5'o i/J^-hyL AP./iso,p. i&''..-2%oy / J O U R N A X. D'HISTOIBJE— iTATURELLE,' Redig^ par MM. Lamarck , Brugui^re j Olivier , Hauy et Pelletier. T O M E S E C O N D. >».l.l».H)«H1K^j,mri:ir'|^'Jp^,j^-Cr A P A R I S^ Chez les Dlrecteurs du Cercle Soclaj , rue du Theatre-Fran^ais , N". 4. 1792. l\\N Q.UATRE DE LA LIBERT E. JOURNAL D'HISTOIRE NATURELLE. N". XIII. BOTANIQUE. Sur le nouveau genre PolicarpeAs Par M. Lamarck. JjA plante dont je vais faire rexpositlon dans cct article, a de si grands rapports avec le Poly~\ carpon , que d'abord je Favois regardee comme unenouvelle espece dece genre. En efFet, lecarac- tere de loutes ses parties , soit de la fructification , soit du port, s'y rapporte prcsqu'entierement , si Ton en excepte celui qu'on peut retirer du nom- bre , qui difFere en plus dans les etamines, et en moins dans le pistil. Mais cette consideration , sur-tout celle qui concerne le pistil , me paroissant assez importante pour autoriser a nc pas regarder cette plante comme nnPolycarpon, j'ai cru devoir la presenter ici comme un nouveau genre , a la A a ( 4) verite trcs-voisin A\x Poly car pon par ses rapports. Ce nouveau genre a aussi quelque affinite avec le Pharnactum : mals la presence de sa corolle , son style simple , et principalement sa capsule unilo- culaire, Ten distinguent abondamment. Voici le caractere que j assigne a ce nouveau genre, qiii , dans le systeme sexuel de Linne , doit etre place dans lapentandrie , mon ogynie , pres de TzV/ctf JrwOT. Caract. essent. Charact. essent. Cal. 5-phylle. 5 pet. Cz\.5phyllm.Pelala 5, echancres. Caps- 3-gone, emarginata. Caps. S-gona^ i-locullaire,polysperme. i-locidan's , pol)>sperma. Curact. not. Charact. nat. Calice pentaphylle , Calyx pentaphyllus , persistant : a foliolcs persistens : foliolis lan~ lanceoiees , concaves , ccolatis , concavis , mar- blanches , et scarieuses gine albo-scario$is> sur les bords. Cor. Cinq petales , Cor. Petala quinque , ovales-oblongs , un peu ovato-oblo7iga, calycesub- plus courts que le ca- hreviora , apice e?nargi- lice, echancres au som- ?ia(a. met. Etam. Cinq filamens , Scam. Filamenta quin-^ filiformes , un peu mem- que , Jilijormia , basi sub braneuxalabase, tout- memhranacea.ojnninQ dh- ( 5 ) a - fait distincts , plus tincta , calyce hnviora. courts que lecalice. An- Antherue ovate. the res ovales. Pist. Ovaire supe- Vist. Germcn supernm , rieur , ovale, trigone, ovatum., trigonum. Stylus Style simple , de la Ion- simplex , longitudine sta- gueur desetamines.Stig- minum. Stigma ohtusum. mate obtus. Peric. Capsule ovale- Peric. Capiula ovato^ pointue, trigone, uni- acuta , trigoiia , unilocu" loculaire(trivalve?) en- laris {irivalvis? ) calyce fermee dans le calice pcrsistentc tnclusa, persistant. 5fW2.Plusieurs (60U7) Sem. Plura ( 6 s. 7 ) , ovales, un peu compri- ovaliajiincsubcompressay races d'un cote, lisses, Uvia, funicidisumhilica-' attacliees a des cordons libm in ima capsula cen- ombilicaux , qui nais- tralibus ajfixa. sent du milieu de la cap- sule , a sa base. FoLY CA'RVEE deTe?ieriffe. PoLYCARP.EA Ttneriffce. PI. 25. Tab. 25. Patrie : le pic de Te- Habitat iii monle Tc-, neriffe, © neriffa, q (6 ) Descri FT. Radix Jibrosa, albida , multicaulis. CauUs spithamci vel aodrantales , htrbacei , undique prostrati , diffusi , ramosi , geniculati , ad genie ula incrassati. Folia opposita, verticillata , inaqualia , ipathulata iuhmucronata. Stipula infra folia subver- ticillalcE , parva; , membra^iaceo-scariosce , albida , acu- minata, sessiles. Panieula dichotomo-ramosa , subco- rp7ibosa , terminalis. Flares parvi , argenteo-viriduli, sessiles in duhoiomiis apicibusque pedunculorum : ter- minalibus suhcongestis. Bractece squamiformes , sea- riosa , nitida ^ argentea , acuminata , intus concava^ opposite. La Polycarpee de Teneriffe est une plante her- bacee , etalce sur la terre cominc la corigiole , et quia', comme les paroniques , [illecebr. paroni- chia, etc. ) des stipules et dts bractees scarieuses , argentees et luisantes. Sa racine est blanchatie , fibreuse. Elle poussc Tin grand nombre de tiges herbacees , couchees , longues de 7 a g pouces , diffuses, rameuses, ar- ticulees , epaissies et un peu noucuscs aux articu- lations. Les feuillcs sont opposees, verticillees , d'inegale grandeur , vertcs , spatulees , un pcu mucronees a leur somnaet. Sous les feuilles , on observe a chaque noeud , des stipules , petitcs , ver- ticillees, meinbraneuses , scarieuses, acurainees , { 7 ) sessiles. La panicule est rameuse , dichotorne, presqu'cn corymbe , tenninale. EUe soutient de petites fleurs panachees de verd et d un blanc ar- gente, sessiles dans les dichotomies et aux extre- mites des pedoncules : cellcs qui sent terminales sont rapprochees ou comme ramassees par petits paquets. Ces fleurs sont environnees de bractees stipulaires , scarieuses , blanches, argentees, lui- santes, opposees, acuminees, concaves interieu- rement , ct un peu plus grandes que les stipules qu'on trouve sous les feuilles. Cette plante , que jeregarde , ainsi que le Poly'^ tarpon et Ic Pharnaceum , comme de la famille des sablines ( arenarias ) , et non comme faisant partie. de celle des Polygonees , a ete trouvee sur le pic ou la montagne de I'isle de Teneriffe , Tune des Ca- naries, par M. de la Haye, jardinier qui voyage avec M. d Entrecasteau , et qui en a envoye des iemences au jardin Botanique de Paris. Obs. J'ai remarque que lorsque la plante est bien nourrie , et quelle vegete vigoureusement , comme cela arrive , lorsqu'on la cultive dans un terrein bien gras ; cette bonne culture iui fait perdre une partie de Teclat que Iui procurent les stipules et les bractees argentees dont ellc est garnie. En effet , sa vegetation vigQureusc ( s ) augmente les dimensions dc ses parties vcrtes ,' sans augmenter proporiionnellement celles de ses parties scarieuses et argentees. Ensuite j^ai cru ni'appercevoir que les feuilles de cette plante ne sont veritablement qu'op- posees : si elks paroissent ainsi venicillecs , c'est que des pousses axillaires , qui ne sc de-» veloppent ou ne s'alongent point, sont munies de feuilles qui , avec les premieres , forraent a cliaque nccud des especes de verticilles. C'est s.uisiqueVAch)'ra7iihesc6r)'mbo5a. L. que dans mon dictionnaire je voulois rapporter a mon genre paronique , paroit avoir des feuilles verticillees, quoiqu'elles ne soient veritablement qu'opposees. En outre, ctt A chyranthes corymb osa , ayant ( ce que je viens d'observer ) des capsules unlloculaires , trivalves , et polyspci'mes , est congenere de la polycarpec de TenerifFe. Ainsi , je distinguerai ces deux especes de la maniere suivante , dans mon dictionnaire. Polycarpaa ( Teneriffis ) caulihus herhaccis pros* tratis •■, foliis spathulatis suhacuminatis. Tolycarpcsa ( indica ) caulibus bast sufjruclosis erectis ; foliis linearibus. Paronychia Burm. Zeyl. t. 65 , f. 2. ExplicGtion grossis. (9) Explication dc la plamhe 25. (a) Fleur entierc, ouvcrte , vue en dessus. {b) Fleur demi-ouvertc, vuc de cote. It) Petal separe. f _ , ;. „ . ^ I Dei AILS [d) htamine. {e) Capsule entiere. (/) La meme , coupee transversa- lement. (g) Seraences separees. Sur les coukurs de tAc at h e opaline, nommee communemcnt Of ALE. Par M. H au y. la'Agatht opaline rcunit seule les difFerentes couleurs que la nature a partagees entre les autres pierres qui flattent le plus Toeil par ce genre d'agrement. tt Elle ofFre , dit Pline , le 5) feu le plus clair de I'escarboucle , la pourpre jj eclatante de Tamethyste , le vert tcndre de T» remeraude, et brillc en un mot de toutes les N^ i3. Tome I J. B ( lo ) ») plus belles teintes fondues ensemble par un ?» melange merveiileux. j« (i) A la variete que produit cet assemblage de couleurs , se joint celle qui nait de leurs positions mobiles , lorsqu'en faisant tourner la pierre a la lumiere, on les voit fuiretTeparoitre dans difFerens points de la pierre, ct se jouer en se succedant Ics uncs aux autres. Ces couleurs ne sont point occasionnees par des principes colorans particuliers interposes dans la substance de la pierre , comme cela a lieu par rapport aux pierres ordinaires. EUes ne doivent pas etre non plus assimilecs a celles de I'arc-en- ciel. Elles dependent d'une multitude de fentes ct de gcrgures , qui interrompent la continuite de la matiere propre de Topale , et laissent entre ses lames des intervalles qui reflechissent diversement les rayons de la lumiere. .Aussi tous ces reflets si vifs et si animes disparoissent-ils , des qu'on la brise. II ne reste plus alors que le blanc laiteux, ' qui est la couleur du fonds. L'e.xplication physique des couleurs de Vagathe opaline rentre dans le phenomene des anneaux colores , sur lesquels Neuwton a fait une tres- belle suite d'cxperiences (aj , dont il me paroit (i) Histoire Naturelle , 1. 3/, chap. 6. (a) OpUce lusous die chaque (xil est une petite pointe plattect saillante, qui ne se trouve ^?is6.d.nsV0niscus inuscorum. Fig. 12. a. a. Les antennes sont corame dans le precedent , mais la pointe de Tecaille qui termine la queue , est proiongee et couvre cntie-^ rement les appendices qui sont dessous. I.es appendices de cote sont applaties. Fig. ^3. ( 23 ) ' 5. On I sous ASELLUs , scaler miicrone cauda appendicihus subcaudalihus aquali ; seta terminali antennarum triarticulata. Fig. g. Est en tout semblable au precedent ; seulc- ment le corps est moins large , plus cha- grine , et les antcnnes sont terminees par une soie qui n'a que deux articula- tions , comme dans les especcs de la trei- sieme sous-division. Fig. lo. Cette espece est la plus commune , ct c'est pour ccttc seulc raison que jc lui applique la denomination dasellus , car Ic caractere specifique assigne par Linne a son asellus , convien droit egalement bien aux trois especes dc cette famille. Le caractere qui les separe des deux autres sous-divisions est dans les deux appendices subcau- dales qui n'appartiennent qua ces trois eSpeces* 1 1 leme . Sous - division. 6. Oniscus armadillo cauda semirotunda , thoracis margine simplici. Fig. 14. Sitot qu'on touche cct insecte , il se roulc en rapprochant sa queue de sa tete et forme aijisi une boule immobile tant que le { H) danger dure. Son corps est li'sse , tres- convexe et varie pour la eouleur , du noir au gris , et au marbre ; il n'a pas sous les yeux les petites pointcs qu'on rtmarque dans les deux precedenS; Ses antennes sout plus courtes , ct la petite sole qui les tcrmine , n'a que deux articulations comme dans Vasellus ; enfiii , la queue: n"a point d'appendices. On voit seulement deux petites pieces aux cotes de sa der- niere ecaille , tcllement disposecs qu'elles forment avec cette ecaille et les autrcs demi-anneaux,un segment de cerclc parfait. Fig. i5. On le trouvc par-tout sous les pierres. C'cst I'armadilic de Geoffrey et de Fourcroy , mais non celui de Linne , qui appartient a notre second genre , comme le pvouve I'expression de cet aij- teur : pedes plures quam quaiuordccm. 7. Onjcus globaTOR Cauda scmirotunda iko- racis margine duplicato. Fig. 19. Scmblable en tout au precedent, mais sou- vent d'un tiers plus grand. La partie pos- terieure du bord lateral du premier seg- ment , cu si Ton veut , du corcelet est double , de facon que le bord des segmens moyens ( 25) moyens s'insere dans la petite fossettc qui resultcde cc doublement , lorsque lanimal se roule. OnnetrouveceCloporteque chezlesapothicaires. ll Icur atrive ordinaircment d'ltalic par Marseille, inele a VOniscus armadillo , ct a I Armadillo margi- nalis. On Ics cmploie indistinctement aux usages medccinaux. On voit que VOn. artnadillo et I'e Globator fer- ment encore dans ce g^enre , une farriille distincte, caracterisee par la queue arrdndie , et par la pro- priete de se rouler qui lui est commiine avec le genre suivant. On peut encore remarquerun autre chainon qui unit Ic genre dcs Gloportes a cclui des Arraadilles. C'cst le double bord du thorax. A'Onisciis glohalor , semblable a celui de mes deux Armadillo. Pour terminer ce que j'ai a dire sur les Glo- portes proprement dits , je vais decrire les or- ganes de leur manducation. lis ont une analogic - singuliereavec ceuxcles Cvabesetautres crustades, et pas le moindre rapport avec ceux des autres Synistates de M. Fabricius ; auSsi ne puis-je en- core deviner ce qui a porte ce naturaliste a placer les Gloportes dans cctte classe ; mais je ne veux pas entrer ici dans une critique du systeme de N^ i3. tome //. D ( =^6 ) M. Fabricius , qui me meneroit beaucoup trop loin : je reviens done a mon objet. II n'y a point de levre superieure mobile. La machoirc superieure est - tres forte, et ornee de plusieurs dents tres-aigues, ran- gees en deux groupes. Fig. 20. Au - dessous du groupc inferieur , est placec une petite soie mobile, ou barbillon. Cc bar- billon rapproche evidemment les Cloportes des crustaces , dont le caractere distinctif est d'avoir un barbillon a la machoire superieure , qui en manque dans tous les autrcs insectes. M. Fabricius ne semble pas s'etre appergu de cela. Sous les machoires superieures sont deux petites plaques flexibles , oblongues , et sans dents. Files sont mobiles horizontalement. Fig. 21. Sous celles-la , en sont deux autres , fig. 22 , mais plus longues , plus fortes , et garnies dc dents tres-aigues. Voila encore une analogie avec les crustaces , qui tous ont plus d'unc paire de machoires inferieures , quoiquc M. Fabricius disc , jc ( 27 ) ne sais pourquoi, qu'ils n'cn ont point du tout. it Agonatis tnaxilla inferior nulla. Fab. 55 sjst. ent. p. 3gg. )? EnBn, Torgane le plus exterieur , est forme tie deux pieces larges , oblongucs et obtuses qui couvreiu toutes les autres , et portent , a leur extremite , un tres-pclit barbillon , et a leur base un autre en soic presque aussi long qu'clles. Fig. 18. C"est sans doute la ce que M. Fabricius nomme : labium quatrifidum , laciniis inter- mediis palpigcris , mais je crois plutot que c'est une quatrieme paire de machoircs , et ccux qui voudront les comparer avec Torgane exterieur dc la raanducation dans les Crabes ou autres crustacesierontsurement de mon avis. Heme. Qcnre. ARMADILLO, (l) Au premier coup-d'oeil , ces insectes rcssemblcnt en toutaceux deladcrniere famille desCloportes , (1) Les insectes que M. Ciivier designs ici sous le noni de Armadillo , sont de veritables iules : ils ne different Je la plupart des autres cp'en ce que le corps est ovale , et a-peu-prcs seml-ilable a celui des Cloportes. ( Note dss. redactsurs. ) D 2 ( 28) mais un examen attentif y dccouvrc bientot assez de differences pour en faire un genre a part. I*'. Le corps a dix demi-anneaux , sans compter la tete, ni la queue. ^^. entre le premier et la tetc , est une plaque demi-circulaire qui manque dans les GIot portes. S°. La queue est d'unc seule piece , demi-clrcu-! lairc et sans appendices. 4*'. II y a seize paircs de pieds , et non sept comme dans les Cloportes. 5*^. Les antennes n'ont que quatre articulations, dont ladcrnicrc est en masse. Fig. 29. 6*', Les yeux sont simples , et ranges en assez grand nombrc le long du bord cxterleur dc la tete, 1^. Enfin , les organes ^t la manducation sont- tous differcns. Le plus extjsrieur, fig. 27 , semblc tout d'une piece , mais partage en quatre triangles par quatre sillons. Lqs externes ont leur pointe en arricre : c est le contrairc dans ceuxdu milieu. Le bord anterieur et libre de ceitc sorte dc plaque , est dcnlclc.. ( 29 ) Lorsqu'on I'a enlevee , on voit la machoire superieure , fig. 28 , large a sa base , et echancree a son extretnitc. Je n ai ricn pu decouvrir de plus , mais c en est asscz pour nous monirer que lunion que met entre Ics mille-pies ( yuli. lin. ) et les Armadilles , le norabre des picds et la forme des antennes de ceux-ci , se trouvc aussi confirmee parlevirs organcs de la ra^an- ducation , qui ressemblcnt en elfet beau- coup a ceux des mille-pies. Nous sommes done descendus par degres , des Ecrevisses aux Squilles , de cel!es-ci aux Asellcs, puis aux Cloportes , aux Armad,iiles et aux iules. Tous ces genres doivent se rapporter a une seule ^asse naturelle , mais revenons au sujet de ce memoire. Je ne connols que deux especes d' Armadilles , elles se roulent comme la troisieme familic des Cloportes , et ont, comme YOniscus globator , le bord exterieur du corselet double. Elles ne dif- ferent gucre que pour Ics couleurs. 1, Armadillo pustulatus , fuscus , fmnctis in singulis segmcntis qualuor fulvis. Le plus souvent les points des cotes sonC si laves dans le bruri , qu iJs ne parois- ( 3o) sent pas , il suiwte une sorte d'humeur visqucuse des intervalles des segments. Cettc espece a ete decrite par M. Fabri- cius dans ses Mantisses , et inseree par M. Gmelin dans sa nouvelle edition du , Sysiana natura. Jc ne, I'ai trouvee qu'une fois sous des pierres , dans un lieu hu^ mide. ». Armadillo marcinalis , 7iigcr , margine segmcntorum tindique fulvo. Se trouve cliez tous les apothicaires. On ie trouve aussi quelqucfois dans ce pays , mais ti'cs-rarement. II est represente fig. 23, La fig. 24 est sa tete avcc ses antennes, et la plaque demi-circulaire^, qui est entre elle et le thorax. Dans la fig. 25 , on voit la tete , dont les antennes ont ete arra- chees , pour montrer la disposition des yeux ; enfin , fig. 26 , est la meme tete vue en-dessous. J'ajoute ici , pour completer ce memoire , la notice de deux especes que je n'ai point vurs, mais dont la description m'a ete envoyee par M. Hartmann de Stuttgardt , aux indications duquel je dois d'avoir trouve la plupart des especes^ decritcs ci - dessus. (31 ) II nomme la premiere Oniscus saxatilis ', elle ressemble a 1 Oniscus asellus , a la queue et les antennesde meme, et appartient a laraeme sous- division , mais elle est plus allongee , plus con- vcxe , et presque demi-cylindrique ; enfin , ce qui est bien plus remarquable , elle a la pro- priete de se rouler en boule comme ceux de la troisieme sous-division. L'autre est un Armadille noir , avec le bord anterieur du corselet fauve. Ce n'est vraiscmbla- blement qu'une variete de V Armadillo marginalis. OBSERVATIONS Sur U genre Fulgore. Par G. a. Olivier, D. M. Ce qui distingue le plus les animaux , c'est la configuration de la tete. Les Fulgores , vulgaire- ment connues sous lenom dtPorte-lanternes , nous presentent sur cette partie de leur corps des formes si varices et si singulieres, qu'on est bien etonne de les trouvcr dans un meme genre d insectes. Les unes ont a la partie anterieure de la tete, un prolongement fait eu forme de vessie enflee et (5, ) aloMgee , les autres en scie , en couronnc , en trompe senablable a celle de TElephant , en muffle , etc. II semble que la Nature a voulu ebau- cher sur ces insecies les differens moules , les dif- ferentes formes qu'eile devoit ensuite departir aux autres etres. Mais quel peut etre I'usage de ce pro- longement de la tete? Suivant les observations de Merian, I'espece de Cayenne et de Surinam, dont le devant de la tete est en forme de vessie , re- pand, pendant la nuit, une lumiere si vive, qu elle permet de lire le caractere le plus fin. D'apres le temoignage de cet auteur, Linne , Reaumur et ila plupart des Entomologistes n'ont pas doute;que i'fr*; Fulgores ne fussent lumineuses. Cependant , apres avoir questionne quelques Naturalistcs qui ont liabite nos colonies , touchant cette Fulgore , qui pouvoit prodaire une matiere phosphorique aussi lumineuse , ils nous ont dit n'avoir jamais pu appercevoir que cet insecte eut cette propriete. M. Richard , envoye a Cayenne par le gouvernc- ■mtiit , a eleve plusieurs especes de Fulgores , et cntr'autres celle dont parle Merian , sans quil ait pu decouvrirquelque trace lumineuse sur le corps de ces insectes. Nous n'avons sur les autres especes aucune observation , et celle d'Europe nest cer- taineoacnt point lumineuse. Si Fobservation de Merian est exncte, je sui3"porte a croire que cet auteur ( 33 ) auteurn'aexaminesesFulgoresqu'apreslcurmort, J'ai souvent eu occasion, dans les departemens meridionaux de la France , de trouver des Gigales ( qu on sait avoir les plus grands rapports avec les Fulgores ) entiercment phosphoriques apres leur mort , et qui repandoicnt une lumiere tres- vive. Reaumur nous apprend qu'ayant eu la curiosite dc voir Tinterieur de la vessie dune Fulgore , il n'y put decouvrir qu'une cavite considerable , ren- fennee par un cartilage mediocrement epais. Quand on supposeroit que les substances qui y etoient, lorsque I'animal vivoit , s'etoicnt desse- chees , elles n'auroient jamais pu rcmplir , lors meme qu'elles etoient molles, qu'une petite partie de cette cavite. On volt, d'apres ce que nous venons de dire , que Tusage de la partie anterieutc de la tete des Fulgores n'est pas encore bien connu. Nous igno- rons si cette partie est phosphorique pendant la vie de I'animal , ou seulement apres sa mort ; si c'cst un simple br^ement que la Nature lui a donne , ou si e^est unc arme propre a Ic defendre. Quant aux caracteres generiques essentiels qui distinguent les Fulgores des Gigales et desTetti- gones , ils sont tres-aises a appercevoir, malgre les grands rapports qui lient entr'cuJi ces trois N". i3. Totm IL E (54 ) genres ; nous les trouvons : i". dans la forme ciil troisieme article des antennes globuleux, assez gros et chagrine ; 2°. dans les deux petits yeux lisses , places sous les yeux a reseau^ Les Cigales et les Tettigones ont trois petits yeux lisses h la partie superieuredc la tete, et les premiers articles des antennes soht cylindriques. Nous remarque- rons, avant de finir, que Linne et Fabricius one place parmi les Cigales quelques especcs , telles que Cicada lanala , C. pcnpicillata , C nervosa, C. phalaenoidts , qui sont de veritables Fulgores. Sur les FALUNitRES de la Touraine , par M. Odanel , avec une notice des coquilles Jossiles quony trouve. Par J. G. Bruguiere. Ge roemoirc mc fut adresse , ii y a quelques annees , par M. Odanel , savant anglois , qui , ayant parcouru TAnglcterre , I'lialie et la France, pour en etudier les coquilles fossilcs , avoit se- iourne long-tems en Touraine , dans Tintention d'en connoitre les faluniercs. La mort le surprit en Sicile, ou il etoit alle continuer ses observa- tions , avant qu'il cut rien public sur Tobjet de 5CS rechcrches. Jc crois que, malgre le travail dc (35) plusieurs Naturalistes sur Ic meme objet , on verra avcc plaisir dans , son memoirc , quclques circons- tances peu connucs des falunieres , comme aussi Ic catalogue que j'y ai ajoute des coquillcs qu'ellcs rcnfcrment, d'apres un envoi considerable qu'il m'enavoit fait en m'adressant ses observations. On nomme Falun ou Cron , en Tourainc , un sable grossierqui.conjointcmentaveclc fumieror- dinaire , est employe dc preference a. la marnc pour feconder les terres. Les falunieres sont Ics carrieres d'ou Ton tire le falun ; il se trouve en abondancc sur les territoires de Ste-Maure , Bosse et Ste-Catherine du Vert-Bois , a unc profondeur qui varie depuis deux pieds jusqu'a huit environ, au-dcssous de la terre vegetale; il y a des bancs de falun qui n'ont que deux a trois pieds d'epais- seur, tels sont ceux de la faluniere du grand Honteau a unc lieue orient de Ste-Maure , qui est reputee la meilleure ; il s'y trouve au-dessous une terre glaise , jaune , impropre a la vegetatioia; mais en avan^ant vers Ste-Cathevine , dans les fa- lunieres de la Seguiniere , la Bosseliere et autres, la profondeur du falun est inconnue. On fouille ie terrcin jusqu'a dix-huit ou vingt pieds au plus ; c'est le tcrrae oii I'cau se manifeste avec une abon- dance qui oblige a cesser la fouille , pour ouvrir une autre carritre ailleurs. E » (36 ) On pounoit sans doute , avant que d'arrivcr a. Teau , pratiquer des galeries laterales en plein falun , et en tirer de cette maniere une plus grande quantite par un seul puics ; mais cela exigeroit plus de depcnse qu'on est accoutume d'cn faire dans Ic pays , et pour si avantageuse qu elle put etrc , on sakcbmbien les gens dela qampagne sent attaches a leurs ancicnnes pratiques , et sent en general pcu disposes aux innovations. Les paysans exploitent ordinaircment le falun au mois de no- vembre , parce que c'est Ic terns au lis ont fini leurs travaux les plus presses ; ils font aussi quel- quefois la mcme operation au printcms , avant ou aprcs les semailles ; tnais a cette epoque, la fouille est moins avantageusc qu'en automne, parce que I'eau en chasse plus promptement les travailleurs. C'est au moment de Textraction qu'il faut se trouver aux falunieres pour faire une belle collec- tion des coquilles qu'cUes rcn ferment. Pendant I'ete , les carricres sont recomblecs ou pleines d'eau ; et ccux qui desirent s'en procurer , ne peuvcnt faire des vechcrches que dans quelques tas de falun , extrait de rautonane ou du printems dernier , ct qui, n'est pas encore repandu sur les terres. ^ Le falun n'est autre chose qu'un debris de co^ quillagei dc coraux, non pas_ pulver.i^cs iTOpalpa.- ( 37 ) blement, mais asscz grossierement concasses pour etre sensibles a la vue ; une simple loupe en donne encore une conviction plus complette , et fait connoitre par les formes , les stries et autrcs traits rcmarquables , de quelles especcs de co- quilles ces debris sent provenus. Parmi tons ccs coquillagcs brises , il sen trouve une infinite d'en- tiers, grands et petits , de difFerentes espcces , dont j'ai forme la collection , dans rintcniion quelle soit utile aux Naturalistes qui voudrpnt determiner les cspeces marines auxquellcs elles appartiennent, et les mers ou elles vivent main- temcnt. On y trouve des huitres de plusieurs formes , mais en general tres-alongees , des co- quilles univalves , telles que des limagons , des vis , des buccins , des coris , etc ;. des bivalves va- rices par leur grandeur , et les autres caractercs qui les dibtinguent , et enfin plusieurs vermicu- laires , des coraux , et un oursin a etoile d'unc belle grandeur. II paroit constant que M. de la Sauvagere qui parle de ces falunieres dans ses rccherchca his- toriques et critiques , ne les a jamais vues par lui- meme ; car il dit qut les coquillcs sont en general ioutes pttites , ei qnil y en a d'line si grande Jinesse , quon a peine a les apperavoir. La seconde partie tie cctlc assertion est vraie ; mais la premiere nest I 38) surement pas cxacte ; car on nc pcut pas appcller pctites coquilles, dcs huitres de six a huit pouces de longueur, difFercntes bivalves de quatre a cinq pouces de diametre , dont les paysans font des taises a boire, et toutes celles de grandeur interme- diaire dont I'abondance est etonnante. Si M. de la Sauvagere eutvu et examine les falu- nieres ; il auroit reconnu que le faiun est , commc on Fa dit et prouve ailleurs , un debris de coquil- lagcs; il auroit remarque dansleur coupe verticalc, les couches distinctes des scdimens successifs dont elles ont ete composees, et auroit vraisemblable- ment reconnu que tous ces depots n'avoient pu se former que dans ie sein des caux. U auroit vu Ics coquilles entieres ou mutilecs , dispeisees sans ordre , et en tous sens, dans les masses du falun ; enfin il auroit observe dans tous ces coquillages fossiles , des marques evidentes du frottement. qu'ils ont eprouve , et il auroit peut etre renonce alors a son systerne de vegetation spontanee que Scilla avoit aneanti plus de cent ans avant lui , et qui , d'ailleurs, est aussi contraire a la sainc philosophic, qu'il Test aux seulcs lumieres de la raison aidee par Tobservation. En examinant ces differens coquillages , qui la plupart ne paroisscnt pas petrifies, et dont plu-. sieurs sont absoluruentsemblablts accuxque nous. ( 39 ) trouvons dans les cabinets des curieux , et d'autrcs ne different point dc ceux que nourrissent les cotes de la France , il est blen difficile d'imaginer que ce soient des jeux dc la nature ; car s'il etoit possible d'admettre qu'elle sc plaise a imiter par une sorte de vegetation les productions de la mcr, on ne devroit pas au moins la supposer plus ini' parfaite en ce genre que dans tons les autres , et lira'iter, par une sorte d inconsequence , cette ^ton- nante faculte. Elle devroit creer des etres parfaits et uniformes , chacun dans son espece. Lui voit-on produire en detail une tete d'animal , un bras,' une jambe ; fait-elle naitre un tronc d'arbre sans racines et sans branches , une branche sans tigeet isolec , un noyau sans fruits ^ Pourquoi done sup- poser qu'elle procree , en derogeant a ses prin- cipes, des fragmens de coquilles , et toutes les cs- peces dent on trouve des coquilles entiercs dans le meme lieu? si au contraire , en admettant les loix immuablcs de la nature dans la reproduction des corps organises , on convient que ces fragmens de coquiilages , n'ayant pu etre produits de cette maniere , se sdnt detaches des coquilles entiercs dont ils ont fait panic, alors on est force d'ad- mettre , pour expliqucr la formation des falunieres, ou un bouleverscment qui a eleve la surface de la terre solide , ou la rctraite successive des eaux de la (46 ) mer , de dcssus un tcrreln qu'eiles ont autrefois couvcit; et il est sans doute plus facile de croirc que la mcr a forme cc depot immense de coquil- Ics , et de leurs debris , dans I'endroit ou nous les voyons , que de Tattribuer a une force vegetalc spontanee, et centre nature , dont rien d'ailleurs ne prouve Texistence et ne necessite Temploi. Je terminerai mes reflexions a cc sujet, par la citation dun passage de Voltaire dont M. de la Sauvagere a chcrche a tirer qaelque avantage , pour soutenir sou opinion : si u sont reellaneni , dit ce grand homme , des coquilles , elks doivent eire dans cede faliinicre depuis des terns recules qui ipouviintent f imagination ; que peut-cn deduire de cette juste reflexion, que tout homme soute- nant une opiriion contraire a cellequeM.la Sau- vagere panage , sinon que Voltaire ne s'est pas cru competent pour jugcr sur ces matieres, et prononcer une opinion ; mais qu'il ne nioit pas la possibiiitc que ce fut des coquillages marins. L'anciennete de ce depot qui sembl..it efFrayer son imagination. , n'etoit pas surcment un obs- • tacle a sa conviction ; car on voit dans quelques- unes d^ ses ceuvres , qu il ne croyoit pas le monde nouvellement fail , ill qu'il eut tou- jours e'xiste dans I'etat de repos ou il est de nos jours, et sour la forme exterieure que maintenant il presentc. IM.:.^ -/h it\ -a ^j 24 ^^^^ 2(^ 2& 2 0 m h f^ Jortr/nr/ (/'Bf\i'^. NaZ/trc/lc' Nf i5 (40 BO T A N I Q U E. Sur t augmentation continwiU de nos connoissnnces a I'egard da especes ; et sur une nouvdlc tipict de Sa uge. Par M. Lamarck. SI, comme je Tai deja dit bien des fois, Taug- bientation de nos connoissances sur les especes qui existent , determine la principale pariie deS vrais progres de rHistoire Nature! le , ce genre de connoissances n'ayant , a men avis , rien d arbi- traire ( quoiqu'on puisse sc tromper dans le fon- dement des determinations) et conduisant direc- tement au but qu'on se propose dans 1 etude de la science qui en est Tobjet ; je diral que , depuis vingt artnees , il est singulierement remarquablc combien s'est etendue la scifnce interessante dont il s'agit , principalement par I'augmentation con* siderable de nos connoissances Sur les especes. La Botanique fournit , elle seule , a cet egard^ une preuvc bien convaincante dii fortdement de mon observation. En efFet, Linne , qui a travaille avec tant de succes sur toutes les parties ded'His- toire Naturelle , a , seulement dans la Botanique, N''. 14. Tome II, F ( 4« ) plus que double le nombre des espeees qui etoient connues au terns d€ Tournefort. Cependant, depuis Linne, les progres de nos connoissances sar'les. espeees , bien loin de se ralendr , vont tellenii^nt.en augmentant , qu'on pourroit dire en quelque sorte , que de dix en dix ans , les ou- vragcs propres de Linne vieillissent plus , que ceux de Taurnefort n'ont vieilli quarante ana apres sa mort. -v:iLes rEcberches et les voyages entrepris de toutes pa/Tts pour les progres de yHisioire Naturelle , se ^Talnp'Hqni cliaque j our a un point qui n'a jpresque plus rien de comparable avec ce qui avoit autre- -fois lieu a.ce sujet. Aussi arrive-t-il continuelle- •fnent, de fous cote^ ,:.soit des graines qui enri- 'cbis'sent nos jardins de vegetaux jusqu'alors in- eonnus, soit des individus desseches appartenant •ade nouvelles especcs,et qui augmentent consi- .derablement nos herbiers. Tou$ ccs objets pre- sentent aux Botanist£s observateurs , un cliamp ■vaste-ct presqu^jnepuisable ,de nouveaux faits a comparer, discuter, et de, nouvelles especes-a de- terminer et' exposer a la coianoissancc du public. :.i;.Mars- cette grande quandte dobjets nouveaux •jquisepresentent continuellement a determiner, •c:ipos£ ja la confusion et a des doubles-emplois ^multiplies, si lesBotanistes qui se chargent de les (4M inscrer dans le tableau general des especes con- nues , ne sont pas munis des connoissanccs ne- cessaires et des moyens convenablespour executer ce travail important. C'est ce que j'ai prouve , et ce dont j'ai cite un exemple remarquable , dans un petit memoirc sur les oitvrages generaux en His- toire JSfaturelle, public dans les actes de la societe d'Histoire Naturelle de Paris ( pag. 81 ) , dont le premier volume vient de paroitre ; exemple que j'aurois pu etendre beaucoup plus dans les appli- cations relatives aux especes , si le terns mc Teut alors permis. J'ai deja public, dans men dicdonnaire , un grand nombre d'especes auparavant inconnues aux Botanistes. Men herbier , neanmoins , con- t-ient encore un si grand nombre d'autres vegetaux dans le meme cas, que de long-tcms, sans doute,, je nen serai totalemcnt depourvu. Etcep.sndant , bien loin d'epuiseracet egard , sous chaque genre dont je traite , les especes qui existent , je sais que je laisse , meme dans plusieurs herbiers de cettc capitale , qui ne sont point a raa disposition , quantite d'objets a. ajouter aceux dont jcpresente le tableau general dans mon ouvrage intitule : Illuslration des genres. Ainsi , que Ton juge , par ce simple appercju , des progrts ranidcs et considerables que fail la F 2 ( 44) science , quant a la connoissance des especcs , qui est son principal objet, et de ceux quil lui yeste encore a faire a cet egard. Pour y contribuer , voici le nom et les carac- teres que j'assigne a une iiouvelle espece de Sauge , cultivee maintenant au jardin National 4e5 plantes de Paris. Sauge l^tuilles de scabicifse. PL 27. Salvia Scabiosatfolia, Tab. 27. i5. Viileuse, afeuilles S. Villosa , foliis suh- subbipinnees : pinnules hipinnatis : pinmdis hi part, en deux ou trois , S. tripartitis , linearis lineaires - lanccolees , lanceolatis , integris dm- entiereSGudentees; vex- latLve ] verticillfs spi" ticilles en epi. catis. Patrie. Lc Perou. Of Habitat inJPiru, Q^ Descri PT. Tota planta villosa, laxe ramosa : ramis subcylindricis , dejlcxis , adscenderitihus , ses~ quipedalibus. Folia opposita , pinnata vel subbipinj nata ( scabiosie columbaria instar ) ; pinnulis bi S. tripartitis ( raro simplicibus) , lineari-lanceolatis , integris , aut rariter dentatis , cajialiculatis , pubes^ centibus. Vaiicilli 6 j. 8 Jlori , in spicani suhnudam, ienninalan/jfie dispodti. ( 45 ) Calyx bilahiatus , ad laUT.a compressus : labia su- ieriore obscure tridentato ; inferiore hifido. Corolla albida , rirpgcns : lahio supsriorc breviore , recto , subfalcato , comprfsiO , obtusQ , vix emarginato ; in- Jtriore majore , laliore , emarginaio , rejlexo , purpu- rascente , cum lineis purpureis versiis basim. Bractcce ovata , actiminatcE , longitudine calycum. La Sauge a Jeuilles it scabieuse est une plante legpreracnt villeuse , pubescente, d'un verd blaiiT chatre , et qui paroit distinguee de toutes les ^speccs contjucs de ce genre par la forme tres-re- iwarquable de ses feuilles. Elle s'eleve a la hau- teur d'un pied et derai a deux pieds sur une tige herbacee , un peu dure, couchee inferieurement, ascendance , et divisee en rameaux luchcs. Ces rameaux , ainsi que la tige , sont obtuseraent tetragoncs, presque cylindriques , d'abord etales, reclines , ensuite montans , et pileux sur-tout dans leur partie superieure. Les feuilles sont opposees , pinnecs , ou presque bipinnees (a-peu-pres comiue celles de ia scabieuse cotombaire) ; a pinnules partagees jusqu'a la base en deux oa trois , rarement simples , lineaires- lanceolecs , cntieres ou dentecs, canaliculees, pu- besccntes. Les fleurs , dlsposees six ou liuit a cliaque verticille , forment un epi presque nud . (46 ) pileux, blancliatrc , et qui terminc la tige et lc» rameaux. Le calice est carapanule , un peu comprime , Strie , a deux levres : la superieure est relevee , obs- curenient divisee en 3 petites dents ; Finferieure, vin peu plus courte, est partagec en deux dents ovales-pointues. La corolle est blanchatre , bila- biee : a levre superieure plus courte, droite , ou iegerement en faulx , comprimee s«r Ics cotes, obtuse , pileuse , presqu'entiere. L'inferieure est plus grande, plus large, ecliancree en deux lobes arrondis , reflechie , purpurescente , avec des lignes pourpres vers sa base. Les bractees sont ovales , acuminces , de la longueur des calices , ct piieuses comme eux. Gctte Sauge fleurit en juillet et aout , et est cul- tivee au jardin National Botanique de Paris , dc graines qu'on dit avoir ete envoyees du Perou, W paroit convcnable de placer cette espcce apres le Salvia rosccfolia , n". 834 > dans le tableau dca Sauges , que j'ai public en mon Illuslraiio?i des genres, A cctte addition au tableau dont il s'agit , ii faudra joindre apres le n°. 3i i le Salvia leucantha et le Salvia ttibifera. Cav. ic tab. 24 et 25 , afin de complcttcr le tableau des Sauges bien connues. Quant au Salvia fulgrns de M. Cavanilks , jc- ( 47 ) soupgonne que c'est la meme plante que \e Salvia amethystina de M. Smith , qui est dans mon ta- bleau , le n°. 314. Qu'cst-ce que k Salvia spiel- manni. Scop, delic. insubr. 3, t. i5? Explication de la plajiche 27* [a] Fleur entiere separee. [b] Calice, style. f p> j ^ ;{ ^ ,, ^^ J - , f De 2;randeur [c] Corolle eniiere, vue de cote.V ^ ,, )' ^ n « naturelle. [d] Lioroile ouverte. [e] Partie sup. de la tige. Sur les rapports de Jigurc qui existent entre t alveole des Abeilles et le Grenat dodecaedre. Par M. Hau y. II n est personne qui , k la premiere vue d'un de ces rayons de cire ou les abeilles deposent leur miel , ne soit frappe de la symetric qui regnc dans la structure de cet edifice , de lassortiment de ces alveoles a bases hexagonales , qui , sans laisser aucun vuide , s'arrangent les uns centre les au- tres , ensorte que chaquc pan est commun a deux alveoles voisins , de I'art enfin avec lequel un ( 48 ) iineme rang d'alveoles est comrac cngretie pat les facettes du fond dans un second rang tout semblable , situe en sens contraire du premier. Mais il ya plus. Cette architecture qui flatte Toeil par sa regularite , emprunte de la mcsure des angles que prcsentent les sommcts des alveoles un xiouvcau degrs de perfection , qu'il etoit re- serve a la geometric de nous faire connoitrc , et M Koenig, a qui Reaumur proposa le problenie irelatif a fcct objei , trouva , a I'aide du calcul , que ces angles traces par les abeilles ctoient precise- ment ceux qui devoient avoir lieu , pour que la Surface de Talveole fut la plus petite possible , relativement a une capacite determinee. Ce pro- bleme a beaucoup d'analogie avcc un autre que Ton peut proposer sur la forme du grenat , ct mon but est de developper , dans cet article , Ic rappro- chcineut qui en resulte entre deux des productions les plus interessantes que nous offrc la'nature, dans des regnes dVillcurs si differens. Jc mc bor- nerai encore ici au simple raisonnement. II sera facile aux geometres verses dans la connoissance du calcul infinitesimal , de resoudre par cux- memes les problemes dont il s'agit. L'alveole des abeilles a sa surface composee de six trapezes egaux et scmblables DLKR , GLK.X, OGXT , etc. (fig. 1.) . situes, comme les six pans (49) l^ans d'un prlsme regulier dont Texagoni MRKXTS seroit la base , ct couronncs par trois rhombes CEDL , CLGO . COHE , aussi egaux ct semblables. Cela pose , concevons que ccS rhombes , en restant fixes par leurs angles late- raux O , L ^ E , changent peu-a-peu d'ihclihaisoh , dc maniere que le sommet G se releve au -dessus ou s'abaisse au - dessous de sa positiori actuelle. Selon que I'un ou Tautre de ces cas aura lieu , le rhombc CLGO que je prends ici pour exem- ple, s'allongera ou se raccourciradans lesens de la diagonale oblique menec de G en G. Or la geo- metrie demontre qu'au milieu dc toutes ces varia- tions , la solidite , ou , ce qui revient au meme , la capacite de lalveole sera constante , de maniere que dans le premier mouvement ou les rhombes du sommet s'allongent , autant la solidite aug- irientera , dune position a I'autre , par Televatioa de la pyramide tfiangulaire situee au-dessus des diagonales OL , EL , EO , autant elle diminuerai par la contraction des parties situees au-dessous des memes diagoriales ; la compensation aura lieu en sens contraire , dans le second cas ou les rhombes se raccourcissent. Mais eti meme tems Isl surface de Talveole variera continuellcment , d''ou. il suit qu'il doit y avo^r un point ou la solidite etant la meme , la surface soit plus petite 0ue N°. 