JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. JOURNAL D'HORTICULTURE « PRATIQUE DE LA BELGIQUE, ou GUIDE DES AMATEURS ET JARDINIERS: ÏDirat., Jîl. (BaUotti, HORTICULTEUR, MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES. TREIZIEME ANNEE. -»♦<— — JDruircUt*, F. PARENT, IMPRIMEUR-EDITEUR, Monlngiie de Sion, 17. ON SOUSCRIT CHEZ TOUS LES LIBRAIRES. 1855-1856. / "~^y ■yffi/t ■•■■■'■ ^s/sc-^ JSSsrjt/ï —S ^vvr/A JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. PLANTE FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. ROSE PRINCE BASILE D0LG0R01KY. Nous ne saurions mieux faire, croyons-nous, en com- mençant la treizième année de l'existence du Journal d Hor- ticulture de la Belgique, que d'offrir à nos lecteurs, anciens et nouveaux, une des plus jolies fleurs extraites d'un de ces bouquets de Roses que l'horticulteur parisien M. Marest se plaît à déposer de temps à autre aux pieds de la déesse des fleurs. Et puis ce nom de Rose, évoqué en ce moment, nous fait oublier les rigueurs d'un long hiver, nous promet tout un avenir de jouissances et nous rend plus indulgents les uns envers les autres; aussi profiterons-nous de cette puis- sance magique pour invoquer de nouveau la bienveillance de nos lecteurs; nous les prierons d'avoir égard aux efforts incessanls que nous faisons pour tenir notre recueil à la hauteur de la mission que son titre lui assigne; c'est-à-dire de répandre, aussi loin que possible, la connaissance et la cul- ture des plantes intéressantes et la connaissance des appli- cations pratiques signalées par d'estimables confrères, ou résultant de nos propres observations; enfin, nous prierons les amateurs praticiens de suivre l'exemple de quelques-uns de nos honorables correspondants, qui ont bien voulu nous faire des communications intéressantes en pomologie, en N" 1. — M AUS ifi»5, 1 2 JOURNAL culture maraîchère et en floriculture, et auxquels nous exprimons ici collectivement une cordiale reconnaissance; car, il faut bien se pénétrer de celte vérité : que si l'expé- rience de lous est utile à chacun , l'expérience de chacun est également profitable à tous. D'où il suit qu'un écrivain, pour bien servir ses lecteurs, doil mettre à profit les observations d'aulrui, en même temps qu'il expose le résultat des siennes. La Rose Basile Dolgorouky a à peu près la forme de la Rose la Reine, elle est plus régulière, plus belle que celle-ci, ce qui n'est pas peu dire ; ses fleurs sont grandes, parfaites, très-odorantes, cl d'un beau rose vif sur le dessus des pétales, très-pâle en dessous. Les pétales sont larges, concaves, légè- rement retroussés, redressés et bien imbriqués. Pédoncule gros, court, garni de poils courts et roides. La végétation de ce Rosier est vigoureuse; les branches sont d'un vert tirant sur le glauque; elles sont généralement dépourvues d'aiguillons. Les feuilles sont amples et compo- sées de trois à cinq folioles, ovales, un peu échancrées en cœur à leur base, dentelées sur les bords, d'un vert foncé en dessus, pâle en dessous. On remarque quelques petits aiguillons seulement sur la nervure médiane de la foliole supérieure. Le pétiole commun est un peu coudé au point d'insertion de la paire de folioles supérieures; il est en dessus un peu creusé en gouttière, et les bords sont garnis de poils roides; le dessous est armé de petits aiguillons. Deux stipulés ou petites oreillettes étroites, effilées, den- telées, se trouvent à la base des feuilles et sont soudées dans la moitié de leur longueur avec le pétiole. La Rose Prince Basile Dolgorouky appartient à la section des hybrides, et peut être considérée comme une des plus belles Roses obtenues par M. Mai-est, horticulteur à Paris. Nous en devons la connaissance à M. 0. Lescuyer, qui l'a décrite il y a déjà quelque temps dans V Horticulteur fran- çais. D'HORTICULTURE PRATIQUE. Z Calendrier Ijorttcole. PLANTES NOLYELLES ET DISTINGUÉES POUR LE JARDIN. Ageratum couspicuum. — Plante annuelle, à fleurs blan- ches, très-jolies, et de beaucoup d'effet pendant tout l'été. Semer en mars et avril à bonne exposition. Alonsoa Warscewiczii. — Plante annuelle, plus belle que YAlonsoa incisas folia ou Celsia urticœ folia; port élégant; fleurs grandes, écarlates, disposées en longs épis. Semer en terrine et sur couche pour repiquer à bonne exposition. Ces plantes exigent assez d'humidité pendant les chaleurs esti- vales. Brachycome calocarpa. — Plante annuelle; jolie espèce à très-grands capitules blancs, qui feront un bel elfet à côté des capitules bleus du Brachycome iberidifolia. Semer en place au printemps. On cite également le Brachycome iberi- difolia, variété alba grandiflora, à grandes fleurs blanches, à centre foncé, comme étant très-propre à former des bor- dures. Browallia abbreviata ou pulchella. — Espèce annuelle de petite taille, et qu'on dit fort distinguée. Nous espérons qu'elle vaudra mieux que les Browallia data et demissa. Semer en terrine sur couche et sous châssis, repiquer à exposition chaude et en sol bien lerreauté. Les Browallia, par leurs jolies fleurs bleues, seraient une bonne acquisition pour les jardins, s'ils n'avaient pas le défaut d'être trop grêles et trop peu garnis de feuilles. Calceolaria fîexuosa et Calceolaria rugosa vera. — La pre- mière est une espèce californienne à fleurs d'un jaune fonce, fort belles; la seconde, à feuilles rugueuses, provient d'un semis; elles sont annuelles. Centrantkus macruêiphùii, variété naine. — Tout le monde connaît la Valériane rouge ou des jardins, et le bel eifetqu'elie i JOURNAL produit, mais sa taille élevée déplaisait à beaucoup d'ama- teurs ; la variété naine est donc une bonne acquisition pour les petits parterres ; il paraît qu'elle forme de très-jolies bor- dures. Chenopodium Atriplicis, Linné. — Espèce annuelle, pro- venant de la Chine, remarquable par son beau feuillage pourpre foncé. C'est une plante ornementale dans le genre de la Perilla Nankinensis . Semer en place en avril ou mieux sur couche et repiquer en mai. Chrysocephalum arenarium. —Plante annuelle, nouvelle espèce d'Immortelle à fleurs dorées. Semer sur couche en avril et repiquer en mai, à bonne exposition. Clintonia pulcheUa. — Cette jolie Lobéliacée californienne, que l'on cultive en bordure et en touffes, a produit trois nou- velles variétés distinguées : la première est Yalroviolacea ou à fleurs d'un violet presque noir; la seconde est Valrocinerea ou à fleurs couleur de cendre foncée, et la troisième est Yalba ou à fleurs d'un beau blanc. Elles forment, comme leur type, de petites touffes hautes de 10 à 15 centimètres, à tiges rameuses et couchées, fleurissant depuis le mois de juin jusqu'à la fin de septembre. Semer en place en avril et mai, en terre légère ou mieux en terre de bruyère, et à mi-ombre. Citphea purpurea. — Variété annuelle, à fleurs d'un beau rouge carminé. Cynoglossiim cœlestinvm. — Les Cynoglosses et les Ompha- lodes (Nombril de Vénus) sont de jolies plantes que l'on trouve dans la plupart des jardins; l'espèce à fleurs d'un bleu céleste est fort belle; elle se cultive comme les autres Cynoglosses. Digitalis ferruginea, variété gigantesque.— Les fleurs de celte Digitale sont couleur de rouille (ferrugineux) en de- hors et jaunes en dedans, et doivent produire par leur con- traste avec les fleurs bleues des autres Digilales un eflét assez piquant. On cite encore les Digitalis nevadensis et tomentosa, comme étant de fort belles espèces. Nous ne pouvons rien en dire. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 5 Eschscholtzia tenuifolia. — Nous avons décrit cette jolie espèce à la page 228 du douzième volume de ce journal. Nous répéterons qu'elle est très-recommandable, pour former de petits massifs ou des bordures touffues. Gaura Drummondii. — Plante voisine des OEnolhères, à fleurs de moyenne grandeur, nombreuses et se succédant pen- dant un long espace de temps. Culture des OEnothères. Les Eupatorium adenophorum et ageratoides sont deux espèces à fleurs blanches disposées en larges ombelles et produisant un bel effet. Culture des plantes vivaces; semer de juin à septembre pour obtenir des fleurs de bonne heure l'été suivant. Dans les Giroflées on cite : les Giroflées Quarantaine grecque jaune pur; Quarantaine bleu-clair à reflet jaune; Quarantaine couleur Isabelle (couleur nouvelle); Quaran- taine à grandes fleurs en diverses couleurs ; Empereur per- pétuel jaune soufre, variété fort remarquable; les Giroflées d'automne en grappe compacte à fleurs blanches, roses, bleu-pâle, etc., en grappe détachée ou à rameau en diffé- rentes couleurs; la Giroflée grosse espèce grecque de cou- leur soufre; enfin, les Giroflées Cocardeau blanc à feuilles luisantes et Cocardeau Emilie Girault, les Giroflées Qua- rantaine, dites perpétuelles, parce qu'elles fleurissent tout l'été si on a soin d'enlever les fleurs à mesure qu'elles se flé- trissent. On voit par cette liste que les semeurs n'ont pas perdu leur temps. Gomphrena Ilaageana (Klotzsch). Nouvelle Amarantoïde à fleurs d'un jaune orange-foncé; plante à beaucoup d'effet. Gypsophila muralis. —Très-mignonne espèce européenne à petites fleurs rouges assez abondantes pour former avec le feuillage un tapis rouge et vert-tendre, d'un effet char- mant et très-propre à garnir des rocailles, grottes, etc. Helianthus argophyllus (Torrey). Belle espèce de Soleil du Texas. Très-ornementale. Feuilles à duvet argenté. Les Ilelichrysum brachyrliynchium, capitatum flavissi- muni, bicolor el décorum, sont de nouvelles Immortelles an- fi JOUR 3 AL i nolles que l'on doit cultiver connue XHdichtymm brke téatum. ffedysarum flextfosum. — Espèce annuelle et grimpante de Sainfoin, provenant de l'Asie Mineure. Fleurs rouge.1 disposées en grappes, se produisant pendant l'été. Semer en avril en terre légère et terreautée. Ionopsidium acavle, variété flore àlbo. — Cette variété de la Ionopside sans tige a été gagnée par M. L, Vilmorin, de Paris; elle est très-propre à former de jolies bordures, les touiïes et. à décorer des rocailles. Semée en avril, elle fleurit en été. Leptosiphon aureits ou Gilia à fleurs dorées; espèce naine, très-touffue et annuelle. Linttm perenne , variété flore albo ou Lin vivace à fleur blanche; variété fort intéressante, de l'espèce à fleurs bleues. Semer en terre légère. Les Lins craignent les sols humides. Limnanthes svlphurea odoralé. — Nous ne savons pas d'où provient cette plante, mais il est probable qu'elle est native de la Californie, comme ses congénères les Limnanthes de Douglas et à fleurs roses. Les fleurs sont d'un jaune de soufre à bords blancs ; les élamines sont roses. Elles exhalent une odeur fort agréable de Réséda. Cette Limnanthe, élant de faille naine comme ses congénères, est destinée à faire des bordures surtout délicieuses à cause du parfum qu'émet une floraison abondante et prolongée. Inutile de prédire un grand succès à une pareille introduction. Lindenbergia Sinaîca (Bové), Bovea Sinaica de Decaisne. — Petite Scrophularinée vivace de l'Arabie, à fleurs jaunes et rouges, inléressante pour les amaleurs de miniatures végé- tales. Dans les Lobelia, on cite d'abord une variélé de la Lobe- lia erinus à œil blanc bien distinct au milieu de la fleur bleue; cette variété se nomme oculata; puis une variété vivace à fleur d'un rouge écarlate brillant, nommée Vilmorina ; enfin, trois espèces nouvelles et vivaces, savoir : la Lobelia ramo- sio'ùles, Irès-ramifiée, à fleurs d'un bleu très-foncé; h Lobelia (■haviœpihjs et la Lobelia campanulata , à fleurs écarlales;ces D'HORTICULTURE PRATIQUE. 7 deux dernières espèces sont, croyons-nous, de l'Afrique australe et devront êlre semées en pot au mois de juillet, abritées du froid pendant l'hiver et mises en place dans le jardin au mois d'avril suivant. Malcolmia maritima, var. bicolor. — Jolie variété de la Julienne de Mahon ordinaire, très-propre à faire des bor- dures ; ses fleurs, d'une odeur suave, sont blanches et rouges. Semer en place en avril, mai et juin pour avoir des fleurs depuis le mois de juin jusqu'en octobre. Mimulus hybridm reginœ. — Sous ce nom on indique une variété de Mimulus à fleurs jaunes maculées de brun et ré- pandant une odeur musquée Irès-agréable ; circonstance qui seule peut faire admettre une plante de si peu d'effet. Nicotiana vincœ/Iora (Lagasca). — Nouvelle espèce an- nuelle de Tabac à fleurs de Pervenche blanche, exhalant le soir, comme le charmant Nicotiana undulata (suaveolens), l'odeur la plus suave que l'on puisse imaginer. Semer en place en avril et mai à bonne exposition et en sol terreau lé que l'on tiendra humide en été. C'est une délicieuse acquisi- tion pour planter près d'un berceau ou d'une tonnelle. OEnothera Undulata (sans doute V OEnothera odorata de Jacquin). — Fleurs grandes, d'un jaune aurore, très-odo- rantes vers le soir. Espèce annuelle à cultiver comme VOE- nofhera suaveolens ou grandïftora, à laquelle elle ressemble beaucoup. — L'OEnolhera taraxacifolia (OEnothera acau- lis) ou à feuilles de Pissenlit a produit une variété à très- grandes fleurs jaunes fort recommandable; on sait que l'es- pèce ordinaire est. à fleurs blanches teintées de rose. On doit semer ces graines sur couche en a\ril, et repiquer à bonne exposition et en sol terreauté. La floraison a lieu en été et jusqu'en octobre. Ricin us Obn-manni. — Nouveau Ricin ou Palma-Chrisli à grandes feuilles rubannées et zébrées. Semer en place à exposition chaude. Whitlavia grandi flora (Harvey). — Charmante plante an- nuelle de la Californie que nous avons décrite à la page 221) 8 JOURNAL du douzième volume de ce journal (octobre î 8o4 ). On la cultivera comme les Némophiles et les Eutoques; c'est-à-dire qu'on la sèmera en avril et en mai, soit en bordure, soit en touffe, soit enfin comme plante à orner des rocailles, à mi- ombre. Arrosements fréquents pendant les chaleurs estivales. Ses grandes et nombreuses fleurs bleues, ressemblant assez bien à des Campanules, doivent faire adopter cette nouvelle plante par tous les amateurs de jardins. Dans les Graminées ornementales, nous citerons : Anthoxanthum gracile. — Espèce de Flouve propre aux bordures. Panicum orycïnum. — Espèce élevée et ornementale. Pennisetum angustifolium. — Espèce à épis soyeux, aussi élégante que le Pennisetum longistylum (Pennisetum villo- surh) et le Paspalum eleejans, etc. Cette revue de plantes nouvelles pour semer dans les jar- dins, quoique fort longue, est loin de comprendre toutes les variétés et les espèces annoncées dans les catalogues de mar- chands grainiers de France, d'Allemagne et d'Angleterre. Nous croyons, faute de renseignements suffisants, devoir nous abstenir d'entretenir nos lecteurs de plantes dont une partie est, peut-être, d'une valeur ornementale très-dou- teuse; nous aurons soin de citer, l'année prochaine, les es- pèces qui auront été reconnues méritantes pendant la florai- son de 1855. Nous indiquons plus loin, sous la rubrique Horticulture maraîchère , les plantes potagères nouvelles ou encore peu connues. ~<*C Voici comme j'ai procédé : j'ai pris à peu près 10 centi- mètres de l'extrémité des jeunes pousses de poiriers qui étaient en pleine végétation ; j'en supprimai environ 4 centi- mètre de la dernière extrémité et réservai deux yeux comme pour une greffe en fente. Cette jeune pousse a été taillée d'un seul côté sur une longueur de 2 centimètres, puis introduite sous l'écorce du cognassier comme une greffe en écusson, en laissant les deux jeunes bourgeons (yeux) libres au-dessus de l'incision transversale, et j'attachai de même qu'une greffe en écusson. J'ai enveloppé la greffe d'un papier attaché au- dessus et au-dessous pendant huit ou dix jours ; après quoi j'ai supprimé l'extrémité du cognassier afin de forcer de suite la greffe à pousser. * Cette greffe peut gagner un an sur les greffes en écusson U JOURNAL de la même année. Pour un pépiniériste surtout, le point essentiel est de gagner du temps. » Par exemple : en pépinière, dans un carré de poiriers sur cognassiers, autant bien écussonnés qu'on puisse le faire, il en manque toujours quelques-uns; on peut bien, il est vrai, au printemps suivant regretter en fente ceux qui ont manqué, pour compléter le carré, mais il faut convenir que la greffe en fente sur cognassier réussit assez rarement bien ; c'est donc un moyen de plus, puisque l'on peut, à la fin de mai ou au commencement de juin, selon que l'année sera avancée, regreffer avec déjeunes pousses de poirier herbacé, et en variétés précieuses et les plus nouvelles reçues, de l'année même, les sujets qui ont manqué en écusson, et, par ce moyen, avoir un carré d'arbres tous bons à la vente en même temps. » Cette greffe, qui s'exécute en plein champ en pépinière, pourra, je le pense, s'appliquer à d'autre arbres. L'expé- rience nous l'apprendra. » JHtscellances. IHiîES D'UNE ESTHÉTIQUE DES FLEURS. (Suite. — Voir tome XII, p. 313.) LA RENONCULE ET l'ANÉMONE. La Renoncule des parterres est une des fleurs de collections qui a fait très-promptement son chemin dans les jardins, soit à cause de la facilité de sa reproduction par semence, soit surtout à cause du perfectionnement dont elle est susceptible entre les mains d'un habile horticulteur, qui en tente la cul- ture dans un sol qui ne soit pas contraire ou qui ne déplaise pas trop à celte fleur capricieuse. Il est bon de remarquer D'HORTICULTURE PRATIQUE. 2o que cette dernière observation explique pourquoi, dans une foule de localités, on ne rencontre pas un seul amateur de ces brillantes fleurs. L'on distingue les Renoncules des jardins en ordinaires ou hollandaises et en romaines ou turques; celles-ci sont origi- naires de Tripoli. Elles sont plus grandes dans toutes leurs parties et donnent plus de fleurs que les premières ; mais ces fleurs sont semi-doubles, varient beaucoup moins dans leurs nuances et même sont ordinairement unicolores. On apprécie le mérite d'une Renoncule sous le rapport de la forme et sous celui du coloris. La première ne peut être bien jugée que lorsque les fleurs se sont complètement épanouies, c'est alors qu'on peut dis- tinguer deux formes principales : 1° La forme de Rose : les pétales sont dressés, un peu con- caves et légèrement inclinés vers le milieu ; 2° La forme imbriquée : les pétales sont horizontaux ou un peu réfléchis en arrière. Entre ces deux formes principales il n'y a cependant rien de tranché ni de parfaitement absolu, car Tune passe insensi- blement dans l'autre. Une fleur de Renoncule parfaite doit constituer les deux tiers d'une boule, avoir 2 à 4 pouces de diamètre et êlre plane en dessous. Si la fleur est plus petite, il faut qu'en compensation de ce défaut elle offre d'autres perfections rela- tivement à la forme et au coloris. Elle doit être parfaitement ronde. Les pétales doivent être épais, à bord rond, un peu con- caves, et être si serrés que leur extrémité seulement soit visible. Le centre de la fleur doit être relevé en dôme, les étamines et les carpelles entièrement cachées. Ce dernier caractère est exigible chez toutes les fleurs de la forme des Renoncules, telles que Chrysanthèmes, Dahlias, Bellis, OEillets, etc. Quant au coloris, on exige qu'il soit vif et déterminé. Les variétés bordées sont les plus distinguées, à moins que le 16 JOURNAL liseré ne tranche bien sur la couleur du fond, et qu'il ne soit interrompu sur aucun pétale. Il existe des variétés gris-argenté, bordé d'un filet cra- moisi; quelques-unes d'un écarlate bordé de noir; d'autres d'un blanc bordé de carmin ; puis des pourprées bordées de noir, et des brunes bordées de jaune d'or, etc., qui produi- sent un magnifique effet au point qu'on croirait la Renoncule parvenue à sa dernière perfection. Souvent les Renoncules sont panachées ou plutôt striées; ces fleurs étaient autrefois tenues fort en estime, et ce en proportion du contraste que l'enluminure formait avec la couleur du fond. Mais dans ces fleurs striées, la couleur qui forme le dessin s'étend jusqu'au bord des pétales, ce qui est regardé comme un grand défaut; on exclut pour la même raison les variétés dont le bord des pétales est strié. Les couleurs dominantes dans les Renoncules sont le rouge, le jaune et le brun ; le gris et le bleu sont plus rares ; le noir y exisle, mais il se nuance toujours avec d'autres cou- leurs. Les amateurs anglais, dont le goût et le tact dans l'appré- ciation des fleurs ne sauraient être contestés, ont classé les Renoncules en qualre catégories, comme suit : 4° Les bordées. Chaque pétale est bordé d'un filet d'une autre couleur que celle du fond; 2° Les maculées. Le pétale est orné dans son milieu d'une macule qui tranche sur la couleur du fond ; 5° Les ambrées. Le pétale est ombré à sa base d'une cou- leur plus foncée que le restant du limbe; 4° Les unicolores, qui ne doivent manquer dans aucune bonne collection, car elles rehaussent par leur éclat les nuances sombres de leurs voisines. La lige doit être raide, verticale et assez élevée pour por- ter les fleurs au-dessus des fanes. Des fleurs trop petites, concaves ou plates; des pétales minces, dentelés, sont autant de défauts. Les fleurs à pétales minces sont surtout défectueuses en ce qu'elles ne conservent D'HORTICULTURE PRATIQUE. 27 pas longtemps leur forme; ces pétales sont en outre altérés par le soleil et ils n'offrent jamais un coloris vif. On remarque à peu près autant de variation dans les fanes qu'il existe de variété dans le coloris et la forme des fleurs. Ajoutons qu'il n'y a, du reste, rien de particulier à observer à leur égard. Les Anémones. — On peut à juste titre compter les Ané- mones au premier rang parmi ces fleurs, douées d'une si grande beauté qu'elles semblent avoir été créées exprès pour le plaisir de l'homme! C'est ici le cas de dire que la somme des belles formes, des brillantes couleurs et des nuances variées, n'est point encore atteinte, et que l'on ne peut prévoir où s'arrêtera la production de nouvelles formes: les amateurs sont loin d'être au bout de leurs jouissances. Il n'y a pas dans les Anémones de fleurs vraiment doubles, et en disant que la production de nouvelles formes n'est pas encore parvenue à son terme, nous faisions allusion à cette circonstance, espérant que notre désir d'en posséder se réa- lisera un jour. Dans le règne de Flore, la marche du progrès est indéfinie; au fur et à mesure que de nouvelles variétés parfaites se produisent, les anciennes sont éliminées de ma- nière qu'un jour les collections ne se composeront que de fleurs d'élite, de modèles de la dernière perfection. Il s'agit seulement de continuer les cultures avec persévérance. Le nombre des amateurs de fleurs éclairés augmente de jour en jour; les publications périodiques destinées à éclai- rer les commençants contribuent surtout, on ne saurait en douter, à cet heureux résultat. L'Anémone est une fleur dont la jeunesse est bien lente. Contrairement à la Renoncule qui dans l'espace d'une ving- taine d'années a été élevée à un haut degré de perfection, grâce aux soins intelligents des horticulteurs hollandais, l'Anémone, moins docile, se soumet difficilement aux exi- gences de l'éducation et semble vouloir faire durer le temps de sa jeunesse. La nature n'est pas prodigue de ses dons, elle n'aime pas 28 JOURNAL à les réunir sur une seule plante ; c'est ainsi qu'elle a refusé à l'Anémone l'odeur et la multiplicité des pétales, mais, comme compensation, elle l'a habillé du plus brillant coloris qu'on puisse voir. L'Anémone ne donne pas beaucoup de fleurs à la fois comme la Renoncule , mais sa floraison se prolonge depuis les premiers jours du printemps jusque vers la fin de l'été. On divise les Anémones en deux classes, les simples et les doubles. Les premières sont moins estimées que les dernières, et ce sans motifs suffisants, pensons-nous; car leur coloris n'est pas moins brillant et elles donnent une masse de fleurs qui se succèdent pendant trois mois et plus. Les variétés qu'on appelle doubles ne méritent véritable- ment pas celte dénomination, car la fleur n'est formée que d'une rangée unique de pétales qui renferment une multi- tude de pétales étroits, pointus, laciniés, qui n'otFrent rien d'attrayant à l'amateur. C'est celte considération qui fait que le vrai amateur préfère à ces prétendues Anémones doubles celles dont la fleur est composée de deux, trois ou quatre rangées de pétales larges, obtus et arrondis. Il estime ces variétés non-seulement parce qu'elles répondent davantage aux règles de l'esthétique, mais aussi il les cultive avec soin, parce qu'il peut se flatter avec raison de l'espoir qu'elles lui donneront un jour des fleurs complètement doubles. Dans les Anémones simples, on exige non-seulement que les pétales soient larges, ronds et épais, mais aussi que les bords se joignent exactement et forment dans leur ensemble une espèce de soucoupe large et peu profonde. Le centre de la fleur est occupé par un bouton rond formé par les éta- mines et les carpelles; ce bouton doit être petit et ne point dépasser les pétales. Jadis on exigeait que la fleur fût portée sur un pédoncule haut souvent de deux pieds, raide et élas- tique; mais la hauteur de la tige ne contribue en rien à l'effet que produit l'éclat des fleurs. Chez les Anémones doubles, le calice ou le manteau est formé, comme chez les simples, de pétales larges formant une D'HORTICULTURE PRATIQUE. 2i> coupe, mais l'intérieur de la fleur est occupé par des pétales finement dépoupés et laciniés, formant un dôme hémisphé- rique. On exige que le coloris de ces pétales intérieurs soit différent de celui des extérieurs, et plus le contraste qu'ils forment à cet égard entre eux est grand, plus la fleur est mé- ritante. On regarde comme un défaut lorsque la couleur n'est pas uniforme aux deux surfaces des pétales. Lorsque la fleur est composée de plusieurs rangs de pé- tales, il faut, pour qu'elle soit considérée comme bonne, que les pétales intérieurs alternent ou soient placés dans les in- tervalles des extérieurs. C'est à ces observations que se bornent les détails que nous avions à donner sur ces remarquables fleurs, qu'on voit encore trop rarement dans les jardins. S. DE LTNFLUENCE DU GAZ AMMONIAC SLR LA VÉGÉTATION DES PLANTES DE SERRE. On sait que les engrais ont d'autant plus de valeur, ou d'action réelle que la proportion de substance organique animale ou azotée y est plus forte et domine. Or les derniers produits de la putréfaction des matières azotées sont des combinaisons ammoniacales, et toutes les combinaisons, tous les sels à base d'ammoniaque agissent utilement sur la végétation. On se sert souvent des composés ammoniacaux à l'état liquide en les mêlant directement avec le sol dans lequel'les plantes puisent les matériaux nutritifs qui contri- buent à leur développement progressif, afin de réparer les pertes continuelles que ce sol éprouve en matières salines et en humus. Ces pertes sont surtout très-sensibles pour les plantes cultivées dans les serres froides et chaudes; ce n'est qu'au moyen de rempotages , d'additions de terres riches en humus ou d'arrosemcnts d'engrais liquides que l'on par- 30 JOURNAL vient à combattre la langueur, la décrépitude, l'éliolement- l'impuissance à fleurir, et à porter graines : résultats inévita- bles d'un système de culture auquel est abandonnée la santé de tant de milliers de plantes qu'écarte de son sein notre sol inhospitalier ; manque d'air, chaleur rarement bienfaisante : tantôt trop forte, tantôt trop basse; nourriture insuflisante pour lutter contre l'appauvrissement causé par les arrose- menls continuels à l'eau pure, tels sont les éléments du système pénitentiaire qui régit encore beaucoup de serres. Un certain nombre de plantes semblent douées d'une orga- nisation particulière qui répugne à s'assimiler des engrais azotés, la plupart des arbrisseaux du Cap, de la Nouvelle- Hollande et des régions alpines sont dans ce cas; on avait cru que les Orchidées et les Palmiers éprouvaient la même répugnance, mais des expériences assez récentes ont prouvé que le guano, par exemple, en solution assez étendue, favo- risait l'accroissement de ces plantes et même augmentait le volume des fleurs des Orchidées ; et il est fort probable que lorsqu'on aura mieux étudié les effets des divers agents employés comme engrais et comme excitants dans la culture des différents genres de plantes, que l'on arrivera à pouvoir formuler la dose et la qualité des ingrédients artiiiciels nécessaires à l'alimentation de chacun de ces genres. Ce résultat ne peut s'obtenir que par des expériences longues et délicates, enregistrées avec soin, par l'examen de la nature et des habitudes de chaque plante, enfin par la connaissance du sol qui abrite et de l'air ambiant qui enveloppe tel ou td végétal ; cette dernière observation nous semble devoir être sérieuse, car la pesanteur de 1 air moins grande dans [es régions élevées que dans les parties basses doit jouer sans doute le principal rôle dans cette répugnance qu'éprouvent les plantes alpines pour les composés ammoniacaux. Nous ne pouvons nous étendre plus longuement sur une question aussi compliquée que celle que nous venons d'el- iîeurer: ces quelques lignes suffiront pour faire comprendre qu'il y a encore bien des mystères à étudier dans la nature, D'HORTICULTURE PRATIQUE. 51 bien des expériences à tenter, et combien d'efforts le génie de l'homme doit encore faire pour soulever un coin du voile qui couvre l'organisme général dans sa corrélation harmo- nique avec les agents atmosphériques. En atlendant que des observations positives puissent guider les amateurs, nous les engagerons à essayer l'influence de l'ammoniaque gazeuse sur les plantes de serres. Un chimiste, M. Ville, pense que puis- que l'ammoniaque que les engrais metlent en contact avec les racines des végétaux exerce sur elles une influence salutaire, cette même ammoniaque pourrait avoir une action aussi bien- faisante sur les feuilles destinées, comme on le sait, à absorber les éléments nécessaires à l'accroissement de la plante. En lais- sant dégager du gaz ammoniac dans une serre, pendant quel- que temps, M. Ville a vu les plantes y acquérir un dévelop- pement et une vigueur vraiment extraordinaires. On obtient le gaz ammoniac en versant sur de la chaux vive en poudre placée sur une assiette quelques cuillerées d'une dissolution de sel ammoniac dans de l'eau, ou en triturant le sel ammo- niac du commerce avec la chaux vive. — Cette expérience peu coûteuse et facile à faire n'est point dangereuse pour les personnes; on doit, pour pouvoir en constater l'efficacité, la réitérer à différents intervalles vers le soir ou le matin de très-bonne heure. CHRONIQUE HORTICOLE. Fruits cotiservés. — En Angleterre les Sociétés dhorli- culture accordent des médailles aux collections de fruits les mieux conservés sans emploi de sucre ou de vinaigre; une collection exposée par un M. Lovejoy, et consistant en Ce- rises, Prunes de Damas , Prunes Reine Claude, Framboises, Mûres, pétioles de Rhubarbe* Groseilles rouges et blanches, Groseilles à maquereau, remporte récemment un prix d'hon- neur. La manière d'opérer de M. Lovejoy pour obtenir un ré- sultat tel que l'on aurait cru que ses fruits conservés venaient 32 JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. d'être mis en bouteille au moment du concours tant leur forme et leurs couleurs étaient parfaites, consiste à enlever les queues ou pédoncules des fruits, que l'on choisit parmi les plus beaux; on met ceux-ci avec soin dans une forte bouteille, et on verse dessus de l'eau bouillante à laquelle on a ajouté de l'alun en poudre dans la proportion d'environ \ gramme par 4 litres d'eau On laisse refroidir; puis on remplit les bouteilles que l'on bouche avec force. Ces bouteilles sont alors placées dans une marmite pleine d'eau froide que l'on chauffe seulement jusqu'à 80 degrés centigrades. On doit éviter d'arriver à l'ébullilion qui ferait sauter les bouteilles. L'opération se termine comme d'ordinaire par l'application d'une vessie et d'une couche de cire à cacheter pour empê- cher l'introduction de l'air. Eau de guano pour les Orchidées. — Des essais fails dans les serres de la Sociélé d'horticulture de Londres, àChiswick, ont démontré que le guano suffisamment étendu d'eau de pluie activait beaucoup la végétation des Orchidées, sans leur causer par la suite aucun préjudice. En appliquant cette eau de guano une fois tous les quinze jours aux plantes qui mar- quent bouton, on obtiendra des fleurs plus grandes que d'ordinaire. Remède contre la piqûre des abeilles. — La Chemical gazelle de Londres indique comme remède efficace le jus fraîchement exprimé du chèvrefeuille (Lonicera caprife- lium) et que l'on applique sur l'endroit piqué, en frottant légèrement pour que le jus pénètre mieux dans la blessure. On peut conserver le jus exprimé du chèvrefeuille (tiges, feuilles et fleurs) dans des flacons bien bouchés. --V7/^:/// <<*V £ S ^y~T^/s «r JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. PLANTE FIGURÉE SANS CE NUMÉRO. BRACHYCOME IBERIDIFOLIA. (Benthah.) Le genre Brachycome comprend quinze à vingt espèces de plantes herbacées annuelles ou vivaces, ayant la Nouvelle- Hollande et l'île Van-Diémen pour patrie, et appartenant à cette grande famille naturelle des Composées qui absorbe à elle seule le dixième de toutes les plantes phanérogames croissant sur la terre. Les Brachycome, se font remar- quer par un feuillage plus ou moins glabre, découpé, garnis- sant des tiges grêles, dressées et peu élevées, par des fleurs en capitules radiés, solitaires à l'extrémité des rameaux, assez semblables à celles des Pyrethrum ou des Bellis (genres dans lesquels Labillardière et Graham avaient d'abord inter- calé les Brachycome). Les capitules présentent à la circon- férence des fleurons disposés en un seul rang et renfermant un seul style; au centre des fleurons tubuleux pourvus de cinq éfamines et d'un style; la graine est couronnée d'une petite aigrette de quelques soies très-courtes; circonstance à laquelle le nom grec de Brachycome (Brachys, court, et corne, poil) fait allusion. Ce genre représente donc à la Nou- velle-Hollande, les gentilles Pâquerettes d'Europe, qu'il sur- passe par l'élégance de son port et la variété de ses cou- leurs. Le Brachycome iberidifolia, dont nos jardins se sont N° 2. — AVRIL 1855. ô 34 JOURNAL enrichis depuis quelques années, mérite particulièrement l'épithète de plante charmante; il devrait être plus généra- lement cultivé qu'il ne l'est. Un bouquet composé de fleurs de Brachycome est vraiment joli et coquet, et quand ce ne serait que pour le plaisir d'en offrir un, nous voudrions posséder de ces plantes dans notre parterre. L'espèce à feuilles dUberis est annuelle, à tiges ramifiées, grêles, arron- dies, s'élevant au plus à 25 centimètres au-dessus du sol; les feuilles sont linéaires, découpées en lanières étroites, minces, entières, acuminées, glauques. Les fleurs, disposées en capitules terminaux, varient de couleur sur le même pied, on en voit d'un beau bleu, de roses, de blanches, de vio- lettes, de lilas, etc., qui se succèdent pendant toute la belle saison. La petite taille de cette plante élégante permet de l'em- ployer pour former des corbeilles et touffes isolées comme les Verveines, des contre-bordures; mise dans des pots assez larges et dans une terre riche, elle contribue puis- samment à orner des jardinières de salon. On sème les graines de Brachycome iberidifolia dans le courant de mars ou d'avril, sur couche ou, à défaut, en ter- rine que l'on recouvre d'un verre et qu'on place dans un endroit chaud ; on repique sur couche; au mois de mai, on enlève le plant avec sa motte pour le mettre définitivement en place dans le jardin ; par ce moyen on aura des fleurs dès le mois de juin. Si l'on veut éviter ces repiquages et se con- tenter d'avoir une fleuraison en juillet ou en août, on attendra jusqu'à la fin d'avril ou au commencement de mai pour semer en pleine terre clans un sol un peu léger, mais bien terreau té, à une exposition chaude , mais non en plein soleil ; il est néanmoins nécessaire, pour obtenir des pieds vigoureux, de repiquer dès que le plant a développé quelques feuilles. Sans cette transplantation, du reste fort facile à exécuter, les plantes végètent mal et restent chétives. Les amateurs qui possèdent des châssis sèment au mois de septembre, et repiquent en pépinière d'attente, et au printemps met- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 55 tent en place et obtiennent des fleurs dès la fin de mai. L'horticulture a doté nos jardins d'une charmante variété de Brachy corne iberidifolia , à grandes fleurs blanches et à fleurons du centre d'un brun foncé. Cette variété servira à former de délicieuses bordures. Les Brachy corne glabra (Bentham) et calocarpa sont des espèces nouvellement intro- duites de la Nouvelle-Hollande, et que l'on dit fort distinguées ; on les cultivera comme le Brachy corne iberidifolia, bien que les auteurs botanistes les signalent comme plantes vivaces. horticulture étrangère* PLANTES NOUVELLES ET RARES. 1° SERRE CHAUDE. Bégonia natalensis (SlR W. HOOKER) , figuré dans le Bot. Mag., pi. 4841. — Monœcie Polyandrie. Ce nouveau Bégonia appartient à la Flore de l'Afrique méridionale, si peu riche en plantes de ce beau genre, et sera, grâce à l'abondance de sa fleuraison pendant les tristes mois de novembre et de décembre,' admis à prendre rang parmi les espèces infiniment plus élégantes, plus ornemen- tales et plus brillantes que l'Amérique et l'Inde nous ont fournies depuis quelques années. Le Bégonia natalensis est lubéreux à tubercules très- gros, larges, lisses, arrondis, sortant à moitié de terre, émet- tant des fibres ramifiées (véritables racines); la tige noueuse, d'abord grosse et épaisse, s'amoindrit de plus en plus vers son extrémité, de même que les nombreuses ramifications auxquelles elle donne naissance ; la nature de cette charpente, haute de 50 à 40 centimètres, est essentiellement succulente 56 JOURNAL et d'un aspect peu agréable. Les feuilles sont semi-cordées, acuminées, à lobes assez profonds; la nervure médiane est oblique et se termine en pointe; les bords sont largement dentelés ou presque lobules; la surface supérieure est mar- quée de taches blanches surtout apparentes sur les vieilles feuilles; pédoncules axillaires, ramifiés, dichotomes. Chaque particule oucyme porte des fleurs mâles et des fleurs femelles, les premières composées de deux sépales d'un blanc-jau- nâtre teinté de rose,orbiculaires étalés; étamines au nombre de 40 ou 12 en faisceau ; les secondes offrent cinq (rarement quatre) sépales étalés, rhomboïdes-ovales, de même couleur que ceux des fleurs mâles. Ovaire et fruit à trois ailes verti- cales, dont, deux grandes formant ensemble un triangle équi- ïatéral , la troisième beaucoup plus petite, à profil d'un segment de cercle. La nervure médiane des feuilles , le pétiole et le pédoncule sont de couleur plus ou moins pour- prée. Aiituca? Gardent (Sir W. Hooker), figuré dans le Bot. Mac)., pi. 4842. — Famille des Asphodèles. — Hexandrie monogynie. Plante peu intéressante, rapportée en 1854 de Natal (Afrique méridionale) par le capitaine Garden; à bulbes stolonifères ressemblant beaucoup aux pseudobulbes de certaines Orchidées épiphytes, à feuilles d'un vert brillant, lancéolées, larges, glabres, longues de 20 à 25 centimètres; scape plus court que les feuilles, dressé, de couleur pourprée se terminant en un racème érigé de fleurs blanches, petites, assez nombreuses, inodores et paraissant en octobre. (Dymbldlnui giganteuni (WalMCII. Li.NDLEy) , figuré dans le Bot. May., pi. 4844. — Famille des Orchidées. — Gynandrie monogynie. Cette espèce offre de gros pseudobulbes oblongs et feuilles, des feuilles de 75 à 90 centimètres de longueur, distiques, ensiformes, striées, presque aiguës. Le scape s'élève à la D'HORTICULTURE PRATIQUE. 57 hauteur de 75 centimètres à un mètre, robuste, dressé ou légèrement incliné sous le poids de fleurs larges de 10 centi- mètres, odorantes et éloignées les unes des autres ; ces fleurs ont leurs pétales et sépales à peu près de même l'orme et de même grandeur; les deux pétales et les deux sépales latéraux s'étalent presque horizontalement, tandis que le sépale supé- rieur se recourbe en avant comme pour protéger le gyno- stème; la couleur générale est le vert jaunâtre marqué de lignes et de points pourpres plus vifs et apparents à l'inté- rieur qu'à l'extérieur de la fleur. Le labelle est recourbé, d'un jaune vif maculé et strié de rouge sang; le lobe moyen est plus grand que les deux lobes latéraux; il est ondulé, cilié, aigu et fortement recourbé. Le Cymbidium giganteam est originaire du Népal; il mérite une place dans les collections d'Orchidées, plutôt à cause de l'ampleur de ses formes, de sa robuslicilé et de l'odeur suave de ses fleurs, que pour la beauté, l'éclat ou l'élé- gance de ses racèmes. C'est sans doute à cause du mérite plus ou moins contestable de celte espèce que son prix est coté fort bas dans les catalogues marchands ( 6 à 45 francs). Apheiandra variegata (Morel), figuré dans la Flore des Serres, pi. 981. —Famille des Acanthacées. — Didynamie angiospermie. Les Âphelandra forment parmi les Acanthacées un petit groupe de plantes fort intéressantes par leur riche inflores- cence ou fort remarquables par leur feuillage ample, luisant, souvent caractérisé par une panachure d'un effet très-orne- mental. Les espèces Aphelandra squarrosa et ses variétés citrinaf^Êkopoldu , variegata et Porteana (que nous dé- crivons jSs loin), peuvent à juste titre se poser comme des plantes remarquables et intéressantes, car vraiment cha- cune d'elles possède réunies les qualités que nous avons in- diquées plus haut, et si Y Aphelandra squarrosa Leopoldii l'emporte sur les espèces que nous allons décrire par la ré- gularité et la netteté des larges lignes qui panachent ses 58 JOURNAL feuilles, YAphelandra variegata, par ses longs et gros épis formés par l'imbrication de grandes et nombreuses brac- tées d'un orange flamboyant, mérite bien aussi qu'on lui réserve une place distinguée parmi les plantes de serre chaude. VAphelatidra variegata, introduit déjà depuis quelques années par M. Morel, est originaire, ainsi que YAphelandra Porteana de la province de Bahia au Brésil. C'est un petit arbrisseau d'un port assez raide, trapu, atteignant dans nos serres de 4 à 5 pieds de hauteur; complètement glabre (les fleurs exceptées), à tige dressée, simple, forte, à feuilles de grandeur variable (6 à 18 pouces de longueur), épaisses, lancéolées-oblongues acuminées, en dessus d'un vert foncé presque noirâtre, nuancé et panaché de blanc près des ner- vures latérales, plus pâles en dessous, bords entiers ondulés; épis terminaux quelquefois ternaires, le plus souvent soli- taires, présentant à l'œil une pyramide cylindrique allongée, à quatre pans, haute de 6 à 7 pouces, formée par la réunion ou plutôt par l'imbrication de larges bractées elliptiques allongées, serrées les unes contre les autres et d'une belle couleur orangée; d'entre chacune de ces brillantes couver- tures sort une fleur solitaire, jaune, légèrement velue à l'ex- térieur, à tube étroit; la lèvre supérieure du limbe est dres- sée, l'inférieure est divisée en trois lanières s'enroulant vers le tube. LcsAphelandra exigent beaucoup d'humidité pendant l'été, et demandent à être tenus près des vitres ; en hiver, les arro- sements seront très-restreints. Au printemps, on rempotera dans un mélange composé de moitié terre de bruyère, et de moitié terreau et terre franche (en parties égales); le tout rendu perméable par une bonne addition de sable blanc; on activera ensuite la végétation en plongeant pendant une quinzaine de jours le pot YAphelandra dans une couche chaude et en arrosant d'abord avec parcimonie, ensuite co- pieusement dès que la plante est bien en train de pousser ; c'est à celle époque qu'il faut surtout préserver les Aphelan- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 59 dra des attaques de la Cochenille, maudite engeance qui affectionne beaucoup toutes les plantes de la famille des Acanlhacées. Apheiandra porteana (Morel), figuré dans la Flore des Serres, pi. 984. Cette espèce est très-voisine de la précédente; elle n'atteint pas une taille aussi élevée; ses feuilles épaisses, luisantes, amples et ondulées comme dans YAphelandra variegata, présentent le long de la nervure médiane deux lignes blan- châtres très-irrégulières et souvent sans continuité, sorte de déchiqueture dont la couleur ivoire mat tranche sur le fond vert foncé du dessus de la feuille. Les épis, d'un bel orange, sont plus courts et plus larges que dans l'espèce pré- cédente; les bractées plus lâches, à sommet presque aigu ; les fleurs jaunes ont une corolle dont les divisions de la lèvre inférieure sont très-longues et enroulées en lire-bouchon, tandis que la lèvre supérieure offre deux lobes distincts. Ces caractères botaniques sont, on voit, assez importants pour justifier la séparation spécifique entre deux plantes certes fort semblables à la première vue. KHibergia mariiiorata (Ch. Lemàire), figuré dans Y Illus- tration horticole, pi. 48. Famille des Broméliacées. — Hexandrie monogynie. C'est avec raison que M. Lemaire dit que cette nouvelle Broméliacée enrichit le genre Billbergia « d'une espèce » aussi distincte par son port qu'élégante par son feuillage » marbré de rouge; sa panicule de fleurs d'un blanc de neige » et d'un bleu d'outre-mer au sommet, passant au rouge coc- » ciné vers leur déclin, et ses grandes bractées de celte der- » nière couleur. » Le Billbergia marmorata est vraiment une fort belle importation brésilienne que l'on doit à M. de Jonghe de Bruxelles ; voici, d'après M. Lemaire, les principaux caractères auxquels on peut reconnaître celle nouvelle espèce. Les feuilles sont au nombre de quatre à six, inégales, dres- 40 JOURNAL sées, larges, coriaces, très-fermes, d'un vert grisâtre marbré de rouge à bords dentelés, épineux dans la moitié supérieure de la feuille; le sommet de celle-ci est à peine recourbé, échancré, cordiforme et présente dans le sinus un pli for- mant une pointe solide ou mucron (caractère très-important et Irès-dislinclif). Le scape s'élève de 60 à 75 centimètres de hauteur; il est cylindrique et porte quelques grandes squames distantes, de couleur rose carminé; au sommet, il forme une panicule ramifiée, de couleur rose; les rameaux portent 5 à 5 fleurs en épi, et une large bractée carminée, lancéolée à la base de chacun d'eux. Fleurs sessiles à tube calicinal, vert, court, renflé, se terminant en trois lacinies bleuâtres, minces, pétaloïdes ; la corolle se compose de trois pétales blancs à la base, d'un beau bleu d'outremer au som- met, enroulés et formant une espèce de tube. Le Billbergia marmorata fleurit au mois de septembre. SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Bcrberis Beaiei (Fortune), var. planifolia, figuré dans le Bot. May., pi. 4846. — Syn. : Mahonia japonica (D. C.)? Famille des Berbéridées. — Iîexandrie-Monogynie. Les Berberis se sont enrichis depuis peu d'années de plu- sieurs espèces remarquables par leur ample et magnifique feuillage, et leur vigoureuse croissance; parmi ces nouveau- tés, les plus belles sont, sans contredit, les Berberis Beaiei, intermedia et Irifurca, introduites de la Chine par M. For- tune; ces nouveautés sont d'autant plus précieuses qu'elles pourront, grâce à leur robuslicilé, servir à l'ornementation de nos jardins. Le Berberis Beaiei présente des feuilles d'un vert foncé pres- que noir, coriaces, épaisses, excessivement raides; à quatre ou cinq paires de folioles opposées, ovées, sinueuses, à base plus ou moins cunéiforme; à cinq ou six lobes inégaux, épi- neux-acérés, à bords inlra-lobaires réfléchis (comme dans les Houx). La variété planifolia offre des folioles planes. D'HORTICULTURE PRATIQUE. i\ presque deltoïdes, très-épaisses et à peu près imbriquées; des pétioles pourprés et des fleurs plus petites que dans le type. Il paraîtrait que l'on pourrait rapporter au type le 2?er- beris japonica de Lindley (dans le Flower Garden ), qui ne serait alors qu'une synonymie et non une espèce distincte, comme beaucoup de catalogues marchands sembleraient l'in- diquer ; la variété planifolia serait le vrai Berbcris Bealei des horticulteurs? Les limites entre certaines espèces et va- riétés de Berberis indiens sont très-difficiles à établir nette- ment; les différences que l'on observe reposent plutôt sur des modifications très-saisissables à l'œil, mais d'une valeur scientifique très-hypothétique. Heureusement que la question d'ornementation des jardins n'a rien à voir dans ces discus- sions botaniques; l'œil est satisfait, voilà le point essentiel; et notre Berberis, qu'il soit une simple variété ou qu'il soit érigé en espèce distincte, sera toujours une plante d'un haut mérite. Les feuilles varient beaucoup dans leur taille; dans certains exemplaires la foliole supérieure ou terminale me- sure jusqu'à 8 pouces de longueur et G de largeur; les quatre ou cinq paires de folioles qui composent la feuille sont amples quoique moins développées que la foliole ex- trême, et contribuent à donner à la plante un aspect fort grandiose. Les folioles sont deltoïdes-ovées, s'étalent hori- zontalement, sont épaisses, coriaces, à base tronquée et ap- pliquée sur le pétiole commun ou rachis; leur surface est tout à fait plane; les épines sont au nombre de cinq ou six, fortes et acérées; les paires de folioles inférieures sont moins rapprochées entre elles que les autres ; la foliole terminale est à peu près ovale, à base presque en forme de cœur et est armée de sept à neuf épines. Racèmes en faisceau terminal, s'élan- çant d'un involucre d'écaillés larges, herbacées, ovées, vertes bordées de rouge; fleurs petites, très-nombreuses, inclinées, jaunes, à pétales bifides au sommet. La floraison a lieu au printemps. La rareté, le mérite de ce Berberis et surtout la lenteur de croissance qui le caractérise, de même que toutes les espèces 42 JOURNAL de ce beau genre, expliquent le prix encore fort élevé auquel les horticulteurs le cotent, ainsi que les Berberis Bealei, ja- po?iica, trifurca et intermedia (50 à 100 francs). Lychnis sieboidu (Van Houtte), figurée dans la Flore des Serres, pi. 980. — Famille des Caryophyllées. — Décan- drie pentagynie. Tout le monde connaît la Lychnis grandiflora, sinon sous ce nom scientifique, du moins sous le nom populaire de Croise de Malte; c'est en effet une des plus belles plantes dont la Chine ait enrichi nos parterres. Ses grandes fleurs termi- nales écarlates, orangées, aux pétales laciniés au sommet, s'épanouissent dès la fin de juin, se succèdent jusqu'à la fin de septembre, et produisent parleurs tons chauds un effet des plus riches, surtout lorsque quelques pieds se trouvent réunis; maintenant, si, à côté de ce fulgurentbouquet, s'élevait un groupe de fleurs, sœurs parles formes extérieures, mais revêtues de la blanche parure des vierges, l'œil ne serait-il pas charmé de ce poétique rapprochement, et la chaste et suave beauté de la blanche Lychnide ne servirait-elle pas à tempérer et à voiler les brillants atours de la Lychnide à grandes fleurs? Eh bien, grâce au bon goût de M. L. Van Houtte, ce rapprochement est devenu une réalité; la Lychnide blanche du Japon, trouvée par M. Von Siebold, est devenue la propriété du savant horticulteur gantois. Cette nouvelle Lychnide, que nous appellerons Sieboldii avec MM. Van Houtte et Planchon, n'est pas une simple variété de la Lychnis grandi flor a comme M. Siebold l'avait cru, mais une belle et bonne espèce botanique, se distinguant de sa bril- lante sœur par des fleurs à calice nu à la base, relevé de côtes saillantes, parsemé de poils un peu crépus, à pétales à limbe plus large, non striés, Irès-planes et moins laciniés; par des tiges pubescentes (elles sont tout à fait glabres dans la Lychnis grandiflora) , à nœuds à peine renflés, etc. La Lychnis Sieboldii porte des fleurs d'un blanc de neige, plus grandes que celles de la Lychnide à grandes fleurs, des éla- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 45 mines jaune-brunâtre, et à la base de chaque pétale des squames dentelés, saillants, d'un vert jaunâtre; ces squames ou appendices simulant une couronne se retrouvent dans la Lychnis grandiflora, et expliquent le nom de Lychnis coro- nata que Thunberg avait imposé à cette dernière espèce et que Jacquin changea en celui de grandiflora généralement adopté aujourd'hui. La Lychnis Sieboldii se cultive absolument comme la Lychnis grandiflora, en terre forte et argileuse. M. Van Houlte recommande aux amateurs de nos contrées d'enlever ces plantes en motte dès le mois d'octobre et de les abriter soit dans une orangerie, soit sous un châssis froid, enfin de les garantir de tout froid dépassant cinq degrés centigrades sous zéro. C'est à ce manque de précaution que M. Van Houtte attribue la rareté actuelle de la Lychnide à grandes fleurs dans nos jardins. Il faut, dit-il, soustraire les végétaux aux caprices de nos hivers tantôt bénins, tantôt perfides... On les replante au printemps, sans déchirer les mottes, à une bonne exposition. Lysiniachia Leschenauitii (Duby), figuré dans hFlo re des Serres, pi. 982. — Famille des Primulacées. — Pentan- drie monogynie. Cette jolie plante est originaire des montagnes des Nil- Gherries au Malabar (grandes Indes), et promet beaucoup pour l'embellissement de nos jardins ; on prétend même qu'elle sera rustique chez nous. En attendant cette preuve, nous conseillons de la rentrer en serre froide à l'entrée de l'hiver. Toutes ces jolies plantes que la nature fait naître sous les rayons du soleil des tropiques souffrent toujours pendant cette longue attente de six ou sept mois de neiges, de glaces, de dégels successifs que l'on nomme l'hiver et qui les séparent de l'action bienfaisante d'une chaleur naturelle continue. La Lysimaque de Leschenault forme une plante herbacée, dressée, à tiges souterraines vivaces et traçantes (comme dans U JOURNAL toutes les espèces du genre), peu rameuse, à feuilles oppo- sées ou ternées, lancéolées, sinuées, entières, glabres, presque sessiles tant elles sont brièvement pétiolées; les fleurs très- nombreuses sont réunies à l'extrémité des branches en racèmes compactes carminés, produisant un fort bel ensemble et durant fort longtemps; la fleur, portée sur un pédicelle mince, est pelile, à calice divisé en cinq lacinies lancéolées, linéaires, vertes ; la corolle est campanulée, à cinq lobes obtus, très-entiers, d'un rose carminé vif; à ces fleurs succèdent des capsules remplies d'un grand nombre de petites graines, de telle sorte que la multiplication de cette plante par voie de semis sera des plus faciles. En mentionnant cette charmante espèce, ne serait-il pas juste de faire souvenir aux amateurs que nos contrées recè- lent des Lysimaques presque aussi jolies que celles que nous allons demander aux forêts de l'Inde? Les lieux humides et ombragés de l'Europe nous offrent les espèces suivantes dignes à tous égards de la sollicitude des cultivateurs : ce sont la Lysimachia vidcjaris, aux fleurs d'un jaune vif et très- nombreuses, s'épanouissant pendant les mois de juillet et d'août; la Lysimachia punctata, également à fleurs jaunes; la Lysimachia verticillata du Caucase, à corolles dorées dis- posées en grappes terminales; la Lysimachia ephemerum, à feuilles de saule et à fleurs blanches disposées en longues grappes ou épis; les Lysimachia nnmmidaria et nemorum, dont les tiges, au lieu d'être dressées comme dans les espèces précédentes, sont couchées, rampantes, allongées, rougeâtres, garnies de feuilles d'un vert gai, d'entre lesquelles scintillent de grandes fleurs jaunes; toutes charmantes plantes dont un homme de goût tirerait bon parti pour vivifier quelque coin sombre et humide du jardin ou les bords d'une pièce d'eau. On doit semer les graines de Lysimachia aussitôt après leur maturité et les arroser fréquemment. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 45 DESCRIPTION £T CULTURE DE QUELQUES AROÏDÉES CULTIVÉES AU JARDIN BOTANIQUE DE BERLIN. M. C. Koch décrit, dans un opuscule intitulé : Appendix generum et specierum novarum et minus cognitarum quœ in Horto regio botanico Berolinensi coluntur, anno 1854; un certain nombre d'Aroïdées nouvelles ou peu connues. Nous croyons être utile à nos lecteurs cultivateurs de cette belle et intéressante famille, en leur donnant un aperçu ra- pide des plantes qui, il faut espérer, ne tarderont pas à passer dans le domaine horticole. Xantkosoma belophyllum (C. KoCIl). Sous le nom d'Arum sagittifolium , Linné avait réuni quatre plantes différentes; c'est une d'elles que M. Koch érige en nouvelle espèce ; les feuilles ont \ pied et demi à 2 pieds de longueur et de 1 à \ pied et demi de largeur à leur base, cor- dées hasfées, à oreillettes semi-ovales. Cette espèce se trouve dans toutes les régions intertropicales de l'Amérique; on la cultive en Colombie et dans les Indes occidentales comme plante alimentaire, sous le nom de Chou des Caraïbes. M. Koch énumère trois variétés de ce nouveau type : 1° Caracassanum ; 2° minus à feuilles longues à peine d'un pied, cordées ovées; 5° versicolor à feuilles longues d'un pied au plus; le bord de la membrane du pétiole est plus ou moins violacé. Xanthosonia hastifoliiim (C. KOCH). — Syn. : Aconttas hastifolius de Scott. Espèce également retirée de Y Arum sagittifolium de Linné, à pétioles longs d'un pied et plus; feuilles marquées de côtes, acuminées, à bord blanchâtre, longues d'un pied et demi, et aussi larges, oreillettes comprises; celles-ci sont di- vergentes, obiongues, larges de 5 à 6 pouces. Belle espèce originaire des mêmes contrées que la précédente. m JOURNAL Xanthosoma janthinum (C. KOCH etBoi'CHÉ). — Syfl. : Cfl- ladium sagittifolium violaceitm (Lamarck). Fort belle plante à pétiole brun violacé; feuilles longues de 12 à 16 pouces et larges de 9 à 40, cordées-hastées, acu- minées, opaques et vertes en dessus, d'un vert cendré pâle en dessous, bord violet; oreillettes larges lancéolées et dis- tantes. Xauthosoma sagittifolium (C. KOCH). — Syil. I Arum Sa- gittifolium (Linné; en partie). — Caladium Ma fa/] a des jardins. Espèce déjà répandue dans les collections, reconnaissable à ses pétioles épais d'un vert pâle, à ses belles et grandes feuilles longues d'un pied et demi, et à peine moindres en lar- geur, cordées-ovées , opaques en dessus, d'un vert glauque pruineux en dessous , à disque plan ; oreillettes rappro- chées, grandes. xanthosoma utile (C. Koch et Bouché). — Syn. : Cala- dium esculentum des jardins. Espèce dont on mange la racine tubéreuse quand elle est cuite, provient de Bahia, et nous croyons aussi de Guatemala ; elle ressemble beaucoup à l'espèce précédente et en diffère surtout en ce que le disque de la page supérieure de la feuille est concave; le pétiole est infiniment plus long (2 pieds de longueur) et moins gros; les feuilles ont souvent 2 pieds de longueur et 1 pied et demi et plus de largeur; oreillettes très-grandes, aussi hautes que larges. Très-belle plante d'or- nement. Xanthosoma earacu (C. IvOCH et BOUCHÉ). Cette espèce et le Xanthosoma janthinum sont les seules dont le suc soit laiteux, celui des autres est aqueux. Cet im- portant caractère sépare nettement le Xanthosoma earacu des Xanthosoma sagittifolium et utile avec lesquels il offre beaucoup de ressemblance. Le pétiole est épais, gros, d'un D'HORTICULTURE PRATIQUE. il demi-pied de longueur, d'un violet pâle ou virescent ; feuilles longues et larges d'environ un pied et demi (1), cordées, d'un vert brillant en dessus, plus pâles en dessous, à bords on- dulés; disque plan; oreillettes un peu plus longues que larges. Originaire des contrées tropicales de l'Amérique mé- ridionale. Xanthosoma atrovirens (C. KOCH et BOUCHÉ). Pétiole long d'un pied et plus, assez gros, d'un vert noirâ- tre, souvent linéolé, enduit d'une pulvérulence glauque opaque (comme celle de certains choux, par exemple) ; feuilles hautes et larges d'un pied environ, cordées-ovées , d'un vert noirâtre en dessus, d'un vert cendré intense en dessous et souvent chargé de cette même poussière glau- que (2) qui recouvre les pétioles. Oreillettes plus larges que longues, arrondies au sommet. Cette espèce a été envoyée de Venezuela par le voyageur botaniste Moritz. M. Koch établit deux autres variétés du type atrovirens ; la première, qu'il nomme vèrsicolor, acquiert des dimensions plus fortes, des pétioles plus gros à membranes bordées de vert noir foncé (tandis que ce bord est rouge dans X atrovi- rens) ; enfin la couleur générale est d'un vert moins obscur. Elle provient delà province de Caracas. La seconde variété, appelée hybridum, pourrait peut-être constituer une espèce particulière. Pétiole d'un vert noirâtre à membranes inégales, à bords verts; feuilles cordées, acuniinées, longues d'un pied, larges de 9 pouces, d'un vert noirâtre pâle, d'un vert cendré foncé en dessous; oreillettes ovées, généralement arrondies au sommet et assez rapprochées. Le Xantliosoma atrovirens avait été décrit par Sloanesous le noya: d'Arum minus esculentum, Sagittariœ foliis viridi- nigricantibns ou petit Gouet comestible à feuilles de Sagit- taire vert-noirâtres. (i) Cette largeur se mesure à la base de la feuille. (2) Périphrase simplement indiquée en la lin par le mot pruina. 48 JOURNAL On voit que ces sept espèces de Xanthosoma ont de grandes affinités entre elles; toutes présentent un feuillage ample et sagitlé ou en fer de flèche, un port élégant et une croissance identique et analogue à celle des Caladium, c'est-à-dire pé- riodique : perdant leur feuillage pendant nos mois d'hiver pour repousser au printemps et fleurir en été. Ce sont des plantes de serre chaude, d'une culture facile, n'aimant guère le soleil, et d'un grand effet ornemental, bien utiles pour garnir les bassins et les rocailles d'une serre à Orchidées. Le mode de croissance indique suffisamment que les arrosements doivent, cesser à l'approche de l'hiver. On se bornera alors à conserver ces plantes dans un endroit sec où le froid ne puisse les atteindre; au printemps on les transplantera dans de la nouvelle terre (terre de bruyère, terre franche, terreau et sable blanc par parties égales), et on plongera les pots dans une bonne couche chaude, sans arroser, jusqu'à ce qu'on aperçoive une pointe verte enroulée surgir au-dessus de la terre; cette pointe s'allongera et deviendra feuille et pétiole. Une fois la plante en voie de développement, les arrosements deviendront d'autant plus fréquents que la chaleur de la serre augmentera par l'inlluence des rayons solaires. Les Xanthosoma , Caladium, Arum, Colocasia, sont, pendant leur période végétative, des plantes voraces qui exigent de temps à autre un rempotage, non pas autant comme accrois- sement de volume de terre, mais surtout comme additions de nouveaux principes nutritifs. Des arrosements d'engrais liquides suffisamment étendus d'eau nous ont paru leur être très-favorables et leur donner une vigueur inaccoutumée et une intensité de couleurs des plus remarquables. Nous af- fectionnons particulièrement la famille des Aroïdées, com- posée de plantes généralement bizarres, d'un aspect parti- culier et d'un port si varié : tantôt grimpant, rampant sur les arbres et les rochers, tantôt enfonçant ses tubercules en terre; plantes nettes, luisantes, propres et par conséquent agréables à l'œil; et nous croyons que notre goût serait partagé par plus d'un amateur, s'il voulait seulement essayer la culture D'HORTICULTURE PRATIQUE. 49 d'un certain nombre d'entre elles et ne pas se borner au Calla œthiopica ou aux Arum dracunculus et crinitum , espèces fort intéressantes sans doute, mais qui ne donnent qu'une faible idée de ce que la nature a accordé d'étrange et d'ornemental à toutes les plantes de cette grande famille des Aroïdées. — Dans un prochain numéro, nous continuerons l'examen de l'ouvrage de M. Koch. Culture maratrljcrf, FRAISE DÉLICES D'ALTOMNE. Nous avons annoncé dans notre dernier numéro la mise dans le commerce horticole de cette nouvelle variété de fraise par M. Hyac. Haquin, de Liège; nous sommes heureux de pouvoir en donner une description exlraite de V Illustra- tion horticole (n° d'avril, pi. 52), et de prévenir les amateurs que l'établissement Ambroise Verschaffelt ayant acquis une partie de l'édition de ce beau fruit, en tient également des individus à leur disposition. Ce Fraisier est un gain ob- tenu aux environs de Liège, du croisement de quelque bonne variété à gros fruits et du Fragaria alpina (Fraisier des Alpes ou des quatre saisons), excellente race qu'on ne saurait trop vanter, à fruits parfumés, promptement mûrs et se succédant sans relâche depuis le moment que les pre- mières feuilles des arbres saluent le printemps jusqu'aux premières gelées de l'automne; la nouvelle variété a non- seulement hérité des précieuses qualités de son parent, mais encore a acquis le mérite d'être réellement remontante, indépendamment de celui d'être plus ou moins perpétuelle, c'est-à-dire de donner deux récolles spécialement abondantes, l'une en juin, l'autre en septembre! Les fruits sont gros, succulents, parfumés, d'une saveur délicate, enfin délicieux V 2. — AMtlL 1853. 4 oO JOURNAL et comparables aux meilleures fraises connues (Comte de Paris, Goliath, Athlète, etc.). Leur forme varie; le som- met est cependant généralement conique; les feuilles sont grandes, vigoureuses; pétioles et pédoncules velus, robustes, ces derniers divisés et donnant lieu à une fleuraison abon- dante et à une récolte également riche. Le Fraisier Délices d'automne est très-propre à la cul- ture forcée; il est probable que sa fertilité et ses autres excellentes qualités le feront généralement adopter pour cette culture de préférence à ceux que l'on emploie pour cet usage. Émettant avec facilité des coulants, il sera bientôt répandu dans tous les jardins; nous l'espérons pour le plus grand plaisir des amateurs de bonnes choses. NOTICE SIR DEUX NOUVELLES PLANTES POTAGERES : CHOEROPIIYLLUM PRESCOTTII ET RUMEX VESICAR1US. La Revue horticole hambourgeoise (Hamburger Garten and Blumenzeitung) contient la note suivante de M. Mùller, chef du Jardin botanique. d'Upsal en Suède, à M. le profes- seur Lehmann, directeur du Jardin botanique de Hambourg. « J'appelle vivement votre attention sur deux nouvelles plantes potagères dont je vous envoie des graines. » Le Chœrophyllum Prescottii provient du Jardin de Saint-Pétersbourg et est originaire de la Sibérie. On pour- rait le nommer Cerfeuil-Rave de Sibérie. En recueillant les graines à l'automne dernier, j'eus l'idée d'en faire cuire la racine qui est assez grosse et qui rappelle assez bien celle du panais. Bien que les plantes fussent en fructification, la racine n'avait pas durci comme je l'avais craint; elle était au contraire tendre et d'un bon goût. La saveur est meilleure que celle du Cerfeuil bulbeux (Chœrophyllum bulbosum ou Scandix bulbosa) ; elle est en outre plus avantageuse que celle de cette dernière plante en ce qu'elle est plus grosse et comestible même après avoir donné ses graines. Une cul- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 51 ture soignée augmentera probablement le volume des racines de cette intéressante nouveauté maraîchère. J'ai semé les graines au printemps ; mais je crois qu'en semant en automne, comme cela se pratique avec le Cerfeuil bulbeux ordinaire, on obtiendra une graine qui germera mieux, et des racines qui deviendront plus volumineuses. Le Chœrophyllum Prescottii réussit parfaitement dans un terrain un peu humide et meuble; il est vivace, tandis que le Cerfeuil bulbeux est bisannuel. Le Rumex vesicarius, originaire du sud de l'Europe et du nord de l'Afrique, est annuel et donne beaucoup de graines. Les feuilles préparées en Épinards m'ont paru de très-bon goût ; elles sont légèrement acidulés et seront très-utiles pour mélangera l'Épinard ordinaire et à en rele- ver le goût. Celte plante donne beaucoup de feuilles charnues et assez grandes; elle demande un bon sol un peu humide. Ipomologie. PRUNE WASHINGTON. Cette prune semblerait, d'après son nom et sa synonymie, prune Jackson, avoir été obtenue aux États-Unis. M. Herincq, qui a fait figurer ce beau fruit dans le numéro de décembre 1854 de l'Horticulteur français, ne nous fait rien savoir de son origine; il se borne à dire que cette prune est déjà citée dans un catalogue anglais de 1851, qu'on la trouve rarement dans les jardins (1), et enfin qu'il l'a vue et dégustée chez M. Dupuy-Jamain, pépiniériste, barrière Fontainebleau, à Paris, et qu'il l'a trouvée aussi bonne que belle, point au reste le plus important. La prune Washington porte encore (1) Le Bon Jardinier l'indique déjà depuis quelques années comme étant comparable à la Reine Claude, mais n'entre pas dans des détails descriptifs. 52 JOURNAL pour nom prune Philippe Ier. Passons à la description qu'en donne le savant rédacteur de V Horticulteur français. «L'arbre est grand et fort, à rameaux allongés assez gros, à feuilles assez amples, plus ou moins arrondies ou ovales, à bords garnis de dents arrondies, inégales; la face supérieure est d'un vert clair dans l'âge adulte; la face inférieure est blanchâtre, velue et assez fortement veinée ; la queue ou pétiole est velu et creusé en gouttière en dessus; sa longueur est d'environ un centimètre à un centimètre et demi. Le fruit, qui a quelques rapports avec la prune-œuf ou Impériale vio- lette, appartient, selon nous, incontestablement à la race des Reines Claude; il mûrit dans le commencement de sep- tembre. Il est très-gros, solidement attaché et de forme va- riable : parfois arrondi ovale, plus haut que large, ou plus large que haut; parfois aminci régulièrement vers les deux bouts où il paraît tronqué; la couture ou sillon longitudinal est peu prononcée; il en présente quelquefois deux opposées. On observe, dans une légère cavité oblongue située au som- met du fruit, une pointe jaunâtre, c'est le point pislillaire. Le pédoncule est gros, un peu arqué, vert, velu et un peu plus long que le pétiole. La peau est mince, très-transparente, se séparant facilement de la chair; d'abord d'un vert clair, elle devient jaunâtre et se marbre de rougeâtre surtout du côté du soleil et à l'époque de la maturité. On remarque à la surface cette pulvérulence blanchâtre que Ton nomme vul- gairement fleur, e,t qui semble être comme un cachet de bonne race; aussi se tache-t-elle au moindre attouchement. La chair est fondante, succulente, d'un beau jaune d'or du côté qui a été le plus exposé aux rayons solaires et jaune verdâtre du côté opposé; l'eau est abondante, d'une saveur douce et agréable. Le noyau se détache de la chair (le Bon Jardinier dit que la chair tient au noyau) ; ses faces sont rugueuses. » Ce Prunier donnant des pousses vigoureuses pourra sans doute être introduit dans les vergers, où il sera recherché à cause de ses bons fruits plus gros que dans la Reine Claude dorée ordinaire. D'HORTICULTURE PRATIQUE. &1 PLANTATION DE POIRIERS EN FUSEAU OU ARBRES EN COLONNE (1). Ne m'étant pas aperçu qu'aucun auteur ait parlé ni de la plantation ni de la taille des arbres en forme de fuseau contre les murs, ce qui peut, à mon avis, être appelé fuseau plaqué ou arbre en colonne, je vais essayer de démontrer l'avantage qu'il y a d'avoir des poiriers ou pommiers et peut-être même d'autres arbres à fruits dirigés de cette manière, lorsqu'on a un emplacement convenable. Une plantation de ce genre convient plus particulièrement contre des murs très-élevés, et encore mieux contre une maison, dont ils rempliront l'espace plus promptement et donneront des fruits plus vite que de toute autre forme. On peut donc planter des poiriers, pour cette destination, de soixante-cinq à quatre-vingts centimètres les uns des autres; ils ne devront subir aucun palissage, sinon celui de la seule branche-mère qui fait le corps de l'arbre; trois crosses et une baguette suffiront à chacun de ces arbres; ils n'auront besoin ni de fils de fer, ni de treillage, ce qui est toujours très-coûteux; car, en horticulture, le grand sys- tème est l'économie. Or, avec celui que je propose, on évite l'achat des fils de fer, des crosses et des baguettes, une perte de temps, des trous dans les murs, qui sont ou des dégra- dations ou des retraites pour les insectes, et le mur reste plus agréable à la vue. Pour une plantation de ce genre, on devra choisir des arbres forts et bien égaux, poiriers, par exemple, delà poussée de deux ou trois ans, n'ayant pas été recoupés ni élagués près du tronc; en un mot, des arbres de tout premier choix; les planter avec précaution, les tailler peu; ils devront avoir plus de deux mètres de hauteur; ils donneront peut- (1) Extrait du Bulletin de la Société impériale d'horticulture pratique du département du Rhône, septembre et octobre 1853. U JOURNAL être quelques fruits l'année même de la plantation : j'en montrerai l'exemple chez moi celte année. Dans tout cela, rien de difficile : la taille et le pincement seront d'une exé- cution plus simple que celle des autres arbres conduits différemment. Je suppose avoir une plantation de huit arbres à faire contre une maison où le soleil donne la moitié de la journée, c'est-à-dire depuis le malin jusqu'à midi ou depuis midi jusqu'à la nuit; le mur étant très-élevé, je planterai des poiriers greffés sur franc, et, pour avoir des fruits mûrs à peu près à toutes les époques, je choisirai les variétés suivantes : Un poirier Beurré Giffard, un Bon Chrétien William, une Duchesse d'Angoidème, un Colmar d'Arenberg, un Beurré Diel, un Beurré d'Ardempont, et deux Bergamotes de Pentecôte, et si un mur était plus étendu en largeur, on pourrait ajouter quelques autres bonnes variétés. Si le mur contre lequel on veut planter était tourné au nord, voici les variétés que je conseille : Bon Chrétien William, Duchesse d'Angoulème, Colmar d'Arenberg et Bergamote de Pentecôte; ces quatre variétés, se succédant en maturité, sont aussi très-convenables comme spécula- tion (1). L'on peut aussi faire des plantations du même genre avec des poiriers greffés sur cognassiers ou des pommiers greffés sur paradis, contre des murs moins élevés, en plantant les variétés convenables et suivant l'exposition qui convient à chacune d'elles, car c'est là le point le plus essentiel. Avec des arbres sur de tels sujets, on est certain de récolter plus promplement, mais aussi les arbres dureront bien moins. Quand on plante, c'est pour jouir et jouir longtemps ; donc (1) Je ne parlerai que peu de la posilion du midi, elle est le plus souvent réservée pour des pêchers ou des treillages de vigne et ne convient pas du tout aux pommiers; mais, si l'on voulait y planter des poiriers, toutes les variétés peuvent y réussir, celles d'hiver devront avoir la préférence. