moins foncee. § B. L'ammoniaque enleveauxCendres bleues ic cuivre qu'elles contiennent , et Ton a pour residu une petite quantite de carbonate calcaire; mais je n'ai point eu de cette experience le succes que j'cn attendois, parce que le carbonate cal- caire se trouve dans les Ccndres bleues dans une division siparfaite , que Tammoniaque le tient en suspension a mesure qull attaque le cuivre. Distillation de^ Cendres bleues. ^ C. Jai dlstille a I'appareil pneumato chym:» que 600 grains de Cendres bleues : le feu a ete pousse par degres jusqu'a ce qu'il ne passat plus d'air : apres la dissolution , le residu s'cst trouve dune couleur dun noir rougeatre un peu cui- vrcuse , du poids de 5 gros 40 grains ou d? 400 grains. Ainsi les Cendres bleues perdent a la dis- tillation 33 t au 100 : I'air qu'elles ont fourni occppoitun volume d'environ deux pintes, I'eau I'a absorbe presqu'en totalite , il rougissoit la teinturc dc tournesol , il precipitoit I'eau de cbaux , etc. c'etoit done de I'acide carbonique, les cendres bleues ont aussi fourni dans leur 4JStillation quelques gouttes d'eau , qui etoient ( igs ) tres-sensibles dans le col dc la cornue ; j'en evalue la quantite a environ 3 grains t par loo : ce qui reduit la quantite d acide carbonique a 3q pour 100. Reduction des Cendrcs bleues. § D. Afin de proceder a la reduction des Cen- dres bleues, j'ai partage en deux parties egales le residu de la distillation precedente : chacune se trouvoit du pcids de 200 grains , et repondoit a 3oo grains dc Cendres bleues. A une de f:cs portions j ai ajoute 600 grains dc flux noir et demi gros de charbon du tartre ; j ai mis le tout bien melange dans un crcuset d'essai, et j'ai reconvert la surface du melange d'un peu de scl marin en poudre , j'ai precede ensuite a. la fusion, avec les precautions que Ton apporte dans ces sortes d'essais ; la reduction achevee , j'ai eu au fonds du creuset un petit culot de cuivre , du poids de 2 aros 3 grains ou 147 grains ; ce qui , par 100 grains de Cendres blCues, donne 49 grains de cuivre pur. Afin d a\ oir un resultat exact , j'ai precede a la reduction dc I'autre portion du residu de ta distillation de 600 otai'i'S de Cendres bleues : les nienles"jirecautions ont cte observees. I.e petit ( 199 ) tulot de culvre obtenu dans le deuxieme essai ,. pesoic deux gros 4 grains et demi , ou 148 grains ct demi , cc qui dcnne 49 grains et dcmi de cuivre pur par 100 grains de Cendres bicues. Ainsi , d aprcs ces deux essais et la perte inevi- table dans Ics reductions, Ion peut evaluer a 5o 1. la quantite dc cuivre contcnue dans 100 1. de Cendres bleues , cette quantite d'aillcurs sc trouve conformc a cellc que j y ai trouvee par la voie humide. 11 me reste a determiner la quantite dair pur ou d oxigene qui se trouve uni an cuivre dans ies Cendres bleues; jai fait voir plus haut que de 100 parties, je retirois So grains d'acide tar- bonique , trols ct un tiers d cau , sept de chaux pure et 5o de cuivre : pour compietter Ies 10a parties, il nous manc[ue neuf |; cc deficit nous donne Ic poids de I'oxigcne contenu dans Ics Cendres bleues, I'oxigcne sV trouve done dans Ies proportions dc g f au 100. Afin d'etre bien convaincu que Ies Cendres bleues contenoient dc loxigene , j'en ai distilie une certaine quantite , jusqu a ce qu elles ne fournlssent plus d'acide carbonique , je leur ai alors ajoute un pen de charbon en poudre . je Ies ai soumises a une nouvelle dl,stillation ; le ( 200 ) produit qu'^Ues ont donne etoit de I'acide caf- bonique, et dans la cornue j'ai eu du cuivre eri jietits grains melanges avec le charbon : I'acide! carbonique obtcnu dans cctte deuxieme distil- lation , prouve evidemment que IcsCendres bleues (;ontiennent de I'oxigene. Resume de I'analysCi. il resulte de cette analyse que loo grains de Cendres bleues conticnnent : 1°. Acidc carbonique, §. C. . . 3o. 2°. Eau, §. C 3. t- 3°. Chaux pure, ^. A 7. 4°. Oxigene, §. D 9- ■§• 5°. Cuivre pur ,§. A, §. D. . . . 5o. Total. L. . . 100. J'observe que c'est sur des Cendres bleues de la premiere qualite que j'ai opere , et que cclles de qualite inferieure contiennent plus de carbo- nate de chaux , et moins de cuivre. La suite au numero suivant. ^^ ^ • 1 — ^, N, ■1 -v -5. — "~" Is \ s V ^ ^s ^ '.k: ^ ^ y ^^ i^ X o ~r .' % N -. S •^ 4 5, ■5 ~> >* ^ ~s -. ^ N ^ ~ ^i -1. ■^ ■i V „ ^ <. •-. *■ • N ^ N. ■N»^-Cn.„ ..V-:^- ■« . -^v t 1 . ])rape(es. ^ Phvllaohiio . IM lo ( 2bi ■) Siiite dc fExposition ahregee dc la tncorie iilr li structure des Crystaux. P A R M. H A U Y. J'appelle decroissemehs stir les angles ceux qui S3 lont parallelemerit aux diagonales , et dicroisst^ tncns svr les bords 6u decr'oissemens siir les aretes , teux qui bht des aretes pour ligrtcs dc depart. C est aux loix de structure qui vienncnt d'etre exposees, et a d'autres semblables, qvie tiennent toutes les metamorphoses qu£ sublssent les crys- taux. Tantot les decroissemens se font a-Ia-fois sur tous les bords ou sur tous les angles, comme dans le cas du dodecaedre a plans rhombes , que j'ai cite pour premier exemple , et dans celui de Toctaedre regulier dont je viens de parler. Tantot ils n'ont lieu que sur certains bords ou sur cer- tains angles. Tantot les decroissemeiis sur ie's bords se combinent avec ceux qui s'opcrent sur les angles. Par exemple , si les deux decroisse- mens qui nous ont donne Tun le dodecaedre a faces pentagonales (fig. i6 ) , 1 autre Toctaedre regulier ( fig. Ss) , concourent dans une meme crystallisation , il en resultera un solide a 20 facts triangulaires (fig. 34.) , dont 12 telles que N°. 6. C c ( 202 ) PSR, PLR, LNK, LUK seront isocelcs , et Jjrd* viendront de la meme loi qui produit le dode- caedre , et ks huit autres telles que NPL, MPS , LRU, etc. seront equilaterales , et resulteront dc la loi qui donne roctaedre. Les douze premieres repoadront aux pentagones PDSP'R , PCLGR, LCNBK , LKHUG , etc . ( fig. 1 6 ) et les huit autres remplaceront les angles solides C, D, G, etc. qui se confondent avec ceux du noyau (i). Si au contraire la loi d'ou depend I'octaedre regulicr concourt avec celle qui a lieu dans le polyedrc rcpresente fig. i o , les angles solides D,B,H,F, etc. se trouveront remplaces par autant de facettes hexagonales , comme ccla a lieu dans unc variete du Borate magnesio-calcaire. Mais je reviendrai dans un autre article sur la structure des crystaux de cette espece. II y a certains crystaux dans Icsquels les de- croissemens sur les angles ne se font point suivant des ligncs paralleles aux diagonales, mais paral- lelement a des lignes situees entre ces diagonales et les bords. C est ce qui arrive lorsque les sous- , tractions ont lieu par des rangees de molecules doubles, triples, etc. La fig. 35 offre un exemple des soustractions dont il s'agit , et Ton y voit que (l) Mem. de I'acad. des sciences , an. 1785 , p. azii ( 203 ) les molecules sc combinent comme si de deux il ne sen formoil qu'unc , ensorie qu ii ne faut que concevoir le crvstal compose etc parallelipipedes dont Ics bases soient cgales aux petits rectangles abed, edfg, hgil, clc. pour faire rentrer ce cas dans celui des dccroi.sscmcns ordinaires sur les angles. Je donnerai a cette espcce particulicre de decroissemens le nom de decroissemens inler' medi aires. Dans d'autres crystaux , les decroissemens , soit sur les bords , soit sur les angles, varicnt suivant des loix dont le rapport ne peut ctre exprirae que par la fraction f ouf. II peut arriver, par exemple , que cbaque lame depasse la sulvante de deux rangees, paiallelcment aux aretes, et quelle ait en meme-tems une hauteur triple de celle dune molecule simple. La fig. 36 represente une coupe geometrique verticale dune des especes de pyra- mides qui resulteroientde ce decroissement , dont on concevra aisement I'eifet, en considerant que AB est une ligne borizontale prise sur la base superieure du noyau, hax,r la coupe de la pre- miere lame de superposition, gfen cclle de la scconde , etc, J'appelle decroissemens mixtes ceux qui preacntent cette nouvclle espece d'exception aux loix les plus simples. Ces decroissemens , ainsi que les interme- Cc t ( 204 ) diaires , exisleiit d'ailleurs raremcnt,- et c esL par-- ticulierement dans ceitaines substances met.alli-; ques que je les ai reconnus. Ayant essaye d'ap^ pliquer a des varietcs de ces substances ies loix, Qrdinaiies, je trouvois de si giandes erreurs dans I3. valeur de leurs angles , que je crus d abovd 1 qu'elies echappoient a la theorie. Mais des que ridee de donncr a cette tlieovie l"extension dont; je viens^de pailer se fut presentee , je paivins a des jesuitats si precis,, qu il iie me lesta aucun doute ,sur |.\e5ijsxence des loix dont ces resultats depfind^nt,:... ... , ,Si le nombredes rane;ees soustraites etoit trc3=» variable, si , par exeuqjle, il y avoit des decrois^ serpens par douze , vingt , trente, quarante, etc. rangees, coniine cela seroit absolument possible, \a, rauliitude c^cs formes qui pourroient existev dans chaq>ue espece de riiirieral seroit immense , et-auroit de quoi effrayer 1 imagination. Mais la forc^ qui ppere les soustractions paroit avoir une action tresdlmitee. Le plus souvent ces soustrac- tions se font pav une qu deux rangees de raole-r tulcs.Je n'cn ai point encore observe qui allassent au-deia ds quatre rangers , ^nsorte que s il en C^iste, eiles doivent avoir lieu tres-rarement dans, Ja nature. Et cependant malgre fes limjtps etroites gjitrc Icsquelles les ioix d? la t:rystallisat^on sont ( 3o5 ) ress^rrees, j'ai trouve , en me boinant aux deux ipix Ics plus oidlnaires , c'est-a-diie a ceUes qui produisent les soustractions par unc ou deux rangees, que le Spath calcaiic etoit susceptible de deux mille quarantf. - quaere formes ditre-' renccs (i) , quantite qui Temportq plus de cin- quante fois sur le nombre des formes cgnriues, Les stries ou cannelures que Ton reinarque sur 1^ surface dune multitude dc crvstaux . ofTrent line nouvcUe preuve en faveur de la tlieorie , eu ce qu'elics ont toujours des directions paralleled aux rebords des lames de superposition , qui se depassent niutuelleipent , a moins qu'clles ne provienncnt de quelque deiaut partigulier de re- gularite. Ce nest pas que les inegalltes qui resuU tent des decroissemeriS , dussent etre sensibles , si la forme des crystaux avoit toujours lefini.dont elle est susceptible. Car a cause de Textreiiie pe- titesse des molecules , la suilace parGitroit d'un l)eau poll , et les stries seroient nuHes pour nos sens. Aussi y a-t^il des crystaux secondaires ou 1 on nc les appergoit en aucune manicre , tandis (l) Di'\ns mon essai , pag. 117 Pt siiiv. je n'avois porte le luiml^re de ces formes qu'i 10x9, parce que je n'avois point fait eiilrer comrae element, dans le calciil, uiie mo-^ dificatioii tie la loi des decroissemeiis , dont je Jie con* ( 206 ) qu'ellcs sont tres-visibles sur d'autres crystaux dc la merne nature et de la uieme forme- C'est que TacLion dcs causes qui produisent la crystallisa- tion n'ayant pas joui pleinement, dans ce dernier cas , de touies les conditions necessaires pour la perfection de cette operation si delicate de la nature , il y a eu des sauts et des interruptions dans leur marche , ensortc que la loi de conti- nuite n'ayant point ete cxactement observee , il est reste sur la surface du crystal des vuides sen- sibles pour nos yeux. Au rcste , on voit c^ue ces cspeccs dc petites deviations out cet avantage , qu'clles indiqucnt le sens suivant lequel sont aussi alignees les strics sur les formes parfaitcs ou elles t'chappent a nos organes , et contribuent ainsi a nous dcvoiler le veritable raecanisme de Ja structure. Les peiits vuides que laissent sur la surface des crystaux secondaires meme les plus parfaits les bords des lames de superposition , parleurs angles rentrans et saillans, fournissent aussi unesoludon satisfaisante de la difficulte dont j ai parle plus haut , et qui consiste en ce que les fragraens ob- tenus par la division , dant les facettes exterieures font partie des faces du crystal secondaire , ne sent point semblables a. ccux que Ton retire de lintcrieur. Car cette diversite , qui west qu'ap- ( 207 ) Jjarente, vient dt ce que les facettes dont 11 s'agit sont composees d une multitude de petits plans reellement inclines entr'eux, mais qui, a cause de leur petitesse, presentent 1 aspect d'un plan unique , ensorte que si la division pouvoit attcin- dre sa limite , tous ces fragmens se resoudroient en molecules semblables entr'elles et a celles qui sont situees vers le centre. La fecondite des loix d'ou dependent les varia- tions des forpies crystallines ne se borne pas a produire une multitude de formes tres-differentes avec les memes molecules. Souvent aussi des molecules de diverses figures s'arrangent de ma- niere qu il en resulte des polyedres semblables, dans difFerentes especes de mineraux. Ainsi le dodecaedre a plans rhombes que nous avons obtenu en combinant des molecules cubiques , cxiste dans le grenat avec une structure com- posee de. petits tetraedrcs a faces triangulaircs isoceles (i) , et je I'ai retrouve dans le Spath Uuor, ou il est aussi un assemblage de tetraedres, mais reguUcrs , c'est-a-dire dont les faces sont des triangles equilateraux. II y a plus , cest qu il est possible que des molecules semblables produisent une meme forme crystalline , par des ioix diffe- (l) Essai d'line liieorie, etc. pag. 169 et suiv. ( i20S ) i-erites de decroissement (i). Enfin le calcul m'& conduit a uri autre resultat qui m'a paru encore plus remaiquabie ; c'est qu il petit existcr en vcrtu d'une loi simple de decroissement , vm crystal qui , a. Texterieur , ressenibleroit tota.lement au noyau , c'est-a-dire a vln solide qui ne tesulte d'aucune loi de decroissement (ij). III. JVomhrc des formes primitives ^ Dans les exerriples cites ci-dessus , j'ai choisl pour noyau le cube , a cause de la simplicite de de sa forme. J'ai trouve jusqu'ici que toutes les formes primitives se reduisoient a six, c|ui sont, le parallelipipcde en general, lequel comprend Ic cube , le rhomboide et to us les solides ter- inines par six faces parallelcs deux a deux ; le tetraedre rcgulier , Toctae'dre a faces triangu- laires, leprisnie hexagonal, le dodecaedre a plans rhorabes , tt le dodecaedre a plans triangulaires- isoceles. Parmi ccs formes , il y en a qui se retrouvcnt comme noyau , avec les memes mesurcs d angles , dans differentes especes de mineraux. On eh sera moins surpris , si Ton considcre que ces noyaux sent composes en dernier ressort de molecules (l) Mum. de Tacad. an. 17819. (2) Ibid. elementaircs , ( 299 ) elementaires , et qu il est possible qu'unc meme forme de noyau soit prodiiite, clans une premiere espece , par tels elemens , et dans une seconde espece , par tels autres elemens combines dune maniere differente, comme nous vovons desmo- lecules integrantes , ies unes cubiques , les autres teiraedres , produire des formes secondaires sem- blables, en vertu de diverscs loix de decroissc- ment. Mais ce qui est digne d'attention , c'est que toutes les formes identiques qui se sont ren- contrees jusqu'ici , comme noyaux , dans des cspeces differentes , sont du nombre de celles qui ont un caractere particulier de perfection et de regularite , comme le cube, I'octaedre regulier , le tetraedre regulier , le dodecaedre a plans rhombes egaux et semblables. Ces formes sont des especes de limites auxquelles la nature arrive par differentes routes , tandis que chacune des formes placees entre ces limites , semble etre affectee a une espece unique , du moins a. en juger d apres 1 etat actuel de nos connoissances. IV. Formes des violeeules hue'iranies. La forme primitive est cellc que Ion obtient par des sections faites sur toutes les parties sem- blables du crystal secondaire, et ces sections con- tinuees parallelement a elles-memcs , conduisent N". 6. D d ( 210 ) a. determiner la forme des molecules irite^'rantes,' dont le crystal cntier est Tassemblagei-Ceci exic^e certaines considerations qui touchent au point le plus delicat de la theorie , et que je vais dx- poser le plus claircraent que me le pcrmettront les bornes dans lesquelles jc suis oblige de me jenfeimer. II n'y a point de crystal dont on ne puisse extraire pour noyau un. parallelipipede , en se bornant a six sections paralleies deux a deux. Dans une multitude de substances , ce paralleli- pipede est le dernier terme dc la division meca- nique , et par consequent le veritable no.yaij. Mais ii est certains mineraux , ou ce paraileh- pipede est divisible, ainsi c|ue le reste du crystal, par des coupes ulterieurcs faites dans des sens difFerens de ses faces, et il en resulie necessaire- ment un nouveau soiiue qui seia le noyau , si toutes les.parties du crystal seconaan-e surajoutees a ce noyau sont semblablcment situees. Lorsque la division mecanique conduit a un parallelipi-' pcde divisible seuleraent par des coupes paralleies a. ses six faces , les molecules sont des parallelipi- pedes semblables au noyau. Mais dans les autres cas, leur forme dilTere de celle du noyau. C'est ce qu il faut eclaircir par un exemple. Soit acJisno (fig. Sy) un cube ayant deux de 1 ( 211 ) ses angles solides a, s, situes surunememc ligne verticale. Cette ligne sera Taxe da cube ,' et les points a, s, en scront les soramets. Supposons que ce cube soit divisible par des coupes, dont chacune , telle que aim , passe par Tun des som- mets a , et par deux diagonales obliques ah, an , c6ntigues a ce sommet. Cette coupe detacliera I'anele solide ? , et comme il v a six angles solides situes lateralement , savoir i , h , c, 7', o , n. Its six coupes produiront un rhomboi'de aigu , dont les sommets se confondront avec ceux du cube. La fig. 38 represente ce rhomboide engage dans le tube, de maniere que ses six angles solides late- raux. b,d,f,p,g,e, repondent au milieu des faces achi, crsh, kins, etc. du cube. Or la geometric fait voir que les angles aux sommets bag, dsf,psf, etc. du liiomboi'de aigu sont de 6o^^, clou il suit que les angles lateraux abf, (I g f , etc. sont de 120'', De plus, on prouve par la tlieorie , que le cube resulte dun decroissement qui a lieu par line simple rangec de pctits rhombo'ides serabla- bles au romboide aigu , sur les six aretes obli- ques ab,, ag, ae, sd, sf, sp. Ce decroissement produit deux faces de part et d'autre de chacune de ces aretes , ce qui fait en tout douze faces. Mais comme les deux faces qui ont une memo Dd 2 ( 212 ) arete pour lignc dc depart, sc ironvent sur un meme plan , par la nature du decroisseraent. les 1 2 faces se reduisent a six , qui sont dcs quarres, ensorte que le soiide sccondaire est un cube. Jc me borne a indiquer ici cette structure , dont le developpement nous meneroit trop loin. Iinaginons maintenant que le cube ( fig. 3) ) admette ,"^elativement a scs somraets a, s, deux notivelles divisions , sembiables aux six prece- dentes , c"est-a-dire dont -i'une passe par les points c , i , 0 , et I'autrc par les points h , n , r. La pre- miere passera aussi par les points h, g, e, et la seconde par les points d , f, p { fig. 38 et 3g ) du rhomboide , d'ou il suit que ces deux divisions detacheront chacune un tetraedre regulier bage, ou dsfp ( fig. Sg ) , ensorte que le rliomboi'de se trouvera change en un octaedre regulier cf (fig. 40), qui sera le veritable noyau du cube, puisqu'il est produit par des divisions faites sem- bljablement , par rapport aux huit angles solides de cc cube. Si Ton suppose que cememe cube-^oit divisible dans toute son etendue , par des coupes analogues aux precedentes , il est clair que chacun des petits rhomboTdes dont il est I'asserablage , se trouvera pareilleraent sous-divise cu un octaedre , plus deux tetraedres reguliers , appliques sur deux faces opposees de Toctaedre. On pourra aussi , en prenant Toctaedre pour noyau , construire autour de ce noyau un cube, par des soustractions regulieres de petits rhom- boides complets. Si , par exemple , on con^oit des decroissemens par une simple rangee de ces rhomboi'des, qui aient le point /; pour terme de depart, et se fassent paraliclement aux bords in- ferieurs gf, eg, de, df, des quatre triangles qui se reunissent pour former i angle solide /; , il en resultera quatre faces qui se trouveront de ni- veau, et comme I'octaedre a six angles solides , des' decroissemens semblables autour des cinq autres angles produiront vingt faces, qui, prises quatre a quatre , seront parcillement de niveau, ce qui fera en tout six faces distinctes , situees comme celles du cube (fig- Sy ) , ensorte que le resultat sera precisement le meme que dans le cas du rhomboide considere comme noyau. De quelque maniere que Ton s'y prenne , pour sous-diviser , spit le cube , soit Ic rhom- boide , soit Toctaedre , on aura toujours des solides de deux formes, c'est-a-dirc des octaedres et des tetraedres , sans jamais pouvoir reduire a Tuniie le resultat de la division. Or les molecules dun crystal ctant necessairemcnt sirailaires , il (214) m'a paru probable que la structure etoit commc criblee dune multitude de vacuoles occupes , 6oit par leau de