14. rmi IL G , (5o) dans tous Ics autres cas. Or ce point qui donne ce qu'on appelle le minimum de surface , a lieu , lors- quc Tangle au somtnet LCO , LCE , EGO dc chaque rhombe est dc log^^ 28' 16". (1) Les abeilles parvienncnt sensiblement a cc re- sultat dans la construction de leurs alveoles , d oii il suit qu'elles employent la cire avec la plus grande economic possible , relativemcnt a une capacite donnee. Mais lorsqu'on a pris de-la occa- sion de vanter Findustrie et les talcns de ces in- sectes , ce langage , pour etre raisonnable , nc pouvoit qu'exprimer en d'autres tcrmes la re- gularite et la sagcsse des loix auxquelles Tintelli- gence supreme a soumis Finstinct a.dmirable dont elle a pourvu les abeilles. Substituons maintenant au solide qui rcpre- sente en general Falveole des abeilles, un polyedrc en (fig. 2.) dont la surface soit composee de douze faces rhomboidales , savoit six laterales adlk ^ Jilgn , ngop , etc. situces comme les pans d'un prisme , et les six autres situecs trois a trois , com- me clgo , cedl , cebo , autour d un meme som- uiet c. Si Ton cherche quel est parmi tous les po- (1) Cettc mesure est aussi celle des angles lateraux OGX , LGX, DLK, EDR, etc. (5i ) lyedres dc cctte forme celui qui , a solidite egale , donne le minimum de surface , on trouve que c'est le polyedre termine par douzcrhomhcs egaux et semblables cntr'eux , ou , ce qui revicnt au meme , dans lequel chaque rhombe clgo, a ses angles /co, c I g , dc log'^ 29' 16" , et ses angles clg, cog de 70'^ 3i' 44", comme dans lesrhom- bes qui couronnent Talveole des abeilles (1). Or cette valeur est aussi celle dcs angles du grenat dodecaedre , ct ainsi le probleme est resolu en. vertu des loix de la crystallisation , du raoins re- lativement aux'grenats d'une forme tout-a-faife symetrique , et dont toutes les faces sont de vc- ritablesrhombes. Je remarquerai en passant que la forme du grenat dodecaedre a d'autres proprietes interes- sante« qui (dependent de la structure , entr autres celle de pouvoir etre sous-divise exactemcnt et sans aucun vuide , en vingt-quatre tetraedres a facas triangulaires isoceles egalcs et semblables , qui, etant pris six a six, composent un rhom- boi'de , ensorte que le grenat pcut etre aussi con-» sidere comme un assemblage de quatre de ces. (l) Le calcul fait voir que la grande diagonale du rjiombe est a la petite , comme la diagonale d'un quano- sst an c6te de ce q^'arre.. ( 52 ) rhomboi'des (i). Le sulfurc de zinc ou la blende a la meme structure , et commc les morceaux de cette substance se pretent beaucoup plus faci- lement a la division mecanique que le grenat , je suis parvenu a en extraire successivenient , sous des formes tres-nettes et tres - prononcees , le noyau dodecaedre , le rhomboide faisant partie de ce dodecaedre , et le tetraedre qui represente la molecule integrante. Revenons un instant a Talveole des abeilles. Dans la solution du probleme dont j'ai parle , on nc fait varier ordinairement que les diago- nales obliques des rhombes du sommet, c'est-a- dire ,-' ccUes qui seroient menees de C en G , de C en B et de G enD , et Ton suppose que les diago- nales horizontales EL , EO , OL rcstent cons- tantes, ainsi que les aretes LK, EM , OT. Mais ^n, peut supposer aussi que le, solide varie dans loutes ses dimensions , en conservaut la meme CAp9,cite (?) J et alors on trouvc que le. mimmum (i) Voyea^ I'essai d'uiie theoiie sur la structure des erystaux, pag. I7O ct suiv. (2) Oil aura une idee do IVffet de ces variations , si I'ou concoit que la base KRMSTX ( fig. 1 ) s'etende ^galenient dans tous les sens , en meme-tems ' que LK •diminuera , ou repiproqiienient , et cela de maniere que- I'accroisscnient de capacil^ que le solide acquiert d'uhe f 53 ) 4e surface a lieu , lorsque la mesurc des angles etant toujours de 109''' 29' 16" — yo'^Si' 44" , le solide a Ics memes dimensions respcctives que celui qu'on obtiendroit , en coupant un grenaE dodecaedre en deux parties egales , a laide d'un plan perpendiculaire aux rl,rorabes lateraux Ignk , ognp , etc. ( fig. 2.) La commune section de ce plan avec Tun qu^lconque Ignk (fig. 5) de ces rhombcs , est la ligne im , qui passe par le milieu h du rliombe , perpcndiculairement aux cotes Ik , gn. L'alveole des abeilles a une hauteur a. proportion beaucoup plus considerable qua celle du solide dont il s agit , ct ainsi les di- mensions de cct alveole n'offrent qu'un cas par- ticulierd'un probleme plus general , qui consiste a determiner le minimum , quel que soit le rapport entre le cot^ RK de la bas? et larete LK ( fig. 1 ) ; raais ces dimensions sont assorties aux usages des alveoles , qui nc sont pas seulement destines a reccvoir le miel , mais encore a servir de loge- ment aux abeilles nouvellement ecloses , qui y restent jusqu'a ce que leur developpement soil acheve (i). part , soft exactement compense par la dimiiuition qu'il subit de I'autre ])art. Pendant ces variations, la surface angiiicntera ou diminuera , suivant cju'elle s'ecartera ou se rapprochera du minimum. (1) Memoires de I'acadeniie des sciences , annee I7I3» Observ. de M. Maraldi, sur les Abeilles, (54) jpescription de deux Mo u c H e s^ Par M. Bosc. M U S C A t R I D E N S. M. Pallida , thorace lincato , aliis ftiscis , disco macula alba tridentata. Tab. 28, fig. 4. H. Parisiis. Tete jaunatre , herissee de quelques longs poils noirs , et marquee de neuf points egalement noirs ; savoir, trois petits a la panie superieure , deux tres-gros au-dessus des antennes , deux petits a cote , et deux de meme grandeur au-dessous. An- tennes fauves , avec le poii noir. Yeux bruns. Corcelet jaunatre , lierisse de longs poils noirs, qt marque de 8 lignes longitudinales, dont deux, superieures , se prolongent jusqu a Textremite dcs I'ecusson, et trois, lateralcs , s'arretent arattache jS^j pag. 21 3. qu'on ( 65) qu'on la transformat en Schorl. Un illustrc get- metre (i), a qui aucune science nest etrangerc , disoit assez plaisammcnt a ce sujct , que le Schirl etoit Ic neciaire dcs mineralogistes (2). L'exaraen de la structure, m'a fait reconnoitr* que la pierre appellee Schorl -.'b lane ( dc I'lsle , cryst- t. 2, pag. 409), n'etoit autre chose qu'un feld-spath ; que la pierre de croix regardec aussi jusqu'alors comme un schorl , etoit une substance a part; qu'il falloit de memc faire une espece dis- tincte des pretcndus schorls, ordinaiiement d'une couleur noire , a 8 pans , avec dcs soramets die- dres , qui se trouvent parmi Ics produits volca- niqucs , etc. Au milieu de toutes ces reductions, j'avois cru dabord (3) devoir laisser ensemble , sous le noiu de Schorl, Ics Tourmalines, avec des crystaux de deux figures difFcrentes, queM. Daubenton, dans la nouvelle edition qu'il vient dc publlcr de soix (i) M. la Grange. (a) Les Botanistes ont donne , d'apres Linnaeus , le nom de Nectaire a des parties de la fleur tres-differentea par leur forme et par leur position , comme le prolonged innnt en eperon de la fleur du Delphinium ^ le tube inte- rieur de la corolle du Narcissus , les petits corps oblongs qui accompagnent les etamines du Nigella, etc. (3) Mtm. de I'acad. des sciences , 1787J p. 9a etsuiv. N^ 14. r«mc 11. I (66 ) excellent tableau mineralogique , a nommes, Ics uns Schorls a douze quadrilateres ( De lisle , cryst. t. 2 , p. 384 , var 4 ) , les autres Schorls a huit pans avec un sommet a quatre faces , tt I autre a deux ( De risle , t. 2 , p. 38^, ^ar. 6. ) Je connois encore d'autres varietes dc^§^' memes crystaux , et apres tin examcn tres-attentif, j'ai juge que, malgre la grande analogic de leurs formes avec celles des Tourmalines , ils devoient en etre separes. Un des caracteres qui les en distingue, consiste en ce qu'ils admettent des coupes tres-nettes et tres-bril- lantes, seulement dans des directions paralleles a. quatre de Icurs faces , tandis que les Tourmalines sedivisent parallelement a six de leurs pans, mais avec beaucoup moins de nettete et de facilite. J'avois deja indique cette difference, qui pouvoit faire naitre quelquc doute sur I'exactitude du rap- prochement dont il s'agit. Mais ce qui est decisif , c'cst que les quatre coupes brillantes , relatives aux premiers crystaux , sont inclinees entr'ellcs d'environ 124"^ d'utic part, et 56<^ de i'autre , et xion pasde i2 0<^ — 60^ , comme je Tavois crudans le cornmencement , d'apres des mesures prises sur des crystaux dont les faces avoient subi une petite deviation. Au contraire , dans les Tourmalines, toutes les sections longitudinales sont inclinees les unes sur les autres de 1 ao'-'. ( 67 ) Ces observations m'ont determine a faire unc cspece a part des Tourmalines , et il n'est plus reste de ce grouppc nombreux et mal-assorti, que les crystaux divisibles sous Tangle de 124^^, aux- quels j'ai conserve le nom de Schorl. La meme substance existe aussi en masses informes tres- sensiblement lamelleuses a i'inteiieur. M. Des- fontaines, de I'academie des sciences, a trouve de ces masses , dans son voyage en Barbarie. Dans plusieurs mineraux qui ne se preient que difficilement a la division mechanique , on peut estimer les directions des joints , a I'aide d'un chatoiement tres-vif qui se montre sous une cer- taine position , lorsqu'on fait mouvoir ces mine- raux , en les exposant a la lumiere du soieil , ou a celle d'unc bougie. J'ai employe ce moyen avec avantage pour reconnoitre la structure, soit des mineraux dent ii s'agit, soit de ceux qui auroient ete susceptibles d'une division facile , mais aux- quels je voulois eviter de faire des fractures. Au reste , comme il y a parmi les corps natu- rels, beaucoup de morccaux qui, a raison , d'unc crystallisation confuse, ou du melange des ma- tieres heterogcnes, ne manifestent aucuns joints , et que plusieurs , meme de ceux qui sont crys- tallises, se rcfusent pareilleraent aux coupes que Ton tent^eroit d"y faire , il en resuUe que le cajra.cterc I 2: ( 68 ) fourni par la structure esc , ainsi que ics autres , limite dans son «sage. De plus, on trouvc dcs substances qui n'admettent qu'unepartie dcs coupes necessaires pour circonscrire un solide , les autres coupes devcnantimpraticables , araisond'une trop grande adherence entre ccrtaincs faces des mole- cules, ensorte qu'on nepeutqwc presumer, d'apres la theoric , le sens de ces coupes. Enfin , on salt que plusieurs raineraux, distingues par leur com- positioH , ont des noyaux semblables. Mais dans ces sortes de cas, il ne faut souvent qu'associcr le caractere eraprunte dc la structure , avec quelque autre facile a observer , pour tirer un parti avan- tageux du premier. On ne pent se dissimuler que le caractere dent il s'agit n'ait cte trop neglige jusqw'ici par les nii- neralogistes. Wallerius , qui remploie quelquc- fois J le fait d'une maniere si vague et si peu exacte , qu'il devient comme nul entre scs mains, etpcut meme induire en crreur. Par exemple , il dit , en parlant du Spat.h calcaire , que ses fragmens sont cwbiques ou rJiomboidaux (i) , et au sujet du feld- spath , qu'il est compose dc cubes («). La verite est que le premier n'offre jamais que des fragmens (i) Syst. mineral, edit. 1788, p 140. (a) Hid, p. 3i4, ( 6g ) rhomboidaux, c'cst-a-dirc tcrmlnesparsixrhombcs egaux ct serablables , et I'autre dcs fragmens en parallelipipedcs obliqu angles , dont les faces ont des mesurcs d'angles difFcrcntcs. M. Werner, qui , dans son savant traite des ca- racteres cxterieurs des fossiles , place avcc raison, au rang dc ces caracteres , celui qui sc tire de la figure dcs fragmens (i) , a mis beaucoup plus dc justessc dans les exemples qu'il a cites, relative- mcnt au raeme objet. II a reconnu , cntr'zutres , la fbrsne dcs tetraedres que Ton obtient , en divi- Sant le Spath fluor dc la manierc la plus simple (2) , et je mc serois fait un devoir de citer cette obser- vation intercssantc , lorsquc j'ai public I'essai d'une theorie sur la structure des crystaux , si j'eusse connu alors I'ouvragc de cc celebre naturaliste. qui n'avoit encore ete public qu'en langue aJlc- mande, et dont la traduction , entrcprise depuis par madame Picardet, a ajoutc un nouveau ser- vice a celui que cette dame , distinguee par ses talens , avoit deja rendu parmi nous aux sciences, en nous procurant I'avantage d'entendre aussi i illustre Schecle parler notrc langue. M. dc risle ayant don»e unc attention paiti- (1) Voyez la traduction de ce trait^j p. z5o, (a) Ibid. p. a5;a. ( 70 > culiere a Fetude des formes crystalPlnes , a cm pouvoir faire concourir le caractere qui en derive , avec la durete et la pesanteur specifique , pour distinguer nettement les dilFerentes especes de mineraux (i). II eut ete necessaire pour cela qu'une forme crystalline sccondaire quelconque portat toujours Tempreinte de la forme adoptee par I'au- teur , comme forme primitive, de maniere qu'on put reconnoitre celle-ci a travers les modifications qu'elle subissoi^. dans I'autre, Mais ceux qui con- noissent les crystaux n'auront pas de peine a trou- ver , en particulier parmi les Spaths calcaires , des formes secondaires qui ne conservent aucune trace de la forme primitive , et lui paroissent totalement etrangeres , et il n'en faut pas davantage pour em- pecher d'admettre la forme comme signe caracte- ristique des especes. EUc peut seulement servir a iiidiquer- les varietes , a cause de la Constance des angles dans tous les morceaux qui appartiennent ^a chacune d'cUes. ^l n'en est pas ainsi de la structure. G'est , comme je I'ai dit , un point fixe et invariable, relativemcnt a tous les corps dune meme espece , qui dognent quelque prise pour le saisir et loo- server. Lc nombre et la di?position des faces qui (s) Des caracter&s exterleurs des mineraux > P^ 6. y (70 determinent la forme, les principes colorans etlea differens melanges qui modifient les resultats de I'analyse chymique , tout le reste , en un mot, oscille , pour ainsi dire , autour de ce point fixe, ensorte qu'il n'y a , relativement a la valeur des angles primitifs , aucune gradation de nuances , tant que la substance reste la meme , et qu'il y a un saut brusque dans le passage dune substance a une autre. Dans le traite de mineralogie auquel je travaille depuis plusieurs annees, j'ai combine le caractere dont il s'agit, et qui est proprement un. caractere geometrique, avec ceuxque nousoffrent lachymie ei la physique , comme , d'une part, la fusibilite, la dissolution paries acides , etc. et de Tautre, la pesanteurspecifique , la durete, la refraction simple ou double , etc. de maniere que de I'ensemble de tous ces caracteres , il put resulter, par rapport a chaquc substance, un tableau capable de fournir a rexpression des divers etats sous lesquels la na- ture presente cette substance a notre observation. ( 70 OBSERVATIONS Siir la culture de larbre-d-Paiii tt des epiceries , a la Guyane Fj-angaise. Par G. a. Olivier, D. M. Si rhommc est souvcnt expose a bicn dcs dan- gers de la part des peuples etrangers, et a bien des degouts de la part de sesconcitoyens, lorsqu'ilveut enrichir un nouvcau sol d'une production qui ne lui est pas propre ; la nature semble quelquefois s'empresser de rendre Ic succes plus heureux , a proportion qu il a coute plus de peines pour I'ob- tenir. Ainsi , pour presenter d'abord un exemplc bicn frappant , un seul pied de Cafcyer, obtenu avec peine, eleve a Paris dans la serre du jardia des Plantes , et transporte a la Martinique par les soins aussi precieux que penibles dun citoyen zele , a produit tous les Cafeyers que Ton culti\ e actuellcment enAmerique, et qui sont dcvenus pour la Metropole un objet de commerce si im- portant et une source de richesses si considerable, C'est encore a un autre citoyen non moins recom- ■ mandable par le service qu il a rendu , que par It* difficultes qu'il a eprouvees, que la France doit la culture introduite dans ses colonics Araericaines, (73 ) des arbres a epiceiies fines, tels que le Girofikr, le Muscadier, le Canneliei". Ces arbres precieux cnt ete deposes aux Isles de France ct de Bourbon , ct trarispones ensuite a lisle de Cayenne , a Saint- Dominguc , a la Martinique, ct on ne pcut plus douter que bientot leurs produits ne pUissent 1« disputct a ceux que nous n'avons regus j usqu'a pre- sent, que de la jalouse cupidite dune nation voi- sine. Deja des envois a Paris , de ces denrees si appreciees , ont fonde la certitude de nos espe- rances. Une lettre fecrite deCayerine, patM. Mar- tin, datee du 6 Fevrier i 792 , ne peutqu'ajouter a la conviction. II yest dit que le Giroflier se multi- plie tres-abondamment dansceclimat, ct que beau- coup sorit en rapport. Le Cantielier est aussi tres- multipliedanscette colonic : dans peu de terns, Ton preparcra de la Canelle. Le Poivrier reussit a mer- veille. On desire avec raison que la Republique fasse faire une expedition a lisle de France pour procurer a Cayenne le Muscadier : la colonic n'en. possede que trois individus, dont un male recoflnu, et deux autres qui n'ont pas encore fleuri. Enfin» nous dit-on , I'arbre-a-Pain est multiplie, et I'on ne court plus les risques de le perdre. Sijusqu'a present on a bien plusapprecie, et on jest bien plus occupe de ce qui fournissoit des jouissances sensuelles a Topulenee , que de ce qui N". 14. Tome 11, K ( 74 } pouvoii fournir aux bcsoins necessaircs de la por- tion indigente et la plus nombreuse de la societe , on ne doit pas etre etonnesi , tandis que Ics arbres qui produisent les epiceries ont re^u taut de cele- brite, I'arbre-a-Pain , dont le noin seul indique le merite, est encore presqu enticreryent inconnu, et n'a obtenu que le dernier !es premiers cssais de culture. Nous croyons donncr un nouveau titrc de recommandation k cc Journal , en le faisant servir a repandre les notions que nous avons pu acquerirsur un arbre qui peut avoir une utiiite si etendue, par-tout ou il pourra etre transporte et cultive. Divers voyageurs , tels que Rumphius, et parti- culierement le lord Anson , ont fait mention dc I'arbre-a-Pain ; raais^c'est au capitaine Wallis , k son retour des mers du sud , et depuis lui a ceux qui ont voyage aOtahiti et dans d'autres contrees deslndes orientales , que nous sommesredevables dc quelques connoissances plus exactes a cc sujet. Le capitaineDampier rapporte qu'il y a a Guam , lunc des isles Larrones, un certain fruit a Pain , qui vicnt sur un arbre aussi gros que nos grands Pomraiers , dont les feuilles sont d'un vert obscur, X^e fruit estrond, et croit aux ranieaux comme les Porames. II est de la grosseur d'un pain dna 50U. En murissant, il devient jaune, mollet etdo"ox; mais les jens du pays le cuciUent vert, et le cui- (75) ^ sent au four , jusqu'a ce que Tecbrce soit noire. Alors ils le ratissent, ct mangent le dedans, qui est tendre et blanc comme la mie d'un pain frais : il n'a ni semencc ni noyau, mais il durcit au bout de vingt-quatre heures. L'arbre qui porta ce fruit est en rapport huit raois de I'annee, et les ha- bitans ne mangent pas d'autrc pain pendant tout ce tems-la. Dampier ajoutc avoir appris que toutes les isles Larrones avoient de ce fruit en abon- dance , mais n'^voit jj^naais oui" dire quil y en eut aillcurs. Rumpliius dit que les branches de cet arbre sont un peu etendues , courbees, et peu garnies de feuilles ; celles-ci sont placees sur un-e petite tige cpaisse, dont six ou sept forment une toufFe qui cntoure rextreinite de la branche , en forme de rose. Ces feuilles sont tres-grandes; elles ont en- dessousunccoteepaisse, saillante, et sonteoupees de cliaque cote en quatre ou cinq segmens pro- londs , ct chaque division ou lobe finit en poiute. Elles ont environ un pied et demi de longueur, et un peu raoins de largeur. II decoule de toutes les parties de l'arbre , quand on le coupe , un sue gluant ct laitcux qui s'attache fortement. Le chaton se fait jour a travels les feuilles superieures ; il est souple, nioUetet cotonneux, long environ comrae la main , «t epais d'un pouce. Lc fruity qui crolt parmi les K 2 ( 76 ) fcuilles , est fcrme en coeur , et devient gros conime latete dun enfant. Sa surface ou sapeau estepaisse, verte, et toute rcmplie de tubercules de forme car- rec ou hexagone , tallies en diamans , mais sans pointes.Plusles tubercules sont plats et unis, plus les scmences sont en petit nombre, et plusaussi 11 y a de pulpe, dont la consistance est gelatineuse. La partle intericure de recorce est une substance charnue, plelne dc fibres entrelaces, qui ressera- blent a de belle laine. La partle charnue de ce fruit devient plus tendre vers le milieu, et y forme une petite cavlte sans nolx et sans semence, excepte dans une cspece qui en a en petit nombre , et cette espece n'est bonne que cuke au four. Les habltans d'Amboinc appretent la chair fibreuse de ce fruit , avec la liqueur du Coco. Quelques-uns en font des belgnets , ou la font frlre dans I'huile ; d'autres , commc les habltans de Sumatra , font secher la partle interieure qui est tendre , et la gardent pour s'en servlr en guise de pain , avec d autres alimens. Ce fruit est tres-agreablc, tres-nourrlssant , etcon- vient partlcullereraent aux gens de fatigue. Le sue laiteux qui deccule du tronc boullli avec I'huile dc Coco, fait une glue excellente. On trouve cet arbrc a Test de Sumatra. Dans la langue Malaye , U se nomme Soccus ou Soccum" Capas. II croit aussi autour de la vlUe de Bantam _, a Java, Balega ctMadure, ou il est connu sous le ( 77 > nom dc Soccum. On adepuis observe que cet arbie croit aussi dans lisle du Prince , au detroit de la Sonde , ou nos navires vont faire du bois et de I'eau dans les voyages de la Chine. D'apres le lord Anson , dans son voyage aux mcrs du sud , il y a dcuK arbres tres-comrauns dans toutes les isles Larrones , particulicrement dans risk de Tinian, et qu'ondit leurappartenir, ainsi qu'a quelques-unes des Philippines ; savoirle Rima ou arbre-a-Pain , etleDucdu. La relation d'Anson, sur ce premier rapport , se rapporte a cellc de Dampier. Guant au Ducdu , il resscmble beaucoup au Rima , tant pour sa forme que pour celle de ses feuilles ; celles du Rima sont seulement plus longues, et ne sont pas aussi dentelees. Le fruit approche asscz du fruit-a-Pain pour la gros- scur, mais il a la forme d'un melon. Sa pulpe ren- ferm.e treizc ou quinze amendes ou semcnces de la grosseur d'une petite chataigne, qui sont tres- agreables etant roties. Au-licu que le Rima n'a ni semence ni noyau dans son fruit. Le capitaine Cook , dans la relation de son voyage , s'exprime coram e P.uinpliius , et nous donne a-peu-pres les meraes details sur Tarbre-a- Pain et sur son fruit. II dit en outre que, comrae ce fruit ne dure pas toutc Tannee , il y a unaiioyen d'y suppleer : on Ic reduit en une pate appelee ^ahie. 11 ajoute que quand il fut a P>atavia, il y ( 78 ) trouva le Soccum, qui est du menie genre que Tarbre-a-Pain. des isles de la mer du sud , mais si inferieur en qualite , dit-il , que , sans la grande ressemblance exterieure , tant pour Tarbre que pour le fruit , il nc les auroit pas rapporfces au merae genre. Pour resoudre cette dernierc difficulte , John Ellis rappelle qu'ily a deux especes de fruit a Pain dans les Indcs orientales , Tun sans noyau et sans scmenccs, I'autre qui en contient un norabrc con- siderable. Tous deux sont reconnus pour bons ; mais le premier passe pour etrebeaucoup meillcur, C'est le dernier sculcment que le capitaine Cook a trouve a Ba%via , quoique I'un ct I'autre y croissent. Le meme autcur fait rcmarquer encore qu'a Ba- tavia , ou la tcrre est si liberale envers ses liabitans , et on la fertilite du sol dedoramagc en quelque sortc de I'insaiubrite du climat, ce fruit, eclipse par une infinite d'autres beaucoup plus agreables, n'attire pas les regards , et He re9oit aucunc espece de culture ; et Ton sent aiseraent combicn cela doit influer sur ses qualites. II observe en dernier lieu , que cc fruit n'est plus en rapport aii, moins pcHfilant quatre mois de I'annee ; que c'est prcci- sement dans ce terns que le capiiainc Gook ctoit a Batavia ; de sorte que quand meme Tarbre-a-Paia y auroit ete cultive dans le plus haut degre dc per- (79) Fection, il etoitalors tres-difificile de bien juger de la qualite de scs fruits. On peut etre bien aise de savoir que toutes les parties de la fructification de cet arbre , qui porte Un fruit sans noyau, sent imparfaites. Le chaton, qui contient les parties males, ne se deploie jamais. Les parties femellcs sont parcillement defectucuscs ; d'ou il suit qu'il ne peut y avoir de noyau ou dc semence , et qu'ainsi cet ajbre ne peut se multiplier que pat rejetqns ou boutures , quoiqu'il soit tout- a-fait evident du'ii est originaircment venu d'un arbre-aPain quiportoit des semences. Le doctcur Solander apprend aussi que les vieillards de Otahiti et des isles voisines , I'ont assure qu'ils se rcssou- venoient tres-bien d'avoir vu auttefois en grande quantite du fruit a Pain portant semences , mais que les arbres de cette espece avoient ete negliges , a cause de la preference accordce au fruit a Pain sans noyau , qu ils multiplioient par boutures. II est tres-probable que c'cst la culture qui a renda insensibkment imparfaites les parties de la fructi- fication de cet arbre , comme nous le voyons ar- river a la plupart des vegetaux que nous cultivons depuis long-tems en Europe. II seroit sans doute bien a souhaiter qu'on put introduire au midi de I'Europe la culture de cet arbre , et il est evident que si Ton pouvoit y pos- seder rarbre-a-Pain portant graines , puisqu'il est (8o) larbic primllif , on pourroit ensuite ^voir laiitKi facilement. En attendant que cettepartiedu monde si peuplee , ct pour laquelle cet arbre nourricier scroit un si grand bienfait , puisse en jouir par les soins dc quelque voyageur digne d'une recon- noissancc eterrielle , nous pOuvons assurer que I'Amerique a vu I'arbre-a-Pain croitre avec succes sur son sol. M. Martin, dont les travaux en ce genre ont deja enrichi Cayenne de plusieurs nou- velles productions etrangeres , et doivent lui rae- riter la plus grande estimc , dit, dans la lettre ci-dessus citee , avoir ,au moins cinq ou six cents de ces arbres a delivrer aux Colons cette annee : il dit encore avoir reeolte des fruits qui eontenoient jusqu a quatre-vingt et cent graines, de la grosseur dune chataigne : bouillies comme ces dernieres , ajoutc-t-il, ces graines sont bcaucoup plus deli- cates ; et si Ion met du sel , comnie Ion en ir.et ordinairement pour cuire la chataigne , c'est alors un manger delicieux. C'est tout ce que nous avons a dire sur I'arbre-a- Pain , dont U ne nous appartient pas de donner ici les caractefes botaniques , puisque nous n'avons voulu le considerer que par rapport a son utilite. Puissions-nous , paries details que nous venons de presenter, faire obtenir a cet arbre toute I'attcn- tion qu'il merite, exciter le zele des experiences et des tentatives , pour le voir un jour acclimate plus pres de nous. PI. 2 8 Fu/.J. 'h Fi^rj.2 Fr\i.5. ^ Fu/-4 Fi^.O'. Fu/.y. M 2 ( 9^ } i^nie a tous les points de rintestln , et y verse la liqueur par une infinite de pores. On pourroit; I'appeller foie ou pancreas , et quoique sa li- queur soit verte dans les Limagons , et jaune dans les Bivalves et la Patelle , jc prefere pour- tant le nom de pancreas , parce que ce corps regoit et renvoic immediatement ses vaisseaux au coeur , et n'a pas de tronc forme par les ra- meaux veineux des intcsiins , comme en ontles foies des animaux parfaits. La Patelle se rapproche encore , a I'egard de ce corps , beaucoup plus des Bivalves que des autres testaces. Son canal intestinal ne peut etre separe du pancreas sans detruire celui-ci , qui n'a point de lobes ni de canal excretcur , mais forme une masse continue , et verse sa liqueur au travers des membranes de Tintestin. J'ai represente a part les circonvolutions du canal alimentaire ; ceiles qui se font vers la sur- face superieure , Jig- 14 , et ceiles de la surface inferieure , Jig- i5. Voici leurs liaisons : Tccso- phage gg , fig. i5 , mene a Testomac , qui nest guere qu'une partie un peu dilatee du canal , placee au centre du pancreas. Apres avoir fait un pli etl a , Testomac remonte vers b , contourne la Ic pancreas , et va former sur sa surface supe- (9M rieurc la lignc h cd , Jig. 1 4 ; vers d il redesccnck a la surface inferieure ou il fait un tour presque semblable de/, Jig. i5. A/il retourne a la sur- face superieure , ct bordant , pour ainsi dire, le pancreas, il revient sur lui-meme selon ghi ( dans les deux fig. 1 , et va en ^ former Tanus , qui n'estqu'un tuyausaillant au-dessusde la tete , garni de fibres circulaires , tres-fortes pour I'ex- pulsion des excremens. Ce canal est rempli a son origine d'une ma- tiere fluide ct jaunatre , et de debris de fucus. Plus on approclie de I'anus , plus elle dcvient terreuse ; enfin , Ics excremcns sont de petits cylindres de matiere terreuse et blancbatre. Organes dts Sensations, » Au-dessus de Toesophage , est une petite masse blanchatre que je prends pour le cerveau. II en part deux filets noiratres qui vont aux tcntacules, et qui pourroient etre les nerfs optiques. L'ceil est un petit point noir a peine visible , ct dont je n'ai pu distinguer les parties. Aureste , j avoue que jc n'ai encore rien reconnu qui resscm- blat a d'autres nerfs , ou a une moelle epinierc ; peut-etre cst-ce la faute de mes yeux ou de moji assiduite. ( 94 ) EKplication de la planch: 3o. Figure 1 , la coquille. Fig. 2 , la moitie da plan superieur des fibres du pied. Fig, o , me' '• de leur plan inferieur. Fig. 4 , une Patelle V' cote , marchant , la bouche et les tci etendus. Fig. 5 , la Patelle grossie' , . <; .- dessous ,- et la tcte tiree en bas, A , !;• 'cie ; li , le pied ; GG , les extreinites du rauiclc ]ui at- tache le pied a la coquille ; D , TanUs ; E , Ic ; cii- carde ; // I'artere branchiale ; gg, les bvin: ; ics. Fig. 6 , la Patelle separee de sacoqviill'e. a , part. ant. du manteaa separee da restc ; Zi , la tete ; c , I'anus ; d , Torigine dc I'artere pulraoisaire ; e e e , le muscle qui attache Ic pied a la coquille ; f , la masse des visceres qui paroit au travers de la portion trawsparentc du nianteau. Fig. 7 , la mcme dont on a enleve le manteau ; « , la verge ; h , partie de Tovaire ; c , la masse du pancreas , au travers de laquelle on apper^oit quclques tours des intestins ; d , le coeur ; e , I'artere pulmo- naire ; /, la veine cave; g, I'anas ; hh, le pled. Fig. 8 , la tete et les visceres separes du pied , et vi'.s en-dessous ; « , la verge ; l , I'ovaire ; c , la bou- che ; d , la cavite commune de la generation ; e , le pancreas. Fig. 9 , les memes parties da- veloppees ; a , I'ovaire jete sur le c5te ; b , ra (95) cavhe commune tirec en avant ; c, la verge ; cfi, le testicule ; E , verge a demi deployee pour le co'it ; J , oesopbage ; gg canaux deferens ; H , pancreas et intestins. Fig. lo , la cavite com- mune et la tete a part ; a , sphincter de la cavite commune \ b h , muscles qui ecartent ses carti- lages ; c , lieu ou elle se porte dans le coit ; ^ , la bouche ; e , base de la verge. Fig. 1 1 , la cavite commune ouvcrte ; aa , les grands cartilages ; bb , ceux de leurs extremites ; cc-, ceux de Icur bord interne ; d , les petites glande&a pedicules; e, commencement d,e la verge. Fig. 12 , portion de la verge vae au microscope; Fig. 1 3 , le tes- ticule a part. Fig. 14, les circonvolutions supe- ricures des intestins. Fig. i5 , les inferieures. ( ces deux figures sont expliqueesdans le texte. ) Fig. 1 6 , le cartilage de la levre superieure. ( 9^ ) SCIURUS Carolikensis, iP A R M. B o s c. S. Grisem , ventre alho , cauda albo marginata , auriculis imbfrbibui Tab. 29. Carolina Squirel. Pennant, quadr. 2 , p. 41 2. Sciurus CarolJnens ex cinereo et ferrugineo mixtus suhtus albus, caudafusca, atjo-mixta, albo mar- ginata, auriculis imbeibibus. Syst. nat. Gm. 1 , jpag. 148 , n". i3. Habitat in Carolina. Michaux. Tete ovale alorigec. La partle superleure apoil^ fauves a la base, et noirs a la pointc. Les parties laterales et le museau a polls roussatres. Oreilles arondies , a poils fort courts, blanchatres a la base, roussatries a rextrerriite. Moustaches noiresj aussi longues que la tete. Col, en dessiis , apoilsgnsalabase ; et cnsuite partag^ en deux ou trois zones alternativement iauvesetnoires; en dessousapoils tousblahcs. Dos a poiis semblables a ceux du col, mais plus longs , et devenant, sur la hanche , blancs a leur extremite. C6tes ( 97 ) Cotes a polls qui se confondent avec ceux du dos , et qui deviennent cnsuite totalement fauves- Ventre a polls completemcnt blancs. Cuisses a polls semblables a ceux des hanches. Jambes et tarses a polls blancs. Ongles bruns. Queue applatle , exactement aussi longue ct aussi large que le corps>. Les polls zones de fauve etde holr, cttoujours ternilnes deblanc. La partie blanche et la noire qui la precede soht egales , et compirennent la inoltie de ia longueur du poll , de sorte que , lorsque la queue est applatle , elle paroit etre de chaque cote dlvisee en trols cou- leurs, fauve, noir et blanchatre. Get ecureull a environ 16 pouces de long sur dcuxdediametre. II est fort imparfaitementconnu , et n'a jamais ete figure. Pennant, dans la premiere edition dc son Hlstolre des quadrupedes, ravolt, sous le nom de Lesser grey squirel, regarde comme une variete du Sc. cinereus. Dans la secbnde edi- tion , 11 I'a , sous le nom de Caroliri/i squirel, re- garde comrae une variete du Sc hudsonius. Exlebea avolt sulvi la premiere edition de Pennant , mals Gmelin en a fait une espece distlncte, et le liasard I'a blen servl , car cet animal difFere essentiellc- ment du Sc. cinereus , non-seulement par sa gros- seur trois fois molndre , mals encore par la nuance et la disposition des couleurs du son poll , sur-tout N". i5. TBine IL 'N ( 9S ) de la queue. II n'est plus actuellement possible de le confondre avec It Sc. hudsonius , mieux connu que lorsque Pennant ecrivoit. M. Michaux fils , qui a vu et tue un grand nombre de ces animaux ,en Caroline et en Vir- ginie , rapporte qu'il habite principalement les swamp et les vallees des montagnes. ll se tient presque toujours sur les grands arbres , oii il vit de fruits , commc scs congeneres. LorsquHl se croit surpris sur un arbre isole , et qu'un coup de fusil lui apprend qu'il est en danger , il se met en boule , se laisse tomber a terre, et gagne a la course les buissons voisints , ou il echappe plus facilement a son ennemi; Cette operation se fait avec tant de celerite , qu'il .est impossible aux chiens de le prendre , et difficile a Thomme de Tatteindre avec le fusil. Sa chair est fort recher- cliee par les chasseurs, et meme par les planteurs. Description dc deux nquvdlcs espices de MutlLlES. Par M. Latreille., II est tres-facile de se meprendre , au premier coup-d ail , sur les deux nouveaux iusectes que ( 99 ) jc me propose de faire connoitre. Un corcelet articule , un corps §lahre ou fort peu velu, uae fo'rnie assez alongee , leur donnent beaucoup ift : ressemblancc avec^ ks''. Fovrmis ^ l\s^ appartien"* nent cependant au genre Mutille , comme il est aise de sen convaincrc , soit par lexamcn des parties de la bouche, de la figure des antpnnes , soit encore par Vhahitiis de ces insectcs , considere. plus attentivenien);. 1, Mutille formicaire. Mutilla formicaria. M. rouge, glabre ; cor- M. rubra, glabra; tho'* celet noyeux; abdomen race nodosa ; abdomhie noir.. ■ ., nigro. Description. Corps aptere , tres-glabre , lui- s^nt, long d'une lignc ef demie. Tete plus large que le^orcelet, rouge, deprimee, obtuse anterieurejnent , echancree , postericure- ment , avec les angles lateraux- de la base saillans ; veux petits , ronds , noirs ; anUnnes filiformes , presque de la longueur du coroelet , rapprochees , lauves a leur base , d'un brun rougcatre vers leur cxtremite ; articles, peu distincts : le premier plus, long, plus epais , presque cylindrique , unpen, '.ourbc ; ks autres cgaux. - N 2 ( loo ) Corcdet etroit , alonge , d'un rouge un peu noi- ritre , bilobe en dessus : lobe anterieur ovale , eleve , plane dans son milieu , reborde anterieu- rem.ent et sur les cotes ; lobe posterieur plus long, arrondi , presque cylindrique , retreci un peu pos- terieurement. Abdomen oblong , noir, pointu a son extremite. , Pattes courtes, noires ; cuisses un peu renflees; tarses roussatres. Trouvee dans les envirens de Biive , au mois de juin 1791. 2. MuTiLhE ariiculee. MutlLLA articulata. Af. noire , presque gla- M. nigra , suh glabra ; bre; corcelet rouge, ar- thorace ruhro , articu- ticule. lato. pESCRJPTlOJ^. Corps aptere , luisant , long de trois lignes et demie, TV/c plus large que le corcelet, rcnflee et ar- rondie posterieurement , tres- noire, legercment velue , pointillee ; yeux ronds , noirs ; trois petits yeux lis?es,, sur le soru,met; viandibuUs (anvts , bi- dentees a leur extremite ; antennas un peu plus courtes que le corcelet, inserecs au-devant dun tubercule rougeatre , de douze articles : le premier i '101 ) plus long et plus gros, coniquc , noir en dessus, fauve en dessous ; le second petit, grenu, fauve; le troisieme alonge , presque conique , de la meme couleur que le precedent ; les suivans un peu di^- tincts, noiiatres. Corcelet etioit, alonge, tres-peu.vetu , rouge, a trois divisions en dessus : la premiere plus grande, convexe , arrondie ; la seconde formee par quel- ques elevations ; la derniere arrondie , convexe. Abdomen ove, tres-noir, tres-glabre; anus arme d'un aiguillon fort, poignant, tirant sur le brun, : Peltcs d'un fauve obscur ; dessus des cuisscs noi- ratrcs ; tarses velus. Elie se trouve aux environs dc Brive , dans les jardins , les terreins sablonneux, pendant Fete. De rinjltunce du Climat sur la forme et la nature des tiegetaux. Par L. Re ynier. On cntend ordinairemcnt par climat le degre de chaleur ou de froid dun pays ou dun site. Ainsi , on ait un climat frold ou chaud , et spu- vent on se contente dune observation aussi super- ( 102 ) ficielle. Mais eomiiie Ics vegeiaux sont soumis k rinfluencc dc tou^ les elem'etts , ces elemens , ainsi que leurs composes , agissent sur cux, soit mecaniquemmt sur leur exterieur , soit chymiquemtnt sur leur combinaison. Et comme toui tes effets differens mod'ifiem d'une maniere plus ou moins profondela fciritie de cliaque plantfe , il fautqu'un Naturaliste physicien connoissii 'chacun de ccs effets , ses catis'es'ft'hs moycns de le^'pi'-eyoir. De cette maniere', la position 'sut le globe ou latitude ; Televation au-de^suS du iliveau de tamer; la rdflfexiOTi plus ou liiblhS 'fol-tfe de la lumiere, ou son absence ; la qua,ntit6M'es pluies , leur duree et le nibde de leur eCoulemCnt ; I'a pe- netrabilite plus ou 'moins grande du sol ; enfin , les effets de la culture sur les vegetaux , sont des objets qu'll doiic mediter , et sur lesquels il doit reunir des masses de faits. De leur connoissance parfaitc naitra cellc des moyens de perfcctionner ies especes utiles : on pourra aussi determiner les espcces d'une maniere irjvariabje , et les distin- guer des varietes ; car, des qu'bn saura la latitude des variations que peut subir une plante , tout caractere qui resistera a ces changtmens sera le. veritable caractere specifique de re$pece. J'ai dcja etabli cette necessite dans un .autre ouvragc. ( Tntroducdon aux viemcires , poxir se'ivir a Ihistoiic ( io3 ) physique et naturcUe de la Suisse , torn. I ,) tt j'ai annonce que je m'occupe, depuis plusieurs an- nees , d'un ouvrage de cette nature ; ouvrage ou les rccherchcs se multiplient a. chaque pas , et que mes occupations commerciales retarderont sans doute long-tems. La multiplicite des discussions qui seroient ne- cessaires pour rendre evident un plan general de \ influence des climats sur les eires organises, jointe a quelques chainons qui m'echappent encore , me forcent a donner simplement une notice des principaux faits sur lesquels on pent fixer ses meditations. Ces vues generales pourront engager des physiciens a diriger leurs experiences vers ce point dc vue , et ce seroient des pas que feroit une science a peine ebauchee. Forme des plantes , rdativenunt au climat quelles hahitent. La lumiere est necessaire aux vegetaux , ils s'etiolent des quelle leur manque ; done son in- tensite , sa durec, la chaleur qu'elle occasionne , ct qu il faut distinguer de ses effets , ont une . action plus ou moins forte , dont on peut apper- cevoir les resultats , quoique moins prononces que ceux d'une absence totalc de lumiere. (104 ) L'eau, soit imbibee dans la terre, ou repanduc dans I'air , commc pluie , brouillard , vapeur , ncige , etc. a aussi unc influence reelle sur les vegetaux. Les plantes des lieux ou l'eau est rare nc sont pas les memes que dans les lieux ou elle afflue; plusieurs especes meme ne se developpent que dans cet element. Done la plus ou moins grande quantite d'eau , sous ces difFerens etats , a line influence quelcohque sur les vegetaux. L'air, par lui-meme, n'aquepeud'influenccsur les plantes ; c'est plutot par ses combinaisons avec les autres elemens qu'il agit sur ellcs , soit en ac- celerant leur transpiration lorsqu'il est sec , ou en la rctardant lorsqu'il est sature bu pret a Tetre , soit en (in parce que sa transparence depend deS vapeurs qu il contitnt. Peut-etre aussi que Sa pluS ou moins grande purete chymique agit d'une ma- niere quelconquc sur les vegetaux. Ls terre enfin, plus ou moins penetrable aux influences des autres elemens , agit par ce moyeu sur les vegetaux. Chaque latitude , outre ses posi- tions locales , a un degre de chaleur qui lui est propre , et qui est autant produit par la longueur des etes , que par Tangle d incidence de la lumiere: done il doit existcr unc certaine analogic de con- formite entre leS vegetaux qui y croissent. Mais eomrae les sites particuHcrs different , nous ne pouvons { «o5 .) j>ouvons envisager cette analogic que d'unc ma^ niere tres-generale. Forme des plantcs sous les tropiques. Unclelbrulant etsans nuages expose, pendant neuf mois, les vegetaux atoute 1 activite dune lu- miere qui les frappe presque verdcalement. De longucs nuits, pendant lesquelles de fortes rosees descendent sur eux, temperentcet efFet, et cepen- dant c'est un terns ou les plantes se reposent et murissent lentement leurs fruits. Trois mois da pluies continuelles rendent a la vegetation toute savigueur, de nouvelles feuilles paroissent , les plantes se couvrent de fleurs , et reprenneiit une nouvelle existence. C'est en raccourci le tableau des pays situes entre les tropiques. Les arbres , dans ces pays brules , paroissent avoir une surabondance de vie; les cercles annuels du bois y sont moins tranches, parce que la vege- tation n'estpas suspendue ; leur grain y est oa tres-fin et d'une durete excessive , ou filasseux , c'est-a-dire . difficile a rompre en travers , quoi- qu'il se maille ct se separe facilement en fibres : ce caractere particulier des bois blancs des tro- piques, tels que le Cacaoyer , le Fromager, le Crt- ramholier, estdigne de I'attention desNaturalistesj N°: i5. tome IT. O ( io6 ) je I'ai verifie sur plusieurs arbves envoyes dernle- rement au jardin desPIantes, tels que le Cedrel , VHeve , le Corossol d'Asie , etc. Les racines des arbres y pivotent moins que celles des arbres des zones temperees; la plupart se di- visent en cuisses , qui s'etendent sous terre a une certaine distance, mais sans penetrer. On observe en general plus de racines rampantes que de pivo- tantes , quoique certains arbres , tels que Ic Ca- caoyer, en aient de cette dcrniere espece. Les fruits des arbres croissent frequemment sur les troncs et les grosses branches ; leur volume est souvent considerable ; la peau ou Tecorce qui les couvre est epaisse , et tellement exaltec par Taction du soleil, que son gout en est rebutant. Les fruits des Calchassier , Carambolkr , Cacaoyer , Papayer , Janiiier , Tamboul, Cocotier , etc. naissent sur le tronc ou sur les principales branches, et sont d'un volumeenorme. Les hxv is dn ]\Iamine , de YAvocat, des Grenadilles , du Goiavier , du Cachimantier , du Coiirbaril , etc. ont des peaux ou ecorces epaisses de deuX et trois lignes. L'ecorce des fruits du Ca- caoyer, du Cachimantier, de V Ananas, de V Aca- jou, etc. est araere , quoique le pulpe soit d'un gout agreable. Les plantes aqueuses , nominees vulgairement Char7iues , sont originaires des pays situes entre ies { 107 ) tropiques , etleur nombre diminuc a mesure qu on sen eloigne. Or, comnie un physicicn nadmet rien conime efFet du hasard , il doit reconnoitre yne influence quelconque du climat de ces pays , qu il seroit interessant de decouvrir. L'analogie nous conduitmeme a voir que beaucoup deplantcs a feuilles epaisses ont dcs analogues a fcuilles minces dans les zones temperees. Les Euphorbes , les Geranei , les Cacalies , lea Crassules , nous en ofFrent la prcuve. Les plantes des pays ebauds sont generalement plus cotonneuses etplus garnies d'epines que celles des pays froids. Nous examinerons cette influence dans un article separe. Enfin , les Palmiers , cette famille de plantes lignciiscs , sont un produit des pays situes entre les, tropiques , dont quelques especes seulement se sont etendues au-dela, et ces memes especes sont celles qui se rapprochent le plus de la nature des herbes. On ne peut point considerer les palmiers-. comme des arbres, puisqu'ils nc sont pas formes de couches ligneuses annuelles , conservees et furmees par Tecorce , mais comme des plantes ilont ils ont le mode de developpement ; ils dif- ferent seulement de la tige du chou par la durete de leur ecorce ; car leur organisation interieurjs est absolumcnt la merae. Et comme les pal- O 2 ( io8 ) tnieis se rapprochent de la nature des herbes. dans les especes qui s'eloignent le plus des pays chauds , il faut en conclure que la production des palmiers depend du climat qu'ils habitent ; et que leurs cai'act^res s'aftoiblissent a mesure qu'ils s'en eloignent. II scroit intercssant de connoiti-e quelles circonstances determinent leur existence dans ce pays-la. Forme des plcmtes sous les zones glaciales. Dans les parties voisincs des zones temperees, , les arbres sont encore asscz nombreux; mais a mesure qu'on s'en eloigne pour s'approcher des poles , ils deviennent plus tares , diminuent de taille , et ne sont plus que des arbrisseaux, avant de cesser tout-a-fait. Ces arbres ont une forme particuliere j ils sont presque tons de la famille des coniferes ; leur fruit est petit , sans pulpe , et cnveloppe d'une ou deux couvertures dune con- sistance ligneuse. Voila done un extreme oppose a celui des tropiques. La des fruits enormes portes sur Id,' tige: ; ici des fruits infinlment petits , on le.gerrrje est a peine enyeloppe de pulpe, et qui terminent les derniercs ramifications des bran- ches. Ouelques arbriiseaux et un pin sont les. seuls vegetaux ligneux dont les fruits soientinan- geables , et ces mcmes especes ayant peu de liau- { 109 ) teur, sont couvertes de neige pendant la saison froide. Cette circonstance influe beaucoup sur la conformation des plantes. Un coup-d'oell sur les cspaces Intermediaires , entre ces deux extremes , eclaircira encore ce que je vicns d'avancer. A me^ure qu'on s'eloigne des tropiques, dans les zones tempcrecs, on quitteles fVuits pulpeux a ecorce epaisse, pour en voir dont Tecorce n'est qu\ine pellicule : a VO^'ange, succedc la Peche , VAhricot, \a Prv?ie , dont le volume est moins considerable. Ces derniers fruits cessent de croitre dans le nord de TEuTope, et les fruits en baies sont les seuls qu'on voie dans la partie des zones temperees quiapproche des cercles polaii'es. Les herbes sont petitesdans le Nord ; elles sont presque toutes vivaces, et se multiplient par les racines , plutot que par les graines, que des froids hatifs empechent dc, murir^ Elles forment par consequent, laplupart, des touffes epaisses etun gazon tres-serre. II paroit meme que ces plantes ne cessent pas de vegeter sous cette enorme cou- verture de neige qui les preserve du froid : c'est ce que nous verrons plus bas« Influence du climatk sur la ??alure du sol. Le sol des regions polaires n'est pas le memc que celui des pays situcs sous les tropiques. Dans Ics pays chauds, la chaleur et riiumidite concou- rent pendant toute i'annee a decomposer Ics etres. organises qui perissent ; les plantes se putrefient ; leurs parties, entrainees par Teau , penetrent la terre , s y melent , et forraent le terreau ou la tcrre vegetale. Dans le;s marais il se forme du limon. Les regions poiaircs n'ont qu'un ete tres-court. Le peu de chaleur qu'on y eprouve est accom- pagne de secheresses ; aussi les plantes qui peris- sent ne se putrefient pas , elles sechent , et la couche de neige qui les couyre ne fournissant pas sans doute unehumidite suffisante, ou pour quel- ^u'^utre raispn quim'estinconnue, les change en tourbe ou terreau de bruyeres , qui forme la seule terre vegetale du Nord. En effet , on ne voit point de tourbieres dans les pays chauds ; elles com- mencent dans les pays temperes , et leur nombre augmente a mesure qu'on s'avancc vers les poles. Le terreau de bruyere est de la merae nature , parce qu'il se forme au-dessus d'une couche dc sabl^ qui absorbe riiumidite , et produit , par une cause differente, un effet semblable. Le ter- reau des Alpes est de la meme nature que celui du Nord , par la meme raison. La meme decom- position des pavties inferieures des plantes, qui s'observe sous les poles , a lieu sur les Aipes ; et ics , (Ill) Ve<^etaux s'y conservent par une progression du meme individu , tandis que sa partieinferieure est a difFerens degres de decomposition. Et meme les plantes du Nord ayant des racines iongucs , la partie inferieure perit a mesure , et se change gradueliement en tourbe , tandis que le haut du vegetal se ramifie , et conserve I'espece par une progression semblable. Des poils tt des epines , eonsideres relativanent au clirnat. Les poils ct les epines , de I'aveu de tous les Naturalistes , sont des parties accessoires des ve- getaux. Ce sont des especes de secondes vegeta- tions qui se developpent sur les principalcs ; mais on ne s'accorde pas sur la maniere dont ces productions secondaires y tiennent. Les uns pre- tendent que les poils ont un germe inherent a la nature de la plante , et qui se developpe de la meme maniere que lesfleurs, lesboutonsafeuilles et les autres parties des vegetaux. D'autres disent que les poils ne sont que des agregations secon- daires qui se Torment dans le vegetal , et que leur naissance depend en entier de la situation ou Tin- dividu se trouve. Ainsi la presence ou I'absence des poils ne peut nullement influer sur la dis- (112) tinction des especes , parce que leuV abondance et ineme leur absence totale ne naiss^nt que de cir- constances pardculieres. Queiques consequences , tirees des observations les plus constatees, deve- lopperont la question. Les plantes des pays chauds ont, generalement parlant, des polls plus nombreux et plus coton- rteux que ceiles des pays temperes et froids. Deux varietes de la meme plante, dont i'une est d'uii pavs ou d un site plus chaud , different par Tabon- dance des polls qui couvrent la seconde. Deux varietes, Tune dune terre seche, etl'autre d'une terre humide.j, different par Tabondance des polls qui couvrent la premiere. Les plantes qui croissent dans un lieu sec tres- ■ expose au soleil , quoiquc plus petites que ceiles dun lieu humide ou ombrage , sont couvertes de polls , tandis que les dernieres en ont peu ou point. Les plantes de marais sont presque toutes glabrcs. Une plante d'un terrein sec, transplantee dans un jardin , y perd ses polls en peu de terns. La meme cliose s'observe dune manier.e encore plus constante lorsqu'on seme la graine. Beaucoup de plantes perdent leurs epines par la culture. be (iiS) De tous tes principes, on peut cbnclui-e que It Viombre des polls qui couvrent une plante depend entierennent des circonstances ou eile se trouve , et qu'ils sont absolument des produits accidentels de la vegetation Ainsi , la nature du climat influe sur leur formation ; reste a examiner comment elle peut agir. Un ctre organise a une existence bornee. Le ttrme de sa vie est celui ou sa charpente pri- mitive , developpee par les molecules qui se logent dans les caviteS ou maiUes de son reseau , ne peut plus en recevoir ; alors sa caducite commence , et ses pas vers son aneantissement sont plus ra- pides que sa croissance. La vie des vegetaux est animee par la lumiere ; c'est cellc, qui , par un mecanisme encore ineonnu , determine le mouve« ment de la seve. Done une plante qui vegete sans lumiere , et une plante qui vegete exposee a la lumiere la plus vive , doivent recevoir des impres- sions bien difFerentes. Nousne pouvons pas com- parer d une maniere absolue les plantes deS tro- piques , parce que les vapeurs repandues dans 1 air retardent le mouvement du rayon , mais bien celles des hautes sommites , ou Pair etant d'une secheresse excessive , elles regoivent toute I'in- tensite de la lumiere, efFct bien different de la N". i5. Tome II. P (iH) chaleur de rathmosphere ; car plus I'air est sec et pur, et moins il s'echauffe (i). Lesplantes etiolees sont longucs , foibles, d'une consistance aqueuse , jaunes ou d'un vert pale ; leurs rameaux sont peu nombreux ; les fleurs , lorsqu'il en paroit, sont foibles, et avortcnt pres- que toutes ; soavent elles perissent en bouton. Le tissu interieur de ces plantes est lache , comme si la secretion , n'ayant pu se faire sous I'eau , y fut restee , et eut relachc le tissu primitif. Leur surface est toujours rase ct san« aucuns polls , quoiqu'elles en portent dans leur etat ordinaire. Les plantes des hautes scrmmites sont basses , ramifiees des la racine , d'uhenature seche et dure ; leurs fleurs ^ et en general tout I'appareil de la generation, dun volume enorme , souvent egalau reste de Tindividu ; leurs graines sont grosses et bien mures. Leur surface est couverte de polls plus (l) La tendance a la chaleur ofVi facilite d'ichavffe- ment de I'air pur est a celle de I'eau , comme i i\ 87 , Celle de I'air atlimospherique est a celle de I'eau , comme 1 a 1 8 , parce que I'air atbmosplierique contient de I'eau , et que I'eau , s'echauffant plus facilement que I'air , I'air satiu-^ d'eau ou de Tapeurs , doit s'ecliauffer plui promptement que I'air pin-. V' du Feu, par L, Reynier ^ lib. II, chap. 16, ( ii5 ) nombrcux sur les sommltes que suf le reste de la plante , et plus abondans , a mesure que laplantc est dun lieu plus elevc. Uneplante des Alpes , transportee dans la plainc, ou en trainee dans la vallee par les torrens , se trouve dans un athmosphere moins pur, oii Tac- tion des rayons solaires est ralentie paries vapeurs. Cette plante y acquiert un volume plus conside- rable; ses ramifications ysont raoins nornbreuses, mais en meme-tems elle y perd une grandc partie de ses polls ; souvent elle y devient prcsque glabre. Done c'est a la plus ou moins grande acti- vite de la lumiere que les plantes doivent les polls qui les couvrent, et cela au raoyen d'uue acce- leration du principe de vie inherent a la vege- tation. De toutes ces donnees, on peut conclure que Tactivite du rayon solaire a une influence reelle sur les vegetaux ; que cette activite est modifiee par plusieurs causes , telles que Tabondance des vapeurs. Or, comme lair d'une monlagne clevee est plus sec que celui d'une montagne basse , et celui-ci que lair de la plaine ; I'abondance ou la rarete des polls , dans ces sites la , ne peut offiir de caractcre de distinction. II en est de meme , dans la plaine , entre une tene aride et le voisinage de P 2 (116) I'cau , rathmosphere se remplissant davantage d'emanations dans ce dernier site. On ne pourra titer aucune induction de la difference des poii« dans ces deu:^ positions. Un lieu convert , cnfin , comme un bois , une pente tournee au nord , etc. recevant moins de lumiere qu'une terre nue , on pourra tirer des conclusions certaines de ce que des plantes , crues dans Tune de ces positions , auront plus ou moins de poils que dans I'autre. En suivant ainsi la comparaison des sites varies qui existent , on oblicndra une multitude de re- sultats heureux , et que d autres observations ren- dront plus cer.tains encore. II reste a. expliquer comment la lumiere pcut determiner la formation des poils. Toute expli- cation, au point d'imperfection ou sc trouve la physiologic vegetalc , sera necessairement hypo- thetique. Celle que je vais proposer repondrSi peut-etre aux objections. Le germe contenu dans la graine contient une ebauche de I'individu , toutes ses parties y sont contenues , mais en raccourci ; de sorte que sa croissance future nest qu'un developpement gradue. de toutes ces parties, et nou une veritable forma- tion. Cette premiere existence peutetre consideree. eojTune une charpeote ; die s.e developpe et s'eLend. ( »i7 ) pendant la jeunesse de Findividu ; ses raallles se rempJissent pendant sa vie , au moyen de la nu- trition ; et lorsque tous les vides sont reraplis , 1 individu tombe dans la caducite , et tend vers sa dissolution. Or, comme le mouvement vital des vegetaux regoit difFcrer.s degres de force de celle des rayons solaires , et que leur action n'est pas la meme dans lous les climats, il suit que rcndurcisscment de la charpente a lieu plus promptement dans une position que dans une autre , et Tindividu y regoit differcns degres d'extension ; mais comme Tabon- dance des molecules , portees par le travail de la vie dans toutes les parties du vegetal , ne permet pas qu elles se logcnt toutes , le superflu se reunit , et forme des poils , d autant plus nombreux, que le developpcment de Findividu aura ete plus ac- celere. En effet, ces productions accessoires sont generalement plusnombreuses sur les parties supe- rieures de la plante ou se trouvent les organes de la generation , que sur les autres extremites , et les plantes des Alpes , oii la vie est infiniment acceleree par la vivacite de la lumiere , sont plus couvertes de polls pres des fleurs que sur les feuilles. On observe aussi que les varietes velues sont plus petites que les varietes glabres, et que leur \;illosite est en raison inverse de kur grandeur. ( 118 ) J'en excepte les varietes qui croissent dans les tourbieres dont il sera question plus bas. Les epines nous ofFrent des faits semblables que les poils , ma;s moins nombreux , parce que le voluiT^e de ce genre de production etant plus considerable , il rend leur existence plus inhe- rente a la conformation des plantes , quoiquelle ne lui soit pas essentielle. L'observation suivante de M. Pallas, me paroit digne d etre conservee. il La chaine de montagncs qui confine auGliilan >5 ne presente que des forets ou , vu la nature 35 grasse et argilleuse du sol, les arbres jouissent J5 d'une telle abondance de sues nourriciers , qu'ils »3 sont pour la plupart pourvus d'epines tres- 5 5 incornmodes. C^est une singularite qui merite 53 d'etre observee , que, dans TOrient , la ma- 5 5 jeure partie des plantes velues et la plupart 35 des arbustes sont epineux. Les Nefliers , le 55 CalafFa , le Grenadier , y sont tres-incom- J5 modes par leurs epines. II y a meme d'autres 55 especes d'arbres qui n'ont point d epines or- 55 dinairement, et qui en sont garnis dans cette 5 5 contree , comme , par exemple , le Cormier 53 sanguin. On voit ramper sur la terrc des Trefles 55 tres-cotonneux , quantite de Lychnides , ainsi 55 que beaucoup de plantes du genre des Re- 55 noncules , qui y sont vetues d une espcce de. i i>9 ) >» palisse. Hist o ire des decoiivertes des savans voya- >j geurs , torn. 2, pag. 3So. i? J'ajouierai a cctte autor'ite I'observation que j'ai faite du Rosier des Alpes, qui se couvre d'epines lorsquil croit dans un lieu decouvert et un peU eleve , et qui n'en a point dans les bois ou on le trouve communement. Enfin, M. Defay , de I'academie d'Orleans, a fait perdre a un Rosier ses epines , en le cultivant dans un sable pur , et par consequent en dimi- huanl la quantite de ses sues nourriclers. Des plantes des montagnes. Le paragraplie precedent contient deja quel- ques observations sur les plantes des montagnes; rnais il est essentiel de les reunir. Le mot de montagne est infiniment vague, et ne suffit pas pouretablir, dune maniere precise, I'efFet de cette position sur les plantes. Les basses montagnes et la partie inferieure des montagnes elevees n'ont aucun rapport avec les hautes som- mites : il faut en traiter separement. Les- basses montagnes sont ordinairement cou- vertcs de bois ou de paturages , dont I'herbe , haute et sans consistance , instrulroit le Natura- liste que i'analogie n'auroit pas deja eclaire. Leurs ( 120 ) jpentes diminuent beaucoup Taction de la lumiere ; rombre y teste plus long-tcms que dans laplaine, et les nuages , qui s'y accumulent piesque tous les jours , outre qu ils interceptent les rayons, deposent une rosee abondante , qui , lorsqu'elle s'evapore , trouble encore la transparence de I'air; Aussi les plantes y ont-elles une conformation semblable a cellcs de la plaine, des feuilles enor- mes , des tigcs elancees et peu rameuses ; elles ferment un interraediaire entre TetioleTient ct les plantes des hautes sommites. Ces plantes dimi- nuent souvent de volume, iorsqu'on les cultive dans la plaine , et la raison en est simple. Les liautes sommites sont presque toujoursau- dessus de la region des nuages , un air pur , dc- gage de vapeurs, y laisse aux rayons solaires toute leur activite. On pent voir, dans les ouvrages des Uiloa , Saussure , etc. des details sur les pbenomenes que cause cette rarete de Tathmos- phere. Les plantes qui sont exposees a rinfluence. dune lumiere aussi active, sont basses, rameuses ;• couvertes de.poils , et la grandeur de leurs fleurs surpasse frequemment celle du reste de la plante. Leur culture exige les plus grands soins , et le premier changcment qu'elles eprouve'nt, c'est une augmentation de volume et la perte de leurs polls, ou dune partie seulement , parce que lactivite de la lumiere V\ 3o. ,A> ///■// f// t/'^f.i/^. AVa////c//c ^ A^.'yS. -"-\^\ V/ M'K (.:,:.> ■ <'■•,'/ ( 121 ) lumicre etant molndre dans un milieu plus dense, ,.le developpement de rindiyidu esc incuns accejere. • Souvent des plantes qui n'avoicnt pas deux pouccs dehaut, tn'ont donne des gr.'ines bien aoutees, qui one produit, clans nion |.arf'^n, des iudividus dont les feuilles avoient un pied. Un autre phenomene que preseuicni -es plantes, c'est Icur delicatesse pour le froid. -Au premier •- . - rt . i\ . ' coup-d ceil, il pafoitsurprchaut qiie les productions dun climat ou les neigcs resttnt neuf uums de lan- nce , redoLiient les gelecs , mere ceiles d'autonme; mais les neiges forment une enveloppc epaisse qui couvre les plantes. et empeche ie frDid de pene- trer jusqu'a elles. Des observations que jai faites, pendant 1 hiver , sur les Alpcs , m autori^ent a croire que la vegetation, quoique ra'entie, se coniinuc sous la neige. Or, comme jjres(|ue toules les pluics , meme au coeur de I'ete . tombent en neige , elle prend pied avanc les gelees de Tautomne , et la fonte, au printems , n'eSt aclievee uu'a une epoque ou Ics retours du froid ne sont plus a craindre. Aiuii , il est de fait ([ue les plantes des Lauies soinmltes liC sont jamais exposees au froid, et qu'on a raison de les cultiver dans i orangerie. J ai dit plus liaut que la vegeiaLion n est pas absolument in.errompue pendant I hiver. Eh eflct, il penctre toujours quelques rayons au tra- N". 16. Tome IL Q ( 122 ) vers de la nelge, et le terreau noir des Alpes les absorbe ; la neige , au printems , fond toujours a la paitie en contact avec la terre , et j'ai vu souvent des plateaux entiers de neige , qui ofFroient une etcndue uniforme, et qui etoient excaves au-des- sous ; la terre y etoit eraailiee de fleurs. On voit souvent des plantes en graines au moment ou Ici neige disparoit tout-a-fait d'un endroit. Plus la montagne est elevee , et plus la neige y reste long-tems , plus aussi les plantes qui en sont origlnaires exigent de soins , lorsqu'on les cultive. Sur les basses montagnes , la neige couvre les plantes plus tard et les quittc plutot, aussi peut-oit cultiver leurs productions en pleine tcrrc. Le terreau des Alpes est encore une circonstance particullerc de cette espece de posiuon; il est noir, et compose presque uniquemcnt de vegetaux de- composes un peu plus que la tourbe , mais de la meme maniere ; la duree des neiges explique la formation de ce terreau ; ainsi ,.je puis rcnvoyer a ce que j'en ai dit dans le paragraphe intitule : Influence du clhnat sur la nature du sol. On imite ce terreau dans les jardins , ou plutot on y supplee par un melange de terreau de bruyere et de terre vegetale ; les plantes des Alpes y reussissent tres- bien , meme de graiae. II suit de ces bases sur la confornaaiion dea (123) plantes Alpines , que des plantcs qui different seu- lement de celles de la plaine par ces caracteres , ne doivent etre considerees que comme des varietes ; aussi le nombre des especes nominales decrites par les Botanistes doit-il etre beaucoup restreint , et beaucoup de plantes Alpines, decrites corame es-. peces , doivent etre subordonnees conjme varietes a des especes communes. Dis plantes de tourbieres. Lcs plantes de tourbieres ont aussi une raa- niere d'etre qui leur est pi-opre : les entrepreneurs de tourbieres, en Hollande , connoissent, a las- pect des plantes , la nature des tourbieres qui sont au-dessous, souvent meme a quelques pieds de. profondeuir, etnes'y trompentjamais. Les plantes des tourbieres sont fluettes ; leurs tiges sont foi- bles et presque point rameuses ; leurs feuilles sont minces, alongees, et la plupart du terns glabrcs ; leurs fleurs sont petites , peu nombrcuses, et ont un air d'appauvrissement ; mai§ ce c[ui caracterise sur-tout lcs plantes des tourbieres, c'cst une tcinte. blcuatre que Ton apper^oit sur chaque individu, qt plus facilement encore lorsqu'on vcgarc'e \% tourbierc d une certaine distance., Les arbrcs qui croissent dans les tourbieres sont pctits, rabougris ct souvent tortueux; j ai souvent O 2 (124) reconnu des tourbicres dans les bois a I'abaissc- ment subit dcs ai bics ; et , a Tinspection du terreln , j'ai trnuve la conformation de ce signe exterieur. I.a diminution de grandeur qu on observe dans les plantes des tourbieres n est pas la rneme que £ur les moniagnes; les circonstances qui raccom- pagnent sont treb-clifFerentcs . et indiquent que leur cause n'est pas la meme. Dans les tourbieres, c est une tsjKce d'etiolcment ou d appauvrissement de tout 1 individu , indiciue par son air frele , et par la petitesse et la foiblesse des fleurs sur les so'nraites; au contraire , sur les montagncs , la petitesse des plantes est accompagnce d'une plus grandc lamosiie des tiges , fortes pour leur pcu de hauteur, enfin , dun appareil tres-considerable de fleurs et dorganes sexuels. II m'a toujours paru difficile de concevoir pour- cjuoi les plantes des tourbieres, qui croissent dans m une terre uniquement composee de detritus de vegetaux , portent tous les caracteres des plantes appavivries. L'esyjece de dccom|)osidon que subis- i sent les v; g'taux po'.;r se changer en tourbe , les | prive-t-eile dcs principes ^nutritifs qui existent i dans les fiimiers? Mais alors pourquoi la tourbe seroit-e.Ie un bon engrais repandu sur les terres? seroit-ce que 1 abondance des vapcurs et la frai- cheur qui s'y coiKentre, nuit a Teffet vivifiant dc ^ (125) la lumiere? Mais je n'ai pas remarque de difference cntre les tourbieres dc la plaine et celles des Alpes , relativement a leur influence sur les plantes. II paroit done que les causes de 1 influence dcs tour- bieres sur les vegeiaux sont encore inconnues, et cependant elles cclairciroient plus dune obscurite dans rhistoire des planics. D'apres ce que j^ai dit ci-dessus , on peut con- clure qu'il ne suffit pas d une organisation plus delicate , dun volnmc plus petit , et de 1 absence des polls , pour separcr comme esppce une va- riete d'une plante commune crue dans les tour- bieres. J'en ai donne quelques exemples dans mon Hiscoire des P I s s e N L T t S , Mcmoire^ pour servir a lliiiit. pliys. et nat. dc la Suisse , torn. I, Des plantes aquatiqucs. On ne doit comprendre sous ce nom que les plantes qui se developpeiit sous I'eau , on dont la fleur et quelques feuille^ montent a la surface; les plantes dont le pied seuiemcnt est dans I'eau, et qui croissent pareiiieintnu a I air, lorsque I'autre element s'evapore , doiveut etre designees par le nom d am phi hies. Les plantes aquaticjues sont organlsees d'une maniere treslache; leuis valsseaux. out un tissu cellulaire , et laissent entr'eux de grands espaces ( 126 ) yides , pleins d'un fluide aqueux ; on diroit qu'elles Joe tendent qu a s'etendre pour parvenir a la sur- face, et y absorber de Tair. Ces plantes n'ont ni polls ni epines ; leurs feuilles subinergees sent capillaires , divisees en lanieres , corame si on decoupoitune feuillc ordinaire, pour nelui laisser que ses neryures; leurs feuilles cmergees, au con- traire, s.ont en.tieres. Les flcurs qu'elles portent sont ou terminales, lorsqu'elles viennent nager sur Teau , ou axillaires et presque invisibles , lorsqu'elles restent dans cet element. Culture dcs planus aqiiatiqucs a I air. Divers individus de plantes aquatiques quq j'avois vu dans des terres accumulees sur le bord des fosses , et qui y avoient eprouve des cbange- mens, in'ontsugger.e I'ideedefaire des experiences sur cet objct. J'ai recueilli la graine de la renon- cule aquatique [Ranu7iculus aquatihs L. ) , que j aa decritc sous la designation de deuxieme varleie , dans mon Meraoire sur cette plante, {Man. p(n:r servir a lliist. phjs. et nat. de la S\dsse, T.I, p. i54) et en meme-tems celle de quelques individus qui ayoicnt deja cru a Fair. J'ai seme separeraem ces deux graines dans une terre sabionneuse medio-r crement seqlic. Ces graines ont leve , et j'cn a^ obtenu des individus liauts d'un a trois pouces,^ ( 127 ) dont la tige etoit droite , iTiais un peu arquee vers sa base. lis avoient quelques feuiiles tres-courtes, dont les lanieres etoient divergentes, quoique la plante dont ils tiroient leur origine cut des feuiiles a lanieres paralleles , et des feuiiles superieures reniformes, qui manquoient egaleraent a ces in-< dividus. Les fleurs etoient aussi grandes et aussi vigoureuses que celles des individus longs de quelques picds, qui croissent dans I'eau, et ni'ont donne des semences fecondes. Je suis persuade qu'en continuant 1 experience pendant plusieurs annees , on auroit donne a cette plante toutes les habitudes dune plante qui vegete a Fair. L'eau est un fluide plus dense que lair ; II oppose done une plus grande resistance a la lu- miere , et les plantcs qui se developpent dans son sein se trouvent , sous plusieurs rapports , dans la meriie position que les plantes etlolees. Fairc vegeter ces plantes a Fair dans la plaine , c'est les exposer a une action de la lilmiere infiniment plus vive; et jc trouve le meme rapport entre les individus des plantes aquatiques crus dans Teau et ceux crus a Tair , qu'entre les plantes qui crois-" sent dans la plaine et celles des hautes sommites; en effet , ces individus , crus a fair , avoient , tomme ces derniercs , des tiges basses, une con- sistance plus forte , des fleurs plus grandes , pre- { i^S ) portionnpllement i la ligc, et mieux conformees. Ce nouveau fait confinr-e , dune^ manierc invin- cible , les difFerens eiFets de la lumiere dans les difFerens climats. Depuis les experiences dont je viens de rendre compte, et dans un dernier voyage en Hc;llande, j'ai trouve quelques individus de renoncule aqua- tique , dans les sables mouvans des Dunes , qui etoient encore plus petlts que ceux obtenus par la culture^ J ignore comment la graine y avoit ete portee ; maisilsconfirmentcette theorie , puisqu'ils croissent dans un site , oii les causes qui produi- sent la diminution des tiges , et les caracteres qui racconipagnent , etoient viveraent prononces. Effets du climat sur les ceuleurs et les odeurs. Les couleurs sont un effet immediat de la lu- miere ; une plante qui vegete a I'ombre est deco- loree; a la lumiere , elle prend les teintes qui lui sont propres. Bonnet a donne ces deux etats aux difFerentes panics dun uieme individu, et particulierement a un cep de vigne , en le faisant passer au travers de plusieurs ti^ij^ps de fer blanc, distans les uns des autres; les espaces iuterme- diaires etoient verds , tandis que ceux qui etoient couverts avoient tous les caracteres de I'etiole- inent. Les experiences de Bonnet prouvent encore que ( 129 ) que ce n'est point la chaleur produite par la lu- micre , mais Taction mecanique du rayon , qui colore Ics vegetaux ; car des plantes tenues a Tombre , a differcns degres de chaleur , y sent toutcs rcstecs sans coloration. Les principes que j'ai devcloppes sur le feu [Du ftu tt de quclques-uns de scs principaux effels) .expliquent cette difference d'action , dune maniere bicn simple. Puisque le3 couleurs des vegetaux sent un efFet aussi imme- diat de la lumiere , il suit que sa plus ou moins grande intensite doit produire des eftets diiferens, et par consequent "que les couleurs des plantes exposees a une lumiere tres-vive , doivent etre mieux prononcees que celles des plantes expo- sees a une lumiere plus foible. En effet, les plantes des Alpes ont un verd, plus sombre ; les parties qui avoisinent celles de la generation , sont souvent colorees , principalement les calices , les bractees , les ecailles des gramcns ; beaucoup de varietes alpines sont distinguees par ce carac- tere. On pcutciter le Planlairinoiratre , qui est une x^r'icle du Plantatnlanceole ; \tChrysanthcmum atra- tum^o^S\ est une variete du Chrysanthemum Itu- canihemum , etc. Les corolles offrcnt plus rarement des cxcmplcs de coloration ; a mesure qu on s'eleve sur les Alpes, le nombre des plantes a ileurs blanches augmente ; celles a fleurs rouges N". 16. Tome IL R (iSo) ou bleues y devicnnent rares dans la meme pro- portion. Un semblable efFet dc la rarite de Tair sur les sommites scroit interessant a expliquer, e't repandroit quelques lumieres sur cette panic si obscure de la physiologie des vegetaux qui con- cernent leurs couleurs. En meme temps que les plantes a fleurs co- lorees , deviennent moins nombreuses sur les sommites , les couleurs dc celles qui en ont , de- viennent plus vives ; et d'autrcs espcces a fleurs blanches dans la plaine , y prennent une teinte plus ou moins foncee. Ce sont particulierement les ombelliferes qui presentent ce phenomene ; plusieurs d'cntr'elles se teignent en rose sur les sommites, et prennent une nuaace plus foncee , a mesure que le lieu est plus eleve. Les Cerfcuils , quelques Lasers , la Mutdline , offrent le plus fre- quemment ce phenomene ; dans une autre fa- mille , les Anemones et les Rcnoncuks ont souvent une nuance de rose sur les hautes-Alpes. Com- ment le meme site peut-il aviver les couleurs de: certains vegetaux , landis qu'il determine Texis- tencc de ceux a fleurs blanches ? c'est ce dont on n'cst pas encore instrnit, et cependant ces recher- ches meriteroient la plus serieuse attention des Naturalistes. Cette question de la coloration des ombelliferes m'a paru ml des phenomenes les I i3i ) plus curieux de la pliysiologie vegetale. Les cou^ leuvs des vegetaux sont encore, soumises a d'au- tres variations, dont jc traiterai plus particulie- rcment dans unc des prochaines livraisons : ce sont les changemens de couleur des corolles. En general , plus une plante est modifiee par la culture , et plus scs coroUes portent de couleurs varices. Quelques plantes sauvages varient aussi , et ces individus d'unc autre couleur croissent sou- vent au milieu d'autres de la couleur ordinaire. Ces changemens sont-ils des desorganisations in- dividuelles , ou plus inherens a Tespece ? C est ce qu'il faut examiner avcc quelques details. Le verd des plantes tient davantage au climat que la couleur de leurs coroUes. On observe , en general . que le verd des plantes Alpines rst ge- neralement fonce ; celui des plantes de tourbieres pale , et tirant sur le bleu (i); cclui des plantes des bois , d'un verd pale , tirant sur le jaunatre, etc.. On ne doit pas confondre ces nuances avec IpfFet des polls qui blanchit ou altere la coloration des plantes. Une observation enfin sur les verds , C\est la couleur glauque , qui est la plus ordinaire aux plantes des bords de la iner , et a celies des ^ays (i) Cctte niiance bleuatre serolt-elle due a la presence du fer J toujoius aboiulant dans les tourbieres? R 2 ( i32 ) §ablonneux situes entre Ics Tropiques , et particu- lierement aux plantes grasses. Quelle peut ctre rinfluence de ce genre de positions sur les plantes qui y croisscnt ? Voila encore un objct de rc- cherches ; car on nc doit point reconnoitre d'elfcts sans causes. Les odeurs et les saveurs dependent du climat ; fai cite, a Tarticle Cranson de I'Encyclopedie mcthodique , une experience qui Ic prouve. Le Cranson officinal, qui, au Greenland , n'a point de saveur, transporte en Angleterre , a pris , dans I'espace de quelques mois , le ineme gout que celui qui y croit naturellemeiu ; done c'est au degre de chaleur du pays que rexaltaiion du gout et des odeurs doit son pvlncipe. J'ajouterai a ce fait que le McUlot bleu , qui a une odeur si pcno- trant;e dans les pavs un peu cliauds , odeur qu'on reconnoit dans le Schapziguer de Claris, cultive en Holiande , n'en a aucune ; j.'ai verific ce fait pendant plusieurs annces. A Paris, je troijve deja cctte odeur moins forte que sar les individus crus en Suisse, et par consequent plus foible encore que sur ceux recoltes en Italic , dont on se sert pour ia fabrication du Schapziguer. Les tipiceries , les drogues les plus odorantes, et les aromates les plus exaltis sotit des pays les plus chauds : dans le rneme genre les espcces les plus odorantes son'. ( i33 ) des paysmeridionaux, etenfin les plantes des pays froids n'ont point d'odeur. Ccllcs meme qui y sont portees d'unclimatmoins severe perdent en tres-peu de terns cclIequileurestproprc.il suffit d'indiqiier ici, que le climat influe dune inaniere tres-imme- diate sur Ics odeurs et les saveurs ; que les plantes perdent ces principes, en proportion qu'elles crois- sent dans des pays plus froids ; qu'au contraire ces principes augmentent , a niesure que les plantes croissent dans un clitnat pluschaud; que Ics plan- tes , dans un nieme pays, sontd'autant plus odo- rantes , qu'elles croissent dans un site plus chaud , comme sur les rochers , les terres nues et arides , et qu'elles le sont moins dans les lieux humides et couverts ; enfm , que les plantes cks Alpes ont rarcir.ent de I'odcur, quoique Taction de la lumiere y soit tres-vive. C est done moins la vivacite de la 1-umiere que sa Constance et la chaleur dont elle est le principe , qui developpent Ics saveurs et les odeurs dans Ic regne vegetal ; au contraire, d'au- trcs circonstanccs de reconomic vegetale , qui doi- vent leur existence a la vivacite de la lumiere plutofe qu'a sa cbaleur , comme les. polls , etc. Xpjlua\cc du changeinciit . des climats sur les vegciaux, Puisque les vegetaux dependent d'une maniere aussi immediate du climat qu'ils habitent , la meme ( i34) ?spece regoit difFerentes modifications des positions varices ou elle se trouve ; c'est ce que les paragra- plies qui precedent ont prouve. II reste encore a poser quelques principes sur les changemens qui. doivent arriver aux plantes par un changement de climat , et ce changemcnt doit arriver de deux manieres. 1°. Par un changement du climat ou elles se trouvent. 2°.Par le transport dun climat dans un autre , et ce qui en decoule necessairement par la culture. Changemens du climat d\in pays , et Icur injliience sur les ve get aux. Les sciences naturelles etoient si peu connues dans les siecles qui nous ont precede , on nous a transmis des generalites si peu appuyces de faits , qu'il est bien difficile de comparer, avec quelque certitude , I'etat present et Tetat passe des differtns pays , meme des plus connus. Malgre tout ce qui nous manque pour poser des bases certaines , il estcependant quelques notions sures sur lesquelles nous pouvons nous appuyer , et cjuelques faits physiques que rien ne pent dementir. Des faits incontestables prouvent qu'un pays a. ete plus chaud qu'il ne Test actuellement. D'autres faits, cgaleraent certains, prouvent Ic cor.trairc ( i35 ) J)Our un pays different ; ainsi, nous devons consl- derer sous plusieurs faces la question , si la tem- perature des differentes regions s'est adoucie ou refroidie ; car on ne peut douter qu'elle n'ait subi des changemens. Les anciennes chroniques des pays du Nord parlent de forets qui les couvroient ; a present , on y voit a peine un arbrisseau. Des troncs d'ar- bres, ensevelis dans les vastes tourbieres de ces memcs pays , attestent la verite des traditions. 4t On voit dans les Sagas [Chroniques de llslande tt du Nord ) , qu'il y avoit autrefois des forets en Islande ; c'est te qu'attestent les troncs d'arbres , et les racines que Ton tire de terre , dans les ma- irecages, ou il ne se trouve pas aujourd'hui le plus petit arbrisseau , et le Suturbrand en est encore line autre preuve. II est constant que ce suturbrand est un bois qui s'est durci sans etre parvenu au de- gre de petrification. ?? Lettrts sur VJslande, par M. de Trail , p. 24. Ces memes chroniques parlent de TAgriculture de rislande et du Gioenland , et de la quantite de bled qu'on y recoltoit : or , non-seulement ces pays-la ii'cn produisent plus ; mais les expe- riences qu'on a faites en dernier lieu , n'ont eu aucun susccs. Id. p. 3o. Voila des faits incon- tcstables , qui prouvent que le cliinat des pays du Nord etoit moins apre qu'il ne Test actuellc- nient. Dans un memoire impiime dcpuis peu , j'al dcmonlre par des faits non moins concluans, que ce refioidissement est uniforme , et se fait sentir non-sculcment dans ces regions glacialcs , mais aussi sur Ic teste de la terre , par Tabais- semcnt de la region boisee. J'ai cite quelques faits sur cet objet que j'ai observes sur les Alpes ; mais nous manquons de donnees ponr calculer la marche de ce retroidissement , sans doute tres- lent, mais que je crois uniforme. Un dcs faits les plus, saillans , c'est un tronc d arbre trouve parun chasseur de chamois , 5o toises au-dessus des li- mites actuelles de la region boisee , et dans un lieu oii aucune force humaine n'auroit pu le trans- porter. II est essentiel , avant de prononcer , dc lire ce que j'ai ecrit sur cet objet. Mais en meme tems que voila des faits qui prouvcnt , qua une epoque plus reculee , les lati- tudes septentrionales jouissoient d'un climat plus chaud qua present , d'autres faits non moins certains , prouverit que d'autres pays ont ete plus frolds qu ils le sont. C'est que la cause generale etoit balancee par des causes particulieres. RoUin ( T. 3, p. 620 de son HistoireRomaine ) tapporte que les neiges restcrent une annee a Rome pendant quarante jours de suite. Juvenal ( 13? ) Juvenal (Satyre)) tourne en ridicule lesbohneS Femmes de son temps , qui faisoient rompre la glace du Tibre , pour faire des ablutions aux- quellcs elles attribuoient de grandes vertus. Ces deux passages prouvent que le climat de Rome etoit a-peu-pres le meme que le chmat ac- tuel de Paris ; car a peine apper^oit-on , actuelle- raent , le matin a Rome des gla^ons aux Fontaines tournees du cote du Nord , et la neige n'v prend pas pied. Ovide parle du climat de la mer noire , comrae on parleroit a present de celui de la mer blanche ; je vcux qu'il ait exagere; mais il n'apu le Faire au point de peindrc , en traits si noirs , la Crimee actuelle. Les relations des premiers etablissemens sur les bords dii fleuve Saint-Laurent , parlent de Froids qu'on n'y ressent plus actuellement. Comme les changemens ont ete graduels , ils se sont pres- que passes sous nos yeux , et nous ne pouvons revoquer en doute les premieres relations. Les deFrichemens qui ont cu lieu dans le nord de I Europe, la destruction de ces immenses forets qui couvroient la Germanic , eiifin Taugmentation depopulation qui en a ete la suite, sont les causes de cet adoucissement du climat des pays meri- dionaux. Les '/tnts du nord et du nord-est ne leut N^ 16. Tonic II. S { i38 ) parveuolent qu'au travers de ces forets humides , au lieu qu a present ils passent surdesespaces nuds ou la reverberation de la lumiere ecliauflc lair , ou enfin une multitude de feux sans cessc allumes, cliangent la masse entiere de lathmosphere. Les defricheraens , qui ont eu lieu dans I'Amerique septentrionale , sont pareillemcnt la cause de Tadoucissement du climat. i^insi ces faits qui pa- roissent contradictoires , s'expliquent sans senuire: tous les climats tendent a se refroidir par une ten- dance uniforme et progressive , et si quclques-uns s'echauffent, c'est par des causes locales qui n'in- tervertissent pas Tordre general. On peut enfin reunir auxchangemcns dc climat qui ont des causes physiques, ceux qui ont pour cause principale les modifications que rhomme y produit par son travail. Un terrein boise que Ton defriche , un canal ou un chemin qu'on trace au travers des terres , un iiiarais desseche , des fouilles profondes , et mille autrcs ouvrages des hommes , chaugent la nature dun site , et par consequent la forme des vegetaux qui y croissent. Par ce iTioyen , la reverberation dcvient plus ou moins iorte , raihmospherc est plus ou moins diapbane , et les vegetaux portent plus ou moins Tempreinte du climat , dont celui qui se forme se rapproche le plus. Airisi un marais desseche presente , pen- ( i39) dant un nombre d'annees , dcs plantes aquatiques ou amphibies, crues dans unsol plus sec ; c'est-a- dire , plus petites , plus fortes et plus rameuses, les plantes de boisse couvrent de polls, et dirainuent de volume Tanncc qui suit la coupe des arbres, etc. On peut done prevoir les changemens que su- biront les vegetaux , d'apres les donnecs conte- nues dans cet article , et celles que de nouvelles decouvertes fournironl. Une autre circonstance bien remarquable , c'est la naissance de nouvelles especes dans les terrains nouvellement remues , ainsi que dans les terres nouvelles. Les plantes qui naissent apres un bouleversement , ne sont pas les memes qui eKistoicni; auparavant. Tons les Naturalistes out des observations de ce genre , plus ou moins singuliercs ; j'cn ai deja reuni plusicurs. D'ou' cec plantes tirent-elles leur origine , puisque leur analogue n'existc qu'a une tres-grande distance? Leur graine etoit-elle enfouie dans la terre a une tres-grande profondeur ? Mais depuis quelle epo- que ponrroit-elle v ctrc ? Y at-e!le ete portce par les vents? Mais comment ces graines ont-elles pu traverser de grands cspaces? Les plantes tiennent- elles tellement au site ou elles croissen-t , qu'une agregation de principes puisse les pro luire ? Mais cctte agregation n'cst pas demontree. On nc peut S. 2 { HO ) trop inviter leg Naturalistes a surveiller les clian- gemens qui se feront dans leur voisinagc ; i!s de- vroicHt former une liste des plautes qui y croissent auparavant, et conserver des individus qui attes- tassent les formes, puis, chaque aimee, les com- parer aux plantes qui y croissent , pour verifier les changemens de forme des ancieones especes , et les nouvellcs especes qui s'y seroient formees. De semblables observations , un peu muUipliees , serviroient beaucoup a la science , puisqu'ellcs appuicroient les observations deja faites sur Tin- fluence du climat, ou reciifieroient les erreurs qui y seroient melees. Ajoutons encore a ces defrichemens Ics nou- velles isles qui se forment , soit par les volcans , soit par le travail lent de la nature , insensiblement elles se couvrent de vegetaux ; la maniere dont ils y naissent doit exciter la curiosite des Naturalistes., Ecoutons ceux qui ont voyage avec Cook. a Dans la bale de Possession , nous avons vu deux rochers ou la nature commence son grand travail de la vegetation ; clle a deja forme une legere envcloppe de sol. au sommet des rochers ; mais son ouvrage avance si lentement , qu il n'y a encore que deux plantes , un gramen et une espece de pimprenelle. 