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 55 je crois qu'il vaut mieux planter des arbres greffés sur franc lorsque le mur est élevé. J'ai dit que la taille et les pincements étaient des plus faciles; en effet, n'ayant d'autre branche-mère que la ver- ticale, qui est le corps de l'arbre, il n'y a, par conséquent, point de palissage à faire; toutes les ramifications étant destinées à porter du fruit, celles de la base ne devront avoir au plus que vingt ou vingt-cinq centimètres de longueur, et diminuer progressivement à mesure que l'arbre atteint sa plus grande élévation, de manière que l'arbre, dans son ensemble, représente une colonne ne montrant que la moitié de son épaisseur. Llizet père. Miscditmécs. CULTURE DES BOUVARDIA OU HOUSTOMA. Les espèces de Bonvardia dont nous voulons indiquer la culture générale sont surtout les suivantes : Bonvardia tri- phylla ou Jacquini, et ses variétés splendens, fîava, leiantha, mollis, hirtella, Cavcmillesii, angustifolia, etc. ; charmantes plantes formant de petits arbrisseaux de 50 centimètres à 1 mètre de hauteur, et que l'on peut utiliser en été pour la décoration du jardin en pleine terre. On ne saurait surtout voir rien de plus joli, que les buissons à fleurs vermillonnées des Bouvardia triphylla, splendens et leiantha, et nous enga- geons vivement les amateurs à beaucoup multiplier ces espè- ces. Cette multiplication n'offre aucune difficulté et peut se faire au mois d'avril. On détache à cet effet quelques racines d'un pied assez fort; on découpe ces racines en petits mor- ceaux que l'on plante assez rapprochés les uns des autres et droits, dans une terrine très-drainée et remplie de terre m JOURNAL argileuse douce (terre jaune, terre à froment) mêlée à du fumier bien consommé ou à du terreau de feuilles ; on plante de manière à ce que l'extrémité supérieure seule de la racine reste visible au-dessus de la terre. La plantation achevée, on arrose assez copieusement et l'on place la terrine dans une couche ou dans une serre chaude, à une température de 18 à 20 degrés centigrades. Lorsque ces racines auront donné des feuilles de 10 à 12 centimètres de hauteur, on mettra chacun de ces petits pieds dans un pot; au bout de quelque temps, si l'on a eu soin de les habituer par degrés à une température de plein air, on pourra les ôter de leurs pots et planter en pleine terre dans une couche au jardin ; on les disposera par lignes en observant une distance d'environ 10 centimètres entre les plantes. Ainsi traitées et mises dans un sol fertile, les boutures d'avril fleuriront en septem- bre et même plutôt. On rempotera à l'approche des froids. Vers la mi-avril, on rassemblera tous les pots de Boit- vardia relégués çà et là dans l'orangerie et sous les ta- blettes de la serre froide, on enlève alors les plantes hors des pots, en secouant la moite pour la débarrasser de foute terre; on retranche quelques-unes des plus grosses racines en respectant les minces et fibreuses autant que possible. On rabat en même temps la plante de manière à ne conserver que trois, quatre ou cinq yeux par branche et suivant la force du pied. On rempote dans un compost de terre franche, douce et de terreau de feuilles; on ajoute une certaine quantité de sable pour rendre le sol plus perméable et empêcher que les racines n'y soient trop comprimées. On dispose les pots dans une bâche froide, sous châssis nuit et jour jusqu'au moment que les plantes commencent à pousser; on recouvre même les châssis de paillassons pendant la nuit; une fois les plantes en train, on donnera de l'air peu à peu, on enlèvera les châssis pendant le jour et bientôt après on ne les mettra plus le soir. Huit jours d'exposition à l'air auront assez durci les plantes pour qu'on puisse les ôter de la bâche et D'HORTICULTURE PRATIQUE. 37 les mettre en place en pleine terre dans le jardin, soit en groupes massifs , soit en les entremêlant à d'autres arbris- seaux ou à des plantes vivaces. La fleuraison des Bouvardia ainsi traités a lieu pendant tout l'été et jusqu'au moment de les enlever de la pleine terre pour les rempoter et les transpor- ter dans la serre froide où ils continueront à fleurir jusqu'à la fin de décembre, si dans ce rempotage (qui a lieu dès que les premières gelées sont à craindre), on a eu soin de relever les plantes avec leur motte aussi entière que possible , de ne pas déranger ou de blesser les jeunes racines et enfin de choisir des pots juste assez grands pour admettre sans entassement la motte et une petite quantité de terre jaune douce au fond du vase et autour des racines. Dès que les feuilles commencent à tomber, on relègue les plantes sous les tablettes jusqu'au moment de recommencer les opéra- tions du mois d'avril. Observons qu'un même pied de Bou- vardia peut ainsi être traité pendant plusieurs années et produire constamment une riche et abondante fleuraison, tandis que par les moyens généralement employés on n'ob- tient que des plantes effilées et des fleurs chélives. GENTIANÉES INDIGÈNES. Parmi les espèces de Gentianées croissant spontanément en Belgique, plusieurs méritent l'attention des amateurs de jolies plantes de pleine terre ; car il nous semble, pour qu'un végétal soit digne d'une place dans un parterre, qu'il ne faut pas absolument l'avoir importé des pays lointains! Ce n'est cependant pas le raisonnement de tous les cultiva- teurs. Notre Flore renferme des espèces qui, si elles étaient affublées de noms étrangers indiquant une provenance loin- laine, seraient recherchées sans aucun doute; mais comme elles sont dépourvues de ces soi-disant qualités, on les foule aux pieds; aidons donc, autant que nous le pouvons, à ce que la lumière se fasse, et pour cela engageons nos lecteurs 58 JOURNAL à suivre noire pérégrination aux environs de Bruxelles, à la recherche des quelques jolies Gentianécs ci-après. Câcure illciiyantlics (LlNNÉ). Calice quinquepartit (en 5 découpures); corolle infundi- buliforme, à cinq divisions étalées, barbues à la face interne, à bords roulés en dedans. Étamines, cinq; style filiforme; stigmate bilobé. Capsule uniloculaire polyspernie. jHcnyanthes trifoiiatu (L.), vulgairement Trèfle d'eau. Plante vivace, aquatique, à rhizome traçant, blanchâtre, muni d'écaillés membraneuses engainantes qui laissent par leur destruction des cicatrices annulaires. Feuilles naissant au sommet du rhizome ou au sommet de ses ramifications ; trifoliolées, longuement péliolées, à pétiole dilaté à la base en une gaine membraneuse. Fleurs d'un blanc rosé munies de bractées, réunies en grappes pluriflores spiciformes. Flo- raison de mai à juin. Cette espèce est d'un effet charmant pour la décoration des pièces d'eau. Elle se rencontre assez communément aux en- virons de Bruxelles dans les marais tourbeux et les prairies spongieuses. Genre Villarsia (VENTENAT). Calice quinquepartit. Corolle presque rotacée, à tube court, à gorge barbue, à cinq divisions. Étamines au nombre de cinq. Capsule uniloculaire polyspcrme. visiarsia rcynipuoities (Vent. ),Menyan thés Nymphoides (L»), vulgairement Faux Nénuphar. Plante vivace, aquatique ; tiges de longueur très-variable, rameuses, submergées, feuillées seulement dans leur partie supérieure; feuilles très-entières, suborbiculaires, coriaces, luisantes en dessus, ponctuées et d'un vert pâle en dessous, plus ou moins longuement péliolées; fleurs grandes, d'un beau jaune d'or longuement pédicellées. Calice divisé presque jus- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 59 qu'à la base, à divisions obovales, à bords déchiquetés ciliés. Espèce d'un grand effet pour l'ornementation des bassins aquatiques. Elle se voit assez rarement aux environs de Bruxelles. Nous l'avons rencontrée à diverses reprises aux sources de la Woluwe, dans la forêt de Soignes, près de Boitsfort. Genre Gentiana (LlNNÉ). Calice tubuleux ou campanule fendu en 4 à 40 découpures ou parties; corolle infundibuliforme, campanuléc ou rotacée, à gorge nue ou munie d'écaillés multifides, à 4-5 divisions à lobes égaux, ou à 6-10 divisions à lobes alternativement très- inégaux. Étamines 4-5. Capsule uniloculaire polysperme. Gentiane Pnetimonanthe (L.) , vulgairement Gentiane des marais. Tiges de 2 à G décimètres, dressées, raides, simples ou à peine rameuses au sommet; feuilles sessiles, connées à la base, lancéolées-linéaires ou linéaires, ordinairement obtuses; les inférieures squamiformes connées en gaines assez lon- gues; fleurs très-grandes, d'un beau bleu d'azur, solitaires à l'aisselle des feuilles ou à l'extrémité de la tige et des ra- meaux. Les fleurs se montrent depuis juillet jusqu'en oc- tobre. Cette charmante espèce se prête admirablement bien pour plante de corbeilles suspendues: seulement il faut l'associer à des espèces qui, comme elle, aiment une terre humide et spongieuse. Je n'ai jamais rencontré celte espèce dans mes herborisa- tions aux environs de la capitale. Je l'ai observée très-communément dans la Campine mali- noise. Gentiana eruciata (L.), Gentiane croisette. Tiges de 2 à 5 décimèlres; feuilles oblongues lancéolées, obtuses, atlénuées à la base; fleurs sessiles, fasciculées à l'aisselle des feuilles supérieures et réunies en un glomérule 60 JOURNAL compacte, pluriflorc au sommet de la tige. Calice quelque- ibis fendu d'un côté, à 2, 5, 4 divisions très-inégales, très- longues ou réduites a des dents courtes membraneuses. Co- rolle d'un bleu d'azur à gorge nue; anthères non cohérentes. Cette espèce, comme la précédente, est vivace, fleurissant depuis le mois de juillet jusqu'en octobre. Cette Gentiane demande un terrain assez sec et léger; elle est d'un charmant effet pour l'ornementation des rocailles. On la rencontre assez communément aux environs de Bruxelles. Genre Erythrœa (RlCII.). Calice tubuleux à cinq angles saillants, à cinq divisions linéaires ; corolle infundibuliforme à limbe divisé en cinq parties. Étamines en nombre égal auxdivisions du calice (1). Capsule linéaire, à une seule loge. Erythrœa Centauritim (PERS.), Geiltiaiia CéntaUttUm (L.), Chironia Centaurium (Smith), vulgairement la petite Cen- taurée. Tiges de 2 à 8 décimètres, dressées, marquées de quatre à six lignes saillantes, rameuses, à rameaux opposés; feuilles ovales-oblongues, aiguës ou obtuses; les radicales disposées en rosette. Fleurs d'un beau rose très-brièvement pédicel- lées, en cimes rapprochées en corymbes mulliflorcs, com- pactes, terminant la tige et les rameaux. Cette espèce produit un effet charmant surtout lorsqu'elle est cultivée en touffes assez épaisses. Elle est bisannuelle. Cette Genlianée se rencontre très-communément dans nos environs, et tout terrain lui convient. A. Weshael. Nota. Je considère comme plantes des environs de Bruxelles celles qui croissent spontanément dans un rayon de quinze kilomètres, en prenant Bruxelles comme point central. (i) Ce genre se distingue surtout des Gentianes auxquelles Linné le réunissait par la disposition des anthères après la fécondation; elles se roulent alors en spirale. D'HORTICULTURE PRATIQUE. Ci (Expositions* EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE ET DE BOTANIQUE DE GAND. Cette exposition avait réuni près de 1,400 plantes. M. Au- guste Van Geert avait seul fait un envoi de 42 plantes remar- quables et nouvellement introduites. Il obtient le prix affecté à ce concours. Nous citerons de ce nombre les Rhododen- drum Keysii et Nuttallii, espèces deBootan, que Tondit fort précieuses; un Camellia de la Chine, dont les jardiniers anglais font une nouvelle espèce, et un Araucaria, indiqué species Rio (Hort. Angl.). Le Brésil ne nous a cependant offert jusqu'à présent que l' Araucaria Brasilien&is. En belle culture, nous trouvons de nouveau M. Ch. de Loose, en tête de ses rivaux, avec un pied d'Azalea indica, portant trois variétés différentes : lateritia, variegata et Gleedstanesii, bel exemplaire que nous voyons figurer depuis nombre d'années aux expositions de Gand et qui excite toujours l'envie des amateurs; le second prix est accordé à YHeliconia brasiliensis de M. le chevalier Heynderycx ; il ne se passe aucune exposition dans laquelle le concours de belle culture ne donne lieu à une lutte intéressante entre ces deux concurrents, champ clos qui les réunit toujours et dans lequel viennent souvent briller MM. Van de Woestyne- Van den Hecke et Victor Van den Hecke ; le premier de ces deux messieurs , le rival constant de M. Ch. de Loose et de M. Heynderycx dans le concours des Amaryllis, est obligé de céder encore cette fois la palme à l'admirable collection de M. Ch. de Loose, mais il l'emporte sur l'honorable prési- dent à vie de la Société. Douze nouvelles variétés italiennes de Camellias (à l'excep- 0-2 JOURNAL lion du Camellia Reine des Belges, né à Gand), divisées en deux séries de six, font obtenir le premier et le troisième prix à M. 13runon-13oddaert pour le concours des six Camellias nouveaux. Le second prix est accordé à M. D. Vervaene, horticulteur à Gand. Dans ce lot figurait également un pied de Camellia Reine des Belges, variété que l'on sait être une des plus belles qui existent. Les six variétés qui ont obtenu le premier prix sont : Antonio, la fuente, Duca di Guisa, Carlo Cataneo ; il 22 Marzo (beau Camellia de 18a0); Reine des Belges et VInnaspettata. Malgré l'époque assez critique d'une exposilion sur la- quelle planait encore la bise glaciale d'un hiver des plus rigoureux, M. J. Verplancke, propriétaire, avait envoyé un contingent remarquable de prés de MO plantes en fleurs, le jury lui décerne un premier prix bien mérité. La colleclion d'Orchidées de M. le chevalier Ileynderycx, couronnée d'un premier prix, comprenait quinze espèces et, entre autres, les Barkeria Skinneri, Epidendrum Stampfor- dianum, les Odontoglossum pulchellum et Cervantesii, le Lycaste Skinneri en variétés incarnata et picta, jolies espèces dignes de figurer dans une collection délite. M. Victor Van den Hecke, outre sa belle collection de vingt Azafca indica en fleurs qui lui fait obtenir un premier prix, reçoit une médaille spéciale de vermeil pour un envoi de quarante espèces de Bégonia, dont la moitié étaient en fleurs, parmi lesquelles nous remarquons avec plaisir les Bégonia albo coccinea, Carolinœfolia, Hydrocolylefolia manicata, vitifolia, Lapeyrousii , conchifolia, odorata, charmantes plantes pour orner en hiver les tablettes de la serre chaude ou les jardinières d'un salon. Le jury, pour reconnaître le plaisir que M. Donkelaar père procure aux amateurs par la diffusion des deux magni- fiques Camellias qu'il a obtenus de semis et baptisés des noms chers à la Belgique de Camellia Reine des Belges et Camellia Rubens, lui vote une médaille spéciale; ce que tous, avec nous, ratifieront de bon cœur. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 65 EXPOSITION de la société royale d'iiorticulture et d'agriculture d'anvers. Huit jours après l'exposition de Gand s'ouvrait celle d'Anvers, dans la salle du Musée. Bien que le nombre de plantes exposées fût considérable pour la saison (au delà de mille), on regrettait vivement de ne pas y voir ces splendides Camellias en arbres de M. Edmond Legrelle et de Mme Le- grelle d'Hanis ; cette absence jeta une ombre fâcheuse sur l'en- semble, tant la présence de ces nobles exemplaires semble être un sine quâ non des expositions d'hiver de la Société d'horticulture d'Anvers. Nous espérons bien les revoir l'année prochaine. M. Bauwens, pharmacien à Gand, obtient, le premier prix (médaille de vermeil) pour sa collection de huit Camellias distingués par leur nouveauté et leur beauté. Il sera sans doute agréable aux amateurs de connaître le nom de ces huit privilégiés; ce sont d'abord les Camellia Rubens et Reine des Belges, puis il 22 Marzo, Rappollina ou Rapalino, Goliath (?); V Empereur de Russie, Matthotiana (un des meil- leurs Camellias connus), Romaniensis, Pareto et Baron Sigismond de Pronay (nouveauté tant soit peu surannée). L'Italie nous a envoyé depuis quelques années une série de Camellia Princes, Comtesses, Ducs, Barons, Archiducs et Archiduchesses, qu'il n'y a plus vraiment de quoi s'y recon- naître; il est même à craindre que ce luxe eflrayant de nou- veautés ne tourne au détriment des producteurs. Le Rhododendrum Edgeworthii (espèce himalayenne), ex- posé par M. Gustave Van Havre, obtient le premier prix {\a concours pour la plante la plus rare; ce même amateur reçoit un troisième prix pour le Rhododendrum glaueum; le second prix est décerné à une espèce de Tillandsia du Brésil exposée par M. l'avoué Dillen. Un superbe exemplaire de 3/orœa fimbriata (Iris), appar- U JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. tenant à M. Bovie, reçoit la première palme pour belle culture, triomphe d'autant plus éclatant pour cette plante, dont on n'apprécie pas assez le mérite et la beauté, qu'elle luttait contre \ G à 17 plantes fort distinguées (Azalées, Amaryllis, Orchidées, Epacris, Hebeclinium, etc.); le second prix est accordé à un Bégonia manicata de M. C. Seghers, et le troisième à un Bégonia fuchsioides de Mme Noltebohm ; on voit que les Bégonia sont non-seulement recherchés, mais qu'ils peuvent devenir, entre des mains expérimentées et soigneuses, des adversaires redoutables dans l'intéressant concours des plantes les mieux cultivées. Le plus beau contingent des plantes fleuries était fourni par M. de Caters, président de la Société ; le jury lui accorde le premier prix à l'unanimité; M. le chevalier J. de Knyff reçoit le second. Terminons ce rapide compte rendu en citant les deux magnifiques collections d'Azalées de l'Inde exposées par 31. J. P. Meeussen fils et par M. Edmond Legrelle , collec- tions dont la brillante floraison, la belle culture et le bon choix, ont en partie tempéré les regrets que l'on éprouvait du vide laissé par l'absence à laquelle nous avons déjà fait allusion. La collection de M. Meeussen, comprenant 87 exem- plaires, reçoit le premier prix; son concurrent, M. E. Legrelle, n'avait envoyé que 51 pieds, et obtient le deuxième prix. Dendrobium speciosum. Les amateurs admirent en ce mo- ment, dans les serres delà Société d'horticulture de Londres, un exemplaire de Dendrobium speciosum, portant douze épis de fleurs ayant chacun plus de 40 centimètres de lon- gueur. On attribue celle floraison extraordinaire à ce que l'exemplaire a été cultivé dans une serre tempérée. Le doc- teur Lindley suppose que la culture actuelle du Dendrobium speciosum en serre chaude pendant toute l'année, est la cause à laquelle on doit attribuer la rareté de floraison de celte noble Orchidée. JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. PLANTES FIGURÉES DANS CE NUMÉRO. PÉLARGONIUMS VARIÉS (nouveautés). L'apparition de différentes variétés de Pélargoniums, pré- sentant au beau milieu de chacun de leurs trois pétales infé- rieurs une large macule de même teinte que les deux grandes taches qui font un si bel effet dans les deux pétales supérieurs, offre une page curieuse dans l'histoire des conquêtes faites par l'horticulture moderne. Elle prouve que si la perfecti- bilité des formes peut avoir des limites, la variabilité et la distribution des nuances peuvent être pour ainsi dire illimi- tées dans les couleurs de certains genres et de certaines espèces de plantes. Les brillantes nouveautés de Pélargo- niums à cinq taches obtenues de semis par M. Duval, jardi- nier de M. J. Odier, ont été, d'un commun accord, baptisées du nom de Pèlargonium Odier. Tous les journaux horticoles ont parlé de celte superbe phalange de fleurs parfaites, au coloris tantôt des plus ardents comme dans la variété Nec plus ultra, tantôt des plus frais et gracieux comme dans la variété Madame Lemichez; tous ont fait savoir à quel prix élevé le monopole de cette collection avait été livré à un hor- ticulteur distingué de Lille, M. Miellez. Aussi nous borne- rons-nous à constater que l'introduction dans le commerce horticole de cette série intéressante de nouvelles variétés de N° 3. MAI 18So. 5 06 JOURNAL Pélargoniums, a accru le zèle des semeurs dans leurs tenla- tives de perfectionnement, et que le résultat a été l'obten- tion d'un grand nombre de variétés nouvelles dans les diverses catégories horticoles du genre Pélargonium. Le nombre de deux cents nouveautés que l'on annonce témoigne éloquem- ment de l'enthousiasme des semeurs. Sera-t-il partagé par les amateurs? c'est ce que nous ne pouvons encore décider. En tout cas, ce chiffre énorme, qu'il aurait été peut-être plus sage de passer sous silence pour la tranquillité des amateurs, aura à souffrir, sans nul doute, beaucoup d'épurations; et pour faciliter un choix au milieu de tant de richesses, nous indiquerons ci-après un certain nombre de variétés qui nous ont paru les plus méritantes, tout en répétant qu'un pareil choix est chose fort arbitraire, car lorsque les exigences de la beauté des formes, de l'ampleur des pétales et de l'harmo- nie des couleurs, ont été remplies selon les règles de l'esthé- tique, la question de décider si telle ou telle nuance, souvent intraduisible même au pinceau de l'artiste, ou si telle ou telle étendue ou forme de's macules doivent être préférées à telle autre nuance ou à telle autre tache et à telle autre rélicula- tion, ne peut véritablement se résoudre que par le temps; c'est à ce grand maître, ennemi juré de tout engouement, qu'est heureusement remis le soin de décerner la gloire du souvenir! Mais, qu'importe pour beaucoup, si le beau d'au- jourd'hui sera éclipsé par le beau de demain, pourvu que le présent ait réussi? C'est cependant l'histoire de toutes les variétés gagnées par l'homme : c'est l'histoire du Dahlia, des Tulipes, des Jacinthes, des Renoncules, des Auricules, des Pensées, de tant d'aulres fleurs qui viennent un moment charmer notre vue, et, chose incroyable malgré notre incon- stance, la nature semble vouloir, par l'apparence de teintes ou de dessins neufs, provoquer le semeur à de nouveaux essais, et nous forcer, presque malgré nous, à admirer l'éten- due de la puissance de ses combinaisons. Nous avons cru devoir faire comprendre, par les lignes qui précèdent, que n'ayant point, comme dans l'espèce botanique, des éléments D'HORTICULTURE PRATIQUE. C7 caractéristiques fixes pour préciser notre opinion, la liste que nous donnons est faite d'après les impressions du mo- ment et dans la conviction que toutes ces fleurs sont belles. La variété violette que nous représentons à gauche du dessin (1) est un semis de M. Odier, et porte pour nom Eu- génie Duval. La variété du milieu, sans être aussi grande que la plupart des fleurs que l'on a gagnées depuis peu, est d'un coloris tellement chaud et éclatant que M. Miellez l'a nommé Roi des feux. La belle et grande fleur à droite est, suivant nous, ce qu'il y a de plus beau jusqu'à ce jour en Pélargoniums ; c'est la variété Verschaffeltii de Miellez. — Passons à l'examen d'autres variétés d'élite dont nous con- naissons les dessins : Louise Miellez (Miellez). Superbe; les trois macules infé- rieures d'un noir velouté, fond cerise carminé, centre blanc. Napoléon III (Miellez). Très-foncé; magnifique variété dont la forme rappelle celle d'une Pensée; les pétales supé- rieurs presque entièrement noirs, bordés d'un mince liseré rouge-foncé; les trois macules inférieures très-grandes, absor- bant presque les deux tiers du limbe, d'un noir velouté, envoyant des ramifications dans un fond rouge, foncé passant au carmin sur les bords. Le Roi des pourpres (Miellez) est presque aussi ample- ment foncé que le Pèlargonium Napoléon III ; les trois ma- cules inférieures sont moins développées et envoient dans la teinte pourprée du limbe des lignes de nervation très-régu- lières et d'un charmant effet. Madame Lemichez (Odier). Forme parfaite, grandeur, co- loris frais et élégant, sont les qualités qui mettent ce semis sur le premier rang parmi les plus belles variétés obtenues jusqu'à ce jour; les cinq macules sont d'un cerise passant (1) Les trois Pélargoniums que nous représentons sont exéculés d'après deux belles planches de Y Illustration horticole (pi. 35 et 39), qui nous servent également à décrire les onze premières variétés de notre liste. 68 JOURNAL au noir vers le milieu, et tranchent sur le fond blanc des pétales. Ernest Duval (Odier). Les deux macules supérieures très- amples, d'un violet analogue à celui d'Eugénie Duval, dont elle diffère par les trois belles macules inférieures à veines fortes et rayonnantes. Godefroid (Odier). Fond rose, orné de cinq macules d'un pourpre très-foncé; les deux macules supérieures absorbent le limbe presque en entier. Nec plus ultra (Odier). Très-bonne forme, fond cerise- pourpré de toute beauté , macules supérieures d'un noir velouté, centre (vers l'onglet des pétales) blanc. Van Houttei (Miel lez). Charmante variété, remarquable par l'ampleur de ses cinq macules d'un noir velouté pourpré, bordé de carmin, fond rose foncé ; de fortes et courtes rami- fications provenant des macules pénétrant dans le fond plus clair jusque près du bord du limbe, dessinent un feston cir- culaire fort agréable. Atroviolaceum (Odier). Fond d'un violet foncé, deux ma- cules supérieures plus foncées; limbe bordé d'un filet lilas; fleur moins grande que dans les autres variétés ; coloris curieux. Scaramouche (Odier). Fond dans le coloris du Roi des feux; cinq macules; les trois inférieures bien marquées et de grandeur moyenne. Edouard Miellez (Odier). Coloris dans le genre d'Ernest Duval, mais plus vif, ressemble surtout à Eugénie Duval, plus les trois macules inférieures. Ces trois variétés sont cer- tainement sœurs (1). Comtesse de Mulinen (Chauvière et Rougier). Les trois pétales inférieurs d'un rose léger très-frais, pétales supérieurs d'un rose vif maculé de noir. (1) Toutes ces variétés viennent dêtre mise's dans le commerce par M. Miellez. M. A. Yerschaffelt s'est chargé de la vente en Belgique de ces nouveaux Pélargoniums, au même prix de 10 francs la pièce. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 69 Albert de Caumont, Fort belle variété à cinq macules, ob- tenue, ainsi que la suivante, par MM. Chauvière et Rougier; fond rose vif à macules de couleur marron foncé. M. Doumet. Cette variété n'est pas encore livrée au com- merce. Fleur carminée; les deux pétales supérieurs maculés et veinés de noir; le bord du limbe des pétales est marqué d'un liseré blanc. Jolie variété (i). Les variétés suivantes, dont nous n'avons pu constater la beauté comme pour celles que nous venons de décrire, nous ont été recommandées comme étant fort belles ; le nom des obtenteurs nous offre en tous cas une garantie que l'on ap- préciera facilement. Madame James Odier (Odier). Fond cerise, pétales supé- rieurs maculés de noir, bord du limbe liseré de blanc. Excel- lente variété. Madame Ferdinand de Lasteyrie (Odier). Belle variété à fond carné, veiné de rouge carmin ; cinq macules d'un noir pourpré, passant au rouge feu sur les bords. Madame Laffay (Odier). Fond blanc et rose, cinq macu- les d'un marron foncé, cramoisi vers les bords. Madame Leflo (Odier). Très-jolie variété à fond rose; cinq macules d'un noir velouté passant au carmin sur les bords. Eugénie Scribe (Odier). Belle variété à grandes fleurs carnées; les cinq pétales ornés d'une macule pourpre foncé et rouge feu. Adèle Odier (Odier). Variété à grandes fleurs carnées; cinq macules brunes ; les deux pétales supérieurs veinés de de pourpre ou de carmin. Aurélie Duval (Odier). Très-jolie variété à fond blanc; cinq macules marron foncé passant au carmin vers les bords. Élise Miellez (Odier). Fond rose ; cinq macules à peu près du coloris à'Aurélie Duval et comme elle de premier ordre. (1) Ces trois variétés sont figurées dans l'Horticulteur français, n° d'avril 1855. 70 JOURNAL Adolphe Odier (Odier). Cinq macules d'un noir velouté tranchant sur un fond rose saumoné foncé. Ces variétés sont cotées dans les catalogues marchands au prix de trois et six francs la pièce. L'établissement des serres du Prado à Marseille offre de nouvelles variétés de Pélargoniums provenant des semis de M. A. Geoffre, l'habile directeur de ce bel établissement, qui semble destiné à perfectionner, sous un heureux climat, certaines cultures de nos contrées septentrionales. Ces va- riétés sont : Foriuna, à fleurs d'un cerise carminé; macules d'un mar- ron noir. Belle Marseillaise. Pétales supérieurs carmin pourpre velouté et bordés d'un liseré blanc; pétales inférieurs d'un blanc pur; macules carmin. Princesse de Monaco. Fond carmin foncé, centre blanc; cinq macules ; pétales bordés d'un liseré clair. Comtesse de Provence. Pétales supérieurs marron et car- min, liserés de blanc; les inférieurs à fond blanc et macules marron. Nobilianum, d'un carmin vif; pétales inférieurs blancs, tachetés de carmin. Talisman. Fond carmin ; pétales liserés de blanc, centre blanc. Ces six variétés, prises ensemble, vingt-cinq francs. Un horticulteur anglais, M. Gaines, à Battersea, recom- mande aux amateurs un Pélargonium nommé Tète noire. Si le prix auquel il le taxe (environ 55 francs par pied) est en harmonie avec la beauté de cette nouveauté, ce doit être vraiment quelque chose de merveilleux. — Les pétales supé- rieurs sont d'un noir velouté, les pétales inférieurs d'un orange saumoné, rehaussé par une large macule d'un noir velouté. Ces teintes doivent produire un fort bel effet. Enfin, pour être juste envers tous, nous ne pouvons passer sous silence les belles variétés suivantes : D'HORTICULTURE PRATIQUE. 71 M. Lesèble (Thibaut et Keteleer). Fleurs roses, veinées de cramoisi, à cinq macules marron. Le Nègre (Chauvière). Pourpre amarante, cinq fortes ma- cules marron foncé. Madame de Rougemont (Chauvière). Couleur chair, cinq macules marron et pourpre. Étoile de la Roquette (Chauvière), d'un rose saumoné; les cinq pétales maculés et slriés de poupre noir. Atar Gull (Lemoine) (1). Pétales supérieurs de couleur cerise, maculés et veinés de noir; pétales inférieurs roses à macules carmin feu. Pictum (Beck). Pétales d'un cerise rougeâtre; cinq ma- cules d'un noir velouté, etc. horticulture et rangera PLANTES NOUVELLES ET RARES. 1° SERRE CHAUDE. Garctnia Mangostana (LlNNÉ), figuré dans le Bot. Mag. pi. 4847. — Famille des Gultifères. — Dodécandrie Mo nogynie. Le Mangoustan, que l'on ne doit pas confondre avec le Manguier, Mangifera indica des botanistes, a fleuri récem- ment en Angleterre, et de plus, comme pour remercier la grandiose hospitalité que le duc de Norlhumberland lui avait offerte dans un palais de cristal bâti exprès à Syon- (1) L'établissement de M. V. Lemoine, rue de l'Étang, à Nancy, se recommande particulièrement par son importante collection de Pélar- goniums. M. V. Lemoine cultive ce beau genre d'une manière toule spéciale, et obtient chaque année de très-heureux résultats dans ses semis de Fantaisies, de Diadematum , et de variétés dites à grandes fleurs. 72 JOURNAL House pour la culture des arbres fruitiers des tropiques, le noble arbre des Moluques a donné quelques fruits qui sont parvenus non-seulement à maturité, mais à acquérir le volume et les qualités extraordinaires qui ont fait décerner au Mangoustan, par tous les voyageurs, le titre de Roi des fruits, et le dicton de « A beau mentir, qui vient de loin, » est certes bien injuste dans ce cas, puisque le Mangoustan mûri sous le pâle soleil d'Angleterre a été trouvé délicieux; sa chair fondante et parfumée présentait à la fois les qua- lités de la pèche la plus exquise et du raisin le plus savou- reux; les voyageurs qui ont goûté ce fruit aux Indes étaient gourmets (le scepticisme européen avait attribué à une gour- mandise aveugle les éloges des naturalistes en faveur du Mangoustan), mais avec raison. La fructification du Garcinia Mangostana donne lieu à sir W. ITooker de payer un juste tribut d'éloges à M. Ivison, directeur des serres du duc de Norlhumberland. C'est en effet déjà presqu'un tour de force, que d'amener à bien végéter cet arbre des régions les plus chaudes de l'archipel Malais ; quelle intelligence des besoins et de la nature de ce végétal n'a-t-il pas fallu pour le faire fleurir et rendre les ovaires féconds! Au Bengale (quelques degrés plus au nord de sa patrie), tous les essais pour cultiver le Mangoustan comme arbre fruitier ont été sans succès ; il y atteint deux ou trois pieds de haut, puis il périt. M. Ivison en Angleterre l'a fait parvenir à douze pieds de hauteur. Ce résultat surpren- dra moins lorsqu'on saura que cet éminent horticulteur a fait, fructifier l'arbre à chocolat (Theobroma cacao), le Mus- cadier (Myristica moschata), le Giroflier (Caryophyllus aro- maticus) et autres plantes tropicales dont nous ne voyons que rarement de faibles représentants dans quelques serres pri- vilégiées du continent. Dans la culture en serre de ces végé- taux si précieux à l'homme, lesquels, chose étrange, suppor- tent si difficilement la transportation hors du sol de leur patrie, la grande question est de pouvoir les faire végéter avec force afin de les faire fleurir; la fructification au moyen D'HORTICULTURE PRATIQUE. 75 de la fécondation artificielle achève ensuite facilement, croyons-nous, l'œuvre intelligente du jardinier patient; la difficulté, c'est la fleuraison. Le Mangoustan est dans son pays un arbre d'une vingtaine de pieds d'élévation, à tronc droit et garni de nombreuses branches opposées et étalées formant une tête conique élé- gante. Les jeunes branches sont arrondies, vertes et rem- plies d'un jus jaune. Les feuilles sont opposées et longues de 45 à 20 centimètres, épaisses, coriaces, lisses, elliptiques oblongues, acuminées, à nervures latérales et parallèles (comme dans toutes les Guttifères) ; elles sont portées sur des pétioles courts et renflés. Fleurs solitaires, terminales et courtement pédonculées; calice à quatre sépales, suborbicu- laires, larges, imbriqués, épais, et d'un vert clair. Corolle à quatre pétales d'un rouge terne, plus pâle en dessous, étalés, plus grands que les sépales. Les étamines sont au nombre de 12 à 14 petites, paraissant faibles et imparfaites quoique pollénifères (il s'agit des plantes de Syon-House). Filets courts, beaucoup plus courts que le pistil, minces et s'élevant tous d'un anneau circulaire étroit et blanc; an- thères à deux loges; ovaire grand, globuleux, à six loges. Stigmate très-grand; il égale presque en taille l'ovaire, et présente 6 à 8 rayons. Le fruit est une grosse baie sphérique de la grosseur d'une orange moyenne, à base cachée par le calice persistant, et à sommet couronné par les rayons du stigmate ; à l'époque de la maturité il est violet brun foncé, ma- culé de jaune. De l'enveloppe ou coque assez épaisse du fruit suinte un jus jaune astringent, lequel ne serait qu'une variété de gomme-gutte. Sous cette enveloppe apparaît une pulpe blanche et soluble comme la neige, dit le docteur Abel en parlant des Mangoustans de Java, et du goût le plus exquis, que les uns ont comparé à ceux réunis de la pêche et de l'ananas, d'autres au mélange des parfums de la pêche et du meilleur raisin. Cette pulpe est partagée en six cellules qui se détachent aussi facilement que les cellules ou lobes d'une orange. — Les fruits anglais n'avaient point de graines; 74 JOURNAL dans l'archipel Indien chaque cellule contient une graine de la grosseur d'une amande. Le docteur Abel dit que le Mangoustan est très-rafraîchis- sant, très-sain et que l'on peut en manger impunément une grande quantité. On utilise la coque du fruit dans la dyssen- terie, et l'écorce de l'arbre est employée en teinture. La culture du Garcinia Mangostona appartient à la haute serre chaude tenue vaporeuse pendant la période de végétation de mai à octobre. Tradescantia Martcnsiana (KUNTH), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4841). — Syn. : Commelina mulliflora (Mar- tei\s et Galeotti). — Famille des Commélinées. — Hexandrie Monogynie. Il est assez extraordinaire que celte petite plante native du Mexique ait été cultivée pendant longtemps au jardin bota- nique de Calcutta, et que de celte source elle ait passé dans les serres de Kew. Bien que ses fleurs soient fort insigni- fiantes, elles rachètent le manque de beauté par une qualité bien précieuse qui explique le cas qu'en faisait feu le doc- teur Wallich (qui la nommait plante exotique au milieu des richesses végétales de l'Inde), c'est que ces fleurs exhalent une forte odeur de violette. Les échantillons desséchés que nous avons rapporlés du Mexique, et qui figurent dans notre herbier général sous le n° 4964, ont identifié "les plantes du jardin de Calcutta comme étant indigènes au Mexique et au Guatemala. Nous avons particulièrement rencontré celte espèce dans les bois et sur les rochers des environs de Mira- dor et de Zacuapan (à 25 lieues à l'ouest de Vera-Cruz), à une hauteur supramarine de 5,000 pieds. Toute la plante est plus ou mois glanduleuse-pubescente, ayant beaucoup du port du Ti%adescantia zebrina (1), si connu des amateurs; les feuilles sont sessiles, oblongues- (1) Le Tradescantia ou Commelina zebrina des jardins porte actuel- lement le nom scientifique de Zebrina pendula. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 75 ovées, acuminées, striées, vertes et lisses, à base se formant brusquement en une gaîne très-poilue, cylindrique et entou- rant la tige; celle-ci s'amincit vers son extrémité et se ter- mine en une panicule ramifiée de 15 à 20 centimètres de longueur; les ramifications dichotomes ou trichotomes minces portent en dernier lieu une ombelle de petites fleurs blanches, très-odorantes (exactement le suave parfum de la Viola odorata); le calice se compose de trois sépales verts, glanduleux poilus; la corolle, de trois pétales blancs, ovés, obtus, étalés. Les étamines, au nombre de trois seulement, alternent avec les pétales ; les anthères sont oblongues, pres- que sagittées d'un beau jaune orangé et produisent un joli effet au milieu de la fleur. On cultivera ce Tradescantia dans une serre humide et ombrée; elle se prêtera fort bien à l'ornementation des cor- beilles suspendues, quoique ne se ramifiant pas élégamment comme le Zebrina pendula. Streptocarpus poljaiithus (sir W. HoOKER), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4850. — Famille des Gesnériacées-Cyrtan- drées. — Diandrie Monogynie. Cette espèce très-jolie et très-distincte d'un genre fort curieux à cause de ses longues capsules tordues en spirale, provient de la colonie de Natal (Afrique australe); elle est peu feuillée, généralement à deux paires de feuilles se col- lant pour ainsi dire à la surface du sol; ces paires de feuilles sont très-inégales en grandeur; l'une mesurant environ 50 centimètres, l'autre ayant à peine 5 ou 6 centimètres de longueur; la forme des feuilles est néanmoins la même, cordée-oblongue; elles sont en outre rugueuses, réticulées, à bords plus ou moins ondulés et crénelés; la face inférieure présente des veines proéminentes et un duvet plus touffu que celui de la face supérieure. Du sinus de la plus grande feuille s'élèvent un, deux ou trois scapes hauts de plus de 50 centimètres, portant une panicule, souvent bifide dans les ramifications primaires, et plusieurs pédicelles courts 70 JOURNAL divariqués presque fascicules, rarement garnis de bractées. Fleurs nombreuses, grandes, d'un bleu pâle lilacé, veiné, pa- reil à celui du Streptocarpus Rexii, à calice poilu; la corolle, large de 4 centimètres, présente un tube courbe jaune paille et un limbe bleuâtre très-oblique, à cinq lobes étalés, réti- culés, dentelés ; gorge orangée. On cultivera celte plante absolument comme l'ancien Streptocarpus ou Didymocarpus Rexii. Sa floraison a lieu en biver. oncitiiiim jTancirensc (Reichenbach fils), figuré dans V Illus- tration horticole y pi. 54. — Syn. : Oncidium oxyacan- tiiosmum (C. Lemaire). — Famille des Orchidées. Natif, ainsi que l'indique son nom spécifique, des environs de Rio- Janeiro, cet Oncidium a été introduit dès 1848 dans l'établissement de M. A. Verschaffelt à Gand , par M. Devos, qui l'avait découvert dans l'île de Sainte-Cathe- rine. Les fleurs abondantes, exhalant l'odeur agréable de l'Aubépine que vient de nous offrir sa fleuraison, nous per- mettent de recommander cette espèce aux amateurs d'Orchi- dées. Les pseudobulbes sont petits, presque fusiformes, costés et sont terminés par une ou deux feuilles linéaires, plissées à la base, assez épaisses, torses, étalées et dépassant le scape; celui-ci est terminal (cas rare dans le genre Oncidium), por- tant deux fleurs ou peut-être plus, grandes, d'un vert jaunâtre pâle maculé de brun pourpré, à labelle très-ample d'un beau jaune ; les sépales et les pétales sont inégaux, mais tous ondulés et plus ou moins lancéolés ; les deux lobes latéraux du labelle sont assez petits et la partie du limbe qui les sépare présente un disque élevé à nombreux tubercules teintés d'une nuance orangée, le lobe intermédiaire est fort grand, cordiforme à onglet assez court. M. C. Lemaire , à qui nous empruntons la description ci- dessus, avait imposé à cette espèce un nom qui, quoiqu'un peu long, rappelait d'une manière heureuse l'odeur d'Aube- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 77 pine qu'exhalent les fleurs. Le nom de Janeirense nous sem- ble un peu trop exclusif (1). SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Eupomatia îaurina (R. Brown), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4848. — Famille des Anonacées. — Polyandrie Poly- gynie. Cette plante remarquable appartient à la Flore australienne; elle eroît dans les bois de la colonie de Port-Jackson. Sa première floraison en Europe a eu lieu en mars dernier dans l'établissement horticole de MM. Henderson (de Pine-Apple- Place, près Londres). Hâtons-nous cependant de dire qu'en nous servant du mot remarquable , nous voulons plutôt ap- peler l'attention des amateurs botanistes que celle des ama- teurs de brillantes fleurs; car ces derniers seraient peut-être déçus, bien que celte plante ne manque pas d'élégance et d'un certain éclat. UEupomatia laurina de MM. Henderson est une jeune plante haute à peine de 50 centimètres, branchue, à feuilles alternes, persistantes, largement lancéolées, acuminées, co- riaces, d'un vert brillant, très-entières, portées sur un pétiole très-court. Les fleurs sont solitaires et terminent de petites branches. On n'observe ni sépales ni pétales dans celte fleur singulière, mais plusieurs séries d'étamines pétaloïdes jaunes teintées d'orange ou de rouge sang, imitant à s'y méprendre une corolle polypétale; ces étamines sont disposées en plu- sieurs séries sur le bord épaissi d'un réceptacle turbiné vert; les extérieures seules porlent des anthères, leurs filets sont larges et subulés; les étamines extérieures sont stériles, larges, pétaloïdes, obovées ; de celles-ci les externes sont les (1) Nous faisons celle observation, parce que cette même Orchidée se retrouve dans l'intérieur du Brésil, assez loin même de la province de Rio-Janeiro ; du moins nous ne trouvons aucune différence bien sensible entre la plante figurée par M. Verschaffelt et des exemplaires que nous avait envoyés M. Glaussen en 1843. 78 JOURNAL plus grandes et s'étalent de façon à recouvrir et à cacher les étamines parfaites, tandis que les plus internes sont conni- ventes et masquent presque entièrement l'ovaire; enfin les étamines pétaloïdes externes ont le disque chargé de glandes globuleuses slipitées, très-apparentes, et le bord de poils dis- posés par touffes étoilées; les étamines pétaloïdes internes présentent les glandes stipitées et sur le disque et sur le bord. La seule enveloppe florale consiste, dit le célèbre bota- niste R. Brown, en un opercule hémisphérique qui recouvre le bouton floral et qui tombe bienlôt pour étaler au jour une floraison uniquement due à l'élargissement pétaloïde des filets aux dépens des anthères. Ce que l'étude de cette plante dé- voile de curieux, c'est que la disposition et le nombre des anthères pétaloïdes coupent toute communication entre les étamines fertiles et les stigmates situés au centre du récep- tacle. On suppose que le rapprochement devient possible par suite de la destruction des obstacles opérée par de petits insectes. Cette étonnante organisation est un titre, selon nous, pour l'admission de YEupomalia laurina dans nos serres froides. senecio ciaussenii ( J. Decaisne), figuré dans la Revue hor- ticole, 16 mai 1855. — Syn. : Senecio aurantiacus des horticulteurs. — Famille des Composées. Le Senecio aurantiacus des botanistes est une espèce her- bacée du nord de l'Europe, tandis que la plante décrite par M. Decaisne appartient à la Flore du Brésil et constitue une fort jolie acquisition pour nos serres froides. Le nom spéci- fique est un hommage rendu à un naturaliste qui a puissam- ment contribué à faire connaître les productions végétales du Brésil, et doit remplacer le nom tf aurantiacus, imposé arbitrairement à cause de ses belles fleurs d'un rouge orangé vif. Le nouveau Senecio atteint jusqu'à un mètre environ d'élé- vation; ses liges sortent d'une souche ligneuse et sont recou- verts d'un duvet blanc tomenteux qui cache la couleur violet D'HORTICULTURE PRATIQUE. 79 foncé deleurépiderme; les feuilles, assez épaisses, varient de forme; les inférieures sont ovales, denticulées, rétrécies en un large pétiole dilaté lui-même en oreillettes à son point d'insertion; les supérieures sont plus larges, plus irrégu- lières, à dents plus profondes; les unes et les autres sont tomenteuses sur les deux faces ; la face inférieure est cou- verte d'un épais duvet blanc comme la neige et comparable à de la ouate. Les capitules sont groupés en forme de co- rymbe à l'extrémité des rameaux amincis; leur couleur est un bel orange aurore éclatant. C'est donc, dit M. Decaisne, une espèce qui mérite de fixer l'attention des horticulteurs, d'aulant plus qu'elle n'est pas délicate. On la cultivera en orangerie en hiver; en été, on la mettra en plein soleil et dans un lieu très-aéré. Les rameaux reprennent facilement de bouture. Culture murûtrljcrc. RECOLTE DE CHAMPIGNONS EN PLEIN AIR AU MOIS D'AVRIL. M. Ingram, de Belvoir-Castle, adresse, en date du 26 avril dernier, à M. Lindley, rédacteur du Gardeners Chroniele, les intéressantes observations suivantes : « Je vous envoie un panier de Champignons récoltés sur une couche d'As- perges en plein air et des Champignons cultivés sur une meule abritée. Une récolte de Champignons à l'air libre à une époque de l'année exposée aux gelées et à une atmo- sphère sèche et dépourvue de rosées, mérite, selon moi, une attention toute spéciale, d'autant plus que les Champignons nés à l'air libre sont de qualité supérieure. L'apparition inattendue des Champignons dans un lit d'Asperges provient de ce qu'ayant eu besoin d'ériger l'année passée une nou- 80 JOURNAL velle couche d'Asperges, je dus me servir, — le sol à défon- cer étant de l'argile, — de matériaux divers pris en diflé- rents endroits. Le fond de la couche fut composé d'un lit de feuilles et de fumier consommé provenant d'un carré de Crambe maritima; au-dessus on plaça des gazons enlevés à la surface des pâturages , puis un lit épais de vase et limon anciennement déposés par une petite rivière voisine du château; la partie supérieure de ce lit fut mélangée de fumier court provenant d'une ancienne couche à Champi- gnons. Le tout, bien salé et élevé à deux pieds et demi au-dessus de la surface, fut planté en griffes d'Asperges. Pen- dant l'été et assez tard en automne les Asperges furent soule- vées et presque lancées hors de terre par d'énormes groupes de Champignons. Je regrette de ne pas avoir tenu note du nombre de boisseaux récoltés. On ne donna aucun abri pen- dant cet hiver-ci à la couche d'Asperges, et j'allais conclure que les gelées, la neige et les autres influences climatériques m'auraient débarrassé de l'envahissement des Champignons, lorsqu'ils vinrent récemment se montrer aussi vigoureux et aussi sains que jamais. Le hasard nous aurait-il donné une le- çon dans la culture des Champignons, et ne pourrions-nous pas ériger une couche permanente pour plusieurs années, qui nous procurerait une récolte périodique de ce que M. Soyer appelle la perle des champs, et nous dispenserait de la re- construction annuelle des couches ordinaires?» M. Lindley fait observer que les échantillons de Champi- gnons étaient beaux sous tous les rapports et répondaient complètement à la description de M. Ingram. Fra5se xinirod. — Il paraîtrait que cette Fraise, mise dans le commerce par MM. Lucombe, Pince et Ce, d'Exeter, et que nous trouvons cotée dans plusieurs catalogues horticoles de Belgique et de France, aurait été trouvée, par plusieurs con- naisseurs, identique avec l'ancienne Fraise Éléonore de Myatt, que l'on peut se procurer à trois francs les 100 exemplaires. Quelques personnes plus bienveillantes attribuent unique- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 81 ment cette similitude à une confusion commise dans les pre- mières expéditions faites par l'établissemeut d'Exeter. Il est néanmoins utile de faire savoir ce fait dans l'intérêt de tous, quelque fâcheux qu'il soit de laisser planer l'ombre d'un soupçon sur un établissement renommé. Ifîmnologic, OBSERVATION SUR LES SUJETS LES PLUS PROPICES A RECEVOIR LES GREFFES d'abricotier (1). M. C. F. Willermoz, en rendant compte d'une visite qu'il fit à un horticulteur des environs de Lyon, M. Gaillard, communique à la Société impérale d'horticulture du Rhône l'observation suivante qui nous semble devoir être examinée avec soin; nous serions fort reconnaissant envers ceux de nos lecteurs qui voudraient bien nous faire part de leurs observations au sujet des faits remarqués par MM. Willer- moz et Gaillard, qui touchent à la physiologie et à la patho- logie végétales; voici comment s'exprime M. Willermoz : «Jeudi dernier, avant de donner une leçon d'horticulture aux jeunes enfants du Refuge de Saint-Joseph d'Oullins, j'al- lai faire une visite à notre confrère, M. Gaillard, de Rri- gnais. Vous vous rappelez tous, messieurs, le zèle et l'acti- vité de ce jeune pépiniériste, qui, plusieurs fois, nous a fait connaître, dans ses écrits, empreints d'un profond amour de la science horticole, ce qu'on peut retirer de l'observa- tion. En visitant ses pépinières, il me fit remarquer des abri- cotiers greffés et plantés à demeure formant une allée; ces (1) Extrait des Bulletins de la Société impériale d'horticulture pra- tique du Rhône, 18è>4, page 31. 5" 3. — MAI 1855. 6 82 JOURNAL abricotiers, greffés en tête, présentent entre eux un con- traste frappant, bien qu'ils soient tous greffés sur prunier et plantés dans le même sol. Les uns, et c'est le plus grand nombre, sont soudés aux sujets d'une manière régulière; leur écorce est lisse, brillante, et ne laisse apercevoir ni no- dosités, ni gomme, ni gerçures; en un mot, ils sont excessi- vement remarquables par leur belle tenue et leur bon état de santé. Les autres, au contraire, se font remarquer par des nœuds saillants, par des écoulements gommeux, par leur écorce terne et fendillée, et enfin par un état très-manifeste de souffrance. D'où provient celte différence si sensible? L'observation l'a appris à M. Gaillard. En effet, il a remar- qué que tous les sujets de prunier a écorce d'un gris argenlin sont des sujets convenables pour recevoir l'abricotier, et que tous ceux à écorce brune sont des sujets impropres à le re- cevoir. En arrivant au Refuge de Saint-Joseph, j'ai vérifié la justesse de l'observation de M. Gaillard : j'ai remarqué avec surprise que ce qui se passe à Briguais se passe égale- ment a Oullins. J'ai passé en revue tous les abricotiers, qui sont très-nombreux, et j'ai été convaincu que tous ceux gref- fés sur sujets à écorce grise végètent comme ceux de notre collègue, et que tous ceux à écorce brune sont malades ou souffrants et particulièrement gommeux. » Voici un fait important constaté, et qui aurait passé ina- perçu sans l'observation. Ce fait, bien certainement, appel- lera l'attention des multiplicateurs dans le choix des sujets propices à recevoir les greffes d'abricotier; mais les prati- ciens ne s'en tiendront pas au succès delà greffe de l'abrico- tier seulement, ils feront des essais pour le succès du pêcher. Déjà M. Gaillard fait ses préparatifs, déjà il prend ses dis- positions : espérons que son exemple aura des imitateurs; comptons sur les résultats de ces expériences, et surtout fai- sons des voeux pour que ces résultats soient couronnés d'un plein succès. » D'HORTICULTURE PRATIQUE. 83 JHisctUatucs. DE LA MULTIPLICATION DES ROSIERS PAR FRAGMENTS DE RACINE. Cette multiplication se fait de préférence au mois de mars; on choisit les racines les plus longues et les plus fortes possible, mais saines, tendres, vivaces, ayant une apparence charnue et vigoureuse; que l'on retranche, sans préjudice, au rosier que l'on désire propager; on divise ensuite ces ra- cines en tronçons de 7 à 8 centimètres de longueur. Ces tronçons se placent à plat et à environ 45 à 18 centimètres de distance les uns des autres, dans une partie du jardin située à bonne exposition, dans la plate-bande qui borde un espalier de pêchers par exemple; on se borne à bêcher le sol, à l'égaliser et à semer en quelque sorte sur cette surface ameublie et plane les morceaux de racines, puis on recouvre d'environ 2 centimètres de terre tamisée que l'on aplanit lé- gèrement avec le dos de la bêche pour que les tronçons soient bien enveloppés; sur cette couche on dispose une deuxième couche composée de bonne terre franche , enrichie par du vieux fumier de vache consommé, et ayant une épais- seur de 10 centimètres environ; arrosez pour tasser conve- nablement le tout, et égalisez ensuite la surface avec le dos de la bêche. Vers la mi-mai, tous ces tronçons auront émis un et même deux forts jets, et la couche inférieure de terre tamisée présentera une masse de petites racines, destinées à nourrir ces jets et à assurer la reprise de ces boutures lors- qu'on les enlèvera de leur gîte. On arrose si la couche indique une sécheresse profonde, et ce toujours avec parcimonie, tant que les jets ne se sont pas montrés au-dessus de la surface du sol. On peut aussi tirer avantageusement parti des racines 84 JOURNAL vigoureuses de certains rosiers, pour y enter des greffes de rosiers plus délicats (des Rosiers-Thé par exemple). On plante les morceaux de racine, longs de 7 à 8 centimètres, sur les- quels on a greffé, dans un pot rempli de terre franche mé- langée de sable, en ne laissant paraître au jour que la greffe; ces pots sont plongés dans une couche de chaleur modérée; traitées convenablement, ces greffes réussissent presque con- stamment (dix sur douze par exemple) et produisent de belles plantes pendant la môme année. Nous ferons remarquer que cette méthode de multiplier les Rosiers par tronçons de racines peut être avantageuse- ment utilisée pour la propagation des Pelargonium (Géra- nium), en se servant, de tronçons de racines de consistance assez ferme; celles d'une nature molle et tendre ne convien- nent pas, car elles fondent de suite. On doit, pour obtenir des plantes propres a être mises en plein air à la (in de mai ou au commencement, de juin, couper les racines en tronçons de 5 à (3 centimètres de longueur, vers les premiers jours de mars, et les mettre, soit en pots, soit en pleine (erre, dans une bâche ou dans une couche tiède. Ce procédé est plus avantageux que celui de faire des boutures avant l'hiver, en ce qu'il n'exige que peu de place, peu de soins, et que ses produits sont très-vigoureux. On peut ainsi multiplier les nouveaux Pélargoniumsà cinq taches et à grandes fleurs aussi bien que les diverses variétés de Pelargonium (Géranium) inquinans et zonale (le Géranium unique purple se prête admirablement bien à ce mode rapide de propagation) et que les espèces du Cap. DE LA CAMPANULA PYRAMIDALIS. Un jardinier anglais, M. William Taylor, nous commu- nique une méthode de culture au moyen de laquelle il réussit depuis plusieurs années à obtenir des plantes de Campanula pyramidalis d'une vigueur et d'une taille exlraordinaires, D'HORTICULTURE PRATIQUE. 85 produisant jusqu'à quarante jets latéraux et atteignant dans la pousse centrale jusqu'à 8 1/2 pieds de hauteur (2 mètres 75 centimètres). Déjà les amateurs qui obtiennent des plantes hautes d'un mètre et demi estiment ce résultat comme fort remarquable; la possibilité de parvenir à presque doubler le volume d'une plante aussi ornementale et aussi longue- ment florifère que la Campanula pyramidalis sera pour eux an sujet intéressant d'études expérimentales. Au commencement de mai, semez en pleine terre, dans un sol léger et à bonne exposition les graines de Campanula pyramidalis bleue ou blanche ; recouvrez ces graines de 7 à 8 millimètres de terre et ensuite d'une cloche, ou d'un verre quelconque destiné à concentrer la chaleur dans ce semis. On admet peu à peu de l'air en soulevant graduellement la cloche, dès que le plant paraît à la surface de la terre et à mesure qu'il grandit; on doit tenir le sol toujours humide, car, s'il devient sec, les plantes languissent et s'en ressentent pendant fort longtemps. C'est du reste une précaution indis- pensable pour tous les semis et dont l'oubli est cause de la mauvaise venue de cette foule de plantes informes que l'on rencontre si fréquemment. En attendant que le semis ac- quière une certaine force (environ 5 centimètres de hauteur), on prépare dans le jardin une plate-bande située de préfé- rence à l'est ou à l'ouest ; à la profondeur de 50 à 55 centi- mètres on étale un lit de 6 à 8 centimètres d'épaisseur de fumier consommé, que l'on charge de 25 centimètres envi- ron de bonne terre légère neuve; c'est dans cette plate- bande que l'on repiquera le jeune plant, en ayant soin de briser le moins possible les racines; on étale, le repiquage achevé, une mince couche de bon fumier consommé sur la surface de la plate-bande et entre les plantes, afin d'entretenir constamment une humidité nourrissante. Pendant les séche- resses de juillet et d'août on arrosera avec de l'eau de fumier. Le jeune plant ainsi traité aura acquis un beau développe- ment vers l'automne. En hiver, pendant les grandes gelées, on répandra légèrement du foin ou de la paille sur les plantes, 80 JOURNAL de manière à ne pas casser les feuilles. Telles sont les opéra- lions de la première année. Au mois de mars (deuxième année) on examinera toutes les plantes, et l'on enlèvera de terre toutes celles qui indi- queraient une disposition à monter. On retranche soigneuse- ment le commencement de tige florale et l'on replante en abritant la plante pendant quelques jours, si le soleil était trop ardent; cette transplantation n'a d'autre but que celui de retarder l'émission des liges florales ; si l'on se bornait à pincer le jet sans ôter la plante de terre, on verrait bientôt des tiges florales poindre au centre de tous les jets latéraux, ce qui causerait du préjudice à la plante trop faible encore pour nourrir toutes ses tiges. Lorsque la saison est sèche, on arrose copieusement au moins trois fois par semaine avec de l'eau de fumier. On voit déjà que tout le secret pour obtenir de gigantesques et touffues Campanules pyramidales consiste dans l'application fréquente d'engrais à l'état liquide. A l'automne, les plantes seront très-fortes, elles nécessiteront alors quelques précautions pour braver les intempéries de l'hiver; c'est ainsi que dès la mi-oclobre il faudra couvrir la plate-bande d'une couche de vieille tannée, de sciure de bois ou de cendres de houille d'une épaisseur d'environ 8 à 12 centimètres, sans cependant enterrer les extrémités des jets ; si le froid devenait trop intense on recouvrirait d'un lé- ger manteau de foin ou de paille. A la troisième année, on prépare de bonne heure une plate-bande que l'on défonce à 50 ou 40 centimètres de pro- fondeur et que l'on remplit de bonne terre; on choisit une exposition chaude, sans être en plein soleil, et bien aérée; on relève les plantes au printemps un peu avant qu'elles ne commencent à pousser, et on les transplante dans leur nou- velle demeure en conservant les mottes aussi entières que possible; on en réserve un cerlain nombre que l'on plante dans de grand pots, pour orner plus tard les salons, les ves- tibules de la maison. Bientôt les tiges florales surgiront fortes et verdoyantes, et une floraison abondante pendant les der- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 87 niers mois de l'été et le commencement de l'automne dé- dommagera amplement des quelques soins que l'on aura eus pendant un peu plus de deux années pour celte plante. Il va sans dire que c'est surtout pendant le développement des tiges florales qu'il faut recourir souvent à l'emploi de l'eau de fumier, qui est cause de la prodigieuse vigueur à laquelle atteindront les Campanules lors de l'épanouissement géné- ral des fleurs, et cependant beaucoup de jardiniers prohibent comme poison mortel pour ces plantes l'addition de fumier au sol qui les nourrit. M. W. Taylor obtient par le procédé que nous venons d'indiquer des exemplaires dont la tige centrale, haute de près de 5 mètres, est entourée de trente à quarante jets laté- raux, couverts en même temps de fleurs depuis le haut jus- qu'à la distance de 30 centimètres du sol. La plupart de ces plantes meurent après la floraison, et celles qui survivent sont trop épuisées pour mériter qu'on s'en occupe plus longtemps. QUELQUES MOTS SUR LA CULTURE DES EPIPHYLLUM ET DES CEREUS. C'est surtout des diverses espèces iïEpiphyllum, que l'on range vulgairementsous le nom général de Cactus truncatus, et des Cereus speciosus, speciosissimus, Ackermanni, etc., dont nous voulons parler dans cet article, et offrir à nos lecteurs un moyen qui nous a été constamment efficace pour obte- nir des plantes vigoureuses et une floraison abondante. Ce même système pourrait vraisemblablement s'appliquer à la culture des Echinopsis, Echinocactas, Mamillaria, enfin des Cactées en général, en le modifiant suivant l'époque de floraison de chacune des espèces. Immédiatement après la floraison des Cereus et Cactus truncatus, c'est-à-dire vers la fin de juin, rempotez ces plantes dans de la terre neuve argileuse assez compacte, 88 JOURNAL mais bien enfumée; versez autour des racines et jusqu'au collet le compost suivant : argile, terreau de feuille, fumier consommé et tourbe fibreuse, le tout grossièrement concassé en petits morceaux et saupoudré de sable blanc et de briques pilées; on se gardera de presser sur ce mélange pour l'en- tasser autour des racines; on se contentera de secouer et de battre légèrement le pot entre les mains pour faire descendre le compost, dont la nature grumeleuse a pour but de faci- liter l'écoulement rapide des eaux. On arrose copieusement nprès ce rempotage, et l'on place les plantes dans un endroit frais et ombré pendant huit ou dix jours, puis on les plonge dans un lit de sable préparé en plein air et en plein soleil. On arrose de manière à tenir les racines constamment fraîches, mais non humides. Au commencement d'octobre, ou plus tôt si la saison devenait rigoureuse, on rentre les plantes dans la serre tempérée, en les plaçant de préférence dans la partie la plus froide, et on ne les arrose plus du tout jus- qu'en avril; alors on les porte dans une serre chaude et on donne d'abord un peu d'eau; puis dès que la végétation est de nouveau en train, on arrose copieusement; bientôt, grâce à une température que l'action solaire augmentera de jour en jour, les plantes développeront de nombreux boutons à fleurs, dont l'épanouissement a généralement lieu vers la fin de mai ou au commencement de juin. Ce système se réduit donc à deux points essentiels : 4° à activer aussi rapidement que possible la végétation et à stimuler l'émission de rameaux et de pousses des Cactées pendant environ deux mois avant leur floraison; 2° à les sevrer complètement pendant les six mois antérieurs à leur retour à la vie active; la période de transition est destinée à fortifier par une nourriture riche et modérée la constitution affaiblie par une surexcitation prolongée de plantes de nature charnue comme les Cactées, lesquelles ne peuvent, en conséquence môme de cette nature, supporter sans danger de mort une excitation de longue durée. Il n'est pas inutile de faire remarquer aux cultivateurs de Cactées, d'Agaves, d'Aloë, de Crassulacèes et de Mésembryan- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 89 thémées, que c'est faute de se conformer aux exigences de la nature particulière de ces végétaux, que l'on perd sans savoir pourquoi une foule de belles plantes ; beaucoup d'entre elles fondent, non pas par humidité, mais parce que, nous le répétons, et le fait est assez intéressant pour cela, on a abusé de la facilité de végétation des plantes dites grasses, et qu'on les a tenues trop longtemps clans un état de surexci- tation, sans leur accorder une époque de vie transitoire, pendant laquelle elles rassemblent et mûrissent pour ainsi dire leurs forces pour soutenir leur longue période de repos. FLORAISON DU CEREUS ROSTRATUS (Lemaire). En décrivant, il y a quelque temps, le Cereus Lemairii, nous disions que si nos souvenirs étaient exacts, la fleur du Cei-eus roslratus (Lemaire), Cereus hamatus (Scheidweiler), que nous avions découvert au Mexique, était de couleur rougeâtre; un exemplaire vient enfin de fleurir pour la première fois en Europe chez M. Corbay, trésorier de la Société d'horticulture de la Seine, et la description qu'en donne M. Cels, prouve que nous avions bien vu du rouge; mais comme celte couleur n'affecte que les sépales exté- rieurs, il est probable que nous n'aurons aperçu que des boutons de fleur ou des fleurs passées et non des fleurs épanouies. La fleur est très-grande, son diamètre étant d'environ 25 à 28 centimètres et sa longueur de 50. Le tube, d'un vert tendre, est garni de faisceaux de crins noirs (les plus longs, près du sommet, ont jusqu'à 2 centimètres de longueur). Sépales ou segments extérieurs jaunes en dedans et rouges en dehors; ils sont plus longs, plus étroits et beaucoup moins nombreux que les segments intérieurs ou pétales ; ceux-ci sont assez larges, longs de 12 centimètres et d'un blanc légèrement jaunâtre. Style gros comme un très-gros crayon (environ 1 centimètre de diamètre), le stigmate offre 19 rayons 90 JOURNAL aigus. La fleur exhale une odeur peu agréable, quoique légèrement vanillée. Le Cereus rostratus est, comme on sait, de culture facile et pousse avec vigueur; il est probable, dit M. Cels, qu'en contra- riant cette végétation luxuriante on pourra arriver à obtenir plus fréquemment des fleurs. Nous avons essayé ce moyen sans jamais avoir obtenu de résultat. Au Mexique, cette espèce croît dans la région des Orchidées et des Fougères arbores- centes, c'est-à-dire dans des parties tempérées, humides, où la température moyenne est d'environ 18 à 20 degrés centi- grades. Nous l'avons trouvée étalant ses immenses rameaux sur des rochers ou s'accrochant par ses racines adventives aux chênes des forêts peu épaisses des environs de Jalapa. La bizarrerie et la fraîcheur de la couleur verte de ses lon- gues tiges flexibles et inermes à tubercules en hameçon, le développement rapide qu'elle prend dans un sol léger et bien drainé, militent suffisamment en faveur de l'admission de cette plante dans les serres chaudes ou tempérées un peu humides ; elle craint la sécheresse et une exposition trop favorisée du soleil, ce dont on s'aperçoit assez vite, car elle se couvre de cochenille, et sa belle et brillante couleur vert vif fait place à un vert jaunâtre. DE L'EMPLOI 1)1 LIERRE POUR BORDER LES ALLÉES OMBRAGÉES. En Angleterre on utilise le Lierre de toutes les façons ima- ginables; l'atmosphère humide de ce pays favorise, il est vrai, la venue de cette plante dans tous les terrains et à presque toutes les expositions, tandis que sur le continent l'ombre et une certaine humidité sont des conditions essen- tielles pour que le Lierre végète avec vigueur et déploie cette brillante verdure de feuillage qui plaît à tous. C'est cette condition de bien-être que nous voudrions voir utiliser dans nos jardins, comme nos voisins ont eu le bon esprit de le D'HORTICULTURE PRATIQUE. 91 faire chez eux en employant le Lierre pour former des bor- dures le long des allées ombragées par de grands arbres. Cette bordure est infiniment supérieure à celles que l'on compose généralement avec des gazons. Ces derniers s'étio- lent, jaunissent à l'ombre des arbres, ne sont jamais touffus et finissent par ne plus offrir à l'œil qu'une traînée insigni- fiante de quelques brins d'herbe maladive; enfin votre bor- dure n'est plus qu'un exhaussement fort laid de terre criblée de fentes et de trous dus à l'eau pluviale qui égoutte des feuilles des arbres. Or, ces mêmes gouttes, pernicieuses au gazon, vivifient le Lierre, et perlent son feuillage. Pour obtenir une belle bordure touffue, il faut planter les boutures de Lierre assez rapprochées les unes des autres, et les arroser pendant quelque temps pour activer leur reprise. En deux années de plantation, le plant de Lierre aura formé une vigoureuse bordure d'une durée illimitée et dont tout l'entretien se bornera à une tonte exécutée lorsqu'on crain- dra un envahissement trop formidable. Nous avons remar- qué que, pour avoir du Lierre à verdure toujours fraîche et jeune , il était nécessaire de retrancher les extrémités des branches indiquant des dispositions à fleurir. Nous préférons l'emploi du Lierre ordinaire en bordure à celui de la Pervenche ordinaire; celle-ci, très-utile pour former des touffes dans les bosquets et sur les rocailles, et même pour constituer des bordures, se dégarnit souvent au pied et ne recouvre pas le sol aussi bien que le Lierre. Le petit Lierre à feuilles panachées de blanc et de rose peut être employé avec succès pour garnir les bordures rocailleuses exposées au soleil; sa croissance est fort lente. LAGERSTROEMIA INDICA. Le Lagerstrœmia incUca est un arbrisseau originaire de la Chine et du Japon, que l'on retrouve en Amérique où il s'est naturalisé autant par la main de l'homme, frappé de la 92 JOURNAL splendidc floraison de celte belle plante, que par la dissémi- nation naturelle des graines. En Europe, il s'accommode par- faitement de la serre tempérée et pousse même l'oubli de son pays natal jusqu'à résister à des froids de 7 à 40 degrés sous zéro. Pourquoi ne cultive-t-on pas plus généralement une plante aussi belle, dont les grappes de fleurs aux coloris si frais rivalisent en élégance avec les racèmes les plus riches de certaines Orchidées privilégiées , les Oncidium et les Odontoglossinn par exemple? Les uns nous diront que l'ar- buste est disgracieux, se soumet difficilement aux caprices de la tonte, perd son feuillage et n'est bon tout au plus qu'à servir de juchoir pendant les cinq ou six mois que dure son repos hibernal ; que son tronc blanchâtre, lisse et dénudé d'écorce, attriste la vue, et le fait comparer au crâne chauve d'un vieillard ; enfin que la floraison est trop rare pour que l'on occupe avec un aussi vilain corps une place précieuse dans la serre. D'autres nous ont avoué que leur motif d'exclusion se réduisait simplement à ce qu'ils ne savaient pas cultiver les Lagerstrœmia. Nous aimons mieux cela ; du moins on ne ridiculise pas une plante que les Chinois et les Japonais ont le bon goût de trouver fort belle et bien digne de figurer en première ligne dans leurs jardins d'où sont sortis les plus précieux ornements de nos parterres. Placez en hiver les Lagerstrœmia dans quelque coin de la serre froide ; la place la plus froide leur conviendra le mieux. Retranchez, après la chute des feuilles, toutes les branches ou pousses chétives ou faibles, raccourcissez d'un bon tiers les branches fortes ; vers la fin de février ou en mars, rempotez dans un vase un peu plus grand et assez profond, parce que les Lagerstrœmia donnent beaucoup de racines; le sol le plus convenable paraît être de la bonne terre franche un peu sableuse. En rempotant, diminuez le volume de la motte en employant les doigts seulement, et pressez bien la nouvelle terre que vous versez autour des racines. Portez ensuite vos plantes dans une serre où la température soit d'environ 42 à 15 degrés centigrades, c'est-à-dire pas trop chaude; là elles D'HORTICULTURE PRATIQUE. 