crystallisation, soit paj que'- qu'autre substance , ensorte que s il nous etoit donne de pousser la division jusqu a sa limite , Tune des deux especes de solides dont il s'agit disparoitroit , et tout le crystal se trouveroit uni- quemcnt compose dc molecules de I'autre forme. Cette VLie est ici d autant plus admissible , que chaque octaedre etant enveloppe par huit tetrae- dres, ct cliaque tetraedre etant pa: eillcment en- veloppe par quatre octaed,res , quelle que soit celle des deux formes que vous supprimiez par la pensee , les solides qui resterout sc joindront exactement par leurs bords , ensorte qua cet egard il y aura continuite et uniformite dans toute I'etenduc de la masse. On concevra aise- ment comuient chacjue octaedre est enveloppe J 9,- huit tetraedres , si Ion fait attention qu'en divisant le cube , fig. Sy , seulement par les six coupes qui donnent le rhomboide , on peut partir a volonte de deux quelcdnquesA, j; o , h; c ,?i; i, r^ des 8 angles solides , pourvu que ces deux angles soient opposes entr'eux. Or si Ion part des angles a, i, le rhomboide aura la position indir^uee fig. 3g. Si au contraire on part des angles solides 6», A, ces angles devieiidront les soraraets d'uu ( 2l5 ) tiouveau riitifnboide (fig. 41 ) compose du merae octaedre quccelui de la fig. Sg , a\^ec deux noii- veaux tetra^drfes appliques sur leS faces hdf, egP ( fig. 41 ) , i^ni etoient libres sur ie rhomboi'de de la fig. 39. Les figures 42 et 43 ieprV s.ntent, Tune le cas ou les"dtux tetraedres r^p'^seroient sur le^ faces dbe,fgp , de roctaedre, 1 autre celui ou ils repo^eroierit stir les faces bfg. dep. On voit par la que, quels que soient les deux angles solides du cube que Fon prenne pour points de depart, on aura toujours le meme octaedre , avec deux tetraedres co'ritigus par leurs sommets aux deux angles solide's dont il s'agit , et comine il y a huit de ces angleS'soli'des , Toctaedre' central sera cir- conscrit par huit tetraedres , qui reposeront sur ses faces. Le meme effet aura lieii , si Ton con- tinue la division totij ours paralielement aux pre- mieres coupes. Done cliaqiie fact; d'octaedre, si petit que Ton suppose cet octaedre , est attenante ; a une face de tetraedrc et leciproquernent. Done aussi chac|ue tetraedre est enveloppg par quatre octaedres. La structure que je viens d'exposer est cellc du fluate calcaire ( Spath flaor)."E'n divisant un '.cube de cette siabstarice , on peut a Volonte en extraire des rhombo'ides ayant leurs angles plans de 1 20^ , ou de^ "octaedres regtilieVs , ou des ( 2i6 ) tetraedres pareillement reguliers. II existe un petit nombre d autres substances, telles que le crystal de roche (i) ; le carbonate de plomb ( plomb spathique ) , etc. qui , etant divisees mecanique- nient au-dela du terme ou Ton aura le rbomboide ou le parallelipipede , rendcnt aussi des parties de plusicurs formes difFerentcs , assorties entr elles d'une maniere meme plus compliquee que dans le Spatli fluor. Ces structures mixtes jettent neccs- sairement de 1 incertitude sur la veritable figure des molecules integrantes qui appartiennent aux substancesdontils'agit.Cependantj'ai observe que le tetraedre etoit to uj ours Tun des solidcs qui con- couroient a la formation des petits rhomboides ou parallelipipedcs que Ton retiroit du crystal , par une premiere division. D'une autre part , il y a des substances c|ui , etant divisees danstous les sens possibles, se resols'ent uniqucment en tetraedres. De ce nombre sont le grenat , la blende et la tourmaline. Soit b ghndf {^g. 44) le rhombo'ide du orenat, et ai son axe. Si I'ont fait passer deux plans coupans. Tun par I'arctc ah , ct par la dia- gonale oblique hs du rhombe inferieur ghns, Tautre par Tarete ns et par la diagonale oblique a7i du rhombe ahnd, ces deux plans qui pas- (I) Mtim. ckracacl. de sciences, an, 1785, p. 78 etsuiv. seronl ( 21) ) feeront aiissi necessairement par I'axe ai , detache- ront un tetraedre sahn, dont les faces seront dcs triangles isoceles egaux et semblables ah?i, asn, hns, has. En faisant passer de nit-ine des plans coupans par toutes les aretes contigues aux soin- mets et pir les diagonales obliques , on obticndra six tetraedres accoles par leurs faces, sans aucurt vuide, et dcmt Tassemblagc forme le rhomboide. Enfin plusieurs minerailx se divisent en prisraes droits triangulaires. Telle est Tapatite dont la forme primitive est un prisme droit hexaedrd regulier, divisible parallelement a ses bases et a ses pans , d ou rcsukent necessairement des pris- mes dioits a trois pans , conime on en jugera pat Ia seule inspection de la fig. 40 , laquelle repre- Sente une des bases du prisme hexacdre , partao-ec en petits triangles cqailateraux, qui sont les bases dautant de molecules, et qui, eiant pris deux a deux , forment dcs prismes quadrilateres a bases rhombes. En adoptant done le tetraedre , dans les cas douteux doilt j'ai parle d'abord , on reduiroit en sreneral toutes les formes de molecules intesrrahtes a trois formes remarquables par leur simplicite , savoir le parallelipipcde qui est le plus simple des solides dont les faces sont paralleles deux a deux, Vt prisme triangulaire- qui est le plus simple des ■ N". 6. E c ( 2iS) prismes , et le tetraedre qui est la plus simple deS pyramides. Cette simplicite pourroit fouvnir une raison de preference en faveur du tetraedre , dans le Spath fluor et les aatres substances dont j ai parle. Au reste , je m "^ibstiendrai de prononcer sur ce sujet, ou le defaut d'obscrvations directes et precises ne laisse a la theorie que la voie des con- jectures et des vraisemblanccs. Mais lobjet essentiel est que les differentes formes auxquelles conduisent Ics structures mixtes dont il s'agit , sent tellement assorties , que leur assemblage equlvauta une somme de petits paral- leiipipedes, comrae nous a\'ons vu que cela avoit lieu par rapport au Spath fluor, et que les lames de superposition appliquees sur le noyau , decrois- sent par des soustractions dune ou plusieursran- gees de ccs parallelipipedes , ensorte que le fonds dc la theorie subsiste independamment du choix que 1 on pourroit faire de 1 une ou Tautre des formes que Ton obtlcnt, par la division mecanique. A 1 aide de ce rcsultat, les decroissemens que subissent les crystaux, quelles que, soicnt leurs formes primitives, sc trouvent ramencs a ceux qui ont lieu dans les substances ou cette forme , ainsi que ceile des molecules , sont des paralie- lipipedes indivisibles, etla theorie a lavantage dc pouvoir generaliser son objet , en enchainant a i un fait unique cette multitude de faits qui, par leur diversite, sembloicnt etre peu susceptibles de concourir dans un point commun. V. DiJJercnct entre la structure et taccroissement. Dans tout ce que j'ai dit des decroisscmens auxquels sent souraises les lames de superposi- tion , je n'ai eu en vue que de developper les loix de la structure, et je suis bien eloii^ne de croire , que dans un crystal dodecaedre , ou de toute autre figure , qui auroit , par exemple , un cube pour noyau, ce noyau ait etc d abord forme, tel qu'on le retire du dodecaedre , et ait ensuite passe a la figure de ce dodecaedre , par rapplication successi\'e de toutes les lames de tiuperposition qui le recouvrcnt. II paroit prouve, aucontraire, que dcs le premier instant, le crystal est dejaun tres-petit dodecaedre , q\ii renferme un noyau cubique propo.rtionne a sa petitesse , et que dans lesinstans suivans le crystal s'accroit, sans changer de forme , par de nouvelles couches qui I'enve- loppent lie toutes parts, de manicre que le noyau s accroit de son cote, en conservant loujours le mcme rapport avec le dodecaedre entier. n Rendons ceci sensible par un exemple tire ■' d'une figure plane. Ce que nous dirons de cette figure peut aisement s'appliquer a un solide , Ee a ( 220 ) pulsqu'on peut toujouis concevoir urie figura plane comme une coupe prise dans un soiicle. Soit done ERFN ( lig. 46 ) un assortiment 'de petits quanes , dans lequel le quarre ABCD , compose de 49 quanes partiels , represente la coupe du noyau , et les quarres extremes R, S , G, A , I , L , etc. celle dc I'espcce d'escalier forme paries lames de superposition. On peut concevoir que 1 assortiment ait cojinnence par Ic quarre ABCD , et que diffcrentes files de petiis quarres se soicnt ensuite appliquces sur chacun dcs cole^ du c|Ucnre ccntiral ; par exemple , sur le cote AB , d'abord les cinq cjuarres compris entre I et M , enSuite les troij quarres renfermes entre L etO, puis le quarre E. Get accroissemcnt repond a cclui oui auroit lieu , si le dodecaedre comraen- ^oit par etre un cube proportionne a son volume , et qui s'accrut ensuite par une addition de lames pontinfiment decroissantes. Mais , dune autre part , on peut concevoir que. I'assortinrient ait cte d'abord serablable a celui qui est represente fig. 4S , dans lequel le quarre abed n'cst compose que de ncuf molecules , et neporte sur chacun dc ses cotes c[u\in seul quarre e,n,f pu r, et qu'ensuite , a 1 aide dune application de npuvcaux quarres, qui se soient arranges autour dcs premiers , rassortimcnt soit dcvenu celui de ( 221 ) la fig. 47 , ou le quarre central a'b'c'd' est form^ de 2 5 petits quarres, ct porte sur chacun de ses cotes unc file de trois quarres , plus un quarre terminal e , n , f our'; et qu'enfin par uneoppli-* cation ukerieure , 1 ass'ortiment de la fig 47 se soit change en celui dc la fig. 46. Ces differens passages donneront 1 idee dc la maniere dont les crystaux secondaires pcuvent augmenter de vo- lume , en conservant leur forme, par on 1 on voit que la structure se combine avec cettc augmen- tation de volume , cnsorte que la ioi suivant laquelle toutcs les lames appliquees sur le noyau du crystal parvenu a ses plus grandes dimcnsi'ons /decroissent successivemcnt , en partant de ce poyau , existoit deja dans le crystal naissant. La tbcorie que je vicns d'exposer, semblable cn cela aux autres theories, part d un fait prin-» cipal dont elle faitdependre tous !es faits dumcme genre , qui n cn sent Cjue comme les cotollairesi Ce fait est le decroissemcnt des lames sur-ajoutees a la foime primitive, et cest en ramenant cc decroissemcnt a des loix simples , regulieres et susceptibles d un calcul rigoureux , que la theorie parvient a des rcsultats dout la verite est prouvee par la division mccanique des crysr taux et par lobsei'vation de leurs angles. Mais il resteroit de nouveilcs rccherghes a faire , pour ( 222 ) remonter encore de quelques pas vers les loix primitives auxquelles le Createur a soumis la crvstallisation , et qui ne sont elles-memcs autre chose que les etfcts immediats de sa volonte supreme. L'une de ces rtcherches auroit pour objet d'expliquer comment ces petits polyedrcs, qui sont comme les rudimens des crysiaux d'un volume sensible , representent tantot la forme primitive , sans aucune modification , tantot une forme sccondaire produite en vertu dune loi dc decroissement, etde determiner les circonstances auxquelles tiennent les decroissemens sur les bords , et celles qui amenent les decrojssemens sur les angles. Je me suis deja occupe de la solu- tion de ce probleme aussi delicat qu il est inte- ressant. Mais je nai encore a cet egard que des conjectures qui, pour meriter de voir le jour, demandcnt a etre verifiees par un travail plus cuivi et plus profondement medite. m;.^'La.'8itflf.' u jaatjaa^ Sur IHrosERis ViRGiNici. PI. 12. Par M. Lamarck. \SHjoscris Virginica de Linne n'ayantpas encore etc figure dans les ouvrages de Botanique ( au moins a notrc connoissance ) , nous avons cru utile ( csS ) a I'avancement dc la science , de le faire dessiner,' quoique d'apres le sec , ct d'en publier la figure , afin de le faive connoitre plus complettement , et de rendre avec precision Ic caracterc tout-a-fait ^■emarquable de ses fruits. En efFet , la double aigrette qui couronne ses semences est telle , qu'ou pourroit Temployer comme caractere propre a distinguer cette plante des autres Hyoserides, et a en faire un genre a part ; mais nous ne crovons pas qu'il soit toujours utile aux progres de la Botanique , de saisir dans les especes convena- blement rapprochees d'un genre, toutes les par- licularites qu'on peut remarquer dans leur fructi- fication , afin de distinguer les plantes qui les ofFrcnt, comme autant de genres particuliers. A cet egard , nous avons deja propose quelqucs regies propres a indiquer le parti qu'il convient de prendre dans des cas semblables. Vo)ci la fin du mot Genre , da?is 7non Diet. vol. 2 , pag. 65^. La plante dont il s'agit ici n'est qu'imparfaite-- mcnt glabre^ et a le. port dune petite espcce de Pissenlit. Ses feuilles eoni toutes radicales , oblon- gues ou lanceolees , profondement et irregulie-. rement decoupees en lyre, a lobe terminal plus oumoins pointu, et souvent deltoidc. Ces feuilles viehnent en touiTe , sont longues d'environ trois pouces, et ont des polls un peu rares , qui les font paroitre legerernent ciliees , principalement dan? ( 424 ) Icur partie Inferieure. II s'eleve d'entre ces ftuilles piusieurs hkmpes simples, uniflores, nues , gla- bres , et qui acquiercnt 6 ou 7 pouces de longueur. Lajleur en jciune , seiui-flosculeuse , a.demi-fl?u- rons syngcnesiques , tous hermaphrodites, poses •sur un receptacle nud. Son calice est tres-simplc , glabre , compose de 112 a 10 ccaillcs lanccolees , pointues , egales , vertes , un peu membraneuses isur les bords. Les snnences sont brunes, turbinees , obscure- ment tetragones , cannelees ou striees longitudi- nalemcnt; a cannelures granuleuses, legerement scabres. Toutes les scmences sont coutonnees d'une aisrrette double et sessile. J-^' aigrette exterieiire estcomposee decinqecailles ovales-arrondies , scarieuses, blanchatres', trans- parentes, disposees en urceole. IS interieiire cowsviic en 5 filets setaces, droits, un peu scabres , beaucoup plus longs que les ecailles. Cettc plante croit r.aturelleme'nt datis la-Virgi- nie , et dans quelques autres'^artics de I'Ameriquc scptentrionale. M. Micliaux'fils, en arappbrte dcs exemplaires en fruit qui nous ont ete communi- ques. La difference specifique quilconvientde lui assigner, pent s'exprimer par la phrase ^ui'vante. Hyoseris scopis unijloris , fol'iis lanceohtis lyrcitis ^ pappo diiplici : inter iofe 5-an'staid. -''' '^ Suite' ( 225 ) t ».' ■ , . , i o^iie de lExamen chijuiquc dei Caidres hUiits * et procide pour Us preparer. Par Mi Pelletier. .i-'-^p.-ici ^^ ' Synthest, ou recomposition des Cendres -bkiiei. -* :'■ ■ ' II ne suffisoit pas de saVcflf de quoi le^ Geritlrl:^ bleues etoient cotnposees , il falloit encore trosuvei Ic rheyen d' en f aire , c'etoitprincipalementle but d'd Ines recherches : Ton aura de la peine a;craird les.difficultes que j'ai renc&ntrees, ce n'est'ccT* tainement pas du premier essai que j y suis par* v^nu : j'ai eu a chercher le modus Jaciendi, le tout de main , si je puis ni'exprirner ainsi ,ef quels stmt les produits des arts quine demandenLfMaini une manipulation particuliere ? •-.;.- iy>. zur^.t ■ J'etois instruit que les Cendres bleues etotent pfeparees en Anglfet^rre par des personnes qui affinent Tor et Targent. L'on sait que ce genre de travail consiste a allier Tor a Targent , et a separer I'argent a I'kide de Tacide nitriqxre qui le dissout, sans attaquer Tor , Ton precipite ensuite Pargcnt a la faveur du cuivre, dontl'affinfle avet I'acide nitrique est plus forte ; laliqueUt qtiires'tC de ce travail est une dissolution de cuivre -pat N". 6. Ff (226) raclde nitrique ; c'est cette liqueur qui vraisem* blableraent leur sert a preparer la Cendre bleue. Je savois encore que Ton preparoit a Paris un bleu de cuivre bien inferieur aux Cendresbleues, en precipitant le sulfate de cuivre par la potasse, ct en faisant tourner ce precipite au bleu par le moyen.de la chaux et du sel ammoniac ; mais ce precipite verdit un peu a mesure qu'il seche ; M.Berthollet a aussi imprime dans un meraoire , ayant pour titre : Observations sur les combinaisons des Oxides metalliques avec les Alkalis et la Chaux ( meiTLoires de I'academie , annee 1788 ) que lorsque Ton mele de la chaux avec un precipite verdatre decuivre faitrecemment, et une quantite suflBsante d'eau , ce precipite prend avec le terns une couleur bleue qui approche beaucoup de la couleur bleue dc la Cendre bleue dont on se sert dans les arts. C'est doncd'apres ces diverses donnees , et d'apres I'analyse que j'avois fait des Ccndrcs bleues , que j'ai lente une suite d experiences qui m'ont enfin conduitau but que je metpis propose; je ne, detaillerai pas toutes celles que j aj tentees sans aucun succes , il en est cependant plusieurs dontje crois devoir parler , de celles particuliere- ment dont les resultats pcuvcnt etre de quelquc ^Jtiiite pour les arts. ( 227 ) Experiences. I. J ai precipite une dissolution de nitrate dc cuivre par le carbonate de potasse : j'ai obtenu un precipite verdatre ; ay ant ensuite ajoute au precipite un peu Je chaux en poudrc , ce precipite a pris une couleur bleue, mais par la dessication il a pris une teinte tirant plus sur le verd cjue suv le bleu ( cettc experience est a-peu-pres celle de M. BerthoUet. ) Si Ton precipite une dissolution de nitrate de cuivre par de Taikali parfaitenient sature d'acide carbonique , le precipite est dim verd bcaucoup plus fence ; et la liqueur tient en dissolution un peu de cuivre ; cette dissolution s'opere a la faveur du carbonate de potasse. II. J'ai precipite une dissolution de nitrate de cuivre par la soude et la potasse pure ou caiis- tique , les precipites que j'ai obtenu etoient d'une couleur d'un bleu verdatre , tres-agreablc a Tceil, on pourroit les employer dans la peinture sur les papiers et autres ; en triturant ces precipites avec un peu de chaux vive , on parvient a leur donner une couleur bleue meme assez foncee , mais en sechant i!s verdissent un peu ; le resultat de ces diverscs experiences etoit , comme ion voit , une cspece de Cendre bleue , mais en les Ff 2 ( 2aS ) comparant avec celles d'Anglctcrrc , j'y trouvois une petite difference. III. J"ai mis dans une dissolution de nitrate de cui\'re un morceau de carbonate de chaux'ou craie ; au bout de quelques jours , il avoit pris une couleur verte tres-bclle , et il ressembloit 3 un morceau de malachite. IV. J'ai precipite par la chaux une dissolution de nitrate de cuivre , preparee en faisant dissoudre du cuivre a froid dans lacide nitrique ; la preci- pitation a eu lieu avec des phenomenes bien sin- guliers , tantot j'avois un precipite dun beau bleu , une autre fois le precipite etoit d'un verd assez fonce , et quelquefois enfin le precipile etoit d'un verd pale ; quoique j'eraployasse et la meme chaux et la meme dissolution de cuivre. C'eSt en examinant avec attention ces divers phenomenes , que je suis parvenu a avoir un proceap constant pour faire les Cendres bleues , je vais fairc con- noitre les causes de ces resultats si dissemblables , ils sont essentiellement dus aux proportions de fhaux et de dissolution de cuivre que je melan- geois. Ion en sera bien plus convaincu, d'aprcsi le court expose des experiences que j'a; fait k, ce syjet. A. J'ai rnis daiis une once six gros de dissOr- ^■yflQii de iijtrate dc cuivre ( qui donnoit 20 degres; I 229 ) a Tareometre de M. Beaume pour les scls ) deux gros de cliaux , en triturant ce melange , il a pris une couleur bleue : j ai separe le precipite par la filtration ; lorsqu'il a ete sec, il etoit d'une cou- leur bleu tendre : il pesoit trois gros 41 grains : dans cctte experience Ic nitrate de cuivre a etc decompose en totalite. B. A deux onces cinq gros de la meme disso- lution dc nitrate de cuivre , j'ai mis deux gros dc chaux : le melange etoit d un beau bleu; le pre- cipite lave et seche etoit d'un bleu plus vif que celui de Texperience precedente , il pesoit 4 gros 27 grains : la dissolution de nitrate a ete de meme decomposee en totalite. C. A 3 onces 4 gros de dissolution de nitrate de cuivre, j ai mis 2 gros de chaux : le melange a pris une couleur dun bleu tirant sur le verd : le precipite etant sec, etoit plus verd que bleu : il pesoit 4 gros 61 grains : la totalite de la dissolu-r (.ion du nitrate de cuivre a etc decomposee. D. A 4 onces 3 gros de dissolution de nitrate de cuivre, j ai ajoute 2 gros de chaux : le preci- pite seche etoit dun verd pale , et il pesoit 5 gros : le nitrate de cuivre ^ ete aussi decompose en totalite. E. A 5 onces 2 gros de dissolution de nitrate de cuivre , j'ai ajoute 2 gros de chaux : le nitrate ( 25o ) a ete decompose en totalite : le precipite etant sec, pesoit 5 gros 16 grains : sa couleur etoit un verd pale. F. A 6 onces un gros de la meme dissolution cuivreuse , j ai ajoute 2 gros de chaux en poudre, ayant soin , comme dans les experifences prece- dences, de bien triturer le melange : la dissolu- tion n'a pas ete decomposee en totalite , le pre- cipite d'un verd tres-pale pesoit cinq gros 16 grains. L'on voit, d'apres ces experiences , que lorsque j'augmentois les proportions du nitrate de cuivre en conservant celle de chaux , alors les precipites passoient du bleu au verd ; que lorsque