5? u A la terre de Feu vers I'Ouest , et a. la tcrrc ( i4» ) dcs Etats , dans les cavites et les crevasses despiles enormes de rochers qui composent ces terres , il se conserve un peu d huniidite , et le frottement continuel des morceaux de rocs detaches , preci- pites le long des flancs de ces masses grossiercs , produit de pctites particules dune espece de sable. I-a , dans une eau stagnante , croissent peu a peu quelques plantes du genre des algues, dont les graines y ont ete portees par les oiseaux ; ces plantes creentalafin de chaque saison des atoines de terreau , qui s'accroit d'une annee a Tautre. u II me paroit difEcile a concevoir que des oiseaux de mcr, les seuls qui Irequentcnt ces terres, trans- portent des graines dont ils ne se nourrissent pas, puisqu'ils vivent de pnissans. a Toutes Jes plantes de ces regions croissent d'une maniere qui leur est particulierc et proprc a former du terreau sur les rochers stcriles. A rae- sure que ces plantes s elevent , elles se repandent en tiges et en branches , qui se tiennent aussi pres Tune de I'autre que cela est possible ; elles dis- persent ainsi de nouvellcs graines, et enfin elles couvrent un large canton. Les fibres , les racines , les tuyaux , les feuilles les plus inferieures , tom- bent peu a peu en putrefaction (i) , produisent une (i) Voycz le paragrapKe de Vl/ifluence du climat sur le sol. ( 142 ) «spece de tourbe on de gazon , qui , insensibic- ment , se convertit en terreau. Le tissu serre de CCS plantes empeche I'humidite , qui est au-des- sous , de s'evaporer , fournit ainsi a la nutrition de la partie superieure , et r.evet a la longue tout Tespace d\me verdure constante. 5? Second voyas^e, de Cook , r. II. On peut enfin Consulter la maniere dont les laves se couvrent insensiblement de vegetation. Voyez Brid. voyage en Sidle, T. I , p. 1 Sg , et les. autres personnes qui ont ecrit sur les volcans. Aucun deux n'a examine la maniere dont ces plantes naissent , et lour analogic avec celles des terreis environn antes : c'est done encore une ma- tiere neuve a examiner. II s'est forme nouvelle- ment une isle volcanique prcs de I'lslande ; c'est un moyen pour les Naturalistes du Nord de nous instraire de la maniere dont eile se couvrira de vegetation. Sans doute on ne soupcjonnera pas le volcan d'avoir lance , en meme- terns que les laves , les graines des plantes qui y naiiront. Transport des vegelaiix d' un clinat a un autre. Nous manquons de donnees sur cctte partie in- teressante de Icconomic vegetale , parcc que les premiers voyageurs ont neglige de nous instruire des premieres variations des plantes d'Europa ( 143 ) qu^ls ontportecs aux Indes; actuellement qu'elles y existent apres une longue serie d individus , nous ne les voyons que t>ous la forme que ce climat leur a imprimee. Et de plus, le peu que les voya- geurs disent sur les plantes, ne nous inspire pas de confiance ; car , lorsqu'un voyageur dit que roseille reussit tres-bien sur les bords de la Gam- bra , et qu'il y voit en meme-tems des alisiers en abondance , on peut douter de son premier rapport. Nayantqu'un petit nombre de faits certains, je vais lesreunir , sans les soumettre a. aucun principe. Tramport des vegetaux dans un climat plus chaud. Labat, le plus ancien des voyageurs qui aient su ■ nous instruire , donne les faits suivans , qui sont d'autant plus prccieux , qu'il a ete dans nos isles a une epoque plus rapprocbee du moment dc Tin- troduction de nos legumes d Europe. u Les choux pommes viennent en perfection. II suffit d'en avoir \\n seul , pou-r peupler en peu de temps tout un jardin , parce que , quand il est coupe, sa tige pousse beaucoup de rejetons. On les arrache Tun aprcs Tautre en dcchirant un peu de Tecorce dc la tigc ; on les met en terre , et , en quatre mois , ils produisent un tres-beau chou bienpomme.La tige dcceux-ci enproduitd autres, ( H4 ) sans qu'il soit jamais besoin d'crt semer. <' Voy. deLabat,r.I , p. 388. Id. T. I , p. 35.5. Ce fait est d'autant plus pre- cieux , que la vigne des Canaries , qui avoit deja passe par un intermediaire , a moins eprouve cette influence du climat , que cellc qui venoit directcment de France. ct J'ai iexperimente qu'ayant seme des pois qui venoient de France , iis rapportoient tres-peu; les seconds rapportoient davantage ; mais les troi- siemes rapportoieiit dune maniere extraordinaire pour le nombre etla grosseur. 5? Id. T. 1 , p. 3o6o a Uh habitant de ma paroisse , nomme Sellier, sema du froment qui etoit venu de France : il vint tres-bien en herbe ; mais la plupart des epis etoicnt { 145 ) ctoient vidcs , et les autres avoient tres-peu de grains ; itiais ceux-ci , nes dans le pays , etant semes , pousserent a merveillc , et produisirent les plus beaux epis , et les mieuK fournis qu'on puisse imaginer. d. T. \ ., p. 56j. Du Tertre , qui a voyage en Amerique aprei* Labat, confirme ce qu'il dit ; et de lears deux rapports , il conste que les chicorecs , laitues , cresson alcnois , cornc de cerf , epinards , ca- Tottcs , panais , bette-raves , salcifis , chervis , as- pcrges , moutardes , pois et feves , y reussisscnt; et portent de bonnes graines. Que les raves et les oignons reussissent bien de graincs venues d'Europe ; mais que les graines recoltees en Amerique , nc donnent que des plantes mesquines. Que I'oseille n'y monte jamais en graine. LAuteur d'un voyage de la Martinique, fait en 1751 , dit aussi que les oignons et les poirreaux sont toujours greles , et ne fleurissent pas ; il ajoute aussi que les oeillets ne montent jamais en flcurs , malgre les soins qu'on leur donne , et que les fraisiers et les pommiers donnent peu de fruits , et de mauvaise qualite. Transport des vegetaux dans un climat plusfroid. Un grand nombre de plantes , qui orncnt ac- tuellement nos jardins, tirent leur origine do pays N". 16. Tome 11 . T { M6) plus chauds que I'Europe , et meme dcceux sltuei entre les tropiques ; mais corarae ccs plantes out •passe, avant d'etre accliitlatees , par des points in- termediaires , soit dans nos serres , soit en pas- sant de proche en proche jusqua nous , on pent difficilement en considerer les resultats qu il faut encore distinguer de ceux d'une longue culture. L'astere de la Chine, ou reine-mar- ■guerite , les capucines , les basilics, les ricins , les poivres , etc. sent dc ce nombre , et le chan- ^eihent le plus saillant que ces plantes ont eprouve, consiste dans la diminution de Icur duree ; car elles sont vivaces dans leur pays natal , et mu- tissent leuvs graines dans le cours d'une saison en Europe. Elles out en meme temps eprouve une diminution de volume, proportionne a Icurchan- sement de duree. Le licin , qui forme aux Indes tine plante elevee de i 2 a i5 pieds , et meme une espece d'arbuste , s'elcve ici a 4 ou5 pieds "ati plus dans le cours de I'ete , etporte des graines; Les basilics sont devenus herbaces et tres-petits ; ils sont ligneux aux Indes. Des Naturalistes qui ver- roient ces plantes aux Indes et en Europe , saisi- y roicj:it ccriainement d'autres differences. II mc paroitinteressant daj outer ici les citations suivantes , sur la culture des legumes d Europe dans les pays froids , pour servir de comparaison fi au;i memes experiences faites aux Indes. ( 147 ) a Les anciennes Sagas nous apprennent que Fngriculture n'ctoit point negligee en Islande, puisqu'elles parlent du blpd qu'on y recueilloit. Ouelques habitans ont essaye, de nos jours, d'en faire venir, mais presque sans succes. Thodal, gouvcrneur dc 1 lie , fitseraer,en 1772, del orge qui paussa vivement , et donna de Tesperanca pour la recolte ; mais a peine put-on en ramasser qu'elques grains, n Lett res stir V Islande , par de Trail , p. So. ciLe major Belim me ditqu'il avoit essaye de se- nder ( au Kamtchatka ) quelques autres legumes , mais que ses experiences n'avoientpasreussi ; que leschouxetles laitues ne pommoient point; que les pois et les haricots jetoient des tiges- tres-fortes ; qu'ils fleurissoient etproduiscientdes gousses, m;iis que ces gousses ne se remplissoient pas. II ajouta qu'ayant essayelui-meme a Bolcheretok , la cul- ture des difFercntes graines farinacees , il avoit eu , en general , des tiges elevees et fortes qui don- noient des epis , mais. qu'on n'avolt, jam;iis pu tirer de la farine de cos epis. 55 Troisiime Voyage de Cook , f. i\., p. joo. 4c A Tcgard des legumes, ils ne viennent pas tous egalemcnt bien au KamtGliatka, Les plus suc- culens , comme , par exemple , les choux , Iss pois , la saladc,ne prbduisent que des feuilles. et T 2 ( 1 4.S ) 4cs tiges. Les choux et la laitue ne pomment ja- mais. Les pois croissent et flcurissent vers I'au- tomne , sans rapporter des cosses. Les legumes , au contraire , qui demandent beaucoup d'humi- dite , comme , par exemple, les navets , Icsradis ou raiforts , et les bette-raves y viennentbien. Z)«cr. du Kamtchatka , par Kracheninnikow , p. Saa. On ne peut trop recommander aux naturalistes cettc partie interesssante de la physiologic vege- t,ale ; car, des que les variations des plantcs , ct sur-tout les causes de ces variations scront con- nues , on sera certain dc debarrasser la sience d'une foule d'incertitudes sur la distinction des es- peces et des varietes , qui, dans ce moment, se. decident sur la parole du, maitre , n'ayant pas de regies fixes pour les juger. BOTANIQUE. S^iT ^^^ nouvelle espece de P E C 1 1 s. Par le citoyen Lamarck. En Botanique ,. il y a des especes si difFerentes de leurs congeneres par leur port , et sur-tout par certains caractercs qui leur sont propres , qu ellcs ( i.4fi) sont, pour les Botanistes curieux de cpnnoitre tousles modes employes par la nature, dans ses productions , presqu'aussi intexessantes que les genres meraes. En c&t, pour les Botanistes CQnsouirnes dans la connoissance des especcs en general , et bien au fait de ce qu'elles ont en quelque sorte dc coramun, ordinairement dans chaque famille et dans la plu- part des genres les pljus anciennement connus , y a-t-il lien de plus remarquable que de^'oir une composee qui, corsime le Mutisia, ofFrc le port, et sur-tout le feuillage dun Vicia , qui est une plante legumincuse. Dans le Conyza thuyoicics ( Lam, diet n**. 42 ) , on voit avec surpiise des rameaux et un feuillage en quelque sojrte semblables a ceux du Thuya. Le Conyza cuprcssijonnis , et le Conyza lycopodioides [ibid- n". 43 et 44 ) sont, d'une sin- gularite aussi frappantc. La suriirise mcrae aug- mcnte a la vue da Conyza genistelloides ( meme ou- vrnge, n°. 56) , qui presente une composee sous VciSpca. da Genista sagiitalis. hhyperictim mexicanum a tout-a-fait le port du Pinx isarcocolla. (Voyez la figure de cet Hypericum , tians les Amcenit, acad. vol, 8 , tab. 8 , L 2 , et du Penaa , dans mes illustr. des genres , tab. 78 , f. q. ) Plusieurs Barbonia ont un portetun feuillage de Ruscus. DWcrs Aspalalhus , qui sont des legumineuses , rcssembleut a des (i5o) bruyeres par leur aspect. Le Tradescanlia discolor a presque le feuillage d'un Yucca. UEryngiwn aqua- ticum a de meme le feuillage et le port d'un Pan^ danus ou 6.\xnBrovielia. Plusicurs especes d'HydrO' cotyle offrent dans leur port une disparate qui n'est pias moins ctonnante. ( Voyez men diet. vol. 3, p. i5i , ct vioii illuslr. dcs genres , pi. i 88. ) Enfin , Tavortcment des veritables feuilles donne au La- ihyrus nissoUa , et a certaines especes de Jlfimosa , (Journal d'Hist. Nat. n". 3', t. 5, etc.) Taspect Ic plus singulier. A la verite , il n'est point question ici de sin- gularite aussi remarquable : cependant la plante dont je vais donner la description ayant la fruc- tification d'un Pfc//^ , presente la particulariteassez etrange d'avoir des feuilles composees ct alternes, tandis que dans Its Pedis deja connus , les feuilles sont opposees simples et enticres. Au reste , voici comment je nomme et carac- terise la plante que j'entreprends de faireconnoitre dans cet article. Tectis pinne. PI. 3i. PEcrispinnata.Tah.3i. P. a feuilles alternes pin- V.foliis alternis pinnatis nees lincaires- setacees. lineari-setaceis. Patvic. . . . "^ ou It. Habitat ^ s. ]Fj.^ ( t5i) 2)ESCRIPT. Habitus tagetes vel oihonna; tngeies , et folia abrotani. Tola planta viridis , suhglaher; odorc herbaceo. Caulis erectus , sesquipedalis , basi suffruti- tosus , ramis numerosis paniculatus. Rami teretes , virides , aihstriati , sparsi , adscend:nles , interdum divaricatissimi , pulvere crislallino minimoquc ads~ jjersi. Folia allerna , semi-amplexicaulia , pimiala , lineari-setacea \ pinms vel lacimis remotii subqmnis , tenuissimis : folia suprcema scepe trifida. Flores parvi, lutei , pedunculati , tcrminalcs ; pedimculis simplicibus, iubpollicaribus. Calyx turbinato-pvatus , 5-phyllus , erectus , con- nivens, apice purpurascens , basi foliolo tinico alt(rove mHultus : foholis oblongis , obtusis, concavo-canali~ culatis. Corolla composita radiata. Flosculi 5 , in disco , hermaphroditi : corollulis limbo bfidis, Semiflosculus nniciis femincus , in radio : ligula brcvi , spathulato- cvata , emargi7iata. Semina ohlonga , ^.-gona , striata ; paleis 8 , lan- ceolatis scariosis , coronata. Receptaculum minimum , nudum. Le Pcctis pinne est une plante verte , presquc glabre , a odeur herbacee , ayant le port d'urt. Tagetes ou de VOthonna tagetes , et le feuillage d'une Auronne. Sa lige est droite , haute d'un pied et demi j ( '52 ) dure a sa base , ou elle seroble presque ligncusc , et tome paniculee par dcb rameaux nombreux. CesTamcaux soat cylindriques , verdatres,'un ped Stries, epars , montans , en cor'ymbe , quelque- fois tres-divergeans , et parsemes d'une poussierc rare , tres-petite ct comme crystalline. Lcs feuilles sont alteriies, semi-anriplexicaulcs , tres-rhenues , pinnees ; a pinnules ou decoupures lineaires- setacees , distantes , et au noinbre de cinq ou environ. Les feuilles superieures sont souvent 'trifides. Les fleiirs sont petites , jaunes , pedon- culees , terminalcs ; a pedonculcs simples , longs d'un pouce a-peu-pres. VoicI leur caracicre, Calice turbine-ovak, pentaphylle , droit , con- hivent , pourpre au sommet, ayant a sa base ex- terieure une ou deux folioles plus courtes : les folioles oblongues , obtuses, concaves , bu cand- liculees. Corolle ( ou fleur generate ) composee , radiee. - Cinq fleurons hermapbrodites dans le disque, a limbe dcs corollules quiriquefide ; un seul demi- fleuron femelle a la couronne , ayant sa languette spatulee-ovale , echancree , tres-courte. Semtnces oblongues , tetragones , legereiiient striees, couronnees de huit paillettes scarieuses , lanceolees , obscurement frangees sur Its bords. ■Receptacle comraun fort petit , n\id. Ce (i53) Ce Puiis fleurit a la fin d'a-out, en stpwmbrt eten octobre. On le cultive au jardin Botaniqud national dc Paris, ou il forme des toufFes presque diffuses , mais assez agreables par la finesse du feuillage de cette plantc , et par les petites fleurs jaunes dont le fond verd de ces touffes se trouve parseme. Je n'aipu savoir quel est son lieu natal ; mais je crois qu'il a ete envoye avec le Sanvitalia, que je ferai connoitre a nos lecteurs dans le nu- mero procbain; or, comme ce Sanv,iialia est ori- ginaire deTAraerique meridionale , il est vraisem- blable que \t Pedis pinne croh aussi dans le meme pays , te quindique en effet Tepoque tardive de sa floraison. Je crois meme qu'il est du Perou, II diffcre des trois Pectis connus ( P. citiari's , p. punctata , P. linifolia ] : i°. par la situation et la forme de ses feuilles; 2°. parce qu'il n'a pas sur ses feuilles les points glanduleux et transpatens qu on trouve sur celles des trois autres Pectis ^ quoique Lihrie ri'eh fasse ihentlon que dans la p. punctata : ces points sont analogues a ceUx quon reraarque dans les feuilles des Tagetes ; 4°. enfin , parce que les paillettes qui coijronnent cbaque semence , sont en general au nombre de liuit ; au-lieu qu'on n'en voit que 5 ou 6 compo- sant I'aigrette des Pectis de Linnc. II convient encore de rappeler dans cette compaj-aison, que N". i6. Tome //, * V ( i54) dans les fleurs du Pectis pinne il n'y a presque tou- jours qu'un demi-fleuron a la couronne , tandis que dans les Pectis de Linne , Ics demi-fleuions sont au nombre de cinq , au-moins le plus souvent. A la rigueur, d'apres ces considerations , on auroit pu presenter la plante que je viens de de- crire , comme un nouveau genre tres-voisin des "Ptctis par- ses rapports : mais comme ce genre n'eut ete distingue des Pedis que d'une maniere mediocrement traiichee, j'ai prefere, vu I'enorme multiplicite des genres deja etablis , de reunir au Pectis la plante dont il est question. Si, par la suite , on fait la decouverte de quelques autres plantes en tout conformes a celle-ci par leur fruc- tification , alors on sera plus autorise a etablir avec ces plantes un genre particulier , qui sera toujours neanraoins mediocrement distingue de& Fectis, Description du Cymps q^u ercus-T ot^ae, Lue a. la Societe d'Histoire KalurelU. Par Louis Bosc. M. Bayen a remis a la Societe, trois nouvellcs cspeces de Galles de chene qu il a rapportees des ( l5^ ) Pyrenees , mais dont il n'a pas eu le terns d'etu- dier I'hiscoire , pendant le court sejour qu'il a fait dans ces montagnes. M. Gillet , ci^dcvant de FAuraont, qui a ega- lemcnt rapporte une de ces Galles , et qui ensuitc en a fait venir une tres-grande quantite , ma mis a portce de faire connoitre a la Sociele Tinsecte qui la produit. Cette Galle, figuree de grandeur naturelle dans la planche 32 ,Jig. 5 , ne se trouve jamais , d apres. Tobservation de M. Gillet, que sur une espece de chene que ce Naturaliste croit propre aux Pyre- nees , qui V est connu sous le nom de Toza , et qui. a de grands rapports avec le, Quercus cerris de Linnaeus. Elle est toujours placee sur une pousse . de lannee precedente , ct y est fixee ae maniere qu'elle paroit Tembrasser. Sa forme est un sphe- rpide , un peu alonge aux deux extremites , d'en- viron i5 lignes de diametre ; sa substance inte- rieure est fongueuse ; son ecorce est fort dure sans etre ligneuse, elle est presqueunie, mais il existe^ aux deux tiers de sa hauteur une couronne dt^ 8 a 12 tubercules assez gros., separes par des intervalles. presque egaux. Cette Galle , la plus grosse de celles connues jusqu'a cejour, sub- siste sur Tarbrc, jusqu a ce quelle soit pourrie , ou que Taccroissement de la branche qui la sup- Y- 2 . ( i56 ) porte I'ait fait fendre , ce f;ui n'arrive qu'au bout de plusieurs annees. Les essais que M. Gillet a fait faire pour employer cette Gallc en place des noix de Galle ordinaires , lui ont donne un re^ sultat fort peu inf&rieur a I'effer de ces dernieres. LHnsecte qui produit cette Galle en est sorci , a Paris , vers le mois de mai , par un trou qu'il a perce indifferemment dans toutcs les parties de la surface. M. Gillet a essaye de le faire accoupler et de le multiplier aux environs de Paris, mais ses tentaiives n'ont point eu de succes. II pcut etre decrit ainsi : C Y N I P S il U E n C U S - f 0 7^ A E. C- Testacea , villoso - sericca , antcnnis tarlisqne nigris , ahdomine dorso macula nigra\ Habitat in Ryremis. ^La tete testacee , velue ; les yeux noirs ; les antennes filiformes, de la longueur de la moitie 5u corps J les articles, excepts le premier, de couleur noiratre. Le thorax testace, velu , avec plusieurs stries cnfoncees dans sa partie supe- rleure. L'abdomen testace , velu , marque dune iargc tache noire dans sa partie superieure. Les ailes plus l.ongues que iVbdomcn , ciliecs a leur ( i57 ) base , avec des nervures plus brunes. Les pattes testacees , velues; les tarscs noiratres. Les males sont plus petits que les femellcs , ct plus noiratres. Les femcfles sont quelquefois com- pletement testacees. Get insecte a bcaucoup de rapports avec le Cynips glecomae de Linnxus, il est de meme gran- deur, presque de mcme couleur. II en difFere par son abdomen , aussi velu que le thorax. Reaumur, vol. 3, pi. ab , fig. 5, a fait graver tine Galle qui a quelques rapports avec la notre , mais il en parle a peine dans le texte. SECOND M E M O I R E S.iO l<^ double refraction d.u S P A T H a L CURE, transparent. Par M. H a u y. Dans le premier memoire que jai donne (i) , sur la propriete qu'a le Spatli calcaire , dc refracter les rayons de la lumiere suivant deux directions differentes , je me suis borne aux explications qui (i) Journ. d'Hist. Nat. torn. I^r. p. (53 et suiv. ( 1^8 ) n'exlgeoient , pour etre congues , quune notion des loix communes de la refraction. Je me propose ici de donner un nouveau developpement a la theorie du phenomenc , et d'exposer les resultats particuliers auxquels m'ont conduit mes recher- ches, autant que le peruiettra romission du calcul ,. dans un sujet susceptible de rigueur, et celle des details qui exgederoient Telendue d'un simple extrait. Poursaisir ces resultats , il sera bon davoir relu le premier memoire , ec de se rendre fami- lieres les constructions des figures qui y sont rela- tives , et auxquelles je serai plusieurs fois oblige de renvoyer. Tons les auteurs qui ont apporte quelque soin a Texamen du pbenomene dont il s'agit , con- viennent que I'un des deux rayons qui le produi- sent subit la loi des refractions communes , de maniere que le sinus de Tangle de refraction est consfammentlesfdu sinus de Tangle d'lncidence. Ce rayon, que j'ai appelle rayoTi ordinaire, est celui C|ui fait appercevoir Timage la moins enfoncee en-dessous de la base superieure du Spaih. Quaint a Tautre rayon , que j'ainomir.e rayon d aberration ^ et a. Taide duquei on voit Timage la plus eloi- gnee, il est bicn evident d'abord que sa refraction s ecarte de la loi ordinaire , relativcment a la bcse du Spaih i autrement lorsque le rayon si I I (fig. i3 , planclie 32 , fig. 4 ) tombe perpen- diculairement sur la diagonale ac de cette base , il ne se diviseroit pas en traversant le Spath , mais la partie qui , dans tout autre cas , est dis- tinguee du rayon ordinaire, resteroit confondue avec lui, d'apres cette loi generale de dioptrique , que tout rayon perpendiculaire a la surface du milieu refringent , continue sa route dans ce mi- lieu , quelle que soit la loi particuliere suivant laquelle il se refracte , dans le cas d'une incidence oblique. II resulte de la que si Ton pouvoit esperer de ramener la refraction du rayon d'aberration aux loix des refractions ordinaires, ce ne seroit qu en I'esnmant relativement a quelqu'autre plan dent ia position s'ecarteroit de cclle de la base du Spath. Or , cette position paroit indiquce par une ob- servation dont j'ai deja parle (i) , et qui consiste en ce qu'il y a telle direction du rayon visuel ou Timage la plus enfoncee se trouve dans laligne- ment de ce rayon. J'ai dit qu'il ne s'en falloit que d'environ deuX degres, que ce meme rayon he se trouviit parallele a I'arete ah , d'ou il suit que 5j!> ( fig. i3 , planche 32 , fig. 4 ) etant le rayon dont il s'agit , si par le point d'im" (j) Ihid. p. 69, ( i6o ) mersion t on mene tx perpendiculairc ^ur i'^^ et que Ton imagine dans 1 interieur du Spath un plan doni riuclinaison sur la base a laquelle appariient la diagonale fle, soit mesuree par Tan- gle etx (i), ce sera relativemcnt a. ce plan qu il faudra estimer la secondc refraction , pour juger si elle est souraise a un rapport constant entre les sinus d incidence et de refraction. C'etoit dans la sup- position de ce plan, que la Hire avoit calcule la loi de la refraction extraordinaire , et il pieten- doit que le sinus de refraction , rapporte a ce meme plan» etoit a-peu-pies les f du sinus dinci- dence , comme dans Ic verre ordinaire. Ce que nous venons de dire , sufHt pour faire voir le peu de fondement de Topinion adoptee par M. de BufFon (2) , et par quelques autres pl^y- siciens , s^voir , qu'un rhomboide de Spath cal- caire etoit compose alternativement de couches de deuxdcnsites diiFercntes, situees parallelement aux faces natuvelles du rhomboide, et dont cha- cune produisoit une refraction analogue a sa den- site pariiculiere. Le seul moyen de faire cadrer des explications de ce genre avec Tobservation , seroit (1) La valeur de cet angle est de 16'* 22'. (2) Hist. Natiirelle des mineraux , tidit. in- 1:2., torn. 7, p. 1 55 et siriv, 'dt PI. 32. tAu//'7hT/ (/'//l\s't. jS[il/7//l^//c' N!" ifi ( i6i) de supposer que la refraction extraordinaire fut due a la presence de quelque substance , dont les molecules presenteroient aux rayons incidens, des plans situcs dans le sens de ^ x , tandis que la ma- tiere propre du Spath les recevroii sur des plans, paralleles aux faces du rhomboide. D'une autre pa:t , Newton et Huygliens s'ac- cordent a adniettre pour la refraction du rayon d'aberration , une loi particuliere , differente de la loi commune ; mais ils sont partages sur la me- sure de cette loi. Selon Newton , e!le consiste en ce que Tamplitude d'aberration FL (pl.4,j^g-. lo), est constamracnt de la meme longueur , quelle que soit la direction du rayon incident , c'est-a-dire , quelle est toujours egale a//, qui est I'amplitude relative a I incidence perpendiculaire du rayon j?. Get illustre geometre pensoit aussi que Tarapli- tude d'aberration etoit constamment parallelc a la diagonale b n. 11 resulterolt , au contraire , des recherches d'Huyghens, que Tamplitude d'aberration est va- riable, tantdans sa longueur que dans sa direction, Mais si Ton considere deux rayons incidens ST \fig- lo) , et S' T' {Jig. 1 1 ) , inclines en sens con- traire et de la meme quantite sous un angle quel" conque , la somme des amplitutles d'aberration F L et F' L' sera une quantite constantc , egale au N°. 17. Tome II. X ( 16, ) do\xh\edefl{Jig. lo ) , qui estramplitude d'abet- ration sous lincidence perpendiculaire. Au reste , ceci ne donne qu'une propriete de la loi , a la- quelle est soumise la refraction extraordinaire , et non pas la mesure absolve de cette loi , puis- qu'il y a une infinite de loix possibles, qui toutes s'accordent egalement avec le resultat d Huyghcns, ainsi que je I'ai demontre par la geometric (i). Ce savant celebre a ete conduit a Tune de ces loix, par sa theorie sur Temanation de la lumiere , qu il attribue a des especes crondulations , qui sont ici de deux formes , I'une circulaire , comme dans tousles auties cas , et d'ou depend la refraction du rayon ordinaire ; Tautre elliptique , et qui est la cause de la refraction du rayon d'aberration. Je ne puis qu'indiquer ici cette loi , dont Texpo- sition cxige la connoissance des courbes et de leurs proprietes. Je neparle point de quelques autrcs opinions, ou moins connues , ou moins dignesde 1 etre (2). En general, il y a peu de sujcts oii Ton puisse (1) Mem. (le I'acad. des sciences, an. 1788, p. 44- (2) Walleriiis, par exemple ( Sy sterna mineral, edit. 1778, torn. 1 5 p. 145 ) attribue la double refraction i a une fissure imperceptible , qui interronipt la continuite du Spatli. Citer tine pareille opinion , c'est la refuter. { 163 ) ' compter un plus grand nombre d'autorites , toutes contraircs les unes aux autres , et en citer de plus imposantes entre celles qui meiitent d'etre pesees« II est a remarquer que la question dont il s'agit, est compliquec de deux questions tres-distinctes. L une concerne la determination des routes que suit la lumiere dans le Spatl; , et I'autre , celle de la cause physique du phenon^ene. La premiere depend de lobservaiion exacte des faits ; la se- conde a pour but de lier ces faits avec quelque principe auquel on puisse les ramener. Les pby- siciens qui se sont occupesde la double refraction, ont dirige leurs recherches vers Tune ou I'autre de ces questions , chacun suivant son gout ou ses connoissances ; et quelques-uns les ont em- brassees toutes les deux a-la-fois. De ce nombre csu Newton , dont nous exposerons bientot Ic sen-« timent au sujet de la scconde. Dans la vue de repandre quelque jour sur une question embarrassee de tant d'incertitudes, je me suis occupe , par preference , de la question rela- tive aux loixduphenomene , etj'ai desire dabord de savoir si la refraction du rayon d aberration pouvoit etre ramentrc a un plan fixe , comme le vouloit la Hire , ou si eile s-uivoit une loi parti- culiere , comme I'avoient avance Newton et Huyghens. Ayant fait coastiuire avec soin ua X 2 ( i64) instrument destine a mesurer les angles d'inci- dence et de refraction du rayon visuel , j'ai com- mence par determiner un grand nombre de sinus deces memes angles, rapportes au plan dirige sui- vant^x (pl.32,y?g-. 4), en me servant dun rhom- bo'ide tres-diaphane , et qui avoit environ cinq pouces de cote. Mais , dans ces sortes de recher- ches , qui sont necessairement afFectees de petites erreurs d'observation , il y a toujours quelques fractions de dcgrc , dont I'observateur peut dispo- ser , en quelque sorte , a son gre , en les regar- dant comme 1 efFet dun ecart en plus ou en moins , dans les mesures prises ; et quoiqu'il me parut, en general , que Thypothese d\in plan fixen'etoit pas admissible, par le defaut de rap- port constant entre les sinus d'incidence et dc refraction , je ne pouvois cependant m'assurer d'etre parvenu a uue asscz grande precision , pour ctre en etat de prononcer definitivement sur ce sujet : d'ailleurs , on est reduit , en pareil cas , k enoncer ce que Ton a observe , sans pouvoir en donner la demonstration , et il n'en resulte qu'un nouvcan confiit d'autorites contraires, c'es-a-dire, souvent un surcroit d incertitude. Enfin,il-se presenta une observation nette , trcs-facile a repeter, ct indcpendante de toute ine- sure d'angks, qui me parut rncner directcmcut an ( i65 ) but. Volqi en quoi ellc consiste : Si Ton pose un rhombo'ide de Spath sur un papier ou Ton ait marque deux points visibles.on voit , en general, quatre images, unc ordinaire , et une d'aberration pour chacun des deux points. Mais en faisant va- rier les distances des deux points , rclativemcnt a une position determinee de Toeil, je m'appcrgus qu'il y avoit telle distance qui faisoit voir deux des quatre images coniondues en une scule , en- sorte qu'il n'en rcstoit plus que trois , dont celle qui c'toit formee par Ic concours de deux images, avoit seulement une teinte plus foncee (i). Soittoujours aenh ( pi. 32,^^.5 ] le meme qua- drilatere , et p , I , les deux points dont il s'agit, situes de maniere que le rayon visuel sop etant perpendiculaire sur b n , 1 oeil n'appercoive que trois images au lieu dc quatre. Si Tun ou Fautre des deux points cxistoit seul , Toeil en dibtingueroit deux images , a I'aide d'un rayon ordinaire et d un rayon d'aberration. Mais puisque des trois images (i) Pour faiie cette observation pins facllement , on pent niarqxier un premier papier sxir un point fixe , et un second sur le sommet d'un autre papier taille en triangle aigu , et cpie I'ou fera glisser sous le rhombo'ide. De cette maniere , on aura un point mobile , que I'on approcliera ou qiie I'on ecartcra a volonte du point fixe , jusqu'a ce r^ue l(?s quatre images se trouvent reduitcs a trois. ( i6& ) que I'onappergoit, quand les deux points existent a-la-fois , il y en a une , savoir celle du milieu , qui resulte du concours de deux images , c'est une preuve que le rayon d'aberration , qui appartient a Tune des images , se confond , en allant vers , I'oeil, avec le rayon ordinaire qui appartient a une a,utre image. Or ici le rayon ordinaire /^j , en- voye a Iceil par le point /, et le rayon d'aberra- tion pgs, parti du pointy; , sont necessairement isoles ; puisque les images vuesparles rayons st,s g, sont simples. Done c'est le rayon d'aberration lo , relaiif au point/, qui se confond avec le rayon ordinaire po , reiatif au point jt?, sur une memc direction 05 ; ce aui fait que Toeil voit les deux images du milieu confondues en une seule. Mainienant nous pouvons considerer le rayon double OS , comme un faisceau de lumiere qui tomberoit sur le Spath , suivant la direction 5 0, et qui auroit op pour rayon ordinaire , et ol pour rayon d'aberration ; d'ou il suit que pi est lam- plitude d'aberration , relativement a lincidence sous la perpendiculaire 05. En general, quelle que soit la direction du rayon visuel , pourvu qu'il reste dans le plan ae?ib , on pourra toujours placer sur la diagonale b?!, deux^ points , tels que les deux images du milieu se reu- nlssent en une seule , et Ton sera sur , par Ic meme moyen , d'avoir I'amplitudc d'aberration , rclati- ( i67 ) Vement a rincidcnce du rayon , sur la direction duquel on verra les deux images reunies. Si le meme ceil , qui etoit dans la posiiion re- quise pour cette reunion , fait ensuite un mouvc- ment d'un cote ou de I'autre, en se rapprochant ou du point c , ou du point a\ il verra les deux images se separer d'abord, puis s'ecarter de plus en plus Tune de Tautre ; ensorte que si Ic rayon visuel , en s inclinant vers le point e , est parvenu , par exemple , a une position parallele a ?-i , il fau- dra augmenter la distance entre les points/),/, pour voir de nouveau les deux images du milieu reunies en une seule , laquelle distance croitra , a. mesure que I inclinaison clle-meme sera plus con- siderable ; ct si . au contraire, Foeil en s'inclinant versle pointfl , prend une position parallele a/w, il faudra diminuer la meme distance, et cela de plus en plus , a mesure que le rayon visuel sera plus incline. Concluons de-la que I'amplitude d'aberration n est pas constante dans sa longueur , ainsi que Tavoit cru Newton ; mais qu'en partant de Tinci- dence perpendiculaire o 5 , ou cette amplitude est egale a.|- de bx, axctaniune perpendiculaire me- nee sur b ?i , elle va en augmentant, a mesure aue le rayon incident s incline suivant des directions analogues a rz , et diminue au contraire , a mesure qu'il s'inciine du cote oppose, suivant des direc- ( i68 ) tions analogues a/wj. 11 est vrai que quand on se sert dun rhomboide , dont la hauteur est peu con- siderable, les deux images du milieu restent encore assez sensiblemcnt reunies , du moins jusqu'aune ccrtaine inclinaison ; etil est probable queNewton ayant opere sur de pareils rhomboides , aura etc entraine par I extreme simplicite de la loi qui pa- roissoit s'ofiiir a son observation (i). Des resultats analogues a ceux qui viennent d'etre cites , m'ont fait reconnoitre que 1 ampli- tude d'abcrration n'etoit pas non plus constam- mcnt parallele a la diagonale bn, mais qu'elle s'ecartoitdc la direction de cette diagonale , toutes les fois que le rayon incident sortoit duplanfleyz^. En combinant la premiere observation sur la variation en longueur de 1 amplitude , avec ce principe d'optique , que le ;ayon incident , le rayon rompu et la perpendiculaire menee du point d'iraraersion sur la surface du milieu refringent , sont toujours dans un meme plan , j'en ai deduit (i) La manlere d'opeier de cet illustre geometre con- fiistoit a faire tomber iiiimediatemcnt un rayon solaire sur line des faces (hi Spatli, ct il mesurer sur la face op- posee la distance du rayon ordinaire au rayon d'aberra- lion. Or , comme les extremites de ccs rayons sont de petites surfaces , il faut , dans ce cas , un rliomboide d'un certain Yohime , pour parvenir a une precision suffisante. une ( i6g) tine demonstration geomeirique fort simple (i), pour faire voir qu'il n'y a aucun plan , quelque inclinaison qu'on lui suppose , auquel on puissc ramener la refraction extraordinaire, avec un rap- port constant entre les sinus d'incidence et de re- fraction. AiiTsi ce resukat auquel je n'etois par- venu que par des a-peu-pres , a 1 aide d'un moyen niecanique , en mesurant un grand nornbre d an- gles , relativement a un plan particuliet . se trouve prouve d'une maniere generaie et rigoureuse. La loi qu'avoit adoptee la Hire , est, par - la meme , exclue , ainsi que toute theorie dans la- quelle on supposeroit que le Spath fut forme de couches de deuxdensites difFerentes , disposees al- ternativement . n'nnporte dans quelles directions. Quant a la loi donnee par Huyghens , outre quelle tient a une theorie qui nest point admise , j'ai trouve qu elle ne satisfaisoit aux observations que dans un certain nombre de cas , et que dans d'autres elle sen ecartoit sensiblement. J'ai essaye de determiner la veritable loi, a la- quelle est soumise la refraction extraordinaire , seulement pour les rayons incidens qui seroLent dans le plan aenb , reservant pour un autre temps les recherches relatives aux incidences des rayons (i) Mem. de I'acad. des sgiences ^ ibid. p. 52. N°. 17. Tome II. Y (170) qui s'ecartent de ce plan. La methode que j'ai suivie , n'exige Tusage d'aucun instrument d'op- tique ou autre semblable ; elle suppose seulement que Ton connoisse le cote du rhomboi'de sur lequel on opere ; et cette connoissance , jointe a celie des angles eab , ahn , sufEt pour conduire a la determination des angles d incidence et de re- fraction du rayon visuei. J ai donne une formulc simple , pour exprimer la loi a laquelle je suis parvenu par un grand nombre d'observations. Voici cette loi representee a Taide dune construc- tion que Ton saisira aisement. Soittoujours ST (pi. ^2,Jig.6 ) le rayon incident, TL, ie rayon refracte ordinaire ,ax, une perpen- diculaire menee sur bn; et ay , une obllcjuesituec de manicre que xy soit le tiers de bx. Cette meme ligne xy sera , ainsi que je I'ai deja dit , Tampli- tude d'aberration relative a I'incidence perpendi- culaire ; c'est-a-dire , que si le rayon incident est dirige suivant ax , le rayon d'aberration aura la position ay. Ccla pose , on demande la direction T F du rayon d'aberraiion , relatif a i'incidence suivant S T. Parle pied de la perpendiciilaire ax menez xzo, qui fasse avec ax un angle ax o dt 60'' , puis par Ic pied L du rayon ordinaire TL ( 1 ) , menez LK (1) La position de ce rayon est detei'mint^e d'apres le rapport 5 ^ 3 j entre les sinus d'incidence et de refraction. ( 171 ) parallele K xo; enfin , sur LK , prenez la panic LUegale a xz. LaligneTF, menee park point U, sera le rayon daberration cherche. La ligne xz a cette propriete reinarquible , que Tangle xoa, qu'elle forme avec Tarete ab , est sensiblement egal au grand angle daf (pi. i,Jig- i ) du rhombe primitif, c'est-a-dire, de ioi<^^. On voit de plus que la ligne LU est une constante ; mais I'ampli- tude FL est necessairement variable. Si le rayon incident S' T' [Jig. 1 1 ) ctoit in- cline en sens contraire , on trouveroit, par un precede analogue , la position du rayon d'aber- ration T'F'. En supposant 1 incidence du rayon S'T' egale a celle du rayon ST ( pi. 3 2 ,Jig- 6 ) , on aura toujours ramplitude F'L' plus petite cjue Tamplitude FL. Mais la somme dcs deux ampli- tudes sera une quantite constante , ce qui est commun a !a loi cjue je viens d'exposer avec celle d'Kuyglicns , malgre la difference qui existe d'aiU • leurs entre I'nne et I'autre. Nous avons vu que Timage produite par le rayon d'abcrration etoit toujours plus eloignee de Toeil cjuc I'image ordinaire. Or-, cet cxces d'eloignement est une suite necessaire des ob- bcrvations que j'ai citees , et de la loi a laquelie elles m'ont coiuhiit. Je vais essaver d'en faiic snirc-voir la raison. Tout point visible cnvoic X 2: ( 17.2 ) vers notrc ceil un cone de rayons , qui a son sommet sur ce meme point , et dont la base oe- cupe le trou de la prunelle. Si Ton suppose un corps diaphane place entre ce point et I'oeil , les refractions que les rayons subiront en le traver- sant , changcront la direction et en meme-tems la disposition respective de ces memes rayons , et suivant que Ic corps sera de telle figure et aura telle denslte , ils pourront arriver a I'oeil sous des directions ou moins divergentes , ou plus diver- gentes qu'elles ne 1 etoient en partant du point visible, c'est-a-dire , qu'ils seront censes appar- tenir a un cone, ou plus alonge, ou plus court que celui qui seroit parvenu immediatement a notrc oeil , sans 1 interposition du corps qui les refracie. Dans le premier cas , Tobjet paroitra plus eloigne qu'a la vue simple, et , dans le second cas , il paroitra au contraire s'etre rap- proche de I oeil. Cela pose , observons que , lors meme qu'on voit limage d^aberrationdans le planaew^ {•p].32,Jig. 6) il n'y a qu'une tranche du cone lumineux relatif a cettc image , qui reponde au plan dont il s'agit, Tous les autres rayons s'en ecartent necessaire- ment , a raison de Icurs inclinaisons en diffe- rens sens , de sorte que chacun d'eux peut etre considere comme un rayon d'aberration parti- (17^) cuiier situe hors du plan aenb. Or , j'ai dit que, dans ce cas , Tamplitudc d' aberration n'etoit plus parallele a la diagonale bn, et ce defaut de pa- rallelisme est tel, qu'il tend a diminuer la diver- gence des rayons, a I'aide desquels Toeil apper^oit limage d'aberration , de maniere que le nouvcau cone qui en resulte est plus alonge que celui qui provient des rayons ordinaires , d'ou il suit que I'image d'aberration doit toujours paroitre plus reculee que I'autre Image. Apres avoir donne une idee des loix d'optique auxquelles est soumis Ic phenomene , il nous reste a parler de la cause physique dont il de- pend. Celle qu'avoit imaginee Newton paroit singuliere au premier apper^u. Mais ce pourroit etre une de ces idees qui se presentent d'abord sous la forme du paradoxe , et qui prennent en- suite peu a pcu celle de la verite , a mesure que Tesprit les examine de plus pres , et se familiarise avec elles.. Au reste , Newton lui-merae fa placee parmi les vues qu'il propose modcstement, a la fin de son optique , comme de simples doutes ou des questions qu il laisse a d autres le scin d eclaircir. Ce grand georaetre consideroit les rayons de la lumiere , comme des cspeces de pri^mes a quatre pans, d'une epaisseur infiniment petite, • ( 174 ) ct qui avoient" , par rapport au Spath , deux es- peces de poles , sur lesquels la matiere de ce Spaih exercoit une action particuliere.Soit/crwJ (pi. 32, Jig. 7 ) un rayon de lumiere de la forme dont il s'agit , ct soit ^ , le meme angle du Spath que (^^.6), c'est-a-dire , un des petits angles soiides. Concevons que la matiere spathique ait cette pro- priete , que quand le pan/ra/;c, ou celui qui lui est oppose , regarde Tangle b, elle exerce sur le rayon une action qui I'attire vers ce meme angle, et qu'au conlraire , quand c'est le pan nmrp ou son oppose , qui regarde Tangle b , la matiere du Spath n'ait d'autre action sur le rayon que ceHe qui produit la refraction ordinaire. Cette difte- rence d'actions ne seroit au fonds qu'une sorte d'imitation de ce qui se passe dans la crysraiH- sation , ou les molecules de la matiere crystalline semblent s"attirer , de preference , par certaines, laces , plutot que par les autres, qui, peut-etre , restent comme indifferentes par rapport a Tat- traction. Cela pose, parmi tous les rayons dont est forme wn faisceau de lumiere qui tombe sur la surface du Spath, les uns seront situes de maniere que leurs pans analogues h fnpc regarderont Tangle b, et les auties de maniere que ce seront les -pans; analogues a jimrp , qui sc trouyeront- tournes (175) vers le meme angle. Ces derniers rayons, sur les- quels Taction emanee de Tangle b n'aura aucune j)rise , subiront done la loi des refractions com- munes , tandis que les premiers rayons obeiront a Taction de Tangle b, vers lequel ils se porteront. Le faiiceau se divisera done en deux parties , qui auront les directions exposees ci-dessus , et si Toa fait faire au rhoraboide une revolution autour de 1 image ordinaire , ainsi que nous Tavons pareil- lement explique (i) , le rayon d'aberration etant force de suivre la revolution de Tangle b, Timagc d'aberration decrira elle-meme, autour de Tautre image , une courbe rentrante. Cette hypothese acquiert un nouveau degre de vraisemblance , lorsqu'on Tapplique au phe- nomene des quatre images produites par la su- perposition de deux rhomboides, et aux varia- tions que subissent ces images dans leur in tensite , a mesure que s'opere la revolution du Spath supe- rieur (2). Mais le developpement de ce point de tlieorie , qui exige des considerations delicates , passeroit les bornes que j'ai du me prescrire dans cet extrait. (i) Premier memoire , p. 68. (a) Ibid, p. /!