93 développeront bientôt leur feuillage. Au bout de six à sept semaines, elles devront être transportées de nouveau dans la serre froide, pour y durcir les jeunes jets à l'extrémité desquels se forment les boutons à fleurs. Pendant toute cette période de végétation jusque vers la défloraison, c'est-à-dire depuis mars jusqu'en septembre, on arrosera copieusement et l'on donnera de l'engrais liquide deux fois par semaine. On cesse peu à peu après la floraison les arrosements, de manière que le sol soit sec lorsqu'on rentrera les plantes dans la serre froide ou dans l'orangerie. Le Lagerstrœmia indica a produit trois variétés : rosea, rubra et violacea, plus basses et plus touffues que le type et peut-être même plus florifères. Les fleurs sont disposées en panicules à l'extrémité des pousses de l'année. Au moyen de la culture que nous venons d'indiquer, ces fleurs acquièrent un diamètre de plus de 5 centimètres, et les panicules, composées de vingt à cinquante fleurs, mesurent de 16 à 28 centimètres de longueur et de 12 à 25 de largeur. L'ar- buste, haut de 1 mètre à 1 mètre et demi, ne paraît plus former qu'un énorme bouquet rose moucheté des paillettes d'or des étamines. CHRONIQUE HORTICOLE. Des Pucerons et de leur multiplication. — La multipli- cation effrayante des pucerons est un fait acquis à la science, et il n'est pas inutile de rappeler aux jardiniers combien la présence d'un seul de ces voraces insectes peut lui devenir fatale dans peu de temps. C'est ainsi qu'en une seule saison, il peut naître neuf générations successives provenant d'une seule mère, lesquelles générations auront produit le total énorme de plusieurs quatrillions d'individus. D'un seul pu- ceron lanigère du pommier, la descendance peut, en moins d'une année, s'élever au delà de 1,000,000,000,000,000,000 d'individus, fort heureusement que cette rapide multiplica- tion est en partie arrêtée par une foule d'autres insectes qui 94 JOURNAL en font leur nourriture à l'état de larves, mais cependant la destruction n'est pas en raison de la production, et l'on ne saurait prendre trop de précautions, faire preuve de trop de promptitude pour anéantir une engeance que bien des per- sonnes méprisent et laissent impunément pulluler, parce qu'elles ne réfléchissent pas combien de pareils pygmées peu- vent devenir redoutables lorsqu'ils attaquent par milliards de milliards nos végétaux les plus utiles. — Les temps humides suivis de chaleurs favorisent singulièrement le développe- ment de tous les insectes nuisibles; aussi doit-on, immédia- tement après les pluies, seringuer les plantes les plus sujettes à se couvrir de pucerons (les Rosiers, par exemple), avec de l'eau de tabac et de savon noir ; on enfumera dans un local clos les planles délicates. M. Raspail recommande fortement et avec raison la dissolution aloétique (un gramme d'aloès par litre d'eau) pour se débarrasser des pucerons lanigères des pommiers. Il suffit de badigeonner les troncs et les rameaux des arbres infestés, au moyen d'une brosse ou d'un gros pinceau. Ce procédé est également bon pour guérir les pêchers de la cloque, l'aloès étant du reste une sub- stance à bas prix et dont les effets durent longtemps, avan- tages que ne présentent pas réunis les autres méthodes usitées jusqu'à ce jour. Pincement du Camellia. — Plusieurs amateurs se plaignent de ce que cette année leurs Camellias ont développé des pousses longues et grêles qui menacent de détruire l'harmonie dans l'aspect de leurs plantes, en un mot les jets venus en avril ont filé plus ou moins, sans doute parce que les jardiniers n'ont pu, spus l'influence fatale des vents du nord et du nord- est, qui ont prévalu pendant si longtemps en Belgique et dans le nord de la France, admettre de l'air dans les serres et modérer suffisamment la chaleur que l'action des rayons solaires sur les vitres élevait à un trop haut degré dans l'in- térieur de ces serres. Pour remédier à cet état de choses, il faudrait recourir de suite au pincement, en ne le prati- quant toutefois que sur les pousses qui sont encore lier- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 95 bacées. La suppression s'étend à deux ou trois feuilles lorsque la pousse est d'une longueur excessive. Cette opéra- tion se fait en pinçant le jet à la hauteur voulue entre l'ongle du pouce et celui de l'index; le but du pincement est, comme on sait, de contraindre la sève à se porter dans les yeux infé- rieurs et de les développer, ce qu'ils ne sauraient faire sans cela. On est, il est vrai, privé des boutons à fleurs du bourgeon terminal, mais cette perte est souvent compensée par le développement de boutons dans les aisselles des feuilles inférieures ou qui naissent à l'extrémité de branches non pincées. Exposition à Londres. — Ouverte le 6 février dans les salons de la Société d'horticulture, cette exposition, tout à fait nouvelle à Londres, avait réuni un nombre considérable de bonnes plantes. En plantes nouvelles, MM. Veitch avaient exposé un Calanthe à fleurs blanches, provenant de Java; un Oncidinm, voisin du Pubes ; et un Ansellia, Or- chidée peu remarquable de Natal. MM. Henderson présen- taient le Genelyllis fuchsioïdes , petit arbuste ayant le port d'un Epacris et portant des fleurs penchées d'un brun- pourpré, campanulées et de la grandeur d'un gland de chêne, plante intéressante, mais manquant de brillant. Les collec- tions d'Epacris étaient fort remarquables; on cite surtout les variétés suivantes : Hyacinthiflora , Candidissima , Vi- vid, Fairbaimii, Candida compacta (variété très-florifère de Y Epacris incarnata) , Ingrami (variété très-brillante, à fleurs écarlates, obtenue par M. Ingram, jardinier de la reine, à Frogmore), et une variété fort belle de X Epacris grandiflora, à tubes d'un pourpre éclatant, à bouts blancs. MM. Henderson avaient exposé une série de plantes à feuilles panachées, appartenant au genre Anœtochilus, Or- chidées terrestres dont le feuillage velouté est zébré de veines et de lames d'or; parure précieuse qui fait de ces plantes délicates de véritables bijoux végétaux; voici les noms des sept Anœtochilus exposés : Anœtochilus setaceus, et trois variétés, savoir: Setaceus cordatus, à fond plus foncé que 96 JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. dans le type ; Setaceus inter médius, d'un pourpre très-foncé; Setuceus Boxburghii, d'un vert pourpré; YAnœlochilus Loicii, à feuilles vertes; VAnœtochiïus Lobbii, d'un vert foncé, et enfin VAnœtochiïus Xanthophyllus , si richement doré sur sa nervure médiane et ses côtes latérales. Epacris. — Un amateur nous ayant demandé d'indiquer quelques variétés très-méritantes d'Epacris sous le rapport de la floraison, de la facilité à fleurir et enfin d'une culture aisée, nous croyons que le choix suivant satisfera même les plus exigeants : Epacris ardentissima , floraison abondante, à fleurs d'un rouge rubis foncé. Epacris densi/lora incarnata, d'un cramoisi rose vif. Epacris elegantissima, très-florifère; fleurs roses à bouts blancs. Epacris grandiflora, pousse vigoureusement, fleurit abon- damment et donne des fleurs à tube couleur laque foncé, à bouche d'un blanc pur. Epacris Tauntoniensis, d'un rouge brillant. Epacris miniata, très-florifère; fleurs d'un rouge clair ou vermillonné à bouts blancs. Epacris hyacinthiflora, superbe plante très-florifère et de culture facile; grandes fleurs cramoisi-rose vif. Epacris nivalis grandijlora, d'un blanc pur; belle plante, Epacris formosa, cramoisi-clair; fleurit abondamment. Epacris Willmoreana, d'un rouge-vif; fleurit très-facile- ment. Recelte pour cicatriser les plaies des arbres. — On nettoie d'abord la plaie, en enlevant avec un couteau bien tranchant tout ce qui paraîtrait meurtri ou cancéreux ; on égalise en- suite l'endroit blessé et on y applique l'enduit composé comme suit : à deux livres de poix ajoutez une demi-livre de suif; faites chauffer jusqu'à ce que le suif soit fondu, jetez dans ce mélange une once de salpêtre, remuez et appliquez avec un gros pinceau. t ? SfS A ;,? CkZ. ne renferme que des espèces habitant D'HORTICULTURE PRATIQUE. 407 exclusivement les parties méridionales de l'Amérique du Sud; VEmbothrium lanceolatum de Ruiz et Pavon ne croît pas plus au nord que la latitude de la Concepcion au Chili ; aussi est-il peu étonnant que, relégué dans des contrées si éloignées et inhospitalières comme la Patagonie et la Terre de Feu, il ne soit encore que peu répandu dans les collections et surtout peu riche en espèces. Les 25 ou 50 espèces que différents auteurs avaientenglobées dans \e genre Embothrium en ont été retirées et replacées les unes dans les Grevillea , les Lomaticiy et les ffakea, et les autres dans le beau genre essentiellement américain des Bhopala. VEmbolhrium cocetneum est un arbrisseau à feuilles per- sistantes d'un très-grand mérite et d'une rare beauté florale. C'est une des bonnes et même très-bonnes introductions d'un voyageur botaniste dont le nom seul suffirait au besoin pour confirmer notre dire; c'est M. W. Lobb qui découvrit cette plante dans la Terre de Feu et la fit parvenir à MM. Veitch d'Exeter; envoyée en fleurs à l'exposition de la Société d'hor- ticulture (16 mai dernier), elle excita l'admiration de tous les visiteurs. L'exemplaire fleuri d'Embothrium coccineum ne mesurait, dit sir W. Hooker, que 2 pieds de hauteur (environ 65 cen- timètres); ses branches sont arrondies, brunes, ligneuses; les feuilles sont courtement pétiolées, oblongues-ovales, presque elliptiques, fermes, coriaces, longues de 2 à 5 pouces ( 5 à 8 centimètres), entières, glabres, d'un vert foncé à la face supérieure, pâles en dessous, très obtuses vers le sommet, lequel est terminé par un petit mucron ou pointe; les pétioles n'ont guère qu'un demi-pouce de longueur. Grappes nombreuses, terminales, sessiles et multiflores. Ra- chis ou pédoncule vert ; pédicelles rouges, longs d'environ 1 pouce ou moins, érigés-écartés. Fleurs d'un rouge écarlate; longues de 2 pouces avant d'être ouvertes, tubuleuses, se recourbant vers le ciel; les segments du périanthe forment avant l'épanouissement une espèce de massue globuleuse à quatre renflements, se fendant ensuite jusqu'à environ un 108 JOURNAL liers de la longueur totale en descendant vers le pédicelle en quatre lobes spathulés, réfléchis et souvent tortillés. C'est dans les sommités concaves de ces lobes que l'on aperçoit pour ainsi dire enchâssées les anthères oblongues, jaunes et sessiles; position assez curieuse pour faire prendre au pre- mier coup d'œil les lobes tordus du périanthe pour autant de filets staminaux enroulés en spirale. L'ovaire est allongé, cylindrique, pédicelle, un peu géniculé et se prolongeant en un long style rouge dépassant de beaucoup les lobes du pé- rianthe; ce style est persistant; il est terminé par un stig- mate oblong, jaune à sommet vert. C'est sans doute la belle couleur écarlate et la disposition assez compacte et ramassée de la grappe terminale qui avait, fait ranger par Commerson cet Embothrium parmi les Ixora sous le nom d'/xora coccinea. D'après la température âpre et très-froide de son pays natal , il est à espérer que cette belle plante pourra résister à nos frimas en plein air, comme elle l'a déjà fait cet hiver passé en Angleterre. — Nous ne pouvons encore donner de renseignements positifs sur sa culture. pyrethrum Delhayi (Hort.), figuré dans Y Illustration hor- ticole, pi. 58. — Famille des Composées. Ce joli Pyrèthre est un hybride obtenu, croyons nous, par M. Bedinghaus, horticulteur à Nimy, près Mons, et probable- ment issu du Pyrelhrum roseitm. La plante figurée dans l'Illustration horticole provient du jardin de M. A. Ver- schafîelt qui l'avait reçue de M. J. Van Geert, de Gand, sans aucune indication d'origine. Le nom accolé à l'indication gé- nérique nous confirme dans l'opinion que nous exprimons en commençant cet article. M. Delhaye est un amateur qui s'occupe beaucoup de plantes de pleine terre, et qui s'intéresse vivement aux semis de ces sortes de plantes; or, M. Bedinghaus peut être mis au rang des premiers semeurs du pays. Il est vraiment fâcheux que l'histoire de plantes aussi jolies que le Pijrethrum Delhayi, nées pour ainsi dire D'HORTICULTURE PRATIQUE. i09 d'hier et chez nous, soit plus difficile à débrouiller que celle de végétaux nés en Chine ou en Patagonie. Les horticulteurs nous accusent d'oubli ou d'injustice à leur égard; mais s'ils avaient soin, dès qu'ils ont obtenu quelque résultat remar- quable,— et cela leur arrive, nous nous plaisons à le constater, assez souvent, — de nous communiquer une simple ébauche accompagnée de quelques lignes de renseignements, nous pourrions citer leurs gains et rendre à chacun ce qui lui est dû; par leur silence ils se rendent complices de leur propre défaite, car combien de plantes obtenues par d'intelligents mais modestes horticulteurs du pays ne nous reviennent pas une année plus tard sous un nom anglais, par exemple, et à un prix hautement britannique, et qui, pour comble de mystification , seront bien souvent choyées dans la même plate-bande où pullulent jeunes et vieux parents ! Nous en- gageons les horticulteurs semeurs à réfléchir sur les lignes précédentes que nous leur adressons spécialement; nous les engageons aussi à s'adresser franchement aux écrivains ré- dacteurs des publications horticoles belges; nous leur pro- mettons bon accueil et justice. Pour en revenir à notre plante, le Pyrethrum Delhayi est vivace, glabre, se ramifie beaucoup, croît avec vigueur, et forme des touffes dont chaque rameau est terminé par une grande fleur de 5 centimètres de diamètre, d'un rose vif ou légèrement violacé à disque jaune. Tigridia vioiacea (Schïede), figuré dans la Flore des Serres, etc., pi. 998. — Famille des Iridées. Le Tigridia violacea est, comme son splendide congénère le Tigridia pavonia, originaire des forêts de chênes des con- trées tempérées et froides du Mexique, où il fut découvert par feu notre savant ami le docteur Schiede, et introduit en 1858 par M. Charles Ehrenberg, dont un long séjour dans le district minier de Real del Monte fut utilement employé à la formation d'un riche herbier de toutes les régions monta- gneuses situées au N. et au N.-E. de Mexico. 110 JOURNAL Les fleurs de cette espèce, bien que beaucoup plus petites que celles du Tigridia pavonia, ont une forme tout à fait pareille; le coloris seul est différent; il est violet, lilacé, uni- forme sur le pourtour; le fond de la coupe est d'un blanc jaunâtre, à nombreuses mouchetures lilas foncé. C'est, ainsi que le dit fort bien M. Planchon, une plante d'un incontesta- ble mérite, et cependant, malgré cela, elle est peu répandue. Heureusement pour les amateurs de plantes bulbeuses que l'établissement de M. Van Houtte offre une collection de toutes ces plantes bulbeuses, de ces aimables délaissées, pour nous servir des termes de M. Planchon, que l'on ne trouve- rait nulle part réunies en aussi grand nombre. Cette Tigridie se cultive sous châssis froid comme la ma- jeure partie des plantes bulbeuses. loasa sciiiiiiiiana (Planchon et Linden), figuré dans la Flore des Serres et Jardins, pi. 1001. — Famille des Loasacées. — Polyandrie Monogynie. Ce nouveau Loasa, dont M. Van Houtte nous donne une planche ou plutôt une fort belle peinture dans la quatrième livraison du 10e volume de sa Flore, est une espèce annuelle à tiges dressées et non volubiles comme notre vieille connais- sance le Loasa lateritia; mais hélas ! elle est comme cette der- nière chargée de poils rougeâtres dont le contact brûle la main ; sa taille est d'environ 2 pieds à 2 pieds et demi de hauteur; ses feuilles alternes, cordées-ovées, sont grandes, profondément incisées, lobées à bords dentelés, d'un vert foncé à la page supérieure, pâles et fortement réticulées en dessous; les fleurs naissent solitaires et opposées aux feuilles sur un pédicelle plus court que le calice; celui-ci est semi- globuleux comme l'ovaire qu'il enveloppe et est couronné par cinq grandes lacinies, ovées , aiguës, disposées en forme de coupe; les pétales sont d'un fauve pâle et en forme de na- celle; les squames du nectaire sont grandes, dorées et mar- quées transversalement sur le dos de deux lignes ou bande- lettes carminées. D'HORTICULTURE PRATIQUE. \\\ Le Loasa Schlimiana a été découvert sur le versant nord de la Sierra Nevada de Sanla-Martha (Nouvelle-Grenade), par M. Schlim qui l'a introduit chez M. Linden, de Bruxelles. On pourra confier ce nouveau Loasa à la pleine terre dès que les gelées ne seront plus à craindre; ses fleurs ne sont pas brillantes, il est vrai, mais elles sont abondantes et se suc- cèdent durant les derniers mois de l'automne. spirœa iteevesiana, var. flore pleno, figuré dans I Horti- culteur français , n° G, juin 1855. — Famille des Rosacées. — Icosandrie. Le type est une plante connue depuis une trentaine d'an- nées et cultivée dans beaucoup de jardins sous le nom deSpi- rœa lanceolata, que lui avait imposé le botaniste Poiret et que M. Lindley a changé depuis en celui de Reevesiana. C'est un joli arbrisseau buissonnant à feuilles étroites lancéolées, allongées, dentelées sur la moitié supérieure des bords, d'un vert vif sur la face supérieure, plus pâles ou presque glau- ques en dessous. Les fleurs sont disposées en bouquets blancs terminant les petits rameaux latéraux, donnant à l'ensemble une inflorescence abondante ; la variété actuelle ne diffère, dit M. Eugène Verdier fils, à qui nous empruntons ces détails, que par ses fleurs doubles qui sont de la gran- deur de la Spirœa prunifolia flore pleno. Elle est préfé- rable à cette dernière plante en ce qu'elle fleurit très-régu- lièrement sur toutes les branches en corymbes assez touffus, tandis que l'on sait que les fleurs du Spirœa prunifolia naissent au sommet de longues branches effilées et dénudées de feuilles. Le jury de l'exposition de Versailles a accordé récemment le premier prix d'introduction à un exemplaire exposé par M. Berlin de cette ville. Le Spirœa Reevesiana flore pleno a été introduit de la Chine par M. Fortune; il est aussi rustique que son type. 112 JOURNAL Ijjomolojjte. OBSERVATIONS SUR LA CAUSE DES MALADIES DES VÉGÉTAUX. L'article suivant, dû à la plume de M. J. Gaillard, pépinié- riste à Brignais, près Lyon (1) nous a paru tellement intéres- sant que nous n'hésitons pas à le transcrire à peu près en entier pour nos lecteurs qui aiment à rechercher l'origine, non pas des aberrations de la nature, — ce mot n'oserait être employé par nous qui en ignorons les mystères, — mais de ces maux qui portent le trouble dans nos vergers et dans nos champs. On verra avec plaisir que l'auteur s'appuie sur les idées de notre savant compatriote Van Mons, le créateur de la pomologie moderne; ce sont de véritables observations pratiques qu'expose M. Gaillard, et à ce titre elles méritent d'être accueillies avec faveur. « Messieurs, » Le progrès incessant qu'a fait la maladie des végétaux depuis quelques années a fixé l'attention des amis de l'hu- manité; plus ou moins versés dans la science agricole, ils se sont appliqués à rechercher les causes de ce fléau et à indi- quer la manière de le combattre par des remèdes efficaces. Aujourd'hui môme, une proposition vient d'être adressée au gouvernement pour l'institution d'un enseignement médico- végétal. » Si cette proposition était écoutée, les végétaux auraient désormais leurs docteurs-médecins comme l'espèce humaine et les animaux. Il n'est, pas étonnant que la question se soit élevée à cette hauteur et qu'elle soit entrée dans le domaine des plus savants théoriciens. Toutefois, persuadé que chacun (1) Extrait du Bulletin de la Société d'horticulture du déparlement du lihône. D'HORTICULTURE PRATIQUE. i 15 doit apporter au foyer de la science la parcelle de lumières et de connaissances qu'il possède, j'ose aborder devant vous, messieurs, ce sujet important, n'ayant, pour le traiter, que les notions puisées dans une pratique assidue ; et, pour com- battre plus énergiquement la maladie des végétaux, je me borne à vous dire quelques faits que j'ai pu recueillir con- cernant ce flé;iu dans l'exercice de ma modeste profession de jardinier-pépiniériste. Mes observations auront surtout pour objet la vigne, l'arbre fruitier et la pomme de terre. » On a dit quelque part que la voix du peuple est la voix de Dieu. Dans nos campagnes, cette voix unanime, formidable, contre laquelle s'élèvent en vain la science et le bon sens, proclame comme cause unique du fléau qui dévore les ré- coltes le gaz hydrogène, dont les vapeurs s'échappent de nos nombreuses usines, principale source de la richesse indus- trielle. Hâtons-nous de reconnaître que, dans cette circon- stance comme en bien d'autres, le proverbe est en défaut, et, si le gaz n'existait pas, ce serait probablement la sorcel- lerie qui aurait à répondre aux accusations populaires. Arrivons bien vite à l'indication d'une cause plus rationnelle. » Avant que la maladie des végétaux, quel qu'en soit le nom scientifique, eût atteint la vigne, un arbre précieux de nos jardins et de nos vergers en ressentait depuis longtemps les funestes effets : je veux parler du poirier. Toutes les variétés de ce végétal ne souffraient pas également du mal signalé; il s'attachait principalement aux plus anciennes. Au nombre de celles-ci étaient le Beurré blanc (Doyenné blanc) , le Beurré gris, le Bon Chrétien d'hiver, le Bon Chrétien d'été, la Bergamote crassane, la Virgouleuse , le Saint-Germain d'hiver, le Blanquet, etc. A côté de ces variétés malades croissaient, saines et pures, le Beurré d'Hardempont, la Duchesse d 'Angoidéme , le Bon Chrétien Napoléon, le Bon Chrétien William's, le Beurré incompa- rable, la Louise Bonne d'Avranches, le Beurré des Char- neuses, et enfin un grand nombre de variétés nouvelles dues à l'esprit progressif de nos principaux horticulteurs, variétés 5n 4. — JUIN 183S. 8 m JOURNAL encore ignorées de la foule, de la foule qui ne connaît la richesse que lorsqu'elle lui lombe par hasard dans les mains, comme la manne tombait dans celles du peuple d'Israël; qui jette souvent à la face des horticulteurs l'imputation odieuse de charlatans ; qui les accuse de changer les noms des fruits et de les lui vendre comme des nouveautés venant de l'Inde ou de la Chine, et qui refuse sottement une variété nouvelle qui a coûté fort cher, lors même qu'elle est offerte au prix de celles qui sont demandées, avec cette expression banale : Nous n en voulons point; elles ne réussissent pas chez nous. » Vous entrevoyez déjà, messieurs, dans l'indication de ce fait, la cause de la maladie dont les poiriers sont atteints et celle du véritable remède au mal qui nous épouvante. » Il est tout entier dans la reproduction des variétés an- ciennes, c'est-à-dire dans leur suppression et dans le renou- vellement par le semis. » En effet, messieurs, quand nos pères ont voulu planter la vigne, ils ont dû nécessairement avoir recours au semis, et par là, sans s'en douter, ils renouvelaient ce végétal; mais, quand une fois ils ont eu, au moyen de semis, de très-bonnes variétés, d'un rapport avantageux, ils s'en sont tenus là ; il les ont multipliées, et multipliées encore, et sans fin, par un procédé plus expédilif et plus sûr pour eux, puisqu'ils ne plantaient que des boutures prises sur des ceps qui rappor- taient beaucoup. « Aussi, que l'on parcoure les pays de vignobles, on trouvera que chaque province a son plant favori et se garde bien de le changer, si ce n'est pour le remplacer par un plant encore plus productif. Mais ce plant productif, qui faisait momen- tanément la richesse d'une contrée, en cause aujourd'hui la misère. » Ne croyez pas, messieurs, que j'aille ridiculement me proclamer le créateur de l'idée d'un savant horticulteur : non, je ne suis que le modeste disciple de Van Mons, dont vous connaissez tous la réputation méritée et l'ouvrage im- portant. Ce savant pomologue pense que les arbres non D'HORTICULTURE PRATIQUE. ÎI5 renouvelés par semence finissent par dégénérer, et qu'arrivés à une certaine époque de leur existence, ils ne produisent plus que des fruits gercés et de mauvais goût. Cependant ces mêmes variétés morbides, étant greffées sur un pied-conte- nant (aubépine ou coignassier), et plantées en espalier, se reposeront, car elles ont besoin de repos, et rapporteront de beaux fruits. En poussant plus loin nos investigations, nous retrouverons partout des preuves à l'appui de l'idée de Van Mons. » Si le sol du verger est argileux ou humide et à exposition chaude, et surtout si les arbres sont jeunes, le Beurré blanc, le Saint-Germain dliiver, etc., quoique greffés sur pied- contenant, auront beaucoup poussé et produiront des fruits gercés. » Si, au contraire, ces arbres sont plantés dans un sol gra- nitique, exempt d'humidité, incliné au nord ou à l'ouest, ils pousseront de courts rameaux et produiront des fruits de bonne qualité, parce que, dans ces conditions, ils ont trouvé le repos qui leur est nécessaire. » Si l'année est humide et chaude, quoique ces variétés soient dans des conditions favorables à leur repos, leurs fruits, s'ils ne sont gercés, seront fortement tachés et ne pourront se conserver. » De telles années, dit Van Mons, précipitent les variétés qui sont en voie de dégénérescence, et leurs fruits en devien- nent mauvais. » Au lieu d'appuyer par des faits nombreux et concluants, puisés dans mes propres expériences, cette opinion de Van Mons, qui est aussi la mienne, permettez-moi, messieurs, pour ménager vos loisirs, de la résumer et de la géné- raliser. » Les variétés de poiriers anciens ont besoin de se renou- veler par la semence pour produire de beaux et de bons fruits; les moyens employés pour leur multiplication sont contraires au système ordinaire de reproduction delà nature. On peut, il est vrai, par la greffe et la bouture, faire vivre MO JOURNAL et revivre les variétés un certain nombre d'années, plusieurs siècles même si l'on veut, suivant le degré de bonté des fruits ; mais indéfiniment, mais éternellement, impossible! C'est pourtant ce que nous prétendons faire. » Si nous voulions, secouant le bandeau de la routine, jeter les yeux sur les lois et sur la marche de la nature, il serait facile de nous assurer de ce fait. Du reste, le Tout- Puissant, qui a tout prévu, n'a rien fait d'inutile ; il a donné aux végétaux comme aux animaux des moyens de se repro- duire et de se régénérer. » Ces moyens, nous nous obstinons à les rejeter, en mul- tipliant par greffes, tubercules et boutures les variétés que nous avons trouvées les meilleures dans les semis dont nos pères nous ont dotés, et nous ne soupçonnons pas même qu'en semant, nous aurions régénéré et trouvé des variétés supérieures à celles qui existent. Si, à leur tour, elles eussent éprouvé les atteintes de la maladie, nous en con- naissons le remède. » L'analogie, aussi bien que l'expérience, nous conduira à appliquer les mêmes observations à la vigne. » Une vigne ancienne se trouve plantée dans un terrain léger, graniteux, incliné et exposé à l'ouest; cette vigne a peu de fruits, mais ils sont très-sains. Une jeune est plantée dans un terrain fort ou argileux ; les rameaux en sont d'une végétation luxuriante et les raisins malades. Enfin, sur un monticule ou plateau dont le sol est argileux se trouve une vieille vigne, mais pleine de sève et de vigueur; elle est cou- verte de raisins, dont les uns, en grande partie, sont malades et les autres sains. » Ne pourrait-on pas conclure qu'il y a identité entre le Beurré blanc planté dans un sol granitique et incliné à l'ouest et la vigne ancienne vivant dans un terrain de même nature et dont les rameaux sont courts et les fruits sains? La jeune vigne ne peut-elle pas aussi être comparée au Beurré blanc planté clans un terrain argileux et humide? Enfin, la vigne du sommet du monticule, dont les fruits ne sont pas égale- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 117 ment malades ou également sains , n'oflVe-t-elle pas une similitude frappante atvec un verger de poiriers, dont les uns rapportent des fruits gercés ou malades et les autres des fruits sains? De ces faits nous pouvons conclure, sans crainte d'une contradiction sérieuse, que les variétés de vignes non malades sont ou plus jeunes ou moins bonnes que celles qui sont malades. » Nous n'avons pas encore vu les traces de la dégéné- rescence sur nos poires anciennes, qui ne sont bonnes que cuites. » La nature, dans l'ordre animal comme dans l'ordre végétal, semble avoir donné aux sujets robustes plus de vi- gueur corporelle et moins d'esprit vital ; la vigne délicate produit le bon vin; l'esprit délicat crée les œuvres immor- telles. » II y a un rapport sensible entre la vie végétale et la vie animale. Plus on rend le travail dur à une bête de somme, plus on avance sa décrépitude; plus on force une variété au rapport, plus elle s'use, non-seulement dans ses sujets ainsi dirigés, mais encore dans son essence, dans sa nature. » On a fait vieillir la plupart des variétés de vignes en les forçant à produire au delà de leurs forces. Si nous voulons obtenir des raisins sains, gardons-nous de stimuler les va- riétés dégénérées, car nous les ferions sortir du repos dont elles ont besoin et nous hâterions leur décrépitude. » N'avons-nous pas vu celte année des vignes taillées fort, tard, non fumées, produire une récolte moyenne en dépit de la saison pluvieuse d'été, tandis que celles qui avaient été taillées de bonne heure, bien fumées et bien travaillées ont été presque stériles? N'a-t-on pas aussi remarqué que les ceps vivant à l'ombre de cerisiers ont produit des raisins plus sains que ceux exposés au grand air? » Bien plus, ne voit-on pas les sarments des ceps om- bragés bien moins tachés que ceux des autres qui sont à quelques mèlres? Voici une autre observation qui a aussi son importance. J'ai vu des chasselas plantés à trois mètres 4!8 JOURNAL environ d'un mur de clôture; leurs ceps étaient appuyés contre de gros piquels qui les garantissaient des rayons solaires. Eh bien ! les feuilles et les raisins qui se trouvaient abrités par les piquets dans toute la hauteur de ces derniers étaient exempts de la maladie, tandis qu'elle avait atteint les feuilles et les raisins des autres coursons des cordons éten- dus à droite et à gauche, des piquels. Il est bien facile de se rendre compte pourquoi les coursons ombragés ont été épar- gnés : c'est que la sève s'est moins arrêtée sur ces points et s'est portée avec plus d'abondance sur les coursons exposés au soleil, et il y a eu excès de végétation pour les uns et repos pour les autres. Quand je demande le repos pour les plants de vignes dont nous avons hâté la vieillesse en les poussant outre mesure à la production, je ne prétends pas qu'il faille laisser la vigne sans culture, mais je dis seule- ment qu'il ne lui faut donner que peu d'engrais et éviter de la planter dans des terrains trop riches. » Il convient de choisir un terrain léger et incliné, et des plants jusqu'à ce jour préservés de la maladie. Il faudra donc, pour quelque temps, se condamner à adopter pour nos contrées le mornain noir, qui ne fait pas un très-bon vin; mais encore vaut-il mieux, quoi qu'en puissent dire les gourmets, boire un vin passable que de l'eau pure. Il est à remarquer qu'il ne serait pas même prudent de cultiver cette espèce de raisin dans un sol humide et dans un pays chaud; car, dans ces conditions trop favorables à une grande végétation, les ceps ne pourraient se reposer assez, quoiqu'ils soient d'une nature moins délicate que celles de ses congénères. Il serait impossible de préciser la durée réser- vée à celte variété de vigne pour avoir des fruits sains, mais on peut avancer hardiment que, plus le pays où elle vivra sera froid, plus elle se maintiendra dans sa vitalité. Il est bien entendu qu'en parlant de pays froids, nous n'avons en vue que ceux où la vigne peut être cultivée avec avantage. Revenons aux arbres fruitiers et demandons pourquoi, dans nos montagnes du Lyonnais, trouvons-nous le plus fréquem- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 119 ment des fruits sains produils par le Beurré blanc, le Saint- Germain d'hiver et la Vircjouleiise? C'est que, clans ces lieux, la végétation n'est pas excitée outre mesure par les ardeurs du soleil; elle agit lentement et se trouve dans les conditions de repos dont nous avons déjà parlé. » Nous prévoyons le temps où les planteurs d'arbres frui- tiers de nos montagnes seront obligés de renoncer à leurs variétés favorites, et ce temps n'est peut-être pas bien éloi- gné. Mais, pour les faire renoncer définitivement à une habitude qui, chez eux, a pris le caractère de la routine, il faudrait que chaque année le gouvernement fît l'acquisition de quelques centaines d'arbres à haute tige, et que, comme en Algérie, il les donnât à moitié prix. Les routiniers les plus entêtés finiraient peut-être par innover, grâce à cette faveur, je veux dire par renouveler les arbres fruitiers de leurs jardins et de leurs vergers. » Nous ne voudrions pas nous ériger en prophète de mal- heur; mais il nous semble que si le gouvernement, qui veille dans sa sagesse au bien-être de la population, ne prend garde à ce qui se passe sous nos yeux, on ne verra bientôt aux marchés que de vilains et mauvais fruits. Si quelques paniers exceptionnels venaient à tenter les désirs des ama- teurs, ils seraient dus à des horticulteurs prévoyants et in- struits. Le même mal qui frappe aujourd'hui la vigne et certaines variétés de poires, ne tardera pas à se manifester sur les pommes, les abricots, les prunes, les cerises. Déjà il commence à se montrer sur certaines variétés de ces espèces. » Ce que nous venons de dire des poiriers, de la vigne, s'applique aussi à la pomme de terre. C'est en la forçant à produire démesurément que nous l'avons fait dégénérer. C'est à tel point, qu'elle est presque stérile, c'est-à-dire qu'elle ne rapporte presque plus de grains depuis au moins huit ans. On a bien essayé, par des semis, de la ramener à sa bonne nature, mais il était déjà trop tard. Le germe de la maladie qui la ronge l'avait attaquée jusque dans son essence. Aujourd'hui, pour obtenir des pommes de terre 120 JOURNAL vraiment saines, il ne faudra rien moins que poursuivre les semis jusqu'à la quatrième ou cinquième génération, en s'abs- lenant d'engraisser le (errain où ils seront plantés, ou bien se procurer des graines prises sur celles qui croissent sponta- nément. » S'il résulte de ces considérations que la maladie végétale fera encore de grands ravages dans nos vignobles et dans nos vergers, il ne suit pas de là qu'il faille s'alarmer incon- sidérément. J'ai indiqué sommairement quels sont, selon moi, les moyens d'y remédier d'une manière radicale; c'est de procurer le renouvellement des anciennes variélés, c'est d'obtenir de nouveaux plants qui, selon les lois de la repro- duction, nous donneront des sujets plus vigoureux, plus productifs et plus sains. » En attendant que cette réforme s'accomplisse, essayons d'obtenir encore quelques bonnes récoltes de nos vieux sujets d'arbres fruitiers, de vignes et de pommes de terre. » J'ai dit le moyen d'arriver à ce résultat pour ce qui con- cerne les fruits et les raisins. Quant à la pomme de terre, il faut la planter dans des conditions favorables à son repos : ce qui est facile à obtenir, en ne la fumant que modérément avec des engrais peu stimulants, et dans les terres les plus légères, autant que faire se pourra; et surtout qu'elle soit plantée de bonne heure, afin que les tubercules n'aient plus qu'à atteindre leur maturité lorsque arriveront les grandes chaleurs, qui stimulent trop la végétation de ceux qui sont plantés tardivement et leur procure la maladie. » Tels sont, messieurs, les résulats de mon examen et de ma jeune expérience; je regrette de n'avoir pu en coordonner la suite de manière à vous les faire mieux apprécier; cepen- dant je me console en songeant que votre pénétration et votre sagacité auront suppléé abondamment à ce défaut d'ordre et à mon inexpérience de langage. » Ferdinand Gaillard. Pépiniériste à Briguais. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 121 CERISE LEMERCIER. « Fruit assez gros, arrondi, déprimé aux deux pôles; épicarpe rouge-brun, presque noir à sa parfaite maturité; pédoncule long et grêle, placé dans un enfoncement assez large et profond; point pistillaire petit, roux, placé dans une cavité profonde et évasée; couture fortement tranchée; chair rougeâtre ; eau abondante, douce, sucrée, très-légère- ment acidulé; noyau arrondi, assez gros, ayant les arêtes dorsales très-proéminentes, obtuses. » L'arbre, à branches érigées, généralement droites, est d'une vigueur moyenne , et forme naturellement une couronne arrondie, touffue et régulière. » Lesbranches ont l'épidermebrun-foncé, terne et grisâtre, parsemé de mouchetures nombreuses et saillantes gris-cendré ; les tiquetures n'apparaissent qu'en bien moindre nombre sur les rameaux qui sont d'un brun plus clair, assez luisant; les plus jeunes rameaux sont, de plus, légèrement lavésel tiquetés de gris de lin. Les supports sont fortement ridés et de lon- gueur variable ('/a à 5 centimètres). » Les feuilles sont grandes, ovales-cordées, souventincisées et assez obtusément pointues. » Quoique moins prodigue de fleurs que la Monstrueuse de Bavay, qui déploie à cet égard un luxe malheureusement trompeur, l'arbre qui nous occupe est beaucoup plus fertile, et surtout d'une fertilité moins discontinue que la plupart de ses congénères : avantage précieux, que nous attribuons surtout à sa tardive floraison. On comprend dès lors l'intérêt qu'ont les nombreux amateurs de cerises , de réserver dans leurs jardins ou vergers une très-bonne place à cette variété recommandable à tant d'égards, surtout à raison de sa tardi- veté. En effet, la cerise Lemercier mûrit vers le 15 août, un peu plus tôt, un peu plus lard, selon les saisons, le sol et les expositions. Au surplus, grâce à sa bonne conservation sur l'arbre, on peut aisément en jouir jusqu'à la fin du mois 122 JOURNAL d'août. Il est probable qu'en la cultivant en espalier au nord, on prolongerait notablement cette jouissance. Nous conseil- lons de lui associer la Holmans-Duke , encore plus tardive, mais un peu moins bonne. » Nos lecteurs ont pu voir dans l'une denos premières livrai- sons (T. I, p. 2G), combien pourrait être longue la liste des synonymes de la Reine-Hortense ou Monstrueuse de Bavai/; (el est toujours, bêlas ! le triste et inévitable cortège des variétés d'élite. Aussi, beaucoup ont. pensé que la cerise Lemercier, dont nous sommes redevables à M. C. Jamin, de Paris, était encore une espèce identique, ou à peu près, à la Reine- Hortcnse sous un nom de nouvelle création; il n'en est rien, et sur ce point plus d'incertitude possible, après une lecture tant soit peu attentive de la description qui précède. — Epoques de la feuillaison — de la floraison — de la maturité — coloris et volume du fruit — saveur plus acidulé — teintes et mouchetures de l'épiderme cortical — configura- lion des rameaux et des feuilles (celles de la Reine-Hortense, notamment, sont munies de chaque côté du disque, près du pétiole, de deux glandes rougeâtres) : ce sont là autant de caractères saillants qui les différencient, et rendent le doute impossible. » (Annales de Pomologie.) POIRE LOUISE D'ORLÉANS (Van Mons). Le fruit de la Louise d'Orléans a été décrit en 4845, à la page 257 du tome II de notre journal ; mais on ne recon- naîtrait pas actuellement dans la poire d'un vert-gris foncé et de taille médiocre, telle que nous l'offre le dessin publié il y a dix ans, par M. Bouvier de Jodoigne, la belle poire figurée l'année passée dans les Annales de Pomologie (livrai- sons 4-6, p. 55). Aussi, croyons-nous devoir avec M. A. Bi- vort revenir sur la description d'un fruit dont les qualités recommandables ont pour ainsi dire grandi avec le temps. Si la poire Louise d'Orléans n'a plus aucun rapport de D'HORTICULTURE PRATIQUE. 125 forme ni de coloris avec celle représentée jadis dans notre journal, l'époque de sa maturité et ses qualités intrinsèques n'ont pas changé. Maintenant, ajoute M. Bivort, son faciès, loin d'être allongé et de ressembler, comme primitivement, à la Bonne-tfÊzèe, tient plutôt du Doyenné : il est oblong, renflé vers le centre, un peu évasé vers le pédoncule et tron- qué aux deux bouts; l'épiderme, vert-sombre, presque en- tièrement couvert de gris et jaunissant modérément à l'époque de la maturité, est tiqueté de points brun-noir, très-fins et de larges points gris-blanc. Le pédoncule, brun- noirâtre, assez gros, long de 20 à 25 millimètres, renflé au sommet, est implanté dans un léger enfoncement. Le calice clos, ordinairement irrégulier, se trouve placé dans une cavité peu profonde et très-évasée, ses divisions sont brunes. La chair est blanche, fine, très-fondante; son eau est abon- dante, sucrée et d'un parfum des plus agréables. Les pépins sont gros, ovales, pointus, brun-noir. Le fruit mesure en- viron 9 centimètres en hauteur et 8 centimètres ou plus en diamètre. Cette excellente poire, que M. Bouvier disait avec raison devoir être rangée parmi les fruits les plus nobles de son es- pèce, mûrit vers la fin d'octobre et dans les premiers jours de novembre. L'arbre est très-vigoureux et d'une fertilité moyenne, lors- qu'il est greffé sur franc. Il affecte naturellement la forme pyramidale ; son bois est gros, gris; il le porte droit et raide, de manière à former avec le tronc un angle aigu. Ses bran- ches à fruits sont moyennes, grêles, gris-verdâtre. Le bouton à fleur est assez gros, conique, pointu, brun- marron, lavé de gris. 124 JOURNAL illisccUcuues. SALVIA SPLENDENS. Pour obtenir de fortes plantes touffues et trapues et une belle flcuraison en novembre et décembre, il est nécessaire de rempoter fréquemment, afin que les racines ne tapissent pas entièrement les parois des vases; on pincera successive- ment toutes les extrémités des pousses jusque vers la mi- août, afin de former des exemplaires très-ramifiés. Le der- nier rempotage a généralement lieu à la fin du mois de juin ou au milieu de juillet, selon la vigueur et la forme des plantes; car, si elles sont encore faibles ou peu ramifiées, on pourrait avoir recours à un ou deux rempotages dans le but d'exciter l'émission de nouvelles pousses et par consé- quent de nouvelles ramifications. Le dernier rempotage se fait dans des pots d'un diamètre de 30 à 55 centimètres et même de 40 centimètres, si les plantes sont très-volumi- neuses; on placera alors ces exemplaires dans des bâcbes et sous châssis que l'on tiendra fermés, en n'admettant qu'une faible somme d'air nécessaire pour fortifier les jeunes ra- meaux ; on seringuera de manière à tenir les plantes dans une atmosphère moite; bientôt la végétation deviendra luxu- riante, et lorsque les racines auront rempli les pots (ce qui aura lieu vers la mi-août), alors on devra, après avoir pré- paré peu à peu les plantes à l'action de l'air, les placer dans le jardin dans un endroit abrité du vent et non exposé au soleil du matin. Dans celte position les pousses durciront et resteront courtes; on se gardera, ainsi que nous l'avons déjà fait observer, d'avoir recours aux pincements, car toutes les extrémités doivent à cette époque se préparer à bou- tonner. Dès que les mauvais temps, précurseurs des pre- miers froids, commencent à se faire sentir, rentrez vos pots de Salvia dans la serre et placez-les près des jours; une D'HORTICULTURE PRATIQUE. 125 légère gelée suffit pour abîmer cette plante; les feuilles tom- bent de suite et les tiges florales jaunissent et moisissent. Pendant la période végétative, des arrosements d'engrais li- quides ou à la colle-forte délayée favorisent le développement des pousses et donnent de l'ampleur et une teinte vert-foncé au feuillage. Après la fleuraison on ne conservera que deux ou trois pieds pour le bouturage; on les tiendra secs aux racines pendant une quinzaine de jours, puis on les rabat- tra et on les abandonnera ainsi dans quelque coin de la serre froide jusque vers la fin de février, époque à laquelle on les soumettra à la température plus élevée d'une serre chaude ou d'une bonne couche, où, par l'action combinée de la chaleur et de l'eau des arrosements, ils repousseront assez vigoureusement pour fournir une bonne provision de bou- tures que l'on coupera en avril. Ces boutures se mettront chacune séparément dans un pot, dès qu'elles seront enra- cinées, ce qui a lieu rapidement sur une couche d'une cha- leur modérée; une fois bien reprises, on place les jeunes plantes clans une serre où la température est étouffée sans être trop chaude et le plus près possible des vitres; on les seringue lorsque le temps est beau et l'on continue à les conserver dans une atmosphère humide jusqu'au commence- ment de mai. A celte époque, ou plus tôt même si la saison a été favorable, on les transporte dans une bâche froide et sous châssis, où elles restent jusqu'au grand rempotage du mois de juin, dont nous avons fait mention au commence- ment de cet article. La culture du Salvia splendens se résume donc à encou- rager fortement l'émission de pousses pendant environ quatre mois en soumettant les plantes à l'action combinée d'une chaleur moyenne et d'une atmosphère humide; à opérer de fréquents pincements jusqu'au mois d'août, à rempoter sou- vent, enfin à donner de temps à autre des arrosements d'engrais liquide pour fortifier la nature herbacée de ce végétal naturel- lement enclin à s'allonger si on l'abandonne à lui-même; une terre riche et substantielle lui convient particulièrement. 12G JOURNAL PRIMEVÈRES DE LA CHINE. La Primula sinensis {Primula prœniteus de plusieurs botanistes) est une des plus jolies plantes herbacées que l'on puisse cultiver pour décorer les appartements pendant l'hi- ver; la variété fimbriata, dont les pétales sont plus grands et frangés, est surtout très-appréciée. Quoique d'une. culture facile, il est néanmoins nécessaire de suivre certains erre- ments que nous allons indiquer et au moyen desquels on obtiendra pendant tout l'hiver des Primevères d'une végéta- tion luxurieuse alliée à une fleuraison abondante. Pour jouir d'une succession de plantes fleuries depuis le commencement d'octobre jusqu'au printemps, il faut avoir recours aux semis périodiques : le premier se fera en mai et donnera des fleurs en octobre; le deuxième aura lieu en juin et produira ses fleurs vers la fin de l'année; enfin le troisième semis, en juillet, verra épanouir les corolles en février ou mars. Quelle que soit l'époque du semis, on confiera les graines à un sol léger (terre de bruyère mélangée de terreau et de sable), et l'on placera les terrines recouvertes d'un verre dans un endroit abrité et assez chaud, soit dans une serre froide, soit sous châssis. On repique, dès que le jeune semis a assez de force, plusieurs plantes dans des pots ou terrines que l'on place près des vitres pour empêcher YaUonyement. Bientôt après, placez chaque petite plante dans un godet; admettez graduellement autant d'air que possible, sans cepen- dant les mettre en plein air. Lorsque ces petites plantes auront bien repris, mettez-les sous un châssis à froid que vous tiendrez fermé les premiers jours, et ouvrez peu à peu pour donner de l'air et fortifier le plant. De nouveaux rem- potages deviendront nécessaires, et devront se succéder à de petits intervalles, car les Primevères donnent beaucoup de chevelu et sont très-voraces. On emploiera pour le dernier rempotage des vases de 46 à 18 centimètres de diamètre; quelques plantes extrêmement vigoureuses recevront des D'HORTICULTURE PRATIQUE. J27 pots de 20 et même de 28 centimètres pour des exemplaires de parade. La nature du sol des rempotages augmentera en richesse à mesure que les plantes deviennent plus fortes, et dans les dernières opérations, on se servira de terre franche, de terreau de feuilles, de terre de bruyère tourbeuse en por- tions égales, auxquelles on mêlera du sable blanc et du charbon de bois pilé et finement tamisé. On drainera tou- jours avec soin ; les arrosements seront d'autant plus co- pieux que la plante marquera de vigueur. On conservera les plantes sous le châssis jusqu'aux premiers froids pour les rentrer sur les tablettes de la serre froide. Les semis du mois de juillet étant moins forts que les autres, seront con- servés dans des pots de 14 à 15 centimètres de diamètre, jusqu'au mois de février, époque à laquelle on les rempotera pour la dernière fois dans des vases plus grands; toutes les tiges florales paraissant avant ce moment seront soigneuse- ment retranchées. Enfin, pour préserver le collet des racines du danger de pourrir par suite des arrosements en hiver (danger auquel elles sont fréquemment soumises surtout dans les variétés doubles), on plongera de temps à autre le fond du pot dans une soucoupe remplie d'eau, de manière que l'arrosement se fera par le bas au lieu d'en haut. Pour éviter cette pourriture qui détruit en peu de jours tout un semis de Primevères, nous conseillons de verser autour du collet de la racine du charbon de bois pulvérisé. Nous avons également reconnu que des arrosements hebdomadaires d'en- grais liquide, surtout vers l'époque de la fleuraison, don- naient d'excellents résultats. CHRONIQUE HORTICOLE. Fleuraison extraordinaire d'un Camellia reticnlata. — Sir William Hooker, dans le Botanical Magazine, et le docteur Lindley, dons le Gardener's Chronicle, citent la fleuraison merveilleuse d'un pied de Camellia reticidaia, 128 JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE, appartenant à un amateur, M. Byam Martin de Bank Groove, Kingston, Snrrey près de Londres. Cet exemplaire est planté seul dans une serre; il mesure 14 pieds en hauteur, et autant en diamètre. Au commencement d'avril il était dans tout son éclat, et l'on prétend qu'il portait alors à la fois 6,000 fleurs épanouies. M. W. Hooker dit que Ion a dû retrancher environ 4,500 boutons de peur que la plante ne fût trop affaiblie par cette prodigieuse fleuraison. Chaque fleur mesu- rait de G à 8 pouces anglais de diamètre (14 à 20 centimè- tres), et ces fleurs étaient tellement rapprochées qu'elles se touchaient, sans néanmoins masquer le beau feuillage réticulé caractéristique de ce brillant Camellia. Cette luxuriante fleu- raison s'est prolongée pendant quelques semaines à la satis- faction des innombrables visiteurs auxquels M. B. Martin avait généreusement ouvert l'entrée de sa serre. En présence de pareils résultats, n'esl-il pas juste de dire avec l'illustre botaniste de Kew, que l'horticulture n'est plus seulement un art, mais qu'elle est devenue une science. Cinéraires.— Les plus belles nouveautés sont les suivantes : Marguerite (V Anjou, marron-cramoisi, à disque foncé ; Con- stellation, d'un blanc pur bordé nettement de bleu ; Impéra- trice Eugénie, très-belle variété blanche, à bords cramoisis et dispe violet; Fascination, d'un bleu foncé, cercle blanc au- tour du disque; Lord Stamford, blanc pur bordé d'un bleu de porcelaine, variété fort distinguée ; Madame Gérard Leigh, blanc pur, à bord rose violacé, disque bleu ; Madame lîogers, blanc, bordé d'un rose pourpré, disque foncé, forme excel- lente; Noveltjj, rouge-violet, à disque clair; fleurs grandes et belles. Picturata. superbe variété à fond blanc, large bordure rose violacé, disque couleur de lavande; Prince de Prusse, bleu de ciel brillant, disque entouré d'un cercle blanc ; Prince Albert, cramoisi-écarlate; fleur de beaucoup d'effet; Scotlish Chieftain, blanc, large bordure violette, disque violet. Aquilegia Californiea.—Wcsi qu'une variétéde YAquilegia Canadensis, à fleurs plus vives en couleur et présentant plus de jaune ; l'aspect est du reste le même. Lit- u<; tifltu> tuiXpt^pe/tot JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. PLANTES FIGURÉES DANS CE NUMÉRO. 1. GENETYLLÏS TULIPÏFERA. — 2. GENETYLLIS MACROSTEGIA. Les deux charmantes plantes que nous figurons actuelle- ment appartiennent a la famille des Myrtacées, dont la Nou- velle-Hollande nous offre une série de genres particulièrement riches et intéressants en espèces ornementales, buissonnantes, et surtout propres à décorer nos serres froides. — Ces di- verses qualités distinguent particulièrement le Genetyllis tulipifera, dont un exemplaire présenté à sir W. Hooker par MM. Garaway, Mayes et comp., horticulteurs à Bristol, me- surant seulement 2 pieds 10 pouces de hauteur, était garni d'au moins 450 à 200 têtes de fleurs semblables à de petites tulipes aux couleurs gaies. Lorsque le voyageur Drum- mond découvrit, dans l'Australie occidentale, les deux Gène- tyllis que nous allons décrire , il les rangea parmi ses plus importantes conquêtes florales. Nous sommes heureux de pou- voir dire que ses éloges étaient plutôt au-dessous de la vérité qu'exagérés. Du reste, notre planche, copiée sur le dessin du Botanical Magazine (planches 4858 et 4860), fera ressortir avec plus d'éloquence que toutes les phrases possibles les mérites réels de ces deux belles nouveautés. Le Genetyllis tulipifera est un arbrisseau peu élevé (deux à trois pieds environ), ayant un peu le port du Pimelea de- cussata, érigé, très-branchu, à rameaux presque ascendants, N° 3. JUILLET 1353. 9 150 JOURNAL anguleux, d'un brun pâle. Feuilles généralement opposées, presque sessiles, persistantes, étalées, de forme entre l'ellip- tique et l'oblongue, d'un vert -foncé en dessus et ponctuées, pâles en dessous, à bords cartilagineux ou presque membra- neux , semi-transparents et très-finement dentelés. Chaque petite branche est terminée par plusieurs petites fleurs réu- nies en tête, cachées et abritées dans une large enveloppe richement colorée, que les botanistes nomment un involucre, et que l'on confondrait facilement à la première vue avec une corolle véritable. Les dernières feuilles qui avoisinent l'invo- lucre deviennent graduellement plus grandes, plus larges, et assument des teintes plus ou moins vives. Involucre cam- panuliforme pendant, formé de différentes pièces de couleur blanche rehaussée de veines et de larges macules rose vif ou de rouge sang. Les fleurs, rassemblées en tête à la base et à l'intérieur de l'involucre, sont petites, peu nombreuses et munies individuellement de deux petites bractées concaves et subcarénées. Le tube calicinal est presque en forme de toupie, à limbe découpé en cinq petites dents obtuses. La corolle se compose de cinq pétales ovés, obtus. Les étamines s'élèvent du bord d'un anneau ou disque charnu situé à la bouche du calice; elles sont au nombre de vingt, dont dix parfaites, courtes, à anthères globuleuses, et dix (formant une série externe) très-petites, en forme de massue et impar- faites (staminodes des botanistes). Le style est trois fois aussi long que la fleur, épais, subulé, barbu au-dessous du stigmate. Le genre Genelyllis appartient à l'Icosandrie monogynie du système linnéen, et a été fondé par de Candolle. M. Lin- dley a placé le Genetyllis tnlipifera dans son genre Heda- roma (1), lequel n'offre que des différences à peine sensibles avec le genre fondé par l'illustre botaniste genevois. Le Genelyllis macrostegia (dont nous figurons une branche sous le n° 2) a été décrit par le botaniste russe M. Turczani- (1) Hedaroma tulipiferum (Lindley), dans le Gardener's Chroniclede 1854. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 151 noff, et quoique moins brillant que le Genetyllis tulipifera, n'en est pas moins une plante d'un grand intérêt horticultu- ral. Sir W. Hooker, qui le fait figurer dans le Botanical Magazine, l'a également reçu de MM. Garaway et compagnie. Ces deux belles plantes possèdent aussi le grand mérite de continuer à fleurir pendant l'espace de trois ou quatre mois (avril-juin). Cette seconde espèce est de plus petite taille que la pre- mière, plus grêle; ses feuilles sont beaucoup plus étroites, plus distancées et peut-être un peu plus longues; ce qui fait que l'aspect général est moins agréable. Les folioles de l'in- volucre sont plus étroites et d'un rouge brique uniforme. Les fleurs sont semblables à celles du Genetyllis tulipifera; la seule différence consiste en ce que la partie inférieure du tube calicinal du Genetyllis macrostegia présente seulement cinq sillons, tandis qu'on en compte dix dans la première espèce. Les involucres du Genetyllis macrostegia sont encore plus nombreux que dans le Genetyllis tulipifera; dans l'une et dans l'autre espèce, ils sont de nature sèche, membraneuse, et il est probable qu'ils conserveront pendant longtemps leur couleur et leur forme comme les Xeranthemum et autres plantes dites immortelles . Les deux espèces de Genetyllis que nous venons de décrire sont essentiellement de serre froide et de nature assez rus- tique; il leur faut beaucoup d'air et de lumière, un sol com- posé de terre de bruyère, de sable, et d'une petite quantité de charbon de bois pulvérisé ; en hiver les arrosements doivent être très-modérés. — Tenues trop chaudement, ces plantes s'allongent, perdent leur port trapu, leur feuillage devient jaunâtre, et l'on n'obtient pas de fleurs. Nous croyons que la culture ordinaire des Pimelea et des Diosma serait celle qui leur serait la plus applicable. 152 JOURNAL horticulture étrangère. PLANTES NOUVELLES ET RARES. 1° SERRE CHAUDE. Dipiothcniium littorale (Martius), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4801. — Famille des Palmiers. — Monœcie Polyan- drie. Les trois ou quatre espèces de Diplothemium connues des botanistes proviennent du Brésil et figurent dans beaucoup de collections européennes, grâce aux envois faits en 1844 à 1845 par M. Claussen au Jardin des plantes de Paris et à nous en particulier. Le Diplothemium littorale, croissant non loin des côtes brésiliennes, est plus répandu que les Diplothemium maritimum et campestre ; c'est un Palmier restant toujours de taille peu élevée, dépourvu de tronc dressé, émettant d'un caudex court, horizontal, marqué d'an- neaux transversaux (vestiges de frondes antérieures), un petit nombre de frondes pennées, longues de 5 ou 4 pieds, raides, érigées-étalées. Pétioles plus que moitié plus longs que la partie foliacée, anguleux, réunis à leur base par un tissu transversal fibreux. Pinnules étroites, linéaires-lancéo- lées, solitaires ou par deux à quatre émergeant d'un même point, toutes très-acuminées, glauques en dessous. Pédoncule plus court que les pétioles, comprimé. Spalhe longue de 4 à 5 pouces, en forme de bateau, acuminée, olfrant à l'intérieur un abri au pédoncule. Les fleurs sont disposées en un épi dense sur la spathe ; elles sont assez grandes, de couleur jaune, et toutes mâles dans l'exemplaire décrit par sir W. Hooker; chacune d'elles consistant en un calice mono- phylle à trois lobes profondément incisés, ovés etacuminés; la corolle de même forme et de même couleur. Les étamines D'HORTICULTURE PRATIQUE. 153 sont au nombre de douze, quatorze ou quinze. Filets subti- les, courts. Anthères oblongues, jaunes. Ce petit Palmier est d'un port gracieux; il lui manque, pour être tout à fait élégant, un plus riche développement simultané de frondes feuillées. Il exige une température assez élevée, de fréquents arrosements en été, un sol un peu argileux pour fortifier ses longs pétioles , lesquels , sans cette précaution , resteraient trop minces et se rejetteraient en arrière d'une manière disgracieuse. En hiver il doit être tenu plus sec que la plupart des autres Palmiers. streptocarpus Gardeni (Sir W. Hooker), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4802. — Famille des Gesnèriacées-Didymocar- pées. — Diandrie-Monogynie. Celte nouvelle espèce est originaire de Natal (Afrique mé- ridionale), où elle a été découverte, ainsi que le Streptocarpus polyanthus que nous avons récemment décrit, par le capi- taine Garden. Elle se rapproche beaucoup du Streptocarpus Rexii; elle en diffère néanmoins par ses feuilles plus longues et plus élégantes, plus ovées, plus rugueuses et ridées, et à base cordée. Les scapes portent presque invariablement deux fleurs à tube corollaire vert ou blanc verdâtre; le limbe est lilas (les fleurs du Streptocarpus Rexii sont entièrement d'un bleu pâle) , et au lieu d'être divisé en cinq lobes à peu près égaux comme dans le Streptocarpus Rexii, est plutôt bilabié; les deux lobes de la lèvre supérieure modérément étalés, les trois lobes formant la lèvre inférieure se présentant en avant ; les lignes de cette lèvre inférieure, au lieu d'être bleues et continues, sont de couleur de sang et interrompues par des points ou de petites veines. Cette nouveauté a , du reste , le même mérite horticultural que notre vieux Streptocarpus (Didymocarpus) Rexii. 13 5 JOURNAL îiiitonia speciosa (Klotzsch), dans Y Allgemeine Gartenzei- tung, avril 1855. — Famille des Orchidées. Originaire du Brésil, d'où elle a été reçue par un amaleur allemand M. Reineeke, cette belle et nouvelle espèce se dis- tingue du Miltonia cuneata, avec lequel elle a le plus d'af- iinité par ses pseudo-bulbes lisses et unis, par ses feuilles plus étroites, à sommet recourbé, par ses Heurs plus petites, et enfin par la forme différente du labelle. Voici, au reste, ses caractères spécifiques : pseudo-bulbes ovales-allongés, comprimés, garnis à la base de deux écailles engainantes, rétrécis à leur partie supérieure que surmontent deux feuilles presque membraneuses, oblongues, aiguës, à sommet re- courbé, carénées en dessous ; les hampes, hautes de 20 à 25 centimètres, s'élèvent de l'aisselle des feuilles inférieures, et de chaque côté des pseudo-bulbes elles portent chacune deux ou trois fleurs de moyenne grandeur (7 à 8 centimètres de diamètre environ), accompagnées de bractées lancéolées, acuminées, brunâtres; les sépales et les pétales, d'un jaune paille à taches brunes, sont oblongs-lancéolés et ondulés; le labelle est d'un beau blanc, étalé, arrondi-bifide , rétréci en coin à sa base ; les lamelles sont saillantes et tronquées ; gy- nostème court, épais, blanchâtre, et de couleur rosée à sa partie antérieure. — C'est une bonne addition à un genre fort estimé dans les Orchidées. SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE, Rhododendrum retiisnni (Bennet), figuré dans \e Bot. 3fag., j)l. 4859. — Syn. : Vireya refusa (Blume). — Famille des Éricacées. — Décandrie Monogynie. Compatriote du magnifique Rhododendrum Javanieum, ce nouveau Rosage, introduit chez MM. Rollisson, de Londres, par leur voyageur M. Henschell, est d'une rare élégance et promet, croyons-nous, de devenir, entre les mains des hor- ticulteurs hybridateurs, la source d'une série nouvelle de D'HORTICULTURE PRATIQUE. 155 Rhododendrum à tube corollaire allongé et d'un coloris écar- late orangé tout à fait distinct. Sir William Hooker dit que c'est vraiment une plante adorable, appartenant au groupe des Rho- dodendrum ferrugineum et hirsutum parmi les espèces euro- péennes, et aux Rhododendrum anthopogon, lepidotum, etc., des espèces indiennes; elle fleurit en mai; elle croît à Java et à Sumatra à une élévation supra-marine de 5,000 pieds dans des endroits ombragés. On devra la cultiver en serre froide. Le Rhododendrum retusum est un arbrisseau d'un à deux pieds de hauteur, à branches ligneuses brunissant avec l'âge, âpres au toucher par suite de la présence d'un grand nombre de petites aspérités. Feuilles persistantes, longues de deux pouces à deux pouces et demi (5 à 6 d/2 centimètres), pres- que sessiles, oblongues ou elliptiques-ovales, coriaces, éta- lées, glabres, à bords recourbés, à sommet très-obtus, sou- vent émoussé, d'un vert foncé en dessus, à dessous plus pâle dans les jeunes feuilles, et d'une nuance ferrugineuse dans les anciennes, dans l'un et l'autre cas chargé de nombreuses petifes écailles furfuracées. Ombelles terminales et composées de six à neuf fleurs. Pédoncules longs de 2 centimètres, rouges, poilus. Fleurs modérément inclinées, à calice très- petit, d'un vert jaunâtre, cilié et squamuleux, à cinq dents très-courtes et aiguës, dont une plus longue que les qua- tre autres. Corolle longue de 5 centimètres et plus, d'un rouge écarlate brillant, tubuleux-infundibuliforme, à base ventrue; limbe court, découpé en cinq lobes arrondis peu étalés; caractères qui donnent aux fleurs de ce Rosage un faciès tout particulier (1). Étamines au nombre de dix, pres- (1) Le genre Vireya deBlume [Kruidkundige waarnemingen, Batavia, 1826, ou Bydragen tôt de Flora van Nederlandsch Iridié) est une sec- tion du grand genre linnéen Rhododendrum, se distinguant par sa corolle infundibuliforme-campanulée, à limbe quinquélobé, par ses dix étamines insérées sur le disque calicinal, et par son ovaire à cinq angles, et enfin, dit M. Blume, par son calice beaucoup plus petit. Il ajoute que ce sont des plantes généralement parasites et fleurissant à Java pendant toute l'année. [Voir 15e cahier, pages 854-856 dudit Kruidkundige.) 130 JOURNAL que exsertes. Style filiforme, un peu plus court que les éia- mines. Ovaire oblong, à cinq angles, squamuleux, inséré sur un disque glanduleux lobé. Cette charmante plante sera incessamment mise dans le commerce par ses propriétaires, MM. Rollisson, horticul- teurs, à Tooling près Londres. Rhododendrum Californien m (Hooker), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4865. Ce Rhododendron , exposé en fleurs par M. Veitch, à la magnifique exhibition de fleurs du mois de juin passé, tenue au palais de cristal de Sydenham, attira l'attention de tous les amateurs de belles plantes, bien qu'il fût entouré d'un grand nombre d'autres beautés florales ; malgré le voisinage redoutable d'un rival congénère à fleurs dorées (Rhododen- drum Brookeanum), le bouquet de fleurs d'un rose carminé délicat du Rosage californien, tout à fait distinctes de celles que portent les espèces des montagnes orientales de l'Amé- rique septentrionale et même de toutes celles des Rosages que nous cultivons présentement, fut admiré par tous. Il paraît que cette espèce fleurit avec facilité, puisque des exemplaires d'un pied de haut seulement étaient chargés de trois et de quatre bouquets à la fois. Son port rappelle celui de jeunes plantes de Rhododendrum maximum, ou mieux encore de Rhododendrum Catawbiense, ayant de fortes branches vertes et presque herbacées dans leur jeune âge. Les feuilles, por- tées par de courts pétioles, ont de 5 à 4 pouces (7 à 10 cen- timètres) de longueur; leur forme est elliptique, obovée, aiguë, presque mucronée à la pointe; elles sont coriaces, glabres, entières, d'un vert un peu plus pâle en dessous ; elles sont nombreuses et plus rapprochées les unes des autres sous le bouquet floral, de manière à former un élégant invo- lucre d'un vert foncé au milieu duquel se détache l'ombelle terminale. Calice petit, à cinq lobes, subulés, légèrement velus. Corolle non épanouie (bouton) , d'un riche carmin ; large et campanulée lorsque son épanouissement est corn- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 157 plet; tube court, s'élargissant et s'étalant subitement en cinq larges lobes crispés ovales; le fond du coloris est d'un car- min pâle, devenant plus foncé et plus vif vers le sommet des lobes; les trois lobes supérieurs sont ornés intérieurement de points jaunes. Les dix étamines sont inégales, plus courtes que la corolle, à filets d'un rose foncé, épaissis et pubescents à la base; anthères carminées. Ovaire elliptique, à cinq loges et à cinq sillons longitudinaux, recouvert de longs poils soyeux , couchés. Style un peu plus long que les étamines, glabre. Sir W. Hooker dit que ce Rhododendron a très-bien sup- porté en plein air, àExeter, les rigueurs du dernier hiver; on en doit l'introduction à M. Lobb, qui le découvrit dans les montagnes de la Californie. Rhododendrum Brookeanum ( LOW ) , Gardener's Chro- nicle, 1G juin 4855, avec une planche en noir. Cette espèce, découverte à Bornéo il y a quelques années par M. Low, est d'une magnificence florale peu commune; ses fleurs sont d'un brillant jaune d'or. L'exemplaire, pré- senté à l'exposition du 5 juin dernier de la Société d'horti- culture de Londres, offrait des feuilles d'un vert luisant en dessus, plus pâle en dessous, presque sessiles, ovales, lan- céolées, acuminées; d'après les dessins de M. Low, les feuilles de ce Rosage sont à Bornéo beaucoup plus larges et souvent maculées ; il paraît qu'il existerait une variété à très- grandes fleurs, d'un rouge feu et à feuilles marginées de rouge. Le Rhododendrum Brookeanum est voisin du Rhododen- drum Javanicum, dont il diffère par ses fleurs plus grandes ; ses feuilles, non longuement péliolées, comme dans le Rho- dodendrum Javanicum, mais presque sessiles et dépourvues complètement de ces taches ferrugineuses qui caractérisent la face inférieure des feuilles de l'espèce javanaise. Les fleurs sont réunies au nombre de 14 environ en un bouquet lâche; chacune d'elles mesure, suivant le dessin de 158 JOURNAL M. Low, 2 pouces (5 centimètres) de diamètre, La variété rouge n'aurait que cinq fleurs, disposées en bouquets termi- naux cl ramassés; leur couleur serait celle de VAzalea in- dica laleritia, mais plus riche; leur diamètre ne mesurerait pas moins de 5 pouces (7 à 8 centimètres). Cette noble plante croît à Bornéo, sur les arbres et sur des rochers calcaires moussus ; elle fleurit de novembre à juillet. Ses racines, au lieu d'être fibreuses comme dans les autres Rosages terrestres, sont grosses et charnues comme dans la plupart des plantes épiphytes. La station favorite du Rhodo- dendrum Brookeanum est le tronc des grands arbres des forets humides, et le flanc des rochers ombragés au bord des rivières. — Cet habitat particulier nous fait croire que la culture de ce Rosage devra être un peu différente de celle des autres espèces, et que sa place sera plutôt dans la serre chaude que dans la serre froide. C'est ce que nous saurons bientôt. uose madame vidot (Eugène Verdier fils aîné) , figurée dans l'Horticulteur français, mai 4835. Cette fort belle variété, mise récemment dans le commerce par M. Verdier fils aîné, horticulteur à la gare d'Ivry près Paris, est caractérisée de la manière suivante, par M. 0. Les- cuyer : Rameaux trapus, vert-clair, couverts d'une mince couche de poussière glauque, armés d'aiguillons très-inégaux, presque droits ou un peu arqués en arrière. Feuilles ordi- nairement à cinq folioles un peu épaisses, assez lisses, d'un beau vert-clair en dessus, plus pâle en dessous; dentelées et denliculées, ovales elliptiques aiguës, échancrées en cœur à la base; pétiole commun, entièrement glanduleux et creusé en gouttière en dessus, armé de plusieurs petits aiguillons arqués en dessous; stipules très-étroites et très-courtes, divergentes, ciliées, soudées dans les quatre cinquièmes de leur longueur avec le pétiole commun. Fleurs au-dessus de la moyenne pour la grandeur, par- failes de facture, admirables de coloris, qui est d'un blanc D'HORTICULTURE PRATIQUE. d 59 rose carné, tendre, transparent, nuancé de rose plus vif. Pédoncule gros, court, très-glanduleux, s'élargissant gra- duellement en un tube calicinal en forme d'entonnoir, glabre, non contracté à la gorge; divisions calicinales au nombre de cinq, allongées, glanduleuses en dehors, duveteuses en de- dans et sur les bords. Pétales très-nombreux, obovales, re- dressés, un peu en forme de cuiller, parfaitement et très- régulièrement imbriqués dans les rangées extérieures; ceux du centre plus ou moins plissés et un peu pêle-mêle, for- mnnt la rosette. Étamines nulles, styles saillants, nombreux, libres. juniperus pyriformis (Lindley), Gardener's Chronicle 28 juin 4855. — Famille des Conifères. Espèce fort distincte, introduite des montagnes de San- Barnardino en Californie, chez MM. Veitch, par M. W. Lobb; elle forme, paraît-il, dans sa patrie, un petit arbre de 40 à 42 pieds de hauteur seulement. Les feuilles des jeunes plantes sont disposées par verticilles de trois, glauques, éta- lées, à pointe aiguë ; sur les vieilles branches elles sont très- rapprochées, courtes, imbriquées et aiguës. Les fruits sont remarquables en ce qu'ils ressemblent, étant jeunes, à de pe- tites poires, marquées par les extrémités, un peu foliacées et libres des écailles consolidées; celles-ci se recourbent et s'ap- pliquent exactement contre la surface du fruit parvenu à son entier développement. Ces fruits ou baies sont d'un pourpre foncé revêtu d'une couche de poussière glauque. cupressus Macnabiana (A. Murray), Gardenefs Chronicle, 28juin 4855. — Syn. : Cupressus Nivalis (Cat. Veitch). — Famille des Conifères. D'abord découvert en Californie, par M. A. Murray, ce joli Cyprès fut retrouvé sur la Sierra Nevada de la Californie septentrionale, par M. W. Lobb, qui eut le bonheur d'en faire parvenir des graines à MM. Veitch, chez qui elles ont parfaitement levé. UO JOURNAL Le Cupressits Macnabiana forme un buisson de fi à 10 pieds de hauteur; les jeunes plantes, par les écailles vertes et glauques que présentent leurs branches ornées de cette belle teinte brune qui caractérise le Tamarix Gallica, font préjuger que cette espèce sera très-jolie lorsqu'elle aura atteint une certaine vigueur. Les feuilles persistantes sont obtuses, profondément concaves de chaque côté, et revêtues d'une matière glauque, semblable à celle qui recouvre les prunes; la carène et les extrémités seules sont d'un vert brillant; c'est à cause de cette particularité que M. Lindley avait donné à ce Genévrier le nom de nivalis , dans la liste de plantes de MM. Veitch; mais ce nom, n'étant appuyé d'aucune description scientifique, a dû s'effacer devant celui de Macnabiana, sous lequel M. A. Murray vient de décrire cette plante dans le Journal philosophique d'Edimbourg. — 11 est probable que les intéressants conifères que nous venons de signaler à l'attention des amateurs seront de plein air sous notre climat. Culture maratfljèrr, MÉMOIRE SUR LE CHOIX ET LA CULTURE DES PORTE-GRAINES, Par M. Lenormand père, horticulteur-maraîcher. Malgré la marche progressive des connaissances horticoles, nous n'avons pas remarqué, depuis cinquante ans, d'amélio- ration appréciable dans les races de légumes et dans la beauté des produits maraîchers, si ce n'est à Paris où les jardiniers, qui apportent plus de soins que partout ailleurs à la récolte de leurs graines, conservent les variétés qu'ils ont constituées et améliorées et où il est même difficile de se les procurer. Il n'y a guère que la Hollande qui, depuis, longtemps, nous D'HORTICULTURE PRATIQUE. 