la disso- lution de cuivre etoit mise en exces , ou lorsque la chaux n etoit pas emplovee en quantite suffi- suntepour la decomposer entiereraent , alors le precipite etoit d"un verd tres-pale ; que lorsquau contraire jemployois plus de chaux qu'il n'en falloit pour decomposer la totalite de la dissolu- tion du nitrate de cuivre , alors le precipite etoit d'un bleu plus ou moins fonce ; ces observations 'mindiquoient deja , comme on peut le voir , la marche quej'avois a suivre pour faire laCendre. blcue. Je vais maintenant decrire les proeedes qui m'ont le mieux reussi. ( 23l ) . Preparation des cendres bleues. Je fais dissoudre a froid du cuivre dans de Tacide nitrique afFoibli, afin davoir une disso- lution cuivreuse pareille a celle que Ton obtient dans les travaux du depart. J'ajoute ensuite a cette liqueur de la chaux en poudre , et j'ai soin d'agiter le melange pour faciliter la deeompositioii du nitrate de cuivre , j'ai soin encore de mettre un petit exces de nitrate , afin que toute la chaux soit absorbee , et afin que le precipite qui a lieu ( dans rinstant meme du melange ) soit un pur precipite de cuivre. Je laisse deposer le precipite , je decante la liqueur qui le surnage ( qui est du nitrate de chaux) je le lave a plusieurs reprises, jusqua ce qu'enfin, il se trouve bien edulcore je mets alors le tout sur un lingc , pour que le precipite puisse s'egouter. C'est avec ce precipite, qui est cVune couleur dun verd tendre , que je prepare. les Cendres bleues. Pour cet efFet , j"en prends une certainc quantite , que je mets sur une pierre a broyer , ou bien dans un grand mortier; j'y ajoute ensuite un peu de chaux vive en ppudre , ce melange prend par la trituration, et dans Tinstant ujie couleur bleue tres-vivc. Si le precipite etoii trop sec , ou meme tout-a-fait sec , j'ajoute une tres-petite quantite d'eau , afin ( 252 ) que le melange forme utie especc de pate un peii liquide et facile a broyer , la quantite de cliaux que j 'employe est de 5 a lo par loo de precipite. inais j'ai un moyen certain de ne pas en mettre tin exces , c'est de faire secher une tres-petite quantite de melange , soit au soleil o'u'bieh dans un endroit chaud , pendant Ic tems merae que Ton continue a le broyer , et si par la desi5icatioi;» il prend une teinte trop claire , alors Ton peut ajouter une petite quantite de precipite de cuivrei en observant que la vivacite du bleu ne s'affoi- blisse:jefais ensuite secher le tout, et comme je n'ai employe que peu d'eau, la dessication en estprompte ; c'est par ce moyen que jVobtlcn*- dcs Cendres bleues absolument semblables et meme supeficures a celles que Ton nous envoie d'Angleterre , traitees de meme avec les aci.des , elles s'y dissolvent en totalite avec effervescence ; et elles donnent de I'acide carbonique : I'dn ne peut done mecon'noitre dans leur fprmatiop , oil une production, ou une prompte, absorption de cet air. J'examinevai ce phenomene Jans un autre moment , il me suffit pour I'instant de faire re- marquer que la lumiere n'influe en rien dans la couleur qu'elles prennent ; comme plusieurs chy- raistes etoient assez disposes. a le croire , Feffefest instantane , il a lieu a I'obscurite , et il est meme si { 253 ) SI prompt , que Ton ne peut supjioser qite ii lumiere vienne y contribuer pour quelque chose. Dans mes premiers essais je preparois les Cen- 'dres bleues , soil en triturant un melange dd nitrate de Cuivre et de cliaux pure , soit encore en precipitant par Talkali caustique une dissolu- tion de nitrate de cuivre que j'avois passe sur de la chaux vive, et qui se trouvoit, d'apres cela , contenir du nitrate de chaux; pii- tes deux der-* liiers procedes , j'etois parvenu a preparer de la Cendre bleue. Mais aujourd hui'^ je donne la preference a celui que je viens de decrire , parce' que , outre qu'il donne un resultat plus cons- tant , il ne demande point de grands tatonne- mens , et il est tres-economique. Je suis aussi parvenu a faire des Cendres bleues , en faisant tourner au bleu par I'addition dun peu de chaux , le precipite obtenu de la decomposition du muriate de cuivre par la chaux. Cette experience est tres-importante dans ce mo- ment , ou des etablissemens de sel de sonde , "obtenu en decomposant le sel marin , vont mettre dans le commerce une grande quantiie d'acide marin a un prix bien inferieur a celai de Taclde nitreux. Je revlendrai sur cet objet , ayant eu occasion de faire diverses observations , en fai- sant dissoudre dans Tacide marin , soit le cuivre N". 6. G a- O •( 234 ) en nature , soit I'oxide de cuivre , ou ecailles dc cuivre. J'ai aussi prepare dcs precipites bleux en de- composant par de la potasse caustique une dis- solution de nitrate de cuivre , a laquelle j ajoutois du nitrate de chaux, mais ces precipites tour- nent un peu au verd dans leur dessication ; ils sont ccpendant dune couleur agreable , et on pourroit les, employer dans la peinture. J'ai encor^. prepare des precipites de cuivre, en decomposant p^r la potasse caustique des disso- lutions de cuivre faites dans divers acides , et j'ai cherche a les faire tourner au bleu par le moyen de la chaux. L'on parvient bien par cette addi- tion a Icur donner une teinte bleue , mais ils poussent au verd dans la dessication , ce qui n'a pas lieu par le precede que j'ai decrit dans les Cendres bleues. Je me propose de suivre ces der- nieres experiences, et d'examinera quoi peuvent tenir les phenomenes qu'elles m'ont offert. L on jugera maintenant qu'il sera possible d'etablir abon compte les Cendres bleues, meme en preparant expres le nitrate de cuivre , et si le privilege exclusif de I'affinage accorde a un seul etablissement, ncpeutlong-tems exister, d'apres le nouveau regime ; les particuliers qui auront pour lors la liberte d affiner les matiercs dor et (.35) d'argent , trouveront a tirer un parti utile eC kicratif de la dissolution du nitrate de cuivrc , en Temployant a faire des Cendres bleues. Cc precede leur sera meme d autant plus avanta- geux , que lorsque Taffinage sera entre plusieurs mains, il ne seroitplus possible alors de songer a trailer la dissolution de nitrate de cuivre par le precede que Ton suit aujourd'hui a I'affinage de Paris, lequel consiste a la distiller pour en ob- tenir le cuivre et I'acide nitreux en partie ; ce qui exige des frais que des etablissemens particuliers ne pourroient supporter. ^^^' "" II me reste a parler du Bleu de montagne ct des crystaux d'azur ; j'ai quelquefois rencontre dans I'analyse que j'ai fait du Bleu de jnontagne un peu de chaux , mais les crystaux d'azur bien choisis r^e m'en ont point fourni ; j'ai trouve que ces dernieres contenoient au lOo : S A V O I R. Cuivre pur 66 a 70, Acide carboniquc. . . i8 a 20. Eau environ. ..... 2, Oxigene 8 a 10. II resulte de cette derniere observation que Ton nc doit point attribuer la eouleur bleue des Grg a ( 236 ) crystaux d'aznr des Cendres bleues et du bleu dc montagne a une combinaison particuliere de I'oxide de cuivre , de la chaux, et de lacide car- bonique , mals plutot a un certain degre d'oxi- dation de cuivre ; ainsi , lorsque la chaux fait tourner au bleu le precipite obtenu du nitrate de cuivre par la chaux , c est en agissant sur lui d'une maniere quelconque ; je serois assez dis- pose a ctoire que , dans cette circonstance , la chaux vient des-oxigener , Foxide de cuivre^ cette opinion, me paroit d'autant plus vraisem-r blable, que lorsque j'ai voulu tiaiter ^vec Toxide d'arsenic ( le meme precipite qui, avec la chaux, ine donnoit une couleur bleue ) alors le preci- pite prenoit une couleur verte ; il seroit trop lone d'entrer dans des details d'experiences analo-r gues : j'y reviendrai dans un autre moment; j'observerai pour i instant que lorsque le preci-: pile de cuivre est sur-oxigene et uni a I'acidc carbonique, alors la chaux ne change nullement sa couleur : ainsi la malichite ne passe pas au bleu en la traitant avec la chaux. Conclusion. Jc conclurai done que c'est en traitant avec \^ chaux, le precipite obtenu de la decompgsitioi^ ^u nitrate, dq cuivre par la chaux que Ion par-:[ ( ^57 -) vieni, a fairc les Cendres bleues ; je conclurai encore que la lumiere ne contribue en rien dans leur couleur bleue , et comme api'es leur dessi- cation elles se trouvent saturees d'acide carbo- nique, je les regarde comme un compose de farbqnatc dc cbaux et de carbonate dc cuivre ^ i la difference des crystaux d azur, qui ne sont que du carbonate de cuivre pur , et a la difference ,de la malachite, que Ton peut considerer comme un carbonate oxigene de cuivre, Notices douvrages sur rHistoire Katurdlc , publics en Ailemagne. ' '• -Par M. W I l l e m e t. Description physique de la contree de la T'auride ^ rclativement a-ux trois regncs dc la nature, pour servir dc suite a rhistoire des decouvcrtes faites pai- divers savans,voyageurs dans piusieurs cpntrees dc la Russic et dc la Perse. A Berne ct a la Haye,. chez Vancleef, et sc trouvc a Neuwied, sur le Rhin , chcz la Socicte typographiquc, zw-8° d^ 998 pages. .rj»a. traduction frangoise de cet ecrit Russe , pu? feiie en 17^9 , vient sculement 4c nous parvenir, ( 238 ) * ■ L'ouvrage entler nc pcut que contribuer a Taug- raentation des connoissances dans la science qui a pour but la nature. Independammeht des ricbesses mineralogiques et zoologiques de la Tauride , les plantes de toutes especes y sont en abondancc ; Ton y trouvc naturellcment les especes suivantcs : Ic Porte-chapeau , (Rhamnus paliurus L.) le Fustet. ( Rhus cotinus L. ) ; le Poirier feuille cColivier sau' vage ( pyrus salicifolia. Pallas) \\t'Poivrier sauvage ( Vitex agnus castus L. ) la harbe de renard ( Astra- gallus tragacantba L. ) ; Y Absinthe blanche ( arte- misia alba. Pd;//a5 ). Les sources salees , situecs sor les cimes des moHtagncs de la Tauride, rapportent de leur sein du petrolc qui surnage ensuite de I'eau dans des bassins creases autour d'elles. Ce petrole est si volatil , qu'il repand ses vapeurs a des distances tres-considerables. Stephani Lumnitter. M. D. Flora posoriiensis , se- cundum sy sterna sexuale Linneanum. Flore de Presbourg , redigee sur le systemc sexuel de Linne.'par M. Etienne Lumnitzer-, docteur en medecine. A Leipsick , et se trouve , a Strasbourg , chez Armand Koenig , m-8". 6 liv. Dans cette Flore des environs de Presbourg , M. Lumnitzer a suivi la derniere edition du sys- temc des vcgetaux de Linne, publiee par Murr^iy. ( 239 ) pour rarrangement methodiquc dc ses plantes , k I'cxception de quelques genres qu'il a etabli d'apres Wildenow , dans sa Flore de Berlin , tels que le Pollichia et le Taraxacum. II a egalement suivi , par rapport aux plantes cryptogames , la methode de Hedwig , a Fexceptlon des fougercs , pour les- quelles il a encore suivi Linne. Une seule figure orne cette Flore , c'est Timage du Smyrnium per" Joliatum. L. dont on ne connoit qu'une figure im- parfaitc dans Mathiole sur Dioscoride. Flora Rossica , etc. Flore de la Russic , ou des- cription des plantes de FEurope et de TAsie , indi- genes de I'Empire Russe ; entrcprise par ordre et sous les auspices de I'lmperatrice Catherine IT. Par P. J. Pallas. A Francfort et a Leipsick , chez- Fleischer ; a Neuwied , sur le Rhin , chez la Societe Typographiquc , torn. I, parties i et 2 , /?i-8°. Cette petite edition de la Flore Russe est faitc en faveur des amateurs qui ne peuvent se pro- curer la riche et magnifique , imprimee a Pe- tersbourg , in-Jolio , avec des planches superbes. Elle renferme le meme textc. Pallas , naturaliste distingue, y decrit les differentes plantes qui se trouvent dans la plus grande partie de Themis- phere du Nord; c'est-a-dire de la Russie d^Europe, de la grande et petite Tartaric , du Caucase , et ( Ho ) fljtns toute I'etendue dc la Siberic , en y com- prenant les isles qui sont au voisinage du Kams- chatka. Caroli a Linne", etc. Genera plant arum, fdiiio 8a. post Reichardianum seciinda. Curante , D. J. Chris- tiam Daniele Schreber. A Francfort= sur-le-Mein , ct sc trouve a Strasbourg , chez Amand Koenig ,. 1791 , m-8°, 2 volumes. M. Schreber a profite , pour la redaction dc Cet excellent ouvrage , dc toutes les connoissances et des decouvertcs nouvcUes faites en Botanique depuis quelque tems. Les travaux de M. Swartz , concernant les plantes des Indes , ceux de M; Hedwig , relativement a la Cryptogamie , dont les plantes de cetie classe ont rcgu entre ses mains une nouvellc existence , d^unc richessc in- croyable pour I'Histoirc Naturelle. A la fin du second volwme se trouve un nombrei de plus de 80 genres nouvellement decrits , aVec leur caractere naturel et leur synonymic. Pour se procurer ces difFerens ouvrages, onpeut s'adresser aux Directeurs de Vlmprlmerie du Cercle Socbial. ^x. ■^,- ■"" ^ "V . ^ 1 ^ ^ V 1 — 1 % u ^ ^ N . V 1 1 ( "s ^ ^ -1^ ■ I '. 4 1 ■s^ A i •mill N "Tj M . V' - < O H ^ <1 >- 4 ■i r ■ £ N SI , ^J ^ l- * 5 ^1 ! ■*, > ^ >, s $. ^ » -1 ^ o ^ s >■'■ H S" 1 1 #> -! ? f-T* ' 'V -^ ^ ^ "s '; \ % A ^ ^ N " J 1 .._ *v ^^ 1^ ■^»- ]5» ~~ 5=, »> = r •. * 1 1 .^ :> -^ ^S % -.^ 0-^ 3 )>■ i,| I I I I I r -s^ 2 0 N X h4 . '■/• i^ ■^ o " •Is h; '^ ' H rj k !5 ■^p; — -^ . ^ ]5^ -T H\()SCriS ///■'//'///< a PI i: /'/(/(.;/.;,/.■././. /)<'/l'f/ ./ .///'<■u///.t/ '( HI ) /Second Memoire siir lutiliti dc tetiide des Jjisectes , rdaiivement a I Agriculture et aiix Arts. Par G. a. Olivier, D. M. Utilite des Insectes. On a du sans doute reconnoitre , par ce qu^ nous avons dit dans le Memoire precedent , la necessite d'etudier les Insectes , afih de nous 'rnettrc a I'abri dt leurs attaques et de leurs ra- vages. Cette necessite seroit encore inie^x Tecon- nue , si nous montrions combien cette etude' peut ■servir, non - seulement a Tutilite mais adi'agre- ment. Cependant nous croyons devoir ecarter c-e •"dernier point de vue , quelqu'interessanf' qu'il soit, pour nous oGcuper seulement decerui qui a plus Ic droit de fixer 1 altjention de nos leeteurs. En presentant rapidement le tableaii des a van- tages que Ton retire des Insectes ,-nous I'erons remarquer d abord que plusieurs servent de nour- ritnre aux hommes. Les habitans des deux Indes Tegardent les larvescluCharanson-palmistecommc un mets delicat. Les Remains engraissoient avec de la farine , des larves de Coleopteres , qii'ils •retiroient des troncs d'arbres caries, et qu'ils dt- «ignoient sous le nom de Cosstis. Les.historicns-, N^ 7' Hh ( ^4-2 ) dint anciens que moderncs , font mention de quelques especes de grosses Sauterelles , com- munes dans rOrient et en Afrique , dont la cliair est regardee conime un mets excellent paries ha- bitans de quelques contrees steriles. Mais ce n'est pas aux Indes seulement que les Insectes ser- vent de nourriture a rhomme.Personne n ignore avec quel gout les Europeens niangcnt les Ecre- visses ,' les Crabes , les Crevcttes , ct ce sue delicieux que les Abeilles novis fournissent. . Les anciens ont fait un plus grand usage du tniel qivC' les modernes. La facilite avec laquelle on peut avoir du sucrc aujourdhui , fait que le miel n-est pas d'un usage aussi general et avissi etendu- quil devroit Tetre. Cependant on sen. sert encore dans plusieurs oc'^asions , et peut- etre seroit-il a desirer que la preference qu'on. a donnee au sucre fut beaucoup plus bornee. Corabien souvent ie gout , autant que I'econo- inie, pourroit reclamer 1 usage du miel ! Le sucre a non seulement fait negliger le miel d'Europe , mais il a meme empeche de faire aucun visage de ceux que les contrees chaudes pour- roient nous fournir. II existe a la Guyane , une Abeille noire , beaucoup plus petite que cellc d'Eufope , dont le miel brun , tres-abondant , ne le cede point pour la saveur , a celui d'Europe, ( 243 ) M. Bruguiere a vu a Madagascar un miel vert," coulant , dune saveur tres - agreable , nomme tentelly par les habitans de 1 isle. LAbeille qui le produit est plus petite que celle d Europe , d'une forme et d une couieur difierentes. Les Madecasses font uu grand usage de ce miel , et il paroit etre si aboudant , que M. Bruguiere sen est toujours procure, meme dans les moin- dres habitations. M. Geoflrov fils , a trouve au Senegal , une espece de miel a-peu-pres sembla- ble a celui d Europe , mais il n"a pu s assurer si 1 Abeille est differente de la notre. Peut-etre que le philosophe , qui- ne voit dans Ic produit du ver - a - soie , cju'un objet superflu et meme dangereux du luxe , doit bien plus apprecier le produit de 1 Abeille. Gepen- dant il nen est pas moins vrai ciue cette che- nille , en fournissant la matiere des vetemens les plus riches et les plus recherches , est devenue bien precieuse aux yeux de reconomiste. L'on a connu cet Insecte et son tissu , dans les tems les plus recules , parmi les Chinois, les Siamois et les Tartares. Cependant la soie n a pas laisse d'etre extremement rare , en Europe, pendant long-terns , soit parce que Ton manquoit d'ins- trumens ou d instructions necessaires pour la filer et pour la travailler , soit parce que Ton Hh a ( 244 ) ne faisoit aucun comraerce avec Ics peuples qui seuls possedoient cettc matiere precieuse. Mais depuis quelque tcms la sole est devenue une des principales branches de commerce de la France, de ritalie et de TEspagne. . On a fait diverses tentatives pour mettre a profit rindustrie des Araignees. Reaumur, cliarge par I'Academie des Sciences , de suivre ce travail , a prouve c^u'il n'y avoit que les coques tilees autour des ceufs qui pussent etre mises en ceuvre. M. Val- mont de Bomare a presente depuis peu a laSociete d Agriculture , des coques d'Araignee, envoyees de I'Amerique , qui paroissent tres propres a etrc filees. Mais , outre que les femelles feroient seules de pareilles coques , la haine que ccs Inscctes se portent entr'eux, ote tout espoir de les elever, ct den obtenir une matiere assez abondantc pour devenir un objet interessant. II existc sans doute bcaucoup d'autres chenilles que celles du vcr^a-soie , dont les coques pour- roient nous etre plus utiles que celles des Arai- gnees , si nous savlons ou si nous voulions ap- prendre a les employer et a les mettre en ceuvre. C'est sur-tout dans I'etudc des Insectes et dans U contemplation de leurs' produits , qu'on trouve souvent i'occasion de juger combien Thomme est encore loin de profiter de ■ ut Tavantage que la (245) Nature lui a donne sur les autres etres , et com- bien il a peu fait encore pour donner a son Industrie tout son developpement, Pourquoi 1 Europeen , si actif et si industrieux , ne cherche-t-il pas a mcttre a. profit , non-seulement Ics productions de son sol , mais cellcs dcs autres contrees de la terrc , plus favorisees que TEurope ? Ainsi ne pourroit-il pas tirer parti de la Chenille a soic deMadagascar, qui , difFercnte de la notrc, produit un cocon plus petit , rond , trcs-dur et dun blanc nacre? M. Bru- guiere, dequi je tiens cncort: ces details, a vu dc cette sole en bordure , sur des -pagncs fabriquees dans le pays , et qui lui a paru aussi fine et beau- coup plus forte que celle de nos plus belles etoftes de soie. Cette Chenille se nourrit des feuilles du Casufirina equisetifoliaLiXN. Elle nait sur cct arbrc , y vit, et finit par y attacher son cocon. Nous pourrions sans doute cspercr de naturaliser au midi de la France , en Corse , oii dans nos Colo- nies, cette nouvelle espcce de Chenille, y trans- porter Tarbre , et tenter meme de la nourrir avec i'Ephedra, ou les feuilles de Pin , qui ne parois- sent pas avoir plus de durete , et ont a-peu-pres la meme saveur que les feuilles du Casunrina. Et combien d'autres especes de Chenilles dans les climats brulans de I'Afrique et de 1 Amerique, ne soat-elks pas propres a fuurmr une matiere aussi { ^46 ) belle que lasoic! J'ai re^u de Cayenne une matiere soyeuse tres-propre a etrefilee, etproduite par un Insecte que jc ne connois pas encore. La plupart dcs Chenilles , qui vivcnt en societe , construisent des nids dc soie , dont Tindustric hu- maine n a pas encore su tirer parti , ct qui cepen- dant la soUicitent depuis long-tems. Reaumur a fait divers essais , qui ne laissent la-dessus aucun doute ; ii a prouve qu'on peut carder et filer avec avantage ces nids , et qu'on en reiireroit une ma- tiere moins belle a la verite , mais moins chere et plus utile que la soie. Le miel n'est pas la seule production des Abeilles. La cire que ceslnsectes fournissent est d'un usage sietendu, soitdans les arts, soit dans la medecine, qu il seroit tres-difficile de nous en passer. Presque toutes les especes d'Abeilles construisent leurs nids avec une cire plus ou moins belle, et I'espece de la Guyane fait le sien a decouvert, en employant une cire brune plus grossiere que celle d'Europe, mais qui seroit sans doute propre a divers usages economiques. La plupart des Guepes pourroient aussi nous engager a tirer parti de leur Industrie dans la facture des cartons et du papier. Dans la province de Yucatan , sur le golfe du Mexique, les Indiens retirent un vernis tres-beau , enfaisantbouillir dans un chaucieron plein d'eau , ( 247 ) unc especc dc Chenille qui se trouve sur quelquea arbres de ce pays. L'ebullition detache et fait sur-" nager ce vernls , qu'on