• Sur le nouvenu genre Sanvitalia, Par le citoyen Lamarck. Les plantes a fleurs composees-syngenesiques presentent une si grande diversite dans les com- binaisons des caracteres de leur fructification, que quoiqu'on ait deja etabli un grand nombre de genres parmi les plantes connues de cette grande famille , on a encore tous les jours occasion d'en former de nouveaux, a mesure que les decouveres des Botanistes voyageurs nous en font connoitre d^autres. A la verite , ces genres sent assez souvent ihediocrement tranches : mais leurs caracteres mi-partis avec les genres qui en sont voisins par leurs rapports , forcent en quclque sorte le Bo- taniste de les distinguer. Je vais en ofFrir un exemple a nos lecteurs dans le nouveau genre Sanvitalia, qui ncni A.ViVerhesi7ia et de VEncelia , et qui est neanmoins veritablement distingue dc I'un et Tautre de ces genres. Voici les caracteres que j'assigne a ce nouveau genre , qui , dans le systeme sexuel de Linne , doit etre place dans la syngenesie ; polygaHiie-superflue. Caracf. ( 17 Caract. essent- f/. radices. Cal. poly- phylle , a double rang. Recept. garni de pail- lettes. Sem. du disque comprimees , ciliees , nues : de la couronne a trois dents. Caract. nat. Cal. commun hemis- pherique , ouvert, polv- phylle : a ecailles ova- les , planes , sur une double rangee. Cor. composee, radiee. Fleurons nombreux , hermaphrodites , dans le disque : a coroUules tubulcuses , quinqucfi- des. Environ 12 demi- fleurons femelles dans la cour. a languette ovale , presqu'entiere , ouverte. Stm. du disque pres- qu'en coin , applaties , velues et ciliees sur les N°. 17. ror^u II. 1 ) Charact. essent. Fl. radiati. Cal. dii- plict serie polyphylliis. Recept. pelnceum. Sem, disci compressa , ciliata, nuda : radii 5-dentata. Charact. naf. Cal. communis hemis^ pharicus, patens ^ poly- pliyllus : squaihis ovatis , planis , serie duplici. , Cor. composita , ra^ diata : Jlosculi numerosi, hcrmaphroditi , in disco : coroUulis tuhulosis, limho 5-Jidis. Semi-Jlosculi cir~ citer 1 2 , feminei , in ra- dio : liguU ovata , sub- integrd , patente. Sem. disci subcnneata, compressa , margine vil-- hso-ciliata , nuda -^ radii Z ( 17 herds, nues : de lacour. turbinees , couronnees de trois dents subulees, et divergentes. Recept. commun, co- nique , garni de pail- lettes lingulees , creu- sees en gouttiere. Sanvitale couchee. PL 33. 8) turbmata , de^itihus Iri- hus subulatis divataris- que coronata. Recept. commune , co- nicum , palcaceum : palcis lingulatis , concavo-cana- liculaiis. Sanvitaua procumbens. Tab. 33. Patrie : TAmerique Habitat in America meridionale. e meridionali^ © La Sanvitale couchee a le feuillage d'un Verbesina ou d'un Bidtn^ ; mais elle ressemble entierement a. un Rudbeckia par Taspect de sa fleur , dont le disque est convexc - conique et presque noir , comrae celui des Rudbecques. Ses tiges sont her- bacees , cylindriques , velues , branchues , d'un verd pourpre , longues de lo a i5 pouces , cou- chees et etalees de tous cotes sur la terre, for- maut une touffe diffuse de f2 a 3 pieds de dia- metre. Sss rameaux sont opposes , inegaux , et les infericurs sont ordinairement les plus longs. Ses feuilles sont aussi opposees , au-moins pour la plupart , car quelques-unes des superieures sont ( 179 ) alternes. Elles sont ovales , entieres , trinerves , velues , petiolees ou retrecies en petiole, et lon- gues dun pouce a un pouce et demi , sur 5 a 8 lignes de largeur, ayant un peu I'aspect de celles de rOrigan. Les fleurs sont terminales, solitaires, sessilcs , environnees de bractees a leurbase, qui ferment presqu'une collerette. Elles sont de gran- deur mediocre ; mais leur couronne dun beau jaune , et Icur disque presque noir , tranche assez agreablement sur le verd fonce du feuillage. Cette jolie plante a ete envoyee au jardin Botanique national ae Paris , par M. Gualteri. Elle fleurit a la fin d'aout et en septembre. t a n a g r a h u m e r a l i s. Par Louis Bosc. T. JVebulosa , ahdomine alho , humeribm supev' ciliisque liUeis. Pi. 34, fig. 4, Habitat in QayarM. Mandibule supeiieure du bee brune , lege- rement emarginee ; mandibule inferieure blan- chatie. Z 2 ( iSo ) Plumes de la tete brunes en leur milieu, grisea en leurs bords. Taclie oblongue jaune a la partie superieure et anterieure des ycux. Gosier , gorge , ventre, crissum , et dessous des ailes d'un gris blanchutre. Col , dos , croupion et dessus des ailes sem- bl5l{>le:S a la tete. Les parties laterales dun gris cendre. Les grandes plumes des ailes brunes , bordees de gris. Les petites de merne couleur , mais bor- dees de roux. Les petites plumes des epaules jaunes. La queue brune. Les pattes et les ongles blanchatres. Get oiseau a ete envoye de Cayenne par Ic Blond. II a , tout-a-fait , Tapparence d'un Frin- gilla ; il se rapproche raeme beaucoup du fnji- gilla savanarwn, Latham, n°. 3i. Cependant, on y rcconnoit facilement le caractere des T^nagra. II peut etre place dans le systeme a cote du T'ahagra grisea. On ne sail rien de particulier sur sa maniere de vivre. Sa longueur totale est dc quatre pouces et demi. La planche 54 le represente de grandeur na- lurelie. { '5i ) Memoire sur la Chabazie. Par le mme. La Chabazie est un sel pierre qui a des rapports avec les zeolites , les felds-spath et les schorls rhomboidaux. Ses crystaux ont une apparence vitreuse et une cassure granuleuse. Leur forme primitive est un rhombe , fort rapproche du cube , puisque ses angles ont 96 et 85 degres. La pesanteur specifique de cette substance a cte trouvee par Brisson de 20, 5 00. Sa duretc peut etre evaluee 9 , en prenant le Gyps pour premier point de comparaison. La Chabazie ne laisse point passer Tetincelle electrique , et ne fait point feu sous le choc dvi briquet. Les acides vitrioliques et nitrcux ont une legerc action sur elle ; mais quoiqu'aides de la chaleur, ils ne la dissolvent point , et il ne se forme point de gelce. Elle blanchlt au premier coup de feu du chalu- meau ; elle sc boursouHle au second ; au point dc devenir plus legere que I'eau ; sa suiface se fritte { i82 ) au troisieme ; mais pour operer sa vitrificatioR complete , il faut faire usage des fondans salins. On voit, par ce petit nombre d'observations , que la Chabazie ne peut pas etre confondue avec la Zeolite , puisqu'elle ne fait pas de gelee avec les acidcs , qu'elle a uue pesanteur specifique inoindre , uue durete plus considerable, et uiie crystallisation difference. Elie ne peut pas davan- (;age etre rapportee aux fclds-spath , aux schorls rhorabo'idaux , car la pesanteur specifique , le boursoufllement au feu du chalumeau , et Tin- clinaison des angles des crystaux , Ten. distingue suffisamment (i). EUe forme done dans la classe des sels.pierres un genre distinct qui doit etre place a la suite des Zeolites. La forme primitive se montroit rarement sur les morceaux examines. Elle v etoit remplacee par des rhombes tronques par les six aretes des deux angles solides opposes (2). (1) La pesanteur specifique de la zeolite est 27, oaa; «a forme, le cube. Celle du feld-spatli 24)3i3 ; sa forme un prisnie rhomboidal , tennine par deux plans perpendi- cutaires a, son axe , dont les angles sont de 65 et 1 1 5. Le scliorl rliombo'idal a les memes angles , mais sa pesanteur specifique est 32, 265,, et ii est completement rhomboide. (2) Cede figure tst , a I'inclinaison des angles presj. positivement celle du spatli calcaire . figure pi. 4 ) f'S- ^^^ du 4'^' ■vol. de la Crystallograpbie. ( i83 1 Dans cette modification, le rhombe est change en un dodecaedre a plans pentagones , aUernati- vemcnt larges et etroits. Ces derniers ont une ap- parence curviligne qui laisse scupconner que la troncature , dont ils sont formes , n'est pas simple ; ils sont , en outre , souvent , legerement et iire- gulierement stries. Les cotes communs aux deux angles droits des petits pentagones et aux deux angks obtus du grand qui leur est oppose , sont quelquefois surtronques de biais du ccte du petit. II est a remarquer que les portions , encore sub- sistantes , des cotes primitifs , ne sont jamais tronques. Tous ces crystaux sont foiblement et inegale- ment colores a la superficie par un ochre rouge. Leur grosseur varie jusqu a quatre lignes de large. II s'en trouve souvent de petits eiichasses sur les faces des grands. La gangue qui les porte est une couche calcaire assise sur du Quartz. Elle n'a au- cune apparcnce volcanique. Les morceaux qui ont servi a etablir ce nouveau genre de pierre , appartiennent a Brougniart le jeune. lis lui 6nt ete donnes par une personne qui ignoroit le lieu d'oii ils ont ete apportes. On soup- gonne cependant qu'ils viennent du duche de Deux-Ponts. On ne trouve, dans les ouvrages sur la mine- C 184 ) ralogie , aucunc Substance qui puisse etre soup- gonnce appartenir a la Chabazie. Celle dont Rome de risle parle, pag. 70, vol. 4 de la Chrystallo- graphie, a la suite du n°. 61 , en app-roche beau- coup; mais outre que les angles de ses crystaux sent fort difFerens, je suis fonde a croire que ce savant avoit en vue une autre pierre , trouvee dans les Alpes et dans les Pyrenees ; pierre dont j'ai vu des echantillonsdans les collections deMM.Gillet et le Lievre , et a Tanalyse de laquelle M. Pelletier travaille en ce moment. Le nom Chabazie est une alteration dumotCha- laxion , employe par Orphee dans son poeme sur les pierres, pour designer une substance qui nous est inconnue. Explication desjigures. Le rhombe de la Chabazie de grandeur natu- relle. PI. 34, fig. 1. Le rhombe tronque par les aretes des deux angles solides opposes. PI. 34, fig. 2. Le raeme, vu de face, pour laisser appercevoir la surtroncature du cote des peiits penta- gones. PI. 34 , fig. 3, OBSERVATIONS i ( iS5 ) OBSERVATIONS Stir Us moycns dt rendre utiles Us voyages des NaturaUstes , Lues a la Societe des Naturalisces, le 28 fevrier 179I} Par M. B e s s o n. Les observations que je soumets au jugement de la societe sont purcraent pratiques , parce que je les crois plus utiles que les iders et les vues de ces theories generales donnees par beaucoup de savans , qui , sous pretexte d'etre grandes et de tout embrasser sur la nature des choses , ont cru etre dispenses de donner ou d indiquer des moyens d'execution. Les systernes sur la theorie de ia terve , ainsi que tous les moyens de per- fectionner toutes les methodes naturel'.es, ne sont pas vares ; Jeurs auteurs ont donne une vaste la- titude ,>ivi:J^ sciences naturelles , parce que la plu- part n'oiit travaille que dahs leurs cabinets , d'apres des memoires ou des livres , et !e plus souvent sans etre en etat de juger de la valeur des observations des autres, faute de connoitre la nature, de I'avoir vue et etudiee, et d'avoir fait par eux-metnes des observations et des recherches. Aussi leurs ovivrages n ont-iis pas forme des eleves , point de savans , et encore moins de pra- N^. 17. Tcme II. A a f 186 ) ticiens utiles , qui , marchant lentement, pas a pas , sagement , n elevent pas leurs idees et leurs vues vers les regions imaginaircs ou Ton s'egare , mais savent voir ce qui est a la portee de leurs yeux , e^t connoiti'e ce qu'il convient de preferer et de choisir a leurs pieds. Si ceux qui ont donne des systemes avoient commence par etre des observa- teurs laborieux et infatigables, ils n'en auroient pas fait, ou les auroient arranges difFeremment. C'est a ces hornmes laborieux qui , par amour pour la science et les connoissances, savent braver les intemperies, les fatigues et les dangers des voyages , qui ne trouvent pas de montagnes trop liautes , quand ils esperent y faire une decouvcrte , que nous devons particulierement nous interesser, parce que ce sont les seuls dont nous puissions esperer des notions vraies et utiles , s'ils veulent se borner a bien voir , a comparer , a rapporter fidel'.ement les observations sur ce quils'ont vu ; si au contraire Tesprit de systeme ou de creation sen mele, s ils veulent imaginer de Icnsemble de laterrc par quekjues-unes deses panics, ou s'ils veulent modeler toutes les montagnes d'apres quel- ques observations locales , nous resterons ou nous en sommes , et nous ne serons pas plus instruits, ])arce que nous ne verrons plus que d'apres les systemes adoptes par les yoyageurs et leurs pre- juges particuliers. ( i87 ) II faut que ce soit une grande jouissance que Celie de creer et d'arranger un monde, car j'ai connu beaucoup de Naturalistes dans difFerens pays , qui a peine avoient quelques connois- sances lithologiques , et avoient fait un seul voyage dans les mojitagnes, avoient la pretention d'ex- pliquer et de decider pourquoi et comment notre globe existoit tel qu'il est. Chacun doit se faire un devoir de communiquer aux voyageurs les vucs et les idees qui peuvent dimlnuer ieurs fatigues , soulager leur memoire, et leur procurer sur-tout des facilites pratiques. C'est a ce titre , et non a celui d'instruction , que j'ofFre ces observations , comme le fruit de Texpe- rience, de quelqu'habitude de voir , de faire des observations , des recherches et des collections de mineralogie. II seroit asouhaiter que les mineralogistes qui seront assez heureux pour faire le voyage pro- jete ( 1 ) , connussent d'abord beaucoup et bien nos productions mineralcs d Europe , afin d'etre en etat d'y rapporter et d'y comparer celles des pays qu'ils auront a parcourir , pour s'attacher plus particulierement a celles qui nous sont moins (i) Ces observations ont ete destinees et communiqxiees aux Naturalistes qui se sont embarques sur les vaisseaujt. qui font la recherche de M. de la Peyrouse. A a a ( iS8 ) connues ; eviter par-la la collection et le transport cVune quantiie de choses qui seroient d'un moin- dre in teret , moins propres a accroitre notre science, notre instruction , et a augmenter nos connois- sances , et pour lesquellcs on negligeroit des objcts plus essentiels a connoitre. Lcs cabinets de Paris sont assez bien fournis pour prendre les connoisT sances qui manqueroient. li est important que ces mineralogistes soient capables de se decider sur-le-champ dans les choix qu ils auront occasion de faire, attendu que sou- vent on n'aborde sur certaines plages de cee vastcs niers que pour un jour, et quelquefois pour ny rester que quelques heures. Ce seroit assurement malprofiter d'une occasion precieuse qui ne se rencontrcra plus dans le meme voyage, que de ne savoir determiner ct rcgler son choix que d'apres des experiences et des essais qu'on ne pent pas faire; dc reconnoitre ensuite trop tard , apres un plus mur examen , qu'on n"a coliecte et qu'on ne s'est fatigue a transporter que des clioses propres a jetcr a la mer. Je crois , MM., que vous n'approuveriez ega- lement pas un Botaniste qui ne sauroit faire un cboix parm.i les plantes que Toccasion lui pre- sente , qu apres avoir feuillete et consukp sor^ Linnaus et son Tonrnejort, ( i89 ) 11 convient done que Ic mineralogiste ait ceite aptitude du coup-d'ceil qui lui fera distinguer , choisir et preferer entre beaucoup de substances mineralcs , celles qui sont les moins connues , les plus instructives et les plus proprcs a remplii; Ic but du voyage qu on se propose ; qu'il soit cnfin , dans toute la valcuv du terme , Mineralo- giste ou Naturaliste , independamment de la chymic. Les voyageurs Mineralogistes , quoi qu'ils rap- portent, auront I'avantagc precieux de rendre de tres-grands services a 1 Histoire Naturelie, et par-? ticulierement a la mineralogie , puisque nous n'avons absolument aucune connoissance sur le^ materiaux. qui entrent dans la composition dcs terres de ces pays eloignes , qu aucun voyageur , jusqu'a present , ne nous a donne des notions qui puissent satisfaire lajustc curiosite de comparer la formation des terres des continens des. isles de la mer du sud , a celles de notre Europe. II est important, pour la connoissance du globe et de la thcorie de la terre , que nous sachions quels sont les ingredicns et leur arrangement, qui cons- tituent les montagnes qui avoisinent ou appro- client les teircs australes : ainsi , les choses les plus communes et les plus abondantes raeritent detre ramasse^s , ce n'cst pas uue raison pour ( 19^) que leut choix ne devienne aussi utile qu il peu£ I'etre. Nous connoissons quelques minerals et des pierres precieusesqui viennent de diverses parties de Tautre hemisphere ; ce sont de bien foibles echantillons qui ne nous eclairent nuUcment sur la composition en general des montagnes et des roches dans lesquelles ils se produisent. Pourquoi ces montagnes et ces roches ne seroient-elles pas difFerentes des notres, puisque leurs filons et leurs veines reuferment des produits difFerens a ceux de nos roches et de nos montagnes. Les roches , les pierres , les minerals et les terres seront done I'objet pariiculier desMineralogistes? Les roches d^une fracture fraiche et nouvelle seront preferees aux roches roulees. Les roches melangees ou composees , quand elles contiennent des crystallisations , meritent une attention d'autant plus particuliere , que la forme des crystaux sera plus prononcee. C'est dans les filons , dans les veines et les crevasses des montagnes que se rencontrent plus communcment des objets cufieux , nouveaux et quelquefois precieux. Les rivieres , les ruisseaux , les torrens et les ravins exigent Tattention la plus suivie dans les pays de montagnes, parce qu ils sont le magasin^ ( igi ) general de ces montagnes ou se rassemblent tous leurs produits par le versement des eaux. Par Texamen de leurs pierres roulees ou galets , on y apprendra la composition des tochers, des mon- tagnes et des terreins , et les esperances qu'on peut iegitiinement se former pour des recherches tilterieurcs. Dans les torrens et ravins, on trouvera rassem- bles les crystaux de toutes especes , qui ont ete arraches et entraines par les. eaux. Les crystaux qui seront les plus entiers , et dont les formes seront les mieux prononcees, meritent sans doute la preference ; ceux qui sont transparens et les demi-transparens et colores sontsouvent precieux par leur valeur. La plus grande partie desgemmes que nous connoissons ne se trouvent que dans les torrens. Nous ne savons pas qu'elles sont leurs matrices ou gangues ; des-lors il est essentiel de He les pas detacher des crystaux quand elles s'y trouveront. Cest apres les grandes pluies que ces recherches sont les plus fructueuses. Le Mineralogiste doit toujours etre munid'une sebille ou dun auget a main , afin d'examiner ?ur-le-champ les sables fins des rivieres ou ruis- seaux ; il faut rnoins d\in quart-d'heure pour re- connoitre s'ils coniienaent de I'or ou autre metal qu'on verra a la loupe ; et dans le sable lave , s'il ( 1D2 ) y a des fragmens on petits crystaux de pierres precieuses, et s'ii faut multiplier les recherches. Ces sables laves meritent d'etre conserves ct eti- quetes pour des exainens plus approfondis. Les Mineralogistes savent que c'est au-dessous , et quelquefois aussi au-dessus des grosses pierres ou de ceiles isolees , que se deposcnt les sables fins qu'il convient d'examincr ; ces sables fins for- ment a la suite de pierres , des petits depots ou felevations plus ou rooins along.ks. Au bord des grandes rivieres , sur les bords de lamer, dans les anses , les petits golfes ou les renfoncemens des terres , sur les plages piaites et basses , les flots dcposent les maticres qu ils ont agitees , doucement en raison de leur pesanieur specifique , ainsi qu'elles se deposent dans la sebille du paiiioteur ou de larpailleur. Les bords des grands lacs , dont les flots sont sujets a etre agites par le vent, ont de pareils depots, J'ai observe sur la meme plage des bandes bien mar- quees : 1°. de sable qui n etoit compose cjue de petits crystaux de fer ; 20. de schorls verts; 3°» de schorls noirs ; 4". et 5^. de sables diiferens. C'est un moyen derecolter promptement, etsans beau- coup de peine , certaines especcs de petit volume. Dans les ravins ou rigoles^qui-ont servi de passage aux eaux des grandes pluics , cjuand ik sont a sec, (193) sec, on trouve ausbi ues depots metalliques ou autrts. Je ferai voir aux voyageuis def ces sovtes de collections. Toutes les difFcrentes observations qui se font nu bord des eaux , peuvent guidcr le Mineralo- giste , et le conduire , pour ainsi dire , par la main , des bords de la mer aux rivieres , des rivieres aux ruisseaux , de ceux-ci aux torrcns , puis aux ravins , qui le menent jusquaux lieux ou la nature a de- pose originairement les grandes masses , dont les debris se sont deposes de proche en proche avec quelques changeniens de formes et de volumes , comme pourindiqucr le chemin aleurs gissemcns. Le Mineralogiste , toujours arme d'un marteau, de ciseaux ou de coins de fer qu'il porte pendus a. saceinture, aprcs avoir casse quelques galets ou pierres , saura ceux qu il doit preferer, car il faudra bien se contenter de ces fragmens rouies, quand on ne peut aller chercher les roches entieres dans les montagnes. On a lavantage de poiivoir ra- raasser des galets sur tons les bords de la mcr et des rivieres ou 1 on va faire de i'eau ; par leur moveu , on pourra toujours indiquer que telle isle , telle partie de continent est composee cle telle nature de roche , parce que les galets ou pierres roulees ne sont que des fragmens de roches ar- rondis par le frottemcnt et le ruulis des eaux. On N'\ 17. Toinc IL Bb ( 194 ) pourra juger de la couleur et de la composiiiori dun galet en le mouillant, qui fait TefFet du poli. On sait que souvent ces galets sont decomposes aTexterieur, qu'ils ont perdu de leur couleur, sur-tout ceux qui sont deposes dans les terres; il faudra done casser les plus gros pour avoir de bons echantillons bien caractcrises. En suivant ou cotoyant un pays par mer , on peut se fane une idee du systeme de ses inonta- gnes ; on juge mieux de leur ensemble et de leur structure a une certaine distance , que dans les montagnes memes. On observera la position des rocbes , les unes par rapport aux autres , s'il y a des bancs, lits ou couches bien marques , leurs difFerentes epaisseurs , leurs arrangemens recipro- qtaes , leurs superpositions et leurs inclinaisons ; bien observer vers quelle partie du ciel sont, cons- tamment ou le plus souvent, les escarpemens et les pentes les plus rapides. A la cassure et a la degradation des grandes masses, un oeil exerce peut juger , a une certaine distance , de Tespece et de la nature des roches. Les galets qu'on trouvera sur les cotes viendront a Tappui de ces premieres observations , qui ne seront cependant donnees que pour ce qu'elles valent , et on dira qu'on a cru pouvoir juger, par Taspect seulement , que les rcchcs sont de telle { T95) espece , sans neanmoins Tavoir pu verifier dans les montagnes raemes. Peu d'observadons sures et bien faites sont preferables a un grand nombre de hasardees , de douteuscs et d'incertaines. Le Mineralogiste ne doit done jamais manquer Toccasion des'erabarquer dans lachaloupe , quand on ira reconnoitre une cote, un lieu de debarque- nient ou une aiguade , parce qu il aura occasion de faire bien des observations et d'augmenter sa collection ; c'est aussi Ic moyen d'acquerir d'avance une idee exterieure du pays qui le de- terminera en abordant, a tourner ses pas vers les endroits ou il saura faire des recherclies fruc- tueuscs. En observant la nature des isles et des islots , qu il fautconsiderer comme des sommites de mon- tagnes ou de cbaines de montagnes qui courent et se prolongent sous la mer, on pourra aussi se faire quclqu idee de la structure du fond des mers, dc leurs bas-fonds, et comment ces cbaines peu- vent se Her aux montagnes des. continens. Ces observations sont aussi importantes a la navigation qu a la mineralogie , qu'au systeme des montagnes et qu a la structure du globe. Les Botanistes pourront egalement observer si les memcs rochcs et les memes pierres ne produi- sent pas les memes plantes ; il peut y avoir une Bb 2 ( 196 ) analogic entre certains terreins et certains vege- taux. Je ne crois pas qu'on ait encore observe si certains coquillagcs et autres productions de la mer ne se trouvent pas de preference sur certaines foclies. J'ai observe dans les schistes argileux , dcs petrifications que je n'ai pas vues dans des roches calcaires. Les savans , dans des parties difFerentes , s'eclaireront reciproquement , et les observations generales du voyage gagneront beaucoup , s'ils se coinmuniqu.cnt leurs vues et leurs remarques. Les terres meritent aussi Tattention des obser- vateurs , particuliercment celles qui se trouvent en veines cntrc les ban-Cs des roches ou dans leurs crevasses, on y trouve souvent des crystallisations pierreuses ou minerales dune grande beaute pour la perfection de leurs formes. Des mineraux de- composes V sont quclquefois deposes sous la forme de chaux ou dc gur. La pesanteur plus qu'ordi- naire d'une terre pmu justement faire sdxip^oniier qu'elle est luetalliquc. Les terres bollaires, grasses ou onctueuscs au toucher, ont difFerens genres de proprietes ; on en peut rencontrer d'inconnues qui deviendront propres a faire dcs poteries precieuses , ou utiles pour Ic degraissage deslaines, etc. etc. II convicnt d'apporter celles dans lesquelles on trouve ensevelis les crysiaux picrreux ou gemmea : flics n'ont pas encore e;e essayces. ( 197 ) li seroit interessant d'observer et d'avoir une suite des difFerentes rochcs calcaires , de savoir s il y a dcs silex , s'ils y sont deposes par rognons , en couches ou autrement , quclles sont leurs es- peces de petrifications ou d'empreintcs , si elles V sont frequentes et nombreuses ; connoitre ega- lement les corps etrangers ou leurs empreintes qui sont dans les schistes argileux. On dira tou- jours , pour chaque pays , quellcs sont les especes de roches dominantes ou les plus communes. II est bon d'observer , a ce sujet, que cclles qui ont inoins de durcte sont souvcnt detruites en partie, ct que les plus tendres sont totalement aneantics avant d arriver au bord des rivieres ou de la mer. Ainsi , on ne conclueroit pas toujours juste , en disant qu il n'y a que telle espcce de pierres dans l.e pays. La vase , le limon , qui ne sont que le detriment des pierres , charies et deposes par les caux. , pcuvent suppleer en quelque fagon a cc qu on ne trouvcroit pas dans les depots des pierres. Tous \e^ genres quelconqucs d'obscrvations mi- ncralogiques seront precieuses, parce qu il ne faut pas oubiicr que nous ne connoissons absolument .lien de ce qui concerne les pays de lautrc hemis- phere. C'cst d apres des observations bicn laitcs et de diffc rentes especes qu'on pouvra avoir quel- (195) ques lumieres sur I'anciennete et la formation dc ces terres nouvelles et inconnues pour nous. On rencontrera probablement beaucoup d'islea et de pays volcanises : jusqu'a present nous avons reconnu que les produits volcaniqucs sent les memes a-peu-pres , des fusions plus ou moins avancees ; il faudra done preferer , en ce genre de curiosite , les laves compactes et celles qui ren- ferment des crystaux ct corps etrangers ; rechei- cber s il se trouve dans les matiercs volcaniques , des zeolites , de la calcedoine ou des agates et des verres de volcans en pleine fusion. Un ceil exerce reconnoit de loin Taction des feux souterreins par la forme seule des montagnes. Fatre toujours mention de ce qu'on aura observe a cet egard dans le pays , et de la distance plus ou moins eloignee dans les terres oii ion aura observe des pics volcaniques. Lesmorceaux qu'on collectera seronten general assez grands ; il conviendroit plutot d'en prendre plusieurs de la meme espece , grands environ comme la main , pour qu'il puisse en etre casse de quoi en faire des essais , s'il est necessaire , sans que cela nuise a leur proportion pour leur examen et leur apparence , attendu qu'il est sou- vent nesessaire que les morceaux soient d un certain volume pour bien reconnoitre leur tissu , ( '99 ) leur formation ou leur maniere generale d'etre. Ccrtaines cspeces demandent a etre polics pour leur faire produire tout leur efFet ; on fera les echantillons plus plats qu'epais , afin d'avoir plus de surface. Si on prend plusieurs morceaux de la memc roche , il convient que ce soit dans des endroits differens de la mertie roche , afin d'obtenir leS vaiietes ou les accidens qui peuvent s'y rencon- trer , c'est au Mineralogiste a juger la quantite de morceaux ou leur grandeur, en raison de I'interet dont ils peuvent etre. En parlant des montagnes, on dira, si la roclie forme une chaine centrale , si elle sert de noyau ou de base a d'autres qui lui sont superposees , et dans quel ordre ellcs sont. Ces explications doi- vent former une des parties essentielles de I'ar- ticle du catalogue ou il est parle du systeme ou de la maniere dont se comportent les montagnes et les roches de lisle ou canton dont il est ques- tion. II n'est pas moins utile de connoitre quand un pays est traverse par plusieurs chaines de montagnes , de quelle nature est la principale chaine ou la pkis haute , et en quelles especes ielle varie ou se inodifie successirement en s'abais- sant vers les plaines ou la mer. C'est en se trans- portant sur les sommets les plus eleves qu'on peut ( 200 ) y prendre une juste idee generale sur ia compo- sition dun pays , reconnoitre ses grouppes de montagnes , et de la maniere dont courent , se divisent et sous-divisent les differentes cliaines de montagnes. On decrira et on dessinera la forme , les grandes masses des rockers et celles volcaniqucs , quancl elles auront des formes deciciees , prononcees et constantes , comme des cubes , des rhombes, des prismes , etc. ou quclques formes bizarres et par- ticulieres , en indiquant au catalogue les echan- tillons des especes qui ont ces proprietes. II con- viendroit de verifier si les laves qui ont coule dans ia mer ont toujourspris des formes prlmas- tiques. Toutes les fois qu'on rencontrera des prismes jde basalts, il faudroit indlquer a. quclles distances elles sont dc la mer. II convient de pre- venir les dessinateurs, que travaillant pour lins- truction , ils doivent tout donner a une verite scrupuleube, plutot qu'a lagrement du dessin , sur-tout quand il est question d'exprimer d^5 angles de parties crystallisees ; la valeur de ces angles est tres-importantc au Naturalistc. II y auroit dc finconsequence a se charger de trop gros nioiceaux ( a moins qu'ils ne soient d'unc valeur reclle ) par rapport a la capacite du vaissear. : ct puree que leur transport au vaisscau devicnt in 1 CI PI. 34 /;,v/,//-,/, ///■,-.,•//. J,>ur//;c des indices de lames. Sa pcsanteur spncifique , suivant M. Brisson , a pour limites 55637 , 55886. Mise en contact avec un conducteur electrise, elle etin- cellc a Tapproche d'un excitateur ; ce qui peut servir a la faire distineuer d'avec le sulfure rou^c No. iS. Tcme IL Ee ( 2l8) d'arsenic , ou realgar, qui ne conduit pas sensible- ment le fluide electrique. La forme primitive de I'argent rouge , indiquee par la position des lames que Ion apper^oit dans les fractures des crystaux , est celledu dodecaedre a plans rhombes egaux et semblables {^g. i ). Ce solide approche de la symetrie des cinq po- lyedres reguliers de la geometrie (i). Aussi par- tage-t-il avec le cube , le tetraedre et Foctaedre re- guliers , la propriete de sCrvir de noyau a des substances de difFerentes natures. J'en connois trois , a regard dcsquelles iljouit de cette pro- priete; savoir , le grcnat , i'argent rouge et le sulfure de zinc ou la blende. Les memes substances ont pour molecules in- tegrantes des tetraedres qui , sans etre reguliers , ont cela de remarquable , que toutes leurs faces ^ sont des triangles isoceles , egaux et semblables. Je vais exposer ici , avec un peu plus de detail que jene I'ai fait dans I'article general sur la struc- (i) On appelle reguliers les polyedres dont toutes les faces ont un nieme nombre de c6tes egaux qui forment entr'eux des angles plans ^gaux. Par une suite necessaire, tous les angles solides sont composes du menie nombre d'angles plans. Les cinq polytdres reguliers sontle cube, le tetraedre, I'octaedre , le dodecaedre a faces pentapo- nales j et I'icosaedre a face$ triangukires. ( 219 ) ture des crystaux (i) , la maniere dont on ol>- tient ces tetraedres , a I'aide de la division meca- nique. Concevons le dodecaedre [Jig. i ) , divise dans le sens de ses difFerentes faces ; et pour plus de simplicite , faisons passer les coupes par le centre. L'unf de ces coupes ; savoir, celle qui sera parallcle aux deux rhombes DL FN , BOHR , concourra avec un hexagone, dont les cotes pas- seroient par les points E,C,G,P,I,A,en faisant le tour du crystal. Une seconde coupe parallele aux deux rhombes GOHP, DEAN , con- courra , avec riiexagone indique par les points G,B,"R, I, F, L. Unc troisieme coupe parallele aux rhombes GLFP , EARB , concourra avec I'hexa- gone OCDNIH. En poursuivant la division pa- ralleiement aux six autres rhombes pris deux a deux , on trouvera que les plans coupans se con= fondent avec des hexagones analogues aux pre- cedens. Or , si Ton resume tous ccs hexagones , on reraarque que leurs cotes repondent , les uns aux petites diagonales des rhombes du dode- caedre ; savoir , celles qui seroient menees de C en G , de A en I , de C en B , de I en F , etc. les autres a ses difFerentes aretes EC,GP,PI,FL, etc. Done , 1®. les plans coupans , en passant par les , (0 Jouin, d'Hist. Nat, torn, j ^ p, 216, Ee 2 ( 220 ) Cotes et par les petites diagonales cles rliombes j intercepteront , sur la surface clu dodecaedre, 24 triangles qui seront des moiiies de ces rhombes. 2°. Puisque tousles plans coupans passent aussl par le centre , ils detacheront 24pyramidcs trian-. gul^ires qui a.uront , si Ton veut , pour bases les triangles exterieurs , et dont les soramets se ven-. niront en un point commun au centre du do- de.caedre. Mais de plus, , si nous prenons , par excmple , les six tetraedres qui ont pour bases les moities des trois rhombes CEDL , CEBO , CLGO , ils formeront un rhomboide dont le sommet supe- rieur C [Jig. 1 ) , sera le memc que fig. 1 , et dont 1,'inferieur S [fg. 2) , repondra au centre du do- decaedre [jig 1 ) (i) ; en considerant de meme les \ tetraedres , dont les bases sent les moities des rhombes qui se reunissent trois a trois autour des point F, A, n , on en concluera que les vingt- quatre tetraedres pris six a six , forment quatre (1) Lps rlcux tetraedres dont les bases foul partie da rLombe CLGH ( fig. 1 ) , sont representes sur la figure , et I'on y volt que I'un de ces tetraedres a pour fares les triangles CLQ, GSL , LCS , GCS , et.l'autre les trianglco^ COG, "OGS , GCS, OCS. L'egalite de tous ces triangles depend de ce qv^e I'axe CS du rhomboide est t'gal a I'arete CL, " -■•■•: • ■- V ( 221 ) rhomboi'des ; ensorte que le dodecaedre peut etre con^u comme etant compose immediatement de ces quatre rhomboi'des , et en dernicre analyse , de vingt-quatrc tetracdrcs. Observons que le dodecaedre ayant huit angles solidcs fc^rmes de trois plans , on auroit pu aussi' }e considerer comme etant Tassemblage de quatre rhomboi'des qui auroient pour sommets exterieurs les quatre autres angles solides G , B , D , I ; don il resulte que Tune quelconque des faces , telle que C L G O , est commune a deux rhorabo'i'dcs , dont Tun auroit son sommct exterieur 'en C, et Fautre en G , et qui ont eux-mcmes une partie commune dans linterieur du crystal. Si Ton continuoit la division du dodecaedre par des sections qui passassent entre les pre- mieres et leur fusscnt parallelcs , on obt-iendroit des tetraedres toujours phis petits et tellcment arranges, qu'en les prenant par grouppes de six, ils formeroient des rhombo'ides d'un volume pro- portionne au leur, Les tetraedi-es , qui seroient le terme de la division , s"il etoit possible d'y ^'Hivcr, doivcnt etre regardes cnmme les veritables mole- cules integrantes de la substance. Mais nous verrons que , dans les formes secondaires , les lames dc superposition qui enveloppent le noyau , decrois- icm veellcraent par des rangees de petits. rhom- I ( 22 2 ) , bo'ides , dont chacun est I'asscmblage de six dc ces tetraedres ; cnsorte que la theorie du dode- caedre se trouve par-la ramenec a celle du rhom- bo'ide ; ce qui fournit un nouvcl cxcmple du re- sultat general que j'ai annonce , par rapport a toutes les formes primitives des crystaux (i). Je n'ai point encore vu le dod^ecaedre qui vient d'etre decrit , donne imrnqdiatemcnt par la nature , dans I'espece de Targent rouge. Mais il paroit qu'il a ete observe par M. de lisle (2). I. Argent rouge tres-obtus {jig. 3). Argentrouge a. douze rhombes , dont six tres-obtus , disposes trois a trois autour des deux somrnets C,I. ,{J'<'** Caract. geom. Inclinaisons respectives de deux i''i quelconques B'CD'E, B'CG'O des rhoraSes -tres- obtus d'un raeme sommet, 146^ 26' 33" ; dc deux quelconques D'LF'N, G'LF'P des six rhombes la- leraux , 1 20'* Angles du rhombe B'CD'E. G ou E est de 1 1 7"^ 2' 8". B' ou D' est de 62'^ 67' 62". Angles du rliombe DLF'N ; L ou N est de loo^ 1' 3o" D' ou F' est de 79^ 58' 3o". Cctte variete resultcd'un decrolsseraent par une (1) Journ. d'Hist. Nat. torn, t j p. 2iS. (2) Cryst. torn. 3, p. 44^* (223) simple rangee de petlts rhomboi'des , sur les aretes CL , CO , CE {fig. 1 ) , ct sur celles du sommet op- pose ; savoir, IN,IR, IP. La fig. 4repre£ente Fef- fet de ces decroissemens , par rapport au rhombe CLGO [Jig. J ) , et Ton y voit que Ics bords paralleles a CL ,CO{fig. 4) , tels que ar , ap , forment , par leur retraite , deux triangles CLG' , COG' , quis'elevcnt , en forme de toit , au-dessus du rhombe primitif ; ct comme il y a six rhombes, sur lesquels Ics decroissemens ont lieu , on aura douze triangles semblables a CLG'. Mais , par la nature de ces decroissemens , les deux triangles produits de part et d'autre d'une merae arete CL [Jig. 1 ) , sent de niveau ; d'ou il suit qu'ils forment un rhombe CD'LG' ( fig. 3) , dont i'arete CL [Jig. 1 ) , est la diagonale oblique ; et ainsi les faces produites se reduisent a six iiouveaux rhombes situes en sens contraire de ceux qu'ils remplacent, et beaucoup plus obtus. Si Ton supposoit pour noyau le rhomboi'de represente fig. 2 , alors le crystal secondaire , pro- duit en vertu dun decroissement analogue a celui que nous venons de considerer , scroit un autre rhomboide plus obtus , semblable a celui que formeroicnt , par leur reunion , les six rhombes CD'LG', CB'OG', CB'ED', IA'NF',IH'PF',IA'RH' (224) [fig. 3 ). Ce cas est celui du Spath calcalre rhom- boklal tres-obtus {\). Si les memes decroissemens par une rangee , avoient lieu a-la-fois sur toutes les aretes du do- decaedre(^^. i ) , ie solide qui en uaitroit , auroit la meme forme et la meme structure que le grenat a 24 trapezoides , ou plus simplement le grenat trapezoidal (2). Bornons-nous a considerer Teffet de ces decroissemens par rapport aux trois rhombes CLDE , CLGO, COBE [/g. i ). Ilestaise de voir que les lames de superposition , eir fuyant a. la fois par leurs quatre bords , produiront au-dessus de chacun de ces rhombes , une pyramide qua- drangulaire CLDEra [fig. 5) , ou CLGO/- , ou COBEs. Le sommet m de Tune quelconquede ces pyramides , etant plus eloigne de Tangle E que de Tangle D , a cause de la figure rhombo'idale des bases , les faces des pyr?.mides seront des trian- gles scalcqes , au nombre dc quarante-liuit , pour la totalite des douze pyramides. Mais les deux, triangles adjacens CmL , CrL, et les auties scm- blablement situes , etant de niveau , les quarante- huit triangles se reduiront a vingt-quatre trape- (1) Voyez le Journ. d'Hist. Nat. torn, 1 , p. i49 ? ct I'essai d'une tlieorie sur la structure des crystaux , p. 77. (2) Essfli d'une tlieorie, etc. p. 175. zoi'dcS ( 225 ) zoides ChjL;- , CrOs , C;«Ei , etc. qui donheroat la surface du crystal secondaire. Parmi les grenali de cette variete , quelques-unsontleurs faces char- gees de stries ou de cannelures, qui forment dts rhombes decroissans , dont les cotes indiquent a loeil , d'une maniere tres-sensible , la structure de ces crvstaux. M. de Tlsle cite un crystal d'ar9"ent rouge, qui presente la meme forme, mais d'ua cote seulement (i). Les decroissemens dont nous venons de parler, peuvent rester interrompus a un certain tcrme , et alors ils produiront simplcment dcs facettes plus ou moins etroitcs , qui rcmplaceront les aretes dii^^ dodecaedre primitif , et intercepteront des rhombes paralleles a ceux de ce dodecaedre , mais neces- sairement plus petits. II peut arriver aussi que ces decroissemens iricoraplets n aient lieu que sur cer- taines aretes des faces du sommet ou des pans , et ii y a apparence que les varietes 2 , 3 , 4 et 5 , ci- tees par M. de I'lsle (2) , sont des resultats de toutes ces difFercntes modifications de la loi de decrois- sement par une rangee. Mais je n'ai point encore observe cette variete en crystailx suffisamment prononces. (1) Cryst. torn. 3, p. 4^2. (2) De I'Isle , cryst. torn. 3, p. 455, var. 9. N". 