141 ait fourni de nouvelles races de légumes, et il faut reconnaî- tre que ses industrieux habitants sont, à cet égard, plus habiles et plus persévérants que nous, quoique nous soyons plus avaneés qu'eux dans le perfectionnement des cultures. Rien, cependant, n'est plus important que de se procurer des semences d'espèces franches: ce qui a lieu à Paris le prouve et devrait bien déterminer les cultivateurs à apporter à la récolte des graines tous les soins que réclame cette branche si importante de l'horticulture. Malgré les bons ré- sultats obtenus dans le département de la Seine, il reste en- core aux jardiniers maraîchers d'importantes améliorations à réaliser. Pour se bien pénétrer de l'exactitude de nos observations, il suffit de jeter un coup d'œil sur les belles et nombreuses variétés obtenues, depuis quelques années, des plantes d'or- nement. Les succès conquis dans ce genre de culture de- vraient cependant stimuler puissamment le zèle de tous ceux qui récoltent des graines de plantes potagères. Selon toutes probabilités, on pourrait, en procédant comme le font les hommes qui sèment des Camellias, des Pivoines, des Rosa- ges, des Azalées, des Dahlias, des Verveines, des Pétunies, des Rosiers, etc., arriver à des résultats tout aussi satisfai- sants. Le choix des semences a une importance d'autant plus grande dans le jardinage, que la culture ne peut rien chan- ger aux qualités bonnes ou mauvaises des variétés provenant de semis. Nous savons très-bien que la récolte des graines exige de grands soins en raison de la tendance que toutes les plantes de semis ont à dégénérer, ou pour mieux dire , à se régénérer en retournant aux types primitifs; et nous savons aussi apprécier que, dans les cultures en grand , il n'est pas toujours praticable de procéder comme on le fait dans le ma- rais de Paris. Néanmoins comme nous sommes convaincu que du choix et de la culture des porte-graines dépend l'ave- nir de l'industrie maraîchère, nous insisterons pour qu'ils soient l'objet de précautions plus grandes , de soins mieux US JOURNAL entendus. A ce sujet, nous citerons des passages du Manuel pratique de culture maraîchère de M. Courtois-Gérard qui, lui aussi, trouve, comme on le verra par les lignes suivantes, que la culture des plantes pour graines n'est pas toujours laite avec autant de soin qu'elle devrait l'être. « Cette partie » de la culture, dit notre collègue, est de la plus haute » importance, et, cependant, c'est peut-être la plus négli- » gée, car l'on n'est généralement pas assez scrupuleux sur » le choix des porte-graines. » Et ailleurs : « Souvent la » culture des porte-graines est. pratiquée dans une même » commune par un très-grand nombre de cultivateurs; il en » résulte que des races de même espèce, mais de variétés dif- » férentes, se trouvent cultivées à des distances très-rappro- » chées, ce qui fait qu'il n'est pas toujours possible derécol- » ter des graines pures de tout mélange. » L'intérêt puissant qui se rattache à cette question nous a déterminé à vous faire part de tout ce que nous avons ob- servé, soit chez nous, soit chez nos confrères du département de la Seine, sur le choix et la culture des porte-graines. Pour abréger, nous ne citerons ici que les plantes les plus usitées dans la culture maraîchère, et principalement celles qui ten- dent davantage a dégénérer. Asperges. — Pour récoller de bonnes graines, on doit choisir les plus belles asperges, c'est-à-dire, celles surtout dont la tète ou bouton est le plus arrondi et de couleur vio- lette bien vive. Pour les reconnaître, chaque tige sera mar- quée avec un tuteur, opération qui doit avoir lieu peu de temps après que les turions sont, sortis de terre. Plus tard, on supprime, pour éviter tout croisement, les fleurs des pieds qui se trouvent près des asperges conservées, et, s'il est possible, on ne laisse fleurir dans la terre que les asperges porte-graines. Aubergines violettes. — On cultive deux variétés d'au- bergines : l'une à fruits longs, l'autre à fruits ronds. Sous le climat de Paris , les aubergines mûrissent difficilement, ce qui fait qu'on doit toujours les cultiver sur couche et sous D'HORTICULTURE PRATIQUE. U5 châssis, en ayant soin de séparer les deux variétés afin de les conserver franches, car elles dégénèrent promptement. Les fruits qu'on laisse pour graines doivent être de forme très-régulière, soit ronde, soit longue, suivant la variété, et d'un heau violet. Cardons. — Le cardon de Tours est le seul cultivé dans les marais de Paris. Pour grainer, on choisit les plus épi- neux ; ceux-ci ont les côtes toujours plus pleines ; ce sont ceux aussi qui se conservent le mieux. On a soin que les côtes des cardons qu'on réserve pour graines soient larges et dis- posées d'une manière régulière. On les laisse en place; seule- ment à l'approche des gelées, on coupe les feuilles, puis on hutte les pieds pour les préserver du froid , car souvent on est forcé de les couvrir de fumier. Au printemps , on les dé- chausse, on couvre la terre d'un bon paillis et on les arrose au besoin. Les graines de cardon mûrissent difficilement, surtout dans les années humides ; souvent même l'on est forcé de garantir les fruits avec des cloches ou bien avec des toiles, sans cela l'on n'aurait pas de graines. Bien que les mêmes plantes soient susceptibles de porter fruits plusieurs années de suite, nous ne conservons jamais de cardons d'une année sur l'aulre, parce que nous avons remarqué que les graines récoltées sur les jeunes pieds étaient toujours préfé- rables aux autres. Carottes courtes de Hollande ou autres. — A l'ap- proche des gelées, on arrache îoutes les carottes destinées à la provision d'hiver, puis on fait choix, pour planter, des ra- cines de forme régulières et vives en couleur, quelle que soit leur nuance ; on prend aussi de préférence celles dont la tête ou couronne est déprimée au cenlre, et le bout rond ou pointu, suivant la variété, terminé par une petite racine bien effilée. On les plante en pépinière toutes à côté les unes des autres, en ayant soin de les disposer de manière à pouvoir les couvrir pendant l'hiver, car elles craignent les gelées; mais comme elles redoutent également l'humidité, il faut les dé- couvrir toutes les fois que l'état de la température le permet. UA JOURNAL Vers la fin de mars, on trace trois rayons de 6 centimètres de profondeur par planches de 2 mètres de large, puis on re- lève ses carottes pour les planter à 50 centimètres les unes des autres. Comme cette plante est une de celles qui tendent le plus à dégénérer et à revenir à son état primitif, pour récolter des graines franches, il ne faut cultiver qu'une seule espèce de carotte chaque année, il faut même faire en sorte qu'elles se trouvent au moins à deux kilomètres de toute autre culture, et particulièrement de celles fourragères; il est indispensable aussi de supprimer avec soin les carottes sauvages qui pour- raient croître dans les environs , autrement elles féconde- raient les espèces qu'on cultive et l'on ne récolterait alors que des graines de carottes dégénérées. Après la plantation, il est nécessaire de donner quelques binages aux carottes pour graines et de les arroser quand le temps est sec, afin d'obte- nir une végétation vigoureuse. Lorsque les carottes souffrent de la sécheresse, le soleil brûle souvent les fleurs, ou bien les graines qu'on récolte sont maigres, elles lèvent mal et ne se conservent pas. ( La suite au prochain numéro. ) ( L'Horticulteur français.) itltsrtUancts. DES ÉGLANTIERS ET DES ROSIERS EN COLONNE. Beaucoup de personnes amateurs de roses se plaignent de la difficulté toujours croissante qu'elles éprouvent à se procurer des pieds d'Églantiers propres à être greffés; la valeur en augmente tous les ans, et c'est chose peu aisée d'obtenir même à de hauts prix des exemplaires réunissant la qualité et une certaine grosseur. Cette question impor- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 145 tante a déjà préoccupé les rosomanes français , et un horti- culteur des environs de Paris, M. Duval, de Chaville près Sèvres, a émis à cet égard des observations fort intéressantes et dont nous offrons un extrait à ceux de nos abonnés qui nous ont fait part des craintes qui les agitaient pour l'avenir de la culture des roses. Depuis un demi-siècle que l'horticulture a commercé de la multiplication des Rosiers et de leur culture , bien des millions de Rosiers églantiers ont été extraits, arrachés, mutilés, enlevés des forêts, des haies et des landes pour être employés à cette culture. On a détruit, par leur arrachement, les porte- graines dont les fruits servaient à la nourriture des oiseaux, qui se chargeaient de leur reproduction en semant les graines qui ne lèvent souvent, comme on sait, qu'au bout de dix-huit mois. L'immense consommation que nous faisons d'Églantiers dans nos collections, en greffant sur eux des Rosiers dont la vigueur n'est point en rapport avec celle du sujet, amènera, conjointement avec le grand amoindrissement dans la repro- duction par voie des semences, une destruction infaillible et prochaine. M. Duval s'est mis à semer en pots des graines d'Églan- tiers, parce qu'il croit que c'est le seul moyen de se pro- curer à l'avenir de vrais et bons Églantiers; ce moyen paraîtra long et il l'est en effet, mais enfin c'est le plus sûr qu'on puisse indiquer; il est bon d'y songer pendant qu'il est encore temps; chaque horticulteur rosomane devrait cultiver dans quelque coin de son jardin un certain nombre d'Églantiers élevés de semis, en ayant soin de conserver quelques pieds comme porte-graines; nous disons quelques pieds, parce qu'il y a des années où l'Églantier ne rapporte presque pas de graines. Ces précautions, qui semblent pué- riles au premier abord, seront appréciées dans peu de Jemps, et chacun sentira les avantages immenses d'avoir chez soi sous la main, son stock d'Églantiers habitués au sol du jardin. Depuis que l'on plante des Églantiers, il ne paraît pas que S° S. JUILLET 1853, 10 U6 JOURNAL personne, dit M. Duval, ait jamais eu d'autre idée que celle de les greffer en tète, soit à hautes, soit à basses tiges, mais toujours pour faire des têtes arrondies; on a souvent placé plusieurs variétés de diverses couleurs sur le même individu (ce qui fait un assez bon effet), lorsque ce sont des variétés de la même vigueur, afin que l'équilibre de végétation se maintienne facilement; et même quand on possède des indi- vidus très-vigoureux, on peut, sans aucun danger, les garnir d'une certaine quantité de greffes. On peut s'apercevoir que l'Églantier ne se prête que malgré lui, pour ainsi dire, à recevoir et nourrir certaines variétés de roses très-belles, telles que plusieurs Cent-feuilles, les Mousseuses, les Pom- pons, quelques Provins, plusieurs Perpétuelles, notamment la Belle Faber, la Rose Billard, Joséphine, Antoinette, le Pompon quatre-saisons, plusieurs espèces de Roses-Thé et tant d'autres; cela est tout simple : l'Églantier est naturelle- ment d'une organisation vigoureuse; il est presque toujours en végétation ; il est constamment fourni par ses racines d'une quantité considérable de sève dont il voudrait alimenter la tête, mais cette tête, qui est plantée sur la tige de l'Églan- tier, n'en consomme que très-peu ; cette sève est donc obligée de suspendre sa circulation dans la tige, et au lieu de s'élever, elle est pour ainsi dire refoulée dans le tronc de l'individu; elle force les yeux latents ou germes des rejetons dont ce tronc est toujours suffisamment pourvu à se déve- lopper dans tous les sens, les racines ne discontinuent pas d'envoyer une abondance considérable de sève, qui en quel- ques jours produit et alimente une quantité de drageons qui atteignent spontanément de un à deux mètres de hauteur. On dit que ces rejetons vivent aux dépens du Rosier mous- seux ou autre enté sur le haut de la tige; c'est une erreur de croire que la suppression de ces drageons conserve les greffes établies, la mort n'en est pas moins certaine. Il faut donc ne greffer qu'avec des variétés vigoureuses, capables de consommer la sève abondante que l'Églantier leur fournit ; celui-ci peut alors sans inconvénients supporter la suppres- D'HORTICULTURE PRATIQUE. Ul sion des drageons qu'il produit au pied et vivre fort long- temps. Tous ces drageons que l'on supprime et que l'on jette généralement au fumier, peuvent être bouturés dans un lieu humide et ombragé du jardin (4), et utilisés la troisième, année, et même dès la deuxième année si vous avez eu soin d'empêcher les mauvaises herbes de les étouffer. Ce moyen peut offrir plus tard de précieuses ressources, il permet de former les Églantiers à son goût. M. Duval ayant remarqué que les Églantiers portant une ou deux greffes en tête donnaient une grande quantité de drageons, conseille d'établir plusieurs greffes sur le même pied, depuis le bas jusqu'à la partie supérieure et de former ainsi, au lieu d'une tête, une colonne de roses en plaçant les greffes le long de la tige, en opposition et toujours avec la même variété ou avec des variétés de même vigueur. Par ce moyen, on fournit ainsi à l'Églantier le moyen de consommer toute sa sève et on l'obtient des colonnes de roses, pour le moins aussi attrayantes si elles ne le sont plus, que la forme en boule trop généralement adoptée. On pourrait même varier les couleurs sur un même pied, pourvu que l'on choisît des variétés de même vigueur. Un autre avantage qui résulte de ce système, c'est que le corps du sujet se trouve naturellement garanti de l'ardeur du soleil et n'offre plus à l'œil l'aspect d'un manche à balai ; sous cette forme encore, les Rosiers tiennent peu de place, ce qui donne la facilité de les rapprocher les uns des autres et d'avoir con- stamment une masse considérable de belles fleurs. Les roses de la Reine, du Roi, la Faber, la Gracieuse, quelques roses- thé et surtout le Rosier-thé commun (qui est encore le plus méritant), sontparticulièrement recommandés par M. Duval, parce que, indépendamment de leur beauté, elles ne donnent pas de longs rameaux. Les Rosiers ne doivent recevoir que de légers binages , mais jamais de labours à la bêche, de crainte de blesser ou (1) Voir à la page 93 du XIe volume du présent journal. US JOURNAL de couper quelques racines, ce qui compromet toujours plus ou moins la santé de la plante. M. Duval termine son instructive notice en conseillant de former des arcs de roses de la manière suivante : on plante deux Églantiers de plusieurs mètres de hauteur vis-à-vis l'un de l'autre; on place des greffes dans toute leur longueur, on les réunit par le haut et l'on forme un arc d'un très-bel effet, comparable à celui produit par ces magnifiques Rosiers sarmenteux conduits en immenses festons et arcades dans quelques anciens jardins. Il est presque inutile d'ajouter que, pour former un centre agréable à l'œil, on doit courber et lier les Églantiers après qu'ils sont greffés sur un cerceau que l'on aura fixé solidement à deux poteaux en lui faisant décrire l'arc désiré. NOUVEAU POT A MARCOTTER DE M. KEIR. La Revue horticole (16 mai 1855) publie une note de M. Keir, amateur d'horticulture anglais, relative à un nou- veau pot à marcotter de son invention, et un dessin destiné à faire comprendre le mérite de celte amélioration dans la pratique du marcottage (1). Les pots fendus sur le côté sont déjà longtemps en usage parmi les jardiniers; mais comme leur emploi est souvent accompagné de difficultés, lorsqu'on opère à l'air libre et surtout lorsqu'il s'agit de faire enraciner des branches situées à une certaine hauteur, ce qui exige dans beaucoup de cas, pour soutenir les pots, des échafau- dages de planchettes toujours disgracieux. M. Keir a imaginé de faire fabriquer tout exprès des pots munis d'une douille a, dans laquelle serait fixée une perche ou piquet b, de lon- gueur variable, qui, fiché en terre par une de ses extrémités, soutiendrait par l'autre le pot à la hauteur voulue. La figure (l)Le Gardener's Chronicle a également reproduit ce dessin dans son numéro du 23 juin dernier. D'HORTICULTURE PRATIQUE. U9 que nous donnons, d'après la Revue horticole, offre une idée assez nette de la forme du pot et de la manière de s'en servir, pour qu'il n'y ait pas lieu d'entrer dans de longues explica- tions. Nous ajouterons seulement, dit M. Naudin , l'un des rédacteurs de la Revue horticole, qu'il convient que l'ouver- ture latérale du pot c soit juste assez large pour laisser passer la branche à marcotter d, sans en laisser sortir la terre. Dans le cas où celte branche serait un peu trop grande, il serait facile d'y remédier par une planchette ou de simples tessons placés devant elle, à l'intérieur du pot, ainsi qu'on le pratique journellement. 150 JOURNAL SUR L'AFFRANCHISSEMENT ET LA CONSERVATION DES ROSIERS REMONTANTS. Au moment où l'on s'occupe de la greffe, il n'est pas sans intérêt de faire connaître un procédé que nous pratiquons depuis longtemps, dit M. Margotlin (1), l'une des célébrités des cultivateurs de roses en France, et qui paraît ne pas être connu des personnes qui s'occupent de ce beau genre. C'est ainsi que dans un Rosier ayant une belle végétation et don- dant des fleurs de bonne forme et d'un coloris agréable, on peut employer avec succès le procédé suivant pour peu qu'il produise quelques rameaux remontants. On choisit ces ra- meaux qui ont remonté et l'on prend, pour écussonner, les trois ou quatre yeux les plus rapprochés de la fleur. L'année suivante vous aurez certainement un Rosier remontant. Si, toutefois, il ne paraissait pas encore assez franc, il faudrait recommencer l'opération et le Rosier deviendra bientôt re- montant. C'est ainsi que les Rosiers Baronne Prévost, Du- chesse de Sutherland , Louis-Bonaparte, etc., sont devenus bien florifères. Nous avons cultivé ces Rosiers pendant les deux ou trois premières années, ne trouvant que quelques rameaux remontants, et par le procédé que nous avons em- ployé et que nous recommandons, ils sont devenus parfaite- ment francs ou remontants. Il est bon de remarquer que cette même opération de- vient nuisible lorsqu'elle se pratique sur des variétés très- florifères, telles que Clémentine Duval, Général Cavaignac, Docteur Marjolin, etc. ; car ces Rosiers deviennent alors telle- ment francs, qu'il est bien rare de pouvoir les conserver plus de trois ou quatre ans. C'est ainsi que l'on a perdu ou que sont devenus mauvais, les Rosiers Madame Verdier, Général Merlin, Général Négrier, qui, certes, étaient de très-bonnes plantes à l'époque de leur mise en commerce. (1) Extrait de l'Horticulteur français, août 1854. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 151 Aussi, pour conserver les variétés florifères, M. Margottin, recommande-t-il de faire le contraire de ce qu'il indique pour les variétés plus rebelles à fleurir. Il faut donc se garder de prendre des yeux près de la fleur, mais les choisir bien pro- noncés et le plus bas possible des rameaux. De celle manière les Rosiers seront plus vigoureux et assurés d'une existence bien plus prolongée; les fleurs seront également plus grandes et mieux faites. FILNKIA PICTA. (nouveauté hybride obtenue par m. rodigas.) Tous les amateurs connaissent les beaux genres d'Heme- rocallis et de Funkia aux fleurs élégantes et dont les feuilles forment longtemps l'ornement des parterres et des bouquets. — Une plante de grand mérite pour le jardin de plein air vient s'ajouter à ce groupe intéressant de la famille des Liliacées : elle est le résultat de l'hybridation entre la Funkia undulata à feuilles panachées et la Funkia cucullata de Van Sieboldt.— La panachure de la Funkia picla est tricolore et des plus riches ; le disque des feuilles est d'un jaune clair ; les bords sont marginés de vert foncé et de vert pâle ; ces deux dernières nuances, dont l'harmonie est parfaite, se projettent assez régulièrement en flammes bien tranchées , plus ou moins larges , partant de la circonférence vers le centre de la feuille. 11 n'est pas inutile de faire remarquer que cette belle plante possède une des plus précieuses qualités : elle est très-rustique, résiste sans la moindre couverture aux gelées les plus intenses, et ne demande pas de soins de culture. — Ajoutons que , comme un grand nombre d'autres brillants enfants de Flore, tels que Phlox, Pivoines, Lis, Iris, etc., la Funkia picta est due aux soins persévérants de M. Rodigas, horticulteur à Lierre (ci-devant à Saint-Trond), où nous avons vu la plante en multiplication. 152 JOURNAL Nous regrettons de ne pouvoir en donner ici la figure; le format de ce journal le permettrait difficilement. Nous devons nous borner à la signaler à l'attention de tous, et nous n'hésitons pas à lui prédire un avenir certain. F. M. (Expositions* SOCIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE ET DE ROTAMQUE DE GAND. EXPOSITION DU 17 JUIN 1855. Le nombre de plantes exposées était d'environ 1,400, dont les trois quarts se disputaient les prix de vingt-deux concours différents. Nous allons jeter un coup d'œil rapide sur les principaux résultats de ces intéressantes luttes. L'envoi de M. J. Verschaffelt, consistant en 75 plantes fleuries, rem- porte le prix du premier concours (bel envoi); sa richesse principale consistait en Azalées, Pélargoniums, Roses et Fuchsias. Une des plus nobles Orchidées dont le Brésil ait, grâce à l'initiative de feu M. Alexandre Verschaffelt, enrichi nos serres, le Lœlia purpurata, reçoit la première palme de belle culture, second laurier à ajouter à celui qu'elle avait antérieurement conquis par sa beauté incomparable dans les concours ouverts aux plantes rares fleuries les plus méri- tantes. Celte Orchidée, exposée par M. Ambroise Verschaf- felt, est d'une culture facile et fleurit avec complaisance. Le second prix de ce concours est décerné à un superbe exem- plaire ÏÏAzalea Gledstanesii , appartenant à M. Van de Woestyne-Van den Hecke; les autres plantes admises à l'hon- neur de concourir pour la belle culture étaient : Theophrasta Jussieui, deux exemplaires d'Oncidium sphacelatum , Eu- phorbia splendens, Sobralia macrantha, Mitraria coccinea, Azcdea indica variegata et le Cattleya Mossiœ, cinquième D'HORTICULTURE PRATIQUE. *5o Orchidée d'un concours où luttaient en tout dix plantes. Ce résultat nous semble prouver que la culture des Orchidées a non-seulement fait des adeptes, mais qu'elle a fait assez de progrès pour pouvoir lutter avantageusement contre des plantes d'un grand effet ornemental. Le troisième concours, destiné aux collections de 25 plantes remarquables le plus nouvellement introduites en Belgique, offrait deux contin- gents : l'un, appartenant à M. A. Van Geert de Gand, reçoit le premier prix; l'autre, envoyé par M. J. Linden de Bruxelles, le deuxième. La plante capitale du lot du premier exposant était un exemplaire de Dammara Brownii de toute beauté, de la Nouvelle-Ecosse, à rameaux garnis de feuilles d'une ampleur insolite dans la famille des Conifères. Cette plante, d'une grande valeur commerciale, a particulièrement attiré l'attention du jury. Le Lomatia ferraginea de la Patagonie, exposé par le même horticulteur, est également une plante dont le feuillage brunâtre et élégant est marqué au coin de la distinction que la mode ne peut entamer. Plusieurs des autres plantes appartenaient à la Flore de la Nouvelle-Gre- nade, et provenaient des introductions de M. Linden. L'envoi de M. Linden comprenait bon nombre de belles plantes nou- vellement introduites de la Nouvelle-Grenade et qui sont des- tinées à devenir plus tard le plus bel ornement de nos serres; telles sont les Gustavia speciosa, Guzmannia spec- tabilis, Brownea macidata, au feuillage plus richement attrayant que celui du Brownea grandiceps, le Didymopa- nax spkndidum, un des plus nobles représentants de cette précieuse phalange d'Araliacées, découvertes par MM. Linden et Schlim dans les Andes de la Nouvelle-Grenade ; les Cala- thea pardina et YHeliconia metallica au large feuillage à reflets chatoyants, peuvent à bon droit être rangés parmi les plantes les plus remarquables dans leur genre. Dans ce même envoi figurait un bel exemplaire du rare et splendide Bho- dodendrum Californicum (i). Toutes ces richesses sont bien (1) Voir la description à la page 136 de ce numéro. iU JOURNAL faites pour éblouir les yeux d'un jury et rendre sa lâche difficile lorsqu'il s'agit d'émetlre un vote. L'avenir peut seul ratifier ou infirmer de pareils jugements. Une variété d'Achimenes, portant le nom de son proprié- taire M. Ambroise Verschaffelt, obtient le prix affecté à la plante rare fleurie ; le beau Dammara Brownii, de M. A. Van Geert, celui de la plante rare non fleurie. Une magnifique Gesnériacée, introduite de Popayan, le Tydœa amabilis, à feuilles veloutées , à fleurs d'un rose vif piqueté de carmin foncé, avait été présentée à ce concours par M. Linden. Nous signalons à l'attention des amateurs cette charmante plante couronnée dernièrement à Namur et à Bruxelles, dont le jury de Gand n'avait pas assez étudié le mérite. La collection de trente Fougères exotiques de M. le cheva- lier Heynderyckx, président de la Société, reçoit, vu sa grande valeur et sa beauté, une médaille de vermeil au lieu de celle d'argent proposée par le programme; des espèces aussi re- marquables que le Dictyoglossitm crinitum, Balantium an- tarcticum, Cyathea elegans et arborea, Polypodium morbil- losum, méritaient bien ce surcroît d'honneur. Les collections de Conifères de M. A. Van Geert (premier prix) et de M. D. Spae fils ( deuxième prix) comprenaient l'une et l'autre les espèces les plus remarquables de cette fa- mille. Le dix-huitième concours, affecté aux collections de 10 Or- chidées, avait réuni deux concurrents, M. A. Verschaffelt et M. le chevalier Heynderyckx : le premier, avec le Cattleya amethistina, le Lœlia purpurata, le Trichopilia coccinea et quelques autres espèces, remporte le prix sur le contingent de M. Heynderyckx, composé de trois Cattleya: Mossiœsu- perba, intermedia et Loddigesii, charmantes espèces qui font le bonheur des orchidophiles par la fraîcheur et la lon- gue durée de leurs fleurs ; du Dendrobium Devonianum, du Sobralia macrantha, du Brassia verrucosa, etc. Ce contin- gent reçoit le second prix. M. A. Verschaffelt possède une superbe collection de Pal- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 155 miers, dont il avait extrait un lot de 50 espèces pour le dix- neuvième concours. Bien que sans concurrents, la palme accordée lui eût été difficilement disputée, car ses Hyophorbe indica (Areca lulescens), Rhapis humilis (Rhapis Sirotsik), Livistona olivœformis (Saribus), Areca Banksii (Areca sa- pida), Livistona Jenkinsii (Latania Jenkinsoniana), Sea- forthia elegans, sont des plantes de premier mérite. Nous regrettons de ne pouvoir parler des autres concours qui s'adressent à des collections de Pèlargoniums, Rosiers, Pétunies, Verveines, Lis, Glaïeuls, Azalées, etc., parce que n'ayant pas vu l'exposition, nous ne saurions donner loyale- ment des indications sur le mérite de pareilles plantes qui doivent être jugées de visu, puisque presque toutes ne sont que des variétés obtenues par l'homme au moyen de semis et de croisements multiples. Nous faisons une exception en faveur des plantes vivaces de pleine terre exposées par M. F. de Coninck, horticulteur à Gand. Cette collection, composée de végétaux connus de la science, renfermait plusieurs plantes de choix, et également en faveur du beau contingent d'Ilex (40 espèces et variétés) et de Yucca, Agave et Dracœna de M. J. Verschaffelt. Ces différentes collections ont chacun ob- tenu un prix.— On nous a cité comme étant fort remarquable la collection de Lis exposée par M. L. De Cock, horticulteur à Gand, à laquelle le jury a, à l'unanimité des voix, accordé le premier prix. m JOURNAL CORRESPONDANCE. On nous prie d'insérer la lettre suivante, adressée au ré- dacteur du journal politique l'Écho de Bruxelles, et refusée par ce dernier à cause de la sévérité déployée par l'auteur envers M. D. , l'écrivain des articles pomologiques de l'E- cho. Nous avons accueilli cette Iettre*avec la réserve d'en effacer ou d'en adoucir les phrases d'une portée trop éner- gique. Nous avons usé de ce droit dont nous ne voulons nous dessaisir sous aucun prétexte. C'est la seule garantie que nous exigeons pour éviter certains écarts qui rendent les controverses parfois trop animées. — Sans prendre parti dans la discussion engagée entre M. Duchateauet M. D., nous ne croyons pas devoir refuser à un abonné l'insertion d'arti- cles ayant pour but de provoquer l'examen de nouvelles théories sur le traitement des arbres fruitiers de notre pays, et de plus, l'examen de pareilles questions nous semble trouver plus naturellement place dans une revue horticole que dans des journaux politiques. (Note de la Rédaction.) Grand-Axhe près Waremme, le 13 juillet 1855. Votre bien estimable journal du 41 de ce mois renferme un article intitulé : Du 'pincement et de l'ébourgeonnement du Poirier cultivé sur franc. Vous faites précéder cet article de quelques réflexions et vous voulez bien prendre l'engage- ment d'accueillir les observations des praticiens connus qui croiraient ne pas devoir admettre toutes les indications des articles de M. D. Je suis horticulteur praticien très-connu dans ma commune, et j'ai suivi, pendant trois ans, les cours publics de taille des arbres fruitiers, donnés à l'école d'hor- ticulture de Vilvorde. C'est donc à ce double titre que je prends la liberté de répondre à votre appel. Je me permettrai d'abord quelques observations sur l'ar- D'HORTICULTURE PRATIQUE. Iî>7 ticle intitulé : Du Pêcher, qui a paru dans un de vos numéros antérieurs, et dans lequel M. D. attribue la frisure, la cloque et la jaunisse à une taille inopportune, à un palissage dé- fectueux et aux insectes qui sortent des murs. Il n'y a pas de praticien un peu expérimenté qui ne sache que les in- sectes (pucerons) qui occasionnent la frisure nous sont amenés par les vents du nord-est , et qu'ils s'abattent aussi bien sur le Rosier, le Poirier, le Pommier et autres arbres qui sont cultivés en plein-vent, que sur le Pêcher adossé à un mur non abrité de cette exposition. La cloque, qui n'est autre chose que le boursouflement des feuilles et des bour- geons dont les canaux séveux et délicats sont détruits par le changement brusque de température ( le passage du chaud au froid), accompagne généralement le puceron sans en être une conséquence. La jaunisse, cette maladie organique qui empêche les fonctions de la respiration de l'arbre de se faire dans un état normal, est occasionnée par l'état souf- frant du sujet, dont les organes sont ruinés par des mala- dies antérieures, telles que le ravage des pucerons, de la cloque, d'une vieillesse prématurée, d'une altération des ra- cines, etc. M. D. déconseille, avec raison, l'élude des auteurs qui n'ont pas écrit pour notre climat; et cependant il préconise la culture des variétés qui ne sont bonnes qu'à Paris et au delà. En effet, la Belle de Vitry , la Royale et le Teton de Vénus cités par lui comme le nec-plus-idtrà du genre, ne mûrissent que rarement en Belgique. Je lui opposerai, à cet égard, les Annales de Pomologie, rédigées par des hommes qui font autorilé. Il faut, dit M. D., planter le Pêcher le plus tard possible. Il me pardonnera de n'être pas tout à fait de son avis. Ce conseil ne convient qu'à l'amateur dont le jardin est très- humide et compacte. Mais plante-t-on du Pêcher dans un sol semblable? Cet arbre ne se plaît que dans un terrain sub- stantiel et léger, qui maintient son humidité pendant le cou- rant de l'été ; et je ne crois pas qu'il y ait inconvénient à l'y 158 JOURNAL planter dès le mois de novembre, mais toujours après la première chute des feuilles. Après avoir planté son arbre, M. D. arrose, détruit les insectes, ébourgeonne ou supprime les rameaux ou gour- mands inutiles. Au moment du palissage, il place des clous étamés en dessotis des rameaux quil attache au moyen de joncs ou liens de nattes et pince les rameaux secondaires , en vue d'obtenir une certaine harmonie dans V arbre, sui- vant la forme qu'il désire lui faire prendre. Malgré mes efforts, je ne comprends pas cette manière de faire! Un ra- meau n'est-il pas la pousse de l'année qui a cessé de végéter? Ce rameau se trouve-t-il jamais dans cette condition avant la fin de septembre? Pince-ton , ébougeonne-l-on à celte époque? Je crois que M. D. s'est trompé sur ses expressions. On ébourgeonne et l'on pince les bourgeons; mais ébourgeon- ner des rameaux, pincer des rameaux constituent des opé- rations dont personne ne peut se rendre compte. C'est en partie aux termes impropres, qu'il faut attribuer la confusion qui règne dans les articles de M. D. S'il refuse de me croire, je passerai en revue, dans une seconde lettre, tous les noms de différentes pousses des arbres cités par lui, et je prouverai le contraste choquant qui existe dans les opé- rations auxquelles il veut les soumettre. M. D. assure qu'en suivant les indications qu'il donne, il n'a jamais recours à la taille. Comment s'y prend-il pour éta- blir la charpente d'un arbre et la concentration de la sève dans les branches fruitières ? Je conçois qu'un arbre qu'on élève sur une tige et dont on pince les bourgeons qui rivalisent de force avec la flèche, se prolonge par une tige unique; mais je ne parviens pas à comprendre qu'un Pêcher que M. D. arrose, pince, ébourgeonne et palisse avec des clous étamés, puisse donner naissance à une charpente bien établie et composée de 12 à 15 branches-mères et sous-mères, à moins qu'il n'ob- tienne ce résultat par une taille en vert, qui exciterait le dé- veloppement prématuré des yeux, en faux bourgeons, les- quels sont toujours très-mal constitués et jamais aoùtés. Ce D'HORTICULTURE PRATIQUE. 159 moyen, du reste combattu jusqu'ici, a peut-être reçu une nouvelle application sur les Pêchers de M. D., qui , dans l'intérêt de la science, ne tardera pas, sans doute, à se faire connaître et à autoriser le public à visiter ses espaliers. Je remets à la fois prochaine mes autres observations sur l'article Pêcher de M. D. , et je finirai aujourd'hui par quel- ques considérations sur son article intitulé : Du "pincement et de l'ébourgeonnement du Poirier greffé sur franc. Pourquoi M. D. n'ajoute-t-il pas à ce titre : et sur coignas- sier? C'eût été plus logique, puisqu'il continue à dire qu'il faut pincer plus court les rameaux peu vigoureux que les forts. Et puis, si d'un côté il y a restriction, il y a excès de l'autre : car généraliser le pincement et l'ébourgeonnement du Poirier, n'est-ce pas faire croire que le fuseau, la pyra- mide et l'éventail se font de la même manière? Je demanderai aussi à M. D. ce qu'il entend par pincer des brindilles et des rameaux, qui ont formé 8, 40, 45 feuilles, à 4 ou 5 bourgeons; car je n'ai pas la clef d'une pareille doctrine. Ce que je ne comprends pas plus, c'est la syno- nymie qu'il établit entre les mots : bouton, œil terminal, œil terminal à bois et bourgeon. Le bourgeon a toujours été pour moi le berceau de la fleur ou le bouton à fruit; il est plus gros et plus arrondi que l'œil. L'œil est le rudiment du bourgeon; il est dit terminal, lorsqu'il termine un rameau. L'œil terminal à bois ne diffère en rien du précédent, il est donc parfaitement inutile d'y ajouter les mots : à bois, à moins que M. D. n'appelle un bouton terminal un œil ter- minal à fruit ! Enfin, le bourgeon a été de tout temps une production herbacée, à laquelle l'œil donne naissance; il prend le nom de rameau, quand il a fini de pousser. J'ai cru devoir rappeler la véritable signification de ces termes, tous dénaturés par M. D., pour démontrer l'impos- sibilité de réfuter les opérations auxquelles il soumet ces productions. 1G0 JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. M. D. indique l'automne comme l'époque la plus avanta- geuse pour la taille du Poirier, parce que, dit-il, le bourgeon terminal se forme mieux et se développera plus vigoureuse- ment au printemps que les bourgeons placés plus bas. Une pareille doctrine est tout à fait contraire aux lois de la physio- logie végétale. On sait en effet qu'il ne faut jamais favoriser un oeil terminal, dans le but de lui faire prendre plus de force qu'aux bourgeons placés plus bas? N'est-il pas déjà favorisé par sa position, et ne se développe-t-il pas générale- ment aux dépens des productions de la base? Qui donc ignore que la tendance naturelle de la sève est de se porter vers les extrémités d'un arbre, au détriment des bourgeons de sa base ! C'est sur cette faculté naturelle qu'est basé le prin- cipe fondamental de la taille des arbres. L'époque la plus favorable pour la taille est celle de l'as- cension de la sève, parce que les plaies faites aux parties taillées commencent à se rebourleter immédiatement, et que l'œil latéral que la taille a rendu terminal, combiné, ne sera plus détruit par les intempéries de l'hiver, comme les yeux que M. D. y aura exposés en taillant à l'automne. Si je ne craignais d'abuser de votre permission, je vous signalerais encore d'autres erreurs de doctrine commises par M. D. Agréez, monsieur, etc. E. DlCHATEAl. >l «Jx n ot) t> t) e u () lat i v£> liait uvcn < i JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. PLANTE FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. RHODODENDRUM THOMSONI (docteur Hooker fils). C'est au savant docteur Thomson , actuellement directeur du Jardin botanique de Calcutta, son ami et compagnon dans un voyage d'exploration de la partie orientale de la chaîne de l'Himalaya, que le docteur Hooker fils a dédié ce splendide Rhododendron, comme un souvenir d'amitié et d'estime légué à la postérité scientifique. Destiné par ses brillantes qualités à figurer dans toutes les collections, ce Rhododendron rappellera désormais à tous les amateurs les noms des deux hardis explorateurs qui ont enrichi nos jardins et nos serres d'une série de plantes admirables de l'Asie centrale. Ah! amateurs, et vous surtout horticulteurs, pensez quelquefois aux voyageurs naturalistes; que la vue d'une belle plante excite dans votre cœur quelque sympa- thie pour celui qui a risqué souvent sa vie pour vous pro- curer la jouissance d'une fleur née dans une contrée dont le nom seul vous semble fabuleux; à nous aussi, écrivains, incombe une tâche sacrée : celle de proclamer bien haut et partout les travaux des explorateurs, afin que le public s'in- téresse à eux et les oublie le moins vile possible. LeRhododendrum Thomsoni forme d'ordinaire, ditM.Plan- !S° 6. — AOLT 18S3. 1 1 162 JOURNAL chon (1), un buisson touffu de lm,80 à 5 mètres de hauteur; mais dans les forêts marécageuses, il se présente comme un arbuste grêle, élancé, dont la taille atteint jusqu'à 4m,50. Ses feuilles, d'un vert pâle en dessus, un peu glauques sur leur revers, rappellent celles de quelques variétés de Rho- dodendrum campanulatum ; elles sont coriaces, très-glabres, orbiculaires-ovées, très-obtuses, apiculées, cordées à la base; pétiole grêle, vert-glauque. Les corymbes ou bouquets termi- naux sont formés par la réunion de six ou huit grandes fleurs portées sur des pédoncules de même longueur que les pétioles. Calice ample, vert à sa base, rouge vers le som- met cylindrique-cyathiforme (en forme de coupe), à lobes érigés très-obtus ; corolle couleur de sang ou cramoisi vif, charnue, coriace, luisante; tube allongé-campanuliforme ; limbe à cinq lobes profondément émarginés, étalés, un peu recourbés; la face interne des lobes supérieurs est ornée de petites macules presque noires. Étamines au nombre de dix ; ovaire conique cylindrique, très-glabre, de 6 à 10 loges ; siylc grêle, stigmate conique. Le nectar sécrété par les fleurs n'a pas, comme chez les Rhododendrum Dalhousiœ et argentenm de l'Himalaya et chez le Rhododendrum Ponticum, les propriétés vénéneuses qui font redouter des indigènes le miel récolté au prin- temps, alors que les deux premières espèces sont en fleuv. Celte magnifique espèce n'est pas rare à l'intérieur et sur les lisières des forêts du Sikkim, entre 5,500 et 5,900 mè- tres d'altitude; elle y fleurit en juin et fructifie en novem- bre; dans nos contrées elle se cultivera en serre froide, en terre composée d'un mélange de tourbe légère, de terreau de feuilles et de terre siliceuse pure ; les pots doivent être bien drainés (2). En été on la place à l'ombre. Les arrose- (1) Flore des serres et des jardins de l'Europe, 7me vol., pi. 688-690, et Bévue horticole, avril 1855. (Planche et texte empruntés à l'ouvrage précité.) (2) Bien des personnes croient qu'en plaçant un tesson ou une coq-uille d'huîlre, voire même un morceau d'ardoise sur le trou, au D'HORTICULTURE PRATIQUE. 165 raents doivent être pratiqués avec ménagement et régularité, comme pour les Azalées de la Chine, avec la culture des- quelles celle de notre espèce présente une grande analogie. (Note de la rédaction de la Revue horticole.) — Nous ajoute- rons que le Rhododendrum Thomsoni a bien supporté en Angleterre (Bagshot, Canterbury) en pleine terre (de bruyère) le rigoureux hiver de 1855-1854. Nous recommandons aussi aux amateurs le Rhododendrum fulgens (Hooker fds), dont les capitules denses et arrondis sont formés de fleurs rouge-sang; ce Rhododendrum et le Rhododendrum Thomsonii sont les deux seules espèces himalayennes dont les fleurs soient d'un coloris cramoisi éclatant; aussi peut-on les considérer avec les Rhododendrum Dalhonsiœ, Maddeni, campylocarpum , Falconeri, argen- teum, Âucklandii et Edgeworthii, comme étant les plus beaux Rosages découverts par le docteur Hooker dans le Sikkim. fond du pot, qu'elles drainent leurs plantes ; c'est précisément un ré- sultat contraire quelles obtiennent, puisque l'eau excédante d'arro- sement ne pouvant s'échapper que fort difficilement par le trou du pot, bouché qu'il est par le tesson ou le morceau d'ardoise, devient stagnante et fait pourrir les radicules inférieures de la plante. — Le drainage consiste en un lit d'une épaisseur proportionnée à la capa- cité du pot et aux besoins de la plante, de tessons anguleux, de manière à ce qu'entre les vides laissés par leurs formes irrégulières puisse suinter ou s'écouler facilement l'eau des arrosements; l'usage des corps à surface plate, comme coquilles d'huîtres, ardoises, devrait être banni de toute bonne culture. 164 JOURNAL Horticulture et ranger e* PLANTES NOUVELLES ET RARES. 1° SERRE CHAUDE. Mrymonia villosa (Hort.), figuré dans le Bot. 3fag., pi. 4866. — Famille des Ges'nériacées. — Didynamie Angiospermie. Cette plante, introduite dans les serres d'Europe depuis plusieurs années, par M. Van Houlte, n'avait cependant pas été décrite jusqu'à ce jour ; sir W. Hooker, en lui conservant le nom de villosa, consacre scientifiquement le baptême horticole sous lequel cette plante a été répandue. Le Drymo- nia villosa atteint 50 à 45 centimètres de hauteur; il se ra- mifie beaucoup à sa base; ses branches sont dressées, obtu- sément tétragones et remarquables par le duvet et les poils dont elles sont recouvertes, particularité qui s'étend aux pétioles, aux feuilles, aux pédicelles, au calice et même à la face externe du tube de la corolle, de là la dénomination de villosa ou poilue appliquée à cette plante. Les fleurs sont axillaires, généralement par trois à chaque aisselle de feuille et divergentes de manière à former de faux verticilles; elles sont assez grandes, à tube corollaire, gibbeux à la base, arqué, comprimé, long de 4 centimètres environ, blanc marqué de quelques lignes purpurines; limbe blanc bilabié ; lèvre supérieure à deux lobes arrondis, étalés; lèvre infé- rieure à trois lobes également arrondis; gorge et intérieur du tube de couleur pourprée. On cultivera le Drymonia villosa dans une serre chaude et humide et à mi-ombre; il se multiplie de boutures avec la plus grande facilité. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 105 Tillandsia ionantim ( Planchon ) , figuré dans la Flore des Serres de Van Houtte, pi. 100G. — Fatnilie des Bromé- liacées. — Hexandrie Monogynie. Cette charmante Broméliacée est originaire du Brésil et fait partie de la riche collection de plantes épiphytes de M. Van Houtte. C'est une espèce assez mignonne (10 à 45 centimètres de hauteur), trapue, à nombreuses feuilles imbriquées, étalées-érigées, élroiles, aiguës, épaisses, d'un vert grisâtre (furfuracées ) ; les feuilles supérieures remplis- sent l'office de bractées et sont d'un beau carmin-rosé; au centre de ces feuilles-bractées apparaissent quelques fleurs de forme tubuleuse par suite de l'enroulement des lacinies de la corolle; ces fleurs sont d'un beau violet; le style plus long que les fleurs et les étamines dorées est terminé par un stigmate trilobé blanc. Ce joli Tillandsia doit être cultivé comme les espèces épi- phytes, c'est-à-dire être fixé sur un morceau de bois que l'on suspendra dans la terre à Orchidées. — L'établissement Van Houtte le cote au prix modéré de 15 francs. chœtogastra ri»«ieiiiana (Planchon), figuré dans la Flore des Serres, pi. 1011-1012. — Famille des Mélastomacées. Déjà, à maintes reprises, nous avons parlé des Mélasto- macées et signalé aux amateurs la beauté d'une foule de plantes de cette vaste famille, et évoquant quelques-uns de ces souvenirs que les explorations, dans les contrées tropi- cales, burinent d'une façon ineffaçable dans le cœur du na- turaliste, nous avons regretté que les Mélastomacées fussent si peu cultivées dans nos serres ; et que même une espèce de proscription les frappât injustement. L'ostracisme déraisonnable qui les bannit quand même, doit enfin être levé; une culture rationnelle, telle qu'on la pratique à Kew et dans quelques établissements, démontre avec quelle docilité ces plantes se prêtent à l'éducation euro- péenne. Le grand défaut dans lequel la plupart des horticul- J6G JOURNAL leurs sont tombés a été de croire que toules les Mélastoma- cées étaient de haute serre chaude; soumises à ce traitement, les trois quarts des espèces s'allongent, s'étiolent, se couvrent de vermine, et finissent bientôt par mourir; si Ton avait consulté les explorateurs, on aurait appris qu'une bonne partie des Mélastomacées les plus florifères et les plus belles habitent des régions tempérées, voire même froides, que ce sont, des plantes alpines ou d'une nature analogue (celles de l'intérieur du Brésil, par exemple), et qu'elles aiment l'air, la lumière et une température moyenne; une terre de bruyère mélangée dans beaucoup de cas de terre forte et substantielle, un bon drainage; en été, une exposition en plein air à mi-ombre, et en hiver une bonne serre tempérée ou une serre chaude où elles soient placées près des vitres. Les espèces du littoral et des forêts des régions chaudes de l'Amérique et de l'ancien monde, demandent, il est vrai, constamment une température assez élevée, mais en même temps une somme d'humidité qu'on ne leur accorde généra- lement pas assez, de là végétation maigre, feuillage terne tombant facilement et envahissement de cochenille, araignée rouge, etc. La majeure partie des Mélastomacées subit la taille sans inconvénients, et cette opération, alliée à celle de pincements exécutés pendant la période de grande végéta- lion, produit d'excellents résultats sous le rapport de l'aspect et d'une émission multiple de rameaux florifères. Les Chœtogastra en général, elle Chœlogastra Lindmiana en particulier, doivent se cultiver en été comme des plantes alpines sous le rapport de la température, et être taillés et pin- ces au printemps comme des Pimelea par exemple. Comme pour toules les plantes de serre traitées de cette façon, il est nécessaire, et c'est un point trop souvent négligé, de les placer pendant quelque temps dans une serre un peu chaude, ou dans une couche chaude ou sous châssis dans une bâche à forcer, afin d'activer l'émission de jets latéraux; dès que ces jets ont acquis une longueur de quelques centimè- tres, on les habitue graduellement à une température moins D'HORTICULTURE PRATIQUE. 107 élevée en leur donnant tous les jours un peu d'air; on peut ensuite, sans danger, les mettre dans une serre froide ou en plein air. Le Chœtogastra Lindeniana forme un arbrisseau de 1 à 2 mètres de hauteur, à rameaux touffus, couverts, ainsi que le dessous des feuilles, de poils ferrugineux; les feuilles sont brièvement péliolées, ovées-oblongues, un peu aiguës, à cinq nervures, épaisses , nombreuses, rudes au toucher; fleurs axillaires subpaniculées ; pédicelles plus courts que la fleur et les feuilles; calice velu à lacinies linéaires-aiguës; pétales au nombre de cinq, d'un rouge vif ou de sang, épais et presque charnus, grands, un peu concaves, cunéiformes- obovés. Les fleurs conservent pendant plusieurs jours leur fraîcheur et leur éclat. Cette brillante Mélastomacée a été découverte en premier lieu par M. Linden sur le sommet du Monserrata, un des points culminants du haut plateau de Bogota, à environ 10,000 pieds d'élévation supra - marine , et ensuite par M. Schlim dans la Nouvelle-Grenade. Elle fleurit au mois de septembre. Locheria magnifiea ( PLANCHON et LlNDEN), figuré dans la Flore des Serres, pi. 4015. — Famille des Gesnériacées. Le genre Locheria a été fondé par M. Regel, aux dépens du grand genre Achimenes des horticulteurs; il comprend les anciens Achimenes pedunculata, hirsuta, et l'espèce que nous allons décrire, à laquelle le nom de magnifiea a été appliqué à juste titre; on en doit l'introduction à M. Triana, qui la découvrit dans la province de Popayan (Nouvelle- Grenade) et l'envoya à M. Linden, chez qui nous l'avons vue en fleurs. Comme ses congénères, le Locheria magnifiea est une plante vivace par ses rhizomes et bulbilles écailleux. Sa tige, haute de 50 à 45 centimètres, est comme les pétioles et les nervures au-dessous des feuilles, couverte d'un duvet pourpré; feuilles ovées, oblongues , aiguës, dentelées, pu- bescentes sur les deux faces; pédicelles dressés, grêles, al- ^68 JOURNAL longés, solitaires à l'aisselle de chaque feuille et portant chacun une grande fleur à limbe très-large, d'un cramoisi vif, moucheté de lignes et de points d'un pourpre foncé presque noir. SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Nicotiana fragrans (sir W. Hooker), figuré dans le Bot. Ma- gazine, pi. 48Go. — Famille des Solanées. — Pentandrie Monogynie. Ce nouveau tabac a été découvert sur les rochers de la côte de l'île de Pinos, située près de l'île de Cuba, par MM. Mac Gillivray et Milne. Il se distingue par son feuillage ferme, épais et charnu, par la taille élevée qu'il acquiert à l'état de culture, et se recommande particulièrement par le parfum suave qu'exhalent ses grandes et nombreuses fleurs blanches. Il est proche parent du joli Nicoliana undulata de Ventenat {Nicoliana suaveolens de Lehmann), admis dans les salons, grâce à l'odeur si agréable qu'émettent ses fleurs surtout vers le soir; mais il lui est infiniment supé- rieur sous le rapport de l'élégance et de l'abondance des fleurs. Le Nicoliana frayrans est une phmte herbacée, haute de 5 à 4 pieds, subglutineuse, recouverte dans toutes ses par- ties, excepté sur le limbe de la corolle, de poils courts, soyeux, très-nombreux; ce qui donne aux feuilles, lorsqu'elles sont séchées, un aspect satiné fort remarquable; les feuilles radicales sont grandes, larges-obovées, spalhulées ; les feuilles caulinaires sont peu nombreuses, linéaires-spalhulées ; les unes et les autres sont de nature charnue, épaisse et ferme. Panicule ample , terminale , branchue ; les ramifications portent des racèmes agglomérés de grandes fleurs blanches, pendantes, terminales et très-odorantes. Les bractées sont petites et appliquées sur le pédoncule. Pédicelles courts, courbés. Calice ové, renflé, à cinq ou six lobes dressés, iné- gaux, sublancéolés, obtus, appliqués contre le tube corol- D'HORTICULTURE PRATIQUE. t69 laire. Corolle à tube très-allongé, cylindrique, d'un vert pâle ou presque blanc, s'élargissant un peu vers l'orifice. Limbe dilaté, étalé, découpé en cinq ou six larges lobes arrondis, uu peu ondulés, à dos caréné. Cinq ou six etamin.es dont une à filet plus court que les autres. On cultivera ce charmant Nicotiana comme le Nicotiana undulata, c'est-à-dire en serre froide ou en plein air en été, dans un sol riche tenu assez humide. La floraison dure pen- dant plusieurs mois (juin-octobre). Stylophornm «li|»Iiylliim (NuTTALL.), figuré dans le Bot. Mac/., pi. 4867. — Syn. : Meconopsis diphylla (Dec). — Meconopsis petiolata (Dec). — Stylophorum petiolatum (Nuttall.) et Stylophorum Ohioense (Sprengel). — Che- lidoninm diphyllum (Michaux). — Famille des Papavéra- cées. — Polyandrie Monogynie. Pelite plante herbacée vivace, de pleine terre et de peu d'effet, haute de 20 à 50 centimètres, d'un vert pâle à pé- tioles; tige et pédoncules couverts de soies ; feuilles radicales lobées pinnatifidement, glauques en dessous; feuilles cauli- naires généralement au nombre de deux, opposées, et for- mant un involucre. Fleurs solitaires, jaune-pâle, inclinées, à sépales poilus. Capsule elliptique, se fendant jusqu'à la base en quatre valves; caractère qui sépare le genre Stylo- phorum des Meconopsis. Thermopsis barlmta (ROYLE), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4868. — Famille des Légumineuses. — Décandrie 3Ionogynie. Les Thermopsis sont en général des plantes à fleurs jaunes offrant très-peu d'intérêt à l'horticulteur ; l'espèce que nous décrivons actuellement mérite, à tous égards, une place ho- norable dans nos jardins, à cause de ses longs épis denses de fleurs d'un violet tellement foncé qu'elles semblent noires vues à dislance, de son port dressé, et de sa facile culture. — On doit l'introduction du Thermopsis barbata à M. le 170 JOURiNAL major Madden qui le Irouva dans les vallées assez sèches des monts Himalaya, croissant à une hauteur supra-marine de 10,000 à 15,000 pieds. C'est une plante à racines vivaces, ligneuses, émettant des tiges fortes, dressées, ramifiées et hautes de 20 a 50 centimètres, recouvertes, de même que les bractées, les pédicelles et le calice, de longs poils soyeux. Feuilles au nombre de trois à sept, disposées en verlicilles, sessiles, acuminées ou aiguës, souvent à trois folioles ciliées sur les bords, glabres sur les deux faces. Fleurs en racèmes axillaires courts, dont l'assemblage donne lieu à un fort épi (\ense allongé, composé. Calice campanule à segments lan- céolés, subulés. Pétales amples d'un violet terne très-foncé, à base verdâtre; étendard érigé, orbiculaire, bilobé; ailes arrondies au sommet, plus courles que la carène qui est oblongue et émoussée. Légume oblong, assez large, se termi- nant soudainement en une pointe mucronée; et contenant 2 à 4 graines oblongues, réniformes. Culture munucljcre MEMOIRE SUR LE CHOIX ET LA CCLTIRF DES PORTE-GRAINES, Par M. Lenormand père, cultivaleiir-niaraicher. (Suite. — Voir p. 140.) Chicorées frisées et escaroles. — On cultive plusieurs variétés de chicorées que l'on sème, suivant la saison, de ma- nière à en avoir toute l'année. Pour récolter des graines franches de toutes les variétés de chicorées sortant de la même espèce, il convient de ne prendre que des plantes bien caractérisées, ce qui n'est pas possible quand on repique des plantes trop jeunes, ainsi qu'on le fait ordinairement. Le mieux est donc de choisir en automne des plantes bien fran- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 471 ches et de les mettre en pots, que l'on place sous un châssis pour passer l'hiver, en ayant soin de les garantir de la gelée et surtout de l'humidité. Au printemps, on place en pleine terre chaque variété séparément en laissant entre chacune la plus grande distance possible; le mieux même serait, en rai- son de la facilité qu'on a de conserver les graines, de ne planter qu'une seule variété chaque année. S'il arrivait qu'il se trouvât de la chicorée sauvage dans les environs de la localité où l'on cultive des chicorées frisées pour graines, il faudrait, au moment de la floraison, suppri- mer toutes les fleurs des premières, afin que le pollen ne puisse pas féconder celles de la chicorée frisée, ce qui ne manquerait pas d'avoir lieu si l'on négligeait de faire ce que nous venons de recommander. Il est également nécessaire de cultiver les escaroles pour graines le plus loin possible des chicorées frisées, ces deux variétés étant susceptibles de se féconder mutuellement , ce qui arrive malheureusement trop souvent. Toutes ces plantes demandent de fréquents arrosements dès que la floraison commence. Choux pommés. — Les recommandations que nous venons de faire pour les chicorées sont en tous points applicables aux choux pour graines. Bien qu'on ne cultive qu'un petit nombre de variétés de choux dans les jardins maraîchers, il y a de grandes précautions à prendre pour les conserver franches, en raison de la disposition qu'elles ont à dégénérer et de la facilité avec laquelle elles peuvent être fécondées. Pour graine, on choisit toujours les choux les mieux faits, ceux dont la pomme et le feuillage se rapprochent le plus de la variété choisie pour type, ce qui ne peut avoir lieu, bien entendu, que lorsqu'ils ont atteint leur entier dévelop- pement; chaque chou doit être marqué avec un tuteur, afin de ne pas les confondre avec ceux destinés à la consomma- tion. Lorsque les choux marqués sont jugés dignes d'être gardés pour graine, on leur coupe la tête en conservant le plus d'yeux possible, mais on laisse le pied en place et l'on J72 JOURNAL continue de lui donner de l'eau au besoin, c'est-à-dire sou- vent, afin de favoriser le développement des œilletons destinés à produire la graine; si, parfois, quelques-uns de ces rejets pomment, il faut fendre en croix les pommes jusqu'au cœur. En septembre, on détache tous les œilletons et on les plante en pépinière afin de leur faire prendre racine. Pendant l'hiver, on les couvre de grand fumier pour les garantir de la gelée; mais comme ils pourriraient s'ils restaient trop longtemps couverts, on les découvre toutes les fois que la température le permet. En mars, on relève en motte tous les œilletons qu'on a mis en jauge, puis on les les plante en ligne en les plaçant à Go centimètres les uns des autres, et, après la plantation, on les arrose pour faciliter la reprise. Comme les choux fleurissent tous à peu près à la même époque, il faut en plantant, si l'on cultive plusieurs variétés, les dislancer le plus possible les unes des autres, afin que le vent ou les insectes ne portent pas le pollen d'une variété sur l'autre; il faut également éviter de planter les choux pour graine à proximité des cultures de colza ou autres crucifères qui, sans doute, exerceraient une influence fâcheuse sur la récolte des graines de choux. La dislance à observer entre ces différentes cultures doit èlre de trois à quatre kilomètres. Choux-fleurs. — Dans la culture maraîchère, on attache une si haute importance à la récolle des graines des choux- fleurs, que l'on n'attend pas que la pomme soit développée pour marquer ceux qu'on veut garder pour graine. Dès le mois de mai, l'on fait un premier choix comme pour les choux pommés; on ne marque pour graine que les choux- fleurs qui se rapprochent le plus de la variété acceptée pour type, ceux dont les feuilles bien caractérisées ont les ner- vures et le pétiole le plus développés, car, après de nom- breuses observations, nousavonsreconnuquece sonltoujours ceux qui donnent les plus belles tètes. Si, plus tard, la D'HORTICULTURE PRATIQUE. 475 pomme des choux-fleurs que l'on a marqués pour graine ne se développait pas bien, qu'elle s'écartât oii bien qu'elle fût comme couverte de mousse, il faudrait bien se garder de les laisser fleurir : un seul de ces choux-fleurs suffirait pour perdre tous les autres. Les choux-fleurs cultivés pour graine sont traités exacte- ment comme ceux plantés à la même époque, et ce n'est que lorsqu'ils commencent à monter à graine qu'on leur donne une plus grande quantité d'eau, afin de favoriser le dévelop- pement des fleurs. Souvent ces choux-fleurs sont attaqués par les pucerons qui leur font beaucoup de tort; ne connais- sant pas de moyen plus efficace pour nous en débarrasser, nous les écrasons avec soin. Laitues et romaines. — On fait choix, au printemps, des plus belles laitues de chaque variété dont on veut récolter des graines, en ayant soin, toutefois, qu'elles se trouvent le plus loin possible les unes des autres. Bien que l'on n'ait pas à redouter, pour les laitues, l'influence des espèces sauvages, il est indispensable, pour avoir des graines entièrement franches, que les variétés que l'on cultive ne puissent se féconder mutuellement. On choisit toujours pour porte-graines les laitues qui pomment le plus facilement, celles qui ont les feuilles les plus larges, les plus cloquées, rondes à l'extrémité, de forme régulière, et, en même temps, les plus vigoureuses ; puis on marque chaque plante avec un tuteur qui, plus lard, sert à soutenir les tiges. Souvent les laitues ont la pomme tellement serrée, que l'on est forcé de la fendre en quatre pour faci- liter le développement des tiges, qui pourriraient sans cette opération. Il est nécessaire, lorsque les plantes sont fleuries, de les garantir des grandes pluies et des brouillards en cou- vrant le sommet des tiges avec des cloches ou avec des toiles ; à défaut de ce soin, il se forme une espèce de ver qui s'in- troduit dans l'enveloppe des graines et les dévore entière- ment. Melons. — On cultive, dans le département de la Seine, H4 JOURNAL une quantité considérable de melons dont la vente ne pro- duit pas moins d'un million de francs chaque année à l'in- dustrie maraîchère; la supériorité incontestable des fruits récoltés à Paris sur ceux des autres pays, provient tout autant du choix des porte-graines que de la culture. Ainsi que toutes les plantes de la famille des Cucurbitacées, les melons dégénèrent promptement en raison de la facilité avec laquelle ils se fécondent entre eux; aussi, pour éviter le croisement, les maraîchers de Paris ne cultivent jamais plus de deux ou trois variétés de melons, qu'ils sèment successi- vement dans l'ordre de leur précocité, en commençant tou- jours par les plus hâtifs, ce qui leur permet de conserver chaque variété pure de tout mélange. Avant de commencer la récolte des melons, on examine tous les fruits avec soin, afin de voir s'ils sont d'espèce franche; s'il s'en trouvait un seul qui différât des autres, il ne faudrait pas le conserver pour graine; sans cette précau- tion, l'on n'aurait l'année suivante que des melons dégénérés. Lorsque l'espèce que l'on cultive est bonne et bien franche, on marque, avant qu'ils soient mûrs, la quantité de fruits dont on suppose avoir besoin, et cependant, si francs que soient ceux-ci, on doit choisir encore les mieux faits, ayant la couronne la mieux marquée et le pédoncule ou queue très-petit; ceux qui se trouvent le plus près du pied doivent être préférés à ceux qui nouent à l'extrémité des branches ; si bien faits que soient ces derniers, ils ne sont jamais aussi francs que les autres. On ne récolle les melons destinés à produire graines que lorsque la queue est bien cernée et que leur maturité est aussi avancée que possible; arrivés à ce point, on coupe les fruits pour en extraire les graines. Malgré les soins apportés au choix des fruits, il arrive quelquefois que la qualité de la chair laisse à désirer, c'est pourquoi on doit toujours déguster un melon avant d'en conserver la graine; jamais nous ne procédons autrement, et plutôt que de semer des graines de melons que nous ne connais- sons pas, nous marquons des fruits chez nos confrères, D'HORTICULTURE PRATIQUE. 175 quand ceux que nous cultivons commencent à dégénérer. Après avoir exactement exécuté ce que nous venons d'in- diquer, il reste encore quelques précautions à prendre pour récolter de bons melons. Nous avons remarqué que toutes les fois que l'on cultive d'autres Cucurbitacées près des melons, ces derniers contractent une saveur désagréable que nous attribuons à l'influence du pollen de ces plantes, ce qui fait que nous plaçons toujours nos concombres et nos potirons ou citrouilles le plus loin possible de nos couches à melons. (La suite au prochain numéro.) (V Horticulteur français.) FRAISES NOUVELLES. Fraise Sir Harry. — Cette belle Fraise a été obtenue en Angleterre par un amateur très-distingué de Birmingham, M. Underhill, de semences de la variété dite British-Queen, fécondée par le Fraisier Keen 's Seedling. Le fruit en est très- gros, d'un rouge pourpre foncé et luisant comme une mure ; il ne ressemble par la forme à aucune autre variété et l'em- porte de beaucoup en saveur et en beauté sur ses estimables parents. Son calice est très-large; son pédoncule long et fort. Sa forme est variable; tantôt elle se rapproche de celle du coing, tantôt elle ressemble à une crête. La chair, d'une teinte rougeâtre, est solide, sucrée, fondante, d'une saveur exquise et d'un parfum délicieux. Le Fraisier Sir Harry présente la singularité d'avoir très- peu de feuilles et d'étendre ses tiges de manière que les fruits sont exposés à l'influence du soleil et de l'air; il est en outre très-vigoureux et très-productif. Un amateur résidant aux Sablons (Seine-et-Marne), M. Fré- déric Gloede, écrit dans le Gardener's Chronicle du 21 juil- let, que jamais il n'a mangé de fraise aussi délicieuse, et que les plantes placées sous châssis pour forcer lui ont donné des 176 JOURNAL fruits d'un parfum plus agréable même que celui des fraises récoltées en plein air. Aux diverses expositions de Londres, de Lancaster, de Wolverhampton, d'Edgbaston, etc., le Fraisier Sir Harry a remporté le premier prix, et le jury l'a déclaré supérieur à ces bonnes variélés qui ont pour nom Keens Seedling, Madame Trollope, British-Queen, Cremome Seedling, etc. L'obfcnteur M. R. Underbill (sir Harry's Road, Edgbaston, Birmingham) les vend à raison de 100 francs les 100 plantes, 25 francs pour 20, et à 2 fr. 50 cent, par plante en pot (avec l'obligation d'en prendre 10 au moins). L'Horticulteur fran- çais du mois de juillet donne une description et un dessin de cette belle Fraise et ajoute qu'on peut se la procurer chez MM. Bossin et Louesse, marchands grainiers, quai de la Mégisserie, à Paris. • On recommande également les variélés suivantes : White Bicton Pine Strawberry ; exposé à Chiswick, le 41 juillet. Omer-Pacha (Ward.), fruit rouge orangé, de forme régu- lier et de premier mérite. Scarlet nonpareil ( Patterson ), provenant comme le Frai- sier Sir Harry du Keens Seedling et de la British-Queen ; ce Fraisier se force très-bien et le Fraisier Prince of Wales obtenu par M. Ingram, l'habile jardinier en chef du jardin royal de Frogmore; cette variété cultivée pour la table de Sa Majesté Britannique se dislingue surtout par son déli- cieux parfum qui rivalise avec celui des fraises les plus esti- mées, comme Hautbois, British-Queen , Victoria (de Trollop), Keen's Seedling et Orner Pacha. La notice suivante de M. Underbill sur l'origine, la pro- pagation et la culture du Fraisier, sera, croyons-nous, avec M. Lescuyer (dans l' Horticulteur français) , de quelque uti- lité aux amateurs qui cultivent cet excellent fruit. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 177 SLR L'ORIGINE, LA PROPAGATION ET LA CULTURE DE LA FRAISE (1). « Les instances de nombreux amis, aussi bien que le suc- cès extraordinaire que ma nouvelle Fraise dite Sir Harry a rencontré partout, dès son apparition, qui est toute ré- cente, et cela sans autre effort de ma part que l'exposition du fruit la saison passée, m'ont engagé à écrire et publier ce petit traité du sujet ci-dessus indiqué. » La Fraise, dont le nom latin est Fragaria (parfum), est indigène dans la Grande-Bretagne, et toute petite, dans son état sauvage, se trouve, le plus souvent, dans les parties fraîches, herbues et ombragées de nos bois; elle pousse aussi en grande abondance sur les montagnes rudes de la Norwége et les sommets alpestres de la Suisse. » Il y a trente ans qu'on donnait encore peu de soin à la culture de ce fruit, dont on ne connaissait alors que cinq ou six diverses sortes; la plus remarquable, par la grosseur, était le Hautboy , ainsi nommé à cause de son origine des hauts bois de la Bohême. Aujourd'hui, à force d'avoir croisé les races, changé de climat et de localité, il y en a autant de centaines ; car on peut multiplier les espèces à l'infini par des fécondations habiles. Quant à moi, je me suis dévoué (en amateur), depuis plusieurs années, spécialement à la culture de deux sortes différentes , avec un tel soin, que j'ai toujours remporté le prix sur mes compétiteurs aux expositions d'horticulture provinciales. De ces deux espèces, l'une, dite Keens Seedling, tenait, jusqu'à ces derniers temps, le pre- mier rang comme fruit hâtif, pour son goût et sa fertilité, tandis que l'autre, Myatt's British queen, n'excellait pas moins par les mêmes qualités comme fruit d'arrière-saison. Sans doute qu'en même temps j'ai fait l'essai d'autres espèces ; mais en mettant leur qualité à l'épreuve, j'ai trouvé qu'elles (1) Traduit de l'anglais. N°6. AOIT 1855. 