retire , et qu'on emploie ensuite. Quelques autres Chenilles fileuses , sou- riiises a la meme epreuve , donneroient peut-etre le meme resultat. Pourrions-nous passer sous silence cet Insecte precieux auquel on doit la telnture de Tecarlate, si au-des3us de la pourpre des anciens? Et meme, relativement a cet objet, pourrions-nous ne pas jetter quelques reproches sur Tindifference des Nations modernes , si jalouscs cependant deten- dre les branches de leur commerce, et d'accroitre Icurs richesses par la conquete de nouveaux pro- duits commerciaux ? Nous etions parvenus, il est vrai, apres bien des peines et des perils , a nous procurer, a S. Domingue , la veritable Cochenille du Mexique; mais dans un terns ou I'administra- tion veilloit si peu a Finteret public , et oii les administrateurs ne s'occupoient que de leurs in- terets particuliers , on a laisse perir cet Insecte, et on n'a plus dans cette isle, que la Cochenille silvestre. On ne salt pas meme encore si cettc" Cochenille n'est qu'une variete de Tautre , ou'si c'cst une cspece difFerente. On n'a pas encore fait des tentatives suffisantes , aha de reconnoitre si la culture et les soins pourroient donner a cette i ( 24S ) Cochenille silvestre , la perfection et la beaute dc Tautre; et cependant cette branche de comrnerce est un objet de la plus grande importance ; puis- qu il est prouve que Its Espagnols fournissent pour la valeur de plus de dix millions de livres tournois de Cochenille. Presque toutes les Cochenilles et tous les Kermes fournissent une couleur plus ou moins belle , plus ou moins vive : tels sont le Kermes de Pologne, ou graine d'ecarlatc , le Kermes des d^spartemens meridionaux de la France , • un aiitre dent les Russes savent tirer un beau cramoisi. Mais la beaute de la couleur de laCochenill^ duMexique a fait negliger beaucoup d'autres especespropresa la teinture. Cependant nous devdns peut-etre nous plaindre de ce que Ton donne a la Cochenille Americaine une preference si absolue , qui empechc I'usage de tant de nouveaux moyens de sc pro* curer dautres substances colorantcs, moins vives, il est vrai, mais bicn moins couteuses, et qui sont I plus a notre portee. Selon quelques voyageurs , les Orientaux retirent dcs vessies du Lentisque ; produites par la piquure d'un Insecte , un rouge tres-bcau , pat des procedes que nous ignorons encore. Enfin , il est permis de croire ct dc pu-* blier que c'est dun Insecte aile que Ion retire cette substance, nommee Goimiic lacqne , dont on , sc ( ^9 ) se sert pour teindre en rouge. On salt aussi dfi- quel usage sont pour la tein tare noire, les galles, ces tubetosites qui naissent sur les differentes parties des vegetaux , et qui sont occasionneei, par la piquure et le sejour des Insectes. II faut avouer que les avantages que nous re- tirons des Insectes, sqnt bien loin de compenser les maux qu'ils nous occasionnent. Mais combien sommes-nqius eloignes d'avoir sonde la Nature a cet egard , et d'avoir rendu les Insectes aussi utiles qu'ils pourroicnt 1 etrc! Tant que ncus en ferons un objet de dedain , tant qu'ils ne seront pas Tobjet de nos observations assidnes, dune etude constante et generalement repandue, nous n'aurons que le droit injuste de nous plaindre d'eux. Et quel nouveau motif de reproche n'aui;^ rons-nous pas a manifester a 1 egard des savans , lorsque nous consideierons que presque toutes les decouvertes utiles et interessantes auxquelles les Insectes ont donne lieu , sont Touvrage de ceux qui n'avoient point cultive les sciences. Ainsi , sur les bords de I'Afiique , les habitans a demi-sauvages de ces contrees savent se servir dune espece de Carabe , pour composer un savon qui a les memes proprietes que le notre. Sans doutc , moins on a cherche a etudier les Insectes , plus on doit des eloges au petit norabre de ceux N". 7. li f 25o ) Qui se sont appliques a nous mo.ntrer comt>iert ils doivent nous mtercsser , autant par leurs ha- bitudes que par leurs proprietes. Et, a cet egard, quelle reconnoissance ne devons - nous pas a Reaumur, dont les ouvrages sont si prppres a constater la verite que nous voudrions repandre ! Combien ses travaux sur les Insectes n'ont-ils pas etendu I'horison de nos idees et de nos jouissances ! Si nous passons maintenant a Tutilite des In-. Sectes , dans la Medccine , nous avouevons ae meme que les Medecins n'ont pas encore fait sur ces petits animaux , toutes les recherche.s,, tous les emplois utiles auxquels ils pourroient etrc soumis , quoique cependant ils soient d'un usage plus commun dans cet art que dans les autres, Un grand nombre , par exemple , pourroit servir de vesicatoires , de sinapisiues. Ouelques-uns , moins acres que les Cantharides , pourroient etre pris interieurement avec bien plus de succes. Toutes les especes de Cantharides , de Mylabres , et la plupart des Carabes , des Cicindcles, des. « Tenebrions , pourroient etre employes comme ' m vesicatoires. Les anciens faisoient usage du Pros- carabe contre la rage ; ils employoient une Can- tharide differente de la notre , commune dans tout rOrient. lis faisoient aussi infuser dans II ( s51 ) riiuile d'ollves plusieurs Insectes dlfFerens , et sen servoient pour divers maux , tant internes qu'externes. Les Cloportes , les Fourmis , les . Kermes ont ete de tous les tems , d'un usage tres-repandu. La poudre de divers Insectes etoit de meme employee comuie pessaire dans quel- ques maladies des femmes. Si nous consultons les auteurs anciens , nous voyons qu'on employoit autrefois un plus grand nombre dlnsectes que de nos jours , et cependant nous croyons qu'on pourroit en augmenter considerablement le nom- bre. Mais ce nest pas des Insectes seulement dont la Medecine se sert avec quelques succes, elle pcut tirer aussi un grand avantage de leurs pro- duits. La cire , le miel , la soie , les toiles d'Arai- gnees , sont des moyens nons raoins utiles dans les mains du Chirurgien que dans celies du Medecin. Tel est le tableau des avantages que les Insectes procurent a riiorame, tableau que nous aurions voulu beaucoup plus etendre. Mais ii n'en est pas moins vrai de dire que les Insectes doivent etre consideres comme une mine presque encore vierge, et que si Ton vouloit enfin s'appliquer a I'ex- ploiter avec autant de constance que d'instruc- tion, on pourtoit trouver le moyen de les fairc servir utilement a la plupart des arts. Ii a ( 252 ) Nous ne devons pas sans doute rcnfermei: Tutilite des Insectes , dans le cercle borne de I'industrie humaine. En nous elevant aux vues generales qui doivent etre propres au Naturalistc, en presentant les Insectes reunis en masse , et places dans la serie des etres , quel role impor- tant ne doiventTils pas jouer sur le vaste theatre du raonde et dans les scenes combinees de la Nature! Ne devons-nous pas les considerer aussi comme des ministres quelle a charges speciale- ment de concourir a ses vucs de conservation, d'ordre et d'harmonie ? En servant de pature a plusieurs autres animaux, ou en servant eux- memes a leur propre pature , ne doivent-i|s pas garantir le maintien et Tequilibre des especes? Ne paroissent^ils pas destines a faire rentrer dans la circulation de la vie , tous les debris que la mort entasse sans cesse? En accelerant la decom- position des substances vegetales et animales, ne SOnt-ils pas des especes de tremies qui fournis- sgnt a la reproduction , les molecules nouvelles quelle exige ? Ne sont-ils pas comme des eponges naturelles qui doivent purifier 1 air et I'eau , en ^ttirant les vapeurs ou miasmes pernicieux qui y §ont repandus ? En effet, combien la putrefactiori jie rendroir-dle pas peut-etre le sejour de la terre JphalDitable , si les Insectes pe se hatoient dg la i ( 253 ) delivrer a cliaque instant, de tous les fermena putrescibles que les cadavres et les marais ren-« ferment ! DESCRIPTION D'une noiivelk espcce de To RtUE de Cayenne. Par J. G. Bruguiere. Le genre de la Tortue est beaucoup plus nom- breux en especes qu on le pense communement ; on en trouve par -tout, excepte dans les pays froids , mals c est principalemcnt dans les lacs et les marecages de la zone I'oiride que leurs especes sent plus varices dans leur forme, plus nombreuses et plus fecondes qu ailleurs. Les iiabitans de Cayenne , outre les Toriues de met communes aux cotes de 1 Amerique , en connois-« sent encore onze especes dans les rivieres du continent qui les avoisine , et il est vraisem- blable que , ne comprenant dans ce nombre que celles dont le volume est assez considerable pour etre apper^ues de loin, ou celles dont ils font usage dans les alimens, ils negligent les autres, dontlapetitesse ou les mauvaises qualites ne leur piesenteroient pas les raemes avantages. ( 254 ) \ "LdiTorlue dont je vais parler apparticnt a ceg tnemcs contiees , elle est nommee Matamata par les Natuiels du pays, et se distingue des autres, tant marines que fluviatiles, par la saillie extraor- dinaire du corps de Tanimal hors de son test, qui est telle , que dans les instans de contraction , et meme iorsqu'il se sent blesse , il ne pent en falre rentrer qu'une petite partie ; il en dilFere aussi par la largeur et Taplatissement dispropor- tionnes de sa tete avec les autres parties du corps , par la configuration de son museau , et enfin par la grosseur de son col et par les appendices franges dont il est orne sur les cotes , au-dessous de sa gorge, et ra^e jusqu'aux bords de sa ma- clioire inferieure. Quoiquil semble , d'apres cette organisation, ' qu'on ne peut comparer cette T'ortut a aucune connue , il n'en est pas moins vral cependant que plusieurs motifs se reunissent pour faire douter si ce ne seroit pas la meme que Linne a designee sous le nom de Testudo scorpioides. On voit , .par la courte description (i) de cet auteur , c^ue le ( I ) Testudo scorpioides ; pedibus suhdigitads , fronte callosa triloba, cauda. unguiculata. Habitat Surinami. Rescript. Testa ovalioblonga nigra.; dorso quasi angulis tribus obsoletis. Scuta dorsalia figura clypcorum nobilium. Caput atiticc tectum callo , qui postice tnlobusest. Pedis 5-5 ( 2^5 ) test de sa Tortue, d'une forme ovale oblongue^' portc trois angles longitudinaux peu scnsibles a sa convexlte , et que les ecailles dont il est reyctu ressemblent par leur figure a des ecusspns d'ar- moirie ; que sa tete est couverte dune callosite trilobee sur le derriere , que ses pi.eds sont munis de cinq doigts armes d'ongles aigus , excepte Id doigt intericur des pieds de derriere qui en est depourvu, et enfm que le bout de sa queue est arrae d'un onglet crochu , qu'il semble avoir compare , par le nom de Scorpioides , qu'il donna a. cette espece , a Taiguillon qui termine la queue du Scorpion. II est sans doute digne de remarque que toua ces caracteres , a Texception du dernier , qui. concerne I'onglet de la queue , se rencontrent aussi dans la Tortue matamata , car , en supp.osant. que cet onglet se seroit detache par quelque aeci- . dent des deux individus de differens Sges que j'ai ete a portee de voir , il sembleroit des - lois." raisonnable d'admettreTidentite des deux especes. Cependant , si on reflecliit aux particularites qu'on remarque sur notre Tortue , et sur-tout a la con- figuration tre5 - frapp ante de son museau, qui unguibus acutis, sed digitus plantarum extimus mutictts est, Caudcs apex armatus ungue incurvo. Linn-. Syst, nat. p.^'il num. 8. * ( 256) consiste en un appendlce cylindrique * long dc dix lignes, ct termin'e par les narines, il serabien difficile de se persuader que Linne, dont le tact etoit si sur, eat neglige d'en parler dans sacourte description , tandis qu'aucUn de ces caractercs ■n'etoit applicable aux cspeces deja connues. Malgre done les traits d'analogie qu'on peut saisir dans la description du Testudo scorpioides de Linne entre cetcfe espece et la notre , il est plus qliid 'probable qu'elles sont difFerentes , qu'elles s^accordent a U Verite dans presque toutes les parties mentionriees^ par cet auteixr , quoique d'ailleurs elles puisse^t etre tres-difierentes dans d^aiitres' parties ausSi nombreuses et non moins | esstntielles. Oti peilt conclure, cle ce que je vieris de.dire, qtie les descriptions coraparahves dont cet auteur a fait un si grand usage , doivent etre reputees, nulies , lorsquelles ne sont pas accoinpagnees d'uhe figure qui supplee aux lacunes'- qu'elles laissent , et qu'elles bnt au-moms cet mc^onve-, nient de ne fournir que des notions imparfaites , et de favoriser le melange dune ou de plusieurs especes , par cela seul , qu elles auroient 'entVelles de lanalogie dans les seuls caracteres mentionnes. 'Lz. Tortue mata^nata etoit commune autrefois dans les rivieres qui entourent Tisle de Cayenne , mais ( 257 ) mais les poursuites obstinees des cliasseurs, a qui file founiit un aliment sain et recherche^ Ten ont peu a peu eloignee; on nc la trouve plus maintenant avec quelque abondance que dans les lacs de Mayacare , dans la cri(jue de Routo- mina, et dans le fond de la riviere de Houassa , 3 environ vingt-cinq Jieucs au sud de Cayenne. ;^ ( 273 ) pedoncules lateraux, paroissent ne pouvoir etre confondus avec les autres genres ; mais en les examinant avec ,atteniion , on y trouve dcs ro- settes , qui , au-lieu d etre terminalcs , commc dans les Mnies , sont laterales , et de plus le Polyti'icwn urnigtrum n'a-t-il pas egalement ses pedoncules lateraux ? Les genres etant done mal etablis , il doit rcgner de la confusion dans les especcs. C'est une verite dont conviennent tons ceux qui ont etudie la cryptogaraie , et sur la- quellc nous croyons qu'il est inutile de nous arreter. Ou'il nous soit seulement permis de citer le Muinm poljtrjchoides , IcBryum apocarpon et les autres especes qui ont la coeffe velue. Des Botanistes distingues en ont fait de nouveaux genres , tandis que d'autres on reunissent toutes ces especes aux Polytrics , ou pretendent qu'il faut les laisser dans le genre auquel Linnaeus les a rapportes. Parmi tous ces genres artificiels, les Mnies ct les Polytrics sont ceux qui ont le plus exerce les cryptogamistes. Embarrasses pour expliquer quel pouvoit etre le but de quelques parties difFerentes dc Turnc , ils ont cru lever tout.e difficulte , en affirmant qu'elles etoient necessaires a la fructifi- cation. Linnaeus lui-meme n'est pas exempt de ce reprocbe ; tout ce qu'il ne connoissoit pas dans N^ 7. M m ( 274 ) Its Mousses , etoit, scion lui, des fleurs fcmelles. C'est ainsi qu'il appelloit nectaire , tout cc qu'il ne sc donnoit pas la peine d'expliquer dans les fleurs des autresplant-es. Hedwig aprisune marche opposee ; il a pvufice des decouvertes de Micheli , et il a regarde commerenfer-mantdes fleurs males , ces memes parties dans lesquelles rimmortel Sue- dois croyoit reconnoitre des fleurs femelles. Ccs parties sont les rosettes et les globules pedon- cules ou sessiles. Nous les avons examinees avec la plus grande attention , et il nous paroit impos- sible de les considerer commc des fleurs mrUes oa comme des fleurs femelles. Linnzeus et plusieurs autres Botanistes qui I'avoient precede ou qui 1 ont suivi , croyoierit que les rosettes ne se trouvoient qup dans les Mnies et les Poly tries , mais aujourd'hui les Cryptogamistes sont convaincus qu'elles exis-. tent , qitoique dune manicre moins apparente , dans la plupart des Brys et des Hypnes. Pour mettre de Tordre dans notre discussion, nous en, distinguerons de deux especes. Les unes sont proliferes , et renferment dans leur centre des ecailles qui par leur reunion , forment un glo- bule sessile telles que le Mnium Palustre , serpil- lijolium, tmdulatum , tt proliferum; Polytrichum tovmune, etc. Les autres sont capsuUferes, leur ( 275 ) disque est absolument nud , et elles portent dcs urnes oil capsules* telles sont le Mnium crudum, hornum , prrifor7ne , Polylricum alpinum , etc. Lcb etoiles prolileres ronferment des globules ou cones ocaillenx. Elles ressemblent parfaitement a des bourgeons , ct on peut les considerer comma le rudiment des jeunes plantes qui se develop- pentpar le jet d'un ou deplusieurs rameaux. Pour cjue les rosettes pussent etre considerees comme fleurs femelles, selon Linnaeus, ou comme fleurs males , selon Hedwig , il faudroit qu'on put trouver dans leur interieur des antheres ou des pistils ; raais on n'y decouvie a locil nud que des ecailles scarieuses quidiminuent amesure qu'elles approchent du disque , ou elles sont tres-pccites , et ressemblent quelquefois a de la poussiere ou a de la limaille. A la verite, si on les examine au microscope, ccs ecailles paroissent interieurement soutcnir des corps cylindriques et articules , tels que les avoit representes MIcheli, et tels que les depeint Hedwig , mais il ne s'ensuit pas que ces corps fassent les fcnctions d'antheres. Nous sommes du nieme avis qu'Hedvvig sur leur exis- tence , sans Tetre sur Icurs qualites. Les observations de cet illustreBotaniste , pour prouvcr que les rosettes rtnferraent des fleurs males, ont ece faites avec un grand appareil , et M m 2 ( 276) les details dans Icsquels il eiftre sont tres-propres a preveiiir en faveur de son opinion. Mais en les examinant, ct sur-touten comparaiitles resultats , on voit combicn il a dii s'ccarter cic la nature. C est a laide du microscope qu'il a observe I'in- terieur des rosettes et dcs globules ; qu il rae soit pcrmis de le dire, cet instrument , qui grossit le volume des objets, est tort utile pour connoitre a fond ceux que Ton a vu, et dont on soup^onne la texture ; mais quand on sen sert avec un sys- teme deja forme pour devincr Torganisation de ceux sur lesquels Tc^il nud n'a aucune prise , il est bien difficile que les yeux de 1 imagination et Teftet de Toptique ne nous presentent tout ce que nous somme:> iiiteiesses a trouvcr, sur-tout lorsque Ton emploie les plus fortes lendlles. C'est ce qui est arrive, selon moi , a Hedwig. Afm den convaincre le lecteur, je vais exposer une partie des observations que j ai faites , en etuciiant son ouvra2;e sur les Mousics. Nous remarcjuerons d'abord que ses expe-' riences n'ont ete faites que sur un petit nombre de plantes ; cependant , lorsqu'il s'agit de de- niontrer un fait , ou d'etablir une opinion , les experiences doivcnt ctre repetces sur le plus grand nombre des iudividus , dont on pretend que ror- I jranisation interieure est la meme. ^ ( 277 ) Hedvvig avance que toutes les Mousses ont des rosettes. Nous les avons observees dans le plus grand nombre, mais il ne 5 ensuit pas qu elles existent dans toutes. Par exemple, nous aurions desire qu'il nous eut indique celles du Buxbaumia aphylla , et comme , selon lui , les fleurs males se trouvent dans les rosettes , nous lui demanderona quel est done le moyen employe par la nature, pour feconder les pistils rentermes dans i'urne dc cette plante. Hedwig, apres avoir examine I'interieur des rosettes du Mnium hornum fendues perpendicu- lairement , y a trouve plusieurs corps cylindri- ques , qui! distingue en filamens pleins de sue , fill succosi et en anthercs. La surface de ces an- theies est toute herissee de pollen ; mais commq cela ne suffisoit pas pour feconder les germes qui sc trouvolcnt dans les capsules , il a represente CCS antheres oijvertes a Icur sommet , et sur^ montees dun petit filet charge de poussiere, mais nous lui observons que si la surface de ces corps cyiindriques est couverte de poussiere fecondante, comment se fait il qu'il sen evapore par Touver- ture qu'il place a leur sommet ; il faut done que ces corps cyiindriques soient fistuleux et reraplis de pollen, ce qu'Hedvvigne demontrepas. II suffit de jetter les yeux sur la premiere Mousse qui se ( 278 ) presente pour reconnoitre qac la fecondatlon ne pourroit jamais avoir lieu , mefflfe en admettant les proprietes des corps cylindriques. En efFet , les urnes selevent au-dessus de la tige; done si les antheres resident dans les rosettes , il doit y avoir une explosion proportionnee a la distance des organes sexuels , ou au moins aucun corps etranger ne doit s'opposer a Tevaporation de , V^uya scminalis qui s'echappe des antheres. Or, Hedwig avoue ingenuetnent , pag. 64, qu il n'y a point d'explosion. J\fon plaid porta ruit , sed te}iuiismi filamenti ad imtar psllucentan partem transit. Voila done le pollen qui surmonte le corps cylindrique . semblable a un fil inerte et sans activite. L evaporation de Yanra saninahs nc pent pas non plus avoir lieu , puisque les ecailles des rosettes qui recouvrent les corps cylindriques 50nt imbriquees les unes sur les autres , et que , dans cette position , elles en arreteroient neccs- sairement tout TefFct. De plus, il est des rosettes dont les feuilles sont tellement rapprocliees , qu'elles ne s'ou^'rent jamais ; supnosez des an- theres dans leur intericur, c^uel sera leur but ? Elles seront inutiles , puisqu'il ne peut y avoir ni explosion, ni evaporation. Si nous examinons maintenant la maniere dont !a plupart des urnes , quHedwig dit etre autant SiJ ( 279 ) de fruits , ptennent leur accroisseraent , nous verrons qu'elles n'ont pas besoln des rosettes pour parvenir a leur micurite. Choisissons par exemple le Mnium hygrometricum. La capsule de cetteMow5ies"eleveinsensiblement , d'abord mince comme une aiguille , elle prend ensuite de I'ac- croissement sans se separer de sa coeffe qui la recouvre encore a moitie , iorsqu elle est paifai- tcment mure. Cette cocfte tombe difficilement, mais Topercule subsiste dans le plus grand nom- bre , et lorsqu'il se detaclie, il jaillit du fond de la capsule un jet de poussiere qui, recueillie et deposee dans la terre, germe, et ne peut etre con- sideree , sur-tout d'apres les experiences d'Hedwig, que comme un amas de semences. Qu'il nous dise done comment les urnes peuvent murir sans fecondation , et si la fecondation a eu lieu, com- ment elle a pu s'operer. Hedwig a examine la rosette duBiyum trichodis quil avoit fendue perpendiculairement. Ici ce ne sont pas seulement des antheres et autres corps cylindriques qu'il a decouvert; iiade plus trouve un stile qui surmontc toutes les autres parties , et qui est termine par plusieurs stigmateS. Mais pourquoi ce pistil se trouve-t-il dans ctiitMousic, ct n'existe-t-il pas dans les autres ? Les rosettes du trichodes sont done differentes de ceiles qu'il ( 2So } avoit examinees, puisqu'elles sontcomplettemenf hermaphrodites. II ne faut pas etre surpris de cette difference , car 1 auteur donne aussi quel- quefois des antheres aux urnes , quil regarcle cependant comme des fleurs ferneiles. On peut se rappeller qu'Hcdwig , decrivant les parties quil nomme femelles dans les Mousses , admet dans la meme enveloppe ou le memt perichactium plusieurs ovaires accoles , et surmohtes chacun d"'un stile et d'un stigmate.De ces ovaires, un seul pour Tordinaire est feconde , les autres avortent. Ceux-ci , riommes adducteurs par Hedwig, res- tent attaches a la base de Tenveloppe de 1 ovaire feconde , ils s'elevent avet lui^'ct fihlsseni par se dessecher et dispafoitre. Telle est I'prganisation decrite'par'Hedwig\ Or, commerilcohcilier cette observation , avec celle qu'il fait t. X. f. 67. 