18. Tome II. Ff ( 226 ) 2. Argent rouge semi-double [Jig. 6 ), Argent rouge a six rhombes lateraux Igpf, ogph , etc. et doaze triangles scalenes leg , ocg , etc. disjioses six a six autour dc chaque sornmet. Caract. geom. Inclinaisons respectives des trian- gles kg, ocg, 167'^ 2-8' 19"; des triangles ocg, och , 141'^ 47' 1 2". Angles du triangle kg. c est de 55"* i3' 3i" ; g est de Bg"^ 36' .js" ; / est de 65'^ g' 37" ; du rhombe IgpJ- g on f est de 107'' 32' 55 ; p ou I est de 72^ 27' 5". Cette varicte diifere, par sa structure , d'avec la premiere {fig. 3 ) , en ce que les decroissemens qui, dans celle-ci , cnt lieu , par une simple rangee , sur les bords CL , CO , CE , IP , IN , IR {fig.^ 1 ), se font au coniraire par quatre rangees. II en re- sulte les triangles leg , ocg, led , etc. {Jig. 6), dont les cotes eg , cb , cd , etc. qui repondent aux diagonaies obliques. CG , CB, CD , etc» {Jig, 1 ) du noyau , ne forment qu'une Icgere saillie , k cause de Taction rapide de la loi des decroisse mens. Les sommets sont souvent charges de stries parallcles aux aretes intcrmediaires cl , co , etc. (^^6) , qui sont les lignes de depart des lames de superposition. La denomination quej'ai don- nee a cette varletc , est tiree de ce cjue la moitie du nombre des faces dc la forme primitive sc - ( 227 ) trouve doublec , par la production des triangles qui remplacent deux a deux chacuii des rhombcs extremes. Je ne's;onnois aucun autre excmplc de la lot dont je viens d'exposer le resultat. Mais il y a une variete du Spath calcairc , ou la forme du dode- caedre a triangles scalenes , est modifiee , vers ses sommets , par six triangles , qui provicnncnt cVun decroissenient par trois rangees sur Ics bords su- pcrieurs du rhomboi'de primitif. 3, Argent rouge varie (fig. 7 ). Argent rouge a vingt-quatre quadrilateres de difFerentcs cspc ces ; savoir, six rhombes /;/»i2; , qpiv , etc. ties-pew obius; dsuze traptv.oides pdhq , pdii , etc. disposes six a six de part et d autre de3 rhombes , et six aiitves trapezoides moinsirreguliers c/Wz , baefi , etc situcs trois a trois autour de chaque sommet. Caract. geom. Inclinaisons rautuelles des tni- -1 ^^^-^ pezoides extremes tdhi , ehha , 14G'' 26' 33" ; da l^ ^ ( 228 ) i6' 5" ; /; est dc Gy'^' 5o' 20" ; q estde 62^ 46' 27"; du rhombe pqrz \ q ou 7. est de 96^ 3' oS ; p on v est de 84'^ 56' 5" J'ai observe , dans difFcrcntcs collections , de beaux grouppes de cette variete , que je ne trouve decrite nulle part , a moins que M. de I'lsle ne Fait eue en vue , lorsqu'il a parle de sa dixieme variete, T. 3 , p. 468 , qu'il fait deriver du crystal, fig. b , par des troncatures obliques sur les aretes eg , cb , fi , he, etc. Les crystaux qui m'ont scrvi a. verifier les angles determines par le calcul , avoicnt environ un demi-pouce d'epaisseur. Lestrapezo'ides abhe , ehdi , qui ferment les som- ipets de cctte variete, resultent de la meme loiqiie les rhombes CD'LG' , CD'EB' , etc. {fg. 2) , dc i argent rouge tres-obtus. Sur les crystaux que j'ai vus , CCS trapezoi'des etoient marques de stries sensibles a I'oeil, parallelement aux diagonales que Ton meneroit de e en b , de e tn d , dt e ^i^f, qui elics-memes sont parallcles aux bords des lames decroissantcs. Les rhombes lep;creraent ob- tus pqtv , ipun , etc. tcpondcntaux rhombes LGFP, OGPA , etc. [Jig. 1) dc la forme primitive. Ouant aux trapezoi'des hdpq , idpt , etc. qui dis- tinguent cette variete , ifs provicnnent d'un de- croisseracnt par quatrc rangees sur Ics angles la- i^raux CLD , CLG , COG , etc. (/-. 1 ) , dcs; I ( 229 ) ihombes extremes de la forme primitive. Si Ton suppose , par exemple , que le rliombe CLGO [Jig. 1 ct6) , 'soit sous-divise en une infinite de petits rhombcs qui representent les faces exte- rieures d'autant de rhomboi'des composans , les bords decroissans de la premiere lame de super- position , repondront aux lignes in , cm [Jig- 6) , par oii Ton voit qu'entre Tangle L et le bord in , il y a soustraction dequatre rangees designees suc- cessivement par les rhombes compris entre les points a , b ; c , d;/, h ; i , n. Les bords de la se- conde lame seront alignes parallelement a r% ,tu, et ainsi de suite. L'effet de ce decroissement est de faire naitre , en dessus du rhombe , CLGO , deux faces qui , en partant des points L et O , convergent Tune vers Tautre , et se reunissent sur une arete commune dp (Jig. 7) , parallele a la diagonale CO (Jg. 6 ). Los decroissemens , par une simple ran gee sur les angles lateraux , tcls que CLG , COG [Jig- 2), des formes primitives rhornboidales , sent assez communs. Dans ce cas , les faces qui naissent de part et d'autrc d'un meme angle solide O ou L , sont dc niveau ; ensorte que les douze faces pro- duites par la totalite des decroissemens se re- duisent a six. C\st dc cette loi que depend la ( 23o ) Structure du Spath calcaire rhomboidal aigu (i). EUe existe aussi , mais de maniere que son cfFet Teste suspcndu a un certain terme , dans la tour- maline isogone (2) , dans une variete du sulfate de fcr ( vitriol martial ) , etc. I.a meme loi , par trois rangces , a cette propriete generale eh indepen- dante des angles de la forme primitive , quelle produiroit , si son effet etoit comiilet, deux pyra- , mides droites , hexaedres , opposees par leurs bases. Ce decroissement alieu,mais d'une maniere partielle , dans la mine de fcr de lisle d'Elbe , on il iait naitre les triangles latcraux situes deux a deux entre les pentagonea paralleles aux faces du noyau cubique (3). On voitpai-'ia, ainsi que par les exemples cites plus haut , comment une etude suivie de la theorie peut servir a lier ensemble des formes , non-seul.ement tres-difFerentes, mais meme origin aires de dififerens noyaux , et nous faiie en- i visagerdes faitsqui, sans cela , resteroient isoles , comme n'etant que les diverses faces sous les- quelles se presente un fait unique. (1) Journal d'Hist. Nat. torn. 1 , p. 149- Essai d'uns . theorie , etc. p. 108. (3) Journal d'Hist. Nat. torn. 1 , p. 453. (3> Mem. de I'acad. des sciences, annee lySi, p. 225-. ft sxtiv. ( 25i ) Je connois d'autrcs formes d'argent rouge , qui me paroissent nouvelles. Mais comme elies tien^ nent a des loix mixtes de decroisscment , j'ai pre- fere, dans une premiere application dc la theorie » de me borner aux resultats les plus simples. Les gangues ordinaircs de i'argent rouge sontle quartz et le spath calcaire. On trouve de cette substance mineralc , a Sainte-Marie-aux-Mines , en Alsace ; a Joachimstal , en Boheme; a Freyberg et a Andreasberg , en Saxe ; a Schemnitz , en Hon-» grie ; a Guadalcanal , en Espagne , etc Ldtre de M. Duchesne d M. Ameilhon , de I'academie des belles-lettres. En partageant hier avec plusieurs amateurs . Ic plaisir de vous entendre nous exposer vos remar- ques sur les matieres colorantes employees par les anciens , je m'etois propose de vous chercher a. la fin de la seance , pour vous faire part d'unc observation que j'ai eu occasion de faire cettc annee , et qui me paroit se rapporter avec ce que votrc sagacite vous avoit fait presumer sur la tein- turc vert-sombrc , produlie par un des coquillages dont parle Pline , a I'occasion de la pourpre des anciens, N'ayant pu vous rejoindre , jo m^em-» ( 232 ) hresse de vous renvoyer par ecrit , iquelque pcu importante qu'elle puisse etre. Le 10 avril de cette annee , ayant rarhasse , sur les bords de i'etang de Bois-Robert, dans Ic pare de Versailles , une viiigtaine de nos plus gros cc duiUages univalves aquatiques de deux especes ; i'un , le planorbe cornh, I'autre , Ic bulimc stagnal , je les deposai sur une croisee am nord , dans un Vase de faience , pour avoir le plaisir de les voir nager. Mon depart pour la campagne , fort peu de jours apres , me mit dans le cas de les y aban- donncr, et bientot de former le projet dc les y laisser vivrc , ou plutot mourir lentement comme on le fait pour les sangsues , ou ihenle pour cette jolie carpe-dorade appelee kin-ni paries Chinois , ct ici , poisson-rouge. ]^ vous observerai que de ces deux coquillages , celui auquel les methodistes ont donne le nora de bulime, par rapport a la forme de la coquille , aVoit re9u de M. Geoffroi, d'apres M. Adanson , celui de buccin , par rapport a la configuration de I'aniraal , analogue au buccin de la pourpre. J'avois deja vu des sangsues colorer leur eau d'une teinte verte assez sensible; maisje fus frappe, au bout de quelques semaines , de Tintensite du vert que mes coquillages avoient dccharge dans la leur; et en voulant la lenr renouvellerj observai, au I J ( 233 ] au fond du vasn , un sediment vert tres-conside- rable , sur lequcl j'avoue que' je ne tcntai aucune experience, Je ne sais meme si le bulirae y avoit contribue plus ou moins que ie plunorbe. Ce depot dun sediment vert s'est renouvcUe trois ou ouatre fois jusqu en aout , que la corrup- tion formee par le plus grand nombre des coquil- lagcs que la chaleur avoit probabiement faitperir , me determina a faire vider le vase, ct a abandon- neregalement les morts et les mourans. Si votre meraoire ne s'imprime pas avant Fete prochain , je pourrai vous communiquer des ob- servations plus detaillecs sur ce fait, quej'ai voulu vous indiquer des ce moment , comme prouvant que des coquillages peuvent donner gne teinturc d'un vert obscur , commc vous Tavicz presume d aprcs Texpose de Tacademicicn Duhamel , qui a vu la liqueur du buccin.etre jaunc , puis verte , avant de passer aux nuances rouges qui I'ont ren- due si interessante et si celebre chcz les anciens. Description de la Camomille a grandes Jleurs , Lue a I'academie des sciences, le 5 decembre 1792. Par M. de Ramatuelle. II est rare que la decouverte d'une plantp nou- Velle ne fixe pas inattention du savant Botaniste, N°. 18. romc 11. Gcr { 234 ) niais il y a des plantes qui , par leur beaute , sont faites pour interesser meme lespersonnes qui nc font aucune etude dcs vegetaux. La Camomille , dont nous aliens donner la description , par i'ele- gance et la beaute de son port , par la grandeur de ses fleurs , par Teclat de leur couleur , doit trpuver une place distinguee chez tous les ama- teurs fleuristes. Assuremcnt die fera un des plus beaux ornemens de leur parterre , ou du moins de leur orangerie. Sans rien ceder en beaute a la reine Marguerite des jardins Aster chinensis , elle a au-moins sur elle Vavantage bien precieux de se parer de ses belles fleurs , dans un terns ou presque tous les vegetaux ne presentent plus dans nos climats que 1 image de la caduciie ou de la mort. Descr/piion de la Camomille a graiidcsjleurs. Camomille agrandes AntJmnis grandiflora. fleurs. Camomille a tige Am.Jumis cattle siiffruc- sousfrutiqueuse, afeuil- ticoso , foliis lobato-pin- les lobeeset presque pin- natijidis , 2i-S Jicrviis. natifidcs , et .i trois ou cinq nervures digitees. Cette Camomille est trcs-rameuse : elle vieiit en touffe comme la plupart des Matrix aiies. Elle Gst d'une tres-grande beaute quand elle est garnic ( 235 ) d'e ses fleurs; ellc s'eleve depuis un jusqua trois- pieds ; ses tiges sont presque ligneuses a leur base ; dies sont , ainsi que les rameaux, fortabondantes en substance medullalre. Ses rameaux sont d'uii verd blanchatre, et couverts d'un duvet tres-court. lis sont un peu anguleux dans les individus vi-< goureux ; ses angles sont formes par les trois nervures saillantes et decurreutes de chaque sup- port, ou , si on aime mieux, de la base de chaque teuille. Les feuilles sont petiolees , v.n pcu en cceur vers leur base , quoiqu'elles soicnt un pen clccurrentes surles petioles , legerementcharnues » dun blanc presque cotonncux en-dessous , presque glabres , ct vcrtcs en-dessus , parsemccs sur leurs deux surfaces , de petits points glanduleux qui rcnferment un principe odorant ; rnais ces points glanduleux sont caches sur la surface inferieurc des feuilles par le duvet qui les recouvre. lis sont d'ailleurs peu apparens sans le secours d'une forte loupe. Les feuilles sont encore alter- nes, a Texception des deux qui se trouvent a la base de chaque rameau floral , qui , dans les individus vigoureux , sont opposees. Elles sont lobees et presque pinnatifides , a trois ou a cinq decoupurcs principals , qui ont unc gra»de resr semblance avec celles du murier blanc a feuilles dccoupces. Ghacune de ces decoupures ou de ces G g; 2 ( 236 ) lobes est dentec. Du point de 1 epanouisscmentdu petiole partent trois a cinqnervures digitees, dont trois termincnt toujours les trois lobes principaux de la feuiilc. Les jeunes feuilles , avant leur de- veloppement , ont leurs bords inclines ou a derai roules en dedans. Sur les rameaux , et de cliaque cote de la base des feuilles, se trouve un appen- dice stipuloide , reflechi en - dessous , dente , quelquefois lobe , principalement sur les ra- meaux vigoureux. Elies sont velues en-dessous , et de la meme texture que le parenchisme des feuilles. Les fleurs sont disposees en espece de corymbe au sommet des rameaux. La fleur terminale de chaque rameau principal est solitaire. Mais des aisselles des feuilles inferieures sortent des ra- meaux a fleurs qui s'elevent au-dessus de la fleur solitaire. Chacun de ces rameaux porte une a cinq fleurs qui, quand il y en a plusieurs, sont disposees en tete , plus ou moins serrees. Ordi- niiirement la fleur terminale est plus grande que Jes autres fleurs ; celles-ci excedent rarementdeux pouces de diametie , tandis que la fleur terminale peut en avoir jusqu'a i.rois. Chaque fleur est com- posee 4 un calice hemispherique , forme par des ecailks noitibreuses , imbriquees , lanceolccs, n)ais les internes pavoisicnt presque arrcndics ( 237 ) dans leurs contours , a cause de la membrane sea- rieuse et ferrugineuse qui termine leurs bords. La corolle est radiee. Comme la fleur que nous decrivons est presque entierement double , Ics demi-fleurons occupent picsque toute la fleur , a rexception du centre, ou se irouvent quelqucs fleurons. Lcs demi-flcurons sent remarquables par leur longueur, qui est pres de trois fois celle du calice commun. Nous les avons vus , en Pro- vence , parsemes de petits points pulverulens , jaunatres et tres-odorans , qui manquent sur les demi-fleurons des memes plantes culiivees aParis. L'extremite des demi-fleurons est ou entierc ou termii:!ee par trois dents peu sensibles. Un ovaire nu , tennine par un style bilide , se trouve a leur base. Les fleurons sont hermaphrodites , ils sont campanules dans leur moitie superieure , qui est terminee pas cinq dents , tandis qu'ils forment un cylindre etroit dans leur moitie inferieure. Le fruit consiste en une semence nue , oblongue , placee sur un receptacle charge de paillettes, ordi- nairement setacees et tres-aigues. Nous avons eependaut rencontre des fleurs, a la verite en tres- petit nombre , dont les paillettes se rapprochoient beaucoup des ecailles du calice. C'est a M. Blancard , negociant a Marseille, que nous devons cctteplante.il la apportcedela * \ ( 23S ) Chine en 1789. II en avoit trois varietes , wue .1 flcurs blanches, uuc autre a fleurs violettes , une troisicme a fieurs purpurines. II n'a pu conserve!" CjUe cette dernicre. 11 y a environ un an que j'ai envoye de Pror vencc , au jardin des Plantes de Paris , une cen- taine de pieds de notre CamomlUe.J y avois ajoute la description que j'en donne aujourd hui. Mon dessein etoit de la faire inserer dans les journaux, pour faire connoitre cette.belle acquisition , que nos jardins venoient de faire aux contrees du sud de i'Asie, Jc croyois annoncer une plante inconnuc aux Botanistes; je fus etonne cUapprendre que dcs savans tres-distingues la regardoient comme le Chrysanthemum indicum de Linne. Je fi.s observer qu'elle n'appartenoir, pas raeme a. ce genre , qui est d'avoir un receptacle nu. Le receptacle de notre plante etoit charge de paillettes. On me repondit cj[ue ma Camomille etoit parfaitement figuree dans les planches citees par Linne , et no^ tamment dans VHorlus malaharicus , sous le nom de Chryianthemum indicum ; que , sans doute , le Botaniste suedois ne Tavoit pas vue , mais que , sur i'inscripiion du fades de la plante, representee dans CCS figures , il Tavoit ran gee parmi ses Cliry- santhemes , et qu'ainsi la plante que j'envoyol*^ i •( 23g ) n'etoit pas nouvellc Arrive a Paris , j'ai ete eni- presse de conlronter notre Cainomiile avec les figures citees par Linne. En general , les feuilles des plantes representees par ces figures avoient les plus grands rappons avec celles de notre Camo- mille , mais il n'en etoit pas de meine des fleurs. M. Lamarck avoitrcgu des Indes des echantillons du Chrysanthemum indicum , qui lui avoient ete en- voy^s par M. Sonnerat. Nous en fimes la confron- tation ; les echantillons etoient parfaitement con- formes aux figures de Pluknet et de Rumpbias , leur coroUe etoit jaune. lis avoient les plus grands rapports avec notre Camomille , soit par la decou- pure des feuilles , quniqu'elles portassent sur leurs bords des dents plus aigues , soit par les appen- dices stipulo'ides, mais il y avoit une tres-grandc difference dans la grandeur des fleurs. Celles de notre Camomille excedoient au-moins une fois les fleurs des echantillons de I'herbierde M. Lamarck. Nous avops dejaremarque que la couleur de la co- roUe n'etoit pas la meme. Ce qnifinit de decider la question , c'est que le receptacle des fleurs de la Chrysanthcme des Indes, envoye par M. Sonnerat, etoit nu ; tandis que celui de notre Camomille etoit charge de paillettes. Nous avons ensuite ete consulter Therbier de M. dejussieu. Nous y avons trouve des echantillons pareils a ceux de I'herbier ( 2-10 ) de M. Lamarck ; ils avoicnt ete envoyes a ce savant academicien , de la Chine ; mais nous en avons aussi trouve dautres a corolle purpurine qu'il avoit regus de Tisle de Bourbon. A la grandeur des fleurs pres , c'etoit notrc Camotnillc; memes decoupurcs dans les feuilies, meraes dents, a-peu- prcs rneme duvet, meme epaisseur , memes sti- pules , memes raracaux anguleux. Cette variete , ou pcut-etre cette espece (i) etoit parfaitement figurce dans VHortus malabaricus de Rheed , cite par Linne dans la svnonimie de son (i) S'llcst vrai , comme le pretend M. Lamarck, que le« fleurs radices dont les demi-fleurons sont jaunes ne don- neiit pas des varietes a demi-fleurons , ou blancs , oii violets , ou rouges , Linne aura mal-a-propos range sous une menie espece des Clirysantliemes qui donnent des fleurs jaunes , et d'autres d'une couleur differente. Laissant a I'espece qui donne des fleurs jaunes le nom de Chrysanthemum indicum , il faudra faire une autre espece de celles qui ont des fleurs d'une autre couleur. On pourroit lui donner le nom de Chrysanthemum morifo" Hum. Et pour nous conformer a la nomenclature de M. La- marck , qui , a ce que nous croyons , a eu raison de ne faire qu'un seul genre du Chry santhemum Lin. et de la Matricaria'Lm. , sous le nom Ae Matricaria , nous appel- lerons I'espdce a fleurs jaunes Matricaria indica ; et I'es- pece k fleurs rouges j ovi blanches , ou violettes , Matri~ caria morifolia, Chrrsanihcmiini P],3G, /'u;.J ./()W/iti/ t/^///,i'A. Nuhire//e JV!' /ti ( 241 ) Chrvsnnthcmum indicum fi). Mais sou receptacle nu est plus que suffisant pour e-npecher de la confoiidre avec la Cainomj,Ue a giandes fleurs. II est actuellementblen certain que notre pla.nte n'est pas le Chrysanthemum indicum de Linne. Les boutures quenou:. avons envoyees au jardin dcs Plantes sont depnis long-tems en fieurs (2). (1) Cette figure de PJieed .ropresentera paifailemont notre Camomille , si on hii suppose des fleurs d'un dia- metre avi-nioins une fois plus grand que celui des fleurs de la figure. (2) Cts fleurs durent pendant pres d'un mois. Comme elles s'epanouissent prcs{jui' toutes a-la-fois, elles font'pen- dant pres d'un mois le plus bel effet. Eiles commencoient a se faner , quand cette dissertation a ete lue a I'academie. Tout ie monde sait que les fleurs doubles restent beau- coup plus de tems en fleurs que les fleurs simples. Dans celles-ci, les petales , pour I'ordinairej tombent peu apres la fecondation du pistil , parce qu'il prend un accroisse- mont tres-sensible des qu'il a ete feconde. L'accroissement du pislil ne se fiiit pas sans celui du receptacle, ou des parties siir le.->quelles les petales ont leur insertion. Le receptacle ne peut augmenter dans toutes ses dinjeiisions , sans qi:e toxis ceux de ses vaisseaux qui se rendiint aux petales ne tondent a s'ecarter les uns des autres, parce que leur accroisseinent leur fait occuper un j)lus grand, espace. Les petales, qui ne recoivent presque ]>lus de seve aprt s l.MtcoiKlaliou , parce que du recei)lacle elle se porte presqiie rniiorenient dans le pistil , ne peuvent se preter No. ig. romt IL Hh ( 242 ) II n'est personne qui , en les voyant , ne soit frappe de leur b'eauie. Elles oat cependant eprouve dans ce jardin vine modification qui nuit beaucoup a leur eclat. Les demi-fleurons, au-lieu d'etre fendus jusqu'a leur base , comme ils I'etoient dans les plantes que nous avons cultivees en Provence , forment des cylindres ou des tubes de huit a dix lignes'de longueur; leur extremite seule se ter- niine en languette; quciquefois ineme cette lan- guette n'existe pas du tout. { Effet bien remar- quable et bien singulier de la culture ou dc la dif- ference du ciiinat. ) La belle couleur veloutee et purpurine qui colore la surface superieure des a cet ^carteraent ; dela la rupture des vaisseaux des petalea aux points de leur insertion 5 dcla la chute des petales. On poui-roit peut-etre dire encore que les sues des petales , par la distension qu'eprouvent leurs vaisseaux , k \e.x\v insertion sur le receptacle , ne pcuvent plus cir- culer , des petales dans le receptacle , et du receptacle dans les petales, apres la fecoudation du pistil. II s'ensuit line stasnation des sues qui les vicie et les fait croupir en quelque sorte 5 sur-tout a la base des petales , oil ces sues sont plus abondans. Delti le commencement de cette dis- solution des vaisseaux qui facilite leur rupture et leur , separation d'avec le receptacle , par I'accroissement de ce dernitr. La cause de la chtite des feuilles est i-ptu-pres Ja meme. D'autres causes concourent a produiM|||^anb ellft la Tiilme effet. II seroit hors de propos de les developper ici, ( 243 ) languettes est presque entierement cachee. On ne voit plus que la couleur d'un rouge blanchatre qui colore la surface inferieure des petales, et qui a bien peu d'eclat. Ces fleurs portent dans leur centre une quantlte plus considerable de ileuions que celles que nous avons vues en Provence ; ce qui fait esperer des semcnces fecondees. Ge grand nombre de fleurons et ces languettes qui se rap- prochent plus ovi moins de la forme des tubes des. fleurons , annoncent que ces plantes vegctcnt a Paris d'une maniere moins vigoureuse qu en Pro- vence. Leur seve , moins energique , en deve- loppant moins la corolle , ramenc les fleurs a sa premiere nature ; en rendant aux fleurons leur forme (i) elle rendra sans doute au pistil la faculte de pouvoir etre fecondee par les etamines. Des semences fertiles seront les fruits de cctte (i) II ii'est pas sans doute neces,saire de rappeler au lerteur que c'est la vigueur de la seve qui change en laii- gufttes les fleurons des fleurs radices. (''est ixne clioso digne de remarque , et dont il n'est pas facile de rendie raison , que les fleurons qui, dans les fifj^rs radiees , sont toujours jaunes , prennent la couleur des languettes du rayon , a mesure qu'ils se cliangent en languettes. L'explication de ce plienomene tient a la con- nois^nce de la cause qui doune aux languelles du rayoR vine couleur diff'erenlc de celle des fleurons. nil 2 . ( 2-M ) feconclaiion; mises en terr'e apres plusieurs gene- rations, elles nous donneront peut-etre toutes les vaiietes des couleurs dcs fleuronsde laReinc-Mar- gueiite des jardins. QuoiquelaCamomille a grandes flcurs n'aitpas encore produit en France des graines fertiles , il est cependant tres-facile de la multiplier , soit par des boutures , soit par des rejetons dcs racincs, qui sont toujours tres-abondans apres Tepoque dc sa Horaison. Ce ri'cst que depuis trois ans que cette plante est cultivee en Provence. II n'y a pas pcut-etre a present d'araateurs , dans les villes d'Aix, Marseille et Toulon, qui ne lait dans sou jardiu , aussi abondamment que TAstere de la Chine. Les boutures piemient avec tant de faci- lite , que dcs amateurs m'ont assure en avoir mis cu terre qui commencoient a laisser appercevoir des fleurs en boutons; que non-seulement elles avoient pris racine, muis encore qu'une grande partie de leurs fleurs s etoient epanouies. Cela n'aura rien d'etonnant, quand on saura qu'un rameau en boutpu, detache de la plante, n'a pas laisse de donner des fleurs qui ont dure asscz long-tems, Nou& remarquerons cependant que les derni-neurons du centre u'avoient pas pris Icuf accroissement. . La Cainomille a grundes fleurs n'est pas d'ail- ( ^15 ) icurs delicate ; elle s'accommode de tous les terreins des jardins. Cependant Leurs pieds seront d'autant plus beaux , que Icurs racines auront trace dans un bon terrcin. Elle s'eleve plus en jjleine terre que dans des vases. Son port est pins elegant et plus reguller quand il vient en plein air que contre un mur. Elle craint peu la sechcresse, niais elle devient beaucoup plus belle, quand, dans les grandes chaleurs de Tete , on a soin de I'arrcser a trois ou quatre jours d'intervalle. Le scul defaut qu'bn puisse reprocher a cette plante, cest d'etre trop peu delicate , de se multiplier trop facilement, parce qua proportion elle perdra de son prix. Les boutures de Tannee fleurissent vers la fin d'ocrobre. Les plantes qui ont plusieurs annecs peuvcnt fleurir enc*ore vers Ic milieu de Tetc. Cest au moins ce qui ma ete assure par des cultivateurs. Elle paroit pouvoir soutenir un froid asscz rl- goureux. Nous en avons laisse en Provence , en pleine terre , pendant i'lilver. Le Iroid , cette annee i 78 i , v avoitfait desccndre le ihermometre a six dcgres en-ucssous de zero. A la verite , il avoit fait fletrlr le plus grand nombre de feuilles , mais la-' plante n'cn est pas morte. ?*(pus croyons que la Camornllle a grandes fleurs ( 54M est une de ces plantes de la Chine auxquelles on avoit donne le nom de 3fatricaire. On salt que ces Matricaires font une des princlpales decorauons des jardins Chinois (i). C'est a force de culture qu'ils s'en sont procure a fleurs doubles et de toutes les couleurs. On connoit Tindustrie de ce peuple pour parer en tout terns leurs jardins des plus belles fleurs. Nous sommes peut-etre bien eloignes de leur luxe en ce genre. S'il faut en croire les voyageurs , leurs jardins , pendant I'hiver , etalent toutes les magnifiques couleurs du printems. Sans doute cette observation n'a ete faite que dans les climats de la Chine les plus chauds, ou du-moins les plus temperes. II resulte de cette dissertation que , dans 1 etat actuel des choses , la Camomille a grandes fleurs n'est pas la meme que laChrysantheme des Indes de Linne. La grandeur considerable de ses fleurs , respcctivement a toutes ses autres parties ; la pre- sence (les paillettes sur le receptacle , s opposent u ce que ces deux plantes soient contondues. (i) On voit tres-souvent notre Camomille representee, sur les plus beaux papiers de la Chine , ce qui anuoiir e combien les Chinois estiweut cette plante , par i;appo:-t .). sa boaute , puisqu'ils I'eniploieat corame un des beaux ornemens de leurs tapisseries. i ( 247 ) Mais ab ovo ne partent-elles pas d'une souche commune ? cela est plus que vraisemblable. A I'ex- ception des fleurs , toutes les autrcs parties des deux plantes ont trop de ressemblance par leur forme, et sur-tout par leur texture, pour n'etre pas autorise a soutenir cette opinion. Une seve plus abondante a pu se porter dans les fleurs de notre Camomille, jaugmenter ainsi la vigueur de la vegetation des parties renfermees dans ie calice. Dela I'augmentation du nombre des ^cailles , du calice , des petales et de leur dimension ; dela la production des ecailles , qui, peut-etre , ne man- quent ordinairement dans les fleurs composees , que parce que la seve se porte avec trop de foi- blesse dans le receptacle pour empeclier kur avortenient (i). (i) Nous tiavaillons dans ce moment a une disserta- tion de physiologie vegetale , dans laquelle nous preten- dons prouver : i*. que, dans I'ordre de la nature, tout lameau, et par consequent tout pedoncule , doit sortir des aisselles d'une feuille , ou de toute autre production vegetale , telles que les bractees , les ecailles des bour- geons , celles descalices, les paillettes, qui, dans la realite , ne sent que des feuilles moins developpees. 2". Que toutes les ileurs , merae sessiles , ont des pe- doncuies , qui ont au moins de longueur , coUe qu'il faut k leurs vaisseaux, pour traverser I'ecorce des rameaux qui les portent. De la preuve de ces deux propositionsj il s'sn- ( H8 ) II seroit peut-etrc convenable dc he faire qu'un seul genre des Chrysanthemes , des Matricaires et des Camornilles de Linne. On evitcvoit par-la Tin- convenient de placer dans des genres differens , des plantes qui vraiserablablement ont une origine suivra necessairement qiic I'ordre de la nature exige siir les receptacles des fleiii» composees des paillettes ou des . appendices quclconqiies , qui en tiennent lieu , et cjue si elles en sont depourvues , c'ost que ces paillettes ou ces appendices sont avortes. Pour former des genres naturels , il faudroit done bannir , pour caracleres distinctifs des genres , la presence ou 1' ab- sence des paillettes. Puisqu'une vegetation tres- active [leut en developjier dans les individus ou il ne s'cn trouve pas ordinair(;r,iei!t. Eii general, il ne faudroit faire aucuu usage des caracteres qui dependent du degre de vegetation , tels que le nombre de petales , d'etamines , de pistils , de loges , etc. et quelquefois raeme de la jjresence ou de I'ab- ■ senee dts stipules. Alors on ne se verroit plus oblige de separer dans des genres differens , des plantes qui ont en- tr'elles de si grands rapports , qu'on est presque tente de les confondre. La naltiifc des semences , la nature des fruits, la position respective des differentes parties de la fructification , sont les principales bases sur lesquelles on doit etablir ladistinction des genres. La nature des autres parties de la fructificatiou , celle des poils et des glandes qui peuvent se trouver sur toutes les parties d'une plante. | peuvent encore , par leur ensemble , presenter des ca- racteres pr^eieux , parce qu'ils sont indepciidans dc la 1 co-.iiraLiiic ( 249 ) commune. Outre la Camomille a grandes fleurs, dont les rapport's avec la Chrysaiithetnc deslndes sont si grands , on tronve encore la Camomille des champs , anlhenis arvclisn , Lin. cjui , a 1 excep- vigueur de la vegetation , ct par consequent qaelqiiefois j^ropres a. la distinction des genres. II est vrai qu'.-n n'eniployant que ces caracteres , il arriv, ra souvent qu'on aura des geu-es dont les especes seroiit tres-nonibreiises , ce qui ne sera pas un petit in- convenient dans la science ; mais , ou il faiit lenoncer a. la formation des genres uaturels , objet des travaux pe- nibies des auteurs botanistes , ou avoir des genres tels que nous les presentent la nature , quel^uV/ostar-le que le nonibre di- leurs especes puisse mettre aux progrea de la science. Qu'on renonce an genre naturel, et on pourra faire alors tout autanc de genres , qu'il sera possible de faire differentes sections dans la serie des vegetaux. II n'en est pas de meme de la distinction des especes j on peut se servir des caracteres qui sont depgndans du dcgre de vigueur de la vegetation , pourvu que ces ca- racteri s qui sont des productions du climat ou du sol soient constans penaant des generations nombreuses, et qu'ilfaille un grand nombr. de generations pour les faire clanger. Sans cela , il laudroit infiniment diminutr lenombre des especes qui fornienldes genres dans les f imilles naturellt s. teiles que les cruciferes, les ombelles , les legunifneus';S , et sur- tout celle des grasnine'^s. Conibien rie faudroit - il pas rctranclier d'especes, dans les genres des bruycres , de , N^ iQ. Tome II. li (25o) tion du receptacle charge de paillettes, ressemblent si fort a la matricaire camomille, matricaria camo- milla , Lin. , qu'il est impossible de ne pas les con- fondre , si on ne consulte pas la presenc ees pail- lettes dans le receptacle. veroniqu^s , des iris , etc. si on ne vouloit admettre pour espece que des individus qui n'ont jamais eu une origins commune. ERRATA pour le iV". /5. Page 236 , ligne lO , elles sont velues en-dessous } lisez , /'/ est velu en-dessous. Page 238, ligne 24, sur I' inscription du fades ] lisez j sur I' inspection du fades. J ( 25i ) Sur une 7ioiivdle espece de Cu c U m i s. Par Louis Bosc. C. Foliis palmatis , aciitis ; pomis lineis decern viridihus. Tab. Sy. Habitat in Guyana, Racine, annuellc , fibreuse. T'ige , grimpante , a cinq angles obtus , legere- ment rugeuse , legerement velue , longue deplu- sieurs pieds , epaisse de deux lignes. Feuilles , pedunculees , palmecs , nerveuscs .le- gerement rugcuses , legerement velues , de trois pouces de diametre. Lcs digitations aigues, den- telees ; celle du milieu , plus longue , lanceolee. Pedunc7.de , rugeux , anguleux , long de huit a neuf lignes. Vrilles , opposees aux feuilles , legerement ve- lues , legerement anguleuses , se divisant , a deux pouces de la tige , en trois branches, dont la principale a pres dun pied de long. Fructification axillaire, composec d'un a deux paquets de flcurs males , et d'une fleur femcUe solitaire , qui ne se developpent jamais ensem- li » { 252 ) ble. Laplupavt des fleurs males tonibent avant de s epanouir. Fleur male. Calice , d'une seule feuille , divisee en cinq parties . divisions profondes. Folioles lanceolees , legeiement velues , strides, lonQ;iieur de quatre lignes en large, dc troisalcur base.Pcriole coinmun, et petiole propre , chacun de deux lignes de lon- gueur , legprement vclus. Corolle , divisee en cinq parties , divisions a peine reunies a Icur base , ovales , trcs-rugeuses , herissees dc longs poils , longues d'un poucc et largcs de six lignes, de coulcur jaunc, tombantse- pareinent. Etamine , cinq filamens de la longueur du ca- lice, tous reunis a la base , cleux ou quatre reunis jusqu a leur milieu. Antberes mesenteriformcs. Receptacle , ovale , nectarifere. Fleur feraelle. Calice , comme dans le male. Corolle , comme dans le male , mais moins. grande. Etamines , cinq filamens tres-courts , sans an- tberes. Pistil, germe iiaferieur , cylindrique , fortcmcnt velu, marque de dix lignes longitudinales , plus vertesque lefond, legeremcnt rugeux , long d'cn- ( 253 ) viron dix-huit lignes. Style tres-court. Stigmafe divise en trois parties. Divisions courbees en de- hors , composees de trois gibbosites. Pomme , ovale , alongee , legerement rugeuse , lierissec de poils , longue au plus de quatrepouces , et large de deux, d'un verd nuance de blanc, avec dix lignes d'un verd plus fence que le fond, qui s'etcndent dans toute sa longueur. Fulpe , d'un blanc jaunatre. Semences sur trois rangs , ovales , plus aigues a la pointe , longues de quatre lignes , et larges de deux. Cette plante vient de Cayenne , d'ou ellc a ete envoyee , en 1790, au jardin desplantes , par M. Nectou. Ellepeutetre placee, dans le systeme , a cote du cucumis acutangulus. Observations sur qndqiies DiPTERES. Par M. C u V I e r. La description inseree par M. Bosc , dans les actes dc la Sccieie dhistoire naturelle , pag. 42 , dun insecte auquel ce savant naturaliste doiaic le nom de Keroplatus, et sur-tout Tas- scsiion qu'il y ajoute, que la forme de ses an- ( 254 ) tcnncs est jusqu'ici unique dans Torclre des antilata , m'engage a decrirc une espece de ma collection , qui porte le meme caractere , et a la comparer en meme temps a quelques autres in- sectes qui lui ressemblent beaucoup, les antennes exceptees. Les grands rapports que ces insectes ont entre eux , malgre les differentcs structures de leurs an- tennes , joints a I identite de forme des antennes du premier avec ccUes du Keroplatus , dont il difFere tant d'ailleurs , sont une preuve , entrc miUe autres , du peu de valeur que doivent avoir dans la formation des genres les caracteres tires de cet organe , que Ion a si generalement employes jusqu'ici. Aussi , n'ayant pas encore examine la structure de la trompe de ces es- peces , je ne pretends point en faire un genre a. part; c'est pourquoi je ne leur assigne ni nom , ni caracteres generiques ou specifiques. Je me borne a reveiller Tattention des entomologis- tes , afin qu'on puisse les classer convena- bleraent , lorsqu'on aura les observations ne- cessaires. Je pense ccpcndant qu'ils appro- chent plus des rhagis , que de tous les autres genres^ NX I. fig. I. (pi. 38). Insectelong d'unelii^ne et deniie. Les antennes ( 255 ) seules forment pres d'un tiers de cette longueur. Elles sont lanceolees , cntierement applaties , ct terrninees en pointe aceree. Leur base porte sur une petite articulation ovale. V. fig. a. La tete est large et peu convexe ; les yeux bruns ; leur intervalle assez large au - dcssus des antennes, et couleur d'acier bruni , est etroit , et argente au-dessus. Le corcelct estverd-bronze en-dessus, etgris ar- doise sur les cotes ; Tabdomen verd- bronze et cylindrique , a a son extremite un corps oval , biarticule , ct recourbe en dessous , termine par quatre" appendices dc forme singuliere. Les late- raux sont deux soies fines cylindriques , obtuses , velues , d'un quart de ligne de longueur. En- tr'cux sont deux petites lames triangulaires et ciiiees. Au milieu du tout est un stylet tres-rriincc , roide , jaune et pointu. Je ne doute pas que ce ne soient la les organes de la generation du male. V. fig. 3. Les pieds sont fort alonges , jaunatres , a tarses t\oirs , les ailes sont un peu brunes ; les hattercs sont jaunes, et sans ecailles qui les re- couvrent. Get insecte doit etre rare. Je ne I'ai vu qu'une fois sur des feuilles de ronce , apres une petite pluie. C'est en general apres lespetites pluiesdete { 2B6 ) que tous ceux dont je vais parlcr se montreht plus abondamment. N^ II. fig. 4. Ma seconde espece a ete decrite par Charles de Geer , sous le nom de Komotelus Aneiis. Elle estd un tiers plus grande que laprecedente, a laquellc elle ressemble dailleurs par la forme et la couleur ; seulement les cuisses sont quel- quefois verd-bronze . ou ont un anneau de cettc couleur ; varieies peu importautes. Voici des dif- ferences plus essentielles. Les antennas , fig. 5 , ne sont que de la lon- gueur de la tete , formees de deux articulations; la premiere etroite , presque quarree ; la seconde, ■ ovale , pointue , et tcrminee pra une soie ties- fine , et souvent assez longue. Cctte soie terml- j nale , et non laterale , empeche de rapporter cet insecte au genre des musca , quoiquc plusieurs musca de Fabricius , qu'il faudra separer un jour de ce genre , en aieut de semblables. Telles sont, par exemple , les antennes de musca capraria et polita , Fab. ainsi que du J\''omolelm auratus et du nomotelus Jlavo geniciiialus de Geer ; quatre in- sectes aussicoramuns que mal observes II est bon de remarquer qu'ils out -encore avec celui de cet article , ( 2^7 ) article , le cafactere singulicr que leiirs halterci u'ont point d'ecailles qui les recouvrent. Revenons aux differences du N<*. II. d'avec le N**- 1. Lc corpuscule recourbe qui rerminc son abdomen , est plus petit a proportion. Ses appeil- dices lateraux sont bifurques , ct leur branchc cxtcrne est plus longue que Tautre. Toutes deux sont velues. Les appendices intermediaires raan- qucTit entierement ; inais au lieu d un seul stylet, il y en a deux a poiritcs un peu crochucs- Fig. 6. On trouve beaucoup d'individus qui n'ont point cc corps recourbe. Je les crois femelles. No. III. Est entierement semblable au N**. II, ztTex- ception des picds. lis sont tout nolrs , et les jambes de derriere sont doublement flechies , comme dans un rachitique , fig. 7. Ce n'est peut-' etre qu'une variete accidentelle , d'autant plus queje n'en ai encor? trouve qu'un seul individu. N^ IV , fig. 8. Ma quatrieme espece est , je pense , lc muscet ungulala de Linne et de Fabricius. II est vrai que les cai-acteres qu'ils lui nssignent , convicn- droient egalcment bien a routes les quatre; mais eelle-ci est la scule dont la sole des antennes ( 258 V. soit latcrale , ct par consequent la seule qu'on puisse rapporter aux rausca. La forme et les couleurs sont exactement les memes que dans le N". II, et il faut encore cher- cher les caractrrcs distinctifs dans les antennes et le corps recourbe. Les antennes sont ovalcs, larges , et n'cgalent pas la longueur de la tete. Leur sole est portee par un tuberculc du tranchant supericur , longue , et un peu ployec vers sa base. Fig. g. Le corps attache a Tabdomen est fort gros , et tcrmine par deux plaques arrondies , portees sur un pediculc mince, de couleur blanche , et ciliees entre ellcs ; un peu plus haut est un stylet acere, maistres-court , ct au-dcssous de ce stylet, deux trcs-petites ecailles triangulaires. Fig. lo. On en trouve aussi dont Tabdomen n'a, pas ce corps recourbe. Je les crois cgalemcnt fe- melles. Dans tous , la couleur des cuisses varie du jaune au verd bronze. J qp ai aussi unc variete du double plus petite, et apieds entierementnoirs. N. B, Je ne doute pas que la musca nohilitala , Lin. etla musca eqiustrh de Fab. ne se rapprochent beaucoup desespeces Cjueje viens de decrire , mais je ne les ai jamais vues. Ouant a la musca puh era Lin. et a la musca cephalotts de M. Bosc , elks en paroissent plus eloignces. SOSTRICUS F J K C A T U 3. PI. 38. Par Louis Bo sc. B. Piceiis , thorace antice bicorni , capitc tuber- culato , antenis pedibusque testaceis. Habitat in Jamaica. Tete noire , placee sous le corcelct , cliargee anterieurement de deux tubercules pointus. An- tennes testacees , courtes , les trois derniers ar- ticles trres-gros. Antenules de meme couleur. Yeux noirs. Corcelet brun , globuleux , plus gros que la moitie du corps , applati anterieurement , et arine a la partie qui louche la tete dc deux comes, tres-rapprochees , presque droites , obtuses , de la longueur de Tapplatissement. Ecusson tres-peiit , noiratre. Elytres brun-fonce , ponctues. Pattes applaties , testacees, legerement velues ; articles dcs tarses au nombre de quatre. La femcUc n'a pas le corcelet tronque, et n'a pas de cornes. Cet insecte est completement cylindrique Kk 2 { s6o ) comme tous scs congeri^T^, il n'a pas une demU Jigne de long, et doit etre par consequent place uu des derniers dans Tordrc des grandeurs. 