12 178 JOURNAL ne méritaient pas mes soins, aussi je les ai rejelées l'une après l'autre de mon jardin. » Le peu de soins qu'ont donné nos pères à la culture de ce délicieux et utile fruit, ne parle pas en faveur de leur goût ou de leur science pomologique; d'autant moins qu'on est d'ac- cord que la fraise, perfectionnée par les soins du cultivateur, possède de hautes qualités médicinales ; elle est d'une grande valeur pour la purification du sang : c'est une ennemie for- midable de la goutte, et Linné, dans une dissertation spéciale, publiée parmi ses Aménités académiques, dit que son usage fait disparaître, en peu de temps, les concrétions tufacées qui se forment dans les articulations à la suite de cette ma- ladie ; d'autres l'ont vue apporter un soulagement réel dans la gravelle et autres affections calculeuses; elle est d'une grande valeur dans la phthisie pulmonaire, et quand la fiè- vre brûle les lèvres, l'expérience nous apprend combien son jus est doux, rafraîchissant et salutaire. » Quant à ma méthode de culture, en premier lieu, j'ai soin de choisir une place où il n'y ait point d'ombre. Vers le commencement de juillet, je m'empresse de la mettre en état en la fumant bien, et, dans le cas où le sol est léger, j'y mêle de la marne, vu que la plupart des espèces aiment un sol ferme et argileux, lequel tend à les rendre fécondes en fruits plutôt qu'en feuilles ; quand la terre est bien bêchée et que les plantes sont prêtes, ayez soin de bien fouler l'endroit où vous voulez les mettre. Il faut faire choix des coulants aux plus courtes racines. En effet, ceux-là sont préférables, qui n'ont guère touché le sol, vu qu'ils s'en- foncent plus promptement dans la terre, et que rien ne sur- vient après pour arrêter leur progrès. Bien qu'on doive avoir soin de les enfoncer un peu au-dessous de la surface, tout en serrant le sol soigneusement entre les racines, il ne faudra pas cependant couvrir de terre le cœur de la plante ; en cas qu'il ne tombe pas d'eau, il faudra les arroser, et, si l'on peut, on fera bien de les mettre à l'abri de la chaleur du so- leil pendant quelques jours. Il y a des jardiniers qui préfè- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 170 rent les premiers coulants, c'est-à-dire les plus proches de la plante mère; cependant, à mon avis, les seconds, les troi- sièmes ou les quatrièmes, ou même les coulants qui poussent de ceux-ci, ne manqueront pas de porter fruits aussi abon- damment que les premiers. Ce qu'il y a de plus important, c'est de planter assez tôt pour que les plantes aient bien pris racine avant que le temps ne se mette à la gelée; car sans cela, la gelée, en soulevant le sol, fait monter aussi les jeunes plantes, et lorsqu'il dégèle, le sol en s'abaissant laisse les plantes presque hors de terre. D'ailleurs, en plantant de bonne heure on obtient les plus gros et les meilleurs fruits de la première saison, et la plus abondante récolte de la se- conde, après laquelle il faut arracher les plantes, et ne les garder sous aucune condition pour une troisième saison ; car, après avoir cueilli deux abondantes récoltes des mêmes plantes, on doit s'attendre à ce que leur force et vigueur soient tout à fait épuisés ; un renouvellement des plantes tous les deux ans est ce qu'il y a le plus à recommander, pour la grosseur et la qualité du fruit. » Par cette méthode de plantation précoce, dans une cen- taine de plantes d'une espèce féconde, l'on n'en trouvera guère que deux qui ne porteront pas fruit ; cependant dans le cas où quelques-unes n'en auraient pas la première saison, on doit en espérer de plus beaux la seconde, sans avoir l'idée fausse que de telles plantes soient tout à fait stériles. Pour rendre les jeunes plantes plus fortes, il faut leur ôler les fi- lets qu'elles font en automne, vu qu'ils tendent nécessaire- ment à affaiblir la plante mère. » Quoique je préfère le susdit mode de plantation hâtive , beaucoup dépend du temps : ainsi de fortes plantes , trans- plantées avec soin en mars, porteront souvent fruit en grande abondance la même année. » (La suite au prochain numéro.) 180 JOURNAL iHtsceUances. IDÉES D'UNE ESTHÉTIQUE DES FLEURS. (Suite. — Voir p. 24.) LES CALCÉOLAIRES. Il y eut un temps où les Calcéolaires furent pires qu'elles ne le sont actuellement, quoiqu'il soit bien rare d'en voir une qui soit conforme aux règles de l'esthétique. Nous nous rappelons qu'un horticulteur anglais, visiblement dans le but de donner à ses Calcéolaires un certificat de bonne tenue, publia dans le Gardener's Chronicle qu'une fleur de Calcéolaire, pour être belle et parfaite, devait être large et plate. La critique est ensuite venue faire justice d'une pré- tention aussi contraire au bon goût et aux règles de l'euryth- mie. La Calcéolaire est une fleur exceptionnelle qui, relati- vement à la forme, n'est comparable à aucune autre et qui à cause de cela doit être étudiée sous un point de vue différent. La corolle est composée de deux parties différentes : d'une supérieure, qui est petite, peu développée, celant les éta- mines, et d'une inférieure, qui est ample, ventrue, concave à la manière de la partie antérieure d'un sabot. A cause de cette conformation insolite, elle est l'opposée des Auricules, des Pensées, des Cinéraires, etc., qui sont nécessairement plates et doivent être regardées en face pour en découvrir toutes les beautés, tandis que la fleur de la Calcéolaire prête également ses flancs à l'examen du connaisseur, car il sait très-bien que ce pétale enflé en sac ne lui offre qu'une parure extérieure vide à l'intérieur. 0 quanta species inquit, cere- brum non habel (Phœd., fab. vil). Que serait en effet une Calcéolaire à pétale plat? Une pauvreté, une sorte de ban- nière qui n offre plus rien a la vue dès que le vent la retourne. Le pétale de la Calcéolaire doit donc être parfaitement rond D'HORTICULTURE PRATIQUE. 181 à la manière du labelle d'un Cypripedium. La carrière des Calcéolaires n'a pas été très-brillante jusqu'ici par suite de l'incurie des amateurs, qui se sont plutôt attachés aux cou- leurs qu'à la forme. Nous devons en vouloir également aux membres des jurys qui, soit par complaisance, soit par igno- rance des règles de la beauté, accordent des prix à des fleurs qui n'en sont pas dignes. Il ne faudrait pas non plus encou- rager la culture des variétés faibles et herbacées dont la cul- ture et la conservation exigent trop de soins, et encourager plutôt la culture, la propagalion des variétés suffruliqueuses qui, nous en sommes convaincu, déposséderont sous peu les anciennes du prestige dont la mode les a bénévolement en- tourées. Cependant notre intention n'est point de dépouiller les Calcéolaires de nos collections de tout mérite, pourvu qu'elles n'offrent pas des défauts trop criants. Les caractères d'une belle Calcéolaire sont les suivants : 1° La plante doit être suffrutiqueuse ; les tiges fortes et grosses, bien garnies de feuilles épaisses vert foncé. 2° La hampe florale doit être courte et forte, les pédon- cules élastiques, régulièrement ramifiés et formant un riche bouquet de fleurs sans être surchargés. 5° La fleur doit présenter, comme il a été dit, la forme d'un sac ou d'un ballon arrondi. L'ouverture ainsi que le ca- lice ne peuvent jamais être trop petits ni la fleur trop grande. 4° Les couleurs doivent être vives, brillantes, et trancher sur la couleur du fond. Le dessin peut se composer d'une tache au milieu du pétale, ou former des stries ou des ma- cules d'une seule couleur ou entourées d'une zone d'une autre couleur. Quel que soit le genre de dessin, il doit être net, pur et bien trancher sur le fond. La couleur de celui-ci sera blanche, jaune de paille ou de soufre, jaune d'or, cramoisie, brune, etc. 5° La couleur d'une fleur unie doit être brillante. Des fleurs foncées bordées d'une couleur mate, ainsi que les nuances indéterminées, sont mauvaises et doivent être re- jetées. 182 JOURNAL 6° Le bouquet ou la panicule doit former un groupe bien circonscrit de fleurs pendantes qui commence où les feuilles cessent. Les fleurs doivent être disposées de manière qu'elles se touchent par leurs bords sans se couvrir et former.un plan uni ou convexe. 7° Les fleurs aplaties, anguleuses, dentelées, échancrées, sont mauvaises et ne devraient point figurer dans une collec- tion de fleurs de choix. Scii. MANIERE D'OBTENIR DES HORTENSIAS BLEUS. Un amateur anglais, M. W. Moore, nous communique le moyen suivant pour obtenir constamment des fleurs bleues sur Y Hy changea hortensia. Au mois de juillet 1855, je dé- potai, dit-il, quelques pieds, je secouai la \erre qui enve- loppait les racines et coupai une partie de celles-ci. Je rem- potai comme d'ordinaire dans un compost de terre jaune et de sable, mais auquel j'ajoutai et mêlai intimement de l'a- lun en poudre dans la proportion d'environ quatre onces pour un pot de moyenne grandeur. Je conservai mes Hor- tensias pendant l'hiver et le printemps dans la serre froide jusqu'après la floraison, et j'eus le plaisir de voir mes plantes devenues fort belles se charger au printemps de 4854 de fleurs d'un superbe bleu clair (a fine light but rieh blue colour). Nous croyons utile de rappeler ici que les Horten- sias exigent beaucoup d'eau pendant leur époque de végé- tation et surtout pendant la floraison, et que des arroseinents d'engrais liquides leur sont particulièrement favorables. Le compost suivant formera en peu de temps des touffes vigou- reuses. Fumier de vache consommé, terreau de feuilles, terre jaune fibreuse, sable et terre tourbeuse par parties égales et bien mélangées ensemble. La meilleure époque pour faire des boutures d'Hydrangea destinées à former des exemplaires à une seule tige est le mois d'août; ces boutures doivent être rentrées pendant l'hiver dans la serre froide D'HORTICULTURE PRATIQUE. 183 et rempotées au mois de mars ou avril; on arrose et on bas- sine tous les jours aussitôt que le feuillage est développé; on enlève les yeux latéraux de la tige en ne laissant que l'œil terminal. Quelques personnes placent pendant l'été les pots d'Hortensias dans des sous-vases remplis d'eau et arrosent de temps à autre le pied de la plante avec de l'eau d'alun; cette méthode de faire bleuir les Hydrangées n'est pas aussi infaillible que celle que nous avons indiquée plus haut. (Expositions. SOCIÉTÉ ROYALE DE FLORE DE BRUXELLES. JUILLET 1855. Cette exposition a causé beaucoup de plaisir aux nom- breux amateurs qui l'ont visitée; en effet les collections étaient fraîches, bien composées; elles se prêtaient à un examen consciencieux et facile, grâce au système adopté par le conseil d'administration de la Société de conserver réunies les plantes d'un même genre. C'est au reste le seul moyen rationnel de rendre les expositions instructives. Le nombre des Orchidées était fort imposant et rarement on a vu en Belgique une réunion aussi grande et aussi choisie de ces plantes; nous en dirons de même des Gloxinies et des plantes de pleine terre. Les exposants ont tous fait preuve d'un grand zèle et surtout de bon goût; en agissant ainsi on honore l'horticulture tout en la servant efficacement. Mieux vaut, selon nous, avoir à admirer cent bonnes plantes bien cultivées que de perdre son temps devant mille à quinze cents pots dont les sept huitièmes trouveraient à peine un acheteur sur le marché : dans le premier cas on emporte des souvenirs agréables, et toujours quelque instruction ; dans le second, 18i JOURNAL un peu de pilié et beaucoup de fatigue. Espérons que nos idées partagées par les vrais florimanes seront acceptées par la généralité des amateurs; un peu de critique appliquée à propos est souvent un énergique réactif; des louanges trop prodiguées, des récompenses trop facilement obtenues en- gendrent la négligence et peut-être même le dégoût. Hâtons- nous aussi d'ajouter qu'une des causes de ce fatal laisser- aile?* doit être attribuée à la trop grande complaisance des jurys d'examen; sous le prétexte d'encourager des amateurs commençants ils accordent, sans différencier suffisamment la valeur des envois, des médailles équivalentes à des collec- tions qui ont entre elles non pas seulement une différence de valeur intrinsèque (ce qui serait le moindre péché), mais une différence incontestable dans la bonne culture, la belle floraison et le mérite d'une difficulté quelconque vaincue ; mais il fallait, a-t-on dit, encourager tel ou tel amateur parce que celui-ci avait bien voulu envoyer au salon d'exposition une trentaine de Phlox souffreteux ou une cinquantaine de Fuchsia aux formes les plus hétéroclites, le plus souvent sans noms ou mal nommés, mal attachés, affreusement baguettes! Il faut avouer que des médailles ainsi distribuées ne méri- tent aucune attention, et l'on ne saurait être surpris si l'ama- teur exposant zélé, soigneux et par conséquent dans le cœur duquel battent quelques pulsations d'orgueil, se détourne découragé et honteux à la vue de pareilles prodigalités mal- adroites et, partant, funestes aux progrès de l'horticulture. Nous n'ignorons pas combien les fonctions des membres d'un jury sont délicates et difficiles, combien cette mission toute d'abnégation a à lutter contre la critique de vanités frois- sées; mais, critique pour critique, n'est-il pas cent fois préfé- rable qu'elle soit soulevée par une juste sévérité que par un excès de bonté? Ce n'est point une attaque contre qui que ce soit que nous lançons ici, c'est notre opinion individuelle, c'est aussi celle de beaucoup d'amateurs que nous formulons dans l'intérêt des sociétés d'horticulture en général. Passons à l'examen des concours du 15 juillet. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 185 Premier concours. — Bel envoi (entre amateurs). — Le premier prix est décerné à l'envoi de 75 plantes fait par M. Forekel de Laeken. Ce contingent n'était pas aussi beau que ceux que M. Forekel a coutume d'envoyer. Les deuxième et troisième concours sont restés sans ré- ponse. Quatrième concours.— Plante nouvelle. — Le premier prix est accordé au Tydœa amabilis , charmante Gesnériacée de la section des Achimènes, à fleurs d'un rose vif ponctué de carmin. Nous recommandons vivement à l'attention cette plante introduite de la Nouvelle-Grenade par l'exposant M. J. Linden. Le second prix est décerné à une Composée basse très-ra- mifiée, à rameaux grêles, humifuses, à feuilles petites, d'un vert agréable et à nombreuses fleurs, à disque brun et à rayons jaune d'or, fort gentilles et durant fort longtemps; cette plante était cultivée contre un petit treillis en fil de fer, de manière à former une tenture verte constellée d'étoiles d'or. M. de Janti , son propriétaire, l'a trouvée dans du dé- tritus provenant d'un envoi de la Nouvelle-Grenade. La forme de ses fleurs rappelle, quoique plus en petit, celle de V Aster Amello'ides. Cinquième concours. — Plantes nouvelles non fleuries. — Le prix (médaille de vermeil) est décerné à M. J. Linden pour son envoi consistant en douze plantes, dont dix prove- nant de ses introductions de la Nouvelle-Grenade et de Co- lombie. Les Calatkea pardina et metallica, le Heliconia me- tallica sont des plantes destinées à orner les serres chaudes humides; elles feront un effet superbe près d'un bassin au milieu de rocailles et de Fougères. Le Calyplraria hœman- tha et le Chœtogastra Lindeniana sont des Mélastomacécs à grandes fleurs d'un rouge vif et d'une beauté exception- nelle ; le feuillage du premier, d'un vert pourpré foncé métal- loïde, ample et coriace, fait un contraste heureux au milieu de plantes à feuilles vertes. Les Lomatia ferruginea et po- lyantha de la Patagonie, c'est-à-dire du bout du Nouveau J8G JOURNAL Monde, ont une teinle grise qui s'allie fort bien à leur port élégant et pyramidal. Sixième concours. — Semis nouveaux. — Le premier prix est accordé au Gloxinia nommé Général Brialmont, obtenu par Mme Legrelle-d'Hanis d'Anvers. Cette variété ap- partient à la serre des Gloxinia dits erecta, dont le type est le Gloxinia Fyfiana. Celte nouvelle race s'est enrichie depuis peu d'un grand nombre de magnifiques variétés; celle obte- nue par Mme Legrelle-d'Hanis est rose, le limbe est large, étalé et à pourtour rose carminé vif; l'orifice du tube est cerclé de gris ; c'est un fort beau gain. Parmi les autres semis de Gloxinia présentés par la même dame, nous avons sur- tout remarqué le Gloxinia Gabrielle Legrelle, à fleurs dres- sées, fond bleu, gorge bleu violet foncé, et le Gloxinia Comte de Flandre, fond rose, rehaussé de rose carminé vif. Le semis indiqué sous le nom de Maria Legrelle nous a semblé être peu différent s'il n'est pas identique avec l'ancien Gloxi- nia leuconeura. La couleur bleue des fleurs est peut-être un peu plus vive. M. Forckel avait exposé un certain nombre de Bégonia, hybrides? obtenus du Bégonia sanguinea, dont ils présentent tous les caractères, mais d'une extrême fécondité florale ; les uns avaient des fleurs roses, les autres coccinées. Ces plantes ont été beaucoup admirées. Le jury leur décerne le deuxième prix de semis nouveau. Septième concours. — Belle floraison. — Premier prix à YAphelandra Leopoldi , exposé par Mrae Legrelle-d'Hanis. Cette planle a été vivement admirée par le public connais- seur et non connaisseur. Le deuxième prix est décerné, à un bel exemplaire du Dendrobium nobile, envoyé par M. Forc- kel, et le troisième, à un Yeronica Andersonii, appartenant à l'horticulteur D. De Cock, rue du Faucon, à Bruxelles. Cette plante, dune culture irréprochable , avait plus d'un mètre et demi de hauteur et près de Irois mètres de circon- férence. De pareils résultats prouvent surabondamment quel parti un homme intelligent peut tirer d'une planle ordinaire, D'HORTICULTURE PRATIQUE. 487 comment, avec un peu de soin et de travail (rempotages suc- cessifs, pincements, arrosements d'engrais liquides, etc.), cette même plante, coûtant souvent à peine 50 centimes dans son état ordinaire, vaudra 15 à 20 francs traitée comme elle doit l'être. Beaucoup de plantes, sans aucun mérite lorsqu'elles sont cultivées en petits exemplaires , deviennent charmantes entre les mains d'un horticulteur qui étudie leurs besoins; c'est ainsi que le Cuphœa strigillosa ne signi- fie absolument rien lorsqu'il n'est pas bien traité; on ne voit alors que branches effilées , dénudées en partie, portant ça et là quelques fleurs. Mais voyez-le, tel que nous l'avons vu à différentes reprises exposé par M. F. De Craen , horticul- teur à Bruxelles, ou par M. Van Riet, alors vous direz avec nous : Voila une jolie plante. C'est surtout sur la bonne cul- ture des plantes que nous appelons l'attention des sociétés et des membres du jury. Les récompenses en ce cas ne de- vraient pas être épargnées, car elles peuvent s'adresser au pelit comme au grand cultivateur. Huitième concours. — Orchidées. — Trois collections fort remarquables se disputaient la palme ; le contingent de M. Linden, composé de vingt belles et rares espèces, l'em- porte et reçoit la médaille de vermeil. Nous signalerons le joli Odontoglossum Pescatorei , lequel joint au mérite d'avoir des fleurs d'un coloris rosé des plus frais celui de les olfrir sans difficultés ; VAerides affine, YEpidendrum vitel- linunij le Bolbophyllam Henschalli , aux fleurs bizarres et d'un coloris jaune paille tirant sur le fauve; le Coryanthes speciosa, et une autre espèce à labelle orange et brun, à pé- tales orange-rouge tigré, l'un et l'autre montraient aux ama- teurs cette singulière distillation de liquide miellé qui s'é- chappe de deux oreillettes ou cornes situées à la base de la colonne et vient s'épancher au fond de la cuvette qui forme la partie antérieure du labelle ; exsudation mystérieuse dont les botanistes ne peuvent se rendre compte. Les Coryanthes sont au reste des Orchidées bizarres dans toute l'acception du mot et dépourvues de grâce ; les deux larges sépales sont 188 JOURNAL repliés l'un sur l'autre et ressemblent assez bien à des ailes de chauve-souris flasques et ternes. Le deuxième prix est accordé à M. le chevalier Heynderyckx; sa collection, composée de treize espèces, comprenait des exemplaires bien fleuris des Oncidium flexaosum, tigrinum et sciurus, du bel et rare Myanthus fimbriatus, portant deux hampes à 6 et 7 fleurs ; le coloris vert clair du Libelle frangé, et vert pour- pré tendre moucheté des larges sépales et pétales, est d'un effet fort distingué. La troisième collection d'Orchidées , exposée par M. Forckel, reçoit un troisième prix; elle se composait de 2G espèces parmi lesquelles se distinguaient les jolis Catlleya intermedia et Loddigesii, les Oncidium flexuosum et sciurus, le Dendrobium nobile et le Phajus bicolor ; les fleurs insignifiantes de YEpidendrum nmbella- tnni (fleurs vert pâle), du Trigonidium Edgeworthii et du Maxillaria erubescens jetaient une ombre fâcheuse sur celte collection. Neuvième concours. — Pelargonium. — Les deux collec- tions exposées se ressentaient des variations de la tempéra- ture qui ont signalé le printemps et l'été de cette année; le contingent de M. Hamoir de Reus (premier prix) était nom- breux et composé de bonnes variétés, mais les exemplaires étaient trop petits et pas assez fleuris. Dixième concours. — Fuchsia. — Deux collections, appar- tenant à JIM. Éd. Blanquart et D. De Cock, obtiennent toutes deux le premier prix à mérite égal; la colleclion du premier amateur renfermait plusieurs nouveautés et variétés encore peu répandues, telles que Duchesse de Lancaster, superbe Fuchsia à gros tube blanc, Queen of Hanover, Oméga, Alpha, Glory (de Banks), Ladg Franklin, etc.; la collec- tion de l'horliculteur De Cock exhibait des plantes fortes, bien cultivées, choisies parmi les meilleures variétés d'une introduction moins récente que celles de M. Blanquart. Douzième concours. — Gesnèriacces (Achimenes, Gloxi- nia, Sinningia, etc.). Le premier prix est décerné à M. Van Tilborgh, pharmacien à Bruxelles. Nous avons vu dans celte D'HORTICULTURE PRATIQUE. 189 collection quelques jolis semis à fleurs blanches ornées d'une macule carminée, tantôt fort grande, tantôt étroite et semi- circulaire; un semis offrait la singulière anomalie d'avoir la base du tube corollaire de toutes ses fleurs munie de deux à quatre larges ailerons blancs. — La seconde collection ap- partenant à S. A. le duc d'Arenberg, comprenait plusieurs genres différents répartis en belles espèces d'ancienne date. Quatorzième concours. — Fougères. — Une fort belle collection, exposée par M. Linden, obtient le premier prix à la majorité des voix; le second prix est décerné au joli et frais contingent appartenant au duc d'Arenberg. Seizième concours. — Plantes d'un même genre.— Premier prix aux Calcéolaires herbacées de M. Roukens, jardinier de M. le baron De Prêt; ces plantes étaient fort bien fleuries, mais mal baguettées; les tiges étaient nouées en paquet. Ces oublis de toilette enlèvent aux plantes toute leur grâce. Un deuxième prix est accordé à une collection de Phlox Drummondide semis, présentée par M. Vanderkelen-Bresson; nous y avons remarqué une variété blanche fort distinguée. Dix-septième concours. — Plantes de 'pleine terre. — Le premier prix est décerné à M. F. Muller, de Bruxelles, pour une collection comprenant 60 espèces différentes et toutes de fort bon aloi, parmi lesquelles nous citerons le joli et nouveau Lysimachia Leschenaultii des Nilgherries, et le Lxjchnis Sieboldtii. Le même amateur reçoit le premier prix affecté au dix- huitième concours (plantes indigènes cultivées en pots). Cette collection ne comprenait pas moins de 95 espèces re- cueillies par M. Muller sur divers points de la Belgique. Qu'on se figure le temps et les fatigues qu'a exigés une pareille récolte composée des plantes les plus intéressantes et par conséquent rares de notre pays. Nous regrettons de ne pouvoir donner la liste complète des plantes formant ce contingent ; nous nous bornerons à signaler les Drosera lon- gifolia et rotundifolia, dont les bords des feuilles charnues disposées en rosette sont munis de longs cils rougeâtres et 190 JOURNAL brillants, et rappellent jusqu'à un certain point les fameux attrape-mouches d'Amérique (Dionœa nwscipida); ces jo- lies petites plantes ont un aspect exotique qui tromperait plus d'une personne peu au courant des richesses de notre Flore indigène. Une troisième médaille est encore accordée à M. Muller pour un envoi de 37 plantes de pleine terre à feuilles pana- chées; les Tussilago farfara, Achillœa mille foiium, Heme- rocallis, Hydrangea aurea et Arundo Donax font vraiment un fort bel effet. Dix-neuvième concours (Corbeilles). — Prix à M. J. Janné; cet amateur, au lieu d'arroser ses corbeilles avec la pomme d'un arrosoir, a imaginé de placer au centre du vase et caché entre la verdure un verre rempli d'eau dans lequel plongent les bouts de trois siphons en verre, tandis que les autres bouts distillent lentement, le liquide autour des ra- cines des plantes; de cette manière on évite de répandre de l'eau sur les parquets. Vingtième concours (Bouquets). — Médaille de vermeil aux six bouquets exposés par M. De Saegher, horticulteur à Molenbeek-Saint-Jean, près Bruxelles. Les bouquets pour ma- riage présentaient une innovation qui n'a pas paru heureuse à tous les appréciateurs; des boutons de fleurs d'Oranger étaient fixés à l'extrémité d'un fil d'archal vert très-mince ou tordu en spirale ; ces boutons éparpillés en grand nombre et dépassant la surface du bouquet, tremblottaient au moindre mouvement. — Le jury accorde en outre une médaille d'ar- gent à la belle collection de Bégonia de M. Lubbers , collec- tion que nous avons déjà eu occasion de citer aux expositions antérieures; une même médaille à la collection de Houx (08 variétés) et aux beaux Yucca de M. Rosseels de Louvain; une médaille également d'argent aux Roses coupées de M. Van Espen, horticulteur à Saint-Josse-ten-Noode-lez-Bruxelles. Nous réclamons l'indulgence de nos lecteurs pour ce rap- port étendu, eu égard aux notes instructives que l'exposition du 15 juillet nous a fournies. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 191 CHRONIQUE HORTICOLE. Mois de septembre. — On sème pendant ce mois plusieurs sortes de plantes annuelles, telles que Clarkia, Collinsia, etc., dans de petits pots que l'on conserve durant l'hiver sous châssis ou en serre froide pour les mettre, en mars ou avril, en place dans le jardin qu'elles orneront de bonne heure au printemps. On prépare les lits pour les Pensées du prin- temps; mettez en pots quelques exemplaires des meilleures variétés et faites-leur passer l'hiver sous châssis en hache froide, de la sorte, vous parerez à toules les éventualités d'un climat variable. C'est également le moment de semer les plantes bisannuelles, telles que Mathiola incana, sca- bieuses, etc. On relève les boutures et marcottes de Ver- veines pour les mettre dans de petits pots remplis d'un tiers de tessons et de deux tiers de bonne terre argileuse douce, et les placer pendant une dizaine de jours dans une bâche froide sous châssis fermés et ombrés pendant les heures de forte cha- leur; on les habitue ensuite graduellement à l'action de l'air. Activez la végétation des Primevères de la Chine au moyen d'arrosemenls d'engrais liquides. Disposez les couches à Vio- lettes odorantes. Les boutures de Rosiers thé, de Chine, Bourbon, etc., prennent maintenant très-facilement racine. Encre pour écrire sur les étiquettes en zinc. — Plusieurs personnes nous ayant demandé la recette pour faire celle encre, nous croyons être agréable à quelques autres de nos lecteurs en la publiant de nouveau. Prenez parties égales et réduites en poudre de vert-de-gris et de sel ammoniac, ajou- tez trois quarts de partie de noir de fumée ; triturez et mêlez bien le tout dans un mortier en pierre, ajoutez-y peu à peu de l'eau jusqu'à la proportion de cinq parties d'eau. Secouez le flacon chaque fois que vous employez l'encre. A défaut d'encre, on peut se servir avec grand avantage du crayon noir à dessiner dit de Conté, avec lequel on écrit très-rapide- ment sur les étiquettes en zinc dépoli. 192 JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. Composition préservatrice pour les bois et les métaux. — Celte composition, inventée par M. Machabee. se fait de la manière suivante : On fond ensemble 5 '/s parties de poix végétale, une partie de goudron minéral, '/«de partie de ré- sine de térébenthine du Pinus Larix, '/3 de partie de cire, 'le de partie de graisse blanche ; on ajoute, lorsque ces diflé- rents ingrédients sont en ébullition, '/î de partie de ciment romain et autant de chaux hydraulique finement tamisée, dans le cas où les bois ou métaux que l'on veut enduire de la composition sont exposés à l'action de la chaleur. On ap- plique à chaud et au moyen d'une brosse ordinaire. Cet en- duit est également utile pour préserver les murs et construc- tions en briques des effets de la décomposition produite par la chaleur et l'humidité des serres. Il faut avoir soin de bien nettoyer les surfaces avant d'employer la composition que l'on peut appliquer si l'on veut en plusieurs couches. Nouvelle variété de Raisin. — Ce Raisin a été obtenu par M. Busbydegraines du Raisin nommé Black Hamburgh (1). Il est de la couleur du Muscat blanc et ressemble par la forme et par le goût au Black Hamburgh. C'est une excellente acquisi- tion pour les forceries. Il mûrit en même temps que le Raisin noir de Hambourg. Cette nouvelle variété a reçu le nom de Stockwood Golden Hamburgh. 3IM. Veitch et fils, de Londres, les mettront dans le commerce au prix de ^0 fr. par plante. Le Thyrsacanthus Schomburgkianus de Nées ab Esenbeck est la même plante décrite longtemps après par M. Planchon, sous le nom de Thyrsacanthus rutilans. La première décou- verte de celte brillante Acanthacée est due à M. Parker, qui la trouva dans la Guyane anglaise. Le mérite de son intro- duction à l'état vivant en Europe revient néanmoins à MM. Linden et Schlim. (t) Le Raisin Black Hamburgh des Anglais est le même que celui que Ton cultive en Belgique sous le nom de Frankenthal. Dt>\ Le C fvti t te .> ci* te OeUoc JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. FRUIT FIGURÉ DANS CE NUMÉRO. POIRE CHARLES FRÉDERIX (Van Morts) (1). C'est en 4840 ou d841 que cette variété a pris naissance dans la pépinière de Van Mons, à Louvain. Elle porte le nom de M. le colonel Fréderix, directeur de la fonderie de canons à Liège, à qui elle a été dédiée par les fils du savant pro- fesseur. Le fruit est petit ou moyen, oblong, légèrement renflé vers son sommet, parfois pyriforme. L'épiderme, lisse, vert-clair, jaunit fortement à la matu- rité; il est ponctué de gris, panaché de roux, ombré de même couleur autour du pédoncule et du calice, et légèrement coloré du côté du soleil. Le pédoncule grêle, ligneux, brun, long de deux centi- mètres, est placé obliquement à fleur du fruit ou déplacé par une protubérance charnue. Le calice, couronné, ouvert, se trouve dans une cavité superficielle; ses divisions sont raides, brun-jaunâtre. La chair est blanche, fine, fondante; l'eau en est abon- dante, vineuse, sucrée et le parfum des plus agréables. (1) Annales de P ontologie belge et étrangère, 1854, p. 1. F. Parent, imprimeur-éditeur. N° 7. SEPTEMBRE iSSo. 13 \U JOURNAL C'est un fruit excellent, dont la maturité a lieu dans les premiers jours d'octobre. L'arbre, vigoureux et fertile, est propre à la pyramide et au haut-vent. Ses branches à fruits sont moyennes, brun-noisette, ponc- tuées de larges lenticelles grises et arrondies. Les supports sont moyens, allongés, légèrement ridés à la base, lisses et peu renflés au sommet. Le bouton à fleur est gros, allongé, brun-foncé, ombré de noir et parfois de gris ; il se termine en pointe aiguë. Les jeunes rameaux sont gros, longs, un peu flexueux, striés, renflés et cotonneux à leur sommet. L'épiderme, brun-noisette du côté du soleil, verdàtre du côté de l'ombre, est ponctué de lenticelles rondes, rousses, très-proéminentes par leurs bords et concaves par leur centre. Ces lenticelles sont irrégulièrement disséminées sur toute la surface du rameau et plus nombreuses du côté du soleil. Le gemme est gros, épaté, pointu, apprimé à sa base, écarté à son sommet et porté sur un renflement notable du bois; la couleur en est brun-clair, ombré de brun-marron. Les mérithalles sont courts et inégaux. Les feuilles sont moyennes, ovales ou ovales-lancéolées pointues, vert-clair, à bords relevés en gouttière et arquées à partir du pétiole; leur dentelure est large, arrondie, régu- lière et peu profonde. Le pétiole est assez gros, vert-clair, légèrement canaliculé, long de 16 millimètres. Sur les lambourdes les feuilles sont ovales, planes, finement serretées et supportées par des pétioles grêles, longs de 4 à 5 centimètres. Les stipules sont linéaires. Le Poirier Charles Fréderix mérite d'être introduit dans tous les vergers, à cause de sa vigueur, de sa grande fertilité et de ses excellents fruits. On le trouve dans plusieurs pépi- nières, entre autres, dans celles de M. de Bavay à Vilvorde, au prix de un franc pour greffes sur franc de un à deux ans. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 195 horticulture étrangère» PLANTES NOUVELLES ET RARES. 1° SERRE CHAUDE. PhysosiphoBi Loddigesii (Lindley), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4869. — Syn. : Stelis lubata (Loddiges). — Fa- mille des Orchidées. Celte Orchidée, très-commune dans les régions tempérées du Mexique, est assez insignifiante; ses fleurs sont très-pe- tites, verdâtres dans leur moitié inférieure et d'un orange rougeâtre dans leur partie supérieure ; elles sont disposées en épi, assez régulièrement d'un même côté et écartées les unes des autres, le long d'un pédoncule mince, dressé et allongé. L'aspect général est peu gracieux , le port est maigre; aussi ne pouvons-nous recommander cette espèce qu'en très-fortes louffes alors que de la base de chaque feuille s'élance un long épi; l'ensemble de tous ces grêles épis a quelque chose de léger qui plaît un moment. Les autres espèces du genre Physosiphon, savoir : Physo- siphon emarginatus (ou Pleurothallis) , Physosiphon spi- ralis (Lindley), Physosiphon carinalus (Lindley), Physo- siphon ochraceus (Rich. et Galeo(ti) ctSpecklinia dichotoma de Pœppig et Endlicher (probablement un Physosiphon), sont également des plantes qui ne méritent point d'être cul- tivées dans les serres où Ton recherche uniquement la beauté et l'élégance dans les fleurs. Achimencs heterophylla (De CàNDOLLE), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4871. — Syn. : Trevirania heterophylla (Mar- tius). — Syn : Aclvimenes ignescens (Cil. Lemaire). — Famille des Gesnériacées. Nous ne citons cette plante qu'à cause de la rectification spécifique indiquée par sir W. Hooker dans le dernier numéro du Botanical Magazine. Le nom A'ignescens (Flore 196 JOURNAL des serres et jardins, 3e vol., p. 248), que M.C.Lemaire avait imposé à cette jolie Gesnériacée, devra faire place à celui de heterophylla sous lequel elle avait été bien antérieurement décrite par M. Marlius. L'épilhète (Vic/tiescens était cepen- dant bien appliquée, et certes plus heureuse que celle de heterophylla , dont l'exactitude n'est pas toujours rigoureu- sement appréciable ; en effet, l'une des deux feuilles qui for~ ment les paires d'organes foliacées le long des tiges n'est pas constamment plus petite que sa compagne opposée, et cette dissemblance n'est pas assez grande pour frapper les regards et évoquer de suite, comme cela a lieu dans d'autres plantes, le nom d'hétérophylle. Biiibergia viridifiora (H. Wendland), figuré dans la Flore des serres, pi. 1019 et 10:20. — Famille des Broméliacées. Cette espèce se distingue de ses congénères par la cou- leur verte uniforme de ses longues fleurs assez distancées les unes des autres et formant un racème allongé, lâche et pendant, d'un port élégant. — Les feuilles sont longues, canaliculées , réfléchies-arquées , longuement acuminées , épineuses seulement vers le milieu; la base et l'extrémité sont à bords entiers (dans les exemplaires de M. Van Houtte, les feuilles sont dentelées-épineuses dans presque toute leur longueur) ; scape égalant à peu près la feuille, garni de brac- tées lancéolées, étroites, plus ou moins dentelées et de cou- leur rose; racème allongé, simple à extrémité penchée; fleurs solitaires, écartées, pendantes, à longs pédoncules presque horizontaux, munis à leur base d'une petite brac- téole brun-verdâtre; divisions du périgone glabres, lui- santes, vertes, un peu pruineuses; la partie du calice qui renferme l'ovaire est subglobuleuse-allongée et de couleur brunâtre-foncée d'un fort bon effet. Somme toute, le Bill- bergia viridifiora nous a paru fort intéressant; il a fleuri en 1854, chez M. Van Houtte et dans les serres du jardin royal de Herrenhausen près de Hanovre; on suppose que le Ve- nezuela est la patrie de cette plante. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 197 SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Ërcntiirus spectabilis (1) (BlEBERSTEIN), figuré dailS le Bot. Mag.j pi. 4870. — Syn. : Eremurus Altaicus, Caucasiens et fauricus (Steven). — Asphodelus Sibiricus (Sievers) ; Asphodelus Altaicus (Pallas). — Famille des Asphodé- lées. — Hexandrie Monogynie. Cette Asphodélée est une plante des plus remarquables de la Tauride, du Caucase, de la Sibérie Altaïque et du Scinde; elle sera acceptée par les amateurs avec d'autant plus d'empressement qu'elle est rustique sous notre climat. Il paraît qu'elle varie assez dans son aspect général et sur- tout dans la longueur et la largeur des feuilles, ce qui explique comment le botaniste Steven a pu former trois espèces des formes différentes qu'affectait Y Eremurus spec- tabilis selon la nature du sol et la hauteur supra-marine des stations où végète cette plante. Racines vivaces, fibreuses, charnues. Feuilles toutes radi- cales, de iS à 50 centimètres de longueur, et de 1 et demi à 5 centimètres de largeur, linéaires- ligulées (en bande étroite), d'un vert glauque, canaliculées, obscurément caré- nées, engainantes à la base. Scapes (racèmes compris), trois ou quatre fois aussi longs que les feuilles, dressés, arrondis, striés, et pourvus de bractées. Racème allongé, subcylin- drique, mulliflore. Fleurs très-nombreuses, dressées à l'état de boutons, étalées lorsqu'elles sont épanouies. Bractées du racème subulées, généralement plus courtes que les pédi- celles, ceux-ci ont environ 2 à 5 centimètres de longueur. Périanthe divisé jusqu'à sa base en six sépales ovés-ellip- tiques, étalés, de couleur jaune de soufre, légèrement teinté d'orange. Six étamines à filets un peu plus longs que les sépales, orange dans leur moitié inférieure; anthères oblon- (1) Eremurus est composé de deux mots grecs, signifiant : queue du désert, par allusion aux longs épis floraux de cette plante, orne- ment de contrées sauvages. 108 JOURNAL gués, orange-foncé. Ovaire globuleux, style subulé; stigmate simple, petit. VEremurus spectabilis montre ses longs et magnifiques racèmes de fleurs jaune-soufre dans le mois de juin. On le cultivera, comme Y Asphodelus luteus, à une exposition chaude. Cette plante, introduite dans les jardins anglais dès l'an- née 1800 (London, Encyclopœdia of plants, page 278), avait été perdue dans les cultures; sa réapparition sera donc saluée avec le même plaisir que si cette espèce était nouvelle. Leptodaetyloti Californien]» (FIûOKER et ARNOTT), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4872. — Syn. : Gilia Californica (Bentham). — Famille des Polémoniacées. — Pentandrie Monogynie. L'honneur de l'introduction de cette délicieuse plante rus- tique revient à M. W. Lobb, qui en envoya des graines ré- coltées par lui à San-Bernardino (Californie du Sud) à MM. Veitch, d'Exeter et de Londres. Grâces aux soins de ces habiles horticulteurs, nos jardins vont être dotés d'une plante précieuse et par la beauté de ses fleurs, et par sa do- cilité à supporter en plein air les rigueurs de nos hivers. Le faciès du Leptodactylon est celui d'un Phlox ; aussi l'a-t-on comparé assez justement à Londres aux Phlox épi- neux de la Sibérie et des États-Unis. M. Lindley, en disant que le Leptodactylon ressemble à un Ulex europœus ou ajonc touffu et chargé de fleurs analogues à celles de Phlox macu- lata par la grandeur et la forme, mais d'un rose délicat au lieu d'être d'un pourpre foncé, a parfaitement indiqué l'as- pect général de la brillante nouveauté californienne dont nous espérons offrir , dans un prochain numéro, un dessin à nos lecteurs. Nous nous bornerons à dire pour le moment que le Leptodactylon Californiciim forme un petit arbris- seau très-branchu, à feuilles externes, profondément divisées en cinq ou sept segments subulés, arrondis, roides, imitant dans leur disposition des doigts étalés et écartés. Les fleurs D'HORTICULTURE PRATIQUE. 199 naissent sur les courtes branches latérales, et elles sont en si grand nombre qu'elles cachent les feuilles et les branches. Helianthemum tuberaria (MlLLER; DE CâINDOLLE), figuré dans le Bot. 3Iag., pi. 4875. — Famille des Cistinées. — Polyandrie Monogynie. Voici encore une plante oubliée depuis longtemps et qui, cependant, il y a un siècle, faisait les délices des amateurs. Nos aïeux avaient bien raison d'aimer cet Hélianthème aux larges fleurs, s'épanouissant en plein soleil et dorant pen- dant plusieurs semaines de leurs brillantes corolles d'un jaune vif les rocailles des jardins. Empressons-nous donc de réintégrer dans nos parterres une plante charmante et de culture facile ; tous les soins se bornent à rentrer les pieds à la fin de septembre et en octobre dans l'orangerie et à les tenir modérément arrosés pendant l'hiver; au mois de mai, on les transplantera dans un sol rocailleux et situé en plein soleil. Le nom spécifique de tuberaria a été donné à cet Hé- lianthème, parce qu'il se trouve fréquemment dans les en- droits où abondent plus ou moins les truffes (1). Racines vivaces. Feuilles presque toutes radicales, spa- ihulées, aiguës, entières, poilues et plus ou moins tomen- teuses, à trois nervures, s'amincissant inférieurement en un long pétiole. Tiges florales dressées, portant quelques petites feuilles parfois opposées, sessiles, ovées, aiguës. Panicule au sommet des tiges, ramifiée à rameaux portant des racèmes dirigés d'un même côté. Pédicelles munis de bractées à leur base. Fleurs penchées avant leur épanouissement, redressées lorsqu'elles sont ouvertes et exposées en plein soleil. Calice glabre à cinq sépales, dont deux externes plus petits et trois internes grands et très-concaves. Cinq pétales d'un jaune brillant, amples, obcordés, étalés avec une grande macule rouge de sang foncé à la base. Étamines nombreuses; an- (1) Des cultivateurs anglais ont donné à cette espèce le nom assez bien appliqué d' Hélianthème à feuilles de plantain. 200 JOURNAL thères subglobuleuses, d'un jaune foncé presque orange. Les Heurs commencent à se montrer en juillet et se succèdent pendant fort longtemps. saivia carduacca ( Bentham ) , figuré dans le Bot. Mag., pi. 4874. — Famille des Labiées.— Diandrie Monogynie. Cette Sauge, remarquable par son feuillage dentelé-épi- neux rappelant celui des Chardons, provient de la Califor- nie, d'où elle a été introduite chez MM. Veitch par les soins de M. Lobb. Elle est vivace et très-rustique, et mérite d'être cultivée; car ses fleurs sont grandes, admirablement fran- gées, d'une couleur violet pâle presque lilacée et à anthères d'un orange foncé: ces fleurs, disposées en verticillcs, pré- sentent à leur base des bractées et des feuilles florales ar- rangées de façon à former une collerette laineuse sur la- quelle reposent les fleurs; disposition que Ton retrouve parfaitement dans le Morina persica. La Salvia carduacea fleurit en juillet. La tige atteint une hauteur de 50 à 45 cen- timètres ; elle est dressée, quadrangulaire et striée, très- laineuse et se ramifie dès la base. Feuilles toutes radicales, oblongues-spathulées, pétiolées, sinuées, à lobes aigus den- telés-épineux, couvertes en dessus d'un tissu analogue à celui d'une toile d'araignée, et en dessous d'un duvet laineux épais. Fleurs terminales, en larges et denses pseudo-verli- cilles ; le faux verticille inférieur ordinairement plus écarté des autres. Bractées et feuilles florales verlicillées, étalées, mais imbriquées à la base (celle-ci est large et sessile), oblongues, aiguës, sinuées-épineuses, très-laineuses. Calice renflé, laineux. Corolle à tube blanc, aussi long que le calice (environ 2 centimètres); limbe d'un violet-bleuâtre pâle, biparti; lèvre supérieure oblongue, bifide, laciniée; lèvre inférieure trifide à lobes latéraux petits, lancéolés, entiers, l'intermédiaire ample, flabelliforme, profondément fimbrié. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 201 Culture marûtcljcre. SIR L'ORIGINE, LA PROPAGATION ET LA CULTURE DE LA FRAISE. (Suite et fin. — Voir p. 177.) « Il arrivera quelquefois qu'un dérèglement des saisons sera cause que le fruit hâtif et celui d'une saison moins avan- cée mûriront presque à la fois, tandis que, ordinairement, il y a une distance de trois semaines entre les époques de l'ar- rivée de maturité de ces mêmes deux sortes. » Il faut soigneusement sarcler les mauvaises herbes de ses planches de fraises, et conserver la première distance entre les racines. Dans l'automne , quand vous aurez choisi assez de filets pour les nouvelles plantations, nettoyez les plantes mères de tous ceux qui y restent, aussi bien que de la paille qui a servi à soutenir le fruit, ayant soin cependant de ne pas ôterles feuilles. Au printemps, ayant nettoyé les planches, on devra répandre du fumier consommé sur la surface, pour que la pluie en fasse descendre le suc jusqu'aux racines fibreuses, autrement on peut y verser de l'engrais liquide, pourvu qu'il ne soit pas fort. Le guano est sans doute le meilleur, mais il faut s'en servir avec ménagement. Il vaut mieux laisser venir le mois d'avril pour ôter les vieilles feuilles de vos plantes, car dans le cas où il arriverait une forte gelée, ce qui arrive souvent en mars, elles serviront à protéger les feuilles tendres et poussantes qui seraient en danger, sans celte protection , d'être tuées par le mauvais temps. » Il ne faut jamais remuer avec la bêche ou la fourche la planche où vous avez planté vos fraises, car on ne peut le faire sans nuire aux racines fibreuses qui sont d'une grande importance pour faire mûrir du beau fruit; on ouvrirait 202 JOURNAL ainsi le sol, de sorte que dans la saison de la fructification, la chaleur du soleil y pénétrerait facilement, ce qui ferait grand tort au fruit dont les racines aiment tant la fraîcheur. Pour preuve convaincante du préjudice qu'on porte aux plantes en remuant et bêchant leur lit, j'en appelle à l'ex- périence de mes lecteurs, qui ont dû souvent remarquer, sans en savoir peut-être la cause, que malgré que leurs plantes eussent poussé abondamment et montré des fleurs au printemps, elles n'ont guère, à leur grand chagrin, rap- porté de fruit. » Dès que le fruit commence à prendre forme, et jusqu'à ce qu'il commence à changer de couleur, on ne saurait lui donner trop d'eau, plus on lui en donne, plus on lui fait de bien ; mais après que ce changement a eu lieu, les planches ne peuvent pas être tenues trop sèches, pour ne pas courir risque de nuire au goût et à la couleur du fruit. On donne d'abord beaucoup d'eau, pour empêcher le sol de se fendre en temps sec, sans cela les fibres, qui passent à travers les fentes, seraient tellement forcées qu'elles ne seraient plus d'aucune utilité à la plante. Dès que le fruit est parvenu à la moitié de sa grosseur, on doit répandre de la paille entre les plantes et à la file; puis il faut mettre de la paille de fro- ment de l'épaisseur d'un pouce entre ces files, ou bien on peut se servir de litière fraîche pour les deux opérations. De cette manière, l'on empêche que les fraises soient salies par les parcelles de terre, que les grosses pluies ou l'eau des arrosements feraient jaillir dessus, ou que le sol ne se dessèche trop vite, et l'on conserve au fruit sa propreté et sa fraîcheur. » Aussitôt que j'aperçois de beaux fruits se former, j'ai l'habitude de faire passer des morceaux d'ardoise dessous et sur la paille, lesquels, en attirant la chaleur du soleil, font que le fruit se colore d'une manière uniforme. >» Au lieu de paille, on se sert souvent d'herbe qu'on re- cueille en fauchant les gazons; c'est un usage à condamner fortement; car, pour peu qu'il tombe de pluie, ou même à D'HORTICULTURE PRATIQUE. 203 cause de l'humidité naturelle de la terre, l'herbe se moisit et alors le fruit prend un mauvais goût qui le gâte encore plus que la poussière. Peut-être même n'est-il pas absurde de croire que l'usage de la paille (straw) est la cause de son nom anglais, slrawberry. La distance convenable pour la plantation des meilleures et des plus grosses sortes, est de deux pieds (0m,G0) dans chaque direction. » Quand on veut être à même de se procurer des fraises en toutes saisons, il faut cultiver plusieurs espèces, en com- binant les plus hâtives avec les plus tardives et au moyen de la culture forcée. » Pour qu'on puisse avoir du fruit de bon goût deux fois par an des mêmes plantes, il faut faire choix des espèces les plus fécondes; dès que la récolle du printemps est passée, on a soin de les effiler et de leur appliquer du jus de fumier ou autre engrais liquide, puis on enfonce les pots, les lais- sant en plein air jusqu'à l'automne; quand les plants auront fleuri et noué pour la seconde fois, on les remettra dans la serre pour que la chaleur artificielle perfectionne le goût et la couleur du fruit. » Il y a des variétés qu'on appelle perpétuelles, qui d'elles- mêmes rapportent du fruit deux fois par an; cependant, à mon avis, tel fruit qui mûrit à l'air libre, ou pendant l'au- tomne, ou de bonne heure au printemps, ne vaut presque jamais rien , vu qu'il n'a jamais la saveur exquise que le soleil d'été seul peut donner. » On ne devrait chasser ni les grenouilles, ni les crapauds, qui ne fréquentent les planches de fraisier qu'à cause de l'ombre qu'ils y trouvent, rendent de bons services, en man- geant les escargots, les limaces et autres insectes qui gâtent le plus beau fruit. Qu'un cultivateur de fraises regarde un crapaud ou une grenouille quand il bâille (sans en faire autant lui-même), et il s'apercevra sur-le-champ, à la forme de la gueule de ces reptiles, que la nature ne les a pas des- tinés à vivre de fruits. J'ose affirmer qu'il n'existe pas dans nos jardins d'êtres moins nuisibles ou plus amis du cultivateur. 204 JOURNAL » Enfin, en terminant ce petit traité où j'ai tâché de faire part à l'ami lecteur du résultat de mes expériences, il ne me reste qu'à donner en dernier lieu un conseil à tout cultiva- teur de fraises : qu'on se dépouille de toute prévention à l'égard de la culture de cette plante, et agisse selon les pré- ceptes que je viens de donner, et je me contenterai de m'en rapportera la production et au goût de son fruit, pour prou- ver avec le temps combien la culture que j'ai indiquée sur- passe toute autre; bien entendu que je ne garantis nulle- ment qu'on parviendra, même en adoptant celte méthode, à produire un fruit supérieur, ou même égal, à la fraise Sir ffarry. » Nous ajouterons à cette intéressante notice que des cul- tivateurs distingués recommandent de ne pas planter trop serré, c'est-à-dire que les Fraisiers doivent être séparés de 40 centimètres les uns des autres et disposés en rangées d'un écartement d'au moins 75 centimètres. Le guano, soit en poudre lorsque le temps est pluvieux, soit mélangé aux eaux d'arrosement, produit un excellent effet sur les Fraisiers lorsqu'ils sont en pousse. A défaut de véritable guano, on peut se servir avec efficacité de bouillon de fumier d'étable bien consommé que l'on verse autour du collet des plantes de manière à ne pas enfouir les feuilles du Fraisier. MEMOIRE SLR LE CHOIX ET LA CULTURE DES PORTE-GRAINES, Par 51. Leîsorma^d père, cultivateur-maraîcher. (Suite. — Voir p. 174.) Raves et radis. — On sème les radis roses, ronds et demi-longs pour graine en septembre; lorsqu'ils sont bons à arracher, on choisit les plus francs de chaque variété, c'est-à-dire ceux qui réunissent à une forme régulière, à une couleur vive, les racines les plus fines et les plus blanches; puis on les plante en pépinière pour passer l'hiver. Pendant D'HORTICULTURE PRATIQUE. 205 les froids, on fait en sorte de les préserver de la gelée, et en mars ou en avril, on les plante par rangs disposés de manière qu'ils se trouvent à 15 centimètres les uns des autres en tous sens. On sème les raves en janvier sur couche et sous châssis, et on les plante comme les radis aussitôt que l'état de la température le permet. Quant aux radis noirs, on les sème dès le mois de juin, et à l'approche des gelées on les arrache pour les enterrer dans la serre à légumes. Au printemps, on prend les plus longs et les plus nourris, ceux dont la peau est fine et d'un beau noir, puis on les plante par rangs comme les radis roses. Pour éviter toute espèce de croisement entre les raves et les radis, il ne faut pas les planter dans la même localité. De semblables précautions doivent être observées pour les radis de variétés différentes; ces variétés fleurissant toutes à la même époque : le seul moyen d'éviter qu'elles ne dégénè- rent consiste à laisser la plus grande distance possible entre chacune d'elles. Il faut aussi que les radis cultivés pour graines soient distancés de deux ou trois kilomètres des navets et des autres crucifères sauvages qui croissent dans les champs. Voici à peu près les plantes légumières qui demandent le plus de soins et de précautions durant la formation et dans la récolte de leurs graines, pour obtenir des améliorations ou prévenir leur dégénérescence. Nous ne nous occuperons pas ici du choix et de la culture des porte-graines des gros légumes ou autres, qui n'entrent pas dans la pratique des maraîchers du département de la Seine; mais si l'on désire améliorer ces végétaux utiles, on devra procéder comme il est expliqué ci-dessus et prendre les mêmes moyens préventifs pour écarter toute cause de dégénération provenant de fécondations étrangères. On trouvera peut-être que nous exagérons les précautions à employer pour obtenir ce résultat? Peut-être sembleront- elles d'une pratique difficile, sinon impossible? Il y a cepen- dant un moyen aussi simple qu'aisé de résoudre cette diffi- 20(5 JOURNAL culte : c'est celui qui est en usage chez les maraîchers de Paris et de ses environs, et que nous allons indiquer. Nous appelons sur cette partie de notre mémoire toute l'attention des lecteurs, car nous tenons les indications qui vont suivre pour essentielles, et nous attribuons à leur observation la création , la conservation et l'amélioration des excellentes races légumières qui ont porté si haut la renommée des cultures de la capitale. Il est rare que l'on cultive, dans un même marais, plus de trois variétés de la même race de plante, et comme les graines bien constituées conservent durant trois années leurs facultés germinatives sans affaiblissement, on ne fait pro- duire, chaque année, de graines qu'à une seule de ces variétés ; dès lors on est certain de les obtenir pures de tous mélanges. On ne cultive jamais, pour en obtenir de la graine, la même espèce de plante plus de trois années consécutives dans le même sol, et il serait encore préférable, si cela était possible, de leschanger chaque année d'emplacement et même de nature de terrain. Les semis doivent être l'objet d'une observation attentive et constante. Lorsqu'une plante prend un développement extraordinaire, que des dissemblances notables, soit dans le feuillage, soit dans tout autre signe particulier, se remar- quent entre elle et son type, il faut la soigner spécialement. Si son produit offre une qualité distincte ou préférable, on la multiplie, et si l'on arrive à la fixer, on a créé ainsi une variété améliorée. Les porte-graines doivent toujours être placés dans les conditions les plus favorables à leur développement. Le terrain destiné à la plantation doit avoir été fumé et préparé par de bons labours. Après la plantation, de fréquents binages et des arrose- ments donnés à propos constituent à peu près tous les soins que réclame celte culture. Malheureusement, l'étendue si considérable des cultures D'HORTICULTURE PRATIQUE. 207 destinées à l'approvisionnement du commerce de Paris ne permet pas toujours, il s'en faut, de procéder comme nous le faisons dans nos marais; il faudrait pour cela élever con- sidérablement le prix des graines, quoique cent plantes convenablement soignées produisent plus de graines que mille traitées comme elles le sont ordinairement , et qu'il y ait là économie d'emplacement et de temps réduisant d'au- tant l'ensemble des frais; malgré, encore, l'économie résul- tant de ce que les graines provenant de plantes bien cultivées sont de qualité supérieure à celles qu'on récolte sur des plantes n'ayant reçu, le plus souvent, que quelques binages pour toute culture; privées d'arrosements, ces dernières produisent nécessairement des graines maigres et affaiblies dont beaucoup manquent et qui, pour le restant, donnent naissance à des plants maladifs et peu vigoureux. Ici est encore une des milles causes qui peuvent ramener progres- sivement et infailliblement les végétaux cultivés à leurs types sauvages. Pour obvier à ces graves inconvénients, nous croyons donc qu'il serait de l'intérêt général bien entendu, que les sociétés horticoles provoquassent par tous les moyens en leur pou- voir, la création d'établissements modèles pour la culture des porte-graines des plantes potagères, ustensiles suivant leur besoin et disposés au mieux de leur destination; on ferait ainsi disparaître ces concentrations de cultures placées au milieu des plaines où les plantes améliorées croissent en quelque sorte parmi les races sauvages. Nous pensons aussi qu'un autre moyen puissant d'obtenir ce résultat serait que ces sociétés ouvrissent des concours de diverse nature ayant pour but de récompenser dignement les cultivateurs qui apporteraient au choix et à la culture des porte-graines tous les soins qu'exige cette partie délicate de la culture alimen- taire. En procédant ainsi, les sociétés d'horticulture ren- draient un grand service au pays et donneraient au commerce des graines une importance plus grande encore que celle qu'il a déjà. (V Horticulteur français.) 208 JOURNAL SUR LA CLASSIFICATION DES PRUNIERS. Il en est du prunier comme du pommier, du poirier, du pêcher et des autres arbres fruitiers, c'est-à-dire que quel- ques espèces peuvent être considérées comme ayant été pri- mitivement introduites de l'Orient , tandis que d'autres ont été gagnées de semis faits par la main de l'homme ou se sont produites spontanément. M. Liegel, pharmacien et pomologue à Braunau en Au- triche, que l'on peut considérer à juste titre comme le plus grand connaisseur de prunes, évalue le nombre des espèces connues en Europe à environ deux cents, réparties en vingt genres. Sur les deux cents espèces, cinquante sont de premier rang ou qualité, cinquante de deuxième rang, les cent autres sont de troisième rang et ne valent pour ainsi dire pas la peine d'être cultivées; elles n'intéressent guère que le pomolo- gue qui fait une étude spéciale des fruits et de leurs variétés. On divise les pruniers en classes, en ordres, en genres, en espèces, en variétés, etc. Il y a deux classes de pruniers : les Dactyloïdes (Couët- sches) (I) et les Damas. (1) Nous avons remplacé le nom générique de Couëlsche, mot d'une orthographe variable (Couëtch, Quetch, Quëstch, Kwetsch, etc.), dur à l'oreille et encore plus désagréable à prononcer dans ses composés (Couelschienne, par exemple), par la dénomination latine équivalente de dactyloïcle, qui a le grand avantage de rappeler immédiatement la l'orme allongée et plus ou moins semblable à des dattes qu'affectent un grand nombre de prunes cultivées. Cette dénomination est en quelque sorte adoptée par les nations du midi, qui, tout en ne les cultivant guère, comparent les prunes allongées à des dattes. On a également des Prunes-dattes; Pnmi dactyli en latin. Le nom de Couëlsche est d'ori- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 209 Chacune de ces classes présente deux ordres : arbres à rameaux d'été glabres et arbres à rameaux d'été velus. Les sous-ordres ont été formés d'après la couleur du fruit. Chaque ordre contient cinq sous-ordres. On enlend par espèce, tout prunier individuellement. L'es- pèce doit se reproduire invariablement par sa graine, comme, par exemple, le prunier sauvage, Prunus spinosa, comme le fait le cerisier sauvage, etc. Les variétés ne se reproduisent pas invariablement par leurs graines, quoique les produits présentent les caractères généraux du type. Le noyau d'une reine-Claude, par exem- ple, ne donnera jamais un arbre à fruits allongés, comme l'arbre provenant du noyau d'une prune dactyloïde ne don- nera jamais des fruits ronds. D'une autre part, il existe des variétés qui ne se repro- duisent jamais de semis ; on est donc obligé de les multiplier par la greffe. Il est important de ne pas perdre de vue que la classifica- tion pomologique diffère sous certains rapports de celle du naturaliste, parce que les caractères dont elle fait usage sont nécessairement souvent artificiels, tandis que le naturaliste n'a égard qu'aux caractères naturels. C'est ainsi que les natu- ralistes comprennent dans le genre Prunus le cerisier, l'abri- cotier et le prunier proprement dit, qu'ils divisent en trois groupes, formés d'après des caractères spécifiques naturels, tandis que le pomologue ne s'occupe exclusivement que du dernier, et classe les cerisiers et abricotiers d'après des prin- cipes différents. Nous avons déjà fait remarquera une autre occasion que la création d'une bonne classification de fruits est chose fort difficile, parce que les formes des fruits, de même que le gine barbare et fut introduit en Allemagne, avec le prunier qu'il caractérise, par les peuplades slaves qui émigrèrenl du nord de l'Asie vers le centre de l'Europe. En Suisse et dans plusieurs contrées de l'Allemagne, on extrait, sous le nom de Zwetschemvasser une liqueur alcoolique de certaines prunes Couetsche ou Zivetschen. 3° 7. SEPTEMBRE I80S. 14 210 JOURNAL port et les parties externes (feuillage, etc.) des arbres, ne présentent rien de tranché ni d'absolu comme le sont les ca- ractères naturels des plantes. « Le meilleur système, dit M. Liegel, serait celui qui aurait pour base la forme du fruit; » mais ce caractère ne suffit pas seul, et le pomologue est forcé de recourir à d'autres caractères, tels que la nature de la peau, de la chair, la forme du noyau et le port de l'arbre. Nous ne citerons les classifications des anciens que dans le but de faire voir que, longtemps avant notre époque, on cul- tivait déjà un grand nombre de variétés de prunes. Pline en cite douze espèces différentes : les bigarrées, les blanches, les prunes d'âne, les noires, les jaunes de cire, les purpu- rines, les prunes d'Arménie, les prunes à forme de noix, celles à forme d'amande et de pomme, les damas et les vineuses. Le système de classification du curé Christ se compose de trois classes générales, savoir : 1. Les Couetsches ou prunes allongées (ce sont nos prunes dactyloïdes). La forme du fruit est allongée; l'arbre se charge d'épines; les pousses d'été sont glabres, jamais velues; les fibres du bois grossières; les feuilles fortement dentées et d'un vert jaunâtre. 2. Les Prunes de Damas. Le fruit est arrondi ; l'arbre vigoureux est dépourvu d'épines. Les pousses d'été sont ve- lues ou laineuses, le bois est tendre, et la couleur des feuilles est foncée. 5. Les Mirabelles et Reines-Claude. Fruit arrondi ou cor- diforme ; végétation faible, sans épines. Les pousses de l'été grêles, à peine laineuses. Cette classification est inexacte sur plusieurs points, car il existe des pruniers de première classe qui ont des pousses velues, tandis qu'il y en a dans la seconde qui les ont gla- bres. M. Liegel, dans son nouveau système des prunes, a pris pour caractère principal de ses classes la forme du fruit, et D'HORTICULTURE PRATIQUE. 211 il a formé ses ordres d'après les pousses de l'été, selon qu'elles sont glabres ou velues. On ne peut qu'approuver ces prin- cipes, car tous les fruits qui offrent de l'identité dans la forme doivent être classés ensemble, ce qui facilite d'ail- leurs les recherches. M. Liegel appelle les longs fruits Couetsches (prunes dac- tyloïdes); les ronds, Damas; dénominations qui ont été gé- néralement adoptées par tous les pomologues modernes. Comme il se trouve dans les pruniers à fruits allongés, ainsi que dans ceux à fruits ronds, des pousses tantôt glabres, tantôt velues, on désigne les arbres à fruits ronds et à pousses velues, Damas vrais, et ceux à fruits ronds et à pousses glabres, Prunes de Damas dactyloïdiennes. Les arbres à fruits longs et, à pousses glabres, Prunes dac- tyloïdes vraies, et ceux à fruits longs et à pousses velues, Prunes dactyloïdes damasiennes. La couleur des prunes étant très-variable, on l'emploie à l'a formation des subdivisions. Elles sont bleues, rouges, jaunes, vertes, bigarrées. Les feuilles sont tantôt glabres, tantôt glabres au-dessus et velues en dessous, ou poilues sur les deux surfaces. Les pédoncules fournissent de bons caractères, selon qu'ils sont velus ou glabres. PREMIÈRE CLASSE. jLes prunes dactyloïdes. Prunes domestiques , à fruits allongés-ovales, c'est-à-dire fruits plus longs que gros. Premier ordre. Prunes dactyloïdes proprement dites. Primes domes- tiques vraies, à pousses d'été glabres. a) Fruits bleus; b) rouges; c) jaunes; d) verts; e) bigarrés. Second ordre. Prunes dactyloïdes damasiennes. A pOUSSeS d'été velues. Les fruits sont subdivisés d'après la couleur comme ci- dessus. 212 JOURNAL DEUXIÈME CLASSE. i>es prunes de Dama». Prunes de Damas proprement dites, à iruits ronds et arrondis. Premier ordre. Prunes de Damas dactyloïdiennes. A pousses d'été glabres. a) fruits bleus ; 6) rouges; c) jaunes; d) verts; e) bigarrés. Second ordre. Prunes de Damas Traies. A pOUSSeS d'été, Velues. Elles sont subdivisées comme ci-dessus. Si maintenant il s'agit de rechercher une prune inconnue dans ce système, et supposé qu'on ait sous la main un livre dans lequel les prunes sont décrites d'après ce système, on regarde si elle est longue ou ronde. Si elle est longue, la prune appartient à la première classe, les dactyloïdes. En- suite on considère les pousses de l'été ; si elles sont glabres, sans poils ou duvet, elle appartient aux dactyloïdes propre- ment dites. Si le fruit est bleu foncé, il appartient à la subdi- vision des fruits bleus. A défaut de pousses de l'été, on cher- chera aussi dans la première classe, second ordre, où il y a des arbres à pousses velues, et dans la subdivision a, et on trouvera le fruit même sans les pousses de l'été. Si dans des subdivisions se trouvaient plusieurs fruits à peu près identiques sous le rapport de la grosseur, de la forme et de la couleur, on regardera si le pédoncule est plus ou moins long ou court, et principalement s'il est poilu ou glabre, lisse ou verruqueux. D'autres caractères décisifs sont fournis par les arêtes et fausses arêtes du noyau, ainsi que par les feuilles et par les pétioles glabres ou velus. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 213 I1XEHPLE8 DE LA CLASSIFICATION DES PUCIVES. Première classe. — Les Primes dactyloïdes. Fruils allongés ovales. Premier ordre. — Les Dactyloïdes proprement dites. Pousses de l'année glabres. A. Fruits bleus. Prune d'août; prune Prince Englebert; Damas longue violette ; prune datte; Diaprée bleue; prune domestique commune. B. Fruits rouges. Diaprée rouge: prune à œuf rouge; l'Impériale rouge. C. Fruits jaunes. Prune datte grosse jaune; prune à œuf ou magnum bonum; la pré- coce jaune; reine-Claude précoce jaune. D. Fruits verts. La prune verte italienne; la prune de l'île. E. Fruits bigarrés. Prune de Berlin ; Rognon de coq. Second ordre. — Les Dactyloïdes damasiennes. Pousses de l'année velues. A. Fruits bleus. Petite prune de Damas; prune de Damas tardive noire; diaprée violette ; prune sans noyau ; Waran-Erik. B. Fruits rouges. Bardah-Erik; prune rouge. C. Fruits jaunes. Prune de Catalogne; prune orangée; Susina seltem brica gialla. D. Fruits verts. Prune datte verte ; prune datte blanche de l'Inde; Couetsche verte striée. E. Fruits bigarrés. Prune portant deux fois ou remontante. 2U JOURNAL Deuxième classe. — Les Prunes de Damas. Fruits ronds ou arrondis. Premier ordre. — Les Prunes de Damas Dactyloïdiennes. Pousses de l'année glabres. A. Fruits bleus. Prune de Damas d'Espagne; reine-Claude bleue: prune de Suisse; Sainte-Julienne. B. Fruits rouges. Prune de Damas Maugeran ; prune de Damas rouge ; l'Impériale d'Alexandrie; Mirabelle rouge; prune de Perdrigon rouge. C. Fruits jaunes. Prune abricot ; prune de Perdrigon grosse blanche ; l'Impériale blanche ; prune de Sainte-Catherine ; prune abricot jaune. D. Fruits verts. Reine-Claude grosse verte; reine-Claude petite; reine-Claude de Bavay; prune Van Mons. E. Fruits bigarrés. Prune de Perdrigon bigarrée. Deuxième ordre, — Les Prunes de Damas vraies. Pousses de l'année velues. A. Fruits bleus. Prune grosse de Tours ; prune Monsieur ; prune royale de Diel : prune royale de Tours ; prune de Perdrigon violette. B. Fruits rouges. Prune virginale rouge. C. Fruits jaunes. Prune abricot; Brisette; Mirabelle; prune muscat. D. Fruits verts. Prune vineuse verte. E. Fruits bigarrés. Prune de Perdrigon de Normandie. Scii. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 245 JÏUsrellances. DES HYACINTHES (I). On a déjà beaucoup écrit sur la culture des Jacinthes, et cependant on peut affirmer que sept personnes sur dix, qui s'occupent de cette plante, n'obtiennent que des résultais fort maigres ou très-souvent perdent les bulbes sans les avoir vus fleurir. Le moment de se procurer les Jacinthes hollandaises étant arrivé, quelques observations émanant d'un très-habile praticien seront lues avec intérêt par les amateurs de ces belles plantes. Un des premiers points de réussite consiste à se procurer des bulbes bien sains, non froissés ou mollasses, fermes au toucher et sans taches surtout au plateau (au bas du bulbe d'où doivent sortir les racines) ; rejetez malgré le bas prix auquel on vous l'offrira tout bulbe douteux. Le bulbe de la Hyacinthe consiste en grande partie de cellules molles rem- plies d'une matière organique très-facilement putrescible. Cette tendance naturelle à la putréfaction est singulièrement augmentée par des blessures et des contusions qui facilitent à l'eau l'entrée immédiate dans les tissus cellulaires, tandis que dans des bulbes sains, ces tissus mous absorbent et s'assimilent peu à peu l'eau des arrosemenls. La plantation des bulbes se fait ordinairement à deux époques, d'abord vers la mi-septembre, ensuite en novembre; dans l'un et l'autre cas, on doit employer le compost suivant : moitié de terre nou- velle de prairie et moitié formée de vieux fumier pourri, de terreau de feuilles et de gros sable blanc par parties égales ; on mélange intimement ces différents ingrédients en retour- nant les tas plusieurs fois avant de s'en servir. (1) Extraits traduits du Gardener's Chronicle, 21 juillet et il août 1855. 216 JOURWAL Les pois à planter les Hyacinthes doivent avoir nn dia- mètre de 12 à 15 centimètres. On ne doit jamais recouvrir les bulbes de terre, et moins on les enterrera, plus les chances de pourriture diminueront; on pressera assez fortement avec les doigts la terre autour des bulbes, en donnant à la surface une forme bombée de manière à ce que l'eau des arro- sements ne puisse séjourner près du bulbe. On donne immé- diatement après la plantation un bon arrosement ; on place ensuite les pots dans une couche ou bâche large de lm,50 environ, et on les laisse ainsi pendant deux ou trois jours, pour que la surface du compost s'essuie convenablement, sans cependant sécher complètement; on recouvre alors les pots d'environ 15 centimètres de vieille tannée; quelques semaines après on visite la couche pour s'assurer si les pots sont tapissés de racines, et si le sommet du bulbe a fait une pousse de 5 à 5 centimètres; c'est le moment de retirer les pots pour les placer dans une bâche ou châssis froid où on aura soin de les préserver de la gelée, tout en leur accor- dant de l'air à la moindre occasion favorable. On ne doit jamais laisser les pots enterrés dans la couche de tannée jusqu'à ce que les feuilles se développent, sinon le bouquet floral sera presque toujours endommagé. Il faut, pour obtenir des Jacinthes depuis la fin de décembre jusqu'en mars, préparer une couche chaude avec du fumier travaillé d'avance; lorsqu'elle a jeté son grand feu, on y plonge les pots de Jacinthes au fur et à mesure des besoins d'avoir des fleurs. Les plantes conservées sous bâche fleuriront en mars et jusque vers la mi-avril. Il est bon de remarquer que bien que la plupart des Jacinthes réussissent fort bien sans cha- leur artificielle, plusieurs variétés ou môme presque toutes deviennent plus belles lorsqu'elles sont forcées dans une couche chaude à fumier. Les principes sur lesquels doit être basée la culture ra- tionnelle des Jacinthes se réduisent à cinq points ou préceptes pratiques que nous étudierons ensuite théoriquement : D'HORTICULTURE PRATIQUE. 