11 represente un de ces adducteurs emettant une poussierc grenue , niassam gran?datam , en quoi il auroit du rapport avec les cOrps cylindrique^ des rosettes , quil prend pour des antheres. Done il suit qu'ici an meme organe rcm'ptiroit les deux, fonctions sexuclles , ce qui iinplique contra- diction. La suite au nuracro suivant. (28l ) Suilt de la dissertation sttr les parties des MousSES , qui ont eie regardees comme Jleurs males ou Jleurs femelles , he a la Sociele d'Hisloire JVaitirelU de Paris. Par M. Ventenat, Bibliothecaire de Saiiite- Genevieve. Noussommes portesa croire que rimagination a trop servi Hedvvig. II paroit n'avoir fait usage de son microscope que pour appuyer Topinion dont Micheli lui avoit donne les premieres idees. Les faits suivans en sont une preuve. Dans la F. i. L. BB. il represente les restes dc la coefFe du Sphagnum palustre , mais elle ii'existe pas dans la nature , nous pouvons assurer ne Tavoir jamais vue , non plus que les Cryptoga- mistes que nous avons consukes. L'auteur a pro- bablement confondu le Perichatiujn qui prend naissance a la base des pedicules, et qui, quand Turne est jeune , la recouvrc entierement ; mais il est certain que cette membrane B n'existe point , et qu'il ne se trouve rien entre Fume et son pe- dicule. Je puis citer, a Tappui de raon observa- tion , le temoignage deM. de Beauvois, qui en a fait une note dans son exemplaire d Hedvvig, qui N". 8. • N n { 2S2 ) m'a ete communique. Dans la t. 6, f. 3o etSa, on trouve suv la feuille du Bryum rurale des ner- vures cylindriques ardculees comme dans le Con' ferva coralloides , et qui couvrent toute sa surface* Dans la seconde panic, t. i , f. 4, il represente une section perpendiculaire de la tige du Milium Hornuni, dans i'interieur de laquelle on trouve un tissu forme d'articulations cylindriques , et on voit sur les cotes ies mcmes adducteurs deja trouves dans les rosettes. Hedwlg a ('one vu dans toutes les parties des Mousses, des corps cylindri- ques , dont la seule difference consiste dans les proportions plus ou moins grandes , et dans la surface , qui est tantot lisse , tantot herissee de pollen. Get auteur ne me paroit pas fort exact dans la definition qu'il donne d'une Mousse, pro- bablement d'apres les observations de son mi- croscope. Muscus est planlo- , pelalo calyptrato stili- gero instructa. Done les Sphag7iu7?i, Lycbpodium et Porella de Dillen ne sont pas des Mousses, car il n'est aucun Cryptogamiste qui leur attribue de coeffe. Hedwig, pour bien etablir son systeme, auroit du se proposer, et resoudre les objections qu'on pouvoit lui faire ; mais il a ete aussi sobre dans cette partic , quil est abondant en observations mycroscopiques, II nen cite qu'une de Kolreuter j ^1 { 283 ) a .la verite 11 n'a pas choisi la plus foible, car elle seule renveise tout son systeme. II est des Mousses aquatiques , tellcs que le Fontinalis antypiretica et Minor, qui , sans sortir de Teau, portent des cap- sules , et se reproduisent. II est clair que si les antheres resident dans les rose:tes et les pistils dans les urnes , il faut qu'au moment de la fecon- dation , les organes sexuclss'eleventhors de I'eau, afin que la vertu productive du pollen ne s alterc pas ; or c'est precisement ce qui n'arrive pas. Tout le mystere de la propagation sopere absolumtnt dans Teau. Hedwig repond que !a nature , dirigee par la providence , a des voies sures pour parvenir au but quelle se propose. II cite cnsuite les ceufs des grenouilles et des poissons c|ui ont une pe- santeur specifique , et qui, lorsquc le jour est serein, flottent surl eau, tandis quils y plongent pendant la nuit , ou lorsque le cicl est orageux ; de nieme, dit-il , dans les beaux jours de prin- tems, lesFontinales que nousavons citees s'elevent sur la surface de Icau.pour que la fecondation puisse avoir lieu. Cette reponse ne tranche pas la difficulte. Le point de la question est de savoir si c'est dans Teau ou hors de Teau que la fructifica- tion s'opcre. En effet, si les Fontinales dont nous avons parle , et d'autrcs Motisses aquatiques fruc- tifient dans I'eau, on en doit conclure que leurs Nn 2 ( 284 ) orgaiies se:xuels sont renfennes dans I'urne , cr, c'est une verite, ou plutot un fait qu'il est impos- sible cle levoquer en doute.Nous pouvons assurer avoir trouve dcs Fontinales avec des urnes parve- nues a une parfaite maturite dans la riviere de Crone entre deux eaux , nous Ics avons aussi cueillies sur les roues de la machine de Marly, qui sont toujours en mouvement , et a la pro- fondeur d'un ou de deux picds. Mais pour ne rien avancer qui ne fut tres-certain , nous avons con- suite M. Thuilier, qui, dans ses courses botani- ques , a parcouru avcc autant dc zele que de succes les environs de Paris , il nous a aflfirme qu il etoit oblige de plonger le bras nud dans I'eau pour en retircr les Fontinalii antypireiica et Minor. Daprcs ces assertions, auxquelles jepour^ rois joindre Ic temoignage de plusieurs Botanistes, nous nous croyons fondes a aflurmer : i°. que la fructification pour les Fontinales, que nous avons citees, s'opere dans I'eau ; 2°. que les rosettes ne renferment ni antheres ni pistils ; 3°, qu'il est plus conforme a la nature et ai'observation de rcgarder les Mousses comme des plantes qui pous- sent des rameaux, dont les uns renferment des rosettes bourgeonnees qui deviennent proliferes , et les autres portent des rosettes simples ou nues, sur lesquelles s'elevent des pedoncules qui ^Qi-- tent les urnes, ( 285 ) Pour ce qui concerne les globules pedoncules que Linnaus consideroit corame dcs fleurs femelles, Hedv/ig en a fait des fleurs males. Mais quel rap- port y a-t-il entre les globules ct les rosettes, pour leur supposer le meme sexe. Pourquoi •Hedwig n a-t-il pas penetre dans ieuv interieur, et ne nous a-t-il pas fait voir tous les corps cylin^ driques qu'il avoit trouve dans les rosettes ? Cette seconde espece de fleurs males dilTere done de la premiere , et pourquoi trouve-t-on souvent ces globules et les rosettes sur les memes pieds, puis- que leurs fonctions sont les memes? Si les unes iui.i.M* Notices d'oiivrages sur FHistoire JVaturelle , piihlih en Allemazne. a Par M. Wi l l e m e t. Description dun Cygne sauvage trouve dans lePiemont, le 29 decenibre 1788, avec I'enu- ineration de quelques autres oiseaux etrangers appercus dans le mcme pays, pendant I'hiver dc 1788 a 1789, par M. le comte Morozze , lue a 1 academie rovasc dcs sciences dc Turin , Ic 8 fcvricr 1789. I (359) Get oiseau est un pcu plus petit que le Cygne d'Amerique. II a la tcte et le col longs, assez sem- blables a TOie' sauvagc ; le bee n'est point tuber- culeux a ia pointe , connne dans le Cygne d Ame- rique , et ressemble plutot a celui du Canard sauvage , il est large , epais, a borddentele, ncir, orange pres la tete , le palais est un peu cbarnu , la langue est coulcur de chair, decoupee surlebord, les plumes sont dun blanc-gris , celles du ventre plus blanches, celles Je la tete cendrees, il s ca trouve quelqucs - unes du corps entremelees de jaune verdutre. Les ailes sont un peu longues , et soutiennent le thorax , les pennes sont destituees de force , les cuisses courtes , peu proportionnees, la chair noiratre, 1 cperon grele.Les pieds presen- tent trois doigts longs , les deux premiers ont cinq pouces : le dernier est court, la membrane Cjui les reunit est noire et grenue ; les ongles sont noirs. Les pennes et la queue ressemblent a celles des Cygnes et des Oies domestiques. Cct oiseau a ete exactement compare avcc les figures et les des- criptions donnees par M. de Buffon , Edward et autres savans Ornithologistes, des autres Cygnes, et ses caracteres specifiques sont tres-differens. Ce Cygne sauvage se montie rarement pendant rhiver en Italic ; il paroit que ses voyages et ses emigrations ne sont point constans. M. le comte ( ^6o ) Morozze ajoute qu'il a eu occasion d'observcfi pendant les hivers de 1788 a i 789 , remarquables parle froid , dans le Piemont , plusicurs oiseaux descontreesboreales , parmilesquelsse trouvoient des Canards sauvages , le Blongios de Suisse, de M. deBufFon, [Ardeaminuta.L.) le Heron blanc » le Harle , ( Mergtti merganser. L.) lePoelandaman- teau gris de Buffon, [Larusglaucus.L.) TAlouette de Siberie et 1-Ortolan de neige. Ces observations concernant le passage rare d'oiseaux etrangers, ne peuvcnt qu'enrichirl His- toire Naturelle et la Physique. G R A V U R E S. Portrait de Charles Linne, de gpouces 1 quart sur 8, de forme ovale, grave en couleur aulavis, par P. M. Alix, faisant pendant a ccux de Vol- taire , J. J. Rousseau , Mably et Montaigne , grave par le meme , pvix , 6 liv. chacun. A Paris , cliez M.Drouhin, editeur etproprietaire des antiquites nationales , rue Christine , n**. 2. Le portrait du celebre Linne , Naturaliste Sue- dois, etoit bien fait sans doute pour faire pendant aceux de Voltaire, J.J.Rousseau, Mablyet Mon- taigne. Les Naturalist.es recevront aycc plaisir 1 image de Thomme qui, sans contredit, a le plus contribue , par ses immortels ouvragcs , aux pro- gres de 1 Histoire Naturelle. fj.yi^./ou/^' ,/,/. ./i>ff//ta/ t/7//W. iVa////r//r.Y."t; . /!< vii//,/ ,/f/, ■,i// {36i ) Sur tetudc des rapports naturds^ Par M. L am arc k. Rir.N assurement n'est plus interessant en Histoirc Naturelle que Tetude des rapports plus ou nioins prochains qu'ont entr'elles les diverses productions de la nature. Cette etude , vraiment attrayante pour le pliilosophe , ainsi que pour rhomme de genie qui aime a contempler ces productions, porte sur une consideration d'autant plus importante , qu'a mon avis elle fait la base principale de 1 Histoire Naturelle, et quelle con- duit a des connoissances solides , qui font la mesure de nos vrais progres dans cette science interessante. Laplupart desNaturalistes xnodernes sepersua- dent que la determination des rapports naturels est un objet lellement arbilraire , que Tetude qui porte sur cette consideration n'c&t nuUement digne de Ics occuper. Je pense tout-a-fait difFe- remment a cet egard : et pour prouver le fonde- ment de mon opinion , je vais a ce sujet entrer dans quclques details ; developper quelques prin- cipes qui me paroissent incontestables ; ct citer fnsuite les causes auxquelles je crois que Ian N°. 10. Zz ( 362 ) doit attribuer Tespece d'indifference de beaU" coup de Naturalistes raodemes pour Tetude des rapports. Les objets principaux que Ton peut avoir en vue dans I'etude des etres naturels , me parois^ sent necessairement de deux sortes. i". Trouver facilement dans le tableau des etres naturels deja observes et determines , celui qu on a interet de connoitre ou de se rappeller, soit pour Tetudier particuUerement , soit pour profiter des observations et des decouvertes que les savans ont publiees a son sujet. 2°. Se former une idee exacie. des rapports , soit prochains , soit eloignes que Tauteur de I'univers a mis tres-decidement entre toutes les especes qui existent et se perpetuent dans la Nature; afin de juger convenablement et de Tensemble de ces etres naturels , et de chacun deux en particulier , ce qui fait le but principal du vrai Naturaliste. De ces deux objets que Ton peut avoir en vue en etudianties productions de la Nature , il re- sulte que les moyens proprcs a les remplir sont aussi de deux sortes. La premiere comprend les moyens qui peuvent nous aider a connoitre sans confusion cette mul- titude immense d'etres differens qui nous envi- ronnent et sont epars de teas cotes sur la surface ^ ( 363 ) P^r ^^s aretes FO , AO , GO , qui partent des angles , et taniot en six triangles pareillement curvilignes ( fig. 2. ) , par des aretes situees comme les pre- cedentes , et par dautres aretes BO, NO , PO, qui partent du milieu des cotes ; et ce qu'il y a ici de remarquable , c est que ces aretes sont tres-prononcees malgre leur extreme delicatesse , en sorte que la configuration des diamans a 24 et (l) Newton , ibid. pag. a.14. (a) Nuinero 6 dc ce Jourual, pag. 117, ( 3S2 ) a 4B faces , qui presentent les deux modifica-^ dons que nous venoi, ^ d'indiquer, paroit etrc soumise a des loix determinees et regulieres. Lc diamant est susceptible de quelques autres varia- tions de forme , dont ie detail n'est pas de mon objet actuel. J'ai observe, dans les diamans a faces bombees, le meme tissu lameleux a I'interieur , et la meme structure que dans ceux dont les faces sont planes. J'ai line lame triangulaire de quatre lignes de cote , detachee d'un de ces diamans bombes , ct dont la face mise a decouvert par la division mecanique est d'un poli parfait. On appergoit meme dans Tepaisseur de cette lame des indices tres-marques de joints paralleies a diverses faces du noyau octaedre. Pour essayer d'appliquer la theorie a la forme spheroi'dale des diamans dontils'agit, j'ai suppose que les lames de superposition , au-lieu de de- croitre par des nombres constans de ran gees sous- traites (1), subissoient des decroissemens varia- bles ; de maniere , par exemple , que les sous- tractions avoient lieu successivement par une , deux , trois , quatre rangees , et ainsi de suite. On congoit que la surface produite en vertu d'unc pareille loi doit changer continuellemcnt d'incli- (i) Numero 5 de ce Jonraal, pag, 167 et suiv. ( 383 ) •nalson d'une lame a I'autre , et prendre une figure curviligne. Soil ffu (fig. 3.) Toctaedre pr'imkif, auquel on peut substituer , si Ton veut un rhomboide (i ), tiabcd une coupe geometrique de cet octaedre,' dirigee suivant des perpendiculaires , menees de deux angles opposes a , c , sur les cotes gf , im , laquelle coupe sera necessairement un rhombe. Soit abed (fig- 4-) le meme rhombe, sous-divise en une multitude de rliombes partiels , qui re- presentent les coupes analogues d'autant de petits rhomboides , composes chacun d'un oc- taedre et de deux tetraedres (2). L'effet des de- croissemens variables dont je viens de parler est sensible , d'apres la seule inspection de la ligne hx, tellement situee que se^ parties bh, hr, rt , tx, repondent successivement a des soustractions par une rangee de ^ en n , par deux rangees de h en 0, par trois rangees de r tn s , etc. Cette meme courbe correspondra a Tune des aretes , telle que BO ( fig. 2.) , qui partent du milieu des cotes de I'octaedre a faces bombees (3). Jai determine , par ie calcul ana- (r) Ibid, mimero 6 , pag. 2IO et siiiv. (2) Ibid. pag. aiz. (3) La figure 4 represente la courbe dont il s'agit, comme prolougiie jusc^u'au-dessus du poiut a, Mais dans ( 384 ) lytiquc la nature de cette espece de courbe ," qui n'cst proprement qu'une portion du con-* tour dun Polygene dont les cotes sent extre- mement pctits. On peut de meme concevoir des decroissemens variables qui donneront d autres courbcs d une nature differentc , situees commc les lignes GO , GP , AO , AP , etc. toujours par des soustractions regulieres de petits rhomboides. Les resultats auxquels m ont conduit les diife- rentcs hypotheses que j'ai faites pour determiner ces courbes , en representent assez bien les di- verses courbures , autant qu'on peut en juger a Tocil. Mais comme ii est impossible de com-- parcr exactement ces resultats avec ceux de Tob- servation , a cause de la petitesse des diamans , je ne les regarde que comme une ebauche de Ja veritable theorie , destinee seulement a faire voir comment la forme bombee du diamant peut se concilier avec une structure toute composee de molecules integrantes semblables a celles dont le noyau lui-meme est Tassemblage , et rentrer dans Tanalogie des loix qui ont lieu pour les crystaux termines par des faces planes. larealife, celie cotivbe ne s'etend qiie jusqu'aii point qui repond au tiers de ba (fisi-j ) , m\ est silne le centre dii triancrle g'^y, et li elle eot croistppar deux aiilres courbes semblables, dout I'uue part du milieu de aj\ et I'autredu iuilieu de a.g, Descriplioji ( SS5 ) Description d'une nouvdlc espece dc GrjMFEREAU, Par M. B o s c. Cet oiseau fait partie des richesses ornitologl- ques envoyees, de Cayenne, a la societedHis- toire Naturelle de Paris, par M, le Blond. II peut etre place dans le systeme a cote du Trochilus cinereus. ( Latham ) avec lequcl il a plus de rap- ports qu'avec aucune autre espece de ce genre. II a ete decrit et dessine sur un exemplaire apparte- jiant a la colleciion de M. Bruguiere. Trochilus smaragdulus. T. Curvirostris , viridi-auratus , remigihus rec" tricibubque fusco-vioUceis , jugulo aurco nitcnte. Tab. 20, fig. 5. Habitai in America meridionali^ Tcte , col , gorge , poitrine , dos , ventre ," cuisses, croupion, et couvertures superieures des ailes , dun vert dore, fort eclatant. Gorge doree changeante. Couvertures du dessous des ailes et plumes inferieures dc la queue , couleur de rouille. Ailes et plumes superieures de la queue N°. 