11 vien; de lajamaique. OBSERVATIONS Sur qiulqucs Ouvrages nouveaux ; Par M. W I l l e m e t, Xia Flore des insectophiles , precedes d un discourt S7ir I'utilile deletiide de linsectologie ; par Jean ^ra. A Utrecht, chez Wild et AUheer. ^ 7 9 1 , /k-S®. Llllustrs Reaumur , dans le premier memoire de son tra,ite sur les inscctes, exprime un souhait, qui a donne naissance a la Acre des insectophiles. »> Les botanistes , dit-il , donncnt des catalogues des plantes qui croissent dans les environs de ccrtaines villcs ; jc voudrols que les observateurs qui travailienta riiistoire des insectcs, donnassent des cacalogues de ccux qui se nourrissent sur cbaque plantc. II y a des arbres, tels quelecbene, Voriiie , Ic saule, qui iourniroient d'assfiz grandes listcs ; de pareils catalogues apprendroient ce qu'or^ pcut ecp'irer de trouver sur chaque plante , suy ( 26l ) chac^ue arbre ; qu'on commence a en dresser , on Jes rendra complets insensibiemenc. »? C est cc souhaic de notrc Fabricius fraiK^ais , que M. Brez a realise. II parcourt tout le systeme botanique de Linne , et s'arrete a chaque plante que les ob- servations des savans ont fait connoitrc comme la demeure habituelle de quelque especc d in- sectc. Apjes avoir nomme 1 insecte d apres Linne , Fabricius , GeofFroi , et cite le numero et la page de leurs ouvrages respectifs , il indique aussi les p'anches de Reaumur qui en donnent la figure , et suiventde guide pour en trouver I'histoire. II est vrai qu'il faut , en quelque sorce , etre botaniste , pour chercher ainsi les habitations des insectes ; mais pour aider les lecteurs qui n ont pas fait une etude profonde du systeme de Linne , il ajoute , aux noms botanique? des piantes , les noms vulgaires par lesquels ellcs sont connues des jardiniqrs , et meme des gens de la campagne en France. Lepian de I'ouvrage, et quelques epreuvcs ont Cte communiquees a M. Louis Bosc d'Antic , dont les connoissances profondes dans 1 histoire jiatureile jouissent d'une estirae trcs-meritee : ce savant Frangais n'a cru pouvoir mieux en te- rnoigner sa satisfaction , qu'en communiquant a .§on tour un ouvrage sur le meme sujet , qu ii { 262 ) avoit lu devantia societe linneennc de Paris , en 1 7 S S , et il a permis a M. Brez de s'en servir pour completer celui qui fait le sujet de cette notice. Les articles tires du manuscrit de M. Bosc d'An- tic , ont ete ajoutes en forme de supplement , et occupent vingt-quatre pages d'impression. La Flore de M. Brez est precedee d'un dis- cours sur I'utilite des insectes et de Tetude dc leur histoire. II la considere sous trois aspects , relati- vemcnt a I'economie de la nature , a reconomie domestique ou aux arts.ct enfin a la philosophic. Dans reconomie de la nature , les insectes, et princlpalement les chenilles , servent d'abord assez generalement de nourriture aux oiseaux et auxanimaux. II y a meme des insectes qui font un aliment tses-recherche pour I'homme, tels que les ecrevisses , les crabes , les charan^ons palmistes, qui ne different que par la grandeur de quel- ques autrcs especes qui scroient, a coup sur , aussi delicates , si Ton pouvoit surmonter la preven- tion qui nous empeche d'en manger. Les sautc- relles , font les delices dc plusieurs peuples de TAfrique. Ceux qui , par hasard , ont goute de la chenille , lui ont trouve la meme saveur quont les fruits ou les feuilles dont elle se nourrit. Si la mode vinoit de la manger , ce se- roit le raoyen le plus sur d'cn diminucr la quart- ( 263 ) the , et d'en garantir nos jardins et nos maisons. Une autre utilite des insectes , coiisiste a de- barrasser la terrc des debris des animaux et des vegetaux. Lcs termites reduisent en poussiere , etrendenta la fecondation les troncsd'arbres tom- bes par vetuste , ou renvcrses par les vents. Les vers de mer detruisent de meme le bois et les plantes charries par les eaux , et les empechent ainsi d'embarrasser rembouchure des fleuves et de causer des inondations fatales aux habitans des rivagcs. Les larves de la viandc devorent les ca- davres des animaux , et previennent ainsi Tin- fection que causeroit une destruction plus lente ; et pour que tout se renouvelle dans la nature , et entre dans le cercle de Tutilite commune , les in- sectes destructeurs sont manges a leur tour , di- geres ct rendus a la tore . Si , de leur vivant , ils echappcnt au bee des oiseaux , ils servent , apres leur mort , de pature a d'autres insectes , qui nc soat pas non plus exempts de la loi commune. Ouant a Feconomie domestique , nous ne dirons lien de I'utilite des abeilles ; nous observerons sculement, avec M. Brez , qu'on pourroit en tirer des avantages iufiniment plus grands, en abolis- sant la coutume de tuer les abeilles pour depouiller la ruche. Ouel profit ne pourroit-on pas s'atten- dre de leur extreme fecondite , si Ton se bornoit ( 264 ) k partager avfc elles sans les detruirc ? II coute pcu de chose a leur fournir des ruches , et c'cst la Jjresque le seal soin qu'il faut pour tirer de cha- cune au-dela dc trente-six livjres de miel , et deux a trois livres de cire par an., L utilite du ver a soie est aussi trdp coiihuc poui* en parlcr. M. Brez rcmarque qu'on iui donnc im- propremcnt le ndm de V(r , puisqu'il est unc ve- ritable chenille. II indique aussi plusieurs autres Cspeces de chenilles qui produisent de la soie, et qu'on pourroit clever a cet cfFet. La cochenillc faitUTi grand objet de commerce J Tauteur croit Qu on pourroit la iran'planter du Mexique en d'autres pays , en tiansplantant I'es- pecede raquette ( Cactus opuntia , L, ) qui la nour- lit , ou bicn en essayant si elle ne pourroit pas s'accommoder d'auites plantes du mcme genre. II decrit la cochenillc femellc , ou cclle qui donrie la couleur . comme ressemblant a une punaise qui se tientimmobile surun memeendroii de laplante, et paroit nieme insensible dans Tacte de la fecon- dation , dont le male, insecte plus actif et muni d^ailes , fait seul tous les frais. La femelle couve les ceufs , et les fait eclore. la generation se re- nouveile trois fois I'annee , et Ton fait trois fois la recolte. On les detache de la plante avec une especc de pincG"u , et on les raraass^ dans des cor- bcilles ( 265 ) beillcs ou on les fait tout aussitot perir, en Ics plongeant dans de I'eau chaude. Si cet insecte precieux est refuse aux cHmats froids ou ce cactier ne peurroit venir , il y est rem- place par d'autres qui peuvent servir presqu'aox memes usages. La cochenille de Pologne avoit un grand prix , avant la decouverte de celle du Mexique , et c'est a tort quon la negligee depuis. EUe vit sur une plante assez commune ( sclerait' thus perennis. L. ) , et ne deraande aucun auue soin que de la ramasser. M. Brez ofFre la descrip- tion et Thistoire de ces insectes , aussi bien que du Kermes , ou cochenille de chene , et d'autres insectes qui pourroient servir a des usages sem- blableSi Ce discours , aussi bien que les notes qui en dependent, est rempli de reraarques curieuscs , et qui en rendent la lecture infiniment interes- sante.Parmi les merveilles qu'ofFre cette partie de rhisioire naturelle , M. Brez n'a pas oublie i'a- natomie de la chenille du saule* par M. Lyonet. En parcourant ce bcl ouvrage , on ne voit que prodiges ; aussi M. Bonnet 1 a-t-il regarde comme une des mcilleures preuves de Texistence d'une SagesSe Infinie. Quelies combinaisons variees et compliquees dans un corps aussi petit I Croi- roit-on trouver au-dela de 4000 muscles datr^ N^ ig. Tome II. LI ( 266 ) rorganisation d'un insecte semblable ? Croi- roit-on que la nature y cut employe tant dc moyens qu'on voit exposes dans les planches qui accompagnent cet ouvrage ingenieux ? Quelle source intarissable de reflexions ^our le philosophe ! M. Brez a dedie sa Flore entomologique a MM. Bonnet , auteur de la ConUmplaLion de la Nature ; Senebrier, bibliothecaire de la republique de Ge- neve ; Benhaut-Van-Berchem fils , secretaire de la societe dts sciences et arts de Lausanne ; et Goante , correspondant de Tacademie de Turin. Cet ouvrage , desire depuis quclque temps , entre dans la meme dynastie que le savant nie- moire sur Tutilite des inscctcs , par M. .Olivier , qui enrichit le journal d'Histoire Naturelle. Tentamen ordinuni insectorum , essai de classi- fication des insectes ; par F. A. A. Meyer. A Got- tingue , chcz Barmeier , 1791 , in-folio. M. Meyer divise dabord les insectes en deux classes , avec et sans azUs. La premiere comprcnd les six premiers ordres de Linneus ; Ics coleop- teres sont subdivises en vrais coUopieres et semi- coleoptcres ; les htmipteres en ryngonaies tljiagoyiates ; les neuropteres en gasleramates , ayant le ventre long et etroit, tt gasiery tides qui Tont plus court : les insectes sans ailes sont divises en herpsdo- ( 2^7 ) podcs ( rampans ) , trexapodcs { sautaus ); et ihe- loptismenes (a ciseaux) ; et les dern^eis ea deux sub- divisions , chelotoniaUs et chelopode , dont i'un a la tete arraee de ci&caux , et I'autre les pieds. ^ wmiiilliiiiiinwn OBSERVATIONS Sur la qualite phosphoriquedu VEn Dt t'-ERRE , da7is certaines circonstances , (t sur dei ■ oiiemens humains trouvh fossiles. Par J. G. Bruguiere. Les observations que nous avons faites dans notre route sent peu nombreuses , mais cepen- dant a'vsez intereisantes. Ayant pris le Rhone a Lyon pour nous rendre a Avignon , nous fumes si contraries, que nous mimes quatre jotrrs et demi pour nous y rendre, et que nous fumes rneme obliges de debarquer au-dessus do Ro- cheraaure, pour nous rendre a Avignon , avcc des chcvaux qu on nous loua au prlx de Tor. Mais ce contre-temps qui nous obligea a partir a deux heures du matin , nous fit decouvrit une qualite phosphorique dans le ver de terre , qui , je crois , n'est pas encore connue. Toutes les liaies en etoient parsemees ; nous en ramas- Bames plusieurs qui tous en jouissoient a un LI 0 ( a68 ) dcgre eminent. 11 mc' parut que cc vcr de terre ne dilFercit du lumhricus terrestris dc Linne, qu'en cc qu il est plus grele en arriere, plus ren- fle a son extremite anterieure , et beaucoup plus lumineux que Ic ver-luisant ordinaire. Cetie qua- Jite residoit sur-iout dans sa parde grele, et etoit si tenace .que nous Tavons encore observee suf un individu , dix jours apres I'avoir ramasse. La seconde observation est dune plus haute im- portance , puisqu'elle etablitincontestablement que Ton trouve desossemens humains fossiles dans les aticiennes couches cakaires. Gouan m'a montre a Montpellievdescchantillonsdunerocheenpoudin- gue calcaire , renfermant des extremites de fe- mur, dont les cavites etoient remplies de spath calcaire , ct qui avolent ete pris aux pieds de la montagne de Cette , un peu au-dcssus du niveau actucl de la mer. II m'a certifie avoir vu dans une roche semblable des portions de machoircs infe- rieures dans le meiileur etat de conservation. Ce fait rn'a paru si important , que j'ai regrette de nc pouvpir Taller constater raoi-meme sur les lieux ; raais j'ai prie M. Draparnaud , jeune homrae d'an srand zele et d'un mcrlte peu commun , de s y transporter lui-meme , d'y ramasser quel- qucs echaniillons npn-equivoqucs , et de vous les, adressejf, (269) OBSERVATIONS SUR Us C 0 (IVILLES , ct sur qudques-ms des genres qiion a ttablis dans I'ordre des vers testates. Par J. B. Lamarck. II n'y a aucunc partie , dans Ihistoire de la nature, dont la connoissancc ne soit dans le cas de nous inspirer beaucoup d'interet; i°. parce qu'il resuhe immanquablement de cette connois- sancc divers objets d'utilite pour nous , qu'aucun autre moyeq nc fauroit completcment vemplacer; a'*, parce que, pour le philosophc-naturaliste, oc- cupe de Tetudc en grand des productions de la nature, tel chainon qui manqueroit a ses conside- rations , seroit peut-etre seul capable de Tempe- cher de saisir Turdre , la liaison , et les vrais Tap- ports qu'on observe parmi cette immense quantite d etres naturels qui existent, et qu'il nous importe de connoitre. Ici rinteret que nous donnons aux vers tes- tates n'a point pour objet la formation de ces bril- lantcs collections de coquilles , ou les individus ( plus que les especes ) sent amasses en quantite { 270 ) considerable, ct acquis a grands frais, a raison de Icur bcaute , afin de jouir de I'etonnanle varietc dc formes et de coulcurs qu'ofFrent ces singuliercs depouilles d'animaux. L'etudc de la nature etant le seul but que nous nous proposons , tout cc qui peut nous aider a con- noitre Ics especes , quellesqu'elles soient,nous in- teresseegalemcnt. Aussi, nous regrettons fort que, dans le commerce qu'on fait des objets dont il s'agit , le detestable usage dc mutiler les coquilles pour les depouiller , afin de les rendre plus agrea- blcs a la vue , nous mette souvent dans le cas de nc pouvoir nous procurer certaines especes , que lorsqu'elles sont privees de Icurs caracteres distinc- tifs. Ouelque jour sans doute le vrai gout de This- toire naturclle remportera sur celui de former des collections d'apparat ; et alors I'art dc depouiller les coquilles devenant inutile , sera neglige , et cessera d'enlever aux recherches des naturalistcs , qua-ntite d'especes rare^ qu'ils ont beaucoup de peine a se procurer dans leur etat naturel. Les vers testacesoffrant line immense quantitc d'especes inuniment diversifiees entr'ellcs , il est evident que la raethode est id , comme dans les autres parties de Thistoire naturelle , le seul moyen que nous puissions employer dans IVtude de ces nombreuses productions de la nature , si nous vou- { 271 ) Ions en retircr quelque fruit. Or , cVst sur la na- rure de la methode , ct sur cellc qui peut etre la plus convenable pour diviscr Ics vers , que nous nous proposons dc presenter quelques reflexions dans cet article. La connoissance des coquilles n'est assurcracnt pas le seul objet qui intercsse le naturaliste daas J'ctude qu'il en fait ; les animaux qui Ics ont ha- bites , ou qui s'cn trouvoient revetus, sent a ses yeux encore plus importans a connoitre , et c'est meme en grande partie pour parvenir a cette connoissance , que Tetude des coquilles qui en sonc les depouilles , est devcnue indispensable. On pour- roit croire d'apres cela que la methode ou le svs- teme le plus convenable a insiituer , pour contri- buer aux progresdecette partie de rhelminthologic, doit porter plutot sur la consideration des ani- maux , que sur cellc des coquilles qui en pro- viennent. Nous ne sommes cependant pas de ce sentiment. D'abord , Texecution d'une methode distributive et distincitive des vers testaces , d'apres la consi- deration des animaux , seroit , quant a present , impossible ; car sur le ires-grand nombre de co- quilles maintenant connucs , ou qui enrichissent les collections , il n'y en a encore qu'un tres-petit nombre dont on connoisse les animaux; d'on il ( 272 ) tesultcroit que ce petit nombrc de coqulllcs cx- cepte , le reste ne pourroit etre rapporte a la me- thode , ou ne sy rapporteroit qu arbitrairement , ce qui exposeroit aux plus grandes eTcurs , quaiid metne on auroit egard a I analogic desobjeis con- nus avec ceux qui ie sent moins. Ensuite, nouspensons encore que, quandmemc les animaux de toutes les coquilles connues au- roient ete observes et decrits , il ne faudroit pas malgre cela etablir une inethode distributive et _ distinctive des vers testaces , d apres la conside- ration des animaux. En voici la raison : Tetude des vers a coquille ne pouvant se faire que 6ur le vivant, et par consequent sur les lieux memes qu'habitent ccs animaux , si la methode etablie parmi les vers testaces n'employoit pour carac- teres de classe, d'ordre et de genre, que ceux qu'on auroit pu retirer de la consideration des animaux; alors , les collections de coquilles deviendroient presqu'inutiles , ne seroient veritablement que des objets d'agiement et d'apparat ; les especes qui composent ces belles collections , resteroient in- determinees; et si quelqu'une I'etoit par les cir- constanccs convenables , cette determination ne pourroit pas etre confirmee par chaque observa- teur qui consul teroit la collection. Ainsi, la science ■ ne feroit reellement aucun progres. Au f 275 ) Au contraire, si nue bonne methodc distribu- tive et distincu c ues vers lostaces , est insiicuec d apr'^s la consideration des caracf'ies ies plus generaiix qu oHrciit 'e^ coquil.c , ; o ittc qa aiur* les coquilles de tontcs les coileciioas jjiuirront etre rap]jortees a la irietho !e dunt il Sagit ; (juc par consvc[iient ccj coilccti-^ns pourront etre ran- gees , et les esptces qvi ei!cs C'umennenc dctcrmi- nees d'aprFS ceue meine methude, deter.ninations toujours faciles a conlirmer ; on aura encore la faciliie d'inserer a 1 ardcle dc cluque espece, les observations ciu du aura pu fane s'jr Taniinal qui lui appartient. Parce moyen , la connoissance des animaux . si prei-isieuse pjur les naturalistes , pourra se perpeiuer , setenJre, et meme se per- fectionner de maniere a rcmplir le veritable but qu'ils se proposent. Ce que nous venons d'exposer , quoique tres- succinct, nou.s piitoii si. ffisatitpcur decider la ques- tion de savoir si . parm. ie^ veis testaces , la me- thode qu il convient ci'cmployer pour 1 etude de cette partie de I'h stoire naiurelle , doit etre fon- deedapris la consideration des coquilles, ou d'a- pres celle des animaux qui les produisent. Or , maintenant que nous nous somines cru fonde a prononcer sur la question dont d s agit , et a, ne point admettre a cet egard les principes de Mcs" M ra ( 274 ) slcuri Adanson, GeofFroy et MuUer. Nous aliens examiner rapidement et en general I'ordre me- thodique, le plus avantageux aux progres de nos connoissances sur les vers. A ce sujet^ nous dirons qu'il est bien etonnant que Linnaeus , qui a tant fait pour la botaniquc , ainsi que pour toutes les parties de la zoologie et dc la mineralogie , ait eu, malgre cela, I'avantage sur tous les helminthologistes , d'etablir , dans la classc des vers , le meilleur ordrc raeihodiquc qu'on ait imagine pour cette partie de la zoologie. Dans cette classe immense , quant au nombre des especes.qui s'y rapportent , nous ne consi- dererons que I'ordre des vers testaces ; nous dirons que , sans contredit , les genres etablis par Lin- naeus dans cet ordre , ont bien plus dc precision dans leurs caracteres , que ceux publics dans les methodes de Lister , de Langius , de Dargen- ville , etc. qui raeme ne sont pas dc veritables genres, mais des especes de families divisees et sousdivisees par des caracteres non-generaux.Ces families sont ensuite presentees comme diflferens genres, portant neaumoins unnom comraun dars diverses sections , ce qui prcuve qu'avant Linnaeus les conchyologistes n'attachoient pas au mot genre les memes idees que les botanistes et tous les na- turalistes y atiachcnt niaintenant. ( »75) La methode de Linnseus pour la distribution et la determination des genres parmi les vers tes- taces , quoique beaucoup meilleure que celles qui avoient ete publiees auparavant , est devenue , malgre cela , presqu'insuffisante , a cause de I'e- norme quamite d'espcces roaintenant connues , et qui ne Tetoicnt pas dc son temps , ou qu'il n'a- voit pas eu occasion d'observer. II en resulte que le nombre des genres doit eire necessairement augmente , et que parmi ceux que Linnaeus a eta- blis , quclques-uns sont susceptiblcs d'etre cor- riges , et assujettis a une determination nouvelle. C'est ce que vient d'executer M. Bruguiere , dans son dictionnairc des vers pour 1 Ency- clopedie. En efFet , avec le genre lepas dc Linnaeus , ( genre dont le nom d'ailleurs faisoit confusion avec les patelles qui sont plus generalement con- nues sous le nom de lepas ) , M. Bruguiere a etabli les genres anatife [anatifa) et balanite ( ba- lanus) , qui meritoient elFectivemcnt d'etre dis- tingues. Ce savant helminthologiste a corrige le genre oUrea ( liuitrc ) , en separant avec raison des ve- ritables huitres, les peignes qui sont des coquilles regulieres et auriculees , ce qui les en distingue fartement, etensuite les pernes, qui nepouvoient ■ M m 2 de meme , d'aprrs ie caractere singulier de leuf charnipre , rester painii les huitres. Eiifin, f.aiini les corjuilles bivalves, M. Bru- guicre a enci re ccirige avec beaucoup de fonde- ment Ics genres ano^nia , chuma , mylilus , et a forme, avec leurs demembremens , de nouveaux genres trcs - disiincts des aiitres , avec lesquels ii i etoient confondus. Les details de ces change- jncns etani cnnnus du public , nous nous dispen- sons de les citcr. Dans les coquilles univalves , ce naturalistc a fau aussi plusieurs cl'angcmens qui sont avanta- geux a certains egards : le'.s , par excmple , que ^"'etabli^se^ulll, l^. du genre fissurelle ijis>urella) quil forme avec un demeuibrement des patelles j 2°. des genres arrosoir { peniciUus ) et siliquaire ( i,iliquana) , qu'il sepate des serpules ; 3*^. du genie natice [natica] . qu'il constituc avec une paitie des iicrites ; 4*^- du genre olive [oljva], qu il separe des volutes, et dont plusieursespeces cons- tamment distincies, ont ete mal-a-proposregardees comnie une scule ; 5^. eniin , du genre casque (' ca^hidca ) , qu il etablit avec une panic des buccin?. Mais outre ccs cbangemens , M. Brugurere en' z fait d'autres , parmi les genres des CoquilleS' univalves, qui nous paroisscut moirts hcureux , ( 277 )' ou m6ins convcnablcment determines , ct ou il seroit cependant tres-utile d'augnienter le nombre des genres , comme il I'a fait , si Ion pouvoit trouver de bons caracteres , c'est-a-dire , des ca- racteres assez e^senticis' ct circonscrits pour les ctablir. En cffet, le genre murex de Linnaeus , comprc- nant cleja une quantiie ires-considerable d'especcs connues [ M. G'melin , dans son systema natures , en prescnte 179) , M. Bruguiere sentit qu'il^ ne pouvoit ou'etre trcs-avantageux aux progres de nos coniioissancis dans 1 i rdre des vers testaces , de diviser ce genre. II le partagea effectivement en quaire genres particuliers , qu'il nommajbowr- fre, muifx , fuseau et ceiile. Le public connolt les caracieies que ce naturaliste a assignes a cba- cun de ces genres. Or , a leur egard , nous nous permcttrons seulement les observations suivantes , que nous soumettons a son jugement , uniquc- ment pour Tavantage de cette partie de 1 histoire uatureile. i". On peut remarquer que le genre pourpre { purpui a ) se trouve dans bien des especes mal sepaiedes buccins , a cause de I'echancrure de la brse c'e i'ouverturc de la coquille , terminant un canal treL-court. D'aillcurs , les epines ou tuber- cules asi.iij,nes aux caquiiles de ce genre , ne sent; (27S) point un caractere assez essentiel pour etre em- ployes dans UBe distinction gencrique. Nous con- noissons deja plusieurs coquilles qui , d'apres ces caracteres , j etteront dans lembarras ccux qui vou- dront les rapporter, soil au genre pourpre , soit au genre buccin. 2°. Le genre murcx ( murex ) , etabli sous la condition de 1 existence de varices ( ce sent les apparences des ancienncs bouches indiquees par des bourrelets qu'ont formes leur levre droite ) sur la coquille , me paroit fonde sur un carac- tere tres-peu essentiel ; car , outre que dans plu- sieurs cas , Texistence des varices devient extre- mement douteuse , par le peu de saillie des bour- relets qui les forment , nous possedons certaines especes dont des individus sont garnis de va- rices , tandis que d autres n'en ofFrent aucune trace. 3° Le genre fuseau [fttsus ) contiendra neces- sairement des coquilles qui ne seront pas unifor- mes; car si I'exclusion des varices et de I'echan- crurede la base de Touverture, suffit pour ecarter des pourpres et des murex de M. Bruguiere , les mvrex dc Linnaeus qui seroient dans ce cas , il ne reste plus pour se decider sur le genre dc'ces coquil- les, qua choisir entre les fuseaux et les ceritcs. Or, cntre la forme tout-a-fait turriculee , qui constitue { il9 ) Ics cerites , ct celle qu'on nomme fusiforme , et qui appartient aux fuscaux (la longueur et la direction du canal n'etant pas considerees comme carectere distinctif dc ces genres ) , il existe dans plusieurs coquilles des formes a-peu-pres inter- inediaires qui effacent , en quelque sorte, la seule liniite qui separoit les cerites des fuseaux. Cepen- dant il faut convenir que la forme turriculee est si marquee dans beaucoup d cspeces connues , qui n'ont pas , comme les vis , une echancrure a la base de leur ouverture , que si la forme en ge- neral peut etre considerec comme caractere gene- rique , alors le genre cenie {cerithium) pourra etre conserve , en ajoutant quelque modification a, son caractere esseniiel. Quant au genre vis ( terebra ) de M. Bruguiere , on sait que ce n'est qu'un demcmbrement du genre huccinum de Linnaeus ; or , si la forme en general des coquillesnepeut etre consideree comme caractere generique, ce qui est notre opinion, le genre vis ne devra pas etre conserve. Enfin, nous trouvons souvent des difficultes dans les determinations entre Ic genre sabot ( turbo ) , le genre bulime ( hulimus ), et quelque- fois meme avec le genre helice (helix) ; de sorte que ces trois genres ne nous paroissent pas suffi- samraenc circonscrits par ks caracteres qui leur .< 98o ) sont assignes. Peut-etre etoitil inconvenable de separer les planorbes des helices ; car plusicurs helices approchent , par leur figure, de la forme discoide des planorbes, sans neanaioins quecette forme . a leur egard , soit suffisamment proiionc^e. Peut-etre encore , les genres ovule ( ovula ) e£ bulle [bulla) , auroient-ils du resier reunis , et devroit-on leur conserver le nom de hulla , doniie par Linnaeus, apres avoir corrige ce genre, et en avoir ecarte les bulimes et leswMrcx quil y avok rapportes. OBSERVATIONS Fuj. 7 Fi bitoicnt Ic nord dc I'Europe , pussent avoir unc N°. 30. Tome II. Nn voulu rcndre d'apres la description de DioscO- rides , ou qu'il a copiee sur un autre ouvragc. Les plantes figurees dtns ce manuscrit sont toujouTs accompagnees de Icnr nom arabe , ecrit avec )es caractcrcs de cctte languc, et de I'indi- cation ecrite en Icttres grecques oncialcs . commc le corps du manuscrit des maladies auxquclles la plante est propre. Le nom de la plante , dans Ic corps du tcxte , est trace en Icttres rouges. Ce manuscrit ne commence qu'au second livrc ; Ic premier a ete cntierement perdu. Les figures finis- sent au folio 141 ; et depuis ce folio jusqu'au der- nier 171 , il n'y a plus qu'unc figure placee sur la dernicre page. La reliure du manuscrit est an- tiquec , et porte le chiffre de Henri IL J'ai parcouru en enticr ce manuscrit, ct voici les plantcs que j'y ai reconnues. Ec/J^rtx'w , fol. 1 , verso paroit etre le ranunculus scelcratvs L. ; mais on lui a fait unc fleur rouge. J'ai remarque , en general , que les couleurs sont souvent appUquees d'une maniere contrairc a la nature ; cc qui prouve que le pcintre n'avoit pas sous les yeux la plante qu'il vouloit representer ; et que copiant sa figure sur une aiitrc, raalou point coloriee , il pla§oit les couleurs au hasard. Ap>5//9?» , fol. 2 , est manifcstement unc espece dc pavot ; les fcuillcs y sont peintes entiercs , (285) dcntecs , Ics peduncules sont hispides , et la fleur est rouge. AytLyA>^i{ , fol. 2 , tstVanagallis arvensis L. II y en 3 deux figures , Tune a fleurs rouges , Fautre a fleurs bleues. Kc^.y-dtMaiy KiuKo^ tviTioi i^itLv KAinTt. Cctte plante a la fleur en tete , sans etre etendue (l). On voit unc cspcce de gomme qui decoulc de la partie supe- rifurc par trois lignes regulieres et parallelcs ; les feuillcs rcsscmblent a cellesde Vasplenitim ceterach. L. Elles sont epineuses ; la racine est epaisse et fusiforme. Cette figure confirme que la plante de Tixoscoudcs tstV atractylis gummifera L. v. fol. ii. MiKiKcoloS , fol. 25 , v*^. est evidemmcnt le trifo^ Hum melilolus L. B«;^/!3y , fol. 54. On a figure auprcs la sagilLaria sagiui folia L. Ui^rA^vixivoy , fol. 74 , v". n'appartient nullement' au genre Lonicera, com me son nora devroit le faire penscr ; les feuilles sont sagittees. Mw/tar fo/iff , fol. go , v°. , pavot a fleurs rouges , capsule hispide , feuilles pinnecs. Notre rliocas a bien les feuilles pinnees , raais ses capsules sont glabres. MxKw , fol. gi , pavot glabre , polypctalc ; il. (i) Flos capitatus non oxpansus. ( 286 ) ressemLle parfaitcmcnt a notre pavot somnifere " papavcr somniferum L. Sa fleur est rouo-e. lAmmK^^A^nll,{o\. gS. C'est le chdidonium dau^ cium L. On n'y remarque cependant pas les sili- ques filiformes. Au recto dufol. 107, on voitsousle titre Mux.n7ay, plusieurs champignons , dont deux lamelles du genre agaricus ; les autres arrondis soMt des bolets ©u des lycoperdons. A*i^my, fol. 109 , v". C'est evidemment le san- pervwum arhorcum L. L'autre manuscrit de Dioscorides , conserve dans la bibliothequc nationale sous le n^, 21 83, n'est que du quinzieme siecle, II est bien moins ancien que le premier ; ct les figures en sont un pcu molns mauvaiscs , quoique les especes qu'elles representent ne soient pas pour cela fa- ciles a reconnoitre. Voici les observations que ce manuscrit m'a fournies. II est ecrit sur papier ; il a cent soixantc-ncuf feuillcs , et il est precede d'une table des chapitres. Les numeros des chapitres sont ecrits en 1 ettres rouges , ainsi que le nom despiaotes dansle corps du texte. Les figures sont en encreblcueouvcrte; la rehurc est antiquee etporte la salamandre et TF. dc Prangois 1"., ce qui prouve que quoique ce ma- ( *S7 ) nuscrit soit plus moderne , il avoit ete place plus anciennement que I'autre dans la bibliotheque des rois. Lcs petites figures sont peintes sur la marge du texte. Elles ne paroissent pas en general faites d'apres nature ; elles semblent au contraire copiees sur un autre livre. Les originaux etoient probable- ment sur un plus ancien manuscrit dc Diosco- rides ; peut-etre ces figures avoient-elles aussi etc faites pour un autre ©uvrage , d'ou le peintre les a copiees , en les appliquant aux descriptions qui leur cdnvcnoient. Quelqucfois ces figures sent a la marge sans nom indicatif , aupre» du chapitre qui traite dc la plante figuree. Quelqucfois ces figures sont ac- compagnees d'un nom indicatif, mais dont Tecri- lurc ct ridlomc sont differens. Ouelquefois aussi on trouve sur la marge des plantes qui ne sont point indiquces dans le texte ; ce qui confirmcroit la conjecture que I'ouvrage sur Icquel ces figures ont ete copiees , n'etoit point un manuscrit de iDioscorides. C'cst ainsi qae sous le titre de Oalanga , a la marge de la page 1 1 , chap, v , liv. i , intitule : ni§t if-ixvyJ'a.Myt thaiv j on a peint une plante de la famille des liiiacees , avec une lacine horieontale ( 288 ) ct tubereuse , unc tige chargee de feulllcs vers 1« milieu de sa panic inferieure ; les feuillcs lanceo- lees , un peu ramassees , avcc cinq feuilles termi- nales , disposees en dmbelles , et vacillantes. Au dessous on a ecrit en gothique Ic mot Galanca. A la marge du chapitre XLVii. m{ f'ol. i5, v^. intitule : TxA/i'b auv^^ia, , on a peint le nymphea lutea L. et on a ecrit dessous en gothique nenufar. A la marge du chapitre Lll k/S intitule : risj/ ffxsn^i , on a peint unc autre espece de nyjnphca , mais avec des fleurs blcues. Fol. 14. Les autres figures sontaccompagnecs d'un ncrn grec d'une ecriture plus recentc que celle du manuscrit , et d'une encre verte ou bleue. Ainsi , p. 33 , a la fin du liv. 1 , a la marge in- ferieure du dernier chapitre , ou il n'est nuUement question de Valkckcngi , on a peint grossieremeut , mais cependant de manicrc a pouvoir le recon- noitre, le physalis alkekengih.hc nom ecrit auprcs est kKt>f.cl.K'j.Qo7. Remarquons cependant que, sur la marge inferieure de la page suivante , une main plus recente que celle qui a trace le manuscrit, a ecrit caput de alktkengi , ct ce' chapitre com- mence ainsi : \htY.dKci.Goioi y-cLfiit S'ti^Kny , 01 xct/K?/ f^ri^r/ , 0/ Y.d.fi'it J'oftx.yuoy J oi y.c/.fint (pusAKti ^ at KO.iZ'Ji KCffJC/Zot On observe depuis le fol. SSjusqu'au fol. 46, dcs ( 289 ) dcs animaux cle tomes les classes , qui ne sont qu au simple trait , a 1 encre noire et sans couleur. Ce sont tous des animaux communs , tels que le chien , le lievre , le coq , le cheval , etc. Les autres sont indeterminables , et ne meritent pas qu on s"y arrete ; ce sont principalement quelques serpens et quelques insectes que Ton ne sauroit reconnoitre, - P. 53 r*^. , a la fin du chapitre TU fiaonx'^ , on a peint le sonchus arvensis L. reconnoissable a ses f'euilles roncinees. Au-dessous , le peintre lui- nieme , dont Tecriture est reconnoissable a I'encrc bleue dont il s'est servi , a trace t^o'^qs n (oxp » 7(^o;(^. . . les autres lettres manquent; elles ont ete coupies en reliant le volume. On trouve sur la meme page le chapitre Xii^t xofwo'^ro/afj et la marge est chargee de deux figures ; I'une est une crucifere a silique emarginee et a feuilles composees ; elle est intitulee KoeoyoTta : Tautre represcnte une espece de Lupinus, on lit dessous Ko^cvo'jM i(. Au dessous de la figure dune cucurbitacce , fol. 53 , \°. qui est evidemment le concombre , momordica elalnium L. on lit nsp/ /-oaojcwSos-^, et cctte figure n'apparticnt nuUcment a notre coloquintc, cucumis colocynthis L. On voit aussi aupres la figure dune citrouillc , avec ce mot ciicurbila , sans doutc N«. 2 0. Tome II. Go ( 290 ) par inattention, pour cucurhila, et au haut du fol. suivant , 541°. une autre citrouille a cote, avec le mot grec ttsttci'. A la page 55 , a la marge du chapitre Ui^i ciuKomC^, on a peint la figure d'un convolvulus t et on a ecrit dessous seulemcnt "S-ijaKcl^ , quoiqu'on lise dans letexte , rw'AaEjtJTrct/ctjjs- 0 nytfrioi hoCia,je\.c. P. 58 , yo. a la marge du chapitre Ui^i y.u>ia.?~.ci.ij.tn^ on a peint quatre figures difltcrentes. Les deux premieres sont absolument semblables et plus petites', et representent le cyclamen turopaum L. a. feuillcs et a fleurs eniieres et en coeur. La troi- sieme figure ne presente qu'une tige sans fleurs ; les feuilles ressemblent a celles de V antirrhinum asarina ; mais la racine est un bulbe lobe et so- lide. La quatricme figure est celle du cyclatnen , re- connoissable aux fleurs et a la racine , mais sans feuilles. Pag. 60 , r". a la marge du chapitre nsj/ctaipo/sA^, ou voit deux figures qui paroissent celles de 17te- merocallis Julva. L. Pag. 67 , a la marge du chapitre Ylift t» /w/'xpu Xivli,ccy.Ai\ioy7o( 3 on a peint une syngcncsiquc I ( sgi ) a feuUles entleres, dcntees et racinc epalsse , qui paroit etre Vatractylis gummifera. L. P. 85 , a la marge du cliapitre nsj/ ©yM/Z/Zof , on a peiiit Vasplenium scolopendriiim. L. P. go , v°. , on a pcint le riciii , et on a ecrit depuis : a^'^lav ikiku. Encore sur la page go , v*. a la marge du clia- pitre n£j< sfwOpocTgctcts , on a peint une etoilee qui paroit devoir etre rapportee a la ruhiatinctorum. L. Au fol. 104 , sous le titre nsj/ /^ctp/fa>55olo- (i) Ce ratiHioire n'a pas pour objet de falre connoitre' toutes les richesses cle LiUioiogie «ju*oii a lire de cett© ( 302 ) gistes Ont acquis des droits a la reconnoissance des snvar.s , par les descriptions detaiiiecs qu'ils nous oiu donnc de ccue dcrniere colline. Jc ne gais pouiquoi les naturulibtcs se sont si peu oc- cupes < e cellc de notre viile (i). Une bonne des- cription qn'on en auioit fait , auroit pu empc- cher certaincs errturs dans Icsquelics sont tom- collinc. Nous resenions cette maliere pour fiiire le sujet d'uu second meinoire. Le cabinet d'hiitoiie uatuielle do M. de la Tour-d'Aigue , qui renfernioit une collection assez iiiteressaiite des poijsons fossi'.es de cette coUine, nous faisoit esperer qiielque faci'ite pour ce travail. Mail I'incendi^ de son ch3.tcau do la Tour-J'Aigue , qui a re- duit en ccndre son cabinet d'l istoire naturelle , nous met dans I'impossibilite de continuer des observations qne nous n'avions fait que commencer. Nous ne connois- sons aucun autre natUraliste qui ait fait une seniblabla collection. Nous nous sommes bornes , dans ce memolre , a la des- cription des differentes couches qui dominent les couches du gypse exploite , et ii faire connoitre un fossile decou- ▼ert en 1789, peut-etre le plus grand qu'on ait trouve en France. (i) Le chevalier de la Manon , dans un memoire qu'il & fait inserer dans un j )urnal de physique, de i'aniiea 1780 , parle de cette colli ne ; mais ce n'est que d'un© hianiere tres-succincte. L'obj't de son memoire etoit moins d'en donner la description , que de faire connoitre ies ossemens calcareo-gvpseux , situes au bas de la Bieme colline. Aussi i*a-t-il plut6t iudiqucd que dccrite. ( 3u3 ) bes des savans naturaiisccs (i) clans ieur travail systematique surla formation dcs mbntagncs gyp- seuscs et calcaires. (i) M. de Biiffon, entr'aiitres , n'auroit pas avance , hist, des min. , vol. ii , pag. 67, edit. in-\% , « que » les masses ou coucLes de platre sunnoiitent geiierale- 3J ment les bancs calcaires, et n'en sont jamais burmon- 35 tes ; -n et vol. premier , pag. 822 , k dans toutss les y> picrres d'ancienne farmation , il y a toiijoiii's des co- y> qiiilles , au lieu qne dans celles de formation •axo'. 33 derne , il n'y a nnl vestige de co [iiiUe ; » et encore > vol. 11 y pag. 97, tc quelques Laut. s que soient les col- » lines a platre, il n'en est pas moins certain que toutes a> sontd'une formation plus noiivell (jiie celles des coliines » calcaires. » On verra ci-apr^s , 1°. que les bancs du tommet de notre coUine a platre , dont la pliipart ont plusieurs pieds d'ep aisseur , sont calcaires; d'ou resiiUe la faussete de cette assertion , qne le/t counhes de pl.itra ne sont jamais surrnont'f par dcs couches calc.nics z 1°. que pr( sque toutes les coucLes caicaire? qui snr- montent le platre, porti^ht des coquilles. Or , si'Ia pre- sence des coquilles d'''signe di'S pierres calcaires d'ancienne formation , les couches de platre qui sont sons ces cou- ches calcaires, seront aussi d'ancienne formation , puis- que les couches superieures n'ont pu etre formees qu'a- pres celles qu'elles recouvrent ; d'oii il faudra conclure qu'il existe des montagnes a platre d'anciennt! forma- tion , comme les montagnes calcairs, et que par con- sequent , toutes Irs montagnt s a platre ne sont pas plus IDoderuee que les luoutajgnes calcaires. { 3o4 ) Cctte coUine est situce au nord-oucbt de la ville d'Aix. Son sommet est entrc le chemin dc Puyricard et d Avignon. S^ hauteur est d en- viron centcinquante toises au-dessus du niveau dc la mer. Ouoique le penchant le plus rapide de cette coUine soit du cote du sud , cependant les cou- ches au moins de sa moitic superieure , sont in* clinees vers le nord , d'un angle de i5 a 20 degres environ. On ne peut douter que son sommet n'ait ete plus pres dc la ville (1). (1) II est siir que des pliiies abondantes ont enJeve une partie de la colline du cote du midi 5 un val- lon qui se trouve tres - pres du sommet , et qui la traverse du c6te du sxid, dans la direction du nord-est au sud-ouest , n'a ete siirenient qu'un ravin forme par le courant des eaux des pluies , pres du soniraet de la colline. Ce ravin n'a pu s'agrandir 'de maniere a former iin vallon , saiis occasionner I'eboultmcnt des terres superieures , et par consequent , du sommet de la coliinv'>. D'ailleurs , les coucKes de la colline , du c6te du sud , ont toujours I'inclinaison du sud au nord , elles se trou* vent du cote du sud , avec leur plus grande epaisseur , preuve certaine de I'enUvempnt des terres du c6te du sud ; parce que des couches formees par le dep6t des eaux y ne p^ uvent se terminer sur leurs bords , d'une maniere si abrupte ; et elles doivent. etre d'autant plus minces qu'elles sont plus pres de leurs bords. Nou ( 3o5) Nous avons iine preuve certaWie que les pluies ont emporte un terrein considerable de la colline du coie du sud ; c'est la terre qui recouvre le sol de I'ancicnne ville (i) , qui n est plus qu'un (i) On leconnoit le sol Ae I'ancieniie ville , par les mo- eai'ques qui subsistent encore , et cmi se troiivoient au rez-de-cl)aussee des maisons. Ces mosaiVjues sont , poi r la pliipart , tres-bien conscrvees, II. s'y en trouve de tres - interessantes , par leurs desseins et par les siijets qu'elles representent. Une fouille falte , il y a trois ant j ( en 1789 ), dans les champs du sieur Silvacanne , eu fit decouvrir plusieurs , dont trois fiKerent plus particiili( - rement I'atteiition du public. Elles etoient a c6te I'une Sept couches de terre crayeuse , dans laquelle se trouve vraisemblablement un peu de terre limoneuse , en tout en- viron 1 Ces couches ont I'apparence de glaisc dessecliee 5 elles sont presque blanches. Elles se dissolvent entierement dans les acides , avec efrervesccnce. Elles renferment ainsi que les couches superieures des cpquilles ou leurs em- preintes. On rencontre dans I'intervalle de ces couches des corps qui ont I'apparence d'un cerveau affaisse ou ecrase ; ils ont quelquefois jusqu'a 12 pieds de lon- gueur ; ils sont tres-minces sur leurs bords , et leur plus grande epaisseur est d'eiiviron six pouces ; ils sont for- mes par une pate extr^mement fine et tres-compacte d'un beau blanc. Leur forme externe et meme la structure interne represente quelquefois, et avtc assez de verite, des circonvolutipn^ d'ua cerveau. Je possede iin echan- { 3.2 t' assure qu'elles ne valoit rien pour fairc dc la. chaux , parce qu'ellcs sonc sujettes^T'decrcpuer , tillon dont la ressemblance avec Ir; cerveau est" a f.ilre il- lusion. Je le presentai a un me.dpcin de cttte ville qui a la reputation, d'un ties-grand anatomiste , il s'ecria en le voyant : Ah ! voili bien une partic du cerveau avec •on corps calleux. Un banc de pierre calcairc tris-dur, parseme pr^s de sa sutface iiiferieure , de beaiicoup de silex assez grands et applatis. lis sent tous a la meme Lautjur de la couclie 3 pi. C'est de cette coucLe qu'on tiroit la supcrbe piene de taille pour la construction du nouveau paiais. Sur le revers de la coUine du cflte du sud , dans une couclie a-peu-pres correspondante k celle-ci , on trouve des silex qui occupent toat>- I'epaissenr de la couche. lis contiennent des coq.iilles, comme lapartie de la cou- che non-changee en silex. Une couche de terie , crayo-limo- neuse 2-8 p. C'est dans cette couclie que se trouvoit le superbe fos- sile dont nous donnerons la descri; tion. A-peu-pres 14/ toises au-dessus du niveau de la mer. Plusieurs couches de pierres calcaires , la plupart separees par des couches d'une terre crayo-limonpuse , environ. . 