217 4° Ne jamais employer de bulbes défectueux ; 2° De planter les bulbes dans un sol bien drainé, per- méable et riche ; 5° Ne jamais recouvrir les bulbes de terre (la couche de (année dans laquelle on les plonge pendant cinq à six se- maines a pour but de séquestrer les bulbes de l'influence de la lumière et d'entretenir une humidité douce pendant la période de radification); 4° Ne pas exposer les bulbes à la lumière ni à la chaleur que lorsqu'ils ont émis des racines assez fortes et assez nombreuses pour tapisser le fond des pots; 5° Exposer les bulbes à la lumière dès que les boutons à fleurs commencent à se montrer. Il est à remarquer, à propos du deuxième principe que nous venons de poser, qu'en cultivant les Jacinthes dans des carafons remplis d'eau , les racines ne trouvent dans ce sys- tème aucun équivalent pour remplacer l'ammoniaque, les phosphates, l'acide carbonique ou les matières alcalines dont se compose le sol du compost recommandé pour la culture en pots. Dans l'eau , les racines ne trouvent pour toute nourriture qu'un peu d'acide carbonique et parfois des sels calcaires, dételle sorte que la Jacinthe se nourrit presque en- tièrement de ses propres ressources vitales comme certains animaux du Nord vivent en hiver de l'absorption ou plutôt de la résorption de la graisse qu'ils ont acquise en été. Les conséquences d'un pareil ordre de choses ne peuvent être qu'une vitalité chélive, que le moindre accident doit anéan- tir. Les hampes maigres, effilées, faibles, les fleurs à cou- leurs pâles, le feuillage mollasse et jaunâtre de la plupart des Jacinthes cultivées en carafons démontrent suffisamment la justesse des observations antérieures. Pour obvier autant que possible aux causes d'éliolement de la culture en carafons, il faudrait changer l'eau tous les jours en y ajoutant chaque fois une très-petite quantité d'eau de guano (une once de guano dans un litre d'eau); on agile le mélange de temps à autre, et au bout de deux jours, 218 JOURNAL lorsque ce mélange est clair, on soutire avec précaution et on l'emploie à la dose d'une cuillerée à café par carafon), ou, à défaut, d'une solution très-faible de phosphate d'ammo- niaque et de carbonate de soude mêlés par parties égales. Ces ingrédients ne coûtent presque rien et nourrissent les racines d'une manière analogue à celle dont, les substances nutritives contenues dans le sol du compost alimentent les Jacinthes plantées en pots. L'application du troisième précepte est surtout indispen- sable pour les bulbes cultivés en carafons ; car si ce bulbe est recouvert d'eau, il absorbera celle-ci beaucoup plus rapide- ment qu'il ne pourra la décomposer, et la pourriture et la mort s'ensuivront bientôt. C'est uniquement à la partie con- cave placée à la base du bulbe et postérieurement aux ra- cines que la nature a confié la mission de nourrir les feuilles et les fleurs des Jacinthes, de telle sorte que toute autre partie mise en contact avec l'eau boit celle-ci et en meurt. L'eau doit donc être à peine mise en contact avec la base du bulbe, mieux vaut même laisser entre eux un espace vide d'un demi-centimètre, car la vapeur que laisse échapper l'eau suffira à la nourriture du bulbe jusqu'à l'émission de ra- cines, moment auquel les pouvoirs de digestion acquerront toute leur activité. Les raisons sur lesquelles se fondent les quatrième et cin- quième préceptes sont toutes naturelles. Nous voyons con- stamment que les racines se montrent avant les feuilles ; n'est- ce pas le cas dans les plantes de semis, ne le voyons-nous pas dans les boutures, et même dans les greffes et les inocu- lations où la matière cellulaire (callus) qui unit le scion au sujet précède toujours l'apparition des feuilles? Au pourquoi la réponse est bien simple ! C'est que tout organe appelé à nourrir. une plante doit précéder les parties qui doivent être nourries par lui. — Si l'on permet aux Jacinthes de déve- lopper leurs feuilles et leurs fleurs avant que leurs racines aient acquis toute la puissance de leur action, ces feuilles et ces fleurs devront vivre aux dépens de la matière orga- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 219 nique contenue dans le bulbe, puisque la nourriture con- tenue dans le sol ou dans l'eau ne peut leur être transmise faute du véhicule naturel .: la racine, la débilité et l'avorte- ment plus ou moins complet des fleurs doivent nécessaire- ment résulter de cet état de choses. Or, puisque nous savons que la lumière est le grand stimulant du dévelop- pement des feuilles et le grand antagoniste à la formation des racines, il s'ensuit que nous devons séquestrer du jour les Jacinthes au commencement de leur carrière florale. Ce point est généralement admis par la plupart des culti- vateurs, mais beaucoup d'entre eux, après avoir sous- trait les racines à l'action de la lumière, ne se préoccupent plus de l'extrémité supérieure du bulbe, d'où doivent sortir les feuilles et les fleurs. Il faut absolument que cette extré- mité soit abritée du jour jusqu'à ce que les racines soient bien développées ; mais dès que ce dernier point est atteint, il faut accorder pleine lumière au bulbe (précepte cin- quième) sous peine d'obtenir une feuillaison et une floraison bâtardes. A cette époque placez les Jacinthes pendant le jour près d'une fenêtre ouverte, si le temps le permet; le soir portez-les dans une serre froide ou dans une pièce où la gelée ne saurait pénétrer; n'employez jamais les cham- branles de cheminées pour cultiver les Jacinthes; cette place ne doit servir que lorsque les fleurs des Jacinthes sont prêtes à s'épanouir. Nous terminerons ce travail en donnant une liste des meilleures Jacinthes doubles et simples classées selon leurs couleurs : JACINTHES DOUBLES. Rouges et rose foncé. Bouquet royal. Waterloo. Panorama. Lord Wellington, très-belle et d'un L'Éclipsé. prix assez élevé. Blanches et carnées. Anna-Maria (hâtive). Minerve (hâtive). La Déesse. Triomphe Blondine. 220 A la Mode. Roi des Pays-Bas. Prince Frédéric. Duc de Berry, doré, La Dame du Lac. L'Unique. Van Speyk. Grande Vedette. Grand Vainqueur. Heine Blanche. Hélène. Bleu Charies Dickens. Asterias. Cœur blanc. Prince de Saxe-Wei Robinson. Schiller. Roi des Pays-Bas. Héroïne. JOURNAL Bleu foncé , bleu porcelaine. Othello. Comte de Sainl-Priest. Jaunes. Jaune suprême. JACINTHES SIMPLES. Bouges et rose foncé. Herstelde Vreede. Boule de feu. Blanches et carnées. Victoria Regina. Virgo. Voltaire. Grandeur à merveille (très-belle). foncé, bleu violet, bleu porcelaine. La Grande Vedette. Guillaume Ier. Prince Albert, mar. Nimrod. Baron van Tuyll. Jaunes. Alida Jacoba. PLANTE A VINAIGRE. Sous le nom de Vinegar 'plant, les Anglais désignent depuis peu le Pénicillium glaucum des botanistes, fongosité ou moisissure, d'un aspect velu, plus ou moins épaisse et nais- sant sur les confitures et autres corps mous qui se gâtent (4). Il paraît qu'un morceau de celle moisissure (qui se présente en plaques plus ou moins épaisses, solides et allongées) im- mergé pendant deux ou trois mois dans une certaine quan- (I) Flore générale de la Belgique, par M. C. Mathieu, t. II, p. 455. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 221 tité d'eau et de sucre brun ou de mélasse, produit un excel- lent vinaigre propre a tous les usages. C'est à la découverte de cette propriété acidifiante que le Pénicillium glaucum doit le surnom de plante à vinaigre. « A quelque chose mal- heur est bon, » dit le proverbe, et ces moisissures, déses- poir de nos ménagères, apporteront aussi leur contingent d'utilité pour satisfaire les besoins de l'homme. Sans entrer plus intimement dans les particularités de celte étrange découverte, nous soumettons, à nos lecteurs qui voudront en tenter l'expérience, la recette suivante ; Ajoutez une demi-livre de mélasse à trois quarts de livre de cassonnade brune très-ordinaire; mettez ce mélange dans un pot de grès d'une contenance d'environ 8 litres; ce pot doit avoir une large ouverture munie d'un rebord pour pou- voir être fermée et ficelée au besoin. Versez ensuite sur le mélange 4 litres d'eau bouillante, et remuez pour fondre le sucre et la mélasse; lorsque l'eau est devenue tiède (50 de- grés centigrades environ), plongez-y un morceau de Péni- cillium. Recouvrez ensuite le pot de fort papier gris, que vous ficelez comme dans la préparation des conserves ; ne perforez pas le papier de petits trous. Placez le vase dans un endroit un peu chaud, dans la cuisine par exemple. Au bout de huit ou dix semaines vous aurez obtenu un excellent vinaigre. On peut conserver pendant plusieurs jours des morceaux de Pénicillium en les mettant dans une assiette avec un peu de vinaigre. VARIÉTÉS NOUVELLES DE CAPUCINES. M. Geoffre, directeur de l'établissement horticole du Prado à Marseille, a communiqué à M. Van Houtte les dessins de quatre variétés intéressantes de Tropœolum et que la Flore des serres et jardins de l'Europe a reproduits dans le quatrième numéro de cette année (pi. 1005). Voici les noms et la description de chacune de ces variétés : 222 JOURNAL Tropœolum Massilliense (F. Ferrand). — Fleurs bien faites, à lobes arrondis; coloris général jaune leinlé d'orange clair; pétales supérieurs maculés de vermillon; les infé- rieurs maculés de rose pourpre, et barbus en dedans. Tropœolum Chaixianum (F. Ferrand). — Fleurs parfaites de forme d'un rouge pourpre foncé éclairé de vermillon ; les trois pétales supérieurs bien arrondis; les inférieurs lobés et barbus en dedans. Ces deux variétés sont issues des Tropœolum Moritzia- num et de la variété Lilli; les fleurs sont de moyenne grandeur. Tropœolum Triomphe du Prado (J. Desponds). — Fleurs d'un beau jaune paille ; les pétales sont légèrement ondulés et lobés et chacun d'eux est orné d'une élégante macule vermillon vif, de figure ovale, plus large et fournie dans les deux pétales supérieurs (suivant le dessin) et se détachant nettement sur le fond, qui prend le second jour de la floraison une légère teinte rougeàlre. Cette variété est une des plus remarquables et d'un coloris nouveau. Nous venons de remarquer au Jardin botanique de Bruxelles, une variété issue du Tropœolum Scheuerianum, se rapprochant beaucoup du Tropœolum Triomphe du Prado, à fleurs plus grandes, d'une belle couleur également jaune-paille, à pétales arrondis et terminés par un petit mucron; les trois pétales inférieurs sont barbus et à onglets peut-être trop longs pour la régularité de la fleur; les macules des pétales supérieurs sont d'un marron brun, et sont accompagnées vers l'onglet de lignes marron très-riche, s'élargissant vers le haut en trois pointes aiguës; les macules des trois pétales inférieurs sont moins amples et plus rouges (i). Ce nouveau coloris jaune paille fera un effet charmant au milieu des nombreuses variétés rouges et oranges que l'on possède déjà. (I) Nous nous réservons de revenir sur celle jolie variété que nous n'avons pu encore bien étudier et que nous nous abstenons par consé- quent de désigner par un nom quelconque. H. G. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 225 Tropœolum Naudinii (J. Desponds). — Fleurs d'un orange foncé, maculées de carmin, lobées sur les cinq pétales, les inférieurs intérieurement barbus. — Cette variété porte quelquefois des fleurs jaunes maculées de carmin et d'autres lignées et striées de la même nuance plus ou moins foncée. Une cinquième variété, représentée et décrite avec les précé- dentes dans la Flore, est particulièrement belle; son coloris est d'un rouge brillant tenant de celui du Lobelia fulgens, à macules bleues rappelant, écrit à M. Van Houlte, M. Iluber, horticulteur à Hyères (Var), qui a obtenu cette variété, la couleur de YHabrothamnus Cyaneus. M. Huber la nomme Lobbianum tricolor. Ces cinq variétés portent des feuilles peltées et orbiculaires, à peu près comme celles de la Capu- cine ordinaire et du Tropœolum Lobbianum. CHRONIQUE HORTICOLE. Quelques notes prises dans les jardins et serres de la So- ciété d'horticulture de Lotidres. — Le Platycodon Chinensis (Campanulacée), quoique de plein air, mérite, par sa grande beauté, d'être cultivé en pots que l'on placera dans la serre froide, afin de mieux admirer ses superbes fleurs dont la couleur et l'aspect général rappellent si bien le Lisianthus Russellianas : cette magnifique Gentianée, trop rebelle à nos soins; le Platycodon de la Chine sera pour nos jardiniers une mine féconde et d'une exploitation facile. U Impatiens Jerdoniœ, cultivé en été en serre froide, se couvre en juillet de fleurs aussi remarquables par leur éclat que par leur bizarrerie. Peu de plantes de récente introduction promet- tent autant de satisfaction aux amateurs que cette char- mante Balsamine au port touffu et trapu. Les Chrysanthèmes, qui font l'ornement des serres froides de la Société vers Noël, viennent seulement d'être enlevées de leurs godets à boutures et mises par trois dans des pots aussi rapprochées des parois que possible, afin d'admct- 224 JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE, tre l'air et la lumière au centre des plantes. Cette méthode, suivie depuis plusieurs années à Chiswick et à Turnham- Green, produit des exemplaires admirables. Nous avons remarqué parmi les plantes annuelles cultivées dans le jardin, Ylberis contracta à fleurs lilas; un soleil à fleurs doubles ne s'éîevant qu'à deux pieds de hauteur, un Nasturtium nain de couleur très-foncée; YAlonsoa Warsce- wiczii aux fleurs d'un brillant écarlale; le joli Eschsholtzia tenuifolia, le Whitlavia grandijlora et le Cacalia sonchifo? lia, dont les fleurs oranges forment d'éclatantes corbeilles. Dans le jardin potager, le Concombre noir épineux de la Chine croît admirablement bien et semble très-productif; sa chair est jaunâtre et d'un goût fort agréable. Le nouveau Melon d'Australie prend sous cloche une belle couleur jaune. Nous saurons donc bientôt si cette espèce mérite d'être cul- tivée. Parmi le grand nombre de pois cultivés, nous choisirions les variétés suivantes : Dan-O'Rourke (ou Sangsler's, n° 1) pour première récolte; puis Fairbeard's champion, comme étant de tous les pois celui qui a le plus de saveur, à l'excep- tion peut-être du Pois Knight's Marrow. A ces deux sortes, nous ferions succéder les Pois Victoria, le Knight's Marrow et le Dickson s early favourite (qui pourrait bien n'être que le Pois Auvergne). Le Floricultnral Cabinet cite un exemplaire d'Hijdrangea hortensia ayant 06 pieds de circonférence; l'amateur qui a élevé cette plante gigantesque dit avoir coupé dessus pendant le courant de l'été dernier onze cents tètes fleuries, mesurant chacune de G à 9 pouces. 2.&W> 6U&*u .-3. 31&*\£è« fj &M1 d& louisàtw' dWtwtwi JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. PLANTES FIGURÉES DAMS CE NUMERO. NOUVELLES VARIÉTÉS DE FUCHSIA. N° 2. Prince Albert. — N° 5. Mrs Story. Un écrivain anglais, en parlant de l'hybridisation des plantes et du changement d'une couleur pour ainsi dire exclusive dans certains genres et dans certaines espèces fé- condes en variétés de formes, mais dont les teintes se rap- prochaient constamment plus ou moins de la couleur type, se demandait sous quelle influence cette couleur exclusive venait à faire place à une nouvelle couleur bien tranchée et source à son tour d'une série de variétés tout à fait distinctes des parents primitifs. C'est ainsi que le Fuchsia Venus Victrix, obtenu il y a quelques années, est devenu le chef d'une nombreuse postérité d'hybrides à calice (tube et limbe) blanc; tandis que tous ses parents et ses congénères ont un calice dont les nuances varient du vermillon vif au cramoisi et au pourpre foncé, c'est-à-dire les divers tons du rouge; cette conquête horliculturale doubla les jouissances des ama- teurs du genre Fuchsia en établissant des contrastes frap- pants entre les variétés anciennes et les nouvelles affublées de la blanche robe de l'innocence ; mais la corolle était restée fidèle aux couleurs de sa légion ; le rose, le rouge, le bleu et le JV°8. OCTOBRE 1853. la 22(5 JOURNAL lilacé formaient invariablement la coupe corollaire, soit que le calice fût rouge, soit qu'il fût blanc. L'horticulture n'était pas satisfaite. Elle avait changé le vêtement extérieur des Fuchsia de rouge en blanc; elle s'attaqua à la corolle obsti- née à rester rouge ou bleue et parvint enfin à procréer des Fuchsia à corolles blanches! Perfectionnement fort intéres- sant sans doute et qui va nous produire une centaine de nou- velles variétés en attendant les Fuchsia panachés, striés, tout blancs et omnicolores. Si nous avons gagné des corolles blanches en dépit de la couleur typique , celle-ci s'est réfu- giée dans le calice, de telle sorte que les deux couleurs n'ont fait que changer de position. On voit que dame Nature n'a voulu céder que la moitié de ses droits. A quelle cause attri- buer ces brusques changements dans les couleurs d'une fleur? Y a-t-il une loi qui les régit? et cette loi, pouvons-nous l'interpréter pour l'appliquer à l'hybridisation au gré de nos caprices? Ce sont là des questions qui n'entrent pas dans le cadre des études de notre recueil; elles sont cependant bien belles et bien dignes d'attirer l'attention des physiologistes et des penseurs! Pour nous, nous ne devons qu'examiner les résultats obtenus, peu importe leur cause et leur origine, et la nouvelle race de Fuchsia à corolles blanches sera ac- ceptée par tous les amateurs comme une excellente et pré- cieuse addition, et venant fort à propos pour stimuler un zèle qui commençait à se refroidir. Le Fuchsia Prince Albert, dont nous donnons un dessin, quoique rentrant dans la catégorie des variétés à couleurs primitives, n'en est pas moins un fort beau gain, tant sous le rapport de la grandeur des fleurs, de la perfection des formes, que de l'ampleur et de la beauté de teinte de la corolle. Ce Fuchsia a été obtenu en Angleterre, par le célèbre semeur Banks; il se trouve déjà répandu dans le commerce à un prix peu élevé. Le Fuchsia Mrs Story, ou, mieux, Madame S Ion/, est une des variétés à corolles blanches, obtenues par Mr Story et cédées par lui en toute propriété à MM. Henderson de Wel- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 227 lington Nursery, près de Londres, qui les ont répandues dans le monde horticole. Ce nouveau Fuchsia est d'une très- bonne forme; ses sépales allongés et larges sont bien recour- bés en dehors, de façon à laisser nue la corolle peu évasée d'un blanc pur légèrement strié de rose à la base du limbe. Les autres variétés à corolles blanches sont : Empress Eugénie (Story), sépales larges roulés en de- hors, d'un rose tirant sur le cramoisi et à reflets violacés; corolle d'un beau blanc. Florence Nightingale (Lucombe), superbe variété à sé- pales écarlate vif, bien retroussés; très-voisine de la variété Mrs Story. Galanthiflora plena (Lucombe), magnifique variété à co- rolle double et ressemblant au joli Perce-neige [Galanthus nivalis) à fleurs doubles ; sépales d'un beau rouge écarlate. Queen Victoria (Story), sépales de même couleur que ceux de Mrs Story, plus amples et recourbés presque contre le tube. Ranuncalœflora (Slory), seconde variété à corolle double et bien faite; sépales et tube écarlate. C'est un gain d'un mé- rite supérieur. Water Nymph (Story), forme globuleuse; sépales épais, larges, cramoisi-écarlate; corolle d'un beau blanc; variété fort élégante. Snow drop (Story), d'une identité incertaine. Cette va- riété doit offrir une double corolle. On peut se procurer ces nouvelles variétés à des prix fort modérés (de 2 à 5 francs). Il est juste de terminer cet article en citant quelques Fuchsia récemment obtenus, et qui nous ont paru d'un mé- rite transcendant, quoique à corolles coloriées; ce sont : Beauty ofthe Bower (Banks), fleurs d'une forme parfaite; sépales écarlales bien roulés en dehors, touchant presque le tube, et laissant à l'œil pleine vue de la corolle bien étoffée et d'un pourpre foncé. 228 JOURNAL Impératrice Eugénie (Dubus), grande fleur à tube et sé- pales blancs, à base verdâtre ; corolle d'un rose lilacé et constamment rayée de blanc pur. Fairy Queen (Banks) , variété fort remarquable , très-flo- rifère. Fleurs grandes, allongées, à tube et sépales d'un blanc de cire, teinté de jaune-citron ; corolle ample et d'une belle couleur puce. Grand Sultan (Banks), beau feuillage, beau port; fleurs grandes, épaisses, bien faites, à sépales fortement roulés en dehors et d'une riche couleur cramoisie; corolle ample, pourpre, velouté foncé. — C'est une variété de premier ordre et de beaucoup d'effet. Perrugina (Story), sépales et tube écarlates ; corolle très- apparente et remarquable par ses bandes roses et pourprées. Raffaele (Story), variété très-florifère; sépales d'un beau cramoisi, bien roulées en dehors; corolle de couleur choco- lat panachée de rose. Violœflora plena (Lucombe), fleurs à couleur générale bleu-violacé foncé; corolle violette très-double et figurant une violette à fleurs doubles. Revoluta (Odier), sépales orangés, parfaitement retrous- sés; corolle vermillon vif. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 229 fyovtxc ulturt étrangère* PLANTES NOUVELLES ET RARES. 1° SERRE CHAUDE. odontogiossum macuiatum ( La Llave), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4878. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Monandrie. Nous avons décrit cette espèce dans un de nos articles sur le genre Odontoglossum (douzième année, page 49). Nous ajouterons à noire description que le scape est allongé et porte un épi pendant de six à huit grandes fleurs fort belles à sépales d'un jaune foncé, maculé de brun marron ; le sé- pale supérieur est plus grand et plus allongé que les deux autres ; les pétales sont de même forme que les sépales, mais plus larges , plus courts et plus régulièrement tachetés. Le Iabelle est blanc et orné de macules rougeâtres. Nous avons fréquemment rencontré celte fort belle Orchi- dée dans les régions froides de la Cordillère située au nord de la vallée d'Oaxaca ; elle y croît sur les chênes ; on la trouve également dans le Michoacan à l'ouest de Mexico. Nous avons eu le plaisir de voir en septembre dernier de beaux exem- plaires de cet Odontoglossum en fleurs dans la serre à Orchi- dées de M. Linden, qui le cultive avec beaucoup de succès dans des pots remplis de terre de bruyère fibreuse et de sphagnum. Btllbergia Quesneliana ( Ad. BRONG. ), figuré dans la Flore des Serres, pi. 4028. — Syn. : Qiiesnelia rufa (Gaudi- chaud). — Famille des Broméliacées. — Hexandrie Mo- nogynie. Celte Broméliacée, introduite depuis plusieurs années de la Guyane française par M. Quesnel, amateur distingué au Havre, est une fort belle addition à un genre de plantes si 230 JOURNAL riche en espèces remarquables par le port et la magnifi- cence florale. En décrivant celte plante, M. Planchon fait ressortir ses principaux caractères par ces quelques mots : « Le Billbergia Quesneliana se rapproche évidemment par les feuilles du Billbergia zebrina, par l'inflorescence du Bill- bergia jvjramidalis, tandis que ses corolles, d'une brièveté peu commune dans le genre, rappellent celles desjEchmœa. » Nous ajouterons à ces lignes, qui esquissent à grands traits, d'une manière heureuse et claire, le port et l'aspect général du Billbergia Quesneliana, que les feuilles sont nombreuses, les inférieures assez longues, raides , divergentes, recour- bées, dilatées à la base, canaliculées, à face externe ornée transversalement de bandes ou zones blanches, aiguës au sommet, à bords armés de dents fines, rapprochées et den- telées en scie, que les fleurs sont disposées en un gros épi cylindrique allongé, dont les nombreuses bractées ovées , très-enlières, plissées transversalement extérieurement d'un beau rose carminé relevé par un duvet blanc : sorte d'efïlo- rescence argentée dans laquelle semblent reposer les brac- tées et naître des fleurs à corolles à extrémités azurées et à sépales roses. Ces diverses teintes s'harmonient gracieuse- ment ensemble et font de cet épi, long de 10 à 15 centi- mètres, un objet délicieux à voir. Le Billbergia Quesneliana est encore peu répandu ; on peut cependant se procurer des exemplaires au prix assez modéré de 15 à 20 francs. Bégonia vcrsciiaffcitiana (Regel), figuré dans Y Illustration horticole, pi. 68. On doit ce bel hybride au savant botaniste de Zurich, 31. Regel , qui l'obtint en croisant les fleurs femelles du Bégonia Carolineœfolia par les fleurs mâles du Bégonia manicata. De ce mariage naquit une grande et élégante plante à rhizome rampant, à feuilles amples largement lo- bées et à bords sinueux, dentés ; ciliées, portées sur de longs pétioles ciliés et à peu près nus comme ceux du Bégonia Ca- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 251 rolineœfolia ; les tiges également nues se terminent par une vaste panicule dressée, bien ramifiée et chargée de grandes et nombreuses fleurs d'un rose vif, ainsi que les capsules. Les pédoncules et les pédicelles sont d'un rouge plus ou moins vif. Ce beau Bégonia, dédié par M. Regel au grand horticul- teur gantois, M. Ambroise Verschaffelt, est, ainsi que le dit fort bien M. C. Lemaire, rédacteur de X Illustration horti- cole, d'une valeur ornementale que l'on peut garantir émi- nente. Il est presque inutile d'ajouter que l'établissement Verschaffelt peut en fournir des exemplaires aux amateurs. 2° SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. ■thododemiriim Keysii (Nuttall), figuré dans \eBot. Mag., pi. 4875. — Famille des Éricacées. — Décandrie Mono- gynie. Ce Rhododendron fort curieux appartient à la série des nouveaux rosages découverts par M. Booth dans les monta- gnes du Bootan et introduits par ses soins en Angleterre. La forme particulière de la corolle du Rhododendrum Keysii a déterminé M. Nultall à le considérer comme type d'un sous- genre dans le grand genre Rhododendron sous le nom de Keysia, qui serait caractérisé par sa corolle tubuleuse-cylin- drique à limbe découpé en cinq lobes courts dressés-conni- vents.Ce caractère, joint à celui d'émettre de courts racèmes axillaires sur le vieux bois, donne tout à fait à ce Rhododen- dron le faciès d'un Thibaudia ou d'un Agapetes. C'est un petit arbrisseau à branches ferrugineuses, poin- tillées dans leur jeune âge de nombreuses écailles rougeâlres, luisantes et résineuses. Les feuilles, portées sur des pétioles d'un à deux centimètres de longueur, sont elliptiques-lancéo- lées , médiocrement coriaces, glabres, assez obtuses à la base, très-aiguës et mucronées au sommet; la page supé- rieure est d'un vert vif, la page inférieure est plus pâle; l'une et l'autre, mais surtout la page inférieure, sont parse- 232 JOURNAL mées de points résineux pareils à ceux des jeunes branches; côtes ferrugineuses. La longueur des feuilles varie entre 7 et 10 centimètres. Racèmes massés, latéraux par suite de la pousse terminale de la saison couronnant les fleurs. Pédi- celles marqués de points. Calice très-petit à cinq dents aiguës, dressées, courtes et presque égales. Corolle longue de deux centimètres et demi, formant un tube à peu près cylindrique, étant seulement un peu comprimé sous le limbe, d'un rouge de brique pâle (1), jaunâtre vers la bouche. Limbe à cinq lobes ovés, obtus, dressés ou presque connivents. Étamines et pistil inclus. Le Rliododendrwn Keijsiise, trouve au Bootan, à une élé- vation supra-marine de 9,000 à 10,000 pieds, sur le sommet elles crêtes septentrionales du Lablung, où il forme des buis- sons peu élevés au milieu de jGaultheria et d'Ifs rabougris dans un sol couvert de deux à trois pieds de neige. Sa zone de végétation est supérieure à celle des Rhododendrum Hoo- keri etFalconeri. Le Rhododendrum Keysii ayant résisté, en Angleterre, en pleine terre aux hivers de 1851 et de 1852, deviendra, hm il it^\>^tô XrOL'Lhxxïtx- . JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. PLANTE FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. THERMOPSIS BARBATA (Royle). Dans notre numéro du mois d'août (page 1G9), nous di- sions que le Thermopsis barbata méritait une place hono- rable dans nos jardins, à cause de ses longs épis denses de fleurs d'un violet tellement foncé qu'elles semblent noires vues à distance, de son port dressé et de sa facile culture. Comme il est à peu près certain qu'il pourra supporter nos hivers à l'air libre, surtout à l'aide d'une légère couverture de feuilles, et que le nombre de jolies plantes de pleine terre de récente introduction est assez restreint, nous avons cru devoir, dans l'intérêt des amateurs de celte classe de plantes, leur offrir le portrait de cette intéressante nouvelle venue, belle par le nombre et la grandeur de ses fleurs, singulière par leur riche et insolite coloris. Le Thermopsis barbata fleurit en juin. Le légume est hérissé de longs poils comme toutes les parties de la plante, à l'exception de la corolle. N°0. — NOVEMBRE 1855. 17 258 JOURNAL I) or tt culture étrangère* PLANTES NOUVELLES ET RARES. 1° SERRE CHAUDE. sobraiia fragrans (Lindley), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4882. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Mo- nandrie. Cette Orchidée, découverte par M. Schlim dans la pro- vince d'Ocâna (Nouvelle-Grenade), fait partie des nom- breuses introductions de plantes que ce zélé collecteur a réussi à faire parvenir à l'état vivant dans rétablissement horticole de M. J. Lindcn de Bruxelles. Le Sobraiia fragrans est une espèce terrestre de petite taille, tout à fait glabre, à liges hautes de 50 cenlimètres en- viron, naissant à plusieurs ensemble sur une racine, com- primées; la moitié inférieure est enveloppée par la gaîne de la feuille florale et de quelques écailles près des racines. Feuilles, une ou deux, oblongues-lancéolées, longues de 1 0 à 15 centimètres, un peu charnues, glabres, nervées longitu- dinalement, à nervures proéminentes à la page inférieure de la feuille. Pédoncule terminal, allongé, comprimé ou ancipité (en forme de lame d'épée), portant à son sommet deux ou trois bractées plus ou moins foliacées, verdàlres, lancéolées et carénées, du sein desquelles émerge une fleur petile (1) (en comparaison de la grandeur des fleurs des autres espèces du genre), mesurant environ 5 centimètres de diamètre, de couleur jaune soufre pâle tirant un peu sur le vert, et d'une (1) D'après la description du docteur Lindley [Gardener's Chronicle de 1853), les sépales seraient d'un vert pourpré et les fleurs au nombre de deux à chaque tige et non solitaires comme dans la plante observée par sir W. Hooker; il est probable que ces différences tiennent à la culture. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 259 odeur suave. Sépales étalés, oblongs-Iancéolés; pétales de même forme, mais se fermant sur la colonne. Labelle moyen, obové ou cunéiforme; lobes latéraux entiers; lobe du milieu bilobé, ample, étalé, élégamment crispé et fîmbrié; le disque présente une forte macule d'un orange foncé; enfin neuf lignes ou lamelles proéminentes, délicatement frangées vers l'extrémité antérieure du tablier, parcourent longitudinale- ment toute la surface du labelle. Cette nouvelle Sobralie, bien que d'une apparence fort modeste, se recommande à cause du parfum que répandent ses fleurs. Tjdœa oceiiatn (Regel), variété formosa, figuré dans le Gartenflora, pi. 120, juin 1855. — Syn. : Achimenes ocel- lata (Hooker). — Famille des Gesnériacées. — Didy- namie Angiospermie. Le Tydœa ocellata a été introduit dans les serres, il y a quelques années, par M. Seeman, collecteur naturaliste du gouvernement anglais à l'isthme de Panama; c'est une plante à ample feuillage, d'un vert foncé luisant en dessus, pourpré en dessous, d'une taille assez élevée, à tiges pour- prées, portant des fleurs assez petites, d'un rouge vermil- lonné plus ou moins intense, à limbe arrondi, entier, à segments étalés, marqués d'assez nombreuses taches blan- ches, portant chacune une autre tache noire au milieu (d'où le nom spécifique d'ocellé, c'est-à-dire en forme d'œil; ou double tache, dont l'externe entoure l'interne) (I). La variété formosa introduite en Europe par M. Warsce- wicz, qui la découvrit à Santa-Martha, diffère du type que nous venons de décrire par une taille plus basse et plus élégante, par une fleuraison plus abondante et surtout par ses fleurs plus grandes, plus belles et marquées de nombreux yeux d'un rouge noirâtre se détachant sur la teinte générale d'un beau rouge vif. Un grand mérite que possède cette nou- (1) Flore des Serres de M. Van Houtte, tome IV, pi. 336. 200 JOURNAL velle introduction est de fleurir en hiver aussi bien qu'en été, sa végétation étant permanente. On la cultive en terre de bruyère et on l'arrose assez abondamment, en lui accor- dant même à l'époque de la fleuraison un peu d'engrais liquide, ce qui contribuera beaucoup à son développement. Bien que le Garlenflora indique que l'on doive cultiver ce Tydœa en serre tempérée près du jour, nous croyons au moins prudent d'en héberger quelques exemplaires en serre chaude. On le multiplie très-facilement au moyen de ses nombreux stolons. ieeinannia ternifoiia (Regel), figuré dans le Gartenflora, pi. 122, juin 4855, et Journal de la Société Impériale et centrale d'horticulture, septembre 1855. — Famille des Gesnériacées. — Didynamie Angiospermie. Les graines de celte nouvelle Gesnériacée ont été envoyées du Pérou à M. Regel sous le nom de Gesneria quadrifolia. A la fleuraison des plantes obtenues par ce semis, M. Regel reconnut qu'elles n'appartenaient pas au genre Gesneria et qu'elles devaient constituer un genre nouveau qu'il dédia au savant rédacteur de la Bonplandia, M. Seemann, en le ca- ractérisant de la manière suivante : tube du calice adhérent à l'ovaire; limbe partagé en cinq divisions linéaires presque égales entre elles. Corolle tubuleuse, à tube renflé en avant, légèrement courbé en arrière; limbe resserré à cinq dents presque égales, la supérieure plus courte, toutes dressées, étalées. Etamines insérées à la base de la corolle. Ce nou- veau genre est voisin des Isoloma; il se distingue de toutes les autres Gesnériacées par la forme de sa corolle. Le Seemannia ternifoiia est un sous-arbrisseau s'élevant jusqu'à un mètre de hauteur ; il est couvert dans toutes ses parties de poils courts et raides ; tige grêle, flexueuse, sim- ple, garnie de verticilles composés de trois ou rarement quatre feuilles pétiolées, obtuses, entières, lancéolées, vertes en dessus, blanchâtres en dessous, où les nervures sont très- saillantes. Les fleurs, d'un rouge de brique, sont solitaires D'HORTICULTURE PRATIQUE. 261 à l'aisselle des petites feuilles naissantes du sommet de la tige, et par leur rapprochement, elles représentent une grappe courte. La multiplication se fait au moyen des tubercules écail- leux et des rejetons. La fleuraison a lieu aux mois d'octobre et de novembre. »inra»t»? regaBis (Hort. Angl. ), figuré dans Y Illustration horticole, pi. 74. — Famille des Marantacées. — Monan- drie Monogynie. Cette magnifique plante a été obtenue de semis dans le jardin botanique de Kew , de graines reçues du Pérou; le signe de doute accolé au nom générique indique que sa place botanique n'est pas encore fixée. Cette incertitude sera levée aussitôt qu'on aura pu l'observer en fleurs; lacune qui, du du reste, est peu importante pour les amateurs, puisque la beauté de cette plante, ainsi que de la plupart des Maranta- cées, réside dans l'élégance et la bigarrure du feuillage. On pourrait, dit M. C. Lemaire, rédacteur de V Illustration horticole, tout d'abord la confondre avec la Maranta? ornata (C. Lemaire), Maranta albo vel roseo-lineata (I ) des jardins ; mais chez la Maranta regalis, les lignes pourpres sont tou- jours géminées, atteignent presque et le bord de la feuille et la nervure médiane, sont beaucoup plus constantes par leur coloris et leur présence que chez la Maranta ornata, où elles manquent souvent, sont le plus ordinairement solitaires, courtes et d'un coloris tout à fait inconstant. Enfin, comme caractère botanique assez important, les bords engainants des pétioles , très-lisses et très-glabres dans la Maranta re- galis, sont velus dans la Maranta ornata. Les feuilles de la Maranta regalis sont assez grandes, entières, à bords un peu sinueux, d'un vert foncé luisant en dessus, violacées en dessous; les lignes qui ornent la page supérieure sont assez larges, arquées, disposées deux à deux (I) Flore des Serres et Jardins de l'Europe, tome IV, pi. 413, 414, 262 JOURNAL jusqu'au sommet de la feuille ; leur couleur est d'un beau rose plus ou moins vif, selon que la feuille est plus ou moins adulte; les pétioles sont violacés. La plante, quoique d'une taille peu élevée, est bien èloffêe, c'esl-à-dire garnie de plu- sieurs feuilles formant une touffe d'une élégance exception- nelle (1). Passiflora cinnahariiia (LiNDLKY), Gcirdener'S Chroilicle, 5 novembre 1855, avec une vignette. — Famille des Passi- floracées. — Monadelphie Pentandrie. Celle très-jolie Passiflore, de la section des Disemma, a été découverte à la Nouvelle-Hollande par le lieutenant-colonel Sir T. Mitchell , voyageur distingué , qui en donna des graines à la Société d'horticulture de Londres. C'est une gra- cieuse plante grimpante d'un vert gai, à feuilles générale- ment trilobées, quelquefois palmées minces, semi-transpa- rentes, portées sur de minces pétioles dépourvus de glandes. Les fleurs naissent solitaires à l'extrémité d'un pédoncule grêle et faible; elles sont d'une couleur rouge-mal, à l'excep- tion de la couronne formée de longs filets jaunes convergeant en un cône et cachant une seconde couronne intérieure plis- sée et très-velue. A ces fleurs succèdent des fruits semblables à des prunes jaunes, et exhalant un parfum analogue à celui d'un melon arrivé à sa maturité. Ces fruits produisent un charmant effet lorsqu'ils pendent en grand nombre aux branches treillissées contre le mur d'une serre tempérée. La Passiflora cinnabarina est d'une culture facile, et quoi- que nous la rangions dans les plantes de serre chaude, elle s'accommode fort bien d'une serre froide qu'elle ornera pen- dant une partie de l'année. (1) Cette Maranta est cotée à 50 francs dans le catalogue de 1 855- 1856 de M. A. Yerschaiïelt. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 265 »ircieo-Gesnerla purpm-ea (PlANCHON), figuré dans la Flore des Serres, pi. 1046. — Syn. : Gesneria purpurea (Lindley), Dircœa picta ( hybrida?) (Lemaire). — Fa- mille des Gesnériacées. Le nom composé de Dircœo-Gesneria a été imposé par M. Planchon à cette plante pour en indiquer l'origine bi- générique; elle est en effet le produit du mariage du Gesne- ria Douglasii et du Dircœa Cooperi, et prouve l'affinité qui existe entre le genre Gesneria et le genre Dircœa. Ce bel hybride a été obtenu, il y a déjà quelque temps, dans l'établissement de M. Van Houlte, d'où, grâce à des soins intelligents et savamment dirigés, sort fréquemment quelque splendide et élégante progéniture issue du mariage forcé entre des parents choisis parmi les plus beaux d'un genre. L'horticulture, ainsi pratiquée, devient une science merveilleuse, et nul ne sait où s'arrêteront ses prodiges; mais, nous le répétons, pour parvenir à de pareils résul- tats, il faut plus que de la bonne volonté, il faut du savoir, du goût et de la persévérance, et MM. Regel et Van Houtte en ont. Notre nouvel hybride a le port du Gesneria Douglasii; il est entièrement couvert d'un duvet velouté; tige simple dressée nue vers le bas; feuilles disposées par verticilles de trois ou quatre, amples, cordées-ovées ou cordées-oblon- gues, crénelées, pétiolées; les feuilles florales sont plus pe- tites; panicule en cyme terminale multiflore; calice à laci- nies triangulaires-linéaires plus longues que le lubecalicinal ; corolle ample, pourpre, ornée de nombreuses raies ou lignes longitudinales d'un pourpre foncé; lèvre supérieure ovée, émarginée , lèvre inférieure trilobée : lobes peu inégaux entre eux. Le développement de la lèvre supérieure de la corolle, plus grand que chez les vrais Gesneria, plus faible que chez les Dircœa, indique assez, dit M. Planchon, qu'il y a en fusion des caractères des deux types. 264 JOURNAL uircœa lobuiata (Ch. Lemaire), figuré dans le Jardin fleu- riste, pi. 219, 220, et dans la Flore des Serres, pi. 1042. — Famille des Gesnériacées. « Les Dircœa, tels que les a d'abord définis M. Decaisne, » se distinguent très-aisément des véritables Gesneria par le » très-grand développement de la lèvre supérieure de leur » corolle. Cette longue lèvre représenle comme un couvercle » à charnière, qui fermerait en se rabattant la gorge béante » de la fleur. Un tel caractère offre sans doute peu d'impor- » tance absolue; mais comme il est facile à saisir, on peut » s'en servir avec avantage pour distinguer en un groupe » vraiment naturel les plantes qui le présentent ( Gesneria i> faucialis, Gesneria bnlbosa , etc.), soit que l'on donne à » ce groupe une valeur générique ou bien qu'on le fasse ren- » trer comme section dans le genre Gesneria. » (Planchon, dans la Flore des Sei'res et Jardins de l'Europe, 9e livraison du 10e vol.) Le Dircœ lobuiata a été découvert en 4847 par M. Libon, sur le pic d'Itabira, dans la province de Minas-Geraës, au Brésil, et introduit par lui dans l'établissement horticole de M. de Jonghe de Bruxelles, où il fleurit en 4851. C'est une plante à tiges dressées, haute de 60 à 80 centimètres et même plus, entièrement tomenteuse; les feuilles inférieures sont pétiolées, amples, cordées, subarrondies-ovées, sublobulées à la base; les supérieures sont sessiles ou presque sessiles, cordiformes-arrondies; toutes sont dentelées-crénelées et ci- liées; panicule ample, terminale, lâche, à divisions en cymes portant plusieurs fleurs; pédicelles triflores. Calice petit, rougeâtre. Corolle rouge vif à lèvre inférieure ornée d'une macule violette. Cette belle plante se vend actuellement au prix de trois francs. En mariant le Dircœa lobuiata avec le Gesneria Leo- poldii, M. Van Houtte a obtenu un produit qu'il considère comme le plus précieux qu'il ait vu naître depuis qu'il hy- bridise. Cet hybride, qui porte le nom de Dircœo-Gesneria D'HORTICULTURE PRATIQUE. 265 Leopoldii, a un port moins élevé que le Dircœa lobulata, et par conséquent plus gracieux, et des fleurs d'un coloris scintillant et d'une forme excellente. — Il est coté à 5 francs dans le prix courant (1855-1856) de M. Van Houtte. 2° SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Rheum aenmiiiatum (Hooker fils), figuré dans le Bot.Mag., pi. 4877. — Famille des Polygonées. — Ennéandrie Tri- gynie. Cette Rhubarbe est originaire du Sikkim-Himalaya et du Népal oriental ; il y croît à une élévation supra-marine de 9,000 à 15,000 pieds anglais; ses tiges sont agréablement acides, et quoique d'une nature plus sèche et plus fibreuse que celles du Rheum Emodi, peuvent servir aux mêmes usages culinaires ; la racine est spongieuse et légèrement, si même elle l'est, médicinale. Elle se rapproche tellement sous plusieurs rapports du Rheum Emodi Wallich (Rheum australe de Don), que Sir W. Hooker a longtemps hésité à la décrire comme espèce distincte; cependant, ayant observé qu'après six années de culture de l'une et de l'autre espèce au jardin de Kew, le Rheum du Sikkim-Himalaya conservait certains caractères particuliers sans assumer la taille du Rheum Emodi ni olFrir de différences avec les échantillons recueillis dans son pays natal, il s'est décidé à admettre les deux espèces comme se dis- tinguant l'une de l'autre d'une manière permanente. La racine du Rheum acuminalum a quelquefois plusieurs pieds de longueur; elle est d'un orange vif à l'intérieur, pi- votante, spongieuse, et exhale une légère odeur de Rhubarbe médicinale. Tige haute de 2 à 5 pieds, peu ramifiée, d'un rouge lie de vin plus ou moins foncé, à sillons profonds, couverte, ainsi que les pétioles, panicules, pédoncules et pé- dicelles, de petits points granulaires, cristallins. Les stipules sont assez grandes, lancéolées et acuminées. Les feuilles, longues de 15 à 20 centimètres, sont largement cordées, 2C6 JOURNAL profondément bilobées à la base, et à longue pointe acumi- née, pubeseentes en dessous, opaques en dessus et couvertes de très-petites cellules cristallines. Panicule modérément branchue; branches grêles, raides, portant dans les aisselles des divisions principales de petites feuilles ovées. Pédicelles très-minces. Fleurs très-grandes eu égard au genre (environ 7 millimètres de diamètre), d'un rouge pourpre foncé ou brun-pourpré. On cultivera cette intéressante plante de pleine terre dans un bon sol plutôt sec qu'humide et qu'on aura défoncé à la profondeur d'un mètre environ et fumé avec soin. On peut, comme pour les autres Rhubarbes comestibles, couper, l'an- née qui suit la plantation, une partie des feuilles parvenues à leur grandeur normale. En cassant le bourgeon floral on obtient des feuilles plus grandes et de plus longs et gros pé- tioles. Sans êlre aussi ornementale que quelques-unes de ses congénères, la Rhubarbe acuminée conviendra pour les petits jardins qu'elle ornera de ses longues panicules pourprées. PhygeHus Capeeisia (E. Meyer ), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4881. — Famille des Scrophularinôes. — Didynamie Angiospermie. Cette magnifique plante, récemment découverte en Cafre- rie par le voyageur Drege, le long des ruisseaux, ressemble tout à fait aux Pentstemon de l'Amérique du Nord, tout en les surpassant infiniment en beauté. Chez MM. Veitch de Chel- sea, elle a parfaitement fleuri pendant l'été en plein air. Mais supportera-t-elle dans cette condition les rigueurs de nos hivers? C'est ce que nous ne savons pas encore, bien qu'on semble l'espérer en Angleterre. La plante s'élève à 2 ou 5 pieds de hauteur (panicule com- pris); eile est dressée, ligneuse vers le bas, herbacée vers le haut, branchue, glabre dans toutes ses parties; branches quadrangulaires à angles ailés. Feuilles opposées; les infé- rieures longues de 4 à 5 pouces (non compris le pétiole qui a de "2 à 2 4/2 pouces de longueur, et est profondément ca- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 207 naliculé en dessus et garni d'une oreillette de chaque côté de sa base), ovées , à peine acuminées, dentelées, penniveinées et réticulées de veines transversales. Les feuilles diminuent de taille à mesure qu'elles avoisinent le sommet de la plante. Panicule pyramidale; rachi-s ou pédoncule générale quatre angles ailés; branches à racèmes corymbiformes ; pédicelles recourbés vers le sol ; fleurs retombantes et situées d'un même côté ou unilatérales. Calice à tube court, en forme.de coupe, à limbe divisé en cinq segments étalés, ovés-acuminés, rougeâtres. Corolle tubuleuse, infundibuliforme; tube très- long, recourbé, à base enflée et dilatée; limbe à cinq seg- ments très-obliques, ovés, étalés; couleur générale: rouge vermillonné, foncé et brillant; base du limbe jaune. Quatre, étaminesexsertesà filets insérés un peu au-dessous de l'orifice de la corolle, mais à base décurrente dans le tube ; anthères ovales, dressées, libres. Style plus long que la corolle et les étamines. Le genre Phygelïus, fondé par E. Meyer, ne renferme jus- qu'à ce jour que l'espèce que nous venons de décrire. Par- son feuillage, il ressemble aux Scrophularia ; par son mode d'inflorescence et par ses fleurs, il peut être facilement pris pour un Pentstemon. C'est, en somme, une des plus brillantes introductions pour les serres froides que nous ayons à con- stater depuis longtemps. Nous regrettons de ne pouvoir en offrir une image à nos lecteurs, mais les dimensions de la panicule de fleurs (25 à 50 centimètres de longueur) sont trop grandes pour la figurer convenablement dans un format réduit. Calvin nspcrata (Falconer), figuré dans le Bol. 3fag., pi. 4884. — Famille des Labiées. — Diandrie Monogynie. Espèce originaire de Cachemire, fleurissant pendant l'été en plein air et d'un mérite fort médiocre; elle s'élève à deux pieds de hauteur et se ramifie plus ou moins; ses feuilles sont ovées ou ovées-oblongues, cordées à la base, velues, doublement dentelées, à surface chagrinée et rude au tou- 258 JOURNAL cher; les inférieures portées sur de longs pétioles velus, les supérieures sessiles; épis floraux très-longs; fleurs dispo- sées par 6 ou 8 en verticilles; calice vert; corolle d'un blanc verdâtre; limbe bilabié à lèvre supérieure plus longue que l'inférieure, oblongue, arquée en faux, poilue; lèvre infé- rieure à trois lobes. Boutons de fleurs jaunes. Nous signalons cette plante nouvelle afin que les amateurs puissent en apprécier la nullité. leiiododendrum Hodgsoni (ITooKER fils), figuré dans la Revue horticole, 45 novembre 1855. Ce Rhododendron se trouve dans toutes les vallées de la région de Sikkim-Himalaya , entre 3,000 et 4,000 mètres d'élévation supra-marine; il atteint une taille de 4 à 6 mètres de hauteur et. forme par ses nombreuses branches d'énormes buissons de 15 à 20 mètres de diamètre. Les feuilles sont très-grandes (mesurant en moyenne de 50 à 40 centimètres de longueur sur 15 à 48 centimètres de largeur) et portées sur de courts et robustes pétioles, presque de la grosseur du petit doigt; elles sont glabres et d'un vert vif en dessus, couvertes en dessous d'un duvet tomenteux blanc, rarement ferrugineux, qui cède facilement sous la pression du doigt. Ces feuilles sont toutes rassemblées aux sommités des ra- meaux; en hiver elles périssent, mais restent suspendues à l'arbre, quoique flétries, jusqu'au printemps suivant. Les capitules sont ovoïdes et ont généralement 45 à 48 centimè- tres de hauteur; les fleurs sont grandes (4 à 5 centimètres de diamètre), campanulées, d'un beau rose uniforme; le limbe corollaire est divisé en huit lobes peu profonds échan- crés eux-mêmes en deux lobes plus ou moins arrondis. Les étamines sont au nombre de 16 à 48. Ce Rhododendron est moins florifère que la plupart de ses congénères ; il rachète ce défaut par son vigoureux développe- ment, l'imposante beauté de son port et sa rusticité. « C'est indubitablement, ajoute M. Naudin auquel nous empruntons les détails antérieurs, une importante acquisition pour les D'HORTICULTURE PRATIQUE. 269 parcs et les jardins paysagers, où ses puissants massifs de verdure et ses grands capitules roses s'entremêleront avan- tageusement aux sombres pyramides des Conifères. » Le Rhododendrum Hodgsoni est encore coté au prix de 20 francs, tant à cause de sa nouveauté que de ses mérites réels. smiiax Mauritanica (Poiret), figuré dans la Flore des Serres, pi. 1049. — Syn. : Smilax pendulina (Lowe). — Famille des Smilacées. — Diœcie Hexandrie. Le Smilax Mauritanica croît avec le Smilax aspera en Algérie, en Espagne, dans le sud de l'Italie et aux îles Cana- ries; il grimpe dans tous les buissons qu'il décore de son feuillage coriace et d'un beau vert foncé, et en automne de ses longs racèmes chargés de baies d'un rouge-groseille. Il diffère du Smilax aspera, espèce qui, outre les localités indi- quées ci-dessus, croît également sauvage dans le midi de la France et dont les fleurs blanches exhalent un parfum qui embaume les sentiers de la plus suave odeur de miel, par sa taille plus élevée, par ses feuilles presque toujours inermes ou tout au plus armées de quelques aiguillons épars, toujours vertes au lieu d'être parfois bariolées de blanc. Les feuilles du Smilax Mauritanica sont largement ovées, subcordiformes à la base et marquées de cinq à dix nervures alternes et pétiolées; fruits en baies globuleuses, grandes, nombreuses, rouges. Cette plante, fort ornementale lorsqu'elle est en fruits, réclame pendant l'hiver la protection d'une orangerie où on la tiendra assez sèche. Elle se multiplie de boutures, de tiges par éclats, et enfin au moyen de ses graines. Cultivée en espalier ou contre un léger treillage dans une serre froide où la lumière soit abondante, elle fera un très-bon effet. On peut se procurer des exemplaires de ce joli Smilax au prix de 2 francs, à l'établissement Van Houtte, et des graines, chez M. Rantonnet, à Hyères (Var), au prix de 50 centimes l'hectogramme. *70 JOURNAL Culture imtrairijérr. CULTURE DES CHOUX-RAVES DE TERRE, Par M. J.-G. Meyer, d'Ulm (Gartenflora, cahier d'avril 1855, p. 111). Les Choux-raves de (erre se distinguent des Choux-raves ordinaires, parce que le renflement de leur axe forme une véritable rave souterraine qui varie de forme, de couleur et de saveur selon les variétés. Ils se recommandent par plu- sieurs qualités : ils ont peu de racines; ils forment une rave ferme et lisse qui ne durcit jamais, même dans l'état le plus avancé, et dont la chair est délicate et de bon goût. Les trois variétés les plus connues et les plus répandues sont les trois suivantes : 1. Le gros Chou-rave «le terre blanc et rond, dont la ra\C est grosse, arrondie, ta peau et chair blanches. On le mange rarement et on l'emploie en général uniquement comme fourrage-racine. Sa rave devient facilement dure, souvent même avant son entier développement; M. J.-G. Meyer dit en avoir obtenu, il y a quelques années, une sous-variété moins grosse, mais de bon goût et bonne à manger. «. Le Chou-rave de terre jaune, dont la rave est Un peu oblongue, à peau et chair jaunes. Il n'acquiert la grosseur du précédent que dans d'excellentes terres, et il reste petit lorsque le temps est mauvais; cependant on le cultive com- munément à cause de sa délicatesse, de sa bonne saveur et de sa belle couleur jaune. 3. Le Chou-rave de terre géant, anglais, jaune, à peau d'un jaune rougeâlre, est d'acquisition récente. M. J.-G. Meyer a obtenu, il y a peu d'années, les deux nouvelles variétés suivantes qu'il a proposées comme pouvant remplacer sans désavantage la pomme de terre. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 271 4. Nouveau Chou-rave de terre, sros . rouel , jaune, à collet rouge. Il donne une grosse et très-belle rave ronde, à collet court, épais, rougeàtre, avec peu de racines, à peau unie, jaune d'or, un peu lavée de rouge, à chair entièrement jaune intense. Planté de bonne heure dans une terre forte, il acquiert la grosseur d'une betterave. 5. Nouveau Chou-rave de terre oblong, uni, ferme, jaune, à collet rouge. Le collet, la peau, la chair sont comme chez le précédent, mais sa forme est assez allongée; il grossit moins et il est très-bon à manger. « Depuis six ans, dit l'auteur, je cultive ces deux Choux- raves, et je suis très-satisfait de leur production, qui augmente chaque année et qui se rapproche de celle de la pomme de terre et de la betterave. L'un et l'autre cuisent en très-peu de temps et se mettent facilement en bouillie. Aucun légume de nos jardins ne produit autant et n'est aussi délicat, le chou-fleur excepté. » M. J.-G. Meyer pense que, cultivés plus en grand dans les parties méridionales de l'Allemagne, ces deux Choux-raves auraient fourni aux besoins créés par l'insuffisance des ressources alimentaires causée par la ma- ladie des pommes de terre et d'autres plantes de la grande culture. Il en recommande aussi l'emploi, ainsi que celui des suivants, comme fourrages-racines, pour la nourriture du bétail, auquel on peut les donner crus et cuits. A ces deux variétés obtenues par lui, l'horticulteur allemand ajoute les suivantes, qui sont ses gains les plus récents. ©. Nouveau Chou-rave de terre géant, jaune, à collet rouge. Très-grosse rave, arrondie, lisse et fine. Sa forme, sa peau, sa chair ressemblent à celles du n° 4 ; mais il produit beau- coup plus que celui-ci, et sa chair est délicate, sucrée et de bon goût. 7, Nouveau Choux-rave de terre géant, jaune, à collet vert. Sa rave est très-grosse, globuleuse, à peau très-unie, jaune foncé, ainsi que sa chair qui est délicate, sucrée et de bon goût : sa partie supérieure est généralement variée de vert clair et de vert foncé. 27-2 JOURNAL S. Nouveau Chou-rave géant , jaune, à collet ronge, à racine» très- fin es. Sa peau, d'un jaune d'or, avec un peu de rouge, est très-lisse jusqu'au bout et ne porte qu'un fort petit nombre de très-fines radicelles. Sa chair est d'un jaune foncé, très-délicate et d'un goût très-fin. Cette variété pro- duit considérablement, et elle convient particulièrement pour les sols légers. Les trois dernières variétés donnent un produit tel, dit l'auteur, que, sous ce rapport, elles ne sont surpassées par aucune plante connue. Elles sont d'aussi bonne qualité que les nos 4 et 5, et quelque grosses qu'elles deviennent, elles ne durcissent jamais. 9. Nouveau Chou-rave de terre sucré, rond, jaune, a moitié rouge. Très-grosse rave globuleuse, lisse, avec peu de racines. Sa peau est rouge foncé dans sa moitié supérieure, le collet compris, tandis que sa moitié inférieure est d'un très-beau jaune. Sa chair est jaune foncé, très-délicate, par- fumée, très-sucrée et d'un goût très-franc. C'est le plus beau des Choux-raves de terre; sa production est très-considé- rable. Tous les Choux-raves de terre demandent une terre pro- fonde, meuble, forte, grasse, un peu humide et une exposi- tion découverte. A l'ombre des arbres, ils s'épuisent en feuilles et ne donnent que des raves longues et grêles. Dans les terres sèches ou compactes, leur rave reste petite, parce qu'elle est gênée dans son accroissement. On les sème clair à une bonne exposition méridionale, dans une bonne terre de jardin, dans la première quinzaine de mars, ou, au plus tard, vers la fin du même mois. Lorsque le plant n'a plus à craindre les insectes, on l'éclaircitde manière ta laisser autour de chaque jeune pied environ 5 centimètres de terre libre. Cette précaution est indispensable pour obtenir des plantes vigoureuses qui, plantées de bonne heure dans une bonne terre, ne manquent pas de produire de grosses raves bien con- formées. Lorsque les jeunes pieds sont assez forts, on les plante à demeure en les espaçant à 50 centimètres ou même un peu D'HORTICULTURE PRATIQUE. 275 plus pour les variétés les plus fortes , et en laissant de côté les individus chétifs. Si le temps est sec au moment de la trans- plantation, on arrose; mais on peut s'épargner cette peine en plantant le soir. M. J.-G. Meyer a réussi, en 4854, à semer en place comme pour des betteraves. Si ces semailles en plein champ étaient toujours également praticables, elles simplifie- raient beaucoup la culture en grand de cette plante, et l'auteur la propose comme plus productive encore que celle avec trans- plantation; seulement il engage à éclaircir de bonne heure, de manière à laisser aux plantes l'espacement de 50 centi- mètres qui leur est nécessaire. Pendant l'été, dans l'une et l'autre méthode, on donne quelques binages et sarclages. Dans quelques pays, on butte; mais M. J.-G. Meyer regarde cette opération comme inutile. On arrache au mois d'oc- tobre, par un temps sec; on fait tomber la terre et on détache les feuilles aussi bas qu'il est possible; on laisse les Choux- raves se ressuyer sur la terre pendant quelques heures; enfin on enferme, pour l'hiver, dans des silos ou dans des caves sèches en y disposant les raves par couches. Elles s'y conservent parfaitement, et elles sont aussi savoureuses et aussi saines au printemps suivant qu'elles l'étaient au mo- ment de la récolte. Dans une note ajoutée au mémoire de M. J.-G. Meyer, M. E. Regel confirme l'exactitude des assertions de cet horti- culteur sur les mérites des variétés 4 et 5. Il dit ne pas con- naître encore les quatre dernières ; enfin il insiste sur l'im- portance qu'aura l'introduction de ces nouvelles plantes alimentaires dans la culture des jardins et des champs. S" 9. — NOYOBRL 1855. 18 274 JOURNAL ^ontologie* SUR LES CAUSES DE L'INFERTILITÉ DES ARBRES FRUITIERS. [Garlenflora , cahier de mars 1855. ) Dans une séance récente de la Société d'horticulture de Zurich, M. Otto ayant lu un mémoire sur ce sujet, il s'en est suivi une discussion à laquelle ont pris part plusieurs ha- biles horticulteurs. Les principaux résultats de celte discus- sion sont présentés par M. E. Regel, dans un article du Gartenflora auquel nous emprunterons ce qu'il renferme de plus essentiel. L'infertilité des arbres fruitiers doit être attribuée à di- verses causes : i° a la nature des sujets. Les arbres en pyramides et les espaliers greffés sur Coignassier sont en général plus pro- ductifs que ceux qui sont greffés sur sauvageon; mais mal- heureusement ils ont moins de durée que ceux-ci. Dans ces dix dernières années particulièrement, on s'est plaint géné- ralement du peu de durée des arbres fruitiers greffés sur Coignassier, et on a cru pouvoir attribuer celle particularité à la grande humidité de ces mêmes années. On sait aussi que l'inégalité du développement de ce sujet et des greffes qu'il reçoit amène des maladies qui déterminent la mort des arbres. Mais c'est précisément parce que le Coignassier est beaucoup plus lent, à se développer que les espèces qu'on greffe sur lui, qu'on s'en sert dans le but de modérer l'ac- croissement de celles-ci et d'obtenir ainsi des arbres à la fois plus bas et plus fertiles. On obtient en effet ce double résultat; mais en même temps les arbres ainsi greffés vivent moins longtemps que ceux qui sont greffés sur sauvageon. Dans tous les cas, il est essentiel de ne prendre pour sujets que de jeunes Coignassiers sains et vigoureux, qui seuls D'HORTICULTURE PRATIQUE. 27u donnent des arbres également sains. Il faut aussi ne pas greffer sur Coignassier les variétés d'arbres qui se distin- guent par la vigueur de leur végétation. L'infertilité des pyramides greffées sur sauvageon est gé- néralement causée par une taille trop forte. La nature de leur sujet leur donne un développement très-vigoureux. Pour les tenir bas, on les taille fortement chaque année, et, par suite de ce traitement, ils ne produisent que des branches à bois et pas de bourgeons à fruit. Aussi pour obtenir avec la greffe sur sauvageon des arbres peu élevés, on doit ne prendre que des sujets d'une faible végétation. 2° a la nature de la terre. Une terre de jardin grasse est regardée généralement comme moins avantageuse pour les arbres à pépins qu'une terre forte, mais pas trop compacte, avec un sous-sol perméable. 5° a l'accroissement. Les variétés d'arbres fruitiers dif- fèrent beaucoup entre elles, les unes produisant de bonne heure, tandis que les autres ne donnent du fruit qu'à un certain âge. On ne doit donc pas regarder celles-ci comme stériles, quoiqu'on ne les voie pas se mettre à fruit; car plus tard elles répareront le temps perdu. L'infertilité qui pro- vient de ce que le sol ne convient pas aux arbres, est de deux natures différentes. Dans certains cas, le sol est trop peu nutritif, et alors l'arbre ne donne que de mauvais fruits en petite quantité. Il faut, dans ce cas, creuser autour du tronc une fosse circulaire de dimension correspondante à celle de la tète de l'arbre. Dans cette fosse on met un bon compost, ou, faute de mieux, un mélange de la terre qui en a été retirée avec du fumier à demi consommé. Les engrais liquides produisent un effet de courte durée, et, s'ils sont trop concentrés, ils deviennent nuisibles. Dans d'autres cas, la cause est inverse; c'est la surabondance de principes nu- tritifs qui cause l'infertilité, en donnant aux arbres une végé- tation luxuriante et en leur faisant produire des bourgeons à bois et pas de bourgeons à fleurs. Alors, si les arbres sont jeunes, on doit les transplanler dans des sols moins riches; s'ils 27G JOURNAL sont vieux, on creuse autour d'eux une fosse et on leur sup- prime quelques fortes racines dont la suppression modère leur vigueur et les met à fruit. Souvent on obtient ainsi par la suite des arbres d'un grand rapport. Chez les arbres très- jeunes qui déjà se mettent à fruit, celle production n'a lieu naturellement qu'aux dépens du développement des feuilles. Or, comme la formation des racines marche parallèlement à celui-ci, il en résulle que ces arbres forment moins d'or- ganes nourriciers, et qu'ils deviennent faibles et maladifs par suite de leur fertilité. Il est dès lors indispensable de supprimer les fleurs, au moins en majeure partie, pendant les premières années. 4° aux insectes. L'affaiblissement causé aux arbres par certains insectes, lorsqu'ils se multiplient beaucoup, les rend languissants, malades même, et influe ainsi désavantageuse- ment sur leur production. POIRE ALEXANDRIE DODÏLLARD. M. Jules de Liron d'Airolles décrit, dans les Annales de Pomologie {1854, p. 41), une belle poire obtenue en 1849, à Nantes, par M. Douillard, architecte en celte ville; la pre- mière récolte date de 1840, mais la mise dans le commerce n'a eu lieu qu'en novembre 1852. Les excellentes qualités de ce nouveau fruit étant maintenant reconnues, nous nous em- pressons de le recommander vivement aux ama leurs pomo- logues. L'arbre, très-vigoureux, est propre au haut-vent (à Nantes) comme à l'espalier cl à la pyramide. Cette dernière forme est celle qui lui convient le mieux. Ses branches à fruits sont moyennes, brun-noisette dans leur jeunesse et ensuite grises. Le bouton à fleur est ovale, arrondi, pointu, brun-clair. Les jeunes rameaux sont moyens, droits, striés et renflés au sommet; l'épiderme, lisse, gris-brun au soleil, un peu verdâtre du côté de l'ombre, est ponctué de petites lenlicelles rousses. Le gemme est gros, épalé, pointu, brun- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 277 clair ombré de brun-foncé et légèrement lavé de gris; il est apprimé à sa base, écarté à son sommet et porté sur de légères consoles. Les mérithalles sont courts et assez régu- liers. Les feuilles sont moyennes, ovales, lancéolées, pointues, arquées, planes ou à bords légèrement relevés en gouttière ; leur serrature est irrégulière arrondie et peu profonde; elles mesurent 5 à 8 centimètres en longueur sur 5 à 4 en largeur. Le pétiole est grêle, verl-clair, canaliculé, long de 2 '/2 à 4 l/2 centimètres. Les stipules sont filiformes. Le fruit est fort beau, gros, pyriforme, turbiné ou ovoïde, côté ou bosselé; l'épiderme lisse, vert-clair, passe au jaune citron à la maturité; il est presque entièrement couvert de roux-fauve, maculé de brun-foncé et ponctué de noir et de gris. Le pédoncule, long de 55 millimètres, grêle, ligneux, est implanté un peu de côté et presque à fleur du fruit. Le calice, irrégulier, clos, est placé dans une cavité profonde et côtelée; ses divisions sont noires. La chair est blanche, fine, fondante; son eau est abon- dante, sucrée et délicieusement parfumée. Les loges sont spacieuses et contiennent chacune un ou deux pépins assez gros, ovales, allongés, pointus, brun-marron. Celte excellente poire mûrit en novembre et se conserve parfois jusqu'en décembre. 278 JOURNAL iHîsreUances* NOTICE CONCERNANT LA CULTURE DU MAÏS COMME PLANTE ALIMENTAIRE DE L'HOMME. Du fait qu'une chose entreprise une fois n'a pas été entiè- rement abandonnée, malgré les nombreuses déceptions aux- quelles cette chose a donné lieu, et du fait que ces échecs, loin de décourager les expérimentateurs, semblent stimuler leur zèle et leur faire redoubler d'efforts en vue d'obtenir des résultats plus satisfaisants, découle nécessairement la preuve qu'on attribue à ces résultats une grande valeur in- trinsèque ; c'est le cas du maïs. La culture de cette céréale a été tour à tour abandonnée et reprise, puis reprise en dernier lieu par des individus de celte classe d'hommes intelligents et instruits à qui l'expé- rience a appris à ne point se rebuter d'une entreprise aussi longtemps qu'il y a des chances de réussir. Beaucoup de per- sonnes ont renoncé à la culture du maïs comme étant une plante peu appropriée à nos climats septentrionaux; mais elles n'ont pas considéré qu'une foule de végétaux exotiques sont susceptibles de se naturaliser sous d'autres climats, soit iiprès une suite de plusieurs générations, soit à l'aide de la production d'hybrides entre espèces du même genre, comme il a été constaté à l'égard de la plupart de nos plantes ali- mentaires. Un autre point non moins important paraît avoir échappé à l'attention des cultivateurs, c'est qu'une plante alimentaire, qu'elle soit indigène ou étrangère, a besoin pour qu'elle puisse rendre le plus grand produit possible et de meilleure qualité, d'être cultivée avec les soins qu'exige sa nature et que ces soins sont indispensables en dehors du climat et du sol. Quand on nous dit que les végétaux des contrées tropi- L'HORTICULTURE PRATIQUE. 279 cales produisent spontanément les meilleurs fruits, on exa- gère, en ce sens que cela ne s'entend que de certains arbres dont la nature est de produire des fruits comestibles, comme, par exemple, le cocotier et d'autres; mais d'une autre part, il n'en est pas moins positif que toutes les plantes alimen- taires et industrielles originaires des pays tropicaux, lors- qu'elles sont cultivées, ne rendent que de médiocres produits si on ne leur accorde pas les soins les plus minutieux qui consistent pour la plupart de ces végétaux dans le choix du terrain et de l'exposition, dans l'engraissement, la prépara- lion et l'irrigation du sol, etc., outre les soins subséquents que chacune de ces plantes exige en particulier. Nous nous bornerons à citer la canne à sucre, l'indigotier, le cacaotier, le caféier, le cotonnier, et le riz même, et quiconque est un peu au fait de ce qui se passe dans les colonies et qui sait quelles dépenses excessives exige la culture de ces végétaux industriels pour en obtenir une récolte abondanîe et de bonne qualité, pourra en tirer la conclusion : 1° que si les végétaux cultivés dans leur pays natal exigent tant de soins, a plus forte raison ils en demandent lorsqu'ils sont transpor- tés dans un pays dont le climat difl'ère de celui auquel ils étaient habitués, et 2° qu'un bon sol et un climat heureux ne suffisent pas seuls pour obtenir d'une plante cultivée tout le produit qu'elle est susceptible de rendre. Ici se vérifie ce qui est écrit, comme partout ailleurs, « que l'homme ne peut rien récolter qu'à la sueur de son front. » Les soins spéciaux que réclament chacune de nos plantes alimentaires sont très-variables selon leur nature indivi- duelle, et c'est là le point qui est le plus souvent négligé, et ceux qui prétendent généraliser la même méthode de cul- ture pour toutes les plantes tombent dans une profonde er- reur. Nous ne craignons pas d'avancer trop si nous attribuons à la mauvaise culture et au mauvais choix des variétés tout l'insuccès dans la culture du maïs, céréale que nous regar- dons comme la plus propre à combler le déficit dans nos ré- colles ordinaires. 280 JOURNAL La réussite du maïs dépend, outre du choix de l'espèce, de la culture rationnelle. Ordinairement on le sème trop serré, on néglige le pincement des jets latéraux qui naissent de la base de la tige, on n'extirpe pas suffisamment les mauvaises herbes, et on ne butte pas les plantes, comme il est absolu- ment nécessaire pour leur fortification. On doit prendre la semence des plus beaux épis et choisir les grains du milieu de l'épi, car ceux qui se trouvent aux deux extrémités sont ordinairement imparfaits. Les semailles en rayons sont, sans contredit, les plus avantageuses. A cet effet, on fait des trous de trois quarts de pied (25 centimètres environ) de profon- deur au fond desquels on dépose une bonne quantité de fumier ou de compost, on le recouvre d'un peu de terre sur laquelle on met deux grains de maïs, que l'on recouvre en- suite de 2 à 2 1/2 pouces de terre dans les sols légers et de 1 à 1 1/2 pouce dans les sols forts. Rien n'est plus préjudi- ciable au succès de cette culture que d'enterrer trop pro- fondément la seme?ice, car les plantes qui en proviennent resteront toujours faibles et ne produiront qu'un petit nom- bre d'épis. Le premier sarclage doit avoir lieu huit à dix jours après la levée des plantes, en même temps on arrache la plus fai- ble des deux plantes. Trois semaines plus tard les plantes sont buttées, et cette opération est réitérée quand les piaules auront atteint 2 1/2 à 5 pieds ou \ 4/2 à 2 pieds de hauteur, selon l'espèce. C'est aussi le moment où il faut pincer les jets latéraux si on ne l'a pas fait déjà plus tôt. Ces jets d'en bas, au nombre de deux ou trois, montrent beaucoup de vigueur mais ne donnent jamais de beaux épis. Si l'on pince trop tard, la plante en est affaiblie, ce qui retarde le développement des épis qui naissent à l'aisselle de la deuxième et de la troi- sième feuille. Le pincement des jets superflus est une des opérations les plus importantes dans la culture du maïs, et qui malheureusement s'exécute avec beaucoup de négligence. Celui qui voudra se donner la peine de butter une troi- sième fois, au moment où les fleurs mâles, qui naissent du D'HORTICULTURE PRATIQUE. 281 sommet de la fige, commencent à se développer, en retirera les plus grands avantages. Car, en accumulant la terre au- tour du pied de la plante, on fournit aux racines adventives, qui y naissent en grande quantité, le moyen de s'étendre dans la terre et d'y puiser une abondance de sucs qui profi- tent au développement des épis, outre que les plantes s'af- fermissent davantage et ne sont point arrêtées dans leur vé- gétation par les secousses des vents. Le retranchement du sommet des tiges, après la féconda- tion, n'a aucune influence sur le développement et la matu- ration des épis; il devient au contraire nuisible lorsqu'il est exécuté trop tôt. Relativement au choix des espèces qui conviennent le mieux pour être cultivées sous le climat de la Belgique, nous recommandons : ]° le maïs précoce jaune américain couleur ambre jaune, 2° le jaune précoce de Styrie , 5° le précoce romain à gros grain, 4° le très-précoce Pignolino, et 5° le très-précoce cinquantino. De ces cinq variétés, la première mûrit tous les ans et donne le plus haut rapport. Les quatre autres rendent un peu moins, mais méritent' d'être cultivées à défaut du premier. Des expériences faites avec le plus grand soin depuis 1849, ont démontré que le rendement du maïs, cultivé exactement d'après les principes énoncés ci-dessus, s'élève environ à 46 hectolitres à l'hectare. En présence d'un pareil résultat, dont nous pouvons garantir l'exactitude, les cultivateurs n'hésiteront pas à faire au moins un essai. Nous ne nous étendrons pas sur les avantages qui résul- teraient pour le pays dans ces lemps calamifeux si la culture du maïs était entreprise sur une échelle dépassant un simple essai. La farine du maïs, en vertu de sa grande quantité de substance grasse, ajoutée par moitié ou au tiers à la farine du seigle, donnera un pain non-seulement d'un goût plus agréable, mais aussi plus nourrissant. Ce serait donc un grand bienfait pour la classe pauvre comme pour tout le inonde. 