10. Ccc ( 3S6 J d'un brun violatre ; ces derniercs plus brillantc.';.' Guisses blanches. Les plumes du corps brunes a leur base ; celles de la gorge brunes a leur base , et blanches a leur exttemite. Longeur totale , 5 pouces ; longueur du bee J im pouce. M E M O I R E Sur la cause des recoltes allernes de I Olivier. Dm tort que les Olives eprouvent tannee de la mau' vaise ricolte. Moyens de se procurer des recoltes annuelles , et de diminuer le 7ioinhre des hisectes rongeurs des Olives. Par G. a. Olivier, D. M. Les auteurs latins qui cnt ecrit sur rOlivIer, tels qiie Caton , Pline , Varron , Strabon , Co- lumelle , avoient observe que cet arbre ne donnoit des recoltes que de deux en deux ans ; les auteurs modernes , en faisant la meme observation, ont attribue cette periodicite a des causes difFerentes. Les premiers croyoient que les gaules dont on se ^ert pOur abattre I'Olive , en brisant plusieurs ( 387 ) ratneaux , empechoient larbre de se charger de fruits , Tannee suivante. II existoit meme une loi , de ieur tems , qui defendoit aux ouvriers de gauler les arbres sans une permission expresse du proprietaire. Ouelque pernicieuse que soit cette mediode , nous sommes tondes a croire qu on ne doit pas lui attribuev la cause des re- coltes alternes ; car , comme la tres-bien observe M, Couture , dans son Traite de I Olivia- , les re- coltes sont alternes dans quelques cantons du midi de la France , quoiqu'on y cueillc les Olives a la main. PluSieurs auteurs , parmi les modernes, ont regarde la laille de I'Olivier comme la cause de ces recoltes alternes. Mais, outre que la taille nest pas la meme dans tous les lieux ou les re- coltes sont alternes , puisque cette taille sefait, ici, en coupant peu de bois, la, en n'enlevant que le bois rabougri ou a demi mort , ailleurs, en retrancliant do gros rameaux ou meme de grosses branches ; la plupart dcs cultivateurs ne taillent pas leurs arbres dans le meme tems et a la meme epoque : les uns les taillent de deux en deux ans , d'autres de trois en trois, de quatre en quatre , ou meme de six en six ans ; ils les taillent indifleremment en printems , en automne , ou en hiver. On voit que ccitc diversite de taille,, C CC 2 ( 38S ) tt cette diversite d'epoques par rapport a la taille^ ne devroient pas donner le meme resultat dans Ics recoltes. Cc.ux qui ont soutenu cette opinion pensent qu'une taille annuelle donneroit neces- sairement des recoltes annuelles. Je crois qu'ils ont raison de proposer des taiiles annuelles ; je crois que ces tallies sont beaucoup plus utiles a Tarbre , et que les tallies , ou trop reculees , ou trop fortes , que Ton fait dans la plupart des cantons de nos departemens meridionaux , ou Ton vcut forcer I'arbre a, donner des recoltes, en lui enlevant presque tout son bois , en le mettant, comme en ditvulgairement , sur le tienf, sont tres-pernicieuses. Ce nest pas ici le lieu de prouver les inconveniens et les dangers de cette sorte de taille , et de deniontrer quelle hate le deperissement et la mort de Tarbre ; nous en ferons le sujet d'un memoire particulier , dans lequel nous parlerons de toutes les sortes de taiiles usitees dans les departemens meridionaux. M. David, habitant d'Aix, a cru que I'Olivier se chargcoit de fruits toutes les annees , et que les recoltes n'obscrvoient pas un ordre periodi- que. M. David a juge de tous les Oliviers par ceux qu il observoit a Aix , ou les recoltes sont reellement annuelles , ou , si elles ne sont pas toujoUrs egakment bonnes , elles ne se presen-. (389) tent reelleraent pas sous une forme perlodique.' Nous cxpliquerons bientot , pourquoi les OU- vieis , dans presque tout le midi de la France , dans ritalie , dans le Levant, etc. ne donnent que des recoltes alternes , et pourquoi eiles sont annuelles a Aix : ce sera en meme-tems repondre a M. David et a la premiere question que nous nous sommes proposes de resoudre, Rechercher les causes de la periodicite des re- coltes , qu il nest pas permis de revoquer en doute ; prouver qu'on peut se procurer des recoltes annuelles, comme elles le sont reelleinent aux environs d'Aix , et aue les Olives etant d'une tres - mauvaise qualite I'annee de la mauvaise recolte , par les raisons que nous developperons; elles deviendroient annuellement dune bonne qualite, si on se procuroit des recoltes annuelles ; enfin, montrernon-seulement la facilited'obtcnir ces resultats , mais encore le tics-grand avantage de 1 augmentation des produits par la mcilleure qualite de I huile : tel est I'objet de ce memoire. Ce que je vais presenter nest pas !c produit d'une speculation oiseuse, d'une theorle de ca- binet ; elle est Ic resultat de liuit annees conse- cutivcs d'une observation exacte , d'une etude reflcchie , faites au pied de 1 Olivier. Propricraire dc plusieurs arpens d'OIiviers, ne dans un canton ( 390 ) dont rOlive est la principale production , j'ai du tournernies premiers regards vers Tarbre quifaisoit larichesse de toutes lespersonnes qui m environ- noient. Je vais d'abord donner la marche natu- relle de la vegetation de TOlivier , pour fixer ensuite queiques principes sur cet objet. L'Olivier montre a TaisscUe des ieuilles , ses fleurs encore en bouton , des le mois d avril ; ces fleurs ou ces boutons prennentleur accrois- sement, et se developpent en mai ; le fruit se noue , et la fleur se fane et tombe en juin ; ce fruit grossit insensiblement dans le mois de juillet, d'aout et de septerabre ; il se colore en octobre , et parvient a sa maturite pendant le mois de iiovembre. Si le fruit muri est abandonne a la Nature , Tarbre le conserve ordinairement tout I'hiver , et ne sen delivre qu au moment de la nouvelle pousse , qui a lieu en avril et en mai. Personne n'ignore que dans un arbre trcs- charge de fruits , presque tous les sues nour- liciers sont employes a la maturite de ces fruits, et que Farbre , a moins qu'il nc soit bien nourri et excessivement vigoureux , ne produit que peu ou point de nouvcaux rameaux , sans lesquels cependant point de prochaine recolte. Nous devons distinguer en Europe , deux sortesd'arbres : ceux cjui perdent leurs feuilies eu { Sgt ) \ hiver, et ceux qui les conservent. La difference cle Icur vegetation doit sans doute presenter la diflerence de leur produit, ainsi que la diiference de culture qui leur est propre. Mais nous avons d autres considerations a faire valoir. Les pre- miers lont une principale pousse en printems : I'arbre manifeste a cctte epoque sa vegetation avcc toute sa force et sa plenitude , il developpe ses fleurs , fait paroitre ses fruits , et pousse en meme-tems tous les rameaux qui doivent donner d'autres fruits Tannee suivante. Ces fruits de I'annee suivante se preparent dans les boutons avant la fin de I'automne, et si I'arbre n a pas etetrop epuise par la recolte de Tannee , ou si les saisons ne sont pas contraires , il ne manquera pas de fleurir , et dc donner encore des fruits lannee d apres. Les arbres qui conservent leurs feuilies en hiver , tel que I'Olivier, se developpent a deux epoques differentes. La premiere pousse , et la plus vigoureuse , a lieu en printems ; la seconde a lieu en automne. On sent que celle-ci doit etre d'autant plus forte , que 1 arbre est moins charge de fruits. La preparation des boutons a fleurs se fait iramediatement apres cette seconde pousse. Si larbre est alors tres-charge de fruits , la se-r conde pousse n'4 pas lieu, les boutons a fleurs { ^92 ) nt peuvent se preparer , et le printems suivant iift developpc point de fleurs. Pour fonder cette theorie sur des preuves evi* denies , nous remarquerons maintenant qu'a Aix , on fait la recolte des Olives des le com- mencement du mois de novembre. L'arbre , de- livre de ses fruits , peut alors travailler a la pre- paration de ses boutons a fleurs , et s'il n'a pas ete trop epuise , il poussera I'annee suivante de nouvelles fleurs, et donnera plus ou moins de fruits , suivant sa plus ou moins grande vigueur. Car nous observerons en raeme-tems que les re- coltes, a Aix, annuelles et plus uniformes , ne sont pas ordinairement si abondantes que dans la plupart des autres cantons en certain tems , et par consequent que larbre ne doit pas etre aussi epuise; ses fruits, en outre, etant cueillis a la main , il n'est pas expose a soufFrir cette espece de flagellation meurtriere , qu'il soufFre ailleurs , ou Ton abat les fruits a grands coups de gaules. Dans le departement du Var , et en Italic, on ne fait jamais la recolte de TOlive que dans le mois de decembre , de Janvier , de fevrier , et souvent merae en mars et avril : dans certains cantons de Tltalie , on kttend que TOlive tombe d'elle-meme. L'arbre , delivre tard dc son fruit, tourmente (393 ) tourmente a coups redoubles de gaules , epuise par une trop grande quantite de fruits , ne peut fleurir que tres-peu, un ou deux mois apres , il doit aussi iaisser couler la plupart de ses fleurs , et enfin Iaisser avorter ses fruits : tandis que s'il etoit annuellement delivre de ses fruits, et d'une maniere plus douce , dans le mois de novembre , comme on le pratique a Aix , il auroit le tems de se refaire , sinon entierement , du moins en partie ; il auroit quatre ou cinq rnois de repos, cu il ne travailleroit que pour lui-meine, et il pourroit ensuite developper ses fleurs avec plus de force le printems suivant. On a cru , il est vrai , et Ton croit encore com" munement , que plus 1 Olive reste sur I'arbre, et plus elle acquiert de 1 huile. 11 existe meme un adage Provencal a ce sujet : aumaipende, mi mat raids, c'est-a-dire , plus I'Olive pend, plus elle rend. Cette objection, que Ion pourroit opposcr aTopinion que j'avance, paroit fondee en preuves au premier apper^u; j'ai moi-meme fait des ex- periences que je vais rapporter. Des Olives cueillics vers le milieu de novembre au point de leur ma- turite , m ont donne , les deux sacs, soixante dix livres d'huile , poids de Marseille ; la meme annee , les Olives du meme sol , cucillies a la fin de decembre , les deux sacs donnerent pres W. 10. Ddd ( ^94 ) . Ji,'/tt/rt/ i/r/uut'ff . ( 401 ) Nous allons observer maintenant que dan* Tannee de la mauvaiserecoltc , les Olives , etant peu nombreuses , sont cueillies de bonne heure ct entiercment detiitees avant la Noel. L'Insectc detruit par ie detritage , dans son premier et dans son second etat , ou par les froids de Thiver , s'il est sous sa derniere forme , doit ne laisser pour Tannee suivante qu une multiplication peu nom- breusc et presque nuUe. Dans 1 annee de la bonne recolte , au contraire , cette recolte se faisant beaucoup plus tard , et une grande partie des Olives etant encore sur Tarbre en Janvier , en fevrier et en mars , les Insectes qui sont eclos les dernicrs , et qui se trouvent loges dans Ic fruit, netant detruits ni par Ic detritage , ni par le froid, doivent etre bien plus abondans lannee suivante. Confirmons encore cette theorie par le fait. On sait que les Olives d'Aix ne sont presque pas piquees par les Insectes. La raison en est facile a deduire , c^uand on considere que dans ce pays la recolte se fait, chaque annee, dans le mois de no\embre , et quelqu aboradarite qu elle soit , elle est toujours achevee vers ie milieu ou avant la fin de decembre. Je me resume , en disant que je crois avoir dcmontre que la cause des recoltes alternes ou periodiqucs de 1 Olivier , derive principalement N^ 11. Eee ( 402 ) de I'usage ou Ton est de depouiller Irop tard I'arbre de son fruit ; que les recoltes annuelles sont a tous egards bien plus avantageuses que Ics recoltes altcrnes ; que le vrai moyeii de se procurer des recoltes annuelles , c'est de cueillir les Olives de bonne heure ; qu'en suivant enfin .ce dernier precede , on doit parvenir a garantir les Olives , en grande partie , de Tattaque des Insectes , et a rendre leur produit plus facile a obtenir , plus abondant , et dune meilleure qualite. Description du Singe Ctnocephale. Si MI A CY N 0 CEP H A LO s. Linn. Par Alexandre Brongniart, Lue a laSociete d' Histoire JSfaturelle ,lei3 avril 1792. Tous les auteurs systernatiques qui ont parle de ce Singe , ne Tont fait connoitre que par des caracteres differentiels. La seule figure que Ton cite de cet animal est dans Jonston, mais elle est si mauvaise , qu'il est absolument impossible de le reconnoitre. Ces. motifs ra'ont engage a facjlitcr la determination de cette cspecc, en en . . ( 4o3 ) donnant une description absolue ct une figure exacte. Singe Cynocephale. Simia Cynocefhalos. S. A queue, imbcr- S. Caudata, imberbh, be , roussatre , rnuseau rufescms , ore producto , alonge , queue droite , cauda rscta , naiibus caU fesses chauves. vis. Simia Cynocephalos. Linn. ed. i3, n. i6. Cercopithecus Cynocephalus. Exleben , mamm. p. So , n. 8. Guineensis alius. Margr. Bras. p. 228. Cercopithecus Guineensis tertius Margravi. Raj. Synops. Quad. p. 157. Cebus tertius Guineensis. Klein , Quadr. p. 8g. Le Singe de Guinee. Briss. regn. anim, p. 196, n. 6. Le Cercopitheque Cynocephale. Briss. id. 2i3, n. 1 . Habitat in Africa. (Linn. ) Stature duSingeJ«MWi. Slatura S. Inui ; supra En dessus , d'un roux ricfa luteo et fusco ads~ mele de jaune et de persa , subtus Jlava. Pili brun , jaunatre en-des- occipitis , nucha , dorsi , sous. Les polls de I'oc- pectoris , facieique ar- Eee 2 ( 404 ) ciput, de la nuquc , du tutnii cxUnut , rufo ft dos , de la poitrine et jusco ajinulati; faces ni- de la face externe des gra , nudn , tomcnto cinc- membres , annullcs de re:' tantum induta ; ere brun et de roux. La face producto ohtuso ; vihriss.t noire , nue , revetue seu- nigra sdacca ; geuoc loti- leinent dun lesrcr duvet pi^udinaliter eihhx ; su~ o o 'jy cendre.Lemuseaualon- jjcrcilia sctosa pilis ni~ ge , obtus, les mousta- gris et rnfis mixta:, trn- chcsnoires , setacees ; les porum pili rufi , loiigic- joues bossues longitu- res , reversi. Aurcs suha- dinalement ; les sourcils ciita" , nuda , nigrrs ; setaces, formes de poils ahdomen graciU ; iiatcs roux et noirs ; les poils calva nigricantcs ; caiida destempes, roux , alon- recta ,Jlava , longitiidim ges , renverses en ar- corporis. Pedes nigrj,pilis riere. Les oreilles pres^- cinereo-viridi-Jlavescenti- que aigues , nues , noi- bus tecti ; ungues polli- res ; labdomen grele ; cum roLundati , reliqui les fesses chauves , noi- ohlongi, ifitres ; la queue droite , jaunatre, de la longueur du corps ; les pieds noirs, reconverts de poils cen- dres, jaunatres. Les out- gles des pouces arrondis, J-esautres oblongs, Longueur du corps , depuis le nez jusqu'a Torigine de la queue. . . . Hauteur du train de de- vant Hauteur du train de der- riere (4o5) Longitudo corporis a naso ad caudce ori- ginem ip'i.yp^' ip^J7p°". Altitudo hu- meralis. . . . I"~-2 I — — 8 Altitudo Jc- moralis. . . . I o 1 o J'ignore de quel pays vicnt Tindividu que ye possede. II cxiste raaintcnant un autre individu de cette espece , que Ton fait voir a la place Louis XV. II est plus fort que le mien , et asser mechant. II paroit aimer beaucoup les fcmmes , et manifeste de violens desirs a leur presence. II boit avec plaisir dcs liqueurs spiritucuses , et s'cni- vre meme facilement. Lorsqu'on veut lui prendre quelque chose de force , il se defend long-tems , ct fiiiit quelquefois par jetter a la tete des assis- tans T/^bjet que Ton cherche a lui enlevcr. Use ronge la queue. On a deja ete lorce de la lui couper. On pretend , peut - etre avec quelque probabilite , que Thabitude de manger de la viande Ics porte a ccttc succion continuelle d'un organe , dont la sensibilite paroit moins graudc I ( 406 ) que celle des autres parties du corps. Au reste , c'est une habitude que contractent presque tous les Singes que Ton tient dans une captivite etroitc ct ennuyeuse. Explication de la planche. Fig. 1. Singe Cynocephalc. Fig. 2. Tete du Singe Cynocephale sur rechclie AB. Sur la double refraction du Crystal de roche.. Par M. H a uy. La propriete de faire subir une double refrac- tion aux rayons de la lumiere est beaucoup plus foible , toutes choses egales d'ailleurs , dans le crystal de roche , que dans le spath calcaire (1), etexige, pour devenir sensible, que 1 ceil etTobjet soient places dans certaines positions , relative- ment aux faces du crystal dont il s'agit. Je vais ici indiquer , en peu de mots , la manierc dont il faut s'y prendre pour Tobserver aisement. (i) Voyez le nuniero 3 de ce Journal j piig- 63 et suiv. { 407 ) Je supposerai que le crystal ait sa forme na* turelle la plus ordinaire , qui est celle d'un prisme licxaedrc regulier , termine par une ou deux pyra-* mides. Ayant trace une ligne droite un peu deliec sur le dos d'une carte , disposez cette carte liori- sontalement, a-peu-pres a la hauteur de la poi- trine , de maniere que la ligne soit parallele a la largeur de votre corps. Cela fait, regardez cette ligne en meme-tems a travers, I'une des. faces de la pyramide , et a travers le pan oppose a celui qui est adjacent a cette face. Vous appercevrez deux images de la ligne , qui seront tres-distin- guees Tune de I'autre , et de plus irisees. Si vous faites tourner la carte , jusqu'a ce que la ligne prenne une position perpendiculaire a. la,prece- dente , les deux images se confondront alors, dc sorte cependant que I'une soit un peu depassee par Tautre. Les directions des rayons qui produisent cette double apparence relevent Timage de la carte d'une certaine quantite , et il faut avoir Tatten- tion de regarder de bas en haut , sans quoi Ton. seroit tente de cherchcr I'efFet de la double re- fraction sur une autre image , que Ton voit a tra- vers les deux pans opposes vers lesquels Toeil est tourne , et dont le parallelisme rend cet effet si petit, qu'il faudroit d'autres procedes, pour bien ( 4o8 ) rappercevoir. On peut , pour plus de sinete , coller une petite bande de papier sur le pan adjacent a la face de la pyramide , contre la- quelle I'oeil est applique , et faire disparoitre ainsi la seconde image. Quant a la distance a laquellc on doit tcnir la carte , ellc depend de I'epaisseur du prisme. On remarquera , en tatonnant cette distance , qua mesure que la carte s eloigne du crystal , les deux images se separent davantage ; mais en meme-tcms elles deviennent moins nettes , ensorte qu'il y a une limite que le tatonnement fera trouver , et qui met entre les images un inter\'alle suffisant , sans trop nuire a la clarte de la vision. Notict ( 409 ) Kotice de qudques plantes rares ou nouvelks ', ohsei-vees dans lAmerique SeptentrionaU , par M. A. Michaux ; adrcssee a la Societe d^Histoire JVatitrelle de Paris par tauteur ; ct redigee , avec des observations. Par M. Lamarck. Plantes remarquees en Ameriqiie. Monandrie. i. Canna f/^ya. Cette plante hablte les bords des rivieres en Georgie et en Floride. Diandric. 2. Pinguicula Lutea. 3. Pinguicula Violacea. Ces deux especes n'ont pas ete decrites , et se trouvent dans la Caroline. 4. Salvia axurta. Nouvelle sauge de six pieds de haut. On la trouve sur les rives de la riviere Sainte- Marie , en Georgie. Tetrandrie. 5. Ilex Americana. 6. Ilex Cassine. 7. Ilex Augusiifolia. 8. Ilex Cassena vera. N°. 11. Fff ( 410 ) g. Ilex £stivalis. Tous les ilex d'Ameriquc sont dioiques. Dans I'ordre naturel , les deux dernieres especes n'ont point d'affinite. avec les trois au- tres. Pentandric* ^o. Azalea fw/t/a;- C'est unc varietc de V Azalea nudijlora. 11. Azalea Pz/oic; floribus octandris, corollis ovatis , capsulis oblongis angulatis. Folia pilosa , ad apices nivea. Get arbrisseau habitc les plus liautes montagnes de la Caro-? line , vers les sources de la ri- viere Catawba. 12. Ipom3ea£r<'c^a, foliispinnatifidis. - Se trotive sur les bords de 1% met , en Floride. 13. Mussaenda i^row^oja. Corolla infundibuliformis. Cap' sula ovata , bilocularis. Get arbrisseau me paroit danfi I'ordre naturel avoir de Taffi- nite avec le quinquina. Les ha- bitans de la Georgie en font , cnefFet, usage corarae du quin- (411 ) quina contre Ics fievrcs. J'ai trans- porte dans le jardin de la Caro- line , plusieurs plants de cet arbrisseau , qui y ont eprouve un froid de six a huit degres sans en etre endommage. Cctaiidric. 14. Vaccinium Ciliatum. Caulis crectus , foliis ciliatii. Co- rolla profunde quadripartita , la- tinils revolutis. Stamina octo. Cet arbrisseau habite le sommet dcs plus hautes montagnes de la Caroline septentrionale. 11 est a remarquer que c'est la seule espece connue en Amerique , ayant huit etamines. ' l5: Lapathum Occidentale. Cet arbrisseau de la Georsiie en Ameriqne , a la plus grande affi- nite avec le Lapathum orientate observe par Tournefort dans la Georgie Asiatiquc. Celui d'O- rient , que j ai vu en Perse , a huit etamines ; ct celui d'Ame- rique en a constamment dix. Enneandric- * Laurus indica. L'on a souvent cite pour Laurus indica , une variete Fff 2 ( 412 ) du L. horhonia a feuilles glabres , qui se trouve en Caroline. Le Laurus indica , designe par Ca- tesby , cormis ad , etc. ne sc trouve qu'aux isles Bahame et aux parties meridionales de la Floride. Dccandrie. 16. Rhododendron wmw5 , loliis mi- noribus ellipticis petiolatis sub- ferrugineis. Se trouve sur les rives de la ri- viere de Savanali. 17. Kalmia Aznw^a ; foliis hirsutis. On le trouve dans la Georgie ct la Floride. 18. Kalmia. . . . foliis alternis in petiolum dcsinentibus : mar- gine reflcxis ; floribus aggrega- tis ; coroUis niveis fundo roseis. ig. Andromeda ^o/z/o//^ ; foliis Ros- in arini. Habite les montae-nes de laPcn- sylvanie. 20. Andromeda calyculala. 21, Andromeda paniculata. II y a plusieurs varietes de cette espece. { 4i3) 2 2. Andromeda rflc^moifl; floribus se- cundis , calycibus calyculatis. sS, Andromeda mariana. 24. Andromeda arborea. 25. Andromeda wilmingtonia ; folils ovatis crenatis , corollis cylin- dricis. 26. Andromeda axillaris ; foliis pe- rennantibus, calycibus calycu- latis. 27. Andromeda nitida. 28. hndixoratdidi ferruginea. 29. Andromeda Jormosissima. Voyez Bartram Stravel. • Diadelphie, 3o. Robinia viscosa. Grand arbre des montagnes de la Caroline. Polygamic. 3i. Nyssa montana; foliis villosis. 32. Nyssa aquatica ; foliis glabris. 33. Nyssa ^sJfw^fl/fl; foliis denticulatis. 34. Nyssa tomaisosa ( ogecliee de Bar- tram ) foliis tomentosis incanis. OBSERVATIONS. M. A. Michaux , d'un zele inepuisablc pour Ics progres de la Botanique, ct en quelque sortc (4^4) infatigablc dans les recherches auxqucUes U se Jivre continuellement pour cet objet, a voyage pendant quelques aniiees dans Ic Levant, et par- ticulierement dans la Perse , ou il fit de tres-bcUes decouvejrtcs. C'cst lui qui , entr'autres objets in- teressans, decouvrit ce Rosier a feuilles simples, mentionne dans Ic Genera pi. de M. dc Jussieu , pag. 452, et dans le Systtma natura de M. Gmelin (vol. 2 , pag. 855 ) sous le nofti de Roia [persica ) Joins iimplicihus , stipulis spinafonnihus ; calycis hciniis nudis. C'cst lui qui retrouva cette belle plante voisine des Cainpanules , connue dcs an- ciens Botanistes , exposee dans le Genera de M. dc Jussieu, sous Ic nom dtMindium ( pag. 164) , et dont M. rHenticr a donne la description et unc exceilente figure , sous le nom de Michauxia. C'est encore lui qui decouvrit sur une montagne , a quatre journees au nord d.' H amadan , le lieu natal du Triticiim spelta. L. ( Voyez dans mon diet. I'art. Froment epautre , n*"'. 