4^ pi* De ces couches celles qui snnt superieures, commen- cent a avoir moins de c^qnilles que celles du haut de la coliine. Les couches inferieures n'eu ont presque plus ; quail d ( 3i3 ) quand clle sont cxpusces au feu, qualite qui leur vient peut-eire d'un sue siliceux, dont vraiscmbla- la plupart de ccs couches forment des bancs de deux a, trois pieds d'epaisseur. Ici se trouve I'eutree des platrieres qu'on voit a I'est du cheiiiin d'Avignon. En descendant de ces platrieres , on trouve : Quantite de couches pen epaisses d'une terra niarno-linioneiisa , on ptsut-etre cal- careo-limoneuse qui , pendant I'hiver , out I'apparence do glaise. Elles se dis- solvent avec effervescence dans les acides ; environ 23 pi. Dans une d"s platrieres ,.on appercoit, dans les fentes verticales de ces couches , des petits crystaux lenticu- laires de gypse enfunie. Une couche de pierre calcaire un pen linioneuse.' 2, pi. Melange de couches de pierre calcaire limoneuse et de t; rre feuilletee. . . . . 8 S Plusi-urs couches de terre feuilletee , ou de feuillete , ou de pierre feuilletee; environ ., . . 12, La terre feuilletee , la feuillete et la pierre feu;llet(^e , sont d'une menie nature calcareo-limoneuse. Les couches de la t^rre feuilletee sont sans consistance. La feuillete est forraee per des couches tres-minces , qui ont u:;u cer- taine consistance , mais qui se separent facilement : les couches de la pierre fi-uilletee sont plus fermes , et font corps les-iuves avec les auties. ,N°. 20. Teme IL Rr (314) ment dies sont penetrees. Cette raison nous paroit d'autant plus probable , que la plupart des Deux couches de pierre calcaire un peu limoneuse 2 pi. 'Feuillete 3 Trois couches deroches calcareo-gypso- limoneuses , melangees de crystaux gyp- seux en crete de coq I '8 Terra gypso-limoneuse , melangee de crystaux de gypse , en crete dc coq ... $ Feuillete dans laquelle on trouve des poissons (*) 5 Une couche de pierre calcar^o-limo- tieuse et gypseuse a Premier banc de gypse exploite , a i3i toises environ, au-dessus du niveau de la mer. II est forme par plusieurs couches peu epaisses , qui ont en tout. . 4 3 Plusieurs couches de pierre calcaire gypso-limoneuse, i 6 (=■=) Les ouvriers m'ont assuri que ce n'etoit que dans Is feuillete qui se trouve immediatemenr en dessus de cliaqut bano du gypse exploite qu'ou rencontre les poissons fossiles. Tous ceux dc ces carrieres qui appartenoient au genre des goujpns , et que nous avons eu occasion de voir , se trouvoient dans la feuillete. Cepeudaut un amateur m'a assure en avoir trouve un pres du sommet. Les autres aspeces de poissons dont nous avons vu cinq a six especes dans des cabinets , m'ont paru it trouver plus souvent dans la pierre feuilletec , qui est sept ahuit pieds en dessus du premier biiixc du gypse exploite. ( 5i5 ) bancs calcaires portent dcs silex , ou sont plus ou moins changes en couche siliceuse. C'est dans la fente d'une de ces couches que j'ai trouvi du gypse en filament. Couche de gypse j^rossier et terreux, me- lange de gypse crystalise en cretedecoq. i pi- 8 p. Plusieiirs couches de terre limoneuse <, peu calcaire , tres-enfumee , dans les- quelles se troiivent les plus grands cris- taux de gypse en crete de coq qui sclent dans la platriere , . i 8 C'est sur ces dernieres couches que se forme le sel de Titriol de Magnesie , dont nous ne tarderons pas de parler. Une couche gypseuse assez dure , par- semee de crystaux en crete de coq. . . 9 P« Deux couclies de feuilletes , melan- gees de crystaux en crete de coq , et une couche de pierre gypso-calcareo-limo- neuse entre ces deux couches a 7 Une couche de pierre calcareo-limo- neuse 9 Feuillete * . . . 3 Plusieurs couches peu epaisses de pierre calcareo - limonexise. 1 Feuillete dans laqnelle on trouve des poissons 6 Melange de couchpss gypseuses , et de couches de pierre calcareo-limoneuse . . 1 % Ri 2 (3i6) Dans renumeration des differentes couches qui recouvrent nos carrieres a platre , on a du remar- quer la troisicme couchc qui , dans loute son epaisseur , est changee par intervalle en silex. M, de Buffon , dans son premier volume des niineraux , edit, in-12 , p. 297 , suppose que les couches de silex ont ete deposecs par les eaux , dan'-lnuervalle des couches. Les observations que Deuxieme banc de gypse expluite, a 125 leases environ au-dessus du niveau de la nier , forme par ^)lusieurs coHcIies peu epaisses (*) , c^ui ont en tout .... 4pJ- 6 p. {'■'■'■) Nous Be suivons pas les couches inferieures .i ce second banc de gypse. Nons nous conter.terons de remarquer qu'elles sont d'une nature calcaiie , plus ou moins limoneuse , plus ou moins gypscuse. Une de ces couches inferieures qui a plusieuis picds de hauteur , est composee de pierres cal- caires roulees , et un autre lit inferieur :t celui-ci est forme par uu sable calcaire. C'est environ a vingt toises en dcssous du lecond banc de gypse exploite , qu'on trouve ce vocher dont a parle. M. Paul Lamanon , et dans lequel on rencontre des osseraens cakaires et des e'cailles de tortues dc mer. Plus bas , a-peu-pres au niveau du cours de la ville , a trois cents pas en- viron de la Luac de la Croix , et d cote du chemin qui conduit a Marseille , on voit un banc de. belles huitres a manches de violoh. Eiles sont fort bien conservees ; la plupart sont couvertes de glands de mer. La partie de ce banc , qui a etc mise .i de- rouvcrt pour faire le chemin de Marseille , a deux ou trois pieds d'epaJsseur , sur environ aoo pieds de longueur. L'incli- naisoa de ce banc est environ de 25 degres du sud au nord , commc ii-peu-pres les bancs supe'rieurs de la colline gypseuse. (3i7) nous avons eu occasion de fairc , ne nous onf jamais montre ccs couches siliceuscs , interpo- sees dans rintervallc des couches calcaires. Nous n'avons vu jamais qu'unc couche calcaire plus ou raoins changee en silex. II nous paroit plus vrai de dire que la matiere siliceuse nc fait sou- vent que penetrer les substances quelle change en silex , quand les couches calcaires de notre col- line , qui etoient chaHgees par intervallc en silex , contenoient des coquilles ; et dans ccUe qui etoit restee calcaiie , les memes coquilles se faisoient observer dans la partie de la couche qui etoit devenue siliceuse. Pourquoi d'ailicurs le iilex en couche ne se formeroit-il pas coinme les fos- siles devenus siliceux. La decomposition chi- raique du silex ne fait elle pas decouvrir une terre calcaire plus ou moins abondante ? Qu'on examine des silex depuis tres-long-temps exposes aux intemperies dc i'air , on les verra se decom- poser. Leurs surfaces paroitront se rapprocher d'autant plus d une pierre calcaire , qu'iis auront perdu une plus grandc quantite de liqueur sili- ceuse. lis n'auront plus ni la fracture, ni la ccu- leur, ni la cassurc du silei-i. U y a tout lieu de croirc que les silex en nia- mclons ne sont aussi formes que par la crave pe- netree de la liqueur siliceuse. Celle-ci vicnt-clle (5.S ) a rencontrer dans la craye un point propre a la retenir, elle s'y fixe; par la loi des affinites , elle attire a elle toute la liqueur qui se troUve dans le voisinage de ce point ; ainsi se trouve forme le noyau du silex. Mais ce noyau , pour se former, n a oceai.ionne aucun deplacement de la matiere crayeuse : la liqueur siliceuse n'a fait que la pene- trer et sc combiner avec elle, A une seconde epoque, une nouvelle dissolution siliceuse est survenue ; par la meme loi d'affinite , cette dissolution re- pandue dans la craie , a ete attiree par le noyau du silex ; clle s'est combinee avec la terrc cal- caire qui etoit autour de lui , et a produit ainsi avec clle la premiere couche siliceuse qui enve- loppe le noyau. Une troisieme , une quatrieme couche , etc. s'est formee de la meme maniere , toujours sans le deplacement de la terre crayeuse qui environnoit la couche siliceuse dernierement formee. Si les silex par couches conccntriques n'etoient formes que par la liqueur siliceuse, rendue so- lide par la perte de son eau. II faudroit supposer que le novau du silex , dans le commencement desa formation , restoit suspendu au milieu d'une partie chanibree de la craie : qu'ensuite , a des epoques diverges , la liqueur siliceuse a rempli plus ou raoins les chambres que les molecules ■ ( Si9 ) siliceuses , par la perte de Teau qui les tenoit en dissolution , en sc fixant centre le noyau ou centre les couches concentriques precedcmment formees , ont forme, a cliaque epoquc, une nou- velle couche ; il faut supposer qu'a toutcs ces epo- ques , et memc a celle de la formation de la coucl]jc la plus externe le silex, restoit suspendu dans la cavite de la craie ou il etoit renferme ; car si on supposoit qu'il reposoit sur la partie inferieure de la charabre , il seroit impossible que les couches de la partie inferieure du silex fussent aussi epaisses que sur ses cotes ou vers son som- met, parce que son poids auroit du s'opposer a cc que des nouvelles molecules pusseat introduire entrc lui et la craie sur laquelle il reposoit. Or, quelle est la pcrsonne la raoins versce dans Ips connoissanccs physiques , qui ne voit pas Tabsur- dite de cette suspension du noyau ct du silex lui- meme, dans la cavite dela craie ou on supposeroit qu'il s'est forme. Certaineraent la cause de la formation des geodes est la meme que celle des silex , puisqu a leur cavite prcs , leur nature et la disjjosition de leurs couches sont les memes ; ainsi en indiquant la cause de la production des geodes , on indi- quera celle du silex. Or , il nous paroit impos- sible de concevoir la formation des ^eodes , i ( 520 } moins qu'on ne suppose que la liqueur siliceuse n'a fait que se fixer et se comluiier k diflercntcs cpoques , avec la craie ou avec la terre calcaire , qui etoit la plus voisine dn crcux , qui a ensuite forme la chambre dc la geode ; de telle maniere , que la plus anciennc couche est celle qui est la plus pres du centre. Pour qu'une dissolution siliccusepulsseelleseulc former les couches d'une geode , il faut faire necessaireraent une de ces deux svippositions , cu dire que la chambre de cette geode avant la for- mation des couches , a ete rcmplie dune liqueur siliceuse tres-rapprochee , qui a ensuite de- pose centre les parois la maiierc du silex , ou blen supposer que la matiere siliceuse , en ptnetrant dans la geode a difFerentes epoques , y est devenue aussitot solide. II est facile de- prouver que ces deux hypotheses repugnent a la formation de la geode. Dans la premiere , qui suppose la chambre de la gecde remplie fi'une dissolution siliceuse , il faudroit admet- trc , 1°. que cette dissolution qu'on suppose in- finiment rapprochce , contienne asscz de parties tolides pour former les difterentes couches de la geode ; 2°. qu'il a pu se former differentes couches ;ce qui est inadmissible, parce que nuUe caus- P1.40 ''osc •.lei. Jh'/ia/;/ t/r/i' BuiQ^ros. { SS6 ) Ics points B. C. jusqu'aux bords de la base A. S. , on voit qu'il dcvient d'autant plus mince qu'il est pres dc ses bords. F. (fig. 3.) representc sa coupe transversale en B. C. (fig. i. ) EUe rcS' semble a deux elypses adherentes par I'un dc Icurs sommets : Tune a environ onze pouces ct demi dans sa longueur et deux pouces dans sa plus grande largeur ; I'autre a environ douzc pouces et demi de longueur sur vingt-sept lignes dans sa plus grande largeur. En F. ( tou- jours fig. 3. ) le fossile n'a guere que 4 — 5 lig. d'epaisseur. T. ( fig. 4. ) est sa coupe transver- sale au point M. (fig. 1'".); ses dimensions sont a peu pres Ics memes que cellcs de la dernicre elypse que nous venons dc decrire. L'elypse V. ( fig. 5.) represcnte la coupe transversale au point C. (fig. i*'^. ) ; elle a environ cinq pouces et quelques lignes dc longueur sur un pouce et J quelques lignes de largeur. Tous les vaisseauK de ce fossile sont parfaite- ment conserves. Unc raatiere crayeuse et tres- blanche a remplace la substance qui composoit les vaisseaux externes, en conservant entierement leurs formes. Elle se laisse facilement cntamcr en la gratant avec Tonglc ; elle happc la langue, et elle fait effervescence avec les acides. Mouillec, cUe donnc unc odcur qui est un peu argilleuse. La (337 ) La forme des valsseaux n'est pas en tous la m^n^c ; les uns sont parfaitement cylindriques (i) ; les autres sont presquc lamclleux ; d autres d'une forme reguliere , se rapprochent plus ou moins de la figure triangulaire ; lous , ou presquc tous, paroisscnt avoir ete fistuleux ; a I'exception. d'un petit n ombre de vaisseaux extenics , ils sont rem- plis par la substance soit calcaire , soit siliceuse qui les environnc. Leur longueur est parallele a celle du fossile , qu'ils parcourent non sans for- mer plusieurs sinuosites dans tous les sens. lis sont en tres-grand nombre un peu comprinies , et d'une maniere parallele a la forme applatie du fossile. Nous avons dit que les vaisseaux externes ctoient calcaircs ; tous ceux qui ne sont eloignes de la circonference que de quatre a six lignes , le sont aiissi: mais ils sont cnvironnes etremplis par unc substance siliceuse , noiritre ; ils font encore eflcrvescence avec les acides j leur couleur est aussi blanche que celle des vaisseaux exter- nes. Les vaisseaux du centre sont entierement changes en silcx ; mais la substance siiiceuse dont ils sont reraplis , environnes et penetres , est d'une couleur bcaucoup moins obscure que (l) lis ont quelquefois jusqii'a - lig. de diam«tie. N". 2 1. TomelL " V v ( 358 ) celle qui est un pcu eloignee de la circonfe- rence. La cassure du centre du fossile n'cst pas aussi vitreusc. On distingue tres - bien les vaisseaux du centre par la difference de leur couleur, qui est ordinairement plus obscure que celle de la substance dont ils sont environncs et rempiis ; c'est le contraire dans les vaisseaux plus pros de la circonfercnce. An reste , la ma- licre siliccuse , soit du centre du fossile, soit de la circonferencc , etincelle par le choc du briquet comme peurroit le fairc le meillcur silex. Ou'est-ce que cc fossile ? a quel regne dc la nature appartient-il ? A en jugei- par lc$ appa- ] rences , on est porte a croire que c'est ici une partie osseuse de la charpcnte de quelques-uns dc ces colosses de la nature qui habitent les mers eloignees de nosclimats. On croit voir un os dcs cotes avec sea apophyses ct leur courbure , ou pcut-etre encore un des os de la machoire, Le de- faut de couches conccntriques et de productions medullaires semble Tcxclure du regne vegetal. C'etoit la notrc premiere opinion : mais un baton de cote ou petiole de palmier, dont nous faisons usage dans nos courses, nous a presente une f 559 ) organisation si semblable . qu'il nous paroit im- possible dc nier que notre fossile n'aic appartcnu a. la famille des palmiers. Nous avons observe la raemc organisation dans lesjoncs du commerce, qu'on sait appartenir a un genre de la famille des palmiers , appcUe rotang calamus. 1°. II est bien sur que cc fossile n'appartient pas au regne animal , parce que dans les animaux Ics OS qui sont prives d'un canal medullaire , comme ceux des cotes , des machoires , etc. sont com- poses dun tissu reticulaire qui est absolument nul dans notre fossile. 2". Parmi les vegg^taux, il n'y a que la dasse des monocotyledones qui renferrae des plantcs ligneuses , dont les tiges et les rameaux soient prives d'un canal medullaire, ct dont les fibres tn. meme - temps ne soient pas disposes par couches concentriques (1). Parmi ceux-ci nous ne connoissons que le palmier , dont la tigc (1) La plupart dps plantes de la famille des gra- minees , telle c|ue la canne a sucrej de celle des liliacees ^ tels que les aloes ligneux 5 de celle des soucliets , telle* qu'un grand nombre des especes des genres du scirpus et du cypcrus n'ont aiicun canal medullaire, et leurs fibres ligneuses ne sont pas disposees par couches con^ centriques. Vv 3 f 340 ) ou le tronc devienne d^une dimension assez grande pour avoir pu Former notre fossilc. Nous dcvons repondrc a une objection qui- pDurroit sc presenter a quelqucs uns de nos lec- teurs.-Le tvonc des arbres des palmicrs Wa jamais au-dela dun pied de diametre. Tous les voya- geurs qui ont donne la description dc quel- ques-uns de ccs arbres, s'accordent toys 'en cc point. Comment notrc fossiie pourroit-il apparte- nir a quelqu'un d'ewtr'6^; puisqu'il^ a a sa base deux pieds de diametreT Onjjnf^. pep«f pa's dire que cette grande largcur duJussVg'^i^ sa'base^soi^ pioduite par un commencement de bifurcation du tronc pour former des racines. On sait que les racincs du palmier sont chevclues : comment concilicr cette grande dimension de la base dti fossiie avec celle des palmicrs ? En decrivant la forme de notrc fossiie , nous avons observe qu'elle etoit applatic ; il s'agit de savoir s'il ne doit pas son applatissemcnt a une forte compression , ct si , par rcfiet de cette com- pression , il n'a pas pu gagner en largeur ce quil pcrdoit dans son epaisseur , de maniere a pou- yoir acquerir deujf pieds de largcur. II est bien , -^ sur qu'il doit sa forme applatie au poids enorme qu'il portoit quand 'il etojt renlerme dans les ,1 pouches dc la colline ; i°. parce que sa positioi*' ( S41 ) etoit parallele a son applatissement ; 2*. parce que I3 forme applatic de cbaque vaisseau est parallele au metne applatissemenfe; 3°. parce que certains vaisseaux , quoique cylindriques dans I'origine , paroissent lamelleux ; 4°. parce que la plupan de ces vaisseaux cylindriques ont tellement soufFert par la compression qu'ils ont essuyee , qu'ils paroissent fcndus et brises dans leur longueur en deux ou en trois parties , de maniere qu'clles se touchent par leur surface in- terne. Actuelleincnt si on suppose que la force cem- primante se soit fait sentir principalemcnt sur la partie qui forme la fosse F. du fossile , fig. i'^'^, Teffet naturel de cette compression aura ete d'e- car'ter Ics fibres , qui auront cede d'autant plus facilcment, qu'avec plus de tenacite, elles avoient en meme-temps plus de souplesse , et que d'ail- leurs elles etoient environnees par une subs- tance comme spongieuse, qui n'a pu ofFrir qu'una foible resistance. Dans cctte position , si on evalue la solidite de la base de notre fossile , on verra facilement qu'elle est beaucoup moindrc que celle dun tronc qui auroit un pied dc dia- jnetre. On trouve quelques beaux palmiers dattier dans la partie la plus meridionale de la Pro- { H^ ) vcnce , a quhizc ou vingt lieues dc distance dc notre colline. Le petit nombre de naturalistes qui pensent qu'en general les fossiles ont leur ana- logue vivant dans les memes climats , oii on les trouve , croiront trouver ici un fait qui prouve en faveur de leur ©pinion ; mais , i°. lien nc prouve que notrc fossile soit le tronc d'un pal- mier dattier, la seulc espece qu'on rencontre dans notre province ; 2°. quand memc il scroit une depouille de cct arbre , on ne pourroit en rien conclure, parce qu'il habite plus commune- ment des climats tres-eloignes de celui de la Pro- vence ; 3°. tous les fossiles qu'on trouve dans notre colline de gypse , et dont on connoit les analogues vivans , sont tous tres - etrangers a notre climat. Le palmier dont est forme notrc fossile ne peut done etre indigene. Nous avons remis a M. Daubenton un echan- tillon de ce fossile pour le Musaum d'histoire naturelle. ( 345) SUR LE FRAISIER DE VERSAILLES. Fragaria vulgaris monopliylla. Diet. 2. p. 532 ," n\ 6 , pi. 41. Par Antoine-Nicolas Duchesne, de Versailles. Octobre 179s. La nouvclle existence de ce fraisier fut pu- bliee dans XHistoire naturelle dcs fraisiers , que je fis imprimcr en 1766. 11 etoit ne , en 1761, des graines de fraisiers de bois , semees a Ver- sailles , dans un petit jardin oii mon pere me faisoit faire alors diverses experiences. Je Ty avois deja multiplie avec autant de rapidite que je I'ai pu. Mon cher maure en botanique , Bernard de Jussieu , m avoit donne confiance de faire hommagc de cette nouveaute a un grand raturaliste ; et eii demandant a Haller et a Monti des nouvcUes des fraisiers indiques par cux , je leur avois aussi communique le mien, qui avoit egalement ete envoye vivant en An- gleterre et en Hollande. II en existc plusicurs figures ; entr'autres unc peinte d'aprcs nature , par mademoiselle Busse- ( 544) poitc , pour le cabinet des estampcs, et une autre par notrc ami Prevot , emmene depuis aux extre- mites du monde, par linfortune _ou le malheu- jeux Lapcvrouse , dont le sort nous tient encore en echec ; eijefis des4ors des etudes raultipliees de cette race naissante prise dans tous ses etats , lesquelles font partie de ma collection de dessins. Mais on ne connoit pas de figures gravees du fraisier a feuilles simples: celle-cipourra intercsser en rappcllant Tattention des naturalistes sur un fait qui doit avoir des consequences plus impor- tantes qu'il ne semble d'abord. Je ne rappellerai qu'en deux mots la description de ce fraisier, qui se trouve et dans THistoire naturcUe et dans I'Encyclopedie metbodique, II est en tout plus foible que le fraisier com- mun : il ta|le moins , et son feuillage est moins abondant. Ses feuilles, bors un petit nombre, sont parfaitemcnt simples , comme le sontles deux ou trois premieres feuilles des plants eleves de graine, ct comme le sont aussi frequeminent les feuilles sommaires et meme quelques radicales. Dans Ic nombre des feuilles non-simples, il s'en trouve plus de divisees irregulieremcnt en deux, que rcgu- lierement en trois; et d'autres , au contraire ,sont pavoisees, comme si dans cctte plantc le limbedc la ( 545 ) la feuille etoit de plus en plus dispose a sc grefFer en approche el a se confondre. De la maigreur de la toufFe resulte probable- raent la perpendicularite des tiges ; et ce qui semble la contrc-balancer , c'est la grandc luxu- riance du calice , sur-tout dans ses divisions ex- ternes. Lqs fruits sont en general mediocrcs en grosseur, et leurs graines memcs sontpetites. Ce fraisier s'est reproduit de graine en deux generations successives , mais en remontant tou- jours plus ou moins a la forme primitive. II se trouvoit du quart au tiers des individus qui rc- prenoient des feuillcs ternes, et quelques-uncs cependant conscrvoient les calices luxurians. Est-ce unc espece ou une simple variete? Nc tonvicnt-ilpas plutot d'etablir dans les vegetaux Gorame dans les animaux , des races interme- diaircs entre les especes et les varietes? Voila ce que , jeune elevc , j'osois proposer a mes maitres. ' Je ne vois pas qu'aujourd'hui I'epineuse ques- ticm dela Constance des especes soit a beaucoup pres d'etre tesolue. En effet, sur Texpose sincere qucje viens de donner, les naturalistcs exacts vont decider mon fraisier une simple variete : j'avouerai meme , s'ils le veulent , que ce n'est N". 21. Tome II. X x (346 ) qu'une variete dcfectucuse. . . . Pourquoi done le legislateur de I'histoirc naturelle, I'autcur du Fhilosophia botanica, en a-t-il fait avidement unc especc? N'cst- ce pas precisement par trop de confiancc dans les loix d'apres lesquclles des feuilles simples, au lieu d'etre palinees , four- nisscnt une difference specifique ? en voyant cc fraisier resscmbler en tout a sa race primitive; en se rappellant sa naissancc connue et datec , on se sent fortement pousse a lui refuser le rang d'especc. Mais qu'aurions-nous juge , si cumulant d'auires accidcns , que jc suppose n'avoir pas etc plus connus alors , tel qu'eut pu etrc celui des courans trcs- courts de fraisier-buisson , ( Fragaria cfflagellis), et la separation de parties sexuelles dans un fraisier apporte de terres nouvcUementdecou- vertes , cut encore presente de ces differences dues aux localites , et auxquellcs nos sens nous forccnt de faire attention , quoique des descrip- tcurs methodistes soient embarrasses sur la ma- nierc d'en tenir comptc; si, dis-je,en oubliant Texistence du fraisier ecarlate , du caperon , du fraisier-buisson et du fraisier de Versailles , on nous eut apporte de Taiti un fraisier dio'iquc , a courans courts et presquc nuls , a feuilles simples, lisses , glauqucs, d'une substance co- riace, qui de nous, qui d'cntre les naturaiistcs (347) Ics plus scrupuleux eut meme balance a le de- clarer especc primordial era en t distincte du frai- sierd'Europe, a feuilles blondes , velues , plissees , palmecs a tiois divisions , a longs courans ct a. fleuTS hermaphrodites ? Les grnres seroient-ils done , suivant la force merae du moi , les seals types originaires de generation ? et faut-il , en leur reservant le privi- lege de rimmutabilite , ne voir dans I'excessive profusion des especes dont la. terre est couverte , ou du moins dans la plupart d'entr'elles , que des changeraens d'especes ou d'apparences d'etres essentiellcment analogues? SUR QUATRE ESPECES D'HELICES; ParleC. Lamarck. Le gtnre helice {helix) est un des plus nom- breux en especes que presente I'ordre des vers testaces. Linne, dans la derniere edition de son Systema natures, imprime a Vicnne , en 1767, en mentionne soixante especes; et J. F. Gmelin , dans Tedition du mcme ouvrage qu'il vicnt dc X X 3 ( S48 ) publier , en offrc deux cent cinquantehuit. A la verite , outre ce qui peut apparteniraux doubles emplois qui sont trop frequcns dans cet ouvrage, il faut ejicorc retrancher de ce nombrc tous les bulimes que Linne avoit disperses entre les es- peccs de son genre helix et ccUes dc son genre bulla. Malgre ces rctranchcmcns , on vcrra que les veritables cspeces du genre helice qu'on "a pmbliees , n'en sont pas moins tres-nom- breuses ; ct cependant je vols par les collections que j'ai eonsultecs , ct par la miennc propre , qu'il y en a encore un assez grand nombre qui ont echappe aux helmintologistes : aussi }e mc pro- pose dc donner successivement la description de celles qui me paroitront , soit cntierement nouvelles , soit mat oli ttdp imparfaitement con- nucs. En voici d'abord quatre cspeces que je crois dans ce cas , que je nomme et determine de la manierc suivante. 1. Helice personnee. 1. Helix personata. PI. 42, fig. 1. Tab. 42, fig. 1. H. a coq. pre&qu'om- H. Testa iuhumhili- biliquec , appbtie en- catasubluidepressa; aper- dessous ; bouche res^ iura coarctata trigona ( 3-i9 ) jcrree, trigone , a trois tridcntata alio - margl- dents , a rcbords blancs. uata. An H. iiognoviosiomos , Gmel. n". i58. ^Patrie.... Habitat C'est une coquille tcrrestre , petite, ayant a peine cinq lignes de diametre , d'une couleur fauve pale , con vexe en-dcssus, un peu applatie cn-dessous , ct n'ayant que quatre tours de spire, dont le dernier, qui est le plus grand, est presque cylindrique. Cette coquille paroit lisse ; mais avec la loupe on voit sa superficie parsemee de points presqu'imperceptibles , ainsi que de sirics transverses extremcment petites. Sa beuche est transverse, oblongue, comme bilabiee , resserrec , irreguliere, cntouree d'un rcbord blanc , ct munic de trois dents , dont deux plus petites tiennent a la levre superieurc , et la troisiemc , plus grande ct oblique , cons- tituc la levre infericure de cette ouverture. 2. Hdice trigonophore. 2. Helix trigonophora. PI. 4? , fig. 2. Tab. 42 , fig. 2. H. a coq. ombili- H. Testa umbiiicata , quee , discoidc , plane depressa , subltts plana , ( 35o ) en ' dcssous , fincmcnt transvenim subtilissime siriec transv'. , bouche striata ; apertura trian- triangulaire. gulari. Gualt. test. t. 3,/. R. Patrie , I'Europc , sur Habitat tcrrestris in la icrrc. Europa. Cette coquillc est discoi'de, et peut etre rap- portee au genre planorbe , etabli par le citoyen Bruguiere. Elle est tres-remarquablc par sa bouche rcgulierc , trigone, etdontlcs angles sent arron- dis. L'individu que je decris a a peine six lignes de diametre. C'est une coquille grisatrc, legere- mcnt fauve en-dessous , ou elle est tout a fait applatie, ombiliquee cn-dessus,et ayant cinq tours de spire, dont le dernier ou I'exterieur est presque eylindrique. Elle est finemcnt striee trans- versalement. Sa bouche est exactement triangu- laire, a angles arrondis , sans aucune dent , et garnie d un petit rebord blancbatre. C'est peut- etre VHelix obvoluta de Mullcr. Hiit. vcnn. 2 , p. 27. Helice maron, Helix hippocastanum. PI. 42 , fig. 3. Tab. 42 , fig. 3. H. a coq. impcrforee, H. testa imperforata , ( 35i ) arrondie , a stries croi- rotundata , striis obsoletis sees et peu apparentes ; decussate ; apcrtura irans- bouche transverse ; levre versa : labro sub quadri- sup. presqu'a quatrc dmtato. dents. Patric... Habitat an helix punctata. Born. Mus.t.l^, f. 17 , 18. * Elle varie a levre '"' Variat labro sup. sup. a plus de six dents, sexdentato, Elle est de la couleur et prcsque de la grosseur d'un petit marron. Son diametre est d'environ un pouce. Cette coquille est arrondie , n'cst nullc- mcnt perforce, et a cinq tours de spire, dont Textcricur ou le plus grand est marque dans son milieu d'une raie blanche et etroitc. Les tours de spire ne sont pas sensiblcment cariues ; leur su- perficie est obscurement reticuiee par des stries obliques ct qui se croiscnt. La bouche est trans- verse , irreguliere, comme bilabiee. Elle a sa levre superieure garnic en son bord interne de quatrc dents, dont deux sont plus grandcs. Dans la variete "' que j'ai citee , la levre superieure a, six ct prcsque sept dents, dont deux encore sont plus grandes que les autres. La levre inferieure (552 ) est formee par unc grossc dent oblique, cpaisse et blanchatre. Cette helice a de tres- grands rapports avec Vhelix punctata dc M. de Born, mais jc ne la vois pas ponctuee , ni subimperforee, ni subca- rinee , ni enfin a levrc supericure a trois dents ; ce qui m'a fait regardcr celle que je viens de decrirc comme difFercnte. Helice labyrinthc. PI. 42 , fig. 4. Helix lahyrinthus. Tab. 42, fig. 4. H. a coq. ombili- H. "Testa tmhilicata quee , carinee , un peu cariiiata subdepressa ; applatie ; bouche trans- apertura tramvcrsali si- versale , sinueuse , a nuosa tridentata margi- trois dents , marginee. nata. Patrie. Habitat. Cette coquille ressemble beaucoup , par sa grandeur , sa couleur et son aspect a I helix cara- calla de Linne ; mais elle est ombiliquee , et sa bouche sur-tout Ten distingue d'une maniere bien lemarquable. Elle est orbiculaire , presque dis- coide comme les planorbes, carinee, ombiliquee, legerement convexe en-dcssus et en-dessous, et a environ ( 555 ) environ dix-huit lignes de diametre. Ellc eJt brunc' ou dun roux brun , prcsquc Usse en sa superficie, obliquement ct obscurement striee, ct a. cinq pouces dc spire. Sa bouche est transver- sale; oblongue , irregulierc , sinueuse, circonscrite par un rcbord blanc. "Elle presente trois dents blanchatres, dont I'inferieurc est la plus grande et decurrente sur Ic disque dc la coquille. Les deux dents supericures forment sous le rebord de la levre supericura deux excavations qui y,fe- pondent. Je presume que cctte coquille est origi- naire de Tlnde. Elle constitue unc espece bien tranchee par ses caracteres , et qui me paroittout a. fait nouvelle, c'est-a-dire , qui n'a cte decrite, ni figuree par aucun naturaliste. N°. 21. Tome I J. Y r DISSERTATION SUR CETTE Q,UESTION: Pourquoi les vegetaux sotit 'en general plus ou mains ^eius , "plvs au rnoins charges de piquans , suivant la nature dii climat ou du sol quils hahitent (i). Il n'e«t pas de botahiste , quelque nouveau qu'il soit dans 4a cdnnoissance dcs vegetaux, qui n'ait observe dans ses courses, que les memes plarites ne sont pas par-tout egalement vclues ; que cellcs qui viennent sur les coteaux ct sur les montagnes, celles qui sont le plus exposecs au soleil , sont en general plus couvertes de poils que dans la plainc ou dans des lieux ombrages ; que par la culture, plusieurs d'entr'cUss perdent leur duvet, ct qu'en g€i>eral clles-som plus ou moins velues; suivant la secheresse du sol, et sur -tout suivant leur exposition aux rayons du soleil. Voila sans doute pourquoi c est dans les pays (i) On peut consulter sur ce meme sujet uivMemoire insure dans ce volume, page lOi , ou la question de I'in- iluence du climat est traitee d'une mani^re plus generale. ( Note des Editeurs. J ( 355 ) chauds qu'oa rei;x?aoirc leplus souvent d,^? pJan- tcs remarquabks pail leur grande ct belle villq- site. Un grand nombre de vegetaux du Levant, decrits par Tcurnefort , attirept ratten tioij du botaniste par leurs pyils vigoureux et tQuiFu$. La plupart des plantes decouvcrtes en Afrique , psn Desfontaines , sont ti;es - couvertes de duyc^; il en est de memc des vegetaux du Cap : roais il est a rcmarqucr que la plupart dc ccs plantes pcrdcnt plus ou moins de Icurs polls quand elles sont transporiees dans nos climats. La ccntaurea fcrox , de Desfontaines , venue de scmcncc , au jardin des Plantes , a perdu une partie de sa foururc , meme des la premiere generation. EUc y a pris unc teinte vcrdStrc , qu'cUe n'avoit pas dans son pays natal , a cause de Tabondance du duvet (i) quelle a perdu en partie. (i) De cette faculte tl^ns les vegetaux de se cquvrir (^e polls ou de les perdre suWant la nature du climat , quol- qucs botanistes en ont conclu trop gin^ralement y que les poils etoient deg parties accidcntelles des plantes. Cette proposition nc peut et ne doit s'entendrs que d^s Tcgetaux qui deviennent glabres ou Telus , suirant 1* pature du sol ou du climat. Car il y a des plantes telles qu'un grand nombre de ffio//tvzcf (Terbascum), i^abutilon ( sida ) , de guimauves ( althea ) , des morelles en arbre ( solanuin) , etc., chez lesquels les poils paroissent ausii . Yy« ( 556 /) 11 en est dc memc des aiguillons ct des epints dcs arbrcs. C'cst dans les lieux sees ct fortemcnt exposes aux rayons da soleil qu'ils paroissent le plus armes de piquans : ils peuvent se depouiller de leurs aiguillons dans Ics lieux ombrages et pcu abondans en sues nourriciers ; landis que leurs epines disparoissent au contraire dans les terrcins gras et bien culiives. ?•■'■■■ Par le court expose que nous vcnons de faire , on voit que'lcs plantes velues ou armees de pi- quans , Ic sent d'autant plus que la secheresse du sol dans lequel clles croissent est combincc avec Taction des rayons solaires. Comment la secheresse du sol combinee avec Taction dela lumiere concourt-elle a la formation peu accidentels que leurs feuilles 5 puisque dans tous les sites , dans tous les climats, elles paroissenttoujours tres - v«lues. La plupart des gnafales ( gnaphalium ) , \&s filages ( filago ), pour se plaire dans les sols mare- cageux ou tres-humides , n'en sont pas moins velus ; tandis que presque toutes les plantes grasses qui aiment les sites tres-secs et le plus souvent tres-exposes aux rayons du soleil sont constamment glabres. La presence des poils dans les premieres plantes que nous venons de citer , comme leurs defauts dans ces dernieres , ne doivent done pas etre regardes comme des accidens de la ve- • getation. ( 357 ) des poils et des piquans des plantes? c'cst cc que nous discuterons dans deux articles. Nousparle- rons dans le premier de la cause de la formation des poils. Dans le second, de ccUc des piquans. Article premier. De la cause de la formation des poils des vegdtaux (i). Quand on considere tous les effets de la lu- tniere sur I'oeuvre de la vegetation , et qu'en meme temps on observe qu'en general les plantes sont d'autant plus velues , qu'elles sont plus ex- posees a I'activite de la lumiere , on est tente de croire que Tactivite des rayons solaires , en favori- sant Faction et la vie de leurs organes, leur fait puiser , soit dans le terrein ou elks vegetent, soit dans les rayons de lumiere qu'elles regoivent abon- damment , et qui se combinent avec leurs sues; une surabondance de molecules nutritives ; que les molecules trop nombreuses pour se loger toutes dans les mailles qui forment les rezeaux des fibres, sont forcecs de se porter vers I'epiderme ; que la, (i) NoUs ne parlons dans cet article que des vegetaux chea lesqnels les poils paroxssent des accidens de la re- getation. ( 358 ) dies y developpent dcs poils , d'autant plusnanj- breux , que leur surabondance est plus grande. Mais cette surabondance de molecules de la seve, outre quelle avoit besoin d'etre prouvec ,cst opposee aux observations que nous presentent les plantes qui deviennent vclues par accident. Si les poils sent formes par les molecules su- rabondantes des vegetaux , ilen resulte necessairc- ruent , i". que les plantes les plus velues devront cue les plus vigoureuses ; 2'*. que les poils dcs plantes devront etre formes dansle temps qu'elles ontle plus de vigueur ; 3". que les terreins les plus gras et les plus abondans en molecules , Tcxpo- sUion etant supposee la memc , seront eeux qui produiront le plus de plantes velues ; ce qui nous Cat demontre faux par I'experience. En effet , 1°. dans nos climats; les plantes les plus velues sent souvent celles qui sont les raoins vigoureuses ; celles des hautes montagnes et des lieux sees portent le plus souvent les caracteres les moins equivoques de Icur peu de vigueur, leur stature y est basse , tres souvent rampante (1) , (1) Les grands arbres, sur les hautes montagnes , n« forment quclquefois que des arbusies rarapans. Tel est celui dont nous aliens faire mention. Des botanistes, j)ain;i lesqutls »e troHvoicnt plusieurs savans de cettc ( 359 ') leut fofme rabouwrle-; toutesleurs parties y acquie- i^rtt an moindre developpement , leurs feuilles y sonft'tnoins grandes; leurs raraeaux moins nom- breux ; tout en un mot ecarte Tidee dune sura- bondance de molecules ; a", les poiis des arbres a bourgeons ecailleux sont formes pendant la pro- duction des bourgeons , puisqu'ils recouvrent chacune des .parties cachees dans le bourgeon: or nous avons demontre , dans notre traite des bourgeons ecailleux , qu'une seve abondante ou trop vi^oureuse s'qpposoit a leur formation ; 5<*. loin qu'e les plan tes soient ,plus couvertes de duvet dans les terreins abondans en engrais , et bien cultives , nous avons remarque plus haut qu'ordinairement elles y devenoient glabres, quel- capitale ^ ayant etc faire une heiboiisation sur le Mont-d'Or , •!! Auveijgne , y trouverent un tres-joll petit saule. Sa tige et ses ranieaux rampans , ses feuilles jJetites et d'un soyeux tres-agreable , quelques autrcs Citaictetea dins son port , U firent regaider comme une ^SJJece inCOnnu*. On fut empresse d'en emporter plu- sieurs pieds. II ri'ectiappa que celui qui fut eultive dans le jilrdin de liemonnier. L'annee d'apres, nos bota- uiStesfu rent empresses 'd'aller Visiter leur int^ressant* decouverte ; qti6l ne fut pas leur ttonnement quand au Iteu de cat afbuste charmant , ils li'y virent plus que la sAule "marceau qui avoit deja pris plusieurs pieds d'accroiss«ment. (36o) qu'expose que soil le sol aux rayons du solcil , pourvu que le terrein ne soit pas trop sec , tel que celui de nos jardins (i). II nous paroit bien de- montre que les polls n'ont pas pour cause la. surabondance des molecules de la seve. Pour connoitrc la cause de I'etat glabre ou velu des vegetaux, nous avons etudie les plantes cons- tamraent glabres , et celles qui sent toujours chargees de poils. Nous nous sommes appliques a (j) Nous aurions pu ajouter pour prouver que les poils ne doivent pas leur naissance a la surabondance de la, spre ^ que si quelques plantes presentent les caracteres d'une seTe surabondanle , ce sont sans doute celles qui sont a fleurs doubles. Ce n'est pas dans les lieux oil les Tegetaux sont les plus converts de duvet qu'elUs de- "viennent doubles. Leur etat le plus souvent glabre fait assez connoitre que la surabondance de seve n'est pas la cause de la production des poils. Si les plantes deviennent velues par la surabondance ie molecules de 1ft seve ; leur etat glabre a pour cause le defaut d'abondance de ces molecules j et puisqu'elles deviennent glabres dans nos jardins , il s'ensuit qu'elles y puisent moins de molecules nutritives qu'au sommet des bautes montagnes , et dans des lieux sees et pierreux ou elles sont velues. Or n'est-il pas absurde de supposer qu'un terrein maigre et sec fournisse aux vegetaux plus de sues nourriciers , que nos jardins abondans en engrais et toujours un peu humides ? chercher (^1> ^^^^'S^M 5 J' A Ue,/ou/e' ,/e/ 5 4 PI. 4 -J 2 / I -^ 'y«-?T-/fc Jo-oo^ A''^*^ -€/ct/-a(L y4^V*A^Xy9 ^/^Lxx^c^t^-'C'C