282 JOURNAL Nous ferons ultérieurement connaître où l'on pourra se fournir les semences du maïs précoce jaune d'Amérique. S. CULTURE DU SOLANUM JASMINIFOLIUM. Le Solanum jasminifolium ou heterophyllum est un sous- arbrisseau grimpant à feuilles alternes pétiolées, de forme très-variable : les inférieures à trois lobes, les supérieures entières, cordiformes-oblongues aiguës, d'un vert très-foncé, glabres sur les deux faces. Les fleurs disposées en cymes pédonculées, nombreuses, rappellent assez les ombelles de YHoya carnosa, sont d'un blanc de cire à centre jaune; elles exhalent une odeur délicieuse; leur diamètre est d'environ "2 centimètres. C'est une charmante plante qui résiste fort bien en plein air à nos hivers; elle se recommande en outre de son beau port et de ses fleurs parfumées par la brillante verdure de son feuillage persistant. Introduite depuis 4852, au Jardin des Plantes de Paris, celte jolie plante n'a pas été suffisamment appréciée, sans doute parce qu'elle était mal cultivée. Pour l'obtenir belle, il faut la placer en plein air, contre un mur comme cer- taines Clématites, ou bien la faire grimper en spirale autour d'un treillage ou d'une colonnetle comme les chèvrefeuilles. Le sol doit, être argileux ou un peu mélangé de terre de bruyère et de sable, surtout pour les exemplaires cultivés en pots, et que l'on destine à l'ornement de la serre froide pendant l'hiver. Le Solanum jasminifolium fleurit dès le mois de mai et continue ainsi jusqu'en décembre, quand les froids ne sont pas assez intenses pour détruire les fleurs. Lorsque les exem- plaires tenus en serre froide ont cessé de fleurir, il devient prudent de modérer considérablement les arrosemenls; on se bornera à tenir la terre des pots légèrement humide; les vases pour la transplantation ne doivent pas être trop grands. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 285 On peut se procurer celte charmante addition au groupe des plantes grimpantes, au prix de 50 centimes à 4 franc, chez la plupart des horticulteurs qui, il faut le dire, n'en connaissent pas assez le mérite. (Extrait du Floricidtural Cabinet.) CULTURE DES CHOROZEMA. Beaucoup d'amateurs croient que la culture de ces jolies Papilionacées est difficile; mais en suivant la méthode que nous allons indiquer, ils obtiendront, sans beaucoup de peines, de jolis exemplaires se couvrant, de fleurs pendant un long espace de temps. Le sol le plus propre aux Chorozema est la terre de bruyère assez sablonneuse, en moites que Ton brise en morceaux menus; la -terre passée au tamis ne convient pas. La meilleure époque pour le rempotage est le commence- ment du printemps : mars ou avril. Il faut avoir soin, en faisant celle opération, de ne pas endommager les racines; la terre doit être bien affermie et être rendue compacte au- tour des racines; les pois seront bien drainés et placés dans la ^erre froide, de manière que les plantes soient bien aérées et non étouffées entre d'autres végétaux. Il est préfé- rable, même pendant l'été, de les conserver en serre froide ; on les ombrera à cette saison, de M à 5 heures, pour les garantir des rayons solaires trop ardents vers le milieu de la journée. Les Chorozema exigent une quantité modérée d'eau, c'est-à-dire qu'ils ne doivent jamais être très-humides ni être laissés secs. On les propage de boutures prises sur le jeune bois : on enlève d'abord au moyen d'un couteau tranchant les feuilles inférieures, et puis on fait une coupe nette et horizontale au beau milieu du joint. On prend ensuite de petits pots au fond desquels on place plusieurs petits tessons pour obtenir un bon drainage, on les remplit, jusqu'à deux centimètres de 284 JOURNAL leur bord de terre de bruyère hachée, sur laquelle on établit une couche de sable blanc; c'est dans cette couche que l'on introduit l'extrémité des boutures, en écartant le sable au moyen d'un petit bâton pointu. Il faut bassiner légèrement les pots ainsi remplis de boutures, les recouvrir d'une cloche propre et claire, et les placer ensuite dans une bâche où la température sera d'au moins 18 à 20 degrés centigrades. Une feuille de papier gris posée sur les cloches suffit pour garantir les jeunes boutures des rayons solaires. Aussitôt que les boutures sont enracinées, ce dont on s'aperçoit facilement à l'allongement de la pousse, on les rempote une à une dans un petit pot, en ayant surtout soin de ne pas briser les racines, et on les ombre pendant huit à dix jours, pour qu'elles en fassent de nouvelles; on donne de l'air graduellement, et une fois suffisamment durcies ces jeunes plantes pourront aller dans la serre froide tenir com- pagnie aux exemplaires plus anciens. [Alpha, dans le Gardcners Chtonicle.) MOYEN DE FAIRE FLEURIR LE TROPjEOLUM WAGNERIANTM (1). Le Tropœohim Wagnerianinn, malgré la beauté de «on feuillage et l'originalité de ses fleurs rouges à pétales d'un bleu-noirâtre, est encore très-peu cultivé, à cause de sa diffi- culté. Un pied de cette Capucine fut planté au commence- ment de l'été 1854, en pleine terre, dans le Jardin bota- nique de Zurich, à demi-ombre, et par précaution, il fut ensuite déplanté a l'automne. Plus lard, il fut placé dans une serre tempérée, dans laquelle les variétés du Tropœo- lum Lobbianum fleurissent abondamment pendant tout l'hi- ver. Comme chaque année le Tropœolum Wagnerianum y (1) Gartenflora, mars 18oo, rédige par M. Regel, directeur du Jar- din botanique de Zurich, el Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, juin 1853. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 285 développa de longs jets vigoureux , mais peu de fleurs , le jardinier chargé de cette serre eut l'idée de supprimer, en les pinçant, les jets vigoureux que portait l'extrémité de la plante. Peu après on vit se développer de petites pousses maigres, qui se couvrirent de fleurs pendant les mois de jan- vier et de février, dépositions, SOCIÉTÉ ROYALE D'HORTICULTURE ET D'AGRICULTURE d'anvers. A l'occasion de la grande kermesse d'Anvers, la Société d'horti- culture de celle ville avait ouvert une exposition extraordinaire les 19, 20 et 21 août dernier. Le jury, composé de quinze membres venus de différents points du royaume, se réunit le 18 août et décerna, après un long travail nécessité par la quantité des concours ouverts et par le nombre des concurrents, les récompenses suivantes : Premier concours. — Bel envoi. — Premier prix : à M. Dillen, avoué à Anvers. — Deuxième prix : a Mlle Zoé do Knyff. La col- lection envoyée par cette zélée amateur renfermait des plantes très- distinguées, telles que Nymphœa eœrulea, Chysis bract 'escens , Cattleya Leopo.ldii , plusieurs beaux Crinum et Hedychium. Deuxième concours. — Collection de 8 Orchidées en fleurs. — Premier prix : à M. le chevalier Heynderycx de Gand, pour un con- tingent de douze espèces remarquables par leur choix et leur riche floraison et parmi lesquelles se distinguaient un Stanhopea Devo- nieiisis dont la hampe suspendait cinq fleurs blanches et pourpres , un Odontoglossum cilrosmum , à fleurs rosées, un exemplaire bien fleuri du rare Phajus albus, et un Phalœnopsis grandi flora. Troisièm econgôurs. — Plante rare fleurie. — VAchimenes Am- broise Verschaffelt fait obtenir le premier prix à l'exposant M. Goe- thals de Potter , de Dcstcnbergcn lez-Gand; cet Achimenes est un des plus jolis hybrides gagnes dans le groupe des Trevirania ; il a S86 JOURNAL été obtenu par M. Regel , de Zurich , en croisant VAchimenes longi- flora alba, par VAchimenes rubida; les Heurs sont blanches à rayons violets partant de la gorge. Le second prix est décerné au Fuchsia Mme Story , appartenant à M. Toncl de Gand. Ce joli Fuchsia à corolle blanche a été figuré dans notre numéro d'octobre. Un' troisième prix est accordé à M. Nuyts pour un bel exemplaire de Gcsneria Donkclaariana , magnifique variété obtenue par M. Don- kelaar du Gcsneria polyanthu auquel elle ressemble par le port géné- ral, mais qu'elle surpasse infiniment par la grandeur de ses fleurs à limbe assez évasé. Cinquième concours.— Collection de 12 différents Yucca. — M. Van Honsem Lunden affectionne depuis de longues années ce genre intéressant de plantes si ornementales pour nos jardins et nos serres froides ; cette affection est celle d'un véritable amateur ; elle se dévoile aux yeux de tous par la beauté et la bonne culture des exemplaires exposés. Les Yucca ont été pendant longtemps oubliés dans les concours ; ils deviennent à la mode et c'est vraiment justice. Sixième concours. — Collection de Broméliacées dont G en fleurs. — Le prix est décerné à M. Dilicn, dont la collection ne compre- nait pas moins de 4*8 espèces distribuées dans les genres Billbergia. Pitcairnia, Puya, Achmœa, Tillandsia, Dyckia, Nidutarium, Bro- melia, Pourretia et Caraguata. Il y avait ici surabondance de richesse, en ce sens que beaucoup d'espèces n'étant représentées que par de faibles exemplaires nuisaient ainsi à l'ensemble général. C'est un avis que nous donnons dans l'intérêt des amateurs et qui touche d'assez près au coup d'œil harmonieux d'une exposition, car ces grands étalages ne peuvent être parfaits et satisfont rare- ment les connaisseurs. M. Dilicn est un amateur trop distingué et de trop de jugement pour que notre observation lui soit dés- agréable. Septième concours. — Collection de Conifères. — Le beau con- tingent de 52 espèces de Conifères, appartenant à M. Dilicn, reçoit le premier prix ; M. C. Van Gecrt obtient le second prix avec une collection de 50 espèces, parmi lesquelles les Araucaria occupaient le premier rang. Huitième concours. — Collection de 12 plantes en fleurs remar- quables parleur culture. — Le premier prix est décerné à l'unani- mité à M. C. Seghers ; un Caladium odoratum, un Murant a zebrina D'HORTICULTURE PRATIQUE. 287 et un Bégonia rkinifolia, nous ont surtout frappé par leur vigueur et leur belle culture. Le second prix est accordé à 3VIme Nottebohm 5 la collection de cette dame se composait uniquement de Bëgonies bien cultivées. Neuvième concours. — Belle culture et belle floraison. — Un Bégonia fuchsioides , haut de 5 mètres et large de 75 centimètres, couvert de fleurs, obtient le premier prix. Ce bel exemplaire était envoyé par M. P. de Caters , président de la Société. Un pied de Stephanotis floribunda, remarquable par sa vigueur et par la teinte vert foncé de son ample feuillage, reçoit le second prix ; cette plante, dont les fleurs n'étaient pas assez épanouies, appartenait à Mme Le- grelle d'Hanis. Nous voyons avec plaisir que l'on s'occupe de nouveau du Stephanotis floribunda; tout le secret pour bien le cultiver con- siste à le faire pousser vigoureusement au printemps dans une serre chaude et humide, à l'abriter du soleil, et à faire ensuite durcir ses pousses pendant l'été dans une serre moins chaude, tout en tenant la plante assez humide et à mi-ombre. Dixième concours. — Collection de 25 Fuchsia. — Le prix a été décerné à l'envoi de M. E. Lundcn. Douzième concours. — Collection d'Achimcnes et Gloxinia. — Une riche collection, comprenant une cinquantaine d'espèces et va- riétés de ces deux genres , exposée par M. Goethals de Pottcr, de Gand , reçoit le premier prix ; une variété de Gloxinia à fleurs dressées blanches, bordées de rose et portant le nom (Yalba auricu- lata, a été surtout fort admirée. Le contingent de Mme Legrclle d'Hanis obtient le second prix à l'unanimité; plusieurs beaux semis de Gloxinia obtenus par cette dame ont été fort admirés et ont longtemps tenu le jury indécis dans son choix entre les deux col- lections rivales. Nous citerons parmi les semis de Mme Lcgrelle, les Gloxinia général Brialmont, Mmo Brialmont , Horlense Legrclle, y|/iie Ovpuis, Louis Legrclle, Flora d'Hanis, etc. Treizième concours. — Collection de 25 Pétunies en fleurs. — Le premier prix est décerné au contingent de M. A. de Bosscherc^ horticulteur à Saint-Laurent lez-Anvers, et le deuxième prix à M. Edmond Legrclle, dont la collection, composée de variétés à fleurs de moyenne grandeur, renfermait un Pétunia nommé Striata for- mosissima à corolles rouges striées de blanc d'un fort joli effet. Quatorzième concours. — Collection de 50 Bégonia. — On cul- 288 JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE, tive à Anvers les Bégonies avec prédilection et en même temps avec beaucoup de succès; quand on a vu les exemplaires de MM. P. de Catcrs, de Dillen, de Jansscns de Harvcn et de Mme Not- tebohm, on comprend facilement l'engouement des amateurs pour ces plantes au feuillage si varié, si frais, tantôt satiné, tantôt ve- louté; plantes essentiellement aristocratiques, car elles semblent se complaire dans le salon et le boudoir en compagnie de «es panaches herbacés et de ces tapis de verdure , dont les noms de cheveux de Vénus , de Fougères et de Selaginelle semblent empreints d'une douce et suave poésie. La collection de M. P. J. de Caters, à laquelle le jury accorde le premier prix, était remarquable par la force et la bonne venue des exemplaires; nous citerons surtout les Bégonia ricinifolia, ramen- tacea, princeps et macrophylla, dont l'ample feuillage est d'un puis- sant effet ornemental. Le second prix est décerné à la jolie collec- tion de M. Dillen. Quinzième concours. — Collection de 25 Gladiolus en fleurs. — Prix : à M. Dillen. Dix-huitième concours. — Collection de 20 plaîitcs fleuries ou non fleuries, à feuilles panaclices. — La beauté de la collection pré- sentée par Mme Legrclle d'Hanis lui fait voter à l'unanimité une médaille de vermeil au lieu de la médaille d'argent proposée par le programme. Cette collection brillait non-seulement sous le rapport du choix des plantes, mais aussi sous celui d'une culture irréprocha- ble; nous citerons particulièrement une fort belle plante grimpante, à amples feuilles cordiformes d'un vert cuivré, à centre teinté de pourpre brunâtre; cette plante ayant pour nom Dioscorea discolor portait en elle un air de vigoureuse santé qui faisait plaisir à. voir ; les amateurs apprendront avec plaisir qu'elle se cultive facilement en serre chaude et également bien en serre froide. Le deuxième prix (médaille d'argent) est accordé à M. Dillen, et le troisième prix, à M. le chevalier John de Knyff. ( La fin au prochain numéj'o. ) youti^teJ t>e cletatiuJL JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. PLANTES FIGUREES SANS CE NUMERO. NOUVELLES VARIÉTÉS HYBRIDES DE PETUNIA (1). N° 3, Pétunia Belle du jour. — N° 4, Pétunia Docteur Wilrtfi. — N° 5, Pétunia Ermesinde. — N° 6, Pétunia Fioretta. Le genre Pétunia, fondé par L. de Jussieu en 1805, ap- partient à la famille naturelle des Solanées et à la Pentan- drie Monogynie de Linné; il ne renferme que quatre ou cinq espèces propres à l'Amérique australe, parmi lesquelles le Pétunia nyctaglniflora (L. de Jussieu) ,' découvert à la Plata vers la fin du siècle dernier, et le Pétunia violacea, natif des mêmes contrées, mais seulement introduit en 1851, par M. Tweedie, jouent un rôle important en horticulture. C'est en effet à ces deux types que l'on doit le grand nombre de belles variétés que le commerce horticole a offertes aux amateurs depuis quelques années. Le Pétunia nyetaginiflora est caractérisé par de grandes et belles fleurs blanches; le Pétunia violacea, par des fleurs d'un rouge vif plus ou moins violacé; de taille moins élevée que le premier, il offre comme lui des liges et des feuilles visqueuses et velues-glanduleuses ; du mariage des deux espèces naquirent quelques variétés, qui, (1) Cette planche est empruntée à Ylllustration horticole de A. Yer- schaffelt. (Numéro de mai 1855, pi. 53.) Les nos 1 et 2 nous ont paru moins intéressants, c'est pourquoi nous ne les avons pas reproduits. N° 10. DECEMBRE l85o. 19 290 JOURNAL à leur tour mariées ensemble, ont produit des fleurs à teintes très-diversifiées, des fleurs bordées, réticulées et même striées. Quelques botanistes n'admettent pas le genre Pétunia et le font rentrer dans le genre Nicotiana de Linné, dont cepen- dant il diffère, surtout en ce que ses cinq étamines sont de longueur inégale et insérées au milieu du tube corol- laire, et en ce que les valves de la capsule sont indivises; enfin les fleurs, au lieu d'être en racèmes ou en panicules comme dans les Nicotianes, sont solitaires sur des pédon- cules axillaires. Les quatre variétés que nous représentons font partie d'une série de six variétés communiquées à M. A. Verschaffelt (et figurées dans Y Illustration horticole, pi. 55), par leur obtenteur, M. A. Wilhelm , horticulteur- pépiniériste à Luxembourg. Les deux variétés que nous n'avons pu figurer sont : N° d , Pétunia aurora , fleur très-grande, à veines très-apparentes, tube violet-pourpré, limbe violet-pâle lilacé, largement bordé de vert. N° 2, Pétunia Anna-Paulowna, fleur très-ample, tube violet, limbe ondulé, veiné-réticulé-gaul'ré, presque entiè- rement vert. Ces six jolis Pétunia sont cotés au prix de 4 franc chacun. Citons également une variété très-remarquable obtenue à Lyon par M. Dunet; ce Pétunia ayant pour nom Impérial, porte des fleurs blanches aussi doubles, dit-on, qu'un Gar- dénia florida ou un OEillet, et légèrement odornntes. Il se trouve coté dans le dernier Catalogue de M. A. Verschafl'elt au prix de 2 francs. MM. Simon-Louis, horticulteurs à Metz, annoncent dans leur Catalogue pour l'automne 1855, les six nouveaux Pé- tunia suivants : Auguste Leclerc, rouge violacé, gorge presque noire ; Jeanne d'Arc, fleur énorme, d'un rose carminé strié; gorge violette; Madame de Fischer, fond lilas fortement nuancé de violet, gorge noire ; D'HORTICULTURE PRATIQUE. 291 Madame Jacquin, fleur d'une forme parfaite, lilas veiné de violet, marginée de carmin; Marie Stuart, fond rose bordé et strié de carmin; Superba, rouge violacé bordé de vert; centre violet foncé. Le prix de chacune de ces variétés est fixé à 5 francs (novembre 4855). Il est juste de faire remarquer que parmi le grand nombre de variétés de Pétunies obtenues depuis peu d'années, celles produites par les semeurs allemands, tels que MM. Schùle, Ebritsch, Deegen, Pfitzer, Schmitt, etc., sont d'un mérite su- périeur; souvent bizarres, elles sont toujours recommanda- foies; en Belgique, M. Van Houtte a obtenu en 1854, du type Pétunia violacea, une variété fort remarquable (1); c'est la Striata formosissima à fleurs lilas, blanches, fond rose ru- foanné de blanc ou fond blanc rubanné de rose; les variétés Prince Camille de Rohan, Meleagris, gagnées par le même savant horticulteur, et le Pétunia Van Volxetn, obtenu chez M. Van Volxem, dans son superbe domaine des Trois-Fon- taines près Bruxelles, resteront toujours classées en raison de leur beauté parmi les meilleurs hybrides connus. CULTURE DES PETUNIA. M. Van Houtte, dans un excellent article sur la culture des Pétunia (2), dit que ces plantes, par leur nature herbacée, demandent pendant l'hiver une place près des jours, des arrosements très-modérés et de l'air toutes les fois qu'il sera possible d'en donner tout en évitant de les placer dans un courant d'air. Au mois de mars on les rempote dans une terre meuble et bien terreautée, on ombre immédiatement après pendant quelques jours, puis on les expose de nouveau près des jours de manière qu'elles reçoivent le plus possible de rayons solaires. Au mois d'avril on enterre les pots de (1) Flore des serres et jardins, pi. 874. (2) Flore des serres et jardins, lome IX, p. 45. 292 JOURNAL Pétunia jusqu'aux bords dans le sol d'une bâche, en s'ar- rangeant de façon que les têtes des plantes soient très- rapprochées du vitrage; on ombre et on donne de l'air. On profitera d'un temps couvert pour saupoudrer le sol des pots, de guano en poudre, de fiente de lapin , de poule ou de vache; nous ajouterions à ces stimulants les arrôsements de colle-forte dissoute dans l'eau. Dans le courant de mai, on peut mettre les Pétunia en place dans le jardin, en plein soleil dans un sol meuble, terreauté et tenu légèrement humide; on baguettera avec soin et l'on pincera à plusieurs reprises au commencement de cette végétation à ciel ouvert pour obtenir des exemplaires ramifiés et des fleurs plus grandes et plus nombreuses; les arrôsements et les bassi- nages deviendront plus fréquents à mesure que les chaleurs estivales se feront sentir. La floraison se poursuit jusqu'en oc- tobre et sera d'autant plus belle que l'on aura eu soin de rafraî- chir les plantes de temps à autre. On relève les Pétunia en motte vers la fin d'octobre, on les rabat et on les abrite dans la serre froide; il est préférable de faire, au moyen des ra- meaux stériles en juillet et août, des boutures qu'on élève en serre tempérée et qui formeront l'année suivante des exem- plaires plus vigoureux et plus florifères que les vieux pieds. Les semis de Pétunia se font au mois de mars dans des terrines bien drainées et remplies d'un mélange de terre de feuilles, de terreau consommé et de sable. On place ces ter- rines dans une bâche chaude ( 18 à 22 degrés centigrades) au milieu d'une atmosphère humide. Dix ou quinze jours après l'ensemencement, on voit apparaître le jeune plant; c'est à cette époque que la vigilance du jardinier doit s'exercer pour garantir les plantes des attaques des cloportes et des limaces. On donne graduellement de l'air pour fortifier le plant, et on le rapproche des vitres pour éviter l'allongement de la tige. Plus tard , on repique dans de nouvelles terrines que l'on place pendant quelque temps dans la même bâche jus- qu'à ce que les plantes soient assez développées pour être mises séparément dans un petit pot, et placées ensuite dans D'HORTICULTURE PRATIQUE. 295 îa serre froide près des jours ou, mieux encore, sous châssis froid, en leur donnant le plus d'air possible. — Il est à peu près certain qu'un amateur qui aura choisi ses graines sur de belles variétés et les aura traitées de la manière que nous venons d'indiquer, obtiendra d'heureux résultats à l'époque de la floraison. En triant alors les plantes à fleurs bien faites et d'un coloris tranché et poursuivant l'œuvre des semis, on est sûr d'être récompensé par quelque gain intéressant. GREFFE DES PETUNIA. En Angleterre, on greffe les Pétunia sur le Nicotiana ta- bacum, et l'on obtient de celte manière des plantes élevées formant de belles et grosses têtes arrondies couvertes de fleurs. M. Louesse (I), marchand grainier à Paris, ayant fait part de cette observation à un horticulteur de Paris, M. Bichet, celui-ci sema en mars des graines de Nicotiana glauca et tabacum; le plant de ce dernier se développa plus rapidement que celui du glauca. Lorsque les sujets furent assez forts et capables de recevoir des greffes de Pétunia, M. Bichet les plaça dans la serre, pratiqua sur les uns la greffe en placage, sur les autres la greffe en fente. Cette der- nière seule réussit. Plus tard, lorsque les plants du Tabac glauque furent de force à être greffés, l'opération fut beau- coup plus complète, par la raison que les tiges de ce dernier étant moins herbacées que celles du tabac ordinaire, la greffe se colle mieux et qu'elle est exposée à moins de chances que sur une tige trop tendre. Quelques pieds ayant été laissés à l'air libre, furent aussi greffés; tous ont parfaitement repris. Il convient, pour obtenir de belles têtes, de les pincer sou- vent lorsque la greffe se développe, et de diriger les bran- ches, ainsi que cela se pratique d'ordinaire. On obtiendra, par cette ingénieuse méthode, de jolis sujets ayant le port d'un élégant arbuste et très-propres à décorer une serre ou le perron d'une habitation. (1) Horticulteur français, septembre 1852. 204 JOURNAL Ijorttntlture étrangère* PLANTES NOUVELLES ET RARES. 4° SERRE CHAUDE. Dendrobinm ftluccarthire (Sir W. ÏÏOOKEr), figuré dans le Botanical Magazine, pi. 4886. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Monandrie. C'est parmi les plus belles que vient se ranger cette nou- velle espèce de Dendrobkim. Originaire de l'île de Ceylan où elle croît suspendue aux troncs des grands arbres des forêts, sa beauté a frappé même les indigènes de ces régions pri- vilégiées, qui l'ont surnommée Wissak-mal : la fleur du mois des pluies (ou fleur de mai). Le nom spécifique est une dédi- cace de sir W. Hooker à Mme Maccarlhy, femme du secrétaire colonial de l'île de Ceylan. Les tiges sont pendantes, flagelliformes, longues de 40 à 60 centimètres, de la grosseur d'une plume d'oie, striées, légèrement renflées aux joints, vertes et maculées de brun- pourpre; entre-nœuds distancés entre eux d'environ L2 1/2 à 4 centimètres. Feuilles peu nombreuses et situées vers le haut des tiges, lancéolées, longues de 5 à 8 centimètres. Racèmes axillaires portant chacun 4 ou o fleurs; pédoncules munis à la base de plusieurs petites bractées engainantes; pédicelles blanchâtres. Fleurs grandes (environ 7 centimètres de longueur et 9 de largeur), aplaties verticalement, d'un pourpre pâle; sépales étroits-lancéolés, presque aussi longs que les pétales; ceux-ci sont beaucoup plus larges, oblongs- lancéolés; labelle de même longueur que les pétales, subtri- lobé arrondi à l'extrémité, blanc et chargé à la gorge de pe- tits points pourprés; le disque est orné d'une large macule d'un pourpre foncé; enfin, l'extrémité antérieure du labelle présente une large bordure pourprée pâle et sept bande- lettes étroites longitudinales pourpres. Colonne blanche lé- gèrement teintée de pourpre. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 295 Cette délicieuse Orchidée est encore fort rare, nous ne savons même pas si elle se trouve dans le commerce horti- cole ; l'exemplaire décrit par sir W. Hooker fait partie de la riche collection du jardin botanique de Kew. cœiogyBie speciosa (Lindley), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4889. — Syn. : Chelonanthera speciosa (Blume). — Famille des Orchidées. — Gynandrie Monandrie. L'introduction de cette belle Cœlogyne javanaise est due à M. T. Lobb, qui réussit le premier à en faire parvenir des pieds vivants à MM. Veitch. Une année plus tard MM. Rol- lison en reçurent également de leur voyageur à Java ; de telle sorte que cette Orchidée se trouve maintenant dans plusieurs collections, et que son prix, d'abord fort élevé, se trouve main- tenant réduit, à 50 et 40 francs. Pseudo-bulbes agrégés , ovés-oblongs comprimés , mar- qués de côtes élevées, portant une seule feuille elliptique- lancéolée, acuminée , membraneuse, striée et plissée ; pédoncules un peu plus longs que les pseudo-bulbes et beau- coup plus courts que les feuilles portant une ou deux fleurs pendantes très-grandes à sépales lancéolés, carénés, l'inter- médiaire plus large et moins acuminé que les deux latéraux; pétales très-longs, linéaires, d'un vert olive pâle comme les sépales. Labelle très-grand, oblong à trois lobes dont deux latéraux plus petits, denticulés sur le devant et ayant l'as- pect de deux oreilles; lobe central ample arrondi, bilobé à bord frangé. Deux longues crêtes épaisses parcourent presque toute la longueur du labelle et se réunissent près de l'extré- mité antérieure du grand lobe intermédiaire; une troisième petite crête apparaît entre les deux autres à la base du la- belle; ces crêtes sont chargées de poils étoiles pédoncules (pédoncules souvent bifides), formant par leur ensemble une frange de toute beauté. La couleur principale du labelle est le jaune lavé, maculé et veiné de brun-rouge et de rouge de sang vif; l'extrémité antérieure du labelle est blanche. La beauté des fleurs du Cœlogyne speciosa réside, comme on 296 JOURNAL voit, dans le labelle. Ajoutons aussi que cette espèce végète vigoureusement et fleurit facilement. cordia auperha (Chamisso), figuré dans le Bot. 3Iag., pi. 4888. — Syn. : Cordia Sebestena (Vellozi). — Fa- mille des Cordiacées. — Pentandrie Monogynie. « A moins que le terme de superba ne s'applique, dit sir » W. Hooker, à la grandeur insolite des fleurs et du feuil- » Iage, cette espèce de Cordia mérite peu cette louangeuse » dénomination. » On ne doit pas cependant inférer de cette observation de l'éminent botaniste anglais que le Cordia su- perba soit une plante sans valeur ornementale; de grandes feuilles longues de 6 à 8 pouces, d'amples et nombreuses fleurs blanches, disposées en cymes terminales, la recom- mandent, nous semble-t-il, à l'attention des auteurs. L'exemplaire de Cordia superba décrit par sirW. Hooker est un arbuste haut de un mètre environ. Ses branches sont fortes, arrondies, lisses. Les feuilles, situées presque toutes à l'extrémité des branches, sont brièvement pétiolées, très- grandes, elliptiques-cunéiformes, un peu ondulées, entières, d'un vert foncé et acuminées, à nervures très-saillantes en dessous. Pédoncule terminal, aussi long que la feuille por- tant une cyme à divisions dichotomes et de grandes fleurs sessiles blanches lavées de jaune. Calice d'un vert blan- châtre, cylindrique; corolle très grande, plissée, infundibu- liforme-campanulée ; lobes larges, arrondis, étalés et plissés. Cette plante, originaire du Brésil, provient de l'établisse- ment horticole de M. Chantin de Paris. Ronucictia anoinaia (Lindley), Gardeners Chronicle , 47 novembre 1855, p. 756. — Famille des Rubiacées. — Pentandrie Monogynie. M. Lindley dit que ce magnifique arbuste de serre chaude a été obtenu de graines recueillies au Guatemala par M. G. U. Skinner. Le port ressemble assez à celui d'un Bou- vardia; les fleurs sont du vermillon le plus riche avec un D'HORTICULTURE PRATIQUE. 207 œil jaune et de la forme et de la grandeur des fleurs du Rondeletia odorata, seulement l'orifice du tube est fermé par des poils jaunes. Une particularité remarquable de celle plante, c'est de ne point offrir de stipules, mais une ligne de petites glandes luisantes. Les feuilles sont ovées-acuminées, brièvement pétiolées; capitules terminaux portant chacun trois fleurs. Le Rondeletia anomala fleurit au mois de no- vembre; on peut le ranger parmi les plus brillantes espèces connues jusqu'à ce jour. Il est à présumer que cette plante, propriété de la Société d'horticulture de Londres , sera bientôt annoncée dans les catalogues de nos grands horti- culteurs de Gand et de Liège. 2o SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. canna îiiiifiora ( Warscewicz ) , figuré dans la Flore des SeiTes et Jardins, pi. 4055-1056. — Famille des Cannacées. — Monandrie Monogynie. Tout le monde connaît le Balisier ordinaire (Canna indica) et l'effet à la fois pittoresque et ornemental qu'il produit lors- qu'il est planté en touffes au milieu d'une pelouse de jardin ou au pied et entre les cavités de rocailles artificielles. Cultivé de- puis près de trois siècles, le Canna indica, de même que ses va- riétés, trônait, faute de rivaux plus méritants, comme la plante de décoration par excellence des jardins pendant la belle sai- son, jusqu'au moment de l'introduction, de date assez récente, du charmant Canna Warscewiczii , dont les belles fleurs, d'un pourpre sanguin, les ovaires rouges, les pédoncules et les bractées purpurescents, attirèrent immédiatement l'attention générale. Cette nouvelle venue réhabilita le genre Canna en le faisant sortir d'une façon brillante de l'ornière du passé: mais déjà le Balisier de Warscewicz est connu de tous, cultivé partout; il fallait du neuf. Grâce à M. Warscewicz, l'introduc- teur du Canna liliiflora, et à M. Van Houtte, seul proprié- taire de celte introduction, une nouvelle espèce, belle parmi les plus belles (à l'exception du Canna iridiflora) , ornera 298 JOURNAL bientôt, il faut l'espérer, et nos jardins et les tablettes de nos serres. La grandeur et l'apparence des fleurs de ce nouveau Canna lui méritent à juste titre le nom spécifique de liliijlora ou à fleurs de lis. Sa taille est très-élevée (3 mètres environ) ; ses feuilles sont oblongues, acuminées, aiguës, vertes des deux côtés; le racème, terminal, presque sessile, s'infléchit brusquement, de manière à prendre une direction plus ou moins horizontale; de grandes squames ou bractées en forme de spathes scarieuses fauves et recouvertes d'une poussière farineuse glauque embrassent sa base. Les fleurs sont très- grandes, sessiles; les trois pétales externes sont oblongs- linéaires, réfléchis, à bouts verdâtres; les trois internes sont étalés, dressés, enroulés à l'extrémité et d'un jaune pâle pas- sant au verdâtre. Ces fleurs, au nombre de quatre à six dans chaque grappe, offrent des teintes de blanc, de jaune pâle, de rose tendre et de vert, dont les divers tons, très-délicatement combinés, composent un tout d'une rare élégance et d'un effet saisissant au milieu des fleurs rouges et jaunes des autres Balisiers. Le Canna liliiflora est originaire de l'Amérique centrale. Livré chez nous à la pleine terre, il végète vigoureusement; mais il ne s'élève pas aussi haut que lorsqu'il est cultivé en serre chaude en pots enterrés dans la tannée. Cette belle plante est cotée au prix de 45 francs dans le Catalogue de l'établissement Van Houtte. cypripedium humiie (Salisbury) , figuré dans la Flore des Serres, pi. 1054. — Syn. : Cypripedium acaule (Aiton). — Famille des Orchidées. — Gynandrie Diandrie. Cette fort jolie Orchidée, native de l'Amérique septentrio- nale où elle croît dans des terrains marécageux ou dans un sol rocailleux et ombragé, est connue depuis fort longtemps des botanistes. Son introduction en Angleterre date même du siècle passé, et néanmoins elle est restée assez rare jusqu'à ce jour pour que, parler d'elle, ce soit presque parler d'une nouveauté, charmante par le gracieux coloris de sa fleur, D'HORTICULTURE PRATIQUE. 290 précieuse par sa rusticité. C'est une plante dépourvue de tige ; ses deux feuilles naissent du rhizome souterrain ; elles sont membraneuses, oblongues, plissées, larges; hampe pubes- cente, ne portant qu'une seule fleur; bractée foliacée, acu- minée, beaucoup plus longue que l'ovaire; fleur grande, à sépales deux fois plus longs que le labelle, verts, lignés de veines longitudinales pourprées; pétales linéaires-lancéolés, dépourvus de barbe, de même couleur que les sépales; labelle très-grand, ventru, étranglé à sa base, purpurin, rehaussé d'un élégant réseau de veines pourpres et creusé d'un large sillon médian. « C'est, dit M. Planchon , une des plus char- mantes espèces et l'une des formes le plus nettement carac- térisées du genre Cypripedium. » La floraison a lieu au mois de juin. À ce gracieux Cypripedium, nous conseillons aux ama- teurs d'adjoindre dans la même plate-bande une autre espèce également originaire des États-Unis, connue et introduite depuis longtemps, mais devenue, comme le Cypripedium humifoj d'une grande rareté; nous voulons parler du Cypri- pedium pubescens ( 1 ) e L de sa variété minus. Le Cypripedium pubescens se rapproche de notre Cypripedium calceolus par l'ensemble de ses traits, mais s'en distingue tout d'abord par la singulière torsion qu'affectent plus ou moins les pétales. La tige et les feuilles sont couvertes d'un duvet moelleux, d'où le nom spécifique de pubescens. Les feuilles sont au nombre de cinq ou six, engainantes à la base, ovales-lancéo- lées, molles ; la tige porte une, deux ou trois fleurs (ce der- nier cas a surtout lieu dans la variété minus), La couleur des sépales et des pétales varie, dit M. Planchon, du verdâ- tre tigré de points ou de macules brunes au brun chocolat presque uniforme ou plus rarement au jaunâtre à peine mou- cheté de brun. Le labelle est d'un jaune d'or bordé de rouge (1) Figuré dans la Belgique horticole, 1. 1, p. 175; dans l' Illustration horticole, pi. 64; et en dernier lieu dans la Flore des Serres, pi. i050 et 1053. 500 JOURNAL vif autour de l'orifice, et suivant M. Lemaire, en dedans ligné, ponctué du même rouge, mais plus pâle, ainsi que l'appareil sexuel en dessus, où les macules sont d'un coloris plus bril- lant. La variété minus ne présente pour toute différence avec le type que des dimensions florales moindres. Les fleurs exhalent, dit M. Lemaire, une faible mais suave odeur. Sui- vant M. Planchon, les fleurs de la variété minus sont pres- que ou complètement inodores et dépourvues de macu- les sur la partie du labelle qui se présente naturellement aux regards. En somme, ce sont deux gracieuses plantes d'une conservation facile et d'un prix fort modéré (2 à 5 francs). On cultivera les trois Cypripedium que nous venons do décrire dans un sol assez léger (terre de bruyère mélangée de terre franche) et dans un endroit exposé au nord. Le sol doit être tenu frais pendant la végétation ; après la floraison, en juin, on diminue les arrosements pour les cesser com- plètement jusqu'au printemps suivant; en hiver on recouvre la plate-bande d'un lit de feuilles, seule précaution qu'il soit nécessaire de prendre pour préserver ces Orchidées des ri- gueurs de nos hivers. i>ciphi»ium cardinale (sir W. Hooker), figuré dans le Bot. May., pi. 4887. — Famille des Renonculacées. — Po- lyandrie Trigynie. Voici une nouvelle venue dont la beauté est destinée à faire tressaillir de joie tous les amateurs de plantes de pleine terre. C'est encore une de ces précieuses découvertes dont l'horticulture est redevable à M. W. Lobb, pendant son voyage d'exploration en Californie. On ne connaissait jus- qu'à ce jour que des Delphinium bleus, pourprés ou blancs; l'espèce introduite chez MM. Veitch et fils, par Lobb, est d'un écarlate tellement vif qu'on peut dire qu'il est éblouis- sant. Cette espèce atteint dans les jardins anglais une élévation de 75 centimètres à un mètre. Les feuilles sont presque D'HORTICULTURE PRATIQUE. 501 toutes radicales et dans ce cas portées sur de très-longs et robustes pétioles; elles sont glabres, larges de 20 à 25 cen- timètres, digitées presque jusqu'à la base en cinq segments primaires étalés, cunéiformes-lancéolés et fortement ner- vés; ces segments sont ou simples, acuminés et étroits, ou plus larges et plus ou moins divisés en deux ou cinq seg- ments ou lobes secondaires; les feuilles de la tige sont peu nombreuses, et diminuent graduellement de taille vers le haut; leurs pétioles sont plus courts; leurs segments de moins en moins nombreux, de telle sorte qu'elles passent insensiblement sur le pédoncule terminal à l'état de brac- tées simples, sessiles et lancéolées. Panicule (racème com- posé) allongée, portant plusieurs grandes fleurs très-appa- rentes; pédicelles allongés, érigés, pubescents et munis d'une paire de bractées opposées, subulées. Les fleurs sont légèrement inclinées, larges d'environ deux pouces, d'un riche écarlate (de là le nom spécifique de Cardinale), excepté les pétales qui sont en partie d'un jaune vif; sépales, cinq, largement ovés, très-obtus; éperon aussi long que la fleur, légèrement ascendant, écarlate jusqu'au bout. Étamines nombreuses à anthères jaune vif. Il est probable que cette précieuse nouveauté pour nos jardins et pour les hybridisateurs sera disponible au prin- temps prochain chez nos principaux horticulteurs. Ampkicomc Emodi (Lindley) , figuré dans le Bot. Mag., pi. 4890. — Synon. : IncarvUlea Emodi (Wallich). — Famille des Bignoniacées. — Didynamie Gymnospermie. Le genre Amphicome, établi par Royle dans sa Flore de V Himalaya, se compose de plantes à racines vivaces et à tiges herbacées, annuelles ou pérennantes, dressées et gla- bres, à feuilles alternes , pinnalisectées et à racèmes termi- naux lâches et à grandes corolles roses. L'espèce qui fait l'objet de cet article est fort jolie; sa racine est vivace; sa tige est annuelle, glabre, à peine branchue, et ne s'élève que de 50 à 45 centimètres de hauteur. Ses feuilles, surtout les 302 JOURNAL radicales, sont longues (12 à 15 centimètres); elles sont pennées avec impaire et garnies de cinq à sept paires de fo- lioles pétiolulées , opposées, cordées-ovées, obtuses à bords crénelés-lobés. Pédoncules terminaux, dépourvus de feuilles ou munis de deux ou trois bractées cunéiformes. Fleurs grandes, très-belles, d'abord en corymbe et affectant à me- sure que le fruit se forme la disposition en racème. Tube calicinal, turbiné, épais, charnu. Corolle à tube infundibuli- forme-campanulé, orange; limbe ample, découpé en cinq lobes étalés, arrondis, émarginés et d'un beau rose. Cette charmante plante, originaire des montagnes de l'Hi- malaya (monts Emodi des anciens), a fleuri récemment (octobre 1855) sous châssis froid, dans le jardin botani- que de Kew, et provient de graines envoyées en 1852 par le major Vicary. Lar«x Griffithii (Hooker fils et Thomson), figuré dans l'Illus- tration horticole, pi. 72. — Famille des Conifères. — Mo- nœcie Monadelphie. Ce beau Mélèze atteint dans son pays natal (montagnes de l'Himalaya, Népal oriental) une hauteur de 60 pieds; il croît à une élévation supra-marine de 8,000 à 12,000 pieds dans des vallées profondes, sur des roches au bord des torrents et des rivières. Son port est grêle, son feuillage est épars, ses rameaux flexibles et déliés, qui s'agitent sous la plus légère brise, donnent à cet arbre un aspect pleureur fort gracieux; les feuilles réunies en fascicules sont linéaires, d'un vert gai en dessus, glaucescentes en dessous; les cônes sont dressés, plus gros que dans les autres Mélèzes; leur forme est cylin- drique, violets dans leur jeune âge, bruns à l'état adulte; le nombre des écailles est plus grand que dans les autres espèces; de plus, chacune de ces écailles est munie d'une longue bractée persistante et réfléchie, tandis qu'ordinaire- ment ces bractées ne se remarquent que sur les écailles les plus inférieures. Les cônes mûrs ont de 10 à 15 centimètres de longueur. Le Larix Griffilhii fleurit dans son pays natal au D'HORTICULTURE PRATIQUE. 505 mois de niai et fructifie en octobre; il promet d'être tout à fait rustique chez nous, à en juger par la facilité avec laquelle de jeunes individus ont supporté en plein air en Angleterre et à Gand le rigoureux hiver de 4854-1855. On le cote à Gand au prix très-modéré de 5 francs. Culture maratcJjère. DU PIRCUNIA ESCULENTA (Miqiiel). (Phytolacca esculenta.) Le Pircunia esculenta est une plante vivace, robuste, s'é- levantà environ un mètre de hauteur; elle se ramifie et porte des feuilles amples ovées-lancéolées; ses fleurs sont petites, blanches et disposées en épis terminaux dressés ; son port général est celui du Phytolacca dccandra. C'est en 1847 que M. Van Houtle reçut de l'Inde des graines de Pircunia es- culenta et qu'il fit connaître (Flore des Serres, tome IV, page 598 6.) les avantages de la culture de celte plante comme succédanée de l'Épinard ordinaire. « Les feuilles cuites et préparées à la manière ordinaire, disait M. Van Houtle, présentent l'avantage de fondre deux fois moins que celles desÉpinards; leur saveur est extrêmement agréable au goût, a quelque chose d'aromatique, est plus prononcée et n'a pas besoin d'être relevée par des épices. » Tel était l'avis de toutes les personnes qui les avaient dégustées. Plus tard, les mérites culinaires du Pircunia escule?ila furent révoqués en doute par plusieurs cultivateurs; il eut, ainsi que l'observe M. Van Houtte, dans le 9e volume de sa Flore des Serres (page 482), comme presque toutes les nou- veautés, ses détracteurs; d'autres cultivateurs le trouvèrent excellent. Affaire de goût, sans doute, car le Pircunia fut 304 JOURNAL trouvé par les uns avoir la saveur des Épinards, par les autres celle du Chou. Voici maintenant l'opinion que M. Regel émet dans la Garten Flora (septembre 4855) sur la valeur du Pircunia esculenta; il trouve que ce nouveau légume ne justifie pas l'éloge qu'on en avait fait à l'époque de son introduction. « On peut, di'-il, en employer les feuilles de la même ma- nière que les Épinards; non-seulement elles ne valent pas mieux, mais encore leur arrière-goût particulier et acidulé doit les faire regarder par la plupart des personnes comme inférieures à notre Épinard ordinaire. En outre, la culture du Pircunia exige beaucoup plus de précautions que celle de l'Epinard. Il faut en semer les graines sur couche chaude pour repiquer ensuite le plant dans une planche bien pré- parée. Si l'on opère de bonne heure, on peut récolter les feuilles, pendant tout l'été; et il suffit même de rabattre les pieds pour leur faire produire de nouvelles tiges. La racine charnue et volumineuse du Pircunia passe très-bien l'hiver en pleine terre; ainsi elle s'est conservée en bon état, à Zurich, sans couverture pendant l'hiver dernier (1854-1855); mais les gelées blanches font périr le jeune plant. On peut aussi enlever les racines à l'approche des froids et les con- server à l'abri de la gelée pour les replanter à la fin d'avril ou couvrir la terre avec du fumier court qui suffira ensuite comme engrais. Le produit, en procédant de cette dernière manière, devient même très-abondant et plus assuré les an- nées suivantes. Une terre plantée de Pircunia donne des récoltes plusieurs années de suite. On doit inférer, d'après ce qui précède, que les avantages de la culture du Pircunia sont assez grands pour la recom- mander à l'attention générale; si l'ensemencement exige quelques soins, la longue durée des récoltes balance et bien au delà la minutie des premiers travaux de repiquage. Une fois en place, ce légume ne demande d'autres soins que ceux que l'on doit accorder à toute plantation, même la plus vul- gaire, c'est-à-dire quelques nettoyages et sarclages du sol. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 50l> L'arrière-goût acidulé que M. Regel lui reproche est peut- être une question qu'une cuisinière intelligente peut résou- dre. II est du reste peu de légumes nouveaux auxquels on n'ait trouvé d'abord un goût particulier, parfois étrange, peu agréable même, et que l'habitude et la manière de préparer n'aient ensuite fait trouver bon. Les racines du Pircunia esculenta, forcées sous châssis pendant l'hiver, émettent de nombreuses pousses très-tendres et d'un fort bon goût. Aux États-Unis et aux Indes occidentales on cuit les feuilles et les jeunes pousses du Phytolacca decandra, et on les mange comme nos Épinards qu'il remplace dans beaucoup de localités. Nous avons goûté de ce plat et du Pircunia; nouspréférons ce dernier. Ijjomoiogte, POIRE BEURRÉ MAUXION. Le Beurré Mauxion (figuré et décrit dans V Horticulteur français, numéro de novembre 4855) est un gain nouveau, que le hasard a fait naître dans le cimetière d'un pelit vil- lage du département d'Indre et-Loire, et qui a été trouvé par M. Mauxion, maire dudit village. Il est mis cette année au commerce par M. Dupuy-Jamain , horticulteur pépinié- riste, route de Fontainebleau, à Paris. Le savant rédacteur de Y Horticulteur français décrit ce nouveau gain de la manière suivante : « L'arbre est vigou- reux ; les rameaux sont forts, de couleur rouge-brun, mar- qués de nombreuses et petites lenticelles grisâtres ; les en- tre-nœuds, assez réguliers, sont d'environ 5 à 4 centimètres. Les coussinets sont très-saillants et présentent deux petites côles qui descendent et se perdent dans chaque entre-nœud. < 10. — DÉCEMBRE 1855. 20 oO(j JOURNAL Les yeux sont un peu déprimés, pointus, situés au-dessus du coussinet et au-dessous d'une assez forte saillie sur laquelle ils sont appliqués. Les feuilles sont oblongues-ellip- liques, pointues ou brièvement rétrécies en pointe (acumi- nées) au sommet, finement dentelées, munies d'un pétiole long de 2 centimètres environ et accompagnées de deux sti- pules caduques, très-étroites, longues de 1 centimètre et plus. Le fruit a la forme d'un ovoïde raccourci de 8 centi- mètres de hauteur, et 22 de circonférence. L'ombilic ou l'œil esta cinq dents et peu enfoncé; le pédoncule, fort, est de longueur variable (15 à 25 millimètres), situé dans un enfoncement peu profond et à bord un peu irrégulier, comme crénelé. Son épiderme est jaune verdâtre clair, par- semé de petites taches rousses du côté de l'ombre; la partie exposée au soleil est d'un beau jaune clair, fortement marbré de rouge très-clair et maculé de rouge vif. La chair est blan- che, fondante, et l'eau très-abondante qu'elle contient est parfumée, très-savoureuse. La poire Beurré Mauxion mûrit en septembre; c'est un ( au cl excellent fruit. Nous figurerons et décrirons, dans un prochain numéro, une excellente poire obtenue de semis par M. Millet, pépi- niériste à Tirlemont, et nommée par lui Poire Madame Millet. Celte nouvelle poire surpasse le Doyenné d'hiver et se conserve jusqu'en mai. M. A. Papeleu, pépiniériste à Ledeberg-lez-Gand, dont on ne saurait trop louer les constants efforts pour réunir dans su vaste pépinière de Wetteren tous les meilleurs arbres frui- tiers cultivés à l'étranger, ou obtenus en Belgique, signale le Poirier Madame Millet dans le dernier supplément à son Catalogue pour l'automne 1855 et le printemps 1856, et le cote au prix de 10 francs pour nains. Nous remarquons dans le même supplément l'indication des poiriers suivants nouveaux ou à peine connus en Belgique. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 507 Beurré Woronzow (De Harlwiss); fruit de premier ordre, très-gros; mûrissant en octobre-novembre. Brandywine (variété américaine); fruit moyen, fondant, beurré; eau abondante et parfumée. Mûrit en août. Collins (autre variété américaine); fruit ayant la forme d'un Doyenné, moyen, fondant; mûrissant en octobre; arbre vigoureux et fertile. Cabot (Manning); fruit très-gros, turbiné se rétrécissant vers le pédoncule; épidémie rougeàtre , jaune-bronzé, rouge-cannelle du côté du soleil; chair vert-blanchâtre; eau abondante légèrement acidulé. Mûrit fin septembre. Elisabeth (Edward's); fruit de la plus grande finesse, fondant et mûrissant en octobre. Howell (variété américaine); fruit très-gros, chair fon- dante, très-fine. Mûrit en septembre. Léochine de printemps (De flartwiss) ; bon fruit, très- beau, ressemble à un Doyenné, très-tardif (de là son nom). Schahin-Ghyrey (variété provenant de la Crimée) ; belle poire, remarquable par sa forme, très-fondante, sucrée, musquée; mûrissant en septembre-octobre. Les poires Johonnot , Kingsessing , Merriam , Ott , Moymensing , Sheldon , Sivans Orange sont des variétés obtenues aux États-Unis et que l'on dit être de première qualité; leur maturité a généralement lieu en septembre. Il est bon de remarquer que les Poiriers de provenance américaine sont très-fertiles et d'une grande vigueur : qua- lités d'une haute importance pour Taniélioration de nos vergers et d'un heureux présage pour les semis futurs. Les descriptions de toutes ces nouveautés nous manquent pour pouvoir contrôler le mérite de chacune d'elles ; néan- moins les sources d'où elles proviennent sont assez respec- tables pour nous permettre de croire qu'elles sont dignes d'être recommandées. Le prix fixé par M. Papeleu est de 2 francs 50 centimes pour chacune des différentes variétés indiquées ci-dessus. 508 JOURNAL iïHsaUanées* SUR LA CULTURE DES AMARYLLIS TROPICAUX. Ces benux végétaux bulbifères, qui depuis un grand nom- bre d'années ont attiré l'attention des jardiniers et des ama- teurs, et qui forment pendant les mois de l'hiver jusqu'en avril le plus bel ornement des serres, présentent dans leur culture certaines difficultés que celui qui désire obtenir un bon résultat doit, connaître afin de les surmonter. Ce qui va suivre n'est point écrit avec la prétention de clore les débats; nous désirons, au contraire, que d'autres amateurs d'Ama- ryllis fassent connaître leurs expériences. Les Amaryllis Reginœ (L.), vittata (Lind.), equestris (A\t.)9 pulverulenta (Lodd.), et aulica (Ker.), appartenant actuel- lement tous au genre ffippeastrum , sont les types ou au moins les espèces qui ont été introduites, d'abord de leur patrie, l'Amérique méridionale, et surtout du Brésil, dans les jardins de l'Europe. Par le croisement de ces espèces, il est résulté une infinité de variétés nouvelles. C'est ainsi que M. David Bouché, à Berlin, a réussi, en 1853, à gagner, par le croisement de Y Amaryllis Reginœ avec le pollen de Y Ama- ryllis formosissima , vingt-sept jeunes plantesqui, en 1840, ont fleuri avec les fleurs les plus diverses et les plus variées. Ce fait a ouvert au jardinier un nouveau champ pour la multi- plication des fleurs de collection, et les résultats qui ont été déjà obtenus constatent suffisamment que la nature n'est pas ingrate envers ceux qui se livrent à son culte. Des soins particuliers sont donnés pour obtenir de nou- velles variétés de Y Amaryllis vittata, qui sont encore tou- jours les plus rares et les plus recherchées. La plupart des variétés appartiennent aux Amaryllis Re- ginœ, vittata et pulverulenta, lesquelles sont faciles à dis- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 309 tinguer à la forme, à la couleur et au dessin. Comme clans les Jacinthes et les Tulipes, on a établi certaines règles de beauté qu'un Amaryllis doit posséder pour mériter le titre de beau. La tige doit être haute, forte, et porter trois ou quatre fleurs disposées horizontalement; l'ouverture de la fleur doit être large, les pétales seront larges et se touche- ront par leurs bords en ayant le bout rejeté; le dessin doit être net, tranché, et les couleurs pures. Si les feuilles se dé- veloppent simultanément, si elles sont larges, dressées et point dépassées par les fleurs, on peut regarder la plante comme entièrement belle. Dans les croisements de différentes espèces entre elles, on a eu l'occasion de constater que les formes de la plante fé- condée se transmettent aux descendants, tandis qu'ils parta- gent le coloris de la plante fécondante. Cette remarque ne doit pas êlre perdue de vue par les hybridateurs. La fécondation est facile à opérer : on arrache, à l'aide d'une petite pince, une anthère qu'on passe ensuite légère- ment sur le stigmate de la fleur qu'on veut féconder; si l'opération a réussi, l'ovaire de la fleur fécondée commence à se gonfler quelques jours après. Les plantes fécondées de- mandent, après la floraison, à être placées dans un endroit sec, sans cela la pourriture de la tige est fort à craindre, désagrément que, malgré cette précaution, l'on ne peut pas toujours empêcher. Semblable à ce qu'on voit chez les Dah- lias, la tige des Amaryllis est remplie à l'intérieur d'une sub- stance liquide qui disparaît peu à peu, ou du moins n'est pas préjudiciable à la maturation des graines, si la plante n'est pas abreuvée d'eau. Les plantes qui fleurissent à la fin de janvier ou en février, donnent plus facilement des se- mences que celles qui fleurissent plus tôt, parce que celles-ci n'ont pas l'avantage de l'influence bienfaisante des rayons solaires. Afin d'obtenir de nouvelles variétés distinguées, il va sans dire qu'il faut choisir pour les croisements les fleurs les plus parfaites sous le rapport de la forme et du coloris. Les semences mûrissent en peu de semaines, et on les sème 510 JOURNAL immédiatement après la dêhiscence de la capsule. Il est a remarquer qu'on ne recouvrira ces graines que d'un peu de terre, ou, mieux encore, de mousse. Une terre sablonneuse, composée de parties égales de terreau de feuilles et de terre de bruyère, est la meilleure dont on puisse se servir pour celte opération. Les Anglais recommandent un mélange de terre de bruyère et de gazon pourri. Les terrines contenant le semis sont placées sur une couche chaude ou dans un en- droit chaud d'une serre. Si les semences sont bonnes, elles lèvent dans l'espace de huit jours. Les jeunes plants restent pendant la première année dans leur terrine; en été on les place sur une couche très-chaude et on les y tient modérément humides. Pendant l'hiver on leur donne une place dans une serre chaude où l'on cherche à en entretenir la végétation, afin que le bulbe se développe le plus vite possible. L'année suivante, à la fin de mars ou au plus tard en avril, on prépare une couche bien chaude dans laquelle on repique les petils bulbes dans du terreau de couche mélangé avec du sable ou des cendres de houille tamisées; ce lit de terreau aura cinq pouces d'épaisseur au moins. Pendant les premières semaines, on ombre, mais on ne donne de l'air qu'autant qu'il en faut pour laisser sortir les vapeurs aqueuses. Aussitôt que les bulbes montrent leurs nouvelles feuilles, on les lient modérément humides jusqu'en automne, on donne un peu d'air s'il fait chaud et on diminue peu à peu l'om- brage. L'enlèvement complet des châssis n'est pas avanlageux pour les jeunes bulbes, mais il est profitable aux bulbes plus âgés dont les feuilles sont vigoureuses; néanmoins la végéta- lion en est retardée. En octobre, on plante les bulbes dans des pots, on coupe les feuilles au-dessous du col, et on les place dans un lieu sec et chaud où ils reslent jusqu'au mo- ment où la nouvelle pousse se montre ; c'est alors le moment de les arroser modérément. Le traitement pour les années suivantes est le même; et on cultive de la même manière les caïeux qu'on sépare des vieux bulbes. Les bulbes élevés de D'HORTICULTURE PRATIQUE. 311 semis fleurissent vers la quatrième ou cinquième année, mais ils n'atteignent toute leur croissance qu'à la huitième année. On traite les bulbes adultes de la même façon; on fera bien de placer les pots contenant les bulbes récemment plan- tés dans une bâche couverte de châssis, afin de les garantir de l'humidité qui tombe du ciel, et d'empêcher la pourriture des vestiges des anciennes feuilles. Les bulbes malades doi- vent être soigneusement garantis des gouttes d'eau qui tom- bent des fenêtres. Le système de planter profondément les bulbes adultes cultivés sur couches , de sorte que le col soit entièrement couvert de terre, est très-favorable : il les forti- fie et conserve leur santé. On ferait bien, s'il était possible, de préparer pendant le courant de l'été deux ou trois cou- ches chaudes, de planter les bulbes peu de temps avant leur floraison dans des pots et les enfoncer en mars ou avril jus- qu'au bord dans une de ces couches, où il faudrait également que les bulbes soient, entièrement couverts, soit de terre, soit de sciure de bois; aussitôt que la couche est refroidie, on enfonce les pots dans une couche fraîche; pour le reste on suit les mêmes errements de culture des bulbes cultivés en pleine terre. Ce traitement se base sur le principe applicable à presque toutes les plantes des tropiques, qui aiment la chaleur en dessous (Bottom heat des Anglais), afin de pouvoir faire des racines vigoureuses, condition indispensable à une bonne végétation. Pendant la plantation dans des pots, il ne faut pas négliger de séparer les tuniques desséchées et d'enlever les racines gâtées, sans toucher à celles qui sont encore vi- vantes. La meilleure terre pour ces bulbes est un mélange d'une partie de bouse de vache pourrie , de deux parties de terre de bruyère, d'une partie de terreau de feuilles et au- tant de sable rude, ou, à défaut, de cendre de houille. A l'aide de cette méthode on obtient des liges plus élevées; bien que cela dépende aussi de la localité où les bulbes sont hivernes , il y a même des Amaryllis, comme, par exemple, Johnsoni 512 JOURNAL et vittata et ses variétés, qui donnent rarement des tiges aussi élevées que les Amaryllis pliœnicea, odorata, vitellùia et autres. Je ne saurais cependant recommander la cul- ture de ces plantes uniquement et consomment en pots, car les bulbes n'y profilent pas autant qu'en pleine terre. Les ennemis des Amaryllis sont les Coccits ordinaires qui se trouvent presque toujours dans les serres chaudes et les larves d'un moucheron (Bibio hortulana), qui se logent dans les tuniques charnues des bulbes et en occasionnent la pourriture. Les premiers de ces ennemis sont faciles à dé- truire si l'on plante les bulbes profondément dans la terre; un peu d'huile de lampe ou de foie de soufre dissous dans de l'eau les tue infaillibement lorsqu'on en introduit un peu avec un pinceau entre les écailles du col des bulbes. Quant aux larves des bibions, il faut cherchera les attraper; on les trouve en automne quand on ôte les bulbes pour les re- planter. Quelques espèces croissent bien et fleurissent abondam- ment quand on mélange la terre avec un peu de poudre d'os ou de rognures de corne, ce qui revient au même. Il est très- probable que toutes les espèces supportent bien une addition de ces substances dont l'effet spécial consiste à produire beaucoup de Heurs et de bonnes graines. S. CULTURE DE L'IMPATIENS JERDONLE. Cette charmante et très-curieuse plante, quoique native des régions interlropicales de l'Inde, n'exige pas autant de chaleur qu'on le croit généralement; par le moyen de cul- ture que nous allons indiquer : elle réussit parfaitement en serre froide. On peut faire l'expérience dès le mois de février prochain; à cette époque, rempotez vos jeunes plantes d'Im- patiens dans des vases proportionnés à la force des exemplaires traités, et dans un compost d'un tiers de terre jaune fibreuse (terre de gazon ), d'un tiers de terre de bruyère sablonneuse D'HORTICULTURE PRATIQUE. o!3 et d'un liers de fumier de vache vieux d'une année et sec ; à ce mélange on ajoute des fragments de charbon de bois. Ainsi arrangées, on place les pois dans la partie la plus abritée de la serre froide; les arrosements doivent être très- modérés jusqu'à ce que la plante commence à pousser, ce qui aura bientôt lieu. Dans les premiers jours de mai, on rempotera dans des vases plus grands en les remettant à la même place dans la serre. La floraison commence ensuite au mois de juin et se poursuit jusqu'en novembre. Il faut vers cette dernière époque diminuer graduellement les arrose- ments, de telle sorte qu'en plein hiver la terre dans laquelle se trouvent les Impatiens soit seulement assez humide pour que leurs tiges succulentes ne se contractent pas de sécheresse, ce qui leur serait très-préjudiciable; dans cet élat de repos on peut sans danger placer les pots sur une tablette dans un endroit quelconque de la serre froide, pourvu qu'ils y soient, à l'abri de l'humidité et delà gelée. Au mois de février recom- mencez les mêmes errements indiqués ci-dessus, en ayant soin au premier rempotage d'enlever la vieille terre et de la remplacer par du compost neuf et d'employer des vases plus petits que les anciens. Les amateurs qui ont des couches chaudes pourraient, au printemps, y placer pendant quelques semaines des exemplaires d'Impatiens Jerdoniœ, afin d'en hâter le développement et les remettre en serre froide dès que les boutons à fleurs se présentent. L'époque de belle floraison paraît pouvoir être fixée au mois de septembre. Ce mode de culture permet d'obtenir des plantes assez robustes pour pouvoir être admises impunément dans les jardinières de salon; mêlées à des Fougères, ces jolies Balsamines à grandes et fantasques fleurs mi-partie rouge et jaune pro- duiront un effet à la fois gracieux et original. (Traduit du Floricultwal Cabinet.) OU JOURNAL CULTURE DU BANANIER (Musa Paradisiaca) , Par M. le Marchand de laFaverie (1). La culture spéciale à laquelle je me livre, celle de l'Ananas en pleine terre, me permet de cultiver également le Musa ou Bananier. J'en ai une vingtaine dont plusieurs datent de l'origine de mes bâches (octobre 4852). Tous sont de la même espèce. Je parle du Musa paradisiaca, qui se contente d'une chaleur de 40 degrés Réaumur pour végéter convena- blement. Mais ce Bananier acquiert une hauteur beaucoup plus grande que mes bâches ne le comportent. Dès la première année, des rejetons arrivèrent à 2 mètres de haut. On ne se lassait pas d'en admirer la force végétative et la fraîcheur. Leurs pétioles, réunis en faisceau, formaient déjà un tronc d'au moins 4 G centimètres de tour. Dans l'impossibilité de leur affecter un local proportionné à leur accroissement rapide et à l'ampleur de leurs feuilles, j'allais me décider à les dé- truire, quand il me vint à la pensée d'étudier avec soin les caractères botaniques particuliers à cette plante. Je ne tardai pas à reconnaître que tous les pétioles des feuilles qui, agglo- mérés, en composent, la tige, sont radicaux : que, dès lor>, on pouvait les couper presque jusqu'au bas, et en diminuer ainsi la hauteur, sans craindre de faire périr la plante, sauf, bien entendu, à se donner de garde d'attaquer le pédoncule naissant, ou, plutôt, la hampe qui, partant aussi de la racine, sort du milieu du groupe. J'exécutai sur un jeune sujet celte opération délicate. Nous étions alors au mois de mars, saison froide et humide. Je perdis le pied de Bananier. J'attribuai cette perte à la pourriture qu'occasionna, dans l'intérieur du reste de la tige, une eau abondante qui se manifesta au point de section, et (1) Bulletin de la Société impériale et centrale d'horticulture du dé- partement de la Seine-Inférieure (lome V, quatrième cahier, 1855). D'HORTICULTURE PRATIQUE. 515 que la chaleur solaire ou celle du local ne parvint pas à étancher. Presque certain, d'après les observations que j'avais faites, qu'en choisissant bien mon temps, je devais réussir, je recommençai mon opération sur un autre sujet, à l'époque où l'ardeur d'un soleil persistant (à la fin du mois de mai), accélère fortement la végétation. Cette eau, ou mieux cette sève excessive que je redoutais, se montra, comme la pre- mière fois, à l'endroit où existait la coupure; mais bientôt elle se tarit, et, moins d'une heure après, la tige avait grandi de 2 ou 5 centimètres, chose vraiment remarquable, et qui me porte à croire qu'avec un bon microscope, on aurait pu dis- tinguer le mouvement de la végétation. Au bout de deux jours, ce même Bananier avait poussé de plus de 25 centimètres. Et qu'on ne s'imagine pas qu'il y ait ici exagération de ma part. Mainte fois j'ai renouvelé l'expérience, et toujours, quand elle a été faite a propos, j'ai obtenu le même résultat. Enfin, je réduisis à 10 ou à 15 centimètres de hauteur des Bananiers dont la tige s'élevait à 2 mètres. En quelques se- maines, ils reprirent une vigueur nouvelle. Mais ce n'était pas assez. Il fallait que l'opération à laquelle j'avais condamné mes Bananiers ne les empêchât ni de fleu- rir ni de fructifier. Eh bien, j'ai maintenant la preuve qu'ils ont conservé l'une et l'autre faculté. En effet, on voit dans ma grande bâche à Ananas, le long du mur du fond, et en pleine terre, un Musa paradisiaca dont le régime va se dé- veloppant dans tout son éclat, et. dont le faisceau de pétioles a été coupé trois fois dans l'espace de deux ans, à raison de ce que la bâche où il se trouve n'est pas assez haute pour sa taille naturelle. Que les amateurs qui, comme moi, ont des locaux trop bas pour espérer d'y voir fructifier \e, Musa paradisiaca dans toute son élévation, ne se privent donc pas de cet admirable végétal, puisqu'ils ont la possibilité de parer à cet inconvé- nient par le moyen que j'indique! Seulement, qu'ils choi- sissent bien le moment opportun pour opérer. SI G JOUliNAL LE COLLODION, LE CHARBON ET LE SABLE EMPLOYÉS POUR FAVORISER LA REPRISE DT,S BOUTURES , PAR M. E, REGEL (1). On s'est beaucoup occupé l'an dernier des expériences de M. Low, qui ayant enduit de collodion l'extrémité de diffé- rentes boutures, disait avoir eu à se louer beaucoup de cette opération. M. Regel a répété ces expériences au jardin bota- nique de Zurich, et il affirme que les résultats obtenus par lui n'ont été nullement avantageux. Pour opérer de manière comparative, il a préparé différentes séries de boutures des' mêmes espèces, dans des conditions entièrement analogues; il a ensuite plongé le bout inférieur des boutures d'une série dans du collodion, et il a planté celles des autres séries de In manière ordinaire, les unes dans du sable, d'autres dans de la poussière de eharbon, d'autres enfin dans de la terre sa- bleuse. Celles dont le bout avait été couvert d'une couche de collodion ont le moins réussi. Même celles à bois blanc, qui reprennent ordinairement très-vite, préparées de cette manière, ont toutes péri, tandis que celles qui ont été faites sans celte préparation ont réussi, pour la plupart. Les expériences comparatives que nous avons faites l'an- née passée au jardin botanique de Bruxelles nous ont donné un résultat identique avec celui obtenu par M. Regel. Nous avions du reste déjà émis dans le Journal d'Horticulture pratique de la Belgique l'opinion que le collodion élait plu- tôt nuisible que favorable à la reprise des boutures, et si nous n'avons pas donné suite à nos observations, c'est que nous pensions qu'une méthode si facile à contrôler était défi- nitivement abandonnée comme mauvaise, et qu'il devenait inutile d'en entretenir encore nos lecteurs. Les observations qui terminent l'article écrit par M. Regel nous semblent assez importantes pour revenir sur ce chapitre du bouturage. (1) Gartenflora. (Juin 1855. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 517 * 11 résulte de là, dit M. Regel, qu'une bouture doit ab- sorber de l'humidité par sa section inférieure, et que c'est cette humidité qui détermine l'accroissement ultérieur, ainsi que l'enracinement dans celles qu'on fait avec des bois mous, de facile reprise, tandis que dans celles à bois dur, elle in- flue sur l'assimilation des matières déposées dans le tissu, et, par conséquent, sur la reprise. » Si la bouture est mise sans préparation dans la terre hu- mide, sa tranche y absorbe immédiatement des liquides nul- lement élaborés qui sont évidemment moins propres à déter- miner son développement que ceux habituellement absorbés par les racines, cl qui sont modifiés immédiatement après leur entrée dans la plante. De là viennent les insuccès nom- breux qu'amène le bouturage. Mais, à partir du moment où un callus, ou, d'après l'expression ordinaire, un bourrelet s'est formé sur la section inférieure d'une bouture, il existe là un obstacle à l'introduction directe de l'humidité brute, une sorte de filtre à travers lequel les liquides extérieurs doivent passer, et qui remplit, jusqu'à un certain point, le rôle des spongioles des racines. Pour essayer de remplacer approximativement pour les boutures, dès le moment même de leur plantation, cette sorte de filtre, qui ne se formerait naturellement que plus tard, on peut couvrir leur section inférieure de poudre de charbon. Afin d'en assurer l'adhé- rence et d'en faire une sorte de filtre, M. Regel a incorporé cette poudre dans une solution légère de gomme arabique, jusqu'à ce que le mélange formât une pâte épaisse. Il a en- suite plongé dans cette patelle bout inférieur des boutures; il a laissé sécher quelque peu la couche qui s'y est attachée, après quoi il a planté les boutures ainsi préparées dans une terre sableuse ou même dans du sable. En même temps, des boutures tout à fait semblables ont été plantées, d'après le procédé ordinaire et sans la moindre préparation ; le résultat a été des plus avantageux pour les premières, comparative- ment aux dernières. 318 JOURNAL THÉ INDIGÈNE. Les feuilles du Fraisier des forêls, recueillies immédiate- ment après la maturation des fruits, desséchées au soleil ou légèrement torréfiées sur des plaques chaudes, donnent par infusion, au rapport d'un médecin de Vienne, M. Kletznisky, une boisson diététique dont l'odeur agréable, la saveur astringente, rappellent celle du Thé de Chine. Cette infusion se mêle au lait chaud et froid sans se coaguler, supporte bien le rhum et possède la mémo propriété diaphorétique que le Thé de Chine; seulement elle est un peu moins excitante, quoiqu'on ne puisse lui refuser un léger effet somnifuge. (Belgique horticole.) (Srpostitotts* SOCIETE ROYALE D'HORTICULTURE ET D'AGRICULTURE d'anvers. (Suite et fin.) Dix-neuvième concours. — Collection de 20 espèces ou variétés de plantes fleuries de pleine terre. — Le prix est décerné à la collec- tion présentée par M. J. de Bcucker, horticulteur à Saint-Wille- brord-lez-Ànvers. Dans ce lot se trouvait un exemplaire de Plantcujo major fort remarquable en ce que les pédoncules portant les épis de fleur étaient plusieurs fois ramifiés et laciniés au lieu d'être simples, et donnaient ainsi à la plante un aspect insolite, tout à fait extraordi- naire et môme assez élégant. Cette monstruosité, si on peut la nom- mer ainsi, ce lusus natnrœ a valu une médaille spéciale de bronze à 31. dcBeuckcr; le jury désirant témoigner par cette distinction l'intérêt qu'il prend aux travaux de cet intelligent horticulteur qui D'HORTICULTURE PRATIQUE. 