4, pag. 56o ) , decou- verte qui fait presumer , avec beaucoup de vrai'x semblance , que le lieu natal du froment ordi- naire doit se trouver dans la mcrae contree , ou dans quelque contree cte I'Asie , peu distante de la Perse , etc. etc. Presque immediatement apres son rctour en France , M. Michaux passa dans i'Amerique sep- eentrlonale , qu'il parcourt depujs environ huit annees , et ou il a fait un grand nombre de decou- vertes interessantes. Cepcndant, au-lieu de ter- miner ses voyages dans 1 Ameriqee septentrionale , ce zele Botaniste vient dentreprendre d'aller visiter rinterieur de cctte contree, qu il regarde comrae inconnu des Naturalistes ; et c'est au moment ou il part pour cette entreprise , qu'il ecrit a la Societe d'HistoircNaturellc de Paris, lalettre qui contient la notice que. je viens de presenter a nos lecteurs. Voici comment il s'exprime dans cette lettre , datee de Philadelphie , le 7 mai 1792 , et adressee au president de la Societe. a Ayant resoiu d'aller visiter I'interieur de TAmerique septentrionale , j'ai depose , avant mon depart de Chasleston , mes observations , ainsi que mes collections de Plantes , Oiseaux , Mineraux, echantillonsdeBois, etc.Je ne pourrai. Monsieur, vous donner ici qu'une sorte d'enume- ration des plantes qui se presentent a ma memoire. Je me restreindrai seulement aux rcmarques dont je suis certain, aux caracteres les plus remarqua- bles, et a des noms qui puissent les designer sans entrer dans des details. Ne pretendant point que ces noms restent, je laisse aux savans qui com- poscnt votre Societe , a donner a ces plantes des noms plus convcnables lorsqu'elies en seront sus- (4i6) ceptibles. La plante designee sous le nom de Podophyllum diphyllum dans Ics ouvrages de Linne n'est nullcment de ce genre , comme vous le re- connoitrez par la description que j'y ai jointe. 5» '^ Remarques sur quelques-unes des plantes de la notice ci'dessus. N°. 1. Ce Canna Jlavd cst-il vraiment different du Canna glauca. L. qui croit dans la Caroline , quiaaussi les fleurs jaunes , mais pales , et qui ne les a point pone- tuees , comme la variete du Canna indica a fleurs jaunes , que j ai citee dans mon diet. Voyez Balisier, n'^. i, var. B. N". 2. Pmgw/cz^/^./tt^^i^. C'estvraisemblablement la meme plante que ccUe dont j'al donne la description dans le n". 9 de ce Journal ( pag. 334 > P^- 1 ^ > f* ^ ) » sous le nom de Pinguicula campanulata. N**. 5. Ilex Americana. C'est peut-etre le meme que j'ai public dans mon diet, sous le nom dllex laxijlora. Voyez Houx , n\ 3. N°. 9. Ilex (sstivalis. Si c'est la meme plante que ■ cellequej aidecrite sous le meme nom dans ( 4'7 ) dans mon diet. Elle est fort voisine des Prinos , et je pense meme que c est le Prinos lucidus de I Horius kr.wemiSf pag. 478. Voyez \e Tableau des Houx , dans mr'n Jlhistr. dcs genics. N'^. 12. . i . Cei Ipomaa pourroic bien etre le meme que V Ipomaa rubra de Linne , que jc crois eire une espece de Cflw/wa. Voyez Cnntu , dans mon diet. N°. l3. Mussanda frondosn. \c (\unx.t {oxt C[\\t ctt arbrisseau de la Geoigie soit le meme que celui des Indes orieutales , qui ■porte le meme nom , et dent les fruits sont pnlpeux. Gaertn. Ics a figures (t. 28, f. 5.) N". 17. Kalmia hirsula. II y a apparence que c'est Tarbusie que j'ai decrit sous le meme nom , d apres des exemplaires sees que jc possede de la Caroline , et qui m'ont ete communiques par M. Fraser. Voyez Kalmie vdue, n". 3, dans mon diet. vol. 3, p. 346. N". 23. Andromeda mariana. Cette belle esprce, dont j"c»i donne la desciption dans le premier volume dc mon diet. (p. 1 56 , n°. 8 ) , a ete depuis figureepar M. Vo- gel ( ic. rar. tab. 107 , f. 1 ) ; mais i'An^ N". 11. Ggg (4i8) dromcda viariana de M.Jacquin ( collect, vol. 2 , p. 326, ic. rar. vol. 2) est tout autre chose. C'est une nouvelle espece que j'ai decrite le premier dans le i'"^. volume de raon diet, sous le nom d'An' dromeda lucida, n". 9. II y a apparence que cette espece est la meme que V An- dromeda coriacea de \Hort. keWensis, et que I Andromeda nitida, n°. 27 de cette notice. N". 29. Andromeda/ormosissima.Je CTols que cent andromede est la meme quej ai nom- inee Andromeda populijolia ( diet. vol. 1 , p. i5g , n^. 14) et que depuis M. Jac-* quia a decrite et figuree sous le nom dC Andromeda lucida [collect. vol. \,p- g5, et ic. rar. vol. 1 . ) Enfin , depuis M. Jacquin , cette meme plantc a ete men- tionnee dons VHorliis keWensis , sous le nom d' Andromeda acuminata. Quelle confusion ne doit pas produire cette mutation continuelle dans les noms assignes aux plantes par ceux qui en ont traites les premiers ? Au reste, pour terminer les observations que j'ai a faire sur le succes des recherches de M. Mi- chaux, je dirai que j'ai connoissance deplusieura ( 4^9 ) plantes interessantes qu'il a decouvertcs, et dont il ne fait point mention dans la notice exposee ci-dessus. D'ou je conclus que cette notice, quoi- que deja interessante par les objets qu'elle in- dique , est bien eloignee de donner unc idee complette de tous les services que M. Michaux rendra a la Botanique , et meme a toutes les parties de THistoire Naturellc , par les observa- tions et les decouvertcs qu'il a faites, et qu'il continue de fairc dans ses voyages. Sur deux nouvelles especes de Terebratulcs fossiles. Par J. G. Bruguiere. Le genre de la Terehratule , qui n'est qu unc division de celui de VAnomie de Linnaeus , pre- sente le plus grand interet , a cause du grand nombre d^especes fossiles qu il renferrae , et de Tabondance avec laquelle on en rencontre presque par-tout. Sur cinquante deux de ces coquilles , que je fais graver dans ce moment pour les plan- ches de 1 Encyclopedic , quatorze seulemcnt sont marines , les autres sont ou petrifiees ou simplemcnt fosbiles, et si j'en juge par les moules interieurs Ggg 2 ( 420 ) petrifies qui nous viennent d'Allemagne , dont ies formes sont si difFerentes de celles que 1 on connoit, mals dont Ies coquilles sont encore in- Gonnues , on doit s attendre a voir augraenter leur nombre considerablement , une fois que leurs principales especes auront ete distinguees entre elles dans une monographic exacte, et qu'elles auront ete rapportees avec discernement a leurs veritables synonimes, Depuis que Ies Oryctolo- gistes se sont occupes a publier le catalogue des productions marines que la terre renferme acci- dentellement, celui des Terebralules s est conside- rablement etendu , parce que leurs auteurs , prives de critique , au-lieu de ne publier que Ies figures des especes nouvelles , ont souvent confondu celles dont ils parloient avec d autres precedem- ment decrltes, n'ont point distingue Ies especes des simples varietes , et y ont ete conduits autant par Tinsuffisance ou ledefaut de leurs methodes, que par la piivation de descriptions techniques, ct par rincorrection merae des figures qui auroient du y suppleer. Ce genre , un des plus caracterises de la Sfction des coquilles bivalves , est devenu de cette ma-?' niere un des plus difficiles a debrouiller. Linnaeus , bien digne dy reussir , s'il y cut appnrte son attention ordinaire ^ n'a fait qu'augmenter la ( 421 ) confusion , en introduisant le peu de TerehratuUs qu il a connues, tant marines que fossiles , dans le genre de lAnomie , ou d'ailleurs il avoit admis des coquilles si difFerentes entre elles, et sur-tout si discordantes avec son caraciere generique, que j y ai trouve de quoi le diviser en quatre genres bien distincts : savoir , ceux de la Crame , de VAnomie , de la Terebratule et de la PUcune , dont deux appaitiennent a la section des coquilles multivalves , et les deux autres a celle des co- quilles bivalves. M. Gmelin , dans sa derniere editioti du Systema natures de Linnaeus , au-lleu de rectifier cette erreur, n a fait que la rendre plus revoltante , par les especes qu il y a ajoutees , parmi lesquelles il me suffira de citer des huitres (i) et une co- quiile univalve (2) , pour prouver que le genre de VAnomie n"a rien gagne entre ses mains. Cememe auteur me paroit encore blamable , quand il % conserve dans la definition du genre de 1 Anomie, celle du ver , que Linnaeus avoit donnee , puis- qu'il est notoire que cette definition ne se rap- porte qu a une seule espcce dc son genre , savoir VA7iomia caput serpentis , la seule qu iise fut trouve (l) Anomia gryphus ; Anonua gryphoides, (l) Anomia ttiJcntata. ( 422 ) a portee d'observer vivante, et qui appartient au genre de la Teribraiule , et quoiqu'enfin Ton sache maintenant que le vcr des veritables Anomies en differe dans presque toutes ses parties, et que celui des Cranies et dcs Placunes n"a pas ete encore observe. Sachons done nous restreindre a de justes bor- nes , le vrai seul est utile , et rien nest plus faux et plus illusoire que les caracieres que Ton a pre- tendu tirer des animaux qui habitent les coquilles pour favoriser la connoissance de celles-ci ; car on ne peut se dissimuler que les coquilles, dont les vers ont ete observes, ne font pas encore la dixieme partie de celles dont on ne possede que la partie testacee, etqu'onacependantl intention de leur supposer la plus parfaite analogic , quant a. ranimal, avcc celles ou il est le mieux connu, par des caracteres emphaiiques mis a la tete des genres , comrae s'ils convcnoient a toutes les cspeces , lesquels sont ordinaireraentfaux s'ilssont trop detailles, illusoires , s'ils sont trop vagues , et enfin inutiles dans tous les cas ou ils nc sont pas demontres certains. Le genre de IzTerebratulc , dont je vais donncr la definition , est fonde sur la coquille seule ; je Vai prise et goraparee avec soin sur la plupart des cspeces marines qu'ii renferme , ct sur quelqiies { 4^3 ) cspcces fossiles, dontles valves peuventsesepafer. Ce genre sera divise en trols sections , dont la premiere renfermera les cspeces a somraet de la Valve superieure pcrfore; la seconde , celles abase de la valve superieure cchancree circulairement; ct la troisieme, celles qui portent une echancrure triangulaire , a la base de la meme valve. Ce genre difFere de celui de VAnomie : i**. en ce que ses coquilles sont regulieres , et cellts de VAnomie irregulieres; 2°. qu elles sont composees de deux pieces , et que celles de VAnomie en ont trois ; S^. que leur charniere est dentee , et que celles de VAnomie ne le sont j^as ; 4°. que leur valve superieure est perforce ou echancree , tandis au contraire que c'cst la valve inferieure qui Test constaniment dans Its Anomies ; 5°- enfin, que les premieres s'attachent au moyen dun ligament, et que lessecondesemploientpourlemeine usageune callosite osseuse qui forme leur troisieme valve. TiR^BRATULE. TeREBRATU LA. Caract. du genre. Caract. generis. Coquille , bivalve, re- Testa , bivalvis , re- gulicre , equilaterale , gularis , a-quilatera , ince- inequivalve , fix.e-e par quivalvis , ligamento ad- un ligament. hcsrens. ( 424 ) Valves , superieure , Valvulae , superior ,' plus grande , percee au major , apice perforata sommet ou echancree : aut emarginato : inferior, inferieure , pnrtant a interne oppcndiculam ele- rinterieur , pres de sa vatam poljmorpham propc base , un appendice sail- basim gerens^ lant polymorphe. Sommets, inegaux. Aipicts ,'ineequales. Charniere , deux dents Cardo , denies duo in- crochues,apointestour- cUrvati apicibus tnflexis , nees en dedans, situees prope basim siti, in scro- pres de la tase , et arti- biculis duobus valvulce op~ culees dans deux fossetes positce articulati. de la valve opposee. Ligament, exterieur, Ligamentum , exte- sortant de rorifice ou rius , ex orijicio aut in- echancrure dc la valve cisura valvuU superioris superieure, se fixant. natum, adherens. 1 . Terebratule chapeau. i . Terebratula pikus. Terebratule. Coquille Ttrthrzi. Testa trian- triangulaire lisse , trois gulari lavi , valvula in- eotes longitudinales , ra- ferioris costis tribus loU" mifiees sur la valve infe- gitudinalibus ramosis. rieure.Pl. 22, fig. i-3. Descript. i ( 425 ] DESCRiPt. Hauteur, i5 lignes ; largettr , 17 ligncs; piofondeur, 5 lignes. for7ne, triangulaire, a troisfacesprcsque egales , Icgerement concaves , Tangle de la base un peu plus clargi que les deux superleurs. Valves, epaisses , inegales , lisses, la valve su- pciieurepluslongue que la valve opposee , de tout le somn:^etj foiblement ridee a sa superficie et sur les cotes , et portant un leger applatissement a sa base , au-dessus du sommet. La valve inferieure , ridee sur les cotes , comme la premiere , et sinueuse vers le bas , plus prolongee en dessus que la valve supericure , et munie sur sa convexite de trois cotes lons:itudinales, dont les deux laterales sont ramifiees a Texterieur, et celle du milieu 1 est en dicotomle. Sommets , inegaux, celui de la valve suptirieure perce dun trou rond , dune lignc de diametre , celui de la valve inferieure peu saillant. Patrie , on ne connoit de cctte coquille que des individus fossiies que Ion trouve aux environs de Veronne. 2, Terebratule cceur. 2. Terebratula cor. Terebratule. Coquille Terebrat. Testa suh~ presque tiiangulaire , triangulari cor4aia Uvi , N". 11. Ahh ( 426 ) cordee , lisse , milieu valvularum sulco medio des valves marque d'un longitudinali , callo utrin- sillon longitudinal, ter- que ad basim terminato. mine au bas par une cal- losite. PL 22 , fig. 4-6. Hauteur, depuis la base jusqu'au milieu du bord superieur , un pouce 6 lignes ; largeur , un pouce 7 lignes; profondeur, 9 lignes. Forme , presque triangulaire , cordee, a faces laterales, Icgerement convexes et enfoncees a la jonction des valves, face superieure echancree , les deux angles ^u haut un peu moins elargis que celui de la base. Valves, epaisses , inegales , lisses , la valve su- perieure depassant au bas la valve inferieure de tout le sommet , et la recouvrant en dessus par son bord moyen pfolonge ; ayant Ic bord des faces laterales sinueux et tres-convexe vers le bas, et une saillie striee en forme dare au-dessus du sommet; portantun sillon longitudinal depuis le milieu du bord superieur jusqu'a la base, et deux callosites , dont une plus grande nait a quel- que distance du sommet , et se termine a son ori- fice, et I'autre , bcaucoup plus etioite , est situec vers le milieu du sillon dorsal. La valve infe- lieure , partagee par un sillon longitudinal plus ( 427 y profond que celui de la valve superieure , ayant le bord des faces lateraies , arrondi et tres-saillant vers le haut , et deux callosites inegalcs et con- tigues au-dessus du sommet. Sommets, inegaux, celui de la valve superieure , convexe , termine par un orifice rond , dune demie ligne de diametre ; celui de la valve infe- rieure rentrant. Patrie , se trouve fossile aux memes endroits que la precedente. N'ayant vu ces deux coquilles que dans Tetat fossile, je ne puis rien dire ni dc leiir cliarniere, ni des autres parties de leur intciieur. Explication de la planchc 22. No. 1 . Terehratule chapeau de grandeur naturcUe , presentant sa valve inferieure. 2. La meme , vue du cote de la valve supe- rieure. 3. La meme , vue de cote. 4. TerebratuU cCcur , de grandeur naturelle , vue du cote de sa valve inferieure. 5. La meme , picsentant sa valve superieure. 6. La ail erne , vue de cote. H h h 2 ( 4?S ) OBSERVATIONS Sur la generation des BucciNS d'eau- douce. Par M. de Ribau court. In contemplatione Naturce , nil potest videri super-vacuum. Pliue-le-Jeuue. On ne perd jamais le terns qu'on emploic a observer la Nature , et dans cette contemplation, lien ne pent etre regarde comme superflu. L'objet de ce memoire , en mettant au jourun des moyens dontj'ai decouvert qu'use la Nature , pour faire eclore les Buccins d'eau-douce , est une preuve que souvent , lorsqu on y pense le moins, en ne clierchant qu'a s'amuser , on fait les decouvertes les plus interessantes (i). Me promenant dans un des premiers jours du mois de niai , le long d'anciens trous a Tourbes, (i) En meme - terns qiie j'ai observe ce doveloppement des jeiines Buccins , j'ai aussi observe rebii des feuilles du Nenupbar , ensorte que je ne puis separer. ce* deux ol)jers , et fairc I'liistoire de I'un , sans faire aussi celle ^c i'autre. ( 429 ) je m'amusois a contempler quelques feuilles de Nenuphar, qui nagcoient eteudues a la surface de Teau , portees par des pedoles aussi longs que la profondeur du trou ; j'observois avec in- teret, que lorsque ces fcuilles partoient du fonds de la fosse, elles etoient roulees ; qu elles se de^ rouloient a mesure qu'elles approchoient de la surface de Teau , et s'etendoient absolument , lorsqu'elles en etoient dehors , de manierc cepen- dant qu'elles y touchoient par leur partie infe- rieure , et flottoient au gre des vents et du mou-« vement de Teau. Je voyois que tant qu'elles etoient sous Teau, leurs bords replies en dedans, leur donnoient Ig, figure de fers de lance. Qu elles etoient fort petites , en sortant du collet de la racine, et que leurs petioles etoient fort courts ; mais qu'a. mesure qu'elles montoienC par Taccroissement de leurs petioles, elles aug- mentoient en grandeur. Je m'amusai a observer ainsi les divers accrois- semens de cette plante , n'ayant d'autre but que de la voir arrivcr hors de I'eau , et de veri- fier si , comme le pretendent plusieurs Natura- listes , sa parfaite sortie n'a lieu que vers la mi- ni ai , si elle annoncc le retour constant de la, fhjileur^ la, fin absolye des gelees. (43o) Jc remarquerai en effetque ces feuillcs ne com- mencerent a sortir de Teau, eta se deployer a sa surface , que le huit ; et qu'clles ne sortirent abon- damment, que du i5 au 20. Mon objet etant rempli , je mis fin a mes ob- servations ; cependant Tinteret quej'avois pris a leur developperaent , et a leur sortie , me portoit encore a les ailer visiter de tems a autre. Un jour que je m'amusois a contempler le bel cfFet dune grande quantite de ces feuilles , qui formoient a la surface de Teau un superbe tapis de verdure , je fus frappe den appercevoir un grand nombre , couvertes d'unc multitude de tachcs jaunes , et qui paroissoient annoncer qu'elles avoient servi de pature a quelqu'insecte. J'attire une feuille , pour essayer de decouvrir I'insecte qui le rongeoit, mais le dessus ne me presente aucune solution de continuite, aucune marque de deperdition de substance , et cepen- dant la tache etoit jaune , mince et transparente. C'est done sous la feuille , me dis-je , qu il faut cbercher • je laretourne ; les marques du ravage de rinsecte ne sent plus equivoques ; la feuille est rongee dans la moitie de son epaisseur ; mais Tancien destructeur n'y est plus. Assure du fait , ma curiosite n'etoit que plus excitee a la decouverte de Tautcur de ce degat ; ( 43i ) cependant j'avouerai que je fus plus d'une fois tcnte d'abandonner une recherche , qui, bien examinee, me paroissoit vaine ; car apres tout, medisois-je, a quoi me servira de connoitre rinsecte qui vie aux depens de la feuille du Ne- nuphar ? Qu'en peut-il resulter d'interessant pour IHistoire Naturelle ? Qu'y a-t-il de singulier , de neuf , qu'un insecte aquatique vive aux depens des plantes qui croissent dans I'eau , comme un insecte terrestre fait sa nourriture de celles qui vegetent sur la surface de la terre ? Si je me demandois pourquoi Tanlmal avoit prefere la surface de la feuille qui touche Teau , a celle qui en est dehors? C'est , me disois-je , parce qu il est monte du fonds de Teau le long de la tige , et qu'il s'est attache a la partie que je plonge dans I'eau , parce qu'il ne peut vivre hors de cet element. Mais si ces reflexions etolent propres a lever les objections que je me faisois , elles n'etoient point suffisantes pour me satisfaire pleinement. Elles avoient bien asses de force pour ralentir mes recherches , mais je n'en etois pas moins porte par un mouvement de curiosile irresisti- ble , dont je nc pouvois me rendre compte , a. rechercher la cause d'un phenomene qui m'avoit vivement aflfecte. ( 432 ) Je retournois tous les jours au bord du bassln ," et la, je m'occupois arenverser avec le bout dune eanne, les feuillcs qui etoient a ma portee. A force d'en retourner , j'en rencontrai une , sur laquelle j'appergus deux petites masses de matiere muqueuse adherentes a la feuille, et qui avoient la meme forme que les taches que j'avois observe sur les autres feuilles. L'une presentoit un cylindre applati ; et I'autre ofFroit la figure d'un hemisphere. J'enleve une de ces rriasses ; je la pose sur le fonds de la main; je Texamine a la vue simple; je la vois remplie dune foule de petits points verds. Je ne doutai point que cette masse de matiere muqueuse , ne fut une portion de frai de quel- qu'insecte, et que les points verds que j y apper- cevois , n en fussent les oeufs. Jcnepoussai point plus loin mon observation, pour I'instant, n'ayant pas ma louppe sur moi : je ne rejettai cependant point mon morceau de frai , je I'emportai a la maison , enveloppe dans du papier, a dessein de 1 examiner plus exac- tementi Pendant le transport, le papier avoit absorbe rhumidite du mucilage , et les petits points etoient a decouvert; ils etoient si petits, qu'il etoit de toutc (433) toute hilpossibilite d'en discern er la figure ; je crus cependant , apves les avoir bien examines a la loupe , y reconnoitre cello des Buccins d'eau- douce ; mais je n'osois m'arreter a cette idee , et je resolus de retourner sur le pre , et d'examiner scrupuleusement ce pbenomene. Le Icndemain , vers les six lieures du matin , jallal de nouveau aux bords de Tetang; j avois entasse un piquet a. cote de la feuille sur laquelle j'avois pris le morceau de frai que j'avois empdrte la veille au logis ; j avois cru cette precaution, nccessaire pour la reconnoitre , je craignois de n'cn plus retrouver une semblable avec facilite ; mais j'ai eu occasion de me convaincre par la suite , que cette precaution avoit ete superfine , car presque toutes les feuilles qui couvroient la surface de Ittang , ou portoient de semblables portions de frai, ou en portoient les marques, ensorte que le plus difficile cut ete d'en trouver qui en fussent depourvues. Je nris une nouvelle masse de frai , je la posai sur du papier blanc , jc lobservai a la loupe , et j y appercus de menie les petits points , mais sans en pouvoir encore distinguer nettement la figure. Toute la difference que j'y remarquois,, c'est qu'au lieu de me paroitre verds , comme N'\ 11. lii ( 4^4 ) lorsque je Ics avois observe sur la feuille de Ne- nuphar, ils etoient de couleur olivatre. J'ouvris alors ma petite masse de frai , avec une pointe d'epingle ; I'enveloppe oflFrit un peu de resistance , et le mucilage me parut plus liquide dans I'interieur , ou , pour parler plus exacte- ment, il me parut qu'il y en avoit une partie fort liquide, et une autre a-peu-pres aussi consistante que I'enveloppe. Je soulevai lepingle , elle enleva tous les points , adherens a plusieurs filets membraneux , que je regardai comme autant de Placenta aux- quels adheroient les petits-ceufs. Je m'amusai un instant a considerer cc spec- tacle, aussi interessant pour moi qu'il etoit nou- veau ; je soulevois Tepingle , je I'abbaissois alternativement , et toujours ces filets membra- neux trainoient apres eux les petits ceufs qui y etoient attaches , et ressembloient a autant de chapelets. Je posai enfin ces filamens sur le papier, et je les examinai de nouveau a la loupe. Ainsi isoles , et hors de la liqueur qui les avoit entoures , ils devinrent plus senslbles a la vue , et je les reconnus parfaitement alors, non pour de petits ceufs, mais pour dc petits BuccinSj dc ( 435 ) meme forme absolument, et de meme couleur que les plus gros. II ne me restoit aucun doute sur I'espece d'ani- mal qui avoit ainsi depose son frai sur le revers de la feuille du Nenuphar , mais il rnc restoit encore beaucoup de choses a observer. La premiere a laquelle je m'attachai , fut de rechercher si ces petits animaux avoient ete de- poses sous leur forme, ou sous celle d'oeufs ; je retournai en consequence tout ce qu'il me fut possible dc trouver de feuilles a ma portee ; j'ea detachai un grand nombre de goutteS de frai, et toutes me presenterent de petits Buccins tous formes. Comment, dis-je ensuite , le Buccin a-t-il pu deposer ainsi son frai sur le revers de la feuille du Nenuphar ? Ce petit animal vit dans la vase , au fond du bassin ; il n'a done pu deposer son frai a la surface. En faisant ce raisonncment , j'avois les yeux fixes sur le bassin ; la grande limpidite de ses eaux, me permettoit den voir tres-distinctement le fond ; et j'y voyois ce que j y avois deja ob- serve lors de mes recherches sur Taccroissement des feuilles du Nenuphar ; savoir , que le collet de sa racine etoit garni de bouquets de feuilles fortpetites, et roulees de manierc que la partie (435 ) du dcssous ^toit relevec en dessus ; je sends alors que Ic Buccin n'avoit point eu de peine a deposer son frai sur ces feuilles , qui etoicnt couchees d fleur de Ja vase dans laquelle il reside ; et que ce fiai , ainsi depose sur la feuille , a laquelle il devoit necessairement adherer, a raison de sa consistence gelatineuse , s'etoit trouve transporte avec elle a la surface de I'eau , et que lorsqu'elle etoit venue a se deploycr , ii s'etoit trouve a sou re vers. ' Je fis ensuite une autre reflexion ; toutes les feuilles que j'avois examine , etoient a la surface , de i'eau depuis fort long-tems ; depuis ce terns , les petits oeufs avoient pu eclore , mais peut-etre si je pouvois me procurer dcs feuilles recemment sorties de Teau , j'y trouverois des oeufs. En consequence de ccite idee , je me jettai dans Vine nacelle qui servoit apecher dans I'etang; je Ic parcourus , et trouvantdes feuilles tcUes que jc les desirois, j'y pris du frai. Au-lieu d'etre verds, les petits points mc paru- rent rouges ; ils etoient infiniment plus petits ; tc ne pus en reconnoitre distinctement la forme; jc crus cependant leur remarquer encore celle du Buccin. C'etoit beaucoup, sans doute , dc m'etre,assuio que CC3 gouttcs de corps gelatineux >. que j'avois ( 437 ) decouvertes au revers 'des feuilles de Nenuphar," etoient du fral de Buccin ; il ne metait pas difficile de sendr, que le but dc la Nature , en donnant a CCS animaux i instinct de les y deposer , etoit de les amener a la surface des eaux , afin de les ex- poser a Faction des rayons du soleil , necessairc sans doute pour en faire eclore les ccufs par Tin- fluence de leur cbaleur ; mais la deperdition de substance qu'avoient eprouve les tacbes jaunes qui m'avoient franpe d'abord, me donnoit lieu de penser que ces feuilles avoient servi de nour- liture aux jeunes Buccins , apres qu ils avoient cu consomme tcute celle qui leur p.voit ete pre- paree dans le mucilage qui les enveloppoit. Pour verifier eette conjecture, je decbirai plu- sieurs'feuilles, surlcsquelles j'ayois reconnu quel- ques gouttes de frai , afin de les reconnoitre; je les cboisis assez eloignees des bords du bassin , pour n'ctre point exposees a etre arracbees; et je les allai visiter tons les jours dans la nacelle , ob- servant Taccroissement de mes petits Buccins. lis grossissoient de jour en jour, et le frai di- minuoit a mesure qu ils croissoient , au point qu'apres dix jours, on n'en appercevoit plus de vestiges sur la plupart des feuilles ; on voyoit les petits Buccins s'agiter sur la fcuillc ; ils etoient %sbu g!os pour que je n'eussc plus besoin du ( 438 ) secours de la loupe pour en distinguer la forme ; mais je n'appercevois leurs mouvemens que par son secours. Un jour que je retournaiune feuille , au revers de laquelle j'avois encore observe la veille une petite famille de Buccins , je n'y en trouvai plus aucun. lis sont sans doute descendus au fonds des caux , me dis-je , pour y chercher une nourriture plus substantielle , et y achever leur carriere , apres y avoir vecu comme leurs peres. Je frappai douccment sur cclle des feuilles ou je voyois les plus gros Buccins ; plusieurs se de- tacherent, et coulcrcnt has. D'apres toutes ces observations, il ne me reste aucun doute sur la nature des pctites masses de mucilage que j'avois decouvert au revers des feuilles de Nenuphar : il etoit clair que ce n'etoit autre chose qu'un frai de Buccin d'eau-douce , qui y avoit ete depose lorsqu'elles etoient encore au fonds des eaux , et dont les ceufs etoient eclos, lorsqu'amenes a la surface du bassin, ils avoient ete suffisamment echauffes par Fardeur du soleil, Je ne fus point surprls de voir, qu'apres etre parvenus a un certain terme d'accroissement , ils sc fussent detaches de la feuiiU , et fussent tomhes. { 4S9 ) au fonds de I'etang; tant qu ils ont ete tres-petits €t enveloppes dun mucilage epais et tenace , ils ont pu se soutenir a la surface de I'eau ; mais aprcs qu ils onteu devore ce mucilage , et acquis unecertaine giosseur, alors devcnus trop pesans, et n etant plus adherens a la feuille , ils ont clu iiecessairement etre entraines vers Ic fonds par leur poids. Et d ailleurs , le but que la Nature s'etoit pro- pose en les amenant ainsi a la surface de I'eau, etoit rempli, ils avoient epuise toute la nourri- ture quelle avoit preparee pour leur premiere cnfance , il leur en falloit une autre plus subs- tancielle qu ils ne pouvoientse procurer que dans la vase du fond du bassin ; il etoit done terns qu ils y descendissent. Qui done a appris au Buccin a deposer ainsi son frai sur la feuille d'une plante si propre au developpement et au premier accroissement de sa famille ? Qui ? la sage , la prevoyante Nature. Elle sait que la feuille du Nenuphar sort du collet de sa racine des les preraiersjours de 1 automne ; quelle teste tres-pctite , et totalement roulee , pendant toute cette saison , et la suivante; qu'auxappro- ches de la belle saison , elle commence a grandir. ( 440 ) a se derouler peu-r.-peu ; que son petiole, d'abord a peine sensible, s'alonge , monte insensiblement, a mesure que le tems sechaiifFe , rcstant a son point dcs qu'il sutvicnt le molndre refroidisse- rrient dans ratmosphere, jusqu'ace qu enfin , les beaux jours du mois de mai ranienant d'une nia- niere durable les clialeurs printanieres , clle par- vient a fleur d'eau , et pcrmet a ia.feuillc de se deployer a sa surface. Et cette apparition des feuilles de Nenupliarn'a sibien lieu qu apres que les gelees sont totalement passees , que plusicurs jardiniers Tattendentpour sortir les Grangers hors de la scrre ; ils la regar- dent comme un indicc certain qu'il:^ n ont plus a craindre de froid , asscz lort pour nuire a ces arbustes (i). (i) Me promenant avcc nn ami , dans le courant de septenibre 1788, le long d'xm etarg , dans lequel il y Mvoit beaucoup de NeniipLar, je fiis siu'pris de voir qu'Il n'y avoit plus auciine de ses feuilles liors de I'eau , quoi- que j'y en eiisse encore vu ordinairement jusqnes veis la fin d'octobre ; cela me fit presximer que les gelees au- roient lien de tres-bonne Lenre , el: laenie incessaniment, et j'en conclns que I'liiver pourroit elre long. L'evene- nient n'a que trop verifie ma prediction, et mon ami , qui doutoit du pronostic , me I'a rappelle dej)uis , plus d'une fois. On PI. 22. jrr,;.4. ^y ^> /■Jtetli'/z/c'i/t-/ Jiiviil/i/ i/i/i:t// ( 44i ) Oh n'est point etonne que le frai du Buccin se trouve attache au revers de la feuille , lorsqu on considere que tant qu'elle est au fond des eaux, elle est rouleej et ne presente que le dessous ; il h'est pas difficile de sentir alors que le Buccin se trainant sur clle pour y deposer son frai , celui-ci doit riecessaireraent se rencontrer au revers de la iFeuillc , lorsqu'elle s est deployee. Et ceci, est encore un nouveau bienfait, line nouveile marque de la sage prevoyance de la Nature , puisque par ce moyen , le frai est abrite par la feuille , qu elle le garantit d etrc desseche par Tardeur du soieil , tandis que sa chaleur , ainsi moderee par son interposition , aide au de- Veloppement du foetus, et que le ieune Buccin se trouve dans Tcau , element dans lequtl il doit passer sa vie. Ainsi tout, jusqu'au roulement de la feuille du Nenuphar , la rend propre , plus qu'aucune autre ,3. favoriser la naissance des Buccins , ct a les defendre des accidens du froid ou de la trop grande chaleur , qui pourroJent, ou s'opposer a lieur developpement , ou les faire perir des leur naissance. II reste encore une chose a observer , et que jc n ai pu decouvrir d'une rnaniere certaine. • Les petits points que j'ai remarque dans le fra' N°. 12. Rkk ( 442 ) du Buccin , sont-ils des ceufs , ou ce frai est-il I'oeuf lui-meme , ct ces points des pedts Buccins tout formes? Enfin , le Buccin est-il ovipare , ou vivipare ? Si petits qu ont pu etre les points que j'ai exa- mines , ils m'ont to uj ours paru avoir la figure du Buccin ; je penclie done a croire que ce ver est vivipare. Si les plus petits etoient rouges , cette couleur etoit due, sans doute , a la grande tenuite , a la transparence de leurs coquilles , qui laissoit voir les petits animaux. C'est probablement encore par la meme raison que les premiers que j ai decouvert m'ont paru verds , lorsque je les ai consideres sur la feuille , et que je les ai vus olivatres , en les regardant sur un papier. Je n oserois cependant rien conclure de precis a cet egard, il faudroit, pour decider cette ques- tion , examiner ces petits points avec un bon microscope , des Tapparition des premieres feuille* de Nenuphar. Je terminerai cc memoire par quelques re- flexions que j'ai dejafaites en plusieurs circons- tances , mais auxquelles je ne tiens pas plus qu'aux precedentes , et qui demandent, commc cUcs , a etre confirmees par des recherches et ( 443 ) des observations multipliecs ; c'est que , dans toutes cclles que j ai faites sur les vers , depuis celie qui fait robjet de ce memoire , jai toujours remarque , ou au moins j'ai toujours trouve, que leur frai conticnt de pctits animaux tous formes, d'ou je me persuade que tous ceux de cette espece sont vivipares. Quoiqu'il en soit de cesreflexions que je ha- zarde , Tobservation dont je viens de rendre compte m'a paru assez interessante pour meriter d'etre connue , et d'etre presentee a Tacademie ; cUe^aous fournit un motif de plus d'admirer la sage prevoyancc de la Nature . et les ressources SLires et infinies qu'elle met en oeuvre pour assurer la conservation des especes creees; elle nc peut que nous exciter a I'observer scrupuleu- sement jusques dans les plus petites choses , et qui nous paroissent les plus indifferentes, et con- firmer I'adage de Pline, que j'ai place pour epi- graphe en tetc de ce memoire, que rien ne peut etre regarde comme indifferent dans la contem- plation de la Nature. Kkk e ( 444 ) B O T A N I Q U E. Sur U7ie nouvdlt espece de Lo ran t H e.' P AR M. L AM ARC K. Parmi les plantes interessantes cnvoyees de Cayenne, parM. le Blond, a lasocieted'Histoire Naturclle de Paris , et a quelques-uns de ses mem- bres en particulier, au nombrc desquels il a bien voulu me raettrc ; je tiouve une tres-belle cspece de Loranthe dont personne , a ce que je crois , n'a public la description , et qui me paroit tres-dis- tinguee de toutcs les espcces jusqu a present determinees par les Botanistes. Elle est en effet fort remarquable par son aspect, son feuillage, et sur-tout par les bractees cuculiaircs qui em- brassent ses fleurs , ainsi que par le calice exte- lieur qui contient Tovaire. Voiqi le nom et les caracieres que je crois devoir assigner a cette nouvelle espece, Loranthe cucullain. Loranjbus cucullaris. Pi. 23. ' Tab. 23. L. A feuilles larges- L. Foliis lato-lancco- lanceolees , en faulx , la(is falcatis nervosis ; { 445 ) nerveuses ; bractees en bracteis cordatis basi cu^ ca*ur , cucullees a la cullatis suhlrijloris. base , ^ubuifloics. Palric. La Guyane. I> Ex Guiana, h D. Ic Blond. Descript. FruUx ( vel suffrui(x) glaber, ramostts, exsiccatione nigrescens : ramulis terdibiis, articulatisy ad genicula nodosis. Folia opposita , ovato-hnccolata , tUrinquc acuta , integerrima , ntrvosa , subfalcata , uno latere paulo anguitiora : vents ramoiis inter nervos. Peduncuti terminales axillares^que , crassiusculi , articulati , subpaniculati , vel tanlummodd bijidi. Bractees cordata , basi concavo-cticullata , bi S. tri" Jlora , raro tinijlora , terminales. Flares in bracteis stssiles , subaggregati , ante ^77- N". 12. Nnn ( 466 ) d'autres Negres en Amerique que ceux que Toil y a transplantes , et que les Espagnols out cou- tume de punir Icurs esclaves en leur coupant un doisit et successivement les autres. Ce villaire de Negres mutiles est plus pres des Colonies Espagnoles que dcs Hollandoises ; et dans le Ian- gage du Negre que j'ai vu, continue M. Castel , j'ai remarque quandte de mots Espagnols (i). Ces faits sont aises a. concilier par les conjec- tures. Nous observons dans les vegetaux et les animaux des varietes et des inonstruosites , qui n'etoient qu'accidentelles , et qui sont devenues constantes par les generations successives , ce qu on observe dans le Negrc de M. Castel et dans les plantes (2). Les animaux domestiqucs nous en fournissent de nouvellcspreuves. L'homme accouple , altere et denature les especes par divers melanges et par les (1) J'ai vu au Palais-Royal lui enfant qui n'aVoit qii'iin bras. L'omoplate et la clavicnle existoient , et sur la ca- vite glenoide s'elevoit un doigt. J'ai pliisieurs oxcmples d'ecarts seinblables de la natiu'e dans mon cabinet , dont je donnerai la description. (3) Je connois dans ime fainille plusieiirs fr^res qu n'ont que quatre doigts a la main , et j'ai vu un tres- grand nombre d'individus avoir les doigts r^unis comme dans les palmesp^des, ( 46? ) mutilations qu'il fait subir aux animaux pour les reconnoitre, et quelquefois il cree meme de nou- vellcs especes , dit BufFon. Le Cygne dont je donne la description n'est-il pas un animal mutile? ou est-ce une espece par- ticuliere qui habite TAinerique , comme le rap- porte la Chenaye ? G'est eiux voyageurs a constater notre incertitude. PRIX Propose par Tacadrmie des scic?7ces, pour tannce ^794. Les vegetaux puiscnt dans lair qui les envi- ronne , dans Teau et en general dans le regnc mineral , les maleriaux necessaires. a Icur orga- nisation. . Les aaimaux se nourrissent ou de vegetaux , ou d'autres animaux, qui ont ete cux-memes nourris de vegetaux ; ensorte que les materiaux dont ils sent formes sont toujours , en dernici: •resultat , tires de Tair ou du rcgne mineral. Enfin , la fermentation , la putrefaction et la combustion, rendent continuellement a Tair de Fatmospherc et au regne mineral , les principes que les vegetaux et les animaux en ont empruntes. N n n 2 ( 468 ) Par quels precedes la nature opere-t-elle cette circulation entre Ics trois regnes ? comment par- vient-ellea former des substances fermentescibles , combustibles (i) ct putrescibles , avec des ma- teriaux qui n'avoient aucune de ces proprietes, La cau?e et Ic mode dc ces phenomenes ont ete jusqu'a present envtloppes cCun voile presque impenetrable. On entrevoitceperidant que puisque la putrefaction ct la combustion sont Ics raoyens que la nature empioic pour rcndre au rcgne mi- neral les materiaux qn'clle en a tires pour former des vegetaux et des animaux , la vegetation ct , ranimalisation doivcnt etre des operations in-. verses dc la combustion ct de !a putrefaction. L'Academie a pcnse qu il etoit tems de fixer Fattcntion des savans sur la solution dc ce grand problcme. Tandis qu'une commission qu'elle a nommce a cet effct , s'occupcra sans relache , dans un local deja dispose pour cet cflfet, des pheno- menes de la vegetation , elle a cru devoir s'aider du concours des savans dc toute TEurope , pour ce qui concerne la nutrition des animaux. (i) Il est tres-rcmarquable que les substances minerales: combustibles se trouvent le plus souvent bi^lees , ou au inoins piigagets dans des cojnbinaisons oil elles sont peu combustibles , et que les vegetaux les separent et se le^ approprient pour en former leurs matieres itiflammables. ( 4^9 ) C'est dans toute Tetenclue du canal intestinal que s'cpere le premier degre de lanimalisation , ou la conversion des matieres veeetales en ma- tieres aniraales. Les alimens recoivent une pre- miere alteration dans la bouche , par le melange avec la salive ; ils en re^oivenr une seconde dans rcstomac , par lent melange avec Ic sue gastrique ; ils^ en recoivent une troisieme , par le melange avec la bile et le sue pancreatiquc. Convertis ensuite en chile, une partie passe dans le sang, pour reparer les pertes qui s'operent continuel- lement par la respiration et la transpiration ; en- fin , la nature rejette , sous la forme d excre- mens , tous les materiaux dont elle n'a pu faire emploi. Une circonstance rcmarquable , c est que les animaux qui sont dans Tetat de sante , et qui ont pris toute leur croissance , revienncnt cons- taramcnt cliaque jour, a la fin dc la digestion, ,au meme poids quils avoient la veille, dans des circonstances sembiables ; ensorte qu'une somme de matiere cgale , a ce qui est regu dans le canal intestinal se consume et se depense , soit par la 'respiration , soit enfin par les, diffcrentes excre- tions, L'Acaderaie ne croit pas devoir presenter aux concurrens tout cc plan de travail sur I anima- lisation , pour le sujct dim scul prix ; die sait ( 47» ) qu'il exige une suite immense de recherches , qui nesont peut-etre pas susceptiblcs d'etre faites par un seul homme , et sur-tout dans le terns quelle peut fixer pour ce coiicours; elle a done cru quelle devoit choisir un des principaux, traits « de Tanimalisation , et dans I'intention de les par- couiir les uns apres les autres , elle a d'abord £%e son attention sur Tinfluence du foie et de la bile. • On sait que le foie occupe une grande place dans le corps des animaux ; qu'une partie du systeme vasculaire abdominal est destinee a ce viscere ; que le sang y est dispose d'une ma- nicre particuliere, pour la secretion de la bile ; que I'ecoulement dc cette humeur doit se faire avec Constance et regularite, pour I'integrite de toutes les fonctions ; que le foie existe dans tou.s les ordres d'aniraaux, jusqu'aux insectes et aux vers ; qu'il est ou accompagne ou dcstitue de vesjcule du fiel , suivant la nature de ces etrcs ; qu il y a des rapports essentiels entre la rate , le pancreas et le foie: voila les premieres donnees que I'anatomie offrc depuis long-tems aux spe- culations des physiologistes ; mais elles ont ete jusqu'a present prcsqu.e steriles en applications : on s'est presque uniquement borne a considerei: les; usages de la bile dans la. digestion.. Cependant ( 471 )