519 ne dédaigne pas de chercher dans la Flore de sa patrie les plantes curieuses et intéressantes qui s'y trouvent en assez grand nombre. Vingt et unième concours. — Collection la plus méritante et la plus variée de Cactées. — Trois amateurs avaient répondu à cet appel et tous les trois d'une manière très-distinguée. Les collections remarquables de M. Tonel et de Clippcle obtiennent chacune un premier prix à mérite égal ; le second prix est décerné à M. l'avoué Dillen. Le contingent de M. Tonel de Gand, moins nombreux que celui de M. Clippcle, renfermait des espèces fort rares et très-bien cul- tivées ; nous citerons particulièrement V Echinocactus trîcuspïâatùs, les Echinocactus Monvillii, et Hexaedrophorus, un fort joli exem- plaire du Mamillaria candida et plusieurs espèces innommées pro- venant directement du Mexique. M. de Clippele avait fourni plusieurs Ccrcus, le Pilocereus senilis et le rare Pilocereus rufks (nommé par M. Dumorticr sur des exem- plaires reçus au Jardin botanique du Mexique ou de Colombie?), V Astropliyton myriostigma, le curieux Anhalmium prismaticum, etc. Enfin la collection de M. Dillen, composée de près de 100 espèces différentes, se distinguait par une série fort riche de Mamillaria et par plusieurs beaux Echinocactus. Ce concours était en somme un des plus riches de l'exposition et nous a particulièrement intéressé. Vingt-deuxième concours. — Collection de Fougères exotiques et de Lycopodiacècs, comprenant une Fougère en arbre. — La collec- tion de M. Janssens de Harven, comprenant environ 80 espèces, remporte le premier prix ; on y remarquait les Drynaria corouans, Dkksonia antarctica , Didymochtœna truncala, Sagenia decurrens (alata), Lastrea villosa, et autres espèces rares. La seconde collection, appartenant à M. le chevalier de Knyff, obtient le second prix; elle renfermait 65 espèces d'une culture soignée, beaucoup plus soignée que celle de la collection de M. Jans- sens; aussi, malgré la supériorité en nombre et en variété de la première, la fraîcheur et la bonne venue des Fougères de M. Knyff avaient tenu pendant quelque temps le jury indécis dans son juge- ment, tant il est vrai qu'une belle culture combinée à une toilette judicieuse parc les plantes d'attraits séduisants. Vingt-troisième concours. — Plantes cultivées en corbeilles , en 320 JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. vases suspendus, sur treillis, etc. — Le prix est décerné à M™ Not- tebohm. Vingt-quatrième concours. — Bouquet de table. — Le jury vote, à mérite égal, le prix aux bouquets de M. Somers et de M. Van- Lecckweyck. Vingt-cinquième concours. — Collection de 50 fleurs de Dahlia les plus distinguées par leur beauté et leur variété. — Premier prix : à M. le chevalier de Knyff. — Second prix : à M. le vicomte de Nicuport. Vingt-sixième concours. — Collection de 24- /leurs de Dahlia les plus nouvelles et les plus méritantes. — Premier prix ; à M. C. Van Geert. — Second prix .-à M. de Knyfî. Vingt-huitième concours. — Collection de fruits de genres diffé- rents. — Une médaille de bronze est accordée au contingent assez médiocre de M. Van Leeckvveyck. Les Raisins de M™ Lcgrelle ; les Melons de M. Constant Segcrs et un bel Ananas exposé par M. A. Dellafaille obtiennent des premiers prix. Des seconds prix sont décernés aux Raisins de M. A. Dellafaille et à l'Ananas de M. de Beuckelaers. Cette partie de l'exposition était du reste très-faible. Le jury accorde des médailles spéciales aux envois suivants : médaille d'argent aux Houx de M. C. Van Geert, et une seconde médaille d'argent à la jolie collection de Bruyères exposée par le même borticulleur , et des médailles de bronze aux Houx de M. J. Verschafl'ell de Gand; aux Roses trémières de M. Van Geert et au Plantago major monstruosa de M. de Beucker. «Jvnot>ot>eti JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. Moyen pour détruire les poux et enlever la graisse ' des Orangers. Le moyen que nous indiquons est celui que nous faisons employer au jardin botanique de Bruxelles pour tenir les Orangers propres; et c'est grâce à ce moyen et à des tailles exécutées en temps opportun , que les grands Orangers du jardin botanique ont repris une vigueur inaccoutumée qui frappe toutes les personnes qui visitent le jardin. On prend 2 kilogrammes de savon noir, 425 grammes de poivre noir très-fort en poudre. On fait fondre le savon noir dans un seau d'eau bouillante, puis on ajoute le poivre. On verse ce seau dans un tonneau contenant environ 150 litres d'eau de pluie et on laisse tirer pendant deux ou trois jours avant d'employer le mélange. On seringue les Orangers avec cette eau à deux reprises et à huit jours d'intervalle , en ayant soin de ne faire cette opé- ration que par un temps sombre, jamais en plein soleil. Les premiers seringages se font quelques semaines avant la sortie des Orangers et peuvent se renouveler pendant que ces plantes sont en plein air; ils devront également être exé- cutés une quinzaine de jours avant leur rentrée dans l'O- rangerie. / mx *&w.Ju^Mœ#.uut*p>) JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. FRUIT FIGURÉ DANS CE NUMÉRO. POIRE MADAME MILLET (Millet fils). L'arbre est vigoureux, inerine, et d'une grande fertilité. Il affecte naturellement la forme pyramidale; son bois est gros, gris; il le porte droit et raide. Branches à fruits moyennes, grêles, gris-verdâlre, lisses. Le bouton à fleur est moyen, conique, brun. Les jeunes rameaux sont longs, gros, un peu flexueux et lisses; l'épiderme, verdâtre du côté de l'ombre, est lavé de brun du côté du soleil et parsemé de petites lenlicelles ar- rondies. Le germe est ovale. Les mérithalles sont moyens, assez réguliers. Stipules linéaires. Feuilles assez grandes, amples, ovées-lancéolées, peu acu- minées, arrondies ou cordiformes à la base; d'un vert foncé, dentelées, à bords légèrement enroulés. Pétioles assez minces, canaliculés en dessus, longs de 55 à 40 millimèlres. Fruit oblong, renflé vers le centre, un peu évasé vers le pédoncule, et tronqué aux deux pôles; forme qui rappelle immédiatement celle du Beurré gris; l'épiderme, d'un vert brun foncé, jaunissant un peu vers l'époque de la maturité, N° 12. FEVRIER 1856. 23 354 JOURNAL est marbré de taches olivâtres, et tiqueté de quelques points brun-rougeâtre très-fins. Le pédoncule, gros, court, long de 2 centimètres environ, renflé au sommet, est implanté un peu obliquement dans un léger enfoncement souvent mamelonné. Le calice est placé dans une cavité peu profonde, arrondie et évasée; ses divisions sont noires. Sa chair est blanche, fine, demi-fondante, sucrée, et d'un parfum des plus agréables. Les pépins sont de grosseur ordinaire, pointus et noirs. La hauteur du fruit est de 8 à 40 centimètres environ; sa largeur est de 7 '/2 à 8 '/2 centimètres environ. Cette poire se rapproche par son faciès, par ses bonnes qualités, de la poire Louise d'Orléans (Van Mons). La maturité se prolonge de mars à la fin de mai. La poire Madame Millet sera livrable chez son obtenteur, 31. Millet fils, pépiniériste à Tirlemont, et chez M. A. Pape- leu, pépiniériste àWetteren près Gand, dès ce printemps, au prix de dix francs. horticulture étrangère* PLANTES NOUVELLES ET RARES. 4° SERRE CHAUDE. uemirobiimi îtigibbtim ( Lixdley), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4898. — Syn. : Dendrobium bilobiim (Paxton). — Famille des Orchidées. — Gynandrie Monandrie. Cette espèce est originaire du mont Adolphus, au détroit deTorrès, sur la côte nord-est de la Nouvelle-Hollande, et en raison de celle localité tropicale exige une somme de chaleur D'HORTICULTURE PRATIQUE. Ô55 plus forte que celle que l'on accorde généralement dans la culture des Orchidées australiennes. Les fleurs de ce Den- drobium sont d'un charmant coloris carmin-lilacé; malheu- reusement, dit sir W. Hooker, de longs et minces pseudo- bulbes dénudés et une feuillaison maigre et éparse sont de graves défauts qui nuisent beaucoup à l'aspect général de la plante. Quant à nous, la gentillesse des fleurs et leur beau coloris nous semblent, posséder assez de mérites pour qu'on ne fasse pas trop attention aux autres parties de la plante. Pseudo-bulbes allongés, grêles, fusiformes, longs de 20 à 25 centimètres; les jeunes, revêtus d'écaillés vertes, folia- cées et engainantes, portent à leur extrémité deux à quatre feuilles étroites, linéaires oblongues, subacuminées et très- obscurément striées. Les pseudo-bulbes adultes sont renflés à la base et garnis dans toute leur longueur d'écaillés engai- nantes, brunâtres, membraneuses et striées; ils ne portent pas de feuilles, mais en revanche chacun un pédoncule qui prend naissance vers leur sommet; ce pédoncule est dressé, mince, et à peu près aussi long que le pseudo-bulbe; il porte de deux à dix et douze fleurs d'un lilas foncé (carminé). Sépales ovés, étalés; les deux latéraux se terminant en un éperon court, obtus, courbe; au-dessus de cet éperon se trouve une bosse ou gibbosilé occasionnée par un renflement à la base du labelle. C'est en raison de celte bosse et de la forme de l'éperon que le nom spécifique de bigibbum a été appliqué à ce']o\\Dendrobium. Pétales amples, presque orbi- culaires, étalés horizontalement. Labelle plus vivement co- loré que les autres parties de la fleur, à trois lobes dont deux latéraux, larges, recourbés en dedans, le central arqué, relus au sommet; le disque présente une grande crête élevée, blanche, papilleuse dans presque toute son étendue, à base décurrente et formant gibbosilé. Les fleurs ont 4 à 5 centi- mètres de diamètre; elles apparaissent en novembre. 556 JOURNAL Tecoma fniva (Don), figuré dans le Bot. Macf., pi. 489G. — Syn. : Bignonia fulva (Cavanilles). — Famille des Bi- gnoniacèes. — Didynamie Àngiospermie. Cette belle plante nous arrive du Pérou, elle a fleuri en novembre dernier pour la première fois dans l'établisse- ment horticole de MM. Veitch. C'est un arbuste à port dressé, a branches d'un riche brun pourpré, arrondies, glabres ou poilues daus leur jeune âge. Les feuilles sont op- posées, pétiolées, pinnées avec impaire et composées d'en- vLron douze folioles opposées, sessiles, cunéiformes, grossiè- rement, dentelées, glabres et d'une foliole terminale; la feuille entière est de forme linéaire-oblongue ; pétiole un peu ailé, étranglé à l'insertion des folioles; rachis à joints assez profondément ailés ; les jeunes feuilles sont légèrement velues. Racèmes de fleurs terminaux ou situés sur de petites branches axillaires qui s'élèvent d'entre les feuilles supé- rieures; l'ensemble des fleurs constitue une cyme assez large et feuillée. Pédicelles pubescents. Calice glabre (velu sui- vant Cavanilles), obové, découpé en cinq dents assez pro- fondes, triangulaires, érigées. Corolle longue de 5 centimè- tres, rouge sur la face supérieure, jaune doré en dessous; tube cylindrique, s'amincissanl vers le bas, légèrement arqué ; limbe à peine bilabié, présentant cinq lobes presque égaux, étalés et arrondis. Quatre étamines incluses, à filets courts. Style plus long que la corolle. Cette plante, si elle fleurit facilement, sera une fort belle acquisition pour nos serres chaudes, peut-être même pour les séries tempérées. M. Louis Née Ta trouvée dans des endroits secs et sablonneux prèsd'Arica, au Pérou, par 48 degrés de lati- tude sud ; elle a été retrouvée dans plusieurs localités du Pérou, par MM. Cuming, Mac Lean et Warscewitz, et dans la Bolivie par M. Pentland. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 557 Aralia papyrifera (SlR W. HoOKEr), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4897. — Famille des Araliacées. — Pentandrie Pentagynie. L'attention des amateurs s'est portée depuis quelque temps sur les Araliacées, grâce surtout aux belles introductions de M. Linden de Bruxelles. En effet, les Andes colombiennes ont fourni à ce zélé explorateur des Araliacées d'une élé- gance et d'une majesté de port dont on n'avait aucune idée en Europe; aussi leur apparition a été saluée avec plaisir et fait rapporter le décret d'ostracisme dont on allait frapper la plupart des Araliacées japonaises, chinoises et polyné- siennes, coupables de roideur dans leur aspect général et de défaut d'ampleur dans leur feuillage. L'espèce chinoise que nous allons décrire est une de celles qu'il faut cependant excepter de cette série. Outre le mérite d'un grand feuillage qui plaît aux yeux, elle offre un vaste intérêt botanique et industriel; c'est que de la moelle de ses tiges les Chinois préparent le fameux papier de riz. Pendant fort longtemps l'origine de ce papier a été un problème pour les natura- listes ; mais il est prouvé maintenant que les Chinois extraient la moelle, fort abondante clans cetle plante, et la coupent en tranches tellement minces et blanches qu'on les a prises pour un papier d'une fabrication spéciale. Un exemplaire, cultivé à Kew dans une serre chaude humide, a émis ses beaux panicules de fleurs en décembre; mais malheureuse- ment les fleurs tombèrent sans donner de fruits. M. W. Hooker décrit ainsi YAralia papyrifera : Plante inerme, haute de 5 à 7 pieds; lige branchue vers le som- met et ayant un diamètre de 2, 5 ou 4 pouces au plus (5, 8, 40 centimètres), formant peu de bois, et rempli de moelle d'une blancheur éclatante. Les jeunes feuilles, les branches et toute l'inflorescence offrent un duvet épais, abondant, étoile, ferrugineux et caduc. La face supérieure du feuillage devient glabre à la longue. Feuilles adultes, quelquefois lon- guesd'un pied, cordées et divisées en cinq ou sept lobes aigus, 358 JOURNAL dentelés; texture molle et un peu flasque. Pétioles très- longs, arrondis, garnis à la base de deux stipules longues de 2 pouces, molles, su h niées, dressées. Panicules ramifiées, longues d'un pied à trois pieds, nais- sant à l'extrémité de la lige ou des branches, s'élevant d'abord au-dessus de celles-ci, puis s'inclinant ensuite vers le sol; ramifications pourvues de même que les ombelles terminales sessiles et en tête de bractées subulées; ces ombelles sont disposées alternativement sur les dernières ramifications. Fleurs petites, insignifiantes, d'un blanc verdâtre , portées sur de courls pédicelles, à quatre pétales ovés, concaves, aigus, laineux en dehors. Quatre anthères alternant avec les pétales. Deux styles. On voit par cetle descriplion que YAralia papyrifera serait, comme plante à fleurs, une fort médiocre introduc- tion, malgré ce que dit sir W. Hooker des beaux panicules qu'elle a produits à Kew; l'intérêt réside dans son beau feuil- lage et surtout dans la connaissance du merveilleux produit du canal médullaire de son (ronc. Cette plante remarquable a été récemment introduite dans le jardin bolanique de Kew, par sir J. Bowring, gouverneur de Hong-Kong en Chine. St;aEihog>ea Haseloffiana ( ReiCIIENBACH fils ) , Allgemeiiie Garten Zeitung, octobre 1855. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Monandrie. Le savant orchidographe Reichenbach fils a dédié cette magnifique espèce, découverte par M. Warscewitz dans le nord du Pérou, à M. HaselolF, de Berlin, amateur qui cul- tive les Stanhopea avec prédilection. Les fleurs de cette nouvelle espèce sont fort belles et moitié plus grandes que celles du Stanhopea oculata ; elles sont généralement au nombre de cinq par épi et sont accompa- gnées de bractées à peu près deux fois plus courtes que l'ovaire. Leur couleur est blanchâtre, semée partout de lâches pourpres, et bientôt elle devient entièrement rouge-pourpre, D'HORTICULTURE PRATIQUE. 559 à l'exception des sépales. Ceux-ci sont oblongs, lancéolés, aigus ; pétales en forme de languette large, aiguë au sommet, plissée sur le bord en petites ondulations; labelle très-long, sessile et non rétréci à sa base, muni vers le milieu de sa longueur de deux grosses cornes, creusé vers sa partie infé- rieure d'une fossette hexagonale, ployé en canal dans son milieu, enfin terminé par une portion ovale, à côtés brusque- ment reployés en dessous. (Extrait du Journal de la Société impériale et centrale d' Horticulture de Paris , décembre 1855.) Anseiiia gigantea ( Reichenbach fils), dans la Linnœa, vol. XX (Lindley), dans le Gardeuers Chronicle, 26 jan- vier 1856. — Famille des Orchidées. M. Lindley dit que cette rare espèce ressemble extrême- ment à YAnsellia africana, mais que les fleurs sont plus petites, plus pâles; le lobe médian du labelle est en outre plus étroit. Ces différences sont peut-être trop peu impor- tantes pour devoir séparer YAnsellia gigantea de YAnsellia africana. \1 Ansellia gigantea est originaire de Port-Natal et sans doute la seule Orchidée réellement épiphyte introduite de cette contrée. Il a fleuri dans les serres de M. W. Saunders à Wandsworth près Londres. VAnsellia africana, type du genre, croît dans les forêls équatoriales de Sierra-Leone ; c'est une plante robuste, grande, mais d'une floraison de médiocre valeur. lecoma veiwtina (De Candolle), Gardeners Chronicle, 15 décembre 1855. — Famille des tfignoniacées. — Didy- namie Angiospermie. M. Skinner, en offrant à la Société d'horticulture de Lon- dres les graines de celte plante, dit que c'est un des plus beaux arbrisseaux de Guatemala, et que les indigènes le nomment Bucaro. Le feuillage du Tecoma velulina est analogue à celui du Frêne, à folioles molles et veloutées; de grands racèmes, 560 JOURNAL de magnifiques fleurs jaunes, aussi belles que celles des Allamanda, terminent les rameaux. Cette plante est très- florifère et de facile culture; c'est ainsi que des jeunes indi- vidus, placés en serre chaude et n'ayant que neuf mois d'exis- tence, ont parfaitement fleuri. A Guatemala les fleurs couvrent l'arbrisseau des pieds à la tête pendant la plus grande partie de l'année. La Société d'horticulture en a distribué plusieurs centaines de plantes, de sorte que cette belle introduction sera bientôt facile à trouver dans le commerce horticole. 2o SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Hibiscus marmoratus (C. Lemaire), figuré dans V Illustra- tion horticole, pi. 82. — Syn. : Abutilon marmoratum (Hort.). — Famille des 3Ialvacées. — Monadelphie Dé- candrie. Les graines de ce joli Hibiscus, rapportées en 1854 du Mexique, par M. Tonel, donnèrent naissance entre les mains habiles de M. A. Verschaffell, à de jeunes plantes qui fleurirent en mai 4855 d'une manière à justifier les éloges qu'en faisait l'introducleur. M. C. Lemaire dit que c'est, en toute apparence, un petit arbrisseau couvert dans loutes ses parties de poils courts, blancs, rigides, épais, solitaires, géminés ou ternes. Pétioles cylindriques, assez courts, munis à la base de deux stipules petites et subulées. Feuilles grandes, cordées à la base, ovées ou ovées-lancéolées, aiguës, largement bidentées au bord, molles, beaucoup plus poilues en dessous qu'en dessus. Les fleurs sont grandes, nombreuses, se succèdent avec abon- dance et se montrent déjà sur des planles à peine haules de 50 à 40 centimètres ; elles sont d'un rose délicat, presque blanc, mais richement réticulé-veiné de petites macules très-serrées, d'un rose vif; pédoncules axillaires, solitaires, beaucoup plus longs que les pétioles nettement articulés au sommet et légèrement renflés au delà de l'arliculalion. Calice D'HORTICULTURE PRATIQUE. 561 campanule, muni à la base d'un involucre à dix folioles. Pétales enroulés en tube dans la plus grande partie de leur longueur, oblongs et étroits du milieu à la base, dilatés obliquement au sommet et un peu recourbés en deliors. Tube staminal inclus, rose; anthères à pollen gros, de cou- leur orangée foncée ou même ferrugineuse. Cet Hibiscus se contente de l'abri de la serre tempérée; on le tiendra un peu à l'étroit dans des vases remplis de terre légère; on arrosera de temps à autre avec une eau saturée d'engrais. Cette plante, comme toutes ses congénères, tend à s'élancer; il faut donc avoir recours aux pincements pour l'obliger à se ramifier; la multiplication par boutures est des plus faciles. M. A. Verschaffelt est le propriélaire de cette charmante Malvacée que nous recommandons aux amateurs. Ceauotbus iiiteçeriimus ( Hooker et Arnott), figuré dans le Gardeners Chronicle, 19 janvier 1856. - — Famille des Rhamnées. — Pentandrie Monogynie. Cette espèce, encore fort peu répandue clans le jardinage, est rustique et conserve en partie son feuillage pendant l'hiver; elle forme un arbrisseau élevé à branches fines, ayant le port des Ceanotlws thyrsiflorus , azureus et pal- leidus. Les feuilles sont minces, ovales, frinervées et presque entièrement dépourvues de pubescence, longues de 5 à 4 cen- timètres et portées sur des pétioles minces longs d'un cen- timètre au plus. Les fleurs sont disposées en panicules étroites, terminales, dressées; elles sont petites, nombreuses et d'un blanc pur. Ce joli Ceanothns, natif de la haute Californie, a été introduit dans les jardins anglais, de graines envoyées à M. R. Wrench, sous le nom d'arbrisseau californien ressem- blant au lilas, produisant des fleurs blanches comme celles du prunier et plus apparentes que les fleurs de lilas. Bien que ce Ceanothus ne mérite pas cet éloge exagéré, c'est néanmoins une plante très-recommandable. 502 JOURNAL M. Lindley fait observer que l'on vend sous le nom d'/w- tegerrimus, le Ceanothus verrucosus qui en diffère essen- tiellement. Pelargonium inqainaus (AlTON) , Var. Mme Constant SdJJ (Moreau), figuré dans l'Horticulteur français, janvier 1856. ' « Ce Pelargoniiim est, dit M. 0. Lescuyer, une de nos plus jolies variétés à fleurs roses; il dépasse certainement tout ce que nous possédons en cette couleur; c'est une bonne acqui- sition pour l'horticulture. Il a été obtenu par M. Moreau, jardinier de M. Say à Verrières. » La plante est vigoureuse, à rameaux gros, chargés de poils courts et un peu raides. Feuilles amples d'un beau vert, non zonées, faiblement lobées, velues sur les deux faces; portées sur un long et solide pétiole accompagné à la base de deux très-amples oreillettes bordées de cils inégaux. Fleurs d'un magnifique rose-vif, disposées, en très-grand nombre, en fortes ombelles presque globuleuses, au sommet d'un gros et long pédoncule et garnies de bractées lancéo- lées, poilues, ciliées. Calice à cinq sépales linéaires-lan- céolés pointus, s'étalant en étoile à cinq divisions dont une, la supérieure, plus ample que les quatre autres. Corolle grande, à cinq pétales obovales allongés, rose vif dans la partie supérieure, blanc rosé et veiné de rose dans la partie inférieure. Dix étamines, dont sept seulement portent des anthères rouge-orange et un style couronné par cinq stig- mates, occupent le centre de chaque fleur. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 565 ^ontologie- CULTURE DES VIGNES EN POTS. On fait choix, au commencement de janvier, d'yeux sains placés sur des sarments bien aoûtés, et on les insère à dix ou douze à la fois dans des terrines peu profondes (terrines à semer par exemple), que l'on aura remplies avec le compost suivant : deux parties de terre jaune de gazon et une partie de terre de bruyère tourbeuse et de terreau de feuilles; on plonge les terrines ainsi préparées dans une couche bien chaude mar- quant environ 52 degrés centigrades; on maintient l'atmo- sphère humide et à une température de 20 à 22 degrés centi- grades. Au bout de quatre semaines, ces boutures auront émis assez de racines pour qu'on puisse les rempoter sépa- rément dans des pots de 0 à 10 centimètres, que l'on draine avec soin; on emploie pour cette opération le compost indi- qué plus haut, seulement il est convenable de remplacer le terreau de feuilles par du fumier de ferme. On plonge comme auparavant les pots dans la même couche chaude en les rap- prochant, autant que possible, du vitrage; on seringue légè- rement le malin pendant quelques jours; la température doit être maintenue durant la nuit entre 18 et 21 degrés, et pendant le jour de 20 à 25 degrés; on donnera de l'air afin d'obtenir des jets vigoureux à entre-nœuds courts. Ces jets auront atteint vers la mi-mars une longueur de 60 centi- mètres; il faudra alors les attacher avec soin à des tuteurs et les rempoter de nouveau, ce que l'on fait, après s'être assuré que les racines sont suffisamment humides, dans des pots de 20 à 22 centimètres et que l'on place dans la couche chaude et dans une atmosphère de 20 à 22 degrés centi- grades. Si le temps est beau, on pourra donner des serin- gages vers la fin de la journée ; on admettra dès lors autant 3C4 JOURNAL d'air que possible, même durant la nuit, mais de telle sorte qu'il ne frappe pas les plantes directement; cependant si la température extérieure était trop basse, on devrait se borner à l'aérage de jour. Les plantes croîtront maintenant avec force et vont nécessiter de nouveaux soins, de nouveaux tra- vaux, on devra pincer les jets latéraux et ne laisser qu'une feuille, sacrifier toutes les vrilles. A la mi-avril, vos vignes auront acquis un développement de 1 mètre 50 centimètres environ, et pourront être alors placées dans les pots où elles doivent fructifier; ces pois auront environ 40 centimètres de diamètre et le compost employé sera composé de trois parties de terre jaune fibreuse (terre de gazon), d'une partie de bon fumier de ferme et d'une petite quantité d'os pulvé- risés. La chaleur de la couche doit graduellement diminuer jusqu'à 25 ou 26 degrés centigrades; on accorde de l'air et de la lumière en abondance; on arrose alternativement avec de l'engrais liquide et de l'eau pure. On arrête la pousse du sarment lorsqu'il a atteint une longueur de 2 mètres 25 cen- timètres, mais on ne touche pas pour le moment aux jets latéraux, on les abandonne quelque temps à eux-mêmes, ce qui tend à fortifier la plante; on en enlèvera quelques-uns lorsque le bois de la vigne commencera à changer de couleur et le restant vers la mi-juillet quand le bois sera suffisam- ment durci; on bassine le feuillage pour l'entretenir en santé et propreté. Jusqu'au mois de juillet les opérations que nous venons d'indiquer avaient pour but d'activer le développe- ment des vignes; celles qui vont suivre sont faites en vue d'aoûter les vignes et de les préparer à porter des fruits l'année suivante; pour parvenir à ce but on transporte les plantes à l'air libre à une exposition située au midi, et on place les pots dont on recouvre la terre avec de la mousse, ou des feuilles de fougères, sur un sol nivelé et rendu ferme au moyen de cendres de houille; à la fin de septembre on les couche sur le côté ; quelque (emps après il faudra tailler les plantes et les laver avec de l'eau à laquelle on aura ajouté du soufre en poudre, du savon noir et un peu de D'HORTICULTURE PRATIQUE. 365 chaux; on couchera de nouveau les pots en les recouvrant de paille; vers la fin de novembre on procède à la toilette d'hiver, on enlève la partie supérieure de la terre des vases et on la remplace par portions égales de terre jaune, de gazon et de fumier d'étable; les pots sont transportés dans la forcerie et plongés dans une couche marquant environ 20 degrés centigrades; la température de l'air ambiant ne doit pas dépasser 40 à 12 degrés; on seringuera chaque jour et à deux et trois reprises; donnez de l'air en louie occasion favorable, afin de provoquer l'évolution des bour- geons pour la fin de décembre, moment où l'on devra augmenter graduellement la température de la couche et de l'atmosphère d'environ 2 à 5 degrés; seringuez le matin lorsqu'il fait beau, et de telle sorte que le feuillage ait pu sécher avant le coucher du soleil; arrêtez les pousses à un joint au-dessus du fruit; choisissez et conservez six ou huit yeux des plus forts, ébourgeonnez les autres*. Les vignes ainsi traitées commenceront à fleurir dans la première semaine de février; maintenez alors une température sèche de 18 degrés pendant la nuit et de 22 degrés pendant le jour. Ventilez de manière à produire du mouvement, de la circulation dans l'air ambiant, secouez les vignes deux ou trois fois par jour jusqu'à ce que le fruit soit noué, veillez à ce que la tempé- rature ait celte chaleur moite si favorable à l'accroissement des plantes, mais supprimez les seringages directs sur le feuillage. Il arrivera que chaque jet sera parfois garni de deux ou trois grappes; ne conservez que la plus forte et vous aurez encore sur chaque vigne six à huit grappes pesant chacune un demi-kilogramme. Éclaircissez ensuite les grains, donnez sans crainte de copieux arrosements d'eau de fumier et surtout de celle dans laquelle on a délayé des crottins de mouton. Les grappes commenceront à se colorer vers la fin de mars; diminuez alors l'humidité atmosphérique et donnez beaucoup d'air; au 15 mai, c'est-à-dire seize mois après votre première opération de bouturage, vous pourrez couper de belles et bonnes grappes de raisin ; ce Frankenthaeler et le 566 JOURNAL Muscat d'Alexandrie se prêlent fort bien à ce mode expédi- tif de culture et fournissent d'excellents produits. L'intéressant article que nous offrons à nos lecteurs a été écrit par M. A. Hendersou, jardinier à Bewdley en Angleterre et inséré dans le Gardeners Chronicle du 15 décembre der- nier; il renferme, comme on aura vu, l'éducation complète d'une vigne depuis sa naissance à l'état de bourgeon jusqu'au moment où elle récompense les travaux du cultivateur par le don de ses fruits savoureux; toutes les différentes phases de la végétation sont marquées avec une exactitude presque mathématique, de telle sorte qu'en suivant ponctuellement les instructions de M. Henderson, on peut, tout en reculant ou en avançant, suivant les circonstances, certaines opéra- tions, telles que celle du bouturage et de la sortie des plantes à l'air libre, calculer à /?nonTépoque de la récolte future. Le grand point de ce système de culture consiste à entretenir, pendant un certain temps, la végétation de la vigne au moyen d'une forte chaleur humide au pied (Bottom heat des Anglais) et d'une atmosphère chaude et humide autour des sarments, et d'aoûter convenablement avant de soumettre de nouveau les ceps au second forçage qui doit amener la floraison et la fructification. Les autres opérations rentrent dans la série des manipulations ordinaires. ABRIS POUR ESPALIERS. ABRIS DAVILLERS ET HARRISON. L'époque de la fleuraison des Pêchers et des Abricotiers s'approche rapidement; il est donc urgent que l'on songe aux moyens de préserver les arbres plantés en espalier des in- fluences trop souvent meurtrières des gelées tardives d'avril et de mai. La triste expérience des cinq ou six années écou- lées doit enfin ouvrir les yeux à nos cultivateurs, et les en- gager à employer quelques moyens préservatifs dans le but D'HORTICULTURE PRATIQUE. 5C7 d'oblenir une récolte que notre climat si variable nous pour- rait encore refuser celte année; un système de protection pour nos Pêchers surtout est devenu absolument nécessaire en attendant que l'horticulture produise des variétés rustiques et d'une fleuraison plus tardive. Comment appliquer ce système protecteur? Emploiera- t-on de la toile, des filets, des panneaux vitrés ou simple- ment des poignées de paille, de copeaux ou des branchages de Conifères? Tous ces moyens sont plus ou moins bons; aucun d'eux cependant n'est efficace si celui qui les emploie agit sans discernement, car ici le zèle ne sulïit pas toujours? Quel est le véritable but d'un abri protecteur? De ga- rantir les espaliers du vent? Non. De les préserver de la pluie? Non. De conserver une certaine chaleur aux arbres? Non plus. Le but consiste simplement à combattre les effets du rayonnement nocturne et à arrêter l'action fatale d'un grésil fouettant : ces deux causes principales de l'insuccès de la production de fruits sur les arbres à noyaux cultivés en espalier. Pour faire comprendre la théorie du rayonnement sur laquelle se base l'application des abris, nous indiquerons par la ligne AB le mur de l'espalier, et BC la surface du sol. Or, quand le rayonnement a lieu (c'est-à-dire lorsque la terre perd une certaine quantité de chaleur), la chaleur s'élève de la terre suivant la direction perpendiculaire in- diquée par les lignes a, a, a. Ce rayon- nement, lorsque le ciel est serein, est très-fort et devient fatal aux arbres en fleurs. Mais si on intercepte cette ligne de radiation a, a7 a, par un objet in- terposé entre le ciel et celle ligne, comme par exemple de A à D, il s'ensuivra que la chaleur qui se dégage perpendicu- lairement sera arrêtée en b, b, b, et re- poussée vers son point de dépari a, a, a; de lelle sorte que la a a 568 JOURNAL quantité de chaleur rejetée par le sol eu pure perte à certain moment lui est. renvoyée le moment suivant, et que l'effet de la radiation de a vers b est annulé au moins en grande partie par la radiation en sens contraire de b vers a. On comprend que la ligne AD représente un abri, un écran ou tout autre corps incliné employé comme prolec- teur. Si cet abri est opaque, peu importe qu'il soit incliné ou horizontal; mais s'il est formé par un réseau ou filet à mailles serrées ou partout autre objet à surface lacunée, il devient évident que l'abri doit être tendu sous un certain angle, de manière à former une surface continue lorsqu'on l'examine du sol BC. Le système le plus anciennement employé consiste à placer, vers la fin de février, au sommet du mur d'espalier, des pail- lassons larges de 60 centimètres environ, que l'on fait repo- ser sur une latte tenue à une distance de 60 centimètres du mur, au moyen de petits supports en fer faisant saillie, très- minces et scellés dans le mur de mètre en mètre. Ces paillas- sons forment un auvent qui s'oppose au rayonnement noc- turne et empêche les arbres d'être atteints par les gelées blanches du printemps. On laisse ces abris jusque vers la fin du mois de mai, époque à laquelle on les enlève en choi- sissant pour cela un temps couvert et humide, afin que la transition ne soit pas trop brusque pour les arbres. Toutefois ce procédé, suffisant pour préserver les arbres contre un abaissement de température de 1 degré et demi centigrade au-dessous de zéro, devient inefficace contre des froids de 2 à 5 degrés, qui viennent trop souvent anéantir le produit de nos jardins fruitiers. On doit, dans ce cas, avoir recours à un abri plus complet, tel par exemple celui dont nous donnons ici le dessin. La toile dont se compose l'abri est en canevas grossier, semblable à celui que l'on emploie pour coller le papier de tenture des appartements; le prix revient à 55 centimes le mètre carré (1). Si l'on veut aug- (1) M. John Harrison, de Snelstone Hall, emploie pour ses abris du D'HORTICULTURE PRATIQUE. 560 menter sa durée, on pourra la faire tanner ou la faire plonger dans un bain d'huile de lin ; son prix augmentera alors de cinq centimes. La nature de cette toile permet à la lumière de la traverser et d'éclairer suffisamment les espaliers dont la végétation se fait complètement à l'abri des gelées tar- dives les plus fortes. On a ainsi presque autant de fruits qu'il gros canevas en fil de laine, cousu en haut et en bas à deux bandes de gros calicot ; le tout tendu dans le cadre de bois (voir le dessin). Ce canevas revient, en Angleterre , à 2 fr. 25 c. par yard (914 milli- mètres). H° 12. — FÉVRIER 18S6. 24 ?70 JOURNAL s'est développé de fleurs. L'espace qui sépare ces toiles du mur est tel que le jardinier peut y circuler librement et pratiquer sans gêne les opérations d'ébourgeonnement, de taille en vert, de pincement, elc. On laisse ces toiles jusqu'à la fin de mai, moment où les fruits sont presque noués et où l'on n'a plus de gelées tardives à craindre. M. du Breuil, à qui nous empruntons une partie de ces détails (Revue horticole, 16 janvier 1855), dit avoir observé cet excellent mode d'abri chez M. Samson Davillers, à Eau- bouin près Paris, et que cet exemple a élé suivi par d'autres propriétaires, qui n'ont eu qu'à se louer de cette innova- tion. En Angleterre, ce système d'abri, mis en pratique depuis plusieurs années par M. John Harrison, est. maintenant généralement adopté; sa simplicité, le coût minime de son installation et les grands avantages qu'il présente, nous font espérer que son usage sera également adopté en Belgique. On doit observer que l'abri Davillers ou Harrison remplit parfaitement la condition théorique de détruire l'effet du rayonnement, sans intercepter la lumière et l'air, éléments indispensables pour obtenir une bonne fleuraison. C'est dans ce but que l'on doit tendre les abris jusqu'à une cer- taine distance du sol; des toiles qui couvriraient entière- ment l'espalier empêcheraient la fleuraison d'avoir lieu et causeraient plus de mal que de bien ; « car, dit M. Lindley » dans le Gardéner's Chronicle , si l'on met une plante sous » châssis vitré, ou si on l'enveloppe complètement d'un » canevas serré ou de toute autre matière opaque, l'air ne » pourra circuler, aucun insecte ne voltigera de fleur en » fleur, et la dispersion du pollen est ainsi pratiquement » arrêtée. On n'obtient donc point de résultat si ce point est » négligé. Nous avons vu des abris, établis avec soin et à » grands frais, ne produire aucun effet, parce qu'on avait » oublié la condition sine qud non de l'admission de l'air, » la lumière et la chaleur seules ne suffisant pas pour obte- » nir des fleurs fertiles. » D'HORTICULTURE PRATIQUE. 571 Ajoutons que depuis que M. J. Harrison fait usage de son système d'abri, qu'il n'a plus vu les feuilles de ses Pêchers atteintes par la cloque; les premières pousses ont pu con- stamment mûrir leur bois, de manière à assurer la récolle de l'année suivante. JHisreUanécs. REVUE DES RHODODENDRONS RUSTIQUES DE 4855. l&hododendrum Doua maria. Cette variété, obtenue par M. de Clerck d'Olsene, et cédée par lui en toute propriété à M. Louis Van Houtte, est de premier ordre. Ses fleurs, d'un blanc de crème, sont lavées de rose tendre sur le bord du limbe corollaire; le lobe su- périeur et la moitié des deux lobes contigus sont d'un beau jaune fouetté et moucheté de carmin. Les diverses teintes des fleurs s'harmonisent parfaitement entre elles et donnent à l'ensemble de l'ample racème capité terminal un cachet d'élégance et de délicatesse difficile à surpasser. M. Van Houtte en a donné un beau dessin dans le dixième volume, pi. 1040, de la Flore des Serres et Jardins de l'Eu- rope; il l'annonce dans son dernier Catalogue au prix de 5 francs. Rkododendnam Pelai'goniifloraim ( LOUIS DELMOTTE). M. Van Houtte a acquis l'édition de ce splendide hybride, obtenu de graines par M. Louis Delmotte, et c'est avec rai- son que le savant horticulteur gantois s'écrie que si ce Rosage était né en Angleterre, on le proclamerait the yem of the season, la perle de l'année. Mais qu'importe au véritable amateur la nationalité d'un hybride, lorsque celui-ci peut satisfaire toutes les exigences de l'esthétique! 572 JOURNAL Dans le Rhôdodendruth Doua Maria les teintes sont dé- licates, tendres, rosées; dans le Pelargoniiflorum ces teintes acquièrent de l'éclat, le bord rosé devient carminé; la grande macule des lobes supérieurs se fonce de brun mar- ron et de carmin, tandis qu'un reflet jaune domine à la gorge et se prolonge en faiblissant de ton sur la partie centrale des divisions limbaires. Il y a dans l'ensemble quelque chose de chaud et de velouté que le nom de Pelargoniiflo- rum rappelle fort bien. Ce Rhododendron est figuré dans la Flore, planche 1065. M. Van Houtte le cote à 25 francs. Rhododendron Prince Camille de Rohan (J. Verschaffelt ), figuré clans la Flore des Serres, pi. 1075, et dans l'Illus- tration horticole, pi. 46. Nous avons déjà décrit ce Rhododendron, aux volumineux corymbes de fleurs, d'un rose argenté, lavé de carmin, ornées dans le lobe supérieur du limbe corollaire d'une large ma- cule triangulaire formée de points deltoïdes cramoisis, les fleurs sont remarquables par la gracieuse ondulation tuyautée du bord de leur corolle. C'est une variété de tout premier ordre et que l'on peut se procurer à Gand au prix fort modéré de cinq francs. Rhododendron Madame Wagner (A. VERSCHAFFELT ), fi- guré dans l'Illustration horticole, pi. 66. Cet hybride a été obtenu dans l'établissement de M. A. Ver- schaffell ; il est très-rustique et mérite d'être recommandé aux amateurs. Il forme un beau buisson glabre, bien touffu, et se couronne d'un ample racèine capilé ou thyrse de fleurs grandes, nombreuses, campanulées, d'un blanc-rosé, large- ment bordées de rose vif; les lobes de la corolle sont peu profonds, arrondis, ondulés et plissés. Sans atteindre l'élé- gance des teintes et la richesse des tons des macules qui caractérisent les trois variétés que nous venons de signaler, le Rhododendron madame Wagner est appelé néanmoins D'HORTICULTURE PRATIQUE. 575 à occuper un rang distingué parmi ses congénères hybrides de plein air. Il est coté au prix de 20 francs dans le Cata- logue de M. A. Verschaffelt. Les quatre variétés que nous venons d'indiquer font hon- neur aux semeurs gantois; elles sont en outre cotées chez leurs propriétaires actuels à un taux relativement modéré (5, 8 à 25 francs), si l'on considère les prix exagérés aux- quels elles auraient infailliblement été taxées si elles eussent été gagnées en Angleterre. Rhododendrum campanulatnm Johann, Stern (RlNZ), figuré et décrit dans le Garten Flora, octobre 1855. Cette variété, mise dans le commerce depuis quelque temps déjà, est encore fort peu répandue; c'est, paraît-il, un produit du Rhododendrum campamilatum , fécondé par le Rhododendrum Catawhiense. Les fleurs sont grandes, bien faites, d'un beau blanc légèrement lavé de lilas, fortement maculé de violet foncé au bas du lobe supérieur de la corolle et quelque peu sur les parties adjacentes des deux lobes laté- raux. La fîeuraison commence vers la fin d'avril et dure quatre semaines; elle se montre difficilement lorsque la plante est jeune, mais elle devient abondante dès que l'arbris- seau atteint 4 mètre et demi à 2 mètres de hauteur ; il s'élève jusqu'à 5 et 4 mètres et appartient dès lors à la catégorie des Rosages arborescents, parmi lesquels il se distingue par sa résistance aux froids les plus rigoureux. C'est, suivant M. Rinz, le célèbre horticulteur de Francfort-sur-Mein, l'ac- quisition la plus précieuse qui ait été faite parmi les Rosages de pleine terre. Cette variété est cotée à 8 francs dans le Catalogue de 1856 de l'établissement Van Houtte. i&bododendron Béiisaire (Rinz), Garten Flora, octobre I 855, pi. 157. Cet hybride, issu probablement des Rhododendrum Olhello (Rinz) et Catawhiense, a fleuri pour la première fois en mai 574 JOURNAL 4855. C'est la variélé la plus foncée en couleur que l'on con- naisse; sa teinte est un mélange très-brillant de cramoisi foncé et de poupre-violet plus sombre que le coloris du bel hybride Othello obtenu antérieurement par M. Rinz. Rhododendron madame Piconline ( A . VeRSCIIAFFELT ), va- riété nouvelle pour la serre froide. La beauté de cette variété nous engage à clore notre liste de Rosages hybrides nouveaux par la description de celte plante, appelée, selon nous, à occuper une place distinguée parmi ses congénères de serre froide. Le Rhododendron iMadame Picouline (I) (figuré dans r Illustration horticole . pi. 84) a été obtenu dans un semis par un horticulteur gantois, M. Louis Delmotte, qui en a cédé la propriété de l'édition entière à M. A. Ver- schaffelt. M. C. Lemaire croit que c'est un hybride du llhododendrum ferrugineum, à cause de la nature tomen- teuse-ferrugineuse du dessous des feuilles et du Rhodo- dendram arboreum en mison de la forme, de la disposi- tion et du coloris des fleurs. C'est une noble variété digne de rivaliser avec les trois premières indiquées plus haut; elle a avec elles un certain degré de parenté qui frappe de suite, surtout avec le Rhododendron Prince Camille de Ro- han : son coloris est cependant fort différent ; les macules violacées et brunes ornent ici complètement les corolles en tranchant nettement sur le blanc pur ou légèrement rosé du fond de celles-ci, tandis que dans les autres hybrides cette maculation ou pointillé se borne aux lobes supérieurs du limbe corollaire ; il est utile de remarquer que la macula- lion est plus riche en couleur et en étendue dans les lobes supérieurs que dans les deux lobes inférieurs où leur forme est souvent peu accentuée et le coloris très-pâle; les bords de la corolle sont ondulés, mais moins régulièrement que dans la variété Prince Camille de Rohan. {{) Disponible chez M. A. Verschaffelt, au prix de 15 francs. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 575 Notre nouvel hybride présente une particularité rare dans les Rosages, c'est de montrer la maciilalure en dehors presque aussi nette qu'à l'intérieur de la corolle. SLR LES MIRBELIA. (Hamburger Garten ùnd Blumenzeitimg, 11e cahier de 1855. ) La plupart des espèces de ce genre (Légumineuses-Papi- lionacées, tribu des Podalyriées ), ont un port élégant, com- pacte; elles forment de beaux pieds et fleurissent avec une rare facilité; elles méritent donc de prendre place dans toutes les collections. A la vérité certaines d'entre elles exi- gent des soins; 'mais, lorsque leur culture est dirigée avec attention, elle donne de très-bons résultats. La multiplication de ces végétaux se fait aussi bien par graines que par boutures avec du bois jeune, dont la reprise n'est pas difficile. Si l'on a obtenu par l'un ou l'autre de ces moyens de jeunes plantes, il faut, dès le mois de mars, acti- ver leur végétation, ce à quoi Ton parvient de la manière suivante. Au commencement de ce mois, on examine les racines; si les plantes le demandent, on les transplante dans des pots plus grands et on les place dans la partie la plus chaude de l'orangerie, tout près des vitres, ou mieux encore dans un coffre qu'on lient suffisamment clos. Lorsqu'il fait beau, l'on bassine les plantes dans l'après-midi et on laisse la température s'élever, au soleil, jusqu'à 15 et 18 degrés centigrades, en maintenant l'atmosphère aussi humide que possible; on donne fréquemment de l'air, en se tenant ce- pendant en garde contre les vents froids. Autant qu'on le peut, on s'attache à pousser les plantes au moyen de la cha- leur du soleil plutôt que de celle du feu, qui, faute de lumière, laisse les pousses grêles et faibles. Tant qu'on est obligé de chauffer, on maintient la température au plus à 10 degrés centigrades avec une atmosphère humide. 376 JOURNAL Peu après le rempotage, on arrose modérément et tou- jours avec précaution, car l'humidité stagnante fait aisément périr ces plantes; plus tard, cependant, lorsqu'elles sont en pleine végétation, on ne doit pas les laisser manquer d'eau. Dès que le temps devient plus doux, on transporte les plantes dans un coffre froid , où elles peuvent très-bien rester en été. Il faut dès lors leur donner beaucoup d'air et un peu d'ombre. Vers le milieu de juillet on peut dépan- neauter, si Ton ne craint pas la pluie. Pendant la végétation, on veille attentivement à ce que les branches soient placées régulièrement; pour cela on les attache et on supprime celles qui sont mal placés. Lorsque la végétation est dans toute son activité, on rempote vers le milieu de juin. A l'automne, dès que le temps devient sombre et humide, on cesse d'ombrer et de mouiller; on tient les plantes à sec et bien aérées, pour qu'elles mûrissent leur bois. Enfin, on les trans- porte pour l'hiver dans une partie bien éclairée et aérée d'une serre froide; puis, lorsqu'elles sont en état de repos, on les tient très-sèches; on les garantit des courants d'air froid ; mais on leur donne assez d'air lorsqu'il fait de beaux jours. Pour obtenir de beaux individus, on les laisse végéter encore une année et on les taille autant qu'il est nécessaire. Pour les faire fleurir on les lient en serre froide; on pro- longe ensuite leur fleu raison en les plaçant dans un endroit frais et aéré de l'orangerie et en ombrant lorsqu'il fait un beau soleil. Après la fleuraison on les taille pour les main- tenir compactes et en buisson; on leur donne une atmo- sphère humide pour les faire pousser; plus tard on les rem- pote, s'il le faut, et on les traite comme les jeunes pieds. La terre qui convient aux Mirbélies est un mélange de terre de bruyère sableuse et de sable, auquel on peut ajou- ter un peu de charbon de bois ou de petits tessons. On trouve aujourd'hui dans les jardins six ou huit espèces de Mirbélies, parmi lesquelles les plus connues sont le Mir- belta dilatata R. Br. (Botan. Regisler, tab. 1041), et le Mir- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 377 belia reticulata Smith (Botan. Magazine, tab. 1211). D'autres espèces aussi belles sont le Mirbelia grandiflora Cunn. (Botan. Magazine, tab. 2771 ), le Mirbelia speciosa Sieb. ( Botan. Register, lab. 58, 1841 ), le Mirbelia cor data Smith (Botan. Register, lab. 1005) et. le Mirbelia Baxteri Mack. (Botan. Register, tab. 1454). Mais ces dernières espèces sont encore peu répandues, parce qu'on les perd facilement, quand on ne les traite pas d'une manière convenable (1). CULTURE DU GESNERIA ZEBRINA, Par M. W S. Prestoe, du Jardin royal de Kew (Floricultural Cabinet). Celte belle plante de serre se trouve dans presque toutes les collections, mais rarement avec toute sa beauté. M. Prestoe a été plus heureux que la généralité des horticulteurs; car, grâce à son genre de culture, il en obtient de magnifiques pieds hauts d'un mètre et même plus, chargés de fleurs d'un bel orangé, que rehausse encore le beau feuillage de cette espèce. Voici comment il arrive à ce résultat. 11 détermine le premier développement des tubercules pendant les mois de février, mars et avril ; par là ses plantes donnent une succession de fleurs depuis le premier septembre jusqu'à la fin de février. Ces tubercules sont plantés dans un compost formé de terreau de feuilles, avec un peu de terre franche, et il répand sur le tout une couche de sable (1) On peut se procurer la plupart de ces espèces à Gand et à Liège, au prix de 3 à l francs et, de plus, les Mirbelia rubiœfolia et flori- bunda. Le Mirbelia grandiflora est le Chorozema platylobioides de plusieurs auteurs, et le Mirbelia Baxteri a également uue synonymie : Podolobium scandens (de Candolle). Les quatre ou cinq espèces con- nues de Podolobium (Podolobium trilobatum, elegans, Hugelii, stau- rophyllum) se cultivent comme les Mirbelia; il en est de même des beaux genres Gaslrolobium, Gompholobium, Daviesia, et sans doule de plusieurs autres Légumineuses délicates de la Nouvelle-Hollande, (H. Galeotti.) 578 JOURNAL blanc. On emploie ordinairement pour celle mise en végéta- tion des terrines; mais M. Prestoe se trouve mieux de mettre un tubercule dans un pot de 8 centimètres, parce qu'il n'a pas à craindre de nuire aux jeunes racines, comme lorsqu'il faut les retirer des terrines pour séparer les plantes. Lorsque les jeunes pieds ont une hauteur de 5 centimètres, on les transplante dans des pots plus grands, dont le fond est occupé par une bonne couche de tessons sur laquelle on met de la mousse pour retenir la terre. Le compost doit alors contenir un peu plus de terre franche que dans le premier cas. A ce moment on doit veiller avec beaucoup d'attention aux arrosemenls. Dès que les plantes ont quatre grandes feuilles, on les met dans les pots où elles doivent rester pour fleurir. Si l'on veut avoir de fortes touffes, on met quatre pieds dans un pot de 26 centimètres, ou tout au moins deux pieds dans un pot de 21 centimètres. Un pied isolé est encore d'un bel effet. Les pots ne doivent pas être trop profonds, les racines aimant mieux s'étendre horizontalement que s'enfoncer. Pour ce dernier rempotage, la terre doit être composée d'une partie de terre tourbeuse, d'une partie de terre franche et de deux parties de sable blanc. Cette terre doit être tassée, mais non pressée fortement comme le font à tort certains jardiniers. Lorsque les plantes sont en bonne végétation, il est bon de les arroser quelquefois avec de l'engrais liquide qui leur donne beaucoup de vigueur, surtout s'il est fait avec du fu- mier de mouton. La meilleure température pour le Gesneria zebrina est d'environ 52 degrés centigrades pendant le jour et 18 degrés pendant la nuit. Il faut éviter de laisser tomber le soleil sur la plante pendant son développement, parce qu'il brunit ses feuilles. L'atmosphère ne doit pas être très-humide, surtout pendant la floraison. Enfin lorsque ses fleurs commencent à s'épanouir, on peut la transporter dans une atmosphère plus sèche pour mieux jouir de sa beauté. D'HORTICULTURE PRATIQUE. 579 CHRONIQUE HORTICOLE. Ventes d'Orchidées à Londres. — Les prix presque fabu- leux auxquels certaines Orchidées ont été adjugées derniè- rement à Londres en vente publique, suffisent pour donner une idée de la vogue de plus en plus étendue dont jouissent ces splendides et curieuses productions végétales. Les quel- ques chiffres que nous donnons sont les plus éloquents té- moignages que l'on puisse invoquer pour prouver que la culture des Orchidées, loin de diminuer d'importance comme beaucoup de personnes le croient, acquiert au contraire un grand développement, depuis que, par une étude approfondie de leurs besoins et par l'emploi du système de chauffage à l'eau chaude, on est parvenu à les faire végéter et à les faire fleurir aussi facilement qu'une foule de plantes ordinaires. — Il est bon d'ajouter que les plantes vendues étaient culti- vées depuis plusieurs années et ont donné de beaux profits aux vendeurs. La vente de la collection de M. Schroder, com- prenait 270 lots, dont le moindre fut adjugé à 25 francs. VAerides Schroderi, la plus belle espèce du genre et peut- être unique en Europe, atteint le prix de 89 livres sterling, soit 2,225 francs; VAerides affine, 26 livres (050 fr.): VAe- rides Larpentœ, 24 liv. st. (000 fr. ) ; VAerides crispum, 44 liv. st. 40 sch. (362 fr. ); le Vanda suavis, bel exem- plaire, 31 liv. st. 10 sch. (787 fr.); Vanda teres et Vanda tricolor, à 250 fr. chaque; Saccolabium guttatum, 550 fr. ; Cymbidium eburneum , 525 fr. ; Phalœnopsis amabilis , 457 fr. ; Lœlia cinnabarina du Brésil, 457 fr. ; Oncidiitm Lanceanum, très-bel exemplaire, 400 fr. ; CaUleya Mossiœ, 250 fr. ; Trichopilia tortilis, 187 fr.; Odontoglossum citros- mum, 145 fr. , etc. A la vente du mois de novembre dernier de plantes pro- venant du jardin de la Société d'horticulture de Londres, on a adjugé un Phalœnopsis amabilis, bel exemplaire envoyé en Angleterre par M. Fortune, au prix de 68 liv. st., plus 580 JOURNAL do 1700 fr. ; un pied de Lœlia superbiPMS, ayant 220 pseudo- bulbes et présentant une circonférence de 17 pieds, pour 920 fr. ; le Lœlia anceps, pour 250 fr. ; Cœlogyne cristata, 215 fr. ; un Aerides, pour environ 500 fr. ; LycasteSkinneri, 215 fr., etc. On voit par ce dernier exemple et par celui des Lœlia cinnabarina et anceps, que des Orchidées , quoique assez communes, réalisent des prix élevés et que le beau est toujours recherché. Renoncules variées. — Ces plantes étant plus sensibles au froid que les Anémones, on doit les confier à la pleine terre seulement en février, lorsque les grandes gelées sont passées. Le sol dans lequel on les place doit être bien fumé, et au moment de la plantation, en donnant le dernier la- bour, il est bon d'ajouter du fumier bien consommé. Quand les planches sont dressées, on les recouvre d'un doigt de terreau passé au crible, ensuite on fait les rayons et l'on plante les griffes à G ou 8 centimètres de profondeur et à 10 ou 12 de distance. Si le temps est sec, quand les plantes sont poussées, il faut les arroser souvent, surtout lorsqu'elles entrent en boutons; autrement on aurait le désagrément de les voir couler. La floraison a lieu en juin. Horticulture provençale. — M. Rantonnet, à Hyères (Var), nous communique son Catalogue de grainrs d'arbres, d'ar- brisseaux et d'arbustes de pleine terre pour 1856. Nous signa- lerons diverses variétés issues du Bignonia radicans, telles que sanguinea, prœcox , atrosanguinea , etc.; le Magy- daris tometitosa (Koch), Ombellifère vivace gigantesque de l'Algérie, à ample feuillage très-pittoresque pendant tout l'hiver (de serre froide car elle perd ses tiges en été); le Smilax mauritanica, plante grimpante à fruits rouges dis- posés en forts racèmes; et surtout les graines du Saiisburia adiantifolia. (Ginkgo biloba) au prix de 10 francs les 100 noyaux. Dendrobium speciosum. — M. M. Verheyen, horticul- teur, rue de la Fraternité, à Saint-Josse-ten-Noode-lez- D'HORTICULTURE PRATIQUE. 581 Bruxelles, a réussi à faire fleurir cette belle mais rétive Orchidée. La îleuraison a eu lieu en décembre dernier dans une serre d'une température moyenne de 44 à 16 degrés centigrades. Gerçures aux mains. — Un de nos abonnés, M. F. M..., amateur passionné de plantes, nous adresse la note suivante : « A cette époque de l'année, bien des personnes souffrent » de gerçures aux mains, et surtout les jardiniers qui s'oc- » cupent de la taille des arbres. Je crois devoir vous faire » part, monsieur le rédacteur, d'une observation que j'ai faite » depuis plusieurs années pour parvenir à la guérison de » ce mal qui empêche quelquefois des ouvriers de continuer » leurs travaux; cette observation pourra, je crois, être utile » à quelques-uns des lecteurs de votre estimable journal. » Ayant remarqué que les tanneurs ne souffraient jamais » de cette infirmité , j'ai conclu que le tannin dans lequel » ils plongent les mains devait cautériser les plaies par son » pouvoir astringent. J'ai conseillé ce remède à beaucoup » de personnes et son emploi a toujours été heureux. » Il est facile de se procurer des écorces de chêne, d'en faire une décoction assez forte et d'y plonger les mains une ou deux fois par jour, pendant quelques minutes. La gué- rison est presque toujours instantanée. (Srjjositicstts SOCIETE ROYALE DE FLORE DE BRUXELLES. CONFÉRENCES ET EXPOSITIONS MENSUELLES. Nous sommes heureux d'annoncer que l'institution de con- férences mensuelles, adoptée en octobre dernier par la Société royale de Flore, a été accueillie avec une grande faveur par 582 JOURNAL les amateurs bruxellois; on a compris que si des exposilions ainsi rapprochées offraient à tous les floriculleurs, quelque modestes qu'ils fussent, le moyen de faire apprécier leurs cultures, elles avaient encore pour but d'exciter cette ému- lation constante que les deux grandes expositions annuelles ne sauraient toujours faire naître. Trois réunions ont eu lieu depuis l'époque de l'institution, et la beauté et la variété des envois qui y ont figuré prouvent surabondamment l'excel- lence et l'utilité de ces conférences. Nous croyons qu'un pe- tit compte rendu des trois séances du 5 novembre, du 5 dé- cembre 1855 et du 7 janvier dernier, sera accepté avec plaisir par nos lecteurs. Il y a toujours, suivant nous, à glaner quel- ques notes instructives dans ces sortes d'exposés. Conférence et exposition du 5 novembre 1855. — M. Linden de Bruxelles avait envoyé un charmant lot consistant en 10 Or- chidées bien fleuries; le jury décerne à ce beau contingent une mention très-honorable (la plus haute distinction qu'il puisse accorder selon les règlements), et en outre une men- tion honorable pour un Oncidinm micropogon (Reich. fils), nouvelle Orchidée à fleurs assez petites, d'un jaune doré et surtout remarquable par deux larges ailerons et par la peti- tesse du labelle; et une deuxième mention honorable pour un magnifique exemplaire tYEpidendrum vitellinum, portant une hampe à 18 fleurs. Les autres Orchidées comprenaient le Miltonia Moreliana , YOncidium ornithorynchum ; trois espèces d'Odontôglossum {Odonloglossum grande, Odonto- glossum lias tilabi uni, portant 10 fleurs, et Odontoglossum Pescatorei); le Cattleya Perrinii, Orchidée remarquable par la fraîcheur de son labelle blanc à bout pourpré, le Zygope- taluni crinitum et le Paphinia cristafa. M. Ketele avait de son côté fait l'envoi de quatre Orchidées dont une, le Mormodes pardina concolor, reçoit une men- tion honorable. En arbrisseaux et plantes diverses, nous mentionnerons les suivants : un Reseda odorata cultivé en arbre, âgé de 7 à 8 mois, présentant une lige haute de (30 centimètres et une tète touffue chargée de fleurs ; ce bel D'HORTICULTURE PRATIQUE. 385 exemplaire reçoit une mention honorable, ainsi qu'un beau Ficus velu à feuilles coriaces, luisantes en dessus, glauques en dessous, envoyé sous le nom de frigida; ces deux plantes appartenaient à M. de Janti. M. Lubbers reçoit une mention honorable en raison de la belle culture du Bégonia princeps, une des plus nobles espèces de ce genre; le jury remarque avec plaisir la floraison abondante du Bégonia xanthina et la bonne venue de trois ou quatre espèces exposées par le même. Un charmant Fuchsia buissonnant, à petites feuilles lui- santes et à fleurs couleur corail et pourpre, exposé par M.Symon-Brunelle, est gratifié d'une mention honorable. Cet élégant Fuchsia, de la section des thymifolia, porte le nom de Miellezi; nous le recommandons vivement aux amateurs et surtout aux dames comme plante de salon. M. de Gey, horticulteur à Huy, présente un Solarium pu- bescenSj en fruits; c'est une plante touffue, bien feuillée, se couvrant de fruits, et qui promet beaucoup; le jury lui accorde une mention honorable. Un Gesneria Leopoldii, portant trois tiges chargées de fleurs et appartenant à M. Muller, reçoit une mention hono- rable. Il serait à désirer que cette belle plante lut plus ré- pandue qu'elle ne l'est; elle conviendrait très-bien pour les salons, tant à cause de sa taille basse que par le coloris écla- tant de ses corolles. Enfin, le jury décerne à l'unanimité une mention très-honorable à un exemplaire bien fleuri d'Aralia palmata (Oreopanax Lindenii, Linden et Planchon); les fleurs petites et insignifiantes , très-nombreuses, disposées le long d'un pédoncule sublerminal Irès-ramifîé, exhalent une forte odeur d'aubépine. La haute distinction accordée à cette plante est en raison de la rareté du fait de la floraison; les Araliacées en général n'offrent qu'une inflorescence sans mérite ; leur valeur réside dans la beauté ornementale de leur feuillage et de leur port. Nous signalerons aux amateurs le mériîe de l'Impatiens Jerdoniœ, dont la période florale commence en juin et se 584 JOURNAL D'HORTICULTURE PRATIQUE. poursuit jusqu'en décembre, et du Fuchsia Dominiana, ma- gnifique espèce très-florifère et très-vigoureuse. La séance s'est terminée par une expérience de chloro- formisation d'un Mimosa pudica par M. F. Muller. Placée sous un grand bocal en verre et exposée pendant vingt mi- nutes aux émanations du chloroforme (on verse quelques gouttes de chloroforme sur de la ouale et l'on introduit cette ouate sous le bocal); celle plante ensuite rendue à l'air libre est restée pendant fort longtemps insensible ù l'aclion de forls attouchements. Séance du o décembre. — Les envois, en raison de la ri- gueur du temps, se sont bornés à une collection de poires, appartenant à M. Vanden Bosselle fils; le jury lui décerne une mention honorable, et cà quelques plantes exposées par MM. Muller et Kelele. Séance du 7 janvier 1836. — Un fort bel envoi d'Orchidées et de plantes nouvelles fleuries, dû au zèle de M. Linden, obtient à l'unanimité la mention très-honorable ; le jury accorde en outre des mentions honorables au Yanda suavis, magnifique Orchidée exhalant un arôme pénétrant, à labelle lilacé, à pétales blancs et maculés et à pédicelle ou ovaire blanc, et à YOdontoylossum Insleayi, portant neuf fleurs. Ces deux plantes faisaient partie du contingent de M. Linden. Le jury décerne une mention honorable à un beau pied de Cypripediitm insigne, exposé par M. Kelele; à un exem- plaire de Bégonia incamala, haut de G pieds , touffu et chargé de fleurs, envoyé par M. de Janti; au Bégonia In- gramii de M. Muller, et au Pentas carnea, variété violacea, exposé par M. Galeolti. Cette variété est fort jolie, très-flori- fère et mérile, ainsi que l'a dit M. Van Houtte, d'être recom- mandée ; elle nous semble plus vigoureuse que le type. La prochaine conférence est fixée au lundi 4 février. TABLE DE LA TREIZIEME ANNEE. PLANCHES. 1° Rose Prince Bazile Dolgorouky. 1 2° Brachycome iberidifolia. 55 3° Pélargoniums variés. 65 4° Portulaca grandiflora. 97 5° Genetyllis tulipifera; ma- crostegia. 129 6° Rliododendrum Thomsoni. 161 7° Poire Charles Fréderix. 193 8° Fuchsia Prince Albert, Mon- sieur Slory. 225 9° Tkermopsis barbata. 257 10° Variétés de Pétunia. 289 M0 Rhododendrum retusum. 321 12° Poire Mme Millet. 353 Abricotier (Observation sur les sujets les plus propices à re- cevoir les greffes iV). 81 Abris Davillers et Harrison. 366 — pour espaliers. ib. Achimenes helerophylla. 195 JEschynantkus fulgens. 326 Agave filifera (Floraison de P). 254 Albuca Gardent. 56 Amaryllis tropicaux (Sur la cul- ture des). 308 Amphiconie Emodi. 301 Ananas cultivés en bâche sans feu (Mise à fruit des). 239 Anémone. 24 Ansellia gigantea. 359 Aphelandra Porteana. 59 — variegata. 57 Aralia papyrifera. 357 Arbres en colonne (Plantation d'). 55 — fruitiers (Sur les causes de l'infertilité des). 274 Aroïdées (Description et culture de quelques). 45 Asperges. 142 Aatroloma splendens. 237 Aubergines violettes. 142 Bananier (Culture du). 314 Bégonia Natalensis. 55 — urophylla. 105 TS° 12. FEVRIER I3S6. Bégonia Ferschaffeltiana. Berberis Bealei. Billbergia inarmorata . — Quesneliana. — vïridiflora. Bouvardia (Culture des). Calcéolaires. Calendrier horticole. Camellia (Pincement du). Camellia reticulata ( Fleurai - son extraordinaire d'un). Campan nia primulœfolia. —pyramidalis. Canna liliiflora. Capucines ( Variétés nouvelles de). Cardons. Carottes courtes de Hollande ou autres Cea noth us in tegerrint us. Cereus (Quelques mots sur la culture des ). — rostratus (Fleuraison du). Cerise Lemercier. Cliaiuœdorea Ernesti-A ugusti. Champignons en plein air (Ré- colle de). Charbon employé pour favoriser la reprise des boutures. Chicorées frisées. 230 40 59 229 196 55 180 3 94 127 254 84 297 221 145 145 561 87 89 121 71) 516 170 386 TABLE DES MATIERES. Chœrophyllum Prescottii. 50 Chœtogastra Lindeniana. 165 Chorozema (Culture des). 285 Chou-rave de terre blanc el rond (Gros). 270 — de terre géant, anglais, jaune, ib. — de terre géant, jaune, a col- let rouge (Nouveau). 271 — de terre géant, jaune, à col- let vert (Nouveau). ib. — de terre, gros, rond, jaune, à collet, rouge (Nouveau). ib — de terre jaune. 270 — de terre oblong, uni, ferme, jaune, à collet rouge (Nou- veau). 271 — de terre sucré, rond, jaune, à moitié rouge (Nouveau). 272 — géant, jaune, à collet rouge, à racines t rès-fines ! Nouveau), ib. Choux-fleurs. 172 — pommés. 171 — raves de terre (Culture des). 270 Chronique horticole. 51, 95, 127, 191, 225,255, 579. Cinéraires. 128 Clerodendron Bungei. 255 C'/ivia Gardent'. 527 Codonanthe Devo&iana. 104 Cœlogyne speciosa. 295 Collodion (le), le charbon et le sable employés pour favoriser la reprise des boutures. 516 Composition préservatrice pour les bois et les métaux. 192 Cordia superba. 296 Correspondance. 156 Crawfurdia fasciculata. 15 Crypt orner ia Japon ica viridis. 254 Culture maraîchère. 17, 49, 79, 140, 170, 201, 259, 270, 503. Cuprcssus Macnabiana. 159 Cymbidium giganteum. 56 Cypripedium humile. 298 Delphinium cardinale. 500 Dettdrobium bigibbum. 554 — Maccarthiœ. 294 — speciosum. 64, 580 Dendrochilum glumaceum. 100 Diplothemium littorale. 1 52 Dircœa lobulata. 264 — Gesncria purpurea. 263 Drymoniavillosa. 164 Eau de guano pour les Orchi- dées 52 Eglantiers. 144 Embotkrium coccineum. 106 Encre pour écrire sur les éti- quettes en zinc. 191 Engrais à donner aux orangers. 550 Epacris. 96 Epiphyllum (Quelques mots sur la culture des). 87 Eremurus spectabilis . 197 Erythrœa centaurium. 60 -—(Genre). ib. Escaroles. 170 Esthétique des fleurs ( Idées d'une). 24, 180 Eupomatia la urina. 77 Exposition à Londres. 95 — de la Société royaled'agricul- ture et de botanique de Gand. 61, 152 — de la Société royale de Flore de Bruxelles. 185 — de la Société royale d'horti- culture et d'agriculture d'An- vers. 65, 285, 518 — mensuelles delà Société royale de Flore de Bruxelles. 256,581 Fourmis dans les serres. 255 Fraise Délices d'automne. 49 — Nimrod. 80 — nouvelles. 175 — Sir Harry. ib. — (Sur l'origine, la propaga- tion et la culture de la). 177-201 Funkia pic ta. 151 Garcinia JJangoslana. 71 Gaz ammoniac (De l'influence sur la végétation des plantes de serre du). 29 Gentiana cruciala. 59 — (Genre). ib. — pneiimonanthe. ib. Gentianées indigènes. 57 Gerçures aux mains. 581 Germination (Influence de l'eau de mer sur la). 557 Gesncria zcbrinu (Culture du). 577 Gilia diant houles. 255 Greffe herbacée de poiriers sur coignassiers (De la). 2ô TABLE DES MATIÈRES. Helia n th e m u m tubcraria . 199 Hibiscus marmoratus. 560 Hortensias bleus (Manière d'ob- tenir des). 182 Horticulture étrangère. 9, 55 71, 100, 132, 164, 195, 229, 258, 294, 522, 554. — provençale. 580 Houstonia (Culture des). 55 Hyacinthes. 215 Impatiens Jerdoniœ (Culture de 1'). 312 Isoloma Trianœi. 105 Jardin d'agrément (Plan d'un). 244 — (Observations sur la con- struction des petits). 244 Juniper us pyrif'ormis. 159 Lagerslrœiuia indica. 91 Laitues. 173 Larix Griffithii. 302 Leptodactylon Californien m. 198 Lierre (De son emploi pour bor- der les allées ombragées). 90 Lilium Nepalense. 236 Loasa Schliiniana. 110 Locheria magnifica. 167 Lychnis Sieboldii. 42 Lysimachia Leschenaultii. 43 Magnolia Campbellii. 350 Maïs (Notice concernant sa cul- ture comme plante alimen- taire de l'homme). 278 Maladies des végétaux (Observa- tions sur la cause des). 112 Mandirola lanata. 528 Maranta ? regalis. 261 Melons. 175 Menyantkes. 58 — tri/oliata. ib. Miltonia speciosa. 154 Mirbelia. 575 Miseellanées. 24, 55, 83, 124, 1 44, 180, 215, 244, 278, 508, 557, 571. Nicotiana fragrans. 168 Odontoglossum maculât mn. 229 Oncidium janeirense. 76 Oranger (Notes sur la culture de 1'). 550 — (Moyen pour détruire les poux et enlever la graisse des). 552 Orchidées à Londres (Ventes d'). 379 Ouvirandra f'enestralis. Paparer nudicaule. Passiflora cinnabarina. Pelargonium Endlickerian uni. Pela rgo n ium in q uin ans. Pentas carnea. Pétunia (Culture des). —(Greffe des). Phygelius Capensis. Physosiphon Loddigesii. Pircunia esculenta. Plante à vinaigre. Plantes cultivées en pots (Sur l'emploi de l'eau chaude pour la guérison de différentes ma- ladies des). — de pleine terre. 14, 40. 77, 134, 168, 197, 231, 265, 550, 560. — de serre chaude en hiver (Traitement des). — nouvelles et distinguées pour le jardin. — nouvelles cl rares. 9, 35. 71 , 152, 164, 195, 229, 258, 522, 554. — potagères d'introduction ré- cente (Choix de). — potagères (Notice sur deux nouvelles). Poire Alexandrine Douillard. — beurré Mauxion. — Comice de Toulon. — Délices de Froyennes. — Délices de la Cacaudière. — Duchesse de Berry. — Louise d'Orléans. — Sainl-Herblain d'hiver. — peu connues. 20, Poiriers en fuseau. Pomologie. 20, 51, 81, 112, 242, 274, 505, 552, 562. Porle-gr.lines (Mémoire sur le choix et la culture des). 140, 204. Pot à marcotter (Nouveau). Primevères de la Chine. Prune Washington. Pruniers (Classification des). Pucerons (De la multiplication des). Pyrethrum Dvlhnyi. 387 522 237 262 256 562 9 291 293 266 195 505 220 559 106, 297, 250 5 100, 294, 17 50 276 305 21 20 22 242 122 245 242 55 208, 170, 148 126 51 208 95 108 388 TABLE DES MATIÈRES. Quamoclit vitifolia. 529 Quelques notes prises dans les jardins et serres de la Société d'horticulture de Londres. 223 Raisin (Nouvelle variété de). 192 Raves et radis. 204 Recelte pour cicatriser les plaies des arbres. 96 Recherches pomologiques par Van Mons. 532 Remède contre la piqûre des abeilles. 52 Renoncule. 24 — variées. 380 Rheum acuminalum. 265 Rhododendron Bélisaire. 575 — iMme Picouline. 374 — Mme Wagner. 372 —Prince Camille de Rohan. ib. — rustiques de 1855. 371 Rhododendrum Rrookean uni . 137 — Californ icum. 156 — campanulatum. 373 — Dona Maria. 371 — Hodgsoni. 268 — Keysii. 231 — Pelargoniiflorum. 571 — retusum. 154 Romaines. 173 Rondeletia anomala. 296 Rose Docteur Rnscbpler. 346 — Empereur Napoléon. 15 — Mme Vidot. 138 — Malhurin Régnier. 545 — panachée d'Orléans. 546 — de 1855. 344 — Triomphe de l'exposition. ib. Rosiers (De la multiplication des). 83 — en colonnes. 144 — remontants (Sur l'affranchis- sement et la conservation des). 150 Rumex vesicarius. 50 Sable employé pour favoriser la reprise des boutures. 316 Salpiglossis. 541 Saliva aspcrata. 267 — carduacea. 200 Suivra splendens. 124 Seemanttia terni folia. 260 Senecio Claussenii. 78 Serre chaude. 9, 35, 71, 100, 132, 164, 195, 229, 258, 294, 522, 554. —froide. 14, 40, 77, 106, 154, 168, 197, 231, 265, 297, 350, 360. Smilax Mauritanien. 269 Spirœa Billardi. 14 — Reevesiana. 111 Sobralia fragrans. 258 Société royale de Flore de Bruxelles. 255 Solanum Jasminifolium (Cul- ture du). 282 Stanhopea ffaseloffiaiia. 358 Streptocarpus Gardent. 133 — polyanthus. 75 Stropkanthus capensis. 256 Stylophoruni diphyllum. 169 Talïnum polyandrum. 16 Tecoma fuira. 356 — velutina. 359 Thé indigène. 518 Thermopsis barbata. 169 Thyrsacanthus barlerioides. 10 —Schomburgkiantts. 192 Tigridia violacea. 109 Tilla n ds ia io Haut ha. 165 Tradescantia Martensiana. 74 T/ichopilia coccinea. 102 Tropœolum tricolorum. 255 — Wagnerianum ( Moyen de faire fleurir le). 284 Tydœa gigantea. 11 —ocellata. 259 Verveines nouvelles. 255 Vignes en pots (Culture des). 363 Villarsia. 58 — Nymphoides. ib. Xanthosoma atrovirens. 47 — belophyllum, 45 — caracu. 46 — janthinum. ib. — hastifolium. 45 — sagittifolium. 46 — utile. ib. FIN DE LA TABLE. New i York Botanical Garden Libra I 3 5185 00288 9861